HANDBOUND
AT THE
UN1VERSITY OF
TORONTO PRESS
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ÏLS
COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
PIBLIES l'Ail LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
LETTRES
DE
CATHERINE DE MÉDICIS
PUBLIEES
PAR M. LE C" HECTOR DE LA FERRIERE,
MEMBnE NON RÉSIDANT DU COMITÉ DES TRAYAUX HISTORIQUES
RT DES SOCIÉTÉS SAVANTES.
TOME QUATRIEME.
1570-1574.
PARIS.
IMPRIMERIE NATIONALE.
M DCGG XCI.
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a/
V
t 4
SOMMAIRE.
^-_—
Préface. d
Pages.
Introduction i à ccvm
Correspondance de Catherine :
Année 1 570 là 21
Année 1671 21a 87
Année 1672 87 à i5i
Année 1573 i52 à 276
Année 167/1 276 à 3i3
Appendice 3 1 5 à 3 1 8
Table chronologique 3io,à 336
Table des personnes à qui sont adressées les lettres 337 et 338
Table des matières 33o, à 382
Errata 383
PRÉFACE.
Le précédent volume des Lettres de Catherine de Médicis, le troisième,
s'arrêtait à la paix de Saint-Germain (août 1570), date, nous l'avons
dit, presque obligatoire; celui-ci, le quatrième, s'arrête à la mort de
Charles IX, limite qui également s'impose. En effet, le règne de Henri III
ne ressemblera en rien au précédent, et apparaîtra une tout autre Cathe-
rine que celle qui régnait sous le nom de Charles IX. Condamnée à un la-
beur incessant, elle aura cette fois à combattre l'incurable indolence de
Henri III, et k réprimer ses excessives prodigalités et l'influence funeste
d'indignes favoris.
Dans cette nouvelle période de quatre années, la négociation du mariage
de Marguerite de Valois d'abord avec Dom Sébastien, le jeune roi de Por-
tugal, puis avec Henri de Navarre, et celle du mariage du duc d'Anjou avec
la reine d'Angleterre, qui ne sera abandonnée que pour faire place aux
prétentions du duc d'Alençon. Cet imberbe prétendant à la main d'Elisabeth,
ces interminables négociations rempliront bien des pages; mais, remarque
essentielle, pour la première fois, la politique extérieure tiendra une large
place. Dans la lutte engagée entre Philippe II et les Flandres que la tyrannie
et les cruautés du duc d'Albe ont soulevées, lutte au cours de laquelle se ma-
nifeste et s'accentue le persistant mauvais vouloir et la perfidie des Anglais
à l'égard de la France, Charles IX, tantôt sous l'impulsion patriotique de
Catherine de Médicis. — iv.
I :o*iiB
PRÉFACE.
Coligny prendra le parti de ceux que l'Espagne traite de rebelles, tantôt
sous la pression dominatrice de sa mère les de'savouera et se désavouera
lui-même.
La Saint-Barthélémy sortira de ce duel sans merci engagé entre Catherine
et Colignv.
— A-t-elle été oui ou non préméditée?
Depuis trois siècles celte question passionne les esprits, et de nos jours,
singulier contraste, les historiens protestants allemands qui ont abordé ce
brûlant sujet se sont prononcés contre, tandis que plusieurs historiens pro-
testants français ont pris parti pour, et plus d'un avec la vivacité des polé-
mistes du xvic siècle.
En faisant tuer Coligny, en réalisant cette pensée homicide, qui la haute
depuis des années, Catherine perd tout le terrain conquis par l'habileté de
nos ambassadeurs; elle compromet la réussite du mariage du duc dAlençon
avec Elisabeth qui, cédant à la séduction de La Mole, semblait anfin dis-
poser à l'accepter pour époux; elle s'aliène le Grand Seigneur qui, en cas
d'une guerre avec l'Espagne, offrait à Charles IX l'appui de sa flotte, et au
duc d'Anjou toutes les conquêtes à faire en Espagne et en Italie; elle si-
fait des ennemis de ces princes de la Germanie favorables à une interven-
tion commune dans les Flandres et à la candidature du duc d'Anjou à la
couronne de Pologne. A cette heure fatale, la haine l'emporte sur la poli-
tique, l'Italienne reparaît et se ressouvient des Borgia.
Dès le lendemain de la Saint-Barthélémy, le duc d'Albe s'y attendait et
lavai! prédit à Philippe II, avec cette souplesse d'évolution qui la rend si
redoutable, Catherine reprend sa tâche de la veille, et, comme si ce massacre.
dont le sang rougit encore ses mains, n'était qu'un simple et fortuit accident,
elle cherche à regagner une à une toutes les alliances perdues, à renouer le
r
projet de mariage de son fils dAlençon avec Elisabeth, enfin elle se remet à
briguer la candidature de son fils d Anjou au trône de Pologne.
(Juelques mois lui suffisent pour retourner cette Europe indignée et fré-
PRÉFACE,
missante, et l'élection de Pologne est la grande victoire diplomatique du
règne de Charles IX.
r
Mais dans les crises politiques, dans les coups d'Etat, même quand ils
réussissent, il y a toujours une part d'imprévu qui déjoue toutes les espé-
rances escomptées sur l'avenir. Catherine croyait avoir exterminé à jamais
les protestants : eh bien, ce baptême de sang les retrempe, et tout l'effort
des forces royales vient se briser contre la résistance invincible d'une seule
ville, la Rochelle.
De la Saint-Barthélémy se dégage une autre conséquence non moins inat-
tendue : les chefs protestants et les catholiques modérés, ceux que l'on ap-
pelle les politiques, en prévision de la mort prochaine de Charles IX, et
pour s'éviter le règne de Henri III, se rapprochent et s'allient, et durant
leur séjour à Saint-Germain, au mois de juillet 1674, menacés d'une sur-
prise, comme sept ans auparavant ils l'ont été à Meaux, Catherine et
Charles IX s'enfuient précipitamment et, ne se croyant pas même en sûreté
à Paris, vont s'enfermer à Vincennes, sous la garde de trois mille Suisses.
Mais à cette conspiration il faut des chefs, et ceux désignés, le duc d'Alençon
et le roi de Navarre, Catherine les tient prisonniers. Alors dans l'enceinte
de ces hautes murailles de l'imprenable forteresse s'ourdit une nouvelle con-
spiration de palais, où les femmes de la cour jouent le premier rôle. Cathe-
rine à laquelle le danger a rendu toute sa clairvoyance, toute son énergie,
quand elle voit disputer au fils, son idole, cette couronne de France prête à
tomber du front de Charles IX, fait arrêter La Mole et Coconas. Tous deux
payent de leur vie la tentative d'évasion du duc d'Alençon et du roi de
Navarre; les deux maréchaux de Cossé et de Montmorency sont mis à la
Bastille. Montgomery, qui entré dans Saint-Lô et Carentan se croyait déjà
maître de toute la Normandie, enveloppé par une véritable armée dans le
donjon de Domfront, est réduit à se rendre à Matignon. Catherine l'emporte
sur tous les points; mais, la joie du triomphe dans les yeux, lorsqu'elle
vient annoncer à Charles IX que leur ennemi mortel, ce Montgomery, que,
PRÉFACE.
hier encore, surexcité par la fièvre, il voulait avoir mort ou vif, est enfin en
leurs mains, brisé, terrassé par la maladie et sentant la mort venir : ?Ma
mère, répontl-il d'une voix affaiblie, toutes choses humaines ne me sont plus
de rien.»
Tel est le résumé de ce quatrième volume; telles en sont les grandes
lignes. L'introduction qui suit développera ce que nous venons d'indiquer
sommairement.
INTRODUCTION.
Au retour de Mézières, où elle était allée au-devant d'Elisabeth, la tiancée de
Charles IX, et où elle avait déployé pour les fêtes du mariage du Roi sou fils
toutes les splendeurs de cette cour de France, sans rivale alors en Europe,
Catherine fut longtemps retenue à \ illers-Cotterets par le plus rude des hivers.
Durant ce séjour forcé, à l'exception de quelques lettres écrites en faveur de
Marie Stuart, mais uniquement pour complaire au Hoi son fils qui, avec une
affection soutenue, sollicitait la liberté de la pauvre captive, elle poursuivit la
négociation du mariage de Marguerite de Valois avec le roi de Portugal dom
Sébastien. Philippe II lui avait bien promis d'y mettre la main et d'en faire son
affaire personnelle, mais peu à peu s'en était désintéressé.
A son défaut, Pie V dans le but d'écarter le projet de mariage de Marguerite
avec Henri de Navarre, l'une des conditions secrètes, disait-on, de la récente
paix de Saint-Germain, avait envoyé don Loys de ïorres en Portugal, avec in-
jonction de peser éuergiquement sur la décision du jeune roi. Cette première
mission n'ayant point réussi, il venait de l'y renvoyer.
Tenue au courant des bonnes intentions du pape, Cathexune avait écrit à Four-
quevaux, notre ambassadeur en Espagne : «J'attendrai à savoir ce que Torres
aura négocié avant de faire jugement de ce que je dois espérer '. •■
Sur ces entrefaites et sans qu'elle pût même s'y attendre, une étrange propo-
sition de mariage lui vint d'Angleterre : le cardinal de Chatillon y était resté de-
puis la dernière paix, et, pour se ménager au retour les bonnes grâces du duc
d'Anjou, il lui fit savoir que, s'il se décidait à demander la main de la reine d'An-
gleterre, il avait les plus grandes chances d'être agréé. Il se croyait seul à suivie
cette piste; mais il avait été devancé par le vidame de Chartres qui, réfugié ainsi
Bibl. nat. , Dépêches de Fourqnevaux , n" i o55a , p, 854.
ClTIlERIXE DE MÉD1CIS. IV. \
■ " :o*.ile
ii INTRODUCTION.
que lui en Angleterre, s'en était ouvert au maréchal de Montmorency et lui
avait fait valoir tous les avantages d'une pareille union l.
Fort surprise , Catherine se tient d'abord sur une prudente réserve : ce Nous avons
pensé, — écrit-elle le 20 octobre à La Mothe-Fénelon, — que cette ouverture
se faisoit par l'intelligence, et peut-être les menées de la reine d'Angleterre, et
beaucoup plus en intention de se servir du temps et de nous pendant que ceci se
négocieroit qu'elle feroit conduire à la longue, que pour la volonté qu'elle eut de
se marier. Je répondis à celui qui m'en parla que je ne pensois pas que ladite
reine voulût se mettre à la subjection d'un mari; mais que, s'il y avoit quelque
femme ou fille à marier qui lui appartint de si près qu'elle la pût faire et assurer
héritière de la couronne après elle, qu'il seroit beaucoup plus convenable ainsi.
Je vous ai bien voulu faire ce discours, vous priant de le tenir si secret que nul
des vôtres n'en sache rien. Il faut tâcher de découvrir et voir si vous pourriez
rien apprendre de ceci pour m'en donner avis à toutes occasions 2. 15
L'un de ces habiles diplomates italiens dont Catherine aimait à se servir, un
neutre, ainsi qu'elle l'appelait, aussi bien vu à la cour d'Angleterre qu'à celle de
France, Guido Cavalcanti, sans que le cardinal de Chàtillon et le vidame de
Chartres ne s'en doutassent, s'était déjà mis en campagne. Une légère indisposition
ayant forcé La Mothe-Fénelon à garder la chambre, il vint le visiter, et ayant
amené l'entretien sur le ressentiment que devait éprouver la reine Elisabeth de
voir l'archiduc Charles qui, depuis tant d'années sollicitait sa main, épouser sa
cousine de Bavière, il lui avait demandé incidemment si ce n'était pas là une
heureuse occasion de penser pour elle au duc d'Anjou. A cette brusque confi-
dence, La Mothe avait répondu que ce parti était si honorable et avantageux pour
M. le duc d'Anjou qu'il ne manquerait pas d'en faire part à la Reine mère, et que
sur un tel fondement se pourrait bien établir une bonne alliance3.
Quelques jours plus tard, l'entretien se reprit. Leicester, auquel Cavalcanti s'en
était ouvert, avait très bien accueilli ce propos et avait promis de lui en parler à
son retour d'Hampton Court, où était la reine et où il se rendait".
Etait-ce une indirecte invitation d'y aller voir Elisabeth ? La Mothe le crut,
et le lendemain il en prit le chemin. Avant de se faire introduire auprès de la
reine, il revit Leicester, et cette fois il se hasarda à lui dire qu'on lui avait donné
Voir notre livre Le tri' siècle et les Valois, 3 Correspondance diplomatique de La Mothe-Fè-
p. 968. nelon, t. III, ]>. 4 17.
2 Voir le présent volume, p. 7. ' lbid. , p. A 1 7 .
INTRODUCTION. ,„
à entendre que, si le duc se présentait, il serait peut-être agréé, mais qu'avant
tout il tenait à lui demander conseil , le Roi et la Reine mère le considérant comme
le meilleur ami de la couronne de France et, si ce projet devait réussir, voulant
n'en être redevables qu'à sa seule influence.
Flatté de cette marque de confiance, Leicester lui déclara qu'il n'avait jamais
été partisan du mariage de la reine avec l'archiduc Charles, et que, puisqu'elle
semblait décidée à ne jamais épouser l'un de ses sujets, il était tout disposé à
prendre en main la cause du duc. D'ailleurs, l'heure lui semblait favorable, la
reine étant au plus mal avec l'Espagne , et il l'engagea à lui en toucher quelques
mots, s'ofïïant aie mener chez elle1.
Evidemment ce petit prologue était arrangé à l'avance. Quand La Mothe
l'aborda, Elisabeth était plus parée que de coutume et toute souriante. Encou-
ragé par Ion bienveillant accueil, il se dispensa de tout préambule et, allant
droit au but, il lui rappela qu'à plusieurs reprises elle lui avait exprimé le
regret de ne pas s'être mariée de bonne heure, et que, lui ayant manifesté l'in-
tention de ne s'allier qu'à une maison royale, il avait cru y voir un encourage-
ment à parler du duc d'Anjou, le prince le plus accompli qui fût aujourd'hui à
marier.
Elle lui répondit qu'elle pensait que les pensées du duc étaient logées plus
haut; qu'elle était bien vieille; et que, sans la considération de laisser des héri-
tiers, elle aurait honte de parler d'un mari, étant déjà de celles dont on veut
bien épouser le royaume et non la personne -.
La Mothe crut devoir s'en tenir là; mais, à la suite de ce premier entretien, la
reine s'étant laissée aller à quelques confidences avec les dames de son entourage,
le bruit de son mariage avec le duc d'Anjou devint la nouvelle du jour. Il eut
beau répondre à tous ceux qui lui en parlèrent qu'il n'en était nullement question,
ce bruit prit de la consistance. H s'en plaignit d'abord au cardinal de Châtillon,
qui rejeta cette indiscrétion sur le vidame de Chartres; Leicester, auquel il s'en
plaignit également, en attribua fort adroitement la cause au vif désir que toute
la cour en avait, ajoutant que jusqu'ici la reine s'était bornée à objecter la diffé-
rence d'âge, et il lui conseilla de la voir de nouveau.
La Mothe suivit cet avis; mais, ne sachant comment entrer en matière, il eut
l'idée de vanter à la reine la douce intimité de Charles IX et de sa jeune femme,
1 Voir notre livre Les projets de mariage d'Elisabeth, p. 5o et suiv. — 2 Correspondance diplomatique
de La Mothe-Fénelon , t. III, p. /117, 4 18.
,v . INTRODUCTION.
et il en conclut que la plus grande sécurité pour une princesse qui rêverait le
bonheur on ménage, ce serait de s'allier à la maison de France.
Elle lui répliqua que Al"" d'Etâmpes et Mmv de Valentinois lui Taisaient
un peu peur, et qu'elle voulait, non seulement être honorée, mais aimée par sou
époux. — ]1 riposta que celui auquel elle faisait allusion possédail la double qua-
lité de savoir bien aimer et de se faire aimer1.
A ce moment, le cardinal de Gliàtillon s'étant fait annoncer, La Mothe prit congé
d'Elisabeth. Restée sous l'heureuse impression de cet entretien, elle se montra
disposée à épouser le duc d'Anjou et à débattre les conditions du mariage, avec
toute la réserve prudente d'un diplomate consommé.
Le cardinal lui rappela que sa sœur Marie Tudor s'était mal trouvée d'avoir
miuIii traiter de son union avec le prince d'Espagne sans avoir préalablement
pris l'avis de ses conseillers, et il l'engagea à consulter les siens.
Le lendemain, Elisabeth rassembla donc ses conseillers. Un seul s'étant permis
d'observer que le duc était bien jeune pour elle. « Gomment l'entendez-vous, —
s'écria-t-elle toute courroucée2, — ne suis-je pas encore d'âge à le satisfaire hi Et
elle chargea Cécil d'en conférer avec h1 cardinal de Chatillon.
Les choses en restèrent là momentanément; mais la nouvelle s'étant répandue
que la reine pensait de nouveau à Leicester et que les memhres du Conseil jus-
qu'ici hostiles à cette union y poussaient leur maîtresse, La Mothe-Fénelon jugea
que le mieux était de s'en expliquer avec Leicester lui-même.
Lorsqu'il lui en parla, le comte lui avoua qu'ccil avait eu tous ses collègues
pour adversaires lorsque l'heure lui était propice, et qu'aujourd'hui, s'ils fai-
saient semblant de l'appuyer, c'était uniquement pour écarter le duc d'Anjou3-.
Etait-il sincère en se faisant si bonne justice? La Mothe feignit de. le croire,
mais tout eu conservant ses doutes.
11
Revenons au mariage du frère à celui de la somr : nous avons laissé Catherine
attendant le retour de don Loys île Torres et bien décidée à régler sa conduite
sur le résultai plus ou moins favorable de sa mission. Dès son retour à Madrid,
Fourquevaux lui demanda quelle réponse il rapportait de Lisbonne. 11 ne lui
' Correspondance diplomatique de La Mothe-Fé- 2 Correspondance diplomatique de l.a Moilie-Fé-
nelon, 1. lit, j>. 638, 43<). Les projets de mariage neion, t. lit, p. h'xo.
d'Elisabeth, y. ■]'■>. ' Ibid., p. 44u.
INTRODUCTION. v
cacha pas quelle était peu satisfaisante, que l'entourage du roi n'avait cessé de lui
répéter qu'il était trop délicat pour se marier, que Madame Marguerite de France
ayant attendu des années avant d'épouser le duc de Savoie, Madame pouvait
bien faire de même, et que d'ailleurs les conseillers du jeune roi, qualifiant
la récente paix de Saint-Germain d'humiliante capitulation avec les huguenots,
avant de s'engager plus avant, voulaient voir comment les choses tourneraient
en France '.
Peu satisfait de ce faux-fuyant, Fourquevaux, à sa première audience, se
permit d'interroger Philippe II sur ce que lui avait rapporté Torres; il répondit
qu'il n'en savait pas plus que ce qu'il lui avait dit à lui-même ; mais le
prince d'Evoli qu'il vit le même jour, chercha à lui rendre un peu de con-
fiance, n'attribuant ce retard qu'aux conseils des deux théatins qui gouvernaient
le jeune roi, mais dont l'influence touchait à sa fin, et il l'assura que le roi son
maître restait toujours très favorable à ce projet de mariage.
Fourquevaux se laissa--t-il prendre à ces belles paroles; ou zélé catholique était-
il , au fond du cœur, hostile au mariage de Marguerite avec le prince de Navarre
dont il redoutait l'éventualité, en cas dune rupture définitive avec le Portugal?
Toujours est-il que, revenu à ses premières illusions, il écrivit à Catherine :
trDes plus grands aux plus petits, tous à Lisbonne veulent votre fille, i> Et, pour
effacer les lâcheuses impressions qu'elle avait du jeune roi : «tout ce qu'on a dit
de lui à Votre Majesté n'est pas véritable; il est blond comme fil d'or, sain et
robuste, et si, comme on le dit, il est peu affectionné aux femmes, il ne s'en
portera que mieux et sera un meilleur mari 2. -
Malicorne, envoyé tout récemment en Portugal, en avait fait à Catherine un
tout autre portrait : tt.IÏ porte à sa ceinture un des livres de saint Thomas; il court
de lieu en lieu sans s'arrêter nulle part, afin de lasser ceux qui le suivent et finir
par rester seul avec ses théatins; l'on en parle comme d'un prince bizarre et de
petite réputation3. n
A l'heure présente, qu'importait à Catherine qu'il fut beau ou laid, sain
d'esprit ou bizarre? Elle avait complètement renoncé à ce mariage et pensait sé-
rieusement à Henri de Navarre. Non moins dégoûté qu'elle des façons d'agir du
Portugal, Charles IX, dans un long mémoire daté du 7 février 1071, expose tous
ses griefs à Fourquevaux, et dans les termes les plus amers, se plaint du peu de
1 Bibl. nat. , fonds français, n" 10752. — 2 Ibid. — 3 Ibid.
vi INTRODUCTION.
cas que l'on a fait de la main de sa sœur: trElle n'est pas de si petite maison,
disait-il, qu'elle demeure sans parti et sans être demandée et recherchée de plu-
sieurs endroits. J'entends que vous ne me parliez plus de ce mariage, sinon comme
d'une chose à quoi je ne pense plus, mais de marier ma sœur en tel lieu que
j'en recevrai plaisir, contentement et service et dont le mari se sentira grandement
honoré et obligé l. ■»
Sans le nommer, c'était désigner Henri de Navarre.
Un mauvais vent soufflait sur tous les projets de Catherine; si la rupture du
mariage de Portugal n'avait été pour elle qu'une légère déception, l'obstination
du duc d'Anjou à ne pas vouloir entendre parler de son mariage avec la reine
d'Angleterre était pour elle un vrai chagrin.
Contrainte d'en faire le triste aveu à La Mothe-Fénelon, elle lui écrivait:
crMon fils m'a fait dire par le Roi son frère, qu'il ne la veut point épouser, quand
même elle voudroit, d'autant qu'il a toujours très mal ouï parler de son honneur
et en a vu des lettres de tous les ambassadeurs qui y ont été; qu'il penseroit être
déshonoré et pourroit perdre toute la réputation qu'il a acquise. J'ai grand regret
de l'opinion qu'il a et voudrois qu'il m'eût coûté beaucoup de sang de mon corps
que je la lui eusse pu ôler, mais je ne l'ai pu gagner en ceci, encore qu'il me
soit obéissant 2. n
Ce qu'elle n'osait avouer, c'est que la principale cause du refus du duc d'Anjou
c'était sa liaison avec Renée de Châteauneuf; mais dans la vie des cours, il y a
toujours de secrets dessous de cartes, des surprises inattendues. Quelques jours
plus tard, le duc revint de lui-même sur sa première décision. A quels motifs
attribuer ce changement ?
Châteauneuf avait-elle invité son jeune amant à donner à sa mère une appa-
rente satisfaction, sauf à mieux se garder des regards indiscrets, ou bien espérait-
elle qu'une prochaine rupture viendrait de la capricieuse et fantasque reine
d'Angleterre? Quelle que fût la cause de ce revirement, Catherine avait repris
toutes ses illusions: rc J'ai tant fait, écrit-elle le 8 février 1671 à La Mothe-Fé-
nelon, que mon fils d'Anjou s'est condescendu à l'épouser, si elle le veut, ce que
voyant j'ai fait temporiser ici milord Ruckhurst encore qu'il aye pris congé , afin qu'il
vienne de nouveau parler au Roi mon fils et à moi, et qu'étant assurés à présent
de la volonté de mon fils d'Anjou nous lui en parlions de façon que la reine sa
' Iîilil. nat. , fonds fiançais, n" 10752, fol. 953. — "' Correspondance diplomatique de La Mothe-Fé-
nelon, I. VII, p. 70.
INTRODUCTION. vu
maîtresse, à son retour, reconnoisse qu'il ne tient plus à nous, si elle a envie de
se marier et d'épouser mon fils l. n
La veille de son départ de Paris, lord Buckhurst, qui était venu, de la part
d'Elisabeth , complimenter Charles IX à l'occasion de son mariage, ayant manifesté
le désir de voir le jardin des Tuileries dont Catherine était si fière, et ainsi l'oc-
casion d'avoir avec lui cette entrevue secrète se présentant tout naturellement,
elle s'y rendit de son côté et en l'apercevant feignit l'étonnement. 11 se rapprocha
et l'entretien Rengageant, elle lui exprima de nouveau toute l'affection que le Roi
et elle portaient à sa maîtresse, et leur désir commun de profiter de toutes les
occasions pour la fortifier. Buckhurst y crut voir une allusion au projet de ma-
riage du duc d'Anjou et d'Elisabeth. Loin de s'en défendre, elle lui déclara for-
mellement que, si le Roi et elle étaient assurés que la reine ne se moquât pas
de son fils, ainsi qu'elle l'avait fait jusqu'ici de tous ses autres prétendants, ils
le désiraient vivement, sous la réserve toutefois que leur honneur ne serait eu
rien compromis. A cette avance si directe, il répondit que la reine, au départ,
lui avait recommandé, si Leurs Majestés abordaient ce propos, d'affirmer qu'elle
était résolue de se marier hors de son royaume et à un prince de même aile,
mais, comme ce n'était pas aux filles à rechercher les hommes, elle n'en dirait pas
davantage; puis, venant à exprimer sa propre opinion, il ajouta que tous les grands
du royaume faisaient à la reine l'obligation de se marier, mais que tous les
prétendants aujourd'hui sur les rangs, le roi de Suède, le frère du roi de
Danemark, étaient de pauvres sires et d'un pays bien éloigné, tandis que le duc
d'Anjou était leur plus proche voisin et s'appuyait sur un grand roi; et, en
prenant congé, il la pria de lui dire ce qu'elle désirait qu'il écrivît à Elisabeth. —
A cette offre si flatteuse, elle répondit que, si la reine était vraiment dans l'inten-
tion de se marier, le Roi son fils et elle étaient disposés à entrer tout aussitôt en
pourparlers2. Ce qui acheva de l'illusionner, c'est que Calvacanti lui remit un
portrait d'Elisabeth laissé par Buckhurst pour en faire hommage au duc d'Anjou.
A quelques jours de là, Téligny, venu à la cour pour débattre certaines ques-
tions relatives à l'exécution de l'édit de pacification, lui parla le premier du ma-
riage du duc d'Anjou, et lui offrit d'en écrire au cardinal de Chàtillon dans les
termes qu'elle voudrait bien lui indiquer.
Elle lui répéta ce qu'elle avait dit à lord Buckhurst que, si le Roi et elle pou-
1 Voir le présent volume , p. 28. — ! Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon , t. Vll.p.189.
Voir Calendar of State papers (1571), p. 4i3.
vm INTRODUCTION.
vaient compter sur la bonne volonté d'Elisabeth, ils feraient tout pour sauvegarder
son honneur, comme le leur propre.
Sur l'observation de Téligny, que le duc d'Anjou semblait bien peu disposé à
cette union, elle affirma qu'il n'en était rien; d'ailleurs, il y avait tant de gens
hostiles à ce mariage, que s'ils le croyaient possible, ils feraient tout pour
l'empêcher; il valait donc mieux qu'ils s'imaginassent que son fils n'y pensait
plus1.
Téligm ayant exprimé les mêmes doutes à Charles IX, le Roi le rassura éga-
lement , et lui dit qu'il se proposait d'emmener son frère hors de Paris, afin de le
soustraire à l'obsession de certains moines qui s'appliquaient à surexciter en lui
cet accès de dévotion, et que, dans peu de jours, il le mettrait en disposition
de faire ce qu'il voudrait2.
Le pins passionné de tous les opposants, c'était le cardinal de Pellevéï « Quant
au mariage de la reine d'Angleterre, écrivait-il, qui est la pratique de notre
apostat le cardinal de Chàtillon, je vous assure que le duc n'en a nulle volonté.
Tenez cela pour résolu. Le roi d'Espagne, avec toutes les qualités que l'on peut
désirer et avec une princesse si catholique3, vous savez le peu de pouvoir qu'il
avoit pour le gouvernement de cette nation par trop soupçonneuse; Monsieur n'eût
jamais été le roi; mais le mari de la reine4. n
111
Encouragée par les assurances que lord Buckhurst lui rapportait de la sincé-
rité de Catherine, Elisabeth, le 29 mars, fit savoir à Walsingham, son nouvel
ambassadeur en France, qu'elle était décidée à accepter le duc d'Anjou pour
époux; mais que, voulant s'épargner une réponse trop directe, elle désirait
que la Reine mère, si experte dans les négociations de ce genre, voulût bien
se charger de faire ce qu'elle jugerait convenable et d'usage en pareil cas. Quant
à la religion, elle déclara qu'elle n'en permettrait jamais l'exercice public5.
Walsingham jugea bien que, s'il communiquait un pareil ultimatum au duc
d'Anjou, détourné de ce mariage et par le nonce et par les chefs catholiques, il
1 C.m;rsr,„l. dipbm. de La Mothe-Fénelon, » Record office, State papers (France, copie du
I. VII p. 1 80. temps). Voir notre livre Le 1 ri' siècle et les Valut* .
Mémoriei et lettres de II ahingham, p. 90. p. ^9<> (celte lettre est -ans suscription).
Marie Tudor. Mémoires de Walsingham, p. 65 et 68.
INTRODUCTION. ix
en prendrait le prétexte d'une rupture immédiate ; aussi se borna-t-il à dire à Ca-
therine que sa maîtresse acceptait l'offre de la main du duc. Elle s'attendait à une
réponse moins laconique et qui lui eût permis de vaincre les scrupules de son fils;
usant de la même réserve, elle répondit que, «si l'on négociait de bonne foi, leurs
bonnes relations n'en subiraient aucune altération, quel que fût le résultat final ' •».
Walsingham ayant ajouté qu'il était autorisé à conférer des conditions du ma-
riage avec M. de Foix, mais qu'il serait peut-être préférable de faire partir pour
l'Angleterre un personnage de haute qualité, muni de pleins pouvoirs, et de pré-
férence ayant indiqué M. de Foix, Catherine promit de l'y envoyer, mais un peu
plus tard2. En réalité, elle voulait y voir plus clair, et se décida à faire repartir
pour Londres Cavalcanti, auquel elle remit des instructions verbales, de crainte
que la reine ne fit plus tard un mauvais usage de notes écrites.
Avertie de l'arrivée de ce nouvel envoyé, Elisabeth vint l'attendre, le 1 1 avril,
à l'hôtel de Cécil, où elle eut avec lui une conversation secrète3. La Mothe, au-
quel Cavalcanti ne crut pas devoir en faire part, alla seul le lendemain, 12 avril,
au palais, et officiellement fit à la reine la demande de sa main, se portant garant
de la grande et sincère admiration que le duc professait pour elle'.
Après l'avoir prié de remercier Leurs Majestés du grand honneur qu'ils lui
faisaient, «par l'offre d'une chose si excellente, comme étoit leur fils et frèreu,
elle lui dit que Téligny lui en avait écrit et dans des termes si flatteurs pour M. le
duc d'Anjou, qu'elle venait de s'en expliquer plus ouvertement avec Walsingham
qu'elle ne l'avait fait jusqu'ici, et qu'elle l'avait chargé de le redire en son nom;
puis, revenant sur le passé, elle rappela qu'elle n'avait refusé l'offre de la main
de Philippe II, son beau-frère, que par motif de conscience; qu'elle n'avait pris
que huit jours pour donner une réponse négative aux propositions des rois de
Suède et de Danemark, et qu'en réalité l'archiduc Charles était le seul qui, à
bon droit, aurait pu se plaindre de ses lenteurs et de ses irrésolutions; que
la faute en était uniquement aux troubles qui alors agitaient l'Europe; mais en
même temps elle insista sur le refus formel qu'elle lui avait fait de l'exercice de
sa religion , et pria La Mothe de ne pas se montrer trop exigeant sur cet article.
Il lui observa que, dans tous les mariages qui avaient été conclus entre personnes
de religion différente, l'on avait toujours respecté la conscience des deux époux.
1 Lettres de Walsingham , p. 76 et •j'ô. — 2 Ibid. , p. 70. — 3 Voir noire livre Le m' siècle et les Valois,
p. 25g. — i Correspond, diplom. de La Mothe-Fcnelon , t. IV. p. 63 et suiv.
Catherine de Médius. — 11. b
lUPIUSUr.lE BATIOXAtC.
x INTRODUCTION.
Elle abonda dans son sens el lui dit qu'elle avait été sacrée et couronnée par
un évèque catholique, sans avoir toutefois assisté à la messe, et qu'il lui serait
pénible de voir le duc abandonner sa religion; car, s'il délaissait Dieu, il ne tar-
derait pas à la délaisser elle-même, et sur ces dernières paroles si encourageantes,
elle' le congédia '.
Le projet de contrat que Catherine avait remis au départ à lord Buckhurst
comprenait huit articles : «Le mariage serait célébré suivant les cérémonies
de l'église catholique; le duc et les siens auraient le libre exercice de leur culte;
après la célébration du mariage, il prendrait le litre de roi et administrerait
conjointement avec la reine; il serait couronné et prélèverait chaque année
(io,ooo livres sur les revenus de l'Angleterre; ses enfants succéderaient aux biens
paternels et maternels; en cas de prédécès de la reine, il retiendrait le titre de
roi et administrerait le royaume; si la reine ne laissait pas d'enfants, il conti-
nuerait à toucher les 60,000 livres; enfin une perpétuelle ligue serait établie
entre les deux royaumes'2, v
Une première discussion s'engagea à ce sujet entre La Mothe-Fénelon et Bur-
ghley qui, contre toute attente, se montra beaucoup moins traitable sur la ques-
tion religieuse que la reine, et qui affirma que la moindre concession pourrait
être l'occasion de scandale et de troubles dans le royaume.
La Mothe lui objecta que la reine venait de lui dire qu'elle n'estimerait point
le duc s'il renonçait à sa religion; lui eu refuser le libre exercice c'était donner
lieu de douter de tout le reste3.
Ce premier entretien était trop mal engagé pour pouvoir se continuer utile-
ment. Les jours suivants, La Mothe revit plusieurs l'ois Elisabeth, mais sans pou-
voir rien obtenir d'elle. 11 finit par la [nier de vouloir bien répondre à la lettre
<pie Cavalcanti lui avait remise de la part du duc d'Anjou. D'abord elle s'en
défendit vivement : rr la plume lui tomberait des mains, n'ayant jamais écrit à
aucun des princes qui avaient sollicité sa main, à l'exception de l'archiduc Charles*,
el encore ne s'agissait-il pas de son mariage -n.
Douée comme elle l'était, et au suprême degré, de l'intelligence d'un homme
d'Etat rompu à la pratique des grandes affaires, il y avait néanmoins en elle un
1 Correspond, diplom. de La Motlie-Fénelon (dé- ; Correspond, diplom. de La Mothe-Fénelon,
pèche du 1/1 avril 1571), t. IV, |>. 65. 1. IV, p. 68.
1 Voir notée livre Le xri siècle et les Valois, ' Voir notre livre Les projets de mariage de la
p. -280. reine Elisabeth , p. 9 et suiv.
INTRODUCTION. m
côté vraiment puéril de vanité féminine, rt C'est souvent plus qu'un homme, di-
sait le marquis de Salisbury, et quelquefois moins qu'une femme, * Tout en
affectant vis-à-vis de La Mothe-Fénelon de n'être pas digne du duc d'Anjou et
semblant redouter qu'tril n'eût que faire d'elle t>, elle s'étendait sur les louanges
de son jeune prétendant, et se complaisait à vanter sa bonne grâce; sa valeur aux
armes, sans oublier de parler de sa main, que l'on disait l'une des plus belles de
France.
Jamais deux jours de suite la fantasque et capricieuse créature n'était de la
même humeur. Lorsque La Mothe la revit, d'une voix sèche, elle lui demanda s'il
savait le propos tenu sur elle par l'un des hommes les plus haut placés à la cour de
France. Sur sa réponse négative, elle prétendit que ce personnage l'avait gratifiée
d'un mal incurable à la jambe, et qu'il avait dit «-que Monsieur feroit bien devenir
épouser cette vieille qui ne guérira jamais; sous ce prétexte on lui donnera un
breuvage de France, et une fois veuf, il pourra prendre pour femme la reine
d'Ecosse S.
La Mothe insistant pour savoir le nom de l'insolent dont le roi son maître
ferait bonne et sévère justice, elle s'y refusa, mais toutefois le chargea de s'in-
former de la vérité du propos; elle s'en montrait si courroucée qu'elle par-
lait d'envoyer Sidnev en Espagne et de reprendre d'amicales relations avec Phi-
lippe II. Quelques jours plus tard, revoyant La Mothe, elle lui exprima ses regrets
de ce qu'il n'était pas venu au bal de lord Northampton, car elle y avait dansé,
et il aurait pu écrire au duc qu'il ne courait pas le risque d'épouser une boiteuse2.
A son excessive vanité s'ajoutait une incroyable superstition ; sa grande préoc-
cupation du moment, c'était de savoir comment se réglerait la cérémonie de son
mariage; elle craignait que le duc, au moment de s'agenouiller devant l'autel, ne
vînt à rompre, et à l'avance s'effrayant à la pensée que l'anneau nuptial pourrait
tomber à terre, elle en concevait les plus sinistres pressentiments3.
Toutes ces réserves et ces perpétuelles variations expliquent assez le peu d'es-
poir que Cavalcanti 'rapportait d'une solution favorable. Rentré le 2Z1 avril, il remit
à Walsingham les lettres d'Elisabeth. Elles le déterminèrent à solliciter une au-
dience de Catherine. Reçu à Saint-Cloud le 26 avril, il lui demanda, en l'abor-
dant, si elle était satisfaite de la réponse de la reine. Elle se plaignit de n'en avoir
aucune aux articles emportés par lord Buckhurst, à l'exception de celui sur l'exer-
1 Correspond, diplom. de La Mothe- Fénelo» , t. IV, p. 80. — 2 Ibid., t. IV. p. ç»4. — ' Ibid., p. 96.
INTRODUCTION.
cice de la religion, dont les conditions étaient tellement dures que, si son fils y
souscrivait, la reine sa maîtresse aurait sa part de blâme, car un changement si
brusque de religion ferait à juste titre accuser son époux de n'avoir ni piété ni
conscience '.
Pour toute excuse il allégua que la reine n'exigeait pas que le duc pratiquât
les rites de la religion anglicane.
N'avoir pas le libre exercice de sa religion ou l'abjurer'2, répliqua-t-elle, c'était
la même chose; nulle considération ne pourrait y déterminer son fils, et en défi-
nitive la meilleure garantie de paix pour l'Angleterre, ce serait l'appui du Roi son
fils.
Sur son observation qu'il en résulterait plus de mal que de bien, elle se ra-
doucit et alla jusqu'à lui dire que son fils, ayant plus de zèle pour' sa religion que
de savoir, il céderait peut-être bientôt aux persuasions de la reine; ce danger
dont il semblait si fort s'effrayer serait ainsi de bien courte durée; d'ailleurs ce
mariage amènerait peut-être de grandes mutations dans la chrétienté, ce que les
catholiques redoutaient par-dessus tout.
C'était plaider la cause de l'anglicanisme.
Étonné d'un pareil langage, Walsingham lui demanda si elle lui permettait de
transmettre ces paroles à Elisabeth 3. Elle l'y autorisa et lui fit signe de se retirer.
IV
Jusqu'ici nous avons suivi pas à pas tous les projets de mariage ambitionnés par
Catherine dont pas un ne devait aboutir. Toute son action s'est limitée à ces
stériles négociations et s'y est rapetissée; mais, à partir du mois de mars 1671,
l'horizon s'élargit et une politique nouvelle se fait jour, politique toute française
et dont, contre toute attente, l'initiative appartient en propre à Charles IX. Pour
mieux en déterminer les causes et le point de départ, retoujrnons en arrière et
voyons ce que sont devenus les principaux chefs protestants depuis la paix de
Saint-Germain (août 1670).
Coligny, Jeanne d'Albret et les deux princes de Navarre et de Coudé n'ont pas
quitté la Rochelle; avant tout, il leur importait d'assurer la stricte exécution du
nouvel édit de pacification, et, pour y parvenir à plusieurs reprises, ils avaient dé-
1 Lettres de Walsingham, p. 99. — s Ibid., p. 99, — ' Ibid., p. 99 cl ion.
INTRODUCTION. va
puté à la cour Téligny , Beauvoir La Nocle et Cavaignes. De son côté, Jeanne
d'Albret n'avait cessé de se plaindre de ce que ses sujets catholiques méconnais-
saient son autorité. Une correspondance s'étant engagée à ce sujet entre elle et
Catherine, elle lui avait écrit :
Madame, Monsieur le maréchal de Cossé estant venu icy et nous ayant fait entendre la bonne
volonté de Voz Majestez à l'enlreténement de l'édit, nous luy avons bien au long remonstré
que, si le Roy n'y met la main à bon escient, que nous ne voyons point que les choses n'aillent
de mal en pis, car aullant de bonne volonté' le Roy monstre à la paix et repos de son
loyaulme, autant la plus grande partie de ses minisires s'emploient à sa ruine. Ce sont faits trop
longs à discourir par celte lettre; mais nous en avons baillé" le mémoire au sr de Quincé. Il me
reste à faire ma plainte particulière du traitement que mon filz et moy recevons tant par nos villes
qui ne nous sont encore rendues, que luy en l'autorité de son gouvernement, ce qui nous l'ait
plus de mal, parce que toutes ces défaveurs se font mesme contre l'édit ou pour préférer à noust
quelque manière de gens si éloignés de nostre repos et du service que nous et les nostres vous
ont fait. Il vous plaist m'asseurer que mou fils et moy, estant près de vous, aurions honneur et
faveur et bon traitement que nous sçaurions désirer, comme m'a dit Monsieur le marescbal, et
ayant veu par le passé commencer l'effet et se continuer autrement, je suis de complexion
soupçonneuse, Madame, comme vous sçavez bien, qui me fait avoir crainte grande que voz vo-
lonlez soient bonnes, comme je n'en fais nul doute, et que ceux qui jusqu'icy ont eu pouvoir
de les altérer en nostre endroict fissent toujours de mesme. Je ne suis pas si ignorante que je
ne cognoisse bien que toute notre grandeur dépend de Voz Majestez et le très humble service
qui nous oblige et appelle à vos pieds, pour y employer vie et biens; mais je suis ung pelit
glorieuse, je désire y eslre avec honneur et faveur que je pense mieulx mériter que d'aultres
qui en ont plus que moy. Je craindrois, Madame, vous fascher de ces propoz si vostre bonté
ne m'avoit accoutumée en mes jeunes ans aux privilèges que ma vieillesse me pourroit donner
de parler privément à Votre Majestez \.
Charles IX, voulant aplanir toute difficulté, renvoya Cossé à la Rochelle, et,
les bonnes paroles dont il était porteur ayant dissipé tous les soupçons, le ma-
réchal put écrire au Roi de cette ville : et Sire, l'assurance qu'ils ont prise entiè-
rement à votre sincère intention et volonté de l'entreténement de l'édit, joint à ce
que leurs députés leur ont mandé de ce que Votre Majesté leur a dit les a telle-
ment rassurés que je ne vois aucun doute d'entrer en défiance, s'il ne survient
quelque chose 2. n
A ce moment la Rochelle avait dans ses murs l'un des plus rudes adversaires
de Philippe II, Ludovic de Nassau, le bras droit de son frère Guillaume
1 Aulogr. Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg. — "' Bifal. oat., fonds français , a° 1 5553.
v,v INTRODUCTION.
d'Orange. Du port de cette ville partaient les vaisseaux armés par lui qui, sur
toutes les mers, allaient faire la chasse à ceux de, l'Espagne. A plusieurs re-
prises, don Francès de Alava, ambassadeur du Roi Catholique , était venu s'en
plaindre à- Charles IX et ses persistantes remontrances avaient motivé la mission
de Castelnau de Mauvissière à la Rochelle.
De son côté. Catherine y avait envoyé un homme à elle, Galeas Frégose, ce rusé
diplomate italien dont l'ambassadeur d'Espagne disait : « C'est le plus hérétique
des hérétiques. i> Durant son séjour à la Rochelle, Ludovic de Nassau, avec lequel
il eut de fréquents entretiens, lui confia que, n'espérant rien tirer delà trop par-
cimonieuse reine d'Angleterre, qui faisait la sourde oreille à toutes ses demandes
de subsides et de secours, il songeait à s'adresser à Charles IX et à lui faire passer
sous les yeux une brillante perspective de gloire et d'agrandissement pour son
royaume. A son retour Frégose rapporta fidèlement au Roi tout ce que le comte
Ludovic lui avait laissé entrevoir1.
Ces offres si séduisantes ne pouvaient être faites en temps plus opportun.
Charles IX avait à se venger de bien des injures. Il suffira de les énumérer : le
refus de la main du duc d'Anjou par dona Juana, la sœur de Philippe II, et plus
récemment l'injure personnelle que lui avait faite le roi son beau-frère en s'ap-
propriant sa fiancée Aune d'Autriche; le massacre des Français dans la Floride,
an mépris du droit antérieur acquis à la France sur cette terre appelée de tout
temps la terre aux Bretons; enfin les intrigues incessantes des agents de l'Espagne
pour ' détacher les Suisses de notre alliance.
L'on était à l'un de ces moments où toutes les ambitions se mettent en cam-
pagne : Philippe II convoitait Sienne, et, de son côté, l'empereur Maxhnilien .
mécontent de* ce que le pape avait fait de Cosme de Médicis un grand-duc de
Toscane, semblait disposé à en appeler aux armes, et s'appuyait sur le duc de
Ferrare, que la jalousie poussait également à une agression. Tandis que Cathe-
rine, secrètement influencée par la duchesse de Nemours qui soutenait les intérêts
de la maison d'Esté à laquelle elle appartenait, était défavorable à son cousin de
Médicis, Charles IX se disait loutprêt à le défendre. Dans la seconde quinzaine de
mars, Petrucci, l'ambassadeur de Florence, ayant mis en défaut la surveillance de
Catherine et ayant pu parvenir jusqu'à lui : rr Quel prétexte avez-vous donc pris?n
sY-cria-t-il en l'apercevant. Sur sa réponse qu'il avait dit venir pour s'informer du
' Nèjrocialionx diplomatiques arec la Toscane, t. III, p. (j'19.
INTRODUCTION. lv
jour de l'entrée de la reine sa femme : «Vous savez sans doute, reprit-il , que
je suis vivement sollicité de prendre parti contre le Grand-Duc et contre le Pape,
avec force promesses pour m'y décider. J'ai répondu que l'état de mon royaume
ne me permettait d'ici à un an que de penser à son repos. Au point de vue delà
religion, l'aire la guerre à un pape est toujours répréhensible; il n'est pas moins
mal de chercher querelle à votre maître à l'occasion de son titre de "rond-duc1.?
Petrucci s'étant incliné pour l'en remercier : cr Si le Grand-Duc et moi, ajouta-
l-il, nous nous entendions pour venir en aide au prince d'Orange, les Espagnols
auraient à penser à autre chose qu'à l'Italie et à mon royaume. Il m'importe de
savoir à quoi m'en tenir sur ses intentions; je lui enverrai sous peu Frégose; son
titre d'Italien n'éveillera pas de soupçons'2, u
Quelques semaines plus lard et en pleine cour, Charles IX s'expliqua encore plus
ouvertement. Le chevalier de Seurre lui ayant parlé en faveur du duc de Florence :
«Je suis décidé à le soutenir-*, dit-il à haute voix. — tr Sire, vous devez d'autant
plus le faire, reprit de Seurre, qu'en l'ayant lui et les Vénitiens pour alliés, vous
pourriez pour toujours abattre la domination des Espagnols en Italie et l'abattre
également dans les Flandres avec l'appui de l'Angleterre et celui des princes de la
Germanie 3. n
C'était donc là une nouvelle orientation de la politique; Catherine s'en effraya,
et, pour détourner cet orage, le 2 mai elle écrivit à Fourquevaux : «Si vous en-
tendez par delà parler des bruits que l'on fait courir en Italie, faites-leur entendre
la vérité de l'intention et volonté du Roi mon fils, qui est de vivre avec le Roi
Catholique en bon frère et en bonne paix4. ■» Et elle arrachait à son fils une lettre
qui confirmait la sienne.
Mais, en dépit de cette apparente soumission, Charles IX n'avait nullement re-
noncé à ses projets : te H a son caprice toujours en tète, écrivait Petrucci le
29 mars, et il le réalisera s'il peut compter sur la tranquillité du royaume.
Les huguenots, pour l'assurer de leur bonne volonté, disent que, si le Pape en Italie
veut marcher avec leur roi contre celui d'Espagne, ils iront jusqu'à se mettre au
service de Sa Sainteté5, v
Mais comme contre-partie à ces velléités belliqueuses de Charles IX, Petrucci
Négociations diplomatiques avec la Toscane, 4 Bibl. nationale, fonds français, n° 10752.
t. III, p. 655. p, 107/j.
Unil., p. 055. '' Négociations diplomatiques avec ta Toscane,
3 Ibid., p. 671. t. III, p. 671.
xvi INTRODUCTION.
mettait on regard la pénurie du trésor, la mauvaise volonté de la Reine mère et
celle du duc d'Anjou. Toutefois, il croyait qu'à la longue le Roi l'emporterait.
D'ailleurs , à l'entendre , la France se montrait favorable à cette guerre des Flandres ,
considérée comme facile, surtout avec l'assistance de l'Angleterre et celle des
Turcs, qui au premier bruit de sa déclaration semblaient disposés à en prendre
leur part.
Dans une lettre du 29 mai, il y revient encore : crL'on voit bien que le Roi est
conseillé par l'ambassadeur d'Angleterre; tous les Flamands qui se réfugient en
France sont considérés comme ses propres sujets l.i>
Tout dépendait de la ligne de conduite qu'allait suivre Catherine. Jusqu'à ce
jour, elle semblait opposée à une rupture avec l'Espagne; mais d'imprudentes
et injurieuses paroles attribuées, à bon droit, à l'ambassadeur don Francès de
Alava, commencèrent à 1 "indisposer et peu à peu modifièrent sa volonté. Ce revi-
rement, qui se manifeste d'abord dans les instructions données le 2 mai à Jero-
nimo Gondi, envoyé par elle à Madrid pour se plaindre de ces inqualifiables
procédés, s'accentue dans une lettre écrite de sa propre main à Pbilippe II le
3o mai suivant où, faisant allusion aux méchants propos d'Alava, rc J'ai voulu cacher
le tout, mande-t-elle, mais de peur que cela n'altérât le Roi mon fils qui est jeune
et n'a accoutumé de si long temps que moy de ouïr mentir de luy et le désir que
j'ai de voir continuer l'amitié qui est entre vos deux personnes et couronnes a
été cause que j'ai mis peine, tant que j'en ai eu le moyen, que ces propos ne soient
venus à son oreille; mais puisqu'il les a sus, il a voulu incontinent en avertir
Votre Majesté. 11 ne les croit pas, ni moi aussi, nous assurant que n'eussiez en-
duré telle imposture sans en faire la démonstration qui convient et à l'alliance
et à l'amitié qui est entre nous2, n
Ce ne sont encore là que des plaintes qui ne vont même pas jusqu'à la me-
nace, et Catherine ne s'est pas encore associée aux projets que le Roi son fils pour-
suit toujours. Le 1 1 juin, revoyant Petrucci, et, se laissant aller cette fois à tout
son ressentiment contre Pbdippe II : et L'heure est venue de prendre une résolu-
tion, s'écria-t-il, et d'agir; la Reine ma mère est trop timide3. n
Son ardeur belliqueuse habilement entretenue par la correspondance qui s'était
établie entre lui et le prince d'Orange allait entrer dans une voie plus marquée,
Négociations diplomatiques arec la Toscane, 3 Arcb. nal., collection Simancns,K 1 5a t,n°8-2.
I. III, p. 670. Négociations diplomatiques arec ta Toscane, 1. III.
Voir If présent volume, p. 48. y. (178.
INTRODUCTION. XVI
plus décisive: Téligny, l'envoyé habituel des chefs protestants et qui, grâce à sa
douceur, avait gagné toute sa sympathie et sa confiance, lui proposa de lui ame-
ner de la Rochelle Ludovic de Nassau, et, l'y ayant décidé, rendez-vous fut pris
au château de Lumigny en Brie et fixé au 19 juillet. Cette première entrevue
(hua trois heures, et jour ayant été arrêté pour une seconde à Fontainebleau, le
comte y lut conduit par Briquemaut et y passa trois jours, caché dans la loge du
concierge du palais. A sa première audience, après avoir rappelé en termes cha-
leureux et éloquents les tristes causes qui avaient déterminé la prise d'armes des
Flandres et les indignes cruautés du duc d'Albe : «Mon frère le prince d'Orange,
avait-il dit, a été suscité par Dieu pour nous tirer de dessous ce joug. L'accueil si
froid fait à nos remontrances, lors de la dernière diète de Spire, nous a dégagés
de lout serment d'obéissance. Il ne nous reste plus qu'à nous jeter aux pieds de
\ otre Majesté et qu'à la prier de nous prendre sous sa protection. Toutes les
villes nous ouvriront leurs portes; le roi d'Espagne n'a que quatre mille hommes
à nous opposer; nous sommes maîtres de la mer et les princes de la Germanie
sont prêts à nous assister; à vous, Sire, la Flandre et le pays d'Artois, anciennes
possessions de la France; à l'Empire, le Brabant, la Gueldre et le Luxembourg; à
la reine d'Angleterre, la Zélande et le reste des États, si toutefois elle nous prête
son concours. Après l'avoir d'abord refusé elle y semble maintenant toute dis-
posée '.n
Au sortir de chez le Roi, Ludovic de Nassau s'étant rendu chez Walsingham,
l'entretien qu'ils eurent ensemble jette un grand jour sur la politique de l'Angle-
terre dans cette question brûlante des Flandres, politique qui, par sa fausseté, sa
perfidie, rendra toute action commune impossible et amènera fatalement Calhe-
rine (nous le verrons plus tard) à se débarrasser de Goligny, pensée homicide qui
la hantait depuis tant d'années, lorsqu'elle se verra impuissante à contre-balancer
l'influence qu'il avait prise et que, malgré elle, il maintenait sur Charles IX.
Ludovic, après avoir répété à Walsingham tout ce qu'il avait dit à Charles IX,
lit valoir tous les avantages d'une guerre heureuse contre l'Espagne; puis il lui
remit sous les yeux leurs vieux griefs contre Philippe II, les secours fournis aux
Irlandais rebelles, et l'appui qu'il n'avait cessé de prêter à Marie Stuart. Sans se
départir du flegme britannique, Walsingham écouta ce long exposé sans la
moindre marque d'approbation : a Je transmettrai à la reine, dit-il, vos propo-
1 Lettres de Walsingham, p. 1 38.
Catherine de Mébicis. — iï. n
Hi .'iMl, il NATIONALE.
iviii INTRODUCTION.
sitions et vos oflïes; à elle seule il appartient de prendre en toute liberté la réso-
lution qu'elle jugera la meilleure dans l'intérêt de ses sujets et de sa gloire. Quant
à moi, je ne puis m'expliquer, et vous comprendrez ma réserve1.1»
Mais Walsingham se montra moins réservé dans la lettre où il rendit compte
à Leicester de cet entretien : « Les guerres, lui dit-il, qui n'ont en vue que l'agran-
dissement des États sont toujours injustes; mais, lorsqu'on les entreprend pour sa
propre conservation, elles sont toujours nécessaires; vous trouverez peut-être que
le remède est pire que le mal; car, en voulant humilier l'Espagne, nous élève-
rons une autre puissance dont nous n'aurons pas moins à craindre. Mais examinez
la situation de l'Europe : les princes d'Allemagne, qui sont prêts à entrer dans
cette coalition, jugent bien que l'incorporation des Pays-Bas rendrait la France
trop puissante; aussi veulent-ils l'obliger à se contenter de l'Artois et de la Flandre.
Quant au Brabant et autres pays , anciennes dépendances de l'Empire , ils entendent
les remettre à quelque prince allemand, et je n'en vois pas qui y ait meilleur
droit que le prince d'Orange. Quant à la Zélaude et la Hollande, ils veulent la
concéder à notre maîtresse. «
Et faisant allusion à la politique habituelle de l'Angleterre : «Si la reine
refuse de s'associer à ces desseins, elle doit néanmoins encourager les autres à y
persévérer pour pouvoir profiter des troubles d'autrui, ainsi qu'elle l'a fait jusqu'ici;
car nous pouvons être assurés à l'avance qu'aussitôt que la France et l'Espagne
auront fait la paix, elles nous déclareront la guerre; d'ailleurs la grandeur exté-
rieure de la France est moins à craindre que la continuation de nos troubles
intérieurs; le moindre secours venu de l'étranger pourrait les aggraver. Pour
prévenir les maux du dedans, ayons recours aux remèdes du dehors et profitons
des calamités de nos voisins. Appuyez donc auprès de la reine les demandes du
comte Ludovic, afin que ce feu qui commence à s'allumer devienne un grand
incendie dont nous pourrons profiter2. n
Si secrète qu'eût été la dernière entrevue de Charles IX et de Ludovic de Nas-
sau, elle n'avait pu échapper à l'œil clairvoyant de l'ambassadeur d'Espagne don
Fiancés de Alava. Déjà, en faisant part à Philippe II de celle de Lumigny, il lui
' Lettres de Walsingham, p. l'ia. — ' Ibid. , p. i43.
INTRODUCTION. m
avait écrit : «Le roi de France favorise sans mesure le parti huguenot. -n A sa
première audience il alla jusqu'à déclarer à Charles IX que, s'il était donné suite
à de telles pratiques, il regardait la guerre entre les deux couronnes comme iné-
vitable. «Vous avez été mal informé, répliqua le jeune Roi; d'ailleurs, quand
même cette entrevue aurait eu lieu, à quel titre le roi votre maître pourrait-il
s'en plaindre ? Le comte Ludovic est prince allemand, il n'est donc ni son sujet,
ni pensionné par lui; quant à votre menace de guerre, on se tromperait étran-
gement, si l'on croyait nous intimider; que chacun fasse ce qu'il croira le plus
utile à ses intérêts '.Si
Catherine qu'Alava vit, au sortir de chez le Roi, lui tint le même langage.
Tout en partageant les rancunes de son fds contre Philippe II, de nature prudente
et craintive elle subordonnait les éventualités d'une brouille avec l'Espagne au
concours effectif de l'Angleterre, et le meilleur moyen de se l'assurer, c'était de
mener à bonne fin le projet de mariage du duc d'Anjou avec Elisabeth. Pour
vaincre l'obstinée résistance de son fils, elle s'était adressée à l'évêque de Da\
dans les conseils duquel il avait toute confiance. «L'on a, lui avait-elle écrit, telle-
ment dégoûté mon fils d'aller en Angleterre que j'ay un extrême regret de voir
comme les choses en sont, et ay été bien aise de ce que lui avez mandé, et vous
prie qu'il ne sache point que je vous aye écrit et brûlez cette lettre; priez-le de
bien considérer ce qu'il perd, qui vous fait merveilleusement ébahir comment il n'v
a personne ici qui ne lui aye pu faire entendre ce que c'est de la grandeur que ce
mariage lui pourroit apporter et l'amitié des princes d'Allemagne pour parvenir à
l'empire el à la conquête des Pays-Bas et sur cela vous étendre, comme le sçaurez
bien faire et aussi lui ôter le scrupule de sa conscience 2. ri
Elle ne s'en tint pas là, elle envoya à Londres Larchant, le capitaine des
gardes du duc d'Anjou, et Cavalcanti, l'homme indispensable, auquel au dé-
part elle remit deux portraits de son fils de la main de Janet : l'un devait
donner une idée avantageuse de son visage; l'autre de sa taille et de sa tour-
nure.
Larchant devait se borner à réclamer un sauf-conduit pour le maréchal de
Montmorency, le chef annoncé de la grande ambassade qui irait demander la
main d'Elisabeth. A cette première ouverture, Elisabeth répondit que, tant que
la question de la religion ne serait pas vidée, une pareille mission était bien
Arch. nat., collection Simancas, K i5-22. — s Archives du Ministère de la guerre; voir le présent
volume, p. 62.
„ INTRODUCTION.
inutile, et, qu'eu égard à la haute situation du maréchal, elle ne serait qu'un em-
barras de plus.
D'un commun accord la question religieuse fut pour le moment laissée de coté;
mais la remise du portrait du duc par Cavalcanti agit plus et dans un sens favo-
rable que tous les arguments employés jusqu'alors. En toute hâte, la reine
manda La Mothe au palais et de prime abord lui montrant l'un des deux portraits
du duc, «ce n'est qu'un crayon, dit-elle, un peu charbonné; mais dans l'ensemble
du visage, il y a un grand air de dignité et de sérieuse maturité, ce qui me
plaît infiniment; car je ne veux pas être menée à l'église par un enfant1 v. Elle pré-
tendit n'avoir que trente-cinq ans. La Mothe, qui savait bien qu'elle en dissimulait
au moins deux, lui répondit en courtisan : rrque l'âge n'avait pas de prise sur elle
et n'avait pu lui enlever aucune de ses perfections t>. Grâce à cette adroite flatterie,
la voyant si bien impressionnée, il la décida à écrire au duc d'Anjou, faveur que
jusqu'ici elle lui avait refusée.
«Monsieur, disait-elle, combien que ma dignité excède ma personne et que
mon royal rang me fait douter que mon royaume est plus recherché que moi-
même, si est-ce que la réputation que j'entends par mon ambassadeur et aussi
par votre gentilhomme qu'avez conçue de quelques grâces miennes, sans que je
l'aye mérité, me fait croire que la règle de notre affection se tirera par la force
rie choses plus excellentes qu'ai oncques connu en moi résider et pourtant me
fâche que mon insuffisance ne puisse satisfaire à une telle opinion que M. de Lar-
chant m'a déclaré que déjà en avez conçue, espérant que vous n'aurez oncques
à vous repentir de cet honneur que vous me faites2. v
Ce n'était que de la vraie monnaie de cour et c'est dans une lettre de Burghley
à Walsingham qu'il faut rechercher la pensée secrète d'Elisabeth : «Elle n'ignore
pas, lui mandait-il, ce qu'il y aurait à craindre si l'affaire échouait par sa faute;
mais elle est persuadée que la question religieuse motivera la rupture et qu'ainsi
elle évitera le blâme3.'»
Ainsi que Burghley l'avait pressenti, le duc d'Anjou ne se laissa pas prendre
aux astucieuses paroles d'Elisabeth ; le refus de toute concession sur l'exercice
de sa religion que Larchant n'avait pu lui dissimuler, l'avait si fort troublé
que Walsingham écrivait à Burghley : «Il a fallu de chauds encouragements
pour le ramener au point où il semble revenu; l'on s'agite beaucoup pour rompre
' Correspondance de La Mothe-Fénclon, t. IV, p. i8(i. — 2 Record office, State papers; voir noire livre
Le if/' siècle et les Valois. — 3 Lettres de Walsingham , p. tag.
INTRODUCTION. mi
ce projet de mariage, le nonce, les ambassadeurs de Portugal et d'Espagne sont
tous les jours en mouvement pour en détourner le duc1. t>
Catherine se montrait fort mécontente de toutes ces intrigues : rr L'humeur en
laquelle est mon fils, mandait-elle à La Mothe, me fait beaucoup de peine, nous
soupçonnons fort que Villequier, Sarret et Lignerolles sont les auteurs de es
fantaisies. Si nous pouvons en avoir aucune assurance, je vous assure qu'ils s en
repentiront 2. -n
Charles IX n'était pas moins irrité : une discussion, très aigre et en présence
de Catherine, s'étant engagée à ce sujet entre le duc et lui, «Mon frère, s'était-il
écrié, vous auriez dû être plus franc avec moi, et ne pas me mettre dans le cas
de tromper la reine d'Angleterre que j'estime et que j'honore. Vous parlez tou-
jours de votre conscience; il est un autre motif que vous n'avouez pas, c'est l'offre
d'une forte somme que le clergé vous a faite, parce qu'il tient à vous garder ici
comme le champion de la cour catholique. Sachez-le bien, je nen veux reconnaître
d'autre que moi-même; puisque le clergé a tant de superflu et moi tant de be-
soins, les bénéfices étant à ma libre disposition, je m'en souviendrai à l'occasion
et j'aviserai. Quant à ceux qui se font les entremetteurs de ces menées, j'en rac-
courcirai, s'il le faut, quelques-uns de la tête 3.n
Le duc ne répliqua rien à cette rude apostrophe, mais, des larmes dans les
yeux, il se renferma dans ses appartements qu'il ne quitta pas de la journée.
Prévenu tout aussitôt de cette violente scène, Walsingham, la première fois qu'il
revit Catherine, y fit allusion; elle le supplia de n'en rien dire et lui annonça le
prochain départ de M. de Foix pour Londres. En transmettant cette nouvelle à
lord Burghley, lui d'ordinaire si perspicace se persuada que ce nouvel envoyé
emporterait des instructions l'autorisant à céder sur la question religieuse et voici
les motifs qu'il en donne : la mésintelligence entre la France et l'Espagne qui s'ac-
centue; la jalousie entre le Roi et le duc d'Anjou parvenue à un état si aigu qu'il
ne se passera pas six mois qu'ils n'en viennent aux mains, le Roi ne pouvant plus
supporter son frère auprès de lui, et le duc ayant peur d'y rester; a depuis la
mort de Henri II, ajoutait-il, la Reine mère n'a jamais tant pleuré 4n.
Ce qui le confirmait dans ses illusions, c'est l'entretien qu'il venait d'avoir avec
l'ambassadeur de Florence : et Le Roi et la Reine mère, lui avait dit Petrucci, ne
désirent rien tant que de conclure une alliance étroite avec l'Angleterre; et, eu
1 Calendar of State papera (i5G()-i 071 ), p. 697. — ~ Corresp. dipl. de La Motke-Fénelon, (•. Vit,
p. q.'Î'j. ■ — ' liid., p. fi()S. — ' Calendar of State papera (1571-1073), p. '1(17.
xxu INTRODUCTION.
égard à l'immitië qui existe entre l'Angleterre et l'Espagne, le moment leur semble
très opportun; il serait donc, nécessaire, pour abaisser la prépondérance domina-
trice de la maison d'Autriche que l'Angleterre s'alliât avec les princes de la Ger-
manie et les Vénitiens. Le Roi et la Reine mère m'ont avoué qu'ils sont très dispo-
sés à entrer dans cette ligue1.» Resté sous l'impression de ces encourageantes
paroles : tr Je crois que M. de Foix, écrit-il à Leicester, emportera l'ordre de
conclure le mariage ou, à son défaut, une étroite alliance. L'on est ici tort per-
suadé de la sincérité de Sa Majesté, les circonstances sont très propices; si Sa
Majesté n'est pas résolue à se marier, cbose très nécessaire à notre Etat très chan-
celant, ce sérail le moment de faire une alliance avec la France qui pourrait nous
servir durant quelque temps'-, n
M. de Foix, de la mission duquel Walsingham à l'avance augurait tant, allait
trouver Elisabeth dans les meilleures dispositions : tout récemment, en envoyant
à La Motlie un panier d'abricots de ses jardins, elle lui avait fait dire par Leicester
que c'était pour le convaincre que l'Angleterre produisait de beaux fruits. «Je
n'en ai jamais douté, avait-il répondu, mais ils seraient encore plus beaux, si
l'on se servait de greffes de France 3. «
Walsingham avait engagé Rurghley à traiter M. de Foix avec les plus grands
égards. La réception qu'on lui fit fut donc exceptionnelle : le comte d'Oxford et
le marquis de Northamplon furent attachés à sa personne; il eut huit audiences
de la reine, de quotidiennes conférences avec ses conseillers, mais sans aucun
résultat appréciable. «En nos entretiens, écrivait Rurghley à Walsingham, il y a
eu autant de variations qu'il y a eu de jours, n Elisabeth en explique elle-même le
motif à son ambassadeur : cfNous n'avons rien fait, parce que M. de Foix, n'étant
pas satisfait de nos réponses, a tenté par toutes sortes de moyens de nous amener à
les faire telles qu'il les désirait, n Toutefois, on finit par se mettre d'accord sur une
rédaction remplie d'équivoques; elle portait que le duc d'Anjou ne serait pas con-
traint d'assister à des cérémonies contraires à l'église de Dieu.
C'était ôter toute sa portée à la rédaction proposée par M. de Foix, contraires à
fa religion catholique".
Dans les jours qui précédèrent son retour, Charles IX et Catherine furent
avisés que les chefs protestants, en s'aidant de leurs amis d'Angleterre, cher-
' Calendar of State papers (1570-1571). 3 Correspondance de La Molhe-Fénelon , t. IV,
p. 5oi. P- 20°-
5 Lettres de Walsingham', p. l36. ' Lettres de Walsingham , p. i52.
INTRODUCTION. xxiii
chaient à entraver le mariage du duc d'Anjou et faisaient secrètement proposer à
Elisabeth le prince de Navarre; l'on trouve quelque trace de cette menée dans
les mémoires de La Huguerie1, mais Charles IX croyant la négociation beaucoup
plus sérieuse qu'elle ne l'était en réalité, pour y couper court, prescrivit à La
Mothe-Fénelon de dire bien haut, si l'on venait à lui parler du prince de Navarre,
que son mariage avec Marguerite de \alois était chose conclue 2.
L'incident n'eut pas de suite et la veille du départ de Londres de M. de Foix,
fixé au 6 septembre , les conseillers d'Elisabeth , ainsi que le leur avait recommandé
Walsingham, lui touchèrent quelques mots d'une alliance intime avec la France.
11 se retrancha derrière ses instructions qui lui enjoignaient de n'accepter aucune
discussion sur autre point que le mariage. Néanmoins, il leur conseilla d'en-
voyer en France un personnage de crédit pour traiter à la fois et du mariage et
de l'alliance qu'ils semblaient si vivement désirer et il leur désigna sir Thomas
Smith, l'un des négociateurs delà paix signée à Troyes en i56i, comme celui qui
serait le plus favorablement accueilli; mais diverses circonstances retardèrent son
départ, et ce n'est que plus tard que nous le retrouverons à Blois, où il sera pré-
cédé par un visiteur dont la présence allait éveiller toute l'attention et toutes les
craintes de l'Europe catholique et nécessiter sur la signification et la portée de
sa venue les explications atténuantes de Charles IX et de Catherine; ce visiteur
c'était l'amiral de Coligny. Bien des motifs l'avaient déterminé à accepter cette
invitation : d'abord 1 éloignemeut momentané de tous les Guises de la cour; le
départ prochain pour l'Espagne de don Francès de Alava, son irréconciliable
adversaire, dont Catherine avait obtenu le rappel; l'entrée au Parlement de Paris,
en qualité de maître des requêtes, de Cavaignes, l'un des chefs protestants le plus
en évidence3; enfin le départ de Schomberg pour l'Allemagne, où il allait re-
chercher l'amitié et l'alliance des princes protestants, mission dont Catherine dans
une lettre au marquis de Brandebourg revendiquait l'initiative'. D'ailleurs, en
venant à Blois, Coligny ne faisait que céder au désir exprimé par ses propres
coreligionnaires : le 12 août, Walsingham avait mandé à Burghley : «Tous ceux
de la religion supplient très humblement la reine notre maîtresse qu'il lui
plaise, en parlant à M. de Foix, de lui insinuer qu'elle souhaiterait que le
Boi rappelât l'amiral, et qu'elle eût la bonté de dire qu'un sujet de tel mérite
ne devait pas être laissé à la Bochelle. n Et il ajoutait : et 11 y a beaucoup d'espoir
1 Mémoires de La Huguerie, t. 1, p. 36. — 2 Correspondance de La Mothe-Fénelon, t. VU. p. 53. —
1 Voir le présent volume, p. 66. — ' Voir le présent volume, p. 65.
xxiv INTRODUCTION.
que le Roi employera l'amiral à des choses de la dernière importance; car il
commence à s'apercevoir lui-même de l'insuffisance des autres, dont les uns ont
plus d'attachement pour d'autres que pour lui, et les autres sont plus espagnols
que français l.'i>
A cet égard, Charles IX dans son dernier entretien avec Ludovic de Nassau
s'était franchement expliqué : rr Je ne veux rien entreprendre dans les Flandres,
lui avait-il dit, sans avoir pris l'avis de Coligny. Je ferai la moitié du chemin pour
aller au-devant de lui et j'irai jusqu'à Blois pour le voir2. ■»
De son côté, Hubert Languet écrivait au duc de Saxe, son maître : k Les Papistes
redoutent une entrevue de l'amiral avec le Roi; car ils sont persuadés qu'il a dans
ses mains des documents qui feront preuve des intelligences coupables de ses sujets
avec l'Espagne, et ils se méfient de l'empire qu'il prendra sur Sa Majesté3.-)}
Gomment Catherine s'était-ellc décidée à consentir à ce rapprochement avec
l'amiral. Tout récemment, lorsque Charles IX se proposait d'aller en Bretagne,
avec la pensée d'y trouver l'occasion de s'y aboucher avec lui, elle s'y était opposée.
C'est qu'indépendamment du mariage de sa fille avec Henri de Navarre, auquel
I amiral pouvait prêter son concours, un motif tout personnel l'y avait déterminé :
Frégose, dans ses entretiens à la Rochelle avec les chefs protestants, s'était aperçu
que Coligny semblait tout disposé à vouloir se remettre dans les bonnes grâces de la
Reine mère et qu'il ne s'opposerait même pas à ce que l'autorité restât entre ses
mains, comme par le passé. C'était la prendre par son faible. Ce qui acheva de la
rendre accessible à cette entrevue qui rentrait dans sa politique d'alors, c'est que
l'amiral, dans une lettre datée du 3 août, venait de confirmer tout ce que Frégose
lui avait rapporté : « Madame, lui disait-il, j'ay reçu la lettre qu'il a pieu à Vostre
Majesté m'escrire par le sieur de Quincey4, et entendu aussi de lui ce qu'il avoit
de commandement de me dire et entre autres choses que Vos Majestés vouloient
que je leur allasse bientôt baiser les mains, qui estoit la plus agréable nouvelle
que j'eusse pu recevoir, ce que je désire principalement pour leur faire cognoistre
que je n'ay aullre but et dessein qu'au bien, repos et grandeur de ce royaulme.
Je vous supplie très humblement, Madame, le croire et vous assurer que je
m'emploiera y à vous faire service de telle façon que vous en recevrez contente-
ment5, a
' Lettres de Walsingham, p. 107. 4 Malheureusement nous n'avons pu retrouver
J Bibl. nul., l'omis français, n° 1 7 i63 , fol. 6. celte "lettre si importante de Catherine.
H. Langue!, Ircanaseculidecimisexti, p. i54, s Bibl. nat., fonds français, n° i 5553, fol. 212.
INTRODUCTION. xxv
Coligny était donc aussi favorablement désiré à Blois, par Charles IX que
par Catherine : accompagné par le maréchal de Cossé et suivi par cinquante
gentilshommes, il y arriva le ta septembre. Au retour d'une récente excursion
au château de Chambord, Catherine avait été prise de la fièvre et gardait la
chambre; c'est dans ses appartements que l'amiral lut d'abord introduit. Le Roi
l'y attendait.
Si l'on s'en rapporte uniquement à l'ambassadeur de Florence, cette première
entrevue fut convenable, mais froide; mais de Thou dit tout le contraire :
l'amiral ayant voulu se jeter aux pieds de Charles IX, écrit-il à Burghley, Sa
Majesté l'en empêcha et d'un ton affectueux : «Mon père, nous vous tenons main-
tenant, vous ne vous éloignerez plus de nous1.1»
Catherine l'embrassa, et de ses appartements il fut mené chez le duc d'Anjou,
qui était également indisposé, et fut reçu par lui avec une apparente cordialité.
Ses amis étaient loin de partager sa confiance; pour les rassurer il écrivit à ceux
des églises de Lyon : « Je veux vous avertir que le Roi et Messeigneurs ses frères
m'ont fait bonne chère'-. n
Ces craintes n'étaient que trop fondées : peu de jours après son arrivée, le duc
de Montpensier le rencontrant dans une des galeries du château très mal éclairée :
ft Comment, lui dit-il, allez-vous ainsi tout seul et si imprudemment; vous ne
connaissez donc pas les gens avec qui vous avez affaire? n
«Ne suis-je pas dans la maison du Roi et sur sa parole, répondit-il. -n
ce Mais le Roi dans sa maison n'est pas toujours le maître3. 11
La pensée de faire tuer l'amiral et ses principaux lieutenants n'était pas nou-
velle; aussi loin que l'on remonte dans le passé nous en retrouvons la trace : le
vénitien Michel Suriano affirme qu'en i56o lé jeune Roi voulait se jeter sur
les chefs protestants et éteindre ainsi l'incendie de la réforme4.
En 1 563 , l'année où au mois de mars fut signée, à Amboise, la première paix
avec les Huguenots, dans le courant du mois d'août suivant, leurs principaux
chefs reçurent cet avis secret : «Ceux de C... ont tenu conseil, pour après que les
reîtres seront partis donner en un même jour les Vêpres siciliennes à ceux de la
religion. Advertir M. le Prince, M. l'Admirai et M. d'Andelot; qu'ils se tiennent sur
leurs gardes; car ils ont délibéré de leur jouer un mauvais tour et les faire
mourir tous trois en un seul jour, s'ils peuvent. Que M. le Prince croye cet
1 De Thou, Hist. univers., Irad., t. VI, p. a 7/1. — ' Bibl. n;it., fonds français, n" i5553, fol. 206. —
' La Huguerie, Mémoires, t. I", p. 95. — ' Tomaseo, Ambass. vénitiens, t. I", p. 3a5.
Catherine de Médicis. — 1». u
IXvi INTRODUCTION.
avertissement pour véritable, parce que le prince de Porcian a de ses amis qui
hantent le gouverneur de C... , conducteur de l'affaire Ki\
L'année suivante, le duc de Ferra re étant venu en France, Catherine, à plu-
sieurs reprises, s'ouvrit à lui de l'éventualité de l'assassinat de l'amiral. Aussi, à
la première nouvelle qu'il eut de la Saint-Barthélémy, se rappelant celte confi-
dence, il en fit part à ses deux envoyés, le comte Gasparo Fogliani et Giannelli2.
Lors de l'entrevue de Bayonne, en i565, le propre confesseur de ce même
duc de Montpensier auquel il répugnait maintenant de voir frapper un ennemi
désarmé, en son nom, remit un mémoire au duc d'Albe où il était dit : s Le moyen
le plus court et le plus expéditif, ce serait de se débarrasser de cinq ou six des
principaux chefs protestants3. 11
Cette sanguinaire solution dont on lui faisait l'aveu, le duc d'Albe dut s'en
emparer et la conseiller à Catherine. Pour arriver secrètement jusqu'à elle, il
su disait de traverser la longue galerie qui reliait l'évèclié où logeait la Cour à la
maison de bois destinée à la reine d'Espagne. 11 y a des choses qui se disent et
ne s'écrivent pas. Au lendemain de la Saint-Barthélémy, il manda à don Diego
de Çuniga, le 10 septembre: «Souvent je me suis souvenu de ce que j'avais dit
à la Beine mère à Bayonne, et de ce qu'elle m'avait promis, je vois qu'elle a
bien dégagé sa parole 4. 11
Ces bruits d'assassinat étaient donc toujours dans l'air. Soubise y fait allusion
dans ses Mémoires, à l'en croire, l'exécution en aurait été projetée durant le séjour
que l'amiral fit à Moulins en i5655.
Que l'idée en soit venue, tout le passé le rend admissible; mais le connétable,
qui avait suivi la cour dans cette ville, n'aurait jamais laissé loucher, lui présent,
à l'un de ses neveux; d'ailleurs le récent massacre des Français dans la Floride
par les Espagnols avait exaspéré l'opinion en France, et Catherine était trop
irritée elle-même contre Philippe II pour oser risquer alors un pareil attentat;
mais comme l'a dit de Thou, les protestants, esprits soupçonneux, s'obstinaient à
croire qu'on avait fait un traité à Bayonne entre les deux rois, à l'effet d'affermir
l'ancienne religion et d'extirper entièrement la nouvelle 6.
Le 1 o mai 1567, don Juan de Çuniga écrivait de Borne où il représentait l'Es-
' Bibl. nat., fonds français, n° 468a, fol. 53. ' Arch. nat., collect. Sitnancas, K i535,
' Archives de Modène, Cancelleria ducale. 5 Jules Bonnet, Mémoires de Soubise.
Voir Papiers d'Etat du cardinal de Graneelle . '' De Tliou, Histoire universelle, trad. , t. VI.
t. IX,]). 398.
INTRODUCTION. xxvn
pagne : c:Le pape Pie V m'a dit en très grand secret : les maîtres de la France
méditent une chose que je ne puis ni conseiller ni approuver et que la con-
science réprouve; ils veulent faire périr par pratiques le prince de Coudé et
l'amiral '.»
Poursuivons cette enquête : Gondé ayant été tué à Jarnac par Montosquiou, au
mépris de toutes les lois de la guerre, il ne restait plus qu'à en l'aire autant
à Coligny. En i56p,, durant le long séjour de Catherine à Metz, l'amhassadeur
d'Espagne, don Francès de Alava lui ayant reproché l'inaction de l'armée royale
depuis la victoire de Jarnac, inaction qui avait permis à l'amiral de réorganiser la
sienne : «11 n'a plus en son pouvoir que la Rochelle, répondit-elle, et toute ma
crainte c'est qu'il ne la livre aux Anglais. La reine de Navarre est entièrement
gouvernée par lui et elle nous ruine. De grâce, conseillez-moi, que dois-je faire ?»
— « J'ignore , Madame , de quelles ressources l'amiral dispose encore , mais quand la
lorce fait défaut , il faut recourir à d'autres moyens. » — 8 Lesquels ? r — rc Eh bien .
puisque vous l'exigez, vous devriez avoir recours à la sonaria-, comme disent les
Ilaliens, et faire tuer l'amiral, Larochefoucault et Grammont. t — rr Baissant la
voix, car le cardinal de Lorraine était dans la chamhre voisine, il y a trois jours,
j'ai offert cinquante mille écus à celui qui tuerait l'amiral, et vingt ou trente mille
à ceux qui tueraient d'Andelot et Larochefoucault, H y a sept ans, on l'avait décide
et ceux qui l'ont empêché alors, s'en sont repentis depuis3, r
Ainsi de sa propre bouche, elle confirme ainsi l'avis donné en i 563 aux chefs
protestants que l'on méditait contre eux de nouvelles Vêpres siciliennes.
En 1571, la sinistre préméditation du meurtre de Coligny reparait : le pape
croit, écrit un agent florentin, que la paix de Saint-Germain n'a été conclue et
l'amiralinvité à Blois qu'avec la secrète intention de le tuer; mais à voir les choses
menées avec tant de prudence, il ne pense pas que le Roi soit dans des dispositions
aussi hardies4.
Ce meurtre semblait si bien dans le jeu de Catherine, qu'à la première nou-
velle de la prochaine arrivée de l'amiral à Blois, Philippe II écrit de sa propre
main : a Ce ne peut-être qu'avec l'intention d'en finir avec cet homme abominable,
ce qui serait un acte de grand mérite et d'honneur5, n
k'ervyn de Lettenhove : Conférence de Bayonne. '' Négociations diplomat. avec la Toscane, t. U\ ,
- Sonaria, sonnerie des morts, glas. p. 782.
Arch. ia(.. collection Simàncas, K i5i4, s Arch. na!., collection Simàncas, k i5-jo.
pièce 80. pièce 3 1 .
xxviii INTRODUCTION.
L'avertissement donné par le duc de Montpensier, et qui de bien des côtés lui
était confirmé, détermina Coligny à s'en expliquer avec Catherine et à savoir
de sa propre bouche ce qu'il avait à redouter. A la première question qu'il lui
posa, rr Je sais bien, dit-elle avec une apparente franchise, que vous ne pouvez
pas plus vous fier à nous que moi à vous, car vous avez offensé le Hoi mon fils et
pris les armes contre lui; eh bien, je vous assure que, si vous continuez à lui être
un bon serviteur et fidèle sujet, je vous ferai des faveurs de toutes sortes1, a
Et ces faveurs ne se firent pas attendre; indépendamment de ses charges qui
lui sont toutes rendues, le Roi, pour le dédommager des pertes qu'il a subies, lui
fait don de cent mille livres, lui abandonne le revenu durant un an de tous les
bénéfices du feu cardinal de Chatillon, son frère, l'autorise à poursuivre partout
la revendication des meubles et objets précieux pris dans le château de Chatillon,
lors de la dernière guerre civile. Il fait plus encore, cédante son imprudente re-
quête, il donne l'ordre d'enlever la croix et la pyramide dressées sur l'emplace-
ment de la maison des frères Gastines condamnés à mort et exécutés pour exercice
prohibé du culte protestant dans leur logis. Enfin pour lui donner une marque
publique de sa bienveillance, il accueille avec bonté les députés de la Rochelle,
lorsqu'il les lui présente, et il invite à Blois sa nouvelle épouse Jacqueline cl En-
tremonts à laquelle Catherine témoigne les plus grands égards.
Tant de faveurs accumulées semblent inexplicables à l'ambassadeur Giovanini
Michieli : C'est incroyable, dit-il dans sa relation, qu'un homme qui ne s'est fait
un nom que dans les guerres qu'il a soutenues contre le Roi, ait conquis en si peu
de temps une si grande autorité "2.
Marguerite dans ses Mémoires, l'explique à sa manière : «Les renards avoient
sceu si bien feindre qu'ils avoient gagné le cœur de mon frère ce brave prince
pour l'espérance de se rendre utiles3. •»
Ces démonstrations si flatteuses pour l'orgueil de Coligny, si Catherine en laisse
toute l'initiative au Roi son fils, elle semble du moins partager à demi sa
confiance dans l'avenir : «Nous sommes à espérer plus de repos en ce pays, écrit-
elle au duc de Florence, que n'en avions eu jusqu'ici »; elle est si peu préoc-
cupée des éventualités du lendemain qu'elle pense à dresser une cassine à Saint-
Maur-les-Fossés où elle désire avoir toutes sortes de gens «qui sachent faire
toutes façons de fromages, laitages, confitures, salures, salades et fruits et elle
1 Négociations diplomatique» avec la Toscane, t. III. p. 705. — 2 Relat.de Michieli. — 3 Marguerite de Valois,
Ses Mémoires, édil. de L Lalaune.
INTRODUCTION. xxix
prie le Grand-Duc de lui envoyer les personnes qu'il y croira les plus propres1. ■-
Toutefois ces futilités qui tiennent dans sa vie une part plus grande qu'on ne le
croit, ne la détournent pas de la négociation du mariage de sa fille avec Henri de
Navarre et bien avant qu'elle ne soit assurée du consentement définitif de Jeanne
d'Albret, elle se préoccupe de l'obtention d'une dispense, et Je ne serai jamais con-
tente, écrit-elle à M. de Ferais, le nouvel ambassadeur de France à Rome, que Sa
Sainteté ne m'ait octroyé cette grâce; pour le. cas où elle voudroit se dispenser
de bailler ladite dispense en public, qu'elle l'accorde et fasse dépêcher en parti-
culier et me l'envoyé, l'assurant que je la garderai devers moy, qu'elle ne viendra
à la connaissance de personne, désirant surtout avoir la conscience apaisée de ce
côté-là 2. 11
Pour s'assurer plus de chances, elle a recours au duc de Florence. Se prome-
nant un jour avec Petrucci, son ambassadeur : a Le nonce fait tout ce qu'il peut,
lui dit-elle, pour entraver le mariage de ma fille; si le Saint-Père ne croit pas
pouvoir accorder la dispense pour cause d'hérésie, que du moins il nous la con-
cède pour raison de parenté. Si je la demande, si je la désire, c'est uniquement
par acquit de conscience; car il y a dans ce royaume deux ou trois archevêques
qui en ont l'autorité et la donneront au besoin 3. n
A la suite de cet entretien, dont Petrucci l'informa sur-le-champ, Cosme de Médi-
as ayant fait représenter à Catherine qu'avant de solliciter une dispense, il faudrait
amener l'amiral et Jeanne d'Albret à revenir à la vraie religion : cr Je voudrois,
répond-elle, qu'il m'eût coûté la moitié de ce que j'ai , et dix ans de ma vie et que
l'amiral voulût faire vers Notre Saint-Père ce que me mandez; mais il est plus à
désirer qu'à espérer qu'il le fasse, ni la royne de Navarre; car de penser qu'à pré-
sent si promptement ils veulent se soumettre au Pape, il ne seroit pas croyable,
et de tirer le mariage en longueur il en adviendroit plus de mal que de bien;
car rien ne nous peut faire espérer l'augmentation entière de nostre religion et
le repos universel de ce royaume que le mariage de ma fille et du prince de Na-
varre; quand le Pape aura tout bien considéré, il trouvera qu'il fera un grand
service à Dieu et à toute la chrétienté de nous bailler cette dispense, pour la-
quelle nous avions délibéré de demander au nouveau ambassadeur qu'il la de-
mande à Sa Sainteté; mais depuis nous n'avons voulu, et attendrons d'avoir
l'entière résolution de la reine de Navarre, encore qu'elle aye envoyé homme
1 Archives de Florence. — " Voir sa lettre, dans le présent volume, p. 75. — 3 Négociations diploma-
tiques avec la Toscane, t. III, p. 715.
«i INTRODUCTION.
exprès pour nous prier de bailler ma fille à son fils, suivant la promesse du feu
Rov mon seigneur qu'il en fil au feu roy de Navarre son mary '.u
C'est à ce moment (pic parvint à Blois la nouvelle de la victoire de Lépante.
tr Cette victoire, écrivait Walsingham à Burghley, peut amener quelque change-
ment ici. La Reine mère qui gouverne tout esl naturellement peureuse, et l'on
appréhende que ceux de la l'action de l'Espagne, qui sont le plus en crédit auprès
d'elle, ne profilent de cette victoire pour persuader au lioi de dissimuler les ou-
trages qu'il a reçus des Espagnolset ne le portent» suivre, -durant quelque temps,
la même route que le roi d'Espagne'2, n 11 ne se trompait pas : à partir de ce joui .
Catherine se montra opposée à toute brouille avec l'Espagne, et vis-à-vis de l'a-
miral elle affecta une froideur de plus en plus marquée.
En présence de ce mauvais vouloir qu'elle ne dissimulait plus, (Joligny annonça
son intention d'aller à Châlillon , ce vieux manoir paternel qu'il n'avait pas revu
depuis des années. Le prochain départ de Charles IX pour un déplacement de
chasse le motivait d'ailleurs; mais 'avant de s'éloigner, il tint à avoir un dernier
entretien avec Catherine : rSi la reine de Navarre, lui dit-il de prime abord,
tarde tant à venir à la cour, la crainte qu'elle a conçue de la présence de la
garde du Roi à Blois, en est l'unique cause, n — trNous sommes trop vieux tous
deux, répondit Catherine, avec une simulée bonhomie, pour chercher à nous
tromper. Vous devriez plutôt, vous, être en défiance que la reine; quoi qu'elle
dise ou fasse, nous n'admettons pas qu'elle puisse avoir de pareilles craintes3.-
Au sortir de cette entrevue , elle répéta à Pelrucci tous les propos qu'elle avail
eus avec l'amiral, et le pria de donner, de sa part, les meilleures assurances à Té-
ligny.
Ce dissentiment de Coligny et de Catherine ne fut toutefois que passager et ne
modifia en rien la polique du moment: Frégose est envoyé en Béarn, afin de
presser la venue de Jeanne d'Albret à Blois; le comte Ludovic y est également
mandé, à l'effet de donner suite aux projets dont il avait entretenu le Roi; mais
avec sa dissimulation habituelle pour se couvrir vis-à-vis de Philippe II, Cathe-
rine écrit le iS octobre à Fourquevaux : r Empêchez le Roi Catholique, avec
lequel nous voulons vivre en paix, d'entrer en opinion que l'on ait reçu le comte
Ludovic de Nassau pour s'en servir ou le favoriser à l'encontre de luy, mais plu-
tôl en intention de l'en détourner, s'il en avoit volonté, de quov vous le pouvez
Archives do Florence; voir le présent votante, p. 76. — Mémoires et lettrée de Walsingham, p. 1S1.
— Négoe. diplom. avec In Toscane, t. [il, p. •">■>'<.
INTRODUCTION. xxxi
rendre assuré, s'il advient qu'il soit besoin que vous lui en parliez; car il ne luy
en faut ouvrir le propos et en tout événement qu'il ne s'aperçoive que nous en
ayons escript quelque chose; mais il faut faire faire ces offices comme de vous-
même 1.r>
Ces menteuses protestations ne l'empêchent pas de poursuivre la politique
anti-espagnole, dont secrètement elle tient tous les fils : Schomberg, le 29 octobre,
lui ayanl mandé d'Allemagne que l'électeur de Saxe, qu'il avait vu le premier,
était bien disposé, et qu'il allait visiter les autres princes, elle lui répond le
20 novembre : et Ce a été plaisir au Roi et à mon fils le duc d'Anjou et à moy
d'entendre la bonne espérance que vous me donnez du succès de l'affaire que
vous avez charge de manier par delà, qui me donne assurance qu'il en sortira
un bon effet, commun profit, honneur et réputation de ce royaume et de toute la
Germanie, qui est ce qui me le fait désirer 2. n ■
Tout en s'occupant du mariage de sa fille avec Henri de Navarre , Catherine
ne perd pas de vue l'Angleterre; durant une absence de Walsingham, le 1" no-
vembre elle reçut killegrew, qui le remplaçait momentanément, et le propos étant
tombé sur Marie Stuart, comme il accusait celle-ci d'être complice de Norfolk, et
par suite de l'abandon de la France de songer à épouser don Juan d'Autriche,
elle répondit que l'on mettait beaucoup de choses sur le compte de sa belle-fille
qu'elle ne pouvait croire. Killegrew ayant répliqué que ce qu'il avançait pouvait
se vérifier par les originaux des lettres qu'elle avait écrites et qui pouvaient être
mis sous ses yeux, rrsans vouloir relever cette accusation, elle lui demanda des
nouvelles de la santé de la reine, et pour mieux s'en assurer elle lui dit qu'elle se
proposait de l'envoyer visiter, n — cr II me semble, Madame, répliqua-l-il, que ce
n'est ni beaucoup d'honneur pour le Roi ni pour vous, étant telle qu'elle est, de
s'en soucier si fort. Si le Roi voulait s'entendre avec la reine ma maîtresse pour
pacifier l'Ecosse, sans parler de Marie Stuart, j'estime qu'on pourrait plus facile-
ment arriver à un accord3. n Elle lui promit de le redire à sou fils, et l'entretien
ne se poursuivit pas.
Ce n'est pas la première fois que Catherine parlait ainsi en faveur de Marie
Stuart; dans la dernière entrevue qu'elle avait eue avec Walsingham, celui-ci
ayant prétendu que l'on savait la vie étrange qu'elle avait menée et qu'elle étoit
odieuse à chacun : et Le Roi mon fils pour son honneur ne peut que lui aider,
1 Bibl. nat., fonds français, 11° 10752, p. 1206. — ' Bibl. nal., fonds français, Cinq cents Colbert,
n" 4oo (volume non paginé). — ' Correspond, diplom. de La Motlw-Féiieloit, t. VII, p. 285,
mu INTRODUCTION.
avait-elle répondu, et c'est un office que la reine votre maîtresse ne peut trouver
mauvais1, b
Nous voici parvenu à la fin de l'année 1571; elle finira plus mal qu'elle n'a
commencé. Deux faits se produisent pleins de menaces pour l'avenir et semblent
la préface de la sanglante nuit : les Guises s'étaient d'abord retirés à Joinville,
où ils avaient tenu un conseil de famille pour s'entendre sur la ligne de conduite
que nécessitait pour eux la venue de l'amiral à Blois; de Joinville ils vinrent à
Troyes, et dans les premiers jours de novembre, le bruit s'étant répandu que c'était
avec l'intention d'attaquer l'amiral, de tous côtés ses amis lui offrirent d'accourir
à sa défense; Jeanne d'Albret en tète lui proposa d'amener le prince de Coudé
et le prince de Navarre, son fils. Sans trop s'effrayer l'amiral crut néanmoins
devoir en avertir le Roi : «Tant s'en faut, lui écrit-il, que je me sois ému
pour les assemblées qu'ont faites ceux de Guise que, hors environ vingt-cinq
arquebusiers que j'ai mis pour la garde de ma porte, je n'a y point eu pour un
coup douze gentilshommes d'extraordinaires, mais bien ai-je adverty nies amis
pour se tenir prêts, et n'eût été, Sire, la promesse que j'avois faite à Votre Ma-
jesté, quand je partis de Blois, j'avois bien moyen de relever de peine ceux
qui disoient quy me viendroient assiéger en ma maison et de faire la moitié du
chemin au-devant d'eux, mais je crains de déplaire et désobéira Votre Majesté,
et d'autre part je désire tant entretenir la paix et le repos en vostre royaume que
je sçay lui être tant nécessaire, que je préférerai toujours le public et le service
de Votre Majesté à mon particulier, comme peut en rendre témoignage le langage
que je lui en tins dernièrement à Blois en présence de votre mère et de Mon-
sieur vostre frère. Je supplie très humblement Vostre Majesté d'être assurée que
je ne donnerai ny plaisir ny advantage à mes ennemis pour prendre les armes;
car, si je le fais, ce ne sera que par votre commandement, et puisqu'il plaît à Votre
Majesté que je me contienne chez moi, je le ferai pour lui obéir; mais je la sup-
plie aussi très humblement que ce ne soit ny à ma honte ny à ma défaveur, et
faire différence entre ceux qui font bien ou mal2. n
Un fait plus significatif encore, et qui aurait du ouvrir les yeux de l'amiral, et
éveiller toutes ses défiances, c'est la violente émeute que provoqua l'enlèvement
de la croix de Gastines. Une maison qui avait appartenu aux deux frères est
brûlée; celle du Marteau d'or et une troisième dans la rue de la Monnaie sont
' Cakndar of Stale papers , îôyo, 1571, p. 543. — ' Bibl. nal., fonds fiançais, 11° 3io,3, p. a5.
INTRODUCTION. Ulli;
également saccagées et Charles IX écrivait au prévôt des marchands et aux éche-
vins : « Faites-en une punition exemplaire et en plein jour, pour que l'on puisse
donner crainte aux canailles qui font lesdites séditions, et que les autres y prennent
exemple '. *
M. de Nançay avait si bien prévu ce soulèvement du peuple de Paris que, dès
le lendemain du jour où Goligny avait obtenu du Roi l'enlèvement de cette croix,
il avait écrit au duc de Nemours : «L'on a dépesché la commission au prévôt de
Paris, lequel dit qu'il ayme mieux quitter son état que de prendre cette charge-
là. Le chevalier du guet en a autant l'ait. Ils ne peuvent trouver personne qui
veuille entreprendre ce fait-là; ils ont failli de tuer à Paris le prévôt des mar-
chands Marcel2, n
Déjà en décembre 1 568, lorsque le cardinal de Châtillon était venu négocier
la paix qui fut plus tard signée à Longjumeau, de crainte pour sa vie, l'on n'avait
pas osé le laisser entrer de jour dans Paris. La haine que le peuple de la grande
ville portait aux huguenots était donc restée aussi implacable que par le passé,
et elle attendait, suivant la propre expression de Charles IX, qu'on lui lâchât la
main.
VI
Dans les mois qui suivirent le retour de M. de Foix en France, la situation de
l'Angleterre s'était singulièrement aggravée : au dedans, la révolte des nobles du
Nord sous la conduite des comtes de Northumberland et de Westmoreland, ces
chefs des puissantes maisons de Percy et de Nevile, la conspiration de Norfolk, les
troubles de l'Irlande, la guerre d'Ecosse qui se prolongeait, l'Angleterre soute-
nant le jeune roi, la France Marie Stuart; au dehors, la rupture avec l'Espagne
dont l'ambassadeur venait d'être brusquement congédié, enfin la victoire de Lé-
pante qui, en relevant la fortune de Philippe II, lui permettait de secourir à la
fois les rebelles d'Irlande et les catholiques d'Angleterre.
«Dans des circonstances aussi difficiles, nous manquons d'alliances, avait écrit
Leicester à Walsingham3. n A l'heure présente, le mariage de la reine avec le duc
d'Anjou leur semblait donc l'unique moyen d'obtenir celle de la France; mais
comment reprendre une négociation que Burghley lui-même regardait comme
1 Arcb. nal., Registres de l'Hôtel de ville, ' Bibliothèque nationale, fonds français, a" 3 188,
n° ai 88, voir dans ce présent volume, p. 84, la p. 27.
lettre de Catherine et les notes qui l'accompagnent. J Mémoires et lettres de Walsingham , p. 17IJ.
Catherine de Médicis. — i». e
tU.'Bm^riK VHlOïlLl:.
ïxxiv INTRODUCTION.
morte? Depuis le départ de M. de Foix, une seule fois Elisabeth avait dit incidem-
ment à La Mothe-Fénelon : «11 me semble que le duc tient ce projet de mariage
pour rompu •»', et il n'avait rien répondu. Sir Thomas Smith, que M. de Foix, à
son départ de Londres, avait officieusement indiqué, vint donc pour traiter à la
fois d'une ligue avec la France et du mariage de la reine avec le duc d'Anjou,
si toutefois la négociation pouvait encore en être utilement renouée. Une lettre
<l<- Leicester à Walsingham précise bien les instructions qu'il emportait : «La
reine me paraît maintenant tout à fait décidée à se marier et à ne pas refuser
les conditions raisonnables qui lui seraient soumises. J'ai jugé à propos de vous
faire connaître ce changement. Les dispositions présentes de notre maîtresse sont
si favorables que je crois fermement que, si l'affaire est bien menée, l'issue n'en
peut être douteuse. Faites-en prévenir l'amiral, et faites-lui savoir que la reine
attend de lui les meilleurs et les plus fidèles avis. 11 serait bien à désirer qu'il lui
à la cour en même temps que Smith, afin de déjouer les intrigues de ceux qui
ne veulent pas de celte union. Sa Majesté s'en est ouverte à Montgomery qui
retourne en France, et il doit s'en entendre avec l'amiral '. v
Un événement tragique avait précédé de quelques semaines l'arrivée de Smith
en France : Lignerolles, que Catherine avait menacé de toute sa colère, pour
avoir, le croyait-elle, détourné le duc d'Anjou de son mariage avec Elisabeth, et
qui, à bon droit, passait pour un agent des Guises et de l'Espagne, avait été assas-
siné à Bourgueil en plein jour par Villequier assisté de quelques gentilshommes
et, sur la demande du maréchal de Tavannes, Charles IX avait octroyé le pardon
à ses meurtriers -.
«Ce n'est pas un médiocre avancement pour notre cause, avait écrit Walsingham
à Burghley 3.v
Etrange cl triste époque où un assassinat était considéré comme un indice
favorable à un projet de mariage!
A son arrivée à Amboise, Smith vit tout d'abord M. de Foix; il lui avoua qu'il
était très préoccupé des difficultés de sa mission et voudrait bien savoir quel était
le point délicat, l'obstacle. M. de Foix lui ayant répondu que le duc d'Anjou
1 Caîeiidar of State papers (1571 ), p. 583; Mé- mère, parce que l'on se doublnit qu'il ne descouvril
moires et lettres de Walsingham, p. 17!). au roy d'Espagne des affaires qu'il avoit trop connues
- Voici ce qu'en écrivait lecomle de Saint-Paul, par le menu.» (Arch. de Turin, déchiffré tir la dê-
l'ambassadeur «le Savoie : -Kslanl le roy à Bour- pêche du comte de Saint-Paul.)
jjiieil, M. de Lignerolles fut tué, cl ay eslé assemv ' Cahmdar of State papers ( 1 5 7 -j ) , p. .'!.
que c'esloit par le commandement de la Royne
INTRODUCTION. vvxv
n'entendait rien céder sur l'exercice de sa religion, il ne voulut pas admettre que
ce fût son dernier mot, et, sans plus tarder, il sollicita une audience.
Catherine le reçut en présence de Charles IX et lui affirma de nouveau que
la religion était le seul empêchement au projet de mariage. Smith lui deman-
dant si, cette question une fois résolue, il y en aurait d'autres à débattre, elle
répondit affirmativement, mais en la tenant toujours pour la principale. Sur sou
observation que ce serait alors le moyen le plus honorable de rompre, elle s'écria
quelle ne le voulait nullement, mais que la tête de son fils était si troublée à la
seule pensée de n'avoir pas l'exercice de son culte qu'elle avait perdu tout em-
pire sur lui; car, s'il n'entendait pas la messe, il se croirait à jamais damné. — te Ne
pourrait-il pas, Madame, reprit-il, pour quelque temps, l'avoir dans une cha-
pelle particulière.'! — ttll est devenu si dévot, répondit-elle, qu'il en entend
deux ou trois par jour; il observe si scrupuleusement tous les jeûnes que sou
visage en a pâli. J'aimerais mieux qu'il fût huguenot que de le voir ainsi com-
promettre sa santé. Il ne se contentera pas d'une messe basse, il veut la grande
avec toutes les cérémonies de l'église catholique et toutes les conditions que
M. de Foix a stipulées. a — «M. de Foix savait bien, Madame, que jamais la
reine n'accéderait à de pareilles exigences et maintenant vous réclamez la grand-
messe, tout le cérémonial romain, les quatre mendiants et les mille diables! v
— «Mais votre maîtresse ne pourrait-elle pas, à ce sujet, solliciter l'assentiment
de son parlement U — te C'est impossible, Madame v, et sur ce dernier mot, il se
retira '.
Le lendemain s'étant rencontré avec les deux évêques de Limoges et d'Orléans,
sur leur offre de mettre par écrit les conditions exigées, il déclara qu'il aimerait
mieux mourir que de les transmettre.
La rupture étant donc un fait accompli, et Catherine ne pensait plus qu'à sub-
stituer comme prétendant le duc d'Alençon à son frère d'Anjou, et II a seize ans
passés, avait-elle écrit à La Mothe-Fénelon , il est petit pour son âge; s'il étoit de
grande venue comme sont ses frères, j'en espérerois quelque chose; car il a l'enten-
dement et le visage assez de plus d'âge qu'il n'a2.* — «La reine aurait lieu de
s'en olïenser, avait-il répondu; toutefois lord Burghley auquel je m'en suis ou-
vert le préférerait de beaucoup au duc d'Anjou, d'abord connue plus éloigné
du trône d'un degré, puis comme mieux disposé à s'accommoder de la religion
Calendar of State paptrs ( 1 572 ) , p. 9 et 1 0. — 2 Correspond, diplomat. de La Motlie-Fcnelon , t. VII .
P- 179-
ïxvvi INTRODUCTION.
anglicane. Il m'a même dit qu'il en avait parlé à la reine sa maîtresse qui,
tout en alléguant la disproportion d'âge, lui avait demandé quelle taille le duc
pouvait avoir, et sur sa réponse qu'il avait à peu près la sienne : «Vous voulez
dire celle de votre petit-fils, avait-elle répliqué1.»
Lors de leur venue à Blois, Catherine ayant rencontré dans le parc Walsin-
gham et Smith : «Le duc de Norfolk a-t-il été exécuté, demanda-t-elle, en les
abordant? » — Sur leur réponse qu'ils n'en avaient aucune nouvelle, «11 serait
à désirer que votre maîtresse pût sortir de ces troubles, et se tournant vers
Smith, ne sauriez-vous pas trouver un moyen de lui faire accepter mon fils
d'Alençon? Où pourrait-elle trouver mieux? Ne voudriez-vous pas retourner en
Angleterre pour le lui proposer ?» — «De grand cœur, Madame, ou il faudrait
que je fusse bien malade, v
L'entretien se poursuivant et Catherine revenant toujours sur le sujet qui lui
tenait tant au cœur, Smith lui dit incidemment que, si Elisabeth avait des
enfants, toute cause de trouble disparaîtrait en Angleterre, «Pourquoi alors
n'accepte-t-elle pas le duc d'Alençon, répondit-elle, la barbe commence à lui
pousser? Je lui ai dit dernièrement que j'en étais fâchée, de crainte qu'il ne fût
aussi grand que son frère. n Smith, pour la flatter, lui ayant cité Pépin le Bref
dont la petite taille n'allait pas à la ceinture de la reine Berthe, «Vous avez
raison, reprit-elle, c'est le cœur et le courage qu'il faut avant tout considérer dans
un homme », et elle le congédia2.
Mais pour faire accepter par Elisabeth ce prétendant imberbe, elle comprît
bien qu'il fallait d'abord lui dominer une sorte de satisfaction. A la première ou-
verture que lui fit Smith de conclure une ligue entre les deux nations, elle l'écouta
donc favorablement. D'ailleurs cette apparente concession rentrait dans ses vues
et s'accordait bien avec sa politique du moment hostile à Philippe II, et toute
prête à devenir agressive : «On fait des levées d'hommes, écrivait Killegrew à
Burghley, destinés à porter la guerre dans les Flandres, et il y a en ce moment
à la cour bon nombre de gentilshommes de Picardie et de Normandie qui y se-
ront employés3, n
Catherine s'attendait même à ce que. la rupture vînt de l'Espagne. \u mois
d'avril suivant, lorsque la ligue avec l'Angleterre fut définitivement conclue,
Walsingham s'en applaudissant et lui remontrant que les Espagnols, jaloux de
' Correspondance diplomat. de La Mothe-Fénelon , t. IV, p. 370. — : Mémoires du duc de Nevers, t. I,
p. 534 el suiv. — 3 Calendar of Stale papers (1072), p. 97.
INTRODUCTION. xxxvii
cette amitié si ostensiblement affermie, faisaient tout pour la rompre, trJe n'en
doute pas, répondit-elle, le Roi mon fils en a été également averti; mais on ne
lui mande pas de quel coté ils se tourneront contre nous*, u
Sur ces entrefaites, elle apprit coup sur coup que la reine de Pologne venait
de mourir et que, la santé du roi devenue très mauvaise, l'on s'attendait à sa fin
prochaine. Il y avait donc là une couronne à prendre. Le duc d'Anjou y pensait
déjà, et non moins favorable que sa mère à l'alliance avec l'Allemagne protes-
tante, il écrivait à Scliomberg : c:Si cela se fait comme nous le désirons, cela aidera
grandement à acheminer l'autre affaire'2. v
Sans perdre une heure, Catherine appelle à Blois l'homme dans les conseils
duquel elle avait le plus de confiance, Jean de Mordue, cet habile évèque de Va-
lence, dont Brantôme nous a tracé ce portrait si ressemblant : r Fin, délié, rompu
et corrompu autant pour son sçavoir que pour sa pratique3, n Sans hésiter Moulue
lui propose de faire partir pour la Pologne Jean de Balagny, son fils naturel, qu'il
avait légitimé et qui terminait alors ses études à l'université de Padoue; mais Ca-
therine ne savait rien de la Pologne, rien de l'état des choses dans ce royaume, et
Vulcob, notre ambassadeur à Vienne, auquel elle s'adressa pour se renseigner.
lui répondit : tt Depuis la mort de la reine de Pologne, la propre sœur de l'Em-
pereur, séparée de son mari, cette cause de froideur ayant disparu, il y a entre
l'empereur Maximilien et le roi son beau-frère bonne intelligence; et il ajoutail :
«Sigismond-Auguste n'a pas d'enfants de ses deux femmes et passe pour avoir
eu un fils d'une des demoiselles d'honneur de la princesse Anne; on doute néan-
moins qu'il se décide à l'épouser. Des cinq sœurs qu'il a eues' quatre sont vivantes;
celle qui est décédée était veuve du vayvodc de Transylvanie 4.d
De toute nécessité, en vue de cette royauté de Pologne que Catherine con-
voitait, il fallait rompre la liaison du duc d'Anjou avec Renée de Chàteauneuf,
besogne à demi faite, car il venait de s'amouracher de Marie de Clèves, la jeune
sœur des deux duchesses de Guise et de Nevers. Chàteauneuf, que l'énergie de
son caractère rendait si redoutable, pouvait reprendre son empire sur l'infidèle;
Charles IX pensa à la marier à l'étranger et en chargea Vulcob, qui jeta les yeux
sur le vayvode de Transylvanie. En sa qualité de vassal du Grand Seigneur, le
vayvode ne pouvant se passer de son agrément. Charles IX l'en fit solliciter par
l'évêque de Dax, son ambassadeur, et délivra par avance un certificat de bonne vie
' Mémoires et lettres de Wahingham, p. as5. — 2 Bibi. nat., Cinq cents Colbert, n" ioo. — 3 Bran-
tome, édit. de L. Lalanne, t. IV, p. 45. — ' Bibl. nat., Cinq cents Colbert, n" 3r)y, p. 333.
sxxvm INTRODUCTION.
et mœurs à la maîtresse de son frère : «C'est une belle et fort honneste demoiselle
qui est de la maison de Bretagne et ma parente1. A
Ce danger conjuré, il ne restait plus qu'à poursuivre la négociation du ma-
riage de Henri de Navarre avec Marguerite. Du jour où Pie V eut connaissance
des chances probables de ce projet, effrayé des dangers dont la cause catholique
lui semblait menacée, il se décida à tenter un dernier effort sur dom Sébastien.
11 ne pouvait plus songer à renvoyer une troisième fois à Lisbonne Tories dont
il se déliait et avec raison depuis qu'il avait été pourvu d'une riche abbaye par
Philippe II; faute d'un homme sûr, il confia cette mission à son propre neveu,
le cardinal Alexandrin et le fit partir sur l'heure. En traversant Madrid le car-
dinal vit Fourquevaux : cr Est-il vrai, lui demanda-t-il, que le prince de Navarre
épouse Madame Marguerite? J'ai plein pouvoir de Sa Sainteté" et je me crois
assuré de mener à bonne fin le mariage avec le roi de Portugal-. v
Catherine avait prévu la question : «Dites au cardinal, s'il vous parle du ma-
riage de ma fille avec dom Sébastien, avait-elle écrit à Fourquevaux, que, ayant
tout lait pour l'effectuer, je suis délibérée maintenant de conseiller au Roi mon
fils de ne le point conclure, car l'on a trop dédaigné ce que l'on devoit priser3. «
Le cardinal Alexandrin fit prompte et bonne besogne, interna Martin da
Camara, le plus opposé à ce mariage, au monastère de Coimbre et emporta la
promesse du jeune roi d'épouser Marguerite. A son retour à Madrid, il en lit les
plus grands éloges à Fourquevaux, vanta sa grâce, son bon esprit, affirma qu'il
avait toujours désiré épouser Madame, et qu'il n'en avait été détourné que par les
Camara, eu égard à sa trop grande jeunesse 4. n
Fourquevaux lui répondit qu'il était trop tard. En elfet Charles IX venait
d'écrire à M. de Ferais : «Le mariage de ma sœur est une résolution que j'ai prise
avec autant de bonnes considérations et de respects que non seulement j'en espère
le repos particulier de mes sujets et le bien de mon royaume, mais celui delà
chrétienté en général, étant ledit prince jeune et si bien né qu'il ne sera malaisé
de le ramener au chemin que sa Saincteté peut désirer, comme nous en avons eu
l'exemple en feu son père5, v
Le cardinal Alexandrin repartit le 2 janvier pour la France; Philippe II lui avait
adjoint le général des jésuites, François Borgia, pour l'aider à rompre à tout
IJihl. nat., fonds français, n" 3i3«j. — ! Ibid.,n° 10752. — ; Ibid., 11° 107^2. — " Ibid., n° 3951,
[» , 35. — 5 Ibid.
INTRODUCTION. ïxm
prix le mariage de Henri de Navarre. Dès son arrivée à Blois, le 7 février, il débuta
par proposer à Charles IX d'entrer dans la ligue catholique dont la récente victoire
de Lépante avait rehaussé la puissance.
Dans des instructions données le 7 janvier dernier à Maniquet, son maître d'hôtel
ordinaire, envoyé sous un déguisement pour traiter d'une alliance avec les princes
protestants, Charles IX avait par avance formellement déclaré que jamais il ne
ferait partie d'une ligue que les Vénitiens, le pape et Philippe II n'avaient conclue
que dans leur intérêt particulier. A la demande du cardinal il se contenta d'ob-
jecter que pour s'unir à eux, en ce moment, il manquait d'argent.
rrMais Sa Sainteté, s'écria Alexandrin, est toute disposée à en fournir à Votre
Majesté. 15 — « Je remercie le Saint-Père, répliqua le Roi, mais avant tout, je veux
pacifier mon royaume '. 15
Le cardinal cherchant à le dissuader du mariage de sa sœur avec le prince de
Navarre. «De l'avis de tout mon Conseil, j'y suis décidé 11, répliqua Charles IX.
Alors, à défaut du roi de Portugal, Alexandrin lui parla des deux fils de l'empereur
Maximilien; l'un d'eux pourrait épouser Madame; à l'entendre la chose était facile.
Baissant la voix et lui prenant les mains : ce Je n'ai pas d'autre moyen, dit
Charles IX, de me venger de mes ennemis, n
Quels étaient ses ennemis?
Au moment où Charles IX négociait une alliance avec l'Allemagne protestante,
contre l'Espagnol, l'ennemi commun, ce n'est ni Coligny, dont il suivait alors les
conseils, ni les autres chefs protestants qu'il entendait désigner.
L'entretien en resta là. Des vases d'or et d'argent d'une valeur de 3 0,0 00 écus
étaient destinés à Alexandrin, il les refusa. Il avait, il est vrai, refusé égale-
ment les présents du roi d'Espagne.
Dans le compte rendu de son entretien avec le Roi : «Je trouve, dit-il, les
Français enfoncés dans cette idée du mariage de Madame Marguerite avec le
prince de Navarre, comme si de cette union dépendait le salut du royaume. Il n'y
a pas moyen de rien faire contre. Je quitte la France sans avoir accompli quoi que
ce soit de ce que je projetais. J'aurais aussi bien fait de n'y point venir2, v
Mais dans une nouvelle lettre datée du mois de mars suivant il semble revenir
en partie sur son premier dire : a Bien que mes représentations et mes démarches
Bibl. nat., fonds Dupuy, 4a8, p. 17 '4. — 3 Bulletin de l'histoire du protestantisme (i5 aoùl 1889),
Dissertation histor. , par Ranke.
u INTRODUCTION'.
n'aient pas abouti à une décision confonne aux vues de Sa Sainteté, je rapporte
pourtant quelques particularités que je lui communiquerai et en raison desquelles
je puis dire qu'on ne m'a pas congédié d'une façon tout à fait défavorable l. -n
Ces ménagements auxquels il fait allusion s'expliquent par le désir d'obtenir
une dispense pour le mariage de Marguerite.
C'est Catherine qui se chargea vis-à-vis de Philippe II d'excuser un refus si
formel et de répondre à ses nouvelles instances en faveur du mariage de Margue-
rite avec le roi de Portugal : trM'assurant, lui écrit-elle, que le cardinal Alexandrin
a fait entendre à Votre Majesté la réponse que le Roy mon fds et moy lui fîmes
sur le propos qu'il nous tint du mariage du roi de Portugal et de ma fille, cela
a été cause que je n'en ai faiL nulle réponse au père général des Jésuites, me re-
mettant à ce que Votre Majesté a entendu par ledit cardinal, sachant qu'elle se
doit bien souvenir de la réponse qu'elle nous en avoit fait faire par les lettres du
sieur de Fourquevaux, lors ambassadeur près V. M., que de dix ans le roy de
Portugal ne se pouvoit marier, comme les lettres que nous avons encore en font
foi, chose que je ouïs à mon grand regret; ce que le Roi voyant qu'il n'avoit plus
d'espérance et que le mariage que la reine de Navarre le requéroit de sa sœur
avec son fds lui apportoit commodité à ses affaires, lui a accordé sadite sœur,
ce que j'ai trouvé bon, puisqu'elle est en lieu quelle sert au Roy mon fds et à ce
royaume, de quoy je vous ai bien voulu advertir comme de ce qui nous touche,
si alliés comme nous sommes, et par la grâce de Dieu si bons aniisu, et elle
termine sa lettre par les plus chaleureuses protestations d'amitié'2.
Au sortir de Blois, le carrosse du cardinal Alexandrin se croisa avec celui de
Jeanne d'Albret, il lit semblant de ne pas la voir, pour se dispenser de la saluer3.
Que de lettres avaient été écrites pour la décider à venir à la cour! Que de mes-
sagers envoyés de part et d'autre! Catherine, pour en finir, lui ayant offert de
nouvelles sûretés pour elle et ses enfants : « Madame, avait-elle répondu, vous
me mandez que vous voulez nous voir et que ce n'est pas pour nous mal faire;
pardonnez-moi si, eu lisant vos lettres, j'ay eu envie de rire; car vous voulez nie
rassurer d'une peur que je n'ai jamais eue, et ne pense point comme l'on dit que
vous mangissiez les petits enfants4. i
Si elle s'obstinait à se tenir à distance, c'était uniquement pour imposer ses
1 f.ottere e ncgotiuti del card. Allessandrio (Lettera 3 Mathieu, Histoire de France, l. I', [>. 333;
al eard. liuslicucci). voir Gabutius, Vie d'Alexandrin-, (Mil. de i6o.r>.
' Voir celle lettre à l'Appendice, p. 3i5. ' Bibl. impériale de Saint-Pétersbourg.
INTRODUCTION. XLI
conditions : s'appuyant sur l'abandon fait, à titre de douaire, du duché de Berry à
Marguerite de France, elle demandait la Guyenne et de nombreuses places fortes.
Galéas Frégose, le premier que Catherine avait envoyé en Béarn, eut grand'peine
à lui faire comprendre qu'un pareil démembrement était impossible. Entré en
campagne après lui, Biron eut enfin raison de sa résistance. «Toutefois, avait-il
écrit à Catherine, la reine ne pourra partir que le 28 décembre, et elle laissera
son fils en Béarn; il n'en sortira que le mariage ne soit définitivement conclu.
Préalablement, elle exige que la ville de Lectoure lui soit rendue, ne voulant
pas être trompée comme les autres qui ont été à la cour devant elle et qui n'ont
rien obtenu1, v
A la fin de décembre, la garnison de Lectoure ayant été retirée, Jeanne y
passa une partie de janvier, et dans les derniers jours de février elle prit enfin
la route de Tours; mais, sur son refus de se trouver à Blois en même temps
que le cardinal Alexandrin, Catherine se vit forcée de lui donner rendez-vous,
le i5 février, à Chenonceaux. La traitant de très haut, elle n'alla point à sa
rencontre et se borna à l'attendre sur le seuil de ses appartements; toutefois
elle l'embrassa la première et baisa sur le front Catherine de Bourbon. Jeanne
embrassa également Madame Marguerite.
«J'ai grand'faim», ce fut son premier mot. Catherine la fil servir, et toutes
deux s'enfermèrent dans un cabinet où elles restèrent très longtemps. En sortant,
Jeanne d'Albret parut toute radieuse; elle dit assez haut pour qu'on pût l'entendre :
«Le mariage de mon fils avec Marguerite est chose conclue2. 11 Dès le lendemain
elle reprit le chemin de Tours pour y attendre le départ du cardinal Alexan-
drin.
Dès ses premiers entretiens à Blois avec la Beine mère, elle renouvelle ses
exigences: «Vous vous tenez toujours, Madame, lui dit Catherine, aux choses
générales; si nous arrivions au fait. » — «Eh bien, il faut avant tout qu'on accède
à toutes mes demandes. v — «Alors, restons-en là, répliqua Catherine; libre à
vous de demeurer à la cour; vous y serez bien vue et bien traitée, et si votre fils
veut y venir, il sera également bien choyé. •» — «Mon fils ne viendra pas, ré-
pondit-elle, que tout ne soit convenu et réglé. n — «Dans ce cas-là, ce qu'il y
aurait de mieux à faire, reprit Catherine, c'est de nous abstenir et de remettre
la négociation à des hommes de confiance. » — «Madame, je ne me fie à qui que
Bibl. impériale de Saint-Pétersbourg'. — - I3ibl. nat. Dépêches des ambassadeurs vénitiens, filza VII;
Archives de Mantoue; Négociât, diplomat. avec la Toscane, l. III, p. 7/19.
Catuem.ve de Médicis. IV.
F
■UPnilICItlE KATIOX4LI .
xui INTRODUCTION.
ce soit au monde, j'entends traiter seule1, n L'entretien tournait à l'aigre; Biron,
qui y assistait, crut prudent de s'interposer. Jeanne s'étant adoucie, Catherine en
profita pour désigner Morvilliers et de Foix. Jeanne promit d'y réfléchir, mais la
journée se passa sans qu'elle s'arrêtât à aucun nom2.
Avant d'aller plus loin, elle voulut consulter les ambassadeurs d'Angleterre,
Walsingham et Smith, restés à Blois pour traiter de la ligue, et pria le Roi de lui
permettre d'adjoindre à cette conférence quelques ministres, ce qu'il lui accorda,
non sans répugnance.
tr Je tiens le loup par les oreilles, leur dit-elle tout d'abord, et pourtant vous
me voyez encore indécise. 11 y a tout à la fois danger à conclure et à ne pas
conclure ce mariage. Le Roi et la Reine mère désirent que mon fils reste à la
cour après le mariage, et ils ne veulent pas lui permettre l'exercice de sa religion,
afin d'en faire un athée. Tout au contraire, ils exigent que, lorsque Madame
viendra en Béarn, elle puisse à son gré faire dire la messe. Or les papistes pren-
dront son parti et ce sera l'occasion d'une nouvelle guerre civile. Le retard du
mariage tient à trois points que je vais vous soumettre : Puis-je en bonne con-
science prendre un papiste pour fiancer mon fils à Madame? n
Tous déclarèrent qu'elle le pouvait.
«Mais après la cérémonie des fiançailles, si celui qui me représentera va à la
messe, malgré ma défense formelle, ce sera l'occasion d'un grand scandale. -n
A l'unanimité, ils répondirent : «Rassurez-vous, votre représentant n'aura en
réalité d'autorité qu'autant qu'il restera dans la limite de son mandat. »
Elle ne fit aucune autre objection, et passant au troisième point : « Puis-je
consentir que la cérémonie des fiançailles soit faite par un prêtre revêtu du sur-
plis et de l'étole?u Ils se consultèrent longtemps. — ce La chose en elle-même est
indifférente, répondirent les ministres, mais toutefois elle pourrait scandaliser les
dévots timorés, n — «Alors, jamais, s'écria-t-elle, je ne le permettrai, ce serait
offenser Dieu.n
Puisque sa conscience y répugnait, tous furent d'avis qu'elle ne devait pas y
consentir. «D'après cela, écrivit Walsingham à lord Burghley, on tient le ma-
riage pour rompu; mais ce n'est point mon avis; il y a trop de raisons qui en
font une nécessité 3. n
Toutes ces arguties le démontrent assez, la grande difficulté, c'était toujours
1 Bilil. nat. Dépêches des ambassadeurs vénitiens, Glza VII; Archives de Mantoue; Négociât, diploimt.
avec la Toscane, l. III, [>. 7.59. — 2 Ibid. — s Mémoires et lettres de Walsingham , p. <?. 1 1 .
INTRODUCTION. XUII
la question religieuse. Jeanne avait écrit à son fils : «Mandez-moi que vous tenez
surtout à savoir la volonté de Madame sur la religion, afin que la Reine mère,
à laquelle je montrerai votre lettre, sache par vous que c'est la seule raison qui
vous empêche de venir1, s
Dès qu'elle lui eut montré la lettre de son fils, Catherine lui objecta que Beau-
voir l'avait assurée qu'elle permettrait, à son fils d'épouser sa fille à la messe.
— «J'ai peine à vous croire, Madame, répliqua-t-elle, d'autant qu'il m'a affirmé
tout le contraire, et au besoin il vous le redira. » — «En tous cas, il m'a dit
quelque chose à ce sujet, reprit Catherine. n — «C'est possible, Madame, mais
rien d'approchant. «
Catherine n'insista pas, et l'entretien en resta là.
Il restait à Jeanne la ressource d'avoir une explication avec Marguerite. Ce
n'était pas chose facile; car elle était toujours aux côtés de sa mère et, quand
elle rentrait dans ses appartements, Madame de Curton, sa gouvernante, ne la
perdait pas des yeux et écoutait tout. Enfin Jeanne parvint à être seule avec
elle, et à la première question sur ce changement de religion qu'elle se croyait
en droit d'espérer d'elle, Marguerite répondit avec fermeté : «J'ai été élevée dans
la religion catholique, jamais je n'y renoncerai, fût-ce pour le plus grand mo-
narque du monde. u — «Ce n'est pas ce que l'on m'avait dit, reprit Jeanne;
sans cela je ne m'y serais pas embarquée, Biron m'a donc trompée. »
Si elle ne rompit pas sur cette ferme réplique, c'est qu'en réalité l'ambition
l'emportait sur les scrupules de sa conscience.
Les soucis et les tracasseries de tout genre avaient aigri son humeur, et ses
incessantes discussions avec Catherine l'avaient jetée dans une irritabilité perpé-
tuelle. Elle s'en prenait à Brodeau, son secrétaire, à Cavaignes qu'elle accusait
de ne pas marcher droit, aux ministres qu'elle traitait d'espions mis à ses trousses;
elle se plaignait à la fois de la princesse de Condé et de Marie de Clèves, deux
rieuses dont le sourire ironique l'exaspérait.
«Je m'ébahis, écrivait-elle à Beauvoir, comment je puis supporter les traverses
(pie j'ai : l'on me pique, l'on me brave, l'on veut me tirer les vers du nez; pour
me surveiller on fait des trous dans ma chambre et dans ma garde-robe. Si cela
durait un mois, je tomberais tout à fait malade, t
Dans la même minute elle passait du plus profond découragement à l'espoir,
à la confiance, faisant à son fils un portrait très flatteur de Marguerite, la disant
' Bibl. imp. deSaint-Pe'lersbourg.
ïliv INTRODUCTION.
belle, de bon jugement, et de grand crédit sur la Reine mère et ses frères; puis
elle lui traçait la façon de faire la cour à cette incomparable beauté, c Prenez-
vous-y mieux que votre cousin le prince de Coudé; regardez à accommoder
votre grâce; ne craignez pas de parler hardiment; car notez qu'à votre venue
vous imposerez l'opinion que l'on aura de vous; accoutumez-vous à relever vos
cheveux, mais non à la mode de Nérac; qu'il y ait des pans; je vous recommande
la dernière mode comme celle que je préfère l. v
Elle avait entrevu la profonde dissolution de cette cour, et pour l'en préserver :
« Mettez-vous en garde contre tous les allècliements pour vous débaucher en
\otre vie et votre religion; c'est leur but; ils ne le cèlent pas. Si vous restiez ici,
vous n'échapperiez pas à cette corruption -. n
Combattue jusqu'aux derniers jours par ces scrupules, voulant ce mariage et
effrayée des dangers du lendemain, se méfiant de Catherine et glacée par la
froideur de Marguerite, dont elle redoutait l'intelligence et la volonté, elle finit
néanmoins par signer, le 1 1 avril, avec un profond regret, le contrat de mariage
de son fils et, le jour même, elle en fit part à la reine d'Angleterre : ccDieu dans
sa bonté a disposé les cœurs d'un coté et de l'autre pour prendre cette résolution
indissoluble du mariage de Madame avec mon fils. Je ne veux faillir de vous re-
mercier des bons offices que votre ambassadeur y a faits3, v
Cette union fut diversement appréciée : notre ancien ambassadeur en Espagne,
Eourquevaux, mandait de Dax à Catherine : te S'il est ainsi que le mariage de
votre fdle soit accordé et la cérémonie des fiançailles passée avec M?r le prince
de Navarre, c'est le devoir que vos serviteurs s'en réjouissent, faisant compte que
Vos Majestés auront préféré ce parti à celui du Portugal pour aucuns grands
avantages qu'elles y auront connus et devront prier Dieu qu'il le fasse succéder
à votre contentement. Ce propos se disoit assez à Madrid devant mon partement;
mais peu de personnes vouloient y croire et alléguoient que pour une seule raison
y en a dix mille en faveur dudit Portugal, lesquelles, s'il plaira à Votre Majesté
les ouïr de moi quelque jour, je les lui dirai, encore que ce doive être trop lard '. ••
Le grand obstacle à ce projet d'union, c'était toujours l'obtention d'une
dispense. A son départ de Blois, le cardinal Alexandrin avant dil hautement que
jamais le pape ne l'accorderait, le cas fut soumis aux membres du conseil privé,
et la majorité fut d'avis qu'il valait mieux ne pas la solliciter et aller de l'avant;
1 Bibl.nat., fonds Dupuy, n" aài. — ! Ibkl, — ' Record office, Slatepapers, France. — ' Bibl.nal.,
fonds frnnrais, n" iOio'i.
INTRODUCTION. xtv
car d'après les dernières paroles du cardinal, un refus semblant probable, passer
outre et désobéir au Saint-Père aggraverait encore la situation. Un tel acte d'au-
dace, d'ailleurs si en désaccord avec ses pratiques habituelles, répugna à Cathe-
rine; une négociation conduite avec discrétion lui parut préférable. Dans des
circonstances aussi difficiles il fallait avoir sous la main des hommes habitués à
déjouer les intrigues des cours de l'Europe. Depuis longtemps, Fourquevaux de-
mandait son rappel. Vivonne de Saint-Gouard, brillant homme d'épée qui avait
dignement représenté la France en Angleterre, en Allemagne et dans le Levant.
fut envoyé à Madrid, et à Rome M. de Ferais, dont l'habileté avait été appréciée
dans une récente mission à Bruxelles.
Suivons d'abord Saint-Gouard en Espagne1 : le secrétaire d'État Cayas qu'il
vit le lendemain de son arrivée lui parla le premier du mariage de Marguerite
et s'étonna de ce que la Reine mère, si sage, si prudente d'ordinaire, s'y obsti-
nait; c'était vouloir fournir au roi de Navarre le moyen de faire encore pis que
par le passé. Saint-Gouard lui observa qu'il était mal informé; la Reine avait
toujours négocié en toute sincérité jusqu'à la fin avec le Portugal et avait été in-
dignement trompée. Tout récemment, le Roi Catholique lui avait fait savoir par un
jésuite que Dom Sébastien ne pensait pas à se marier de dix ans, prétexte ridi-
cule, eu égard à l'âge et à la beauté de Madame.
Cayas affirma que le Roi son maître n'avait jamais donné pareille charge;
puis, laissant de côté le mariage de Portugal, il parla en termes élogieux de l'un
des deux lils de l'empereur Maximilien de beaucoup préférable pour époux au roi
de Navarre. Saint-Gouard répliqua que Madame n'était pas faite pour rechercher
des maris et que dans peu de temps ils reviendraient sur leurs injustes préven-
tions, Henri de Navarre étant un prince a né à toutes bonnes choses n. Et sur ce
dernier mot, il rompit l'entretien'2.
Passons maintenant à la mission de Ferais. Au départ, Catherine lui avait
tracé sa ligne de conduite : c:Vous verrez par la lettre du Roi mon fds qu'il veut
que vous fassiez entendre à Notre Saint-Père la résolution qu'il a prise du ma-
riage de ma fdle avec le prince de Navarre, et la bonne lin et intention où il
tend et aussi ce qu'il désire de Sa Sainteté pour la dispense, qui est nécessaire
à ma fdle et audit prince à cause de leur consanguinité, dont je pense bien que
Sa Sainteté voudra faire pour le commencement quelque difficulté à cause,
Négociation» diplonuiiirjites arec la Toscane, t. I!I, p. 75o. — 2 Diljl. nal.. fonds français, ri" i6io4,
p. 72.
ïlvi INTRODUCTION.
connue vous savez, de la différence de la religion. Toutefois, j'estime que, après
avoir pensé au bien que l'on en doit espérer, elle s'y accommodera1 n.
Ne négligeant aucun moyen de parvenir à ses fins , elle avait chargé l'ambas-
sadeur de Toscane de solliciter de nouveau l'appui du Grand-Duc : u Priez-le,
avait-elle ajouté, de remettre en mémoire à Sa Sainteté que l'Angleterre s'est sé-
parée du Saint-Siège pour le simple refus d'une dispense2 a, mais pour atténuer
la portée d'une pareille menace : cr Toutefois cela n'est pas à craindre en France.
car mes fils sont tous trop bons catholiques 3. n
Arrivé à Rome le i5 décembre, Ferais, avant de s'occuper de la dispense, eut
à résoudre une grave difficulté. Tout récemment, dans une cérémonie, l'ambas-
sadeur d'Espagne, enorgueilli de la victoire de Lépante, avait usurpé la première
place, celle qui appartenait de toute ancienneté à la France.' Ferais déclara
fièrement qu'il n'entrerait dans aucune négociation tant que légitime réparation
ne serait pas faite, rc J'ai cru un instant, écrivit-il au Roi, m'en aller comme
j'étois venu, car le Saint-Père avoil été gagné, mais j'ai crié haut, et satisfaction
m'a été donnée, n
Sorti victorieux de ce premier engagement, il va nous dire l'impression pro-
fonde produite à Rome par l'annonce du mariage du roi de Navarre et de Mar-
guerite : trLa résolution qu'ils ont entendue prise, les a grandement étonnés et
attérés, car ils avoient employé tous moiens qu'ils avoienl pu imaginer pour pou-
voir parvenir à celui de Portugal, jusqu'à un courrier naguères député au duc
de Savoie pour prier Son Altesse d'en écrire à Sa Majesté; à quoi le duc avoit ré-
pondu que c'étoit inutile, attendu que c'étoil chose conclue; qu'il écriroit néan-
moins, ce qu'il a fait; c'est ce qui détermina le Pape à prescrire au légat Alexan-
drin de ne faire qu'un court séjour en France 4.n
A la première audience qu'il eut de Pie V, Ferais crut devoir laisser de côté la
question de la dispense; mais, à la seconde, il s'étendit sur tous les avantages
de cette union et chercha de son mieux à faire revenir le Saint-Père sur les im-
pressions fâcheuses qu'il avait conçues. A cette date, le cardinal Alexandrin n'avait
point encore vu Charles IX; Pie V prit ce prétexte pour décliner toute réponse;
mais déjà il était atteint du mal qui devait l'emporter si rapidement, et la négo-
ciation de la dispense se trouva momentanément suspendue. Nous y reviendrons,
lorsqu'elle sera de nouveau soumise à Grégoire XIII, son successeur.
\ (i!i- itIIc Ici lit» dans li' present volume. — ' Néffoci niions diplomatiques avec la Toscane , t. III, p. 7^0.
— 3 Ibid. — 4 Bibl. nat., fonds français , n° i6o.3<), f° -'i65. — 5 Ibid., fonds français. 11° 160/1. P 28.
INTRODUCTION. xlvh
Vil
Dans la vie des nations, l'événement le plus inattendu déchaîne les tempêtes
et décide parfois de leur destinée; la moindre étincelle allume un grand in-
cendie; il en fut ainsi pour les Provinces-Unies, et le hasard, nous allons le voir,
y eut la plus grande part.
La rupture des relations commerciales entre l'Angleterre et lès Flandres, ces
deux contrées qui vivaient l'une par l'autre, les ayant également appauvries, le
duc d'Albe avait été réduit à l'humiliante nécessité de chercher à les reprendre,
seul moyen qu'il eût de calmer l'agitation que le récent et odieux impôt du
dixième denier et son maintien par la force rendait de jour en jour plus me-
naçante. Dans le but d'opérer une heureuse diversion, il avait envoyé à Londres
Antonio de Guaras et Schwegenhem. Munis de pleins pouvoirs, ils y étaient
arrivés juste au moment où l'ambassadeur d'Espagne don GueraudeEspes, accusé
de complicité dans le complot dont Ridolfi élait l'âme, et que Norfolk paya de sa
tète, venait d'être expulsé d'Angleterre. Dévorant cet affront, le duc d'Albe ne
rappela pas ses deux envoyés, et, Elisabeth, non seulement toléra leur présence,
mais leur laissa poursuivre leur secrète négociation et il n'y a pas à en douter :
tr Encore que la reine, écrivait La Mothe-Fénelon au Roi, montre d'estre fort
offensée contre le duc d'Albe, elle ne laisse pourtant d'entendre aux partis et ex-
pédiens qu'il lui fait offrir pour accommoder les différends des marchandises1.'):
Elisabeth fit plus encore; pour faciliter cette entente également recherchée des
deux côtés, elle consentit à l'éloignement des vaisseaux du prince d'Orange qui
jusqu'alors avaient trouvé asile et sûreté dans tous les ports de ses Etats2. Sortie
de celui de Douvres sous le commandement de Lumbles et de Trélon, la Hotte
des Gueux de mer se dirigea vers les côtes de la Hollande, et par la violence
du vent fut forcée de jeter l'ancre devant la Briele. La garnison espagnole ve-
nant d'évacuer cette place pour aller réprimer une émeute à Utrecht, l'occasion
était inespérée; les Gueux débarquent, occupent la place et s'y fortifient. Fles-
singue leur ouvre ses portes, et en peu de jours, à l'exception de Middelbourg,
ils sont maîtres de la Zélande, avant même que Ludovic de Nassau, qui, au
premier moment traita leur entreprise d'imprudente et d'inopportune, eût eu le
temps d'y mettre la main.
1 Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon , t. IV, p. £09. — 2 Fronde, Hislor-y ofEnglanà
1. X , p. 253.
ïLvm INTRODUCTION.
La nouvelle de la prise de Flcssingue eut un grand retentissement en Angle-
terre. Les Flamands qui s'y étaient réfugiés se formèrent en compagnies et s'em-
barquèrent pour aller combattre avec leurs compatriotes; les ministres anglicans
pétitionnèrent pour que la guerre fût déclarée à l'Espagne; enfin dans les pre-
miers jours de juin, le capitaine Morgan arriva à Flessingue avec un premier
détachement de soldats anglais, bientôt suivi par un second de douze cents
sous le commandement de sir Humfrey Gilbert, et l'on en attendait encore trois
mille pour occuper et garder les villes de l'intérieur. Elisabeth avait fermé les
yeux et se promettait de s'approprier cette conquête sauf, en cas d'insuccès, à
désavouer ses propres sujets1. C'est la politique habituelle de l'Angleterre, poli-
tique inaugurée et léguée par elle à sa nation.
De longue date, Mondoucet, notre résident à Bruxelles, avait fait pressentir
ce soulèvement à Charles IX, et l'avait engagé à en profiter pour recouvrer les
provinces qui, autrefois, relevaient de la couronne de France. Ce conseil s'accor-
dait avec les propres vues du jeune Roi; le 27 avril, il avait écrit à Ludovic
de Nassau : «Le sieur de Téligny qui vous remettra cette lettre m'a fait en-
tendre, à diverses fois et très particulièrement, les grands moyens qui se
présentent de faire quelque bonne entreprise pour la liberté des Pays-Bas,
aujourd'hui opprimés par les Espagnols; on nous demande seulement que nous
leur donnions la main pour les arracher de cette oppression et on nous indique,
d'autre part, beaucoup de moyens dont on pourroit s'aider, cbose véritablement
digne de compassion et en laquelle tout prince généreux et chrétien doit employer
les forces et les ressources que Dieu a mises en ses mains, comme en ce qui
nous touche, je suis bien déterminé de le faire, autant que les occasions et la
disposition de mes affaires le permettront, comme j'ai donné ordre au sieur de
Téligny de vous dire plus particulièrement2, n
Se croyant ainsi assuré de l'appui effectif de Charles IX, le prince d'Orange
avait demandé au roi de Suède (Jean III) d'entrer dans la ligue conclue entre
la France, l'Angleterre et plusieurs princes de la Germanie pour porter la guerre
dans les Flandres. Avant de s'engager plus avant, si bien disposé qu'il fût, le roi
de Suède voulut savoir à quoi s'en tenir sur les véritables intentions de Charles IX
et, pour preuve de sa bonne volonté, lui offrit le concours de sa Hotte. Tout en
le remerciant de son offre, et en lui promettant en échange la liberté entière du
Cakndar of State papers , 1571-1072, p. i5o. — - Van Prinsterer, Wehives de la maison de Hol-
lande.
INTRODUCTION. ,Ln
commerce, ainsi qu'en 1609 Henri II la lui avait concédée, le jeune .Roi ue se
départit pas d'une prudente réserve et le h mai lui répondit qu'il entendait rester
en paix avec ceux qui ne le provoqueraient pas1.
Mais les événements, en se précipitant, allaient réagir sur lui et modifier sa
volonté. Ludovic de Nassau qui avait suivi à Paris Jeanne d'Albret, enhardi par
la révolte de la Zélande, part avec La Noue pour aller tenter un coup de main
sur Mons et Valenciennes, et des mains de Charles IX il reçoit secrètement une
très forte somme. Le duc de Bouillon le dit dans ses Mémoires2 et la Hugueriele
confirme dans les siens3. C'était donc la guerre avec l'Espagne et à bref délai. Le
duc de Longueville, gouverneur de la Picardie, que le Roi n'avait pas initié à ses
secrets desseins, est pris de peur et lui écrit : « Je ne doute pas, Sire, que le Roi Ca-
tholique n'ait juste occasion de se plaindre des entreprises qui se dressent par le
comte Ludovic et ceux de la religion à l'encontre de luy. Je me trouve en peine
extrême de vous voir à la guerre, comme sans difficulté vous serez, incontinent
que cela sera découvert4, v
Charles IX était alors en déplacement de chasse à Montpipeau. Epouvantée de
se voir à la veille d'une rupture avec l'Espagne, Catherine y accourt. Une lettre
de faillirai y arrivait presque en même temps qu'elle : rr Je vois, Sire, lui disait-il,
les affaires réduites en tels termes qu'il est besoing que Votre Majesté preigne
une prompte et toulesfois bien digérée résolution. Je la supplie très humble-
ment y vouloir bien penser et croire que vostre grandeur et ruine eu dépendent
et, pour ce que c'est un fait d'armes et duquel les capitaines doivent avoir cognois-
sance, je supplie très humblement Vostre Majesté vouloir avoir l'advis de ceux
lesquels promptement vous pourrez appeler5. i>
Voilà donc de nouveau la lutte engagée entre les deux influences qui se dis-
putent Charles IX, et c'est la politique à double face de l'Angleterre qui va fournir
ses meilleures armes à Catherine. Dès les premiers jours du mois dernier, La
Mothe-Fénelon avait prévenu le Roi que les conventions proposées par les deux
envoyés du duc d'Alhe étaient à peu près acceptées0, renseignement exact, car, le
3o avril suivant, une proclamation annonçait la reprise des relations commer-
ciales entre les Flandres et l'Angleterre7.
Bibl. nul., tonds français, a" 33o/i, f" 2. ' Bibl. nul., fonds Dupuy, n" i<)4, f y.
' Panthéon lilt. , Mémoires de Bouillon, t. II. j). o. ° Correspondance diplomatique de La Mothe-Fé-
La Huguerie, Mémoires, t. I", p. n5. nelon , t. IV, p. 4a3.
' Bibl. nal., fonds fiançais, i555t), p. lih. ' Fronde, llistory of En gland, l. X, p. 3i2.
C.ATIItRINIi DE MÉDiCIS. — l\ . G
IMPtU^LIMt RATIOHA1K.
L INTRODUCTION.
Était-ce le moment de risquer une guerre contre l'Espagne, et, surtout avant
de savoir comment réussirait la mission du duc de Montmorency et de Paul de
Foix qui tous deux étaient alors à Londres pour ratifier la ligue conclue ré-
cemment à Blois, recevoir le serment d'Elisabeth et demander officiellement sa
main pour le duc d'Alençon?
Une lettre de lord Burghley à Walsingham justifie les défiances de Ca-
therine à l'égard des Anglais : "Pour ce qui regarde, disait-il, les affaires des
Pays-Bas, nous avons grand sujet d'en être jaloux; car étant entre les mains des
Espagnols, nous ne pouvons pas y trafiquer sûrement, et si les places mari-
times tombent dans les mains de ceux où vous êtes, ils régleront non seulement
le commerce de nos marchandises en ces contrées-là; mais la souveraineté de la
Manche qui nous appartient se trouvera bornée et bien exposée1'. 11
La même pensée est reproduite dans une lettre à sir Englefield : « Les Anglais
ne se sont pas proposé de donner les Flandres aux Français, ce qui serait pour
eux un grand dommage et entièrement contraire à leur politique2. 11
Nous trouvons un nouveau témoignage de cette mauvaise foi traditionnelle
des Anglais, «leur péché originels, comme dit Michelet, dans un mémoire non
sipué, daté du 3 juin : r?Si l'on a l'assurance que le duc d'Albe soit de force à
résister à toutes les attaques des Français, le mieux dans l'intérêt de l'Angleterre
serait de les laisser pendant un certain temps se débattre entre eux. Si toutefois
les Français parviennent à s'emparer d'une partie de ces contrées, il serait bon
que le duc d'Albe lut secrètement informé que la reine notre maîtresse est dis-
posée à assister le Boi Catholique par tous les moyens honorables dans la
défense de ses possessions héréditaires s. t>
Catherine avait d'autres arguments en réserve; elle met sous les yeux de
Charles IX les avis que lui ont transmis René de Birague, gouverneur de nos
possessions du Piémont, et Tavannes, dont la vieille expérience avait tant d au-
torité sur le Roi son fils.
"Tout l'effort du roi d'Espagne, disait Birague dans son mémoire daté de la
fin de mars, est à redouter du côté de l'Italie; pour se revenger des Flandres, il
y enverra toute l'armée qu'il a dressée pour la guerre contre les Turcs, et le duc
de Savoie est de son côté, « II conseille donc au Roi de presser l'embarque-
1 Mémoires et lettres de Walsingham, leiire du une copie prise dans les archives de Simancas.
il juin, |i. s45. (History of Engluai, t. X, p. 3y8 , noie.)
Lettre citée par l'historien Froude, d'après 3 Calendar of State papcrs{i5-]i), p. ia3.
INTRODUCTION. u
ment de l'armée de mer de Strozzi, afin qu'elle soit prête à la Saint-Jean, et
(|iie, si la guerre se déclare, elle puisse aller eu Zélande1.-
L'avis de Tavannes pour détourner le Roi d'une brouille avec Philippe 11 e^t
encore plus explicite : et La crainte quej'ay, que votre courage ne soit plus prompt
que vos forces, me fait aller tardif et craintif jusqu'à ce que je sois éclairé" des
moyens que vous pouvez avoir de faire la guerre », et il n'en voit point pour se
défendre sur tous les points où l'Espagne peut attaquer la France; insistant sur
la faiblesse des places du Piémont et de la Provence, il engage Charles IX à at-
tendre jusqu'à ce qu'il puisse reconnaître si l'armée du prince d'Orange est plus
forte que celle du duc d'Albe et il le supplie de gagner du temps et de fortifier
ses frontières avant de s'engager plus avant2.
V 1 aide de pareils auxiliaires Catherine parvint à faire partager par son (ils
toutes ses craintes; elle reprit sur lui son autorité et ce qui acheva de la lui
assurer ce sont les mauvaises nouvelles venues des Flandres : quatre jours après
être entré dans Valenciennes, La Noue en avait été délogé par les Espagnols et
contraint d'aller s'enfermer dans Mons. te Je crois bien, écrivait le prévôt Moril-
lon au cardinal de Granvelle, que le recouvrement de cette place a rompu les
desseins des Français 3. »
Ce fait de guerre, tout fâcheux qu il fut, n'était rien en comparaison du
malheur qui menaçait les protestants. Leur plus opiniâtre, leur plus énergique
auxiliaire Jeanne d'Albret se mourait.
Tout récemment la duchesse de Nemours avait mandé de Paris à Renée de
Ferrare, sa mère : et La reine de Navarre est icy; n'est pas trop saine, mais fort
brave, porte plus de perles qu'elle n'en porta jamais4. v
Peu de jours après, Jeanne, pleine d'illusions sur l'état de sa santé, écrivait elle-
même à Catherine : tf J'ay vu vostre fontaine des Tuileries, M. de Retz m'avant invitée
à un souper privé, avec lequel j'ay veu en cette ville beaucoup de choses pour nos
noces. Je vous attends en bonne condition5-; mais elle s'était surmenée pour en
hâter les préparatifs, et était au bout de ses forces. Le 3 juin prise d'une vioïente
lièvre, elle s'éteignait le 9. rr Grande reine, a dit d'Aubigné, qui n'avoit de la femme
que le sexe, l'âme entière aux choses viriles, cœur invincible aux adversités0. ••
1 Bibl. nat., fonds français, n° 3p,5o, f 82. ' Bibl. naf., fonds français, n" 3iao,fol. ai.
■ Ibid. , p. 87. 5 Bibl. nat. de Saint-Pétersbourg (autographe).
Pion, Papiers d'Etat du cardinal de Granvelle, ' D'Aubigné', Histoire universelle, édit. deM.de
t. IV, p. 34i. Ruble. t. III, p. 292.
„, INTRODUCTION.
Le jour même où expirait Jeanne d'Albret, lord Lincoln et sir Thomas Smith
arrivèrent a Paris; ils y venaient remplir la même mission que Montmorency et
Paul de Foix à Londres et recevoir le serment de Charles IX, obligatoire garantie
de la dernière ligue. La mort de la reine de Navarre ne fut point un obstacle aux
fêles qui leur lurent prodiguées. Catherine tenait à leur donner une haute idée
de la cour de France : banquet dans le jardin des Tuileries, bals, concerts, co-
médies se succédèrent sans relâche, tantôt chez les ducs d'Anjou et d'Alençon,
tantôt chez le duc de Nevers et le comte de lletz. A son tour, Coligny les recul
magnifiquement; mais le temps s'écoulait, et loin de revenir à son ardeur belli-
queuse, Charles IX, retombé sous la domination de sa mère, écrivait le 16 juin
à Vulcob, son ambassadeur à Vienne :
rr J'ay nouvelles du costé des Pays-Bas que les affaires des dieux vont toujours
■■il empirant et que ceux qui sont dans Mons se trouvent aujourd'hui assiégez de
tous costés, avec peu d'espérance de se pouvoir garder d'être pris en ladicte ville,
(lui ne sera que ce que l'on peut attendre de semblables malheureuses entreprises.
Pour ma part, je continue à faire donner le meilleur ordre que je puis pour en-
rder que aucuns de mes sujets de la nouvelle religion ne sortent hors de mon
royaume au secours desdicts Gueux, tant je blasme leurs malheureux desseins et
désire empescher qu'il en survienne quelque chose qui puisse apporter altération
i la bonne et sincère amitié que j'ay avec le Roi Catholique, mon beau-frère '. r.
Du moment que tout dépendait comme parle passé de la volonté de la Reine
mère, il ne restait plus à Coligny que la ressource de marcher clans sa voie et
d'appuyer de son inlluence personnelle le projet de mariage du duc d'Alençon
dont Montmorency cl Paul de Foix poursuivaient à Londres l'interminable négo-
ciation. Sir Arthur Champernon l'ayant invité à souper avec Middlemore, venu
avec lord Lincoln, l'un de ces agents secrets en qui Elisabeth avait toute conliance.
el avec lequel il avait déjà eu de fréquents rapports en îaGo, au sortir de
table , le prenant à part, il aborda toutes les questions du joui- et celle qui lui
tenait le plus au cœur, la guerre dans les Flandres. Il lui représenta le danger
qui menaçait à la fois l'Angleterre et la France, si Philippe 11 venait à l'em-
porter. De toute nécessilé il fallait brider son ambition et jamais occasion plus
opportune ne se représenterait; d'ailleurs tout était préparé pour une action
1 Bibl. na1., l'omis français, n° 33 17 , i° a3; voir sa lettre au vicomte d'Orlhe, Arch. nat, collect. Si-
mancas, K l5a6.
INTRODUCTION. lui
commune et le succès semblait certain. Après ce chaleureux exposé, comme il
pressait Middlemore de lui dire ce qu'il en pensait :
« Je n'ai aucune qualité, répondit-il, pour traiter de pareilles matières;
j'ignore d'ailleurs les intentions tle la reine ma maîtresse, a
— rrMais du moins, quelle est votre opinion personnelle, dites-la-moi? n
— ce Eh hien, en Angleterre, l'on désire surtout que la France et l'Espagne s'en
tiennent à leurs possessions actuelles, car l'agrandissement de l'une ou de l'autre
pourrait devenir un véritable danger; l'on redoute surtout que la France ne vienne
à s'emparer des Flandres, ce que l'Angleterre ne peut souffrir à aucun prix. -
— crMais si votre reine s'unissait à nous, elle aurait sa part des avantagv- à
recueillir; le vrai danger, c'est de laisser passer l'heure. Je me suis réjoui de la
nouvelle ligue qui a uni nos deux nations et le plus sûr moyen de l'affermir, ce
serait le mariage du duc dWlençoim, et il en fit un éloge pompeux.
— r Avant tout, il y a à considérer, observa Middlemore, la différence d'âge
et de religion, s
— et Quand il s'est agi de M. le duc d'Anjou, la différence d'âge n'a jamais été
mise en avant, répliqua Coligny; quant à la religion, j'ai le plus grand espoir
dans le jeune prince; je ne doute pas qu'il ne se conforme à tout ce que voudra
votre reine, il y est déjà porté par sa propre inclination. ■»
Il s'arrêta là, et pria Middlemore de transmettre à la reine les nouvelles pro-
testations de son attachement1.
Cette ouverture ayant été si froidement accueillie, et ne pouvant à l'heure
présente rien gagner sur l'esprit de Charles IX, l'amiral rentrait à Chàtillon dans
les derniers jours de juin et y tombait malade. Les déceptions par lesquelles il
venait de passer n'y avaient pas peu contribué, et II eust plus tost esté guéri , écrivait
Jacqueline d'Eulrenionts, sa femme, à Renée de Ferrare, sans une infinité de
rompement de lèle que tous les jours il a pour les affaires de la religion et du
royaume'2, -n
VIII
Retournons en arrière et voyons où en était, à Rome, la négociation de la
dispense pour le mariage du roi de Navarre et de Marguerite de Valois. La
maladie de Pie V n'avait pas permis à M. de Ferais de la poursuivre. Dès I<
1 Biitish Muséum. Voir uolre livre Le xvf siècle et les Valois, p. 3 1 5 . — - Bibl. nat. , fonds français,
n" 33f)7, fol. a5.
in INTRODUCTION.
lendemain de sa mort, survenue le ter mai, en l'annonçant au Roi, il avait
ajouté : «Il n'est pas croyable les brigues et menées que font les cardinaux, et
on a l'opinion qu'ils feront l'élection dans cinq ou six jours, par la crainte que la
venue des étrangers ne puisse atténuer l'effet de leurs volontés1.?)
Ces prévisions se réalisèrent : le i3 mai, Grégoire Xlll fui élevé à la pa-
pauté.
De longue date Ferais était l'un de ses familiers; il voulut mettre à profit
cette intimité, et à sa première audience il l'entretint de la dispense. Le Pape ne
s'attendait guère à une si brusque mise en demeure; il ne put dissimuler son
embarras, et, après quelques minutes de silence : «Tous les décrets de l'Eglise,
dit-il, sont contraires à ce que vous me demandez. n
«Mais il y a, répondit Ferais, des considérations d'intérêt public qui sont au-
dessus de tous les décrets et de toutes les lois; il y a des cas de force majeure,
des nécessités qui s'imposent dans l'intérêt du repos de tout un royaume. Je
supplie Votre Sainteté d'y avoir égard. La requête que je lui soumets n'est-elle
pas le plus grand témoignage de l'obéissance que le Roi Très Cbrétien porte à
Votre Sainteté? Un refus pourrait servir d'argument aux autres princes et leur
fournir le prétexte d'en discourir à leur gré, chose qui pourrait grandement
altérer la bonne volonté du Roi mon maître envers le Saint-Siège '2. n
Grégoire XIII, pour se débarrasser d'un si tenace solliciteur, ayant allégué les
nombreuses affaires qui lui incombaient à son avènement : «Il n'y en a pas de
plus importante 11, riposta Ferais.
Pressé ainsi, le Pape changea de terrain : «Au nom de qui me présentez-vous
cette requête? Est-ce en celui du prince de Navarre?»
— «Son âge ne le comporte pas, dit Ferais; elle est adressée à Votre Sainteté
au nom du Roi et de la Reine mère. Le mariage du prince de Navarre devant se
faire catholiquement, Leurs Majestés en conçoivent un grand espoir pour son
retour à notre sainte religion.
— «Il ne m'est pas permis de m'occuper en ce moment d'une si grosse affaire n,
répliqua le Pape; et il fit comprendre à Ferais que pour une première fois il '
avait assez insisté 3.
Quelques jours plus tard, Ferais revint à la charge; il s'était fait accompagner
par le cardinal de Rambouillet, qui s'y était prêté de bonne grâce. «La résolution
l'.ibl. uni., fonds français, n" 161/40. — 2 Bibl. nat., fonds français, n° 16160, f" 102. — Bibl.
nat., fonds français, n" 16160, f'° ia3.
INTRODUCTION. lv
c[ue j'ai à prendre, dit le Pape, mérite un sérieux examen. Mon intention est
d'accorder la dispense, si toutefois mon pouvoir va jusque-là 1. u
Sur ces entrefaites, la nouvelle de la mort de la reine de Navarre parvint à
Home. Quelles conséquences allait-elle avoir dans les circonstances actuelles? A
cet égard, les opinions étaient diverses : c'est le Pape qui, en voyant Ferais, lui
en parla le premier: «■ Cette mort, lui dit-il, décidera peut-être le Roi votre
maître à prendre une autre résolution, et je me le promets presque. Le roi de
Navarre est si jeune, il pourra à cette heure se réduire et lui-même requérir la
dispense. Ti
— «Sa Majesté, répondit Ferais, ne m'a pas encore écrit. v
La première lettre qu'il reçut ne lui parvint que dans les premiers jours de
juillet. crLes difficultés, lui disait Charles IX, que le Saint-Père me fait pour la
dispense du mariage de ma sœur avec mon frère de Navarre, me mettent en
grande peine, car je suis résolu de faire et consommer ledit mariage aussitôt que
mondit frère sera arrivé, pour plusieurs considérations qui importent grandement
au repos de mon royaume; et il sera incontinent près de moy, m'ayant écrit de
Tours qu'il ne séjourneroit aucunement par les chemins, de manière que, si je
ne reçois la dispense que par votre neveu de Beauville, je vous laisse à considérer
en quel ennui je me retrouverai "2. n
Le jour de l'arrivée du roi de Navarre étant encore incertain, Charles IX, de
Charleval où il était encore, manda à Biron : et 11 me déplaît qu'il y ait des gens
qui, par artifice, le veulent mettre en doute de mon intention pour le retarder
encore par les chemins. De lui-même il est de bonne volonté et m'assure qu'il
connoîtra bientôt la vérité et que cela ne l'empêchera pas de venir. Je me suis
avisé de lui écrire cette lettre de ma main que je vous envoie, et serois bien
marri de ne pas le retrouver à mon retour à Paris, comme je vous prie de le lui
dire3, v
Les inquiétudes manifestées par Charles IX n'étaient nullement fondées. Suivi
d'un brillant cortège de gentilshommes protestants, Henri de Navarre entrait à
Paris le 5 juillet. Coligny l'y avait devancé. En toute hâte il était accouru pour
prêter son aide à Genlis, que Ludovic de Nassau, serré de trop près dans Mons.
venait d'y envoyer pour rappeler ses promesses à Charles IX.
Celte fois, diverses circonstances allaient favoriser l'intervention de l'amiral
1 Bibl. nat. , fonds français, n" îbiAo, f° y(13. — 2 Biljl. nal.. Ibn<ls français, n" 161/10. — ! Bilil.
nal., fonds français, n° 1 5555.
lvi INTRODUCTION.
L'arrivée de Genlis à Paris a\ant été dès le premier jour signalée à l'ambassadeur
d'Espagne, et le Roi n'étant pas encore de retour de Gliarleval, c'est à Catherine
qu'il était venu soumettre ses remontrances et demander que ce rebelle fût mis eu
prison et puni comme il le méritait. Pour s'éviter une réponse trop directe,
Catherine avait allégué l'absence du Roi, auquel elle en ferait part. Charles IX,
mis ainsi en demeure de s'expliquer, s'en était habilement tiré : cr J'ai répondu,
avait-il écrit à Saint-Couard, que je désirois grandement châtier tels gens pour
avoir accompagné le comte Ludovic, mais qu'il lu II o i t considérer, comme il v
avoit un très grand nombre de ceux de la religion en ma ville de Paris, et qu'ilz
s'estoient assemble/ eu mon royaume en plusieurs endroitz, lesquels comme il
sembloit ne chercher qu'un prétexte et argument de recommencer les troubles,
s'estanl jà descouvert avoir l'ailly de surprendre mes villes de Laon et Péronne,
de manière que, si je faisois apréhender ledit Genlis, il seroit à craindre qu'ilz
voulussent faire servir celte démonstration d'occasion de troubler le repos de
mon royaume, pour lequel establir j'avoys eu tant de peine que je voulois faire
tout mon possible pour n'y rentrer. Ainsy je le suppliay admonester ledicJ
ambassadeur de ne faire pour ce regard plus grande instance et se contenter de
ce que je puis faire sans préjudiciel' à mes affaires1.!!
Celte réponse n'était qu'une échappatoire, et Charles IX se réservait toute
liberté d'agir. Quant à Catherine, les exigences hautaines de l'ambassadeur
d'Espagne l'ayant vivement mécontentée, elle ferma momenfanémcntlesyeux sur
les agissements de Coligny, qui ainsi encouragé reprit toutes ses espérances.
\\ant obtenu d'elle une audience à Saint-Cloud, par hasard il se rencontra dans
la salle d'attente avec Strozzi et Rrantôme. ce Dieu soit loué, dit-il en les abor-
dant, tout va bien! Avant qu'il soit longtemps nous aurons chassé les Espagnols
des Pavs-Ras et nous en aurons fait nosfre Roy maisfre ou nous y mourrons
tous et moy le premier. Je ne plaindray point ma vie, si je la perds pour si
bon subject. n
ce 11 auroif voulu, ajoute Rrantôme, que Strozzi rompist son dessein d'aller sers
les isles du Pérou et que nous allassions fondre par mer sur les Flandres et lui
par terre si bien que, si nous nous entendions ainsi, tout iroit bien2, n
Libre ainsi d agir, Coligny se remit à l'œuvre :
et II fait tout ce qu'il peut, écrivait Çuniga, le i3 juillet, au duc d'Albe, pour
1 Bibl. <li' L'Institut, fonds Godefroy, a° 256. — J Brantôme, édit. il'1 t.. Lalanne, l. IV. p. 398.
INTRODUCTION. LVI,
faire partager au Roi ses mauvaises intentions. Hier, il resta longtemps avec
Sa Majesté; à la fin de leur entretien, il fit de grandes révérences qui donnent à
penser que Sa Majesté a consenti à sa demande '.n
Çuniga avait été bien servi par ses espions; car, de son côté, le comte de Saint-
Paul, l'ambassadeur de Savoie, écrivait au duc son maître : «Briquemault et
Genlis ont obtenu du Roi de lever quatre mille hommes de pied2, n
Ce n'était là qu'une avant-garde; de son côté, Coligny levait une véritable
armée, et, de plus en plus effrayé, Çuniga écrivait de nouveau, le 18 juillet, à
Philippe II : tr L'amiral sera le capitaine général des troupes envoyées au secours
de Mons. n
Charles IX était si bien décidé à la guerre qu'il venait de donner l'ordre à
Strozzi de se préparer à prendre la mer avec sa flotte, et le ^5 juillet Strozzi lui
écrivait : r.Ie vous supplie, Sire, vous assurer que ce que je coygnoistray estre
pour votre service, je l'exécuteray ou nous y mourrons l'un sur l'autre. Dites votre
intention au présent porteur que, si vous voulez, je vous passe quatre mille
hommes choisis parmi sept ou huit mille ayant vivres et vaisseaux, comme le por-
teur vous dira. Si vous ne nous employez près et que j'aille loin, je n'en veux
mener que la moitié, qui me suflira3. n
Tout dépendait de ce qui allait se passer dans les Flandres, et Charles IX en
attendait l'issue pour se déclarer ouvertement contre l'Espagne et transmettre ses
dernières instructions à Strozzi.
Cette flotte, depuis si longtemps immobile à Brouage, avait été jusqu'ici Ja
redoutable menace qui avait retenu celle de don Juan d'Autriche dans les eaux
de la Sicile. Catherine, restée dans l'ombre et jouant, comme toujours, un
double jeu, se servit de l'ordre donné à Strozzi pour se couvrir vis-à-vis de Phi-
lippe II et, pour, en cas d'un échec de Genlis, se ménager de plausibles excuses.
Le 17 juillet, elle écrivit à Saint-Gouard : a Je vous prie, faisant entendre au
Roi Catholique monsieur mon beau-fils la résolution que le Roi mon fils a prise de
laisser sortir son armée de mer, lui dire, de ma part, que, tout ainsi que j'ay
toujours procuré l'entreténement de l'amitié fraternelle qui est entre le Roi mon
fils et lui, je me réjouis aussi maintenant de les voir tellement désireux de vivre
en paix et couper chemin à toute occasion qui pourroit engendrer le contraire,
1 Arch. nal.. collection Simancas, K 1529. — 2 Arch. de Turin; voir noire livre Le xvi siècle et les
Valois, ]). 319. — 3 Bibl. nat., fonds français, n° 1 5 5 5 5 , f° 5g.
Catherine de Médicis. — iv. h
tviir.mcnic sat!,*»
umi INTRODUCTION.
s'étant le Moi monsieur mon lils résolu de faire partir celle année sans in faire
plus longtemps différer, afin de le tirer du soupçon qu'il en avoit1.»
Et ce qui motivait cette conduite si calculée, si prudente de Catherine, c'est
que la réponse que le maréchal de Montmorency et Paul de Foix venaient de
rapporter de Londres aux propositions de mariage faites par eux en son nom
était loin d'être satisfaisante. Les honneurs ne leur avaient pas été ménagés, leur
réception avait été aussi pompeuse que celle, récemment faite à lord Lincoln:
mais, eu dépit de leurs instances réitérées, ils n'avaient pu obtenir ni un oui ni un
non. Elisabeth avait remis à un mois sa résolution définitive. Dans l'intervalle elle
s'attendait a quelque offre assez avantageuse pour la décider à passer sur la dis-
proportion de l'âge. C'est en réalité Calais qu'elle désirait qu'on mit dans la cor-
beille. Burghley en fait l'aveu à Walsingham : «Je voudrais que nous puissions
l'avoir et que le duc d'Alençon en fût gouverneur, sa vie durant, de manière que
nous \ eussions sûreté pour notre étape. A moins qu'on ne puisse par quelque
moyen lever la difficulté que Sa Majesté s'est mise dans la tète que le monde
trouverait mauvais qu'elle eût fait un tel choix, le succès me paraît incertain 2. to
Elisabeth s'en explique elle-même dans une lettre à Walsingham : tt Voyant
MM. Montmorency et de Foix dans une extrême perplexité de l'éloignement que
nous faisons paraître de nous rendre à leur désir, et jugeant qu'un refus serait
pour eux un chagrin sensible, nous fûmes conseillée de ne pas rejeter tout à l'ail
leur proposition et d'attendre le retour de lord Lincoln pour être mieux à même
de juger du personnage et de ses qualités3. «
Coligny auquel Walsingham communiqua la dure condition exigée pour l'accep-
tation du duc d'Alençon par Elisabeth, en dit quelques mots à Catherine et à
Charles IX, mais en ayant soin de l'attribuer à la seule initiative de l'ambassa-
deur. Sur leur relus formel de rendre Calais, M. de Foix, à titre de dédomma-
gement, proposa Flessingue à Walsingham. place bien plus avantageuse pour les
Anglais que Calais; il fit même entendre (pion pourrait stipuler dans le contrat
de mariage du duc que la France y aiderait de toutes ses forces'1.
Sur ces entrefaites, le bruit s'étant répandu que le fils cadet de l'empereur
Viaximilien se posait comme prétendant à la main d'Elisabeth, le duc d'Alençon*
de l'assentiment de Catherine cl du Roi, fit partir pour Londres La Mole, son plus
dévoué confident. C'était là une dernière partie à jouer, et Ions les partisans
\ >i. dans le présent volume, celte lellre, p. 107. — ' Lettres et mémoires de Walsingham,
11. a56. ///i'/., ]i. a65. — ' Ibid., p. -.'58.
INTRODUCTION. l;\
de l'alliance anglaise y. mirent la main : cLa Mole est un de mes plus intime-;
amisfl, écrivit le maréchal de Montmorency à Bùrghïey, et Coligtty plaida à sou
tour auprès de lui la cause du duc : rr Étant ce gentilhomme l'un des siens
qui lui est le plus agréable, je n'ay pas voulu faillir de faire cette lettre pour
vous remercier de votre bonne volonté envers moy et combien que je sache
assez en quelle recommandation vous avez la continuation de l'amitié naguères
contractée entre ces deux royaumes, toutefois pour le bien que je prévois en
devoir réussir, je ne puis que je ne vous supplie encore très instamment, étant
mù d'une même affection que vous, d'y vouloir toujours tenir la main, et vous
diray qu'il me semble que cette amitié pourroit être plus étroitement confirmée
et fortifiée avec une bonne alliance par ce mariage. De ma part, je m'estimeray
toujours heureux de pouvoir servir à chose si sainte, si désirable, et d'autant que
vous connoissez bien le faict qui proviendroit d'une si belle alliance, je ne vous
diray autre chose l.r>
Toutes les volontés marchaient donc vers un but commun, lorsque la nou-
velle de la défaite de Genlis, coup de foudre inattendu, parvint à la cour. Parti
le 12 juillet, il devait se borner à rallier le prince d'Orange qui, le 7 du même
mois, avait passé le Rhin. La simple prudence lui imposait la nécessité de ne pas
opérer seul et avec d'autant plus de raison que les Espagnols étaient admira-
hlement servis par leurs espions et par les avis officieux que les propres conseillers
de Charles IX leur transmettaient. «Le cardinal de Lorraine m'a fait dire,
mandait le duc d'Albe à Philippe II, que je me tienne sur mes gardes et qui)
croyait l'armée de mer destinée à agir dans les Pays-Bas 2. -n La inarche de Genlis
avait donc dû être signalée. Emporté par sa fougue, il va tomber dans l'embuscade
que le fils du duc d'Albe, don Frédéric de Tolède, et Chiappin Vitelli lui ont
tendue près de Quiévrain. Sa petite armée est taillée en pièces, bon nombre de
ses compagnons et lui-même sont faits prisonniers, et des lettres saisies sur eux et
de leurs propres aveux arrachés par la torture, les Espagnols acquièrent la preuve
qu'ils n'ont marché au secours de Mons que par ordre du Roi : t J'ai en mon
pouvoir, écrivait Albornos, le secrétaire du duc d'Albe, au cardinal de Granvelle,
une lettre qui vous frapperait de stupeur si vous la voyiez. Pour le moment il
convient de dissimuler3. -n
' Record office, vol. LUI (autographe); voir notre livre Le xvi' siècle et les Vidais, p. 3i6. —
' Gachard, Bulletin de l'Académie royale de Belgique., t. \\ I. — Gachard, Correspondance de Philippe II ,
1. Il , p. 369.
i..v INTRODUCTION.
Charles IX, auquel Coligny vint se plaindre des indignes traitements infligés à
des prisonniers, s'en montra d'abord très irrité : tr Le roi d'Espagne, dit-il hau-
tement et à plusieurs reprises, veut me faire mon procès1.»
En réalité la défaite de Genlis était un accident de guerre bien moins im-
portant que les Espagnols s'empressèrent de le publier. L'armée qu'amenait le
prince d'Orange, celle que rassemblait Coligny étaient intactes; r mais sous
l'impression du premier moment, écrit Walsingham à Burghley, la peur des
armées espagnoles a saisi la Reine mère. L'amiral a beau rejeter cette défaite sur
ceux qui avaient empêché le Roi de se déclarer, l'audace augmente aux pacifiques u;
et comme s'il prévoyait le parti que Catherine allait en tirer : r Ceux de la religion
qui jusqu'ici s'endormaient dans la sécurité commencent à se réveiller et à voir
le danger qui les menace. Si l'affaire des Pays-Ras ne réussit pas, il n'y a rien
à espérer pour eux2, a
Le même jour il mande à Leicester : nLes chefs protestants ont fait mander
au Roi que, s'il laisse succomber le prince d'Orange, il ne sera plus en sa puis-
sance de maintenir son édit de pacification. L'amiral m'a prié de solliciter votre
intervention auprès de la reine et de savoir si, sur la proposition que le Roi lui
en fera faire, elle voudrait agir de concert avec lui pour le secours de ce pauvre
prince dont les intérêts la touchent de si près par rapport à la religion, et aux
intérêts de son Etat. Si les Espagnols triomphent elle peut s'attendre à tous les
maux3. A
Ainsi, même après la défaite de Genlis, cette dernière lettre le témoigne,
Charles IX était disposé à intervenir dans les Pays-Bas, à la seule condition que
les Vnglais marchassent avec lui.
Tout devait déterminer Elisabeth à écouter le conseil de Walsingham; niais
en dehors de ses ministres elle poursuivait une politique toute personnelle dont
seule elle tenait les fils. Dans les derniers jours de juin, don Guaras, l'un des
deux agents qui avait traité avec elle d'un traité de commerce, profitant d'une
audience secrète, lui avait remis une lettre du duc d'Albe qui la pressait de se
réconcilier avec l'Espagne. Après l'avoir lue attentivement: RCeux de Flessingue,
avait-elle dit, me proposent de remettre leur ville entre mes mains. Si cette place
peut être de quelque utilité pour le Roi Catholique, je suis toute prête à accepter
leur offre. A laide des Anglais qui y sont déjà et de ceux que j'enverrai, il me
Alberi, Relaz. di Viclticli , série I, I. IV, p. a83. — - Lettres et mémoires de Walsingham, |>. 2G/1.
— Ibià.
INTRODUCTION. m
sera facile d'en être maîtresse et je la remettrai à celui que le duc enverra pour
la recevoir1. «
11 n'est point admissible que Guaras, l'agent de l'Espagne, ait, de sa propre
invention , prêté à Elisabeth le langage qu'il lui fait tenir. Vraie ou fausse l'offre
de livrer Flessingue fournissait au duc d'Albe le moyen le plus sûr d'effrayer
Catherine, et il était trop habile pour ne pas en profiter. Elle avait donc dans les
mains des raisons assez fortes pour faire partager ses appréhensions à Charles IX.
Mondoucet, son envoyé à Bruxelles-, l'ayant prévenu que le duc avait acquis la
preuve de son intervention dans les Flandres par les papiers saisis sur Genlis
et ses compagnons, il lui adressa cette humiliante lettre : «Si l'on veut faire juge-
ment de moy parce que les apparences et les belles occasions qui se sont pré-
sentées et offrent encore aujourdliuy pour m'aggrandir me incitoyent d'entre-
prendre sans considérer ce que j'ay faicl jusques icy et la volonté que j'ay de vivre
en paix et de laquelle j'ay par tant et diverses fois donné entière asseurance, je
ne fais doubte ou que l'on ne me tienne consentant desdites entreprises ou
très affectionné à la paix. Quant à ce que le duc d'Albe vous a fait entendre
auroil esté dict par deçà, c'est chose dont je n'ay jamais oy parler, ce sont men-
songes, lesquelles luy ont esté escriptes pour toujours le mettre en défiance de
moy, auxquelles il ne debvroit avoir aucun égard. Vous luy en parlerez de cette
manière; aussy devrez-vous, quelquefois, luy dire ce que sçavez de l'affaire de
ses ennemis pour le contenter et luy faire croire davantage votre intégrité; car.
encores qu'il ne y adjoute foy, toutesfoys cela servira à mon intention, pourvu
que le fasciez dextrement. Il faut surtout qu'il ne soit descouvert qu'aiez intel-
ligence avec le prince d'Orange et qu'estans ceux que y despescherez surpriûs,
l'on ne les trouve pas chargez de chose que en face foy 3. n
Cette dernière phrase, il est utile de le retenir, indique bien que, tout en
cédant aux nécessités du moment, Charles IX n'avait pas renoncé à intervenir
dans les Pays-Bas et à secourir le prince d'Orange.
En Europe on s'attendait si bien à une prochaine lutte entre la France et
l'Espagne, que, se voyant à la veille d'être privés de l'appui indispensable de Phi-
lippe II et de se trouver ainsi seuls à la merci des Turcs, les Vénitiens envoyèrent
en mission extraordinaire leur plus habile diplomate, Giovanni Michieli. Parti de
Froude, llisiory ofEvgland, 1. X, p. 38a. — 2 Claude de Mondoucet, s' df Monteaux en Btésois.
— Dibl. un t., fonds français, n° i6is5, ('" 1 83.
lsii INTRODUCTION.
Venise, le 10 juillet, malgré son grand âge, il franchit cette longue distance en
onze jours. A sou arrivée à Paris, il ne trouva ni le Roi ni la Reine mère et sa
première audience fut remise à leur retour. \u jour fixé Geronimo Gondy,
l'introducteur des ambassadeurs, vint les prendre lui et Cavalli, le résident ordi-
naire, dans un carrosse d apparat. Sur chaque marche du grand escalier du Louvre,
un hallebardier de la garde du Roi se tenait immobile. Dans la salle de réception
étaient réunis les deux frères de Charles IX, le prince de Coudé, le roi de
Navarre, les ducs de Guise, de Montpensier* de Nevers, le cardinal de Roui-bon,
et tous les giands dignitaires de la couronne. Catherine avait voulu qu'il en fût
ainsi, afin de donner plus d'autorité aux déclarations pacifiques qu'elle avait
imposées au Roi. Prenait! le premier la parole, et affirmant que la fortune de la
République Sérénissime était à jamais liée à celle de la France, Micbieli supplia
Charles i\ de ne pas rompre avec l'Espagne au moment où l'on était en pleine
guerre avec les Turcs. « Rassurez ces seigneurs, répondit- il. je suis peiné de ce
que l'entrée de mes sujets de la religion dans les Pays-Ras. au mépris de mes
ordres, ait pu l'aire soupçonner que je veuille déchirer la guerre à l'Espagne.
J'entends et je veux vivre en bonne amitié et paix avec tous mes voisins. ■•
Au sortir de l'audience, prenant à part Micbieli, Catherine lui dil : rc Mandez
à ces seigneurs que les effets encore plus que les paroles démontreront que nous
voulons la paix '. t
L'ambassadeur, se le rappelant plus tard, supposa qu'elle faisait allusion à
ce qui fut exécuté depuis. La pensée de se débarrasser de Coligny la hantai 1 déjà
sans aucun doute, mais avant d'en venir à cette extrémité toujours envisagée, il
fallait que de nouveaux motifs l'y déterminassent. A ce moment, se croyant maî-
tresse absolue de la situation, elle alla à la rencontre de sa fille la duchesse de
Lorraine qui, venant aux noces de sa sœur, était restée malade dans les environs
de Châlons. A son point de vue. c'était une imprudence et une faute. Coligny
reprit bien vite tout le terrain perdu et poussa de nouveau le Roi à la guerre.
Durant quatre ou cinq-jours, nous dit 1 ambassadeur de Toscane, on en parle
comme d'une chose décidée. Micliieli le confirme dans sa relation et Cavalli
ajoute dans la sienne : b \ chaque heure on fait partir des hommes de pied et
de cheval; l'amiral devient tout aussi puissant que la été le connétable de Mont-
morenev -. ■•
' Alberi, Maz. di Wiclùeli, sériel, t. IV. p. a8i. — 2 Ibid., p. 3a4.
INTRODUCTION. lxih
Prévenue par un avis de Retz et de Birague, Catherine accourut précipi-
tamment à Paris dans la soirée du h août. Revenu de la chasse depuis quatre
jours le Roi l'y avait devancée. C'est dans les Mémoires de Tavanncs qu'il
faut lire la scène émouvante qui eut lieu entre elle et son fils : a Je n'eusse pensé,
dit-elle, que pour avoir pris tant de peine à vous élever, vous avoir conservé
la couronne que les huguenots et les catholiques vous voulaient oler; après
urètre sacrifiée pour vous et encouru tant de hasards, que vous m'eussiez voulu
donner récompense si misérable. Vous vous cachez de moi, qui suis votre mère,
pour prendre conseil de vos ennemis; vous vous ôtez de mes bras qui vous ont
conservé pour vous appuyer des leurs qui vous ont voulu assassiner. Je sais que
vous tenez des conseils secrets avec l'amiral; vous désirez vous jeter inconsidéré-
ment dans la guerre avec l'Espagne pour faire votre royaume et nous en proie
de ceux de la religion. Avant de voir cela, donnez-moi congé de me retirer au
lieu de ma naissance. Ils ne veulent pas la guerre dEspagne, mais celle de la
France l.y>
Mais ce qui allait donner plus de valeur aux supplications de Catherine, c'est
le bruit qui vint à courir qu'Elisabeth rappelait des Pays-Bas tous ses sujets
qui y étaient alors. «J'ai écrit en toute hâte au comte de Leicester, mande
Walsingham à Smith, pour tâcher de faire suspendre le rappel de nos troupes;
sans quoi tout le dessein court risque. Si l'affaire des Pays-Bas ne réussit pas.
nous sommes évidemment en un péril extrême -. s Et dans une lettre du même
joui' à lord Burghley : ce Le Roi était tout résolu à la guerre, mais la Reine >a
mère lui a remontré que sans notre secours elle échouerait misérablement, et à
force de larmes elle l'a fait entièrement changer d'avis. Je crains bien qu'il n'en
résulte de fâcheux effets si Dieu n'y met la main.t
En effet, le lendemain de son retour à Paris, Catherine ayant eu la visite de
l'ambassadeur d'Espagne, venu pour lui remettre la lettre du duc d'Albe en ré-
ponse à celle qui le félicitait de la défaite de Genlis : rr Personne, lui dit-elle, ne
désire plus que moi la prospérité du roi votre maître. i> — et II en est persuadé,
répliqua-t-il; mais dès que Votre Majesté s'éloigne, l'on ne parle plus que
de guerre; en revenant elle ramène la paix, n Et il lui insinua qu'elle seule
pouvait empêcher une rupture \ L'entretien ne se poursuivit pas; toutefois
Panthéon littéraire, Mémoires de Tavamies , p. 453. — ' Lettres et mémoires de Walsingham, p. #70.
1 Ibid.
Ltn INTRODUCTION.
Gondi que Çuniga vit dans la même journée, lui affirma que la Heine avait
mandé l'amiral aux Tuileries et défait tout ce qu'il avait arraché au Roi1.^ '
Le bruit du rappel des Anglais, dont Catherine avait dû se servir si efficacement,
n'était pas fondé; mais ce qui était plus vrai, c'était qu'avec leur mauvaise foi ha-
bituelle ils pensaient à agir dans les Flandres pour leur propre compte; leur chef,
sir Humfrey Gilbert, écrivait de Flessingue, le i3 août, à Burghlcy : «J'ay été
informé qu'un gros corps de Français se prépare à venir ici. Que dois-je faire?
Sortir de celle ville, ou si la Heine m'en laisse foute liberté, provoquer une
émeute entre les Français et les habitants et tailler en pièces tous les Français2 1-n
En veut-on une autre preuve? Sir Ralph Lane, le i5 août, offrait au bourg-
mestre de INieuport de se mettre, lui et ses concitoyens, sous la protection de la
reine d'Angleterre. « Ce n'était pas, disait-il, pour les soustraire là leur obéissance
envers leur souverain, le roi d'Espagne, mais uniquement pour préserver leurs
biens, leurs personnes et leur liberté contre la tyrannie du duc d'Albe3. n
En réalité, au point de vue anglais, ce protectorat, tel qu'il l'entendait, n'était
que l'acheminement à une conquête définitive ''. C'est ainsi que procède toujours
l'Angleterre.
Voilà donc Charles IX de nouveau repris par sa mère; aussi, lorsque l'amiral
le mit en demeure d'exécuter ses promesses, n'osant lui avouer cet inattendu revi-
rement, il lui fit entendre que ne voulant pas à lui seul assumer la responsabilité
de la guerre il prendrait l'avis du conseil. «Mais, Sire, autant n'en pas parler,
s'écria l'amiral; ce conseil n'est composé que d'hommes de robe longue qui in-
stinctivement ou par profession l'abhorrent. Je ne me sens pas le courage de dis-
cuter avec eux.n — « Rassurez-vous, reprit le Roi, je n'y appellerai pas que des
robes longues, mais des hommes d'épée, Montpensier, Cossé, Nevers, Tavannes.
Vous les connaissez bien tous, pas un n'est de force à vous répondre. 11
L'amiral ne pouvait que se soumettre à ce que le Roi exigeait. Un jeune homme
de vingt-trois ans, qui depuis s'est fait un nom illustre, Duplessis Mornay, venait
de visiter les Pays-Bas; il s'était rendu compte de leurs besoins, de leurs aspira-
tions et de leurs espérances. C'est à lui qu'il eut recours, et de leur collaboration
sortit le mémoire qui motivait éloquemment la guerre avec l'Espagne. Nous
nous bornerons à le résumer sommairement :
' Arrli. nul., coll. Simancas, K tô3o. — 2 Calentlar of State papers (1672), p. 169. — " Ibidt,
p. 169. — ' Ibid., p. 1 0 9 .
INTRODUCTION. nv
«Tous nos maux, y était-il dit, viennent de nos divisions domestiques; le
meilleur moyen d'éviter la guerre à l'intérieur, c'est de la porter au dehors; mais
elle doit être juste, facile et profitable. Cette guerre, Sire, vous l'avez déjà com-
mencée : le Roi Catholique ne sait-il pas que vous avez reçu et favorisé Ludovic
de Nassau? Ne sait-il pas que vous vous êtes entretenu avec Genlis, à son re-
tour de Mous? Que peut-il croire, sinon que Votre Majesté a la volonté de lui
nuire en secret, et qu'ouvertement elle n'ose? H est aussi bien votre ennemi pour
l'avoir menacé de votre épée que pour l'en avoir frappé. Le premier coup donné
en vaut deux.
rc Cette guerre est facile, les portes des villes vous sont ouvertes. Rien à craindre
de l'Allemagne ni de l'Italie; sept cantons de la Suisse et les Ligues Grises mar-
chent avec vous. Le Pape, il est vrai, est acquis à l'Espagne; mais il a le Turc
sur les bras.
«Cette guerre est profitable; mais pour réussir il faut se déterminer prompte-
ment et ne pas laisser aux Espagnols le temps d'en finir avec le prince d'Orange,
car, vainqueurs, ils se vengeront1."
Charles IX, au fond du cœur, approuvait ce patriotique langage qui réalisait
son propre désir, mais dominé par sa mère, et voulant gagner du temps, il char-
gea Morvilliers d'y répondre. H ne pouvait en attendre que des conseils fie paix :
« C'étoit, nous dit d'Aubigné. l'ennemi des nouveautés, le temporisateur qui fai-
soif prudence de crainte, d
Pour mieux les combattre Morvilliers reprit un à un tous les arguments de
Colignv : «Ceux qui vous conseillent, Sire, d'entreprendre cette guérie disent
que les grandes villes des Pavs-Ras, lassées d'un joug insupportable, sont dispo-
sées à vous prêter et jurer obéissance, qu'elles vous ouvriront leurs portes; que,
sans grandes dépenses, vous pouvez vous rendre maître des Pays-Ras; qu'il est
permis d'ailleurs de reprendre par les armes un bien dont on a été dépouillé; que
les Allemands empêcheront le duc d'Albe de lever des troupes en leur pays; enfin
que Ludovic de Nassau occupe déjà Mons; on vous dit encore que les Français,
dès qu'ils ne peuvent avoir la guerre à l'étranger, la font à leur propre patrie;
que le roi d'Espagne n'est pas moins irrité de la guerre sourde qui lui est faite
qu'il le serait d'une ouverte, et qu'une fois les Flandres pacifiées, à son tour il
vous la déclarera.
' De Thon, Hisi. universelle, édit. de 173&, t. VI. — 3 D'Aubigné, Hist. universelle, édil. de Ruble,
t. III . p. ag5.
Catherine de Mtuicis. — iv. 1
ItlITLIMERIE MHuvlIl.
lxvi INTRODUCTION.
tr A cela je réponds que la conquête, si facile qu'elle soit, exigera clans l'avenir
de coûteuses garnisons, et des impôts plus élevés que ceux que les villes payent
aujourd'hui à l'Espagne; que Philippe II vous fera la guerre tant qu'il n'aura
pas recouvré les provinces perdues; que l'argent manque déjà au prince d'Orange:
et que d'ailleurs ce n'est ni chose permise ni honnête de soutenir des sujets ré-
voltés contre leur souverain.
cf La ligue que la reine d'Angleterre a conclue avec Votre Majesté ne l'a été que
dans son propre intérêt; et pour preuve, dans les articles signés à Blois, elle a
refusé de renoncer au traité qui l'obligeait à la défense de la Flandre. Que l'Es-
pagne lui donne une satisfaction, elle se réconciliera avec elle, car, en raison de
leur commerce, Anglais et Flamands ne peuvent se passer les uns des autres. ■« Et
résumant ses arguments : rc Cette guerre est pleine de difficultés et plus périlleuse
qu'utile, et la réputation de Voire Majesté n'y est point intéressée, n
Consulté par Charles IX, le duc de Nevers ne se montra pas moins opposé à
mu' rupture avec l'Espagne : et Vous devez, observa-t-il au Roi, vous contenter de
ce qu'il a plu à Dieu de vous donner sans vous mettre en danger de perdre plus
que de gagner; car n'espérez pas du premier coup emporter les Flandres. L'armée
du duc d'Albe sera plus tôt prête que la vôtre. Vos villes de Picardie ne valent
lien, celles de Provence encore moins, celles du Languedoc bien peu, hormis
Narbonne, celles de la Guyenne rien du tout. Il sera donc libre au roi d'Es-
pagne de traverser toute la France et de vous prendre vos villes où bon lui sem-
blera. Vous n'avez pas le moyen de mettre sur pied des armées assez puissantes
pour l'arrêter à vos frontières. Voilà pourquoi je ne puis que vous déconseiller
la guerre l.n
Coligny, dans l'éloquent mémoire qu'il soumit au conseil, rappelait qu'en
i.5'68 protestants et catholiques, marchant sous le même drapeau, avaient
repris le Havre aux Anglais, et il invoquait ce glorieux souvenir pour les en-
traîner de nouveau dans une guerre commune. En cela, il manquait de mémoire :
soit qu'il ne voulût pas se brouiller alors avec la reine d'Angleterre, soit qu'il fût
arrêté par scrupule de religion, il avait refusé de s'associer à cette patriotique
campagne. A l'heure présente les rôles étaient intervertis, et si, faisant violence à
leur patriotisme, certains chefs catholiques repoussaient cette guerre, c'est qu'au
point de vue de leurs propres croyances ils s'effrayaient de la voir conduite par
' Bibl. n;it. . fonds français, n° 3g5o.
INTRODUCTION. lswi
l'amiral, qui x poussait surtout avec la pensée de soutenir ses coreligionnaires
des Flandres, et ils en redoutaient presque le succès; car étant dû en grande
partie au contingent si aguerri des troupes protestantes, leur parti prendrait eu
France trop d'autorité, trop de prépondérance. L'intérêt patriotique, c'est la
taule du temps, était ainsi primé par l'intérêt religieux.
La décision du conseil fut donc telle que l'appréhendait Goligny. Il eut beau
plaider chaudement les facilités, les avantages d'une intervention armée dans
les Pays-Bas, la guerre fut unanimement repoussée. Alors se retournant vers le
Roi : rc Puisque l'avis contraire au mien l'a emporté, je n'ai plus rien à dire; mais
par avance je suis certain que vous vous en repentirez. Toutefois Votre Majesté
ne trouvera pas mauvais qu'ayant promis service et appui au prince d'Orange, je
ne manque pas à ma parole, à l'aide de mes amis, parents et serviteurs et même
de ma personne, s'il en est besoin. » Et s'adressant à la Beine : « Le Boi se reluse à
entreprendre la guerre : Dieu veuille qu'il ne lui en survienne pas une autre
dont il ne sera pas en son pouvoir de se retirer. r>
Etait-ce nue menace ?
Le Vénitien Michieh, auquel nous empruntons le récit de cette mémorable
séance, ne le pense pas1.
Mais Catherine dut la prendre pour telle et s'en souviendra. Tout danger de
guerre étant ainsi de nouveau écarté, elle retomba dans la môme faute quelle
avait déjà commise, et, se croyant de nouveau maîtresse absolue de la situation.
elle alla retrouver sa fille de Lorraine à Monceaux. De leur coté, les chefs pro-
testants allèrent au château de Blandy assister aux noces du prince ,de Condé et
de Marie de Clèves, faites à la huguenote.
Avant d'aborder les dernières scènes de ce terrible drame dont nous ne sommes
encore qu'au prologue, voyons où en était la négociation pour la dispense et
reprenons-la au point où nous l'avons laissée. Le cardinal de Lorraine, parti pour
assister au conclave, apprit à Lyon l'élévation de Grégoire XIII à la papauté, et
néanmoins, se décidant à aller jusqu'à Rome, il pria Catherine de le faire trouver
bon au Roi son fils. Loin de s'en mécontenter, Charles IX voulut mettre à profit
1 Alheri, Ile/':. dtMiehieli, série I, I. IV, p. 285.
lAvm INTRODUCTION.
l'autorité que le cardinal avait conservée sur le Saint-Siège et invita Ferais à n'agir
désormais que d'après ses conseils. A la première ouverture qui lui en fut faite,
le cardinal parut tout étonné : «Voilà deux ans, dit-il à Ferais, que Sa Majesté
m'a laissé en dehors de ses affaires. n Toutefois, flatté de cette marque de faveur,
il promit son complet concours; mais toutes les instances furent inutiles. De l'avis
du Sacré Collège, le pape exigeait avant tout que le roi de Navarre fît une pro-
fession de foi catholique entre les mains de son envoyé extraordinaire l'évêque
Salviati, auquel il enverrait pouvoir d'accorder la dispense dès quelle serait de-
mandée '.
Ferais, en faisant part au Roi de cet ultimatum , ne lui cacha pas qu'en l'obligeant
à suivre les avis du cardinal de Lorraine il lui avait lié les mains, et qu'ainsi toutes
les remontrances qu'il n'avait cessé de soumettre à Sa Sainteté avaient été toujours
mitigées et adoucies par ce très peu sûr auxiliaire. Charles IX en avait déjà conçu
le soupçon : trJe trouve bien étrange, avait-il écrit le ih juillet au cardinal, une
si soudaine mutation de l'espérance que l'on m'avoit toujours donnée. En quoi je
ne puis autrement penser que quelqu'un n'ait diverti Sa Sainteté de sa première
bonne volonté. J'ai soudain envoyé au sieur Ferais des lettres bien complètes de
mon intention, voulant bien vous avertir qu'après avoir tiré réponse de Sa Sain-
teté, favorable ou non, j'ai résolu de passer outre audit mariage 2. n
II fallait bien que le cardinal n'eût pas la conscience bien nette et s'at-
tendît à ces reproches; car, prenant les devants, il avait écrit à Catherine :
"Madame, il me déplaît merveilleusement que je ne puis rendre Votre Majesté
certaine de la dispense de Madame votre fille, et vous supplie de croire qu'il n y
a en ce mauvais office ni menée de personne qui y empêche, et que la difficulté
est seulement du fait. Si vous ne me donnez quelque moyen du côté du roi de
Navarre, nous n'en viendrons jamais à bout3. »
Les choses n'avaient donc pas fait un pas, quand Chavigny apporta à Grégoire Mil
une dernière lettre de Charles IX. Malheureusement, nous ne la connaissons que par
la réponse qu'y fit Ferais au Roi : te Sire, l'arrivée du sr de Chavigny a bien éclairci
Sa Sainteté du doute en lequel elle se retrouvoit à la concession de la dispense,
par la bonne espérance que Votre Majesté lui donne de voir bientôt, le roi de
Navarre réduit et prêt de satisfaire à toutes les conditions que Sa Sainteté désire.
Lui ayant là-dessus réitéré toutes les remontrances que je lui ai ci-devant pro-
liilit. uni. , tonds Dupuy, n° 80, p. 900. — ' I5il>l. nat., fonds Dupuy, n" 186, p. 200. — ' Voir
cette lettre dans le fonds français, n" îOo.'îi), f° '19A.
INTRODUCTION. Lxu
posées sur le fait dudit mariage et comme cela apporte un entier et assuré repos
à tout votre royaume, qu'aussi les choses étant aussi avancées comme elles sont
maintenant, elles ne se pouvoient, en quelque sorte que ce fût, reculer ne dif-
férer sans un grand murmure et préjudice aux affaires de Votre Majesté, Sa Sain-
teté, se voyant ainsi pressée de votre part, s'est tellement ébranlée à satisfaire en
cet endroit à Votre Majesté que l'entière résolution et concession n'en peut
plus guère demeurer à vous faire savoir, comme je ferai par Chavigny qui l'em-
portera dans peu de jours, n
Si cette lettre avait pu parvenir à temps, il eût été inutile d'user de subter-
fuge pour décider le cardinal de Bourbon à se prêter à un simulacre de mariage;
il eût suffi de la lui mettre sous les yeux.
Maintenant que nous avons précisé dans quels termes était la question de la
dispense du mariage à la veille de la célébration des noces de Marguerite de
Valois et de Henri de Navarre, revenons à Goligny et montrons-le aux prises
avec les obstacles que lui a créés la dernière décision du conseil, si hostile à la
guerre contre l'Espagne.
«Son courage est invincible, écrivait Walsingham, le 10 août, à Burghley. Il
représente au Roi ce qui est à craindre si le prince d'Orange succombe ou s'il est
obligé de traiter à des conditions qui laissent les Pays-Bas retomber sous la domi-
nation des Espagnols. Il m'a prié de vous dire que ce n'est point son intérêt parti-
culier qui le fait agir, et qu'après de si longs troubles il ne se mêlerait plus de
rien, s'il ne voyait le péril qui en général menace tous ceux de la religion et en
particulier le Roi son maître et la reine notre maîtresse. Dans l'état où sont les
choses, il trahirait Dieu et sa patrie s'il ne faisait pas tout ce qui dépend de lui
pour éviter de si funestes suites1. i>
Et dans une lettre du même jour à Leicester : «D'une main ferme l'amiral
tient toujours le gouvernail et vous prie de faire en sorte que le rappel des troupes
anglaises demeure suspendu. Pour ce qui est de Flessingue, l'offre de cette place
sera faite à notre reine par ceux qui en sont maîtres2. «
De ce côté-là, pas de sujet d'ombrage3. Tout en rendant justice à l'énergie de
l'amiral, ce que ne dit pas Walsingham, c'est que de toutes parts des avis sinistres
lui venaient : «Souvenez-vous, lui écrivait un ami inconnu, de cette maxime
pratiquée par tous les papistes, que l'on ne doit pas garder la foi aux hérétiques.
1 Lettres et mémoires de Walsingham, p. 279. — » Ibid. , p. 276. — 3 De Thon, Histoire univer-
selle, traduction, t. VT, p. 353.
LNX INTRODUCTION.
On n'a cessé de répéter au lïoi que les protestants ont résolu de lui ôter la
couronne et la vie; il ne supportera jamais que ceux qui ont pris les armes
contre lui jouissent du bienfait de l'édit qu'il leur a accordé, et, les armes à la
main, il se fera justice du tort que les guerres lui ont l'ait. Si vous êtes sage,
il vous faul au plus vite sortir de cette cour, cloaque infect1.*
La réponse de Coligny à tous ces prudents conseils était invariable : «■ Il vaut
mieux mourir cent fois que de vivre en de perpétuels soupçons; je suis lassé de
telles alarmes, à tout événement : j'ai assez vécu. J'aime mieux que mon corps soit
traîné dans les rues de Paris que de me rengager dans une nouvelle guerre
civile2. D
Aux Rochelais qui, se croyant menacés par la Hotte de Strozzi, lui manifestent
leurs appréhensions : « Quoi que l'on puisse vous dire, écrivait-il, vous n'avez, Dieu
merci, nul motif de craindre. Je vois le Roi si bien disposé que nous avons toute
occasion de le louer3. «
Sa confiance était donc restée inébranlable et il n'avait pas à douter du Roi.
Eu effet, le 11 août, Charles IX mandait «à La Mothe-Fénelon : te La défaite de
Genlis n'est pas si grande qu'on l'avait publié. 11 serait bon pour nos affaires
(pie la reine d'Angleterre, qui a tant de moyens, se mît dans les Pays-Bas des
pieds et des mains. Si cela étoit, le prince d'Orange, qui marche droit vers Mons.
seroit bien plus assuré et bien plus fort. Il sera très bon que vous continuiez à
échauffer tant que vous pourrez cette reine à se déclarer ouvertement, s il est
possible, contre le roi d'Espagne \n
Il ajoute bien dans la même lettre, qu'à moins d'être attaqué, il ne se mettra
pas de la partie; mais c'est là le langage olliciel dont la simple prudence lui faisait
une nécessité; tous ses actes démentent ses paroles: <r Quoique l'amiral, écrit de
nouveau Walsingham à Burgldey, n'ait point obtenu fout ce qui était nécessaire au
bien de sa cause, il en a néanmoins obtenu une partie5.*
Les craintes des Espagnols justifient d'ailleurs le dire de Walsingham : «Ceux
qui viennent de France, mandait le 1 1 août le prévôt Morillon au cardinal de
Granvelle, disent qu'on fait de grands préparatifs et équipages, et qu'en Lorraine
il \ a vingt-quatre pièces d'artillerie en fonte. Le roi de France assure toujours
qu'il ne se mêlera pas du jeu; mais l'amiral est journellement avec lui. Il tt'j
' Dp Thou, Histoire universelle, t. VI, p. 353. ' Négoc. diplomat. de L« Mothe-Fénelon , t. VI i,
Ihid. P-3i4.
. ///)(/ 5 lettres et mémoires d< Wakiugh»m, p. l*}f>.
INTRODUCTION. ,.Xw
a qu'un logis entre celui dudit amiral et la cour. Je crains bien que les Français
ne nous trompent1, if
Et une dépêche de l'ambassadeur vénitien, datée du i3 août, est encore plus
affirmative : cr Trois mille huguenots sont de nouveau rassemblés à la frontière
pour tenter d'aller secourir Mons. C'est ce qui a engagé le roi de Navarre à
demander que ses noces soient faites, afin que les gentilhommes en grand
nombre qui sont venus pour y assister puissent aller se joindre à cette entre-
prise. Aussi, sans attendre la dispense, dans six jours se fera le mariage. L'on
dit bien que le Roi a défendu ces mouvements de troupes; mais nous croyons
qui! ne sera pas plus obéi que les autres fois. Le nombre des Anglais en Zélande
s'accroît et ils tentent de s'en emparer. Ces jours derniers, l'amiral a eu des
entretiens avec l'ambassadeur d'Angleterre et chercbe à le faire déclarer ouver-
tement contre l'Espagne'2, n
Cette lettre s'accorde avec celle que le prince d'Orange écrivait à son frère
Jean de Nassau, le 11 août : «r L'amiral m'avertit que, nonobstant la déroute et
défaite des Français passées, il prépare de nouveau environ douze mille barque-
busiers et deux mille chevaux, faisant estât de venir en leur compagnie 3. «
A son retour de Monceaux, d'où elle ramène sa fille la duchesse de Lorraine,
Catherine se retrouve donc eu présence de l'éventualité imminente d'une guerre que .
pour le moment du moins, elle croyait écartée, et elle ne peut en douter, car.
le 1 5 août, Gomicourt vient, au nom du duc d'Albe, demander des explications sur
tous ces mouvements de troupes à la frontière-. Au sortir de l'audience qu'il eul du
Roi, à laquelle elle assista ainsi que le duc d'Anjou, il la prend à part, et, à l'appui
de ses remontrances, il lui représente que, contrairement à ce qu'elle avait écrit
à Philippe II, la flotte de Strozzi n'était point encore partie. Elle lui promet d'en
parler au Roi son fils et de lui dire dès le lendemain tout ce qui en était; mais
elle ne le rappela point, et pour excuse elle allégua que tout sou temps avait élé
absorbé par les préparatifs des noces de sa fille 4.
C'est qu'à cette heure-là elle poursuivait d'autres desseins. Si cette guerre, qui
semble maintenant inévitable, a lieu et malgré elle, le pouvoir absolu qu'elle a
retenu jusqu'ici passera de s«s mains dans celles de Coligny, devenu le suprême
Piou , Correspondance du cardinal de Granvelk , ' Gaclmrd, Correspondance de Giiilliimiied'Orait/;',
t. IV, p. 3tio; Arcli. nat, .collect.SiniaiiMs, K i53o. I. III, p. 5^ î.
2 Laslrage diSun /fortWomeo, Venezia, 1870, * Archives nationales, collection Simàhcas,
appendice, p. 1 1 3. K i53o.
lxxii INTRODUCTION.
arbitre de l'État; pour elle, ce sera peut-être l'exil, le renvoi à Florence. Cet
homme se placera donc toujours entre elle et son fils! Alors blessée dans sa
passion la plus ardente, Yajfetlo di signoreggiare\ elle revient à l'idée, qui n'a
jamais cessé de la hanter, de faire tuer l'amiral.
« Il ne faut pas lui savoir gré de ce qu'elle a fait, écrira Çuuiga à Philippe II,
elle n'a agi que dans son propre intérêt et non dans celui du Roi son fils et de
l'État 2. n
Mais elle est prudente; pour se couvrir vis-à-vis des protestants, il faut que le
mariage ait lieu à la date fixée et qu'aucun obstacle ne vienne l'empêcher.
Le i3 août, elle mande donc à Mandelot, le gouverneur de Lyon : «Je vous fais
ce mot de lettre pour vous dire que, en tant que vous aymez le service du Roi
monsieur mon fils, vous ne laissiez passer aucun courrier venant de Rome en ça,
que lundy ne soit passé3. n
Quant au cardinal de Bourbon, à l'avance, elle s'est assurée de son obéissance :
ce Ils l'ont trompé, écrit Çuniga à Philippe II, par une lettre écrite, qu'ils ont fait
semblant de recevoir4. n
Comme surtout elle tient à être la première à annoncer à Grégoire XIII que
le mariage de sa fille est un fait accompli, le 18 août, Charles IX donne l'ordre
à Mandelot de ne laisser passer par la ville de Lyon aucun courrier ni autre
quel qu'il soit, allant en Italie5.
Le lendemain du mariage, c'est elle qui prend la plume et qui écrit au Pape :
k \ olre Sainteté entendra de ce gentilhomme que avons affectué ce mariage,
vous assurant que, s'il plaist à Votre Sainteté mettre toutes ces causes et considé-
rations ensemble et l'état de ce royaume, qu'elle jugera ce mariage estre néces-
saire pour le salut et repos d'icelui, ayant plus d'égard à notre besoin que aux
difficultés mises en avant par l'artifice d'aucuns pour empêcher les effets de notre
bonne volonté. Pourtant retournerons derechef à supplier Votre Sainteté prendre
de nous cette fiance et nous accorder ladite dispense, avec cette assurance que
[en] ce que avons fait n'avons été mus que du bien et nécessité de ce royaume,
que nous désirons sur toutes choses rendre Vostre Sainteté satisfaite et l'honneur
de Dieu et de son église continué, augmenté et remis par tout ce royaume6. m
' Armand Baschet, La Diplomatie vénit. , p. 54i. 4 Arch. nat., collect. Siraancas, K i53o.
- Arch. nat., collect. Simancas, K i53o. 5 Cotresp. de Mandelot, p . 3 1 .
l'anlin Paris, Correspondance de Charles IX et " Voir cette lettre dans le présent volun
de Mandelot, p. 2(j. p. 110.
INTRODUCTION. lxxiil
Pour se couvrir auprès d'Elisabeth, le 2 1 août, elle adresse à La Mothe-Fénelon
une lettre qu'il pourra montrer avant que la nouvelle de la mort de l'amiral
soit parvenue à Londres : «S'il y avoit, lui dit-elle, quelque chose de bien com-
mencé et assuré au mariage de mon fds d'Alençon, il seroit fort aisé à faire que
la reine d'Angleterre, mon fds et moy, nous nous voyons avec sûreté pour elle el
pour nous, en un beau jour bien calme, entre Boulogne ou Calais et Douvres; car
je n'ay pas moindre volonté de la voir qu'elle moy et que si elle éloit ma
propre fille, ainsi que vous ferez entendre à ses ministres et à elle aussi1.1»
Et quel moment choisit-elle pour se débarrasser de l'obstacle qui la gêne?
Celui où sur tous les points la fortune semble lui sourire. Cette succession au
trône de Pologne qu'elle convoite depuis des années, elle est enfin vacante.
Monluc, malgré son grand âge, a consenti à aller soutenir la candidature du duc
d'Anjou. Dès le 17 août, il a pris le chemin de Strasbourg, où il a donné rendez-
vous à ses compagnons d'ambassade. De son côté, Schomberg a déjà préparé les
voies et s'est assuré du puissant concours du duc de Saxe.
L'évèque de Dax rapporte de Constantinople le traité le plus avantageux qui
jamais ait été conclu avec la Porte : le Grand Seigneur offre l'appui de sa flotte
et s'engage à remettre au duc d'Anjou toutes les conquêtes à faire sur le roi
d'Espagne.
Le mariage du duc d'Alençon est dans les meilleurs termes : Elisabeth s'est
laissé captiver par la bonne grâce et les cajoleries de La Môle : « Que le duc
vienne! Qu'il vienne! 11 répètent chaque jour les dames du palais. Smith s'en fait
l'interprète auprès de Walsingham : rc L'amant fera bien peu, s'il ne prend pas la
peine de venir voir l'objet de ses amours; il y a vingt moyens pour passer de
France ici et faire plus en une heure qu'on ne saurait faire en deux ans. Cupido,
Me qui vincit omnia, in oculis residet. Les femmes veulent paraître être forcées
même à ce qu'elles désirent le plus 2. ■»
Le 22 août, le circonspect Burghley, devenu tout favorable au mariage du duc,
mande à Coligny : cr J'espère que Dieu ne laissera pas aller une œuvre si merveil-
leuse, et la conduira à quelque perfection; à quoi je m'asseure que vous vous
emploierez, comme moi ici, de ma part, ferai mon devoir le mieux qu'il me sera
possible3, v
Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon , t. VII, p. 3ao. — - Lettres et mémoires de Wal-
singham, p. 297. — 3 Voir notre livre, Le m* siècle et les Valois, p. 3ig.
Catherine de Médicis. — iv. j
imiuiuji. nxTion&iK.
nxiv INTRODUCTION.
Mais cette lettre partie le jour même où Coligny sera blessé, il ne la re-
cevra pas.
Le sort en est jeté : ce n'est plus l'astucieuse et timorée élève de Machiavel qui
en ce moment pense et agit; c'est une simple femme , qui cède à l'une de ces colères
irréfléchies, plus fortes que la volonté; c'est un de ces accès de folie furieuse, où
les yeux ne voient plus que rouge. Sans se soucier des dangers du lendemain,
Catherine brisera tout pour satisfaire sa haine, espérances à demi réalisées, projets
mûrement conçus.
Le Vénitien Michieli l'a dit en toutes lettres : «C'est sa propre vengeance qu'elle
accomplit, la sua vendetta. n Mais si décidée qu'elle soit au meurtre de l'amiral,
elle ne peut agir seule; c'est à la duchesse de Nemours, et d'accord avec le
duc d'Anjou, qu'elle a recours. Leur vengeance commune est le lien qui unit
ces deux femmes pour ce pacte de sang.
L'assassin, toutes deux l'ont sous la main : c'est Maurevel, le spadassin déjà
aux gages de Catherin'1. 11 n'en est pas à son coup d'essai; chargé de tuer l'amiral,
il a frappé de Mouy. C'est le serviteur dévoué de la maison de Lorraine; plus
tard, sur la recommandation du cardinal de Guise et pour tous ses méfaits, il re-
cevra une forte somme de Philippe 11.
é
Une immense estrade a été dressée devant le porche de Notre-Dame ; le 1 8 août .
toute la cour y prend place; pas un des ambassadeurs étrangers n'est présent:
l'on savait, à l'avance, que celui d'Espagne ne paraîtrait pas et son absence mo-
tivait cette abstention '. Marguerite de Valois et Henri de Navarre se sont
agenouillés et le cardinal de Bourbon oflicie. Pendant que s'accomplit ce simulacre
de mariage, l'amiral est resté dans l'église; et là, montrant au maréchal Damville
les drapeaux de Jarnac et de Moncontour appendus aux murailles de la nef :
« Dans peu , s'écrie-t-il , on les arrachera et on en mettra d'autres plus agréables
à voir, n Jusqu'à la fin il ne veut pas croire aux dangers qui le menacent. C'est en
vain que Duplessis-Mornay le supplie de sortir au plus vite de Paris, que déjà
' Philippe II avait écrit le -io juin précédent à quelques jours auparavant feignez d'être indis-
Çuniga : posé; d'aucune façon, il ne convient pas que vous
f Si l'on ne vous invite pas au mariage, no vous assistiez à ce mariage." ( Arcli. nat., collection Si-
en occupez pas. Si l'on voih inwle. acceptez, mais manias, k rfiag, n" 92.)
INTRODUCTION. lxxv
Montmorency a quitté; il s'y refuse. Le 20 août, le Roi lui ayant témoigné la
crainte que les Guises, entourés, comme ils étaient, ne se portassent à quelque
attentat sur sa personne, et, par mesure de prudence, lui ayant demandé s'il ne
serait pas à propos de faire entrer à Paris les arquebusiers de sa garde, il
approuve à l'avance tout ce que fera Sa Majesté.
S'il ne s'éloigne pas, c'est que les Eglises protestantes lui ont fait un devoir
de rester; c'est que Charles IX lui a demandé de sacrifier quatre jours aux
plaisirs, et qu'après il lui a promis de mettre ordre à tout. Les heures de ces
quatre jours sont toutes prises par les tournois, les banquets, les bals, les
ballets, qui ont lieu sans relâche, tantôt au Louvre et tantôt à l'Hôtel de ville.
Ebloui par les magnificences de ces fêtes qui surpassent celles qui furent dé-
ployées aux noces d'Elisabeth et à celles de Claude de Valois, les deux filles
aînées de Catherine et dont il avait été témoin , le Vénitien Michieli s'étonne de
ce que cette France, que l'on disait tombée si bas, s'est si promptement relevée.
a II y avait autour de Leurs Majestés, dit-il dans sa relation, une jeunesse d'élite,
assez nombreuse pour en faire une armée et plus d'une centaine de femmes toutes
splendidement parées, n
Gentilshommes protestants et catholiques se mêlent, se confondent1 dans ces
bals de chaque soir; mais parmi ceux auxquels sourient ces sirènes de cour, plus
perfides que celles de la fable, combien sont déjà marqués par le doigt de la
mort! Déjà le premier acte du drame sanglant se prépare.
Dans la soirée du ai août, à l'heure même d'une dernière fête au Louvre,
M. de Chailly, maître d'hôtel du duc d'Aumale, introduit furtivement Maurevel
dans la maison du chanoine Villemur, l'ancien précepteur du duc de Guise. Une
vieille femme et un valet en ont la garde. L'assassin y passe la nuit et le lendemain
matin, posté à la fenêtre qui donne sur la rue par laquelle l'amiral passe habituel-
lement, dérobé par un épais rideau, l'arquebuse à la portée de la main, l'œil aux
aguets, il attend'-.
Au sortir du conseil qui se tint au Louvre le 22 août, l'amiral accompagne le
Roi jusqu'au jeu de paume et l'y laisse avec Téligny et le duc de Guise. Suivi
par huit ou dix de ses familiers, il reprend le chemin de son logis; Guerchy est
à sa droite, des Pruneaux à sa gauche. Tout en marchant, il lit un placet qui
vient de lui être remis. Au moment où il se penche pour rajuster sa mule, un
1 Alberi, Heinz, venez., t. IV, p. 288. — 2 Arch. nat., collection Siraancas, K t53o. n° 18.
S
lxxvi INTRODUCTION.
coup de feu retentit, une balle, lui enlève l'index de la main gauche, une autre lui
laboure les chairs du bras jusqu'à l'os du coude et s'y loge; s'il ne se fût pas
baissé, il eut été atteint en plein corps. Ceux cpii l'entourent s'arrêtent épou-
vantés; lui seul, de sang-froid, désigne la fenêtre d'où l'on a tiré. L'on y court,
l'on enfonce la porte; l'arquebuse toute fumante est encore sur une table, mais
le meurtrier s'est enfui par une porte de derrière restée ouverte et le bruit du
galop du cheval qui l'emporte s'entend encore.
Soutenu par deux bras, tout couvert de sang, l'amiral regagne péniblement sa
demeure. M. de Piles va de sa part prévenir le Roi de l'attentat. A la première
parole qui lui est dite, Charles IX de colère jette sa raquette et s'écrie en
jurant : et Je n'aurai donc jamais un moment de repos, n Tout aussitôt il retourne
au Louvre et s'enferme dans ses appartements. Par son ordre ses gardes font
sortir tous ceux qui étaient alors au palais.
Catherine venait de se mettre à table; avertie presque en même temps, elle se
lève et rentre dans sa chambre, sans mot dire, le visage impassible, ff J'en conjec-
ture qu'elle s'y attendait n. écrit Çuniga à Philippe II.
Appelé en toute hâte, Ambroise Paré croit d'abord qu'il est urgent de couper le
bras du blessé, de crainte que les balles ne fussent empoisonnées, et l'amiral s'y
était résigné, mais il y renonce; à l'aide de mauvais ciseaux il coupe le reste de
l'index; trois fois il se reprend pour cette douloureuse opération; puis, pratiquant
d'habiles incisions, il parvient à extraire la halle restée dans le bras. A le voir
ainsi torturé, les amis de l'amiral se lamentent et murmurent; lui seul, avec un
héroïque courage, ne se plaint pas et les console.
Coudé et le roi de Navarre accourent des premiers, puis viennent un à un tous
les chefs protestants; l'indignation est à son comble, les menaces dans toutes les
bouches. Les Guises et le duc d'Anjou sont violemment accusés. Si l'on ne fait pas
bonne et prompte justice, tous s'écrient qu'ils se la feront eux-mêmes. Sajis
Briquemault qui les retient, les plus violents parlent d'aller au Louvre et d'y tuer
Guise sous les yeux du Roi. Au sortir de chez l'amiral, il y en a même qui vont
pousser des cris de mort sous les fenêtres de l'hôtel de Lorraine. «Ils usèrent,
dit Brantôme, de paroles par trop insolentes, disant qu'ils frapperoient, qu'ils
tueroient1. n «Menaces imprudentes, dit à son tour le Vénitien Cavalli. car les
menaces servent d'armes à ceux qui sont menacés '-.n
1 Brantôme, édition de L. Lalanne. i. IV, p. ;>o. — 2 Desjimlins Document* diplomat. avec la Toscane
t. III, p. 8i3.
INTRODUCTION. lxxvh
Cossé, Dam ville et Villars étant venus visiter Coligny : «La mort ne m'effraie
pas, leur dit-il, mais je voudrais bien voir le Roi avant de mourir; car j'ai à lui
parler de choses qui intéressent sa personne et son Etat, m Damville s'offrit pour
aller prévenir le Roi et Téligny se joignit à lui. Déférant à ce désir, Charles IX,
dans l'après-midi, se rendit rue Béthisy, accompagné par sa mère et ses deux
frères. Montpensier. Gondi, Nevers, Tavannes, tous les complices de Catherine,
l'ont suivie.
S'approchant du lit du blessé et d'un ton de vraie affection : « Le mal est pour
vous, dit Charles IX, la douleur pour nioi.ii Et il lui promet une exemplaire justice.
Catherine joint ses hypocrites protestations à celles de son fils. Après en avoir
exprimé ses remerciements au Roi: a Ce que je regrette, dit l'amiral, c'est que
ma blessure me prive de l'aire service à Votre Majesté;, l'on a voulu me faire
passer pour un rebelle, un perturbateur; Dieu jugera entre mes ennemis et
moi. La fidélité que j'ai toujours gardée au Roi votre père me fait un devoir de
vous supplier avec toutes les instances possibles de ne pas perdre l'occasion pré-
sente dont la France peut tirer de grands avantages. Vous avez fait connaître assez
clairement quelles sont vos intentions en vue de la guerre des Flandres. Si vous
en restez là, vous exposerez votre royaume à un péril évident1, v
L'amiral s'animant de plus en plus, le Roi lui représenta qu'il s'agitait trop, et,
avant de s'éloigner, il lui offrit de le faire transporter au Louvre; déjà il le lui
avait fait proposer par M. de la Châtre. L'amiral l'ayant de nouveau refusé, il lui
dit qu'il ferait disposer des logements autour du sien, afin qu'il fût entouré et
consolé par tous ses amis. Au sortir de la chambre de l'amiral, il se fit montrer
la balle qui avait été extraite par Paré; elle était de gros calibre et de cuivre.
Si l'on en croit l'étrange confession d'une nuit de fièvre et d'insomnie, ce dis-
cours du duc d'Anjou àMiron, si habilement arrangé pour innocenter certaines
culpabilités et dont il ne faut accepter le témoignage que lorsqu'il est corroboré
par d'autres, Coligny, au moment où Charles IX se retirait, lui ayant demandé
de lui parler en secret, et tous les assistants s'étant tenus à l'écart, il l'aurait
engagé à" régner seul désormais et à se défier de la Reine sa mère. Ces paroles
arrachées à force d'instances par Catherine à son fils, l'auraient décidée à en
finir avec les protestants.
D'autres historiens admettent qu'elle fut encouragée, poussée à cette dernière
1 De Thon, Histoire universelle, t. VI, p. 388. Voie Négoc. diptomat. de fa Toscaw , dépêche de Ca-
viana, t. III, p. 812 et suiv.
lxxviii INTRODUCTION.
résolution par Philippe II, et ils s'appuient sur une lettre de l'archevêque de
Rossano, nonce du Pape à Madrid, au cardinal de Gôme, lettre où il est dit :
ffSi le Roi Très Chrétien est dans l'intention de purger son royaume de ses
ennemis, le moment est venu; en s' en tendant avec le roi d'Espagne, il pourrait
détruire ce qui en reste, surtout à présent que l'amiral esta Paris dont le peuple
est attaché à la religion catholique, et il serait facile de le faire disparaître pour
toujours1, v
Cette lettre, datée du 5 août, ne pouvait pas parvenir avant la sanglante journée,
le temps ne le permettait pas, et elle n'est pas parvenue. Nous n'en voulons pour
preuve que celle qui fut adressée le 23 août à Philippe II par Çuniga : ce II est à
désirer, dhVil en parlant de Coligny, que ce coquin vive; car s'il vit, attribuant cet
assassinat au Roi, il renoncera aux projets qu'il avait conçus contre Votre Majesté,
et les retournera contre celui qui a consenti à cet attentat sur sa personne. S'il
venait à mourir, je crains que tous ceux qui survivront ne fassent plus que ce que
le Roi voudra et ordonnera. Si jusqu'ici l'on ne s'est pas déclaré ouvertement
contre Votre Majesté, peut-être est-ce dans la crainte que l'amiral avec ses héré-
tiques n'ait plus de pouvoir que le Roi, ainsi que bien des fois je l'ai entendu
répéter par la Reine mère a, et il ajoute : «Elle m'a envoyé dire qu'elle ne pouvait
pas me parler en ce moment, de crainte qu'on ne me voie entrer au palais,
et qu'elle ne veut pas même écrire à Votre Majesté, afin que l'on ne sache pas
ce qu'elle veut faire, car les lettres peuvent être prises, mais que bientôt elle me
parlera ou m'écrira n, ce qu'elle ne fit pas2.
\ Catherine, à elle seule, incombe donc toute la responsabilité de la Saint-
Barthélémy.
Dans l'après-midi du 22 août, Charles IX prévient tous ses ambassadeurs à
l'étranger de la blessure de l'amiral : cr Faites part, écrit-il à La Mothe-Fénelon , à
la reine d'Angleterre de la délibération où je suis d'en faire si grande justice que
chacun y prendra exemple en mon royaume et de faire garder entièrement et
inviolablement mon édit de pacification. Je ne veux oublier de vous dire que ce
méchant acte procède de l'inimitié d'entre la maison de Châtillon et ceux de
Guise cl saurrai bien donner ordre qu'ils ne mesleront rien de mes sujets en leurs
querelles3, d Et dans une lettre à Schomberg, son envoyé en Allemagne: cr II semble
que l'auteur d'une telle et si exécrable méchanceté n'ait autre envie que d'essayer
' Theiner, Continuation des annales de liaionius, L I, p. 39,7. — s Arch. nat., collection Simancas.
K i53o, n" 19. — 3 Corrcsj). diplom. de La Mothe-Fénelon , t. VII , p. 3a 1.
INTRODUCTION. LxxU
de remettre quelque trouble en mon royaume. Si nos actions passées ont donné
aux princes de la Germanie témoignage de ne pas douter de moi, celles qui sui-
vront ne leur donneront occasion de me voir changer de l'opinion qu'ils peuvent
en avoir conçue1, n
XI
Prévenus, à onze heures du malin, de l'attentat, le prévôt des marchands et les
échevins, pour obvier de leur côté à tout désordre, prescrivent aux capitaines de la
milice bourgeoise de se rendre en armes avec leurs hommes à l'Hôtel de ville,
«en toute modestie et sans émouvoir personne n 2. La fin de cette journée fut donc
calme en apparence; mais les protestants avaient tout à redouter de ce peuple de
la grande ville qui naguères avait fêté la défaite de Genlis par des processions et
des banquets 3.
Le samedi matin (a3 août), les ducs de Quise et d'Aumale viennent demander
an Roi la permission de s'absenter momentanément de Paris : cr Allez où bon vous
semblera 15, leur dit-il rudement, et les regardant s'éloigner : «Je saurai bien les
retrouver, s'ils sont coupables. n C'était une feinte; ils prennent bien le chemin
delà porte Saint-Anloine, mais revenant sur leurs pas ils s'enferment dans leur
hôtel.
Lorsqu'un grand événement semble comme attendu, il y a sur tous les visages
une préoccupation visible : tel était ce jour-là l'aspect de Paris. Inquiets de cette
menaçante agitation, les principaux chefs protestants chargent Cornaton et Téli-
gny de demander au Roi de faire garder le logis de l'amiral. Le duc d'Anjou, qui
à ce moment-là se trouvait au Louvre, désigne Cosseins. H s'y rend tout aussitôt
avec cinquante arquebusiers.
Ce choix n'était pas fait pour calmer les défiances : Cosseins passait pour
l'ennemi déclaré de l'amiral.
Ambroise Paré répondait de la vie de l'illustre blessé; l'enquête criminelle
était poursuivie parle premier président de Thou, auquel le Roi venait d'adjoindre
le conseiller Cavaignes, l'ami dévoué de l'amiral; déjà la servante et le valet de
M. de Villemur avaient été interrogés, M. de Chailly arrêté, ainsi que l'homme
' Dr Ebeling, Archivai. Beilràge, 1872, p. 2o5. overlhrow, spare not to make déclaration of their
Arcb. nal., Registres de l'Hôtel de ville. joy by gênerai processions, banquets and tbe like.
The citizens o! Paris, underslanting ofGeniis (Calendar 0/ State papers , 1672, p. i53.)
txu INTRODUCTION.
qui avait amené le cheval sur lequel le meurtrier s'était enfui; enfin il avail été
reconnu que la bête était sortie des écuries du duc de Guise. L'on était donc sur
la bonne piste et il y avait là de quoi effrayer Catherine. La veille, à son souper.
Pardaillan lui avait adressé des paroles menaçantes. Perdre une minute, c'était
s'exposer à être découverte1.
Tavannes dans ses Mémoires a bien compris et bien rendu les motifs de sa
suprême résolution où la crainte entra pour beaucoup : a Si elle se fût parée de
l'arquebusade, mal aisément elle eût achevé ce à quoi £événenient l'a contrainte^
Dissimulée et prudente jusqu'à la fin, pour éviter tout soupçon, elle donne ren-
dez-vous dans le jardin des Tuileries à Nevers, Gondi, Birague, ces Italiens dont
elle est sûre, et à Tavannes, acquis d'avance à toute répression violente. Ne lisons-
nous pas dans ses Mémoires «qu'il est plus permis à un Roi d'entreprendre sur
ses sujets par voie extraordinaire qu'à eux d'entreprendre sur lui3n.
Pendant -que ces sinistres personnages tiennent conseil et que des paroles de
sang sont déjà dans toutes les bouches, l'espion gagé de Catherine, Bouchavannes,
esl introduit. Ce Judas a assisté à toutes les délibérations qui ont été prises dans
le logis de l'amiral. Caviana, Petrucci, ces Florentins dévoués corps et âme à la
Reine mère, parlent d'un complot dont ils précisent les moyens d'exécution,
désignant même les noms de ceux qui seront chargés de frapper et ceux de leurs
victimes. Le Vénitien Michieli fait bien également allusion aux révélations de Bou-
chavannes, qui pour rendre le complot plus odieux prête aux conjurés 1 intention
non seulement de tuer le Roi, ses frères, et la Reine mère, mais de frapper aussi
le roi de Navarre.
Mais des paroles imprudentes, des menaces que l'indignation du premier
moment a pu arracher aux protestants, il y a loin à un complot. Moulue, leur
plus inexorable adversaire, ne les en accuse pas dans ses Commentaires : «La
Reine, nous dit-il, m'a bien annoncé que l'on avoit découvert une grande conspi-
ration contre le Roi et son Etat , et que cela avoit été la cause de ce qui étoit ad-
venu; je say bien ce que j'en ai creu '. n
Tavannes, l'un des acteurs de ce terrible drame, les décharge lui-même «de
l'entreprise à eux depuis imputée 5i>. Ce sont ses propres expressions.
Vedendo la Rpgina che se la cosa si fosse dif- ' Panthéon titt. , Mémoires de Tavannes, p. 434.
ferita tricente, portava pericolo di scorprizzi venne Ibid.
a questo. (Alberi, Ilelaz. di Cavalli, série i", t. IV, 4 Monluc, édit. de Ruble, t. III, p. îai.
p. 3a8.) Panthéon litt.. Mémoires de Tavannes, p. 436.
INTRODUCTION. txxxi
Bossuet n'y croit pas davantage : «Rien ne parut plus vain, plus mal fondé
que la conspiration dont on accusoit l'amiral1. n
Mais ce qui est plus vraisemblable et ce qu'a pu en toute vérité répéter Bou-
chavannes, c'est que le jour même, au logis de l'amiral, l'on avait délibéré si l'on
ne l'emmènerait pas hors de Paris, malgré la cour, et en employant la force, s'il
le fallait. En répondant de la loyauté du Roi, qu'outragerait cette marque de
défiance, Téligny et Briquemault, soutenus par le prince de Condé et Henri
de Navarre, s'y étaient opposés, et leur avis l'avait emporté sur celui .du vidame
de Chartres, qui avait persisté dans le sien. Mais ce qui n'avait pas été effectué ce
jour-là, pouvait l'être le lendemain, et Coligny hors de Paris, c'était peut-être la
guerre civile, à courte échéance et dans quelles conditions : te Les protestants
étaient prêts et tout armés pour la guerre des Flandres et de l'assentiment du Roi2, n
Catherine bien décidée à en finir cette fois avec l'amiral, ainsjLjju'elle l'avait
toujours voulu, n'avait donc pas une heure à perdre : a Puisque la blessure de
l'amiral les mettoit à la guerre, nous dit Tavannes, elle la première et tous après
elle furent d'avis qu'il valoit mieux qu'on livrât bataille dans Paris3. ^
Mais l'on ne pouvait rien sans le Roi. C'est Gondi qui se chargea d'aller le
préparer aux terribles révélations que Catherine allait lui faire, tandis que le duc
d'Anjou accompagné par le bâtard d'Angoulème irait parcourir les rues de Paris
et juger par lui-même de l'altitude du peuple.
C'est dans l'après-midi de ce même jour que se tient au Louvre et dans le
cabinet de Charles IX, le conseil appelé à délibérer sur la nécessité de la Saint-
Barthélémy. Durant près de deux heures Catherine torture son fils; elle passionne,
elle irrite son humeur si naturellement violente; avec un art infernal elle s'acharne
à provoquer cet accès de fureur sur lequel elle compte pour lui arracher Tordre
de massacre que de sang-froid il eût refusé.
Tout d'abord elle lui représente l'occasion inespérée qui s'offre à lui de tirer
vengeance de tous ces rebelles qui sont venus s'enfermer dans les murs de Paris
comme dans une cage; il a donc enfin le moyen de se laver de la honte de ces
traités que le malheur des temps lui a imposés et qu'en aucun cas il n'est tenu
d'observer; puis elle cherche à lui démontrer la perfidie, l'astuce séditieuse em-
' Bossuet, édit. de Bar, t. XII, p. 485. pâli. (Alberi, Relaz. venez., Relut. di Cavalli, i " se-
1 Gia stavano arraati e pronti per rispetto dell rie. t. IV, p. 3*37.)
eose di Flandra, risolse la Regina, per assicurarei 'Panthéon littéraire, Mémoires dr Tavannes,
da lanti pericoli di far l'uccisione dei capi princi- p. /|38.
CiTIIKMNE DE MÉD1CIS. — IV. t
tirniMtnit \.itic^ m.
lxxxi. INTRODUCTION.
ployée par l'amiral pour le décider à la guérie des Flandres et précipiter la ruine
d'un royaume appauvri et écrasé par une énorme dette; elle lui fait entrevoir le
blàmr qu'il va s'attirer de tous les princes voisins par cette déclaration de guerre'
à un roi son allié, son proche parent.
Et comme il ne s'émeut pas, elle lui rappelle les meurtres de Charry, djjjn;and
François de Guise. Celui de l'amiral n'en sera que la juste expiation.
Et comme il reste toujours impassible, elle le menace, ainsi qu'elle l'a fait plus
d'une fois,. de se retirer, de le laisser seul aux prises avec les dangers qui le me-
nacent.
Ce moyen est usé, et pour échapper à la tentatrice, il invoque son honneur,
ses promesses, ses amitiés.
C'est là où elle l'attend : ceux qu'il croit ses fidèles sujets, ses dévoués amis,
ce sont des traîtres; ils conspirent, ils en veulent à sa vie, à celle de ses frères.
L'heure qui sonne à ce cadran, sera la dernière de son règne. S'il recule, d'autres.
à sa place, joueront le jeu.
Il doute encore, il ne veut pas en croire sa mère; il lui faut le témoignage
des conseillers qui l'entourent.
Tous affirment que les protestants vraiment conspirent. Alors, plus il a mis de
confiance en eux, plus son courroux s'en échauffe. Il y a en lui du tigre, et la
férocité de sa nature se réveille. En i 565 , lorsqu'il faillit être surpris par les
chefs protestants à Rosay, l'enfant avait parlé en homme : a Avec plus de jure-
ments qu'il n'en faudroitn, nous dit un contemporain, il s'était écrié : ffL'on ne
me donnera plus de pareilles alarmes; j 'irai jusques dans leurs maisons et dedans
le lit chercher ceux qui me les baillent1 n.
La colère de Meaux lui revient et se tournant vers sa mère: a Vous le voulez, eh
bien, qu'on les tue tous, qu'on les tue tous!» Et il se retire, l'écume aux lèvres,
le blasphème à la bouche.
Après cette brusque sortie du Roi, les tuera-t-on tous, ainsi qu'il l'a dit, telle
est la question que le conseil se pose. INevers intercède pour Condé son beau-
frère et rachète sa vie. Catherine ne veut pas que l'on touche à Navarre. Décapiter
la maison de Bourbon, ce serait donner trop de puissance à celle de Guise. Morvil-
liers hasarde bien quelques timides conseils; mais les hommes faibles cèdent tou-
jours aux violents, et le massacre en grand est décidé.
Bibl. nat., fonds Français, a" 3347.
'•
INTRODUCTION. tixsm
Après deux heures de repos, la colère de Charles IX ne s'est pas refroidie:
elle a fait place à une résolution sombre. Marcel, l'ancien prévôt des marchands,
l'homme d'exécution qui a dans sa main la populace de Paris, a été mandé au
Louvre : «De combien de bras pouvez-vous disposer? i> lui demande le Roi.
tt Cela dépend du temps, n
« Eh bien, dans un moisi n
trDe cent mille et plus, si Votre Majesté le veut. n
« Et dans une semaine ? i>
trEn proportion de ce nombre. •»
« Et dans une journée? -n
a De vingt mille au moins, j'en réponds '.n
Sur les plus solennels serments un secret rigoureux lui est prescrit. 11 trans-
mettra aux chefs des quartiers les ordres du Roi : «La nuit prochaine, que dans
chaque maison un homme se trouve armé, muni d'une torche, et le bras gauche
entouré d'une écharpe blanche: qu'à chaque fenêtre il y ait un flambeau. La
cloche du Palais de justice donnera le signal. n
Après Marcel, le prévôt des marchands Le Charron, est introduit : de la
bouche du Roi il apprend la conspiration des huguenots, et à son tour il lui est
enjoint «de se saisir de toutes les clefs des portes de la ville, à ee que nul ne
;uit ni y entrer ni en sortir, de retirer tous les bateaux de la Seine, de mettre
en armes toute la milice bourgeoise, de masser l'artillerie devant l'Hôtel de ville
pour la porter où besoin serait, enfin d'attendre les derniers ordres qui lui seront
transmis2, n
Mais il y avait plus à compter encore sur Marcel et sur ses hommes que sur
Le Charron et la milice bourgeoise.
A l'heure du coucher de la Reine mère sont réunis dans sa chambre tous ceux
qui sont appelés à jouer un rôle dans la sanglante tragédie. L'on y parle à voix
basse; l'on échange des mots mystérieux. Marguerite de Valois, la mariée d'hier,
seule n'est pas dans le secret : l'apercevant assise sur un coffre et se tenant à
l'écart. Catherine lui fait signe de se retirer et lorsque, obéissant, elle vient lui faire
sa révérence, la retenant par le bras : itN'y allez pas^-, lui dit la duchesse de Lor-
raine, sa sœur; mais sur un geste plus impérieux de cette mère dont le seul regard
1 Alberi, Belaz. dî Michieli et di Cavalli, i' série. I. IV, p. 9987. - ' \ivli. nul.. Registres de
Hôlel de ville.
ixxxn INTRODUCTION.
la fait tre.ubler, elle sort «• toute transie, toute éperdue, sans pouvoir s'imaginer
ce qu'elle avait à craindre '•».
Dès qu'elle n'est plus là, les derniers ordres sont donnés : c'est le duc de Guise
mandé au Louvre qui, assisté du duc d'Aumale et du bâtard d'Angoulême, ira
attaquer le logis de l'amiral.
A chacun des complices l'on désigne un huguenot à tuer; puis tous se rendent
au coucher du Roi. Pour la dernière t'ois protestants et catholiques se coudoient
dans cette même chambre, les meurtriers confondus avec leurs victimes. Lorsque
La Rochefoucault, qu'entre tous il affectionne, vient lui dire adieu, Charles IX
est pris de pitié : trNe t'en va pas, Foucault, lui dit-il, tu coucheras avec mes valets
de chambre i>; mais il s'y refuse et s'éloigne. Tous partent les uns après les autres,
les rideaux du lit royal sont tirés, et pour quelques instants le silence se fait
dans le Louvre.
Catherine se relève la première et elle va chez le Roi son fds. Lui aussi est déjà
debout. Habituée à lire dans ses yeux, y a-t-elle entrevu de l'hésitation? On est
tenté de le croire; car de sa propre autorité elle ordonne que le signal fixé d'abord
à une heure avant le jour soit donné sur-le-champ, et au lieu de la cloche du
Palais de justice, elle fait sonner le tocsin à Saint-Germain-l'Auxerrois, l'église
la plus voisine.
Ainsi jusqu'à la dernière minute c'est elle, assistée du duc d'Anjou, qui a tout
lait, tout ordonné. Le nonce Salviati l'affirme dans ses dépêches2. La Saint-Bar-
thélémy est bien sa propre vengeance, c'est bien un crime politique, le crime de
la peur. La religion n'y fut pour rien. ( Un éminenl ministre protestant en attribue,
ainsi que nous l'avons fait, la cause décisive à la jalousie inquiète que Catherine
et le duc d'Anjou avaient conçue de l'amiral; il rappelle que Henri IV en donna
cette explication à son historiographe Mathieu, disant la tenir de Villeroy, et avec
une louable impartialité il ajoute : « C'est à tort que les historiens protestants ont
écarté de leurs récils tout cet ordre de faits, ne voulant voir qu'une question
religieuse où la politique eut tant de part3. n
Mais une part de la responsabilité du massacre de la Saint-Barthélémy, et c'est
ici le lieu de le dire, revient, à bon droit, à la politique égoïste et perfide
1 Mémoires de Marguerite de Valois, éilit. de ' Goquerel , Précis de l'histoire de l'église réformée
F,. Lalaime, p. 3i. de Paris , p. 84; voir Mathieu, Histoire de Henri IV,
1 Tlieiner, continuation des Annales de Baroniu.i, t. 1", p. 335.
t. I",p.33i.
INTRODUCTION. lxxx
d'Elisabeth et de ses conseillers. Ce n'est pas nous qui l'en accusons à la légère,
c'est Walsingham, l'illustre homme d'Etat. N'est-ce pas lui qui, à la première
nouvelle du rappel des Anglais des Flandres, et voulant l'empêcher à tout prix
et maintenir l'action commune des deux nations, avait écrit à Burghley : «Je
crains qu'il n'en résulte de fâcheux effets. n N'est-ce pas lui qui, dans une lettre
à Leicester et du même jour, ajoutait : «Vous pouvez juger de la perplexité de
l'amiral, qui prévoit les malheurs qui arriveront, à moins qu'il ne tombe un
secours du ciel1, n
Coligny a donc payé de sa vie sa confiance dans les Anglais. Bien peu de jours
avant que n'éclatât la conspiration d'Amboise, il avait écrit à François II : « Il faul
mettre un mors à la bouche de la reine d'Angleterre i>; mais à partir du jour, où,
en pleine guerre civile provoquée par lui, il lui avait livré le Havre, en échange
d'un maigre subside, qui ne lui fut remis ni en entier ni en temps opportun,
il s'était vis-à-vis d'elle à jamais lié les mains. Dans les papiers trouvés après sa
mort, éclairé par une triste expérience sur la mauvaise foi des Anglais, il con-
seillait à Charles IX de s'en défier à l'avenir, comme de ses plus dangereux
ennemis. Pour l'honneur de sa mémoire que ce repentir tardif, que cette pensée
patriotique lui soient comptés : on va le tuer, juste à l'heure où son cœur ne
battait plus que pour la France.
XII
Téligny et Guerchy sont restés jusqu'à minuit dans la chambre de l'amiral, qui
s'est mis au lit; ils y ont laissé le ministre Merlin, Ambroise Paré et Nicolas Muss,
son fidèle serviteur. La première partie de la nuit se passe calme et silencieuse.
Entre deux ou trois heures du matin, la cloche de Saint-Germain-l'Auxerrois se
met à sonner le tocsin à toutes volées; et dans la rue un bruit de pas de chevaux se
fait entendre. Guise n'a pas perdu de temps. Il est déjà devant l'hôtel de l'amiral.
Sans descendre de cheval, il échange quelques mots avec Cosseins qui l'attendait.
Au nom du Roi qui l'avait soi-disant chargé d'un message pour Coligny. Cosseins
demande à Labonne , qui avait la garde et les clefs de la porte, de la lui ouvrir. Sans
défiance, il obéit et tout aussitôt il est poignardé. Les cavaliers se précipitent dans
la cour, et tuent l'un des cinq Suisses de la garde du roi de Navarre qui, cette nuit-
là, étaient de service. Les autres se réfugient dans l'intérieur de l'hôtel et en bar-
' Mémoires ci lettres de Walsingham.
lhxti INTRODUCTION.
ricadent la porte. Au bruit des coups de l'eu, l'amiral s'est levé et s'est revêtu de
sa robe de chambre. Sur sa demande le ministre Merlin récite des prières. A ce mo-
ment entre Cornatoii : rr L'on enfonce la porte intérieure, s'écrie-t-il , nous sommes
| »frd us. r. — rr 1 1 y a longtemps que je suis préparé à la mort, répond Coligny d'une
voix calme. Vous autres, mes amis, si cela est encore possible, sauvez-vous. Vous
ne sauriez préserver ma vie. Je ne veux pas que vos proches me reprochent votre
mort. Je recommande mon âme à la miséricorde de Dieu.-»
Ils obéissent à regret; et, seul, Nicolas Muss s'obstine à rester avec son vicuv
maître.
La porte du bas a cédé : les Suisses se sont l'ait tuer sur les marches de l'esca-
lier, el Besme entre le premier dans la chambre de l'amiral dont la porte a été
rompue; derrière lui viennent Sarlabos, Attiu, Tosiaghi, Petrucci et les trois
Suisses de la garde du Roi dont l'histoire a retenu les noms, Martin Koch. Con-
rad Burg, de Saint-Gall, et Léonard Grassenfelder, de Glatis '.
A l'aspect de ce vieillard à cheveux blancs, ce ce Christ des guerres civiles i> , ainsi
que l'appelle Michelet, les meurtriers hésitent. Cet homme impassible, au regard
résigné, leur impose.
rr Es-tu l'amiral? 11 dit Besme le premier.
rr Oui, jeune homme, tu devrais avoir pitié de ma vieillesse; mais tais ce que
tu voudras, tu ne feras pourtant ma vie plus brève. •»
La brute lui plonge son épée en plein corps, et la retirant lui en balafre le vi-
sage. L'amiral tombe, les bourreaux le frappent à coups redoublés, et plus d'un se
vantera plus tard de l'avoir tué. L'Italien Tosinghi se saisit de sa chaîne d'or et s'en
pare comme d'un trophée.
rr Est-ce l'a i t ? t» criejïuise, d'en bas.
crOuiïi, répond Besme, ouvrant la fenêtre.
rcEh bien! jette-nous-Ie. •»
\idé de Sarlabos, Besme soulève le corps. L'amiral respirait encore; sa main
défaillante se cramponne convulsivement au rebord de la fenêtre. Vain effort! Le
corps tombe lourdement sur le pavé. Descendu de cheval, le bâtard d'Angon
lême étanche avec son mouchoir le sang qui lui dérobe la ligure.
rr C'est bien lui-n, dit-il; et il le frappe du pied.
Petrucci coupe la tête qu'il va porter au Louvre.
1 Revue historique , numéro de juillet 1 879.
INTRODUCTION. lxx.wu
tf Aux autres maintenant », s'exclame le bâtard remonté à cheval; et Guise, d'Au-
male, Tavannes, du Guast, Nevers, Coconas, le suivent à travers les rues criant :
rcTuez, tuez, le Roi l'ordonne, n
Accourue à l'appel sinistre du tocsin , la bande de Marcel, cette populace sortie
des repaires de Paris, la même dans tous les temps quand il s'agit de piller et
de tuer, se rue dans la cour où a été laissé le corps de l'amiral ; à son tour elle le
piétine, l'insulte, puis le promène triomphalement, et lorsqu'elle est lasse d'in-
jures , elle va l'attacher au gibet de Montfaucon.
L'amiral avait prévu qu'il en serait ainsi : r J'aime mieux, répétons-le ici,
que mon corps soit traîné dans les ruisseaux de Paris, que de recommencer la
guerre civile-_a._ tf*£ ******
Alors, suivant l'effroyable expression de Tavannes, cria mort et le sang cou-
rent les ruesn. Téligny est tué d'un coup d'arquebuse sur le toit où il s'est réfu-
gié, La Rocheibucault dans son hôtel par des hommes masqués dont le frère de
Chicot est le chef; tout souriant, il avait cru un instant à l'une de ces plaisan-
teries dont le Roi était coutumier. Gaumont La Force et son fils aîné sont massacrés
par les gens du duc d'Anjou. Son fils cadet tenu pour mort est miraculeusement
sauvé. Le marquis de Resnel arraché par son cousin Bussy d'Amboise, avec le-
quel il plaidait, des mains des soldats qui le traînaient à la Seine, est tué par hu
d'un coup de pistolet. Nommons encore Groslot le bailli d'Orléans, désigné nomi-
nativement par le Roi aux massacreurs, Lavardin, le vieux Rrion frappé dans
les bras de son élève le marquis de Conti, Francourt, l'ami de Jeanne d'Albrel.
Seul Guerchy défendit courageusement sa vie. L'illustre Ramus, l'historien
Laplace seront les victimes du lendemain.
Tous ces gentilshommes venus sans défiance au palais, qui ont passé la nuit dans
la chambre du roi de Navarre et que Marguerite dans ses Mémoires nous dit y
avoir vus, Pardaillan, Piles, Reauvais, le vieux précepteur du Roi son mari, au
matin, chassés impitoyablement du Louvre, et en passant à travers la double haie
des Suisses, sont égorgés.
Accouru l'un des premiers au Louvre, l'envoyé de Mantoue écrivait le joui
même au duc son maître : ce J'ai vu devant le palais plus d'une douzaine des prin-
cipaux chefs prolestants ou morts ou achevant de mourir l.v
Fu veduto inanzi ail' allogiamento del eu almero una docina de principali inorti e eue finivano di
niorire. (Arch. de Modène). Voir notre livre Le xn' siècle et les Valois, p. 3a 1 et suiv.
lixvviii INTRODUCTION.
Dans cette nuit sanglante les femmes de la cour sont aussi cruelles que les
hommes; elles vont impudiquement repaître leurs yeux de la vue de ces cadavres,
restés nus sur le sol. Pour l'honneur de leur sexe, deux seules se montrent
pitoyables, Marguerite de Valois et la douce Elisabeth d'Autriche, femme de
Charles IX.
Marguerite, toute couverte de sang par M. de Leran,qui, poursuivi par les meur-
triers, s'était réfugié dans son alcôve et s'était fait un rempart de son corps, obtient
sa vie de M. de Nançay, le capitaine des gardes; elle sauve également Miossens, le
premier gentilhomme de la chambre du roi son mari '.
Elisabeth est non moins digne d'éloges : «Elle s'était allée coucher de bonne
heure la veille de la Saint-Barthélémy, nous dit Brantôme; ne s' étant éveillée
qu'au matin, on lui dit à son réveil le beau mystère qui se jouoit. Hélas ! dit-
elle soudain, le Roy mon rnary le sçait-il "' — Oui, Madame, répondit-on, c'est
luv-mème qui le fait faire. — 0 mon Dieu ! s'écria-t-elle, qu'est cecy? et quels con-
seillers sont ceux qui luy ont donné tel advis? Mou Dieu! je le supplie et fe re-
quiers de luy vouloir pardonner, car, si tu n'en as pas pitié, j'ay grand peur que
cette offense ne luy soit pas pardonnée; et soudain demanda ses heures et se mit
en oraison et à prier Dieu, la larme à l'œil2, -n
Bon nombre des chefs protestants et des principaux, Moiilgomery, le vida me
de Chartres, Geoffroy de Caumont, logeaient au faubourg Saint-Germain. Si c'était
par défiance, ce fut leur salut. En partant du Louvre, pour gagner le Pré aux
Clercs, il fallait en remontant suivre la rive droite de la Seine jusqu'au Chàtelel,
puis traverser successivement le pont aux Meuniers, la Cité, le pont Saint-Mi-
chel, et redescendre le long de la rive gauche du fleuve jusqu'à la tour de Nesles3.
A la pointe du jour, réveillé par le bruit des cloches et la fusillade, Montgo-
mery se lève et monte à cheval, se demandant d'où provient ce tumulte. Son in-
certitude n'est pas longue: tout au lointain, il voit venir à fond de train de nom-
breux cavaliers: ce sont Guise, d'Aumale, le bâtard d'Angoulèine, et c'est bien à
lui qu'ils en veulent. L'amiral mort, il est le seul chef redoutable des huguenots.
Sans hésiter, il prend la fuite, se fiant à la vitesse de son cheval. La poursuite
est longue, acharnée. Ce n'est qu'à Montfort-l'Amaury que, désespérant de l'at-
teindre, ces chasseurs d'homme rebroussent chemin.
L'un de ceux qui comme lui eurent l'heureuse fortune d'échapper aux meur-
' Mémoires de Marguerite, élit, de L. Lalanne, p. 33, 54. — ! Brantôme, édit. de L. Lalanne, l. X,
p. 3g8. — ' Voir Léon Mai tel, Montgomery. Paris, Picard, 1890.
INTRODUCTION. lxxxix
Iriers, Geoffroy de Gaumont, une fois liors de Paris, et en sûreté dans
sa province, écrivit, de Castelnau, le i3 septembre, trois lettres à Catherine, à
Charles IX et au duc d'Anjou. Elles jettent un nouveau jour sur ce qui se passa,
cette nuit-là, au Pré aux Clercs. Nous citerons, et en entier, celle qui est adressée
à Catherine.
a Madame, estant arrivé cheux moy aveques deux de mes gens seulement, et
assés indisposé, j'ay estimé debvoir advertir Vos Magestés que l'esmotion survenue
à Parys nie contraygnit partir sans avoir cest honneur de pouvoir bayser très hum-
hlement les mayns de Vos Majestés et entendre les commandements qu'il leur
playroit me fayre, combien que sans l'esmotion populayre je ne fusse party, ne
sachant en ma conscience chose quy jainays aye donné ocasion à personne que
de me byen vouloyr. Toutesfoys, voyant le trouble sy grand et un nombre de gens
armés venir de l'urye au cartyer du faulxbourg S1 Germayn, où je logeois, je prins
party aveques un merveilleux regret de monter à cheval et me mètre hors ledict
fauxbourg, atandant sy je pourrois descouvrir que ce pouvoit estre, ce que je fis,
suivy de quatre ou cinq des miens, sans aultres armes que nos propoyns et nos
espées. Estant dehors je vy plusieurs gentilshommes les uns après les aultres à
cheval fort effrayés parmy lesquels je cherchay sy je pourrois apercepvoir mon
frère et ses enfantz, quy estoint logés tous au devant du derrière de mon logis et,
ne les trouvant poinct, m'en retornay vers ledit faulxbourg pour essayer d'en retirer
mon frère et sesdicts enfants malades et fort jeunes; mays je trouvay ledit faulx-
bourg saysy de toutes partz et l'endroict dudict logis tout playn d'harquebouziers,
sans voyr moyen ny aparance d'en pouvoir aprocher, quy fust cause que je m'en
retornay marry et à merveille estonné. En l'instant s'entend un grand bruit et
effray parmy ceulx qui estoint sortis, comme dict est, quy crioynt : a Serrons-nous et
gagnoyns pays n , ce que de mon costé je fus forcé fayre pour un nombre de cavalerye
qui ce descouvroit et quy fist une charge dans laquelle je perdis de mes gens; et de
là on commença d'avanser le pas à bon client, et moy, ne cognoyscnt le pays qu'ils
prenoynt, ne volus tenir ceste route, ayns tornay vers le chemin de Chartres; et
entendent ceste esinotion durer dedens Parys, rentra y en double qu'ons en feroit
ailleurs de mesmes et qu'en l'équipage où j'estois malaysément je m'en pourrois
saulver, quy me fist résouldre de gagner ma maison pour incontinent après mon
arrivée en informer Vos Majestés et les tenir certaynes de mon immuable fidélité
et affection à la grandeur d'icelles en laquelle je suis certayn qu'aultre ne m'a
oncques passé, ny ne pourroitàl'advenir, et selon laquelle. Madame, je les suplye
Cathkqi.ne nu Médicis. — iv. • i.
llIt'IMMLniE XAIIOSALC.
xc INTRODUCTION
très humblement me vouloir faire trayclement et selon la cogooyscerice que ci-de-
vant en avés pu avoir et le contentement qu'il vous a plu me dire en avoyr rep-
ceu; car sy par un tel événement et porsuite, on pouvoil soupsonner le movns du
monde que Vos Magestés tinssent une tant soit petite ombre de malcontentement
de moy je ne pourroys vivre ny ne vouldroys.
«A ceste cause, Madame, ainsi que votre bonté m'a tousjours esté favo-
rable, qu'il playse à Vos Majestés que je demeure en l'assurance et honneur de vos
bonnes grâces, et le faire cpgnoystre par sv bons tesmoygnages qu'on n'en puisse
doubter1. r
Dans cette lettre, Gaumont ne dit pas qu'il ait vu Charles IX tirer du Louvre
et de la fenêtre de sa chambre sur ses sujets @K Le Toesin contre les massacreurs.
ce pamphlet calviniste, n'en parle pas. Tout au contraire Brantôme, d'Aubigné,
Goulard, dans \ Estai de la France sous Charles IX, Barnand dans le Réveille-matin
l'affirment. Tout récemment, feu M. Bordier a reproduit le tableau du massacre
l'ail par un contemporain, Dubois, réfugié en Suisse après la Saint-Barthélémy.
A l'une des fenêtres du Louvre un personnage braque une longue arquebuse sur
le faubourg Saint-Germain.
Est-ce Charles IX?
Dans son état de crise furieuse, affolé, grisé par la tuerie, il est admissible
que le chasseur déloyal (d'Aubigné l'apostrophe ainsi) ait tiré sur les fuyards, qu'à
cette distance il ne pouvait atteindre; mais, ainsi que l'a observé, avec justesse,
l'historien protestant Soldan, «cela n'est ni prouvé, ni suffisamment réfuter.
Le massacre commencé, le Boi fit appeler Henri de Navarre et le prince de
Condé : rtMon frère et mon cousin, leur dit-il, ne vous effrayez pas et ne vous
affligez pas de ce que vous entendrez; si je vous ai mandés, c'est pour votre propre
sûreté3. «
\ quelques jours de là, il n'en fut pas de même : rcLe prince de Condé, écrit
le a8 aoùl l'envoyé de Manloue, n'ayant pas voulu s'humilier, et ayant osé
dire qu'il y avait cinq cents gentilshommes prêts à venger cette lamentable
exécution, pris de colère, le Boi le menaça de son poignard, et se tournant vers
' Bibl. nat., fonds Français, n° i5553, f' 199. M. Berty, p. 119; t. VII, p. 182; l. \. |>. 433:
• Elle était siluee dans le pavillon sud-ouest du Bernard , Procès-verbaux des Etats de t5gS, p. 368 .
Louvre. Voir Bordier, Peinture de la Saint-Barthé- dans la collection des Documents inédits.
lemy, Genève, 1 858; Bulletin de la Société de l'His- 3 La strage di San Bartholomeo, Dépêches des
taire du Protestantisme , t. V, 33a ; (. VI, article de ambassadeurs vénitiens, appendice, p. 84.
INTRODUCTION. ici
•Je roi de Navarre : r. Quant à vous, montrez bonne volonté, et je vous ferai bonne
chère1. »
a Le sang étanché, a dit Tavannes dans ses Mémoires, le sac commença; Paris
sembla une ville conquise", et il n'exagère pas : «J'ai vu de mes yeux, ajoute l'en-
voyé dé Mantoue, des soldats de la garde du Roi emmener des chevaux, emporter
de l'argent et des objets précieux -. -
Les échevins s'en émurent. Pour beaucoup, piller c'est plus que tuer, s Sur
les il heures du matin, ils vinrent trouver le Roy et lui représentèrent que
des princes et seigneurs de sa cour, tant gentilshommes, archers, soldats de sa
garde, que toutes sortes de gens et peuples meslés parmi et sous leur ombre, pil-
loient et saccageoient plusieurs maisons e( tuoient plusieurs personnes par les
rues 3. d
L'accès de colère de Charles IX avait lait place à la stupeur; il commanda aux
échevins et au prévôt des marchands de monter à cheval, de se faire accom-
pagner de toute la milice de la ville et de faire cesser les meurtres, les pilleries,
saccagemenls et sédition, et d'y avoir l'œil jour et nuit '.
On eut beau proclamer à son de trompe et par tous les carrefours et lieux pu-
blics cette défense, le massacre n'en continua pas moins. Une fois que le peuple
a pris goût au sang, et qu'il a les armes dans les mains, il est malaisé de les lui
arracher. «Tous les soirs, écrit l'ambassadeur Saint-Paul au duc de Savoie son
mailre, l'on tue et puis l'on jette dans la Seine des huguenots qui étaient partie
cachés dans les maisons, et partie dans les prisons5, n
XIII
Dans les lettres adressées, le 2/1 ao.ùt, à ses ambassadeurs et aux gouverneurs
des provinces, Charles IX fait uniquement allusion à la lutte engagée dans les
rues de Paris entre les deux maisons rivales de Guise et de Chàtillon, querelle
particulière , et menée avec une telle furie qu'il n'a pu y porter remède, et
' Archives de Modène (lettre inédite). Tavannes a Archives de Modène.
le confirme en ces termes : <■ Le Roi menace le priuce Arch. nat. , Registres de la ville; Cimber el
de Gond é qui ne se pouvôit feindre.- [Mémoires Danjou, Archives curieuses , t. VII, p. 217.
de Tavannes, édition du Panthéon littéraire, ' Ibid, p. 219.
p. 435.) ■ Archives de Turin.
xc.i INTRODUCTION.
qu'enfermé au Louvre il s'y est fait garder «pour après donner ordre par toute
In ville en l'apaisement de la sédition, à cette heure, grâces à Dieu, amortie n1.
Cette première version officielle de la Saint-Barthélémy est reproduite dans
une lettre du duc d'Anjou à M. de Matignon, gouverneur de la Normandie :
tr Vous verrez par les lettres du Roy mon frère ce qui s'est passé cette nuit entre
ceux de la maison de Guise et les gentilshommes et amis de mon cousin l'admirai
de Chatillon , à mon très grand regret, et comme l'intention du Roy est de ne rien
altérer à son édit de pacification '--r.
Le 26 août, le Roi écrit à La Mothe-Fénelon, son ambassadeur en Angleterre :
<?Je vous fis hier une dépêche de l'émotion qui advint, dès le matin, qui continua
hier et qui véritablement, à mon très grand regret, n'est encore apaisée; mais
pour ce que l'on a commencé à découvrir la conspiration que ceux de la religion
prétendue réformée avoient faite contre moy-même, ma mère et mes frères, vous
ne parlerez point des particularités de cette émotion et de l'occasion, jusqu'à ce
que vous ayez plus amplement et certainement de nos nouvelles 3. v
Mais dans la soirée du 2 5 août, le duc de Guise, à son retour de la poursuite
de Montgomery, ayant refusé d'assumer à lui seul la responsabilité de la Saint-
Barthélemy, Charles IX se voit contraint de tenir le 2 G un lit de justice et en
plein Parlement, après avoir exposé comment le fait de Coligny avait eu lieu,
il déclare que tout ce que M. de Guise a fait l'a été par son commandement et
non pour cause de religion, et il met la haute cour en demeure de faire le procès
aux complices de l'amiral.
Dans sa réponse le premier président M. de Thou ne trouve rien de mieux
pour faire l'éloge du Roi que de rappeler ce mot attribué à Louis XI : crQui ne
sait pas dissimuler, ne sait pas régner4, n L'avocat général Pihrac, se levant à son
tour, demande à Charles IX s'il ne trouverait pas à propos que l'on inscrivit sa
déclaration sur les registres du Parlement, et que l'on fit cesser les meurtres et
le pillage. Le Roi consent à cette insertion cl commande sur-le-champ que l'on
proclame dans tous les carrefours la défense de tuer et de piller.
Le 27 août, le Roi envoie dans les provinces de nouvelles lettres. Les Mémoires
de l' Estai de la France nous donnent celle qui fut adressée aux officiers de Bourges.
Dans le fonds français de la Bibliothèque nationale se trouve la minute originale de
' Voiries Mémoires de l'Est tt de la France, 1.1, ' Correspondance diplomatique de La Mothe-Fé-
p. 996. uelon, 1. VU, p. .'Ï25.
! Bibl. nat.. fonds français, n° 3ig3, f 7.I ' De Tliou, Uist. univers., trad., t. VI.
INTRODUCTION. xoni
celle qui fut envoyée au vicomte de Orthe; elle mérite d'être reproduite : «Je
vous prie donner ordre à la seureté de la ville de Bayonne, et qu'en icelle ne
s'esleve aucune esmotion entre les habitans ny se commette aucuns massacres
entre eulx, ainsy qu'il est à craindre sur ceste nouvelle, et combien qu'il n'y avt
rien en ce faict de la rupture de l'édit de pacification, néantmoins il est à craindre
que aucuns, se couvrant de ce prétexte, ne veuilent exécuter leurs vengeances,
de quoy j'auroys ung incroyable regret, vous priant, à ceste cause, faire publyer
et entendre par tous les lieux et endroicls de vostre charge qu'on y demeure en
repos et seureté sans prendre les armes ny s'offenser l'un l'aultre, sous peyne de
la vie'.n
Le 28 août, jour où toute la cour assiste à une procession solennelle, à l'ex-
ception toutefois du roi de Navarre et du prince de Condé qui résistent encore,
le premier aux caresses, le second aux menaces de Charles IX, paraît une déclara-
tion royale sur la cause et l'occasion de la mort de l'amiral et de ses complices :
a Charles IX promet toute sûreté, toute liberté aux protestants-», mais provisoire-
ment pour obvier aux troubles et scandales, il interdit toutes assemblées quel-
conques sous peine de la vie et confiscation des biens; il ordonne de relâcher
ceux qui seraient encore dans les prisons, exceptant toutefois ceux qui auraient
eu des commandements, pratiqué des menées et seraient imputés complices de la
récente conspiration.
Le 3o août, le Boi, variant de nouveau, révoque tous les ordres verbaux qu'il a
donnés, et dans ces termes : ce Quelque commandement que nous ayons pu faire
à ceux que nous avons envoyés, lorsque nous avions juste cause de craindre
quelque sinistre événement, nous avons révoqué et nous révoquons tout cela, ne
voulant pas que par vous ou autres en soit aucune chose exécutée2.!:
Ce retour à la pitié, le légat Salviali l'explique par la crainte qu'inspirait
l'Allemagne protestante, et Tavannes, dans ses Mémoires, par des sentiments plus
humains, et Le coup fini, le péril passé, le sang répandu blesse les consciences3.-^
Mais qu'elle fut de courte durée cette apparence de clémence : le 3 1 août
Charles IX écrit à Mondoucet, son envoyé à Bruxelles : «Le duc d'Albe a dans
ses mains plusieurs de mes sujets rebelles et le moyen de prendre Mons et chas-
Bibl. nul., fonds français. n° i5555, f" '1 1 et </<> Mandelot, p. 5i; lettres de Charles IX h
( minute orig.). Matignon du même jour (Bibl. nal. , fonds français.
5 Voir Mémoires de VEslat de lu France, t. I, n° 3a54, u° 7028 et n' 3a56, f° 54).
p. 3ig; Paulin Paris, Correspondance de Charles IX 3 Mémoires de Tavannes.
xav INTRODUCTION.
lier ceulx qui sont dedans; s'il fait le contraire, j'auray très grande cause de
me plaindre de luy et de l'accuser de tout le mal qui en succédera. S'il vous
répond que c'est tacitement, le requérir de faire mourir lesdits prisonniers et
faire tailler en pièces ceulx de Mous, vous luy direz que c'est ce qu'il doibt faire '. n
Le 8 septembre suivant, il prescrit de nouveau à Mondoucet de bien faire en-
tendre au duc qu'il ne mécontentera personne en France, s'il fait mourir les pri-
sonniers qu'il a en ses mains et les défenseurs de Mons-.
Il justifie ainsi lui-même la parole qu'on lui attribue : tr Qu'il n'en reste pas un
seul qui puisse me reprocher leur mort, n
Hier encore il souriait à la vie, il rêvait la guerre, il rêvait la gloire; aujour-
d'hui, son front s'est asssombri; quand on lui parle, nous dit le Vénitien Michieli,
il ne regarde plus en face, il baisse la tète, et s'il relève les yeux, il semble ne
le faire qu'avec peine; après avoir regardé un instant celui auquel il s'adresse, il
les abaisse tout aussitôt3.
Quel contraste effrayant! Cette mère qui a provoqué, surexcité dans son fils
cette furie sanguinaire non encore assouvie, les mains rouges de sang, est restée
i en pleine possession d'elle-même.
L'ironie aux lèvres : «Suis-je aussi mauvaise chrétienne, dit-elle à Gomicourt,
venu pour prendre congé d'elle, que le prétendait don Francès de Alava? Re-
tournez vers votre maître, racontez-lui ce que vous avez vu, dites-lui ce que vous
avez entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, et n'oubliez pas d'ajouter :
Beatus qui nonfuerit in me scanda hsatus ! 5 n
Elle est plus laconique en s'adressant à l'ambassadeur de Toscane : ail valait
mieux que cela tombât sur eux que sur nous. Je ne m'en suis ouverte à personne 5 -n ;
et à d'Elbène l'envoyé du duc de Savoie : «Ce qui a été fait était plus que néces-
saire. Votre duc n'a pas à regretter l'amiral qui ne l'aimait guère0. n
En faisant part à son maître de ce dernier entretien, d'Elbène nous peint bien
Catherine au lendemain de la Saint-Barthélémy : «Elle a rajeuni de dix ans, et
me fait l'effet d'une personne qui sortirait d'une grave maladie, ou qui viendrait
d'échapper à un grand danger7. 11
1 Bibl. nat., fonds français, n° 16127, p. 194. 5 Desjardins, Négociai, diplom. avec la Toscane,
1 Ibii. (. III, p. 828.
1 Alberi, Relaz. di Michieli, 1" série, t. IV. 6 Archives de Turin. Voir notre livre, Le xri' siècle
4 Gacliard. Relation trouver à Mous et publiée en et les Valois. (Pion, 1 86t). ) '
; S 5 2 dans les Bulletins de /'. I ead. royale de Belgique. ' Ibid.
INTRODUCTION. xcv
Dès le 2 5 août, les ambassadeurs vénitiens avaient écrit : te Le Roi a expédié
dans la nuit des courriers à Orléans et autres villes, afin que l'on fît de même
qua Paris et il a envoyé à Chàtillon-sur-Loing se saisir des enfants de l'amiral, n
De son côté, le légat Salviati a écrit le 28 août : «Je crois que le semblable de
ce qui s'est fait à Paris sera fait dans les provinces. i>
Alors la question se pose ainsi : A qui attribuer le massacre?
Est-ce aux premiers ordres verbaux du Roi, ordres révoqués, nous l'avons vu,
le 3o août?
Ou bien, est-ce aux passions des populations exaspérées par les maux soufferts
durant les dernières guerres civiles?
11 est donc indispensable de rechercher comment les choses se sont passées
dans chaque ville, car partout il n'en a pas été de même.
A Paris, le massacre a eu lieu en partie en plein jour; dans les provinces, c'est
surtout la nuit, dans les prisons, et à des dates éloignées les unes des autres.
Ln historien protestant anglais, Withe, en a conclu que le massacre en grand
n'avait pas été prémédité; car, à moins d'être de très maladroits conspirateurs,
Catherine et ses conseillers italiens auraient pris leurs mesures pour qu'il eût lieu
partout le même jour1.
L'ambassadeur Cavalli, qui était sur les lieux, est plus affirmalif encore : crL'on
commit tant d'erreurs, écrit-il dans sa relation, l'on prit tant de décisions con-
traires qu'il fut facile de reconnaître que cette exécution avait été résolue à l'im-
proviste et non pas préparée de longue main, comme je l'ai toujours cru'2.
Tout à l'opposé, feu M. Bordier, dans son livre, la Saint-Barthélémy cl la
Critique moderne, à l'appui de la préméditation qu'il a vivement soutenue, a
emprunté au Réveille-malin des François et à YEstal de la France sous Charles IX
une lettre de Catherine que nous n'avons pas cru devoir imprimer, à sa date,
avec toutes les autres, la tenant pour apocryphe, et que d'ailleurs voici :
«Strozzy,je vous avertis que cejourd'hui aâ août l'amiral et tous les huguenots qui
esloient icij ont esté tués. Partant, avisez dilligemmcnl à vous rendre, maislre de la Rochelle,
et faites aux huguenots qui vous tomberont sous les mains le mesme que nous avons
fait à ceux-ci. Gardez-vous bien d'y faire faille, autant que craignez de desplaire au
Roy et à moy. n
Cette lettre, soigneusement cachetée, était soi-disant accompagnée d'une seconde
1 Wilbe , Massacre 0/ St. Bartholomew., London, 1868, |>. 657. — " Alberi, Heinz, venet,, I. IV.
xcvi INTRODUCTION.
qui prescrivait à Strozzi de n'ouvrir la première que le 26 août. Si les premiers édi-
teurs n'ont pas donné la date de la réception de ces deux lettres, suivant M. Bor-
dier, c'est qu'ils ne la savaient pas; toutefois ils ont supposé que ce fut après la
reddition des places de sûreté par les protestants, qui eut lieu au commence-
ment de mai. Cette date qu'ils n'ont pu préciser, il prétend, lui, l'avoir trouvée,
grâce à deux lettres de Strozzi du 2 5 juillet et 29 août.
Dans celle du 2 5 juillet, Strozzi remercie chaleureusement le Roi de lui avoir
enfin permis de mettre à la voile, mais comme il ignore encore la destination de
sa flotte, prèle à partir dans douze jours, si c'est pour aller près, il prendra à son
bord huit mille hommes; si c'est pour une expédition lointaine, il n'en prendra
(pic la moitié '.
Toujours d'après M. Bordier, Strozzi n'aurait pu écrire cette lettre du 2.5 juillet,
si, déjà, il eût eu dans ses mains le pli cacheté de Catherine. H ne l'a donc
reçn qu'après le 2 5 juillet. Pour mieux l'affirmer, il reproduit en son entier la
lettre adressée, le 29 août, par Strozzi au duc d'Anjou.
Nous nous bornerons à en citer la première partie telle qu'il l'a imprimée :
k Monseigneur, je receus hier une lettre de vous et du par ensemble celle du Boy; au
matin une du Roy, 2 g de ce mois. Nous devions partir dimance et cesqun estoit à son
navire, tout enbaqué nos troupes. Parce qu'il ni a rien icy où nous ne somes que
M. de la Garde et moy, avec quelques gcnlisomes , nous lesserwns à quinze ou sese lieues
d'icy. Ils estoient mauves port tout dimance. Nous sommes sans moiens, sans un cheval
ni argent. Nous avions tout mis pour faire notre voyage2, v
A la suite de cette citation M. Bordier ajoute : rr Ainsi, le vendredi 29 août,
Strozzi mande que le dimanche précédent le 2 h , le dimanche de la Saint-Barthélémy,
il devait prendre la mer avec toute sa flotte, mais que, par suite de diverses circon-
stances, dont la principale fut la mauvaise mer qu'on eut tout le jour, il n'a rien fait; il
fera ce qu'il pourra. L'enthousiasme du 2 5 juillet est tombé à plat; mais je
pense qu'il est maintenant indubitable pour le lecteur, que Strozzi avait reçu le
contre-ordre et nécessairement le pli cacheté qui justifiait ce contre-ordre avant le
(5 août, jour où, après s'être flatté qu'il prendrait la mer, il avait dû rester, v
L'on pourrait objecter que, dans cette lettre du 29 août, pas une allusion n'est
faite au prétendu pli cacheté. Catherine avait bien, il est vrai, annoncé à Philippe II,
pour le rassurer, le départ de la flotte, et ce devait être pour une expédition loin-
1 Bibl. nul., fonds français, n° i5555, f° 45. — ' Ibid., f 45.
INTRODUCTION. xcvn
taiue, car le 8 septembre suivant, elle écrivait à Strozzi : « 11 faut servir son maître
à sa guise; il vous avoit permis dresser une armée de mer et sortir, et comme
vous étiez prêt à faire voile, il est intervenu une occasion par laquelle il est non
seulement contraint de révoquer ledit voyage, mais de se servir de vous à choses
qui lui touchent de plus près et sont de plus grande importance '. a
De son côté, le duc d'Anjou lui écrivait : tt Comme nous aurons paciGé toutes
choses, il faudra faire servir vos vaisseaux à quelque bon effet, comme j'espère que
vous pourrez lors2. •»
Ce qui a pu induire en erreur M. Bordier et infirme l'interprétation qu'il en a
déduite, c'est une faute de lecture du texte original. Il est donc indispensable de
le rétablir tel qu'il doit être lu :
et Monseigneur, je receus hier une lettre de vous, au matin une du Roy, ag de ce mois.
Nous devions partir dimance et cesqun estoit à son navire, tout enbaqué nos troupes.
Par ce qu'il n'y a rien icy où nous ne somes que M. de la Garde et moy avec quelques
gentisomes, nous les lerrions à quinse ou sese lieues d'icy, il estoin mandé pour tout di-
mance y> et non «mauves port tout dimance n, ainsi que l'a imprimé M. Bordier3.
Maintenant que nous en avons fini avec ces lettres de Strozzi, passons au mas-
sacre dans les provinces et commençons par Meaux. Prévenu par un courrier arrivé
à 7 heures du soir, le jour de la Saint-Barthélémy, Louis Cosset, procureur du
Boi au bailliage, fait dans la nuit emprisonner plus de deux cents protestants.
Le lendemain, du haut de l'escalier qui conduit à la salle des audiences, la liste
des détenus à la main, il en fait, un à un, le sinistre appel, et, au sortir de la
geôle, tous sont égorgés jusqu'au dernier4.
A Orléans, le délégué qui représentait à la cour les intérêts de sa ville, rentré
de Paris dans la soirée du 2^ août, annonce le massacre. Dans la nuit du a5,
un courrier apporte l'ordre d'armer les catholiques et d'attendre de nouvelles
instructions; elles parviennent le lendemain, et une lettre de Sorbin, le prédica-
teur du Boi, les accompagne, véritable provocation au massacre. Un conseil est
tenu à l'Hôtel de ville, et le maire, les échevins, les officiers de justice décident
la tuerie. Elle dure trois jours, et le nombre des victimes est évalué à cinq cents5.
1 Bibl. nat. , fonds français, n° 1 5555 , f° 5g. s De Thou, But. universelle, traduite, t. VI,
2 Ibid. , f° 58. p. 4g a ; Bulletin de la Société de l'histoire du proles-
1 lbid., f° 48. tantisme français (août 1872), p. 3/17; Baguenault
4 Marrât, Hisl. de Meaux; Toussainl-Duplessis, de Puchesse, la Saint-Barthélémy à Orléans; Her-
Histoire du diocèse de Meaux. luison, 1873.
',.-.- HLI.iM. DE MliuiClS. — 1?. M
ItirniMEntE *âi iouali..
xcvni INTRODUCTION.
Le oo août, àTroyes, le bailli Anne de Vaudrey fait rechercher et emprison-
ner les protestants. Le 2 septembre, un marchand nommé Belin' apporte de
Paris la déclaration royale du 28 août, qui prescrivait de les laisser vivre en toute
sûreté de leurs vies et de leurs consciences. Le h septembre, une bande d'assassins
envahit les prisons et massacre les détenus.
Passons à la Picardie. Le duc de Longueville, qui y commandait, en trans-
mettant à M. d'Humières, gouverneur de Péronne, la déclaration royale du
28 août, lui enjoint, et pour obvier aux troubles qui pourront s'élever à l'occa-
sion de la mort de l'amiral et de ses adhérents, d'interdire toutes assemblées de
protestants et prêches en leurs maisons, afin d'éviter tout doute ou soupçon
qu'on pourroit concevoir a, et il lui signale, pour s'en plaindre, la .démolition d'un
temple protestant par des catholiques, ce qui est un commencement d'alté-
ration à ledit2.
La modération est à l'ordre du jour aussi bien à Nantes qu'en Picardie. Une
lettre du duc de Montpensier, datée du 2,5 août et reçue le 8 septembre, avait fait
entendre aux échevins que l'exécution de Paris leur démontrait assez que l'in-
tention du Roi était qu'ils en fissent de même dans leur ville. Sans en tenir
compte, ils se réunissent à l'Hôtel de ville, et d'un commun accord ils jurent
de ne point contrevenir à l'édit de pacification, et font défense aux habitants de
se porter à aucun excès contre les protestants 3.
Il n'en fut pas de même à Beaupréau, à Saumur, à Blois, à Tours, à Angers,
où le duc de Montpensier et M. de Puygaillard avaient envoyé de pareilles lettres.
Le sang y coule et M. de Monlsoreau s'y signale par sa cruauté. En traversant le
bas Poitou, il entre de force dans plusieurs châteaux, et, de crainte que ces vio-
lences ne fassent soulever les protestants, M. de Sanzay y accourt, et le 18 sep-
tembre mande au Boi : k Grâces à Dieu, ceux de la religion font démonstration de
recevoir tous les commandeinens de Vostre Majesté; aucuns vont à la messe;
bonne partie se dispose à y aller au premier mandement, et les plus maulvais se
résouldent d'obéir; et pour ce que le sr de Montsoreau m'avoit mandé, qu'il n'avoit
1 Le 27 août, ce même Belin avait e'eril au Hist, de France, t. IX, p. 337, d'après une copie
maire de Troyes : rrLes choses ont continué jusqu'il Iransmise par l'archiviste deTroyes; voirBibl. nat.,
présent et continueront encore avec unedélibération fonds Dupuy, n" 333 et le Bulletin de l'histoire du
de Sa Majesté de faire tin à exterminer ceux- de la protestantisme français.
religion. Je crois que vous avez reçu lettres pour ! Bilil. nat. fonds français, n° 3209, P 08 v°.
achever l'exécution de sa volonté, non pas là seule- ;| Voir Dupuis de Saint-André, Hist. desprotes-
miimiI. mais par tout le royaume.» Henri Martin, tants en Touraine, 1888.
INTRODUCTION. xcix
trouvé obéissance à Vostre Majesté au château de la Forest-sur-Saivre, je y
envoyé ung mien frère, qui, en toute obéissance, y fut receu par ceuix que se y
estoient retirés pour la sûreté de leurs personnes, et tous s'en sont en allez en
leurs maisons. M. du Lude m'écript qu'il s'en va à Niort, pour estre voisin de la
Rochelle et de Marans, où quelque petite troupe est retirée '. n
Chargé par M. de Montpezat de se mettre dans la ville de Périgueux, M. des
Bories écrit au Roi, le 6 septembre, qu'il a reçu sa déclaration sur la mort de
l'amiral, et qu'il a fait part de son intention de maintenir l'édit de pacification
à ceux que Sa Majesté avait dépêchés pour tenir les Grands Jours, et il ajoute qu'ils
l'ont engagé à ne pas mettre de garnison dans Périgueux. Jusqu'à présent d'ailleurs
aucune assemblée ne s'est faite en ce pays de Périgord'2.
A Limoges, les consuls préservent leur ville de tout excès, de toute violence3.
A Clermont-Ferrand, Saint-Herem, prévenu de la Saint-Barthélémy, se borne,
dès qu'il en reçoit la première nouvelle, à de simples précautions4.
A Issoire, le 29 août, le capitaine Combelle ayant annoncé aux échevins les
événements de Paris, ils dépèchent aussitôt un courrier à Saint-Herem et, en
attendant ses instructions, ils font fermer les portes de leur ville à l'exception de
trois dont ils confient la garde à des citoyens honorables. Le 3 septembre, ils
font défense à ceux de la religion de sortir de leurs murs, défense qui coïncide avec
l'ordre que, le 6 septembre, Saint-Herem leur prescrit d emprisonner les protes-
tants, et de tenir étroitement fermées les portes de leur ville dont on avait chassé
les étrangers et les vagabonds. Elles ne se rouvrirent que le 28 septembre; mais
il ne fut commis aucun meurtre à Issoire5.
A Rouen, nous dit Floquet, l'historien du Parlement de Normandie, cr l'on usa tout
d'abord, vis-à-vis des protestants, de feintes rigueurs n. On les emprisonna pour les
soustraire à la furie populaire, que put contenir l'autorité respectée de Garrouges,
le gouverneur; mais son absence et celle du Parlement dont ne siégeait que la
chambre des vacations, laissa le champ libre aux meurtriers. Déjà au mois de
mars de l'année précédente, une violente émeute avait ensanglanté la ville; des
protestants et deux Anglais avaient été tués. Catherine en avait exigé une puni-
tion sévère, «pour la conséquence fâcheuse que pareil fait traîne après soin; mais
' Bibi. nat., fonds français, il" 1 5555, f° 88. 4 Voir Imbcrdis, Guerres do religion en Âu-
2 Ibid. , f° 56. vergue.
' Leroux, Hisl. de la réforme dans le Limousin, 5 Communication de M. l'archiviste du Puy-de-
Limoges, 1888. Dôme, M. G. Houchon.
M.
c INTRODUCTION.
les coupables n'avaient été qu'exilés. Rentrés à Rouen, et ayant à leur tête le
capitaine Marommc, le 18 septembre, ils se portèrent aux prisons et ordonnèrent
au geôlier de leur livrer les protestants. Il s'y refusa d'abord; contraint d'obéir,
il chercha à en sauver un; mais ils avaient la liste des prisonniers, se la firent
remettre et tuèrent celui-là comme tous les autres \
En apprenant le massacre de Rouen, le duc de Longueville écrivit d'Amiens
au Roi le 9 3 septembre : te Cette exécution a tellement esmeu le peuple que je ne
puis me promettre grande assurance de pouvoir empeseber quelque désordre en
mon absence2. ■»
Le 3o septembre, la bande des meurtriers de Rouen, sous les ordres du capi-
taine Caumont, voulut entrer dans Dieppe; mais le gouverneur Sigognes le
chassa de la ville; néanmoins, tout en préservant les protestants du massacre, il
exigea leur abjuration3.
Ceux de Saint-Lô et d'Alençon durent leur salut à Matignon. Arrivé à temps
dans son château de Lonray, situé aux portes de cette dernière ville, en atten-
dant les ordres du Roi, il se fit remettre des otages par les protestants, ce qui lui
permit de les faire profiter de la déclaration plus clémente du 28 août. Il y eut
toutefois quelques meurtres isolés à Mortagne, et parmi les victimes, le grand
bailli du Perche'1; mais, de sa propre autorité, et peut-être pour couvrir sa respon-
sabilité, Matignon ayant fait imprimer les dépêches royales, Charles IX lui en
1 L'on avait eu soin, a dit Floquet, de choisir
IVpoque des vacances de la cour. Que pouvait faire la
chambre des vacations, alors que des bandes armées
et forcenées tenaient la ville en leur pouvoir? Qu'eût
pu le Parlement assemblé tout entier? L'auteur des
mémoires de l'Estat de la France n'en accuse pas
moins la cour de Rouen ou tout au moins ses prin-
cipaux membres d'avoir ordonné les massacres;
mais n'avait-il pas déjà accusé cette compagnie des
scènes sanglantes de mars 1.571? (Floquet, Hist.
du Parlement de Normandie, t. III, p. 128.) Voici
ce que Charles XI écrivait à ce sujet a Matignon
le slt septembre 1.572 : rrj'ay entendu que le peuple
de ma ville de Rouen par force et violence a rompu
les prisons où estoient aucuns de la nouvelle opi-
nion, quelque résistance et empeschementqueayent
pensé mettre ceulx de ma cour de parlement et en
icelles tué les prisonniers et quelques autres aussi
qui estoient dans la ville, et d'autant que ceulx des
aultres villes se vouldroient, possible, se servir de
cet exemple et faire de mesme, ce que vous sçavez
estre directement contre mon vouloir et intention,
je vous prie, incontinent la présente receue, faire
faire derechef expresses defencesà toutes personnes
de quelque condition ou qualité qu'elles soient de
tuer, piller, saccager, en aucune sorte que ce soit,
soubz couleur et prétexte de religion , et peyne contre
ceux qui y contreviendront d'eslre punis de morl
sur-le-champ. 1 ( Bibl. nat. , fonds français , n" 3a56 ,
P60.)
■ Bibl. nat., fonds fiançais, 11° 1 5555 , i'° 09.
3 Vitet, Histoire de Dieppe.
1 Odolanl-Desnos, Mémoires historiques sur la
ville d'Alençon et ses seigneurs, t. II, p. 285.
INTRODUCTION. ci
exprima son très vif mécontentement : «Je trouve merveilleusement étrange que
vous permettiez que les lettres et dépêches que je vous ai faites depuis la mort de
l'amiral, au lieu qu'elles doivent être tenues secrètes et non publiées, sinon ce
qui est requis pour mon service, elles soient imprimées et divulguées partout
comme vous verrez par une impression que je vous envoyé qui a esté faite à Gaen,
ayant advisé de vous faire incontinent ceste dépesche pour vous dire que je suis
bien marry que cela se soit ainsi fait, d'autant que, par ce moyen, lesdites im-
pressions sont envoyées hors mon royaume, vous priant ne faillir de faire regar-
der quels imprimeurs ont fait lesdites impressions, pour faire prendre et brûler
tout ce qu'ils en ont imprimé et en ôter de dessus les presses les caractères, afin
qu'il n'en soit plus fait; mais il faut que ce soit incontinent et doucement, sans
bruit, afin qu'en réparant ceste faute on ne la fasse point plus grande '.n
A qui revient l'honneur d'avoir sauvé les protestants de Lisieux? M. Dubois
dans ses Archives normandes, M. Floquet dans son Histoire du Parlement de Nor-
mandie'1, et M. de Formeville3, le revendiquent pour le lieutenant général Fumi-
chon, et M. Bordeaux4 pour l'évêque de Lisieux Hennuyer.
A Bourges, à la première nouvelle de la blessure de l'amiral, les deux célèbres
professeurs Hotman et Doneau prennent la fuite, et il n'était que temps : trDans
la soirée du 1 1 septembre, au son du tocsin, le peuple envahit les prisons et mas-
sacre les protestants. 11 A cette date, l'archevêque était à Paris5.
A Dijon, le 28 août, le comte de Chabot-Charny reçoit, par M. de Comartin,
une première lettre du Boi, puis une seconde par M. de Bitan; il tient un premier
conseil où il appelle M. de Buffé, frère de M. de Comartin, M. de Vintimille et
Jeannin, alors simple avocat au Parlement de Dijon0. C'est lui qui eut l'idée d'in-
terroger les deux messagers du Boi, mais séparément. Mis en demeure de signer
les ordres dont ils étaient porteurs, ils s'y refusèrent, objectant que le Roi ne leur
avait rien donné par écrit, et que d'ailleurs leur parole de gentilhomme devait
suffire. Jeannin rappela alors au conseil que l'empereur Tbéodosc, rejeté de la
communion par saint Ambroise, pour avoir trop précipitamment ordonné de mettre
à mort un grand nombre de chrétiens, s'était vu forcer de promulguer une loi,
BibL nat., fonds français, n° 3a5G, f° Sj. * Cordeaux, Hennuyer et la Saint- Barthélémy à
2 Flnquct, ///.•>(. du Parlement de Normandie, t. III, Lisieux, i84o, in-8°.
I1- l34. 5 Raynal, Ilist. du Derry , t. IV, p. 107 et suiv. ;
3 De Formeville, La Saint-Barthélémy à Lisieux, voir Ilist. des Martyrs, e'ilil. 1089, p. 3o'i.
Gaen, i8'i2,in-8°. 6 Lettres de Jeannin.
eu INTRODUCTION.
ordonnant aux gouverneurs des provinces, qui recevraient tels commandements
contraires à toutes les tonnes de la justice, d'attendre durant trente jours la
signification de nouveaux ordres. Les membres de ce conseil extraordinaire se
rendant à son avis envoyèrent M. de Ruffé à Paris. Le Roi ayant tout rejeté sur
les Cuises, les protestants que Chabot-Cliarny avait fait emprisonner par me-
sure de prudence, furent ainsi épargnés.
Toutefois, le 29 septembre, le maire de Dijon, Millière, informa les écbevins
que, la veille, par l'ordre de M. de Cbarny et conformément aux lettres du Roi,
le sieur de Traves, l'un des cbefs des protestants, détenu au cbâteau, avait été tué
par les gens du prévôt des marcbands et son corps jeté dans le fossé1.
Le 2 5 octobre, Charny demanda au Roi ce qu'il devait faire de Dagonneau,
détenu encore dans la prison de Dijon, de Ladvanture qui l'était dans celle de
Seurre, sous la garde dus1 Didron, enfin de Crespin et du capitaine Gris, égale-
ment prisonniers à Màcon, et, en même temps, il le prévint qu'il avait appris
que Clermont d'Amboise était à Genève, avec trois cents gentilshommes, et qu'il
paraissait disposé à profiter de ledit de pacification2.
A Màcon La Quiche épargne les protestants; mais à la Charité, c'est la compa-
gnie italienne du duc de Nevers qui se jette sur eux.
Nous voici à Lyon, et si nous nous y arrêtons plus que dans les autres villes,
c'est que les documents y abondent et méritent d'être étudiés de près. Le mer-
credi 27 août, entre 8 et 9 heures du matin, Mandclot, gouverneur de la
ville, est avisé de la blessure de l'amiral par une lettre du Roi datée du 22. De
crainte d'une émotion populaire, il fait fermer les portes de la ville et place des
corps de garde dans tous les quartiers. La nuit s'écoule sans trouble; mais le len-
demain jeudi, dès le matin, aie peuple, écrit Ravot, le secrétaire de l'hôtel de
ville, à MM. de Rubys et de Masso, de résidence alors à Paris pour les intérêts de
leur ville, a commencé à murmurer jusqu'à vouloir prendre les armes, faisant
contenance de se vouloir jeter contre les personnes et les biens de ceux de la
nouvelle religion 3n.
Ce même jour arrive le courrier dépêché au consulat par MM. de Rubys et de
Masso. rt Après avoir làil le récit de ce qui s'était passé à Paris ils ajoutaient que :
l'intention de Sa Majesté était qu'il fût exécuté en reste ville comme a esté fait à Pans,
' Archives de Dijon, communication de M. Garnier, archiviste de la Côte^d'Or. — ' Bil>l. nat., fonds,
français, n° i5555. f° i5y. — 3 Archives du Rhône.
INTRODUCTION. cm
en laquelle un grand nombre de gens ont été tués. Le Roi le leur avait déclaré et
commandé pour le faire entendre audit consulat1. «
Le vendredi 29, à 10 heures du matin, Maurice du Peyrat, chevalier de
l'ordre, apporte à Mandelot la lettre du Roi du 26 août. Ainsi que toutes celles
du même jour, elle ne parlait que déjà lutte engagée entre les deux maisons de
Guise et de Chàtillon, «n'ayant en cecy, disait le Roi, rien de la rupture de l'édit
de pacification, lequel je veux au contraire être entretenu autant que jamais. Je
vous prie, enjoignait-il à .Mandelot, de faire entendre que chacun ait à demeurer
en repos et sûreté en sa maison, ni prendre les armes, ni s'offenser l'un et l'autre,
sous peine de la vie, m'advertissant au plus tôt de l'ordre que vous y aurez donné
et comme toutes choses passeront en l'étendue de votre gouvernement2. ■»
A la suite d'un long entretien qu'il eut avec du Peyrat, Mandelot manda à son
hôtel les échevins. D'un commun accord il fut décidé que, non seulement les per-
sonnes, mais aussi les biens de ceux de la religion seraiénl*mis en sûreté, et que
la milice bourgeoise serait convoquée et chargée de l'exécution des mesures arrê-
tées; mais Mandelot changea brusquement d'avis, «par peur, dira-t-il plus tard,
que tout le peuple ne s'en nieslàt3*.
Les troupes dont il pouvait disposer étaient peu nombreuses; en outre des
soldats de sa garde, il n'avait sous la main que ceux de la garnison de la cita-
delle, et les trois cents arquebusiers de la ville, en tout mille hommes.
Aussi avait-il écrit, le 3 1 au matin, à la noblesse des pays environnants de lui
venir en aide, et il avait invité les corporations des nations étrangères à prendre
les armes. Le samedi 3o, il fit à son de trompe publier une ordonnance qui
mettait tous les protestants en demeure de se rendre à son hôtel pour y entendre
la volonté du Roi. Tous ceux qui y viennent sans défiance sont aussitôt saisis
par des soldats et enfermés dans la prison de Roanne, à l'archevêché et dans les
monastères des Célestins, des Cordeliers et des Carmes. Ce même jour, les biens
des protestants sont placés sous le séquestre4.
Dans la nuit du samedi au dimanche, il y eut des meurtres isolés, triste préface
du lendemain.
1 Archives du Rhône, Lettre du 3 septembre. (lance dà secrétaire Ravot et dans les délibérations
Mandement de payement pour cedit courrier, re- consulaires.
gistre consulaire. Séance du 3 septembre (157a). 3 Archives du Rhône.
Cette lettre a disparu ainsi (pie bien d'autres pièces 3 Paulin Paris, Correspond'/ m- ■ dé Mandelot et ds
relatives à la Saint-Barthélémy; mais ce qu'elles Charles IX.
contenaient se trouve reproduit dans la correspon- ' Archives du Rhône.
civ INTRODUCTION.
Le dimanche 3i août, des groupes menaçants parcourent les rues. Sur les
remontrances de Mandelot, il n'y a aucun désordre; mais dans l'après-midi, la
nouvelle s'étant répandue qu'une émeute venait d'éclater à la Guillotière , et
Mandelot s'y étant rendu, le peuple, profitant de son absence, force les portes
des prisons et égorge les huguenots. Mandelot est réduit à faire procéder par
les officiers de justice à une enquête contre les meurtriers qui, leur forfait ac-
compli, se sont tous enfuis.
Voici en quels termes Jean deMasso annonce ce massacre à son frère : «Hier,
entre 3 et h heures, quelques-uns du peuple entrèrent dans les prisons de
Monsieur de Lyon et là occirent de vnc à vmc huguenots et fut fait sans bruit ni
émeute. Les deux frères Darutz avoient été tués dès vendredi. Il n'y avoit entre
les prisonniers de marque que deux frères Vassan, Jacques d'Orlin et un des
Grabols1.1»
H oublie Goudiind, le grand artiste auquel nous devons la musique des
psaumes de Marot2.
Dans une lettre datée du 10 septembre suivant, Masso cite de nouvelles vic-
times, l'avocat Gordon, les capitaines La Jacquerie et La Sauge, Claude Lene,
l'orfèvre L'Hoste, Mc Guillaume le menuisier3.
De son côté, Ravot, le secrétaire de la ville, rend compte le 3 septembre à
MM. de Masso et de Rubys du massacre de Lyon et il ajoute, rrafin que le peuple
ne soit pas cy après molesté ne recherché pour raison de la susdite émotion, nous
avons advisé qu'il est très requis obtenir de Sa Majesté déclaration telle que vous
adviserez être nécessaire pour assurer le peuple de n'en tomber cy après en in-
convénient; et seroit bon que ce qui a été fait en ladite ville fut advoué^.n
Il devait y avoir encore d'autres victimes : avertis que plusieurs des protes-
tants enfermés dans la citadelle avaient pu s'évader et s'étaient réfugiés en
Bresse4, les échevins en prévinrent sur-le-champ MM. de Masso et de Rubys,
et dans un procès-verbal officiel ils protestèrent contre leur élargissement.
Mis par eux en demeure de s'expliquer, Mandelot se borne à répondre que
ceux chargés de représenter les prisonniers en étaient responsables sur leur
tête, et comme s'il voulait se faire pardonner ce semblant d'indulgence, il fait
emprisonner La Bessée, Benoit Sève, Georges Raymond, Perce val, V. Locart,
1 Archives du Rhône. ' Archives du Rhône.
2 Voir Bulletin de la Société de l'histoire du pro- i lbid.
testuiitisme (année 1 885). 4 lbid.
INTRODUCTION. cv
et Clément Gaucher. Allant plus loin encore dans cette voie de rigueur, il
somma ceux de la ville de Montluel de lui livrer les protestants qui s'y étaient
réfugiés. Ils parurent d'abord vouloir obtempérer à cette injonction; mais, à la
date du 12 septembre, le secrétaire de la ville, Ravot, était encore à ignorer s'ils
les livreraient1.
Le conflit n'en demeura pas là : les échevins furent de nouveau prévenus par
MM. de Masso et de Rubys, que l'on se plaignait à la cour de ce que l'exécution
des protestants n'avait pas été aussi complète à Lyon qu'à Paris et au mépris des
ordres du Roi. Une pareille dénonciation ne pouvait rester sans réponse. A la
suite dune longue discussion à laquelle, à leur honneur, MM. de Gombelande et
Daveyne refusèrent de prendre part, ils adressèrent de nouvelles remontrances
à Mandelot. Mis ainsi en suspicion, il ne s'en tint pas au premier mémoire sur les
événements de Lyon qu'il avait confié à M. de l'Isle pour le remettre au Roi, il en
adressa un second à M. de la Rue , chargé de ses affaires à Paris , et sans attendre
sa réponse, il écrivit le 1 5 septembre à Charles IX :
a Sire, je n'ay aucune coulpe, n'ayant sceu quelle étoit la volonté de Votre Majesté que
par ordre, encore bien tard et à demi, et ay craint quelle fut plustot courroucée de ce
que le peuple auroit fait que de trop peu, d'autant que par toutes les provinces voisines
il ne s'est rien touché2, n
Dans sa lettre, datée du i/t septembre, le Roi lui recommande de tenir sous
bonne garde ceux de la religion réputés pour factieux, et de lui en transmettre les
noms. Plus tard de nouveaux ordres lui seront transmis.
Quant à ceux des protestants qui avaient usé du bénéfice des édits, il lui
est enjoint de les remettre en liberté et de les laisser vivre paisiblement en leurs
maisons, suivant la déclaration qui précédemment lui a été adressée.
Mais, par rapport à l'exécution qui avait eu lieu, et que les échevins, nous
l'avons vu, auraient désiré que le Roi avouât, la réponse est formelle : ce Sa
Majesté est déplaisante que le peuple ait de son autorité privée entrepris telle exé-
cution, et ledit sr de Mandelot donnera l'ordre qu'il n'advienne cy après le sem-
blable3. i)
Les biens des protestants leur seront rendus et ceux qui voudront abjurer se-
ront renvoyés devant l'évêque ou son représentant4.
1 Archives du Rhône. " Voici comment ces mesures de clémence étaient
1 Paulin Paris, Correspondance de Mandelot. appréciées à Lyon: n- Il n'est pas besoin que je vous
lbid. mande, écrivait M. de Grollier à son cousin M. de
Catiieri\f. de Médic-.is. — IV. Ji
IvpniMLniE niriojAii:.
i:\i
INTRODUCTION.
Toutefois Mandelot fmiL par avoir gain de cause à la cour, et le 28 septembre,
M. de Masso écrivit aux échevins :
ttJ'ay entendu que Monsieur le gouverneur a esté mal adverty de quelques
propos qu'il dit qu'avons dit au Roy et à la Reyne de luy sur l'exécution faicte à
Lyon; nous vous supplions faire en sorte qu'il soit adverty de la vérité, car jamais
n'avons parlé de luy qu'avec l'honneur et révérence que nous luy devons 1.n
Celle tardive marque' de déférence ne l'innocente pas du reproche de cupidité
dont sa mémoire est entachée. Dans sa lettre au Roi du 2 septembre, faisant al-
lusion aux biens des protestants mis sous le séquestre, et dont il conseille le par-
tage, il supplie Sa Majesté de lui faire tant d'honneur de ne pas l'oublier2.
De Lyon passons au Dauphiné.
M. de Gordes, qui y commandait, dès le 28 août fut avisé par une dépèche
venue de Lyon des événements de Paris. Si l'on s'en rapporte uniquement à l'his-
torien Chorier, il convoqua Truchon, le premier président, et les principaux
conseillers du Parlement de Grenoble et leur remontra que dans les circon-
stances présentes le mieux était de temporiser; il lui semblait inadmissible que le
Roi fût dans l'intention de faire retomber sur tant d'innocents les crimes imputés
a 1 amiral. Soutenu par Truchon, il fit adopter cette résolution3.
Les propres lettres de Gordes nous feront encore mieux apprécier sa prudente
conduite : il commence par défendre aux protestants de sortir de leurs maisons
et les remet en garde à ceux des catholiques qui passaient pour être leurs amis1.
Grâce à ces mesures, l'ordre fut maintenu à Grenoble et dans le reste du Dau-
phiné. Dans les lettres qui lui sont adressées durant le mois de septembre de
toutes les villes de son gouvernement, il est prévenu que l'on fait bonne garde,
et que partout les proleslanls ont été mis en demeure de livrer leurs armes.
Le 27 septembre, le maréchal Damvillc qui rentrait dans son gouvernement
Mnsso, 1rs lvaux faits d'armes qu'en a faict icy d'a-
voir tué quatre ou cinq cens quanailles et avoir
sauvé ceulx qui en partie estaient cause des maux
advenus en France. Il est^v-ray que c'est souz ung
prétexte qu'ilz yront N la messe qui consisle en
partie d'aller à l'offrande. Vous estes de par delà
pour le pouvoir remonstrer». (Archives du Rhône,
H '17, f 85.)
1 Archives du Rlione.
1 Ibid.
1 Chorier, Histoire du Dauphiné, édit. de 1670 ,
in-P, p. 6/17.
4 Chartrier de .M. le duc d'Aumale, lettres de
M. de Gordes dont l'analyse nous a été communiquée.
Chorier, dans son Histoire du Dauphiné, parle
du massacre de Montélimart, mais celle assertion
est contredite par les documents publiés par M. de
Cotton (I. II, p. 35o) et par ceux également pu-
bliés par M. Lacroix, archiviste de la Drôme (ar-
rondissement de Montélimart, t. Il, p. 169).
INTRODUCTION. cvh
du Languedoc, lui écrit de Saint-Mathurin : rr Je vous envoie copie de la lettre du
Roy, dont le vouloir et l'intention n'est point autre que de garder et entretenir
son édit de pacification1, t>
Cette lettre justifiait la conduite de Gordes.
Les protestants de la ville de Vienne durent leur salut à l'archevêque Gri-
raaldi; ceux de Die à leur gouverneur M. de Glandage et, dans nos possessions au
delà des Monts, ceux du marquisat de Saluées à Ludovic de Birague qui y com-
mandait.
Il en fut de même pour la Provence, où le comte de Tende se signala par sa
modération.
Bellièvre, du Parlement de Grenoble et frère de l'ambassadeur en Suisse, avait
été envoyé en mission extraordinaire à Montpellier en qualité d'intendant de jus-
tice. Dès le 8 août 1672, il avait écrit au Roi : «Nous trouvasmes les habitans de
cette ville d'assés mauvais, accord, voulans les catholiques retenir l'aclvantaigc
auquel ilz se trouvoient et les aultres estans impatiens de telle subjection avec
une animeuse poursuyte des injures passées, laquelle nous leur avons petit à
petit faict délaisser non par peynes ou procédures criminelles qui n'eussent servy
qu'à aigrir davantage les parties, mais plutôt en faisant cesser aulcunes choses,
que nous voyons se continuer contre vostre édit2. n
Tel était l'état des esprits dans Montpellier, quand dans la nuit, du 3o août,
sur les 3 heures du matin, un courrier envoyé à M. de Joyeuse, alors à Béziers,
annonça, en passant, à M. de Bellièvre le massacre de Paris. En attendant les or-
dres de M. de Joyeuse, par mesure de prudence, il fit fermer les portes de la ville
et, avant le jour, mit sous bonne garde tous les protestants; mais crsans offense
de personne 3n. Le 8 septembre, la déclaration du Roi du 28 août, qui leur as-
surait la liberté de conscience et la sûreté de leur vie fut promulguée, et aucun
meurtre ne fut commis à Montpellier4. Le 10 septembre Bellièvre put donc
écrire au Roi : «Le dimanche dernier du mois, au matin, arriva M. de Ville-
neuve, lieutenant de la compagnie de M. de Joyeuse, avec partie d'icelle qui a
si bien pourveu au surplus que l'ordre et l'asseurance y sont lelz que Votre
Majesté le sçauroit désirer selon les affaires qui se présentent, mesmes pour le re-
gard de quelques lieux prochains de ceste ville comme Manguyol, Somières et
1 Chartrier de M. le duc d'Aumale ; voir Long, 3 Bibl. nalionale, fonds français, n" 1 5 5 5 5 ,
La réforme en Dauphiné. f° 67 bis.
2 Bibl. nat., fonds français, n° 1 5555, f° 92. ' Voir d'Aubais, Pièces fugitives , t. Il, p. a3.
».
cvm INTRODUCTION.
Pignan où aucuns de la religion s'estoient du premier coup jectés; sur les re-
montrances qui leur ont été faictes, ils ont délaissé iceux lieux en leur acoustumée
liberté et commerce. Nous sommes après à essayer de pouvoir l'aire de mesme
es montagnes des Cévennes; mais le principal et plus important est de se pou-
voir asseurer de Nymes où, à ces fins, M. de Joyeuse a mandé M. le baron de
Portes, par lequel je leur ay aussi escrit. J'entens qu'ilz faisoient assés bonne dé-
monstration de vouloir obéir, sinon que la nouvelle de ce qui est succédé à Lyon
les aye efiïayez. Si ladite ville est une fois asseurée, j'espère que rien ne se bou-
gera en cette province1, n
Il se faisait d'étranges illusions, ou était bien mal renseigné; car Gaylus, de son
côté, écrivait au Roi le 28 septembre: ce Ayant entendu la mort de l'admirai par les
lettres par lesquelles il a pieu à Monseigneur le duc d'Anjou m'envoyer pour me
commander de me saisir des villes de Montauban, Milliau et Saint-Anlonin, dans
ces contrées ceulx de la prétendue religion réformée feirent si bonne dilligence qu'ilz
furent dans lesdites villes quatre jours après la mort du dit admirai, qui a esté cause
que l'on ne s'en est peu emparer, et se sont retirez là tous ceulx du plat pays2T>.
Nous venons de le voir, la grande préoccupation de Bellièvre, c'est que Nîmes
ne vînt pas aux mains des protestants.
Les choses s'y passèrent plus pacifiquement qu'il ne pensait. A la première
nouvelle de la Saint-Barthélémy, le juge mage, M. de Montcalm, convoqua d'ur-
gence un conseil extraordinaire pour aviser aux mesures à prendre. A la première
réunion de ce conseil, un avocat nommé Yillars émit l'avis que les portes de
la ville fussent gardées sans distinction de religion par autant de protestants
que de catholiques. Cette proposition fut admise et M. de Joyeuse, qui en fut
avisé, approuva la conduite qui était tenue et engagea ceux de Nîmes à main-
tenir l'ordre ainsi qu'ils l'avaient fait jusqu'alors3; mais ils s'obstinèrent à tenir
leurs portes fermées aux troupes royales. Dans les premiers jours de janvier ib^o ,
Charles IX écrivait au maréchal Damville : rr J'ay connu par la réponse que ceux
de Nîmes vous ont baillée pour ce que vous leur avez commandé de ma part
leur mauvaise intention; à quoy j'ay délibéré ne faire aultre response, mais vous
dire que vous poursuiviez et diligentiez vos préparatifs pour en avoir raison
par la voie de la force, puisque celle de la douceur ne peut plus de rienr, et
dans une nouvelle lettre du 2 mars suivant au duc d'Anjou, d ajoutait : ail y a
' Bibl. nat. , fonds français, 11° 1 5555, f" 60. — "- Ibid., î° io5. — ' Mesnard, Hïrt. de Nîmes.
INTRODUCTION. cix
quinze cens hommes d'armes à Nîmes commandés par le fils d'un maréchal et un
autre vilain qui a toujours fait profession de voleur. Ceux de Nîmes seront aisés à
prendre, car ne peuvent être secourus que du côté de Sommières que mon cousin
lient bloqué1.!)
A Toulouse, on n'usa pas de la même modération qu'à Montpellier. Dans
les premiers jours de septembre, M. de Rieux ayant apporté aux capitouls une
lettre de Charles IX, ils répondirent le 8 au Roi qu'ayant appris que ceux
de la religion dans les villes environnantes avaient fait emprisonner des catho-
liques, ils s'étaient saisis de tous ceux qu'ils avaient pu appréhender, au nombre
desquels se trouvaient trois ou quatre instigateurs des derniers troubles2.
De son côté, Daflis, le président du Parlement en prévint Charles IX; mais
la nouvelle du massacre qui avait eu lieu dans plusieurs villes étant venue à se
répandre, Lanthomy, l'un des violents du Parlement, demanda hautement que
l'on en fît de même à Toulouse. Le président Daflis soutenu par plusieurs de ses
collègues s'y opposa, et obtint qu'un député fût envoyé à Paris pour prendre les
ordres du Roi. La réponse ne parvint qu'à la fin de septembre : Sa Majesté or-
donnait de tenir les protestants en bonne et sûre garde, de les traiter toutefois
humainement et de lui adresser leurs noms avec la désignation des charges et des
offices qu'ils occupaient3.
«Les faits de Paris, écrivirent les échevins de Carcassonne au Roi, n'ont pro-
duit aucun effet. Rien n'a été altéré ni changé, -n
Tout désordre fut donc écarté pour le moment.
Arrivons à la Guyenne. Montpezat manda du Fou, le 27 août, au duc d'Anjou:
«J'ai despesché ung courrier à Bordeaux pour advertir Messieurs de la court de
l'intention de Sa Majesté et fait autres dépèches à Dax, Bayonne, Xaintes, Blois,
Agen, Cahors, Rouergue, Périgueux et Bazas, et vers M. de Strozze pour cet effet,
afin qu'il n'y ayt aucune esmotion, et aussi que les capitaines, gouverneurs et
autres ministres du Roy prennent garde à leurs places. J'envoie en Xaintonge
vers M. de Strozze pour apprendre ce que sont devenuz les soldatz qui n'y se
seront embarquez 4. n
Dans les jours qui suivirent l'ordre fut maintenu à Bordeaux et Charles IX put
écrire à Lagebaston, le premier président du Parlement : «Nous avons très grand
contentement du bon ordre qui a esté donné par le sieur de Montferrand pour
1 Bibl. impériale de Saint-Pétersbourg. — 2 Bibl. nat. , fonds français, n° i5555, i" Go. — s Ibid.,
P6-2. — ' Ibid., f° 43.
ex INTRODUCTION.
contenir toutes choses eu vostre ville, suivant nostre intention comme aussi du
bon debvoir duquel vous vous y êtes particulièrement acquitté. Vous êtes main-
tenant bien informé de nostre volonté et des causes qui nous ont meu et contraint
permettre et lâcher la main à cette exécution qui a esté faite. Continuez à faire
votre debvoir selon nos intentions l, n
Le même jour il écrivit à M. de Montferrand : cr Je vous prie que je demeure
obéi et mon commandement suivi, usant de toute hostilité à l'endroit de ceux qui
supposent à ma volonté et défendant de toute oppression ceux qui se contien-
dront et demanderont à vivre paisiblement en leurs maisons2. 15
Durant la première quinzaine de septembre, la tranquillité se maintint donc
à Bordeaux, et Montferrand répondit le 20 septembre au Roi: a Ceux de ceste
ville vivent en paix les ungs avec les autres et ont tous promis à M. de Mont-
pezat et à moy, de se contenir et de suivre la volonté de Vostre Majesté 3. -n
Nous verrons plus loin qu'il ne persévéra pas dans cette voie de modération.
Il ne nous reste plus qu'à parler de Bayoune. La plupart des historiens ont
attribué au vicomte de Orthe, qui en était le gouverneur, cette belle réponse: «■ Il
n'y a pas de bourreaux à Bayonne, il n'y a que des soldats, n
Une lettre de lui datée de cette ville le 3 1 août, tout en faisant un grand hon-
neur à sa modération, amoindrit un peu le prestige de la glorieuse légende dont
a profilé sa mémoire.
«J'ay entendu ce qu'est arrivé à Paris le xxu et xxmc du présent mois d'août,
écrit-il au Roi, et puisque se sont querelles particulières, j'espère vous rendre si
bon et fidèl compte de ceulx que m'avez baillé en charge que de les faire vivre
en tel point qu'il ne se attemptera chose quelconque à votre dessein.
fc Au demeurant, Sire, craignant que ceste mutation engendrast quelque chose
de maulvais et que ceulx qui le pouvoient prendre de ceste façon se prévalussent
des deniers qui se lèvent de ceulx de la religion prétendue réformée et que les
commissaires-receveurs et autres commis à ladicte levée sont de la religion pré-
tendue réformée, j'ay commandé à ceulx de ceste ville de n'en vuider leurs mains
ou bien les mettre en main si seure et solvable qu'il puisse estre mis là où il
vous plaira ordonner", n
1 Bibl. nat., fonds français, u° i5553, f 187, 4 Biltl. nat. , fonds français, n° 1 5555, F" 47; voir
minute originale. l'ardcle publié par M. Tamizey de la Roque dans
■ Ihiil. , f° 187. le tome 1 de la Revue des questions historique*, el les
Uni., 11° 1 5555 , f" 95. 11" du Bull, de l'Ilist. de la Soc. du protestantisme.
INTRODUCTION. cm
De cette longue excursion à travers les provinces, une conclusion se dégage,
c'est que l'ordre ou le désordre ont dépendu du plus ou moins d'autorité des
gouverneurs sur les populations, et de leur plus ou moins de souci de la vie hu-
maine1. Si certains se sont montrés faibles et indécis comme Mandelot, cruels
comme Montferrand et Montpensier, d'autres ont prudemment attendu les ordres
du Roi, et préservé ainsi la vie des protestants. Aussi l'histoire a-t-elle retenu les
noms de Chabot-Gharny, du duc de Longueville, de Saint-Hérem, de. Matignon,
de Leveneur, de Hennuyer, de Fumiclion, de Bouille, de La Guiche, de Gordes,
du comte de Tende, de Villars,de Bellièvre, de Joyeuse, du vicomte de Orthe et
enfin de Glandage, et elle a glorifié à jamais leur mémoire.
XIV
11 nous reste à voir maintenant comment la Saint-Barthélémy fut acceptée et
appréciée par l'Europe; puis, pour compléter cette étude, nous rechercherons les
conséquences fatales dont elle fut l'unique cause. La lin du règne de Charles IX
et celui tout entier de Henri III en seront troublés, et la France touchait à sa ruine,
si Ja main victorieuse et pacifique du grand roi Henri IV n'était venue mettre fin
à nos guerres civiles et religieuses.
Un courrier parti précipitamment de Lyon arriva le 2 septembre à Rome; il
était porteur d'une lettre de Danes, le secrétaire de M. de Mandelot, à M. de Jou,
commandeur de Saint-Antoine. Danes le priait de faire savoir sur-le-champ au
Saint-Père , qui l'en récompenserait largement, que les principaux chefs protestants
avaient été tués à Paris et que le Roi avait donné 1 ordre aux gouverneurs des
provinces de se saisir de tous les huguenots.
Averti le premier, le cardinal de Lorraine fit remettre deux cents écus au cour-
rier, et prenant avec lui l'ambassadeur Ferais, il alla annoncer cette grande nou-
velle au Saint-Père. Grégoire XIII ne put maîtriser un premier mouvement de joie;
il fit remettre cent écus au porteur de la lettre et voulait même que l'on allumât
des feux de joie dans Rome. Ferais lui objecta qu'avant tout il fallait attendre
une lettre officielle du Roi et celle de Salviati son propre légat2.
Elles ne se firent pas attendre : le 5 septembre, Beauville arriva à Home, et
1 Les ordres du Roi forent diversement exécutés (Mézeray, in-f\ édition de 1680, t. Ut, [>. 261.)
dans les provinces selon l'honneur des gouverneurs 2 Bibl. nationale, fonds français, n' i6iio,
et Taffeclion qu'ils avaient aux différentes fractions. f° 191 v*.
cui INTRODUCTION.
Ferais fit remettre au pape la lettre du Roi et celle de Salviati, dont Beauville
s'était chargé1.
«Très Saint-Père, disait le Roi dans sa lettre, nous envoyons présentement
devers Vostre Sainteté le sieur de Beauville, pour dire et faire cognoistre àVoslre
Sainteté aucunes choses de nostre part sur lesquelles nous prions et requérons
Vostre Sainteté tant et si affectueusement que faire pouvons lui accorder bénigne
et favorable audience et ajouster la mesme foy à ce qu'il vous dira, comme vous
vouldriez faire à nostre propre personne2. n
Charles IX gardait le silence et sur le massacre et sur ses causes; mais une
lettre du duc de Montpensier au pape les expliquait et les motivait. Après avoir
rappelé la bonté, la clémence dont Sa Majesté avait usé envers les huguenots et
l'amiral, le duc les accusait lui et les siens d'avoir voulu tuer le Roi, sa mère,
ses frères et les principaux seigneurs catholiques a pour bâtir un roi à leur dévo-
tion et abolir toute autre religion que la Jeun»; mais le jour où devait s'exécuter
cette damnable entreprise ce Dieu avoit illuminé l'esprit du Roi qui avoit fait
tomber l'exécution sur l'amiral et ses complices v. «Leur nombre est si grand en
celte ville, ajoutait- il, que je ne le sçaurois déclarer à Vostre Sainteté, et ce que
j'en loue le plus, c'est la résolution que Sa Majesté a prise d'anéantir toute cette
vermine et de remettre l'église catholique entre ses bons sujets au repos et splen-
deur qu'ils la désirent3, n
Nous détachons de la dépèche du légat Salviati au cardinal de Corne cette
seule phrase qui exclut toute idée de préméditation du massacre en grand des
huguenots : rrSi l'amiral était mort du coup d'arquebuse qu'on lui tira, je ne puis
croire que tant de personnes eussent été tuées. Lorsque j'écrivis ces jours passés à
Votre Seigneurie et par lettre chiffrée que l'amiral s'avançait trop et qu'on lui
donnerait sur les doigts, j'étais convaincu qu'on ne pouvait plus le supporter et
j'étais resté avec cette persuasion lorsque dans ma dépèche ordinaire j'écrivis que
j'espérais donner bientôt à Sa Sainteté quelque bonne nouvelle; mais je ne croyais
pas à la dixième partie de ce que je vois présentement de mes propres yeux 4. v
Dans une nouvelle lettre datée de Paris et du 27 août, qui ne parvint à Rome
que plus tard , Salviati entre dans de nouvelles explications : « La Reine mère est
décidée non seulement à supprimer ledit, mais aussi à rétablir la religion catho-
lique par les voies légales dans toute son observance. L'on ne peut en douter
' Bibl. nat. , fonds français, 11° i6o4o, f° 191 v°. — 2 Archives du Vatican. — *' Ibitl. — l Theiner,
Continuation lien Annales de Baronius, t. I", p. .'!a<|.
INTRODUCTION. cira
depuis la mort de l'amiral et de tant d'autres personnages de valeur, ce cpii est
d'ailleurs conforme aux entretiens que j'ai eus avec elle à Blois à l'occasion du
mariage de Navarre et d'autres affaires qui se traitaient alors. Je puis l'attester
devant Notre Saint-Père et l'univers entier '. *
L historien protestant Soldan a ingénieusement observé que l'interprétation de
la lettre de Salviati dépend de la ponctuation et que si l'on adoptait la sienne, et
telle que nous la reproduisons dans la note ci-dessous-, ce mot conforme aux entre-
liens que le légat avait eus arec la Reine à Blois, s'appliquait uniquement à l'intention
de Catherine de rétablir partout la religion catholique et non à celle de faire tuer
l'amiral.
D'autres historiens ont relevé la contradiction qui ressort des deux lettres de
Salviati, et à les entendre, c'est un argument de plus en faveur de la préméditation
de la Saint-Barthélémy.
Si l'on veut bien se reporter à l'entrevue que Catherine eut à Metz, en i5Gg,
avec l'ambassadeur d'Espagne et à l'aveu qu'elle lui fit d'avoir promis des sommes
importantes à ceux qui tueraient Coligny, Grammont et Larocbefoucault, il est
admissible-, à la rigueur, qu'à Blois, et avant l'arrivée de l'amiral, elle ait fait à
Salviati la même confidence. Si elle ne donna pas suite alors à cette pensée homi-
cide, c'est qu'à ce moment-là Coligny lui était utile pour les deux mariages
qu'elle poursuivait, celui de Marguerite avec le prince de Navarre et celui du duc
d'Alençon avec Elisabeth, et utile encore pour la négociation d'alliance entamée
avec les princes protestants d'Allemagne et la reine Elisabeth.
Tuer l'amiral, c'était bien la ressource suprême qu'elle n'avait cessé d'envisager
et, si les nécessités de la politique l'en détournèrent momentanément, elle n"\
renoncera pas.
Dans cette même journée du 5 septembre, Beauville fut conduit chez le pape
par le cardinal de Lorraine et Ferais3. Après avoir fait le récit de tout ce qui s'était
passé à Paris, il supplia Sa Sainteté, en récompense du fait accompli, d'accorder
' Theiner, Continuation des Annales de Baronius , a ragiouamenlo allre voile havuto con esso meco,
t. I, p. 329. essendo a Blés, e traltando del parentado di Navarra
1 Quai regina in progresso di tempo intende poi e dell' altre cose chez eorrevano in quei tempi, il
non solo di revocar tall editto, ma per mezo de la che essendo vero ne posso rendere testimonianza e
giustizia di restiluire la fede calholica uel (nelf) a N. S., e a lulto il mondo. (Soldan, La France et
anlica observanza, parendogli che nessuno ne la Saint-Barthélémy, p. 1/11, note.)
debba dubitare, adesso che hanno fatlo morire l'a- 3 Dépêche de Ferais. ( Bihl. nat. , fonds français ,
miraglio con tanti altri huomini di valore, conforme n" 161 io.)
ClTnERINE DE MÉDIC1S. — ■ IT. 0
r.„v INTRODUCTION.
la dispense refusée jusqu'alors, el de vouloir bien l'antidater de quelques jours
avant la célébration du mariage de Marguerite de Valois; en même temps, il
réclama l'absolution pour les cardinaux de Bourbon et de Rambouillet et poin-
tons les évèques qui avaient autrefois assisté à la cérémonie.
Grégoire XIII répondit simplement qu'il y réfléchirait et aviserait.
Le lendemain les dépècbes du légat Salviati furent lues en plein consistoire, et
le cboix d'un légat à envoyer en France s'étant porté sur le cardinal Ursin, le
Saint-Père, suivi de tout le sacré collège, fit chanter le Te Deum dans la cbapelle
du palais de Saint-Marc qu'il habitait alors.
Le 8 septembre, toutes les troupes papales faisant la haie, Grégoire XIII alla
entendre une messe d'actions de grâces dans la chapelle française de Saint-Louis.
Le cardinal de Lorraine l'attendait sur le seuil. Au-dessus du porche une inscrip-
tion1 placée par son ordre, et écrite en lettres d'or, proclamait que Charles IX en
faisant massacrer les protestants n'avait fait que suivre les conseils qu'on lui avait
donnés, (l'était à la fois s'attribuer la meilleure part dans la préméditation de la
Saint-Barthélémy et compromettre Rome aux yeux de l'Europe protestante.
En agissant ainsi le cardinal de Lorraine, si profondément personnel, n'avait en
vue que sa propre fortune, que sa propre ambition. De longue date Ferais s'était
plaint à Charles IX et à Catherine d'avoir été très mal secondé par lui dans la
négociation de la dispense, et lui avait, à bon droit, reproché d'avoir à dessein
adouci toutes ses remontrances. Allant au-devant de ces justes soupçons, le car-
dinal avait cherché à s'en justifier'2; mais trop habile pour ne pas s être aperçu que
tout son crédit à la cour de France était en pleine baisse, il cherchait à se remettre
au mieux avec la papauté.
Sa main est encore plus visible dans la première édition du récit du mas-
sacre du 3)4 août, qui parut à Rome le 18 septembre 1672. Sous la plume de
Camille Capilupi, la Saint-Barthélémy change de nom et ne s'appelle plus que
le Stratagème de Charles IX, dont la dissimulation est hautement glorifiée.
Dans ce pamphlet inspiré évidemment par les vues intéressées de ceux qui lui
1 Voir celle inscription dans le tome Vit de la ques bons effects et quelques moyens du eoslc
Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon et du roy de Navarre, nous n'en viendrons jamais
dans le 11° V des Cinq cents Colbert, p. 1 19. à bout. J'y fais tel devoir el fera y jusqu'au bout;
3 -La difficulté, Madame, avait-il écrit le mais les choses impossibles, il n'yaq.ie Dieu qui
58 juillet, n'est nullement dans la consanguinité , les puisse.» (Bibl. nat. , fonds français, n" 16189,
mais dans la religion; si vous ne me donnez quel- fol. 483.)
INTRODUCTION. cxv
en avaient suggéré la première idée, Gapilupi, pour affirmer la préméditation de la
Saint-Barthélémy, rapporte que, peu après son arrivée à Rome, le cardinal de Lor-
raine avait dit au cardinal Sermoneta cpie, de jour en jour, il s'attendait à rece-
voir semblable nouvelle de Paris, et, à l'appui de la préméditation, il ajoute, que,
lorsque le cardinal entendit de la bouclie de l'envoyé du duc d'Aumale les particula-
rités de la sanglante journée , aux questions qu'il lui adressa sur ce qui s'était passé,
les personnes présentes virent bien qu'à l'avance il était au courant de tout.
Dans la seconde édition du Stratagème qui parut peu après, ce premier pas-
sage a été supprimé et ce retranchement coïncide avec la nouvelle orientation
politique de la France; nous en trouvons la preuve dans l'avertissement mis en
tête de l'édition française de îBy/t du Stratagème : «Quand ce livre parut, nous
dit l'anonyme éditeur, chacun en a eu copie, qui a voulu en avoir, et inesmes
avoit été commencé à imprimer. Le cardinal de Lorraine qui, au commencement,
le Irouvoit bon, ayant eu advertisseinent que tout n'estoit achevé en France,
comme on avoit présumé, et qu'on avoit usé d'autre langaige envers plusieurs
princes étrangers, joinct que cela eut pu rompre l'élection du roi de Pologne,
empêcha que l'édition ne s'imprimât1.')
Rapprochement instructif, et qui indique bien que même à Rome les argu-
ments invoqués par le cardinal de Lorraine, en faveur de la préméditation de la
Saint-Barthélémy, dont il cherchait à s'attribuer tout le mérite et le conseil, ne
rencontraient que peu de créance, le jour même où une messe d'actions de grâces
était dite en grande pompe à Saint-Louis, l'ambassadeur d'Espagne écrivait au
roi son maître : et Bien que les Français veuillent donner à entendre que leur
Boi méditait ce coup depuis qu'il fit la paix avec les huguenots, et lui prêtent des
stratagèmes qui ne paraîtront pas permis même envers des hérétiques et des re-
belles, je tiens pour certain que, si l'arquebusade donnée à l'amiral fut un dessein
projeté quelques jours auparavant et autorisé par le Boi'2, tout le reste fut inspiré
par les circonstances 2. n
Le 1 1 septembre, un jubilé fut annoncé aux fidèles et fixé chaque année au
1 L'éditeur de l'édition de iSyli commet une Noire Bibliothèque nationale possède un exemplaire
erreur volontaire ou involontaire. Ce livre fut im- de l'édition rarissime de septembre 1672 sous le
primé le 18 seplemhre 167a, et dans la seconde n° 5o5 LB" du catalogue. Aujourd'hui il a été mis
édition qui parut au mois d'octobre suivant, ainsi a la réserve.
que nous l'avons observé, la phrase compromet- 2 Gachard, Bulletin de la Commission d'histoire
tante pour le cardinal de Lorraine a été supprimée. de Belgique.
0.
/
cxvi INTRODUCTION.
jour anniversaire de la Saint-Barthélémy pour remercier Dieu de la victoire de
Lépante et de la grâce qu'il avait faite à Charles IX d'échapper à une si détestable
conjuration. Pour en perpétuer le souvenir, une médaille fut frappée1. D'un côté
elle représentait l'effigie de Grégoire XIII, de l'autre, l'ange exterminateur frap-
pant de son glaive les huguenots et tout à l'entour l'exergue suivant : Ugono-
torum strages; enfin Vasari fut appelé de Florence pour peindre sur les murailles
du Vatican les principales scènes de la sanglante journée.
Les salves d'artillerie du château de Saint-Ange, les Te Deum chantés dans
toutes les églises, les feux de joie, les peintures murales de Vasari, le jubilé, les mé-
dailles commémoratives, ont fait accuser la papauté d'être la complice de la Saint-
Barthélémy; mais ce qui est hors de doute, c'est qu'à Rome, à la fin de septembre,
on croyait encore à la réalité de la conjuration des huguenots : «Sire, écrivait Fe-
rais, le 22 de ce même mois à Charles IX, je rends grâces à Dieu de ce qu'il lui a
plu conserver et préserver Votre Majesté, celle de la Reine sa mère et de Messieurs
ses frères de l'abominable conspiration qu'ils avoient pourpensée. Je ne crois pas
qu'il y ait histoire qui fasse mention d'une si cruelle et si mauvaise volonté 2. n
Dans la première quinzaine de novembre suivant, l'homme qui avait arquebuse
l'amiral Coligny vint à Rome et fut amené au Vatican par le cardinal de Lor-
raine. Cette visite fut vivement blâmée, et Grégoire XIII, ce qui est entièrement,
en sa faveur, s'en montra très irrité : a C'est un assassin, s'écria-t-il en parlant de
Maurevel 3. i>
L'éminent historien qui a compulsé toutes les archives de l'Europe pour sou-
tenir la thèse de la préméditation de la Saint-Barthélémy affirme qu'il n'a trouvé
aucune preuve de la complicité de Rome4.
L'historien protestant Soldan l'affirme également, et invoque à l'appui les
lettres de Salviali qui excluent toute entente avec Rome5*
1 Elle a été reproduite par Bonnani, Numism. où nous lisons également : frQui è venuto cpiello
pontifie, t.. I. p. 33-6; le Cabinet des médailles en che dette l'archibusata airammiragUo,etècqndotlo
possède un précieux spécimen. dal cardinal di Lorena. A molli non è piaciuto
' Bibl. mit., fonds français, n° 16060, fol. 98. che coslui sia venuto in Roma.» (Arcliivio di
s Nous faisons cet emprunt à l'entretien cpie Vienna.)
l'empereur Mnximilien eut à ce sujet avec Vulcob ' Lord Aelon, 7,a Slrage di San Bartholomeo .
au mois de novembre 1672. (Bil>l. nat., Cinq cents p. 62.
Colbert, ms. 397.) ° Soldan, La France et la Saint-Barthélémy,
L'Empereur avait reçu du C" Prospéra d'Arco, i855, p. io3. Voir Mackintosb, Hisiory oj Ea<j-
unc lettre de Rome datée du i5 novembre 1.572, land, Londres, i834, t. III, p. 354.
INTRODUCTION. cxm
De Rome passons à Vienne :
Vulcob, l'ambassadeur de France, ne reçut que le 26 septembre les deux
lettres du Roi du 22 et du 28 août. Sur-le-champ il se rendit auprès de l'empe-
reur Maximilien et il commença par lui lire la première lettre de Charles IX, afin
de lui faire bien apprécier en quels termes le Roi avait désapprouvé l'attentat
commis sur la personne de l'amiral et les ordres sévères qu'il avait donnés pour
poursuivre et punir le meurtrier.
C'était une sorte de préface pour atténuer de plus graves aveux. L'Empereur
l'écoute sans faire une seule réflexion ; alors Vulcob en vint à ce qui avait suivi , « au
grand regret du Roi, par l'occasion que les protestants sur qui l'orage étoit tombé
avoient d'eux-mêmes donnée»; puis il se pressa d'affirmer « qu'il n'étoit en cela
question ni de la religion, ni de la rupture de l'édit, que tout procédoit de la- mal-
heureuse conspiration de l'amiral et de ses adhérents ».
— «Je m'attendais, répondit Maximilien, à tout ce que vous venez de me dire.
Il n'y a pas trois semaines ou environ, l'on m'a écrit de Rome et à propos des
noces du roi de Navarre : A cette heure que tous les oiseaux estoient dans la
cage, l'on pouvoit les prendre tous ensemble. Quant à ce que vous m'assurez
que le Roi votre maître n'entend pour cela rompre son édit de pacification, il
y en a qui le croiront malaisément. Au reste nous verrons ce que le temps et les
effets nous en apprendront, n
— k Je conviens, reprit Vulcob, qu'il n'y a pas faute de personnes qui, de longue
date et sans aucune occasion, n'ayent désiré que l'on fît mourir tous ceux de la
religion, à quelque prix que ce fût; mais je vous affirme de nouveau que l'inten-
tion du Roi est de maintenir l'édit de pacification, à moins toutefois que les pro-
testants ne donnent l'occasion de le rompre l. u
Ce jour-là l'entretien ne se poursuivit pas; mais Vulcob revit Maximilien dans
la première semaine d'octobre et, comme il cherchait à bien établir que les hu-
guenots avaient eonspiré, sans le laisser achever : et On m'écrit de Rome, lui dit
l'Empereur, que le eardinal de Lorraine affirme que ce qui a été fait à Paris a été
délibéré et résolu avant qu'il ne quittât la France2. u
Les protestations de Vulcob ne purent modifier en rien cette mauvaise im-
pression; au mois de novembre suivant, étant venu annoncer à l'Empereur que
Je prince de Condé et le roi de Navarre avaient assisté à la messe, le jour de la
" Bibl. nal., Cinq cents Colbert, 11° 3g7, P 719. — 5 Ibid., n 397, 1° 73.3.
cxviiî INTRODUCTION.
fête de Saint-Michel. «Je le crois aisément, répondit-il . ils ne pouvaient guère
l'aire autrement '. n
L'entretien s'étant de nouveau porté sur la Saint-Barihélemy et les causes qui
y avaient déterminé le Roi. «Quand on veut faire une chose, dit l'Empereur, les
prétextes ne manquent pas. On m'a bien accusé moi-même d'y avoir participé
et pourtant je n'y suis pour rien.*
— a Puisqu'on a conçu cette opinion de Votre Majesté, riposta Vulcob, on ne
doit pas s'étonner que le Roi mon maître ait été également calomnié -. n
Maximilien avait une raison toute personnelle de parler ainsi : affirmer la pré-
méditation de la Saint-Barthélémy, c'était, en la rendant plus odieuse, affaiblir
les chances du duc d'Anjou à la royauté de Pologne et doubler celles de son fds
l'archiduc Ernest.
En Espagne, tout au contraire, le massacre de la Saint-Barthélemy_s'accoj*dajt_
avec les propres vues de Philippe II; de longue date il l'avait conseillé; c'était pour
lui le plus sûr moyen d'en finir avec la rébellion des Pays-Bas.
Parti de Paris le 26 août, Jean de Oalegni, secrétaire de Çuniga et porteur
d'une lettre de lui, arriva à Madrid le samedi 7 septembre3.
«Tandis que j'écris, disait l'ambassadeur, ils les tuent tous, ils les mettent nus
et les traînent par les rues, ils pillent les maisons et n'épargnent pas un enfant.
Béni soit Dieu qui convertit les princes français à sa cause ! Puisse-t-il inspirer à
leurs cœurs de continuer comme on a commencé 4 ! -n
Ce retour de fortune était inattendu. En apprenant la mort de ses plus mor-
tels ennemis au moment où il se préparait à la guerre, Philippe ne fut pas
maître de son premier mouvement; son visage glacial s'anima d'une joie sauvage.
Sans perdre une heure, il alla au monastère de San Geromino faire chanter le
Te Deum et laissa au secrétaire d'État Cayas le soin d'annoncer celle grande nou-
velle à l'ambassadeur de France5.
Le lendemain Saint-Gouard partit pour San Geromino; en le voyant le Roi se
prit à rire, ce qu'en toute sa vie il n'avait jamais fait, et, avec les expressions les
plus emphatiques, il loua la profonde dissimulation de Charles IX, il félicita Ca-
1 Bibl. nat.. Cinq cents Colbert, 11° 397. plusieurs points. On peut en voir uue copie aux
p. 3.'Î7. archives du Ministère des affaires étrangères.
! Ibid. ' Arch. nat., collect. Simancas, K i53o,n"53.
1 Gachard a publié le récit de Oalegni sur la 6 Voir les dépêches de Saint-Gouard. (Bibl. nat.,
Saint-Barthélémy, récit incomplet et inexact sur fonds français. n° 1 G \ok.)
INTRODUCTION. cm
iherine d'avoir si bien, à son image, élevé un pareil fils. C'était bien maintenant,
et ajuste titre, le Roi Très Chrétien1.
A ces éloges intéressés, Saint-Gouard fit une réponse regrettable dans la
bouche d'un ambassadeur de France : n Avouez, Sire, que c'est au Roi mon
maître que vous devez vos Pays-Bas. j>
A quelques jours de là, Philippe II, s'entretenant de la Saint-Barthélémy
avec le prince d'Lvoli : «Vous rappelez-vous, lui dit-il, que Saint-Gouard m'a
naguère prévenu que je verrais des choses admirables, et cela au moment où
j'avais de si graves soupçons. Depuis j'ai pensé que, s'il me parlait avec tant d'assu-
rance, c'est qu'il fallait que ce fut chose concertée et que le Roi la lui avait
confiée2, i
Resté sous la même impression il écrit à son ambassadeur : a C'est une des
plus grandes joies de ma vie tout entière; allez exprimer à la Reine mère la sa-
tisfaction que j'ai ressentie d'un acte si utile à Dieu et à la chrétienté, ce sera le
plus grand titre de gloire du Roi mon frère auprès de la postérité a. v
Mais une nouvelle lettre de Çuniga, datée du 3i août, vint jeter du froid sur
l'enthousiasme irréfléchi des premiers jours.
<r Le massacre n'a pas été prémédité, écrit-il, ils ne voulaient que la mort de
l'amiral et l'imputer au duc de Guise; mais l'amiral n'ayant pas été tué du coup
d'arquebuse et sachant d'où il partait, de crainte de sa vengeance, ils se sont dé-
cidés à ce qu'ils ont fait i. v
Catherine s'était réservé la tâche délicate d'écrire à Philippe II. Dans sa lettre
du 26 août, pour motiver la Saint-Rarthélemy, elle a recours à la prétendue
conspiration dont Dieu leur a fait la grâce de les préserver et elle en manifeste
d'autant plus de joie que tr celte occasion (c'est ainsi qu'elle l'appelle) augmen-
tera l'amitié entre les deux couronnes, ce qu'elle désire avant tout». Le Roi son
fils ayant donné charge à son ambassadeur de raconter comment tout s'est passé,
elle s'en remet à sa suffisance5, n
Mais dans une lettre à M. de Saint-Gouard elle laisse déjà entrevoir les
craintes que lui inspire l'Espagne.
et Je sais bien, dit-elle, que ceux de par delà sont malaisés à émouvoir, sinon
en tant qu'ils cognoissent y aller de leur profit. L'on estime que la crainte qu'ils
1 Bibl. nat., fonds français, n° i6io4,f" 18A, 191. — s Arch. nat., collect. Simancas, K i53o.
• Ibid., K i53o, n° 53. — ' Ibid., K i53o. — s Ibid., K i53o.
ck INTRODUCTION.
avoient que le Roi mon fils favorisât les troubles des Flandres les inviteroit plu-
tôt à non seulement entretenir, mais à fortifier et estreindre amitié avec nous que
tout aulre respect; maintenant, comme à cause de cette mutation, nous sommes
embarqués à courir pareille fortune qu'eux, il est à croire qu'ils ne se donneront
aujourd'hui autant de peine de rechercher notre amitié1.!)
Mais tout en ne dissimulant pas ce qu'elle aura plus tard à craindre de la
politique si égoïste, si personnelle de Philippe II, elle ne pense encore qu'à se
servir de la Saint-Barthélémy au profit du duc d'Anjou à la fortune duquel elle
subordonnera désormais toute son action à l'extérieur.
Pour bien comprendre Catherine, pour saisir sa pensée du jour dans toutes
ses variations, c'est aux lettres qu'elle adresse aux ambassadeurs en qui elle a le
plus de confiance qu'il faut avoir recours.
«La démonstration, mande-t-elle à Saint-Gouard, que le Roi mon fils a faite en
son intention au service de Dieu et à l'endroit de ceux de la nouvelle religion
servira peut-être à persuader au Roi Catholique de donner en mariage sa fille aînée
au duc d'Anjou, le plus sûr moyen d'assurer l'union des deux couronnes, n
Toutefois ne se départant pas de sa prudence habituelle, elle n'autorise pas
Saint-Gouard à en parler en son nom : c'est une simple idée qu'elle met en avant;
à lui de la produire et de la poursuivre en temps utile et favorable.
Ce mariage qu'elle ambitionnait, les Espagnols, de leur côté, pour l'entraîner
dans leur voie, au moyen de cette amorce, en avaient fait une demi-ouverture à
Saint-Gouard, avant même qu'il eût reçu la lettre de Catherine, et voici ce qu'il
lui en avait écrit : a Un personnage attitré (il ne le nomme pas) est venu me
dire : Ne serait-il pas très à propos de faire le duc d'Anjou roi d'Angleterre? —
Je le trouverais très bon, ai-je répondu, si c'était chose dont on pût disposer;
mais en France, il y a un proverbe qui dit que l'on n'achète pas la peau de l'ours
paravant qu'il soit mort; mais le Roi Catholique étant vieux pourroit bien lui
faire épouser l'Infante et leur donner un Etat de tant qu'il en a et que après on
aviserait aux choses d'Angleterre, n
ce II ne m'en a plus reparlé, ajoutait-il, mais je crois qu'ils voudraient bien
nous désunir du côté de l'Angleterre pour être ainsi assurés de toutes parts. t>
Nous en avons fini pour le moment avec l'Espagne; il nous reste à examiner
l'impression produite par la Saint-Barthélémy en Angleterre.
' Bibl. nat. , fonds français, n" iGio4, (° 191 v".
INTRODUCTION. cxxi
Un courrier venu de France et débarqué à la Rye apporta le premier la nou-
velle de la Saint-Barthélémy, bientôt confirmée par des protestants échappés de
Dieppe.
Killegrew remit à La Mothe-Fénelon la lettre de Charles IX, datée du 26 août,
dont le courrier était porteur. C'était la reproduction de toutes celles écrites ce
jour-là et la même allusion à la lutte engagée entre les deux maisons de Châtil-
lon et de Guise dont l'amiral et les principaux chefs protestants avaient été les
victimes.
La Mothe s'empressa de mettre cette lettre sous les yeux de Killegrew, à l'effet
d'atténuer l'opinion déjà répandue en Angleterre que la Saint-Barthélémy était
de longue date concertée avec Rome et Philippe II, et que les noces du roi de
Navarre et de Marguerite de Valois n'avaient été qu'un piège pour avoir sous la
main tous les huguenots 1.
Charles IX, dans une seconde lettre, datée du lendemain, changea de langage :
et Je vous fis hier, disait-il à La Mothe-Fénelon, une dépêche de l'émotion qui
advint, dès le matin, qui continua hier et qui véritablement, à mon très grand
regret, n'est encore apaisée; mais pour ce que l'on a commencé à découvrir la
conspiration que ceux de la religion prétendue réformée avoient faite contre moy-
même, ma mère et mes frères, vous ne parlerez point des particularités de ladite
"émotion et de l'occasion, jusqu'à ce que vous ayez plus amplement et certaine-
ment de mes nouvelles2. n
Dès que La Mothe eut reçu cette nouvelle dépêche, il fit demander une au-
dience à Elisabeth; elle était alors au château de Woodslock, et lui fit répondre
qu'elle l'y recevrait le 8 septembre. Au jour fixé, elle s'entoura de tous les
membres de son conseil, de toute sa cour, ce qui n'était pas d'usage. A l'entrée de
l'ambassadeur il se fit un grand silence, tous les yeux se fixèrent sur lui irrités et
menaçants. Vêtue de noir, en signe de deuil , Elisabeth s'avança de quelques pas
à sa rencontre, et l'emmenant dans une embrasure de fenêtre : «Les bruits qui
courent sont-ils vrais"? 11 dit-elle d'une voix brève et sévère.
— «La soudaineté du danger, répondit La Mothe, n'a même pas laissé au Roi
le temps de la réflexion; il a été contraint de laisser exécuter contre l'amiral et
les siens tout ce qu'ils avaient prémédité contre sa personne, n
■ — tr Je voudrais de bon cœur, reprit-elle , que les crimes imputés à l'amiral et aux
1 Correspond, diplom. de La Mothe-Fénelon, t. V. p. 1 1 5 et suiv. — ' Ibid. , t. VU, p. 3a5.
Catherine db Médicis. — îv. p
UiriliyLIUE NiTIOSALi;.
cxxii INTRODUCTION.
siens fussent encore plus grands que ceux qui leur ont été autrefois reprochés,
et que cette nouvelle conspiration dépassât toutes celles du passé; car je suis ja-
louse de l'honneur et de la réputation du Roi, que j'estime et que j'aime plus que
tout le reste du monde. Tout d'ahord j'ai pris sa défense et cherché à le justifier;
mais depuis que j'ai appris qu'il a tout fait approuver par son Parlement, je ne
sais plus que penser ni que dire; je prie Dieu de détourner de sa tête les malheurs
que j'entrevois. 11
La Mothe, après l'en avoir vivement remerciée, affirma que rien n'avait été
prémédité, que la religion n'y était point mêlée et que l'édit serait intégralement
maintenu et observé , et il exprima le désir que le bon accord entre les deux cou-
ronnes n'en fût ni refroidi ni diminué.
« Je crains bien, dit-elle, que ceux qui ont fait abandonner au Roi ses propres
sujets ne le fassent renoncer à notre amitié1, n
Et comme il se récriait et qu'il exprimait le désir sincère de Leurs Majestés de
poursuivre le projet de son mariage avec le duc d'Alençon , et de recevoir bientôt
Leicester à la cour de France, ainsi qu'il l'avait projeté : « Je ne permettrai pas,
répliqua-t-elle, qu'il expose sa vie en allant en France, et je réglerai ma propre
conduite sur celle qui sera tenue. »
Au sortir de chez la reine La Mothe-Fénelon vit tous les ministres et il eut à
essuyer les reproches les plus violents pour tr cet acte trop plein du sangn. Ils
n'étaient en cela que les interprètes des colères que la Saint-Barthélémy avait
soulevées en Angleterre. L'évêque de Londres demandait, en guise de repré-
sailles, la tête de Marie Stuart, et Killegrevv venait d'être envoyé en toute hâte à
Edimbourg. Ses instructions signées de la main de Burghley portaient ctque la
reine d'Ecosse était devenue un très grand danger pour l'Angleterre, et qu'il ne
s'agissait pas seulement d'un simple changement de prison, mais qu'on attendait
plllS 11.
Une lettre de Leicester à Walsingham nous fait bien comprendre l'état des
esprits en Angleterre.
a Si le Roi est l'auteur de cet affreux guet-apens, qu'il en subisse la honte et la
confusion; mais si l'imminence du danger qu'on lui a fait entrevoir l'a porté à
cette extrémité, ainsi que l'ambassadeur de France veut nous le faire accroire,
quelle que soit l'horreur d'un tel acte, si vraiment il n'a cédé qu'à la crainte, et si
1 Correspond, diplom. de La Mothe-Fénelon , t. V, p. 120 et suiv.
INTRODUCTION. cxxiu
son cœur est touché d'un vrai repentir, qu'il en donne une juste justification tant
à Dieu qu'aux hommes en faisant poursuivre tous ceux qui lui ont donné de si
pernicieux conseils '. v
Mais l'Angleterre était encore plus effrayée qu'indignée. « L'ambassadeur de
France auprès de Sa Majesté, écrivait Burghley à Walsingham, a tout t'ait afin de
m'ôter l'idée que le Roi n'est pas coupable du massacre, il m'a donné l'assurance
qu'elle n'a rien à craindre de la flotte de Strozzi; néanmoins nous avons sujet de
nous défier de tout ce qu'on peut nous dire; aussi travaillons-nous à mettre nos
côtes en état de défense et à faire prendre la mer, le plus tôt possible, à la
flotte de Sa Majesté 2. v
Continuons à jeter un regard sur l'Europe : dès le 29 août Mondoucet écrivait
à Charles IX : n Les Espagnols font de telles réjouissances que Votre Majesté peut
penser les prospérités que telles choses apportent à leurs affaires, «
Effrayé du parti qu'ils allaient en tirer, il vint au camp du prince d'Orange
lui annoncer lui-même la nouvelle de la Saint-Barthélémy. Si inattendu, si ter-
rible que fût ce coup, le Taciturne ne se départit pas de son câline habituel :
fr J'avois appuyé, dit-il, le meilleur de mes affaires sur le Roy votre maître, il me
semble impossible que jamais il puisse se purger de ce qu'il a fait à l'endroit des
princes protestants de l'Allemagne et autres de cette religion. Il est bien néces-
saire qu'il prenne de bons conseils, car je prévois que son royaume retournera
dans de nouveaux troubles3. t>
Dans une lettre à son frère Jean de Nassau, il ne lui dissimule pas les fatales
conséquences qui en résulteront pour leur cause : « S'il ne fût intervenu l'exécu-
tion de la Saint-Barthélémy nous étions déjà pour cette heure maîtres du duc
d'Albe et eussions capitulé à notre plaisir4, r>
En Suisse, cette terre amie, qui de tout temps nous avait fourni de braves et
fidèles soldats, l'indignation n'est pas moins grande. Grantrie, qui y était résident,
écrit à Catherine le 19 septembre : «Madame, il vint nouvelles de toutes parts
à tous les cantons protestants d'une vesperline donnée à tous les huguenots par
tout le royaume et que mesme l'on n'avoit pas pardonné aux femmes et enfans,
criant si haut et avec tant d'exécrations que je ne l'oseray jamais écrire. Brief,
Madame, ils disoienl que c'estoit une délibération et résolution que Vostre Majesté,
Monseigneur d'Anjou avec MM. de Guise, avoient machinée il y a longtemps,
1 Lettres de Walsingham, p. 29G. — 2 lbkl. , p. 295. — 3 Bibl. nat. , fonds français, n° 16197,
fol. 72 v°. — 4 Gachard, Correspondance de Guillaume d'Orange.
oxuv INTRODUCTION.
exemptant le Roi de cela et que Vostre Majesté avoit establi les noces du roi de
Navarre avec Madame pour mieulx attrapper ceux-là et que l'on voyoit bien en
un même temps ce que le sieur Strozzi a fait à la Rochelle, feignant d'aller aux
Indes, ce qui s'est exécuté à Orléans, Lyon et autres lieux. 11 ne sera pas hors
de propos de faire imprimer une apologie où tout le succès de cecy fût bien dis-
couru, faire mention de quelques-uns de la religion qui auroient ouy ces mal-
heureux conseils avec les confessions de ces secrétaires du feu amiral et autres
prisonniers que Vos Majestés tiennent, pour cela estre publié par toute l'Alle-
magne, icy et autre part1.!)
De son côté Schomberg jette un crime d'alarme : «■ Madame, je vous laisse à
penser si les adversaires et compétiteurs de votre fils sont soucieux et diligents à
ne perdre ceste occasion qui se présente à se restablir et remettre en la bonne
grâce et faveur des princes protestants aux dépens de la réputation du Roi et de
la grandeur de Monseigneur votre fds. Il faut nécessairement, si vous ne voulez
quitter de gaîté de cœur une si belle partie, quasi gagnée, que, par tous les moyens
du monde, Sa Majesté fasse connoître aux princes d'Allemagne que ce qui est
advenu en France n'est pas en haine ni ruine de la religion des huguenots. Oultre
cela rien ne nous accule tant notre négociation, sinon qu'ils se persuadent qu'on a
voulu donner moyen au duc d'Albe d'avoir plus aisément la raison du prince
d'Orange, mesme qu'ils tiennent pour chose certaine que le Roy envoie M. de
Guise au secours dudit duc d'Albe. Il leur est pareillement imprimé en la tête
que le Roi a fait une protestation par laquelle il jure saintement et religieuse-
ment qu'il n'a jamais eu volonté ni intention de prester par homme du monde
faveur contre son bon frère le roy d'Espagne; que l'amiral l'y avoit bien voulu
persuader, et quasi contraindre, mais que ledit amiral avoit reçu le loyer de
son malheureux conseil. Or il est requis sur toutes choses que le Roi envoyé
homme de grande autorité et d'entendement à cette prochaine diète, tant pour
sa justification que pour avoir l'œil sur tout et pour rompre ou pour le moins
traverser les menées qui s'y brasseront contre son service et la grandeur de Mon-
seigneur2, ri
Par le même courrier il mandait au duc d'Anjou : «L'opinion que les princes
d'Allemagne se sont imprimée en la teste, et de laquelle il est impossible de les
1 Bibl. nat., Cinq cenls Colbert, n° 627, ' Bibl. uni., Cinq cents Colbert, n' lt 00 (volume
fol. 1 56. non paginé").
INTRODUCTION. cxxv
détourner en ceste première heure, est que tout ce qui est advenu en France
s'est fait par préméditation. Ces calomnieuses opinions et plusieurs autres, que
j'ai mandées au Roi et à la Reine, nous renversent quasi tout dessus dessous. Je
meurs de dépit, Monseigneur, de voir que vos compétiteurs sont en terme de
vous supplanter, mais sus, holà, si vous ne voulez vous faire désarçonner du
tout '.11
Il avait également écrit à l'évêque de Limoges : « Avant tout, il faut consolider
la playe que la mort de l'amiral et l'effusion du sang des huguenots ont faite au
cœur des princes de la Germanie; car présentement on n'aura nulle raison d'eux.
C'est au Roi à faire connoistre par effet et par un gracieux traitement qu'il fera
aux huguenots, qu'on ne veut exterminer la religion, et surtout on doit fuir toute
intelligence secrète avec l'Espagnol et ses adhérents. Au surplus, le Roi et Mon-
seigneur le duc d'Anjou doivent rechercher, caresser et chérir de tout leur pos-
sihle les princes d'Allemagne, pour ne leur donner occasion de se précipiter par
désespoir aux lacs des ennemis de la couronne de France2, n
De Pologne où il soutenait si habilement la candidature du duc d'Anjou, et où
il n'avait pu parvenir qu'au risque de sa vie, Moulue, l'évêque de Valence, écrit
au secrétaire d'Etat Brùlart cette lettre énergique qui, sans aucun doute, dut être
mise sous les yeux de Catherine : cr Vous entendrez comment ce malheureux vent
qui est venu de France a coulé le navire que nous avions déjà mené à l'entrée du
port. Vous pouvez penser comme celui qui en avoit la charge a occasion de s'en
montrer content, quand il voit que la faute d'aultruy a perdu le fruit de ses la-
heurs; je dis faulte d'autruy, parce que, puisque on avoit envie de ce royaume de
Pologne, l'on pouvoit et devoit surseoir l'exécution qui a esté faicte3. «
Krassowski, ce nain polonais, qui après avoir longtemps séjourné à la cour
de France où il était si goûté, venait de retourner en sa patrie et y était devenu
le plus dévoué et le plus habile auxiliaire de l'évêque de Valence, écrivait le même
jour à Catherine : «Les Allemands, qui ont déjà dépensé en pure perte soixante
mille thalers pour l'élection de l'archiduc Ernest, se sont mis à écrire de telles
calomnies que je n'ose les répéter. Ils ont été jusqu'à dire que le Roi et Mon-
seigneur le duc d'Anjou couroient les rues de Paris, criant : Mort aux huguenots!
Tous les protestants du royaume, et ils sont nombreux, qui estoient de nostre
parti, ne sçavent plus que faire, ni ou aller'1. 11
1 Bibl. nat. , Cinq cents Colbert, n° ioo. — ' Ibid. — 3 Cinq cenls CoJbert, n" 7, foi. kh^. — ' Bibl.
nat., fonds français, n° 58o6.
cxxvi INTRODUCTION.
Mais les remontrances les plus vives, les plus hardies vont être faites à Cathe-
rine par du Ferrier, l'ambassadeur de France à Venise :
et Madame, la vérité est certaine, indubitable que les massacres advenus par tout
le royaume de France non seulement contre l'amiral et autres principaux chefs
de la religion, mais aussi contre tant de pauvre peuple innocent, ont si fort émeu
et altéré l'humeur de ceulx qui sont par deçà affectionnés à votre couronne, en-
core qu'ils soyent du tout catholiques , qu'ils ne se peuvent contenter d'excuse
aucune, imputant tout ce qui a esté fait à vous tant seulement et à Monseigneur
d'Anjou. Par le moyen susdict, il s'est ostéla couronne impériale, n'ayant aupara-
vant rien tant désiré les Allemands, mesme les protestants, que de le faire em-
pereur et de remettre l'Empire en la maison de France, et disoient estre bien
informés que ledit amiral et aultres ne conspiroieut jamais contre Vos Majestés
ou aucun des vostres, et ne se peuvent assez émerveiller que par tels moyens on
ait voulu faire si grand et évident tort à Monseigneur et si fort agrandir le roi
d'Espagne, qui se peult dire aujourd'hui le seul prince de la chrétienté qui com-
mande à tous aultres; et disent encore que, pour venir à bout desdicts chefs, il y
avoit d'autres moyens aussi certains et qui n'eussent pas tant ollensé les étrangers
et donné à parler à la postérité. Et combien, Madame, que je ne croye à rien de
tout ce que dessus, je vous ai bien voulu escrire et vous supplier de vous garder
mieux que vous n'avez faict d'aulcuns désespérez qui passent par icy, lesquels
sont si fols et téméraires de dire que vous avez mieux aimé ruyner le royaume
de France eu vous vengeant de l'amiral que l'augmenter et que vous ressentir du
mal de celuy qui a faict mourir vostre ûlle '. r>
Une pareille lettre blessa profondément Catherine; le icr octobre, elle lui
répondit : «J'ay veu ce que m'avez escript le 16 septembre de l'opinion que au-
cuns ont que ce qui a esté exécuté en la personne de l'amiral et de ses adhérens
a esté à l'instigation de moy et de mon fils le duc d'Anjou, avec tous ces discours
qu'ils vous ont fait là-dessus du tort que par ce moyen a esté fait à mon fils à
l'endroit des princes protestants, qui a voient tous le désir de le faire empereur,
et de ce que j'aurois mieux aymé ruiner ce royaulme en me vengeant de l'amiral
que de l'augmenter et me ressentir du mal de celuy qui a fait mourir ma fille.
Sur quoy je vous ay bien voulu advertir que je n'ay rien fait, conseillé, ny permis
en rien que ce que l'honneur de Dieu, le devoir et l'amitié que je porte à mes
1 liiLI. impériale de Saint-Pétersbourg; voir noire livre, Le xvi' siècle el les Valois.
INTRODUCTION. cxxvii
enfans me commande, d'aultant que, ayant l'amiral, depuis la mort du feu roy
Henry, monstre par ses actes qu'il ne tendoit que à la subversion de cet Estât,
et que, au lieu de se recognoistre comme subject, il s'estoit si bien établi et
aggrandi en ce royaulme, qu'il y avoit les mesmes pouvoirs et commandement
que lu y à l'endroyt de ceux de sa religion, tellement que, estant rebelle à son
prince, il a pris par force ses villes tenues et gardées contre luy, n'ayant
point craint de donner plusieurs batailles et esté cause de la mort d'un si grand
nombre de personnes, et encores depuis la dernière paix et édit de pacification,
il a conspiré si malheureusement contre la personne de son Roi et de ses frères,
comme les princes estrangers seront bientost éclaircis au vray par le procès que
sera bientost jugé en sa court de parlement à Paris, que je m'asseure que l'on
dira que le Roy mon fds a fait ce qui appartenoit à sa grandeur, et que l'amiral
estant si fort, si puissant en ce royaulme, comme il estoit, ne pouvoit estre au-
trement puny de sa rébellion que par la voie que l'on a esté contraint de prendre
tant en sa personne que de ceux qui tenoient son party, et ayant esté bien marry
que, sur l'esmotion, plusieurs autres personnes de leur religion ont été tuées par
les catholiques qui se ressentoient d'infinis maux, pilleries, meurtres et autres
meschants actes que l'on avoit exercés contre eulx.
«Et pour le regard de ce que me mandez de celuy qui a fait mourir ma fille,
j^est chose que l'on ne tient point pour certaine, £t si elle estoit, le Roy mon fils
n'en pouvoit faire la vengerie en Testât que son royaume estoit lors; mais à présent
qu'il est tout ung, il aura assez de moyen et de force pour s'en ressentir, quand
l'occasion s'en présentera et m'asseure que, quand les princes protestants auront
bien sceu la vérité et considéré tout ce que dessus, ils continueront à l'endroit de
mon fils la mesme volonté qu'ils avoient auparavant que ceci fût advenu.
«Pour le regard de ce que me mandez pour l'élection (lu roy de Pologne et ce
qui en a esté fait du costé de l'Empereur, et aussi les propos que le légat de
Nostre Saint-Père vous en a tenus en faveur du duc d'Anjou, et que Sa Sainteté
feroit plus pour lui que pour nul autre, si elle sçavoit qu'il y voulut entendre,
je vous prie, Monsieur du Ferrier, lui dire que nous le prions de s'y employer
de tout son pouvoir '.n
1 Bibl. nat. , fonds français, n° 3i 555 , f° 112.
cixviii INTRODUCTION.
XV
Maintenant que nous avons fait notre tour d'Europe et que nous avons pu
faire apprécier l'impression profonde produite par la Saint-Barthélémy, reve-
nons à Catherine et voyons-la aux prises avec les difficultés et les dangers du
lendemain. Les ambassadeurs de Venise et des princes d'Italie, ceux du duc de
Savoie et du roi d'Espagne ne lui avaient pas ménagé les félicitations et les en-
couragements; mais de la part de celui de l'Angleterre, de Walsingham, l'ami, le
confident de Coligny et des autres chefs protestants, elle devait s'attendre à de
sévères et énergiques remontrances, et elle avait à tenir un tout autre langage.
Le 26 août il avait envoyé l'un de ses secrétaires la remercier. d'avoir veillé à
sa sûreté et à celle de ses compatriotes, et il l'avait priée de lui faire connaître les
causes qui avaient pu motiver cette sanglante exécution; car, divers bruits ayant
couru, il tenait à transmettre à la reine sa maîtresse ce qui en était au vrai. Au
lieu de répondre, ce qui lui eût été peut-être difficile, elle préféra s'en entretenir
avec lui. Le 1" septembre, Lansac et Mauvissière, suivis de douze gentilshommes,
car les rues étaient encore peu sûres, vinrent le chercher à son hôtel et le condui-
sirent au Louvre. Charles IX le reçut le premier et en l'abordant il lui dit que,
pour couper court à tous les bruits répandus, il avait ordonné que l'on procédât
au procès de l'amiral et de ses- complices et qu'il s'empresserait d'en adresser le
résultat à la reine sa sœur. Il ajouta qu'il avait été contraint, à son extrême re-
gret, à ce qui avait eu lieu, pour préserver sa vie, celle de sa mère et de ses
frères, et protesta de la sincère affection qu'il portait à la reine Elisabeth, osant
espérer qu'elle ne prendrait pas occasion de ce qui venait de se passer pour
croire le contraire.
Walsingham répondit que, si la culpabilité des protestants pouvait être démon-
trée, sa maîtresse en ressentirait plus de joie que personne; car au-dessus de toute
autre considération elle mettait la vie de Sa Majesté. S'étant plaint du meurtre
de trois Anglais, Charles IX s'en montra très peiné et promit de faire punir sé-
vèrement les coupables, si l'on parvenait à les découvrir. De chez le Roi, Wal-
singham fut mené chez Catherine. Elle se borna à répéter tout ce que son fils lui
avait dit et, au moment où il se retirait, elle l'assura que l'édit de pacification
serait maintenu et la conscience des protestants respectée1.
1 Lettres et mémoires de Walsingham, p. a83 et suiv.
INTRODUCTION. cxm
A la suite de cette première entrevue, Mauvissière vint le visiter et ayant
amené l'entretien sur le projet de mariage du duc d'Alençon, il le pria de l'ap-
puyer avec le même zèle que par le passé.
— n Tout ce que je vois, répondit Walsingham, ne m'y encourage guère, n
— «Pourquoi alors, répliqua Mauvissière, ne vous en expliquez-vous pas de
nouveau avec la Reine ? n
— «J'y suis tout disposé, mais à la condition qu'elle me fasse appeler, n
C'était un jeu joué; Catherine l'envoya chercher tout aussitôt, et allant droit
au fait : «J'ai su par Mauvissière que vous avez émis des doutes sur notre sin-
cérité à vouloir le mariage de mon fds d'Alençon avec votre reine, faites les moi
connaître et je vous répondrai, -n
H allégua les étranges procédés dont on avait usé dans la négociation du ma-
riage du duc d'Anjou, ce qui avait donné lieu de supposer que ce n'était qu'une
ruse pour tromper les protestants et préparer la Saint-Barthélémy; puis il se
plaignit de la violation de l'édit de pacification.
Evitant de répondre directement : « La ligue que nous avons récemment conclue,
dit-elle, l'a été avec votre reine et non avec l'amiral, en quoi y avons-nous
manqué ?a
— «Je le reconnais, Madame, mais la liberté de conscience avait été accordée à
l'amiral et à ses coreligionnaires; c'était pour nous la meilleure garantie de sécu-
rité n; puis faisant brusquement allusion aux conventions secrètes de la conférence
de Bayonne, «La Saint-Barthélémy, osa-t-il dire, est une véritable déclaration de
guerre à tous les princes protestants. i>
— «Vous me parlez de Bayonne, reprit-elle avec aigreur; c'est une des inven-
tions de l'amiral pour nous rendre odieux et nous faire des ennemis de tous nos
amis. D'ailleurs, sachez-le bien, votre reine n'a pas autant à se louer de lui que
vous le pensez; dans un testament qu'il fit, lors d'une maladie à la Rochelle, il
recommandait au Roi mon fils d'abaisser, autant qu'il le pourrait, les Espagnols
et les Anglais, à l'effet d'assurer la tranquillité de ses propres États, n
— «C'est son éloge, Madame, que vous venez de faire n, répliqua-t-il.
Laissant de côté ces questions irritantes, elle revint au projet de mariage
de son fils d'Alençon, pour reserrer plus intimement une parfaite union entre
les deux couronnes, et elle mit en avant, comme par le passé, l'idée d'une en-
trevue.
«En supposant, Madame, qu'elle put avoir lieu, permettez-moi, dit-il, de vous
Catuerise de MÉD1CIS. IV. Q
LUI r IMI I.IL NATIONALE.
ou* INTRODUCTION.
poser deux questions: la première relative à l'exercice de la religion, telle que
le duc d'Alençon la réclame; la seconde, relative à l'édit de pacification. n
— et Aucune difficulté, répondit-elle, en ce qui regarde la question religieuse,
mon fils d'Alençon donnera à cet égard toute satisfaction à votre reine, n'en
doutez pas; quant à l'édit de pacification, le Roi mon fils laissera à ses sujets
protestants toute liberté de conscience, mais ne permettra à l'avenir que l'exer-
cice de la seule religion catholique, n
— «Mais, Madame, vous m'aviez dit tout le contraire dans notre première en-
trevue, n
— et De nouvelles menées ont été découvertes et elles motivent la suppression
de l'exercice de la religion protestante. Toutefois [es huguenots auront en France
la même liberté que les catholiques en Angleterre, t
- — et Notre reine, Madame, n'a pas publié d'édits; si elle l'avait fait, elle tien-
drait sa parole, n
— ttEHe est libre de ses actions, comme nous des nôtres, n
— «Alors Madame, en cas d'une attaque, l'Angleterre peut-elle toujours
compter sur la France ?n
— ce Certainement, même en cas d'une attaque du roi d'Espagne ; vous le voyez .
je ne fais aucune difficulté de vous le nommer. Notre seul désir c'est de maintenir
notre royaume en repos1.!) Sur cette dernière réplique, l'entretien se rompit.
Cette interdiction de l'exercice de la religion protestante était bien tout d'a-
bord dans la pensée de Catherine et de Charles IX. Dès le lendemain de la Saint-
Barthélémy, une lettre de la duchesse de Guise à sa mère, Renée de Ferrare,
l'indique formellement : te Madame, il me fâche vous dire chose qui vous fâche;
mais je ne dois, ce me semble, fallir, c'est que le Roi s'en va faire un édit comme
il veut que tout le monde en son royaume aille à la messe, et aujourd'hui le roi
de Navarre et la princesse de Navarre y sont allés ce matin, présents le nonce1 du
pape et le prince de Condé et trois de ses frères. Si vous n'y allez, je crains que
l'on s'en prenne à vos serviteurs. Ils ont tant résolu de ne vouloir point non
seulement l'exercice, mais qu'ils veullent résolument que tout ce qui est en ce
royaume tienne leur religion. Je crains qu'ils vous le commandent'2.'!)
Jusqu'ici Walsingham n'avait parlé qu'en son propre nom; une fois qu'il eut
reçu les instructions d'Elisabeth et de ses ministres, étant laissé libre de sou-
' Lettres de Walsingham, p a83 cl suiv. — * Bibl. nat., fonds français, n" 3a3o, f U.
INTRODUCTION. cxxxi
mettre leurs remontrances soit au Roi, soit à Catherine, il préféra s'adresser à
elle, car on lui attribuait les cruautés qui se commettaient dans toutes les pro-
vinces.
rcLa reine ma maîtresse, lui dit-il tout d'abord, ne sait cpie croire, ni que
penser envoyant que, sans distinction d'âge ni de sexe, ceux de la religion sont
massacrés; elle a donc tout lieu de craindre que l'honneur du Roi n'en soit en-
taché, et elle s'étonne qu'une princesse si prudente et si expérimentée que Votre
Majesté y ait prêté les mains. Il eût été aussi facile d'arrêter les malheureux que
de les égorger •»; et z*evenant sur ce qu'il avait déjà dit : te Ma maîtresse ose espérer
que le Roi s'en justifiera et devant Dieu et devant les hommes, ri
— «Je ne suis point surprise, dit-elle, de l'étonnementde votre maîtresse, cette
exécution a été faite avec plus de cruauté que le Roi mon fils n'aurait voulu. Il
n'est pas un tyran; l'on a eu bien de la peine à le contraindre à faire ce qu'il a fait.
Le procès', qui se poursuit, démontrera l'imminence du danger auquel nous avons
échappé; nous avons été prévenus du complot par des personnes non suspectes
d'agir par passion religieuse, mais plutôt liées d'amitié avec l'amiral », et elle pré-
tendit que Montgomery était prêt à monter à cheval avec une forte troupe de
cavalerie.
— ce Mais, Madame, le jour même de la blessure de l'amiral, il s'est adressé à
moi pour savoir s'il y avait à craindre des troubles et je lui ai répondu que je ne
le pensais pas; il n'avait d'ailleurs avec lui que quarante cavaliers, v
— » Soit, je veux bien croire qu'il n'est pas aussi coupable que les autres ; d'ail-
leurs, depuis sa fuite, il a offert de se soumettre. Priez la reine votre maîtresse
de s'en rapporter uniquement aux explications que notre ambassadeur lui don-
nera1, n Et elle le congédia.
De ces divers entretiens, Walsingham en vint à cette conclusion qu'il y avait
moins de péril à avoir la France pour ennemie que pour amie et ce qui allait
se passer en Picardie allait le rendre encore plus défiant et plus hostile : sans
tenir compte des remontrances de Charles IX qui avait insisté pour qu'il ne fît
aucun quartier aux compagnons de Genlis et aux défenseurs de Mons, remon-
trances qui lui avaient été soumises par Mondoucet et appuyées par Philippe II,
le duc d'Albe avait traité de la reddition de la place, accordé aux assiégés
d'en sortir avec les honneurs de la guerre, enseignes déployées, et il avait reçu
1 Lettres et mémoires de Wahingham, p. 299.
cxxsu INTRODUCTION.
Ludovic de Nassau avec les plus grands égards, cr Philippe II, écrivait Gassot, au
duc de Nevers, dont il était l'un des familiers, en est très mécontent, estant les
affaires en si bons ternies, le prince d'Orange dégoûté de son entreprise, et
n'ayant aucune espérance de secours du côté de la France l.i>
Si, pour la première fois de sa vie, le duc se montrait humain, c'est qu'il tenait
à rendre la Saint-Barthélémy encore plus odieuse, et laisser à Charles IX ce rôle
de bourreau dont il ne voulait plus.
Ces malheureux Français qui, depuis des mois enfermés dans Mous, y luttaient
si vaillamment, avaient trouvé un généreux défenseur dans Mondoucet. Le 18 sep-
tembre il avait écrit à Charles IX : «Ils pensent avoir agi par votre ordre, et
maintenant voyant la démonstration que Votre Majesté a faite du contraire en
France, ils ne savent plus de quelle part aller, ne fuyretque sorlans de là dedans,
leur volonté estoit de s'aller se jeter à vos genoulx et à vos pieds afin d'obtenir
leur pardon -. •»
A ces touchantes supplications, le Roi répondit en donnant l'ordre de leur
courir sus, et le duc de Longueville chargé de leur souhaiter la bienvenue que le
Roi leur réserve, les fera traquer de ville en ville, de village en village comme
des bètes fauves. Un seul fut épargné, c'est La Noue. Avait-on déjà jeté les yeux
sur lui pour ramener ceux de la Rochelle à l'obéissance, les lettres du Roi, les
remontrances de Riron, ayant été jusqu'ici impuissantes, tout porte à le croire.
Avant de rentrer en France, il eut un entretien avec le duc de Longueville, et
le conseil qu'il en reçut sur la conduite qu'il aurait à tenir indique bien l'état
d'irritation sous l'empire duquel Charles IX était resté depuis la Saint-Barthé-
lémy : tt Advisez bien désire sage et parlez sagement; car vous ne parlerez plus à
ce Roy doux, bénin et gracieux que vous avez veu cy devant; il est tout changé;
il a plus de sévérité ast'heure au visage qu'il n'a jamais eu de douceur 3.n
Pendant que la Picardie était le théâtre de celte chasse à l'homme, Walsin-
gham tombé malade, et ne se sentant pas assez bien rétabli pour demander au-
dience, pria la Reine de lui envoyer un gentilhomme de confiance avec lequel il
pût s'entretenir en toute sécurité.
Le 7 octobre, il reçut la visite de MM. de Mauvissière et Rrùlart. Catherine,
s' obstinant à croire que le mariage de son fils d'Alençon était encore possible, les
' Bibl. nat., fonds français, Lettre de Gassot ait ! Bibl. nat., fonds français, n° 16127, ^ 10^-
duc de Nevers, n" 323^7, f* 68. 3 Brantôme, (Mit. de L. Lalanne, t. V, p. 317.
INTRODUCTION. cxxxm
lui avait envoyés pour lui en parler; mais à la première ouverture deMauvissière,
il l'arrêta tout court : «Après toutes les cruautés, qui sans relâche se continuent
contre ses coreligionnaires, comment voulez-vous que notre reine puisse pen-
ser que le duc soit l'époux qui lui convienne 1t> Puis changeant de terrain, il
demanda des explications sur la flotte formidable que Strozzi rassemblait entre
la Rochelle et Bordeaux, et sur le procès des prétendus complices de l'amiral.
Mauvissière lui promit de lui donner toute satisfaction sur la flotte de Strozzi
et affirma que le procès touchait à sa fin.
Le 8 octobre, Brûlart seul vint le revoir : et II lui dit qu'on travaillait sans re-
lâche au procès des complices de l'amiral et qu'aussitôt terminé, il lui en ferait
connaître le résultat. Quant à la flotte de Strozzi, deux mille hommes de ceux qui
en faisaient partie venaient d'en être détachés et envoyés à la frontière des Pays-
Bas où les Espagnols massaient de grandes forces. Le Roi tenant avant tout à
l'amitié de la reine Elisabeth, elle n'avait donc rien à redouter *. •» Mais, en dépit
de ces pacifiques démonstrations, Walsingham resta avec tous ses soupçons :
rr Autant, écrit-il à Smith, j'avais mis de bonne volonté à me fier à leur sincérité,
autant aujourd'hui j'ai des raisons de croire qu'ils ne veulent que nous endormir.
J'ai toujours eu bonne opinion du duc d'Alençon; mais la Reine mère ayant pro-
mis de passer en Angleterre, et revenant sur sa parole, il me semble que l'on
ne cherche qu'à gagner du temps; aussi, tout considéré, je vois plus de mal à
craindre d'eux que d'amitié à espérer. ■» Et dans une lettre à Burghley : «Ils sont
tellement avides de sang, ajoute-t-il, qu'il n'y a pas une ville, où il y ait des pro-
testants, qui échappe ou au sac ou au massacre2. n Ce qui venait de se passer à
Toulouse et à Bordeaux et qu'il ignorait encore allait donner raison à cette sinistre
prédiction.
A Toulouse, calme complet jusqu'au 3 octobre. Ce jour-là, arrive de Paris
Delpech, l'un des riches marchands de la ville. Il dit publiquement que l'on de-
vait suivre l'exemple de Paris et qu'il en a l'ordre du Roi. Averti de pareilles
provocations, Daffis, le premier président du Parlement et La Valette de passage
à Toulouse font défense à lui et à la bande qu'il avait recrutée d'user de vio-
lence à l'égard des protestants détenus encore dans les prisons. Au mépris de cet
ordre, et le soir même, sur les 1 o heures, Delpech, son fils et les deux conseillers
du Parlement Richard etLanthomy, suivis d'une soixantaine de batteurs de pavé,
Lettres et mémoires de Walsingham, p. 3i G. — ~ lbid., p. 317.
cxxxiv INTRODUCTION.
se font ouvrir les portes de la prison des capitouls en donnant le mot d'ordre ,
et massacrent jusqu'au dernier tous les prisonniers'1. Le bourreau logeait hors la
ville, il est mandé et le lendemain on lui fait pendre à l'orme delà cour du palais
deux des conseillers protestants du Parlement, Latger et Ferrières, revêtus de
leurs robes rouges. Coras avait refusé de sortir de la prison et y avait été tué. tr 11
ne faut pas accuser le peuple de ce massacre, nous dit l'auteur anonyme de ce
récit, ce sont les riches bourgeois de la ville qui y mirent la mainn, et il nous
livre leurs noms 2.
A Bordeaux, lâcheuse coïncidence, le bruit se répandit également, le 2 octobre,
que le Roi avait envoyé à M. de Montferrand l'ordre de mettre à mort quarante
des principaux protestants dont il avait désigné les noms dans un rôle signé de sa
main. Les deux nuits suivantes, Montferrand fait entrer dans la ville un grand
nombre de soldats et, ayant gagné tous les capitaines de la milice bourgeoise qui
auraient pu s'opposer au massacre, il mande les jurats à son hôtel. Là, sans leur
montrer les prétendus ordres du Roi, il les emmène assister aux exécutions qui
vont suivre. Le Parlement averti trop tard de pareils attentats le mande à sa
barre, mais il n'obéit pas et durant que la cour siégeait, il parcourt les rues
à cheval et il fait massacrer par sa bande trois membres du Parlement et d'autres
notables de la ville au nombre de quatre-vingts; puis les prisons furent forcées
et tous ceux qui y étaient encore furent égorgés. Quand il n'y eut plus de vic-
times à frapper, une proclamation défendant le pillage est affichée sur toutes
les murailles de Bordeaux. Le premier président du Parlement, Lagebaston,
auquel nous empruntons ce lamentable récit, était de longue date en suspi-
cion, pour avoir épousé une protestante et continué des relations intimes avec
ceux de la religion. Craignant pour sa vie, il s'enferma dans le château du Ha
d'où il écrivit au Roi : «Sire, il n'est point vraisemblable qu'il soit entré dans
votre ceur de commander tels exploits en ville fort paisible, non seulement parce
que vous aimez vos sujets, comme le père fait ses enfants; mais aussi pour ce
qu'avec l'église catholique vous aimez mieux leur retour à la vraie religion,
comme par deçà ils y retournoient à troupes, tous les jours, que non pas de les
faire massacrer et affoiblir vos forces d'autant. Il semble aux plus clairvoyans qu'il
n'y a rien ici de semblable à l'exemple de ce qui s'est fait à Paris, d'autant que
Votre Majesté et la Roine votre mère et Messeigneurs vos frères y estans, et la
1 De TI1011 a évalué à deux cents te nombre des ' Bibl. nat., fonds français, n° 3a5o. Voir La
victimes. Faille, Histoire de Toulouse, t. 11, p. 3 10.
INTRODUCTION. chxv
conspiration preste à exécuter et si pressante qu'elle ne pouvoit attendre la voie
ordinaire de la justice, il a mieux valu commencer par prévenir que d'estre pré-
venu, comme vous avez déclaré en vostre cour de parlement l'avoir fait pour
cette seule cause; mais en cette ville, de laquelle vous estes éloigné de six à sept
vingts lieues, il n'y a rien de semblable. Telle exécution s'est faite ici et continue
fort mal à propos, d'autant que Montauban, Castres et autres villes du Languedoc
ne regardent que la mine et contenance de la Rochelle et que, faisant la rétive
à se remestre à vostre obéissance, pourra pour son importance être la ruine de
toute la Guienne, déjà aussi d'ailleurs presque ruinée '.n
Charles IX dont on s'est servi du nom et de prétendus ordres donnés par lui
pour ces derniers massacres, tout au contraire, avait cherché à les prévenir et à
les empêcher. Voici la lettre qu'il écrivit, dans cette intention, le 3o septembre,
au duc de Longueville : crMon cousin, d'autant que, sur ce naguères advenu en
ma ville de Houen, où le peuple assemblé a par force ou violences rompu les
prisons, et là tué tous les prisonniers, quelque résistance et empêchements que
ma cour du parlement et autres mes officiers ayent pensé d'y faire, ceux des
autres villes se voudront, possible, servir de cet exemple et faire le semblable,
ce (pie vous sçavez estre directement contre mon vouloir et intention, je vous
prie, incontinent la présente receue, faire derechef expresses défenses à toutes
personnes, de quelque qualité ou condition qu'elles soient, de tuer, piller, sac-
cager, en aucune sorte que ce soit, sous couleur ou prétexte de religion, à peine
contre ceux qui y contreviendront d'être punis de mort sur-le-champ, sans au-
cune forme de procès 2.r>
Ce qui vient encore à la décharge de Charles IX, c'est la lettre que Montpezat,
très compromis pour n'avoir rien empêché, adressa d'Agen, le 22 octobre, au
duc d'Anjou, lettre qui témoigne du très vif mécontentement du Roi, ce dernier
massacre allant de nouveau soulever contre lui les colères à demi apaisées
d Elisabeth et de l'Allemagne protestante : tr Monseigneur, je voy bien que je
tombe de fièvre en chaud mal, vous merciant très humblement de ce qu'il vous
Bibl. nat. , fonds français, n° 1 5555 , f" 1 2/1 et prendre ses fonctions au Parlement. Ce n'est que
soir. Lngebaston était encore, à la fin d'octobre , au plus tard qu'il fut réintégré dans sa cbarge de pre-
ehâteau du Ha d'où il adressait lettres sur lettres niier président. (Voir ses lettres dans le même vo-
au Roi, à Catherine et au duc d'Anjou, les sup- iume du fonds français.)
pliant décrire à MM. de Villars et de Montpezat, ' Bulletin de l'histoire du protestantisme (année
afin d'obtenir de pouvoir aller librement et de re- 1890). Reproduction de la dépêche originale.
cuxvi INTRODUCTION.
plaist me mander du mal contentement qu'a Sa Majesté de ce qui s'est passé à
Bordeaux et de la bonne opinion qu'il vous plaist d'avoir qu'il n'y ait pas de ma
faute l. n
Mais ce regret intéressé que manifeste Charles IX n'allait en rien profiter à
Briquemault et à Cavagnes condamnés à l'avance et sacrifiés à la raison d'Etat.
Si, en effet, de leurs aveux ou prétendus aveux la preuve était acquise de la
conspiration imputée à Coligny et aux chefs protestants, la Saint-Barthélémy
était assimilée au cas de légitime défense, et ainsi Charles IX et Catherine inno-
centés vis-à-vis de l'Europe.
Briquemault s'était d'abord réfugié à l'hôtel de la princesse de Coudé, puis à
l'ambassade d'Angleterre où il avait été pris, au grand mécontentement de Wal-
singham. Cavagnes auquel Benée de Ferrare avait donné asile fut livré par sa
fille, la duchesse de Nemours, à laquelle elle l'avait confié. Dans le procès les
rôles furent intervertis; Briquemault, l'homme d'épée, le vétéran des guerres
civiles, chercha, nous dit Petrucci, à sauver misérablement sa vie2, et si Ton en
croit Mézeray, il proposa même le moyen de prendre la Bochelle, tandis que
Cavagnes, l'homme de robe, se défendit avec dignité et courage3. Gassot, qui sol-
licitera plus tard la confiscation des biens de Téligny, écrivit également au
marquis de Villars que Cavagnes lui-même avait reproché à Briquemault «de
se montrer foible de cœur H.
Pour donner plus d'autorité, plus de retentissement à la condamnation décidée
à l'avance, Coligny fut impliqué dans le procès. La cour, dans son arrêt, décréta
que son effigie serait suspendue à une potence de la place de Grève, tout à côté
de celles de Cavagnes et de Briquemault, qu'elle y resterait vingt-quatre heures,
puis serait traînée à la queue d'un cheval par les rues de Paris et suspendue au
gibet de Montlaucon; que tous ses portraits seraient brisés et foulés aux pieds par
la main du bourreau, ses biens confisqués, ses armoiries rompues, ses enfants
proclamés roturiers, sa maison de Châtillon rasée; qu'en son lieu et place serait
dressé un pilier et sur une plaque de cuivre inscrit l'arrêt de condamnation, enfin
que, chaque année, des prières publiques et processions solennelles auraient lieu.
1 Bibl. nal., fonds français, n° i5555, fol. i56. ' Desjardins, Négociations diplomatiques avec la
De leur côté les jurats de Bordeaux écrivirent au Toscane, t. III, p. 84.
Unique tout avait été fait par le commandement 3 Mézeray, Histoire de France, in-f\ t. III,
de Montferrand et que cela dépendait plus de sa p. 1 33.
charge que de la leur. (Ibid., fol. 129.) ' Bibl. nat. , fonds français, n" 33a&7, fol. 68.
INTRODUCTION. cxsxvii
le ik août, pour rendre grâces à Dieu de la découverte de sa criminelle conspi-
ration.
Le 27 octobre, le jour même où Elisabeth d'Autriche donnait une fille à
Charles IX, Briquemault et Gavagnes mis sur une claie furent traînés en grève,
injuriés par la populace massée sur tout le parcours.
Si nous nous reportons à douze années en arrière, une vieille gravure du temps
nous montre toutes les femmes de la cour d'alors assistant des fenêtres du châ-
teau d'Amboise au supplice de Mazères et de Castelnau, les deux lieutenants de
La Renaudie. Menée malgré elle à cet horrible spectacle, la jeune duchesse de
Guise revint toute éplorée trouver Catherine de Médicis. t-Qu'avez-vous donc, lui
dit la Reine à vous lamenter ainsi ?n — « Ah! Madame, je viens de voir la plus
piteuse tragédie, je ne doute point qu'en bref un grand malheur ne tombe sur
notre maison et que Dieu ne nous extermine de tout pour les cruautés et inhu-
manités qui s'exercent1, -n
Mais la guerre civile avait endurci les cœurs, et l'on s'était habitué à voir
couler le sang. Toutefois, Brantôme, si indulgent d'ordinaire pour Charles IX,
lui reproche d'avoir voulu voir mourir les deux condamnés : ce D'aucuns ne le
trouvent beau, disant que c'estoit aux roys d'estre cruels seulement toutes et
quantes fois que le cas le requiert, mais doivent encore moins estre spectateurs,
de peur qu'ils ne s'accoustument à choses plus cruelles et inhumaines2. •»
Et non moins sévère Walsingham écrivait à Leicester : et Entre toutes les tra-
gédies, la dernière est la plus surprenante, et la plus extraordinaire. Voir exé-
cuter en personne un de ses sujets, et un de ses plus vieux soldats, est un exemple
inusité parmi les chrétiens. Dieu ne permettra pas qu'un prince d'un tel caractère
règne longtemps sur son peuple3. n
En regard de ces dures appréciations, nous, qui à la distance où nous sommes
du xvic siècle n'en partageons ni les passions, ni n'en subissons les influences,
sans toutefois plaider les circonstances atténuantes, nous nous permettrons de
dire que dans la présence de Charles IX et de Catherine à ce supplice des deux
condamnés, il entrait encore plus de politique que de cruauté. Par le côté théâ-
tral de cette exécution, ils tenaient à affirmer devant l'Europe l'existence d'une
conspiration à laquelle elle croyait si peu.
La nuit était venue et pour que l'on ne perdît rien de la vue du supplice, des
1 Régnier de la Planche, Histoire de France sous * Brantôme, édit. de L. Lalanne, t. V, p. 358.
François II, édition de Menechet , p. 16a. 3 Lettres el mémoires de Walsingham, p. 335.
Cathkiuke de Médicis. — iv. n
"Ll.
chuïhj INTRODUCTION.
torches furent allumées autour de l'échafaud. Au moment où Briquemault mon-
tait à la sinistre échelle, le lieutenant du prévôt l'arrêta sur le premier échelon
et lui demanda s'il n'avait pas de nouvelles révélations à faire. Le courage lui
était revenu et se tournant vers le peuple qui l'entourait : a Tout ce que j'ai dit
est faux, s'écria-t-il , je n'ai jamais songé à conjurer contre le Roi ni contre l'Etat.
Je prie Dieu, au tribunal duquel je vais bientôt comparaître, de vouloir par-
donner au Roi et à tous ceux qui sont cause que je meurs injustement, comme
je souhaite qu'il me pardonne les péchés que j'ai commis. n
Cela dit, il continua à gravir les échelons, puis s'arrètant une seconde fois et
prenant de nouveau la parole : ce J'ai quelque chose à révéler au Roi, mais je vois
bien que je ne le peux. 11 H haussa les épaules, comme s'il voulait_ exprimer qu'il
n'avait plus rien à dire, puis se livra au bourreau l.
Quant à Gavagnes, jusqu'à la fin il resta muet. Le supplice achevé, la foule se
rua sur la potence, la renversa et s'acharnant sur ces deux cadavres, s'en disputa
les lambeaux qu'elle promena dans toutes les rues.
Telle fut la dernière scène du drame qui depuis le 26 août ensanglantait la
Fiance.
XV
Le supplice de Briquemault et de Cavagnes sur lequel Catherine et Charles IX
avaient compté pour affirmer devant l'Europe la conspiration des huguenots et
innocenter ainsi la Saint-Barthélémy n'avait en rien modifié l'étal des choses.
Lodieux du massacre était non moins profitable aux puissances prolestantes
qu'aux puissances catholiques également intéressées à l'isolement de la France.
Toutes les dépèches de nos ambassadeurs témoignent de leur persistante hosti-
lité et ce qui allait tout à la fois ouvrir les yeux à Catherine et l'épouvanter, c'est
le rapprochement qui se ménageait entre l'Angleterre et l'Espagne. Mondoucet,
celle sentinelle vigilante de la frontière, dès le 2 5 septembre avait écrit à
Charles IX : a Le duc d'Albe fait force dépêches du côté de l'Angleterre et a
bonne envie de se remettre en bon ménage avec la reine Elisabeth, et, à ce que
j'entends, elle y prête l'oreille, ayant par deçà quelqu'un de ses gens où l'on né-
gocie avec lui pour la reprise du trafic, n
Ce que Mondoucet avait entrevu le premier, La Molhe-Fénelon le confirme :
1 Voir de Thon, Histi universelle, t. VI, p. /1 59.
INTRODUCTION. cxxxis
cr Je sens Lien, écrit-il à Charles IX le 1 o octobre, que toutes choses ont com-
mencé et continuent de nous devenir si contraires par deçà et même pour l'horri-
ble tragédie qui s'est jouée à Rouen. Ceux de ce conseil ne travaillent en rien
tant, à cette heure, que de chercher comment ladite dame se pourra retirer de
votre intelligence et observent le temps, quand et à quelle occasion elle le pourra
faire sans danger; donc, les partisans de l'Espagne ont le vent en poupe et sont
ceux qui plus que les autres, bien cjue la ruine des protestants leur plaise, aggra-
vent les meurtres et exécutions de France et célèbrent jusques au ciel le duc
d'Albe de ce qu'il a su par sa valeur repousser l'armée du prince d'Orange et
reprendre Mons et a gardé la capitulation à ceux de dedans et n'en a tué pas
un sous la sûreté de sa parole. Guaras est depuis deux jours à Windsor. J'en-
tends qu'il est arrivé un navire de la Rochelle et que quelqu'un de ceux qui
étoient dedans est allé jusqu'à Windsor. Le soupçon et défiance croit de plus en
plus en ceux-ci et ne peuvent ni par mes paroles ni par les propres lettres de
\ olre Majesté aucunement se rassurer K v
A cette lettre Catherine répond, le 23 octobre : ce II n'a esté rien fait contre la
reine d'Angleterre et ses sujets et ne lui a esté donné aucune occasion de penser
que nous veuillons aucunement enfreindre nostre traité. Si le Roi a esté contraint
de châtier ses sujets rebelles et qui avoient conspiré contre sa personne et son
Estât, cela ne la touche aucunement, et pour ce qu'ils disent que, voyant les
meurtres qui ont esté faits en plusieurs villes du royaume par les catholiques
contre les huguenots, ils ne se peuvent assurer de l'intention et volonté du Roy
qu'ils n'en voyent quelque punition et justice et ses édits mieux observés, la reine
Elisabeth connoitra bientôt que ce qui est advenu es autres lieux que cette ville
a esté entièrement contre la volonté du Roy, lequel a délibéré d'en faire faire
telle punition et y establir bientôt un si bon ordre, que chacun cognoistra quelle
a esté en cet endroit son intention2, n
Il fallait donc à tout prix détourner l'Angleterre de ce rapprochement avec
l'Espagne qui semblait imminent. Fort heureusement l'accouchement de la jeune
femme de Charles IX fournit à Catherine le prétexte de flatter l'orgueil d'Elisa-
beth, moyen infaillible de se la rendre favorable. Elle se hâte donc d'envoyer
M. de Mauvissière à Londres, avec la double mission de demander à la reine
d'être la marraine de la petite princesse, et de vouloir bien reprendre les propos
1 Correspond, diplom. de La Motke-Fénclon , t. V, p. 160 et suiv. — s lbid. , t. VII. p. 377.
au INTRODUCTION.
de son mariage avec le duc d'Alençon. Un plus habile ambassadeur ne pouvait
être choisi; il s'était déjà fait apprécier et aimer en Angleterre par sa modération.
A sa première audience, Elisabeth lui dit : «Vous me voyez bien embarrassée;
après ce qui vient de se passer en France, si je m'adresse pour me représenter à
n'importe quel personnage, il pensera que je le tiens en bien peu d'estime, et
que je veux me défaire de lui.n
Mauvissière ayant cherché à effacer cette mauvaise impression : ail y en a
môme, reprit-elle, qui craignent le contre-coup de la Saint-Barthélémy en Angle-
terre n; puis venant au projet de son mariage avec le duc d'Alençon, crLes choses
en étaient en si bon termes, qu'il n'y avait plus de grave difficulté; mais, à cette
heure, je m'aperçois que le physique, l'inégalité d'âge et la différence de religion
y mettent plus d'empêchements que je ne me l'étais d'abord figuré. Je vous re-
verrai dans quelques jours, -n
Il eut beau insister, il ne put obtenir une meilleure réponse.
La Mothe-Fénelon, dans une lettre datée du i5 novembre, en donne la vé-
ritable explication : « Le roi d'Espagne a écrit à la reine Elisabeth une lettre fort
pleine d'affection et d'offres, et d'une quasi-soumission, qui semble ne convenir
guères à la grandeur d'un tel prince ni à la récordalion des injures qu'il a re-
çues. Tant y a qu'en ladite lettre, après beaucoup de belles et bonnes paroles,
il insiste au renouvellement des anciens traités et de l'ancienne confédération
d'entre cette couronne d'Angleterre et la maison de Bourgogne, et qu'il est prêt
de la confirmer et jurer de nouveau '. n
Mais les hésitations d'Elisabeth ne tenaient-elles pas à une autre cause. Elle,
qui avait mis la main si avant dans nos premiers troubles, elle qui, en i563,
s'était saisie du Havre en pleine paix, n'entrevoyait-elle pas dans la guerre civile
qui se rallumait sur tous les points de la France la chance inespérée de ravoir
Calais que le traité humiliant de Troyes lui avait fait perdre en 1 5 G 4 ? N'y était-
elle pas d'ailleurs encouragée par les lettres incessantes qui lui venaient de la
Rochelle 1
Languillier, un de ceux qui y avait le plus d'autorité, lui écrivait le 1G no-
vembre : et Sentant l'orage prêt à tomber sur nos têtes, pour après s'étendre plus
loin et ruiner la sainte Église du Seigneur, et élever en plus grand triomphe
celle de l'Antéchrist, nous recourons plus hardiment à Votre Majesté, vo;:s sup-
' Correspond, diplom. d? Ln Molk«- Fcnrloii , t. V, p. aoo.
INTRODUCTION. cxli
pliant de nous faire tant de faveur et de grâce que de nous supporter, secourir et
aider des grandes forces et infinis moyens que. Dieu a mis en vos mains '. n
Au xvie siècle, l'idée de patrie n'avait pas sur les cœurs la puissance, l'em-
pire qu'elle exerce aujourd'hui sur les nôtres; elle n'élait pas mise au-dessus de
tout. A quelques jours de là, faisant allusion au massacre de Bordeaux, les habi-
tants de la Rochelle écrivaient de nouveau à Elisabeth : rt Votre Majesté ne peut
ni ne doit tenir la ligue avec ceux qui veulent exterminer votre peuple de la
Guienne qui, de toute éternité, vous appartient, de quoy Votre Majesté leur fait
encore cet honneur d'en porter les armes. Ce considéré, Madame, qu'il vous plaise
de leur aider de vos forces et moyens, et ils consacreront et exposeront leurs vies
et biens pour vous reconnoitre leur reine souveraine et leur princesse naturelle 2. i>
C'est donc vainement que Mauvissière prolongea son séjour à Londres, espé-
rant toujours obtenir une meilleure solution. A son départ, Elisabeth se borna à
lui dire que Walsingham ferait connaître sa réponse à la proposition si flatteuse
d'être la marraine de la fille de Charles IX.
A Rome la situation s'était également profondément modifiée et dans un sens
hostile à la France. La joie que lout d'abord l'on y avait ressentie de la Sainl-
Barthélemy avait été de courie durée et l'espoir, un instant conçu, de voir /
Charles IX entrer enfin dans la ligue catholique contre le Turc et appliquer eu
France les décrets du concile de Trente s'était bien vite évanoui.
Toutefois Ferais avait pu obtenir du Saint-Père que le cardinal Ursin, qui déjà
était en route pour la France, restât à Avignon et y attendit de nouveaux ordres.
Pour obtenir cette concession, il avait fait valoir les craintes que sa venue inspi-
rerait aux princes prolestants d'Allemagne et à Elisabeth; mais dans les premiers
jours d'octobre, revenant à sa première idée, Grégoire XIII lui représenta que le
séjour en France du marquis d'Ayamonte, envoyé par Philippe II pour compli-
menter Charles IX de l'heureux succès de la Saint-Barthélémy, était un acte
encore plus significatif et plus agressif que l'envoi de sou légat. Ferais répliqua
que le marquis d'Ayamonte n'était qu'un ambassadeur ordinaire, tandis qu'un
légat extraordinaire aurait à débattre les questions religieuses, le grand danger
du moment3.
Sur ces entrefaites, le cardinal de Ferrare vint à mourir, et usant de repré-
1 Record oflice, Stal? papers. Voir notre livre Le xvi' siècle et les Valois, p. 254. — ■ s Ibid., p. 334.
- ' Bihl. nat., fonds français, n° i6o4o, P" 44 et suiv.
cxlii INTRODUCTION.
sailles. Je pape, de sa propre autorité, ayant dispos/' de tous les bénéfices dont il
jouissait, et le conflit s'envcnimant de plus en plus, Catherine, toujours prudente,
écrivit au cardinal Ursin, le 98 octobre : rrLe Roi mon fils, craignant vous voir
en trop grande incommodité à venir le trouver, si la saison l'hiver prochain
s'avance davantage, a ad visé envoyer devers vous ce courrier exprès avec ses
lettres pour vous advertir que, lorsque votre commodité le portera, vous pourrés
bien vous acheminer par deçà'.n
Les dangers qu'amènerait infailliblement la présence du légat à la cour de
France, ainsi que Ferais lavait représenté au Saint-Père, n'étaient que trop réels:
Charles IX les signale dans sa lettre du 2 novembre au comte de Retz, qui pour-
suivait alors à Metz une négociation secrète avec le comte Palatin, et le duc Casi-
mir, son fils : ft Je sais bien que la reine d'Angleterre a écrit aux princes allemands
et aux cantons protestants par messager exprès que. pour certains, javois déli-
béré et résolu d'entrer dans la ligue catholique et que ce n'était pas pour l'em-
ployer contre le Turc, mais contre elle et les princes de la Germanie; sur quoy
j'ay écrit à mon ambassadeui^£assurer __du contraire^ ce que vous ferez de votre
part et aussi Schomberg, si vous êtes ensemble-.-
Schomberg ayant tardé à rejoindre le comte de Retz, Charles IX lui écrit direc-
tement : «Je m'assure que vous n'aurez rien oublié de faire entendre aux princes
et seigneurs de l'Allemagne à qui vous aurez parlé ou écrit la vérité de toutes
choses, et que les mauvais bruits que Ton v fait courir sur les choses qui sont
advenues en ce royaume et les délibérations et intelligences que lesdits bruits
disoient que nous avions et avons encore entre le Roy Catholique et moy sont
faux. ••
Toutes ces précautions étaient nécessitées par les mauvaises dispositions qui
partout se manifestaient contre la France : «La reine d'Angleterre arme, écrivait,
le 1 2 novembre, le nouvel ambassadeur de Toscane, Vincenzo Alamanni, et ce ne
peut être que pour porter secours à la Rochelle. Le Roi a été averti que le roi
d'Espagne cherche à s'accorder avec le prince d'Orange, que le duc d'Alhe l'y
pousse, et fait son possible pour que les menées du prince d'Orange avec l'An-
gleterre soient favorisées par le roi son maître3.
Il n'était que trop bien renseigné, car Saint-Gouard venait d'écrire le 7 novem-
1 Tbeiner, Continuation des Annales de Baronius, " Bibl. nat.. Cinq cents Colberl (4oo) (volume
t. I , p. 36 1 . non pagine*) ; Négociations diplomat. avec la Toscane;
' Bibl. nat., Cinq cnits Colberl, n° 7, p. 576. Lettres et Mémoires de Walsingham.
INTRODUCTION. cxlui
bre : ce Le duc d'Albe, poui' justifier sa mauvaise cause et sou mal procédé aux
affaires de Flandre, travaille par paroles mensongères à obscurcir l'honneur et la
grâce que nous doivent le Roi et la salvation de ses Etats, lesquels étoient perdus
sans remède par la faute dudit duc l. «
Mais le plus grand danger de la venue du légat, c'est qu'elle pouvait faire ob-
stacle à la levée des six mille Suisses négociée par Bellièvre, les cantons protestants
faisant mine de s'opposer à leur départ 2.
Pendant que le cardinal Ursin, parti enfin d'Avignon, s'acheminait à petites
journées pour venir à la cour, où il était si peu désiré, les bruits les plus sinistres
eurent de nouveau cours à Paris. L'on ne parlait rien moins que d'une nouvelle
Saint-Barthélémy, et voici en quels termes Charles IX en fait part à M. de Bel-
lièvre : et Ces jours-ci étant allé à la chasse du côté de la Brie, et la Reine ma mère
et mon frère le duc d'Anjou à Monceaux, conduisant ma sœur de Lorraine
qui s'en relournoit, aucunes canailles firent courir parmi le peuple un bruit
aussitôt que je fus parti, que je voulois qu'on exterminât et pillât ceux qui ont
été de la nouvelle religion estant en ceste ville3, n
Le duc de Nevers, le maréchal de Tavannes et le cardinal de Créqui eurent
facilement raison de cette émeute, et Catherine en les remerciant d'avoir maintenu
l'ordre dans les rues leur prescrivit d'en faire une punition exemplaire, et de
pareils bruits pouvant apporter de nouveaux troubles n.
Le 2 h novembre, le cardinal Ursin entrait enfin dans Paris, wll n'a pas été
reçu, se hâte d'écrire Walsingham, avec les égards dus à sa qualité, ce qui fait
supposer que c'est pour aveugler les princes protestants5. ■» Une lettre de Charles IX
à M. de Bellièvre nous donne le véritable motif de cette apparente froideur :
et J'ai à vous louer, dit-il, du bon effort que vous avez fait pour osier hors de
l'esprit des cantons protestants les mauvaises impressions que l'on leur avoit
données des choses advenues au jour de la Saint-Barthélémy et depuis en aucunes
villes de mon royaume, semblablement aussi l'impression qu'ils ont par là conçue
que j'aye intention d'une ligue avec les autres princes catholiques pour faire
mettre à exécution par force en leur pays le concile de Trente, à quoy servira
beaucoup ce que vous en avez rédigé par écrit et fait translater en allemand
' Bil>l. nat., fonds français, n" 1610^1, j>. a4o. ' Bibl. nat., fonds français, n° 1.5902, f° 256.
2 Ibid. , 258 v°. 5 Lettres et Mémoires de Walsingham.
5 Négociât, diplom. avecla Toscane, l. III, f° 861.
cxuv INTRODUCTION.
pour être espandu en plusieurs endroits de l'Allemagne où les esprits des pro-
testants sont imbus de semblables bruits, vous voulant bien dire que depuis votre
parlement je n'aynon plus pensé a l'établissement du concile que je faisois lorsque
vous êtes party d'auprès de moy, ce que je vous dis aflin que, si le séjour du
légat qui est plus long de par deçà que je ne désireroys, donnoit quelque lieu à
semblable suspition, vous soyez asseuré pour toute vérité qu'il n'en est rien et
chose à quoy je n'ay pensé ni rie pense en sorte du monde1.1»
Mais le cardinal Ursin ne se rebuta pas; pour mieux décider Charles IX à
entrer dans la ligue catholique, il en vint à se contenter de sa simple adhésion
sans la moindre coopération, l'autorité de son nom leur suffirait. Ces nouvelles
et incessantes instances ne furent pas mieux accueillies, l'état du pays ne le mo-
tivait que trop. Sancerre, Montauban, Nîmes, Sommières tenaient leurs portes fer-
mées. Tous les négociateurs envoyés à la Rochelle avaient échoué. A bout de voies
Charles IX avait jeté les yeux sur La Noue, qui avait accepté cette délicate mis-
sion et qui le 16 novembre avait porté à la Rochelle des paroles de conciliation
et de paix.
Voilà sous quelles sombres prévisions finissait l'année 1572, lorsque, le 23 dé-
cembre, Mauvissière revint de sa mission en Angleterre.
Le jour de sa rentrée à Paris, Walsingham vint le visiter, et à la suite de leur
entretien il demanda audience à Catherine, mais elle n'était pas encore remise de
son opinâtre catarrhe et le lendemain il fut reçu par Charles IX. Tout d'abord il
revint sur les massacres qui avaient eu lieu dans les provinces, il se plaignit de ce
qu'on forçait d'abjurer tous ceux qui' avaient pu échapper à la mort; c'était évi-
demment l'anéantissement de la religion protestante que l'on poursuivait. La reine
sa maîtresse avait donc lieu de s'étonner que le Roi ait pu songer à elle pour être
la marraine de sa lille.
Charles IX répondit que le massacre des protestants par la populace des villes
était un fait accompli qu'il regrettait profondément, mais auquel il ne lui était
plus possible de remédier. L'exercice de deux religions ne pouvait être toléré dans
le royaume.
Ce préambule un peu aigre de Walsingham n'avait pour but que de donner
plus de prix aux concessions qu'Elisabeth l'avait chargé de faire en son nom.
trSi je suis revenu sur le passé, reprit-il, c'est uniquement pour exprimer à Votre
1 liibl. nat., fonds tançais, 11° i5(joa, fol. 208 v°.
INTRODUCTION. cx..v
Majesté la douleur que ma maîtresse a ressentie d'entendre si mal parler de ce
qui a eu lieu en France. Si elle avait écouté l'avis de ses propres conseillers et
ceux des princes ses voisins, non seulement elle n'aurait pas accepté d'être la
marraine de la fille de Votre Majesté; mais elle aurait rompu toutes relations; ce
qui l'a retenue, c'est l'attachement qu'elle a voué à Votre Majesté dès son âge
le plus tendre; elle n'a donc voulu voir dans l'offre que vous lui avez faite
qu'une nouvelle preuve d'amitié. i> Et il s'empressa de lui annoncer qu'elle en-
verrait en France un personnage de distinction, pour, en son lieu et place, tenir
sa fille sur les fonts du baptême1. Charles IX l'eu remercia vivement et en
profita pour lui parler de nouveau du mariage du duc d'Alençon, en le priant
de l'appuyer.
Si Elisabeth, après l'insuccès apparent de la mission de Mauvissière, n'avait pas
persisté dans son premier refus, c'est qu'une secrète intrigue s'était nouée entre
elle et le duc d'Alençon. Le duc, c'est ici le lieu de le dire, avait hautement
blâmé la Saint-Barthélémy; il n'avait pas caché à Walsingham les regrets,
l'horreur qu'il en ressentait, et on disait tout bas qu'il avait promis aux chefs
protestants de venger la mort de Coligny. Que ce fût vrai ou non, il avait conçu
le projet de se réfugier en Angleterre. Pour faciliter et préparer sa fuite, il venait
d'y envoyer un de ces personnages équivoques comme l'on en retrouve à toutes
les époques troublées. H se nommait Maisonfleur; après avoir guerroyé en Italie
sous les ordres du duc de Guise, il était devenu écuyer tranchant de Charles IX,
puis s'était fait protestant. On a de lui un recueil de psaumes et Brantôme lui a
dédié quelques-unes de ses poésies'2.
Le vaisseau sur lequel le duc d'Alençon devait s'embarquer resta longtemps en
vue des côtes de Normandie. Dans une lettre à Burghley, Maisonfleur lui révèle
le secret et le but de sa mission: ce Sachez, Monsieur, que, lorsque je fus adverti
que l'on avoit découvert le fond dama négociation à Mauvissière, la crainte que
j'ay eue que, lui étant de retour à la cour, par ce moyen il n'en arrivât inconvé-
nient à la personne de Monseigneur le duc, je lui écrivis une bien longue lettre
par laquelle je l'advertissois de la susdite découverte et de ce qu'il lui en pourroit
arriver, s'il ne donnoit bon ordre à ses affaires, et par ainsi qu'il s'advisât à se
dépescher de venir en ce pays avant l'arrivée de Mauvissière à la cour; qu'il
n'oubliât pas aussi d'amener quant et lui son beau-frère3 et son cousin \ et
1 Lettres et mémoires de Walsingham j p. 358. 3 Le roi de Navarre.
! Brantôme, édit. de L. Lalanne, t. XI. ' Le prince de Condé.
Catheiu.ve de Medicis. IV. 6
lULniL IAT10XAL1
ex m INTRODUCTION.
quoiqu'il en fût. qu'il se haslâtde s'en venir au Havre où le vaisseau armé l'at-
lendoit. Je ne veux point nier que je l'exhortasse et supliasse de venir en An-
gleterre, avec espérance que, quand il seroit par deçà, il ne pourroit faillir, avec
le temps, de parvenir au but où il prétcndoit, à sçavoir d'épouser sa maîtresse,
quand elle verroil qu'il se seroit mis en devoir de la venir trouver pour se ranger
auprès d'elle et lui faire service, lui remontrant qu'encore qu'elle ne m'eût voulu
jamais accorder de dire oui cl me donner sa parole de l'épouser, si est-ce toutefois
([lie je m'osois à quasi assurer que, estant par deçà, il y recevroit un accueil si
favorable, un si bon traitement qu'il ne debvoit pas faire de doute qu'en fin de
compte il ne vînt à bout de son entreprise, mais qu'avant de lui faire une entière
démonstration de sa bonne volonté et lui accorder son désir, il falloil qu'il se
séparât du conseil et de la présence de ses plus proches, autrement l'on ne
se pou voit lier en lui; car sa maîtresse avoit esté par tant de fois trompée de ce
costé-là, qu'elle n'étoit pas délibérée de s'y fier jamais que sur bon gages, et
pour ce, tant pour la crainte que j'avois que le rapport de Mauvissièrc ne lui fît
tort, comme par l'extrême désir de le voir ici auprès de sa maîtresse, je le priois,
je lui conseillois, je l'exhortois, je le sollicitois, je l'adjurois par tout ce qu'il
avoit de plus cher au monde, qu'après ma lettre reçue, il ne faillît à monter à
cheval et s'en venir au Havre où on l'attend oit avec le vaisseau, n
Au dernier moment le duc d'Alençon recula-t-il, ce qui était le propre de son
caractère, ou, sur un avis transmis par Mauvissière, ne put-il pas s'enfuir? Nous
ne pouvons le dire, mais en tous cas il ne vint pas au Havre et Maisonfleur en
prévint Burghley : cr J'arrivay à Douvres où j'ay séjourné quatre jours, attendant
nouvelles du Seigneur que sçavez; mais après avoir considéré que du vent qui
regnoit pour lors, le vaisseau qu'avez envoyé devoit, à son retour deçà, plutôt
prendre la roule de la Rye que de Douvres, il m'a semblé que, pour l'incerti-
tude du lieu où il arrivera, il estoit meilleur de revenir en ceste ville pour y at-
Lendre les nouvelles, ce que j'ay fait1'.»
\ son tour, Walsingham parle, à mots couverts de ce projet de fuite dans une
lettre à Burghley : rc Je souhaite que le vaisseau demeure encore huit ou dix jours,
afin que, s'il change de sentiment, après avoir mieux réfléchi, il soit en mesure
d'en profiter2. •»
1 M. Fronde, flans sou Histoire d'Elisabeth, a responrlnnce. et je l'ai publiée dans mon volume
publié deux lettres do Maisonfleur. J'ai eu la bonne Le xvi' siècle et les Valois, d'où j'ai extrait celle-ci.
fortune de retrouver an Record office toute sa cor- ! Lettres et mémoires de Walsingham, p. 383.
INTRODUCTION. cslvh
Mais la défiance reprenant le dessus il ajoute : «Si vous trouvez que ceux qui
négocient de delà, clochent et ne parlent pas le même langage, je trouve ici la
même inconstance et les mêmes variations en ceux qui négocient avec moi. Pour
déguiser la chose ils empruntent certains noms à des Amodia de Gaule; en quoi
ils ont raison de donner des noms chimériques à une chimère1. ■»
H parlait en diplomate pratique et circonspect, mais Elisabeth, tout en possé-
dant au plus haut degré les qualités d'un véritable homme d'État, n'en était pas
moins femme et femme avec toutes ses futilités, tous ses caprices. Le duc d'Aleu-
çon, une fois dans ses mains, pour la rançon d'un pareil otage, elle eût peut-être
exigé Calais, son éternelle convoitise, et il y avait certes de quoi la tenter; mais
le côté romanesque de l'aventure avait eu non moins de prise sur sa fantasque
imagination et ce rapprochement presque amical avec la France servait de cou-
verture à ce mystérieux projet et lui permettait de le poursuivre.
Quant à Catherine, Madame la Serpente, ainsi que l'appelle Maisonfleur, ou
elle fut prévenue de ce projet de fuite par Mauvissière, et, avec sa dissimulation
habituelle, elle se borna à y mettre obstacle, ou elle ne le fut pas à temps et elle
crut avoir gagné la partie en Angleterre, sans savoir encore qu'elle en était rede-
vable à l'intrigue tramée en dehors d'elle.
XVI
Le cardinal Ursin quitta enfin Paris dans les premiers jours de janvier ih'j'à.
A son audience de congé, en son nom personnel, et sans y mêler celui du pape,
il proposa à Charles IX de s'entendre secrètement avec le duc de Savoie, pour la
destruction de Genève, la citadelle imprenable du calvinisme. Pour mener à bonne
fin cette entreprise, le duc se contenterait d'une simple lettre du Roi, et en pren-
drait à sa charge tous les frais, à la seule condition qu'ils lui seraient remboursés
plus tard. Charles IX répondit à cette brusque ouverture que son royaume était
dans un tel état qu'à l'heure présente il ne pouvait songer qu'à en assurer le
repos2 et, en toute vérité, il put écrire à Saint-Gonard : ce Le légat est parti
comme il était venu. •»
Dans les jours qui suivirent, une nouvelle alarme vint de la Bresse. Le duc de
Savoie avait fait arrêter tous ceux de la nouvelle religion qui y résidaient et tous
' Bibl. de ITnstitut, fonds Godefroy, n° 957. — * Bibl. nat., fonds français, n" 15902.
cxLvm INTRODUCTION.
les réfugiés de la Saint -Barthélémy. Charles IX s'empressa d'écrire à Bellièvre
que le duc ne lui en avait jamais parlé, et qu'en tout cas il n'en avait jamais
donné le conseil l.
En dépit de ces pacifiques déclarations la situation intérieure s'était de plus en
plus aggravée : La Noue n'avait pu vaincre l'obstination des défenseurs de la Ro-
chelle, et le duc d'Anjou, suivi du roi de Navarre, du prince de Coudé et du duc
d'Alençon, en avait pris le chemin, sans avoir à ses côtés le grand homme de
guerre auquel il devait ses deux victoires de Jarnac et de Moncontour. La mala-
die, qui devait l'emporter, retenait Tavannes à son château de Sully. La Châtre
et Dainville, de leur côté, étaient devant Sommièrcs et Sancerre; c'était donc la
guerre civile, et sur tous les points. Un dernier espoir restait à Catherine; elle
s'était mise en tète qu'Elisabeth , en se faisant représenter par Worcester, un ca-
tholique, à la cérémonie du baptême de la fille de Charles IX, était mieux dis-
posée à reprendre la négociation de son mariage avec le duc d'Alençon, qu'elle
ne l'avait été lors du séjour de Mauvissière en Angleterre. La cérémonie du
baptême ayant eu lieu le 2 février, dès le lendemain elle s'en expliqua avec Wor-
cester.
te Combien je regrette, lui dit-elle, que mon fils d'Alençon soit retenu au
siège de ia Rochelle, et que vous ne puissiez le voir. Il est bien changé, à son
avantage, depuis que lord Lincoln est venu en France; son visage s'est fort
amendé; la barbe commence à lui venir, et sa taille ne le cède en rien à celle de
ses deux aînés. A ce siège, où le devoir l'appelait, il apprendra à commander2, v
Worcester lui représenta que reprendre en ce moment les propos du mariage
de son fils, ce serait plutôt en retarder la conclusion et il lui conseilla de laisser
passer quatre mois sans en parler, afin de voir quelle tournure prendraient les
affaires de France.
Cette réponse échappatoire n'était pas faite pour la contenter. Le jour du dé-
part de Worcester, elle eut une entrevue avec Walsingham et de nouveau lui
exprima combien elle regrettait que son fils d'Alençon n'ait pu venir voir Wor-
cester, avant qu'il prît congé; mais le devoir le retenait au siège de la Rochelle,
rtll est làcheux, Madame, répondit-il, que le Roi l'ait employé à une guerre
contre ses sujets. Ne pas y aller eût été préférable, et aurait été pris en bonne
paît et par notre reine et par toute l'Angleterre. r>
Bibl. mil., fonds français, 11° i5goa , f° i3i. — J Voir Le Laboureur, addit. aux Mémoires de Cas-
lelitau, t. III, j). a85.
INTRODUCTION. cxlix
— rf Un prince qui a du sang dans les veines, répliqua-t-elle , ne peut pas rester
dans l'inaction, il était de son honneur de partager les dangers de son frère1, n
Il y avait une arrière-pensée dans le conseil donné par Worcester; une lettre
de La Mothe-Fénelon au Roi, datée du 2 5 février, nous en révèle la perfidie :
ffLes Anglais au retour de Worcester veulent entreprendre de secourir la Ro-
chelle; pour cela il a l'ordre de ne pas séjourner en France2. Une seconde lettre
datée du même jour est encore plus alarmante : cr II ne se parle rien de plus chau-
dement en ce royaume que de secourir ceux de la Rochelle et ce qui échauffe
davantage les Anglais, c'est qu'il vient ordinairement des leurs et de leurs nou-
velles par mer dudit lieu, par lesquelles est mandé que, s'il se peut présenter
quelques forces vers la Guienne en faveur de ceux de la religion, qu'inévilable-
ment il s'y suscitera bien forte guerre civile et qu'il se pourra facilement recon-
quérir une bonne partie de tout le pays que ceux de la religion avoient occupé
aux derniers troubles; en quoy, pour se prévaloir d'une si belle occasion, si
d'adventure elle s'offroit, l'on m'a adverti qu'il a esté mandé vers le quartier
d'ouest de tenir prêts dix mille hommes et mille chevaux, les mieux choisis
d'Angleterre; mais toutefois, ne se peut rien résoudre jusqu'à la réponse de
l'homme du comte Palatin qui doit apporter les réponses des princes protestants
d'Allemagne3.!?
Tout était donc à craindre de l'Angleterre et, le 8 mars suivant, Charles IX
écrivait à son frère le duc d'Anjou : ce La reine Elisabeth ne sait point encore quel
parti elle prendra; dans ses propos, il y a toujours de belles paroles, mais peu
d'effets. Elle attend ce que deviendra le siège de la Rochelle; il faut toujours que
l'on veille sur la flotte, et qu'elle se trouve sur ses gardes 4. n
Du côté de l'Espagne, les mêmes défiances, les mêmes craintes. Saint-Gouard,
si optimiste au lendemain de la Saint-Barthélémy et qui un instant y avait vu le
gage assuré d'une alliance entre les deux couronnes, commençait lui aussi à se rendre
compte des menées secrètes de Philippe II : «Je ne veux pas être pronostic de
mauvais pensement, écrivait-il le G janvier au Roi, si donnerois-je conseil à Voire
Majesté que, ne méprisant tous mes avis, elle mît meilleur ordre à ses affaires
1 Voir Le Laboureur, addil. aux Mémoires de Cas- 3 Bibl. nat. , fonds français, n° 1 5 5 5 0 , f° 100.
telnau, t. III, p. a85 ; Calendar of State vapers J Ibid. (Ces deux lettres n'ont pas été imprimées
(1572), p. 254; Lettres et mémoires de Walsin- dans la Correspondance diplomat. de La Alothe-Fé-
ghatn, voir les instructions donner s à Worcester, nelon.)
p. 37/1. ' Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg (original).
cl INTRODUCTION.
sans se travailler de leurs ambitions, et gagner autant de temps sur eux, comme
ils ont toujours su bien faire durant ces extrémités1.!)
Charles IX était sur ses gardes, et le 20 janvier il répondit à Sainl-Gouard :
ce J'ai eu beaucoup de peine pour remédier à leurs artifices, ayant publié et voulu
faire croire par le monde que nous avons juré la ruine de tous ceux qui font
profession d'autre religion que la nôtre et que ce que j'avois fait estoit avecques
eulx prémédité de longtemps. Leurs persuasions ont été reçues pour si fort vrai-
semblables, estant confortées d'allées et venues de ceux qui sont envoyés vers
moy que, si la pure vérité n'eût eu assez de force pour surmonter son contraire,
j'estime qu'ils fussent parvenus au-dessus de leurs intentions, et qu'ils ne
m'eussent non seulement esloigné et distrait l'amitié de la reine d'Angleterre et
des princes et cantons protestants, mais ils se la fussent acquise et assurée à mon
dommage. J'ai pris par vos lettres éclaircissement de plusieurs conjectures que
j'avois déjà remarquées de l'intention du Roy Catholique, lequel, sous couleur
de piété et de religion, veut, s'il peut, accommoder les affaires des Pays-Bas, se
réconcilier avec la reine d'Angleterre et les princes protestants, et me laisser sur
les bras les ennemis que nous nous sommes acquis pour la défense de cette que-
relle, et pendant qu'il me connoit occupé à la réduction de la Rochelle. Le duc
d'Albe est toujours à Nimè;;ue, faisant tout ce qu'il peut pour accorder avec la
reine d'Angleterre et augmenter aux princes de la Germanie la méfiance qu'ils
ont conceue de moy 2. »
Le 22 février, dans une nouvelle lettre, il énumère tous ses griefs : «Ils ont tou-
jours fait leurs affaires à mes despens. Je cuide qu'ils voudroient encore faire le
semblable, ne se contentant de l'exécution que j'ay faite en mon royaume, laquelle
a esté la salvation entière de leur bas pays, ains la calomniant et desprisant au-
tant qu'ils peuvent, s'efforçant de rendre mes actions odieuses en Allemagne et
jusques en Pologne pour traverser l'élection de mon frère, à Rome et ailleurs.
Le duc d'Albe fait sous main tout ce qu'il peut pour s'appointer avec la reine
d'Angleterre, pratiquer le comte Ludovic de Nassau, afin de me rejeter sur les
bras tout l'orage et me laisser seul démesler en la querelle à laquelle ils ont au-
tant d'intérêt que moy. Le duc publie que je leur ai promis secours, pour faire
conoistre à un chacun que nous sommes tellement conjoints ensemble que nous
avions juré ensemble et promis l'un à l'autre tout secours et ayde pour exterminer
' Bibl. nat., fonds français, n" i(ho5, p. 7. — ' Ibid., \>. là.
INTRODUCTION. eu
tous ceux qui fout profession d'autre religion que de la nostre, afin d'accroître
la défiance que les protestants d'Angleterre ont conçue de moy pour les choses pas-
sées l. a
Cette lettre était à la fois la condamnation de la Saint-Barthélémy, et le retour
forcé, indispensable à la politique que sa mère lui avait fait abandonner.
Il fallait donc au plus vite, et surtout en vue de la candidature du duc d'Anjou
au trône de Pologne, dissiper en Allemagne les défiances que le duc d'Albe et
Philippe II y avaient semées à pleines mains. Catherine et Charles IX, ne se fiant
même pas à des lettres chiffrées, rappelèrent Schomberg à Paris. Muni de nou-
velles instructions, il repartit sur-le-champ pour cette nouvelle campagne.
Il vit d'abord le comte Palatin, et son thème était fait à l'avance, ses arguments
tout prêts : Le Roi n'a pas voulu recevoir le légat du pape, le cardinal Ursin; il est
moins disposé que jamais à entrer dans une ligue catholique contre le Grand
Seigneur; il n'a pris aucune part à la Saint-Barthélémy; depuis ce jour aucun
protestant n'a été inquiété ; le duc d'Anjou campe, il est vrai, sous les murs de
la Rochelle; mais il n'exige des Rochelois que leur simple soumission, et leur
garantit la liberté de conscience et le libre exercice de leur religion; puis, répu-
diant au nom de Charles IX toute intelligence avec l'Espagne, il rappela à l'ap-
pui la récente ligue conclue avec l'Angleterre , et en terminant cet habile plaidoyer,
il conjura le comte Palatin d'intervenir auprès de la reine Elisabeth en faveur du
duc d'Alençon et d'appuyer également la candidature du duc d'Anjou à la cou-
ronne de Pologne.
Le comte l'écouta sans l'interrompre , mais s'enferma dans une prudente réserve
dont Schomberg ne put le faire sortir. Toutefois, son fils, le duc Jean-Casimir,
se montra plus favorablement disposé.
De Heidelberg, Schomberg alla voir le landgrave de Hesse, qui de prime abord
ne lui cacha pas les difficultés de sa propre situation : rt Je ne puis, lui dit-il, me
mettre mal avec l'Empereur, sans encourir le blâme des autres princes protes-
tants; mais pour venir en aide au duc d'Anjou, je puis faire obstacle à tout accord
des Provinces-Lnies avec le roi d'Espagne. Que le Roi votre maître continue à
regagner le cœur des princes protestants, comme il a déjà bien commencé. Dieu
exaucera les ardentes prières que je ne cesse de faire pour sa grandeur, et dans
ce but, que la Reine mère fasse en sorte que le Roi reprenne en grâce les enfants
et la veuve de l'amiral -. «
1 Bibl. Dat., fonds français, n" îGioô. p. 3o. — ' Bibl. nat. , Cinq cents Colbert. n" ioo.
oui INTRODUCTION.
A force d'instances, Schomberg put obtenir de lui une lettre pour la douairière
de Brunswick, sœur du feu roi de Pologne, dans laquelle il voulut bien la prier
de prendre en main les intérêts du duc d'Anjou l.
11 fut moins heureux auprès du duc de Saxe. Le duc revenait de Vienne et
s'était laissé gagner par l'Empereur, il soutint que Charles IX était complice du
meurtre de l'amiral et qu'il avait donné l'ordre à tous les gouverneurs des pro-
vinces de massacrer les prolestants. Schomberg jugea bien qu'un pareil langage
lui avait été suggéré par Maximilien et clans l'intérêt de la candidature de son
fils l'archiduc Ernest au trône de Pologne; il n'insista pas, et jugea également
inutile d'aller voir le margrave de Brandebourg qui décemment ne pouvait pas
renoncer à soutenir la candidature du duc de Prusse, ce nouveau prétendant à
la couronne des Jagellons'2.
De Heidelberg, Schomberg se rendit tout droit à Francfort-sur-le-Mein, où il
devait avoir une entrevue avec le comte Ludovic de Nassau, entrevue ménagée
par Galéas Frégose, dont nous retrouvons la main clans toutes les négociations
secrètes. Le prince d'Orange s'était montré d'abord très défavorable à ce rappro-
chement avec la France : a Le Roi Charles IX, avait-il écrit à son frère, est
décrié non seulement par deçà, mais par tous les endroits du monde, estant
fort blasmé de perfidie, lui qui pour son titre ordinaire vouloit usurper le nom
de Charles le Véritable 3. n
Zuleger, le chancelier du comte Palatin, lui avait écrit également : «Du côté
de la France il n'y a que mensonges et tromperies; Frégose est homme fait pour
mentir et tromper4, n
Mais le comte Ludovic n'était pas à ignorer qu'à la suite d'une conférence
tenue à Nimègue, des relations amicales avaient été reprises entre l'Angleterre et
l'Espagne et un accord conclu. La France venant à lui au moment où l'Angleterre
s'en éloignait, il se rendit à Francfort, bien décidé à traiter, si les conditions
étaient acceptables.
Schomberg avait en réserve des armes que Catherine lui avait fournies, a J'ai
fait écrire par Brûlart à Schomberg, avait-elle mandé au duc d'Anjou, comme
de lui-même (et en chiffres), afin qu'il fasse publier en Allemagne la dé-libération
où est le roy d'Espagne de faire tuer le prince d'Orange et comme il y a gens dé-
Bibl. nal.. Cinq cents Colbert, n" /ioo. — 2 Ibid. — ' Groen van Prinsterer, Archives de la maison
de Hollande, t. IV, p. il 5. — ' Ibid.
INTRODUCTION. CUII
péchez expressément , et qu'il s'en serve envers les princes protestants selon que
les occasions se peuvent présenter, et qu'il ne faille pas de prester des charités à
ceux qui si évidemment font publier toutes choses fausses, afin qu'il puisse tra-
vi'rscr ce qu'ilz veulent négocier'.^
A la suite d'une entrevue qui ne dura pas moins de huit heures, Schomberg
et le comte Ludovic arrêtèrent les conditions suivantes : « Si le Roi de France
déclare la guerre à l'Espagne, la Hollande et la Zélande seront remises entre ses
mains; s'il ne veut pas rompre ouvertement, et s'il promet de fournir un subside
île trois cent mille llorins, toutes les conquêtes à faire lui appartiendront2, r
Schomberg s'empressa de rendre compte à Catherine de ce qu'il venait de con-
clure avec le comte Ludovic, et voici en quels termes il lui en fit apprécier tous
les avantages
rc Madame, le sieur de Frego.se vous aura amplement l'ait entendre ce que
je lui ay communiqué touchant les occurences de par deçà et principalement
touchant les affaires du Pays-Bas. J'espère qu'il vous aura apporté une bonne
résolution du comte Palatin, vers lequel le comte Ludovic avoit fait aller son
frère , le comte Jean , pour cet effet. H ne faut pas douter que Vos Majestés sçauront
bien embrasser cette tant belle occasion. Madame, le repos dû royaume, la sûreté
del'Estat, la ruine du capital ennemy du Roy votre fils (Philippe II), la vengeance
du tort qu'il fait à monseigneur le duc d'Anjou, la subversion de tous les desseins
de la maison d'Autriche et le comble de vos désirs est entre les mains de Vos
Majestés, et dépend de vos volontés. Si vous laissez eschapper cette belle prise, je
désespère que vous la puissiez jamais rattrapper; mais, Madame, le tout est de se
haster et de tenir cette menée aussi secrète que Vos Majestés désirent les susdictes
choses sortir à bon effet. Depuis le partement de Frégose, je me suis encore as-
semblé avec le comte Ludovic, et nous avons débattu sur les entreprises en mains,
qui sont assurément grandes et belles, et sur les conditions qu'on pourroit mettre
en avant entre le Roy et le prince d'Orange. Sur ce 'fait, nous les avons mises par
écrit, Madame, ajoutc-t-il, elles ne vous obligent à rien et n'ont été traictées par
moy avec le comte Ludovic, que pour faciliter la résolution du Roy, mais le comte
m'a dit plus de vingt fois que, s'il n'avoit bientost une resolution du Roy, qu'il
prend roit party et qu'il ne pensoit être obligé à rien si on traîne les choses à la
longue 3.n
Bibl. imp., Saint-Pétersbourg. — 2 Groen Prinsterer, Archives de la 7>uiiso/< d'Orange, 1. IV.
Bibl. nat. , Cinq cents Colbert, n° 4oo (volume non paginé).
Catherine de Mkdicis. — iv.
llM'I.iy r i. > 1 ;
cliv INTRODUCTION.
XVIII
L'opinion publique commençait à devenir une puissance avec laquelle il fallait
compter. Charles IX l'avait si bien compris que, le 1 1 novembre 1 57 2 , il écrivait
à Bellièvre, son ambasseur en Suisse : rtll y a un nommé Brutus qui l'ait une
histoire latine sur les Mémoires de feu amiral de Chatillon; adviserez de retirer
ladite histoire et mémoires, en promettant argent pour une l'ois ou pension audit
Brutus, ainsi que vous verrez estre à faire l.t
De son coté Catherine écrivait, le 3 décembre, à Bellièvre : tr Le Roy mon fds
a eu grandement agréable la translation en allemand et impression que vous avez
fait faire des choses par vous discourues aux seigneurs des Ligues' sur le faict du
feu amiral, affin qu'il soit publié en Allemagne 2. i>
La grande préoccupation du Roi et de la Reine mère était donc que le récit de
la Saint-Barthélémy ne fût fait que par une plume officielle; et, tandis qu'à la
Rochelle, à Sommières, à Sancerre, l'on va se battre à coups de canon, en France
et surtout à l'étranger, ce sera à coups de pamphlets, et cette guerre de la plume
ne cessera plus.
François Hotmail publie à Genève son livre De furoribus gallicis3, bientôt suivi
par la première édition du Réveille-malin des François, paru d'abord en latin et
imprimé à Baie, le douzième jour du sixième mois après la journée de la trahison,
ainsi que nous le dira la traduction française de 157/1.
Mais ce n'est encore là qu'un appel aux passions religieuses. Dans un livre de
patiente érudition et qu'il qualifie lui-même d'historique, Holman demande au
passé des armes contre la tyrannie et justifie par la tradition les doctrines démo-
cratiques, dont il s'est fait l'apôtre. Le remède aux maux présents, à l'entendre,
c'est le retour aux lois fondamentales de la monarchie, aux grandes assemblées.
Chai les I\ doit faire allusion au livre Vindicte et chercha h le gagner. (Bihl. nat. , fonds français.
contra lyranuos paru en 1670,, sous la rubrique de n° 15902, f' ip,5.) Voir Chevreul, lie de Languel.
1 r>-7 cl par les soins de Dnplessis Mornay, qui, 2 Ibid., Paa3.
tans la préface de la seconde édition , datée de 1 58o , ' De furoribus galticis liorrenda et indigna Custe-
l'attribue, à juste titre, à Hubert Languet. Ce livre lioni, nobilium atquc illustrium virorum cœde sim-
fut commencé à Genève en 1572, et Languel ayant plex narratio, Erncsto Varatnando, Frizio, enclore,
pris le pseudonyme de Junius Brutus, il est h pré- Editnburgi, i'>j-i , in-â'.
sumer que, par suite de quelque indiscrétion, le \ la même date parut une traduction en alle-
Roi fut prévenu qu'un nommé Brutus y travaillait maud, s. !.. 1 5 7 3 , in-/i°.
INTRODUCTION. CLy
fr L'homme lil>re n'est pas fait, pour subir le bon vouloir, le bon plaisir; au peuple
seul appartient le droit d'élire et de déposer les rois l,n
De dogmatique qu'il était, le pamphlet s'est donc fait antidynastique, et dans
la forme et dans le fond. Ce n'est plus à Charles IX et à Catherine que s'attaque
Hotman dans sa Gtuilefivnque, cette utopie du passé, mais à la royauté.
Dans une lettre au comte Palatin, il a précisé la pensée de son livre: rrLes
guerres civiles n'ont été que le commencement de nos maux; il faut en chercher
la cause plus haut, dans l'oubli de l'ancienne constitution du royaume ouverte-
ment violée depuis un siècle'-. r>
Et dans une autre lettre à Bullinger, il en détermine le but : «Ce livre est de
grande importance pour reconquérir notre gouvernement et rendre à notre France
son assiète et vrai repos 3. n
Il n'en exagérait pas la portée; Palma Cayet, dans sa chronologie noveunaire,
a reconnu l'influence qu'il exerça : « Il fut agréable aux réformés et à quelques
catholiques qui aspiraient à la nouveauté. t>
De nos jours, Augustin Thierry en a dit à son tour: s L'amour du gouvernement
parles grandes assemblées s'y montre à chaque page; il a eu une grande action
sur les hommes et sur les idées, v
Dans le camp de la défense on forge aussi des armes. Un juriste natif de Tou-
louse, Pierre Carpentier, qui, à l'exemple de tant des lettrés d'alors, s'était fait
protestant, sauvé par Bellièvre le jour de la Saint-Barthélémy, avait pu, grâce à
lui obtenir un passeport et s'était réfugié d'abord à Metz, puis à Strasbourg. C'est
là que, passé aux gages de Catherine, il composa en latin un livre sur la Saint-
Barlhélemy, peu après traduit en français '.
Toujours aux aguets, Walsingham fut un des premiers avisé de l'apparition de
ce nouveau libelle et, le 2 janvier, il écrivait à lord Burghley : cr Je vous envoie un
livre infâme de Charpentier pour défendre ce qui a été fait ici en dernier lieu.
Plusieurs des exemplaires latins ont été envoyés en Allemagne; mais l'auteur est
si bien connu pour misérable qu'on ne croit pas que cet écrit serve de grand'chose.
On en a aussi envoyé en Pologne5. %
Dareste, Vie d'Holman, i85o. de ceux qui faisoient profession de la religion , mais
**•»■ par celle de ceux qui , sous ce couvert , nourrissoienl
Ibul. , p. 5i. les factions». Dès qu'il l'avait reconnu, il s'en était
Dans ce factura, il soutenait que r- les persécu- retiré,
(ions de l'église étoient advenues, non par la faute B Lettres et mémoires de Walsingham, p. 36o.
T.
ci.vi INTRODUCTION.
C'est là, en effet, que la lutte est la plus ardente et sur le terrain même
de la Saint-Barthélémy, et Moulue s'est jeté au plus épais de la mêlée.
ce Au diable soient les causes, écrit-il à Brûlait, qui d'un bon roi et humain,
s'il en fût jamais, l'ont contraint de mettre la main au sang. Quant à moy je n'ay
pas loisir de prier, encore qu'en ceste saison il y eust du tonnerre ; car j'ay cinq
cents dogues attirez à me mordre qui aboyent jour et nuit et faut que je responde
à tout. Vous verrez ce que j'écris au Roy et à Monsieur le duc d'Anjou louchant
le fait de la Rochelle, je m'asseure et croyez-le que si entre cecy et le jour de
l'élection survient nouvelle de quelque cruauté, s'il y avoit icy des millions d'or
pour gagner les hommes, nous n'y ferions rien ' -n.
Un instant il eut l'idée d'appeler Charpentier auprès de lui, mais il y renonça
et, le 22 janvier, il écrivait au secrétaire d'Etat Brûlart : crll n'est pas besoin de
faire venir l'homme de Bâle, c'est-à-dire Charpentier; car il ue seroit pas venu à
temps, encore que j'en eusse eu bien à faire, car toute la suite de M. de l'Isle
(Gilles de Noailles) et moy n'avons pas tant de latin qu'il faudroit pour envoyer
un diacre aux ordres, encorcs que ce fût au Puy en Auvergne. Je vous prie faire
solliciter M. de Pibrac pour la lettre que je demande'2. 11
A défaut de l'homme, il eut le pamphlet. Le doyen de Die qu'on lui envoyait
comme auxiliaire, le lui apporta et il le fit répandre à profusion. Cette apologie
de la Saint-Barthélémy suppléa pour le moment à celle confiée à la plume de
Pibrac qui tardait trop à lui parvenir: « J'attends, avait-il écrit au Roi, le 92 jan-
vier, en grande impatience ce qu'il m'envoyera. Cependant, en ma dernière ré-
ponse je n'ay pas oublié le meurtre fait en la personne de M. de Fumel, à coups
de fouet, j'ai rappelé que La Mothe-Gondrin fut pendu, et un conseiller de Paris,
la journée de Saint-Michel, le siège de Paris. Si d'aventure le sieur de Pibrac ne
l'avoit repris de si haut, je vous supplie que l'on le refasse, car il y a temps assez
de me l'envoyer, n
Puis passant à l'éloge du duc d'Anjou : et II faut dire que Monseigneur, voslre
frère, est sorty d'une nation qui a esté tout jamais amye de ceste cy, instruit au
maniement des affaires d'Estat, pour avoir esté conducteur de deux armées et
que vous avez pensé que l'offre que vous leur faisiez de luy, qui vous est si cher,
leur seroit agréable3, v
L'homme le plus influent de la Pologne, c'était Albert Laski, le palatin de
1 Voir Y Estât de la France sous Charles IX , t. 1 , 2 Bil.l. nat. , Cinq cents Colbert, n" 338 , T 53.
p. /i5o. ' //«'<'■
INTRODUCTION. clviï
Siradie. Il importait d'autant plus de le gagner qu'on le tenait pour rallié au
légat le cardinal CiOiniuendon, si favorable à la candidature de l'archiduc Ernest.
Catherine, qui ne perdait pas des yeux la Pologne, avait donc écrit, le 1 3 janvier,
à Moulue :
a On dit que le Laski croit beaucoup en une femme pour l'aimer grandement et
qu'elle peut infiniment le faire tourner en telle part quelle vouldra, qui est
cause que je vous ay bien voulu donner advis de ce que dessus, et vous dire que,
estant la puissance dudit Laski bien grande, je désire que vous regardiez de le
gaigner avec les mêmes moyens qu'il veult estre pratiqué et mesmes par celuy
de ceste femme à laquelle vous regarderez de faire , pour cet effecl , quelques hono-
rables présens et promesses, si bien que vous puissiez la disposer à persuader le
Laski envers lequel elle a grande puissance à faire entièrement en cette élection
pour mon fils d'Anjou ].n
Cette voie était la bonne, car désormais le Laski prendra en main la cause du
duc et lorsqu'on l'accusera de s'être vendu à Monluc : «Mon père, s'écriera-t-il
la main sur la garde de son épée, a été ambassadeur de Pologne auprès de
François Ier qui l'honorait de son amitié; mon oncle était à ses côtés à la bataille
de Pavie et il a partagé sa captivité à Madrid. Voilà pourquoi je suis pour le duc
d'Anjou et je ne m'en défends pas 2. 11
L'apologie de Pibrac arriva enfin sous la forme d'une lettre adressée à un docte
personnage qu'il appelait Elvidius. Pibrac rappelait d'abord que, lors de leur visite
à l'amiral, le jour de sa blessure, Leurs Majestés avaient cru remarquer dans
l'ambiguïté de son langage, l'ardeur de ses yeux, le son de sa voix, et un étrange
embrasement de haine et quelque méditation de hardi dessein n; mais faisant la
part de son légitime courroux, elles l'avaient volontiers excusé. Le lendemain soir
ou était venu les avertir qu'au logis de l'amiral on conspirait pour les tuer, pour
bouleverser l'Etat et disposer de la couronne, et que la chose était si avant que,
s'ils n'avisaient de suite, ils seraient tous tués le lendemain à l'heure du souper.
Le même personnage ayant dévoilé le plan de la conspiration, nommé tous les
complices, dans la nuit le Roi avait rassemblé ses conseillers et leur avait mani-
festé sa volonté de procéder d'abord ;\ une complète enquête, de faire arrêter
tous ceux qui seraient convaincus d'avoir conspiré; mais sur l'observation que le
temps pressait et que si, dans la nuit prochaine, l'on n'en finissait pas avec les
1 Bilil. nat., Cinq cents Colbert, n° 338, f° Gi. — 2 Mémoires de V Estât de la France sous Charles IX ,
t. I , [>. /i5o.
givhi INTRODUCTION.
conspirateurs, c'était la perte certaine de Leurs Majestés et du royaume. A ces
pressantes mises en demeure de se défendre, Charles IX avait répondu : « J'aime
mieux courir le danger de ma vie que de me perdre de réputation et d'exposer
mon âme; du moment que la conspiration est découverte, l'on peut y parer sans
être réduit à tuer1, »
<r Renoncez, Sire, à cette espérance, s'était écrié le plus ancien du conseil; ils
sont trop nombreux, vous en prendrez peut-être un ou deux, et encore non sans
être contraint de tuer, et vous n'échapperez pas à une quatrième guerre civile.
Nous vous en supplions, sauvez-vous, Sire, sauvez la Reine votre mère, sauvez le
royaume, n
Après avoir gardé un instant le silence et s'interrogeant jusqu'au fond du cœur,
le Roi, d'une voix triste, les traits décomposés, avait repris : a Puisque cela vous
semble le moyen le plus expédient, et en rien contraire aux lois divines et hu-
maines, je consens qu'il en soit fait ainsi. Que Dieu soit juge et témoin que c'est
à mon grand regret, et pour me garder d'être surpris et non pour surprendre. n
Ses plus intimes confidents et ceux qui lui semblaient les plus propres pour
l'exécution s' étant rendus à son appel, il leur avait commandé expressément de
ne frapper que les conspirateurs dont tous les noms lui avaient été signalés; mais,
comme il arrive toujours, bien des coupables avaient échappé, bien des innocents
avaient été tués. Ce mal s'était étendu en plusieurs villes de France contre la vo-
lonté de Sa Majesté qui en avait été plus douloureusement indignée que personne.
ff Telle est la nature de la populace, ajoutait Monluc, que ou elle vit paisi-
blement, ou bien se mutine et se laisse aller à toutes cruautés n; et en terminant,
il faisait allusion aux haines, querelles, vengeances, que les dernières guerres civiles
avaient mises au cœur de tous les catholiques.
Il lui restait à innocenter le duc d'Anjou du massacre de la Saint-Barthélémy
dont il passait pour le principal instigateur. Il le montre s'opposant à ces excès
de cruauté, secourant ceux qui étaient en danger, et dans ce dernier tumulte
de Paris faisant voir cr qu'il pouvoit en temps de paix préserver des violences ceux
qu'en temps de guerre il avoit vaincus par les armes -n.
Monluc ne se contenta pas de l'apologie de Pibrac, il en fit répandre une autre
sous le litre De la relation sincère et vraie des troubles de Paris. Celle-là disculpait
entièrement le duc, affirmait qu'il s'était retiré du conseil sans avoir voulu prendre
1 Ornatissimi cujusdem viri de rébus gallkis ad Elvkium, Lutetiœ, apud Morellum, i5g3 (traduction).
— ' Mémoires de l' Estai de la France , t. I . p. ti'i-j.
INTRODUCTION. eux
part à la délibération qui avait décidé de la Saint-Barthélémy. Cette suprême ré-
clame ne lui ayant pas paru suffisante, il avait distribué à profusion des portraits
du duc dont les traits avaient été singulièrement adoucis : « Contemplez ce visage,
disait-il, apercevez- vous dans ces traits empreints de tant de bienveillance et de
bonté, la moindre apparence de cruauté? n
A ces factums publiés à la décharge du duc, ses adversaires en opposèrent
d'autres, et le plus perfide de tous est attribué par d'Aubigné aux jésuites d'In-
goldstadt. A l'en croire, ils firent imprimer un panégyrique, dans lequel le duc
d'Anjou était glorifié comme et premier inventeur, auteur, violent solliciteur, con-
ducteur et brave exécuteur de la dernière bataille contre les ennemis de l'Église.
Sans luy le nez saignoit à tous, il falloit donc dire de lui comme de David :
Charles en a tué mille, mais Henri dix mille1 n.
D'Aubigné le confesse lui-même : «Le trop d'affectation de ce libelle servit aux
François.^ Au lieu crdes Français» c'est Monluc qu'il aurait dû dire. Tout part de
lui, tout se résume en lui, attaque et défense.
XIX
Le mercredi 1" avril, Monluc entrait à Varsovie, accompagné par tout le per-
sonnel de son ambassade. Lansac, l'abbé de l'Isle, le doyen de Die, Bazin, Choisnin .
Séchelles, de Poix, Balagny et La Personne l'avaient tous rejoint et s'étaient
groupés autour de lui. Rosenberg et Pernstein, les deux ambassadeurs de l'em-
pereur Maximilien, arrivèrent presque en même temps, suivis par un brillant
cortège de gentilshommes. Parmi eux s'était subrepticement glissé l'ambassadeur
d'Espagne; puis venaient les quatre ambassadeurs du roi de Suède, celui du duc
de Prusse, les envoyés des ducs de Courlande, de Poméranie, de Transylvanie et
de l'hospodar de Valachie; enfin le légat du pape, le cardinal Commendon. Les
envoyés du Grand Seigneur et ceux d'Yvan le Terrible ne parurent pas.
Aussi loin que la vue peut porter, la vaste plaine de Kamien, qu'un pont de
bois jeté sur la Vistule relie à Varsovie, a disparu sous la multitude des tentes
qui la couvrent. Celle placée au centre, de forme ronde et soutenue par un mât
élevé, est assez spacieuse pour contenir six mille hommes; elle les domine toutes,
et la diète d'élection y siégera.
D'Aubigné, Histoire universelle.
clx INTRODUCTION.
Dans cet immense espace, Us sont là quarante mille gentilshommes aux costumes
variés, portant les uns des piques et des flèches, d'autres des mousquets; on les
voit passer sur leurs puissants chevaux du Nord aux crinières flottantes, tantôt
divisés par petits groupes, tantôt massés en épais escadrons. Dans un rayon de
moins de trois lieues, il y a cent mille chevaux. Chaque palatinat a son enceinte
réservée, sa tente principale où délibère sa nohlesse, sous la garde de pièces
d'artillerie; c'est l'aspect d'un camp la veille d'une bataille.
Le vendredi 3 avril tout entier est consacré à la prière. L'archevêque de
Gniezen officie dans 1 église cathédrale de Saint-Jean et l'on chante le Veni Creator.
Le surlendemain, 5 avril, un carrosse traîné par quatre chevaux traverse lentement
le pont de la Vistule; à sa rencontre s'est porté tout le sénat; c'est le cardinal
Gommendon, le légat du pape; à ses côtés marchent les deux grands maréchaux
de Pologne et de Lithuanie. Les honneurs militaires lui sont rendus et il va
s'asseoir sur le siège élevé d'où il présidera l'assemblée; au-dessous de lui, les
ambassadeurs et tous les prétendants, et tout autour, sur deux rangs, les palatins,
les nonces, les sénateurs.
C'est à lui qu'appartenait le privilège d'ouvrir la séance; d'une voix ferme et
nette, il ht d'abord la lettre du Saint-Père. Sa Sainteté recommande à la noblesse
polonaise d'élire un roi qui soit agréable à Dieu ; puis, prenant la parole en latin,
il la félicite de ce que ce long interrègne s'est passé sans une sédition, sans une
querelle, et s'élève avec force contre les menées des hérétiques.
Lui coupant brusquement la parole et l'apostrophant : «Vous empiétez sur le
pouvoir des sénateurs et des nobles^, s'écrie Sborowski.
Il y eut un moment de tumulte; de violentes menaces sont adressées à l'inter-
rupteur. Impassible, le cardinal fait signe qu'il veut répondre, et, le silence ré-
tabli, se tournant vers l'audacieux : «Je connais mon devoir, j'obéis aux ordres
de Sa Sainteté, je ne suis pas un sénateur; mais, vous qui m'avez interrompu, à
vous seul vous n'êtes pas le sénat. t>
Et. reprenant son discours, il exhorte l'assemblée à choisir de préférence un
roi catholique, sans toutefois faire allusion à l'archiduc Ernest, sans se prononcer
pour l'un des prétendants à la couronne, et restant dans son rôle de représentant
du Saint-Siège, il termine sa harangue par une invocation à Notre Seigneur Jésus-
Christ, et il exhorte la noble assemblée à revenir à l'unité d'une seule foi.
L'ambassadeur du duc de Prusse, vassal de la Pologne, à ce titre, prend le
premier la parole. Discours prononcé et écouté pour la forme, car les chances du
INTRODUCTION. c,..vi
duc étaient nulles. L'ambassadeur de l'Empereur parle après lui. Sa harangue froi-
dement dite, froidement écoutée, ne fut qu'une pâle et incolore diatribe contre le
duc d'Anjou auquel il reprocha de ne pas savoir le polonais, insistant sur la longue
distance qui séparait les deux pays, ce qui ne permettrait jamais à la France de
venir au secours de la Pologne, allant jusqu'à dire que le passage par l'Allemagne
serait fermé au duc d'Anjou, puis il s'étendit complaisammenl sur l'éloge de l'Em-
pereur qui avait toujours su maintenir la paix et la concorde entre les catholiques
et les protestants de son vaste empire, allusion directe à la sanglante tragédie de
Paris et à la part que le duc d'Anjou y avait prise. Il avait pu, on ne sait par
quel moyen, mettre la main sur les offres secrètes faites par la France à la Po-
logne, il se les appropria et en enleva tout le mérite à Moulue. Ce dernier trait
était d'une indigne perfidie.
Ce discours terminé sans aucune marque d'approbation, Moulue fut invité à
prendre la parole. Son discours était tout prêt, il ne se contenta pas des trente-
deux copies destinées aux trente-deux palatinats. il en avait fait imprimer un
grand nombre d'exemplaires; mais il jugea bien qu'il fallait avant tout, répondre
aux attaques de l'ambassadeur de l'Empereur et, pour en avoir le temps, il pré-
texta une subite indisposition. Il avait pu se procurer une copie de la harangue
de Rosenberg, il passa la nuit à composer sa réplique et à la faire copier. Le len-
demain, introduit dans la tente royale par deux palatins, venus le chercher à son
logis, il salua l'assemblée, s'inclina devant le cardinal Commendon et prit la parole
en ces termes : wLes rois de France ont toujours aimé et honoré les rois de Po-
logne par-dessus tous les autres princes de la chrétienté; la Pologne a toujours
été réservée par une spéciale grâce de Dieu comme un ferme rempart pour re-
pousser les efforts et excursions des nations barbares; c'est la forteresse inexpu-
gnable pour couvrir et défendre le reste des provinces de la chrétienté. Si j'ai été
choisi parle roi de Fiance, comme ambassadeur auprès de vous, c'est que toute
ma vie j'ai été affectionné à votre nation. Avant tout, Sa Majesté Très Chrétienne
désire non seulement entretenir et renouveler l'ancienne amitié qui a été entre-
vous et les Gaulois, mais la resserrer par quelque nouveau lien. Si, durant cet in-
terrègne, il se produisait quelque danger, j'ai charge de vous dire que toute l'auto-
rité que peut avoir la couronne de France est à \otre disposition. Dans cette assem-
blée vous allez avoir à mettre en balance les prétentions au trône de Pologne des
princes étrangers, le Roi mon maître vous requiert d'admettre au rang des plus
lavorisés compétiteurs son frère, le duc d'Anjou, de Rourbonnais et d'Au-
GlTUERlNE DE MlHICIS. H. L
l'.lrnvi '.il. 'i'i'h.ii
cuii INTRODUCTION.
vergue. J'ai délibéré de n'user ni de fraude, ni de tromperies, ni de messages secrets .
ni de calomnies, ni de libelles diffamatoires à {'encontre des autres compétiteurs;
mais, Français de nation et conséquemment franc, simple et de nature ouverte, je
propose de traiter avec vous véritablement et sincèrement, v Après cet exorde :
te Je l'ai toujours remarqué avec admiration, reprit-il, vous seuls entre toutes
les nations avez retenu le privilège et la faculté d'élire vos rois, et par même
moyen conserver jusqu'ici tous aultres ornements de liberté et de dignité, là où
les autres nations, qui souloient estre aussi libres et jouir de tous droits de fran-
chise, étant maintenant dépouillées de telles libertés, sont abattues et proster-
nées par terre, et regardées des passants comme tombeau de libertés éteintes. t>
Puis il fit appel à la concorde, noble et vieille tradition qu ils tenaient de leurs
ancêtres, celte concorde à laquelle ils sont redevables depuis si longtemps, de
la gloire souveraine de leur nom. Il rappela la conformité de mœurs, l'amitié et
la grande conjonction des cœurs qui avait toujours existé entre la France et la
Pologne, les visites si fréquentes des Polonais en France et des Français en Po-
logne, la communauté de gloire des deux peuples, l'excellence de leur chevale-
rie, la longue durée de leur empire, l'affection que les Valois leur avaient toujours
portée; puis après avoir fait un séduisant portrait du duc d'Anjou, ftde riche
taille, de belle disposition de sa personne, de santé ferme et robuste, habile à
manier les affaires de l'Étal, parlant le latin et l'italien, et en une seule année ca-
pable d'apprendre leur langue, il s'attaqua aux nombreux libelles semés dans la
Pologne : cr II n'y en a pas un qui eût osé écrire que les mœurs du duc étoient
dépravées et corrompues; il a appris à manier les affaires d'État, toutes les par-
ties de l'art militaire sont en lui plus que son âge ne porte, a
Enfin il aborda le sujet brûlant de la Saint-Barthélémy : a Ce qui est advenu à
Paris, certainement, c'est par cas fortuit. Le Roi, de sa nature enclin à la clémence ,
eût préféré faire prendre les conspirateurs, que non pas les massacrer; mais
comme il y a coutume aux tumultes soudains, la populace s'est portée de fureur à
une chose autrement que l'on ne désiroit, et dont le Roi fut très courroucé et troublé.
Il tant rejeter lacoulpe de cette journée sur autreque sur le duc d'Anjou. Il savoit
bien que le bruit d'une si grande exécution et si inusitée vous détourneroit ou
pour le moins vous détiendroit quelques jours lui faire ce qu'il désire, attendu
que vous haïssez naturellement toutes cruautés. n
Enfin dans sa péroraison : «Très révérends seigneurs, et vous illustres palatins,
très vaillants chevaliers, de la part du Roi Très Ghrestien, je vous présente le se-
INTRODUCTION. msin
rénissime duc d'Anjou, recevez-le tout prêt et appareillé à gouverner vostre
chose publique, comme s'il étoit né pour vous et s'il étoit vostre fds. H ne vou-
droit pour rien diminuer vos libertés; si vous le faites votre roi, il a délibéré
d'employer toutes ses pensées, toutes ses affections, tous ses conseils pour at-
teindre ce seul but, et que jamais vous ne vous puissiez repentir de l'avoir fait
et qu'il puisse être véritablement et a bon droit surnommé le bon roi prudent et
vaillant et père de votre pays, n
De chaleureuses acclamations saluèrent cet habile et brillant plaidoyer. Sans
trop de flatterie, Paul Manuce. dans l'épitre qui accompagne sa belle édition de
l'Orateur, a pu comparer l'évêque de Valence à Cicéron dont la Rome antique
s'enorgueillissait. Tout le temps qu'il tint l'auditoire sous le charme de sa parole,
une alouette, l'oiseau symbolique des anciens Gaulois, perchée au sommet de la
tente royale, battit des ailes et chanta. *Si l'élection, dit Choisnin, eût été faite
un jour après, il ne s'y fust trouvé un seul contredisant; nos ambassadeurs furent
depuis ce jour-là si caressés, si visités, que je sçay bien que ledit évèque, il lui
en cuida coûter la vie, tant estoit las tous les jours d'avoir parlé depuis le matin
jusqu'au soir^; mais les partis n'avaient point désarmé, les bruits les plus alar-
mants trouvaient créance : l'on parlait de la marche d'une armée du duc de
Prusse venant venger l'humiliant accueil fait à sa candidature, d'une invasion
de la Lithuanie par le Moscovite et de la Podolie par les Tartares. Ces milliers
de gentilshommes, qui campaient dans la plaine de Kamien. refusant de s'incliner
devant la volonté du Sénat, décidèrent que trois cents d'entre eux, pris dans
chaque palatinat, formeraient une Chambre des nonces à laquelle ils transmet-
traient, chaque jour, leurs vœux et leurs décisions. Une grave question restait à
débattre, la revision des lois, revision prévue et comprise dans le programme de
la Diète de convocation du 6 janvier. La question religieuse étant venue s'y joindre,
le parti protestant y entrevit le moyen d'assurer son indépendance et la liberté
de sa croyance, il s'y rattacha et finit par avoir gain de cause. Dans une séance
orageuse qui se tint le a3 avril, une. commission fut nommée dans le but, tout à
la fois, de restreindre le pouvoir royal, et d'assurer aux protestants les garanties
qu'ils réclamaient. La revision des lois n'était pas une œuvre de quelques jours,
et, sous une forme détournée, c'était la remise indéterminée de l'élection d'un roi.
Les nobles commençaient à en avoir assez de cette vie sous la tente. Mazoviens,
Lithuaniens, gentilshommes de la grande Pologne, réunis par la même pensée et
marchant au même but, vinrent en masse réclamer l'ouverture du scrutin. Mise
clxiv INTRODUCTION.
ainsi violemment en demeure d'en finir, la Diète décida que la commission nom-
mée se bornerait à régler les prérogatives du pouvoir royal et à les limiter, con-
cession indirecte faite aux protestants qui pouvaient craindre une restriction à
l'exercice de leur religion, surtout de la part du duc d'Anjou, qu'on leur avait
représenté comme le chef du parti ultra-catholique de France. Sous celte double
pression, la Diète décida que l'élection du roi aurait lieu le premier lundi de mai.
La commission chargée de la revision des lois, ayant siégé sans désemparer, soumit,
le 2 mai, une série d'articles votés par elle à l'unanimité. En conséquence, le
3 mai, le grand maréchal Firley proclama l'ouverture du scrutin. Par mesure de
prudence et pour laisser toute liberté aux suffrages, les ambassadeurs de tous les
prétendant'-- avaient été éloignés de Varsovie; le cardinal Commendon s'était établi
à Skierniewice, les ambassadeurs de l'Empereur à Lowict, les Suédois àZokroczyn,
Moulue à Plocko; avant de s'éloigner, le a5 avril, il avait prononcé devant la
Diète un nouveau discours, où, tout en revenant sur les arguments de sa pre-
mière harangue, il avait repoussé cette calomnie qu'on lui prêtait, qu'il était venu
en Pologne comme à la foire pour acheter un royaume:
et Nous sommes ambassadeurs, s'était-il écrié, et non marchands et trafiqueux.
Si nous avons offert de l'argent, c'était pour l'employer aux nécessités publiques
de ce royaume; cessent donc au moins pour quelques jours les injures, médi-
sances méchamment controuvées, et que recognoissent ces ouvriers de bourdes
et d'artifices qu'en affaires de si grand poids et de si grande importance, devant
un si excellent et prudent Sénat, devant si fréquente assistance de tant de nobles
et vaillants chevaliers, il ne faut pas combattre de calomnies, de faussetés ni de
tromperies, mais de raisons et certains arguments; et si vous, Seigneurs, pour
vostre singulière prudence, arrestez cela en vostre entendement, il ne nous reste
plus rien sinon de prier Dieu tout-puissant et tout bon, que mettre fin à ce grand
et haut négoce, il vous fasse tous demeurer fort conjoints et, quant à ce qui me
touche, moy particulièrement, il conduise à fin désirée cette même légation qui
est la seconde devers vous, et la quinzième vers autres princes, tellement que à
vous et à vos successeurs il en demeure une joyeuse et perpétuelle mémoire de
mon nom et de ce que je vous auray le premier offert un roy si sage, prudent,
vaillant, dévot et affectionné au bien de vos affaires1.!)
. Le lundi h mai, le scrutin s'ouvrit. La noblesse, nous dit Choisnin, avant que
Mémoues de l' Estât de li Fiance sous Charles IX , p. aa/| el suiv.
INTRODUCTION. ci.x>
de délibérer chacune dans son quartier, se mit à genoux et invoqua l'assistance
du Saint-Esprit. Dans les palatinats de la grande Pologne l'archevêque de Gniezen
proclama lui-même les noms des compétiteurs. Yvan le Terrible ne donnant plus
signe de vie et le duc de Prusse s'étant retiré, il n'en restait plus que quatre :
l'archiduc Ernest, le duc d'Anjou, le roi de Suède et un Piasle, c'est-à-dire, sans
le désigner, tout noble polonais que ses égaux voudraient choisir. Cette candida-
ture anonyme souleva de grands débats; mais elle était secrètement soutenue, car
chacun de ces nobles pouvait y prétendre, et comme on leur reprochait de ne vou-
loir désigner aucun nom, l'un des chefs, l'orateur du parti Tomicki, en nomma
sept; Jean Zborowski mit en avant tous ceux de ses parents et tous ses amis. «L'on
vit alors surgir une armée entière de Piastes-n, s'écrie ironiquement Orzelski.
Le 8 mai, sous la présidence du grand maréchal, tous les sénateurs à leur
rang accoutumé, derrière eux les députés, et au troisième rang les nobles, le
grand chancelier brisa les plis scellés qui renfermaient le recensement des voles
de chaque palatinat, et proclama les noms des candidats suivant leur ordre d'in-
scription.
A ce premier tour de scrutin le duc d'Anjou tenait la tête : son nom avait été
porté tout seul par les deux palatinats de Mazovie et de Plocko, et par les neuf
palatinats de la Volhynie et de la Podlachie. Sur trente-deux palatinats, vingt-deux
lui étaient donc acquis et sans concurrent; dans tous les autres il avait la majorité.
Des acclamations enthousiates accueillaient son nom, chaque fois qu'il était pro-
noncé. Le parti piaste, qui voulait que le roi fut un Polonais, avait, il est vrai,
recueilli de nombreuses voix, mais réparties sur tant de noms que les candidats
désignés, comprenant l'inutilité de leur poursuite, se désistèrent.
Ce n'était là qu'une première épreuve. Suivant l'ordre déterminé par la Diète
de convocation du 5 janvier, le Sénat désigna trois orateurs chargés de défendre
devant la Diète, dans la journée du 5 mai, les prétentions des compétiteurs restés
sur la brèche.
L'un de ceux qui porta la parole pour le duc d'Anjou, Karnkowski, après
l'éloge flatteur qu'il en fit, s'écria : cr La voix du peuple est la voix de Dieu, le
peuple veut Henri de Valois pour son roi.ï> Les autres orateurs ayant à peine été
écoutés, l'archevêque se leva et au moment où il allait proclamer le duc d'Anjou.
kNous ne sommes plus en nombre, représenta le palatin de Sandomir, nous de-
mandons la remise à demain. v C'était le jour de la Pentecôte; d'un commun
accord, une nouvelle séance fut fixée au lundi î î mai.
ci.ivi INTRODUCTION.
Ce grand jour allait-il se passer paisiblement? La minorité, si tumultueuse,
qui s'était montrée si obstinée, allait-elle accepter ce verdict? Dans le doute, tous
les partisans du duc d'Anjou, sous le commandement de Cbristopbe et Jean Zbo-
rowski, de Laski et de Chodkiewicz, viennent se ranger en ordre de bataille autour
de la tente royale, à leurs bonnets, autour de leurs lances et au frontail de leurs
chevaux , des branches de sapin , en signe de ralliement. Les adversaires du duc aux-
quels s'étaient ralliés les partisans des candidats évincés du parti piasle, s'étaient
retirés au village de Grochow; ils offrirent de souscrire à l'élection, à condition
que les articles réglementant et limitant le pouvoir royal lussent préalablement
acceptés. C'était leur dernier moyen de résistance. Soutenue par le palatin de
Sandomir, et par voie de conciliation , cette proposition fut acceptée ; des délégués
pris dans le sein de la Diète leur lurent donc envoyés. Massée autour du pavillon
royal, une véritable armée attendait leur retour, quand ils furent admis à la Diète,
et que l'un d'eux commença à lire les conditions qu'ils entendaient imposer, de
grandes clameurs couvrirent sa voix. La tente royale avait été envahie; gentils-
hommes, sénateurs, tous affolés criaient : «Henri, Henri de Valois, roi de Pologne,
nous le voulons, nous le voulons !n A ces cris les milliers de cavaliers du dehors
répétèrent à leur côté : te Henri, Henri, nous le voulons, nous le voulons! r
Suivant l'usage, l'archevêque répéta alors par trois fois : « Nous avons pour roi
le très illustrissime duc d'Anjou. m Les délégués des dissidents de Grochow firent
mine de se retirer, et ils allaient peut-être donner le signal de la guerre civile:
fort heureusement Sborowski, n'écoutant que son patriotisme, leur cria : «Ne vous
éloignez pas, l'archevêque n'a pas proclamé le roi élu, il l'a seulement nommé.
L'élection ne sera valable que lorsque les ambassadeurs du nouveau roi auront
accepté, en son nom, les conditions stipulées. n
Cette échappatoire sauvegardait les réserves des protestants et celles des dissi-
dents. Les partisans du duc d'Anjou, ne se possédant pas de joie, à la suite de la
proclamation de son nom, avaient quitté la salle. Le Sénat redevenu libre rendit
la parole aux délégués de Grochow; mais la nuit étant venue, la séance fut levée
et remise au lendemain.
Rappelé en toute hâte de Plocko, Moulue revint à Varsovie avec Lansac et
l'abbé de l'Isle; à leur passage ils furent acclamés. Toutefois le dernier mot n'était
pas dit. Le i5 mai, les conditions imposées à Charles IX en faveur de son frère,
et celles particulièrement applicables au nouveau roi et limitant son pouvoir furent
soumises à Monluc en pleine Diète. La plus difficile à remplir, c'était l'engagement
INTRODUCTION. ciavh
qu'il avait à prendre au nom du duc d'épouser l'infante, le jour même de son
entrée à Cracovie. ce Bien qu'il en ayt cuidé mourir d'ennui, a écrit Choisnin dans
ses Mémoires, il mit sa signature au bas de cet inacceptable article et de tous les
autres; puis les envoyés de France, lui en tête, furent conduits en grande pompe
devant l'arcbevêque et prêtèrent entre ses mains le serment obligatoire.
Schomberg eut la bonne fortune d'annoncer le premier à Catherine l'élection
du duc d'Anjou. Lorsque le courrier porteur de son message, pliant le genou
devant elle, lui dit : aJe vous salue, mère de notre roi a, la parole lui manqua et
elle se prit à pleurer de joie.
La meilleure partie de cette grande victoire diplomatique qui replaçait la France
au rang qu'elle devait tenir en Europe, lui appartient. Claude Vigenère a pu dire
sans trop de flatterie au duc d'Anjou dans la préface De la description, de la Pologne :
«Ce que je sais et puis parler à la vérité, c'est qu'à Sa Majesté seule, la Revue
vostremère, est venue l'opinion de vous acquérir une belle et plantureuse mo-
narchie; à quoy elle est toujours demeurée ferme, arrestée, nonobstant toutes les
difficultés, empesebements et remonstrances qu'on luy ait sceu mettre devant'.-
Cet éloge n'a rien d'exagéré : à aucune époque de sa vie, Catherine n'a eu l'oc-
casion de déployer avec plus d'audace et d'habileté ce génie politique qu'elle tenait
de sa race. Ce fut bien alors la digne nièce du pape Clément VII, rr l'homme le
plus dissimulé de son temps t> , au dire de l'historien Guichardin , l'un de ses familiers
et de ses amis.
Au risque de nous répéter, résumons cette glorieuse campagne. Elisabeth , à la
première nouvelle delà Saint-Barthélémy, avait mis sa flotte sur pied de guerre,
prêté une oreille complaisante aux envoyés du duc d'Albe et à ceux de la Rochelle.
Eh bien, trois mois à peine écoulés, elle accepte d'être la marraine de la fille de
Charles IX, se fait représenter par Worcester, un catholique avoué, et consent à
reprendre les propos de son mariage avec le duc d'Alençon.
Ciégoire XIII s'était flatté de faire entrer Charles IX dans la ligue contre le
Turc et de faire appliquer en France les décrets du concile de Trente. Son légat
extraordinaire, le cardinal Ursin, envoyé dans ce double but, a beau s'éterniser
dans sa mission, il revient à Rome les mains vides, et Catherine, la veille encore si
obséquieuse, ose dire en pleine cour : rr Désonnais je ne permettrai pas que le
pape mette sa main dans les affaires de la France, a
1 Claude de Vigenère, Lo description de la Pologne. Richer, 1879, p. 7.
awvni INTRODUCTION.
Guillaume d'Orange qui avait dit à Mondoucet que jamais Charles IX ne lave-
rait ses mains de la tache de sang de la Saint-Barthélémy, accepte de lui un
subside et, en son nom, Ludovic de Nassau, son frère, signe à Francfort le double
engagement de porter de nouveau la guerre dans les Flandres et de soutenir la
candidature du duc d'Anjou au trône de Pologne.
Philippe II, en apprenant le massacre des huguenots, avait ri pour la première
fois de sa vie; croyant la France asservie à sa propre politique, il avait fait
d'humiliantes avances à Elisabeth, et cherché à s'approprier, à notre détriment,
l'alliance des Suisses, nos amis de fous les temps, lui aussi est déçu dans toutes
ses espérances, et cette coalition dont il était menacé la veille de la Saint-Bar-
thélémy, se reforme contre lui.
Les princes protestants de l'Allemagne n'avaient plus sur les lèvres que des
malédictions et des menaces pour la France; ils s'étaient vantés de refuser au duc
d'Anjou un libre passage à travers leurs Etals. Eh bien, ils le recevront avec tous
les honneurs dus à la royauté et lui feront respectueusement cortège jusqu'à la
frontière de Pologne.
L'empereur Maximilien avait exploité la tragédie de Paris au profit des pré-
tentions de son fils l'archiduc Albert au trône de Pologne; pour la rendre plus
odieuse il avait jusqu'à la fin soutenu à Vulcob notre ambassadeur qu'elle avait
été de longue date préméditée; après avoir répandu l'or à pleines mains, s'être
fait assister par les ducats de l'Espagne, il a la honte de voir le duc d'Anjou l'em-
porter sur son fils à la presque unanimité des suffrages.
Voilà la grande œuvre de Catherine : après avoir perdu dans une seule journée
tout le terrain conquis par deux années d'efforts et d'intrigues; après avoir brisé
tant d'alliances péniblement conquises, encouru la réprobation universelle, elle
retourne comme un gant cette Europe frémissante et indignée; c'est bien là l'apogée
de sa politique, le triomphe le plus éclatant de la diplomatie française inspirée
par elle et servie par des hommes oubliés aujourd'hui, mais dont il est juste de
rappeler tous les noms si glorieux, Ferais, les deux Noailles, le président du
Ferrier, Vulcob, Lansac, Mondoucet, Saint-Couard, Monluc, évèque de Valence,
Schomberg, Paul de Foix , Mauvissière et La Mothe-Fénelon.
Mais si cette victoire diplomatique, la plus grande du règne de Charles IX, n'a
pas produit les fruits qu'on était en droit d'en attendre, la faute en est à la Saint-
Barthélemy. Les protestants que Catherine croyait à jamais anéantis, retrempés
par ce baptême de sang, tiendront en échec toutes les forces royales dans les trois
INTRODUCTION. eus
villes de Sancerre, de Sommières et de la Rochelle, et cette guerre fratricide se
prolongera jusqu'à ce que la main pacifique et victorieuse de Henri IV y vienne
mettre fin et chasse l'étranger de Paris. La vraie grandeur de la France date de
lui.
XVIII
L'élection du duc d'Anjou au trône de Pologne avait imposé la nécessité d'une
transaction avec les assiégés de la Rochelle. Le ih juin 1673, les quatre délé-
gués du roi, Brùlart, de Sauve, Pinart et Villeroy arrêtèrent les conditions de
la paix; elles étaient dures et humiliantes: le plein exercice de la religion réfor-
mée; l'exemption d'une garnison; l'interdiction de réédifier une citadelle; un gou-
verneur non suspect et qui ne serait reçu qu'après que les troupes assiégeantes
se seraient retirées; la liberté de leur culte étendue à tous les hauts justiciers, et
par suite celle de célébrer les mariages et les baptêmes à la façon huguenote. Les
mêmes conditions étaient accordées aux deux villes de Nîmes et de Monfauban,
de longue date étroitement confédérées avec la Rochelle1.
Le mois suivant, Charles IX, sous la forme d'un édit, ratifia toutes ces conces-
sions. A ce prix, il se flattait d'obtenir la soumission du Languedoc, du Dauphiné
et des autres provinces où la résistance se prolongeait.
Mais son illusion fut de courte durée, le 26 août il écrivait au maréchal Dam-
ville : ce II me semble que mes sujets, faisant profession de la nouvelle prétendue
religion en vostre gouvernement, ayent fort peu de volonté de recevoir mon édit
de pacification, usant de remise et longueur comme ilz font, et continuant tous
actes d'hostilité, et n'estoit que ilz se sont cogneuz pressés par les empeschemens
que vous avez donnez, tant sur la récolte que autrement, ilz se montreroient en-
cores plus insolens, chose que je ne veux croire procéder des bons et de ceux qui
ont quelque bien, mais de plusieurs belistres qui vivent et font leur profit de la
guerre et du trouble, lesquelz sont assistez des ministres et autres transportez de
pareille passion, qui sont avec eux hors de mon royaume. Je vous ay envoyé ledit
de pacification, ils l'accepteront ou le refuseront, mais qu'ils fassent le premier,
comme je désire et prie à Dieu, il faut les accueillir et traiter gracieusement,
Voir dans le 11° 1 5558 du fonds français la réponse faite par le Roi aux demandes de ceux de la
Rochelle; La Popelinière, Ilist. de France, t. II.
Catukrink DE M;::i>k:is. — iv. v
1 I 1 l n.llf.
r,h\x
INTRODUCTION.
qu'ils ayent toute occasion de demeureur en repos. 11 importe grandement d'avoir
résolution sur ledit éclit ; car, sans cela, je ferai acheminer les Suisses de vostre
coslé ou je les renverray en leur pays l.u
Une sorte de transaction intervint : les protestants du Languedoc ayant demandé
à Damville la permission de tenir deux assemblées, l'une à Montauban, et l'autre
à Milhau, le Roi y consentit; mais le choix du jour anniversaire de la Saint-
Barthélemv pour ces deux assemblées faisait pressentir les résolutions qui y seraient
prises. Elles dépassèrent de beaucoup les concessions de l'édit et nous nous bor-
nerons à les résumer sommairement : exercice public de la religion réformée dans
tout le royaume, désaveu de la conspiration imputée aux protestants la veille de
la Saint-Barthélémy; poursuites juridiques contre les massacreurs du ïk août;
annulation de tous les jugements rendus depuis cette date; restitution aux pro-
testants de leurs biens, de leurs offices; admission de leurs enfants dans toutes les
écoles; cimetière commun avec les catholiques; garde des villes par leurs propres
troupes payées des deniers de l'Etat; une chambre composée des juges de la reli-
gion dans chaque cour de parlement; entretien de leurs ministres prélevé sur les
dîmes; deux places de sûreté par province; enfin clans le Béarn retour aux règle-
ments décrétés par Jeanne d'Albret-.
En Dauphiné, les mêmes exigences se produisent; M. de Gordes, le 5 septem-
bre, s'en plaint à M. de Hautefort, ambassadeur en Suisse :
tr Je suis bien marry que je ne vous puis mander que Moutbrun et ses adhérens
ayent désir de recevoir la paix que tant s'en fault que la dernière remontrance et
requeste qu'ilz m'ont faite estoit permission de se reposer sur le Boy pour obtenir
beaucoup de choses qu ilz prétendent luy demander et cependant tenir les lieux
qu'ilz tiennent et pouvoir exiger les contributions pour la nourriture de leurs
gens de guerre et que je licenciasse mes forces, ce que je ne leur ay accordé; et
je vous promets que. je ne vois pas qu'ilz avent aucune volonté d'obéyr et est
échappé à Lesdiguières de dire que, pour cet hiver, le pays qu'ilz tiennent leur
est si avantageux qu'ilz ont loisir jusqu'à Pâques de penser à recevoir l'édit de
pacification3, n
Charles IX croyait en avoir fini avec ceux de la Rochelle; et tout au contraire
\\ est contraint d'écrire à M. du Lude : et Vous avez sagement fait de m'a voir
mandé la continuation des déportements des Bochelois; ils font tout le contraire
1 Bibl. nat., fonds français, n° 3a46, Pi. — ' Voir La Popelinière, llist. de France, t. II, p. 180.
— ' Bibl. nat., fonds français, n* 1 5558, f' 102.
INTRODUCTION. ctxxi
de ce que j'espérois d'eux, attendu la bonne volonté que j'avois de les confirmer
en leurs privilèges. Parce que je n'ay encore eu aucunes nouvelles de M. de
Biron, je ne me puis résoudre à ce que je dois faire, joint que je luy ay donné
tout pouvoir de prendre tel parti qu'il cognoistra estre utile et nécessaire pour me
rendre obéy. Mon intention est de tenter celuy de la douceur en tout ce qu'il me
sera possible; mais aussi où il cognoistra ne les jamais réduire par ce moyen au
chemin de l'obéissance, je désire qu'il soit au plus tôt présenté à rencontre d'eulx
par les voies les plus rigoureuses pour les chastier de leur témérité, sans y perdre
temps1. t>
Dans une lettre à Biron, après l'avoir entretenu de toules les difficultés du
moment: te Je suis délibéré, ajoute-t-il, de mettre la main à bon escient et de
rendre cbacun content de la protection qu'il doit espérer de moy 2. i>
Si du moins pour se faire obéir, il avait eu sous la main des troupes disciplinées,
niais l'esprit de révolte les avait gagnées : et Je suis assuré, mande-t-il, le 3o août,
à Damville, que mon pauvre peuple ne cesse d'être affligé et opprimé autant que
jamais par plusieurs compagnies de gendarmes et autres soldats à pied qui tien-
nent les champs et font des maux exorbitants sans vouloir se retirer en leurs
maisons3.^
Jusqu'aux Suisses, ces troupes si fidèles, qui deviennent une charge et un
danger pour les populations. Leur séjour en Dauphiné où ils sont depuis plus de
quinze jours, écrit Truchon, le premier président au Parlement de Grenoble, à
M. d'Hautefort, apporte grande ruine à cette pauvre province, comme il sera de
même au Languedoc, s'ils y viennent4. La plus grande difficulté du moment c'est
que le duc d'Anjou, en dépit des instances des députés polonais, s'obstinait à ne
pas qui I ter la France. Sa récente et insensée passion pour la princesse de Coudé
n'en était pas l'unique cause, ce II s'ennuyoit, nous dit le duc de Bouillon dans ses
Mémoires, d'aller commander à une nation si éloignée et si différente de mœurs.
Dans l'état de santé du Boi, c'étoit se mettre au hasard de perdre la France et
le duc d'Alençon ne manquerait pas en faire ses menées5. •»
Le cardinal de Lorraine cherchait par tous les moyens à le retenir, allant jus-
qu'à lui conseiller d'user de mesures rigoureuses envers les protestants, ce qui
infailliblement amènerait la reine Elisabeth et les princes allemands à prendre
1 Bill. nat. (minute origin.), tonds français, 3 ILid., n° 3a46, p. !>.
n» i5558, (b i53. 4 Ibid., n° i5558.
1 Bibl. nat., fonds français, n° 1 5558 , f° 1 55. s Panthéon litler. , t. M, p. i h
ci.xxu INTRODUCTION.
parti pour eux et, eu faisant une nécessité de sa présence, rendrait impossible son
départ pour la Pologne l.
Dès le mois de mars précédent, Vincenzo Alamanni, l'ambassadeur de Toscane,
témoin de la mauvaise intelligence des deux frères, avait écrit au Grand-Duc:
crLa trop grande autorité prise dans le royaume par Monsieur, plus obéi que le
Roi lui-même, est un véritable danger pour le repos de la France. Son départ
serait une grande garantie de sécurité2, n
Catherine n'avait pas encore eu le courage de se prononcer: et Je suis marrie,
avait-elle écrit au duc de Nevers, que celte grandeur me l'éloigné; car autrement
je pense que je l'empescherois. ■» Enfin pris d'impatience, Charles IX se décide à
partir le premier pour forcer son frère à venir le rejoindre et le a 3 septembre
il en prévient Daniville : te Le commissaire Martin est arrivé devers moy et peu
après le sieur de Forges et les députtez de ceulx de la religion du Languedoc,
lesquels je n'ay pu encore oyr ny moins prendre la résolution sur ce qu'ilz ont à
me proposer, parce que mon frère le roi de Pologne estant pressé des seigneurs
polonois, qui sont icy, de son voyage en son royaume, j'ay employé tout le temps
à y prendre une résolution. Je pars présentement pour m'acheminer à Fontaine-
bleau et là avoir plus de loisir d'entendre l'affaire qui touche votre gouvernement,
d'où je ne partiray que je n'y aye pris une finale résolution3.'»
Le 5 octobre, Charles IX est à Crécy, d'où il va à Monceaux, quelques jours
plus tard il s installe à Villers-Cotterets. Il y avait donné rendez-vous aux députés
des protestants du Languedoc et à ceux du Dauphiné. Lorsque Catherine prit
connaissance de leur exorbitante requête, son irritation fut au comble : «Si Condé
était encore en vie, s'écria-t-elle en pleine cour, et qu'il fût dans le cœur de la
France avec vingt mille chevaux et cinquante mille hommes de pied, il ne deman-
derait pas la moitié de ce que ces misérables ont l'insolence de nous proposer4. •»
Mais Charles IX, depuis qu'il était aux prises avec ces difficultés de chaque
jour, avait appris à mieux se contenir, à être plus maître de lui que par le passé;
voulant gagner du temps et s'éviter une réponse trop directe, il insinue habile-
ment au\ députés du Languedoc que dans l'intérêt de lajKicilication il valait mieux
que Daniville traitât avec eux et sur les lieux mêmes. Pour les mettre en confiance,
il les fait accompagner par M. de Caylus et Jacques de Crussol.
Végociat. dijihui. avec la Toscane, t. lit , p. 8I>8. ! Bibl. nat., fonds français, n" 3qA5, I" 3i.
Ibid. ' DeTJiou, Hist. universelle , l. \ll, p. 17.
INTRODUCTION. clsxui
Durant tout le temps des premières guerres civiles, et sous le nom de d'Acier,
Crussol avait été l'un des chefs les plus redoutables des protestants du Midi; sauvé
par le duc de Guise à la Saint-Barthélémy, et, à la mort de son frère aine, ayant
hérité du titre et du duché d'Uzès, il s'était fait catholique. Caylus et lui, porteurs
des dernières instructions du Roi, devaient assister Damville dans la conférence
qu'il était appelé à tenir avec les députés protestants, et dans un lieu rapproché
de Montauban.
En quittant Villers-Cotterets, Charles IX va droit à Vitry-le-François, et, dès
le lendemain, il écrit à Damville : «J'arrivay en ce lieu le xxis de ce mois, où
estant je me trouvay un peu mal disposé, qui est cause que je m'y suis arresté
pour me reposer et prendre quelque purgation, affin de me guérir, comme
j'espère, Dieu aydant, l'estre entièrement dans quatre ou cinq jours, et de pour-
suivre après mon voyage de Nancy et de Metz pour y conduire mon frère le roi
de Pologne, suivant ma première délibération, ayant bien voulu vous donner
advis de ce que dessus, affin que, si d'aventure l'on faisoit courir aultre bruit
de mon indisposition, vous en saichiez la vérité qui est telle que je le vous es-
criplz '. Ti
Le duc d'Anjou rejoignit enfin le Roi son frère à Vitry. Là encore il cbercha
par tous les moyens à prolonger son séjour en France; il aurait bien voulu y passer
encore l'hiver; mais Catherine l'en dissuada. Surmontant sa douleur, ce Partez, mon
fils, lui dit-elle, partez, vous ne demeurez pas longtemps en Pologne. n Déjà elle
avait dû lire dans les yeux de Charles IX sa mort prochaine.
Le i 5 novembre, le pauvre Roi écrit à Damville : rt Je séjourneray encore quel-
ques jours à Vitry pour me fortifier; mon frère le roi de Pologne part aujour-
d'hui, conduit par la lieine ma mère, mon frère d'Alençou et plusieurs autres
princes et seigneurs, m'ayant laissé un extrême regret de ne pas lui avoir rendu
cet office de le reconduire moi-même, comme je l'ay toujours désiré et eusse
fait2.*
C'eût été plutôt pour être bien sûr que, cette fois, il était hors du royaume.
Chemin faisant, Catherine lui écrit : «Mou fils, je ne puis être à mon aise, vous
ayant laissé fâché et ennuyé, que je ne sache comment vous vous portez, aussi pour
vous dire qu'il va vous trouver deux des ambassadeurs de Pologne pour prendre
congé de vous et je m'assure que vous ne faudrez à leur bien recommander
1 BiU ml., fonds français, n" 3a45, f 35. — ' Ibid., w Bsk'j, P 4g.
euiiv INTRODUCTION.
vostre frère et leur assurer de vostre bonne volonté envers eux et le royaume de
Pologne l. n
Et dans une nouvelle lettre, datée de Nancy, le a3 novembre : cr Je vous sup-
plie ne pas prendre l'air sans le congé des médecins. Hier arriva ici les ambassa-
deurs d'Angleterre, <pii font bonnes mines el belles paroles; mais je ne sais qu'en
croire 2. i>
Le duc d'Alençon, un peu malgré lui, avait accompagné son frère le roi de
Pologne et suivi sa mère à Nancy. De longue date, nous l'avons vu, il inéditait
de s'enfuir en Angleterre, et il avait eu la criminelle pensée de se saisir de quel-
ques vaisseaux de la flotte royale, et d'aller rejoindre celle de Montgomery, qui
chercbait à forcer l'entrée du port de la Rochelle. Madame de Mornay fait allusion
à ces projets d'évasion dans la Vie de son mari : a Le duc projetait diverses pratiques
contre le Roy son frère, et en cas qu'elles ne réussissent pas, de passer eu An-
gleterre et de relever le parti de la religion 3. n
A l'heure où nous sommes, tous ses rêves d'ambition semblaient à la veille de
se réaliser: il était à la fois sollicité par les Flamands, qui déjà pensaient à lui,
et par ceux que l'on appelait les politiques, dont les Montmorency étaient les chefs.
Ce qui les avait jetés dans cette voie, c'est qu'ils tenaient pour certain que l'ab-
sence seule de leur frère aîné, le maréchal, les avait préservés du massacre, el
k ils emplissoient les esprits, dit le duc de Bouillon dans ses Mémoires, du mau-
vais gouvernement qui étoit dans le royaume, des édits violés, de la substance
de la France qui alloit en Italie4». Et après lui, ajoute, Hotman. ce Ils ont pris le
nom de politiques, avec l'appui du duc d'Alençon, ont demandé que l'on fit revivre
l'ancienne constitution françoise, en convoquant les Étals généraux, seul remède
à tant de maux, et le plus grand coup porté à la tyrannie. Jamais plus grande
confusion n'a régné dans le conseil d'un despote5."
Le maréchal de Montmorency, de nature froide et prudente, ne s'associait que
timidement à cette conspiration; mais ses deux frères, Thoré et Méru, ainsi que
le vicomte de Turenne, son neveu, s'y étaient mis entièrement et se servaient,
auprès du duc d'Alençon, de La Mole, son favori. Leurs menées n'échappèrent
point à la pénétration intéressée du roi de Pologne. Il avait d'ailleurs un grief tout
' Bibl.nat., fonds Dupuy, n° an, f aa. ' Panthéon littéraire, Mémoires du duc de
- Ibid., n" 211, 1" 23. Bouillon.
1 Mémoiresde Madame de Mornay, édit deWitt, s Oareste. Étude sur Hotman [Revue historique ,
i. I, [). a5. i885).
INTRODUCTION. CLXXV
personnel contre La Mole, qui avant lui s'était occupé de la princesse de Coude
De crainte qu'il ne profitât de son absence pour le supplanter auprès d'elle, au
moment de quitter la Reine sa mère, il la supplia de l'aire en sorte d'éloigner
ce rival redoutable. Le moment était mal eboisi : La Mole était en pleine laveur.
Grâce à la séduction de sa personne, dont Marguerite de Valois ne sut pas se dé-
fendre, il s'était poussé si avant dans l'intimité de l'inflammable Elisabeth, que
Leicester avait eu quelque raison d'en être jaloux ; et il avait si bien disposé la reine
à accepter une entrevue avec le duc son maître que, sans la Saint-Barthélémy,
tout porte à croire qu'elle aurait eu lieu. Pour son malheur, le duc d'Alençon ne
consentit pas à s'en séparer, et continua à nouer de nouvelles intrigues. Le séjour
de sa mère à Blamont, lieu qu'elle avait fixé pour faire ses adieux au roi de
Pologne, allait lui en fournir l'occasion.
Durant les quatre jours qu'elle y passa, Catherine eut de secrets entretiens
avec le comte Ludovic de Nassau et le duc Christophe, le fils cadet du comte
Palatin; c'est Schomberg, qui, lors de sa récente mission en Allemagne, avait
arrangé cette entrevue et préparé les voies à une entente. Grâce à son habileté, le
comte Ludovic avait été si bien mis en confiance, qu'il venait d'écrire à son frère
le prince d'Orange : a Le Roy de France a promis d'embrasser les affaires des Pays-
Bas autant et aussi avant que les princes protestants d'Allemagne les voudront
embrasser et sans mettre en compte l'argent qu'il a déjà fourni1»; mais en même
temps il le prévenait que l'on était à la veille de «remuer ménage en France », et
(pie cette prise d'armes les priverait du secours d'auxiliaires français.
Cathei'ine avait tout intérêt à pousser à une nouvelle guerre dans les Flandres,
soit pour empêcher les Nassau de venir, comme par le passé, secourir leurs core-
ligionnaires de France, soit pour assurer un libre passage à travers l'Allemagne
à son fils d'Anjou et lui ramener les sympathies que la Saint-Barthélémy lui avait
l'ait perdre; elle promit donc au comte Ludovic et au duc Christophe qu'un sub-
side de cent mille écus leur serait versé à Strasbourg; mais en même temps elle
s'arrangea pour empêcher toute entrevue secrète entre Ludovic et le duc d'Alen-
çon. Toutefois sa surveillance fut mise en défaut: le duc, la veille de son départ,
put glisser à l'oreille du comte : «Maintenant que je vais avoir le gouvernement,
ainsi que l'avait mon frère, j'emploierai tout pour vous seconder, n
Catherine y mit bon ordre. Il ne put obtenir cette lieutenance générale du
Van Prinsterer, Arch. de la maison d'Orange, t. IV.
clkvi INTRODUCTION.
royaume à laquelle le dvie. aspirait, en dépit de la promesse qui lui en avait été
faite; il ne lui restait plus que la ressource de s'enfuir, et il se l'était ménagée par
l'entremise île Thoré (Guillaume de Montmorency), qui, avant la Saint-Barthé-
lémy, avait eu de fréquentes communications avec le comte Ludovic, et depuis les
avait continuées '.
D'autre part, Maisonfleur, resté à Londres, l'y poussait vivement. «Si vous ne
vous hâtez pas, lui écrivait-il, la reine Elisabeth aura lieu de croire que toutes les
longueurs dont vous avez usé jusqu'à présent, tout le beau langage que lui avez
tenu par vos lettres n'ont été qu'autant de ruses pour la surprendre, et que tout
s'est fait par le conseil de Madame la Serpente (c'est ainsi qu'il appelle Catherine de
Médicis), afin de prolonger les choses et les tenir en haleine pour quelque sien
dessein que personne n'entend. Que direz-vous à cela, Lucidor? (c'est le nom
qu'il lui donne.) N'est-ce pas là ce que vous demandez? On vous appelle, on vous
invite à vous hâter, ô Lucidor, le plus fortuné prince de la terre, s'il sait user de
la fortune'2. v>
XIX
Charles IX put enfin quitter Vitry. Le 25 novembre il entre à Châlons : «Il va
un peu mieux, écrit Cavalli, l'ambassadeur de Venise, qui l'y vit le 2 décembre;
mais il ne quitte pas la chambre; il a commencé à assister aux séances de son
conseil3. «
Ce même jour, Charles IX donna audience à l'envoyé d'Elisabeth, Randolph, le
maître des postes d'Angleterre, avec lequel il s'entretint des conditions d'un traité
de commerce déjà soumis à la Reine sa mère. Dans tous les temps et avant tout,
les Anglais sont des hommes pratiques. Randolph était également chargé de
poursuivre la négociation du mariage de la reine sa maîtresse avec le duc d'Aleneon,
l'amorce tendue pour obtenir de meilleures conditions dans les tarifs à débattre.
Tout récemment en causant avec La Mothe-Fénelon de ce projet, Burghley avait
prétendu que les marques de la petite vérole qui défiguraient le visage du duc,
n'avaient pas disparu. Randolph devait donc rapporter un nouveau portrait qui
permît d'en juger. Charles IX, qui ne pensait alors qu'à éloigner ce frère aussi
redoutable maintenant que l'autre, y fait allusion dans une lettre du 2 décembre,
1 Panthéon littéraire, Mémoires de Bouillon. — J Record office , Statepapert, Franco; voir notre livre
Le xvi' siècle et les Valois, p. 170. — ' Bihl. nat. , Dépêches des ambassadeurs vénitiens, iilza VII,
p. 1J9.
INTRODUCTION. clxxvti
à La Mothe-Fénelon : «Randolph a trouvé mon frère fout autre et plus agréable
qu'il ne pensoit; il en emportera la peinture qui est vraiment sans flatter d'après le
naturel, ainsi que l'ambassadeur résident témoignera par ses lettres et Randolph
de bouche, qui sera cause que je ne m'eslendray davantage, pour m'en remettre
à eux que je crois certainement qui en parleront avec vérité, laquelle entendue par
la reine, sera, si elle désire ce mariage, cause d'y avoir une heureuse fin, ainsi
que je désire de très grande affection et que l'asseurerez à ladite reine, et à ses
ministres non seulement de ma part, mais aussi de celle de ma mère et de mon
frère le duc d'Alençon1*; et de sa propre main il prolesta à Elisabeth de son dé-
sir de lui être agréable et d'arriver à la conclusion du traité de commerce qu'elle
recherche.
Le 5 décembre, il est à Pont-Fa vergier d'où il écrit à La Mothe-Fénelon :
« Madame ma mère sera, à mon avis, aujourd'hui partie pour revenir et espère
que serons ensemble à la Fère en Picardie dedans sept ou huit jours, pour
pourvoir avec son bon avis et ceux de mon conseil que j'ay mandés aussi pour s'y
trouver aux choses que je trouveray estre nécessaires pour achever d'établir le
repos en mon royaume; et par même moyen, si Dieu nous fait la grâce, comme
de notre part nous le désirons de bon cœur, que la négotiation du mariage entre
cettedite reine et mon frère le duc prend quelque bon chemin pour réussir,
regarder et résoudre en cette compagnie les articles du traité qu'il faudra en faire.
Vous remercierez aussi la reine des honnêtes compliments qu'elle vous a faits de
ma guérison, qui est telle qu'il ne me reste plus qu'à me renforcer encore un
petit que je ne sois au mesme estât que j'estois avant ma maladie, me trouvant
très bien d'avoir pris l'air; allant par les champs comme je fais, pour être vers la
fin de la semaine prochaine au lieu de la Fère.
rLa peinture de mon frère n'étant pas achevée de mettre en couleur à la der-
nière audience que j'ay donnée au sieur Randolph, pour cette cause lui et l'ambas-
sadeur résident s'en iront à Paris sous la conduite de Géromino Gondy, qui la déli-
vrera audit Randolph en présence de l'ambassadeur résident. Tous deux ensemble
la verront, la considéreront, et, après qu'ilz l'auront trouvée bien faite et ressem-
blante d'après le vif et le naturel de mon frère, elle sera par ledit Gondy accom-
modée, et l'étui dans lequel elle sera mise scellé de cire et fermé parle maréchal
de Retz, lequel vous en enverra un double tout semblable à l'autre par un
Le Laboureur, Additions aux Mémoires de Castelnau , t. II, p. 36i.
Catherine de Médicis. It. «
XiliniALK.
clxsviii INTRODUCTION.
courrier exprès qui sera à Londres avant que ledit Randolph n'y arrive, afin que
l'on ne puisse changer ni innover, lorsqu'on la fera voir à la reine '.ii
Le 6 décembre, Charles IX est à Gormisy. De ce lieu il écrit à Damville de
venir le retrouver à Compiègne, dès qu'il sera fixé sur le succès de la négociation
confiée à MM. d'Uzès et de Gaylus pour pacifier le Languedoc, et le prie de
laisser durant son absence tout pouvoir à M. de Joyeuse2.
Enfin nous le retrouvons à Reims, où sa mère, le io, vient le rejoindre3. 11 pro-
fite du court séjour qu'il y fait, pour décharger tous ses sujets de quatre sols
du principal de la taille, dans l'espoir de calmer l'agitation des provinces de plus
en plus menaçante. Sous l'empire des mêmes appréhensions, il avait refusé de
laisser entrer de nouvelles troupes du pape dans le Comtat4.
De plus en plus effrayé, il écrit de Soissons, le 17 décembre, à Damville :
crJe désire que vous fassiez bien rudement entendre aux députez de ceux de la
religion le mécontentement que j'ay des leurs, en ce que contre la suspension
d'armes accordée dune part et d'autre, ilz ne cessent de courir, piller et saccager
tous les lieux où ils peuvent mettre les pieds, y commettent la même hostilité
qu'ils feroienl en guerre ouverte 5. ■» Catherine joint ses recommandations à celles
du Roi son fils0.
Ces plaintes n'ont rien d'exagéré. L'ambassadeur de Toscane écrit, le 2 3 dé-
cembre, au Grand-Duc : et Les soulèvements en ce pays sont arrivés à un tel point
que s'il n'y est promptement porté remède, j'entrevois de nouvelles guerres que
l'on sera dans l'impuissance d'empêcher 7«; et toutes les nouvelles venues des pro-
vinces le confirment : Caylus, que le Roi a dépêché pour assister Damville, n'a
échappé qu'à grand'peine à quatre embuscades que lui ont tendues les rebelles,
et il ont tué l'un des hommes de son escorte. Le 22 novembre, il écrit au Roi :
«Les chemins du Languedoc sont si mal assurez que homme n'y passe qu'il n'y
soit volés. ■»
Le 12 décembre, les magistrats de Toulouse mandent à Charles IX : «Les hu-
' l.e Laboureur, Àddit. aux Mémoires de Caslcl- ' Négociât, diplom. aiec In Toscane, t. 111,
uaii , t. III , p. 36à. p. 893.
2 Bibl. nat. , fonds français, n° 3a&6, f° 69. s Le Laboureur, Addit aux Mémoires de Cas-
irJe suis arrivée ce soir en cette ville, écrivait- telnau, t. M, p. 300.
plie h Beliièvre, le 10 décembre, où le Roy monsieur " Bibl. nat., fonds français, a' 3a46, P 7G.
mon lilz s'csl aussi trouvé. 1 1 Bibl. nat., l'on ls frao- Négociai, diplom. avec la Toscane, 1. 111, p. 89I.
rais, n° i5goa, f° 089.) ' Bibl. nat., tonds français, 11° 1 5558 , f° 1O0.
INTRODUCTION. clxxix
guenots ont plus pillé et se sont plus augmentés en temps de surséances d'armes
non observées que par le gain dune grande bataille '.n
Daffis, le premier président du Parlement de Toulouse, loin d'atténuer le
danger de la situation, dans une lettre du 3 décembre, en fait une peinture ef-
frayante : crDe jour en jour, Sire, les calamités et les misères accroissent sur les
endroits où le nombre de vos sujets diminue; vos villes sont surprises, le pays
gasté et ruyné et qu'on tascbe de soustraire à l'obéissance de Vostre Majesté.
Je ne puis obmettre à vous représenter à toutes occasions et continuer à vous
advertir de nostre extrême ruyne, s'il n'y est autrement pourveu. Nous sommes
environnés en ceste ville de tous costez par les ennemys qui surprennent jour-
nellement des villes près de nous, lesquelles n'ont moyen de se défendre ni
celle-cy de les garder, de sorte que le peuple, estant sans défence, vient en tel
désespoir que ordinairement pour se garantir il ayde de deniers ceux de la nou-
velle opinion qui en attirent une infinité à leur parti. Depuis le commencement
des troubles, les villes catboliques des environs de nous n'ont jamais esté en plus
grand danger, de manière qu'il semble que leur dessein soit de faire icy un pays
de conquête; ils s'y fortifient et s'accommodent de lieux qui leur sont nécessaires
pour leur passage; pour à quoy obvier, il est nécessaire requérir Vostre Majesté
nous impartir son ayde et protection 2. -n
M. de Rieux écrit de Montpellier au Roi, le 12 décembre, que les empêche-
ments sont aujourd'hui si grands sur les chemins à l'occasion des courses des
ennemis qu'il a été contraint de prolonger l'assemblée des Etats qu'il avait
ordonnée au 8 du présent, les députés des diocèses ne pouvant s'y rendre sans
grand danger, et il ajoutait : et Nous sommes encore détenus sans qu'il nous soit
possible encore nous pouvoir mettre en chemin à l'exécution de la charge que
Vostre Majesté nous a donnée3, n
rr II n'y a que trente chevaux à Blois, écrit M. de Sanzay, et une compagnie de
gens de pied pour tenir tète aux ennemis, qui gâtent tout le pays4.T>
Ruffec se plaint du mauvais état des places du Poitou; pas une n'est en état de
résister à une attaque 5.
Les protestants de Bretagne exigent de M. de Bouille la liberté de leurs
prêches6.
' Hibl. nat., fonds français, n° 1 5558. f° 22 1. ' Bibl. nat., fonds français, n" 1 5558. f° 2 hh a.
' IlmL, f i59. ' llntl, P 17/i.
' IbuL, f 186. ' lbkl., P 2 -2/..
CLXXX INTRODUCTION.
\ bout de voies et pour faire face à tant de diflicultés, Charles IX adresse une
circulaire à tous les gouverneurs des provinces et il leur expose la situation telle
qu'elle est :
ctj'av esté adverty, de plusieurs endroits, que par les provinces de mon royaume
il y a des personnes qui vont de maisons en maisons, suscitant les gentilshommes
et autres subjets à rébellion et désobéissance, sous prétexte du bien public, leur
remettant au devant les pilleries, rançonnements, injures, violences et autres
maux qui ont eu cours en mon royaume durant les troubles d'icelluy; sur quoy ils
donnent à entendre que tant s'en fault que j'aye le vouloir d'y mettre ordre et
délivrer mes sujets de l'oppression dont ils se ressentent encores journellement et
seront perpétuellement chargés, au contraire que je n'ay autre intention que de
nourrir toujours la division entre mes sujets, et nommément parmi les plus grands,
affin de pouvoir, avec moins de contredit, continuer, voire augmenter toutes sortes
d'exactions et subsides, s'efforçant par semblables raisons et inventions desvoyer
les plus simples de la fidélité qu'ils me doivent et par promesse et belles espérances
wagner les autres, jusqu'à menacer de ruynes ceux qu'ils retrouvent plus durs et
difficiles, afin de rendre leur partie plus forte; et davantage suis adverty qu'ils se
donnent parmi eux rendez-vous pour, comme il se dit, attenter à ma personne1
et exécuter sur plusieurs villes de mon royaume leur délibération et entreprise, et
sachant assurément qu'il y en a de si oubliés qu'ils ont non seulement prêté
l'oreille à celle proposition, mais font et mènent lesdites pratiques, je vous prie
de bien vouloir ouvrir les yeux et les étendre sur votre gouvernement pour au
plus tost découvrir la vérité de ce fait. i>
Et, en terminant, il rappelle qu'il a mandé à Compiègne plusieurs notables
gentilshommes et autres gens de justice de toutes les provinces bien informés de
l'état du mal qui y est pour, sur leur rapport, y donner prompt remède par le
conseil de la Heine sa mère, de son frère le ducd'Alençon, du roi de Navarre, des
princes de son sang, officiers de sa couronne et autres notables personnages '.
XX
Cette assemblée de Compiègne dont il attendait des remèdes efficaces pour ar-
racher la France à l'anarchie qui achevait de la ruiner, Charles IX, en présence
1 Bibl. nat., l'omis français, n" i 5558, P 195.
INTRODUCTION. clxxxj
Je la rébellion qui partout gagne du terrain, se voit forcé d'y renoncer. Suivi de
toute la cour il s'arrête au château de Chantilly où il est reçu royalement par le
maréchal de Montmorency, et c'est Catherine qui, le 19 décembre, en fait part à
La Mothe-Fénelon : trMon fils a passé en ce lieu trois jours, lesquels M. le duc
de Montmorency et ses livres lui ont bien fait employer, car il y a trouvé les
chasses et les plaisirs de la volerie à souhait, y ayant les princes et seigneurs,
qui sont icy avec nous, mesme mes cousins de la maison de Guise, esté fort bien
reçus et festoyez. Et espérons que doresnavanl tous nos serviteurs seront si bien
ensemble qu'ils procéderont d'un bon accord aux affaires et services de mondit
sieur fils, dont je vous ai voulu avertir1, n
Ce séjour à Chantilly avait donc eu pour but de ménager un rapprochement
entre les deux maisons de Guise et de Montmorency.
Etait-ce vraiment possible?
A quelques jours de là, dans un entretien confidentiel qu'il eut avec Catherine,
Viucenzo Alamanni, l'ambassadeur de Toscane, ne lui cacha pas que le cardinal
de Lorraine entretenait de secrètes pratiques avec le roi d'Espagne j^t l'empereur
Maximilien et qu'il ne tendait à rien moins qu'à troubler de nouveau le royaume.
«Je ne l'ignore point, dit-elle, mais nous travaillons à pacifier toutes choses, n
— cr Alors, répondit-il, pourquoi n'appelez-vous pas le maréchal de Montmo-
rency à la cour? Sa venue ne pourrait avoir que d'heureux résultats et favoriser
votre œuvre de pacification, n
— et Ne pourriez-vous pas lui écrire de venir, répliqua-t-elle, mais de vous-
même, et sans que j'y paraisse en rien. 15
— ce Volontiers, Madame, et je suis même tout prêt à aller à Chantilly, si
vous le trouvez bon. n
Elle s'y refusa et se borna à le prier d'écrire, ce qu'il fit, mais sans rien en es-
pérer; car, depuis le retour à la cour de Morvilliers, si hostile aux Montmorency,
les dispositions de Catherine étaient tout autres, et le maréchal et ses frères
avaient repris tous leurs soupçons. Ces variations de chaque jour, ces inimitiés si
ardentes entre les grandes familles princières aggravaient encore les difficultés du
moment. L'on peut en juger par une lettre de Charles IX à Damville : « Je ne
puis omettre à vous dire qu'il y en a aucuns si malins et envieux du repos de
ce royaume que, pour avoir moyen de nourrir et continuer les troubles et se
Bibl. nat., fonds français, n° 1 7 y 7 2 , f a34 (copie).
cwxxii INTRODUCTION.
prévaloir de ia substance et sang de mes subjets, n'ont pas oublié de s'ayder de
tous les artifices qu'ilz ont peu y pouvoir servir, s'estant entre autres desbordez
jusques-là de semer et publier que la pluspart des princes et autres mes princi-
paux ministres et serviteurs estoient divisez et bandez les uns contre les aultres et
tous en très mauvaise intention contre moy; que ceux qui avoient volonté de par-
venir à une mutation d'estat n'avoient à taire que de se nionslrer et assembler,
d'autant que incontinent après qu'ilz avoient fait corps, mon beau-frère, le duc de
Montmorency et vous aussi vous en deviez rendre chefs. Vous jugerez combien
cela est hors de la conception de toute personne de jugement. Toutefois leurs im-
postures n'ont pas esté rejetées de tout le monde, comme j'entends. t
Et il ajoute : « Estant puis peu de jours arrivé en ce lieu de Saint-Germain pour
y séjourner pour veoir à mes affaires, déjà la plus grande partie des princes et des
grands seigneurs s'y est rendue et les autres y doivent bientost estre, par l'advis
desquelz je suis après à pourveoir aux désordres que. les divisions et guerres civiles
ont causés en mon royaume, me décharger en dépense, et retrancher ce qui se peut
pour d'autant soulager mon peuple, et spécialement remédier aux chargeset fautes
qu'il supporte à l'occasion des gens de guerre, remettre sus l'intégrité de la justice
et n'omettre aucune chose qui puisse servir au bien et repos de mes sujets,
mesmes de ceux de la nouvelle prétendue religion , vivans sous le bénéfice de ma
dernière déclaration, et convier ainsi ceux qui ont pris les avances à embrasser
la bonté et clémence dont je désire user1, n
H espérait que les députés de la religion, alors assemblés à Milhau, se mon-
treraient plus tolérants et qu'une générale pacification pourrait en sortir. De Saint-
Germain il adressa une nouvelle lettre à tous les gouverneurs des provinces, pour
se plaindre des calomnies répandues partout et des libelles qui poussent le peuple
à la révolte; mais, dans ce temps désolé, les protestants ne sont pas les seuls à
nous parler de la misère et des maux dont se mourait la France. D'autres écrits,
plus modérés sous la forme, et à un autre point de vue, retracent le triste tableau
de ces calamités. Nous ne nous arrêterons qu'à un seul qui les résume tous. Le
procès fait par l'auteur au luxe, aux folles dépenses nous dépeint et avec vérité
la France d'alors et telle que l'avait faite le règne des Valois.
Il s'en prend d'abord aux guerres civiles, «qui ont mis le feu partout et apporté
l'impunité de brûler, saccager et dissiper toutn; puis à la stérilité des six der-
' Voir Négociât, diplomat. avec la Toscane, I. III, p. 8r)5.
INTRODUCTION. clihih
nières années, à l'accroissement des impôts, à l'exportation du blé, du vin et des
marchandises hors de France; crcar, avertis de la cherté qui est ordinairement en
Espagne et en Portugal et qui souvent advient en d'autres lieux, les marchands
obtiennent par le moyen des favoris de la cour des permissions pour y transporter
les blés et nous laissent la cherté •■>.
Il s'en prend aux rois et-aux princes qui ont trop donné aux choses de plaisir,
peinture et pierreries qui se vendent dix fois plus cher que du temps des anciens
rois.
Il s'en prend aux rentes constituées sur la ville de Paris où chacun a mis son
argent, ce qui a fait cesser le trafic des marchandises et des arts mécaniques, au
luxe de la table couverte de trop de mets, au luxe des bâtiments et des meubles.
(tDans l'ancien temps l'on ne savoit ce que c'étoitque de faire tant de frises, de
corniches, de chapiteaux, d'architraves, de cannelures, de colonnes, de moulures;
l'on ne savoit mettre ni marbre, ni porphire aux cheminées, ni dorer les poutres
et les solives; l'on ne voyoit point tant de lits de drap d'or, de velours, de salin,
de damas, ni tant de bordures exquises; Ton ne faisoit point aux jardins tant de
beaux parterres et compartiments, cabinets, allées, canalset fontaines. Aujourd'hui
l'on emploie l'or et l'argent en choses vaines, comme à dorer le bois ou le cuivre,
et celui qui se devoit employer aux monoyes a esté mis en dégast.
a- 11 n'y a chapeau, cappe, manteau, collet, robe, Juppé, colletin, casaque,
chausses, pourpoint qui ne soient couverts de passements d'or ou d'argent, ou
doublés de toile d'or et d'argent.
a Les édits sur la réformation des habits ne servent de rien; puisqu'on porte à
la cour ce qui est défendu, on en portera partout. Pour entretenir ces excessives
dépenses, il faut jouer, emprunter, vendre et se desborder en toutes voluptez et
enfin payer ses créanciers en belles cessions ou faillites1. i>
L'année lôy/i débuta mal. Une tentative pour s'emparer de la Rochelle, qui
échoua et coûta la vie à ceux qui l'avaient entreprise, avait surexcité toutes
les défiances des protestants. C'est vainement que Charles IX et Catherine la dé-
savouèrent. A la fin de décembre, sous prétexte de célébrer la Cène, La Noue y
1 Discours sur les causes de l'extrême cherté qui médier. Paris, à l'Olivier de Pierre FHuiHier, rue
est aujourdh'mj en France et sur les moyens d'y re- Saint-Jacques, îôyi. in-8\
clxxxiv INTRODUCTION.
étant venu, la ville, obéissant à ses conseils, se mit en état de défense, et Henri de
Rohan, seigneur de Frontenay, prit le commandement de la milice bourgeoise. Dans
la seconde quinzaine de janvier, Saint-Sulpice y l'ut envoyé par le Roi; il élait
porteur des plus pacifiques assurances et chereba de son mieux à détourner les
Rocbelois de faire cause commune avec ceux du Languedoc1. Mais le vent de la
révolte souille partout. Jacques de Crussol que le Roi avait envoyé pour assister
Damville, lui écrit le 9 janvier : (tJ'ay remarqué que ceux de la nouvelle pré-
tendue religion se disposent plus à la guerre qu'à la paix2. t>
De son coté Saint-Hérem lui mande le 1 2 : et Ceux de la nouvelle opinion ont
pris cinq chasteaux proches de la ville du Puy. Ladite ville est tellement investie
que on n'y peult porter nulz vivres ny bonnement y entrer. Partie de leurs forces
de Dauphiné et Vivarais et des Cévennes, qui sont en nombre de quatre cens
cbevaulx et deux mil hommes de pied ont fait ladite entreprise. Je suis ad vert y
de plusieurs endroits et mesmes par des leurs qu'ilz sont résolus entrer dans la
Limagne d'Auvergne, avec autres forces qu'ilz attendent, pour y exécuter autres
entreprises par le moyen et intelligences d'aucuns de ce pays. Je fais tout ce que
je puis pour faire assembler la noblesse pour rompre leur dessein, mais le peuple
est tellement froid, la noblesse craint tant la despence, autres si mal contents à
cause des informations et exécutions de justice qui a esté faite contre quarante
ou cinquante gentilshommes, que je crains qu'estant désespérés, comme ils sont,
s'il ne plaist à Vostre Majesté leur pardonner et abolir lesdites informations,
qu'ils ne se rendent du party de ceux de ladite religion 3. n
En Poitou, c'est le propre lieutenant du Roi, La Haye, qui prêche la rébellion.
Déjà il avait envoyé des députés à l'assemblée des protestants qui se tenait à Mil-
hau, pour v présenter ses projets de réforme, et il avait invité la noblesse du
Poitou à s'attaquer aux abus, et à empêcher que le Roi, pour enrichir certains
mignons de cour, ne se ruinât par des dons excessifs. L'unique remède, c'était la
r
convocation des Etats généraux4.
En Dauphiné, Montbrun s'est saisi de deux postes considérables sur la fron-
tière de la Provence et en plein Cointat Venaissin, et il a pillé l'abbaye de Virieu
presque aux portes de Grenoble5.
' Voir La Popclinièro, Histoire de France, I. II, * La Popelinière. Histoire de France, t. Il,
p. 2o5, 366,319. p. 207.
' Bibl. nat., fonds français, n° i555o,, f° 3. ' De Thou, Histoire universelle, trad., t. VIII.
s Ibid. , (' 10. p. 26, 27.
INTRODUCTION. clxsxv
En Quercy, les protestants se sont emparés de villes et de châteaux importants;
et, maître du Béarn tout entier, Pons de la Case fait des courses dans toute la
Gascogne '.
Le plus grand danger, c'est que le duc d'Alençon est le chef accepté par tous
les mécontents, tous les rebelles. L'éloigner devient une nécessité. Si son mariage
avec Elisabeth, toujours resté en suspens, venait enfin à se réaliser, ce serait la
meilleure des garanties pour les protestants, et le plus sûr moyen de les ramener
à l'obéissance. Dans toutes leurs lettres, Catherine et Charles IX invitent donc
La Mothe-Fénelon à insister de nouveau auprès de la reine Elisabeth, à l'effet
d'obtenir une solution favorable. Reçu par elle, le 2 janvier, La Mothe tente
un suprême effort. Du moment que Randolph était revenu si favorablement im-
pressionné, et qu'il lui avait parlé en si bons termes du duc, elle n'avait plus
aucune raison pour différer de se prononcer. Elle s'excusa sur divers empê-
chements, qui ne lui avaient pas permis de réunir son conseil. Leicester, qu'il
vit, au sortir de celte entrevue, lui dit que l'incident de la Rochelle venait fort
mal à propos; car le mariage n'était possible qu'à la condition d'une parfaite
intelligence entre les deux royaumes et que, pour y parvenir, il fallait que le
Hoi son maître laissât vivre ses sujets en toute liberté de conscience et en toute
sécurité 2.
Une partie de janvier se passa à attendre une réponse. Enfin, le 26, Elisabeth
représenta à La Mothe les inconvénients qu'elle appréhendait d'une entrevue
officielle et publique. En cas que le mariage ne s'ensuivît pas, cela pourrait être
une cause fâcheuse de brouille. Elle ne consentait donc qu'à une entrevue privée
et sous la condition que le duc ne se ferait pas accompagner par un personnage
aussi haut placé que le duc de Montmorency.
La Mothe-Fénelon n'avait pas qu'à poursuivre la négociation du mariage du
duc d'Alençon. Une autre tâche plus difficile lui incombait, celle de surveiller
le comte de Montgomery dont tout était à redouter dans l'état précaire de la
France. Alarmé des fréquentes visites à la cour d'Arthur Champernovvn, le beau-
frère du comte, et craignant que ce fût pour solliciter la permission d'armer des
vaisseaux, il s'en était une première fois expliqué avec les conseillers d'Elisabeth,
qui avaient nié qu'il en eut été jamais question.
Néanmoins, resté avec tous ses doutes : a S'il advenoit, avait-il écrit à Charles IX .
La Mothe -Féneion, Corresp. diplom., t. V. — ' Ibid.. I. V.
GâTHEBIKE DE MkDICIS. — IV. y
iuiT.ivrr.it: natio-ial::
cuxwi INTRODUCTION.
«{ne les Anglais fassent quelque exploit en France, qui réussit avantageusement ,
indubitablement leur reine l'avoueroit, et, quand bien même elle n'auroit pas la
volonté de le faire, ses sujets l'y contraindroient1.*
Il avait affaire à un habile et rusé adversaire; La paix une fois signée avec les
Rochelois, Monlgomery lui avait manifesté le désir de profiter de l'amnistie con-
cédée par le Roi; plus fard, avec une apparente sincérité, il l'avait entretenu
des dispositions plus favorables d'Elisabeth à la conclusion de son mariage avec
le duc d'Alençon, et s'en était réjoui; mais il lui avait incidemment fait part de la
permission qu'il avait obtenue d'elle d'aller avec toute sa famille habiter Jersey,
ne lui cachant pas qu'en attendant la réponse de Charles IX il irait passer quel-
ques jours dans les environs de Londres.
Cette réponse du Roi fut toute bienveillante; il adressa à La Mothe deux passe-
ports pour Madame de Montgomery et sa belle-fille et il ne s'en tint pas à cette
première faveur ; rrVous m'écrivîtes quelquefois, manda-t-il à La Mothe, que le
comte de Montgomery avoit le désir, considéré le malheur qui lui est advenu à
l'endroit du feu roi mon père, de ne plus revenir en France, si je vouloislui per-
mettre de jouir de ses biens et lui bailler faculté de les vendre. S'il est. encore en
cette disposition, je la lui accorderai volontiers; mais, en quelque façon que
ce soit, je vous prie de l'assurer que je ne manquerai à aucune chose que je lui
promets-, n
Vinsi, dans la première quinzaine de février, au moment même où Montgoinen
se préparait à reprendre les armes, Charles IX croyait n'avoir plus rien à redou-
ter de lui. Mais, d'un autre côté, effrayé de l'état plus menaçant de jour en jour
du pays, il appela à Saint-Germain les membres du Parlement de Paris, et là, en
présence de quelques députés des provinces qu'il y avait également mandés, il
leur fit part de son intention bien arrêtée de réformer la justice et les abus, re-
grettant amèrement de ne pouvoir, aussitôt qu'il l'aurait voulu, appliquer des
remèdes aux maux dont souffrait la France. Le plus grand obstacle à son bon
vouloir, c'étaient les profondes jalousies qui divisaient les grandes familles de la cour
et notamment celle des Guises et de Montmorency. Pour se venger de ce que l'on
n'écoutait pas ses conseils, le cardinal de Lorraine était accusé de pousser secrè-
tement les catholiques de la Saintonge à se révolter. Catherine tenta bien de rap-
procher ces deux maisons rivales; elle obtint même l'échange de part et d'autre
' Correspondance diplomat. de La Mothe-Féiie- ' Voir celle lettre de Charles 1\, dans nuire
Ion , t. V. livre Le xn' -siècle et les Valois , p. 38().
INTRODUCTION. clxxïwi
de paroles de conciliation l. «L'on sait Lien, écrivait Hubert Languet, ce que
valent de pareilles promesses2, n
L'un de ces drames si fréquents à cette cour des Valois, «cour de sang et de
soien, allait raviver leur mutuelle inimitié. Le 16 janvier., un gentilhomme nommé
Ventanbrau, sortant au matin du Louvre, où sans doute l'avait retenu quelque
galante aventure, en descendant le grand escalier, se trouva l'ace à face avec le
duc de Guise qui venait au palais. Yentanbran s'était d'abord mis à sa suite; mais,
proche parent de La Mole, et conseillé par lui, il avait passé dans la maison du
duc d'Alençon. Guise lui en avait conservé rancune, et, une rivalité de femme y
étant mêlée, il n'attendait que l'occasion de se venger de lui.
Des paroles injurieuses furent d'abord échangées. Guise, hors de lui, tira sa
rapière. Ainsi menacé, Ventanbrau remonta précipitamment l'escalier, mais,
poursuivi par le duc et atteint d'un coup en plein corps, il tomba sur le plancher,
sans plus donner signe de vie. Le duc crut l'avoir tué, et alla chez le Roi, qui était
encore au lit. «Sire, lui dit-il, j'ai tué Ventanbran, et je viens solliciter le pardon
de \ otre Majesté. Il a osé m'avouer qu'il avait été gagné par M. de Montmorency
pour m'assassiner, et, comme je tiens le maréchal pour le plus loyal des hommes.
j'en ai été si indigné que je l'ai frappé, -n
Catherine , le duc d'Alençon et La Mole entrèrent dans la chambre de Charles IX
au moment où, tout irrité, il disait au duc : «Comment, vous avez fait cela dans
mon propre palais ?n
Prenant hardiment la parole : «Vous n'aviez pas le droit. Monsieur le Duc.
s'écria La Mole, de tirer l'épée au Louvre, n
— «Si c'eût été vous, riposta Guise, je vous en eusse t'ait autant, n
- — « Qui s'attaque à l'un des miens s'attaque à mon-, s'écria le duc d'Alençon,
prenant fa il et cause pour son favori.
\ entanbran s'était relevé; amené devant le Roi. il chercha à se justifier; mais
Catherine passa du côté des Guises et le fit mettre eu prison. Appliqué à la ques-
tion, il nia les propos que lui prêtait le duc; mais Catherine persista à soutenir
rpi'il avait été véritablement suborné par Montmorenc\ pour assassiner le duc de
Guise et qu'ainsi le Roi avait à se délier et tout à craindre du maréchal et de ses
frères. La cause de ce subit revirement s explique par l'insistance que Montmo-
rency venait de mettre à faire donner la lieutenance générale du royaume au duc
' ffégoc. dipl. tiucc h Tofeatte, l. lit. — ' IbiiL. p. 901: Gakndctr of State papas (1573-1.57/1):
Languel . Arcnna seculi decimi sexti.
cLixsviii INTRODUCTION.
d'Alençon. Après lui avoir été promise, elle lui était maintenant refusée, Catherine
lui préférait le duc de Lorraine, dont elle était sûre et redoutait qu'il ne se servît
de celle grande autorité au détriment du roi de Pologne.
Ces rivalités, ces accusations que de chaque côté on se renvoyait, avaient
troublé l'esprit du Roi. Menacé à la fois de voir le duc d'Alençon à la tète de
toutes les forces du royaume, comme l'avait été le roi de Pologne, ou la France
retomber dans la guerre civile, il ne savait plus à quoi se résoudre, et, consé-
quence lâcheuse de cette querelle, le duc de Montmorency, alors à la cour, et
dont la présence seule aurait pu détourner l'orage que l'on pressentait, profita
d'un court voyage de Catherine à Paris, pour se retirer à Chantilly.
Nous touchons au dénouement de la crise. De l'avis de La Noue, la prise
d'armes avait été fixée au i h mars et le duc d'Alençon en avait été' avisé. Ce jour-
là, le roi de Navarre et lui devaient sortir du palais, sous un prétexte de chasse,
et en costume de veneurs. Duplessis-Mornay les conduirait à Mantes, dont le gou-
verneur, M. de Buhy son frère, gagné à leur cause, ouvrirait les portes à Guitry,
qui, à la tête d'une nombreuse troupe de cavalerie, en prendrait possession. De
Manies, le duc d'Alençon et le roi de Navarre se retireraient à Sedan, où le duc
de Bouillon leur o lirait asile. Tel était le plan d'évasion arrêté; mais Guitry, par
trop de précipitation, ou pour vouloir s'attribuer à lui seul l'honneur de cette en-
treprise, devança de dix jours celui fixé pour agir.
Réduit à se décider à l'improviste et suivant en cela le conseil de La Mole qui
redoutait peut-être de le voir passer dans d'autres mains que les siennes, le duc
lit dire à Mornay par Thoré et Turenne qu'il ne sortirait pas du palais que la ville
de Mantes ne fût prise. Il avait été arrêté que Buhy, au jour convenu, se tien-
drait à la porte de Rosny et laisserait entrer Guitry et sa troupe. A 5 heures du
malin Mornay se porta devant celle du pont; mais Guitry n'arriva qu'à 8 heures,
et il n'avait plus que quarante cavaliers. Les autres, qui s'attendaient à servir
d'escorte au duc d'Alençon, ne le voyant pas venir, avaient jugé plus prudent
de se retirer. Buhy feignit alors de poursuivre Guitry. Au retour de cette
simulée démonstration de fidélité, peu rassuré sur sa propre personne, il se ré-
fugia à Sedan, où Duplessis-Mornay vint le rejoindre1.
Rien n'avait été encore ébruité. Charles IX, en toute sécurité, le matin même
du 2.3 février, avait écrit à Damville :
' Négociât, diplom. avec la Toscane, t. III; Calendar of State papers (îSya-i.^'i). p. /180; Mémoires
de Bouillon; Mémoires de Madame de Mornay.
INTRODUCTION. clxxxix
«Je persiste à vouloir chercher tous les moyens possibles pour venir à une paix.
combien que il me semble cjue mes subjectz de la nouvelle opinion ausquelz vous
avez affaire s'en recullent autant qu'ilz peuvent; car non seulement ils mesprisent
les conditions avantageuses que je leur ay faict offrir, mais ne se laissent aucu-
nement entendre et rechercher et refusent d'entrer en conférence, comment j'ay
veu par les dernières despesches que vous m'avez faictes. Je vous ay mandé que
je vous despescherois le sieur de Saint-Suplice, par lequel je vous ferois bien au
long entendre mon voulloir. Depuis j'ai advisé retenir encore quelques jours le
sieur de Saint-Suplice, à ceste fin de pouvoir avecques plus de loysir délibérer et
résouldre sa despesche, laquelle je désire rendre telle quelle soyt fructueuse. En
attendant je vous fais la présente pour vous prier, mon cousin, adviser à faire pro-
longer la suspension d'armes, s'il est possible, jusques à la Saint-Jean prochaine-
ment venant, affin que nous puissions plus commodément faire négocier la susdite
paix et que, par le renouvellement de la guerre, les choses ne se rendent plus diffi-
ciles; il faut que ladite trêve soit telle et asseurée qu'il ne soit rien imposé ni en-
trepris sur mes sujets et nos villes et que cbascun se contienne dans ses limites,
sans tort ou dommage à aucun, ni assembler vivres, lever deniers, comme il a été
fait jusques à cette heure contre la foi promise. Ce sera le chemin pour parvenir
à une générale pacification pour à laquelle, atteindre je vous asseure que je
n'épargnerai rien de ce que je pourrai faire avec dignité et raison l. y
Dans la soirée de ce même jour, le corps de cavalerie de Guitry est signalé. La
peur en ayant grossi le nombre, La Mole, d'accord avec le duc d'Alençon, vient
tout avouer à Catherine. Marguerite de Valois le dit dans ses Mémoires, sans con-
fesser toutefois que c'est elle qui le lui avait conseillé, et elle ajoute : et Nous fûmes
contraints de partir à deux heures après la minuit, la Reine ma mère mettant
dans son chariot mon frère et le roymonmary, qui cette fois-là ne furent traités
si doucement que l'autre2. t>
Ce fut alors dans le palais une folle panique, un sauve-qui-peut général:
trWous trouvâmes, raconte ironiquement d'Aubigné, à moitié chemin de Saint-
Germain, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine et de Guise, Birague, déjà
ebancelier, tous montés sur coursiers d'Italie ou grands chevaux d'Espagne, em-
poignant des deux mains l'arçon en aussi grande peur de leurs chevaux que des
Bibl. liât., fonds français, n° 'è-iàj, f° 10. — ' Mémoires de Marguerite de Valois, ddi(. Caboche
p. 53. — D'Aubigné, Histoire universelle, t. I!, p. 100.
CM INTRODUCTION.
I .tir Lettre d!un contemporain, M. de Taix, à l'éroèque de Troyes, lettre datée
de cette ville, nous fournil de curieux détails sur celle folle panique, qui, à Paris.
faillit tourner au tragique :
tf Samedi, sur les onze heures du soir lut advertissement que mille ou xtu'
chevaux, eslans déjà à \ionlfort-l' Auiaury, venoienl envelopper Saint-Germain.
Sur flieure, l'on lit desloyer toute la cour eJ gagaer Paris, à l'arrivée de laquelle
il se leva un bruil elliovable que le lîui estak pris et qu'ilfedlait refaire la Samt-Bar-
lliéiemi/ et de fait je cuis que l'un y a numneiiré , ainsi que le gentilhomme qui nous
a apporté la nouvelle nous le dit en avoir vu les préparatifs, le dimanche matin.
Le Roi pour montrer cœur et visage de prince asseura ne vouloir partir celte
nuit, avanl disposé ses gardes à l'entour de luy.
ffSa Majesté a certaines nouvelles que les Anglais sont à la Rochelle, y ayant
esté appelés par les huguenots de dedans. Le Roi est si nécessiteux qu'il a grand -
oeioe à fournir la dépense de sa maison, de sorte que l'on ne vit jamais un tel
désordre1..»)
1 ii courrier, parti eu toute hàle, porta au roi de Pologne la nouvelle de cette
nouvelle prise d'armes; il répondit sur l'heure au Roi son frère : rt J'ay sceu le
hazard et le danger où vous estes cuidé tomber, chose qui m"a tanL étonné de
penser que ce qui vous doit tant ait eu ceste intention, qu'il faut que je dise que
Dieu veut nous punir; mais, si vous ne prenez garde à vous, je crains que l'on
ne vous en fasse quelqu'une autre. Vous voyez à quels gens vous avez allaite,
pensez-y bien. Je oe vous veux mettre en soupçon de personne, mais les actions
de chacun vous doivent bien faire penser à vous conserver-, v
Charles IX, de Paris et de l'hôtel de Goudy, lit part à Datnville du danger auquel
il venait d'écbapper : rt Je vous avois mandé que je vous dépescherois Saint-Suplice
et depuis Vilieroy, lequel étoit prêt à partir, quand j'ay reçu advis comme mes
subjeetz de la nouvelle opinion ont repris les armes généralement par tout le
rovaunie, de sorte que, pour cette occasion, il m'a fallu changer d advis, ne
pouvant penser que mesdietz subjeetz aient aucune volonté de paix, piiisqu il/, ont
laid ceste .déclaration de leur mauvaise intention, dont vous sçavez, mou cousin,
mieux que mil autre, et eu appelle à Dieu à tesnioing. en quel devoir je me suis
mis pour moyenner une généralle pacillication par tout mon royaume, naiap.t rien
obmis de ce que j'ay peu faire pour lever la inelliance que mesdilz subjecU
Rilil. nal. , fonds Dupuy, n° 5oo. — ' Ibid., 0*011, f*6i.
INTRODUCTION. cxci
avoient prise et sur laquelle ilz s'excusoient, jusques à avoir faict retirer de
plusieurs endroictz en leurs maisons les compagnies de gensdarmes qui y avoient
esté ordonnées pour tenir garnison; mais puisqu'ainsi est qu'ilz ont si fort mesprisé
les grâces qui leur ont esté offertes, il se fault résouldre d'user des moiens et
forces que Dieu a mis entre mes mains pour me rendre obéy, combien que je vous
confesse que ce soit avec le plus grand regrect et desplaisir que je receuz jamais,
pour ce que je congnois bien que la continuation de la guerre est la ruyne entière
de mon Eslat et de mes subjectz.
«■ Ii me reste à vous dire comme, sur l'advertissemenl que j'euz que aucuns de
mes sujets de la nouvelle opinion avoient repris les armes et s'assembloient pom-
me venir surprendre en ma maison de Saint-Germain, je suis venu en cette ville
pour remédier et pourvoir avec plus de moyen à leurs entreprises, lesquelles,
j'espère, avec l'aide de Dieu, n'auront tel effet qu'ils se sont promis1. n
Le mot d'ordre donné par les chefs protestants lut partout exécuté avec une
extrême rapidité : le 27 février, Mortemart écrit au Roi, de Poitiers : «Les armes
ont été prises par ceux de la religion si soudain et hors d'espérance que, mardy
dernier vingt troisiesme de ce mois, après avoir saisi diverses places, ilz ont surpris
Lusignan qu'ilz détiennent et failly d'escalader Nyort par l'arrivée de M. le
comte du Lude2. -n
Gaylus, délégué par le Koi pour la pacification du Languedoc, jette également
un cri d'alarme : ce Us ne cessent journellement de faire la guerre plus cruelle
que cy-devant; àquoyjenepuis remédier, n'ayant nulles forces en mains. D'ailleurs
vostre peuple y est si pauvre que la pluspart ne se peut nourrir, et en oultre vous
asseurerai-je que des troys parts du peuple les deux y est mort, à cause de la
stérilité des deux années passées et plusieurs maladies contagieuses3. 15
Charles IX ne se crut pas en sûreté à Paris; le 8 mars il s'enferma sous la
garde des Suisses dans l'imprenable forteresse de Vincennes. Il y avait appelé M. de
Guitry, auquel il avait envoyé en parlementaires MM. de Turenne et de Torcy.
Amené par eux, le 10 mars, il fut aussi bien accueilli que s'il eut rendu le plus
signalé service; de prime abord, il mit sous les yeux du Hoi des lettres où il
était dit qu'un nouveau massacre des huguenots avait été délibéré et arrêté en
conseil; ils n'avaient donc pris les armes que pour leur légitime défense; il nia
1 Bibl. nat., fonds français, n" 3a45, f° i5; voir les Dépêches de l'ambassadeur Valentin Date dans le
Calendar of State papers (\5-]li), p. 671 , If] h. — ' Bibl. nat., fonds français, n° i555g, f° i3. —
5 Ibid.,P i5.
excn INTRODUCTION.
i|iie le duc d'AIençon y fût pour quelque cliose, affirma qu'il ne lui avait jamais
parlé; mais à mots couverts, il avoua la participation du roi de Navarre1.
Charles IX aurait bien voulu le retenir jusqu'au retour de Strozzi qu'il avait
envoyé porter des paroles de paix à La Noue, guerroyant alors dans le Poitou;
niais il ne consentit à rester que deux jours. Au départ, de nouvelles caresses lui
furent prodiguées. Le Roi et Catherine le supplièrent de faire en sorte que
ceux qui étaient en armes rentrassent paisiblement dans leurs maisons. Il le
promit, et accompagné par MM. de Torcy et de Turenne, ce que le Roi lui avait
accordé sur sa demande, il prit le chemin de la Normandie où sa compagnie
l'attendait'2.
Chaque jour apporte une*, mauvaise nouvelle : le ik mars, Charles IX écrit à
La Mothe-Fénelon : « J'ay eu advis certain du sieur de Matignon que Montgomery
a fait descente en ce royaume, le 1 1 de ce mois 3. ■>■>
La surveillance de La Mothe avait donc été mise en défaut, car il venait
d'écrire au Roi : rr Je sais sûrement que M. de Montgomery, il n'y a pas cinq
jours, étoit encore à Jersey. Lui et son fils s'en reviennent sous peu trouver la
comtesse qui est à Hamptonne4. t>
Tout d'abord, en quittant Jersey, Montgomery s'était présenté devant la Ro-
chelle, mais, sur les conseils de La Noue, l'entrée lui en avait été refusée. Il se
dirigea alors sur la Normandie, où l'appelait Colombières, son ancien compagnon
d'armes. crSon destin, a dit l'historien La Popelinière, le força d'en prendre le
hasard5. 11
Le hasard, c'était la jalousie de La Noue.
Le 8 mars, en pleine mer, Montgomery écrit à lord Burghley, et lui rend
compte de l'étendue du mouvement insurrectionnel : rr Estant à la rade de Saint-
Martin de Ré, près la Rochelle, j'ay receu une lettre par laquelle j'ay vu que M. de
la Noue est accompagné de 600 à 800 gentilshommes, et quelque 3, 000 fan-
tassins, qui sont dans le Poitou. Le jour de mardi gras, 23 février dernier, furent
pris pour la religion Lusignan (je dis le chasteau), Saint-Maixent, Fontenay-le-
Comte, Pons, Tallemont-sur-Cironde, et toutes les isles de Brouage et Oleron,
pour l'asseuré.
Bibl. nat., fonds français, Dépêches des ambassadeurs vénitiens, filza VIII. — ' Ibid. — ' Le Labou-
reur, \iidil. aux Mémoires de Castelnau, I. 111. p. 3o4. — " Hamptpn-Gourt. Voir Correspond, diplomat.
de Lu Mothe-Fénelon, t. VI, p. 5i. — :' La Popelinière, Ilist. de France.
INTRODUCTION. cscni
et Le bruit estoit, lorsque nous sommes bougés, que fut le 2 de ce mois de mars,
que Blaye (je dis le chasteau et le bourg) estoient pris et les galères prises en
partie et l'autre partie bruslée à Nantes, mais je ne vous asseure pas ces deux
places-là. M. de Saint-Etienne est dans Lusignan, le capitaine Normand dedans
Fontenay, M. de Saugeon aux isles, MM. de Roban et de Surgères sont en cam-
pagne avec ledit La Noue et toute la noblesse du Poitou. Le cas pareil, et audit
jour du mardy gras (a3 février), est advenu en Béarn, Languedoc et Dauphiné,
tellement qu'on ne fait que recommencer. Les huguenots et papistes sont tous
ensemble, et dit-on que c'est pour tirer les estrangers bors de la cour. Dieu veuille
v mettre la main ! ' n
à
En s'aidant de l'étranger pour rallumer la guerre civile en France, Montgomery
se montrait bien ingrat envers Charles IX qui, le 9 février précédent, lui avait
écrit: rr Monsieur le Comte, j'ay esté bien aise d'entendre par votre frère , le sieur de
Saint-Jean, la bonne volonté en laquelle il vous trouva de vous contenir douce-
ment par delà sans entreprendre ou favoriser aucune ebose qui soit contre le
bien de mon service, et me semble que vous ne sçauriez mieux faire pour votre
honneur et avantage, ayant pour cette cause advisé envoyer le sieur de Cha-
teauneuf, présent porteur, pour vous dire que, vous comportant de mesme, je vous
feray conserver en tout ce qui vous touchera 2.t>
Et il ajoutait: «J'ay fait dégager vostre vaisselle, et ay commandé au tré-
sorier de mon épargne la garder pour vous la faire rendre, comme je luy ay or-
donné3, n
Si l'on veut une preuve de plus de la participation des Anglais à l'entreprise de
Montgomery, voici une nouvelle lettre de lui à Burghley datée de Carentan :
ft Monsieur, il y a environ douze jours que j'ay mis pied à terre en Normandie,
près Coutances, là où bonne troupe de gentilzbommes et aultres gens de guerre
me firent cet honneur de me venir recepvoir, et le lendemain que j'ay esté arrivé,
je m'en suis venu en ce lieu de Carentan, là où le sieur de Matignon, lieutenant
du Roy en ce pays, avoit mis forces, se doutant bien qu'elle estoit de conséquence,
encores qu'elle ne fust pas forte , mais que dans peu de temps on la peut accom-
moder de telle façon qu'on la rendroit imprenable, et n'avons esté que deux jours
devant qu'ils ne se soient rendus par composition, et depuis avons pris un chasteau
auprès environné de trois ou quatre rivières, nommé le Pont-Douai, de façon
1 Record office, State papers , France. — Voir ' Record office, State papers , France, vol. LIV.
notre livre Le .m' siècle cl les Valois. Ibid.
Catherine de Médicis. — iv. i.
MPIUMEBIK NATIOXAIT.
Wlv INTRODUCTION.
([ne nous tenons des passages pour tenir tout le pays de Costentin en sub-
jection et la [dus grande part de toute la coste, et oultre avons gagné sur le
bord de la mer, dans des forts qui estaient la pour garder la descente, des pièces
d'artillerie, de quoy il y a quatre canons. Nous avons prins aussy la tour et fort
de Tatihou. J*espère, moyennant la grâce de Dieu, devant qu'il soit huit jours
d'aujourd'hui, nous acheminer plus avant dans le pays; aussy je ne veux faillir
de vous dire que les sieurs vicomte de Touraine (Turenne), nepveu de M. le ma-
reschal de Montmorency, de Torcy \ capitaine de cinquante hommes d'armes et
chevaliers de l'ordre, sont venus me trouver de la part du Roy, et vous envoyé
par escripl la créance (ju'ilz avoient charge de me dire et de me faire entendre
et à la noblesse qui est icv; mais la mémoire est si fraîche encore du jour de la
Saint-Ilarthélemy que nous ne sommes pas délibérés de nous laisser tromper et
abuser, comme nous avons faictparle passé. La dernière nouvelle que nous avons
eue là, où estoient nos reistres conduits par M. le comte Ludovicq, estoil qu'ils
estoien! à Sedan, il y a déjà près de huit jours, lequel lieu appartient à M. le duc
de Bouillon. Il y a plusieurs seigneurs et gentilzbommes, encores qu'ilz ne soient
point de iioslre religion , qui se sont joints avec nous, cognoissant notre querelle
estre le bien et repos du publicq. 11 n'est pas que vous n'en sçachiez bien ample-
ment toutes nouvelles, et si j'avois le moyen de vous en despartir aussi souvent
que je le désirerois bien, je vous en manderois tous les jours et aussy pour me
ramentavoir en vos bonnes grâces, auquelles je désire faire perpétuelle demeure,
comme celuy qui se sent vostre obligé pour tant de faveurs et courtoisies que j'ay
recettes de vous, que je n'oublieray jamais, et ne tiendra qu'à faute de moyen que
ne fasse paroistre l'envie que j'ay de vous faire quelque bon service, saluant en
cet endroit vos bonnes grâces de mes humbles recommandations, et prie Dieu.
Monsieur, vous donner en très bonne santé heureuse et longue vie.
t Monsieur, je vous supplie humblement que par votre moyen il y ayl marchans
(|ui apportent aux isles jusqu'à dix milliers de poudre, six milliers pour harque-
bouziei-, e1 quatre milliers pour ai'lillerye, que nous ferons acheter là, el aussy,
s'il est possible, que nous v [missions faire acheter jusqu'à huit ou dix pièces de
campagne que l'on paiera ce qu'elles vaudront2. i>
Une lettre plus significative encore est celle qui fut écrite de Careiitan à
Hurghley par tous les chefs protestants.
1 Blossft de Torcy. — 2 Record ollice, State papers, France; voie notre livre Le n/' stiele-el les Valok.
INTRODUCTION. cxcv
te Monseigneur, jusqu'à cesle heure nous étions persuadés que M. de Montgo-
mery, pour avoir eu cet honneur d'estre par plusieurs fois bien venu en la court
de Sa Majesté, estoit suffisant pour rernonstrer à Sa Majesté et à Messeigneurs de
son conseil le mérite de la cause de nostre prinse d'armes et le besoing que les
gentilzhommes, qui sont assemblés en ce pays de Normandie, ont d'estre conservés
sous la protection et faveur de Sa Majesté, ce que nous avions toujours espéré
de sa clémence, sçachant que, pour la faveur de la religion, et nos princes et
chels et aultres nations ont toujours eu recours à Sa Majesté et ont trouvé secours.
A ceste heure, oultre la faveur de ceste cause, nous espérons que la nécessité
publique de toute la France, qui est cogneue à tout le monde, et l'intérest et péril
des princes du sang et grans officiers de la couronne rendra ceulx qui ont prins
les armes tant plus recommandables, ce que nous espérons de vous, Monseigneur,
plus que d'aultres du conseil de Sa Majesté, tant pour sçavoir de quel poids est
vostre conseil envers Sa Majesté, que pour sçavoir par les faveurs par cy devant
reçues de vous par nos chefs, quelle est votre affection devers ceux qui main-
tiennent la querelle de la religion '. ■■
XXII
C'est dans l'enceinte des hautes murailles de Vincennes, où Charles IX se
croyait en pleine sécurité qu'une nouvelle conspiration se greffe sur la première.
Les femmes de la cour y jouent le premier rôle. Déjà du temps de Henri 11.
Mordue leur reprochait amèrement de se mêler de trop de choses : cLe Roi,
disait-il, devrait leur fermer la bouche, de là viennent tous les rapports, toutes
les calomnies2. v Spectateur et complice de toutes ces intrigues, le duc de Bouil-
lon en fait, à son tour, l'aveu dans ses Mémoires : «Parmi toutes ces choses, il y
avoit des amours mêlées, qui font à la cour la plupart des brouilleries, où ne se
passent peu ou point d'affaires que les femmes n'y ayent part, et le plus souvent
sont cause d'infinis malheurs à ceux qu'elles aiment ou qui les aiment3, t>
En réalité, il ne s'agissait dans cette dernière conspiration que de faire évader
le duc d'Alençon et le roi de Navarre. Le danger n'en était pas moins grand; car
1 Record oflice, State papers, France, vol. LV1I 5 Monluc, édition de Ruble, t. III, p. 1 35.
(orig.). Celte lettre était signée par Moulgomery, du 3 Panthéon littéraire, Mémoires du duc d
Refuge , Montmartin , Vallainville, Guitry, de Rerre. Bouillon.
e
CXCVI INTRODUCTION.
c'était donner deux chefs aux rebelles qui en manquaient, et dont l'un, le duc
d'Alençon, aspirait à la couronne, à l'exclusion du roi de Pologne.
«L'on a bien répandu le bruit à la cour, écrivait Hotman, que l'intention des
conjurés était de tuer le Roi et la Reine mère; mais ceux qui viennent de France
affirment qu'il n'était uniquement question que de la fuite des deux princes1, n
Gondé, dès qu'il a pu gagner Strasbourg, justifie également en ces termes
le duc d'Alençon : «En sa qualité de seconde personne de France, désirant que
lout s'acheminast paisiblement et que le royaume vint à une bonne concorde, il
prit résolution avec ses plus fidèles serviteurs, ne pouvant mieux, à ce que du
moins il ne fust plus spectateur de telles désolations, que de se retirer bors du
royaume vers les princes, anciens amis de cette couronne, en intention de faire
tant par eux envers le Roy qu'il ouvriroit les yeux pour voir la calamité de son
peuple et y remédier par bon et convenable moyen; mais finalement ladite réso-
lution estant descouverle, tant s'en est fallu que l'on eût eu esgard d'y pourvoir,
que l'on a interprété comme si le seigneur duc eust machiné contre l'Estat et per-
sonne dudit Roy, chose du toutcontrouvée2. »
Le jour de la fuite des deux princes avait été fixé au 8 avril. Des cbevaux les
attendaient à la sortie du château de Vincennes, et des relais étaient préparés à
diverses distances; mais ce complot, conduit surtout par des femmes, fut déjoué
par l'espionne attitrée de Catherine, Charlotte de Sauve. Jamais plus beaux yeux
n'avaient été mis au service de ce vilain métier. Elle se partageait alors entre le
duc d'Alençon et le roi de Navarre qui s'entre-jalousaient; elle feignit de s'inté-
resser a leur cause, leur arracha leur secret, et n'eut pas grand'peine à se faire
nommer tous ceux qui étaient de la partie, et en tète La Mole et Coconas. La
duchesse de Nevers et Marguerite de Valois affectaient de la traiter de très haut;
elle se vengea de leurs dédains en livrant leurs deux amants à la vengeance de
Catherine.
C'est Charles IX qui annonça le premier à Damville cette nouvelle conspiration :
«Il se découvrit, lui écrit-il, une méchanceté et malheureuse entreprise, sem-
blable à celle qu'on vouloit tenter dernièrement à Saint-Germain, qui fut cause
que m'ayant été confirmée par plusieurs divers avis, je fis renforcer mes gardes
et entrer dans le clos de ce chasteau de Vincennes un corps de garde de Suisses3, n
Il ne s'agissait plus que de se saisir des coupables, et de nombreuses arrestations
1 Daieste, Élude sur Hotman (Revue historique). — 2 Déclaration du prince de Coudé", la Rochelle ,
1076. — 3 Bibl. nal.. fonds français, 11° 3267, f° 35.
INTRODUCTION. cxcvu
furent faites; mais c'est surtout aux deux chefs que Catherine en voulait. La Mole
n'avait pas quitté le château; on l'avait sous la main; mais Goconas, ce rusé Pié-
montais, avait disparu. Deux jours durant on le chercha inutilement. ce L'on a fini
par le prendre, écrit l'ambassadeur vénitien Contarini, il était caché par une
grande dame dans son hôtel et peu à son honneur1, n
Aussitôt pris, Coconas fut amené dans la chambre du Roi, qui voulut l'inter-
roger lui-même. Il avoua qu'à Blamont le duc s'était entendu avec le comte
Ludovic pour aller le rejoindre. Il accusa tout à la fois le maréchal de Cossé,
François de Montmorency et Thevalles, gouverneur de Metz, d'être du complot.
Le plan de campagne, c'était de réunir les forces des protestants du Languedoc
à celles de la Saintonge et du Poitou.
Il prétendit que les conjurés étaient d'accord avec les Anglais et les Allemands
et qu'il le tenait de Bodin'- et il engagea le Roi à rappeler au plus vite le comte de
Retz; car autour de lui il n'y avait personne à qui il pût se fier3.
Catherine ne se contenta pas de faire arrêter les complices subalternes de cette
nouvelle conjuration; elle fit mettre à la Bastille les deux maréchaux de Cossé et
de Montmorency.
«Tous ceux que l'on estime coupables sont pris, écrit le secrétaire d'Etat
Brûlait à M. d'Hautefort, ambassadeur en Suisse, par lesquels on espère pénétrer
ce fait et que cy-après tels maux n'adviendront plus, quand ils auront esté châtiés
comme ils le méritent4, -n
Avide de nouvelles, l'ambassadeur d'Espagne étant venu visiter Catherine : n II
faut, dit-elle en le voyant, que bonne justice soit faite de tous ces coquins. 11
— ce Je ne puis que vous approuver, Madame, dit-il; pour éteindre l'incendie, il
est indispensable de se débarrasser de quelques-uns des plus grands et d'abattre
quelques têtes, n
— «■ Il serait parfaitemant raisonnable de le faire n, répondit-elle.
Quelques jours plus tard il la revit et l'engagea de nouveau à en finir avec les
maréchaux de Cossé et Montmorency, ce Mais ils ne l'oseront pas, écrit-il à
Philippe II; toutefois, ils ont fait étrangler dans la prison le secrétaire de la con-
juration5, n
' Fue pieso fiaalmante il coûte da Cocona che ' Jean Bodin , l'auteur de La République.
con tenta instantia si cercava, perche era tenulo 3 Bibl. nat. , fonds français, n" 1 555g , f° 48.
occullo da uua gran dama con poco suo honore. ' Ibid.
(Bibl. nat., Dépêches des ambass. vénitiens ,filzaVW , 5 Arch. nat., coll. Simancas, n° i53/i.
p. S74.)
Mcwii INTRODUCTION.
Le a5 avril, l'ambassadeur d'Angleterre, le docteur Dale, vint à son lour visiter
Catherine. Son entrée en matière fut des plus habiles : rrLa reine ma maîtresse,
dit-il, est on ne peut plus satisfaite du témoignage d'affection que le Roi, dans sa
lettre, lui a exprimé de votre part, et de ce que les choses que l'on prêtait au duc
d'Alençon votre fils ne sont pas telles qu'au premier moment l'on en avait répandu
le bruit. L'amitié qu'elle lui porte repose uniquement sur celle qu'elle a pour
Votre Majesté et elle se ressentirait grandement de la voir amoindrie, r
Catherine l'en remercia et affirma que le duc d'Alençon et le Roi étaient dans la
meilleure intelligence.
De ces compliments si flatteurs le docteur Dale passa au fait de La Mole : «La
reine ma maîtresse le tient pour un gentilhomme fort honnête; elle a quelques
raisons de croire qu'il ne lui est point tombé au cœur la méchanceté qu'on lui
impute. Elle ignore de quoi on l'accuse; mais, si l'offense n'est pas de celles que
l'on ne peut pardonner, elle intercède de grand cœur pour lui; et ce qui l'y en-
courage, c'est la clémence dont le Roi votre fils a usé tant de fois envers ses sujets
rebelles, r,
— et Le cas n'est pas le même, répliqua-t-elle, si le Roi a pardonné à ses sujets,
c'est qu'ils n'avaient pris les armes que pour cause de religion et pour l'unique
satisfaction de leur conscience. Tout au contraire, La Mole a été nourri de notre
pain, je puis le dire; le Roi mon fils ne l'a jamais traité en sujet, mais en compa-
gnon, en ami. Son crime est donc plus grand que celui de ses autres complices.
Lorsque de pareils accidents se sont produits en Angleterre, votre reine n'a pas
même pardonné à ses propres parents et les a laissés aux mains de la justice.
11 en sera de même pour La Mole; il est entre celles des gens du Parlement de
Paris que tout accusé ambitionne avoir pour juges, eu égard à leur grande inté-
grité.'»
Cette réponse qui mettait en cause Elisabeth, troubla singulièrement l'ambas-
sadeur et il ne put que l'approuver. Toutefois Catherine lui promit de faire con-
naître à la reine sa sœur toute la vérité, comme à la personne qui lui était la plus
chère en ce monde '.
Le procès fut donc déféré au Parlement et le duc d'Alençon et le roi de Navarre,
sans èlie mis en cause directement, eurent à donner des explications sur leurs
relations avec les accusés.
' Cakndar of Sunc papers { 1 5 7 h ).
INTRODUCTION. oxch
Le duc. d'Alençon plaida misérablement sa cause : à Blamont il avait repoussé
les propositions du comte Ludovic; il avait également refusé, et du conseil de
Montmorency, de présenter au Roi la requête des protestants et de s'enfuir de
Saint-Germain. A la première alarme qui fut donnée, La Mole, son ami sur et
fidèle, l'avait engagé à tout avouer à la Reine sa mère, ce qu'il avait fait. Le Roi et
sa mère s'en étaient montrés reconnaissants et lui avaient promis d'oublier le passé.
Turenne, au retour du camp de Guitry, lui avait affirmé que, de sa vie, il n'avait
vu si belles troupes de gentilsbommes et si bien disposés à le servir, et qu'il ne
devait pas perdre une si belle occasion.
Son évasion, il est vrai, avait été résolue, et le jour en avait été fixé. La Mole
lui en avait donné le conseil. S'il ne s'est pas enfui, c'est que le lendemain matin
il voulait communier1.
Le roi de Navarre adressa, lui, à Catberine son mémoire justificatif et d'accusé
se fit accusateur : il rappela qu'à la Saint-Bartbélemy il avait vu tuer sous ses
yeux tous ses amis, tousses serviteurs venus à la cour sur sa propre parole. Lors
du séjour à Vitry, il avait été question de le tuer lui et le Roi, et de faire roi le
duc d'Anjou. Si la Rocbelle avait été prise, il eut été inévitablement mis en prison.
Tout récemment à l'hôtel de Gondy, on l'avait de nouveau averti que l'on en
voulait à sa vie; c'est le duc d'Alençon qui lui a proposé de s'enfuir. N'avait- il pas
juste occasion de le faire?
n Voilà tout ce que je sais, Madame, ajoutait-il en terminant. Que désormais
il plaise à vous et au Roi de me traiter comme je dois l'être, étant ce que je
suis2, r
L'astrologue Cosme Ruggieri passait pour l'un des amis les plus intimes de
La Mole; arrêté dans l'hôtel de l'ambassadeur de Florence où il s'était réfugié,
il commit l'imprudence de demander à ceux qui l'emmenaient à la Conciergerie
si le Roi n'avait pas eu des vomissements.
Ces paroles furent rapportées à Catherine; et, superstitieuse comme elle l'était,
elle se persuada qu'il était l'auteur de quelque miléfice à l'encontre du Roi et
écrivit au procureur général La Guesle : te Ce soir l'on m'a dit de votre part que
Cosme ne disoit rien. C'est chose certaine qu'il a faict ce que mon (ils d'Alençon
avoit sur lui et que l'on m'a dit qu'il a fait une figure de cire à qui il a donné des
coups à sa tête, et que c'est contre le Roi et que ladite figure a été trouvée parmi
' Calendar of State papers (iijû-ib-jli). — ' Gimbes etDanjou, Archivas curieuses, t. VII.
ce INTRODUCTION.
les besognes de La Mole; aussi que, où il logeoit à Paris, il y a beaucoup de mé-
chantes eboses et des livres et autres papiers. Je vous prie en avertir, de ma part,
de tout ce cpie dessus le premier président et le président Hennequin et me man-
der si ladite ligure a été trouvée, et, au cas qu'elle soit faite, que je la voye'.n
Et dans une lettre du même jour à La Guesle elle ajoutait ces mots ter-
ribles : « Faites tout dire à Cosme. Qu'on sacbc la vérité du mal du Roi. S'il a fait
quelque enebantement pour faire aimer La Mole à mon fils d'Alençon, qu'il le
défasse 2.t)
Le Parlement ne perdit pas de temps à juger La Mole et Coconas. Son arrêt ne
se fit pas attendre et en voici les termes : «La Mole et Coconas seront décapités en
place de Grève, leurs corps coupés en quatre quartiers, qui seront attachés à
quatre potences placées bors des quatre portes principales de cette ville, et leurs
têtes exposées sur des poteaux plantés en ladite place de Grève. Préalablement ils
seront mis à la torture pour savoir de leur bouebe tous ceux qui sont participants
de ladite conspiration3.')!
Le vendredi 3o avril, le malin, La Mole et Coconas furent donc menés dans
la chambre de la question; le président Jean Hennequin était chargé de les in-
terroger.
La Mole fut tourmenté le premier.
«Je vous adjure, lui dit Hennequin, de tout avouer4. •»
— a Je ne sais que ce que j'ai dit, j'en prends Dieu à témoin. Faites-moi la
grâce de parler au duc mon maître.»
Sans lui répondre : «Vous avez assisté, reprit Hennequin, à l'assemblée où la
conjuration a été décidée. Le duc d'Alençon l'a affirmé. •»
— ■ «On le lui a fait dire par force, n
— te Voulez-vous parler avant de subir la question? n
— rr Faites-moi ce que vous voudrez. Vous trouverez sur mon corps les cica-
trices des blessures reçues pour le service du Roi. Je suis condamné à mort, je ne
pense plus qu'à bien mourir, n
— «Si vous n'attendez plus rien des hommes, avant de paraître devant Dieu
avouez tout», reprit Hennequin.
— «Mon maître me fait mourir, je n'ai plus rien à dire, n
' Bibl. nat., fonds Dupuy, n° 590, f° ai. 3 Bibl. nal. fonds Dupuy, n° 590, f" 2/1.
'- Ibid., n° 5go, f° 2/4; imprimé dans les Mé- * Mémoires de l' Estât de la Franco sous Charles IX,
moires de Nevers, t. I, p. 5. t. 1". p. 201.
INTRODUCTION. cci
Le bourreau se saisit de lui et le dépouilla de ses vêtements. Il portait au cou
un Agnus Dei.
11 fut lié aux boucles, puis placé sur le petit tréteau.
tt Qu'on m'ôte de là, s'écria-t-il , je parlerai, n
Délié et mis devant le feu : rr Je ne sais rien, dit-il; que le Roi me fasse enfer-
mer clans un couvent, je prierai Dieu le reste de ma vie. n
Repris par le bourreau, il avoua que le duc et le roi de Navarre devaient se
réfugier à Sedan, et de là entrer dans les Flandres. Il invoqua pour sauver sa vie
les révélations qu'il avait faites à la Reine mère à Saint-Germain.
Cela ne suffit pas à Hennequin; la Reine lui avait ordonné d'interroger La Mole
sur Ruggieri et les figures de cire trouvées chez le nécromancien.
Le bourreau le reprit et lui versa de l'eau dans la poitrine.
Suffoqué : cr Je parlerai, je parlerai», s'écria-t-il d'une voix étranglée.
Délié et remis devant le feu : «Que je sois damné, dit-il, si cette figure n'est
autre que l'image d'une femme que je voulais épouser; elle était destinée à me
faire aimer d'elle, n Et il ajouta : et Si le Roi me laisse la vie, je tuerai ce méchani
Thoré, il est cause de tout, a
Ses membres étaient brisés, la parole lui manquait, Hennequin en eut enfin
pitié et le remit à l'exécuteur qui lui lia les mains et le mena dans la chambre de
la Tournclle, d'où il devait être conduit en Grève.
Tourmenté après lui, Coconas avait fait au Roi des aveux si complets que la
question ne put lui arracher que ce que déjà il avait confessé. Tous deux montè-
rent sur la fatale charrette qui prit le chemin de la Grève.
La place était noire de peuple. Du haut de l'estrade, s'adressant à la foule dont
les yeux étaient attachés sur lui :
cr Priez pour moin, dit La Mole.
Puis se tournant vers le bourreau :
« Ne me bande les yeux, r
Ainsi fut fait.
Il s'agenouilla sur le billot.
tr Avez -vous quelques nouvelles révélations à faire? v lui demanda le greffier cri
minel.
— trNou. d
Le bourreau tenait sa hache levée, il la laissa retomber, et la tète roula et re-
bondit sur le plancher de l'échafaud.
Catherine de Médius. — iv. w
ut > inuUK.
cci. INTRODUCTION.
Une noie secrète du temps nous révèle toutes les démarches faites par le duc
d'Alençon pour sauver La Mole et Coconas :
«M. le duc, entendant Testât du procès, supplia le Roy de leur pardonner ou
à tout le moins leur remettre la mort publique et ignominieuse. Il en a esté refusé ,
puis se retira à la Reine sa mère et, à genoux, la supplia, puisqu'il a reçu tant
d'honneur que d'estre son fils, qu'elle lui fasse cette faveur envers le Roy que ses
gens ne meurent pas par Supplice publique, et que, s'il est possible, elle obtienne
leur rémission. Cette daine obtint du Roy le supplice secret et que l'on escriroit
au Parlement pour surseoir l'exécution; mais le porteur des lettres, arrivant à
Paris, trouva la porte Saint-Antoine fermée, et l'heure de l'exécution du supplice
fut avancée, ce que l'on dit avoir été fait par l'avertissement d'un parfumeur mi-
lanois nommé René, qui vint raconter le cas au premier président', disant davan-
tage que la Reine mère avoit obtenu leur rémission, qui fut cause de les faire
sortir plus tôt de la Conciergerie et de faire cheminer hastivement la charrette l.t
Le sursis serait-il arrivé à temps et l'exécution aurait-elle été retardée, que ni
La Mole ni Coconas n'auraient pu échapper à la vengeance du roi de Pologne.
Le 16 mai, jour où il n'avait pu encore savoir qu'ils avaient été exécutés, il
écrivait à Nançay, son plus intime confident : cr Si jamais j'ai eu joie, ce a esté
quand j'ay sceu que La Mole et Coconas sont en cage; mais jusques à ce que le
seigneur qui les traitoit si doucement à la Rochelle, en anciens compagnons, les
ait fait danser la volte avec la corde, je ne seraypas bien satisfait, non tant pour
moy, comme pour le repos de la France; car, si on ne les châtie, je ne sçay ce
que feront Leurs Majestés à tous ceux qui sont si méchants que d'entreprendre
contre eux. Je ne parle que de ce que je puis parler. Je n'ose rien dire; mais je
vous diray bien que Leurs Majestés me sont plus chères que les autres. Vous
penserez bien ce que j'entends là-dessous. Or, aymez-moi toujours et venez me
voir, car j'en ay une envie extrême, n
Puis revenant à La Mole et à Coconas :
ff Écrivez-moi si on mettra la tête de ces deux seigneurs en montre ou en Grève
ou aux Allées : car je suis gros de le sçavoir2. n
Dans la nuit qui suivit le supplice de La Mole et de Coconas, à la grande co-
lère de Charles IX, les quatre quartiers de leurs corps furent détachés du gibet et
emportés 3.
1 Record office, State papers, France. — ' Bibl. nal., Dépêches des ambassadeurs vénitiens, lilza VIII.
— • Ibid.
INTRODUCTION. gcm
A qui faut-il attribuer l'enlèvement des restes des suppliciés?
Brantôme n'a pas résisté à l'envie d'en parler, mais tout en le racontant, il a
cherché à dépister ses lecteurs : « J'ay cogneu deux belles et honnestes dames,
'esquelles, ayant perdu leurs serviteurs en une fortune de guerre, firent de tels
regrets et lamentations, et monstrèrent leur dueil par leurs habits bruns, plus
d'eau bénistiers, d'aspergez1 d'or engravez, plus de testes de mort, et de toutes
sortes de trophées de la mort en leurs affiquets, joyaux et bracelets qu'elles por-
toyent, qui les escandalisèrent fort et cela leur nuict grandement; mais leurs maris
ne s'en soucioyent autrement2, -n
Plus affirmatif que Brantôme, Gomberville, l'éditeur des Mémoires du duc de
Nevers, sans toutefois les nommer, désigne clairement Marguerite de Valois et la
duchesse de Nevers : «Deux princesses leur avoient porté leur affection si avant
que, après leur mort, firent embaumer leurs tètes et chacune garda la sienne.
On pourroit deviner qui étoient ces princesses; mais ce seroit une cruauté d'en
avoir seulement la pensée 3. s
Le surlendemain de l'exécution de La Mole et de Coconas, le 2 mai, Cbarles IX
l'annonça à La Mothe-Fénelon : «Avant que de souffrir le dernier supplice, lui
dit-il, ils ont reconnu que à juste occasion ils avoient été condamnés à mort, se
pouvant dire qu'il a été usé à la confession et jugement de leur procès de toute la
plus grande sincérité et les choses pesées avec le plus grand respect qui se puisse
observer, et que s'il se fût pu trouver quelque excuse pour eux, elle eût été em-
ployée; mais ils se sont trouvés si coupables que eux-mêmes se sont condamnés et
confessés dignes de mort beaucoup plus cruelle que celle dont ils ont souffert4, y>
11 s'était fait tirer du sang, et, se sentant mieux, il revint au projet de mariage
du duc d'Alençon: «Je n'ai rien oublié, écrit-il à La Mothe-Fénelon, de ce que
j'ay pu y avancer de mon côté, et que si du côté de delà la disposition y eût été
aussi ouverte et sincère, il en fût déjà sorti un bon effet au commun bien et uti-
lité de ces deux royaumes; et bien que ces derniers accidents survenus soient tels
qu'ils ont interrompu le dessein et délibération que j'avois pris de m'approcher de
la Picardie pour faciliter l'entrevue de mon frère le duc d'Alençon, si est-ce qu'ils
n'ont en rien diminué la bonne volonté que j'ai toujours eue d'établir par le moyen
de son mariage une indissoluble amitié entre nos deux royaumes4, n
1 Asperges, goupillons. — ' Brantômo, édit. L. Lalanne, t. IX, p. 122. — 3 Mémoires de devers, l. I.
p. 5. — 4 Corresp. diplom. de La Mothe-Fénelon, t. VII, p. 567.
cciv INTRODUCTION.
Et se faisant illusion jusqu'à la fin sur la gravité de son mal : «Incontinent que
l'état des affaires de mon royaume aura été un peu remis, ce que j'espère dans
peu de temps, je m'approclieray de ladite frontière de Picardie pour effectuer
cette entrevue n; et il lui recommandait, en finissant sa lettre, de supplier le reine.
Elisabeth de ne favoriser et de ne laisser favoriser en aucune façon ses sujets re-
belles.
Catherine se faisait-elle aussi illusion sur l'état désespéré de son fils, ou
voulait-elle, dans l'intérêt du roi de Pologne, en dissimuler la triste réalité?'La
veille, elle avait écrit au duc de Savoie : «Je veux vous rassurer sur la santé de
mon fils, lequel a été fort malade quelques jours. Il ne lui reste plus qu'une grande
faiblesse et un peu de relique de son rhume1, n
XXIII
Elisabeth, n'ayant pu réussir à sauver la vie de La Mole, se préoccupa de la
situation précaire du duc d'Alençon et chercha par tous les moyens à lui venir
en aide.
Dans ce but, elle envoya en France le capitaine de Jersey, Thomas Leighton.
Les instructions qu'il emportait étaient précises : il devait exprimer au Roi la
part sincère qu'elle avait prise au chagrin que lui causaient les troubles de son
royaume, les regrets qu'elle éprouvait du dissentiment survenu entre lui et son
frère et dont il avait à plaider la cause. Son départ ayant été retardé, avant qu'il
arrivât en France, le sort des armes avait été défavorable aux protestants. Cathe-
rine, soutenue par une énergie virile, avait paré à tous les dangers. Avec un
trésor vide, elle avait su trouver le moyen de mettre trois armées sur pied. Deux
devaient opérer en Poitou et en Languedoc; la troisième, la plus forte, composée
de trois mille gens de pied, d'une nombreuse cavalerie et de vingt pièces de ca-
non, sous le commandement de Matignon, aurait raison de Montgomery.
Menacé par des forces si supérieures aux siennes et réduit à abandonner le
siège de Valognes, ce chef si redoutable s'était porté sur Saint-Lô avec toute sa
cavalerie; mais Matignon le suivait de près: à peine entré dans la ville où com-
mandait Colombières il y était assiégé le 27 avril, par l'armée royale. Se voyant
perdu, dans la nuit du icrau 2 mai, à la tête de centcinquante cavaliers, il force
1 Archives de Turin.
INTRODUCTION. ca-
les lignes catholiques, prend la route de Carentan, où il laisse son fils et cenl
vingt hommes et se dirige sur Passais. Le 6, il arrive à Mortain; le 7, il entre à
Domfront.
En apprenant que Montgomery s'était enfui de Saint-Lô, Charles IX eut un
violent accès de colère. De sa main détaillante, il écrit, le i5 mai, à Matignon :
« Si vous me faites ce service de prendre Montgomery et Guitry en vie et me les
amenez, je l'estimeray le plus grand service que Ion me sçauroit faire1.!)
<f Gardez bien qui! n'échappe, mande de son côté Catherine à Matignon, et
rendez-en bon compte au Roy, suivant qu'il vous écrit, et vous pourrez dire que
non seulement en Normandie ceux qui nous font la guerre seront vaincus, mais
aussy par tout le royaume, tant la prise de Montgomery donnera le repos à ces
malheureux pays2, -n
Leighton n'eut son audience que le i5 mai. Le Roi, dont le mal s'était encore
aggravé, le reçut au lit et l'écouta patiemment. Aux regrets qu'il lui exprima, au
nom d'Elisabeth, de le voir dans d'aussi mauvais termes avec son frère d'Alençon,
il prétendit qu'il n'en était rien et qu'au contraire il était assuré de sa fidélité et
de son obéissance. Ceux qui répandaient de pareilles calomnies ne cherchaient
qu'à favoriser la rébellion.
Leighton demanda à voir le duc et le roi de Navarre, ce qu'il obtint. Tous deux,
se sentant surveillés, se tinrent sur la réserve. Conduit chez Catherine, après lui
avoir exposé de point en point le but de sa mission, Leighton ne lui cacha pas que
la façon dont on surveillait le duc d'Alençon et les gardes dont il était entouré
donnaient lieu à de fâcheuses suppositions.
a Mais le duc n'est pas plus gardé que le Roi, répondit-elle aigrement; il peut
aller où bon lui semble. S'il reste auprès du Roi son frère, c'est que cela lui plaît.
L'intérêt que votre maîtresse témoigne à mon fds est de bon augure pour notre
projet de mariage, et j'en conçois bonne espérance, n
Leighton riposta par un éloge pompeux des grandes qualités du duc, et affirma
de nouveau qu'il l'assisterait de tout son pouvoir. En prenant congé de la reine
il dit quelques mots en faveur du maréchal de Montmorency; il rappela les ser-
vices de son père, et prétendit que de son emprisonnement il résultait plus de
mal que de bien 3.
Catherine, dans une certaine mesure, tint compte des représentations de la
1 Bibl. nat. , fonds français, n" 3a 45, P a5. — 2 Archives de Monaco. — ' Calendar 0/ State papers
(i574).
CCVI INTRODUCTION.
reine Elisabeth. Le 18 mai, étant venue aux Tuileries et ayant amené avec elle
le duc d'Alençon et le roi de Navarre, elle prit un prétexte pour y appeler
Leighton, et affectant de lui montrer les deux princes : et Vous voyez, lui dit-elle,
comme ils sont prisonniers, n
La conversation étant venue sur La Mole et Leighton s'étant plaint de la part
d'Elisabeth que la promesse que la Reine lui avait faite de lui pardonner n'avait
pas été tenue, elle nia d'en avoir fait une pareille1.
Dans la nuit qui suivit, le Roi vomit beaucoup de sang, symptôme menaçant
de sa mort prochaine. Le duc d'Alençon fit savoir à Leighton que, si son frère
venait à mourir, il s'attendait à être mis à la Rastille.
A la première nouvelle du péril qu'il courait : ce Il faut à tout prix qu'il soit
sauvé, écrit lord Rurghley à Walsingham, le 2 5 mai, pour servir de contrepoids
à ce tyran de Pologne. Le meilleur moyen, c'est de gagner ses gardes à prix
d'argent; mais il faut user de beaucoup de circonspection. La moindre impru-
dence pourrait lui être fatale. Faites en sorte que l'argent soit envoyé en grand
secret, et sous des apparences plausibles, n
Et il indique les diverses bourses où l'on pourra puiser la somme né-
cessaire2.
Mais Catherine faisait bonne garde.
Durant ce temps, les forces du Roi déclinaient à vue d'œil : le 2 5 mai, il put
encore écrire à du Ferrier, son ambassadeur à Venise : ce Montgomery s'estant mis
aux champs pour essayer de s'estendre davantage a esté pressé et serré de si
près qu'il a esté contraint de se jeter dans la ville de Domfront, assez foible et
mal soutenable. Il a esté aussitôt environné par les forces que conduit Matignon,
qui a fait retrancher toutes les saillies de ladite ville, de sorte que ledit Mont-
gomery est hors de toute apparence d'en sortir et avoir secours, et pense que
Dieu nous fera la grâce de l'avoir par deçà mort ou vif pour luy faire porter la
pénitence du premier malheur qu'd a causé en ce royaume3, n
Dans la soirée du 2 5 mai, après une défense héroïque dans le vieux donjon
bâti au xie siècle par ce redoutable Guillaume de Rellème dont la fille, coïnci-
dence bizarre, avait épousé un Montgomery, l'indomptable capitaine, sous la
promesse de la vie, se rendit à Matignon. Il y était entré avec quarante hommes,
il ne lui en restait plus que quinze. Devant ces vieilles murailles trouées par les
1 CalendarofStatepapers(iï>-]*-iZ>TU),p. 199. ! &M. nat., Cinq cents Colbert, n° 366,
• lbid.,p. 5o6. f 6i3.
INTRODUCTION. ccvn
boulets, l'armée royale avait perdu deux cents hommes dont dix capitaines et
quatre enseignes.
Le 3o mai, quelques heures avant l'agonie de son fils, Catherine apprit cette
victoire et elle eut le triste courage d'écrire à Matignon : a Nous ne vous sçaurions
assez dire le plaisir et contentement que nous avons eu de la belle prise de Dom-
front et du comte de Montgomery. Vous avez si bien et si heureusement com-
mencé que je m'asseure que Dieu vous fera la grâce que vous achèverez de
mesme et que remettrez Saint-Lô et Carentan sous l'obéissance du Roy monsieur
mon fils1, n
La veille Charles IX lui avait écrit : «Mon indisposition depuis un jour est fort
accrue, et suis aujourd'hui en tel estât que j'attends ce qu'il plaira à Dieu faire
de moy, en la main duquel sont toutes choses humaines, estant tout prest de me
conformer à sa sainte volonté. Cependant j'ay prié la Reine ma mère que, sup-
pléant au défaut de ma maladie, elle veuille avoir plus grand soin que jamais de
mes affaires et de celles de mon royaume, ainsy qu'elle s'en est très dignement
acquittée jusqu'icy, désirant qu'elle soit obéye en tout ce qu'elle commandera tant
durant ma maladie que là où il plaira à Dieu faire son saint commandement de
moy, jusques à ce que le roy de Pologne, qui est mon légitime héritier, soit
arrivé. J'ay fait entendre cette mesme volonté à mes frères le duc d'Alençon et
roi de Navarre, qui m'ont promis de l'ensuivre et obéir à madite dame et mère
selon l'amour et bonne affection qu'ils lui portent'2. n
La nuit du 29 au 3o mai s'annonçait terrible. Mazille, le premier médecin de
Charles IX, fit sortir de cette chambre, déjà marquée parla mort, tous ceux qui
y étaient; il n'y laissa que deux gentilshommes et la nourrice du Roi qui depuis les
premiers jours de sa maladie l'avait toujours veillé. Toute protestante qu'elle
était, Charles IX l'affectionnait. Rrisée par la fatigue, elle s'était assise sur un
coffre et à demi assoupie, elle entendit le Roi se plaindre et murmurer. Se levant
tout aussitôt, elle s'approcha du lit : «Ah! nourrice, ma mie, que de sang, mur-
mura-t-il, que de sang! Que j'ai eu de mauvais conseils! Mon Dieu, pardonnez-
moi! Je ne sais plus où je suis. Que deviendra tout cela? Je suis perdu, v — «Sire,
lui dit sa nourrice, les meurtres sont sur la tête de ceux qui vous les ont fait
faire. Puisque vous en avez regret, croyez que Dieu ne vous les imputera pas.»
Et sur celte dernière parole, essuyant avec son mouchoir les yeux du mourant
brûlés et agrandis par la fièvre, elle le laissa reposer.
' Bibl. nat., fonds français , n" 3256, f 93. — 2 Bibl. nat., fonds français, n° 3a55, f" 92.
ccm, INTRODUCTION.
Le 3o mai au matin, il fit appeler son frère le duc d'AIençon et le roi de Na-
varre et leur enjoignit d'obéir à sa mère à laquelle il laissait la régence; puis
luisant approcher tout près de son lit le roi de Navarre de crainte qu'on ne l'en-
tendît, il lui recommanda Marie Touchet et l'enfant qu'il avait d'elle.
Le 3i au matin, lorsque Catherine, les yeux rayonnants de joie du triomphe
el de la vengeance satisfaite, vint lui annoncer que Montgomery, leur ennemi
mortel, était enfin dans les mains de Matignon, il ne répondit rien, et comme
elle se plaignait de son silence : te Toutes choses humaines, répondit-il, ne me
sont plus de rien. i>
Un peu plus tard, sentant la mort venir, il fit éloigner sa femme dont la
douleur lui faisait mal et ne garda que sa mère auprès de lui,. Il voulut lui
parler encore, mais la parole lui manqua. L'agonie commençait; elle se prolongea
jusqu'à quatre heures du soir.
Au sortir de celte chambre où elle laissait son fils inanimé, Catherine prend la
plume et elle écrit au nouveau roi : a Votre frère est mort, ayant reçu Dieu le
matin; la dernière parole qu'il dit ce fut : Et ma mère! Cela n'a pu être sans une
extrême douleur pour moi et ne trouve consolation autre que de vous voir bientôt
icy, comme voire royaume en a besoin et en bonne santé; car, si je venois à vous
perdre, je me ferois enterrer avec vous toute en vie l. »
1 Bibi. nat. , tonds Dupuy, n" 5oo . P 88. Voir le Vray discours des derniers propos et Irespas du feu Roy
Rouen, Mai-lin Le Mégissier; 1 5yi ).
LETTRES
DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1570. — Septembre.
Minute. Orig. Bibl. nat. foods français, n° i555o , f° 388.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE.
Monsieur de BeHièvre, il ne me reste au-
cune chose à adjouster à la lectre que le Roy
monsieur mon filz vous escript présentement L
pour responce à ce que nous avons receu de
vous du nu0 de ce moys, sinon que je vous
prye en tout et partout vous conformer à son
intention, comme il s'asseure et moy aussi que
vous sçaurez très bien faire, ne bougeant en-
cores de là où vous estes jusqu.es à ce que le
faict des reystres et Suisses soyt entièrement
arresté et résolu ; et sur ce , n'ayant autre chose
à vous dire pour cesle heure, je prie à Dieu,
Monsieur de BeHièvre, vous avoir en sa saincle
et digne garde.
Escript à Monceaulx, le . . . jour de sep-
tembre 1570.
1570. — 1 1 septembre.
Aut. Arch. nat. coliect, Simancas , K 1517, pièce io3.
A M8 MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils, s'an retournant le ma-
réchal de Vostre Majesté, je n'é voleu léser aler
sans la présante pour la remercier du beau et
1 Voir cette lettre, ibid., f 287.
Catherine de Médicis. — iv.
bon cheval le Tigré que Jéronimo Gondi m'a
balle de sa part,chause qui m'a esté sigrate1
tent pour la rareté de set cheval que prinsi-
palement pour m'êlre d'ele mesme donné que
je guarderé et tiendré cher, corne venant de
Vostre Majesté que je ayme ayst2 honore corne
je doys et ay l'aubligation pour toutes les dé-
mostrations qu'el a tousjour fayst et an pa-
roles et enn esfaict, en mon endroyt que je
métré pouine de reconoitre en toutes les au-
casions et chauses que je penseré luy aystre
agréable, ne désirant moyn la servir que le
Roy mon fils propre , priens Dieu me fayre la
grase que toute ma vye voye contineuer et
augmenter sete bonne amytié et ynteligense
que avés ensemble.
De Monseaulx, cet xr9 jour de sebtembre
IO7O.
Vostre bonne mère et seur,
Caterine.
1570. — i3 septembre.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3339, f° 68.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE DE iNEMOURS.
Ma cousine, ayent entendu que Monsieur
1 Gi-ate, grata, agréable.
' Ayst, et.
IMPniVEQIE NiTIOttil t.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
de Nemours aytoit malade, ie Roy mon fils
ha comendé Valois présant porteur de l'aler
voyr de sa part, et je n'ay voleu le le'ser par-
tir san set mot pour vous prier me menderde
ses novelles et des vostres , et ausi vous aseurer
que, encore que je aye eu enn grent reume,
je me suys si bien pourgée que je me porte
très bien; et n'estoyl que alendons ysi ma
fille de Lorayne samedi, nous l'usions partis
venderdi; mes lundi san remise nous serons
à Paris, s'il plest à Dieu, lequel je suplie que
vous y puise trover et vostre mary ausi sayns
et conlens que le désirés.
De Monseaulx, cet xme de sebtembre 1 570.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1570. — là septembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n°3i78, f° 17'j.
A MONSIEUR D'HUMIÈRES.
Monsieur de Humières, le sieur de Danzay,
qui est ambassadeur en Dannemarch, m'a
mandé qu'il me fait venir quelques hacquenées
qui doivent venir à Péïonne, chose dont je vous
veulx bien adverlir, affin que vous ordonnez à
celluy qui conduira lesdictes hacquene'es de
s'en venir droict à Paris, et de ne parler à
homme vivant que premièrement il ne se
soyt adressé à moy mesmes, d'aultaut que je
désireroys que l'on ne sceult pas son arrivée,
sans en estre la première advertye. Estant là
toute l'occasion de ce mot de lettre, je finiray
en priant Dieu, Monsieur de Humières, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Monceaux, le xiihc jour de sep-
tembre 1070.
Caterine.
1 570. — 1 5 septembre.
Copie. Iîibl. nat. fonds français, n° 1075a. p. 8&6.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, pour ce que
j'envoye présentement au roy d'Espaignc
mon fils six hacquenées des meilleures que
l'on a peu recouvrer par deçà, j'ay bien voulu
accompaigner celluy qui a la charge de les
conduire de ce mot de lettre pour le vous
addresser et vous prier par mesme moyen de
les présenter audict roy de ma part avec les
plus honnestes et gratieuses paroles qu'il vous
sera possible. Et, m'asseurant que vous sçau-
rez bien suivre mon intention, je prieray Dieu,
Monsieur de Forquevauls, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Monceaulx, le quinziesme sep-
tembre 1 570.
CiTERIVE.
1570. — i5 septembre.
Copie. Bibï. nal. fonds français, n" 10753, p. 84a.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, j'ay donnécharge
à ce porteur, maréchal du Roy Catholique, de
vous bailler six hacquenées, afin que de ma
part les présentiez audict Roy avec de belles
paroles; aussi je luy ay baillé deux petits
chiens de Lion pour les bailler de ma part aux
deux Infantes mes filles, et vous prie de leur
dire que ne sçaurois avoir plus grand plaisir
que d'entendre ce qu'elles vouldroinl d'icy
pour leur envoyer. Aussi je luy ay l'aie!
bailler deux pièces de velours noir figuré et
ouvré pour la duchesse d'Albe, à qui je vous
prie les bailler, de ma part , non pour présent,
mais pour luy faire voir des laçons de deçà,
que, si vouloit quelque chose, que ce fui en
ma puissance, elle l'auroit, taul je me liens
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
oubligée du service que faict aux deux Infautes.
Je ne vous fairay pour ce coup plus longue
lettre, priant Dieu, Monsieur de Forquevauls,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
DeMonceaulx. ce quinziesme jour de sep-
tembre 1570.
Caterine.
1570. — 16 septembre.
Minute. Orig. Bibl. nal. fonds français, n° i555a, f° a63.
A MADEMOISELLE DE POIZIEUX.
Mademoiselle de Poizieulx, les dames de
Sipierre et d'Alluye l m'ont supplie'e de voulloir
prandre les filles de feu Monsieur de Crevant
vostre nepveu, ce que j'ay accordé en leur fa-
veur et en celle de feu leur père qui a esté bon
serviteur du Roy monsieur mon fiiz et de mon
filz le duc d'Anjou; à ceste cause je vous prie
que, les envoyant quérir par ladicte dame d'Al-
luye, vous ne failliez de les luy envoyer et,
estant venues devers elles, elles en prandront
chacune une pour les nourrir et instruire
jusques à ce qu'elles aient attainct aage pour
me pouvoir faire service ou à la royne future
ma fille et, m'asseurant que vous n'y ferez
l'aulte, je prieray Dieu, Mademoiselle de Poi-
zieulx, qu'il vous aict en sa saincte garde.
De Montceaulx, le xvic jour de septembre
1570.
Caterine.
1570. — a3 septembre.
Imprimé dans ia Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon ,
I. VII, p. t3l.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fénelon, par la lettre
1 Marie et Jeannette Piennes, dont l'une, Marie, avait
épousé M. de Sipierre, l'autre, Jeanne, Fiorimond Ro-
bertet , s' d'Albùe. Leurs deux portraits ont été placés dans
les galeries de Versailles sous les n05 3ao5, 3ao6.
] que le Roy monsieur mon fils vous escript,
! vous verrez qu'il remet à vous satisfaire en
brief à trois dépesches que nous avons puis
naguières receues de vous, dont les deux der-
nières n'ont encore esté leues, qui me laie!
aussi attendre à respondre à ce que par icelles
vous m'escrivez. Et n'estant ceste dépesche
faicte que pour accuser la réception des vos-
tres, affin que n'en demeuriez en aucune
peine, je n'estendrai ceste-cy davantage que
pour prier Dieu de vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Paris, le xxincjour de septembre
1670.
Monsieur de la Mothe-Fénelon , despuis ceste
lettre escripte, nous avons ouvert et veu vos-
dictes dépesches, ausquelles le Roy monsieur
mon fils vous faict si amplement responce qu'il
n'est besoin, me remettant à sesdictes lettres,
vous en dire davantage, comme aussy ne fai-
sai-je que pour vous prier d'assister en tout ce
que vous pourrez ma fille la royne d'Escosse,
et faire, s'il est possible, que par les moyens
que nous vous mandons, elle puisse estre bien-
tost mise en liberté et ses affaires aller bien.
Escript à Paris, le xxmc jour de septembre
1570.
1570. — 26 septembre.
Imprimé dans ia Correspondance diplomatique de La Mothe-Fénelon ,
t. VII, p. 1S1.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fénelon, nous avons
veu par vostre despesche du xixe de ce moys,
que nous avons receu en fermant celle-ci , ce
que nous mandés de l'armement des grands
navires et préparatifs de vivres qui se font par
delà, et l'occasion pour laquelle vous estimés
que cest; à quoy, toutefois, il ne se fault pas
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
trop fier, et sera bon que ayés toujours l'œil
ouvert, comme ave's acoustumé, pour voir de
quel eosté l'on les voudra employer, pour
nous en avertir continuellement.
.Nous avons aussi eu par vosfre lettre le
retardement du parlement du secrétaire Cecil
et de ceux qui dévoient aller avec lui pour la
négociation des traicte's et affaires de ma fille
la roync d'Ecosse.
Quant aux François qui estoient de delà, et
que nous mandés qui l'ont dilliculté de revenir
en France pour le danger qu'ils pensent qu'il
y auroit, eulx retournant à Rouen, Dieppe,
et Calais, et que l'on l'ait dilliculté de les y
recevoir, vous les pourrez bien asseurer qu'ils
doibvent revenir asseurément, et que le Roy
monsieur mon fils a pourveu qu'ils y seront
doucement receus et maintenus.
Et quant aux marchands qui poursuivent
de delà des déprédations, vous aurés veu ce
qu'en aura esté accordé par l'édict de pacifica-
tion, qui vous a esté envoyé; à quoy il vous
lault régler, vous priant, pour la fin de ceste
lettre, de continuer, à nous adverlir tousjours
de ce que vous pourrés apprendre de l'em-
barquement et passage de la royne d'Espagne
et des autres occurances. Et sur ce, je prierai
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
Caterine.
L'ambassadeur de ma fille la royne d'Ecosse
m'a présentement dict que vous avés escript à
sa mailresse, ou faict dire que nous ne la
pouvions aucunement secourir des harquebu-
siers dont nous luy avons donné espérance;
sur quoy je n'ay aultre chose à vous dire, si
ce n'est qu'il lault que vous vous comportiés
en cela avec la plus grande discrétion que pour-
rez envers la royne d'Angleterre. Toulesfois,
sans dire chose qui nous mette à la guerre,
faisant néanlmoings tous les bons offices que
vous pourrez pour assister ma fille la royne
d'Escosse à sa prompte délivrance et au bien
de ses affaires, comme le Roy monsieur mon
fils vous a escript '.
Ce xxvie jour de septembre 1570.
Cateri>e.
l'iNART,
1 Voici ce qu'écrivait Charles IX : «J'ay donné charge
au s' de Walsingham, comme il prenoit congé de mov,
de dire de ma part à la royne sa mailresse que je m'estois
toujours asseuré que, suivant ce qu'elle m'avoit si ex-
pressément promis, qu'elle ne fairoil ni permettroit poinl
qu'il s; fis! en Escosse aulcune chose au préjudice de la
royne d'Escosse ma sœur, el qu'ayant entendu que le
comte de Sussex estoit allé de cecosté là avec des forces,
ayant, comme j'ay sceu par les derniers advis que j'ay
eus, desjà coumencé à faire beaucoup de mal etdebrul-
leries en Escosse, je m'eslonnois fort de cella et le trou-
vois merveilleusement estrange, veu l'asseurance qu'il
m'avoit donnée que, jusques à ce qu'il se vit ce qui pour-
rait réussir de l'appointemenl qui se traitoit, il ne serait
faict aulcune entreprise de ce costé là; m'ayant sur
cela son ambassadeur, qui est icy, et le s' de Walsin-
gham respondu que ledict conte de Sussex n'estoit point
advoué de ladicte royne leur maitresse. Toulesfois esti-
mant qu'il n'entreprend pas telles choses de luy mesmes,
je leur ay bien faict entendre que, s'il y avoit de mes sub-
jecls qui usassent de tels déporlements à mes voysins, je y
sçaurois fort bien pourvoir, el en fairois faire telle exécution
cl justice que ce serait exemple el que pour cesle cause je
priois ladicte roine leur maitresse d'y pourvoir et de me
faire cognoislre qu'elle a volonté d'entretenir ce qu'elle
m'a si expressément promis en cella et aussy pour la
prompte délivrance et liberté de madietc seur ta royne
d'Escosse et que, si cela se faisoit aultreraent et qu'elle
no satisfit à sadicle promesse, j'avois grande occasion de
m'en ressentir comme je ne fauldrois pas de faire déli-
bération de ne laisser aucunement mudicle sœur, mais
au contraire de l'assister et ayder non seulement pour
sa personne, afin qu'elle puisse élre bientost mise en li-
berté el aussy pour les affaires et conservation de son
pais et de n'espargner en cela les moyens que Dieu m'a
donnés.» (Ibul, p. 139.) Voir dans le Cakndar of Suite
papers (1670, p. 34o), lettre de la reine Elisabeth au
comte de Sussex; lettre de sir Henri Norris à Cécil et à
la reine sa maitresse (Uni., p. 34i, 363, 344); Gau-
thier, Vie de Marie Sluarl, t. H, p. 167 et suiv.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1570. — 37 septembre.
Ori{J. Bibl. nat. fonds français, d° 3 178 , f* 178.
A MONSIEUR DE HUMIÈRES.
Monsieur de Humières, vous m'avez faicl
grand plaisir d'avoir faict accompagner les
dix huict chcvaulx qui me sont venuz naguères
])Our leur donner moien de venir jusques en
ce lieu en plus grande seureté, dont je vous
ay bien voullu remercier par la présente, la-
quelle n'estant à autre effect, je finiray en
priant Dieu, Monsieur de Humières, vous tenir
en sa saincte garde.
Escriptà Paris, le xxvnc septembre 1570.
Caterine.
1570. — 1" octobre.
Copie. Bibl. nal. fonds français, n° 10753 , f° Si 3.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, pour ce que j'ay
entendu que la duchesse d'Albe n'est plus au-
prez des Infantes et s'en est allée, je vous ay
bien voullu escripre la présente, afin que vous
m'en mandiez l'occasion et qui est celle que
l'on a mise en sa place, d'autant que j'en suis
en peine, craignant qu'elles ne soient si bien
avec une autre comme elles estoint avec la-
dicle duchesse. Au demeurant, estant la royne
d'Espaigne passée, comme nous avons eu ad-
vertissement, je vous prie, aussi tost qu'elle
sera arrivée, de l'aller voir et visiter de la
part du Roy monsieur mon fils et de la
mienne et luy dire que vous avez ceste charge
expresse de nous en attendant que l'on y en-
voyé un gentilhomme exprez, comme nous
avons résollu de faire, priant le Créateur,
Monsieur de Forquevauls, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Paris, le 1er jour d'octobre îôyo.
Caterine.
Monsieur de Forquevauls, le porteur est si
pressé de partir que je n'ay moyen de vous
escrire si amplement que je désirerais, pour
le long temps qu'il y a que l'on ne vous a faic!
dépesche, d'autant qu'il fault, si l'on vous
veult faire seurement tenir des lettres, les en-
voyer par courrier exprez. Le brodeur de la
feue royne ma fille n'est encore venu, com-
bien que j'aye , par une lettre que vous m'avez
escriple par un courrier qui passoit en Flan-
dres, entendu son parlement.
1570. — ia octobre.
Copie. Bibl. nat. n° 1075a, p. 854.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, par vostre lettre
du huict d'aoust j'ay esté bien particulière-
ment informée de ce qu'avoit négotié en Por-
tugal don Francez de Torres1 par le comman-
dement de nostre Sainct Père le Pape, spé-
cialement sur ce que concerne le mariage
dudict roy de Portugal avecques ma fille, fai-
sant assez de démonstration Sa Saincleté de
la bonne volonté qu'il a qu'icelluy mariage
s'effectue bien tost. J'estimois suivant ce que
m'esciïvez par ladicte lettre que don Francez
de Torres seroit pour retourner inconlinant à
Rome; sur cella nous avions dépesche vers le
cardinal de Rambouillet pour l'instruire de ce
1 Torres fut reçu par dom Sébastien, le k juin. Il lui
parla en termes élogieux de Marguerite de Valois. Le
jeune roi promit d'écrire prochainement à ce sujet à Sa
Sainteté; mais loin de là dans la lettre qu'il écrivit, il
n'y fil pas la moindre allusion. Fort étonné de ce si-
lence, le pape insista en faveur de celte union qu'il
considérait comme le moyen le plus sur d'assurer la paix
de la chrétienté, et il ordonna à Torres de retourner à
Lisbonne. C'est à ce second voyage que fait allusion la
lettre de Catherine. Voir Sanlarem, Quadro elementar
dus relaçôes politicas e diplomaticas de Portugal, t. XII.
p. half, Gacliard, Chroniques belges inédite».
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
qu'il avoit à faire envers Sa Saineteté. Par
rostre dernière du vintiesme du dernier passé
vous m'escriviez que don Louys est retourné
en Portugal. J'atlendray donques à sçavoir ce
qu'il y aura négolié avant que de faire juge-
ment de ce que j'en doibs espérer pour aprez
vous escripre de ce qu'il m'en semble comme
aussi de la responce que le Roy Catholique
vous a faict bailler par escripl. Aussi le Roy
monsieur mon fils est délibéré d'envoyer bien
tost aprez le parlement de ce courrier un gen-
tilhomme de qualité par delà, pour visiter la
royne d'Espaigne sur son arrivée, comme
vous verrez par sa lettre et pareillement son
intention tant sur ce qui touche le sieur don
Francez que sur toutes les particularitez que
lui avez escriptes par vos précédentes dé-
pesches. Vallée, porteur de vostre lettre du
vintiesme, m'a dict comme la duchesse d'Albe
estoit retirée d'auprez mes petites-filles, dont
je suis très marrie; car je sçay le soing et la
peine qu'elle prenoit près d'elles, qui me fai-
soit asseurer qu'elles seroint très bien et di-
gnement traictées pendant qu'elle y demeure-
rait. Je n'en puis penser la cause, vous priant
de la m'escripre à la vérité et davantage
comme se gouvernera la marquize de Fro-
mesta qui a esté mise en son lieu, craignant
infiniment qu'elles ne soinl traictées avecques
l'honneur et le respect qu'elles méritent. Je
vous prie m'escripre doresnavant bien parti-
culièrement le cas que l'on faict d'elles, l'ordre
qu'il y a à leur maison et si l'on les visite
souvent, ayant tant aimé leur mère que je
leur porteray toute ma vie toute l'affection et
amitié qu'il me sera possible. Quant à ce que
concerne vostre particulier, je vous prie, Mon-
sieur de Forquevauls, continuer à servir le
Roy mondict sieur et fils de la mesme volonté
que nous connoissons que vous avez faict
jusques à présent et voulloir avoir patience
jusques à ce que nous voyons ce que se devra
espérer de ce mariage de Portugal, vous as-
seuranl que voz labeurs et peines ne vous se-
ront inulilles et que le Roy mondict sieur
et fils les vous reconnoistra, ce qu'il n'a peu
jusques à ceste heure faire comme il désire-
rait au moyen des grands affaires qu'il a eues,
qui l'ont mis en une extresme nécessité. L'on
vous fera sçavoir par celluy que nous vous dé-
pescherons quand se confirmera le mariage du
Roy mondict sieur et fils et tout ce qui est de
ce faict là , comme aussi serez vous plus par-
ticulièrement adverti de tout Testât des affaires
de ce royaume, n'étant ceste dépesche en-
voyée par ce courrier exprez que pour vous
oster de la peine en laquelle nous estimons
que vous vous trouveriez pour n'avoir receu,
il y a long temps, aucune lettre de nous, sinon
un petit mot de moy par un courrier qui
passa par icy, allant de Flandres en Espagne,
pour, à monadvis,advertirieRoy Catholicque
de l'embarquement de la royne sa femme. Je
prie Dieu, Monsieur de Forquevauls, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Escouen, le douziesme jour d'oc-
tobre 1670.
Caterine.
1570. — 20 octobre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Motlie-Fétielvn ,
t. VII, p. i43.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon , Mr le car-
dinal de Chastillon a fait tenir propos à mon
fils le duc d'Anjou d'une ouverture de ma-
riage de la royne d'Angleterre et de mon fils;
en quoy celui qui en a parlé donne telle
espérance qu'il croit qu'il se faira fort aisé-
ment1, si nous voulons; mais, parce que nous
1 Au moment de quitter l'Angleterre, le cardinal vint
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
avons pensé que cette ouverture se faisoit pour
l'intelligence et peut être menée de la reync
trouver La Molhe-Fénelon et, après avoir cherché à sa-
voir de lui où en était le projet de mariage de Mon-
sieur, c'est ainsi qu'on appelait le duc d'Anjou, et de la
princesse de Portugal, il lui insinua que c'était peut-
être l'heure favorable pour penser à une autre alliance
et qu'il avait quelque raison de croire que Monsieur pour-
rait être agréé par la reine Elisabeth. La Mothe-Fénélon
répondit que ladite reine avait toujours déclaré qu'elle ne
voulait point se marier, à la réserve pourtant de l'archi-
duc Charles, sur lequel s'étaient portées ses préférences;
mais que, rrsi elle trouvoit bon d'épouser Monsieur, il en
adviendroit plus de conciliation au monde, plus de paix
en France et plus de terreur à ses ennemis que de nulle
chose qui se pust aujourd'hui mettre en avant».
Le cardinal de Chàtillon n'était pas le seul à s'entre-
mettre dans cette étrange négociation; le ridante de
Chartres y jouait aussi un rôle et l'avait même gagné de
vitesse. La Mothe-Fénelon, dans une lettre à Catherine
de Médicis du 9 novembre 1070, l'avait prévenue que
d'après la confidence à lui faite par un des principaux
du gouvernement, depuis trois mois le vidame menait
cette intrigue avec Cécil '. Le renseignement donné était
exact et en voici la preuve dans une lettre du vidame au
maréchal de Montmorency, où tous les avantages de
cette union pour la France sont exposés en regard des
dangers qu'apporterait le mariage d'Elisabeth avec l'ar-
chiduc Charles.
tt Monseigneur, j'ay receu une lettre qu'il vous a pieu
m'escripre pour responce à ce que vous avois escript par
Monsieur de Saragosse. J'ay congneu que pensiez que je
fusse encores au lieu dont vous avois escript. Si j'eusse
pensé que ma présence y eust esté requise, j'eusse différé
tant qu'il vous eust pieu le me faire entendre, mais il
vous estoit fort aisé à penser que, si l'on procédoit par
deçà à ceste négociation , elle seroit adressée à Monsieur
le cardinal de Chastillon, ou à l'ambassadeur du Rov.
Quant à moy je n'ay prétendu en cest affaire que le ser-
vice du Roy et de la couronne de France. Et si les affaires
succédoient, comme je y voy une telle espérance et as-
seurance, s'il estoit poursuivy diligemment, le contente-
ment que je désire ne me pourrait fuir. Il est vray que
je serais fort marry, si jamais j'oyois dire que, par faulte
île diligence, cest affaire fust demouré imparfaict, aussy
seroit-ce ung domage public oullre le particulier du
' Correspondance de Lu MatheJPéiuUa , l. il! . p. 359.
d'Angleterre, et beaucoup plus en intention
de se servir du temps et de nous, pendant
prince, auquel les premiers fruicts en appartiennent.
Monsieur, une lettre que j'ay receue de Monsieur de Sa-
ragosse me faict entrer en soupçon et crainte, que, en
attendant, entre deux personnes qui ne se sont jamais
veues, qui ostera premier le bonnet, il ne se metle quel-
qu'ung entre deux qui face perdre l'occasion de contrac-
ter une grande amitié et fort utile à la France, laquelle
estant perdue s'en suyvroit le domage et le regret, mais
en vain. Je suis bien asseuré que l'archiduc d'Austriche
ne s'endormira pas, et ne laissera perdre l'occasion qui
se présente à une assemblée des Estais qui se vont tenyr,
voire les préviendra, s'il peull, ne perdra pas une heure
que pendant qu'il voyt que la royne est en deflîance et
doubte pour les affaires de la royne d'Escosse et des diffé-
rens qu'elle a avec le roy d'Espaigne , et que voyant que
l'Empereur a vent en pouppe, et qu'il fait desmarriages
tels qu'il sçauroit souhaiter, il ne se serve de l'occasion et
faveur du temps. Et pendant que les amis simulés pais-
tront la jeunesse animeuse, et la rempliront de grandi'
espoirance, luy promelant par adventure des plus
grandes choses (combien qu'elles ne soient pas aysées à
trouver, et pour moy je ne les sçay pas), ils prendront
cest advantage sur la parlye, et renforceront leur gran-
deur de la puissance et faveur d'un royaulme qui n'est
point petit. 11 ne fault penser que les difficultés pour la
religion puissent engendrer quelques difficultés aux capi-
tulations qui facent plus de retardement , car je sçay par
la bouche de la dame, et aussy par ceulx qui ont sceu
toute ceste uégotiation passée, et par ung qui a esté em-
ployé, qui ne parle pour mettre le beau devers elle, n'es-
tant de ses subjecls, mais estranger, que la carte blanchi;
luy a esté donnée, et s'est contenté l'archiduc pour le
faict de la religion de si peu que cella se doibt estimer
pour rien; davantage la considération de l'aage qui
est plus viril, et mesme donne ung beau lustre aux
persuasions et jugement de ceulx qui tendent de ce coslé
là. Je crains que ceux qui tiennent le party contraire ne
persuadent, avec apparence, à cause du trop long si-
lence, ou froyde poursuite, qu'il y aye du mécontenb'-
ment ou de la froideur en ceulx de la France, estant
chose propre au sexe de faire plus de choses par despit
que par amour. Est à craindre que la froideur de ceste
part ne soit cause de l'eschauffer et faire haster plus
qu'elle ne feroit, si n'estoit pour se faire regretter après
à loisir par ceuk qui se seraient portés trop froidement
en Mm endroit. Il me semble que c'est beaucoup qu'elle
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que cessi se ne'gocieroil, qu'elle fairoit con-
duire à la longue, que pour volonté' qu'elle
parlamente, sans avoir ouye parler le canon. Et n'est
pas peu de chose, qu'estant sa principale defl'ence de la
différence de l'aage et de l'inconstance de la jeunesse et
la crainte d'estre, d'icy à quelques anées, peu aymée
cl mesprisée, et en danger de veoir de ses yeulx aymer
d'autres, l'on luy a faict abandonner ceste contre-escarpe
tellement que l'on peult veoir au pied de la muraille qui ,
je vous asseure, n'est point veue de flanc, des particu-
larités et moyens que l'on a tenus en ses approches
jusques là. J'en ay dit quelque chose à cest gentilhomme
qui est fort affectionné à cest affaire, en faveur du bien
de la France et abondant en hayne de la grandeur qui se
voit préparer à la maison d'Uilricbe, si elle s'impatro-
nize de ce royaume, tellement qu'il n'est à craindre
sinon que la tardivité ne donne loisir à ceulx qui de long-
temps ont faict deseing de se saisir de ce pais, de venyr
au bout de leurs intentions, lesquelles sont fort favorable-
ment receues. Et croy qu'ils jouyront, si leurs conseils
ne sont troublés par une division et par object nouveau
plus désirable que celluy qui se présente. Ce qui me
semble estre indubitablement en la jeunesse d'un prince
quia la réputation d'avoir le sens meur devant les ans,
et ausy courageux et d'ausy grande espérance que prince
qui soit né de l'aage des hommes. Monsieur, vous sçavez
fort bien combien la maison d'Autriche seroit agrandie
sur la maison de France, si elle estoit renforcée de ce
royaume, et n'y a point de doubte qu'elle ne donnast
pour lousjours par cy après la loy à la France. Et est
chose seure qu'elle coutraindroit le Roy à rompre la paix
qu'il a donnée à ses subjecls. Davantage, si par ce ma-
riage n'est donné satisfaction au grand cœur de Monsei-
gneur frère du Roy pour l'occuper et luy donner matière
de faire plus grands deseings, il ne fault point doubler
que tous ceulx qui prennent la couleur et prétexte de la
religion pour advancer les moiens de la division et ruyne
de la France, aflin d'agrandir la maison d'Autriche, ne
proposent à Monsieur le duc d'Anjou quelque mariage,
qui sera aux despens de la couronne de la France, si la
bonne nature et amitié d'entre les frères ne résiste à leur
malicieux deseing; mais il n'en sçauroit proposer duquel
se doive espérer plus de grandeur, non seulement à luy
mais à toute la maison de France, en gaignant le dessus
sur la maison d'Autriche, laquelle veult, soubs couver-
ture et couleur du mariage du Roy, faire avaller ceste
cuvée et gaigner ung royaume, sans qu'il luy soit donné
empeschement. Et ne fault point doubler que, si le ma-
cusl de se marier, je répondis à celuy qui m'en
parla que je ne pensois pas que ladicte rovne
riage de l'archiduc se faict, qu'il ne soit en peu de temps
mieulx obéy que n'a esté le roy Philippe, et ce moiennant
le danger de la religion. Et leur sera aisé de nous don-
ner la loy, ou pour le moins de nous faire redoubler la
ruyne de la France par division et guerres civiles. Au
contraire, si ce bien est réservé pour nos princes, il y
aura bien de quoy rendre la pareille à ceux qui ont
dressé tous leurs conseils à procurer que la France se
ruynast par une guerre civile, voyans que, par guerres
ouvertes, jamais ils n'auroient peu parvenir à leur inten-
tion. Pour amour du mal qu'ils ont faict, Monseigneur
pouroit avec forces du Roy, faveur d'Angleterre et
moiens du prince d'Orange, avoir la confiscation de la
Flandre par droict de féodalité pour félonie commise. Et
ausy la maison d'Autriche, qui se bastit l'empire hérédi-
taire et la monarchie, trouveroit en ung instant deux
frères, roys ausy puissants l'ung que l'autre, pourcontre-
poid de son ambition, ligués avec les princes protestans
de i'Allemaigne, et auroient les deux frères plus de part
en l'Empire que ceulx qui se veulent atribuer par la
ruyne des anciennes maisons de la Germanye, comme de
la maison de Saxe et des princes Palatins, qui sont ama-
teurs de la couronne de France. Le partage de Monsieur
d'Alençon seroit aisé à trouver en le duché de Milan,
avec la faveur de I'Allemaigne, des Suisses ausy et des
princes italiens dévotieux de la France, et si besoing es-
toit pour le recouvrement du royaume de \aples, la fa-
veur du Turc se trouveroit par après bien à propos. Mon-
seigneur, il m'a semblé que cela est si aparent et si facile
à persuader que, puis que vous en aurez une fois ouvert
la bouche, il n'y faudra plus aultre soliciteur que le Roy
mesmes, qui peult veoir parce moyen son royaume luy
demeurer uny, ses forces partagées, sa force telle et si
grande qu'il ne pourra estre offencé, ny commandé par
menasses qui contraignent faire la guerre à ses subjects ,
pour complaire à ceulx qui sont envieux de sa grandeur,
et n'ont peu trouver moyen de la diminuer que par elle-
mesme. Lors se pourroit faire une ligue parfaite entre
nos princes et les protestans de la Germanye et les Suisses ;
de ceste façon ung grand plaisir viendrait à la Royne de
veoir tous ses enfans roys. Lors l'Eglise galicaine pourroit
s'exempter des erreurs de l'Eglise romaine, comme elle a
faict plusieurs fois, le temps passé; lors se pourroit faire
faire ung concilie général , auquel les erreurs introduites
par l'ambition et advarice de l'Église romaine ne seraient
favorisées et confirmées par practiques et corruptions et
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
d'Angleterre se voulusl mettre en la subjeetion
d'un mari; mais que, s'il y avoit quelque
femme ou fille à marier qui lui appartint de
si près qu'elle la pust faire et asseurer héri-
tière de la couronne après elle, qu'il seroit
beaucoup plus convenable ainsi; et que, si
cela sepouvoit faire de cette façon, que ladicte
royne auroit, par le moyen de ceste alliance,
tous les contentemens et grandes amitiés
qu'elle pourroit désirer et espérer en ce
monde, tant du Roy monsieur mon fils,
que de mondict fils le duc d'Anjou et par
conséquent de tous ceux de mon royaume, et
aussy des grands qui y sont alliés.
Et, au second voyage de celui qui tint ce
propos de la part dudict sieur cardinal de
Chaslillon. celluy qui m'en a parlé, m'a
dict, à cette occasion, que icelluy sieur cardi-
nal avoit sceu qu'à ces prochains Estats, qui se
debvoient tenir en Angleterre, icelle royne
seroit fort pressée, voire contraincte de se ma-
rier à quelque grand prince, et qu'il falloit
nécessairement qu'elle avisast de s'en résoudre ;
sur quov je n'ay rien répondu. Aussy, paï-
en la France, l'Allemaigne et l'Angleterre s'introdui-
roient ung ordre et police de religion et unité de doctrine
que toutes les aultres provinces de la chrestienté seroient
contrainctes d'embrasser et finiroient les différens des
sulijects avec leurs princes, des quelles Sathan se sert
pour la destruction de la chrestienté, et pour donner loisir
au Turc d'usurper pendant que les princes chrestiens
s'amusent à défendre les superstitions du Pape et main-
tenyr sa grandeur.
- Monseigneur, je me recommande très humblement à
votre lionne grâce, et vous suplie de rechef me départir
votre faveur et conseils touchant comment je me doibs
gouverner à escripre à Leurs Majestés ou non.
"Monseigneur, je prie Dieu vous donner très heureuse
et très longue vye. Ce jour d'octobre 1670.» (Record of-
fice. State papers, France, vol. XL VIII; copie du temps.)
Voir notre livre : Les projets de mariage de la reine
Elisabeth (Calmann-Lévy 1 ; voir la réponse de La Mothe-
Fénelon. t. III, p. 337, 35g.
Catuemnb de Médicis. IV.
mesme moyen , il me dict que celuy qui en a
parlé à mondict fils avoit encore en cella
quelque chose à me faire entendre. Je seau nu
que c'est.
Mais cependant je vous diray que, si l'on
cognoissoit clairement que ladicte royne eusl
franche volonté de se bien establir avecque
nous par le moyen du mariage de mondict
fils avec celle qu'elle voudroil faire héritière
de sa couronne après elle, comme j'eslime que
c'est chose qu'elle a et doibt avoir en affection
pour son repos et contentement, à présent
qu'elle se voit hors d'espérance d'espouser
l'archiduc Charles, qui se marie à sa niepce
la fille du duc de Ravière, je crois qu'il seroit
expédient, et j'estime que c'est chose que
nous et elle devons désirer, pour le bien de
la chrestienté, et principallement de ces deux
couronnes, qu'elle fisl déclarer auxdicts pro-
chains Estats d'Angleterre la plus proche à sa
couronne héritière après elle de sadicte cou-
ronne et royaume; et, en ce faisant, faire ex-
pressément résoudre aussy par lesdicts Estats
le mariage de ceste héritière avec mon fils,
chose qui, je suis très asseurée, apporterait à
ladicte royne tous les contentemens qu'elle
sçauroit espérer, comme s'il estoit son propre
fils; car il est de si bon naturel que, si elle
luv faisoit et procurait ce bien, il la servirait
et honorerait d'affection. Et, oultre cella, se
pourroit cette royne prévaloir grandement,
à l'occasion de ce mariage, en toustes ses af-
faires, lant de la faveur et des moyens du
Roy monsieur mon fils que de mon fils le duc
d'Anjou, qui a eu cet honneur d'avoir, à son
âge, conduit et commandé heureusement de
si belles armées, et gaigné de si grandes ba-
tailles, y ayant acquis l'expérience et telle ré-
putation par toute la chrestienté, que prince
ne la sçauroit désirer plus grande ni meilleure
qu'il l'a.
11 IT 1 11). '. if «ATIOVILE.
10
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Je vous ay bien voullu faire tout ce dis-
cours, vous priant de le tenir si secret que
nul des vostres, ni aultre, quel que soit, n'en
sache rien. Et faut tascher de descouvrir et
voir si vous pourriez rien apprendre de ceci,
pour m'en donner advis à toutes occasions; et,
si vous cognoissez que l'on en puisse espérer
quelque bon fruict, il fault que secretlement
et accortenient, comme je sçay que vous sça-
vez très bien faire, vous en parliez comme de
vous-mesme au secrétaire Gecil, qui s'est allié
à une maison qui a, comme j'ay entendu,
laid toujours concurrence à la royne d'Ecosse
ma lille, pour la succession de la couronne et
royaulme d'Angleterre, affin qu'il regarde
quelle femme ou fdle de cette maison là se-
rait la plus apte à s'y introduire; et sur celia,
entrer en propos avec luy, à bon escient, et
luy faire amplement entendre, comme vous
sçavez très prudemment faire, le grand bien
qu'il se fairoit à lui-mesmes et à sa maison de
moyenner et conduire cella à perfection; et
que, par ce moyen, il honorerait et asseure-
roit du tout sadicte maison, et si, demeure-
rait à jamais grand, mauiant encores avec
beaucoup plus d'authorité qu'il n'a jamais
faict le royaulme et affaires d'Angleterre. Et,
outre cella, il se serait employé' pour un
prince qui recognoistroit si bien le bon office
qu'il faira en cella pour luy qu'il n'en pour-
rait espérer que tout heur et félicité à luy et
aux siens.
H y a, ce me semble, une femme de ceste
maison là qui a esté long-temps prisonnière
avec son mari et leurs deux fils. J'ay ouï dire
que le mari est mort en prison; il faudrait
sçavoir si elle seroit la plus proche, et, si
ainsi estoit, pour ce que si on lui faisoit ce
bien là, et qu'il n'y feust par mesme moyen
pourvu, ses fils seraient héritiers de ladicte
couronne d'Angleterre, il faudrait faire, pour
remédier à cella, que les susdicts Estats la dé-
clarassent héritière de la couronne d'Angle-
terre, et, pour certaines grandes occasions,
lesdicls enfans descendans du mariage d'elle
et de mondict fils seulement et non d'autres
mariages.
Je vous ay bien voulleu commettre ce dis-
cours, sçaehant bien que vous estes si affec-
tionné à ceste couronne et si prudent que
vous en sçaurez dignement user, et vous y
comporter comme il fault, vous priant que
j'aye sur ce de vos nouvelles le plus souvent
que vous pourrez, et que personne du monde
ne sçache rien de ce que je' vous escripts, ne
l'aillant, quand vous me manderez quelque
chose, de m'en faire, de \ostre main, une lettre
à part que vous plierez fort menu. El ne m'en
escrivez jamais que quand \ous m'envoyerez
quelqu'un exprès pour les autres affaires de
vostre charge, ou par homme seur, qui vous
pourra estre envoyé d'ici; et, quand vous m'en
escrirez, vous direz à celuy à qui vous baille-
rez vos lettres, que, s'il se trou voit pressé ou
en danger d'eslre arreslé ou fouillé, combien
que nous soyons hors de cette crainte-là,
puisque Dieu nous a donné la paix, qu'il jette
ou fasse desdictes lettres en sorte qu'elles ne
soyent point veues ni trouvées de personne,
priant Dieu, Monsieur de la Mothe-Fénelon,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Escouen, le xxe jour d'octobre
1570.
Caterine.
1570. — 30 octobre.
Imprimé dans la Correspondance thphimatiqve de La Motlte-Vènelon .
t. VII , p. 147.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, depuis ma
petite lettre escripte, j'ay parlé au personnage
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICÏS.
11
(jue je vous cscriptz par icelle, qui avoit encore
quelque chose sur ce faict là à me dire; et
parce que cela me met en doubte que ceci se
fasse à quelque intention, qui n'est pas peul-
eslre si sincère qu'ils la proposent, je vous
prie et charge sur vostre honneur de n'en
parler aucunement au secrétaire Ceci!, ni ;i
quelque personne que ce soit, et n'en faire
aulcun semblant ni démonstration que vous
en sçachiés rien , ni quejevous en aye escript;
car aussi i'advis que je vous en donne n'est à
aultre intention que pour l'asseurance que
vous m'esles fidelle et asseuré serviteur, que
cella demeurera enseveli en vous, et que vous
ne perdrez une seule occasion et moyen de
descouvrir et pénétrer par delà à quoy tend
ce faict, et qui conduit ceci auprès de la royne
d'Angleterre; et aussy de quelle volonté ils y
procèdent , et ladicte royne aussy ; mais surtout
comportés vous en cella si dextrement que
créature qui vive ne puisse penser qu'en sa-
thiés rien, priant Dieu , Monsieur de la Mothe-
Fénelon, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
D'Escoucn, le xx octobre, au soir, bien
tard, 1070.
Vostre meilleure amye,
Caterine.
1570. — 20 octobre.
I mpriuié dans la Correspondance diplomatique de La Motlie-Fénehn ,
t. VII. p. i4s.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, j'ai avisé
de vous envoyer le secrétaire de l'Aubespine
afin que, par luy, vous nous puissiez escrire
ce que la royne d'Angleterre vous aura res-
pondu sur le propos que le Roy monsieur
mon fils lui a mandé par le sieur de Walsin-
gham1, pour le faict de la royne d'Ecosse ma
fille ; et sur ce que vous luy eu avez aussy
modestement déclaré suivant la dépesche que
nous vous en avons faicte, conforme à ce que
mondicl fils a pour cela respondu par escript
à l'ambassadeur de la royne d'Angleterre2.
Quand vous me voudrez escrire du contenu
en cette lettre, il faut que ce soit de vostre
main; et suffira que me mandiés par une
lettre à part que c'est de l'affaire dont je vous
1 Envoyé extraordinaire de la reine Elisabeth. Voir Bes
lettres et négociations, Amsterdam, Gallet, 1700, in- '1.
- Voici la lettre de Charles IX :
«Monsieur l'ambassadeur, j'ay veu par vostre letliv
escripte du jour de hier la remonstrance que vous aviez
à me faire de la part de la royne d'Angleterre madame
ma bonne seur; à quoy je vous diray que je suis bien
fort ayse de la volunté qu'elle a de prendre une si bonn>'
résolution sur les affaires de la royne d'Escosse ma seur,
et que, pour cest effect, elle aye envoyé le secrétaire Ce-
cille et aultres ses ministres; mais pour ce que je désire
que cela soit accéléré et qu'il y soit mis une prompte
fin, je ne puis que je ne la prye ceste fois pour
toutes et sans plus de remise ou longueur, ne voul-
lant pas vous nier que je n'aye ci devant envoyé le
sieur de Verac, dont vous faictes mention par votre
lettre , avecq quelques gens et munitions pour secourir
Dumbarton que j'entendois lors que l'on vouloit aller
assiéger, et que pour l'antienne alliance qui est entre ce
royaume et celluy d'Escosse, et particulièrement pour
ce que ladirte royne d'Escosse ma seur me touche
de si près, je me suis délibéré de la secourir en ceste
nécessité et de procurer sa liberté par tous les moyens
que Dieu a mis en ma puissance ; ayant véritablement ,
selon cela, donné ordre de faire quelques préparatifs en
Bretaigne, pour cest effect, sans voulloir toutes fois rien
offenser ne altérer de la bonne amityé et intelligence qui
e9t entre ladicte royne votre maistresse et moy, qui met-
tray, de ma part, lousjours peyne de la nourrir et con-
firmer par tous les bons et honnestes moyens et dépor-
temens dont je me pourray adviser, m'asseurant que, de
sa part, elle vouldra faire le semblable, et que ceste fois
elle fera parroistre à madicte bonne seur la royne d'Es-
cosse que , quant il n'y auroit que l'instante prière que je
luy en fays, qu'en ceste faveur le traicté que j'espère qui
se fera bientost sera si bien estably que doresenavant en
12 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
ay escript par ledicl de l'Aubespine, sans
exprimer davantage, car je l'enlendray bien.
AEscouen, ce xxm*jour d'octobre 1670.
Vostre très affectionnée,
CiTERINE.
PlNART.
1570. — a'i octobre.
Aul. Arch. nal. collect. Simancas. K i5i8. pièce l5.
\ MADAME MA FILLE
LA RGTNE CATOLIQUE.
Madame ma fille, le Roy mon fils et moy
avons donné cherge au sieur de Malicorne
présant porteur de aler visiter ayle et nous
congratuler aveques ayllc de ce qu'elle ayst
aînée à bon port près le roy son mary, nous
asseurant que, y étant, aylle continuera les
bons aufises que faisoyl la l'eu reyne ma fille
pour l'entretenemcnt de l'amitié entre nous et
le roy son mary, s'asuranl Vostre Majesté que
le Roy mon fils et moy ne lui portons moyndre
volenté que si elle aytoit nostre fille et seur,
corne en tout cet que aylle nous voldra em-
ployer îuclron pouine lui l'ayre conoistre par
ayfest ynsin que plus amplement lui faira
entendre ledist sieur de Malicorne, qui cera
cause que fayré fin, prient Dieu lui donner
cet que aylle désire.
D'Ecouan, ce xxiih"* jour d'octobre lj^o.
Catemne.
sera une mutuelle amilye entre elles el inoy, aussi comme
de ma part, je le désire bien fort; et estant ce que je
puis cm lire pour {<■ présent , je prierray Dieu, Monsieur
l'ambassadeur, vous avoir en sa garde.
itEscripI ,i Escouen, le ivn" jour d'octobre 1Ô70".»
' ReconI office , Slolr jmjn-r.-, . Knoio'. \'tl. i'iS; Voir i]r]nVlir< i].'
Moi ' I II reine EliBsbelh 'tans 1c CaJeftifar qf SfeXc pavera (1570-
1571), p. 358,35g, 364; lettre .1.- La Molne-Féndon à Catherine ,
dans le tome III de n GarrafjwndVmca dijilomatitjur , p. 38o.
1570. — 26 octobre.
Copie, orig. Arch. nat. collect. Simaueas , K i5i8. pièce 1':
A MADAME MARIE CHACUN.
Doîia Maria Chacon, Havcndo entendid.0
que despues de la partida de Madama la Du-
quesa de Alva el Rey Catbolico mi buen bijo os
lia puesto cerca de las Infantes mis nietaspara
que las siruays y tengays cuydado de sus
personas he guerido screuiros esta para dezi-
ros que yo estoy muy assegurada assi (le la
buena élection que el lia lieclto como de que
vos 110 oluidareys en naila de emplear el cuy-
dado, diligencias y afficion que decis tener
a su salud servicio y aung yo tenga por cierto
que vos las terneys en tan buena recommen-
dacion quai conviene a la subjection y obe-
biencia que vos les deneys assi por respecte de
su padre como por lo que el os lia manda do;
lodavia por tocarme ellas tan de cerca os he
guerido dogar las tengays por singularmente
commendadas en lodo loque tocare à su criança
insliturion amor y temor de Dios y a su
salud como conviene a vuestra obligacion y
deuer que eumpliendolos como yo creo pues lo
sabreys bien hazer yo terne memoria para os
bazer conoscer con efleclo et contentamiento
que en esto decibire con rogar à Dios, Dona
Maria, os tengo en su sancta guarda.
De Santecoues, à 2& octobre 1870'.
Cathf.rina.
1 Voici la traduction de celte lettre :
ttMadame Marie Cbacon, ayant appris qu'après le dé-
part de Madaine la duchesse d'Albe, le roi mon bon Ids
vous a mis auprès des lofantes pour veiller sur elles, j'ai
voulu vous écrire pour vous dire que je suis toute rassu-
rée sur le bon choix que le roi a fait et que, y apportant
toute diligence el affection, vous n'oublierez rien de ce
qui tient à leur santé et à leur service, el quoique je sois
certaine que vous y apporterez tous vos soins, suivant
l'obéissance que vous leur devez ainsi qu'à leur père pour
vous conformera tout ce qu'il vous a ordonné, comme
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
13
1570. — 24 octobre.
Aut. Arch. nat. collecl. Simancas, K i5i8, pièce i-'i.
A M" MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils, ayenl entendu l'arxivaye
de la royne vostre femme, le Roy mon fils et
moy n'avons voleu fallir l'envoyer visiter et
nous congratuler de cet que Dieu l'a feste ari-
ver en bonne santé pour l'espérenze que avons
que, avstent près de Vostre Majesté, a\ le aidera
à perpéteuer sete bonne amityé entre nous et
nos royaumes, ynsin que fesoyt, la royne ma
fille, et ni'aseurant que de vostre cousté y tro-
verez toute la correspondense que pouvés
désirer, je ne doucte poynt que, encore que
Dieu ayst aulté ce bien que, ayent asleure
celuisi de la royne vostre femme et belie-
seur du Roy vostre frère, que yl ne le fase
ausi fort et durable que le désirons aveques
l'eslrète parentèle de les Ynfeutes vos filles , les-
quelles, pour m'estre si proches, je ne puis,
encore que je sçache asé vostre bouté, que
je ne lé recomende à Vostre Majesté et lui
prie, voyent que la ducbesse d'Albe n'ayst
plus auprès, de comender à celé qu'i lui auré
plu mestre en son heu de lé servir et avoyr le
mesme souin d'eulx et de leur santé qu'ele
avoyst, et m'escuser cet je prans l'ardiese de
luy en mender si librement et l'atribeuer à
l'amour que je leur porte et à la royne leur
elles me sont si proches, je vous prie de veiller de très près
à tout ce qui a trait à leur éducation , instruction , amour
ot crainte de Dieu et à leur salut, ainsi que vous en avez
le devoir; car si vous vous en acquittez, comme je me le
promets, j'en aurai mémoire pour vous faire connaître
la satisfaction que j'en recevrai. Je prie Dieu, Madame,
vous tenir en sa saincle et digne garde.»
Au bas de la lettre et de la main de Philippe 11 :
"On peut répondre qu'en ce qui regarde les Infantes la
reine ma femme aura les mêmes soins que si c'était
sîs filles.»
mère, qui me représentet, et, ne la volant
anuier de plus longue letre, fayré fin, prient
Dieu donner à \ostre Majesté cet que désire.
Vostre bonne mère et seur.
De Ecouan, cet xxiiiimc de octobre 1570.
Catbrine.
1570. — 3i octobre.
Copie. Bibt. nat. fonds français, n° 1075a , f° 882.
A MONSIEUR DE FOURQLEVALLX.
Monsieur de Forquevauls, estant advertie
d'une calomnie de laquelle on charge le sieur
de Sainct-Estienne, précepteur et grand aul-
mosnier de la feue royne ma fille , luy mettant
sus qu'il n'est pas bon catholicque, et oultre
qu il m'a rapporté et au Roy monsieur mon
fils des choses du Roy Catholicque pour nous
mettre ensemble eu discord, je vous en av
bien voullu escripre exprez pour luy servir de
tesmoignage que nous le connoissons et lenons
pour homme de bien, véritable et bon chres-
tien. Et pour tel le feu Roy monseigneur et
moy l'avons esleu au service et institution de
toutes mes filles, lesquelles il a enseignées si
chrestiennement et y a faict si bien son deb-
voir que nous avons très agréables tous les ser-
vices qu'il nous a faicts et ne nous donna
jamais occasion de le soubsonner autre que
1res bon catholicque. Davantage tant s'en fault
qu'il nous ait faict aucun rapport au préjudice
dudict sieur Roy Catholicque que je luy en
ay tousjours ouy parler très dignement et nous
en a dict tout le bien qui se peut dire du
meilleur prince du monde, de sorte qu'il auroit
plus de raison de luy voulloir bien pour la
bonne relation qu'il nous en a faicte que de
croire ceulx qui luy escrivent légèrement telles
mensonges, ce que je vous prie très instam-
ment faite entendre audict sieur Rov Catho-
l'i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
lieque et luy en parler de bonne sorte; car je
ne puis moins l'aire que de sentir l'injure
qu'on faict à noz bous serviteurs de dénigrer
et calomnier ainsi leur vie, offençant leur
honneur et bonne réputation. Vous le direz
semblablemenl à l'évesque de Siguence, quia
tenu ces propos dudict de Saint-Eslienne , ne
pouvant croire toutes fois qu'il adjouste foy à
telles mensonges conlrouve'es conlre un tant
homme de bien et qui a esté tant son ami,
pour voulloir prendre ce prétexte de luy nier
une petite pension qu'il a sur son évesche',
chose qui me sembleroil bien esloignée de
raison et justice; et pour ce qu'il demande une
attestation audict de Sainct-Estienne pour
prouver comme il est bon catholicque, le tes-
rnoignage du Roy monsieur mon fds et de
moy luy doibt suffire; de tout ce que dessus
vous me fairez entendre la rosponse que ledict
sieur Roy Calholieque el luy vous fairont. Et
m'asseurant que vous n'y ferez faillie, je sup-
plieray le Créateur qu'il vous ait, Monsieur
de Forquevauls, en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, ce dernier octobre i&70.
Caterine.
1570. — 3 novembre.
Copie. Bibl . nal. fonds français, n° 1075a, f°885.
A MONSIEUR DE FORQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, par voslre lettre
du huictiesme jour du moys d'aoust dernier
passé apportée par le capitaine Renavent, vous
m'avez faict sçavoir ce qu'avoit négotié don
Louys de Torres par le commandement de
Nostre Saint Père le Pape en Portugal pour
le mariage de ma fille, et me mandiez que le-
dict don Louys estoit pour s'en retourner bien-
tost à Rome et que l'on feroit bien de donner
charge à nostre ambassadeur résident près de
Sa Saincteté de moyenner que ledicl de Torres
fust renvoyé audict Portugal pour continuer à
traicter le mariage. Suivant cella, comme je
vous ay escript, nous avons faict une bonne
dépesche au cardinal Rambouillet pour l'in-
struire de nostre intention sur ledicl faict, tanl
pour eschaufer tousjours Nostre Sainct Père à
pourchasser l'exécution de ce mariage que
pour adviser s'il seroit à propos que de Torres
fut commis de Sa Saincteté en ceste charge,
sur deux causes conlenues en vostredicle lettre
du huictiesme d'aoust: la première que les
Portugois vouldroint, si Sa Sainctelé s'entre-
mesloit de ceste affaire, qu'elle le feisl traicter
par quelque évesque; la deuxiesme poureslre
icelluy de Torres, espagnol de nation, et sur
la dernière que l'on debvoil considérer ce que
m'escripvez qu'il falloit que ledict mariage
fut moyenne et traicté de façon par Sa Sainc-
teté que le Roy Calholique n'entrast en jalou-
sie de voir entreprendre sur son marché pour
ce qu'il pourroit gaster tout, n'oubliant par
mesme moyen à luy faire entendre ce que
m'avez escript de la démonstration que faisoit
de Torres d'affectionner ledict mariage et
toutesfois qu'il falloit avoir tousjours devant
les yeulx qu'il estoit espaignol et, pour vous
en parler ouvertement, Monsieur de Forque-
vauls, jaçoit que don Louys de Torres soit
très obligé et particulier serviteur de Nostre
Sainct Père et qu'il se monstre estre très affec-
tionné en ceste négotiation, toutesfois, estant
sujet du Roy Catholicque, j'estime qu'il ne né-
gotic rien en ce faict que le Roy Catholicque
n'eu soit bien adverti et que ce ne soit par
son voulloir el consentement, de sorte que, si
ledict roy n'y aporte la bonne volonlé qu'il
a tousjours mis peine de nous faire croire, il
sera bien dillicille que ceste pratique réussisse,
ainsi que désirons; de quoy je vouldrois bien
estre éclaircie et sçavoir ce que j'en doibs
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
la
espérer; car il me fascheroit d'estre entretenue
en longueur, et que ceux qui ont les premiers
entreprins ceste négotiatiou et qui se faisoinl
forts de la faire effectuer, voulussent continuer
à s'en prévaloir et nous payer de bayes. Je
vous prie d'y avoir l'œil ouvert. Cela dépend
de vostre bon jugement, prudence et dexté-
rité, espérant qu'au retour dudict de Torres,
vous aurez moyen d'y voir clair, dont j'attends
de voz nouvelles en bonne dévotion et n'aura
de rien servi la dépescbe qui a esté faiete à
nostredict ambassadeur à Rome puisque Sa
Saincteté avoil jà envoyé ses lettres à de Torres,
faisant estât que par vostre première je sçau-
ray ce qu'il aura Dégolié en Portugal, puis-
qu'il y est retourné. Du sieur de Malicorue
vous entendrez le surplus de lestai des affaires
de ce royaume avec l'occasion de son allée par
delà, m'en remettant domptes sur luy que je
vous prie croire comme si c'estoil moy-mesmes ,
vous aurez aussi conneu par ma dernière le
desplaisir que j'ay de ce que la duchesse d'Albe
s'est retirée en sa maison et a laissé mes petites-
filles. Je veulx croire que celle qui y a esté
comise s'en aquitera avecques le devoir qu'il
appartient, dont vous me ferez plaisir de m'en
mander toujours des nouvelles; priant Dieu,
Monsieur de Forquevauh, vous avoir en saincte
et digne garde.
Escript à Sainct-Germain-des-Prez lez Pa-
ris, letroisiesmejour de novembre 1570.
Depuis la présente escripte est arrivé vostre
secrétaire avecques vostre dépescbe du quator-
ziesme jour du passé sur laquelle l'on ne vous
peust faire plus parliculière response jusques
à ce qu'ayons sceu ce que portent les lettres
que nous avez mandé le roy de Portugal et
le cardinal avoir escript à Sa Saincteté; car
sur cella l'on fera jugement de ce que l'on
doibt espérer de toute ceste pratique; qui ne
prend à mon advis tel chemin que debvons
désirer l.
î 570. — G novembre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Mothe-Fcnelon .
t. Vil, p. 155.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, par la lettre
du Rov monsieur mon fils, vous serez si am-
plement satisfait à vos deux dernières dépes-
ches des xxv et xxxe~ du moys passé, qu'il
n'est besoin de vous en dire davantage, si n'est
que nous sçavoDS très bien que vous vous estes
toujours porté pour les affaires de ma fille la
royne d'Escosse avec la bonne et grande affec-
tion que vous sçavez que nous avons de l'as-
sister et secourir, et ne nous sçauroit-on rien
persuader de vous, et n'en ayez peur, qui
nous altère la bonne opinion que nous avons
du bon debvoir que nous sçavons que vous y
avez toujours fait et faites encores, vous ren-
voyant pour ceste occasion les lettres qu'elle vous
a escriptes et aussi celles que l'évesque de Glasco
1 Voici ce que Fourqucvaux avait écrit le ik oc-
lobre : trBien m'a faict bon serment ledict de Torres que
le Roy Calolicque procède sincèrement audict mariage
et a toujours faict bons offices; en foy de quoy il m'a
produict les copies d'aucunes lettres de Sa Majesté es-
criptes à don Jeban de Borja , son ambassadeur en Por-
tugal, cependant que ledict de Torres y estoit, par les-
quelles estoit mandé bien expressément au sieur de Borja
qu'il luy assistât à procurer et faire tout ce qu'il poui-
roit penser qui peult servir audict traité pour satisfaiiv
à Sa Saincteté et à Vostre Majesté.» (Même volume,
p. 834.) Dans une nouvelle lettre datée du 9 no-
vembre suivant, Fourquevaux ajoute : ttJ'estimois don
Luys de Terres homme de bien devant que l'abbaye luy
fut donnée et lui avoir promis le chapeau , car H me te-
noit le langage de bon serviteur du pape. Toutefois
après qu'on lui a donné ledict os à ronger, comme à
un mastin affamé, il s'est tout changé."
2 Voir ces lettres dans le tome III des Négociations
diplomatiques de La Molke-Fénelon , p. 33g et 366.
16
son ambassadeur, qui est ici, cscrivoil à l'e-
vesque de Ross, lesquelles j'ay l'ait voir au Roy
mondit sieur et fils et à mon fils le duo d'Anjou
qui oui bien jugé par icelles, comme aussy
ai-je l'ait principalement par celle dudit am-
bassadeur, ce que m'avez escripl venir de luy
et non pas de vous; mais je crois que de delà
l'on n'a pas cette opinion, puisque la royne
d'Angleterre vous a donné pour ladite royne
d'Escosse ma lillc la bonne espérance que vous
nous escriviez par vosdites deux dernières des-
pescb.es, sur lesquelles il ne me reste plus
rien à vous dire. Sur ce, je prierai Dieu,
Monsieur de la Mothe-Fénelon, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, ce vi8 jour de novembre
1570.
(ÎATER1NE.
PlNART.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1570.—
ibre.
Aul. Arcli. des Médicis à Florence, dalla filza litfo ,
nuova numerazione.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mou cousin, j'é reseu vostre letre, et veu le
contentement que avés reseu de cet que le
capitayne Nicolo vous ha dist de nostre part,
cet que ne m'a esté moyns agréable de voyr la
réponse que avés fayste, et souis bien ayse
que cet souit présanté celé aucasion de ays-
cripre à l'Ampereur, cet que le Roy mon fils
et moy avons fayst très volantier, etvoldroys
qu'il vous peult aultent servir, couie je désire
vostre grandeur, et que né soyés molesté. Le
Roy mon fils ha l'ayst pour vous aulter toutes
plus grandes ennuie dire à vostre enbassadeur
et à seluy de Ferare, qu'il ne feroyt dornavent
plus apeler neul anbassadeur de vous dus * à
1 Dut, deux.
ces cérémonies, mes que au reste y les hono-
reret et voyret volantier, mes que en sela yl
voulouit aulter toutes disputes, ynsi que l'Em-
pereur et roy d'Espagne ne volant en jouger '
en fesoy nt , et vous prie le trover bon , car il m'a
semblé aystre vostre avantage, et mesme que
j'é trové aucasion de fayre trover bon au Roy
mon fils que le vostre vous alat trouver, encet
pendent ces noses et son entraye sel passeront,
et après, si l'Empereur consant à cet que le
pape vous ha donné, fera aucasion d'aulter
toutes disputes, et vous prie vous aseurer
que neul aullre dé dus ni seront. Je faire cet
propos pour vous dire que'la prinsipale auca-
sion qui m'a l'ayst désirer que vostre enbassa-
deur vous alast trover, et pour vous dire la
volante en quoy le Roy mon fils, ses frères et
moy somes de vous aystre seurs amys et pa-
rans,et que de vostre coûté, vous voliés conr-
respondre en toutes les aucouranses et auca-
sion qui setporont présanter, avecques vostre
honneur et réputation de cet que vous aystes;
car, pour aystre de mon sanc, je ne vous vol-
drès jeamès rechercher, ne que mes enfans le
fiset aullrement, et pour vous parler privé-
ment aveques la surté que me donnés par vos
letres en parant et amy, je vous prie me vou-
loir conseller et ayder en cet que je veuls si-
après déclarer, qui est que m'ayant donné Dieu
troys enfans, qui me sont resté en vie, l'ayné
avst cet qu'il peult désirer, roy d'un si beau et
grant royaume qu'il a de quoy se contenter; le
second, Dieu lui ha donné de grens beur et
bonne forteune en cet que son frère luibaco-
mendé, et voyant qu'il est de mesme père et
mère et qu'il n'a sinon cet qu'il peult avoyr dan
sel royaume , qui n'est pas beaucop , je désirerès
qu'il eut moyen de set2 contenter sans fayr de-
sayn sur tel voysin; et me samble qui ha un
1 Jouger, juger.
: Sel, se.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
17
grent moyeu , et désireroys encore que cet feult
parvoslre moyen pour tousjourle vousaquérir
et le Roy mon fils et toute la mayson pour
sur amys, corne y le veulet, et sien set que
je veulx dire ne préjudisie à personne, mes au
coritreyre, je croy certaynement qu'il servira
pour le servise de Dieu, de son ayglise et uti-
lité de cet royaume : c'et que, voyent cornent
le Pappe ayst en pouine de Avignon pour res-
pect des huguenos, qui en sont, et que pour
ayslre dan le royaume tout le Contât, le Roy
mon tils ne veult nulement qui haye des
ayslranger, et que cela ne peult que aportcr
lousjour trouble à cet royaume, si plèsoyt à Sa
Sainteté, puisque les chauses sont ynsin, et
qu'il n'en tyre poynt de argent, de donner cet
Aystat à mon fils le duc d'Enjou , et qu'il en re-
conneul le Sainct Siège Aposlolique, ynsin
cornent font les aultres prinses, qui tienenl dé
fieu de l'église, Sa Saincteté obligeroyt le Roy
mon fils, mondist fils et nous tous, et croy
que serovt cliause qui serviroyt et seroyt utile
à tute la crélienté en beaucop de fason et
s'an santyroy ynfiniment aubligé à vous. Sur
ce fayst,je vous prie m'en mender votre avis
et enn user, cornent vous conestrés aystre le
mylleur, le plus honorable pour mondist fils;
vous enn ayent voleu mender mon aupinion,
et cet que je an désire, pour après l'avoyr eu-
tendeu vous y fasiés corne jeugerés pour le
myeulx. D'aultres m'ann ont parlé et dist qu'il
en parleroynt au Pappe; je les enn é renier-
sié, et né voleu entrer plus avenl aveques
eulx en propos, car je désire, si set deoit fayre,
que ce souit par vostre moyen et vous prie
que sesi souit si segret, que, s'il douit aystre,
que l'on sache plus tost la volante du Pappe,
que l'on ne puise panser, que je ann'aye parlé.
Au movns personne n'en sara ryen. Je vous
en prie, encore que je me fie en vostre enba-
sadeur, je ne luy eun é ryen voleu dire; bien
Catherine de Médicis. IV.
lui ai-je dist que je désiroys que vous vous
employasé pour la grandeur de mes enfans,
ynsin que la conestriés, et que je vous ayscrip-
voys cet que j'avoys pansé. Je vous prie que
sesi souit segret, et ne m'an puis fyer que à
moy mesme, come dornavent je fayré de toutes
les chauses que je désireré de vous, et vous
prie vous aseurer de nostre amytyé, et volante
que avons à vostre bien et grandeur et à
vostre conservatyon , et des vostres. Quant à
cet que l'enbasadeur m'a dist de vostre part
pour le désir que j'é de cet que tient Madame
de Parme de le ravoyr, je envoyré quelque
personage pour vous fayre enlendre tous nié
droys, m'aseurant que m'y faire raison, je ne
vous recomanderé davenlage cet fayst, et
fayré fin, priant Dieu vous donner cet que
désirés.
De Monseaus, cet vmc de novembre 1670.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1570. — ai novembre.
Orig. Arch. nat. Musée. AE 11. 695.
A MONSIEUR DE LA MOTHÏÏ-FÉNELOX.
Monsieur de la Mothe, pour respondre à la
petite lettre que m'a apportée le secrétaire de
l'Aubespine, je vous diray que je suis bien
aise de quoy vous estes de mon oppinion, qui
est que la royne d'Angleterre, quelque chose
qu'iiz nous ayent voullu persuader et per-
suadent encores ceulx que sçavez, ne se ma-
riera jamais et que les démonstrations qu'elle
a cy-devant faictes et qu'elle pourroit encores
faire ne sont que pour se prévalloir toùsjours
et cependant de faire ses affaires ; mais si \ous
priav-je de faire tout ce que vous pourrez pour
savoyr au vray quelle volunté elle a et à
quelle intention et l'occasion pourquoy l'on
nous a tenus si souvent les languaige el pro-
3
.m.
18
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
pos que je vousaycripts, et si cella se fnict par
son intelligence, car ceci tend à quelque fin
que je désire bien sçavoyr; et pour ceste cause
je vous prie aussi d'y veiller et faire en sorte
que le puissiez descouvrir de delà, et comme
je m'asseure que vous en sçaurez très bien
trouver les moiens, et croy que du M illord
Robert Ton en pourrait bien apprendre et
sentir quelque cbose, car est accoustumé
de parler franchement, quand il est tenu
accortement, ainsi que sçavez très bien faire,
sans qu'il se double de l'occazion pour quoy
vous l'en mettrez en propos. Vous tenterez
aussi les autres moiens que penserez qui vous
pourront servir pour en sçavoir des nouvelles.
Cependant je prie Dieu, Monsieur delà Mothe,
qu'il vous ait en sa saiucte et digne garde.
Escript à Toury le Moustier en Valloys, ce
xxie jour de novembre 1570.
(De sa main.) Cet que je vous ayscrips se
n'et pas que je ne désirase qu'ele le voleut
ausi h bonn esien, cornent nous coresponde-
rion de volante', et vous prie, ynsin que je
m'aseure de vostrc afection en mon endroyt
et au servise du Roy mon fds, en déeouvir
tout cet que enn est à la ve'rité.
Caterine.
I'inart.
1570. — 21 novembre.
Imprimé dans la Correspondance diplomaln/ue de La Motlte-Fénelon ,
t. VU. p. ,6s.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fènelon, vous nous
avez si amplement escript et faict entendre
si particulièrement toutes choses par le secré-
taire de l'Aubespine, que je vousasseure que le
Roy monsieur mon fils et moy en demeurons
bien fort salisfaicts, vous priant de continuer,
à présent que les depputés, d'une part et
d'aullre, seront arrivés auprès de la royne
d'Angleterre, et vous tenir lousjours prest à ce
que , par le traicté que je désire et espère qui
se fera pour la liberté de ma fille la royne
d'Escosse, il ne soit rien altéré ni préjudicié
aux confédérations et alliances anciennes d'en-
tre ceste couronne et celle d'Escosse, nous te-
nant aussy advertis de toutes aullres occu-
rences, comme avez accoustumé.
Escript à Tannay le Moulin en Vallaige, le
xxic jour de novembre 1070.
,. Cateriîve.
Monsieur de la Mothe, j'ay faict retarder
ceste despesche jusques à ce que j'eusse esci ipl
et faict response de ma main à la royne
d'Escosse madame ma fille, à laquelle je vous
prie la faire tenir et l'asseurer lousjours que,
sans l'asseurance que nous a donnée la royne
d'Angleterre de sa délivrance, que nous n'eus-
sions pas failli de faire tout ce qu'il nous eust
esté possible pour elle; mais, estant la négo-
tiatiou si acheminée, nous craignons que cela
lui eust porté préjudice, et diverti ladicte
royne d'Angleterre de ceste bonne volonté que
je ne pense pas qu'elle ne tienne; aullrement,
comme j'escript de ma main à madicte fille
la royne d'Escosse, le Roy monsieur mon fils
aura juste occasion de se ressentir et souvenir
de ses promesses et asseurances.
De Mézières, le xxixe jour de novembre 1 570.
Caterine.
PlNART.
[1570. — 3 décembre. ]
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i555s, f° 3i4.
A MONSIEUR DE ROISSY.
Monsieur de Roissy, vous m'avez faict fort
grand plaisir de me mander ainsi particu-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
19
fièrement que vous avez faict par vostre lettre
du deuxiesme de ce moys ce que vous aviez veu
à Saint-Germain-en-Laye. Je n'a y esté moins
esbahye que ayse de ce que Ton a reine'dyé à
ceste poutre qui estoyt soubz ma chambre,
puisqu'elle estoyt ainsy pourrie. Je suys main-
tenant en double que les autres ne soyent
aussy gastées, mesmement celles qui sont au
dessus des chambres où logent mes fils et
filles, et partant, je vous prie retourner audict
Saint-Germain et y faire regarder et pour
mesme y pourveoir, s'il en est besoing; car,
puisque le pourry c'est trouve' en unglieu, il
peut bien estre en plusieurs et ne seray con-
tente que je ne soys aussi asseurée de celles
cy-dessusdictes, comme le suis maintenant
de la mienne. De Villers Cotteretz, où nous
serons mardy, je feray satisfaire à ce que désirez
pour la seuretté des. xii mil escuz de bagues
dont vous estes respondant, priant Dieu, mou
cousin, vous avoir en sa saincte et digue garde.
»
1570. — k décembre.
Copie. Bibl. Dat. fonds français , u* 1075a , f° 908.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, le Roy monsieur
mon fils, après avoir parachevé ses nopces à
Mézières, le vingt-sixiesme du passé", s'en re-
tourne à si grandes journées vers sa bonne
ville de Paris qu'il n'est possible d'adviser à
loisir à la response de la despesche que nous
avez faicle par le courrier qui vous avoit esté
envoyé. Si tost que seront arrivez en lieu de
séjour, je n'oublieray de le faire résouldre et
vous le mander incontinanl. Cependant infor-
mez-vous bien au vray si les princes de Bohesme
passent par ce royaume en retournant vers
l'Empereur1, quand ils partent et du temps
1 Les 61s de l'Empereur qui avaient fait un long séjour
à la cour d'Espagne. A ce sujet, Fourquevaulx avait écrit
qu'ils pourront y estre, afin qu'en estans par
vous diligemment advertis la bonne affection
que le Roy monsieur mon fils a de les bien
recevoir et traicter soit entièrement suivie et
accomplie; priant Dieu, Monsieur de Forque-
vauls, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Soissons, le quatriesme décembre
1 570.
Mandez-moy des nouvelles des Infantes et
voyez-les souvant de ma part.
Caterine
1570. — 8 décembre.
Copie. Arch. nat. registre du bureau de la ville de Paris.
H i786d, p. s3 r°.
A MESSIEURS
LES PRÉVOST DES MARCHANDS
ET ESCHEVINS
DE LA VILLE DE PARIS.
Messieurs, ce a esté ung fort grand plaisir
et contentement au Roy monsieur mon filzct
, à moy d'avoir entendu la joye et démonstration
d'allégresse que, en général et en particullier,
vous et vos bons concitoyens avez faict du ma-
riage du Roy monsieur mon filz , les cérémonies
duquel vous verrez bien amplement desduictes
par le discours que nous vous envoyons, le-
quel et les lettres du Roy mondict filz m'em-
pescheront vous faire ceste-cy plus longue,
synon pour prier Dieu, Messieurs, vous avoir
en sa saincte garde.
Escript à Villers-Cotterets, le vme jour de
décembre 1670.
Caterine.
au Roi : «Les princes partiront ou feront estât de partir
de cette cour en ce mois de janvier qui vient. Je pense
qu'il y aurait de la jalousie s'ils passoient par voir.'
royaulme.» (Ibid., p. go3.)
20
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1570. — îO décembre.
Copie Bibl. nat. Ciuq cents Colbert , vol. CXL, 1° ioi r° etn*.
Al IX PRÉVOST DES MARCHANDS
ET ESCHKVmS
DE LA VILLE DE PARIS.
Messieurs, il a este' bien advisé à vous d'a-
voir prévenu le danger qui pouvoit advenir
aux pouls de noslre ville par le moyen des
orandes crues qui ont eu cours, et m'a esté
grand plaisir de l'entendre ainsi, comme je
serav tousjours de veoir que toutes choses pros-
pèrent en voslre ville, à laquelle j'ay veu par
ce que nous escripviez que les volleries qui s'y
l'ont portent un grand préjudice; pour à quoy
remédier, le Roy monsieur mon filz et mon filz
le duc d'Anjou en cscripvent bien expressément
à mon cousin Monsieur le duc de Montmo-
rency, lequel, je m'assure, y sçaura bien pour-
veoir selon l'autorisation du Roy mondict fils,
lequel a résolu de faire son entrée en voslre
ville le jour qu'il vous escript ', dedans lequel
temps je vous prie que toutes choses soient
prestes; priant Dieu, Messieurs, qu'il vous
ait en sa saincte et digne garde.
Escript à Villers-Costeretz, le seiziesme jour
de décembre mil cinq cens soixante et dix.
Caterine.
PlNAIiT.
1570. — 16 décembre.
Copie. Bibl. nal. Parlement, n° o,3 , f i3q.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COUBT DE PARLEMENT
DU BOX MONSIEUR. MON FILZ, À PARIS.
Messieurs, je croy bien que les remons-
trances que vous avez envoyées au Roy mon-
sieur mon filz sur la vériffication des édicls
1 Lettre de Charles IX fixant son entrée au i5 fé-
vrier suivant, f Ihid. , I" hos.)
qui ont estes long temps à envoyer, ne sont
procédées que du désir que vous avez de voir
toutes choses aller bien pour son service; mais
je vous puis aussy asseurer qu'ils n'ont esté
faits sans grand considération etàaullre fin que
pour le bien de ses affaires et non pour aultre
particulier respect, ne voullanl adjouster ce
mol aux lettres que le Roy mondict sieur et
filz vous a escript, sinon pour vous dire que le
retardement qui a esté faict en la publication
desdicts édicls n'apporte pas peu de préjudice
en sesdictes affaires et que vous ne sçauriez
faire chose qui luy donne plus de contente-
ment que de les vériflier cesle foys sans y user
de remise ou difficulté; priant Dieu, Mes-
sieurs, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Villers-Cotleresls, le seizième
jour de décembre 1670.
Cateiune.
PlNAIST.
1570.— a8 décembre.
Aut. Archives de Turin.
A MADAME MA SEUR
MADAME LA. DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, Boivin m'a dist qu'il vous en-
voyé un homme que je n'é voleu qu'il souit
aysté sans set petit mot et vous aseurer de la
bonne santé de nous tous, Dieu mersis, en-
core que, ces jours pasés, la royne ma fille
aye eu un grenl reume sur les deu pies, mes
asteure elle cet porle fort bien et n'i a que ma
fille de Loraync qui ha un peu de fièvre, mes
j'espère que ne 1\ deurera poynt, si plest à
Dieu, el toutes ses maiils qu'il ont nous ont
aresté vsi plus que nous ne pansions, qui ayst
cause que la contesede Pancalier n'esl aurore
veneue, pansant de jour an jour que deusions
aler à Sainl-Germayn; mes, si nous demeu-
rons encore ysy, je la menderé pour l'envie
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIG1S.
que j'é de savoir bien au long de vos novelles
et de vostre fils. Boyvin m'ann a dist bien au
long, ensemble quelque auv'èrture que, de sa
part, yl m'a leste pour le bien et avansnnient
de mon fils, qui nous l'est de plus en plus co-
noystre cornent M. de Savoie nous ayme et
de'sire voyre mes en fans grens , qui eera , quant
y le seront, tous son apui et auront plus de
moyen d'eyder à la siene et, pour se que le
Roy mon fils et moy avons dist librement
audict Boyvin cet que y nous en semble et
qu'il m'a aseure' le mender à Monsieur de
Savoye, je ne vous en fayré rediste ; etvous su-
plire's ceulement l'en remersier de notre part
et l'aseurer que conèsent tent son afection
en notre endroyl que, en tout cet que aurons
de moyen, yl an peult fayre aytast de nous et
s'an promelre corne de prinse qui désirent
son bien et grandeur corne le notre propre, et
vous prie l'enn aseurer et que neul n'i puise
plus fayre acroyre que ayons aultre aupinion
de lui que du plus aflfectioné parent et amy
que aye cete courone, et me remetent sur le-
dist Boyvin, je fayré fin, vous bésant lé mayn.
Cet xxvm'' jour de décembre i5yo.
Votre très humble et très hobéisanle seur,
Caterine.
[1571. — Janvier.]
Minuit'. Bibl. Dût. fonds français, n° i5553, f° 2&.
AUX CAPITOULS DE TOULOUSE.
Messieurs, je me remettray de la responce
que je vous pourray faire à la lettre que j'ay
receue de vous du xxv septembre sur celle
que vous receviez du Roy monsieur mon filz ,
à laquelle ne me reste aultre chose à adjous-
ler, siuon de vous asseurer de l'entière et
bonne affection qu'il a de vous graliffier de
tout ce qu'il lui sera possible; mais estant
question d'innover aucune chose des termes
21
de l'édict de paciflication 1, il n'y veult au-
cunement toucher; par quoy je vous prie de
vous conformer à son intention en cest. en-
droict et continuer tousjours au bon debvoir
dont vous avez usé jusques icy en tout ce qui
concerne et regarde le bien de son service;
priant Dieu, Messieurs, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript de Villiers Costerets 2.
1 57 1 . — Janvier.
Minute. Riul. nat. fonds français, n° 1 5553 , f° 59.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE3.
Mon cousin, j'ay en telle recommandation
ce qui louche et appartient au sieur de Vilars,
François Boyvin, conseiller et maistre
d'hostel ordinaire de la royne ma fille, en
faveur et considération de ses notables et
continuels services, que j'ay bien voulu ac-
compaigner de la présente celle que le Roy
monsieur mon filz vous escript en sa faveur,
vous priant vouloir honorer de vostre ordre son
filz Alphonse Einilio Boyvin et le pourveoir à
son rang et degré d'une commanderie de celles
qui y sont affectées, lui faisant en cest en-
droict tout favorable et gracieux traictement,
et j'estimeray à grâce et plaisir le bien qu'il
recevra de vous, ainsi que particulièrement
j'ay dit au sr Troile Ursin, l'ung de voz gen-
lilzhommes, qui s'en retourne vous trouver,
pour le vous faire entendre de ma part; et je
vous prie de le croyre, comme vous le feriez
moy mesme, et je supplieray le Créateur vous
1 11 s'agissait Je la suppression des prêches réclamée
par eux.
2 Au dos de la lettre du Roi on lit : Janvier 1571.
1 Au bas de la page : La Royne au duc de Flo-
rence.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
avoir, mon cousin , en sa saincte et digne garde.
Escript à Villers-Gosterets, le . . . jour de
janvier 1071.
1571. — 1" janvier.
Aul. Archives de Turin.
\ MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, j'é entendeu par Boivin cornent
\| vous eiivoyoyt un paquet et je né voleu
que çoit ayté san cete letre, qui ne sera que
pour vous dire cornent la royne ma fille ayst
guérye, Dieu mersis, et ausi ma fdle de
Loravne set porte myeulx et tout le reste set
portet fort bien et prie à Dieu que toute cet
annayc, de quoy nous avons cet matin le
cominensemenl, yl set puiset aussi bien
porter et nous souit si heureuse que je lé
voye conserver et cet royaulme demourer en
pays, et que nous puisé voyr avant quelc
achève et vous et Monsieur de Savoye et
vostre fils soyés en bonne santé et tele pros-
périté que désirés. Je croy, Madame, que
avez entendu la prise du comte de Gayase1
que le Pappe a fait prendre subs2 coleur de
religion, chause qui ne contente neulement
le Roy mon fils, car yl a esté tent en Italia
et du temps de cet Pappe et jeamès Ton lui
enn a rien dist que asteure que Tons ha veu
que luy avoye donné cherge, chause que le
Roy mon fils n'a neulement délibéré d'en-
durer, et cet l'on ne luy rend, j'é granl peur
que sesi sera cause de troubler le monde et,
à cet que je antemps, ceulx qui l'ont feyst
prendre et luy veule mal au veulet avoyr
1 Le c-omte, accusé d'hérésie, avait été déféré à l'in-
quisitk>D. Voit ;i ce sujet les lettres du cardinal d.>
Rambouillet dans le 11° i6o3g du fonds français et
une Iellre de Charles IX au comte, (lbid.)
: Subs, sous.
Au, ou.
j son bien (d'aultent que son beau frère lu\
avoyt fayst une donèson) auret mis enn avent
au Pappe qu'il étoyt huguenot, afin que rien
n'eult puisanse en son endroyt de le sover et
n'ont considéré que l'afront ayst fayst au
Roy mon fils et à moy qui lui avons nome'
pour avoir la cherge qu'il a, et, après les
beaus bruys que l'ons a fayst de moy, volouyr
encore suicroyre que ceulx que nomons au
Roy mon fils pour le servir sont buguenots,
si bien que sesi nous touche tent à l'honneur
et réputation que, si le Pappe ne nous en
satisfayt, le R<>\ mon fils n'est pas délibéré
| de l'andurer et s'en resantira et y anvoyra un
jeantilhomme pour luy en parler et alendre
la réponse pour, selon sela, feyre cet que yl
devera pour son bonneur et réputation et con-
servation de ceulx qui le cervet et voldroit
servir. J'é grent peur que cet bonhomme de
Pappe à la fin par ses fays trouble toute la
erétienté, cet que Dieu ne veulle, lequel je
prie vous donner ce que désirés.
De Villers-Coulré, le premier jour de
l'an 1571.
Vostre très humble et très hobéissente seur,
Caterine.
1571. — 3 janvier.
Orig. Aut. Copie transmise par M. Feuillet de Couches.
A MADAME MA SEUR
MADAME LA ROYNE DE NAVARRE.
Ma sœur, vous entendrez par le mareschal
de Cossé ' si amplement l'intention du Roy
1 Le même jour, de son côté, Jeanne d'Albret écrivait
de la Rochelle à Catherine : « Madame, .Monsieur le ma-
reschal de Cossé estant venu icy et nous ayant fait en-
tendre la. bonne volonté de Voz Majestez à l'entreté-
nement de l'édict, nous luy avons bien au long
remonslré que, si le Roy n'y met la main à bon
escient, nous craignons que les choses n'aillent
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
23
mon fil" sur la despesche que le sieur de Mas-
parot présent porteur vous porte que ue vous
en feray rediste, bien vous priai-je pour
l'amitié que vous porte que voulliez rendre
content le Roy mon fds, lequel vous voyez en
tout ce qu'il vous tousche comment il venlt
de mal en pis; car aultant de bonne volonté que le
Roy monstre à la paix et repos de son royaulme,
aultant en voyons-nous par aucuns et la plus grande
partie de ses ministres qui s'emploient aultant à la ruine
de ce royaume que les bons en désirent l'establissement.
Ce sont faits trop longs à discourir par ceste lettre,
mais nous en avons baillé le mémoire au sieur de
Quincé. Il me reste à faire ma plainte particulière du
traitement que mon filz et moy recevons tant par mes
villes, qui ne me sont pas encore rendues, que luy en
l'autorité de son gouvernement pour le service de Sa
Majesté et pour sa compagnie et pour son frère bastard,
ce qui nous fait plus de mal, parce que toutes ces défa-
veurs se font mesme contre l'édict, ou pour préférer à
nous quelque manière de gens si esloignés de noslre
repos et du service que nous et les nostres vous ont faict
que ceste défaveur apporte avecques soy une double
honte. Il vous plaist m'assurer que mon filz et moy,
estans près de vous, aurions honneur et faveur et bon
traitement que nous sçaurions désirer, comme m'a dict
Monsieur le mareschal et en ayant veu par le passé
commencer l'effect et se continuer autrement, je suis de
complexion soupçonneuse, Madame, comme vous sçavez
bien, qui me fait avoir crainte grande que voz volontez
soient bonnes, comme je n'en fais nul double, et que ceulx
qui jusqu'icy ont eu pouvoir de les altérer en mon en-
droict et lesquelz sont en mesme crédit et n'ont point
diminué leur malice contre moy, comme les effectz me
le monstrent, fissent toujours de mesme; vous suppliant
très humblement croire, Madame, que je ne suis pas si
ignorante que je ne cognoisse bien que toute nostre
grandeur dépend de Voz Majestez et le très humble
service qui nous oblige et appelle à vos pieds pour y
employer vie et biens; et, cognoissant cela, que je ne dé-
sire y venir infiniment, mais je suis ung petit glorieuse,
je désire y estre avec l'honneur et faveur que je pense
mieulx mériter que d'aultres qui en ont plus que mov.
Je craindrais, Madame, vous fascher de ces propos si
vostre bonté ne m'avoit accoustumée en mes jeunes ans
au privilège que ma vieillesse me pourrait donner de
parler privément à Vostre Majesté, vous suppliant très
humblement. Madame, le prendre comme m'avez
toujours fait cet honneur, et à l'avenir me faire paroistre
à bon escient que vous m'honorez de vostre amitié, et
me tenir en vostre bonne grâce à laquelle je présente
mes très humbles recommandations, et supplie Dieu.
Madame, vous maintenir en sa saincle grâce en longue
vie.» (Aulogr. Bibl. impér. de Saint-Pétersbourg.)
Voici ce que, de son côté, écrivait Colignv au Roi, le
a janvier, au sujet de la mission du maréchal de Cossé :
«Sire , j'ay esté fort aise de veoir icy Monsieur le mareschal
de Cossé , pour estre seigneur que je m'asseure voudra
rendre raison et justice à un chascun, suivant le comman-
dement et intention de Vostre Majesté; mais au demeu-
rant bien marry que son pouvoir n'ayt esté plus ample,
car sur quelques instances que nous luy avons faictes et
dont luy en avons baillé partie par escript, il a esté d'advis
de les vous envoyer par le s' de Quincey présent por-
teur, lequel ne doublant point qu'il n'ayt bien instruict
de toutes choses, il ne sera à ceste cause besoing que je
face à Vostre Majesté longue lettre. J'adjousteray doncq
seullement comme ayant Madame d'Andelot ma seur
escript à Mr de Barhezieux pour la restitution de ses
meubles, il luy a faict une response que ledict sr de
Quincey pourra monstrer à Vostre Majesté, s'il luy
plaist la veoir, par laquelle il semble que, au lieu de les
rendre, comme il est tenu de faire, puisqu'ils sont en
nature, et qu'il s'en trouve saisy, il veuille user de repré-
sailles et se récompenser de ses pertes sur madicle seur ;
à quoy, Sire, comme en chose que je sçay totalement
contraire à vostre volonté et à voz édictz, je supplie hum-
blement Vostre Majesté vouloir pourveoir en sorte que
je congnoisse quel sera l'entreténement d'iceulx non seul-
lement en parolles, maisprincipallementeneffect. -n (Bibl.
nat. , fonds français, n° i5553, p. 1.) — Dans une lettre
datée du même jour à Catherine et qui reproduit entiè-
rement celle ci-dessus, il ajoutait de sa main : « Ma-
dame, j'é conféré de plusieurs particularités aveques
ledict s' de Quinçay, et luy ay prié de les faire entendre
à Voz Majestés, comme il sçaura bien faire et fidèlement;
j'ajousleré seulement que je vous supply très humblement
de ne dire plus que ce sont de mes opinions ou que je
menace le Roy; car il n'y a gentilhomme en France qui
plus désire le bien et repos de ce royaulme que moy et
qui s'employe plus vouluntiers pour l'un et pour l'aultre
que je 1ère, mais pensez aussy que vous voyés la pro-
chaine ruine de ce royaulme, si n'y est bien tosl poujçyeu
et que de la prouvision que fera icy Monsieur le mares-
24
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que soyez satisfaicle , comment par ledici
Masparot entendrez touschani vos affaires de
Flandres, qui vousdoibt bien faire congnoistre
de quelle façon le Roy mon filz embrasse vos
affaires et ce qui toucbe vostre fils le prince
de Navarre, lequel luv et mov désirons infi-
niment voir icy avecques vous, et, me remec-
tant sur la suffisance dudict Masparot, feray
fin, priant Dieu vous donner ce que désirez.
De Villers-Cotteretz, le mc janvier 1071.
Vostre bonne sœur.
CaTERINE.
1571. — 5 janvier.
Copie. Ribl. nat. fonds fraudais, n° 1070a , f° 1099.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX.
Monsieur de Forquevauls, pour ce que je
serois bien aise que Dona Catherine de Vera
fust auprez des Infantes mes filles pour leur
faire service, tant pour l'amour de ma cou-
sine, la douairière de Nevers, qui m'a prié
vous en escripre en sa faveur, que pour l'es-
pérance que j'a\ que ladicle de Vera s'ac-
quilcra fort bien et fidèlement de son debvoir
envers elles, je vous prie tenir la main et
moyenner que, en considération des services
quelle a faicts à la feue royne d'Espaigne nia
fille, elle puisse rentrer au service desdictes
Infantes mes filles, priant Dieu, Monsieur
de Forquevauls, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escripl à Villiers-Costerets, le ciuquiesme
jour de janvier 1571.
Caterive.
chat dépeint tout le bien el le mal que l'on peult espérer
en ce royaulme.n ( Même vol. , p. 3.) — Voir également ,
dans ce même volume, les lettres écrites de la Rochelle
par le maréchal de Cossé, qui toutes font mention de
sa mission, et une nouvelle lettre de Jeanne d'Allinl,
du (i janvier.
1571. — (i janvier.
Orig. Arcli. nat. collect. Siuiancas. K i5ai, pièce 19.
\ DON FRANCÈS DE ALAVA.
Monsieur l'ambassadeur, je me remel(ra\
sur ce que le lïoy monsieur non fils a faict
entendre au secrétaire Aquilon1 desoninten-
cion sur ce que m'avez escript de ce prison-
nier, pour vous dire que l'indisposition de la
royne ma fille n'a esté autre chose que froict
qui l'avoit saisie en ce voiage que nous avons
faicl par un si mauvais et fascheux temps, dont
nous sommes tous resentis et pareillement
ma fille la duchesse de Lorraine. Maintenant,
Dieu mercy, ladicte royne ma fille est hors
du lit et du tout guarie, dont je loue Dieu.
De Villeis-Cofray, le vic jour dejanvien 070.
Caterine.
De Neltville.
1571 8 janvier.
Orig. Arch. des Médias à Florence, dalla Clza u-a(i .
nuova nuojcrazione. p. 3o8.
A MON COUSIN
LE PRINCE DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay voulu accompaigner de
ce mol la lettre que le Roy monsieur mon filz
vous escript présentement par le sieur Troile
Ursin, lequel il vous renvoyé, ayant esté le
très bien venu par de ça, quant l'on a sceu
l'occasion de son voyage, qui estoit pour se
conjoyr, de vostre part, du mariage du Ro\
mondicl sieur et filz, lequel, je vous puis
asseurer, ne porte pas moins bonne affection
de sa part à tout ce qui vous touche, que
par effecl vous lu, avez voulu en cest endroicl
1 Voir, dans le même carton (n° 82), la négociation
engagée entre Vquilon, récemment envoyé en France
par Philippe II, et Ahneiila au sujet du projet de ma-
riage de Marguerite de Valois avec le roi de Portugal.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS
faire démonstration de la voslre, remectant le
surplus sur ce que vous en dira ledict sieur
Troille, dont je vous prye le croire comme
inoy mesmes, suppliant le Créateur vous avoir,
mon cousin, en sa saincte et digne garde.
Escript à Villiers-Costerez, le vme jour de
janvier 1 07 1.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1571. — 8 janvier.
Copie. BiM. nat. fonds français, n° 10769. f" 937.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieurde Forquevauls. je ne vousescrip-
rav rien de particulier sur le mariage de Por-
tugal; car vous verrez l'intention du Roy mon-
sieur mon lîls par le mémoire qui vous est
envoyé', avant pris ceste résollution depuis
1 Voici en outre du mémoire les instructions données
à Fourquevaux et apportées par L'Aubespine :
«Quant au mariage de Portugal, le Roy a este incon-
tinent informe tant par le cardinal de Rambouillet que
par le nonce mesmes de Sa Sainctelé résident prez de
Sa Majesté que Nostre Sainct Père ne s'est pas moins
trouvé trompé en l'espérance qu'il avoit prise de pouvoir
traicter ce mariage et en venir à bout au retour de don
Loys de Toirès que Sa Majesté l'a esté de l'asseurence
qu'il avoit prinse sur la promesse qui luy en avuit esté
faicle si expresse, lequel de Torrès a bien sceu tant en
son voyage que depuis son retour à Rome servir le Roj
Catholique aux despens du service du Roy; quoy entendu
par Sa Majesté, il a bientosl pris la résolution qu'il sV-
toil proposée pour n'estre Madame sa seur si mal nour-
rie et de si petite maison qu'elle demeure san? parti et
sans estre recherchée et demandée de plusieurs bons
endroietz; au moyen de quoy le Roy veult et entend que
le sieur de Forquevauls ne parle plus de ce mariage au
Roy Catholique ne à autre de par dellà, sinon comme
de chose à quoy Sa Majesté ne pense aucunement, mais
de marier bientosl Madame sa seur en tel lieu qu'il en
recevra plaisir, contentement et service et dont le mari
se sentira grandement bonnoré et oblige a Sa Majesté.»
Même volume, p. y53.)
Catherimc ue Médiu». — n.
que l'on a sceu la négoliation de Tories. Ce
m'a esté grand plaisir d'entendre par la lettre
que m'avez escripte par vostre nepvéu lu
grande démonstration d'amour qu'a faict la
Royne Catholique à mes petites-filles, quand
elle les a veuës, le soing qu'elle a d'elles et le
bon braiclement qu'elle leur faict. Je ne sçau-
rois recevoir plus de contentement; ces! chose
que je désire qui continue, vous priant d'estre
soigneux de l'observer et de m'en advertir
bien particulièrement et mesme par le secré-
taire de L'Aubespine, présent porteur, quand
il s'en retournera. Je suis bien aise de ce que
le Roy Catholique mon beau-fils a trouvé mes
haquenées belles, comme il m'escript qu'il a
faict, vous advisant, comme, sur la prière que
vous m'avez faicte pour la dame de Forquevauls
voslre femme, je l'av très volontiers retenue
à mon service et au nombre de mes dame^.
n'ayant vouilu qu'elle ait autre maistrèsse
que moy pour l'affection et bonne volonté que
je vous porte, comme j'av donné charge au
secrétaire de L'Aubespine de vous faire
entendre, priant Dieu, Monsieur de Forque-
vauls, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Villiers Costeretz, le huictiêsmc
janvier 1571.
C VTKHINE.
157 1. — 39 janvier.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 1075a . j>. 963.
A MONSIEUR DE FOLRQLEVAUX.
Monsieur deFourque.auls.avecques le Roy
monsieur mon fils je vous asseureray pour le
faire entendre au Ro\ Catholicque mon beau-
fils de la meilleure disposition de la royne
ma fille, laquelle a certainement esté si mal
que nous en désespérions. Depuis ceste nuict
elle est beaucoup mieuix, avant moin', de
h
imiMt vtno\ n> .
26
LETTRES DE CATHERINE DE MÉMCIS.
fiebvre et assez bien reposé. Los médecins nous
assoiront qu'elle est en 1res bon chemin
pour avecques la grâce et ayde de Notre Sei-
neur eslre bien tost guérie. Je ne vous escrip-
ra\ ])(iint l'ennuv où je me suis retrouvée, la
voyant en ceste extrémité de laquelle nous
avons bien \oullu luire tesmoing l'ambassa-
deur d'Espagne1. C'est le principal ce qui me
rejouisl el donne plaisir et très grand conten-
tement qu'elle est maintenant mieulx et qu'elle
sera tousjours amandant. Ceste dépesche sera
bien tost suivie de Laplace vostre secrétaire,
lequel je retiens jusques âpre/ la foire S'-Ger-
main pour ce que je veulx qu'il porte à mes
petites-filles quelques choses de ladicte foire.
Par luv vous aurez plus particulièrement et
amplement de noz nouvelles, pliant Dieu,
Monsieur de Fourquevauls, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript au chasteau de Boulongne, le vingt
neufme janvier2.
Cateri.ne.
1 Voici ce que nous lisons dans un mémoire remis le
38 janvier à M. de Seurre envoyé auprès de S. MJ'Em-
pereur : "Et pour ce que Sa Majesté estime que
S. M. impériale et l'Impératrice s'enquerront inconti-
nent de la disposition de la royne, le chevalier de Senrre
leur dira que, depuis la médecyne qu'elle a prise, elle
se porte beaucoup mieux et sont apaisées ses douleurs et
>a liebvre forl amoindrie, si bien que les médecins ont
bonne espérance qu'elle sera bien tost entièrement gua-
rye, estimanl sa maladie avoir esté cause du grand
travail el fascheux temps qu'elle a eu par les chemins,
lant en venant en ce royaume que aussy depuis son
arrivée; que la rigueur du froid y a esté la plus grande
qu'elle se soit vue de longues années.» (Copie, Bibl.
nat., fonds français, n° t583a, p. 17».)
5 Au dos : itLa Royne à M. le duc de Florence. 1
1571. — 2 février.
Imprime ilans la Corirspontltincr ihjitnmatique île h Mathe-Finelon,
l. VII, p. 70.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON'.
Monsieur de la Mothe Fénelon, après avoir
entièrement dépesché ce porteur, je l'ai ren-
voyé quérir pour lui bailler ceste lettre, la-
quelle n'est que pour vous faire entendre ce
que je n'ai voulleu fier ni à secrétaire, ni à
personne que à moy-mesme, et de ma main
vous l'escrire, m'aseurant que vous conduiras
ce faict si secrètement et deslrement qu'il ne
nous apportera nul inconvénient, comme je
craindre is, si la royne d'Angleterre pensoit
eslre desdaiguée ou méprisée, et que relia
feust cause de nous mettre en quelque guerre
ouverte, ou qu'elle nous la fist soubs main,
comme elle a faict jusques icy.
Et pour venir au poinct, c'est que mon fils
m'a faicl dire par le Roy qu'il ne la veut
jamais espouser, quand bien mesme elle le
voudrait, d'autant qu'il a toujours si mal ouï
parler de son honneur et en a veu des lettres
1 Voici ce que La Molhe-Fénelon avait écrit à Cathe-
rine le 3i janvier 1571 : «Madame, estant en un feslin
où j'ay esté convié pour arcompaigner la royne d'Angle-
terre, le xxm°" de ce mois, elle a prins plaisir d^ deviser
l'après disnée fort longtemps avecques moy ; et, entre
autlres choses, elle m'a dict qu'elle estoil résolue de se
marier, non tant pour s'est sçavoir passer (car elle en
avoit faict assez de preuve), comme pour satisfaire à ses
suhjecls et aussi pour obvier par l'authorilé d'un inary.
ou par la naysance de quelque liguée, s'il plaisoit à
Dieu luv en donner, aux entreprises qu'elle sentoit bien
qu'on fesoil contreelle et sur son Estât, si elle devenoil
si vieille qu'il n'y eust plus lieu de prendre parly, ni
espérance qu'elle deubtavoir d'enfans. 11 est viay qu'elle
craignoit grandement de n'eslre bien aymée de celluj
qui la vouldroit espouser, que luv seroit un second in-
convénient plus dur que le premier; car elle en mourroit
plus tost, et que pourtant elle y vouloit bien regarder. 1
( tloirespondance diplomatique de La Mothe-Fénelou , t. II] .
p. i54.)
LETTRES DE CATHERIiNE DE MÉDIGIS.
1t
escriptes de tous les ambassadeurs, qui y
ont esté, qu'il penserait estre déshonoré et
perdre toute la réputation qu'il pense avoir
acquise '.
Et pensant toujours le vaincre par raison ,
je vous en ay escript tousjours de mesme train
jusques à la présente que je me suis délibéré
de faire, afin qu'allant les choses plus avant,
elle n'eust plus d'occasion de nous vouloir du
mal, et se ressentir de ce qu'elle auroit esté
refusée.
Et vous promets que, si elle dict à bon
escient de se vouloir marier, que j'ay grand
regret de l'opinion qu'il a ; et voudrais qu'il
m'eust cousté beaucoup de sang de mon corps
' Elisabeth avait favorablement accueilli l'ouverture
que lui avait l'aile La Mollie-Féuelon de son mariage
avec le duc d'Anjou : trMonsienr, avoit-elle répondu,
estoit de telle estime et de si excellente qualité qu'il
estoit digne de quelque grandeur qui l'ust au monde, et
qu'elle croyoit que ses pensées cstoient bien logées en
plus liaul lieu que en elle, qui estoit desjà vieille etqui,
sans la considération de la postérité, auroit honte do
parler de mary, et qu'elle estoit desja de celles dont
on voudrait bien espouser le royaume, mais non pas la
rovne, ainsy qu'il advenoit souvent entre les grands, qui
se maryoient la plus part sans se voir, et que ceulx de la
mayson de France avoient bien réputation d'estre bons
inarys à bien tort honorer leurs femmes , mais à ne guières
les aymer. Et suivyt assé longtemps ces propos avec
toutes les plus honnestes et favorables parolles, qui se
pourraient respondre à ung qui monstroit ne parler
aulcunement que de luy mesmes et sans aulcune charge.
Donc ne fault doubler, Madame, que ce qui en serait
maintenant miz en avant ne lus! roceu d'elle et embrassé
de tout son royaulme avec affection ; mais je ne puis
juger encore si elle accomplirait par après, car souvent
elle a promis à ses Estais de se maryer et puis elle a
trouvé moyen d'en prolonger et interrompre les propos.
N'.mtmoins, de tant qu'on imputera à une très grande
laulte à la France d'avoir laissé eschapper ung si grand
party, comme est cestuy-cy, qui semble se présenter à
Monseigneur, je désirerois que vous l'eussiez déjà dis-
posé à le vouloir.» (Correspondance diplomatique de La
Mothe-Fénelon , t. III. p. 419.)
que je la lui eusse peu oster ; mais je ne le
puis gaigner en ceci, encores qu'il me soi!
obéissant.
Or, Monsieur de la Molhe, vous estes sur le
poinct de perdre un tel royaume et grandeur
pour mes enfans dont j'ay un 1res grand re-
gret. Voyez s'il y auroit quelque autre moyen,
comme je vous avois mandé aultrefois, qu'elle
voulleust adopter quelqu'une de ses parantes
pour fille, et la déclarer son héritière et que
mon fils l'espousast; ou une chose que je
trouve aussy mal aisée et plus, qu'elle voul-
leust mon fils d'Alençon; car, de luy, il le
désire, et il a seize ans passés; et d'aultanl
qu'il est petit de son âge, je fais encore plus
de difficulté qu'elle le veuille ; car, s'il estoil
de grande venue, comme sont ses frères, j'en
espérerois quelque chose, car il a l'entende-
ment, le \isage et la façon assez de plus d'âge
qu'il n'a ; et n'y a à dire quant à l'âge que de
trois ans de son frère à luy.
Je ne vous mande cessy pour espérance que
j'aye, mais c'est pour faire voir par quel
moyen nous pourrions avoir ce royaulme
entre les mains d'un de mes enfans, veu,
oultre leur grandeur, le bien et le grand ser-
vice pour le Roy et le royaume.
Je vous prie de bien considérer tout ce que
je vous en escripts et me mander ce que vous
en semble, et ce que j'en puis espérer, et me
I'escrire par une lettre qui ne soit baillée
qu'à moy seulle, et non devant personne; el
«l'assurant qu'avez la mesme volonté en ce
faict que j'ay, je ne vous en dirai davantage,
ni ne le vous recommanderai. Je finis, priant
Dieu, Monsieur de la Mothe, vous avoir en sa
saincte et digne guarde.
Boulogne, près de Paris, second de feb-
rier 1671.
(Iatrrine.
28
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICTS.
1571. — 8 février.
Orig. Bibl. nat. fonda français, n" 16093. f 21a.
\ MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Beiïievre, vous aurez veu par
la dernière dépesehe que vous a laid le Roy
monsieur mon filz comme il a trouvé bon que '.
ayant donné ordre aux affaires de Suysse si
dignement que vous ave/, faict el pris congé
de la plus par! des cantons, après leur avoir
faict une saige et prudente proposition de
remonslrance pour la conservation de la bonne
amitié que nous avons avec eux, vous vous
soiez acheminé pour venir par deçà, chose à
quoy il a esté d'autant plus conforme qu'il a
veu par la vostre du xxtxr du passé le peu
d'apparence qu'il y a d'aucunes pratiques
d'alliance ou levée qui se lacent en Suysse en
la laveur des Espagnols et ne pouviez, à ceste
occasion, plus saigement vous résouldre que
de continuer vostre chemin par deçà, pour
n'estre nécessaire voslre retour aux Ligues H
la craincle qu'il y eus! eu qu'il n'eusl esté
interprété à quelque intention aultre que de
la vérité, qui eusl peu altérer noz affaires, si
bien que vous vous pouvez asseurer que vous
serez le bien venu et veu de vostre maistre,
comme il en a juste occasion, l'ayant si bien
et si dignement servy, comme vous avez faict,
et sur ce je prie Dieu, Monsieur de Bellievre,
qu'il vous ayt en sa sainete garde.
Escript au chaste.au de Boullongne, le
vin' jour de lebvrier 1571.
Caterine.
Brulart.
1 Voir la lettre de Charles IX aux caillons pour leur
annoncer le départ de Bellievre; .Ile ajoute quelques
déHaih à celle de la IVine mère sur les pratiqués des
Espagnol", en Suisse. (Même vo'ume, p. •?,,*.)
1571. — 18 février.
Imprimé Hnnsla Correspondance diplomatique de ha Mbffo-FaWon ,
I. VII. p. i83.
\ MONSIEUR DE LA MOTHE-FENELOV
Monsieur de la Mothe-Fénelon, je vous ay
escript une lettre de ma main par Sabran, et
vous mandois que, voyant que mon fils ne
vouloit se marier, que vous essayiez de voir
si la royne d'Angleterre voudroit son frère
d'Alençon, ou lui bailler quelqu'une de ses
parentes. Or, despuis, j'ay ta,nt faict que mon-
dict (ils d'Anjou s'est condescendu à l'espouser.
si elle le veut, ce qu'il désire, à ceste heure,
infiniment. Ce que voyant, j'ai fait tempo-
user icy milord Boueaust1, encore qu'il ave
prias congé, affin qu'il vienne encore de nou-
veau parler au Boy mon fils et à moy, et,
qu'estant asseurés à présent de la vollonté de
mondict fils, nous lui en parlions en façon
que la royne sa maistresse, à son retour.
congnoisse qu'il ne tient plus à nous que.
si elle a envie de se marier, et espouser mon
fils, la chose s'effectue avec son honneur el le
nostre.
De quoy je vous ay bien voulleu advertir
par ce porteur que je retins jusqu'à présent,
pour l'espérance que j'avois de gaigner à la
lin mon fils, comme j'ay faict, et le vous a\
voulleu escrire de ma main pour estre très
nécessaire, si la chose se debvoit faire, qu'elle
se vit plus tost faicte el le mariage conclud que
sceu. Et, pour ceste occasion icy, nous faisoi^
toujours entendre à tous secrétaires el autres,
que je n'ay jamais peu gaigner mon fils à se
voulloir marier. Et parce que tout le monde
parle, je vous prie doresnavant, n'escrireplus
1 Thomas Sackville. lord Riirklmnt. Voir ses lettres
dans le Caleiular of StatO papcrs de i57i; il était arrivé
i Paris le ai février et eut son audience le •>:'>■
LETTRES DE CATHE
de ce propos par Lettre qui puis-e venir entre
aullre main que les miennes, et que personne
ne les aye ne voye que le Roy mon fils, son
frère et moy ; et aux autres lettres qui seront
des autres nouvelles et affaires, le secrétaire
les aye, comme avez acoulumè, mais qu'il
n'y aye jamais rien qui parle de ce mariage,
lequel désirons qu'il ne traîne point, mais
incontinent que le Milord sera de retour, que
vous laschiez de descouvrir ce qu'il aura dirt,
et sur cella la volloute' de la royne d'Angle- !
terre, et nous mandiez comment nous aurons
à nous y conduire, affin que bientost nous en
puissions avoir l'issue qu'en désirons ; et sur-
tout que les catholiques n'en prennent ambre,
mais gaignez-les de façon qu'ils le désirent, et
leur faictes cognoistre le bien et advantage que
ce leur sera.
J'ay entendu ce que m'aviez mandé1 parce
porteur qui me semble que c'est un bon
acheminement, et que j'espère conduire le !
reste de façon que la fin en sera heureuse cl
comme la désirons, ce que attendant, je prie
Dieu, Monsieur de la Ylothe, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
De Paris, ce xvne jour de febvrier 1071.
(Jaterine.
1 57 1 . — 19. février.
Copie. Bibl. nat. fonds français . n° 1075a . f° 100Û.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, j'ay voullu que
vostre secrétaire ait attendu que j'eusse veu
la foire Saint Germain avant qu'il vous fust
dépéché, afin qu'il peust estre porteur de ce
que j'envoye présentement par luy à mes pe-
1 Voir les dépêches de La Mothe-Fénclun des 6 et
12 février. (Coir.:ipnndanre diplomatique, t. III, p. liô^
et suiv.)
R1NE DE MÉDIG1S. 29
lites-filles, que je vous prie leur présenter et
bailler en les visitant de ma part et continuer
à nie donner souvent advis de leur bonne dis-
position, comme vous avez très bien faict jus-
ques à présent, et mesmes aussi de la façon
dont continuera à se gouverner envers elles la
Rouie Catholicque leur belle -mère. Vous
saurez comme la rovne ma tille se porte
maintenant très bien, ne luy restant do sa
maladie, sinon qu'elle est foible. et fault que
le temps la remette sus et fortifie, comme j'es-
père qu'elle sera bien tost avecques l'ayde de
Dieu. Vous pouvez penser. Monsieur de For-
quevauls, si je loue Dieu et suis aise de sa
convalescence, ayant receu autant d'ennuv el
de fâcherie pendant son grand mal. qu'il se
peut dire, ce que vous tesmoignerez par delà
par tout où il sera besoing,\ous conjouissant,
de ma part, avecques le Roy Catholique, la
royne sa femme, et les princes de Bohesnie :
de sadicte convalescence. Il ne me reste au-
cune chose à vous escripre par la présente.
oultre ce que vous mande le Rov monsieur
mon fils, ny pour response à la despèsche
que nous a apportée le sieur de Malicorne d<
rostre part; car sur ce qui concerne le ma-
riage de Portugal et toutes autres choses re-
gardant le service du Roy mondial sieur el
filz, vous aurez sceu l'inlention par le secré-
taire de L'Aubespine; au moven de quoy je
linirav, en priant Dieu. .Monsieur de Forque-
vaulz, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript au chasteau de Boulogne, le vint
deuxiesme février i!ï'-i -.
Gatbrinb.
1 Les fils de l'empereur Maximilien alors en K^-
pagne.
2 Voir la lettre de Fourquevanx où il entretient la
Reine de la mission de M. de Malicorne. (Ibiit., p. 976.)
30
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1 57 1. — a3 février.
Orifj. Bihl. nal. fonds français, n° 8178, i' 9o3.
A MONSIEUR DE HUMIÈRES.
CHEVALIER DE L'ORDRE Dl; ROY MONSIEUR MOV FILZ
ET COLVERNECR DE PERONNE.
Monsieur de Humières, ayant entendu qu'il
\ a en l'église de Peronne, ung nomme' Le
Heu, qui a la voix l'orl bonne et excellente
pour une taille el désirant grandement le re-
couvrer avec plusieurs aultres pour dresser
une chappelle de musique, je vous ay bien
voulu faire ce mol de lectre pour vous prier
de faire en sorte (pie vous le m'envoyies
iiicoutiment là par où je seray et affin qu'il
puisse venir bien tost et que la faillie d'argent
ne le relarde, je vous prie luy fournir ce qu'il
fauldra lant pour le monter que pour la des-
pence de son voiage et je vous feray rem-
bourser incontinent, et m'asseurant que vous
me ferez voulontiers ce plaisir, je ne vous
feray la présente plus longue, priant Dieu,
Monsieur de Humyières, vous tenir en sa
saincle garde.
Escript au chasteau de Boulongne, le
xxiir"""- jour de febvrier 1671.
Caterine.
Chvxtereau.
157 1. — 08 lévrier.
Copie. Iiil>l. nal. foixls françaù . d? 1076a, fniot2.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Fourquevauls, don Francès
d'Alava est si coustumier de nous donner oc-
casion de nous plaindre de luy au Ro\ Catho-
lique mon beau-fils son maistre que nous le
pouvons plus supporter1. Vous verrez parla
1 Charles l\ ajoute que don Francès dp Alava est
venu le trouver an logis de son frère de Lorraine on il
lettre que \ous escript le Roy monsieur mon
fil/, les propos qu'il nous a tenus, qui sont
pleins de telle indiscrétion qu'il n'esl possible
de les souffrir, m'accusant de tout le mal,
comme si je n'avois jamais rendu de tesmoi-
gnage audict Roy Catholique de l'amitié et
bonne volonté que je luy porte, desquels je
serais marrie qu'il n'eut meilleure connais-
sance que ces ministres font démonstration
de l'avoir. Si ledicl ambassadeur ne nous sa-
tisfait, nous avons autre cause de croire qu'il
a inventé ce qu'il nous a dit pour mesdire de
nous, ce que je vous prie bien faire entendre,
de ma part, au Roy Catholique et qu'il con-
sidère que l'indiscrétion d'un ministre ne peut
de rien servir à l'enlrelénement d'une bonne
paix et amitié', laquelle je meltray peine de
nourrir, tant que je vivray, ainsi que j'ay t'aie)
jusques à reste heure. Je prie Dieu, Monsieur
avail couché, à l'occasion d'une lettre injurieuse pour
lui et pour la reine qu'on avait interceptée el qu'il désa-
vouait, et qu'il lui a répondu que tout cela venait de per-
sonnes qui ont un extrême regret de l'amitié et bonne
intelligence qui est entre ces deux royaumes, et à la lin
de sa lettre il fait part à Fourquevaux de la réponse de
la Reine sa mère, présente à l'entretien.
rOn a cause de dire que j'aime le Roi Catholique,
car j'ai engardé que les huguenots allassent aux Pays-
Ras, d'où il est advenu que l'orage en est tombé sur ce
royaume ; en quoy l'on me pourrait reprocher avoir
préféré le bien du Roi Catholique à celui de mon fiis»,
à cela Alava ayant répondu : "Si les huguenots fussent
allés aux Pavs-Ras, ils eussent été chastiés, comme ils le
méritent et vous en seriez maintenant délivrés. — Alors,
repliqua-l-elle, c'est la cause pour laquelle le Roi 1110:1
lils el le Roi Catholique devraient se plaindre de moy .
car l'un et l'autre se sont très mal trouvés de ce que
j'ay fait, mais j'espère que Dieu un' fera la grâce de voir
quelque jour le Roi Catholique pour lui désigner ceulx
qui lui estoient mauvais ministres, lui desguisantla vérit.-
des choses dont il devoit avoir la plus grande assenranre.-
Sur cette dernière réplique de la reine, Alava répondit
fort insolemment, et c'est des propos qu'il a tenus que
se plaint la Reine, (lbid., p. 1009.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
31
de Fourqucvauls. qu'il vous ayt sous sa saincte
et digne garde.
Escript aux faubourgs S1 Honoré, ie der-
nier de février 1571.
Caterine.
1571. — a 8 lévrier.
Copie. Bibl. nat. fonds français, ri3 i6oai, f° t66.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Cordes, vous entendrez par la
lettre que vous escript le Roy monsieur mon
fils combien le faict de la traicte de cent cin-
quante gros muyds de sel marin qu'il a ac-
cordés aux s" du canton de Berne luy est
particulièrement recommandé et vous veulx
bien dire que vous ne sçauriez faire service
qui luy soit plus agréable que de faire mectre
à si bonne et deue exécution les lectres pa-
tentes qu'il leur en a faict expédier, [afin] qu'ils
ayent occasion de demeurer contens en cest
endroict selon que les bonnes démonstrations
de leur affection au service du Rov mondict
sieur et filz les méritent; en quoy me pro-
mectant que vous ensuivrez sa volunté, je ne
vous eu diray rien davantaige et prieray Dieu ,
Monsieur de Cordes, qu'il vous ayt en sa
saincte garde.
Escript au chasteau de Boulogne, le der-
nier jour de lévrier 1671.
Caterine.
Brul
1571. — Mars'.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" i5553, f° 59.
A MONSIEUR DE SAINT-GOUARD ».
Monsieur de S' Couard, j'ay receu les lettres
1 Au dos : Du . . . jour de mais 1571.
Pareille lellre, et dans les mêmes termes, l'ut adressée
au cardinal de Rambouillet. (Ibid., p. 58.)
J Jean de Vivonne, sr de Saint-Gouard, le grand-père
que vous m'avez escriptes et veu tout ce que
vous avez mandé au Roy monsieur mon filz
de ce qu'il s'est passé depuis que vous estes
par de là avec Noslre Saint Père1 pour l'élar-
gissement du conte de Gavasse et pour ce que
par la dépesche qu'il vous faict présentement
vous entendrez la résolution qu'il a prinse
avec le nonce et l'évesque de Salviati; comme
il veult que vous vous en reveniez, je ne vous
en manderay autre chose en la présente que
de vous asseurer qu'il a grand contentement et
satisfaction du debvoir que vous avez faict en
cest affaire, priant le Créateur \ous avoir eu
sa saincte et digne garde.
1571. — 3 mars.
Imprimé dans la Correxpotulanoe diplomatique tte la Mothe-Fenelon ,
t. VII. p. 189.
V MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Motbe Fénelon, j'ai veu
vostre petite lettre, et si vous avez receu la
dernière que je vous ai escripte, vous verrez
que les choses sont changées, et que mon li!<
désire infiniment espouser la royne d Angle-
terre et ne craint sinon qu'elle ne le veuille
non plus qu'à l'accoustumée, et qu'elle fasse
mine de se voulloir marier pour servir à ses
affaires; mais, quoiqu'il en soit, il faultessayer
par tous moyens de la conduire à le faire,
et pourluv donner occasion de dire iibrement
sa volonté, j'ai parlé au milord Boucaust2, le
jour devant qu'il partist, encore qu'il eusl
longtemps auparavant prins congé de nous en
cérémonie; et, de peur qu'il fust sceu il fis!
de la marquise de Rambouillet. Voir au sujet de sa
mission le volume que M. le vicomte de Brémond d'Ars
lui a consacré. (Paris, Pion, i884, p. aa5.)
1 PieV.
Lord Buckliurst. Voir sa lettre à la reine sa maîtresse
dans le Calendur of State yapers (1571), p. 4i3.
32 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
semblait d'aller voir les Tuilleries et moy
d'y estre allée me promener sans dessein, où
je feignis de l'entrevoir, el lui dis que j'eusse
eu regret qu'il s'en feust all(; sans que |>lus
,111 Ion;; je luy eusse explicqué l'amitié que le
Roy mon fils el moy avons pour la royne
sa mai tresse, veu qu'elle nous avoil laid
entendre par luy relie quelle nous vouloit, el
comment nous désirions, par lous moyens, de
ln\ correspondre, el l'assurer que, de nostre
part, nous travaillerons tousjours à la fortifier
davantage, quand l'occasion s'en présenterait.
Il me dicl qu'il pensoit que je voulluse luy
dire cella pour le mariage d'elle et de mon fils.
Je lui dis (pic si nous estions asseurés
qu'elle le voulions! el ne se moquasl comme
des aultres, que le Roy mon fils et moy le
désirerions el le voudrions avecque son hon-
ir, mais qu'elle gardasi, de son côté, le
nostre. affin qu'il ne nous en tournast une
moquerie.
Lors il commença à me dire qu'elle luy
avoil commandé de nous dire, si nous entrions
eu ce propos, qu'elle estoil résollùe de se ma-
rier, et hors de ce royaume, et à un prince
de mesme aisle; et que, n'estant L'honneur
d'une tille de rechercher les hommes, qu'elle
n'en pouvoit dire davantage; mais, quand
elle en seroil requise, comme son honneur le
veut, qu'elle respondroit et n'en sorti roil nulle
moquerie. Et après, me dict qu'il me voulloit
parler de luy mesme, qu'elle estoit contraincle
de se marier, el asseuroit qu'elle le voulloit,
que t<ui> les grands le luy conseilloient, que
mon lils n'estoit ni comme le ro\ de Suède,
ni le frère du roj de Dannemark, ny l'archi-
duc Charles, qui sont tous princes esloignés de
l'Angleterre et pauvres, eux et les leurs, mais
mon fils estoil vo\sin el appuyé d'un grand
roy; et «pie ce mariage, s'il se faisoit , seroit
bien utile pour les deux parties; et qu'il me
prioit que je lui disse ce que je voudrais sur
cella mander à sa maistresse.
Je luy disque je n'a vois à dire aultre chose,
de la part du Ro\ mon fils et moy, que ce que
je lui avois dict, que, ne se mocquant, et se
voullanl marier véritablement, que le Boy mon
fils el inox entrerions en ce propos, luy gar-
dant son honneur cl qu'elle aussi nous gar-
das! le nostre; qu'estant royne si grande, il
ne la fault pas rechercher comme une aultre
princesse, sans sçavoir sa volonté', veu mes-
mement que les aultres qui l'ont laid s'en
sont mal trouvés; mais que. la sçachant, nous
lui garderons ce qui est du à une fille, grande
royne comme elle est.
Il me demanda s'il en dirait aultant de la
part de mon fils, je lui dis que non, que c'es-
loil de la part du Roy el de moy, et qu'il pou-
voit bien l'assurer, de la part de mon fils, qu'il
la servirait toujours en ce qu'elle lui voudrait
commander.
Voilà tout ee qui s'est passé entre nous.
Et, le jour auparavant, Cavalranty ' m'avoil
baillé le portrait de ladicte dame pour le bail-
ler à mon fils, que le milord lui avoil baillé.
Despuis, le Secrétaire du cardinal de Chas-
tillon a eu la response, qui est que nous le
remercions et le prions de voulloit- tirer l'en-
tière résolution de celle royne, si elle seveull
marier ou non, et après nous venir trouver
pour en conférer ensemble, el prendre une
résolution comme nous y debvons procéder,
el l'avons laicl. affin qu'il s'en vienne icv.
1 Guido Cavalcanti était un 'l<- ces habiles diplomates
ilalieDS qui servaient également les deux cours de France
'■i d'Angleterre, "" neutre, comme le qualifiait Catherine
el que le duc d'Albe souvent utilisa. C'est lui qui attesta
que la conduite de la reine d'Angleterre avait toujours
été irréproclialile. et que sa réputation de chasteté était
reconnue par toute l'Angleterre. (Lettre de lord Buclt-
liursl à la reine d'Angleterre, Calendav »f Slate jnijins,
1071, p. 419.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
33
Et Téligny, qui nous a aussy pressé de lui
faire responce et avoir quelque chose plus
particulière pour luv mander, aÔin qu'il le
puisse dire à icelle royne, si elle luy demande :
— « Ouand je leur auray assuré de le vouiloir,
quelle seureté auriés qu'ils le veullent?» Je
luy ay dict et le Rov aussy, qu'il luv mande de
l'asseurcr que , si nous sommes asseurés de sa
vollonté, que lors elle cognoistra que nous
serions bien marris de nous mocquer d'une
telle princesse, et y fairons ce que debvons
pour lui conserver son honneur et réputation;
car, cella se faisant, nous le désirons conser-
ver comme le nostre propre.
(I nia dict : ^Mais Monsieur y est si con-
traire, n — Je lui ay respondu que non; mais
qu'il y en avoit tant qui ne désiroient ce ma-
riage que, s'il faisoit autrement, ils essaye-
i-oient par tous movens de l'empescher; et,
en pensant qu'il ne le veut, ils se mocquent de
ce que l'on en dict.
Je vous av voulleu advertir de tout, aflin
que. parlant à cette rovne, vous suivies le
mesme propos, et que, nous advertissant par
lettre expresse, qui ne soit baillée qu'à mov.
de tout comme les choses iront après qu'elle
aura entendu tout cessy, et nous mandiés ce
qu'il vous semble que nous devions faire, et
comment il nous failli conduire.
Cavalcanti a grand envie que toute la
négotiation luy tombe entre les mains tout
seul. Je luy en ai donné espérance, car je n'ay
voulleu malcontenter personne, de peur que,
se voyant méprisé, il eust moyen de nous \
nuire. Vous parlerez à luy, et luy direz le con-
tentement que nous avons de luy, et que, si
cecy va en avant et sans longueur, nous ne
serons pas mescognoissans.
Ce porteur vous dira comment j'ay parlé au
secrétaire, et les propos qu'il m'a tenus; et
m'en remettant sur luy, je l'eray fin à la pré-
CaTHERINE DE MÉD1CES. IV.
! sente, priant Dieu, Monsieur de la Mothe.
vous avoir en sa saincte et digne garde.
De Paris, ce n"" jour de mars.
Catkrine.
1371. — 10 mars.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i5553. f° 5u.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE GRAND MAISTRE
ET AU COKSEIL DE MALTE.
Messieurs, j'ay en telle singulière et spé-
cialle recommandation ce qui touche et appar-
tient au chevallier de Seurre, conseiller au
conseil privé du Roy monsieur mon filz, pour
ses continuels, bons, agréables et recomman-
dables services et mesmes estant maintenant,
comme il est, en ung voyage qui luy a esté
ordonné auprès de l'Empereur, qui lait que
j'ay bien voulu accompaigner de la présente
celle que le Roy monsieur mon filz vous escript
en sa faveur touchant le prieuré de Cham-
paigne à présent vacquant par le trespas de
frère Jehan Audelert, aflin de l'en pourveoir
et grattiffier, ce dont je vous prie, de ma part,
aultant affectueusement que je puis et vous
ferez chose qui me sera tant agréable que, si
jamais vous m'employiez en quelque endroit
que ce soyt pour vous et vostre ordre tant en
général qu'en particulier, je vous ferav tous-
jours congnoistre par effect la bonne souve-
nance que je vouldray avoyr du bien qu'aura
reçu de vous le chevalier de Seurre, lequel
encores une foys, je vous recommande en
priant Dieu, Messieurs, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escript au faulxbourg Saint-Honoré-les-
faris, le \e jour de mars 1671 '.
1 Pareille lettre, et dans les mêmes termes, lut écrite
par Catherine au grand maître seul. (Même volume,
P- 49-)
lllPTUXECir
:;.'.
LETTRES DE '.AT
I .">" 1 . — i o mars.
Oriff.'Arcb. dis M.-diiis à Florence, dalla iilza hnZo ,
nuova numerazioue.
A MON COI SIM
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, ayant esté priée de la pari de
ma cousine la duchesse de Nevers] de vous
escripre en faveur du seigneur Ermôdio Ventu-
relli, chevalier de vostre ordre, e( estant infor-
mée tanl de la bonne vollunté et affection
qu'il a de vous faire service, que de ses verluz
el bonnes quallités; et desquelles estant bien
el suffisamment acompagné, il est pour se
bien acquiter des charges que l'on luy voul-
droit bailler, je vous ay bien voullu prier par
la présente de voulloir mettre en considéra-
tion sa valleur et bonne vollunté de vous eu
servir, selon que vous verrez qu'il mérite,
l'einploiant es choses dont vous cougnoistrez
qu'il sera digne; en quoy j'auray grand plai-
sir qu'il vous satisftace, en sorte que vous en
ayez contentement, priant Dieu, mon cousin,
vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xe jour de mars 1571.
Vostre bonne cousine,
Catemne.
1571. — 18 mars.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° io-j&o, I* 39.
A MON CODSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, j'é reseu vostre letre par cet
porteur el entendu par luy cet que lui avés
comendéme dire, et vous prielevoulouircroyre
de cet qu'il vous dire de ma part, et vousaseurer
que ce n'é faulte de bonne volante et d'envie
que le Roy mon fds n'ave de vous gratifier et
1 Henriette de Clèves.
HERINE DE MÉD1C1S.
W)UB fayre conestre combien yl vous ayme.
aystime el tyent pour cet que lui aystes el nté-
rilés; mes cet porteur vous dire cet qui aysl
ocasion que n'estes à présan satisfayst et, de
ma part, je sayré tousjours bien ayse quant
cet présanteré ocasion que par ayfect vous
puisiés conestre quel ayst ma bonne volante,
el que ne l'é heulemeut changée cornent, en
toutes ocasions, le conestrés et en cetpendaul
j je prie Dieu vous donner bonne sa nié.
De Bloys, cet wiii" de mars 1 5 7 1 .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 57 1 . — 18 mars.
Ytjt Bibl. nat. fonds français. n° îoaio. f" & 1 .
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine, je suis ynfiuiment marye de
cet que estes encore malade el voldrès bien
avoyr le moyen de vous rendre aussi saine que
vous désire et que cet que m'a dist cet porteur
vous eull peu rendre le contentement que dési-
rés. Yl vous dire cornent le tout a\st pasé el
vous prie croyre que ne tient à avoyr bonne
volante et aymer et stimer Monsieur de V-
mours; car le Roy lui fayré tousjour paroystre
en cet qui présenteré pour son contentement .
mes que ce souit chause qu'il puise san fayre
tort à ceulx qui le serve bien, contint pou-
les plus au long entendre par cedist porteur.
Yl m'a dist que Mousieur de Nemours s'ait v;i
en Savoye, et que vous nous viendré \ u\ r ysi,
de quoy j'é ayslé bien avse, et désire bien que
ce souit au plus tosl. Je ne vous veulx celer
que nous somes en quelques ayspérenses que
la royne ma fille souit grose. Si p'étoyt \ra\,
je serés trop heureuse; et, sachant cornent li
désirés, je vous l'é bien voleu mender, encore
que je vous prie n'en volouyr dire ri.en, de
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
35
peur que ceulx qui ne le de'sire comme nous,
ne s'en moquaset, s'il n'étoyt vray. Je finiré
ma l'être en cet bon endroyt et prire' Dieu
qu'il souil vray et qu'i vous douin ausy bonne
santé que la vous désire
Vostre bonne cousine.
De Bloys, ce xvme de mars 1671.
C.VTERINE.
1571. — ig mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3aa8, f° 6.
A M" LE PRÉSIDENT DE METZ '.
Monsieur le président, il est puis naguères
vacqué ung estât de maistre des requestes
ordinaire de l'hoslel par le dérez du feu sieur
de Villemain. en laquelle vaccation l'on a bien
eu souvenance de la promesse qui vous a cy-
devant esté faicle du premier qui viendroit ;'i
vacquer. Toutelïoys la nécessité des affaires du
Roy monsieur mon tîlz s'est trouvée si grande
et avoir un tel besoing de faire son proffict de
ses parlies casuelles pour en employer les
deniers au paiement des reistres, qu'il n'y a
eu lieu de vous pouvoir à ce coup faire sentir
l'effect de nostre promesse; mais pour cela
vous ne devez penser que le Roy monsieur mon
tilz n'ayt bonne volunté de l'exécuter, comme
vous le cognoistrez par ey-après; et sur ce je
prie Dieu, Monsieur le président, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
Escript au faulxbourg Saint-Honoré. ce
\ixejour de mars 1671.
c uterine.
Brulart.
1 Viart, conseiller du roi.
157 1. — 37 mars.
Orig. Arch. du palais de justice de Rouen .
regislres secrets du Parlement de Normandie.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT \ ROUEN.
Messieurs, ce a esté très bien faict à vous
tenir la main à faire continuer et parachever
les informations contre ceulx qui sont autheurs
et coulpables de l'esmotion qui est advenue
: aux portes de la ville de Rouen1 et, si vous
désirez faire chose agréable au Roy monsieur
mon filz. vous ferez descouvrir la vérité' du
faict sans déguisement, afin que ceulx qui
1 sont vrayment causes du mal en portent la
peine, ne voullant pas le Roy mon die t sieur
et filz que ce faict demeure sans pugnitioii
pour la conséquence pernicieuse qu'il frayne
après soy, demourant ceulx des autres villes
de ce royaume en la licence ou craincte de
commectre chose semblable selon ce qu'ilz
verront que Ton en fera démonstration, et
m'asseurant que vous y ferez, comme vous
voiez qu'il est nécessaire pour le bien et ser-
vice du Roy mondit sieur et filz et repos de
son royaume, je ne vous en diray daventage,
priant Dieu, Messieurs, qu'il vous ait en sa
saincte et digne garde.
Escript à Saint-Denys- en -France, ce
xxvne jour de mars 1571.
t'.ATERINE.
PlNART.
1571. — 3 avril.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de la Mothe-Féuelon .
t. Vil, p. 199.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, sur le pro-
' Voir Culeiulur of State papers (1571), p. hs3; Mr-
5.
36
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIOIS.
pos que je tins dernièrement à milord Bou-
eaust \ du mariage de la royne d'Angleterre et
de mon fds le due d'Anjou, elle nous a l'ail
l'aire responce par son ambassadeur icy rési-
dant2, d'en avoir reçu contentement, et qu'elle
trouvoit en mondict fds toutes choses conve-
nables pour l'effectuer, et que, si elle pensoit
qu'il y eusl aulcune juste occasion qui y peust
porter empeschement, qu'elle ne voudrait que
l'on en traictasl , de peur de diminuer en quel-
que chose la bonne intelligence et amitié qui
est entre nous et elle; et partant, si mondict
fils vouloit mettre entre les mains de son
ambassadeur ici résident les conditions qu'il
désire pour y parvenir, qu'elle lui en l'airoit
responce; mais qu'elle trouverait beaucoup
meilleur que le Roy envoyast quelque personne
de qualité devers elle pour négotier ceste
affaire.
Sur quoy nous a semblé plus expédient de
dépescher le sr Cavalcanti , comme personne
de qualité, devers elle, neutre et confident de
ladicte dame, et ayant bon accès et intelligence
avec des principaux de delà, avec les lettres
moires de V estât de la France sous Charles IX, t. I,
p. 5 1 ; voir Floquet, Histoire du Parlement de Normandie,
t. III, p. 87 et suiv.
1 Lord Buçkhurst.
2 Walsingham.
Dans une dépêche du a avril à lord Burgliley, Walsin-
gham rend compte de la conversation qu'il a eue avec
Catherine: «J'ai répondu, dit-il, à la Reine mère que la
reine ma maîtresse regardait que l'offre de Monsieur
élait un effet de sa honne volonté, et de celle du Roi;
considérant surtout que, le Roi étant marié, on ne pou-
voit lui offrir rien déplus grand, et qu'ainsi Sa Majesté
acceptait l'offre avec beaucoup de reconnaissance, et que,
si elle découvrait quelque raison apparente qui l'oblige à
changer d'avis, elle s'en expliquerait avec le Roi à co;ur
ouvert, mais sous la réserve d'abord de se convenir et
de certaines conditions sur lesquelles il faudrait préa-
lablement s'entendre.» (Lettres de Walsingham, Amster-
dam, in-6°, 1700, p. 75.)
et mémoires dont vous trouverez les copies cy
encloses, l'ayant chargé expressément de vous
rapporter lesdictes lettres et proposer, de
bouche, le contenu ezdicts mémoires que ne
luy avons voulu bailler tout à propos signés,
affin que, si ce négoce ne prenoit l'issue que
nous désirons, il n'en demeure rien par escript
devers ladicte dame. Comme il ne fera rien
que par vostre conseil, je vous prie de luy
donner les adresses et les moyens que vous
juger es nécessaires.
Il nous a aussy promis de nous apporter
lettres d'elle, et responce auxdiets mémoires,
ensemble les demandes qu'elle voudrait faire
de son costé pour effectuer ce négoce, aflin
que celluy que nous y envoyerons du conseil
du Roy, après le retour dudicl Gavalcanii,
pour avecque vous traiter de cest affaire,
puisse estre mieux instruiclde nos intentions
et plus esclerci de celles de ladicte dame. Sur
quoy il sera bon que vous l'alliez trouver pour
lui dire que le Roy, mon fils d'Anjou et moy,
avons eu fort agréable ladicte responce que
son ambassadeur nous a faicte, et désirons
en ce négoce deux choses : l'une qu'il passe
fort secrettement, tant pour la dignité des
deux costés que pour obvier aux empesche-
mens que plusieurs, tant de dedans que de-
hors nos royaulmes, y voudraient donner;
l'autre, d'en avoir prompte résollution et ex-
pédition pour ne demeurer longuement en
suspens, et pour éviter les inconvéniens que
la longueur y pourrait apporter. Je vous re-
commande cest affaire ; el sur ce je prie Dieu .
Monsieur de la Molhe-Fénelon, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Paris, ce 111e jour d'apvril 1571.
Catbrine.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1571. — 6 avril.
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K i5lo, n° 49.
A. M" MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils,s'an retournant le conte
d'Olivaies ', n'é voleu fallir de remersier Vostre
Majesté de l'honneste \isite que par lui nous
ha fayst fayre et des bons el ainyable propos
que, de sa part, nous ha tins, deuquel n'an
attendions moins, ni ne doutons de sa bonne
volante ver nous, laquele vous prions nous
volouir contineuer et croyre que lui sera, de
nostrecouté,telement correspondue que Vostre
Majesté' conoystre que ne la porte hà personne
que lui ensouityngrate,nedésirent plus granl
plésirque de avoyr quelque moyen, et cet pré-
sente aucasion queparayfeet le puisiés myeulx
conoystre que ne le puis par la présante fayr
entendre hà Vostre Majesté, lui prient, enn
atendent cju'i s'offre quelque aucasion, na-
jousterfoys àceulx qui, pour empêcher nostre
amitié, lui pourroynt mender au 1er dire9
chause que, parvostre bonté et bon jeugement,
ayle peult bien conoystre n'estre ni vray ni
assurense de vérité, s'aseurent Vostre Majesté
qu'il ni a neul , tent proche luy soyt-ayle3, que
désire davantage son contentement, la conser-
vation de sa grandeur et lui fayre servise aynsin
que plus au long en prie le comte d'Olivares
de dire à Vostre Majesté que fayst,
Vostre bonne mère et sœur.
De Paris, c t iv6""0 jour d'avril 1671.
Caterine.
1 Le comte Olivarès, envoyé par Philippe II pour
complimenter Charles IX à l'occasion de son mariage ,
était arrivé à Paris le 1" mars. (Lettre de Walsingham
à lord Burghley, Calendar of State papers, 1 b-j 1 , p. '1 là.)
2 Au fer dire, ou faire dire.
3 Soyt-ayle, soit-elle.
1571. — 5 avril.
Orig. Arcb. des Médicis à Florence, dalla filza 6726 .
nuova nuiueraziooe , p. 3i3.
A. MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, suivant ce que vous m'avez
faict dire par vostre ambassadeur, que vous
auriez agréable que j'emoyasse par devers
vous quelque personnage, qui fust entendu
en la jurisprudence, pour conférer avec vous
des droicts de la succession de la maison de
Médicis , et désirant vous satisfaire, j'ay
faict elleetion du sieur de Bruet, conseiller du
Rov monsieur mon lilz en sa court de parle-
ment de Pariset maistredes requeslesordinain-
de mon hostel, pour aller bien instruict par
devers vous pour cest effect, estimant que,
pour sa suffisance et ses bonnes qualités que
sont en luy et pour eslre bien asseurée qu'il
sçaura bien suivre la bonne volonté et affec-
tion que j'ay tant envers vous que au bien et
accroissement de vostre maison, vous l'auriez
pour agréable, et qu'il sera pour s'acquicter
de ceste charge en sorte que nous en demeu-
rerons tous deux contents et satisfaits, ayant
bien voulu néanmoins faire surseoyr son par-
lement jusques à ce que je vous en eusse
donné advis, et que vous m'ayez mandé là-
dessus de vos nouvelles. Et pour ce que vostre-
dict ambassadeur1 m'avoyt faict entendre que
vous estimez qu'il eust esté bien à propoz
que j'eusse nommé deux ou troys personnages,
pour après choisir celuy des trois qui serin I
à propoz et convenable pour ceste charge, je
luy ay dict la cause qui m'en a gardée et prié
le vous faire entendre, affin que vous cong-
noissiez tousjours comme en toutes choses je
veulx procéder avec vous en toute la sincé-
rité, bonne volonté et affection qu'il convient
Petrucci.
.38
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
à la bonne amitié, qui est entre nous, priant
Dieu, mon cousin, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, ce v'"c jour de avril i5-i.
Vostre bonne cousine,
GaTERINE.
1371.
(i avril.
Orig. Arch. du palais de justice de Rouen .
registres secrets du Parlement de Normandie.
V MESSIEURS LES GENS
TENANSLA COURT DE PARLEMENT
m BOÏ MONSIEUR MON FM.Z À ROI IV
Messieurs, \ous verrez amplement par les
lettres que le Roy monsieur mon fils vous
escript le contentement et satisfaction qu'il a,
comme aussi ay-je, delà diligence et dextérité
dont vous avez use à la prinse d'aucuns des
coulpables de la première esmotion advenue
en la ville de Rouen et du bon ordre qu'avez
donne' qu'il ne soit advenu plus grand incon-
vénient à la seconde, de laquelle aussi nous
avons eu grand regret, qui me gardera de
vous en faire redicte, sinon pour vous prier de
tousiours tenir la main à ce que lesdicts coul-
pables soient exemplairement chastiez et que
l'intention du Roy mondict sieur et filz* soit
en cest endroict exécute'e, laquelle aussi en-
lendrez assez des commissaires qu'il a pour
cest efïect depputez ; sur quoy me remectaut,
je prie Dieu, Messieurs, vous avoir en sa
sainte et digne garde.
Escript à Paris, ce vi" jour d'avril 1071.
Caterine.
PlNART.
1571.— 8 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° ,075a, f° 1059.
A MONSIEUR DE FOIRQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, je ne sçaurois
rien ajouter a ce que vous escript le Rov
monsieur mon fils1, attendant que l'on vous
renvoyé Lasalle, par lequel l'on \ous escrira
plus particulièrement pour responce à celles
qu il nous a apportées de vostre part. J'escrips
un pelil mot à Donna Marie Chacun par le
comte d'Olivarez, la priant d'avoir en toute
recommandation mes petites-fiiles. \ous l'en
prierez encore de ma part ; car, encores que je
sois assure'e qu'elle en a tout le soing que l'on
sçauroit désirer et qu'elle -y faict tout bon de-
voir, toulesf'ois comme estant si affectionnée
pour l'amitié' que je portois à la royne leur
mère, je ne me puis garder de les luv recom-
mander, désirant aussi qu'elle m'escrive quel-
quefois de leur disposition et santé, de la-
quelle il me semble que je seray faicte plus
certaine, quand j'en auray asseurance par
elle. J'estime que ledict comte s'en retournera
plus content; aussi en a-(-il loute occasion,
comme le Roy. monsieur mon fils le vous es-
cript. Priant Dieu , Monsieur de Forquevauls,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le buictiesme jour d'apvril
1571.
Caterine.
157 I. — 1a avril.
Orig. Arch. nat. eollecl. Simancas, K 1 ."> , 9 . pièce 60.
V M» MON FILS LE ROY CATOUQUE.
Très bault et très puissant prince, nostre
très cher el très amé bon filz, salut : la re-
commandation qui vous a esté faicte en faveur
de Paul Camille Dadde et de ses frères gentils-
hommes milanoys vos subgets, avecques la
valleur et vertu dont ilz sont douez, nous in-
citte d'accompaigner la prière que le Rov
1 La lettre du Roi qui précède celle-ci relate l'entre-
tien qu'il a eu avec Olivarès et Fiancés de Alava venus
se plaindre d'actes de piraterie.
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS. 3S
QOstre dès cher sieur et fils vous faict présen-
tement pour eulx, en vous suppliant et requé-
rant, autant que faire pouvons , d'eslre contant ,
pour l'amour de nous, degratiffier en cest en-
droict les sieurs Daddede la requeste qui nous
est l'aide pour eulx et en cella les préférer à
tous autres, vous asseurant que vous ferez pour
gehtiizhommes qui le mérittent, et desquels
\ous retirerez service selon le» occasions et
charges èsquelles vous serez pour les em-
ployer, de manière que vous n'en recevrez
que contentement et satisfaction et nous ferez
davantaige plaisir irès agréable, quand nous
cognoistrons qu'ilz aurontreceu ce bienffaict
de vous à nostre requeste, ainsi que vous
dist de la part du Roy nostredict sieur et
filz et de la mienne le s1 de Forquevaulx, che-
valier de son ordre, conseiller en son conseil
privé et son ambassadeur résidant près de
vous, sur lequel nous remectous le surplus,
vous priant de le croire de ce qu'il vous dira
de nostre part comme de uous-mesme, priant
Dieu, très hault, très excellent et très puissant
prince, nostre très cher et très amé filz, vous
avoir en sa très saincte et digne garde.
Esciipt à Paris, le xu"" jour d'avril 1071.
Caterine.
157 1. — i3 avril.
Copie. Bibi. oal. fonds français. nù 10752 . f° 1098.
V MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, vous sçaurez
d'Âlmède qui nous a meu de le dépescher et
le vous envoyer. Le mémoire aussi que le Roy
monsieur mou fils et mov vous envoyons vous
en esclaircira plus particulièrement. Ainsi il
ne me reste maintenant qu'à \ous prier vous
servir dùdict Almède et des moyens qu'il a,
avec la dextérité dout vous avez toujours usé
et sur tout que nous ayons advis et response
sur le contenu audict mémoire, \osliv homme
Lasalle le suivra de bien prez, par lequel l'on
faira response particulièrement sur tout ce
que vous nous avez mandé par vos deux der-
nières, et mesme pour ce qui concerne vostre
congé que je désire pour vostre considération
particulière, mais non pour le service du Roy
mondict sieur et fils. Du reste je m'en remets
sur Almède, priant Dieu, Monsieur de For-
quevauls, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escripl à Paris, le treiziesme joui d'avril
1071.
Caterine.
Monsieur de Forquevauls, je vous recom-
mande une affaire en faveur du sr Dadde1,
pour lequel le Roy monsieur mon fils m'a
dit vous avoir escript à la requeste de mon
cousin le duc de Nevers.
1571
18 avril.
Orig. Arch. des Médicis à Florence, dalla citata tilza U-t'Sj
nuova numerazione.
A MON CODSIN
LE DLC DE FLORENCE.
Mio cugino, ho voluto far queslo niotlo
per dervi, corne avendo inviato qui il Papa
il \escovo Salviati, e sapendo chi vi è, io
non 1' ho voluto lasciar ritornare senza coinu-
nicaili quai cosa, la quale non avrei ardito
fanela dire per altra persona; assicurandoini
che ve la dira cosi fedelmeute, corne se ve
l'avessi detta io medesima; e per queslo
conoscerete quanto io desideri il vostro bene
e conservazione, ne vorrei che alcuno sapessi
nienle. ma lo ritenessi in voi solo, per servir-
vene et rimediarvi come conoscerete esser bi-
1 Voir la généalogie de la famille Adda , dans le Teatre
Eraldtco de Tetloni , Lodi, i843, l. II.
'.()
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sogno. Et rimetendomi a quelle che il signor
Satviati \i dira non faro la présente |>iu lunga,
pregandovi a credere quel che vi dira, corne
;i me medesima, che non desidero meno la
vostra conservazioue clic propria.
Fatta a Parigi, il di i8 d' aprile 1071.
\ nsira buona eugina,
CaTARINA.
157 1. — 20 avril.
Orip. Arrh. des Médicis à Florence , dalla cilate filza /1737.
nuova numerazione.
A MON COUSIH
LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, s'en allant le seigneur Au-
douyn de Thurin par de là, pour avoir justice
d'un procès qu'il a à l'encontre des Baillons,
pour raison d'une maison et ses dépendances
que lesdicts Baillons ont cv-devant vendue au
feu collonnel Jehan de Thurin son père, la-
quelle ledict Audouyn a este' contraint par
justice rendre à autres, ausquels lesdits Bail-
lons l'a voient, au desceu dudict l'eu collonnel,
auparavant vendue, je l'av bien voullu acom-
paigner de la présente, pour vous prier luy
impartir de vostre faveur en ce qu'il vous en
requerra pour la conservation de son bon
droict et mérite de sa cause, encores que je
soys bien asseurée que vous l'ayez assez pour
recommandé, quand ores je ne vous en eusse
escript, qui est l'endroict où je prie Dieu,
mon cousin, vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le x\me jour d'april 167».
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Voir sos dépèches dans la continuation des Annales
•If Raronmt, par le père Theiner, t. I".
157 1. — 3o avril.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 3aa8, f° 16.
A MONSIEUR \TART.
COK5BU.I.ER DU ROT MOSS1EVH SlOfl FILZ ET PRESIDENT À MET!.
Monsieur le président, pour répondre à
vostre lettre du niemede ce moys,je vous diraj
que, comme je sçay que l'intention du Roy
monsieur mon fils est de mettre à bon effel
la promesse qui vous a esté faicte du pre-
mier estât de maistre des requestes qui vieil-
lira cy-après à vacquer, j'y tiendray la main
pour ma part, sçairhant assez quels sont vos
mérites et services. Au demeurant, quant à ce
que vous me mandez des députez de ceulx
de la nouvelle prétendue religion, ils sont ve-
nus icy avec pareilles remonstrances ou peu
approchantes de celles qu'ils me feirent der-
nièrement à Villiers-Costrets; sur quoi le Roy
mondict sieur et lils leur a respondu par l'avis
de mon cousin le mareschal de Vieilleville
que l'on ne vouloit rien changer pour ri'
regard en lestât de la \ille de Melz. mais
que l'on leur permectoit bien de faire leur
exercice au lieu de Coucelles ; en quoy ils ne
seraient empeschés, qui est la meilleure pro-
vision que l'on ayt estimé leur pouvoir bailler
là dessus et tout ce que vous aurez de moi
par ce mot, en priant Dieu, Monsieur le pré-
sident, qu'il vous a\l en sa garde.
Escript à Saint-Léger, le dernier jour d'avril
1671.
Caterine.
Brlxart.
1571. — 2 mai.
Copie. Bibl. nal. fonds français. n° 10769 , p. 106&.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, j'ay receu vostre
lettre du vintiesme d'avril avec celle que vous
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
41
avez escripte au Roy monsieur mon fils, nous
advertisant comme le sr Don Francisco Lasso,
mayord'homme mayor de l'Imperatrix, qui
avoit accompaigné la Roy ne Catholique, s'en
retourne en Allemagne et qu'il passera par ce
royaume ; sur quoy et pour l'ordre que l'on a
donné de le l'aire recevoir, je m'en remectray
à ce que le Roy mondict sieur et fils vous en
escript plus particulièrement J et aussi de
bruicts ([ue l'on l'aict courir en Italie, afin
que, si vous en oyez parler par delà, que vous
leur laides entendre la ve'rité de l'intention et
volonté du Roy mondict sieur et fils, qui est
de vivre avec le Roy Catholique son bon
frère en bonne paix et amitié et les asseurer
que ce que l'on dict au contraire que c'est
chose qui est controuvée et du tout faulse.
Au demeurant, ayant sceu que la RoyneCatho-
lique est grosse, je vous prie de vous en aller
conjouir avec le Roy Catholique de ma part,
et luy faire entendre l'aise, plaisir et conten-
tement que ce m'a esté d'entendre ceste bonne
nouvelle, qui est tout ce que je vous escripray
pour le présent que de prier le Créateur, Mon-
sieur de Forquevauls, vous avoir en sasaincte
et digne garde.
Escript à Saiuct Ligier, le deuxiesme jour
de may 1671.
Caterine.
1 rrPour ce que j'ay eu advis de plusieurs endroicls,
écrivait Cbartes I\, que l'on faict courir le bruit en
Italie que je veux commencer la guerre au Roy Catho-
lique et que, sous ce prétexte, ses ministres font faire
levées de plusieurs compaignies tant de cheval que de
pied, avec amas d'armes, vivres et munitions, je vous ay
bien voulu adverlir que c'est chose faulsement controuvée
et à laquelle je n'ay point pensé.-' (Bibl. nat. , fonds
français, n° io35a, p. 1062.)
1571. — 4 mai.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n°39oa, P1 i.
A MONSIEUR DE DANZAY.
Monsieur de Danzay, sur l'occurencedu re-
tour par de là des srs de la Gardie et Rieltre l,
ambassadeurs du roy de Suède monsieur mon
bon frère et cousin, présents porteurs, j'ay
advisé d'accompaigner la lettre que le Rov
monsieur mon filz vous escript2 de ceste-cv
pour vous tesmoigner le grand plaisir et
contentement que nous avons receu de la
négociation desdictz ambassadeurs, lesquek,
I outre l'assurance que nous avons desjà de la
bonne affection que le roy de Suède leur
maistre porte à ceste couronne, nous ont con-
firmé le zelle qu'il a de demourer ferme en la
bonne grâce, amytié et intelligence qui est de
tout temps entre les roys de France et la
Suède; sur quoy ilz ont esté oys bien volun-
tiers et ont esté receus et Iraictez aussi
favorablement que le veult l'amitié et l'hon-
neur de celuyen la part duquel ilz sont venuz,
comme vous pourrez entendre d'eulx , et espère
que vous ferons bien tost plus avant entendre.
Cependant je prie Dieu, Monsieur de Danzay,
vous tenir en sa saincte et digne garde.
Caterine.
1571. — 7 mai.
\ut. Arch. des M&licis, ilalta citata filza tfjtio.
A MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, le chevalier de Seurre m'a faist
entendre qu'il a quelques afayres pour conte
1 Nicolas Biellre, gentilhomme de la maison du roi de
Suède.
2 Une lettre du Roi accompagne celle-ci , p. 1 et suiv. :
il accorde la liberté du commerce à tous les sujets du roi
de Suède.
Cathebi>e de Médicis.
1UPFIMEH1C n\r:ovu>
42 LETTRES DE GATH
d'un piïoré de Champagne que le Roy mon
filz lui lia donne' ver Nostre Sainct Père, et
pour se que je le conoys afectioné serviteur de
Dieu et du Roy, et qu'il a de lontemps ayslé
employé par le Roy monsigneur en beaucoups
de grent clierge, et que yl n'a eu le temps de
l'en récompanser, ni le Roy mon iilz, depuis
qu'é à présant, des servises qu'i leurs a laits
et fayst tou le' jour, yl désire que asheure,
que cete aucasion c'et présentay, que l'on ne
luy fase neul empeschement à son pryoré, et
que le Pappe le veulle favoriser le meynleneut,
et vous en é voleu escripre pour vous prier
que soyés cause enver Sa Saincteté qu'il aye
cet que le Roy mon filz et moy désirons,
ynsin que plus au long vostre embasadeur
vous enn escripre, et je repeuteré' cet bien
come à moy mesme, cornent je say ausi qu'en
favré de même le Roy mon filz, et ses deus
frères, et en cet que me voldrés employer, me
troveré preste à me revancher du plésir que
me fayré en sesi et, n'étent la présante hà
aultre fin, je feré fin, prient Dieu vous avoyr
eu sa saincle et digne guarde.
De Anesl2, cet vu" jour de may 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1571.
9 mai.
Imprima d.ins les .\cfiocitilions diplomtitiijues avec la Toscane,
1. 111, r 775.
AU COMMANDANT
FR\.\COIS PETRUCCT,
û
AMBASSIDEUR DE TOSCANE.
M. l'amhascialore, mando queslo portoredal
• Iran Duca, per 1' occasione cbe io vi dirô in
quesla di mia mano, che è per mettervi in
ronsidera/.ione quel cb' io ho pensato dipoi la
1 Je repeuteré, je répulerai.
1 Charles IX était à Anel le io mai 1071 . (Bilil. nat. ,
n° 3aa8, p. 3.)
ER1NE DE MEDICTS.
paitita del nosiro secrelario : cioè che li vostri
padroni conosebino cbe in questa occasione
di far un Papa, ajutando a esser il cardinal
di Fcrrara, che questo puô riunire insieme
tutti li Principi d'Ilalia, e nella nostra ami-
cizia; cbe penso che.quando solamente si riu-
nissin fra loro, che questo sarebbe un gran
bene per tutti, e per assicurar un riposo alla
Crislianila; ed,essendomi venula questa con-
siderazione,vel' ho volutoscrivere e piegarvi la
faciale sapere a' voslri padroni; ancora che io
ho dalo carica a queslo portore, che, in caso
cbe il Gran Duca non voglia esser contro il
cardinale di Feirara, ma aijurlarlo, afin che
altenga la promessa che il suo nipote in ha
falla, a suo nome, d' essere lor amico, che
se ne vadi il nosiro ambasciatore a Roma, ee
che ne tiri una promessa di mano del cardinal
di Feirara, innan zi chesia assicurato di quello
che averà promesso il Gran Duca, e che me
lamandi per conservarla; perché non lo voglio
ingannar in modo nessuno; e vi prego ad assi-
curarnelo da mia parte. Faro fine pregando
Dio avervi in sua guardia.
Cataiiinv.
1571. — 1 3 mai.
Orig. Arch. des Médirisà Florence, Clza '1730.
\ MOV COUSIN
EE GRVNDDIG DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu la lettre qui par
vostre ambassadeur m'a esté baillée et veu par
elle la bonne intention que avez au repos de
la cbrestienlé, qui est tout ce que nous dési-
rons, aussi que, pourestre si conforme en ceste
volonté, je veulx croire que Dieu nous assistera
avecques vostre ayde à faire un pape ' qui
sera pour son service et le repos de tout le
1 Pie V était mort le i"mai, et le i3 Grégoire XIII
était nommé après trois jours de conclave.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
43
inonde, ce qui nous sera nécessaire ; car jamais
je ne pense qu'il en feust plus de besoin, pour
estre toutes choses comme elles sont, que
d'avoir ung pontife homme de Dieu et de bien
et n'ayant esgard que à maintenir la paix et le
repos : car aullrement il ne pourrait conserver
ni son autorité, ni que nostre religion n'en
diminue, et m'asseurant de vostre saincte
intention, ne vous en diray davantage et me
remeetant à ce que le Roy a donné charge vous
faire entendre par son ambassadeur résidant à
Rome et aussi quelque chose que j'ay mandé
au vostre par son secrétaire, qui sera cause que
ferav lin, priant Dieu vous donner ce qui sera
bon pour son service et repos public.
De Chenonceaulx, ce xin* de may 1571.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
157 1. — 30 mai.
Copie. Bibl. nal. fonds français, u° 1075a , p. noû.
A MONSIEUR DE FOURQIEYAUX.
Monsieur de Forquevauls, j'ay receu les
lettres que vous m'avez escriples par vostre
homme, présent porteur, avec les tapisseries
de cuir d'Espaigne que vous m'avez envoyées
et vous remercie de la peine que vous en avez
prinse ; elles ont esté rendues à Paris au temps
que je n'y estois pas, qui a esté cause que je
ne les ay encores peu voir; mais, à ce que
j'en ay entendu et que l'on m'en a mandé,
elles sont fort belles et croy que vous y avez
usé du meilleur mesnage que vous avez peu,
tant pour le regard du pris que pour la voiture
jusques à Paris. J'ay faict bailler à ce porteur
la somme de trois cents douze livres pour les
m 11 Métiers qui ont porté ladicte tapisserie et
pour son voyage d'estre venu et retourné
deux cents livres, ne l'ayant voullu retenir
davantage et ne fauldray de vous envoyer le
surplus de ce que vous avez advancé pour le
payement et voiture de ladicte tapisserie par le
premier qui ira exprez par delà, comme vous
dira plus au long ce porteur, qui me gardera
de vous faire plus longue lettre, priant Dieu,
Monsieur de Forquevauls, vous avoir en sa
saincte et digne garde. »
Escript à Gaillon, le vintiesme may 1571.
Monsieur de Forquevauls, depuis la pré-
sente escriple j'ay baillé à ce porteur pour
sou voyage oultre les deux cens livres cy dessus
mentionnez cinquante livres davantage, qui
font ensemble deux cens cinquante livres.
1571. — ao mai.
Copie. Arch. nal. coliect. Simancas, K i5ai, u° 72.
INSTRICTION DE LA REINE MÈRE
A JÉRÔME DE GOND Y.
Puisque le Roy mon fils a voulu avertir le
roy son frère des impostures et menteries de
son ambassadeur ysi résident, j'ai bien voulu
charger Jeromiuo de Gondv de dire au Rov
Catholique ce qu'il me semble et sur ce que
son ambassadeur a pensé dire contre moi.
ce que j'estime estre plus contre lui et s'est
fait plus de tort, et à moy grand honneur,
puisque ces propos mettent en lumière, car l'on
cognoistra plus clèrement, en oyant parler de
leurs meschancetés, ma vie et ma conscience,
qui est le plus grand heur et honneur que je
puisse avoir et désirer en ce monde pour estre
l'une et l'aultre telles qu'elles sont et de faire
instance qu'il en lasse ce qui est requis à telles
méchancetés. Je penserais me faire tort à
commencer ce que je n'ai jamais l'ait, depuis
que pour l'envie que aulcun m'a portée et que
d'aulcuns ont eue de gouverner, l'on a inventé
toutes les calomnies qui me dussent oster du
6.
44
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
lieu que je tiens, niais Dieu qui est juste et
connoit la vérité m'a toujours conservée et
gardée et ayant laissé à lui seul la vengeance
aussi m'avoit vengée plus rigoureusement que
je n'eusse sceu ni voulu faire, et m'assurant
qu'il a encore la mesme protection de moy et
des miens, n'ayant encore changé ne de vie
ne de volonté, je ne veux aussi demander à
personne, ni prince ni aultre, raison du tort
que j'endure, m'assuranlqu'il m'en fera raison,
comme il a toujours fait, mais de ce qui louche
au Roy mon fils et à ses frères qui sont jeunes
et courageux je dis bien que pour entretenir
la bonne amitié qu'ils lui portent et leur faire
eounoistre celle qu'il leur porte de son costé,
que en faisant la démonstration que requiè-
rent ces méchantes impostures que cela forti-
fiera et augmentera toujours cette amitié, la-
quelle je ne doute point qu'elle ne soit
désagréable à tous les médians qui voudraient
par la ruine de ces deux couronnes s'aggran-
dir, chose que je désire plutosl mourir que
voir advenir; qui est cause qu'ayant l'honneur
d'estre mère de ces deux rois, je en parle
librement, comme celle qui mettra peine
d'apaiser toutes les choses qui pourraient
altérer cette bonne amitié et de la augmenter
par tous les moyens que Dieu m'a donnés et
que puisse penser; et l'un qui me semble le
plus propre c'est d'avoir d'un costé et d'autre
un ministre qui aye unemesme volonté et qui ne
soit corruptible, comme a été celui-ci qui au
commencement faisoitee qu'un homme de bien
devoit de bons offices et depuis, à la persuasion
et ambition d'aucuns, s'est laissé aller pour
nous cuider mectre mal tous les uns contre
les autres, qui est cause que ne le sçaurions
plus endurer en ce royaume et le prieray de
l'en oster incontinent. El au reste lui recom-
manderay les Infantes, encore que je sache
cela superflu pour estre de si bonne nature
qu'il est; mais l'amour que je porte à la
royne leur mère me les fait tent aimer que je
ne me puis garder de les recommender et à
luy et à la royne sa femme que visiterez, de
ma part, avec toutes les offres et honnestes
propos que vous pourrez adviser, comme aussi
la princesse de Portugal et princesse de Bo-
hesme.
Fail à Gailion, le xx° de may 1071.
Caterine.
1571. — ai mai.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Mothc-Fcnelon ,
t. VU, p. 316.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, vous avez
veu par mon aultre lettre comment l'ambassa-
deur d'Angleterre est venu parlerai! Roy mon
fils et à moy, et qu'il ne nous a rien dict
davantage que ce qu'il me dict à Saint-Clou,
ce qui me faict doubler que la royne d'Angle-
terre ne se veuille servir de ce bruict et qu'elle
nous laisse là quand elle aura faict ses affaires.
Pour ce, prenez-y garde et nous advertissez
de ce qu'il vous en semble et en pourrez sça -
voir ; car, encores que je vous aye escript par
l'ambassadeur, je vous y ai voulleu dépescher
ce courier, attendant que Sabran soit guéri,
pour vous advertir de cessy, et que nous avons
faict bonne mine à l'ambassadeur; et suivant
le conseil que nous avez donné de laisser
indécis ce qui concerne la religion pour entrer
au traicté des demandes de la royne d'Angle-
terre, nous luy avons dict que nous voyons
tant de raisons de tous les deux costés, de la
royne et de mon fils , que nous désirions de traic-
ter tous les aultres articles ' , et espérions que
' Voici les articles tels qu'ils furent reiuis aux mains
Dieu cependant envoyera quelque moyen pour
le faict de la religion, puisque c'est sa cause.
11 nous a dict qu'il le trouve, et s'asseuroit
que la royne sa maîtresse envoyeroit bientost
ses demandes et articles.
Encore que Pinart aye dépesche' ce courier,
il ne sçait pas ce que je vous mande ; pour ce,
ne m'en mandez rien que par homme exprès.
Voilà tout ce que je vous diray pour ceste
heure, car je vous envoyerai le surplus par
l'aultre, et je feray fin, priant Dieu, Monsieur
des conseillers d'Elisabeth par La Mothe-Fénelon el Ca-
valcantiv.
1 . Que le mariage se solemnisera sans user des céré-
monies qui ne sont conformes à la religion de Mon-
seigneur.
a. Que pour luy et pour ses domestiques il pourra
faire libre exercise de sadicte religion, sans toutesfois
altérer en aucune façon l'ordre sur icelle receu et
approuvé par la loy en Angleterre.
3. Que, incontinent le mariage faict, mondict sei-
gneur aye le litre de roy d'Angleterre, et gouverne et
administre iceluy conjoinclement avec la royne.
h. Que le lendemain, après le mariage consommé,
Monseigneur, comme mary de la royne, sera couronné
et receu des subjects comme roy.
5. Qu'il prendra soixante mille livres sterlins par an du
revenu du royaulme d'Angleterre, aflin qu'il se puisse
maintenir convenablement à la dignité et grandeur de
roy.
6. Les descendans de ce mariage succéderont es biens
paternels et maternels, conformément aux lois et cous-
tumes des royaulmes et pais où ils sont situés.
7. Et où ladicte royne précéderoit, laissant hoirs
procréés de ce mariage, mondict seigneur retiendra le
nom et titre, gouvernement et administration dudict
royaulme, pour et au proufit desdicls hoirs.
8. Et où il n'y aurait aucun descendant survivant à
ladicte dame, en ce cas mondict seigneur jouira, sa
vie durant, desdicts soixante mille litres sterlins, afin
qu'il puisse continuer sa première splendeur et gran-
deur.
Qu'entre le Roy Très Chrestien et ses enfans, les roys
d'Angleterre et leurs enfans, sera perpétuelle amitié et
fraternité, ligue et union. (Record office, State payera,
France, vol. XL1X. Copie du temps.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 45
de la Mothe-Fénelon, vous avoir en sasaincte
et digne garde.
De Gallion, ce xxive jour de inay 1671.
Caterine.
1571. — ai mai.
Orig. Archives deBerlîu.
A MON COUSIN
M" LE MARQUIS DE BRANDEBOLBG.
ÉLECTEUR DU SAINT-EMP1KE '.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz.
pour l'entière bonne volonté qu'il portoit à
feu mon cousin le marquis de Brandebourg
vostre père'2, laquelle il transporte en vous
son successeur, a voulu donner charge au sieur
de Schomberg de vous visiter de sa part pour
se condouloir avec vous de la mort intervenue
à feu mon cousin et se conjoir de vostre pro-
motion à la dignité électoralle, l'ayant prié
de vous faire semblable office de la mienne
et vous asseurer que j'enlreliendray tousjours
le Roy mondict sieur et filz en la bienveillance
et amitié que je sçay qu'il vous veult porter;
priant Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escript à Gaillon, le xxiui' jour de may
1671.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1571. — au mai.
Copie. Arch. nat. rollect. Simancas, K 1D71, n° 75.
A DON FBANCÈS DE ALAVA,
AUBASSADECB D'ESPAGNE. ,
Monsieur l'ambassadeur, j'ay receu vostre
1 Jean-Georges, né le 1 1 septembre i5a5, mort le
3 janvier i5û8. Il avait été marié trois fois.
2 Joachim II* du nom, né le 9 janvier i5o5, mort
le 3 janvier 1 571.
46
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
lettre touschant le laict des pirateries que vous
prétende/, avoir e>té commises sur les subjeclz
du Roy Calolicque mon beau-fils et veu ce
que vous en avez escript au Roy monsieur
mon fils, lequel vous y faict présentement si
particulière respouse, et par laquelle vous
cognoistrez de quelle affection il embrasse ce
faict icv, que, m'en remettant sur icelle, jene
vous en manderay aultre chose en la présente
que de vous asseurer que j'y tiendray la main
en tout ce qu'il nie sera possible; pliant le
Créateur, Monsieur l'ambassadeur, \ ous avoir
en sa saincte el digne garde.
Escript à Gaiilon, le xxmi' jour de may
1571.
Caterine.
1571. — ai mai.
Orig. Arch. des Médicis à Florence . dalla cilata filza £730 ,
nuova numerazione.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mio cugino, io ho recevuto la vostra lettera
per questo apportatore, et veduto quello che
avete incominciato di l'are col Papa, et la ris-
posta che vi ha l'atto. Mi pare, che sia ineglio
per ora et più a proposito di non parlar-
gliene più, conforme alla vostra opinione,
délia quale io sono, et me ne rimetto al vostro
buono giudizio; desiderando il Re mio fi-
gliuolo e il governar per vostro consiglio
e advertimenlo. Et quando vederele che sia a
proposito, avvertitecene, avanti che se ne
parli a lui, accio possiamo mandai" quai cosa
secondo il tempo et le occasioni, che allora
si potranno presentare, il quale noi stime-
remmo l'atto a noi proprij. Il vescovo Sal-
viati e qui, mandato da Sua Santità, che
ci è straordiuariamente caro, e per amor di
lui, e a sua persuasione, il Re mio Ggliuolo ha
acconsentilo che il Papa usi délia maniera,
che voi intenderete per lui, su la sicurezza
che ci ha dato, che il conte1 non riceverà
alcuna vergogna; il che vi prego a voler far
considerare al Papa, accio che alla fine non
segua cosa , che possa alterar Y amicizia e
buona intelligenza che è ira il Papa et Re mio
figliuolo, perche gli ha detto al vescovo, che
dona il suo cousenso uel modo di sopra pei
amor di lui, et per la sicurlà che ne ha dato,
che altrimenti non 1' avverabbe acconsenlilo,
ma assicura dovene noi cosi buou grado,
corne se 1' avessimo ottenuto da Sua Santità;
■ -
et abbiamo la volonta di riconoscervi in
tutto quello potremo, et che ci vorrete im-
piegare.
Io \i parlero d' un altra cosa, che è il l'atto
del conte di Gayazzo : che ci tocca tanto che
ne siamo in gran pena andandoci del nostro
honore e riputatione , e il Re mio figliuolo
m'a pregato che io ve ne serva, afin che lo
vogliate abbracciare, e operare col Papa che
ci facci conoscere che lui non vuole, a peti-
zione di quelli che non fanno che calumniar
le nostre azioni e odiare quelli che ci son
fedeli servitori, e che non dipendono da altri
che dal Re mio figliuolo, per ricevere un dis-
honore al detto conte, io, che alla fine tutto
riuscirà a suo honore e contento. E vi ab-
biamo voluto mandar questo per pregarvi che
dal canto vostro ci vogliate far conoscere, corne
desiderate vederci contenu in questo affare,
corne in tutti gli altri che saranno di nostro
servizio, et faro fine, pregando Dio vi guardi
et conservi.
Di Parigi, il di 26 Maggio 157t.
Vostra. buona cugina.
1 Le comte de Gaiasso.
Catarina.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
M
1571. — a5 mai.
fat. Bibl. nal. fonds fraDçais, n° 39a8, f° 16.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine, Neuehele vous dire de nos
novelles, qui cera cause que ne vous fayré
longue letre; car yl m'atendent cheu le Roy
mon fils, et vous dire' reniement que j*é aysté
bien ayse d'avoyr ceu des vostres et de vostre
mary que je désireroys plus saynpour l'amour
de luy et de vous, laquele je prie ne vous en
fâcher et voldroys que vous nous puisiez
encore voyr, avent que nous prinsion nostre
volaye1, car j'é bien peur à fayre, cornent
nous faysons, que nous soyons plus longs à
nostre voyage que ne pansoys. Je voldroys
que vous visiés la royne ma fille cornent ayl
est aprivoysaye aveques nous tous, et croyl et
embelit tou les jours et ayst fort sayne, qui
me fayst ayspérer qu'ele sera bien tost grose,
cet que je prie à Dieu et vous donner ce que
désirés, Je ne vous parle de vos afayres, car
Nochele vous dire toust.
De Gallon, cet xxveme de may 1 5y i .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1571. — 27 mai.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n* 1075a, f° 1109.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, vous entendrez
bien particulièrement l'intention du Roy
monsieur mon fils et la mienne sur tout ce
que vous nous avez escript, par le srGeronimo
Gondi'2, gentilhomme ordinaire de sa chambre,
1 Volaye, volée.
3 Voir dans le n° 10759 du fonds français ce qui
concerne la mission de Gondi, et plus haut p. 1x3.
que me gardera (m'en remectant sur luv et
pour vous dire les occasions pour lesquelles
il est dépesché par delà) de vous faire plus
longue lettre que de prier le Créateur.
Monsieur de Forquevauls, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Trie, le vint-septiesme jour de
may ï&ji.
Caterine.
1571. — 28 mai.
Orig. Art'it. des Médicis a Florence, dalla iilza £726.
nuova numerazione, p. 3ia.
A MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, ayant entendu parce que vous
m'avez mandé et faict dire que vous auriez
agréable que j'envovasse par devers vous
quelque personnaige expérimenté au faict de
la justice, qui vous peust desduire et faire
amplement entendre le droict que j'ay en la
succession universelle de tous et chacun des
biens de la maison de Médicys, et auquel
vous peussiez dire et faire entendre ce que
vous aurez à nous dire et remonsfier là
dessus, j'ay bien voullu à présent que je suis
demeurée d'accord avec ma seur la .duchesse
de Parme de l'usuffruict de tous et chacuns
des biens de la succession de ladicte maison
sciluez et assis tant au duché de Florence
que autres lieulx de la Toscane, et n'y ayant
plus aulcune chose qui me puisse empescher
de disposer desdicts biens à ma volonté,
envoyer par devers vous le sieur de Bruel
présent porteur, conseiller du Roy monsieur
mon fils en sa court de parlement de Paris
et maistre des requestes ordinaire de mon
hostel, tant pour prendre la possession et
jouissance de lonles et chascunes des terres,
seigneurves et autres biens qui m'appar-
tiennent à cause de ladicte succession, que
48
pour conférer avecques vous de mes droictz
en icelle, et le vous faire bien au long en-
tendre et rcmonstrer, et pareillement oyr et
entendre de vous tout ce que vous aurez à luy
dire là dessus, pour après m'en advertir. El
pour ce que la suffisance dudict de Bruet est
lelle et si bonne qu'il s'en sçaura bien ac-
quitter, je ne vous feray la présente plus
longue, que pour vous prier le croire de tout
ce qu'il vous dira de ma pari, comme vous
vouldricz faire moy-mesme, priant Dieu, mon
i-ousin , vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xxtiii' jour de may
Mon cousin, cesle lettre a esté gardée avec-
tout le demeurant de la dépesche du sieur
de Bruet présent porteur jusqu'à ce jourdbuy,
d'aultant que, lorsqu'il estait prest de partir
pour vous aller trouver, vostre ambassadeur
me pria faire surceoir son voyage jusque à ce
qu'il vous en eusl adverly. Et pour ce je n'ay
autrement voullu rafresrbir ladicte lettre affin
que vous congneussiez que je n'ay rien changé
de la volonté en laquelle j'estois, lorsque la-
dicte dépesche fut signée.
Vostre bonne cousine.
Gaterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
a esté lieule que je ne l'ay peu pieu an-
1571 . — 3o mai.
Aut. Arch. nat. collect. Simancas , K i5ai. n' 8a.
A M» MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils, Vostre Majesté entendre
parJeronimoGondi,présantporteur,l'aucasion
pour quoy le Roy vostre frère lui envoyé, qui
cera cause que ne lui en fayré rediste; bien
lui diré-ge que j'é enguardé lent Ion temps
que j'é peu qu'il eut cete aucasion de vous
envoyer pour tel ayfayst, ayenl mys pouine
qu'i n'ann anlendist ryen; mes la continuation
pécher et non pour les propos quil i a de
mov. J'é voleu cacher le tout; car, Dieu mersi,
yl ne me peuvest que fayr grent honneur; car
on conoystré encore mieuls cet que je suis et
le tort que cet sont fayts ceulx qui les ont
controvés et ynventés, beaucoup plusgrent que
à moy que en volent en savoyr la vérité ceré
myeulx conneue et en reporteré plus d'hon-
neur; mes, de peur que cela alterast le Boy mon
fils, qui ayst jeune et n'a acoteumé de si Ion-
temps que moy de ouir mentir de luy, et le
désir que j'é de voir contineuer l'amitié qui
est entre vous deux personnes et coronnes a
esté cause que j'é mys pouine tent que je ann
é eu le moyen qu'i ne sont veneus à ses
orelles, mes puisqu'il les a ceu, yl a yncon-
tinent voleu enn avertir Vostre Majesté, s'asu-
rent que, le sachent, encore qu'il mette les
vous avoyr ayscript , yl ne lé croyt ni moy ausi,
nous asurent que n'eusiés enduré tel ynpos-
teure sans en fayre la démostration qui con-
vient et à la alianse et amytié qui est entre
nous; et, pour avoyr ynslruit de tout cet afayre
le Boy mon fils Jeronimo Gondi, n'en dire
daventage à Vostre Majesté et la priré de le
croyre de cet qu'i luy dira de la part de
Vostre bonne mère et seur,
Caterixe.
1571. — à juin.
Copie. Bibl. nat. fonds français. n° 107DJ, p. no3.
A MONSIEUR DE FOURQUEVALX.
Monsieur de Forquevauls, je ne vous feray
la présente longue, car vous entendrez par
Gondi, présent porteur, ce qui est de nostre
intention et ne vous fais ceste-cy pour autre
fin que pour vous prier de vouloir tenir cest
affaire secret et ne le dire ny escrire à quel-
que personne que ce soit tant vous soit-il
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
49
ami, dv les propos que sur ce sujet ledicl
Gondi \ous dira et communiquera; sur quoy
vous l'assisterez et ayderez d'advis et de con-
seil, ainsi que par son instruction est porté
que le Roy mon fils le veut et entend, lequel
m'a faict vous escripre la présente que je fini-
rav, priant Dieu vous avoir en sa sainrte
garde.
De Lions ', ce quatriesme jour de juin
Caterine.
ib7i.
1 Ô7 ! . — /i juin.
Orijj. archives de Mantoue.
A MOH COUSUS
MONSIEUR LE DUC DE MANTOUE.
Mon cousin , le conseiller Scotia estant venu
de vostre part trouver le Roy monsieur mon
lilz. m'a par mesme moien baillé la lettre que
vous m'avez escripte et, oultre le contenu
d'ic'elle, faict entendre de voz nouvelles et
mesme de la bonne affection et dévotion que
vous portez à ceste couronne, dont le Ro\
monsieur mon filz et moy n'avons jamais faic!
aucun double, aussi vous pouvez faire estât
qu'en tout ce qui vous toucbera et concernera
il sera toujours prest de vous monstrer l'effecl
du réciproque en vostre endroict; à quoy, de
ma pari, je tiendray la main d'aussi bon cœur
que je supplie le Créateur vous avoir, mon
cousin, en sa saincte et digne garde.
Escripi à Lvons, le 1111e jour de juing
,57i.
\ostre bonne cousine,
Caterine.
1 Lyons-la-Forêt, dép. de l'Eure.
(lATHBI;ISt DE MEDICIS --IV.
1 :>7 1 . — 8 juin.
Orig. Arch. des Médicis à Florence, p. 3, cari. VIII.
A MON cousm
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre du
x6 de mai et veu ce que me mandez tant de ce
que vous avez mandé de surseoir, que du
fait de Gaiazzo, de quoy je ne sçaurois assez
vous remercier et de vous voir continuer en
celte bonne volonté en toutes les choses
que je désire, comme aussi pour Bruet que
vous voulois envoyer, et que voudrais que
trouviez bon, et ne vous parleray pas de ce
que j'ay dit à i'évesque Salviati pour vous
dire et dont vous ne me touschez rien dans
voslre lettre. Je ne double pas néanmoings
qu'il ne vous ail dit tout ce que je l'av prié de
vous dire et qui vous tousche, c'est (et je vous
prie le tenir secret) que l'ambassadeur d'Es-
paigne icy résident a dit à quelque personne
que le roy son maistre avoit envoyé quérir le
sr Chupin el lui déclarer que sa volonté est
d'avoir Sienne pour don Juan d'Austrie et
pour vous persuader à ne le desnier el ne vous
y opposer, vous promettre beaucoup de belles
choses, si le faites, et ne le faisant, beaucoup
de 'mal. Quelquefois cet ambassadeur a ac-
coustumé de mentir, mais il m'a semblé que
je ne correspondrais pas à l'amitié que vous
nous portez, si je ne vous en avois escripi, ce
que je fais. Nous avons receu par le secrétaire
de l'ambassadeur les deux lettres pour le Ro\
mon fils et pour moy, à laquelle je vous fais
response par la présente. Le Roy mon fils n'a
pas veu la sienne, pour s'être un peu blessé
en courant le serf1, mais d'aultant que c'est
1 Voici comment Guido Cavaicanti raconte, le 8 juin,
cel accident à Cécil : «Le Roi, en courant un cerf dans
la foret de Lyons, s'est heurté contre une branche
d'arbre; c'est à la tempe droite que le coup a porté.
lurRiyrRie NiTiotULE.
50
peu de chose, j'espère que dans deux ou trois
jouis il vous en fera response et congnoistrez
qu'il est prince qui de'sire le bien et conser-
vation de la chrestientée aultanl que quelque
aultre prince peut faire, et n'attribuez ce que
je vous dis qu'à l'amitié que je vous porte et
au désir que j'ay de la conservation de vostre
grandeur. Je prie Dieu qu'il vous assiste et vous
donne ce que désirez.
Delà foresl deLyons, celviii" jour dejouin
,671.
Vostre bonne cousine,
CaTERINE.
1571. — 8 juin.
Aut. Bib). nat. fonds français, n* 8«a8, f 5.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine, j'é aysté bien ayse de vous
savoyr à Paris et veoldrès que vostre mary y
feult ausi sayn qu'il fust jeamès et que vostre
prose fust achevé et vous revoyr ysi auprès de
la milleure parente et amye que ayés; et quant
au Roy, yl a aysté un peu blésé, mes, Dieu
mersis, yl est du tout guéri pour s'an povoyr
aler dernayn à Gallon pour n'estre ysi auprès
lieu de milleur hayr pour s'achever du tout
de guérir et après parachever son voyage, le-
quel je voldrès qui fust déjeà achevé et en
cet pendent je vous prie me mender sovent
de vos novelles et cet porteur vous dire des
noslres que pour cet heure ne sont pas grent
Sans son chapeau il pouvait être gravement ules9é.
M. de Koix dit que les médecins ne veulent pas qu'il se
remue de six jours. Il est donc resté à Lyons, où il est
ass« mal logé, et retournera mercredi à Gaillon. On dit
qu'il veut aller de là en Bretagne. La reine sa femme a
•1 ■ dès chagrine de cet accident.» liecord office, Stale
jnijiers, France.) '
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
cas, et je fayré fin, prient Dieu vous donner
cet que désirés.
De Lions, cet vuic jour de jouin 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1571. — 8 juin.
Orig. Archives de Modem'.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE FERRARÉ.
Mil cousine, j'av receu les lettres que vous
m'avez escriptes par le chevallier Janelly, pré-
sent porteur, et entendu de luy ce qu'il m'a
dict de vostre part louchant la bonne volonté
et affection que vous portez au bien des
affaires du Roy monsieur mon filz, dont je
vous remercy. El vous prie croire que en tout
ce qui louchera celles de mon cousin le duc
de Ferrare et les vostres, je m'y employeray
très volontiers, comme vous dira de ma pari
ledict Janelly, dont je vous prie le voulloir
croire, priant Dieu, ma cousine, vous tenir
en sa saincte garde.
Escripl à Lions, le vin0 jour de juing
1.571.
Vostre bonne cousine,
Gâterie.
I 571. — 11 juin.
Orig. Arcli. île la préfecture de la Seine-Inférieur*
F. du chapitre de la cathédrale de Rouen.
A MESSIEURS
LES DOYEN, CHANOYNES
ET CUAPP1TRE
DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DE ROUEA.
Messieurs, Jehan Bout, chantre dema chap-
pelle de musique et chappellain du collège
S'-Esprit fondé en l'église Notre-Dame dudicl
Rouen, m'a faicl entendre que, pour l'actuel
service qu'il luy convient faire près de nous,
il auroit este' contrainct laisser le service de
ladicte chappelle du collège S'-Esprit, et pour
ce qu'il craint que, au moyen de son absence,
l'on le voulut empescher de prendre et re-
cuillirlesfruictz, proffictz etesmolluments qui
deppendent de ladicte chappelle, je vous ay
bien voullu escrire la pre'sente pour vous
prier de réserver et retenir audict Bout, pen-
dant qu'il me fera service actuel, les fruitz
et revenuz de ladicte chappelle, et vous me
ferez plaisir que j'aurav bien agréable, priant
Dieu. Messieurs, vous tenir en sa saincte ei
digne garde.
Escrip à Lyons, le x' jour de juing 1671.
CiTERINE.
ChANTEREAU.
157 t. — (Juin.]
Aut. Aixh. nat. collect. Simancas, K i5ai, n* 73.
A MA FILLE LA ROYiNE CATOLIQUE.
Madame ma fille, envoyent le Roy mon
fils cet jeantilhomme ver le roy son frère,
n'é volen le léser aler sans me ramentavoyr
en sa bonne grase par la présante et le prier
me fayre cet honneur de me tenir comme set
je avès celui de estre sa mère; car l'afection
que je porte au roy son mary et alla royne sa
seur ay tieule que, pour leurs aystresi proche,
eome Vostre Majesté leur ayst, je ne me puis
guarder de la luy porter samblable , cet que je
désire ynfiniment qu'i cet présante aucasion
pour, par ayfect , la luy povoyr monstrer, et cet
Voslre Majesté conoyst qu'i lui aye ysi chause
qui lui pleyse, ayl i a une seur et panser de
avoyr une mère qui seront trop ayse de lui en-
voyer chause qui l'i satisfase; et pour avoyr
donné cherge àJeronimo Gondi présanl por-
leur lui dire auccoune chause de ma part, je
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 51
fayré fin à la présante, priant Dieu luy don-
ner cet qu'elle désire.
Vostre bonne seur et mère,
CiTERUR.
1571. — Juillet.
Minute. Bibl. nat. fonds français. n° i5553. 1'' i&5.
A MONSIEUR DE LONGUEVILLE.
Mon cousin , d'autant que par la lettre que
présentement l vous escript le Roy monsieur
mon filz vous entendrez amplement son inten-
tion sur tout ce qu'il avoit à vous mander pour
responce à ce que avions receu de vous le
xxuu" du passé, je ne vous en feray autre
redicle ni pius particulière réponse pour la
parfaicte asseurance que j'ay que vous n'ou-
blierez aucune chose de l'exécution de son
intention.
Suppliant à tant le Créateur vous avoir en
sa saincte et digne garde, le jour de
juillet 1071.
1571.— Juillet.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i5553, f° i4i s.
A MESSIEURS LES GEINS
DU PARLEMEixT DE BORDEAUX.
Messieurs, estant veuuz par deçà les con-
seillers Sabatier et Catet vos députés et délé-
gués devers le Roy monsieur mon filz, ilz luy
ont faict entendre comme ilz avoienl charge, de
vostre part; sur quoy leur ont esté faictes les
responces que vous verrez, qui me gardera, se
remettant le Roy monsieur mon fils sur leur
1 11 s'agissait de rupture de ponts sur la rivière (PO*
tie. Voir dans le même volume, les lettres de M. de
Longueville, p. i64, i65, 173, 17Û, 193.
2 (Écrit au dos.) a Lettre répondant à celles qui uni
esté envoyées par la court du Parlement de Bordeaux. "
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
52
suffisance, de vous en dire aulre chose pré-
sentement, suppliant à tant te Créateur vous
avoir, Messieurs, en sa très digne garde.
Escripl à Monceaulx, le jour de juil-
lel 1B71.
1571. — 3 juillet.
1 lopie. Arcb. not. Regislrc dai délibérations
lu bureau Je la ville (le Paris, H 1786 , C o5.
\l \ PRÉVOST DES MARCHANDS
ET ÉCIIEYÏNS DE PARIS.
Messieurs, je vous prie, suivant ce que le
Roy monsieur mon fils vous escript , de regar-
der et trouver par tous les moyens qui vous
seront possibles, soit par emprunt ou autre-
ment, jusques à la somme de cent millivres,
afin de les envoier à Metz avecq les autres
deniers de la subvention, qui y sont desjà,
pour ce qu'ilz ne se trouvent suffisanz pour
contenter les reistres et faire avecq euk qu'ils
attendent le reste. Vous sçavez combien cella
louche le repos de ce royauime et le nostre
particulier, qui me gardera de vous faire ceste
lectre plus longue, si n est pour dire que vous
ne sçauriez faire service plus à propos au Roy
mondict sieur et filz, priant Dieu, Messieurs,
qu'il vous ayt en sa saincfe et digne garde.
Escript à Monceaulx, ce mcme jour de juil-
let 1 57 1 .
CatKMXE.
l'l\AHT.
1571. — 3 juillet.
Imprimé .lans la C.ormpondancc d,|>lo»mfi</ue de La McÛW-FélsloH
I. Vil, p. a'ii).
\ MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Motlie Fénelon, pour ce que
la ])einturc de mon lilz n'estoit pas du tout
parachevée, (|uand vostre homme partit der-
nièrement, je ne vous l'a\ plus tesl peu en-
voyer qu'à ceste heure par Vassal, présent
porteur; encores n'a ce peu estre en une
seulle peinture de la main de M' Janet1.
comme je l'eusse désiré. 11 n'eust le loisir que
de faire, comme vous verrez, le visage qui esl
fort bien et parfaitement faict, après le \ra\
naturel; el l'aultre peinture qu'il a aussi
l'aide, servira seulement pour la taille, qui
est aussi la vraye semblance de mondict (ils:
mais il ne s'est pas, en ceste peinture, amusé
à faire parfaictement le visage, pour ce que
l'aultre estoil faict et que je, voulois faire par-
tir en dilligence ce porteur,
Je suis d'advis que vous baillez lésdictes
deux peintures au sr comte de Lestre'2, et
faudra que vous luy fassiez aussy entendre ce
que je vous ay mandé, et que vous accommo-
diez cella de telle sorte qu'il soit prins de
bonne part, en attendant que iedicl Me Janet
ait parasebevé la peinture qu'il faict en plus
grand volume, que j'espère vous envoyer cy
après, si nous voyons que les choses succè-
dent, comme je le désire, el qu'il me semble
que l'on désire aussy par delà, par ce que j'ay
veu par voz dernières petites lettres, l'une du
jour de Sainct Jehan, qui estoit dedans un de
vos paquetz, et l'aultre que m'a baillée cedict
porteur.
1 Voici ce que La. Motlie Fénelon , dans sa dépêche
du ao juillet, disait du portrait : kNous sommes venus
de propos en propos à parler du portrait de Monseigneur
votre tils, et elle m'a dict que, encore que ne soit que le
crayon, et que son teint n'y soit que quasi chafouré de
charbon, si ne laissoil ce «sage de montrer beaucoup de
beaulté et beaucoup de marques de dignité el de pru-
dence, et qu'elle avoil esté bien ayse de le veoyr meut
comme d'ung homme' pari'aict, car me vouloit dire touj
librement que mal volontiers, estant de l'âge qu'elle est,
eustellevolluestreconduicte à l'église, pour estre maryée
avec ung qui se fusl montré aussi jeune comme le comte
d'Oxford. n {Qnretpond. diplomat., t. IV, p. iH6.)
1 Leicester.
LETTRES DE G AT HE
Auxquelles pour responce je vous diray
que nous avons prias fort grant plaisir d'en-
lendre par icelles que les choses soyent en
si bons termes et tant affectionne'es de la part
de la royne d'Angleterre et dudict comte de
Lestre, et aussy du comte de Sussex et de mi-
lord Burgley, auxquels nous sçavons infini-
ment bon gré des bons offices qu'ils iont,
mesmement audict sieur comte 'de Lestre,
qui démonstre bien, par ce que me mandez,
la bonne \oloute' qu'il y a, dont il se peut as-
seurer que, les choses advenant, ainsi que
j'espère qu'elles seront, et comme nous le
désirons, qu'il cognoistra par effect le bon gré
que lui en sçavons; mais, affin que cessy soi!
Iiicntosl résollu, il faullque, par son moyen,
les articles que nous demandons et qui sont
mentionnés en l'instruction que vous a portée
le sieur de Larchant, nous soyent accordés,
s'il est possible, avec le plus d'avantage que
vous pourrez les estendre et moyenner, et que
cella soit asseuré sans le remettre à quand
uiondict fils sera par delà, comme me man-
dez par vostredicte lettre. Et par ce moyen
mondicl fils en aura plus de contentement et
d'obligation à la royne et aux gens de bien qui
manient cest affaire, lesquels je vous prie
d'entretenir toujours en la bonne volonté et
affection qu'ils montrent avoir en cest affaire,
et qu'ils fassent en sorte que les choses n'ail-
lent point à la longue et que, pour oster le
moyen à ce qui y veullent traverser, le tout
se puisse promptement résoudre, comme il est
très nécessaire, et que nous le désirons, vous
priant de continuer à travailler tellement en
cessy, comme déjà vous avez si bien commencé ,
que de brief nous y puissions voir une bonne
et honorable résollution.
Je vous prie me faire ce plaisir que je puisse
avoir bienlost une peinture de la royne d'An-
gleterre en petit volume, de la grandeur et
RINE DE MÉD1CIS. 53
qu'elle soit bien pourtraicte et faicte de la
façon mesme de celle que m'avez envoyée
dudict comte de Lestre, ainsi que vous dira
ledict Vassal; car la peinture que nous en
avons est du tout en plat, qui n'a pas si bonne
grâce qu'elle aura, estant un peu tournée sue
le costé droict.
Et quant à ce que m'avez escrit d'icelhn
sieur comte de Lestre, je suis bien marrie que
par cedict porteur je ne lui peus envoyer la
peinture de ma cousine la duchesse de Nevers
de Montpensier; mais elle ne s'est poinct en-
core faille peindre, à cause qu'elle a esté un
peu malade. Le peintre y travaille, et j'espère
vous l'envoyer incontinent qu'il aura faict. Je
luy ay parlé de ce que sçavez; elle m'a fort
sagement respondu qu'elle u'avoit autre vo-
lonté que celle de mon cousin le duc de Mont-
pensier son père, qui est en sa maison de
Champigny. Je lui en eusse volontiers escript,
mais vous cognoissez le personnage, qui pense
que le meilleur sera que je lui eu parle moy
mesme, comme je fairay aussytost qu'il sera
avecquenous,etdesi bonne affection quej'es-
père que icellui sieur comte en recevra satis-
faction et contentement. Me remettant pour
le reste de voz dépesches à ce que vous es-
cript le Roy monsieur mon fils et à ce qu'il vous
mande pour responce à voz dernières dépes-
ches, je ne vous fairay plus longue lettre,
si n'est pour vous recommander encores une
fois d'affectiou ladicte négociation des petites
lettres, dont j'espère que nous aurons bientost
de bonnes nouvelles par le sieur de Larchant,
priant Dieu, Monsieur de la Mothe-Fénelon,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Monceaulx, le 111e jour de juillet
1 5-7 1.
C\TERlJiE.
PlXART.
Je vous prie que bientost en puissions voir
54
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
cp que désirons, car la longueur ne porte
que subject à ceux qui ne désirent ta grandeur
de mon lits et qui ayment mieux leur maison,
bien et contentement qu'ils espèrent icy, qui
ne l'ont que luy dire beaucoup de choses qui
ne peuvent apporter rien do bon à son service.
157 1. — 6 juillet l.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i5553, C 116.
A MONSIEUR DE PIENNES.
Monsieur de Pyennes, vous verrez ce que
le Roy monsieur mon filz vous escript présen-
tement2 sur les leclres qu'il a receues de vous
du xxii!c""e du passé et d'aullant que sur le
tout vous serez par là bien amplement adverty
de son intention, je ne vous en feray autre
redicte, me remectant sur le contenu en
sesdictes lettres, n'estant besoing vous faire
plus particulière recommandation sur ce qui
concerne le devoir de vostre charge, d'aultant
que, je m'asseure, vous n'y oublierez aucune
chose. Suppliant à tant le Créateur vous avoir,
Monsieur de Pyennes, en sa saincte et digne
garde.
Monceaulx, vi juillet 1671.
1568. — 6 juillet'.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i5553, f° 119.
A MONSIEUR LE VICOMTE D ORTHE.
Monsieur le vicomte , j'ai receu voz lettres du
ui'°" du passé et veu celles que vous escrip-
j (Ecrit au dos.) tDu vi juillet 1.571. m
2 Voici ce que lui mandait Charles XI : <tJ'ay recru
vos lettres du xxn""' du passé et veu ce que par icelles
me mandés de l'alarme qui avoit esté esté en ma fron-
tière de Picardie , laquelle vous avez saigement apaisée. 1
(Mémo volume, p. 117.)
' (Ecrit au dos.) «A M. le vicomte d'Horte, le vi juil-
let 1571.»
vez au Roy monsieur mon fils1, lequel vous y
faict présentement la responce que vous ver-
rez, sur laquelle me remectant, je ne vous en
feray la redicte par ceste présente, estant bien
marrye que vous n'avez point esté gratiffié de
l'abbaye de S1 Sever que vous avez demandée,
ce qui ne s'est peu l'aire, d'autant que, bien
longtemps auparavant que vous en eussiez
escript, le Tloy mondict sieur et fils en avoit
disposé; mais trouvant quelque autre chose
dont vous soyez adverty à propos, asseurez-
vous que vous ne serez point esronduict et
quant à moy j'y tiendra) la main non seule-
ment en cella, mais en toutes les choses qui
vous toucheront et concerneront, sachant,
comme je fais, vos anciens services et mérites,
vous priant cependant ne vous lasser de con-
tinuer. Pour ceste réparation on a en vous
particulière et entière fiance. Je supplieray le
Créateur vous avoir, Monsieur le vicomte, en
sa saincte et digne garde.
Escript de Monceaulx, le vie jour de juillet
57i.
1571.
7 juillet.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Moltic-Fétulon.
p. a3».
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Motlie Fénelon, ceux qui ne
désirent pas le mariage d'entre la royne d'An-
gleterre et mondict fils le duc d'Anjou ont fait
courir le bruict par deçà que ce que ladicte
royne faisoit en ce négoce , u'estoit pas de bonne
volonté qu'elle y eut, mais seullement pour
se servir du temps. Cela vérilablement nous
a fait penser à cest affaire, et aller plus ret-
tenus, et a esté cause que mondict fils, pour
1 Voir la minute du Roi qui accompagne celle-ci. Il
s'agissait de la réparation des murailles de la ville de
Bajonne.
LETTRES DE CATH
ceste occasion, n'en a pas voullu tesnioigner,
comme aussi n'estoit il pas raisonnable qu'il
y eust si grande affection.
Doul le sieur Walsingani, qui en a eu advis
d'Angleterre, et des aultres bruits que ces
gens-là mesmes ont l'aicl courir par toute la
chrestienté, pour tascher à rompre ce traicté
de mariage, m'a faict dire que, tant s'en l'ault
qu'il soit vray qu'icelle royne y procède par
dissimulation, qu'au contraire elle y marche
de très bon pied, et ses principaux ministres
aussi, qui l'ont expressément escript audicl
sieur de Walsingani pour me le dire ou l'aire
dire, comme il a faict par mon cousin le sieur
de Foix et qu'icelle royne et tous les siens ne
désireront jamais tant chose qu'ils l'ont la con-
clusion d'icelluy mariage, dont le Roy mon-
sieur mon fils et moy, et aussi mondict fils
le duc d'Anjou sommes aises, espérant, puis-
qu'ainsi est, que, par le sieur de Larchantque
nous attandons en bonne dévotion, vous nous
envoyerez les responces des conditions que
nous désirons, et les aultres choses que vous
avez entendues par luy, si avancées qu'il s'en
prendra bientosl quelque bonne résolution,
comme il est nécessaire et que nous désirons ,
ainsi que vous pourrez assurer ladicte royne
et tous ceux de ses ministres qui conduisent
cest affaire, et leur dire hardiment que nous
y marchons aussi de fort bon pied, et qu'ils
ne croyent rien de tous les bruits qui pour-
roient courir du contraire, qui ne sont que
pour rompre cest affaire, lequel je vous re-
commande sellon la parfaicte confiance que
nous avons en vous, à qui j'en ay voullu
incontinent faire ceste lettre, ayant sceu
que tous ces bruicts couroienl, afin que, si
l'on vous en parle de delà, vous asseuriés
tousjours ladicte royne et ses ministres de
noslre sincère volonté et bonne affection. Sili-
ce, je prie Dieu, Monsieur de la Mothe-
ERINE DE MÉD1CIS. 55
Fénelon, vous avoir en sa saincte et digne
i garde.
Escript à Monceaulx, le \i?m° jour de juillet
1 071.
Ceste lettre vous servira d'advis pour en
user discrètement, comme vous sçavez très
bien faire; car si de là, ils ne sçavoient en-
core tous ces faux bruits, vous vous conduiras
en cela, et vous parlerés ainsi que vous le ju-
gerés à propos.
Caterine.
PlHÀRT.
1571. — lojuillot.
Orig. Arch. (les Médicis à Florence , dalla filzti Û736 .
nuova numerazione , p. 3i5.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay veu ce que m'avez mandé
par deux fois touchant le faict du grand
prieuré de Champaigne, et la difficulté qu'a
faict jusques à présent Nostre Sainct Père de
vous en accorder les provisions pour le che-
valier de Seurre, dont je m'esbays grande-
ment , veu le bon crédit que vous avez en son
endroict, et la bonne volunté que je sçay que
vous avez de favoriser ce qui vous est recom-
mandé de ma part si estroictement : et pensant
que le reffus qu'il vous en a faict jusques à
présent de les vous accorder, doive aussi tosi
procéder de l'attente qu'il avoit de veoir ce
qui succéderait de la négociation du chevalier
Salviaty, que le grand maistre de Tordre
Sainct-Jehan avoit envoyé devers nous, pour
nous .prier de retracter cela en faveur de sa
religion ou de l'hospitallier qu'il en a faict
pourveoir contre la volonté du Hoy mondict
sieur et fils, comme à l'occasion des mauvais
offices qu'aucuns de par deçà ont faict uudict
56 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIUIS.
de Seure envers Nostredict S' l'ère. Il m'a
semblé ne devoir différer, après que ledict de
Sahialv a esté esconduict tolalement de cesle
requeste, d'en faire une bonne recharge à
Sa Saincteté pour luy faire comprendre que
cela ne se peut plus révocquer, ;iyant esté
au contraire expressément enjoinct ausdicts
Hosfiilalliers d'en plus faire de poursuicte; el
à ceste cause, que son bon plaisir soit de ne
plus différer d'en pourveoir ledicl de Seurre;
el par mesme moyen vous escripre la pré-
sente, pour vous prier le plus affectueusement
que je puys, de continuer d'employer vostre
bon crédit et moyen envers Nostredict Saincl
Père, en luy faisant tenir la dépesebe que
nous luy en faisons maintenant , affin de le
l'aire condescendre à nous gratiffier, sans avoir
autre esgard aux prétentions dudict Hospital-
ier qui s'en accommodera à nostre volouté,
s'il est saige et advisé, affin de ne préjudicier
à sa religion , et d'adviser de recevoir faveur
en quelque autre endroict de luy et de rnoy.
Et ce faisant, oultre ce que ferez pour ung
personnaige d'bonneur et qui a fa ici beaucoup
de services à ceste couronne et à moy en par-
ticulier, je m'en sentiray grandement tenue à
vous pour le recognoistre en ce que vouldrez
m'employer d'aussy bon cœur que je supplie
le Créateur vous avoir, mon cousin, en sa
saincte et digne garde.
Escript à Montceaux, le xm" jour de juillet
1 571.
Vostre bonne cousine,
FlSES.
(Iaterine.
1571. — 12 juillet
Copie. Rihl. mit. Parlement, n° 93.
A MESSIEURS LES GENS
DE LA COl'R DU PARLKMEIVT DE PARIS.
Messieurs, je vous prie, suivant ce que le
Roy monsieur mon fils vous escript ' de pro-
céder incontinent à la vérification des lettres de
création et provision de Testât de grand prévost
de France, dont a charge Monsieur de Mon-
truel et croire qu'elles ont esté l'aides avec
tant de poix et grandes considérations qu'il
ne se doibl faire aucun resfus ou difficulté;
comme je vous prie qu'il n'y en soit faict ; el
au demeurant, que ladicte vériification se face
le plus diligemment qu'il sera possible pour
ce que le Roy mondicl sieur el fils commande
audict sieur de Montruel d'aller en plusieurs
lieux pour le faict de sa charge, ce qu'il ne
peut faire que cette vérification ne soit faicte
premièrement, et croyant que sçaurez en cet
endroit l'intention du Roy mondict sieur et
filz, je ne vous feray plus longue lettre que
pour vous dire que, en ce faisant, vous ferez
chose que nous aurons bien agréable, priant
Dieu, Messieurs, qu'il vous ait en sa saincte
et digne garde.
Escriptà Crecy, le douziesme jourde juillet
mil cinq cent soixante et onze.
Gaterine.
1571. — a5 juillet.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique */e La Mothe-Fènelon ,
I. VU. p. q34.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, comme
j'ay une particulière confiance en vous, je ne
vous celleray point que l'humeur en laquelle
est mon fils d'Anjou me fait bien grande
peyne; il est tellement obstiné à ne passer en
Angleterre, sans avoir une publique asseu-
rance pour l'exercice de sa religion, que le
Roy ni moi n'avons peu obtenir qu'il se soil
fié à la parole de la royne d'Angleterre. Nous
' La lettre du Roi précède celle-ci et n'y ajoute rien.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
57
soubçonnons fort que Yillequier, Lignerolles
ou Sarret, possible tous trois, soyent les ans-
leurs de ces fantaisies : si nous pouvons en
avoir aulcune asseuraucc,je vous asseurc qu'ils
s'en repentiront. Pour tout cela, je ne veux
pas que nous nous rebutlions, car, possible,
pourrons nous gaigner quelque cliose sur son
esprit, ou sur celluy de ladicle royne.
Si, par malheur, les choses ne peuvent
pas s'accorder pour mondict fils, comme je le
souhaite, je suis re'sollue de faire tous mes
efforts pour le faire réussir pour mon fils
d'Alençon, qui ne sera pas si difficile. Ce-
pendant, comme on nous propose de tascher
de faire une ligue avec icelle royne pour
nous l'attacher davantage, et esloigncr le fils
de l'Empereur et aullres, ne faictes jamais
semblant de cessy; mais bruslez la présente,
après l'avoir leue, et ne croye's rien que l'on
puisse vous dire ou escriie, que ce que vous
verrez par lettres signe'es de la main du Roy
ou de moy, qui ne vous dis pas cella sans rai-
son ; car ceux qui ne désirent pas que les
choses qui sont, grâces à Dieu, si bien avan-
cées et disposées, réussissent et s'effectuent,
sont assez artificieux pour publier ou escrire
ce qu'ils penseront qui soit pour empescher
ce bon œuvre, priant Dieu, Monsieur de la
Mothe-Fénelon, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
A Fontainebleau, ce jeudi xxvcme jour de
juillet 1071 '.
Caterine.
1 Voici une lettre de Charles IX qui complète celle
de la Reine sa mère :
ir Monsieur de la Mothe Eénelon, à ce que j'ay veu
par les lettres que m'avés escriles, du ix' de ce moy s,
touchant la négotiation , et despuys par celles que m'avés
aussy cscrites le xie ensuivant, que m'a apportées le sieur
Larchant.et entendu par ce qu'il nous a dict de bouche
et davantage considéré ce que me mandez et à la Royne
madame ma mère, par vos dépesches des xiv\ xx° et xxne
Catherine de Médicis. — iv.
1571. — 3i juillet.
Ori{f. Arch. des Médicis à Florence.
A MON COUSIN
M" LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre, par
laquelle me mandez que vous trouvez bon que
je vous envoie quelque ung pour conférer de
de ce movs, il se trouve de grandes difficultés sur l'ar-
ticle de la religion. Ayant à ce propos mis en grande
considération ce que la royne d'Angleterre madame ma
bonne sœur et cousine, dict audicl Larchant, et encores
depuis à vous; qui est qu'elle ne pense pouvoir con-
sentir que mon frère ait l'exercisse de la religion par
delà, et que cella pourrait estre cause (si elle la luy ac-
cordoit , comme nous le désirons pour luy et les siens) de
troubler son Estât, ce qu'elle aymeroit mieux estre morte
que de voir; voylà pourquoi je pense qu'il esloit très néces-
saire, premier que envoyer mes deppulés de delà, qu'il
v allast quelque personnage bien entendu et agréable pour
le faict de ladicte négotiation. Et pour ce que je pense
que Mr de Eoix, mon cousin, y seroit fort propre, je l'a y
prié d'en accepter la charge, comme il a faict, lui ayant
faict faire une instruction bien ample et lettres de ce que
luy et vous aurés à taire en cella; ayant avisé de vous
renvoyer cependant ce présent porteur pour vous en ad-
vertir, et pour vous dire que, avant hier après disner,
nous ouismes sur cella le s' de Walsingam, qui s'est
tousjours monstre bien affectionné à cest atfaire, si ce
n'est quant audict point de religion, pour lequel véri-
tablement il se rend difficile, et croy qu'il en pourra es-
crire à sa maistresse selon sa passion; mais, ledict sieur
de Foix arrivant, comme il faira bientost par delà, vous
taira entendre toutes choses et comme vous aurés à vous
y gouverner en cella.
«Cependant je ne veux oublier de vous dire que je
suis.après à pourvoir et donner ordre au faict d'Escosse,
ainsi que m'avés escript, dont je vous tiendray adverti in-
continent par votre aultre secrétaire que j'ay retenu
pour vous le renvoyer aussytost que cella sera taict, mais
je vous prie, Monsieur de la Motte Fénelon, que cepan-
dant vous ayez toujours l'oeil ouvert et preniez si bien
garde aux actions de la royne d'Angleterre du costé
d'Escosse, qu'elle ne puisse rien entreprendre ni donner
secours ou assistance que je ne sois promptement adverli
de ses délibérations.!) (Même vol., p. a35.)
8
IXI'IUMIIHL NAT10NA.lt.
58
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
nos affaires avec les vostres, ce que je nie | Vostre Majesté nous en donnera touljour de
suis délibéré de faire et je vous envoyé le
sr de Bruet présent porteur; sur lequel me re-
mettant et qui vous dira auhuncs choses par-
ticulières, fera y fin, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
De Fontainebleau, le 3i juillet 1071.
Vostre bonne cousine,
Catemne.
1571. — 3i juillet.
Arch. nat. collecl. Ninianras. K i5to,, n° 70.
\ M' MON FILZ LE ROY CATOLIQCE.
Monsieur mon fils, je entendu par Jero-
nimo Gondi, ayslent de retur, cet que lui
avés donné charge nous dire et ausi par la
letre que Vostre Majesté m'a escripte ay sceu,
cet que je uedouto\s poynt, que yl ne feult
veneu à vos aurelles chause si méchante ni
que puisiés croyre que un vostre minisire
eull conneu lele maleurté d'une personne si
proche corne je vous suis et si necle, Dieu
mersis. que je ne m'en puis sucier, d'aultant
que lui ni personne aultre avecque vérité
ni mensonges ne peuvest endomager ni
aubscursir une chause si nesle et si clère
cornent ayst ma vie et mon honneur, qui est
cause que, setle Roy mon fils m'eult creu , que
Vostre Majesté n'eull eu cet déplaisir de co-
noystre qu'il aye de si malheureus ministres
à son servise; mes, l'ayens veu le plus tard
que j'é peu, yl a voleu le vous le fayre en-
tendre, afin que Vostre Mageslé cognoyse
que yl ne veut que rien puise diminuer la
lionne amvtié que Dieu a myse entre vous
deux, laquele, de; ma pari, comme chause
que je désire voyr continuer aultent que ma
vie, tant que Dieu nie la prestera , je mestré
poine de tout cet que j'é de moyen Penter-
tenir et augmenter envers lui, m'asurent que
son coulé auccasion d'avovr cete vol un té, la-
quele continuera tant que vivre.
De Fontoynebleau, le x\xi""jour de juillet
1 ") 7 1 .
Vostre bonne mère et seur,
Catbbuib.
1571. — Août.
Copie. Bil>l. n.il. fonds français. n° iGo3g, f° At6.
AU CARDINAL DE R U1BOUILLET.
Monsieur le cardinal, je ne puis assez louer
les bons et continuels offices que \ous faictes
par deçà au bien du service du Roy monsieur
mon filz ' et le soing et dilligence don l nous
1 La lettre du Roi qui accompagne celle-ci entre dan*
quelques détails sur la restitution de la principauté
d'Orange :
«Sur ce que Sa Sainteté vous avoit dit en ceste même
audience avoir esté advertie que j'estoys en promesses de
remettre les villes de la principauté d'Aurange es mains
du prince dtidict Aurenge ou du comte de .Nassau son
frère, vous alléguant sur ce le péril, danger qui en
pourroit succéder, et comme ledict prince ne demande
rien plus que de se deffaire de sodicte principauté,
ehos? qu'elle jugeoit propre pour moy pour l'unvr 1 I
joindre à mes pays et provinces et que là où je n'y voui- ,
drois entendre et n'en aurois nulle volonté , il lui sembloit
que quelque personnage calholicque y deust mettre pour
assurer tant mes pays et provinces que le comtat de Ve-
nisse, espérant qu'il se trouveroit homme, lequel feroit
cet acliact que après retourneroil au bénéfice du S' Siège
ponrveu que je ne le trouvasse mauvais; j'ay donc entendu
là dessus ce que vous m'en escripvez assavoir que c'estoit
UOg partyque le sr Torquato (lonti mettoil en avant pour
embarquer le pape en resl affaire, aflin que la commu-
nauté d'Avignon et autres terres de l'église contribuas I
entre elles de leurs deniers communs à l'achat de ladii ti
principauté pour de reste façon et soubs main unyr aux
terres riveraines de l'église; sur quoy je vous répondra}
<pie, suivant le singulier désir et affection que j'ay tou-
jours eu de observer inviolablemeiit ce que j'ay promis
'•I accordé par mon e lit de paiillicalion, j'ay délibéré et
résolu faire absolument au prince d'Aurange la susdiclc
restitution de ses villes. n (Même volume, p. 'ili et '1 1 3 . )
LETTRES DE CATHE
usez à le satisfaire de ce qui s'y pre'sente, doni
il luy demeure aussy le contentement que
pouvez désirer et vous respond amplement
sur ce qui est venu de vous par vostre der-
nière dépcsche, à laquelle ce seroit chose
superflue de rien adjouster, qui me gardera,
me remeclanl sur elle, de vous l'aire plus longue
lettre, si ce n'est que, estant non moins dési-
reuse que vous de vous veoir bientost par deçà
à vostre contentement, nous avons dépesche et
sollicité lesrde Ferrailzpour s'acheminer et se
rendre au plus tost qu'il pourra par delà, afin
de vous lever le siège et vous donner moien
de pourveoir à vostre retour 1, vous priant
croire que en tout temps vous ne serez que le
très bien veneu;sur ce je prie le Créateur vous
avoir, Monsieur le cardinal, en sa saincte et
digne garde.
Escripl à. . . le. . . jour d'aoust i5yi.
Caterine.
IUNE DE MEDIC1S.
59
157 1. — Août.
Aut. iiibl. nat. fonds Dupuy, n° 911, f° 19.
AU ROY MONSIEUR MON FILS.
Monsieur mon fils, j'e' reseu anuit vostre
lelre par Tournas , et j'e' veu ce que m'asure
bien y voyr que voliés que vostre seur fust
bien corne les aultres et cela troveré mieuix,
car sayt qu'il l'i fault ne vous coûtera à
beaucoup près de cet qu'il a couste' l'ameu-
blement et lé livraye des aultres. Yl est vray
qu'il fault que lui donniés un acoustrement
de piereries que, set le trovés bon, avent que
je parte, je les troveré et les donneré à mètre
enn œuvre à Dejeardin et lé prendre au mil-
leur marché que je pouré'2. Le conte de Rets
1 Le séjour du cardinal à Rome se prolongea jusqu'à
la fin de décembre 1571. Voir ses lettres dans le même
volume.
2 Walsingham écrivait à lord Burghley le 16 sep-
et moy nous fayron \ostre ménage, de fason
que vous voyré qu'ele sera honnorablement
aultent que ses seurs et ne sera pas si cher.
L'on m'a dist que la royne de Navarre cet
playn que ne l'avés mandaye et avés mendé
l'amiral et que ne lui avés l'ayst parler de cet
mariage quepar tierse personne et que n'auseret
vous en suplier, mes que c'et à vous à lui
romender. Yl me semble qu'il ni auroyt poynt
de mal que mandisiés au maréchal de Cosé
qui l'alast la trover et lui dire que lui avés
comendé de l'aler trover pour la prier vous
venir trover à Bloys au commensemenl de
septembre et nous amener son fils pour l'an-
vie que avés de lé voyr tou deus et luy fayr
conestre cet que volés fayre pour son fils et
pour aylle et lui envoyer une lelre de créanse
sur lui de vostre mayn, qui porte que. vou<-
aprochant de Bloys, lui avés voleu fayre en-
tendre l'anvie que avés de la voyr et son fils,
come le maréchal de Cosé lui dira plus au
long, et n'avés voleu atendre que je fuse de
retour, afin que ne trove estrange cet 1 je ne
lui escript, et afin que plus tost ayle donnasl
aurdre à ses afaye pour y pouvoyr venir et
par mesme moyen avertir l'amiral du temps
qu'il viendra et le mender au maréchal de
Cosé. Je vous suplie m'escuser, cet je ne par
d'isi jeus2 à temps et ne léser de tenir en
vostre bonne grase
Vostre bonne et affectionnaye mère,
Catf.rine.
tembre : «Le mariage du prince de Navarre n'avance
pas à proportion des préparatifs que la Reine mère fait
à Paris; car déjà elle a fait provision des joyaux et des
habits de noces. » (Mémoires de Walsingham , Amster-
dam, 1700, p. 1 55.)
1 Cet, si.
8 Jeus, juste.
S,
«0
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1571. — Août.
lut. \rch. nat. collect. Simancns, K i5i8, n"8i.
\ M" MON FILS LE ROY CVTOLIQUE.
Monsieur mon fils, je panseroys fallir à
I obligation que j'é hà Vostre Majesté de l'ami-
tié qu'ele m'a tousjour monstre et ausi an
désir que j'é de voyr conlineuer entre Vostre
Majesté et le Roy vostre frère lionne amytié,
et je ne luy dises cet que lia favst don Frcn-
sès d'Alava depuis quinse jours de s'an es Ire
lui de Paris, ayent l'ayst semblent, un moy
durent auparavent, d'estre malade, afin de
n'obéyr au comendement de Vostre Majesté
de venir prendre congé du Roy mon fils et, de
nous, et povoyr mieulx achever d'éfectuer ces
l'asons acoteumayées, volant par cete fuite
fayre croyre au monde qu'il étoyt en dënger
de sa vie pour ayspérer par cete ynacoteumée
i'ason d'embasadeur entre roys si amys et
parons, cornent, Dieu mersis, vous deusaystes,
de s'an aler [que] n'est eusitée et que le Roy
mon fils s'an santent aufensé deut fayre cet
qu'il désiroyt, afin que Vostre Majesté ne le
trouve menteur de cet qu'i lui ha mendé que
lui volions comenser la guère, chause certay-
netnent que, cet ne le conèsions pour tel qu'il
et, que j'euse eu grent peur qu'i eult altéré
cete bonne amitié', veu que, avent partir, yl
disouit à tous ceulx qui l'allouint voyr, qu'il
s';m volouil aler et qu'il n'atendoyt que vostre
congé qu'il vous avoy envoyé demander, mes
ne luy volyés donner, mes qu'il ne povoyt
plus demeurer, veu qu'il savoyt que vous vo-
liôs nous comenser la guère et qu'il savet
bien qu'il ne povoyt demeurré ensuite, chause
qui ne nous émovoyl poynt, le conoysant tieul
qu'il et; mes sa fuyte ha donné à parler hà
beaucoup, ne le conoysant comme nous ba-
sons, et si se n'éloyt que je m'asure que Vostre
Majesté luy en fayré tèle démostration de
l'ofanse qu'il y a leste que le Roy mon lils
auré aucasion de coneslre que c'et san le co-
mendement de Vostre Majesté, je luy asure
(pie je an serès en pouinc, mes ayent cete
asurense, en lieu d'enn eslre en pouine, je
an loue Dieu de cet qu'i lui ha pieu le tent
déiéser qu'i ce souit conduit à fayre une tele
et si grande l'aulte hà Vostre Majesté, afin
que par cete ysi elle puise conoyslre toutes
les au! très chauses plus que véritable, de
quoy ne luy demendon neul chatisment, mes
pour la conséquanse que cete fuite peull
aporler après soay et fermer la bûche1 à tous
ceulx qui voldresl nous voyr en guère, et re-
confirmer par sesi l'amytié entre vous deus,
comme celle qui ha l'honneur d'estre mère
à tou deus et qui désire plus lost mouryr que
voyr aultre chause que cet que ayst à présent,
je ne me puis guarder que je ne die à Vostre
Majesté que je désirerès que Vostre Majesté
fyst tele démostration ver ledist don Fransès
que le Roy mon fils coneut cornent cet hacle
luy lia dépieu, et tou le monde que Vostre Ma-
jesté ne luy ha fest favre; et la suplie tn'escu-
ser de cet que luy. en consèle et monde el
l'atribuer au désir que j'é que rien puise alté-
rer cete bonne pays et amylié entre vous deus
roys, cet que je prie à Dieu ne puise jeamès
avenir, mes de plus en plus augmenter l'amy-
tié el bonne yntéligense entre vous deus et
leur donner tout l'heur et félisilé (pie vous
désire
Vostre bonne mère et seur,
Catbrine.
1571. — i" août.
Qrig. Record oflicr, State ftvpv», France.
A MADAME Mt BONNE SEUR
LA ROYNE D'ANGLETERRE,
Madame ma bonne seur, ce m'a esté ung
1 Huche, bouche.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
61
singulier bien etplésir d'avoir entendu au retour
du sieur de Larchant1 les honnestes et ho-
norables propos qu'il m'a disl de vostre part
et d'avoir aussi veu par la lettre qu'il m'a
apportée, escripte de vostre mayn, le désir
et bonne volonté que vous avez de fortiGer et
accroytre de plus en plus nostre amitié et al-
liance; en quoy j'ay bien conneu que vous
voulez cheminer frenebement et de bon pied et
pour effectuer bientost la négociation que
nous traictons2, chose qui m'a tellement aug-
1 Grimonville, sieur de Larchanl , capitaine des gardes
du duc d'Anjou, avait été envoyé en Angleterre pour
poursuivre la négociation du mariage du duc avec Eli-
sabeth. Voir à ce sujet les lettres du duc de Montmo-
rency et de Walsingham à lord Burghley. (Calendar of
State papers, ih^i, p. A7& et '1 7 5 . )
2 Voici la réponse faite par la reine Elisabeth aux
propositions de mariage :
r Sur ce que le Roy Très Chrestien et la Royne sa mère
ont escript de leurs mains, et ce qu'ils ont baillé en
créance à Mr. de Mauvisière, et commandé par leurs
dépesches à Monsieur de la Mothe-Fénelon d'offrir de
rechef avec tout l'honneur et respect qu'il leur est pos-
sible de la part de Leurs Majestés Très Chrestiennes,
Mr. le Duc leur frère et fils pour mary et espous à la
royne d'Angleterre et de déchirer a ladicte Dame,
qu'elles n'espargneront rien qui soit en leur pouvoir, ny
au pouvoir de la couronne de France, pour conduyre
cest honorable propos au bon offert qu'elles désirent,
en ce toutesfoys, que tout ainsy qu'elles sont soigneux
d'observer l'honneur et dignité de ladicte Dame et de sa
couronne, leur dignilé pareillement et celle de Mr. le
Duc et de la couronne de France ne soit en rien offen-
sée, et qu'elles puissent cognoistre plus d'asseurance en
ce faicl qu'ils n'en y ont veu jusques icy, et qu'il ne
leur soit plus usé de difficultés ny de remises; car, à ta
première qui leur seroit opposée, ils jugeraient bien que
ce seroit leur imposer silence, pour jamais plus en
parler.
«Ladicte Dame avec beaucoup d'honneste démonstra-
tion a bien receu l'offre, et a grandement remercié leurs
Majestés Très Chrestiennes ri Mr. le Duc de leur persé-
vérance et bonne affection vers elfe; mais d'autant que
le propos ne signifioit si non en général teur bon désir,
et qu'en général elle avoit desja assez déclaré le sien.
inenté l'affection que j'avois à la perfection
d'une œuvre tout louable, saint et profitable
elle requérait que les ambassadeurs en vinsent aux par-
licularités.
ttSur quoy, ayans déclaré qu'ils n'avoienl point de
nouveaux articles, ny charge d'en metlre en avant
d'aultres que ceux mesmes qui avoient esté proposés
lorsque le propos avoit esté meu et qu'on se pouvoit
bien souvenir que toute la difficulté estoit restée sur
deux points: l'ung de la religion, et Paultre de l'en-
trevue. Et que touchant le premier l'on s'estoit laissé
entendre de chacun costé, que Mr. le Duc se deb\oi(
contenter, et ladicte Dame ne debvoit estre mal con-
tente qu'il eut pour luy et ses domestiques l'exercice
de la religion eu privé, en quelque modesle façon,
qui ne fit poinct d'offence à la religion receue en
Angleterre. El quant au second, que les Princes et
S" du Conseil de France ne pouvoient estimer, qu'avec
l'honneur du Rov et dignilé de la couronne, ny avec
la réputation de Monsieur le Duc, l'entreveue se peult
faire, sans avoir quelque asseurance de marriage.
«A quoy leur a esté respondu, qu'ayant de long
temps ladicte Dame résolu de ne s'obliger à nul party
de mariage, sans avoir vu celluy qui aurait à estre son
mary, et que le poinct de la religion avoit tousjours
esté réservé pour estre accordé entre eux deux à leur
entreveue, chose à quoy le Roy et la Royne mère
s'esloient desjà bien condeseendus, et le luy avoient
ainsi escript par lettre de leur main, et par Monsieui
le maréchal de Retz expressément consenty, elle n'avoil
donné occasion qu'on se retirast de cette offre, et elle
demeurait ferme et constante en cette résolution, de ne
le pouvoir en façon du monde faire aultrement et qu'il
n'en falloit plus parler.
ttLesdits ambassadeurs ont répliqué : que Leurs Ma-
jestés Très Chrestiennes requéraient estre salisfaict d'au-
cunes choses, sans lesquelles leur conseil ne pouvoit esti-
mer qu'elles peussent en façon du monde passer oultre,
sinon avec une notable offence de leur honn"-:- et ung
trop grand hazard de la dignité et réputation de Mr. te
Duc; c'est que Leurs Majestés Très Chrestiennes soyent
bien asseurées que ladicte Dame se veult résolument
marier; qu'elle estime l'alliance de France et le party de
Mr. te Duc honorable et sortable pour elle, que les
articles et tout ce qui dépend dudict mariage soit ainsi
conclud et arresté; qu'il ne reste rien plus que l'entre-
veue pour l'effectuer; qu'il soit remis à Leurs Majestés
communication de la forme d'icelle, et du temps et avec
62
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
à toute la chrétienté que je ne veulx rien
oublier ni espargner de ma part de ce que il
v pourra servir, ayant, à ceste cause, le Roy
mon filz et moy advisé, pour ne laisser ceste
affaire lirer en longueur, de vous envoyer et
dépécher exprès le sieur de Foyx pour vous j
remonstrer en cet endroict les choses où nous j
trouvons difficultés, vous priant le croire et
en ce et aux aultres particularités qu'il vous
dira de ma part et adjouster aultant de foi
que faniez à
\ oslre bonne seur et cousine,
Catekine.
quel équipage et cornpaignie Monseigneur y viendra,
avec le muluel consentement toutesfois de ladicte Dame,
laquelle pour cest effect oclroyera son sauf-conduit ; que
le prétexte de son voyage soit fondé sur telle occasion
que Leurs Majestés Très Chrestiennes estimeront estre
honorable pour eux, et que l'honneur de ladicte Dame
y soit pareillement considéré ; que incontinent à la-
dicte enlreveue, s'il plaise à Dieu, que les personnes
se puyssent complaire, le mariage se solemnisera, sans
donner la peyne à Monsieur le Duc de retourner ung
aultre foys.
-Auxquelles demandes ladicte Dame avec délibération
de son conseil a respondu : Que les répulant bien ho-
nestes et honorables, elle déclairoit que sa resolution
pour satisfaire à l'extrême désir de ses subjects estoit
de se marier ; qu'elle réputoit l'alliance de la France et
le party de Mr. le Duc, pour le grand bien qu'elle avoit
ouy dire de luy, très honorable et bien sortable pour
elle, si Dieu vouloit qu'ils se puissent complaire; que
puisque le Roy et la Royne sa mère se réservoient d'or-
donner aucunes choses de l'entreveue, avec le mutuel
contentement et consentement d'Elle, qu'elle estimoit estre
bon à différer à faire les articles jusques à ce qu'ils eussent
déclairé leur intention, et que, cependant, elle déclairoit
que tous les articles qui avoienl esté arrestés pour le
Roy, lorsqu'il se parloit de luy, demeurassent entiers
et accordés pour Mr. le Duc, et qu'elle estoit contente,
s'il playsoit à Dieu qu'à leur première entreveue ils se
puissent complaire, que le mariage se solemnisast.
"Et ainsi a esté respondu par Sa Majesté, présents les
S" de son Conseil aux ambassadeurs du Roy.
"Le cinquiesme de septembre 1571.71
(Record office, State papers, France, 1571.)
1571. — g août.
Copie. Bibl. nat. foûds français, n° 10753, f° 1 a 33.
V MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, quand vous
fairez response à ce paquet, faictes que la
response me soit baillée à mes mains propres
et que nul ne la voye ; car j'ay moy-mesme
fermé le paquet.
De Fontainebleau , ce deuxiesme jour
d'aoust 1 07 1 .
Caterine.
1571. — 2 août.
Aut. Dépôt de In guerre, vol. III . p. a3.
A MONSIEUR L'ÉVESQUE DE D'ACQS,
AMBASSADEin À CONSTAiVTISOPLE.
Monsieur d'Acqs,j'é veu une letre que vous
avés ayscriple à mon fils, la plus sage et qui
m'a le plus contentée que lettre que j'éjeamès
veue, et yl vous y respond, et lui et moy dé-
sirons que vous fasiés tout cet que pourés,
afin de avoyr, s'il et possible, l'eun decesréau-
mes et que nous mandiés cet qui valet ché-
cun; car ons a telement dégoûté mondist fils
de aler enn Angletere que j'ey un eslresme
regret de voyr corne les chause en sont, et
aysté bien ayse de cet que lui enn avés mandé,
et vous prie qu'il ne sache poynt que vous aye
aiscript et brusler cete letre, laquèle je vous
ay voleu fayre, d'aultent que je say qu'il a
toute foys à vos letres que luy enn escrip-
vez , disant que avés entendu, au retur
de cet porteur, que tout ayst rompeu, de
quoy avés un ynfini regret, et que lui priés
de bien considérer cet qu'il pert et cet que
luy désirés prochasser n'est en rien parel pour
aystre l'eun à la porte de cet royaume et au-
jourd'hui le troysième royaume de la cres-
lienté el le plus entier et en pays : et les autres
LETTRES DE CATH
au but du monde et à la mersi du Turc, qui
vous fayst merveilleusement hebéir ' cornent
\1 n'y a personne isy qui ne lui aye peu fayre
entendre ce que c'et de la grandeur que cet
mariage lui pouroyt a porter et l'amitié dé
prinse d'Alemengne pour parvenir à l'empire
et la conqueste dé Péys-Bas et sur sela vous
ay tendre, cornent le sarés bien fayre ; et ausi
lui mender le moyen pour sa surlé et l'y
auller le screpul de sa consiense, ayent
l'exersise de nostre religion, et lui dire le bien
qu'il pouré fayre pour la religion et enn es-
cripre une bonne letre de persuasion à Ville-
cler, lui disant que ne voldriés fallir à la
dévotion que portés à mon fils et anvye que
avés de sa grandeur que ne lui remonstriés le
tort que l'on luy fayst de rompre cet mariage,
et, sachant cornent il l'i et afectioné serviteur,
que vous ne vous povés guarder de vous en do-
loir aveques luy et le priez de fayre l'ofise que
favriés, si estiés ysi de le remonstré à mon fils
et luy mender à luy toutes les raysons que
penseras les plus vrave et pugnantes pour
luy fayre penser qu'eun jour mon fils sara
un très mauves gré à ceulx non pas seulement
qui l'enn aront disverti, mes qui ne luy auront
remonstré le bien et grandeur qui l'i veulet
fayr perdre et sur tout qu'yl ne puisse panser
que je vous enn aye ryen mendé, car mesme
à cet porteur je luy ay fayst acroyre que
ayscrys à Mendelot pour vous baller une letre
à faire tenir à Maieras2 et mandé à mon fils
cornent vous entendes de avoyr quelque plase
pour sa seureté, si se n'et après qu'il sera là en
gagnant la royne, au si les fauldroyt demander
aveques les aultres articles, cet que je trou-
vères mal esay qu'ele accordast. Je vous prie
encore un coup que neul ne sache que vous
aye ayscript et de brusler la présante.
1 Hebéir, ébahir.
2 Ferais, sieur de Malras.
ER1NE DE MÉDICIS. 63
De Fontaynebleau, cet ne de ausl 1371.
Caterine.
P. S. Je me suy s avisaye depuis de baller cete
litre, afin que personne ne s'an doucte, au se-
gretayre Souvré,qui la metera dan le paquet.
l'ôl\. — h août.
Copie. Bihl. nat. Parlement, 93.
A MESSIEURS LES GENS
TENONS Ll COUR DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon filz ayant
pour certaines causes et considérations pourveu
M' Arnault deCavaignes, naguères conseiller
en la cour de parlement de Toulouse, d'un
estât de conseiller et maistre des requestes
ordinaires de son hostel, lequel il a, à celte
occasion, créé et érigé de nouveau, ainsi que
vous verrez tant parl'édit de création que par
ses lettres ' que ledict sieur Roy vous en escrit,
1 Nous lisons dans la lettre de Charles 1\ : «Nous
n'avons pas ignoré la religion de laquelle ledict de Ca-
vaignes l'ait profession, ayant mesmement voulu par
nostredict édict de pacification que tous nos sujets in-
différemment l'eussent peceus et admis en toutes charges
et estais , et que nous nous sommes aidez des deniers pro-
venans de sondict estât de conseiller en nos urgentes et
nécessaires affaires, i (Même volume.)
Ce n'est pas sans difficultés que Cavaignes put être
mis en possession de l'office dont Catherine l'avait gra-
tifié, car voici ce que Jeanne d'Albret écrivait à la Reine
mère, le a 2 mai 1672 , durant le court séjour qu'elle fit
à Paris avant sa mort.
«Madame, le sieur de Cavaignes s'en allant pour vous
remonstrer les difficulté: que l'on lui laict en Testât que
vous lui avez donné, a pensé que ma recommandation
lui peust servir, ce que je ne luy ai voulu refuser pour
lui devoir cela, et comme plus ancien serviteur de Voz
Majeslez, me semblant que ces difficulté^ lesquelles je
remettray à luy à vous dire, ne sont qu'aultant d'argu-
ments à ceulx qui sont bien aises d'entretenir les per-
sonnes en double de l'observation des éditz de pacifica-
tion. Ce ne sera pas à moy. Madame, ni à ceulx qui ont
cet honneur d'approcher de vous de cognoistre de quelle
66
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
et d'autant que vous pourriez faire difficulté
de recevoir ledict Cavaignes audict estât tant
à cause de la religion de laquelle ledict de
Cavaignes fait profession que autres considé-
rations et retnonstrances que vous pourriez
faire au Roy mondict sieur et filz là dessus,
je vous ay bien voulu faire ceste lettre pour
vous prier, suivant le vouloir et intention dudict
sieur, ne faire aucune difficulté de recevoir le-
dict de Cavaignes audict estât de maistre des
requesles ordinaire du Roy mondict sieur cl
tilz, d'autant que les causes et considérations
qui ont meu iceluy sieur de l'en pourvoir sont
si grandes et importantes qu'il ne veult qu'il
n'y soit faict aucune difficulté, priant Dieu,
Messieurs, vous avoir en sa sainte garde.
Escript à Fontainebleau, le qualriesme
jour du mois d'aoust mil cinq cens soixante et
onze.
Catekiîve.
1571. — 6 août.
Copie. Bibi. nul. fonds fi-aoçais, n° 107521 f° ulilt.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Fourquevauls, estant venue en
ceste ville et n'ayant eu loisir de vous faire
le discours de ce que nous dict l'ambassadeur
d'Espagne à sa dernière audience, je le vous
affection le Roy et vous les voulez entretenir que cela
nuira, mais à ceulx qui loin de Voz Majeslez ne com-
posent leurs arguments que sur les effetz contraires à
vos volontez, comme celui de quoy se plaint le sieur de
Cavaignes, lequel vous le fera si bien entendre, Ma-
dame, que, me remectant à luy, je lairray ce propos pour
vous dire que j'ay veu vostre fontaine des Tuileries, de
bonne grâce m'ayant donné là un souper privé Monsieur
le comte de Retz, avec lequel j'ay veu en ceste ville
aucunes choses pour nos nopees. Madame, je vous al>
tends en bonne dévotion, et cependant je prieray Dieu
vous donner, Madame, très heureuse et longue vie.
« Jeiunne. h
(Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg.)
ay bien voullu escripre, afin qu'il ne mandas!
rien davantage à son maistre. Sacbez donc
qu'il vint à l'audience et la voullust avoir du
Roy et de moy ensemble, l'un devant l'autre ,
et nous dit qu'il se douloif toujours de ceste
nef qui a esté prinse à la Rocbelle, et de quoy
l'on ne luy en faisoil nulle raison et aussi de
ce qu'il estoit sorti beaucoup de vaisseaux sov-
disanls au conte Ludovic pour aller en Flandres
et que, si l'on demande pourquoy s'arme le
duc d'Alix-, que c'en est la cause, ne se faillant
esbahir s'il commance à s'armer et offenser, si
l'on ne luy faict justice des princes et de l'ad-
mirai, Laquelle il nous requiert; à quoy nous
avons respondu que, quant à la nef qu'y fai-
sons ce qui est en nous; mais qu'encore nous
ne sommes pas bien obéis dans la Rochelle,
où nous manderons pour faire arrester ceste
llolle, et, s'ils ne le font, leur faire connoistre
combien il nous dcsplaict et qu'il ne faut
prendre ceste excuse pour commancer la
guerre, car nous luy en donnerons nulle occa-
sion. Et quant à la justice des prinses qu'il
demande luy estre faicte, dont il n'avoit encore
laid de mention, que c'estoit nous voulloir
brouiller, mais que nous allions à Rlois, où il
viendroit et espérions accommoder de telles
choses que le Roy seroit obéi , et après il connes-
troit comment le Rov veult demeurer bon frère
de son maistre. Sur quov il a faict une grande
exclamation de ce mot que j'av dict, qu'il
voulloit brouiller, et qu'il en demandoit justice;
et aprez feist appeler les cardinaux de Rourbon
et d'Est et dict à cclluv de Rourbon qu'il se
plaignoit d'un Laudonnière qui s'advouoit à
luy, lequel cardinal luy respoudict qu'il ue
l'advouoil point, s'il avoit mal faict, comme
aussi, ne l'ayant point faict, il le porteroit et
favoriseroit. Sur cella, il luy dit qu'il portoil
touts les hérétiques, de quoy Monsieur le car-
dinal s'est trouvé fort offensé, car il les hait.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Vous voyez que cest homme est faict pour in-
jurier tout le monde. Je vous ay voutlu mander
cecy succinctement, afin que vous en soyez
adverli, s'il l'escrivoil autrement par delà et,
vous prie, retenez le bien pour nous en sçavoir
servir, quand connoistrez en estre besoin. Au
reste nous vous prions nous faire entendre
comme toutes choses passeront; car on ne
peusl plus négotier avec luy, s attaquant ninsin
à tous. Vous connoissez la main, bruslez la
présente.
Dudirt sixiesme d'aoust 1571.
Caterixe.
1571. — G août.
Copie. Bibl. nat. «fonds français, n° 10753 , f" ni3.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, le sr Geronimo
Gondi est arrivé de deçà sur le point que le
Roy monsieur mon fils vouloit de'pescher un
des vostres, pour sçavoir ce qu'il a négotié
sur la charge que luy avions donnée, dont je
vous ay bien voullu advertir et prier de croire
que, si le Roy mondict sieur et fils a bonne
volonté de veoir ceste despeche, suivie de
vostre successeur, suivant la prière que vous
luy en avez faicte, de ma part aussi je ne l'ay
moindre et liendray la main que ce soit in-
continant, afin qu'en cella vous soyez satis-
faite selon que vous le désirez, vous asseu-
rant, Monsieur de Forquevauls, que, quand
vous serez de deçà, nous espérons vous faire
connoistre, l'occasion s'en présentant, le con-
tentement que nous avons du bon debvoir que
vous avez faict en vostre négotiation, priant
Dieu, Monsieur de Forquevauls, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escripl à Fontainebleau, ce sixiesme jour
d'aoust 1 57 1.
Caterine.
ClTDEIUNE DE MÉDICIS. IV.
1571.
août.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. LUI, f° lu.
JEANNE D'ALRRET A LA ROYNE ',
MA SOUVERAINE DAME.
Madame, j'ay receu celle qu'il vous a pieu
m'escripre par le sieur de Quincé et suis
marrie que le sieur de Reauvoir est tellement
retardé par ses gouttes qu'il n'a su partir par
le désir que j'ay que mes affaires vous soient
véritablement monstrées et ne pouvant choisir
aultre qui les sache si bien, j'ay attendu sa
guérison qui, j'espère, sera dans peu de jours
que je vous l'euverray; et quant à l'honneur
qu'il vous plaist me faire de me souhaiter en
vostre compagnie et que penseriez que j'ay
oublié le lieu dont j'ay cet honneur d'estre
sortie, si je n'y vois, je vous supplie très
humblement croire, Madame, que ce sera
toujours avec mon plus grand contentement
quand je penseray estre si heureuse que vous
pouvoir faire très humble service, ne me
pouvant oublier moy mesme ny le lieu d'où
despend ma grandeur, auquel par tant de
debvoirs de sang, de subjection, et d'office je
suis appelée, que mon principal dessein sera
toujours d'y satisfaire par très humble service
et obéissance, comme bonne Françoise, de
tous ces costés là et ne sais pourquoy, Madame,
vous me mandez que voulez voir mes enfans
et moy et que ce n'est pour nous mal faire.
Pardonnez moy, si, lisant ces lettres, j'ay eu
envie de rire ; car vous me voulez asseurer
d'une peur que je n'ay jamais eue et ne pensay
jamais, comme l'on dict, que vous mangissiez
les petits enfans. Je ne sçay, Madame, si sur
1 11 ne nous a pas été donné de retrouver tes lettres
écrites par Catherine à Jeanne d'Alhret. Pour suppléer à
cette regrettable lacune, nous avons cru devoir insérer à
leur date les réponses de la reine de Navarre, qui four-
nissent quelques indications sur le contenu de ces lettres.
lUrniMCilie KAT10KALE.
GG
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
cela l'on vous a voulu bailler quelque opinion,
mais les effeetz de mes services tant passés
que présents et à venir vous doivent assez me
faire cognoislre et voudrais mettre en garantie
la généralité de la cause de la religion dont je
ne me veux despartir, pour monstrer ma fidé-
lité et le désir de voir le Roy obe'y en ses
e'dictz et son royaume paisible. Voilà les choses
pour lesquelles, Madame, j'emploicray vie et
biens et, pour l'espérance que j'ay de vous en
mander davantage par le sieur de Beauvoir, je
ne vous en diray davantage. Vous verrez, Ma-
dame, par la dépesche de mon filz au Roy
que remporte le sieur de Quincé, la défaveur
qui luy a esté faicte, m'asseurant que c'est
au desçu de Voz Majestez, mais pour me faire
paroistre de l'elfect de voz promesses, je vous
supplie très humblement, Madame, donner
ordre que nous ne soyons plus traités si
indignement; car, comme il vous plaist me le
mander, nous sommes si proches que vostre
bonté ne peut estre qu'elle ne nous touche, et
sur cela jeprieray Dieu, Madame, vous donner
très longue et heureuse vie.
De la Jarrie près de la Rochelle, ce vnc aoust
1571.
Votre très humble et très obéissante
seur et subjecte,
Jeuanne.
1571.— 28 août.
Orig. Bibl. nat. fonds Dujmy, n° 801, f° 90.
A MONSIEUR DE THOU,
rO.1SBtI.LEIl DO BOÏ M01SIKL-H UON FILZ EN ^05 COUSEIL PRIVE
ET PREMIER l'RRSIOBIÏT BK SA COURT DE PARLBliBXT DE PARIS.
Monsieur le président, le Roy monsieur
mon filz a cy-devant en faveur de son mariage
donné et octroyé lectre à Scipion Massey et
Anthoine Rives, natifz de Lyon et bourgeois
de Paris, pour estre receuz marchans merciers
nonobstant que lesdictz Massey et Rives n'ayent
faict aucun aprenlissaige, dont ilz sont relevez
par lesdicles lectres, estans d'ailleurs congnuz
hommes d'esprit, dignes d'estre au nombre
des aullres marchans de nostrc ville de Paris,
oultre ce, que les services qu'ils ont faiclz au
Roy par cy-devant les doibvent recommander
en cela et en plus grand chose, et d'autant que
lesdictz marchans et gardes les veullent ein-
pescher de jo\ r desdictes lectres , mesures qu'il/,
ont inlerjecté l'appel de la sentence du pré-
vost de Paris, qui aurait receu lesdictz Massey
et Ryves et que depuis, combien qu'il y eust
lectres d'évocation au privé conseil, la con-
gnoissance dudict appel , à l'instante prière des-
dietz marchans, vous est renvoyée, je vous prie
tenir la main à la conservacion du droit des-
diclz Massey et Ryves, à cequ'ilz puissent joyr
promptement du bénéfice desdictes. lectres se-
lon l'exprès voulloir et intencion du Roy, à
laquelle lesdictz maistres et gardes n'ont deu
s'opposer, attendu la faveur et tiltre sur le-
quel lesdictes lectres sont fondées, et donner
à congnoistre, parl'expédiciou de vostre bonne
justice, que les présentes jointes à la volonté
du Roy en cause favorable ont eu lieu de
recommandation, priant Dieu, Monsieur le
président, vous tenir en sa saincte garde.
A Chenoneeau, le xxvincjour de aoust l'an
H. VCLXX1.
Caterine.
Chaxteheau.
1571. — a8 août.
Orig. Archives de Berliu.
A MON COUSIN
M" LE MARQUIS DE BRANDEBOURG,
ÉLLCTEUll DU SAIKT-BMPiBK.
Mon cousin, vous entendrez par la lettre
que présentement vous escript le Roy mon-
LETTRES DE G AT II
sieur mon filz comme renvoyant en Allemai-
gne le sr de Schombert1 son chambellan
ordinaire, il luy a donné charge de vous
visiter de sa part et vous tesmoigner la con-
tinuation de sa bonne et sincère volonté en
voslre endroict et dire le singulier désir qu'il
a de l'accroistre de plus en plus, dont je ne
vous feray aucune redicte, ains m'en remec-
tray entièrement au contenu de ladicle lui In'
pour vous asseurer seulement par ce petit mol
que, comme j'ay esté celle qui, oultre son incli-
nation naturelle, l'a tousjours ci devant bien
fort assisté en ce bon advis et conseil, ainsi
déliberay-je de le l'aire par cy après pour tenir
en ung singulier compte et estime voslre
amitié et bienveillance et des autres princes,
vos mutuels amys et de ceste couronne, selon
que j'ay donné charge au sr de Schombert de
vous dire de ma part, dont je vous prie le
1 Voici la lettre de Charles IX : ttMon cousin, renvoyant
en Allemagne le sieur de Schombert, mon chambellan
ordinaire, je lui ay donné charge de vous visiter de ma
part pour tousjours vous tesmoigner la continuation de
la vraye et sincère amitié que je vous porte et au sur-
plus dire le désir que j'ay que nostre commune bonne
intelligence avec vous mon cousin, le duc Auguste de
Saxe et les autres princes, seigneurs et Estatz du Saint-
Empire vos mutuelz amis s'accroisse et establisse de plus
en plus ainsi que ledict sieur de Schombert a eu cy-
devant charge de dire et respondre de ma part à moii-
ilict cousin l'Électeur, et de le requérir de continuer sui-
vant sa bonne intention en l'exécution et effects de ce
bon œuvre, vous priant aussi de vous conformer en cest
endroict à sa volonté el vous asseurer que je désire aul-
lanl la conservation de vous, vos Estais et pays et des
autres princes et seigneurs de la Germanie, voz mutuelz
amis et les miens, que de mon propre royaulme selon
que mes effects le feront plus cognoistre que les parolles,
ainsi que j'ay donné charge audict sr de Schombert le
vous dire de ma part, dont je vous prie le croire comme
moy mesme, suppliant le Créateur, mon cousin, qu'il
vous ait en sa sainte et digne garde.»
Voir dans le même volume les lettres de Schomberg
au Roi. (Bibl. nat., Cinq cents Colbert, n° ioo.)
ER1NE DE MÉDICIS.
67
croyre comme moy mesmes, priant Dieu , mon
cousin, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Chenonceaux, le xxvin0 jour
d'août 1671.
Voslre bonne cousine,
Caterint.
BltUI.ART.
1571. — 1" septembre.
Arrli. uat. collcct. Simaocas, K i5ao, p. 72.
AU SIEUR CHAPUV VITELLI.
Sieur Vitelli, ayant entendeu que vous estez
passé à Bloys si près de nous, sans vous avoir
veu, j'ay bien voulu vous faire ce mol de lettre
pour vous dire que j'ay grand regrert de n'a-
voir peu parler à vous, tant pour estre et de-
meurer satisfaicte du désir que j'ay desçavoir
j des nouvelles du Roy Catolicque monsieur
mon fils et de Mesdames les Infantes, mes
petites-filles, et afin aussi que je vous puisse
faire traicter et accommoder partout par ce
royaulme comme le désir et affection que vous
avez tousjours porté à ceux de ma maison le
mérite, qui est cause que j'envoye par devers
vous le conte de Coconnas présent porteur
pour vous visiter et vous offrir ma bonne
\ volonté, et vous prie me faire entendre par luy
I des nouvelles de la sauté et bonne disposition
; des Roy et Royne Catolicques et de Mesdames
les Infantes mes petites-filles, vous asseurant
que d'aultant quelles seront bonnes, elles me
seront aussy plus agréables; et pour ce que
ledict conte vous pourra plus au long esclairer
là dessus mon désir et intention, je feray fin.
priant Dieu, sieur Vitelli, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Chenonceaulx, le premier jour de
septembre 1671.
Catkrjni-:.
ClIANTEREAU.
68
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1571. — 13 septembre.
Orig. Arcli. de Venise, lellres des rois de France, n° aG.
A NOS TRÈS CHERS ET GRANDS AMIS,
ALLIEZ ET CONFÉDÉHEZ,
LES SEIGNEURIES DE VENISE.
Très chers et grands amis, alliez et con-
céderez, par le sieur Léonard Contarini que
vous avez naguères envoyé vostre ambassadeur
devers le Roy noslre très cher sieur etfdz nous
avons receu vostre lettre du xv° jour de juin
dernier et entendu de luy ce qu'il avoit charge
nous dire de vostre part, pour se conjouir de
voslre part en vostre nom avec nous de l'heu-
reux succès du mariage du Roy nostredict sieur
cl fdz et de nostre très chère et amée fille la
royne sa compaigne et espouse,qui sont offres
si gracieuses que par iceulx nous cognoissons
de plus en plus la grande faveur et affection
que vous avez en ce qui touche la continuation
de l'amitié et parfaite intelligence qui a tou-
jours esté entre ces deux Estatz , à laquelle vous
vous pouvez asseurer de toute correspondance
de noslre part et que nous n'oublierons aucun
office que nous y penserons y pouvoir convenir.
Aussi avons nous entendu dudict sieur Con-
tarini les autres particularités dout vous l'avez
chargé, sur lesquelles nous l'avons tellement
éclaira de noslre désir à vostre bien, grandeur
et contentement que vous recevrez toute satis-
faction du rapport qu'il vous en fera, duquel
nous sommes asseurés qu'il s'acquittera si
dignement et que vous adjouterez telle foy à
ses paroles que ne vo"us en dirons aultre
chose, et à tant, très chers et grands amis,
alliez et confédérez, nous prions Dieu vous
avoir en sa très saincte et digne garde.
Escript à Blois, le m* jour de septembre
1571.
Caterine.
Fises.
1571. — 32 septembre.
Copie. Bibi. nat. fonds français, n° 17803 , f" loi v .
A MONSIEUR DE VULCOB '.
Monsieur de Vulcob, nous avons veu par voz
deux dépesches des xvm et xxv du passé ce que
nous avez mandé des choses qui se présenloient
lors d'icelles en la court de l'Empereur mon-
sieur mon bon frère, dont le Roy monsieur
mon lilz est bien ayse que vous luy donniez si
ordinairement advis, et quant à ce que le sr
Profcolfky nous a dicl qu'il pensoit que mon-
dicl bon frère seroit fort prest à faire mectre
la moictyé des postes qui seroyent nécessaires
pour envoyer pacquetz par le chemin de Metz,
sans prendre le tour de Bruxelles, pourveu
que le Roy voulsist porter de son costé l'autre
moictiédela despence, c'est chose qu'il fera fort
voluntiers, tant il désire avoir souvant des nou-
velles de la court de mondict bon frère; mais
il faudrait que vous regardassiez d'accommoder
ce faict là avec ledict Profcolfky et advisassiez
par ensemble les lieux où l'on pourrait establir
lesdicts postes et la façon dont il y faudrait
procéder; en quoy, de tant que ce ne peut estre
que es terres de l'empire et ceulx de l'obéis-
sance du Roy mondict sieur et filz , je croy qu'il
faudra que son auctorité et commandement y
intervienne envers les princes seignours des
lieux et provinces où se pourront establir les-
d i et z postes; à quoy, après avoir accordé de
ce qui se devra faire, vous nous en donnerez
bien ample advis.
Au surplus, Monsieur de Vulcob, je vous
veulx bien dire comme hier la royne ma belle-
fille me demanda que c'est que le Roy mon filz
avoit résolu pour le faict de lillre de grand
duc, affin d'en pouvoir escripre à mondict
bon frère; sur quoy je luy ayl dict que le Roy
1 Voir une lettre de Charles IX qui précède celle-ci.
LETTRES DE CATH
mondict sieur et filz n'avoit riens faiet en cela
en intention d'en donner aucun mescontente-
ment à mondict bon frère, mais au contraire
que le Pape et l'ambassadeur de mon cousin
le duc de Florence m'ont tousjours faict en-
tendre que c'estoit chose que mon bon frère
auroit très agréable; sur laquelle asseurance le
Roy mondict sieur et fdz luy a baillé ledict
tiltre pour lequel j'ay tousjours conseillé à
mondict cousin de s'acommoder avec mondict
bon frère pour le meilleur expédient que je y
sceusse pour luy, ne voulant le Roy mondict
sieur et fds que pour cela mondict bon frère
pense que l'amitié qu'il luy porte puisse venir
en aucune comparaison de celle qu'il porte à
mondict cousin, quelque parenté dont il me
touche; car quant à luy il le tient pour affec-
tionné serviteur de ceste couronne; mais quant
à mondict bon frère pour son bon père qu'il
vénère et honore grandement, ce que j'ay prié
madicte fille* luy escripre, vous priant faire
mes excuses envers mondict bon frère et l'im-
pératrice si je ne leur escriptz point à ceste
heure, d'autant que la maladye de laquelle je
suis détenue depuis quasi ungmoys ne me le
permecl, vous ayant voullu donner advis de ce
que dessus, affin que, si sur l'occasion de ce
qu'en escripra madicte fille, mondict bon frère
vient à vous parler, vous luy tenez le mesme
langaige, qui sera concordant avec celluy qui
vous a esté dernièrement escript, priant Dieu,
Monsieur de Vulcob, vous tenir en sa saincte
garde.
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS.
69
1571. — 27 septembre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Mollic-Fénelon ,
t. VII , p. s56.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉÏVELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon , je n'adjous-
1 Elisabeth d'Autriche.
ferai aultre chose à la lettre que le Roy mon-
sieur mon filz vous escript * que pour vous dire
seullementquantà ce que m'escrivezparvostre
lettre du xnemc : tt que vous ne vous pouvés poinc t
apercevoir qu'il se tienne aulcun propos par
delà de mariage de madicte bonne sœur, aullre
que celluy qui est ouvertement en termes », je
croys que la chose se trouvera ainsi; car, du
costédont nous avons quelque doubte, je tiens
les choses tant avancées, pour le regard du
mariage de ma fille, que, quand l'on y auroit
pensé cy-devant, cella seroit à cette heure
délaissé2, vous voullant bien dire que, tant s'en
1 Voici ce que contenait la lettre de Charles IX : t?Mon-
sieur de la Molhe, le s' de Foix est arrivé devers moy
depuis cinq ou six jours , duquel j'ay bien particulièrement
entendu comme toutes choses se sont passées par delà
en la négociation que vous et luy avez à manier avec la
royne d'Angleterre, dont je demeure infiniment satisfaicl
de la grande dextérité avec laquelle vous vous y estes
Ions deux comportés.
trSur quoy ayant faict venir devers moy le sr de Wal-
singham, je suis venu à lui dire que les demandes rai-
sonnables que je faisois pour mondict frère touchant le
faict de l'exercice de sa religion n'avoient esté receues de
madicte bonne sœur aussi bien que j'espérois, encores
(ju'il me semblast qu'elles estaient assez tolérables, veu
que mondict frère ne vouloit rechercher, en façon du
monde, qu'il feut rien changé au royaulme d'Angleterre
au faict de religion, qui est à présent establie, mais
seullernent qu'il luy feust permis, pour servir sa con-
science, d'avoir l'exercice libre de sa religion pour luy et
sa famille; à quoy voyant que madicte bonne sœur estoit
bien loin de condescendre, il me sembloit que c'estoit
une occasion qu'elle vouloit prendre pour se despartir de
la négociation dudict mariage et toutes fois, d'autant
que j'avois trouvé quelque obscurité en ses responses,
j'altendois à y voir plus certain jugement jusqu'à l'arrivée
d'icelluy de ses conseillers que mondict cousin m'a dict
qu'elle délibérait envoyer par deçà.» (Même volume,
p. 31 et suiv.)
2 Allusion au projet de mariage, mis un instant en
avant, du prince de Navarre avec la reine d'Angleterre,
et que Jeanne d'Alhret elle-même avait écarté.
Voici le résumé d'une dépèche de Walsingham à Ce-
cil, datée de Blois le 1G septembre, et qui résume bien
70
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
l'ault qu'il y ayl nouvelle conspiration de ceux
de la Rochelle avec ceux du prince d'Orange
pour courir sus aux subjets du Roy monsieur
mon filz, qu'au contraire mon cousin l'admirai
est ici avec nous, qui ne désire rien plus que
d'ayder en tout ce qu'il peust à empescher les
pirateries qui se font en la mer par meschantes
gens, qui n'ont aucun adveu de ceux de ladicte
Rochelle, comme aussy à s'employer en toutes
autres choses concernant le bien du service
du Roy mondict sieur et filz, comme son (idelle
subjel. Sur ce je prie Dieu, Monsieur de la
Motte-Fénelon , vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Rlois, le xxvmme de septembre.
Caterine.
1571. — 28 septembre.
Copie. Bibl. nal. fonds français, n° 10702 , f° 1196.
A MONSIEUR DE FOURQUEVALX.
Monsieur de Forquevauls, j'ay esté très
aise d'entendre la santé de mes petites-filles
par vostre lettre du dix-septiesmc d'aoust. Je
la situation: Le Roi est satisfait de la manière dont M. de
Foix a été trailé en Angleterre; la nouvelle de la rupture
du mariage de la reine avec le duc d'Anjou n'altérera
pas les relations d'amitié; la duchesse d'Uzès, qui gou-
verne la Reine mère, est favorable à notre reine; l'amiral
de Coligny est arrivé à Rlois le 19 septembre; il m'a fait
comprendre quels soupçons pèsent encore sur lui et c'est
ce qui m'empêche de le visiter.
Le seul obstacle au mariage de Madame Marguerite et
du prince de Navarre, c'est la religion. Jeanne d'Albret
est en Réarn à prendre des bains; et le comte Louis de
Nassau à laissé à Rlois un homme de confiance pour at-
tendre la réponse du Roi aux propositions qu'il lui a faites.
La résolution de l'entreprise des Flandres dépend de
ce que la reine Elisabeth veut faire; si on laisse passer
l'occasion, le raccommodement peut se faire entre l'Es-
pagne et la France; les Guises dissuadent de l'alliance
entre la France et l'Angleterre; ils la jugent très préju-
diciable à leur nièce Marie Stuart. (Calendar of Slate
papert, 1571, p. 535.)
ne vous fairay austre response sur ce que vous
me mandez du mariage de Portugal que ce
que vous escript le Roy monsieur mon fils.
lequel est bien délibéré de ne croire plus en
parolles, voulant accommoder les affaires de
son royaume, afin de pouvoir par aprez mieulx
servir au bien delachrestienté1. Depuis, voslrc
1 Mémoire pour servir d'instructions à Fourquevaux :
trPar ce que le s' de Fourquevauls escript par sa
lettre du quatricsme du moys d'aoust que l'on se moc-
que publiquement du bruict qui y court du mariage
de la royne d'Angleterre avecques Monseigneur le duc
d'Anjou et aussi que l'on estime qu'il s'y pourra parler
diversement de la venue de Monsieur l'amiral en cesti
court, le Roy a voullu rendre ledict sr de Fourquevauls
informé de la vérité de l'un et de la cause de l'autre
pour en respondre comme de lui-mesme, si on luy en
parle.
rrQuaut au premier, la vérité est qu'il a esté désiré et
recherché avecques affection tant par la royne d'Angle-
terre que par le Roy et Monseigneur et que les choses
ont passé si avant que l'on estoit pour facilement lumbor
d'accord des principaulx points, si celluy concernant
le faict de la religion n'eust empesché le cours de la
négociation pour la très grande dévotion de l'une et
l'autre des parties envers celle de laquelle ils font pro-
fession , de manière que ce qui estoit encommancé est
demeuré accroché et irrésolu à cette difficulté, avecques
néanmoins telles satisfactions et consentement des parties
pour la démonstration de bonne volonté réciproque (pu
s'est faicte d'un coté et d'autre qu'il s'en espère tout
accroissement de mutuelle et fraternelle intelligence.
«Pour le regard de l'autre point, comme le Roy
n'a eu depuis l'édict de la paix plus grand désir que de
recevoir ses sujets en amitié et concorde les uns avec-
ques les autres et oster toute marque de division et dis-
corde passée, l'ayant Monsieur l'amiral supplié très hum-
blement luy permettre de le venir trouver pour luj
baiser les mains avecques l'humilité et révérence que
doiht un sujet à son roy auquel il veult rendre tout
devoir d'obéissance, ledict sieur Roy luy a très volon-
tiers permis de ce faire; au moyen de quoy, depuis son
arrivée, il a esté vacqué à pourvoir à ce que pourroit
rester à exécuter audict édict de pacification, comme à
faire remettre le service divin es lieux où il estoit dis-
continué, et la justice en son premier estât pour l'esta-
blissemenl du repos et de l'autorité de Sa Majesté. C'est
lettre du trentiesine m'a este' envoyée par Don
Francez et m'a esté un grand contentement
de sçavoir que le Roy Catholieque monsieur
mon beau-fils vous aye asseuré de révoquer
d'icy ledict Don Francez; car il persévère à
taire tous les jours les pires offices par ca-
lomnies, pratiques et inventions extraordi-
naires dont il se peusl adviser, non seule-
ment pour altérer la paix qui est entre le
Roy mondict sieur et fils et ledict Roy Ca-
iholicque, mais aussi pour brouiller celle de
ce royaume ; j'auray à grand plaisir que cel-
luy qui viendra en sa place soit d'autre hu-
meur, me prometant qu'il sera tel que je le
désire, pour entretenir ces deux roys en
bonne paix et amitié, et ne s'eutrenietra que
de ce qui concernera le service de son maistre.
Je vous prie mettre peine d'apprendre qui ce
sera, pour nous le mander incontinant, et s'il
sera marié comme Madame de Forquevauls le
m'escript que l'on le veut choisir. Nous atten-
drons ce que vous nous manderez sur les
autres particularitez de la dépesche de Co-
lange, priant Dieu , Monsieur de Çorquevauls,
\ous avoir en sa saincte et cligne garde.
Escript à Rlois, le vint-huictiesrue jour de
septembre 1 67 1.
Monsieur de Forquevauls, je vous prie de
dire à Almède que j'ay receu la lettre qu'il
m'a escripte et que je le prie de continuer à
me mander ce qu'il apprendra, l'asseurant
qu'il me fera tel plaisir que je seray tousjours
bien aise de faire pour luy.
le poinct que l'on veut cueillir du voyage de l'admirai
par deçà et non dresser pratiques ny entreprinses pour
troubler le repos de la chrestienté. Faict à Blois, le
vint-sixiesme jour de septembre 1571.71 (Bibl. nat., fonds
français, n" 10753, f" ngi etsuiv.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1571. — 38 septembre.
71
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Molhe-Fénelon ,
t. VII, p. 257.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, le sieur de Walsin-
gham m'est venu trouver reste après disné,
qui a commencé son propos par me dire qu'il
voulloit parler à moy, non comme ambassa-
deur, mais comme personne privée, et me
dire que, encores qu'il sache que l'intention
du Roy monsieur mon fils cl la mienne ne
soit autre que d'entretenir la bonne amitié et
intelligence qui est entre sa maistresse et ce
royaume, si est-ce qu'il semble que, en quel-
que sorte on la veuille altérer, s'estant trouvé,
depuis quelque temps en çà, que vous, qui
vous estiez tousjours cy-devant comporté fort
dignement en vostre charge et n'aviez faict
que tous bons offices, avez mis entre les mains
du secrétaire du duc de Norfolk quelque
argent pour servir à ceulx qui pourchassent
mauvaises praticques par delà contre sa mais-
tresse, disant que, parmy les papiers dudict
secrétaire et dudict duc, il s'estoit trouvé
plusieurs choses de grande conséquence qui
se traictoyent entre lui et la royne d'Escosse,
ma belle-fille, contre sadicte maistresse,
mesmes des lettres que madicte belle-fille
escrivoit audict duc, par lesquelles elle lui
mandoit que. voyant bien que, réussissant
le faict du mariage qui se traictoit entre mon
filz le duc d'Anjou et sadicte maistresse, l'af-
fection que l'on lui avoit portée du costé
de deçà se pourroit refroidir grandement, et
elle seroit quasi contrainte de se mettre entre
les bras du Roy Catholique mon beau-fils,
qui la faisoit rechercber pour la marier avec
don Joan d'Autriche, luy faisant aussi pro-
messe de faire, par mesme moyen, le ma-
riage de son filz avec l'une de mes petites-
ri
LETTRES DE CATHERI.NE DE MEDICIS.
filles ' ; ijui esloyent ofl'res à quoy elle le prioit
de l'excuser, si elle se disposoil d'entendre
1 Voici comment, de son côté, Walsingham raconte à
Lord Burghley ce qui s'est passé à cette dernière au-
dience : «Je dis à la Reine mère que, si elle le trouvoit
bon, je Tinfonnerois amplement de l'état présent de
l'Angleterre et lui dirais en niesme temps mon sentiment
sur certaines choses, non pas par ordre de la reine ma
maîtresse, en qualité d'ambassadeur, mais comme simple
particulier qui ne souhaite rien davantage que la bonne
amitié et la bonne union entre les deux couronnes. Je
lui dis premièrement sur l'état de l'Angleterre ce qui
s'étoit passé entre leur ambassadeur M' de la Mothe et
le duc de Norfolk au sujet de l'argent et du paquet en-
voyé à \ iraque. Je l'informai aussi du contenu du dis-
coure envoyé au duc par la reine d'Ecosse ; je lui dis
encore que Mr de la Mothe, ayant fait demander sans
raison audience à Sa Majesté pour la solliciter d'envoyer
du secours à la reine d'Ecosse, n'avoit pas été bien in-
spiré. Je finis par lui mettre sous les yeux le conseil que
le duc d'Albe a donnée la reine d'Ecosse soit à l'occasion
de son mariage et de celui de son fils, soit sur le des-
sein qu'elle avoit de se dégager de la dépendance de la
France.
fcPour ce qui regarde mon propre sentiment je ne luy
cachai pas que j'avais du déplaisir de ce que son am-
bassadeur avoit eu des intelligences avec le duc de Nor-
folk tenu pour un sujet dangereux. Secondement je luy
dis qu'il éloit regrettable que l'on eut tant d'empresse-
ment pour la liberté de la reine d'Ecosse, la plus dan-
gereuse ennemie de la reine Elisabeth. Je crains fort,
dis-je, que cela ne fasse croire à la reine ma maitresse
que vos protestations d'amitié ne soient pas tout à fait
sincères, et il serait à souhaiter que Leurs Majestés, en
sollicitant cette mise en liberté, eussent égard à la sû-
reté de la reine ma maitresse , et à l'intention de la reine
d'Ecosse de se soustraire à leur protection.
r Elle a répondu à cela que, comme d'un costé elle
étoit bien aise d'apprendre que ces cabales étoient dé-
couvertes, aussi de l'autre avoit-elle du déplaisir qu'il
arrivas! quelque chose capable de faire soupçonner Sa
Majesté qu'il y eust de la mauvaise intention de leur
part, qui lui souhaitoient autant de bien qu'à eux-
mêmes. Pour ce qui regarde, dit-elle, ce qu'a fait La
Mothe, je sais, tant parce qu'il doit au IVoi mon lils qui
ne veut pas qu'il entre en rien qui puisse le moins du
monde préjudiciel' à la reine votre maitresse, que parce
qu'il a pour elle en particulier de la bonne volonté, je
en la nécesité où elle se vovoit aujourd'hui
réduicte, encores qu'elle luy eust toujours une
sais, dis-je, qu'il n'a eu aucune mauvaise intention, et
j'espère qu'elle l'expliquera de mesme. L'argent, dit-elle,
à ce que j'apprens de l'ambassadeur d'Ecosse, a été en-
voyé par lui à La Mothe pour le faire passer à la reine
d'Ecosse, qui, à ce qu'il disoit, en éloil tout à fait des-
tituée. J'ai répliqué pour lors, qu'on envoyoit cet argent
dans une autre vue , ainsi que le duc mesme l'a confessé,
et qu'ainsi l'ambassadeur d'Ecosse l'avoit mal informée.
Elle me dit de plus que cet argent n'éloit point de l'ar-
gent du Roi, mais que c'éloit une partie de celui que la
reine d'Ecosse reçoit tous les ans d'ici pour son douaire.
Vous voyez par là, Milord, que l'ambassadeur négotie
finement quelque chose pour faire plaisir à la reine
d'Ecosse.
ttPour ce qui regarde les sollicitations qu'on fait pour
sa liberté , elle m'a dit que le Roi et elle , tant à cause de
leur ancienne alliance avec l'Ecosse , qu'à cause du ma-
riage, ils ne pouvoieut honnestemenl moins faire que de
recommander sa cause; mais qu'elle protestoit n'avoir
jamais fait avec intention de porter le moindre préjudice
à Sa Majesté. Je la priai pour lors de considérer si
l'amitié de f Angleterre n'étoit pas aussi avantageuse à la
France que celle d'Ecosse. En second lieu, s'ils avoient
à présent le mesme besoin qu'ils avoient eu jusqu'alors
de l'amitié et de l'alliance de l'Ecosse. Pour le premier
point, je lui fis considérer que la France, à cause de
' aggrandissement de quelques-uns de ses proches voisins ,
avoit besoin de l'amitié et de l'Angleterre et de l'Ecosse.
Sur le second point, je lui dis que l'Angleterre n'avoit
point de pied en France, et que l'Ecosse étoit à la France
plus à charge qu'à profit. Elle répliqua que le Roi ne
pouvoit néanmoins s'empescher honneslement d'être tou-
jours ami et allié de l'Ecosse, quoiqu'il n'en eust pas le
besoin qu'il en avoit autrefois. Je répondis que le roi
pourrait être allié avec l'Ecosse en se joignant avec la
reine ma maitresse, et y maintenant comme elle le gou-
vernement du jeune roi. Elle répondit à cela que le Roi
ne pouvoit pas avec honneur abandonner sa belle-sœur.
Je répliquai que le Roi n'étoit pas dans de plus grandes
obligations à l'égard de sa belle-sœur, qu'un père naturel
à l'égard de son fils naturel; que cependant, si ce fils
lomboit dans la débauche et dans la dissolution, et que
son père le chaliast, la faute n'en serait pas au père, mais
au fils. De même, si le Roi, par suite des indignités com-
mises par sa belle-sœur, lui refuse sa protection , elle ne
peut s'en prendre qu'à sa mauvaise conduite, indigne
LETTRES DE CATHE
bonne affection, ainsy qu'elle le lui avoil pro-
mis.
Sur quoy je lui ay respondu, quant au
premier poincl, que je vous tenois pour un»;
honneste gentilhomme, digne ministre de son
maistre, el que je ne pense avoir faict chose,
de par delà, dont vous ne respondiez tous-
jours au l'un mondicl sieur cl fils, el de la-
quelle maclicte bonne sœur ayl occasion de se
mal contenter; mais, quant à l'argent dont il
me parloit, qui estait deux milleescus, comme
je pensois, que je sçavois bien que l'ambas-
de son rang, et non à lui. Je la priai en outre de consi-
dérer que, si le Roi est obligé par honneur, comme elle
le dit, de solliciter la liberté de la reine d'Ecosse, à plus
forte raison est-il obligé par honneur d'avoir égard à la
seureté de ma mai tresse: premièrement, parce qu'elle est
une princesse vertueuse, qui gouverne ses Etats suivant
les loix et la justice; secondement , parce qu'elle a pour lui
une sincère alFection. Or, si en procurant la liberté de la
reine d'Ecosse, le royaume de la reine ma maitresse est
exposé aux troubles, que peut-il arriver qui intéresse da-
vantage l'honneur et la conscience du Roi ? Quelques
assurances et quelques protestations qu'elle puisse faire
au Roi de croire paisiblement à l'avenir à l'égard de la
reine ma maitresse, je la pripis de considérer première-
ment, qu'ayant autant d'ambition qu'elle en avoil, un
traité n'étoit pas suffisant pour la tenir en bride. Secon-
dement, qu'elle se laisse gouverner par ses païens qui
ont brouillé toute l'Europe, comme elle l'avoit vu elle-
mesme. En troisième lieu , qu'elle avoit dessein de se sou-
mettre à l'obéissance des Espagnols qui la pousseraient
perpétuellement à exciter des troubles en Angleterre et
en France. Ces considérations, Madame, lui dis-je, si
vous les pesez bien, vous donneront sujet, j'espère, de
n'avoir pas trop d'empressement pour procurer plus de |
liberté à la reine d'Ecosse, surtout depuis la dernière dé-
couverte qu'on a faite de ses mauvaises intentions pour
Sa Majesté. Ainsi vous ferez bien, selon moi, d'attendre
l'arrivée du ministre que la reine ma maitresse a dessein
d'envoyer ici. Elle me dit pour conclusion qu'elle en par-
lerait au Roi son fils, qui, m'assura-t-elle, seroit l'aschc de
rien faire qui pust donner le moindre mécontentement à
Sa Majesté, ou lui causer le moindre préjudice, n (Ambas-
sades rie Wahingham, Amsterdam, 1700, in-i", p. 16a
et suiv.)
Catheiwve de Médicis. — IV.
RINE DE MEDICIS. 73
sadeur d'Escosse avoil remonslré quelquefois
au Roy moud il sieur et filz, que sa niaistresse
estoit en nécessité d'argent par delà, et qu'il
n'y avoil autre moyen d'en faire tenir que par
vous, à (jui nous n'avons jamais trouve' mau-
vais qu'il s'adressast pour faire tenir de l'ar-
gent pour les affaires de madicle belle-tille;
et quand il l'auroit faict pour le regard des-
dicts deux mille escus, et que vous auriez es-
saye de les faire tenir en Escosse par le moyen
dudict secrétaire, nous ne le pouvons avoir
désagréable, veu la bonne intelligence que,
de luul lemps, ce royaume a avec les Escossois,
el mesmes Feslroicte alliance que ladicte revue
d'Escosse a en ce royaume, qui nous a tou-
jours faict penser que madicle bonne sœur
ne pourrait prendre en mauvaise part que
nous l'aydissions en ses affaires en choses
mesmement où il ne luv pourroit estre faict
aucun préjudice; de sorte que, soit que vous
eussiez essayé de faire tenir lesdits deux mille
escus en Escosse par le moyen dudit secrétaire,
pour les gens de madite belle-fille, ou que
ce feust pour l'agent du Roy mondicl sieur
et fils, qui est par delà, dont je m'infor-
merais mieux iv après, il me sembloit que
madicte bonne sœur n'avoit point occasion
de s'en fascher ni malcontenter en façon du
monde.
A quoy ledit s' de Walsingham m avant ré-
pliqué que l'on sçavoit assez la vie estrànge
que avoit menée madicte belle-fille, qui estoit
odieuse à un chascun, et qu'elle ne méritoit
que nous en eussions un si grand soing, je
lui ay respondu que je sçavois bien que le plus
souvent l'on disoit d'une pauvre princesse af-
fligée, comme est madicte belle-fille, plusieurs
choses qui ne se trouvent quelque fois pour la
pluspart véritables; mais que le Roy mon-
sieur mon fils ne pouvoit, pour son honneur,
qu'il ne lui aidast à accommoder ses affaires
10
IUPni»LH!E saiiqrils
74
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
en son pais, qui est une office que madicte
bonne sœur ne pourrait trouver mauvaise,
pour estre convenable à l'alliance que cesle
couronne a de tout temps et ancienneté avec
les Escossois, et le lieu quelle a tenu en ce-
dict royaume, n'ayant volonté toutefois de
rien faire en cela que avec le respect de l'a-
mitié et bonne intelligence (pie nous avons
avec madicte bonne sœur, à laquelle nous ne
voudrions en rien contrevenir, mais faire toutes
cboses qui la pourraient plutost augmenter et
accroistre en ce qui nous serait possible.
Surquoy je vous diray que nous vous prions
continuer à vous gouverner en ces affaires de
telle façon que, maintenant que la négotialion
du mariage de mon fds d'Anjou n'est aux
termes qu'il estoit il y a quelque temps, ma-
dicte bonne sœur ne juge, par les instances
que vous lui ferez, que nostre amitié soit en
quelque sorte diminuée en son endroict.
Oullre tout ce que dessus, ledict sieur de
Walsingham m'a dict que sa maistresse avoit
plus de désir de se marier que jamais, mais
qu'il pensoit que de ce costé l'on en feust res-
froidy. Bien scavoil elle que le Roy monsieur
mon fdz et moy le désirions infiniment, mais
que mon fils», le duc d'Anjou n'y avoit trop de
volonté, ce qu'il me prioit de sçavoir de luy.
A quoy je luy ay respondu que mondict filz
n'estoit si mal advisé qu'il ne reeongneust bien
que c'estoit le plus digne party qui se puisse
offrir pour sa grandeur et que, quand ma
bonne sœur s'accommoderoit aux choses rai-
sonnables que nous désirions d'elle, qui est
la permission de pouvoir librement et publi-
quement exercer sa religion avec sa famille
selon que sa conscience le luy commande, que
j'estimois qu'il ne se trouverait point de diffi-
culté, mais que, estant mondict filz tant ama-
teur de sa religion comme il est, ainsi que
ledict sieur de Walsingham le pourrait assez
cognoistre, quand soigneusement il s'en vou-
dra enquérir, je ne pensois pas, pour quelque
grand avantage et grandeur qui lui peust estre
proposée en ce monde, il soit jamais pour
condescendre à aucun party, si l'exercice pu-
blic de sadicte religion ne lui demeure libre
pour luy et tous les siens.
Et m'ayant là-dessus respondu ledict sieur
de Walsingham qu'il pensoit que ce serait
chose fort difficille, et qui ne se pourrait
faire, je luy ay dict que je m'estois assez en-
quise delà volunté de mondit fils; mais que,
le congnoissant comme je faicts , je sçavois bien
qu'il avoit tant de révérence à sa religion que
pour devenir le plus grand monarque du
monde, il ne voudrait perdre à la pouvoir
exercer publiquement avec tous les siens en
telle liberté que sa conscience le lui com-
mande, et pour riens du monde se mettre en
danger d'y estre empesché aucunement soubz
quelque petite permission que lui en pour-
rait faire madicte bonne sœur, à laquelle je
m'asseurois qu'il n'avoit autre volunté, toute
sa vie, que de faire service, se sentant gran-
dement luy estre obligé.
Vous ayant voulleu faire ce discours de tous
ces propos que j'ay euz avec le sr de Walsin-
gham, allîn que, en donnant advis à sa mais-
tresse, vous ensoyez, de vostre part, informé,
et en parliés ce mesme langage, réservant
louteffois à lui dire riens de ce dernier point,
contenant la volunté de mondit filz, si elle
ne vient à vous en parler la première; auquel
propoz \ous lui pourrez dire davantage que,
par là, elle peult congnoislre qu'il ne tient, de
nostre costé, que les choses n'ayent esté con-
duictes à l'effect que nous avons tant désiré.
Et si, là dessus, pour luy faire mieux cong-
noislre combien nous avons envye de con-
tracter alliance avec elle, et nous asseurer de
son amitié, vous lui mettiés en avant mon filz
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
le duc d'Aleuçon, pour entrer en ceste place,
lequel ne se rendroit pas si scrupuleux au
faict de sadicte religion que faict mondict
filz le duc d'Anjou, j'estime que cela ne vien-
droit pas mal à propoz. Toutefibis c'est chose
que je remets à vostre jugement pour en faire
selon ce que vous estimerez, voyant Testât
présent des choses, s'en debvoir faire pour le
mieux ou bien s'il seroit meilleur d'attendre à
en faire l'ouverture au milord que doit en-
voyer par deçà madicte bonne sœur.
Vous adjoutterez à ce que dessus que nous
sommes bien marrys que nous n'avons une
autre personne, semblable à mondict filz
d'Anjou, pour la lui offrir; mais qu'il n'y a
pas grande différence entre lui et mondict fils
d'Alençon.
Escript à Blois, le xxvin1"6 jour de sep-
tembre.
Brilard.
Caterine.
[1571. — Octobre.]
Copie. Bibl. nal. fonds français. n° 3899. f" agi v\
A MONSIEUR DE FERALS.
Monsieur de Ferais, vous verrez par la
lettre que le Roy monsieur mon filz vous es-
cript qu'il veult que vous faciez entendre de
sa part à Nostre Saint Père la résolution qu'il a
prise du mariage de nia fille avecq le prince
de Navarre et la bonne fin et intention où il
tend par ce moyen, aussy ce qu'il désire de
Sa Sainteté pour la dispence qui est néces-
saire à madicte fille et audict prince à cause
de leur consanguinité, dont je pense bien
que Sadicte Sainteté vouldra faire pour le
commencement quelque difficulté, à cause,
comme vous sçavez, de la différente reli-
gion dudict prince. Touttefois j'estime qu'a-
près avoir bien pensé au bien qu'il en peult
I réussir et ce que l'onendoit espérer il s'y accom-
modera et disposera voluntiers; à quoy vous
essayerez de parvenir par les moiens que ver-
rez estre plus à propos en traiclant de ceste
affaire comme chose que le Roy mondict filz
! et moy désirons singulièrement pour importer
à l'efficace dudict mariage et où vous trou-
verez Sa Sainteté dure et en scrupule d'oc-
troyer ladicle dispence publiquement, vous
luy ferez entendre de ma part, que ne vou-
lant décliner aucune règle et discipline de
nostre mère Saincte Eglise, je ne seray jamais
contente qu'elle m'ayt octroyé ceste grâce , de
laquelle je la supplie affectueusement ne me
vouloir esconduire et pour le cas où elle ne
se vouldroit dispenser de bailler ladicte dis-
pence en publicq, qu'elle l'accorde et face de-
pescherenpartirulieretlam'envoye, l'assurant
que je la garderoy devers moy si chèrement
qu'elle ne viendra à la cognoissance de per-
sonne, désirant sur tout avoir la conscience
apaisée de ce cousté là, ce que Sadicte Sainteté
doit louer et estimer que je ne me desmar-
cheray jamais d'aucun pointqueje cognoistray
servir à son contentement et auctorité du
S' Siège, priant Dieu, monsieur de Ferais,
vous avoir en sa saincte et digne garde l.
Caterine.
1 En note : (tLa depesclie cy dessus au s' de Ferais
fui depuis revocquée et au lieu d'icelle luy fut escriple
la lectre cy après inscrite dattée du vu"" octobre 1571;
pour cela on n'a laissé d'enregistrer ladicte dépesche pour
se souvenir de la cause du changement qui fut que la
rovne de Navarre n'estoit encore venue devant le Roy
et oye sur le faict dudict mariage, 011 pouvoit prendre
autre chemin, comme il advint; car elle fut ores ung
temps sans vouloir approuver ledict mariage jusques à
ceste extrémité qu'on la menaça de faire déclarer son filz
illégitime à cause du mariage qui avoit esté contracté et
célébré entre elle et le duc de Clèves, enfin, elle déclara
qu'elle n'en espéroit que tout malheur, comme il est
advenu. n (Ibid., f° 295 v°.)
76
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1 57 1 . — 7 octobre.
Copie. Bihl. nat. fonds français, n° 3899, P sq5 r°.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE CARDINAL DE FERRARE.
Mon cousin, nous ferrions lort à l'affection
que vous avez tousjours portée à cestc cou-
ronne et moy encore plus que nul autre, si
nous laissions passer aucune occasion de mé-
rite sans vous en faire part et que le Roy
monsieur mon il 1 z ne moy pareillement ne
vouldrions faire; aussy en cestc intention, le
sieur de Ferails \son ambassadeur par delà, a
eharpe de vous communiquer aucune chose
qu'il a à dire et faire entendre à Nostre Sainct
Père, afin de prendre sur ce vostre bon advis
et suivant iceluy se conduire, lequel je m'as-
seure que très voluntiers vous luy vouldrez
impartir, et davantage que vous n'oublierez
aucun office de vostre part que vous jugerez
nous pouvoir moienner avec quelque conlan-
tement pour ce regard et tous autres, priant
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
Caterine.
1571. — 8 octobre.
Orig. Arcb. fies Médiris à Florence.
A MON COUSIN
Mr LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre par
Galeas Frégose et veu celle que escripvez au
Roy mon filz, qui est sage et bonne, et voul-
diois qu'il m'eust cousté la moitié de ce que
je ay et dix ans de ma vie el que l'admirai
voleut faire vers Nostre Sainct Père le Pape ce
que me mandez; mais il est plus à désirer
que à espérer qu'il le fasse, ni la roynr de
1 Charles IX l'invite à s'en ouvrir an cardinal de
Ken-are et l'engage à se hâter, 'testant bien à présupposer
que les Espagnols y meltronl toutes les traverses qu'ils
potirronl.i (Ibid., I" •ip.'j).
Navarre; par quoy je vous prie reguarder par
Ions aultres persuasions de obtenir, s'il est
possible , la dispense; car de penser que à pré-
sent si promptemenl ils veuillent se soub-
mettre au Pape, il ne seroit pas croyable et
de tirer le mariage en longueur il en advien-
droil plus de mal que de bien; car rien ne
nous peult faire espérer l'augmentation en-
tière de noslre religion et le repos universel
de ce royaulme que le mariage de ma fille el
du prince de Navarre, qui me semble, quant
le Pappe aura le tout bien considéré, il trou-
vera qu'il fera un grand service à Dieu et à
toute la chreslienlé de nous bailler ceste dis-
pense, pour laquelle avions délibéré de mander
au nouveau ambassadeur qu'il la demande à
Sa Sainteté; mais depuis nous n'avons voliu
et attendrons d'avoir l'entière résolution de la
royne de Navarre, encores quelle ayt en\oyé
homme exprès pour nous prier de bailler ma
fille à son filz, suivant la promesse do Roy
monseigneur qu'il en fist au feu roy de Na-
varre son mary; et pour ce que je informe
bien au long vostre ambassadeur de toutes
choses, je me remettray surluy, le cognoissanl
à vostre service et au noslre et se conduisant
si dextrement el sagement en toutes ces né-
gociations que je ne puis que je ne vous en
dise le contentement que le Roy son frère et
moy en avons et désirons que le laissiez en-
cores icy pour quelque temps; et, me re-
mettant sur luy, feray fin, priant Dieu vous
donner ce que désirez.
De Rloys, ce vme jour d'octobre î &7 i .
Le Roy mon filz vous remercie infiniment
touchant ce que ayez offert des bagues et a
donné charge à ce porteur de les rapporter, si
le trouvez bon.
Vostre bonne cousine,
Cateriive.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
77
1571.
1 7 octobre.
Aut. Arch. ili'^ M&Kcîb à Florence, dalla ritala filza 6727.
nuova numerazione.
A MON COUSIN
M» LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, je vous envoyé cet courier
exprès pour vous faire entendre aucoune
cliause, que je prie voslre embassadeur vous
mender, que je désireroys, cet yl me semble
povoyr venir au fin que je désire, que le vo-
liez conduire, corne de vous mesmeet sari que
mon non1 y enlreviegne et pour u'avoyr neul
chifre, j'é dist audist enibasadeur ma concep-
tion, et cet que je désireroys, sur lequel me
remetent, je ne vous fa y ré plus longue lelrc,
après vous avoyr dist, que tous les jours nous
nous apersevons combien voslredist enibasa-
deur nous sert au repos de cet royaume, que
le bien qu'il vous an mende, nous le tien-
dron en partie de vostre sage conseil, que je
voldroys que l'amyral voleut du tout croyre,
mes yl est plus à le désirer que à y espérer de
l'ynduire à le fayre; mes ne fault pour sela
léser de l'i en fayre fayre ynstense de vostre
pari , car délia nostre yl enlreroyt en stipeson 2.
Je prie à Dieu, qui nous lia si bien conduit le
tout jeusques asteurc, qui lui plèse de para-
chever, et que nostre bonne yntention puisse
ayslre de tous ausi bien coneue cornent y la
conoyst.
De Bloys, cet xvir jour de octobre 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterise.
157 1. — 1 S octobre.
1 ^o[ùtr. BiM. nat. fonds frnnrais , n° 1075a. fJ 1206.
A MONSIEUR DE FOURQLEVAlîX.
Monsieur de Fnrqnevauls, il nous a semblé
' Non, nom.
- Supeson, soupçon.
I que l'on vous debvoit adveitir des deux points
I contenus en la lettre que le Roy monsieur
mon fils vous escript avant que de vous don-
ner congé : le premier desquels est de très
grande importance à son service, afin que par
voslre prudence et la longue expérience que
vous avez des choses de delà vous empeschiez
le Roy Catholique avec lequel nous voulons
vivre en paix d'entrer en opinion que l'on ail
reçu le conle Ludovic de Nassau pour s'en
servir ou le favoriser à l'encontre de luy; mais
plustost en intention de l'en destourner, s'il en
avoit volonté; de quoy vous le pouvez rendre
asseuré ', s'il advient qu'il soit besoin que vous
luy en parliez; car il ne luy en fault ouvrir le
propos et en tout événement qu'il ne s'apper-
çoive que nous en ayons escript quelque chose ;
mais faul faire ces offices, comme de vous
1 Voici an sujet de Ludovic de Xassau ce qu'ajoulait
Charles IX : irj'ay advisé vous devoir advertir comme le
conle Ludovic de Nassau m'a faict très instamment prier
par aucun des principaux de la religion prétendue réfor-
mée, mes sujets, avoir pour agréable son service et luy
permettre de me venir trouver et de demeurer près de
moy en ma court, ce que je n'ay peu honneslement refu-
ser, eu esgard à sa bonne volonté, m'ayant faict entendre
n'eslre subject du roy mondict bon frère parce qu'il n'a
biens, terres, possessions quelconques soubs son obéis-
sance et qu'il désire eslre receu de moy comme prince
allemand; et d'autant que c'est chose que l'on voudra à
l'advenlure faire trouver mauvaise audict Roy Calho-
licque, je vous prie vouloir soigneusement observer ce
qui s'en dira par delà et selon que vous connoistrez qu'il
sera besoing, et que ledict Roy Catholicque le prendra,
lui en parler comme de vous mesme et luy dire sans
qu'il s'aperçoive que je vous en ave rien mandé ou escript
qu'il ne doibt esfie marri si je prends ledict comte près
de moy, puisqu'il n'est son subject. s'asseurant que ce
n'esl pour dresser aucunes enlreprinses à son préjudice, ny
pour le favoriser à l'encontre de luy, mais plustost pour le
distraire de telle volonté s'il l'avoil , n'ayant plus grand
désir que de vivre en paix et amilié avec luy et empes-
clier qu'il ne se face chose que la puisse altérer ny
rompre-, (Ihùl., I 1303.)
78
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICiS.
mesmes. Priant Dieu, Monsieur de Forque-
vauls, vous avoir en sa saincle et digne garde.
Escript à Buri, ce dix-huictiesme jour
d'octobre 1 571.
Caterink.
Monsieur de Forquevauls, je faicts i< y
escripre en ma présence que nous faisons par-
tir dedans quinze jours, au plus lard, un cour-
rier qui vous portera vostre congé et parlant
je vous prie vous en tenir asseuré et faire mes
recommandations à mes petites- filles, aus-
quelles je ne veuix escripre que je ne leur
envoyé quelque chose.
157 1. — 28 octobre.
\ut. Arch. des Médicis à Florence, dalla ritala filza ^727-
a. ilili , nuova numerazioDC.
A MOH COl'SIN
M" LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, après nous avoyr ayscript pour
les alayres d'importanse et nous y avoyr tele-
ment aydé par le moyen de vostre embassa-
deur, que nous comensons à espérer quelque
plus sur repos en cet royaume que jeusques
ysi ni avons veu, cela ayst cause que je vous
dire présentement que, après tent de travaulx
non obmetent cet que je douys au servise de
mes enfans, je désire, quant nous sommes du
coûté de Paris, avoyr quelque bien au l povoyr
paser mon temps aveques plesirs honnestes,
(■unie ayst d'avoyr une maison à ma fason et
y au y ayent fayst fayre une qui s'apelle
Saiut-Mort-dé-Fusés, je y veulx dreser une
casine au je désire avoyr de toutes sortes de
jeans qui sachent fayre toutes fasons de for-
mages, létages, confileures, saleures. salades,
fruys; et sachant que pour aystre d'un mesme
sanc vous avés aussi fayst une semblable
chause, je vous veulx prier de me faire recou-
vryr des personnes que vous panseré aystre
propre à cet ayfayst; et afin que entendiés
nivculx ma conseption, je vous en envoyé
un mémoyre et méseures. Cet je vous mende
si pétille chause, car ceulx que je avme, je
leur monde de tout, et me fayié grent plesir,
quant en fayré de mesme en mon eudroyct.
Et pour n'estre cete lelre lia aucune fin, je
priré Dieu vous avoir en sa saincte garde.
Cet xxvme d'octobre 1 571.
Cvtf.rine.
1Ô71 . — 3i octobre.
Copie. Bibl. nal. fonds français. n° 1075a , f" îaiô.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, je vous puis
asseurer que c'est avec regret que le Roy mon-
sieur mon fils vous donne congé de le venir
trouver; car il vous estimoil encore ulille et
nécessaire pour son service par delà, attendu
vostre longue espériencc, prudence et dexté-
rité à conduire et manier les affaires et mesmes
celles qui s'y présentent tous les jours par les
artifices de ceulx qui sont très marris de voir
le repos en la chrestienlé, toulesfois pour
satisfaire à la promesse qu'il vous a faictc
d'envoyer La Marque son vallet de chambre
ordinaire pour demeurer près du Rov Ca-
tholicque mon beau-fils attendant qu'il ail
choisi quelque personnage pour tenir le lieu
d'ambassadeur, je vous prie le bien instruire
de ce qu'il aura à faire pour le service du Rov
moudict sieur et fils et luy faire connoistre
ceulx de qui vous vous servez; luy donner aussi
: entrée chez mes petites-filles, afin qu'il m'en
puisse mander particulièrement des nouvelles
comme vous voulliez faire. Il vous dira mon
advis sur la response que le Roy mondict sieur
LETTRES DE GATH
et (ils \ous mande l'aire au cardinal Alexan-
drin pour le mariage de Portugal, vous advi-
sani d'autant quej'ay désiré et recherché ledicl
mariage comme un chascun sçait, ayant laid
tout ce qu'il m'a esté possible pour l'effectuer,
je suis délibérée de conseiller maintenant le
Roy mon sieur et fils de ne le rechercher
jamais, car l'on a trop dédaigné ce que l'on
dehvoit priser. Au demeurant vous serez le
1res hien venu, Monsieur de Forquevauls, et
vous verray de bien bon cœur, de quoy je vous
prie estre très asseuré, et croire au surplus
ledict La Marque de ce qu'il vous dira de ma
part, comme si c'estoyt moi mesme. Priant
Dieu, Monsieur de Forquevauls, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à Vaujour, le dernier jour d'octobre
i57i '.
Caterine.
ERINE DE MEDIG1S.
79
1571. — 2 novembre.
Orig. Arch. des Médicis à Florence.
A MON C0DS1N
M" 1-E GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay donné charge à vostre
ambassadeur vous mander quelque chose
touchant le comte de Petillano, affin que son
frère ne lasse difficulté à obéir à l'arrest et
jugement que en a donné l'Empereur et que
le refus d'obéir ne fut cause de amener une
guerre où nous ne la désirons et aussi quel-
ques aultres choses que je désire que soyez
1 Fourquevaux répondit à celte lettre 1-e 3 1 no-
vembre : (tlie pauvre La Marque a eu mauvaise venue en
Espaigne, car dans vingt quatre beures après estre arrivé
en ceste court un apoplexie le suffoqua; il fust icy le
vingt six"" du présent mois et me donna la depesche de
Vostre Majesté, ensemble les instructions, que fut suivie
de peu de propos devant et depuis le souper parce qu'il
avoit besoin de repos. Ce soir là fust nostre dernier
adieu.» (Même volume, p. if>.'i4.)
adverty, m'asseurant que nous en servirez
et ne me alléguerez ni nommerez en nulle
d'icelles choses; car je ne continuerais plus,
sij'estois mise en vue, ce que je désire faire,
affin que cognoissiez combien je désire vostre
conservation et vous prie aussy, de vostre costé,
me faire cognoistre comment désirez conti-
nuer à nous achever de mettre en repos en
faisant ce que pourrez que obtenions dispense
pour le mariage de ma fille, lequel mariage
nous cognoissons estre l'entier repos de ce
royaulme et pour ceste occasion sommes
résolus de le faire et désirons avant sçavoir
ce que aurez pu obtenir du Pappe, lequel,
quand il aura bien considéré, il cognoistra
qu'il fera plus pour nostre service et celuy de
Dieu en nous l'accordant que s'il nous refuse;
et comme cellela qui désire la paix et repos
de ce royaulme et m'asseurant que en avez
la mesme volonté, je ne vous en diray davan-
tage et feray lin, priant Dieu vous donner ce
que désirez.
D'Amboise, le jour des Morts 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterine,
1 57 1 . — 3 novembre.
Copie. Arch. des Médicis à Florence.
A L'AMBASSADEUR DE MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE '.
Monsieur l'ambassadeur, j'ai vu vostre
lettre et trouve bien estrange tant de méchan-
ceté, et vous en parleray plus au long, mais
je vous veulx eu cependant vous remercier
du bon debvoir que avez faict de m'en ad-
vertir et le reconnoistray avec tant d'autres
que faistes ordinairement. Je vous envoie une
letlre pour envoyer à vostre commodité à
1 Pelrucci.
80
LETTRES DE CATlIERlMi DE MED1CIS.
rostre maistre, laquelle, ainsi que j'ay employé
aux plus grandes de nos affaires, j'ay bien
voulu escripre aussi pour chose de mon plai-
sir, comment pourrez voir par le mémoire
que je lui envoie que je désire qu'il me fasse
recouvrer des personnes pour une casine que
je veux dresser à St-Maur, qui sera l'endroit
où je vous prie lui en escrire aussi et à Dieu
qu'il vous ayt en sa sainte garde.
Caterine.
1571 . — 6 novembre.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 3a56 , f°&o,.
A MON COI -IN
LE MARESCHAL DE COSSÉ.
Mon cousin, je vous prie que, suivant ce
que le Roy monsieur mon iilz vous escript,
vous regardiez à empruncter des particuliers
de Paris jusques à la somme de cinquante
mil livres ' oultre les aullres sommes que ont
jà promis de prester et l'aire fournir les
^ Marcel et receveur de Vigny, car sans ce
secours nos affaires sont en très mauvais es-
tât, ainsi que vous le cognoissez mieulx que
nul aultre, ce qui vous doibt d'aullant plus
mouvoir pour la singulière affection que vous
avez au bien du service du Roy monsieur
inondict sieur et filz d'y donner tout le re-
1 Charles IX. lui écrivait également au sujet de cet
emprunt: «Voudray seullement vous parler du parly
des !icmI. que Scipion Sardini nous a offert de fournir
prompteuient en baillant bonne et seure assignation de
remboursement avec un tiers de debles en dix huict
mois, qui est c°' 1. par chacune demie année et vous
diray que encores que s'estant cy- devant présentés
telz par lys, j'aye toujours fait grande dillicullé d'y en-
tendre pour la conséquence. Se est-ce que considérant
les parties pressées auxquelles j'ay à fournir el mesme
celles des h" xxv™ 1. des reitres du comte de Mansfeld, je
suis content d'accepter ledict parly. n (Même volume,
p. 5o.)
niède qui vous sera possible, selon qu'il s'en
fie entièrement en vous, suppliant le Créa-
teur, mon cousin, qu'il vous ayt eu sa saincte
el digne garde.
Escript au Lude, le vieme jour de novembre
1571.
(De sa main.) Mon cousin, j'e' dist à Sarri
tout cet que je vous pouvès meiider, qui est
cause que ne vous dire sinon qu'il l'ault que
soyés le premier jour de décembre lia Bloys,
ayenl fayst pour l'argent cet que yl vous dira.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1571. — ao novembre.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colberl, u" ioo.
A MONSIEUR DE SCHOMBERT,
CHAMBELLAN ORDINAlliE Dl* noï MONSIEUR BIOS FILZ .
COLONEL DE QUINZE CENTS CHEVAULK PEISTBES.
Monsieur de Sclionibert, ce a este' plaisir
au Roy monsieur mou fil/., à mon filz le duc
d'Anjou et à moy d'entendre la bonne espé-
rance que vous me donnez du succez de l'af-
faire que vous avez charge de manyer par de
là ' el mesmes de veoir que mon cousin l'élec-
teur de Saxe l'embrasse avec une si grande
1 Le 29 octobre, Schomberg avait écrit au Roi :
-L'Electeur de Saxe est fort bien disposé; je pars au-
jounlhui voir l'Électeur de Brandebourg et le duc de
Brunswick accompagné des lettres écrites de In main de
l'Électeur de Saxe el de là je dois venir trouver ledict
sieur là où il sera; il est résolu de tout et s'emplove en
cecy comme si la conservation de son Estai en dépen-
doit. Durant le voyage que je feray en Brandebourg
mondict sieur Electeur envoie celui mesme qu'il a déli-
béré dépeseber vers Vostre Majesté cy après, vers le
Landgrave de Hessen pour prendre résolution en ladicle
affaire. Quant au comte Palatin, mondict s' Électeur,
affin que les affaires se puissent tant mieulx et plus sin-
cèrement conduire, a remis la négociation en mains à
Monsieur le duc Jean Casimir." (Même volum e. |
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
81
et singulière affection, qui nie donne asseu-
rance qu'il en sortira ung bon effect au com-
mun proffict, honneur et réputation de ce
royaume et de toute la Gerinanye, qui est ce
qui me le faist désirer, priant Dieu, Monsieur
de Scliombert, qu'il vous ayt en sa garde.
Escript à Durelal, le xxeme jour de no-
vembre 1571.
Caterlne.
Brilart.
1571. — 28 novembre.
Orig. Dibl. Dat. fonds Dupuy, n° 801, f° 91 r".
A MONSIEUR
LE PREMIER PRÉSIDENT DE THOU.
Monsieur le Président, pour cognoistre de
jour en jour, et plus nous allons en avant,
combien la prompte pubiicacion des ecdictz
qui ont esté cy devant présentez à la court
de parlement est requise et nécessaire à cause
des grosses sommes de deniers qu'il nous fault
payer aux estrangers, le recouvrement des-
quelles est fondé sur l'effect desdictz ecdictz;
à ceste cause, le Roy monsieur mon filz vous
a voulu escripre la lectre que j'acompagneray
de la présente, vous priant que vous tenez la
main, aultant qu'il vous sera possible, à ce
(ju'il soyt promptement procédé à la pubii-
cacion d'iceulx ecdictz, qui est l'un des plus
agréables services que vous luy sçauriez l'ayre
pour ceste heure, priant Dieu, Monsieur le
Président, qu'il vous ayt en sa saincte et
digne garde.
Escript à Duretal, le xxvinesme jour de no-
vembre 1EJ71.
Caterjne.
Brûla rt.
1571. — 1" décembre.
Imprimé dans fa Correspondance diplomatique de la Mollte-Fénelon .
t. VII, p. a83.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Motbe, j'ay aujourd'huy
donné audience au sr de Quillegray1 lequel,
m'estantvenu trouver, a commencé ses propoz
par me dire que la royne d'Angleterre ma
bonne sœur l'envoyoit par deçà pour se tenir
près du Roy monsieur mon filz pendant le
temps que le sieur de Walsingliam se fera
panser de sa maladye; elle luy a donné charge
de me veoir par mesme moyen , avec comman-
dement de me communicquer de tous affaires,
ainsy qu'au Roy mondicf sieur et filz , d'aullant
qu'elle sçait bien que luy et moy ne sommes
qu'une mesme chose ; et aussi pour le respect
de l'amitié qu'elle me porte, me tenant au
lieu de sa bonne mère ; m'ayant faict entendre
qu'il a une entière bonne affection de s'ac-
quitter.de la charge qui lui est commise, avec
tous les dignes offices qui luy seront possibles,
pour entretenir la bonne intelligence qui est
entre nous et sa maistresse, portant une par-
ticulière affection à ce royaulme pour y avoir
esté longuement nourry.
A quoy je luy ay respondu que madicte
bonne sœur avoit assez d'occasion de m'aimer
pour sçavoir qu'il n'avoit pas tenu à moy, et
que je n'aye faict tout mon possible pour
l'allier d'alliance avec la personne de ce
monde qui m'est la plus chère, ainsi que j'en
ay encore une bonne volonté, et de servir de
toutes choses qui seront en ma puissance au-
dedans de ce royaume la bonne volonté et
amitié qu'elle me porte.
1 Arthur Killegrew : il avait été euvoyé en France
pour remplacer provisoirement Walsingham. Voir dans
le Calendar of State papen (1571), p.545, les instruc-
tions qui lui furent données.
DiTHEItlNK DE MbOICIS. IV
l u l r ni ! n i r RATIO
82
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
Puis est venu à me dire que sadicle mais-
Iresse avoit entendu avec grand plaisir que le
Roy mondict sieur et fils ait pris en bonne
part la responce que a aporté d'elle le srdeFoix
sur l'effaict du mariage, laquelle, encores
qu'elle luy ayt assés déclaré et qu'il ne soit
besoin d'en faire nulle aultre expression, si
est-ce que, d'aultant que ledict sieur de
Fois luy a dict que le Roy mondict sieur et
llls auioit grand plaisir qu'elle envoyast devers
luv quelqu'un pour cest effaicl, elle a délibéré
d'y envoyer l'un de ceux de son conseil, com-
bien qu'elle ait jà donné à entendre ce qu'elle
pouvoit faire en cest endroit, et qu'elle s'y
soit mise plus avant qu'elle ne devoit, estant
fille, comme elle est; que le retardement du
parlement dudict seigneur de son conseil
estoil procédé à l'occasion des grands affaires
qu'elle a eus depuis quelque temps en ç.à, à
cause des conspirations qui se sont descou-
vertes ; car, ayant esté choisi une fois pour
eest^ charge, milord Cobham, il s'est trouvé
l'un de ceux qui sont fort chargés desdictes
conspirations; et despuis, ayant esté des-
tiné un aultre en sa place, ladiete maistresse
en avoit aussi eu quelque soubçon qui l'eni-
peschoit de se pouvoir fier à luy ; de sorte
qu'elle a esté contraincte de se résoudre à un
aultre qu'il estime debvoir partir bientost, et
que nous aurons agréable. Toutes lesquelles
choses je lui ai bien fort gratiffiées et asseuré
que ledict seigneur seroil le très bien venu.
Après ces propos, il s'est un peu retiré de.
moy, comme s'il eust voulleu prendre congé,
loutesfois estant demeuré un espace de temps
ferme devant moy sans me parler, je lui ay
demandé des nouvelles de la royne d'Escosse ,
ma belle-fille ; sur quoy il m'a dict qu'elle
estoit en la maison du comte Schrewbury,
bien traictée, ainsi qu'il appartient à sou
estât, mais non toutesfois en telle liberté"
qu'elle a esté cy-devant pour faire beaucoup
de mauvaises entreprises, ainsi qu'il s'est
descouvert qu'elle vouloit faire, s'estant trouvé,
par l'accusation du duc de Norfolk, et aulcune
de ses lettres qu'elle lui a escriptes, comme
elle estoit entrée en deflïence du Roy mondict
sieur et fils et de moy, disant que nous adhé-
rions plutost à madicte bonne sœur es choses
qu'elles avoient à débattre ensemble, que à
elle; et que partant elle estoit résollue, se
vovant ainsi destituée de nostre costé, d'en-
tendre au mariage de don Jehan d'Austriche,
et d'envoyer son (ilz en Espagne, par le moyen
d'un sieur auquel elle en escrivoit, alfin d'en
faire aussi là le mariage.
Je lui ay respondu là-dessus que j'eslois
bien aise que madicte bonne sœur eust par là
occasion de cognoistre combien l'on estime
que nous marchons syncèrement en la conser-
vation de son amitié ; et estimois que l'on
mettoit sus beaucoup de choses à madicte
belle-fille que je ne pouvois quasi croire.
Sur quoy il m'a répliqué que, si le Roy
mondict sr et fils vouloit, toutes les mauvaises
pratiques qu'elle a faites contre sa maistresse
et les choses contenues cy-dessus se vérifie-
roient en peu de temps en Angleterre, avec
vous, parles procès-verbaux et originaux des
lettres cscrites, qui vous seroient représentées.
Après cela, je lui ay dict que le Roy mon-
dict sieur et fils désireroit bien sçavoir le bon
portement de madicte belle-fille, et seroit en
quelque bonne vollonlé, pour en eslre plus
assuré, de l'envoyer visiter.
Il m'a dict que sa maistresse estoit princesse
de vérité et l'asseurroit de son bon portement,
et qu'il peut croire qu'elle ne luy voudrait
poinct faire aucun mauvais traitement, luv
semblant que ce ne luy est pas beaucoup
d'honneur, estant telle qu'elle est. de s'en
soucier si fort.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
83
Après ce propos, il m'a dict qu'ii a voit charge
de sadicte maistresse de parler à mov ouver-
tement, et de me déclarer ce qu'elle a sur le
cœur, quy est que, si le Roy mondict sieur et
fils vouloit prendre re'sollution avec sa mais-
tresse d'apaiser les troubles d'Escosse et d'y
establir l'obéissance du jeune rov, sans parler
en façon du monde de ladicle royne ma
belle-fille, elle estime que les choses se pour-
raient aisément accorder au commun bien et
repos de tout le rovaulme et à nostre conten-
tement.
Sur lesquelz deux derniers poincts , à sçavoir :
de vérifier avec vous les charges de madicte
belle-fille, et le dernier, de l'accommodement
des affaires dudict Escosse, je lui ay respondu
que j'en parlerais au Roy mondict fils, pour
lui eu rendre responce à Rourgueil, auquel
lieu je lui ai assigné une nouvelle audience.
Rien luy voullois-je dire, comme de mov-
niesme, que le Roy mondict fils ne pourrait
jamais délaysser ladicte royne d'Escosse; car,
oultre ce qu'elle est royne d'un royaulme qui
a une ancienne et estroicte confédération avec
le sien, elle est son alliée de si près qu'il ne
serait jamais trouvé bon qu'il l'abandonnast en
son affliction, telle qu'elle l'a aujourd'huy, luy
semblant appartenir à son honneur d'assister
à tous les princes qui sont ses alliés, et ne les
délaisser non plus qu'il ne le vouldroit faire à
l'endroict de sadicte maistresse, en façon du
monde, quand elle viendrait à tomber en
quelque affliction.
Il m'a réplicqué là-dessus que le Roy mon-
dict sieur et fils n'aurait poinct occasion de
rien craindre en cessi, ayant, d'un costé,
l'amitié des princes protestans, comme elle
luy est bien asseurée par le moyen de Tédict
de paciffication, et, d'un aultre costé, celle de
l'Angleterre, me priant derechef que je luy en
parlasse.
Qui est le sommaire de tout le propos que
j'av eu avec lui, désirant le Roy mondict
sieur et fils avoir vostre advis sur ce qu'il a
proposé de vérifier, en vostre présence, tout
ce qui s'est dict par delà des menées et cons-
pirations qui ont esté conduicles par madicte
belle-fille la royne d'Escosse, dont je vous
prie le rendre certain par vostre première
dépesche. Cependant il ne manquera de vous
donner cy après advis de ce qu'il résoudra
et respondra sur iceulx poincts audict sieur de
Quillegray, auquel j'ai aussy parlé des deux
mille escus1, au mesme langage porté en vostre
dépesche du vc du passé ; et ay excusé ce que
j'en avois cy-devaut respondu audict sieur de
Walsingham sur ce que je ne Pavois bien en-
tendu.
A quoy il m'a réplicqué qu'il sembloit que
vous eussiez eu quelque intelligence avec les
gens dudict de Norfolk, laquelle je lui ay dict
avoir esté possible pour l'adresse desdicts deux
mille escus, mais qu'elle ne se trouvera poinct
s'eslre estendue es choses dont l'on accuse le-
dict duc, ce qu'il m'a confessé, me disant
qu'il faudrait donc rendre lesdicts deux mille
escus.
A quoy je lui ay respondu que, estant sa
maistresse si bonne amie du Roy mondict
fils, je croy qu'elle ne voudrait pour deux
mille escus faire chose qui contrevienne à la-
dicte amitié. Et sur cela il m'a dict qu'il lui
en escriroit, de sorte que je ne fais poinct de
doubte que lesdicts deux mille escus ne vous
soyent restitués. Surce, je prieray Dieu, Mon-
sieur de la Mothe , vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Duretal, le 1" jour de décembre
1 571.
Caterine.
1 Voir la lettre de Charles IX qui précède celle-ci
pour l'explication de ces deux mille écus.
84
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1571. — 8 décembre.
Aicb. nat. registre des délibérations du bureau de la ville de Paris,
II 1786,1° a6.
A MESSIEURS
LES ESCHEV1NS ET CONSEILLERS
DE LA VILLE DE PARIS.
Messieurs, ce a este' ung fort grand plaisir
et contentement au Roy monsieur mon iilz et
à mov d'avoir entendu lajoye et démonstration
d'allégresse que en général et en particulier
vous et vos bons concytoyensavez fait du ma-
riage du Roy niondict lilz, les cérémonyés
duquel vous verrez bien amplement desduictes
par le discours ' que nous vous envoions, le-
quel et les lettres du Roy niondict sieur et
lilz m'empeseberont vous faire cesle-cy plus
longue, synon pour pryer Dieu, Messieurs,
vous avoir en sa saincte et cligne garde.
Escript à Villiers-Cotleretz, le vmc jour de
de'cembre 1571.
Caterine.
PlNART.
J571. — 16 décembre.
\rch. nat. registre des délibérations du bureau de la ville de Paris,
H 1786, f 198.
A MESSIEURS
LES ESCHEVINS ET CONSEILLERS
DE LA VILLE DE PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon filz a
trouvé fort mauvais ce qu'il a veu et entendu
des dissimulations dont il a este' usé au trans-
port de la croix et démolition de la piramide
estant en la place de la maison de feu Gas-
tines -, estimant que les longueurs ont esté
1 Voir ce discours dans le Cérémonial français de
Godefrnij, II, p. 45 et 46.
- Le Parlement avait condamné à mort Philippe Gas-
lines et deux membres de sa famille pour avoir célébré
dans sa maison le culte réformé; il avait en outre or-
cause des émotions populaires qui sont adve-
nues samedy et dimanche dernier à Paris,
donné que la maison serait rasée et que sur son emplace-
ment serait élevée une croix, dite croix de Gastines. Sur
la demande de l'amiral, Charles IX avait enjoint aux
échevins de procéder immédialement au transport de la
croix de Gastines et à la démolition de la pyramide ; mais
cet ordre devint la cause d'une violente sédition. Les
échevins écrivirent au Roi : tt Nous avons assemblé nos
forces ceste nuit avecq celles de M. le Prévost de
Paris; la croix et la pyramide ont esté ceste nuit abbatuz
et desmolis sans aucun bruit ou rumeur.» (Même
volume, p. 193 v°.) Ce calme n'était qu'apparent,
l'émeute recommença et les échevins mandèrent de
nouveau au Roi: trLes séditieux ont mis le feu au reste
d'une maison des Gastines sise devant la croix et pyra-
mide et de là se sont transportés tant sur le pont Notre-
Dame où ils ont saccagé et brûlé des meubles de la
maison du Marteau d'or que dans la rue de la Vieille
Monnaye chez le commissaire Reauleroys où ils ont voulu
faire quelque ravage.» (Ibid., p. îofi.) — Le volume des
délibérations du conseil de la ville renferme de nom-
breux documenls sur celte sédition.
Voici la lettre de Charles IX en réponse aux échevins :
r De par le Roy,
«Nos amez et féaux, avant que le Courier que vous
avez envoyé fust arrivé , nous avons sceu de Bragelonne
et du commissaire Estourneau ce qui est passé tanl
pour le transport de la croix que démolition de la pira-
mide et le discours de la sédition qui est advenue, des
sacagemens et bruslemens de maisons, qui est cause que
nous avons en toutte dilligence dépesché devers nostre
cousin le duc de Montmorency, aflin de s'acheminer in-
continent avec plus de forces qu'il pourra en nostredicte
ville pour faire contenir le peuple et garder qu'il n'y
advienne plus de tumultes et pour aussy en faire faire
punition sy grande et sy exemplaire en plain jour que
cela puisse donner telle Irémeur et crainte aux canailles
que nous avons entendu qui font lesdictes séditions, que
les autres y prennent exemple. A quoy, en attendant
l'arrivée de nostredict cousin, nous voulons et vous man-
dons que, salon la grande affection que sommes asseurez
que portez à nostre service et au bien et conservation de
vous-mesmes, vous vous employerez avec telle dilligence
et aydez de vostre part à faire la justice desdictes émo-
tions à telle quantité desdits perturbateurs du repoz
publirq de nostre ville et contempteurs de nos ordon-
LETTRES DE CAT1I
dont il désire que pugnition exemplaire soit
faicte et que l'exécution de sa volunté soit au
demeurant suivye, ainsi que il vous escript par
lettres plus amplement, qui me gardera de
vous en faire plus longue lettre, priant Dieu,
Messieurs, qui! vous ayt en sa saincte et
digne garde.
A Amboise, le xvie jour de décembre
1071.
Caterine.
PlNART.
nances que cela puisse retenir et donner telle crainte à
ceux qui seroienl si téméraires d'avoir encor en leur
cœur telles pernitieuses et sy meschantes entreprises el,
en attendant l'arrivée de noslredict cousin le duc de
Montmorency, nous voulons et vous mandons très
expressément, afiu que tousjours la force nous demeure,
et à vous pareillement pour nous faire obéir et contenir
en nostredicte ville que adviserez pour tout ce que
penserez qu'il sera nécessaire, le chevalier du guet et
ses gens avec ce que lui avez baillé de renfort, les
sergens, officiers du corps de ville et ceux de dos
bons subjects bourgeois de nostredicte ville, nous tenant
adverty toutes heures de ce qui se passera, affin que
nous n'en demeurions en peyne, louant cependant gran-
dement le bon devoir que vous avez faict à ce qui est
advenu et que nous mandez et asseurez que ferez pour
empescher que plus grand inconvénient n'advienne,
dont nous nous reposons sur vous selon la parfaicte fiance
et affection que sçavons que portez à nous, à nostre
service et aussi à la conservation de vous-mesmes.
t Donné à Amboize, le vint et uniesme jour de dé-
cembre,mil cinq cents soixante et unze au soir, bien [art.
(•Charles.
- PlNART.
trSy toutes choses estoient appaisées, comme nous le
désirons, à la réception de ces présentes et que congnois-
siez que les forces du chevalier du guet et de nos sergens
et officiers de ville fussent suffisantes pour faire contenir
touttes choses en repos, vous différerés de mettre les
armes es mains de ceux do nos bons citoyens que vous
escrivons.3 (Bibl. nat.. Parlement, n" q£ , F 71.)
ERINE DE MÉDICIS. 85
1571. — 21 décembre.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n° 96 , P ;3.
A NOS AMEZ ET FÉAUX LES GENS
TEÎVANS LA COUR DE PARLEMENT.
Messieurs, nous vous renvoyons ce courrier
eu sy grande dilligence que par luy je ne
vous feray pas longue lettre; mais, me re-
mettant à celle du Roy monsieur mon filz.
vous priray seullement de vous employer selon
ce qu'il vous mande sy dilligemment à ré-
primer ces émotions, qu'elles puissent eslre
du tout appaisées et quant el quant la justice
exemplaire faicte, ayant mondict sieur et filz
donné l'ordre qu'il vous escript; mais je dé-
sire que, avant qu'il soit besoin qu'il y aille
des forces, tout soit en repos, à quoy je m'as-
seure que vous travaillerez de toutte affection
pour son senice et bien de toutte la ville et
de vous-mesmes, que je prie Dieu avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à Amboize , le vingt et uniesme jour
de décembre mil cinq cents soixante et
unze.
Caterine.
1571. — 36 décembre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 10752, f° 1292.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, nous sommes
très marris de la mort du povre La Marque1
el n'a failli le Roy monsieur mon fils de re-
connoistre envers les siens ses services, leur
' <r Sire, avait écrit Fourquevaux, le povre sieur de la
Marque a mauvaise vernie en Espaigne : car, dans vint-
quatre heures aprez estre arrivé en cest court, un apo-
plexie le foudroya. 11 fust icy le vint-sixième du présent
à cinq heures du soir et me donna la despesche de Vostre
Majesté.») (Même volume, p. i35o.) — La Marque avait
été envoyé pour remplacer momentanément Fourquevaux.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
86
ayant donné touts ses estats. Sitost que l'on
aura advisé de vostre successeur, il vous sera
renvové, afin que puissiez retourner, comme
il est très raisonnable. Cependant le Roy mon-
dict sieur et fils a délibéré, comme il vous
escript, envoyer bien tost un gentilhomme par
delà pour se conjouir avec le Roy Catholicque,
mon beau-fils, et la Royne Catholicque de son
enfantement, en attendant, je vous prie, allant
vers eulx, leur tesmoigner le plaisir que m'a
donné cette nouvelle, avec toutes les bonnes
démonstrations desquelles vous pourrez ad-
viser. Toutes les fois et quant il vous sera
parlé du mariage de ma fille avecques le
prince de Navarre, je vous prie respondre sui-
vant ce que le Roymondict sieur et fils et moy
vous avons mandé et qu'il ne s'y fera chose
qui ne soit à l'honneur de Dieu pour son ser-
vice et du devoir d'un prince très crestien,
espérant que ceulx qui réprouvent ledict ma-
riage, ayant connoissance de nostre bonne et
syncère intention, non seulement l'approuve-
ront, mais en désireront l'effect, lequel nous
espérons se verra bien tost. Je vous prie con-
forter tousjours Chassincourt à demourer prez
de mes petites-filles et y continuer le soing et
la vigilance qu'elle y a eu jusques icy, en l'as-
seurant que je ne l'oublieray jamais, ains
qu'elle demourra rémunérée à son contente-
ment, et me mandez souvant et particulière-
ment de leurs nouvelles, mesmement de leur
traictement depuis cest enfantement; car bien
souvent nouveaux accidents produisent nou-
veaux effects, ce que néantmoins je n'espère
dudict Roy Catholicque mondict beau-fils en
cest endroict. Pour fin, Monsieur de Forque-
vauls, puisque cest inconvénient de la morl
dudict La Marque est intervenu , il fault , et vous
en prie, vous résouldre attendre encores pour
quelques semaines par delà jusques à ce que
nous avons choisi vostredict successeur et con-
tinuer, comme avez jusques icy très bien et
prudemment faict pour le service du Roy
mondict sieur et fils, en vous asseurant sur
moy que vostre successeur sera plustost vers
vous que je ne le veulx le promettre. Cepen-
dant je tiendray la main de vous faire avoir
ce que l'on vous a promis pour sortir de vos
debtes. Je prie Dieu, Monsieur de Forque-
vauls, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Amboise, le vingt sixiesme jour
de décembre 1671.
Caterine.
1 -
1571. — 27 décembre.
Orig. Bibl. nat. collect. Dupuy, n°8oi, !° 9a.
A MONSIEUR DE THOU,
PRÉSIDENT ES LA COUP.T DU PABLEJAEST HE PAIUS.
Monsieur le Président, parla dernière des-
pesche que nous vous avons faicle vous vous
trouverez satisfaict à toutes celles que nous
avons depuis reçues de vous, qui me gardera
de vous faire ceste-cy fort longue, laquelle
n'est que pour vous prier de vous conduire si
acortement en ce que le Roy monsieur mon
fils vous escript pour la croix de Gastines,
qu'il soit plustost exécuté que descouvert que
l'on ait envye de le faire, priant Dieu,
Monsieur le Président, qu'il vous ayt en sa
garde.
Escript à Amboise. le xxvne jour de dé-
cembre 1571.
Caterine.
PlNART.
1571. — 28 décembre.
Aut. Bibl. nal. fonds français, n" 3so8 , f* 17.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine, cete isy1 seré pour vous dire
1 Cete isy »«rc, celle-ci sera.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
87
cornent j'é reseu une de vos le très; ayslé bien
ayse de avoyr entendu de vos novelles et vol-
droys(jue celles de vostre mary feuset milleure
etquelébeyns l'eusettout guéri, cet que peuit
aystre qu'il fayront, mes qui se souit un peu
repose' et reveneu trover l'ayr où yl a esté le
plus nouri, qui est alla court, et seré bien
ayse de savoyr den combien je vous revoyré ;
se ne seré jeamès si tost que je le désire; et
quant à nos novelles, nous sommes ysi aten-
dent que river souit pasé pour comenser le
voyage de Bretagne, lequel ne se romp pour
rien etencetpendent la roync de Navarre s'an
vient et acbeveront, Dieu aydent, le mariage
et acommoderon nos al'ayres, c'yl plest à
Dieu, lequel je prie vous donner cet que dé-
sirés.
D'Enboise, cet xxvin0 de décembre 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — 2 janvier.
Aut. Arch. nat. collect. SimancaB, K iiis8 , n" 18.
A M" MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils, ayent entendu la no-
velle du fils qu'il a pieu à Dieu donner hà
Vostre Majesté, le Roy mon fils et nous n'a-
vons voleu fallir de nous en congratuler ave-
ques aylle et nous en réjouir comme de
chause que nous ayspéron l'orliliré et aug-
mentera de plus en plus l'amytié et bonne
pays entre vous deus et vos réaumes, ayspé-
rant que bien tost Dieu nous layré la grase
que enn aurons aullent délia royne ma fille
(jue retiendré tousjour daventagc cete aliense
aveques celés1 (jue avés déjeà, qui nous sont
si proches que ne puis que lé vous conti-
neuer de lé recomender hà Vostre Majesté,
comme une dé chause de cet inonde qui
1 Los Infantes.
nous ayst la plus chère, encore que je sache
que, pour vous estre filles, yl n'aye besouin de
neule recomendation ver Vostre Majesté, la-
quele je priré de croyre cetjeantilhoiume sieur
de S' Goylx l, présant porteur, de ce qu'il dira
hà Vostre Majesté de ma pari et s'asurer que
cet'2 sans fintise et de l'afection que vray mère
saroyt mender et ne la volant anuier de longue
letre, me remetré sur lui et finayré, prient
Vostre Majesté me tenir tousjour contineuée
en sa bonne grase, et prie Nostre-Seigneur
Dieu luy donner cet qu'elle désire.
D'Enboyse, ce n° jour dejeanvier 107a.
Vostre bonne mère et seur,
Caterise.
1572. — 2 janvier.
Orig. Archives de la maison de Coudé.
Communiqué par M. ie duc d'Aumal*.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, pour ce que ma cou-
sine la comtesse douairière de Tende venue
présentement en Provence pour donner ordre
àquelques siens affaires et que pour se rendre,
comme elle désire, audict pais, il luy con-
vient passer par vostre gouvernement, cela
est cause que je l'ay bien voullu accompaigner
de la présente pour vous prier que, passant
par vostre gouvernement, vous luy assistez de
vostre faveur en tout ce que vous congnoislrez
qu'elle en aura besoing pour effectuer sondicl
voyage et le plaisir et laveur qu'elle recepvra
de vous en cest endroict me sera fort agréable;
priant Dieu, Monsieur de Gordes, vous tenir
en sa saincte garde.
Escript à Paris, le 111° jour dejanvier 1.572.
Caterine.
Chantereau.
' Jean de Vivonne, s* de Saint-Goaid.
! Cet , c'est.
88
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIUS.
1572. — 5 janvier.
Orig. Bibl. Dat. collect. Dupuy, u" Soi, P g3.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT DE PAIUEMEKT DE PARIS.
Monsieur le Président, eucores que ic Rov
monsieur mon fils vous escrive assez affec-
tueusement pour le procès de ma cousine
Madame de Martigues, à laquelle il de'sire sin-
gulièrement recongnoislre les services qu'il a
reçuz de feu mes cousins les duc d'Estampes
et sieur de Martigues, néanlmoings ayant en-
tendu qu'audict procès l'honneur et la réputa-
tion de feu mondict cousin le duc d'Estampes,
la mémoire des vertuz duquel est encores si
fresche et son honorable vie si bien cougneue
qu'il n'est besoing de fayre autre preuve
contre ses calomnies, j'ay bien voulu vous en
escripre aussy ce mot pour vous prier d'y
prendre si bien garde qu'à faulte d'avoyr esté
madicte cousine ou ses gens advertiz de bonne
heure de la vidange dudict procès elle n'y soit
surprise, ny l'honneur dudict deffunct inte-
resse. Je vous prie doncques bien fort, Mon-
sieur le Président, de regarder à la précipita-
tion qu'en pouroit avoir sollicité sa partye et
avoyr et le deffunct et madicte cousine et ce
qui touche l'un et l'aultre en recommandacion
pour la conservacion de leur droict; et sili-
ce je prieray Nostre Seigneur vous donner,
Monsieur le Président, sa grâce.
Amboise, le ve,rae jour de janvier 1572.
Chantereal.
Caterine.
1572. — i3 janvier.
lut. Arch. nal. collrcl. Simancas, K l5a8, n° 19.
A MADAME MA NIEPCE
LA PRINCESSE DE PORTUGAL '.
Madame ma niepsse, le Roy mon fils et
1 Dona Juana, la sœur Ho Philippe II, veuve du roi
■ !o Portugal.
nous ayent entendu l'eureus acouchement dél-
ia royne voslre belle-seur n'avons voleu fallir
de l'anvoyer visiter et nous en réjouir aveques
elle et le roy son mary, cornent je fovs ave-
ques vous et ayspére que ceré tousjours un
lien claventege pour ayslreyndre et asurer l'a-
mitié entre ces deus roys, qui est lout cet que
je désire le plus et sachent lé moyen que \
avés, je vos prie de contineuerà les y anployer
pour la entertenir, corne je vous prie ausi de
avoyr pour recomendéles ynfentes vos niepsses
et leurcontineuer le souin que enn avés tous-
jour eu, qui nous aublige tous à le reco-
noyslre, come, de ma part, je seroys bien
ayse qu'i se présantet chause par desà où je la
puise servir.
D'Enboyse, cet xiiimeiour de jeanvier 1 072.
Vostre bonne lente,
Caterine.
1572. — *k janvier.
Orig. Archives de Modène.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mon cousin, s'en retournant le chevaliei
Gianelli devers vous, je ferois tort à sa vertu
et mérite, si je ne vous tesmoignois combien
ses actions par deçà ont esté agréables au
Rov monsieur mon filz et à moy, et quel a
esté le soing qu'il a tousiours eu à ce qui a
touché votre service, comme son debvoir le
requéroit. Il vous dira ce qui a esté faict pour
les assignations qui vous ont eslé baillées;
en quoy je suis bien marrie que les affaires
n'ayent permis de vous satisffaire selon mou
désir. Vous ne doublez que ce 11'eusl eslé
beaucoup myeux, mais j'espère que, l'année
prochaine, l'on y fera si bien que vous en
demourrez coulent. Ledict Gianelli vous satis-
fera de toutes nouvelles; sur quoy me remec-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
89
(ant. je prieray Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa sainte garde.
Eseript à Amboyse, le xxnnme jour de jan-
vier 1 072.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — 3 février.
Orig. Bibl. oal. ancien fonds français, n° 3a6o , f° i .
A MONSIEUR DE PRIE,
< HEVALIEH DE L'OBDIIE DU ROY MOKSIEUR MON FILZ.
Monsieur de Prie, je viens tout présente-
ment de recepvoyr vostre lettre que j'ay faict
veoir au Roy monsieur mon filz, lequel entend
que le légat1 vienne à Tours; par ainsy vous
avez bien faict de donner ordre à sa venue
el vous prie de mander à Dumas qu'il tienne
ses chevaulx preslz pour le conduyre et mener
audict Tours et qu'il n'est poinct de besoiug
de l'aire tourner les chevaulx vers le chemin
de Locbes, priant Dieu, Monsieur de Prie,
vous tenvr en sa saiucte garde.
Escrit à Amboyse, le nT "e jour de feb-
vrier î 5-9.
Caterine.
Chanterf.u .
1572. — G février.
Orig. Archives du Rhône.
A MESSIEURS LES ESCHEYINS.
UANANS ET HABITANS
DE LA VILLE DE LÏON.
Messieurs, ayant le Roy monsieur mon filz
1 Le cardinal Alexandrin venait d'Espagne el dans
l'espoir de faire rompre le projet de mariage du prince
■ li' Navarre avec Marguerite de \ alois et de renouer
le mariage de celle-ci avec le jeune roi de Portugal. Voir
dans le n° 5a3 du fonds Dupuy, page 2S6, le mémoire
que Charles IX lui remit lorsqu'il quitta Blois.
CATHERINE DE MÉDIUS. — IV.
faict eslection du sieur des Arches, son con-
seiller et maistre des requestes ordinaire de
son hostel, comme personnage dignement
doué de vertu, suffisance et intégrité, pour,
en ensuyvant la dernière conférance à Bloys
el le povoir et comission qui luy ont esté
présentement délivrez, aller par delà pourveoir
à ce qui reste à y exécuter dépendant de l'édit
de paciffication, et à la sincère administration
de la justice, pour le bien du service dudict
sieur Roy mon filz et le repos de ses sub-
jectz, je l'a y bien voulu acompaigner de la
présente, et vous prier de le recognoislre.
assister, obéir et entendre soigneusement en
tout ce qui dépendera du faict de sa charge
et povoir, de sorte qu'il en puisse succéder le
fruict que nous nous en sommes promis au
bien du service dudict sieur Roy mon filz,
conservation et soulaigement de sesdicts sub-
jeetz; et ce nous sera très agréable plaisir.
suplianf le Créateur qu'il vous ayt, Messieurs,
en sa saincte et digne garde.
Eseript à Amboyse, le sixiesme jour de
febvrier 1672.
Caterine.
1572. — 6 février.
Orig. Brilish Muséum, bibl. Cott. Catigula , C, Ht. o° 87.
A TRÈS HADLTE, TRÈS EXCELLENTE
ET TRÈS PUISSANTE PRINCESSE,
NOSTRE TRÈS CHERE ET TRES AMÉE BONNE SËUR ET COUSINE
LA ROYÎNE D'ANGLETERRE.
Très haulte, très excellente et très puissante
princesse, nostre très chère et très amée
bonne seur et cousine, le Roy nostre très cher
sieur et filz, envoiant le sr du Croc, son
conseiller et maitre d'hostel ordinaire, par
delà pour aller avec celui qui sera dépesché
de vostre part en Escosse, affin d'essayer à pa-
ciffier les troubles qui y sont et cependant }
faire accorder cessation et abstention d'armes
1 a
IMPRIMERIE M4TIO
90
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
suivant ce qui a esté advisé entre ses dcj>-
putez et voz ambassadeurs, nous luy avons
aussi donné charge vous dire aulcunes choses
de nostre part pour le faict de la royne d'Es-
eosse nostre 1res chère et très ame'e belle-fille,
dont nous vous prions le croire comme nous-
incsmes, qui prions Dieu, très haulte, 1res
excellente et très puissante princesse, nostre
très chère et très a urée sœur et cousine, qu'il
vous ayt en sa très sainetc et digne garde.
Escript à Blois, le vi° jour de février 1573.
Vostrc bonne sœur et cousine,
Caterinb.
l'iXART.
1 57:2. — 7 février.
Copie. Bibl. not. fomls français, n0 1097a , p. 5a.
Imprimé dans les Additions nux Mémoires de Castelnau,
1. III, p. 2S9.
\ MONSIEUR DE LA MOTHE-FENELON.
Monsieur de la Motlic, puisque par la lettre
du Roy monsieur mon fils vous serez bien am-
plement adverty de toutes choses et satisfaict
à vos dernières dépesches, m'en remettant à
icelles, celle-ci sera seulement pour \ous prier
continuer à faire, le plus vivement que vous
poliriez, entendre à la reine d'Angleterre ma
bonne sœur et cousine, comme en toutes
choses nous procédons sincèrement, que nous
ne désirons rien tant que de lier nostre amitié
et bien avec elle, qu'elle puisse estre perdu-
rable entre nous et les nostres, et que, selon
que je vous ay escrit pour luy faire entendre,
je commenceray le propos des erres de la né-
gociation du mariage et nous nous estendrons
en tout ce qu'il sera possible pour sa satis-
laclion; aussi que nous la prions de faire de
niesnie de sa part, l'asscuianl que jamais prin-
cesse ne lui plus respectée, honorée et servie
qu'elle sera de mon fils le duc d'Alencon, si
ce mariage se faict; et que nous le ferons ve-
nir en poste par deçà, si nous voyons que les
choses soyent pour prendre la bonne et heu-
reuse fin que nous y désirons. Persuadez pour
certain à ceux et à celles que vous penserez
qui pourront servir en cette affaire, que le Roy
mondict sr et fils et moi reconnoistrons si bien
envers eux les bons offices qu'ils y feront, et
par si bonne preuve, qu'ils auront toute oc-
casion de contentement, après la première con-
férence qui se fera de ce propos et que nous
aurons vu quel pouvoir en ont les srs comte
de Wolccslrc ' et Walsingham, et ce qui s'en
pourra sentir de la volonté de ladicle reine.
J'escriray de ma main auxdicls srs comte de
Wolceslre et au niilord trésorier'-. Cependant,
je vous prie, ne perdez une seule occasion de
tout ce que penserez qui pourra servir à cette
affaire et vous asscurez comme je vous ay cy-
devant plusieurs fois escrit que vous ferez un
très grand service à celle couronne , à mov
en particulier et aussi à mondict fils le duc
d'Alencon, qui ne l'oublierons jamais. Et outre
le mérite de vos labeurs, cela augmentera
grandement la récompense et biens que je
vous asseure qui vous seront faits, et à quoy
je liendray la main que ce soit le plus lost
qu'il sera possible, d'aussi bon cœur qu'après
vous avoir encore bien fort recommendé d'af-
fection celte affaire, je prie Dieu vous avoir
en sa saincte et digne {farde.
Caterixe.
1572. — m février.
Orig. Hibl. n«t. collecl. Hupny, 11" Soi, r g5.
A MONSIEUR DE THOU,
l'flKMIER Pr.BSÏDBNT ES SA COURT DE PARU1IBN UI mil .
Monsieur le Président, nous avons veu par
voz leclres du quatriesme de ce présent moys
1 Worcester.
I '' liOnl Biir^liley.
LETTRES DE GATH
le bon devoir et diligence dont vous avez usé
à fayre publier les ecdictz dont le Roy mon-
sieur mon lilz vous parla dernièrement que
vous estiez en ceste court et n'a trouve' que
bon la surcéance que l'on a faicte pour cclluy
des monnoies, s'asseurant que c'a esté pour
beaucoup de bonnes considérations, comme
ses advocat et procureur général nous ont
escrit, remectant selon la résolution qu'il
prandra sur leurs remonstranccs à vous fayre
là dessus entendre son intention, laquelle, je
m'asseure, vous sçaurez bien suivre, comme
vous avez faicl en tout ce qui s'est présenté
pour son service; cependant je prieray Dieu,
Monsieur le Président, qu'il vous ait en sa
saincte et digne garde.
Escrit à Blois le xiMmc jour de février 1672.
Monsieur le Président, j'ay aussy receu
la lectre que m'avez escriple pour les terres
vaines et vagues du duché d'Orléans et ay
bien veu le plaisir que m'avez faict en cella,
dont je vous mercie de très bon cœur.
Caterixe.
Pjnart.
ERINE DE MEDIGIS. 91
cesle charge, mais il en avoit auparavant lu
réception de vozdictes lectres desjà disposé
en faveur de maistre Simon Roger, comme de
personne qu'il lient digne et cappable de l'ad-
ministration de ceste function, vous asseurant
que, s'il advient cy après vaccation de sem-
blables estatz, il aura souvenance desdietz
nommez pour les y appeller. Nous avons au
demeurant avec plaisir entendu que les choses
advenues en l'abbaie de Jouarre ne sont pas
si grandes que l'on les faisoit et ainsi que vous
en sçaurez les parlicularilez et en serez plus
avant et clairement informé, nous serons bien
aises d'en estre par vous advertiz, comme je
vous en prie et Dieu, Monsieur le Président .
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Bloys, le x" jour de mars 1672.
Caterine.
PlNART.
1572. — 10 mars.
Orig. Iîibl. nat. collect. Dupuy, o° 801, P g6 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT B* LA COJJKT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, nous avons veu les
lettres que nous avez escrites et l'acte de
1 eslection qui a esté faicte des trois person-
naiges y desnommez pour estre pourveu de
l'un d'iceulx à Testât de président, vaccant
par le trespas de feu maistre Pierre de Sainet-
André; à quoy je vous veulx bien dire que le
Roy monsieur mon Glz, congnoissant lesdietz
nommés pour gens d'honneur, de vertu, inté-
grité et longue expériance au faict de judica-
ture, qu'il eust voluntiers appelle l'und'eulxà
1572. — 1 1 mars.
Orig. Arch. des Médicis à Florenc, dalla filza ,
nuova nuuierazione , p. 3a8.
A MON COUSIN
LE DUG DE FERRARE.
Mon cousin, j'estime que la requesle que
j'ay à vous faicte en faveur de Messire Julian
de Médicis archevesque d'Aix, vous sera très
agréable pour l'ouverture que je vous feray
de pouvoir honorer sa vertu, et faire chose
qui puisse d'aullant illustrer les personnes
qui portent le nom qu'il faict. Le Roy mou-
sieur mon lilz et moy désirons le faire pro-
mouvoir à la dignité de cardinal; et parce
qu'il sçayt que vostre auctorité et interven-
tion le peult beaucoup favoriser à y parvenir,
il désire qu'il vous plaise vous y employer
et moy je vous en prye de toute affection el
recevoir ceste mienne requeste si favorable-
ment que ledict de Médicis vous demoure
92
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
d'aullanl tenu de la grâce que luy aurez im-
party et que je receoyve ce contantemenl de
luy avoir moyenne vostre faveur et recom-
mendalion, priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa garde.
Escript à Bloys, le xic jour de mars 1572.
Vostre lionne cousine,
Caterihe.
I 572. — 2a mais.
Copie, lîibl. nat. Parlement, u° gfi , f° 30-3.
V MESSIE 1RS LES GENS
texans la court de parlemebt de paris.
Messieurs, vous ayant le Roy monsieur mon
lilz faicl entendre la volonté qu'il a ' que de son
eedit l'ait sur la création des estatz de garde
des seaulx sorte son plain et entier estai, vous
vous en seriez réservé sur la publication
qu'avez faicte sur l'ampliation dudict eedit la
nomination de commissaires pour juger les
oppositions de cculx qui avoient esté cy-de-
vant pourveus desdietz estatz el payé sur an-
nation, je vous ay bien voulu faire la présente
tant pour accompaigner ce que moudict sieur
et filz sur ce vous escript que pour vous prier,
comme je m'asseure, que ferez tenir la main
à l'exécution dudict eedict , et que lesdietz com-
missaires que vous nommerez pour juger les-
dictes oppositions soient gens de bien, zélés à
son service; à quoy m'asseurant que, pour le
il ésir qu'aurez à luy faire service agréable, ne
fairez l'aulte, mettray fin à la présente, priant
Dieu le Créateur vous donner ce que désirez.
A Blois, le vingt deuxiesme jour de mars
mil cinq cens soixante et douze.
Cateiune.
ClIANTF.HF.AU.
1 La lettre de Charles IX pi écède celle-ci.
1572. — 22 mars.
Orifj. Bihl. nat. fonds Dupuy, n° 56g. P" 19 r".
V MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRESIDENT BN LA COCBT DB PàRLBSIEST DE PABIS.
Monsieur le Président, je vous prye suivant
ce que le Roy monsieur mon fds vous escript
vous enquérir doulcement qui est l'imprimeur
qui a imprimé ung livre traduict de latin en
françoys faict à Londres contre la royne
d'Escosse madame ma fille : et cependant faire
1 Le livre auquel elle l'ail allusion esl la Détection tle
Burhanan, livre publié en latin,* en anglais et en écos-
sais, et dontune traduction française venait de paraître.
Pour lui donner le crédit qui lui manquait, lord Bur-
ghley, dans un écrit intitulé Lettre d'un habitant de
Londres à un ami", avait vanté le lalenl de Bucbanan,
et c'est lui qui en avait fait répandre en France de
nombreux exemplaires. Il n'y a pas à en douter : trj'ai
jugé à propos, écrivait-il à Walsingham , de vous envoyer
ce petit traité, récemment imprimé en latin et qui doit,
à ce que j'apprends, être traduit en anglais avec beau-
coup d'additions "n , el procédé non moins cruel , un exem-
plaire de ce libelle fut remis à Marie Stuarl. -J'avoy
demandé ung prestre, écrit-elle à La Motbe-Fénelon ,
le 22 novembre 1071, pour ni administrer le saint
sacrement, et, en Testât où je suis, me renger du toul
ce qui peult nuire à ma conscience, et ledict Ballmau.
qui estoit porteur de ma lettre, m'a rapporté en lieu de
consolation ung livre diffamatoire par un athée Bucca-
nan, duquel cognoissant l'impiété, je vous priois,
t'anné passée, faire ce tant à l'endroit de cesle royne,
qu'il ne fust laissé ausprés de mon lilz. Si l'on s'efforce
me faire injure en ce qui constitue mon royaume, ma
personne et mou honneur, je ne le trouve plus estrange,
puisque en malice il déclare autre ce qui est de l'àme'.»
Charles IX, recevant des mains de La Motbe-Fénelon
l'édition anglaise, lui avait répondu, le i5 novembre
1571 : «L'aigreur de la reine Elisabeth à l'encontre de
ma belle-sœur est plus grande que jamais et notamment
en ce qu'elle a dernièrement permis estre imprimé le
livre que vous m'avez envoyé, duquel l'imputation seule
• The copie of a letler uritleu by one in London to his friend.
(Goodail, t. Il, p. 3i4, 38 1 . )
b Di&T's. P- lG'-
c LabanotT, Lettres tk Marie Stuart, t. IV, p. 6 , 5.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
93
prendre et brusler secrettement et sans bruict
tout ce qui se pourra trouver desdiclz livres,
faisant faire aussy soubz main deffences à tous
imprimeurs en imprimer, soubz telles peines
que vous adviserez, de sorte que, s il est pos-
sible, il n'en demeure un seul formulaire el
vous ferez chose que le Roy mondict fils et
moy aurons fort agréable, priant Dieu, Mon-
sieur le Président, que vous aye en sa saincte
et digne garde.
Escript à Bloys le xiii""* jour de mars
1072.
Caterine.
PlNART.
est si honteuse et tant au déshonneur de madicte belle-
sœur que, gardant le respect qui doit estre entre tous
princes et princesses, elle ne pouvoil jamais souffrir avec
raison ledict livre estre mis en lumière, quelqu'inimitié
qu'elle lui porte; désirant à cette occasion que vous in-
sistiez envers madicte bonne sœur de faire défendre et
censurer ledict livre-, car, encores qu'il ait jà coureu par
le monde qui en aura esté imbu , croyant assez souvent
plustol le mensonge que la vérité, pour le moins elle
connoistra par ladite instance que je ne puis entendre
que avec grand regret qu'elle ait souffert un si vilain
écrit estre publié d'une personne de laquelle, pour la
qualité qu'elle a de princesse, sa proche parente, elle
devoit avoir l'honneur plus recommandé, aussy pour
avoir eu mon alliance (ayant esté femme de mon frère
aisné), sans se montrer en cest endroict si avant vaincue
de la hayne qu'elle luy porte qu'elle luy ayt fait oublier
ce qui étoit de sa grandeur el dignité.» Le 5 décembre
suivant, La Molhe-Fénelon avait écrit à Catherine : r J'es-
père aller trouver la reine demain et ne fauldray de luy
insister qu'elle veuille faire supprimer ce livre qui a
esté imprimé dans cette ville contre l'honneur de la
royne d'Escosse, lequel livre a esté de nouveau imprimé
en anglois, avec l'adjonction de quelques rithmes fran-
çoises, qu'on impute à ladicte daine, qui sont pires que
tout le demeurant du livre. n (Correspond. Je La Mothe-
Fénelon, t. IV, p. 3oi.)
1572. — aa mars.
Aut. Bibl. nal. fonJs français . n° îoaflo, f" s3.
A MON 'COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin , j'é reseu vostre lettre par No-
clielle et veu cet que me mandés et vous prie
vous asurer que n'aurés jeamès parente qui
aye plus en recomendation cet qui vous toucbe
que je ay, et n'i aubliré rien de cet que je y doys ,
et vous en reposés sur moy et n'en douctés.
Je pansovs vous voyr aveques vostre femme;
mes, à cet que ma dist cet porteur, vous
volés encore ayséier de vous guérir. Je prie
à Dieu qu'il vous en fase la grase et que
puisiés aystre bien tost ysi aussi sayn que
le désirés; et pour se que cet porteur vous
dire toutes noveles, je ne vous fa_yré la pré-
sanle plus longue, après vous avoyr prié de
vous haster de vous guérir afin de nous venir
plus tost trover; car nous enn alons dan sis
semaynes hà Fonteinebleau, au la royne ma
fille fayré ces couches; et je m'aseure que
cerés bien ayse de cete novelle qu'elle souit
prose; car au movns nous serons asseurés
que la rase contineuré et m'aseure que ceré
lousjour pour vous reconestre pour cet que
vous et les vostres leurs estes.
De Bloys, cet x\ne jour de mars 1672.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — 28 mars.
Orig. Archives tlu Valican , n° ia5.
A NOSTRE TRÈS SA1NCT PÈRE
LE PAPE.
Très Sainct Père, il y a environ deux ans
nous avons eu un procès pendant à la rôle
pour raison d'un crédit de vingt mil escus
mis sur le mont de piété par nos prédéces-
\)'l
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICTS.
seurs el pour ce que nous ;«\ mis besoin de
rostre faveur et autorité pour accélérer le ju-
gemenl dudicl procèa, nous vous supplions
autant affectueusement que faire pouvons que
le lniii plaisir de Vostre Sainteté soil de com-
mander bien expressément que le procès soil
iruidé el <|uc sentence soil donnée le plus lost
qu'il se pourra, afin que ledit procès puisse
prendre fin et que justice soil faite et admi-
nistrée sans longueur, comme nous avons
donné charge au sieur de Ferai/, ambassadeur
du lio\ oestre très cher sieur et filz, vous prier
de uostre part, dont nous vous supplions le
croire comme noUs-mesmé; priant le Créateur
qu'il veuille longuement conserver Vostre
Sainteté au gouvernement de nostre safncte
mère l'Église.
Au boisde Vineennes, le xxviu'jour de mars
i 572.
Vostre dévote fille, la mère du Roy,
Caterine.
1572. — 29 mars.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n" 10754, p. i3l3.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAUX.
Monsieur de Forquevauls, par la lettre que
le Roy monsieur mon fils vous escript pré-
sentement ' vous entendrez comme c'est seul-
lemeni pour vous advertir de la réception de
la vostre du quatorziesme de ce mois, espé-
ra ni de vous voir bien tost de deçà, comme
vous luv avez mandé de vous y en venir le
trouver, qui le garde et moy aussi de vous
faire la présente plus longue, priant Dieu,
Monsieur de Fourquevauls, vous avoir en sa
-ai nclc cl digne garde.
Escript à Bloys,le vingt ueufviesme jour de
mai>l572- Catkh.nk.
1 Le Roi lui annonce que M. de Saint-Goart part
pour le remplacer. [Même rolumè, (* 1 3i a.)
1572. — 2g mars.
Copie. lîibl. nat. londs franrais , n° 9704, f° && 1
A MONSIEUR DE MANDELOT.
Monsieur de Mandelot, la bonne voulante el
affection que j'aj toujours congne'ue en vous
par effect en tout ce qui louche et concerne
le Service du Kov monsieur mon filz et le
mini me donne occasion de nf adresser à vous
avant tous ceulx desquelz je puis par raison
espérer d'avoir service notable autanl que le
besoing et la nécessité des affaires dudicl sei-
gneur le requièrent, el sur l'asseurance que
j'en ay eu vous, je vous ay bien voulu escrire
la présente pour vous prier, sur tous les plai-
sirs et services que vous désirez faire au lîov
mondict sieur et filz el à moy, de faire recou-
vrer à change ou intérêts la somme de ceul
mille livres, s'il est possible, ou pour le
moins quatre vingtz mil livres au Kov mondirl
sieur cl filz pour subvenir à la nécessité de
ses affaires, el alliu que vous puissiez faire ce
service si grand et à propos à ung tel besoin;;
que celluy qui s'offre présentement, je vous
prie y emploier tous les moyens que vous
pourrez avoir, tant de vous que de voz amys el
regarder de les prendre à tel pris et à tel
terme el temps de payement que vous jugerez
le pouvoir recouvrer des marchans, soil pour
en estre payé à la Saincl-Jehau prochaine ou
aux payemens de la foire de Toussainclz ou
autre plus bref ou plus long terme que vous
adviserez, pourveu que ledict terme ne soil
moindre de trois mois, si vous le prenez à
mterest, ou au pris que vaudra sur le change
pour foyre si vous le prenez pour les payemens
de ladicte foyre de Toussainclz; et affin que je
puisse estre asseurée de ce qui se pourra es-
pérer de cest affaire par vostre moyen, je
vnu> prie m'en donner advis dedans le prochain
liimly après Pasques, vous asseurant (pi il n y
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
95
aura point de faillie que je ne face rembour-
ser ladicte somme avec l'intéi-est au terme
que vous me manderez; et je vous promectz et
m'en oblige en mon propre et prive' nom, et
vous prie de croire que j'aimerois mieulx avoir
perdu deux fois autant que d'avoir failly au
remboursement de ladicte somme et des inté-
rests que vous aurez promis au temps qui sera
convenu. J'ay donne' si bon ordre au payement
des vnmiic et tant de livres que vous avez faict
payer pour moy à Lyon qu'il n'y aura point
de faulte qu'il n'y soit entièrement satisfaict;
et sur l'asseurance que j'ay en voslre bonne
volonté et le moyen que vous avez par de là
je ne vous en l'eray plus ample recommanda-
tions et prierny Dieu , Monsieur de Mandelot ,
vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Bloys. le xix mars 1872.
Caterine.
Chanterku'.
Monsieur de Mandelot, si vous prenez
ladicte somme à intérestz, je vous prie que le
terme de payement ne soit moindre que de
Irovs mois et que ce soit avec le moindre in-
te'rest (pie vous pourrez , dont je me remetz à
\011s.
1572. — 3i mars.
Ol%. Bibl. nat. fonds Dupuy, a" Sol, f 97 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRESIDEXT ES L4 COURT DE PARLEMENT DU ROI.
Monsieur le Président, j'ay pourveu maistre
Vincent Odry de l'office de lieutenant général
en mon conte' et bailliage de Gyen par la ré-
signation qui luy en a esté faicte par maistre
Guillaume Odry, son oncle, luy en ayant faict
dépescber ses lettres de provision en bonne
tonne, pour lequel office il a preste le ser-
ment par devant mon chancelier, et d'autant
(jue, pour le regard des cas royaulx et privi-
leiges, il luy est encore nécessaire de prester
aultre nouveau serment en la court de parle-
ment à Paris, je vous ay bien voulu escripre
la présente en sa faveur et prier le recevoir
audict serment, tant en considération des ser-
vices faictz par sondict oncle au feu Roy Henry,
mon très honoré seigneur et espoux, et au Roj
înondict sieur et filz et à moy depuis trente
deux ans en çà qu'il feust pourveu audict
estai, m'asseuranl aussi que ledict maistre
Vincent Odry, à l'exemple et imitation de son
oncle, continuera à s'emploier en mes affaire
et que je pourray recevoir contanlement de
ses services suivant la démonstration qu'il
m'en a desjà faicte; priant le Créateur, Mon-
sieur le Président, vous avoir en sa saincte
garde.
Escript à Bloys, le dernier jour de mars
1 07a.
C\TERIXE.
1572. — -? avril.
Aut. Bibt. nal. fonds français, n° 102&0, f° 53.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, je n'é voleu que cet laquay
s'an souit retourné san set mot pour vous
prier me volouir mender de voslre santé el
ausi vous aseurer de selle du Roy mon fils
et de tous mes enfeus, lesquels aveques une.
désiron de vous revoyr bien lost en -
conpagnie; m'aseurent que y seres mieulx
et plus sayn que d'estre tousjour hors de
cete conpagnie qui vous ayme et désire
aullent de bien et de santé que vous faystes
vous-mesmes; el ne vous pouvent menti- i
milleure novellcs pour cet heure que l'aseu-
rcnse de la groyse de la royne ma fille, je
96
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
finiré la présante en cet endroyt, prient Dieu,
mon cousin, vous donner cet que désiras.
De Bloys, ce nemejour d'avril 157a.
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — 3 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds Moreau , n° 71g. P 3.
A MONSIEUR DU CROC.
Monsieur du Croc, vous estes si advise' et
avez tant de cognoissance des affaires d'Escosse
et aussy de l'intention du Rov monsieur mon
(ils en la charge que nous vous avons com-
mise ', qu'il n'est besoing vous l'aire redicte
de tout ce que le Roy mondict sieur et fils
vous mande ; aussy ne sera ce petit mot que
pour vous dire que je suis bien tnarrye que
nous ne pouvons faire pour la liberté' de ma
fille la royne d'Escosse ce que nous désirons
envers la royne d'Angleterre; mais puisque
cette nouvelle occasion d'aigreur de ladicte
royne d'Angleterre contre elle est advenue,
et que conformément à ce que vous mesme
nous mandez, si nous continuons d'en faire
instance, on lu\ fera plus de préjudice que
de bien, estant besoing de différer pour celle
heure, ayant le Roy mondict sieur et fils
commandé expressément au sr de la Mot lie
de s'enquérir souvent de sa santé et de faire
en sorte par prières que l'on la Iraicte le
mieulxque l'on pourra, donlje m'asseure qu'il
s'acquittera bien soigneusement, et que, de
vostre pari, vous ferez aussy tout ce que vous
pourrez en Escosse pour l'establissement de
la paix, et que le petit prince, son fils, soit
nourry en nostre affection et bonne amitié, et
1 Voir dans le Calendar nf State papert (i55a) les
instructions données à Du Croc, et, dans le même vo-
lume, toutes les lettres qui font mention de sa mission
en Ecosse, p. 87, 91, 9/4, 97, 99, toi, io5.
au demeurant que nous ayons de vos nou-
velles le plus souvent que vous pourrez, sien
avez le moyen. Priant Dieu, Monsieur du
Croc, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Blois. ce m" jour d'apvril i5t3.
Caterive.
1572.— ta avril.
(ïrig. Bibl. imp. de Saint-Pélersbouig , vol. XVIJ1 . P -3.
A MONSIEUR DE HAUTEFORT,
CONSEILLE!! DD ROY MON KILZ E\ SON CONSEIL PB1TÉ ,
PBBHIBB PRÉSIDENT DD PARLEMENT EN SA COUR DE DiUPHUfB '.
■ ■
Monsieur de Hautefort, j'ay esté très ayse
d'avoir sceu ce que vous me mandez par vos
lettres du 1111e de ce mois, espérant, puisque
vous estes party avec intention de faire vostre
voyage en Suisse, que vous y ferez ung bon et
notable service au Roy monsieur mon Gis,
qui 11'eust peu y envoyer personne qui se fus!
emploie avec plus d'affection que vous ferez,
chose dont je vous prie de vous asseurer que
luv et moy aurons à jamais souvenance de
voz services pour les recognoistre en ce qui
s'offrira pour vostre contentement, priant
Dieu, Monsieur de Hautefort, vous avoir en
sa saincte garde.
Escript à Clienonceaux, le xnr jour d'a-
vril 1 572.
Caterine.
1572. — 16 avril.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 16106, f° 36.
A MONSIEUR DE SAINTGOUARD.
Monsieur de S' Gouard, vous verrez par la
lettre que le Roy monsieur mon filz vous es-
cript pour quelles causes ce courrier vous est
dépesché, de quoy je ne vous feray redite
1 Frère de M. de Bellièvre.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
97
et me suffira, faisant response à la vostre
du xincn" de mars, vous advertir que ceste
tavaiolle1 qui ne s'est retrouve'e en laquesse2
que j'ay envoye'e à mes petites-filles, a esté
oublyée à eslre mise avecques les autres be-
songnes et en ay sceu la faulte. Je vous prie
les visiter souvent et me mander les nouvelles
de leur santé et disposition. Quand vous irez
veoir le Roy Catholique de la part du Roy
mondict sieur et filz, vous le prierez bien dex-
trement les avoir en toutes bonnes recom-
mandations, encore que veuillez croire n'y
estre besoing le luy ramenlavoir. Au surplus
le Roy mondict sieur et fils entend que vous
luy escriviez plus souvent que n'avez faict de-
puis que vous estes par delà, n'ayant rien
reçu de vous depuis celle du xin3.
1 Linge d'église garni de dentelles dont on se sert
pour le pain bénit ou un baplème.
5 Quesse, caisse.
3 Voici la lettre de Saint -Goard qui s'était croisée
avec celle de la Reine mère :
<t Madame, encore que je aye escript à Vostre Ma-
jesté avecque la despesche que je foys au Roy, si ay-je
voullu encore luy escripre sete-si et luy dire, comme
je cstois faisant ma despeclie, le secrétaire Cayes m'est
Tenu visiter, lequel n'a failli me parler du mariage de
Madame et de Monsieur le prinse de Navarre, le blâ-
mant infiniment, et se atacbant bien fort à la roine de
Navarre, se ébéissant comment une si sage prinsese
comme vous n'avoit plus lost voullu eslire pour parti de
Son Altesse un roy tel que esloyt seluy de Portugal, que
non seluy dont il n'avoit nulle comparaison et de plus
tous les subsons que tel bien et honneur ne luy don-
nast moyen à l'avenir de faire pis que jusques à sete
heure il n'avoit faict, se eschoffant, extrêmement sur
sete matière, et me disant que estoit affection qu'il
portoit à Vostre Majesté et au Roy ; à quoy je luy voulus
respondre que sertenement je croyois qu'il avoit bon
zèle, mais aussi que je croyois qu'il n'estoit pas bien in-
formé que Vostre Majesté traictant avecque toute vérité et
intégrité ce mariage, elle y avoit esté trompée et que
le Roy le connoisant s'en estoit desdigné, mesme comme
de nouveau il apparoissoit en la dernière pratique qui
avoit esté, escripvant le Roy Catholique à Vostre Ma-
CtTHERlNE DE MÉDICIS. IV.
1572. — aa avril.
Orig. Recortl office, State papen, France, vol. LU.
A TRÈS HAULTE, TRÈS EXCELLENTE
ET TRÈS PUISSANTE PRINCESSE,
KOSTRE TRES CHERE ET THES AMÉE SECR ET COUSINE
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haulte, très excellente et très puis-
sante princesse, nostre très chère et très amée
bonne sœur et cousine, encores que par les
lettres que nostre très cher sieur et filz
vous escript et que vous pourra aussi faire
entendre le sieur de Smith, vostre ambassa-
deur, présent porteur, qui s'en retourne par
devers vous, il vous soit aisé à juger combien
nous avons de plaisir et contentement que le
succès de la nouvelle alliance, ligue et confé-
dération qui s'est faite et négociée entre les
jestépar le père jesuiste , qui ne touchoit que les mesmes
el premières pratiques, se donnant à entendre que le
roi de Portugal ne se poulvoit marier de dix ans, chose
qui se devoit tenir pour ridicule, vu l'âge de Son Altesse
et beauté, et se esbahit que telle chose eut esté dite et
me dit que jamais le roy son maistre n'avoit donné
telle charge et que il en avoit fait les instructions, et me
demanda si je estois bien assuré que l'on eust dit telle
chause à Vostre Majesté. Je lui dis que oui et que elle
me l'avoit escript. 11 me demanda si je n'en avois rien
dit au roy son maistre et luy dis que oui et qu'il m'a-
voit respondu que ce négoce estoit es mains du pape. Il
dit se esbair de telle chose et encore qu'il ne pouvoit
croire que pour cela vous voulussiez faire ce mariage de
Mr le prinse, attendu qu'il y eu avoit bien d'autres,
quand du tout l'espéranse de celuy de Portugal seroit
perdu , ayant l'Empereur de beaus enfants et prêts à ma-
rier, ce que se pourrait facilement ménager ; à quoy je
voulus bien respondre que Son Altesse estoit telle et de
telle maison que elle ne rechercheroit jamais les maris
et que je croyois ausi que nous aurions bientôt nou-
velles que elle seroit mariée, et que je m'assurois, sis'es-
toit à M. le prinse de Navarre, comme je croyois, que
avant que se fust long temps, l'on perderoit cette mau-
vaise opinion que je voyois que de sa l'on avoit de luy,
parce qu'il estoit né à toutes bonnes choses.» (Même
volume, f 22.)
i3
UP TU ME ME SATIOIAl E,
98
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
députés de nostredict sieur el filz et vos am-
bassadeurs soit conclu et arresté1, et le grand
désir et affection que nous avons d'y demou-
rer fermes el de la voir par quelque bonne
occasion plustost augmenter que diminuer,
ainsi que vous entendrez plus amplement par
ledict sieur Smith, qui sera cause que, nous
en remettant à luy, nous n'estendrons celle-ry
davantaige, si n'est pour vous dire que Dieu
continuant de plus en plus ses grâces et béné-
dictions en ce royaulme y a apporte' la confir-
mation et ratification du repos par le mariage
conclu et arresté entre ma très chère et ame'e
fille Marguerite el noslre très cher et amé filz
le roy de Navarre, dont nous attendons aussi
ung commun bien et universel, qui nous faict
croire et asseurer que vous entendrez ceste
1 Le même jour, de son côté, Walsinghani écrivait à
Lord Rurghley : «Vous verrez par la lettre de M. le
chevalier Smith la principale accroche qui a retardé la
conclusion de la ligue. MM. de Montmorency et de Foix
y ont travaillé efficacement et avec ardeur. Le Roi a
paru fort résolu sur la matière, comme il fait en tout
ce qui concerne son honneur et son intérest. Vous ne
devez pas craindre que les préparatifs de Strozzi * re-
gardent ou l'Ecosse ou l'Irlande. Les principaux qui gui-
dent le Roy sont très bien intentionnés pour Sa Majesté.
On a tenu depuis peu cette entreprise échouée. Le Roi
y est résolu; sans cela elle auroit entièrement avorté. Les
gens de robe longue craignent que cela ne produise de
la brouille entre cette couronne et l'Espagne, el seroient
bien faschés que le Roi s'engageasl à l'heure qu'il est dans
une guerre, parce qu'ils appréhendent que l'administra-
tion des affaires ne tombasl alors en d'autres mains. Au
milieu de ces difficultés il est difficile de juger quel sera
le dénouement de cette affaire. Les dernières nouvelles
d'Espagne sont que le voyage du duc de Médina Cœli en
Flandres est différé sur la seule appréhension que Strozzi
n'entreprenne quelque chose en ces quartiers. (Mémoires
et ambassades de Walsingham,p. n 17.) Voir dans ce même
volume, p. 3l3, la lettre de la reine Elisabeth traçante ses
ambassadeurs leur ligne de conduite dans la négociation
de celte même ligue H une lettre de Smith a Burgliley,
p. 331.
' La flotte de Slrozzi était rassemblée à Brouage.
nouvelle avec fort grand plaisir, et tanl plus
nous prierons Dieu, très haulte, liés excel-
lente et très puissante princesse, noslre très
chère et très amée bonne seur et cousine, vous
avoir en sa très sainte et digne garde.
Escript à Bloys, le x.xii0 jour d'avril 1672.
Vostre bonne seur et cousine,
Caterixe.
1572. — 26 avril.
Orig. tiilil. nal. collect. Dupuy, a" 8oj, P 98 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PDEU1SR PRESIDENT EN LA <ui HT DE, PARLEMENT DE PAIII-.
Monsieur le Président, je pensoys que , après
que l'édict et ampliation des petit/, sceaulx
avoit esté publiés en la court de parlement
sans aultres modiflicacions que celles qui sont
contenues ez requestes de ladicte court, il en
auroyt plus de difficulté à l'exécution dudicl
édict et ampliation ; mais je viens tout présen-
tement d'entendre que ladicte courl ne veult
aulcunement pernieclre que Scipion • jouisse
du sceau des requestes dudict pallais, combien
qu'il ne soyt aulcunement réservé ne excepté
par la vériffication qui eu a esté faicle, qui
est chose qui me faicl penser que cela se faict
plustost pour s'opposer et retarder mes des-
seings que pour raison que puisse avoyr
ladicte court de ce fayre; laquelle exprouver
et réserver par ladicte vériffication et sur la-
dicte réserve entendre l'intention du Roy
monsieur mon filz, sans laisser cela en incer-
titude et en la secrette voulonté de ladicte
court. Et pour ce que telles difficultés m'
peuvent que à relarder mes affaires el que
tout le doinmaige qui en procède retumbe
sur mesdictes affayres, je m'en plainctz à vous
et vous veulx bien dire que c'est chose qui
1 Scipion Sardini, le richissime financier qui épousa
Isabelle de Limeuil.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
99
me desplaist infiniment et à laquelle je vous
prie, aultant qu'il m'est possible, de remédier
incontinent et fayre en sorte envers ladicte
court qu'elle n'empesche poinct ledict Scipion
de jouir dudict sceau des requestes; car aultre-
ment je seroys à recommencer et mes affaires
arrestées du tout à mon grand regret et des-
plaisir, et m'asseurant que vous m'osterez en-
tièrement de ceste peine et que je n'en oiray
plus parler, je prye Dieu, Monsieur ie Prési-
dent , vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Bloys, le xxvieîmc jour d'avril
1572.
Caterine.
Chantereau.
1572. — 27 avril.
Orig. Bibl. oat. fonds Dupuy, n° 801, P 99.
A MONSIEUR DE THOU,
PBEUIEB PRESIDENT EN LA COCR DE PARLEMENT DE PAB1S.
Monsieur le Président , je vous ay cy-devant
escript et faict entendre la peine en quoy
j'estois et suis encore à présent à cause de
l'empeschement que l'on donne à Sardiny,
qui a contracté pour les petits sceaulx, en la
jouissance du sceau des requestes du palais,
et pour ce que j'ay plus de fiance en vous
que en nul autre de la cour de parlement, et
que je sçay que vous avez toute puissance de
faire cesser et lever cest empeschement, je
vous ai bien voulu faire ceste recharge pour
vous prier estre moyen que ladicte difficulté
soit levée et ostée, et faire en sorte que ledict
Sardiny jouisse dudict sceau sans que j'en oye
plus parler; mais d'aultant que c'est chose
que j'ay fort à cueur et que je désire estre
faict promptement, je vous prye encore ceste
fois, si avez envye de me faire plaisir, donner
ordre que le sieur Sardiny jouisse sans aul-
cune difficulté dudict sceau des requestes, et
m'asseurent de la bonne volonté qu'avez envers
moy et ce qui me touche que vous ferez tout
ce qu'il vous sera possible pour me rendre
satisfaicte de ce costé-là , je ne vous en diray
autre chose. Je prie Dieu, Monsieur le Prési-
dent, vous tenir en sa sainte garde.
Escript à Bloys, le xxviicn"! jour d'avril
1572.
Caterine.
Chantereau.
1572. —Mai1.
Aut. Arch. oat. collect. Simancas. K 1517, pièce 1.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE D'ESPAGNE2.
Madame ma fille, j'é voleu par la présente
havertir Vostre Majesté cornent nous soumes
aseurés que la royne sa seur ayst grose et ne
le vous mende plus en doute, Dieu mersis,
m'en réjouisant aveque Vostre Majesté comme
délia chose de cet monde de quoy j'é la plus
grent joye pour beaucoup de reyson et entre
lesaultres pourvoyr la confirmation de l'amitié
entre lé deus roys vos maris, qui et cet que
je désire le plus, et à quoy je tacheré tousjour
par tous les moyens que je auré ver le Roy
mon fils de non seulement l'antertenir, mes la
augmenter, corne je prie Vostre Majesté fayre
de son coûté, car vous avés ysi un gage qui
vous y donet bien le volouyr, corne ayle l'a de
son coûté cete mesme volonté, qui me fayst
aseurer que de nos vies l'on ne voyré guère
1 Une lettre du commandeur Petrucci nous donne la
date de celle ci-dessus : le 1 a mai il écrivait à François
de Médias : a La Regina Ghristianissiraa ha sentito raoversi
la creatura nel ventre; ma è tanlo vergonosa che non lo
confessa che al Re, suo marito, ed a gran penaancora.n
( Négociations diplomaties avec la Toscane, t. III , p. 77 4. )
2 Anne d'Autriche, la Glle ainée de l'empereur Maxi-
milien.
13.
100
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
entre lé deus roys, cet que je prie à Dieu et
hà Vostre Majesté de tenir en sa bonne grase.
Vostre bonne mère et seur,
Caterine.
1572. — 10 mai.
Orr'g. Bibl. nat. collect. Du'iuv:, n° 8oi, f° 101 r°.
A MESSIEURS LES GENS
TESANS LA COUBT DU ROT MONSIEUR MON T1LZ A PARIS.
Messieurs, pour ce que mon cousin Monsieur
de Montpensier vient de .l'ayre entendre pré-
sentement par lectres au Roy monsieur mon
tilz et à raoy que, par importunité d'aucuns, le
procès qu'il a pendant pardevant vous contre
les sieurs du Loué et du Bouchage pour raison
de la succession de Chauvigny a esté mis sur
le bureau sans qu'il en aict esté adverty que
après que l'on a vacqué deux jours à l'expé-
dition d'icelluy, et que il dictque ledict procès
luy est de telle importance qu'il se délibère
d'aller à Paris pouryestre, quant ledict procez
se jugera; et que nous désirons pour l'amour
de luy que la décision et vuidangedudict procez
soyt sursize, affin qu'il ne luy soyt par ses
parties faicte aucune surprinse, je vous prye
remectre le jugement dudict procez d'icy ung
mois dans lequel il se rendra à Paris et en pour-
suivra luy-mesmes l'expédicion, priant Dieu,
Messieurs, vous tenir en sa saiucte et digne
garde l.
Escript à Chambort, lexcjourdemay 1572.
Caterine.
Chantereau.
1 Pareille lettre fut adressée et dans les mêmes termes
par Catherine au premier président M. de Tbou. (Voir
dans le n° 801 du fonds Dupuy, f° 100 r°. )
1572. — 12 mai.
Minuit*. Bibl. nat. fonds français, n* i6ofio , f° 91.
A MONSIEUR DE FERALS.
AMBASSADEUR À ROME.
Monsieur de Ferrailz, vous entendrez de
mon cousin Monsieur le cardinal de Ferarre,
ou de mon cousin le cardinal d'Esle l'intention
du Roy monsieurmonfilz qu'il vous afaict assez
particulièrement entendre, et partant vous vous
conduirez conformément à ce qu'ilz vous di-
ront, favorisant en l'occasion qui se présente
mon cousin le cardinal de Ferrare en tout ce
qu'il vous sera possible, et" je prieray Dieu,
Monsieur de Ferrailz, vous tenir en sa garde.
Le xiie mai 1 572 l.
1 Charles IV, le 19 mai suivant , avait ajouté à celle
lettre : <tM. de Ferais, depuis le parlement de vostre
nepveu Beauville , j'ay receu vostre lettre du premier de
ce moys par laquelle j'ay sceu la mort certaine de noslre
S'-Père; en quoy je vous ay par voslre suzdict nepveu
mandé mon intention. Touteffois envoient Le Fay vers mon
cousin le grand-duc de Toscane pour l'occasion qu'il a
charge vous dire, je luy ay commandé aller jusqu'à vous,
tant affin de me rapporter touttes nouvelles comme pour
faire entendre à mon cousin le cardinal de Ferrare ce qu'il
aura fait et le devoir auquel je me suis mys pour luy ayder,
chose qu'il exécutera suivant vostre advis, et l'instruction
que luy donnerez. Voussçaurez de plus comment le uonce
de Sa Sainteté m'est venu trouver en ce lieu, tant pour
se condouloyr avecques moy de la mort de nostredict
S'-Père, comme pour me prier au cas où le cardinal de
Ferrare De feust et ne peust estre pape, ayder au car-
dinal Farnèse à y parvenir. Je luy ay respondu que je
désirois infiniment le cardinal de Ferrare estre esleu,
soyt pour l'affection particulière que je lui porte, obli-
gation qu'il a à ceste couronne, que pour eslre bien
asseuré qu'il serviroit grandement la chrestienté, ayant
telle espérienec aux affaires du monde et l'inlenlion
grande et le zèle très grand au service de Dieu, et ac-
croissement de l'auclorité du Saint-Siège; que n'estant
faicl pape et ne le pouvant eslre, quand ledict cardinal
Farnèse le serait, j'en serais bien ayse.m'asseuiant qu'il
avoit tousjours devant les yeulx l'obligation qu'il doit
avoir au feu roy Henry mon père, lequel ne creignist
1572. — ia mai.
Copie. Bibl. nat. fonds Moreau , n° 719, P* 38.
AU COMTE DE SUSSEX.
Monsieur le comte, mon cousin le duc de
Montmorency et les autres ambassadeurs du
Roy monsieur mon fils s'en allant par dellà,
avec charge de proposer à la royne d'Angle-
terre madame ma bonne seur et cousine les
moyens de rendre l'amitié' et confédération
de ces deux royaumes indissolubles, j'ay pensé"
qu'il n'estoit que bien à propos, oultre la lettre
que le Roy mondict filz vous escript, vous
faire ceste-cy pour vous prier d'employer à
l'exe'cution de cest affaire ce que nous sçavons
que vous avez de moyens près madicte bonne
sœur, vous asseurant que ne ferez jamais dé-
monstration de vostre bonne affection envers
prince qui en soit moins ingrat et recognois-
sant que le Roy mondict filz, comme vous
dira mondict cousin le duc de Montmorency,
lequel je vous prie croire de ce qu'il vous en
dira comme moy-mesmes, qui prie Dieu,
s'attirer sur les bras une guerre pour conserver luy et les
siens en leurs biens et grandeurs. Voilà en substance la
responce que je luy ay faicte, laquelle ne m'oblige à
rien et néanmoings on ne m'en peult sçavoir que bon
gré. Je vous en avertis affin de vous en servir en
temps et lieu.r' (Bibl. nat., fonds fiançais, n" 161&0,
fol. 110.)
M. de Ferais, ce jour- là même, avait écrit au
Roi : trLes cardinaux estans entrez lundi dernier en
conclave à si grande bastivité qu'ilz ne donnèrent pas
seullement loysir à quatre aultres, qui vindrent en dilli-
gence de dehors de laisser leurs bottes; ilz entrèrent en
fort grande controverse parmy eulx pour les grandes
brigues et menées qui y estoient et la force des bandes
divisées; mais comme les hommes proposent et Dieu
dispose de toutes choses, par je ne sçay quelle inspi-
ration divine, dès le lendemain, qui fut hier, n'ayant
demeuré que quinze heures enfermez, ilz se levèrent
incontinent quinze ou vingt et adorèrent pour pape
le cardinal Boncompagni.i (Bibl. nat., fonds français,
n° 160/10, p. io4.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 101
Monsieur le comte, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Chambort, le xiieme jour de may
1572.
Caterine.
PlNART.
1572. — 12 mai.
Copie. RecorJ office, State papers , France.
A LORD BURGHLEY.
Monsieur de Builay, suivant ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript je vous prie
de bon cueur assister mon cousin le duc de
Montmorancy et ses autres ambassadeurs qui
s'en vont par delà des moyens que je sçay
qu'avez pour faire réussir la négociation dont
ilz ont charge. Ce sera par ce moyen rendre
l'amityé d'entre monsieur mon filz et la royne
ma bonne seur et cousine, vostre souveraine,
indissoluble, comme je sçay que vous estes
bien, enclin et disposé à la veoir fortiffier et
accroistre, vous asseurant que le Roy mondict
filz vous sçaura tant de gré des bons offices
que vous ferez en cella pour le commung bien
de ces deux royaumes, et le fera si bien re-
cognoistre en vostre endroict que vous aurez
grande occasion d'en demourer content et
satisfaict, ainsy que vous pourrez plus avant
entendre de mondict cousin le duc de Montmo-
rancy et du srde Foix mon cousin, lesquelzje
vous prie croire de ce qu'ilz vous en diront
comme moy-mesmes, qui prie Dieu, Monsieur
de Rurlay, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Chambort, le xue jour de mai
1572.
Caterine.
PlNART.
102
LETTRES DE CATHERINE DE MED1C1S.
1572.— 16 mai.
Urig. Arch. des Médicis à Florence, cart. VI, n° 33i.
A MON COUSIN
M" LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay rcceu la lettre qui m'a
esté baillée par vostre ambassadeur et ay veu
la bonne intention que avez au repos de la
chresticnté, qui est tout ce que nous dési-
rons, aussy que pour estre si confiante en
cette volonté je veux croire que Dieu nous
assistera avec vostre aide à faire ung pape
(jui sera pour la .satisfaction et le repos de
lout le monde, tel qu'il nous est nécessaire;
car je pense qu'il ne fut jamais plus besoing,
toutes cboses estant comme elles sont, d'avoir
ung pontife homme de Dieu et de bien, et
n'ayant esgard que à maintenir la paix et le
repos; car aultrenient il ne pourrait conserver
ny son autorité ny que notre religion ne soit
diminuée; et, me fiant à vostre sainte inten-
tionné ne vous en diray davantaige, et me re-
mettant à ce que le Roy et moy vous avons
fait entendre par son ambassadeur résidant à
Rome et aussy pour quelque chose que je luy
ay mandé par un secrétaire, je feray fin,
priant Dieu vous donner ce que désirez.
De Chenonceaulx, le xivc may 1672.
Vostre bonne cousine,
Gaterine.
1572. — 17 mai.
Imprimé daos les Négociations avec la Toscane, t. III , f° 775.
AU COMMANDEUR PETRUCCI,
AMBASSADEUR DE TOSCANE.
M. l'ambasciatore, mando questo portore
dal Grau Duca, per l'occasione che io vi dire
in questa di mia mano, che è per mcllervi
in considerazione quel ch' io ho pensato dipoi ,
la partita del nostro secretario : cioè che li
vo.-tri padroni conoschinoche in questa occa-
sione di far un Papa, aitando a esser il car-
dinal di Ferrara, che questo puô riunire
insieme tutti li principi d'Italia, e nella
nostra amieizia; che penso che, quando sola-
mente si riunissin Ira loro, che questo sarebbe
un gran bene per tutti, e per assicurar un
riposô alla cristianita; ed, essendomi venuta
questa considerazione, vel' ho voluto scrivere
e pregarvi la faciate sapere a' vostri padroni,
ancora che io ho dalocarica a questo portore,
che, in caso che il Gran Duca non voglia
esser contro il cardinale di Ferrara, ma aiu-
tarlo, afin che atteuga la'promessa che ilsuo
nipote m' ha fatta, a suo nome, d' essere lor
amico, che se ne vadi il nostro ambasciatore
a Roma , e che ne tiri una promessa di mano
del cardinal di Ferrara, innanzi che sia assi-
curato di quello che averà promesso il Gran
Duca, e che me la mandi per conservala;
perche non lo voglio ingannar in modo nes-
suno; e vi prego ad assicurarnelo da mia
parte, faro fine, pregando Dio evervi in sua
guardia.
Ghenonceaux, 17 di maggio 1672.
Gaterixa.
1572. — a5 mai.
Orig. Cibl. nat. collect. Dupuy, n° 8oi, f" 103 r".
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT DB PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, le Roy monsieur
mon filz respond si particulièrement à vos
lectres des xvucsnie et xxii05"10 jours de ce pré-
sent moys que je ne sçauroys sans redicle
aulcune chose adjouster; bien vous veulx-je
prier de tenir la main très instamment à la
publication de l'édict de la pollice des draps
et des lectres patentes de la révocation des
procureurs comme chose très nécessaire et
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
103
qui importe au bien de ses affayres et service,
chose qu'en ce faysant nous aurons bien
agréable, priant Dieu, Monsieur le Président,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Escript à Montpipeau , le xxv"*""3 jour de may
1572.
Caterine.
PlNART.
1572. — 26 mai.
Orig. Bibl. aat. collect. Dupuy, n" 801, P io3 r".
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT ES LA COCR DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, vous verrez ce que
le Roy monsieur mon filz vous escript tou-
chant le différent d'entre le Chastellet et les
prévost des marchans et eschevins de la ville
de Paris: et pour ce qu'il désire que toutes
choses demeurent en surséance jusqu'à ce
qu'il soyt par delà, je vous prie, de ma part,
tenir la main à ce qu'il ne se face rien en ceste
affayre que nous n'ayons parlé à vous, qui
est chose que je désire bien fort, priant Dieu,
Monsieur le Président, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Montpipeau, le nvi8"' jour de
may 1572.
Caterine.
Chantereau.
1572. — 38 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, Cinq cenfcs Colbert, n° 471, f° 79.
A MONSIEUR DE MAUVISSIERE.
Monsieur de Mauvissiere, c'a esté bien faict
à vous de vous acheminer à Boullongne pour
y recepvoir les sieurs Anglois qui viennent de
la part de la royne d'Angleterre madame ma
bonne seur et cousine ', et les conduire jusques
1 Elle fait allusion à l'amiral lord Lincoln qui venait
à ce qu'ilz soient arrivez où nous serons, sui-
vant ce que le Roy monsieur mon filz vous a
escript ces jours passez, et vous prie vous y
conduire le plus à la réputation de mondict
filz et satisfaction desdictz Anglois qu'il vous
sera possible, nous donnant au demeurant
advis incontinant que lesdietz Anglois seront
arrivez à Boullongne, du jour qu'ilz en devront
partir et combien de jours ilz pourront estre
au chasteau de Boullongne et quel chemyn ilz
devront tenir, affin que nous ne soyons sur-
prins. Il me reste à vous dire que j'ay esté byen
ayse de veoir l'advis que me donnez par vos-
dictes lettres et me ferez tousjours plaisir de
m'advertir des choses que vous estimerez tou-
cher le bien des affaires du Roy mondict filz,
et n'ayant pour le présent de quoy vous faire
ceste-cy plus longue je prieray Dieu, Mon-
sieur de Mauvissiere, qu'il vous ayten sa saincte
et digne garde.
Escript à Montpipeau, ce xxviiieme de may
1572.
Caterine.
Pinart.
1572. — 5 juin.
Copie. Bibl. nat. fonds Moreau , n° 719, f* 3C.
A MADAME MA SOEUR
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Madame, envoyant le Roy mon fils le duc
de Montmorency et le sieur de Foix mon
cousin\ n'ay voulu par la présente, oultre ce
en France pour la ratification du traité de la récente ligue
et recevoir le serment de Charles IX. (Voir dans les Am-
bassades de Walsingham , p. 291, les instructions datées
du 25 mai qu'à son départ pour la France Lincoln
reçut d'Elisabeth.)
1 Voir dans le n° 17973 du fonds français le «Som-
maire discours de la négociation de MM. de Montmo-
rency, de Foix et La Mothe-Fénelon en Angleterre,
et principalement les propos échangés avec la reine
10/.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que je leur ay prie' vous dire de ma part,
lin déclarer l'nyse et plaisir que je ressens
et ay de voir confirmée et renouvellée une
si bonne et si ferme amytié entre vous et le
Roy mon lils, lequel l'embrasse de telle affec-
tion qu'il désire par tous moyens la faire
immortelle, comme aussy je le désire, de
mon coslé, qui me fait désirer que ainsy que
ne voulons y espargner rien pour ccst affaire,
que je vouldrois que Dieu m'eut fayte si bcu-
reuse que chose venant du Roy mondict sieur
et de moy vous peut eslre si agréable, comme
de bon cœur avons donné charge auxdicls
sieurs nos cousins de le vous offrir pour vous
en servir de mary ou de fils, ainsy qu'il vous
plaira, et si avions quelque aultrc chose plus
chère que celle-cy, qui est mon fils le duc,
d'aussy bon cœur et volonté nous vous l'offri-
rions; car j'ay toujours désiré pouvoir avoir
cet heur et honneur, que, ainsy que je vous
aime comme mère sa fille, que par une si
heureuse occasion je me puisse nommer telle,
et, me remectant à ce qu'ilz vous en diront
de nostre part, feray fin, priant Dieu que
puissiez congnoislre par effect l'amitié et
affection que vous porte
Vostre bonne sœur cl cousine,
Caterjne.
1572. — 16 juin.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n° 33i8 , f 58.
A MONSIEUR DE VULCOB.
Monsieur de Vulcob, nous avons veu ce que
nous avez escript par ceste dépesche du vingt-
quatriesme du passé de Pestât auquel sont
réduicles les choses entre les Pollonois et les
Turcs et Tarlares, ce que aussy m'avez en
particulier escript avoir obtenu de l'Empereur
Elisabeth sur le fait de son projet de mariage avec
M. h' duc d'Alencon. n
le chaslelain Massa pour son maistre, et ne
vous puis celer que le Roy monsieur mon filz
est grandement satisfaict du bon debvoir dont
vous usez à le tenir adverty de toutes les choses
qui occurent de par delà1, et luy ferez service
bien fort agréable d'y continuer, priant Dieu,
1 Une lettre de Charles IX à Vulcob, datée également
du 1G juin, complète celle de Catherine : nM.de Vulcob,
par ma dernière dépesche je vous ay adverty de la récep-
tion des vostres des dix et dix-septième de may; depuis
lesquelles j'ai receu celle du vingt-quatriesme et veu ce
que me mandez de la continuation de l'indisposition de
mon cousin le duc de Bavière, de laquelle il y a occasion
de doubler grandement, veu quej'on le veoyt aller tous-
jours en diminuant, ayant aussi entendu ce que lors il
esloit venu d'advis de Varsovie de Testât auquel les
affaires estoient réduietz entre les Turcs et Polonoys et
semblablement la maladye du roy de Polongne qui l'avoil
empesché de donner audience au Chaoux envoyé vers
luy de la pari du Grand Seigneur et au cardinal Com-
mendon, duquel je seray bien ayse d'entendre la responce
qu'il aura pour le faict de la ligue à laquelle il semble
que les Palatins du pays condescendent que ledict roy
entre, et les ecclésiastiques de contraire opinion. Vous
me faictes service agréable de me donner ainsi advis par-
liculier de toutes choses; à quoy je vous prie de continuer
ainsi soigneusement que avez bien sceu faire jusques ici.
J'ay nouvelles du costé des Pays-Bas que les affaires des
Gueux vont toujours en empirant et que mesmes ceulx
qui sont dedans Montz se trouvent aujourd'huy assiégez
de lous costez avec peu d'espérance de se pouvoir garder
d'estre pris et la ville réduicte en l'obéissance du duc
d'Albe , qui ne sera que ce que l'on peult actendre de sem-
blables malheureuses entreprinses et le juste jugement de
Dieu envers ceulx qui s'eslevent contre l'auctorité de leur
prynce, cherchant toujours, pour ma part, à faire donner
tout le meilleur ordre que je puis pour engarder que au-
cuns de mes subjects de la nouvelle opinion ne sortent hors
de mon royaume au secours de cesdicts Gueux, tant je
blasme leurs malheureux desseings cl désire empescher
qu'il ne survienne chose qui puisse apporter altération
à la bonne et sincère amitié que j'ay avec le Roy Callm-
licque. Au surplus je vousdiray que la reyne ma femme
continue à se bien porter de sa grossesse. 1 (Bibl. nat.,
fond'* franc., n" 33 1 8 , f 33.) Voir dans les Cinq cents
du fonds Colbert, n" 3g, les lettres de \ulcob des 10
et 39 mai.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
105
Monsieur de Vulcob , qu'il vous ait en sa saincte
garde.
Escript au chasteau de Bouiongne, le xvic
jour de juiiig 1672.
Caterine.
Brulart.
1572. — 21 juin.
Orig. Record office, State papers. France, vol. LUI.
\ MADAME MA SOEUR
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haulte, très excellente et très puissante
princesse, nostre très chère et très amée bonne
sœur et cousine, nous avons si grande affection
non seulement en la continuation de la parfaite
amitié' d'entre le Roy noslre très cher sieur et
filz et voz royaumes et communs subjects, mais
aussi de veoir qu'elle puisse augmenter et estre
à jamais indisoluble par quelque plus belle
occasion que vous pourrez croire et estre
asseure'e que tout ainsi, comme nous avons
de noslre part faict entièrement tout ce qui
nous a este' possible pour la conclusion dudict
traite', en espérance queceseroit uug commen-
cement qui nous amènerait à plus grande for-
tification d'amitié, que tout de mesme nous
tiendrons la main à l'entier entreténement
d'iceluy suivant le serment qu'en a preste mon-
dict filz, comme nous en espérons le semblable
de vostre part, vous priant, aultant qu'il vous
est possible, le croire ainsy et que nous esti-
merions à bien grant heur qu'il pleust à Dieu
permettre qu'encore par plus estroits liens nous
puissions faire apparoistre davantaige combien
en nostre particulier nous vous estimons et
avons en affection et à vous dire vray autant
que ma propre fille, puisqu'il vous plaist bien
que nous vous appelions ainsi, remectant le
surplus au sieur comte de Lincoln1, grant
1 Dans une lettre à lord Burghley, datée du 23 juin,
Walsingham lui annonce que lord Lincoln, après avoir
CATHERINE de MÉD1CIS. IV.
admyral d'Angleterre, priant Dieu, 1res haute,
très excellente et très puissante princesse,
nostre très chère el très amée bonne sœur et cou-
sine, vous avoir en sa saincte et digne guarde.
Escript du chasteau de Boullogne, ce
xxi° jour de juing 1572.
Vostre bonne sœur et cousine,
Caterine.
1572. — 27 juin.
Copie. Bibl. nat. fonds Moreau . n° 319, r> 38.
A MONSIEUR BURGHLEY,
TRÉSORIER GÉNÉRAL D'ANGLETERRE.
Monsieur de Burghley, les bons offices que
vous faites en la négociation du mariage d'entre
la royne d'Angleterre ma bonne sœur et cou-
sine et mon fils le duc d'Alençon monstre
bien que vous y avez mis très grande affec-
tion, dont je n'ay voulu perdre l'occasion de
vous remercier et vous asseurer que vous ne
fîtes jamais service à prince qui, de meilleur
cœur, le recongnoisse en vostre endroict et de
tous les vostres que fera toute sa vie mondict
fils, désirant, de ma part, qu'il se puisse pré-
senter occasion où le Boy mon fils et moy
puissious vous faire congnoistre combien nous
estimons ceste vostre bonne volonté, qui apor-
tera à ces deux royaulmes et à toute la chres-
tienté tant de bien que vous ne pouvez en
recepvoir qu'ung fort grand honneur, vous
recommandant affectueusement cest affaire
et de bientost parachepver ce que avez si bieu
commencé, ce que je prie Dieu vous faire
la grâce et à nous de le voir.
De Meudon, ce xxvit0 jour de juing.
La bien vostre,
Caterine.
reçu le serment de Charles IX , est reparti pour l'Angle-
terre le jour mime. (Caleiular of State papers, 1579,
p. i35.)
là
mrniu^ME iiiimut
106
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1572.— 3 juillet.
Imprimé par le père Theiner
dons la continuation ries Annales ecclésiastiques deBaronius, 1. 1 , p. 337.
A NOSTRE TRÈS SA1NCT PÈRE
LE PAPE.
Très Sainct Père, ayent entendu par le
ayvesque Salviali1 que Voslre Sainteté' ha en-
voyé ver le Roy mon fils, corne elle de'syre
voir contineuer la pays entre ses deux roys,
di qui Dieu m'a fcst si heureuse que d'avoyr
l'honneur d'eslre mère de l'eun et helle-mère
de l'aultre et aystre aymée du Roy mon fils
tent que je m'aseure qu'il ne me cèle guère
de chose, qui est cause que j'é bien voleu
l'ayre la présente lia Vostre Saincleté, tent
pour leouer Dieu deu bien qu'il a fayst à toute
la crétienté, après avoyr prias le l'eu pappe,
de avoyr porveu set Sainct Siège et toute son
ayglise d'un tel prinse, de quoy le Roy mon-
dist fils et nous tous enn avons senteu l'ayse
et contentement que prinse très crétiens en
douivest resanlir; et ausi la présente sera
pour dire hà Vostre Sainteté sur se que ledist
évesque nous ha dist de sa part que ceuls
qui ont voleu fayre croyre à Vostre Sainteté
que le Roy mondist fils eult volunté de com-
meuser et l'ayre la guerre au i-oy d'Espagne
son frère '2, que aylle lé remarque pour
1 Voir dans la continuation des Annale» de Baronius.
par le père Theiner, les dépêches de Salviali.
- Déjà Charles IX avait écrit dans le même sens à
M. de Ferais, son ambassadeur à Rome : ttJe vous prie
continuer d'asseurer Sa Sainteté de ma pure intention, à
laquelle tendent toutes mes actions, n'ayant autre désir
et soing ipie de me maintenir en paix et fuir toutes occa-
sions de guerre et seroys très marry qu'à l'occasion de
quelques séditieux et turbulens qui ont suivi le comte
Ludovicq je me visse contrainct y entrer, après m'estre
mis en debioir de les faire chastier de ceste témérité et
désobéissance. Je sçay qu'il y en a qui veulent inférer,
«vaut ledict comte esté si longtemps en mon royaume et
persones que le voldroynt; car cornent je
lui ay déjeà dist, sachent de ses volontés,
je la puis aseurer qu'il ne la comenseara
jaeamès, si l'on ne lui contraint par forse et
ne désire que achever de acomoder le dedans
de son royaume, et que l'on lui en donne le
louisir et ne lui empeschet de establir le re-
pos qui est encomensé, lequel yl se promet
entier par le mariage du roy de Navarre,
aystenl à présent morte la royne de Navarre
sa mère, et pour aystre nous tous très hobéis-
sans enfans de l'église et volant le Roy mon
fils et moy porter toutes nos vies et tous
en estant party pour aller en telles entreprises, que j'en
suis particippant et consentant ; mais j'ay esté le premier
trompé de luy, car chascun sçait et mesmes le Hoy Ca-
tholicque mon bon frère, auquel j'en ay faist parler par
mon ambassadeur résidant auprès de luy, qu'il me pour-
suivoit très instamment requérir ledict sieur roy son
maistre le recepvoir en sa bonne grâce, et cependant,
soubz couleur de ceste démonstration qu'il faisoit, est pari y
de mondict royaume secrètement pour faire icelles en-
treprises, desquelles, j'espère, il rescepvera tel traitement
qu'il mérite , et est à présumer que, si j'en eusse esté par-
ticippant, elles eussent esté suivies d'autres forces et mieulx
et n'eust le duc d'Alve reprins facilement Valentiennes ;
ce sont toutes raisons confirmées par effecls, lesquelles
je vous prie faire bien considérer à Sadicte Sainteté, la
suppliant n'adjouster foy aux mensonges et artifices de
ceux qui blasment mes actions pour s'en prévalloir, non
tant pour l'entrelénement de la paix que pour leur in-
térêt particulier, lesquels cependant, soubz prétexte de
ce remuement, impriment telles opinions de moy pour
donner couleur aux grands préparatifs de guerre qu'ilz
font de toutes partz des frontières. Vous pouvez pro-
mettre à Sa Sainteté que mon armée de mer n'entre-
prendra rien non seulement contre le Roy Catholique,
mais les autres princes mes amis et alliés, avec qui je
suis en paix, s'estant présentées de trop belles occa-
sions pour employer ladicte armée, lesquelles ne se
fussent passées de ceste manière, si j'eusse eu aultre
volonté que d'occupper ceste noblesse ardente de son
naturel d'estre employée dans quelques lieux sans
préjudicier à noz amys et notamment à moudict frère le
Roy Catolicque. 1 (Bibl. nat., fonds français. 11' i(io3g,
P657 v°.)
LETTRES DE CATH
mes aultres enfens l'aubéisance et respect que
prinse chrétiens douvet hà Vostre Sainteté
et au Sainct Siège Apostolic, nous lavons tous
voleu par la pre'sente suplier, ynsin que par
fembasadeur et Mesieus les rardinauls de
Lorayne, deFerrare et d'Est déjeà lui ha esté
suplié de nous volouir acorder la dispanse de
la consaguinité qui est entre ma fdle et ledist
roy de Navarre, qui n'est que au tier degré',
chause qui ayst si hordinayre que nous nous
aseuron que Vostre Sainteté' nous la don-
nera, ayspérent bien de Vostre Sainteté de
plus grant grase, car nous ne lui en demen-
deron riens que n'estimions résonable et que
avecques la décharge de sa consiense el ne
nous la puise acorder, suplient Vostre Sainc-
teté me fère cete grase de s'aseurer qu'y! n'i a
chause en cet monde que je désire plus pour
l'honneur que je ay que de voyr conlineuer
et augmenter la pays et union entre ces deux
roys; et tent que je vivray, en cet que je auré
de moyen, je m'i employré, et priré Dieu me
fayre la grase, qu'en sesi et aultre chause je
puisse fayre celon sa volonté et le désir que
j'ié de servir à sa gloyre et au repos de la cré-
iienté et lui supplie donner hà Vostre Sainc-
teté l'heur de se bien gouverner et régir son
église, qu'il en souet servi et honnoré et la
gloire et Voslre Saincteté ann aye l'honneur
et contentement que luy en désire
Vostre dévote et hobéissante fdle,
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS.
107
1572. — 8 juillet.
Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 801. fJ loi.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT DE PARLEMEST DE PARIS.
Monsieur le Président, aiant entendu que
Monsieur Rouillard, conseiller à la court de
parlement, est prestde fayre son rapport d'un
procès pendant en ycelle court entre Michel
de Vernoy, Loys deNozières et consors, allen-
contre des eschevins, manans et habitans et
bouchers de la ville d'Orléans, je vous ay
bien voulu escripre la présente pour vous prier
donner audiance audict sieur Rouillard de fayre
son rapport dudict procès et au demeurant
tenir la main à ce que le bon droict desdietz
de Vernoy, Nozières el consors leur soit gar-
dé, lequel je vousay bien voulu recommander
en bonne et briefve justice, priant Dieu,
Monsieur le Président, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript au chasteau de Bouloigue, le
vin" jour de juillet 1572.
Caterine.
Chantereau.
1572. — 17 juillet.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° i6to4, f° 118.
A MONSIEUR DE SAINTGOUARD.
Monsieur de Saint Gouart, vous verrez par
la lettre que vous escript le Roy monsieur
mon filz pour quelle occasion il vous renvoie
Longlée présent porteur. Je ne vous useray
de redicte et me remettray entièrement sur ce
qu'il vous escript, seullement, je vous prie,
faisant entendre au Roy Catholicque monsieur
mon beau-filz la résolution que le Roy mon-
dict sieur et filz a prise de laisser sortir son
armée de mer l, luy dire, de ma part, que
1 Le 3 juin, Ferais avait écrit de Rome au duc d'Anjou :
« Ils ne se peuvent persuader que les vaysseaux que Sa
Majesté a faict armer pour la seureté de ses portz et havres
soient pour aultre occasion que contre eulx et voylà, Mon-
seigneur, qui fait que don Jehan d'Autriche fera encore
halte jusqu'à la fin de ce moys à Corfou.u ( Bibl. nat.,
fonds français, n" 160&0, f° 139.)
De son coté, le 16 juillet, la veille du jour où partit
la lettre de Catherine, M. de Saint-Gouardavaitadresséau
duc d'Anjou cette lettre chiffrée : «Depuis que je suis
i4.
108 LETTRES DE CATH
tout ainsy que j'ay toujours procuré l'entreté-
nemeut de l'amityé fraternelle qui est entre le
Roy mondict sieur et filz et luy, je me resjouys
aussi maintenant de les veoir tellement dési-
reux de vivre en paix et couper chemin à toute
occasion qui pourrait engendrer le contraire,
icy, où je ne pense pas en une seule occasion avoir manqué
à donner advis de ce qui se faict, donnant peu de foy à ce
que je leur dicls de la bone intention de Sa Majesté à la
manutention de la paix , me mestant tousjours devant deux
pointz desquels j'ay traiclé icy avecques toute instance et
comme il m'estoit commandé: l'un pour le conte Ludo-
vicq et quelques vaisseauli armez contre les corsaires,
colorant ce qui aparoissoit de plus, et dont ilz estaient
advertiz, de toutes les couleurs que j'ay peu jusques icy
et desquelzj'ay tousjours adverty Sa Majesté. Le prétexte
et occasion qu'ilz ont d'armer et faire les grands prépa-
ratifs qu'ils font sont couverts et excusez de tout le
monde tant pour l'entreprise contre le Turc que pour
la défense de leurs Pays-Bas. Il est tout apparent que la
crainte qu'ilz ont que le Roy ne les trouble leur a faict
substanter cette grande armée qu'ilz ont en Cicille pour
seulement attendre plus à leur particulier que non au
publicq ce qui est d'extresrae considération, si l'on vient
de fortune à une rupture, ce que ne voudrait le Roy, s'il
n'y estcontrainct, non que je me fie de ce qu'il sçait qu'il
ne peult avoir ung plus puissant ennemy au monde que le
Roy et qu'il est du tout coutrainct abandonner l'entre-
prise du Levant et autres desseings que je vouldrois
mectre ma vie qu'il a en Italie et le danger en quoy il
voit sa Flandres, s'il plaist au Roy y entreprendre et si de
son costé il rompt, sur les soubçons que luy donnent ses
ministres que le Roy n'attend aultre que meilleure occa-
sion. Tout cela mérite que vous aiez la mesme mefnaoce
qu'eulx à celle fin que vous ne soiez trompé en belles
paroles. Je faits ce que je puis pour pénétrer en ce qui se
dit. Les paroles du roy et de ses ministres sont toutes
pleines de voulloir continuer la paix; mais leurs apareils
et le doubte en quoy je sçay qu'ils sont, me font mal ju-
ger de leurs intentions, quelques belles paroles qu'ils me
donnent et je ne vouldrois pas conseiller que l'on s'i Cast.
Il est grand besoing que bien soigneusement l'on observe
les remuement: qu'ilz feront aux frontières et qu<> l'on
s'asseure sur ce que pourrait faire ceste grande armée de
mer à sa première furie, laquelle ne sçauroit pas exécu-
ter de grandes eboses, si elle ne le faict à l'impourveu.»
( ïbid. , p. 1 1 5. )
ERINE DE MEDICIS.
s'estant le Roy mondict sieur et lîlz résolu de
faire partir ceste armée sans la faire plus lon-
guement différer, aflin de le tirer du soubçou
qu'il en avoyt, espérant que ce propos le ren-
dra très content et croire que on ne luy a rien
voulu cacher à son préjudice. Vous verrez
aussy mes petites -filles, leur ferez mes recom-
mandations et présenterez de ma part ce que je
vous envoyé par ce porteur, en continuant à
me mander de leurs nouvelles.
1572. — 20 juillet.
Orig. Bibl. imp. de Sainl-Pétersbourg , vol. XIX, f' 9.
A MONSIEUR DE VILLEROY.
Monsieur de Villeroy, je receuz hier soir les
lettres que m'avez escriptes avecq celles que
le Roy monsieur mon filz escripvoit à Mon-
sieur l'admirai, ensemble celles qu'il m'a
escriptes pour monstrer à l'ambassadeur d'Es-
paigne, qui sont très bien et me servirav de
celle qui faict mention de celles que je en
avois escriptes. J'ay aussi veu et faict partir
incontinent celles que moy et mon filz d'An-
jou escripvimes au roy de Navarre1 et au
sr de Riron auquel j'ay pareillement escript.
J'envoye à mon filz une dépesche de Flandres
et une aultre d'Espaignc, lesquelles vous dé-
chiffrerez incontinent et me les renvoirez
après que le Roy mondict sieur et filz et mon
filz les auront veues et vous me manderez tous
les jours de leurs nouvelles et aussi de mon
filz le duc2, priant Dieu, Monsieur de Villeroy,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Meudon, le mardy xxe jour de
juillet 1072.
Caterine.
PlNART.
1 Voir pour l'entrée du roi de Navarre à Paris Calni-
dar of State papers ( 1 571-1 57 2), p. 167.
a Le duc d'Alençon.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 109
1572. — g août.
Arch. nal. collect. Simancas, K i53o, pièce 10.
AU ROY CATHOLIQUE.
Très hault, très puissant et très excellent
prince , nostre très cher et très aîné bon frère
etfilz, d'auitant que il nous a esté faict présent
d'une jument d'Espaigne, laquelle a esté mise
et délivrée es mains du sr de S' Gouart, ambas-
sadeur du Roy nostre très cher sieur et filz
près de vous, pour la nous envoier, et que nous
désirions singulièrement la pouvoir avoir par
deçà au plus tost que faire on pourra, pour l'es-
pérance que nous avons qu'elle sera propre
pour le service de nostre personne, nous avons
bien voulu vous escripre la présente et vous
prier affectueusement permectre audict S'
Gouart la nous envoyer, et ordonner qu'il ne
luy soit faict ny à ceulx qui auront la conduicte
d'icelle jument aucun trouble ou empeschement,
comme nous nous asseurons que pour l'amour
de nous vous luy accorderez très volontiers
ladicte permission, et sur cette asseurance,
après vous avoir présenté noz très affectueuses
recommandations, nous prions le Créateur, très
hault, très puissant et très excellent prince,
nostre très cher et très amé bon frère et fils,
vous donner en parfaicte santé très bonne et
longue vye.
Escript à Paris, le ixe jour d'aoust.
Caterine.
Chantereau.
1572.
io août.
Copie. Imprimé dans la Correspondance diplomatie*
de La Mothe-Fénelon , t. Vil . p. 3i5.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fénelon, ainsi que
Vassal présent porteur estoit prest à monter à
cheval pour s'en retourner, la despesche que
nous aviez faicte de Brichil , le iue de ce moys ,
est arrivée, laquelle j'ay aussitost veue, ayant
eu plaisir de voir le contenu en icelle qui me
donne encore quelque espérance. En quoy je
suis bien asseurée que vous ne perdrés une
seule occasion de tout ce qui se peult faire en
cella, pour nous faire avoir, s'il est possible,
le fruit et contentement que nous en désirons
de si grande affection que vous pouvez , estant
asseuré que, si ce mariage se faict, vous nous
aurez donné le plus grand contantement que
puissions, pour ceste heure, désirer et espérer
et dont vous aurés telle rémunération que
jamais gentilhomme ne l'a receu meilleure
ni de meilleur cœur que nous la vous tairons;
et quand encores les choses ne succéderont si
bien que nous vouldrons, sachant bien que
vous vous v estes employé de la plus grande
affection que se peult, nous ne laisserons de
recognoistre vos bons services d'aussi bon cœur
que je prie Dieu vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le dimanche xe jour
d'aoust î 572.
Caterine.
Pinart.
1572. — i.'i août.
Copie. Bibl. nat. fonds français. n° 3706, f° 73.
V MONSIEUR DE MANDELOT.
Monsieur de Mandelot, je vous faictz ce mol
de lettre pour vous dire que, sur tant que vous
aymez le service du Roy monsieur mon filz et
à luv obéyr, vous ne laissiez passer aucun
courrier venant de Rome en çà, soit qu'il soit
dépesché vers ledict seigneur ou aultre quelque
ce soit, que lundy ne soit passé, et faictes le
semblable de tous les aultres courriers qui
viendront d'Ytalie , faisant retarder et les ungs
et les aultres jusques à lundy passé, prenant
bien garde qu'ils ne puissent passer jusques
110
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
à la première posle secrettement et de là prendre
la posle pour s'en venir par deçà, et m'asseu-
rant que vous satisferez à la \olunlé dudict
seigneur et à la mienne, je fera y fin à la pré-
sente, priant Dieu, Monsieur de Mandelol,
vous tenir en sa sainrle garde.
Et que le fassiez, sans que Fou puisse cog-
uoistre que eu ayez commandement et le plus
secrettement que pourrez, sans que en soit
bruict.
Escript à Paris, ce xune jour d'aousl1 1672.
Caterime.
CllANTEREAU.
1572. — 19 août.
Imprimé par le père Theiner
'lans ta continuation des Amialcs ecclésiastiques de Baronius,
1. 1. p. 333.
A IVOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE
LE PAPE.
Très Sainct Père, je remercie très afec-
lueusement Vostre Sainteté de la bonne vo-
lonté qu'elle me démontre par la lettre ays-
cripte de sa mayn, que je ay ces jours pasés
reseue et la prie croyre que le Roy mon filz
et moy luy corresponderon tousjour aveque
toutte la dévotion et bobéïsanse quelle saroyt
de nous désirer, m'aseurent ausi tant de sa
bonté paternele que Vostre Sainteté nous gra-
lifira libéralement des grases dépandentes de
son hauctori té, quand le besouing des afayres
1 Le 1 4 août tombant un jeudi et le lundi suivant, le
1 8, étant le jour fixé pour la cérémonie des uoces de Mar-
guerite de Valois et du roi de Navarre, il était impor-
tant de ne laisser passer aucune dépêche venant de Rome.
Le 18 de ce même mois d'août, Charles I\ ajoutait : •• V
laissez passer aucun courrier ny autre quoiqu'il soit
allant eu Italie dans six jours à compter de la date de
la présente, sinon en vous faisant apparoir de passeport
bien et duement expédié et ligné de l'un de mes se-
crétaires d'Estat.n (Bibl. nat. fonds français, n" 2706,
r7S.)
de cet royaume le requèra ; et an cet fianse nous
avons recours hà Voslre Sainteté. J'espère que
Vostre Sainteté ayant ouï cet que le Roy mon
fils lui lia mandé par un sien valet de ebambre1,
qu'elle n'auré plus longuement diféré de co-
mender l'expédition délia dispause que avons
demandée hà Vostre Sainteté pour le mariage
de ma fille avecques le roy de Navarre, et veuls
croyre ausi que Vostre Sainteté, conoysant
notre droyt ynlention, ne prendre que de
bonne part la solannisalion dudist mariage,
que avons l'esté pour ne se povoyr plus lon-
guement diférer sans danger de plusieurs yn-
convéniens, ynsin que plus amplement lui
dira le sieur de Ferai, embasadeur pour le
Roy mon fils ver Vostre Sainteté; et seulement
dire hà Vostre Sainteté que la fianse qu'il povoyt
prendre de hors cet royaume, et l'aseurense
que avons que ma fille aveques cet que le Roy
mou fils et moy ferons pour satislayre à cet
que désirons pour le servise de Dieu et le re-
mettre [en] vostre volonté et la noslre, le
conèsant de si bonne volonté que cela nous
asseure aveques le temps satisfayre aux poyns
(jue Vostre Sainteté nous ha demandé; qui ha
esté cose, pour toutes ses reysons et selles que
Vostre Sainteté entendra de cet jeanlilhomme,
que avons ayfeclué cedist mariage, nous
aseurenl que, s'il plest hà Vostre Sainteté
mestre toutes ses causes et considérations en-
semble et Testât de ce royaume, qu'ele juegera
cet mariage avstre nésessaire pour le salut et
le repos d'icelui, cet que conoysant, elle fayré
plus de fondement sur noslre droicte yntanlion
et éyan plus d'égard et à nostre besouïn que
auls difficultés mis enn avent par l'artifise
d'aucuns pour empêcher les elfects de nostre
bonne volonté. Pourtent retourneron derechef
hà suplier Vostre Sainteté prendre de nous
1 M. de (îhauvigny.
sete fianse et nous haccorder ladisle dispanse
aveques cete aseuranse que cet que avons fayst
n'avons aysté meus que du bien et nésésité de
cet royaume, que nous désirons sur toutes
choses rendre Vostre Sainteté salisfayste et
l'honneur de Dieu et de son ayglise continué
et augmenté et remis par tout cet royaume,
corn est l'intention et désir du Roy mon fils
et de
Vostre dévote et hobéissante fille,
Caterine1.
1 Le 10 août, M. de Ferais avait répondu à Charles IX
et lui avait rendu compte de ses dernières démarches :
rSire, l'arrivée par deçà du s' de Chauvigny a bien
esclarcy Sa Sainteté du doubte en laquelle elle se
retrouvoit à la concession de la dispense du mariage de
Madame par la bonne espérance que Vostre Majesté luy
donne de veoir bientost le roy de Navarre réduict et prest
de satisfaire à toutes les conditions que Sa Sainteté désire ,
luv ayant là-dessus reytéré toutes les remonstrances que
je luy ay cy devant proposées sur le faicl dudict mariage ,
et comme cella apporte ung entier et asseuré repoz à tout
vostre royaulme , pays et subjets, aussi qu'eslans les choses
ainsi advancées, comme elles sont maintenant, elles ne se
pourroient en quelque sorte que ce soit reculer ou différer
sans ung grand murmure et préjudice auxalïairesde Vostre
Majesté, qui ne larroit pour tout cela de passer oultre
à l'exécution d'une si heureuse alliance, l'effcct de laquelle
importait tant au bien, grandeur et prospérité de voz
affaires et service et aussi estant intervenu là dessus Mon-
seigneur le cardinal de Lorrain'' , qui ne s'est pas espargné
en ses belles, doctes et accoustumées remonstrances,
Sadicte Sainteté se veoyant ainsi persuadée et pressée
de vostre part s'est tellement eshranlée à se condescendre
et satisffaire en cest endroit à Vostre Majesté que l'entière
résolution et concession n'en peult plus guèresdemourer
à vous faire sçavoir, comme je feray par ledict Chauvigny
qui l'emportera dans peu de jours; mais pour ce qu'il
m'a dic.t que les préparalifz sont si fort advancez que son
séjour de deçà pourrait causer quelque retardement à
l'effect et exécution de ce mariage, il m'a semblé, Sire,
vous devoir envoyer en toute diligence ce courrier pour
advertir Votre Majesté de l'intention de Sa Sainteté bien
disposée à vous satisffaire, afGn que riens ne demoure,
en attendant le retour dudict sr de Chauvigny.» (Bibl.
nat., fonds français, 11° iôo'io, p. 166.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
1572. -
111
août.
Copie. Imprimé dans la Coirespondance diplomatique
Je la Mothe-Féueltm , L 'VU, p. 3ao.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Molhe Fénelon, considé-
rant voz deux despesches des vu et xicmi! de ce
moys, je suis encore en quelque bonne espé-
rance du propos du mariage de la royne d'An-
gleterre et de mon fils d'Alençon; en quoy je
suis très asseurée que vous n'obmetlrez rien de
tout ce qui se peult pour en voir la bonne et
heureuse fin que désirons; aussi ne vous en
fairai-jepas longue lettre, me remectant à ce
que vous en escript le Roy monsieur mon filz.
Et seulement vous diray que, s'il y avoit
quelque chose de bien commancé et asseuré
audict mariage, il seroit bien fort aizé à faire
que ladicle royne d'Angleterre, mon filz d'A-
lençon et moy, nous verrions avec seureté
pour elle et pour nous en un beau jour, bien
calme, entre Boulongne ou Calais et Douvres .
ainsi que. l'on pourroit aizément disposer
toutes choses, comme nous en avons devisé
amplement, mon cousin le duc de Montmo-
rency et moy; car je n'ay pas moindre xolonté
de la voir qu'elle moy, et que si elle esloit ma
propre fille, ainsi que vous ferez entendre à
ses ministres doulcement, et à elle aussi, si
voyez que bon soit, et qu'il se puisse espérer
quelque bon succès dudict propos de ma-
riage'.
Cependant nous regarderons, ces jours icy,
au faict d'Escosse, pour renvoyer incontinent
le sieur de l'Espinasse, afin qu'ilz n'ayent pas
seulement la suspension d'armes, mais aussi
une bonne paix entre eux, vous recomman-
dant lousjours ma fille la royne d'Escosse et
1 Voir notre livre : Les projets de mariage de la reine
Elisabeth , p. i'i5 et suiv.
\\-2
priant de continuer, de ma part, quand il
sera à propos, envers ladicte royne d'Angle-
terre et ses ministres les bons offices qu'avez
accoustunié de faire pour elle, priant Dieu
vous avoir en sa garde.
Escript à Paris, le
1572.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Dieu, mon cousin, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, le xxne jour de aoust
1572.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
xxiemc jour d'aoust
Caterine.
PlNABT.
1572. — 22 août.
Orig. Arch. des Médicis à Florence, dalla Glza 6736,
Duova nurûerazione , p. 338.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUn
LE GRAND DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay entendu par le sieur
Bruet, qui est par delà pour mes affaires, la
bonne intention que vous avez de me faire
toute raison des biens qui m'appartiennent,
vous estant enfin ai-reste' sur le seul poinct
des valleurs après beaucoup de disputes pas-
sées pour raison de voz droietz entre ledict
Bruet et voz depputez, dont il m'a tousjours
rendu bon compte, ce que j'ay eu bien agréa-
ble pour l'asseurance que j'ay tousjours eue,
que vous n'en feriez pas de moings, et que
vous vouldriez chercher toute occasion de
m'en donner contentement; mais pour ce que
j'entends que ledict Bruet est entré en ung
chemin assez long pour le faicl desdictes
valleurs et qu'il me semble que, si à ce coup
nous n'y advisons vous et moy, que de long
temps l'occasion se puisse présenter; par quoy
je vous prie derechef, pour le bien que je
vous veulx et à vostre maison, d'y mectre
une lin au plus tosl, et me renvoier ledict
Bruet, auquel j'en escriptz en conformité.
et n'estant la présente à autre fin, je ne la
vous fera y plus longue, sinon pour prier
1572. — 27 août.
Miaule. Bibl. nat. fonds français, d° i5555, f° ia v°.
A MONSIEUR LE VICOMTE DE HORTE1.
Monsieur le vicomte, vous verrez par la
lectre2 que le Roy monsieur mon filz vous
' Après avoir dicté cette' lettre elle a ajouté : tr Voici
la lettre de Monseigneur à laquelle il ne faut rien chan-
ger, et au lieu du Roy monsieur mon lilz, mettre le Rov
monseigneur et frère.» (Au dos : Du xxvu' d'août.)
2 Nous joindrons à celte lettre celle de Charles IX :
trj'estime que vous n'estes pas à sçavoir la bles-
seure de mon cousin t'admirai; et comme j'estoys après
à faire tout ce qui estoyt possilile pour la vérification du
faicl et cliastiment d'icelluy, à quoy il ne s'est rien
oulilyé, il est advenu cependant que iceulx de la maison
de Guyse et les autres seigneurs et gentilshommes qui
leur adhèrent, et n'ont pas petite part en cesle ville,
comme chascun sçait, ayant sceu notamment que des
amys dudict sieur admirai voulloyent poursuivre sureulx
la vengeance de ceste blesseure, pour les soupçonner en
estre cause, se sont esmeuz cesle nuit passée , sy bien que
entre les ungs et les autres il s'est passé une grande et
lamentable sédition, ayant forcé le corps de garde qui
avoit esté ordonné autour de la maison dudict admirai,
luy tué avecques quelques autres gentilshommes, comme
il en a esté aussy massacré d'autres eu plusieurs endroitz
de la ville, ce qui a esté mené avec une telle lune qu'il
n'a esté possible d'y apporter le remède tel que Ton eust
peu désirer, ayant eu assez d'affaire à employer mes
gardes et autres forces pour me tenir le plus fort en ce
chasteau du Louvre, pour après faire donner ordre par
toute la ville à l'apaisement de la sédition qui est i
reste heure amorlye, grâce à Dieu, estant advenue pour
la querelle qui est de ung long temps entre ces deux mai-
sons, de laquelle ayant toujours préveu qu'il survien-
droyt quelque mauvais efiéct, j'avoys cy-devant faicl
tout ce qu'il estoyt possible pour l'appaisrr, ainsy que vous
sçavez. chose que seroyt pour altérer le repos qui a esté
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
113
escript comme nous avons receu voz lettres
et entendu ce qui se pre'sente de voslre couslé,
dont il a receu contentement, et ne pouvez
mieulx faire que de continuer à le tenir ad-
verly de ce que vous en apprendrez. Ce-
pendant il vous commande que, s'il survient
par deçà chose que je pense sera pour trou-
bler le repozqui depuis l'édict de pacifficalion
a esté si bien estably, en leur faisant entendre
son intention et tout ce que vous aurez à faire
là dessus, ce que, je m'asseure, vous sçaurez
bien suyvre et partant je ne vous en feray une
redicle, me contentant de vous prier de luy
satisfaire le mieulx qu'il sera possible , et faire
en sorte que toutes choses soyent contenues
en l'étendue de vostre gouvernement et re-
mettre soubz son obéissance, ainsi que le bien
de son service le requiert.
jusques icy parmy mes subjeetz depuis l'édict de pacifi-
cation, s'il n'y estoyt remédié, ainsi que de voslre part
je m'en asseure en l'estendue de vostre charge, en atten-
dant mon frère le roy de Navarre ou mon cousin le ma-
réchal de Savoye* qui ne pourront estre si tost par de
là , donner ordre à la seuretté de la ville de Bayonne et
que en icelle il ne s'eslève aucune esmolion entre les
habitans ny se commette aucuns massacres entre eulx,
ainsy qu'il est à craindre sur ceste nouvelle , et combien
qu'il n'y ayt rien en ce l'aict de rupture de l'édict de paci-
lisation, néantmoyns il est à craindre que aucuns, se ser-
vans de ce prétexte, ne vendent exécutter leurs ven-
geances, de quoy j'auroysun incroyable regret, vous priant
à ceste cause faire publyer et entendre par tous les lieux
et endroietz de vostre charge que cliascun ayt à demeu-
rer en repos et seureté en ceste province sans prendre les
armes, ny offenser l'un l'autre, sous peine delà vye, et
faisant bien expressément observer nostre édict de paciffi-
cation , et s'il y a aucuns contrevenants à mes lettres, les
faire pugnir par justice et à cest efl'ect, sy besoingest,
pour leur courir sus, assembler le plus de forces que vous
pourrez.i (Minute. Bibl. nat., fonds français, n° 1 5555,
p.4o.)
C'est ici que nous placerons le mémoire daté du
a5 août et remis par le Roi au sieur de Schomberg, dé-
• M. le marquis de Villars.
Catherine de Médicis. — iv.
1572. — 28 août.
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K i53o, n° ai.
A M" MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fds, je ne foys neule doucle
que ne ressenties comme nous mesmes le heur
que Dieu nous ha fayst de donner le moyen au
Roy monsieur mon fils de set défayre de ses
sugès rebelles à Dieu et à lui, et qu'il lui aye
pieu luy fayre la grâce de le préserver et nous
tous de la créaulté de leurs mayns, de quoy
nous aseurons que en leourés Dieu avecques
nous, tant pour nostre particulier corne pour
le bien qui en reviendré à toute la crétienté
et au service et honneur et gloyre de Dieu,
ynsiu qu'espéion que bien tost cet conestra
et en sentira-t'on le fruit; et randons par cet
ayfect le témognage de nos bonnes et droyetes
ynlentions, car ne les avons jeamès eu autre
que tendent à son honneur, et m'en réjoui
encore d'aventage de penser que cete aucasion
confirmeré etaugmentereTamytié entre Vostre
Majesté et le Roy son frère, qui est la chause
de cet monde que je désire le plus, et l'aseure
péché de nouveau par lui vers des princes de la Germanie
pour leur faire entendre les causes de la mort de l'ami-
ral : tLe Roy déclare que , ayant appris que ledict amiral
et ses adhérens avoient résolu de se venger et attenter
contre Sa Majesté, la Royne sa mère et Messeigneurs ses
frères, il consentit que MM. de la maison de Guise, le
vingt quatriesme jour dudict mois d'aoust, tuassent ledict.
amiral et autres de sa faction qui avoient conspiré et con-
juré pareil dessein , comme aussy pour et à l'occasion de
ce que l'on a trouvé dans le Louvre les sieurs de Piles
et Manneuil de ladicte faction la nuit auparavant ladicte
exécution, qui avoient quelque dessein sur Sa Majesté,
dont néanmoins elle est fasebée, el a résolu à ceste cause
en donner advis à Messieurs le comte Palatin, duc Au^
guste de Saxe, landgrave de Hesse, duc de VVirtem-
berg, duc Casimir et autres princes, ausquels ledict de
Schomberg dira qu'il ne s'agit icy ny du faict de la reli-
gion ny de la rupture de l'édict de pacification, et de-
mande toujours leur bonne amitié et affection. « (Copie.
Bibl. nat., fonds français, n° a8o5, p. 37.)
1 [;M\iiicniE ^ntnjLE.
114
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
que, tant que je vivre, je le fayré tousjours
l'ofice de celé que j'é l'heur d'estre à tous deus
et la prie s'an aseurer; et pour ce que le Roy
mon fils donna charge à son embassadeur de
Iuy conter cornent le tout ayt passé etlajouste
aucasion qu'il a de cet fayre, je me remetre'
à ce qui lui en dire et fayre' fin, priant Vostre
Majesté ne trover mauves cet je lui recomende
les Ynfantes ses filles par cet porteur Mon-
ta vgne, que je leur envoyé, et priré Dieu iuy
donner cet qu'ele désire.
De Paris, ce xxvmeme jour de aoust 1572.
Vostre bonne mère et seur,
Gaterink.
1572. — 29 août.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 1610A, f° 1 53.
A MONSIEUR DE SAINT-GOUARD.
Monsieur de Saint-Gouard, par le dernier
courrier que je vous ay dépesché, je vous ay
escript ung pourparler qu'avoit eu Jeronimo
Gondy avecques l'ambassadeur d'Espagne;
pour ce que c'est chose que j'ay à cœur autant
que le zèle que j'ay au service du Roy mon-
sieur mon fiiz me le commande et l'affection
que je porte à mon filz me y convie, je at-
tendz avecques dévotion bien grande à sçavoir
si l'on vous en aura parlé et ce que vous au-
rez présenly de ce négoce.
Je sçay bien que ceux de par delà sont
malaisez à esmouvoir, sinon en tant qu'ilz
cognoissenl y aller de leur profiit. L'on estime
que la crainte qu'il/, avoyent que le Rov mon-
sieur mon filz favorisast les troubles de
Flandres les invileroyt plus tost à non seule-
ment entretenir, mais à fortiflier et estreindre
amityé avecques nous que tout autre respect.
Maintenant à cause de cesle mutation, comme
nous sommes embarquez à courir pareille for-
tune que eulx et avec telle connexité en nos
affaires que la prospérité de i'ung causera
bon succez à l'autre, il est à croire que ilz ne
se donneront aujourd'buy tant de peine de re-
cherchernotre amityé, comme ilz eussent faict.
si ilz en eussent eu besoing pour la conser-
vation de leur pays. Touttefoys, considérant
que le Roy ne sçauroit mieulx mettre sa fille,
aisnée ny tant faire pour ses affaires que de
fortifier par une nouvelle alliance la bonne in-
telligence qu'il a avecques ceste couronne, je
désireroys que ceste démonstration que le Roy
mondict sieur et filz a faicte de son intention au
service de Dieu à l'endroicl de ceux de la nou-
velle religion servist à persuader audict roy de
plus volontiers entendre à cedict négoce , car, si
l'on estoit bien asseuré de l'union de ces deux
roys, il n'y a prince en la chrestienté qui
osast plus entreprendre de traverser leurs in-
tentions; ainsy seuls y donneraient la loy. L'on
cognoist par effectque les entreprises et intelli-
gences que ceulx de ceste autre religion ne ten-
doyent qu'à une subversion d'Estat, à quoy il
a esté entièrement impossible remédier, par
l'autorité que les cbefz s'est oyent acquise du-
rant les troubles et la minorité de mes enf-
fans, lesquelz n'ont failly prendre garde de y
pourvoir, si tost que le temps et l'occasion
leur en a donné le moyen. J'ay jusques icy pour
mon regard entretenu autant qu'il m'a esté
possible ces deux couronnes en amytié. Je ne
me lasseray jamais de faire bons offices,
cognoissant eslre la grandeur de l'ung el
l'aullre, toulefoys je désireroys que ledict Roy
Gatholicque se meist en debvoir de la recher-
cher et eslraindre , comme il en a les moyens;
et me semble qu'il seroit très à propos sur ceste
occasion d'en faire démonstration. Et néan-
moings je ne veulx que Iuy en parliez de ma
part, ny à aucun de par delà, aussi je vous
prie que personne descouvre que je vous aye
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
rien mandé, vous faisant ce discours comme
115
demoy niesme, pour vous ouvrir mon inten-
tion, de laquelle estant faict capable, je me
pronieels que vous vous en sçaurez bien ayder
selon les occurences. Je vous envoyé ung pe-
tit mot de lettre tant audict Roy Catholicque
que à mes petites-filles que je vous prie
leur présenter et me continuer à me mander
de leurs nouvelles.
Je leur eusse dépesché Montaigne, sans ce
qui est survenu, mais je crains qu'il n'y ait
sûreté par les chemins. J'estime que aurez
faict pour la jument. J'escripts à ceste cause
au vicomte de Horte de faire accompagner
celuy par qui la nous l'envoyez jusques à Bor-
deaux et à Montferrand d'en faire autant jus-
ques à Poitiers où je donneray ordre qu'elle
me sera conduite et amenée seuremenl l.
(Au dos.) A monsieur de Saint-Gouard, du
xxixe d'aoust.
1 La première lettre de Saint-Gouard en réponse à
celle que lui apporta le 1 2 septembre Montaigne est du
1 9 ; elle rend compte à Charles IX de l'audience qu'il a eue
de Philippe II : «Me remettant aux relations qu'il avoit
jà eues, et laissant ce faict aux discoureurs, je lui ai dit
que je lui traicterois les affaires d'Estat jusques au point
où elles estoient, qui est que Vostre Majesté, après avoir
esté tué l'Admirai avecques la plus grand part des plus
remarquez et principaux chefs de sa faction, elle estoit
allée à sa court de parlement pour faire la déclaration
de sa volonté et l'occasion que l'avoit meue à telle réso-
lution, qui estoit pour bonnes et justes occasions; qu'elle
avoit proceddé avecques ceste détermination contre les
exécutez pour avoir cognti nouvelle conjuration contre sa
personne rcalle, n'entendant rompre son édict de pacif-
fication, néanmoins encores que la cognoissance fust bien
requise, si est-ce qu'elle deffendoit tous presches pour ce
commencement, veu la quantité de genlilhommes en
des cbasleaux et maisons fortes , ayant apparence si on n'y
rémédioit avecques prudence et dextérité, ilz s'esleve-
roient tant pour la deffense de leur religion que de leurs
vies, chose qui le faisoit aller un peu plus retenu par ung
temps à celle fin d'accomoder toutes choses en son lieu
1572. — 3i août.
Orig. Archives de Gènes.
A MES TRÈS CHERS ET BIEN AMES
LES SEIGNEURS DE LA RÉPUBLIQUE
DE GÉSES.
Messieurs, il y a quelques mois que le Roy
monsieur mon filz vous recommanda l'expé-
dition du procès que le sieur Jullcs Senturion
et que pendant ce temps il estoit raisonnable et plus que
nécessaire que ses ministres usassent à l'endroict de Vostre
Majesté de toutes sortes de respect et bons déportemens
à celle fin que chacun cogneust la fraternelle, mutuelle
intelligence qui est entre Voz Majestez et dont despend
l'exécution présente de ce bon commencement ; et de plus
je le voulois bien advertir qu'il estoit demeuré entre les
mains de ses ministres de la deffaicte de Genlis plusieurs
gentilshommes de ceste faction, lesquelz seroient pour
faire assez de mal, s'ilz estoient en liberté, comme aussi
ceulx qui sont dans Mons, cognus pour les plus factieux
des Pays-Bas, estant l'un des plus grands services qui se
puisse faire pour la chreslienté que de les prendre et
passer tous au fil de l'espée et qu'il escrivit et comman-
dast au duc d'Alve de n'en donner à ses considérations
liberté aux prisonniers qu'il a de ladicte deffaicte, parce
que ce serait autant fortiffier les ennemis communs et
qu'il se gardast bien de se fier en chose qui luy disent
ou promissent par ce qu'il ne se trouvera qu'ils ayent
gardé jamais aucune foy, qui est le propre à tous genres
d'hérétique, et aussi que je luy voullois bien dire que pour
n'avoir esté le prince d'Orange combatu, les troubles
passés, il s'en est ensuivy le mal qu'il voit en ses Pays-
Bas, mais qu'il n'estoit sorty et que serait bien pis sans
le remède de Vostre Majestés
A cela Philippe II répondit : teque l'on donnerait à
Sa Majesté toute sorte de contentement et qu'il avoit
toute volonté de bien tenir la main à tout ce que je lui
avois dist, désirant autant que pour luy mesme de veoir
le royaume de France restably en sa première grandeur ;
à quoy il ne faisoit aucune difficulté pour le veoir aux
mains d'ung Roy, lequel avoit monstre tant de prudence
et de valleur, ayant faict veoir Dieu ung miracle en luy
de l'avoir gardé de tant de dangers et puis avoir exécuté
par luy au temps que l'on désespérait le plus de toutes
choses, ung faict qui luy semble plus grand et admirable
que lepremierjour qu'il en fustadverty. ( Même volume ,
f" 1 8 1 et suiv. )
»5.
1 1 6
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
a par delà contre aulcuns de vos citoyens ;
sur quoy vous me fistes entendre lors que ledict
procès estoit en partie expédié et que ce qui
en resloit à dépescher seroit bientost fini, de
laquelle résolution je pris espérance que, tant
pour le respect de la justice de la cause du
sieur Senturion , que pour la recommandation
que je vous en fis, ledict Senturion en de-
meurerait content et salisfaict au pluslost que
faire se pourrait; mais d'aullant que j'ay en-
tendu qu'il est intervenu beaucoup de choses
particulières qui, à la persuasion de ses mal-
veillans, desturbent et empescbentgrandement
son affaire, j'ay bien voulu vous escripre la
présente pour vous recommander encore ledict
Senturion et la justice de sa cause et vous
prier que en cet endroicl et en tant de choses
vous le voulliez recognoistre comme chevalier
• aimé et favorisé de moy et comme bon et loyal
citoyen de vostre respublique, vous asseuranl
que tout ce que ferez en sa faveur me sera
grandement agréable et pour ce je prieray
Dieu, Messieurs, vous donner sa saincte
grâce.
Escript de Paris, le dernier jour d'aousl
1572.
Caterine.
1572. — 3 septembre.
Imprimé par le père Tlieiner,
dans la conlinualion des Annales de Baronius, t. I , p. 3iG.
A NOTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Saint Père, ayant le Roy nostre très
cher sieur et filz nommé à Vostre Sainctcté
nostre cher et bien amé le sieur de Sainct
Estienne, M" Claude Sublet, aulmosnier dudict
seigneur et cy devant précepteur de noz très
chères et très amées filles, pour estre à sa no-
mination pourveu de l'abbaie de S1 Bcnoist
sur Loyre, au moyen de la résignation que
entend faire d'icelle abbaye M° Paul de Mosuel ,
dernier possesseur d'icelle, soubz le bon plaisir
de Vostre Saincteté, nous avons bien voulu
icelle supplier, aultant que faire pouvons, que
son bon plaisir soit, admettant ladicle résigna-
tion , remettre audict Sublet l'annat et droietz
de la chambre Appostolique qui pouvoient estre
deubzt à cause de la vaccalion de ladicte abbaye;
en quoy Vostre Saincteté fera chose quy nous
sera très agréable tant pour estre ledict Sublet
personne que nous désirons estre favora-
blement traicté en cest endroict de Vostre
Saincteté, que pour ce que ladicte abbaie a
deux foys en ung an esté expédiée. Et sur ce,
nous prirons le Créateur, Très Sainct Père, que
icelle Vostredicte Saincteté il maintienne lon-
guement et heureusement au régime et gou-
vernement de nostre mère saincte église.
Escript à Paris, le m" jour de septem-
bre 1672.
Vostre dévote fille, la Royne mère du Roy
de France,
Caterine.
ClIANTEREAU.
1572. — 5 septembre.
Imprimé dans les Mémoires de Claanin , édit. du Panthéon littéraire.
A MONSIEUR DE MONLUC,
EVESQliG DE VALENCE,
CONSEILLER DU BOY MONSIEUR MON FILS EN SON CONSEIL PJUVB '.
Monsieur de Valence, outre ce que vous en-
tendrez par la response que vous faict présen-
tement le Rov monsieur mon fils, je vous dirav
qu'il ne songea jamais à dire de vous ce que
Mancgiea faict semer par delà, et qu'il ne vous
tient poinct pour personne qui mérite un tel
traictement, dont si vous avez eu occasion de
' Parli pour la Pologne le 17 juillet, à la nouvelle de
la Saint-Barthélémy, il fui arrêté à Verdun par Tordre de
Manegre , lieutenant du gouverneur de la place.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
117
vous tenir asseuré, auparavant ce qu'en a dict
ledietManegre, vous en devez prendre encore
à ceste heure la mesme asscurance, et croire
qu'il vous tient pour bon, affectionné et utile
serviteur, comme je fais aussi, pour ma part,
n'ayant rien cognu en vous jusques icy qui
m'ait peu faire penser à consentir d'estre faicl
de vous ce qu'il a dict par delà, qui est bien
digne de pugnition, comme le Roy mondict
sieur et fils désire qu'elle soit faicte , vous priant
de ne vous fascher de ces choses, et de vous
tenir asseuré de la bonne grâce du Roy mondict
sieur et fils et de la mienne, et de conti-
nuer vostre voyage selon que nous le dési-
rons, priant Dieu, Monsieur de Valence, qu'il
vous ait en sa saincte garde.
A Paris, le cinquiesme jour de septem-
bre 1572.
Catemne.
Monsieur de Valence, il y a longtemps que
je ne fus si marrie que j'ay esté du tour que
l'on vous a faict, et vous prie ne vous en fas-
cher, et vous asseurer que en sera faict telle
démonstration que en serez content, et vous
prie que cela ne vous retarde ny vous descou-
rage.
1372. — 5 septembre.
Minule. Dibl. na(. fonds français, n" 1J555, f° 54.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE LONGUEVILLE.
Mon cousin, ne pensez pas, je vous prie,
que ce soit faillie d'affection si le Roy monsieur
mon filz ne vous a envoyé plus tost ce porteur;
nous avons esté tant empeschez à pourveoir
aux affaires que ceste mutation nous a faict
naistre que chascun a esté deslourné de toute
autre fantaisye; car je vous asseure que vostre
maistre vous ayme comme il en a bien assez
de raison, et pour mon regard seroys marrye
qu'il ne vous estimast comme le méritez, et
seray tousjours celle qui l'entretiendra en ceste
bonne intention, comme j'ay donné charge
de vous dire de ma part.
1572. — 7 septembre.
Imprima dans la Correspondance diplomatique de La Uothe-Fènelon ,
t. VII, p. 33g.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fénelon , le Roy mon-
sieur mon filz et moy avons résolu que vous
proposerés à la royne d'Angleterre, ma bonne
sœur et cousine, que nous ferons volontiers
l'entrevue qu'elle désire, comme aussy fais-je
pour avoir ce bien que j'ay si souvent désiré
de la voir, et mon filz d'Alcnçon encores plus
qu'elle ny moy, tant il est parfaictement son
serviteur; mais il faut que l'entrevue se face
sur la mer, comme je vous ay, ces jours
passés, escrit, et qu'elle vienne à Douvres, et
mondict fils d'Alencon et moy yrons à Rou-
longne ou à Callais, par un beau jour, nous
acheminer en mer; et sy ce n'est assés d'un
jour, nous nous pourrons encores revoir.
J'espère en Dieu que sy nous nous voyons
(estant tous les articles accordez), comme me
mandez qu'ils sont pour mondict fils le duc
d'Alencon, qu'ils estoient pour mon fils le duc
d'Anjou, excepté celluy de la religion; à quoy
vous préparerez, entre cy et là, quelque bon,
honneste et salutaire expédient, que nous ne
nous départirons poinct que nous ne facions
ledict mariage, pour lequel je vous prye tra-
vailler d'aussy grande affection qu'avés tousjours
faict, afin que nous en ayons la bonne yssue
que nous désirons. Et croyés que jamais ser-
vices ne feurent si bien recognuz envers bon
serviteur (comme vous estes) qu'ils seront en
vostre endroict, non seulement par le Roy et
■118
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
parnioy, mais aussi par mondict fils d'Alençon,
lequel je vous recommande.
Vous priant, au demeurant, suivant ce que
le Roy mondict sieur et fils vous a escrit,
requérir de nostre part ladicle royne ne
sçavoir aucun mauvais gré au sieur de Wal-
singham, son ambassadeur, des termes qu'il
nous a dist dernièrement, nous faisant la ré-
ponse au bout du mois, dont elle lui aura
donné charge; car ce feust nous-mesmes qui
interprétasmes le tout, ainsy qu'il nous fut es-
crit. Je vous asseure qu'il est bien affectionné
(à ce que j'ay connu) à entretenir la bonne
paix et amitié d'entre elle et nous, qui l'aymons
pour eeste occasion, et aussy pour les bons
offices que nous avons sceu qu'il a faicts pour
la négociation dudict mariage; en quov encore
que ceste émotion soit advenue icy, j'estime
qu'il persévérerai, car il a veu comme nous
avons eu très grand soing de le conserver et
tous les siens, comme ils ont esté, et n'y a eu
que en la perquisizion de Briquemault l qu il
s'esmeut un peu; mais cella feust soudain
passé et envoya faire l'excuse comme vous
a escrit mondict fils. Je vous prye nous es-
crire le plus lost que pourrez des occurences
de dellà, priant Dieu vous avoir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, le viic jour de septembre
1572.
GàTEBIBBi
PlNART.
1572.— S septembre.
Imprimé dans la Correspondance de La Mnthe-Fèneloti , t. VII , p. 343.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Motlie Pénelon, il s'est
trouvé entre les papiers du feu admirai une
1 Bricquemanlt avait été arrêté dans l'hôtel de l'ain-
bassadeuc d'Angleterre.
longue lettre qu'il escrivoit au Roy monsieur
mon fils, laquelle il avoit commencée dès quand
il alla à la Rochelle, et continuée tousjours
jusques à la mort; il y avoit une autre lettre
avec, qu'il escrivoit à Telligny, par laquelle il
le chargeoit expressément qu'après sa mort il
présentast et fist voir au Roy ladicle lettre, par
où il traitte et discourt plusieurs choses, luy
faisant des remonslrances, et, entre autres par-
licullarités, luy veult persuader que les plus
grands ennemis qu'il ay t sont et seront tousjours
le roy d'Espagne et la royne d'Angleterre,
quelque démonstration qu'ilz fassent du con-
traire, les appelant anciens ennemis de ceste
couronne; et conseille le Roy mondict sieur et
fils de ne cesser jamais tant qu'il les ayt ruynés
tous deux, ce que je veux faire voir au sieur
de Walsingham escript de la main dudict feu
admirai, afin qu'il cognoisse comme il u'estoil
pas si affectionné à l'endroit de ladicle rovne
qu'il disoit, ny tant désireux de nous entretenir
en amitié avec elle; qui jugera bien sur cela
que ce n'estoit que fiction dudict admirai et
un très dangereux et malin esprit qui ne pou-
voit faire sinon mal, l'ayant bien montré en
la malheureuse conspiration qu'il avoit faite
contre son Roy et nous tous, qui luy avons
toujours faict tant d'honneur et de bien.
Vous ayant bien voulu escrire ce que dessus,
allin que, si voyés qu'il soit à propos, vous en
puissiez parler, et le faire entendre à ladicle
royne d'Angleterre et l'asseurer que nous
faisons toujours envers elle le contraire du
très malin conseil dudict admirai; car nous
sommes résolus de continuera jamais, aultant
qu'il nous sera possible de nostre part, la vraie
et parfaicte amitié d'entre elle et nous; et
tant s'en fault que la veuillons diminuer ny
changer, qu'au contraire nous désirons la for-
tiffier, comme peut bien croire ladicle royne,
désirant et recherchant de si bon cœur et si fort
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIG1S.
119
son alliance, comme nous faisons; et en quoy,
suivant cesle dépesche, je vous prie de persé-
vérer tousjours, affin qu'en ayons la bonne issue
que nous désirons, et que nous f'aict espérer
vostre dernière dépesche, et ce que de la Mosle
nous a dict de bouche.
Vous priant, au demeurant, nous escrire
en quelle pari aura pris la royne d'Angleterre
ce que lui aurés dict de la conspiration dudict
admirai et de ses adhérens 1, estant très néces-
saire que vous enlreleniés tousjours si bien
ceste princesse que nous puissions demeurer
avec elle en bonne paix, et que, du costé
d'Escosse, nous y ayons la bonne part et in-
telligence que nous avons de tout temps ac-
coustumé, car il nous importe grandement, et
m'asseurant que vous y continuerez vos soins,
je prieray Dieu vous avoir en sa saincte et
cligne garde.
Escript à Paris, le vme jour de septem-
bre 1572.
Caterine.
PlNART.
I 572. — 8 septembre.
Mioute. Bibl. nat. fonds français , n° 1 5555 , f° 09.
A PHILIPPE STROZZI.
Mon cousin, il fault servir son maistre à sa
guise. Il vous avoit permis dresser une armée
de mer et sortir. Vous vous estes constitué en
très grande despensse pour le faire, et comme
estiez pressez à faire voile, il est intervenu
une occasion par laquelle il est conlraincl
non seullement révocquer ledict volage, maiz
se servir de vous à choses qui lui touchent de
plus près et luy sont de plus grande impor-
' Voir dans le tome V de la Correspondance de La Mothe-
Fénelon, p. 1 ao , le récit de sa première entrevue avec la
reine Elisabeth après la Saint-Barthélémy; et noire livre
\je xv f siècle et les Valois, p. 319 et suiv.
tance; à quoy il se fault résouldre, comme je suis
certaine que ferez très sagement. Au regard
des frais que vous avez faietz et du peu de
moyens que vous avez de changer vostre es-
quipnge, le Roy monseigneur et fils vous faict
présentement secourir d'argent et ne vous
peult rien manquer, car je vois comme il dé-
sire faire pour vous; au moyen de quoy fault
luy faire le service qu'il vous demande et croiez
luy en ferez jamais ung plus à propos, comme
j'ay donné charge au capitaine Brault vous
dire '.
1572. — 11 septembre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Mothe-Fènelon ,
t. VII, p. 345.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fénelou, vous estes
1 De son côté, le duc d'Anjou lui avait écrit : rLe
Roy mon seigneur et frère vous prie de deux choses : la
première est de remettre vostre voïage de mer à une autre
l'oys; l'autre de maintenir cette compagnie ensemble
pour le service es occasions qui se présentent, qui luy
sera de très grande importance. Je seroys le premier à
requérir le Roy mondict seigneur et frère de ne révoc-
quer vostre voïage de mer, comme j'ay esté à vous le
faire permettre, si je ne cognoissois que vous luy estes
tous si nécessaires aujourdhuy qu'il ne s'en peult aulcu-
nement passer; au moyen de quoy, mou cousin, je vous
prie vous résouldre, selon vostre prudence accoustumée,
à l'intention du Roy mondict seigneur et frère, et nous
vouloir tous ayder à recepvoir le fruict des occasions que
Dieu nous a mises dans les mains pour le bien de ce
royaume et emploier tout vostre crédit et moyens pour
retenir cette compaignie. Le s' de Biron part présen-
tement et vous porte de l'argent. Nous le ferons suivre
bientost après d'une autre bonne somme, et espère que
vous aurez de quoy changer vostre équipage ; puis .
comme nous aurons pacifyé toutes choses en ce royaume,
il fauldra faire servir vos vaisseaulx à quelque bon effect,
comme j'espère que vous pourrez lors; et cependant ne
les faicle désarmer pour qu'ils soient toujours prestz et
esquipez pour sortir au besoin. Au moyen de quoy vous
luy ferez le service qu'il vous demande. n (Bibl. nat.,
fonds fiançai?, a" 1 5555.)
120 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
sy amplement adverty par les lettres du Roy
monsieur mou fils ' des propos que nous
avons euz avec le sieur de Walsingham, am-
bassadeur de la royne d'Angleterre, ma bonne
sœur et cousine, que, m'en remettant au con-
tenu de ladicte lettre, que je vous prie sui-
vre suivant l'intention de mondict sieur et
filz, je vous diray que j'ny plus d'espérance,
à présent, que le mariage d'entre ladicte
royne et mon filz d'Alençon se faira, que
je n'eus onques; et ne puis croire que icelle
royne ne se résoulde, après qu'elle aura este'
esclaircye de la conspiration de l'admirai et
qu'elle aura bien entendu nostre bonne inten-
tion envers elle, et, en ce faisant, asseurer ses
affaires et subjectz, comme elle peut aisément
faire par le moyen dudict mariage . Aussy je
vous prie continuer à faire toujours ce qu'il
vous sera possible, afin que nous y verrions
clair le plus tost que vous pourrez, estant bien
dellibe're'e de m'acheminer, et mener mondict
filz d'Alençon avec moy, pour faire l'entre-
veue, quand ladicte royne vouldra. J'estime
que, suivant ce que vous escrit mondict sieur
et filz, qu'il soit bien à propos de la faire es
isles de Jerzay et de Guernezay, qui sont de ses
possessions et asse's près de la coste de Nor-
mandye et d'Angleterre, aussy pour sa com-
modité et la uostre; et sy les seuretés qu'elle
peut désirer, et celles aussy, qui seroit besoing
que y ayons, se y pourront bien accommoder,
pour une part et pour l'autre, sans aucun
doubte de péril ou danger. Sy elle trouve bon
que ce soit èsdictes isles, il ne sera que bon
de sentir de ladicte royne et de ses ministres
quand elle voudra que ce soit, que je désire-
rois bien estre vers lexxmedu moys prochain,
et ce que l'on préparera , d'une part et d'autre ,
pour sa seureté et la nostre. Et j'ay veu aussy
1 Voir notre livre Le xvi' siècle et les Valois, p. 337
et suiv.
ce que me mandés du médecin Penna; en-
cores que le visage de mondict fils d'Alençon
soit fort amendé et qu'il amende tous les jours,
sy suis-je bien d'advis que ledict médecin y
use des remèdes qu'il m'a faict voir par escript
qu'il y faira; car il me semble que ce soit
choses qui ne peuvent nuire; estant ce que,
pour cette heure, j'ay à vous dire, priant
Dieu vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Paris, le xiomc jour de sep-
tembre 1572.
Ledict médecin essayera sa pratique sur
un page , et l'esté il usera de ses remèdes sur
mondict filz.
Cateiune.
PlNART.
1572. — i3 septembre.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Coibert, n" 4oo '.
A MONSIEUR DE SCHOMRERG,
CHAMBELLAN OBDlSAinE DU BOT MOHSIECR MO* FILS.
Monsieur de Schonberg, vous verrez par la
response que vous faict le Roy monsieur mon
fils2 à quoy il s'est résolu de nouveau pour le
1 Volume sans pagination.
■ Une lettre de Schomberg à la Reine mère, datée du
29 aoùt,a\anl qu'il eût reçu la nouvelle de la Saint-Bar-
thélémy, éclaire bien notre situation en Allemagne : trJe
diray seulement à Vostre Majesté que je serais d'opinion
que le Roy print premièrement des princes ce qu'il pour-
rait, aflîn qu'il les séparaat et mist seulement en jalousie
avecquesla maison d'Autriche; car, ce faisant, vous coupez
la bouche à l'un, et préparez le chemin à l'autre de
parvenir à ce que vous scavez. Or il est à craindre que
le Roy, pensant gagner quelque chose en prolongeant
cest affaire et tenant bon en ses offres, ne perde beau-
coup, voire le tout, veu le présent estât des affaires
d'Allemagne et les dangereuses menées de nos adver-
saires ; il me semble mesme bien à propos que les princes
ne veullent faire reste ligue que pour quatre, cinq ou
six mois, c'est assez de les tenir accrochés seulement
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICFS.
121
faict du réciproque secours, tant il désire ceste
négociation estre conduicte à l'heureuse fin
par quelque bout que ce soit; car, s'ils sont une fois
liguez avecques vous, les villes maritimes et autres Estatz
qui cognoistront le bien et repos de toute la chrétienté
qui en procède et la conservation assurée de leurs Estatz
ils s'efforceront, et s'offriront d'eux mesmes d'y vouloir
entrer, joint qu'on leur en peult parler après ouver-
tement et tout à loisir, et le temps de la ligue finy, les
princes, qui par ceste alliance auront animé contre
eux la maison d'Autriche et ses adhérans, n'oseront plus
despartir de vostredicte alliance, laquelle vous ferez après,
estant le terme de la première fini, à vostre volonté et
discrétion, veu que le nombre d'eulx sera plus grand,
et eux au bout de leur leçon et procè à la maison d'Au-
triche et leurs adhérens, s'ils n'ont vostre alliance pour
bouclier, laquelle ils seront contraincts d'acheter au même
prix que le Roy faict à ce coup la leur. Or touchant l'af-
faire que Vostre Majesté sçait, le Landgrave lui supplie,
pour l'honneur de Dieu, que Voslre Majesté advise à
attirer, conjoindre et obliger à vous par quelque servitude
et ferme lien d'amitié à quelque prix que ce soit et condi-
lion les Électeurs et princes, si Vostre Majesté a envie ne
poursuivre l'entreprinse dont il est question. Tout com-
mence. Dieu mercy, peu à peu à s'acheminer comme
je feray entendre à Vostre Majesté à mon retour; car les
affaires du co-rival se portent aussi mal en cesl endroict
qu'ilz font en Pologne où l'on ne veut de luy en façon
du monde, quelques offres qu'il face'; il faut que le
Roy conserve ses amis par deçà et qu'il en acquière
encore d'autres. Vostre Majesté ne doibt en rien craindre
la diette accordée à l'Empereur à Mulhausen ny aultre
dietle impériale que ce soit; car vostre homme veut
perdre ses biens et l'honneur, si les électeurs permettent
qu'on en mette seulement un pauvre mot en avant. Je
dirois quelque chose davantage touchant ce fait à Vostre
Majesté, mais je ne l'ose fier à ce présent papier. Bien
vous veulx-je advertir que j'ay sceu de bien bon lieu que
l'Empereur et les Estais catholiques ses adhérens ont
bien bonne envie de vous renouveler à ceste prochaine
diète la vieille querelle de Metz. Voslre Majesté a bon
moyen de leur rompre ce coup et je vous assure que l'élec-
teur de Saxe y fera son debvoir; je luy sçauroys bien faire
souvenir de sa promesse. J'escris bien amplement de
l'affaire de Pologne à Monseigneur vostre fils. Si nous
eussions commancé dès lors que je vous en portoys la pre-
* L'archiduc Ernest, prétendant au trône de Pologne.
Catherine de Médicis. — ir.
qu'il a lousjours espérée, désirant, encores
que ses offres ne se trouvassent telles que les
princes les voulsissent accepter, que pour cela
vous ne rompiez poinct ceste négociation,
mais regardez par tous les meilleurs moyens
que vous pourrez à la laisser unie, excitant
les princes à envoyer par deçà leurs ambas-
sadeurs; car nous avons plus de volunté
que jamais d'estreindre ceste correspondance,
quelque mauvaise interprétation que l'on es-
saye de donner par delà des choses qui sont
advenues de deçà, lesquelles ne nous ont en
rien diminué la vol unie de conclure ceste
affaire. Doncques, je vous prye y prendre
plus de soing que jamais et vous y gouverner
de si bonne façon que la chose s'enlrelienne,
bien que, possible, il ne se trouve pas loute
convenance en ce que nous et eulx désirons,
qui sera le plus digne service que vous sçau-
riez l'aire au Roy mondicl sieur et filz pour le-
quel aussy vous regardiez à ne laisser en lier
en l'entendement des susdicts princes que ce
qui a esté l'aict à l'admirai et à ses complices
soyt faict en hayne de la nouvelle religion n\
pour son extirpation; mais seulement pour la
pugnition de la scélérée ] conspiration qu'ilz
avoient l'aide, par la révélation de laquelle il
semble que Dieu ayt voulu délix ter ce royaulme
du plus cruel et intestin ennemy qu'il y eusl
sceu naistre. Quant aux affaires de Poloigne
nous louons fort la dépesche que vous avez
l'aide de ce costé là; et, si les choses réus-
sissent selon l'espérance qui nous en est donnée
de plusieurs costez, vous aurez bonne pari à
l'honneur, priant Dieu, Monsieur de Schon-
berg, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
mière parole nous serions assurément aujourdhui en beau
chemin. » (Même volume.) Voir la lettre de Schombergau
duc d'Anjou. (Ibid.)
1 Scélérée, scélérate. (Expression employée dans les
Mémoires de du Bellay, t. V, p. 38t.)
16
lïirKiy mu n irio-. 1 1 l
122 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Escript à Paris, le xme jour de sep
tembre i 572 '•
CvTERINE.
BlUJL.VRT.
1Ô72. — i3 septembre
1 La lettre de Charles IX, datée du 12 septembre,
.1 laquelle Catherine fait allusion, complète la sienne :
rrVous avant envoyé ung mémoire des choses qui sont
advenues tant en la blessure que en la mort du feu
admirai et d'aucuns de ses complices pour la malheu-
reuse conspiration qu'ilz avoient faict contre ma propre
personne, [celles] de la Royne madame ma mère, de
mes frères et contre mon Estât, j'estime bien que vous
l'avez faict enlendre à mes cousins le comte Palatin, duc
Auguste île Sa v, duc Julles de lirunsvich, lantgrave de
Hesseu et autres princes protestans, suivant ce que je
vous en ay escript et pense que, avant entendu la vérité
dés choses, ilz jugeront que j'ay faict en cela ce que je
debvois faire pour prévenir ung grand mal et inconvénient
qui m'estoil bien certain et à tout mon royaume duquel
il se peult dire en vérité qu'il tenoit ordinairement les
peuples divisés, oultrc la particulière entreprise et conspi-
ration qu'il avoit récemment faicte pour le subverlir et
transférer à autruy ma couronne, dont il a reçu juste
punition; car il avoit plus de puissance et estoit mieulx
obéy en la part de ceulx de la nouvelle religion que je
n'estois, ayant moyen par la grande auclorité usurpée
sur eulx de me les sublever et leur faire prendre les armes
rentre moy toutes et quanles fois que bon lui sembloit,
ainsi que par plusieurs fois il a assez monstre, il avoit jà
envoyé ses mandemens à tous ceulx de ladicte nouvelle
religion pour se trouver tous ensemble en équipage
d'armes au 111" de ce moys à Meleun, lieu proche de
Fontainebleau, où au mesme temps je debvois estre, de
sorte que, s'estent arrogé une telle puissance sur mes
subjects, je ne me pouvois dire roy absolu, mais com-
mandant seulement à une des parties de mon royaume,
dont, s'il a pieu à Dieu m'en délivrer, j'ay bien occasion
de l'en louer et bénir le juste jugement qu'il a faict dudict
admirai et de ses complices et estime qu'il n'y a prince
qui pour cette seule considération et sans attendre à veoir
une malheureuse conspiration, telle qu'elle s'estoit des-
couverte , eust peu souffrir avec si longue patience ung de
ses subjects duquel la grande auclorité luy eust esté avec
toutes raisons si suspecte, et néantmoins me surmontant
moy mesme je l'a vois supporté et porté avec telle laveur
que j'eusse faict le plus digne serviteur de mon royaume
pour par une si grande bonté et clémence vaincre sa
félonie; mais, l'ayant veu si mal recongnoistre la grâce
Imprime dans la Coiresponituncti diplomatique lie La Mvtltc-Fénetvn ,
l. Vit, p. 347.
& MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe Fe'nelon , à l'occasion
du propos cpje le sieur de Walsingbam, am-
bassadeur de ma sœur et cousine la rovne
d'Angleterre, avoit tenu à Mauvissiere, comme
vous verrez par ma lettre d'hver, j'ay présen-
tement donné audience audict ambassadeur et
luy ay faict entendre que le Roy monsieur
mou filz et mes fdz les ducs d'Anjou et d'A-
lençon et moy désirons, aul.ml que nous
(pie je luy faisois, il ne m'a pas esté possible de le sup-
porter plus longtemps et me suis résolu de laisser le cours
d'une justice à la vérité extraordinaire et autre que je
n'eusse désiré, mais telle que en semblables personnes
il estoit nécessaire de pratiquer, si je ne me l'eusse voulu
mectre en danger d'allumer ung nouveau feu en mon
royaume, vous priant de bien faire entendre aux susdiçts
princes que ces choses sont ainsi passées non pour haine
de ceulx de la nouvelle religion ny par aucune prémé-
ditation ou partye faicte par secrète intelligence avec
qui que ce soit pour exterminer la nouvelle religion,
mais pour les seules considérations cy-dessus déclarées,
encores que à mon grand regret il en ayl esté tué quelques
ungs en aucunes villes de mon royaume pour la fureur du
peuple que l'on n'a peu si bien retenir que l'on eust
désiré, d'autant qu'il avoit esté imbu de cette malheu-
reuse conspiration à laquelle il eslimoit tous ceulx de
la nouvelle religion participer pour les grandes et cer-
taines intelligences qu'ilz avoient avec ledict feu admirai
et qu'il ne se soit, dès le xxvu° jour d'aousl, mandé el
enjoint à tous les gouverneurs et lieutenants généraulx de
conserver et maintenir en protection et sauvegarde tous
ceulx de la nouvelle religion, tous ainsi que mes subjetz
catholiques, et pour les garder de tomber en quelque
inconvénient je leur ay ordonné de s'abstenir de leurs
presches et assemblées pour quelque temps, demeurans
quant au reste en toute assurance sans être de riens forcez
et recherchez. n (Bibl. nal. , fonds Dupuy, 11° 8G,f" ao5 et
suivants.) Voir dans le Calendar of Stole papers, 1071-
157a. p. 1 83-i 8 '1, le récit du massacre de la Saint-Bar-
thélémy.
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
123
iisuies jamais et d aussi grande affection qui
se pourrait dire, ie mariage de ladicte rovne,
sa maislresse, et de mon filz d'Alençon: que
nous proce'dions en cella sincèrement el
droictement, et nous n'eussions pas accordé
de faire l'entrcveue, si nous n'y avions une
parl'aicte volonté'; et que ce qui estoit advenu
de la mort de l'admirai et des autres ses adhé-
rens ne nous avoit rien fait changer en cella.
Sur quoy ledict ambassadeur reprenant à
peu à près les mesmes propos qui! me tint
avant hver, comme vous verrez par nostre dé-
pesche de ce jour-là, il m'adict,en protestant
qu'il ne me parlerait point eu ambassadeur,
pour ce qu'il n'avoit point encore eu lettres
de sa maislresse, mais seulement de quelques
particuliers d'Angleterre, depuis les nouvelles
de la mort dudicl admirai, mais, comme de
luy mesmes; el, pour la bonne affection qu'il
portoit à l'enlretènement de l'amitié d'entre
nous el sadicte maistresse, il me vouloit bien
dire que sa maislresse avoit fait ce dernier
traité avec nous, pour ce qu'elle voioit que
nous entretenions sincèrement l'édict de pacif-
tication et permettions en ce royaulme l'exer-
cice de la religion de sadicte maislresse et des
princes protestans de la Germauve et dénions-
trions porter si bonne volonté à ceux de nos
subjets qui estoient de ladicte religion, mais
que, voiant ce qui estoit au contraire adveneu,
il e?limoit que sa maistresse serait en grand
doubte et que l'on penserait que cecy eust esté
exécuté selon la délibération du concile de
Trente, et ce qui feut dicl à Bayonne pour
l'extirpation desdicls de la religion.
Sur quoy, parlant franchement, comme
j ay toujours accoustumé, je lui av déclaré que
nous avions faict ledict traité avec la royne
d'Ahgïeterre, sa maislresse, pour la bonne
affection que nous portions à elle el à sa cou-
ronne et non avec aucun particulier de ses
subjects; aussi que, de mesme, nous avions
estimé que sadicte maistresse eust traictéavec
nous et nostre couronne, qui est une chose
stable et permanente , et non avec ledict admi-
rai nv autres noz subjecls, et que la morl
d'icelluy admirai ne pouvoit rien altérer en
nostredict traité, lequel nous voulions, de
nostre part, entièrement garder, et parfaicte-
ment observer l'amitié d'entre nous et ladicte
royne, sa maistresse, et tous lesdicls princes;
et que, quand nous aurions faict mourir tous
ceux de nos subjecls que nous penserions qui
nous voudraient mal faire et attenter à nostre
personne et Estât, que nul ne s'en debvoit al-
térer, ny pour cella s'en départir de nostre
amilié non plus que nous ne nous estions mis
en peyne, quand ladicte royne avoit faict exé-
cuter ceux qui l'avoient voulleu troubler et
attenter à elle et que ne nous altérions jamais
de voir qu'elle feist en sou royaume (comme
il luy esloit permis faire) faire exécution,
quand il y en aurait qui la voudraient trou-
bler, comme ceux-cy nous avoient faict et vou-
loienl encore faire; et, quand ce serait contre
tous les catholiques, que nous ne nous empes-
cherions ny altérerions aucuuemenl l'amitié
d'entre elle et nous.
M'avant sur cela parlé ledict ambassadeur
de la défense faicte à ceux de la religion de
faire assemblées, me disant que cella impor-
toit à l'édit de pacification, et qu'il sembloil
que n'eussions pas dellibéré de l'entretenir,
sur quoy je lui ay dict qu'il ne se meist poiucl
en peyne d'en vouloir sçavoirsv avant; el que
le Rov monsieur mon fils dellibéroit d'entre-
tenir ledict édil, et qu'il ferait en cella ce
qu'il cognoistroit eslre à propos pour le bien
de son service.
Mais icelluy ambassadeur, ne se tenant assez
satisl'aict de ce que je lui en avoys déclaré,
m'a derechef encores remis sur ce propos, et
16.
124
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
flicl que sa maistresse n'avoit voulleu renou-
veler les traiclés qu'elle avoit avec le Roy Ga-
iholique, pour ce qu'il se manifestoil comme
ehef des callioliques qui alloient contre ceux
de sa religion; et que une des occasions pour
lesquelles elle avoit traicté avec nous, ce avoit
esté à rause de la bonne démonstration que
nous Taisions auxdits de la religion et à l'en-
treièneuient dudict e'dit; mais qu'il sembloit
que nous le voulleussions rompre à présent,
et qu'il en préjogeoit beaucoup de maux et la
guerre bien grande en ce royaulme.
Oui a este' cause que je luy ay parle' plus
ouvertement dudict e'dict et faict entendre que
le Rov mondict sieur et (ils, ayant bien cogneu
par expe'rience et veu clairement par les pa-
piers dudict admirai, après sa mort, que, par
le moyen des presches et assemble'es que
lesdietz de la religion l'aisoient, ils cstablis-
soient un second roy en son royaulme, et
l'aisoient beaucoup de mauvaises entreprises
et délibérations contre luy et son Estât , le te-
nant en subjeelion; que, pour ceste cause il
avoil résolu de ne leur plus permettre lesdicts
presches et assemblées; que toutesfoys il ne
\oulloit pas que l'on contraignis!, comme aussi
l'ait -on, aucun en sa religion, mais que
chascun vive en repos soubz son obéissance,
comme, grâce à Dieu, l'on voit que tous ses
subjeclz s'y disposent, estant desjà un grand
nombre retournez en uostre religion catho-
lique el toutes les villes en grand repos, ayant
ceux de la Rochelle, comme vous venez par
la dépesche de mondict sieur et lilz, escrit
qu ils sont tous pretz de se conformer à sa
volonté1 attendans son commandement. M. de
Catherine devait pourlants avoir à quoi s'en tenir, car
\niri ce que tes habitons de la Roçh Ile écrivaient à la
reine Elisabeth :
n Madame, les 1res humbles et très obéissants li-
delles subjects et serviteurs*, les manans el habitons
Riron, qui en est gouverneur, y est allé pour
cest effect.
de la Rochelle parlans par leurs députés, supplient
1res humblement Vostre Majesté considérer et suivre
l'exemple de Constantin, lequel aiant pour compagnon
Licinius, auquel il avoit donné sa sœur en mariage,
rompit toute ceste alliance et amitié pour deffendre le9
chrestiens que Licinius tiranisoit en Orient : et il n'y a
double que toutes promesses et alliances, qu'on \oid par
la ruse des raescliants, tendre au déshonneur de Dieu,
à la ruyne de la religion, et au dommaige du salut de
son prochain, el lesquelles ne se peuvent garder sans
méchamment persévérer, en mal faisant et adjouslant
péché sur péché (comme l'ait Herodes en accomplissant
ce qu'il debvoit rompre) ne doibient estre rompues et
l'honneur de Dieu prefféré à toutes choses. Donc, Ma-
dame, quanl il n'y auroit que ce seul point, qui doibt
suffire, cela vous y doibt assez induire, mais il y en a
un autre; c'est que Vostre Majesté ne peult ny ne doibt
tenir la ligue à ceux qui veullent exterminer vostre peuple
rie la Guienne, qui de toute éternité vous appartient et vous
est subjecl, de quoy Vostredicte Majesté luy faict encore
cest honneur d'en porter les armes. Ce considéré, Ma-
dame, il vous plaise leur aider de vos forces et moiens,
et ils consacreront et exposeront librement leurs vies et
biens pour vous recoguoistre leur royne souveraine et
princesse naturelle.!)
Voici également la lettre du maire et des échevins de
la Rochelle :
nSi la souveraine bonté de Vostre Majesté ne nous
estoyt, comme elle est en toute l'Europe, assez congneue,
très baulte, très excellente et très vertueuse royne, et
l'indigne affliction de laquelle on nous veult oppresser
estoyt à nous particidière , nous aurions juste crainte de
vous sembler maintenant importuner, ayans naguères
envoyé vers Vostre Majesté nos députés; mais, nous con-
fians en ceste vostre royale bonté, et sçachant que, trop
niieulx que nous mesmes, vous voyez notre calamité
estre commune à toute l'Eglise du Seigneur nostre Dieu,
de laquelle il vous a establye l'une des principales co-
lonnes; et d'autant que les tyrans persécuteurs (comme
il n'est nul si méchant qui veuille eslre estimé tel) in-
ventent chascun jour nouveaux prétextes el couvertures
à leurs cruautés et inhumanités, chargeant d'infidélité,
conjurations et conspirations contre leurs personnes, el
estant tant de grands el vertueux seigneurs, gentil-
hommes et saincts personnages sur lesquels ils ont exercé
lui plus que barbare rage par les horribles massacres
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
125
Et ayant, pour la fin, dict audict ambassa-
deur qu'il se pouvoit asseurer que, de noslre
costë, nous ne diminuerions riens de la bonne
et parfaicte amitié que nous portons à sadicte
maistresse; sur quoy il m'a dict qu'il conti-
nuera à y faire tous les bons offices qu'il
pourra, et qu'il croit certainement qu'il ne l'ut
jamais sy nécessaire que ledict mariage se f'eist,
ny qu'il y eust plus d'apparence qu'il se doibt
faicts en la ville de Paris, il nous a semblé nécessaire
esclaircir Vostre Majesté de la vérité, et vous asseurei'
que telle barbarie se continue encore sur tous les enlans
et serviteurs de Dieu en ce misérable royaume de
France, affin qu'il n'en demeure un seul qui n'idolastre
en la Papauté. Encore n'est la tyrannie contente de cela,
mays par après on fait mourir ceulx qu'on a conlraincts
idolastrer et sont leurs biens confisqués; à quoy, pour
maintenir le plus service de Dieu et son Eglise, nous
estant virilement opposés, comme ont faict aussy plu-
sieurs de nos frères en quelques villes de la Guyenne,
Languedoc, Daulphiné, Provence et aullres, qui jettent
tous les yeux sur ceste pauvre ville, de laquelle ces in-
bumains et meurtriers sanguinaires disent despendre
(comme y a apparence) la sweté de toutes les aultres,
on nous cerne et commence à fayre une mortelle guerre
pour exterminer ce qui reste des serviteurs du Seigneur.
Sentans doneques cet orage prest à tomber sur nos
testes, pour après s'estendre plus loing et ruiner la
saincte Eglise du Seigneur, et eslever en plus grand
triumpbe celle de l'Antéchrist, nous recourons plus har-
diment à Vostre Majesté, vous suppliant très humble-
ment nous fayre tant de laveur et de grâce que de nous
supporter, secourir et ayder des grandes forces et infinis
moyens que ce Dieu tout-puissant a mis en vos mains à
ce grand et extresme besoing, duquel, oullre ce que nos
précédents députés vous auront suffisamment informée,
le seigneur de la Place, l'un de nous, porteur de la
présente et notre procureur, fera à Vostre Majesté ample
et fidèle déclaration, et de nostre désir et singulière dé-
votion que nous portons au bien de vostre service, au-
quel, s'il vous piaist, nous fayre tant de bien, nous
dédierons et consacrerons nos volontés et affections, et
ferons à Vostre Majesté perpétuel service et obéissance de
cueur aussy entier, Madame, que nous prions le Sei-
gneur conserver et agrandir te sceptre et domination de
Vostre Majesté en toute prospérité. n (Record office, Slale
pupers, France.)
taire qu'à présent, affin de rallier et i'ortitlîer
tous les princes les uns avec les autres; et
m'a demandé comment se pourroit faire le-
dict mariage, et continuer l'amytié entre les
princes, si l'exercice de la religion n'estoit
permis.
A quoy je lui ay respondu que les feuzroys
François mon beau-père et le roy Henry d'An-
gleterre père de la royne, sa maistresse,
encore qu'ils feussent différents de la religion,
ne laissoient pour cela de s'aymer inCniement ,
et que de ce temps-là l'on brusloit beaucoup
de gens pour la religion en France, et que
ledtet roy Henry d'Angleterre, ny les autres
princes de la Germanie proteslans ausquels
nous avions, dès lors, aussy amytié ne s'en
altéraient point; que despuis, le Roy Henry,
mon seigneur, avoit voulleu donner ma fille,
qui feust depuis royne d'Espaigne, au petit
roy Edouard, encores qu'ils feussent différends
de religion; et que les amytiés ne layssent,
pour la religion, d'eslre bien bonnes et par-
faictes; ayant remis ledict ambassadeur, le
plus que j'ay pu, de ces considérations rai-
sonnables, dont je vous ay bien vouleu adver-
tir; car je m'asseure qu'il escrira à la royne
sa maistresse de tous les propos que avons
euz; par où j'ay cognu qu'il nous voudroit
bien, s'il estoit possible, par ses discours, in-
timider, affin de gaigner quelque ebose pour
l'exercice à ceux de sa religion.
Au demeurant, Monsieur de la Molhe Fé-
nelon, le Roy monsieur mon fils a eu advis
que aucuns de sessubjeetz buguenots Dyépois
arment et préparent quelques vaisseaux à la
cosle d'Angleterre pour courir sur ceste mer
et faire des larcins; que ladicte royne d'An-
gleterre ayant sceu les nouvelles de la mort
dudict admirai a envoyé soudain le visadmiral
d'Angleterre à la Rocbelle pour y recognoistre
et voir quel il y fait; il faut que vous pêne'-
120
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
triez en relia si avant que nous en puissions
descouvrir sa volonté, et vous ne ferez pas
petit service au Roy mondict sieur et fils,
priant Dieu vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le xuic'"c jour de septembre
1572.
Monsieur de la Mothe-Fe'nelon, j'oubliois
de Vous dire que j'ay faict voir audict ambas-
sadeur ce que iedict feu admirai escrivoit an
Roy en reste lettre qu'il chargeoit feu Tclligny
de monstrer après sa mort à mondict sieur et
lilz, par où il parloit mal, ainsi que mondict
sieur et lilz vous escrit, de la royne d'Angle-
terre, dont Iedict ambassadeur, qui a bien
cogneu la lettre dudict feu admirai, car je croy
qu'il en avoit eu souvent, a esté fortesbahy1.
J'oubliois aussyàvous mander que, quand
il m'a parlé de la desfaicteque icelle royne sa
maistresse avoit faicte de renouvellerlestraictés
et amityés entre le roy d'Espaigne, et qu'elle
nous avoit plustost voulcu vouer ses amytiés
et moyens que audict roy d'Espagne, qu'elle
en avoit eu l'occasion beaucoup plus grande
en nostre endroicl qu'au sien pour ce qu'il
avoit lousjours fomenté et assisté ceux de ses
1 Voici comment Walsingham, de son coté, en dit:
tr Voyez, m'a-t-elle dit, le discours qui s'est trouvé avec le
testament que l'amiral fil, lorsqu'il était malade à la
Rochelle, et dans lequel entre antres avis qu'il donnait au
Roi mon fils, il lui recommandait surtout d'abaisser au-
tant qu'il le pourrait, la reine votre maitresse et le roi
d'Espagne, comme étant un moyen qui pouvoit beaucoup
contribuer à la sûreté et au maintien de sa couronne.
Je répliquai que, quelque pussent estre en cela ses in-
tentions pour la reine ma maitresse, il paraissoit néan-
moins par là qu'il éloit un sujet très fidèle à la couronne
di' franco et que la reine ma maitresse en faisait d'au-
tant plus de ras qu'elle n'avoit jamais connu en lui que
de très bonnes intentions pour son roi.-> [Mémoires et
ambassades de Walsingham, Amsterdam. Gallet, 1700,
p. 285.)
proditeurs qui avoient voulleu entreprendre
conlre elle; et nous au contraire, comme elle
sçait très bien, nous avons faict tout ce que
nous avons peu, comme encores ferons nous
lousjours, pour la préserver et l'assister en tout
ce qu'il nous sera possible, ainsy que nous
espérons qu'elle fera, de sa part, en nostre
endroict, et que pour les choses qui sont adve-
nues, ce. que nous avons à nostre très grand
regrecl esté contraincts de permettre, elle ne
diminuera rien de uoslre amvlié.
Au demeurant, Monsieur de la Mothe Fé-
nelon, vous aurés veu par la dernière dépesche
que l'on vous a faicte, comme nous désirons
que vous requissiez ladicte royne de nous fere
seurement envoyer le comte de Montgommery
et ayant sçu, depuis byer, qu'il désiroit avoir
permission de vendre les biens qu'il a en
France pour n'y plus revenir et se retirer du
tout en Angleterre, mondict sieur et lilz el
moy en sommes bien contens; par quoy, s'il
est par delà, entendes de luy s'il est en ceste
volonté, pour nous en donner advis et l'on luy
baillera ladicle permission telle et si seure
qu'il la vouldra, pourveu aussy qu'il promette
et jure de ne faire aucune menée ou pra-
tique qui importe ou soit contre le service du
Roy mondict sieur et lilz.
Je désire que vous informiez bien expres-
sément de l'occasion du voiage que faict Ie-
dict visadmiral d'Angleterre du costé de la
Rochelle et, sy cognoissés qu'il y ayt occasion
de penser que ce soit contre l'intention du
traicté avec ladicte royne et amylié que nous
avons dernièrement renouvellée et que voyés
qu'il y ayt quelque subject de luy eu faire re-
monslrance, advisés de le faire comme de
vous-mesmes, et m'advertissés incontinent
pour en mander mon intention, et sy Iedict
visadmiral est de retour, il ne sera point mal
à propos que luy en parliés, aussy de vous
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
127
mesmes ; car il a desmontré, estant dernièrement
avec le comte de Lincoln en ce royaulme, estre
fort affectionné et désireux de l'amytie' entre
les Françoys et Anglois. Aussy, le voyant
si bien affectionne', luy feist-on un pre'sent,
comme l'on vous a escrit, d'une cbesne de
six cens escus , ce me semble1.
Du xni'™0 jour de septembre 1572.
Caterink.
PlNART.
1 Le iû septembre La Mothe-Fénelon avait écrit à
Catherine : «Jamais nul accident ne se lit tant sentir en
notre pays, comme celluy qui est advenu à Paris se res-
sent par deçà; j'ay esté le plus observé du monde et en-
.•ures n'apparoil-il que violence et ung grand déborde-
ment de paroles et de reproches contre toute la France,
et cuvdoit-on que ceste princesse ne me deust aulcune-
ment admettre en sa présence. Neantmoins elle m'a re-
ceu assez humainement, et ceux de son conseil, aussi,
après un peu d'argent, se sont radoucis. a (Corres-
pondance diplomatique de La Mothe - Fénelon , t. V, p.
i3i.)
Maintenant voici la réponse qu'il lit à la lettre ci-dessus :
«Madame, je loue bien fort les propos que j'ay veus
en la lettre du Roy du premier de ce moys que Sa
Majesté et la Voslre avez tenus à Monsieur de Walsin-
gbam, lequel, j'espère qu'il les aura escripls à la royue
sa maitresse et que je la trouveray maintenant mieulx
édifiée de Vosdictes Majestez sur hs choses advenues à
Paris que je ne lis l'aullre foys, dont je la supplieray de
faire cesser en ceste ville les maulvaises paroles pleines
de diffame qu'on y tient et les aultres grandes indignités
dont l'on uze assez publiquement là dessus, qui, vous
promets, me sont par trop insuportablos. Je useray le plus
discrètement que je pourray vers elle des deux lettres
r|n"il vous a pieu m'escripre du vu"" de ce moys et mec-
tray peyne de faire si bien prendre celle qui parle du
feu amiral que possible. Cela nous remettra en bon che-
min pour le propos de faultre, bien que je vous puisse
assurer. Madame, que ce nouvel accident luy est à elle
et à tous les siens une playe si profonde et si récente
qu'il y faudroit un bien expert chirurgien et du baume
fort excellent pour si soudain la guérir; et je crains as-
sez, selon aulcunes choses que j'ay entendues, qu'on
vouldra aucunement se rétracter de ce qu'on nous avoit
accordé par rescript que M' de la Mole vous a apporté.
1572. — i5 septembre.
Orig. Arch. des Médias à Florence, dalla filza 0756 ,
ouova numerazione . p. 336.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR
LE GRAND DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, je vous ay de tout temps
cougneu si affectionne' au service eià la gloire
de Dieu, et particulièrement au bien de ceste
couronne, que je me suis toujours asseure'e
que vous recevrez singulier plaisir d'entendre
l'heureux succez de l'exe'cution de l'amyral et
ses adhérons, comme voz lettres du 1111e de ce
moys l'ont suffisamment lesmoigné; de quoy
le Roy monsieur mon fils receoit très grand
contentement, se voiant loue' et conforté des
bons et verlueulx en une si saincte et recom-
mandante résolution, de laquelle il espère que
Dieu luy fera la grâce de tirer le fruict néces-
saire à la restauralion de son église et repos
universel de la ebrestienté; et, comme je sçay
que vous luy estes voué d'une parfaicte allée-
lion, de vous faire aussy cognoistre l'amityé et
faveur que vous vous pouvez promeclre de
ceste couronne, priant sur ce le Créateur,
mon cousin, vous avoir en sa saincle et digne
garde.
Escripl à Paris, le xve jour de septem-
bre 1072.
(De sa main.) Mon cousin, je ne doucteré
Autrement ne m'attends-je pas que cette princesse, la-
quelle n'a nul certain successeur, fasse en ce temps un
seul pas hors du royaume. Tant y a que je n'ohmettray
rien de ce que j'estimeray la pouvoir bien persuader à
l'entrevue, en la façon que me le mandez, vous sup-
pliant très humblement , Madame , de disposer en telle
sorte le sr de Walsingham par dellà que ses lettres
puissent remettre icy sa maitresse et les siens en leur
première bonne disposition, car vous promets qu'd y
peult beaucoup.-) ( Correspondance diplomatique de La
Mothe-Fénelon , t. V, p. i35.)
128
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
jeauiès de vostre bonne volonté en nostre en-
droyct, et que ne vous rejouissie's de tout cet
que retorne alla gloyre de Dieu et conser-
vation de nos vies et sûreté de celé coronne;
car aussi vous pouvés vous asseurer que nostre
conservation sera lousjour pour vous ayder
et favoriser plus ipie léàùltrè prinse que vous
vous puisiés asseurer. Je serès bien ayse de
voir une fin du cet pour lequel je vous ay en-
voyé le consellcr Bruet1.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — i5 septembre.
Origi Arch. des Médicis à Florence , dalla lilza a.726 ,
nuova nunierazione , p. 335.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR
LE PRINCE DE TOSCANE.
Mon cousin, l'office que vous avez faict par
deçà de vous conjouyr de l'heureux succès que
Dieu a octroyé au Roy monsieur mon filz en
l'exécution de la personne de l'amyral et ses
adhérans respond à la dévotion que mon
cousin le Grand Duc vostre père a tousjours
eue au bien et prospérité de cest Estât. Aussy
pouvez vous estre asseuré que la mesmes
amitié, faveur et bienveillance que le Roy
mondict sieur et filz luy a tousjours portée,
ne vous regarde moyns pour la faire valloir
en tout ce qui pourra servir à vostre bien et
contentement, de quoy, pour le lien que na-
ture a mis entre nous, je vous prie croyre que
je n'oublieray jamais aucun office. Sur ce je
prie le Créateur, mon cousin, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, ce xve jour de septem-
bre 1572.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 La liquidation de la succession des Médicis.
1572. — ai septembre.
Orijj. Arch. de Toulouse, liasse n° 19, n* 3à.
A MESSIEURS LES CAPPITOULZ
DE LA VILLE DE THOULOUSE.
Messieurs, par la dépesche qui vous est
présentement envoyée1 vous entendrez le con-
' Voici la lettre de Charles IX :
«Très chers et bien amez, nous avons avecq très grand
contentement entendu le bon debvoirque vous avez rendu
à pourveoir aux choses qui estoient nécessaires pour le
salut et conservation de nostre ville de Thoulouze sur la
nouvelle advenue par delà de l'exécution faicle en la per-
sonne de l'admirai et autres, ce qui a répondu à l'expec-
tation que nous avons tousjours eue de vostre bonne
volunté au bien de nostre service et salut de la chose
publique; en quoy nous vous prions continuer comme
avez bien commencé. Nous escripvons présentement aux
gens tenans nostre cour de parlement audict Thoulouze
nostre intention sur ce qui nous semble estre nécessaire
pour la continuation de vostre bien et repos, laquelle ils
vous feront entendre, estant asseuré que, de vostre part,
vous vous y emploierez, de sorte que nous en recevrons
toute satisfaction, et néantmoins nous avons bien voulu
vous exhortât' encore? particulièrement comme à chose
de laquelle deppend vostre salut et repos. n
Les deux lettres de Catherine et de Charles IX répon-
daient à celle que les capitouls de Toulouse leur avaient
adressée et que voici :
« Sire, nous avons receu les lettres qu'il a pieu à Vostre
Majesté nous escripre et envoyer par le comte de Rieux
et oultre le contenu d'icelle, nous avons entendu de sa
bouche la créance que Vostre Majesté luy avoyt donné
charge nous déclairer, et pour aultant que le jour d'hier
nous vous avons escript de tout ce qu'a esté faict en vostre
ville pour contenir les citoyensd'icelle en vostre hobéissance
sans rien attenter contre voz édietz, ayant eu adver-
lissement certain que ceulx de la nouvelle prestendue
religion sortoienl à flottes de ladicte ville poursoy assem-
bler et faire effort! es villes des environs dudicl Toulous>'
pour oflénser vos lidelles subjetz , nous avons , suyvant l'or-
donnance de vostre court de parlement , restraintz ceulx
que nous avons peu apréhender, où il y en a Iroys ou quatre
qui ont esté chefz en tous les troubles et servy de conseil,
que nous avons bien voulu faire aclendre pour recepvoh
vostre commandement. Au reste nous avons eu aujour-
I d'hui advertissement comme Castres est tenu soubz vostre
LETTRES DE CATH
tcnleuient que le Roy monsieur mon fils a
receu d'estre adverty du bon debvoir que vous
avez rendu au repos et seureté de vostre ville,
de ce qu'il de'sire estre faict pour vous y
continuer, ce que je m'asseure que vous
sçaurez bien suivre et observer, et de l'ère
congnoistre, en toutes voz actions, l'affection
que vous avez au bien et service du Roy
mondict sieur et filz, priant sur ce le Créa-
teur, Messieurs, vous avoir en sa saincle
garde.
Caterine.
Fizes.
1572. — 21 septembre.
Orig. Archives municipales de Rouen.
A MESSIEURS
LES CONSEILLERS, ESCHEVIWS
DE LA VILLE DE ROUER.
Messieurs, je ne vous puis vous ce'ler que
le Roy monsieur mon fils n'ayt trouve' bien
fort mauvaise l'e'motion et meurtre advenu en
la ville de Rouen de ceulx de la nouvelle opi-
nion1, pour estre de très pernicieux exemple
hobéissancc par le cappilaine La Guiche. Nous faisons sen-
linelle et garde aux portes de noslre ville sans battre
aulcun tabourin et plus modestement que faire se peult,
tellement que lout demeure en paix et tranquilité, et ne
sera rien faict ny suivy, si n'est ce que plaira à Vostre Ma-
jesté commander.-1 (Bibl. nal., fonds français, n° i 5555,
p. 6o.) Voir également dans le même volume une lettre
du président Dallîs, f° 6a.
1 Cliurles IX avait écrit de son coté le 23 septembre
au.marécbal de Cossé : rje vous prie, incontinent
la présente receue, faire faire derechef expresse deffense à
touttes personnes , de quelque qualité et condition qu' elles
soyent, de tuer, piller et saccager en aucune sorte que ce
soit, soubz couleur et prétexte de la religion, et emprison-
ner aucun, si ce n'est par ordonnance dejustice, et peyne
contre ceulx qui y contreviendront d'estre pugnys de mort
sur le champ sans autre forme de procès; à l'exécution
de quoy vous tiendrez très eslroitement la main sans per-
Catbebihe de Médicis. — iv.
ERINE DE MÉDICIS. 129
à l'endroict de toutes les aultres villes de ce
Royaulme où ung tel acte seroit assez suffisant
de ralumer le feu que l'on voyl jà apaisé,
grâce à Dieu , et pour destourner beaucoup de
ceulx qui sont près à sere'duireau bon chemyn
et à notre religion catholique, qui est ce que
l'on de'sire le plus; au moien de quoy il veult
et entend qu'il soit faict pugnicion de ceulx
qui se trouveront principaulx aucteurs elcoul-
pables de ce male'fice; à quoy il désire que,
de votre part, vous aydez aultant qu'il vous
sera possible et sur ce que vous aymez faire
service qui luy soyt agréable dont je ne puys
que je ne vous prve de ma part, saichant
quelle est sa volunté en cest endroict, et sur
ce je supplye le Créateur, Messieurs, qu'il
vous ayt en sa sainte garde.
Escript à Paris, le xxie jour de septem-
bre 1572.
Caterine.
Rrulart.
1572. — Octobre.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 102&0, f" lii.
A MADAME MA TANTE
MADAME LA DUCHESSE DE FERRARE.
Madame ma tente, je vous ay bien voleu en-
voyer Lefort, présaut porteur, pour \ous aver-
tir qu'il a pieu à Dieu donner au Roy mon fils
une fille et que la royne ma fille cet porte
très bien, corne ausi fayst sadiste fille; et
sachent cornent aymés toute la rase, je m'a-
mettre qu'il y soit usé d'aucune dissimulation et ferez
semblablement sçavoir à tous gentilshommes et autres de
la nouvelle religion et opinion qui se seroient, par crainte
et doubte des choses passés, absentez de leurs maisons de
s'y retirer avecq asseurance d'estre conservez et gardez
contre toute injure, force ou violence, et en cela, s'ilz ont
besoin de sauvegarde et s'ilz la requièrent, leur en oc-
troyer en si bonne forme qu'ils s'en puissent asseurer et
demeurer eu repos. » (Bibl. nat., fonds français, n° 32 1 5,
p. 12.)
'7
lUPtllUIME XATIOSâLE.
130
LETTRES DE CATHERINE DE MED1GIS.
seure que se vous sera plésir d'entendre que
Dieu l'augmente, encore que ce ne souit
un fils; car puisqu'il ont comensé, je ays-
père qu'il ann auron et fils et filles tent
que ce serâjoye et asuranse pour tous ceuk
qui en de'siret l'augmentation et conserva-
lion. Je croy, Madame ma tente, que, après
avoir veu la maleureuse conspiration de ceulx
qui sont infection de nostre religion, que
vous ne voldriés ayslre la dernière à mètre
peine d'entendre la vérité, laqucle ayst la
milleurc, celé que tien le Roy et nous tous,
corne ont faysl les roys nos prédéséseurs,
au1 sele de ces malheureus, qui me fayst
vous suplier de volouir ouïr quelque homme
de bien et savent, afin de savoyrla vérité; car
je vous puis aseurer que ne sariés l'ayre chause
plus agréable au Roy vostre nepveu et à moy
pour l'aubligation que je vous ay de l'amytié
que me portés et, pour aystre au Roy monsei-
gneur cet que l'i étiés, je ne puis que je ne
vous die que ceret la chause de cet monde que
je désirerès aultant, que vous voyr remise en
nostre ayglisc, cet que je prie à Dieu vous faire
la grase. Je vous veuls bien avertir que je veu
anuit Madame de Nemour vostre fille, qui cet
porte bien et a fest un beau et gros fils. Je
m'asseure que eu serés bien ayse, qui est cose
que vous l'é bien volu mender par la présente
et fayré fin, prient Dieu vous fayre conoystre
^a vérité et sa volonté.
Vostre bien bonne niepse,
Caterine.
1572. — 1" octobre.
Ylinule. Bibl. nal. fonds français, nJ 1Ô55B. I"" 119.
A MONSIEUR DU FERRIER,
AMBASSADEUR À VEMSIi.
Monsieur du Ferrier, j'ay veu ce que
1 An sele, ou celle.
m'avez escript par vostre leclre du xvie jour
de septejnbre de l'opinyon que aucuns ont
que ce qui a esté exécuté en la personne de
l'admirai et de ses adhérans a esté à l'instiga-
tion de moy et de mon fils le duc d'Anjou , avec
tous les discours qu'ilz vous ont faict là-des-
sus du tort que par ce meurtre a esté faict à
mon filz à l'endroit des princes protestant/,
qui avoyenl tous dézir de le faire et eslire em-
pereur et de ce quej'aurois mieulx aymé ruy-
ner ce royaulme en me vengeant de l'admirai
que de l'augmenter et me ressentir du mal de
celluy qui a faict mourir ma fille, lequel
par ce meurtre s'est agrandy de telle façon
que luy seul à présent commande à toutz les
aultres princes chrétiens; sur quoy je vous
ay bien vouleu advcrlir que cerlaynement je
n'ay rien faict, conseillé, ny peruiys en rien
que ce que l'honneur de Dieu, le devoir el
l'amitié que je porte à mes enfians me com-
mande, d'aultant que aiant l'admirai, despuis
la mort du feu Roy Henry monseigneur,
monstre par toutz ses actes et depportemens
qu'il ne tendoit que à la subverssion de cesl
Estât et de oster la couronne au Roy monsieur
mon filz et à ses frères à qui légitimement,
comme vous sçavez,elle appartient, et que, au
lieu de se recognoistre comme subject, il s'es-
loit bien estably et agrandi en ce royaulme,
qu'il y avoyt les mesines povoiret commande-
ment que luy à l'endroict de ceulx de sa re-
ligion, tellement que, estant rebelle à son
prince, il a prins par force ses villes tenues
et gardées contre luy et en sa présence et en
celle de son frère, n'aianl poinct craiuct de
donner plusieurs batailles et esté cause de
la mort d'un si grand nombre de personnes
qui ont esté tuées pour ceste occasion et en-
cores, despuis la dernyère paix el édict de
pacification , il a conspiré si malheureuse-
ment contre la personne de son roy el de
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
131
rnoy et de ses frères, comme les princes es-
Irangiers et ung chacun en seront bien tost
esclairciz au vray par le procès qui en
est desjà commence' et sera bien lost jugé
en sa court de parlement à Paris, que je
m'asseure que l'on dira que le Roy mondict
sieur et fils a faict ce qui appartenoit à sa
grandeur, estant roy et prince souverain, et
que l'admirai, estant sy fort et puissant en ce
royaulme, comme il estoit, ne pouvoyt estre
aultrement puny de sa rébellion et désobéis-
sance que par la voye que l'on a esté contrainct
d'exécuter tant en sa personne que de ceulx
qui tenoyent son parly, et aiant esté byen marry
que sur l'esmotion plusieurs aultres personnes
de leur religion ont esté tuez par les catho-
licques qui se ressentoient d'infinyz maulx,
pilleryes, meurtres et autres mesrbans actes
que l'on avoyl exercés et commis contre eulx
durant les troubles ; mais enfin , grâces à Dieu ,
tout est appaizé, en sorte que l'on ne recog-
noist plus en ce royaulme que ung roy et sa
justice, qui est rendue à ung chacun selon le
devoir et l'équité, estant bien résoleu pour les
maulx que ont apportez en icelluy la diversité
des religions, de ne souffrir plus qu'il y en
ayt d'aullre que la sienne, et quant à ce qui
me touche à moy en particulier, encores que
j'ayme unicquement toutz mes enffaus, je
veulx prefférer, comme il est bien raisonable,
les filz aux filles; et pour le regard de ce que
me mandez de celui qui a faict mourir ma
fille, c'est chose que fou ne tient point pour
certaine, et si elle estoit, le Roy monsieur
mon filz n'en pouvoit faire la vengerie en Tes-
tât que son royaume estoit lors; mais à présent
qu'il est tout ung, il aura assez de moien et
de forces pour s'en ressentir, quant l'occasion
s'en présentera; et m'asseure que, quant les
princes protestantz auront bien sceu la vérité
et considéré tout ce que dessus, ilz continue-
ront à l'endroict démon filzlamesme volunté
qu'ilz avoient auparavant que cecy fust adve-
neu; et pour le regard de la royne d'Angle-
terre, le Roy mondict sieur et filz n'a poinct
eu aucune volunté et intention de rompre la
bonne intelligence, paix et amylié qui est
entre nous et elle et ces deuxrovaulmes, ains
la veult maintenyr et conserver entièrement
et ne fault point craindre que, quelque inves-
titure que le Pappe luy en veuille bailler,
comme il vous a esté dict, qu'il s'en laisse
ainsv persuader et que il y entende aucune-
ment, ne voulant rien prétendre ny uzurper
sur ses voisins sinon es royaulmes, pays et
Estats où il aura droict ou qui luy escherront
par succession. Pour le regard de ce que me
mandez pour l'ellection du roy de Pologne et
ce qui en a esté faict du costé de l'Empereur
et aussi les propoz que le légat de Nostrc
Sainct Père vous en a tenuz en faveur de mon
filz le duc d'Anjou et que Sa Saincteté feroyt
plus pour luy que pour nul autre, sy elle
sçavoist qu'il y voulzist entendre, je vous
prye, Monsieur du Ferryer, luy dire que
nous le prions de s'en employer de tout son
pouvoir et que, en ce faisant, Sa Saincteté
obligera grandement tant envers elle que le
Sainct-Siège tous nous autres qui est le Roy,
son frère et moy, comme, en ce que nous
aurons moyen de le recongnoistre envers
le légat, nous le ferons en tout ce dont il
nous voudra requérir. Quant à la préséance
pour le Roy monsieur mon filz, c'est chose
qui luy est deue et dont tous les roys ses
prédécesseurs ont paisiblement jouy; et ne
fault poinct que vous soyez en doubte que
le Roy rompe avec le Grand Seigneur pour
entrer à la Ligue, d'aultant qu'il veult en-
tretenir l'amytié qu'il a avec luy et ne peult
penser à aucune entreprize de dehors que
nremièrement il n'ayt restably le dedans de
132 LETTRES DE GATH
son royaulnie, qui a bon bcsoing de repos
et de se remeclre et fortiffier durant quelques
années.
Monsieur du Ferrier, despuis la présente
eseriple, est arrive' La Roche de vostre partavec
la nouvelle de la deffaicte de l'armée Tur-
quesque, lequel m'a faict particnllièrement
entendre ce dont vous luy aviez donné charge
et tnesmes pour le faict de l'cllection du roy
de Pologne ; sur quoy je vous ay bien voulu
advertir que nous despescherons bien tost,
suy vaut vostre advis , ung personnaige qui yra
sur le lieu et passera à Venize pour estre
insliuicl de vous de ce que vous cognois-
trez pour servir à cest effect; en quoy je vous
prve vous employer de tout vostre pouvoir et
de loutz les moyens dont l'on se pourra ayder
et y pourveoir comme chose que nous désirons
singulièrement et dont vous en devez espérer
aultant de reconnaissance que de nul aulre
service que vous nous sçauriez faire. J'ay en-
tendu aussy ce que m'avez mandé des propos
que l'agent du duc de Saxe et cellui du comte
Pallatin vous a tenu/, et des offres qu'ilz font;
à quoy il fault bien prendre garde et y aller
bien retenu pour ce qu'il y auroit à craindre
que ce ne fust avec cautelle et finesse pour
désarmer l'intention et volunté du Roy mon-
sieur mon filz envers le roy d'Espagne; par
quoy vous ne leur ferez aucune démonstra-
tion, aucune saillie, les entretenant bien dex-
trement et saigement en tirant d'eulx ce
que vous pourrez sçavoir sans qu'ilz se puis-
sent apercevoir que vous le faictes dans cette
intenlion, et m'advertirez ordinairement de
ce que vous en pourrez apprendre et ferez
le semblable pour l'offre qui vous a esté faicle
et sondez le plus avant que vous pourrez à
quelle fin et intention ils font lesdietz offices,
et s'il y a en cela de la finesse et dissimu-
lation de leurcousté, priant le Créateur, Mon-
ERINE DE MÉDICIS.
sieur du Ferrier, qu'il vous ayt en sa saincte
garde '.
Escript à Paris, le i" jour d'octobre 1 072.
Caterise.
1 Voici la lettre fie «lu Ferrier à laquelle Catherine
répondait: t Madame, le commandement qu'il vous
pieusl me faire en prenant conj;é île Vostre Majesté
venant par deçà et la bonté que j'ay cogneu en icelle
m'ont faicl jusques icy escrire librement et à la vérité
tout ce qui est venu a ma cognoissance concernant vostre
service, grandeur et réputation du Roy et de Monsei-
gneur, et me suis résolu de continuel' toute ma vie et
en quelque lieu que je soys jusques à ce que m'ayez
commandé de me taire. Or, Madame, la vérité est cer-
taine et indubitable que les massacres advenu?, par tout
le royaume de France, non seullement contre le feu
amiral et autres principaulx chefs de la religion, mais
aussy contre tant de pauvre peuple innocent, ont si fort
esmeu et altéré l'humeur de ceulx qui sont par deçà af-
fectionnés à vostre couronne, encores qu'ilz soyent du
tout catholicques , qu'ilz ne se peuvent contenter d'excuse
aucune, imputant tout ce qui a esté faict à vous lans
seullement, et à Monseigneur d'Anjou; par le moyen
susdict il s'est oslé la couronne irnpérialle, n'ayant au-
paravant rien tant désiré les Allemans, mesme les pro-
testans, que de le faire empereur et de remettre l'Em-
pire en la maison de France, et disoient estre bien
informés que ledict amiral et aultres ne conspiraient
jamais contre Vos Majestés, ou aucun des voslres, et ne
se peuvent assez émerveiller que, par tels moyens, on
ait. voulu faire si grand et évident tort à Monseigneur
et si fort agrandir le roy d'Espaigne, qui se peultdire
aujourd'hui le seul prince de la chrestienlé qui com-
mande à tous aultres; et disent encores que, pour ve-
nir à bout desdicts chefs, il y avoil d'aultres moyens
aussy certains et qui n'eussent pas tant offensé les estran-
gers et donné à parler à la postérité. Et combien, Ma-
dame, que je necroye à rien de tout ce que dessus et
que je soys certain et asseuré de vostre bonne et rbres-
tienne intention, toutefois craignant que cela ne soit pour
apporter domniaige à vostre personne et que quelque
mesibant et malheureux osast tenter contre icelle, dont
s'en ensuivroit l'entière ruyne du royaume el de mm
particulièrement, qui ne despends que de vostre seule
grâce et bénignité, je vous ay bien voulu escrire ce des-
sus et vous supplier très humblement de vous contregar-
der plus que n'avez encore faicl, estant fort many que
je ne puis vilvement vous représenter le malconlenle-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
133
1572. — 2 octobre.
Aut. Areh. nat. cotlect. Simancas, K i5a8, n° 6S.
A M* MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon (ils, j'é veu par la letre que
ment d'aulcuns désespérez qui passent par icy, lesquels
sont si bien folz et téméraires de dire que vous avez
mieulx aimé ruyncr le royaume de France en vous ven-
geant de l'amiral que l'augmenter et que vous ressentir
il il mnl de ceïïmj qui afaicl mourir vostre Jille°\ mais tels
et autres détestables propos qui se disent et escrivent ne
sont que parolles, lesquelles passent comme le vent,
pourveu que le principal qui est vostre personne soit
conservé, comme sera, s'il plaist à Dieu, envers lequel
les oraisons ne furent jamais si nécessaires qu'elles sont
à présent et mesmes à l'endroict de ceulx qui sçavent
combien Vostre Majesté est affligée d'avoir veu le Roy
réduict en telle nécessité qu'il ayt esté contrainct de
mectre si avant la main au sang de ses subjects, ce qu'il
n'adviendra jamais plus, s'il plaist à Dieu. Depuis ma
dernière despeclie j'ai sceu que, au Iraiclé de l'élection
du roy de Poloigne, Monseigneur a esté bien avant nom-
mé, d'où l'Empereur qui poursuit que son fils aisné soit
esleu, n'est pas content, et que son ambassadeur résident
en cesle ville, sitost que les susdites nouvelles de France
vindrent par deçà, despécha deux courriers en diligence,
l'un à son maislre et l'aullrc en Poloigne, les adverlissant
que le Roy par le conseil de Monseigneur vouloit extirper
toutes sectes de religions contraires à la Romaine , et il m'a
anssy esté dict que quelque Allemand a esté envoyé par
delà, non pour aultres choses que pour défavoriser Mon-
seigneur, estans les électeurs et le peuple de Poloigne di-
visez en plusieurs détestables sectes de religion, comme
je suis adverty de longtemps y a, et sur ce propos je ne
veulx oublier que ledict an Indue, adverty de ce qui a été
laict en France et pour se plus avant insinuer envers les-
dicts électeurs , a faict republier par tous les pays l'édit par
luy auparavant laict, par lequel il permet à ses subjects
de vivre selon leur religion et défaite public exercice. Je
fus d'assez bonne heure adverty de la mort du roy de
Pologne, ayant quelque praticqae avec ceulx dudict
pays depuis mon aultre ambassade ; mais congnoissant
combien ledict pays est éloigné de la France en religion
et comme il est exposé à la mercy du Turcq et du Mos-
covite, je ne pensoy jamais que lel royaume fust digne de
Monseigneur. Et quand , Madame, vous seriez de con-
1 AllusioD ail liruit qui accusait Philippe 11 de la mort d^lisabeth.
j'é reseue de Vostre Majesté le ple'sir que avés
reseu de cet qu'il a pieu hà Dieu nous donner
le moyen de nous délivrer de nos ennemis et
lés siens, chause que je n'éjeamèsdouctéeque.
n'an resantisiés le conlentement que requyerl
traire opinion, le meilleur et plus asseuré secours que
vous y pourriez avoir seroit du costé du Grand Seigneur
et du Pappe, et ne fauldroit en cela se servir de l'évesque
de Valence, lequel, encore que je cognoisse depuis plus
de quarante ans comme très saige et vertueulx ministre
et autant affectionné à vostre service que nul autre gen-
tilhomme de Fiance, si est-ce que l'on luy a donné contre
vérité le bruict de favoriser les huguenots qui ne sont
guère aimés audict pavs, auquel le Pape retient encores
grande autorité, et m'a dict son légat que si Sa Sainteté
cuydoit que Monseigneur voulust entendre à ceste élec-
tion, il seroit plus pour luy que pour nu] aultre. Et sur
ce propos aussy. Madame, je ne veulx oublier que le légat
m'a dict en grand secret que Sadicle Sainteté est après
le roy d'Espagne pour luy faire quicter la précédence
sur le Roy et qu'il en viendra bienlost à bout. J'ay prié
ledict légat de croire que, en ce faisant, le Pape fera
plus de calholicques en France que par les pardons >i
jubilés qu'il est délibéré y envoyer. Et pour ce que le-
dict légat a bonne part envers Sa Saincteté pour avoir
esté son compaignon d'escolle et de mesme ville, je me
doubte fort que le susdict propos regarde le grand désir
que tous deux ont que l'évesque d'Acqs soit révocqué de
sa charge et que le Roy entre en ligue contre le Grand
Seigneur; et combien que cela fust, il y a ung an sans
raison et apparence, louteflbis estant advenu despuis
tant de choses contraires aux discours des hommes, plu-
sieurs estiment que cela se pourra faire ; à quoy je m'as-
seure qu'avant de ce faite Vostre Majesté y pensera bien
et longuement et ne s'arrestera tant à la vaine et inutile
investiture du royaume d'Angleterre que le Pape entend
faire au Roy soubs couleur de religion, qu'à conserver la
protection que les roys de France ont eue , depuis long-
temps y a, du royaume d'Escosse pour tenir en bride
l'Angîois, lequel est une mauvaise beste et est fort à
craindre qu'il ne soit irrité de ces désastres et que l'Alle-
mand et luy ne soient pour vous donner de la fascherie,
ce qu'à Dieu ne plaise, ains, Madame, vous donner en
bonne prospérité et santé longue et heureuse vie.
rrDe Venise, le xvt' jour de septembre 1572.
•lit Fermer*.»
■ Blhl. imp. de Saiut-PvtersboHrfr. Docum. franc., vol. \CVltl,
pièce n° 35, pages 4i, /ia . 43. {Lettre chiffrée.)
134
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1 'amytié que vous portons, laquole, m'aseure,
ne douctés par le fayrc conoystre hà Voslre
Majesté* par tous les bons aufises que avons
peu, corne je m'aseure qu'il paroyt par le suc-
sès que ha le duc d'Albc en vos afayres de
Flandre, de quoy santons le mesme conten-
tement que ce s'étoyt pour nous mesmes ef
eusions désiré qu'il eut eu encore plus de vic-
touire, afin que plus avsément les aultres
plases cet feuset conformée à vostre volante,
et que le bon trétement qu'il a fayst à seulx
de Monts, s'an retournant le conte Ludovic et
les jeans qu'il avoyt a veques lui , ne fase eroytre
le courage aus jeans qui sont aus aultres plases ;
car Vostre Majesté n'aurés jeamés tent de
prospérité que je lui désire et sui bien avse que
Vostre Majesté aye trové bon de cet que j'é
envoyé visiter les ynfantes par Montaigne ; car
un dé plus grent plésir que je puise resevoyr,
c'et de les savoyr en bonne santé et aymaye de
Vostre Majesté, cornent je n'an doucte poynt;
je prie h Dieu leur fayre la grase d'estre tous-
jour eontineuée en la voslre et qu'i doint hà
Vostre Majesté ce qu'elle désire.
De Paris, ce ncmc d'octobre 1579.
Je ne veuls haublier, pour le plésir que je
m'aseure que Vostre Majesté resevera, de lui
dire cornent Dieu ha fest la grase à mon fils
le roy de Navarre d'estre remis en nostre re-
ligion.
Vostre bonne mère et seur,
Caterine.
1572. — U octobre.
Imprimé dans In coulinuation des Annaks ecclésiastiques,
par TlK-iner, t. I . p. 3ii .
A NOTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Sainct Père, je ne puis que je ne leoue
Dieu grandement, el que je ne comense la
présante par la grâce qu'il m'a fayste de voyr
les affayres de cet royaume redduite en Pestât
en quoy aylle sont, et que depuis l'avènement
du Roy mon fils alla coronne, je les ay dési-
rayée et par touts moyens taché de les y
conduire, cet que à présant a pieu à Dieu
m'en donner le contentement tieul que par sa
bonté a fest paroytre à tout la crélienté nostre
bonne yntantion et trover mantant ceulxque,
pour autre desayn que de l'bonneur de Dieu
et repos de ce royaume, nous calonie, cet
que je leur pardonne, puisque Vostre Sain-
teté et tous les prinses crétiens ont coneu
par ayfect la bonne volonté du Roy mon fils,
de ses frères et de moy, qui ne désire plus
rien sinon voyr l'establissement de cet bon
comensement, corne je m'ann aseure par le
bon hordre que le Roy mon fils yl mest, et
ayent guagné tous ceuls qui l'ont cet loicl '
peu servir pour le confrère, corne avovst avsté
tousjour nostre bust et l'ocasion du mariage
de ma fille avec le roy de Navarre, ayspérant
que Dieu lui fayroitla grase de le rapeler par
son moyen en son église, cet que yl a favst
et de tele fason et dévotion que tous bons
crétiens le pouvest désirer; et pour y estre
aveques toutes asolution et net de tout l'ereur
qu'il a eu jusques ysi, yl a prié le cardinal
de Rorbon , son oncle , envoyer ver Vostre Sain-
teté et le Roy mon fils et son frère et moy de
lui escripre pour vous suplier, corne lui mesme
fayst de sa main, de le volouir asouldre et
perdonner tent de l'érésie en quoy il avoyst
aysté nouri et ynstruit, corne ausi du mariage
qu'il a fayst sans avoyr la dispanse, come
ausi ma fille la suplie lui en donner la dis-
panse et la solution, cet que je lui suplie ausi
volouyr fayre et l'absolvyr et resevoyr pour un
des bobéissants fils que Vostre Sainteté et le
Saint Siège puise avoyr, set2 délibérant, après
1 Cetfoict, cette fois.
• Set, à.
LETTRES DE GATH
avoyr eu la réponse de Vostre Sainteté, lui
envoyer personage de qualité pour lui rendre
laubésiense que loutte sa vie est délibéré
porter hà Vostre Sainteté et à l'église et pour
ce que le prinse de Condé et princèse de Na-
varre et marquise de l'Isle1 m'ont prié ausi
de suplier Vostre Sainteté de leur acorder pa-
relle asolution et pardon et la dispanse pour
leur mariage, et lé voyent si bien réduis en
notre religion et aveques ferme délibération
d'y vivre et mourir, je n'é voleu fallir en su-
plier Vostre Sainteté, l'aseurent qu'ele fayra
chause grandement agréable au Roy mon tils,
et à tous les bons de sel royaume, et que cer-
vira grendemenl à réunir tout cet royaume à
nostre religion, come j'espère avant que ce
souit deus moys que tout cera come Vostre
Sainteté le peult désirer, et que enn avons eu
tousjour la volonté de le voyr, cet que je prie
à Dieu nous en l'ayre la grase et donner hà
Vostre Sainteté celle de si bien régir et gou-
verner son église, que, de son temps, toutes
érésies souient eytentes.
De Paris, ce! miemc jour d'octobre 1572. .
Vostre très dévote et hobéissante fille,
Caterhe.
ER1NE DE MÉDICIS. 135
sur les poincts desquels vous désirés estre
éclaircy par celle qui vous est faicte présen-
tement, il ne vous sera point respondu au
contenu de la vostre dudict xxix°, d'autant
qu'elle est faicte un peu en haste, afin du
vous envoyer promptement le saufconduict
qu'il est besoin estre bientost par delà; ce qui
me gardera d'estendre ceste-cy plus avant,
sinon de vous dire, en passant, qu'il semble,
par la responce que vous a faicte la royne
d'Anglelerre touschant nostre entrevue, que
nous en sommes assés esloignés; car, de pas-
ser à Douvres, je pense qu'il n'y a guière
de personnes qui me le conseillassent au
temps où nous sommes, et parmi le regret
que monstre porter en son cœur madicle
bonne sœur des choses qui sont advenues
le xxivc du mois d'aoust passé, qui est tout ce
que je vous dirai en ce lieu, que je prierai
Dieu de vous avoir en sa garde.
Escript à Paris , ce ivemc jour d'octobre 1572.
Caterine.
Brulart.
1072. — k octobre.
Imprimé daus la Corrcajiondance diplomatique de La Muthe-Fénclon .
I. Vll.p. 373.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, nous avons aujour-
d'huy receu vostre dépeschedu xxixe du passé,
et quelques jours auparavant, j'avois eu celle
du xvme, à laquelle il n' esche l aucune res-
ponce, n'estant que responsive à mes précé-
dentes dépesches; et aussi d'autant que, par
ma dernière, vous avez esté à plein satisfaict
1 Marie de Clèves, mariée au prince de Condé.
1572. — 16 octobre.
Orig. Arch. des Médias à Florence , dalla tilza tfjîô ,
nuova numerazione, p. 337.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu la lettre que \ous
m'avez escripte du xvie du passé, emsemble
celle que vous avez escripte au Roy monsieur
mon fil*, par lesquelles vous nous faictes
cognoistre le désir et affection que vous por-
tez au bien des affaires de ceste couronne ei
repoz de ce royaume, dont je vous remereye
de bon cueur; et, pour le regard de la négo-
tiation du sieur Bruet, j'ay bien veu et con-
sidéré toutes les pièces qu'il m'a envoyées
avec le discours qu'il m'a fort amplement et
136
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
iidellement escript de tout ce qui est passé,
tant es conférences qu'il a eues avec vous et
\oz ministres, que à la visite qu'il a faicte
pour justitfier et vériffier les valleurs des
biens dont est question, et eu granl plaisir
d'entendre par luy la bonne voulonté et in-
tention en laquelle il m'escril que vous con-
tinuez et l'honnesle façon dont vous monstrez
vouloir procéder pour niectre la dernière
main àladicte négotiation, \ous asseurant que
j'av niov mesnies très bien considéré la qual-
lité, charges, revenu et valleur desdicts biens,
ensemble les améliorations qui ont esté
loictes en aucunes; et pareillement, toutes
les prétentions qui ont esté proposées tant
d'une part que d'autre, et linablement l'offre
par vous faicte, qui ne se rapporte pas à la
valleur et estimation desdicts biens à beaucoup
urès; laquelle j'ay tousjours estimée debvoir
'stre, pour le moins et au pis aller, selon le
irix porté par la location de Madame de Panne ;
it que oultre cella vous eussiez deu mectre
2n considération tant de beaux et somptueux
pallais, dont vous vous accomodez, tant à la
ville que aux champs par ce moien, qui ne
se sçauroient bastir six foysaultant que monte
rostre offre , oultre qu'ilz sont la plus part si-
tuez et assis en vostre porte, et accompaignez
de toutes les commodilez qui se peuvent dési-
rer, mesmes qu'il y a plusieurs boys, comme
j'ay veu par le desnombrement que m'a envoyé
ledict Bruet, lesquelz, encores qu'ils ne re-
viennent pas en revenu ordinaire par chacune
année, doibvent bien touteffoys estre mis en
considération pour valleurs. comme aussi faict
le fonds du lac Zucechio acquis par feue Ma-
dame Alfonsine, mon ayeulle, dont le revenu,
tel qu'il estoit avant les améliorations, pour
le moins debvroit estre estimé; oultre toutes
lesquelles choses, il ne péult estre qu'il n'y
eust assez bonne quantité de meubles précieulx
et autres après la mort du feu duc Alexandre
mon frère; lesquelles choses avec plusieurs
autres qui viennent en bonne considération
m'ont tousjours faict penser que, quand je ne
serois poinct ce que je suis, vous ne vouldriez
pas me faire moindre raison de ce qui m'ap-
partient, que vous avez acoustumé de faire
aux autres; et vous prie de croire que ce que
j'en ay faict a esté plus pour asseurer et acco-
moder les affaires de vostre maison que pour
affaire que j'aye de vendre ou aliéner lesdictz
biens, lesquelz, si je vous avoys laissés pour
le pris de vostre offre, ne seroient pas assez
asseurez pour vous, et il auroit danger qu'après
ma mort ceulx qui seront auprès de mes
enffans feussent bien avses de les persuader
d'y revenir; et soubs ceste legière occasion en
faire naistre une plus grande, comme j'ay plus
au long dict à vostre ambassadeur pour le
vous faire entendre de ma part. Partant, si
vous avez volonté d'y entendre, comme vous
m'avez tousjours mandé, il est bien nécessaire
que vous estendiez en plus haulte et raiso-
nable somme que celle qui est portée par
vostredicte offre, comme j'escriplz plus au
long audict Bruet, pour le vous faire entendre
| de ma part; sur lequel me remectant du
surplus, je feray fin à la présente, priant
Dieu, mon cousin, vous tenir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Paris, le xiiii" jour d'octobre
1572.
Vostre bonne cousine,
Cateri.ie.
1572. — ■ ai octobre.
Orig. Bibl. nal. fond* franrais, nQ 3i84, P* 99.
A MON CODSIM
MONSIEUR DE DAMYILLE.
Mon cousin, j'av receu voz lettres du vu'"
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
137
de ce moys apportées par le président Marrone,
lequel m'a oultre le contenu d'icelles faict en-
tendre tout ce dont vous luy avez donne'
charge. Depuis j'ay aussi receu les autres
voslres du xiiicme ensuivant, lesquelles j'ay
toutes veues avecques celles du Roy monsieur
mon filz, lequel vous fait présentement si
bonne et ample responce à tout, que ce ne
seroit que redicte vous en faire cy autre dis-
cours; par quoy, me remeclant là dessus, je
supplierav le Créateur vous avoir, mon cou-
sin, en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xxieme jour d'octobre
1572.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — a3 octobre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Mothe-Fênelon ,
t. VII. p. 375.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monteur de la Mothe Fénelon, attendant
que Ton vous face responce à trois ou quatre
dépesches que nous avons receues de vous et
dont la dernière est du xvniome de ce moys,
qui m'a esté apportée présentement, je vous
ay bien vouleu advertir de la réception
d'icelles et comme l'ambassadeur d'Angleterre
vint hier parler à moy sur trois y.oinctz, qui
avoient esté par vous proposés à la royne sa
maistresse.
Le premier, c'est l'entrevue en l'isle de
Gersav ou de Guernesay au xx de ce mois,
m'alléguant les mesmes raisons et difficultés
contenues tant en vostre lettre qu'en la res-
ponce que ceux du conseil vous ont baillée par
escript de sa part.
Sur quoy je lui respondis que ce que j'en
avois ainsy advisé estoit , pensant que ce fust
le plus commode, d'autant que l'on m'avoit
Catherine de Médicis. — iv.
dict que l'entreveue ne se pouvoit faire sur la
mer, et qu'il estoit meilleur de la faire en
terre ferme, et qu'il me sembloit que je ne
pouvois choisir lieu plus à propos que celluy-
là, estant lesdictes isles à elle, comme elles
sont; et, pour le reguard du jour, que ce que
j'en avois mandé estoit, pensant que la royne
ma fille se deust accoucher plus tost qu'elle
n'a faict, et, cependant qu'elle eust esté en ses
couches, je désirois de faire ce voyage et la-
dicte entreveue.
Le second est d'envoyer icy le conte de
Leicestre ou Milord grand trésorier1 pour visi-
ter la royne madicte fille en ses couches; qu'il
pensoit que ce avoit esté fait en intention de
tenir à batesme pour elle l'enfant que Dieu
donnera au Roy monsieur mon fils, et qu'elle,
n'estant point de nostre religion, n'y pouvoit
assister.
Je luy dis, sur ce, que l'on n'avoit point
pensé encore de faire élection des compères
ou commères, jusques à ce que la reine
madicte fille sera accouchée; ains seulement
pour le désir que nous avions qu'elle, en-
voyant sur ce prétexte quelcun des grands
devers nous, nous puissions conférer avec
telle confiance avec luy, comme si c'estoit
avec sa personne propre, et qu'elle se peust
asseurer que cella ne tend à aultre fin que
pour l'entreténement de nostre amitié, et luy
faire entendre nous-mesmes particulièrement
plusieurs choses pour cest effect, et que le
roy Edouard, qui estoit de mesme religiou
qu'elle, avoit bien tenu sur les fonts mon fil/,
le duc d'Anjou.
Là dessus je désire que, soubs main et plu s
dextrement que vous pourrez , et sans en par-
ler de la part du Roy monsieur mon filz ny
de la mienne, vous sçachiez son intention, si,
Cecil
18
ivi'niutnii ittriorNALi,.
138
LETTRES DE CATHERINE DE MED1GIS.
la priant d'estre commère, elle ne le vouldra
pas accepter, et m'en advertir incontinent que
vous en aurez peu sçavoir sa volonté.
Le troisième de renouveller le traité qui a
esté dernièrement faict entre nous par nou-
veau serment, voyant les choses qui s'esloient
passées despuis en ce royaume, ce que nous
lui avons accordé, selon qu'il seroit advizé
devoir estre faict; mais ayant veu dcspuis,
par leur responce comme elle dicl qu'il n'y a
pas occasion de ce faire de sa part, il n'en y
a poinct aussy de celle du Roy mondict sieur
et filz, d'autant qu'il n'a esté rien faict contre
elle et ses subjetz, et ne luy a esté donné
aucune occasion de penser que nous veuillions
aucunement enfreindre nostre traicté, et la
promesse et serment que nous avons faict,
et si le Roy a esté contrainct de chastier ses
subjectz rebelles, et qui avoient conspiré
contre sa personne et son Estât, cela ne lui
touche aucunement. Et, pour ce qu'ils disent
que, voyant les meurtres qui ont esté faiclz
en plusieurs villes de ce royaume par les ca-
tholiques contre les huguenots, ils ne se
peuvent asseurer de l'intention et volonté du
Roy qu'ils n'en voyeut quelque punition et jus-
tice, et ses ecdits mieux observés, elle con-
noistra bientost que ce qui est advenu es autres
lieux que en ceste ville a esté entièrement
contre la volonté du Roy mondict sieur et
fils, lequel a délibéré d'en faire l'aire telle
pugnition et y eslablir bientost un si bon
ordre que un chascun cognoistra quelle a esté
en cet endroict son intention.
Ledict ambassadeur m'a parlé aussy du
peu de seureté que les marchands anglois
avoient, à présent, pour leur commerce, tant
à la Rochelle que es autres ports et havres de
ce royaume.
A quoy je l'ai asseuré qu'il y sera pourveu
dedans peu de jours de telle façon qu'elle aura
occasion d'en demeurer contente et satisfaicte,
dont vous serez bientost adverty pour le leur
faire entendre, aussy que nous avions sceu
qu'elle avoil retiré en ses ports et havres un
pirate liançois, qui commettait plusieurs pi-
rateries et larcins, que je le priois de mander
à la royne, sa inaistresse, qu'elle le chassast
et ne permist plus qu'il feust; afin que, tant
de leur costé que du nostre, Hz ne l'eussent
plus receus ni favorisés en noz ports et havres;
priant Dieu, Monsieur de Lamothe, vous avoir
en sa garde.
Escript à Paris, le xxiirno jour d'octobre
1572.
Caterine.
PlNART.
1572. — 38 octobre.
Imprimé par 11- père Theiner, dans la continuation
il<*s Annales ecclésiastiques.
A MON COUSIN
LE CARDINAL IRS1N '.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
craignant vous voir en trop grande incommo-
dité à le venir trouver, se la saison de l'hiver
prochain s'avance davantage, il a advisé en-
voyer devers vous ce courrier exprès avec ses
letres'- pour vous advertir que. lorsque voslre
1 II était venu en qualité de légat et depuis les pre-
miers jours d'octobre il attendait à Avignon que le Roi
lui fit savoir s'il voulait oui ou non le recevoir. (Voir Né-
gociations avec la Toscane, t. III, p. 8'ii.)
2 Ferais avait écrit au Roi le 1 1 septembre précédent:
ttLa dernière dépesche faite aura amplement averti Vostre
Majesté de l'élection que Nostre Saint Père a faict du car-
dinal L'rsin pour l'emoier légat en France, et les points
principaulx de sa légation sont pour persuader Votre
Majesté par tous moiens possibles d'entrer en la ligue
contre le Turcq et de faire les offres grans pour icelle ou
pour Monseigneur le duc d'Anjou des couquestes que par
ladicte ligue se pouvoient faire, mesme d'estre chef de
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
139
commodité le pointera, vous pourrez bien
vous encheminer par deçà, asseuré que tant
pour la révérence qu'il porle à Nostre Saint
Père que pour vostre respect particulier, qui
avez tousjours i'aict démonstration de singu-
lière affection au bien de ses affaires, et aura
aultant agréable vostre arrivée que d'aucun
autre qui se pourroit présenter, priant sur ce
le Créateur, mon cousin, vous avoir en sa
saincte garde.
Escript à Paris, le xxv"'nc jour d'octobre
1D™2.
Catebine.
1572. — 3o octobre.
Aut. Arch. nat. collect. Simoncas. K i5a8. n° 65.
A M" MON FILS LE ROY CATOLIQLE.
Monsieur mon filz, je n'é voleu fallir de
avertyr Vostre Majesté cornent, Dieu mersis,
la royne vostre seur avst acoucbaye d'une
belle fille et en trè bonne santé, grases à
Dieu , toute deus ; et encore que eusyons désiré
un fils, puisqu'il a pieu vusiu à Dieu nous vo-
lons panser qu'il la fayst pour quelque bonne
aucasion qui poura quelque jour niieu servir
que à présant ne le povons conoystre et avs-
l'armée que pour ce seroit dressée par terre, et don Jelian
d'Autriche chef de la navaile, et vous diray en passant,
Sire, que je respondis à quelque cardinal qui m'en parla
qu ? ce seroit beaucoup si .Monseigneur vouloit prendre la
charge de toutes les deux, et qu'il falloit bien parler d'autre
façon et faire d'aultres offres avant que (comme il me sem-
bloit) Vostre Majesté voulust quicter et laysser perdre les
corumoditez que le traflicque du Levant apporloit en vostre
royaume , oultre les aultres commoditez que apporte quant
à soy la paix qu'a esté curieusement observée jusques icy
entie le feu Roy Françoys le grand vostre ayeul. et
le Turcq et davantage la despenee en laquelle Vostre
Majesté seroit contraincte d'entrer. La principale charge
que j'ay découverte que a mondict seigneur le cardinal
L'rsin c'est de pouvoir pénétrer et s'asseurer par toutes
les voyes desquelles il se pourra adviser que Vostre Ma-
jesté ne veuille rien commencer du cousté des Flandres
contre le Roy Catholicque; mais la nouvelle leur arriva
le deuxième jour du présent (septembre) par ung cour-
rier qui estoit dépesché secrètement de Lyon par un
nommé Danes, secrétaire de M. de Mandelot, adressant
sa lettre à un commandeur de Saint Anthoine nommé
M. de Jou. Il luy manda qu'il allast adverlir ie pape pour
en avoir quelque présent ou bienfait de la mort de tous
les chefs de ceulx de la religion prétendue réformée, et
de tous les hugnenolz de France et que Vostre Majesté
avoit mandé et commandé à tous ses gouverneurs de se
saisir de tous iceulx huguenols en leurs gouvernements.
Cesle nouvelle apporta si grand contentement à Sa Sainteté
que, sans ce que je luy remoiistray lors, me trouvant
sur le heu, en présence de M. le cardinal de Lorraine,
qu'elle devoit attendre ce que Sa Majesté me manderoit
et ce que son nonce lui escriroit, elle en vouloit inconti-
nent faire des feux de joye et troys jours après, que fust
le cinquiesme de cedict moys, mon neveu de Beauville
m'aniva et quasi en mesme temps ou deux heures avant
ung courrier que le seigneur nonce Salviati avoit aussi dé-
pesché, ayans tous deux apporté la certitude et comment
toutes ces choses étoient passées; et de bonne fortune le
pape voulut tenir ce malin (comme il feist) consistoire
pour la création et cérémonie de mondict sieur le légat
Ursin et au sortir de là incontinant Sa Sainteté avec tout
le colleyge de MM. les cardinaux s'en allèrent faire chan-
ter le Te Dmm en sa chapelle au palais Saint Marc où il
est à présent logé, et, le mesme jour, après disner, j'euz
audience avec mon neveu de Beauville, lequel, après lui
avoir présenté sa lectre de créance, Sadicte Sainteté, en-
çores qu'elle eust entendu le tout bien particulièrement par
ledict advis que lui en avoit esté donné par son nonce ,
ensemble par ce que M. le cardinal de Lorraine lui avoit par
le menu et bien au long conté, lequel en eust infiniz pa-
quets au mesme instant, elle feust merveilleusement ayse
d'entendre le discours que mon neveu de Beauville luy en
feist, lequel, après luy avoir conté le susdict affaire, sup-
plia Sa Saincteté, suyvant la charge expresse qu'il avoit
de Vostre Majesté de vouloir concéder pour le fruict de
ceste allégresse que la dispense du mariage des roy et
royne de Navarre fust datée de quelques jours avant que
les nopees en fussent faictes, ensemble absolution pour
MM. les cardinaulx de Bourbon et de Rambouillet et poin-
tons autres évesques qui y avoient assisté. Il nous lit pour
réponse qu'il v adviseroit et que, à la première au-
dience, il me diroit ce qu'il en vouldroit ou pourroit
faire. i (Bibl. nat., fonds français, n° 160/10, p. 191.)
1/(0
LETTP.ES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
péron que, ayent commencé enn avoyr, qui
nous fayré la grase de lui voyr et fils el lîllc
en quantité lieule qu'il pouronl servir au
bien et repos de ja cre'tienté et à meyntenir
et renovéler les alienses et amitié entre Voslre
Majesté et sete coronne, cet que je prie à
Dieu que puise tousjour aystre si bien conti-
nuée et reconfirmée que de la vie de nos en-
fans ne puision voyr le contrère; à quoy, tent
(jue je vivre, en cet que auré de moyen, con-
I incuré les aulises que j'é acoteumé de 1ère
et que je panseré y povoyr servir, qui seré
l'endroyt au je finiré la présante, prient Dieu
donner hà Vostre Majesté cet qu'elle désire.
De Paris, cet xxxem0 d'octobre 1579.
Vostre bonne mère et seur,
Caterine.
1572. — 3o octobre.
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K i5a8, n'1 lïo.
A MADAME MA FILLE
LA ROY1NE D'ESPAGNE.
Madame ma fdle, pour le plésir que je say
que Vostre Majesté recevera d'entendre que la
ioyne sa seur set porte bien depuis avoyr
t'est une belle fille, encore que l'ambasadeur
lui enn aye dist les premières novelles, que
pour aystre auprès d'elle n'é peu moy mesme
l'i enn escripre; asteure je n'é voleu t'allir
par la présante l'aseurer de sa bonne sauté et
délia fille, laquele je veuls ayspérer avslre
naye pour servir quelque jour à conserver la
pays et amitié entre nous et vous, cet que je
prie à Dieu qu'i lui en Case la grase , et douint
h à Vostre Majesté et alla royne sa seur lent
de lils et tilles qu'il servet à conserver le repos
et union de toute la cre'tienté.
De Paris , cet x\x°" jour d'octobre 1572.
Vostre bonne seur et mère,
(utérine.
1572. — 1" novembre.
.Minute. IJibl. nat. fonds français, n° îGioû. f1 j36 V .
A MONSIEUR DE SAINT-GOUARD.
Monsieur de Saint Gouart, j'escripts par ce
porteur, qui est à moy, au Iloy Catholique mon
bcau-filz; je vous prie que vous luy baillez
ma lettre et l'asiez pareil office, en mon nom,
sur la nativité de ma pelite-fille, comme vous
le ferez pour le Roy monsieur mon filz1; vous
luy ferez vcoir aussi mes petites-filles, aus-
quelles je luy ay commandé dire de noz nou-
velles et me rapporter des leurs pour m'en
rendre compte à son retour, remectant le sur-
plus surledict Lonlée.
1572. — 1 1 novembre.
Orig. Bihl. nat. tonds français, n° 3i8/i, f° 19.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, ayant en longue main connu
le sr de Moncal, conseiller et advocat général
du Roy monsieur mon filz au grand conseil,
fort affectionné à son service, s'estant tousjours
bien el tidellement employé es charges qui
lui ont esté commises, et comme personne
digne de quelque affaire de grande importance,
mondicl sieur et filz et moy l'avons eboisy pour
ce qu'il vous dira de nostre part, dont je vous
prie le croire comme feriez nous-mesmes et
faire tout ce qu'il vous sera possible, selon la
parfaicle confiance que nous en avons en vous,
afin que avec vostre saige conduicle, prudence
et dextérité le fruict qui est espéré de sou
voyaige puisse réuscir au bien des affaires de
mondicl sieur et filz, ainsy qu'il vous en escripl ;
1 La lettre du lîoi précède celle-ci : après avoir
annoncé la naissance de sa fille, il entre dans quelques
détails sur la situation du royaume el sur la détermination
qu'il a prise d'assiéger la Rochelle. i/W. , f a35.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
141
àquoynieremeclant,je prie Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, ce xiejour de novembre 1672.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1572. — i3 novembre.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° ia;, f° 157.
A MONSIEUR DE LA FONTAINE.
Monsieur de la Fontaine, vous n'eussiez plus
conformément à l'infraction du Roy monsieur
mon filz ' taire entendre aux Seigneurs des
Ligues la cause de ce qui advint le jour de
Saint-Barthe'lemy en ceste ville, et ce que vous
en avez escript par vos lettres du jour du dernier
passe', par lesquelles nous avons veu les bons
moyens que vous avez tenus pour les éclairsir
de la ve'rité de ce faict, dont le Roy monsieur
mon filz est fort content, ainsy que vous verrez
par ses lettres, auxquelles je n'adjousteray rien
davantage; mais seulement vous prieray de
1 Charles IX dans sa lettre, après lui avoir exprimé
son contentement de ce que les explications qu'il a don-
nées pour éclaircir la vérité du fait de la Sainl-Barlliélemy
sont conformes à ses intentions, ajoutait : trEn laschant
la main à ce qui s'est passé en cela, je n'ai fait que pré-
venir la malheureuse et damnable conspiration du feu
admirai et, en ce faisant, me garantir, la Royne madame
ma mère, mes frères et mes bons et loyaus subjeetz du
péril où nous estions et dout nous touchions à la veille;
et, cela bien entendu, Iesdicts Seigneurs des Ligues, je
m'asseure, loueront et approuveront ce que j'y ay laissé
faire, et n'aliéneront en ceste occasion les bonnes et an-
ciennes volontez qu'ils ont eu en monendroict, quelques
faux bruicts et menées que facent ceulx qui sont enne-
mis de ma couronne et de la réputation de mes affaires;
à quoy je vous prie tenir la main sur tous les services
que désirez jamais me faire, asseurant toujours Iesdicts
Seigneurs des Ligues de ma bonne affection envers eulx
et leur grandeur et conservation, et que je ne feray rien
contre fentreténement et observation des traitez et allian-
ces que nous avons ensemble, comme je ne croiray ja-
mais que, de leur part, y veuillent en façon du monde y
conlrevenir.il (Même volume, f i56 v°.)
suivre en tout et partout son intention, priant
Dieu vous avoir en sa sainte garde.
Du xme novembre 1573.
1572. — ii novembre.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert . n° 627, f 108 v1.
A MONSIEUR DE GRANTRYE.
Monsieur de Grantrve, ce que vous avez
faict entendre aux Seigneurs des Ligues pour ce
qui advint en ceste ville est conforme à l'inten-
tion du Roy monsieur mon fils , ainsi que nous
avons veu par vos lettres du jour
du dernier passe'; dont le Roy est très satis-
faict, comme celles qu'il vous escril, ausqueiles
je n'ay autre chose à adjouster sinon vous prier
suivre en tout el partout sadicle intention.
1572. — 18 novembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n1 3901, f' 5o,.
AU MARESCHAL DAMVILLE.
Mon cousin, le srde Lombes que vous avez
de'pesche' devers le Roy monsieur mon filz a
très bien sceu représenter l'estat et disposition
des affaires de delà suivant la charge que luy
en aviez baillée, oultre ce qui en estoit porté
par son instruction, sur laquelle vous est faite
la response que vous verrez par la lettre que
le Roy mondiet sieur et fils vous escript pré-
sentement, vous envoyant par mesme moyen
les povoirs et autres expéditions nécessaires
pour luy faire ung bon service, comme il s'as-
seure que vous n'y oublierez aucune chose, me
remectant sur le contenu de sa lettre pour ne
vous faire cestecy plus longue, priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le xvmc jour de novem-
bre 1572.
Voslre bonne cousine,
Cateri\k.
142
LETTRES DE CATHERINE DE MEDFCIS.
1572. — 18 novembre.
Orift. Archives îles Mi'ilicis.
AU GRAND DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, je ferois lorl à moy-mesme et
à l'amitié que je vous porte si je ne vous les-
moignois par la présente l'affection que j'ai
connu avoir à vostre service et entérinement
de nostre amitié à l'abbé Petrucci, présent por-
teur, tant qu'ii a esté icy vostre ambassadeur,
et iuy, vous connoissant fidelle et affectionné
à ia conservation du repos de ce royaume, je
n'ai voulu faillir lui dire ce que j'eusse fait à
\ousmesme, m'asseurant qu'il vous le rappor-
tera lîdellement, ce qui me fait vous prier le
croire comme moi-mesme et lui faire connoistre
par effect que avez agréables les services qu'il
vous a faicts icy, et je réputerai tout ce que luy
ferez comme à moi-mesme ; et feray fin, priant
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
Je vous prie que Bruet1 soit dépesché au
plus tost, et selon ce que je m'asseure ferez
pour la raison.
Vostre bonne cousine,
Catebine.
1572. — 18 novambre.
Orig. liibl. nat. Cinq cents Colbert, 0° ûoo *.
A MONSIEUR DE SCHOMRERG.
Monsieur de Chambert, nous avons fort
grand contentement de la façon de laquelle
vous vous estes comporté envers mon cousin
le duc de Saxe et du debvoir que vous avez
faicl de luy faire entendre au vray, à son retour
de Dannemarck , les choses qui sont passées de
deçà, pour luy osier les impressions que ceulx
1 Envoyé à Florence pour le règlement de ses propies
affaires.
5 Volume sans pagination.
qui sont envieulx de la prospérité des affaires
du Roy monsieur mon filz et qui craignent
sa grandeur et veullent empescher l'advé-
nement de mon filz le duc d'Anjou luy ont
fa i et imprimer en la teste et faict courir ces
l'aul.x. bruietz par l'Allemaigne. Bientost, après
la dépesché que nous en avez faicte, vous
aurez eu celle que nous vous avons envoyée par
vostre pelit homme, qui est si ample qu'il ne
s'y peult rien adjouster par'ceste-cy, sinon ce
que verrez par les lettres du Roy mondicl sieur
et filz et de mon filz d'Anjou, ausquelles me
remectant, vous priray seullement par ceste-
cy que, quelque chose qui se dye de delà,
vous continuez tousjours à persuader la vérité
(comme elle vous a esté escripte)1, lever et
1 Charles IX ajoutait: «Monsieur de Schorobcrt, je
receuz hier soir seulement la lettre que m'avez escriple
le u de ce mois et ay veu bien amplement par icelle
comme vous vous esles fort bien comporté à l'endroict de
mon cousin le duc de Saxe, comme il a remis et donné
charge au docteur Craco de nous oyr, les propos et ré-
pliques véritables que vous avez tenuz et la froide res-
ponse qu'ayez enfin eue pour le faict de vostre négocia-
tion, combien qu'espériez et veoiyez bien que le temps
racommodera le tout, dont je seray très aise, ainsy que
vous avez veu par la bien ample despesche dernière que
je vous ay faicte par vostre petit homme, sur laquelle
vous aurez eu encores occasion de demander audience
audirt duc, que, j'estime, il vous aura vohinliers accor-
dée, et que, aiant entendu de vous ce que je vous ay es-
cript pour luy dire, qui est sincère et vraye vérité, qu'il
se sera beaucoup modéré et beaucoup mieulx édillié qu'il
n'estoit. J'espère aussy que vous serez allé devers mon
cousin le Lansorave qui ne se sera pas rendu si difficile
à oyr comme les choses sont passées de deçà et à en rece-
voir et croire la vérité, comme je vous ay mandé, mais
qu'il y ndjoustera foy et continuera à tenir toujours la main
au bon effect de vostre négociation de la bonne mesnie et
vraye affection qu'il a acroustiimé, dont il ne sera jamais
que je n'aye souvenance. Je m'asseure aussy que vbtn
avez veu mon cousin le comte Palatin et le duc Casimir,
et vous n'aurez non plus rien oublié envers eulx, ny aassj
à faire entendre aux autres princes cl seigneurs à qui
: vous aurez parlé ou escript la vérité de toutes choses, ce
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1A3
osier pour le mieulx les oppinions que pour-
roient avoir conceues les princes de delà sur ces
faulx bruictz et escriptz que Ton a faict semer,
et faire en sorte que vostre négociation puisse
reuscir au bien du service du Roy mondict
sieur et filz, ainsy que nous désirons l'honneur
et grandeur de mondict Glz le duc d'Anjou, et
vous asseurer que jamais labeur de bon et
affectionné serviteur, comme vous estes, ne fut
mieulx recogneu qu'il sera en vostre endroict,
que je m'asseure, qu'ilz trouveront véritable et que les
mauvais bruictz que l'on a faict courir par l'AUemaigne
et ailleurs pour exprimer aux princes protestants des
menteries sur les choses qui sont advenues en ce royanlme
et les délibérations et intelligences que lesdicts bruictz
disoient que nous avions et avons encores le Roy Catho-
lique et moy, se trouveront aussy du tout faulx et con-
traires à la vérité, comme aussi fera-t-on en ce que me
mandez que l'on dict quej'envoye secours au duc d'Albe
par mon cousin le duc de Guyse que chascun sçait qu'il
est en son gouvernement de Champaigne , et vous puis
asseurer que ce sont toutes impostures et menteries que
font semer ceulx qui craignent que l'amitié de cesditz
princes et moy soit bonne et ferme.?) (Même volume.)
Cette lettre nous donne occasion de faire connaître
celle que M. de Grantrie adressa à la Reine, le 19 sep-
tembre 1572, et dans laquelle il ne lui cache pas
l'impression causée en Suisse par la Saint- Barthé-
lémy :
«Madame, j'ay receu le xvui'°" de ce moys la dépesche
de Voz Majestés avec l'extraict qu'il leur a pieu m'en-
voyer, où est de plus déclairéet mieulx narré l'accident,
et descouverte la malheureuse et fault dire exécrable en-
treprise des meschans qui avoient conspiré contre le Roy,
vous Madame, Messeigneurs vos enfants et le roy de Na-
varre, ausquels, s'il eust esté possible leur donner mille
fois la mort cruelle, l'on ne Iïs eust suffisamment sceu
pugnir; à quoy, comme est le debvoir d'un fidèle ser-
viteur je n'oublieray riens à en faire remonstrance pour
le besoing que je sçay qu'il en est et le diray de telle
façon que, au lieu où il a pieu à Voz Majestez me constituer,
ung aultre ne fera mieulx; mais, Madame, j'ay bien
voullu faire ceste dépesche seullement à Vostre Majesté
pour vous remonstrer en toute humilité les deux conlra-
rietez où Voz Majestez nous ont peu mettre par leurs dépes-
ches du xv.1111 du passé et celle de maintenant. Alors, saiche
Vostre Majesté, qu'il vint nouvellesde toutes pars à tous les
cantons protestans d'une vespertine donnée à tous les hu-
;;u"notz par tout le royaume et que mesmes l'on n'avoit pas
perdonné aux femmes et enffans, crians si hault et avec
tant d'exécrations que je ne l'oseray jamais cscripre. Brief ,
Madame, ils disoient que c'estoit une délibération et ré-
solution que Voslre Majesté, Monseigneur avec Messieurs
de Guise avoient machinée il y a longtemps, exemptant
le Roy de cella , et que Vostre Majesté avoit estably les
nopces du roy de Navarre avec Madame pour mieulx at-
1 rapper ceulx là et que l'on veoit bien en ung mesme temps
ce que le sr Strozzi a faict à la Rochelle, faignant aller
aux Indes, ce qui s'est exécuté à Orléans, à Metz, à Lyon
et autres lieux que, pour éviter prolixité, je tairay.
Cecy, Madame, arriva encore plus tost que la despesche
du Roy du mm. Je congneuz bien soudain qu'il n'esloit
pas le service de Voz Majestez la publier ainsy, car encores
aux Grisons, quisontdelàlesmontz,Enguedine, Voltolme,
val de Bergailles, ilz avoient nouvelles par lettres escriptes
du c'" Jehan d'Anguzolles et de Millan autrement. Voylà
en quoy je me trouvois doubter. Je rendray bon compte et
en brief comme je y auray proceddé, car j'envoye le tru-
chement de Voz Majestez et autres fidelles serviteurs par
les communes faire bien entendre cecy avec l'honneur et
répputation de Vos Majestez que meschans et poultrons
prédicans blasment, appellent tout baidt Vozdictes Ma-
jestez manqueurs et infracteurs de vostre édict et foy
promise, et pis; qui me donnerait cent morts ne me ferait
plus de mal, oyant cella. Au reste je supplie Voz Majestez
croire qu'il ne sera hors de propoz faire exprimer une
apologie où tout le succez de tout cecy fut bien discouru ,
faire mention de quelques uns de la religion qui auraient
ouy ces malheureux conseilz, avec aussi les confessions
de ces secrétaires du feu admirai etautresprisonniersque
Voz Majestez tiennent, pour cela estre publié par loule
l'Allemaigne icy et autre part.
rrCependanl ne serait mauvais escripre à ceulx-ci connue
\ uz Majestez n'ont jamais entendu ny ne veullent rompre
leur édict de paciffication, ny aussy faire entretenir leurs
marchans à Lyon, comme vostre gouverneur de Lyon a
faict, que cella a esté sans voz intentions et voluntez.
Ledict gouverneur, estant galant homme, s'ensçaura bieu
purger sur quelque autre raison, qui l'aura meu de le
faire, pour esviter qu'il ne vienne sédition. Je ne veulx
oublyer advertir Vostre Majesté comme il est arrivé une
grande infinité de François à Basle et Strasbourg, qui
ont publyé une grande partie de ces impostures.» (Cinq
cents Colhert, n° 427, f 1 55. )
144 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
priant Dieu, Monsieur de Schombert, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, ce xvin'"'1 novembre 1672.
Caterine.
PlNART.
1572. — 19 novembre.
Imprimé dans la continuation des Annales ecclésiastiques de Baronius,
t. I , p. 337.
\ NOTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Saint Père, envoyent Je Roy mon fils
le sieur de Ramboullet, capitayne de sa guarde
et de son conseil, vers Vostre Sainteté pour lui
fayre l'aubédiense, corne très afectioné fils
de l'église et de Vostre Sainteté' et prinse très
crétien, corne ses ayfects le monstret, et con-
tineuant toute sainte chause, que me reut si
i-ontente de voyr que Dieu m'a fayst la grase
parmi tent de mauvèse religion en son bas
eage lavoyr tèlement nouri que, le voyent
home, je le voy tant aseuré et afeclione' en
nostre religion qu'il rent un le'moynage par
sa vie et action de la noriteure que je ay
donne'e, et fect que les caloniateurs ont perdu
leurs pênes et se sont fest conoystre tieuls
que je m'aseure Vostre Sainteté n'i avoir plus
de foys à leur dire, cet que je lui suplie et
de croyre que la vie de mes enfans, que je
creyn plus que la miene, ne m'est si chère que
m'est l'honneur de Dieu et la conservation de
nostre religion catolique romayne, corne je l'é
montré par efest là l'i ayent bazardée an ba-
talles et gueres qui ont ayté en set royaume,
corne Vostre Sainteté et tou le monde ha seu
el veu; et m'asurent que Vostre Sainteté me
favra cet bien de n'an doucter jeamès plus,
je ne luy en dire davantage , et'aveque cete con-
fiense en tout cet que je désireré dorénavent
et iairéce propos pour remersier Vostre Sain-
teté de la dispanse qu'elle a henvoyée pour mes
enfans roy et royne de Navarre, l'asurent aussi
que tou deus ne forlireront poynt délia volante
de leur mère. Ausi je donne charge audist
sieur de Ramboullet de remersier Vostre Sain-
teté en mon nom et lui dire aucoune chause
que je la suplie crovre, corne elle favroist
moy mesme, que de peur de l'annuier de trop
longue lelre, m'en remet sur sa sufisanse et
fayré fin, bésant lé pié de Vostre Sainteté et
suplieutDieu lui donner aussi longue vie que
la lui désire
Vostre dévote et hobéissante fille,
Caterine.
1572. — 11) novembre.
Orig. signé. Bibl. nat. fonds français , n11 ûiû,3. f* 89.
A MES COUSINS
LES DUCS DE NEVERS
ET MARECIIAL DE TAVANNES.
Mes cousins, sur les nouvelles que Camille
nous a maintenant aportées, nous avons
mon filz et moy, dépesché devers le Roy mon-
sieur mon fils pour les luy faire entendre et
y donner tel ordre qu'il luy plaira. Cependant,
de peur qu'il n'y puisse arriver quelque incon-
vénient, nous vous prions ad\iser tous deux
ensemble à tenir toutes choses en bon repos
et commander pour cest effect tout ce que
vous congnoistrez estre nécessaire. Nous es-
cripvons au premier président et au prévost
des marchandz, qu'attendantz le retour du
Roy monsieur mon filz, ils obéissent et facent
obéyr à tout ce que vous commanderez. Et pour
ce que nous avons oppinion que ce tumulte et
remuement peult venir d'une querelle parti-
culière d'entre Duraz et le jeune Montafvé le
de Vostre Sainteté je y recoureré corne si s'étoyt ! borgne, que l'on nous a dict estre caché dans
pappe Clément mononcle,desainct mémoire, Paris, nous vous prions vous enquérir soi-
LETTRES DE CATH
gneusement où il est, et de luy commander bien
expressément de partir aussitost pour s'en aller
en Pyémont, comme il en a demandé et prins
congé de ce faire, il y a desjà trois ou quatre
jours, pourvoianl au surplus à toutes choses
selon voz expériences et bonnes voluntez au
repoz de ce royaulme ; et sur ce , je prie Dieu ,
mes cousins, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à IVantouillet, ce xixc novem-
bre 1572.
Affin que vous soiez mieulx obéyz, nous
avons présentement dépesché au Roy monsieur
mon filz qu'il commande que l'on vous obéisse ,
nous asseurant qu'il le trouvera bon ainsy, et
«ommes d'advis qu'au lieu d'envoyer Montafyé
en Pvémont, vous l'envoiez au Roy.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Henrv.
1572. — 20 novembre.
Orig. Bibl. oat. fonds français, n° 3a56, f° 66.
• A MES COUSIN
LES CARDINAL DE CREQUY,
DUC DE AEVERS
ET MARESCHAL DE TAVANNES.
Messieurs, vous m'avez faict grand plaisir
d'avoir donné le bon ordre que vous avez mis
en la \ille de Paris sur le fascheux bruit qui
a couru ' : mais pour ce que tel bruit peult beau-
1 Une lettre de Charles IX à M. de Bellièvre, en date
du G décembre, nous donne l'explication de celle de
Catherine : trJe vous diray que, ces jours-cy estant allé
à la chasse du costé de la Brye et la Royne ma mère et
mon frère le duc d'Anjou à Montceaux condnisans ma
sœur la duchesse de Lorraine qui s'en relournoit,
aucunes canailles mal affectionnez au bien et repos de
la paix feirent courir parmy le peuple ung bruict, aussi
tost que je fus party , que je voulois que l'on exterminast
et pillast ceulx qui ont esté de la nouvelle religion eslans
en reste ville, de sorte que sans l'ordre de ceulx de
Catherine de Médicis. — îv.
ERINE DE MÉD1CIS. 145
coup apporter de mal et denouveaulx troubles
en ce royaume, s'il n'y est faict quelque pug-
nition, je vous prye faire toutes les poursuites
et dilligences qu'il vous sera possible pour
sçavoir à la vérité qui est aulteur de ce bruict
et qui l'a semé, comme chose de trop grande
| conséquence, et àquoy je m'asseure que vous
sçaurez bien donner bon ordre, priant Dieu,
Messieurs, vous avoir en sa sainte garde.
Escript à Nantouillet, cexx novembre 1672.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — ai novembre.
Orig. Bibl. oat. fonds français , n° 3a56, f° 70.
A MES COUSINS
LES DUCS DE IVEVERS
ET MARÉCHAL DE TAVANNES.
Mes cousins , j'ai veu par vos lettres le fruict
qu'a apporté dans ce royaume vostre présence
dans la ville de Paris, et le bon ordre et la
bonne police que vous y avez mis pour rompre
les desseings d'une si malheureuse invention,
dont je vous remercye. J'ay envoyé vos lettres
au Roy monsieur mon filz, affin qu'il cognoisse
la peyne que vous prenez à son service et
sçache le repos qui est, par vostre moyen, en
sa bonne ville. Je vous prye de me tenyr souvent
advertye de tout ce qui surviendra, priant aussi
pour fin de lettre Nostre Seigneur vous avoir,
mes cousins, en sa saincte garde.
Escript à Monceaulx, le xxic novembre 1572.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
mon conseil, qui y estoient demeurez, il en feut peull-
estre advenu inconvénient et désordre que ceulx qui font
courir ledict bruict désiroient bien de voir recommencer
pour piller; mais cela fut, grâces à Dieu, bien empes-
clié par l'ordre que y donnèrent ceulx de mon conseil,
et par la recherche que je manday que l'on fist de ceulx
qui avoient faict ce bruict pour en faire punition exem-
plaire." (Bibl. nat., fonds franc., n° i5goa, P 199 v°.)
Kl ril KATIOnALE.
146
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
1572. — 38 novembre.
Aul. Arcli. uat. coHect. Simancas, K i5a8, nn 5a8.
A MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils , s'en retournent le mar-
quis présent porteur1, n'évoleu làllirremersier
par lui Vostre Majesté de la visitation qu'il
nous ha faysle de vostre part et ausi des hon-
neste propos qu'il nous lia tins et nous ha
tent aseuré de cet que ne doutons nulement,
qui est de vostre amitié et honne volunté en
notre endroyl; en quoy Vostre Majesté se peult
aseurer que l'i est telement correspondeue
du Roy mon iils et de nous tous que ne douit
neulemeiit doucter qu'il aye prinse en la
crétienté que la veulle plus conserver et aug-
menter en toute les aucasions qui cet poronl
présanter que nous désirons fayre; et par nos
etfaicts elle en peult aystre si aseurayée que
je ne m'élendré en plus long discours pour
la fayre reconoystre hà Vostre Majesté, et m'en
rcnietré sur ce que ledist marquis lui dire de
nos novelles et fayré lin, prient Dieu donner
hà Vostre Majesté cet qu'elle désire.
De Paris, cet xxviii""" jour de novem-
bre 1572.
Vostre bonne mère et seur,
Caterixe.
1572. — Décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3aai , f° 3l.
A MON COUSIN
LE MARQUIS DE VILLARS.
Mon cousin, je ne vous feray longue lettre
pour ce que je sçay que le Roy monsieur mon
fils vous escript bien amplement et faict en-
tendre le desplaisir que nous avons de veoyr
que n'avez plus de moieu pour emploier les
' Le marquis irAyamont.
forces qu'avez prestes par delà et 1 affection
que vous portez à son service; aussy vous
escript parliculièremeut son intention pour
le regard de l'ordre qu'il veult eslre observé
en ses finances , laquelle, mon cousin , je trouve
sy bonne que je vous prie la faire exécuter,
congnoissant qu'il est très important pour son
service si pour vostre regard particulier, estant
les deniers emploiez par vostre ordonnance.
Il est bien raisonnable que Laville soyt rem-
boursé et recongneu du bon service qu'il a
faict au Roy mondict sieur et fils, mais en
ceste occasion il ne le peult estre; il pourra
bien estre près de vous et estre employé en
autre charge, ainsi que verrez estre à propos,
l'asseurant que nous l'aurons fousjours en
spécialle recommandation; priant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa garde.
Escript à Paris, le jour de décembre
1572.
{De sa main.) Je suis marrye que cet que
m'a dist Villecler de vostre part n'est milleur;
car vous coneslré daventage ma bonne volonté
vers vous.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1572. — 3 décembre.
Orig, Bibl. nat. fonds français, n° i5goa, 1° aa3.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, ayant esté dépesché
en grande haste le courrier qui vous fust der-
nièrement envoyé pour surceoir l'effect de la
levée jusques à ung nioys, je ne vous feiz point
de respouce à vostre lestre du xxc du passé sur
laquelle ce que j'ay à vous dire, c'est que le Roy
monsieur mon fils a receu ung infiny conten-
tement de l'ample dépesché que vous luy avez
faicte dudict xxc et de veoir que, par les saiges
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
147
et prudentes remonstrances que vous avez bien
sceu faire aux sieurs des Ligues, ils ayent esté
grandement adouciz et modérez les ungs et
les autres et se soyent départiz de la journée
leurs ambassadeurs avec une bonne résolution
de vivre tous ensemble en une bonne amitié
et mutuelle intelligence. Au surplus le Roy
mondict sieur et filz a eu grandement agréable
la translation en alleman et impression que
vous avez faict faire des choses par vous dis-
courues aucdicts sieurs des Ligues sur le faict
du feu admirai de Chastillon, affin qu'il soit
publié en Allemagne; en quoy vous n'avez eu
respect que à la singulière affection que vous
avez au bien du service et affaires de mondict
sieur et filz, à laquelle nous sommes bien
asseurez que vous postposerez toutes autres
choses, priant Dieu, Monsieur de BellièvTe,
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Paris, le me jour de décembre
1572.
Caterine.
Bri
1572. — 3 décembre.
Orig. Bibi. nat. fonds français , n° 1090a , f* saa.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, il m'est souvenu
que le sr de Vaucluse, ung des aulmosniers
du Boy monsieur mon filz, est du pays de
Berne et de la maison de Diesbach, qui sont
familles nobles dudict pays, et que ses prédé-
cesseurs se sont monstres affectionnez par le
passé au service des roys comme continue de
faire à présent ledict de Vaucluse, lequel ad ce
que j'ay entendu est homme de bon entende-
ment et bien apparenté tant audict Berne que
autres villes de Suysse; au moyen de quoy
pourrait faire service par delà au Boy mon-
sieur mon filz et vous ayder à vostre négocia-
tion. A ceste cause je vous ay bien voulu faire
la présente pour vous advertir de ce que des-
sus, affin que, si vous congnoissez que ledict
sr de Vaucluse avt moyen de vous ayder en
quelque chose pour le service du Boy mon-
sieur mon fils, que vous l'en requériés et luv
ferez tenir la lettre que je luy escripts pour
cet effect. laquelle vous pourrez veoir, et
par ce que je m'asseure que en cella ny
autres atfaires concernant vostre charge, vous
n'y oublirez aucune chose, je remectrav le
surplus à vostre suffisance, priant Dieu, Mon-
sieur de Bellièvre, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, ce uiemc jour de décembre
1572.
Caterine.
Chantereau.
1572. ■ — h décembre.
Orig. Collection de feu M. Lucas Mootigny.
A MONSIEUR DE RAMBOUILLET.
Monsieur de Bambouillet1, vous verrez par
ceste petite despesche qui vous est présen-
tement faicte, comme le Bov monsieur mon
fils désire que, à votre retour de Borne, vous
passiez par devers mon cousin le duc de
Ferrare, pour vous condouloir, de sa part,
avec mondict cousin de la mort de feue ma
cousine, Madame la duchesse de Ferrare, sa
femme; je vous envoyé aussi une lettre 'pour
moy, afin que vous lui faciez le mesme office
de ma part, dont je m'asseure que vous vous
acquicterez si dextrement qui! congnoistra
combien nous est cher et recommandé ce qui
lui touche, priant sur ce le Créateur, Mon-
sieur de Bambouillet, vous avoir en sa sainctt-
garde.
1 Rambouillet venait d'être remplacé à Rome par M. de
Ferais qui avait longtemps représenté la France dans les
Pays-Bas.
19-
148
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Escript à Paris, ie ivc jour de décembre
1 £170.
GvTERINE.
1572. — 5 décembre.
Minute. HiM. nàt. fonds français, n° 1610/1. f° 309.
\ MONSIEUR DE SA.INTGOUARD.
Monsieur de S1 Gouard, le. marquis d'Aya-
monl m; nous a parle que de ce que vous es-
rripl le Rov monsieur mon fils, comme vous
estimez qu'il debvoit foire; au moyen de quoy
il s'en est retourné hier de mesme et croy qu'ils
veullenl entretenir le monde en espérance
aveques leurs artifices accoustumez, desquelz
nous avons si bonne cognoissance que ilz ne
nous y tromperont. Conduisez-vous y sage-
ment , comme vous avez faict jusques icy, m'ad-
vettissant de tout, afTin que je vous face sçavoir
l'intention du Roy mondict sieur et fdz. Vous
avez sagement faict entendre ce qui vous avoit
esté mandé du duc d'AIbe, de quoy le Roy
mon fdz est très content; il faull persévérer et
estime guères de fby rien de ce qu'ilz pro-
meclent, sinon autant qu'ilz y sont poussez
et conlrainclz. Montaigne est revenu, par le-
quel j'ay esté bien ayse d'entendre des nou-
velles de mes petites-filles ausquelles je ne
manderay pour cesle fois que mon affectueuse
recommandation. Je responds aux lettres
que Catherine de Vera et Bassincourl m'ont
escriples par ledict Montaigne. Je vous prie
de les leur deslivrer en leur recommandant
tousjours de bien et soigneusement servir mes-
dictes filles et m'escrire souvent de leur dis-
position. Je vous envoyé aussi ung mot de
lettre au prince d'Evoly pour respoudre à sa
dernière; je vous prie de luy bailler et l'as-
surer tousjours de ma bonne volonté et le
prier continuer tous bons ollices pour l'cntre-
ténement de l'amitié entre ces deux roys tant
utile et nécessaire pour le bien de la chré-
tienté. Vous verrez ce que dira le sieur
d'Arenberque auquel j'ay faict faire tout fa-
vorable traitement. Ledict duc d'AIbe a envoyé
icy ung sien cousin nommé Antboine de To-
ledo pour se conjouir des couches de la royne
ma fille et je fay faict bien recevoir, comme
je fais tousjours à ceulx qui sont envoyez par
les ministres du Roy Catholicquc mon beau-
fils et aussi comme vous pourrez dire, remec-
tant le surplus sur ce que vous escript le Roy
mondict sieur et filz.
(Au dos.) La Royne à M', de Sainct-Gouart,
le vcme jour de décembre 1 572.
1572. — G décembre.
Oi-ig. Bihl. liai, fonds français. u° l5o03, f* 090.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, le Roy monsieur
mon filz a advisé lever une compagnie de cinq
cens hommes Suisses oultre et pardessus les six
mille qui lui ont jà esté accordez pour les rai-
sons qu'il vous escript par ses lettres, suivant
lesquelles je vous prie vous employer de toute
affection à lui faire accorder ladietc compai-
gnie, qui est pour tenir continuellement à sa
suite et qu'elle soit composée d'hommes de la
sorte qu'il vous escript et les nous envoiez
bien tosl, faisant aussi acheminer, le plus
promptement qu'il vous sera possible, lesdietz
six mille Suisses, comme nous avons mandé
par nostre dernière dépesche et vous ferez
service très agréable au Roy mondict sieur et
filz et à moy aussi , priant Dieu , Monsieur de
Bellièvre, vous avoir en sa sainetc garde.
Escript à Paris, le n' jour de décembre
1 5 7 2 .
Cvterimî.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
149
1572. — 10 décembre.
Imprimé dans la Correspondance diplomatique de La Motlie-Fénelon ,
t. VII, p. 4o3.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe-Fénelon, j'espère,
comme vous, que, s'il y a espérance que la
royne d'Angleterre, ma bonne sœur et cou-
sine, doibve demeurer en amitié' avec nous,
qu'il se verra aisément en l'occasion qui se
présente d'envoyer par deçà pour le baptesme
de ma petite-fille, que je prie Dieu qui soit
occasion de renouer, à bon escient, le propos
du mariage d'elle et de mon fils le duc, qui
en est infiniment serviteur affectionné, et est
devenu grand et fort, de sorte qu'il est tout
homme et ne dispariroit plus, comme elle
craignoit auprès d'elle; car il est fort changé
depuis qu'elle disoit que l'on l'eust pris pour
son filz. Je vous prie, Monsieur de la Mothe,
adviser par tous les bons moyens que pourrez,
remettre si bien ce propos que nous y puissions
voir clair bientost; car, si elle veut espérer
d'avoir des enfans, il est temps de se ré-
souldre à se marier.
Nostre baptesme ne se peust faire qu'un peu
après les Roys, d'autant que M. de Savoye, qui
y viendra en personne, ne saurait estre guère
devant ce temps-là par deçà; et cependant si
vous pouviez remettre ledict propos de ma-
riage, et que celluy qui viendra par deçà pour
cest effect eust quelque charge pour en négo-
cier avec nous, ce serait ung grand bien et
ung grand heur que deux si bonnes œuvres se
poussent faire ensemble. Je vous asseure que
nous ne faudrions pas de vous envoyer moyen
de faire force présens et grâces à ceulx qui
nous y aideront, si nous cognoissons que l'on
y marche de bon pied et franchement.
Je vous prie de faire aussy dextrement que
avez accoustumé ce qui vous est commandé
envers ceulx dos subjeclz du Rov monsieur
mon filz, qui sont par deçà, qu'ilz reçoivent
les honnestes et raisonnables conditions qui
leur sont offertes, et que s'asseurent sur nostre
honneur qu'il ne leur sera faict mal ny dé-
plaisir ez personnes ny biens, et aussv que
Indicte royne n'assiste ceux de la Rochelle.
Vers les susdictz l'on usera toujours de tous les
honnestes et gracieux moyens dont l'on se peut
asseurer pour les attirer à se recognoistre et à
accepter les asseurances qu'il est possible de
désirer de leurs vies et biens et repos à jamais,
se conformant à la volonté du Roy mondict
sieur et filz.
EscriptàParis, le xe jour de décembre 1072.
Caterine.
Pin art.
1572. — 1 1 décembre.
Imprimé par le père Tlieiner dans la coutinuadon des Annales
ecclésiastiques de Barooius, t. 1. p. 344.
A NOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Sainct Père, envoient mon fils le roy
de Navarre ver Vostre Saincteté le sieur de
Duras présant porteur pour lui rendre obéis^
sanse, laquele, corne prince crestien et cato-
lique et fils de l'église, yl veult toute sa vie
porter hà Vostre Saincteté et au Sainct Siège
Aposlolic, je n'é voleu fallir l'acompagner de
la présante pour témonier hà Voslre Saincteté
sa bonne volante et résolution de vivre et
mourir en nostre religion, qui me feyst suplier
Vostre Saincteté volouir resevoyr cete siene
volante et sumission qu'ele luy envoy feyre
avecque tèle démonstralion de l'avoyr agréable
que lui souit de plus en plus aucasion de s'i
confirmer et augmenter sa sainte et bonne
yntantion, et non seulement lui en resevera
contentement, mes nous tous en sentiron
aubligation à Vostre Saincteté et au Sainct
150
Siège, qui sera l'endroyt où priron Dieu
donner lia Vostre Saineteté heureuse et longue
MO.
De Paris, cet xi" jour de décembre 1.573
Vostre dévote et hobéissanle fille,
Gatkrikb.
1572. — la décembre.
Orig. liibl. liât, fonds français, n° 3î35 . f 3.
A MADAME MA TANTE
MADAME LA DUCHESSE DE FERP.ARE.
Madame ma tante, j'ay receu vostre lettre
ilii wvic jour d'octobre avec regret et desplaisir
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
ou deux mois aller résider son ambassadeur
par dellà l, et comme il désire que pour ceste
occasion vous regardiez avec le sieur de la Fon-
laine Gaudard qu'il y demeure encoresjusques
à ce que vostredict frère puisse arriver, ou bien ,
si ledict de la Fontaine estoit déjà party ou
qu'il ne peust retarder son partement, je vous
prie donner si bon ordre aux affaires du Roy
mondict filz par delà qu'elles puissent estre
conduictes en telle sorte en attendant l'arrivée
de vostredict frère qu'il n'y puisse advenir
aucun désordre. Vous verrez aussy ce qui s'est
passé entre nous et le légat de Noslre Sainct
Père le Pappe2, qui me' gardera de vous en
de la mort de feue ma cousine la duchesse de
Ferrare vostre belle-fille l, tant pour la perte
que mon cousin son mary a faicte particuliè-
rement en elle, que pour celle que nous
recepvons tous pour l'absence d'une si bonne
et vertueuse princesse qu'elle estoit, et ne
voullant,depeurdevousenrafraischirrennuy
que vous en avez, en estendre ce propos plus
avant, je feray fin à la présente, me recom-
mandant bien affectueusement à vostre bonne
grâce, et priant Dieu, Madame ma tante,
vous donner en santé bonne et longue vie.
Escript à Paris, le xnc jour de décembre
1572.
Vostre bien bonne niepse,
Catebine.
1572. — 12 décembre.
Orig. Bibl. nat. Tonds français, n° 1690a , f° 262.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, vous verrez par les
lectres que le Roy monsieur mon filz vous
escript comme le sieur président d'Aulteiorl
vostre frère ne penlt encores de six semaines
1 Barbe d'Autriche, fille de l'empereur Ferdinand.
1 «J'avois mandé, écrivait CharlesIX le même jour,au
sieur président d'Aultefort votre frère, qui est près de
mon cousin le marcschal Damville pour le faict et admi-
nistration de la justice se préparer pour aller résider mon
ambassadeur en Suisse au lieu du sieur de la Fontaine
Gaudart, et se rendre, s'il estoit possible, aussy tost ou
peu après vous, et par mesme moyen escrivis audict
mareschal ceste mienne intention; sur quoy il m'a
remonstré et représenté plusieurs occasions pour les-
quelles vostredict frère ne pouvoit encores de six sep-
inaines ou deux mois désemparer le lieu qu'il tient près
de luy, y estant nécessaire pour le bien de mon service.»
(Bibl. nat., fonds français, 11° i5ç)03, p. soi.)
2 C'est CharlesIX qui va nous le dire : s Monsieur de
Bellièvre , le légat Ursin m'a proposé et fort persuadé
par tous les moyens qu'il a peu d'entrer en la ligue
contre le Turc et non contre anltres en aulcune fa-
çon, n'y ayant rien oublié de tous les artifices dont il
s'est peu ayder; mais je suis tousjours demeuré ferme
aux mesmes résolutions que j'ay prinses toutes et quan-
tes fois que l'on m'a mys en avant ce propos, qui
est que je ne cédois d'affection pour le bien de la chres-
tienté à prince qu'il fust au monde; mais que tout bon
jugement pourrait assez congnoislre que je ne debvois
penser à chose quelconque que premièrement je n'eusse
appaisé et mys en repos ce qui estoit encores troublé en
mon royaume, et que tant s'en fault que je voulusse
entendre à aller faire la guerre dehors, qu'au contraire
j'estois bien délibéré et résolu de ne jamais entreprendre
que je ne veisse mes subjecls bien uniz et mon royaume
en toute tranquillité, et oultre cela la parlaicle amitié el
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
151
faire aucune redicte par ceste ey, priant Dieu,
Monsieur de Bellievre, vous avoir ensa saincte
et digne garde.
Eseripl de Paris, le xne jour de décembre
1572.
Caterine.
PlNART.
1572. — 90 décembre.
Orig. Bibl. nat. foods français, n° 13903 , P 269.
A MONSIEUR DE BELLIEVRE.
Monsieur de Bellievre . le Roy monsieur mon
filz a occasion d'estre bien fort resjoy, comme
nous sommes tous, de ce que vous estes arrivé
par delà assez à temps pour vous trouver à ceste
dielle de Baden, pour ce qu'il espère que vostre
présence y servira beaucoup à contenir les
Ligues en bon estât et à en garder que les
deffiances, qui se peuvent avoir esté mises
entre les cantons catholieques et les protes-
tans, il ne s'altère rien, mais le repoz du pays
unyon bien asseurée avecq mes amys et voisins; sur quoy
ledict légat n'a pas failly de replicquer et me repré-
senter tout ce qu'il a peu pour me faire condescendre à
son advis, me requérant de permectre que mon nom
seullemenl y soit employé, si je ne pouvois pour ceste
heure mieux , et que par ce moyen , sans me constituer
en aucuns fraiz, je ne laisserois pas de faire un grand bien
à la chrestienté. Toulesfois je suis demeuré en ma pre-
mière résolution, dont ledict légat monstre, mais c'est
modestement, de n'estre si bien satisfaict en cela, qu'il
espéroit, m'ayant faict dire qu'il vouloit dépescher, comme
il fist deux ou trois jours après, ung courrier à Noslre
Sainct Père et me doublant bien qu'il en vouloit attendre
le retour pour advancer son parlement, je priay la Royne
madame ma mère lui dire, comme elle feist fort à propos,
que ma dernière et finale résolution c'est celle que je lui
ay dicte; il a pour ceste occasion changé de logis et est
allé loger plus loing. Voilà tout ce qui s'est passé depuis
l'arrivée dudict légat. - ( Bibl. nat. , fonds franc. , n° 1 590 2 ,
p. 202.) Voir au sujet des demandes du légat une lettre
de Brulart du 10 janvier à M. de Bellievre. (Même vol.,
P 3ao.)
soit toujours conservé1, qui est ce que nous
désirons singulièrement, priant Dieu, Mou-
sieur de Bellievre. (jtt'rl vous ayt en sa saincle
garde.
Escript à Paris, le xse jour de décembre
1572.
Caterine.
Brulart.
1572. — 22 décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3a54 , f° 44.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, je vous ai cy-devant
escript en faveur de Marguerite Grecque, l'une
de mes femmes de chambre , à laquelle j'ai faict
don de la confiscation du sieur de Lorrailles;
et pour ce que je désire aultant qu'il m'est
possible que ledict Lorrailles soit pris prison-
nier tant pour estre puni et cbastié du fait pour
lequel il est condamné, que pour aussi l'accla-
mation du don que j'ay faict à ladicte Grecqne -
lequel autrement pourroit prendre long traicl.
je vous ai bien voulu escripre la présente pour
vous prier tenir la main de vostre part et faire
en sorte que ledict Lorrailles soit attrapé, affin
que par ce moyen ladicte Grecque puisse bien-
tost jouir et percevoir ce qu'elle a toujours
espéré de ma faveur et libéralité en ces!
endroict, et que ledict Lorrailles soit puny et
chastié de son délit, de façon qu'il en soit
mémoire, et m'asseurant que vous vous y em-
1 Charles IX ajoutait : sJ'ay veu par vostre lectre Les
demandes diverses que les cantons catholicques et les
proleslans prétendent faire les ungs aux autres en la dielle
qui se devoit lenir à Baden le vu' de cedict mois, où il est
aisé à penser qu'il n'y aura pas faulte de plusieurs alter-
cations, desquelles il se peult engendrer beaucoup plus
de mal que de bien parmi les Ligues, si la prudence des
ambassadeurs qui y assisteront n'y supplée pour modérer
les choses de part et d'autre.n ( Bibl. nat. , fonds français .
n° 1 5902 , f° 263.)
\7r2
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
ployerez de bonne volonté et que vous y sçaurez
donnerai bon ordre que je sois salisfaicte, pour
ce regard je ne vous en dirai autre chose; priant
Dieu, Monsieur de Matignon, qu'il vous ait en
sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xxiï jour de décembre
1 5 7 2 .
Caterine.
Chanterf.au.
1 Ô73. — 3 janvier.
Orig. AitIi. nnt. collection Simancas, K i53, n" 28.
A M» MON FILS LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon beau-Clz, ne vous pouvant
escripre de ma main à cause de mon indispo-
sition1, qui vous est tesmoigne'e par Mr le
conte d'Aremberque, dont je vous prye m'cx-
cuser, je ne délaisseray de vous remercier de
la charge que vous avez donnée audict conte,
m'asseurant que vous a\ez receu tel contente-
ment de la grâce que Nostre Seigneur a laite
à la royne ma fille d'estre accouchée sy heu-
reusement, que le requiert l'amitié que vous
portés au père et à la mère. Ledict conte vous
racontera de noz nouvelles, qui me gardera,
avecques le peu de moyen que j'ay de penser
à escripre, l'aire la présente plus longue, si-
non pour prier Dieu, Monsieur mon beau-filz,
1 L'indisposition dont Catherine se plaint fut très
lonoiie. car le a 2 janvier Cliantereau mandait au duc
d'Anjou : - La Royne vostre mère estimant ostre tout hors de
son mal a prins l'air durant un jour ou deulx, et depuis
son mal luy est revenu , tant pour ce qu'elle n'estoit pas
du tout bien guérie et à cause qu'elle s'esloit trop lost
mise à l'air et luy a par deux ou trois jours faict grandes
douleurs, mais à présent, grâces à Dieu, it ne luy en
faict aucun point. Elle ne bouge encores de la chambre
et, combien qu'elle se soyt habillée el coiffée ce malin
elle a néanmoins faict appliquer sur ledict mal ce que
les médecins luy oui ordonné, n (Bibl. de l'Institut, col-
lection Godcfrny, n° 2Ô7.)
vous donner tout le contentement que vous
désirez.
De Paris, ce m de janvier 1 5 7 3 .
Vostre bonne seur et mère,
Caterine.
1573. — 10 janvier.
Orig. Bibl. de l'Institut, collection Godefroy. vol. 257.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, vostre dépesche du
xxxe du passé nous a donné espérance que le
courrier qui vous a esté depesché du xixe vous
arrivera assez à temps pour tenir en suspens
la levée des six mil Suisses suivant ce qui
vous en a esté mandé1, ce qui sera fort à
propos pour le bien du service du Roy mon-
sieur mon fils, auquel je ne croy pas que
peust beaucoup servir l'instance que vous
pourrez faire de faire sortir les enffans de l'ad-
mirai et Dandelot hors de Basle, d'autant que
ce seroit les contraindre de se retirer es terres
du conte Palatin, où ils pourraient prendre
plus mauvaise nourriture que là où ils sont à
ceste heure, de quoy touttefois je \ous prie
d'user ainsi qu'estant sur le lieu vous sçaurez
sagement juger estre à faire pour le mieux et
pour servir à l'intention du Roy mondict sieur
etfilzqui vous est assez cogneue. Au surplus,
Monsieur de Bellièvre, je sçay quelz sont vos
mérites et les grands et dignes services que
vous avez faits au Roy mondict sieur et filz
et à ceste couronne, et vous pouvez asseurer
que je seray tousjours celle qui aydera le plus
voluntiers à vous en faire récompenser, es-
tant bien marrye que en la mort qui est na-
guères advenue du feu cardinal de Ferrare,
' Voir ta lettre de Charles IX à laquelle Catherine
fait allusion dans le ms. 1 5go2 du fonds français, f aa3.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
153
il n'y a eu lieu de vous faire quelque bien,
mais avant son trespas toutes les expéditions
de ses bénéfices avoyent esté faictes en court
de Rome, en suivant la réserve que le Roy
mondict sieur et fils en avoil jà donnée à
mon cousin le cardinal d'Est, vous priant que,
pour cela, vous ne perdiez poinct le courage
de bien servir, mais vous asseurer par moy
que vous ne demeurerez poinct sans estre di-
gnement rerogneu de vosdicts services. Je prie
Dieu, Monsieur de Rellièvre, qu'il' vous ayt
en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xc jour de janvier 1673.
Monsieur de Bellièvre, le cardinal Ursin,
légat de Nostrc Sainct Père, venant prendre
congé de moy, m'a dict qu'il me vouloit par-
ler d'une ebose dont il avoit aussi parlé au
Roy monsieur mon fils, non pas comme en
ayant ebarge de Nostre Sainct Père, mais
comme personne privée, qui est que le Roy
mondict sieur et fils devoit avec toutes les rai-
sons du inonde désirer la destruction de la
ville de Genefve qui a porté un infini dom-
maige à ce royaume et à beaucoup'de lieux de
la chrestienté, et que, s'il vouloit, il y avoit
bien moyen d'exécuter quelque cliose dessus
à ceste heure, et quand il ne le vouldroit
point faire soubs son nom ny à ses despens,
il s'asseuroit qu'en escripvant quelque chose à
Monsieur de Savoye, il s'y employroit fortvo-
luntiers et fournirait aux frais à ce nécessaires
en luy promeclant de les luy rembourser en
une autre saison que noz affaires le pourront
permectre; à quoy le Roy mondict sieur et
fils luy a respondu que son royaume est au-
jourd'huy en tel estât qu'il ne peult penser à
autre chose que à y remectre ung bon et as-
seuré repos; en quoy faisant, il estime faire
aultant de bien et profiîct à toute la chres-
tienté que en autre affaire où il se puisse em-
Catherine DE MÉDICIS. IV.
ployer, estant assez aysé à juger que ung feu
de division qui s'entreiiendroit et nourrirait
en son royaume seroitpouraisémenl s'espandre
es pays de ses voisins et leur porter grand
dommaige. La réponse que je luy ay faicte a
esté toute semblable, vous en ayant bien
voullu donner advis, affin que si d'avanture il
en estoit autrement parlé de delà, et l'on s'en
voullust prévaloir en quelque sorte, vous en
saichiez respondre avec vérité.
Caterine.
BlUJLAHT.
1573. — 12 janvier.
Copie. Bibl. nnt. Cinq cents Colbert, n" 366, p. a8.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, l'on ne vous peut
renvoyer le tondin d'argent que vous m'avez
envoyé de ces perles, parce qu'il ne se re-
trouve. Je serois bien aise si , en donnant
quelque argent, vous pouviez faire apporter
lesdicles perles par deçà, car, si je les avois
veues, selon que je les trouverais, j'y entreroy
plus volontiers; sinon, vous regarderez, puis-
qu'elles appartiennent à diverses personnes,
s'il y aurait moyen les avoir l'une après l'aultre
et séparément; en ce cas, il fauldroit recher-
cher de convenir des plus belles, les pre-
mières; après, peu à peu l'on prendrait les
aultres, et me semble, s'achetant de ceste
manière, qu'elles seront plus aisées à payer.
Si vous en descouvrez de plus belles et à
meilleur prix, vous me ferez très grand plaisir
m'en advertir, et en attendant, empescher
qu'elles ne se vendent ailleurs. Je prie Dieu ,
Monsieur du Ferrier, qu'il vous ait en sa
saincte et digne garde.
Caterine.
De Neufville.
iMPimirrie nationale.
154
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1573. — ta jauvier.
Orig. Bibi. nat. fonds français , n* 3i8£ , f° a3.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
.Mon cousin, par la lettre que le Roy mon-
sieur mon fils vous escript, vous sçaurcz le
parlement de mon fils le duc d'Anjou pour
aller assiéger la Rochelle ', l'ayant seullemeul
\oullu accompaigner de ce mot pour vous
prier avec luy, mon cousin, de faire tout ce
que vous pourrez pour le faire obéir en voslre
gouvernement, et permertre au sieur de Bel-
liè\re partir pour aller en Suisse, ainsi qu'il
vous escript estre très nécessaire pour son
service, priant Dieu, mou cousin, vous avoir
en sa garde.
Escript à Paris, le xne jour de janvier
1073.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — i3 janvier.
Arch. nat. collect. Simancas, K i533, pièce i3.
1 MADAME MA FILLE
LA ROÏNE D ESPAGNE.
Madame ma fille, sachant l'amityé que,
1 Le secrétaire d'Etat Brûlait écrivait le lendemain
à M. de Bellièvre : rVous avez entendu par les der-
nières lettres que je vous ay escriptos le partement de
Monseigneur pour le voyage de la Rochelle; les eaux
sont si grandes par deçà que je crois qu'il sera contraincl
de séjourner on à Orléans ou à Blois, de sorte que je ne
pense pas qu'il y puisse estre plus tost que au x\" du
présent pour le plus tost. Monsieur de Tavannes, qui a
esté bien fort malade, commence à se mieux porter,
mais je ne pense pas qu'il soyt pour se pouvoir achemi-
ner à la Rochelle de plus de troys semaines ou ung
mois. La Royne mère se porte fort bien à ceste heure,
ayant aujourdhuy commencé à sortir.» (Hihl. nat., fonds
français, n° 10902, f° 3a 9.) Cf. une dépêche de Walsin-
gham dans le Calendar of State paper», 1. ">-•'!, p. 229.
aveques toutes aucasions et raysons portiés
alla prinsese vostre seur et tente, n'é voleu
par la présanle fallir de m'en condolouyr
aveques Vostre Majesté, la prient de volouir
monstrer en sesi comme en toutes aultres
chauses sa prudense et set conformer au vo-
louir de Dieu; car nous sommes lous à lui
pour nous prendre, quant yl luiplest, et faull
que Vostre Majesté guarde sa santé et que.
ayent l'heur de voyr en bonne santé le roy
vostre mary et les prinses ses enfants aveques
l'Ampereur et l'Inpératrice, set reseuldra au
reste de set qu'il peult avenir et m'aseurent
qu'ele set mieulx conoystre tout cela que ne
lui en sorés dire, je fayré fin, après avoyr
prié Vostre Majesté de avoyr tousjour pour
recomendé les Infantes ses filles et ausi l'avovr
aseuraye de la bonne santé délia royne sa
seur alla quele je ne désire rien daventage,
pour la voyr bien contente, que un beau fils
dans neuf moys et voldrès qu'ele eult fayst
corne Vostre Majesté qu'ele ann eut deulx
déjea. Se sera quant yl plaira à Dieu, lequel
je prie donner hà Vostre Majesté' bonne sanlé
et cet que désiré.
De Saint-Germayn, ce xiiicjourde jeanvier
i573.
Voslre bonne seur et mère,
Caterine.
1 573. — i3 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° iSgos-, f° 3as.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, vous aurez esté
plus certainement adverty, au lieu où vous
estes, de ce que l'on dict eslre advenu en
Bresse ' que nous ne le sommes iry et toute-
' Le même jour, Charles IX écrivait à M. de Bellièvre :
trJe vous lis hier une dépcsche depuis laquelle j'ay eu
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
J55
fois le Roy monsieur mon GIz en a bien voulu
faire cesle de'pesche, affin que, si on vouloit
dire par delà que cela aist esté exe'cute' par
Monsieur de Savoie avec noslre intelligence et
noslre conseil, vous faictes bien entendre que
tant s'en fault, que nous avons este' fort
esmerveillez d'entendre ceste nouvelle, ainsi
qu'il est véritable, et sur ce je prie Dieu,
Monsieur de Rellièvre, qu'il vous ayt en sa
saincle garde.
Escript à Paris, le xmc jour de janvier
i573.
Caterine.
Brulart.
1573. — i3 janvier.
Orig. Arch. du Valican , France, n° 34 , E 4a3.
A NOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Saint Père, estant à présent l'abbaye
de Clérac ' vacante par l'incapacité de celui
qui la tenoit ci-devant et ayant à icelle le
Roy nostre 1res cher filz nommé à Vostre
Sainteté le chevalier d'Angoulesme grant
advis que mon oncle le duc de Savoye a faict arrester
prisonniers lous ceux de la nouvelle opinion qui estoient
en son pays de Bresse , tant de ses subjectz que d'autres
qui s'y estoient relirez, dont il a fait mourir la pluspart,
de quoy je n'ay encore aucune certitude, et, toutefois,
considérant que, si telle chose estoit ainsi advenue, les
cantons protestans et catholicques pourraient aysément
se persuader, veu ce qui est cy devant advenu en ce
royaume, que ce fust une partie et intelligence faicte
avec moy, je vous veux bien dire que j'ay esté fort es-
tonné quand cest advis m'est venu , pour eslre chose de
laquelle je me doubtois le moins, vous priant de faire
bien entendre que jamais mondict oncle ne m'a com-
municqué de cest affaire et aussi peu receu mon conseil
en ung tel faict, si bien que vous le9 puissiez engarder
de tomber en quelque opinion de moy qui soit contre
la vérité. ti (Bibl. nat., fonds français, n° i5qo3,
P33i.)
1 Clairac dans l'Agenois.
prieur de France1, pour en estre pourvu, nous
avons bien voulu escripre la présente par la-
quelle nous vous supplions tant et si affec-
tueusement que faire pouvons Vostre Sainteté
que son plaisir soit à la nomination dudict
seigneur vouloir pourvoir ledicl chevalier
d'Angoulesme de ladicte abbaye de Clérac et
commander toutes les bulles, promotions
aposloliques et dispenses pour le faire pour-
voir de ladicte abbaye qui lui seront requises
et nécessaires, afin de lui donner meilleur
moyen de recognoistre le labeur et mérite de
plusieurs personnes qui le suivent et ohvier à
une inCnité de faulsetés et surprises qui se
commettent à la promotion des bénéfices col-
latifs appartenons de son abbaye dont il est
à présent et pourra cy-après estre pourveu.
Nous supplions comme dessus tant et si affec-
tueusement que faire pouvons Vostre Sainteté
lui octroyer grâce et induit de pouvoir confé-
rer ces bénéfices six mois après la vacation
d'iceulx advenue, sans qu'il y puisse estre au-
cunement pourveu par autre que par luy, et
vous ferez chose qui nous sera agréable; sur
ce, nous prions Dieu que icelle Vostre Sain-
teté il maintienne longuement nu régime et
gouvernement de nostre sainte Eglise.
Le xme jour de janvier 1673.
Vostre dévote fille, la Royne mère du Roy,
Caterine.
1573. — 17 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n° i5o,oa , f° 346.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, vous avez à ce coup
obtenu des cappitaines ce que jamais autre
auparavant n'avoit faict, dont le Roy mon-
sieur mon filz a avec juste occasion ung infiny
' Fils naturel de Henri 11.
156
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
contentement de vous J, congnoissant de plus
en plus combien vous estes dexlre à mectre à
exécution ses intentions. Vous serez adverty
au plus tosl si nous serons pour avoir besoin
de ladicte levée ou non, ce que en actendant
je vous prie ne vous lasser point de donner
encore quelque temps par delà pour le ser-
vice du Roy mondict sieur et Cl/, qui a une
si grande satisfaction du service que vous luy
avez l'aicl en ce retardement et de la dexle'rité,
peyne et travail que vous y avez employé
que vous ne le sçauiïez désirer davantage
pour rostre contentement, et sur ce je sup-
plie le Créateur qu'il vous ayt en sa saincte
guarde.
Escript à Paris, le xvuc jour de janvier
i573.
Caterine.
Brulart.
1573. — 18 janvier.
Copie. Cinq cents Colbert, n° .366 , p. 3/i.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
fils vous fait si amplement entendre son in-
tention sur les occasions qui se présentent
par delà pour son service qu'il n'est grand
besoin que je vous face longue lettre, n'estant
la- présente que pour accuser réception des
voslres du xvic etxxxc du mois passé, parlés-
quelles j'ay bien particulièrement esté infor-
mée de toutes occurences, niesmes touchant
le faict delà Mirande2; meremeclantdoncques
1 Charles IX, tout en le complimentant, ajoulail :
et Je désire ladicte levée estre tenue en suspens jusqu'à
ce que vous ayez autres nouvelles de moy.n (Même vo-
lume, f' 3g7-)
2 La lettre du Roi à laquelle Catherine se remet est
du même jour. Le 6 janvier précédent, du Ferrier avait
écrit à Catherine, au sujet de l'élection au trône de Po-
sur la lettre du Roy mondict sieur et filz, je
prie Dieu vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le xvuic janvier îb^'d.
Caterine.
De Neufville.
1573. — a.3 janvier.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 1597a , f° /iS.
Imprimé dans les Additions aux Mémoire» de Custchau, l. II , p. 2S3.
A MONSIEUR LA MOTHE FÉNELON.
Monsieur de la Motbe, le Roy monsieur
mon filz vous satisfaysant-bien amplement à
tous les poinetz de voz dernières dépesebes 1,je
logne : trLe bruit commun est que Monseigneur y aura
sa part, vous asscuranl, Madame, que si la voix du
peuple est, comme dit l'Ecriture, la voix de Dieu, il
sera éleu roy.n (Bibl. nat., fonds français, n° 6181,
f° i3.) — Voir dans le fonds Dupuy, n" £27, tout ce
qui concerne les troubles de la Mirande.
1 La lettre de Charles IX a assez d'importance pour
être en partie reproduite : tt Je trouve merveilleusement
estrange la peur que me mandez qu'on a eue par delà,
que mes cousins de la maison de. Guise retinssent icy
le comte de Wolcestre pour ma sœur la reine d'Escosse.
Vous devez avoir respondu, comme je pense bien qu'aussi
n'estes vous pas demeuré court que, grâces à Dieu, je
suis si bien obéi en mon royaume que c'est chose à
quoy seulement ilz n'oseroient avoir pensé et qu'il leur
seroit du tout impossible de l'exécuter, quand ils le
voudraient ; mais j'estime que ce n'est pas tant cela qui
soit cause de ladicte difliculté que le désir qu'ont aucuns
d'altérer par tous faux moyens l'amitié d'entre ladicte
reine et moy, sçachan! bien que, quand nous serons unis
et en parfaicte amilié ensemble et nos sujetz aussi, fai-
sans et traûquans, ainsi qu'il est proposé par nostredict
traité, le reste de la chrestienlé ne peut nous nuire, chose
dont ladicte reine a, quand elle le voudra bien consi-
dérer, beaucoup plus grand besoin que moy et de lever
toutes ces difficultés là, comme je fais et vous faites de
ma part, et quand il m'a esté et sera dict semblables
choses pour me mettre en défiance d'elle, laquelle je
vous prie aussi asseurersur le propos qu'elle vous a tenu
des délibérations qu'elle pense qui se font sous la cou-
LETTRES DE GATH
ne vous en réiteray rien par ceste-cy, et seul-
ement vous diray que nous sommes en grand
peine d'attendre si longtemps le sieur comte
de Wolcestre; car oultre qu'il n'est pas rai-
sonnable de faire si longtemps séjourner le
sieur Cuaen grand escuyer de l'Empereur qui
est icy, il y a plus d'un mois l'attendant, le
Roy monsieur mon fils eust bien désiré par-
tir de ceste ville et aller en autres lieux où
ses affaires l'appellent; mais encore ne plain-
drav-je nostre longue altente pourveu que
nous puissions l'aire quelque chose avec ledict
sieur comte de Wolcestre du faict du mariage
de la rovne d'Angleterre ma bonne sœur et
cousine et de mon filz le duc d'Alençon,dont
je ne feray pas grande difficulté de recommen-
cer à ouvrir le propos et faire en sorte que
nous nous entendions de nostre part jusques
au dernier poinct de ce qui se pourra et de-
vra en cela honneslement faire pour en voir
en bricfune bonne et heureuse résolution, la-
quelle, à vous dire vray, nous désirons n'y
avoir aucune dissimulation ne desguisement;
mais y aller fort droitemeni , comme nous vous
avons tousjours escript et que vous pouvez
franchement dire et asseurer madicte bonne
seur et ses principaulx conseillers et mi-
nistres, les asseuranl que, si les conditions
qu'elle y demandera sont raisonnables, que
bientost elle en verra la conclusion; car aussi
est-il temps d'y faire une fin. J'ay regret que
leur de la ligue contre le Turc, que je ne consentiray
jamais qu'il soit rien entrepris à son préjudice, pour l'es-
pérance que j'ay aussi que, de sa part, il est et sera de
mesme en mon endroit, suivant l'intention de nostredict
dernier traité, et qu'elle ne croye pas ce que les pas-
sionnez luy en voudront persuader, mais s'asseure sur
ma foy et promesse qu'elle me trouvera toujours et en
tout temps véritable et que je ne contreviendray jamais
n y ne feray autre chose qui puisse diminuer nostre
amitié, i (Additions aux Mémoires de Castelnau, t. II,
p. 283.)
ERINE DE MEDICIS. . 157
mondict fils ne soit icy, affin qu'icelluy comte
de Wolcestre1 le voit et qu'il escrive à sa
maitresse quel il est maintenant, estant fort
changé depuis que le comte de Lincoln parlist
d'icy, estant maintenant tout aultre qu'il
n'estoit , quand il s'en retourna en Angleterre;
et s'il le voyoit, il le trouveroit renforcé beau-
coup , beaucoup creu , son visage bien amendé ,
et la barbe lui commençant fort à venir, de
sorte qu'il ne devra rien de haulteurde (aille
et de bonne grâce à ses deux autres frères; et
si ai-je espérance qu'au voyage qu'il est allé
faire2 il apprendra beaucoup avec mon filz
et les autres princes, grands seigneurs et eap-
pitaines qui sont audict voiage et le rendra
capable de commander, comme il est de son
naturel fort enclin à l'imitation de mondict (ils
son frère, ne disant poinct ce que dessus pour
le favoriser, mais pour estre la vraye vérité;
priant Dieu, Monsieur de la Mothe-Fénelon,
qu'il vous ayt en sa digne garde.
Escript à Paris, le xxiii' jour de janvier
573.
Catkrink.
1573. — 3 février.
Orig. Bil>l. nat. fonds français, n° 15902 , f° 387.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, après que le Roy
monsieur mon filz vous eust dernièrement dé-
pesché le courrier par lequel il vous mandoit
de faire marcher la levée3, il s'advisa de le
1 Voir dans le Calendar of Suite papers (1573,
p. a/17) une lettre du comte de W'orcester rendant
compte de son arrivée en France et de la bonne récep-
tion qui lui a été laite.
1 II était allé au siège de la Rochelle.
3 Charles IX, en effet, avait écrit le aS janvier au
duc d'Anjou : fJ'ay eu responce du sieur de Bellièvre
à la dépesche que je luy feiz dernièrement pour tenir
158
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
faire retarder à Lyon sans vous la porter
jusques à ce qu'il eust une seconde responce
de mon fil/, le duc d'Anjou, laquelle luy
estant depuis venue, je vous prie ne faire
marcher ladicte levée, mais de tenir les choses
en tel estât qu'il le vous mande, y employant
vostre dextérité, comme aussi à l'achemine-
ment des cinq cents Suisses de la garde, ainsi
qu'il vous a esté cy-devant escript, vous asseu-
rant, que, après avoir donné ordre à ce que
dessus, et bien informé le président Bellièvre
vostre frère ' de tenir les affaires de par delà
vous lui ferez service fort agréable de le ve-
nir trouver; et sur ce je supplie le Créateur,
Monsieur de Bellièvre, qu'il vous ayt en sa
saincle garde.
Escript à Paris, le Iroysième jour de février
573.
Catemne.
Brulart.
en suspens le faict de la levée des six mil Suisses, me
faisant entendre comme c'est chose qu'il a obtenue non
sans difficulté, et pour ce qu'il escript qu'il est de besoing
pour le bien de mes affaires du pays des Ligues de luy
faire sçavoir, au plus lost qu'il sera possible, si l'on sera
pour se vouloir servir de ladicte levée ou non, je vous
prie qu'estant arrivé ou aproché près de la Rochelle
vous proposiez cette affaire aux princes et seigneurs que
vous avez près de vous, pour, après qu'ilz en auront dict
leurs opinions, prendre en vous mesme une bonne ré-
solution si ladicte levée se devra faire ou non; en <juoj
faisant je vous prie de vous remectre devant les yeux
l'eslat de mes finances et ne me constituer en cesle dé-
pense, qui me sera assez mal aysée à supporter, comme
vous le congnoissez bien.» (Fiibl. impér. de Sainl-Pé-
tersbourg. )
M. de Hautefort.
1573. — 4 février.
Orig. Dilil. imp. de Sainl-Péterebourg , vol. XX, [" 53.
A MON FILS LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, d'autant qu'il a esté mandé au
sieur de Gammaches • n'entendre au mariage
de la fille du sieur et dame de Monchy3 il fait
difficulté passer oultre aux termes où ilz en
estoyent, qu'il ne soit adverty qu'il ne fera
chose désagréable au Roy monsieur mon filz,
à vous et à moy, ce que m'ayant, connue au
Boy tnondict sieur et filz, faict entendre la-
dicte dame de Monchy et déclaré que le sieur
Liancourt3, pour lequel nous estions emploiez
n'aura jamais de son gré ni du consentement
du sieur de Monchy son mari leurdicte fille en
mariage, quelque poursuite qu'il en face, le
Boy mondict sieur et filz et moy a\ons escript
audict sieur de Gammaches que, nonobstant
les lettres de défense que luy ont esté escriptes,
il ne laisse de contracter mariage avec ladicte
damoiselle, et que nostre intention n'estai! de
forcer aucunement lesdits sieur et dame de
Monchy marier leur fille contre leur volunté,
si bien nous avions favorisé lcdicl sieur de
Liancourt. Mon filz, j'ay assuré ladicte dame
de Monchy que vous n'aviez autre intention
et que vous serez bien marry contraindre
personne en telles occasions, lesquelles
doivent estre privilégiées. Touttefoys ladicte
dame de Monchv a désiré que je vous escrip-
visse \ouloiren faire ung petil mot au sieur de
Gammaches conformément à ce que le Boy
mondict sieur et filz et moy leur en avions
mandé, affin qu'il soit deslivré de toute peine,
chose, mon filz, que je vous prie par la pré
1 Claude de Gemaches.
Charlotte 'le Uoncby, fille de François île Monchv
et de Jeanne de Vaux. Voir dans le l'ère Anselme la gé-
néalogie de la famille de Monchy, t. VII, p. 355.
■ Charles du Plessis, sieur de Liancourt.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
sente, qui ne sera dénia main parce qu'il nous a
fallu déduire le faict qui est long et vous la l'aire
incontinent remontrer, estant chose si juste
quelle se recommande assez de soy et respond
à tout ce que Ton pourrait remontrer au con-
traire, joint que ledit sieur de Monchy a esté et
est fidèle serviteur du Roy mondict sieur et filz
et sa femme recommandée de ma fille, Ma-
dame de Lorraine. Je prie Dieu, mon filz,
vous avoir en sa sainte garde.
De Paris, le 1111e de février.
1 59
1573.— 4 février.
Jrcb. <I'S Médicis à Florence, dalla filza 4377,
Duova numerazione.
(De sa main.) Mon filz, vous savez conbieu
je me suis employée pour Liancourt, mes
voyent que le père ne la mère n'en volet neule-
ment ouyr parler, yl me semble que ceroyt
une creuaulté de les forcer, cliause que n'a jea-
més voleu fayre les Roys vos pères et grens
pères et moy encore moyns, car je panse le
déplésir que j*euse eu de voyr mariée ma fille
contre ma volunté, et ni'asseure que vous ayte
de cet avis et que ne volés pas que l'on pense,
pour aystre à vous, que voliés forser la volunté
au père ny de la mère, et que avez acés1 de
moyen pour fayre pourlui avecquesplusde ray-
sonet nevolés empescher cet parti qui leurs est
agréable ; je les enn' é aseurés et vous aseurerés
Liancourt que en quelque aultre chause je
fayré pour luy d'ausi bon ceour2 comme je me
aystoys employé pour sesi; mais puisque le
père ne la mère ne le veulet, je le conseille
s'an déporter et ne leur en fayre plus de fâ-
cherie.
Voslre bonne mère,
Caterine.
1 Acés , assez.
2 Ceour, cœur.
A MON COUSIN
MOSSEIG.VECn
LE GRAND DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
vous escrit bien particulièrement en recom-
mendation du seigneur Ferrand Vitelly che-
valier de son ordre pour la restitution de
certaines terres, biens et deniers, qui lui ap-
partiennent pour la succession du feu seigneur
Camille Vitelli son père, du vivant duquel
vous vous en seriez saisy, d'aultaut qu'à la
routte de la guerre de Sienne, il auroil suivy
au faict des guerres le party de ceste cou-
ronne; mais parce que, par le traicté de paix
qui fut faict lors, il fut expressément dict que
l'on restitueroit toutes sortes de biens qui
auroient esté prins et usurpez d'une part et
d'aultre à cause de la guerre, il n'est raison-
nable que ledict sieur Vitelly soit frustré de
ce qui luy apartient légitimement. Je vous
prie, aultant qu'il m'est possible, d'y voulloir
avoir esgard et faire rendre et restituer au-
dict sieur Vitelly tout ce qui luy apartient,
ainsi que vous escrit le Roy mondict sieur et
filz, qui seroit bien marry et moy aussy de
cognoistre que ceulx qui n'ont espargné leur
vie pour faire service, fussent sans occasion
spoliez de leurs propres héritaiges et biens,
mesme au préjudice dudict traicté de paix, et
particulièrement encores ledict sieur Vitelly.
que nous avons en telle recommandation,
pour ses bonnes qualitez et mérites, que il
vous prie de rechef le veuilliez rendre contant
et satisfaict, luy faisant ressentir combien vous
désirez faire pour nous eu chose si raison-
nable. Priant Dieu qu'il vous ayt, mon cou-
sin, en sa garde saincle.
160
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
Escript à Paris, le 1111e jour de février
t 5 7 :ï .
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1573. — h février.
Orig. liibl. nal. fonds français, n° 3i86 , P ah.
\ MONSIEl \\ DE DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
vous faict si bien el amplement responce à
I ou 1 ce que vous lui avez mande' que je n'y
siamois adjouster aucune cbose, et me re-
mectant sur ce qu'il vous en escript, je vous
priera} croire que ce qu'il vous mande du peu
de moien qu'il a de vous secourir d'argent,
c'est la vérité, priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa garde.
Escripl à Paris, le mic jour de février
j573.
Vostre bonne cousine,
Caterixk.
1573. — li février.
Orig. Lihl. nat. fonds français, n° 3353.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE COMTE DE COSSÉ,
MAHESCUAL DE FRANCE.
Mon cousin, s'en retournant vostre homme
présent porteur, je vousay bien voulu escripre
la présente pour vous dire que j'ay esté bien
aise d'entendre que vous soyez près de mon
fdz et vous prie remontrer tant à hiy qu'à
mon filz d'AHençon qu'il ne faultpas qu'ilz se
bazardent ne mectent eu danger, et que vous
sçavez bien comme le Roy monseigneur et
leur père et leurs oncles oui laid; et, m'asseu-
ranl que vous ne fauldrez de leur rementavoyr
ce qu'il convient qu'ilz lacent pour ce regard,
je ne vous fera y la présente plus longue que
pour prier Dieu, mon cousin, vous tenir en
sa saincle garde.
Escript de Paris, le 1111e jour de febvrier
i573.
(De sa main.) Mon cousin, vous savés bien
cornent tele jeans ' se doivent conduire. Je vous
prie leur dire et remonstrer à monsieur mon
fils, s'il étoit blésé, en quele confusion vroil
(oui. Nous ayspéron partir bienlost pour l'aler
trover.
Vostre bonne cousine,
Caterixk.
1573. — 5 février.
Copie. OîIjI. nat. fonda français, n° îSg^a, f° 5a vd.
Imprimé* «'ans les Additions aux Mémoires de Castehmu . t. II . p. 289.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe, puisque par la
lettre du Roy monsieur mon filz vous serez
bien amplement adverly de toutes choses et
satisfaict à voz dernières dépesebes, m'en
remectant à icelle, cetle-cy sera seullement
pour vous prier continuer à faire, le plus
vifvement que vous pourrez, entendre à la
royne d'Angleterre ma bonne seur et cousine
comme en toutes choses nous procédons sin-
cèrement et que nous ne désirons rien tant
que de lier nostre amitié si bien avec elle,
qu'elle puisse estre perdurable entre nous et
lesnostres et que, selon que je vous a\ escript
pour luy faire entendre, je commenceray à
propos des erres de la négociation du mariage
et nous nous enteudrous en tout ce qu'il sera
possible pour la satisfaire; aussy que nous la
prions de faire de mesme de sa part, l'asseu-
rant que jamais princesse ne fut plus respectée .
honorée et servie qu'elle sera de mon filz le
duc d'AHençon, si ce mariage se faict et que
1 Tele jeans , tel» gens.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICb.
161
nous le ferous venir en poste par deçà, si nous
voyons que les choses soienl pour prendre la
bonne et heureuse lin que nous y désirons.
Persuadez pour certain à ceux et à celles que
vous penserez qui pourront servir en cesle
affaire que le Roy niondict sieur et Glzetnioy
recognoistrons si bien envers eux les bons
offices qu'ilz y feront et par si bonne preuve
qu'ilz auront toute occasion de contentement.
Après la première conférence qui se fera de
ce propos et que nous aurons veu' quel pou-
voir en ont le sieur comte de Wolcestre et
Walsingham ,et ce qui s'en pourra sentir de la
volonté de ladicte royne, j'escriray de ma main
auxdicts comte de Wolcestre et au milord tré-
sorier. Cependant, je vous prie, ne perdez
une seule occasion de tout ce que penserez
qui pourra servir à cest affaire et vous asseu-
rez, comme je vous ay cy devant plusieurs
fois escrit, que vous ferez un très grand ser-
vice à ceste couronne, à moy en particulier et
aussi à mon filz le duc d'Alençon que ne l'ou-
blierons jamais; et oultre le mérite de voz la-
beurs, cela augmentera grandement la ré-
compense et bien, que je vous asseure qui
vous seront faictset à quoy je tiendrayla main
quece soit le plus tôt qu'il sera possible, d'aussi
bon cœur qu'après vous avoir encore bien fort
recommandé d'affection ceste affaire, je prie
Dieu, Monsieur La Mothe, vous avoir en sa
saincte et digne garde '.
Escript à Paris, le Ve jour de février îh'jd.
Catebine.
1 «Monsieur de la Mothe , ajoutait Charles IX, j'ay
sceu que le comte de Wollcestre n'a aucune charge que
de l'aire l'office de compère pour la royne d'Angleterre,
faisant compte de s'en retourner samedy prochain et vous
i çui^lneii dire davantage ung propos que l'ambassadeur
Walsingham tint le jour du baptesme, qui fut le jour
de la Chandeleur, au sieur de Mauvissière qui le mena
coucher à son logis, pour ce qu'il estoit tard quand la
cérémonie fut achevée, qui estoit qu'il a\oit envie de
Catuehibe de Médius. — IV.
1573. — G lévrier.
On^. Iiibl. nat. fun-Js français, n° 3917 , (" a3.
A MON COUSIN
LE COMTE DE COSSE.
HARESGBAL DE FRANCE.
Mon cousin, je n'ay voullu que ce porteur
s'en soit retourné sans par luy vous faire ce
mot de lettre pour vous dire que l'on a remis
dedans le cabinet de la Bastille tout ce qui
y avoit esté prins pour le baptesme1, ainsi
parler à la Royne ma mère ouvertement et sans luy rien
desguiser, ainsy qu'il avoit accouslumé de faire et de luy
dire, qu'encore qu'il fust nécessaire à ladicte royne de
se marier, si est-ce qu'il ne voyoit point de la presser
pour ceste heure du mariage de mon frère le duc
d'Alençon; car, selon que les choses sont disposées à
ceste heure, cela servirait plus tost à retarder que accé-
lérer ledict mariage ; qu'il faisoit compte de s'en aller
bien tost en Angleterre où il feroit tous les bons oflices
qu'il pourrait; mais qu'il falloit passer quelques quatre
mois pendant lesquels on verroit quel train prendroient
les affaires de ce royaume, que l'on avoit voulu faire
penser à la royne d'Angleterre autres qu'elles ne sont;
mesme dict que l'armée dressée pour la Rochelle estoit
pour l'Angleterre, de quoy toutefois elle n'avoit rien
cru-, que luy vovoit combien il estoit nécessaire que ladicte
royne se mariast; car il n'y avoit pas un de ses serviteurs
qui pust estre asseuré de sa vie et de ses biens et que ne
fust conlrainct de se retirer du royaume, s'il advenoit
qu'elle mourut sans estre mariée et avoir laissé ung
héritier; mais qu'il voyoit en somme en Testât où sont
les choses qu'il falloit laisser passer quatre mois sans par-
ier dudict mariage. » En terminant, Charles IX prévient La
Mothe que le comte de Worcester et Walsingham étant
venus voir la Reine sa mère pour l'entretenir dudit ma-
riage, ont remis à lui en parler à samedi. (Même vo-
lume, p. a85.)
1 Charles IX le 8 février écrivait à son arnbassadeut
M. de Saint-Gouard : «J'av faict le baptesme de ma fille
le 11" février; mon cousin le cardinal de Bourbon a laid
l'office; le grand escuyer de l'Empereur mon beau-père
l'a tenue sur les fonts pour l'Impératrice, le comte de
Worcester pour la royne d'Angleterre, et mou cousin le
duc de iNemouis pour mon oncle le duc de Savoie; elle
a été nommée Marie-Elisabeth. Tous les ambassadeurs
1G2
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
que vous entendrez de cedict porteur, qui me
gardera de vous faire ceste-cy plus longue, si
n'est pour vous asseurer que j'ay esté bien
fort aise d'entendre vostre acheminement au
camp près mon fils le duc d'Alençon , espérant
que vous ferez soubz lui quelque bon ser-
vice au Roy monsieur mon filz, dont je vous
prie de bon cœur et Dieu vous conserver en
sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le vi'jour de février 1673.
Vostre bonne cousine,
C.ATERINE.
1573. — 7 février.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n* 366, !° 65.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
lilz fait response à vos lettres, vous advisant
de ce qu'il mande au sieur d'Acqs et est be-
soing de faire pour parvenir à ce que l'on dé-
sire. Vostre affection et prudence est tant co-
gneue que j'estimerois vous faire tort en vous
recommandant davantaigece qui est pour son
service et le bien de ses affaires et de la Sei-
gneurie, priant Dieu, Monsieur du Ferrier,
qu'il vous ait en sa saincte garde.
Escript à Paris , le vii° jour de fcbvrier
15^3.
Caterine.
1573. — 7 février.
Copie. Bibl. nat. Cinq cenls Colberl , n° 366 , I" 60.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, depuis mon' aultre
lettre, par laquelle je vous ay adressé la dé-
pesche que je fis à l'évesque de Valence, je me
s'y trouvoienl , excepté le nonce à cause de son indispo-
sition. Mon frère le duc d'Anjou esl arrivé le vi de ce
moys au camp de la Rochelle.» (Bibl. nat., fonds fran-
çais, n° îfiioS, Pa5.)
suis advisée pour le satisfaire entièrement d'en-
voyer une lettre de change à Cracovia aux sieurs
Charles et Bernard Soderins de la somme de
dix mil escus, oullre aultre semblable qui leur
fut dernièrement envoyée pour luy rendre là
une somme de vingt mil escus, de laquelle il
se puisse servir pour conduire les choses au
but de nos intentions1, et vous envoyant ces
lettres de change , je vous prie les faire tenir
seulement audict Cracovia , ainsy que vous avez
fait des aultres dont je n'ay point encore eu
advis du coslé de Polongne, mais je consi-
dère bien que c'est à cause de la longue dis-
tance des lieux. Je prie Dieu qu'il vous ait en
sa saincte garde.
Escript à Paris, le vne febvrier 1573.
Caterine.
Brulart.
Je vous prie que Monsieur de Valence ait
incontinent cet argent, et doresenavant par
1 Le même jour Charles IX écrivait à l'évèque de
Dax : «H y a trois points principaux, desquels je vous
parleray : l'un pour le faict de Polonjjne, l'autre tou-
chant les Vénitiens et l'autre sur le hruit que court par
delà que je voulois entrer en la ligue. Pour le premier
j'emploie la dépesche que je vous ai faicte par Ger-
miny et encore pour vous reconfirmer mon intention
estre que vous vous conduisiez conformément à ce qui
est contenu et aussi que ayez toute intelligence et com-
munication avec le sieur de Valence, qui est audict pays
Quant aux Vénitiens , il m'a semblé qu'ils se maintien-
dront toujours mieux par le moyen de la paix, voire en
l'achetant, que par la guerre ; pour le regard de la ligue
je suis toujours de la même volonté que j'ay esté, qu'ayant
par tant de fois tesmoigné quel zèle j'ay au bien com-
mun, il n'est besoin et ne pourrais avec les affaires que
j'ay sur les bras m'embarquer plus avant en chose la-
quelle, mesme succédant bien, ne m'apporterait aucun
advantage, et, advenant au contraire, m'osteroit le moyen
d'effectuer ma bonne intention, et sur ce tenez pour cer-
tain que je n'entreray point en la ligue, et aussi confir-
mez le an Grand Seigneur. n (Bibl. nat., copie, fonds
Brienne, 0* 79, f° 1 no.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
163
l'ordinaire advertissez nous de tout ce que
vous pourrez entendre du costé de Pologne.
1573. — 7 février.
Orig. Brilish Muséum.
A MON FILZ
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, il y a déjà assez longtemps qu'il
a este' fait promesse à M. de Mandelot, gou-
verneur et lieutenant ge'ne'ral à Lyon, d'une
compagnie de gendarmes des premières qui
viendront à vacquer, ce qui touttefois ne lui
a point encore esté jusque icy effectue'; au
moyen de quoy, estant présentement le Roy
mon filz adverty du trépas advenu au feu
comte de Ventadour, qui avoit une desdictes
compagnies de gendarmes, il l'a très volon-
tiers accordée audict Mandelot, tant pour satis-
faire à sadicte promesse que pour le tant plus
tenir en auctorité et faire obéir en son gou-
vernement, le rendant de mesme qualité et
considération que les autres gouverneurs de
ceroyaulme; à quoy touttefois ledit Roy mon
filz n'a voulu passer oultre sans premièrement
vous advertir, comme il faict présentement par
aucun qui s'en va expressément vous trouver
pour cest effect, afiîn que vous ne le promet-
tiez ni accordiez à quelque autre de ceulx qui
sont là auprès de vous, qui auront bien en-
core patience pour quelque temps, m'asseu-
rant aussi que vous serez bien ayse que ledict
sieur de Mandelot soit gratifié de ladicte
compagnie , tant pour les considérations des-
sus dictes et de ladicte promesse que pour le
récompenser de son abbaye de Saint-Martin
qu'il a puis naguères quittée pour la bailler
au sieur de Clermont-Tallard que vous en
avez voulu gratifier1, qui me fait vous prier,
1 Le 2 1 février le duc d'Anjou écrivait à Charles IX : I
mon filz, vous vouloir disposer à ce que le
sieur Mandelot puisse avoir ladicte compai-
gnie et vous me ferez un bien grant et
agréable plaisir.
Escript à Paris, le vne jour de février
i573.
(De sa main.) Mon filz, je vous prie pour
l'amour de moy l'avoir recomandé.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — 7 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n°3i89. f° a5.
A MON CODSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, parla lettre que présentement
vous escrit le Roy monsieur mon fils vous
serez adverty du contentement qu'il a de vous
et de ce queadvancez pour son service, aussi
de ce qu'il désire que faictes et continuez,
ayant bien voullu accompaigner sa lettre de
ce petit mot pour vous asseurer de ma part
que je seray tousjours très aise d'entretenir et
seconder ledict sieur Roy mon filz en la bonne
volonté qu'il vous porte, priant Dieu vous
avoir, mon cousin, en sa garde.
Escript à Paris, le m' jour de febvrier
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
cJ'ay entendu la bonne volunté en laquelle est Vostre
Majesté de pourveoir le sieur de Mandelot de la charge de
la compagnie d'ordonnances qu'avoil le feu comte de
Ventadour. Il me semble, Monseigneur, que, par les
considérations de la lettre qu'il vous a pieu m'en es-
cripre, Vostre Majesté ne sç.iuroil faire meilleure eslec-
tion ny conférer ceste grâce à personnaige plus digne
que le sieur de Mandelot. » ( Bibl. impér. de Saint-Péters-
bourg.)
Wx LETTRES DE CATH
1573. — 7 février.
Copie. Ribl. nat. fonds français, n° 17979 , f° ".p.
Imprimé «buis les Additions aux Mémoires de Castelnau , t. III , p. 993.
\ MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de In Motlie, je ne vous feray
poinctde redicte des lectresdu Roy monsieur
mon (il/., mais vous priernv scullemcnt que
vous laciez en sorte que la royne d'Angleterre,
ma bonne sœur et cousine , procède aussi droi-
lement et sincèrement avec nous que nous
voulons faire avec elle, sans altérer ny inno-
ver aucunement au dernier traicté d'entre le
Roy monsieur mon filz el elle; que, puisque
nous ne hiy demandons aucun secours qu'il
faudrait qu'elle nous baillast suivant ledict
traicté, si l'en requérions, qu'elle face vraye
et necte déclaration de sa bonne volonté en
nostre endroict et ebastie ceux qui partiront
de son royaume et lieux en son obéissance
pour nous faire la guerre, assister et favoriser
les subjeclz rebelles du Roy monsieur mon
filz; et pour le faict du mariage d'elle et de
mon filz le duc d'Alençon vous disposerez si
bien toutes choses et persuaderez tellement à
ladietc royne nostre bonne eldroicte intention
en cela, que nous y puissions voir quelque
acheminement; vous priant aussi, suivant ce
que vousescript le Rov mondict sieur el filz,
déclarer si à propos à ladicte royne et à ses
principauté ministres ce que vous verrez par
lesdictes lettres pour le poinct de la religion,
qui est ce qu'elle a tousjours, ce me semble,
accordé et en quov nous nous estendrons ail-
lant qu'il nous est possible. Voilà pourquoy il
me semble que ladicte royne s'en doibt con-
tenler et cuide qu'elle l'acceptera, si elle a
quelque bonne volonté d'entendre audict ma-
riage, et qu'en bref nous y verrons clair, vous
priant de rechef y travailler el résoulilre, s'il
vous est possible, ledict poincl de la religion,
ERINË DE MÉD1GIS.
ainsi que le vous escript le Roy mondict sieur
et filz, car cesluy là bien vuidé, comme je
vous prie faire bienlost, l'on s'accommodera
avsément sur les antres poinetz et aussi sur
l'entrevue. Le sieur comte de Wolceslre et le
sieur de Walsingham ont esté d'advis que
j'escrivisse de ma main une honneste lettre à
ladicte royne, ce que j'ay faict par ledict sieur
comte. Je vous en envoyé deux «pie j'escrils
auxdicls comte de Leicester et grand trésorier,
lesquelles vous verrez et puis les refermerez
pour après les leur bailler vous mesme, el
vous en servir au faict dudict mariage princi-
pallement. Je vous recommande ces deux
affaires là autant qu'il m'est possible; car
elles sont, comme vous sçavez, très importantes
et vous ferez ung très grand service au Roy
mondict sieur et filz et à mon filz d'Allençon
et à moy, qui ne l'oublieray jamais, priant
Dieu, Monsieur de la Mothe, qu'il vous ayt en
sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, levnc jour de février i 073.
Caterine.
1573. — 8 février.
(iopie, Biltl. nat. fonds français, n° i6io5, f° aS.
A MONSIEUR DE SAINT-GOUABD.
Monsieur de Saint Gouard, le Roy mon-
sieur mon filz et mov sommes très contentz
de vostre prudence el dextérité. C'a esté sa-
gement faict de faire parler en la manière que
le m'avez mendé le général des Cordeliers. Ce
sont les moyens desquelz il se fault servir par
delà, combien que l'on rongnoisse \ prouf-
fiter fort peu; à loul le moins l'on jugera
par là ce qu'il/, ont dans le cœur ; en quoy je
ne me suis jusques à présent trouvée déceue.
Toutesfois, s'il s'en offre encores de semblables,
vous regarderez de vous en ayder aussi sage-
ment que vous avez faict de cesle-cy et mecle-
LETTRES DE CATHE
rons peyne de suivre nostre conseil , c'est assa- I
voir, ù leur exemple, faire nostre prouiïict de
toutes choses, priant Dieu , .Monsieur fie Sainl-
Gouard, vous avoir en sa saincte garde.
A Paris, le vin lévrier i 5 7 3 ^^ .
Caterine.
1571!. — g février.
Orig. Jïritisli Muséum, n° 20779.
V TRÈS HAULTE, TRÈS EXCELLENTE
ET TRÈS PUISSANTE PRINCESSE,
NOSTRE THES CHÈRE ET TRES (NIÉE BOSSE SEIR ET CODSINE
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haulte, très excellente et très puissante
princesse, nostre très chère et très aînée bonne
sœur, l'arrivée par deçà du sieur comte de
Wolcestre présent porteur nous a esté fort
agréable, tant pour la bonne occasion sur la-
quelle il a esté envoyé de vostre part, dont
nous vous remercions aultant affectueusement
qu'il nous est possible, que pour l'espérance
1 Pour l'intelligence de celle leltre, voici ce que Saint-
Gouard avait écrit à Catherine le G janvier précédent :
«Il est venu icy le général des Cordeliers, lequel est
Françovs et que Vos Majestés congnoissent pour luy avoir,
ainsy qu'il m'a dict, parlé. Je feuz très aise qu'il l'ust ar-
rivé avecques si bonne réputation et j'entendis que sa
bonne vie luy donnoyt crédit! vers !e lloy Catliolicque,
auquel je ne voulus qu'il allasl parler ny baiser les mains
que premier je n'eusse sceu quel homme ce seroyt et
l'adverliv de ce qu'il esloyt besoing qu'il feist comme
subject et serviteur de Vos Majestez, de manière que,
l'ayant bien trouvé disposé à recevoir le party que je luy
mectoys aux mains, il fut trouver le Roy, lequel le vit
et reçut voiuutiers et luy ayant traicté des affaires de sa
charge, autant qu'il en esloyt hesoing, il l'admonesta,
pour enlrer de plus loin au propos dont je l'avoys chargé
à faire tout devoir contre les Turcz. et que aussi il tint
la main à diligemment garder l'union et amitié qui
estent enlre vos deux couronnes comme le vray moyen
du bien de toute la chrestienté, et qu'il y avoil deux ans
RINE DE MEDIGIS. 165
qui nous demeure que le bon office qu'il a faicl
de tenir en vostre nom nostre petite-fille
sur les sainclz fonts de baplesme confirmera
etasseurera d'aultant plus la bonne amytié et
intelligence d'entre ces deux couronnes de
France et d'Angleterre ; à quoy, si nous avons
tousjours monstre désir apporter de nostre
costé tout ce qu'il a esté possible, nous en
sommes encore en volonté de continuer de
mesme, vous priant voulloir aussi de votre
part en user réciproquement, comme le veult
noslre commune amytié, et Dieu, juge de nos
intentions, fera qu'elle prospérera et tournera
au bien de toute la chrestienté, comme vous
pourrez entendre plus particulièrement du
conte de Wolceslre, sur lequel nous en re-
mettant, nous prions Dieu, très haulte, très
excellente et très puissante princesse, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Paris, le ixc jour de février 1 573.
Vostre bonne sœur et cousine,
Caterine.
Pinart.
qu'il n'avoyt veu Vos Majestez, mais que de ce temps là il
les avoyt trouvées tout disposées en l'exécution du faict
advenu; qu'il s'esbabissoit comme l'ire de Dieu n'esloyt
tombée ou ne tomboit sur ceulx lesquelz vonlloient
obscurcir l'honneur que Vos Majeslez méritoient pour
avoir advancé par le faict tant d • bien à toute la chres-
tienté, et qu'il avoyt entendu que quelques nngs de ses
ministres et principalement ceulx qui en recueilloient le
premier fruict s'y comportoyent très mal, et de telle
sorte qu'il seroyt danger, si l'on n'y retnédioyt, comme la
raison le veult, que ayant affaire à un jeune roy brave
et expérimenlé et qui congnoist ses forces, que le zèle
que Vostre Majesté a à l'union des deux [couronnes] ne
demeuras! foible de raison pour la maintenir, comme elle
a tousjours faict.» Venant à la réponse faite par Phi-
lippe Il audit général des Cordeliers, il dit qu'elle élait
louteà l'éloge du Roi rrpour un fait qu'il ne pnuvoit assez
louer»; et pour finir il ajoule : sj'avois pris ce chemin,
Madame, pour voir, s'il y avoit lieu de faire, comme ils
font, qui est de faire prouiïict de toutes choses sainctes ou
profanes». (Bibl. nat., fonds fiançais, n" i6io5, I" io.)
166
LETTRES DE CATH
1573. — 10 février.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n" 3ig3 , f 60.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin , saichant conbien mon fils et
ses frères vous aymet et honoret, say chant que
aytes astheure auprès de luy, je né vollu fail-
lir vous fayre cet mot pour vous prier de
leur volouyr servir de père et leur remonstrer
le tort qu'il set1 feroyt de se hasarder corne
les comeuns et qui ne sont cet que yl sont tous
trovs, et à mon filz, aystant lieutenant géné-
ral pour son frère, s'il venoyt hà estre blessé,
le ceour2 qu'il donneroyt aux ennemis et le
désordre qu'i mestroyt en tout ce royaulme.
Je vous prie, mon cousin, ynsin que j'é fiense
en vous, y fayre tous les bons aufise que je
sav que désirés en sela et vous me donnerés
de plus en plus aucasion de m'employer et
embrasser tout cet que vous touche et en quoy
me voldrés employer. Je prie Dieu que bien
tost puision estre hors de cete pouyne, et
que cete Rochelle puisse aystre en l'aubéis-
sance du Roy, et qu'il vous douynt cet que
désirés.
De Paris, cet x" de febvrier 1673.
Vostrc bonne cousine,
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS.
tendre par les vostres des novelles de mon fils
et de ses frères, etaussy de Testât des affaires
au vous aystes. El pour se que ledict conte
vous dire des nostres de desà et des nostres
particulières, au il s'el bien employé, je ne
vous fayréla présente plus longue, me remec-
tant sur luy, et fayré fin prient Dieu vous
avoyr en sa saincte et digne garde.
De Paris, cet xe février 1673.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 10 février.
Aut. Bibl. nat. fonds français, u° 3lo3, f° 8A.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, encore qu'il ne faille neule
letre au ayst la sulhsanse du conte de Rets,
sy n'èje voleu léser de vous fayre cet mol
pour vous dire le plésir que cet m'est d'en-
1 Sel , so.
! Ceour, cœur.
1573. — 1 a février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3369, f' \h.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, puisque vous continuez,
comme j'ay veu par voz lectres du xxne jour
du moys passé en la délibération que vous
avez prise d'aller trouver mon filz le duc d'An-
jou, vous le pourrez faire, quand il vous plai-
ra; mais je vous prie que ce soit en telle dis-
position qu'il n'en puisse mesadvenir à vostre
personne, ainsi que nous vous avons escripl
par nos précédentes lectres. Quant à moy, je
suys, grâces à Dieu, du tout hors de ma mal-
ladye et commence desjà à me promener et
prendre l'air sans toutesfoys nie trop advan-
cer pour ne me sentir encore assez forte et
n'estre conseillée de ne me haster. Et pour ce
que vous verrez par les lectres du Roy mon-
sieur mon filz ce que je sçaurois dire pour
responce de vosdictes lectres, je ne vous feray
cest-cy plus longue que pour prier Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escripl à Paris, le xn febvrier i&73.
Vostre bonne cousine,
Catemne.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
167
1573. — i3 février.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3kj3 , f° S8.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mou cousin, j'é vou voslre lettre que je
renvoy par. La Patodière à Monsieur de
Lanssac, affin qu'il vous aile trover et regar-
der cet que désirés; car, de moy, je n'y ay
fayst faire que aullent que vos jeans m'on
poursuyvie, et désirent en sortir, ay comeudé
au miens de me guarder mon bon droyt, et
si enn avié milleur que moy, qu'i lesse fayre
!a joustice; car je sayré ausi marrye que,
pour aystre la mère du Roy, l'on ne vous fist
joustice, corne je feuse la moyndre de ce
royaulme, set enguardent mon droyct, je ne
veu poynt que l'on fase tort au vostre. De
cet que La Patodière m'a dist touschent les
afayres de Bretaigne pour le servise du Roy,
je lu y enn é respondeu cornent je say aystre sa
volante, et plet à Dieu qu'il fust déjeà fayst,
lequel je prie vous donner cet que désirés.
De Saynt-Germayn-en-Laye, cet xni° de
febvrier 1573.
Vousaurés entendeu cet qu'il avint arsouir;
ne vous en mestés en pouine, car le Roy a
remeddié à tout.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — i3 février.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17972, f" 60.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Caslehiau , t. III , p. 396.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Molhe, je vous prie sur
tous les plaisirs que désirez me faire d'esclair-
cir si bien la royne d'Angleterre, ma bonne
sœur et cousine, des particularitez contenues
en la lettre du Roy monsieur mon filz qu'elle
ne demeure plus es opinions que l'on luy im-
prime et qu'elle doibt croire que l'on luy
dict par artifice expressément pour altérer
l'amitié d'entre elle et nous , qui serons en
toutes choses que luy avons promises fort vé-
ritables. Si vous pouvez tant fayre que d'ac-
corder l'article de la religion pour mon fils le
duc et les François qui seront avec luy, ce
sera un grand commencement et espérance que
tous les autres articles seront après bien aysez
à accorder. Je vous prie y travailler et y faire
tout ce qui vous sera possible, avec asseu-
rance que jamais homme de vostre qualité
ne list service plus agréable que vous ferez
• au Roy monsieur mon filz et à nous tous,
el particulièrement à mondict filz d'AHençon,
qui vous en aura une grande obligation qu'il
ne faudra jamais de recognoistre envers vous
et les vostres, priant Dieu, Monsieur de la
Molhe, vous avoir en sa saincle et digne
garde.
Escript à Paris, ce xni* jour de février
i573.
Caterine.
1573. — 16 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3ao5, f° 5i.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz a
deslibéré d'envoyer le sieur de Saint-Supplice
par delà pour faire entendre de vive voix à
ses subgectz le désir qu'il a de les conserver et
leur donner toute l'assurance de leurs vyes" et
joyssance de son dernier édict de paciilicatioa
qu'il peult faire. En actendant qu'il parte, il
vous renvoyé Le Bellay affin que vous laciez
sçavoir à sesdicts subjeetz la résolution qu'il a
prise de dépescher ledict sieur de Saint-Sup-
plice et que vous advisiez avecques eulx de
1Gb
LETTRES DE CATHERIISE DE MÉDIC1S.
prolonger cependant la suspension d'armes,
allin que ne se (ace rien qui aigrisse davan-
tage les choses. Je prie Dieu, mon cousin,
vous a\oir en sa saincle garde.
De Sainct-Germain-en-Laye, le xim de fé-
vrier 1 57.3.
Voslre bonne cousine.
Gaterine.
1573. — i.j février.
Orig. Uibl. nat. (omis français, n" 3uG&, f° 48.
V MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, je vous prie, sui-
vant ce que le lîoy monsieur mon lilz vous
escript, donner ordre qu'en vostre charge
tout soit Lieu adverli que les hérétiques et
liuguenots de toutes nations, qui sont en si
grand nombre de vaisseaulx sur mer, comme
nous eu avons advis, ne puissent faire aucune
surprime ou descente; mais que ce soit avec
telle discrétion (comme vous en sraurez très
bien user), que ceulx qui sont retournés
d'Angleterre et les autres qui ont esté de la
nouvelle religion ne rentrent en double ou
craincte que l'on leur veuille faire déplaisir;
car au contraire le Roy mondict sieur et lilz
les veult maintenir et conserver en repos,
quand ils se comporteront doulcement et se
coulormeront à sa volonté, priant Dieu vous
avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Paris, le xv° jour de febvrier
1Û73.
Caterine.
PlNART.
1573. — 1O lévrier.
Ori(j. Uibl. nat. fonds français, n° 3a5/i , f° 30.
A MON COUSIN
LE DUC DE MONTPENSIER.
Mou cousin, nous ne sçaurions avoir trop
de contentement du grand et labourieuv deb-
voir que vous avez faict en vostre gouverne-
ment pour l'exécution de l'intention du Roy
monsieur mon lilz pendant que vous y avez
esté; car vous y avez si bien faict qu'il n'est
possible de niieulx, et pour ce que vous verrez
par les leclres que le Roy mondicl sieur et
lilz vous escript ce qui se peult dire à vos dé-
pesebes du .\xuic du passé, vme et \cdu pré-
sent, je n'eslendray la présente davantaige
que pour vous dire que, lors de la réception
de la dernière, mon cousin le mareschal de
Cossé nous avoit desjà escript pour l'abbaye
de Saint Jehan près de Touars et luy avons
accordé la réserve qui a empesché que n'en
avez eu l'expédition qu'en demandiez, vous
asscurant, mon cousin, qu'il ne vous sera ja-
mais desnyé chose que nous puissions qui
soit pour vous donner contentement; sur ce je
prie Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincle et digne garde.
Escript à Paris, le xvi février 1673.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 16 février.
Imprimé dans la Gorrttpondmee diplomatique de ta Motlie-t'éntlon.
t. III, p. 4o6.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, le Roy monsieur
mon lilz vous esclaircit si amplement de son
intention qu'il n'est besoin vous en faire re-
dicte. Aussi ne sera ceste-ci que pour vous
prier presser le plus que vous pourrez le faict
dudict mariage, et toutefois si à propos que
nous y puissions voir clair le plus tost qu'il
sera possible, et au demeurant entretenir si
bien la royne d'Angleterre que, si elle esloit
persuadée et qu'elle cust quelque mauvaise
volonté de nous faire entretenir à la guerre.
LETTRES DE CATH
qu'elle puisse changer sa délibération et se
résouldre à nous aimer connue nous l'aymons
de nostre costé , de tout bon cueur, et quelle
et nous observions et entretenions nostre der-
nier traicté entièrement. Je vous recommande
aussi les affaires d'Ecosse à quoy il est néces-
saire qu'ayez soigneusement l'œil, et nous
sera plaisir que nous donniez incontinent avis
de Testât où s'y retrouvent toutes choses;
priant Dieu, Monsieur de la Mothe-Fénelon,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xvi° jour de, febvrier
i573.
ERINE DE MEDICIS.
1573.
109
17 février.
Caterine.
PlNART.
1573. — 17 février.
Copie, liibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 366.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, je fais une petite dé-
pesche à l'évesque de Valence pour l'exciter
à nous mander des nouvelles du lieu où il
est 1, le plus souvent qu'il pourra et les adres-
ser par la voye de Cracovie à Venise, vous
priant de luy faire tenir ladiste dépesche
seu rement et nous envoyer celles qu'il vous
adressera en la mesme seureté, qui est tout
le sujet de ce petit mot que je finiray en su-
pliant le Créateur, Monsieur du Ferrier, qu'il
vous ait en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xvnc jour de février
1 5 7 3 .
Caterine.
Brulart.
1 11 était alors en Pologne à Conin. qu'il ne quitta
que pour se ivndre à Varsovie dans les premiers jours
d'avril alin «l'assister à la diète d'élection.
Catherine de Médius. — iv.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 366, f° 64 v
V MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur
mon tilz fait responce à voz lettres, vous ad-
visanl de ce qu'il mande au sieur d'Aqs l et est
besoin de faire pour parvenir ii ce que l'on dé-
sire. Vostre affection et prudence est tant co-
gneuc que j'eslimerois vous faire tort en vous
recommandant davantage ce. qui est pour le
service dudicl sieur Roy mon filz et le bien de
ses affaires cl de la Seigneurie, priant Dieu .
qu'il vous ayt, Monsieur du Ferrier, en sa
saincte garde.
Escript à Paris, le xvnc jour de février
15.73.
Caterine.
Neufville.
1573. — 18 février.
Copie. Bibi. nat. Cinq cents Colbert. n° 338, p. 61.
A MONSIEUR L'ÉVESQUE DE VALENCE.
Monsieur de Valence, l'ambassadeur d'An-
gleterre, qui est icy résident, a dict à quel-
q'un qu'il avoit entendu des nouvelles de Po-
1 Charles IX dans sa lettre parle de son intervention
à l'effet de ménager la paix entre les Vénitiens et le
Grand Seigneur, et il ajoute : «Pour le faict de la Po-
logne ledict sieur d'Aqs se conduira suivant la dépesche
de Germiny', le duplicata de laquelle je lui envoyé et
qu'il ait bonne intelligence et correspondance avec te
sieur de Valence, qui est par delà. Quant au faict de la
ligue b je n'y puis nullement entrer et je les en asseure,
estant très aise pour toutes ces raisons que ledict sieur
d'Aqs ait pris la résolution de s'en retourner par delà, n
(Même volume, f 6a.)
1 Germiny avait porté des instructions a l'évéque de Das. Voir
Cbari'ière. Négociations de la France dans le Levant, t. III, p. 33o,
et suiv.
b La ligue catholique que le cardinal Ursin , légat du pape,
était venu lui proposer.
IHPR'.HtniE NATIONALE.
170
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
loiguc, par lesquelles il se dict que l'Empereur
monsieur mon bon frère pense avoir meil-
leure pari (pie jamais à l'esleclion pour l'ar-
chiduc Ernest, ayant gagné par pre'sens le
Lasky ', qui est homme qui se ronduict par
tel moyen; lequel, bien qu'il soit protestant
de cœur, monstre en aparence d'estre catho-
licque et de voulloir faire en cesle considé-
raient tous bons ollircs pour ledict .archiduc,
avec cela l'on dict qu'il croyt beaucoup en
une femme, pour l'aimer grandement, et
qu'elle peult infiniment à le faire tourner en
telle part qu'elle vouldra, qui est cause, Mon-
sieur de Valence, que je vous ay bien voullu
donner advis de ce que dessus, et vous dire
que, estant la puissance dudit Lasky bien
grande, ainsi que l'oncle nous a faict en-
tendre, actendu qu'il a les forces et grand
crédit au pays, je désire que vous regardiez
de le gaigner avec les mesmes moyens qu'il
veult estre praticqué et mesmes pour celluy
de ceste femme, à laquelle vous regarderez de
faire pour cest effect quelques honorables pré-
sens et promesses, si bien que vous puissiez
la disposer à persuader ledict Lasky envers
lequel elle a grande puissance, à faire entiè-
rement en ceste élection pour mon filz le duc
d'Anjou ; en quoy je vous prie de ne rien es-
parguer selon le désir que le Roy, Monsieur
et moy 2 avons de veoir la chose réussir à
1 Albert Laski, palatin do Siradie, un de ceux qui
contribua le pins à l'élection du duc d'Anjou.
t ne lettre de Charles l\ à M. de Saint-Gouard ,
datée du 29 du même mois, nous fait connaître les diffi-
cultés que rencontrait l'élection de son frère le duc
d'Anjou au trône de Pologne, difficultés suscitées sui-
1 <>i 1 1 par le mauvais vouloir des Espagnols: rrje n'ay eu
peu de peyne, écrivait-il, pour remédie 3 leurs arti-
fices, ayant pulilié et voulu faire croire par le monde
que iion> avions juré ensemble la ruyne de tous ceulx
ijiii font profession d'autre religion que de la uoslre, et
(|ue ce que j'avois faict estoil avecques eulx prémédité de
une heureuse fin'. Et, pour ce que nous au-
rons à singulier plaisir d'entendre souvent des
nouvelles du succès des affaires de ce costé-
là, en quel estât ilz seront, et quel progrès ou
retardement ilz prendront, je vous prie,
Monsieur de Valence, que vous nous en écri-
viez souvent2, bien quece ne deust estre pour
occasion de grande importance, donnant
adresse à vos dépesches par l'ordinaire qui
vient de Cracovie à Venize, ainsi qu'il vous a
esté cy-devant escript, ayant mandé au ^ieur
du Ferrier de m'envoyer incontinent vos pa-
quetz, qui est tout ce que j'ai à vous dire. Ce-
pendant je prie Dieu, Monsieur de Valence,
vous avoir en sa sainetc garde.
Escript à Paris, le xvin" jour de febvrier
i573.
Caterinb.
1573. — 91 février.
Copie. Bibl. oat. Cinq cents Cotbert, n" 366, p. 86.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
filz vous faict si ample responce à \o<tre der-
nière par celle qu'il vous faict présentement3.
longtemps. Au faict leurs persuasions ont esté receues pour
si fort vraisemblables, eslans confortées d'ailleurs et ve-
nans de ceulx qui sont envoyez vers moy, que, si la pure
vérité n'eust de soy eu assez de force pour surmonter
son contraire, j'estime qu'il?, feussenl parvenuz au dessus
de leurs intentions, et que ilz ne m'eussent seullemenl
esloigné et distrait l'amytié de la royne d'Angleterre et
des princes d'Allemagne et autres protestons, mais ilz s.'
la feussent acquise et asseurée à mon détriment.-! (iiibl.
nat., fonds français , n" i6io5, P i5.)
1 Voir les dépêches de l'évéque de Valence dans le
n° 338 des Cinq cents du fonds Colbert.
2 Voir la lettre de Charles I\ à Saint-Gouard
du sa février. (Iiibl. nat., fonds français, n" îliioô.)
' Après l'avoir entretenu de l'affaire de la Mirande,
Charles l\ aborde la question de la Pologne : tJe suis
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
171
par laquelle il nous mande bien au long des
nouvelles de par deçà et escrit bien particul-
ièrement ce qu'il désire que vous faeiez pour
son service que je n'y sçaurois rien adjousler
davantage, sinon pour vous prier de continuer
à nous faire sçavoir souvent de vos nouvelles,
priant Dieu, Monsieur du Ferrier, vous avoir
en sa saiucle garde.
bien aise de ce que te sieur de l'isle " a envoyé au nonce
du Pape résident eu Pologne la lettre de Sa Saincteté,
combien que j'estime que Balagny, qui a trop demeuré par
ies chemins et avec peu de respect de mes commande-
ments, l'aura douve bien avancé. J'ay bien considéré la
cause de la nouvelle espérance que les Impériaux et Es-
pagnols ont conceue de l'élection au trosne de Pologne du
filz de l'Empereur et combien qu'elle soit avec quelque ap-
parence, toutesfoisje n'estime que ses ministres ayentfaict
les promesses au préjudice du Moscovite b que m'escripvez,
ce qu'ils auraient laid tropindiscrètement et sans comman-
dement. Je ne double pas que lesdicts Impériaux ne s'aident
de toutes inventions pour rendre ma poursuite odieuse, et
mesinement sur ces occasions, loutesfois j'espère que la
vérité effacera toutes les opinions sinistres qu'ilz auront
par leurs artifices imprimées ; en quoy serviront les dé-
claratons et arrêts que vous avez traduits du latin, et
envoyés en Pologne, et en effect cognoistront comme
mon frère s'est monstre prompt et dilligent à punir et
l'aire chastier ceux qui avoient conspiré contre ma per-
sonne et mon Estât, qu'il le sera encore plus à rece-
voir bénignement ceux qui ont levé les armes contre mes
intentions, s'ilz se mettent en tel devoir qu'il appartient,
comme il faict ce qu'il peult pour les y faire condes-
cendre, ayaut, depuis qu'il est arrivé au camp de la Ro-
chelle, envoyé par devers les Rochellois, avant que de
passer encore à la force, les admonester de se reco-
gnoistre, leur promectant le plus gracieux traictement;
de quoy, en une sorte ou autre, j'espère avec l'aide de
Dieu , par la prudence de moudict frère , tout heureux suc-
cès, ayant depuis peu faict remorquer dedans le canal
du port une grande caraque avec plusieurs autres vais-
seaux remplis de pierres et de terre pour gaster ledict
port , et à la laveur de deux forts qu'il a faict construire
aux deux portes de l'embouchure d'icelluy empescher
qu'il ne puisse estre aucun secours par mer en ladicle
ville. » (Même volume, f" 83 et suiv.)
■ Gilles de Noailles.
'■ Yvan IV le Terrible.
Escript à Paris, le xxi0 jour de février
i573.
Caterixe.
De Neufville.
1573. — 22 février.
Orig. Bibl. nal. collect. Dupuy, Q° 8ui, f° 107.
A MONSIEUR DE THOU,
PIlEMIEr. PRESIDENT EN SA COtiliT DE PARLEMENT DE P1B1S.
Monsieur le Président, pour ce que je dé-
sire que le sieur du Molay, qui avoit durant
les derniers troubles la cbarge de marescbal
du régiment de feu Monsieur de Marligues, soit
promptement expédié du procès qu'il a pen-
dant en la court de Parlement contre maistre
Guillaume Godeffroy et que son bon droict
luy soit conservé, je vous ay bien voullu
escripre la présente pour le vous recomman-
der et vous prier luy fayre la meilleure et plus
briefve expédition qu'il vous sera possible,
ayant l'équité de sa cause en telle et si bonne
recommandation que l'issue qu'il en attend
soyt telle qu'il la désire, comme je m'asseure
que vous sçaurez très bien faire, priant Dieu,
Monsieur le Président, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, le xxiic jour de febvriei
i573.
Cateri:ve.
Chantereau.
1573.
•2 3 février.
Copie. Bibl. nat. fonds français, u" 17973 , f° 6'i.
Imprimé dans les Additions ma Mémoires de Castehum, l. III , p. Soi.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe, j'ay receu vos deux
dépesches des xim et xvi du présent mois,
lesquelles je feray voir au Roy mon tilz pour
après vous y faire responce, ayant le double
172
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
d'iceiles envoyé cependant à mon iiiz le duc
d'Anjou, affin qu'il sr>îl advérty de tout ce
que nous escrivez, qui est de très grande ini-
portance et à quoy il faultque vous ayez l'œil
sy ouvert que nous puissions voir et entendre
les délibérations d'icelle royne,et des princes
mentionnez par vozdictes lettres et aussi des
déportements de ceux des subjectz du Rov
mondict sieur et lilz qui sont par delà, et
n'estant la présente à autre fin, je prie Dieu,
Monsieur de la Mothe, vous avoir en sa saincte
e( digne garde.
Escript ;i Saint-Germain-en-Laye, ce xxm"
février i Ti^;!.
CiTERINE.
1573. — a 5 février.
Orig. Biltt. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. XX, f° 5a.
A MON FILZ
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, en actendant que j'aye faict veoir
au Roy vostre frère deux dépesches que j'ay
ce malin receues du sieur de la Mothe-Féne-
lon, son ambassadeur en Angleterre, et que
j'aye sur icelles prins résolution avecq luy sur
les advisque nous donne le sieur de la Mothe,
jay ad visé, avant partir d'icy, de vous en en-
voyer les doubles1, que vous trouverez enclos
en ce pacquet, vous priant les bien consi-
dérer et adviser de baster le plus qu'il vous
sera possible la réduction de la Rochelle en
l'obéissance de mondict sieur et filz vostre
frère2, y proceddant, comme vous avez si
\"ii les deux dépesches dans le tome V de la Cor-
respondance de In Molki'-Fènelon, p. «53 et a58.
2 Le ai de ce même mois le duc d'Anjou avail écril
au Roi son frère : trJe ne pense avoir rien obniis à vous
représenter de ce qui est passé en vostre armée jusque*
alor- : entre aultres choses vous vous trouverez entière-
ment salislairl sur le contenu de vostre dernière du xiii"
bien commencé et par amour et par force;
car oultre le grant bien que vous ferez à ce
de ce moys, sur laquelle il vous plaist me faire entendre
la continuation de vostre désir et intention de ne rompre
et perdre l'occasion avecq ceux de la Rochelle de les ra-
mener par la voye de doulceur et clémence à la reco-
gnoissance du debvoir dont ilz vous sont lenuz, d'aul-
lant que les lettres que j'ay escriptes à ceulx de ladicte
ville et à la noblesse qui s'y est retirée vous feront
cognoistre qu'il n'a rien esti; <>uM\é de ce cousté, et
néanlmoins qu'elles n'ont peu enenres avoir assez de
force pour les fleschir à embrasser le soing que vous
avez de leur salut, lequel m'est en telle recommandation,
pour estre chose qui importe au bien de vostre service,
et que vous en avez en affection que, n'ayant voulu
prendre pied au peu de respect qu'ilz y ont rendu et à
la froide responce que j'en ay receue, après avoir consi-
déré qu'il ne serait convenable, pour ne faire tort à
vostre auctorité et les rendre trop insolens, s'ilz se
veoyoient recherchez, que je leur en escripvisse en mon
nom, j'ay faict que le sieur de lîiron en a escript,
comme de soy mesme à La Noue, luy faisant sentir le
desplaisir qu'il a de cognoislre que ceulx de ladicte ville
et la noblesse aussy, ayant plus lost voulu négliger que
embrasser le bien, salut et repos que on leur procurai I
pour éviter les misères et calamitez qu'ilz ne peuvent
fuyr par la continuation de ce siège ; sur quoy je -uN
attendant la responce que fera ledict de la i\oue, la-
quelle receue, si elle porte fondement et pied par lequel
l'on puisse baster ce que Votre Majesté cl tous vos bons
servileurs désirent, je vous supplie très humblement,
croire que je n'y perdray ny le temps ny l'occasion , comme
cependant il n'est aussy rien ouhlyé à poursuivre et ad-
vancer les moyens qui deppendenl de la force, ayant faict
faire ung fort à la voue de ceulx de la ville, à l'opposite
du bastion de l'Evangille, et distant d'icelluy de cinq à
six cens pas seullement où j'ai logé ung bon nombre de
soldalz qui ont bien retranché des saillies et sorties que
faisoient ceulx de dedans de ce cousté là. Arrivèrent
hier cinq navires; le sixiesme est encore au porl de
Bourdeaulx, bien près d'estre équippé, pour inconti-
nent après suivre les autres; aussy est venu un grand
nombre de vaisseaulx pour le comblement du port et
dès hier malin avois pourveu d'y donner avancement;
niais le venl et l'orage se sont rendu/, si grandz, étant
continués jusques à présent, qu'on a esté contraint d'in-
termectre tout l'œuvre, .le suis présentement pour me
rendre sur le lieu et faire mectre la main à la besogne.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
173
roaulme et pour vostre réputation, vous ren-
verserez tous les desseings et délibérations de
s'il v a moyen pour n'y perdre aucune heure de temps.
Ce malin j'ay advisé faire approcher voz forces tant de
pied que de cheval et désigné les lieux où elles auront à
se loger pour tenir tant plus de court l'ennemy et com-
mencer les approches et tranchées. J'ay escript au sieur
de Bouille de pourveoir à la soureté de l'Isle Dieu,
ayant eu adviz que les ennemis qui sont sur mer y pré-
tendoient faire descente, aussy advencé le partemeut de
six vaissoaulx que vous luy avez naguères mandé envoyer
par deçà.n (Bibl. impér. de Saint-Pétersbourg.)
Dans une nouvelle lettre au Roi son frère, du 27 février,
le duc ajoutait : ir Monseigneur, je vous ay adverty du fort
que j'avois faict commencer près le bastion de l'Evan-
gile, duquel je n'ay voulu perdre l'avantage que le lieu
et l'occasion ont faict cognoistre et juger, y ayant faict
continuer une plate-forme pour y loger deux couleuvrines,
affin que à mêmes temps que la grande batterie com-
mancera son feu , l'on puisse donner en flanc depuis le
bastion de l'Évangile jusques au coing de la tour de
Coignes et endommager d'autant l'ennemy. La nuit du
xxn accompaigné de mon frère Monsieur le duc, je fis
recognoistre le lieu où nous commencerions les tranchées
et ne me contentant pas de ceste première veue, je fus
l'autre nuit et suivante encores les reveoir et visiter tous
les environs, afin de bien prendre et choisir ledict lieu,
et surtout où l'on pourrait faire ung assez bon corps de
garde pour résister aux ennemys, s'ilz vouloient entre-
prendre aucune chose sur ladicte tranchée et l'artillerie.
11 a esté advisé et résolu que l'on feroit deux corps :
sçavoir l'ung à cent pas du fossé pour y loger deux cents
cinquante hommes et ung autre de route près du pre-
mier, où il aura de cinq à six cens hommes pour souste-
nir le plus avancé, s'il en est besoing; par ce moyen
j'espère avoir l'avantage de faire en une mesme nuit les
tranchées et approches, chose qui pourra beaucoup
avancer la besogne et faire penser à l'ennemy que l'on
n'y veult riens oublier, faisant cependant haster avecq
toute la dilligence qu'il est possible tout ce que deppend
du faict de l'artillerie comme gabions, fascines et autres
choses nécessaires et continuer la tranchée tirant au
bastion de l'Evangile, avec intention que samedy matin
il y aura douze canons «n batterie contre les deffences
de la tour de Coignes et deux plate-formes qui sont sur
la courtine tirant de ladicte tour vers le bastion de l'E-
vangile-, l'on travaille aussi en toute dilligence au com-
blement du porl.1 (Bibl. impér. de Saint-Pétersbourg.)
noz voisins qui se persuadent que nous avons
résolu de leur courre sus, et qui, pour les
doubtes qu'il/, eu ont, nous vouldroient en-
tretenir à la guerre pour nous divertir des-
dicles délibérations qu'ils s'imaginent que
nous avons, eslant aussi très nécessaire que
vous advertissez ceulx qui commandent aux
gallaires et vaisseaulx et pataches, affin qu'il/,
aient l'œil ouvert et se gardent de surprinse;
car selon les advis que j'ay euz aujourd'hui
icy de divers endroietz et qu'il est porté par
les dépesches du sieur de la Motbe , le comte
de Montgommery a si fort et si dilligemment
faict préparer l'armée et pourvoir d'hommes
le grand nombre de vaisseaulx dont avez esté
adverty qu'ilz dévoient partir aujourd'huy
xxiiii février pour faire voille droict du costé
de la Rochelle, et voylà pourquoy il fault que
lesdictes gallères et vaisseaulx se tiennent sur
leurs gardes et que, s'il est possible, il n'entre
rien dedans icelle ville qui y puisse apporter
aulcune comodité; à quoy je sçay certai-
nement que vous ne permectrez qu'il soit
différé d'une seulle minute de heure de la
dilligence qui y est requise. Je prie Dieu,
mon filz, qu'il vous conserve toujours en très
bonne santé et qu'il vous ayt en sa saincle
garde.
Escript à Paris, le xxve jour de février
1573.
(De sa main.) Mon fils, l'on me vient de dire
que Languilier vous ayt aie trover et que Bel-
leville l'a guagné; je voldrè qu'il fust vray,
mes je ne croy jeamès rien , cet ne me le
inendés. Je m'en voy monter an cheriot pour
aler trover le Roy hà Saint-Ligier, au yl va
coucher anuit el vous puis aseurer, à cet que
me vient dire Saint-Bonnet, que aurés l'argent
du moys de mars et quasi vous au serés aseu-
ré pour le moys d'avril et, sel je le pensé au-
17/«
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Iremcnt et que je euse encore servi de
quelque cliause ysi, je n'an feuse bugée; je
vous envoy l'édist que le Roy ha fayst pour les
habillemens, je m'aseurc que en seré bien
ayse.
Vostre bonne mère,
Gaterime.
vous diray de ce lieu où je prie Dieu, Mon-
sieur de Bellievre, qu'il vous ayt en sa saincte
garde.
Escript à Saint-Ligier, le XXVIIe jour de fé-
vrier 1573.
Caterine.
Brulart.
1573. — 27 lévrier.
Orig* Bibl. nat. fonds frauçais, n° îâtjoa, f° /117.
A MONSIEUR DE BELLIEVRE.
Monsieur de Bellievre, je ne vous sçaurois
assez dire le grand contentement que reçoit le
Boy monsieur mon filz de ce que vous sçavez
si bien servir à ses intentions, encores quelles
se soienl changées souvent par les divers oc-
curences d'affaires, dont vous estes d'autant
plus louable, et verrez parla lettre que pré-
sentement il vous escript comme il de'sire que
vous adjoignez à tout ce que vous avez bien faict
parcy devant un autre service, qui est de faire
escouler soubz couleur des cinq cents Suisses
jusques au nombre de huit cens, s'il est pos-
sible', de quoy je vous prie, de ma part, et
d'y faire selon l'entière bonne affection que
je sçay que vous avez de le contenter en
toutes choses qu'il vous commande. Mondict
sieur et filz ne vous a rien prescript de la
solde qui sera baille'e auxdicts Suisses pour
ce que c'est chose de laquelle il se fye bien
que vous essayerez d'accorder au meilleur
mesnage qu'il vous sera possible, selon la
particulière recommandation en quoy vous est
le bien de son service, qui est tout ce que je
1 Voici la raison qu'on donnait Charles IX : trAvec
ceux que mes frères el moy avons de cesle heure en noz
gardes, nous pourrions faire uny corps de mille ou
douze cens hommes de ceste nation là, qui serait sulli-
zant pour faire une bonne teste en quelque lieu que
affaire se peull présenter.» ( Même volume, f° 5i5.)
1573. — 27 février.
Orig. Bibi. nat. fonds français, n° 3aol, f° 61 r .
A MON COUSIN
LE MARESCHAL DE DA.MVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mou filz
vous respond si amplement à voz deux der-
nières, par celle qu'il vous faict présentement
que je n'y sçaurois rien adjouster, synon pour
vous prier de continuer en la bonne volonté
et affection que portez au bien et affaires de
ce royaume, vous employant de tout vostre
pouvoir à rendre toutes choses paisibles par
delà. Je tiendray la main que, lorsque le Roy
mondict sieur et filz fera la distribution des
bénéfices vacquans, que l'évescbé de Agde que
demandez vous sera accordé; je vous piye de
le croire et que voz services ne seront oublyez,
pryant Dieu, mon cousin, qu'il vous tienne
en sa saincte et digne garde.
Escript à Saint-Ligier, le xxvn" jour de fé-
vrier 1573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 37 février.
Orig. Bibl, nat. fonda français, u° 3ig3, f° 191.
A MONSIEUR LE DUC DE MONTPENS1ER.
Mon cousin, j'ay recéu la lettre que \ou*
m'avez escripte, qui m'a esté fort agréable,
tant pour avoir entendu de voz nouvelles que
pour avoyr \eu par icelle comme vous estes
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
■J75
près de mon filz, auquel je vous prie dire et
ramentevovr souvent ce que vous verrez etco-
gnoistrez qui sera à propos et nécessaire pour
sa conservation, encores que, je m'asseure,
pour la bonne voulonté et affection que vous
nous portez, vous n'estes pour rien obmettre
de cela ni du service du Roy monsieur mon
filz, dont vous me ferez grand plaisir de
m'escripre le plus souvent que vous pourrez,
priant Dieu, mon cousin, vous tenir en sa
saincte garde.
Escript à Sainct-Légier, le jour de
febvrier 1573.
(De sa main.) Mon cousin, je say bien que,
cet1 mon fils et ses frères sont creu, qu'y!
iront plus a vent que yl n'en n'est besouyn
pour le servise de Dieu ny du Roy; carl'en-
vye qu'ils ont de bien faire leur fayré croyre
qui le fault ynsin 2; mes vous enn' avés veu de
leur rase qu'il fayset cet que aytoit pour leur
honneur, néanmoyns se conservoynt, come la
re'soii le veult, qui me fest vous prier de leur
remonslrer; car je say bien conbien yl vous
aystimet et royet.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
conside'rer le surplus de celles que nous avons
aujourd'huy sur lesbraz , et combien il est im-
portant de forcer et re'duire ce qui est main-
tenant occupé en Languedoc par les rebelles,
aussi de conserver et tenir toujours en deb-
veoir les autres lieux et places d'importance,
pour éviter tout inconve'nient ; pour quoi l'on
se remet à vous de ce que vous estimerez
estre à faire en vostre gouvernement, priant
Dieu, Monsieur de Gordes, vous avoir en sa
garde.
Escript à Sainct-Léger, le xxvme jour de
fe'vrier 1.573.
Caterine.
De Necfville.
1573. — a8 février.
Archives de la maison de Coodé\
Communiqué par M. ie duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, la lettre que le Roy
monsieur mon filz vous escript en responce à
la vostre du xvnc de ce mois est si ample pour
vous donner toute bonne instruction de ses
affaires par delà que, m'en remectant suricelle
entièrement, je vous prie de bien poiser et
1 Cet, si.
' Krutn. ainsi.
1573. — a 8 février.
Orig. Bibl. nat. fonds Dupuy. n° 801, f3 108.
A MONSIEUR DE THOU,
PHESlIBn PRÉSIDENT KS SA CODAT DE PVTILEMEST DE PAP.IS.
Monsieur le Président, pour ce que je dé-
sire aultant qu'il m'est possible que le viconte
de Venaiz soit promptement expédvé d'un
procès qu'il a pendant en la Grand' Chambre
devant vous, je vous ay bien voullu escripre
la présente pour vous prier luy donner au-
dience et au surplus avoir son bon droict en
bonne et briefve justice pour recom mandé;
comme je m'asseure que vous aurez, tant
pour la prière que je vous en fais que pour le
bien de la justice, et n'estant la présente à
aultre effect, je la finiray, priant Dieu, Mon-
sieur le Président, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Sainct-Léger, le dernier jour de
febvrier 1673.
Caterine.
Chantereau.
176
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
I .">73. — i" mars.
Imprimé1 dans la Correspondance diplomatique de le Motlic-Fènelott ,
I. VII, p. '107.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur delà Mothe, vos deux dernières
dcpesches des xui etxvi du mois passe' l, nous
niellent en peyne pour ce que, par Tune nous
ne sçaurions désirer plus d'honnostes paroiles
de la continuation de l'aimtié d'entre la royne
d'Angleterre et le Roy monsieur mon fils, et,
par l'autre, qui est la dernière, \ous nous re-
présentez beaucoup de choses, qui nous l'ont
craindre le contraire, avecqueles autres advis
que nous avons d'ailleurs.
Voilà pourquoy inondicl sieur el fils vous
faict entendre le désir qu'il a d'en eslre es-
clairci, et, de ma part, je vous prie mettre
peyne de voir clair, et nous en advertir incon-
tinent ; car, si ladicte royne se vouloit déclai-
rer et que, sans y mettre son nom, elle y em-
ployast ses subjeetz, vaisseaulx et moyens,
soubs prétexte de nos subjeetz mal affection-
nés, il seroit 1res nécessaire que pourveussions
d'heure à l'armement de quelques vaysseaulx,
Oui Ire ce qui est du coslé de la Rochelle, pour
l'expugnation de laquelle il ne se pert une
seule minute d'heure de temps, comme nous
escript bien amplement mondict sieur et filz,
qui me gardera de vous en faire redicte; mais
vous priant, pour la fin, que vous regardiez
surtout le moyen qu'il y a de mettre quelque
bonne fin en la négociation du propos de ma-
riage ; car continuant, il n'y a chose que nous
désirions plus ni qui soit tant nécessaire pour
le bien des affairés de ladicte royne et de ses
principauh ministres que cela, ni aussi, à
vous dire vrai, qui nous confirme plus d'ami-
1 Voir ces dépêches dans le tome V de la Correspon-
dance de lu Molhe-Féielon, p. a53 et a58.
lié avec les princes de la Germanie, comme
nous désirons, délibérant inondicl sieur el
filz de l'aire aussi envers eux, pour establir
une vraye et parfaictë amitié, ce qu'il pourra,
affin de leur osier l'opinion mesmes qu'avoit
icelle royne que ayons l'ait ligue pour leur
courre sus, chose à quoy je ne consentira)
jamais, désirant l'amitié des princes et prin-
cesses noz voisins et voisines plus que nulle
autre chose, mais aussi , après que nous avons
faict tout ce qui se peut pour ceste occasion,
si nous recognoissions (pie l'on conleninasl
uostredicte amitié, je ne serais pasd'advis de
nous soucier guères de ceux qui n'en feraient
poinct de cas.
Pénétrez le plus avant que \ous pourrez es
occasions des voyages que se font faire si fré-
quemment de l'un à l'autre ladicte royne et
lesdicts princes, et nous en donnez avis el
aussi des autres occasions, priant Dieu vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Saint-Léger, le premier jour de
mars.
Caterine.
Pin art.
1573. - — a mars.
Oriç. Iîibl. nal. fonds français, 11° 395'i . f" 5o.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, vous verrez parla
lettre du Roy monsieur mon filz ce qui se peuil
respondre à voz lettres du xxe de ce présent
mois, qui me gardera vous faire cesle-cy plus
longue, que pour vous prier d'avoir tousjours
ce qui touche le service du Roy mondict sieur
et lilz en vostre charge en la mesme bonne
affection que vous avez eu jusquesicy, dont il
est bien salisfaicl el content; priant Dieu.
Monsieur de Matignon, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
177
Escript à Saint-Léger, le ne jour de mars
i573.
Caterine.
Pin art.
39, f il r*.
1573. — 2 mars.
Orig. Tîibl. oat. fonds français, n° 3a
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, sans la considération des ser-
vices et de la pauvrette du bon homme Mon-
sieur de Sanssac, je m'asseure que le Roy
monsieur mon filz vous eust très voluntiers
accordé la réserve de l'abbaye de la Nouaille,
dont nous avez escript; mais mondict sieur
et filz garde ceste bonne \olunté pour quelque
autre meilleure, quand il en vacquera. Cepen-
dant, mon cousin, je suys infiniment ayse
que vostre santé et disposition aient peu per-
mectre que soyiez allé au camp avec mon filz,
que je m'asseure aussy qui en sera très ayse,
priant Dieu, mon cousin, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
Escript à Saint-Léger, le h' jour de mars
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 2 mars.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pélersbourg.
A MON FILS LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, la marquise de Trans me fait
entendre le singulier désir qu'elle a que son
fils le vicomte de Curson1, qui s'en va déjà
1 Frédéric de Foix, vicomte deGurson; il devait pré-
décéder à son père, Germain-Gaston , marquis de Trans,
cité plus bas, te héros de la singulière aventure racontée
par Brantôme dans la vie du maréchal de Tavannes (éd.
Lalanne, t. V, p. 93), qui lui-même mourut en i5gi.
OiTBERINE DE MtDICIS. lf.
grand, preigne nourriture près du Roy mon-
sieur mon filz, affin que, en suivant les traces
de ses prédécesseurs, il se puisse rendre ca-
pable de faire service à ceste couronne,
comme il a très bonne espérance et, pour cet
effect, luy pourvoir de quelque saige, pru-
dent et advisé gentilhomme qui soit pour le
gouverner et conduire jusqu'à ce qu'il soit
parvenu en âge suffisant pour en tirer le
fruict qu'il promet, et pour ce que mon cou-
sin le marquis de Trans a de longtemps cog-
noissance et bien bonne opinion du capitaine
Dallon pour l'avoir nourri et congneu propre
pour le gouvernement de son filz, je vous ay
bien voulu escripre la présente et vous prier,
mon filz, de donner congé audict capitaine
Dallon pour aller trouver le marquis de Trans
et prendre la charge et gouvernement de son
filz et le mener au Roy, et en son lieu per-
mettre à son frère qui est lieutenant de la-
dicte compagnie de commander en icelle, afin
que, par ce moyen, ni l'un ni l'autre ne re-
çoipve incommodité; en cest endroit, priant
Dieu, après m'estre très affectueusement re-
commandée à vostre bonne grâce, vous avoir,
mon filz, en sa saincte et digne garde.
Escript à Saint-Léger, le ne jour de mars
i573.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — 4 mars.
Orig. Bibt. oat. fonds français, n° 15902 , f° &ao.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre , vous verrez par la
lettre que présentement vous escript le Roy
monsieur mon filz ' comme il s'est résolu de
1 Voici cette lettre, qui complète celle de Catherine :
-Monsieur de Bellièvre, j'ay veu ce que me mandez
33
LM PRIME ME SATI0SJ4-E.
178 LETTKES DE GATIJ
se servir de la levée des six mille Suysses et
de les faire marcher, puisque sans cela il y
auroil encores dangier de plus grands désordres
([ue cculx qui sont jusques icy advenuzà cause
du retardement de l'acheminement d'icelle,
lequel ne vous peull eslre impute', ayant en
cela l'aict ce qui vous a esté commandé par
mondict sieur et filz, auquel vous ferez ser-
vice fort agréable de vous trouver à la première
monstre desdicts Suysses pour les raisons
qu'il vous a cy-devant escriples et les faire
acheminer devant, si il est possible, cestc
Irouppc de huict ou neuf cens hommes en
toute dilligence, ainsi qu'il le vous mande.
Quant au payement, je faiclz faire une bonne
dépesche à ceulx du conseil qui sont demeu-
par vostre lettre du xix' du passé du grand désordre que
l'ont du pays des Ligues tes cappilaines et soldatz de la
levée des six mil Suysses lesquelz, s'estant résoluz de
marcher en ladicte levée, sont desbauchéz et ne veullnnt
plus vivre que par les tavernes, dont les Seigneurs des
cantons sont fort indignez et s'en sentent tellement
chargez qu'il: vous ont déclairé que, si je ne faisois mar-
cher lesdiclz cappilaines et soldatz, ils leurs feroyent
commandement de venir à mon service, suivant la cap-
pitnlation qui a eslé faite avec eulx. Je m'asseure bien
que, s'il y eust eu quelque moyen à adoulcir et faire
passer ce inescontanlement, vous n'eussiez failly d'y
donner bon ordre, comme vous avez faict jusques icy à
retarder l'acheminement de ladicte levée, suivant ce que
je vous ay cy-devant escript. Mais, puisque les choses
sont réduicles à tel poinct que lesdicts cappilaines sont
résoluz de marcher, soit avec mon bon gré ou autrement,
et que je sei ois tousjours condamné à leur payer la solde
de trois moys, vous regarderez, incontinent la présente
receue , de les faire acheminer. Et pour ce que du nombre
des vingt cappilaines, qui y doivent servir et ont eu leurs
lettres d'apoinctement, le cappitaine Tokiner n'est pas
compris et que en cela il ne se peut riens changer, je
désire, encores que je vous aye cy-devant mandé que je
ne veulx pas avoir plus de six mil hommes, que vous le
l'aides marcher avec une compaignye qui fera la vingt-
uniesme enseigne, laquelle ne soit que de trois cens
hommes, payée au prorata de rapoiuctemenl des aulres
cappitaines; car tousjours pomray-je bien choisir dedans
ER1NE DE MÉDICIS.
rez à Paris pour faire accélérer les deniers du
clergé que se devront porter de Thoulousc à
Lyon, affin que la chose ne lire plus à lon-
gueur, ainsi qu'il est bien nécessaire, priant
Dieu, Monsieur de Bellièvre, qu'il vousayt en
sa saincte garde.
Escript à Saincl-Ligier, ce qualriesme jour
de mais 1073.
Asseurez-vous, Monsieur de Bellièvre , que
le Roy monsieur mon fdz a bonne envie aux
premières vaccations qui adviendront, de re-
cognoistre voz services et moy d'y tenir la
main, comme vous méritez.
Caterine.
Brulart.
ce nombre desdicts six mil Suysses jusques à huict cens
hommes pour me servir de renfort de garde. Ce faisant,
l'on ne pourra faire marcher les deux enseignes que le
cappitaine Caslelberg vous a dict qu'il serait bon de
bailler à la haulte ligue Grise pour les contenter ven la
bonne affection et volonté qu'a monstre ladicte ligue porter
au bien de mes affaires, de quoy je me trouve ung peu
en peyne. Toulesfois je ne puis rien , sinon me résotddre
à ne faire marcher lesdicts disons, puisque c'est chose
qui ne se peult faire à ceste heure que les cappitaines ont
jà esté appoinctez et asseurez de marcher. Je voudrais bien
que vous advisissiez à faire sortir promptement du pays
jusques à huict ou neul cens hommes qui n'attendissent pas
les autres et vinssent droict du lieu de la première monstre
où ils recepvront argent pour de là s'acheminer aux plus
grandes journées qu'il seroit possible à la Rochelle où
est mon frère, le duc d'Anjou , aflin qu'ilz puissent me
faire quelque bon service, et pour le regard de l'autre
grosse troupe qui ne se rendrait si losl au lieu de la pre-
mière monstre, je seray bien aise, d'autant que je ne
puis rien craindre de mal en mon royaume que du costé
de l'Allemagne où il est à présumer que ceulx qui me
détiennent mes villes par force s'efforceront plus lost
d'avoir secours qu'en nul autre endroicl , qu'elle ne bouge
des quartiers de la Bourgogne et Champagne pour tenir
ceste frontière là bien gamye contre toutes forces qui y
pourraient venir descendre, dont loultefois je n'ay point
jusques. icy occasion de rien craindre par advis qui m'en
est venu.)' (Même volume, f' l\iH.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
179
1573. — k mars.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3ia3, f°oo. •
A MON CODSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, vous m'avés fayst fort grent
plésir de rn'avoyr mendé si au long des novelles
de mes enfans et suis bien marrye de cet qu'il
né vous veulet croyre, et vous prie ne léser
pour sela de le leur bien dire, et puisqu'il ont
lout veu et si bien reconnu toutes chauses, yl
me semble qu'il ont aucasion de se conten-
ter, et ne plus aystre aupiuiatre et vous
croyre, car vous avés veu les Roys leur grent-
père et père, et Monseigneur d'Orléans, leur
oncle, et les aymés asés pour ne leur conseler
rien contre leurs honneur et devoyr, et, quent
yl favronl cornent ceulx là hont fayst, se dé-
vêt contenter. Je suis bien marrye de voyr
ceuk de la Rochelle si ostiné; car yl fayrynt
[mieux] pour eulx et nous tous de se rendre.
Yl me semble que, s'il i veulet entendre,
que seré beaucoup guagné de conserver tant
de jeans de bien à quelque aultre meilleur
ayffesl, et le plus tost, avent que leur avegne
ncul securs, lé resevoyr à composition. Vous
aystes tent de jeans de bien auprès de mon
fils, que je m'aseure le sauré bien conseller,
et qui le resevéré tousjours de bonne pari,
principalement de vous qu'il euré aystimé
corne père. Je prie Dieu vous bien guarder et
conserver.
De Saint-Ligier, cet mi' de mars 1573.
[•_ Vostre bonne cousine.
Catemne.
1573. — 10 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° îaaoa, f° Û35.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE.
Monsieur de Rellièvre , tout le subject de la
dépesche que vous faict présentement le Roy
mon filz n'est que pour le regard des deux
enseignes de Grisons ï qu'il est bien d'advis
que vous faictes marcher avec les autres vingt
un de la levée, si vous congnoissiez que ce
soit chose requise pour le bien de son service
et accommoder les affaires es Ligue grises ; à
quoy nous asseurons que vous sçaurez sai-
gement donner ordre, priant Dieu, Mon-
sieur de Rellièvre, qu'il vous ayt en sa saincte
garde.
1 Dès le C mars, Charles IX, après avoir prié Bel-
lièvre de relarder l'envoi de la dernière levée , avait changé
d'avis et il avait écrit à Schomberg : «Ayant sceu qu'il y
avoit eu beaucoup de mécontentement parmy les sieurs
des Ligues à cause que l'acheminement de ceste levée
estoit retardé et que ces capitaines faisoient compte de
marcher suivant les traictez, puisqu'ilz avoient les lettres
d'appointement, et aussi pour ce que j'ay pensé qu'il ne
sera point mal à propoz que je me trouve ung peu fort
sur l'occasion des gens de guerre qui sont du costé des
Pays-Bas et du grand nombre de vaisseauk qui sont ar-
mez sur la mer, qui passent souvent le long de nos
costes, je me suis résolu de faire marcher ladicte levée,
dont j'ay bien voulu vous adviser, affin que si l'on vou-
loit interpréter par delà que ce feust en intention d'ac-
croistre et allumer davantaige la guerre en mon royaume
que au contraire je fais rechercher plus que jamais ceux
de la Rochelle de les réduire par douceur, encore que
l'on les tienne assiégez de bien près tant par le moyen
des forts qui ont esté faictz à cinq ou six cents pas de
leur fossé, de l'empeschement du port qui est tel qu'ilz
ne peuvent plus estre secouruz de la mer, que de la bat-
terie, aux deffenses que l'on a commencé dès le dernier
jour de février, espérant que la praticque que jà a
esté commencée avec eubt réussira à bon effect, et que,
après avoir bien marchandé, ilz se contenteront des
conditions que je leur ay fait offrir et qui sont contenues
en vostre mémoire.» (Bibl. nat., Cinq cents Colbert,
n° 600.)
a3.
180 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Escript à Sainct-Léger, le xc jour de mars
.573.
Caterine.
Brclart.
1573. — Du 10 au 1 5 mars.
A h I . Bibl. nat. fonds français , n° 3if)3, f° 117.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, cete mort de Monsieur
d'Omale ' m'a telement ayfréyée que je n'atens
l'eure de ouir quelque mauvèse novelle de
mes eiifaus , si Dieu n'i met la mayn , et vous
aultres de les en guarder par forse. Et ne
rreignez qu'i vous en veulet mal, et em-
pcschés les qu'i n allet plus en ses lieux au yl
n'onsl que fayre, et en peult avenir un sy
grent malheur, que, le pansant, je an suis hors
de moy. Le Roy vous envoyé cet jeanlilhomme
à tous pour vous comender de ne léser plus
aler ses frères en set lieulx et ausi que vous
mesmes ne vous y azardie's sans aucasion, car
yl a trop de regrect d'avoyr perdu le povre
Monsieur d'Omale contre de he'litre pour po-
voyr endurer que ceulx qui reslet set metet
en parel dangé, car vous pouvés bien fayre
son servise et vous conserver, car cet cet qu'il
désire, et ne veult nulement que son frère
suffre que neul de vous aultres aillet à l'assaut ,
corne cet porteur luy ha dist qu'en étiés dé-
libérés. Je prie Dieu qu'ils se rendet, et vous
prie, conselé à mou fils de les prendre à quel-
que condition que ce souit pour vous sauver
tous et tent de noblesse qui est cet que je prie
à Dieu volouir tout conserver.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Le duc d'Aumale avait été tué le 8 mars.
1 575. — 1 3 mars.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3iy3, f° 5y.
A MON FII.S
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, nous vismes d'avenl arsouyr, le
bonhomme maréchal de Tavannes qui ayst
guéri, mais si foyble qu'il ne bouge du list.
Le Roy yl fit venir son consel pour sur vostre
lelre aviser cet qu'il vous auroyt à monder
pour finale résolution et enfin yl résoleut
qu'il ne pouvoyt fayre un mauves marché s'il
pouvoyt avoyr la Rochelle par composition et
qu'il ne fallu conprendre le reste, afin de
n'entertenir plus cette asotiation qu'il ont
antre eux, et qu'il sanble que Lanoue seroyt
bien ayse de se les aubliger pour se fayre taci-
tement chef de tous, ce qu'i ne fault neule-
mcnl, ni qu'i baye plus de presche, ni d'exer-
sise de leur religion ni de ministre en cet
royaume, puisque Dieu nous enn a délivrés,
et pour la ville de la Rochelle suivre ce qui
feut bayllé à l'abé Guadaigne, et surtout
n'aler à la longue, de peur que la longueur
nous atirast les Alemans et les Englois sur les
aypoles l. En prenant bientost ceste plase tout
sese2, aus averlisemens que avons et Le Loge
vous enn a aporté la volonté du Rov; mes
le bonhomme Tavannes a envoyé retenir des
rcylres et que ayent les Suise, de quoy yl
estoit marry qui n'euse silost et la jeandarmerie
reposaye, que, s'il venoyt pour entier en
Franse, qu'i lé falloit aler eonibatre à la
frontière et léser la Rochelle tousjour asiégée
et que lors y seroyt guéri pour y eslre, et
qu'il avoit grent regret qu'il ne vous povoit
fayre servise. Je vous aseure qu'il est bien
foyble el dist que l'on vous fayst acroyre que
le royaume de Pologne ayst beau el bon, mes
1 Aypoles, épaules.
- Sese, cesse.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
181
qu'il est désert et ne veault rien, n'est si
grent que Ton dist et que ies jeans sont bru-
tauls ; et quand je lui dis qu'yl estoit veneu
un jeune jcantilhomnie qui disouit qu'i vous
feroynl leur roy, et que à le voyr yl montre
bien qu'y sont bien sivils et jeans de bon en-
tendement et que c'et un bon et grent
royaume qui a toujours saut cinquante mile
chevauls pour fayre cet qu'il veult, il me res-
pondit : yl fault voyr, mes yl le fauldre' ac-
que'rir et je ne savès pas cet qu'il enn avoyt
dist auparavent. Le bon homme ne veut pas
aler or de sou fumier et ne voudra pas ausi
que vous, que luy serve's beaucoup, voulussie'
aystre plus grent, lent qu'il vivre; je serc'
bien de son aupinion, set je n'émès mieulx
vostre honneur et grandeur que mon ple'sir.
Je vous veulx aussi avertir d'un aultre chause
que n'est pas de cet propos, c'et que vostre
sœur je pense qu'el ayst grosse de deus mois;
car, yl y a haullent que vous et son mary par-
ûtes. Je an suis bien ayse, corne aussi sui-je
de set que madame de Nevers a faist un fils ,
pour l'amour de son mari. Nous allons annuit
coucher hà Fonteynebleau au feyron ' Pasques.
Je prie Dieu que pussions avoir de bonnes
npyelles et qu'il vous garde de tout danger.
Cet xm mars 1673.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — ih mais.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n° 15902 , f* 453.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, le Roy, monsieur
mon filz congnoist de plus en plus la bonne
affection avec laquelle vous cheminez en ce
qui louche le bien de son service que vous
n'avez voulu abandonner pour donner ordre
1 An feyron, où nous ferons.
aux affaires d'importance qui sont nays ' par
delà ; eu quoy, comme nous nous asseurons
bien que vous n'aurez faict ny ne ferez jamais
autre chose que ce que doibt à son maistre
ung bon et affectionne' ministre tel que l'on
vous congnoist et estime, il ne fault pas que
vous doubliez que vous n'en soyez tousjours
loué par le Roy mondict sieur et filz et que
moy, pour ma part, ne vous en preingne en
ma protection ainsy qu'il est bien raisonnable,
saiohant bien que vous n'estes mou et guydé
que du seul zèle que vous portez au bien des
affaires de ce royaume, vous voulant bien
dire pour fin de ceste lettre que le Roy mon-
dict sieur et filz demeure autant satisfaict du
service que vous luy avez faict en ce voyaige
que vous le pouvez désirer pour vostre con-
tentement. Sur ce, je prie Dieu, Monsieur de
Bellièvre, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xime jour de
mars 1673.
Caterine.
Brulart.
1573. — i4 mars.
Impr. dans la Correspondance diplomatique de La Mothe-Fcnelon , t. VII.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, je vous prie, sui-
vant ce que le Roy monsieur mon fils vous
escript, regarder de fayre tout ce que pourrez
pour conforter ceux qui sont dedans le chas-
teau de Lislebourg2, car il est bien à craindre
que le comte de Morton3 les force, s'ils n'ont
1 Aai/s, nées.
2 Voir, pour le siège de Lislebourg, Gauthier, Histoire
de Marie Stuart, l. II. p. a8i; lettre île Killegrew à
lord Burgliley dans le Calendar of State papers (1573),
p. 280.
3 Le comte de Morton avait été à la tin de novembre
1579 nommé régent d'Ecosse; voir sa lettre à lord Bur-
ghley dans te Calendar of State papers (1 073 ) , p. «10.
1573. — îfl. mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 1590a, I" A45.
A MONSIEUR
LE PRÉSIDENT DE BELLIÈVRE1.
Monsieur le Président, ceste cy que je vous
1 M. de Hautefort, frère de M. de Bellièvre, et qui
venait, de le remplacer en Suisse.
182 LETTRES DE CATIIE
esté secourus de ce que le frère du lair de
Granges a receu pour leur porter, dont je vous
prie nous escripre au vrai des nouvelles, et
pareillement de l'arrivée de Vérac, auquel
vous ne devez faire difficulté dYsrriprc que
nous sommes bien esbahis d'estre si long-
temps sans avoir de ses nouvelles et que nous
en sommes en peyne. J'estime que la royne
d'Angleterre ne vous refusera pas un passe-
port pour envoyer quelqu'un qui ayt entende-
ment devers les Anglois. Vous manderez de
bouche ce que verrez qui sera à propos, etluy
vous en mandera aussy de sa part, ou bien, si
voyez qu'il n'y eut point de danger, vous vous
escriprez l'ung à l'autre en chiffre. H est très
nécessaire d'avoir l'œil de ce costé-là suivant
ce que vous mesme escripvez. Voilà pourquoi
je vous prie derechef y faire tout ce qu'il vous
sera possible et nous escripre le plus tost et le
plus souvent que vous pourrez les responses
que vous avez eues sur les lettres que vous
avons escriptes par Vérac pour le faict du
mariage, pour lequel je vous prie user de
tous les moyens qu'il vous sera possible, afin
que en ayons l'heureuse fin que désirons,
car tous les autres affaires ne sauraient que
bien aller si cesluy-là réussit; priant Dieu,
Monsieur de la Mothe , vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Paris, le xini" jour de mars 1 573.
Caterine.
PlNART.
R1NE DE MÉDIC1S.
faiclz est pour accompaigner la lettre que
vous escript le Roy monsieur mon fils1 et
vous ramentevoir que, estant en Suysse sou
ambassadeur, comme vous estes, il fault que
vous ayez l'œil soingneusement ouvert à toutes
les mauvaises praticques qui s'y poursuivront
au préjudice et désavanlaige de ses affaires
pour empeseber qu'ilz ne sortent effect ainsi
que bien l'a sceu faire vostre frère pendant
qu'il y a résidé, priant Dieu, Monsieur le Pré-
sident, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript h Fontainebleau, le xime jour de
mars 1673.
Caterine.
Bruslart.
1573. — 16 mars.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 366, f* ko.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur duFerrier, pour ce que je désire
faire venir seurement à Madame de Randan -
qui est à la Mirandole un pacquet que vous
trouverez avec la présente, je vous prie luy
envoyer incontinent par homme exprès
jusques audict lieu de la Mirandole, allin
qu'il ne se puisse perdre ne esgarer, et par la
première que vous me ferez, me donner advis
de la réception de la présente qui ne servira
à autre effect et à prier Dieu, Monsieur du
Ferrier, vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xvi" jour de
mars 1673.
Caterine.
Chantereau.
1 La lettre du roi précède celle-ci et n'y ajoute rien;
aussi jugeons-nous inutile de la reproduire.
8 Veuve de François de la Rochefoucault.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
183
1573. — 1 7 mars.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n" 3193 , f° 116 r°.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, vous savés la fiense et créanse
qu'ont mes enfans en vous, je vous prie,
quelque mine qu'il vous fassel, ne creyndre à
les euipescher du tout de n'aler plus au yl
ont tousjours aie' ; car vous veoye's l'ynconvé-
nyent avenu au poure Monsieur d'Omale. Yl
leurs en peut avenir aultent, et pour l'hon-
neur de Dieu, meté i vous tous ensamble et
les enn anpeschés, corne ausy le Roy mon fils
veut, pour le regrect qu'il a d'avoir perdu
une tel prynse contre des belistres. Yl vous
envoyé à tous cel jeanlilhomme pour vous co-
mender de ne vous hazarder de fason qu'il
vous perde; car yl désire la conservation de
vous tous plus que la prinse de la Rochelle,
encore qu'ele luv importe pour la conserva-
tion de son royaume, et ne veult nulement
que neul prinse allct a l'assault, come luy a
feisi entendre Le Seure que tous ces jeunes y
volouynt aler1. yl vous mende, à vous aullres
vieulx de les enn an guarder, aultre le com-
mendement qu'il en favst à son frère pour leur
fayre. Je prie à Dieu qu'il set rendet, et les
fault resevoyr à toutes conditions, plus tost
que plus perdre de vous aullres. Je prie Dieu
vous volouir bien guarder.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 M. de N'ançay, le 3o septembre, écrivait à M. du
Bouchage : trCeux de la Rochelle espèrent avoir secours.
L'on dit que Montgommery estoil party avec quatre vingt
vaisseaulx, mais, par faulle d'argent, il est demeuré
avec soixante-deux dont n'y en a que dix-huict chargez
d'environ deux mille hommes qui se soient mis en mer.
On ne sçait quel chemin ilz ont prins; on fait courir le
bruict que Montgommery veut faire quelque descente vers
Normandie.» (Bibl. nat., fonds français, n° 3 1 88 , f° a5.)
1573. — 18 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 3a5't, f° 58.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Malignon, vous verrez par la
lettre que le Roy monsieur mon fils vous
escript l'advis que nous avons que ceulx qui
ont este' de la nouvelle opinion se veullent
remuer et semblent voulloir favoriser le comte
de Montgommery el ceulx quil'accompaignent
en la descente que l'on dict qu'ilz ont délibéré
faire en Normandie ; à quoy je vous prie
prendre bien garde et de près, pour, si cela
est, en user et vous comporter envers eulx,
ainsi que le Rey mondict sieur et filz vous
escript; à la lettre duquel me remectant, je
prieray Dieu vous avoir en sa saincle et
digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xvine jour de
mars i 573.
Caterine.
PlNART.
1573. — 18 mars.
Orig. Archives de la maison de Gondé.
Communiqué" par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes,je n'adjousteray rien'
à celle que le Roy monsieur mon filz vous
escript présentement, d'aultant que par icelle il
vous mande bien amplement son intention
sur ce qu'il désire que vous faictes en vostre
gouvernement, que je vous prye de suivre el
avoir l'œil ouvert que ceulx qui se sont soubz-
levez n'entrepreignent rien contre son service.
Je m'asseure tant de vous que vous v ferez tout
debvoir, et que vous nous ferez souvent sa-
voir de voz nouvelles, pryant Dieu, Monsieur
de Gordes, qu'il vous tienne en sa saincte
garde.
184
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Escripl à Fontainebleau, lu sviu' jour de
mars 1573.
uatehine.
De Nui vu. le.
1573. — 18 mars.
Copie, Bibl. not. Cinq cents Colbert, n°366, ]>. to4.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, vous serez de présent
satisfait d'assignation tant pour le payement
de vos parties extraordinaires de l'année passée,
comme pour vostre estai ordinaire, selon qu'il
a esté escript par ceux du Conseil du Roy
monsieur mon fils, lequel est bien marry n'avoir
eu tant de moyen de bien faire à ses bons
serviteurs, comme il en a bonne volonté. En-
voyez moy une copie des lettres que vous me
mandez estre es mains d'un chacun par delà
pour justification de l'exécution de l'Admirai1.
Si ce sont celles que je pense, d'aullant
qu'elles sont faites selon la vérité, je crois
qu'elles produiront l'effect tel que nous dési-
rons. Le Roy mon fils a veu la lettre de la
comtesse de la Mirande; sur quoy il vous fait
entendre son intention. Je prie Dieu, Mon-
sieur du Ferrier, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xvmc jour de
mars 1073.
Caterise.
Neufville.
1 Voici ce que mandait le même jour Charles IX à
du Ferrier : rrj'ay veu la lettre que la comtesse de la
Mirande vous a escrit touchant le s' Louis (sic) et la
venue d'elle et de son fds par deçà. Vous aurez depuis
receu mes lettres, par lesquelles je vous mande ce que
j'ay lait pour arrester ledict Louis, lequel, comme je
vous ay escrit, est allé retrouver mon frère au camp de
la Rochelle. 11 a esté pourveu d'assignations pour le paye-
ment de la garnison de la Mirande.» (Même volume,
f° 20,3.) Voir une lettre de du Ferrier qui entre dans de
longs détails sur la garni le la Mirande. (Ibid., p. 8
et suiv.)
1573. — 18 mars.
Orig. Bibl. nat. Couds français, n° 3i8i, f s6.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin , le Roy monsieur mon fils vous
escript si amplement que je n'y sçaurois rien
adjousler davanlaige, sinon pour vous pryer
de nous faire sçavoir de vos nouvelles, y ayanl
longtemps que n'en avons enteudeu. en es-
tans en poyue. Je prie Dieu, mon cousin,
qu'il vous tienne en sa saincte et digne garde.
Escript à Fonlainebleau, le xvmeme jour de
mars 1673.
Vostre bonne cousine, '
Caterixe.
[1573. — 20 mars.]
Aut. Bibi. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. XX . f' ii.
A MON FILS LE DUC D'ANJOU.
Mou fils, j'é avté d'avis de vous envoyer cet
courrier pour aultent que je m'aseure que l'on
fera croyre que le Roy vostre frère seré fort
blesé; mes, Dieu mersis, se n'el pas guière. Yl
é vray qu'il a avehapé un grent coup, car il a
mis enn opinion de teuer les sanglyer à pié
et à coups d'espieu et yl n'i set pas encore
beaucoup, et aysteut Brion et Fontayne et luy à
pié et volant enferer le sanglier, yl a retorné
sou aypieu sur le pié et lui a coupé auprès du
cros aurtel; mes yl ne touche poynl au nerf;
s'et seulement quelque tendon, et afin que
l'on ne vous fase le mal plus grent, je vous
enn é voleu avertir ynconlinenl ; car je lé veu
panser et sa bleseure n'est plus longue que
cete raye; yl est au lit ; ayspère que, dan sine
au sis jours, yl sera ausi gualart qu'il fusl
jamès. Je prie à Dieu qu'i vous guarde de
plus grande bleseure et voldrès aystre aseu-
raye que lui et vous n'ann usié jeamès de
plus dangereuse. Envoyé quelque un devoslre
part pour le visiter, yl i an seré bien ayse1.
Vostrc bonne mère.
Caterine.
1573 — 20 inars.
Aut. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, à ce quej'ay veu par une lectre,
1 on vous a fait part de la blessure du Roy
mon filz, laquelle, Dieu merey, est peu de
chose et en est bien guéry. J'en suis dehors,
Dieu mercy, et comme j'ai un peu la joue en-
fle'e, ce sera cause que ne vous lais la présente
plus longue et prie Dieu vous donner ce que
désirez.
Vostre bonne seur,
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 185
mauvaises humeurs desquelles nous pouvons
cstre menassez et que, estans frays venus du
pays, comme ilz seront, ilz feront meilleur
service que s'ilz eussent jà esté troys ou quatre
moys en ce royaulme1. Si nous pouvons avoir
bien tost bonne yssue de la Rochelle et de
Sancerre, j'espère que les efforts du dehors
ne seront pas grans et sur ce je prie Dieu,
Monsieur de Rellièvre, qu'il vous ayt en sa
saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xvieme jour de
1573. — ai mars.
Orig. Bibt. nat. fonds français, n° i5goa , p. 457.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE.
Monsieur de Rellièvre, le Roy monsieur
mon filz et moy avons par quelque temps dé-
siré que la levée des Suysses eust esté pieçà
par deçà, touteffoys quant nous considérons
le temps qu'elle nous vient à propoz pour l'aire
service, s'il survient quelque mauvaise occa-
sion plus grande que ce que Ion voyt aujour-
d'huy se préparer, nous n'y avons point quasi
de regret; mais plus tost en sommes bien
ayses, espérans que, dedans les troys moys de
leur service, l'on verra sortir dehors toutes les
Charles IX, le 2 3 mars, écrivait de son côté à son
frère : r Je coumence à me bien guérir de ma petite bles-
sure, espérant l'estre bien tost du tout. Je garde le lit de
peur de la déduction. Je vous asseure ma playe n'avoir
esté que de la moictié à peu près aussi grande que celle
que j'avoisaubras.» (Bibl. impér. de Saint-Pétersbourg.)
Caturrine de Médicis. — IV.
mars 1673.
Brulart.
Cateriînë.
1 La veille, Charles IX avait écrit au duc d'Anjou sou
frère : «Je viens présentement de recevoir une dépesche
du sr de Bellièvre de laquelle je vous envoie la coppie,
et, encores que je ne trouve pas pour bieu certain l'advis
que lui a esté donné de ceste levée de huit mille reis-
tres et six mille lansquenets que promet en faire entrer
en mon royaulme le comte Ludovic [de Nassau] dedans
le moys de may prochain , pourveu que l'on donne ordre
de luy faire fournir cent md escus et que cela pourra
bien avoir esté dict pour favoriser les affaires de ceulx de
la Rochelle et des autres villes qui me sont détenues par
force, si est-ce, mon frère, qu'il me semble qu'il ne berce
que bien fin et pour mon service et, pour mieulx s'en
esclercir de la vérité, de faire mestre le s1 de la Noue
dextrement en propos par le sr de Biron ou autre si
ceulx de la Rochelle et leurs complices ont quelque espé-
rance de secours de dehors ou non et d'essayer de tirer
de luy quelques particularitez là dessus, èsquelles l'on
pourra cognoislre s'il y aura quelque conformité en l'advis
susdict. Au surplus, mon frère, j'ay advisé de vous faire
marcher le plus promptement qu'il sera possible ung ré-
giment de troys mil Suisses et de faire venir séjourner
l'aultre en la frontière de Picardye, hormis cinq cens
que je feray venir près de moy pour ma garde , estant
délibéré, affin que le susdict régiment soit plus tost près
de vous, de le faire mettre à Rouanne sur la rivière de
Loire pour couler incontinent vers Angiers, si Dieu veult
que bientost vous me puisiez mander de bonnes nouvelles
de la Rochelle; j'espère que quant et quant tous ces
bruictz de secours s'évanouiront et tous les desseins de
ceulx qui essayent d'affliger mon royaulme seront par
ce moyen rompuz.» (Bibl. impér. de Saint-Pétersbourg.)
9/1
18(5
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1573. — 3.3 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3i8fl, f* 27.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin , le Roy monsieur mon lilz a
esté bien aise d'entendre par le sr Copola
comme toutes choses se passent eu Languedoc,
aussy particulièrement qu'il les lui a bien sceu
représenter, inesmes ce qui s'est fait avancé
jusques icy au siège de Sonmnères, ayant
porté ung grand regret des gens de bien qui
sont morts aux assaultx qui y ont esté donnez;
mesmement mon cousin le comte de Candalle,
voslre beau-frère; la compaignie duquel il a
départy aux sieurs de Mondragon et de Sar-
labos, suivant la requeste que lui en avez
l'aicte, voullant bien vous dire que j'ay faict
soigneusement regarder s'il y auroit moyen de
vous faire fournir par deçà quelques bonnes
sommes pour satisfaire à l'enlreténement de
l'armée que vous commandez ; mais il ne s'en
est trouvé pas ung, qui est cause, mon cou-
sin , que je vous prye de vous ayder des troys
cents mille livres que doibt fournir le pays
de Languedoc, à mesure qu'ilz se recevront,
comme il n'y a point de double qu'ilz ne se
reçoivent après que ce différend qui est entre
ceulx de Thoulouse et le syndic de Languedoc
sera vuidé, vous ayant esté oultre cela envoyé
le pouvoir que vous avezcy-devanl demandé,
lequel vous devez avoir à ceste heure par
devers vous, qui est cause que vous n'avez
point de besoing de celluy duquel faict men-
tion le pénultième article du mémoire dudict
Copola, qui est tout ce que j'ay à vous dire,
mon cousiu, en priant Dieu qu'il vous ayt en
sa sainte garde.
Escript à Fontainebleau, le xxiir" jour de
mars 1 5y3.
Vostre bonne cousine,
Cateiunk.
1573. — Du a5 au 3o mars.
Orig. Dibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. XX, f° A7.
AU DUC D'ANJOU.
Mon frère, je viens de recevoir du sieur de
la Motte Fénelon mon ambassadeur en An-
gleterre une dépesche de laquelle je vous en-
voyé le double, par où vous verrez en quelz
termes demeure la royne d'Angleterre pour le
faict du mariaige d'elle et de mon frère le
duc d'Alençou1 et comme vous aurez veu par
1 Voici ia réponse de la reine Elisabeth , transmise
par Cécil : «Sa Majesté, voianl que le Roy Très Chrestien
son lion frère et la Roine sa mère persévèrent en leur
Itonneste désir de demander son alliance, encor que,
despuis le mois d'aoust dernier, plusieurs choses soient
intervenues de leur costé , par lesquelles elle a eu grande
occasion de ne suivre le propos;
(rNeantmoins, à leurs pourclias, elle retourne mainte-
nant aux mesmes termes où les choses en estoient
demeurées, le xx°" dudict mois d'aoust, lorsqu'elle,
séant en son Conseil à Keningworlh , présent le s' de la
Mole, fit une forme de response oudict s' embassadeur,
qui a deu contenter Leurs Très Çhrestiennes Majestés,
suivant laquelle elle dit de nouveau :
«Que pour le bien de ses subjects, lesquels monstrent
de prévoir beaucoup de grands dangiers en ce royaume,
si elle les délaisse sans quelque lignée provenant d'elle,
et sans successeur, affin de leur satisfaire, qu'elle est
fermement résolue de se marier de quelque bon et grand
lieu, selon elle, si elle peut trouver quelqu'un qui à elle
et à son Estât soit convenable;
«Et que, sur l'offre que Leurs Majestés Très Çhres-
tiennes luy font de Monsieur le duc d'Alençou, leur frète
et fils , elle trouve que le parly est très honorable, si toutes
autres choses y peuvent convenir, dont estime qu'il en
consiste une bonne partie en l'entrevue d'eulx detu,
tant à cause de l'inégualité de l'âge, que pour le rapport
que ceulx qui ont veu Monsieur le Duc ont faict de son
visage, afin de veoir s'il y aura mutuel contentement
entre eulx; car ainsyelle a tousjnurs respondu à tous au-
tres princes qui l'ont recerchée, ce que chascun sçait,
bien que beaucoup ont faict, qu'elle n'accepteroit jamais
aucun pour mary, si elle ne l'eust premièrement vou;
«Que néantmoins, pour le mescontenlement et autres
desplaisirs qui pourraient succéder de Ijdicte entrevue,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
187
le double de la dernière dépesche que j'ay
faicte audict La Moite sur l'audience que
si d'aventure les choses ne sortoient en effet, et crai-
gnant pour cela quelque diminution d'amitié, en lieu
qu'elle la veull de plus en plus augmenter, elle ne sçait
que désirer là dessus; ains remet à Leurs Majestés Très
Chresticnnes ledict point de l'entrevue, sçachant très
bien qu'elles ne conseilleront rien à leur frère et fils qui
ne soit selon son honneur, espérant qu'il ne s'en fera au-
cune mauvaise interprétation , tant elle y procède simple-
ment et sincèrement , qu'encores des choses ne sortent
effect désiré; car en cas de mariage, encor qu'il y puisse
avoir cause suffisante de se contenter, et louer des per-
sonnes, voires à les honorer et aymer, si fault-il que les
affections de deux coslés soient absolues; en quoy le gré
de nul autre ne peult servir, sinon celuy des parties.
«Qu'elle entend, cependant, que touts les articles qui
ont esté consentis par cy-devant, et trouvés bons par Sa
Majesté au propos de Monsieur, demeurent entiers pour
Monsieur le Duc, muant seulement les noms, réservé
l'interprétation ou esclarcissement des doubtes sur l'ar-
ticle de la religion, ce qui sera remis à estre déterminé
par elle et Monsieur le Duc à leur entrevue.
«Qu'elle voytbien qu'audict article y aura maintenant
plus de difficulté qu'il n'y eust en auparavant les événe-
mens de France, considérant le cours qu'il semble que
le Roy tient contre ses subjects pour leur religion
agréant à celle d'Angleterre, mesmement à luy accorder
ceste partie de sa religion qui consiste principalement
en la inesse , attendu le scandale que tous ses conseillers
disent qu'il pourroit en ce temps advenir de le luy per-
mettre , pour estre chose trop contraire à la sainte parole
de Dieu, et aux lois establies pour la religion receue en
Angleterre, de sorte que, oultre le scrupule de sa propre
conscience, elle estime que bien peu des siens le luy
vouldront conseiller, ayant cause à présent d'y estre plus
soigneux qu'ils n'ont esté par cy devant.
«Que, néantmoins, sur ce que ledict sr graqd trésorier
dict qu'il luy a remonstré, qu'encor qu'elle ne deubte
trouver en Monsieur le Duc toutes les perfections qu'elle
désirerait, de tant qu'il y en a plusieurs grandes et
louables, et qu'il est de 1res illustre et royalle extraction ,
et que c'eBt à présent qu'un parly tant honorable luy est
offert avec tant sérieux moyens, tant par le Roy et sa
mère, comme par la continuelle poursuite par messa-
giers et lettres du Duc mesmes, comme tousjours appert,
et qu'estant le temps à elle de se maryer, pour ainsy
qu'il ne fault qu'elle s'arreste à petites difficultés, qu'elle
donna dernièrement la Royne madame et mère
au sieur de Valsingham ambassadeur de la-
dist qu'elle se veult incliner pour l'amour de ses sub-
jects, nonobstant qu'elle y vit aucunes choses non du
tout à sa satisfaction, d'endurer aulcuns défaillis, ce
qu'elle ne vouldroit faire, si n'estoit pour la nécessité de
son mariage à contenter son royaume ;
«Qu'elle ne nye point ce que ledict grand trésorier luy
a pareillement remonstré touchant le point de la reli-
gion, que plusieurs choses, rnoiennant qu'elles ne soient
directement contre la parole de Dieu, comme il dict estre
quelque part de la messe, se peuvent laisser aller par
connivence; qu'autrement l'on ne les octroyeroil pas, et
qu'il y a moins de scrupule et moins de scandale de ne
les contredire, que si par expresse déclaration l'on les
authoriseroit; par où ledict sr trésorier pense qu'en telles
et semblables moindres cl)09es sa conscience se pourroit
acquiescer, en espérance que, Mous4 le Duc s estant ac-
coustumé avec l'exercise de la religion d'Angleterre, trou-
verait avec le temps plus de raison de s'en louer, que
peult estre de la religion de France, car il est manifeste
qu'en la plus part des choses celle d'Angleterre ne varie
de la Romaine fors qu'au langage ; qni est ce qu'à pré-
sent elle peult respondre au désir du Roy et de la Royne
Très Chrestiens, et ainsy le leur fera dire par son ambas-
sadeur par delà.
«Et ledict s1 grand trésorier adjousta :
«Que suivant ce qne dessus, estant fort pressé par le-
dict s' embassadeur à dire quelque chose de ce qu'il pen-
soil, il dict qu'il ne pouvoit aucunement penser, sinon
que Monsr le Duc trouve bon de prendre la poste avec
une modérée compaignie pour venir par deçà en ce
printemps, comme en may, ou semblable temps, pour
veoir la royne, ce qu'il pourroit faire sans le préjudice
de luy, considérant la grandeur de Sa Majesté, et qu'il
n'a aucun estât souverain, ains l'honneur d'estre duc et
frère de Roy, et comme un jeune prince désirant aussy
de travailler et veoir les pais, il pourra en ceste sorte
venir à Grenwicb, ou en quelque autre lieu icy près de
Londres en Kent, ou bien là part où la Royne lors se
trouvera; qu'il auroit bonne espérance que l'affaire se
conduirait à une bonne et bien heureuse conclusion ; car
accordant qu'il se peult trouver aultant agréable, comme
plusieurs en ont faict rapport puis naguères, en ce que
la picotte de la petite vérolle s'est toute effacée, n'y voyoit
difficulté importante que celle de la religion. Et quant le
mutuel contentement se trouvera aulx personnes, il espé-
rait que la religion ne l'emportera , et qu'il y aura encores
ai.
188
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
dicte royne, il luy sera propozé de nouveaux
moyens pour la persuader audict mariaige
et l'attirer à le vouloir et consentir que toutes
choses soient premièrement résolues avant
l'cnlrevcue, aflin que, la faisant, le mariage se
puisse aussi consommer; car je croy qu'il n'y
a personne qui me peust avec raison conseiller
que mondicl frère allast à ladicte entrevue
que premièrement tout ne soit conclud, ar-
resté et signé, sans louteffois pour la conten-
ter que personne le saiche, ainsi qu'il est
amplement discouru par le double de ladicte
dépesche, qui me gardera d'en estendre ceste
cy davantage, si n'est pour vous dire que
des conseillers qui vouldront ainsy adviser que Mons' le
Duc se puisse contenter avec une telle tolération pour
l'exercise d'aucuns points de sa religion qui n'offenseroit
Testât de ce royaume.n
La Mothe-Fénelon résumait ainsi les autres propos
du grand trésorier :
itQue ladicte Dame a le cueur et l'affection entiers
vers le Roy et la Royne sa mère à vouloir demeurer à
jamais leur bonne confédérée, ainsy qu'elle pense bien
aussy que eulx, de leur costé, luy correspondent; mais
qu'il ne voyt pas que cela puisse guères longuement du-
rer, nonobstant sa présente véhémente intention à per-
sévérer et garder le traicté de sa part, attendu les dépor-
terons de la France, lesquels luy semblent que tendent
fort à déprimer les proteslans là où ce royaume ne peult
faire qu'il ne leur porte faveur, ce que sera occasion, si
le mariage ne succède, que peu à peu toute la seureté
de la ligue s'ira perdre, et n'y aura ny traicté ny ser-
ment ny commerce ny lettres ny bonnes parolles qui
les puissent engarder, car vouloit dire librement que,
tomme il pensoit, par les opinions des plus sages, que
la royne sa maistresse ne pourroit faire qu'enfin elle et
son Estât ne fussent contraints de suivre les délibérations
et les générales résolutions qui se prendront par les
princes proteslans pour la deffense de leur religion, et
pour résister aux altemplats de ceulx qui vouldront in-
valiir ce royaume, dont pour boucher le pas à tous in-
convéniens qui pourront survenir en l'amitié et bonne
ligne qui est de présent entre Leurs Majestez, il jugeoit
n'y aveoir rien de plus expédiant que de la confirmer et
l'entretenir davantage par ce mariage. -i (Record office,
State paiera , France, copie «In temps.)
l'homme dudict sieur de la Molle m'a ra-
porté que le premier jour de ce mois le comte
de Monlgommery esloil en Cornuailles, fai-
sant tout ce qu'il peult pour advancer son
équipaige et parlement, estans une partie de
ses vaisseaulx déjà prestzà Porsemut1 et qu'il
avoit environ de cinq ou six mil hommes,
dont il esl certain qu'il y en a deux mil cinq
cens de fort bien armez et qui pourront sortir
desdicts vaisseaux sur lesquels; il a force ar-
tillerie, pouldres, boulletz et munitions de
guerre avecq grand nombre de hiscuitz et de
toute sortes de vivres; qu'il a promis et as-
seuré à ceulx qui luy oui faict fournir argent
pour dresser son équippaige qu'il le mectra
en la Rochelle el que luy y entrera; mais je
ne pense pas qu'il le puisse faire, à ce que
m'avez escript de l'ordre que y avez donné
pour l'en empescher; et Languillier qui estoit
party d'Angleterre pour en aller porter nou-
velles à ceulx de la Rochelle est retourne" en
Angleterre, asseurant y estre entré et sorty;
mais je n'en crois rien el ne double pas qu'il
n'ait fait sourdre ce bruict expressément pour
donner couraige au comte de Moiitgomery du-
quel, je m'asseure, que vous sçaurez bien
rompre le desseing, s'il l'a, pour entrer à la
Rochelle el la secourir, priant Dieu qu'il vous
ayt en sa saincle gaule.
Je signe celé lettre pour le Roy'2, car yl s'et
aie coucher et va demayn au malin courir le
serf auprès de Meleun.
Vostre bonne mère,
I . \ rEIUNE.
1 l'oilsmouth.
- Cette lettre attribuée par Catherine à Charles l\ est
bien d'elle seule et à ce titre elle a de droit sa place dans
le recueil de sa correspondance.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
189
1573.
3o mars.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17972 , F 79.
Imprimé ihins les Additions aux Mémoires île Castehiau, t. III , p. 3i6.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, le sr de Walsingham
envoya hier son secrétaire devers Pinart le
prier de me dire qu'il avoit aucunes choses à
traicter avec moy suivant une dépesche qu'il
avoit reçue d'Angleterre et me requist de luy
donner audience, comme j'ay faict ceste après
dinée fort privement, tant et si longuement
qu'a voulu ledict de Walsingham, qui a
commencé son propos sur ce qu'aviez parle' à
la royne sa maistresse de ce que nous dismes
par deçà , lorsque le sieur comte de Wolcestre
y estoit pour le faict du marriage d'entre la-
dicle royne et mon filz le duc d'AHençon et
que, si l'entrevue de mondict filz et d'elle se
faisoit, il s'en ensuivrait hien tost résolution,
estant ladicte entrevue bien nécessaire, tant
pour le contentement de l'œil des partties, que
pour aussi par mesme moyen se pourrait
accorder le faict de la religion, qui estoit les
deux poincts dont il avoit commandement de
me parler; sur quoy je l'ay hien tost esclairry
de l'intention du Roy mon filz et de la mienne,
luy ayant repris ce qui a esté cy-devant es-
cript pour le faict de ladicte entrevue et que
pour le poinct de la religion, vous en aviez
faict entendre à ladicte royne sa maistresse
ce qui vous en avoit esté escripl, qui est le
moins qu'elle puisse accorder à mondict iîlz;
sur quoy nous avons assez longuement parlé
et ay enfin recueilly de luy que ladicte royne
désirait que mon filz se conlentast de la li-
berté de sa conscience sans aucun exercice
privé ni extérieur aucun, tenant ledict sr de
Walsingham assez ferme à cela et croit que
c'est altérer en sa religion. Je luy ay respondu
que je n'entendois poinct en ce me déclarer
et que j'en parlerais au Roy mondict sieur et
filz et à ceux de son conseil, mais qu'il me
sembloit avoir juste occasion de se contenter
de ce que accordions pour le faict de ladicte
religion, que c'est, que mon filz n'exercera
nostredicte religion par delà que en tel privé
lieu convenable qu'adviseroit ladicte rovne au
dedans du chasteau ou maison où elle et mon
filz logeront et qu'encores n'entrera-t-il de-
dans ledict lieu pour faire l'exercice de la re-
ligion avec mondict filz que ses principaulx et
plus privés serviteurs, qui seront Françoys; et
davantage que ladicte royne mectra, si elle le
veult, un huissier ou quelque autre honneste
homme pour en garder la porle, affin qu'il
voye qui y sera et ce qui s'y fera. Après cela
bien entendu par le sr de Walsingham, il a
repris encore le propos de l'entrevue où j'ay
bien congneu qu'il se conduisoit selon ce qu'il
avoit de commandement; aussi m'a-t-ii
tout lu et baillé ung poinct de sa lettre, dont
je vous envoie ung double que vous verrez,
qui est faict artificieusement, car par icelluy
il se juge assez qu'icelle royne voit bien que
le Roy monsieur mon filz et moy ne permet-
trons pas que mondict filz le duc aille par
delà sans plus grand fondement et assurance
dudicl mariage. Aussi après la lecture dudict
mémoire ay-je dicl au sieur de Walsingham que
ladicte entrevue ne se pouvoit faire que pre-
mièrement les articles du mariage ne fussent
conclus et que je ne pensois pas qu'une grande
princesse, comme elle est, fondoit l'occasion
de son mariage sur la beaulé du visage d'un
bon prince de si bon lieu, comme est mondicl
filz le duc; mais que j'estimois que. si elle
désirait l'espouser, que c'estoit pour rendre
l'union perpétuelle entre ces deux royaumes,
avoir amitié et ayde de nous, comme nous la
désirons en semblable d'elle et que ledict ma-
riage, nouant la perfection d'amitié d'entre elle
190
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
et nous el nos communs subjectz, quo j'estois
l'orl marrye que mondial Giz le duc n'estait
plus agréable de visage qu'il n'est, mais
qu'eneores qu'il soit mon filz et qu'il ne fust
pas l'orl décent que je parlasse de ses perfec-
tions et que, grâces à Dieu, il n'avoit rien de
difforme, et au contraire qu'il estoit de fort
belle faille, de la mesme maison et sorty des
propre père et mère, ayant le cœur 1res bon
et l'entendement de mesme et qu'il n'y avoit
rien à dire sinon le visage; encore c'estoit par
accident, qu'il ne fust tout tel que mon filz le
duc d'Anjou qu'elle a tant aymé, à ce que le-
dict sieur de Walsingbam nous a autrefois dict;
mais que, si elle ne vouloil ledict mariage, que
nous désirons, quelle le dise franchement et
que nous ne laisserons pas pour cela de l'ay-
mer et d'entretenir nostre dernier traicté, si
elle y a bonne volonté de sa part, comme il
disoit, et que pourvu qu'elle y procède sincè-
rement ainsi que voulons faire de nostre costé,
dont il ne s'est pas esloigné me disant que
ladicte royne sa maistresse désirant bien fort
l'eutreténenient dudict traité ne le romprait
jamais la première, l'ayant bien monstre en
ce quelle avoit refusé ses subjects qui l'avoient
fort pressée de leur permettre de venir pour
le faict de la religion faire la guerre eu France;
que nous avons à l'en remercier; mais que,
à ce qu'il avoit entendu, nous estions déli-
bérez de faire le contraire, ayans résolu que,
aussi tost que la Rochelle sera prise , que nos
forces iraient luy faire la guerre; et lui respon-
dant à ce propos, l'ay aussi asseuré que, de
nostre part, ne romprions point avec elle
ny n'interromprions en quelque façon que ce
fust noslredict dernier traicté; que nous vous
mandions la remercier (comme aussi faut-il
que faciez à vostre première audiense) du-
dict refus et desfenses qu'elle avoit faicles à
ses subjeclz, comme vous avez escript et que
nous n'avions jamais pensé, aussi n'y avoit il
poinct d'apparence de croire que nous vou-
lussions , après avoir si solemncllemenl et fran-
chement faict ung traicté, le rompre el qu'il ne
falloil jamais que de son costé elle croye ceux
qui désireraient et qui vouloient par leurs
artifices amener ces deux royaumes aux maux
qu'engendre ou apporte la guerre, comme,
de noMre part, nous estions bien résoluz de
ne les croire aucunement et qu'en telles choses
le Roy monsieur mon filz oyoit (comme les
princes doivent faire les choses que l'on leur
propose) et n'ayant toutefois jamais pensé
ni ne voudrait penser à cela, qu'à présent,
grâces à Dieu, il est grand et a l'esprit
aussi meur pour avoir l'intelligence de ses
affaires et sçauroit fort bien prendre de luy
même les résolutions qu'il fruit pour s'entre-
tenir en bonne amitié avec ses voysins et prin-
cipalement avec ladicte royne; mais que, de
nostre costé, nous avons aussi à nous plaindre
de ce que nous sçavions bien qu'elle avoit aussi
promis soubz main à ceulx qui nous font la
guerre et que doresnavant, pour rendre par-
faicte l'intention de nostredict dernier traicté,
qu'il falloit proccéder sincèrement sans disi-
muler ny user de façons couvertes d'une part
ni d'autre et effectuer noslredict traicté, ce
qui l'a fait ung peu penser; et puis il est entré
en propos sur l'Eseosse où il m'a dict que tous
esloieut bien d'accord, recognoissans le petit
roy et qu'il n'y en avoit plus que des opi-
niaslresqui tenoient lecliasIeaudeLislebourg,
qui estoient Lair des Granges et Ledington,
que nous sçavons bien qui avoient tousjours
faict tant de mauvais offices contre la royne
d'Escosse et que sa maistresse avoit bien sceu
ce que nous avions mandé par le frère de Lan-
des Granges, et l'asseurance que nous avions
donnée à ceux de Lislebourg de les assister
pour faire tousjours pour la royne d'Escosse.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
191
Je luy ay à ce propos responJu qu'il ne se
trouveroit rien que nous eussions faict ny dict
ny en volonté de faire ny dire au préjudice du
traicté, mais que, si sadicternaistresse en avoit
vu quelque chose ou vu par escript, que tout
cela estoit faux et contrefaict. Et luy ay fait
plainte par mesme moyen de ce que Ton avoit
pris et retenu et tenoit-on encore Vérac en An-
gleterre, où les vents l'avoient jeté par tem-
peste, allant en Escosse avec l'ambassadeur de la
royne sa maistresse, afin de moyenner ensem-
blemenl suivant nostre traicté une bonne paix
audict pays d'Escosse, et que cela estoit contre
l'intention de nostredict traicté. Il est ung
peu blesmy, et croy que ce qui luy avoitdonné
volonté, ces jours passez, comme je me doute
qu'il a eu de s'en aller, comme il vous a esté
escript, sans dire adieu, est la peur qu'il avoit
que l'on leretintpour ledict Vérac et que au de-
meurant nous estions bien ayses de ce que
icelie royne sa maistresse eust veu les papiers
que avoit iceluy Vérac, pour ce qu'il ne se
trouvoit rien qui fust contraire à l'intention
de nostredict traicté el que véritablement le
Roy monsieur mon filz ne pouvoit pas heureu-
sement oublier de recommander ladicte royne
d'Escosse, luy estant ce que elle est, et lors
ledict de Walsingbam m'a dict que, par iceluy
traicté, il est nommément dict qu'il ne se par-
lera aucunement de ladicte royne d'Ecosse, et
que ledict Vérac avoit jeté les papiers à la mer,
quand il avoit approché la terre d'Angleterre ;
mais, sans nous arrester davantage en ce pro-
poz, sommes entrez sur lesdicts deux poinctz
dont il avoit charge, me disant derechef que
mon fils allast à ladicte entrevne et que nous
remissions ledict poinct de la religion à se
résouldre estant là sur le lieu entre ladicte
royne et qu'il y auroit honneste occasion et
couleur de dire que ce seroit pour ne s'estre
pu accorder dudict poinct de la religion; et
suivant ce que je luy avois desjà sur le mesme
subject respondu, je luy ay derecbef dict que
c'est chose que nous ne permettrions jamais
pour le mal que cela pourroit amener cy-après,
d'autant que, s'il advenoit que mondict filz
allast de delà et qu'il s'en revint sans effectuer
ledict mariage, y allant, comme sans doute
il iroit de sa réputation, cela seroit cause que
le Roy monsieur mon filz et nous tous nous
ressentirions de telle sorle, qu'il ne pourroit
estre qu'il n'en vint de grandes inimitiez entre
elle et nous; mais qu'il y avoit ung bon ex-
pédient en cela, par lequel elle recevroit
l'houneur qu'elle mérite et désire, c'est que,
considéré ce que luy avons desjà bien parti-
culièrement desclaré, qui est que je croyois
bien Sadic.te Majesté estre si prudente, si sage
qu'elle ne se marieroit pas, à mon advis,
pour la beauté d'un visage, mais pour le bien
de ses affaires et autres considérations qu'elle
sçait assez prudemment penser et que, pour
ceste cause, si elle veult accorder les articles
du mariage, et les signer, comme nous ferons
de nostre part et nous promettre par lettres
qu'elle nous escrira de sa main, qu'elle aura
agréable la personne de mondict filz le duc
d'AUençon, nul ne sçaura la conclusion et
accord dudict mariage que ceux qu'elle vou-
dra choisir de ses confidens de sa part et de
la nostre, mes trois enfans et moy et deux seu-
lement de nostre conseil pour accorder les ar-
ticles , et , lorsque tout sera secrètement accordé
et non autrement, mondict filz le duc entre-
prendra le voyage expressément, ainsi que
s'il n'y avoit rien de fait, pour lui présenter
son service, ainsi que feroit un bien affec-
tioné qu'il luy est, pour aller acquérir ses
bonnes grâces et désirant l'espouser. Et lors
ou quelque temps après, afin qu'elle ait l'hon-
neur qu'elle désire d'estre recherchée par luy
jusques en son royaume, elle déclarera qu'elle
\\)-2
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
veull ledict mariage et, par ce moyen, elle se-
roit honorablement salisfaicte, comme elle
désire, s'il luy plaist ainsi l'accorder. Sur quoy
le s' Walsingliam, après avoir quelque peu
pensé, m'a dict, mais pour cela ce seroil faire
le mariage; et je luy ay respondu que oui et
que ladicte entrevue ne se pouvoit autrement
faire, d'autant que ce serait faire tort à mon
lilz de luy faire entreprendre ledicl voyage
que le mariage ne se fist point, pour ce que l'on
penserait que ce refus fust pour quelque autre
occasion; mais que je le priois tenir la main
de sa part et nous ayder à nous en faire avoir
le plus lost qu'il pourrait response, affin que,
s'il ne se pou\oil faire en Angleterre, nous
voulions entendre ailleurs à un autre party,
et occasion qui se présente bien à propos
pour mon filz, et que pour cela nous ne laisse-
rions pas de demeurer en tous bons termes de
ligue et d'amitié selon nostre dernier traiclé;
en quoy il nous a dict qu'il s'employera de
toute affection et qu'il espérait, estant eu An-
gleterre, où il s'eu debvoit bienlost retourner,
pour ce que son successeur sera bientost par
deçà, à ce qu'il dict, y faire tous les bons
offices et avoir encore ce bien d'en estre mi-
nislre pour servir d'affection à l'enlreténement
de l'amitié de ces deux royaumes, n'ayant pas
failly de luy dire qu'il n'y avoit rien qui y pust
tant que ledict mariage, et que, le faisant,
c'estoit unir et rendre en amictié parfaicle.
M'ayant après mis au propos de la Rochelle,
me demandant s'il s'y faisoit point quelque
bonne composition, je n'ay pas failly de lui
dire la vérité telle qu'elle est, et comme nous
ne désirons rien tant que de les conserver,
ainsi qu'il leur a esté bien monstre, leur ayant
faict offrir les offres des plus raisonnables con-
ditions qu'il est possible, et comme il avoit
bien pu entendre et dont ils sont encore admo-
nestez de les accepter et qu'encore monilict
lilz, pour éviter leur ruine, leur en faisoit jour-
nellement parler, combien qu'il aye moyen
de les forcer, estant le boulevard de l'Evan-
gile quasi tout ruiné et la courtine d'auprès,
les voyant jusqucs au cœur dedans la ville et
eux hors d'espérance d'avoir secours d'Angle-
terre, comme j'ay dict audict Walsingliam
qu'ilz disoient 1 attendre; carie port est si bien
bouché et occupé, ce qu'il m'a confessé estre
vray et le savoir bien et oullre de cela que
nous sçavons bien qu'ilz ont beaucoup d'autres
incommodités dedans la ville, de sorte (pue,
si mon filz vouloit, il les ferait forcer; mais
le désir qu'il a qu'ilz se réduisent faict qu'il
temporise et attend tous les jours pour voir
s'ils seront sisaiges de se réduire doucement,
premier que d'endurer ung assaull; mais le
Roy mon filz et moy luy avons mandé depuis
un peu pour le danger qu'il y avoit à la per-
sonne de mondiet filz, à ce qu'il s'advisast d'y
mectre une fin, comme je ne doute pas qu'il
ne fasse, avant sceu certainement qu'il a faict
loger ses soldatz dedans le fossé, se délibérant
d'advancer pied à pied et gaigner ledict bou-
levard de l'Évangile, y loger des pièces d'ar-
tillerie, comme il lui sera aysé, et les battre
dudicl boulevard dedans la ville à force de ca-
nons et, pour ce qu'il estoit prest à prendre
congé de moy, il a tenu encores sur les deux
dictz poincts de l'entrevue et de la religion et
pour ce qu'il enlendict bien nostre conviction,
je les lui réitéray encores, comme j'ay faict,
ainsi qu'il est desclaré cy devant, dont je ne
vous feray aucune redicte; mais vous prie
n'oublier rien de que dessus et faire en sorte
que nous en ayons bien tost, s'il est possible,
l'heureuse fin que nous désirons et n'oubliez
pas de suivre et satisfaire aussi entièrement
à la dépesche que vous fismes le jour d'hier et
de nous esciire le plus souvent que vous pourrez
par l'ordinaire, priant Dieu, Monsieur de la
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
193
Mothe, vous avoir en sa saincte et digne
garde K
Escript à Fontainebleau, le xxxem° jour de
mars 1673.
Caterine.
1 Walsingham rendit compte en ces termes de cet
entretien à Ge'cil, le 1" avril : «A l'égard du ma-
riage, j'ai dit à la Reine que Sa Majesté ma maîtresse
ne pouvait parler plus clairement qu'elle n'avait fait
jusques icy, et qu'elle ne pouvait prendre un époux sans
l'avoir vu préalablement ;
«Qu'elle ne pouvait consentir qu'aucun homme qui
deviendrait son époux professât de son consentement une
religion qu'elle croirait contraire à la parole de Dieu et
défendue par les lois de son royaume.
«Elle a répondu au premier de ces points que le Roi
ni elle ne pouvaient consentir que le duc passât en An-
gleterre sans être assuré que le mariage se ferait.
«Sur le second, qu'il ne serait pas honnête que son fils
changeât de religion tout d'un coup , et qu'il ne serait
honorable pour Sa Majesté d'exiger que son époux n'eût
pas l'exercice de sa religion , et quant à ce que la reine
dit, qu'elle ne pouvait consentir qu'il n'eût aucune ma-
nière de religion , il lui semblait que c'était bien obscur
et méritait un éclaircissement.
«Je lui ai répondu que je n'avais pas l'ordre del'expli-
quer, mais qu'il me semblait que l'intention de Sa Ma-
jesté ma maîtresse était de lui interdire l'exercice de
toute religion contraire aux lois du royaume.»
Une longue discussion s'etant engagée: rNous deman-
dons seulement)!, dit en dernier lieu Catherine, tique mon
fils ait l'exercice secrètement de sa religion , pour lui et
quelques-uns des siens, avec cette réserve, que Sa Ma-
jesté désignera ceux qu'elle jugera â propos pour éviter
qu'aucun de ses sujets n'y aille.»
L'entretien en étant resté là sur la question du ma-
riage, et Catherine s'étant plainte des secours que Mont-
gommery trouvait en Angleterre, Walsingham répliqua
que plusieurs de ses sujets notables par leur naissance
et leur haute situation avaient représenté à la reine sa
maîtresse que, si elle ne protégeait les opprimés et les
laissait succomber, qu'elle serait la cause de la ruine de
son propre royaume; que le moment était favorable pour
recouvrer les provinces de France qui appartiennent à la
couronne d'Angleterre, et lui avaient offert de mettre
sur pied en six mois une armée de 90,000 hommes
de pied, et de 2,000 chevaux; que tout récemment
Catherine de Médicis. — iv.
1573. — 3o mars.
Copie. Bibl. liât, fonds français, nc 1797a , f° 83 v°.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Caslelnau .t. Mi, p. 391.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe, ce mot seullement
sera pour accompagner la lettre que le Roy
mon Dlz vous escript, à laquelle me remectant
et à celle que je vous feis le jourdhuy, par
laquelle vous serez bien amplement adverty de
tout ce qui s'est faict dans la dernière audience
que j'ay donnée au sieur de Walsingham,
ambassadeur de la Royne d'Angleterre ma
bonne seur et cousine, vous priant cependant
de satisfaire, comme je m'asseure que ferez, à
tout le contenu de madicte pre'cédente dé-
pescbe et m'en advertir et le Roy mondict sieur
et filz le plus tost qu'il vous sera possible,
priant Dieu, Monsieur de la Mothe, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xxxcmc jour de
mars 1 573.
Caterine.
on avait découvert que la cour de France était disposée
à entreprendre en Ecosse quelque chose contre la reine
sa maîtresse.
Elle répliqua qu'elle n'ignorait pas les offres faites à
la reine d'Angleterre, et qu'elle lui savait gré de ne pas
les avoir acceptées. Quant à l'Ecosse , «nous n'avons eu
jamais l'intention», ajouta-t-elle, <tque de porter les Ecos-
sais à un accommodement et à reconnaître la reine leur
maîtresse pour leur souveraine».
«Mais c'est tout à fait contraire à l'alliance qui a été
conclue», répondit-il, «puisqu'il est dit que de part
et d'autre on ne chercherait pas à donner la loi à
l'Ecosse, mais que de concert on travaillerait au main-
tien du gouvernement actuel.»
Elle battit en retraite et reprocha l'arrestation de Vé-
rac envoyé en mission en Ecosse. Il répondit que la
reine n'avait entendu parler du voyage de Vérac qu'au
moment où il avait été arrêté et que rien d'ailleurs ne
justifiait sa mission et qu'il n'avait ni passeport ni sauf-
conduit. (Ambassades de Walsingham , p. 399.)
m -[Vi nn • ' M" I 1
194
LETTRES DE CATH
1573. — 1" avril.
Copie. Bibl. Dat. fonds français, n° i6io5, f 61 ï".
A MONSIEUR DE SAINTGOUARD.
Monsieur de S1 Couard, je ne peux rien ad-
jouster à la dépesche que vous faict le Roy
monsieur mon filz que le discours que je vous
envoyé1, par lequel cognoistrez qu'il me sera
1 Dans sa lettre, le Roi lui fail part de ses démarches
pour amener le Grand Seigneur à faire la paix avec les
Vénitiens. Dans une lettre du C avril suivant, il se
plaint aigrement des Espagnols : «Vous m'avez, Mr de
S' Gouard, renvoyé le jeune L'Aubespine si instruit de
toutes choses qu'il m'a sceu rendre bon compte avecques
vos lettres du x'™*, des affaires et occurences de par delà ,
par où j'ay pris éclaircissement de plusieurs conjectures
que j'avois remarquées de l'intention du roi d'Espaigne,
lequel, soubz couleur de piété et de religion et de s'en
dire et monstrer faulteur, veult, s'il peult, accoumoder
les affaires des Pays Bas, se réconcilier avecques la royne
d'Angleterre et les princes protestans et me laisser sur
les bras les ennemys que nous soumes acquis pour la
deffense de cette querelle; ce pendant qu'il me cognoil
occupé à la réduction de la Rochelle et autres villes
tenues par mes rebelles, et sur le poinct d'en concilier
bienlost une heureuse fin. Il dict néantmoins, selon que
ru'escripvez par vostre lettre du xiii"™, qu'il ne cappitulera
jamais avecques ses subjeetz do ses pays que , s'ils se
vouloient faire dignes de sa miséricorde et grâce, qu'il
falloit qu'ilz se resconnussent et se rendissent à discrétion.
Sur ce il publie faire venir èsdict pays les Espagnolz de
Lombardye et qu'ilz sont desjà partiz, démonslrant plus
que jamais vouloir sortir de ses affaires par la force,
mesmes le duc d'Albe a retenu huict mil centres et fait
tous préparatifz en apparence de se lorlifier, mais en
effet nous cognoissons qu'il s'est entièrement bandé depuis
l'exécution faicte de mes conjurez à Paris, à aplanir par
une bonne composition les Iroublrs desdicts pays, se
mettre à l'abri et nous délaisser au descouvert et à
l'injure du temps. Nous avons.de tous costés, advis que
le mariage de l'aisnée dudict Roy Catholicque est arresté
avec l'archiduc Ernest, ou le troisième filz de l'Em-
pereur et que ledict roy, en faveur du mariage , délaissera
lesdicts Pays lias et ensemble sutislera au partage pré-
tendu par l'impératrice; que ledict Empereur est moyen-
neur non seullemenl d'en accommoder les affaires, con-
tenter le prince «l'Orange et ceulx de son parly, mais
ERINE DE MÉDICIS.
bien difficile souffrir eslre accuse'e de nuire
aux affaires du Roy Catholicque, après avoir
faict pour luy tout ce qui m'a este possible.
Si le roy vous en parle, ce que je n'estime
qu'il face, je vous prie lui respondre confor-
mément au contenu dudict mémoire et nous
mander comme ilz auront pris par delà la
nouvelle de la pais des Vénitiens et pareille-
ment me faire part de la disposition de mes
petites-filles, y ayant fort long temps que nous
n'avons de voz lettres, nous sommes en peine
et craignons que celles que vous avez es-
criptes n'ayent esté prises par les chemins.
Caterine.
1573. — a avril.
Aul. Bibl. nat. fonds français, n° 3ig3, f° ga.
A MON FILS
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU.
Mon fils, j'é reseu vostre lettre par le mestre
d'aullel La Haye, et veu toutes vos aunestetés,
desquelles je ne doubte point en mon endroyt;
mes j'aimerois mieulx que vous guardisié
daventege, et vous prie panser que là est mis
vostre honneur et réputation; comme me
asseurer pour amys au roy la royne d'Angleterre et les
princes protestans, jusques adiré qu'il sera permis audict
prince et ses associés joyr de leurs biens hors desdicts
pays et que son filz aine, qui est en Espaigne, sera marié
à la fille du duc de Médina Cœly. Je ne doubte pas aussi
que le mariage du roy de Hongrye ne soit proposé avec-
ques la royne d'Angleterre et que lesdict Empereur et
roy d'Espaigne ne cherchent, autant qu'ilz pourront, de
joindre à leur maison ce royaume et que, d'autre part,
la royne ne soit esmené à y entendre pour acquérir
l'honneur de ce tiltre d'empire que l'on voudrait avecques
ce mariage faire surcéder au roy de Hongrye et asseurer
elle et son royaume du roy d'Espaigne pour se fortifier
es prétentions de Calais, ne pouvant prendre confiance
de. moy pour ce que est advenu, quelque déclaration ou-
verte que je luy fasse de nm volonté." (Même volume,
f" 63 et suiv.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
195
mendés, avés aysté en d'aussi hazardeus
Jieulx, mes je panse qu'il éloit re'sonable pour
votre réputation et ne vous en disois mot,
encore que enn use la mcsme creynte; mes
à sesi que je conoys que ni pouve's avoyr que
mal sans enn acquérir daventege de honneur,
je ne m'en puis teyre et vous prie y aller sa-
gement, et ne me mètre plus que n'auréjeamès
iun plus affectioné serviteur» , car je veulx que
me soyés tf afectioné fils», et comme tel me re-
conoysié pour la plus affectioné mère que eut
jamès entent, et ne m'eusé plus cet mot de
serviteur, mes de ce que vous m'est es. 0 reste,
j'é veu ce que me mendés par le courrier que
vous avions envoyé de l'espérense que avés
que bieutosl nous manderés de bonnes no-
velles. Dieu le veulle par sa grase aveques
vostre conservation et de vos frères et de tous
les jeans de bien. Le Roy vous mende son
yntention en cas que ayés prins la Rochelle
par f'orse1 et ausi cet yl venoynt hà conpo-
1 Voir les instructions données par Charles IX à son
frère en cas de prise de la Rochelle: «J'ay voulu vous
pryer de trois choses : la première, en cas que vous en-
triez en ladicte ville par assault, vous empeschiez, autant
qu'il vous sera possible , qu'il ne soit usé de cruaulté, de
laquelle je croy que vous estes ennemy capital , surtout
que la vie soit conservée à beaucoup de pauvres femmes
et enffans, lesquelz doibvent estre innocents de la déso-
béissance et rébellion des autres et que leur sexe soit
mis en considération, et faire que la fureur soit convertye
sur la ville et les maisons, aflin d' estre un exemple pour
les autres et pour la postérité une marque de leur obstinée
et malheureuse fin, aussi bien, estant te port et havre
rompu, gasté, comme il est, il se fault résouldre transpor-
ter le commerce qui s'y faisoit ailleurs, lequel sera, à mon
advis,bien à propos en Brouage, après que vous y aurez
faict construire et parfaire le port eucommencé, ou dé-
signé, comme je vous prie qu'il soit faict, et néantmoins
qu'il ne soit permis aux habilans de ladicte ville de la
Rochelle, mesmes jusques aux femmes de demeurer
dans ladicte ville, ains soient depportez aux villes plus
proches de ceste-là, comme à Niort, Saint - Jean -de-
Angély et Coignac, affin que, s'il leur reste quelque
sition et de cet qu'il veult que fasyés; à quoy
je vous prie vous resuldre et prendre celé
sûreté de moy, si s'estoyt de payer votre hon-
neur et réputation, aultre que je vous ay trop
monstre que je vous ayme mieulx au pouvé1
aquérir réputation et grendeur que de vous
voyr auprès de moy, encore que ce me soyt un
grent contentement; mes je ne suis pas de se
mère qui n'ement leurs anfen que pour eulx,
car je vous ayme pour vous voyr et désirer les
premiers en grendeur et honneur et répu-
tation, cet que m'aseure ne douctés poynt, et
instincq de mauvaise volunté, ilz ayent moins moyen de
nuire.
ttLa seconde est que , en cas que ceulx de la Rochelle ,
ayant perdu toute espérance de secours, se voyant
pressez si vifvement et réduietzà l'extrémité, voulussent
parlementer, ilz ne soient du tout rejectez, ains, coume
il seroit raisonnable, leur octroyer les conditions avan-
tageuses qui leur ont esté par cy-devant offertes, des-
quelles ilz se sont rendus du tout indignes ; aussi , s'ilz se
veulent mectre à la raison et à vostre discrétion pour se
garantir de plus grand mal, ils y soient receuz, allin
que le désespoir ne les face tenir jusqu'à la fin, dont il
ne pouiToit advenir que dommaige et perte. En quelque
sorte que ce soit, j'entends que la ville soit démantelée
entièrement et que le démantèlement s'en face à la
chaulde pour plusieurs respeetz. Advenant, mon frère,
que les Rochellois ne fussent aussi réduietz à si mauvais
termes et néanmoins voulissent composer, je me remeetz
à vous d'entrer en pratique et de leur accorder ce que
jugerez estre plus convenable des articles que vous ay
envoyez, cognoissant combien vous estes envieux et soi-
gneux de garder la dignité qu'il appartient.
<tLa troisième recommandation est, quand vous aurez
pris la ville de la Rochelle, que vous envoyez au plus
lost à mes cousins l'amyral et mareschal Dampville
les forces et munitions que vous estimerez estre néces-
saires pour leur donner moyen de réduire les autres villes
rebelles en leurs gouvernements, vous contentant d'avoyr
faict tant pour moy , pour vostre réputation et pour le
bien de ce royaume que d'avoir mis à bout ceste entre-
prise et laissé aux autres la besongne que leur aurez par
cet exploict toute taillée et qui n'est digne de vous.» ( Bibl.
irnpér. de Saint-Pétersbourg.)
1 Au pouvé, là où vous pouvez.
a5.
196
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que coiioyses vous-mesme que neul ne vous
veull coDseler do aler à ses aullres bicoques
qui reseveront le coup de celui que don-
neras à la Rochelle, que ne voye's que seré
plus cet consel pour vous tenir louing deu
Roy que pour vostre réputation. Par ensin, je
vous prie suivre cet que le Roy vous en mende
san regret; car vous deve's louer Dieu, si prenés
cette ville, de vous avoyr faiysl la grase d'estre
le restaurateur et conservateur du royaume
d'où aystes sorti, et que en l'eage de vint
é eun an ave's plus fayst que homme, pour
grand capiteyne qu'il ait aysté, ay jeamès
fayst. Cet à vient de Dieu, et de lui ausi
fault que le reconoysiés et à lui seul atri-
buiés toutes vos victoires, le'quelles je luy prie
vous contineueravec vostre bonheur et la con-
servation de vostre vie.
De Fontainebleau, le ncil"! jour d'avril 1873.
Vostre bonne mère ,
Caterine.
1573. — 2 avril.
Orig. Archives de la maison de Condé.
Communique par M. !e duc d'Auroalc.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, par les lettres que
le Roy monsieur mon fîlz vous esciïpt, vous
verrez l'advys qui luy a esté donné comme au-
cuns de ses suhgetz fugilifz se préparent pour
aller secourir les rebelles et le chemyn qu'ilz
veullent prendre pour aller gaigner le Daul-
phiné où ilz font estât d'avoir faveur et intel-
ligence; en quoy, d'autant que c'est chose de
très grande importance au service du Roy
mond ict sieur et fils ,>je vous pryesuyvre sy dex-
trement ce qu'il vous mande que vous puissiez
«prévenir que telles et sy pernityeuses intentions
ne se puissent effectuer en vostre gouvernement.
Il vous a très vollunliers accordé l'économat
dont luy avez et à moy escript pour six moys,
encores que puis naguères il ayt faict une
ordonnance toute contraire à cella, affin de
vous fayre cognoistre en quelle estime il vous
a et désire vostre contentement; en quoy je
fortiffieray tousjours cesle bonne vollunté de.
tout ce que je pourray, priant Dieu, Monsieur
de Gordes, vous avoir en sa saincle garde.
Escript à Fontainebleau, le 11e jour d'avril
i573.
Caterink.
De Neofville.
1573. — ft avril.
Orijj. Communiqué par John Walîer, iihraire à LonfEres.
A MON FILZ
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU.
Mon filz, nous avons tout maintenant receu
une lettre du sieur de Sigognes', laquelle j'ay
advisé vous envoier, aflin que vous voiez par
icelle ce qu'il escript au Roy vostre frère de
la délibération du conte de Montgomery; sur
quoy je ne vous diray aultre chose que ce que
vostre frère a cy devant escript; à quov je
m'asseure que vous aurez si bien satisfaicl
et pourveu et donnerez encores si bon ordre
que, si ledict conle de Montgomery s'attaque
à l'armée navalle, qu'il sera battu. Dieu vous
veuille tousjours bien conserver et vous avoir
en sa saincte et cligne garde.
Fontainebleau, le 1111e jour d'avril 1 5 7 3 .
Vous voyrez ce que porte Frégose el en-
tendrez par luy que, la Rochelle prise, tous
nos ennemis nous seront amis; à quoy je vous
prie considérer de quelle importance esl de
se haster.
Vostre bonne mère,
Caterine.
' Il était gouverneur île Dieppe.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
197
1573.— 6 avril.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg , vol. XX. P" ."io et5i.
A MON FILZ
MONSIEUR LE DUC D'ANJOU '.
Mon filz, le jeune de Laubespine arriva
hier soir d'Espaigne et Portugal avecq une
dépesche du sieur de S' Gouarl et ung mé-
moire de certaines parlicularitez grandement
importantes dont le Roy vostre frère vous a
escript par le secrétaire de Monsieur de Mont-
morency; mais estant ladicte dépesche et mé-
moire d'Espaigne de grande considération, je
vous en ay bien voullu envoyer ung double
que je vous prie veoir et communicquez de tout
avecq le conte de Retz, qui a négocié derniè-
rement avecq les Allemans , affin qu'en prinssiez
son oppinion, pour après y asseoir aussi vostre
jugement et en escripre vostre advis audict
sieur Roy voslre frère; cependant j'ay esté
d'advis d'en faire escripre parRrulart, comme
de luy-mcsme et en chiffres à Schombert,
alfin qu'il face en Allemaigne publier la déli-
bération où est le roy d'Espaigne de faire tuer
le prince d'Aurenge, et comme il y a gens
dépeschez expressément et que du demeurant
1 Après avoir reçu celle îetlro, le duc d'Anjou écrivit
de la Rochelle au Roi son frère, le 39 mars i5y3 : '-L'on
a assez cogneu de quel artifice le roy d'Ispagne et ses
ministres se sont jusques icy aydez à diffamer autant
qu'ilz ont peu la réputation de Vostre Majesté; au moyen
de quoy elle n'eust sceu luy rendre mieux la pareille
que de faire soubz main semer en Allemagne son enlre-
priso de faire tuer et assassiner le prince d'Orange et me
semble qu'il seroit bien à propos de faire une bien ample
dépesche à vostre ambassadeur résident à Rome sur les
autres poinctz contenus en la dépesche du sieur de Saint-
Goart pour les semer et publier où il verra estre à propos ,
et descouvrir le fard de piété, sainteté et religion dont
l'Espagnol a bien sceu jusques icy se prévaloir; car ladicte
ville est. aujourd'hui le théâtre de la chrétienté. Il ne
fau.lt douter que cela ne coure puis après partout. i> (Bibl.
nat., fonds français, n" 555(i, f 3i v°. )
il s'en serve envers ces princes, selon que les
occasions se pourront présenter, et qu'il ne
faille pas de prester des charitez à ceulx qui
si évidemment font publier toutes choses
faulses; affin qu'il puisse traverser ce qu'ilz
veullent négocier, si ledict mémoire est véri-
table, et à quoy je veoy grande apparence, et
où il faut remédier autant que nous pourrons;
car il n'y a rien aujourd'hui, après l'establis-
sement du repos en ce roiaulmc, qui nous im-
porte tant que cela. Considérez que, si le 111a-
riaigc du roy de Hongrie se faisoit avec la roy ne
d'Angleterre et celluy de ma petite-fille avecq
l'archiduc Ernest et que le roy d'Espaigne,
pour amortir la pension et apaiser la pré-
tention de l'Impératrice, il partageast ledict
archiduc et madicte petite-fille de Testât des
Pais-Bas de Flandres et feist paix avec le prince
d'Aurenge, nous serions envelopez et tournez
en ce roiaulme d'eulx et de leurs affectionnez
et ne nous resteroit que le costé des Suisses
et de mon filz de Lorraine, par où l'on peust
sortir de cedict roiaulme; encore sçavez vous
bien en quel estât nous sommes avecq lesdictz
Suisses, et est bien à considérer ce que le
comle Palatin a faict signiffier à vostre frère
de Lorraine pour le faict du comté de Bische;
à quoy j'estime que l'Empereur et le duc Au-
guste ont intelligence et preste consentement,
pour commencer à former une querelle qu'ilz
poursuivront quand ilz vouldront et pour '
laquelle ils ne pourroint faire marcher et as-
sembler forces que le Roy mondict sieur et filz
n'y feust intéressé pour la proximité de ses
terres et pais. II sera bon que sur le tout vous
nous mandiez par escript voslre advis et ne
fault pas que vous communicquiezces affaires
à personne; car comme vous sçaurez bien
juger, il est besoing de les tenir secrètes et d'y
pourveoir encores plus secrètement, priant
Dieu, mon filz, qu'il luy plaise de vous bien
198
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
conserver tousjours et vous donner en par-
faicle santé l'heur et le contentement que vous
souhaite et désire.
(De sa main.) Mon fils, quant à moy je trove
grent aparense à cet que mende S1 Guar; car
cet le roy d'Ispague pétrit apéser ces troubles
aveques le bon gré des Aleniens et douner à
sa fille le' Pey-Bas; car y metenl le grent
comendeur pour ajouint aveque le Arsiduc,
c'et come set yl ne s'en dèfesoyt point; néan-
înovns enn aparense yl s'an délest et contente
l'Empereur et le" prinse de la Germanie,
lesquels conlemps et or de supeson qui le'
vculle ruiner, cornent yl en seron hors, s'il
eute1 les guarnisons espagnoles, je croy qu'il
consantiron de fayre le roy d'Onguerie roy des
Romeyns et ayderons en cet qu'il pourron pour
s'aseurer daventage qu'il épose la royne d'En-
gleterre2, au sisela se fesouit i serions si ren-
fermés come dans une bouile3, san amys ne
moyen d'enn avoyr et tout sesi ne vient que
de nous voyr encore à nous couper la gorge ;
car cet set4 reaume aytoyt en repos et que
l'Alemagne et Engletere vist que l'on ne veult
1 S'il eate, s'il ôte.
! Dans une dépèche du mois précédent , de Saint-Gouard
avait écrit : trll se faict une menée bien secrète pour défa-
voriser en Angleterre les actions de Leurs Majestez et faire
le mariage du roy de Hongrie avec la royne d'Angleterre et
le faisant remettre hors le propos quia esté cy devant tenu de
M' le duc d'Alençon ; en quoy ladicte royne monstre vouloir
entendre à ce que l'on a escript en Espagne et persuade
t'on à ladicte royne que la négociation que l'on faict du
mariage d'elle et de Mr le duc d'Allençon n'est que pour
la tronper, et que, quand elle seroit d'accord de ce que
l'on liiy demande, il en sortirait aussi peu d'effect que
de celluy de M' le duc d'Anjou; mais que par ce moyen
Leurs Majestez veullent gaigner du temps et ne perdre
quelque occasion d'entreprendre en Angleterre, si elles
voient quelque occasion.» (Bibl. nat., fonds français ,
n" i6io5, f°5.)
' Bouite, boîte. — ' Cel set, si ce.
plus que aystablir l'aube'ysanse du Roy pour
conserver tous ceulx qui n'iron contre ses co-
mendementz, je panse qu'il émeroynt inieulx
nostre amitié que celle de la maison d'Au-
triche qui ha tousjours fayst ce qu'el a peu
pour les subjuguer, et la nostre pour les con-
server en leur libellés; par ansin, mon fils,
la prise de la Rochelle san longueur, en quelque
i'ason que pourés, nous donnera le chemin
auvert pour conserver la grandeur de cel
royaume et augmenter la vostre, et croyés que
ceulx qui en désiretla longueur ayme myeulxla
meyson d'Espaigne quecellade Frense;car en
là nous nous ruinons et eulx' font leurs afayre et
se agrendiset et de fason pour empêcher à jeamès
la grandeur du Roy et la vostre , longueur qui
me fayst désespérer et vous promès que je
n'an dorm poynt. Pansés i et mêlés pouine
d'i remédier, set avés envie d'estre jeamès
quelque chause, mes, set ne vous guardés
comme devés, se ne seroyt pas pour parvenir
à cet que je désire vous voyr.
Vostre bonne mère,
C.VTEBINE.
1573. — 7 avril.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3 193 , f° 96.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, nous atendons tousjours le
bon mol , qu'il aye pieu à Dieu fayre la grasc
à mon filz et à vous tous d'avoyr remis cete
malheureuse plase en l'aubéissanse du Roy
mon filz, et qu'i luy pleise ausi que ce souil
avecques la inoyndre perle d'hommes que l'on
pouré. Je vous prie de me mender par le
sieurde Moulinet, présant porteur, cet que en
pansés et à quoy yl a tins que le baslillon
n'a esté asailli '. Je vous diray, mon cousin,
1 Elle fait allusion au bastion de l'Evangile. Charles IX
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
cornent vostre femme ha esté bien malade ; mes
asteure,Dieu mersis, elle set porte byen, et
lui prie qu'il vous guarde aussi de vostre coûté.
De Fontenebleau, ce viiejour d'avril i5;3.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
199
1573. — 8 avril.
Orig. Archives de la maison Je CouJé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
1573. — 8 avril.
Copie. Bibl. nal. Cinq cents Colbert, n° 366, p. i38.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, vous serez de présent
tellement satisfaict de ce qui vous est deu de
l'année passée, tant pour vos parties extraor-
dinaires que pour le reste du don de trois
mil livres qui vous a esté faict et pour l'as-
signation de vostre estât de cette année que
vous aurez occasion de croire que l'on a autre
soin de vous que n'avez eu opinion jusques à
présent , et c'est la faute de vos gens, si les as-
signations n'ont pas esté délivrées, coume le
m'ont faict entendre ceux des finances du Roy
monsieur mon fils. Je me remettray au sur-
plus sur la lettre que vous escrit le Roy mon-
dict sieur et filz, priant Dieu, Monsieur du
Ferrier, qu'il vous tienne en sa saincte et
digne garde.
EscriptàFontainebleau, le vhi™ jour d'avril
1D73.
Caterine.
De Neufville.
rendant compte à M. de Saint-Gouard des opérations du
siège, lui écrivait le 5 avril : rLa ville de la Rochelle se re-
trouve si forte de nature et art et sont les assiégez si obsti-
nez qu'il est bien difficile les forcer. Mon frère n'y perd une
seulle heure de temps. Il est logé dedans la contrescarpe ,
qni règne depuis le bastion de l'Évangile jusques à cel-
luy des Dames, prest à se saisir du fossé, lequel il a
faict soigneusement recognoistre , après estre couvert de
quelques casemates; puis il donnera l'assault audict
bastion de l'Evangile, lequel il espère emporter.» (Bibl.
nat., fonds français, n° i6io5, f° Ci v°.)
Monsieur de Gordes, encores que le Roy
monsieur mon filz soit assez asseuré de l'affec-
tion que vous avez à son service et du soing que
vous prenez à prendre garde qu'il n'advienne
aucune chose en voz quartiers qui soit à son
préjudice, il vous a bien voullu faire ceste dé-
pesche. affin que vous soyez bien adverty des
advis qu'il a du remuement qui s'y prépare,
pour y donner ordre et descouvrir qui sont les
autbeurs de telles menées et praticques, et y
remédier, de telle façon que ceulx qui les fa-
vorisent y preignent exemple, sans touteffoys
mettre en opinion ceulx qui sont demeurez
en leurs maisons, adhérens à leur oppinion,
que l'on veille, rien entreprendre au contre de
ce qui leur a esté promis. En quoy je m'as-
seure que vous sçaurez si bien suivre sa vol-
lunté et intention qu'il n'est besoing vous en
faire aultre recommandation, qui est cause
que je ne vous feray plus longue lettre, priant
Dieu, Monsieur de Gordes, vous avoir eu sa
garde.
Escript à Fontainebleau, le vine jour d'a-
vril 1573.
Caterine.
De Neufyile.
1573. — 10 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3aoa.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
vous a dépesché ce courrier pour vous advertir
de Testât auquel est maintenant la Rochelle
et pour l'envye qu'il a de sçavoir quel a esté
200 LETTRES DE CATHE
le succez de vostre siège de Sommières, vous |
luv ferez et à moy semblablement plaisir de
renvoyer bien tost cedict courrier et par luy
nous donner advis de tout ce qui se passe par
delà, donnant semblablement ordre, suivant
ce qu'il vous escript, qu'il ne soit aucunement
touché à l'argent de la recopte général le de
Montpellier qu'il a réservé pour subvenir aux
grandes despences qui se font au siège de
la Rochelle. Priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa sainclc garde.
Escripi à Fontainebleau, le s? jour d'avril
i 573.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1573. — 12 avril.
A it. Bibl. h -'. I" lus fronri , n
A MOxNSIEUR DE MOÏNTPENSIER.
Mon cousin, cet m'a esté grent plésir d'a-
voyr veu par vos letres la bonne santé de
mes enfans et prie à Dieu la leur volouyr con-
tineuer et à vous ausi, lequel je vous prie,
mon cousin, ne vous laser de m'en mender
quand enu aurés le loisir. Je suys bien ausi
marne de la bleseure de Monsieur de Nevers
et du Mayne. Je prie à Dieu lé volouyr tous
bien guerder et vous prie dire bien à mon fils
qui s'et coureuse de cet qu'il y vont san son
congé et ausi aus soldas de cet que l'on dist
qu'il n'y ont pas bien fayst. Je ne vous fayré
la piésante plus longue et prie Dieu vous bien
guarder tous.
De Fonteinebleau, cet xnemc d'avril 1673.
Caterine.
RINE DE MEDICIS.
1573. — i3 avril.
Aut. Bibl. nal. fonds français, n" 3 1 69 . t 1
A MON COUSIN
MON SIEUR LE MARESCHAL DE COSSE.
Mon cousin, mon fils a tent mendé au Roy
et hà moy le contentement qu'il avoyt de vous
et de vos actions que je n'é voleu fallir, afin
que contineués de bon courage à faire servise,
puisque voyés que yl ne le soie pas à son roy
et le vostre, qui vous do\ I aystreùn grent con-
tentement que l'on ne cacbe pas le bien que
méritez. Je vous prie, dite lui bien que cet
n'é pas fayre cornent ont fayst lé siens de se
bazarder plus qu'il n'ann est de besouyn et
qu'il ne doyt. Quaut je oy parler de tent de
blesés,je suis tousjour en creynte quequelque-
ciin de mes enfans à la fin le souit. Je prie
Dieu les voullouyr guarder et vous ausi.
De Challevaul l, ce xmcme jour d'avril
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — i5 avril.
Orig. Archives de la maison de Condé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Cordes, vous verrez par la lettre
que vous escript le Roy monsieur mon iilz
son intention et l'ordre qu'il désire estre donné
par delà, afîin d'y contenir toutes eboses en
tranquililé. Et d'autant que je suis toute as-
seurée de l'affection que vous portez au bien
de son service, je veulx croire que ne ferez
faute de satisfaire inconlinant à ce qu'il vous
mande, n'estant à ceste occasion aucun besoing
1 Challevati, hameau de la commune de Dormelles,
canton de Moret, arrondissement de Fontainebleau
(Seine-et-Marne).
vous représenter le service que luy ferez en ce
Taisant. N'estant la présente que pour accuser la
réception de vostre dernière et vous prier,
comme je faictz, avoir l'œil si ouvert en tout
ce qui dépend de la conservation de vostre
gouvernement qu'il n'y puisse advenir aucune
chose au préjudice et au désadvantage de ses
affaires, priant Dieu, Monsieur de Cordes,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Chaslellerault, le xvc jour d'avril
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 201
et filz et moy, qui prie Dieu, Monsieur le
Président, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
Escript à Fontainebleau, ce xix"me jour d'a-
vril 1673.
i573.
Caterine.
De Neufville.
1573. — 19 avril.
Orig. Bibî. nat. fonds Dupuy, n° 801. f° 109.
A MONSIEUR DE THOU,
OHSBTLLSB ET PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT DC PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, je vous mercye de
très bon cœur de la peine que prenez pour
ce qui concerne mes affaires; en quoy je vous
prie continuer selon la bonne affection que je
sçav que y avez, dont je me revencheray tous
jours, l'occasion se présentant. Cependant je
vous mercie aussy du bon ordre qu'avez donné
pour le procès concernant la souveraineté de
Bar, en quoy vous avez faict en sorte que le
bon droict du Roy monsieur mon filz et de
mon filz de Lorraine ont esté bien conservez,
qui a esté très bien faict à vous et à Messieurs
de la Court, dont particulièrement je vous
sçay très bon gré, vous priant pour la fin de
de cesle-cy donner ordre suivant ce que le
Roy mondict seigneur et filz vous escript
que les prisonniers mentionnez par voz lectres
soient bien soigneuzement interrogez et qu'il
ne soit usé d'aulcune longueur en ceste affavre,
mais qu'il soit si bien mené que l'on en puisse
tirer la lumière, comme il estbien raisonnable
ce que nous désirons le Roy mondict sieur
CATHERINE DE MÉDICIS. IV.
Catemne.
Pin art.
1573. — 19 avril.
Orig. Bibl. Dal. fonds Colbert, n° 306, p. 160.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, je loue Dieu de quov
ces Seigneurs sont en paix et que le nom du
Roy mon fils leur ait aidé à secouer le misé-
rable joug qui les accabloit; mais je suis
marrie qu'ils ayent attendu à s'en descharger
que la nécessité les y ait contrains, et qu'ils
n'ont plus tost creu le conseil qui leur estoit
plus utile1. Vous verrez ce que le Roy vous en
escript; sur quoy je me remeltray, désirant
bien néanmoings qu'ilz entendent qu'il n'y a
personne qui se resjouisse davantaige de leur
prospérité que moi, ny qui désire plus entre-
tenir l'amitié ancienne de celte couronne avec
eux; en quoy je veois le Roy monsieur mon
fils très enclin et disposé. Quant à vostre par-
ticulier, je l'auray tousjours en la mesme re-
commandation que. vostre valeur mérite, et
me sera un singulier plaisir le vous faire cong-
noistre par effect, quand l'occasion s'en pré-
sentera, congnoissant assez, encore que vous
ayez bien et longuement servi, qu'il vous a
esté fait maigre réscompense,dont je suis très
marrie. Je désire sçavoir si vous avez repceu
ung pacquet que je vous ay adressé pour la
dame de Randan2 et en recepvoir response.
1 Elle fait allusion à la paix conclue récemment entre
les Vénitiens et le Grand Seigneur.
- Voici ce que Charles IX écrivait au sujet de la
dame de Randan : s Ladite dame de Randan m'écrit
36
IMPRIMERIE 1MIOMLI .
202
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Je prie Dieu, Monsieur du Fenier, vous «voir
en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, lexix6""- jour d'ap-
\iil 1 573.
Caterine.
De Neufvili.e.
I573.— 31 avril.
Copie. Bild. nat. fonds français, n° 38g(j , fa 36çi ;
fonds Dupuy, n° 86 ; fonds français , n° 1589 , f" Ai .
V MONSIEUR DE SCHOYIBERG.
Monsieur de Sehomberl, j'ay faict veoirau
Hov monsieur mon iiiz ce que vous me
mandez par voslre lectre du xx!!!™" de mars
dernier des choses qui sont passées entre vous
et le conte Ludovicq1, lesquelles sont de telle
que le sieur Lasco d'un commun accord a esté choisi et
ordonné pour, en l'absence du sieur Louis de la Mirande,
demeurer à la Mirande auprès de la comtesse pour la
servir de conseil en ce qui concernera l'Estat lanl seule-
ment, démonstrant estre dès contente de cette élection,
et serois bien marry qu'on y changeast rien.» (Même
volume, P 1 53.)
1 Voici la lettre de Schomberg; elle éclaire bien la
négociation entamée avec le comte Louis de Nassau et
dont Frégose avait été chargé : «Madame, le sieur Fré-
gouse vous aura amplement faict entendre ce que je luy
ay communiqué louchant les occurences de par deçà et
principalement touchant les affaires des Pays-Bas. J'es-
père qu'il vous aura apporté une bonne résolution du
comte Palatin, vers lequel le comte Ludovic avoit faict
aller son frère le comte Jean pour cest effect. Il ne fault pas
doubler que Vos Majestez sçaurout bien embrasser ceste
tant belle occasion; car. Madame, le repos du royaulme,
la seureté de l'Estat , la ruyne du comtat ennemy du Roy,
la vengeance du tort qu'il faict à Monseigneur, l'es-
troicle et ferme alliance des princes d'Allomaigno, la
subversion de tous les desseins de la maison d'Autriche
et le comble de vos désirs est entre les mains de Vos
Majestés, et dépend de voz vohmtez. Si vous laissez
échapper ceste belle prise , je me désespère que vous la
puissiez jamais rattraper; mais, Madame, le tout est de
ne baslor et de tenir ceste menée aussi secrète que Voz
Majestez désirent les susdicles choses sortir à bons efforts.
importance qu'elles méritent bien y penser
meurcment. Et, quand le Roy mondict sieur
Depuis le parlement de Krégouse, je me assemblé encore
ung coup secrètement avccqucs le comte Ludovic où
nous avons durant l'espace de sept à huit heures dé-
battu et discouru sur les entreprises qu'il a en mains el
qui sont asseurement grandes et belles et sur les condi-
tions qu'on pourrait mettre en avant entre le Roy et le
prince d'Orange sur .ce faict. Nous les avons mises par
écris, partie de sa main, partie de la mienne. Ledicl
comte les a signées alïin seulement que j'en pourrais as-
seurer le Roy pour tant plus faciliter' h'S choses cy dessus
mentionnées.
«Les conditions sont : En premier lieu , le prince
d'Orange ou quelqu'un de ses frères, ayant pouvoir de
luy, promettra qu'en cas que le Roy voudrait dès à pré-
sent se déclarer el prendre ouvertement les ormes contre
le roy d'Espagne en faveur du comte des Pays-Bas el
dndict sieur prince d'Orange, le pays de Hollande et Zé-
lande seront mis en la subjection du Roy aux condi-
tions qn'ilz seront maintenus en tout et partout avecques
leurs anciens libellés et privilèges el que l'exercice de
la religion calholicque et réformée (ainsi l'appelle— t-il )
sur ce permis et libre à ung chacun tant aux villes qu'aux
terres du plat pays. Et, en cas que Sa Majesté ne se vou-
drait déclarer ouvertement, ain, sceulement trois cent
mille florins d'Allemaigne fournir (qui est la soume sur
laquelle il faict instance), ledicl sieur prince, on celuyde
ses frères qui aura pouvoir de luy, promettra que toutes
les villes et places qui seront prinses aux Pays-Bas,
d'après l'accord conclu et assenré entre le Roy et ledict.
sieur prince, demeureront en l'obéissance de Sa Majeslé
aveques les conditions mentionnées cy dessus louchant
les pays de Hollande et de Zelande.
«Et là où il advint que ledict sieur prince ou ses adhé-
rons ne prissent aucune ville ou place d'importance de-
dans un certain temps après ce susdict accord ledict sieur
prince el ses adhérens ne seront néanmoins lenus et
obligez, le susdict terme expiré, de mettre en l'obéis-
sance du Roy les pays de Hollande et Zélande.
«Comme ledicl sieur prince et ses adhérens seront
lenus de faire pareillement, le cas advenant que les villes
et places d'importance prinses depuis le susdict accord
viennent à estre reprinses par force ou aultrement ou
qu'elles fussent abandonnées par ledict prince ou ses
adhérens, le lout aux conditions que dessus, et ce aflîn
que Sa Majesté soit assenrée d'ung certain fruict pour
l'advanrement qu'elle aura faict de ses deniers.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
203
ei iilz eu aura eu le loisir, il ne fauldra de
redépescher incontinant vers ledict conte Lu-
~ Ledict prince et ses adhérens seront obligés pareille-
ment de n'entrer, après le susdirt accord arresté, en
aulcun traité de pacification, en aulain accord avec le
roy d'Espagne ou tel autre que ce soit, sans le sceu, gré
et congé dudict sieur roy de France.
Et , pour prévenir le double que Sa Majesté pourra con-
cevoir que le prince d'Orange, ayant occupé les places,
lesvouldroit garder pourluy et point satisfaire à l'accord,
on fera tant que quelque prince d'Allemaigne stipulera
et respondra au Roy pour ledict prince et ses adhérens,
et s'obligera ledietprince d'Allemagne au surplus d'assister
Sa Majesté de faict et de force à contraindre ce susdict
prince d'Orange et ses adhérens de satisfaire et accom-
plir du tout au tout les susdictes conventions.
«Madame, ces conditions susdictes ne vous obligent à
lien et n'ont esté traictées par moy avecques ledict comte
Ludovic à aultre intention que pour faciliter la résolu-
tion du Roy sur ce faict. Mais ledict comte m'a dict plus
de vingt fois, s'il n'avoit une résolution de Vostre Majeslé,
qu'il prendroit party et qu'il ne pensoit n'eslre obligé
à rien si on trainoit ces choses à la longue; à raison de
quoy je vous supplie très humblement de m'advertir
promptement de ce que j'y auray à faire, et de la réso-
lution du Roy sur lesdictes conditions. Vostre Majesté
communiquera, s'il vous plaist, la présente au Roy, veu
que je ne lui parle de ce faict en nulle façon par la lettre
que je luy escris. J'espère, si Vostre Majesté faict con-
fidemment communicquer ce que dessus à Monseigneur,
qu'il vous suppliera du fon du cœur et de toule son al-
feclion de ne perdre ceste occasion par le moyen de la-
quelle il se pourra venger des malheureux offices que
luy faict le trompeur Espagnol. Or je cognois à toutes
ses actions, négociations et déportements du comte Lu-
dovic qu'ilz sont résolus ou pour le moins bien fort en-
clins à embrasser une pacification aux Pays-Bas moyen-
nant qu'elle soit quelque peu honorable et qu'ilz y voient
de ki sûreté, lesquelles deux choses ilz se promettent
consister en l'authorilé, parole et foy des Electeurs et
princes d'Allemaigne que l'Empereur faict estât de faire
enlerposer pour l'observation de ce qu'il leur sera promis
par le roy d'Espagne; à quoy les induiront encores beau-
coup d'advantages, la mort du duc d'Albe que l'on pu-
blie icy pour tout certaine. Bien est vray que la retenue
des gens de guerre que le roy d'Espagne faict les tient
en extresme delfiance, considérant mesme la grande lon-
gueur du temps qui se passera avant que les princes
dovicq le sieur de Fre'gouse. Cependant, s'il
communicque avec vous par lectres ou vous le
rencontrerez en continuant vostre voiage, vou-
le pourrez asseurer que mondict seigneur et filz
le mereye de la bonne et singulière affection
qu'il monstre luy porter, laquelle il recong-
noistra lousjours envers luy et le prince
d'Orange son frère en toutes les occasions qui
s'en pourront pre'senter, remectant à le luy
faire plus amplement entendre et son inten-
tion sur plusieurs autres choses par ledict sieur
de Fre'gouze, qu'il a délibéré de luy redépes-
cher dedans peu de temps. J'ay veu par vostre
aultre dépesche du 1111e du présent ce qui
c'est passé entre vous et mon cousin le landt-
grave de Hessen1 et comme n'ayant peu pour
d'Allemaigne se résolvent par ensemble sur ce faict; sur
quoy je n'ay pas failly de remonstrer au comte Ludovic
que toutes ces honnestes offres n'esloient que pour
abuser les princes d'Allemaigne, tromper et amuser le
prince d'Orange et luy, et par ces ruses détourner et
advancer tous les desseins qu'ilz pourraient avoir en
main; par quoy il ne failli perdre de temps, ains battre
le fer pendant qu'il est encore chaud. Si je sçavois
par mon sang et le hazard de ma vie advancer le but et
le service du Roy, je m'y emploierois plus librement
que je n'escris ceci.n (Bibl. nat.. Cinq cents Colbert,
n° 4oo.)
1 k Madame, avait écrit Schomberg, le landgrave vous
accorde tout ce que vous demandez et mieux, encores
que ce ne soit en la forme que vous m'avez escript. Il es-
crit à Voslre Majesté et vous supplie de très grande af-
fection que pour faire amortir et esvanouir l'altération
qui a esté suscitée aux cœurs des princes protestants pai
les derniers événements de la France, il vous plaise
faire en sa faveur et pour l'amour de . 't envers le
Roy qu'il luy plaise reprendre en grâce > enfans de
l'admirai et leur pardonner la faulte de leur père; adjous
tant que les princes avoient délibéré d'intercéder unani-
mement pour eulx; mais la crainte que les ennemis de la
commune amitiée entre le Roy et les princes ne l'inter-
prétassent coume si les princes faisoient ceste requeste,
laquelle ilz se doubtoient bien d'estre refusés, seulement
à ceste fin qu'ils eussent d'avantage d'occasion fondée
sur ce refus de se formaliser avec les huguenots.
26.
20/.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
beaucoup de particulières conside'ralions es-
crire au*, protestans de Pollongne les lectres
du conlenu <]ue désir oit mondict seigneur et
lilz et nioy pour l'advancement des affaires de
mon lilz d'Anjou, il s'est enfin résolu à dé-
])escher le docteur Crispinus vers la douai-
rière de Brunzvich, de la dépesche duquel
j'espère qu'il se recueillera plus de l'ruict qu'il
n'eusl sceu faire desdictes lettres. Quant à ce
que ledict landlgrave m'escript et prie que,
pour effacer l'altération qui est née entre les
princes protestans de la Germanie à l'occasion
des événemens passez à l'endroict de ceulx de
la nouvelle religion, je face tant envers mondict
seigneur et filz qu'il veuille reprendre en graci-
les enffans du feu admyral et aussi qu'il in-
tercède envers mon frère le duc de Savoye
pour sa vefve, et pour la dernière requeste qu'il
plaise à mondict seigneur et filz accorder au
docteur Hotoman, qui luy est particulier servi-
teur, la mainlevée de ses biens avec permission
de les vendre et d'en disposer à son bon plaisir,
je vous diray, Monsieur de Scbomberg, que j'en
ay parlé à mondict seigneur et filz avec telle
affection que me sera tousjours recommandé
ce qui provient de mondict cousin, ayant bien
voluntairemenl accordé ce qui touche et con-
crEt secondement il supplie Vostre Majesté d'intercéder
envers Monsieur de Savoie pour Madame l'admirale.
Tiorcement il supplie le Roy qu'il luy plaise octroyer
une mainlevée et permission de vendre ses biens au
docteur Hotlmann, duquel il s'est lousjours servy durant
la vie de son père; il m'a dict librement qu'il pense
avoir faict cognoistre à Voslre Majesté par offert et non
par paroles qu'il vous est très serviabie et très loyal
amy, qu'il espère et se persuade de mesme de Voslre
Majesté. 11 n'a jamais voulu laisser partir celui qu'il
envoyé vers la douairière de Brunswicq, sœur de l'Infante
de Poulogne, si premièrement je ne luy aye promis cl
juré de vous faire entendre ce que dessus de sa part ,
oultre ce qu'il vous esrripl.n (lîibl. nat.. Cinq cents
Colbert, n° fioo.) — Voir dans le même volume la ré-
ponse du landgrave de liesse à Schomberg.
cerne ledict docteur Hotoman, auquel il fera
dépeseber toutes les provisions nécessaires et
pour la mainlevée et disposition de sesdicts
biens les plus favorables qui se pourra, en
faisant bailler ung mémoire à Brulart qui en
a la charge et commandement. Sur le faict de
Madame l'amiralle, il m'a respondu qu'il
pense qu'il n'y a personne en la cbreslienté
qui n'ayt assez congneu comme, après les
eboses advenues audict feu admirai pour ses
malheureux et détestables démérites qui luy
dévoient justement faire hayr de capitale haine
tous ceulx qui luy atouebent de près, il a no-
nobstant cela faict à sadicte vefve tout le plus
gracieux traiclement qu'il a esté possible,
ayant envoie incontinant après la mort dudict
admirai en sa maison de Chastillon où elle
estoit exposée au hasart et danger d'une infi-
nité de gens, qui luy vouloient beaucoup de
mal , ung lieutenant de ses gardes avec nombre
d'arebiers pour conserver sa personne, ses
biens et toute sa famille et engarder qu'il no
luy l'eus! faict aucun tort ne desplaisir, comme
si elle eust esté femme d'un seigneur de ce
royaulme qui eust laissé fort bonorable mé-
moire de luy. Elle est demeurée assez de
temps en cest estât audict Chastillon, sans
avoir receu aucun dommaige en sa personne
ny biens, desquelz elle a librement disposé et,
quand elle s'est résolue de se retirer en Sa-
voye près de sa mère et qu'elle l'a faict en-
tendre à mondict seigneur et filz, pour l'y
rendre en toute seureté, il luy a faict bailler
son passeport le plus ample et favorable qu'il a
esté possible, luy a donné nombre suffisant
d'archers de sa garde et autres personnes pour
engarder qu'il ne luy feusl faict aucun des-
plaisir, luy laissant avant son parlement ra-
masser non seullement toutes les bagues,
joyaulx, pierreries et autres meubles qui luy
estoient propres, mais aussi prendre de ceulx
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS. 205
de son feu mary, bien qu'ilz l'eussent jà saisis
à cause de la procédure intente'e contre luy,
telle quantité' que bon luy a semble, ayant
emporté le tout avec elle, sans avoir este' en
cela contrerollée ny empescbe'e par quelque
personne que ce soit, mais rendue en Savoye
près de sadicte mère saine et sauve par ceuk
qui en ont eu la charge, n'ayant souffert en
son voïage aucun tort ny desplaisir, soit en
sa personne, biens, gens, ny serviteurs, qui
est tout ce que Ton eust sceu faire pour la
personne de ce inonde qui eust este' la plus
recominandable. Depuis son arrivée en Sa-
voye, l'on ne sçait quelz peuvent avoir esté
ses déportemens ny l'occasion qu'elle pourroit
avoir donnée à mondict frère de la travailler,
qui est cause, oultre ce qu'elle n'est pas sub-
jecte naturelle du Roy mondict sieur et filz,
qui ne s'empescbe pas voluntiers des subjectz
des princes ses voisins, mais leur en laisse
faire, comme il est bien raisonnable, puisqu'ilz
sont par la volunté divine submis à leur gou-
vernement, qu'il ne peult bonnement inter-
venir pour elle envers mondict frère; aussi
pense-t-il bien que cela ne seroitde nul poix et
effect en son eudroict, si elle a faict chose
contrevenant à ses loix, comme semblable-
ment si elle se trouve chargée de quelque
faulse accusation, il le congnoist pour prince
si juste et raisonnable qu'il aura particulier
esgard à la conservation de son innocence. Et
quant à ce qui touche les enffans dudict feu
admyral, le Roy mondict sieur et filz prie
mondict cousin de considérer que les choses
sont passées par les lois de son rovaulme et
par les jugemens des premiers juges et plus
recommandez en probité et intégrité, duquel
jugement en faict de telle conséquence il ne
peult faire aucune grâce en faveur, de quelque
personne recommandée que ce soit ny empes-
cher le cours de la justice qu'il est nécessaire
avoir lieu. Pour ce regard, vous ferez entendre
ce que dessus à mondict cousin et ferez dex-
trement les excuses envers luy de ce que mon-
dict sieur et filz ne luy peult accorder ces
deux derniers poinctz en fasseuiant que, si
c'estoit chose en laquelle il se peust dispenser
en sorte du monde, il le ferait plutost que
pour autre prince qui l'en peust requérir,
tant je désire luy faire congnoistre combien il
luy est cher et affectionné amy, comme il lu\
en rendra tesmoignage en toutes aultres occa-
sions, ainsi que l'en pourrez asseurer. Je ne
luy en escriptz poinct particulièrement par la
lettre que je vous envoie, en laquelle je luy
faiclz seullement ung honneste mercyementde
la dépesche qu'il a voullu faire du susdict
docteur Crispinus et de la volunté qu'il a
d'envoier quelque ambassade en Angleterre,
le priant, comme faict le Roy mondict sieur
et filz par celle qu'il luy escript, qu'il nous
face ce bien que d'y dépescher, mectant au
surplus créance sur vous, laquelle vous esten-
derez de ce que je vous escriptz cy dessus. Je
suis bien aise que vous aiez soudainement re-
dépesché vers le Laski le comte de Ros-
drasof, sur l'instruction duquel et les lectres
que a apportées le secrétaire dudict Laski, je
luy ay faict une bonne responce, l'excitant à
demeurer tousjouis en sa bonne volunté et
dévotion en mon endroict, j'ay faict bailler
audict secrétaire cent escuz de prescrit et au
frère de Ranguet, présent porteur, trois cens
escuz pour son voiage; pour vos fraiz je vous
ay faict ordonner, oultre ce qui vous fut der-
nièrement baillé, la somme de mil escuz.
Quant aux chevaulx, le Roy mondict sieur et
filz a résolu d'en envoyer deux beaux à mon-
dict cousin dedans peu de jours, qui est tout
ce que j'ay à vous dire, en priant Dieu, Mon-
sieur de Schonibert, qu'il vous ayt en sa
garde.
206 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Escript à Fontainebleau, le xxime jour
d'apvril 1673.
Caterixk.
BrULART.
Quant à ce que soulloil prendre mon cou-
sin le duc Jehan-Guillaume de Saxe sur la
receptc générale de Bourgongne pour la ferre
de Chastillon, le Roy monsieur mon filz ne
vous en peult gratiffier pour ce qu'il s'est
trouvé que ladicte recepte est plus charge'e
de despence qu'elle ne peult porter; en aul-
tres choses il vous gratiffiera volontiers.
1573. — ai avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 1797a , f° 83 v°.
Imprime dans les Additions aux Mémoires de Castelnau .
A LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haulte, très excellente et très puis-
sante princesse , nostre très chère et très ame'e
bonne sœur et cousine, le sieur Valentin Dalc
docteur es loix, l'un des maislres des requestes
ordinaires de vostre hostel et maintenant vostre
ambassadeur résident près le Boy nostre
très cher sieur et filz, j'ai entendu de luy le
désir que vous avez de continuer en la vraie
et parfaicte amitié et bonne intelligence qui
est à présent entre le Roy nostredict sieur et
filz et vous et aussi de l'accroistre et aug-
menter, chose qui nous a apporté très grand
plaisir et donné d'autant plus grand occasion
de nous correspondre en une si nette et sin-
cère intention, comme nous faisons, tant qu'il
plaira à Dieu nous y faire persévérer, sans
jamais faire chose qui la puisse altérer. Ayant
au demeurant à vous dire que le sieur de
Walsingham, naguères vostre ambassadeur
par deçà , présent porteur, pendant la résidence
qu'il a faict icy, a faict tous les bons offices
qui se peuvent attendre d'un bon et affectionné
minisire pour l'entretien et fortification de
l'aniilié mutuelle d'entre le Roy nostredict
sieur et filz et vous, ce que nous nous promet-
tons dudict sieur Valentin Dale, lequel, en ce
faisant, nous aurons très agréable et recevra
du Roy nostredict sieur et filz et de nous tous
le bon visage et facile accès et bénigne audience
qui se peuvent désirer de princes bons et par-
faicts amis que nous sommes, ainsi que vous
pourez entendre plus particulièrement dudict
sieur de Walsingham, sur lequel nous nous
en remectons et prions Dieu vous avoir en s»
saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xxr"*" jour
d'avril 1573.
Caterine.
1573. — 21 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3a53, f° 66.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon , le Roy monsieur
mon fils vous fait bien ample responce au con-
tenu de la dépesche que luy avez envoyée
par ce porteur, n'v pouvant sans redicte au-
cune chose adjouster, mais vous prierai seule-
ment d'entretenir tousjours les gentilshommes
et autres, qui ont esté de la relligion, en la
bonne volunté et affection que mandez qu ils
ont au service du Roy mondict sieur et fils, et
les fortiffieren ce bon zclle, aultant qu'il vous
sera possible, estant aussi très nécessaire que
mectez toute la peyne que pourrez pour avoir
souvent des nouvelles des déporlemens et en-
treprises du conte de Montgommery pour en
donner advis à mondict sieur et fils, ayant,
au demourant, en vostre charge l'œil si ouvert
qu'il ne s'y puisse faire ny entreprendre chose
qui puisse apporter préjudice à ses affaires et
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
•207
service ; et en cependent je prie Dieu vous avoir
en sa saincte et dij;ne garde.
Escript à Fontainebleau, le xxie jour d'avril
i573.
1073.
avril.
C\TEltINE.
PlSABT.
1573. — a a avril.
Kul. Arcli. nat. collect. Simancas, K iSa;, n° 5&.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE D'ESPAGNE.
Madame ma fille, je ne' voleu faillir sur le
conte d'Olivares, qui s'en retourne, remersier
Vostre Majesté des honnestes propos que, de
sa part, yl m'a tins et la prier ausi qu'elle nie
voile fayre cete grase de me tenir corne
propre mère et s'aseurer que, pour l'afection
et amour que je porte à la royne sa seur et le
lyen que Vostre Majesté tient aveques le
îov son mary, quej'é heur d'avoyf aysté belle-
mère, lequel je n'ème ryen moins que mes
propres enfans, que je la prie, corne cet je
avoys cet houneur que me l'eut propre fille et
aultent désire son contentement et grendeur,
et en cet que je auroys moyen pour par ayfect
lui fayr conoystre daventage que par escript,
ayle conoystret l'esécution de la volunté que je
luy porte, et enn atendent qu'il s'an présente
de plus grande, je seroys bon ayse que, s'il
a ebause en cet royaume déquele eut envye,
encore que Vostre Majesté y aye une seur
qui ha toute puisanse, qu'il lui pleut me le
mander ausi privément que si j'esloys sa seur
royne ma fille, et je y prendrès grenl plésir en
lui satisfayre, et fayré lin en la remercient de
l'amitié et bon trélement que Vostre Majesté
fayst aux ynfantes ses filles, lesqueles, encorre
qu'il n'aye de besoyn de recomandation vers
elle, pour in'estre cet qu'ele me sont, je ne
puis que la prier.
Orig. Archives de la maison de Condé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Cordes, le Roy monsieur mon
filz vous faict si particulière responce sur ce
que luy avez escrit des nouvelles et occur-
rances du lieu où vous estes, que estant mon
intention conforme à la sienne et ne voullant
user de redictes, je me remectray sur sa pré-
sente dépesebe et vous recomanderay le tout,
cognoissant nostre besoing pour vous persua-
der à faire ce que le service dudict sieur Roy
mon filz, le bien du pays, de vostre honneur
requièrent, priant Dieu vous avoir, Monsieur
de Gordes, en sa garde saincte.
Escrit à Fontainebleau, le xxme jour d'avril
i573.
C.ATER1NE.
De Neufvii.le.
1573. — s3 avril.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3193, f° 98.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, je suys en grent pouine de set
que cete arrnaye que mène ce malheureux et
meschant conte de Mongomery1 ayst arivée,
et jeusques à cet que je sache quel auré fayst,
je ne seré à mon ayse. Je vous prye, diste à
mes enfans qu'i set guardet et qui n'allet en
lyeu où yl ne devet, et ausi , mon cousin , vous
1 Le lendemain , Charles IX écrivait au duc d'Anjou :
trJ'ay sceu par le capitaine Sainte-Marie que le conte de
Monlgommery et ses navires ont esté contraincts se reti-
rer, voiant le bon ordre que vous aviez donné pour la
garde et deffence du port. Cette nouvelle m'a esté si fort
agréable que j'ay esté incontinant remercier Dieu de bon
cœur de la grâce qu'il vous afaicte.n (Bibl. impér. de
Saint-Pétersbourg.)
208
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
(irie que je sache cornent tout sera pasé, eL
je prie Dieu que ce souit à son honneur cl
hien de cet royaume.
De Fontainebleau, cet xxiii*"" d'avril 1573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573.— 2 5 avril.
Ori||. Arch. de la ville dp Nantes, i" série, cari. 58, dossier li.
A MESSIEURS LES MAIRE ET ESCHEVINS
DK LA VILLE DE NANTES.
Messieurs, vous verrez par les lettres que le
llov monsieur mon fils vous escript et le mé-
moire qu'il vous envoyé comme le conte de
Mongommery et les vaisseaulx quil a en mer,
lesquels sont apparus devant l'armée navalle
du Roy mondict fils, se sont, grâce à Dieu,
retirés avec leur courte honte de la routte quils
estoient venus, pour avoir trouvé trop forte
partye pour eulx, dont il fault que chascun
loue Dieu, lequel je prie, Messieurs, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
Escripl à Fontainebleau , ce xxve
d'avril 1673.
jour
Caterine.
Pinart.
1573. — 26 avril.
Orig. Record office, State papas, France, vol. L1V.
A LA REINE D'ANGLETERRE.
Madame ma bonne sœur, je pensois que
le sieur de Walsingham dusl eslre porteur de
ceste lettre, et que en la baillant, vous témoi-
gnast l'amitié et afeclion que je vous ay tous-
jours portée et veulx continuer; mais, puisqu'il
est desjeà party, je me veulx asseurer qu'il luy
en dira ce que je luy en ay prié et qu'il en a
cognu , qui sera cause que je ne luy en feray
redistc par la présente, mais luy dirayee que
est surveneu depuis son parlement, qui a esté
causeque leRoy mon filzct moy l'avons renvoyé
quérir : si est-ce que mon filz le Duc , qui conti-
nue déplus en plus en l'affection qu'il a de vous
servir et désirer vostre bonne grâce, et que
par là il peult eslre si heureux que l'eussiez si
agréable que l'estimiez assez honneste prince
pour avoir l'honneur de vous espouser, il nous
a envoyé un gentilhomme pour nous prier
le Roy son frère et moy de luy donner congé
après la prise de la Rochelle de vous aler
béser les mains et se faire cognoislre tel qu'il
vous est, ce que ne luy avons voleu refuser,
veu l'envie que avons tousjours cognue que
aviez de le voyr et la résolution que avez prise
de ne vous marier à prince que n'ayez pre-
mièrement veu, nous asseurant que aurez
esgard à sa qualité et baillerez la seureté né-
cessaire au tel cas et aurez considération à son
affection, qui luy faict oublier la honte qu'il
pourrait avoir; et ayant le Roy mon filz
mandé à son ambassadeur bien au long ce
qu'il désire en ce faict pour le vous faire en-
tendre, ne m'estendray davantage et finiray la
présente, vous priant nous faire cognoistre, de
vostre coslé, aullant d'affection et désir de
continuer en la paix et amitié qui est entre
vous et le Roy mon filz, comme nous faisons
du nostre.
De Fontainebleau, ce xxvic d'avril 1673.
Vostre bonne seur et cousine,
Caterine1.
1 Elisabeth répondit elle-même à Catherine :
«Madame ma bonne sœur, par vostre lettre du
xwT" d'apvrii, et aussy par le sieur de Walsingham,
naguaires nostre ambassadeur par dellà, avons entendu
en quelle sorte Monsieur le duc d'Alençou vostre filz pur
lettres et messagiers exprès auroit requis au Moy nostre
bon frère et de vous congé de faire ung voiage par de-
çà, après la prinsc de la Rochelle, pour nous veoir, et
par mesme moyen poursuivre l'affaire du mariage en son
endroicl. A quoy il appert par vos lettres et par les pro-
LETTRES DE CATH
1573. — 26 avril.
Aut. Bibl. nat. fonds frnnrais, n° 3ig3, f* 100.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin , j'é reseu vostre lettre et aylé
bien ayse d'avoyr entendeu tout ce que me
pos de vostre ambassadeur, Monsieur de la Mutin', au-
riez consenty, ce qu'avons pareillement entendu par les
lettres mesmes de Monsieur le Duc , remonslrant par icelles
sa grande envye et désir de passer jusques icy, ayant à
ceste Cn obtenu vos congés, après toutesfois la réduction
d'icelle ville en l'obéyssance du Roy. Sur quoy vostre
ambassadeur nous a requis que voullions déclarer nostre
bonne volunté et consentement et accorder seurelé néces-
saire audict sieur Duc pour son voiage. Sur ce avons bien
voulu et trouvons expédient vous impartir ce que nous
trouvons nécessaire d'eslre par vous rementeu et consi-
déré premier que d'accorder à sa venue : c'est que sur
des propos par cy devant tenus, à mesme fin, d'une
entrevue, avez tousjours trouvé fort difficile qu'il deust
venir sans que quelque asseurance premièrement donnée
que l'aurions si agréable que de le prendre à mary à sa
venue, car autrement estiez d'opinion que, s'il venoit
et que le mariage ne succédas! , qu'il s'en ensuiveroit
plus de mescontentement que n'en serait requis, veu
l'estroicte amitié entre le Roy et nous. Et partant, consi-
dérant que ne sommes certaine, ne que pouvons vous
asseurer de ce que pourra ensuivre au faict de ce mariage,
s'il venoit, ains nous fault suspendre nostre intention,
attendant qu'à sa venue Dieu nous pourra mouvoir le
cueur à y résouldre, n'avons sceu, sans premièrement
vous en remettre et recomander la considération , accorder
résoluement à vostre ambassadeur le sauf-conduict qu'à
ceste heure il requiert. Ains désirons premier estre
esclaircie de ces doubles, si vous persistez en vostre pre-
mière opinion, que si le mariage ne sortirait effect à sa
venue, ce serait cause d'offence au Roy et à vous, et des-
honneuraudict sieur Duc; or, si ainsy adviendrait, nous
le trouvons hors de raison en ung affaire tant incertaine
de résouldre sur sa venue. Davantage, paravant le voiage
dudict sieur Duc à la Rochelle vous mandiez qu'il luy
toucherait en honneur si , à sa venue icy, l'affaire ne
prendrait le succès désiré, et que maintenant par ces
dernières lettres escrivez directement qu'après la prinse
de la Rochelle le Roy et vous luy avez donné congé de
faire ce voyage pour contynuer son affection à désirer
Catiierixe de Médicis. — IV.
ERINE DE MÉDICIS. 209
mende's, et principalement de cet que Par-
maye de cet malheureus Mongomery n'a non
nostre bonne grâce, et sur ce désirez seureté nécessaire.
Nous désirons bien, et vous en prions bien fort, estre
résolue de la cause qui vous mouvoit lors de dire que,
venant icy ledit seigneur et faillant le succès, il luy touche-
rait en honneur, et que maintenant n'en faict? s ce double.
En ces choses, si nous vouliez résouldre et satisfaire à
plain, ensemble nous asseurer directement de vos parts
que, quoy qu'il plaira à Dieu d'en ordonner, qu'il
n'en sourdira nullement aulcune offence, alors ne ferons
difficulté d'accorder seureté nécessaire pour le voiage
dudict sieur Duc, asseurant qu'en cest affaire avons l'in-
tention sincère d'y procéder plainement, n'ayant aultre
résolution que de prendre à mary ung tel prince comme
luy de sang et de qualité.
r El sur ce, Madame ma bonne sœur, nous pryerons
Dieu, etc.
et A Grenwich, le xximo jour de may 1^3'. »
Elle écrivit également au duc d'Alençon :
'■Monsieur le Duc, tant par les lettres de nostre
bonne sœur la Royne vostre mère comme par les
vostres, avons entendu de l'instance qu'avez faict puis
naguères au Roy vostre frère et à elle qu'avec leur
faveur puissiez faire ung voyage jusques en ce royaulme,
pour nous veoir et faire plus ample démonstration de la
grande volonté que, de longue main, nous avez portée,
ce qu'ils ont accordé après la réduction de la Rochelle
en l'obéissance du Roy. A quoy aussy son ambassadeur
nous a instamment pressée et nous a sur ce requis vous
accorder et envoyer seuieté nécessaire. Or en cest affaire
nous trouvons cause de temporiser, sans toutesfois le
refuser, ny aussy d'accorder présentement, dont avons
maintenant escript à la Royne vostre mère , ayant par
autres propos par cy devant procédans d'elle recueilly la
cause qui nous induict à ce faire, en ce qu'elle a dict
que : si ne voullions premièrement promettre, avant
vostre venue en ce royaulme, de vous prendre à marj a
vostre arrivée, qu'il s'en ensuivrait de l'offence si le
marriage ne sortirait effect. Or, considérant que ne pou-
vons jamais consentir, jamais accepter aulcun personage
pour estre nostre mary si premier ne l'avions veu,
comme sommes encores de cest avis , nous désirons estre
résolue par ladicte Dame vostre mère si elle persévère
lousjours en ceste opinion ou non; ce que si elle fairl .
nous ne pouvons donc en raison accorder que deviez ve-
nir par deçà avec tel double. Recognoissans néantmoins
■ Record office, State papm-s , Frauce, toi. LIV. (Autographe.)
27
lUPiltMESir. JUTtOKALE.
210
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
layt de cet qu'il prétendoil elde cet que Dieu
ha ausi bien favorise mon fils par mer comme
par 1ère ; je prie à Dieu que ceulx de la Rochelle
recognoyset leur faulte et qu'il se remetet à
la discrétion de mon fils que je seré tousjours
d'avis de leurs acorder tout; mes qu'i nayet
ncul exercise de relligion que de cella que
nous tenons et tous les mynistres rhasés, cet
l'on n'an peu gagner davenlagc, et vous prie,
quand celaaviendroyt,en [faire] souvenir mon
fils. Vous enlendrés par cet porteur le méchant
tour que ceux de Beare1 ont fayst au sieur
de Gramonl; je vous prie le recommander à
mon fils el au roy de Navarre, car yl y va de
son honneur et qu'ilz faset toul pour le
ravoyr, car c'et le plu méchant tour qui fust
jeaniès fayst, et le pluscreuel d'avoyr tué tant
de jeantis hommes: je vous prie luy ayder et
je prière Dieu vous donner bien tost voslre
entière santé.
De Fontaynehleau, cet xxvi° d'avril 1Ô73.
Vostre bonne cousine,
(Iaterine.
qne vostre laçon de procéder envers nous est telle que
véritablement avons très bonne occasion de nous louer
grandement de vous, ne voulant nommément olilier à
vous remercier, tant qu'il m'est possible, de ce que
n'avez espargné peyne ne moyen à m'escrire et faire
visiter, scacbant très bien qu'il n'a tenu à vous que n'ayez
fairt ce voyage de longtemps, et quoy qu'il en succédera
de ceste affaire, nous espérons que n'aurez juste cause
de penser que voslre bonne volonté soit mal employée sur
nous, ains qu'avec gratuité l'acquiterons par quelque
moyen, el si la Royne vostre mère nous vouldra résouldre
sur ce que luy en avons escript, nous ne différerons
nostre response audict ambassadeur sur la senreté de
vostre voyage.
«Le xxi înay 1 5 7 3 ' . n
1 Heure, Béarn.
■ Record office, Stat? papers , France, vol. 1.1 V. ( Copie du leni|>>. )
1573. — 27 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 801, f° 99.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT OU PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, je vousay cy-devanl
escript et fait entendre la peine en quoy j'es-
lois et suis encore à présent à cause de l'em-
peschemenl que l'on donne à Sardiny que a
contracté pour les petits sceaulx en la jouis-
sance du sceau des requestes du Palais et que
je sçay que vous avez toute puissance de faire
cesser et lever cest empeschemenl, je vous ay
bien vollu faire ceste recharge pour vous prier
d'eslre moyen que ladicte difficulté soit levée
et ostée et faire en sorte que ledict Sardini
jouisse dudict sceau sans que n'en oye plus
parler; mais d'autant que s'est chose quej'ay
fbrt'à cueur el que je désire estre faict promp-
tement, je vous prye encore ceste fois, si avez
envye de me faire plaisir, donner ordre
qu'icelluy Sardini jouisse sans aulcune diffi-
culté dudict sceau des requestes ; et m'asseurant
de la bonne volonté qu'avez envers moy et ce
qui me louche que vous ferez tout ce qu'il
vous sera possible pour me rendre satisfaicte
de ce costé là , je ne vous en diray autre chose
et prie Dieu, Monsieur le Président, vous
tenir en sa saincte garde.
Escripl à Bloys, le 27 avril 1 573.
Gaterine.
Chantereau.
1573. — ag avril.
Copie. Bibl. nat, ionds français, n* 1797a , f° 91 v°.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mollit1, il me semble qu'il
est venu très à propos que nous avons envoyé
quérir le sieur de Walsingham; car il s'en
retourne, coume vous verrez par la lectre du
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
211
Roy monsieur mon filz, édifié et esclaircy de
nos droictes intentions tant sur le faict de
l'entreveue que pour parachever l'œuvre et
voir bien tosl la conclusion du mariage. Le
sieur de Rez qui fust vers luy et qui Ta ac-
compagné fort honnestement, sans qu'il eut
eu nulle occasion de se plaindre, ny douter
que l'on ne voulust arrester, le luy faisant
bien paroistre, car il le laissa à Paris et
s'en revint hier icy, d'où le Roy monsieur
mon filz le renvoya avec son chanïot qui l'a
amené ce matin de Melun où ledict sieur de
Walsingham s'en va coucher audict Melun
dedans ledict chariot qui le mènera jusques à
Roulogne, s'il veult, affin qu'il aille plus à son
aise et cognoistre en toutes choses la bonne vo-
lonté que nous portons à ladicte royne el à tous
les siens. Je feray porter audict Walsingbam
deux pièces de beau drap de soye pour sa
femme et deux autres de couleur, où il y aura
de l'or et de l'argent , pour sa fille , affin de le
gratiflier tousjours aultant qu'il me sera pos-
sible, pour l'espérance quej'ay, suivant ce qu'il
m'a promis de faire tout ce qu'il pourra pour
faire réussir ledict mariaige, qu'il monstre
désirer bien fort; il m'a promis qu'il m'escrira
franchement comme ladicte royne sa mais-
tresse désirera que mon filz le duc d'Alenron
aille par delà. Il sera bon que l'en ramente-
viez et que fassiez doucement en sorte que ce
soit honorablement, et avec les seuretés que
nous avons dernièrement escriptes, nous lais-
sant en cela faire par eux leurs offres première-
ment et puis conduire le tout si dextrement que
puissiez obtenir lesdicles seuretez de leur bon
gré et franchement, coume nous espérons.
Vous estes si sage qu'il ne vous fault rien dire
davantage, priant Dieu, Monsieur de la
Mothe, vous avoir en sa saincte et digne garde.
A Fontainebleau, Iexxixn"'jourd,avril 1573.
Caterixe.
1573. — 3o avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3ao3 , f° 7».
A MON COUSIN
LE SIEUR DE DAM VILLE,
MARESCHAL DE FRANCE.
Mon cousin, si le Roy monsieur mon filz
a esté bien ayse de la réduction en son obéis-
sance de sa ville de Sommière par compo-
sition, je vous puis asseurer que je n'en ay
receu moins de contantement et satisfaction,
n'estant ce petit mot que pour accompaigner
celle que le Roy mondict seigneur et filz vous
escript, par laquelle il vous mande bien parti-
cullièrement ce qu'il désire estre faict par delà
tant pour le regard de la réduction de ses
autres villes qu'il entend estre bien traictées
lorsqu'elles se vouldronl recongnoistre et vivre
soulz ses édictz et ordonnances faictz et publiez
depuis le xxiiuesmc aoust que pour le regard de
recouvrer deniers pour le payement de la gen-
darmerye; àquoy je n'adjousteray autre chose
. synon pour vous prier, mon cousin, que vous
ayant bien et saigement faict jusques à ce jour
vous veillez de bien en mieulx continuer en
tout ce que voyez estre de besoing pour le
service du Roy mondict seigneuret filz.pryant
Dieu, mon cousin, qu'il vousayt en sa saincte
et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le dernier jour
d'avril 1 673.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1573.— t" mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° i5557 , f° 195.
A MON FILS LE DUC D ANJOU.
Mon fils, le feu sieur Cossins ung peu aupa-
ravant avoit fait faire des enseignes neuves
pour ceulx de sa compaignie et qui lui reve-
37.
212
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1C1S.
noienl à grand argent; mais le pauvre houme
n'a eu le bien de les veoir employe'es et sont
lesdictes enseignes demourées sur les bras à
sa femme laquelle d'ailleurs est assez em-
pesehée. Je ne sçaurois que faire desdicles
icclles enseignes et, parce que je désire gren-
dement la grattiffier tant en conside'ralion du
deffuncl que pour l'amour d'elle aussi, je désire,
jnon filz, et vous prie bien fort que vous or-
donniez à celluy qui est successeur de ladicle
compaignie qu'il face prendre par les siens
lesdictes enseignes, jà toutes faictes, et les
payer à ladicte dame de Cossins qui sera aul-
tanl de bien pour elle coume soullagement et
espargne de plus grands fraiz à ceulx qui
prendront lesdictes enseignes; priant Dieu
qu'il vous ayt, mon filz, en sa garde.
Escript à Fontainebleau, le premier jour
de may 1673.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — 9 mai.
Copie. Bihl. nat. Cinq cents Colbert , n'n 36fi , (° îga.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, je ne sçaurois rien ad-
jouster à ce que vous escrit présentement le
Roy monsieur mou Glz1. Je vous diray seule-
1 Charles IX l'instruisait de la paix que les Vénitiens
venaient de conclure avec le Grand Seigneur, el ajoutait:
•Je ue veux nier que je ne leur aye conseillé ladicle paix ;
aussi je suis coulent que l'on sache que je les ay quelque
lois admonesté de mettre fin à cette guerre, cognoissant
que ce serait enfin leur ruyne, mais aussi je ne veux de
gaité de cœur me tirer à dos le blasme et le reproche
dudicl traicté et me suflira faire voir auxdicts Vénitiens
que je suis très joyeux de les voir réconciliez avec un si
puissant et formidable ennemy, tant ainsi que j'ay faict
loul ce qui m'a esté possible pour les sortir de ceste
guerre; aussi seray-je bien ayse de faire tous les bons
offices pour eux et faire mettre en considération les raisons
qui les ont ni;us el conlraincts à ce faire, affin d'appaiser
ment que, si Testât de ses affaires respondoit
à sa volonté, il seroit très aise de faire cog-
noistre à ceste république combien il l'ayme
et désire sa conservation; mais il fault céder
à la nécessité, vous asseuraut qu'il n'a levé
]es armes pour les employer contre ses subjeetz
que par force et conlraincte, et s'ilz eussent
esté aussy prudens et bien conseillez, coume
ilz ont esté témérairement et mal avisez, il y
a long temps que le royaume feust en repos.
Mais tant s'en fault qu'ilz ayent jamais re-
cberclié sa bonne grâce, qu'ilz ont rejeté tous
les moyens qui leur ont esté présentez poui
y parvenir. J'espère qu'eufin ilz y seront forcez
de recoguoistre leur fautes et acheter ce qui
leur a esté offert, el qu'ilz se verronl bientost
aussy rigoureusement chastiez corne ils le
méritent.
Le Roy moudict sieur et filz vous a escrit
par nostrebommeson intention pour le regard
des douze cens escus de Mabumut1, voulant
qu'ilz luy soient délivrez. Je seray bien ayse
que luy ayez recoumandé le faict de Poloyne,
s'il peut, pour s'en retourner eu Constanii-
nople avant que vous ayez nouvelles que l'élec-
tion soit faicte. En ce cas je vous prie advertir
le sieur de D'Aqs de tout ce que vous aurez
négotié avec luy et continuer à me mander ce
qui viendra à vostre cognoissance dudicl faict
Noslre S' Père el destourner l'effect d'une mauvaise
volonté conceue contre eux pour ce regard, sans toutefois
■n'engager à rien promettre de plus particulier, ne me
permettant l'eslat de mes affaires d'en faire aulre dé-
monstration.;! (Même volume, f° 8g.)
1 trj'ai baillé à Mabumut, écrivait du Ferricr au Itoi
le 19 avril, tes douze cens escus que j'avois devers moy,
duquel j'ay aussi receu trois belles cymeterres, quatre
arcs avec quatre vingt neuf flèches et quatre carquois,
ensemble une robe de drap d'or doublée de satin verd,
et ce qu'il estime le plus c'esl du baume «ju'it m'a baillé
dans un petit fiole de verre; on m'a aussi baillé un petil
vase de terre plein de tbériaque, lesquelles besognes
j'enverray à Voslre Majeslé.» (Même volume, f' lUG.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
213
de Pologne, priant Dieu, Monsieur du Ferrier,
qu'il vous tienne en sa saincte et digne garde.
Escript à Fontenebleau, le neme jour de may
t573.
Caterine.
De Neufville.
1573. — [a mai.]
Miuute. Bibl. nat. fonds français, n° i5558, 1° 79.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, je loue Dieu de ce
que les Seigneurs ont faict la paix, et que le
nom du Roy monsieur mon fîlz leur ayt ayde'
pour secouer le misérable jougqui les accabloit.
Mais je suis marrye qu'ils ayent attendu si
longtemps que la nécessité les y aye contrainctz
et qu'ilz n'ont plus tost creu le conseil qui leur
estoit plus utile. Vous verrez ce que le Roy
mondictsieur et fîlz vous en escript, sur quoy
je me veux remettre désirant ajouter nean-
moings qu'ilz entendent qu'il n'y a personne
qui se resjouisse davantage de leur bien et
prospérité que moy; car je désire plusentret-
tenir l'amitié anciene de cesle couronne avec-
ques eulx; à quoy je vois le Roy mon fîlz
très enclin et disposé. Quant à vostre par-
ticulier, je l'auray tousjours en la mesme
recommandation que vostre valeur la mérite,
el il me serra singulier plaisir de vous le
l'aire cognoislre par cffectz, quand l'occasion
se présentera, cognoissant assez, que encores
que vous ayez bien et longuement servy il vous
a esté faict maigre récompense, dont je suis
très marrye. Je désire sçavoir si vous avez
receu ung pacquet par le courrier de Flandres
et en recepvoir response; priant Dieu, Mon-
sieur du Ferrier, qu'il vous ait en sa saincte
garde.
Caterine.
1573.— 6 mai.
Orig. Bibl. nat. collect. Dupuy, n° 801, f° 110 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDBVT EN LA COCRT DB PAHXEUBST DE PABIS.
Monsieur le Président, le Roy monsieur mon
fîlz, pour bonnes et grandes considérations, a
permis à l'évesque de Mascon, qui est con-
fesseur de la roync ma fille et de mon conseil,
de coupper et fayre coupper es forestz de Bon-
nuenay deppendans de son évesché pour six
mil livres de boys, ainsy qu'il est plus au long
de cela èsdictes lectres et permission qu'il a
délibéré de présenter ou fayre présenter à la
Court, à l'entérinement desquelles je vous prie
vous emploier et tenir la main qu'elles soient
vérifiées selon leur forme et teneur et qu'il
puisse, suivant l'intencion dudict seigneur,
jouir de l'effect d'icelles , luy faisant congnoistre
de combien ceste mienne recommandation luy
aura servy, vous asseurant que le plaisir et
faveur qu'il recepvrade vous en cestendroictme
sera bien fort agréable; priant Dieu, Monsieur
le Président, vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le vi'jour de may
1573.
Caterine.
Chantereau.
1573. — 7 mai.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Coibert, iJ 87.
A MONSIEUR DE MAUVISSIÈRE.
Monsieur de Mauvissière, lorsque j'ay rec<u
vostre lettre du xxvm avril et avoyr esté ad-
vertye de la mort de vostre frère, ayant, je
vousasseure, entendu cestenouvelle avecq aul-
tant d'ennuy et de fascherye que vous mesme,
pour le congnoistre gentilhoume d'honneur et
vertu duquel le Roy monsieur mon filz eust
ung jour tiré de grandz services, ainsy qu'il
avoit bien vertueusement commencé; mais,
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
pour ce que c'est ung de'saslre auquel il n'y a
remedde, il faut, Monsieur de Mauvissière,
comme sage et bien advisé vous re'souldre et
disposer entièrement à la volonté de Dieu et
vous asseure que, de ma part, je serois bien
marrye que tel actedemeurast sansestre suivy
de la punition que mérite celluy qui en est
l'autlieur, ayant à ceste occasion dès lors escript
à mon filz d'Anjou que, estant la vérité de ce
faictadvérée, l'intention du Roy mondicl sieur
et filz estoit qu'il feust incontinent proceddé a
la punition du délinquant, ainsyque je veulx
croire qu'il fera, de sorte que aurez toute sorte
d'en estre content et salisfaict, ainsy que vous
serez aussy pour le regard de la terre d'Yeuvre ,
le chasteau que tenoit vostredict frère, laquelle,
aussitosl qu'il fut mort, mettant en considé-
ration l'affection que je sçay que vous portez
au service de ceste couronne et désirant vous
faire particulièrement paroistre en quelle re-
commandation je vous ay lousjours eu, je vous
ay accordé pour en jouir, ainsy que faisoit
vostredict frère, ayant pareillement prié le
Roy mondict sieur et filz de confirmer à vostre
aultre frère l'abbaye de Cussy, suivant la re-
questc que m'en avoit faicle mondict filz
d'Anjou, sy bien que vous pouvez estre assuré
que l'on vous a conservé tout ce que l'on a peu ,
m'ayant mondict filz d'Anjou jamais escrit
aultre chose que la faire conserver à ceulx de
vostre maison. Je vous prie, pour fin de ceste
lettre, croire que je vous ayme et estime tant
les services que vous m'avez faietz que j'en
auray à jamais souvenance pour les recog-
noistre envers vous et ceulx de voslre maison;
priant Dieu, Monsieur de Mauvissière, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le viie,ne jour de
may 1 573.
Caterine.
PlNART.
1573. — i3 mai.
Orig. Bihl. nat. fonds Dupuy, u° 801. f' 111.
A MONSIEUR DE THOU,
PBBMIEB l-tii SIDBNT BN LA COURT DB PARLEMENT DB PAB1S.
Monsieur le Président, le Roy monsieur mon
filz a esté bien ayse d'entendre le bon ordre
que vous avez donné au faict de la police, qui
est l'une des choses des plus nécessaires en
la ville de Paris; et quant à ce qui est survenu
à Chasteaudun, ainsi que vous entendrez par
ce qu'il vous en escript, le mal n'est si grand
que nous le pensions, comme aussi ce peu
de gens qui se sont eslevez en Champaigne,
lesquels ne sont suivis d'aucuns reistres, ainsi
que l'on l'a voulu dire, de quoy j'ay esté cer-
tainement advertie, espérant que, estant bien-
tost la Rochelle réduicte, comme mon fils en
donne toute espérance, ayant demandé àpar-
lamcnter ceulx dedans depuis la retraicte de
leur secours de mer, tous telz remuemens
s'évanouiront en fumée avec le bon ordre que
l'on y sçait bien donner, priant Dieu, Monsieur
le Président, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Caterine.
Brulart.
1573. — .5 mai.
Orig. Archives de la maison de Condé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, vous verrez par la
lettre que le Roy monsieur mon filz vous escripl
présentement ce qu'aurez à faire pour son ser-
vice et selon son intention et estant la mienne
conforme, je ne vous feray la présente plus
longue, priant Dieu, vous avoir, Monsieur de
Gordes, en sa saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xvc jour de
may 1073.
Caterine.
De Neufville.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
215
1573. — i5 mai.
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 366, 1* si8.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, pour ce que le Roy
monsieur mon filz et moy désirons infiniment
entendre des nouvelles de Pologne, d'où il
n'est pas qu'il n'en vienne à Venise à cestc
heure que l'assemblée des Estats est de long
temps commencée1, je vous ay voulu escrire
ce mot pour vous scmondre, oullre le soin que
je sçay que vous avez de nous en donner advis
de tout ce qu'on aura peu apprendre, priant
Dieu, Monsieur du Ferrier, qu'il vous ait en sa
saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xv" jour de
may 1 573.
Caterine.
Brulart.
feriez trop de faulte cet avyés mal; cet que
je prie à Dieu vous guarder et vous conserver.
De Fonleinebleau, cet xvicnie de may 1673 '.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 16 mai.
Aul. liibl . nat. fonds français, n° 3ig3, f° 106 r°.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, je suis bien ayse de cet que
les soldas ont si bien fest et qu'il repregnet
courage et ayspère que cete bourade que ceulx
de la ville ont eue de cet bastillon cera cause
particulière de lé fayre panser en leur cons-
siense. J'ayspère que, lorsque nous penserons
eslre le plus louyn de la prendre, que Dyeu nous
la donnera et le moyen d'y entrer, cet que je
luy suplye, et vous, mon cousin, de ne vous
laser à me mender sovent des novelles de mes
enfans et de cet qu'ayspérez; car c'est tout le
plaésir que je ay. Je suis bien resjouye de vous
savoyr du tout guéri : je vous prie vous bien
guarder et ne vous bazarder, car vous nous
1 La Diète d'élection s'était ouverte le 5 mai.
1573. — 18 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3339, î° £5.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, par voz dépesebes des premier
et xii du présent mois, nous avons veu la
résolution qu'avez prinse avec mon fils le duc
d'Anjou de vous acheminer en vostre gouver-
nement, afin de pourveoir aus affaires qui
y sont survenues et y pourront survenir, dont
avons receu bien grand plaisir pour vostre pré-
sence y estre requise et très nécessaire. Le
Roy monsieur mon filz escript au sieur de
Chavigny de vous accompaigner et demeurer
près de vous tant que y serez, ce que j'estime
qu'il acceptera pour la bonne volunté et grande
affection qu'il a à sou service avec la révérence
et amitié qu'il vous porte; aussy se peut-il
asseurer, comme je vous prie de lui dire en-
cores de nostre part, que les recommandables
et importans services qu'il a faicts et que
nous espérons qu'il fera cy-après seront re-
cogneus par les premières vacations qui ad-
viendrontdes grandes charges; à quoy je tien-
drays si bien la main que l'occazion ne s'en
perdra, comme ensemble feray pour le sieur
de Bouille à ce qu'il soit content. Cependant
je prie Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincte garde.
Escript à Fontainebleau , le xvmeme jour de
may îb'jZ.
1 Voir dans le n" 600 1 (nouvelles acquisitions) les
lettres de Charles IX au duc d'Anjou des 22, a3 et
a5 mai, p. 3i5 et suiv. (Bib. nat., fonds français,
n° i5557, f°a'i5.)
216
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
[De sa main.) Mon cousin, vous m'escuserez
cet > ne vous aysorips de ma mayn , car j'é un
peu de mal au doys? mes je n'é voleu pour
sela me guarder de me réjouir aveques vous
du beau fils que ha eu vostre fils le Prinse-
Daulphin; de quoy je suys infiniment ayse
pour selui que je m'asscure que enn avés.
Je prie Dieu qu'il vous en douin encore
d'aultre.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 18 mai.
Orig. Iiibl. not. fonds français, n° 3a5a, f 66.
V MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, ceste-cy sera seu-
lement pour accuser la réception de voz
lettres du 11e du présent mois2, ausquelles le
Rov monsieur mon filz vous satisfaict par les
lettres qu'il vous escript présentement ; et n'y
pouvant rien adjousler, je vous prieray pour
la fin de la présente d'avoir tousjours l'œil si
ouvert en vostre ebarge et y pourveoir si bien
qu'il n'y puisse advenir aucune chose au pré-
judice de son service, ainsy que nous nous
un reposons du tout sur vous, priant Dieu,
Monsieur de Matignon, vous avoir en sasaincte
el digne garde.
Escript à Fontainebleau , le xvinc jour de
may 1 573.
Caterine.
Pinart.
1 Cet, ri.
5 Voir dans le n° 4o53, f° 32, la lettre de Matignon
à laquelle Catherine fait allusion. En terminant, il ajou-
tait : «Je viens d'eslre adverty par de ceulx mesmes qui
ont esté de la nouvelle opinion que le conte de Mont-
gommery a envoyé devers quelques uns de ce pays pour
essayer de les faire eslever; à quoy j'espère prendre
garde de si près que, quand ilz auraient quelque mau-
volonté, il leur sera bien mal aisé de l'exécuter.»
1573. — 18 mai.
Orig. Bibl. nat. caliect. Dupuv, n° 801, f° n3.
A MONSIEUR DE THOU,
PBEMIEB PBESIUENT B* Ll COCBT CE PâBLEMBTT DE TiBO.
Monsieur le Président, par la dépesche
que nous avez faicle, nous avons veu la lettre
qu'on vous a escripte de Fontcnoy le Conte ;
à quoy le Roy monsieur mon filz vous faict
response, dont il n'est besoing que j'en face
icy aulcune redicte et seulement vous diray
que ce nous sera bien grand plaisir que vous
nous teniez souvent adverty de ce que appren-
drez en cella et des aultnes choses qui con-
cerneront le bien de son service. Priant Dieu,
Monsieur le Président, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau , le xvm" jour de
may 1673.
Pinart.
Caterine.
1573. — 23 mai.
Copie. Bibl. uat. Cinq cents Colbcrl , n" 366, I" asa.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur de Ferrier, j'ay eslé très ayse de
voir la bonne et louaible intention du prince de
cette Seigneurie, m' estant tousjours asseurée
de l'affection que tous ces seigneurs portent au
bien de ceste couronne; mais les choses sont
à présent réduietz en telz termes qu'il faut,
à mon grand regrect, user de force pour ré-
duire les subjeetz du Roy mon fils à la raison,
ayant espérance que Dieu le favorisera et assis-
tera, afin que tant plus tost il soit recogneu et
obéi de tous ses subjetz, ainsy qu'il appartient.
Je prie Dieu vous avoir en sa garde.
Escript à Fontainebleau, le ixii™"jourde
may 1073.
Monsieur du Ferrier, nous sommes en poyne
LETTRES DE CATH
de n'avoir aucunes nouvelles du sieur de Va-
lence ny des choses de Polongne,et parce qu'il
en vient tous les quinze jours à Venise, et que
vous avez quelque moyen d'escripre audict
sieur de Valence, je vous prie me mander ce
que vous en aurez apprins, et luy faire sçavoir
le plus lost que vous pourrez comme nous
sommes en poyne d'entendre de ses nouvelles,
afin qu'il nous en mande par vostre moyen,
craignant que celles qu'il nous a envoye'es par
aultre voye, n'ayent repceu quelque fortune.
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS.
217
1573. — ai mai.
Orig. Bibl. nat. fonds franvais, n° 3s5'i, f" 62.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, le Roy monsieur
mon filz satisfaict si particulièrement à vos
lettres du xxi de ce présent mois, mesmes eu
ce qui touche le payement des nouvelles com-
paignies et des autres gens de guerre de vostre
charge, que je ne sçaurois aucune chose y
adjouster, mais seuilement vous prierai de
suivre au demourant son intention et avoir
tousjours l'œil ouvert à la conservation des
places, ports et havres de vostre charge, et
d'y maintenir toutes choses en bon estât, et
repoz; et vous ferez service fort agréable au
Roy mondict sieur et fiiz; priant Dieu vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau , le xxive jour de
mai 1573.
Caterine.
PlNART.
1573. — a5 mai.
Imprimé dans la Correspondance de La Mothe-Fénelon ,
vol. VU , p. Aiâ.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, nous avons présen-
Cathïbise DE MÉDICIS. IV.
tement eu avis que mou fils le duc d'Anjou
a esté esleu roy de Pologne les v et vi de
ce mois par la commune voix et vœux par
escript de trois parts, dont les quatre font le
tout, de tous les évesques, palatins et no-
blesse dudict royaume, de sorte qu'il ne res-
toit plus que les vœux à publier, comme il se
debvoit faire dedans trois jours après. Et,
ainsi que l'on nous escript, il n'y a point de
difficulté que ladicte élection ne soit publiée
et résolue, dont je vous ai bien voulu adver-
tir en dilligence, affin que, si cela peut servir,
comme je ne doubte pas qu'il ne fasse, à
l'affaire de mon fils le ducd'Alençon, et pour
nous faire avoir la bonne responsce de la rovne
d'Angleterre que nous espérons pour le faict
du mariage ', vous usiez de ces bonnes nou-
1 Voici la réponse que La Mothe-Fénelon fit à celte
lettre le 3 juin suivant : tr Celle princesse a monstre ré-
puter ceste nouvelle pour la plus grande et la plus hono-
rable pour le Roy et la plus pleine (le grandeur pour
Monsieur et encores la plus heureuse pour la France que
nulle aullre qui lui advenue depuis que le royaume est
estably, et m'a dict que, oullre la part que vous luy
aviez faicle de vostre joye, elle eu prenoit ugne aultre
en elle-mésme de celle qu'elle imaginoit estre si accom-
plie en vous, qu'elle surabondoit beaucoup pour elle et
pour tous ceulx qui, comme elle, aymoient et honoroient
parfaitement Vostre Majesté. Et, bien qu'elle m'ayt faict
là dessus quelques assez curieuses demandes, et m'ayt
tenu des propos assez remis et froidz touchant l'aultre
faict de Monseigneur le duc , si m'a-t-elle dict que ceste
nouvelle élection de Monsieur vous debvoit faire espérer
l'accomplissement du reste de la prophétie qu'on vous
avoit donnée que vous verriez tous vos enfans rovs et
que mesmes ce ne seroit selon la mauvaise interprétation
que aucuns en faisoienl que cela se debvoit entendre de
la mesme couronne de France l'ung après l'aultre, car
Dieu leroit que vous les verriez tous trois à la fois, roys
de troys grandz royaumes, et a monstre ladicte dame de
fuir d'un coslé et de se faire poursuivre par ung aullre
sur ledict propos de Monseigneur le duc. Donc est be-
soin de la faire parler, ceste foys, si clair qu'il n'y puisse
rester aucune particule d'ambiguïté. Et je trouve, Ma-
dame, que surtout il est expédient que le comte de Lei-
28
itï't-Hil. r.il SATIONALS.
218
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
relies envois ladicle royne et ses principaux
ministres, coin nie vous verrez qu'il sera à
propos, pour leur représenter la grandeur et
moyen qu'ont ceux de ceste maison de la
maintenir et assister, vous estendant sur ce
sujet, comme je m'asseure que sraurez très
bien faire, ainsi (pue verrez qu'il sera à pro-
pos; et de tout je vous prie nous escripre le
plus tost que vous pourrez de bonnes nou-
velles que nous attendons aussy de ce coslé-là
en bonne dévotion , priant Dieu vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escripl à Fontainebleau, le dimanche
xxv' jour de ma\ 1 073.
Catebixe.
PlNABT.
1573. — a8 mai.
Orig. Eibi. nat. Cinq ceDts Colberl , n° Soo.
A MONSIEUR DE SCHOMKERG.
Monsieur de Scliomberg, encores que le
Koy monsieur mon fi Iz vous l'ace bien ample-
ment entendre par ses lettres l'occasion de la
dépesche de ce porteur1, je ne laissera} de
coster soit proiuptement gratifié de quelque honnesle
présent et pareillement milord trésorier (Cecil) et tous
deux entretenus de quelques gracieuses lettres de la main
de Vostre .Majeslé et de Monseigneur le duc, car on
s'efforce, à grand prix, de les attirer à ung autre party
tort contraire au vostre et ne pourra ce que vous em-
pioyerezen ces! endroit estre perdu; car au moins entre-
tiendront ceulx-cy cesle princesse et ce royaume toujours
à votre intelligence.» (Corresp. dijilouuit. de La Mvllie-
i'eiiehn, I. V, p. 3 1 5.)
1 Voici la l'itre de Charles IX à M. de Scliomlieig,
i laquelle fait, allusion et se reporte celle de Catherine :
'■Monsieur de Schomberg. j'ay receu voz dépesches
des xn et nu* de ce présent mois par le secrétaire du
sieur de Vallence, lesquelles j'ai envoyé à mon frère
le duc d'Anjou p;ir le sieur Bridait, mon secrétaire
d'Estat, pour les veoir et vous y faire à son retour icy
l'acconipaigner de cesle-cy pour vous prier de
bien considérer et observer en quelle part les
princes et seigneurs de la Gerniauye auront
incontinent response. Cependant j'ay advisé vous ren-
voyer vostre homme présent porteur, et vous dire que
vous m'avez faicl service très agréable et à propos d'avoir,
soubz vostre crédit, faict fournir huit mille tallards audict
sieur de Vallence pour une si bonne et importante occa-
sion que celle où ilz ont esté employez , par où vous tesmoi-
gnez de plus en plus l'affection que j'ay toujours con-
gneue que vous portez au bien de mes affaires et service,
dont j'ay tel contentement que je serav tousjours bien ayse
de le recongnoislre en vostre endroict; et allin que ne de-
meuriez en peyne dudict prest, j'ay commandé aux gens
de mon conseil donner ordre, que lesdicls vin™ tal-
lards, ensemble les autres douze cens tallards que vous
avez baillez à vostre frère et à vostre maistre d'hoslel
pour aller en Dannemarch et en Poullongne et pareille-
ment les mille escuz dont vous estiez en avance, vous
soient si bien paiez et assignez que vous en demouriez
très content; il est maintenant besoing de veoir en
quelle volonté et oppinion seront les princes et seigneurs
de delà sur ceste nouvelle et de pourveoir à ce que mon
frère puisse passer seurement. s'en allant prendre pos-
session dudict royaume, comme il faut qu'il fasse bien
viste; car, à ce que j'ay veu et entendu par lettres que
m'a apportées le petit Domini, les ambassadeurs dudict
royaume de Poullongne seront icy vers le xv ou x\' du
mois prochain pour le venir quérir, et fouit qu'avec ceste
occasion et dextremenl , comme de vous-inesme, vous trou-
viez moyen de parler à mes cousins les ducs de Saxe, es-
lecteur de Brandebourg, landegraf de Hessen et les aultres
princes que vous adviserez, et leur direz que, s'eslans
tousjours desmontiez bons et vrays et anciens amys de
ceste couronne, vous les avez bien voullu adverlir de la-
dicle esleclion, coume de chose que sçavez qu'ilz auront
très agréable, les asseuranl et leur dounant toute bonne
impression et oppinion de l'amitié et voi9inance que
mondict frère le duc d'Anjo.u se délibère de garder
avec eulx quand il sera installé audict royaume de Pou-
longne, et les préparez et disposez du tout en ce qui
concerne le faict mesme pour favoriser le passaige de
mondict frère allant audict royaume; en quoy vous use-
rez comme de vous mesmes; et après que vous aurez
veu clair en la volonté et intention desdicls princes sur
ce faict, vous m'advertirez et la Iloyne madame et
mère de leur délibération et en quelle dévotion vous les
aurez trouvez et de ce que vous en pourrez apprendre
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
219
pris à goust l'eslection qui est l'aicte de la
personne de mon filz le duc d'Anjou pourestre
rov de Poulongne, regardant, quand vous
viendrez à entrer en propos avec eulx, de leur
bien persuader, comme de vous-mesmes,
qu'ilz trouveront tousjours mondict filz le roy
csleu de Poulongne désireux de leur estre et
demourer affectionné bon voisin et vray amy,
nous advertissant de tout ce que vous aurez
peu apprendre et sentir de leurs délibérations,
mesnies s'il y a encores quelque apparence de
remuaient pour divertir le passage en Pou-
longne de mondict filz le duc d'Anjou et de
toutes autres occurences, aflîn que, selon que
vous en escriprez, nous nous résouldions à
ce que nous aurons à faire en cest endroict,
et vous nous ferez service fort agréable,
comme vous avez faict en l'acheminement de
la grant et importante affaire, et aussy en ce
que vous avez esté moyen de faire accommo-
der le sieur de Vallence de vmm tallards et
autres fraiz et advances pour lesquelz le Roy
monsieur mon filz vous fera si bien satisfaire
que demeurerez très content, ainsy qu'il vous
escript ; à quov vous pouvez estre asseuré que
je tiendray la main d'affection et aussi bon
cueur que je prie Dieu, Monsieur de Schom-
berg, qu'il vous ayt en sa saincte et digne
garde.
Escript à Fontainebleau, le xxviif jour de
may.
Monsieur de Schomberg, depuis ceste
lettre escripte j'ay advisé d'escripre un mot
de leclre à mon cousin le Lansgrave, auquel
je vous prie lui présenter après que l'aurez
de toutes parts, afïin que nous puissions sçavoir comment
ilz auront prinse tadicte eslection faicte de ta personne
de M. le duc d'Anjou, et s'il se faict rien ou remue pour
divertir et traverser son passage, car suivant cela nous
prendrons la résolution du parlement et voyage de mon-
dict frère. » (Cinq cents Colbert, n° tsoo.)
' leue et refermée, ainsy que sçavez qu'il faut
faire. Depuis j'ay pensé que vous ne pour-
rez pas bien lire ma lettre, je l'ay faict co-
pier en double. Vous en verrez la coppie cy
enclose.
Caterine.
PlXART.
1573. — 28
Orig. Archives de la maison de Conde".
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES,
1.IEI TENAM AU GOO\ER\EME*T DE D ACLPHt!*É.
Monsieur de Gordes, le Roy monsieur mon
filz vous envoyé le sieur Douches pour l'eni-
plover en ce qui se présentera par delà pour
son service es occasions qui se présenteront.
Je feray incontinent expédier une commission
pour recouvrer argent pour le payement de
vostre compaignie, de laquelle l'on fera pu-
blier la monstre, aussytost que nous aurons
eu response de mon filz le duc d'Anjou au-
quel nous avons escript pour cest effect. Je
prie Dieu, Monsieur de Gordes, vous avoir en
sa saincte garde>
Escript à Fontainebleau , le xxvme jour de
may 1 5 7 3 .
Caterine.
De Neofvilee.
1573. — 28 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 395 't, f° G5.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, je n'ay non plus
que le Roy monsieur mon filz entendu aulcune
chose de l'imposture dont nous escripvez, et
qui m'en eust parlé, vous pouvez bien penser,
sçachant que je vous estime fort liomme de
28.
220
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
bien et affectionné au service du Roy mondict
sieur el fils, que je vous en eusse escript et
ne l'eusse pas aujourd'huy estimé et cru. Vous
avez eu ces jours derniers response à vos der-
nières dépesches, qui me gardera de vous faire
ceste-cy plus longue, priant Dieu, Monsieur
de Matignon, qu'il vous ait en sa saincte et
digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xwnT jour de
may 1 673.
Caterine.
PlNART.
1 573. — 0.8 mai.
Orig. Bibl. imp. Je Sainl-Péiersbourjj, vol. XX, f° flG.
A MONSIEUR MON FILS
LE ROY DE POLOGNE.
Monsieur mon filz , Vassal qui est au sieur
de la Mothe-Fénelon, ambassadeur en Angle-
terre, vient présentement d'arriver et en aten-
dant (pie nous vous envoyons tout ce qu'il
nous a raporté de ce costé là , il m'a dict une
cbose quej'ayadvisé incontinent vous escripre;
car aussi est-elle d'importance et que je dé-
sire que saichiez bienlosl pour y pourveoir :
c'est que ie sieur de la Moitié a sceu présen-
tement par personne qui luy est très fidelle
et qui a veu et oy tout ce que vous entendrez,
c'est que, jeudy au soir, ung nommé Bar que
ce malheureux Montgonimery a envoyé devers
la royne d'Angleterre, et Languillier, estans
avecq la femme dudict Monlgommery au logis
qu'elle a à Londres, parlant du voiaige qu'a
laid icelluy Monlgommery, entrèrent par une
porte de derrière en iadicte maison trois gen-
lilzhommes de qualité, lesquelz devisans, pré-
sente ladicle comtesse de Monlgommery, de la
faillie qu'avoit l'aide son mary de n'avoir com-
battu l'armée (pie vous avez par nier devant
la Rochelle, quand il y arriva; sur quoy ledict
Bar, excusant icelluy de Monlgommery, assura
ipie les gens qu'il avoit avecq luy n'avoienl
jamais voullu combattre nostre port ; aussi
qu'il n'avoit redoubté et craint, en toute la-
dicle armée navalle qu'avez, que les Biscayens
et que, si cela estoit combattu , qu'il n'estimoit
rien le reste; et après qu'ilz eurent longuement
devise, dict ledict homme et a aussi pour cer-
tain assuré audict sieur de la Motlie que l'une
desdiclz trois gentilshommes proposa et s'en
alla résolu de prendre douze vaisseaulx qu'il
avoit à ung havre du costé de France et qu'il
trouverait bien gens pour mectre dedans et
qu'il espéroit que, dedans deux ou trois jours
de là, il se joindroit audict Monlgommery avec
lesdictz douze vaisseaulx armez et équippez
et pourveuz d'hommes, ainsi qu'il appartient.
L ung des autres gentiizhommes promit aussi
de prendre quatre vaisseaulx de ladicle royne
qu'il devoit à l'instant faire partir aussi pour
s'aller joindre audict Monlgommery, alïin de
secourir la Bochelle ou crever; car estant
comme elle est en nécessité il falloit y faire
tout ce qu'il seroil possible, pour ce que de la
conservation d'icelle dépendoil le bon succès
et faveur aux affaires de ceulx de la religion;
aussi (pie, si elle se perdoit, ilz avoient la plus
grande delfaicle qu'ilz sçauroient recevoir1,
1 Le a3 mai précédent, Charles IM avait mandé au
duc d'Anjou : «Comme vous verrez par les dépêches de
La Mothe-Fénelon, il semble que icelle royne d'Angle-
terre, à la persuation de ses ministres, qui sonl comme
vous avez tousjours veu par leurs actions et déporlenienls
fort passionnez à leur religion, soit en quelque incerti-
tude de ses délibérations ou bien qu'elle ayt délibéré
d'espouzer les affaires de nies subjectz et de les assister
soubz couleur qu'elle pense que je veulle attenter à tous
ceulx qui sont de la nouvelle religion , revenant tousjours
à sa première opinion qu'il y a ligue pour les exterminer,
dont elle ne peult on ne veult croire le contraire et tant
de fois que je luy en ay faict parler pour luy oster ses
fanlalzles. Voylà ponrquoy il lault qui' vous continuez à
tenir tousjours les forces navallis que vous avez les plus
LETTRES DE CATH
dont je n av voulu faillir de vous advcrtir,
affin que vous donniez ordre d'empescher
l'exécution de ceste entreprise, qui ne faultpas
doubler qu'il» ne tentent incontinant avecq
toute la plus grande violence qu'ilz pourront;
à quoy je m'asseure que vous sçaurez bien
pourveoir et remédier pour les en empescher
et faire qu'ilz ne remporteront, comme ilz
feirent autres fois, que la honte; et le vendredi
ensuivant dernier au soir ledict sieur de la
Mothe fut aussi asseuré que ladicte comtesse
de Montgommery pleuroit et se lamentait in-
finiment, estant bruict tout commun par la
ville de Londres que ledict de Montgommery
avoit esté combattu et vaincu devant la Ro-
chelle. Je le prie à Dieu de bon cœur et vous
prie nous mander des nouvelles de ce qui
s'est faict à Belysle, car ce pourrait bien
estre cella. Je prie Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript de Fontainebleau, le xxvme joui de
may 1073.
[De sa main.) Monsieur mon filz, je voldrè
qu'il fust vray cet que vous mende La Motte
que Fraisot qui est un vieulx servyteur du
Rov vostre grent-père s'an vient isy et aseure
que ceux de la Rochelle se meteron à mer-
ci ' et demanderont pour eulx au Roy
gaillardes que vous pourrez , affin qu'elles tiennent ladicte
royne en oppinionque, si elle entreprend, quelque chose
au préjudice de mes affaires, je ne suis pas pour l'en-
durer, et surtout regardez qu'il en demeure tousjours au
port de la Rochelle suffizainment pour empescher, si ce
malheureux Montgommery ou d'autres venoient pour la
secourir, qu'ilz n'en remportent que la honte, estant
bien considéré les armements et préparatifs qu'elle
faict, coume verrez par la dépesche de La Mothe; car
elle n'entrera pas en ceste despence sans qu'elle en espère
quelque chose pour son utilité. » (Minute. Bihl. impér. «le
Saint-Pétersbourg. )
1 11 y a ici dans la lettre une partie lacérée.
ERINE DE MÉDICIS. 221
qu'il aye leur vie et bien sauve san parler
délia religion. Yl seré ysi dan huit jours. Je
prie à Dieu qu'il souit ynsi. Je vous l'ayré ré-
ponse à tout par Montmorin.
Vostre bonne mère ,
Gaterine.
1573.
99
Imprimé dans la Correspon'laace diplomatique de La Mollte-Féneha ,
l. Vit , p. 4so.
A MADAME MA DONNE SOEUn
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Madame ma bonne sœur, le Roy monsieur
mon filz et nioy avons veu, par l'hoimeste
lettre que m'avez dernièrement escriple, fai-
sant responce à la mienne précédente, comme
vous estes en quelque doute sur la difficulté
que nous fismes, quand, en ce lieu, j'ai parlé
avec le sieur de Walsingam de l'entrevue de
vous et de mon fils le due d'Alençon; en quoy
nous demeurasmes, comme vous dites par
vostredicte lettre, lors, en quelque considéra-
tion et non sans cause, pour les raisons qu'avez
entendues et déclarées par vostredicte lettre
niesme, qui estoient qu'il ne seroit pas hono-
rable mais, comme sçavez bien considérer, à
grande desfaveur et à quelque occasion de
risée parmi ceux qui ne désirent et au con-
traire veulent traverser ledict mariage, si,
après que mondict filz vous aura fait voir et
offrir son service de si bonne et grande affec-
tion, comme je sçay qu'il se délibère faire,
pour avoir cest heur de mériter vos bonnes
grâces et vous espouser, il falloit qu'il s'en
revint sans avoir l'honneur ni la faveur que
j'espère , avec l'ayde de Dieu . qu'il aura de vous
en cela. Nous creignons aussy lors, qu'après
ledict voyage, si ledict mariage ne se faisoit,
qu'il n'en demeurast quelque regret, que cela
feust cause de diminuer l'amitié d'entre vous
222
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
cl nous qui ne désirons rien plus que de
l'nccroistrc cl jn-oci Mous sincèrement pour in
rendre perdoraWe1. Mais despuis, le Roy
mondict sieur et (ils et nioy, voyant (pie
mondict lils d'Alonçon ne s'arrestoit aucune-
ment sut iadiete difficulté, au contraire pre-
noit ce qui en pourra advenir sur luv, cl
persévérait tousjonrs de vous vouloir aller luy-
inesnic baiser les mains, dont je lui en sçay
lorl lion gré de l'aire son debvoir de vous
honorer en vostre royaulnie cl présenter son
service, sans crainte que le voyage lui retourne
à aulcune desfavciir. quand bien ledict propos
de mariage ne réussira selon son grand désir
1 l'inarl, le "Il mai, avait écrit au dur d'Anjou : '-Mon-
seignëDr, affin que vous entendiez loosjours comme
toutes choses passent du costé d'Angleterre, je vous
envoyé le double de lu dernière dépesche qui y a esté
faicte, par laquelle vous verrez comme encores que l'on
sente bien que la royne d'Angleterre n'a pas depuis la
Saint-Barthélémy fort désiré le mariage d'elle et de
Monseigneur le duc, que néanlmoings, voiant que les
forces navalles qu'avez sont fort gaillardes, elle dissimule
et veult gaigner le temps sur le faict de l'enlreveue et
■ ependant elle accélère ses affaires du costé d'Escosse et,
soubz le nom du comte de Montgommery, elle tasche ce
qu'elle pcult pour traverser et divertir les délibérations
du Roy et les vostres; mais, quand elle aura scen vostre
eslection el promotion au roïaulme <le Pologne, considé-
rau! |a grandeur que cela apporte non soullement au Roy
et à vous, mais aussi à Monseigneur le duc, elle mettra
en considération le^ raisons qui lurent à l'instant es-
criples à M. de la Molhe-Fénelnn pour les luy proposer,
.le croy certainement que voslre eslection apportera aussi
tant d'heur à M. le duc qu'elle sera cause de le faire,
Dieu aidant, roy comme vous, et que la royne d'Angle-
terre, au lieu qu'elle inonstroit de vouloir tirer à la
longue sa responce sur le faict du mariage, s'en esclair-
cira en bref; et desjà son ambassadeur el les autres mi-
nistres qui sont icy, entre autres le viel secrétaire du
sieur de Walsingham, B'esl laissé entendre qu'il ne double
plus dudicl mariage, puisque vous estes faict si grand
roy, autrement qu'il estime que icelle dame sa maislresse
neseroil pas bien conseillée de refuser l'alliance de deux
puissants rnyscoume est le Roy et vous.- (Ribl. nal.. fonds
français, n° J 5557, ^ a70-)
et le nostre, nous nous sommes le Roy mon-
dict sieur el lils et moy fort volontiers et de
bon cœur consentis à Iadiete entrevue, et \
persislons encore, comme l'avez entendu, et
que je vous escrivis dernièrement, vous priant
croire et vous asseurcr en vérité que nulle autre
occasion que ce que dessus ne nous fit for-
mer, du commencement, Iadiete difficulté, et
que c'est ce qui nous y a despuis faict donner
consentement, après avoir considéré la bonne
affection cl intention de mondict fils d'Alen-
çon et les raisons que vous avez quelquefois
dirles au sieur de la Molbe-Fénelon , comme il
nous a escript, lesquelles ledict sieur de Wal-
singam n'oublia pas de nous représenter
comme elles sont en mesmes paroles desduites
par vostredicte lettre, et lesquelles nous trou-
vons fort raisonnables, vous confessant qu'en
telles affaires la présence et l'œil des deux
personnes à qui le l'ail touche comme à vous
deux, est très nécessaire pour leur satisfaction,
premier que de se bien résouldre à s'espouser.
Aussy, pour ces considérations le Roy mondict
sieur el fils et moy avons trouvé bon et consent i ,
comme encore consentons de bon cœur, droic-
tement et sincèrement, sans auleun scrupule,
Iadiete cnlreveue, et vous asseurons et décla-
rons que, quand bien mondict fils s'en revien-
dra de deçà sans que ledict mariage s'effectue,
que cela ne sera aulcunemenl cause de dimi-
nuer nostre amitié; au contraire ayant vu
mondict fils le duc et sceu la bonne volonté
et affection qu'il a en Aostre cndroicl, et veu
aussy par expérience comme nous procédons
de îmslrc part en cecy droictement, en toute
rondeur cl sincérité, ledict voyage sera cause
d'augmenter plutost nostre amitié que de la
diminuer, ainsy que j'ai dict, ceste après-
disnée, à vostre ambassadeur pour le vous faire
entendre et que nous l'cscrivons aussy audict
sieur de la Motlic-Kénelon, afin qu'il relire de
LETTRES DE CATH
vous el (le ceux de voslre conseil les seurelés
nécessaires pour le voyage et passage de
moudict [ils d'Alencon, auquel j'ai envoyé lis
lectres que lui escrivez et l'ay adveiti de ceste
résolution, dont je sçays certainement qu'il
sera très aise et se disposera bienlosl de vous
aller trouver, inconlinent après que la Ro-
chelle sera réduite en l'obéissance du Roy
moudict sieur et iils, m'asseurant bien que
vous croyez que, s'il partoit ptustost du camp,
il ne luy seroit pas honorable pour sa répu-
tation, pour le service qu'il doibt au Roy sou
frère, ainsi que vous vous estes vous-mesnie
laissée entendre, il y a quelque temps, aiidict
sinir de la Molhe-Fénelon l. Qui sera cause
que je ne vous ferai, quant à ce fait-là, qui est
aussi déclaré par vostre lettre, aulcun aultre
scrupule, si n'est vous prier de croire et vous
asseurer que, quand et quand après avoir
receu lesdictes seuretés, telles qu'elles se peu-
\enl honnestement bailler, il partira pour vous
aller trouver avec autant de désir et affection
de vous servir et honorer que prince qui soit
en la chreslienté, priant Dieu cependant que
le souhait que je fais à ce propos, qui est de
voir bientost que ledict mariage réussisse à son
1 Charles IX avait écrit le as mai à La Mollie-Féne-
lon : n Depuis ta dépêche que je vous lis hier des nou-
velles que nous avons eues de Pologne, nous en avons
encore receu qui nous asseurent que, grâces à Dieu, le.
ix de ce mois mon frère le duc d'Anjou a esté élu roy de
Pologne el que le xi de ce mois la publication en a esté
faicte. J'estime que cela pourra beaucoup servir à faci-
liter le mariage de mon frère d'Alencon pour les rai-
sons que ma mère vous a escriptes, sur lesquelles je
m'asseure que n'aurez pas failly de prendre occasion
d'insister et persuader icelle royue et ceux de sou
conseil à se résoudre plus promptement audicl ma-
riage.» [Mémoires de Caslelnau, I. 111, p. 335.) Voir une
dépèche de Yalenliti Dale à lord Burghley, qui allîrma
que le duc d'Alencon est sincère dans la recherche de la
main de la reine. ( Cahndar of State papers, 1678,
p. 2/19.)
ERIiNE DE MEDICIS.
33 s
honneur el gloire, au bien 4e ces deux
royaumes et au contentement de tous deux
et de nous tous, comme vous entendrez aussy
plus amplement dudict sieur de la Mothe se-
lon la charge el commandement qu'il en a
du Roy moudict sieur et fils, et à tant je
prie Dieu, etc.
P. S: — Ma bonne sœur, je n'ai voulleu
faillir de vous advertir de la grâce qu'il a pieu
à Dieu de faire à mon fils de l'avoir l'ail eslire
roy de Poulogne, masseurant que vous serez
bien aise de toutes les augmentations de ceste
couronne, car ce sera lousjours augmentation
de nostre amitié avec \ous; et, si Dieu favorise
aultant mon fils le duc en vostre endroicl,
comme il a le roy de Poulogne vers les Pou-
lonois,je m'est irnerois la plus heureuse prin-
cesse qui feust jamais née de me pouvoir dire
mère de la plus grande royne et plus valeu-
reuse que l'on puisse voir, ce que je le supplie
me faire la grâce et vous, Madame ma bonne
sœur, vous asseurer que jamais prince ni prin-
cesse ne marcheront oncques avec plus de
franchise que faict le Roy mon fils et moy en
vostre endroict.
Vostre bonne cousine,
Caterinb.
1573. — 3o mai.
Orig. Bibl. nat. fontls français , n° 3ao3 , f° 77.
A. MOU COUSIN
LE MARÉCHAL DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz a
très volontiers accordé à celuy qui lui sera
nommé de vostre part l'évesché d'Agde et vous
asseure que les expéditions vous en seront
envoiées aussi tost que le rolle des bénéfices
aura esté arresté. Vous sçaurez par le porteur
l'arrivée du sieur de Ralagny et la confirmation
224 LETTRES DE CATH
de l'élection de mon filz au roïaume de Poul-
longne, dont je veulx croire que recevrez ung
particullier contentement, vous priant donner
ordre par tout vostre gouvernement à faire
l'aire toutes sortes d'allégresses et remercie-
mens à Dieu pour tant de grâces qu'il luy a
pieu faire à ce roïaume, espérant que ce bien-
fait sera cause du repos d'icelluy; priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le xxx,uc jour de
may 107.3.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 3o mai.
Aut. Iiibl. nal. fonds fraDçais, n" 3io,3, f° 106.
A MONSIEUR MON FILZ
LE ROY DE POLOGNE.
Monsieur mon fds, vous auré reseu par
Balagni une letre que je vous pansés envoyer
par Monmorin1; mes je le retins pour vous
1 Pinarl écrivait également au iluc d'Anjou: et Après que
M. de Balagny présent porteur et le doyen de Die aussi
avecq luy ont rendu bien particulièrement compte de tout
ce qui s'est passé à votre eslection jusques au jour de leur
partement, Leurs Majestez ont esté bien d'advis, suivant
leur lettre, qu'ilz vous allassent trouver selon la charge
qu'ilzont eue de M" de Valence, de Lansac et de l'Ysle,
desquelz les lettres que Leursdlctes Majestez ont veues,
et sont avec ceste cy encloses, aflin qu'il vous plaise aussi
les veoir, j'eusse bien désiré aussi vous envoier aussi la
version de latin en François de la harangue et oraizon
qu'a faicle le s' de Valence par delà, mais Mr le granl
aumosnier n'a pas encores achesvé. Le sr de Montraorin
s'en ira aussi vous trouver en dilligence, mais Leurs
Majestez n'ont pas voullu qu'il soit passé avec le s' de
Balagny. Il vous porte la dépesche venue d'Angleterre et
ensemble la responec que l'on y a faict et la lettre que
Monseigneur le duc aura à escripre.n (Bibl. nat., Imids
français, n" 10507, P a83.) — Voir la lettre du duc
d'Alençon au Boi son frère, où il lui annonce avoir
>.igné la lettre qu'il désirait pour la reine d'Angleterre.
(lbid., n° i5558, P i5.)
ER1NE DE MÉDICIS.
porter la présante et cella que vous ayscripl
le Roy, afin que envoyés des blancs-sins, pour
envoyer partout, plus pour voyr leur volante
cpie pour besoin qu'il en souit en tant de lyeu;
et à cet propos je vous dire que.au comnien-
sement pour deux jours je n'é jearnès veu jeans
si triste que d'oceuns l et astcure qui faset
niilleur mine; et lesouyr'2 em me promènent,
yl n'ont peu tant disimouler que le cardinal
de Guise m'a dist : itJe croy que astbeure yl
sont bien triste au camps de ces novelles.x Et
son frère, qui est plus fin, l'y a fest sine et l'a
fesl teyre. Je dis : «Je croy que ouy de cet
qui fault qui s'ann aile,' mes non pas de le
voir roy.Ji Nous avons mendé à tous les emba-
sadeur pour les avertir de cete bonne novelle.
Tous s an sont réjouys, mes seluy d'Espagne
a dist à Gondi qu'il ne pansoyt qu'il n'eult
l'egret, et que cete novelle seroyt la mort de
l'Ampereur qui y avoit dépandu sept sant mile
écus et n'avoyt fayst que se ruyner, car c'éloyt
sa ruyne, mes qu'il avoit un seul reconfort que
vous n'i y ries jeamès, et, s'il pouvoyt parler
aveques vous hun beure, qu'i s'aseuroyt que ny
metrié jeamès le pié et n'i voldriés aler, et que
c'éloyt un royaume qui ne valeoyl que deus
sans mile écus. J'é répondeu que nous aytions
donc plus sages que eulx qui enn avoyent dé-
pendu sept cens mile pour enn avoyr deu
sans mile, et nous n'y enn avyons encore mis
que vint mile. Depuis, à cet souir, Marcel m'é
veneu trover, car le prese fort d'avoyr les troy
sans mile francs que le clergé nous lia baillé, et
le cardinal de Lorayne aseure qu'i lé feyré
trover. Or yl ne bouge d'aveques luy. Yl m'a
dis: a Cet grenlplésirque la plus part de cet
argent demeureret dan Paris, r, Or, noté que lé
deu sans mile ayst pour envoyer en Pologne,
et n'en demeure que san mile pour achepter
1 D'oceuns, d'aucuns.
2 Le sonyr, le soir.
LETTRES DE CATH
dan Paris cet qui nous fault et sachant que , en-
core que l'on vous fase donner et que l'on s'au-
ploye à en 1ère trover, que eu darière l'on dist
que c'et un grent argent qui s'en va hors de
Franse. Je ne luy ay répondu à cet qu'il nie
disoyt, mais à cet qu'il pansoyt et me parloyt
comme à une beufle (sic), et, afin qu'il coneut
que je ne l'e'loys pas , je luy ay dist les deux parts
s'an vont dehors, mes, quant mon fils aure' tout
cet que Ton promet, encore ne sortira-t-i pas
tent d'argent qu'il a fesl pour le réyaume d'E-
cosse, qui enn a mangé du tamps du Roy Mon-
seigneu et du feu Roy mon fds, et ancore tous
lé jours nous ly enu anvoyons, si bien que dis
milyons, ce net pas temps que cet que l'ons
y a jeuques astheure dépaudu, et voyé quele
utilité enn eu cet royaume, et anu a celui-
ysi; c'et jouindre une coronne à jeamès alla
Frause, et, pour le plus, pour troys milions
de frans pour une foys, et le trafic et les como-
dilés que cet réyaume enn auré, qui profite-
ront plus que vint milions par an, et que c'et,
aullre sela, la grandeur de cete courone et la
ruyue de ceulx qui nous ont voleu ruyner. Je
voldrès que vous vissié la mine qu'il a leste;
yl s'ann est yncontinent aie. Je panse bien qu'il
lui auré rapporté, car je croy qui me l'avoyt
envoyé pour .voyr cet que je dyroys. Donne-
vous guarde de meslre Aymonl , le jésuisle, car
yl escript partout que vous avé promis de ays-
tirper tous ceulx qui ont jeamès ayté hugenos,
et qu'i le set corne celuy qui c'et meslé de vostre
comsense. Ces bruis là font gren mal à toutes
les afeyres qui cet présente t. Camille m'a dyt
que M. de Nevers veult aler aveques vous,
pourveu que fasiés pour lui ce que yl dist qu'yl
désire. Je l'é dist à Monmorin; yl m'a prié luy
mender que je seré bien ayse qu'i vous acon-
pagne, ce que j'é fayst; car je sayré bien aise
que soyés bien aconpagné et de jeans qui ne
vous brouillet. Yl m'a parlé de Monsieur de
Caîbemne de Médicis. IV.
ERINE DE MÉDICIS. 225
Guise, ausi qu'il vous conduiret; je luy ay dist
que n'avyés afayre de personnes que le peys
pensât qu'i voleuset remeuer le monde. Je vous
mendc tout, car je voy que l'on voldroyt bien
que, cet grent heur, nous le perdisions entre
nos mains, non pour vous fayre mal à vous,
mes pour vous tenir bas et dire : «Cet heun
prinse qui ne se sucie pas plus que tent des
choses'»; et, ausi pour enn avoyr ayté la seule
aucasyon d'avoyr poursuivi cet royaume, et
que l'ayent fest, que l'on pansast que je n'euse
ni le cœur ni l'antendemcnt pour le conserver
entre vos mains; mes j'espère que Dieu, qui
l'a voleu, nous aydera en venir alla fin que
nous désirons pour son honneur et voslrc gren-
deur, ce que je luy suplye et vous donner la
Rochelle bientost.
De Fonteinebleau, le xxxe de may 1673.
Vostre bonne mère,
Catebine.
1573. — [3i mai.]
Aut. Bi])l. mil. fonds français, n° 102&0, f° ni.
A MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, je ne doucte poynt que n'ayez
aysté comme moy bien ayse de voyr mon fils
roy, et marry de panser que cet houneur et
grandeur nous le ayloigne, de quoy je ne veulx
panser que le plus tard que je peus, que je
l'anpechèrè, cet je pouvès, cet je ne pansoys
que à moy; mes, quant je considère cet que
sesi luy aporteré et à tout cet royaume, je
m'estime ayslremement heureuse et ne se
cornent je an puis asés remersier Dieu et pour
se que entendrés par Rrulart fout bien au
long, je ne vous fayré la présente plus longue
et seulement vous dire qu'il luy fault ayder de
vistement abréger cete guère et qu'il aye l'hon-
neur de pasifier cet royaume avent partir. Nous
luy enn anvoyon quelque moyen et vous prie
a;)
mpnttfer.it nationale
226
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
les embraser aveques luy et iuy ayder en venir
hà but ', cl je priré Dieu luy en l'aire la grase
et vous bien conserver.
Voslre bone cousine,
Caterink.
1573. — 3i mai.
Orig. Blbl. nal. fonds français, n° 3a5*> , f° 18.
A MOH COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, encores que le Roy monsieur
mon filz satisfasse bien parlicullièrement à
voz leclres des xvie,xxuc et xxvic jours de ce
présent mois, je ne laisseray de vous faire
aussy ce mot pour vous prier de croire que
vous debvez attendre de nous tout ce qui se
peult faire pour le payement de vos pensions,
ayant donné charge expresse aux trésoriers de
l'espargne du Roy mondict fils d'y regarder à
bon escient pour vous rendre content, comme
je m'asseure qu'ilz feront; vous verrez aussy
ce qu'il vous escript pour le faict du sieur de
Chavigny; à quoy j'adjousleray que nous le
tenons si digne et alfeclionné serviteur que
nous serons tousjours bien prestz de le recong-
noistre et gratiffier selon ses mérites, et me
remectant du surplus à la lectre du Roi mon-
dict filz, mesmes pour les très bonnes et
très agréables nouvelles que nous avons eues
que mon filz le duc d'Anjou a esté esleu roy
de Poloigne, je n'estendray ceste-cy davan-
taige que pour prier Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Foiilaincblenu, le dernier jour de
may 1 073.
Vostre bonne cousine,
Catebine.
1 But, bout.
1573.— [3i mai.]
[mprimédtDS la Vieil- Louis de Bourbon, duc de Montpensier '. p. aïo.
AU DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, je ne doucte point que ne
soyés bien ayse de voyr que Dieu commence à
vouloir tant favoriser ce royaume que d'y en
adjouster d'autres, cornent yl a faict par
l'élection qu'il a faict fayre aux Polaes de mon
fils, que encore que ce nous soit un grant
regret de le veoir en aller, maie nous devons
remercier Dieu de le mettre en un si beau et
grand royaume coume celuy où yl a esté éleu.
Yl ne nous reste plus sinon' de voyr ce royaume
en repos, ce que je prie à Dieu que voyons bien
tost et qu'il vous donne la mesme joie de vostre
petit-filz, de quoy je sens autant de plaisir que
si il estoit né à ma fille, pour l'amour de vous
mesmes; je suis aussi bien ayse de ce que
Relie Isle est remise en l'obéissance du Roy
et m'asseure que , vous estant sur les lieux , qu'il
n'y viendra plus de ynconvéniens et espère
que bien tost, sil plaist à Dieu, aurons bonnes
nouvelles de la Rocbelle, ce que requiers à
Dieu et vous donner ce que désirés.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — [Juin.]
Oiïg. Piibl. nat. ancien fonds français, n° 3i5g, f° 6â.
A MONSIEUR MON FILZ
LE ROY DE POLOGNE.
Mon filz, je nescay quelles [grâces] fayre à
Dyeu de faire tant pour moy que je vous voye
ce que je vous désire. Je vous prie le bien
reconnoistre et toute la grandeur qu'il vous
baille, que ayez dans le cœur de l'employer
pour son service et de vostre frère qui est si
1 Par Coustureau, Rouen, MDCXXXXII.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
±21
aise de voslre bien que je ne l'ay jamays vcu
plus. Il ne reste plus sinon que Dieu vous
fasse la grâce de bien tost prendre la Rochelle
et vous conserver, comme le de'sire
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — [Juin.]
Communiqué par feu M. de Montigny.
A MONSIEUR MON FILS
LE ROY DE POLOGNE.
Mon fils, j'ai reçu vos lettres et l'espérance
que avez que bientost vous manderez de
bonnes nouvelles; Dieu le veuille par sa
grâce, avec votre conservation et de vos frères
et de tous les gens de bien. Le Roi vous
mande son intention1, en cas que vous
auriez pris la Rochelle par force ou par com-
position ; à quoi je vous prie vous re'souldre
et prendre cette seureté de moy; je vous ay
trop montré que je vous aime mieux où vous
pouvez acquérir réputation et grandeur que
de vous voir auprès de moy, encore que ce
me soit un grand contentement; mais je ne
suis pas de ces mères qui n'ayment leurs enfans
1 Charles IX de son côté lui écrivait, le icr juin :
-Monsieur mon frère, eucores que nous ne soyons ré-
solluz du chemin que vous tiendrez pour aller en vostre
royaume, où vous estes désiré et attendu avecques très
grande affection de tous voz subjeetz , coume vous avez en-
tendu du sieur de Balagny, touttesfois, parce qu'il est be-
soing de faire partir le plus tost que faire ce pourra les
quatre mille Gascons qui vous sont demandez et préparer
les princes par les pays desquelz vous aurez à passer soit
par mer, soit par terre, à vous accorder le passaige, j'ay
pensé que l'on sçauroit trop tost envoyer vers eulx pour cest
effect , joinct que je désire aussy bien me conjouir avecques
euh de vostre promotion, et sera fort à propos de leur fayre
cognoistre que vous désirez et voulez demeurer leur amy;
au moyen de quoy, j'ay délibéré escripre au sieur de ^ ulcob
faire cest office envers l'Empereur, et envoïer deux gen-
tilzhommes vers les princes de la Germanye. L'un ira
que pour eulx, car je vous ayme pour vous
voir et désirer le premier en grandeurs et hon-
neurs et réputation: par ainsi je vous prie
suivre ce que le Roy vous en mande san>
regret, car vous devez louer Dieu, si prenez
ceste ville, de vous avoir fait la grâce d'estre
le restaurateur et conservateur du royaume,
et que en l'âge de vingt et un ans en avez plus
faict que grand capitaine qui ayst esté, et cela
vient de Dieu, el de luy aussi lault que le re-
connaissiez et à luy seul attribuiez toutes vos
victoires. Ne me mectez plus en vos lettres que
k n'aurez jamais de plus affectionné serviteur»,
car je veux que me soyez affectionné fils, et
comme tel me reconaissiez pour la plus affec-
tionnée mère que ait jamais eu enfant; et ne
m'écrivez plus ce mot de serviteur, mais de ce
que vous m'estes.
Caterine.
trouver le conte Palatin, le duc de Saxe, le lantgrave de
Hessen, et le marquis de Brandebourg: l'aultre le duc de
Bavvère , les archiducs Ferdinand et Charles: J'en dépes-
cheray aussi ung vers mon oncle le duc de Savoye, et
escriprav au sieur du Ferrier mon ambassadeur à Venyse
parler à ces Seigneurs et escripre aux ducs de Ferrare, de
Mantoue et de Parme pour le chemin d'itallye, affin
que vous puissiez après choisir lequel il vous plaira de
tous les chemyns et prendre celuy qui sera estimé estre
le plus senr et à propoz. Nous envoierons aussy vers la
royne d'Angleterre, le roy de Dannemarc et le roy de
Suède et aux villes maritimes et partout ailleurs où il
sera besoing pour asseurer celluy de la mer; mais parce
(ju'il convient qu'il soit parlé de vostre part avecques la
mienne, je vous prye nous envoier au plustost par le
sieur de Brulart vingt-cinq ou trente blancz signez et
subscriptz de vostre main en la forme et manière que
vous avez accoutumé leur escripre, lesquels je feray rem-
plir, ainsy que je verray estre à faire et comme si c'estoil
pour moy mesme.n (Bibl. nat., fonds français, n° 15967.
f =»9.)
39-
228
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1573. — 3 juin.
Orig. Bilil. liât, fonda français, n° 3a35, f° 6.
A MADAME MA TANTE
LA DUCHESSE DE FERRARE.
Ma tante, les services que Loys le Vasseur
m'a l'aiclz il y a longtemps en Testât de l'un de
mesvalletsde pied eteeulx qu'il a pareillement
faietz au Roy monsieur mon fil/, au laid des
guerres èsquelles il a esté estroppié, le rendent
si recommandable que ledict seigneur et moy
désirons luy donner quelque moyen de vivre
à Tadveuyr et le faire sentir du fruict de son
labeur et service, pour lequel il est demeuré
impotent et estroppié d'une jambe, qui est
cause, ma tante, oultre ce que ledict seigneur
vous escript présentement en sa faveur, j'ay
bien voullu vous faire particulièrement ce mot
pour vous recommander ledict Vasseur et vous
prier le favorizer de vostre aulborité et bon
moyen à ce qu'il puisse obtenir la malladerie
de Gysors, en Laquelle, je m'asseure, il fera
si bien son debvoir que les habilans et pau-
vres en recepvronl contentement, outre ce que
ce sera une charité bien employée à luy-
mesmes, priant Dieu, ma tante, vous tenir en
sa saincle garde.
Escript à Paris, le m juing 1673.
Caterine,
Chantereau.
1573. — g juin.
Orig. Cibl. nat. fonds français, n° 15967, f° 3o.
A MONSIEUR MON FILZ
LE ROY PE POLOGNE.
Monsieur mon filz, tout présentement est
arrivé en ce lieu le sieur Bazin rpii a tousjours
esté avecques Monsieur de Valence durant sa
négociation, lequel nous a aporté toute cer-
taine asseurance que le seiziesme du mois
passé fut faicte la publiquation de l'ellection
qui a esté, grâces à Dieu, faicte de vostre
personne pour estre roy de Polongne, dont
le sr de Valence escript au Roy vostre frère et
à moy et à vous pareillement par ledicl
Bazin1 qui m'a asseuré avoir laissé à cinq ou
six postes d'icy ung seigneur que tous les
Estalz dudict réanime de Polongne et pro-
vinces qui en dépendent, vous envoyenl et à
nous aussi pour vous faire entendre ladicte
ellcclion avecq lettres qu'i vous en escripvent
et à nous par luy, en attendanl que les ambas-
sadeurs généraux arrivent par deçà, que ledict
Bazin estime qu'ilz y arriveront vers la lin de
ce mois ; et pour ce que ledict Bazin m'a dict le
sr Martin Alberi et l'autre sr Polonois qui vous
sont allez trouver pour vous dire, comme ilz
ont dict au Roy vostre frère et à moy, beaucoup
de particullaritcz; que icelluy Bazin asseure
de la part dudict sr de Valence que ne peuvent
encore venir pour ce quelque chose qu'ilz nous
ayent dicls et que vous pourrons dire aussi,
et ne seront plus au lieu de l'assemblée géné-
ralle, quand l'acceptation et publiquation du-
dict réanime de Polongne a esté faicte en vostre
personne, j'ay advisé vous faire incontinent
cesle lettre par ce courrier voilant, afin que,
sans lui en faire aucune démonstration, vous
ne vous hastiez pas d'escripre par eulx à ceulx
qui n'ont pas monstre estre fort affectionnez
à vostre clleclion que pour cella vous ne leur
en voudrez aucun mal, mais encore que ne
laisserez pour cella de les aymer et estimer,
saichant bien que, après qu'ils ont entendu
voz bonnes et droictes intentions envers tous les
Estatz et autres personnes dudict réanime, ilz
se sont joinetz à la pluralité des voix qui vous
esloient données; et si ledicl sr Martin Albery
' Jean Bazin qu'à son passage à Strasbourg Monluc,
abandonné par tous ses compagnons, avait emmené avec
lui en Pologne et dont il avait tiré de grands services.
LETTRES DE CATH
elledict outre seigneur polonnois vous réqué-
roit de les faire partir de si tost, je vous
prie, monfilz, les prier d'atendre jusques adee
que ung seigneur, comme vous leur direz
comme nous vous avons escript, qui arrivera
ce soir ou demain en ce lieu, ayt esté oy par
nous et par vous, pour ce que les lettres qu'il
apportede tous lesdiclzEstatzd'icelluyréaulme
de Polongne ayant esté veues, alïin que les
responses et lettres que vous escriprez soient
faictes selon leur désir, et aussi-tost que ledict
sr Polonnois sera arivé et que aurons parlé à
luy nous ferons passer à vous un autre cour-
rier en toute dilligencepour vous advertir de
ce qu'il nous raportera, qui est, coume m'as-
seure ledict Bazin, tout ce que nous pourrons
désirer de ce costé d'affection et de grande et
bonne volonté que unanimement tous les Eslatz
d'icelluy réaulme vous portent coume à leur
prince que Dieu leur a donné pour leur roy
qu'ilz désirent veoir et honorer plus que toutes
les autres choses de ce monde. J'ay envoyé
mon chariot au devant dudict sr Polonnois et
vous asseure que luy ferons fort bonne chère.
Le Roy vostre frère n'est encore arrivé, voylà
pourquov je ne vous envoyé la lettre qu'a
aportée lediet Bazin et que je ne vous feray
ceste-cy plus longue d'une inlinicléde particul-
laritez que m'a dictes de delà que je sçay qui
vous seront très agréables et dont vous recevrez
toute joye, coume je fais, de ma part, telle et
si grande et tant plus je y pense et plus je me
trouve contente et en rends grâces et louanges
à Dieu que je prie, Monsieur mon lilz, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Monceaulx, le mardy ix juin 1 578.
(De sa main.) Monsieur mon fils , nous avons
fayet chanter Te Deum et fest des feu de joye
à Paris et devés fayre aullent, cet ne lavés
fest, et ne fault plus fayre de dificulté de vous
EP.INE DE MÉD1CIS. 229
fayre opeler roy, car yl panseroient que ne le
voleussiés acepter et vous ynporteroyt beau-
coups, veu cet que mesme l'ambasadeur d'Es-
pagne en dyst et met ann avent, corne je vous
ay mendé, et se volés par modestie et mons-
trer au Roy plus de révérense que lui volés
porter de ne rien fayre (pie par son comen-
dement et vous enn escripré un mot que l'on
pouré voyr, et panse que cera le milleur;
et luy manderés aprè que, ynsin que volés
tenir de luy cet honneur, que ne l'avés voleu
acepter ne \ous y feyre nomer qu'y ne le
vous aye comendé. Vous savés bien que c'et
chause qui luy playré yufiniment.
Monsieur mon filz, ainsi que je signois cesle
lettre le Roy \oslre frère est arrivé qui a voulu
que Charron son valet de chambre vous soit
allé trouver. Il vous veult escripré, à ce qu'il
m'a dict, par luy. Une chose à quoy il ne fault
pas faillir de luy obéyr, et je vous ep prie de
bon cueur, qui est que vous permettiez que
l'on vous appelle doresnavant roy, comme
aussi, grâce à Dieu, Testes vous à bonne en-
seigne, et en a commandé la lettre à Pinar à
qui il l'a faicl faire pour ceste occazion et pour
vous dire que le sr Brûlait est aussi présente-
ment arrivé, dont j'ay esté bien aize pour avoir-
ce bien d'entendre de vos nouvelles et de
vostre frère d'Allençon par luy.
1573. — 1 1 juin.
Copie. Bibl. nat. fonds français , n° i5558, f' 27.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Motte, par vostre dépesche
du xiie'u<! du mois passé vous avez escrit au Boy
monsieur mon filz ung propos que vous teniez
de milort grand trésorier sur la pacification
des troubles de ce royaume et réduction des
subjeclz du Boy monsieur mon filz en son
obéissance, par où il monstre que iccllo royne
230
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
désire bien fort qu'elle ou les princes protes-
tons de la Gennanye interviennent en la
composition qu'elle désire que Monsieur mon
til/. face avec sesdictz subjectz, «'ouvrant à
vous ledict milort trésorier que, s'il plaisoit
au Roy mondict sieur et fil/, faire deviser avec
ladicte royne ou quelque prince protestant,
qu'il estoit très asseuré qu'ilz seroient moyen
qu'avec une bonne parole et avec quelque
démonstration de clémence nous regagnerions
plus d'auctorité sur eulx et recouvrerions
niieulx l'obéissance qu'ilz doibvent au Roy
mondict sieur et filz et se soubzmettroient
plus tosl au roy de Poullongne mon filz que,
si nous y employons toutes les forces et tout
Testât de ceste couronne, désirant grandement
qu'il voullisse prendre ce moyen en main, et
que de bon cueur, à vous dire vray, je fera y
tousjours, quand je penseray qu'il en réussira
quelque chose de bon. Voylà pourquoi je vous
prie, Monsieur de la Motbe, sentir comme de
vous mesure dudict milort trésorier et de la
royne d'Angleterre mesme,si la trouvez à pro-
pos, quels moyens icelle royne a en cella et ce
qu'elle eut en droit proposer et la façon aussy
dont elle voudroit s'en entremettre, et encores,
si vous pouvez sçavoir les conditions et ar-
ticles qu'elle seroit d'advis que accordassions
auxdicts de la religion nouvelle, ce seroit
bien grand plaisir au Roy monsieur mon
filz et à moy que vous en escripvissiez in-
continent, affin que, s'il y a apparence à ce I
qu'elle vous dira ou que pourrez apprendre
dudict. milort Burley et d'autres par delà , nous
nous puissions ayder de ce que verrons cstre
à propos en relia; car mondict sieur et filz et
tous tant que nous sounies ne désirons riens
plus que de meclre nos subjectz à repos et
asseurez de toute deflîanre; mais à vous dire
vray, je désirerais bien que lesdiclz de la
nouvelle religion se contentassent de la liberté
de leur conscience sans exercice de relligion.
Je vous prie encores une l'ois, Monsieur de la
Molhe, user en ceste affaire si dexlrement que
vous puissiez esclaircir le Roy mondict sieur
et filz et moy de ce que dessus; car il viendra
fort à propos que le sachions de bref pour
nous servir de ce que nous verrons qui sera
à propos en cella, priant Dieu, Monsieur de-
là Molhe, vous avoir en sa sainte et digne
garde.
Escript à Monccaulx, le xi'°° jour de juin
i573.
Caterine.
1573. — i3 juin.
Copie. Bibl. nal. fonds français, n° 3i88, f° 70.
A MONSIEUR DE SAUNT-MORIS,
dlEViLILlt DE L'ORDRE DU IlOY, CAPPITAINE DU MO.1T SAINT-MICHEL.
Monsieur de S1 Moris, le Roy monsieur
mon fils ' faict assez particulière responce à voz
lettres du vin'™ de ce présent moys, qui me
gardera faire redicte par ceste lettre, laquelle
sera seullement pour vous dire que nous
savons bien que voz services méritent estre
recongneuz; aussi vous pouvez estre asseuré
que, se présentant quelque bonne occasion
pour vous gratiffier, le Roy mon filz se sou-
viendra de vous. Cependant je prieray Dieu,
Monsieur de Sainct Moris, vous avoir en sa
sainte et digne garde.
Escript de Monceaux, le xinœe jour de
juing i573.
CaTERIJiE.
p
1 Dans la lettre, du même jour, à laquelle celle-ci fuit
allusion, Charles IX prie M. île Saint-Moris de remettre
\I. Duhamel en sa place dVarchier et morte-paie du
Mont-Saint-Michel». {Ibid, P68.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
231
1573. — i3 juin.
Orig. Eibl. nat. fonds français, n° 3a5ij , f° 3i.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, je vous prie, sui-
vant ce que ie Roy monsieur mon fils vous es-
crit , pourvoir si bien à tout ce qui est de vostre
charge que le comte de Montgommery, y Tai-
sant entreprise, n'en puisse remporter que
honte et confusion non plus que de son pre-
mier dessein pour secourir la Rochelle ', ce
que me promettant de vostre grande vigilance
et de l'affection singulière que vous portez au
bien des affaires et service du Roy mondict
fils je ne vous ferai cette lettre plus longue
que pour prier Dieu vous avoir en sa sainte
et digne garde
Caterixe.
1 Déjà, le 7 juin, Charles IX avait écrit à Matignon :
-Le conte île Monlgonmery n'ayant peu remporter que
honte et contusion du premier voyage qu'il a faict avec
ses vaisseaux en intention de secourir la Rochelle par le
hon ordre que mon frère le roy esleu de Pologne y a
sceu douner, yl s'est retiré en Angleterre où il a ramassé
ce qu'il a peu de forces et de vaisseaulx de ceuli de sa
qualité en délibération de retourner et essayer une aullre
foys de donner secours à ceulx qui sont dedans la Ro-
chelle; à quoy je m'asseure en la grâce de Dieu et en la
grande vigillance et pourvoyance de mondict frère que
fera aussi bien ses affaires que la première foys . et pour
ce que, faillant son desseing de ce costé là, il sera pour
feire descente, s'il peult, en quelque de nos costes, j'ay
advisé vous faire cesle lettre pour vous prier d'avoir l'oeil
et faire soigneuse veille qu'il ne puisse faire aucune sur-
prise en ce qui est de vostre charge. s (Bihl. nat., fonds fran-
çais, n" 333g, P 54.) Voir dans le n" 4o53 du fonds
français (P 28) : la réponse de Matignon à la lettre de
Charles IX; lettre de Pinart au duc d'Anjou, du 7 juin.
( Bibl. nat., fonds français, n° i5558, P i3.)
1573. — là juin.
\trl1i\c5 Je la maison de Coudé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES,
f.OSSEILLBR DE 1/ORDRE DU ROT MOÎiSIECR MON FIL?
ET SOK LIEITESANT EN DiCLPBI>É.
Monsieur de Gord.es, vous entendrez par le
sieur de Virieu présent porteur ce dont s'est
advisé le Roy monsieur mon filz pour essayer
de retenirles sieurs de Montbrun et de Mirebel
qui sont eslevez en armes; à quoy, si vous
cognoissez que son abouchement avec eulx
puisse servir de quelque chose, je vous pr\c
d'y faire selon que cognoistrez eslre du bien
du service du Roy mondict sieur et filz, lequel
je scay vous est assez recommande' sans qu'il
sovt besoing vous faire la pre'sente plus longue,
que pour supplier le Créateur, Monsieur de
Cordes, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Montceaux, le xmie jour de juing
1 5 7 3 .
Caterixe.
15
RILART.
1573. — ih juin.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3-j54 , f" 67.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, je ne reprendrai au-
cune particullarité de la response que faict le
Roy monsieur mon filz à voz lettres du vn^jour
de ce présent mois, mais seullement vous prie-
ray de suivre ce que y verrez de son intention
et l'aire toujours soigneuse vueille pour la seur-
relé et conservation des places, costes et havres
de vostre charge, comme vous avez faici <-y-
devant, dont nous avons tous la satisfaction et
contentement, priant Dieu, Monsieur de Mati-
gnon, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
Escript à Monceaux, le xniien'ejour de juing
1073.
'Utérine.
PlXART.
232
!" 10.
l.")73. — ik juin.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 3ao!i
A MOH COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE
Mon cousin, je ne sçaurois qu'adjouster à
la lettre que présentement vous escripl le Roy
monsieur mon fils, et au mémoire que vous
porte le sieur de Virieu présent porteur; seule-
ment vous prieray-je que, suivant ce qu'il
vous mande, vous regardez à conserver el
soulager ses bous et loyaulx subjetz le plus
qu'il vous sera possible et à porter à ceux
qui luy sont rebelles le plus d'incommodité
que vous pourrez, priant Dieu vous avoir en
sa sainte garde.
Escript de Monceaulx, ce xmie jour de juing
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
sur l'armée de mer dudicl prince d'Orange et
que son désavantage croistra de beaucoup par
ces nouvelles troupes d'Espagnolz que sont
puis naguères arrivez auxdictz Pays Bas. Je ne
sçay quelle résolution pourra raporterle sieur
l'régouzc l, qui a esté dépesché vers le conte
i573.
Votre bonne cousine,
Cateiune.
1573. — 10 juin.
Oiig. Bibl. nat. Cinq cenls Colberl, n° uoo.
A MONSIEUR DE SCHOMBERG.
Monsieur de Schombert, oultre ce que
vous eu escripl présentement le Roy monsieur
mon filz en responce de voz lettres des xxvi et
xxu du passé, je vous diray qu'il n'est riens
de ce que le Roy Catbolicque a faict dire à la
royne d'Angleterre, que le Roy mondict sieur
el filz faict poursuivre des estrauges menées
contre ladicte royne d'Angleterre et aussi peu
véritable que nous l'ayons faict resercher pour
estre de la partye; mais ce sont les artiffices
acoustumez desquelz ilz se servent ordinaire-
ment qui sont, comme j'estime, assez congneuz.
Pour le regard des affaires des Pays Bas je
,i(,\ en vérité qu'ilz sont en assez mauvais
ternies pour le prince d'Orange, veu l'heureux
succès que a eu puis naguères le duc d'Albc
1 Voici le mémoire que le comte Ludovic de Nassau
soumit à Charles IX, mémoire dalé du î" juin : «Mon-
sieur le comte Ludovic de Nassau , selon le zèle qu'il a
au bon succèz des affaires du Roy, ayant naguères dis-
couru à coeur ouvert el librement avec le sieur de Schom-
bert et Fregosc et depuis avec le sieur de Schombert à Cas-
sel , estime que Sa Majesté aura le tout entendu , tant par
lettres dudicl sieur de Schombert que véritablement par
ledict Frcgose, et espérait qu'elle aurait receu le tout
d'aussi bonne part comme il esloit d'un cœur affectionné
à son service. Toutesfois, ledict sieur comte a veu par l'in-
struction dudict Fregose naguières retourné vers luy et
entendu bien amplement par ses propos que Sa Majesté
voulloitlc tout interpréter comme si on luy voulloil don-
ner loy en son royaume. Cependant l'intention dudicl
comte n'estoit telle, ains de franchement et clairement
monslrer à Sadicte Majesté les seuls moyens qu'il cog-
noissoit y avoir pour parvenir, à ce qu'il prélendoit
sçavoir, à contracter une ferme amitié el bonne intelli-
gence avec les princes proleslans pour faire perdre et
esvanouh' le maulvais bruit que coroit partout de Sadicte
Majesté tant en devis ordinaires, peintures que lettres
affirmatives, et à ce qu'elle ne se peult asseurer de bonne
assistance anvers le roy d'Espagne, duquel elle descouvre-
tous les jours beaucoup de maulvaises volontez en son
enilroict, et d'aultant que par ceste interprétation faicle
ledict sieur conte craint qu'on n'aye faict entendre à
Sadicte Majesté ce qu'il désire qu'elle sache et qu'il juge
en saine conscience ce qui est convenable pour parvenir
au bien où Sa Majesté tend il lui a dépesché le sieur Chas-
Iclier pour l'informer bien particulièrement de sa con-
ception el de ce qu'il voit expédient pour obtenir ce qu'elle
veull, supliant Sa Majesté de croire que ce n'est d'aul-
cune passion particulière ne affection qu'il ayl à autre
chose, que lavoir en meilleure réputation qu'elle n'esl
entre les princes et potentats estiangers et l'esloigner de
la ruyne qui le menace de si près.
t-Ces moyens estoienl que Sa Majesté pour venir au
dessus de ses fais avec lesdicls sieurs princes proleslans
et recouvrer la réputation dont les excez passez l'ont des-
pouillé, cessast en premier lieu de faire la guerre à ses
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
23;
Ludovic; mais quand les choses ne se pourront
accorder, si est-ce qu'il a peu congnoislre par
suhjectz de la religion, que est le vray et seul fondement
sur lequel elle peult rebastir de nouveau sa réputation et
tout ce qu'elle voudra avec lesdicts princes , car autrement
il n'est possible de rien avoir; ils fondent tous leurs com-
portemens sur cela , car ilz ne pourront jamais espérer
ferme amitié et alliance avec Sadicte Majesté pendant
qu'elle monstera tout contre eulx en ce point principal de
la religion, qui a tant de commandement sur les actions
des hommes; partant qu'il est nécessaire pour donner le
blanc où sa Majesté a fos yeux fichez, qu'elle laisse pre-
mièrement ses suhjectz de la religion en paix et, allia
que Sadir le Majesté pense que ce ne sont pas discours en
l'air, ledict sieur comte le supplie de se souvenir que c'a
esté la source de la réputation qu'elle avoit et d'avoir
mémoire de ce qu'il luy dict la première fois qu'il arriva
et lui dict la même nuit qu'il le vit, et plusieurs fois
encore pendant qu'il se traictoit du mariage du prince
de Navarre, que pour ce que Sa Majesté avoit tant tra-
vaillé à mettre paix entre ses suhjectz et libéralement
permis à iceulx l'exercice de la religion, lesdicts sieurs
princes les désirant voir eslre toujours conservez en sem-
blable liberté luy portoient si bonne affection que, devi-
sant quelque fois entre eulx, ilz souhaitoient l'avoir
pour seigneur, le cas advenant qu'on deust faire élec-
tion; par quoy ledict sieur comte dit lors à Sa Majesté
qu'il espérait un jour lui voir la couronne impérialle sur
la teste. Que Sa Majesté croye que cela ne venoit point
de luy, mais de ceulx qui en ont l'autorité et la puis-
sance, que le voyant tellement résolu à la conservation
de son édit de pacillication faisoient leur compte de l' es-
lire roy des Romains.
«La mesme et principale raison meut la royne d'An-
gleterre de faire alliance avec Sa Majesté peu avant le
massacre. Aujourd'hui au contraire Sadicte Majesté est
proche de sa ruyne; que Sa Majesté voit l'Espagnol se rire
à gorge ouverte de ses malheurs et employer son indus-
trie à entretenir les troubles de son royaume, s'assurant
que c'est le seul moyen de parvenir à ses Gns sans coup
Irapper, veu que déjà tant par les guerres passées que
par le dernier massacre et troubles présens l'Espagnol a
plus affoibli Sa Majesté que s'il eut faict la guerre trente
ans.
«Que l'Espagnol, en outre, se sert de l'excès dernier
partout où il peult contre Sa Majesté, coume il a 11a-
guères faict en Pologne , ainsi que Sa Majesté l'a assez
entendu , et que c'a esté la seule cause de la courtoisie et
ce qu'il a en charge de luy dire de la pari du
Roy mondict sieur et filz qu'il luy porte une
enlière bonne volonté, qui se doibt retenir de
faire chose qui soit au préjudice de ses affaires.
Toutlefois vous faictes bien de nous adverlir
de ses préparatifs. Quant aux affaires de i;i
Rochelle, je vous asseure , Monsieur de Schom-
bert, que l'on tante tout ce que l'on peult à
réduire ceste ville là par doulceur, leur ayant
mon filz le roy de Poulongne offert, suivanl
la charge qu'il a eue du Roy monsieur mon
filz, toute seureté de leurs vyes cl libertés de
conscience avec oblivion des choses passées;
mais ilz se monstrent en tout et partout si
obstinez et esloignez de toute bonne volonté el
obéyssance qu'il semble qu'ilz serchent leur
ruyne. Toulle fois on ne laissera pour cela de
tousjours essayer à les réduire amiablement et
à s'eslargir plustost davantage que l'on n'en
\ienne à bout, affin que tous les princes pro-
testons congnoissent la sincérité de l'intention
du Roy mondict sieur et fdz et combien il est
esloigné du désir que Ton veult faire croire
qu'il a à l'extermination de ceulx de la nou-
velle religion, et sur ce, Monsieur de Schom-
bert, je feray fin à ce mot de lclre et je
prieray Dieu qu'il vous ayt en sa saine te
garde l.
Escript de Montceaux, le xve""jour de juing
Cateri.ne.
Brûla
Catheiune de Médi
IV.
fidélité dont a usé le duc d'Albe envers ledict sieur comte
à la prinse de Mons, coume il a dict à plusieurs que
c'estoit pour monstrer qu'il ne voudrait point avoir
faict ung si meschant acte qu'avoit faict le roy de France
et qu'il n'estoit point marry de ce qui estoit advenu à
feu Monsieur l'admirai , parce qu'il estoit ennemy capital
de son roy, mais aymeroit mieulx avoir perdu les deux
mains que l'avoir faict.» (Arch. nat., collée!. Simancas,
K i53a, n" 1.)
1 Charles IX ajoutait : «Monsieur de Schomberl . je
3o
iiipimii-Rie mi 1 1 ■ li
•2Vi
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1573. — îO juin.
Copie, liil.l. uat. Cinq cents Colbert, n° 3M , (' a4.r>.
\ MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, à ce que j'ay pu
voir par la date de voslrc lettre du xix du
suys après à prendre une bone résolution sur le faict
du passage de mon frère le roy île Pologne, en détendant
laquelle, je vous veulx faire responce aux dépesches que
j'ay receues de vous des xxvi et x\ix du passé par la pre-
mière desquelles cl uussy par la coppie des lettres que
m'avez envoyées à vous escriples par le palatin Lasquy,
la douille et difficulté où il estoyt de la façon que pour-
raient tenir les ambassadeurs de Pologne en s'acbeminant
de par deçà; en quoy vous n'eussiez sceu plus saigement
le conseiller que vous avez faict, qui est de ne venir en
cachette , mais ouvertement , de peur de douner occasion
de souspeçon aux princes d'Allemaigne. L'évesque de Va-
lence nous a envoyé Bazin avec le gentilhoume polonoys
depputé par les principaulx officiers du royauline pour
signiffior au Roy mondict frère et à moy l'élection dudict
royauline, par lequel j'ay entendu bien particulièrement
coume toutes choses 9ont passées et peu s'en est fallu
que l'on n'en soit venu aux armes. Quant à l'homme du
comte Ludovic qui vous estoyt allé trouver pour s'ache-
miner en Poloigne avec bonne volunté d'y faire tout bon
debvoir, je ne puis que eslre bien ayse que l'occasion de
le luy envoyer soit cessée, et avez bien faict de le ren-
voyer avec une honnesle lettre à sonmaistre, et mercie-
menl de la peine qu'il a prise et du devoir auquel il s'est
mis pour servir aux affaires du roy de Poloigne,
trouvant bon que vous luy ayez faict bailler cent talers
pour s'en retourner à Pouloigne , qui me semble somme
suffisante pour ses frays. Touttesfois, là où vous ju-
gerez qu'il luy faulsist quelque peu de chose davantaige,
je désire que vous te luy l'aides bailler plustost qu'il
n'eust occasion de se plaindre d'avoir esté mal traicté en
-.'employant à nous faire service, ayant à vous dire
pour le surplus que je suis bien ayse d'entendre que
mon cousin le Lantgrave se promet que Monsieur pas-
sera par l'Allemaigne, et qu'il sera pour le prier de
tenir en passant sur les Ions du baplesme une fille que
Dieu luy a donnée depuys quelque temps, et quant
à ce qui concerne le faict de la paix et des Vénitiens
avec le Turcq, je vous puys dire avec vérité, quel-
que chose qui s'en escripve et divulgue par la chres-
lienté, que je n'y ay aydé en sorte du monde, mais que
passé la nouvelle de l'eslection de mon filz le
roy de Polongae n'a esté sitost à Venise
qu'elle a esté apportée icy; car nous en l'unies
advertis dès le xxiv par la voye du sr de
Vulcob qui nous en envoya lettres des ban-
quiers Soderini qui sont à Cracovie. Je loue
Dieu d'ung si heureux succès plus que neulle
aultre personne, veu (pie je suis celle qui a
le plus obstiné une telle poursuite, qu'il a
voulu faire tomber selon mon souhaiet. Quant
au passaige de mondit filz j'espère qu'il ne se
trouvera aulcune difficulté, veu que plusieurs
des princes de la Germanie foui jà démons-
tration de désirer qu'il passe par leurs terres,
et que, d'ung aultre costé, l'Empereur mons'
mon frère en a si bonnesteinent parlé
au sieur de Vulcob ainsy que le Uoy mon fils
le vous escript '. Je vous envoyé une lettre
la seule prudence d'iceulx Vénitiens l'a faicle pour avoir
clairement cogneu que une telle ligue leur tournoit à
grand préjudice et no servoit qu'à leur faire lomber sur
les bras tous les efforts dudict Grand Seigneur et demeu-
rant cependant deschargé le roy d'Espaigne, duquel ilz
se plaignoienl grandement qu'il ne satisfaisoyt aucune-
ment aux choses promises par ladicle ligue. Je ne veulx
pas nyer que je n'aime beaucoup ladicle Seigneurie de
Venise; mais je ne puys dire luy avoir servy en cest
affaire en particulier. Quant l'évesque de Dacqs arriva à
la Porle du Grand Seigneur, les choses eBtoientjà toutes
négociées et conclues. Ge m'est ung grand plaisir d'en-
tendre que les flocheloys n'auront aucun secours du costé
de mon cousin l'électeur de Saxe et que inesme il ayt
refusé d'intercéder envers moy pour les enffans de l'ad-
mirai , aussi l'opinion que vous avez que je ne dois
craindre de son costé aucune force pour empescher le
passaige de mondict frère, ce qui vient bien à propos. »
(Ibid.)
1 «L'Empereur Maximilien, mou beau-père, lui man-
dait Charles IX , 9' est jà faict entendre que soit à grande
ou petite compagnie mondirt frère sera le bien venu sur ses
terres, estant bien ayse qu'il soit parvenu à reste dignité
royale pour espérer de luy plus d'amitié et bon voisinage
qu'il n'eust sceu attendre et espérer de tous les autres
prélendans excepté de son fils l'archiduc Ernest, s'il l'eut
esté, el d'un autre costé il y a jà beaucoup de princes de
LETTRES DE CATH
pour le sieur Grimani, en raerciement de la
bonne affection qu'il monstre au bien de ses
affaires. Au surplus, Monsieur du Ferrier,
quant à ce que vous a l'ait entendre le Prince
du grand aise et plaisir qu'il a repçeu de l'es-
leclion de mon fils, encore que je m'asseure
que vous l'en aurez jà remercie' tant de lapait
du Roy que de la mienne, si est-ce que je
désire que vous le fassiez encore et le tner-
ciez du bon conseil qu'il nous donne de
faire passer mon fils en Polongne au plustost
qu'il sera possible. Je prie Dieu, Mons' du
Ferrier, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Monceaux, le xvicme jour de juing
i573.
Cateiune.
Brulart.
ERINE DE MÉDIGIS.
2:î5
de Matignon, qu'il vous ayt en sa sainte et
digne garde.
Escript à Lezigny, le mu™" jour de juin
i573.
Caterine.
Brulart.
1573. — 18 juin.
Orig. Bibl. uat. fonds français, n" 3io,3 , f° i33 r\
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsr de Matignon, vous entendrez par
la lettre que vous escript présentement le Roy
nionsr mon filz le dangier duquel il a
pieu à Dieu préserver mon fils le roy de Po-
loigne aux deux barquebuzades qu'il a receues ;
de quoy j'ay Lien occasion de louer sa bonté,
et vous prie que, saichant la chose comme elle
est à la vérité, vous le faictes sçavoir et en-
tendre par delà pour esteindre tous aultres
mauvais bruietz que Ton eu pourrait faire
courir au contraire1, priant Dieu, Monsieur
la Germanie qui ont donné à connoistre qu'iiz tiendront
à grande faveur que mondict frère passe par leurs terres.))
(Cinq cents Colbert, Failli.)
1 De son côté, le même jour, Charles IX écrivait à
Matignon : «Je vous fais ce mot pour vous dire que di-
manche dernier, connue mon frère le roy de Pologne
alloit recoguoislre l'ouvrage d'une sappe qu'il faisoit faire
à un endroicl des murailles et tours de la Rochelle, il luy
1573. — 23 juin.
Minute. Bibl. impér, de Saint-Pétersbourg,
Copie. Bibl. nat. fonds français. n° 17972 . f" 100 et suiv.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Castelnau,
t. III, p. 337.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mofhe, le Roy monsieur
mon filz vous faict amplement response à vos
deux dernières dépesches et vous escrit aussi
l'opinion en laquelle nous sommes du voyage
du capitaine Franchetti, qui m'a baillé en ce
lieu depuis quatre jours la lettre que m'avez
escripte par luy, m'ayant discouru comme
pour le désir qu'il a de faire service à ceste
couronne selon la grande obligation qu'il con-
fesse bien y avoir; il avoit volontiers, encores
qu'il soit malade, entrepris faire ce voyage à
la requeste des gentilshommes françois et
autres qui se sont retirez en Angleterre pour
essayer de faire en sorte que le repoz s'esta-
blisse en ce royaume, me faisant par son dis-
cours entendre, comme aussy il a depuis dé-
claré au Roy monsieur mou filz, qu'il estimoit
eslre très à propos de remettre les presches en
ce royaume, et n'a à ce que j'ay sceu de luy
aucuns aultres moyens, dont j'ay esté bien
esbahye; car ce n'est ce que vous et luy mesme
fut tiré deux coups d'arquebusades d'un flanc qui ne
s'estoit pas encore descouvert, dont l'un l'atteignoit au
col et l'autre à la main. Mais, à la grâce de Dieu, il
n'est demeuré offensé ni de l'un ni de l'aullre, en sorte
du monde , ayant la peau seulement un peu froissée. ■■
Pareille lettre fut écrite à du Ferrier (Cinq cents
Colbert, n" 366) et à M. de Cordes (Archives de la
maison de Condé).
3o.
236
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
m'avez c script et à cela jugeray-je qu'il es-
pouse le pari y des Anglois plus que le nostre;
parray ses discours où l'on voit bien qu'il use
d'artifices el où il se contrarie aucunement il
s'esl laissé entendre qu'il ne l'alloit pas pour-
suivre, mais qu'il estoit très nécessaire de
différer d'icy à quatre ou cinq mois la négo-
ciation du mariage d'entre la reine d'Angle-
terre et mon filz le duc d'Allençon, et que
c'esloit ne'cessaire, pour v mieux conduire le
faict dudict mariage, que la paix soit première-
ment establie en ce royaume et que, si l'on
paiioit à présent de ces deux grands affaires
ensemble, que l'ung empescheroit l'aultre et
peut-estre tous deux, mais principalement
ledict mariaige; aussi qu'icelle royne d'Angle-
terre estoit à présent indisposée et gardoit le
licl . jùsques à me dire que le conte de Leicester
ne la gouvernoit plus et que c'estoit un autre;
qu'il avoit esté constraint de se retirer de la
cour pour quelque temps et que cependant que
Ton feroit la paix de deçà et establiroit-on
toutes choses, il se passerait cinq ou six mois ,
pendant lesquels elle se pourrait guérir etque
lors il v ferait meilleur qu'il n'y l'ait à pré-
sent. L'ayant ainsy vu parler et estimant
aussy qu'il n'a pas fort bonne volonté en
l'un ni en l'autre affaire et qu'il semble qu'il
ne désire pas que ledict mariage se fasce, je
fus d'advis, comme aussi fut le Rov mondict
sieur et filz, de lui permettre d'aller à Paris
pour se reposer et voir .Monsieur de Morvil-
liers, qui le cognoist de longtemps, pour en
parler avec luy, comme il a faict , de sorte
que ledict Morvilliers le voyant toujours per-
sister en ce propos est de mesme opinion qu'il
vaut mieux l'entretenir audict pays où il est,
en attendant (pie nous avons quelques bonnes
nouvelles du siège de la Rochelle dont nous
espérons que, par la bonne dilligence que
faict le rov de Poulogne mon filz, en avoir en
peu de jours quelque bonne issue, comme le
Roy monsieur mon filz vous escript. Il vint
avec ledit Franche tti un gentilhomme nor-
mand, dont j'ai oublié le nom, qui a parlé
deux fois à moy et me fut amené par le sieur
de Villiers à qui j'avois fait bailler ung passe-
port dernièrement à Fontainebleau pour aller
en Angleterre. Ledict gentilhomme normand
me déclara la première fois qu'il parla à moy
que luy et quatre autres qu'il avoit laissés à
Paris étoient venus avec ledict Franchetti de
la part des gentilzhommes et autres François
qui se sont retirés en Angleterre depuis la
s1 Barthélémy et qu'entre autres choses lui
estoit ordonné pour regarder ce que dirait de
leur part icelluy Franchetti, avant les quatre,
qui sont à Paris el lui aussi, fort bonne vo-
lonté de se conformer à l'intention du Roy
monsieur mon filz; en quoy je l'ay fomenté
bien à propos, louant bien fort leur bonne
affection, ce que ledict gentilhomme se déli-
béra à l'instant d'aller faire entendre auxditz
quatre qu'il avoit laissés à Paris, et deux jours
après il est venu encores parler à moy de
cesle mesme affaire où il monstra avoir très
bonne volonté; en quoy je l'ay derechef for-
tifié autant que j'av pu. 11 m'en a parlé assez
longuement; du commencement il m'a fait
entendre que le comte de Montgommery estoit
encores en assez bonne espérance par le
moyen des amis qu'il avoit en Angleterre et
de la reyne mesme, qui le favorisoil et l'assis-
toit , de renforcer ce qu'il avoit de vaisseaux et
d'hommes pour aller secourir ceste fois un
bon coup ceux de la Rochelle, qui s'y atten-
doient aussi, comme il leur avoit mandé el
promis; sur quoy je ne faillis pas de lui bien
faire cognoistre qu'il ne perdrait que son
temps, avant mon filz le roy de Pologne si
bien pourvu à cela qu'il serait battu s'il y re-
lournoit et n'en emporter oit que la honte, el
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
237
entrant en propos ledict gentilhomme s'est
laissé aussi entendre que ceux de la part de
qui il est venu ne sont pas si opiniastres que
dit le sieur Franchetti, mais s'asseure qu'ilz se
conformeront ou la plupart d'eux, mesures
les principaux qui sont avec ledict Montgo-
niery, à la volonté du Roy monsieur mon filz;
et en parlant , sur la fin , il s'est unj; peu couppé
et contrarie' à son premier propos; car il m'a
dict que la royne d'Angleterre avoit faiet
faire défenses générales audict Montgom-
mery quelle ne vouloit aucunement voir ceux
qui avoient esté avec luy ny leur permettre
d'entrer en son royaume et qu'elle désiroit
toujours entretenir toute bonne paix et amitié
selon nostre dernier traité, et que ledict Monl-
gommery, voyant cela.estoit party pour aller
en Zelande, aflin d'avoir, s'il peult, du prince
d'Orange renfort pour retourner incontinent
du costé de la Rochelle, dont il monstroit
d'estre marry, m'ayant asseuré que luy et les
quatre autres ses collègues qui sont à Paris
s'en retourneroienl en Angleterre et qu'ilz
feroient tout ce qui leur seroit possible par le
moyen du vidame de Chartres qu'il dit qui a
grande affection de s'employer en cecy par
beaucoup de moyens envers ceux qui sont
par delà, lesquelz il asseure traite adjoutc-
ront beaucoup de foy en luy pour les faire
revenir bientost tous en ce royaume, \ivre
doucement, et jouir de leurs biens et user du
repos que nous donnons à ceux qui se con-
tiennent, selon les déclarations qui ont esté
publiées depuis la dicte feste s1 Barthélémy, me
mettant en propos du faict particulier dudict
comte de Monlgommery, sur quoy je lui dis ce
qui luy avoit esté offert auparavant qu'il fistees
dernières folies et entreprises, que toutefois le
Roy les vouloit oublier et vous avoit encores
depuis peu de jours écrit, si luy ou sa femme
vous faisoient rechercher de ceste négocia-
tion, que lui accordassiez ce qu'il vous avoit
<\ -devant demandé et que satisfaisant, de sa
part, aux conditions qui sont mentionnées par
les lettres du Roy mondict sieur et filz, que
l'on lui enverrait les expéditions et seuretés
pour ce nécessaires, et sur la fin de son pro-
pos et ainsy qu'il prenoit congé de moy, il
m'asseura que, si tous ne voulaient revenir
par deçà, que pour le moins il ramènerait
une douzaine des principaux, des plus appa-
reils et de ceux qui ont le plus de moyens
auprès dudict comte de Monlgommery, dont
du tout je vous ay bien voulu escrire ainsy
amplement et par le menu et comme le tout
s'est passé, afïin que vous assistiez en cela
ceux qui s'en retournent à ce qu'ilz s'asseurent
et asseurent tous les autres de la droicte et
sincère volonté du Roy monsieur mon filz et
de nous tous, que ce qui leur sera promis par
les lettres particulières ou générales qui leur
seront baillées, comme ilz voudront, leur sera
entièrement tenu sans qu'il y soit contrevenu
aucunement. Voilà quant à ceste affaire que je
vous prie pousser et advancer le plus qu'il vous
sera possible, affin qu'elle réussisse bientost.
Nous attendons aussi de bref laresponse dela-
dicte royne sur le faict de l'entrevue' et avons
1 Elisabeth , dans une audience qu'elle venait de don-
ner à La Molhe-Fénelon , s'expliqua sur cette demande
d'entrevue, et voici en quels termes il la transmit au Roi :
rElle m'a respondu que Vostre Majesté et la Royne vostre
mère ne debviez prendre sinon de bonne part qu'elle
eust communiqué à ceux de son conseil l'offre que luy
aviez faict de l'entrevue, affin qu'elle ne procéilast pas
seule en une affaire où tous ceux de son royaume esloient
intéressés et qu'après avoir ouy leurs advis, elle les
avoit trouvés fondés de bien grandes considérations, elle
n'avoit pendu tout leur contredire, mais avoir prinsavec
eulx cest honorable expédient de fairepréceder le voyage
du capitaine Orsey, affin que, si M' le duc avoit, puis
après, à passer deçà, sa venue l'ust plus agréable à tout ce
royaume et plus utile à l'effect pour quoy elle se faisoit;
qu'elle avoit esleu le capitaine Orsey coume affectionné
■m
LETTRES DE CATHEKINE DE MÉD1CIS.
très grande espérance qu'elle sera bonne, co-
gnoissanl, comme elle peut bien faire, la bonne
el droicle volonté' de laquelle nous procédons
avec elle et l'amitié que nous désirons forti-
fier et perpétuer par ce moyen entre elle et
nous et nos communs subjetz; qui est un bien
qu'elle doit autant que nous pour le moins
désirer, comme je m'asseurc que vous n'aurez
rien oublié de lui faire bien cognoislre et à
ses ministres envers lesquelz je voudrais bien
que l'on usast dès à ceste heure de la libéra-
lité dont vous avez souvent escripl, mais il
est à craindre que, si les choses ne viennent
à l'heureuse fin que désirons, qu'il y eut de
la mocquerie. Toutefois nous ne nous voulons
pas arreslcr à cela et n'y plaindrons rien ,
quand nous y verrons quelque bonne espé-
rance; en quoy je m'asseure que par voslre
première dépesche vous nous ferez voir clair.
Cependant je vous diray aussi que le sieur
Dalle l, ambassadeur de ladicte royne2, me vint
trouver, il y a quatre jours, en ce lieu assez
mal à propos pour luy ; car il esloit venu de
Paris où la traicte est assez longue et s'y en
à ceste couronne.') Et en terminant elle offrait sa média-
tion pour mettre un terme au siège de la Rochelle. ( Cor-
respondance diplomatique de La Mothc-Fénelon , I, V,
p. 356.)
1 Voir la dépèche de Valentin Dale qui rend compte
à lord Burghley de l'audience qu'il eut de la Reine
mère le 98 juin. (Calenâar of State paperi, 1072-1573,
p. 358.)
2 Ce qu'elle ne dit pas, c'est que Valentin Dale accom-
pagnait le nouvel envoyé d'Elisabeth, le capitaine Edouard
Horsey, dont les instructions portaient, que la première
condition qu'elle mettait au passage du duc d'Alençon en
Angleterre, c'était qu'une politique plus tolérante hit
suivie à l'égard des protestants, et que le siège de la
Rochelle lût levé, et elle offrait au besoin sa médiation.
(Calenâar of Suite papert, 1 5 7 S , p. 370.) — Voir
également la lettre de Valentin Dale rendant compte à
lord Burghley de son entrelien avec Catherine (ibid.,
p. 377); lettre de Horsev au même (ibid., p. 375).
retourna coucher après le disner que les
inaistres d'hostel du Roy monsieur mon filz
luy avoicnl fait préparer. Jecogneusbien parce
qu'il me dict selou sa façon de parler (qui
n'est pas des plus dextres) que c'esloit pour
sçavoir si nous avions eu des nouvelles de la
réduction du chasteau de Lislebourg et du
faicl de l'entrevue. Je lui dis que non, mais
que nous en attendions hientosl pour ce que
vous deviez avoir audience de la royne sa mai-
liesse sur la dépesche que nous avions faicte
pour ladicte entrevue dimanche. Il me res-
pondil qu'il en avoit eu el qu'il s'asseuroit
que nous en aurions bienlbst; quesamaistresse
vouloit ledict mariaige el nous ainioit bien
fort, et aussi qu'elle s'approchoit pour ceste
occasion à Douvres; et puis me demanda des
nouvelles de la Rochelle et me parla du
voyage de Flandres du comte de Monlgom-
mery. Je le satisfis à tout cela en paroles gé-
nérales, lui déinonstranl toujours comme nous
n'avions pas moindre affection à sa maistresse
qu'elle a envers nous et que nous désirions
plus que nulle autre chose fortifier et rendre
perdurable nostredicte amitié el celle d'entre
nos subjelz cl les siens. Voilà tout ce que j'ay
à vous dire pour ceste heure, si n'est vous prier
ne laisser perdre une seule occasion de tout ce
qui pourra servir et aider audict mariage, car
il n'y a rien en ce monde qui soil plus à propos
pour elle et pour nous, ni plus honorable pour
les deux parties; priant Dieu, Monsieur de la
Molhe-Fénelon, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Lezigny, le xxiiic jour de juin
1 r> 7 3 .
Caterinb.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
23'J
1573. — 26 juin.
Orig. Iîibl. liai, fonds français, n" i55."t8, f° Û3,
A MONSIEUR MON FILZ
LE ROY DE POLOGNE.
Monsieur mon filz, la recommandation que
vous nous avez faicle par ce porteur en faveur
de Ruzé vostre secrétaire pour luy bailler lestât
de secrétaire du Roy vostre frère que tenoit
l'eu Fontenay naguères déceddé est venue si
tard que desjà ung autre l'avoit obtenue, et,
bien que la considération feust grande de ce
coslé, si ese que si cedict porteur feust arrivé
à temps, ledict Ruzé eust sans altendrc davan-
tage esté satisfaicl en cest endroit , comme vous
et luy le désiriez, ainsy que le Roy vostre frère
vous escripl, par les letlres duquel vous verrez
aussy qu'il a fort voluntiers à vostre requesLc
accordé au srde la Guichel'estat de capitaine
de cinquante hommes d'armes que lenoit le feu
sr de Gobas, tant pour sa valleuret mérite qui
nous sont bien cogneuz, que pour le tesmoi-
gnage que nous rendez encores de la grande
affection qu'il porte au bien du service du Roy
vostre frère, dont il a fort bien monstre les
effeclz au siège de la Rochelle. Me rcmectanl
à la lettre du Roy vostre frère pour prier Dieu,
Monsieur mon filz, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript au chasteau de Roullongne, le
xxvie jour de juing 1573.
Monsieur mon filz, nous avons eu responce
de la reyne d'Angleterre sur ce qui luy avoit
esté escripl pour l'entrevue d'elle et de mon
filz le duc d'Alencon. Nous vous en envoyons
le double, ensemble de la dépesche du sr de
la Mothe-Fénelon, affin que voiez le tout et le
faciez veoir à vostredict frère le duc d'Alencon.
Cependant nous résouldrons par deçà ce que
se devra faire pour ladicte responce, dont vous
serez tous deux incontinent adverliz.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1573. — 28 juin.
Orig. Arch. dus Mcclicis à Florence.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE GRAND-DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay tant congneu vostre bonne
volonté en mon endroict par ce que vostre
ambassadeur m'a dict et par vos lettres que je
ne douteray jamais que par effect ne me la
monslriez toute, mieulx que ne l'espère; car
il y a tant de raisons pour le me faire croire
que je n'en suis nullement en doubte et sur
ceste confiance je me suis mise à vous escripre
la présente pour vous prier de vouloir croire
le sieur de Ferai, ambassadeur pour le Roy
mon filz à Rome, ce qu'il vous dira de ma part
et vous prie que, à ce coup, je cognoisse pour
effect ce que je m'en suis promise, et pour ce
que je m'en asseure, ne vous feray la présente
plus longue , me remectant sur l'ambassadeur;
je feray fin , priant Dieu vous avoir en sa saincte
guarde.
De Paris, ce xxviu0 de juin i&73.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 29 juin.
Orig. Bil>!. nat. fonds français, n° 3a2&, f° 98.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE MARQUIS DE VILL\RS.
ADMIRAI. DE FRANCE , LIEUTENANT GENERAI. EN RUÏENNE.
Mon cousin, vous verrez par la lettre que le
Roy monsieur mon fils vous escript la responce
qu'il vous peult faire sur vostre lettre du vncm<
240
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
du présent et son intention sur ce qui est à
faire en l'estcndue de voslro gouvernement; à
quoy je sçay que vous sçaurez si bien satis-
faire qu'il n'est besoing de plus grande recharge
ni recommandation ; de quoy aussy je me dcp-
porteray, en vous priant de croire que en ce
qu'il se pourra pour vous, je tiendray tousjours
la main que vous soyez recongneu ainsy que
vous méritez, priant Dieu vous avoir en sa
sainte et digne garde.
Escript au cbastcau de Boullongne, xxixeme
jour de juing 1673.
Vostre bonne cousine,
Caterixe.
1573.
39 juin.
Archives de lo maison de Condé.
Communiqué par M. le duc d'Auniale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, ce n'est que pour
acconipaigner celle que présentement vous faicl
le Roy monsieur mon filz et prier que, comme
vous vous estes tousjours demoustré très soi-
gneux et affectionné en tout ce qui deppend de
son service, vous y veuillez continuer mesme-
nient en ces présentes occasions, cognoissant
combien il est nécessaire que vous y ayez l'œil
ouvert. Priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur
de Gordes, en sa saincte garde.
Escript au chasteau de Boullongne, le xxix"
jour de juing 1573.
Cateiuxe.
De Neufville.
1573.— 2 juillet.
Orig. Bihl. nat. fonds français, n° 3au5. f° 58.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMYILLE.
Mon cousin, je sçay assez les pertes qu'a
supposées Monsieur l'évesque d'Alby depuis
ung an et, encores que je tienne pour certain
qu'elles vous sont très bien cognues à cause
que vous avez tousjours depuis ledict temps
esté sur les lieulx, si est-ce que pour cela je
ne laisseray de le vous recommander et vous
prier tenir la main qu'il s'en soullaige doresna-
vantleplus qu'il sera possible, lui assistant de
vostre faveur en ce qu'il en aura besoing et en
serez par Iuy requis , vous asseurant que le plai-
sir qu'il recepvra de vous en cest endroict me
sera bien fort agréable. Priant Dieu , mon
cousin, vous avoir en sa sainte garde.
Escript à Paris, le ri™" jour de juillet
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573.- 3 juillet.
Orig. British Muséum, n" 2i5o<), f° i.
A MONSIEDH MON FILZ
LE ROY DE POLOGNE.
Monsieur mon filz, maintenant que la paix
est faicle1, il vous fault regarder de pourveoir
à deux choses: en premier lieu d'assembler les
quatre mille soldatz que vous debvez mener
en Pologne et qu'ilz soient tout pretz pour
eslre embarqués, quand les vaisseaiilx, qui
sont nécessaires pour le trajet d'iceulx, seront
pretz, qui est le second point auquel il fault
que vous regardiez de donner ordre avant de
partir delà; car il se fault servir des vaisseaiilx
' Le 28 juin, Charles IX avait écrit à son frère : -Il
fault faire la paix; si nous sommes sages , il fault la faire.
Je vous enverray les articles sigués.n (Bibl. nat., fonds
franc., n° 1 5558 , f 45.) Voir une dépêche du 7 juillet
de Valentin Dale à lord Burghley [Calemiar of State pa-
pers, i5/3, p. 385); lettre du duc d'Anjou au Roi pour
la capitidation et articles accordés (liilil. nat., tonds franc.,
n° 1 5558, f° 59); lettre du Itoi au duc d'Anjou [ibid.,
f° 64).
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
241
que vous avez par delà, de crainte de n'en
point retrouver que bien difficilement ailleurs.
Touttefovs Ton y fera ce que Ton pourra pour
en recouvrer en Bretagne et y emploierons le
sieur de Crenay qui est gouverneur de Brest ,
qui est homme fort entendu en cela; car je
vous diray encore un coup, Monsieur mon
filz, qu'il est très nécessaire que ces quatre
mille soldats soient partis et ernbarque's de-
dans le douze au quinzième du mois d'aousl .
comme nous l'avons escript au sieur de Val-
lence. Je sçay bien qu'il y en a qui seroyeut
bien ayses y faire naistre tant de difficultez
que vous fussiez contrainct partir sans eulx,
dont, MonsieurmonfiIz,je nesuisd'advis;car,
encore que vous ayez esté esleu du commun
consentement de ceulx du pays et que soyez
de'siré avecques très grande affection, et d'a-
vantage que j'aye espoir que vos paroles et
proce'de's audiet pays, y estant arrivé, vous
rendra toujours plus aimé et craint, toultefoys
je suis d'advis que vous n'aiez tant de con-
fiance en tout cela, se pouvant changer les
cueurs et volontez des hommes, que vous y
vouliez arriver sans ladicte force, laquelle vous
rendra toujours plus craint par ceulx qui
n'auroient bonne intention et plus respecté d'un
chascun.
Peult-ctre que ceux qui vouldroient re-
tarder le partemenl des quatre mil soldatz
le leroyent en intention d'eu avoir la charge
et de s'en prévaloir; mais il ne fault, Mon-
sieur mon filz, rien changer de la résolution
que vous avez prise; car vous ne pouvez choi-
sir personnage qui vous soyt plus affectionné
et propre pour avoir ceste charge que le sieur
de Bellegarde, lequel je vous prie adviser de
ce qu'il fault qu'il fasse de son costé,affin que
toutes choses sovent prestes dedans le susdict
temps. Vous aurez bientost l'édict de panifi-
cation que nous avons faict dresser. Je prie
Cathew\e de Médicis. IV.
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoir en sa
saiucte garde.
Paris, le 111e jour de juillet 1673.
Vostre bonne mère ,
Caterine.
1573. — 1 5 juillet.
Copie. Bibl. nul. fonds français, n° 1779a , f° 108 v°.
Imprimé <lnus [es Aâditv ru mut Mémoires de Gtutelnau , I. III . p
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, je vous escrivis il y
a trois jours de Dieppe et fis entendre comme
j'eslois allée jusques-là pour donner ordre1,
comme j'ay faict, à ce qui est nécessaire pour
l'embarquement et trajet de quatre mil
harquebusiers que le roy de Polongne mon
filz doibt envoyer en son royaume, suivant ce
qui a esté promis eu faisant son eslection; et
vous priois par mesme moyen, comme je faictz
encores, le faisant entendre à la royne d'An-
gleterre ma bonne sœur et cousine, luy dire
aussy que je ne serois pas moings ayse, et ne
prendrais peu de plaisir à faire ordonner ce
qui serait nécessaire pour embarquer mon
filz le Duc, si Dieu nous avoit fait la grâce
que les propos de l'entreveue et du mariage
d'elle et de luy fussent en aussy bons termes
que je désire. Je ne vous répéteray rien davan-
tage de tout ce qui est contenu par les dé-
pesches de mes fils le Roy et le roy de Po-
longne pour l'asseurance que j'ay que vous
sçaurez si bien user envers ladicte royne
d'Angleterre des persuasions qui sont néces-
saires pour lui lever et oster les doutes
1 Le Roi était allé s'établir en Normandie à Charte-
val pour la chasse (Calendar of State papers, iâ73-i573,
p. 38y). Voir également dans le Calendar les dépèches
de l'ambassadeur Valentin Dale et le compte rendu d'une
audience que lui avait donnée Catherine (p. .S70, 878 ,
38i,382,385, 38g, 3gi, 3o3).
3i
IMPIUMEME NATIONALE.
242
qu'elle pourroit avoir du passage desdicts
quatre mil harquebusiers, qu'elle ne feradiffi-
culté de nous envoyer les passeport?, et sauf-
conduictz mentionnés es lettres de mesdirtz
filz, ausquelles je me remect et vous prie, pour
la lin de ceste lettre, continuer tousjours à faire
tout ce qui vous sera possible pour le faict de
Penlreveue et mariage de ladicte royne et
mon (ils le duc d'Allencon, ou au moins que
nous puissions voir clair en la volonté' de la-
dicte royne; priant Dieu, Monsieur de la
Molbe, vous avoir en sa sainte et digne
garde.
Escript à Gai lion, le xve jour de juillet 1573.
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE, DE MÉD1GIS.
tousjours prince zélateur du bien et conser-
1573. — 16 juillet.
Copie. Bibl. uat. fonds français, n° 3a j3, f° 28 r°.
AUX PRINCES DE LA GERMANIE
ET AUX ÉLECTEURS DU SAINT EMPIRE1.
Mon cousin, sur l'occasion de ce qui s'est
succeddé beureusement en l'élection du
royaume de Poloigne par la grande grâce et
bonté de Dieu en faveur de mon filz, le rov
esleu dudict pays, il vons a voullu dépescher
le président Viart, conseiller et maistre des
requestes ordinaire de l'hostel du Roy mon-
sieur mon filz, pour vous dire et fayre entendre
aulcuues choses de sa part, l'ayant accompa-
gné pour la mienne de ce petit mot pour
vous prier de croire que vous ne vous trou-
verez jamavs trompé et l'asseurance qu'il luy
a baillé charge de vous donner de sa bonne
ri entière amitié, ce que plus hardiment je
vous asseure, pour avoir tousjours congneu en
luy une particulière inclination à avmer les
princes et Eslatz de son empire, laquelle je me
promectz bien qu'il gardera et se monstrera
1 C'est une circulaire adressée à tous les princes et
('■lecteurs <TAllema(jne.
vation de Testât général de la chrétienté
jusques au dernier soupir de sa vye, et quant
à moy, ayant telle affection , j'espère la fayre
congnoislre en toutes les occasions qui s'en
pourront présenter, ainsy que vous l'entendrez
plus particulièrement dudict président Viart
que je vous prie de croyre et lui adjouster foy
comme à moy mesmes,qui supplie le Créateur,
mon cousin, qu'il vous ayt en sa saincte et
digne garde.
Escript à Gaillon, le xvie jour de juillet
i573.
CaTERINE.
BrI'LART.
1573. — 17 juillet.
Orig. Bibl. Dat. fonds Dupuy, n°8oi, f° io5 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRESIDENT ES LA COURT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, pour ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript et mande par
ce porteur ce qu'il désire que faciez encores
pour les cent mil livres de don, je ne vous en
faray redicte en ceste-cy, qui ne sera que pour
vous prier, de ma part, vous employer en
cest affaire selon le bon et grand moyen que
nous sçavons bien que vous avez parmy ceulx
qui doibvent accorder lesdictes cent mil
livres, ainsi que cedict porteur vous dira plus
amplement, dont je vous prie le croire comme
moy mesme, priant Dieu, Monsieur le Pré-
sident, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Gaillon, le xvif'""" juillet 1 5 7 •> .
Caterine.
I'invrt.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
2«
1573.— 17 juillet.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3s35, f" 8.
A MONSIEUR LE PRÉSIDENT VIART,
CONSEILLER DC ilOV Ull>MLl II UO* FILS
ET UAISTHE DE IlEîlL'ESTBS ORDITUDE DE SOS HOSTEL.
Monsieur le Président, vous sçaurez -bien
juger de quelle importance est l'affaire qui
vous est présentement commis , auquel il fault
que vous vous conduisez avec toute la dexté-
rité qu'il sera possible, pour bientost cong-
noistre et aprofondir les volunlés des princes
avec lesquelz vous aurez à négocier, car c'est
chose qu'il fault que nous sachions inconli-
nant sans qu'elle tire en longueur. Partant il
est très requis que vous usiez de diligence en
vostre voyage et que vous regardez à si bien
rendre capables ces princes de la sincérité de
l'intention du roy de Pollongne mon filz et de
la bonne amitié et voisinance avec laquelle il
se l'ait estai de vivre avec eulx, que, en pre-
nant asseurance, ils ne puissent estre d'ailleurs
destournés d'avoir agréable son passage par
leur pays; à quoy nous espérons que, estant
bien conduitz, il se résouldront; priant Dieu,
Monsieur le Président, qu'il vous ait en sa
garde.
Escript à Gaillon, le xvneme jour de juillet
15731.
Caterine.
Brulart.
1 La veille, Charles IX lui avait écrit : r L'estime que
le roy de Poloigne et moy faisons de vostre prudence el
dextérité pour sçavoir bien Iraicter et négocier les
affaires qui vous sont connus, a faict que nous vous
avons choisy pour vous en aller en Allemagne vers les
princes qui sont conlenuz au mémoire et instruction qui
vous est présentement envoyé. Bien vous recorderay-je
une chose à laquelle il fault que vous preniez soigneu-
sement garde, qui est de vous esclercir ie plus avant et
le plus lost que vous pourrez de la volunté desdietz
princes sur le faict du passaign de inondicl frère pour me
1573. — 1 S juillet.
Arcbives de la maison «le Condé,
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes,parla Lettre que vous
escript présentement le Roy monsieur mon filz
pour respoudre à la vostre du vrf du présent
qu'il a recette, comme pour autres occasions il
vous faict entendre sy amplement son inten-
tion que je ne vous en feray icv aucune redicle
ny plus spécialle recommandation pour l'elfect
et exécution dicelle, saichant et congnoissant
d'assez longtemps la dévotion que vous portez
au bien de ses affaires et service; je vous
prieray seullement de continuer à bien faire
et croyre que je seray bien aysc que je vous
puisse par effect faire congnoistre le désir que
j'ay à vostre advancement et contentement,
priant Dieu, Monsieur de Gordes, vous avoir
en sa saincle garde.
Escript à Gaillon, le xvine jour de juillet
i573.
-iATERI.NE.
De Neufville.
donner incontinent advis telle quelle vous l'aurez trouvée,
à mesure que vous aurez visité quelq'ung d'eulx, n'avant
riens plus à craindre en cest affaire que la longueur et
dilaction en laquelle possible on voudrait tirer les choses.
J'ay pensé pour la distance du lieu ausquels vous aurez
à aller de vous adjoindre le sieur de Harlay, gentilhomme
saige et advisé, qui sera porteur de la présente, affin que
selon que vous adviserez ensemble pour mieux advancer
les choses, il s'en aille vers aucuns des princes, pendant
que vous serez d'ung costé vers les autres. Vous prendrez
le truchement Praillon l'aisné pour aller avec vous, et
faudra que vous regardiez à pourveoir ledict sieur de Harlav
de quelque autre que soit bien fidelle, comme l'affaire
le mérite, et prenez garde que la lettre de seureté pour
le passaige de mon frère soit de si bonne forme que ,
soubz quelque couleur que ce soyt, luy ny aucun de sa
compaignie ne puissent estre arrestez.» (Bibl. nal.,
fonds français, n" 3ai3, P 7.)
24'j
'i'i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1573. — 20 juillet.
Aul. Hibl. nat. fonds français, n' 3a J9 , f° A3.
AU ROY MONSIEUR MON FILS.
Monsieur mon fils, ayteut tout asteure
avivée, je trove cet porteur qui vient de là au
et ' vostre frère et par se qu'il nie mende tju'il
ne sauret aystre ysi que dans ouyt jours , je vous
enn'é voleu avertir, sachant que sériés bien
ayse de courir un cerf à Saint-Germayn , cet que
pouvés aysement fayre, mes que soyés samedi
au souyr hà Madryd, ce seré asés, et que me
tenié en vostre bonne grase, mes que je vous
voy. Je vous dyré que l'on ne pcrt temps em-
pêcher l'alaye2 de vostre frère en Pologne.
Gondi vous yré demayn troverpour savoyr si
ne vous plaist pas que les embasadeurs vous
aile Irovermécredi et vous coureré jeudi; mes
guardé vous de vous aycholfer et d'estre ma-
lade pour l'honneur de Dyeu, lequel je prie
vous conserver en bonne santé cl longue vye.
De ma mayson que je vous foys acoutrer,
le w ' jour de joulet 157111, à quatre heures
après mydi.
Catf.rine.
1573.— a3 juillet.
Aut. Bibl, Dat. fonds français, n° 33i8. I h.
A MONSIEUR BRULART,
SECRETAIRE D'ETAT.
Brulart , je vous envoy une letre pour le
Roy mon fils cl des blanc-sins du roy de
Pologne mon fils et la letre que l'i ont ay-
cripte les Polonoys. Yl trove très bon que
envoyons le vidasme du Man, asteure sieur de
Rambulet. Sa serè bien fayst que le Roy le
mende pour aystre dimanche hà Bologne où
seré le Roy, et en cetpendant faytes la dépesche
1 Au et, où est.
L'alaye, l'allée.
toute preste , et luy mendés que cet pour
envoyer là, afin qu'il donne hordre à ses
afayreset qu'il ne demende après à retourner;
et lui mendé que ce n'el que pour aler et
venir, afin qu'il ne se ayscuse; et à tent je
prie Dieu vous avoyr en sa saincte guarde.
De Paris, le xxnimc joullet 1673.
Festes payer cet porteur.
Catekhe.
1573. — 2.3 juiliel.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 3as&, p. 65
A MONSIEUR DE DANZAY.
Monsieur de Danzay, assez longtemps de-
vant que nous eusmes receu voz lettres du
xxvnicme du passé, Casse et le jeune Mandat
estoient partiz pour vous aller trouver de
nostre part avec lettres aux roys de Danemarch
et de Suède et villes maritimes pour les prier
de permettre et accorder le passaige des gens
de guerre, train et bagage de mon filz le
roy de Pollongne que nous envovons en son
royaume, et nous avons par eulx si avant
esclaircy de nostre intention que vous vous
trouverez quasy du tout satisfaict à ce que
désirez par vosdictes lettres, ausquellesle Roy
monsieur mon filz vous respond d'abondant
que je ne sçaurois aucune chose adjouster, si
ce n'est que nous attendons icy dedans deux
jours mondict filz le roy de Pollongne qui l'ait
son entrée par les villes où il passe comme il
vient la faire fort honorable à Paris, pour après
préparer son partement le plus tosl et com-
modément que faire se pourra. Je vous diray
aussv que nous avons donné ordre que l'assi-
gnation vous soit baillée des cinq mille livres
qui vous sont deuz, vous asseurant que l'in-
tention du Roy mondict filz est de vous bien
et favorablement traicter, comme voz services
le méritent et, de ma part, j'y tiendray tous-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
•245
jours la main, mais cependant je prie Dieu
vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xxme juillet 1573.
Caterine.
1573. — a 4 juillet.
Copie. Bibl. nal. Cinq cents Colbert, n° 366, t° 387.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
lilz vous faict bien au long entendre son inten-
tion , tant sur ce qui s'est passé avec ceux de la
Rochelle1 que l'occasion du voyage par delà du
sieur Louis delà Mirande;au moyen de quoy ,
m'asseurant que vous sçaurez bien et soigneu-
sement vous conduire en tout ce qu'il vous
mande, suivant ce qu'il désire, je me conten-
teray de vous prier de bien considérer ce
qu'il vous escrit touchant le voyage du roy
de Pologne mon filz, affin que, vous estant
enquis du chemin dont il vous faict mention'2,
•
1 «J'ai accordé la paix à ceux de la Rochelle, écrivait
le même jour Charles IX, ianl pour eux que pour tous
autres subjectz de pareille conditions qui en voudront
jouir, me l'a\anl demandée avec toute humilité et dé-
monstration de me vouloir par cy après estre obéissants.
Depuis, ayant envoyé à mon frère le roy de Pologne
l'édit quej'ay faict dresser sur les articles accordés, il a
esté publié en ladicte ville et en mon armée, estans venus
par devers luy les habitaus principaux pour luy pré-
senter les clefs de la ville et luy faire les deues submi-
sions, comme ilz ont faict avec toute humilité et révérence.
Le roy monsieur mon frère les receut humainement, les
admonesta de recognoistre par bons effects d'obéissance
et fidélité la grâce que je leur faisois et me donner occa-
sion de la continuer, mais accroistre et amplifier. Aussi-
lost qu'il eust parachevé ce négoce, il s'est acheminé
pour me venir trouver et est jà si avant que j'espère le
revoir en bieji peu de jours." (Même volume, f° 280.)
1 fLe sieur de Montmorin, ajoutait Charles IX, a esté
dépesché vers l'Empereur monsieur mon beau-père pour
luy demander passage par ses terres héréditaires et celles
du Saint-Empire, ce que nous espérons qu'il accordera
volontiers, veu les honnestes propos qu'il m'a tenus
vous nous advertissiez incontinent de ce qu'en
aurez appris. Je prie Dieu, Monsieur du
Ferrier, vous avoir en sa saincte garde.
Escrit à S'-Germain-en-Laye , ce xxiv0""' jour
de juillet 1673.
Caterise.
De Neufville.
1573.
29 J
uillet.
Archives de la maison de Coade*.
Comrauniqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, le Roy monsieur mon
filz vous respond si amplement, tant à ce que
luv a rapporté le sieur de Virieu que ce qui est
porté par celle que luy avez escript et ce qu'il
a veu, par la coppye de la requeste qui vous a
esté présentée par ceulx de la noblesse et autres
de la nouvelle oppinion de Daulphiné que je
ne vous en puis rien dire davantage. Je vous
prieray seullement de vouloir suivre le con-
tenu en icelle et tellement exhorter lesdicts de
ladicte nouvelle oppinion qu'il reçoivent les con-
ditions portées par l'édict de pacification dont
vous a esté envoyé coppye, ce que je ni'a?seure
qu'ilz feront et que je désire, affin de veoir
toutes choses bien remises par delà, comme
elles sont ailleurs. Vous userez en cela de
après la nouvelle receue de la conclusion de l'élection.
D'un autre costé nous avons aussi dépesché vers aucuns
des princes de la Germanie, mesmement vers ceulx sur
les terres desquels le chemin s'addonne le plus courl
ponr mondict frère, affin de les requérir semhlablement
de luy donner ledict passage et d'avoir agréable qu'il
les visite. L'on m'a adverty qu'il y a un chemin par les
terres des Vénitiens duquel on peut passer en celles du
Grand Seigneur et autres princes sans entrer en celles de
mondict beau-père ny de ses frères: avertissez moj de
ce qu'il faudrait faire pour obtenir ledict passage, et
comme il s'y faudrait gouverner, affin que, y ayant :
d'heure, la choze soit d'autant mieux préparée, en cas
que l'on en eust besoin, ce que je crois qu'il n'adviendra,
s'il plaist à Dieu.-' (Même volume, p. 266.)
-2 li G
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
vostre prudence el sagesse accoustumées et me
fierez rcsponse au plus tost de tout et avant
qu'on vous renvoyé iedict sieur de Virieu;
priant Dieu, Monsieur de Gordes, qu'il vous
tienne en sa saincte et digne garde.
Escriptà Paris, le xxix" jour de juillet 1673.
Caterine.
De Neufville.
1573. — 3o juillet.
Orig. Ribi. nat. fouds français, n° 3aoi, f° 05 r°.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, je vous asseure que j'ay esté
infiniment aise d'entendre la résolution que
vous avez prinse d'accompaigner mon filz le
roy de Polloigne, lorsqu'il partira pour aller
en son roiaume et, pour ce que son parle-
ment sera asseurément dans le temps que le
Roy monsieur mon filz vous mande, j'ay bien
voullu, mon cousin, vous tesmoigner parti-
culièrement le contentement que j'en reçois,
vous priant continuer en ceste bonne volunté
de laquelle je désire voir l'exécution telle que
je me la promets de l'affection que vous por-
tez à l'honneur et grandeur de mondict filz
et je vous asseure que j'auray à jamais sou-
venance du service que vous ferez au Roy mon-
dict sieur el filz en ce faisant; priant Dieu,
mou cousin, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Bologne, le xxxc jour de juillet
i573.
(De sn main.) Mon cousin, je vous puis
aseurer que à son arivée le roy de Pologne
mon filz m'a lest antendre le contentement
qu'il avoyt de vous, de quoy j'é aysté bien
i j se et vous enn' é volcu aseurer.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1573. — Août.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° îoaio, p. laa.
A MON CODSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, j'é reseu vostre letre et aysté
bien ayse d'avoir entendu par cet porteur que
vostre santé ayst hamendaye; quant à nos no-
velles, aylle sont, Dieu mersis, très bonnes; car
tous mes enfens sont ysi de retur de cet mal-
heureux voyage de la Rochelle; et encore que
lé chause ne souit susédaye ' comen les eu-
sions désiraye, si è-se que, Dieu mersis, yl
i a un commensement de 'repos qui, j'espère,
aveques l'ayde de Dieu, set conserveré et le
bon hordre que le Roy cet délibéré y mètre.
Nous attendons ysi les embassadeurs de Po-
logne, qu'espérons y seront dan ouist au dis
jours pour après reguarder quel chemin el
quant mon fils leur roy viendré et poura
partir. Je voldrès que vostre santé fust asés
bonne pour le povoyr venir trover avent son»
partement; car vous n'aurés jeamès tent de
santé et de contentement que vous en désire
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 3 août.
Orig. Bibî. nat. fonds français , n° 3179, f' 9 r°.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
n'ayant de vostre part aucunes nouvelles que
vous ayez receu les articles qui ont esté ac-
cordez pour remettre le repos en ce royaulme,
combien que le roy de Pollongne monsieur
mon filz les vous eust envoyez par ce porteur
en toute dilligencc , autant de l'édict qui en a
esté faict pour le communiquer à ceulx de
1 Ae souil susédatje, ne soient succédé.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
247
Nysmes et autres qui sont de leur party, suy-
vantceque le Roy mondict seigneur etfilzvous
escript, et comme je m'asseure que vous sçavez
en cella coume en toutes autres choses que
vous avez manyées jusques icy pour son ser-
vice négotier pour faire réuscir son intention,
je ne vous en feray aussi par ceste lettre plus
grande prière ny recoumandation, me con-
tentant de vous asseurer que, ce faisant, vous
luy ferez ung service qu'il aura bien agréable,
et aussy de faire cesser les difficultez qui se
représentent par dellà en recouvrement de
ceste somme de trente six mille livres et d'y
employer toutes les raisons et moyens que
vous y penserez devoir servyr; sur ce je prye
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte
garde.
Escript au chasleau de Boullongne, le
me jour d'aoust 1673.
Voslre bonne cousine,
Catebine.
m'asseurant tant de vostre bon entendement
et dextérité que me satisferez en cet endroicl
avec le bon contentement de ceux à qui ces
perles appartiennent, de quoy je vous prie
m'advertir au plus tost. Priant Dieu qu'il vous
ait, Monsieur du Ferrier, eu sa saincte garde.
Escript au chasteau de Boulogne, le
iiimc jour d'aoust 1673.
Caterine.
1573. — 3 août.
Copie. Bibl. nat. foods Colbert , n° 366, f° 391.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, on vous a fait res-
ponse touchant le sieur Fabrizio de Corrège
pour le regard des cymetcrreset aultres choses
que vous a laissées Mahumut, le Boy mon fils
aura très agréable que vous les luy envoyiez,
à la première commodité. Quant à ces perles,
je désirerais certainement les avoir, et n'y
plaindrais pas cent escus pour chacune, pour-
veu que l'on se voulust accommoder aux paye-
mens, et que l'on se conlentast d'en recepvoir
ung tiers comptant, aultre tiers six mois après
et l'autre dans aultres six mois, ou aultre tel
terme que vous adviserez pour le mieux.
Ainsy, Monsieur du Ferrier, je vous prie de
regarder si c'est chose qui se puisse faire,
1573. — 12 août.
Oiîg. Arch. du Ministère de la guerre.
A MONSIEUR L'ABBÉ DE L'ISLE".
Monsieur de Lisle, le Roy monsieur mon
fils et mon fils le roy de Pologne vous sçavent
un infini bon gré de la compagnie que vous
avez faicte jusques icy aux ambassadeurs Polon-
nois et pouvez bien vous asseurer que tant de
cela que de la peine et travail que vous avez
pour la conduitte de la négociation de Po-
logne, ils reçoivent un si grand contentement
que vous ne le seauriez souhaiter davantage
pour vostre satisfaction, dont vous vous pourrez
mieux apercevoir à vostre arrivée, qui sera,
comme j'espère, dedans peu de jours, laquelle
attendant je ne vous feray la présente plus
longue que pour prier Dieu vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript du chasleau de Boullogne, le
xir"me d'aoust 1673.
Caterine
1573. — ia août.
Imprimé par le Père Theiner dans la Continuation des Annales
de Baronius , t. I. p. 36g.
A NOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Sainct Père, le plaisir et contentement
1 Gilles de Noaillcs.
248 LETTRES DE CATHE
que Vostre Saincteté a receu de la création et
êslection du roy de Poullogne nostre très cher
el très aviné lilz, nous a esté si agréable que
nous pouvons dire avec vérité que la démons-
I ration que Vostredicte Sainteté a faict et en
|iuhlicq et en particulier de l'aise que vous
avez eu de ladicte êslection nous a confirmé
et augmenté le plaisir et la joye que nous en
avions desjà receu , estimant que telle démons-
tration extérieure est tesmoignage de la faveur
et approbation que Dieu el Saincte Eglise ont
faict el donné à telle êslection, laquelle, tout
ainsi qu'elle est proceddée de la volonté di-
vine , je désire pouvoir servir et estre employée
à l'honneur de Dieu, manutention de l'aucto-
rité de sa Saincte Église Catholique et du
Saint-Siège Apposlolicque, ne désirant rien
tant en ce monde que veoir, durant le règne des
rois mes très chers et très aimez enlïans pros-
pérer et accroistre la religion catholieque et
veoir réduictes soubz l'auctorilé et obéissance
d'icelle toutes les nations qui s'en sont soubs-
traictes, affin que Dieu soit recongneu et sa
Saincte Église Catholieque Apostolicque et
Romaine purgée et nettoyée des hérésies qui
l'ont si long temps travaillée, dont nous le
supplions très humblement; et, après nous
avoir présenté tant et si affectueusement que
pouvons noz devoirs et très affectionnées re-
commandations, maintenir Vostre Saincteté
longuement et heureusement au régime et
gouvernement de Nostre Saincte Église.
Donné au chasteau de Roullongne, le
xnemc jour d'aoust 1670.
Vostre dévote fille, la royne mère du Roy
de France.
Caterine.
ClIANTEREAU.
RINE DE MEDICIS.
1573. — 13 août.
Orig. Arch. de Venise, Lettres des rois de France, n° 26.
A NOS TRÈS CHERS ET GRANDS AMIS
ALLIÉS ET CONFEDfcREZ
LA SEIGNEURIE DE VENISE.
Très chers et grands amis alliés et confé-
dérez, l'un des principaux et plus grans con-
tentements qu'ayons reçus en l'élection qu'il
a plu à Dieu estre faite de la personne de
nostre très cher filz au royaume de Pollogne
est que nous voyons que les gens de bien
s'en resjouissent avec bonne et sincère affec-
tion entre lesquelz, commis n'avez cédé à nulz
autres en démonstration, aussi croyons nous
assurément que les effetz y sont conformes et
que jamais n'adviendra à ceste maison et cou-
ronne tant d'heur et grandeur que vous lui
en désirez et certainement, s'il nous est permis
de dire, très chers et grands amis, vous en
avez bonne et juste occasion, parce que les
rois nos très chers seigneurs et filz non seule-
ment vous aiment et estiment, ains honorent
et admirent merveilleusement pour vostre sa-
gesse et vertu. Au demourant nous référons la
louange qu'il vous plaisl nous donner à vous-
mesmes qui en estes fort dignes el vous re-
mercions tant et si affectueusement que faire
pouvons de voslre conjouissance et congratu-
lation à cause d'icelle élection de Pologne, ne
voulant oublier à vous faire savoir que le
sieur Jehan-François Morosini , l'un de vos
gentilzhommes, que vous avez envoyez par
deçà, s'est très bien et dignement acquitté de
la charge que vous lui avez donnée, comme
aussi nous espérons qu'il fera aussi de ce que
nous l'avons requis de vous rapporter de nostre
pari, vous priant en outre croire le sieur du
Ferrier comme nous mesme, qui supplions le
Créateur vous avoir, très chers et grands amis,
en sa très saincte et digne garde.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
249
Escript au chasleaude Bologne, le xu' jour
d'aoust 1573.
Catbrine.
De Neufville.
1573. — 13 août.
Orig. Bibl. nat. fonds français, a° 3aoi, f° 67 r\
A MON CODSIfl
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, vostre dernière lettre du
xxvie juillet a retenu le parlement, du commis-
saire Martin présent porteur pour vous porter
la response du Roy monsieur mon filz sur
icelle, laquelle il vous faict telle et si ample que
je ne scaurois adjouter aucune chose, sinon
vous prier que, si ceulx de INismes reçoivent,
comme nous l'estimons, ladicte pacification
à l'imitation de Montauban , vous regardiez à
nous soullager des despences que nous sup-
portons à l'entretènement des gens de guerre
et le plus tost que faire se pourra; à quoy je
m'asseure que vous nous satisferez très volon-
tiers, conside'ranl celle qu'il nous fault faire
ailleurs, priant Dieu, mou cousin, vous avoir
en sa garde.
Escript à Bologne , le xne jour d'aoust
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — i3 août.
Orig. Arch. du Ministère de la guerre, t. IH. f° 467.
A MONSIEUR LABRE DE L'ISLE.
Monsieur de Liste, j'ai fait entendre à ce
porteur et baillé par mémoire de quelle sorte
il sera baillé audience aux ambassadeurs de
Pologne à leur arrivée, ce que vous pourrez
faire entendre à Monsieur l'évesque dePosnanie
pour satisfaire au désir qu'il a de le sçavoir.
Catherine de Médicis. — n,
Quand il sera arrivé, il sera adverti plus am-
plement de la façon que se baillera l'audience
à la présentation du décret de l'eslection , qui
sera assez à temps de sçavoir lors; et, pour
l'espérance que j'ay de vous voir bientost, je
ne vous feray la présente plus longue, sinon
pour vous dire que le Roy monsieur mon fils
permet auxdicts ambassadeurs de séjourner un
jour en tel lieu que verrez bon eslre avant que
d'arriver en ceste ville, selon qu'ils le désirent,
trouvant que Lagny n'est lieu assez commode
pour cela; sur ce je prie Dieu qu'il vous ait
en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xm aousl 1673.
Caterine.
1573. — 1 4 août.
\reliives de la maison de Coodé.
Communiqué par M. le duc d'Aumak*.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, vous vous estes tous-
jours si bien acquitté du service du Roy mon-
sieur mon filz qu'il n'est point de besoing de
le vous recommander, ny moings vous advertir
de ce que vous pensez y pouvoir servir, cela
sera cause que pour la response de vostre
dernière lettre je vous remecteray à celle du
Roy moudict seigneur et filz , qui vous faict en-
tendre sa vollonté et intention; et, n'estant la
présente à aultre fin, je prie Dieu, Monsieur de
Gordes, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xiur* jour daoust 1 573.
Caterine.
De Neufville.
1573. — 30 août.
Archives de la maison de Condé.
Communiqué par M. le duc d'Aumale.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, ce n'est que pour
3a
lUlTIUF.IUE ^ATIOIALE.
250
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
accompagner celle que présentement vous es-
cript le Roy monsieur mon lilz, vous suppliant
de vous (le'monstrer tousjours aussi soigneux
et affectionné" à ce qu'il vous escript pour son
service, comme aussy faicts-je à présent; par
<|uoy, estant mon intention conforme à la
sienne, je ne vous feray plus longue lettre,
priant Dieu vous avoir. Monsieur de (îordes,
en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xxe jour d'aoust 1 573.
C\TKRtNE.
De Neufville.
1573. — 32 août.
Imprimû dans la Correspondance diplomatique île La Mot'-.e-Fénelon,
l. VII, p. 43o.
A MONSIEUR DE LA MOTHE- FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, ceste-cy sera pour
vous advertir comme les ambassadeurs Polo-
nois, qui sont douze, suivis de deux cents gen-
tilshommes, arrivèrent mercredi dernier en
ceste ville en assez bon équipage, au-devant
desquels feust envoyé la maison du roy de
Pologne mon iilz et tousdes princes et princi-
paux seigneurs qui se trouvèrent en ceste
cour pour les conduire jusques en leurs mai-
sons K Le lendemain, qui l'eust le jeudy, ilz
désirèrent que l'on les laissast reposer en leurs
maisons, pour, le jour d'après qui estoit
vendredy, venir saluer le Roy monsieur mon
fils, la royne ma belle-Glle et moy, ainsi
qu'il a esté fait en meilleur ordre et équipage '
qu'il a esté possible, ayant fait l'évesque de
1 Voir dans le Cérémonial français de Godefroy le récit !
tir l'entrée des Polonais à Paris. Voir Bibl. nat., fonds !
français, n° 3a3o, f°" 3, A et 10; dépêche de l'ambas-
sadeur Valentin Dale à lord Burglitev (Calendar, i'11'.i,
p. '107); lettre de Charles IX à M. de Ferais (fonds
français, n° i6o?io, f 387); de Tliou, Hist. universelle,
Iraducl. franc., t. VI, p (198.
Posnanie, qui est le principal de ladicte am-
bassade, une fort belle harangue sur l'occasion
de leur venue. Ce jourd'huy ilz ont faict le
semblable à l'endroit de mon fdz le roy de
Poulogne et receu la plus grande joye du
monde de le voir, comme il a faict, de sa
part , de se voir salué d'une si belle compagnie,
qui se peut dire, au jugement de ceux qui
l'ont veue, la plus honorable et mieux en ordre
que aultre qui se soit jamais trouvée en ce
royaulme, ne se sentant rien que de toute
courtoisie, et monstrant beaucoup la gran-
deur du royaulme dont ilz sont venus et qu'ilz
apportent à mondict ûls,' vous laissant juger
quelle joie j'en puis recevoir en mon cœur.
H s'est trouvé à dire deux ambassadeurs
en ceste dicte compagnie, à sçavoir : l'un qui
estoit beaucoup demeuré à partir après les
autres, qui, ayant esté arresté en Silésie, au-
près de la frontière de Pologne, a mieux
aimé ^'en retourner au pays après avoir esté
mis en liberté, pour ce qu'il cognoissoit bien
qu'il arriveroit fort lard de par deçà, que de
poursuivre son chemin; l'autre s'est mis par
mer avec le, sieur de Lanssac, qui n'est encore
arrivé. Dans peu de jours, nous espérons
accomplir toutes choses qui dépendront du
fait de ladicte élection et sera faict si bon et
honorable traiclement aux susdietz ambassa-
deurs et à toute leur suitte, ainsi qu'il s'y est
bien commencé despuis leur arrivée en ce
royaume, qu'ilz en raporleront tout contente-
ment; n'ayant autre chose à vous dire parce
petit mot que je finirai, priant Dieu, Mon-
sieur de la Mothe, vous avoir en sa saincte el
digne garde.
Escript à Paris, le xxn"" jour d'aoust 1 5 7 3 .
CxTERIJiE. ;'
Rrui.art.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S. 251
1573.— a6 août.
Orig. Bib!. oat. fonds français , 3ao6, f° 37.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, je suis très ayse de ce que
vous avez résolu accompagner mon fils le roy
de Pologne en son voyage. Je vous assure
que il en est encore plus joyeux que moy.
Partant, je vous prie pacifier tellement les
affaires par delà que vous soyez prest à partir,
quand il sera temps, de quoyje vous adver-
tiray incontinent et pareillement du lieu où
vous debvrez rendre; ayant cependant prié le
Roy mon fils de vous l'aire payer de vos estatz,
ce qu'il a ordonné très expressément, priant
Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne
garde.
Escript à Paris, le xxvimc jour d'aoust.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 31 août.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous sçavez assez les services
que mon cousin le marquis de la Chambre
a faicts au Roy monsieur mon fils, mesme en
la lieutenance de votre compaignie de cent
hommes d'armes, laquelle il a toujours si
bien vertueusement et soigneusement con-
duicte partout où il lui a esté ordonné pour
le service du Roy mondict seigneur et fils, que
ledict seigneur et moy en demeurons très bien
satisfaicts et contens; et pour ce que son âge
ne permect doresnavant de faire ce qu'il a cy-
devant faict en ladicte charge, et qu'il désire-
roit, comme nous faisons aussi singulliere-
ment, qu'il vous plaise graltifier et pourvoir
de iadicte lieutenance mon cousin le conte de
la Chambre, son fils aisné, qui est maintenant
au camp de devant la Rochelle près de mon
fils le duc d'Anjou, je vous ay bien voulu
escripre la présente pour vous prier avoir
esgard aux services que ledict marquis de la
Chambre a faicts, et, en faveur d'eulx et aussi
de la prière et requeste que je vous en faictz,
il vous plaise pourveoir de ladicte lieutenance
sondict fils, et, oultre que je m'assure, imi-
tant sondict père, qu'il se sçaura très bien ver-
tueusement et prudemment acquicter de telle
charge, vous ferez en ce faisant chose qui sera
bien fort agréable au Roy mondict seigneur et
fils et à moy, qui désire et vous prie aussi par
mesme moyen vouloir pourveoir le seigneur
de Sallignv, beau-fils dudit marquis de la
Chambre, de l'enseigne de vostre compai-
gnie de cent hommes d'armes qui est vac-
quante. En cet endroict je prie Dieu, mon
frère, qu'il vous ayt en sa très saincte et
digne garde.
Escript de Fontainebleau, le dernier jour
d'aoust 167.3.
(De sa main.) Mon frère, je vous ay bien \o-
leu favre cete requeste pour eulx pour l'afection
qu'il vous portent, et pour aystre neveu d'une
fille de Bologne qui me lé fest vous recomen-
der, et aseurer que tout cet que fayré en
leur faveur, je le réputeré fayst corne à moy
mesme.
Vostre bonne seur,
Caterine,
1573. — Septembre.
Aul. Arrti. nai. cotlect. Simancas , K i53a . n° 68.
A MONSIEUR MON FILS
LE ROY CATOLIQUE.
Monsieur mon fils, je né voleu l'allir, par
cete dépesche que le Roy vostre frère fayst à
3a.
252
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
son embasadeur pour lui demander, en son
non et du roy élu de Pologne son frère, pa-
sage par vos péis pour ledist roy éleu en
Pologne mon fils, vous fayre la présanle pour
en prier Vostre Majesté lui acorder en cas qu'il
an ave afayre et ausi pour lui fayre entendre
l'ayse que j'é reseu d'avoyr entendu qu'il a pieu
à Dieu donner ha Vostre Majesté encore un
lils, corne je fayré tousjour de me réjouir de
toutes ces félisilé et prospérité, m'aseurent que
Vostre Majesté n'an rcsoy moyns de cet qu'il
pies! à Dieu fayre pour nous et cete coronne
corne de cete élection qu'il a pieu à Dieu fayr
fayre en la personne du roy à présanl ayleu de
Pologne , se povent asuré Vostre Majesté qu'elle
l'auré dé beaufrères de qui ayle ce peult pro-
mettre tout amitié et fraternité, cornent si
cétoynt ces propres frères; en quoy m'aseure
que Vostre Majesté leur corespondera , cet que
je prie à Dieu que de tous les coûtés cete
amitié soint augmentée et conservaye, coine
le désire pour un dé plus grent bien que
ceroyt avoyr1
Vostre bonne scur et mère,
CaTERINE.
1573. — 9 septembre.
Copie. Bibl. nal. Cinq cenLi Colbert. n° :i6G , p. 3 ici.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
tilz a délibéré de ne pourveoir et résouldre
les affaires de la Mirande jusques à ce que
nous avons eu nouvelles de ce qui sera sur-
M'iiu par delà depuis l'arrivée du sieur Louis'2,
' Elle ('cril dans les mêmes ternies à la reine d'Espagne.
Même carton, n" Gg.)
! Une lettre du nouveau roi de Pologne accompagne
celle-d. (Même volume, f' 3'io.) De son coté, Charles IX
ajoutait : «Combien, Monsieur du Ferrier, que l'Empe-
reur et les princes de la Germanie ayenl annoncé passe-
auquel, comme vous sçavez, fut donné congé
d'y aller. Cependant il vous escript négocier
avec ces seigneurs le passage de mon fils le
roy de Polongne par leur ville, terres et pays,
et luy en envoyer incontinent les seureltés
nécessaires; à quoy je vous prie vous y em-
ployer à bon escient, et n'y oublier aulcune
chose qui puisse accrocher ou différer le pas-
sage libre, et nous envoyer au plus tost que
vous pourrez par homme exprès les dépesches
que vous en obtiendrez, priant Dieu, Mon-
sieur du Ferrier, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Paris, le n8 jour de septembre
i573.
Caterine.
1573. — g septembre.
Orig. Archives de Matiloue.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MANTOUE'.
Mon cousin, oultre que vous témoignez par
port et sauf-conduit au roy de Pologne mon frère,
loulesfois, estant irrésolu du chemin qu'il tiendra et,
ayant très grande confiance en l'affection, amitié et
bonne volonté des seigneurs de Venise, lesquelz ont faict
offrir par leur ambassadeur par plusieurs fois sur ce sujet
de ce passage tout ce qui est en leur pouvoir, j'ai ad-
visé de leur faire demander passage par leur ville, terres
et pays, au moyen de quoy je leur escris.» (Même volume,
p. 338.)
' De son côté, la jeune reine de Navarre (Marguerite
de Valois) écrivait au duc le i3 septembre: «Mon cou-
sin, j'ay veu par vostre lettre du m du mois passé, que
m'a rendue le sieur Caries de Gonzague vostre parent, la
continuation de vostre bonne volonté envers moy. laquelle
m'a esté plus particulièrement tesmoignée par sa bouche
et mesme par la démonstration que vous me faictes de
l'aise qu'avez senti de l'élection du roy de Poloigne mon-
sieur mon frère, de quoy je ne venlx oublier de vous
faire un bien affectionné remerciement en vousasseuranl ,
mon cousin, que j'ay autant chère ceste bonne affection
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
253
vostre lettre du 111e du passe' la bonne volonté
et affection que vous portez au Roy monsieur
mon filz et à nous, tous les honnestes et gra-
tieux propos que le sieur Carie de Gonzague
nous a tenus de vostre part nous en ont donné
tant de confirmation, mesmement de l'aise
que vous avez receu de l'élection de mon filz
au royaume de Pologne que je ne veulx faillir
à vous en remercier et vous asseurer que, pour
la bonne volonté et affection que vous avons
et au bien de vostre maison, nous recep-
vrons toujours plaisir et contentement de tout
le bien et prospérité qui vous pourrait advenir,
comme vous dira plus au long le sieur de
Gonzague, sur lequel me remectant, je prieray
Dieu, mon cousin, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, le ixe jour de septembre
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterink.
1573. — 17 septembre.
Copie. BiLl. nal. Cinq cents Colbert, n° 306 , p. 370.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, si le Roy mon fils eut
estimé que l'allée du sieur Louis par deçà eust
produit ce qui est advenu, il ne luy eut permis
de s'y en retourner; car, encore que, les choses
estant succédées comme elles ont faict, il
semble que la comtesse doibve estre excusée ,
comme de faict je l'excuse pour mon regard1,
et amitié que je recognois en vous, comme de bon cœur
je désire faire chose par deçà qui vous soit agréable; en
quoy je m'emploierai toujours, s'offrant l'occasion, avec
la mesme volonté avec laquelle je me recommande à
vostre bonne grâce et que je prie Dieu vous donner,
mon cousin, en santé ce que plus désirez. n (Archives de
Mantoue.)
1 Charle9 IX écrivait à du Ferrier, le même jour :
s Pour le regard des affaires à la Mirande , il me déplaist
prandement de quoy les choses en sont passées si avant
touttefois c'eust esté beaucoup le meilleur
qu'elles ne fussent passées si avant. Vous
que
la comtesse ait esté contraincte faire la déclaration
qu'elle a faicte, et eusse désiré que le 9ieur Louis se fust
si bien et fraternellement entendu avec elle qu'ilz eussent
vescu en amitié et concorde, et croy véritablement que
le souvenir des déporlemenls du sieur Louis durant qu'il
estoit en ladicte ville de la Mirande est cause de tout le
mal , et davantage n'ayant esté les choses amendées par
la venue des dames de Randan et signora Livia, comme
l'on se prometloit, ce qui m'avoil autant esmeu de per-
mettre audict sieur Louis retourner par delà, m'ayant
aussi promis de se conduire et gouverner entièrement par
vostre conseil. Or la pierre en est jetée et croy asseuré-
ment qu'il sera bien difficile que ladicte comtesse reçoive
ledict sieur Louis pour compagnon, voire aucunement
en ladicte ville, ne aussy qu'il se puisse se commander
jusques là, s'il y estoit une fois, que de vivre et se com-
porter plus tranquillement qu'il a faict; au moyen de
quoy, il se fault résouldre au party le plus utile pour la
conservation de Testât en faveur du comte, et de la pro-
tection que j'en ay prise, joint qu'il semble que la
raison face pour ladicte comtesse, laquelle, estant mère et
tutrice de sesenfans, à bon droit doitavoirplus de soing
de ce qui leur appartient que nul autre, et sera toujours
en tel cas préférée à tous autres. Il est seulement question
de donner en ce faict quelque occasion de satisfaction
audict sieur Louis et à ses sœurs, affin qu'ilz n'ayent à se
plaindre qu'ilz ayent esté entièrement délaissez; car de
pourvoir à la sûreté de ladicte ville de la Mirande au-
trement qu'à l'amiable avec ladicte comtesse, il ne se
peut, estant maislresse de ladicte ville et du chasteau, et
n'ayant faulte d'amis pour s'y maintenir, joint qu'il ne
faut nullement douter de sa fidélité, mais se tenir pour
asseuré, que, très sage et avisée qu'elle est, elle voudra
que ladicte ville soit conservée sous ma protection, ayant
depuis cette déclaration admis à la garde dudict chas-
teau les soldats françois avec les italiens, chose que ledict
sieur Louis avoit résolu ne consentir jamais, comme il
m'avoit dicl à son parlement. Pour la satisfaction du sieur
Louis et de sa sœur, je désire que ladicte comtesse se
contente que le capitaine Nicolo Losco demeure par pro-
vision en ladicte ville, comme chargé de prendre garde
près de la comtesse à la seureté et conservation d'icelle.»
(Même volume, p. 365.) Voir la réponse de du Ferrier à
cette lettre ( 16 id., p. 398 Jet celle du 18 octobre (p. 38a)
lui annonçant que la comtesse n'avait pas voulu recevoir
le sieur Louis.
25*
verrez ce que le Roy monsieur mon filz vous
en escrit et suis bien aise de vostre advis qu'il
faut que le frère et les sœurs s'en retournent
par deçà ; mais aussy je de'sirerois quelles fus-
sent bientost suivies du comte de la Mirande;
à quoy vous mettrez poyne de faire condes-
cendre ladicte comtesse, afin que le comte
preigne sa nourriture au lieu où ses pères se
sont bien trouvés de l'avoir eue. Je prie Dieu,
Monsieur du Ferrier, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Paris, le xv..mc jour de septembre
i573.
Monsieur du Ferrier, je prendray les cent
cinquante et une perles dont vous avez arresté
le prix à cent escus l'une , payables en un an.
Pour ce faire, je vous envoyeray au plus tost
l'obligation d'Âdjaceto, avec lequel j'en suis
tombée d'accord. Si vous y pouvez gaigner
quelque chose au prix, vous me ferez plaisir
et m'en advertirez.
Cater™e.
De Neufville.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1573. — 21 septembre.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 3178, P au.
A MONSIEUR D'HUMIÈRES.
Monsieur de Humières, j'ay esté très aise
d'entendre de mon cousin le duc de Longue-
ville que soiez maintenant près de luy, m'as-
seurant que vostre présence par delà pourra
grandement servir au bien des affaires du
Roy monsieur mon filz, y estans les choses
disposées en Testât que- vous-mesme pouvez
juger et espérer que, pendant que mondict
cousin sera assisté de vostre bon conseil, le
Roy mondict seigneur et filz se peult asseurer
que toutes choses se succéderont à son conten-
tement; au moien de quoy, Monsieur de
Humières, je vous faicts ceste lettre pour vous
prier demeurer encores pour quelque temps
près de mondict cousin; et, maintenant que
vostre présence y est plus que nécessaire que
jamais, ne vous lasser, mais continuer ainsy
que vous avez faict jusques à ceste heure,
priant Dieu, Monsieur de Humières, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xxiemo jour de septembre
i573.
Caterine.
De Neufville.
1573. — 23 septembre.
Copie. Bibl. uat. fonds français, n" 3aa4, f 66.
A MONSIEUR DE DANZAY.
Monsieur de Danzay, en attendant que nous
vous renvoyons vostre homme, nous avons ad-
visé vous faire ceste lettre pour accuser récep-
tion de vos lettres et pour vous envoyer le
double de celles que les Roys messieurs mes
enfans escripvent au roy de Danemark sur ce
qu'il a respondu à la demande qu'ilz luy ont
faicte du passaige de ses Estatz \ porlz et
havres, afin que vous sachiez le langaige que
vous avez à luy tenir sur ce faict, quand il
viendra à propos. Vous verrez au demourant
par la lettre du Roy monsieur mon filz comme
1 Si Catherine s'inquiétait tant du passage de son
fils le roi de Pologne, c'est qu'elle se défiait à bon
droit du mauvais vouloir des Espagnols. Mondoucet écri-
vait de Bruxelles à Charles IX, le 97 septembre : <• Le-
duc d'Albe est venu de luy-mesme tomber fort à propos
sur le voyage du roi de Poullogne et me demander des
nouvelles dont je lui ay bien et expressément déclaré ce
qui en est contenu en substance par vostre dernière
dépesebe et le jugement qui s'en faisoit, le répétant par
deux fois pour en sentir son opinion. Il ne m'a jamais
respondu ung seul mot, monstrant en son visage une
continuation de ses mauvaises volontez. Je sçay qu'il
n'oublie rien pour traverser ce passage.» (Bibl. nat..
fonds français, n° i5i a5, f 126. )
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS
la présentation des dernières ' faicte par les
255
ambassadeurs Pollonois et l'acceptation qu'en
a faicte le roy de Pollongne mondict sieur et
filz ont esté avec belle et grande cérémonie,
et que l'entrée d'icelluy roy de Pollongne
mondict sieur et filz en ceste ville a esté avec
grande magnificence 2, qui me gardera vous
en dire davantage, priant Dieu, Monsieur de
Danzay, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le xxiim0 septembre i&73.
Cateri\e.
1573. — 22 septembre.
Archives de la maison de Condé.
Commuuiqué paj- M. le duo d'Auuiale.
A. MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Gordes, j'ay sceu par vos lettres
du xxvie aoust et nu" jour du présent la ré-
solution que vous aviez priuse d'aller coinbatre
ceulx de la religion de Daulphiné, de laquelle
néantmoins vous avez esté desnué au moien
de la trefve que mon cousin le mareschal
Dampville leur a accordée pour tout ce mois,
ensemble la responce que vous avez faicte à
leur requeste, sur toutes lesquelles choses le
Roy monsieur mon filz vous faict particuliè-
rement entendre le contentement qui luy
demeure de voz actions et l'espérance en
laquelle nous sommes de mectre fin aux trou-
bles de delà, qui me gardera de m'en estendre
icy davanlaige que pour prier le Créateur,
Monsieur de Gordes, vous avoir en sa saincte
garde.
Escript à Paris, le xxne jour de septembre
i5733.
Caterine.
Fizes.
1 Les lettres concernant l'élection.
1 Voir Godefroy, Cérémonial Jrançois.
' Voir une lettre de M. de Gordes à M. d'Hautefort,
1573. — 22 septembre.
Orig. Arcli. des Médicis à Florence, daila filza £736,
nuova numerazione , p. 3^5.
A MON C0DS1N
MONSIEUR LE PRINCE DE TOSCANE.
Mon cousin, par la lettre que vous m'avez
escripte du vingt- huitiesme du passé, j'ay
entendu le déplaisir et la peine où vous avez esté
de la malladie de mon filz le duc d'AHençon1,
du 22 septembre, dans laquelle il lui fait savoir : que
Mootbrun et ses adhérents n'ont pas voulu accepter la
paix; qu'au contraire il vent aller trouver le Roi et qu'il
exige des contributions pour la nourriture de ses gens
de guerre; que lui de Gordes licencie les siens; que
Lesdiguières dit que le pays leur est très avantageux et
qu'ils pourront y rester en attendant de voir s'ils rece-
vront redit de pacification. (Bibl. nat., fonds français,
n" i5558, f 102.)
1 Au mois d'août , le duc d'Alençon tomba très gra-
vement malade, juste an moment où l'ambassadeur
d'Angleterre prévenait officiellement Charles IX et Ca-
therine que la reine sa maîtresse devait se rendre à
Douvres le 1" septembre et y séjourner sept jours,
ce qui permettrait au duc d'aller la voir, si cela lui
plaisait. Le 18 août, le Roi écrivit que son frère n'était
pas encore en état de sortir de son logis de quinze
jours. La reine n'ayant rien changé à son projet de séjour
à Douvres, Catherine et Charles IX jugèrent à propos
d'envoyer M. de Retz en Angleterre. On comptait snr son
habileté pour dissiper toutes les défiances soulevées par
la Saint-Barthélémy et pour démêler les véritables inten-
tions d'Elisabeth sur le fait de l'entrevue.
De Retz emportait la lettre du duc d'Alençon pour la
reine Elisabeth, que voici :
«Madame, ne me pouvant la grande maladie qui m'est
survenue permettre à ceste heure de vous escripre une
lettre de ma main et encores moins d'accomplir de mon
costéoostre entrevue quej'aytousjours tant désirée, «OEome
je fais encore maintenant, j'ay prié mon cousin le comte
de Retz, mareschal de France, qui s'en va par deçà vers
vous, vous rendre tesmoignage du desplaisir que j'en ay
et vous dire là-dessus et sur la sincérité de mon amitié
etaffeclion en voslre endroict plusieurs choses, desquelles
je vous prie le croire et luy adjousler foy comme à moy
mesmes, qui supplie le Créateur, après voue avoir bien
256
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
et du désir que vous avez d'entendre des nou-
velles de sa convalescence et de sa santé', en
laquelle il est à pre'sent entièrement remietz,
grâces à Dieu, dont je vous ay bien voullu
advertir, affin que tout ainsi que vous avez
receu desplaisir de son mal, vous ayez aussi
plaisir d'entendre les nouvelles de sa guérison.
Et seroys bien aise d'entendre le semblable de
celle de mon cousin le grant-duc voslre père,
la disposition duquel, ainsi que j'ay veu par
vosdicles lettres, n'est pas telle que vous et
affectueusement baisé les mains, qu'il vous ayt, Madame,
en sa dès saincte et. digne garde.
ccEscripl. à Paris, le xxim" jour d'aoust 1 5 7 3 . n
A cette let tre Elisabeth répondit : n Monsieur, ayant receu
vos lettres, je m'estonnois bien fort pour voir la main de
secrétaire, en ayant esté cause ceste grande débilité en qui
vous vous teniez, estant très aise d'avoir entendu la gué-
rison premier que le dangier.Et, comme je doibs, aussy
vous doibs-je une infinité de grâces pour le voïage que
pensastes faire pour me visiter, et n'auray garde de ne le
mettre au rang de mes meilleures fortunes que la mer
n'a peu restreindre vos désirs de me voir, estant chose
qui m'obligera à jamais pour ne me monslrer ingrate en
vostre endroit. Et, pour avoir receu une déclaration
bien longue de vos pensées en ceste négociation, je y
entends une sincérité singulière et affection bien grande,
pour tous lesquels honorables déportemens en ceste
cause je me recognois bien fort tenue à vous, Monsieur,
comme, je m'asseure, Monsieur de Retz au long vous
dira, vous promettant qu'en toutes mes responses je res-
pecte autant votre honneur et repos que le mien, et ne
souhaite vivre jusques là que ne tienne tousjours en très
grand regard le bien ou mal qui vous pourront advenir,
connue à qui je ne feray si grand tort que de luy pro-
curer quelque peu d'incommodité, comme Dieu sçait, à
qui je prie vous conserver en bonne santé et longue vie.n
Elle accompagna cette lettre de deux autres : Tune
pour Charles IX, l'autre pour Catherine, qui suit :
ir Entre toutes les bonnes occasions, Madame, qui sou-
vent m'ont esté données de vostre part pour signifier le
désir qu'avez tousjours eu de continuer nostre amitié, il
me semble que ceste dernière n'a cédé aux précédentes
en me mandant ung gentilhomme de si bonne qualité,
doué de tant de fidélité vers son maislre, accomply de
tant de prudence meslée avec la sincérité, nourry de la
moy de'sirons; mais je veulx croire et espérer,
que, avec l'aide de Dieu et les bons remèdes
! qu'il aura bien sceu prendre et recepvoir et
la grande dilligence que vous y aurez mise, il
luy sera à présent entièrement amendé. Et,
pour ce que je ne sçaurois recepvoir nouvelles
de ce costé là qui me soient plus agréables,
je vous prye, mon cousin, me mander le plus
souvent que vous pourrez de Testât et dispo-
sition de sa personne, vous asseurantque vous
m'avez faict grant plaisir de m'en avoir escript
cognoissanec des affaires des princes et si bien informé
de nos négociations, qu'il me semble par luy avoir receu
ung ample registre des choses appartenantes à nostre
cause; auquel ayant souvent donné audience, j'en ay
receu déclarations de plusieurs natures, desquelles quel-
cunes m'ont contenté seule d'entendre et retenir, les
aultres j'ai prié monsieur le mareschal à les participer à
aultres, pour n'eslre si seiche que de les garder seule. A
toutes lesquelles je ne puis plus dire, sinon que me trouve
pleine de contenlation et bien fort persuadée que nulle
astuce ne finesse ait tenu lieu en cest négoce, ains qu'il
a pieu au Roy mon très cher frère et à vous, Madame,
de vous oublier de mon sexe et me commettre le crédit
d'une qui se peult taire, de laquelle hardiment vous en
pourrez asseurer, comme de quelque aullre le plus proche ,
et vous prie croire que autre querelle ne résouldra entre
nous, sinon la revanche de quelques bons offices de mon
costé pour faire quelque peu de récompense pour tant
de courtoisies, estimant que ce me feust ung crève-cueur
d'avoir veu naguères les limites de la France, n'ayant
eu l'heur d'en veoir le maistre, et souvent en la regar-
dant je mauldisois la mer pour avoir séparé par passage
ce qui est conjoinct d'affection; sy est-ce que, recevant
cest honneur d'estre saluée d'un tel messagier, cela me re-
leva ung peu pour imaginer que le Roy ne fusl loing
quant celuy-là me fust présent, auquel je rends et à vous,
Madame, une infinité de grâces, comme d'icelle qui ne
fauklra à rendre un réciprocque bonne volunté et sincère
amour, comme Dieu sçait, à qui je prie vous donner
bonne vie et longue, pensant de commettre un grand
crime en l'endroict de monsieur de Retz , si ne me remet-
tasse du tout à sa suffisance, comme qui a entendu et
mes intentions et mes folies, avec lesquelles j'espère que
comporterez sçachant le cueur dont elles sortent. n (Re-
cord office, State papers.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
257
si au long et des remèdes dont il a usé jusqucs
au temps de vosdictes lettres. Et si vous con-
gnoissez qu'il y aict en ma puissance chose
qui luy peust servir à sa santé, je seray bien
aise d'en estre advertic pour l'en secourir,
priant Dieu, mon cousin, vous tenir en sa
saincte garde.
Esrript à Paris, le xxne jour de septembre
Vostre bonne cousine,
Catemxe.
1573. — Octobre.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, le Roy mon filz envoiant le sieur
de Foix vers Nostre Sainct Père le Pape1,
1 Le 1 5 décembre suivant, Charles IX écrivait à Ferais,
son ambassadeur à Rome : rr J'attends responce de vous
sur la dépesche que je vous ay faicl par le baron de Beau-
ville, vostre nepveu, pour disposer Sa Sainteté à se des-
partir de la résolution qu'elle a prise de nevoyr mon cou-
sin le sieur de Foix qu'il ne se soyt purgé de ce que l'on
lui veult imputer; en quoy je m'asseure que vous n'ou-
blierez riens de ce que vous penserez pouvoir servir à me
satisfaire en cest endroict et assister l'innocence et inté-
grité de mondict cousin, qui est, comme vous cognoissez
assez, si malicieusement calomnié. Je ne sçay si Sa
Sainteté demeurera arrestée en sa première opinion; en
quoy je n'en vois pas beaucoup de raison, attendu les
ouvertures que j'ay faictes par madicte dépesche pour le
salistaire à plain du scrupule qui luy pourrait demourer
et conserver l'honneur de mondict cousin. Mais, selon
que vous m'en ferez entendre, je délibère y prendre le
party que l'on cognoistra que je ne suys pas pour per-
mettre que la réputation de mes serviteurs et princi-
paux ministres demoure ainsy engagée, coume je l'ay
faict entendre au mince qui est par deçà. J'ay depuis
receu vostre dépesche des n et vu' de novembre par
lesquelles j'ay entendu la persévérance de Sa Sainteté
en ce fait, duquel tonltefoys je ne désespéreray pour cela
que je n'aye receu vostre responce.:) (Bibl. nat., fonds
franc., n° i 5 T» 5 8 , f 190.)
Catherine de Médicis. — iv.
ainsi qu'il vous dira, je luy ay donné charge
vous visiter de sa part comme entendrez de
luy et, ne voulant faire tort en sa qualité et
suffisance, me remctlray de toutes choses sur
luy, pour estre de tout bien informé et seule-
ment vous diray que ne l'ay voulu laisser par-
tir sans la présente pour plus librement vous
pouvoir prier de vous asseurer de ma bonne
volonté et amitié en vostre endroict, ne dési-
rant plus grant plésir que de avoir moyen que
par effect je vous le puisse faire paroistre,
comme en toutes occasions je m'efforcerav, el
vous prie croire que vous n'aurez jamais une
plus seure et toule vostre que vous est
Vostre bonne seur,
Caterine.
1573. — G oclobre.
Orip;. Bibl. nat. fonils Dupuy, n° 801, f° 11 4.
A MONSIEUR DE THOU,
CONSEILLER AU CONSEIL PRIVÉ DU ROY MONSIEUR MON FILS .
PREMIER PRÉSIDENT EN SA COURT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, le Roy monsieur
mon filz et moy aussi avons esté bien aizes
que la court de Parlement ait vérifié les lettres
du supplément de l'apanaige du roy de Po-
longne l mon filz, ensemble l'eschange de
Montrichard; en quoy je sçay que vous
vous estes emploie d'affection, dont je ne
veulx oublier à vous remercier et quant vous
prier, comme je faiz de bien bon cœur, de
tenir aussi la main suivant ce que le Rov
mondict seigneur et filz vous escript ad ce que
1 Par lettres du 10 septembre précédent, Charles IX
étant en son conseil avait déclaré que, en cas où il décé-
derait sans enfants mâles, son frère le roi de Pologne,
comme le plus proche de la couronne, «serait le vrai et
légitime héritier d'icelle, nonobstant qu'il fust lors absent
et résident hors de ce royaume. 1 (Bibl. nat., fonds Dupuy,
n° 86, P228.)
33
mriuvur.lt. NATIONALE.
258 LETTRES DE GATH
le supplément de l'apanaige de mon filz le
duc soit aussi publie' avant que le Parle-
ment se sépare, ensemble la permission qu'a
mondict filz le roy de Polongne de fayre
roupper des bois en ses (erres pour recouvrer
argent qui est destiné pour son voiaige et par-
lement , qui est bien prochain, et pareillement
l'édict et règlement qui a esté faict pour la
couppe des bois de haulte fustaie es princi-
palles forestz de ce royaulme; car ce sont
choses qui sont très nécessaires et qui im-
portent grandement au bien du service du
Roy mondict seigneur et filz. Voilà pourquoy
je vous prie les avoir en aussi grande affection
(|ue vous avez acoustumé les choses qui im-
portent comme celles-là; priant Dieu, Mon-
sieur le Président, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Monceaulx, le viMme octobre
i573.
Caterine.
PlNART.
ERINE DE MÉDICIS.
Bologne dont je suis ausi du coulé de Madame
ma mère; par ansin je ne puis, lent pour
l'amour du Roy mon fils que pour mon par-
ticulier, que je n'estime beaucoup cete grase,
et que je ne die en vérité que je le désire
aultcnt que chause que Sa Saincteté pour cet
heure peult fayre pour l'amour de moy; je
vous prye donc luy en parler d'afection,
corne je say que m'estes afectioné serviteur et
que volez bien cet que je désire ayt son aylfest;
fayte le moy paroytre encore en sesy, car c'et
chause que je désire ynfiniment; el, m'as-
seurant que le fayré bien entendre à Sa Sainc-
teté, je ne vous en dire daventage et vous re-
commendeié ceulement mes afayres et cet que
vous ay mendé par mon valet de chambre; et
à tent je prie Dieu vous avoyr en sa saincte
guarde.
De Monceaulx, ce vr"™de octobre 1573.
Cateri.ne.
1573. — C oclobre.
Aut. Bibl. uat. fonds français , n" 6626 , f> 9.
A MONSIEUR DE FÉRALS,
1MBAS IDEI f POUR LE HOÏ MO* FILS X ROUE.
Monsieur de Ferais, j'é escripts une lelre
à Nostre Sainct Père le Pappe, laquele je
vous prie luy présanter en mon nom el
l'acompaigner dé plus alîectiounaye paroles et
recomendations que pourés, pour fayre tent
enver Sa Saincteté que je hobtiesyne la grase
que je luy demende de fayre Monsieur de
Foys cardinal. Vous savez qu'il a cet hon-
neur d'estre parent du Roy, yseu de la mai-
son de Foys, dont aystoit yseue la roync
Anne J et de l'aultre coulé de la mayson de
1 Marguerite rie Foix, fille de Gaston, quatrième du
nom. épousa François, duc de Bretagne, et eut de lui une
1573. — 7 octobre.
Imprimé par le Père Theiner, d;ms la Continuation
des Annales ecclés. de Baronhis , t. 1 , p. 371 .
A NOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE LE PAPE.
Très Sainct Père, le Roy nostre très cher
seigneur et filz, désirant recognoistre envers
Vostrc Saincteté la bienveilance paternelle
qu'elle monstre envers ceste courone par la
conjoissance si expresse qu'elle faict de l'élec-
tion de nostre très cher et très amé filz le roy
de Poloigne au royaume de ladicte Pologne,
a choisi nostre très cher et amé cousin le sieur
de Foix, conseiller en son conseil privé, pour
l'envoyer devers Voslredicte Saincteté el luy en
faire de sa part ces remercimens eondignes,
comme nous avons aussi donné charge à
fille nommée Anne , nui épousa en premières neecs
Charles VIII, en secondes LouisXII, d'où naquit Claude,
femme de François 1" et grand'rnèro de Charles IX.
nostredict cousin faire le semblable de la
nostre et confirmer de plus en plus à Vostre-
dicte Saincteté le singulier désir que nous
avons tousjours d'accomplir le bon plaisir
d'icelle, ainsi que noslredict cousin luy fera
entendre plus amplement, auquel il plaira à
Vostredicte Saincteté adjonster la mesme foy
quelle voudrait faire à nous mesmes; et à lant
nous prirons Dieu, Très Sainct Père, que
Vostredicte Sainctete' il veille longuement
maintenir et garder au bon régime et gou-
vernement de noslre mère Saincte Eglise.
Escript à Monceaulx, le vne jour d'octobre
i573.
Vostre très dévote et obéissante fille,
Caterine.
Fizes.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 259
tiendray la main qu'il sera faict tel traicte-
ment que pouvez désirer; priant Dieu vous
avoir en sa saincte garde l.
Caterine.
1573. — 7 octobre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n°3899, P 397 v°.
A MA CODSME
MADAME LA COMTESSE DE LA MIRANDE.
Ma cousine, je suis marrye que l'intelli-
gence d'entre le sieur Loys vostre beau-frère
et vous ne soit telle que mérite l'affinité qui
est entre vous et que vous ayez esté conlraincte
d'en venir à la déclaration que vous avez
faicte; mais je veulx croire que vous n'avez
eu aulre respect qu'au bien du conte Galeort
vostre filz et au service du Roy monsieur mon
filz, dont deppend le repos que vous pouvez
espérer. Nous avons escript au sieur du Ferrier
se transporter à la Mirande pour, avec vous ,
donner ordre à ce qui sera nécessaire en icelle;
je m'asseure que en cela vous recevrez son
bon conseil et advys, et par ensemble n'obmet-
Irez rien à ce que vous jugerez estre pour le
bien et seurelé de ladicte place, aussy qu'à ce
renouveau vous envoyez vostre filz par deçà ;
a quoy vous vous pouvez bien asseurer que je
1573. — 7 octobre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 3899, f° 3s8 ï°.
AU SIEUR LOYS PICO.
Sieur Loys, nous avons bien particulière-
ment entendu comme est passé le différend
d'entre vous et la contesse de la Myrande
vostre belle sœur, et me déplaist que l'intelli-
gence n'y soit meilleure pour vostre contante-
ment et le bien du conte vostre nepveu. Le
Roy monsieur mon filz vous faict entendre
son intention sur ce2 et escript aussy au sieur
du Ferrier s'emploier pour moyenner entre
vous ung si bon accord que chascun puisse
demeurer satisfaict, en voiantque pour reste
beure on se puisse ayder d'autre vove que de
l'amyable, pour ne rien aigrir; mais vous vous
pouvez asseurer que le Roy mondict sieur ei
filz n'oubliera rien de ce qui appartient à la
conservation de vostre dignité; priant Dieu
vous avoir en sa saincte garde.
Caterine.
' Une lettre de Charles IX précède celle-ci. (Même
volume, p. 3a8.)
2 Le Roi ajoutait : nie veuli croire que la faulte ue
vient pas de vous; mais, puisque ladicte comtesse s'est
rendue maistresse de la place et que ce seroit ebose trop
chatouilleuse et de conséquence d'entreprendre avec la
doulce voye pour lui faire changer de volonté, j'escris au
sieur du Ferrier se transporter audict lieu pour essaier
par tous moyens possibles de vous réconcilier et de faire
que ladicte comtesse permette vostre retour en ladicte
ville.» (Voir une lettre de Charles IX à du Ferrier rela-
tive à ce dissentiment, dans le n" a65 des Cinq cents
Colbeit, p. 4 06.)
33.
2G0
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1573. — 7 octobre.
Minuit'. Bibl. mil. fonds français, n° i5558, P* ia3.
A MON COUSIN
LE CARDINAL D'ARMAGNAC.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz vous
l'aict entendre par la responce qu'il faicl à voz
lettres1 le contentement qu'il a eu de sçavoir
que vous avez composé une bonne paix avec
le gouverneur de la principauté d'Aurange
pour le faic.t qu'elle pourra produire d'une
bonne intelligence entre vous, et pour osier à
Montbrun et autres ses complices en Daul-
phiné les nioiens qu'ilz avoient de se preva-
loir de la laveur que lcdict gouverneur avoit
accousturué leur impartir. Vous sçavez, mon
cousin, combien il est nécessaire de mainte-
nir ledicl gouverneur en ceste bonne volunlé
doresnavant pour cest effect et le bien et
advantage qui en sera au pauvre peuple qui
se trouve grandement affligé de tous ces
troubles; au moyen de quoy je vous prie y
user des moyens que vous cognoistrez propres,
ainsi que vous avez acoustumé, sans ne vous
mectre aucunement en peync des propos dont
vous m'escripvez, ains demeurez en repos de
ce costé là; car le Roy monsieur mon filz a
tellement imprimez en la mémoire les grands
et recoin ma ndabl es services que vous avez
faietz à ceste couronne qu'il seroit bien dilli-
cile le desmouvoir de ceste bonne opinion.
De ma part, vous pouvez estre asscuré, encores
qu'il n'en fust besoing, que je ne perdray
l'occasion d'y adjouster la cognoissance que
j'ay de voz mérites tant envers Sa Majesté
que envers mon cousin le cardinal de Bour-
1 Voir la lettre du Roi c|ui accompagne celle-ci (P 126)
et une lettre du i5 novembre au même, lui déclarant qu'il
ne permettra pas l'entrée dans le Comtat des troupes que
le pape y veut envoyer, en ayant écrit dans ce sens à
Sa Sainteté. (Ibid., F io3.)
bon, tellement que nous ne désirons rien plus
que vous veoir contenu en la mesme dévo-
tion de laquelle vous avez esté porlé jusquesà
présent au l'aict de vostre charge, ainsi que
mondicl cousin vous l'aura faicl entendre plus
particulièrement, dont je vous prie aussi de
ma part: priant le Créateur, mon cousin, vous
avoir en sa saincte et digne garde l.
Caterine.
1573. — 7 octobre.
Oi'ijf. Archives de Mantoue.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MANTOUE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon filz
ayant congneu l'affection singulière que vous
avez à la grandeur de ceste couronne par la
conjouissance si expresse que vous lui avez
faite de feslection du roy de Pologne mon filz
à la couronne dudicl pais de Pologne, a donné
charge à mon cousin le sieur de Foix, son con-
seiller en son conseil privé, qu'il envoyé pré-
sentement devers Nostre Saint Père le Pape,
vous visiter de sa pari et remercier de ce bon
office, j'ai prié mondict cousin vous faire le
semblable en mon nom et vous asseurer que
jYinbrasseray toujours tout ce que je penseray
pour la confirmation de l'amitié' que le Roy
mondicl sieur et filz vous porte méritoirement,
comme mondict cousin vous fera plus ample-
ment entendre, auquel vous adjousterez la
mesme foy à ce qu'il vous dira de ma part
que vous feriez à moy-mesme; priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa sainte garde.
Escript à Monceaulx, le vu" jour de octobre
i573.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Au dos: «Au cardinal d'Armagnac, le m" octobre
i573."
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
261
1573. — i/( octobre.
Copie. BiLl. nat. fonds Colbert, n°366, p. ûoG.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, vous verrez par la
lettre que le Roy mon fils vous escrit1 comme
il désire que vous alliez à la Mirande pour
tascher d'y composer le différend d'entre la
comtesse, le seigneur Louis et' ses sœurs, s'il
est possible; sinon, du moins pourvoir à la
conservation de la place en faveur du jeune
comte sous sa protection, et disposer la com-
tesse d'envoyer son fils de deçà à ce renou-
veau, dont je vous prie aussy de ma part, et
le Créateur vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Villers-Cotteretz, le quatorzième
jour d'octobre 1 573.
Caterine.
Fizes.
1573. — [1G octobre.]
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 33o4, f° 10 v°.
A MONSIEUR DE VARENNES.
Monsieur de Varennes, la bonne adresse
que vous avez donnée à Mandat-, serviteur de
mon filz le duc d'Alençon , pour povoir retour-
ner seu renient devers nous avec tant d'autres
1 «Puisque la comtesse de la Mirande et le seigneur
Louis, écrivait Charles IX, en sont entrez si avant que de
ne pouvoir compatir par ensemble , et s'eslant icelle
comtesse rendue maîtresse de ladicte place, afin de ne
rien altérer de l'autorité que j'ai toujours eue en icelle,
il semble qu'elle le désire de sa part, ayant appelé des
François à la garde du chagleau , à quoy ilz n'avoient pas
encore esté admiz, je désire que vous y faciez un voyage,
couine vous me mandiez eslre en délibération, et là
composer loutes parties,)' eslablir le sieur Losco pourca-
pitaine et adviser à tous les moyens de les remettre en la
vraie amitié qui doit eslre entre bons frères et sœurs, n
(Même volume, f" 3o'i.)
- Mandai servait d'interprète.
bons offices que vousfaictes par delà, tesmoi-
gnent assez combien vous désirez continuer en
la bonne affection que vous avez démonstrée
cy- devant au bien des affaires et service du
Roy monsieur mon filz, et sans eella je ne
pourrais encores en doubler, veu l'obligation
naturelle que vous avez à ce royaume dont
vous estes subject. Je vous prieray donc faire
comme de coustume tout ce que vous pourrez
pour conserver et entretenir la bonne et par-
faicte amitié d'entre nous et le roy de Suède
vostre maistre a\ec cesle asseurance que, se
présentant l'occasion, nous serons bien ayses
de vous recongnoistre selon voz mérites, coume
vous aurez cy devant bien peu entendre par le
sieur deDanzay, auquel nous avons souvent es-
cript pour vous en asseurer et que nous avions
fort agréable voz déportemens. Sur ce, je prie
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
Caterine.
1573. — 1 6 octobre.
Copie. BiLl. nat. fonds français, n° 3aa4, f° 70.
A MONSIEUR DE DANZAY.
Monsieur de Danzay, après le retour du
Gras nous avons advisé de vous renvoyer vostre
homme présent porteur par lequel le Roy
monsieur mon filz respond bien amplement
et particulièrement à toutes vos dernières
dépesches; à quoy je ne sçaurois rien adjouster
si je ne vous dy que nous sommes tant asseu-
rez et avons si bien congneu vostre debvoir et
fidellité en ce qui est de vostre charge que
nous sçavons bien qu'il n'a tenu à vous et ne
tienl que le roy de Dannemarch n'a faict plus
de bonne démonstration en ce dont nous
l'avions requis, pensant qu'il en feust besoing;
vous priant de continuer et faire tousjours du
niieulx qu'il vous sera possible, comme vous
avez faict jusques icy, dont nous avons telle
•26'2
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
satisfaction et contentement que sçauriez dé-
sirer, et vous asseurer que le Roy mondicf sieur
cl lilz est en bonne volunté de recognoistre
un;; jour vos services selon les occasions qui
s'en présenteront; à quoy, de ma part, je lien-
ili.iy bien volontiers la main et pour ce que
vous verrez par les lettres du Roy mondict sieur
el (il/, comme vous aurez à vous comporter
envers ledict roy de Dannemarch et quelle est
aussy son intention pour toutes les autres
choses queluy avez escriptes, je n'eslenderay
ceste-cy davantaige que pour prier Dieu,
Monsieur de Danzay, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript de Villiers-Cosleretz, le xvi octobre
15731.
Catkiuxe.
1 Voici ce que lui écrivait Charles IX, le même jour :
rj'ay veu par voz dépesches du xxv aoust, vi""° et
xxvii""' jours du mois passé Testât des affaires du Danne-
march, les forces qui y sont, les préparatifs qui s'y font
et les moyens qu'il y aura de traicler en Pollongne sans
danger, ny crainte d'estre empesché du Dannemarch.Vous
scavez par ma dernière dépesche, niesmes parcelles que
vous aura portées le gentilhomme qui estoil venu de deçà
delà part du Roy de Dannemarch, comme nous avons advisé
que le roy de Pollongne mon frère prendra son chemin
par ailleurs que par mer; el, quant aux gens de guerre,
que nous n'en enverrons point pour cesle fois en Po-
longne, estant continuée la trefve avec le Moscovite; cela
salisfaict quasi au contenu de vozdictes dépesches et est
la mienne dernière audict roy de Dannemarh et à vous
Suffisante pour lever aussy le douhle et la sinistre impres-
sion qu'il pourroil avoir prise du passaige que luy avons
demandé pour lesdicls gens de guerre, comme je lui ay
escript par sondict homme qui vous a porté la copie de
mesdictcs lettres, luy donnant toute asseurance de la
bonne volonté que j'ay de demeurer el continuer en
amitié avecqnes luy, quelque faulx adverlissemens et per-
suasions queluy impriment ceulx qui n'ayment ny la gran-
deur de celte couronne ny le repos de celle de Danne-
march. J'ay veu aussy par le mémoire que vous avez envoyé
li /s bruietz laulx qui se sèment par l'Allemagne pour des-
criiT mes actions; à quoy je vous diray que de les penser
(«teindre par une appologie, ce serait plustost les mou-
1573. — 17 octobre.
Imprimé par le Père Thdner, dans la Contitmatim
des Annales ecelés. de Baronius , t. 1, p. 38G.
A NOSTRE TRÈS SAIINCT PÈRE LE PAPE.
Très Sainct Père, encores que nous ne
doublions aulcunement que Vostrc Saincteté,
ayant bien mis en considération les grandes
et favorables raisons qui ont meu le Rov
DOStre très cher seigneur el filz de luyescripre
en laveur de l'archevesque d'Ambrun, ne se
dispose très volontiers à l'honorer de toutes
les faveurs et grâces qu'ij peult espérer de
Vostre Saincteté, comme, elle n'en a jamais
voulu estre autre, que libéralle à tous ceux
qu'elle a congneu le mériter et qui luy ont
esté par nous recommandez, niesmes à l'en-
droict de personnages vertueux, comme est
ledict archevesque d'Atnbrun. Si est-ce toutte-
foys que, le congnoissanl pour vrav héritier
voir davantaige ; car ceulx qui sont autbeurs desdicls
broitz prendraient occasion de respondre el faire des
répliques à ladicle apologie qui n'auraient jamais de
fin ; niais j'espère si bien faire entendre par mes ministres
qui sont et iront sur les lieulx la vérité des choses ans
princes el seigneurs de l'Empire, comme j'ay déjà faict,
qu'ilz lèveront les mauvaises opinions qu'il/ pourraient
prendre sur lesdietz sinislres rapportz. Quant à ce que
m'cscripvez du costé de Suède, je l'ay bien au long et
parlicullièrement entendu par lejeune Mandat, qui est
de retour il y a quelques jours, auparavant que Le Gras
arrivast, ayant fait la response au mémoire qu'il m'a
apporté de la part du sieur de la Gardie,que vous verrez
par le double que je vous envoie, lequel vous instruira et
esclaircira de mon intention en cela, à ce que si le-
dict La Gardie vous en escript , vous y rapportiez et con-
formiez vostre response; et pour le regard de la Livonie,
dès que mon frère le rov de Pollongne sera en son
royaume, que j'espère qui sera bienlosl, il y advisera ut
en escripra audict roy de Suède et aux autres à qui
touche cest affaire, comme en semblable il verra s'il
sera bon d'entrer en ligue avec luy, ainsi que ledict
mémoire porte qu'il désire.» (Ibid., f° O9, 70.)
LETTRES DE CATH
et imitateur des vertuz du feu sieur Daveuson
son père, qui a faict de grands et notables ser-
vices à celte couronne, joinct aussi le tesmo-
gnaige que nous vous rendons à bon droict
des bons offices que ledict arcbevesque d'Am-
brun a faictz durant toutes les troubles adve-
nuz en ce royaulme et continue encores à pré-
sent pourinaintenir la religion calbolicque tant
en ce que de l'estendue de sou archevesché
que des villes et lieulx circonvoysins d'icelle,
jusques à avoir exposé ses biens et moyens
propres pour la conservation d'icelle religion,
nous avons pensé qu'adjoustant cestc noslre
prière a celles que le Roy nostredict seigneur
et filz et nous avons cy-devant faictes à Vostre
Saincteté pour mesme faict, celle que ledict
seigneur vous faict maintenant, et à tant de
favorables considérations Vostredicte Saincteté
se disposera volontiers à appeler ledict arche-
vesque d'Ambrun à la dignité cardinalle, et
l'associer à une si honorable compagnie de
saincts pères. Plaise donc à Vostredicte Sainc-
teté exaulcer noz prières en cest endroict, qui
nous partent d'une bonne et sincère affection,
et vouloir croire qu'Elle ne sçauroit impartir
ceste faveur à aulcun autre personnaige qu'elle
y puisse choisir et appeler duquel elle reçoipve
plus de gré et contentement qu'elle fera dudict
archevesque d'Ambrun, pour la bonne et
saincte esleclion qu'elle congnoistra avoir
faicte de luy. Sur ce nous prirons le Créa-
teur qu'il maintienne Vostredicte Saincteté
longuement et heureusement au régime,
gouvernement et administration de nostre
Saincte Eglise.
Escript à Villiers-Cotteretz, le xvne jour
d'octobre 1673.
Vostre dévote fille, la mère du roy de
France ,
Caterine.
Chantereau.
ERINE DE MÉDIGIS.
:>6::
1573. — 17 octobre.
Orig;. Biul. nat. fonds français, n" flG3-j , f° 137.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
LIEUTENANT GINB11L DU BOY AU COUTBnNE.MENT DE BOCHGOOilB.
Monsieur de Tavannes, le Roy monsieur
mon filz ne pouvoit entendre chose qui luy
feust de plus grande importance que ce que
luy a exposé Valpelle présent porteur; de
quoy vous devez estre admonilé d'avoir l'œil
soigneusement ouvert aux affaires de vostre
gouvernement, et à ce qu'il ne s'y face sur-
prise d'aucunes des places, quelque mauvaise
volunté que l'on y porte, dont le Roy mondicl
sieur et filz se fy bien en vous, que vous
y ferez tout debvoir, qui me gardera d'estendre
la présente plus avant que pour prier Dieu ,
Monsieur de Tavannes, qu'il vous ayt en sa
saincte garde.
Escript à Villiers-Costeretz, le xvn° jour
d'octobre 167.3.
Caterine.
Brulart.
1573. — 3i octobre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3ao5, f° 60.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon fils désire
infiniment que vous puissiez bientost estre en
vostre gouvernement, parce qu'il s'asseure que
vostre présence et le bon ordre 1 que vous y
sçaurez bien mectre serviront à restablir toutes
cboses au bon estât que nous sçaurions dé-
sirer. H ne peult encore vous satisfaire pour
le contenu de vostre lettre du xv de ce mois
1 Voir, pour la situation lâcheuse où se trouvait le
Languedoc, une lettre de Charles IX à Damville, du
22 octobre 1 57.3. (Bibl. nat., fonds franc., 11° 3a'ifi,
f° 3.)
âfi'i
que vous n'ayez esté sur les lieux pour mieulx
juger de ce qui sera expédient, dont il ne
vous deffauldra, lorsqu'il en sera bésoing;
priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincle et digne garde.
Escript à Paris, le dernier jour d'octobre
i573l.
Voslre bonne cousine,
Caterinh.
1573.
Orig. Communique par feu M. Lucas rie Montigny.
Copie. BiM. bat. nouvelles acquisitions , n° a3t,f° 10
A MONSIEUR DE RAMROUILLET.
Monsieur de Rambouillet, à ce que j'ay
veu par une bien ample dépesebe que a
faietc Bazin au roi de Pollongne mon fils,
du xvi" septembre, les choses sont en fort
bon estât; à quoy, si son arrivée a servy, je
m'asseure bien que la vostre et celle du sieur
Sborosky amont grandement conforté les
bonnes voluntés de par delà et donné plus
seur estahlissement, mesmement quand ils
seront asseurés de son arrivée prompte et in-
coronation au temps qu'il vous a esté dict à
votre parlement; pour à quoy ne faillir, nous
nous acheminons le plus diligemment que
nous pouvons avec bonne délibération que le
roy de Pollongne mon fds partira de Metz le
\M!' de ce moys2, de quoy vous pourrez donner
1 La veille, Pinart avait écrit à M. de Matignon : «Sa
Majesté est ung peu indisposée depuis deux jours;
maintenant il se porte fort bien, espérant partir d'icy
lundy prochain pour s'arheminer en son voyage.» (ISibl.
nat., fonds franc., n" 3l54, P 69.)
1 Ce jour-là. Chartes IX écrivait de Vitry-le-François
à M. de Damville : trJ'arrivay en ce lieu le ix de ce
mois, où estant je me Irouvay ung peu mal disposé d'un
ruine, qui est cause que je m'y suis arresté pour me
reposer et prendre quelque purgalion,affin de me guérir,
comme j'espère, Dieu aydant, l'estre entièrement dans
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
asseurance de par delà et qu'il ne temporisera
point par les chemins, mais se rendra en
Pollongne aux meilleures journées qu'il pourra
pour y arriver à propos pour le temps de l'in'
coronation , pris au wii" de janvier, comme vous
le sçavez, priant Dieu, Monsieur de Ram-
bouillet, qu'il vous ait en sa sainte garde.
Escript à Vitry-le-François, le x0™ jour de
novembre îSyiJ.
Je désire infiniment entendre de vos nou-
velles, mesme sur le mémoire que je vous
baillay à votre parlement, ce que je vous prie
de faire au plus tost qu'il vous sera possible.
Gaterink.
• -
BrtULART.
embre.
1573. — i3 novembre.
Archives de In maison de Comté.
Communiqué uar M. le duc d'Àumalé.
A MONSIEUR DE GORDES.
Monsieur de Cordes, la compassion que
nous avons de ce que souffre le peuple el
aussy la grande charge que nous voyons que
seuffre la bourse du Roy en l'entretènemenl
de ses Suysses nous faict beaucoup regreler
que leur licenciement n'ayepeu eslre effectué,
comme nous l'espérions; à quoy nous sommes
après à donner ordre en baillant la charge au
sieur de Mandelot de faire tout ce qu'il pourra
pour recouvrer deniers à cesl elfect, et ne lais-
sant pour cela d'y faire de deçà tout le mieuh
qu'il vous est possible, ainsi que la ebose est
très importante au bien du service du Roy
quatre ou cinq jours et de poursuivre après mon voiage
de Nancy et de Metz pour y conduire mon frère le ro.
de Polongne suivant ma première délibération, ayani
bien voulu vous donner advis de ce que dessus, afiin que,
si d'aventure l'on faisoit courir aullre bruicl de mon in-
disposition, vous en saiebez la vérité qui est telle que je le
vous escriptz.» (Bibl. nat., fonds franc., n° 3a66,
P69.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
monsieur mon fîlz, qui a estimé devoir donner
la charge dùdict licenciement à icelluy sieur
de Mandelot, puysqu'iîz se dovveiit apro-
cher dudict Lyon; priant Dieu, Monsieur de
Gordes, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Vilry-le-François, le xm' jour de
novembre iï>-j3.
Caterine.
Brulabt.
1573. — i4 novembre.
Aut. Bibl. nat. fonds Dupuy, n'ui, f° 2 4.
AU ROY MONSIEUR MON FILS.
Monsieur mon fils, je ne puis aystre à mou
ayse, vous ayent laysé facbay et anuié, que je
ne sache cornent vous portés depuis voslre
partement, ausi pour vous dire cornent yl vous
va trover deus des ambasadeurs de Pologne
pour prendre congé de vous et je m'aseure
que ne fauldrés à leur bien recomender vostre
frère et leur aseurer de vostre bonne volante
enver heulx et le royaume de Pologne; ausi
vous supliè-ge leur dire qu'il paset par eu nous
serons, caryl ne se peuvet lorteré1 pour aler
à Mets , quant se seré pour voyr leur roy, qui
ne sa roy t fayre plus grende diligense sans aler
en poste. Je vous prie leur bien dire et je
vous donneré le bonsouir, et m'an voy super
au festin et vous aseure que ne vistes jeamès
meyson mieulx paraye. Je prie Dieu vous
donner la bonne et entière santé que vous
désire.
De Senville, cet xnneme de novembre
157m'2.
Vostre bonne et afectioné mère,
Caterine.
1 Torleré, torturer.
2 Charles IX était resté à Vilry, d'où il écrivait , le 1 1 no-
vembre, à La Molbe-Fénelon : n-J'ay bien voulu pour la
singulière affection que j'ay portée à mon frère le duc
Catherine de Médius. — îv.
1373. — 19 novembre.
Orig. Bibl. na(. fonds français, n" 10902 , f° 583.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, par après vostre
partement de reste ville, nous avons advisé
de faire venir le plus tost qu'il sera possible la
levée de six mil Suisses, qui nous a naguières
esté accordée, comme chose bien nécessaire
pour la tuition el seureté de ce royaume et par
mesme moyen aussi estime qu'il esloit bon de
soullaiger le sieur de la Fontaine-Godart et le
révocquer de la charge au lieu duquel le Roy
monsieur mon filz envoyera bientost le sieur
président d'Aultefort, comme vous verrez plus
amplement par ses lettres \ sur lesquelles me
remettant, je ne vous en diray rien davan-
taige, priant Dieu, Monsieur de Bellièvre, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xix' jour de novembre
i573.
Caterine.
1573. — 21 novembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 3a35, f° 10.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, j'ay reccu les lettres que vous
d'Anjou el que je lui porte encore le conduire le plus
avant qu'il m'a esté possible comme j'ay laict jusque» en
ce lieu, où estant arreslé par la maladie qui m'est sur-
venue, nous sommes coutraincts de nous séparer l'un de
l'autre, ayant la Royne ma mère et mon frère le duc
d'Alençon, suivis de plusieurs princes, pris sur eux cet
office d'accompagner mondict frère le roy de Pologne
jusques en ce lieu, pour me remettre de madiclc maladie,
de laquelle je me porte beaucoup mieux que je n'ay
faict.n (Additions aux Mémoire» de Castdnau,L III, p. 368.)
' Voir une lettre du duc d'Anjou sur le même sujet
dans le même volume (p. 583) et celle du Roi dans la
volume Ixi-j des Cinq cents Colbert (p. 1G0).
34
IMITlHILniL tlAïlOSAI t.
266
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
m'avez escriples, par lesquelles j'ay entendu
l'indisposition en laquelle vous estes à présent
el dont je suis infiniment marrye, tant pour
l'amour de voslre personne qui en souffre le
mal, que pour ne vous avoyr peu veoyr,
comme nous désirions et espérions; mais tout
.linsy que je nfasseure que vous avez regret
de ne vous y pouvoir trouver, aussy je vous
prie croyre et vous asseurer que cela ne nous
sçauroyl rien diminuer de la bonne voulonlé
el affection que nous vous portons. En cest
endroicl je prie Dieu, mon cousin, qu'il vous
ajl en sa saincte garde.
Escripl à Nancy, le xu"'"' jour de novembre
t573.
Voslre bonne cousine,
, C.VTF.RINE.
1573. — a3 novembre.
Aut. Bibl. nal. fonds Dupuy, n° an, f° a3.
AU ROY MONSIEUR MON FILS.
Monsieur mon fils, vous voyrés par la lelre
que vous ay f'ayste écrypre par Brulart [oui
cel qui nous lia ysi lent aresté el cornent de-
mayn, qui est la Saincte Calerine, nous par-
tons et conduire, aveques voslre congé, vostre
frère le roy de Pologne jeusques à cel qu'il
sorte dé terres de vostre frère de Lorayne, qui
est jeusques hà Salebourc1, où ariveron londi
1 Une lettre <le Charles IX à M. de Saint-Gouard
nous donne quelques détails sur le voyage du roi de Po-
logne : rTanl s'en lault qu,'i] se prépare aucunes forces
en Allomaigne contre le passaige de mondicl livre qu'il
n'y a prince qui ne soit bien délibéré, comme ilz m'ont
Ions particulièrement escripl el asseuré, le. recueillir 1res
honorablement et comme il mérite. L'Empereur mon-
sieur mon beau-père y a envoyé ses commissaires pour
le conduire et lui faire administrer en son chemin tout
ce qui sera nécessaire. La Itnyne madame etmèie el mou
livre le duc d'Allençon sonl allez conduire mon frère
jusquessur la frontière de mou royaume, n'ayant pas, à
dernier jour de cel moys, et en partiré jeudi,
troysième de décembre, et moy reprendre le
chemin d'isi pour y eslrele samedi en suivent,
sizieme de décembre, et y demeureré le di-
menebe, pour le loundi partir el aler coucher
à Sursi el le mardi lia Bar et le mercredi
à Suippe et le jeudi hà Chaslon, qui sera le
disieme et, si vous y este, je aurré lent plus
lost le bien de vous voyr, sinon je suivre mon
chemin pour aystre le dimenehe d'aprè hà la
Fère, au me rcnps san faulte vous trover; en
cet pendent je vous suplie ne vous trop tra-
baller ni prendre l'eyr ' san le congé des
médesins. 1er ariva ysi les embasadeur d'An-
gletere qui font bonne mine et belles pa-
roles, qui diset; mes que les ayfecls soient
sanblables, tout yroit corne le désirons; mes
je ne se que an croyre2. Yls s'an retornet de-
niayn vous trover; fêle leur favre un présanl
cause de mon indisposition, peu l'aire cesl office. Madicte
dame et mère pourra allerjusqu'à Salehourg(Sarrebonrg).
qui est la dernière ville de Monsieur le ducdcLorrayneoù
ils arriveront le premier du mois prochain. De là mon-
di et frère passera oultre, accompagné de nos cousins le
prince de Condé, ducs de Nevers et du Maine, marquis
d'Elbeuf, mareschal de Retz, grand prieur de France,
et de plusieurs autres seigneurs et gentils homes de qua-
lité, oultre ceulx de sa maison. Il prend son chemin par
les terres du comte Palatin jusques à Mayence où il
passe le Rhin. De là il ira par le pays de llessen en celny
de Saxe d'où il enlrera dedans les lerres du marq" de
Brandebourg par lesquelles il sera conduit jusques en
son royaume, où je vonldrois qu'il feusl desjà arrivé à
son contentement, vous asseurant qu'il y est attendu
aveques grand désir et expélation et trouvera ebascun
disposé à l'honorer et luy obéyr.n (Bibl. nat., fonds
franc., n" i6io5, f /121 v°.)
1 L'eyr, l'air.
3 Elle fait allusion à la mission de Thomas Randolpb ,
qui venait entretenir le Roi d'un traité de commerce. Voir
dans le Calendar of State jmper»(i r>-3 , p. h'A) les instruc-
tions que lui avait remises la reine Elisabeth et la dé-
pèche à ce sujet de VilenUn Dale à lord Burghley
(/'«</., p. Itlll).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
267
au nouveau veneu et sara bien fest qu'yl s'en
retorne yncontinent. Je ne vous hannuire' de
plus longue letre el vous bèse le' mains et prie
Dieu que soye's ausi sayn que vous de'sire'.
De Nansis, cet xxme'"c de novembre 167m.
Voslre bonne et afectioné mère,
Caterine.
I 573. — 2(3 novembre.
Record office , State papers , France, vol. LV.
A LA ROÏNE D'ANGLETERRE.
Très liaulte, très excellente el tris .puis-
sante princesse, uostre très chère et très ame'e
bonne sœur et cousine, nous avons receu
\ostre lettre par le sieur de Randoiph, lequel
nous avons veu fort volontiers, et aussy en-
tendu de luy ce qu'il nous a expose' de vostre
part touchant le faict du trafGcq de vos mar-
chans es pays de deçà et aultres choses qu'il a
eu charge de nous dire; sur quoi luv aiant
tenu aucuns propos, nous estimons qu'il le
vous sçaura fidellement rapporter, qui sera
cause que nous n'en estendrous la présente,
mais nous en remettrons à sa suffisance pour,
en y faisant fin, supplier le Créateur, très
haulte, très excellente et 1res puissante prin-
cesse, noslre très chère et très amée bonne
sœur et cousine, qu'il vous avt en sa très
sainte et digne garde.
Escript de Nancy, ce xxvie jour de novem-
bre 1.573.
Vostre bonne sœur et cousine et parfecle
amye ',
Caterixe.
Brulart.
1 Le mariage du duc d'Alençon, dont le gouverne-
inent anglais se servait pour masquer toutes ses pratiques,
loin d'avancer, avait fait un pas en arriére. ISurgliley ne
radiait pas à La Mothe-Fénelon qu'on lui écrirai) de
France cque les marques de la petite vérole rj'àvàienl
pas disparu avec le temps et qu'il restait au visage du
1573. — 28 novembre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, 11° 1797a, f° 137.
Imprimé dans tes Additions aux Mémoires de Castelnau, t. 111 , p. 36l .
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, le sieur Randolphe l,
après avoir veu le Roy monsieur mon fils à
Vilry et faict entendre ce qu'il a eu charge de
lui exposer de la part de la royne d'Angleterre
ma bonne sœur et cousine, s'est acheminé à
Nancy avec l'ambassadeur résident par deçà,
où le roy de Polongne mon fils el mov nous
estions acheminez pour son voiage. Et encores
que nous eussions délibéré d'en partir lundi
dernier pour gaigner chemin, néantraoins
ayant sceu le désir qu'il avoil de voir mon-
diet fils le roy de Polongne et craignant luv
donner la peine de nous suivre trop loing,
nous nous résoiusmes de séjourner ledicl
lundy et mardy ensuivant pour luv donner
audience, comme il a esté fait; m'ayant en
Scelle tenu tant d'honnesles propos de la bonne
et sincère amitié de sa maistresse en uostre
duc des enflures; qu'il croyait donc que la reine ne s'en
pourrait jamais contenter." Randolpli fut donc envoyé
pour savoir île visu ce qui en était; il emportait un por-
trait pour bien constater la différence du réel à l'idéal.
Elisabeth, comme toujours, alléguait son grand âge sien
disproportion avec celui du duc, le danger auquel elle
s'exposait en ayant des enfants, la crainte du mépris, si
elle n'en avait pas. Leicester, dans un entretien avec notre
ambassadeur, revint sur ces éternelles redites. On ne
peut refuser aux Anglais, et à toutes les époques, d'avoir
été éminemment pratiques. Randolpli , maître des postes
d'Angleterre, ayant à traiter des rapports commerciaux
des deux nations, le projet de mariage n'était peut-être
que le mojen d'obtenir de meilleures conditions. En
tout cas, la mission réussit, car Charles IX, dans
une lettre du a décembre 1670, remercie Elisabeth de
ce qu'elle lui a fait entendre par le sieur Randolpli,
maître de ses postes, et de sa bonne volonté pour faci-
liter le commerce entre les deux pays. (Calemlav «/
Stale pnpers , 1570, p. I\t\h.)
1 Valenlin Dale.
34.
oG8 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
endroict, el du désir qu'elle a de le faire con-
noistre en toutes occasions, qu'il n'est possible
de plus, \ussi m'ii-l-il dict qu'il avoil quelques
mémoires pour traicter et négocier du tramcq
des marchans d'Angleterre en ce royaume
suivanl nostre dernier traicté; sur lesquelles
choses je l'ay premièremenl remercié de
l'amyable Visitation que nous a voulu faire
faire par luy madicte bonne sœur, qui par
celle démonstration faisoit toujours cognoistre
-a bonne volonté en noslrc endroict, laquelle
je désirais qu'elle voulus! continuer, comme, de
aostre part, nous avions l'esprit plus tendu à
cela qu'à toutes autres choses. Il a veu et bien
considéré mon fil/, le duc d'Allençon duquel
il faicl contenance d'estre fort satisfaict, etle
trouver tel qu'il doit grandement agréer de sa
personne à la reyne sa maistresse, estant de-
meuré fort content de toutes chosss proposées
pour son regard, et pense, quant à moy, veu
sa démonstration extérieure, qu'il n'eu fera
par delà qUe rapport conforme à ce que dessus
et selon la vérité qu'il a mieux cogneu à l'œil
qu'elle ne I avoil cy-devant entendu. Pour le
regard du trafficq des marchans, je luy ay
respondu que n'estant le Roy mondict seigneur
el fils arresté en aucun lieu, mais ordinaire-
ment par les champs el moy de l'autre costé,
et mesme de ce voïage, où je conduis mon filz
le roy de Polongne le plus avant qu'il m'est
possible, il y a peu de commodité de traicter de
ci sté affaire,' pour laquelle négocier et conduire
à quelque bonne conclusion, qui tourne au
bien et proffict des deux royaumes, il me
sembloil que le meilleur estoit, ainsy que
VOUS-mesme lui avez dit, que le sieur Ran-
dolphe laissasl es mains de l'ambassadeur
résident ordinairement par deçà les susdits
mémoires, pour avec loisir eu eslre conféré
au premier lieu de séjour que nous ferons.
chose que ledicl sieur Randojphe a trouvée
fort bonne et eu dès agréable, ni'ayanl faicl
cognoistre que, tant pour ce regard que pour
l'autre poincl qui louche mon fil/, le duc, il
est bien disposé à faire par delà tous les
bons offices qu'il luy sera possible; à quo\
pour le rendre plus affectionné et lui donner
toute occasion de se louer de nous, depuis
son arrivée en ce royaume nous l'avons
delfrayé, faicl traicter et recueillir partout,
ayant escritau Roy niondit seigneur et lils qu'à
son retour il fus! faict le semblable et reconduit
jusques à Boulongne, comme il a esté en
venant, et qu'il lui fist faire une chaisne de
huit cens livres, comme je m'asseure qu'il
sera faict, qui est une honneste gratification ,
de laquelle nous estimons qu'il demeurera
fort content; priant Dieu, .Monsieur de fa
Mothe, qu'il vous ait en sa sainte et digne
garde.
Escripl à Saint-Nicolas, le xxviu1' jour de
novembre 1 07.3.
Caterine.
I .">7.''>. — 9 décembre.
Copie. Bilil. nat. fonds français, n'3ig3, f' 161.
A. MONSIEUR DE VÏLLEQUIER.
Nous Catherine, par la grâce de Dieu royne
de France, mère du Roy, certifions à tous qu'il
appartiendra que le sieur de Villequier a en
nostre présence mis el délivré es mains du
roy de Poloïgne nostre très cher filz toutes les
bagues, aneaux, carquans, chesoes, autres
pierreries contenues en ce présent inventaire,
desquelz le Roj nostre très cher et 1res amé
fil/ a faicl don à noslredict filz le roy de
Poloigne son frère, el afin que à ['advenir
il n'en puisse eslre aucune chose demandée
audicl sieur de Villequier, promectons lui en
faire expédier par le Roy noslredict seigneur et
filz telle et si suffisante descharge tant pour
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
269
luy que pour Me François de Vigny, receveur
de la ville de Paris, que meslier sera et appar-
tiendra, aianl cependant voullu faire expé-
dier la présente pour leur servir et valoir
comme de raison.
Faict à Blamont, ce deuxiesme jour de dé-
cembre i 573 J.
Caterine.
Brlxart.
1573. — h décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 15902, f° 587.
A MONSIEUR DE BELLIÈVBE.
Monsieur de Bellièvre, vous entendrez l'oc-
casion pour laquelle je vous envoyé Saugier
présent porteur et vous prye que, comme vous
estes pralic d'aller en Allemaigne, vous pre-
nez garde à cest avertissement , encores que
je ne le croye pas; vous estes assez advisé
pour vous en bien esclerciret sçavoir prendre
party d'un autre chemin et invocquer les forces
et secours de mon cousin le conte Palatin, si
besoing est; à quoy je vous prie de regarder
selon vostre bonne affection ; priant Dieu, Mon-
sieur de Bellièvre, qu'il vous ayt en sa saincte
guarde.
Escripl à Blamont2, le niCjour de décem-
bre 1073.
Depuis j'ay advisé de vous envoyer le sieur
Montmorin.
Caterine.
Brulart.
1 Voir dans le même volume ((" 1 5g) l'inventaire de
ces bijoux et leur estimation par les orfèvres de Paris
(Claude Doublet, Guillaume Malart, Symon Langlois,
Richard Toutin l'aishé, demeurant aux Coquilles),
ainsi que la décharge que Charles IX en donne à M. de
- C'est à Blamont que Catherine se sépara du nou-
veau roi de Pologne.
1573. — 9 décembre.
Copie. Bibl. nat. nomelles acquisitions françaises, vol. a3i. f° 1 '1.
A MONSIEUR DE RAMBOUILLET.
Monsieur de Rambouillet, le sieur de No-
zcrolles, qui est demeuré derrière prent son
chemin droict à Cracovie, ne suivant pas celui
que faict le roy de Poloigne mon fils, qui est
cause quej'e vous faicts ce mot de lettre soubs
l'espérance que j'ay qu'il vous arrivera plus tôt
quemondicl fils, alfin que vous soyez asseuré
de son acheminement par delà, et comme il
est bien avant en chemin, lequel il est ré-
solu de poursuivre jusques à ce que il se
rende à Cracovie. L'homme du sieur Bazin
est présentement arrivé près de moy, après
avoir vu en passant le roy de Poloigne mon
fils, ayant esté bien ayse d'entendre par luy
de vos nouvelles et que toutes choses ressortent
si bien par delà, qui est tout ce que vous
aurez de moy pour ceste heure, en attendant
que, estant arrivé près du Roy monsieur mon
fils, je vous fasse une bien ample dépesche. Et
sur ce je prie Dieu, Monsieur de Rambouillet,
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Somtnièvre, le ixejour de décem-
bre 157.3.
Caterine.
Brulart.
1573. — 10 décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, 11° i5go3, f° 089.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, je suis ce soir arrivée
en ceste ville où le Roy monsieur mon filz
s'est aussi trouvé; et aiant rencontré le sieur de
Bigareau présent porteur que le Roy mondict
sieur et filz envoioit devers le roy de Po-
longne monsieur mon filz, je l'a y ramené pour
luy escripre et par mesme moyen pour vous
•270
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
faire ce petit mol pour vous dire que nous
sommes bien esbahis que n'avons eu aucunes
nouvelles de luy ny de vous depuis son par-
lement , vous priant ne faillir de le ramenlevoir
de nous en faire entendre aux jours et ainsi
qu'il a esté advisé avant son partenient; et,
n'estant la présente à aultre fin, je prie Dieu,
.Monsieur de Bellièvre, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Eacripi à Reims, le jetrdj au soir i dé-
cembre 1573.
Monsieur de Bellièvre, atlin que n'oubliez
pas de satisfaire à ce queje vous escripls cy-
ilosus, je vous envoyé le mémoire des noms
des lieux d'où il fut advisé en la présence de
inondict sieur filz le roy de Polongne qu'il
escriproit bien amplement de ses nouvelles,
dont je vous prie derechef l'en faire souve-
nir1.
Gatf.rime.
PlNART.
1 Do Francfort, Schomberg, dans une lettre à Cathe-
rine iin a 2 décembre, lui donne de curieux détails sur
le- voyage du nouveau roi de Pologne et sur les disposi-
tions favorables des princes et électeurs d'Allemagne :
•• Madame, Vostre Majesté aura entendu des sieurs de Puy-
gaillard et Frégouse l'heureux acheminement du roy de
Poulogne et la fasçon do laquelle nous nous y gouvernons.
Or, s'en retournant présentement le s' de la Norle
par devers Voz Majeslez, je n'ay voulu faillir de l'accom-
paignor de la présente, qui sera pour très humblement
advertir Vostre Majesté que le roy de Poulogne a encores
ung coup passé heureusement le Rhin et est arrivé le
iur-.nn' jour en CJBata ville de Francfort où le Magistrat a
usé de fort honnestes façons à l'endroict de Sa Majesté;
mais yl n'y a pas eu faulte de gens, qui se soyenl mis eu
tout delivoir d'essayer à donner des alarmes bien lourdes
à Sa Majesté, lesquelles loutesfoys Sa Majesté a trouvé
entièrement laulses, et ne nie peulx enguarder queje
11. die à Vostre Majesté qu'il y a des gens, et niesme en
ceste trouppe, qui ne s'estudient à aultre chose; et, si le
roy île Poulogne vostre filz estoit aussi prompt à adjousler
foy à leurs inventions qu'eulx sonl eshonlez et diligents
1573. — îa décembre.
Orig. Dibl. oui. fonds fraisais, n" 3335, f' 3.
A MADAME MA TAIVTE
LA DUCHESSE DE FERRARE.
Madame ma tante, jay receu vostre leclre
du wvi"""" jour d'octobre avec regret et des-
à en bastir, à toutes heures, de nouvelles, je ne sçay que
nous ferions; mais Sa Majesté se monstre si magnanime,
si résolue que j'espère que la honte qu'ilz ont de voir
ainsi dédaigner leurs artifices les fera s'en déporter à
['advenir. Aous ne négligeons loutesfoys rien et c.roy que
Vostre Majesté entendra par ceulx qui s'en retournent
vous trouver qu'il ne tint pas à ma peine et soiug que
nous ne soyons bien et seuremcnl advertis, à toutes
heures, des ocenrences qui se peuvent présenter; pour le
moings et moy et mes gens que jay esté cnnlrainct pour
Suffire à ces journées d'accroistre jusques à trente cinq
chevaulx, sommes tousjours sur pied et en campaigne; en
quoy je suis bien secondé par M. le maréchal de Retz.
Or le roy part aujourd'huy de ceste ville pour aller cou-
cher à Hanau et se rendre le xviii""e de ce moysà Fulda
où Sa Majesté s'est résolue, à l'instance des Poulognovs,
de faire la leste de Noël ; de là il s'acheminera à Vach où
le Landgrave l'attend en très bonne dévotion. Il a envoyé
gentilshommes à diverses foys par devers moy pour s'in-
former au vray du jour de l'arrivée de Sa Majesté et pour
remarquer la fasçon , coume je me suis apperceu , dont
le conle Palatin et Monsieur de Mayence usoient à l'en-
droict du roy. Le conte Palatin a envoyé courrier sut
courrier en Saxe, commandant expressément au duc Jan-
Cazimir de se trouver audict Vach et ce pour presser le
Landgrave et le pousser à une bonne et définitive réso-
lution louchant le faict de l'intelligence. Ledict conte
Palatin envoyé avecques nous, oultre les duc Christoffli-
et conte Ludowicq, le sieur Zuleger, ung de ses plus
confidents conseillers, pour faire le mesme effect. Il avoil
pareillement donné charge à docteur Ohem de s'en aller
en compagnie du conte Jehan de Nassau, frère du conte
Ludowicq, trouver l'ellecteur de Coulogue pour le faire
accepter ce que Vostre Majesté sçayt et l'enduire à abju-
rer éternellement la Maison d'Autriche, Or pour ce que
nous trouvions ledict docteur Ohem plus vanlable et plus
rond et entier que ledict Zuleger, qui a tousjours le faict de
ceux de la religion de France en la teste et en la bouche ,
j'ay tant faict que ledict docteur, qui est le premier
conseiller de son maistre et très confident à l'électeur de
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
271
plaisir de la mort de feu ma cousine Madame
la duchesse de Ferrare vostre belle-fille, tant
pour la perle que mon cousin son niary a t'aide
particulièrement en elle que pour celle que
nous recepvons tous pour la mort d'une si
bonne et vertueuse princesse qu'elle estoit; et
ne voullant, de peur de vous rafreschirl'ennuy
que vous en avez, en estendre ce propos plus
avant, je fera y fin à la présente, me recom-
mandant bien affectueusement à vostre bonne
Saxe et au Landgrave, a promis au roy de se trouver chez
le Landgrave pour pousser à la roue, de sorte que j'es-
père que les lectres que le roy escrira à Voz Majestéz ,
au partir de Vach, vous apporteront enrores plus de sa-
tisfaction que n'ont faict les précédentes. Or, pour retour-
ner au discours de nostre voyage , j'euvoy à Vostre Majesté la
liste des logis que le Roy entend faire entre icy et Meseritz ,
et pour ce que je ne double pas qu'il y en aye qui ne vous
preschent le dangier du passage sur les terres du conte
de Hanau et abbé de Folda, je n'ay voulu faillir de
vous faire entendre par le sieur de la Nocle de l'ordre que
j'y ay mis et supplie Vostre Majesté de ne s'imaginer aul-
cune peur de la personne du roy ny du bagage pareille-
ment, moyennant que chascun veille garder l'ordre que
je leur ay prescrit et Sa Majesté commande très expres-
sément d'ensuivre. L'abbé de Folda attend le Roy à
Folda. Le conte de Barbi est à Eysenach , accompagné
du gouverneur de Tliuringie, lesquels deux conduisent le
voy de l'électeur de Saxe qui est fort beau et grand et
nous vindra prendre au sortir de Vacli. Le Landgrave m'a
faict entendre qu'il a envoyé par devers l'électeur de Saxe
boiiune exprès, aussitost qu'il a receu la lettre que
Vostre Majesté luy escrivoyt de Blaniond pour l'inciter
à l'entreveue du roy et de luy, de quoy sa femme, à
l'instance de l'Empereur, le retint par cris , pleurs et
continuelle lamentation; mais je croy que le sieur de la
Roche-Pozay que le roy a envoyé par l'advis mesme du
conte Palatin lèvera reste difficulté et advancera la venue
du duc Jean-Cazimir. Nous sçaurons des nouvelles dudict
électeur de Saxe à Vach, duquel lieu le roy de Poulogne
vous escrira à mon opinion, bien particulièrement du
fruict qu'il peult espérer de son voyage par l'Allemagne.
Dieu veuille que le tout puisse réuscir, comme j'espère,
au contentement de Voz Majcstoz.i (Copie. Bibl. nat.,
Cinq cents Colbert, n" Aoo, volume sans pagina-
lion.)
grâce et priant Dieu, Madame ma lante, vous
donner en santé bonne et longue vye.
Escript à Paris, le xn" jour de décembre
1073.
Catehine.
1573. — 17 décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 326C, f° 70".
A. MONSIEUR DE DA.MVILLE.
Mon cousiu, vous cognoissez par la lettre
que le Roy monsieur mon filz vous escript
présentement1 en quelle recommandation il a
1 Dans cette lettre, dont Catherine fait mention,
Charles 1\ lui disait : trj'ay sceu par vostre lettre du
xi 1'°" de novembre dernier comme le sieur du Belloy est
arrivé devers vous avec les dépescbes dont je l'avois
chargé et que vous estes attendant mon cousin le duc
d'Uzès et le sieur de Caylus pour convenir avec les dep-
pulez de ceulx de la nouvelle religion et moyenner
quelque bonne fin aux troubles qui ont duré jusques
icy, ainsy que je vous ay expressément recommandé par
mesdictes dépesches. Je sçay qne vous avez le bien de
mon service el l'exécution de ce que vous sçavez ostre de
mon intention si cher qu'il ne seroit besoiug vous taire
aucune recharge de ce faict; louttefois je l'ay si à cueur
et désire tant le repos de mes subjeclz et les embrasser
tous de la vraye affection que doibt ung bon prince, que
j'ay bien voulu le vous répéter encore, affin que vous
soyez tant mieulx esclaircy de mon désir en cest endroict.
J'en escris pareillement aux sieurs dTJzez et de Caylus
pour, de leur part, y employer tous les moyens qu'il?.
peuvent, alfin de tant plus en faciliter le succès. Parmy
cela je désire que vous faciez bien ruddement entendre
auxdictz députez le mescontentemenl que j'ay des leurs en
ce quecontre la suspention d'armes accordée d'une part et
d'autre et la fov publique, ilzne cessent de courir, piller
et saccager tous les lieux où ils peuvent meclre ie pied,
qui ne sont de leur occupation, y commectaul la même
hostilité qu'ilz feraient hors ladicte suspention et en
guerre ouverte, couine en font foy les informations qui
m'ont esté adressées par mon procureur général à Tou-
louse, lesquelles j'ay commandé vous estre envoyées, et
l'usurpation de deux villages appartenant à mondict
cousin le sieur d'Uzcz.i (Bibl. nat., fonds français,
n" 3afi6, f 76.) Le lieu de Pézenas ayant été' choisi pour
272
LETTRES DE CATI1E
l'issue de l'assemblée qu'il vous a mandé de
faire de ceuk de la nouvelle religion pour le
désir qu'il a de mettre en repos tous ses sub-
jeetz et les délivrer des misères qu'ilz ont
jusques icy souslenues, dont il a esté tousjours
très déplaisant et nioy aussy de mon couslé.
Je m'asseure que vous n'oublierez en cest eu-
droict aucune chose que vous penserez servir
à lu\ moyenner ce conlentement, comme l'on
sçayt assez que vous aymez à embrasser le bien
de ses affaires de loule l'affection que se peull
désirer, priant Dieu, mon cousin, vous avoir en
sa saincte garde.
Escript de Soyssons, le xvue,n<' jour de dé-
cembre 1673.
\ostre bonne cousine,
Caterine.
1573. — 17 décembre.
Copie. Bibl. nat. Cinq renls Coberl, n" 366, f" A7&.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, je suis depuis peu de
jours de retour du voyaige que j'ay fait sur
la frontière de ce royaulme pour conduire
jusque là le roy de Polongne mon fils s'ache-
minant en son royaulme, où j'espère que
Noslre Seigneur le conduira et rendra aussy
heureusement qu'il l'a favorisé en l'eslection
d'iceluy. J'ay veu toutes les dépesches que
vous nous avez faictes pendant mon absence,
sur lesquelles le Roy monsieur mon fils vous
lait ample response, et spécialement quant à
l'occasion qui l'a meu de donner litre d'ambas-
sadeur au sieur de Foix, l'envoyant par delà,
eslans, de nostre part, démolirez fort satisfaitz
que vous vous y soyez gouverné si prudemment
que vous avez faict; ce n'a point esté pour
celte assemblée, Charles l\ lui adresse à ce sujet une
nouvelle lettre le 27 décembre. (Ibid., P77.)
R1NE DE MEDIG1S.
vous diminuer aulcune chose de vostre aucto-
rité, laquelle le Roy mon fils entend vous
conserver en son entier, mais seulement pour
le respect de la maison du sieur de Foix et
aultres particulières considérations, lesquelles,
je m'asseure, vous sçaurez tousjours bien in-
terpréter, pliant Dieu, Monsieur du Ferrier,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escrit à Soissons, le xviime jour de dé-
cembre 1573.
CATERINE.
Fizes.
1573. — 17 décembre.
Orig. Bibl. nat. collecL, Dupuy, n° 801, f° n5 r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRESIDENT ES SA COURT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, ayant esté advertye
que Monsieur de Montpensier poursuivoit de
favre vuyder le droict qu'il prétend en mes
terres d'Auvergne et que desjà il avoit faict
meclre la cause au roolle pour cslre plaidée
le premier jour, je vous ay bien voulu despé-
cher Chantereau, présent porteur, pour vous
prier d'avoir cest afîayre pour recommandé et
la justice de ma cause sy bien gardée qu'il ne
m'y soit faict aulcune surprinse; je luy ay
donné charge de vous dire aulcune chose de
ma part, dont je vous supplye le croire,
comme vous vouldriez fayre moy-mesmes,
priant Dieu, Monsieur le Président, vous
tenir en sa saincte et digne garde.
Escript à Soissons, le xviicmc jour de dé-
cembre i573.
Caterine.
Chantereau.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
273
1573. — 22 décembre.
Copie, llibl. Dat. fonds français , n° 17972, p. i3&.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Custelnau , t. III ,
. 3G7.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFENELON.
. . . fismes le xi du mois passé l ; et les res-
ponses qu'elle vous y a faictes, qui sont pleines
de dénions Ira lions de sa bonne aiTeclion envers
nous. Vous verrez par la lettre du Roy mon-
sieur mon fils ce qui se peult dire à vostredicte
dépesche., qui me gardera vous faire cette-cy
guère longue et sera seulement pour vous prier
de faire, ce que nous vous avons dernière-
ment escrit, tout ce qui se pourra, pour
fadvancement de la négociation du mariage
de mon fils le duc d'Alençon avec ladicte dame
royne et ne craindre de promettre de bonnes
sommes de deniers à ceux qui y pourront
servireteslre cause de ce bien2. Ce que sachant
que voussçaurez bien l'aire, je m'en remettrai
à voslre prudence e( dextérité, priant Dieu
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Je vous escriray une autre lettre à part et
expresse, afin que trouviez moïen de la faire
voir à la royne d'Angleterre, ainsi que vous
avez quelquefois accoutumé, et y sera bien
à propos à ceste beure pour les causes qui
y sont mentionnées.
' Le commencement de celte lellre manque dans la
copie imprimée.
•* De son coté le duc d'Alençon avait écrit le 21 décembre
à Walsingham : f J'ay esté bien ayse d'avoir occasion de
faire entendre de mes nouvelles à la royne d'Angleterre
pour l'asseurer lousjours de ma parfecte affectyon à son
service , et par mesme moyen j'ay bien voulu vous escripre
et pryer me tenir lousjours autant en ses bonnes grâces
que j'ay affectyon d'y demeurer et croyre que vous ne
vous employrez jamais pour prince duquel vous receviez
plus de faveur et avancement que de moy, comme à
l'effect vous le congnoistrez ; sur ce je prye Dieu, Mon-
sieur de Vnlsingan, vous avoir en sa sainte garde." (tie-
cord office, State papers, France, original.)
Catuerine de Médicis. — iv.
De Sniiit-Gcrruain-en-Laye, le xxnc"'° jour
de décembre 167.3.
Caterine.
1573. — 27 décembre.
Orig, liibl. nat. fonds français, n° 320ÎÎ, f' 37.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, combien que vous ayez, par
la précédente dépesche que le Roy monsieur
mon fils vous a faicte, assez au long entendu
quelle esloil la volonté et intention pour la
conférence que vous avez à tenir avec ceulx de
la nouvelle religion , si est-ce qu'il le vous tes-
moigne encore bien particulièrement par la
lettre qu'il vous escript, de sorte que je ne
m'en estendray icy davantaige, sinon pour
vous asseurer que vous ne sçauriez faire chose
qui luy soit plus agréable que de moïenner
une bonne réconciliation1 entre ses subjeclz
avec l'honneur et auctorité qui lui doibl de-
meurer et de nous advertir le plus lost que
vous pourrez ce que \ous en pourrez espérer
1 Dans une leltre datée du .'S décembre, le premier
président du Parlement de Toulouse, Daffis, faisait au Roi
un triste tableau de la situation du Languedoc : a Voyant
que de jour en jour les calamilez et misères accroissent
sur ces endroicls où le nombre de vos bons subjertz
diminue , vos villes sont surprises, le pays gasté et rnyné,
et qu'on tasebe peu à peu de se soustraire de l'obéissance
de Voslre Majesté, je ne puis obmettre à vous repré-
senter nostre estât et vous advertir de noslre exlresme
ruyne, s'il n'y esl autrement pourveu. Nous sommes
environnés en ceste ville de tous costez par les onnemys
qui surprennent journellement des villes prés de nous,
lesquelles n'ont moyen de se deffendre, ny ceste-cj 'l<>
les garder, les babilans d'icelle ayant souffert lanl de
pertes au dehors el tant despendu et payé pour le com-
mencement de ces derniers troubles qu'ilz n'ont le pouvoir
de suppléer aux nécessités qui se présentent, el sommes
en ce malheur que ceulx qui souloient s'employer à la
deffense commune sont en Imnne partie oisifz sper-
:ir>
i.irri: 11LHIL KIT (OSA LC.
_>7'i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
et du devoir qu'ils auront faict de réparer
l'usurpation par eux (aide durant la suspen-
sion ; suivant la votante* qu'ils monstrenl en
avoir; priantsur ce le Cre'ateur vous avoir en
sa très aincte garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le xxvn0 jour
de décembre 1.573.
Vostre bonne cousine,
MTETUNK.
1573. — 29 décembre.
Copie. Bibl. nat. fonds fronçais, n° 17972, f° i34.
Imprime1 I m les Additions mue Mêmoirea de Castelnau, I. III. p. 377.
\ MONSIEUR DE LA MOTIIE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, vous pouvez asseu-
rémenl dire à la roync d'Angleterre ma bonne
sœur et cousine que le Roy monsieur mon
lilz, ayant sceu qu'elle envoyeroit faire des
provisions de vin de Gascongne, a commandé
et escript très expressément au gouverneur de
Bordeaux qu'il face en sorte que tous les
meilleurs et plus excellens soyenl réservés
pour ladiclc dame royne et que ses gens
soient à leur souhaicl et désir accommodez et
assistez de tout ce qu'ils requerront, ce que
je m'asseure qu'il sera fait; vous verrez aussi
Tordre qui a esté donné pour la déprédation
et meurtres qu'a commis le capitaine Nor-
mand sur ces pauvres Anglois, desquels nous
avez envoyé la requeste; mais j'ay peur que
nous ne pourrons faire faire la justice de cest
homme-là si bien et si diligemment que nous
voudrions; car, comme vous sçavez, il a tou-
jours esié le principal dedans la Rochelle
Lateurs de leurs propres calamilés, de sorte que le
peuple, estant sans deffence, vient en tel désespoir
qui ordinairement pour se garantir il ayde de deniers
ceulx de la nouvelle opinion qui en attirent une infinité
à leur parti.» (Bibl. nat., fonda français, n° iDTi.'iS,
l">7
pendant le siège; maintenant il s'est relire à
la mer, où il fait beaucoup de pirateries, non
seullement sur les subjeetz de nos voysins,
mais aussy sur les nostres propres. Touteffois
vous pouvez asseurer ladicte royne et ses mi-
nistres que nous ferons tout ce qui se peut
pour lui faire faire la raison du contenu èsdicles
requesles et que sera aussi lostque nous serons
à Saint-Germain-en-Laye , où nous avons advisé
d'aller faire nostre séjour au lieu de Goin-
piègne, n'estant ledict Saint-Germain point
mal à propos ni trop louin de Picardie, pour
avoir souvent nouvelles d'Angleterre; pour ce
que aussi, s'il plaist à Dieu que la négocia-
tion de mariage d'entre ladicte rovne et mon
fils le duc d'Allençon réussisse à l'heureuse
fin que nous désirons, viendra ledict séjour de
Saint-Germain bien à propos pour pourvoir et
donner ordre à beaucoup d'affaires . que nous
avons remis à y traicter incontinent après ceste
première feste de Noël que nous irons faire.
Mais cependant mondict sieur et fils a passé
en ce lieu pour y prendre son plaisir de la
chasse pour deux ou trois jours, lesquels mon
cousin le duc de Montmorency et ses frères
qui sont aussi icy, luy ont bien faict employer;
caril y a trouvé les chasses et les autres plai-
sirs de la voilerie à souhaitz, y ayant les princes
et seigneurs qui sont icy avec nous, mesme
mes cousins de la maison de Guise, esté fort
bien reçus et festoyez. El espérons que dores-
navant tous nos serviteurs seront si bien en-
semble, qu'ils procéderont d'un bon accord
aux affaires et service de mondict sieur et
fils, dont je vous ay bien voulu donner advis.
priant Dieu vous avoir en sa saincle et digne
garde.
Je vous prie faire mes affectionnées recom-
mandations à la royne d'Angleterre ma bonne
sœur et lui dire que je ne me puis garder de
prier Dieu et le faire prier que je puisse avoir
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
275
cest heur que le nom de sœur soit changé en
la plus affectionnée mère qu'eut jamais prin-
cesse, ni qui fut en ce monde, et vous prie lui
représenter hien l'affection et sincérité de quoy
je le désire et le vous mande.
A Saint-Germain-en-Laye, le xxixe dé-
cembre 1&73.
Gaterine.
1573. — 29 décembre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17972, f° i3g.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Castelnau , t. III . p. 3? 1 .
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe , le Roy monsieur mon
filz vous escrit si amplement de la malheu-
reuse menée qui s'est tramée par aucuns mal
affectionnez pour tascher d'altérer le repos de
ce royaume et nous meclre aux troubles, que
je n'useray d'aucune redicte par cette-cy, la-
quelle sera seulement pour vous prier de faire
bien entendre par delà la vérité de tout, ayant,
ainsi que je m'assure qu'avez, ce qui concerne
la négociation des propos de mariage d'entre
la royne d'Angleterre et mon fils d'Alencon en
si grande recommandation et y usant de telles
dextérités, que nous en puissions voir de bref,
à présent que le sieur Randolle est de retour,
l'heureuse conclusion que nous désirons;
priant Dieu, Monsieur de la Mothe, qu'il vous
ait en sa sainte et digne garde.
A Su int-Germain-en-Laye, le xxixe décembre.
Gaterine.
1573. — 29 décembre.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 1590a, f° 28a.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE.
Monsieur de Bellièvre, j'ay veu ce que
m'avez escript du besoing que a le roy de
Pologne mon filz d'estre secouru d'une bonne
somme de deniers dedans le temps de son
incoronation et jusques à 11e m. escus, s'il est
possible, ou cm pour le moings; à quoy j'ai
fort soigneusement pensé depuys la réception
de voslre lectre, m'en eslant allé à Paris ex-
pressément où j'ay parlé à ung Portugois et ou
sieur Jean -Baptiste Gondy qui m'ont donné
quelque espérance de quelque bonne somme,
sans touteslbis ne me l'avoyr spécifiée, el
doivent venir demain en ce lieu pour y regarder
avec moy, vous pouvant asseurer que en cela
je remueray et feray tout ce qui me sera pos-
sible pour secourir mondict filz selon le
besoing que je voy bien qu'il en a. Le sieur de
Ghiverny y travaillera aussy de son costé,
affiu que rien ne soit obmis de vigilance pour
le rendre content; vous priant, Monsieur de
Bellièvre, pour fin de ceste lettre, de me
mander le plus souvent et plus particulière-
ment que vous pourrez des nouvelles de mou
filz, qui me sera chose bien fort agréable, el
en cest endroit je supplie le Créateur qu'il
vous ayt en sa sainte garde.
Escript de Saint-Germain-en-Laye, le \xi\""'
jour de décembre 1673.
Gaterine.
Brulart.
1573. — 29 décembre.
Copie. Bibl. nat. fouds français, n" 17972 , f" lio.
Imprimé dans \vs Additions aux Mémoires dcCastelnau, l. III, p. 372.
A M" LE VIDAME DE CHARTRES '.
Monsieur le Vidame, j'ay faict entendre - au
1 Jean de Perrière* A celte date», le Vidame de
Chartres était en Angleterre. C'est dé Londres qu'il avail
averti le Roi de la conspiration dont il était menacé.
1 Voici à ce sujet une lettre de Charles IX a La
Motlie-Fénelon : «Le sieur Vid.ime de Chartres, 111011-
slrant bien l'affection qu'il me porte, m'a faict advertir
35.
276
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
Iioy monsieur mon filz l'affection que vous
continuiez avoir lousjours à son service, dont
il a este bien fort ayse, ayant advisé de vous
envoyer le capitaine Marin del Bene présent
porteur pour vos affaires, et à son retour, que
je vous prie qu'il soit bref, entendre de vos
nouvelles. Cependant je vous asseure qu'il
n'oubliera les services que luy faictes et outre
cela je les ramenteray, l'occasion s'en présen-
tant, aussi volontiers et de bon cœur que je
prie Dieu, Monsieur le Vidame, qu'il vous
ayt en sa saincte et digne garde.
De S'-Gî'rmain-en-Laye, le xxix décembre.
Catemne.
Escript à Sainel-Germain-en-Lave, le der-
Caterine.
nier jour de décembre 1 5 7 3 .
1573. — 3i décembre.
Orig. Bibl. nat. collect. Dupuy, uc 8ot, f' 116 r°.
V MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRESIDENT EN SA COCRT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, j'ay prié Monsieur
de la Guesle, présent porteur, vous dire aul-
cunes choses de ma part dont je vous prye le
vouloir croyre. comme vous vouldriez f'ayre
moy-mesmes et m'en remectant entièrement
sur luy, je feray fin à la présente, priant
Dieu, Monsieur le Président, vous tenir en sa
saincte garde.
par le capitaine del Bene présent porteur, qu'il y a une
si malheureuse conspiration qui se machine contre moy
et la Royne ma mère, qu'il ne se peut fier ni commettre
cela par lettre ni personne qui ne lui soit fort fidelle
1 désirant pour ceste occasion que j'envoye vers luy
quelqu'un à qui il se puisse déclarer pour nous le
faire entendre, j'ai advisé de commettre ceste charge
audict capitaine del Bene, en qui il se fie très fort
et qui m'est bien affectionné, n'estant pas néanmoins
d'advis que monslrez ni à l'un ni à l'autre que je vous
en aye rien mandé, mais ce sera bien faict que vous
en escripviez en chiffres, si vous entendez quelque
chose par icelluy capitaine, qui reviendra incontinent.!)
(Correspondance diplom. de Lu Mothe-Fénclon , tome \ Il .
p. '. :> 1 .)
Chantereau.
1574. — 5 janvier.
Copie, llibl. nat. Cinq cents Colbert, n°366, p. 487.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, encores qu'il n'y eusf
grande response à faire à vos deux dernières
lettres du vingt-septiesme novembre etxive dé-
cembre, si est-ce que renvoyant le Roy
monsieur mon filz les gens que mon cousin
le sieur de Foix avoit par deçà, il a voulu y
satisfaire pour vous donner plus souvent de
nos nouvelles , lesquelles ne tendent qu'à donner
quelque ordre aux' affaires de cet Estât que
la malice du temps à décousus, dont jespère
que Nostre Seigneur nous fera la grâce [de
sortir], lequel je prie vous donner, Monsieur
du Ferrier, en santé bonne et longue vie '.
Escript à S'-Germaiu-en-Laye, le vcmejour
de janvier 1 Sj'i.
Caterine.
Fizes.
1 Charles IX ajoutait : f-l'ar voslre dépesche du
xiv' décembre j'ay entendu le retour par delà du car-
dinal Commendon et les nouvelles qu'il vous a dites de
Pologne où j'estime que mondict frère arrivera bien tost
et que toutes choses y passeront selon son désir, comme
je sçay que tous ses peuples et sujets y sonl bien préparez.
Le sieur de Beauville que j'avois envoyé à Rome pour
l'affaire de mon cousin le sieur de Foix est de retour,
ayant rapporté semblable response de Sa Sainteté que
mondict cousin a jà entendue, dont, estant à bon droit
très mal satisfait , j'en fais une recharge si vive à Sa
Sainteté et en ay parlé si ouvertement au nonce que je
veux croire qu'elle changera d'opinion , comme aussi en
tout cas je ne suis pas délibéré que mes minisires re-
çoiventpour mon service un tel affront. n (Même volume,
p. 680. ) — Cf. les dépêches de du Ferrier des 10,17 el
a6 décembre 1073. (Même volume, p. 65u, 666 et
469.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
277
1 57 A. — G janvier.
Copie. Bib!. nat. Cinq cents Colbert, n° 366 , p. 487.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, depuis mou autre
lettre escripte, j'ay receu celle, qui est en
chiffres du sixiesme du mois passe', laquelle
j'ay l'ait voir au Roy monsieur mon fdz, ayant
esté très aise de ce que vous avez mandé et de
l'offre qui vous a esté faicte ; à quoy il vous
sera bienlost faict responsc particulièrement
par celuy que nous envoirons exprès devers vous
pour cet effect. Au demeurant, Monsieur du
Ferrier, estant nécessaire de faire fournir
promptement deux cens mille escus au roy de
Pologne, ainsy qu'il luy a esté promis à son
partement et me trouvant en peine d'y satis-
faire, je vous prie d'employer tout ce que vous
aurez de moyen et de crédit envers ceulx que
vous connoissezde delà qui nous en pourraient
accomoder pour nous prester ladicte somme,
et advisez avec eulx des intérêts et des scu-
retez qu'ilz voudraient avoir, dont je vous prie
m'advertir incontinent, vous asseurant que,
ce faisant, vous ferez un service très agréable
au Roy monsieur mon fdz et à moy1; priant
le Créateur, Monsieur du Ferrier, qu'il vous
ait en sa saincte garde.
Escript à S'-Gcrmain-en-Laye, le vimejour
de janvier 1676.
Caterixe.
Fizes.
1 Voir dans hCalemlar nf State papers {i^h , p. ^1 5 y )
une dépêche du docteur Dale à lord Burghley, dans
laquelle il fait allusion à la pénurie d'argent de la cour
de France, sans qu'on ose convoquer les Etats, de crainte
de troubles encore plus graves.
1574. — i3 janvier.
Aut. Arcli. nat. collect. Simancas, K i!>33.
A M" MON FILS LE ROY CATOL1QUE.
Monsieur mon fils, ayent aysté lontemps
hors d'auprès le Roy mon fils, ayent acon-
pagné le roy mon fils le roy de Pologne jeus-
ques sur la frontière, s'ann aient en son
royaume, qui a aysté cause que plus losl
n'é peu fayre cet que asteure ne veulx fallir.
de me condouloyr aveques V. M. de la mort de
la prinsesse sa seur, laquèle j'é regreltaye ynfi-
niment, lent pour l'anui que je say à V. M. que
pour l'amour qu'eie portoyt aux Infantes vos
filles, lesquèles, encore que je sache conbien
les aymés et la royne vostre femme, si ese
que , pour l'amitié qu'eie portoyt hà V. M. et alla
feu royne ma fille, aylle enn avoyt ung souin
si particulier à cet que j'é entendeu, que je
ne puis que ne la regrette bien fort et que je
ne prie V. M. de bien commender que l'ons
aye le souin d'elles que je say qu'eie veult et
la prier ausi de se volouir conformer alla
volunté de Dieu et que sa prudense acosteu-
maye nous serve à réseuldre V. M. à cet qui
plest àNoslre Signeur, lequel je supplie con-
server V. M. longuement.
De Sainl-Germayn-en-Laye, le xin"10 jan-
vier 1 57^.
Vostre bonne seur et mère,
Caterine.
1574. — i3 janvier.
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K i533.
A MADAME MA FILM-
LA ROYNE CATOLIQUE.
Madame ma fille, sachant l'amitié que
aveques toules aucasions et raysons porliés à
278
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
la prinsesse voslrc seur et lente n'é voleu par
la présante fallir de m'en condoulouyr aveques
Vostre !\I., la [iricnt de voulouir monslrer en
sesi cooie en toutes aullres chausessaprudense
et se conformer au voulouir de Dieu , car nous
sommes tous à luy pour nous prendre, quant
\ lui plest; el fault que V. M. guarde sa santé
il que, ayent l'heur de voyr en bonne santé |
le roy vostre mary cl les prinses ses enfans j
aveques l'enpereur et l'iiipcralrix, se réseuldrc !
au reste de set qu'il peull avenir, et m'aseu-
rent qu'èle set micuix conoystre lout cela que
ne luy en sorès dire, je fayré fin, après avoyr
prié V. M. de avoyr tousjour pour recom-
mendé les Infantes ses filles, et ausi l'avoyr
asuraye de la bonne santé de la royne sa seur,
à laquèle je ne désire rien davenlage pour la
royr bien contente que un beau fils dans neuf
nioys, et vouldrès qu'ele cuit fayst corné T. M.
et qu'el ann eust deulx déjeà; se sera, quant il
plèra à Dyeu, lequel je prie donner hà V. M.
bonne santé et cet que désiré.
DeSainct-Germayn, le xiucme janvier 1 573.
Vostre bonne seur et mère,
Caterine.
1574. — 18 janvier.
Imprimé <Jjus les Additions aux Mémoires de Castdnau , t. III, p. 3-]$.
A MONSIEUR DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Molbe, je vous prie sur tous
les services que désirez nous faire, de re-
garder, maintenant que toutes choses sont '
assez bien disposées de delà par le rapport du
sieur Randolphe, comme vous-mesme vous
avez si bien et si amplemanl escrit dernière-
ment, et que nous avoit auparavant dil de
vostre pari Sabran présent porteur, de faire
en sorte que nous puissions avoir la résolution
du propos de mariage d'entre la reine d 'An-
gleterre ma bonne sœur et cousine et mon fils
le Duc, aussi heureuse que nous la désirons
et qu'elle voit comme nous qu'elle sera autant
ou plus pour son bien, grandeur el conlente-
mentdeses sujets que de nous el des nostres.
Vous avez vu par nos précédentes dépesches
tant de raisons que vous pouvez représenter
sur cela que pour n'user de redite, je me
remets à la souvenance que je m'asseure bien
qu'en avez pour vous en servir ainsi et aux
occurrences que vous verrez estreà propos. Et
ne craignez, comme le Roy monsieur mon fil-
vous escrit1, d'y employer tout ce que verrez
qui y pourra servir; car nous y ferons satis-
faire et ferons encore mieux envers ceux qui
le mériteront, si Dieu nous fait la grâce que
les choses puissent réussir à nostre conten-
tement. Et, de vostre part, vous pouvez vous
asseurcr que la reconnaissance des services
1 Charles IX, dans la lettre à laquelle se reporte Cathe-
rine, écrivait au sujet du projet de mariage de son frère
le duc d'Alenron : tr Je désirerais bien que la reine, sans
vouloir attendre que les princes de la Germanie y en-
voyassent, s'en voulut résoudre, comme elle fera aisément,
si elle y a quelque bonne volonté, car en telles choses
pensè-je bien, aussi me l'escrivez vous l'avoir entendu
d'elle même, qu'elle ne se voudra pas laisser conseiller
en ceste affaire par leurs ambassadeurs, sinon autant
qu'elle cognoistra estre à peu prés pour le bien de ses
affaires. Voilà pourquoy il sera plus aisé à luy faire per-
suader d'en prendre résolution el que tout cela soit ar-
resté, quand lous lesdicts ambassadeurs arriveront, puis-
qu'elle sçail si bien qu'ilz n'y vontque pour luy conseille]
de ce faire, car je doute que, s'il n'est conclu avant leur
arrivée, selon les articles qui avoient esté accordez ave)
nos députés el les siens pour mon frère le roy de Pologne,
dont nous nous contentons pour mondict frère le duc,
que lesdicts ambassadeurs, encore qu'ils désirent nous
faire tout le plaisir qu'ils pourront en cela , que néanmoins
ils soyent cause de rendre le fait de la religion pour
mondicl frère plus difficile, à caose qu'il letir touche el
de faire mettre ceste affaire en délibération au Parlement
el Estais d'Angleterre, au lieu que ladicte reyne s'en peut
bien résoudre devant et puis envoyer lesdits articles el
convention à son Parlement et Estais pour les \oir et vé-
rifier.» (Même volume, p. 353.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
•279
que ferez en cela, sera si bonne, crue vous
aurez toute occasion de grand contentement
et de ce m'en constitue caution, pour m'en
acquitter d'aussi bon cœur que je prie Dieu,
Monsieur de la Mothe, de vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escrit à Sl-Gerniain-cn-Laye, le xvm jan-
vier ib-]h.
Caterine.
1574. — ao janvier.
Orig. Iiibl. nat. fonds français, n° 3so5 , P 38.
A MON C0DSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE,
M1BESCH1X DE FRANCE, GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GENERAL
POUR LE ItOÏ MONSIEUR MON FILZ , EN LANGUEDOC.
Mon cousin, vous serez si au long satisfaict
par la dépesche que le Roy monsieur mon
filz vous faict présentement et par ce que vous
dira le sieur de Forges, pre'sent porteur, que je
ne m'eslenderay à vous en l'aire autre discours.
Bien vous diray-je que nous sommes at-
tendant en bonne de'votion quelque bonne
nouvelle de vostre assemblée1, de laquelle je
désire que nous puissions tirer le fruict qui
est requis pour le bien et repos de ce royaume,
priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
garde.
Escript à Sl-Germain-en-Laye , le xx" jour
de janvier ib"j!i.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Charles IX avait écrit de Saint-Germain le h janvier
précédent : "Les gens de ma court de Parlement de Tou-
louse m'ont escript que vous aviez fait choix, du premier
président Daflis pour se trouver en l'assemblée et confé-
rence que vous devez faire à Pésenas, dont ilz m'ont
upplié l'excuser pour eslre le personnage le plus propre
pour maintenir l'union en ladicte ville, ce que je leur ay
accordé.» (Bihl. nat., fonds franc., n" 3ai6, I" 80.)
1 5 7 A . — a î janvier.
Orig. Bihl. nat. collcct. Dupuy, n' 8oi, P 117.
V MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN SA COURT DE PARLEMENT À PARIS.
Monsieur le Président, je vous prie, suivant
ce que mon chancellier vous dira plus particu-
lièrement de ma part, de voulloir mectre une
bonne fin à l'acquict de mes debtes, comme
je vous en ay ci-devant pryé et m'avez promis
vous y employer volontiers, comme aussy j'en
ay en vous toute fiance, vous asseurant que ne
me sçauriez fayre plaisir plus aggréable. J'ay
donné ebarge à mondict chancellier ne vous
abandonner poinct que n'ayez achevé cest af-
fayre , lequel j'estime m'ymporter plus qu'aultre
quelconque où je vous aye jamays donné peyne.
Aussy me trouverez vous bien preste de recon-
gnoistre le plaisir que me ferez et que j'attendz
de vous en cest endroict, sur lequel je prye
Dieu, Monsieur le Président, vous tenir en sa
saincte garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le xxic jour
de janvier i&qk.
Caterine.
ClIANTEREAU.
1574. — ai janvier.
Orig. Bibl. nat. nouvelles acquisitions françaises, n" a3i, P 1O.
A MONSIEUR DE RAMROUILLET,
CONSEILLER DU ROT MONSIEUR MON FILS EN SON CONSEIL PRIVÉ
ET CAPPITAINE DE SES GARDES.
Monsieur de Rambouillet, je viens de rece-
voir vostre letre du xic de ce moys avec le
mémoire qui l'accompagnoit, par lequel j'ai
veu comme vous vous estes soigneusement in-
formé de tout Testât des affaires de Pol longue,
duquel par conséquent vous sçaurez bien
rendre capable mon filz le roy de Pollongne,
à son arrivée, qui sera bientost, comme j'es-
-M,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
|ni«, vous asseuraut que vous m'avez gran-
dement satisfaict.encestendroict, et que toutes
choses me sont si vivement représentées que
je n'y sçaurois riens désirer davantage. J'ay
Lien note' la response que vous avez faicte au
cappitaine de Samogitie sur la promesse qu'il
vous a ramentu qu'a voyent faicte les sieurs de
Vallence, de Lanssac et de l'Isle d'envoyer
de l'argent par delà pour satisfaire aux frais
de la guerre, en cas qu'il eu fus! besoing, et a
esté sagement faict à vous de luy en répondre
de ceste façon, espérant que l'heureuse arrivée
par delà de mondict fdz le roy de Pollongue
accommodera aisément beaucoup de choses,
encores qu'il n'y arrive une si grande somme
de deniers que je voudrais; mais je suis après
à l'en faire secourir le mieux qu'il sera possi-
ble, estanl bien aise que cependant vous ayez
iaicl fournir par le sieur Soderini audict cap-
pitaine de Samogitie six mil escuz, et a esté
fort bien advisc à vous de le faire faire par
forme de prest en sachant ung très bon gré
audict Soderini, comme aussi de ce qu'il a si
dexlremcnt négocié avec le palatin de Sando-
myr, dont j'espère qu'il ne tombera en aucune
perte et dommage, ainsi que je l'en asseure
par la lettre que présentement je lui en escripls ;
et n'ay de quoy vous faire la présente plus
longue que pour prier Dieu, Monsieur de
Rambouillet, qu'il vous ayt en sa saincte
garde.
Escript à Saint-Gerniain-eu-Laye, le xxiineiuc
jour de janvier 167 A.
Caterine.
Rrilart.
1574. — a5 janvier.
Bîbl. uat. Cinq cent? Colberl , n" 366 , p. 5a5.
\ MONSIEUR DU FERMER.
Monsieur du Ferrier, j'ay fait voir au Roy
mon fils la lettre que vous m'escripvistes
le onziesme de décembre 1 touchant l'ouver-
ture que l'on vous a fait par delà, laquelle
le Roy mondict sieuret filz sera tousjours
content d'embrasser, lorsqu'il en aura esté plus
avant esclaircy et y congnoistra quelque fon-
dement, ayant voulu sur ceste occasion dé-
pescher le sieur de Montmorin présent porteur
devers vous pour, s'il est de besoin, passer
jusques sur les lieux et s'instruire de ceste af-
faire, pour luy en rapporter ce qu'il en aura
apprins tant de vous que d'ailleurs, avec le
bon ad vis que vous sçaurez bien luy donner
surtout ce que vous jugerez concerner en cet
endroict le service du Roy; sur quoy il vous
fera congnoistre son intention. Je vous prie
d'adviser, suivant ce que je vous ay dernière-
ment escript, s'il y aura moyen de faire avec
quelques particuliers de la Seigneurie qui
pussent me prester cent ou deux cent mil es-
cusenleur baillant bonne seureté, lesquels je
veux faire fournir à mon fils le roy de Polon-
gne en son royaume, et sçavoir les conditions
et quelle espérance j'en puis avoir, afin que.
selon ce que vous m'en manderez, je puisse
faire estât de cette somme ou y pourveoir
d'ailleurs; priant Dieu, Monsieur du Ferrier,
vous avoir en sa garde.
1 Le 1 1 décembre 1073, du Ferrier avait écrit ;i
Catherine : «Le comte Pietro Avogadre m'a dit de la
part d'un seigneur, qu'il s'assure estre de qualité (sans
le nommer autrement), que ledict seigneur désire-
roil mettre es mains de Sa Majesté un Estât qui est en
Italie fort de sa nature et auquel sont trois forteresses
de grande importance et où la commodité seroit très
grande d'y faire venir des François, quand on voudrait,
estant ledict Estât très fertile, quatre fois plus grand
que celuy de la Hollande. J'ay voulu sçavoii dans quelles
conditions: mais il m'a respondu qu'il falloit d'abord eu-
tendre vostre intention.» In peu plus bas, il ajoute que
rie comte Avogadre est un des grands seigneurs de par
deçà et fort affectionné au service du Roy. (Même vo-
lume, p. 556 et 557.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S
Escript à Saint-Germain-en-Laye, le vingl-
cinquiesme jour de janvier 157/1.
Gatrrine,
Fizes.
1574. — 37 janvier.
Communiqué par feu M. Lucas Montigny.
\ MONSIEUR DE RAMBOUILLET.
Monsieur de Rambouillet, je vous ai voulu
faire ce mot, pensant que vous seriez à ceste
heure-ci auprès du roy de Pologne mon fils,
pour vous prier de me mander bien au long
et particulièrement de ses nouvelles et de sa
réception à l'entrée de son royaume, et ne
vous lassez point de me mander comme toutes
choses y seront passées et aussi quel conten-
tement il en aura, ne craignant point de me
mander la vérité de tout. Je n'ai eu qu'une
lettre de vous, depuis qu'estes delà, qui m'a
l'ait penser qu'il y en a eu de perdues par les
chemins. Quand vous m'écrirez, baillez vos
lettres à M. de Rellièvre, qui me les fera tenir,
quand il écrira au Roi, et pensez que ne me
sçauriez faire plus grand plaisir que, tant que
demeurerez auprès du roi de Pologne mondict
lilz, de m'écrire le plus souvent que pourrez,
m'advertissant de tout ce qui adviendra bien
particulièrement; et souvenez-vous d'exécuter
le mémoire que je vous baillay à votre par-
lement, et me mander ce qu'en aurez fait. Et
taisant fin à la présente, après vous avoir prié
de taire tous les jours du monde souvenir le
roy mon fils de moy l, je supplieray Noslre-
Seigneur vous avoir en sa saincle garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le xxvnemo de
janvier 1576.
Caterine.
' Le roi de Pologne.
Catherine de Mbdicis. —
281
1574. — 5 février.
Imprimé dans les Additions aux Mrmoirts </<■ CtUteUtau , t. III , p. 385
A MONSIEl II DE LA MOTHE-FÉNELON.
Monsieur de la Mothe, vous serez amplement
instruit par la lettre du Roy monsieur mon
fils1 de tout ce que l'ambassadeur d'Angleterre
m'a dit en sa dernière audience et des propos
qu'il a tenus avec Jeronime de Gondy et le
désir que nous avons sans aucune fiction de
persévérer et persévérerons de voir bientost
effectuer le propos de mariage d'icelle revne
et de mon fils le duc d'Alençon; pour lequel
je vous prie, mais c'est de la plus grande af-
fection qu'il m'est possible, de ne rien espar-
gner de tout ce que penserez qui pourra servir
pour en avoir bientost l'heureuse fin que nous
désirons. Cependant je vous assureray que
tout ce que vous promettrez suivant ce que
mondict sieur et fils vous en a escrit, sera
trouvé bon et y sera satisfaict, si ledict ma-
riage se fait, sans aucune modération des
promesses et asseurances qu'en pourrez faire
hardiment; car il n'y aura nulle faute que
les lettres de change bonnes et seures ne vous
soyent lors envoyées pour cela, comme vous
avons cy-devant escript. Cependant je vous
diray que j'ai reçu des lettres du sr Acerbo
Vellutelli, par lesquelles il m'a faict entendre
les bons termes où est le dict propos de mariage ,
1 <t L'ambassadeur, disait Charles IX, m'a dit que ce
qui a gardé la reine sa maitresse de prendre une bonne
résolution au faict dudict mariage, estoit que le milord
grand Trésorier et M' Smith, qui avoient tousjours mené
ceste affaire étoient malades avant le retour du sr Randol-
phe, et l'étoient encore, de sorte qu'elle ne pouvoit encore
faire ladicte réponses (Ibid. , p. 3$3.) Dans une lettre
de sa main à Valentin Dale du 3 février, Elisabeth motive
le retard de sa réponse sur le mécontentement que ses
conseillers éprouvent de ce mariage, et sur une tentative
faite pour s'emparer de la Rochelle. (Calendar of State
jiapers, i5-]!x , p. 465.)
30
mr-lMIrll MtiMMU .
282
LKTTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ainsi qu'il a entendu bien certainement du
sr comte de Leicestre et aussi la bonne affec-
tion qu'y a ladicte reyne, me disant assez clai-
rement qu'il seroit bien d'opinion que l'on n'y
épargnas! pas les libéralités et présens, et me
prie de le faire gratifier de ce que monte le
pastel, qu'il dit que le baron de la Garde, à
qui j'en ay souvent eseript et fait ce qui se peut
en cela, s'excuse fort et dit n'avoir rien à luy
qui n'en fait aucune preuve suffisante. Voilà
pourquoy il ne se peut faire pour lui en jus-
lice ce qui se pourroit, s'il y en avoit preuve
suffisante; mais comme vous lui pourrez as-
seurer, selon aussi que je lui escris, si ledict
mariage se fait, il ne sera pas seulement gra-
lifié de telle somme, mais de beaucoup plus
grande, et si se peut asseurer que, advenant
vacation de quelque bonne abbaye, dont il
parle aussi par ladicte lettre, il en sera pa-
reillement bien volontiers gratifié, ce que vous
lui ferez entendre de ma part et le prierez de
continuer ses bons offices en cela et de s'as-
seurer qu'il luy sera tenu promesse d'aussi
bon cœur que je prie Dieu, Monsieur de la
Mothe, vous avoir en sa saincte et digne garde.
EscriptàSl-Germain-en-Laye,le c'mquiesme
jour de février 1676.
Vous ne m'avez rien respondu de ce que
vous mandions pour dire au srde Walsingbam.
Je vous prie me mander ce qu'il vous aura sur
ce dit et faire bien connoislre combien nous
désirons que ce mariage se puisse effectuer,
car c'est lout noslre désir.
Catp.rink.
157/1. — 5 février.
npritné dans les Additions aux Mémoires de Ctislrhmi , t. Il , |). 387.
A MONSIEUR VELLUTEELI.
Seigneur Vellutelli, j'ay vu par vos lettres
du xm du mois passé de quelle affection
vous continuez à vous employer à faire tous
les bons offices qu'il vous est possible en la
négociation du mariage et l'apparence que vous
voyez (par ce que en avez pu apprendre du
sr comte de Leicestre), que ceslc affaire
pourra bien réussir, y eslant la reine d'Angle-
terre madame ma bonne sœur et cousine bien
disposée et mieux que jamais. Cela m'a donné
beaucoup de contentement pour le désir sin-
gulier que j'ay de voir les choses prendre un
bon et heureux succès pour le bien et grandeur
de ces deux royaumes et de toute la chrestienté;
et pour ce que je vous prie continuer à faire
en cecy tout ce que vous estimerez y pouvoir
servir et apporter advancement, comme je
sçay que jusques icy vous ne vous y estes es-
pargné. Et si l'effet en sort que j'espère avec
la grâce de Dieu, vous ne serez pas seulement
satisfait et récompensé de la somme qu'estimez
voslre pastel, mais recevrez de ceste part si
bonne récompense de vos mérites et services
en cela, que vous ne regretterez point la peine
et le temps que vous y aurez donne, ainsi
que vous entendrez plus particulièrement du
sieur de la Mothe-Fénelon, conseiller et am-
bassadeur du Roy monsieur mon fils par delà,
sur lequel me remettant maintenant, je prie-
îay Dieu qu'il vous ait en sa garde.
Eseript à Sl-Germain-en-Laye, le cin-
quiesme jour de février 15^6.
Cateiiine.
1574. — 10 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n° 3a 1 3 , f° 13.
V MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE METZ,
CONSEILLER DU BOT MONSIEUR MON FII.Z EN SON CONSUL PRIVE.
Monsieur le Président, ayant veu ce que
vous m'avez eseript du premier jour de ce
moys touchant ce que désire mon cousin le
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
283
duc Gazimir pour le faict des paiemens
(jui luv dévoient estre fournis dedans ia fin
de l'année passée, j'ay incontinent envoyé
quérir le receveur de Vigny le jeune pour
luy en parler et espère qu'il sera aujourdTiuy
icy; après lequel oy sur ce qu'il a de deniers
pour fournir à mondict cousin , je vous feray
sçavoir quelle sera l'intention du Roy monsieur
mon filz sur ce qu'il désire que l'on se con-
tante de ses blancs signez seullement qu'il a
laissez à ses gens, en actendant que, à son
retour à Heldeberg, il présente l'original de
l'obligation pour en faire faire l'endossement;
en quov je ne trouve pas grande difficulté,
estant cbose qui s'est jà faict, ainsi que me le
mandez. Pour le regard des postes de Poloigne,
je suvs fort ayse que, en actendant que des
personnes puissent estre establies es lieux où
vous avez jà advisé, suivant la permission que
en ont donnée les princes de les establir, vous
avez donné ordre que les pacquetz seront
portez et les courriers qui y seront dépeschez
acommodez de chevaux. Depuys que j'ay re-
ceu vostre susdicte lectre, j'ay eu nouvelles
de mon filz le roy de Poloigne, comme il
estoit entré dedans les limites de son royaulme
et entre les mains des Polonnoys , dont je reçoys
grande joye, priant Dieu, Monsieur le Pré-
sident, qu'il vous ayten sa saincte garde.
Escripl à S'-Germain-en-Laye, le xe jour de
février ib^d.
Catfrine.
Brulàrt.
Conimejesignovscestelectre, ledict receveur
de Vigny est arrivé, qui m'adict que les cent mil
livres qui sont destinez pour mondict cousin
sont tous pretz à Metz , lesquelz le Roy monsieur
mon filz trouve bon estre délivrez à ses gens,
soubz leurs quictances ou blancs qu'ilz en ont , à
la charge d'en faire faire l'endossement, quand
mondict cousin sera de retour à Heldeberg.
1574. — i3 février.
Orig. Arcb. nat. cotlect. Simancas. K i533, n° 33.
AU ROY CATHOLIQUE.
Très hault, très excellent et très puissant
prince, nostre très cher et très amé beau-filz,
le Roy mon très cher sieur et filz et nous
avons toute confiance que vous vous rendrez
favorable à la prière que nous vous faisons
présentement qu'il plaise à Vostre Majesté faire
don au sr Roy nostre filz de la part que vous
pouvez prétendre en l'un des prisonniers
Turcqs, comme desjà luy ont faict don de
leurs parlz nostre très Saint Père le Pappe et
les duc et seigneurs de Venize, affin que, par
ce moyen , qui semble estre le plus expédient
et convenable, je puisse retirer et délivrer de
la main des Turqs ung gentilhoume qu'il a en
affection et que ne se peult rachepter par
aultre moyen, ayant bien voullu adjouster en
cest endroict nostre prière et requeste que
désirons avoir en vostre endroict, suppliant
le Créateur, très hault, très excellent et très
puissant prince, nostre très cher et très amé
beau-filz, qu'il vous ayt en sa très saincte et
digne garde.
Escrit à S'-Germain-en-Laye, le xmeme jour
defebvrier 1 576.
Vostre bonne mère,
Caterine.
De Neufville.
1574. — 16 février.
Orig. Bibl. ûat. ûouvelles acquisitions , n° a3 . f° ao.
A MONSIEUR DE RAMBOUILLET.
Monsieur de Rambouillet, j'ay receu à ung
jour près l'un de l'autre voz lettres des xxix" dé-
cembre et xxnc de janvier derniers passez,
èsquelles je n'ay rien veu qui ne m'ayt gran-
dement pieu, mesmes en ce que toutes choses
36.
284
LETTRES DE GATHE
estoyenl si bien préparées en Pollongne pour
le bien des affaires du Roy mon filz; en quoy
je sçay assez combien voslre dextérité a servy
à les faire prendre ung si bon ply, dont je
m'asseure qu'il demeurera grand contantement
et satisfaction à mondict lilz audevant duquel
je suis bien ayse que vous soyez venu et vous
avl donné la charge d'aller à Cracovie pour
assister, de sa part, aux funérailles du feu roy
Sigismond , me promectant bien que ce ne sera
pas sans luy faire quelque bon service, selon
que les occasions s'en pourront présenter, et
(lue, au surplus en toutes choses qui concer-
neront son heureux establissement, vous luy
sçaurez bien donner ung bon elprudent conseil '
1 Voici une lettre de M. Le Vayer à M. de Morvilliers,
i|iii fournil quelques détails intéressants sur l'arrivée du
nouveau roi en ses Etats :
«Monseigneur, si plus tost j'eusse entendu voslre dé-
siré retour en la court de France, plus tost eusse en-
treprins sur moydevous escripre les particularités qui se
sont passées pendant le voyage d'Allemagne, qui a esté
heureux et fortuné contre l'espéranse de plusieurs. Aussi
ont esté tous les faictz advenus en ce royaume de l'ol-
loigne, lequel est composé de pallatins et sénateurs autant
ambitieux et avaritieux qu'en aultre région ; en quoy il
a fallu bien considérer, lorsqu'on a traicté les affaires
de la couronne. Or, Monseigneur, le mareschal, estant
venu devant le roy de quelques jours pour assister aux
obsèques et funérailles du feu roy de Polloigne pour le
Roy de France, a senty et cognu les affeclions particulières
des palatins dont ils estaient touchez versSadicte Majesté
et selon qu'il a cognu estre nécessaire, les a tirés du tout à
son party; il n'y a espargné ny diligence ny autres choses
à ce nécessaires. Enfin les choses ont si bien succède que
l'entrée du roy en ceste ville fut le xvm""* du présent
mois, qui fut faict avecques autant grand nombre
de gentilzhommes bien et advantageusement montez
qu'il n'est possible de plus et jusques au nombre de
douze mille chevaux; que si le roy eust voulu permettre
de venir en ceste ville à ceux qui en faisoient estât, il s'y
feust trouvé plus de cinquante mille chevaux et tant lut
la trouppe longue à passer que Sadicte Majesté entra de
nuit en ceste ville, d'où sortant de l'église, il fut voir
l'Infante qui est logée viz à viz d'icelle. Après l'entrée
RUSE DE MÉDICIS.
pour la pratique et cognoissance des affaires
que vous avez peu avoir par delà au séjour
que vous y avez faict, où vous vous estes dé-
porté de si bonne façon que vous en méritez
grande louange et pouvez vous asseurer d'en
avoir le bon gré du Roy monsieur mon lilz,
tel que vous le sçauriez désirer pour votre
contantement, priant Dieu, Monsieur de
Rambouillet, qu'il vous ayt en sa saincte
garde.
Escript à Sainl-Germain-en-La\e, le \im
jour de febvrier 1674.
Caterine.
Brulabt.
on descouvra que, au couronnement, se dévoient faire et
donner quelques empeschemens, mesmement sur ce que
ceulx de la religion vouloient que Sa Majesté jurast qu'il
feroit observer l'exercice de leur religion. Enfin fut par
Monseigneur le maresclial si dextrenient négotié avecques
ceulx qui vouloient empescher le couronnement, qu'ilz
furent les premiers qui le requirent et déclarèrent vouloir
consentir à tout ce que Sa Majesté voudrait, laquelle,
pour contenter ses partisans, promist ces mots et signa
avecques sa déclaration de conserver la religion catho-
lique : paccm inler dissidentes pro religione luere. Et ainsy
fut le roy couronné le xxi'°" du présent moys sans aucune
contradiction, ce que ceulx de ce pays dient n'avoir
jamais veu, mesmement qu'il n'y eut mort et effusion de
sang. Maintenant reste le point du mariage, duquel je
m'asseure qu'on se détiendra bien et à pourvoir à l'esta-
blissement de la justice. Le roy a ouy les nunces de ses
provinces qui luy viennent offrir avecques présens riches
toute fidélité. Sa Majesté a vu encores ce matin l'Infante
rt disné chez le palatin de ceste ville, l'un des plus con-
Irairesà son élection. Hier il fut soupper aux nopces d'ung
des frères de Borosqui , qui a esté en France el vous asseure
qu'il est respecté et fort honoré de ses subjectz, qui sont
en grand nombre. Je croys que Monseigneur le maresclial
ne partira de ceste court que après Pasques, et jusque*
à ce qu'il y ait ung bon ordre aux affaires. — De Cra-
covie, ce xxv"" jour de février 157'i.n (Orig. Bibl.hat.,
fonds franc. , n° i5p/>7, fol» '•">**)■
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
285
1574.— 18 février.
Imprimé dans \cs Additions aux Mémoires de Casteblau , t. III , p. 3gi.
\ MADAME MA BONNE SOEUR
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Madame ma bonne sœur, le sieur de la Mothe-
Fénelon, ambassadeur du Roy monsieur mon
fils résident près de vous, nous a eserit et
vostre ambassadeur par deçà nous a confor-
mément fait entendre la bonne affection que
vous avez à l'effet de la négociation de ma-
riage; sur quoy le Roy mondict sieur et filz
et moy avons eserit audict sieur de la Mothe
vous faire entendre aucunes choses concernant
le de'sir que nous avons de voir une bonne
et prompte résolution et issue en ceste affaire,
à laquelle je vous asseure que nous sommes
d'autant plus enclins que nous en espérons un
grand bien pour toute la chrestienté, et encore
particulièrement pour ces deux couronnes.
Et davantage je le désire pour le plus grand
contentement que je puisse à présent recevoir et
qui me satisfera le plus, s'il plaist à Dieu que
cela se fasse, et que je puisse, selon la parfaicte
amitié que je vous y ai toujours portée, avoir
cet heur de vous estre si proche, comme je
serois, si cela s'accomplissoit et dont je prie
Dieu de très bon cœur, comme vous dira
plus amplement de ma part ledicl sieur de la
Molhe-Fénelon, lequel je vous prie croire sur
ce, comme vous feriez moy-mesme, qui prie
Dieu, Madame ma bonne sœur, qu'il vous ait
en sa saincte et digne garde.
Escriptà S'-Germain-en-Laye, le xvm'jour
de février 1 5/ 6.
Caterine.
1574. — 92 février.
Orig. Ribl. nat. fonds français, n° 3905,1* 4o.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMYILLE,
GOUTERHECR ET LIEUTEKAKT GÉSERAL POUR LE BOT MONSIEUR MO\ FILZ
EN LiXGOEDOC.
Mon cousin, nous cognoissons bien que de
voslre prudence et bonne conduicte dépend
principalement la seureté et conservation du
pays de delà. Vous estes celluy qui plus y
travaillez et auquel le Roy monsieur mon
filz et moy avons entière confiance. Je vous
prie nous y confirmer de tant plus, adjouxtant
aux préceddans quelque bon et notable service ,
qui viendrait très à propos maintenant. Ledicl
seigneur Roy mon filz se porte fort bien,
grâces à Dieu, avec toute bonne volunté en
vostre endroict; en quoy je le seconderay fort
voluntiers, suppliant le Créateur, mon cousin,
qu'il vous ayten sa saincte garde l.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le xxnemejour
de febvrier 1 5 -7 6 .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
' Le lendemain Charles IX ajoutait:
«Je persiste à vouloir rechercher tous les moyens pos-
sibles pour venir à une paix, combien que il semble que
mes subjeetz de la nouvelle opinion ausquelz vous avez
affaire s'en recullent autant qu'ilz peuvent; car non seu-
lement ils mesprisent les conditions avantageuses que je
leur ayfaict offrir, mais ne se laissent aucunement entendre
et rechercher et refusent d'entrer en conférence , comment
j'ayveu par les dernières dépesches que vous m'avez faictes.
Je vous ay mandé que je vous despécherois le s' de
S' Suplice , par lequel je vous ferois bien au long en-
tendre mon voulloir. Depuis j'ay advisé retenir encore
quelques jours le sr de S' Supplice à ceste fin de pouvoir
avecques plus de loysir délibérer et résouldre sa dépesche ,
laquelle je désire rendre telle qu'elle sovt fructueuse. En
attendant je vous fais la présente pour vous prier, mon cou-
sin, adviser à faire prolonger la suspension d'armes, s'il
est possible, jusquesà la S' Jean prochainement venant,
allin que nous puissions plus coumodément faire négo-
286
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
1574. — 3 mare.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n° 3ao5, f° &9.
A MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, vous entendrez si au long tout
ce qui est advenu et s'est passé de deçà depuis
les dernières dépesches que le Roy monsieur
mon fils a faictes, par celles qu'il vous faicl
présentement ' que je n'y adjousteray aucune
chose, si ce n'est pour vous prier, mon cousin,
comme je fais, de satisfaire au contenu en
sadicte dépesche, selon que jugerez se devoir
faire et vostre prudence acoustume'e, laquelle,
pour eslre question de choses très impor-
tantes à son service, y sera bien requise. Sur
ce je prie Dieu vous avoir en sa très sainte et
digne garde.
Escript à Paris, ce m* jour de mars 1 5 7 ^i .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
lier la susdicte paix, et que par le renouvellement de la
guerre les choses ne se rendent plus difficiles. Il faidt,
mon cousin, que ladicte trefve soit telle et sy asseurée que
duranl icelle il ne soyt rien imposé ni entrepris sur nos
subjectz et nos villes, ains que chascun se contienne
dedans ses limites, sans faire tort ou dommage à aucun,
ny assembler vivres, lever deniers, comme il a esté faict
jusques à ceste heure contre la foy promise. Ce sera le
chemyn pour parvenir à une généralle pacifficalion pour
à laquelle atteindre je vous asseure que je n'espargneray
rien de ce que je pourray faire avecques dignité et raison ;
mais aussy faut-il que mesdictez suhjeclz s'aydent de leur
costé et se mectent en tel dehvoir qu'ilz s'en rendent di-
gnes. 1 (Bibl. nat., fonds franc., n° 3267, f° 10.)
1 Voici la lettre du Roi à laquelle elle fait allusion :
r Je vous ay mandé par mes deux dernières première-
ment que je vous dépescherois le s' de S' Supplice et
depuis Villeroy pour vous faire entendre mon intencion
tant sur le faict de la pacification des troubles de par
delà que sur les moicns que je vouspouvois donner pour
continuer la guerre, en cas que l'on ne peust faire la paix.
Ledict Villeroy esloit prest à partir, quand j'ay receu ad-
vis comme mes suhjeclz de la nouvelle opinion ont repris
les armes générallement par tout mon royaume, de sorte
que, pour ceste occasion, il m'a fallu changer d'advis, ne
1574. — 6 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 801, t 118-
A MONSIEUR DE THOU.
Monsieur le Président, le Roy monsieur
mon lilz a faict expédier ses lectres patentes de
pouvant penser que mesdietz subjeclz aiant aucune vo-
lonté de la paix, puisqu'ilz ont faict ceste déclaration de
leur mauvaise intention, dont vous sçavez, mon cousin,
mieux que nul autre, et en appelle à Dieu à tesmoing
en quel devoir je me suis mis pour moyenner une gé-
néralle panification partout mon royaume, n'aiant rien
ohmis de ce que j'ay peu faire pour lever la meffiance
que mesdietz subjectz avoient prise et sur laquelle ilz
s'excusoienl, jusques à avoir fa'ict retirer de plusieurs en-
droietz en leurs maisons les compagnyes de gensdarmes
qui y avoient esté ordonnées pour tenir garnison ; mais
puisqu'ainsi est qu'ilz ont si fort mesprisé les grâces qui
leur ont esté offertes, il se fault résouldre d'user des
moiens et forces que Dieu a mis entre mes mains pour
me rendre obéy, combien que je vous confesse que ce
soit avec le plus grand regrect et desplaisir que je receuz
jamais, pour ce que je congnois bien que la continuation
de la guerre est la ruyne entière de mon Estât et de mes
subjectz. Je vous avois mandé par cy devant avoir réservé
dix compagnies de gens de pied pour vous envoier. Sur
ces occasions je suis contrainct de les retenir pour m'en
servir de par deçà , n'aiant aucunes forces plus promptes
pour opposer aux desseins et entreprises de ceulx qui se
sont eslevés es provinces de deçà ; au moien de quov
je vous prie de lever par delà tel nombre de com-
paignyes de gens de pied que vous congnoistrez estre né-
cessaire. Je vous puis encore moins secourir pour ceste
heure d'argent, n'en aiant pour satisfaire aux despenses
urgentes qui se présentent maintenant auprès de moy,
de mode qu'il est de besoing que tous mes subjectz s'éver-
tuent à ce coup et facent de nécessité vertu. Si ce mal
ne nous eust assailly par deçà, vous eussiez esté non
seulement secouru des dix compaignyes de gens de pied,
mais de tout ce que j'eusse peu espargner d'argent et
autres moiens. Je vous pr\e de me donner conseil et
advis de ce que je puis et dois faire pour vous secourir
et assister. J'escris présentement au s' de Suze, auquel
j'avois commandé d'aller à Arignon pour secourir cest
Estai là, se rendre auprès de vous pour m'y servir en
ce qui se présentera. Il fault que mes bons serviteurs plus
notables el affectionnez facent tous le semblable; car il
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
287
commission pour procedder à la vente et ad-
judication de ce qui reste suivant les arreslz
de la court à vendre et adjuger des bovs de
haultc fustaie estans au trè-sfondz de l'abbaye
Nostre Dame de Valsery et pour ce que ledict
seigneur a faict don au roy de Poulongne mon
lils de ce qui luy appartient en ladicte vente
de boys et qu'il est besoing, pour icelle facil-
liter et advancer, que lesdictes leclres patentes
de commission soient vérifiées en la court,
je vous en ay bien voulu esciïpre la pre'sente
pour vous prier les vérifïier le plus tost qu'il
vous sera possible, embrassant cest affaire de
telle affection que l'intention du Roy mondict
sieur et filz soyt suivye sans aulcune lon-
gueur, difficulté ou retardement, affin que les
n'est seulement question de mon service, mais aussi de
la conservation de leurs vies, religion et biens. Je vous
prie mander et advertir tous autres que vous estimerez
estre propres pour cest effect et au demeurant donner
ordre que mes subjeetz, qui ont esté ou sont encores de
ceste nouvelle opinion, lesquelz se contiennent et vivent
suivant mes édietz et mon intention, soient gardez et
conservez de tonte aigreur et oppression, tout ainsi que
nos aultres subjeetz catbolicques.
«Il me reste à vous dire comme, sur l'adverlissemenl
que j'euz que d'aucuns de mes subjeetz de ladicte nou-
velle opinion avoient repris les armes du costé de deçà
et s'assembloient pour me venir surprendre en ma maison
de S'-Germain-en-Laye, je me suis venu en ceste ville
pour remédier et pouiveoir avec plus de moien et de
commodité à leurs entreprises, lesquelles j'espère, avec
l'aide de Dieu, n'auront tel effect qu'ilz se sont promis.
Hz s'efforcèrent de surprendre la ville de Mantes, en la-
quelle estoit en garnison la compaignie de gensdarmes
dont mon beau-frère le duc de Montmorency a charge,
qui feist tel et si bon debvoir de repousser aulcuns d'eulx
qui esloient entrés dans la ville et s'estoient saisiz d'une
des portes, qu'ilz furent contrains se retirer à leur honte
et confusion, comme ilz ont esté en plusieurs endroietz
sur lesquelz ils avoient faict entreprise.^ (Bibl. nat. ,
fonds franc., n°32&7, f i5, orig.)
Voir les dépêches de Valentin Dale à lord Burgbley
lui annonçant le départ précipité de la cour pour Paris.
(Calendar oj Stale pupers, 1 5 7 /« , p. '471 et lf]l>.)
pauvres marchans que le roy de Poullongne
mondict filz a assignez sur lesdietz deniers
puissent estre satisfaietz de leur deubz et
nous descbarge's de continuelles importunitez
d'iceulx. Priant Dieu, Monsieur le Président,
vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le v]esmc mars 1^1 U.
Caterixe.
Cbantereau.
1 574. — 9 mars.
Orig. Bibl. de Rouen, fonds Leber, 3743, p. 6.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon 1, jamais vous ne
1 Le 7 mars, Charles IX avait écrit à Matignon :
•'Monsieur de Matignon, ayant entendu que le sieur
de Colombières s'est mis dedans Saint-Lo pour la seu-
reté de sa personne à cause des faux bruicts qui ont
couru et pour éviter que, soubs coulleur d'une querelle
que j'ay entendu qu'il a, que l'on luy feist déplaisir, et
non en intention de rien faire contre mon service comme
luy mesmes a dict, je luy escripts une lettre par le sieur
de Rothelin présent porteur, suivant laquelle je vous prie
regarder avec luy le moyen qu'il y aura de composer la
querelle dudict de Colombières et vous employer en
cella de ma part de toute affection, l'asseurant aussi de
ma bonne et droite intention en son endroit et de tous
ceulx de la nouvelle opinion, quoyque l'on ayt faict
courir plusieurs bruicts au contraire, qui sont faulx et
meschamment inventés par personnes qui ayment la
division et veoir recommencer les troubles ; et pour cest
effect vous le mettrez en ma sauvegarde et en la voslre
et luy respondrez de l'asseurance que luy donnerez de sa
personne et biens, moyennant qu'il se comporte en bon
et naturel subject, soubz l'observation de mes eedietz,
l'admonestant davanlaige de se renger avecques vous
pour mon service et de vous rendre et remettre entre
vos mains la ville de Sainl-Lo, à ce que ceulx qui ont
naguères pris les armes ne s'en puissent ayder; qu'en
ce faisant il ostera l'occasion du reproche que l'on luy
pourrait faire qu'après la foy et promesse si expresse
qu'il m'a faicte, oultre l'obéissance naturelle qu'il me
doibt, il y ayt faict chose contre le bien de mondict ser-
vice, comme vous verrez que je lui escriplz par madicle
288
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
feites service qui nous donnast plus de con-
tentement et scroit bien difficile que qui que
se soit nous en peust maintenant faire ung
plus grant que vous ferez, si vous prenez,
comme nous nous asseurons que ferez, ce
malheureux conte de Montgommery qui est
cause de tant de inaulx. Je vous prie, sur
tous les services que désirez nous faire, gardez
bien qu'il ne eschappe et en rendez bon compte
au Roy monsieur mon filz suivant ce qu'il vous
escript et vous pourrez dire que vous serez
cause que non seullement en la Normandye
ceulx qui nous y fout la guerre seront vaincus,
mais aussi par tout le reste de ce roiaume,
tant la prinse dudict Montgommery y don-
nera de déliance à ces malbeureuses gens.
Priant Dieu, Monsieur de Matignon, vous
avoir eu sa sainte et digne garde.
Escript au bois de Vincennes, le mercredy
i\ mars 1.57&.
1574. — i4 mars.
Orig. Itibl. de Rouen, fonds Leber, 57A3 , p. 6.
A MONSIEUR DE MATIGNON:
Monsieur de Matignon, nous avons veu par
vos lettres du xi° de ce présent moys Testât où
vous avez trouvé toutes eboses en vostre charge,
quand vous y estes arrivé, et que, après avoir
bien faict recongnoistre ceulx qui y ont pris
les armes et se sont saisis d'aulcunes villes,
vous n'avez trouvé qu'ilz soyenl à beaucoup
près si forlz et en si bon ordre que l'on les fai-
soyt; je croy bien que, si on leur donne plus
grand loisir, ilz se fortjfficront tant qu'ilz
pourront d'hommes et d'aultres commoditez,
et pour ce*je vous prye, suyvant ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript, en cas qu'ilz
ne voulussent accepter la pacification qui leur
est offerte, les prévenir et combattre devant
qu'ilz soient plus fortz, amassant à cesle fin
les forces que vous verrez par ses lettres le
Cet à cet coup que je n'obliré rien de cet j plus dilligemment qu'il sera possible; car,
qui vous louche; car, cet vous nous anvoyé
le conte de Montgomery, est tout ce que nous
pouvons désirer de meioulx. Je prie Dieu qu'i
nous en fasse la grâce.
Caterine.
Pis art.
lettre ; aux termes de laquelle et de la préseute vous et
le sieur de Rolhelin adjousterez encore toutes les meil-
leures persuazions que vous pourrez pour faire en sorte
qu'il rende, s'il est possible, ladicte ville de Saint-Lo
et qu'il prenne asseurance de la ferme parolle et pro-
messe que j'ay faicte pour luy audict sieur de Rolhelin
et de celle que je veulx que lui faciez ; et sçaiebant que
\011s n'oublierez rien de ce qui pourra servir à ceste
mienne intention, je ne vous feray ceste-ry plus longue
que pour prier Dieu, Monsieur de Matignon, vous avoir
en sa saiute garde.
g Escript au faulxbourg Sainl Honoré, le septième
jour d» mars 1576.
ttCmiu.ts.-
( Bibl. de Rouen, fonds Leber, P 7535 ; portefeuille.)
comme vous dictes, il n'est rien tant requis
en cecy que la dilligence, laquelle sçaichanl
qui ne vous maneque point, j'espère que vous
ferez ung bon service au Roy mon fils en ceste
occasion. Beaucoup de particulières considé-
rations vous doibvent mouvoir en cella ; mais
je croy qu'il n'y en apoinct en vostre endroict
qui ayt plus de force que l'affection que vous
avez de faire service au Roy moudict fils, à
la lettre duquel me remectant du surplus, je
prieray Dieu, Monsieur de Matignon, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
Escript au chasteau du bois de Vincennes,
le xiui* jour de mars ib~jl\.
C\TKRINE.
PlNART.
LETTRES DE GATH
1 Ô74. — i 5 mars.
Oiiy. Imprimé dans les œuvres de Brantôme , édit. de 1 760 ,
1. XV, p. aS.
A MONSIEUR DE ROURDLTLLES,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROI MONSIEUR MON FUS ,
CONSEILLER EN SOH CONSEIL PRIVÉ. ET SENECHAL DE PÉRIGORD.
.Monsieur de Bourdeilles, j'avois lousjours
cru que vous feriez bien et suis bien aise d'estre
non seulemenl confirmée en ceste bonne opi-
nion et asseurance, mais encore Tay-je accrue
par le mérite de vostre prudence et vertu. Le
Roy monsieur mon fils vous faict response si
ample et particulière que, estant mon inten-
tion conforme à la sienne, je ne vous fera y
la présente plus longue que pour vous prier
estre asseuré que je seconde ledict sieur Roy
mon fds en la bonne volonté qu'il vous porte;
priant Dieu qu'il vous ayt, Monsieur de Bour-
deilles, eu sa sainte garde.
Escript au cbasteau de Viucennes, le quin-
zième jour de mars 1676.
Cateiii>e.
De Neufville.
1574. — 16 mars.
Orig. Bibl. nat. collect. Dupuy, n° 801, f* 133 r\
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN SI COURT DE PARLEMENT DE PAHIS.
Monsieur le Président, René Bouchard,
mon porte-manleau, m'a faict entendre l'ins-
tance et requeste eiville que sa belle-mère
veufve de feu Jacquelot, en son vivant mares-
clial des logis de la royne ma fille, tant en
son nom que comme tuteur des eniïans mi-
neurs dudict delfunct et d'elle, a pendante en
la cour pour rél racler certain arrest donné
par surprinse contre ledict delfunct au rapport
de Monsieur Poille au prolTict de Maislre Mar-
tin Fumée et que, si ledict arrest avoit lieu,
sadicte belle-mère et culïaus, en nombre de
CaTUEMNE DE MÉD1C1S. IV.
ERINE DE MÉDIGIS. 289
six, seroient grandement allligez et lotallemenl
ruinez; à ceste cause, d'aullant que ledict
arrest a esté donné sans oyr ledict defifu.net ,
je vous ay bien voulu escripre la présente et
\ous prier embrassser la justice de la cause
de ladicte Nepveu et desdietz mineurs et en ce
faistes mander les advocatz et procureurs des
parties en la grant chambre de la court pour
sçavoir comme la surprise a esté l'aicte pour,
eulx oyz, pourvoir contre ledict arrest ainsi
que de raison, les dispensant de la longueur
du temps et circuit de procès où elle pourroil
entrer; priant Dieu, Monsieur le Président,
vous avoyr eu sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le \vie"liejour deinars 1 074.
Catf.rine.
Chantereau.
1574. — 21 mars.
Orig. Bihl. nat. collect. Dupuy. n°8oi. 1° lao.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN SA COURT DE PARLEMENT.
Monsieur le Président, je vous ay mandé
par Gentil, mon vallet de chambre, que je
vous pryois de dépescher le plus lostquepou-
riez Madame de Martigues du procès qu'elle a
contre la dame d'Estampes, ce que j'ay en-
tendu par luy aviez bonne volonté de fayre,
dont j'avois receu bien grand plaisir; et, en
faisant part (sus aultres particulières occa-
sions) à ladicte dame de Martigues, elle m'a
respondu que vous en aviez ung de Monsieur
de Moutpensier que vous vuyderez le pre-
mier et qu'elle ne sçavoit s'il y auroit assez
de temps pour le sien, sy cela ne vous estoit
un peu aleclionné; et, d'aultant que je désire
l'expédition de l'un et de l'aultre et que j'ay
entendu qu'il reste peu à vacquer à celluy
dudict sieur de Montpensier, j'ay voulu encores
vous recharger de ce mot par ce porteur ex-
37
UlrniMLlUE K-1T10\ALE.
290
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
près pour vous prier derechef ne faillir à
dépescher ladicle dame de Martigues tlu sien
devant ces Pasques et m'en mander par luy
certaine responce à ca (pie je m'en tienne
asseurc'e, vous pouvant dire que en cela vous
ferez aussi au Roy monsieur mon filz chose qui
luv sera hien agréable, comme il a mesmes
commande' à cedict porteur vous faire en-
tendre de sa part et de la mienne; j'en aura}
pareil contentement pour le désir que j'ay
d'en veoir hors de pcync ladicle dame de
Martigues, veu le Ion» temps qu'il y a qu'elle
en est à la poursuicle, de laquelle elle espère
par ce moyen plus prompte yssue, comme,
pour ceste raison et aullres que vous dira
plus particulièrement cedict porteur, je la vous
recommande encores une bonne fois, et sur
ce prye Dieu, Monsieur le Président, vous
donner longue vye.
Au boys de Vincenncs, le \xieil"e jour de
mars 107^.
Gaterine.
ClIAXTEREVU.
1574. — 5 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds (Varions, n° 3>oi , ("71.
\ MON C0051H
MONSIEUR DE DAMVILLE,
UARESCHAL DE FRANCE.
Mon cousin, le Roy monsieur mon lilz. vous
salisfaict amplement sur la respoase de celles
<[ue lui a apportées le sieur de Monlbazon et
outtre plus de l'advis qu'il a eu du sieur de
Biron sur son abbouebement qu'il a eu avec
La Noue et des propos qui se sont passez entre
eulx pour parvenir à quelque pacification,
lellement que nous avons esté d'advis de faire
quelque plus grande ouverture que celle qui es-
toit portée par 1'iiislruclion dos sieurs de Slrozy
et Pinart ', comme verre/, par le double qui
vous en est envoyé pour vous en servir, si
1 De son coté , Pinart, envoyé pour s'aboucher avec
La Noue, donne quelques détails sur les opérations de
guerre à M. de Montpensicr :
« Monseigneur, te courrier par lequel il vous avoit pieu
escripre à Mr de la Noue, pour les passeports de Mr de
Slrossy et de moy est venu présentement en ce lieu,
avec lesdictz passeportz dont j'ay retenu le mien, comme il
vous pleut hier, partant d'avec vous, me permettre et com-
mander. Je vous envoyé celluy où est nommé M de Slrossy
qui, j'espère, passera bientost par vous. Cependant je
ne délaisse pas, suivant ce qu'il a pieu à Leurs Ma-
jeslez me commander, de m'ach 'miner droicl où seront
le s' La Noue et ses troupes que ledict courrier a laissées
bien plus petites que l'on ne disoit par deçà; car ledict
courrier qui les a tort bien observez, a asseuré que ledict
s' de la Noue ne peult faire estai de plus de quatre cens
cbevaulx. Il est vray qu'il dict que parmy ce nombre il
y en a qui sont merveilleusement bien montez, et les
autres ne le sont pas si bien. Le surplus de leurs troupes
n'est que racaille, peu ou point aimez et ilz ont fort mau-
vaise apparence et aiant environ deux cens de ces gens-là
lesquels mettent du nombre de leur cavallerie, qui n'ont
que des bidets, à ce que dict ledict courrier. Il est vray
qu'ilz vont mendiant, par les maisons des gentilshommes
qui sont à leur dévotion et les autres qu'ilz intimident,
des armes et des chevaux et ce qu'ilz peinent pour ac-
comoder ces gens-là, qui estoient et seraient aultrement
tous nuz. Ils ont esté à la rlochefoucault et d'arrivée mi-
rent tous pied à terre, la plupart attachèrent leurs che-
vaulx à la baye et furent fort bravement et en gens de
guerre pour forcer ladicle ville. Cependant ceulx du chas-
tean, qui sonl à leur dévotion, ne s'espargnoient pas à
tirer sur les nostres dedans la ville qui se détendit si bien
qu'ils perdirent ung de leurs meilleurs capitaines, et
ledict de la Noue l'escbappa belle, luy ayant une har-
quebuzade abatu son chapeau et une autre donné au
corps de cuirasse. Ledict courrier arriva à la ltoche-
loucaull, comme ils en parloient, et me l'a rapporté
ainsi pour vérité. Le s' de la Noue et ses troupes allèrent
de là à Blanzac et sont entrez dans le bourg dudic! lllanzar
par emoposition, à laquelle, ilz ont salisfaict, qui est qu'ilz
n'y coucheroienl que une nuict seullemcnt,qui lut la nuit
d'entre jeudy et hier qu'ilz en partirent tous sans y avoir
fairt que vivre encores fort modestement. Hz tiendront le
chemin de Barbezieux ou de Chasleaii-Neul, à ce qu'ilz
Ont dict an courrier, quand il leur a demande où je les
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
291
jugez eslre besoing; priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript au boys de Vincennes, le ve jour
de avril 1076.
\ oslre bonne cousine,
Caterine.
1574. — 17 avril.
OrΣ. Bibl. nat. fonds français, n° i555g, f° 57.
A MONSIEUR DE HAUTEFORT.
Monsieur de Hautefort, vous entendrez par
la lettre que présentement vous escript le Roy
monsieur mon filz bien amplement son inten-
cion sur ce qu'il désire que vous faicles par
pourray trouver, mais je ne les crois pas. Il a sceu depuis
qu ilz alloient devant Anbeterre pour essaier de mettre le
chasteau à leur dévotion et par mesme moyen favoriser le
passaige sur la Garonne du sr de Langoiran, frère de M. de
Montferrant, qui leur amène les forces de la Guyenne
qu'ilz disent et font courir le bruit eslre de trois cens
chevaux et deux mil hommes de pied, mais elles ne
peuvent estre que de cent ou si* vingt chevaux et huict
cens hommes de pied; car, du coslé de Bordeaulx, il est
sorty des forces que mène M. de la Valette qui font faire
audict Langoiran de plus grandes journées qu'ilz ne vou-
draient et d'autre costé MM. de la Vauguyon et de Poinpa-
dour s'approchent dudict de la Noue, de sorte que, si luy
ctM'de Langoiran ne se joignent bientost, ilz auront sur
les doigts, i (Bibl. nat., fonds franc. , n° i555q, fol. 37.)
— Voir deux autres lettres de Pinart des 6etK avril. (Ibid ,
fol. 3g.) Dans cette dernière : trje vous supplie», dit-il
à la Reine mère, « que le Roy et vous preniez bien garde à
voz personnes et que l'on soit songneux d'avoir bien l'œil
survoz vivres, car il y en a de si malheureux qui ne re-
gardent qu'à trouver le moyen de faire de grandes mes.
chancelez. » (Ibid., fol. !\3.)
Le i3 avril ni lui ni Slrozy n'avaient encore pu
joindre La Noue; ce jour-là Pinart écrivait à Catherine :
f-Nous allons Strozy et nioy coucher à Surgeres, où le s'
de la Noue nous a mandé qu'il viendra par deçà pour
la négociation qu'il vous a pieu nous commettre. n (Ibid.,
foI.So.)
Enfin, le h mai Pinart mandait au Roi : ttNous n'avons
rien pu faire pour le bien de la paix.n (Ibid., fol. 67.)
delà touchant la leve'e des Suisses; à quoy il
n'est besoing que j'adj ouste aucune chose.
Bien vous priray-je seullement que vous
preniez garde qu'elle soit des plus belles
trouppes et plus beaux hommes que l'aire se
pourra, et sur ce je supplie Dieu, Monsieur
de Hautefort, qu'il vous ait en sa saincte
garde.
Escript au boys de Vincennes, lexvn8mejour
d'avril 1 o -7 Zi .
Caterine.
BrULART.
1574.
18 avril.
Orig. Tîil>] . nat. fonds français, n° 32o5 , f° iG.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, j'estime que vous aurez main-
tenant près de vous les sieurs de S' Supplice
et de Villeroy et par ensemble donné quelque
bon achemynement à l'affaire que vous avez
à ne'gotierpar delà, dont nous attendons nou-
velles. Je ne vous recommanderay point ledict
affaire, saichanlque, pour l'affeclion que vous
avez au service du Roy monsieur mon filz,
vous n'espargnerez rien de ce que vous pen-
serez y pouvoir servir pour en tirer le fruict
de'siré et qui est aujourd'hui plus nécessaire
que jamais, ainsi que pourrez bien juger sili-
ce que le Roy mondict sieur et filz vous escrit
présentement ' ; à quoy meremectant de ce que
1 La lettre de Charles IX contenait ceci : ^Suivant ce
que je vous escripvis par le sr dé Montataire, les 9" de
S' Supplice et de Villeroy sont partiz d'icy pour aller vous
trouver. J'ay lettres d'eulx qu'ilz arrivèrent le m* de ce
moys à Lyon et en sont partiz le vu""", n'ayant encores
receu aucunes nouvelles de vous, encores que j'eusse bien
expressément chargé ledict Montataire de vous en soli-
citer-, affm de ne perdre temps en ceste négociation, mais
je ne double point que la difficulté des chemyns ne soyt
cause de cest empeschement et que peult-estre ceulx qur
■29-2
je vous en pourrais dire, je ne vous feray ceste
plus longue que pour prier Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa sainte garde.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Escrit au chasteau de Yinceunes,
xvme""' jour d'avril iô-j'j.
auront esté dépcschez do vous à ceste fin, se trouveront
arreslez en quelque pari. Je tiens maintenant losdicts s"
de S' Suppice et de Villeroy près de vous et que par en-
.. ble vous aurez jà donné quelque bon a-hemynement
à vostre négociation , de laquelle je désire que vous puis-
siez tirer tant de fruict que. par le moyen d'iceluy, ccst
Estai se puisse reslablir en ung parfaict repos et tran-
quillité. En quoy je ne double que vous n'employez, oullre
le soing et dextérité , tous les autres moiens que vous pen-
serez y pouvoir servir. Je croy que vous aurez eu le mesme
advis qui m'est venu de la surprise que les rebelles ont
faict de trois ou quatre places es environs de Thoulouze,
par lemoien desquelles et les aultres lieux qu'ilz avoient
jà auparavant ilz tiennent ladicte ville tellement serrée
tant deçà que delà la rivière que les vivres ne s'y peuvent
rendre qu'avecq beaucoup de danger et incommodité
et y pourroyt advenir pis, s'il n'y estovt pourveu. C'est
pourquoy je désire que le sr de Joyeuse s'y achemine in-
cessamment, si desjà il ne s'y estoyl rendu , comme je vous
l'ay et à luy mondé. Il aura avecq luy sa compaignye
d'ordonnance, mais voussçavez qu'elle n'est pas bastante
pour faire leste aux ennemys qui se sont renforcez, à ce que
j'entends, à cause de la trefve accordée par delà, s'estans
la plus part de leurs forces , qui estoient de vostre cousté ,
escoulées de l'autre. Vous adviserez d'accommoder le s' de
Joyeuse jusques à trois ou quatre compaignies de celles qui
vous ont esté ordonnées; car vous sçavez que, sans estre
aydé, il ne pourroit faire chose qui fusl à l'avantage. Au
surplus je ne veulx obmettre à vous dire que puys quelques
jours il s'est descouvert en ce lieu une meschanle et niai-
heureuse entreprise semblable à celle que l'on vouloyt
dernièrement tenter à S'-Germain-en-Laye, qui fut cause
que, m'ayanlesté confirmée par plusieurs divers advis, je
feiz renforcer mes gardes et entrer dedans l'endoz de ce
chasteau un corps de garde de Suysses. Il avoit dès lors
esté pris quelques prisonniers coulpables de ladicle en-
treprise et depuis il en a esté encores pris d'autres, entre
lesquelz sont La Molle et le conte Coconas, qui sont entre
les mains des gens de ma court de parlement pour leur
estre faict leur procès, s'estanl jà parles interrogatoires
que l'on leur a peu faire et leurs confessions volunlaires,
vériffyé comme ilz ont vnullu suborner mes frères les duc
d'AUençon et roy de Navarre et les enlever hors d'auprès
de moy, pour leur faire entreprendre quelque chose au pré-
judice de mon aurtorité et du repos de mon Estât, pour
Vostre bonne cousine,
Caterint..
1574.— 18 avril.
Copie. Bit)!, nal. fonds Collxrt, n" 36G, p. 589.
A MONSIEUR DU FERR1ER.
Monsieur du Ferrier, le Roy monsieur mon
fils vous fait présentement response à vos deux
deux dépesshes des vc et xixc de mars, par où
vous connoistrez le contentement qu'il a des
advis que vous luy donnez, qui ne peuvent
que beaucoup servir au bien de ses affaires. Au
surplus, Monsieur du Ferrier, vous serez, par
cette mesme voye, adverty de la malheureuse
entreprise que nous avons puis naguières
lequel effect ilz avoient disposé des chevaux en certains en-
droiclz et pris ung lieu où ils se debvoient rendre, ayant
bien à louer Dieu de ce que, par sa grâce, leur mauvais
desseing n'a esté exécuté et mesdietz frères ayans recon-
gneu la maligne intention de ceulx qui les ont ainsi voulu
malheureusement séduire, m'ont déclaré tout ce qu'ilz ont
sceu conforme à ce que dessus, espérant bien que par la
confection des procès qui seront faietz à ceulx qui se trou-
vent aujourd'hui prisonniers, il se pourra descouvrir
quelque chose davantagede ce à quoy tendoit le but de ceste
malheureuse entreprise. Cependant je ne veulx oublier à
vous dire que mon cousin le prince de Condé, ayant eu
quelque fra\eur, pour luy a\oir esté donné à entendre
que je tenois prisouniers mesdietz frères, estsorty d'effroy
de la ville d'Amyens et s'est retiré du costé des Ardennes ,
ainsy que je l'ay entendu; mais j'espère que, comme son
parlement a esté fondé sur ung faulx bruict, quand il
sçaura la vérité des choses, comme j'ay donné ordre de la
lui faire sçavoir, il s'en retournera audicl Amyens poui
continuer à pourveoir aux affaires de son gouvernement ,
selon la charge que je luy en ay donnée, n'^lîibl. uni., fonds
franc., n°3a45, fol. 3r>.) — Voir dans le n°5go du fonds
Dupuy (fol. ai), la commission désignée par Charles 1\
pour instruire le procès de la Mole , de Coconas et de
leurs complices. Voir Calendar of State paper» (1074.
Occttrents in France, p. W6)\ dépêches de Valentin
Dale à lord Burghley (Ibid., p. '189, &aa, 4g3, Ao'i)-
LETTRES DE CATH
descouverte par deçà. En quoy il se voit clai-
rement que Dieu nous a assistez de ses grâces,
avant les choses succède' tout au contraire
quelles n'avoient esté projettées. J'espère que
bien tosl nous sçaurons la ve'rite' du tout, dont
vous serez aussy tost adverty, afin que vous en
puissiez parler sainement où vous estes, priant
Dieu, Monsieur du Ferrier, vous avoir en sa
saincle garde.
Escript au chasteau de Vincennes, le xvm"
jour d'apvril 1076.
ERINE DE MEDICIS.
293
Caterine.
Fizes.
1574. — 20 avril.
Orijj. Bibl. nat. fonds français, n° 3go5 , f° fiS.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DVMVILEE,
COl'VtBriLUR ET LIBUTElflltT GBSBBlt DU BOT MONSIEUR MOT FILZ
EN LANGUEDOC.
Mon cousin, vous verrez par la lettre que
le Rov monsieur mon filz vous faict présente-
ment1 l'advis que le sieur de Mondoulcet nous
a donné de la rencontre que le grand Com-
1 De son côté, Charles IX, le même jour, avait écrit
au prince de Condé : de receuz hier au soir lettres du
s'de Monldoucet résident pour mes affaires au Pays Bas,
par lesquelles il me mande que, le xime de ce moys, le
grand Commandeur el le comle Ludovic se sont rencontrés
avec leurs forces d'entre le pays de Gueldres el Clèves et
donné bataille, en laquelle Dieu a tant favorisé ledicl
commandeur qu'il est demeuré maistre du champ et
ledict conte Ludovic perdu quinze cents chevaulx et
toute son infanterie, qui a esté taillée en pièces, le reste
de sa cavalerie miz en routte, luy blessé en l'espaule et
en la cuisse, son frère le conte Ji-han prins ou tué, et le
duc Christophle fils du conle Palatin tué, ayant esté
contraincl ledict conte de faire sa r.'lraicte audict pays de
Clèves où ledict Coumandeur le poursuyt pour ne perdre
le fruirl de la victoyre, n'y ayant pas apparence que, après
une si grande perte, ledict conle ayt moyen de se re-
meclre en campagne pour reste année, dont j'ay bien
voulu vous adverlir, estant bien assenréqm reste non-
mendeur1 et le conle de Ludovicq- ont eu
par ensemble, en laquelle la fortune a telle-
ment favorisé ledict commendeur que ledit
conle v a perdu la plus grande parlye de ses
forces, et le reste mis en routte. J'estime que
ceste nouvelle accourue à ceulx avec lesquelz
vous avez affaire les rendra plus traitables et
prompts à recevoir la grâce qui leur est pré-
sentée qu'ils n'ont esté cy-devant, de laquelle
le Rov mondict sieur et filz n'est pas aussy
délibéré de se départir ou ils seront si bien
conseillez que d'y entendre, priant Dieu, mon
cousin, de vous avoir en sa sainte garde.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
Escript au chasteau de Vincennes, le xx™
jour d'avril ih-jh.
(De sa main.) Je m'aseurc que ne fauldrés à
fayre bien entendre à ceulx de delà combien
vl s'abuset s'yl penset queasteure, ayent aysté
défayst les truppes du conte Lodovic et lui
blésé, de penser qu'i leur aveegne plus de
reystres ni Alemans; et cela, si sont sage, lé
devret fayr désirer la pays, puisque le Roy
mon fils leur veult ayslre si bon que, no-
hostent celé novelle, yl ne veult rien chan-
velle ne pourra que beaucoup servir au bien et avanlage
de mes affaires et à la diminution de l'espérance de ceulx
de mes subjeetz qui se sont eslevez, lesquelz se trouvent
deschuz de ce coslé , s'ilz en attendent quelque secours el
adsislence; au moyen de quoy, s'ilz sont bien conseillez et
ont quelque goust de bonne et pacifique volonté, j'estime
qu'ilz recognoistront leur faillie en recepvant la grâce
que je leur présente de vivre en paix en leurs maysons,
ce sera ung moyen de remectre en repos le roiaulme ,
sinon et ou ilz seront endurciz en leur mal, je me déli-
bère de les poursuyvre si vivement par la force, que j'es-
père que Nostre Seigneur, portant ma juste querelle,
m'en donnera issue favorable. n (Copie. Bihl. nat., fonds
français, n° i55!)g, fol. 60.)
1 Requesens.
- Ludovic de Nassau.
294 LETTRES DE CATHERINE DE MEOICIS
ger de cet qu'il vous lia monde' par le sieur
de S' Suplise et Yylleroy. Je vous prie, mon
cousin, IV (o leur bien entendre que yl ne
devet pas refuser la bonté et grase de leur
Roy.
Voslfe lionne cousine,
Catbrine.
1574. — 3 3 avril.
Orig. Blbl. imp. (lr- Saint-P&eribourr;, vol. XVIII, !" 70.
\ AIONSIEUR DIHUTEFORT,
CONSEILLER DU BOT MON FILZ KN SON CONSEIL PBIVB
ET SON AMBASSADEUR EN SUTSSE.
Monsieur d'Haulefort, j'ay veu ce que me
mandez par vostre lettre de la demande que
vous ont faicte à reste journée de Bade ceux
de Zurich et de Basle, si les deniers qu'ilz
ont prestez après la paix de Tan 1070 ne
leur seroyent pas rendus au terme promis; à
quoy je vous diray que, à la vérité, Testât des
affaires du Roy monsieur mon filz est tel que
je n'y saurois satisffaire en sorte du monde; au
moyen de quoy je vous prie de préparer les
choses de telle façon qu'ilz ne s'eschauffent
point en ceste poursuite, s'il est possible, leur
faisant bien toucher au doigt et à l'œil les
nouvelles occasions de grandes et immenses
despenses qui luy sont survenues, qui ne luy
permectent pas de les contanler autant qu'il
désireroil bien; priant Dieu, Monsieur de
Haulefort, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript au chasteau de Vincennes, le xxvc
jour de avril 1 5 76.
Caterine.
Brulaiît '.
1 Voir une lellre de Brularl à M. d'Haulefort du même
jour. (Bibl. nat., fonds français, n° j 5 5 5 9 , fol. 60.)
1574. — 2 5 avril.
Orig. Communiqué par M. I'1 marquis de Bourdeillcs.
A MONSIEUR DE ROUT.DEILLES.
CAPITALE DE CINQUANTE LVNCES DE SES ORDONNANCES.
Monsieur de Bourdeillcs , le Roy monsieur
mon fils satisfaisant de respouse à vostre lettre
du douzième du présent mois par le sieur de
S' Mathieu, lequel s'en retourne si bien in-
formé de sa volonté et intention sur toutes
choses que je ne vous en diray icy autre chose
sinon pour prier le Créateur, Monsieur de
Bourdeilles, vous avoir en sa sainte et digne
garde.
Escript au bois de Vincennes, le vingt cin-
quiesme jour d'avril lîfjh.
Caterine.
1574. — a5 avril.
Impriniii tians la Correspondance diplouftiliquc de La Mothe - Fcnelûn .
I. VU, p. 459.
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉNELON.
Monsieur de la Mothe Kénelon, l'ambas-
sadeur de la royne d'Angleterre madame ma
bonne soeur, m'est venu aujourd'hui trouver
et a commencé à me dire que sa maistresse
avoit esté grandement resjouie, quand elle
avoit entendu par sa despesche, que le Roy
monsieur mon filz et moy continuons toute
bonne amitié envers elle, et que les choses que
l'on disoit de mon filz le duc, sur l'occasion
de ce qui est cy-devant advenu, ne se trou
voient telles (pue on en avoit faict courir le
bruict, qui estoit bien le plus grand desplaisir
qu'elle pouvoit recevoir; car, comme l'amitié
singulière qu'elle lui avoit tousjours cy devant
portée, estoit principalement fondée sur celle
qu'elle avoit avecque h- Roy mondii t sieur et
filz et moy, aussy, quand il serait mal avec
nous, elle n'en pourrait que grandement di-
LETTRES DE GATH1
minuer1. Ce que je lui ai conforté et remercié
de ce que, en cella, elle rendoit un bien ample
tesmoignage de la syncérité de son affection,
l'asseurant, comme la vérité est, que notre
amitié vers elle est telle et aussi sincère quelle
ait esté cy-devant, et que nous avons tout désir
de restreindre tousjours de plus en plus; et
que, Dieu mercy, il esloit en aussy bonne in-
lelligence avec nous que nous le sçaurions
souhaiter: pour nostre conlentemcnt, et que sa
volonté et la nostre n'estoit qu'une mesme
cliose.
Puis il m'a dict qu'il avoit à parler au Roy
mondict sieur et filz, de quelque chose de la
pari de sa maislresse, mais à cause de son
indisposition, il ne le \oulloit empescher,
m'ayanl déclaré que c'estoit de la Molle, lequel
l'ayant vu et eslimé pour gentilhomme fort
honneste, elle a quelque occasion de penser
qu'il ne lui seroit point tombé au cœur de
faire une meschanceté, toutefois qu'elle ne
sçavoit pas de quoy il peusteslre chargé; mais
que, s'il y avoit quelque chose qui ne feusl de
si grand grief et offencc qu'elle peust estre re-
mise, qu'elle prierait vollontiers pour luy. En
quoy elle estoit incitée d'aultant plus qu'elle
avoit tousjours recogneu la bénignité et clé-
mence de mondict filz si grande envers ses
subjectz, qu'il avoit tousjours fort vollontiers
pardonné, mesmement à ceux qui, par plu-
sieurs fois, ont prins et porté les armes; les
ayant, après cella , aultanl favorablement traic-
tés que pourrait faire le plus clément prince du
monde, comme encores il se voyoit aujourd'huy
qu'il leur faict de si belles et raisonnables
offres, que, quand il/, ne les voudront accepter,
ils mériteront d'en estre blasmés de tout le
1 Voir ilans le Calrndar of State papers (157 4 ), p. 5ga ,
la dépêche de Valentin Dale à Walsingliam, lui rendant
compte de celle audience; la letlre de Valentin Dale à
lord Burghb'v( Calrndar of State papers , i^-tti, p. 4q3).
[UNE DE MÉDICIS. 295
monde, et que tous les princes qui foui pro-
fession de leur religion, leur seraient con-
traires.
Là-dessus je luy ay respondu que j'estois
bien aise qu'il fil ce jugement avec la vérité,
mais, quant à ce qui touche le pardon qu'a
faict le Roy mondict sieur et filz à ses subjectz,
quand ils se sont cy-devant eslevés en armes,
c'a esté lorsqu'ils ont fait cognoistre que ce
qu'ils en faisoient n'estoit que pour le faict de
leur religion, et estre en cela contentés de ce
qui servirait à la satisfaction de leur conscience
et que, leur y ayant esté pourveu, ilz lui ont
rendu l'obéissance telle quedcbvoient de bons
subjectz; mais pour le regard dudiet La Molle,
il y a\oit bien d'autres considérations, car
estant une personne qui a esté nourrie près
de nous, et se peut dire de nostre pain \ luy
1 Voici la lettre écrite par le roi de Pologne à M. de
Nançay en apprenant l'arrestation de M. de la Mole et de
Coconas:* Si jamais je eus joie, ce a esté quand j'ay sceu
que la Mole et Coconas sont en cage, mais jusqu'à ce que
le seigneur qui les traitoit si doucement à la Rochelle,
en anciens conpagnons, les ait fait danser la volte avec
la corde, je ne seray pas bien satisfaict, non tant pour
moy comme pour le repos de la France; car, si on ne les
cliaslie, je ne sçay ce que feront Leurs Majestez à tous
ceux qui sont si mesclians qu'entreprendre contre eux.»
( Bibl. nat. , fonds français, n° 329 1 , fol. 35. ) — Voir pour
la Mole le n" 3gGg du fonds français.
Déjà le 10 avril, Lansac avait écrit à La Guesle :
'•Monsieur, la Royne mère du Roy m'a comandé vous
mander que vous donniez bon ordre que personne, quel
qu'il soit, ne parle aulx prisonniers mesmement à La
Molle, si ce ne sont les juges ordonnés pour faire leur
procès, et qu'ayant entendu que ledict La Molle porte au
col quelques chiffres ou caractères et au doiht des an-
neaulx, que vous les luy faciez hoster, voir que c'est et les
tarder; aussi, s'il avoit sur luy cinq ou six cens escuz et
des bagues, qui sont moyens pour tenter à corrompre les
gardes; par quoy il luy fault aussi hoster et faire bien
garder tout, comme vous sçavez qu'il failli faire, qui est
tout ce que je vous diray.
fcCesle vigille de Pasques, au soir.n (Original. Bibl.
nat., fonds Dupiiy, n° 5go, fol. 25.)
296
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
ayaiil raondict sieur et filz faict de l'honneur
et de la faveur, non pas comme à un subject
et serviteur, mais autant quasi qu'il eust sceu
l'aire à un qui luy eust esté compaignon, la
faillie qu'il pouvoit avoir faicte estoit beaucoup
plus grande en son endroict que de toutes les
aultres personnes; qu'il sçavoit bien que,
quand semblables accidentz csloient advenus
en Angleterre, la royne sa maislresse n'avoil
pas pardonné à ses propres parentz et avoit
laissé traiclcr telle ebose par la justice, ainsi
qu'il estoit raisonnable, et comme l'on faict
présentement, estant ledict La [Molle et ceux
qui sont accusés comme luy entre les mains
des premiers juges de ce royaulme, qui sont
les gens de la cour de parlement de Paris,
par lesquelz tout bomme accusé en cedict
royaulme désire estre plus tost jugé que par
nulz aultres, par la grande et singulière inté-
grité qui est reconnue en eux.
A quoy il n'a peu contredire, mais a plus-
tost approuvé ce que je luy en déclarois, me
disant si on ne peut sçavoir encores de quoy
ledict La Molle est convaincu.
A quoy je lui ai respondu qu'il ne se sçavoit
Le 26 il lui écrivait de nouveau :
« Monsieur, la Royne mère du Roy m'a commandé vous
escripre que le pelitCosme,négromancien que voussçavez,
a esté prins prisonnier el mis enlre les mains du prévost de
l'hostel qui a commandement de le vous ameiner, allin
de le fere dilligemment el incontinent ouyr, et très ex-
pressément examiner par Messieurs les présidants pre-
mier el de Boinville et surtout le fere interoger sur
certaines ymaiges de cire qu'on dict qu'on a trouvées
parmy les besoignes de La Molle , ainsy qu'a dict le lieu-
tenant du chevalier du guet et dont ladicte dame Royne
avoit commandé à M'de Boniieuillilz de M' le premier pré-
sident d'en advertir mondict sieur le premier président,
pour en sçavoir la vérité, dont Sa Majesté a grand désir
de sçavoir des nouvelles; si vous eu sçavez, vous me
ferez grand plaisir de m'en mander par ce porteur.
r Du boys de Vincennes, ce sxvi"°° d'apvril 1 576.7)
(Orig. Bibl. nat., fonds Dupuy, Sçjo , fol. 26.)
point; mais que cest affaire estoit Iraictée avec
toule la sjncérité qui se peut dire, et que,
après avoir esté le procès faict, nous en ferions
pari à sadicte maislresse pour lui faire cognoistre
le fond de la vérilé des choses, que nous ue
voudrions demeurer celé à personne qui nous
louche d'amilié si intime.
C'est, en somme, le contenu des propos
qui se sont passés entre nous, desquels je
vous ay bien voullu donner advis, allin que, si
la royne madicte bonne sœur vous en parle
par delà ou vous dict ce qu'elle en aura sceu
de sondicl ambassadeur, vous en puissiez estre
d'autant plus asseuré par.ee que présentement
je vous en mande, et vous y conformer.
Au surplus, Monsieur de la Molhe Féuclon ,
attendant qu'il vous soit fait response sur la
despesche que nous a porté le sieur de Vassal,
je vous prieray d'user toujours envers madicte
bonne sœur de toutes les démonstrations de
noslre bonne amitié qu'il sera possible, comme
aussy ne nous est elle aucunement diminuée
par ces nouveaux accidentz, mais plulost
accreue; priant Dieu de vous avoir en sa
sainetc et digne garde.
Escripl au chasteau de Vincennes, le xxvem"
jour d'apvril 1 579.
C.YTERINE.
BfUIL.VRT.
1574. — 39 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 590, f" a4.
Imprimé dans les Mémoires de Nevers, t. I , p. 5.
A MONSIEUR
LE PROCUREUR GÉNÉRAL LA GUESLE.
Monsieur le Procureur, arsoir l'on me dist
de vostre part que Cosme ne disoit rien. C'est
chose certaine qu'il a faict ce que mou fils
d'Alençon avoit sur lui et que l'on m'a dict
qu'il a faict une figure de cire à qui il a donné
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
297
des coups à la teste el que c'est contre le Roy
et que ladicte figure a esté trouve'e parmi les
besognes tle la Mole; aussi que, où il logeoit
à Paris, qu'il a beaucoup demeschantes cboses
et des livres et autres papiers. Je vous prie en
advertir de ma part de tout ce que dessus le
premier président et le président Hennequin
et me mander tout ce qu'il aura composé et si
ladicle figure s'est trouvée et qu'au cas qu'elle
soit faite, que je la voye.
Du bois de Vincennes, ce xxix d'avril.
Caterixe.
1574. — 39 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 090, f ai.
Imprimé dans les Mémoires de Xevers.
A MONSIEUR-
LE PROCUREUR GÉNÉRAL LAGUESLE.
Monsieur le Procureur, je vous envoie ce
porleur qui est à moy. Il vous dira ce que le
lieutenant du prévost de l'bostel lui a dit que
Cosme luy dist, quand il le prit; et afin qu'il
ne change, je lui a y l'a i c t redire et le vous
escris icy qui c'est que ledict Cosme, incon-
tinent qu'il fust pris, lui demanda si le Roi
\omissoit, s'il seignoit eucores, et s'il avoit
douleur de teste, et comment il alloit de
La Mole et qu'il l'aimeroit tant qu'il vivroit.
Faictes-lui tout dire et envoyez quérir ledict
lieutenant et communiquez la présente au
premier président et au président Hennequin,
et que l'on sache la vérité du mal du Roi, et
que l'on lui face défaire, s'il a faict quelque
enchantement pour nuire à sa santé et aussi
pour faire aimer La Mole à mon fils d'Alen-
çon, qu'il le défasse.
A onze [heures] du soir, le xxixe d'avril
i57'..
Caterine.
1574. — 39 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n° 3ao5, (* 5o.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE.
Mon cousin, après que le Roy monsieur
mon filz a eu fait veoir en son conseil l'advis
et délibération que vous avez prins avecq les
s™ cappitaines et autres qui sont près de vous
sur ce qui est nécessaire et expédient pour
movenner la réduction de son pays de Lan-
guedoc en son obéissance, puisque ceulx de
ses subjectz qui se sont eslevez donnent si
peu d'espérance de se vouloir réduire par la
voye de doulceur, il a commandé vous estre
proveu sur tous les poinctz de ladicte délibé-
ration et vous y fait présentement bien ample
responce, à laquelle me remectant je ne feray
icy aucune redicte, priant Dieu vous avoir en
sa sainte et digne garde '.
Escriptau boysde Vincennes, le xxixome jour
d'avril 1576.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
Catherixe de Médicis
1574. — 1" mai.
Aut. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOYE.
Mon frère, je n'é voleu fallir par le sieur
d'Albene présant porteur, qui s'an retourne
ver vous et Madame, de vous aseurer de la
convalesanse du Roy mon fils, lequel a esté
1 Voici les instructions que le maréchal Damville avait
remises au comte de Martinengo pour faire entendre a
Charles IX :
tr Premièrement respondre à Sadicte Majesté que jus-
qu'ici il a fait tout ce qu'il a pu à l'advancement de la
conférence pour la paix; mais, comme par tant de fois il
a faict entendre depuis six mois, il a congneu tant de
38
\m y.' 1 ut r ■)' virtui ut
298
tort malade yl
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
a quatre jours; mes asteure
je vous puis aseurer de sa santé', n'an estent
plus en doucte le médesin, Dieu mersis, et
ne lui reste plus qu'eune grande foyblese
avecques un peu de relique de son reunie, qui
n'est plus rien, set1 peu dire; de quoy je
loue Dieu et n'é voleu fallir vous le mender,
m'asurent que en reseverez plésir, tent pour
son respect que pour l'amour de moy, et quant
à nos afayres cet porteur vous en dire, ayent
tout veu et seu, qui sere' cause que ne vous
l'avré la présante plus longue, après avoyr
prié Dieu vous donner cet que désirés.
dissimulation en ceulx du contraire parly et que leur but
n'estoit que de gaigner du temps, et qu'il n'espère riens
de ladicte conférence. Touttefois il fait ce qu'il peull pour
l'avancer, et aUjn que Sa Majesté cognoisse de quel pied
il y marche, et qu'il ne lient pas à lui qu'elle ne soit ef-
fectuée, ledict conte Marline'ngo présentera à Sa Majesté
et ceulx de son conseil la copie d'une lettre que le sieur
S Romain luy auroit e9cript le sixième de cedict mois
'H de la responce que ledict mareschal luy auroit faict sur
laquelle depuis deux jours en ça les déléguez pour la-
dicte conférence pour le party de la religion auraient
envoyé vers ledict maresclial leur député, et ayant en-
tendu la suspicion qu'ils avoient sur la ville de Beaucairc,
pour ce, disent-ils principalement, que Monsieur le prince
Dauphin les mect en subcon, estant avec ses forces le long
de la rivière du Rhône, par lesquelles il pourrait entre-
prendre sur eulx et aussi qu'il a grande contagion de
maladie, et bien que ce ne soit que leurs accoustu-
mées longueurs et diflicultez, ledict mareschal , pour les
rassager de raison, leur a accordé de faire ladicte confé-
rence en cette ville de Montpellier ou à Pézenas, lequel
des deux sera trouvé le plus propre et à propos par
MM. d'Uzès et de S' Supplice et de Villeroy et autres
ordonnez pour assister à icelle conférence pour le party
île Sa Majesté. Ledit sr maréchal loue grandement la
résolution de Sadicte Majesté de vouloir adhérer à l'avis
qu'il lui avoil envoyé, qui est de préparer les forces né-
cessaires pour la réduction de ce qui est occupé en ce
pays soubz son obéissance, estant le seul expédient
moyen pour faire condescendre ceux de ladite religion
île se lemottn' en leur devoir. t> ( Fonds franc. , n° i 585o,
fol. 69).
' Set, si.
Du boys de Venseine, cet premier jour de
may 1576.
Votre bonne seur,
Catkbink.
1574. — ta mai.
tlrift. Bibl. nal. ancirn fonds français, n° 3s55, r> ig.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, nous estions en
peine d'estre si longuement sans entendre de
voz nouvelles, quant nous avons receu vostre
dépesche du viiiMmo de ce moys, ayant le Roy
monsieur mon filz grandement loué la réso-
lution que vous avez prise,1 sur l'advisqui vous
a esté donné du parlement de Montgomery,
de le suivre de près, à la charge que, si vous
ne le pouvez joindre et combatre dedans peu
de jours ', de vous en retourner au siège de
1 Si l'on veut une preuve de la participation des Anglais
à l'entreprise de Montgommery, voici une lettre de celui-
ci à Burghley datée de Carentan :
«Monsieur, il y a environ douze jours que j'ay mis
pied à terre en Normandie, près Coutances, là où bonne
troupe de gentilzhommes et aullres gens de guerre me
firent cet honneur de me venir recepvoir, et le lendem.' in
que j'ay esté arrivé, je m'en suis venu en ce lieu de
Carentan, là où le sieur de Matignon, lieutenant du Roy
en ce pays, avoit mis forces, se doutant bien qu'elle es-
toit de conséquence, encores qu'elle ne fust pas forte,
mais que dans peu de temps on la peut accommoder de
telle façon qu'on la rendrait imprenable, et n'avons esté
que deux jours devant qu'ils ne se soient rendus par
composition, et depuis avons pris un chastcau auprès
environné de trois ou quatre rivières, nommé le Pont-
Douai, de façon que nous tenons des passages pour
tenir tout le pays de Costenlin en subjection et la plus
grande part de toute la coste, et oultre avons gagné sur
le bord de la mer, dans des forts qui esloient là pour
garder la descente , des pièces d'artillerie , de quoy il y
a quatre cations. Nous avons prins aussy la tour et fort
de Tatihou. J'espère, moyennant la grâce de Dieu, de-
vant qu'il soit huit jours d'aujourd'hui, nous acheminer
plus avant dans le pays; aussy je ne veux faillir de vous
dire que les sieurs vicomte de Touraine (Turenne),
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
29'.)
Sainct Lo où vous aviez laissé tous les gens
de pie' et de laisser à sa suicte le sieur de
Vassey. Nous avons de deçà donne' ordre à
tout ce qui a esté possible en advertissant sur
les passaiges de la rivière de Seine et de Loire ;
et envoyant le sieur de Sanssac avec les com-
paignies de gendarmerye du costé du Perche,
pour le poursuivre; il sera besoing que vous
ayez une bonne intelligence avec luy pour
uepveu de monsieur le maresclial de Montmorency, de
Torcy , capitaine de cinquante hommes d'armes et che-
valier de l'ordre, sont venus me trouver de la part du
Roy, et vous envoyé par escript la créance qu'ilz avoient
charge de me dire et de me faire entendre et à la no-
hlesse qui est icy, mais la mémoire est si fraische en-
core du jour de la S' Barthélémy que nous ne sommes
pas délibérés de nous laisser tromper et abuser, comme
nous avons faict par le passé. La dernière nouvelle que
nous avons eue là où esloient nos reistres conduits par
M' le conte Ludovicq, estoit qu'ilz estoient à Sedan, il
y a déjà près de huit jours, lequel lieu appartient à
M' le duc de Bouillon. Il y a plusieurs seigneurs et gen-
tilzhommes, encores qu'ilz ne soient point de nostre re-
ligion, qui se sont joints avec nous, cognoissant nostre
querelle et le bien et repos du publicq. Il n'est pas que
vous n'en scachiez bien amplement de toutes nouvelles,
et si j'avois le moyen de vous en despartir aussy souvent
que je le désirerais bien, je vous en manderais tous les
jours et aussy pour me ramenlavoir en vos bonnes grâces,
auxquelles je désire faire perpétuelle demeure, comme
ci'luy qui se sent vostre obligé pour tant de faveurs et
courtoisies que j'ay reçues de vous, que je n'ouhlieray
jamais, et ne tiendra qu'à faute de moyen que ne fasse
paroistre l'envie que j'ay de vous faire quelque bon ser-
vice, saluant en cet endroit vos bonnes grâces de mes
humbles recommandations, et prie Dieu, Monsieur, vous
donner en très bonne santé heureuse et longue vie.
«De Carenlan, ce xxuii de mai 1 57^.
«Monsieur, je vous supplie humblement que, par
vostre moven, il y ayt marchons qui apportent aux isles
jusqu'à dix milliers de poudre, six milliers pour harque-
bouziers et quatre milliers pour artillerye, que nous fe-
rons acheter là, et aussy, s'il est possible, que nous y
puissions faire acheter jusqu'à huit ou dix pièces de cam-
paigne que l'on paiera ce qu'elles vaudront. n (Record
office, State papers , France.)
l'advertir d'heure à autre de ce que vous
entendrez dudict Montgomery, suppliant le
Créateur, Monsieur de Matignon, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
Escript au chasteau de Vincennes, ce xiies,u0
jour de may ih~jh '.
Caterine.
1 Une lettre de Charles IX complète celle ci-dessus :
«Monsieur de Matignon, je viens présentement de
recevoir votre lettre du xm de ce mois non sans grande
joye et plaisir de ce que vous avez sceu si bien enfermer
Montgomery dedans Dompfront où je ne suis que bien
ayse que vous soyiez arresté pour une si bonne occasion ,
vous voullant bien ramenteveoir une chose à laquelle je
vous prie de penser, estant homme de guerre comme
vous estes, qui est que vous pouvez bien juger que les
pens de pie, encores qu'ils soient à l'entour d'une place
et la serrent de bien près, ne sont pas suffisants seuls
d'empescher des gens de cheval ; par quoy il fault que
vous faictes travailler ordinairement les compagnies de
gens de cheval et leur faire faire ung grand guet à che-
val alentour dudict Dompfront; et y faites faire d'autre
part beaucoup de grandes et profondes tranchées tout à
l'entour ou pour le moins aux principales advenues, afin
qu'ils ne puissent sortir. Au surplus , je vous diray tomme ,
sur l'advis que m'aviez donné par le cappitaine Contre-
moulin que ledit Montgomery tiroit vers ledict Domp-
front, j'ordonnay incontinant au sieur de Sansac de ra-
masser sept ou huit compagnies de gendarmerye que
j'avoys icy à l'entour pour l'y envoyer; à quoy il s'est
acheminé et ay quant et quant mandé aux sieurs de
Lucey, Lavardin et Bussy de l'y accompaigner avec
leurs bandes de gens de pié, qui a esté en intention de
fatraper et engarder de se pouvoir sauver, n'estant pas
asseuré que vous vous t'eussiez arresté audict Domp-
front. Auquel lieu arrivant ledict sieur de Sansac, je
vous prie de demeurer eu bonne intelligence avec luy
et le respecter comme mérite son ancienneté et le long
temps qu'il y a qu'il commande aux armées. Je suis fort
ayse de la bonne compagnie que vous a menée le sieur
Sainct Ligier et ay faict garder le roolle que m'en avez
euvoyé pour faire expédier une exemption d'arrière-ban
à tous ceulx qui sont en ladicte compaignie, ainsi qu'ils
le méritent bien , qui est tout ce que je vous diray, en
priant Dieu, Monsieur de Matignon, qu'il vous ayt en
sa sainte garde.
«Escript au chasteau de Vincennes, le x? may 1574.
38.
300
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1574. — 18 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3oo5 , f° 66.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE DAMVILLE,
MAFIESCIIAL DE FRANCE.
Mon cousin , la conférence que vous estes
en voye de renouer par le moyen de la sus-
pension d armes, que vous avez accordée avecq
ceulx de la nouvelle opinion, donne une telle
espérance au Roy monsieur mon fils de par-
venir à une bonne pacification qu'il s'est ré-
solu envoyer au premier jour de delà les sieurs
de Saint-Sulpice et de Villeroy cappables de
son intention et muniz de bon pouvoir et
amples instructions1, suivant lesquelles nous
«Si vous pouvez prendre Montgomery et Guilry vifs,
vous ferez beaucoup pour mon service de les envoyer in-
rontinant à Paris. s
(De sa main.) t Matignon, si vous me faites se ser-
visce de prendre Montgomery et Guitry en vie et me les
amenez, je l'estimeray le plus grand servisce que l'on
me saurait faire. n (Bibl. de Bouen.)
1 Charles IX avait é-rit, dans une lettre datée du
18 mars : « Ayant entendu par voz dernières dépesches
comme vous estes en voye de renouer la conférence
avecq eulx pour parvenir à une entière paciffication de
ces troubles, j'en ay receu toute la satisfaclion que vous
pouvez estimer, n'ayant rien tant à cueur que de veoir
mes subjeetz réduiz et joyr du repos et tranquilité que
je leur ay toujours désiré, et afin que tous les assistans
en ladicte conférence soient plus capables de ma sincère
intention en cest endroict, j'ay advisé de dépescher par
delà les s" de Saint-Suplice et de Villeroy avecq amples
mémoires et instructions, lesquelz seront prestz au pre-
mier jour pour leur parlement, dont je vous ay bien
voulu advertir par le s' de Montatère que je vous dé-
pesche exprès, afin que vous disposez toutes choses en
sorte qu'ilz se puissent trouver à ladicte conférence sans
que la compagnie se départe qu'ilz n'ayent esté oys. Vous
advertirez lesdits de la nouvelle opinion du voiage
desdits s" de Saint-Suplice et de Villeroy, ad ce qu'ilz
vous baillent les saufz conduietz nécessaires de leur part
et que lesdits sieurs se puissent rendre par delà en la
seureté que je désire et envoyerez aussi tost lesdicts saufz
ne pouvons désirer de vous sienon que vous
faciez en sorte qu'ilz soient ouys en ladicte
assemblée et que les passeportz de ceulx de
ladicte nouvelle opinion pour la seureté de
leur voiage leur soient bientost envoyés à
Lyon , où ilz les prendront en passant , priant
sur ce le Créateur, mon cousin, vous avoir en
sa très saincte et digne garde.
Escript au boys de Vincennes, le xviiic
jour de may 1676.
Vostre bonne cousine,
Càterine.
1574. — 18 mai.
Orig. Bibl. nat. collecl. Dupuy, n° 801, f° «ai r°.
A MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA CODRT DE PARLEMENT.
Monsieur le Président, je vous ay par ci-
devant escript pour expédier maistre Charles
Brachet naguières pourveu de l'eslal de con-
seiller au siège présidial d'Orléans vacquant
par la mort de feu maistre Jehan Moreau , et
d'autant que je désire que les lectres de pro-
vicion qu'il en a obtenues, tant du Roy mon-
sieur mon filz que de moy, ne luy soient inu-
tilles, mais sortent leur entier effect, je vous
ay bien voulu en sa faveur fayre ceste recharge
et vous prier que, ensuivant la voluntédu Roy
mondict sieur et filz et la myenne, vous aiez
à tenir la main et fayre en sorte que ledict
conduietz à Lyon où ilz les prendront en passant.» Et
dans un post-scriptum : «Depuis la présente escripte, j'ay
advisé de différer le parlement des sieurs de Saint-Sup-
plice et Villeroy pour quelques jours, en attendant res-
ponce d'aucunes affaires qui servent à ceste négociation,
affin de les envoyer de delà mieulx instruietz et que l'on
puisse establir un bon et seur repos, comme je désire sur
toutes choses; et cependant, d'aultant que vous n'avez
accordé la suspension d'armes que jusqu'au quinziesme
d'avril, je vous prie de la prolonger jusques au n™1 de
may et qu'il en soit faict Le semblable de leur costé.»
(Bibl. nat., fonds franc., n° 3367, fol. 26.)
LETTRES DE CATH
Brachet soiet expédié et receu audict estât le
plus promptemenl et dilligemment que fayre
se pourra, affin qu'il n'aict plus d'occasion
de me recharger et poursuyvre pour vous en
escripre ; et vous me ferez ung singulier plaisir,
priant Dieu, Monsieur le Président, qu'il vous
aict en sa saincte et digne garde.
Escriptauboisde Vincennes, lexviiicsm6jour
de may 1 676.
(De sa maw.) Je vous prie le dépesclier.
Caterine.
(IlUNTEREAU.
1574. — 19 mai.
Orig. Bibl. de Rouen , fonds Leber.
Copie. Arcb. du palais de Mouaco , registre i .
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, jamais vous ne feiles
service qui nous donnast plus de contente-
ment, et seroit bien difficille que qui que ce
soit nous en put maintenant faire ung plus
grand que vous ferez, si vous prenez, comme
nous nous en assurerons que ferez, ce malheu-
reux conte de Montgommery, qui est cause de
tant de maulx. Je vous prie sur tous les ser-
vices que vous désirez nous faire, gardez bien
qu'il ne s'eschappe et en rendez bon compte
au Roy, suivant ce qu'il vous a escript \ et vous
1 Voici cette lettre de Charles IX : r Ayant entendu
que beaucoup de ceulx qui ont prins les armes et se
sont mis du party du comte de Montgommery, congnois-
sant que les persuazions que l'on leur avoit faictes estoient
seullement pour couvrir de très malheureuses conspira-
lions, se retireraient volontiers, si cesle faulte leur estoit
pardonnéo, et pour ceste cause j'ay advisé de faire expédier
ung pardon général, lequel je vous envoyé, affin que
vous le faciez incontinent publier à son de trompe par
toute l'estendue de vostre charge et que, à mesure qu'il
en viendra vers vous, vous les receviez et remettiez suivant
mon intention portée par ledict pardon et les mainteniez
et faictes maintenir et conserver en seureté et repos en
leurs maisons avecques leurs femmes et familles, après
ERINE DE MÉDICIS. 301
pourrez dire que non seullement en la Nor-
mandie ceulx qui nous y font la guerre seront
vaincus , mais aussy partout le reste du
royaulme, tant la prinse dudict Montgom-
mery donnera de [repos] à ces malheureux
pays, priant Dieu, Monsieur de Matignon,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript au boys de Vincennes, le mer-
credy xix" may 1576 ].
qu'ils auront faict les submissions de la substance dont je
vous envoyé le mémoire et comme il est amplement
porté et déclaré par ledict pardon. Sur lequel me re-
mectant je ne vous feray plus longue lettre que pour
vous prier d'y atirer le plus grand nombre de ceulx de
ceste condition qu'il vous sera possible, m'advertissant
journellement des noms de ceulx qui se réduiront et vous
ferez chose qui me sera très agréable. 7! (Fonds Iran-
çais, 11° 3a 55, fol. 26.)
1 Une lettre écrite par un gentilhomme de Dom-
front donne quelques détails sur le siège : Rje vous
advise que hier, qui estoit dimanche, l'on fist bresche
au cha9teau avecq le canon et nous présentasmes à
l'assault force gentilliommes avecq Monsieur de Fer-
vaques qui nous menoit, et y avoit avecq nous six com-
pagnies de gens de pied dont Mr de Fervaques fnct
blessé, le cappitaine Saincte Coulombe blessé, le cap-
pitaine Paistor blessé, le cappitaine Verdusan blessé,
le cappitaine Tommassin blessé, le cappitaine Tonnerre
tué dans la ville, entrant dans la ville par escalle, avec,
le cappitaine Clément et le cappitaine Sainct Per. l'en-
seigne du cappitaine Saincte Coulombe tué, l'enseigne
de Monsieur de Lavardin tué , les autres enseignes blessés
à mort, force gentilliommes tués et blessés et force
soldats. Il y peult avoir en somme tant en tués que de
blessés deux cents, et le canonnier faillit à nous tuer
tous; car, comme nous estions à la brèche pour combalre,
il tira une voilée de canon qui abattit ung pan de mu-
raille sur nous, qui blessa fort Monsieur de Plassac et le
cappitaine La Roche et tous nous autres; le cappitaine
Cire est fort blessé. Monsieur Dailly est mort; il en
mourra beaucoup des blessés; le sieur de Bordeaulx est
fort blessé et force autres dont c'est grand dommage,
et en mourra encore beaucoup , premier que nous l'em-
portons. Nous tenons la ville; ils n'y ont poinct faict de
résistance et n'y ont tué personne, que le pauvre Ton-
nerre fils de Carolles, dont est grand dommage. Je ne
30â
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
C'est à ce coup que u'oublieray rien de ce
qui vous touche; car si vous nous envoyez le
conte de Monljjommery, c'est tout ce que je
vous demande. Je prie Dieu qu'il vous en fasse
la grâce.
Càterlne.
BrULART.
vous puys aultre chose mander pour reste heure ; lorsque
uous aurons donné l'aultre assault, je vous en manderay
ce qui se sera faict, si je en réchappe; je vous puys as-
seurer qu'ilz sont mauvais garçons et sont résolus à
mourir les ungs après les aultres. Le comte est dedans
avecq Touche!, la Pa trière, I'issot et tout plein d'auitres
cappilaines dedans. Ils nous donneront hien à l'aire,
premier que nous les einporlons. 11 est venu ung courrier
à Monsieur de Matignon qui a rapporté que jà descen-
doit douze mil Anglois de Haguc; aussi il leur vient force
reistres. Monsieur de Guyse a commandement d'aller au-
devant et les combattre. Je ne vous puys autre chose
mander, lors que Monsieur de Maude, chanccllier de
Monsieur le duc , est eschappé d'Orléans et Monsieur Dan-
ville est allé au-devant des reistres.
r Faict ce lundi xxiv" may 1 576 , au camp de Domp-
front.ji (Bibl. de Rouen.)
Voici une nouvelle lettre de Charles IX, du s5 mai :
r Monsieur de Matignon, allin que vous soiez secouru
de la plus grande somme qu'il sera possible sur et tant
moings du paiement du mois commancé le x' de cestuy-
cy, j'ay faict une bien expresse despesche à Rouen et
y ay envoyé le commissaire Le Faure, affin que haste et
face en sorte que, suivant ladicte dépesche, il vous
puisse faire porler le plus tost qu'il sera possible jusques
à quarante mil livres que je faiz emprunter audict Rouen,
où je m'asseure que tous les gens de bien s'éverturont à
fournir le plus qu'itz pourront, tant que pour ce que je
leur en faiz bien assigner leur remboursement, que pour
ce aussi qu'ilz cognoissent bien que l'armée où vous
commandez pour mon service est pour le salut du pays
et pour les rédimer des calamitez de la guerre, dont
je m'asseure que les garenlirez ceste fois et que vous
réduirez en bref en mon obéissance les villes que y
occupent les rebelles et surtout que vous ne laisserez pas
eschapper ce malheureux conte, de Monlgommery et les
autres chefs. C'est chose de si grande importance au bien
de mon service, et que j'ay en si grande affection de
veoir, que je vous prie, sur tous les services que désirez
me faire, ne perdre une seulle minutte d'heure de
1574. — a3 mai.
Imprimé dans les Additions flux Mémoires de Citsteliwu , (. III , p. ûoa .
A MONSIEUR DE LA MOTHEFÉiNELON.
Monsieur de la Mothe, suivant les lettres
que le Roy monsieur mon filz vous escril par
Sabrait présent porteur, vous aurez bien de
temps ny occasion pour la prinse dudict conte et desdictes
villes. Cependant, Monsieur de Matignon, pour ce que,
comme Monsieur de Carouges vous a escript, il se pré-
pare des vaisseaulx en grand nombre en Angleterre,
encores que la royne dudict pays et moy aions toute
bonne intelligence et amytié, touteffoys il semble, à ce
que m'a escript mon ambassadeur, que desjà quelques-
ungs de mes subjects qui sont par delà sont prests à
partir avecq quelques vaisseaulx et, comme l'admirai
d'Angleterre que vous sçavez qui est allié dudict conte
de Monlgommery, ils veullent entreprendre quelque chose
sur mes costes de Normandye et de Bretaigne, dont je
vous ay bien voulu advertyr et que leurs entreprinses
s'exécuteront bien tost, s'ils peulvent en trouver le moien.
Voilà pourquoy je vous prie de pourveoir à la seurelé
de ma cosle de Normandye en l'estendue de vostre charge.
J'en escripls autant audict sieur de Maillernye et en ay
desjà adverty le sieur de Rouillé; mais à cause que
depuis j'ay eu ledict advis d'Angleterre, je luy en fais
encores une dépesche, laquelle, pour ce que vous n'estes
pas loing de luy, d'aultant qu'il m'a escript qu'il s'ap-
proeberoit de vous pour favoriser vostre siège de Domp-
front, je vous prie la luy faire tenir. Estant d'advis que,
selon qu'adviserez et verrez qu'il sera à propos, vous luy
déparliez le régiment du sieur de Lusse et celluy de
Bussy du costé dudict sieur de la Mailleraye, retenant
pour vous celluy de Laverais, affin qu'ils les emploient,
s'ils en ont besoing, à la seureté des places le long des
costes, et vous adviserez aussi de y pourveoir pareillement
en l'estendue de vos charges sans en cella faire aulcune
démonstrance que j'aye double de ladicte royne d'An-
gleterre; car aussy estimay-je que, s'il se lente quelque
chose de ce costé, se sera soubz le nom de quelques
de mes subjects estans en Angleterre, dont entre autres
j'ay sceu que ung nommé le jeune Moisonnière, autre-
menl appelé le capitaine Mauldurant, se prépare fort avec
quelques vaisseaux et que plusieurs Anglois, que je
m'alends bien qui seront désavouez de ladicte royne,
font aussi armer quelques vaisseaulx et que messubjecls
de la Rochelle ont intelligence avec eulx. Je ne doubla
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
30S
quoy remettre la reiue d'Angleterre ma bonne
sœur et cousine des choses dont elle s'est
monstrée à vostre dernière audience aucune-
ment passionnée sans grande occasion ' ; car
pour les raisons que verrez par les lettres de
mondict sieur et fils, elle connoistra bien
ipie nous luy avons toujours tenu la mesme
honnesteté et encore beaucoup plus que nous
ne l'avons eu d'elle, ny vous aussi, comme
ambassadeur en semblable; car mesme, sur
l'occasion du jugement donné contre le duc
de Norfolk, du procès duquel nous n'ouïsmes
jamais parler, si n'est ce que vous en escri-
vistes, selon ce que icelle reine vous en dit
sobrement , après toutefois qu'il eut esté exécuté.
Aussi n'y pensames-nous oncques du depuis,
comme vous pourrez dire à icelle reine, quand
il viendra à propos, considéré qu'en cela suffit
d'en entendre ce qu'elle voulut vous en dé-
clarer d'elle-mesme, regardant aussi, je vous
prie, de lui présenter avec commodité la lettre
pas que tout cella ne se face expressément pour vous
divertir de ce que vous l'aides, aflin d'aller pourveoir
ailleurs où ils se pourront présenter pour faire descente,
mais je m'asseure que pour cella vous ne différerez point
de poursuivre vos délibérations et que vous userez de
toute dilligence pour prendre bien tost ledict Domfront
et S' Lo et ceulx qui sont dedans, pour après en aller
faire de mesme à Carentan, et que cependant vous pour-
veoirez si bien auxdictes castes en l'estendue de vostre
charge, qu'il ne s'y entreprendra aulcune chose au pré-
judice de mon service, me reposant de tout cella sur
vous selon la fiance que j'en ay en vous que je prie
Dieu avoir en sa saincle et digne garde.
trEscript an bois de Vcinseinnes, le xxnii" mai 1 5 7 A .
«J'ai entendu que le lils du conte de Monlgommery
est dedans Carentan. Je vous prie que l'on lace tout ce
que l'on pourra pour l'avoir avecq son père qui , je m'as-
seure,ne laisserezpaseschapper.il (Bibl. de Rouen, fonds
Leber, n° 3730, portefeuille E. )
1 Voir, au sujet du procès La Mole auquel elle fait
allusion, les dépèches du docteur Dale à Walsingham
et à sir Thomas Smith dans le Calendar o/Slale papers
(i574, fol. 3o3et4o.5).
que je lui esctïs de ma main et la requerrez,
comme je fais, avec honneste instance de vous
confier et déclarer ce qu'elle a fait difficulté de
vous dire et s'est laissée entendre en vostre der-
nière audience qu'elle souhaitoit nous pouvoir
dire ànous-mesme, l'asseurant que personne
ne l'entendra jamais, et l'ayant sçu, quelque
chose que ce soit, qui estpeut-eslre de grande
importance, vous le tiendrez, je m'en asseure.
fort secret et en advertirez le Roy mondict
sieur et fils ou moy par lettre, qui sera escrite
de vostre propre main en chiffre, si vous
voulez; mais, Monsieur de la Mothe, il faut
que l'en priez si dextrement, qu'elle ne vous
en puisse rien celer, l'asseurant qu'il ne tien-
dra jamais en nous ny de noslre part que
les propos de mariage d'entre elle et mon fils
le duc d'Alençon ne s'advancent de bref et
prennent une bonne et heureuse fin. Mondict
sieur et filz se porte toujours de bien eu
mieux et sa fièvre qui est formée double tierce,
toujours diminuant. Il en a eu desjà cinq accès,
espérant les médecins qu'il n'en aura plus
qu'un ou deux pour faire le nombre de sept;
car sesdicts accèssont maintenant fort petits,
grâces à Dieu \ lequel je prie , Monsieur de
1 Elle se faisait illusion sur l'état de son fils; voici
ce que nous lisons dans une note non signée :
trLe Roy par l'indisposition de sa personne et longueur
de maladie est réduit en telle maigreur et foiblesse qu'il
n'a plus que la peau et les os, et les jambes et cuisses si
amoindries et atténuées qu'il ne se peust soustenir; raer-
credy dernier se trouva tant failly de haleine et paroles
à l'occasion du flux du sang par la bouche qu'on en at-
tendoit plus la mort que la vie, mais depuis sa saignée
s'est mieux trouvé. Vray est que hier la nuit il fut plus
esmu que de coustume et n'entroit-on point dans sa
chambre; mais, le soleil se haussant, la royne y vint et
y entrèrent assez de gens, mesmement les prestres qui
y firent le service où se trouva la Royne sa mère. Depuis
qu'il a entendu l'exécution de Coconas il a meilleur vi-
sage que devant, disant qu'il ospéroit tant vivre qu'il
verroit la fin de ces conspirateurs contre lesquels il se
oO'l
LETTRES DE CATHERINE DE MEUICIS.
la Mothe, vous avoir en sa sainte et digne
garde.
Escrit au bois de Vincennes, le xxm inay
i .>7'i.
Gâterie.
moiilia fort ennemy et demandant, fort la vengeance.
M' le duc d'Alençon, entendant Testai du procès de
La Mole et du conte de Coconas, supplia le Roy de leur
pardonner, ou à tous moyens leur remettre la mort pu-
blique et ignominieuse; il en a esté refusé, puis se retira
à la Reine sa mère et à genoux la supplia, puisqu'il a
receu tant d'honneur que d'cstre son filz, qu'elle luy
fasse ceste faveur et prière envers le Roy que ses gens
ne meurent pas par supplice publique et que, s'il est
possible, elle obtienne du Roy leur rémission. En par-
lant, cette dame obtint du Roy le supplice secret, comme
aucuns disent, et que l'on escriproit au Parlement pour
surseoir l'exécution; mais le porteur des lettres arrivant
à Paris trouva la porle S' Antoine fermée, et cependant
l'exécution du supplice fut tellement avancée qu'en un
moment ils lurent tous deux exécutés, ce que l'on dict
avoir esté faict par l'avertissement d'un parfumeur mila-
nois nommé René qui vint raconter le cas au premier
Président , comme il estoit passé en court, disant davantage
que la Reine mère avoit obtenu leur rémission, qui fut
cause de les faire sortir plus tost de la Conciergerie et
de faire cheminer hastivement la charetle et incontinent
qu'arrivèrent en Grève de les faire exécuter sans faire
les proclamations accoustumées. La mesme après disner
furent constitués prisonniers deux astiologiens, faisant
profession de la judiciaire, l'ung Italien nommé messire
Novio, pensionnaire de la Reine mère, et l'aultre Fran-
çois nommé La Brosse, demeurant es faubourg S' Ger-
main des Prés , et ont esté confrontés à ung Italien nommé
Cosme, natif de Florence, aussy pensionnaire de la Reine
mère, auquel a esté rasé tout le poil. Le C" Charles de
Mansleld, qui naguères avoit espousé la tille aisnée du
maresclial de Brissac, s'est trouvé coupable de cette en-
treprise et s'est retiré doucement en Luxembourg et a
esté poursuivi jusqu'en Lorraine. Depuis que M' le Duc
entendit l'exécution de La Mole, il en prist tel deuil
qu'il en est tombé malade, gardant le lit et la chambre
où peu de gens ont entré, ne cessant de soupirer et de
pleurer, regrettant sa condition et sa fortune. n (Record
office , State papers , France. )
1574. — a3 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3*55, f° 29 r".
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, le de'sir que nous
avons d'entendre de voz nouvelles est cause
que le Roy monsieur mon filz vous dépesche
ce courrier présent porteur, affin que par luy
vous le rendiez promptement informé de ce
que vous espérez des prises de Dompfront et
Sainct Lo, ensemble des conte de Montgom-
mery et Columbières, où nous nous asseurons
que vous n'oubliez rien de ce qui peult servir
pour en venir bien tost là. Et par ce que vous
verrez par la lectre du Roy mondiel sieur
et filz les nouvelles que nous avons eues de
Guienne et Testât de sa santé1, je ne vous en
1 Le a 8 mai, Charles IX écrivait :
tf Monsieur de Matignon, quand j'ay sceu les nomelles
que m'avez escriptes par des Chappelles présent porteur
et ce qu'il m'a dict de vostre part de ce qui s'est passé à
Dompfront et de l'espérance qu'avez d'avoir bien tost le
cbasleau et surtout que le conte de Montgommery et les
autres, qui sont dedans, ne se peulvent saulver, mais que
m'en renderez bon compte dedans peu de jours, je me
suis fort resjouy, d'aultant que ce sera un très grand
bien et réputation en mes affaires et service. Je suis
infiniment marry de la pollronnerye de ces canailles
de soldats qui ont, comme m'a dict ledict Chap-
pelles, si mal faict aux assaulx donnez au chasleau du-
dict Dompfront. Il fault que vous en fassiez faire quel-
que exemplaire justice ou démonstration , par l'advis des
seigneurs cappitaines et autres gens de bien qui sont
par delà et qui y ont si bien faict leur debvoir, comme
m'avez escript et que j'ay particulièrement entendu
dudict des Chapelles, estant infiniment marry de la perte
que j'ay faicte du pauvre cappitaine Sainte Coulombe et
de ceulx qui y ont esté tuez et pareillement de ceutx qui
ont esté blessez, faisant si bien et vaillamment leur deb-
voir, comme m'avez escript qu'ont faict aussi les sieurs de
Fervaques et de Laverdin et pareillement le cappitaine
Tbomassin et aultres, ausquelz j'escripts particullière-
ment des lettres que leur baillerez, et aussi aux aultres
seigneurs qui sont par delà avecq vous et lesquelz vous
asseurerez de la bonne oppinion que j'ay d'eulx et de leur
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS
feray aucune redicte, mais me l'emectant à
icelles, je prieray Dieu, Monsieur de Mati-
gnon, vous avoir en sa saincte et digne garde.
305
Escript au bois de Yincennes, le xxm' jour
Caterine.
de may 107^
valeur, et combien j'estime grand le service que vous et j
eulx me faictes en ceste occazion, qui ne m'est pas de i
petit" importance: car outtre la grande réputation que se J
sera à mes affaires, quand aurez prins ledict Dompfront
avec ledict Montgommery et ceulx qui sont dedans, il
en adviendra une deiï'aveur si grande aux aultres qui se j
sont eslevez et ont prins les armes contre moy, que
j'espère qu'après cella l'on aura bon marché d'eulx et
que Sainct-Lo et Carenten ne dureront guères, quand
ils verront ledict Montgommery et les aullres qui sont
avec luy prins, espérant qu'estant l'estendue de vostre
charge, comme elle sera lors, bien réduicte en mon
obéissance, que le reste de la Normandye et lieux cir-
convoisins seront bien à repos; et pour ce, je vous prye
encores derechef, aullant que vous aimez mes affaires et
service, de ne perdre une seule occazion ny heure de
temps, et surtout donner si bon ordre que ledict Mont-
gommery et les aultres chefs ne se puissent escbapper.
J'escripts aussi au cappilaine Lucey que je m'asseure
eslre fort vaillant, bien affectionné à mon service, el qui
a de bons hommes , et si fais encores à chacun une lettre
aux sieurs de Lucé et Bussy, affin que leurs soldatz ré-
parent la houle des autres; et en attendant les bonnes
nouvelles que j'espère de bref avoir de vous, je vous diray
(pie j'en atlendz aussy bien tost de fort bonnes de mon
cousin le duc de Montpensier, car il avoit gaigné, il y
a desjà huict jours, les faulxbourgs de Fontenay et
asseoit son artillerye pour le battre, comme il aura faict
bien tost après, sans beaucoup larder à faire bresche et
venir aux mains, ayant avec luy une fort bonne trouppe
de gens en délibération de m'y faire ung bon service; et
du costé de Guyenne j'espère aussy que, comme je vous
ay escript dernièrement, tout ce pays-là sera bieutost nes-
toyé et que, selon que le sieur de la Vallette verra, il se
pourra attaquer à Montauban. Priant Dieu, Monsieur
de Matignon, vous avoir en sa sainte et digne garde.
rEscrit au bois de Veincennes, ce xxvme jour de may
157/1.1 (Même volume, f° 3a.)
Catherine de Médicis. — iv.
1574. — 30 mai.
Orig. Archives municipales -le Rouen.
A MESSIEURS
LES CONSEILLERS ET ESCHEMNS
DE LA V1LLC DE I\OLE>.
Messieurs, le repos et conservation de toulle
la Normandie despend du succès de la guerre
qui est en la charge du s* de .Matignon, les
affaires y sont à pre'sent, grâces à Dieu, en si
bon estât que nous espérons en avoir bientosl
une bonne issue. Pour ce faire nous avons
advisé d'envoyer au sr de Matignon une bonne
somme de deniers, qui me faict vous prier,
suivant ce que le Roy monsieur mon fils vous
escript, regarder à vous employer que nous
puissions recouvrer à Rouen la somme de
quarante mille livres.
C'est chose sy nécessaire qu'il faut que vous
fassiez ce service au Roy mon fils sans excuse
ny remise; avec cella les prédilions de ce presl
sont si doubles etlesseurettés telles que ceulx
qui feront ce prest ne doibvent doubler qu'ils
n'en soient incontinent remboursés, comme
vous verrez par la lettre du Roy monsieur
mon filz, et comme vous diront les srs de
Rourdiné et premier président et général des
finances Ronacorsy ; priant Dieu vous avoir
en sa saincte garde.
Escript au bois de Yincennes, le xxvc jour
de may 1 576.
Caterine.
1574. — 35 mai.
Orig. Bibt. nat. fonds français, n° 3a36 , f° 3.
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, nous nous asseurons que ce
voiage que vous avez délibéré de faire en
Piedmont ne sera pas long et que bien tost
nous vous reverrons de deçà. Vous n'avez pas
39
IXPIUlltlUE MT10MI I
306 LETTRES DE CATHE
l'ail peu de service au Roy monsieur mon fils
d'avoir faict arrester celluy qui esloit dépesché
pour la levée de quelques reislres pour ceulx
de la nouvelle oppinion de Languedoc et de
Daulphiné, lequel s'est trouve' chargé de plu-
sieurs mémoires sur ce fait'. Sa Majesté désire
que ledict prisonnier soit mys en tel lieu qu'il
lui puisse estre représenté en temps et lieu,
ainsi que plus amplement Sadicle Majeslé vous
l'aict entendre par la lettre qu'elle vous escripl-,
sur laquelle me remeclant, pour ne vous en
dire autre chose, je prieray Dieu, mon cousin,
nous avoir en sa saincle garde.
Escripl au hoys de Vincenues, le xxve",I! jour
Je may 1 576.
Vostre honne cousine,
Cvterine.
') D'après la lettre de Charles IX. qui accompagne
celle-ci (même volume, fol. a), il se nommait le comte
(te Hesse.
? Voici celte lettre de Charles IX (même volume,
fol. 2):
"Mon cousin, je m'asseure que le voiage que vous
avez délibéré de faire en Piedmont ne sera long, et que
bientôt je vous verray près de moy, comme je vous ay
l.iil entendre le désirer. J'ay sceu comme vous avez fait
arrester ung nommé le conte de Hesse qui estoit dé-
pescbé par ceulx de la nouvelle oppinion de Languedoc
<'t Daulphiné pour la levée de quelques reislres , lequel
s'est trouvé chargé de plusieurs mémoires sur ce fait.
Vous ne m'avez pas fait peu de service en cest endroit,
I d'aultant que je désire que ledict prisonier soit mis en
tel lieu qu'il me puisse estre représenté lorsque je le de-
manderay, et que vostredit voiage vous pourrait mectre
en peyne de luy, je vous prye l'envoyer soubz bonne et
seure garde à mon cousin le prince Daulpbin qui est en
Daulphiné, à quy j'ay escript le recevoir et le faire si
bien loger qu'il n'en adviene inconveniant. Priant Dieu
vous avoir, mon cousin, en sa sainte garde.
'-Escript au boys de Vincennes le xxv* jour de
may 1.57/1.»
RINE DE MÉDIC1S.
1574. — ^5 mai.
Copie. Bilil. nat. Cinq cenls Colberl, n» 3C6 , f- 6l3.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, encorcs qu'il n'y ait
pas grand subject de vous escripre, si est-ce
que le Roy-monsieur mon filz a voulu vous
faire cesle petite despesche1 pour vous adverlii
de la réception des vostres et vous donner
lumière des choses qui passent par deçà, affin
que les hruiets divers qui en courent de toutes
paris ne vous en oslent la vraye connaissance,
qui est tout ce que je puis vous dire, priant
Dieu, Monsieur du Ferrier, vous avoir en sa
sainte et digne garde.
Escript au chasteau de Vinceines, le xxvc de
may 1 h-jh.
Caterine.
Fizes.
1 Voici cette petite dépêche du Roi : fMonlgom-
mery, s'estanl rais aux champs pour essayer de s'estendre
davantage, a esté pressé et serré de si près qu'il a esté
contrainct île se jeter dans la -v i 1 1 - ■ de Domlront assez
foible et mal soustenable. Il a esté aussilost environné
par les forces que conduict le sieur de Matignon qui a
fait retrancher toutes les Faillies de ladicte ville, de sorte
que ledict Montgommery est hors de toute apparence
d'en sortir et avoir secours, et pense que Dieu nous fera
la grâce dedans peu de jours de l'avoir' par deçà mort on
vif, pour luy faire porter- la pénitence dn premier malheur
qu'il a causé en ce royaume et de tant de troubles et de
misères qu'il ait depuis suscités. Mon cousin le duc de
Montpensier est aussy en Poictou avec bonnes forces,
ayant repris le lieu de Tallemont que les rebelles occu-
poientet est maintenant devant Fontenay duquel j'espère
qu'il aura bonne issue et que petit à petit néloyeray mon
royaume de ceux qui l'ont troublé par tant de manières. •■
(Même volume, p. 61a.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
307
1574.
29 mai.
Orig. Arrh. des Médicis à Florence, dalla ûlza 4736.
nuova numerazione, p. 390.
A MON COUSIN
M» LE GRAND-DUC DE TOSCANE'.
Mon cousin, j'ay entendu tant par vostre
lellre du xxvmc du passé, que par ce que le
marquis Horalio dai Monte m'a dicl, la mort
de l'eu mon cousin le grand-duc de Toscane
vostre père, qui m'a apporté ung infini regret
et desplaisir, tant pour la singulière affection
que je iuv ay tousjours portée, à vous et à
loule vostre maison, que pour la perte que
a faicte toute la chreslienté d'un si vertueulx,
prudent et saige prince que luy, duquel la
mémoire sera tousjours vive auprès de moy,
ensemble ma bonne volonté et affection envers
vous et tout ce qui luy appartient, comme je
prie ledicl seigneur marquis vous dire de ma
part, lequel j'eusse bien désiré faire veoir au
Roy monsieur mon filz, pour s'acquicter envers
luv de la cbarge qu'il avoit de vous; mais
craignant que la nouvelle de la mort de vostre-
dict père ne luy apportast si grand déplaisir,
ijui luv donnast matière d'augmenter son mal,
j'ay prié ledict seigneur Horatio s'en dep-
porter; et luy ay promis de vous prier l'avoir
pour excusé, s'il n'a satisfaict à vostre com-
mandement pour ce regard, ce que je vous
prie faire pour l'amour de moy, priant Dieu,
mon cousin, vous tenir en sa saincte garde.
Escript au chasleau de Vincennes,le xxixme
jour de may 107^.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
François de Médicis.
1574. — 29 nui.
Orig. Arcli. des Médicis à Florence, dalla filza 6736 .
nuova numerazione , p. 3oû.
A MA COUSINE
LA GRANDE-DUCHESSE DE TOSCANE.
Ma cousine, la nouvelle perte advenue non
seullement en vostre maison, mais à la chres-
tienté par la mort de feu mon cousin le grand-
duc de Toscane vostre père, m'a apporté grain!
desplaisir avec ung très grand regret, tant pour
le grand ennuy que je sçay que vous et toute
vostre maison en avezreceu, que pour l'avoir
tousjours aymé et estimé pour ses grandes
vertuz et prudence, pour l'amour desquelles
la mémoire en sera tousjours vive à la posté-
rité, et en moy principalement avec le mesme
désir et affection de favoriser et ayder la
grandeur et prospérité de sa maison, que j'ay
eu en l'endroict de luy, durant sa vye, comme
j'ay prié le seigneur Horatio dal Monte vous
dire de ma part; sur lequel me remectant, je
feray fin, priant Dieu, ma cousine, vous tenir
en sa saincte garde 1.
Escript au chasteau de Vincennes, lexxix"
jour de may iô-!x.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1574. — 29 mai.
Orig. Arch. des Médicis a Florence, dalla tilza £736,
nuova numerazione, p. 391.
A MON COUSIN
LE SEIGNEUR DON PIETRO DE MÉDICIS.
Mon cousin, ayant entendu, tant par ce
que le seigneur Horatio del Monte m'a dicl,
que par vostre lettre du xxvie du passé, la mort
1 Les obsèques du grand-duc eurent lieu à Noire-
Dame le 26 mai. (Négociât, diplomat. avec la Toscane,
t. III, p. 93 1.)
39 .
:508
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
de feu mon cousin le grand-duc de Toscane,
j'ay receu ung si grand desplaisir et en ay eu
ung tel regret, qui! convient à si gronde perte
et dommaige advenu, tant en vostre maison
que à toute la chrestienté, d'un prince de telle
valleur et vertuculx qu'il esloitetà lasingullière
amitié que je luy portoys, que je garderay
tousjours à sa mémoire, à toute voslredicte
maison, pour l'ayder et favoriser aultant qu'il
me sera possilile, comme j'ay prié ledict sei-
gneur Horatio vous dire de ma part, priant
Dieu, mon cousin, vous tenir en sa saincte
garde.
Escript au chasteau de Vincennes, le xxixe
jour de may îb-jh.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1574. — 3o mai.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n" 3a56, f° 93.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Malignon, nous ne vous sçau-
rions assez dire le plaisir et contentement que
nous avons receu de la belle prise et réduction
que vous avez faiclede Dompfrontetdu conle
de Monlgommery, qui estoit dedans, dont le
sieur de S1 Léger présent porteur nous a faict
entendre l'histoire. Vous avez si bien et heu-
reusement commencé que je m'asseure que
Dieu nous fera la grâce que vous achèverez
de mesme et remettrez Sl-Lo et Carenlan soubz
l'obéissance du Roy monsieur mon fils, pour
nous rendre du tout en repos de voslre costé;
en quoy vous avez desjà acquis et vous re-
viendra tout l'honneur que peult désirer ung
bon et grant capitaine, vous priant continuer
avec la mesme vigillance et promptitude que
vous avez faict, et vous asseurer que le Roy
mondict Glz fera pour vous et vostre advan-
cemenl lout ce qu'il luy sera jamais possible
et vous en reposez sur moy, qui prie Dieu,
Monsieur de Matignon , vous avoir en sa saincte
garde.
Escript au bois de Vincennes, le XXX™0 jour
de may 157/1 '.
Caterine.
PlNART.
1 La veille, Charles IX avait écril à Matignon : trJe ne
receuz il y a fort longtemps nouvelle qui m'ayt esté plus
agréable, que le discours que m'a faict le sieur de Saint-
Léger présent porteur du très grand debvoir etdilligence
que vous faictes non seullement pour reprendre Saint-Lo,
mais aussy pour attrapper ce malheureux conte de Mont-
gommery, qui est cause de tant de maulï en ce royaulme
et, pour ceste cause, je vous prje, sur tous les services
que désirez me faire et aussy tous les gens de bien qui
sont par delà avecq vous, s'employans aussy de toute af-
fection pour mon service, comme ledict sieur de Saint-
Léger m'a bien amplement et particulièrement dict, de
voulloir faire en sorte que ledict conle n'eschappe poinct;
car je tiens pour certain que, s'il peut estre pris, oullre
le grant plaisir que ce me sera plus que je ne vous
sçaurois dire, le pauvre pays de Normandye sera ré-
dirné de toutes les continuelles vexations qu'il a si sou-
vent receues par luy et à son occasion... Véez là pour-
quoy je vous prye derechef, mais c'est de la plus grande
affection qu'il m'est possible et tous les bons serviteurs
que j'ay aussi par delà , de s'y bien pourveoir et faire en
sorte qu'il n'eschappe poinct, mais que vous le puissiez
de bref envoyer en bonne et seure garde prisonnier à
Paris où je désire plus que nulle autre chose lui faire
bonne et exemplaire justice, comme vous dira aussy le
sieur de Saincl-Léger, duquel j'ay aussi entendu la dif-
ficulté qui s'est meue pour Testât de mestre de camp
entre les sieurs de Fervacques et Villermoy; sur quoy
j'ay advisé pour les contenter que tous deulx auront sem-
blable auctorité et estât de mestre de camp, dont j'ay
commandé au trésorierde l'extraordinaire doubler le paye-
ment, aflin que tous deulx y reçoivent la solde et l'exer-
cent l'ung et l'autre ensemhlemenl, m'asseuranl qu'ils
auront toute bonne intelligence pour mon service el que
deulx gens de bien et de valleur, comme ils sont, s'em-
ployans comme ils font, feront beaucoup plus, eslans
deulx, que s'il n'y en avoit que ung employé en ceste
charge-là. Quant à l'auctorité pour commander en voslre
absence, il n'est, grâces à Dieu, point de besoing, vous
portant comme vous faictes, grâces à Dieu, fort bien, el
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
309
1574. — 3i mai.
Orig. Archives de Modène.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mon cousin, vous avez entendu la malladie
du feu Roy monsieur mon filz ' lequel, eong-
noissant enfin que Dieu voulloit L'appeler a
soy, a ordonne' de sa dernière volunté pour
puis j'envoye Monsieur de Sanssac, qui est si ancien et
viel chevalier, et lequel je m'asseure se comportera si
liien avecq vous, et vous avecq luy que mon service sera
bien et dignement faict et que nulles difficultés n'ad-
viendront en ces choses-là , mais que par vos prudences
desungsetdes aultres tout se conduira avecq toute bonne
et perfecte intelligence. J'escriplz aux sieurs de Vassay
et de la Hunaudaye et aullres qui sont par delà puur
mon service, ausquels je vous prye bailler mes lettres et
les asseurer du grand contentement que j'ay d'eulx,
aiant entendu tant par vos lettres qne par ledict sieur
de Saint-Léger le bon et grand debvoir qu'ils font par
delà pour mon service ; en quoy je les prye de continuer,
comme je m'asseure qu'ilz feront. J'ay aussi veu dudicl
sieur de Saint-Léger comme il vous est venu des offi-
ciers et canonniers de mon artillerye, mais qu'ils se
veullent retirer, s'ils ne sont payez de leur solde extraor-
dinairement, ainsy qu'ils ont accoustumé, quant ils mar-
chent. Cella est bien raisonnable , et pour ceste cause
envoyez moy estât de leurs noms et de ce que se monte
par mois leur extraordinaire, et quel jour ils doibvent
entrer en payement et je feray promptement bailler ce
qu'il fault pour cella au trésorier de l'extraordinaire
de l'artillerye, mais cependant retenez-les et vous en
servez et regardez de les faire accommoder de quelque
argent par prest, qui sera rabalu et rendu lorsque l'on
les payera... n (Même volume, fol. a4.)
1 Charles IX, la veille également, avait écrit à
M. de Matignon : trVous avez cy-devant entendu mon
indisposition, laquelle depuis ung jour en çà est fort
acrene et suis aujourd'huy en tel estât, que j'atcndz ce
qu'il plaira à Dieu faire de moy, en la main duquel
sont toutes choses humaines, estant tout prest de me
conformer à sa sainte volunté; cependant j'ay prié la
Royne madame ma mère que, suppléant au deflault de
ma malladie, elle vueille avoir plus grant soing que
jamais de mes affaires et de ceulx de mon royaume, ainsi
que très dignement elle s'en est acquittée jusques icy,
l'administration des affaires de ce royaume et
voulu m'en remelre la charge, attendant !e
retour en icelle du roy de Polongne monsieur
mon filz, quelque temps après il a rendu
l'esprit et quicté les misères de ceste vie,
m'ayant laissée oultre'c de la douleur que na-
turellement peult avoir une mère après la
perte de la chose qu'elle avoit la plus chère
et pre'cieuse, qui me faict désirer de quicter
désirant qu'elle soit obéye en tout ce qu'elle comman-
dera, tant durant ma malladie que là où il plaira à Dieu
faire son sainct commandement de moy, jusques à ce
que le roy de l'olongne mon frère, qui est mon légitime
successeur, soit arrivé de par deçà; et quant à^vous,
Monsieur de Matignon, encores que je m'asseure bien
que vous ne défaudrez en rien de voire debvoir à con-
tenir toutes choses en bon repos en rostre gouvernement .
et à faire congnoistre à mes subjeetz l'auctorité de ma-
dicte dame et mère et à les retenir en l'affection et déro-
tion d'obéissance qu'ilz doibvent à mondict frère, en cas
qu'il pleust à Dieu faire sa volunté de moy, comme dessus
est dict, si esse que je vous en ay bien voullu escrire et
vous prier, qu'en remettant devant les yeulx de tous
mes subjeetz, tant de ma noblesse que autre sorte
d'estatz de voslre charge, la grande fidélité et loyaullé
que ont tousjours gardées les François envers ceulx à qui
légitimement est advenue la succession de la coronne et
sceptre royal, dont ils ont esté recongneuz par dessus
toutes les nations du monde, ils en vueillent user de
mesme à l'endroict de mondict frère le roy de Polongne
sur l'accident qui me pourrait survenir, y tenant, de
vostre part, la bonne main pour aller au-devant de tous
les maulx qui pourraient résulter, à la généralle rnirv
et subversion de mesdicts subjeetz, là où ils feraient aul-
trement et se dévoieraient de ce qui est de leur debvoir
selon Dieu et la loy de nature. J'ay faict entendre cesle
mienne volunté à mes frères les ducs d'Alençorj et roy
de Navarre, qui m'ont promis et asseuré de l'ensuivre et
obéir à madicte dame et mère selon l'amour et bonne
affection qu'ilz luy portent et le désir qu'ilz ont à la
conserralion du repos général de mon royaume, me
confiant bien qu'ilz y feront tout loyal debvoir de leur
part, comme je m'asseure que ferez aussi de la rostre.
Je n'estandray la présente plus arant que pour prier
Dieu , Monsieur de Matignon ,rous avoir en sa sainte garde.
»Kscript au boys de Vincennes,le xxix""°jourde may
1574.1 (Bibl.nat., fonds français, n° as56, fol. 93.)
310.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
et remetre tous affaires pour chercher quel-
que tranquillité. Néantmoins vaincue de l'in-
stante prière qu'il m'a faicte par son dernier
propoz d'embrasser cest oflice au bien de
ceste couronne, à laquelle je recongnois estre
tenue de tout ce que Dieu m'a départy, j'ay
esté contraincte d'accepter ladicte ebarge, es-
pérant que Dieu me fera la grâce (assistée de
la bonne volunté de mon filz le duc d'Al-
lençon, du roy de Navarre, mon beau-filz, et
autres princes et bons serviteurs de ceste cou-
ronne), de conduire toutes choses avec telle
modération et par si bon conseil et adviz que
ce désastre, encores qu'il soit le plus grand
qu'il en peust advenir, n'altérera riens du repoz
et tranquillité de cest Estât, dont je vous ay
bien voulu ad vertir, m'asseurant que vous par-
ticipperez à cest ennuy, tant pour la perte du-
dict seigneur, qui vous estoit très affectionné,
que pour l'amitié que vous portez à ceste cou-
ronne envers laquelle je vous prie de la con-
tinuer, me voulant bien prometre que le roy
de Polongne mondicl sieur et filz embrassera
tousjours, de sa part, la mesme affection que
le deffunt avoit envers vous et se vouklra de
bon cueur disposer à toute la correspondance
d'amitié et bonne intelligence que vous en
pomez désirer, comme je feray aussy, de ma
part, priant sur ce le Créateur, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde 1.
Escripl au cha.steau du boys de Vincenues,
le dernier jour de may.
Vostre bonne cousine,
Catemne.
1 Pareille lettre et dans les mêmes termes fut adressée
au duc de Mantoue.
157 U. — 3i mai.
Copie. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 5oo, f° 88.
AU ROY MONSIEUR MON FILS,
HOÏ DE POLOGNE.
Monsieur mon fils, je vous envoyai yer en
grant diligence Chemerault pour vous aporter
une piteuse nouvelle pour moi pour avoyr veu
tant mourir de mes en fans. Je prie à Dieu
qu'il m'euvoye la mort avant que je en voy
plus, car je cuide désespérée de vovr un tel
spectacle et l'amitié qu'il m'amonstrée à la fin ,
ne pouvant me laisser et me prier que vous
envoyasse en toute dilligence quérir et, en ce
pendent que lussiez arrivé me prioit que je
prinse l'administration du royaume et le vou-
louir et que je fisse faire bonne joustice des
prisonniers qu'il savoit estre cause de tout le
mal du royaume; qu'il avoit connu que ses
frères avoient regrect en lui, qui lui faisoit
penser qu'ils me seraient obéissans et à vous,
mais que fussiez isy et après me dicl adieu
et me pria de l'embrasser, qui me cuyda fayre
crever. Jamais homme ne mourusl avec plus
d'entendement, parlant à ses frères, à Mon-
sieur le cardinal de Bourbon, au chanselier,
au secrétayre, au capitaine des gardes, tant
d'archers que de Suisses, leur commandant à
tous de m'obéir comme à luy mesme jusques
à vostre arrivée et qu'il s'asseuroit que le
vouliez ainsy, les prians de vous bien servir
et vous estre fidèles, recommandant à tous le
roiaume et sa conservation, et tousjours disant
voslre bonté et que l'avez tousjours tant aimé
et obéi et ne luy avezjamays donné poyne, mais
faicl de grans services; au reste il est mort,
ayant receu Dieu le malin, se portant bien,
et sur les quatre heures il mourut, le meilleur
chrestien qui l'ust jamays, ayant receu tous les
sacrements et la dernière parole qu'il dict ce
fut : >rEtma mère. n Cela n'a pu estre sans une
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
311
extresme douleur pour moy et ne trouve autre
consolation que de vous voyr bientost icy et
penser que Dieu vous oste de là où désirez
eslre hors avecques plus d'honneur et de
grandeur que l'on auroit pu penser, de niesme
que ni la grandeur ni l'ayse que avez de vous
revoyr avecque nous de la façon ne vous lais-
sera pour cela que vous ne ressentiez que avez
perdu un bon frère et un grand appuy et que
le monde est assez grand et vous et luy en-
semble assez puissans pour vous fayre grens
et conlens sans ce de'sastre; mais puisqu'il
plait à Dieu que je soys de lui esprouvée et de
telle façon visitée si souvent, je le loue et le
prie me donner patience et ceste consolation de
vous voir icy bien tost comme vostre royaume
en a besoin, et en bonne santé, car si je vous
venois à perdre, jemeferoys enterrer avec vous
toute en vie, car je ne pourrois aussi bien
porter ce mal, qui me faict vous prier de bien
regarderie chemin que tiendrez et si passerez
par chez l'Empereur et de là en Italie, que je
pense estre le plus seur pour vous, car par
l'Allemagne je ne pense pas qu'il soit seur pour
vous, estant Roi de France; car y sont trop
de quereles à démêler avec vous, mais je suis
d'avis que aliez par l'aullre et que envoviez
quelque gentilhomme pour visiter les princes
et leur faire vostre excuse que la haste que
vous avez eu de venir vous a faict prendre
l'aultre chemin; néantmoins les remerciez du
bon traictement que vous avez receu à vostre
passage et les priez qu'ils vous veuillent estre
amis comme vous leur voulez estre et que celle
là (cette amitié) que vous avoient monstrée au
passage que avez faict, qu'ils la veuillent con-
tinuer et confirmer par plus sure promesse,
et advisez s'il seroit bon d'envoyer Monsieur
de Rellièvre et qu'il peut faire quelque chose
avec eux qui vous puisse apporter du repos en
vostre royaume, et que, à vostre arrivée, il
vous vint rapporter ce qu'il sauroit; vous y pen-
serés. Quant à vostre parlement de Pologne,
ne le retardez en nulle façon et prenez garde
qu'ils ne veuillent vous retenir jusques à ce
qu'ils ayent donné ordre à leur faict et ne le
faictes pas, car nous avons besoin de vous icy;
avecques cela je meurs d'ennuy de vous revoir,
car rien ne me peut faire consoler et oublier ce
que j'ay perdeu que vostre présence; car vous
sçavez combien je vous aime et, quant je pense
que ne bougerez jamais plus d'avec nous, cela
me faict prendre tout en patience. Si vous pou-
viez laisser quelqu'un où vous estes, qui peult
conduire et que ce royaume de Pollongne vous
demeurast ou à vostre frère, je le désirerais
bien fort et leur dire que ou vostre frère ou
le second enfant que vous aurez vous leur
envoyrez , et en ce pendant qu'ils se gouvernent
entre eux, eslisant tousjours un François pour
assister à tout ce qu'ils feraient et croy qu'ils
en seraient bien aises, car ils seraient roys
eulx mesmes jusques à ce qu'ils esleussent
celui que y envoyrez; et cela est beau, pour
pauvres qu'ils soient, d'estre roi de deuxgrans
royaumes, l'un bien riche et l'autre de grande
estendue et de noblesse. Voylà ce que je pense,
affin de ne rien perdre. Quant à cecy vous
veoyez la grâce que Dieu vous faict, bénissez-
le bien et vous prie que l'expérience, la né-
cessité et travail que vous avez eus vous serve
à vous y gouverner si sagement et si pru-
demment que le puissiez remectre eu son
entier et l'honneur de Dieu premièrement; et
ne vous laissez aller aux passions de vos ser-
viteurs, car vous n'estes plus Monsieur qui
faille dire je gagneray ceste part, affin d'estre
le plus fort. Vous estes le Roy, et tous fault qu'ils
vous fassent le plus fort, car tous fault qu'ils
vous servent et les fault tous aymer et nul haïr
que ceux qui vous haïront, mais les querelles
particulières les appoincter et ne vous passion-
312
ner et que vos serviteurs ne se fassent plus
perdre. Aymez-les et leur faicles du bien, niais
que leur partialitez ne soient point les rostres,
pour l'honneur de Dieu ; aussy je vous prie , ne
donnez rien que vous ne soyiez icy, car vous
sçaurez ceulx qui vous auront bien servy ou
non; je les vous noiuiiieray et monstreray à
vostre veneue, et vous garderay tout ce qui vac-
quera de bénéfices , d'offices ; nous les melterons
à la taxe; car il n'y a pas ung cscu pour fayre ce
qui vous est nécessaire pour conserver vostre
royaume, et je vous prie en donner poinct,
car il y en a de si avaricieux qu'ils ne sont
jamais saouls, el conlens ensemble; et aussy
ils ne les auront point, car puisque le feu Roy
vostre frère m'a donne' la charge de vous
conserver ce royaume, je croy que vous ne le
désavouez pas, je mectray poyne, si je puis,
de vous le remectre tout entier et en repos,
aflin que n'aviez que à faire ce que connoislrez
pour vostre grandeur et vous donner un peu
de plaisirs après tant d'ennuis et de peine; et
vous prie vous délibérer de ne donner tous les
estais à ung seul, comme l'on a faict jusques
icy, car cela a mal contenté beaucoup de per-
sonnes et l'expérience qu'avez acquise par
vostre voyaige est telle que je m'asseure qu'il
n'y eut jamays un plus sage roy, ce est que
je prie à Dieu de faire la grâce et ne me vol-
drez mal à l'appétit de ceux qui ne sauraient
vivre que sur leur fumier, car j'espère que
vostre élection et allée en Pologne ne vous aura
point apporté de mal ni de diminution de
honneur et grandeur et de réputation, et le
mal n'aura esté que à moy qui, depuis vostre
partement, ay eu ennui sur ennui; aussy je
pense que vostre retour m'apportera joye et
contentement sur contentement et que n'auray
plus de mal ni de fascherie que je prie à Dieu
qu'ainsi sovl pour que je vous puisse voir en
bonne santé et bien tost.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1C1S.
Du boys de Vincennes, ce dernier de may
i574.
Vostre bonne el affectionnée mère, s'il y a
jamais au inonde
Caterine.
157/». — 3i mai.
Orijj. Iiibl. nat. fonds français , n° 3a56 , f° g4.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, vous avez entendu
par la lettre que le feu Roy mon (ilz vous a
puis naguères escripte quelle a esté sa dernière
volunté sur l'administration des affaires de
ceste couronne, ce qu'il a encores voulu con-
firmer par ses lettres patentes. Depuis il a
pieu à Dieu l'appeler à soy et combien que
la perle que j'ay faicle en luy de la personne
qui m'estoil naturellement la plus chère et la
plus recommandée m'aslriste et aggrave telle-
ment de douleur que je ne désire riens plus
que remectre et quicter lous affaires pour
chercher quelque Iranquilité de vie, néant-
moings, vaincue de l'instante prière qu'il m"a
faietc par ses derniers propos d'embrasser cet
office au bien du roy de Polongne mon filz
son légitime successeur et héritier au bien de
ceste couronne, à laquelle je recongnois estre
tenue de tout ce que Dieu m'a déparly, j'ay
esté contraincte me charger encores de ladicte
administration et de la régence qu'il m'a co-
minse, attendant l'arrivée par deçà de mondict
filz le roy de Polongne, qui sera, comme
j'espère, dedans peu de temps, ayant donné
ordre de l'advertir incontinent de ce désastre.
Je m'asseure que chascun a peu congnoistre le
désir que j'ay tousjours eu au repos de cet
' Voir Lemay : Discours des derniers propos de
C/i«We«/.Y( Rouen, Martin Mégissier, 1 576 ) ; — Négociât,
diplomat. avec la Toscane, dépêche de Alamani (t. III,
p. 939); — Calendar oj Slate papers ( 1 5 7 4 ) , p. 5to.
t
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
313
Estât, pour à quoy parvenir, je n'ay voulu
pardonner à aucune peine, mesmes au danger
de ma propre personne, comme l'on con-
gnoistra encore mieulx par l'ordre que j'espère
donner à toutes choses durant son absence
avec telle modération et par le bon conseil
de ceulx qui y tiennent les premiers lieux
comme vous, que je me veulx promectre que
Dieu fera la grâce à ce royaume d'y esta-
blir quelque bon repos, vous priant, pour la
dévotion et affection que vous avez toujours
eue au bien et conservation d'icelluy, vouloir
tenir la main où vous estes d'obvier à toutes
entreprinses qui se pourraient faire pour trou-
bler la tranquilitépublicque, admonestant ceulx
de la noblesse et autres estats de continuer et
persévérer au debvoir qu'ilz ont tousjours con-
taminent rendu à leurs roys et souverains,
dont ils sont si recommandables par toutes
nations. Vous sçavez que l'intention du Roy
mondict sieur et filz a tousjours este' de conser-
ver tous ceulx qui se disposeraient à vivre dou-
cement soubz le bénéfice de ses loix cl éditz;
comme je sçay que telle est la volonté de son
successeur, ce que je désire que vous faciez
observer, afin de convier ung ebascun à re-
cercher et procurer ce qui regarde la réunion
en son entier de ce royaume, comme aussy
vous \ous ayderez de la force et auctorité que
vous avez en main contre ceulx qui s'ou-
blieroieut de tant que décliner l'obéissance
dont ilz seront tenus, de manière qu ilz soient
ebastiés et pugnis et les bons conservez,
comme ilz méritent; priant Dieu, Monsieur
de Matignon, vous avoir en sa sainte et digue
garde.
Escript au bois de Vincennes, le dernier
jour de may i5yi.
Caterine.
Monsieur de Matignon, je vous prie escripre
au Roy monsieur mon Clz et luy faire en-
tendre la bonne desvotion et affection qu'avez
à son service et de luy garder la mesme fidel-
lité qu'avez faict à ses prédécesseurs, m'en-
voiant vos lettres que je luy feray tenir in-
continent.
La malladyedu feu Roy monsieur mon fds
a esté une grosse fiebvre continue, causée d'une
inflammation de polirions que l'on estime luv
estre procédée des viollens exercices qu'il a
faietz; et ayant esté ouvert après sa mort, l'on
a trouvé toutes les aullres partyes de son corps
aussy saines et entières que se puisse veoir en
homme bien compozé et est à présuposer
que, sans les viollens exercices, il estoit pour
vivre fort longuement, dont je vous ay bien
voullu advertir, et par mesme moyen vous dire
qu'estant ceste fortune si résente et en attendant
l'arrivée du Roy monsieur mon filz, il est né-
cessaire que vous preniez garde et advertissiez
incontinant en l'estendue de vostre charge ad
ce qu'il n'entre ny ne sorte, sans passeport
de moy, personnaige hors du royaulme, ou
que ne le congnoissiez ou que ne m'en adver-
tissiez incontinent.
Caterixf..
PlNART.
(JATHtniNK DE MÉDIUS. IV.
Ao
mrtmr.iïiE irn
APPENDICE.
1571. — 20 janvier.
Copie. Bibl. nat. Bretagne, n° aa3io, f1 asg.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE GUEMENÉ ',
CHEVALIER DR L'ORDRE LU BOY.
CAPITAINE DE CINQUANTE I10MMES D'ARMES DE SES ORD0H.1ANCES.
Mon cousin, les services que le sr de Bois-
doré a faict au l'eus Roys prédécesseurs et au
Roy monsieur mon fils et ce que j'ay entendu
par mon cousin le duc de Guise et mesme-
ment en cette dernière bataille où il s'est si
bien et vaillamment porté que, vous aiant
pourveu d'une compagnie de gens d'armes,
je le vous ay voulu recommander et prier en
ma faveur de luy bailler ung des membres de
vostre compaignie ou le guidon ou enseigne,
lequel vous voudrez, vous pouvant asseurer
que oultre le contentement que vous en
aurez pour ce qu'il s'en sçaurra très bien et
dignement acquicter, vous ferez ebose que
j'auray bien fort agréable , et sur ce je prie-
ray Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Ce xxcme jour de janvier 1571.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Louis de Rohau.
1571. — Février.
Aut. Arrh. nat. collect. Siraancas, K. i535, n" .Vi
AU ROI GATOLIQUE M" MON FILS1.
Monsieur mon fils, m'aseurent que le car-
dinal Alexandrino avoyt fayt entendre hà
Votre Majesté la réponse que le Roy mon fils
et moy lui finie sur le propos que nous tint
du mariage du roy de Portugal et de ma fille,
cela aysté cause que n'ann é fayst neule ré-
ponse au padre général de jésuistes, me re-
melent à cet que yl en entendret par ledist
cardinal, ni ausi ne volés user de rediste en
répondent alla letre de Votre Majesté, sachenl
que aylle set devret bien sovenir délia ré-
ponse que nous enn avoyt fayst fayre par les
letres du sieur de Furquevaulx, lors embassa-
deurpourle Roy mon fils près Votre Majesté,
que de dis ans ledist roy de Portugal ne se
povoyt marier, corne ces letres que nous
avons encore en font foys, chause que je
ouis à mon grent regret pour n'avoyr jeamès
guière désiré plus de voyr avenir chause que
cet mariage, cet que voyent qu'il n'avoyt plus
d'espérense pour la réponse que ledist de
Furquevaulx nous manda, le Roy voyent que
' Durant l'impression de ce volume, nous avons
trouvé celte lettre importante dans un carton renfer-
mant des lettres d'une date postérieure.
fin.
316
LETTRES DE CATHERINE UE MÉDICIS.
le mariage que la rovnc de Navarre leu ro-
querai l fie sa seur aveques son fils luy apor-
loit comodisté à ses afayres, lui ha accordé sa-
disle seur pour a\ poser son fils le prinse de
Navarre, cetqnej'é trovébon, puisqu'elle ayst
en lieu qu'ele sert au Roy mon fils et à cet
royaume, dequoyj'é bien voleu avertir Votre
Majesté, corne je fajré toujour de tout cet
qui nous louche si allies corne nous sommes
et par la grase de Dieu si bons amis, je dis
lagrasede Dieu, car je croy qu'il n'i a guère
des hommes qui en souint ayse, ni désire!
la vo\r conlineuer. Cet que je puis aseurer bà
Votre Majesté que du couslé du Roy son
frère avle ne seré jeamès comensée à dimi-
nuer ni rompue la paix que le Roy son père
Monseigneur [avoit faite] avec vous cl vos
péys . corne ausi veu-je nf aseurer que , de votre
coûté, ne lui en donnerés neulc aucasion et
menrlerés à tous vos ministres de user en cet
qui leur touche, corne yl doyvet enver un
prinse qui vous ayst si proche et vous ayme
et n'est à dédeigner, car corne mère qui ha
cet honneur de l'eslre de lou deus, je vol-
droys plus tost mourir que voyr altérer ni di-
mineuer cete bonne amitié qui ayst déjeà si
aystablie entre vous deus; et quant je eonois-
tré de cet conté chause qui feult pour l'alté-
rer, je métré pouine1 en cet que j'é de moyen
vers le Roy mon fils m'employer de fason que
Votre Majesté conestra tousjour que je n'é
neul désir plus grent (pie de voyr toute ma
vie contineuer la pays et amytié entre vous
deus, corne je m'asèure qu'ele contineuré,
car Dieu par tous moyens nous relie en-
semble, puisqu'il lui plest nous fayre cet bien
que la royne ma fille ayst grose, de quoy je
resan tent de joye que je ne puis que ne
m'an rejouyse haveques Votre Majesté et prie à
Dieu lui donner un fils, corne yl a faysl hà
Votre Majesté et les volouir aveques les pères
et mères guarder longuement en bonne santé,
corne de son bon ceou.r1 lui en su plie
Vostre bonne mère,
Cateiune.
1571 . — 2 5 février.
Orig. Bibl. nal. Brclagno , u° a33io, P a3s.
A MADAME MA COUSINE
MADAME DE GlEMENÉ2.
Ma cousine, suyvant les propos que je
vous tins vendredy dernier pour le mariage
de Ronin, l'un de mes maistres des requestes,
! avec GHetle de Quelen, l'une de voz damoi-
selles, lesquelz se sont mariez et contractez
par parolles de présent, du consentement e(
voulonté de dix-huict de ses plus proches pa-
rons, ne restant que à eulx espouzer, j'ai bien
voulu vous prier en faveur de la présente con-
sentir de ce faire, et parce que je sçay bien
que la difficulté que vous en faictes n'est qu à
cause que nostre cousin le sr de Rohan vous en
a rescripl contre ledict Ronin, auquel j'en escrip-
ray pour luy faire trouver bon ledict mariage,
prenant en main qu'en demeurerez envers lui
deschargée; et pour ce faire la illettrés entre les
mains du gentilhomme présent porteur poul-
ies conduire aux esponzailles. En cet faisant
vous me ferez chose très agréable , priant Dieu .
nia cousine, vous tenir en sa saincte garde.
De Paris, ce xxve jour de février 1571.
Vostre bonne cousine,
Cateiiixe.
1 Ceour, cœur.
' Catherine de Laval.
Pouine, peine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
:',17
1573. — 3 mai.
Ori(j. Bibl. nat. collect. Dupuy, n° 801, P lia.
MONSIEUR DE THOU,
PREMIER PRÉSIDENT EN LA COURT DE PARLEMENT DE PARIS.
Monsieur le Président, le Roy monsieur
mon filz salisl'aicl et respond bien particuliè-
ment au contenu de voz lettres du xxm'jour
du mois passé, ainsi que vous verrez par celle
qu'il vous escript, qui sera cause que je n'en
f'eray aulcune reprin'se, sinon pour ce qui tou-
che la publication de l'édict de création d'un
maistre des requestes; sur quoy je veulx bien
vous dire qu'ayant esté l'aictpour les considé-
rations qui vous ont esté escriptes, nous dé-
sirons bien fort qu'il n'y intervienne aucune
difficulté, mais qu'il passe selon la forme et
teneur ; à quoy je vous prie vous employer ce
que je sçay que avez de moyen pour nous en
fayre recepvoir le contentement que nous en
espérons; et si la Cour a quelques remons-
trances à fayre là-dessus au Roy mondict
sieur cl filz, je vous prie fayre en sorte
qu'elle les envoyé par escript au plus tost
qu'il sera possible, sans remettre à les fayre
quand nous serons par delà, affin que, les
ayant veues, il déclare son intention. En cest
endroict, vous recommandant au demourant
la constitution de rente des cent mil livres,
afin que les deniers en puissent venir bien tost,
et aussi tout ce que le Roy mondict filz vous
escript par sesdictes lettres, ausquelles me
remettant, je prieray Dieu, Monsieur le Pré-
sident, vous avoyr en sa saincte garde.
Escript à Rlois, le m* jour de may 1673.
Caterink.
Pinaiit.
1573. — 5 mai.
Aut. Bibl. nal. fonils français, 3193, 1* 10a.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, j'é reseu voslre lettre, et suys
bien ayse que le secours leurs aye de si peu
servy ', et tent à vous, car je croy qu'i leurs a
plus favst de mal que s'il ne set feut poynt
monstre. J'espère que, n'ayant plus d'espé-
ranse, que vous les auré bien tost. Je an prie
Dyeu, mes yl est byen facheus qu'il souynt
aies en Rele-Yle, et ne fault pas leur donner
temps de s'i fortifier. Le Roy a mendé par
tous les pors de prandre tous les véseaulx
et à La Malleraye de se mètre desus et les
aler conbatre. Je m'aseure que mon fils, de
son coûté ausi, ne houbliré ryen de cet qu'il
poura. Nous somes tousjour ysi, au est ve-
neu vostre femme nous trover et vostre fille
aynaye, et set portel toute deus fort bien,
et votre fils, à cet quel e m'a dyst ausi, Dieu
mersis, lequel je prie volouyr vous bien guar-
der.
De Fonteinebleau, ce ve,'"° de may 1 578.
Voslre bonne cousine,
C.VTERINE.
1574. — 4 janvier.
Ori|T. Cliartrier tlu ehàleau du Plaisse.
Conimuniiiué par M. le marquis de Moastiers-MérÎDYille.
MONSIEUR LE COMTE DE CHOISY,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIEUR MON FILS ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ ET CAPP1TAINK DE LA FOREST D'ORLÉANS *.
Monsieur le comte, j'ay veu ce que m'avez
écrit par vos lettres du xxviii du mois passé;
1 Allusion à la flotte de Monl;;ommery, destinée à se-
courir la Iioclielle.
■ Louis de l'Hospital, seigneur de Sainte-Mesme,
comte de Clioisy.
:îis
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
;'i (|imi je vous diray qu'il est besoin de cesser
i'l différer ce qui est à exécuter de la réfor-
matiou encorumencée en la forest d'Orléans
pour bonnes considérations, et pour ce je vous
prie qu'il n'y soit passé plus avant, suivant la
charge qui en a esté donnée au sr du Vivier;
mais pour le regard de la garde des bestes,
je vous prie la l'aire faire soigneusement
pour le plaisir du Roy monsieur mon fils,
ce que vous ferez aisément avec les huit
gardes que vous avez, qui sont suffisants pour
cest effect, n'estant possible vous Railler plus
grand nombre desdicts gardes et charger le
Roy mondict sieur et lils de ceste dépense
iuutille, sachant bien que votre soin et dilli-
gence proffiteront plus en cela que nulle autre
cbose, m'asseurant que ne vous y espargne-
rez aucunnement; mais vous y employerez de
l'affection que vous avez au bien du service du
Roy mondict sieur et fils. Je ne vous feray cette
lettre plus longue que pour prier Dieu, Mon-
sieur le comte, vous avoir en sa saincte garde.
Ecrit à Saint-Germain-en-Laye, le qua-
triesme jour de janvier mil cinq cenlz sep-
tante quatre.
Iuterink.
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES LETTRES
CONTENUES DANS LE QUATRIÈME VOLUME.
NUMÉROS
D'OnDHE.
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
I\.
X.
XI.
XII.
XIII.
XIV.
XV.
XVI.
XVII.
XVIII.
XIX.
XX.
XXI.
DATES.
Septembre 1670.
1 1 septembre 1570.
i3 septembre 1570.
\h septembre 1570.
i5 septembre 1570.
1 5 septembre 1570.
îfi septembre 1570.
23 septembre 1570.
26 septembre 1670.
27 septembre 1 570.
1" octobre 1670.
12 octobre 1570.
20 octobre 1570.
20 octobre 1570.
30 octobre 1570.
36 octobre 1670.
si octobre 1670.
s4 octobre 1670.
3i octobre 1070.
3 novembre 1570.
G novembre 1570.
DESTINATAIRES.
A M. de Bellièvre
Au Roi Catholique
A la duchesse de Nemours
A M. d'Humières
A M. de Fourquevaux. . . .
Au même
A M"" de Poizieux
A AI. de la Molhe-Fénelon
Au même
A M. d'Humières
A M. de Fourquevaux.. . .
Au même
A M. de la Mothe-Fénelon
Au même
Au même
A la Reine Catholique. . .
A M"" Maria Chacon ....
Au Roi Catholique
A M. de Fourquevaux. . . .
Au même
A M. de la Molhe-Fénelon
PAGES.
i3
i3
320
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
d'Oudhk.
XXII.
XXIII.
XXIV.
\xv.
XXVI.
\\\ll.
XXVIII.
XXIX.
XXX.
XXXI.
\\\ll.
XXXIII.
XXXIV.
XXXV.
XXXVI.
XXXVII.
XXXVIII.
XXXIX.
XL.
XL1.
XLII.
XL1U.
XL1V.
XLV.
XLVI.
XLVII.
XLV1II.
XLIX.
DATES.
8 novembre 1070.
20 novembre 1670.
2 1 novembre 1570.
3 décembre 1570.
h décembre 1670.
C décembre 1570.
16 décembre 1570.
1 fi décembre 1570.
28 décembre 1570.
Janvier 1 571.
Janvier 1071.
1" janvier 157-1.
3 janvier 1571.
5 janvier 1 071.
0 janvier 1 57 1.
8 janvier 1571.
8 janvier 1571.
20 janvier 1571.
ag janvier 1571.
2 février 1071.
8 février 1571.
18 février 1671.
22 février 1571.
28 février 1571.
a5 février 1071.
28 février 1571.
2 8 février 1 .'1 7 1 .
Mars 1071.
DESTINATAIRES.
An duc de Florence
A M. de la Mothe-Fénelon
An même
A M. de Iînissy
A M. de Fourquevaux
A MM. lesprévost des marchands et escbevins de Paris.
Aux mêmes
A MM. les gens du Parlement de Paris . . . ;
A M" la duchesse de Savoie
Aux capitouls de Toulouse
Au duc de Florence
A M™" la duchesse de Savoie
A la reine de Navarre
A M. de Fourquevaux
A don Fiancés de Alava
Au prince de Toscane
A M. de Fourquevaux
A M. de Gueméné
A M. de Fourquevaux
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Bellièvre
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Fourquevaux
A M. d'Humières, gouverneur de Péronne
A M°" de Gueméné
A M. de Fourquevaux
A M. de Gordes
A M. de Saint-Gouard
PAGES.
18
18
'9
'9
20
20
22
24
•j'i
20
App. 3 1 5
2Ô
96
28
'-M!
3o
App. 3 1 6
3 h
3i
3i
TABLE CHRONOLOGIQUE.
321
NUMEROS
D'OIIDRE.
DATES.
L.
a mars 1571.
LI.
10 mars 1 071.
LU.
10 mars 1571.
lui.
18 mars 1571.
LIV.
19 mars 1571.
LV.
19 mars 1571.
LVI.
37 mars 1 571.
LVII.
3 avril 1671.
LVIII.
4 avril 1571.
LIX.
5 avril 1571.
LX.
6 avril 1571.
LXI.
8 avril 1571.
LX1I.
12 avril 1571.
LXIII.
i3 avril 1571.
LXIV.
18 avril i5yi.
LXV.
20 avril 1 071.
LXVI.
3o avril 1571.
LXVII.
2 mai 1 071.
LWIII.
4 mai 1571.
LXIX.
7 mai 1671.
LXX.
g mai 1071.
LXXI.
1 4 mai 1571.
LXXII.
20 mai 1571.
LXXIII.
21 mai 1571.
LXXIV.
24 mai 1571.
LXXV.
3 4 mai 1571.
LXXVI.
26 mai 1 Ô71.
LX.WII.
2 4 mai 1571.
ClTHERI
NE DE MÉDICIS. IV
DESTINATAIRES.
A M. de la Molhe-Fénelon
A M. le Grand Maistre et au conseil de Malte
Au duc de Florence
Au duc de Nemours
A M"" la duchesse de Nemours
A M. le président de Metz
A MM. les gens tenant la cour de Parlement à Rouen.
A M. de la Motbe-Fénelon
Au Roi Catholique
Au duc de Florence
A MM. les gens tenant la cour de Parlement à Rouen.
A M. de Fourquevaux
Au Roi Catholique
A M. de Fourquevaux
Au duc de Florence
Au même
A M. Viart, conseiller du Roi et président à Metz
A M. de Fourquevaux
A M. de Danzay
Au duc de Florence
Au commandeur François Pelrucci
Au duc de Florence
A M. de Fourquevaux
Instruction de la Reine mère à Jérôme de Gondy
A M. de la Mothe-Fénelon
Au marquis de Brandebourg
A don Francès de Alava
Au duc de Florence
PAGE.S.
33
34
34
34
35
35
35
...
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43
44
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45
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322
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
LXXVIU.
LXX1X.
LXXX.
LXXXI.
LXXXII.
LXXXIII.
LXXXIV.
LXXXV.
LXXXVI.
LXXXVII.
LXXXV1II.
. LXXXIX.
XC.
XCI.
XC1I.
XCUI.
XCIV.
XCV.
XCV1.
XCVII.
XCVIII.
XCIX.
c.
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Cil.
cm.
CIV.
cv.
DATES.
20 mai 1071.
27 mai 1 57 1 .
a8 mai 1571.
3o mai 1671.
4 juin 1571.
'1 juin 1571.
8 juin 1571.
8 juin 1571.
8 juin 1571.
1 1 juin 1571.
Juin 1571.
Juillet 1571.
Juillet 1571.
3 juillet 1671.
3 juillet 1571.
6 juillet 1571.
6 juillet 1571.
8 juillet 1.571.
10 juillet 1571.
1 2 juillet 1571.
25 juillet 1571.
27 juillet 1571.
3i juillet 1571.
3i juillet 1 571.
Août 1 57 1.
Août 1571.
Août 1571.
1" août 1571.
DESTINATAIRES.
A M"'° la duchesse de Nemours
A M. de Fourquevaux
Au duc de Florence
Au Roi Catholique
A M. de Fourquevaux
Au duc de Mantoue
Au duc de Florence
A M"" la duchesse de Nemours ,,•■••
A M"" la duchesse de Ferrare
Aux doyen, chanoines et chapitre de N.-D. de Rouen
A la Reine Catholique
A M. de Longueville
A MM. les gens du Parlement de Bordeaux
Aux prévôt des marchands et écbevins de Paris
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Piennes
Au vicomte de Horte
A M. de la Mothe-Fénelon
Au duc de Florence
A MM. les gens du Parlement de Paris
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Fourquevaux
Au duc de Florence
Au Roi Catholique
Au cardinal de Rambouillet
Au Roi Charles IX
Au Roi Catholique
A la reine d'Angleterre
PAGES.
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48
48
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54
54
54
55
56
56
57
58
58
58
59
60
60
TABLE CHRONOLOGIQUE.
323
NUMÉROS
D'ORDRE.
CVI.
CVII.
GVIII.
CIX.
ex.
CXI.
CXII.
CXI1I.
CXIV.
cxv.
CXVI.
cxvn.
CXVIII.
GXIX.
cxx.
GXXI.
GXXII.
CXXIII.
CXXIV.
cxxv.
CXXVI.
cxxvn.
cxxvin.
CXXIX.
cxxx.
CXXXI.
CXXXIJ.
CXXXII1.
DATES.
3 août i5/i.
2 août 1571.
U août 1571.
6 août 1571.
6 août 1571.
7 août 1071.
28 août 1571.
28 août 1571.
1" septembre 1571.
12 septembre 1571.
22 septembre 1571.
27 septembre 1571.
28 septembre 1571.
28 septembre 1571.
Octobre 1571.
7 octobre 1571.
8 octobre 1571.
17 octobre 1571.
18 octobre 1571.
28 octobre 1571.
3i octobre 1571.
2 novembre 1671.
2 novembre 1571.
6 novembre 1571.
2 0 novembre 1671.
28 novembre 1571.
1" décembre 1571.
1G décembre 1 0.7 1.
DESTINATAIRES.
A M. de Fourquevaux
A M. l'évëque d'Acqs
A MM. les gens du Parlement de Paris
A M. de Fourquevaux
An même
Jeanne d'Albret à la Reine mère
A M. de Tbou
Au marquis de Brandebourg
A Ghapin Vitelli
Aux seigneurs de Venise
A M. de Vulcob
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Fourquevaux
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Ferais
Au cardinal de Ferrare
Au duc de Florence
Au même
A M. de Fourquevaux
Au duc de Florence
A M. de Fourquevaux
Au duc de Florence
A l'ambassadeur du duc de Florence
Au maréchal de Cossé
A M. de Schomberg
Au président de Thou
A M. de la Mothe-Fénelon
A MM. les échevins et conseillers de la ville de Paris
PAGES.
62
63
64
65
65
66
66
67
68
68
69
7°
7'
75
76
76
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77
78
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79
79
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80
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Al.
324
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMÉROS
DATES.
D'ORDBH.
i.WXIV.
2 1 décembre 1571.
cxxxv.
26 décembre 1071.
CXXXVI.
27 décembre 1571.
CXXXVII.
28 décembre 1571.
CXXXVIII.
2 janvier 1572.
CXXMV
5 janvier 1 Ô72.
CXL.
i3 janvier 1 572.
iAI.I
ai janvier 1 57a.
GXLII.
3 février 1 Ô72.
XL1II.
6 lévrier 1 573.
CXLIV.
6 février 1572.
CXLV.
7 février 1572.
CXLVI.
1 1 février 1572.
CXLVII.
9 mars 1573.
i:\L\IIl.
10 mars 1 673.
(ALIX.
1 1 mars 1572.
CL.
i5 mars 1072.
(XI.
23 mars 1572.
CLII.
as mars 1572.
CLIII.
28 mars 1572.
CLIV.
39 mars 1572.
CLV.
39 mars 1572.
CLVI.
3i mars 1572.
CLVII.
3 avril 1572.
CLVIII.
3 avril 107a.
CLIX.
ta avril 1573.
CL\.
16 avril 1673.
GLU.
33 avril 1573.
DESTINATAIRES.
Aux gens du Parlement de Paris
A M. de Fourquevaux
A M. de Thon
A M"" ia duchesse de Nemours
Au Roi Catholique
A M. de Tbou
A la princesse de Portugal
Au duc de Nemours • .-....
A M. de Prie
Aux écbevins, manans et habitants de Lyon
A la reine d'Angleterre
A M. de la Molbe-Fénelon
A XI. de Tbou
A MM. les gens du Parlement de Paris
A M. de Thon .•
Au duc de Ferrare
A MM. les gens tenant la cour du Parlement à Rouen
A M. de Thou
Au duc de Nemours
Au pape Pie V ■
A M. de Fourquevaux
A M. d'Andelot
A M. de Thou
Au duc de Nemours
A M. du Croc
A M. de Hautefort
A M. de Sainl-Gouard
A la reine d'Angleterre
PAGES.
8.".
85
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86
87
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88
88
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i'VBLE CHRONOLOGIQUE.
325
NUMEROS
D'ORDRE.
CLXII.
clxiii.
CLXIV.
CLXV.
CLXVI.
CLXV1I.
clxviii.
CLXIX.
CLXX.
CLXX1.
GLXXII.
CLXXIII.
CLXXIV.
CLXXV.
CLXXVI.
CLXXVII.
CLXXVIII.
CLXXIX.
CLXXX.
CLXXXI.
CLXXXII.
CLXXXI1I.
GLXXX1V.
CLXXXY.
CLXXXVI.
CLXXXVII.
CLXXXV111.
CLXXXIX.
DATES.
jlj avril 1 572.
37 avril 1 573.
Mai 1572.
10 mai 157a.
1 3 mai 1573.
1 3 mai 1573.
1 2 mai 1 573.
1 h mai 1572.
î 7 mai 1 573.
25 mai 1579.
3(1 mai 1 573.
38 mai 1572.
5 juin 1572.
1 (> juin 1573.
i3 juin 1573.
37 juin 1573.
3 juillet 1573.
8 juillet 107a.
17 juillet 1573.
30 juillet 1572.
g août 1673.
10 août 1 573.
19 août 1672.
31 août 1572.
23 août 1672.
27 août 1573.
28 août 157a.
39 août 1073.
DESTINATAIRES.
A M. de Thou
Au même
A la reine d'Espagne
A MM. les gens du Parlement de Paris
A M. de Ferais
Au comte de Sussex
A lord Burghley
Au duc de Florence
Au commandeur Petrucci
A M. de Thou
Au même
A M. de Mauvissière
A la reine d'Angleterre
A M. de Vulcob
A la reine d'Angleterre
A lord Burghley
Au pape Pie V
A M. de Thou
A M. de Saint-Gouard
A M. de Villeroy
Au Roi Catholique
A M. de la Mothe-Fénelon
Au pape Pie V r.S'.CiOR . , '
A M. de la Mothe-Fénelon
Au duc de Florence
Au vicomte de Horte
Au Roi Catholique
A M. de Saint-Gouard
PAGES.
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320
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMÉROS
DATES.
D'ORDBE-
CXC.
3i août 1573.
CXCI.
h septembre 1572.
CXCII.
5 septembre 1572.
GXCIII.
5 septembre 1572.
CXCIV.
7 septembre 1.572.
cxcv.
8 septembre 1572.
cxcvr.
8 septembre 1672.
CXCV1I.
1 1 septembre 1572.
CXCVIII.
i3 septembre 1572.
CXCIX.
i3 septembre 1 572.
ce.
i5 septembre 1572.
CCI.
i5 septembre 1573.
CCH.
21 septembre 1572.
CC1II.
21 septembre 1572.
CCIV.
Octobre 1572.
ccv.
1" octobre 1672.
CCVI.
2 octobre 1572.
C6VII.
/1 octobre 1573.
gcviii.
b octobre 1 572.
CCIX.
îi octobre 1072.
ccx.
30 octobre 1573.
CCXI.
s3 octobre 1673.
CGXU.
28 octobre 1572.
CCXIII.
3o octobre 1572.
CCXIV.
3o octobre 1572.
ccxv.
1" novembre 1 572.
CCXVI.
1 1 novembre 1572.
CCXVII.
il) novembre 1572.
DESTINATAIRES.
Aux seigneurs de la République de Gênes .
Au pape Pie V
A M. de Monluc
Au duc de Longueville
A M. de la Mothe-Fénelon
Au même
A Philippe Slrozzi
A M. de la Motlie-Fénclon
A M. de Schomberg
A M. de la Mothe-Fénelon
Au duc de Florence
Au même
Aux capilouls de Toulouse
Aux conseillers et échevins de Rouen. . . .
A M"" la duchesse de Ferrarc
A M. du Ferrier
Au Roi Catholique
Au pape Pie \ ..(jRÇ.ÇP.fc. cM. ....
A M. de la Mothe-Fénelon
Au duc de Florence
A M. de Damville
A M. de la Mothe-Fénelon
Au cardinal Ursin
Au Roi Catholique
A la reine d'Espagne
A M. de Saint-Gouard
A M. de Damville
A M. de la Fontaine
PAGES.
n5
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TABLE CHRONOLOGIQUE.
327
MMEROS
D'ORDRE.
CCXVIII.
CCXIX.
ccxx.
CCXXI.
CCXXII.
ccxxin.
CCXXIV.
CCXXV.
CCXX VI.
CCXXVII.
CCXXVIII.
CCXXIX.
CCXXX.
CCXXXl.
CCXXXII.
CCXXXIII.
CCXXXIV.
ccxxxv.
CCXXXVI.
CC XXXVII.
CCXXXVIII.
CCXXXIX.
CCXL.
CCXLI.
CCXLII.
CCXLIII.
CCXLIV.
CCXLV.
DATES.
i4 novembre 1672.
18 novembre 157a.
18 novembre 157a.
18 novembre 1573.
19 novembre 167a.
19 novembre 157a.
20 novembre 157a.
a 1 novembre 157a.
3 8 novembre 157a.
Décembre 157 a.
3 décembre 1673.
3 décembre 1573.
4 décembre 1573.
5 décembre 1^72.
6 décembre i5y2.
10 décembre 157a.
1 1 décembre 1573.
ta décembre 1573.
13 décembre 1.572.
12 décembre 1672.
23 décembre 1672.
29 décembre 1573.
1 2 janvier 1573.
1 2 janvier 1573.
i3 janvier 1573.
i3 janvier 1573.
i3 janvier 1573.
17 janvier 1573.
DESTINATAIRES.
PAGES.
A M. de Grantrye
Au maréchal de Damville
Au duc de Florence
A M. de Schomberg
Au pape Pie V
Au duc de Nevers et au maréchal de Tavannes. . . .
A MM. de Créquy, duc de Nevers, de Tavannes.. . ,
Au duc de Nevers et au maréchal de Tavannes
Au Roi Catholique
Au marquis de Villars
A M. de Bellièvre
Au même
A M. de Rambouillet
A M. de Saint-Gouard
A M. de Bellièvre
A M. de la Molhe-Fénelon
Au pape Pie V.. ..fl&Ç €>J?..t ?5F7
A M"" la duchesse de Ferrare
A M. de Bellièvre
Au même
A M. de Matignon. . .
A M. de Bellièvre
A M. du Ferrier
A M. de Damville . . .
A la reine d'Espagne.
A M. de Bellièvre. . . .
Au pape Pie V.. .CfîZGÇpr. . . . . .
A M. de Bellièvre.
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:528
TABLE CHRONOLOGIQUE.
M MÉROS
DATES.
D'OBDr.G.
CCXLVL
1 8 janvier 1578.
CCXLVII.
a3 janvier 1 ô 7 3 .
ccxLvra.
3 février 1573.
Cl \LIX.
h lévrier 1 5^3.
CCL.
h février 1 573.
CCLI.
k février 1 57.3.
CCUI.
'1 février 1 '173.
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5 février 1.17M.
GCLIV.
G février 1Ô73.
CCLV.
7 février 1 U73.
CÇLVL
7 février 1073.
GCLVII.
7 février 157.3.
CCLVIII.
7 février 1 573.
CCLIX.
7 lévrier 1573.
CCLX.
8 février i57-3.
CCLXI.
(j lévrier 1573.
CCLXII.
10 février 1573.
CCLXIII.
1 0 février 1 573.
CCLXIV.
1 3 lévrier 1073.
CCLXV.
i3 février 1573.
CCLXVI.
1 '1 février 1073.
CCLXVII.
l5 lévrier 1573.
CCLXVIII.
16 lévrier 1673.
CCLX1X.
1 7 lévrier 1 ."173.
CCLW
17 février 1573.
CCLX XI.
1 8 février 1073.
CCLXXII.
21 février 1 573.
CCLXXIH.
23 février 157.3.
DESTINATAIRES.
A M. du Ferrier
A M. de la Mothe-Fénelon.
A M. de Bellièvre
Au dur d'Anjou
Au duc de Florence
A M. de DamviUe
Au maréchal de Cossé. . . .
A M. de la Molhe-Fénelon.
Au maréchal de Cossé
A M. du Ferrier
Au même
Au duc d'Anjou
A M. de Damville
A M. de la Molhe-Fénelon
A M. de Saint-Gouard . . . .
A la reine d'Angleterre.. . .
Au duc de Montpensier . .
Au duc de Nevers
Au duc de Montpensier . . ,
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Damville
A M. de Matignon
Au duc de Monlpensier . .
A M. du Ferrier
Au même
\ l'évéque de Valence . . .
A M. du Ferrier
A M. de Thon
PAGES.
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168
16g
1 6g
170
17'
TABLE CHRONOLOGIQUE.
329
NUMEROS
D'ORDIIE.
DATES.
CCLXXIV.
CCLXXV.
CCLXXVI.
CCLXXVII.
CCLXXVIII.
CCLXXIX.
CCLXXX.
CCLXXXI.
CCLXXXII.
CCLXXX1U.
CCLXXXIV.
CCLXXXV.
CCLXXXV).
CCLXXXVII.
ccLxxxvm.
CCLXXX1X.
CCLXC.
CCLXCt.
CCLXCII.
CGLXCIII.
CCLXCIV.
CCLXCV.
CCLXCVI.
CCLXCVII.
CCLXCV1II.
CCLXCIX.
CCC.
ceci.
CàTUEIUNE
a3 février 1673.
35 février 1073. "
37 février 1573.
27 février 1 573.
38 février 1573.
38 février 1573.
1™ mars 1 573.
a mars 1 573.
a mars ib-}3.
2 mars 1573.
3 mars 1573.
U mars 1 573.
10 mars 1573.
10 au i5 mars 1573.
i3 mars 1573.
16 mars 1573.
ii mars 1673.
i4 mars 1 573.
16 mars 1 673.
1 7 mars 1 573.
17 mars 1673.
18 mars 1 5 7 3 .
18 mars 1673.
18 mars 1573.
ao mars 1573.
20 mars 1573.
21 mars 1573.
33 mars 1 573.
DE MÉOICIS. IV.
DESTINATAIRES.
A M. de la Mothe-Fénelon..
Au duc d'Anjou
A M. de Bellièvre
Au duc de Montpensier
A M. de Gordes
A M. deThou
A M. de la Mothe-Fénelon .
A M. de Matignon
Au duc de Montpensier.. . .
Au duc d'Anjou
A M. de Thou
A M. de Bellièvre
Au même
Au duc de Nevers
Au duc d'Anjou
A M. de Bellièvre
A M. de la Mothe-Fénelon.
A M. de Bellièvre
A M. du Ferrier
Au duc de Montpensier . . .
A M. de Matignon
A M. de Gordes
A M. du Ferrier
A M. de Damville
Au duc d'Anjou
Au duc de Savoie
A M. de Bellièvre
A M. de Damville
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TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMÉROS
D'OBDRE.
DATES.
CCCII.
Ou a5 au 3o mars 1ÏJ73
CCCIII.
3o mars 1 673.
CÇCIV.
3o mars 1573.
cccv.
1" avril 1673.
CCCVI.
2 avril i573.
CCCV1I.
a avril 1573.
CCCV1II.
U avril 1673.
CCCIX.
15 avril 1 5 7 3 .
cccx.
7 avril 1573.
CCCX1.
8 avril 1573.
CCCX11.
8 avril 1 5 7 3 .
CCCXIII.
10 avril 1&73.
GCCX1V.
12 avril 1573.
CCCXV.
i3 avril 1573.
CCCXVI.
i5 avril 1673.
CCCXVII.
19 avril 1 573.
CCGXVIII.
19 avril 1 673.
GCCXIX.
21 avril 1573.
cccxx.
ai avril 1573.
CCCXXI.
31 avril 1.573.
CCCXX1I.
as avril 1573.
CCCXX1II.
2.3 avril 1.573.
CCCXXIV.
a3 avril 157.3.
cccxxv.
a5 avril 1.57.3.
CCCXXVI.
26 avril 1.57.3.
CCCXXVII.
a6 avril 1.57.3.
CCCXXVIII.
27 avril 1573.
CCCXXIX.
2i| avril 1 57.3.
DESTINATAIRES.
Au duc d'Anjou
A M. de la Mothe-Fénclon
Au même
A M. de Saint-Gouard
Au duc d'Anjou
A M. de Gordes
Au duc d'Anjou
Au même
Au duc de Nevers
A M. du Ferrier
A M. de Gordes
A M. de Damville
Au duc de Monlpensier
Au maréchal de Gossé
A M. de Gordes
A M. de Thou
A M. du Ferrier
A M. de Schomherg
A la reine d'Angleterre
A M. de Matignon
A la rein • d'Espagne
A M. de Gordes
Au duc de Montpensicr
Aux maire el échevms de Nantes.
A la reine d'Angleterre
Au duc de Noyers
A M. de Thou
A M. de hi Mothe-l'Vnclon
PAGES.
186
189
i93
196
196
196
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306
307
307
307
208
308
309
TABLE CHRONOLOGIQUE.
331
NUMEROS
D*OBDRE.
cccxw.
GCCXXX1.
CCCXXXII.
CCCXXXIII.
CCCXXXIV.
CCCXXXV.
CCCXXXVI.
CCGXXW1I.
CCCXXXV1II.
CGGXXXIX.
CCCXL.
CCCXLI.
CCCXLII.
CCCXLIII.
CCCXLIV.
CCCXLV.
CCCXLVI.
CCCXLVII.
CCCXLVII1.
CCCXLIX.
CCCL.
GCCLI.
CGCLII.
CCCLIII.
CCCLIV.
CCCLV.
CCCLVI.
CCCLV1I.
DATES.
i" mai 1573.
2 mai 1573.
2 mai 1573.
3 mai 1573.
5 mai 1673.
6 mai 1573.
7 mai 1573.
i3 mai IU73.
î 5 mai 1 57?.
1 5 mai 1O73.
1 G mai 1573.
18 mai 1673.
1 8 mai 1573.
i S mai 1573.
22 mai 1573.
2.'i mai 1573.
;5 mai 1573.
28 mai 1573.
28 mai 1073.
28 mai 1573.
29 mai 1373.
29 mai i573.
30 mai 1573.
3o mai 1Ô73.
3i mai 1 573.
3i mai 1573.
3i mai 1 573.
Juin 1573.
DESTINATAII1ES.
Au duc d'Anjou
A M. du Ferrier
Au mùme
A M. de Thou
Au duc de Nevers
A M. de Thou
A II. de Mauvissiérc
A M. de Thou
A M. de Gordes
A M. du Ferrier
Au duc de Nevers
Au duc de Monlpensier . . .
A M. de Matignon
A M. de Thou
A M. du Ferrier
A M. de Matignon
A M. de la Mollie-Fénelon .
A M. de Schomberg
A M. de Gordes
A M. de Matignon ,
Au roi de Pologne
A ia reine d'Angleterre. . . .
A M. de Damville
Au roi de Pologne
Au duc de Nevers
Au duc de Monlpensier . . .
Au même
Au roi de Pologne
P \i; ES.
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9 3 h
325
396
236
336
42.
332
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
DATES.
D'ORDRE.
CCCLV1U.
i" juin 1573.
CCCLIX.
3 juin 1573.
CCCLX.
9 juin 1573.
CCCLXI.
1 1 juin 1573.
CCCLX!!.
i3 juin 1573.
CCCLXIII.
i3 juin 167.3.
CCCLXIV.
i !i juin 1 073.
CCCLX\ .
i4 juin 1573.
CCCLXVI.
i4 juin 1573.
CCCLXVII.
i5 juin 1573.
CCCLXVI II.
16 juin 1573.
CCCLXI X.
18 juin 1 573.
CCCLXX.
s3 juin 1573.
CCCLXVI.
26 juin 1573.
CCCLXX II.
28 juin 1073.
CCCLXXIII.
29 juin 1 573.
CCCLXX1V.
29 juin 1573.
CCCLXW.
2 juillet 1073.
CCCLXXM.
3 juillet 1 573.
CCCLXXVII.
i5 juillet 1573.
CCCLXXVII1.
16 juillet 1573.
CCCLXXIX.
17 juillet 1 573.
CCCLXXX.
1 7 juillet 1573.
CCCLXXXL
18 juillet 1573.
CCCLXXXH.
20 juillet 1 573.
CCCLXXX!!!.
20 juillet 1573.
CCCLXXXIV.
2 3 juillet 157.3.
CCCLX XXV.
9 '1 juillet 1 073.
DESTINATAIRES.
Au même
A M™' la duclicssc de Ferrare
Au roi de Pologne
A M. de la Mollie-Fénelon
A M. de Saint-Moris
A M. de Matignon
A M. de Cordes
A M. de Matignon .'.....
A M. de Damville
A M. de Schomlierg
A M. du Ferrier
A M. de Matignon
A M. de la Molhe-Fénelon
Au roi de Pologne
Au duc de Florence
Au marquis de Villars
A M. de Gordes
A M. de Damville
Au roi de Pologne
A M. de la Mothe-Fénelon
Aux princes de la Germanie, aux électeurs du S '-Empire.
A M. deThou
Au président Viart
A M. de Gordes
A M. Brûlait
Au Roi Charles IX
A M. de Danzay
A M. du Ferrier
l' A G E s.
227
228
228
229
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3ii
362
262
243
a43
2 44
246
a44
a45
TABLE CHRONOLOGIQUE.
333
NUMEROS
D'OnDBE.
ccclxxxvi.
ccclxxxvii.
ccclxxxviii.
ccclxxxix.
cccxc.
CCCXCI.
CCCXCII.
cccxcni.
CCCXC1V.
CCCXC V.
CCCXC VI.
cccxcvh.
cccxcviii.
CCCXC1X.
cccc.
CCCCI.
CCCCII.
CCCCIII.
CCCC1V.
ccccv.
ccccvi.
CCCCVIF.
CCCCVIIl.
CCCC1X.
CCCCX.
CCCCXI.
CCCCXI1.
CCCCXIII.
DATES.
3o juillet. 1073.
1" août 1673.
3 août 1573.
3 août 1573.
1 2 août 1573.
1 2 août 1573.
12 août 1.573.
1 a août 1573.
i3 août 1673.
lit août 1573.
20 août 1573.
22 août 1573.
2 G août 1073.
3i août 1573.
1" septembre 1 573.
9 septembre 1573.
g septembre 1573.
17 septembre 1073.
21 septembre 1573.
22 septembre 1578.
22 septembre 1573.
22 septembre 1573.
Octobre 1573.
G octobre 1670.
G octobre 1573.
7 octobre 1.573.
7 octobre 1573.
7 octobre 1 573.
DESTINATAIRES.
A M. de Damville
A M. le duc de Nemours.
A M. de Damville
A M. du Ferrier
A M. l'abbé de l'Isle
AupapePieV...<f^l
Aux seigneurs de Venise
A M. de Damville
A M. l'abbé del'Isle
A M. de Gordes
Au même
A M. de la Motlie-Fénelon
A M. de Damville
Au duc de Savoie
Au Roi Charles IX
A M. du Ferrier
Au duc de Mantoue
A M. du Ferrier
A M. d'Humières
A M. de Danzay
A M. de Gordes
Au prince de Toscane
Au duc de Savoie
A M. de Tbou
A M. de Ferais
Au pape Pie V. . .Cftë.ETÉj ##. A
A M™ la comtesse de la Mirande
Au sieur Loys Pico
PAGES.
346
2/16
246
267
2 A7
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253
254
254
255
255
257
257
258
2 58
a5g
35g
334
TABLE CHUONOLOGIQUE.
NUMÉROS
D'ORDRE.
CCCCXIV.
ccccxv.
CCCCXYI.
ccccxyii.
ccccxvi1i.
CCCCXIX.
CCCCXX.
CGCCXXI.
CGCCXXII.
CGCCXXIII.
GGCCXXIV.
ccccxxv.
CGCGXXVI.
ccccxxvir.
CCCCXXVIII.
CCCCXXIX.
ccccxxx.
ccccxxxi.
CCCCXXXII.
CCCCXXXHI.
CCCCXXXIV.
ccccxxxv.
CCCCXXXVI.
CCCCXXXVII.
ccccxxxvin.
CCCCXXXIX.
(XCCXL.
CCCCXLI.
DATDS.
7 octobre 1673.
7 octobre 1573.
i4 octobre 1573.
1G octobre 1 573.
16 octobre 1673.
17 octobre iH-]'i.
17 octobre 1573.
3i octobre 1073.
10 novembre 1573.
i3 novembre 1578.
16 novembre 1573.
îg novembre 1073.
21 novembre 1673.
a 3 novembre 1 578.
26 novembre 1 573.
28 novembre 1&73.
2 décembre 1673.
h décembre 1U73.
9 décembre 1073.
10 décembre 1 673.
12 décembre 1 5 7 3 .
17 décembre 1573.
17 décembre 1 573.
17 décembre 1 57 3.
22 décembre 1 [> 7 3 .
27 décembre 1 573.
2<j décembre 1073.
29 décembre 1573.
DESTINATAIRES.
Au cardinal d'Armagnac .. . .
Au duc de Mantoue
A M. du Ferrier
A M. de Varennes
A M. do Danzay
Au pape Pic V
A M. de Tavannes
A M. de Damvilie
A M. de Rambouillet
A M. de Gordes
Au Roi Charles IX
A M. de Bellièvre
Au duc de Nemours
Au Roi Charles IX
A la reine d'Angleterre
A M. de la Molhe-Fénelon . .
A M. de Villequier
A M. de Bellièvre
\ M. de Rambouillet
A M. de Bellièvre
A la duchesse de Ferrare. .
A M. de Damvilie
A M. du Ferrier
A il. de Thou
A M. de la Mothe-Fénelon .
A M. de Damvilie
A M. de la Mothe-Fénelon.
A M. de la Mothe-Fénelon.
PAGES.
260
260
261
2G1
36 !
262
263
2(i3
aG/l
20/1
265
265
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269
2G9
27O
271
272
272
273
273
2,4
275
TABLE CHRONOLOGIQUE.
335
NUMEROS
D'ORDRE.
CCCCXLII.
CCCCXLIII.
CCCCXLIV.
GCCCKLV.
ccccxlvi.
ccccxlyii.
ccccxlviii.
ccccxlix.
CCCCL.
CCCCLI.
CCCCLII.
CCCCLIII.
CCCCLIV.
CCCCLV.
CCCCLVI.
CCCCLVII.
CCCCLVIII.
CCCCLIX.
CCCCLX.
CCCCLX1.
CCCCLX II.
CGCCLXIII.
CCCCLX1V.
CCCCLXV.
CCCCLXV1.
CCCCIAVII.
CCCCLXVIII.
CCCCLXIX.
CCCCLXX.
CCCCLXXI.
CCCCLXXII.
CCCCLXXIII.
DATES.
29 décembre 1573.
29 décembre 1673.
3i décembre 1673.
5 janvier 1574.
6 janvier 1576.
i3 janvier 157/1.
i3 janvier 1576.
18 janvier 1074.
30 janvier 1576.
3 1 janvier 1574.
s4 janvier 1674.
3j janvier 1676.
37 janvier 1674.
5 février 1574.
5 février 1576.
10 février 1374.
i3 février 11176.
i4 février 1576.
18 février lajlt.
29 février 1576.
3 mars 1576.
G mars 1576.
g mars 1576.
16 mars 1 57 6.
i5 mars 1576.
16 mars 1574.
31 mars 1574.
5 avril 1576.
17 avril 1574.
18 avril 1574.
18 avril 1574.
ao avril 1576.
DESTINATAIRES.
A M. de Bellièvre
A M. le vidame de Chartres
A M. de Thon
A M. du Ferrier
Au même
Au Roi Charles IX
A la Reine Catholique ....
A M. de la Mothe-Fénelon.
A M. de Damville
A M. de Thon
A M. de Rambouillet
A M. du Ferrier
A M. de Rambouillet
A M. de la Mothe-Fénelon .
A M. Vellutelli
A M. le président de Metz . .
Au Roi Catholique
A M. de Rambouillet
A la reine d'Angleterre.
A M. de Damville
Au même
A M. de Thou
A M. de Matignon
Au même
A M. de Bourdeilles
A M. de Thou
Au même
A M. de Damville
A M. de Hautefort
A M. de Damville
A M. du Ferrier
A M. de Damville
PAGES.
37Ô
270
27G
3 7 13
377
377
377
378
2 79
279
379
380
381
381
283
383
2 83
983
985
385
986
286
287
288
389
389
989
39"
291
291
999
293
336
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
CCCCLWIV.
CCCCLXXV.
CGCCLXXVI.
CCCCLXWII.
CCCCLXXV1U.
CCCCLXX1X.
CCCCLXXX.
CCCCLXXU.
CCCCLXXX1I.
CCCCLXXXIH.
CCCCLXWIV.
CCCCLXXXV.
CCCCLXXXYI.
CCCCLXXXVII.
CCCCLXXXVIII.
CCCCLXXXIX.
ccccxc.
CCCCXCI.
CCCCXCII.
CCCCXCIII.
CCCCXCIV.
ccccxcv.
CCCCXCVI.
CCCCXCVII.
CCCCXCVIII.
CCCCXCIX.
DATES.
a5 avril 1574.
25 avril 1 57^.
25 avril 157/1.
29 avril 1574.
29 avril 1674.
29 avril 1576.
1" mai 1576.
9 mai 1574.
1 2 mai 1574.
i 8 mai 1574.
18 mai 1374.
îg mai 1674.
23 mai 1 576.
2.3 mai 1574.
"3 mai 1674.
25 mai 1574.
25 mai 1574.
a5 mai 1 674.
29 mai 1 574.
29 mai 1574.
99 mai 1 574.
30 mai 1 5 7 '1 .
3i mai 157!.
3i mai 1574.
3i mai 1 57^1.
3i mai 1 574.
DESTINATAIRES.
A M. do Hauteforl
A M. de Bour Jeilles
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. le procureur général La GuCsIe
Au même
A M. de Damvillc
Au duc de Savoie
A M. de Matignon
Au même
A M. do Damvillc
A M. de Thou
A M. de Matignon
A M. de la Mothe-Fénelon
A M. de Matignon
Au même
A MM. les conseillers et échevins de Rouen.
Au duc de Nemours
A M. du Fen ier
Au grand-duc de Toscane
A la grande-duchesse de Toscane
Au seigneur don Pietro de Mëdicis
A M. de Matignon
Au duc de Ferrare
Au Roi Charles IX
A M. de Matignon
Au même
PAGES.
294
294
09 4
29G
297
397
297
298
298
3oo
3oo
3oi
3o3
3o4
3o5
3o5
3o6
3oG
3o7
307
3o7
3o8
309
3jo
3l2
3i3
TABLE DES PERSONNES
A QUI SONT ADRESSÉES LES LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Alava (Don Fiancés de), ambassadeur
d'Espagne, ai, g5.
Ubrbt (Jeanne d'), reine de Navarre,
92.
Anjou (Le duc d'), i58, 16a, 172,
177, 180, 186 , 186, 19/I, 196,
197,211, aao, aa4, 236, 337,
338, 23g, a4o, 3io.
Armagnac (Le cardinal d'), 360.
Autriche (Anne d'), reine d'Espagne,
13, 5i. 99, 160, 1 8/1.
B
Bellièvre (M. de), 1, 98, 166, 168,
i5o, i5a, i53, i55, 157, 176,
177, 179, 180, 182, i85, 369,
a75.
Bourdeilles (M. de), 289, 396.
Brandebourg (Le marquis de), 65,
66.
Brulart (M.), 1 46.
Burghleï (Lord), 101, io5.
Chacos (Marie), 12.
Cbapih Vitelli, 67.
Charles IX, 5g, 244, 265.
Chartres (Le vidame de), 975.
Choisy (M. de), 3 1 C.
Cosse (Le maréchal de), 80, 160,
1 (ii, 200.
Créquy (Le cardinal de), 1 65.
Croc (Du), ambassadeur en Ecosse,
9.6-
D
Damville (Le maréchal), t36, i4o,
i4i, i54, 157, 160, i63, 17a,
l84, l86, 19g, 211 , 393, 232,
94o, 366, 94g, 271, 973, 279,
985,986, 390, 291, 293, 397,
3oo.
Danzaï (M. de), ambassadeur en
Suède, s46, 261.
Dai (Mr l'évêquede), 6a.
Elisabeth (La reine d'Angleterre),
60, 89, 97, io3, io5, 1 65, 206,
208, 931, 267, 285.
Ferals (M. de), ambassadeur à Rome,
75, 100, 958.
Ferrare (La duchesse Renée de), 5o.
i3o, i5o, 928, 970.
Ferrare (Le cardinal de), 76.
Ferrare (M. le duc de), 88, 91, 3og.
Ferrier (M. du), ambassadeur à Ve-
nise, i53, i56, 162, 169, 170,
1 86 , 199, 301, 213, 3l3, 2l5,
216, 9.36, 265, 267, s53, 3.53,
261 , 277, 279, 2gs, 3o6.
Florence (Le duc de Cosme de Mé-
dicis), 16, 31, 36, 37, 3g, 60,
61, 63, 46, 47, 4g, 55, 57, 76,
77- 7^' 79- 103> 11a, 137, i35,
i42, i5o, t5g, s3g, 307.
Fourouevaux (M. de), ambassadeur en
Espagne, 3.5, 16, ig, 96. •>">.
CATHERINE DE MÉDICIS. IV.
26, 2g, 3o, 38, 3g, 60, 43, 67.
68, 66, 60,76, 78, 85, go, 96.
Gênes (Les seigneurs de la république
de), 1 16.
Gondï (M. Gérome ne), 65.
GORDES (M. DE), 3l, 87, 170, I96,
19g, 202, 909, 216, 91g, s3i,
360, s43, 945, 949, a55, 966.
Grind maître de Malte, 33.
Grantrie (M. de), 161.
Grégoire XIII (Le pape), 106, 1 in.
116, i36. 166, 169, i5g, ail,
358, 369.
Gueuenée (M. de), 3i h.
H
Hautefort (M. de), g6, agi, 396.
Horte (Le vicomte de), 112.
Himières (M. d"), a, 5,3o, 954.
.1
Juana (Dona), sœur de Philippe 11,
La Fontaine (M. de), 161.
La Guesle (Le procureur général),
9 97-
La Musarde (La comtesse de), 5i,
958.
La Mothe-Fénelon, ambassadeur, 3,
6, 10, il, i"i, 17, 18, 96, 38,
3 1, 35, 6 6, 59, 56, 70, 81, 109,
111,117, 118, 11 g, 199, 1 35.
63
nn-Miu.niE watiosaic
338
i37, 169, i56, 1 57 , i58, 160,
166, 176, 180, 189, 19.3, 210,
ai5, a35, aii , a5o, 267, 273,
976,375, 978, 281, 996, 3o3.
L0H6I f.vili.e (Le duc de), 1 1 7.
M
\I\N1IEL0T (M. DE), 96, lOg.
Matignon (M. de), i5i, i58, 168,
176, i8-3, 206, 9i5, 917, 919,
a3i, 235, 987, 288, 298, Soi,
3o4, 3o5, 3o8, 3og, 3i2, 3i3.
Maivissière (M. de), io3.
Médicis (Pietro de), 3o~.
Monllc , évoque de Valence . nti,
169.
Mowtpbhsier (Le duc de), 1 56 , 157,
i58, 176, 177, 179, i83, 900,
•>. 1 ') , 296.
Nemoirs (La duchesse de), 1, 35, '17,
5o, 84.
Nemours (Le duc de), 34,g3,246,
265, 3o6.
Nevers (Le duc de), i44, i65, i56,
180, 198, 209, 2i5, 225, 3i6.
Paris (Les échevins de), 19,20,52,
89.
TABLE DES PERSONNES.
Paris (Les gens du Parlement de),
63, 66, 86, 99, 100.
Petrucci, ambassadeur de Toscane,
4 g , 109.
Philippe II, 1, 12, i3. 35, 87, 38,
48, 58, 60, 87, 109, n3, i33,
i3g, i5a, 25i, 277, 288, 3 1 5.
Pico (Louis), 959.
Pie V (Le pape), g3.
Pif.nnes (M. de), 54.
Poizieix (M11* de), 3.
Prie (M. de), 89.
Princes de la Germanie, 24a.
R
Rambouillet (M. de), 58, 1 46, 264,
969, 279, 281, 283.
Roissv (M. de), 18.
Rolen (Les échevins de), i3o, 3o5,
3og.
Rouen (Les gen9 du Parlement de),
35.
Saint-Golard (M. de), ambassadeur
en Espagne, 3i, 107, n4, i4o,
i48, i64, 194.
Saint-Moris (M. de), 23o.
Savoie (La duchesse de), 20, 92.
Savoie (Le duc de), i85, 25i, 967,
297-
ScHOMBEnc (M. de), 80, 130, 162.
202 , 2l8 , 9.39.
Strozzi (Philippe), 1 1 9.
Sessex (Le comte de), 101.
Tavannes (Le maréchal de), 1 44, 1 45,
363.
Tuou (M. le premier président de),
66, 81, 86,88,91,99, 95, 96,
99, 103, io3, 107, 171 . 170.
201, 210,212, 91. 3, 2l4. 8 1 6 ,
262, 267,272, 276, 979, 386,
989, 3oo, 3i6.
Toscane (Le prince de). 96, 355.
Toilocse (Les capitouls de). 191.
128.
u
Ursin (Le cardinal). i38.
Vareuses (M. de), 261.
Venise (Les seigneurs de la république
de), 68, 168.
Viart (Le président). 35, 263,
993.
Villars (Le marquis de), 166.
VlLLEQUIER (M. DE), 968.
VlLLEROT (M. DE), 108.
TABLE DES MATIERES.
Aix, 93.
Auva(Doii Francès d'), rassuré pai-
lla iherine sur la santé de la jeune
reine, femme de Charles IX, a4.
— Ses mauvais procédés envers
Catherine, 3o. — Bruits qu'il fait
courir d'une prétendue cession de
Sienne à Don Juan d'Autriche, 69.
— Plaintes que fait de lui Cathe-
rine à Philippe II, 58, 60. —
Mériterait une sévère remon-
trance. 60. — S'enfuit de Pa-
ns . ti 1 . — Prétexte uue maladie
pour ne pas prendre congé de
Charles IX, 61. — Catherine de-
mande à Philippe 11 de le répri-
mander sévèrement, 61. — Son
dernier entrelien avec Catherine,
64. — Ses griefs, ses plaintes, 64.
Albe (La duchesse d'), présents que
lui fait Catherine, a. — Retirée
d'auprès les infantes, 6, i3, i4.
Albe (LeducD'), emploie Cavalcanti,
3 2 , note. — I,es dépêches de son
courrier prises, 5i. — Reprend
Valenciennes, 106, note. — Invité
à faire tuer les prisonniers de Mons,
1 1 5 , note. — Ses succès satisfont
Catherine, i.34. — Le traitement
favorable qu'il fait à Ludovic de
Nassau blâmé par elle, 1 36. —
Retires recrutés par lui, 194, note.
— Nouvelle répandue de sa mort ,
2o3, note. — Succès qu'il obtient
sur la Hotte du prince d'Orange,
a3a. — Motifs de sa générosité
envers Ludovic de Nassau, a 33 ,
note. — Blâme la Saint-Barthé-
lémy , a33 , note. — Hostile au nou-
veau roi de Pologne, a 5 A , note.
— Envoie de l'argent à Marie
Stnart, 274.
Albem (Martin), attendu à Paris,
138.
Albi (L'évèquc d'), recommandé par
Catherine à Damville, a4o.
Albket (Jeanne d'), reine de Navarre,
parle de la visite du maréchal de
Cossé, 32, note. — Ses plaintes à
Catherine, 2 3 , note. — Proteste de
son dévouement, a.3 note. — Pro-
jet de lettre que Catherine soumet
à Charles IX pour l'inviter à venir
à la cour, 59. — Sa lettre à Ca-
therine, (35, 66. — Se plaint de
la défaveur faite à son Gis, 66. —
Prend les bains en Béarn, 70, note.
— Opposée au mariage de son fils
avec Marguerite de Valois, 76, note.
— Menacée, si elle persisle dans
son refus, 75, note. — Simple
mention de sa mort par Catherine,
106.
Alesçon (Le duc d'), fortune que le
vidame de Chartres ambitionne
pour lui, 8, note. — Catherine
veut le poser comme prétendant
à la main de la reine Elisabeth,
a3. — Elle prie Walsingham de
l'appuyer auprès de ladite reine,
7 '4. — Son mariage recommandé
de nouveau par Catherine à La
Mothe-Fénelon, 90. — Recom-
mandé également à Burghley, io5.
— Nouvelles instances pour son
mariage. 109. — Ce projet juge
par Catherine en bonne voie, 120.
— Désiré au lendemain de la
Saint-Barthélémy, ia3. — Portrait
que Catherine fait du duc d'Alenç.on
à La Mothe-Fénelon, 1J7. — Il est
recommandé par elle au maréchal
de Cossé durant le siège de la Ro-
chelle, 160. - Ce qu'elle dit de
lui à La Mothe-Fénelon, 160. —
Le projet de mariage retardé par
Elisabeth, 1O1, note. — ■ Nouvelles
instances de Catherine afin qu'Eli-
sabeth en finisse, 16g. — Menées
contre ce projet, 198, note. — Dé-
tails que Catherine donne sur cette
négociation, 186, 187, 188. —
Réponse aux articles proposés par
Elisabeth pour la réalisation du
contrat de mariage, 187, note. —
Ce qu'y ajoute lord Burghley, i85,
note. — Ce projet débattu entre Ca-
therine et Walsingham, 189, 191,
193, note. — Le duc persiste à
vouloir épouser Elisabeth, aoS. —
Entrevue demandée pour lui par-
Catherine, 208. — Réponse que la
reine Elisabeth adresse à ce sujrnl ,
208, 209, note. — Walsingham
favorable à celte union, an. -
L'élection du duc d'Anjou au trône
de Pologne jugée favorable pour
sa réussite, 217. — Lettre que la
43.
3/40
reine Elisabeth écrit au duc pour
temporiser, a 1 7, note. — Il de-
mande à aller la voir, 992. —
Catherine y consent, quel que soit
le résultat de cette entrevue, 92.3.
— Chargé du gouvernement de
Paris, 926, noie. — Signe une
lettre à la reine d'Angleterre, 229,
note. — Cité, 999. — Catherine
invitée à différer de quelques mois
la négociation de ce mariage, a36.
— D'après l'avis du capitaine Fran-
chetti, elle doit être retardée, 2.36.
— Kntrevuc demandée de nouveau
pour le duc à la reine Elisabeth,
".37, note. — Conditions qu'elle y
met, 238, note. — Sa réponse à
ce sujet. 2.39. — Celte entrevue
recommandée par Catherine à La
Mothe-Kénelon , 9 '12. — La mala-
die du duc, 256. — Son rétablisse-
ment, 206. — Lettre que lui écrit
la reine Elisabeth, a 5 6, note; 2G1.
— Randolph a une très bonne
impression de lui, 208. — Son
mariage recommandé à La Mnlhe-
Pénelon, 953. — Il est compro- I
mis, 267, note. — Burghley en
attribue le motif aux marques
visibles de la petite vérole, 287,
note. — Randolph chargé île le
vérifier, 965, note. — Sa lettre à
Walsingham, 953. — Catherine
désire le succès de ce mariage,
>-'i, 275. — Elle parle des chances
qu'elle y entrevoit, 981. — Ten-
tative d'évasion du duc, 999 , note.
— Enchantement du fait de Rug-
gieri pour lui faire aimer La Mole,
397. — Sollicite la grâce de La
Mole et de Coconas, 3o.3 , note. —
Obtient qu'ils ne soient point exé-
cutés en Grève, 3o.3, note. —
Chagrin qu'il prend de leur mort,
3o '1 . note. — Assure Catherine de
mi soumission au roi de Pologne,
3io.
Upoksiki Oksim, grand'mère de Ca-
therine, 1 36.
TABLE DES MATIERES.
Allemagne (L'), 8, note; 243, note.
Allemagne (Les princes d'), 9o3 , note.
(Faux bruits répandus en),
a63.
Allemands (Les), a58.
Amboise, 86, 87, 88, 89.
\ M I . 'l 2 .
Angers, i85,note. — Ses échevjns
complimentés par Catherine, 67.
Angleterre (L'), 119, 19.3, 969.
Angleterre (Les Etats d'), 9.
ingullème 1 Le chevalier d'), l'abbaye
de Clairac demandée pour lui par
Catherine, 1 55.
Angousolle (Le comte Jehan D'),ses
intrigues en Suisse, 28, 3g, 43.
Anjou (Le duc D'),cité, 3. — Son pro-
jet ;le mariage avec la reine Elisa-
beth, poursuivi à la fois par le car-
dinal de Chàtillon et le vidame de
Chartres, 7, note. — Catherine
préférerait pour lui une parente de
la reine, 9. — Lettre de l'évèque
de Glascow lui est communiquée,
16. — Catherine ambitionne pour
lui la souveraineté du Comlat et
Avignon, 17. — S'en ouvre à
Cosme de Médias, 17. — Elle croit
que la négociation de son mariage
avec la reine Elisabeth n'a pour but
que de les tromper, 18. — 11 refuse
d'épouser la reine Elisabeth, 26.
— Motifs qu'il en donne, 26, note.
— S'y décide, 3i. — Cette négo-
ciation traitée par Cavalcanli, .36.
— Son portrait commandé à Janet,
.r)2. — Son mariage en bonne
voie, 53. — Lettre écrite par Eli-
sabeth au sujet de la demande faite
par lui île sa main, 61, 62, note.
— L'évèque de Dax chargé de
l'encourager à épouser la reine Eli-
sabeth, 63. — La rupture de son
mariage n'altérera pas l'amitié entre
les deux couronnes, 70, note. —
La reine Elisabeth s'est refroidie,
7/1. — Lettre que lui écrit Saint-
Couard pour lui faire connaître la
crainte qu'a Philippe II d'être atta-
qué par la France, 1 07, 1 08, note.
— Catherine pense pour lui à la
tille ainée de Philippe 11,1 1 4. — Ac-
cusé d'être l'instigateur de la Saint-
Barthélémy, i3i. — Cité, 122.
— Le légat favorable à son élection
au troue de Pologne, i3i. —
Edouard VI a été son parrain ,137.
— Désiré pour chef d'une année de
terre contre les Turcs, i38, note;
1 45, note. — Part pour la Rochelle,
1 53. — Sou itinéraire tracé par
Brulart, 1 5.3, note. — Ses chances
au troue de Pologne, 1 56 , note. —
Ce que lui écrit Catherine au sujet
du mariage de M"' de Mouchy, 1 58.
— Elle le prie de donner à M. de
Manilelot la compagnie do gen-
darmes de feu M. de Ventadour,
1 63. — Écrit à Charles IX en fa-
veur de M. de Matignon, i6.3, note.
— Difficultés que soulève son élec-
tion au Irène de Pologne, 170,
note. — Catherine lui envoie copie
des lettres de La Mothe-Fénelon ,
172. — Elle le prie de hâter le
siège de la Rochelle, 172. — Rend
un compte détaillé au Roi son frère
des opérations de ce siège, 17-,
note. — Il attend la réponse de La
Noue entré dans la ville, 172,1101e.
— Charge Bouille de veiller sur
Relle-Isle, 17.3, note. — Entretien I
Charles IX de l'attaque du bastion
de l'Evangile, 17.3, note. — Pré-
venu par Catherine des préparatifs
de Montgomery, 173. — Prié pat-
elle de faire choisir le capitaine
Dallon pour gouverneur du vicomte
de Curson, 177. — Conseils don-
nés par Tavannes, lui sont trans-
mis par Catherine, 180. — Invile
par elle à se défier de La Noue.
180. — Lettre qu'elle lui écril au
sujet du mariage du duc d'Alençon ,
186, 187, 188. — Recommanda-
tions qu'elle lui fait durant le
siège de la Rochelle, 194, ig5.
— Prévenu qu'elle a fait répandre
TABLE DES MATIERES.
iM
le bruit que Philippe II veut faire
tuer le prince d'Orange. ig5. —
Instructions qu'il reçoit de Char-
les IX, en cas de prise de la
Rochelle, ig5, note; 198, note. —
Prévenu par lui de la venue de la
flotte de Montgomcry, 307. —
Prié de faire prendre par celui
qui commandera la compagnie de
feu Cosseinsles enseignes comman-
dées par celui-ci, 212. — Prévenu
par Catherine du meurtre de M. de
Uauvissière, 01 '1. — Chargé par
Charles IX d'en faire la punition,
21 k. — Son élection au trône de
Pologne annoncée par Catherine à
La Mothe-Fénelon, 217. — Craintes
exprimées pour son passage en Al-
lemagne, 219. — Mis au courant
par Catherine des menées et des
armements de Montgomery en
Angleterre, 220. — Invité par elle
à remercier Dieu de son élection
au trône de Pologne, 226; — à
obéir aux intentions du Roi son
frète après la soumission de la Ro-
chelle, 227; — à ne plus mettre
ce mot serviteur, en lui écrivant,
mais fih, 227. — Lettre que lui
écrit Charles IX au sujet d ! son
passage en Pologne, 227, note. —
Invité à envoyer vingt-cinq blancs-
seings pour les princes de la Ger-
manie, 3-17, note. — Prévenu par
Catherine de la publication de son
élection, 228; — delà prochaine
arrivée de l'ambassade polonaise,
328. — Lettres qu'elle l'engage à
écrire, 229. — La venue d'un sei-
gneur polonais lui est annoncée,
330. — Invité à se faire appeler
roi, 229; — à protester de son
obéissance au Roi son frère, 239.
— Ses tentatives pour réduire la
Rochelle, 233. — Détails sur son
élection au trône de Pologne, 234,
note. — Sera bien accueilli par le
landgrave de Hesse, s34, note; —
par l'empereur Maximilien, s34,
note. — Échappe à un grand dan-
ger au dernier assaut donné à la
Rochelle, 3.35. — A prévenu une
surprise que devait tenter Mont-
gomery, 2 30. — Regrets que
lui exprime Catherine de n'avoir
pu donner la place de secrétaire
du roi à Ruzé son secrétaire, a3g.
— La Guiche recommandé par
lui aura une compagnie de ôo hom-
mes d'armes, 209. — Lettie de la
reine d'Angleterre lui est envoyée,
2 3g. — Recommandations que lui
fait Calherineau sujet des 5, 000 sol-
dats qu'il doit emmener en Pologne,
aio. — Recevra bientôt le nouvel
édit de pacification, 2/11. — Re-
commandations que Catherine lait
à Danzay au sujet de son passage
en Pologne, a4'i. — Son entrée
dans les villes, s44. — Attendu
à Paris, 2/1/1. — Cité, 3/17. — Son
élection au trône de Pologne bien
accueillie par Grégoire XIII, 2/18.
— Elle sera profitable à la religion
catholique, s48. — Cité, 201. —
Vérification des lettres de supplé-
ment à son apanage, 3Ô7. — Dé-
claré par Charles IX son héritier à
la couronne, 267, note. — Permis-
sion lui est donnée de faire couper
des bois pour les dépenses de son
voyage de Pologne, 258. — Les
lettres de supplément à son apanage
sont vérifiées par le Parlement,
267. — Sa légitimité à l'héritage
de France reconnue en conseil par
Charles IX, 207, note. — Renonce
à passer par le Danemark, 362,
noie. — Prêt à partir pour la Po-
logne, 2Ô4. — Catherine annonce
son prochain départ, 26a. — Une
lettre de Pinart attribue le retard
à une indisposition, a64, note. —
Charles IX malade se flatte de
son prochain rétablissement poul-
ie conduire à Nancy, 3O/1 , note. —
Charles IX écrit à La Mothe-Fé-
nelon que, pris par la maladie,
il n'a pu l'accompagner plus loin
que Vitry-le-François, 263, note.
— Accompagné par Catherine jus-
qu'en Lorraine, 2IU1. — Décharge
donnée de ses bagues par Catherine
à M. de Villequier et à Vigny, 26g.
— Elle se plaint de n'avoir pas de
ses nouvelles, 270. — Détails don-
nés par Schomberg à Catherine sur
son voyage, 270, note. — S'arrête
à Fulda, 270, note. — Attendu
par le landgrave, 270, note. —
Escorte que lui donne le comln
Palatin, 270, note. — Secours d'ar-
gent dont il a besoin, 373, 377.
— Catherine demande à M. de
Rambouillet de bien la renseigner
sur sa réception en Pologne, 281.
— Détails donnes sur son entrée
dans son nouveau royaume. 28/i.
— Sa lettre au sujet de l'arrestation
de La Mole et de Coconas, 290,
note. — La mort de Charles IX lui
est annoncée par sa mère, 3 10. —
La régence que lui a confiée le
feu Roi lui est notifiée, 3 10. —
Indications pour l'itinéraire de son
retour, 3 1 1 . — Conseils qui lui
sont donnés pour tâcher de con-
server la Pologne pour lui ou pour
son frère, 3 1 1 . — Sa conduite
comme roi lui est tracée, 3 12.
Anne (La princesse). Voy. Aonticnn.
Aiiches (Le sieur des), envoyé à Lyon
pour y administrer la justice, 89.
— Recommandé par Catherine aux
échevins, 8g.
Aiimm.nac (Le cardinal d'), félicité par
Catherine du traité qu'il a fait avec
le gouverneur d'Orange, s5g.
Aubespine(L'), envoyé à Londres, 18.
— Cité, 29.
Audelet, titulaire du prieuré de
Champagne, 33.
Auviale (Le duc d"), regrets de Cathe-
rine sur sa mort, 180.
AuTiucnE (Anne d'), reine d'Espagne,
son passage en Espagne, ô. — Ca-
therine invite Fonrquevaux à la vi-
342
siter, 5. — Un gentilhomme sera
envoyé spécialement pour celle
mission d" congratulation, G. —
Félicitée par Catherine de son heu-
reuse arrivée '■'! Espagne, îa. —
Lettre qu'elle lui écrit et dans
laquelle elle proteste de son affec-
tion envers le roi son mari, 5i.
— L. ;; i — ise de sa sœur lui est
annoncée. 99. — Catherine lui
renouvelle ses assurances de lionne
affection, 307. — Elle lui fait
part de la naissance de sa petite-
iiile, ttio. — Lettre qu'elle lui
écrit à l'occasion de la mort de sa
TABLE DES MATIERES.
belle-sœur, la veuve du roi de Por-
tugal, 277. — Les Infantes lui
sont recommandées. 278.
Autriche (Barbe d'), ducliessede Fer-
rare, sa mort , 1 45.
Autriche (Don Juan d'), prétendue
cession que le duc de Florence lui
a faite de Sienne, kg. — Marie
Stuart disposée à l'épouser, 8a. —
Chef de l'année navale contre les
Turcs, 1 3o , noie.
Autriche (Elisabeth d'), sa légère
indisposition, ai* — Sa convales-
cence assurée, 29. — Sa grossesse
annoncée par Catherine à la du-
chesse de Nemours, 36. — In-
quiétudes que lui cause un accident
de chasse de Charles I\, 5o, noie.
— Ses couches prochaines, g3. —
Supporte bien sa grossesse, io4,
note.
Autiwcbe (La Maison d'), 8, 120,
131, note; 198, 273.
Avogadre (Pielro), offre à Catherine
de lui livrer une place en Italie,
380, note. — Lettre à ce sujet de
du Ferrier, '180, note.
A» mont ( Le Jésuite), Catherine engage
le dur d'Anjou à se défier de lui .
B
Badee (La diète de), 1 5 1 .
Balaghy, envoyé en Pologne, i5i. —
CharleslX se plaint de ses lenteurs,
1 5 1 , noie. — Rend compte de l'élec-
tion du duc d'Anjou, aa3, note.
Bar (La ville de), 266.
Barbezieui, s'empare des meubles de
M"" d'AndeloI, 3.3, note. — Lettre
mie lui écrit Catherine, ifia.
(La ville de), 390, note.
Itiiusi (Le comte de), 271, note.
Basle, 1 '(.'i , note.
Bavière (La fille du duc de), épouse
l'archiduc Charles, 9.
(Le duc de). Sa maladie, îo'-i,
note.
Batoîike (L'entrevue de), is3.
livzis (Jean), part qu'il prend à l'é-
lection de Pologne, 238. — Appor-
tera la nouvelle de la publication
de cette élection, aa*. — Noie
sur lui, 228. — Assurances qu'il
donne, 229. — Rapporte des nou-
velles de Pologne, a3/i, noie.
Béarh 1 Le 1. 70. note.
(Les gens du), jouent un tour
i M. de Granmnt, a 1 o.
Heu hokt-81 r-Oisf. , 1 26.
Beaoville (M. ut), envoyé à Borne,
100, note; l39. 257. 376.
Bellegarde (M. de), proposé par Ca-
therine pour chef des soldats qui
suivront le duc d'Anjou en Pologne,
261.
Belle-Isle, 221.
Belmèvre. Catherine l'invite à se
conformer aux instructions du Roi
son fils, 1. — Informé, par
Charles IX d'une grave sédition
survenue à Paris, i45, noie. — -
Complimenté par Catherine pour
avoir obtenu le renvoi de la jour-
née des ligues, 1 45; — pour avoir
l'ait traduire en allemand sa version
sur la Saint-Barthélémy, 167. —
Chargé de lever en Suisse 5oo
hommes pour la garde du Moi, i48.
— Prévenu que son frère ne peut
encore aller le remplacer, 1 5o. —
Catherine le félicite d'être arrivé à
temps pour assister à la diète de
Baden, i5i. — Charles I\ lui
écrit au sujet des difficultés que
soulève cette diète, i5i, noie. —
Catherine le prie de s'occuper d'un
emprunt pour le nouveau roi de
Pologne, îôa. -- Le congé de
son frère demandé par Catherine à
Damviile, i54. — Mis au couranl
par Brulart du départ du duc d'An-
jou pour la Rochelle et de' son iti-
néraire, 1 53. — Détails que lui
transmet Charles I\ sur ce qui s'est
passé en Bresse, 1 55 , note. —
Remercié des concessions qu'il a
obtenues en Suisse, 1 50. — Chargé
de porter de 800 à 1,200 hommes
la levée des Suisses pour la garde
du Roi, i5'i. — Prié par Catherine
de les faire marcher, 178. — Invité
par Charles 1\ à faire précéder la
levée .les Suisses par une avant-
garde de 800 hommes. 178. —
Complimenté par Catherine et as-
suré de sa protection, 181. — In-
vité à veiller sur toutes les mau-
vaises pratiques tentées en Suisse,
183. — 11 annonce que Ludovic
de Nassau veul tenter de secourir
la Rochelle, i85, note. — Presse
par Catherine de faire partir la
nouvelle levée de G.ooo Suisses.
2 65. — La venue de M. de Hau-
tefort pour remplacer La Fontaine-
Godarl lui est annoncée, a65. —
Catherine lui envoie Saugier, al 9.
— L'engage à prendre toutes ses
précautions en traversant l'Alle-
magne, 369. — Prévenu pai
elle 'i ■ son arrivée à Reims
TABLE DES .MATIÈRES.
343
270. — Chargé de trouver l'ar-
gent dont le roi de Pologne a be-
soin, 273.
Berlin (Archives de), 45.
Bénie, 1 67.
(Ceux du canton de), grati-
fiés de sel marin, par Catherine,
3i.
Biette, envoyé du roi de Suède, 4i.
— Catherine est satisfaite de lui,
61.
Bigareau (Le sieur de), envoyé en
Pologne, 26g.
Binon, porte de l'argent à Strozzi,
119. — Sa lettre à La Noue au
sujet de la soumission de la Ro-
chelle, 1 72 , note. — Chargé d'in-
terroger La Noue, 1 85. — Traite
de la paix avec lui, 390.
Bische (Le comté de). 177.
Bluiont, 271, note.
Blauzac ( La ville de), 38g, note.
Blois, 34, 35, 7.5, 76, 77, go, 91,
99,93,94,95, 96,98, 90,i35.
Bohème (Les princes de), fils de
l'empereur Maximilien, séjournent
en Espagne, 19.
Boinville (Le président), chargé d'in-
terroger Buggieri, ag6, note.
Boisdoré (Le sieur de), recommandé
pour une charge de guidon à
M. de Guemcnée par Catherine,
3i5.
Boivin (François), envoyé du duc de
Savoie, 20. — Recommandé au
duc de Florence, ai. — Emilio
son fils recommandé également, 2 1 .
Bonacorsi, président général des fi-
nances, 3o6.
Bonin. Le maître des requêtes ap-
puyé par Catherine dans son projet
de mariage avec Gilette de Quelen,
3i5.
BoNNEUIL (M. DE), 296.
Bordeaux, 391, note.
(Les gens du Parlement de),
lettre que leur écrit Catherine, 5i .
Bouchage (Du), en procès avec le
duc de Montpensier, 100. —
Lettre qu'il reçoit de Nançay, 1 83,
note.
Boixiurd (René), porte-manteau de
Catherine, 389.
Bouillon (Le duc de), possesseur de
Sedan, 298, note.
Boulogne (La Maison de), a5o.
(La ville de), io3, 1 13, an.
(Le château de), 4g, io5,
239, 260, 340, 348, 24g.
Bourbon (Le cardinal de), désavoue
Laudonnière, 04. — Absolution
demandée pour lui, i3g, note. —
Officie pour le baptême de la fille de
Charles IX, 161, noie. — Cité, 253.
Bourdeille, félicitations que Cathe-
rine lui adresse, 38g.
Boirdiné (M. de), 3o6.
Bourgogne (La recette générale de),
206.
Bourgueil, 83.
Bout, chantre de la chapelle de Cathe-
rine, recommandé par elle aux cha-
noines de l'église de Saint-Esprit
de Tours, afin qu'ils lui conservent
le salaire qu'il y recevait, 5o.
Brachet (Charles), nommé conseiller
au siège présidial d'Orléans, 3oo.
— Catherine écrit en sa faveur au
président de Thou, 3oo.
Bragelonne (Le sieur de), avertit
Catherine de l'émeute provoquée
par le transport de la croix de Gas-
tines, 8g, note.
Brandebourg (Le), 80, note.
(Le marquis de). Lettre que
lui écrit Catherine, lui promettant
même amitié qu'à son père, 45.
— Nouvelle lettre que lui écrit Ca-
therine, O7. — Cité, 2 1 8, aOG, 277.
Bremond d'Ars (Le vicomte), cité,
3i, note.
Brest, 24 1.
Bretagne ( Anne de ) , épouse de
Louis XII, 358, note.
(François, duc de), s58, note.
Brion, i84.
Briquemault, arrêté dans l'hôtel de
Walsingham, 118.
Brissac (M. de). Sa fille aînée mariée
au comte de Mansfeld, 3o4. note.
Bruet, chargé des affaires de Cathe-
rine en Italie, 47, 58, ii4, 128,
i35, i4a.
Brunswick (Le duc de) , 133, note.
Bruxelles, 68 , 2o4.
Buchanan. Son libelle contre Marie
Stuart prohibé par Catherine, 92.
Buckhurst (Lord). Son entretien avec
Catherine, 3i , 3a. — Sa lettre à
la reine Elisabeth, 3i, note. — Ce
qu'il dit de Cavalcanli, 3a, note.
— Cité, 30.
Burghlev (Lord). Walsingham lui lait
part d'un entretien qu'il a eu avec
Catherine, 36. — Lettre qu'il
lui écrit, 37, note. — Favo-
rable au mariage du duc d'An-
jou, 53. — Ses lettres, 62, note.
— Relation que lui envoie Wal-
singham d'un entrelien qu'il a eu
au sujet de Marie Stuart , 72 , note.
— Lettre qu'il reçoit de lui,
g8, note. — Walsingham dans
une lettre datée de Blois lui ré-
sume la situation, 69 et 70, note.
— Catherine lui recommande le
maréchal de Montmorency et M. de
Foix qui vont à Londres, 101. —
Lettre qu'il reçoit de Catherine,
io5. — Désiré par elle pour une
mission en France, i35. — Ce
qu'il propose pour le mariage du
duc d'Alençon, 187, note; 188,
note. — Transmet à La Molhe-
Fénelon l'offre d'une intervention
de la reine Elisabeth pour' pacifier
la France, 33o. — Lettre qu'il
reçoit deValentin Dale, 238, note.
— Cité, 25o, note. — Ce qu'il
dit à La Mothe-Fénelon des mar-
ques de la petite vérole du visage
du duc d'Alençon, a 65, note. —
Lettre que lui écrit le docteur
Dale, 277, note. — Lettre qu'il
reçoit de Montgomery, 398, note.
Bussv d'Amboise, envoyé au siège de
Domfronl, 29g, note.
344
TABLK DES M VTIERES.
Camille, envoyé par le duc de Ne-
I ■ ■ I S . '12 5.
Caremtah, 398, note; 3o8.
Casimir (Le duc Jean), visité par
Scliomberg, 80, note. — Cité, 1 i.3,
note. — Scliomberg invité à le voir
de nouveau, 1 i3 , note. — Escorle
le roi de Pologne, a5o, note. —
Ses réclamations pour les sommes
qui lui sonl dues, a83. — Cathe-
rin ■ en entretient le président
Viart. 983.
Casse, envoyé par Danzay, agi.
Castres. 1 a8, note.
Catet, conseiller du Parlement de
Bordeaux, 83.
Civalcakti, remet à Catherine un
portrait de la reine Elisabeth, 3a.
— Détails sur lui, 3a, noie. —
— Désire être chargé de la négo-
ciation du mariage du duc d'Anjou
avec Élisabelh, 33. — Envoyé à
Londres, 36. — Raconte à
Burghle; un accident de Charles IX
à la chasse, ig.
Catas 1 Le secrétaire d'Etat). Son
ntretien avec M. de Saint- Gouard
au sujet du mariage du prince de
\ iiarre. 77, note.
Chacok (Marie). Catherine s'applau-
dit de la voir auprès des Infantes
ses petites-fdles. i3. — Les lui
recommande, 38.
Chalons, a66.
Chamrord (Le château de), 100.
Chambre (Le marquis de la). Sa
compagnie demandée au duc de
Savoie par Catherine pour le comte
de la Chambre, son fils, a5i. —
Champagne (Le prieuré de), sollicité
par Catherine en laveur du che-
valier de Senne. 33, 4a, 55. 56.
Cbaktebeau, 110, 210, 238, afia.
Chapelles (M. des). Apporte des nou-
velles du siège de Domfronl . 3o'l,
note.
Charles VIII, 208, note.
Charles (L'archiduc), préféré comme
époux par la reine ElisabMh, 7.
— Se marie à sa cousine de Ba-
vière, g.
Charles IX. Sa lettre à La Molhe-Fé-
nelon au sujet de l'Ecosse, '1 , note.
— Lue lettre de l'évèquc de
Glascow lui est communiquée.
26. — Se plaint de la façon dont
Torres a traité le mariage de sa
sœur, a5, note. — Ne veut plus
entendre parler de ce projet, 35,
note. — Se plaint à Fourquevaux
des mauvais procédés d'Alavà,
3o, note. — Désavoue l'intention
qu'on lui prête de vouloir faire la
guerre au roi d'Espagne, il, note.
— Catherine lui cache les mauvais
propos lenus pour ne pas l'exciter
contre le roi d'Espagne, 48. —
Son accident de chasse, ig. —
Propositions que lui fait Catherine
pour l'état de la maison de sa sœur
Marguerite, 5g. — Pour les ca-
deaux qu'elle lui destine, 5g. —
Invité à envoyer le maréchal de
Cossé auprès de Jeanne d'Albret
pour la prier de venir à la cour,
5g. — Don Francès de Alava s'en-
fuit de Paris pour ne pas prendre
congé de lui, 61. — Sa lettre à
Scliomberg pour assurer les princes
de la Germanie de son bon vou-
loir, 67, note. — Complimenté
de son mariage par Contarini,
68. — Annonce à La Mothe-
Fénelon la prochaine arrivée de
M. de Foix, 6g, noie. — Lui fait
part d'un entrelien avec Walsin-
gham, 6g. — Dans les conditions
exigées par Elisabeth pour la reli-
gion voit un prétexte de rupture de
son mariage avec son frère, 6g,
note. — Affirme à La Molhe-Fé-
nelon que. sans la question de la
religion, ce mariage eût été chose
conclue, 70, note. — Il a reçu
l'amiral à filois sur la supplication
qu'il lui en a faite, 70. — Depuis
son arrivée s'est entendu avec lui
pour l'exécution de l'édil, 70,
note. — Obligé par honneur de
soutenir Marie Stuart, 73, note.
— l'onne à Fourquevaux les rai-
sons qui justifient le séjour- de Lu-
dovic de Nassau à la cour, 77. —
Ecrit à M. de Cossé au sujet d'un
emprunt à négocier à Paris, 80,
noie. — 'Sa lettre aux éehevins de
Paris à l'occasion des troubles sus-
cités par l'enlèvement de la croix
de Gastines. 85, note. — Lettre à
La Molhe-Fénelon à l'occasion d'un
libelle contre Marie Stuart. g3.
note. — Entretient Vulcob de la
maladie du duc de Bavière et du
roi de Pologne, loi, note; — des
troubles des Pays-Bas, qu'il désa-
voue, loi, note. — Désavoue éga-
lement toute entente avec le comte
Ludovic de Nassau, 106. note. —
Ce qu'il dil des troubles des Pays-
Bas, 106, note. — N'y entreprendra
rien, 106, note. — Ordonne à Man-
delot d'arrêter les courriers venant
d'Italie, 110. — Prie Scliomberg
de faire enlendre aux princes de la
Germanie les causes de la mort de
Coligny, 11a. — Annonce la Saint-
Barlhélemy au vicomte de Horle.
I ta. — Le prie de veiller à la sé-
curité de Bayonne. 112, noie. —
D'y maintenir l'ordre et le repos.
112, note. — De punir les contre-
venants, 1 ia. — Compte rendu que
lui envoie Saint-Gonard de son en-
tretien avec Philippe II après la
Saint-Barthélémy, ii5. note. —
Lettre qu'il écrit au maréchal de
Cossé pour défendre de tuer et de
piller. 137. note. — Félicite les
capitouls de Toulouse du maintien
de l'ordre dans leur ville au lende-
main de la nouvelle de la Saint-
Barlhélemy, 128. — Lettre qu'il
reçoit d'eux, 128, note. — Fait
pari à M. de Bellièvre d'une émo-
lion survenue dans Paris, i45,
noie; — de ce qu'il a répondu au
légal (Jrsin, i5o, note. — Dé-
clare ne vouloir pas enlrer dans
la ligue catholique, i5o, note. —
Entretient Bellièvre des dillicultés
que soulèvera la diète de Baden,
i5i. — Refuse de coopérer à la
destruction de Genève, 1 53. —
Donne des détails sur ce qui s'est
passé en Bresse, 1 55 , note. —
Complimente Bellièvre de la levée
de Suisses qu'il a obtenue, 1 56 ,
note. — Entretient La Mothe-Fé-
uelon de la mission du comte de
VYorcester. i5(i, note. — Se plaint
des Guises, 106 , note. — Sa lettre
au sujet de la comtesse de Randan,
301, note. — Ecrit au duc d'An-
jou au sujet de la levée des Suisses
qu'il a l'ait suspendre, 157, i58,
note. — Fait savoir à La Mothe-
Fénelon que la mission du comte
de \\ orcester est limitée au baptême
de sa fdle, 161, note. — Le prévient
qu'il a envoyé Mauvissière pour le
recevoir, i6i,note. — Lui observe
que la reine Elisabeth cherche à re-
tarder son mariage avec le duc son
frère, l'ii, note. — Le prévient
que Worcester et Walsingham doi-
venl en parlera la Reine sa mère,
161, note. — Annonce à Saint-
Gouard l'accomplissement du bap-
tême de sa fille, 161, note. — In-
vite l'évèque de Dax à s'entendre
avec celui de Valence, 16a, note.
- Proteste de sa bonne volonté
envers les Vénitiens, 163, note.
— Lettre que le duc d'Anjou
lui écrit en faveur de Matignon,
i6.3, note. — Entretient Saint-
1 rouard des difficultés que rencontre
Catherine de Médicis.
TABLE DES MATIERES.
l'élection de son frère au trône de
Pologne, 170, note. — Invite
Bellièvre à faire précéder la marche
des Suisses par une avant-garde
de 800 hommes, 178. — Sa lettre
à Schombergau sujet de la marche
des Suisses, i3o. — Se blesse
en chassant le sanglier, 186. —
Annonce au duc d'Anjou qu'il
commence à se guérir, i85, noti .
— Lui l'ait part de la venue de
Ludovic de Nassau, 1 85 , note.
— Va faire marcher les Suisses,
i85, note. — Rend compte
à Saint-Gouard des opérations du
siège de la Rochelle. 177, noie.
— Prévient le duc d'Anjou de
la venue de la (lotie de Mont-
gomery, 307, note. — Décidé à
faire punir le meurtrier de Mau-
vissière, 316. — Sa lettre à
Schomberg relative à la négocia-
tion de Pologne, 318, note. —
Manifeste au duc d'Anjou les in-
quiétudes que lui cause le mauvais
vouloir delà reine Elisabeth, aao,
note. — Consent au départ du duc
d'Alençon pour l'Angleterre, aaa.
— Sa lettre à La MotheF-énelon
pour lui annoncer l'élection du duc
d'Anjou au Irène de Pologne,
aa3, note. - Invite le duc son
frère à envoyer sur-le-champ
4, 000 Gascons en Pologne, 327,
note. — Lui communique les lettres
qu'il a écrites pour lui à lous les
princes de la Germanie, 227, noie.
Mauvaises menées contre la
reine d'Angleterre dont Philippe II
l'accuse faussement, a3a. — Mé-
moire que Ludovic de Nassau lui
soumet. a3a', note. — Annonce à
Schomberg qu'il s'occupe du voyage
do son frère en Pologne, a 34 , noie.
— Approuve l'avis qu'il a donné que
les ambassadeurs de Pologne vien-
nent ouvertement, 234, note. —
L'approuve d'avoir renvoyé l'homme
de Ludovic de Nassau, a34, note.
345
— Lui écrit au sujet du passage
de son frère le duc d'Anjou en Po-
logne, a34, note. — A bien l'ail
de remercier Ludovic de Nassau
de son bon concours pour rett*'
élection, 234, note. — Fait pari
à Matignon du danger auquel a
échappé son frère au dernier assaut
donné à la Rochelle, a35, note.
— Lui donne des détails sut la
blessure reçue par le duc d'An-
jou au siège de la Rochelle, a35,
note. — Fait part à Schomberg
des bonnes al lentious du landgrave
de Hesse à l'égard du roi de Po-
logne. a34, noie. — Lui affirme
qu'il n'a point contribué à la pai\
conclue entre les Vénitiens et le
Grand Seigneur', a34, note. — En
déplacement à Charleval, a4l,
note. ■■ - Recommandations qu'il
adresse au maître des requêtes
\ iart envoyé en Allemagne, a 4 3.
note. — Invité à retarder sa venue
au château de Madrid, a44. -
Gondi lui est envoyé, a44. — Re-
commandations de Catherine pour
sa santé, a64. — Catherine en
écrivant à M. de Gordes s'en réfère
à sa lettre, a4'i. — Fait de-
mander passage pour le roi de Po-
logne son frère aux Vénitiens, a5a ,
note. — Recommande les affaires
de La Mirande à du Ferrier, a5a .
uole. — Espère après quelque-
jours de repos à Vitry être en
état d'accompagner son frère le
roi de Pologne à Nancy, a54 ,
note. — Écrit à Danzay, a54.
note. -- Lettre qu'il reçoit de
Mondoucet, a54, note. — Lettre
qu'il reçoit de la reine Elisabeth,
s56, note. — Ecrit à M. de Ferais
au sujet de M. de Foix que le pape
ne veut pas recevoir, 357. — Re-
mercie le président de Thon d'avoir
fait vérifier les lettres de supplé-
ment à l'apanage du duc d'Anjou.
a»7. — Se plaint de ce que l'oit
44
il RATION
346
porte ainsi atteinte à lu réputation
de ses serviteurs, 35^, note. —
Déclare en ronseil que le roi de
Pologne est son seul héritier, 3Ô7,
note. — Cité, a 58, noie. —
Écrit à Ferais au sujet des ac-
cusations portées à Rome contre
M. de Foix, et s'en plaint, 969,
note. - Sa lettre à Loys Pico
au sujet de son dissentiment qu'il
Manie avec sa lielle.-sœur la com-
tesse de la Mirande, 36g, note. —
\" permet pas l'entrée des troupes
du pape dans le Comtat, 260,
note. - - Détails qu'il donne à
Saint-Guiiard sur le voyage de son
frère le roi de Pologne, sôo. —
Nouvelle lettre de lui au sujet de
la comtesse de la Mirande et de son
beau-frère, 26 1 , noie. — Trace l'iti-
néraire qu'il va suivre au maréclial
Damvilie, a6ù, noie. — Remercie
Elisabeth de l'avoir l'ail visiter par
Randolph, 267, noie. — Sa lettre
à Damvilie au sujet de la situation
du Languedoc, 171, note. — Le
charge de faire de sévères remon-
trances aux députés des protestants,
«71, note. — Prend en main la
cause de M. de Foix à Rome, 976,
note. — Sa lettre à Damvilie où il
énumère les difficultés d'arriver à
la paix avec les protestanls, s85,
note. — Instructions qu'il donne
à Saint-Snlpiie et à Villeroy pour
s la pacification du Languedoc, 986,
■189, note. — Annonce à Dam-
vilie le retard de leur départ, 386,
note. — Une conspiration le con-
traint de quitter Saint-Germain,
987, note. — Sa lettre à Damvilie,
991, note. — Lui annonce la pro-
chaine arrivée de Villeroy et de
Saint-Sulpice, 991, note. — Sa
lettre à Condé où il lui parle de
la défaite du comte Ludovic de
Nassau, 99H, note. — En espère
une heureuse conséquence pour la
pacification de son royaume, M)3,
TABLE DES MATIÈRES.
note. — Fait part de la conspira-
tion du Mardi Gras et de l'arres-
tation de La Mole et de Coconas.
292, note. — Fait connaître à du
Ferrier les conditions de la soumis-
sion de la Rochelle, agS, note. —
Lui annonce le dépari de Montmo-
rin pour l'Allemagne, 395, npte.
— Lui parle des chemins que peul
suivre le roi de Pologne, 995,
noie. — Félicite Matignon d'avoic
enfermé Montgomery dans Dom-
front, eqo, note. — Recomman-
dations qu'il lui fait pour le siège,
398, note. — Renforts qu'il lui
envoie, 998, note. — Promet le
pardon à ceux qui se sépareront
de Montgomery, Soi, note. —
Charge Matignon de le faire pu-
hlier, Soi, note. — Nouvelle lettre
à ce sujet, 3o6 , note. — Annonce à
du Ferrier que Montgomery est
cerné dans Domfront, 3ofi. — La
cause de sa maladie et de sa moct
expliquée par Catherine à Mati-
gnon, 3i3.
Charleval, soo, aoi, ail;
Charron, valet de chambre
Charles IX, 229.
Gbastelibb (Le sieur de), envoyé
Ludovic de Nassau auprès
Charles IX, 933, noie.
ChÂtkauneuf (La ville de), 390, note.
Chàtelet (Le). Ses difiicullés avec les
échevins de Paris, io3.
CbAtiilon (Le cardinal de), s'occupe
du mariage du duc d'Anjou, îli.
— Prié par l'intermédiaire de La
Molhe-Fénolon de pénétrer la ré-
solution de la reine Elisabeth pour
celle union, 3a; — d'en venir
conférer avec Calb ririe. 3a.
Chàtillos (L'amiral de). Voir Go-
LIGSÏ.
C11 issrscoi rt. Catherine désire qu'elle
reste en qualité de gouvernante
auprès de ses petites— filles, 86.
CiiAi'vir,\i, envoyé en mission à Rome,
111.
de
par
de
Chavkinv (M. be), accompagne M. de
Monlpensier, 91 5. — Sera récom-
pensé de ses services. 31 5. —
Cité, 326.
Ciiémerailt, envoyé en Pologne , 3* o.
( J1E\0N'CEAÏX, 40,67, 103-
CinvERST (M. de), chargé d'un em-
prunt pour le nouveau roi de Po-
logne, 1Ô9. — S'en occupe, 97Ô.
Choist. Instructions qu'il reçoit rie
Catherine pour une réformalioi:
commencée en la foi et d'Orléans,
3 16.
CiiRrsToeriE (Le duc), fils du- comte
Palatin, est tué, 99.3, note.
Cire (Le capitaine), blessé à l'assaut
rie Domfront, 3oi, note.
Clément (Le capilaine), tué à l'assaut
de Domfront, 3oi, ii"te.
CnAprs (Vitelli ), cité, /19.
Chirac (L'abbaye de), sollicitée par'
Catherine pour le chevalier d'\n
goulème, 1 55.
Clbves (Le duc de), marié à Jeanne
d'Albret, 75, note.
Ci.èves (Le pays de), ag.3, note.
Cistes (Marie de), princesse de
Condé, absolution pourson mariage
sollicitée par Catherine, 1 35.
Corham ( Lord ), destiné à une mission
en France, 8s. — Accusé de com-
plicité avec Norfolk, 89.
Coconas (Le comte), envoyé auprès de
Chapin Vitelli par Catherine, 67. —
Ce qu'écrit le roi de Pologne à son
sujel à M. de Nancay, 2g5, note.
— Son arrestation, 999, note. —
Sa grâce sollicitée par le duc
d'Alençon, 3o3, note. — Exécuté
précipitamment, 3o'i, note.
Coignet (La tour de), 17.3, note.
Colignv, écrit à Charles IX au sujet
de k mission du maréchal de
Cosse, 9.3, note. — Envoie M. de
Ouincé à la COTir, ar3, mile. —
Proteste à Catherine de son bon
vouloir et de son dévouement. a3,
note. — D'après Charles IX, c'est
sot sa demande qu'il vienl à Rlois.
TABLE DES MATIÈRES.
3'i7
70, note. — S'esl entendu avec
le Roi pour l'exécution de l'édil ,
70, note. — Son arrivée à Blois,
70, note. — Fait dire à Walsin-
ghain que par prudence il ne peut
le voir, 70, note. — Obtient de
Charles 1\ L'enlèvement de la croix
de (iaslines, 84-, noie. — Sa mort
racontée par Charles IX, 1 1 3 , note.
— Papiers trouvés après son
meurtre qui démontrent son hosti-
lité contre les Anglais, 118. —
Ils sont communiqués à Waisin-
gham , 118. — La Mothe-Fénelon
chargé d'en parler à la reine d'An-
gleterre, 118. — Cité, ia3. —
( Conspiration que lui reproche Ca-
therine, i3i.
Colisnt (Les enfanta de), recomman-
dés par le landgrave de Hesse,
a33 , noie; — par le duc de Saxe,
ù'ili , note.
(Cologne (L'électeur de). Tentatives
pour le détacher de la maison d'Au-
triche, -170, note.
Colombilb.es. Sa prise d'armes. 987,
note.
Commendon (Le cardinal), 976.
Comtat (Le), 260, note.
Condé (Le prince de). Son absolution
sollicitée par Catherine, 1 35. — Sa
fuite d'Amiens, 286. — Charles IX
lui annonce la défaite de Ludovic
de .Nassau, 293.
Comn, 168, 169, note.
Constantin (L'empereur), 13/1, note.
Contaiuni (Léonard), envoyé par les
seigneurs de Venise pour compli-
menter Charles IX à l'occasion de
son mariage, 68.
Contremoclin (Le capitaiue). Avis qu'il
donne de la marche de Montgo-
mery, 299, note.
Gopola (Le sieur), envoyé par Dam-
ville, 186.
Corbodzos (.M. de), prend Bray-sur-
Seine, note, 86.
Cordeliers (Le général des). Sainl-
Gouard s'en sert auprès de Phi-
lippe II, i65, note.
Corse. Charles IV accusé de vouloir
conquérir la Corse, note, ah.
CossÉ (Le maréchal de), envoyé au-
près de la reine de Navarre, aa.
— Chargé par Catherine de négo-
cie» un emprunt à Paris, 80. —
Lellre que Charles l\ lui écrit à ce
sujet, 80, note. — Reçoit l'ordre
de ne laisser Iner ni piller sous
prétexte de religion, 13g, note.
— Chargé de veiller sur les ducs
d'Anjou et d'Alençon au siège de
la Rochelle, 160. — Complimente
par Catherine, 200. — Son arres-
tation', 290, note.
GOI FANGES; 298, note.
Cracovie, 168, "69, 28/1.
CrKKAY (M. de), gouverneur de
Brest, a Ai.
Créquv (Le cardinal de), félicité par
Catherine d'avoir rétabli l'ordre
dans Paris, 1 45.
Crispims (Le docteur), mission que
lui confie Catherine, aoA, 3o5.
Cnoc (Du), chargé de veiller sur
Marie Slu.iil , 79, go, gli.
Cirson (Le vicomte de). Un gouver-
neur pour lui est désigné par Ca-
therine, 177.
Ccssv ( L'abbaye de), promise au frère
de Mauvissière, ai A.
I)
DaddA ( Paul-Camille), gentilhomme
milanais, recommandé par Cathe-
rine à Philippe II, 38; — à Four-
qnevaux, 3g.
Daffis, le président du Parlement
de Toulouse, expose à Charles IX
la triste situation du Languedoc,
■>r>3. noie. — Retenu à Tou-
louse, ne peut aller assister le ma-
réchal Damville, 979, note.
Dale (L'ambassadeur Valentin), af-
firme la sincérité du duc d'Alençon ,
■•■• •> . note. — Sa lettre à Walsin-
;;ham, p. s35. — Se porte garant
du désir d'Elisabeth d'entretenir
de bonnes relations, s36. — Vient
sonde! les intentions de Catherine,
■ii\" . — Sa dépêche à lord Bur-
ghtey, a38, noie. — Audieucequ'il
obtient, a38, note. — Conditions
qu'il met, au nom d'Elisabeth, à
une entrevue, 338, note. — De-
mande à Catherine des nouvelles
du siège de Lislebourg, a38.
Lui annonce que la reine Elisabeth
s'approche de Douvres pour faci-
liter une entrevue, 338. — Lui
parle de Montgomery, 938. —
Cité, 260, 36A. — Dénonce la
pénurie d'argent de la cour de
France, 377, note. — Sa lellre à
Walsingham, 280, note. — Solli-
cite la grâce de La Mole, ag5, a§6.
Dallon (Le capitaine), indiqué par
Catherine pour gouverneur du vi-
comte de Ourson-, 177.
Damvillic, prévenu de l'arrivée de
l'avocat général de Moncal, 1A0.
— Catherine a vu ce qu'il a mandé
sur la situation de son gouverne
ment, îAi. — Cité, i5o, note.
— Prévenu du départ du duc
d'Anjou pour la Rochelle, i53. —
Prié de veiller sur son gouverne-
ment, i53. — De laisser partir
M. de Bellièwv, i.">3. — Compli
mente pour ses bons services par
Catherine , 17A1 — Prié de donner
de ses nouvelles, 18A. — Remercié
de ce qu'il mande du Lingue
doc, 1H6. — Félicité par Ca
therine de la prise de Nommièies.
■>.ii. — - Instructions qu'il reçoit,
311. — Invité à soulager le- bon
AA.
348
TABLE DES MATIERES.
sujet* du Roi, a3a. — Prié de
veiller sur son gouvernement,
.,:{.,. — L'évéque d'Albi lui est
recommandé par Catherine,- a4o.
— N'a point répondu aux articles
qu'il a reçus pour la paciGcation,
a4fi. — Mis en uVin v île faire
exécuter les instructions flu Roi,
907. — De recouvrer une somme
de 3(*),ioo livres, 367. — Cathe-
rin'' s'applaudit de ce qu'il veut
bien accompagner le duc d'Anjou
en Pologne, 2.r)i. — Invité par
elle à pacifier son gouvernement,
.,:,,. — Sera payé de ses états,
a5i. — Invité par Catherine à se
hâter de rentrer dans son gouver-
nement, a63. — Charles I\ lui
trace l'itinéraire qu'il suit, "fi'r ,
note. — Lettre qu'il lui écrit
au sujet des troubles du Langue-
doc, 371, note. — Chargé de
faire de sévères remontrances aux
députés des protestants, 971, note.
— Recommandations que lui fait
I atherine an sujet dé la confé-
rence qu'il doit avoir avec ceux
de la religion, 373. — Espérance
qu'elle fonde sur cette entrevue,
•1,70. — Prévenu par Charles IX
qu'il ne pourra être assisté par le
président Dalïis, 379, note. —
Compliments qu'il reçoit de Ca-
therine pour ses lions services,
a85 , note. — Prié de les continuer,
a85. — Lettre que lui écrit
Charles IX sur les difficultés d'ar-
river à la paix, a85, note. —
Prévenu de l'abouchement qui a
eu lieu entre M. de Riron et La
Noue. 390; - de l'extension
donnée aux instructions de M. de
Strozzi, 390. — Catherine espère
que la venue de Snint-Sulpice et
deVilleroj auprès de lui, permettra
de conclure la paix, 391. — Ré-
ponse lui est faite par elle au
sujet des conditions de la paci-
fication du Languedoc, 397. —
Elle espère qu'il pourra profiter de
la suspension d'armes pour y par-
venir, 3oo.
D.nEMARK (Le). 318, note.
Danemark (Le roi de), 337, note. —
Passage lui est demandé pour le roi
de Pologne, 3/1/1. — Mauvaise
démonstration de sa part, 361.
- Lettre à ce sujet de Charles IX,
363 , note. — La ligne de conduite
à suivre à son égard , tracée à
M. de Danzay, 963, note.
Danes, apporte à Rome la nouvelle de
la Saint-Barthélémy, i-3g, noie.
Danzay, ambassadeur en Danemark,
envoie des haquenées à Cathe-
rine, 9. — Elle lui témoigne la
satisfaction qu'elle a eue de la né-
gociation poursuivie par les deux
ambassadeurs du roi de Suède,
kl. — Lettre qu'elle lui écrit
à l'occasion du voyage du roi
de Pologne son fils, 3 54. — Pré-
venu de la réception de l'ambas-
sade polonaise, 9 58. — Cathe-
rine reconnaît le mérite de ses
services, 361. — Ligne de con-
duite qu'elle lui trace à l'égard du
roi de Danemark, 361, a6a,
note.
Dvupiiiné (La noblesse protestante
du), a'i5. — Troubles de cette
province dissipés, 360.
Dau'hiné (Le), a5, note; ig6,
3o6.
Dax (L'évéqu* de). Voir Noailles.
Die (Le doyen de), rend compte de
l'élection de Pologne, 23/1, note.
Domfront (Le siège de), agi, 3oi.
— Sa réduction, 3o8.
Domini, apporte des nouvelles de Po-
logne. 3 1 K, note.
Doublet (L'orfèvre), 209, noie.
Douches (M.), mis à la disposition de
M. de Cordes, 319.
Douvres, 11 3, i35, s38.
Duhamel, a3i, note.
Di miiartok, 1 1 , note.
Duras (M. de). Sa querelle avec le
jeune Montafié, 1 44. — Apporte à
Grégoire XIII la soumission du roi
de Navarre, i4g.
Duretal, Si, 83.
E
Ecosse (L'), 98, note; 99, 101,
119, 192, 2as. — Catherine re-
vendique sa protection pour la
France, 73, note. — Ce qu'a
roulé la guerre d'Ecosse, 325. —
Ce que dit Catherine à Walsin-
gham de sa situation, ig3, note.
- Sa défense recommandée par
iln Ferrier à Catherine, i33,
note.
Ecosse (Les troubles de 1'), 83. —
Killegrew offre à Catherine de les
pacifier, 83.
Edouard VI. Henri II veut lui donner
sa fille, 125. — Parrain du duc
d' \njon, 1 37.
Elbeuf (Le duc d'), accompagne I'1
roi de Pologne, 206, note.
Elisabeth ( La reine ). Sa lettre à
Sussex, h , note. — Sa main re-
fusée par- le duc d'Anjou, ati. —
Entretien qu'a avec elle La Mothe-
Fénelon au sujet de son maria;;.'.
26, note. — Accueille favorable-
nri'iii la demande du duc d'Anjou,
37, note. — Il se décide à l'épou-
ser, 3l- — Lettre que lord Buc-
kliuisl lui écrit, .'li, note. — Ca-
therine désire avoir son portrait,
r>;i. — Remerciée par elle de sa
TABLE DES MATIERES.
349
lettre apportée par Larchant, et
de sa sincérité à poursuivre la né-
gociation do son mariage, 62. —
Sa lettre en réponse aux proposi-
tions de ce projet, 6'î, noie. — Con-
ditions qu'elle exige du duc pour
P ixercice de sa religion, lig. —
Elles sont regardées par Charles IX
comme un prétexte de rupture,
()<), note. — L'a religion, seule
cause du non-accomplissement de
son mariage avec le duc. d'Anjou,
70 , note. — Les relations de bonne
amitié avec la cour de France
n'en seront pas altérées, 70, note.
— Catherine lui lait recommander
Marie Stuart par du Croc, 89,
90. — Lettre qu'elle lui écrit
pour lui exprimer son contente-
ment de leur nouvelle alliance,
97. — Ses instructions pour la
ligue avec la France, 0,8, note. —
Catherine se persuade qu'elle épou-
sera le duc d'Alençon, 111. —
.Mission qu'elle envoie en Fiance,
io3. — Catherin1 lui renouvelle
ses protestations de bonne amitié,
106. — Lui l'ait de nouvelles
instances en faveur de son mariage
avec son fils d'Alençon, io.'i. —
Lui donne l'assurance de l'en-
tière exécution de la ligue, io5.
— La Mothe-Fénelon invilé à
lui faire connaître l'hostilité que
portait Coligny aux Anglais dé-
montrée par les papiers trouvés
après sa mort, 118. — Catherine
voudrait savoir ce qu'elle pense de
la prétendue conspiration de l'a-
miral, 119. - ■ File espère la
décider à épouser le duc d'Alen-
çon, 120. — Entrevue sollicitée
d'elle, 120. — Ses pratiques sus-
pectes à Charles IX, 130, note. —
Catherine écrit à La Molhe qu'elle
n'entend ne pas rompre av ic ell ',
l3l. — Sa réponse pour nni^
entrevue, 1 35. — Cherche à re-
tarder son mariage avec le duc
d'Alençon, 1 (îo , note. — A besoin
d'èlre rappelée à l'accomplissement
du dernier' traité, 166. — Nou-
velles insistances de Catherine
pour qu'elle accepte le duc d'Alen-
çon, i64. — Lettre qu'elle en re-
çoit, 1 65. — Catherine redoute
qu'elle n'assiste secrètement ceux
de la Rochelle, i56. — Sa ré-
ponse aux articles de son ma-
riage qui lui ont été soumis, 186.
187, note. — Conditions qu'elle
exige. 193, note. — Recherchée
par le roi de Hongrie, igft, note.
■ — Catherine s'inquiète de ce pro-
jet de mariage, 197. — Menées à
ce sujet, 198, note. — Catherine
lui exprime de nouveau l'extrême
désir qu'a le duc d'Alençon de
l'épouser, ao8. — Lui demande
une entrevue pour lui après la red-
dition de . la Rochelle, 308. -
Sa réponse à ce sujet, 308,
3op, note. — Letlre qu'elle éciil
au duc d'Alençon, 309, note;
an. — L'élection du duc d'An-
jou au trône de Pologne jugée
favorable pour la disposer à épou-
ser le duc d'Alençon, 917. —
Lettre qu'elle écrit au duc, pour
temporiser, 317, note. — Paraît
disposée à intervenir en France,
230, note. — . Lettre que lui écrit
Catherine pour lui annoncer qu'elle
consent au départ du duc d'Alen-
çon pour l'Angleterre, 3 23; —
pour lui annoncer l'élection du duc
d'Anjou au trône de Pologne, 92.3.
— Offre de nouveau sa médiation
pour pacifier la France, 227, note;
299, 2.3o. — Propos mensongers que
Philippe 11 lui fait tenir, a3a. —
Portée à l'aire alliance avec la France
avant la Saint-Barthélémy, 2.33,
note. — Disgracie Leicester, 3.36.
— Elle est indisposée, s.3fi. —
A pris un nouveau favori, a36.
— S'explique avec La Mothe-Fé-
nelon sur l'entrevue qui lui esl
demandée, 337, note. — Se mei
en travers des desseins de Mmil-
gomery, 2.37. — Conditions
qu'elle met à une entrevue avec le
duc d'Alençon, 238, note. — En-
voie en mission le capitaine Horsev.
2.38. — Mise en demeure de
s'expliquer sur l'entrevue qui lui
est demandée pour le duc d'Alen-
ço», 237, note. — Réponse d'elle
à ce sujet, 2.39. — La Mothe-
Fénelon chargé de la rassurer sui
le passage des 4, 000 hommes qui
suivent le duc d'Anjou en Pologne,
2 '11. — Catherine prie de nou-
veau La Mothe-Fénelon de mé-
nager une entrevue avec le duc
d'Alençon. 24s. — Letlre qu'elle
écrit au duc pour le remercier
d'avoir voulu la visiler, 2.56,
note. - - Lettre qu'elle écrit à
Catherine pour la même cause,
206, note; 266, note. — Ca-
therine lui annonce qu'elle a reçu
Randolpb so;i envoyé, 367.
Remerciée par Charles i\. 367,
note. — Nouveau désir- que Ca-
therine lui exprime de la voir ma-
riée à son fds d'Alençon. 376,
37.0.
Evinr.ix (L'évéque d'), recommandé
par Catherine au pape, î6a.
Entiugues (M. d'), rassuré par Cathe-
rine au sujet des empiétements de
Martinehgo sur son autorité, 56.
— Cité, i4o.
Ernest (L'archiduc), 19a, note. —
Prétendant à la main de la fille de
Philippe 11, 197. — Compétiteur
malheureux au trône de Pologne,
3.34 , note.
Espaguï (Guerre avec 1') redoutée,
98, note.
Espagne (La reine d'). Voir Awi:
d'Autriche.
Espagnols (Les). Leur hostilité et
mauvais vouloir, 170, note.
Espinasse (M. de l'). Envoyé en
Ecosse , 111.
3»0
TABLE DES MATIÈRES.
Este (Le cardinal d), G4,99, 107. j Étampes (Madame d'). Sou procès
Csiouiiew [ Le roiiiniissaire), 84,! contre la vemedeM. de Martigues,
note a&9-
K\ im.ile (Le bastion de 1), 173.
192, 198, 199.
Eisemch, 271, note.
F
1' ui.vtst 1 Le cardinal), désiré comme
pape par (, liai les IX, 100, note.
Férals (M. de). Son arrivée à Home
annoncée par Catherine, 5A. —
Reçoit communication du mariage
de Marguerite de Valois avec le
priuce de Navarre, 70. — Prié de
solliciter du Saint Père une dispense,
j5. — Annonce à Charles IX la
nominal ion comme pape du car-
dinal Boncoinpagni, 101, note. —
Lettre que lui écrit le Roi à l'oc-
casion des troubles des Pays-Bas,
10G, note. — Ne parvient pas à
rassurer les Espagnols sur la desti-
nation de l'armée de mer de
(.liai les l\, 107. — Présente de
nouvelles instances pour l'obten-
tion de la dispense du mariage de
Marguerite de Valois, 110. -
Prévient Charles 1\ que le pape
s'est rendu à ses raisons et que
l'envoi de la dispense pour le ma-
riage de sa sœur n'est qu'une
question de jours, 111. — Fait
mention i\n dépari pour la France
du cardinal Ursin et des motifs de
sa mission, 1 38 , 10*9, note. — Fait
également part à Charles IX de
l'impression produite à Roule par la
nouvelle de la Sainl-Barlliélemy,
1S8, 1 09, note. — Sollicite la dis-
pense pour récompense de celle
iiouvelb', 1 39, noie. — Chargé par
Catherine d'une mission stupres de
Cosme de Médicis, -.l'i-j. — Cité,
■•".]i<, note. — Lcltre que lui éoril
Charles IX au sujet de M. de l'ois.
a53, note. — Prié par Cuiheriiur
d'insister auprès du pape afin qu'il
ne refuse plus de recevoir M. de
Foix, 308. Invité a solliciter la
nomination de M. de Foix au cardi-
nalat, a 58.
Ferrare (Le cardinal de), soutenu
par Catherin ■ dans sa candidature
à la papauté, ha, 43. — M. de
Ferais lui est recommandé par Ca-
therine, 76. — Sa candidature à
la papauté soutenue par Charles IX ,
100, 10a. — Chargé par Cathe-
rine de solliciter la dispense pour
le mariage de Marguerite de \ alois,
io5.
Ferrare ( L'ambassadeur de) , son con-
flit avec celui de Florence , 1 6.
Ferrare (Le duc de), 00. — Lettre
que lui écrit Catherine en faveur du
chevalier Gianelli, 88. — Cité,
227, note. — Lettre de condo-
léance qu'il reçoit de Catherine
pour la mort de la duchesse, 271.
— Prévenu par elle de celle de
Charles IX et de la régence qu'il
lui a confiée, .S09. — Assurances
d'affection qu'il en reçoit, 3 10.
Ferruie (Renée de). Lettre d'amitié
que lui écrit Catherine, 5o. —
Prévenue par Catherine de la nais-
sance de la lille de Charles IX, 1 3o.
— Invitée par elle à revenir à la
religion catholique, i3o. — Lettre
quelle eu reçoit à l'occasion de
la mort de la duchesse sa belle-fille,
i5o. — Catherine lui demande pour
Loys Le Vasseur, son valet de pied,
la maladrerie de Gisors, 328.
Ferrieu (Du), dépeint à Catherine
l'horreur que la Saint-Barthélémy
a inspirée à l'Europe, l3s, note.
— On l'impute a elle et au duc
d'Anjou, i3a, noie. — On l'accuse
d'avoir agrandi la puissance du
meurtrier de sa lille. l3a, note.
— A appris que l'élection de Po-
logne est en bonne voie, i3a.
note. — Avertit Catherine que la ré-
vocation de l'évèque de Dax esroyé
à Constantinople est désirée par le
pape, i33, noie. — L'invite a
soutenir l'Ecosse, i33, note; —
à se délier des Anglais, i33. —
L avertit des menées de l'archiduc
Ernest pour la succession de Po-
logne, i33, note. — Ne croil pas
que le choix de l'évèque de Va-
lence soit profitable, l33, note.
— Prévient Catherine du bon vou-
loir du pape pour la préséance en
laveur de la France, i33, note.
— Chargé par elle d'acheter des
piiies, 1 53. — Réception lui est
accusée de ses lettres, 1 56. — Sa
letlre à Catherine an sujet de l'élec-
tion au troue de Pologne, i5G,
note. — Prévenu de l'envoi des
lettres du Roi, 163. — Chargé
d'envoyer une letlre de change à
l'évèque de Valence à Cracovie,
102. — Prie de l'inviter à écrire
plus souvent, 1G8; — d'adresser
ses letlres audit évèque à Cracovie
par la voie de Venise, 169. — Lettre
que lui écrit Charles IX sur l'élec-
tion au troue de Pologne, 171.
note. — Remercié par lui des dé-
claralions traduites en latin sui
la Saint-Barthélémy qu'il a fait
passer en Pologne, 171. — Pré-
venu de la prochaine soumission il"
Rochelle, 171. note
Sera
satisfait des assignations qui lui
sont dues, 18/1. — Entretenu par
Châties IX des affaires de la Mi-
rande, i84, noie. — L'arriére de
ses appointements lui est promis,
1 çig. — Catherine lui manifeste
son contentement de ta paix con-
i lue entre les Vénitiens et les Turcs.
aoi. — Prié d'accuser réception
d'un paquet envoyé pourMadamede
Randan, aoi. — Prévenu de l'envoi
de la lettre du Roi pour le payement
de Mahamut, 919; — Chargé de
faire part à l'évèque de Dax de
ce qu'il a négocié avec Mahamut ,
«12. — Prévenu par Catherine
que le Roi emploie/a la force pour
réduire ses sujets rebelles, si 6.
— Des nouvelles de la Pologne lui
sont demandées par Catherine,
ai5, 337, note. — Sa lettre pour
annoncer l'élection de Pologne a
été devancée. a34. — Prévenu de
la facilité que le nouveau roi aura à
traverser l'Allemagne, a3à. — Re-
çoit une lettre pour remettre au sieur
Grimani. 3 35. — Chargé de remer-
cier le doge de Venise de la satisfac-
tion qu'il a témoignée de l'élection
de Pologne, a35. — Prévenu de la
soumission de la Rochelle, ai5 ; —
du voyage de Louis de la Mirande,
>u5. — Renseignements lui sont
demandés pour le chemin que doit
suivre le roi de Pologne, a'iT>,
968. — Lettre qu'il reçoit de Ca-
therine pour l'achat de cimeterres
cl de perles, 369. — Chargé
d'en finir avec les affairés de la
Mirande, aûi. — De négocier le
passage du duc d'Anjou par les
Liais Vénitiens, a5a. — Charles IX
lui fait connaître ses bonnes dis-
positions pour eux, ai a. — Sa
lettre à Charles IX pour les achats
faits à Mahamut, 212. — Ca-
therine lui écrit pour le féliciter de
la paix que les Vénitiens ont faite
avec le Turc, ai3. — Chargé d'al-
ler à la Mirande réconcilier la com-
lesse de la Mirande et son beau-
frère Loys Pico, aao, 261, note.
- Prévenu du retour de Cathe-
rine. 97". — Mis an courant des
TABLE DES MATIERES.
motifs qui ont déterminé à donner le
titre d'ambassadeur à M. de Foix,
279. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine au sujet des gens de M. de
Foix, 376. — Chargé de faire
fournir deux cent mille écus au roi
de Pologne, 377. — Lettre qu'il
reçoit de Catherine en réponse à
celle où il lui fait part de l'offre
d'une place d'Italie par Pietro
Avogadre, 980, note. — Prévenu
par elle de la dernière conspiration
découverte nu bois de Vincennes,
2g3. — Charles IX lui annonce que
Montgomery est cerné dans Dom-
front, 3 06.
Ferrières (Jean de), vidame de
Chartres. Preuves de dévouement
qu'il donne à Charles IX et à Ca-
therine, 975, 376, note.
Fehvaques (M. de), commande l'as-
saut donné à Domfront, 3oi, note.
— Y est blessé, 3oi, note.
Fizes, a 5g, 361.
Fundbes, les dépenses qu'elles mit
causées à la reine Elisabeth, 70,
note; 97, note; 108, i3g, 9 38. —
( Les Iroublesdes), 1 13. — (Voyage
de Montgomery dans les), a38.
Floquet, l'historien du Parlement de
Normandie, cité, 36.
Florence, .'îou, note.
Florence ( Le duc de ). Voir Médicis.
Foix I M. de), envoyé à Londres pour
le mariage du duc d'Anjou, 62. —
S'emploie pour la ligne avec PAn-
gleterre, g8, noie. — Recommandé
par Catherine à lord Burghley,
loi. — Sa réception à Londres,
io3, note. — Envoyé auprès du
pape. — Chargé de visiter le duc
de Savoie, 357. — Catherine prie
M. de Ferais de supplier le pape
de le recevoir, a58. — Accusations
portées contre lui à Rome et dont
Charles IX se plaint, 957, note.
— Le chapeau de cardinal de-
mandé pour lui, a58. — Sa no-
mination recommandée à Ferais,
351
a58. — Sa généalogie, b58, note.
— Chargé de visiter le duc de Man-
toue, 260. — Reçoit le titre d'am-
bassadeur, 96". — Motifs que Ca-
therine en donne à du Ferrier, 373.
— Charles IX prend sa défense
auprès du pape, 376, note.
Foix (Gaston de), s58, note.
Foix (Marguerite de), épouse de
François, duc de Bretagne, 308.
note.
Fontaire, 186.
Fontainebleau, 57, 58, 64, 65, 70,
901, 206, 307, 308, 310, 190,
195, 1 99 , 900, 934, 93Ô, 226,
25b; 181, 189, i83, i8'i. 180,
186, 211, 2 12, 9 1 3, 9lâ, 3l5,
2l6, 317, 2l8, 9ig, 991.
Fontenai, secrétaire du Roi, 93g.
FoiiRocEvAijx. Chargé par Catherine
de présenter de sa part des haque-
nées à Philippe 11, 9; — d'offrir
aux Infantes ses petites-tilles deux
chiens de Lyon et deux pièces de
velours pour la duchesse d'Allié .
9. — Invité par Catherine à pren-
dre la défense du sieur de Saint-
Etienne acecusé d'être mauvais ca-
tholique, 1 3 et i4. — Recom-
mandations qu'elle lui adresse au
sujet du mariage de Marguerite
de Valois avec dom Sébastien et
défiances qu'elle lui exprime à
l'égard de Loys Torres envoyé par
Pie V, lit. — Annonce le dé-
part d'Espagne des fils de l'empe-
reur Maximilien ,19, note. — Mé-
moire que lui adresse Charles IX
pour rompre le mariage de Portu-
gal, 95. — Sa femme comprise
dans la maison de Catherine, 9.5.
- Prié de rassurer Philippe II
sur la santé de la jeune reine de
France, a5. — Chargé par Cathe-
rine de remettre des présents aux
Infantes, 99. — Averti de la con-
valescence de la jeune reine. 99.
— Catherine lui manifeste le désir
qu'elle a de voir Catherine de
352
TABLE DES MATIERES.
Véra auprès des Infantes ses pe-
tites-filles, ai. — Se plaint à lui des
mauvais procédés de don Fiancés
de Alava, 3o. — [uvité à se servir
d'Almeida, 39; — à s'occuper des
inléréts du sieur Dadda, 09. —
Informé par Catherine de la bonne
réception faite à Lasso l'envoyé
de l'Empereur, 61. — Chargé de
démentir les bruits de guerre.
Ai; — de féliciter Philippe II de
la grossesse de la reine sa femme,
Ai. — Remercié par Catherine
pour les tapisseries qu'il lui a en-
voyées d'Espagne, A3. — Saura
tout ce que désirent elle et le Roi
par Gondi, J7. — Catherine lui
recommande de nouveau Lasso pour
l'obtention d'une commanderie eu
égard aux services rendus par son
dernier entrelien avec Alava , 6A. —
Prévenu du retour en France de Ge-
ronimo Gondi, 65. — Chargé par
Catherine de justifier la présence de
Ludovic de Nassau à la cour, 77.
— Prévenu de l'envoi d'un gen-
tilhomme pour complimenter Phi-
lippe II de la naissance de son fds,
80. — Prié d'engager Chassinconrt
à demeurer prés des Infantes, 80:
— de rester encore en Espagne,
86. — Averti de la réception de
ses lettres, g A.
Français, réfugiés en Angleterre de-
mandent à rentrer, 236.
Franohbtti (Le capitaine), conseille à
Catherine de ne pas poursuivre
pour le moment le mariage du duc
d'Anjou avec la reine Elisabeth,
a36. — Lui fait part de la mala-
die de ladite reine, 2 36. — Mis
en rapport avec Morvilliers. a3(i.
— Avertit Catherine de la disgrâce
de • Leicester, 206. — Surveillé
dans sa mission par quatre gen-
tilshommes, a 36.
François I", allié des Turcs, i3q.
note; a58, note.
Frégose Galbas, porte une lettre du
duc de Florence à Catherine, 76.
— Négocie avec le comte Ludovic
de Nassau. 33a. — - Cité, 106.
— Chargé de lui témoigner la
bonne volonté de Charles IX,
. a33.
Fi'lda (L'abbé de), attend à Fulda le
roi de Pologne, 271, note.
Fumée (M* Martin). Son procès rap-
porté par M' Poille, 289.
G
Caillou, A3, 45, A7, 5o, 263,
243.
Galbas. Voir Fbboose.
Ganaches ( M. de). Prétend à la main
de M"'deMouchy, i3<>
Garov.e (La), 391, note.
Gastikes ( Philippe de). Condamné
pour exercice de la religion ré-
formée, 84, note. — Sa maison
rasée, 84, note.
Gayasso (Le comte de). Démarches
tentées pour le faire sortir de pri-
son, 3l. — Ce qu'en écrit Cathe-
rine au duc de Florence, 46.
Gènes (Les seigneurs de). Catherine
leur recommande Julien Senturion,
n5.
Gbrèvb. Sa destruction proposée à
Catherine par le cardinal Ursin,
1. :;.
Geiimame (Les princes de la), 1 33.
— Catherine leur l'ait part de l'élec-
tion du duc d'Anjou au tronc de
Pologne, eia. — Montmorin en-
voyé vers eux pour s'assurer du
chemin que doit suivre le roi de
Pologne, a45, note. — Offrent
passage au nouveau roi, a5a , note.
Gbrmirï (M. de). Ses dépèches doivent
servir de régie de conduite à l'évèque
de Dax, 169.
Giahelli (Le chevalier). Ce que
Catherine écrit de Batteur pour lui
au duc de Ferrare, 88.
Gies (Le bailliage de), 95.
Gisons (La maladrerie de). De-
mandée par Catherine pour Loys
Le Vasseur, 328.
Glasgow (L'évèque de), ambassadeur
de Marie Stuarl, i5.
Goiias (La compagnie de), a3g.
Gohas (Le capitaine 1. a3g.
Goi*Di (Geroninio de): Amené à Ca-
therine un cheval offert pal Phi-
lippe II. 1. — Envoyé en Espagne.
43. — ; Ses instructions, 43, A4.
— Chargé de faire connaître à
Fourquevaux les intentions du Roi
et de Catherine. A7. — Propos
qu'il a avec l'ambassadeur d'Es-
pagne, ii'i. — Ce qu'il lui dit
de l'élection de Pologne, ->3 4. —
Envoyé par Catherine' auprès de
Charles 1\, s44. — Son entretien
avec l'ambassadeur d'Angleterre,
281.
GosDi(Jean-liaptisle). Chargé de faire
un emprunt pour le nouveau roi de
Pologne, i5a , a55.
Gonzague (Charles de). Envoyé par
le duc de Mantoue, 202.
Cordes (M. de). Chargé de faire ex-
pédier du sel marin à ceux du
canton de Berne, 3i. — Instruc-
tions que lui a données Char-
les IX renouvelées par Cathe-
rine, 1 55. — Chargé d'arrêter les
protestants qui se réfugient en
Daiiphiné. 196. — Nouvelles
instructions qu'il reçoit de Cathe-
rine, 300. — Nouvelle lettre qu'il
reçoit d'elle, ai4. — Nouvelles re-
commandations qu'elle lui adresse.
217. — Le s' Douches lui est en-
levé, aig. — Chargé par Calhe-
TABLE DES MATIERES.
353
riiie de négocier avec Monlbrun
el Mirebel, a3i. — Invité par
elle à continuer son bon service,
243. — Prié d'insister auprès de la
noblesse protestante du Dauphiné,
alin qu'elle accepte les condilions
de la pacili cation , a a 5. — Catherine
lui exprime le regret de ce que les
Suisses n'ont pas été licenciés, aii'i.
Gramokt (M. de). Mauvais tour que
lui jouent les gens du Béarn, 210.
Grantrie (M. de). Ce qu'il a fait en-
tendre aux seigneurs des Ligues au
sujet de la Saint-Barthélémy est
conforme aux intentions du Roi,
i4i. — Sa lettre à Catherine pour
lui faire connaître l'impression
causée en Suisse par la Sainl-Bar-
tbélemy, 1 43 , note.
Grégoire XIII, complimenté par Ca-
therine de son élévation à la pa-
pauté, J06. — Supplié d'accorder
la ilispense pour le mariage de
Marguerite de Valois et du prince
de Navarre, 106, 107. — Solli-
cité de nouveau pour l'obtention
de cette dispense, 110. — l'rié
par Catherine de donner l'abbaye
de Saint-Benoît-sur-Loire à Claude
Sublet, sr de Saint-Etienne, 116.
— L'absolution du roi et de la reine
de Navarre et celle du prince et de
la princesse de Condé lui sont de-
mandées par Catherine, i34. —
Veut empêcher la guerre dans les
Flandres, i3p,, note. — Protesta-
tions qu'il reçoit de Catherine , 1 44.
— Remercié par elle de la dispense
qu'il a accordée au roi et à la reine
de Navarre, l44. — Intercession
qu'il reçoit de Catherine en faveur
du roi de Navarre et de sa sou-
mission, lie). — L'abbaye de Clai-
rac lui est demandée pour le
chevalier d'Angouléme, 1 54. —
Remercié par Catherine de la joie
qu'il a manifestée de l'élection du
duc d'Anjou au trône de Po-
logne, a48. — Assurances lui sont
données qu'elle sera profitable à la
religion catholique, 268. — Refuse
de recevoir AI. de Foix, s5i, noie.
— Lettre que Catherine écrite M.de
Ferais à l'effet d'obtenir que Sa
Sainteté veuille recevoir M. de
Foix, a58. — L'archevêque d'Em-
brun lui est recommandé, 36a. —
Fait don à Charles IX de la part qui
lui revient sur un prisonnier turc.
283.
Grisons (Les), l43, noie.
GtEuÉNÉ (Le 9' de) est prié par
Catherine de prendre pour guidon
de sa compagnie le s" de Boisdoré,
3i5.
GuERNESEÏ, 120, l35.
Gueuï( Les). Désavoués par Charles IX,
io4 , nul \
Guiche (La), 129, note. — Nomme
capitaine de 5o hommes d'armes,
23a,
Gcise (Henri du). Catherine ne veut
pas de lui pour accompagner le
duc d'Anjou en Pologne. 225.
— Cité, 3 18.
Guise (Charles de), duc du Maine.
Blessé au siège de la Rochelle,
200. — Accompagne le roi de
Pologne, 268.
Guises (Les). Opposés à l'alliance
avec l'Angleterre, 70, noie.
Accusés d'avoir machiné la Saint-
Barlhélemy, i'i.'I, note. —
Chirles IX se plaint d'eux à La
Molhe-Feuelou, îôti, note. —
Leur présence à Compiègne, 27'L
Guyenne (La), 120, noie; Si 5.
H
Harlai (M. de). Chargé d'une mis
sion par Charles IX, 263.
IIutefort (M. de). Catherine compte
sur ses bons services en Suisse ,
96. — La mission qu'il y remplit,
.li.'i. — Lettre que lui écrit Ca-
therine au sujet de la levée des
Suisses, 291.
Heidelberg, 283.
Hennequin (Le président). Chargé du
procès de La Mole, 997.
Henri II. Veut donner sa fille à
Edouard VI, ia5. — Cité, i3i.
Henri VIII, 125.
Messe (La), 966, noie.
Catherine de Médicis. — IV.
Hi:sm; (Le landgrave de). Visité par
Scbomherg, 80, noie; ii3, note;
122, note. — Consent aux de-
mandes de Catherine, ao3 , note. —
Intercède en faveur des enfants de
Coligny, 2o3, note. — Cité, 218,
note-, 227, note.
Hesse (Le comte de). Fail prisonnier,
3o6. — Sa garde confiée au duc
de Nemours, 3o6.
Hongrie ( Rodolphe roi de ) . le lilscadet
deMaximilien, prétend à la main de
la reine Elisabeth ,198, note. — Ca-
therine s'en inquièle, 1 98. — Pro-
posé pour roi des Romains, 198.
— Intrigues [jour son mariage avec
la icine Elisabeth, 198, note.
Horsev (Le capitaine). Envoyé en
mission par la reine Elisabeth,
a38, noie.
HoRTE(Le vicomte de). Catherine l'in-
vite à faire entendre aux protes-
tants de son gouvernement les
intentions du Roi, nh.
Hotmin ( Le docteui ). Obtient la per-
mission de vendre ses biens, 206.
Huguenots. Leurs tentatives sur les
Pays-Ras, 3o, note.
Humières (M. d'). Ordre qu'il reçoil
de Catherine pour l'envoi de haque-
r !
354
nées, a. — Remercié par elle pour
les avoir fait accompagner, 6. —
TABLE DES MATIERES.
Catherine lui demande un chantre
pour sa chapelle, 3o. — Rejoint
leduc deLongueville, 3o'i. - Cite,
a56.
I
Islk (L'abbé de i.'). Voir Noailles. — Italie (L'), 108, note.
Jaoquelot (La veuve du sieur). Son
procès recommandé par Catherine
à M. de Thon, 289.
Jersev, iqo, 1 35.
J, k
Jouarre (L'abbaye de). Scandale qui
y a été signalé, 93.
Kenilvorth ( Le château de) , 1 8 6 , note.
Killegrew (Arthur). Reçu par Cathe-
rine, 81. — Ce qu'il lui dit de Marie
Stuart, 82. — Proposede pacifier l'E-
cosse, sans parler d'elle, 83. — L'ac-
cuse de complicité avec Norfolk, 83.
La Bastille (Le capitaine). Tué de-
vant Domfront, 3i3.
La Brosse, négromancien, enfermé
dans la Conciergerie, 3oi, note.
La Fère, 366.
La Fontaine -Goihrd. Félicité par Ca-
therine de sa mission en Suisse
après la Saint-Barthélémy, 1 i 1. —
Lettre que lui écrit Charles IX
pour justifier la nécessité de la
Saint-Barthélémy, 1A1, noie. — ■
Révoqué de sa charge de résilient
en Suisse, 2 65.
Lacarde. Acerbo Velutelli lui réclame
un pastel, 282.
La Gardie. Envoyé du roi de Suède,
lu. — Satisfaction qu'a de lui Ca-
therine, il. — Mémoire remis
par lui, 263, note.
Lagnï (Le bourg de). Désigné pour
la balte de l'ambassade polonaise,
249.
La Goesle. Chargé d'une commission
de Catherine auprès de M. de Thon ,
376. — Lettres que lui écrit Lan-
sac au sujet de La Mole, 395,
note; — au sujet de Ruggieri , 396,
note.
Lvir des Granges. Défend Lislebourg,
i5a.
La Livonib, »6a , note.
Lamarque. Envoyé en Espagne, 78.
— Tué en chemin, 79, note.
La Mirande (La comtesse de). Son
dissentiment avec son beau-frèie
Loys Pico, 3.59. — Lïtlre que lui
écrit Catherine à ce sujet, 269. —
Elle intervient entre elle et son
beau-frère, 3U9. — Pareille inter-
vention de Charles IX, 2^9, note;
260, note.
La Mirande (La place de), 25g,
note.
La Mirande (Louis de). Du Ferrier
prévenu de son voyage, 260.
La Mole. Allusion de Catherine aux
enchantements du fait de Ruggieri
pour le faire aimer du duc d'Alen-
çon, 395. — Ce qu'elle écrit de
son exécution à La Molhe-Fénelon,
3o3. — Regrets qu'en témoigne
le duc d'Alençon, 3o3, note. —
Son supplice hâté, 3o3, note.
La Mothe-Fénelon. Prié par Cathe-
rine d'intervenir en faveur de Ma-
rie Stuart, 3; — d'avoir l'œil sur
les armements par lui signalés, 3 ;
— d'inviter les réfugiés français à
rentrer, 4. — Renseigné sur ce qui
a été fait au sujet des réclamations
de marchands anglais, !>. — Une
grande circonspection lui est re-
commandée vis-à-vis de la reine
Elisabeth, h. — Prévenu par Ca-
therine de l'ouverture faite par le
cardinal de Cbàtillon d'un projet
de mariage du duc d'Anjou avec
la reine d'Angleterre, G, note.
— Renseigne Catherine sur la né-
gociation de ce mariage , 1 G , note.
— Les intérêts de Marie Stuart lui
sont recommandés, 10. — Invité à
se rendre compte de la sincérité
de la reine Elisabeth dont se délie
Catherine, 17, 18. — Prévenu du
refus de la main de la reine Eli-
sabeth par le duc d'Anjou, 26.
— Catherine le prie de trouver
le moyen de ne pas perdre ce
royaume, 37. — Prévenu que
Cavalcanli a remis un portrait de
la reine Elisabeth, 3j; — que
l'on a répondu au cardinal de Châ-
tillon, 33; — qu'on le prie de
venir en France pour conférer du
projet de mariage du duc avec Eli-
sabeth, 32. — Catherine lui an-
1 ce que le duc d'Anjou se décide
;i épouser Elisabeth, 3i. —
Compte rendu qu'elle lui fait de son
entretien avec lord litickhurst dans
le jardin des Tuileries, 32. — In-
struit du désir exprimé par la reine
TABLE DES MATIERES.
;;;,:,
Elisabeth qu'une personne de qua-
lité soit envoyée pour traiter de
son mariage avec le duc d'Anjou,
30. — Le choix de Cavalcanli lui
est notifié, 3f>. — (le qu'il dit du
portrait du duc d'Anjou , 5a. - -
— Explication que Catherine lui
donne pour le portrait de la fille
du duc de Montpensier, 53. —
Ce que lui dit Catherine du por-
trait du duc d'Anjou commandé
à Janet, 5a. — Est prié de se
reporter aux lettres du Boi, 53. —
Instructions qu'il reçoit pour le
mariage du duc, 53. — Prié d'en-
voyer un portrait de la reine
Elisabeth , 53. — Averti des bruit?
qui courent sur la mauvaise vo-
lonté qu'elle porte au projet de son
mariage, 55. — Averti que Wal-
singham les a démentis, 55. —
Chargé de protester de la sin-
cérité de Leurs Majestés, 55. —
Apprend le relus fait par le duc
d'Anjou de passer eu Angleterre,
57. — Chargé de voie s'il y a
ino\en de substituer le duc d'Alen-
çon à son frère, 67. — Cité, 62,
note. — Catherine lui l'ail part
d'un entretien qu'elle a eu avec
Walsingham au sujet des affaires
d'Ecosse, 71. — Justifié par elle à
l'occasion de l'argent qu'il a remis
aux secrétaires de Norfolk, 73. —
Prié de faire de son mieux pour la
réussite du mariage du duc d'Alen-
,1.11 , 73. — Lettre qu'il reçoit de
Charles IX à l'occasion d'un libelle
contre Marie Stuart, 73, note. —
Chargé de veiller sur elle, 7A. —
Catherine lui fait part du bon
espoir qu'elle a de la conclusion
du mariage du duc d'Alençon
avec Elisabeth, 1 1 1, — Lui parle
d'un projet d'entrevue, 111, —
Lui recommande Marie Stuart,
111. — > Communication lui est
faite des papiers trouvés chez
Goligny après sa mort, 118. —
Prié de faire connaître à la reine
Elisabeth la haine qu'il portail
aux Anglais, 118. — Invité à
rendre compte des impressions de
ladite reine sur la Saint-Barlhé-
leniy, 119. — Chargé de nouveau
de lui proposer une entrevue, 11g;
— d'aplanir les difficultés pour le
mariage du duc d'Alençon, 11g.
— Prévenu que Walsingham y
est toujours favorable, 11g. —
Bien renseigné sur l'entretien que
Catherine a eu avec lui, 130. —
Bon espoir que lui témoigne Ca-
therine de la réussite du mariage
du duc d'Alençon, 120. — Chargé
de nouveau de ménager une entre-
vue, 1 ao. — Bécit que lui faitCathe-
rine de son entretien avec Walsin-
gham après la Saint-Barthélémy,
122, ia3, lai. — Explique el
justifie la Saint-Barthélémy, ia3.
— Bond compte à Catherine de
l'impression qu'elle a causée en An-
gleterre, ia5, note. — Fait port
d'un entretien avec Elisabeth, ia5,
note. — Ne croit pas une entre-
vue possible, 125, note. — Cathe-
rine lui parle de nouveau de ce
projet. 1 35. — Du choix des
compères et commères pour le
baptême de sa petite-tille , 1 38.
— Lui manifeste le désir qu'elle
a que la reine se fasse repré-
senter par un grand personnage,
i38. — Prié de renouer le pro-
jet de mariage du duc d'Alençon,
1/19. — De tenter de faire rentrer
les réfugiés français, l 'ig. —
Lettre qu'il reçoit de Catherine au
sujet de l'arrivée du comte de
Worcesler, 107. — Désir qu'elle
exprime de renouer le mariage,
157. — Portrait qu'elle lui fait du
duc d'Alençon, 1 57. — Prié de re-
nouveler ses protestations d'amitié à
la reine Elisabeth, 160. — Chargé
de lui donner l'explication d'une
lettre de Charles IX, 167. — Ca-
therine lui observe que les lettres
delà reine Elisabeth se contredisent
en tout ce qu'elles concernent, 168.
— Invité à poursuivre la négociation
du mariage, 168; — à venir en
aide aux assiégés du château île
Lislebourg, 181. — Prié d'annon-
cer l'arrivée de Vérac, 1 8a ; — de
veiller sur les affaires d'Ecosse ,
t8a. — Résume un entrelien
qu'il a eu avec lord Burghley,
188, note. — Communication
que lui fait Catherine des propos
qu'elles a eus avec Walsingham,
18g, 190. — Prévenu du départ
de Walsingham pour Londres, au.
— Prié de lui rappelé:- le concours
qu'il a promis pour faire réussir le
mariage du duc d'Alençon, 211.
— L'élection du duc d'Anjou au
Irône de Pologne lui est annoncée
par Catherine, 217. — Espoir
qu'elle en a pour la conclusion du
mariage du duc. d'Alençon, 317.
— La négociation lui en est de
nouveau recommandée, 318. —
Charles IX l'averlit des menées
de Monlgomery, 330, noie. —
Chargé de demander des sûretés
pour le vovage du duc d'Alençon
en Angleterre, a a 2. — Prié de sa-
voir les conditions que la reine Eli-
sabeth propose pour s'entremettre
entre les rebelles et le Boi et les re-
mettre en l'obéissance, a3o. — Ca-
therine lui fait part de l'entretien
qu'elle vient d'avoir avec le capi-
taine Franchelli venu d'Angleterre,
a35. — Lui transmet tout ce qu'elle
a appris sur Monlgomery, a36.
— Lui communique les offres que
le Boi lui a faites, 337. — L'entre-
tient d'un projet d'entrevue avec
Elisabeth, 237. — Audience qu'il
a de la reine d'Angleterre, 2^7.
noie. — L'entretien que Catherine
a eu avec le docteur Dale, le
nouvel ambassadeur d'Angleterre,
lui est transmis, a38. — Envoie
?i5.
356
une lettre d'Elisabeth, s3g. —
Prévenu par Catherine du pro-
chain embarquement des troupes
qui suivent le duc d'Anjou en l'n-
logne , a h I . — Invité par elle à
rassurer la reine Elisabeth sur leur
passage, a'n. — Chargé de mé-
nager une entrevue pour le duc
d'Alençon, a.'ia. — Catherine loi
annonce l'arrivée des ambassa-
deurs polonais, a.îo. — Ce qu'elle
en espère, a5o. — Craintes qu'elle
lui exprime sur la guerre dont la
reine d'Angleterre les menace,
360. — Invité à prévenir le ma-
réchal de Cossé de se tenir sur
ses gardes en Picardie, s6i.
— Charles l\ lui annonce que,
retenu par la maladie à Vitry, il
n'a pu accompagner plus loin son
frère le roi de Pologne, a65,
note. — Recommandations que
lui fait Catherine au sujet du ma-
rïage du duc d'Alençon avec Kli-
sahelh, a65. — Prévenu de la
découverte d'une nouvelle cons-
piration, 275. — Le mariage du
duc d'Alençon lui est de nouveau
recommandé, 275, 278, 381. —
Catherine l'entretient d'un pastel
réclamé par Vellutelli, 283. —
Elle lui explique les motifs qui
l'empêchent de gracier Ln Mole.
395. — Chargé de présenter des
observations à la reine Elisabeth
sur son exécution, 3o3; — de sa-
voir au juste ce qui en est de la con-
lidence que vent taire Elisabeth,
3o3. — Détails qui lui sont donnés
sur l'étal de santé de Charles IX ,
3o3.
Langoreu (M. de). Amène à La Noue
les foires de la Guyenne, 391,
note.
LaXGUEDOC. (Lb), 3o6.
LasGI KBOC I Vide du), 18G.
(Triste si tua lion du), an."! .270.
LiM.iii.Litn, envoyé en Angleterre p
Montgomery, 130. — Sa visite
TABLE DES MATIERES.
au duc d'Anjou annoncée, 173. —
Parti d'Angleterre pour la l'o-
chelle, 188.
La Noce. Négocie avec ceux de la
Rochelle, 173, note. — Défiances
qu'a de lui Catherine, 180. —
Biron chargé de l'interroger, 1 85 ,
note; — de s'aboucher avec lui
pour arriver à une pacification,
290. — Ce que Pinart écrit de ses
opérations militaires, ago, note;
agi, note.
Lansac, if>5, 336. — Va au-devant
de l'ambassade polonaise, a5o. —
Sa lettre à La Guesle au sujet de
La Mole, 29a, note; — au sujet
deRuggieri, 296, note.
La Pacoudière, porteur d'une lettre
ou duc dp Monlpensier, i65.
La Patrière. Enfermé dans le donjon
de Domfront, 3oi, note.
Larchaht. Envoyé en mission en An-
gleterre pour le mariage du duc
d'Anjou, 53. — Son retour de
Londres attendu par Catherine,
55. — Revenu de sa mission,
6a.
La Ruche (Le capitaine). Apporte la
nouvelle de la défaite des Turcs
à Lépante, i3a. — Blessé à l'as-
saut de Domfront, 3oi, note.
Lakochefoucailt (La ville de), 290,
note.
La Rochelle, a3, note. — Vaisseaux
sortis de), pour aller sur les cotes
de Picardie, G'a. — Menacée par
Strozzi, i43, note. — (Le siège
de), i&3, 1 92. — Instructions que
Charles IX donne au duc d'Anjou
en cas qu'elle soit prise, i g.r>, note;
ig6, îgg, note. — La force de
sa situation, 19g, note. — Opéra-
tions du siège, 199, note. — Le
mariage du duc d'Alençon subor-
donné à sa reddition, ai 5. —
Montgomery suspecté de vouloir
la secourir, 330, 931, note;
a3i, note. — Ses tentatives, a3i,
note; 333. — Ne sers pas secourue
par l'électeur de Sax>>, a'i'i, note.
— Le duc d'Anjou blessé sous ses
murs, a35. — Attend toujours I'1
secours de Montgomery, a36. —
Nouvelles en sont demandées par
Catherine, a 38. — M. de la Guiche
s'y signale, a3g. — Fin du siège,
9 '1") , a 'ili, aôi, note.
La Rooiie-Posav, envoyé auprès du duc
Casimir, 371, note.
La Salle, envoyé en Espagne, 38.
Laski (Lk). L'évêque de Valence esl
invité à le gagner par des présents,
1 70. — Schomberg chargé de l'en-
tretenir dans de bonnes disposi-
tions, 2û5.
Lasso (Don Diego de). Recommandé
par Catherine à Fourquevaux pour
l'obtention d'une commanderie,
5:.
Lasso (Francisque), 07.
La Valette (M. ds), 391, note.
Lwinnix. Envoyé au siège de Dom-
front. 299, note. — Y es| lue.
3oi, 3oi , note.
La Vauguyon (M. de), agi, note.
Laville. Remboursement que Cathe-
rine désire lui être fait, i.'iG.
Leiier (Le fonds), cité, 388, note.
Leghas, 261, 262, note.
Le Hue, chantre renommé que 1.1-
therine demande à M. d'Uni -
pour sa chapelle, 3o.
Leicester (Le comte dk i. Catherine
compte sur lui pour savoir les vé-
ritables intentions de la reine Eli-
sabeth dans la négociation de son
mariage avec le duc d'Anjou, 1S.
— Eli» Lui f lit remettre deux por-
traits du duc d' tnjou par La
Molbe-Fénelon, 53. — Ses bons
offices pour le mariage du duc.
r>3. — ■ Désiré par Catherin» pour
remplir une mission en France,
l35. — En disgrâce. g36.
Parle à La Molli» d»s marques de
la petite vérole restées au visage
du duc d'Alençon, 3G."). nol».
Le Sedrre, 1 83.
TABLE DES MATIÈRES.
357
Levuer (M.). Donne des détails à
Morvilliers sur l'arrivée du nouveau
roi de Pologne on ses Étals, a84 ,
note.
Lezignï, 2.38.
Liavcourt ( M. de ). Catherine renonce
à le proposer comme prétendant à
la main de Mademoiselle de Mou-
chy, i5o.
Lu i\n;s, 13g , noie.
Lincoln (Lord). Sa mission en France,
io.3, note. — Retourne en Angle-
terre, io5, noie.
L'Isi.e (L'abbé de). Voir Noailles.
Lisleboiirg (Le château de). Assiégé
par Morlon. 181, 338. — Promesse
laite par Catherine à ses défen-
seurs, 193.
LoMBARDIE (La), 1 44.
Lovdonnière. Accusé par Alava d'être
soutenu par le cardinal de Bour-
bon.
LovDHf.S, 3»0, 831.
Longueville ( Le duc de). Lettre qu'il
reçoit de Catherine, 5i. —
Rejoint par M. d'Humières, 254.
Lorailles (Le s' de). Ses biens con-
fisqués et donnés par Catherine à
Marguerite Grecque, i5l.
Lorraine (Le cardinal de). Demande
la dispense pour le mariage de
Marguerite de Valois, io5. —
L'appuie auprès du pape, 117. -
Donne des délails à Grégoire XIII
sur la Saint-Barthélémy, j.3g, note.
— Se charge de faire rentrer le
subside du clergé, 22/1. — Ce que
lui dil Catherine au sujet de l'ar-
genl à envoyer en Pologne.
îa5.
Lorraine (Le duc de), 107, note. —
Son procès pour la souveraineté
de Bar, 301. — Cité, 3(50.
Losco (Nicolo). Désigné par Cathe-
rine pour gouverneur de la Mi-
rande, s5a, note; 261, note.
Loué ( M. de). Son procès avec le duc
de Montpensier, 100.
Louis XII, s58, note.
Lucé (Le sr de). Envoyé au siège de
Domfront, 390, note.
LlDE (Du), 80.
Lton (Pelils chiens de). Envoyés par
Catherine à ses petites-filles, 2. —
(Meurlre commis à), i'i3, note:
3<)3, a65.
Li"\s (La foret de), .'19, 5o.
MÂcon (L'évéquc de). Permission de
couper des bois lui est donnée, 21 3.
— Confesseur de la femme de
Charles IX, 21 3.
Midrid (Le château de), a44.
Maiiamut. Objets de prix qu'il laisse
à du Ferrier, 347.
Maillerais (La). Ses vaisseaux sortis
par ordre de Charles IX , 3 1 6.
Maine (Le duc nu). Voir Guise.
Mu.irt (L'orfèvre Guillaume), 3fig,
note.
Malicorse (M. de). Va à Madrid
féliciter la nouvelle reine d'Es-
pagne, 12. — Chargé de ren-
seigner Fourquevaux sur la si-
tuation des affaires de France, i4.
— Mémoire qa'il rapporte d'Es-
pagne, 29.
Mandat (L'interprète). Envoyé par
Catherine en Suède, 344. — Son
retour en France lacililé par M. de
Varennes, 260. — Catherine en
parle, 262, noie. — Revient en
France, 2G2 , note.
Mandelot (M. de). Chargé par Calhe-
M
rine de négocier un emprunt, 94. —
Reçoit l'ordre de ne laisser passer
aucun courrier venant de Rome,
109. — Cilé, i3g, noie. — Accusé
|i >>■ les marchands étrangers, 1 43,
note. — La compagnie des gen-
darmes de l'eu M. de Ventadour de-
mandé:' pour lui par Catherine au
duc d'Anjou, 1 63. — L'abbaye de
Saint-Martin également demandée
pour lui, 16!. — Lettre écrite en
sa faveur parle duc d'Anjou, 1 63 ,
note. — Chargé de recevoir de l'ar-
genl pour la paye des Suisses, 264.
Minegre. Propos qu'il répand contre
Monluc, évèque de Valence, envoyé
en Pologne ,116.
Mans (Le vidame di j. Voir Ram-
bouillet.
Mansfeld (Le comte Charles de), ré-
fugié dans le Luxembourg, 3o4,
note.
Mantes (Attaque de), 3N5.
M\»TOUE(Le duc de), assuré par Calhe-
rine desa bonne amilié, 4g. — Cité,
32.3, note. — Remercié par elle
des félicitations qu'il lui a adressées
à l'occasion de l'élection du duc
d'Anjou au Irène de Pologne. 3lin.
— Visité par M. de Foix, 360.
Marcel (Le prévôt des marchands),
chargé de recouvrer les trois cents
mille francs fournis par le clergé,
234.
Marteau d'or (La maison du | démolie
par le peuple de Paris, 84, noie.
Martigues (La veuve de M. de). Son
procès contre M™* d'Etampes, 289.
Martin (Le commissaire), 24g.
Martinengo, chargé d'une mission au-
près de Damville, 3g7, note.
Masset (Scipion), natif de Lyon, dis-
pensé par Catherine de son appren-
tissage de mercier, 66.
Matignon. Instructions que lui donne
Catherine pour un don fait à Mar-
guerite Grecque, i5i. — Invile
par elle à redoubler de surveil-
lance, 170. — Chargé de sur-
veiller Montgomery, 300, 301.
— Réception de ses lettres lui
esl accusée par Catherine, 31 5.
358
TABLE DES MATIÈUES
— Une active surveillant-!' lui est
ordonnée, ai 5. — Sa lettre à
Catherine, 3l5, noie. — Prévenu
que ses compagnies seront payées,
21. 5; -- que Monlgomery s'est
réfugié en Angleterre, a 3 1. —
Averti par Catherine dn danger
qu'a couru le duc d'Anjou à un
assaut de la Rochelle, a35. —
Reçoit pareille lettre de Charles l\,
2 3ô, not". — Catherine lui accuse
réception de ses lettres sur la si-
tuation de la Normandie, a88. —
Elle compte sur ses services, aK8.
— Lettre que Charles IX lui écrit
au sujet du siège de Dor/lfront,
298, note. — Il lui est recom-
mandé par Catherine de ne pas
laisser échapper Monlgoniery,
298. — Félicité de ce qu'il s'msI
mis à sa poursuite, 298. — Invité
à tout l'aire pour s'emparer de lui,
3oi. — Chargé par Charles IX de
faire publier promesse de pardon à
ceux qui le quitteront, 3oi, note.
— Prié par Catherine de donner
au s1 de Lavardin la compagnie
de feu le capitaine La Bastille,
3 13. — Prévenu par elle de la
mort de Charles IX, et de la ré-
gence qu'il lui a laissée, 3 12. —
Chargé de veiller à l'ordre dans son
gouvernement , 3i a ; — d'écrire au
roi de Pologne, 3 12. — Détails qui
lui sont donnés sur la maladie du
Roi, 01 3.
Mai vissière (Le s' de), remercié par
Catherine d'avoir été à Calais au-
devant de lord Lincoln, io3. —
Cité, 132. — Chargé de recevoir le
comte de Worcester, 161. — Re-
grets que Catherine lui témoigne de
la mort de son frère, ai A. — As-
suiv de la punition du meurtrier,
ai i. — Héritera du château de son
frère, a 1 A . — L'abbaye de (,ussy
réservée à son autre frère, 21 û.
\l uimimen II , empereur d'Allemagne.
Ne reconnaît pas Cosnr' de Médicis
comme grand -duc de Florence,
68. — S'accorde avec Catherine
pour un changement dans les postes ,
68. — Tout disposé à renouveler la
vieille querelle de Metz, 132, note.
— Ses menées pour l'élection de
Pologne, l33, note. — Gagne
par ses présents le Laski, 170. —
S'unit à l'Espagne pour l'élection
au trône de Pologne, 171. — Ses
promesses danscebul au Moscovite,
171, note. — D'accord avec le duc
de Saxe, 195. — Ce qu'il a dé-
pensé pour l'élection de Pologne,
335. — Promet bonne réception au
nouveau roi de Pologne, a.34 , note.
— Fait prier l'électeur de Saxe par
sa femme de ne pas le recevoir,
soi, note.
Mayekce, aliti, note; a5o, note.
Médicis (Catherine de). Invile Rel-
lièvre à se conformer aux instruc-
tions du Roi son fils, t. — Remer-
cie Philippe 11 de l'envoi d'un
cheval, le Tigré, 1. — Demande
à la duchesse de Nemours des
nouvelles de la santé de son mari,
a. — Fait présenter par Four-
quevaux les haquenées qu'elle en-
voie à Philippe II et les petits
chiens de Lyon dont elle fait pré-
sent à ses petites-filles, 2. -- Fait
remettre par lui à la duchesse
d'Albe deux pièces de velours, 3.
— Prescrit à M. d'Humières d'a-
dresser directement à Paris et se-
crètement l'homme qui lui ramène
des haquenées de Danemark, 3.
— Ecrit également à Fourquevaux
pour les haquenées envoyées par
elle à Philippe II, 2. — L'invite
à l'avertir du passage de la reine
d'Espagne, 3. — Le renseigne sur
ce qui a été l'ait au sujet des ré-
clamations des marchands anglais.
h. — Prie La Molhe-Fénelon d'in-
tervenir en faveur de Marie Stuarl .
a. — D'avoir l'œil sur les arme-
ments par lui signalés, 4. —
L invite de nouveau à user de
grande circonspection vis-à-vis de
la reine Elisabeth, 4: — à enga-
ger les Français réfugiés en Angle-
terre à rentrer en France, 4. — De-
mande à Fourquevaux la cause du
renvoi de la duchesse d'Albe d'au-
près les Infantes, 6. — L'invite à
visiter la nouvelle reine d'Espagne.
6. — L'entretient de la mission de
Torres en Portugal à l'occasion du
mariage de sa fille Marguerite,
6. — S'inquiète de savoir com-
ment la nouvelle gouvernante de
ses petites-tilles se comportera vis-
à-vis d'elles, 7. — Avoue à La
Mothe-Fénelon la défiance que lui
inspire la négociation du mariage
du duc d'Anjou avec la reine Eli-
sabeth, 11. — Envoie L'Aubespine
en Angleterre à l'effet d'obtenir
une réponse sur le l'ait de la reine
d'Ecosse, 11. — Écrit à Marie
Chacon qu'elle est heureuse de la
voir auprès des Infantes, ses pe-
tites-filles, i3. — Les lui recom-
mande, l3. — Justifie le sieur de
Saint-Etienne , accusé de n'être pas
bon catholique, i3. — Annonce à
Fourquevaux qu'elle a écrit au
cardinal de Rambouillet afin de
moyenner le renvoi de Torres en
Portugal, 1I1. — L'invite toute-
fois à veiller sur lui, car elle
s'en défie en sa qualité d'Espagnol ,
l'i. — Veut être éclairée sur les
chances du mariage de sa fille, 16.
— Entrelient,La Mothe-Fénelon des
affaires de Marie Stuarl , 1 5. —
Ambitionne Avignon et le comtat
Venaissin pour le duc d'Anjou,
i5. — S'en ouvre au duc de Flo-
rence, 17. — Lui parle de ses dif-
ficultés avec la duchesse de Parmi'.
17. — Invile La Mothe-Fénelon à
démêler les véritables intentions de
la reine Elisabeth dans la négocia-
lion de son mariage avec le duc
d'Anjou ,18. — L'engage à se servir
de Leicester, 18; — à prendre de
nouveau en main la cause de Marie
Sluart, 18. — Annoncée Fourque-
vaux le retour de Charles IX après
ses noces à Paris, 19. — Remercie
le prévôt et les échevins de Paris
d'avoir réparé les ponls de leur
ville endommagés par les grandes
crues, 20. — Invite les gens du
Parlement de Paris à vérifier les
nouveau* édits, 20, 21. — Donne
à la duchesse de Savoie des nou-
velles de ses enfants, 20, 21. —
Lui parle de son amitié pour le
duc son mari, 21. — Refuse aux
capitouls de Toulouse une mo-
dification dans les édits de pacifica-
tion ,21. — Recommande Fran-
çois Boivin au duc de Florence,
21. — Lettre qu'elle reçoit de
Jeanne d'Albret, 23, note. —
Fait valoir auprès de la reine de
Navarre tout ce que Charles IX
fait pour elle et le prince son fils,
2/1. — Demande à Fourquevaux
de faire entrer au service des In-
fantes ses petites -filles Catherine
de Vera, 2a. — Rassure l'ambas-
sadeur Alava sur la santé de la
reine sa belle-fille, 2 4. — beril
au prince de Toscane et s'en re-
met à Troile Ursin, 26, 2 5. —
Accuse réception à Fourquevaux de
son mémoire au sujet du mariage
de Marguerite de Valois, 25. —
Se félicite de l'affection témoignée
par la reine d'Espagne à ses petites-
filles, 2 5. — Satisfaite de ce que
Philippe 11 a trouvé belles les haque-
nées envoyées, 2 5. — Prend à son
service Madame de Fourquevaux,
25. — Prie Fourquevaux de ras-
surer Philippe II sur la santé de
la femme de Charles IX, 25. —
Annonce à La Mothe-Fénelon que
le duc d'Anjou refuse la main de
la reine Elisabeth, 2O. — Re-
grets qu'elle en éprouve, 27. —
— Voudrait qu'elle adoptât une
TABLE DES MATIERES.
de ses parentes, 27. — Pense à
substituer le duc d'Alençon au duc
d'Anjou, 27. — Félicite M. de
Bellièvre de la conduite qu'il a
lenue en Suisse, 28. — Annonce
à La Mothe-Fénelon que le duc
d'Anjou s'est décidé à épouser la
reine Elisabeth, 28. — Ne l'a pas
confié à ceux de son entourage, 28.
— Le prie de découvrir à cet égard
les intentions de la reine d'An-
gleterre, 29. — Charge Fourque-
vaux d'offrir des présents de sa part
aux Infantes, 29. — Lui fait part
de la convalescence de la reine sa
belle-fille, 29. — Se reporte pour le
mariage de Portugal aux intentions
de Chai les IX, 29. — Demande à
M. d'Humières le Heu, chanteur
renommé, pour sa chapelle, 3o. —
Se plaint à Fourquevaux des mau-
vais procédés de don Francès de
Alava, 3o. — Rappelle les services
qu'elle a rendus au Roi Catholique
dans les Pays-Bas, 3o, note. —
Charge M. de Gordes de faire
expédier du sel marin à ceux du
canton de Berne, 3i. — Pré-
vient M. de Saint-Gonard qu'elle
a vu ce qu'il a mandé pour le fait
du comte de Gaiasso, 3i. — Le
prie de revenir, 3i. — A reçu le
portrait de la reine Elisabeth re-
mis par Leicester à Cavalcanli, '■',■>.
— A répondu au cardinal de
Chàtillon, 32. — Désire son re-
tour en France pour conférer avec
lui du mariage du duc d'Anjou,
32. — Annonce à La Mothe-Fé-
nelon que le duc d'Anjou est dé-
cidé à épouser la reine Elisabeth,
3a. — Lui fait part de son entre-
vue avec lord Backhurst dans le
jardin des Tuileries , 3a. — Son
entrelien avec Téligny au sujet du
mariage du duc d'Anjou avec Eli-
sabeth, 33. — Recommande au
grand maître de Malte le s' de
Seurre, 33. — Sur la demande
359
de la duchesse de Nevers, recom-
mande au duc de Florence le che-
valier Venturelli, 34. — Exprime
au duc de Nemours son regret de
ne pouvoir le gratifier de l'objet
de sa demande, 34. — S'excuse
auprès du président Viart de ne le
pouvoir nommer mailre des re-
quêtes, 35. — Invite les gens du
Parlement de Rouen à parachever
l'information contre les auteurs de
la récente émotion, 35. — Trans-
met à La Mothe-Fénelon la ré-
ponse favorable d'Elisabeth aux
propositions de mariage, 36. —
Lui fait part du désir exprimé par
ladite reine de l'envoi d'une per-
sonne de qualité pour négocier son
union avec le duc d'Anjou , 36. —
Trouve plus expédient d'y envoyer
Cavalcanti, 37. — Remercie Phi-
lippe 11 de lui avoir envoyé le comte
Olivarès, 37. — Proteste de l'a-
mitié et du dévouement qu'elle lui
porte, 37. — Ecrit au duc de Flo-
rence au sujet de la succession des
Médicis et des droits qu'elle y pré-
tend, 3ô. — Recommande à la
reine d'Angleterre Villeroy envoyé
en Ecosse, 37. — Recommande a
Fourquevaux maître Hugonius,38.
— Ne sait que penser du voyage
de Philippe II, 38. — Prie Four-
quevaux de s'en tenir pour le fait
du Portugal au mémoire de L'Au-
bespine, 38. — Complimente les
gens du Parlement de Rouen d'a-
voir puni les coupables de la ré-
cente émotion, 38. — Annonce à
Fourquevaux qu'on lui envoie La
Salle, 38. — Le prie de veiller
sur les Infantes, 38. — Recom-
mande à Philippe II Paul Camille
Dadda, gentilhomme milanais, 38,
3g. — Invite Fourquevaux à se
servir d'Almeida, 3g. — Pro-
met une place de maitre des re-
quêtes au président Viart, 4o. -
Le prévient qne rien ne sera
:î60
TABLE DES MATIERES.
changé à Metz pour le lieu désigné
ilu prêche, Ao. — Charge l'évéque
Salviati d'une communication se-
crète pour le duc de Florence, Ao.
— Plie ledit duc de s'intéresser
au procès d'Audoyn de Tliurin
contre les Baillons, Ao. — Té-
moigne h M. de Danzay la satis-
faction qu'elle a eue des deux
ambassadeurs du roi de Suède,
Al. — Ecril à Fourquevaux au
sujet de la réception de don Fran-
cisco Lasso, Ai. — Le prie de dé-
mentir les liruils de guerre que l'on
l'ail courir en Italie, Ai; — de félici-
ter Philippe II de la grossesse de
la reine sa femme, Al. — Ecrit à
Petrucci, l'ambassadeur de Flo-
rence, au sujet de la candidature
du cardinal de Ferrare à la pa-
pauté, 4 a. — Ecrit dans le même
sens au duc de Florence, 4a, A3.
— Remercie Fourquevaux des tapis-
series qu'il a envoyées d'Espagne,
43. — Instructions qu'elle donne à
M. de Gondi au sujet de sa mission
en Espagne, 43. — Se justiûe des
accusations de l'ambassadeur d'Es-
pagne, A3. — Craintes qu'elle té-
moigne à La Moilie-Fénelon au su-
jel de la reine Elisabeth, AA. —
Elisabeth se défie d'elle, AA. -
Mettra peine à maintenir l'amitié
entre la France etl'Espagne, AA. —
Alava a été cause de tous les dis-
sentiments survenus, A5. — Charge
Gondjf de recommander à Phi-
lippe II les Infautes, 45. — Ecrit
au marquis de Brandebourg qu'elle
reportera sur lui l'amitié qu'elle
portait à son père, 45. — Ecrit
à l'ambassadeur Alava au sujet
d'actes de piraterie dont se plaint
Philippe II, 4G. — Sa lettre au
duc de Florence à l'occasion du
nouveau pape, 46. — Revient sur le
l'ail du comte de Gaiasso, 46.
Voudrait voir le duc de .Nemours
en meilleur état de sauté. A-. —
Lui parle de la reine >u belle-fille
toute apprivoisée, 4y. — Sa lettre
au duc de Florence au sujet des
droits qu'elle prétend sur la suc-
cession des Médicis, 47.
S'en
rapporte à ce que dira de sa part
Gondi à Philippe II, A7. — A fait
en sorte de cacher au Roi son fils les
mauvais propos tenus par l'ambas-
sadeur d'Espagne. 48. — Exprime
au duc de Manloue que le Roi son
lils sera toujours disposé à le favo-
riser, 49. — A reçu la lettre du
duc de Florence et le remercie de
nouveau de tout ce qu'd a fait pour
le comte de Gaiasso, 49. — L'entre-
tient d'une prétendue cession qu'il
aurait faite de Sienne à don Juan
d'Autriche, 4g. — Lui annonce que
le Roi son fils s'est blessé à la chasse ,
49. — Lui annonce la prompte gué-
rison de son fils après cet accident
de chasse, 49. — Lettre d'amitié
qu'elle écrit à la duchesse de Fer-
rare, 5o. — Invite les gens du
Parlement de Paris à vérifier les
lettres de création de la charge de
grand prévôt de France en laveur
de M. de Montrtiel, 5o. — Prie
les chanoines de l'église du Saint-
Esprit de Rouen de ne pas retirer
ses gages à Rout, devenu chantre
de sa chapelle, 5o, 5i. — Profile
d'une lettre à la reine d'Espagne
pour protester de son dévouement
et de son affection envers le roi son
mari, 5i. — Se remet à une lettre
du Roi écrite au duc de Longueville,
5 1 . — Sa lettre aux gens du Par-
lement de Bordeaux, 5i. — Prie
les échevins de Paris de lui trouver
cent mille livres pour envoyer à
Metz, 02. — Détails qu'elle donne
à La Mothe-Fénelon sur un portrait
du duc d'Anjou commandé à Ja-
rret, 5a. — S'applaudit de la
bonne voie que prend le projet
de minage du duc, 53. — De-
mande à La Molhe-Fénelon un
portrait de la reine Elisabeth ,
53. — Ne peut envoyer encore
celui de la duchesse de Ne-
vers, 53. — Renvoie La Mothe-Fé-
nelon aux lettres de Charles IX.
53. — Sa lettre à M. de Piennes,
54. — Regrette de n'avoir pu
gratifier le vicomte de Horte de
l'abbaye de Saint-Sever, 54. —
Ulend le retour de Larchant de
Londres, 55. — Prie La Mothe-Fé-
nelon d'assurer la reine Elisabeth
et ses ministres de leur sincérité
dans cette négociation de mariage ,
55. — L'entretient des bruits qui
courent sur la mauvaise volonté
qu'y met ,la reine Elisabeth, 55.
— Ces bruits ayant été démentis
par Walsingham , elle reprend bon
espoir, 55. — Prie le duc de
Florence d'intervenir auprès du
pape pour l'obtention du prieure
de Champagne pour M. de Seurre.
56. — Fait part à La Mothe-
Fénelon du refus du duc d'Anjou
d'aller en Angleterre, 56. — En
soupçonne \ illequier, Lignerolies
et Sarrel , 57. — Les en fera re-
pentir, 57. — Pense à substituer
sorr fils d'Alençon à son frère, 57.
— Veut faire une ligue avec l'An-
gleterre, 57. — Recommande à
Fourquevaux don Diego de Lasso
pour une comuranderie à obtenir
du roi d'Espagne, 57. — Envoie
Bruet en Toscane, 58. — Se
plaint à Philippe II des mauvais
procédés de son ambassadeur
Alava, 58. — Remercie M. de
Rambouillet de ses bons services,
5g. — Lui annonce l'envoi de
M. rie Ferais, 5g. — Entrelient
Charles I\ de l'état de la maison
de Marguerite sa sœur et des ca-
deaux à lui faire pour son ma-
riage, 5g. — L'invite à envoyer le
maréchal de Cossé auprès de
Jeanne d'Albret et à la prier de
venir à la cour. 5g. — Se plainL
de nouveau à Philippe 11 d'Alava ,
'60. — Voudrait qu'il lui lit de
sévères remontrances, 60. —
Lui annonce sa fuite de Paris
sous prétexte de maladie pour évi-
ter de prendre congé du Roi,
61. — Désavoue ce qu'il a mandé
de leur désir de commencer la
guerre, 61. — Demande à Phi-
lippe 11 de lui faire une admones-
tation, 61. — Ecrit à Elisabeth
pour la remercier de sa lettre ap-
portée par Larchant et de ce qu'elle
veut sincèrement poursuivre la né-
gociation de son mariage, 6a. —
Prie Fourquevaux de mettre à part
les réponses qu'il lui adresse, 63.
— Prie l'évèque de Dax de remon-
trer au duc d'Anjou les avantages
de son mariage avec la reine Eli-
sabeth, 62, 63. — Invite les gens
du Parlement de Paris à recevoir
Arnault de Cavaignes en sa qua-
lité de conseiller et de maître des
requêtes de l'hôtel du Roi, 63. —
Fait pari à Fourquevaux de son
dernier entretien avec Alava, 64. —
Lui énumère ses plaintes, 64. —
Lui annonce le retour d'Espagne
de Geronimo Gondi, 65. — Lettre
que lui écrit Jeanne d'Albret, 65.
— Dispense les sieurs Scipion
Massey et Antoine Rives, natifs de
Lyon, de leur apprentissage de mer-
cier, 66. — En informe M. de
Thou, 66. — Sa lettre au marquis
de Brandebourg, 67. — Regrette
de n'avoir pu s'entretenir avec Cbia-
pin Vitelli allant en Espagne, 67.
— Lui envoie le comte de Coco-
nas. 67. — Le prie de lui donner
des nouvelles de ses petites-filles.
67. — Entrelienl Vulcob des dif-
ficultés soulevées pour le titre de
grand-duc donné à Cosme de Mé-
dicis, 68. — Remercie les Seigneurs
de Venise d'avoir envoyé Léonard
Contarini complimenter Charles IX
à l'occasion de son mariage, 68. —
CaTNERI\E DE MÉD1CIS. —
TABLE DES MATIÈRES.
— Entretient Vulcob d'un change
ment pour les postes d'accord avec
l'Empereur, 68. — Lui fait pari de
nouveau des difficultés que soulève
l'élévation de Cosme de Médicis à
la dignité et au tilre de grand-duc,
6g. — Prend son parti, 69. —
Rassurée par La Molhe-Fénelon
sur les bruits qui courent du ma-
riage de la reine Elisabeth avec un
autre que leduc d'Anjou, 6g. -- Le
mariage de sa fille décidé, 69. —
Désavoue toute entente de ceux de
la Rochelle avec le prince d'O-
range, 70. — Affirme que l'amiral
qui est avec eux à Blois s'oppose à
tous les actes de piraterie, 70. —
Remercie Fourquevaux des nou-
velles qu'elle a reçues des Infantes,
70. — Le prévient que le Roi ne
veut plus entendre parler du ma-
riage de Portugal, 70. — S'ap-
plaudit de la révocation d'Alava,
71. — Fait inviter Almeida à
lui écrire,
— Raconte à La
Mothe-Fénelon l'entretien confi-
dentiel qu'elle a eu avec Walsin-
gham, 71. — Lui confirme qu'elle
est toujours dans l'intention de
substituer le duc d'Alençon à son
frère comme prétendant à la main
d'Elisabeth ,71. — Walsingham lui
a montré des lettres de Marie Stuart
hostiles à la France, 71. — Elle jus-
tifie La Mothe-Fénelon d'avoir- remis
de l'argent pour Marie Stuart, 71.
— Déclare qu'ils sont tenus de
l'aider, 7.3. — Prie Walsingham , en
lant qu'ambassadeur, à ne pas tenir
compte du refroidissement poul-
ie mariage du duc d'Anjou, 74.
— Lui soumet les conditions
qu'elle exige pour ce mariage,
■jà. — Le prie de mettre en
avant le duc d'Alençon, 75. —
Annonce à M. de Ferais le ma-
riage de sa fille Marguerite avec
le prince de Navarre, 75. — Le
charge d'obtenir du Saint-Père um'
361
dispense, 7a. — Le recommande au
duc île Ferrare, 76. — Fait part au
duc de Florence du mariage de sa
fille Marguerite avec le prince de
Navarre, 76. — Lellre confiden-
tielle qu'elle lui écrit, 77. — Ex-
plique la venue de Ludovic de Nassau
à la cour, 77. — Charge Fourque-
vaux d'en justifier le séjour auprès
de Philippe II, 77. — Complimenle
Schomberg du bon succès de ses
négociations auprès de l'électeur de
Saxe, 80. — Charge M. de Cossé
de négocier un emprunt à Pai is ,
80. — Met en demeure le président
de Thou de présenter au Parlement
les édits nécessaires pour obtenir
les sommes destinées aux étran-
gers, 81. — Prévient La Mothe-
Fénelon qu'elle a reçu Killegrew
venu pour remplacer Walsingham ,
81. — Réponse qu'elle lui a faite,
81. — Prévenue par Killegrew
que la reine Elisabeth se dispose à
lui envoyer un ambassadeur extra-
ordinaire, 8a. — Ce qu'il lui a
dit de Marie Sluart, 82. — Ré-
ponse qu'elle lui a faile, 82. —
Offre qu'il lui soumet de pacifier
l'Ecosse en dehors de Marie Stuart.
83. — Promet d'en parler au Roi
sou fils, 83. — Réponse qu'elle lui
fait à l'occasion de l'argent en-
voyé à Marie Sluart, 83. — Re-
mercie les échevius de Paris de
leurs bonnes démonslralions pour
le mariage du Roi, 84. — Se plaint
à eux de la façon dont on a procédé
pour le transport de la croix de
Gastines, 84. — Exige la punition
exemplaire des auteurs des (roubles
qui en ont été la suite, 84, 85. —
Regrette la mort de Lamarque en-
voyé en Espagne, 85. — Prévient
Fourquevaux de l'envoi d'un gen-
tilhomme pour complimenter Phi-
lippe II à l'occasion de la nais-
sance de son fils, 86. — Réponse
qu'elle le prie de faire, quand on
46
[WIT.IiïETUE
362
TABLE DES MATIERES.
lui parlera du mnriiige de sa fille
avec le roi de Navarre, 86. —
L'invite à engager Cliassincourt à
re«ler auprès de ses pelites-fill>>s,
86. — Le supplie de prolonger son
séjour en Espagne, 86. — Re-
commande de nouveau à M. de
Thon l'affaire de la croix de Gas-
tiups, 86. — Complimente la du-
chesse de Nemours sur l'améliora-
tion de la santé du duc, 87. —
Désire la revoir, 87. — Re-
garde comme certaine l'arrivée à
la cour du roi de Navarre, 87. —
Espère la conclusion prochaine
de son mariage, 87. — Félicite
Philippe 11 de la naissance de son
tîls, 87. — Le prie d'ajouter foi,
comme à elle-même, à ce que lui
dira Saint-Gouard , 87. — Re-
commande à M. de Thou le pro-
cès de M' de Marligues, 88. —
Complimente la princesse de Portu-
gal de l'accouchement de la reine
m belle-sœur, 88. — Parle avan-
tageusement au duc de Ferrare du
chevalier Cianelli, 88. — Donne
l'ordre à M. de Prie de tenir à
Tours des chevaux prêts pour le
légat Alexandrin, 89. — Recom-
mande aux échevins de Lyon le
sieur des Arches envoyé en Leur
ville pour y administrer la jus-
tice, 89. — Par l'entremise de du
Croc envoyé en Ecosse recommande
Marie Stuart à la reine Elisabeth ,
89 . 90. — Écrit à La Mothe-Fé-
nelon pour lui recommander de
nouveau le mariage du duc d'Alen-
çon, 90. — Doit prochainement
conférer avec Walsingham et Wor-
cester pour ce projet d'union , 90.
— Complimente le président de
Thou de la publication des édits,
91. — Lui annonce que le Roi
a disposé de l'état de président
vacant en faveur de maître Si-
mon Roger, 91. ■ — N'oubliera
pn< eeui qui ont été présentés pour
celle charge, 91. — Prévient
les gens du Parlement de Paris
que le Roi entend que de son édil
sur la création des états de gardes
des sceaux résulte une pleine et
entière exécution, 92. — Voit
avec plaisir que les troubles de
l'abbaye de Jouarre ne sont pas si
grands qu'on les faisait, ga. — Re-
commande au duc de Ferrare mes-
sire Julien de Médicisdonl elle veut
faire un cardinal, ga. — Ecrit aux
gens du Parlement de Rouen au
sujet de la création des états de
gardes des sceaux, 96. — De-
mande au président de Thou où
a été imprimé contre Marie Stuart
un libelle qu'elle fait brûler secrè-
tement, 9-2, g3. — Voudrait voir
le duc de Nemours, 9.3. — Le
prie de se hâter de se guérir, g3.
— Écrit au Saint-Père à l'occa-
sion d'un procès pendant à la rote ,
93. — Avertit Fourquevaux de la
réception de sa lettre, 94. —
Charge M. de Mandelot de la né-
gociation d'un emprunt, g4. —
Prie M. de Thou de recevoir au
serment mailre Vincent Odry nom-
mé lieutenant général au bailliage
de Gien, g4. — Demande au duc
de Nemours de ses nouvelles, g5.
— L'attend à la cour, g5. —
Annonce de nouveau la grossesse
de la reine sa belle-fille, g5. —
Ecrit à Elisabeth pour la féliciter
de leur nouvelle alliance, 97. —
Recommande de nouveau Marie
Stuart à toute la vigilance de du
Croc, 96. — Espère que M. de
Ilautelbrt est arrivé en Suisse, 96.
— Compte sur ses bons services,
96. — Invite Saint-Gouard à visiter
souvent les Infantes, g7. — Entre-
tient de nouveau M. de Thou de
l'édit des sceaux, g8. — Prend
en main les intérêts de Scipion
Sardini, 99. — Annonce la gros-
sesse, de sa belle-fille à la reine
d'Espagne, 99. — Recommande
aux gens du Parlement de Paris
un procès du duc de Montpen-
sier, 100. -- Prie M. de Ferais
de soutenir la candidature du
cardinal de Ferrare à la papauté,
100. — Recommande au vicomte
de Sussex le duc de Montmo-
rency qui va en mission à Londres,
101. — Le recommande égale-
ment à lord Rurghley, ainsi que
M. de Foix. 101. — Remontre
au duc de Florence la nécessité de
choisir un bon pape, 102. — in-
vite Petrucci à appuyer auprès du
duc de Florence la candidature du
cardinal d* Ferrare à la papauté,
t02. — Prie M. de Thou de tenir
la main à la publication de l'édit
sur les draps, 102. — L'engage à
intervenir dans le différend survenu
entre les échevins de Paris et le
Chàtelet, io3. — Remercie M. de
Mauvissière d'avoir été au-devant
de lord Lincoln et de sa suite, io3.
— Renouvelle ses protestations d'a-
mitié à la reine d'Angleterre, îo'i ;
— ses instances pour le mariage
du duc d'Alençon, 106. — Re-
commande à Burghley la cause
du duc d'Alençon, 10 5. — Félicite
Grégoire XIII de son élévation à la
papauté, 106. — Désavoue toute
pensée de guerre contre Phi-
lippe II, 106. — Sollicite la dis-
pense pour le mariage de Margue-
rite de Valois et du prince de
Navarre, 106, 107. — Expli-
cations qu'elle donne à Villeroy.
108. — Remercie Philippe 11 de
l'envoi d'une jument d'Espagne,
109. — Promet récompense excep-
tionnelle à La Mothe-Fénelon s'il
mène à bonne fin le mariage du
duc d'Alençon, 109. — Prescrit à
M. de Mandelot de ne laisser passer
aucun courrier venant de Rome,
109. — Insiste auprès du pape
pour l'obtention de la dispense de
mariage de Marguerite Je \alois,
110. — Annonce au vicomte de
Horte réception de ses lettres, 112.
— L'invite à suivre les intentions
du Roi , 112; — à maintenir toutes
choses en repos dans son gou-
vernement, 11 3. — Conserve
bon espoir de la réussite du ma-
riage du duc d'Alenç.011 avec Eli-
sabeth. 11 3. — Offre une entre-
\ue entre Iioulogne, Douvres ou
Calais, 1 1 3. — Recommande Ma-
rie Stuart à La Mothe-Féneion,
1 13. — Fait part à Philippe II de
la Saint-Barthélémy, 1 1 3. —Juge-
ment qu'elle porte sur la politique
espagnole, ah. — Voudrait la fille
ainée de Philippe II pour le duc
d'Anjou, 11 4. — Justifie la Saint-
Barlhélemy. 116. — Propose au
duc de Florence de s'entendre
directement avec lui pour h succes-
sion des Médicis, 11 4. — Enipè-
« hée par la Saint-Barllielemv d'en-
voyiT Montaigne en Espagne, 1 10.
— Instructions données à Saiut-
Gouard pour l'envoi d'une jument
d'Espagne. 11 5. — Recommande
Julien Sfiiturion aux Seigneurs
de (iénes, n5. — Sollicite du
pape l'abbaye de Saint-Benoit -sui-
Loire pour Claude Sublet, sieur
de Saint-Etienne, précepteur de
ses filles, 116. — Dénient les
bruits semés par Mauegre contre
Monluc, évèque de Valence, il 6.
— Prie Monluc de se tenir as-
suré de la bonne grâce du Boi,
117. — S'excuse sur la Saint-Bar-
thélemy de n'avoir pas écrit au duc
deLongueville, 117. — Propose de
nouveau une entrevue à la reine
Elisabeth, 1 17. — Prie La Mothe-
Fénelon d'aplanir le=. difficultés
pour le mariage du duc d'Alençon .
117. — Se loue de Walsingham,
118. — A pourvu à sa suret'-.
1 iS. — Il ne s'est ému que pour
la prise de Briquemaull, 118. —
TABLE DES MATIÈRES.
Fait part à La Mothe-f'énelon du
contenu des papiers trouvés chez
Coligny après sa mort, qui dé
mollirent son hostilité contre les An-
l'Iais, 118. — Les a communiqués a
\\ alsingham .118. — Le prie d'en
parler à Elisabeth, 118; — de
lui écrire ce qu'elle pense de la
conspiration de l'amiral dont il
lui a fait part, 119.- Instructions
qu'elle donne à Philippe Stroz.'.i
pour la flotte qu'il commande, 1 1 9.
— Lui annonce un secours d ar-
gent, 119. — Témoigne à La
Mothe - Fénelon toute la confiance
qu'elle a dans la réussite du ma-
riage du duc d'Alençon a\ec Elisa-
beth , 1 30. — Réclame de nouveau
une entrevue, 120. — Sa lettre à
Schomberg pour les négociations
qu'il poursuit en Allemagne, lao.
— L'invite à traiter avec les princes
de la Germanie, sans tenir comple
de la Saint-Barthélémy et de la
mauvaise interprétation qui y a élé
donnée, 120, 121. — Fait à La
Mothe-Fenelon le récil de sou en-
tretien avec Walsingham, 122,
12.3, 126. — Annonce à La
Mothe que eux de la Rochelle
sont prêts à se soumettre, 12/1. —
Plaide la cause du duc d'Alençon
pour l'obtention du consentement
d'Elisabeth à son mariage, 120. —
Communique à Walsingham une
lettre de Coligny trouvée après sa
mort, 126. — Prie La Mothe de
requérir l'extradition de Monl-
gomen, 12 fi. — Consent à la
vente de ses biens, 126. — Remer-
cie le duc de Florence de la lettre
qu'il lui a écrite pour la féliciter de
la Saint-Barthélémy, 127. — Espère
en tirer le fruit nécessaire à la n-s-
tauration de la religion, 127. -
Bemercie également le prince de
Toscane, 128. — Complimente les
capitouls de Toulouse de leur bon
devoir, ia8. — Manifeste son mé-
363
contentement aux échevins de
Bouen du massacre des protestants
en leur ville, 129. — Fait part à la
duchesse de Ferrare de la naissance
de la fille de Charles IX, 129. -
Voudrait la voir revenir à la reli-
gion catholique, i3o. — Lui
annonce que sa fille de Nemours
est accouchée d'un fils, i3o. — Si
justifie vis-à-vis de du Ferrier île
la Saint-Barthélémy, 100. — Lui
enumère ses griefs contre Coligny,
i3o. — L'accuse d'avoir conspin
contre la peisonne de sou roi, i3i.
— Begrelte la mort de certains
protestants, i3i. — Ne veut pas
croire que Philippe II ait tué sa
fille , 1 3 1 . — N'entend pas rompre
avec la reine Elisabeth, 101. —
Prie du Ferrier de soutenir la can-
didature du duc d'Anjou au trône
de Pologne vis-à-vis du légat, r'ir.
— Maintient la préséance <ur l'Es-
pagne, i3i. — Affirme que le
Roi restera en bonne amitié avec
le Grand Seigneur, t3i. — Prie
du Ferrier de favoriser de son mieux
l'eltclion de Pologne, i3a. -
L'invite à beaucoup de pruderie,
avec les agents du comte Palatin el
du duc de Saxe, 1 32. — Annonce
la Saint- Barthélémy à Philippe II.
,33. — S'applaudit des succès du
duc . l'Albe, 1 34. — N'approuve pa-
néanmoins le traitement favorable
qu'il a fait au comte Ludovic de Nas-
sau, i34. — Remercie le Boi Ca-
tholique d'avoir laissé visiter les
Infantes par Montaigne, i34. —
S'applauditauprèsdu pape de l'heu-
reuse situation de la France, i34.
— Sollicite l'absolution pour le roi
de Navarre, i34. — La sollicite
également pour sa fille Margue-
rite et pour le pi ince et la princesse
de Coudé, i35. — Fait pari à
La Mothe-Fénelon de la réponse
d'Elisabeth pour l'entrevue, i35.
— Sa lettre au grand -duc de
.'16.
364
TABLE DES MATIERES.
Florence au sujet de la succes-
sion des Médicis, i35, i.3G.
— Accuse réception au maréchal
Damville de ses lettres, 137. —
Revient sur le projet d'une entre-
vue avec Elisabeth, 137. — Entre-
tient La Mothe-Fénelon du choix
de9 compères et commères pour sa
petite-fille, 137. — Désire qu'Eli-
sabeth se fasse représenter par un
grand personnage, 137. — Annonce
à La Mothe-Fénelon que le Roi fera
punir les meurtres commis après la
Saint - Barthélémy dans certaines
villes , 1 38. — Fera pourvoir à la
sûreté des marchands anglais, i38.
— Invile le cardinal Ursin à ne pas
lenir, 1 38. — Annonce à Phi-
lippe II la naissance de sa petite-
fille , 1 3g. — En fait part à la reine
d'Espagne, i4o. — EnvoieM.de
Moncal visiter le maréchal Damville,
1 4 o.— Félicite M. de la Fontaine-Go-
dart de sa mission en Suisse après la
Saint-Barthélémy, j 6 1 . — Déclare
à M. de Grantrie que ce qui est ad-
venu à Paris, le 26 août, est con-
forme à l'intention du Roi son fils,
i4i. — Ce que lui écrit M. de
Damville sur la disposition des
affaires de son gouvernement, i4i.
— Rend justice aux services rendus
par Petrucci durant son ambas-
sade, i4a. — Félicite Scbomberg
de la façon dont il a usé vis-à-vis de
l'électeur de Saxe, i4a. — Le
prie de continuer à faire entendre à
ceux de pardelà la vérité sur la Saint-
Barthélémy, i42. — Protestations
qu'elleadresseà Grégoire XIII, i44.
— Le remercie de la dispense en-
voyée pour le roi et la reine de
Navarre, i44. — Charge le dur de
Nevers et M. de Tavannes de main-
tenir l'ordre dans Paris, i44. —
Les remercie de ce qu'ils y. ont fait ,
i45. — Accompagne sa fille en
Lorraine, i45, note. — Remercie
Philippe 11 de l'avoir fait visiter par
le marquis d'Ayamont, i46. —
Entretient le marquis de Yillars de
l'ordre à apporter aux finances,
i46. — Complimente Bellièvre de
ce qu'il a obtenu des Ligues, 147.
— Le remercie d'avoir fait tra-
duire en allemand ce qu'il a dit
aux sieurs des Ligues sur la Saint-
fiarthélemy, 147. — L'invite à se
servir de M. de Vaucluse, 147. —
Prie M. de Rambouillet de passer
par Fcrrare, 147. — Annonce à
M. de Saint-Gouard le départ du
marquis d'Ayamont, 1 48. — Prie
le Saint-Père de vouloir bien
accueillir M. de Duras lui appor-
tant la soumission du roi de Na-
varre, 1 4g. — Compte sur le
baptême de sa petite-fille pour re-
nouer bonne amitié avec Elisabeth ,
i4g. — Invite La Mothe à insister
pour le mariage du duc d'Alençon ,
1 4g ; — à tenter de faire rentrer
les réfugiés français, 1 4g. —
Lettre de condoléance qu'elle écrit
à Renée de Ferrare pour la mort
de sa belle-fille, i5o. — Se reporte
à une lettre de Charles IX pour le
fait du légat Ursin, i5o, note. —
S'applaudit de ce que Bellièvre est
arrivé à temps pour assister à la
diète de Bade, t5i. — Ecrit à
Matignon au sujet de la confisca-
cation des biens du sieur de Lo-
railles accordée à Marguerite
Grecque, i5i. — Désire que Lo-
railles soit pris et puni, i5i. —
Entretient Bellièvre d'un emprunt
pour son fils le roi de Pologne,
i5a. — Repousse la proposition
que lui fait le cardinal Ursin de
coopérer à la destruction de Genève,
1 53. — Écrit à du Ferrier à l'oc-
casion de perles qu'elle désire
acquérir, 1 53. — Annonce à Dam-
ville le départ du duc d'Anjou pour
la Rochelle, 1 54. — Le prie de
bien veiller sur son gouvernement.
1 54 ; — de laisser partir M. de
Bellièvre, io4. — Lettre de con-
doléance qu'elle adresse à la reine
d'Espagne à l'occasion de la mort
de sa belle-sœur, 1 54 . — Fait part
à Bellièvre de ce qui s'est passé
en Bresse, 1 54. — En désa-
voue la responsabilité, 1 54. ■ —
Demande au pape l'abbaye de Clai-
rac pour le chevalier d'Angouléme,
1 55. — Complimente Bellièvre des
concessions qu'il a obtenues en
Suisse, 1 56. — Accuse à du Ferrier
réception de ses lettres, 1 56. —
Impatiente de la venue du comte de
Wolcester, 167. — Voudrait re-
nouer avec lui le propos de mariage
du duc d'Alençon, dont elle fait le
portrait, 157. — Prie Bellièvre de
faire marcher la levée des Suisses,
i58. — Entretient le duc d'Anjou
du mariage de la fille de M. de
Monchy, 1 58. — N'y pense plus
pour M. de Liancourt, 1 5g. —
Recommande au duc de Florence
Ferrand Vitelli, i5g. — Ne peut
secourir Damville d'argent, 160.
— ■ Prie M. de Cossé d'empêcher
que ses fils ne se hasardent trop au
siège de la Rochelle, 160. — Pro-
teste de sa sincérité envers Elisa-
beth, 160. — Prévient le maréchal
de Cossé que ce qui a été pris à la
Bastille pour le baptême de sa
petite-fille y a été remis, 16a.
— Voudrait le voir auprès du
duc d'Alençon, 162. — Prévient
du Ferrier que le Roi répond
à ses lettres, 162. — Le prie
de faire tenir une lettre de change
à l'évêque de Valence, 162. —
Invite le duc d'Anjou à donner à
M. de Mandelot une compagnie
de gendarmes, 1 63. — Prie
La Mothe-Fénelon d'insister auprès
d'Elisabeth pour l'accomplissement
sincère du dernier traité , 1 64. —
C'est \\ alsingham qui lui a conseillé
d'en écrire à sa maîtresse, i64.
— Félicite Saint-Gouanl de sa pru-
TABLE DES MATIERES.
365
dence, 1G6. — Sa lettre à la relue
Elisabeth, i65. — Prie le duc de
Monipensier de servir de père à ses
Gis , 1 66. - — Remercie le duc de Ne-
vers des nouvelles qu'il lui a données
de ses fils , 1 6G. — Remercie le duc
de Mnntpensier de sa délibération
d'aller trouver le duc d'Anjou, 166.
— Lui envoie M. de Lansac, 167.
— Prie La Mothe de donner à la
reine Elisabeth l'explication de la
lettre de Charles IX, 167. — An-
nonce à Damville l'envoi de Sainl-
Sulpice, 167. — Invite Matignon
à empêcher toute descente des
Huguenots en Normandie, 168.
— Complimente le duc de Mont-
pensier sur ce qu'il a fait en son
gouvernement, 168. — Prie du
Ferrier de lui mander nouvelles de
l'évéque de Valence, 168; — d'a-
dresser audit évèque des lettres par
la voie de Venise, 169. — L'a-
vise de ce que le Roi mande à
l'évéque de Dax, 170. — Pré-
vient l'évéque de Valence que
l'Empereur a gagné par présents
le Laski, 170. — L'invite à le faire
reprendre par une femme, 170; —
à souvent écrire, 170. — Compte
sur l'effet produit en Pologne
par les déclarations traduites en
latin que du Ferrier y a en-
voyées, 171, note. — Espère que
les Rochellois se soumettront bien-
tôt, 171, note. — S'en réfère dans
une lettre à du Ferrier à celle de
Charles IX, 171. — Recommande
au président de Thou le procès du
sieur du Molay, 171. — Accuse ré-
ception de ses lettres à La Mothe-
Fénelon, 17a. — En a adressé le
double au duc d'Anjou, 172. —
Avertit le duc d'Anjou des prépa-
ratifs de Montgomery, 173. —
Lui demande s'il a reçu la visite de
Languillier, 17.3. — Va trouver le
Roi son fils à Saint-Léger, 173. —
Assure le duc d'Anjou qu'il recevra
prochainement un secours d'ar-
gent, 173. — Prie M. de BeUièvre
de porter la levée des Suisses de la
garde du Roi de 800 à ] ,200, 1 •jU.
— Pri* Damville de persévérer
dans sa bonne volonté, 17^. — A
reçu des nouvelles du duc de Moni-
pensier, 17U. — L'invite à modé-
rer l'ardeur de ses fils et à veiller
sur eux, 17Ô. — Renouvelle à
M. de Cordes les instructions que
lui a données Charles IX, 175. —
Recommande au président de Thou
le procès du vicomte de Venaiz,
170. — S'inquiète de la contra-
diction des lettres de La Mothe-Fé-
nelon au sujet des intentions de
la reine Elisabeth, 176. — Craint
son intervention secrète en faveur
de la Rochelle, 17G. — Invite La
Mothe à poursuivre les propos de
mariage du duc d'Alençon, 176. —
Ce mariage lui conciliera les princes
de la Germanie, 176. — Invile
Matignon à un redoublement de
surveillance, 176. — Regrette de
ne pouvoir accorder à M. de San-
sac l'abbaye de la Novaille, 177.
— Recommande M. Dallon au duc
d'Anjou pour en faire le gouverneur
du vicomte de Curson, 177. —
Enjoint au président de Thou d'é-
viter toutes difficultés pour la créa-
lion d'une charge de maître des
requêtes, 178. — Prescrit à Bel-
lièvre de faire marcher la levée des
Suisses, 178. — Exprime au duc
de -Xevers le regret qu'elle a de la
mort du duc d'Aumale, 180. —
Entretient le duc d'Anjou de ce que
lui a dit Tavannes au sujet de la
Rochelle, 180. — Se défie de La
Noue, 180. — Conseils donnés par
Tavannes transmis par elle au duc
d'Anjou, 180. — Lui annonce
l'accouchement de la duchesse de
Nevers, 181. — Va à Fontaine-
bleau, 181. — Complimente
BeUièvre et lui promet sa protec-
tion, 181. — Invile La Motbe-
Fénelon à reconforter les assié-
gés de Lislebourg, 181. — Lui an-
nonce l'arrivée de Vérac, 183. — ■
Lui prescrit de veiller sur les affaires
d'Ecosse, 182. — Invile BeUièvre
à déjouer toutes les menées qui se
font en Suisse, 182. — Charge du
Ferrier d'un paquet pour M°" de
Randan, 182. — Supplie Mont-
pensier d'empêcher ses fils de trop
se hasarder au siège de la Rochelle,
1 83. — Avertit Matignon des
craintes que lui inspire Montgo-
mery, 1 83. — Recommande à
M. de Gordes de bien veiller sur
son gouvernement , i84. — Annonce
au duc d'Anjou la blessure de son
frère à la chasse, i84. — En fait
part au ducde Savoie, i85. — S'ap-
plaudit de l'arrivée de la levée des
Suisses, 1 85. — Espère la bonne
issue du siège de la Rochelle ,
i85. — Remercie Damville de
ce qu'il mande de la situation du
Languedoc, 186. — Regrette
les pet tes faites au siège de
Sommières, 186. — Prie Dam-
ville de s'aider de ce que doit four-
nir le Languedoc, 186. — Fait
connaître au duc d'Anjou en quels
termes est le mariage du duc d'A-
lençon, 186. — Fait part à La
Mothe - Fénelon d'un entretien
qu'elle a eu avec Walsingham au
sujet de ce mariage, 189. —
Se refuse à une entrevue avant
l'acceptation des articles du con-
trat, 18g. — Fait le portrait de
son fils, igo. — Fait l'éloge de
Charles IX, 190. — Se plaint du
traitement fait à Vérac, 191. —
Promet de tenir secrètes les con-
ditions du mariage du duc d'Alen-
çon, 191. — Audience accordée
à Walsingham, îga. — Désire
la soumission de la Rochelle,
19a. — Ses réponses aux re-
montrances de Walsingham, 193,
3o6
note. — Sa lettre à La Molhe pour
accompagner celle de Charles IX,
iq3. - Reprorhe à Walsingham
l'arrestation de Vérac allant en
Ecosse, ig3 , note. — Se plaint à
Saint-Couard d'être accusée de
nuire aux intérêts du roi d'Es-
pagne,
Aceusc réception
au duc d'Anjou de sa lettre, 19A.
— Le prie de ménager sa per-
sonne au siège de la Rochelle ,
io5. — L'invite à obéir aux
instructions du Roi son frère, ig5.
— Enjoint à M. de Gordes
d'empêcher le passage des protes-
tants fugitifs qui veulent gagner le
Dauphiné, 196. — Prévient le duc
d'Anjou des projets de Montgo-
mery, 19.7. — Lui communique les
nouvelles venues d'Espagne, 197.
— Lui écrit qu'elle a fait ré-
pandre par Scliomberg le bruit que
Philippe II veul faire tuer le prince
d'Orange, 197. — S'inquiète du
mariage du roi de Hongrie avec la
reine Elisabeth , 197. — Altend
toujours la nouvelle de la prise de
la Rochele, 198. — La voudrait
avec pou de perles d'hommes, 198.
— Annonce à du Forrier qu'il sera
satisfait de l'arriéré de sa charge,
199. — Invite Gordes à surveiller
son gouvernement, 199. — Avertit
Damville de la situation de la Ro-
chelle, 199. — Recommande ses
enfants au duc de Monlpensier, 200.
— Très fâchée de la blessure de
M. de Nevers, 300. — Complimente
M. de Cossé, 300. — Donne de
nouvelles instructions à M- de
Gordes, 200. — Remercie le duc
de Nevers des nouvel Ice qu'il lui a
données de la Molle de Montgo-
mery, 20g. — Lui lait part du
tour joué par c u\ du Béarn à
M. de Gramont, 310. — Annonce
a La Mothe-Fénelon le dépari pour
Londres de Walsingham bien édi-
fié sur leurs intentions, 211. —
TABLE DES MATIERES.
Présents qu'elle lui a donnés, 211.
— Compte sur lui pour mener à
bonne fin le mariage du duc
d'Alençon, ail. — Heureuse de
la prise de Sonmiières, 211. —
Prie le duc d'Anjou de faire prendre
par celui qui commandera la com-
pagnie du sieur Cosseius les en-
seignes qu'il avait commandées,
2 12. — Se plaint à du Kerrier de
l'opiniâtreté des protestants re-
belles, 21e. — L'avertit- de la
lettre qu'il recevra pour le payement
de Mahamut, 212. — Le prie
d'avertir l'évéque de Dax de ce
qu'il a négocié avec ledit Maha-
mut , 212. — Recommande à M. de
Gordes de maintenir l'ordre en son
gouvernement, 200. — Remercie
le président de Tbou du soin qu'il
apporte à ses affaires, 201. —
S'applaudit de ce que le Roi son
fils a pu réconcilier les Vénitiens et
le Grand Seigneur, 30t. — Attend
réponse de du Ferrier pour h- pa-
quet envoyé à M' de Raudau,
201. — A communiqué au Roi son
fils l'entretien que Schomberg a eu
avec Ludovic de .Nassau, 202. —
— A vu ce qui s'est passé entre
Schomberg et le Landgrave de
liesse, 2o3. — Permet au docteur
Holman de vendre ses biens, 30U.
■ — Prie Matignon de surveiller
Montgomerv, 206. — Ne peut
gratifier Schomberg sur la recelte
de Bourgogne, 206. — A entendu
de Valenlin Drile, le nouvel ambas-
sadeur' d'Angleterre, le désir qu'a
Elisabeth de continuer leurs bonnes
relations d'amitié, 206. — Se
lou> de Walsingham son prédé-
cesseuf, 206. — Recommande à
\1. île Cordes le service du Roi son
lils. 207. — Annonce au duc de
Mootpensier l'arrivée de la flotte
de Montgomery, 207. — Avilit
les échevins de Nantes de la veflyf
de cette flotte. 208. — Renou-
velle à Elisabeth l'extrême désir
du duc d'Alençon de l'épouser.
208. — Demande pour lui une
entrevue après la prise de la
Rochelle, 208. — Annonce à
Schomberg l'envoi du docteur Cris-
pions vers la douairière de Bruns-
wick, 206. — Lui rappelle tout ce
que Charles IX a fait en laveur de
la veuve de Coligny, 206. — Ne
peul faire ce que le Landgrave lui
demande pour les enfants de Co-
ligny, 208. — Recommande à
M. de Thon les intérêts de Scipion
Sardini, 910. — Se félicite de la
paix conclue entre les Vénitiens
et le Turo, ai3. — Avertit le pré-
sident de Thou de la permission
donnée à l'évéque de Màcon de faire
une coupe de bois, 21 3. — Exprime
à Mauvissière la part qu'elle prend
à la mort de son frère, ai3. —
Poursuivra la punition de son meur-
trier, 21 h. — Lui fera donner le
château de son frère, 31&. —
Pourvoira son autre frère d l'ab-
baye de Cussy, 21 k. — S'applau-
dit du bon devoir l'ail par les soldaU
au siège de la Rochelle, ai 5. —
Prie le duc de Nevers de lui don-
ner souvent des nouvelles de ses
enfants, 91 5. — Ecrit à M. de
Thou au sujet de troubles sur-
venus à Chàteaudun, 21 4. —
Espère qui' la soumission de la
Rochelle pacifiera tout, 91 h. -
Sa lettre à M. de Gordes, 21 4. —
Demande à du Ferrier des nou-
velles de la Pologne. 21 5. — Ap-
prouve la résolution du duc de
Mentpeusier de se rendre dans son
gouvernement, 21 5. — Le lait ac-
compagner par M. de Chavigm
qu'elle promet de récompenser,
21 5. — Complimente le duc de
Mootpensier de la naissance de son
petit-fils, 216. — Accuse à Mali-
gnon réception de ses lettres, ai6.
• — Lui recommande une vigilante
TABLE DES MATIERES.
3G7
surveillance, 316. — A vu la lettre
écrite par de Thou au Roi son fils,
a 16. — Annonce à du Kerrier
que le Roi usera de la force pour
réduire ses sujets, 216. — Pré-
vient Matignon que ses compagnies
seront payées, 217. — Fait part à
La Mothe-Fénelon de l'élection du
duc d'Anjou au trône de Pologne,
317. — Espère qu'elle servira au
mariage du duc d'Alençon , 9 1 7. —
Interroge Schomberg sur l'impres-
sion produite en Allemagne par
cette élection, 218, 219. — Dé-
sire savoir de lui si le passage par
F Allemagne ne sera pas interdit au
duc d'Anjou, 319. — Prévient
M. de Cordes qu'on lui envoie
M. Dourches pour s'en servir, 319.
— Ecrit à Matignon qu'elle n'a
point eu connaissance de l'impos-
ture dont il l'entretient, 319. —
Lui renouvelle son estime, 930. —
Prévient La Mothe-Fénelon des
menées de Montgomery en An-
gleterre, 320. — En avertit le
duc d'Anjou, 220. — S'occupe de
réaliser la somme offerte par le
clergé, sgi. — Répond au cardinal
de Lorraine qu'il ne sortira pas
tant d'argent pour l'élection de Po-
logne qu'il en est sorti pour la
guerre d'Ecosse, 3 s 5. — Evalue ce
qu'en rapportera le trafic, 335. —
Expose les raisons qui déterminent
le duc d'Alençon à aller en Angle-
terre sans crainte de la défaveur
qui en pourra résulter, en cas que
le mariage ne s'ensuive pas, 221,
323. — Le Roi son fils et elle y
consentent, 322. — A fait parvenir
au d uc son fils les lettres qu'Elisabeth
lui a écrites, 323. — Fait part à la
reine d'Angleterre de l'élection du
duc d'Anjou au trône de Pologne,
223. — Annonce à Damville l'in-
tention de Charles IX d'accorder
l'évècbé d'Agde à celui qu'il dési-
gnera, 233. — Lui mande l'élec-
tion de Pologne, 3 gi. — Fera ce
qu'elle pourra pour le payement
des pensions du duc de Montpen-
sier, 236. — Est persuadée de
la satisfaction que lui a causée
l'élection de Pologne, 226. —
Invite le duc d'Anjou à se méfier
du jésuite Ayinont qui répand de
mauvais bruits, 3 35. — Lui
parle du désir que le duc de
Nevere a de le 9uivre en Pologne ,
9 2 5. — Ne lui conseille pas d'em-
mener le duc de Guise, esprit trop
brouillon, 326. — L'invite à bien
remercier Dieu de son élection au
trône de Pologne, 926. — Le prie
d'obéir aux intentions du Roi son
frère, après être entré dans la Ro-
chelle, 227. — De ne plus mettre
dans les lettres qu'il lui écrit, servi-
teur, 327. — Demande à Renée
de Fetrare la maladrerie de Gisors
pour Lovs le Vasseur, 338. —
Ecrit au duc d'Anjou que Bazin
a annoncé comme certaine la pu-
blication de son élection au troue
de Pologne, 228. — Lui l'ait part
de la prochaine arrivée des am-
bassadeurs polonais, 328. — Lui
conseille d'écrire en Pologne, mais
d'attendre pour cela l'arrivée d'un
seigneur polonais, 229. — A en-
voyé son chariot au-devant de cet
ambassadeur, 229. — Le Roi son
frère attendu, 299. — Invite
le duc d'Anjou à se faire appeler
roi, 229; — à protester de son
obéissance envers le Roi son frère,
32g. — Lui fait part du mécon-
tentement que son élection au
troue de Pologne a causé aux
Guises, 39g. — En a annoncé la
nouvelle à tous les ambassadeurs,
229. — Accuse le chiffre de la dé-
pense de cette élection, 229. —
Fait part à La Mothe-Fénelon des
propositions d'intervention soumises
par la reine d'Angleterre pour ra-
mener les sujets du Roi à l'obéis-
sance, 2 3o. — Le prie d'en savoir
les conditions, g3o. — Promet à
Saint-Moris de récompenser ses
services, 93o. — Invite Matignon
à déjouer les mauvais desseins de
Montgomery, s3i. — Charge
M. de Gordes de tenir tète à
Montbrun et à Mirebel, s3i. —
- Recommande à Matignon de
veiller sur Montgomery, 23 1.
— Invite M. de Gordes à traiter
avec MM. de Montbrun et de Mi-
rebel, 23 1. — Dément les propos
que Philippe II a fait tenir à la
reine d'Angleterre, 232. — Croit
à la mauvaise situation du prince
d'Orange dans les Pays-Bas, 23s.
— Ignore ce que Frégose rappor-
tera de Ludovic de Nassau, 233.
— A fait connaître audit Ludovic
toute leur bonne volonté, 333. —
Fait part à Schomberg de tout ce
qu'on tente pour réduire la Rochelle
par force ou par composition, 933.
— Annonce à du Ferrier que la
nouvelle de l'élection de Pologne
lui est arrivée avant qu'elle ne soit
parvenue à Venise, 234. — Espère
que rien ne s'opposera au passage
de son fils, s3lt. — Lui envoie
une lettre du sieur Grimam.
235. — Annonce à Matignon le
danger auquel le roi de Pologne
a échappé au siège de la Ro-
chelle, 3.35. — Lui fait part de sa
blessure, 3.35. — Entretient La
Mothe-Fénelon des propositions
que le sieur Franchetti lui a faites
pour assurer la pacification, 235.
— Lui raconte l'entretien qu'elle
a eu avec ledit capitaine, 235. —
S'étonne de ce que celui-ci lui a
conseillé de l'établir les prêches,
235. — Se méfie de se9 rapports,
a36. — Renseignements qu'un
gentilhomme normand lui a donnés
sur Franchetti, 236. — Sur les
menées de Montgomery en Angle-
terre, 236. — Fait parla La Mothe-
368
TABLE DES MATIÈRES.
Fénelon des offres qu'elle lui a
adressées, a 3 7. — Attend la réponse
d'Elisabeth sur le fait d'une entre-
vue, 2.37. — Parle à La Mothe
d'une visite qu'elle a reçue de
l'ambassadeur Valenlin Dale, a38.
— N'a point eu de nouvelles du
siège de Lislebourg, 238. — Pro-
teste de sa bonne affection envers
Elisabeth, a38. — Exprime au
duc d'Anjou le regret de ne pou-
voir donner la charge de secré-
taire du Roi à Iîuzé son secrétaire,
a3g. — A sa recommandation
la Guiche a été nommé capitaine de
00 hommes d'armes, 2 39. — Lui
envoie une lettre d'Elisabeth rela-
tive à l'entrevue , a3g. — Invite
le duc de Florence à croire ce que
le sieur de Ferais lui dira de sa
part, 2.3g. — S'en i apporte à M. de
Villars pour ce qui est à faire en son
gouvernement, 260. — Prie M. de
Gordes de continuer ses bons ser-
vices, 260. — Recommande à
Damville l'évéque d'AIbi qui a subi
des pertes, a '10. — Annonce à La
Mothe-Fénelon qu'elle a tout pré-
paré pour l'embarquement des
4,ooo hommes que le duc d'Anjou
doit emmener en Pologne, ail.
— Le prie de rassurer la reine
Elisabeth sur le passage de ces
troupes, 262; — de ménager
l'entrevue avec le duc d'Alençon ,
2/13. — Fait part aux princes de la
Germanie de l'élection du duc
d'Anjou au trône de Pologne, 262.
- Recommande au président de
Thou le recouvrement du don de
cent mille livres, 262. — Instruc-
tions qu'elle donne au maître des
requêtes Viart envoyé en Alle-
magne, 263. — Engage le Roi son
fils à retarder son arrivée au châ-
teau de Madrid, a'1'1. — Lui fait
connaître les empêchements mis au
départ du roi de Pologne, a '16. —
Lui enverra Gnndi pour savoir s il
veut recevoir les ambassadeurs po-
lonais, 266. — Invite le duc d'An-
jou à rassembler les 4, 000 soldats
qui doivent le suivre en Pologne,
a4o; — ■ à se servir des vaisseaux
dont il dispose, 261. — 11 aura
bientôt l'édit de pacification,
s4i. — Ecrit à Danzay, ambas-
sadeur en Suède, au sujet du
départ de son fils le roi de Po-
logne, 2/16. — Lui annonce la
prochaine arrivée dudit roi à Pa-
ris, a66. — Recommande à M. de
Gordes de continuer à bien faire,
a63. — Envoie des blancs-seings du
roi de Pologne au secrétaire d'Etat
Rrulart, 266. — L'invite à faire
partir le vidame du Mans pour le
château de Boulogne, 264. — En-
tretient du Ferrier de ce qui s'est
passé à la Rochelle, 2 45; — du
voyage de Louis de la Mirande,
365; — de celui du roi de Po-
logne, 265. — Invile de Gordes à
lâcher de faire accepter par la no-
blesse protestante du Dauphiné les
conditions de l'édit de pacification,
265. — Remercie Damville de son
offre d'accompagner le duc d'Anjou
en Pologne, 266. — Félicite le
duc de Nemours du rétablissement
de sa santé, 266. — Lui annonce
la prochaine arrivée des ambassa-
deurs polonais, 246. — N'a pas
reçu réponse du maréchal Dam-
ville sur les articles de la pacifica-
tion qu'elle lui a envoyés, 26G. —
Lui recommande de faire exécuter
les intentions du Roi, 297; — de
recouvrer une somme de 36,ooo
livres, 397. — Entretient du Fer-
rier de divers achats faits pour
elle, ail. — Remercie Gilles de
Noailles de tout ce qu'il a fait pour
l'élection de Pologne, 267. —
S'applaudit du contentement qu'a
le pape de cette élection, 268.
— En espère beaucoup pour la
religion catholique, 268. — Re-
mercie les Seigneurs de Venise de
leur démonstration favorable à cette
élection, a48. — Leur envoyé
Morosini s'est bien acquitté Ae
sa mission, 268. — Invite Damville
à diminuer la dépense des gens
de guerre, 2 '19. — Annonce h l'abbé
de l'isle de quelle sorte seront
reçus les ambassadeurs polonais,
s4g. — S'en remet à M. de Gordes
sur une lettre de Charles IX.
369. — Annonce à La Mothe-
Fénelon l'arrivée des ambassadeurs
polonais, sao. — Rend compte de
leur réception, «5o. — En désigne
deux qui se sont arrêtés en route,
s5o. — 'Espère qu'ils repartiront
satisfaits, a5o. — Exprime à Dam-
ville le contentement qu'elle a de
le voir accompagner le duc d'An-
jou en Pologne, a5i. — Recom-
mande le marquis de la Chambre
au duc de Savoie, a5i. — Solli-
cite pour son fils la compagnie
qu'il commande, a5i. — Demande
à Philippe II passage pour le roi
de Pologne par ses États, 2Ô2. —
Proteste de son amitié et de celle
de ses fils, a52. — Invite du Fer-
rier a résoudre les affaires de la
Mirande, a5a. — A négocier le
passage du duc d'Anjou par les
Etats Vénitiens, 252. — Remercie
le duc de Mantoue de la satisfac-
tion qu'il a témoignée de l'élec-
tion du duc d'Anjou au trône de Po-
logne, 2 5a. — Prendra les perles
que du Ferrier a achetées pour
elle, a54. — Envoie l'obligation
d'Adjaceto, 256. — S'applaudit de
ce que M. d'Humières est auprès
du duc de Longueville. a54. -
Accuse à M. de Danzay réception
de ses lettres, a54. — Lui envoie
celles de son fils au roi de Dane-
mark pour lui demander passage.
a56. — Lui fait part de la récep-
tion de l'ambassade polonais !
3 55. — Lettre que lui écrit la reine
Elisabeth, 256, note. — Félicite
M. de Cordes de ses bons services,
a 55. — Remercie le prince de
Toscane de l'intérêt qu'il a pris à
ia maladie du duc d'Alençon, 256.
— Voudrait que le Grand-Duc son
père pût se rétablir, 20G. — Ecrit
au duc de Savoie qu'elle lui en-
voie M. de Foix, a57- — Félicite
M. de Thou de ce que les letlrcs
du supplément à l'apanage du duc
d'Anjou ont été vérifiées par le Par-
lement, 957. — Le prie de l'aire
publier la permission accordée au
duc d'Anjou de faiie couper des
bois de liante futaie pour recouvrer
de l'argent pour son voyage, a58.
— Écrit à Ferais au sujet des accu-
sations portées contre M. de Foix,
s58. — Le prie d'insister auprès
du pape afin qu'il ne refuse plus
de le recevoir, 258. — Ecrit pour
le même sujet au pape, a5S. —
Intervient dans les affaires do la
Mirande, 20g. - - Y envoie du
Ferrier, 261. - - Sa lettre au
pape en faveur de la nomination
de M. de Foix ou cardinalat, 259.
— Regrette la mauvaise intelligence
survenue entre la comtesse de la
Mirande et son beau-frère Loys Pico,
2 Sa. — Écrit à ce sujet à Loys
Pico, 309. — Félicite le cardinal
d'Armaguac d'avoir ménagé une
bonne paix avec le gouverneur
d'Orange, 260. -* Fait visiter le
duc de Mantoue par M. de Foix,
a0o, — Insiste auprès de du
Ferrier, afin qu'il se rende à la
Mirande, 261. — Remercie M.
de Varennes d'avoir facilité le
retour de Mandai, 261. — Com-
plimente M. de Danzay, 261. —
S'en remet à Cbarles IX pour lui
tracer une ligne de conduite auprès
du roi de Danemark, 262. — Ecrit
au pape au sujet de l'archevêque
d'Embrun , 962. — Invite Tavannes
à veiller sur son gouvernement de
TABLE DES MATIÈRES.
Bourgogne, 2G3. — Désire le
retour du maréclial Damville dans
le sien, 363. — RemercieM.de
Rambouillet de ses bons services
en Pologne, 26/1. — Exprime
à Damville son regret du non-
licenciement des Suisses, 264.
A chargé Mandelot de recou-
vrer l'argent pour leur paye, a64.
— Se félicite dans une lettre
à M. de Rambouillet des bonnes
nouvelles apportées de Pologne par
Bazin, 26A. — Annonce le départ
du roi de Pologne son fils, 3 64. —
Demande une réponse sur le mé-
moire qu'elle lui a remis au départ,
266. — Annonce à Charles IX
la venue de deux ambassadeurs
polonais, 265. — Le prie de leur
écrire de venir la rejoindre, 265.
— Presse Bellièvre de faire partir
la levée des six mille Suisses, 265.
— Lui annonce l'envoi de M. de
Hautefort, 265. — Regrette que
l'indisposition du duc de Nemours
l'empêche de venir la voir, 266.
Prévient Charles IX qu'elle va
accompagner le roi de Pologne
jusqu'en Lorraine, 9(i6. — Lui
détaille son itinéraire, 966. — Lui
annonce l'arrivée des ambassadeurs
anglais, 266. — Ecrit à la reine
Elisabeth qu'elle s'est entretenue
avec Randolph au sujet du traité de
commerce proposé, 260. — Donne
une décharge à Villequier des
bagues du roi de Pologne, 368.
— Invite Bellièvre à prendre ses
précautions en traversant l'Alle-
magne, 269. — Fait présent d'une
chaîne d'or à Randolph, 968. —
Entretient La Mothe-Fénelon de la
mission de Randolph, 967, 968.
— Lui parle de la bonne impres-
sion qu'il a eue en voyant le duc
d'Alençon, 269; — du traité de
commerce qu'il lui a proposé,
368. — Se plaint à Bellièvre de
n'avoir nouvelles ni de lui ni du
Catherine de Mkdicis, — iv.
369
roi de Pologne, 970. — Détails
que lui donne Schomberg sur le
voyage du roi de Pologne, 970,
nole. — Envoie une lettre à M. d<'
Rambouillet par 1'enlremise de
M. de Nozerolles, 269. — Lui
annonce la venue de l'homme du
sieur Bazin , 269. — Prévient M. do
Bellièvre de son arrivée à Reims.
o™ — Recommande à M. de
Thou la justice de sa cause à feu-
contre des prétentions du duc de
Montpensier, 273. — Annonce
son retour de Lorraine à du Fer-
rier, 273. — Lui fait part des
motifs qui l'ont décidée à donner
le titre d'ambassadeur à M. de
Foix, 972. — Ecrit au duc de
Ferrare au sujet de la mort de la
duchesse, 271. — Se joint à
Charles IX pour recommander à
Damville de mettre lin aux
troubles du Languedoc, 272. -
Offres de vin de Gascogne qu'elle
fait à la reine Elisabeth, 276. —
Craint de ne pouvoir châtier le
capitaine Normand, coupable de
déprédations, 97 i. — Parle à La
Mothe-Fénelon de son séjour à
Ccmpiègne, 276; — des chasses
de Charles IX, 97^1. — Le prie
do tout faire pour le mariage du
duc d'Alençon, 973. — L'invite
à montrer sa lettre à Elisabeth,
373. — Fait de nouvelles recom-
mandations à Damville au sujet de
la conférence qu'il doit avoir avec
ceux de la religion, 97.3.
Annonce à La Mothe-Fénelon la
découverte d'une nouvelle conspi-
ration, 275. -- Écrit à M. de
Bellièvre au sujet de l'argent dont
son fils le roi de Pologne a besoin
d'être secouru, 275. — Remercie
le vidame de Chartres des preuves
de son dévouement, 276. — En-
voie La Guesle parler de sa part
au président de Thou, 976. —
Remet une lettre pour du Ferrier
r*riUMLnH NATIOKAW.
:S70
aux gens de M. <lc Foix, 376. —
Écrit à Philippe II pour se condou-
loir de la mort de la princesse sa
sœur, 377. — Lui recommande ses
petites-filles, les Infantes, 377. —
Écrit pareille lettre à la reine d'Es-
pagne, 277, 278. — Prie du Fer-
rier d'emprunter deux cent mille
écus pour son fils le roi de Pologne,
377. — Recommande de nouveau
à La Môthe-Fénelon la négociation
du mariage de son lils d'Alençon
avec Elisabeth, 278. — Attend le
résultat de la conférence de Dam-
ville avec ceux de la religion, 37g.
— Prie M. de Thou de mettre
une bonne fin à ses dettes, 379. —
Remercie M. de Rambouillet de ce
qu'il a fait en Pologne, 37g. — L'en-
tretient de questions d'argent, 380.
— Transmet à du Ferrier l'offre
que lui a faite le sieur Avogadre
d'une place en Italie, 380. — En-
voie pour cela M. de Montmorin,
280. — Le prie de trouver des
prêteurs à Venise, 280. — De-
mande à M. de Rambouillet des
nouvelles de la réception du nou-
veau roi de Pologne en son royaume,
281. — Entretient La Mothe-Fé-
nelon des propos tenus par l'am-
bassadeur d'Angleterre à Gondi et
des chances du mariage du duc
d'Alençon avec Elisabeth, 28 J. —
Fait part de la réclamation d'un
pastel par Vclutclli au baron de la
Garde, 282. — Remercie Velu-
telli de ses bons offices pour la né-
gociation du mariage du duc
d'Alençon, 283. — Fait part à
M. Viart de ce que le Roi a décidé
pour désintéresser le duc Casimir,
283. — Prii; Philippe II de faire
don au Roi son fils de la part à
laquelle il peut prétendre sur un
prisonnier turc, s83. — Remercie
M. île Rambouillet d'avoir assisté
aux funérailles du roi Sigismond,
3K'i. — Écrit à Elisabeth pour
TABLE DES MATIERES.
la remercier de sa bonne résolu-
tion d'épouser le duc d'Alençon,
285. — Loue le maréchal Dam-
ville de ses bons services, 286.
— Lui donne de meilleures nou-
velles de la santé de Charles IX,
385. — Prie le président de Thou
d'expédier des lettres patentes pour
la vente des bois de l'abbaye de
Valsery, 287. — Annonce à Mali-
gnon qu'elle a reçu les lettres où
il lui rend compte de la situation
de la Normandie, 388. — Lui
écrit au sujet de Alontgomery,
288. — Compte sur lui pour le
prendre, 288. — Félicitations
qu'elle fait à AI. de Bourdeilles,
28g. — Recommande à M. de
Thou la veuve de .lacquelot, maré-
chal des logis de la reine sa fille,
38g. — Lui recommande égale-
ment le procès de Madame de Alar-
tigues, 289. — Répond à Dam-
ville au sujet des conditions pro-
posées pour pacifier le Languedoc,
297. — Rassure le duc de Savoie
sur la santé de Charles IX, 2g7.
— Informe Damville de l'abou-
chement qui a eu lieu entre Biron
et AI. de la Noue, 290. — A
donné ordre d'étendre les instruc-
tions données à Strozzi, 390. —
Ecrit à M. de Haulefort au sujet
de la levée des Suisses, 391. —
Ecrit à Damville qu'elle espère que
l'arrivée auprès de lui de Saint-
Sulpice et de Villeroy lui permet-
tra de traiter de la paix, 291. —
Annonce à du Ferrier la dernière
conspiration découverte au château
de Vincennes, 292. — Alande à
Damville la défaite du comte Ludo-
vic de Nassau, eg.'j. — Espère
qu'elle aidera à la pacification du
Languedoc, 39.). — Ecrit à AI. de
llautefort au sujet de la solde des
Suisses, 396. — S'en remet à une
lettre écrite par Charles IX à Al. de
Bourdeilles, 39'j. — S'applaudit
dans une lettre à La AIothe-Fénelon
des bonnes dispositions de la reine
d'Angleterre , sg5. — Refuse à ladite
reine la grâce de La Mole qu'elle
lui a demandée, 3g5. — Fait part
au procureur général La Guesle
de révélations de Ruggieri, 397.
— Le prie de les communiquer an
président Hennequin, 297. — Lui
enjoint d'obtenir de lui la vérité,
297. — Invite Matignon à ne pas
laisser échapper Alontgomery, 298.
— Invite le président de Thou
à faire expédier les lettres de provi-
sion de Rrachet, nommé con-
seiller au siège présidial d'Orléans,
3oo. — Écrit à Damville qu'elle
espère qu'il parviendra à pacifier le
Languedoc, 3oo. — Demande à
Matignon ce qu'il espère de la prise
de Domfront, de Saint-Là et de
Alontgomery, 3oi. — Ecrit à La
Alolhe-Fénélon, à l'occasion de
l'exécution de La Alole, 3o3. —
Rappelle celle de Norfolk, 3o3. —
Voudrait que la reine Elisabeth
s'ouvrit à La Alothe de ce qu'elle
ne veut dire de bouche, 3o3. —
Donne des détails sur l'état de la
santé de Charles IX, 3o.3. — Pi i ■■■
Matignon de l'informer de ce qu'il
a pu faire au siège de Domfront,
3o5. — Lui envoie les nouvelles
de la Guyenne, 3o5. — Becom-
mande aux échevins de Rouen
d'aider au recouvrement d'une
somme de quarante mille livres.
3o5, 3ofi. — S'en remet dans une
lettre à du Ferrier à celle que le
Roi lui adresse, 3o6. — Ecrit à
François de Alédicis à l'occasion de
la mort de son père, 3o3. — Ecrit
également à la grande-duchesse de
Toscane, 3o3 ; — à Piélro de Mé-
ditas, 3o5. — Ecrit au duc de Ne-
mours au sujet du comte de liesse
fait prisonnier, 3o(>. — Félicite A(a-
tignon de la réduction de Domfront
et de la prise de Montgomery,
3o8. — Fait part a» duc de Fer-
rare de la mort de Charles 1\,
3og. — Lui annonce qu'elle est ré-
gente, 309. — Annonce au roi de
Pologne la mort de Charles IX,
3 10. — Conseils qu'elle lui donne
pour l'itinéraire de son retour,
3 10. — Joie qu'elle a de le
revoir, 3n. — Voudrait que le
royaume de Pologne lui demeurât
ou à son frère, 3 13. — Conseils
qu'elle lui donne, 3 12. — An-
nonce à Matignon la mort de
Charles IX et le choix qu'il a fait
d'elle comme régente, 3i3. — Lui
recommande de maintenir l'ordre
dans son gouvernement et d'écrire
au roi de Pologne, 3ia, 3 1 3. —
Décrit la maladie du Roi, 3i3. —
Enjoint à Matignon de remettre au
sr de Lavardiu la compagnie du
capitaine La Bastille mort récem-
ment, 3i3. — Prie M. de Gué-
méné de choisir pour guidon de
sa compagnie de gens d'armes le
s' de Boisdoré, 3i5. — Écrit à
Madame de Guéméné de ne pas
faire opposition au mariage de Gil-
lette de Quelen avec Bonin, l'un de
ses maîtres de requêtes, 3 16. —
Presse M. le président de Thou de
faire publier l'édit sur la création
d'un maître des requêtes, 317.
— Transmet l'ordre de prendre
dans tous les ports les vaisseau* de
la Meilleraie, 317. — Donne des
instructions au comte de Choisy
au sujet de la forêt d'Orléans, 3 1 7.
— Sa lettre au sujet de la reddi-
tion prochaine de la Rochelle,
3.7.
Médicis (Cosme de). Lettre que lui
écrit Catherine au sujet du titre de
grand-duc de Florence qui lui est
disputé par l'empereur Maximilicn ,
îG, 17. — Elle le pn'e d'insister
auprès de Pie V, afin qu'il aban-
donne Avignon au duc d'Anjou,
17. — Lui recommande Françoisel
TABLE DES MATIERES.
Emilio Boivin, père et fils, 20. —
Lettre qu'elle lui adresse au sujet
de la succession des Médicis, 37.
— Prié de recommander au Saint-
Père le chevalier de Seurre, 4i, 42.
— D'appuyer la candidature du
cardinal de Ferrare à la papauté,
42, 43. — Lettres qu'il reçoit
d'elle au sujet du nouveau pape,
46; — au sujet du comte de
Gayasso, 46. — Au sujet des biens
des Médicis en Italie. 47. — Re-
mercié de son intervention en faveur
du comte de Gayasso, 49. - — Pré-
venu que l'ambassadeur d'Espagne
assure qu'il a cédé Sienne à don Juan
d'Autriche, 4 9. — L'accident de
Charles IX à la chasse lui est
mandé, 4g. — Chargé d'intervenir
en faveur de M. de Seurre pour l'ob-
tention du prieuré de Champagne,
55, 56. — Difficultés que soulève
son élévation au titre de grand-duc
de Toscane, 68, 69. — Catherine
prend fait et cause pour lui , 6g. —
E-4 avisé du mariage de Marguerite
de Valois avec le prince de Navarre ,
76. — Prié d'intervenir auprès
du pape pour la dispense néces-
saire, 76. — Lettre confidentielle
que Catherine lui adresse, 77. —
Prié de lui envoyer des ouvriers
pour dresser une cassine, 78. —
Le comte de Petilliano lui est re-
commandé, 79. — Son intervention
réclamée pour la dispense, 79. —
Catherine lui propose de s'entendre
directement avec elle pour régler
la succession des Médicis, 110.
— Elle lui remontre la nécessité
de choisir un bon pape, 101. —
Complimente . Catherine pour la
Saint-Barthélémy, 127. — Nou-
velle lettre qu'elle lui écrit au sujet
de la succession des Médicis, 1 33.
— Ferrand Vitelli lui est recom-
mandé, 1 5g. — Prié de lui faire
restituer son héritage, i5g. —
Prié de croire ce que M. de Fe-
371
rais lui dira de la part de Cathe-
rine, 23g. — Triste état de sa
santé, 2 56. — Intérêt qu'y prend
Catherine, a56. — La nouvelle de
sa mort apportée par lloratio del
Monte, 307.
Médicis (François), gg, note. — Fé-
licite Catherine à l'occasion de la
Saint-Barthélémy, 128. — Remercié
par elle de l'intérêt qu'il lui a té-
moigné à l'occasion de la maladie
du duc d'Alençon , 256. — Son ré-
tablissement, lui est annoncé, 2 56.
— Catherine souhaite qu'il en soit
de même pour le grand-duc son
père, dont la sauté est très com-
promise, 356. — Compliments de
condoléance qu'elle lui adresse à
l'occasion de la mort de son père,
307. — Eloge qu'elle en fait, 256.
— N'a osé en faire part au Roi son
fils, si malade lui-même, 256.
Médicis (L'archevêque Julien de),
recommandé par Catherine au duc
de Ferrare, 92.
Médicis (Piélro de). Lettre que lui
adresse Catherine à l'occasion de la
mort de Cosme de Médicis, 307.
Médicis (Succession de la maison de),
33, 45, 110, i33.
Médim Celi. Sa fille promise au fils
du prince d'Orange, ig3, note. —
Son voyage dans les Flandres, g8.
Meliin, 188.
Mendose, io5.
Metz. Rien de changé à l'état dos pro-
testants de Metz, 4o, 52. — Préten-
tions sur Metz de l'empereur Maxi-
milien, 120, note. — Meurtres
commis à Metz, i43.
MÉZlÈnES, 18.
Milan, 8, note; 1 43, note.
MiiriMiE (La comtesse de la). Ses dé-
mêlés avec Loys Pico, i84, note.
— Affaires qui la concernent re-
commandées par Catherine el
Charles IX à du Ferrier, 252, note.
MlRANDE (Louis DE LA), 202.
Mikakde (La ville de la), a53, note.
47.
372
Mibasdk (Les affaires de la), conDées
à du Ferrier, 20-1.
Mmoti.lM. de), mis sous la surveil-
lance de M. de Gordes, 9.3 1.
Mole (La). Propositions qu'il soumet
à la reine Elisabeth, 18G, note. —
Emprisonné et mis entre les mains
du Parlement, 99-?, note. —
Figures de cire trouvées à son
logis, ao5. — Intervention de la
reine Elisabeth en sa faveur, 295.
— Joie du roi de Pologne en appre-
nant son arrestation, 395, noie.
— Refus de sa grâce par Cathe-
rine à Elisabeth, 2g5. — Ques-
tions faites sur lui à Cosme Rug-
gieri, 296, note. — Sa grâce de-
mandée par le duc d'Alençon , 3o3 ,
note. — Son supplice, 3oi, note.
Moncal (L'avocat général de), envoyé
par Catherine auprès du maréchal
Damville, îio.
Monceaux, 1,2,3,17, 5a, 53, 54,
55, 56, i45, note; 229, 23o,
a58, 260.
Moncnv (M"' de). Projets de mariage
pour elle, 1 58. — Sa filiation,
1 58, note.
Mobdodcet. Dénonce à Charles IX la
mauvaise volonté des Espagnols,
a36, note. — Lui annonce la dé-
faite du comte Ludovic de Nassau,
29 3, note.
Mondkagon (Les* de), 1 86.
Monlic, évèque de Valence. Désaveu
quelui adresse Catherine des propos
de Manègre, 116. — Assuré du
bon vouloir de Charles IX, 117. —
Une lettre de change lui est en-
voyée par Catherine à Cracovie,
16a. — Lettre écrite par elle à
du Ferrier à son sujet, 168,
169. — Prévenu que le Laski
a été gagné par les présents de
l'Empereur, 169. — Chargé de
le reprendre par le moyen d'une
femme, 170. — Argent qu'il reçoit
de Scbomberg pour favoriser l'élec-
lion du duc d'Anjou, 918, note.
TABLE DES MATIERES.
— Cité, 228. — Sa harangue
aux Etats de Pologne traduite en
français, 999, note. — Envoie de
Pologne Bazin porter des nouvelles,
234, note. — Inslruit le Roi de
ce qui s'est passé en Pologne, 234,
note. — Cité, 25a.
Muwrns, trouvé dans le Louvres la
veille de la Saint-Barthélémy, i3i,
note.
Mous (Extrémité des assiégés de),
109, note.
(Les prisonniers de), 10g.
— Leur mort demandée , 1 1 5 , note.
Montafié (Le jeune). Se cache dans
Paris, i44, i65.
Montaigne. Son,déparl pour l'Espagne
retardé par la Saint-Barthélémy,
1 j 5, — Chargé de visiter les In-
fantes, i34. — Son retour, i48.
Mohtataibb (M. de), 29 1, note.
Montauban (Lettre des habitants de),
acceptant les conditions de la pa-
cification, 24g.
Montbazor. Lettre qu'il rapporte à
Catherine, 2go.
Montbren (Le s' de), mis sous la sur-
veillance de M. de Gordes, 201. —
Trouble le Daupbiné, 261.
Montfebbant (M. de), 2g 1, note.
Montgomerï. Son extradition deman-
dée, 126. — Catherine consent à
la vente de ses biens, 12 G. — Ses
préparatifs d'attaque annoncés par
Catherine au duc d'Anjou, 173. —
Inquiétudes que causent ses menées
en Normandie, 1 83. — Secours qu'il
reçoit en Angleterre, ig3, note.
— Ses projets signalés par Sigognes,
1 96. — Recommandé à loule la
surveillance de Matignon, 206. —
Son arrivée annoncée par Catherine
au duc de Montpensier, 907. —
Annoncée également par CharleslX,
au duc d'Anjou, 207, noie. —
Cherche à soulever In Normandie,
316, note. — Ses armements en
Angleterre, 220, 921, note. —
Elisabeth se sert de son nom pour
traverser les desseins de Charles IX,
22a, note. — Matignon prévenu
qu'il s'est retiré en Angleterre,
a3i, note. — Ses mouvements
signalés, 23 1, — Son échec en ve-
nant secourir la Rochelle, a3i,
note. — Charles IX prescrit à Mali-
gnon d'empêcher qu'il ne débarque
en Normandie, a3l, note. — Il
espère toujours pouvoir secourir la
Rochelle, a36. — Part pour l'Ir-
lande, 337. — Offres que lui fait
Charles IX, 237. — Se propose de
retourner au secours de la Rochelle,
i36. — Catherine disposée à traiter
avec lui, 237. — Son voyage en
Flandre, 2*38. — Matignon reçoit
ordre de le prendre, et de faire en
sorte qu'il ne s'échappe, 988.
— Catherine désireuse de l'avoir
entre ses mains, 398. — Pour-
suivi par Matignon, 298. — Sa
lettre à Burghley où il lui parle de
ce qu'il a fait en Normandie, 998,
note. — Enfermé dans le donjon de
Domfront, 3oo, note. — CharleslX
veut l'avoir mort ou vif, 3o4 , note.
— Sa prise par Matignon, 3o8.
MoNTGOMERÏ (M°" DE), 230.
Montldet, envoyé par le duc de Nevers,
190.
Montmorency (Le maréchal François
de). Le vidame de Chartres s'ouvre
à lui d'un projet de mariage du
duc d'Anjou avec la reine Elisabeth,
7, note. — Atlendu à Paris, pour
réprimer une émeute populaire,
85 , note. — S'emploie en faveur de
la ligue avec l'Angleterre, 98, note.
— Recommandé par Catherine au
comte de Sussex, et à lord Burghley,
101. — Sa réception à Londres,
io3, note. — Entretient Catherine
du mariage du duc d'Alençon ,111,
— Chasse avec le roi à Compiègne.
976. — Repousse une attaque sur
Mantes, 287, note. — Mis à la
Bastille, agi.
MoHTHOBU (M. de), 331. — Sa mis-
sion en Allemagne, 2 45, note. —
Porte une lettre de Catherine au
duc d'Anjou, sa4. — Communi-
cation qu'elle lui fait, aa5. —
Envoyé en Italie, 280.
Monti'lnsieh ( Le ducDE). Procès qu'il
a au Parlement recommandé par
Catherine, 100. — Prié par elle
de servir de père à ses fils, 166.
— Remercié de son intention d'al-
ler rejoindre le duc d'Anjou, 1(16.
— Sansac lui est envoyé par
Catherine, 167. — Complimenté
de sa bonne volonté, 17a. — Prié
par Catherine de veiller sur ses fils,
175. — Regrets qu'elle lui exprime
de ne pouvoir l'aire droit à sa de-
mande d'une abbaye pour Sansac,
177, — Chargé d'empêcher les fils
TABLE DES MATIERES.
de Catherine de trop se hasarder au
siège de la Rochelle, 1 83. — Ils lui
sont de nouveau recommandés,
aoo. — Prévenu par Catherine de
l'arrivée de la flotte de Mont-
gomery, 207. — Approuvé de se
rendre en son gouvernement, 21 5.
— Chargé par Catherine de dire à
M. de Chavigny qui l'accompagne,
que ses services seront récompensés,
21 5. — Assuré du payement de
ses pensions, aa6. — Satisfaction
qu'il a dû recevoir de l'élection de
Pologne, 226. — Félicité par
Catherine de la naissance de son
petit-fils, 226. — Son procès, 28g.
Montpellier (La recette générale de),
210.
Montrichard (La seigneurie de),
273
comprise dans les lettres de supplé-
ment à l'apanage du duc d'Anjou,
a37.
Montiujel (M. de), créé grand prévôt
de France, 56.
Morosini (Jehan-François), envoyé
en France à l'occasion de l'élection
de Pologne, 298.
Morton (Le comte de), assiège Lisle-
bourg, 181. — Nommé régent
d'Ecosse, 181, note.
Mobvilhebs, chargé de pénétrer les
menées du capitaine Franchetli,
a36. — SI. Levayer lui raconte
l'arrivée du duc d'Anjou dans son
royaume de Pologne, 286.
Moscovite (Le). Promesses que lui fait
l'empereur Maximilien, 171, note.
Mulhausen (Diète de), 121, note.
Nakçay (M. de). Sa lettre sur le siège
de la Rochelle, 1 83 , note. —
Lettre qu'il reçoit du roi de Po-
logne au sujet de La Mole et de
Coconas, 2g5, note.
Nancy, aCi , note; a65.
Nantes (Les échevins de), prévenus
par Catherine de la venue de la
flotte de Monlgomery, a 08.
Nantobiilet (M. de), i45.
Naples (Le royaume de), 8, note.
Nassau (Jean de). Va trouver l'élec-
teur de Cologne pour le détacher
de la maison d'Autriche, 200, note.
Nassau (Ludovic de). Vaisseaux soi-
disant envoyés par lui de la Rochelle
en Picardie, 64. — Laisse un
homme de confiance à Iîlois, 70.
— Fourquevaux chargé d'expli-
quer et de justifier son séjour à la
cour, 77. — Charles IX en donne
les raisons, 77, note. — Désavoué
par Charles IX, 100, note. —
Traité favorablement par le duc
d'Albe, 1 34. — Accusé de vouloir
secourir la Rochelle, 1 85. — Sa
N
conférence avec Scbomherg, 20a,
ao3, note. — Négocie avec
Charles IX par l'entremise de Fré-
gose, 233. — Mémoire soumis
par lui à Charles IX, 282, note.
— Explique les motifs de la gé-
nérosité à son égard du duc d'Albe,
233, note. — Scbomberg approuvé
d'avoir renvoyé son agent, s34,
note. — Cité, 370. — Attendu à
Sedan, 298. — Sa défaite annon-
cée par Charles IX au prince de
Condé, 3Q.3, note.
Navarre (La reine Marguerite de). —
Voir Valois.
Navarre (Henri de). Son projet de
mariage avec la reine Elisabeth
écarté, 69, note. — La religion,
seul obstacle à son union avec Mar-
guerite de Valois, 70 , note. — Son
mariage avec Marguerite annoncé
par Catherine à M. de Ferais, 75.
— Sa mère refuse d'y consentir,
75, note. — Attendu prochaine-
ment à la cour, 87. — Ron espoir
exprimé par Catherine pour la con-
clusion de son mariage, 87. — ■ Ce
que dit de lui Saint-Gouard au se-
crétaire d'État Cayas, 97, note. —
Avantages que Catherine attend de
celte union, 98. — Dispense de
son mariage sollicitée du pape Gré-
goire XIII, 106, 107. — Nouvelles
instances pour l'obtention de cette
dispense, 110. — Présenté par
Ferais au Saint-Père comme devant
accepter les conditions que Sa
Sainteté désire, 111. — Ne peut
se rendre en Réarn, 1 13, note. —
Absolution sollicitée par Catherine
pour lui, 1 34. — Dispense envoyée
pour lui par Grégoire XIII, i44.
— Cité, a33, note. — Sa tentative
d'évasion, 292, note. — Assure
Catherine de sa soumission au roi
de Pologne, 3 10.
Nemours (Duchesse de). Catherine
regrette de la savoir malade et de
n'avoir pu satisfaire à la demande
du duc son mari, 34. — Lui fait
part de la grossesse de la reine sa
belle-fille, 34. — Lettre qu'elle
37/i
TABLE DES MATIÈRES.
écrit au sujet do la mauvaise sauté
du duc. If]. — Catherine lui parle
de la reine sa belle -fille, toute
apprivoisée, 47. — Heureuse de
la savoir à Paris et le duc guéri,
/in. — Prévenue de la guérisou de
Charles IX à la suite d'un accident
de chasse, 4 g. — De l'arrivée pro-
chaine du prince de Navarre, et de
la bonne espérance de son mariage,
87. — Désirée et attendue à la
cour, g5. — Accouche d'un fils ,1 3o.
Nemours (Duc de). Catherine fait
demander des nouvelles de sa ma-
ladie, 3, — Regrets cpj'elle lui
exprime de ne pouvoir lui ac-
corder ce qu'il lui demande, 34.
— S'en va en Savoie, 34. — At-
tendu par Catherine, g3. — In-
vité de hâter sa guérison, afin
de venir pour les couches de la
jeune reine, 93. — Choisi pour
témoin du baptême de la fille de
Charles IX, 161, note. — Félicité
par Catherine du rétablissement
de sa santé, 2/16. — Prévenu du
retour de la Rochelle des ducs
d'Anjou et d'Alençon, 2/1 fi; — de
la prochaine arrivée de l'ambassade
polonaise, 266. — Instructions
que lui donne Catherine au sujet du
comte de Hesse qui a été pris, 3o6.
Neitville (De), 2i3, 216.
Xevers (Le duc de). Chargé par Ca-
therine de maintenir l'ordre dans
Paris, 1 64. — Complimenté pour
l'y avoir maintenu, i45. — Re-
mercié par Catherine pour nouvelles
données de ses fils, 1C6. — Re-
grets qu'elle lui exprime de la mort
du duc d'Auinale, 180. — Avertit
Catherine de la venue de Mont-
gomery, 209. — Prévenu par elle
du tour joué par ceux du Béarn à
M. de Gramont, 210. — Lettre
qu'elle lui écrit au sujet du siège
de la Rochelle, 19g. — Sa bles-
sure, 200. — Lettre où Catherine
lui témoigne sa satisfaction du bon
devoir des troupes au siège de la
Rochelle , 2 1 5. — Nouvelles lui sont
demandées des ducs d'Anjou et
d'Alençon, 21 5. — Offre de suivre
le duc d'Anjou en Pologne, 225.
— Catherine heureuse de sa dé-
termination, 2 2 5. — Elle lui fait
part du regret que lui cause le
départ du duc, 228. — Le prie de
tâcher d'en finir avec le siège de la
Rochelle, 228. — Accompagne le
roi de Pologne , 266, note. — Lettre
qu'il reçoit de Catherine au sujet
la reddition prochaine de la Ro-
chelle, 317 (appendice).
Nevbm (Duchesse de). Accouche d'un
fils, 181.
Noailles (François de), évêque de
Dax. Lettre que Catherine le prie
d'écrire au duc d'Anjou pour le
décider à épouser Elisabeth, 62.
— Sa révocation d'ambassadeur
à Constantinople désirée par le
pape, 1 33 , note. — Renvoyé à
Constantinople, 2 34, note.
Noailles (Gilles de), abbé de l'Isle,
229, Dote. — Remercié par Ca-
therine de ce qu'il a fait pour
l'élection de Pologne, 297.
Norfole. Argent que Walsingham
prétend que La Mothe-Fénelon a
remis à 'ses secrétaires, 71. —
Aucune confidence en ce qui re-
garde son procès n'est faite à Ca-
therine, 3o3.
Normandie (La), 120, 291, 298, note.
Norris (L'ambassadeur). Ses lettres à
Cécil et à la reine Elisabeth , 4 ,
note; 1 2, note.
Novaille (L'abbaye de la). Refusée à
M. de Sansac, 177.
Novio (Le négromancien). Enfermé
à la Conciergerie, 3o4, note.
.\0zEn0LLEs (M. de). Porteur d'une
lettre de Catherine, 26g.
Nozières (Loys de). Son procès contre
les manants d'Orléans, 107.
0
Odrï (Vincent). Nommé lieutenant
général au bailliage de Gien, 95.
Ohem (Le docteur). Très favorable
aux protestants de France, 270,
note.
Olivarès (Le comte d'). Envoyé par
Philippe II à la cour de France,
35. — Détails sur lui, 37, 38,
note.
Orange (Guillaume de Nassau, prince
d'). Cité, 8, note. — Défendu par
Catherine de toute participation
avec ceux de la Rochelle, 70.
— Non combattu, 11 5, note.
— Cité, 194, note. — Phi-
lippe II veut le faire tuer, 197. —
Propositions laites en son nom à
Charles IX, 2o3. — Son armée
de mer battue par le duc d'Albe,
23a. — Ses affaires jugées par
Catherine en mauvais étal, 232.
— Renfort que Monlgomery es-
père de lui, 237.
Orange (Le gouverneur d'). Son ac-
cord avec le cardinal d'Armagnac,
260.
Orléans (Meurtres commis à), i43,
note; l53 , noie.
( Les bouchers d' ). Leur procès ,
i37.
(Forêt d'), 3 16.
Orsay (Le capitaine). Envoyé en mis-
sion en France par Elisabeth .
237, note.
Orsini. Voy. Ai.fonsina.
Outf.. Voy. Morte.
Orthez, 273, note.
TABLE DES MATIÈRES.
375
Paistob (Le capitaine). Blessé à Pas-
saut de Domfront, 101, note.
Paiatin (Le comte). Visité par Scliotn-
berg, So, note; 123, note; 20a,
note. — Son agent soupçonné par
Catherine, i3a. — Schomberg in-
vité de nouveau à le visiter, i43,
note. — Cité, 260, note. — Es-
corte le nouveau roi de Pologne,
270, note.
Pascallieb (La comtesse de), ao.
Paris, 2, 5, i4, i5, ig, 30, 2 g, 38,
3g, 4o, 43, 46,48,5g, 66, 87,
100, 10g, n4, 116, 117, 118,
11g, îao, i3a, i34, 1 35 , 1 36 ,
1.37, i3S, i-3g, i4o, i4i, i44,
i46, 147, i48, i4g, i5o, i5i,
i52, i54, i55, i56, 157, 1 58,
i5g, 160, 161, 16a, 1 63 , i64,
1 65 , 166, 168, 16g, 170, an,
224, 228, 3.36, s3g, 25o, 25i,
202, 253, 254, 271, 286, 28g.
( Les échevins de). Catherine les
remercie de la part qu'ils ont prise
au mariage de Charles IX, ig. —
Leur envoie le discours qui a été
fait des cérémonies, 1 g. — Chargés
par elle d'emprunter cent mille
livres, 52. — Remerciés de leurs
bonnes démonstrations pour le ma-
riage du Roi, 84. — Réprimandés
pour retard apporté au transport de
la croix de Gaslines, S4. — Chargés
de punir les auteurs des troubles,
85. — Cités, io3.
(Les gens du Parlement de),
invités par Catherine à vérifier les
lettres de la création de la charge
de grand prévùt en faveur de M. de
Monlluel, 56. — Catherine leur
écrit que le Roi entend que son édit
sur la création des états de garde des
sceaux soit exécuté, gi.
Pablemem. Voy. Paris.
Parme (La duchesse de). A l'usufruit
des biens de Catherine en Italie,
47. — Loue d'elle un palais, 1 36.
Parme (Le duc de), 227, note.
Pays-Bas (Les). Préservés par Ca-
therine d'une invasion des hugue-
nots, 3o, note; 108, 1 1 5 , 11g,
ig4 , ig8, 232, note.
Pays-Bas (Conquête des), 63.
(Les troubles dns), io4, note.
(Pacification des), 208.
l'i ROHKB, 2.
(L'église de), 3o.
Petrccci (L'ambassadeur florentin).
Cité, gg, note. — Invité par Ca-
therine à appuyer auprès du duc
de Florence la candidature du car-
dinal de Fertare à la papauté, 102.
Pezéms. Conférence qui y est tenue
par Damville avec ceux de la reli-
gion, 27g, note.
Pfïffer, colonel suisse. Refuse de
prendre le commandement des
Suisses, ig3, note.
Puilippe II. Catherine le remercie de
l'envoi d'un cheval, 1. — Attend
sa réponse au sujet du mariage de
Portugal, 6. — Ecrit à Catherine
que sa seconde femme aura soin de
ses petites-filles, i.3, note. — Ca-
therine craint qu'il n'entre en
jalousie si Pie V intervient trop os-
tensiblement dans la négociation
du mariage de Marguerite de Valois
avecdom Sébastien, i4. — Prévenu
de la convalescence de la jeune
reine de France, 2g. — Remercié
par Catherine de l'envoi du comte
d'Olivaies, 35. — Assuré de son
amitié et dévouement, 37. — Ras-
suré sur les bruits de guerre,
4 ! . — Félicité sur la grossesse de
la reine sa femme, 4i. — Lettre
qui' lui adresse Catherine par Gondi,
48. — Prévenu qu'elle a caché
au Roi son fils certains propos pour
maintenir entre eux un bon accord,
48. — Marques d'affection que lui
témoigne Catherine, 5i. — Plaintes
qu'elle lui adresse au sujet des
mauvais procédés de son ambassa-
deur Alava, 58, 60. — Prévenu
de sa fuite de Paris pour éviter de
prendre congé du Roi ,61. — Prié
par Catherine de le réprimander
sévèrement, 61. — Fourquevaux
chargé de lui expliquer les raisons
du séjour de Ludovic de Nassau à la
cour, 77, note. — Complimenté
par Catherine à l'occasion de la
naissance de son fils, 87. — Prié
de s'en rapporter à ce que lui dira
le s' de Saint-Gouard, 87. —
Charles IX affirme qu'il ne veut pas
lui faire la guerre, 106, note. —
Rassuré sur la destination de l'ar-
mée de mer de Charles IX, 107.
— Lettre que Saint-Gouard écrit
au duc d'Anjou au sujet des craintes
qu'elle inspire, 108, note. —
Remercié par Catherine pour l'en-
voi d'une jument d'Espagne , 1 og.
— Lettre qu'il en reçoit pour lui
annoncer la Saint-Barthélémy, 1 13.
— Sa fille aînée recherchée par
Catherine pour le duc d'Anjou,
11 4. — Audience qu'il donne à
Saint-Gouard après la Saint-Bar-
thélemy, 1 1 5 , noie. — Sa réponse
à Saint-Gouard , 1 1 5 , note. — Ac-
cusé d'à voir fait mourir sa femme Eli-
sabeth, i3i. — Catherine n'y ajoute
pas foi, i32. — Sa puissance
agrandie par Catherine, 1 32 , note.
— Son entretien avec le générai
des Cordeliers au sujet de la Saint-
Barthélémy, 160, note. — Cité,
171. — Ses intrigues dévoilées par
Charles IX à Saint-Gouard, ig4,
note. — Accusé de vouloir faire tuer
le prince d'Orange, 1 97. — Mau-
376
TABLE DES MATIERES.
vais bruits qu'il fait répandre sur
les menées de Charles IX contre la
reine d'Angleterre, a3a. — Se ré-
jouit des malheurs de la France,
a33, note. — Lettre que lui écrit
Catherine pour se condouloir de la
mort de la princesse sa sœur, et
pour lui recommander les Infantes,
377. — Prié par e})e de gratifier
le Roi son fils de la part à laquelle
il a droit sur un prisonnier turc,
a83.
Picardie (La), 64.
(La frontière de), 1 85, note;
374.
Pico (Loys). Ses contestations avec la
comtesse de la Mirande, i84, a5a,
note. — Catherine intervient entre
lui et la comtesse sa belle- sœur,
359. — Pareille intervention de
Charles IX, a5g, note. — Cité,
■itio, note.
Pie V. Envoie Tories en Portugal
traiter du mariage du jeune roi dom
Sébastien avec Marguerite de Va-
lois, 6. — L'y renvoie, 7, note. —
Catherine invite le cardinal de
Rambouillet à le presser de favo-
riser ce mariage, th. — Elle vou-
drait obtenir de lui la cession d'Avi-
gnon en faveur du duc d'Anjou,
17. — Trompé par Torres qui ne
sert que les intérêts de l'Espagne,
a5, note. — Cité, 3i, 53. — Re-
fuse le prieuré de Champagne à
M. de Seurre, 55, 56. — Dispense
pour le mariage de Marguerite de
Valois lui est demandée par M. de
Ferais, 75.
Piémont (Le), i45.
Piennes (Marie de). Catherine lui
conGe l'éducation des filles de M. de
Crevant, 3.
Piles (M. de). Trouvé dans le Louvre,
la veille de la Saint-Barthélémy,
11 3, note.
Pinart. Cité, 45, 53, 3i4, a3i. —
Parle d'une indisposition du roi de
Pologne, a64, note. — Cité, a88.
— Détails qu'il donne à M. de
Montpensiersur lesopérations de la
guerre contre La Noue, ayo, note.
— Ses lettres, agi, note.
Pissot, enfermé dans le donjon de
Domfront, 3oi, note.
Place (Le sr de la), 1 a5, note.
Plassac Blessé à l'assaut de Dom-
front, 3oi , note.
Pi.f.ssis-lès-Tours, 376, 377.
Poille (M°). Bapporteur du procès de
W Martin Fumée, 389.
Poizielx (M. de). Conduit à M""d'Al-
luie, par ordre de Catherine, les
filles de M. de Crevant , 3.
Pologne (La), 131, 168, 169, 170,
note; 180, i8i-si5, 318, a3i,
a33, s35, a47, a 5s, 354, a55,
a58, 363 , a64.
Pologne (L'élection au trône de), 1 33,
note; 1.34. — Les menées de l'em-
pereur Maximilien pour assurer
cette couronne à son fils signalées
par Charles IX, 171, note. — Les
chances du duc d'Anjou annoncées
par Catherine à La Mothe, 319. —
Minées des' Espagnols pour empê-
cher celte élection , qui a lieu ,
a33 , note; 334.
Pologne (Le roi de). Voir Sigis-
mond.
Pologne (L'Infante de), ao4, note.
Pologne (Les ambassadeurs de). Leur
voyage, a34, note. — Schomberg
approuvé de leur avoir conseillé de
venir ouvertement, s34, note.
— Attendus à Paris, a46. — Ca-
therine fait savoir à l'abbé de i'Isle
de quelle sorte ils seront reçus,
a4g. — , Lagny leur est désigné
pour s'y reposer, a4g. ■ — Leur ar-
rivée à Paris et leur réception , a5o.
Pologne (Les postes de), s83.
Pompadour (M. de). Se rapproche de
l'armée de La Noue, 391, note.
Portugal (Le), 38.
(Le roi de). Voir Don Sé-
bastien.
Posnanie (L'évêque de). L'abbé de
ITsle chargé de lui faire savoir com-
ment sera reçue l'ambassade polo-
naise, s4g.
Poulet, 338, note.
Praillon (L'interprète), s43, note.
Prieur (Le grand). Voir Angoulème.
Profsoffki. Entretient Catherine d'un
changement dans lespostes approuvé
par l'Empereur, 68.
Provence (La), 13 5, note.
Q
Quelen (Gillette de). Catherine favorable à son mariage avec le maître des requêtes Bonin, 3 1 5.
de Coligny, a3.
Quincé, envoyé
Rambouillet (Le cardiual de). Chargé
d'une mission auprès de Pie V, 6.
— Invité par Catherine à presser
le pape d'agir en faveur du ma-
R
riage de Marguerite de Valois avec
le roi du Portugal, i4. — Félicité
par elle, 58. — Prévenu de la
prochaine arrivée à Rome de M. de
Ferais, 5g. — Son séjour se pro-
longe à Rome, 59, note. — Abso-
lution demandée pour lui, î.'li).
note.
TABLE DES MATIERES.
377
Rambouillet (M. de). Prié d'aller à
Ferrare à l'occasion de la mort de
la duchesse, îiy. — Attendu au
château de Boulogne, 244. — Fé-
licité par Catherine de ce qu'il a
fait en Pologne, 264. — Prévenu
du départ du duc d'Anjou, 264. —
Catherine lui envoie une lettre par
M. de Nozerolles, 269. — Elle lui
demande des nouvelles de la récep-
tion faite à son Gis en Pologne, 381.
— Remercié pour avoir été assister
aux funérailles du roi Sigismond,
283.
Randan (M°'e de). Catherine lui envoie
un paquet, 25a, note.
Randolph ( L'ambassadeur anglais
Thomas). Vient trouver Catherine,
260 , note. — Ses instructions pour
un traité de commerce, 26G, 267,
note. — Chargé de constater si le
duc d'Alençon a le visage gâté par la
petite vérole, 267, note. — En a
une bonne impression, 268. —
Reçoit une chaîne de Catherine , 2 68.
Ranguet, 2o5.
René (Le parfumeur). Avis qu'il
donne au premier président du
Parlement, 3o4, note.
Requesens (Le commandeur de). Dé-
fait Ludovic de Nassau, 2Ç)3, note.
Retz (Le maréchal de). Accompagne
le roi de Pologne, 266, note.
Rhin (Le), 266, note.
Rives (Antoine). Dispensé par Cathe-
rine de son apprentissage de mer-
cier, 66.
Roanne (Les manants de), 1^7.
1 85 , note.
Rochelle (Compte rendu des opéra-
lions du siège de la), adressé par
le duc d'Anjou à Charles IX, 172,
note. — Sa prochaine soumis-
sion espérée par Charles IX,
171. — Regrets qu'éprouve Ca-
therine de son obstination, 179.
— Mission qu'y remplit l'abbé de
Gadagne, 180.
Rochelle (Les gens de la). Leur
lettre à la reine Elisabeth pour
obtenir son aide, 12&, note; 125,
note. — Le vice-amiral d'Angle-
terre est envoyé dans leur ville,
ia5, 126.
Rodolphe. — Voir Hongrie.
Roceb (M* Simon). Nommé prési-
dent, 91.
Rohan (Le s' de). Défavorable au
projel de mariage du sr Bonin et
de Gillette de Quelen, 3 1 5.
Rome, 376, note; 33g, 257, note.
Rothelin (M. de), 287, note.
Rouen (Emotion survenue à), 35.
Rouen (La chapelle du Saint-Esprit
de), 5o.
Rouen (Les échevins de). Blâmés par
Catherine pour le massacre des
prolestants de leur ville, 129.
— Priés par Catherine de faciliter
le recoin renient de quarante mille
livres, 3oô.
Rouen (Les gens du Parlement de).
Invités par Catherine à parachever
l'information contre les auteurs de
la récente émotion survenue dans
leur ville, 35. — Avertis par Cathe-
rine de ce qu'exige le Roi pour l'é-
dit des étals de garde des sceaux ,92.
Ruggiebi (Cosme). Ce qu'écrit à son
sujet Lansac au procureur général
La Guesle, 396, note. — Mis à la
Conciergerie, 3o4, note.
Rcillard. Rapporteur d'un procès
contre les manants d'Orléans,
107.
Ruzé. Place de secrétaire d'Élat re-
fusée pour lui , 239.
Sabatier. Conseiller du Parlement de
Bordeaux, 5i.
Sabban, cité, Ixlx. — Envoyé par Ca-
therine à Londres, 278.
Saint- Antoine (La porte). Fermée,
3o4, note.
Saint-Barthélemv (La), 113. —
Annoncée par Catherine à Phi-
lippe II, 11 3. — Avantages qu'elle
veut en tirer, 1 1 4 . — Catherine dé-
sireuse de savoir ce que pense Elisa-
beth de la conspiration de Coligny,
118; 121, note; 123, note. —
Impression qu'elle produit en An-
gleterre, 125, note. — Conseillée
par le dur d'Anjou, i3i. — Hor-
CUHERINE DE MÉDICIS, -
reur qu'elle inspire à l'Europe , 1 3 2 ,
noie. — La nouvelle en est apportée
à Rome par Danes, i3g, note. —
Ce qu'en dit au pape le cardinal
de Lorraine, i3g, note. — Sa né-
cessité expliquée par Charles IX,
161, note. — Schomberg prié d'en
donner l'explication dans les termes
qui lui sont indiqués, i42. — Im-
pression qu'elle produit en Suisse,
i43, note. — Blâmée par le duc.
d'Albe, a.33, note; 237, noie; 277,
note.
Saint-Renoît-sub-Loire (L'abbaye de).
Sollicitée par Catherine pour Claude
Sublet, s' de Saint-Etienne, 116.
Saint-Bonnet, 173.
Sainte-Catherine (La fête de), 266.
Sainte-Colombe (M. de). Tué au siège
de Domfront, 3o4, note.
Saint-Denis, 35.
Saint-Esprit (Les chanoines de la
chapelle du). Priés par Catherine
de maintenir ses gages à Bout de-
venu chantre de la sienne, 5t.
Saint-Etienne (M. de). — Voir Su-
blet.
Saint-Germais-er-Laïe , 19, 20, 244,
245, 373-284. — (Surprise de),
387, note.
Saint-Gouard chargé à Rome du fait
du s' de Gayasso, 3i. — Invité
48
iUt'tllMr.niE VIT10SALE.
;S78
TABLE DES MATIÈRES.
par Callierine à revenir, 3i. —
Envoyé en Espagne, 85. — Cathe-
rine prie Philippe II de s'en rap-
porter à ce qu'il lui dira île sa
part, 87. — Prié de visiter sou-
vent les Infantes, 97. — Fait part
d'un entretien qu'il a eu avec le
secrétaire d'Etat Cayas au sujet du
mariage du prince de Navarre et
de Marguerite de Valois, 97, note.
— Chargé de prévenir Philippe II
que Charles IX va faire sortir son
armée de mer, 107. — Exprime
au duc d'Anjou les craintes que Phi-
lippe lia delà guerre, 107, 108,
note. — Rend compte à Charles IX
de l'audience qu'il a eue de Phi-
lippe II après la Saiiil-Barlhélemy,
1 1 5 , note. — Invité par Catherine
à mettre en avant et comme de
lui-même le mariage du duc d'An-
jou avec la tille ainée de Phi-
lippe II, 11 5. — Instructions
qu'il reçoit pour l'envoi d'une ju-
ment, 11 5. — Réception de sa
lettre accusée par Catherine, l'io.
— Mis au cornant de ce qu'a l'ail
dans fa mission le marquis d'Aya-
monte, 1/18. — Approuvé dans sa
conduite, t/18. — Chargé de re-
mercier le prince d'Evoli de sa
bonne volonté, i48. — Prévenu
par Charles IX que le baptême de
sa fille a eu lieu, 161, note. —
Raconte à Catherine son entre-
lien avec le général des Cordelicrs",
1 65 , note. — S'en est servi auprès
de Philippe 11, i65, note. — En-
trclenu par Charles IX des dilli-
cullés que soulève l'élection du
duc d'Anjou au trône de Pologne,
170, note. — Averti par Charles 1 \
des démarches faites pour réconci-
lier les Vénitiens et le Grand Sei-
gneur, 196, note. — Prévenu des
intrigues de Philippe II, et des
mariages qu'il poursuit par hosli-
lité contre la France, 19'!, note. —
Cité , 197, note. — Dénonce les me-
nées de Philippe II, 1 98. — Compte
rendu lui est fait, par Charles IX des
opérations du siège de la Rochelle,
1 99 , note.
Saint-HokorÉ (Le faubourg), 3i,
33, 288.
Saibt-Légbr, 4o, 173-180.
Saint-LkY.er (M. de). Annonce à Ca-
therine la réduction de Domfront,
3o8.
Siim-Lô. Sa prise par Colombieres,
287, note; 3o8.
Saiste-Marie (Le capitaine) annonce
l'arrivée de la flotte de Montgo-
mery, 2o5, note.
Saint-Martin (L'abbaye de). Deman-
dée pour M. de Mandelot, 1 63.
Saikt-Marttji (Le capitaine). Eloge
qu'en fait Catherine, 3 i4.
Saint-Maer-des-Fossés, 78, 80.
Saist-Moris (M. de). Reçoit promesse
de récompense, a3o.
Saint-Per (Le capitaine). Tué à l'as-
saut de Domfront, 3oi, note.
Sun't-Si lpice. Envoyé en missioii au-
près de Damville, iC3, 985, 290,
3oo.
Saiviati (Le chevalier). Envoyé à la
cour de France au sujet du prieuré
de Champagne, 55, 56.
Salviati (L'évèque), cité, 3i. — Sa
mission en France ,06. — Cité , 1 39.
Samogitie (Le capitaine de la), 280.
Sardobir (Le palatin de), 580.
Sansac. Envoyé au siège de Dom-
front, 979, note. — Ne peut ob-
tenir l'abbaye de la No vaille, 177.
Sardim (Scipion). Ses intérêts défen-
dus par Catherine, 99. — Recom-
mandé par elle à M. de Thou , 210.
Sarubos, 86.
Sarrebolrg, 266.
Savoie (La duchesse de), Marguerite
de France. Catherine lui donne
des nouvelles de ses enfants,
20, 21. — Se plaint à elle de
la captivité du comte de Gayasso,
22.
Savoie (Le duc de). Affection que lui
témoigne Catherine, 21. — Dis-
posé à coopérer à la destruction
de Genève, i53. — Prisonniers
qu'il a fait arrêter en Bresse,
i55, note. — Désavoué par
Charles IX, i55, note. — Repré-
senté par le duc de Nemours au
baptême de la fille de Charles IX,
161, note. — Prévenu de la bles-
sure à la chasse de Charles IX,
1 85. — Catherine lui fait part de
la marche du prince d'Orange qui
se rapproche de la Bresse, 217.
— Protestations d'amitié qu'elle
lui adresse, 218. — La compa-
gnie du marquis de la Chambre
lui est demandée pour le comte de
la Chambre son fils, a5i. — Visité
par M. de Fois, 257.
Saxe (La), 266, note. — (La maison
de) , 8 , note.
Saxe (Le duc Auguste de). Visité par
Scbomberg, 67, note. — Cité, 1 13.
— Bien disposé pour la France,
121, note; 122, note. — Son
agent soupçonné par Catherine,
1 34 , note. — Nouvelle mission
de Scbomberg auprès de lui, l'ie.
— Cité, 197. — Sa femme s'op-
pose à ce qu'il reçoive le roi de
Pologne, 2 3 1, note. — N'est nulle-
ment disposé à secourir la Rochelle ,
234, note. — N'intercède pas au-
près de Charles IX en faveur des
enfants de Coligny, 234, note.
Saxe (Jean-Guillaume de). Ce qu'il
prétend sur la recette générale de
Bourgogne, 206.
ScnoMBERG. Sa mission auprès du duc
de Brandebourg, 45, 66, 67. —
Sa mission auprès des princes de
la Germanie, 65, note. — Lettre
que Charles IX lui écrit à ce sujet,
67, note. — Bend compte au Boi
de sa mission en Allemagne, 80,
note. ■ — Chargé par Catherine de
faire entendre aux princes de la
Germanie les causes de la mort de
Coligny, n3, note. — Conseils
TABLE DES MATIERES.
379
qu'il donne à Catherine pour
mettre de son côté les princes de
la Germanie et les détacber de la
maison d'Autriche, 100, isi,
note. — Loué par elle de sa
conduite vis-à-vis de l'électeur de
Saxe, i4a. — Félicité également
par Charles IX, i4a, note. — In-
vité par lui à voir le comle Pala-
tin , le duc Casimir et à leur faire
entendre la vérité sur la Saint-
Barthélémy, i4a, i43, note. —
Lettre que lui écrit Charles IX au
sujet de la marche des Suisses,
i5g. — Rend compte de sa négo-
ciation avec le comte Ludovic de
Nassau, 203, note. — Conseils
qu'il donne au Roi, 20a, note. —
Enumère les conditions proposées
par le prince d'Orange, 203,
note. — Avertit le Roi des desseins
des Espagnols, 202, note. — Fait
part à Catherine de l'acceptation
par le landgrave de Hesse de tout
ce qu'elle a demandé, 2o3, note.
— Lui transmet la requête dudit
landgrave en faveur des enfants de
Coligny, ao3, note. — Prie Ca-
therine, au nom du landgrave de
Hesse, d'intercéder auprès du duc
de Savoie en faveur de la veuve de
Coligny, 3o4. — Une gratification
ne peut lui être allouée sur la re-
cette de Bourgogne, 206. — Lettre
que lui écrit Charles IX au sujet de
la négociation de l'élection au trône
de Pologne, 218, note. — luterrogé
par Catherine sur l'impression pro-
duite en Allemagne par l'élection du
duc d'Anjou au trône de Pologne,
a 1 g. — Avertit le Roi que rien n'est
vrai de ce que Philippe 11 a l'ait dire
à la reine d'Angleterre, a.3a. —
Prévenu des négociations entamées
avec Ludovic de Nassau, a3a.
— Sa négociation avec Ludovic de
Nassau, a3a, note. — Prévenu de
tout ce qu'on tente pour ravoir la
Rochelle ou par force ou par composi-
tion, a33. — Donne à Catherine
des détails sur le voyage du roi de
Pologne, 370, note.
Sébastien (Dom), roi de Portugal.
Négociation de son mariage avec
Marguerite de Valois, 13. — Pro-
met d'écrire au Saint-Père, 6,
noie. — Ne tient pas sa promesse,
6, note. — Charles IX renonce
au projet de le marier à sa sœur,
a5, note. — Ne peut se marier de
dix ans, 97, note.
Selim (Le sultan). Catherine ne veut
pas rompre avec lui , 1 3 1 . — Fait
la paix avec les Vénitiens, aoi,
a34. — Cité, a45.
Seurre (Le chevalier de). Recom-
mandé par Catherine au grand
maître de Malte, 33. — Le prieuré
de Champagne sollicité pour lui,
33. — Recommandé par Cathe-
rine au duc de Florence, lit, 62,
55,50.
Sienne. Prétendue cession faite de cette
ville à don Juan d'Autriche, 4g.
(La guerre de), 5g.
Sigismond, roi de Pologne, io4,
note. — Ses funérailles, 2 84.
Sigognes (M. de). Avertissement qu'il
donne sur les projets de Monl-
gomery, igfi.
Siguence (Le cardinal de). Accuse le
sr de Saint-Etienne d'être mauvais
catholique, 1 4.
Silésie (La), 25o.
Ssiitii (Sir Thomas). Ce dont le charge
Catherine pour la reine Elisabeth ,
97- 98-
SoDERi.M (Les), banquiers Vénitiens.
Annoncent l'élection du duc d'An-
jou au trône de Pologne, 234.
Soissons, 19, 272.
Sommières (Le siège de), 186, 211.
Strasbourg, i43, note.
Strozzi (Philippe). Craintes que sa
flotte inspire, 98, note. — In-
structions que lui donne Catherine,
11g. — Assuré d'être secouru
d'argent, 119. — Lettre que lui
écrit le duc d'Anjou pour les avan-
tages à lirer de la Saint-Barthé-
lémy, 11g. — Accusé de feindre
de vouloir aller aux Indes, 1 43.
— Extension donnée aux instruc-
tions qu'il a reçues pour traiter de
la paix avec La Noue. 290. —
N'a pu encore le rejoindre, 291,
note.
Stuart (Marie), citée, 7, note. —
Lettre écrite en sa faveur par
Charles IX à Walsingham , 11.
note. — Ses affaires recommandées
à La Mothe-Fénelon par Catherine.
58. — Citée, 70, note. — Pra-
tiques entre elle et La Mothe-Fé-
nelon dénoncées par Walsingham ,
71. — Catherine se dit obligée de
défendre sa cause, 73, note. —
Accusée par Walsingham d'être
hostile à la France, 7a, note. —
Selon lui, sa conduite l'a rendne
indigne de protection , 73 , note. —
Bien traitée dans la maison du comte
de Schrewbury, 83. — Se délie de
la France, et se dispose à épouser
don Juan d'Autriche, 8a. — rville-
grew invite Catherine à pacifier
l'Ecosse en dehors d'elle, 83. —
Libelle de Buchanan contre elle,
prohibé par Catherine, ga. — ■ Ce
qu'en écrit Charles IX à La Mothe-
Fénelon, g3, note. — Recomman-
dée par Catherine à du Croc, 96.
— Exposée de nouveau au ressen-
timent d'Elisabeth, 96.
Sublet (Claude. sr de Saint-Etienne),
juslilié par Catherine, i3. —
Précepteur des filles de Catherine et
recommandé au pape par elle pour
l'obtention de l'abbaye de Saint-
Benoit-sur-Loiro, 116.
Suède (Le roi de). Catherine satis-
faite des bons rapports qu'elle a
avec lui, 4i. — Cité, 337, note.
— Passage lui est demandé poul-
ie roi de Pologne, 3 4 4. — Cité,
aôa.
Suisse (La), 96.
48.
380
TABLE DES MATIERES.
Suisses (Les), 8, 1 58. — Leur le-
vée mise en marche, 178. —
Charles IX demande qu'une pre-
mière avant-garde soit d'abord en-
voyée ,178, note. — Ce qu'écrivent
Catherine et Charles IX à Schom-
herg à ce sujet, 1 79 , note; 1 80. —
Leur licenciement regretté par Ca-
therine, 366. — Nouvelle levée
de six mille hommes, 2Ô5.
Surgkres, soi, note.
Sussex (Le comte de). Favorable au
mariage du duc d'Anjou, 53. —
Catherine lui recommande le duc
de Montmorency qui va à Londres,
toi.
Soze (M. de). Envoyé à Avignon,
286, note.
TuiiTou (Le fort de), pris par Mont-
gomery, 299, note.
Tartares (Les), 106.
Tu innés (Le maréchal de). Chargé
par Catherine de maintenir l'ordre
dans Paris, i44. ■ — Complimenté
pour l'y avoir maintenu, îlib. —
Sa maladie, 1 53 , note. — Ce
qu'il espère du duc d'Anjou, 181
— Invité par Catherine à veiller
sur son gouvernement de Bour-
gogne, 3()3.
Téliosï presse Catherine de répondre
au cardinal de Châtillon au sujet du
mariage du duc d'Anjou avec Eli-
sabeth, 33. — Son entretien avec
elle à ce sujet, 33.
'!' 11 r En (Le P.), cité, 4o, nota; 106,
noie.
Tuojias, envoyé à Rome, 5g.
Tiiomassin (Le capitaine), tué au siège
de Domfront, 3oi, note; Soi.
T1100 (Le président cf. i, pressé par
Catherine de présenter au Parle-
ment les édils nécessaires pour ob-
tenir de l'argent, 8t. — Félicité
par elle de la publication des nou-
veaux édils, 91. — Prévenu que
le Rui a disposé de l'état de pré-
iidenl en faveur de M* Simon
Roger, 91. — Prié par Catherine
de savoir où a été imprimé un
libelle contre Marie Sluart, 92. —
' barge de le faire brûler, g3. —
Invité par elle à publier l'édil
sur les draps, io->; — à pacifier
le différend entre les échevins de
Paris et le Chàlelet, io.3. — Le
procès de MM. du Vcraoy et de
Nozières contre les manants d'Or-
léans lui est recommandé par
Catherine, 107. — Le procès du
vicomte de Venais lui est égale-
ment recommandé, 175. — Invité
à éviter toutes difficultés pour la
création d'une charge de maître
des requêtes, 178. — Remercié
par Catherine pour le soin apporté
à ses affaires, sot. — Compli-
menté pour ce qu'il a fait pour le
comté de Bar, 301. — Scipion
Sardini lui est recommandé par Ca-
therine, 210. — Prévenu de la per-
mission donnée à l'évèque de Meaux
de faire une coupe de bois, 21 3.
— - Remercié par Catherine du bon
ordre mis à Paris, 216. — Pré-
venu par elle des troubles de Chà-
teaudun, ai A. — Réception de ses
lettres lui est accusée, 21C. —
Complimenté par Catherine d'avoir
obtenu la vérification des lettres
pour le supplément de l'apanage du
duc d'Anjou, a 53. — Catherine lui
recommande son procès contre M. de
Mnnlpensier, 272. — Communi-
cation que M. de la Guesle lui
adresse de la part de Catherine,
276. — Chargé par elle d'éteindre
ses dettes, 37g. — Prié de faire
procéder à la vente des bois de
l'abbaye de Valsery, 287. — Les
procès de la veuve Jacquelot et de
M de Martigues lui sont recom-
mandés, 289. — ■•Chargé par Cathe-
rine de faire expédier les lettres
de provision à M' Charles Brachet,
nommé conseiller au siège pré-
sidial d'Orléans, 3oo. — Lettre
que lui adresse Catherine pour pu-
blier l'édit de création d'un maître
des requêtes, 3 16.
Tonnerre (M. de), tué à l'assaut de
Domfront, 3oi, not".
Torcï (Le capitaine de) envové par le
Roi auprès de Montgomery, 299.
Torres (Don Loys de) chargé par
Pie V de négocier le mariage de
Marguerite' de Valois avec dom Sé-
bastien de Portugal, 7. — Retourne
à Lisbonne par ordre de Pie V, 7,
noie. — Défiance qu'il inspire à
Catherine, îi. — Remplit très
mal sa mission en Portugal, 25,
note.
Toscane (Le prince de). — Voir Fran-
çois DE MÉDICIS.
Touchf.t, enfermé dans le donjon de
Domfront avec Montgomery, 3oo,
note.
Toulouse, 186, 273, note.
(Le Parlement de), 63.
(Les capitouls de) invités par
Catherine à ne pas loucher aux
édits de pacification, 91. — Com-
plimentés par elle pour le bon
ordre maintenu au lendemain de
la Saint-Barthélémy, 138; — par
Charles IX, 1 3 8 , note. — Leur lettre
à Charles IX, 128, note.
Toutin (L'orfèvre Richard), 269,
note.
Trente (Le concile de), 1 2.3.
Turcs (Les), 10g, 1 65. — Leur
défaite annoncée par La Roche,
1 3a.
(Ligue contre les), 107, note.
Turenne (Le vicomte de), envové par
le Roi auprès de Montgomery, 998,
note.
TABLE DES MATIERES.
381
Vvcii, 33o, 371, note.
Valenciennes (Prise de), 2, a5. —
Reprise par le duc d'Allié, 106,
note.
Vallée, envoyé en mission en Es-
pagne, 6.
Valois (Claude de), duchesse de Lor-
raine, attendue à la cour, 3. —
Atteinte de la fièvre, ao, ai. —
Citée, 1 45 ; note, i5g.
Valois ( Elisabeth de). Sa mort attribuée
à Philippe II, i5i. — Catherine ne
le croit pas, i5e.
Valois (Marguerite de). Négociations
de son mariage avec le jeune roi de
Portugal, 0, i4. — Ce projet
rompu par Charles IX, a5, note.
— Etal de maison que lui destine
Catherine, 59. — Cadeaux pour
ses noces, 59. — Lettre que Wal-
singham écrit au -aijet de son ma-
riage, 09, note. — La religion
seul obstacle à son union avec le
prince de Navarre, 70, note. —
Son mariage annoncé avant sa
conclusion par Catherine à M. de
Ferais, 75. — Jeanne d'Albret
refuse d'y consentir, 75, note.
— Instances pour la dispense de
son mariage, 79. — Ce qu'en dit
Saint-Gouard, 97, note. — Avan-
tages de son mariage avec le prince
de Navarre, 98. — Dispense solli-
citée de Grégoire KHI, 10G, 107,
110. — Absolution pour son ma-
riage sollicitée par Catherine, 1 35.
— Dispense envoyée par Gré-
goire XIII, i44. — Remercie le
duc de Mantoue de la part qu'il a
prise à l'élection du roi de Pologne,
son frère, 313, note.
Valois (Marie-Elisabeth de), fille de
Charles IX, son baptême, 1 61, note.
V (rennes (M. de), remercié par Ca-
therine pour services rendus à
M. Mandat, a6i. — Prié de main-
tenir la bonne intelligence avec le
roi de Suède son maître, 2C1.
Varsovie, 169, note.
Vassal, 320.
Vasserï (L'abbaye de), vente de ses
bois, 387.
Val-close (M. de). Catherine engage
M. de Bellièvre à l'utiliser, 1/17.
Vujoi r, 79.
Velctelli (Acerbo), l'ait entendre à
Catherine les bons termes où en
est le mariage du duc d'Alençon
avec Elisabeth, 381. — Réclame un
pastel au baron de la Garde, 283.
— Remercié par Catherine de ses
bons offices pour le mariage du duc
d'Alençon, 382.
Venaiz (Le vicomte de). Son procès
recommandé par Catherine au pré-
sident de Thon, 1 76.
Venise (Le doge de), remercié par
l'entremise de du Ferrier de la part
qu'il a prise à l'élection de Po-
logne, 235.
'.emse(Lcs Seigneurs de), remerciés
par Catherine de l'envoi de Léonard
Contarini , 68. — Cités, 162,1 69 ,
note. — Passage leur est demandé
pour le duc d'Anjou, a5a, note.
Vénitiens (Les), leur ligue avec Phi-
lippe II préjudiciable à leurs inté-
rêts, a36, note. — Font la paix
avec le Grand Seigneur, a34. —
Charles IX n'y a point contribué,
20 i, note. — Chemin que pourrait
suivre le roi de Pologne en traver-
sant leur pa\s, a45, note. — Font
don à Charles IX de leur part sur
un prisonnier turc, a83.
Ventadolr (Le comte de). Sa compa-
gnie de gendaimes demandée par
Catherine pour M. de Mandelot,
i63.
\ i:\ur.ELLi (Le chevalier Ennodio),
recommandé par Catherine au duc
de Florence, 34.
Vera (Catherine de), désirée par Ca-
therine pour le service des Infantes
ses petites-filles, a 4. — Leur est
attachée, i48.
Vérac. Sa mission en Ecosse, 7a,
note; 18a , 191. — Arrêté en che-
min, 193, note.
Verddsah (Le capitaine), blessé à
l'assaut de Domfront, 001, note.
Vernot (Michel du). Son procès contre
les manants d'Orléans, 107.
Viart (Le président). Excuses que lui
adresse Catherine pour ne l'avoir
pas nommé maître des requêtes,
35. — Reçoit la promesse d'une
prochaine nomination, ao. — Pré-
venu que le lieu de Courcelles pour
prêche des protestants de Metz
est maintenu, 4o. — Envoyé en
Allemagne, s42. — Instructions
que lui donne Catherine, 343. —
Lettre que lui écrit à ce sujet
Charles IX, a43. — Entretenu par
Catherine des réclamations du prince
Casimir, 2 83. — L'entrée du roi
de Pologne en ses Etats lui est
annoncée, s83.
Vieille-Monnaie (La rue de la), 84,
note.
\ ieilleville (Le maréchal de), con-
sulté par Catherine au sujet du sieur
de Granvilliers qui veut entrer au
service du Roi, 10. — Est d'avis
qu'on ne change en rien l'état des
prolestants de Metz, 4o. — Cité, 86.
Vigny, receveur de la ville de Paris,
déchargé des bagues du roi de Po-
logne, 369. — Chargé de faire
droit aux réclamations du duc Casi-
mir, 383.
Villars (Le marquis de). Instructions
qu'il reçoit de Catherine pour le
lait des finances, i46. — Cathe-
382
TABLE DES MATIERES.
rine le fera récompenser de ses
services, 2 4o.
Villesiaii». Son décès rend vacante une
charge de maître des requêtes, 35.
Villeqcier (M. de). Catherine prie
l'évèque de Dax de lui écrire afin
qu'il encourage le duc d'Anjou à
épouser la reine Elisabeth, 63. —
Déchargé par Catherine de la garde
des bagues du roi de Pologne, 269.
Villeroï (M. de). Lettre que lui écrit
Catherine, 108. — Chargé de la
pacification du Languedoc, 286. —
Lettre que Charles IX écrit à Dam-
ville pour lui annoncer sa venue,
286, note.
VlLLERS-CoTTERETS, ig, 20, 21, a6l,
2Ô3, 264.
VlNCEN.NES, 389, 290, 291, 292,
393, 296,396, 297, 3oo, 3oi,
3o5, 3o6, 307, 3o8, 3og, 3io.
Vincennes (Le bois de), 288.
Virieb (M. de) envoyé auprès de M. de
Gordes, 23 1, 3g5; — auprès du
maréchal Damville, 332.
Vitelli (Chiappin). Catherine regrette
de n'avoir pu le voir, 67. — Lui
envoie le comte Coconas, 67. —
Prié de lui donner des nouvelles
des Infantes, 67.
Vitelli (Fernand), recommandé par
Catherine au duc de Florence, i5g.
Vitrï-le-Frasçois, 264, 265.
Vllcob. Catherine lui fait part des
difficultés que rencontre l'élévation
de Cosme de Médicis au titre de
grand-duc de Toscane, 68, 6g.
— Remercié par elle des nou-
velles qu'il a données sur les Turcs,
les Polonais et les Tartares, io4.
— Lettre que lui écrit Charles IX
sur la maladie du duc de Bavière et
du roi de Pologne, et sur les troubles
des Pays-Bas, io4. — Annonce
le premier l'élection de Pologne,
234. — Prévient Catherine de la
bonne réception qu'aura à Vienne
le duc d'Anjou, 2.34.
Walsingham. Entretien de Charles IX
avec lui au sujet de l'Ecosse, 4 ,
note. — Cité, 11. — Lettre que
lui écrit Charles IX en faveur de
Marie Stuart, 11, note. — Rend
compte à lord Burghley d'un en-
tretien qu'il a eu avec Catherine
au sujet du projet de mariage de la
reine Elisabeth avec le duc d'An-
jou, 36, note. — Sa réponse,
36, note. — Sa lettre à lord Bur-
ghley, 37, note. — Dément les
bruits qui courent sur la mauvaise
volonté d'Elisabeth au sujet de
son mariage avec le duc d'Anjou,
55. — Ce qu'il écrit de celui de
Marguerite de Valois, 59, note. —
w
Fait part à Burghley de son entre-
lien avec Catherine, 72, note. —
Se plaint de l'argent remis par La
Mothe aux secrétaires du duc de
Norfolk, 72, note. — Justification
que Catherine lui en donne, 73,
note. — Engage Catherine àse dés-
intéresser des affaires d'Ecosse , 73 ,
note. — Grief qu'il articule contre
Marie Stuart hostile à la France,
73 , note. — Remplacé provisoire-
ment par Killegrew, 81, 82, 83,
io3, note. — Lettre de Coligny
lui est communiquée par Catherine,
136. — Eloge qu'il fait de l'amiral,
136, note. — Cité, 137, note. —
Son entretien avec Catherine ra-
conté par elle , 1 8g , 1 go. — Ses ré-
ponses aux observations de la Reine ,
193, 193, note. - — Son départ
pour Londres, a il. — Itinéraire
qu'il suit , 9 1 1 . — Favorable au ma-
riage du duc d'Alençon , 211. —
Lettre que lui écrit ledit duc, à l'oc-
casion de son mariage, 2 53, Dole.
Winter (L'amiral). Vient demander la
restitution de Calais, 47.
Worcester (Le comte de) chargé de
négocier le mariage du duc d'Alen-
çon, 90. — Attendu en France,
1 53. — Représente la reine Eli-
sabeth au baptême de la fille de
Charles IX, 161, note. — Engage
Catherine à écrire à la reine, t65.
Yei rre (La terre d'). Promise à Mauvissière, 2i4.
Zu'cachio (Le lac ) acquis par la grand'-
mère de Catherine, 1 36.
Zuleger, homme de confiance du
comte Palatin, 270, note.
ERRATA.
Page 84, première colonne, au lieu de ViOers-Cotteret*; lisez : Duretal
Pape lia, première colonne, au lieu de Schamberl; lisez : Schombert.
Pâte , i7, note, au lieu de Rambouillet remplacé par M. <b ftr»b.- lise, : fian.6oa.Het, «ptt*. &H«. «*•
à Rome en mission temporaire.
Page a65, deuxième colonne, un lieu de Paris, le xu' jour dénombre, lisez : P.fry-fa-ftwfo.1
DC Catherine de Médicis, consort
119 of Henry II, King of France
.? Lettres
A4
1880
t.4
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY