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Full text of "Lettres de Catherine de Médicis, publiées par Hector de La Ferrière"

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AT  THE 


UN1VERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


"x> 


ÏLS 


COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS  INÉDITS 


SUR   L'HISTOIRE  DE   FRANCE 


PIBLIES    l'Ail     LES    SOINS 


DU   MINISTRE   DE   L'INSTRUCTION    PUBLIQUE 


LETTRES 


DE 


CATHERINE  DE   MÉDICIS 


PUBLIEES 


PAR  M.  LE  C"  HECTOR  DE  LA  FERRIERE, 

MEMBnE   NON   RÉSIDANT  DU   COMITÉ   DES  TRAYAUX   HISTORIQUES 
RT   DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


TOME  QUATRIEME. 

1570-1574. 


PARIS. 

IMPRIMERIE    NATIONALE. 


M  DCGG  XCI. 


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t  4 


SOMMAIRE. 


^-_— 


Préface.  d 

Pages. 

Introduction i  à  ccvm 

Correspondance  de  Catherine  : 

Année  1 570 là     21 

Année  1671 21a     87 

Année  1672 87  à  i5i 

Année  1573 i52  à  276 

Année  167/1 276  à  3i3 

Appendice 3 1 5  à  3 1 8 

Table  chronologique 3io,à  336 

Table  des  personnes  à  qui  sont  adressées  les  lettres 337  et  338 

Table  des  matières 33o,  à  382 

Errata 383 


PRÉFACE. 


Le  précédent  volume  des  Lettres  de  Catherine  de  Médicis,  le  troisième, 
s'arrêtait  à  la  paix  de  Saint-Germain  (août  1570),  date,  nous  l'avons 
dit,  presque  obligatoire;  celui-ci,  le  quatrième,  s'arrête  à  la  mort  de 
Charles  IX,  limite  qui  également  s'impose.  En  effet,  le  règne  de  Henri  III 
ne  ressemblera  en  rien  au  précédent,  et  apparaîtra  une  tout  autre  Cathe- 
rine que  celle  qui  régnait  sous  le  nom  de  Charles  IX.  Condamnée  à  un  la- 
beur incessant,  elle  aura  cette  fois  à  combattre  l'incurable  indolence  de 
Henri  III,  et  k  réprimer  ses  excessives  prodigalités  et  l'influence  funeste 
d'indignes  favoris. 

Dans  cette  nouvelle  période  de  quatre  années,  la  négociation  du  mariage 
de  Marguerite  de  Valois  d'abord  avec  Dom  Sébastien,  le  jeune  roi  de  Por- 
tugal, puis  avec  Henri  de  Navarre,  et  celle  du  mariage  du  duc  d'Anjou  avec 
la  reine  d'Angleterre,  qui  ne  sera  abandonnée  que  pour  faire  place  aux 
prétentions  du  duc  d'Alençon.  Cet  imberbe  prétendant  à  la  main  d'Elisabeth, 
ces  interminables  négociations  rempliront  bien  des  pages;  mais,  remarque 
essentielle,  pour  la  première  fois,  la  politique  extérieure  tiendra  une  large 
place.  Dans  la  lutte  engagée  entre  Philippe  II  et  les  Flandres  que  la  tyrannie 
et  les  cruautés  du  duc  d'Albe  ont  soulevées,  lutte  au  cours  de  laquelle  se  ma- 
nifeste et  s'accentue  le  persistant  mauvais  vouloir  et  la  perfidie  des  Anglais 
à  l'égard  de  la  France,  Charles  IX,  tantôt  sous  l'impulsion  patriotique  de 


Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


I    :o*iiB 


PRÉFACE. 
Coligny  prendra  le  parti  de  ceux  que  l'Espagne  traite  de  rebelles,  tantôt 
sous  la  pression  dominatrice  de  sa  mère  les  de'savouera  et  se   désavouera 
lui-même. 

La  Saint-Barthélémy  sortira  de  ce  duel  sans  merci  engagé  entre  Catherine 
et  Colignv. 

—  A-t-elle  été  oui  ou  non  préméditée? 

Depuis  trois  siècles  celte  question  passionne  les  esprits,  et  de  nos  jours, 
singulier  contraste,  les  historiens  protestants  allemands  qui  ont  abordé  ce 
brûlant  sujet  se  sont  prononcés  contre,  tandis  que  plusieurs  historiens  pro- 
testants français  ont  pris  parti  pour,  et  plus  d'un  avec  la  vivacité  des  polé- 
mistes du  xvic  siècle. 

En  faisant  tuer  Coligny,  en  réalisant  cette  pensée  homicide,  qui  la  haute 
depuis  des  années,  Catherine  perd  tout  le  terrain  conquis  par  l'habileté  de 
nos  ambassadeurs;  elle  compromet  la  réussite  du  mariage  du  duc  dAlençon 
avec  Elisabeth  qui,  cédant  à  la  séduction  de  La  Mole,  semblait  anfin  dis- 
poser à  l'accepter  pour  époux;  elle  s'aliène  le  Grand  Seigneur  qui,  en  cas 
d'une  guerre  avec  l'Espagne,  offrait  à  Charles  IX  l'appui  de  sa  flotte,  et  au 
duc  d'Anjou  toutes  les  conquêtes  à  faire  en  Espagne  et  en  Italie;  elle  si- 
fait  des  ennemis  de  ces  princes  de  la  Germanie  favorables  à  une  interven- 
tion commune  dans  les  Flandres  et  à  la  candidature  du  duc  d'Anjou  à  la 
couronne  de  Pologne.  A  cette  heure  fatale,  la  haine  l'emporte  sur  la  poli- 
tique, l'Italienne  reparaît  et  se  ressouvient  des  Borgia. 

Dès  le  lendemain  de  la  Saint-Barthélémy,  le  duc  d'Albe  s'y  attendait  et 
lavai!  prédit  à  Philippe  II,  avec  cette  souplesse  d'évolution  qui  la  rend  si 
redoutable,  Catherine  reprend  sa  tâche  de  la  veille,  et,  comme  si  ce  massacre. 
dont  le  sang  rougit  encore  ses  mains,  n'était  qu'un  simple  et  fortuit  accident, 
elle  cherche  à  regagner  une  à  une  toutes  les  alliances  perdues,  à  renouer  le 

r 

projet  de  mariage  de  son  fils  dAlençon  avec  Elisabeth,  enfin  elle  se  remet  à 
briguer  la  candidature  de  son  fils  d  Anjou  au  trône  de  Pologne. 

(Juelques  mois  lui  suffisent  pour  retourner  cette  Europe  indignée  et  fré- 


PRÉFACE, 
missante,  et  l'élection  de  Pologne  est  la  grande  victoire  diplomatique  du 
règne  de  Charles  IX. 

r 

Mais  dans  les  crises  politiques,  dans  les  coups  d'Etat,  même  quand  ils 
réussissent,  il  y  a  toujours  une  part  d'imprévu  qui  déjoue  toutes  les  espé- 
rances escomptées  sur  l'avenir.  Catherine  croyait  avoir  exterminé  à  jamais 
les  protestants  :  eh  bien,  ce  baptême  de  sang  les  retrempe,  et  tout  l'effort 
des  forces  royales  vient  se  briser  contre  la  résistance  invincible  d'une  seule 
ville,  la  Rochelle. 

De  la  Saint-Barthélémy  se  dégage  une  autre  conséquence  non  moins  inat- 
tendue :  les  chefs  protestants  et  les  catholiques  modérés,  ceux  que  l'on  ap- 
pelle les  politiques,  en  prévision  de  la  mort  prochaine  de  Charles  IX,  et 
pour  s'éviter  le  règne  de  Henri  III,  se  rapprochent  et  s'allient,  et  durant 
leur  séjour  à  Saint-Germain,  au  mois  de  juillet  1674,  menacés  d'une  sur- 
prise, comme  sept  ans  auparavant  ils  l'ont  été  à  Meaux,  Catherine  et 
Charles  IX  s'enfuient  précipitamment  et,  ne  se  croyant  pas  même  en  sûreté 
à  Paris,  vont  s'enfermer  à  Vincennes,  sous  la  garde  de  trois  mille  Suisses. 
Mais  à  cette  conspiration  il  faut  des  chefs,  et  ceux  désignés,  le  duc  d'Alençon 
et  le  roi  de  Navarre,  Catherine  les  tient  prisonniers.  Alors  dans  l'enceinte 
de  ces  hautes  murailles  de  l'imprenable  forteresse  s'ourdit  une  nouvelle  con- 
spiration de  palais,  où  les  femmes  de  la  cour  jouent  le  premier  rôle.  Cathe- 
rine à  laquelle  le  danger  a  rendu  toute  sa  clairvoyance,  toute  son  énergie, 
quand  elle  voit  disputer  au  fils,  son  idole,  cette  couronne  de  France  prête  à 
tomber  du  front  de  Charles  IX,  fait  arrêter  La  Mole  et  Coconas.  Tous  deux 
payent  de  leur  vie  la  tentative  d'évasion  du  duc  d'Alençon  et  du  roi  de 
Navarre;  les  deux  maréchaux  de  Cossé  et  de  Montmorency  sont  mis  à  la 
Bastille.  Montgomery,  qui  entré  dans  Saint-Lô  et  Carentan  se  croyait  déjà 
maître  de  toute  la  Normandie,  enveloppé  par  une  véritable  armée  dans  le 
donjon  de  Domfront,  est  réduit  à  se  rendre  à  Matignon.  Catherine  l'emporte 
sur  tous  les  points;  mais,  la  joie  du  triomphe  dans  les  yeux,  lorsqu'elle 
vient  annoncer  à  Charles  IX  que  leur  ennemi  mortel,  ce  Montgomery,  que, 


PRÉFACE. 
hier  encore,  surexcité  par  la  fièvre,  il  voulait  avoir  mort  ou  vif,  est  enfin  en 
leurs  mains,  brisé,  terrassé  par  la  maladie  et  sentant  la  mort  venir  :  ?Ma 
mère,  répontl-il  d'une  voix  affaiblie,  toutes  choses  humaines  ne  me  sont  plus 
de  rien.» 

Tel  est  le  résumé  de  ce  quatrième  volume;  telles  en  sont  les  grandes 
lignes.  L'introduction  qui  suit  développera  ce  que  nous  venons  d'indiquer 
sommairement. 


INTRODUCTION. 


Au  retour  de  Mézières,  où  elle  était  allée  au-devant  d'Elisabeth,  la  tiancée  de 
Charles  IX,  et  où  elle  avait  déployé  pour  les  fêtes  du  mariage  du  Roi  sou  fils 
toutes  les  splendeurs  de  cette  cour  de  France,  sans  rivale  alors  en  Europe, 
Catherine  fut  longtemps  retenue  à  \  illers-Cotterets  par  le  plus  rude  des  hivers. 
Durant  ce  séjour  forcé,  à  l'exception  de  quelques  lettres  écrites  en  faveur  de 
Marie  Stuart,  mais  uniquement  pour  complaire  au  Hoi  son  fils  qui,  avec  une 
affection  soutenue,  sollicitait  la  liberté  de  la  pauvre  captive,  elle  poursuivit  la 
négociation  du  mariage  de  Marguerite  de  Valois  avec  le  roi  de  Portugal  dom 
Sébastien.  Philippe  II  lui  avait  bien  promis  d'y  mettre  la  main  et  d'en  faire  son 
affaire  personnelle,  mais  peu  à  peu  s'en  était  désintéressé. 

A  son  défaut,  Pie  V  dans  le  but  d'écarter  le  projet  de  mariage  de  Marguerite 
avec  Henri  de  Navarre,  l'une  des  conditions  secrètes,  disait-on,  de  la  récente 
paix  de  Saint-Germain,  avait  envoyé  don  Loys  de  ïorres  en  Portugal,  avec  in- 
jonction de  peser  éuergiquement  sur  la  décision  du  jeune  roi.  Cette  première 
mission  n'ayant  point  réussi,  il  venait  de  l'y  renvoyer. 

Tenue  au  courant  des  bonnes  intentions  du  pape,  Cathexune  avait  écrit  à  Four- 
quevaux,  notre  ambassadeur  en  Espagne  :  «J'attendrai  à  savoir  ce  que  Torres 
aura  négocié  avant  de  faire  jugement  de  ce  que  je  dois  espérer  '.  •■ 

Sur  ces  entrefaites  et  sans  qu'elle  pût  même  s'y  attendre,  une  étrange  propo- 
sition de  mariage  lui  vint  d'Angleterre  :  le  cardinal  de  Chatillon  y  était  resté  de- 
puis la  dernière  paix,  et,  pour  se  ménager  au  retour  les  bonnes  grâces  du  duc 
d'Anjou,  il  lui  fit  savoir  que,  s'il  se  décidait  à  demander  la  main  de  la  reine  d'An- 
gleterre, il  avait  les  plus  grandes  chances  d'être  agréé.  Il  se  croyait  seul  à  suivie 
cette  piste;  mais  il  avait  été  devancé  par  le  vidame  de  Chartres  qui,  réfugié  ainsi 

Bibl.  nat. ,  Dépêches  de  Fourqnevaux ,  n"  i  o55a ,  p,  854. 

ClTIlERIXE   DE    MÉD1CIS.    IV.  \ 


■  "  :o*.ile 


ii  INTRODUCTION. 

que  lui  en  Angleterre,  s'en  était  ouvert  au  maréchal  de  Montmorency  et  lui 
avait  fait  valoir  tous  les  avantages  d'une  pareille  union  l. 

Fort  surprise ,  Catherine  se  tient  d'abord  sur  une  prudente  réserve  :  ce  Nous  avons 
pensé,  —  écrit-elle  le  20  octobre  à  La  Mothe-Fénelon,  —  que  cette  ouverture 
se  faisoit  par  l'intelligence,  et  peut-être  les  menées  de  la  reine  d'Angleterre,  et 
beaucoup  plus  en  intention  de  se  servir  du  temps  et  de  nous  pendant  que  ceci  se 
négocieroit  qu'elle  feroit  conduire  à  la  longue,  que  pour  la  volonté  qu'elle  eut  de 
se  marier.  Je  répondis  à  celui  qui  m'en  parla  que  je  ne  pensois  pas  que  ladite 
reine  voulût  se  mettre  à  la  subjection  d'un  mari;  mais  que,  s'il  y  avoit  quelque 
femme  ou  fille  à  marier  qui  lui  appartint  de  si  près  qu'elle  la  pût  faire  et  assurer 
héritière  de  la  couronne  après  elle,  qu'il  seroit  beaucoup  plus  convenable  ainsi. 
Je  vous  ai  bien  voulu  faire  ce  discours,  vous  priant  de  le  tenir  si  secret  que  nul 
des  vôtres  n'en  sache  rien.  Il  faut  tâcher  de  découvrir  et  voir  si  vous  pourriez 
rien  apprendre  de  ceci  pour  m'en  donner  avis  à  toutes  occasions 2. 15 

L'un  de  ces  habiles  diplomates  italiens  dont  Catherine  aimait  à  se  servir,  un 
neutre,  ainsi  qu'elle  l'appelait,  aussi  bien  vu  à  la  cour  d'Angleterre  qu'à  celle  de 
France,  Guido  Cavalcanti,  sans  que  le  cardinal  de  Chàtillon  et  le  vidame  de 
Chartres  ne  s'en  doutassent,  s'était  déjà  mis  en  campagne.  Une  légère  indisposition 
ayant  forcé  La  Mothe-Fénelon  à  garder  la  chambre,  il  vint  le  visiter,  et  ayant 
amené  l'entretien  sur  le  ressentiment  que  devait  éprouver  la  reine  Elisabeth  de 
voir  l'archiduc  Charles  qui,  depuis  tant  d'années  sollicitait  sa  main,  épouser  sa 
cousine  de  Bavière,  il  lui  avait  demandé  incidemment  si  ce  n'était  pas  là  une 
heureuse  occasion  de  penser  pour  elle  au  duc  d'Anjou.  A  cette  brusque  confi- 
dence, La  Mothe  avait  répondu  que  ce  parti  était  si  honorable  et  avantageux  pour 
M.  le  duc  d'Anjou  qu'il  ne  manquerait  pas  d'en  faire  part  à  la  Reine  mère,  et  que 
sur  un  tel  fondement  se  pourrait  bien  établir  une  bonne  alliance3. 

Quelques  jours  plus  tard,  l'entretien  se  reprit.  Leicester,  auquel  Cavalcanti  s'en 
était  ouvert,  avait  très  bien  accueilli  ce  propos  et  avait  promis  de  lui  en  parler  à 
son  retour  d'Hampton  Court,  où  était  la  reine  et  où  il  se  rendait". 

Etait-ce  une  indirecte  invitation  d'y  aller  voir  Elisabeth  ?  La  Mothe  le  crut, 
et  le  lendemain  il  en  prit  le  chemin.  Avant  de  se  faire  introduire  auprès  de  la 
reine,  il  revit  Leicester,  et  cette  fois  il  se  hasarda  à  lui  dire  qu'on  lui  avait  donné 

Voir  notre  livre  Le  tri'  siècle  et  les  Valois,  3  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fè- 

p.  968.  nelon,  t.  III,  ]>.  4 17. 

2  Voir  le  présent  volume,  p.  7.  '  lbid. ,  p.  A 1 7 . 


INTRODUCTION.  ,„ 

à  entendre  que,  si  le  duc  se  présentait,  il  serait  peut-être  agréé,  mais  qu'avant 
tout  il  tenait  à  lui  demander  conseil ,  le  Roi  et  la  Reine  mère  le  considérant  comme 
le  meilleur  ami  de  la  couronne  de  France  et,  si  ce  projet  devait  réussir,  voulant 
n'en  être  redevables  qu'à  sa  seule  influence. 

Flatté  de  cette  marque  de  confiance,  Leicester  lui  déclara  qu'il  n'avait  jamais 
été  partisan  du  mariage  de  la  reine  avec  l'archiduc  Charles,  et  que,  puisqu'elle 
semblait  décidée  à  ne  jamais  épouser  l'un  de  ses  sujets,  il  était  tout  disposé  à 
prendre  en  main  la  cause  du  duc.  D'ailleurs,  l'heure  lui  semblait  favorable,  la 
reine  étant  au  plus  mal  avec  l'Espagne ,  et  il  l'engagea  à  lui  en  toucher  quelques 
mots,  s'ofïïant  aie  mener  chez  elle1. 

Evidemment  ce  petit  prologue  était  arrangé  à  l'avance.  Quand  La  Mothe 
l'aborda,  Elisabeth  était  plus  parée  que  de  coutume  et  toute  souriante.  Encou- 
ragé par  Ion  bienveillant  accueil,  il  se  dispensa  de  tout  préambule  et,  allant 
droit  au  but,  il  lui  rappela  qu'à  plusieurs  reprises  elle  lui  avait  exprimé  le 
regret  de  ne  pas  s'être  mariée  de  bonne  heure,  et  que,  lui  ayant  manifesté  l'in- 
tention de  ne  s'allier  qu'à  une  maison  royale,  il  avait  cru  y  voir  un  encourage- 
ment à  parler  du  duc  d'Anjou,  le  prince  le  plus  accompli  qui  fût  aujourd'hui  à 
marier. 

Elle  lui  répondit  qu'elle  pensait  que  les  pensées  du  duc  étaient  logées  plus 
haut;  qu'elle  était  bien  vieille;  et  que,  sans  la  considération  de  laisser  des  héri- 
tiers, elle  aurait  honte  de  parler  d'un  mari,  étant  déjà  de  celles  dont  on  veut 
bien  épouser  le  royaume  et  non  la  personne  -. 

La  Mothe  crut  devoir  s'en  tenir  là;  mais,  à  la  suite  de  ce  premier  entretien,  la 
reine  s'étant  laissée  aller  à  quelques  confidences  avec  les  dames  de  son  entourage, 
le  bruit  de  son  mariage  avec  le  duc  d'Anjou  devint  la  nouvelle  du  jour.  Il  eut 
beau  répondre  à  tous  ceux  qui  lui  en  parlèrent  qu'il  n'en  était  nullement  question, 
ce  bruit  prit  de  la  consistance.  H  s'en  plaignit  d'abord  au  cardinal  de  Châtillon, 
qui  rejeta  cette  indiscrétion  sur  le  vidame  de  Chartres;  Leicester,  auquel  il  s'en 
plaignit  également,  en  attribua  fort  adroitement  la  cause  au  vif  désir  que  toute 
la  cour  en  avait,  ajoutant  que  jusqu'ici  la  reine  s'était  bornée  à  objecter  la  diffé- 
rence d'âge,  et  il  lui  conseilla  de  la  voir  de  nouveau. 

La  Mothe  suivit  cet  avis;  mais,  ne  sachant  comment  entrer  en  matière,  il  eut 
l'idée  de  vanter  à  la  reine  la  douce  intimité  de  Charles  IX  et  de  sa  jeune  femme, 

1  Voir  notre  livre  Les  projets  de  mariage  d'Elisabeth,  p.  5o  et  suiv.  —  2    Correspondance  diplomatique 
de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  III,  p.  /117,  4 18. 


,v  .  INTRODUCTION. 

et  il  en  conclut  que  la  plus  grande  sécurité  pour  une  princesse  qui  rêverait  le 

bonheur  on  ménage,  ce  serait  de  s'allier  à  la  maison  de  France. 

Elle  lui  répliqua  que  Al""  d'Etâmpes  et  Mmv  de  Valentinois  lui  Taisaient 
un  peu  peur,  et  qu'elle  voulait,  non  seulement  être  honorée,  mais  aimée  par  sou 
époux.  —  ]1  riposta  que  celui  auquel  elle  faisait  allusion  possédail  la  double  qua- 
lité de  savoir  bien  aimer  et  de  se  faire  aimer1. 

A  ce  moment,  le  cardinal  de  Gliàtillon  s'étant  fait  annoncer,  La  Mothe  prit  congé 
d'Elisabeth.  Restée  sous  l'heureuse  impression  de  cet  entretien,  elle  se  montra 
disposée  à  épouser  le  duc  d'Anjou  et  à  débattre  les  conditions  du  mariage,  avec 
toute  la  réserve  prudente  d'un  diplomate  consommé. 

Le  cardinal  lui  rappela  que  sa  sœur  Marie  Tudor  s'était  mal  trouvée  d'avoir 
miuIii  traiter  de  son  union  avec  le  prince  d'Espagne  sans  avoir  préalablement 
pris  l'avis  de  ses  conseillers,  et  il  l'engagea  à  consulter  les  siens. 

Le  lendemain,  Elisabeth  rassembla  donc  ses  conseillers.  Un  seul  s'étant  permis 
d'observer  que  le  duc  était  bien  jeune  pour  elle.  «  Gomment  l'entendez-vous,  — 
s'écria-t-elle  toute  courroucée2, —  ne  suis-je pas  encore  d'âge  à  le  satisfaire  hi  Et 
elle  chargea  Cécil  d'en  conférer  avec  h1  cardinal  de  Chatillon. 

Les  choses  en  restèrent  là  momentanément;  mais  la  nouvelle  s'étant  répandue 
que  la  reine  pensait  de  nouveau  à  Leicester  et  que  les  memhres  du  Conseil  jus- 
qu'ici hostiles  à  cette  union  y  poussaient  leur  maîtresse,  La  Mothe-Fénelon  jugea 
que  le  mieux  était  de  s'en  expliquer  avec  Leicester  lui-même. 

Lorsqu'il  lui  en  parla,  le  comte  lui  avoua  qu'ccil  avait  eu  tous  ses  collègues 
pour  adversaires  lorsque  l'heure  lui  était  propice,  et  qu'aujourd'hui,  s'ils  fai- 
saient semblant  de  l'appuyer,  c'était  uniquement  pour  écarter  le  duc  d'Anjou3-. 

Etait-il  sincère  en  se  faisant  si  bonne  justice?  La  Mothe  feignit  de.  le  croire, 
mais  tout  eu  conservant  ses  doutes. 

11 

Revenons  au  mariage  du  frère  à  celui  de  la  somr  :  nous  avons  laissé  Catherine 
attendant  le  retour  de  don  Loys  île  Torres  et  bien  décidée  à  régler  sa  conduite 
sur  le  résultai  plus  ou  moins  favorable  de  sa  mission.  Dès  son  retour  à  Madrid, 
Fourquevaux   lui  demanda  quelle   réponse   il  rapportait  de  Lisbonne.  11  ne  lui 

'   Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fé-  2  Correspondance  diplomatique  de  l.a  Moilie-Fé- 

nelon,  1.  lit,  j>.  638,  43<).  Les  projets  de  mariage        neion,  t.  lit,  p.  h'xo. 
d'Elisabeth,  y.  ■]'■>.  '  Ibid.,  p.  44u. 


INTRODUCTION.  v 

cacha  pas  quelle  était  peu  satisfaisante,  que  l'entourage  du  roi  n'avait  cessé  de  lui 
répéter  qu'il  était  trop  délicat  pour  se  marier,  que  Madame  Marguerite  de  France 
ayant  attendu  des  années  avant  d'épouser  le  duc  de  Savoie,  Madame  pouvait 
bien  faire  de  même,  et  que  d'ailleurs  les  conseillers  du  jeune  roi,  qualifiant 
la  récente  paix  de  Saint-Germain  d'humiliante  capitulation  avec  les  huguenots, 
avant  de  s'engager  plus  avant,  voulaient  voir  comment  les  choses  tourneraient 
en  France  '. 

Peu  satisfait  de  ce  faux-fuyant,  Fourquevaux,  à  sa  première  audience,  se 
permit  d'interroger  Philippe  II  sur  ce  que  lui  avait  rapporté  Torres;  il  répondit 
qu'il  n'en  savait  pas  plus  que  ce  qu'il  lui  avait  dit  à  lui-même  ;  mais  le 
prince  d'Evoli  qu'il  vit  le  même  jour,  chercha  à  lui  rendre  un  peu  de  con- 
fiance, n'attribuant  ce  retard  qu'aux  conseils  des  deux  théatins  qui  gouvernaient 
le  jeune  roi,  mais  dont  l'influence  touchait  à  sa  fin,  et  il  l'assura  que  le  roi  son 
maître  restait  toujours  très  favorable  à  ce  projet  de  mariage. 

Fourquevaux  se  laissa--t-il  prendre  à  ces  belles  paroles;  ou  zélé  catholique  était- 
il  ,  au  fond  du  cœur,  hostile  au  mariage  de  Marguerite  avec  le  prince  de  Navarre 
dont  il  redoutait  l'éventualité,  en  cas  dune  rupture  définitive  avec  le  Portugal? 
Toujours  est-il  que,  revenu  à  ses  premières  illusions,  il  écrivit  à  Catherine  : 
trDes  plus  grands  aux  plus  petits,  tous  à  Lisbonne  veulent  votre  fille,  i>  Et,  pour 
effacer  les  lâcheuses  impressions  qu'elle  avait  du  jeune  roi  :  «tout  ce  qu'on  a  dit 
de  lui  à  Votre  Majesté  n'est  pas  véritable;  il  est  blond  comme  fil  d'or,  sain  et 
robuste,  et  si,  comme  on  le  dit,  il  est  peu  affectionné  aux  femmes,  il  ne  s'en 
portera  que  mieux  et  sera  un  meilleur  mari  2.  - 

Malicorne,  envoyé  tout  récemment  en  Portugal,  en  avait  fait  à  Catherine  un 
tout  autre  portrait  :  tt.IÏ  porte  à  sa  ceinture  un  des  livres  de  saint  Thomas;  il  court 
de  lieu  en  lieu  sans  s'arrêter  nulle  part,  afin  de  lasser  ceux  qui  le  suivent  et  finir 
par  rester  seul  avec  ses  théatins;  l'on  en  parle  comme  d'un  prince  bizarre  et  de 
petite  réputation3. n 

A  l'heure  présente,  qu'importait  à  Catherine  qu'il  fut  beau  ou  laid,  sain 
d'esprit  ou  bizarre?  Elle  avait  complètement  renoncé  à  ce  mariage  et  pensait  sé- 
rieusement à  Henri  de  Navarre.  Non  moins  dégoûté  qu'elle  des  façons  d'agir  du 
Portugal,  Charles IX,  dans  un  long  mémoire  daté  du  7  février  1071,  expose  tous 
ses  griefs  à  Fourquevaux,  et  dans  les  termes  les  plus  amers,  se  plaint  du  peu  de 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  10752.  —  2  Ibid.  —  3   Ibid. 


vi  INTRODUCTION. 

cas  que  l'on  a  fait  de  la  main  de  sa  sœur:  trElle  n'est  pas  de  si  petite  maison, 
disait-il,  qu'elle  demeure  sans  parti  et  sans  être  demandée  et  recherchée  de  plu- 
sieurs endroits.  J'entends  que  vous  ne  me  parliez  plus  de  ce  mariage,  sinon  comme 
d'une  chose  à  quoi  je  ne  pense  plus,  mais  de  marier  ma  sœur  en  tel  lieu  que 
j'en  recevrai  plaisir,  contentement  et  service  et  dont  le  mari  se  sentira  grandement 
honoré  et  obligé  l.  ■» 

Sans  le  nommer,  c'était  désigner  Henri  de  Navarre. 

Un  mauvais  vent  soufflait  sur  tous  les  projets  de  Catherine;  si  la  rupture  du 
mariage  de  Portugal  n'avait  été  pour  elle  qu'une  légère  déception,  l'obstination 
du  duc  d'Anjou  à  ne  pas  vouloir  entendre  parler  de  son  mariage  avec  la  reine 
d'Angleterre  était  pour  elle  un  vrai  chagrin. 

Contrainte  d'en  faire  le  triste  aveu  à  La  Mothe-Fénelon,  elle  lui  écrivait: 
crMon  fils  m'a  fait  dire  par  le  Roi  son  frère,  qu'il  ne  la  veut  point  épouser,  quand 
même  elle  voudroit,  d'autant  qu'il  a  toujours  très  mal  ouï  parler  de  son  honneur 
et  en  a  vu  des  lettres  de  tous  les  ambassadeurs  qui  y  ont  été;  qu'il  penseroit  être 
déshonoré  et  pourroit  perdre  toute  la  réputation  qu'il  a  acquise.  J'ai  grand  regret 
de  l'opinion  qu'il  a  et  voudrois  qu'il  m'eût  coûté  beaucoup  de  sang  de  mon  corps 
que  je  la  lui  eusse  pu  ôler,  mais  je  ne  l'ai  pu  gagner  en  ceci,  encore  qu'il  me 
soit  obéissant 2.  n 

Ce  qu'elle  n'osait  avouer,  c'est  que  la  principale  cause  du  refus  du  duc  d'Anjou 
c'était  sa  liaison  avec  Renée  de  Châteauneuf;  mais  dans  la  vie  des  cours,  il  y  a 
toujours  de  secrets  dessous  de  cartes,  des  surprises  inattendues.  Quelques  jours 
plus  tard,  le  duc  revint  de  lui-même  sur  sa  première  décision.  A  quels  motifs 
attribuer  ce  changement  ? 

Châteauneuf  avait-elle  invité  son  jeune  amant  à  donner  à  sa  mère  une  appa- 
rente satisfaction,  sauf  à  mieux  se  garder  des  regards  indiscrets,  ou  bien  espérait- 
elle  qu'une  prochaine  rupture  viendrait  de  la  capricieuse  et  fantasque  reine 
d'Angleterre?  Quelle  que  fût  la  cause  de  ce  revirement,  Catherine  avait  repris 
toutes  ses  illusions:  rc J'ai  tant  fait,  écrit-elle  le  8  février  1671  à  La  Mothe-Fé- 
nelon, que  mon  fils  d'Anjou  s'est  condescendu  à  l'épouser,  si  elle  le  veut,  ce  que 
voyant  j'ai  fait  temporiser  ici  milord  Ruckhurst  encore  qu'il  aye  pris  congé ,  afin  qu'il 
vienne  de  nouveau  parler  au  Roi  mon  fils  et  à  moi,  et  qu'étant  assurés  à  présent 
de  la  volonté  de  mon  fils  d'Anjou  nous  lui  en  parlions  de  façon  que  la  reine  sa 

'  Iîilil.  nat. ,  fonds  fiançais,  n"  10752,  fol.  953.  —  "'  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fé- 
nelon, I.  VII,  p.  70. 


INTRODUCTION.  vu 

maîtresse,  à  son  retour,  reconnoisse  qu'il  ne  tient  plus  à  nous,  si  elle  a  envie  de 
se  marier  et  d'épouser  mon  fils  l.  n 

La  veille  de  son  départ  de  Paris,  lord  Buckhurst,  qui  était  venu,  de  la  part 
d'Elisabeth ,  complimenter  Charles  IX  à  l'occasion  de  son  mariage,  ayant  manifesté 
le  désir  de  voir  le  jardin  des  Tuileries  dont  Catherine  était  si  fière,  et  ainsi  l'oc- 
casion d'avoir  avec  lui  cette  entrevue  secrète  se  présentant  tout  naturellement, 
elle  s'y  rendit  de  son  côté  et  en  l'apercevant  feignit  l'étonnement.  11  se  rapprocha 
et  l'entretien  Rengageant,  elle  lui  exprima  de  nouveau  toute  l'affection  que  le  Roi 
et  elle  portaient  à  sa  maîtresse,  et  leur  désir  commun  de  profiter  de  toutes  les 
occasions  pour  la  fortifier.  Buckhurst  y  crut  voir  une  allusion  au  projet  de  ma- 
riage du  duc  d'Anjou  et  d'Elisabeth.  Loin  de  s'en  défendre,  elle  lui  déclara  for- 
mellement que,  si  le  Roi  et  elle  étaient  assurés  que  la  reine  ne  se  moquât  pas 
de  son  fils,  ainsi  qu'elle  l'avait  fait  jusqu'ici  de  tous  ses  autres  prétendants,  ils 
le  désiraient  vivement,  sous  la  réserve  toutefois  que  leur  honneur  ne  serait  eu 
rien  compromis.  A  cette  avance  si  directe,  il  répondit  que  la  reine,  au  départ, 
lui  avait  recommandé,  si  Leurs  Majestés  abordaient  ce  propos,  d'affirmer  qu'elle 
était  résolue  de  se  marier  hors  de  son  royaume  et  à  un  prince  de  même  aile, 
mais,  comme  ce  n'était  pas  aux  filles  à  rechercher  les  hommes,  elle  n'en  dirait  pas 
davantage;  puis,  venant  à  exprimer  sa  propre  opinion,  il  ajouta  que  tous  les  grands 
du  royaume  faisaient  à  la  reine  l'obligation  de  se  marier,  mais  que  tous  les 
prétendants  aujourd'hui  sur  les  rangs,  le  roi  de  Suède,  le  frère  du  roi  de 
Danemark,  étaient  de  pauvres  sires  et  d'un  pays  bien  éloigné,  tandis  que  le  duc 
d'Anjou  était  leur  plus  proche  voisin  et  s'appuyait  sur  un  grand  roi;  et,  en 
prenant  congé,  il  la  pria  de  lui  dire  ce  qu'elle  désirait  qu'il  écrivît  à  Elisabeth.  — 
A  cette  offre  si  flatteuse,  elle  répondit  que,  si  la  reine  était  vraiment  dans  l'inten- 
tion de  se  marier,  le  Roi  son  fils  et  elle  étaient  disposés  à  entrer  tout  aussitôt  en 
pourparlers2.  Ce  qui  acheva  de  l'illusionner,  c'est  que  Calvacanti  lui  remit  un 
portrait  d'Elisabeth  laissé  par  Buckhurst  pour  en  faire  hommage  au  duc  d'Anjou. 

A  quelques  jours  de  là,  Téligny,  venu  à  la  cour  pour  débattre  certaines  ques- 
tions relatives  à  l'exécution  de  l'édit  de  pacification,  lui  parla  le  premier  du  ma- 
riage du  duc  d'Anjou,  et  lui  offrit  d'en  écrire  au  cardinal  de  Chàtillon  dans  les 
termes  qu'elle  voudrait  bien  lui  indiquer. 

Elle  lui  répéta  ce  qu'elle  avait  dit  à  lord  Buckhurst  que,  si  le  Roi  et  elle  pou- 

1  Voir  le  présent  volume ,  p.  28. —  !  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  Vll.p.189. 
Voir  Calendar  of  State  papers  (1571),  p.  4i3. 


vm  INTRODUCTION. 

vaient  compter  sur  la  bonne  volonté  d'Elisabeth,  ils  feraient  tout  pour  sauvegarder 

son  honneur,  comme  le  leur  propre. 

Sur  l'observation  de  Téligny,  que  le  duc  d'Anjou  semblait  bien  peu  disposé  à 
cette  union,  elle  affirma  qu'il  n'en  était  rien;  d'ailleurs,  il  y  avait  tant  de  gens 
hostiles  à  ce  mariage,  que  s'ils  le  croyaient  possible,  ils  feraient  tout  pour 
l'empêcher;  il    valait  donc  mieux  qu'ils  s'imaginassent  que  son  fils  n'y  pensait 

plus1. 

Téligm  ayant  exprimé  les  mêmes  doutes  à  Charles  IX,  le  Roi  le  rassura  éga- 
lement ,  et  lui  dit  qu'il  se  proposait  d'emmener  son  frère  hors  de  Paris,  afin  de  le 
soustraire  à  l'obsession  de  certains  moines  qui  s'appliquaient  à  surexciter  en  lui 
cet  accès  de  dévotion,  et  que,  dans  peu  de  jours,  il  le  mettrait  en  disposition 
de  faire  ce  qu'il  voudrait2. 

Le  pins  passionné  de  tous  les  opposants,  c'était  le  cardinal  de  Pellevéï  «  Quant 
au  mariage  de  la  reine  d'Angleterre,  écrivait-il,  qui  est  la  pratique  de  notre 
apostat  le  cardinal  de  Chàtillon,  je  vous  assure  que  le  duc  n'en  a  nulle  volonté. 
Tenez  cela  pour  résolu.  Le  roi  d'Espagne,  avec  toutes  les  qualités  que  l'on  peut 
désirer  et  avec  une  princesse  si  catholique3,  vous  savez  le  peu  de  pouvoir  qu'il 
avoit  pour  le  gouvernement  de  cette  nation  par  trop  soupçonneuse;  Monsieur  n'eût 
jamais  été  le  roi;  mais  le  mari  de  la  reine4. n 


111 

Encouragée  par  les  assurances  que  lord  Buckhurst  lui  rapportait  de  la  sincé- 


rité de  Catherine,  Elisabeth,  le  29  mars,  fit  savoir  à  Walsingham,  son  nouvel 
ambassadeur  en  France,  qu'elle  était  décidée  à  accepter  le  duc  d'Anjou  pour 
époux;  mais  que,  voulant  s'épargner  une  réponse  trop  directe,  elle  désirait 
que  la  Reine  mère,  si  experte  dans  les  négociations  de  ce  genre,  voulût  bien 
se  charger  de  faire  ce  qu'elle  jugerait  convenable  et  d'usage  en  pareil  cas.  Quant 
à  la  religion,  elle  déclara  qu'elle  n'en  permettrait  jamais  l'exercice  public5. 

Walsingham  jugea  bien  que,  s'il  communiquait  un  pareil  ultimatum  au  duc 
d'Anjou,  détourné  de  ce  mariage  et  par  le  nonce  et  par  les  chefs  catholiques,  il 

1  C.m;rsr,„l.   dipbm.    de   La    Mothe-Fénelon,  »  Record  office,  State  papers  (France,  copie  du 

I.  VII   p.  1  80.  temps).  Voir  notre  livre  Le  1  ri'  siècle  et  les  Valut* . 

Mémoriei  et  lettres  de  II  ahingham,  p.  90.  p.  ^9<>  (celte  lettre  est  -ans  suscription). 

Marie  Tudor.  Mémoires  de  Walsingham,  p.  65  et  68. 


INTRODUCTION.  ix 

en  prendrait  le  prétexte  d'une  rupture  immédiate  ;  aussi  se  borna-t-il  à  dire  à  Ca- 
therine que  sa  maîtresse  acceptait  l'offre  de  la  main  du  duc.  Elle  s'attendait  à  une 
réponse  moins  laconique  et  qui  lui  eût  permis  de  vaincre  les  scrupules  de  son  fils; 
usant  de  la  même  réserve,  elle  répondit  que,  «si  l'on  négociait  de  bonne  foi,  leurs 
bonnes  relations  n'en  subiraient  aucune  altération,  quel  que  fût  le  résultat  final  '  •». 

Walsingham  ayant  ajouté  qu'il  était  autorisé  à  conférer  des  conditions  du  ma- 
riage avec  M.  de  Foix,  mais  qu'il  serait  peut-être  préférable  de  faire  partir  pour 
l'Angleterre  un  personnage  de  haute  qualité,  muni  de  pleins  pouvoirs,  et  de  pré- 
férence ayant  indiqué  M.  de  Foix,  Catherine  promit  de  l'y  envoyer,  mais  un  peu 
plus  tard2.  En  réalité,  elle  voulait  y  voir  plus  clair,  et  se  décida  à  faire  repartir 
pour  Londres  Cavalcanti,  auquel  elle  remit  des  instructions  verbales,  de  crainte 
que  la  reine  ne  fit  plus  tard  un  mauvais  usage  de  notes  écrites. 

Avertie  de  l'arrivée  de  ce  nouvel  envoyé,  Elisabeth  vint  l'attendre,  le  1 1  avril, 
à  l'hôtel  de  Cécil,  où  elle  eut  avec  lui  une  conversation  secrète3.  La  Mothe,  au- 
quel Cavalcanti  ne  crut  pas  devoir  en  faire  part,  alla  seul  le  lendemain,  12  avril, 
au  palais,  et  officiellement  fit  à  la  reine  la  demande  de  sa  main,  se  portant  garant 
de  la  grande  et  sincère  admiration  que  le  duc  professait  pour  elle'. 

Après  l'avoir  prié  de  remercier  Leurs  Majestés  du  grand  honneur  qu'ils  lui 
faisaient,  «par  l'offre  d'une  chose  si  excellente,  comme  étoit  leur  fils  et  frèreu, 
elle  lui  dit  que  Téligny  lui  en  avait  écrit  et  dans  des  termes  si  flatteurs  pour  M.  le 
duc  d'Anjou,  qu'elle  venait  de  s'en  expliquer  plus  ouvertement  avec  Walsingham 
qu'elle  ne  l'avait  fait  jusqu'ici,  et  qu'elle  l'avait  chargé  de  le  redire  en  son  nom; 
puis,  revenant  sur  le  passé,  elle  rappela  qu'elle  n'avait  refusé  l'offre  de  la  main 
de  Philippe  II,  son  beau-frère,  que  par  motif  de  conscience;  qu'elle  n'avait  pris 
que  huit  jours  pour  donner  une  réponse  négative  aux  propositions  des  rois  de 
Suède  et  de  Danemark,  et  qu'en  réalité  l'archiduc  Charles  était  le  seul  qui,  à 
bon  droit,  aurait  pu  se  plaindre  de  ses  lenteurs  et  de  ses  irrésolutions;  que 
la  faute  en  était  uniquement  aux  troubles  qui  alors  agitaient  l'Europe;  mais  en 
même  temps  elle  insista  sur  le  refus  formel  qu'elle  lui  avait  fait  de  l'exercice  de 
sa  religion ,  et  pria  La  Mothe  de  ne  pas  se  montrer  trop  exigeant  sur  cet  article. 
Il  lui  observa  que,  dans  tous  les  mariages  qui  avaient  été  conclus  entre  personnes 
de  religion  différente,  l'on  avait  toujours  respecté  la  conscience  des  deux  époux. 

1  Lettres  de  Walsingham  ,  p.  76  et  •j'ô.  —  2  Ibid. ,  p.  70.  —  3  Voir  noire  livre  Le  m' siècle  et  les  Valois, 
p.  25g.  —  i   Correspond,  diplom.  de  La  Mothe-Fcnelon ,  t.  IV.  p.  63  et  suiv. 

Catherine  de  Médius.  —  11.  b 

lUPIUSUr.lE     BATIOXAtC. 


x  INTRODUCTION. 

Elle  abonda  dans  son  sens  el  lui  dit  qu'elle  avait  été  sacrée  et  couronnée  par 
un  évèque  catholique,  sans  avoir  toutefois  assisté  à  la  messe,  et  qu'il  lui  serait 
pénible  de  voir  le  duc  abandonner  sa  religion;  car,  s'il  délaissait  Dieu,  il  ne  tar- 
derait pas  à  la  délaisser  elle-même,  et  sur  ces  dernières  paroles  si  encourageantes, 
elle' le  congédia  '. 

Le  projet  de  contrat  que  Catherine  avait  remis  au  départ  à  lord  Buckhurst 
comprenait  huit  articles  :  «Le  mariage  serait  célébré  suivant  les  cérémonies 
de  l'église  catholique;  le  duc  et  les  siens  auraient  le  libre  exercice  de  leur  culte; 
après  la  célébration  du  mariage,  il  prendrait  le  litre  de  roi  et  administrerait 
conjointement  avec  la  reine;  il  serait  couronné  et  prélèverait  chaque  année 
(io,ooo  livres  sur  les  revenus  de  l'Angleterre;  ses  enfants  succéderaient  aux  biens 
paternels  et  maternels;  en  cas  de  prédécès  de  la  reine,  il  retiendrait  le  titre  de 
roi  et  administrerait  le  royaume;  si  la  reine  ne  laissait  pas  d'enfants,  il  conti- 
nuerait à  toucher  les  60,000  livres;  enfin  une  perpétuelle  ligue  serait  établie 
entre  les  deux  royaumes'2,  v 

Une  première  discussion  s'engagea  à  ce  sujet  entre  La  Mothe-Fénelon  et  Bur- 
ghley  qui,  contre  toute  attente,  se  montra  beaucoup  moins  traitable  sur  la  ques- 
tion religieuse  que  la  reine,  et  qui  affirma  que  la  moindre  concession  pourrait 
être  l'occasion  de  scandale  et  de  troubles  dans  le  royaume. 

La  Mothe  lui  objecta  que  la  reine  venait  de  lui  dire  qu'elle  n'estimerait  point 
le  duc  s'il  renonçait  à  sa  religion;  lui  eu  refuser  le  libre  exercice  c'était  donner 
lieu  de  douter  de  tout  le  reste3. 

Ce  premier  entretien  était  trop  mal  engagé  pour  pouvoir  se  continuer  utile- 
ment. Les  jours  suivants,  La  Mothe  revit  plusieurs  l'ois  Elisabeth,  mais  sans  pou- 
voir rien  obtenir  d'elle.  11  finit  par  la  [nier  de  vouloir  bien  répondre  à  la  lettre 
<pie  Cavalcanti  lui  avait  remise  de  la  part  du  duc  d'Anjou.  D'abord  elle  s'en 
défendit  vivement  :  rr  la  plume  lui  tomberait  des  mains,  n'ayant  jamais  écrit  à 
aucun  des  princes  qui  avaient  sollicité  sa  main,  à  l'exception  de  l'archiduc  Charles*, 
el  encore  ne  s'agissait-il  pas  de  son  mariage -n. 

Douée  comme  elle  l'était,  et  au  suprême  degré,  de  l'intelligence  d'un  homme 
d'Etat  rompu  à  la  pratique  des  grandes  affaires,  il  y  avait  néanmoins  en  elle  un 

1   Correspond,  diplom.  de  La  Motlie-Fénelon  (dé-  ;  Correspond,    diplom.    de    La    Mothe-Fénelon, 

pèche  du  1/1  avril  1571),  t.  IV,  |>.  65.  1.  IV,  p.  68. 

1  Voir  notée  livre  Le  xri  siècle  et  les  Valois,  '   Voir  notre  livre  Les  projets  de  mariage  de  la 

p.  -280.  reine  Elisabeth ,  p.  9  et  suiv. 


INTRODUCTION.  m 

côté  vraiment  puéril  de  vanité  féminine,  rt C'est  souvent  plus  qu'un  homme,  di- 
sait le  marquis  de  Salisbury,  et  quelquefois  moins  qu'une  femme,  *  Tout  en 
affectant  vis-à-vis  de  La  Mothe-Fénelon  de  n'être  pas  digne  du  duc  d'Anjou  et 
semblant  redouter  qu'tril  n'eût  que  faire  d'elle  t>,  elle  s'étendait  sur  les  louanges 
de  son  jeune  prétendant,  et  se  complaisait  à  vanter  sa  bonne  grâce;  sa  valeur  aux 
armes,  sans  oublier  de  parler  de  sa  main,  que  l'on  disait  l'une  des  plus  belles  de 
France. 

Jamais  deux  jours  de  suite  la  fantasque  et  capricieuse  créature  n'était  de  la 
même  humeur.  Lorsque  La  Mothe  la  revit,  d'une  voix  sèche,  elle  lui  demanda  s'il 
savait  le  propos  tenu  sur  elle  par  l'un  des  hommes  les  plus  haut  placés  à  la  cour  de 
France.  Sur  sa  réponse  négative,  elle  prétendit  que  ce  personnage  l'avait  gratifiée 
d'un  mal  incurable  à  la  jambe,  et  qu'il  avait  dit  «-que  Monsieur  feroit  bien  devenir 
épouser  cette  vieille  qui  ne  guérira  jamais;  sous  ce  prétexte  on  lui  donnera  un 
breuvage  de  France,  et  une  fois  veuf,  il  pourra  prendre  pour  femme  la  reine 
d'Ecosse  S. 

La  Mothe  insistant  pour  savoir  le  nom  de  l'insolent  dont  le  roi  son  maître 
ferait  bonne  et  sévère  justice,  elle  s'y  refusa,  mais  toutefois  le  chargea  de  s'in- 
former de  la  vérité  du  propos;  elle  s'en  montrait  si  courroucée  qu'elle  par- 
lait d'envoyer  Sidnev  en  Espagne  et  de  reprendre  d'amicales  relations  avec  Phi- 
lippe II.  Quelques  jours  plus  tard,  revoyant  La  Mothe,  elle  lui  exprima  ses  regrets 
de  ce  qu'il  n'était  pas  venu  au  bal  de  lord  Northampton,  car  elle  y  avait  dansé, 
et  il  aurait  pu  écrire  au  duc  qu'il  ne  courait  pas  le  risque  d'épouser  une  boiteuse2. 

A  son  excessive  vanité  s'ajoutait  une  incroyable  superstition  ;  sa  grande  préoc- 
cupation du  moment,  c'était  de  savoir  comment  se  réglerait  la  cérémonie  de  son 
mariage;  elle  craignait  que  le  duc,  au  moment  de  s'agenouiller  devant  l'autel,  ne 
vînt  à  rompre,  et  à  l'avance  s'effrayant  à  la  pensée  que  l'anneau  nuptial  pourrait 
tomber  à  terre,  elle  en  concevait  les  plus  sinistres  pressentiments3. 

Toutes  ces  réserves  et  ces  perpétuelles  variations  expliquent  assez  le  peu  d'es- 
poir que  Cavalcanti 'rapportait d'une  solution  favorable.  Rentré  le  2Z1  avril,  il  remit 
à  Walsingham  les  lettres  d'Elisabeth.  Elles  le  déterminèrent  à  solliciter  une  au- 
dience de  Catherine.  Reçu  à  Saint-Cloud  le  26  avril,  il  lui  demanda,  en  l'abor- 
dant, si  elle  était  satisfaite  de  la  réponse  de  la  reine.  Elle  se  plaignit  de  n'en  avoir 
aucune  aux  articles  emportés  par  lord  Buckhurst,  à  l'exception  de  celui  sur  l'exer- 

1   Correspond,  diplom.  de  La  Mothe- Fénelo» ,  t.  IV,  p.  80.  —  2  Ibid.,  t.  IV.  p.  ç»4.  —  '  Ibid.,  p.  96. 


INTRODUCTION. 


cice  de  la  religion,  dont  les  conditions  étaient  tellement  dures  que,  si  son  fils  y 
souscrivait,  la  reine  sa  maîtresse  aurait  sa  part  de  blâme,  car  un  changement  si 
brusque  de  religion  ferait  à  juste  titre  accuser  son  époux  de  n'avoir  ni  piété  ni 


conscience  '. 


Pour  toute  excuse  il  allégua  que  la  reine  n'exigeait  pas  que  le  duc  pratiquât 
les  rites  de  la  religion  anglicane. 

N'avoir  pas  le  libre  exercice  de  sa  religion  ou  l'abjurer'2,  répliqua-t-elle,  c'était 
la  même  chose;  nulle  considération  ne  pourrait  y  déterminer  son  fils,  et  en  défi- 
nitive la  meilleure  garantie  de  paix  pour  l'Angleterre,  ce  serait  l'appui  du  Roi  son 
fils. 

Sur  son  observation  qu'il  en  résulterait  plus  de  mal  que  de  bien,  elle  se  ra- 
doucit et  alla  jusqu'à  lui  dire  que  son  fils,  ayant  plus  de  zèle  pour' sa  religion  que 
de  savoir,  il  céderait  peut-être  bientôt  aux  persuasions  de  la  reine;  ce  danger 
dont  il  semblait  si  fort  s'effrayer  serait  ainsi  de  bien  courte  durée;  d'ailleurs  ce 
mariage  amènerait  peut-être  de  grandes  mutations  dans  la  chrétienté,  ce  que  les 
catholiques  redoutaient  par-dessus  tout. 

C'était  plaider  la  cause  de  l'anglicanisme. 

Étonné  d'un  pareil  langage,  Walsingham  lui  demanda  si  elle  lui  permettait  de 
transmettre  ces  paroles  à  Elisabeth  3.  Elle  l'y  autorisa  et  lui  fit  signe  de  se  retirer. 


IV 

Jusqu'ici  nous  avons  suivi  pas  à  pas  tous  les  projets  de  mariage  ambitionnés  par 
Catherine  dont  pas  un  ne  devait  aboutir.  Toute  son  action  s'est  limitée  à  ces 
stériles  négociations  et  s'y  est  rapetissée;  mais,  à  partir  du  mois  de  mars  1671, 
l'horizon  s'élargit  et  une  politique  nouvelle  se  fait  jour,  politique  toute  française 
et  dont,  contre  toute  attente,  l'initiative  appartient  en  propre  à  Charles  IX.  Pour 
mieux  en  déterminer  les  causes  et  le  point  de  départ,  retoujrnons  en  arrière  et 
voyons  ce  que  sont  devenus  les  principaux  chefs  protestants  depuis  la  paix  de 
Saint-Germain  (août  1670). 

Coligny,  Jeanne  d'Albret  et  les  deux  princes  de  Navarre  et  de  Coudé  n'ont  pas 
quitté  la  Rochelle;  avant  tout,  il  leur  importait  d'assurer  la  stricte  exécution  du 
nouvel  édit  de  pacification,  et,  pour  y  parvenir  à  plusieurs  reprises,  ils  avaient  dé- 

1   Lettres  de  Walsingham,  p.  99.  —  s  Ibid.,  p.  99,  —  '  Ibid.,  p.  99  cl  ion. 


INTRODUCTION.  va 

puté  à  la  cour  Téligny ,  Beauvoir  La  Nocle  et  Cavaignes.  De  son  côté,  Jeanne 
d'Albret  n'avait  cessé  de  se  plaindre  de  ce  que  ses  sujets  catholiques  méconnais- 
saient son  autorité.  Une  correspondance  s'étant  engagée  à  ce  sujet  entre  elle  et 
Catherine,  elle  lui  avait  écrit  : 

Madame,  Monsieur  le  maréchal  de  Cossé  estant  venu  icy  et  nous  ayant  fait  entendre  la  bonne 
volonté  de  Voz  Majestez  à  l'enlreténement  de  l'édit,  nous  luy  avons  bien  au  long  remonstré 
que,  si  le  Roy  n'y  met  la  main  à  bon  escient,  que  nous  ne  voyons  point  que  les  choses  n'aillent 
de  mal  en  pis,  car  aullant  de  bonne  volonté'  le  Roy  monstre  à  la  paix  et  repos  de  son 
loyaulme,  autant  la  plus  grande  partie  de  ses  minisires  s'emploient  à  sa  ruine.  Ce  sont  faits  trop 
longs  à  discourir  par  celte  lettre;  mais  nous  en  avons  baillé"  le  mémoire  au  sr  de  Quincé.  Il  me 
reste  à  faire  ma  plainte  particulière  du  traitement  que  mon  filz  et  moy  recevons  tant  par  nos  villes 
qui  ne  nous  sont  encore  rendues,  que  luy  en  l'autorité  de  son  gouvernement,  ce  qui  nous  l'ait 
plus  de  mal,  parce  que  toutes  ces  défaveurs  se  font  mesme  contre  l'édit  ou  pour  préférer  à  noust 
quelque  manière  de  gens  si  éloignés  de  nostre  repos  et  du  service  que  nous  et  les  nostres  vous 
ont  fait.  Il  vous  plaist  m'asseurer  que  mou  fils  et  moy,  estant  près  de  vous,  aurions  honneur  et 
faveur  et  bon  traitement  que  nous  sçaurions  désirer,  comme  m'a  dit  Monsieur  le  marescbal,  et 
ayant  veu  par  le  passé  commencer  l'effet  et  se  continuer  autrement,  je  suis  de  complexion 
soupçonneuse,  Madame,  comme  vous  sçavez  bien,  qui  me  fait  avoir  crainte  grande  que  voz  vo- 
lonlez  soient  bonnes,  comme  je  n'en  fais  nul  doute,  et  que  ceux  qui  jusqu'icy  ont  eu  pouvoir 
de  les  altérer  en  nostre  endroict  fissent  toujours  de  mesme.  Je  ne  suis  pas  si  ignorante  que  je 
ne  cognoisse  bien  que  toute  notre  grandeur  dépend  de  Voz  Majestez  et  le  très  humble  service 
qui  nous  oblige  et  appelle  à  vos  pieds,  pour  y  employer  vie  et  biens;  mais  je  suis  ung  pelit 
glorieuse,  je  désire  y  eslre  avec  honneur  et  faveur  que  je  pense  mieulx  mériter  que  d'aultres 
qui  en  ont  plus  que  moy.  Je  craindrois,  Madame,  vous  fascher  de  ces  propoz  si  vostre  bonté 
ne  m'avoit  accoutumée  en  mes  jeunes  ans  aux  privilèges  que  ma  vieillesse  me  pourroit  donner 
de  parler  privément  à  Votre  Majestez  \. 

Charles  IX,  voulant  aplanir  toute  difficulté,  renvoya  Cossé  à  la  Rochelle,  et, 
les  bonnes  paroles  dont  il  était  porteur  ayant  dissipé  tous  les  soupçons,  le  ma- 
réchal put  écrire  au  Roi  de  cette  ville  :  et  Sire,  l'assurance  qu'ils  ont  prise  entiè- 
rement à  votre  sincère  intention  et  volonté  de  l'entreténement  de  l'édit,  joint  à  ce 
que  leurs  députés  leur  ont  mandé  de  ce  que  Votre  Majesté  leur  a  dit  les  a  telle- 
ment rassurés  que  je  ne  vois  aucun  doute  d'entrer  en  défiance,  s'il  ne  survient 
quelque  chose 2.  n 

A  ce  moment  la  Rochelle  avait  dans  ses  murs  l'un  des  plus  rudes  adversaires 
de    Philippe   II,   Ludovic   de   Nassau,   le    bras   droit    de   son   frère  Guillaume 

1  Aulogr.  Bibliothèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg.  —  "'  Bifal.  oat.,  fonds  français ,  a°  1 5553. 


v,v  INTRODUCTION. 

d'Orange.  Du  port  de  cette  ville  partaient  les  vaisseaux  armés  par  lui  qui,  sur 
toutes  les  mers,  allaient  faire  la  chasse  à  ceux  de,  l'Espagne.  A  plusieurs  re- 
prises, don  Francès  de  Alava,  ambassadeur  du  Roi  Catholique ,  était  venu  s'en 
plaindre  à- Charles  IX  et  ses  persistantes  remontrances  avaient  motivé  la  mission 
de  Castelnau  de  Mauvissière  à  la  Rochelle. 

De  son  côté.  Catherine  y  avait  envoyé  un  homme  à  elle,  Galeas  Frégose,  ce  rusé 
diplomate  italien  dont  l'ambassadeur  d'Espagne  disait  :  «  C'est  le  plus  hérétique 
des  hérétiques. i>  Durant  son  séjour  à  la  Rochelle,  Ludovic  de  Nassau,  avec  lequel 
il  eut  de  fréquents  entretiens,  lui  confia  que,  n'espérant  rien  tirer  delà  trop  par- 
cimonieuse reine  d'Angleterre,  qui  faisait  la  sourde  oreille  à  toutes  ses  demandes 
de  subsides  et  de  secours,  il  songeait  à  s'adresser  à  Charles  IX  et  à  lui  faire  passer 
sous  les  yeux  une  brillante  perspective  de  gloire  et  d'agrandissement  pour  son 
royaume.  A  son  retour  Frégose  rapporta  fidèlement  au  Roi  tout  ce  que  le  comte 
Ludovic  lui  avait  laissé  entrevoir1. 

Ces  offres  si  séduisantes  ne  pouvaient  être  faites  en  temps  plus  opportun. 
Charles  IX  avait  à  se  venger  de  bien  des  injures.  Il  suffira  de  les  énumérer  :  le 
refus  de  la  main  du  duc  d'Anjou  par  dona  Juana,  la  sœur  de  Philippe  II,  et  plus 
récemment  l'injure  personnelle  que  lui  avait  faite  le  roi  son  beau-frère  en  s'ap- 
propriant  sa  fiancée  Aune  d'Autriche;  le  massacre  des  Français  dans  la  Floride, 
an  mépris  du  droit  antérieur  acquis  à  la  France  sur  cette  terre  appelée  de  tout 
temps  la  terre  aux  Bretons;  enfin  les  intrigues  incessantes  des  agents  de  l'Espagne 
pour ' détacher  les  Suisses  de  notre  alliance. 

L'on  était  à  l'un  de  ces  moments  où  toutes  les  ambitions  se  mettent  en  cam- 
pagne :  Philippe  II  convoitait  Sienne,  et,  de  son  côté,  l'empereur  Maxhnilien . 
mécontent  de*  ce  que  le  pape  avait  fait  de  Cosme  de  Médicis  un  grand-duc  de 
Toscane,  semblait  disposé  à  en  appeler  aux  armes,  et  s'appuyait  sur  le  duc  de 
Ferrare,  que  la  jalousie  poussait  également  à  une  agression.  Tandis  que  Cathe- 
rine, secrètement  influencée  par  la  duchesse  de  Nemours  qui  soutenait  les  intérêts 
de  la  maison  d'Esté  à  laquelle  elle  appartenait,  était  défavorable  à  son  cousin  de 
Médicis,  Charles  IX  se  disait  loutprêt  à  le  défendre.  Dans  la  seconde  quinzaine  de 
mars,  Petrucci,  l'ambassadeur  de  Florence,  ayant  mis  en  défaut  la  surveillance  de 
Catherine  et  ayant  pu  parvenir  jusqu'à  lui  :  rr  Quel  prétexte  avez-vous  donc  pris?n 
sY-cria-t-il  en  l'apercevant.  Sur  sa  réponse  qu'il  avait  dit  venir  pour  s'informer  du 

'   Nèjrocialionx  diplomatiques  arec  la  Toscane,  t.  III,  p.  (j'19. 


INTRODUCTION.  lv 

jour  de  l'entrée  de  la  reine  sa  femme  :  «Vous  savez  sans  doute,  reprit-il ,  que 
je  suis  vivement  sollicité  de  prendre  parti  contre  le  Grand-Duc  et  contre  le  Pape, 
avec  force  promesses  pour  m'y  décider.  J'ai  répondu  que  l'état  de  mon  royaume 
ne  me  permettait  d'ici  à  un  an  que  de  penser  à  son  repos.  Au  point  de  vue  delà 
religion,  l'aire  la  guerre  à  un  pape  est  toujours  répréhensible;  il  n'est  pas  moins 
mal  de  chercher  querelle  à  votre  maître  à  l'occasion  de  son  titre  de  "rond-duc1.? 

Petrucci  s'étant  incliné  pour  l'en  remercier  :  cr  Si  le  Grand-Duc  et  moi,  ajouta- 
l-il,  nous  nous  entendions  pour  venir  en  aide  au  prince  d'Orange,  les  Espagnols 
auraient  à  penser  à  autre  chose  qu'à  l'Italie  et  à  mon  royaume.  Il  m'importe  de 
savoir  à  quoi  m'en  tenir  sur  ses  intentions;  je  lui  enverrai  sous  peu  Frégose;  son 
titre  d'Italien  n'éveillera  pas  de  soupçons'2,  u 

Quelques  semaines  plus  lard  et  en  pleine  cour,  Charles  IX  s'expliqua  encore  plus 
ouvertement.  Le  chevalier  de  Seurre  lui  ayant  parlé  en  faveur  du  duc  de  Florence  : 
«Je  suis  décidé  à  le  soutenir-*,  dit-il  à  haute  voix.  —  tr Sire,  vous  devez  d'autant 
plus  le  faire,  reprit  de  Seurre,  qu'en  l'ayant  lui  et  les  Vénitiens  pour  alliés,  vous 
pourriez  pour  toujours  abattre  la  domination  des  Espagnols  en  Italie  et  l'abattre 
également  dans  les  Flandres  avec  l'appui  de  l'Angleterre  et  celui  des  princes  de  la 
Germanie 3.  n 

C'était  donc  là  une  nouvelle  orientation  de  la  politique;  Catherine  s'en  effraya, 
et,  pour  détourner  cet  orage,  le  2  mai  elle  écrivit  à  Fourquevaux  :  «Si  vous  en- 
tendez par  delà  parler  des  bruits  que  l'on  fait  courir  en  Italie,  faites-leur  entendre 
la  vérité  de  l'intention  et  volonté  du  Roi  mon  fils,  qui  est  de  vivre  avec  le  Roi 
Catholique  en  bon  frère  et  en  bonne  paix4.  ■»  Et  elle  arrachait  à  son  fils  une  lettre 
qui  confirmait  la  sienne. 

Mais,  en  dépit  de  cette  apparente  soumission,  Charles  IX  n'avait  nullement  re- 
noncé à  ses  projets  :  te  H  a  son  caprice  toujours  en  tète,  écrivait  Petrucci  le 
29  mars,  et  il  le  réalisera  s'il  peut  compter  sur  la  tranquillité  du  royaume. 
Les  huguenots,  pour  l'assurer  de  leur  bonne  volonté,  disent  que,  si  le  Pape  en  Italie 
veut  marcher  avec  leur  roi  contre  celui  d'Espagne,  ils  iront  jusqu'à  se  mettre  au 
service  de  Sa  Sainteté5,  v 

Mais  comme  contre-partie  à  ces  velléités  belliqueuses  de  Charles  IX,  Petrucci 

Négociations   diplomatiques  avec   la    Toscane,  4  Bibl.    nationale,    fonds  français,  n°    10752. 

t.  III,  p.  655.  p,  107/j. 

Unil.,  p.  055.  ''   Négociations   diplomatiques    avec  ta    Toscane, 

3  Ibid.,  p.  671.  t.  III,  p.  671. 


xvi  INTRODUCTION. 

mettait  on  regard  la  pénurie  du  trésor,  la  mauvaise  volonté  de  la  Reine  mère  et 
celle  du  duc  d'Anjou.  Toutefois,  il  croyait  qu'à  la  longue  le  Roi  l'emporterait. 
D'ailleurs ,  à  l'entendre ,  la  France  se  montrait  favorable  à  cette  guerre  des  Flandres , 
considérée  comme  facile,  surtout  avec  l'assistance  de  l'Angleterre  et  celle  des 
Turcs,  qui  au  premier  bruit  de  sa  déclaration  semblaient  disposés  à  en  prendre 
leur  part. 

Dans  une  lettre  du  29  mai,  il  y  revient  encore  :  crL'on  voit  bien  que  le  Roi  est 
conseillé  par  l'ambassadeur  d'Angleterre;  tous  les  Flamands  qui  se  réfugient  en 
France  sont  considérés  comme  ses  propres  sujets  l.i> 

Tout  dépendait  de  la  ligne  de  conduite  qu'allait  suivre  Catherine.  Jusqu'à  ce 
jour,  elle  semblait  opposée  à  une  rupture  avec  l'Espagne;  mais  d'imprudentes 
et  injurieuses  paroles  attribuées,  à  bon  droit,  à  l'ambassadeur  don  Francès  de 
Alava,  commencèrent  à  1  "indisposer  et  peu  à  peu  modifièrent  sa  volonté.  Ce  revi- 
rement, qui  se  manifeste  d'abord  dans  les  instructions  données  le  2  mai  à  Jero- 
nimo  Gondi,  envoyé  par  elle  à  Madrid  pour  se  plaindre  de  ces  inqualifiables 
procédés,  s'accentue  dans  une  lettre  écrite  de  sa  propre  main  à  Pbilippe  II  le 
3o  mai  suivant  où,  faisant  allusion  aux  méchants  propos  d'Alava,  rc  J'ai  voulu  cacher 
le  tout,  mande-t-elle,  mais  de  peur  que  cela  n'altérât  le  Roi  mon  fils  qui  est  jeune 
et  n'a  accoutumé  de  si  long  temps  que  moy  de  ouïr  mentir  de  luy  et  le  désir  que 
j'ai  de  voir  continuer  l'amitié  qui  est  entre  vos  deux  personnes  et  couronnes  a 
été  cause  que  j'ai  mis  peine,  tant  que  j'en  ai  eu  le  moyen,  que  ces  propos  ne  soient 
venus  à  son  oreille;  mais  puisqu'il  les  a  sus,  il  a  voulu  incontinent  en  avertir 
Votre  Majesté.  11  ne  les  croit  pas,  ni  moi  aussi,  nous  assurant  que  n'eussiez  en- 
duré telle  imposture  sans  en  faire  la  démonstration  qui  convient  et  à  l'alliance 
et  à  l'amitié  qui  est  entre  nous2,  n 

Ce  ne  sont  encore  là  que  des  plaintes  qui  ne  vont  même  pas  jusqu'à  la  me- 
nace, et  Catherine  ne  s'est  pas  encore  associée  aux  projets  que  le  Roi  son  fils  pour- 
suit toujours.  Le  1 1  juin,  revoyant  Petrucci,  et,  se  laissant  aller  cette  fois  à  tout 
son  ressentiment  contre  Pbdippe  II  :  et  L'heure  est  venue  de  prendre  une  résolu- 
tion, s'écria-t-il,  et  d'agir;  la  Reine  ma  mère  est  trop  timide3. n 

Son  ardeur  belliqueuse  habilement  entretenue  par  la  correspondance  qui  s'était 
établie  entre  lui  et  le  prince  d'Orange  allait  entrer  dans  une  voie  plus  marquée, 

Négociations  diplomatiques   arec    la    Toscane,  3  Arcb.  nal.,  collection  Simancns,K  1 5a  t,n°8-2. 

I.  III,  p.  670.  Négociations  diplomatiques  arec  ta  Toscane,  1.  III. 

Voir  If  présent  volume,  p.  48.  y.  (178. 


INTRODUCTION.  XVI 

plus  décisive:  Téligny,  l'envoyé  habituel  des  chefs  protestants  et  qui,  grâce  à  sa 
douceur,  avait  gagné  toute  sa  sympathie  et  sa  confiance,  lui  proposa  de  lui  ame- 
ner de  la  Rochelle  Ludovic  de  Nassau,  et,  l'y  ayant  décidé,  rendez-vous  fut  pris 
au  château  de  Lumigny  en  Brie  et  fixé  au  19  juillet.  Cette  première  entrevue 
(hua  trois  heures,  et  jour  ayant  été  arrêté  pour  une  seconde  à  Fontainebleau,  le 
comte  y  lut  conduit  par  Briquemaut  et  y  passa  trois  jours,  caché  dans  la  loge  du 
concierge  du  palais.  A  sa  première  audience,  après  avoir  rappelé  en  termes  cha- 
leureux et  éloquents  les  tristes  causes  qui  avaient  déterminé  la  prise  d'armes  des 
Flandres  et  les  indignes  cruautés  du  duc  d'Albe  :  «Mon  frère  le  prince  d'Orange, 
avait-il  dit,  a  été  suscité  par  Dieu  pour  nous  tirer  de  dessous  ce  joug.  L'accueil  si 
froid  fait  à  nos  remontrances,  lors  de  la  dernière  diète  de  Spire,  nous  a  dégagés 
de  lout  serment  d'obéissance.  Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  nous  jeter  aux  pieds  de 
\  otre  Majesté  et  qu'à  la  prier  de  nous  prendre  sous  sa  protection.  Toutes  les 
villes  nous  ouvriront  leurs  portes;  le  roi  d'Espagne  n'a  que  quatre  mille  hommes 
à  nous  opposer;  nous  sommes  maîtres  de  la  mer  et  les  princes  de  la  Germanie 
sont  prêts  à  nous  assister;  à  vous,  Sire,  la  Flandre  et  le  pays  d'Artois,  anciennes 
possessions  de  la  France;  à  l'Empire,  le  Brabant,  la  Gueldre  et  le  Luxembourg;  à 
la  reine  d'Angleterre,  la  Zélande  et  le  reste  des  États,  si  toutefois  elle  nous  prête 
son  concours.  Après  l'avoir  d'abord  refusé  elle  y  semble  maintenant  toute  dis- 
posée '.n 

Au  sortir  de  chez  le  Roi,  Ludovic  de  Nassau  s'étant  rendu  chez  Walsingham, 
l'entretien  qu'ils  eurent  ensemble  jette  un  grand  jour  sur  la  politique  de  l'Angle- 
terre dans  cette  question  brûlante  des  Flandres,  politique  qui,  par  sa  fausseté,  sa 
perfidie,  rendra  toute  action  commune  impossible  et  amènera  fatalement  Calhe- 
rine  (nous  le  verrons  plus  tard)  à  se  débarrasser  de  Goligny,  pensée  homicide  qui 
la  hantait  depuis  tant  d'années,  lorsqu'elle  se  verra  impuissante  à  contre-balancer 
l'influence  qu'il  avait  prise  et  que,  malgré  elle,  il  maintenait  sur  Charles  IX. 

Ludovic,  après  avoir  répété  à  Walsingham  tout  ce  qu'il  avait  dit  à  Charles  IX, 
lit  valoir  tous  les  avantages  d'une  guerre  heureuse  contre  l'Espagne;  puis  il  lui 
remit  sous  les  yeux  leurs  vieux  griefs  contre  Philippe  II,  les  secours  fournis  aux 
Irlandais  rebelles,  et  l'appui  qu'il  n'avait  cessé  de  prêter  à  Marie  Stuart.  Sans  se 
départir  du  flegme  britannique,  Walsingham  écouta  ce  long  exposé  sans  la 
moindre  marque  d'approbation  :  a  Je  transmettrai  à  la  reine,  dit-il,  vos  propo- 

1  Lettres  de  Walsingham,  p.  1  38. 

Catherine  de  Mébicis.  —  iï.  n 


Hi  .'iMl,  il      NATIONALE. 


iviii  INTRODUCTION. 

sitions  et  vos  oflïes;  à  elle  seule  il  appartient  de  prendre  en  toute  liberté  la  réso- 
lution qu'elle  jugera  la  meilleure  dans  l'intérêt  de  ses  sujets  et  de  sa  gloire.  Quant 
à  moi,  je  ne  puis  m'expliquer,  et  vous  comprendrez  ma  réserve1.1» 

Mais  Walsingham  se  montra  moins  réservé  dans  la  lettre  où  il  rendit  compte 
à  Leicester  de  cet  entretien  :  «  Les  guerres,  lui  dit-il,  qui  n'ont  en  vue  que  l'agran- 
dissement des  États  sont  toujours  injustes;  mais,  lorsqu'on  les  entreprend  pour  sa 
propre  conservation,  elles  sont  toujours  nécessaires;  vous  trouverez  peut-être  que 
le  remède  est  pire  que  le  mal;  car,  en  voulant  humilier  l'Espagne,  nous  élève- 
rons une  autre  puissance  dont  nous  n'aurons  pas  moins  à  craindre.  Mais  examinez 
la  situation  de  l'Europe  :  les  princes  d'Allemagne,  qui  sont  prêts  à  entrer  dans 
cette  coalition,  jugent  bien  que  l'incorporation  des  Pays-Bas  rendrait  la  France 
trop  puissante;  aussi  veulent-ils  l'obliger  à  se  contenter  de  l'Artois  et  de  la  Flandre. 
Quant  au  Brabant  et  autres  pays ,  anciennes  dépendances  de  l'Empire ,  ils  entendent 
les  remettre  à  quelque  prince  allemand,  et  je  n'en  vois  pas  qui  y  ait  meilleur 
droit  que  le  prince  d'Orange.  Quant  à  la  Zélaude  et  la  Hollande,  ils  veulent  la 
concéder  à  notre  maîtresse.  « 

Et  faisant  allusion  à  la  politique  habituelle  de  l'Angleterre  :  «Si  la  reine 
refuse  de  s'associer  à  ces  desseins,  elle  doit  néanmoins  encourager  les  autres  à  y 
persévérer  pour  pouvoir  profiter  des  troubles  d'autrui,  ainsi  qu'elle  l'a  fait  jusqu'ici; 
car  nous  pouvons  être  assurés  à  l'avance  qu'aussitôt  que  la  France  et  l'Espagne 
auront  fait  la  paix,  elles  nous  déclareront  la  guerre;  d'ailleurs  la  grandeur  exté- 
rieure de  la  France  est  moins  à  craindre  que  la  continuation  de  nos  troubles 
intérieurs;  le  moindre  secours  venu  de  l'étranger  pourrait  les  aggraver.  Pour 
prévenir  les  maux  du  dedans,  ayons  recours  aux  remèdes  du  dehors  et  profitons 
des  calamités  de  nos  voisins.  Appuyez  donc  auprès  de  la  reine  les  demandes  du 
comte  Ludovic,  afin  que  ce  feu  qui  commence  à  s'allumer  devienne  un  grand 
incendie  dont  nous  pourrons  profiter2. n 


Si  secrète  qu'eût  été  la  dernière  entrevue  de  Charles  IX  et  de  Ludovic  de  Nas- 
sau, elle  n'avait  pu  échapper  à  l'œil  clairvoyant  de  l'ambassadeur  d'Espagne  don 
Fiancés  de  Alava.  Déjà,  en  faisant  part  à  Philippe  II  de  celle  de  Lumigny,  il  lui 


'   Lettres  de  Walsingham,  p.  l'ia.  —  '  Ibid. ,  p.  i43. 


INTRODUCTION.  m 

avait  écrit  :  «Le  roi  de  France  favorise  sans  mesure  le  parti  huguenot. -n  A  sa 
première  audience  il  alla  jusqu'à  déclarer  à  Charles  IX  que,  s'il  était  donné  suite 
à  de  telles  pratiques,  il  regardait  la  guerre  entre  les  deux  couronnes  comme  iné- 
vitable. «Vous  avez  été  mal  informé,  répliqua  le  jeune  Roi;  d'ailleurs,  quand 
même  cette  entrevue  aurait  eu  lieu,  à  quel  titre  le  roi  votre  maître  pourrait-il 
s'en  plaindre  ?  Le  comte  Ludovic  est  prince  allemand,  il  n'est  donc  ni  son  sujet, 
ni  pensionné  par  lui;  quant  à  votre  menace  de  guerre,  on  se  tromperait  étran- 
gement, si  l'on  croyait  nous  intimider;  que  chacun  fasse  ce  qu'il  croira  le  plus 
utile  à  ses  intérêts  '.Si 

Catherine  qu'Alava  vit,  au  sortir  de  chez  le  Roi,  lui  tint  le  même  langage. 
Tout  en  partageant  les  rancunes  de  son  fds  contre  Philippe  II,  de  nature  prudente 
et  craintive  elle  subordonnait  les  éventualités  d'une  brouille  avec  l'Espagne  au 
concours  effectif  de  l'Angleterre,  et  le  meilleur  moyen  de  se  l'assurer,  c'était  de 
mener  à  bonne  fin  le  projet  de  mariage  du  duc  d'Anjou  avec  Elisabeth.  Pour 
vaincre  l'obstinée  résistance  de  son  fils,  elle  s'était  adressée  à  l'évêque  de  Da\ 
dans  les  conseils  duquel  il  avait  toute  confiance.  «L'on  a,  lui  avait-elle  écrit,  telle- 
ment dégoûté  mon  fils  d'aller  en  Angleterre  que  j'ay  un  extrême  regret  de  voir 
comme  les  choses  en  sont,  et  ay  été  bien  aise  de  ce  que  lui  avez  mandé,  et  vous 
prie  qu'il  ne  sache  point  que  je  vous  aye  écrit  et  brûlez  cette  lettre;  priez-le  de 
bien  considérer  ce  qu'il  perd,  qui  vous  fait  merveilleusement  ébahir  comment  il  n'v 
a  personne  ici  qui  ne  lui  aye  pu  faire  entendre  ce  que  c'est  de  la  grandeur  que  ce 
mariage  lui  pourroit  apporter  et  l'amitié  des  princes  d'Allemagne  pour  parvenir  à 
l'empire  el  à  la  conquête  des  Pays-Bas  et  sur  cela  vous  étendre,  comme  le  sçaurez 
bien  faire  et  aussi  lui  ôter  le  scrupule  de  sa  conscience  2.  ri 

Elle  ne  s'en  tint  pas  là,  elle  envoya  à  Londres  Larchant,  le  capitaine  des 
gardes  du  duc  d'Anjou,  et  Cavalcanti,  l'homme  indispensable,  auquel  au  dé- 
part elle  remit  deux  portraits  de  son  fils  de  la  main  de  Janet  :  l'un  devait 
donner  une  idée  avantageuse  de  son  visage;  l'autre  de  sa  taille  et  de  sa  tour- 
nure. 

Larchant  devait  se  borner  à  réclamer  un  sauf-conduit  pour  le  maréchal  de 
Montmorency,  le  chef  annoncé  de  la  grande  ambassade  qui  irait  demander  la 
main  d'Elisabeth.  A  cette  première  ouverture,  Elisabeth  répondit  que,  tant  que 
la  question  de  la  religion  ne  serait   pas  vidée,  une  pareille  mission  était  bien 

Arch.  nat.,  collection  Simancas,  K  i5-22.  —  s  Archives  du  Ministère  de  la  guerre;  voir  le  présent 
volume,  p.  62. 


„  INTRODUCTION. 

inutile,  et,  qu'eu  égard  à  la  haute  situation  du  maréchal,  elle  ne  serait  qu'un  em- 
barras de  plus. 

D'un  commun  accord  la  question  religieuse  fut  pour  le  moment  laissée  de  coté; 
mais  la  remise  du  portrait  du  duc  par  Cavalcanti  agit  plus  et  dans  un  sens  favo- 
rable que  tous  les  arguments  employés  jusqu'alors.  En  toute  hâte,  la  reine 
manda  La  Mothe  au  palais  et  de  prime  abord  lui  montrant  l'un  des  deux  portraits 
du  duc,  «ce  n'est  qu'un  crayon,  dit-elle,  un  peu  charbonné;  mais  dans  l'ensemble 
du  visage,  il  y  a  un  grand  air  de  dignité  et  de  sérieuse  maturité,  ce  qui  me 
plaît  infiniment;  car  je  ne  veux  pas  être  menée  à  l'église  par  un  enfant1  v.  Elle  pré- 
tendit n'avoir  que  trente-cinq  ans.  La  Mothe,  qui  savait  bien  qu'elle  en  dissimulait 
au  moins  deux,  lui  répondit  en  courtisan  :  rrque  l'âge  n'avait  pas  de  prise  sur  elle 
et  n'avait  pu  lui  enlever  aucune  de  ses  perfections  t>.  Grâce  à  cette  adroite  flatterie, 
la  voyant  si  bien  impressionnée,  il  la  décida  à  écrire  au  duc  d'Anjou,  faveur  que 
jusqu'ici   elle  lui  avait  refusée. 

«Monsieur,  disait-elle,  combien  que  ma  dignité  excède  ma  personne  et  que 
mon  royal  rang  me  fait  douter  que  mon  royaume  est  plus  recherché  que  moi- 
même,  si  est-ce  que  la  réputation  que  j'entends  par  mon  ambassadeur  et  aussi 
par  votre  gentilhomme  qu'avez  conçue  de  quelques  grâces  miennes,  sans  que  je 
l'aye  mérité,  me  fait  croire  que  la  règle  de  notre  affection  se  tirera  par  la  force 
rie  choses  plus  excellentes  qu'ai  oncques  connu  en  moi  résider  et  pourtant  me 
fâche  que  mon  insuffisance  ne  puisse  satisfaire  à  une  telle  opinion  que  M.  de  Lar- 
chant  m'a  déclaré  que  déjà  en  avez  conçue,  espérant  que  vous  n'aurez  oncques 
à  vous  repentir  de  cet  honneur  que  vous  me  faites2. v 

Ce  n'était  que  de  la  vraie  monnaie  de  cour  et  c'est  dans  une  lettre  de  Burghley 
à  Walsingham  qu'il  faut  rechercher  la  pensée  secrète  d'Elisabeth  :  «Elle  n'ignore 
pas,  lui  mandait-il,  ce  qu'il  y  aurait  à  craindre  si  l'affaire  échouait  par  sa  faute; 
mais  elle  est  persuadée  que  la  question  religieuse  motivera  la  rupture  et  qu'ainsi 
elle  évitera  le  blâme3.'» 

Ainsi  que  Burghley  l'avait  pressenti,  le  duc  d'Anjou  ne  se  laissa  pas  prendre 
aux  astucieuses  paroles  d'Elisabeth  ;  le  refus  de  toute  concession  sur  l'exercice 
de  sa  religion  que  Larchant  n'avait  pu  lui  dissimuler,  l'avait  si  fort  troublé 
que  Walsingham  écrivait  à  Burghley  :  «Il  a  fallu  de  chauds  encouragements 
pour  le  ramener  au  point  où  il  semble  revenu;  l'on  s'agite  beaucoup  pour  rompre 

'  Correspondance  de  La  Mothe-Fénclon,  t.  IV,  p.  i8(i.  —  2  Record  office,  State  papers;  voir  noire  livre 
Le  if/'  siècle  et  les  Valois.  —  3   Lettres  de  Walsingham ,  p.  tag. 


INTRODUCTION.  mi 

ce  projet  de  mariage,  le  nonce,  les  ambassadeurs  de  Portugal  et  d'Espagne  sont 
tous  les  jours  en  mouvement  pour  en  détourner  le  duc1.  t> 

Catherine  se  montrait  fort  mécontente  de  toutes  ces  intrigues  :  rr  L'humeur  en 
laquelle  est  mon  fils,  mandait-elle  à  La  Mothe,  me  fait  beaucoup  de  peine,  nous 
soupçonnons  fort  que  Villequier,  Sarret  et  Lignerolles  sont  les  auteurs  de  es 
fantaisies.  Si  nous  pouvons  en  avoir  aucune  assurance,  je  vous  assure  qu'ils  s  en 
repentiront 2.  -n 

Charles  IX  n'était  pas  moins  irrité  :  une  discussion,  très  aigre  et  en  présence 
de  Catherine,  s'étant  engagée  à  ce  sujet  entre  le  duc  et  lui,  «Mon  frère,  s'était-il 
écrié,  vous  auriez  dû  être  plus  franc  avec  moi,  et  ne  pas  me  mettre  dans  le  cas 
de  tromper  la  reine  d'Angleterre  que  j'estime  et  que  j'honore.  Vous  parlez  tou- 
jours de  votre  conscience;  il  est  un  autre  motif  que  vous  n'avouez  pas,  c'est  l'offre 
d'une  forte  somme  que  le  clergé  vous  a  faite,  parce  qu'il  tient  à  vous  garder  ici 
comme  le  champion  de  la  cour  catholique.  Sachez-le  bien,  je  nen  veux  reconnaître 
d'autre  que  moi-même;  puisque  le  clergé  a  tant  de  superflu  et  moi  tant  de  be- 
soins, les  bénéfices  étant  à  ma  libre  disposition,  je  m'en  souviendrai  à  l'occasion 
et  j'aviserai.  Quant  à  ceux  qui  se  font  les  entremetteurs  de  ces  menées,  j'en  rac- 
courcirai, s'il  le  faut,  quelques-uns  de  la  tête  3.n 

Le  duc  ne  répliqua  rien  à  cette  rude  apostrophe,  mais,  des  larmes  dans  les 
yeux,  il  se  renferma  dans  ses  appartements  qu'il  ne  quitta  pas  de  la  journée. 

Prévenu  tout  aussitôt  de  cette  violente  scène,  Walsingham,  la  première  fois  qu'il 
revit  Catherine,  y  fit  allusion;  elle  le  supplia  de  n'en  rien  dire  et  lui  annonça  le 
prochain  départ  de  M.  de  Foix  pour  Londres.  En  transmettant  cette  nouvelle  à 
lord  Burghley,  lui  d'ordinaire  si  perspicace  se  persuada  que  ce  nouvel  envoyé 
emporterait  des  instructions  l'autorisant  à  céder  sur  la  question  religieuse  et  voici 
les  motifs  qu'il  en  donne  :  la  mésintelligence  entre  la  France  et  l'Espagne  qui  s'ac- 
centue; la  jalousie  entre  le  Roi  et  le  duc  d'Anjou  parvenue  à  un  état  si  aigu  qu'il 
ne  se  passera  pas  six  mois  qu'ils  n'en  viennent  aux  mains,  le  Roi  ne  pouvant  plus 
supporter  son  frère  auprès  de  lui,  et  le  duc  ayant  peur  d'y  rester;  a  depuis  la 
mort  de  Henri  II,  ajoutait-il,  la  Reine  mère  n'a  jamais  tant  pleuré  4n. 

Ce  qui  le  confirmait  dans  ses  illusions,  c'est  l'entretien  qu'il  venait  d'avoir  avec 
l'ambassadeur  de  Florence  :  et  Le  Roi  et  la  Reine  mère,  lui  avait  dit  Petrucci,  ne 
désirent  rien  tant  que  de  conclure  une  alliance  étroite  avec  l'Angleterre;  et,  eu 

1   Calendar  of  State  papera  (i5G()-i  071  ),  p.  697.  —  ~  Corresp.  dipl.  de  La  Motke-Fénelon,   (•.   Vit, 

p.  q.'Î'j.  ■ —  '   liid.,  p.  fi()S.  —  '   Calendar  of  State  papera  (1571-1073),  p.  '1(17. 


xxu  INTRODUCTION. 

égard  à  l'immitië  qui  existe  entre  l'Angleterre  et  l'Espagne,  le  moment  leur  semble 
très  opportun;  il  serait  donc,  nécessaire,  pour  abaisser  la  prépondérance  domina- 
trice de  la  maison  d'Autriche  que  l'Angleterre  s'alliât  avec  les  princes  de  la  Ger- 
manie et  les  Vénitiens.  Le  Roi  et  la  Reine  mère  m'ont  avoué  qu'ils  sont  très  dispo- 
sés à  entrer  dans  cette  ligue1.»  Resté  sous  l'impression  de  ces  encourageantes 
paroles  :  tr Je  crois  que  M.  de  Foix,  écrit-il  à  Leicester,  emportera  l'ordre  de 
conclure  le  mariage  ou,  à  son  défaut,  une  étroite  alliance.  L'on  est  ici  tort  per- 
suadé de  la  sincérité  de  Sa  Majesté,  les  circonstances  sont  très  propices;  si  Sa 
Majesté  n'est  pas  résolue  à  se  marier,  cbose  très  nécessaire  à  notre  Etat  très  chan- 
celant, ce  sérail  le  moment  de  faire  une  alliance  avec  la  France  qui  pourrait  nous 
servir  durant  quelque  temps'-,  n 

M.  de  Foix,  de  la  mission  duquel  Walsingham  à  l'avance  augurait  tant,  allait 
trouver  Elisabeth  dans  les  meilleures  dispositions  :  tout  récemment,  en  envoyant 
à  La  Motlie  un  panier  d'abricots  de  ses  jardins,  elle  lui  avait  fait  dire  par  Leicester 
que  c'était  pour  le  convaincre  que  l'Angleterre  produisait  de  beaux  fruits.  «Je 
n'en  ai  jamais  douté,  avait-il  répondu,  mais  ils  seraient  encore  plus  beaux,  si 
l'on  se  servait  de  greffes  de  France  3.  « 

Walsingham  avait  engagé  Rurghley  à  traiter  M.  de  Foix  avec  les  plus  grands 
égards.  La  réception  qu'on  lui  fit  fut  donc  exceptionnelle  :  le  comte  d'Oxford  et 
le  marquis  de  Northamplon  furent  attachés  à  sa  personne;  il  eut  huit  audiences 
de  la  reine,  de  quotidiennes  conférences  avec  ses  conseillers,  mais  sans  aucun 
résultat  appréciable.  «En  nos  entretiens,  écrivait  Rurghley  à  Walsingham,  il  y  a 
eu  autant  de  variations  qu'il  y  a  eu  de  jours,  n  Elisabeth  en  explique  elle-même  le 
motif  à  son  ambassadeur  :  cfNous  n'avons  rien  fait,  parce  que  M.  de  Foix,  n'étant 
pas  satisfait  de  nos  réponses,  a  tenté  par  toutes  sortes  de  moyens  de  nous  amener  à 
les  faire  telles  qu'il  les  désirait,  n  Toutefois,  on  finit  par  se  mettre  d'accord  sur  une 
rédaction  remplie  d'équivoques;  elle  portait  que  le  duc  d'Anjou  ne  serait  pas  con- 
traint d'assister  à  des  cérémonies  contraires  à  l'église  de  Dieu. 

C'était  ôter  toute  sa  portée  à  la  rédaction  proposée  par  M.  de  Foix,  contraires  à 
fa  religion  catholique". 

Dans  les  jours  qui  précédèrent  son  retour,  Charles  IX  et  Catherine  furent 
avisés  que  les  chefs  protestants,  en  s'aidant  de  leurs  amis  d'Angleterre,  cher- 

'   Calendar    of  State    papers    (1570-1571).  3  Correspondance  de  La  Molhe-Fénelon ,  t.  IV, 

p.  5oi.  P-  20°- 

5   Lettres  de  Walsingham',  p.  l36.  '   Lettres  de  Walsingham ,  p.  i52. 


INTRODUCTION.  xxiii 

chaient  à  entraver  le  mariage  du  duc  d'Anjou  et  faisaient  secrètement  proposer  à 
Elisabeth  le  prince  de  Navarre;  l'on  trouve  quelque  trace  de  cette  menée  dans 
les  mémoires  de  La  Huguerie1,  mais  Charles  IX  croyant  la  négociation  beaucoup 
plus  sérieuse  qu'elle  ne  l'était  en  réalité,  pour  y  couper  court,  prescrivit  à  La 
Mothe-Fénelon  de  dire  bien  haut,  si  l'on  venait  à  lui  parler  du  prince  de  Navarre, 
que  son  mariage  avec  Marguerite  de  \alois  était  chose  conclue  2. 

L'incident  n'eut  pas  de  suite  et  la  veille  du  départ  de  Londres  de  M.  de  Foix, 
fixé  au  6  septembre ,  les  conseillers  d'Elisabeth  ,  ainsi  que  le  leur  avait  recommandé 
Walsingham,  lui  touchèrent  quelques  mots  d'une  alliance  intime  avec  la  France. 
11  se  retrancha  derrière  ses  instructions  qui  lui  enjoignaient  de  n'accepter  aucune 
discussion  sur  autre  point  que  le  mariage.  Néanmoins,  il  leur  conseilla  d'en- 
voyer en  France  un  personnage  de  crédit  pour  traiter  à  la  fois  et  du  mariage  et 
de  l'alliance  qu'ils  semblaient  si  vivement  désirer  et  il  leur  désigna  sir  Thomas 
Smith,  l'un  des  négociateurs  delà  paix  signée  à  Troyes  en  i56i,  comme  celui  qui 
serait  le  plus  favorablement  accueilli;  mais  diverses  circonstances  retardèrent  son 
départ,  et  ce  n'est  que  plus  tard  que  nous  le  retrouverons  à  Blois,  où  il  sera  pré- 
cédé par  un  visiteur  dont  la  présence  allait  éveiller  toute  l'attention  et  toutes  les 
craintes  de  l'Europe  catholique  et  nécessiter  sur  la  signification  et  la  portée  de 
sa  venue  les  explications  atténuantes  de  Charles  IX  et  de  Catherine;  ce  visiteur 
c'était  l'amiral  de  Coligny.  Bien  des  motifs  l'avaient  déterminé  à  accepter  cette 
invitation  :  d'abord  1  éloignemeut  momentané  de  tous  les  Guises  de  la  cour;  le 
départ  prochain  pour  l'Espagne  de  don  Francès  de  Alava,  son  irréconciliable 
adversaire,  dont  Catherine  avait  obtenu  le  rappel;  l'entrée  au  Parlement  de  Paris, 
en  qualité  de  maître  des  requêtes,  de  Cavaignes,  l'un  des  chefs  protestants  le  plus 
en  évidence3;  enfin  le  départ  de  Schomberg  pour  l'Allemagne,  où  il  allait  re- 
chercher l'amitié  et  l'alliance  des  princes  protestants,  mission  dont  Catherine  dans 
une  lettre  au  marquis  de  Brandebourg  revendiquait  l'initiative'.  D'ailleurs,  en 
venant  à  Blois,  Coligny  ne  faisait  que  céder  au  désir  exprimé  par  ses  propres 
coreligionnaires  :  le  12  août,  Walsingham  avait  mandé  à  Burghley  :  «Tous  ceux 
de  la  religion  supplient  très  humblement  la  reine  notre  maîtresse  qu'il  lui 
plaise,  en  parlant  à  M.  de  Foix,  de  lui  insinuer  qu'elle  souhaiterait  que  le 
Boi  rappelât  l'amiral,  et  qu'elle  eût  la  bonté  de  dire  qu'un  sujet  de  tel  mérite 
ne  devait  pas  être  laissé  à  la  Bochelle.  n  Et  il  ajoutait  :  et  11  y  a  beaucoup  d'espoir 

1  Mémoires  de  La  Huguerie,  t.  1,  p.  36.  —  2  Correspondance  de  La  Mothe-Fénelon,  t.  VU.  p.  53.  — 
1  Voir  le  présent  volume,  p.  66.  —  '  Voir  le  présent  volume,  p.  65. 


xxiv  INTRODUCTION. 

que  le  Roi  employera  l'amiral  à  des  choses  de  la  dernière  importance;  car  il 
commence  à  s'apercevoir  lui-même  de  l'insuffisance  des  autres,  dont  les  uns  ont 
plus  d'attachement  pour  d'autres  que  pour  lui,  et  les  autres  sont  plus  espagnols 
que  français  l.'i> 

A  cet  égard,  Charles  IX  dans  son  dernier  entretien  avec  Ludovic  de  Nassau 
s'était  franchement  expliqué  :  rr Je  ne  veux  rien  entreprendre  dans  les  Flandres, 
lui  avait-il  dit,  sans  avoir  pris  l'avis  de  Coligny.  Je  ferai  la  moitié  du  chemin  pour 
aller  au-devant  de  lui  et  j'irai  jusqu'à  Blois  pour  le  voir2.  ■» 

De  son  côté,  Hubert  Languet  écrivait  au  duc  de  Saxe,  son  maître  :  k  Les  Papistes 
redoutent  une  entrevue  de  l'amiral  avec  le  Roi;  car  ils  sont  persuadés  qu'il  a  dans 
ses  mains  des  documents  qui  feront  preuve  des  intelligences  coupables  de  ses  sujets 
avec  l'Espagne,  et  ils  se  méfient  de  l'empire  qu'il  prendra  sur  Sa  Majesté3.-)} 

Gomment  Catherine  s'était-ellc  décidée  à  consentir  à  ce  rapprochement  avec 
l'amiral.  Tout  récemment,  lorsque  Charles  IX  se  proposait  d'aller  en  Bretagne, 
avec  la  pensée  d'y  trouver  l'occasion  de  s'y  aboucher  avec  lui,  elle  s'y  était  opposée. 
C'est  qu'indépendamment  du  mariage  de  sa  fille  avec  Henri  de  Navarre,  auquel 
I  amiral  pouvait  prêter  son  concours,  un  motif  tout  personnel  l'y  avait  déterminé  : 
Frégose,  dans  ses  entretiens  à  la  Rochelle  avec  les  chefs  protestants,  s'était  aperçu 
que  Coligny  semblait  tout  disposé  à  vouloir  se  remettre  dans  les  bonnes  grâces  de  la 
Reine  mère  et  qu'il  ne  s'opposerait  même  pas  à  ce  que  l'autorité  restât  entre  ses 
mains,  comme  par  le  passé.  C'était  la  prendre  par  son  faible.  Ce  qui  acheva  de  la 
rendre  accessible  à  cette  entrevue  qui  rentrait  dans  sa  politique  d'alors,  c'est  que 
l'amiral,  dans  une  lettre  datée  du  3  août,  venait  de  confirmer  tout  ce  que  Frégose 
lui  avait  rapporté  :  «  Madame,  lui  disait-il,  j'ay  reçu  la  lettre  qu'il  a  pieu  à  Vostre 
Majesté  m'escrire  par  le  sieur  de  Quincey4,  et  entendu  aussi  de  lui  ce  qu'il  avoit 
de  commandement  de  me  dire  et  entre  autres  choses  que  Vos  Majestés  vouloient 
que  je  leur  allasse  bientôt  baiser  les  mains,  qui  estoit  la  plus  agréable  nouvelle 
que  j'eusse  pu  recevoir,  ce  que  je  désire  principalement  pour  leur  faire  cognoistre 
que  je  n'ay  aullre  but  et  dessein  qu'au  bien,  repos  et  grandeur  de  ce  royaulme. 
Je  vous  supplie  très  humblement,  Madame,  le  croire  et  vous  assurer  que  je 
m'emploiera  y  à  vous  faire  service  de  telle  façon  que  vous  en  recevrez  contente- 
ment5, a 

'   Lettres  de  Walsingham,  p.  107.  4  Malheureusement  nous  n'avons  pu  retrouver 

J  Bibl.  nul.,  l'omis  français,  n°  1 7  i63 ,  fol.  6.        celte  "lettre  si  importante  de  Catherine. 
H.  Langue!,   Ircanaseculidecimisexti,  p.  i54,  s  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i 5553,  fol.  212. 


INTRODUCTION.  xxv 

Coligny  était  donc  aussi  favorablement  désiré  à  Blois,  par  Charles  IX  que 
par  Catherine  :  accompagné  par  le  maréchal  de  Cossé  et  suivi  par  cinquante 
gentilshommes,  il  y  arriva  le  ta  septembre.  Au  retour  d'une  récente  excursion 
au  château  de  Chambord,  Catherine  avait  été  prise  de  la  fièvre  et  gardait  la 
chambre;  c'est  dans  ses  appartements  que  l'amiral  lut  d'abord  introduit.  Le  Roi 
l'y  attendait. 

Si  l'on  s'en  rapporte  uniquement  à  l'ambassadeur  de  Florence,  cette  première 
entrevue  fut  convenable,  mais  froide;  mais  de  Thou  dit  tout  le  contraire  : 
l'amiral  ayant  voulu  se  jeter  aux  pieds  de  Charles  IX,  écrit-il  à  Burghley,  Sa 
Majesté  l'en  empêcha  et  d'un  ton  affectueux  :  «Mon  père,  nous  vous  tenons  main- 
tenant, vous  ne  vous  éloignerez  plus  de  nous1.1» 

Catherine  l'embrassa,  et  de  ses  appartements  il  fut  mené  chez  le  duc  d'Anjou, 
qui  était  également  indisposé,  et  fut  reçu  par  lui  avec  une  apparente  cordialité. 
Ses  amis  étaient  loin  de  partager  sa  confiance;  pour  les  rassurer  il  écrivit  à  ceux 
des  églises  de  Lyon  :  «  Je  veux  vous  avertir  que  le  Roi  et  Messeigneurs  ses  frères 
m'ont  fait  bonne  chère'-. n 

Ces  craintes  n'étaient  que  trop  fondées  :  peu  de  jours  après  son  arrivée,  le  duc 
de  Montpensier  le  rencontrant  dans  une  des  galeries  du  château  très  mal  éclairée  : 
ft Comment,  lui  dit-il,  allez-vous  ainsi  tout  seul  et  si  imprudemment;  vous  ne 
connaissez  donc  pas  les  gens  avec  qui  vous  avez  affaire? n 

«Ne  suis-je  pas  dans  la  maison  du  Roi  et  sur  sa  parole,  répondit-il.  -n 

ce  Mais  le  Roi  dans  sa  maison  n'est  pas  toujours  le  maître3. 11 

La  pensée  de  faire  tuer  l'amiral  et  ses  principaux  lieutenants  n'était  pas  nou- 
velle; aussi  loin  que  l'on  remonte  dans  le  passé  nous  en  retrouvons  la  trace  :  le 
vénitien  Michel  Suriano  affirme  qu'en  i56o  lé  jeune  Roi  voulait  se  jeter  sur 
les  chefs  protestants  et  éteindre  ainsi  l'incendie  de  la  réforme4. 

En  1 563 ,  l'année  où  au  mois  de  mars  fut  signée,  à  Amboise,  la  première  paix 
avec  les  Huguenots,  dans  le  courant  du  mois  d'août  suivant,  leurs  principaux 
chefs  reçurent  cet  avis  secret  :  «Ceux  de  C...  ont  tenu  conseil,  pour  après  que  les 
reîtres  seront  partis  donner  en  un  même  jour  les  Vêpres  siciliennes  à  ceux  de  la 
religion.  Advertir  M.  le  Prince,  M.  l'Admirai  et  M.  d'Andelot;  qu'ils  se  tiennent  sur 
leurs  gardes;  car  ils  ont  délibéré  de  leur  jouer  un  mauvais  tour  et  les  faire 
mourir  tous  trois  en  un  seul  jour,  s'ils  peuvent.  Que  M.  le  Prince  croye  cet 

1  De  Thou,  Hist.  univers.,  Irad.,  t.  VI,  p.  a 7/1.  —  '  Bibl.  n;it.,  fonds  français,  n"  i5553,  fol.  206.  — 
'  La  Huguerie,  Mémoires,  t.  I",  p.  95.  —  '  Tomaseo,  Ambass.  vénitiens,  t.  I",  p.  3a5. 

Catherine  de  Médicis.  —  1».  u 


IXvi  INTRODUCTION. 

avertissement  pour  véritable,  parce  que  le  prince  de  Porcian  a  de  ses  amis  qui 

hantent  le  gouverneur  de  C... ,  conducteur  de  l'affaire  Ki\ 

L'année  suivante,  le  duc  de  Ferra re  étant  venu  en  France,  Catherine,  à  plu- 
sieurs reprises,  s'ouvrit  à  lui  de  l'éventualité  de  l'assassinat  de  l'amiral.  Aussi,  à 
la  première  nouvelle  qu'il  eut  de  la  Saint-Barthélémy,  se  rappelant  celte  confi- 
dence, il  en  fit  part  à  ses  deux  envoyés,  le  comte  Gasparo  Fogliani  et  Giannelli2. 

Lors  de  l'entrevue  de  Bayonne,  en  i565,  le  propre  confesseur  de  ce  même 
duc  de  Montpensier  auquel  il  répugnait  maintenant  de  voir  frapper  un  ennemi 
désarmé,  en  son  nom,  remit  un  mémoire  au  duc  d'Albe  où  il  était  dit  :  s  Le  moyen 
le  plus  court  et  le  plus  expéditif,  ce  serait  de  se  débarrasser  de  cinq  ou  six  des 
principaux  chefs  protestants3. 11 

Cette  sanguinaire  solution  dont  on  lui  faisait  l'aveu,  le  duc  d'Albe  dut  s'en 
emparer  et  la  conseiller  à  Catherine.  Pour  arriver  secrètement  jusqu'à  elle,  il 
su  disait  de  traverser  la  longue  galerie  qui  reliait  l'évèclié  où  logeait  la  Cour  à  la 
maison  de  bois  destinée  à  la  reine  d'Espagne.  11  y  a  des  choses  qui  se  disent  et 
ne  s'écrivent  pas.  Au  lendemain  de  la  Saint-Barthélémy,  il  manda  à  don  Diego 
de  Çuniga,  le  10  septembre:  «Souvent  je  me  suis  souvenu  de  ce  que  j'avais  dit 
à  la  Beine  mère  à  Bayonne,  et  de  ce  qu'elle  m'avait  promis,  je  vois  qu'elle  a 
bien  dégagé  sa  parole 4. 11 

Ces  bruits  d'assassinat  étaient  donc  toujours  dans  l'air.  Soubise  y  fait  allusion 
dans  ses  Mémoires,  à  l'en  croire,  l'exécution  en  aurait  été  projetée  durant  le  séjour 
que  l'amiral  fit  à  Moulins  en  i5655. 

Que  l'idée  en  soit  venue,  tout  le  passé  le  rend  admissible;  mais  le  connétable, 
qui  avait  suivi  la  cour  dans  cette  ville,  n'aurait  jamais  laissé  loucher,  lui  présent, 
à  l'un  de  ses  neveux;  d'ailleurs  le  récent  massacre  des  Français  dans  la  Floride 
par  les  Espagnols  avait  exaspéré  l'opinion  en  France,  et  Catherine  était  trop 
irritée  elle-même  contre  Philippe  II  pour  oser  risquer  alors  un  pareil  attentat; 
mais  comme  l'a  dit  de  Thou,  les  protestants,  esprits  soupçonneux,  s'obstinaient  à 
croire  qu'on  avait  fait  un  traité  à  Bayonne  entre  les  deux  rois,  à  l'effet  d'affermir 
l'ancienne  religion  et  d'extirper  entièrement  la  nouvelle 6. 

Le  1  o  mai  1567,  don  Juan  de  Çuniga  écrivait  de  Borne  où  il  représentait  l'Es- 

'  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  468a,  fol.  53.  '  Arch.  nat.,  collect.  Sitnancas,  K  i535, 

'  Archives  de  Modène,  Cancelleria  ducale.  5  Jules  Bonnet,  Mémoires  de  Soubise. 

Voir  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Graneelle .  ''  De  Tliou,  Histoire  universelle,  trad. ,  t.  VI. 
t.  IX,]).  398. 


INTRODUCTION.  xxvn 

pagne  :  c:Le  pape  Pie  V  m'a  dit  en  très  grand  secret  :  les  maîtres  de  la  France 
méditent  une  chose  que  je  ne  puis  ni  conseiller  ni  approuver  et  que  la  con- 
science réprouve;  ils  veulent  faire  périr  par  pratiques  le  prince  de  Coudé  et 
l'amiral  '.» 

Poursuivons  cette  enquête  :  Gondé  ayant  été  tué  à  Jarnac  par  Montosquiou,  au 
mépris  de  toutes  les  lois  de  la  guerre,  il  ne  restait  plus  qu'à  en  l'aire  autant 
à  Coligny.  En  i56p,,  durant  le  long  séjour  de  Catherine  à  Metz,  l'amhassadeur 
d'Espagne,  don  Francès  de  Alava  lui  ayant  reproché  l'inaction  de  l'armée  royale 
depuis  la  victoire  de  Jarnac,  inaction  qui  avait  permis  à  l'amiral  de  réorganiser  la 
sienne  :  «11  n'a  plus  en  son  pouvoir  que  la  Rochelle,  répondit-elle,  et  toute  ma 
crainte  c'est  qu'il  ne  la  livre  aux  Anglais.  La  reine  de  Navarre  est  entièrement 
gouvernée  par  lui  et  elle  nous  ruine.  De  grâce,  conseillez-moi,  que  dois-je  faire  ?» 
—  «  J'ignore ,  Madame ,  de  quelles  ressources  l'amiral  dispose  encore ,  mais  quand  la 
lorce  fait  défaut ,  il  faut  recourir  à  d'autres  moyens.  »  —  8  Lesquels  ?  r  —  rc  Eh  bien . 
puisque  vous  l'exigez,  vous  devriez  avoir  recours  à  la  sonaria-,  comme  disent  les 
Ilaliens,  et  faire  tuer  l'amiral,  Larochefoucault  et  Grammont.  t  —  rr Baissant  la 
voix,  car  le  cardinal  de  Lorraine  était  dans  la  chamhre  voisine,  il  y  a  trois  jours, 
j'ai  offert  cinquante  mille  écus  à  celui  qui  tuerait  l'amiral,  et  vingt  ou  trente  mille 
à  ceux  qui  tueraient  d'Andelot  et  Larochefoucault,  H  y  a  sept  ans,  on  l'avait  décide 
et  ceux  qui  l'ont  empêché  alors,  s'en  sont  repentis  depuis3,  r 

Ainsi  de  sa  propre  bouche,  elle  confirme  ainsi  l'avis  donné  en  i  563  aux  chefs 
protestants  que  l'on  méditait  contre  eux  de  nouvelles  Vêpres  siciliennes. 

En  1571,  la  sinistre  préméditation  du  meurtre  de  Coligny  reparait  :  le  pape 
croit,  écrit  un  agent  florentin,  que  la  paix  de  Saint-Germain  n'a  été  conclue  et 
l'amiralinvité  à  Blois  qu'avec  la  secrète  intention  de  le  tuer;  mais  à  voir  les  choses 
menées  avec  tant  de  prudence,  il  ne  pense  pas  que  le  Roi  soit  dans  des  dispositions 
aussi  hardies4. 

Ce  meurtre  semblait  si  bien  dans  le  jeu  de  Catherine,  qu'à  la  première  nou- 
velle de  la  prochaine  arrivée  de  l'amiral  à  Blois,  Philippe  II  écrit  de  sa  propre 
main  :  a  Ce  ne  peut-être  qu'avec  l'intention  d'en  finir  avec  cet  homme  abominable, 
ce  qui  serait  un  acte  de  grand  mérite  et  d'honneur5,  n 

k'ervyn  de  Lettenhove  :  Conférence  de  Bayonne.  ''  Négociations  diplomat.  avec  la  Toscane,  t.  U\ , 

-  Sonaria,  sonnerie  des  morts,  glas.  p.  782. 
Arch.    ia(..    collection    Simàncas,   K    i5i4,  s  Arch.    na!.,    collection    Simàncas,   k    i5-jo. 

pièce  80.  pièce  3 1 . 


xxviii  INTRODUCTION. 

L'avertissement  donné  par  le  duc  de  Montpensier,  et  qui  de  bien  des  côtés  lui 
était  confirmé,  détermina  Coligny  à  s'en  expliquer  avec  Catherine  et  à  savoir 
de  sa  propre  bouche  ce  qu'il  avait  à  redouter.  A  la  première  question  qu'il  lui 
posa,  rr Je  sais  bien,  dit-elle  avec  une  apparente  franchise,  que  vous  ne  pouvez 
pas  plus  vous  fier  à  nous  que  moi  à  vous,  car  vous  avez  offensé  le  Hoi  mon  fils  et 
pris  les  armes  contre  lui;  eh  bien,  je  vous  assure  que,  si  vous  continuez  à  lui  être 
un  bon  serviteur  et  fidèle  sujet,  je  vous  ferai  des  faveurs  de  toutes  sortes1,  a 

Et  ces  faveurs  ne  se  firent  pas  attendre;  indépendamment  de  ses  charges  qui 
lui  sont  toutes  rendues,  le  Roi,  pour  le  dédommager  des  pertes  qu'il  a  subies,  lui 
fait  don  de  cent  mille  livres,  lui  abandonne  le  revenu  durant  un  an  de  tous  les 
bénéfices  du  feu  cardinal  de  Chatillon,  son  frère,  l'autorise  à  poursuivre  partout 
la  revendication  des  meubles  et  objets  précieux  pris  dans  le  château  de  Chatillon, 
lors  de  la  dernière  guerre  civile.  Il  fait  plus  encore,  cédante  son  imprudente  re- 
quête, il  donne  l'ordre  d'enlever  la  croix  et  la  pyramide  dressées  sur  l'emplace- 
ment de  la  maison  des  frères  Gastines  condamnés  à  mort  et  exécutés  pour  exercice 
prohibé  du  culte  protestant  dans  leur  logis.  Enfin  pour  lui  donner  une  marque 
publique  de  sa  bienveillance,  il  accueille  avec  bonté  les  députés  de  la  Rochelle, 
lorsqu'il  les  lui  présente,  et  il  invite  à  Blois  sa  nouvelle  épouse  Jacqueline  cl  En- 
tremonts à  laquelle  Catherine  témoigne  les  plus  grands  égards. 

Tant  de  faveurs  accumulées  semblent  inexplicables  à  l'ambassadeur  Giovanini 
Michieli  :  C'est  incroyable,  dit-il  dans  sa  relation,  qu'un  homme  qui  ne  s'est  fait 
un  nom  que  dans  les  guerres  qu'il  a  soutenues  contre  le  Roi,  ait  conquis  en  si  peu 
de  temps  une  si  grande  autorité  "2. 

Marguerite  dans  ses  Mémoires,  l'explique  à  sa  manière  :  «Les  renards  avoient 
sceu  si  bien  feindre  qu'ils  avoient  gagné  le  cœur  de  mon  frère  ce  brave  prince 
pour  l'espérance  de  se  rendre  utiles3. •» 

Ces  démonstrations  si  flatteuses  pour  l'orgueil  de  Coligny,  si  Catherine  en  laisse 
toute  l'initiative  au  Roi  son  fils,  elle  semble  du  moins  partager  à  demi  sa 
confiance  dans  l'avenir  :  «Nous  sommes  à  espérer  plus  de  repos  en  ce  pays,  écrit- 
elle  au  duc  de  Florence,  que  n'en  avions  eu  jusqu'ici »;  elle  est  si  peu  préoc- 
cupée des  éventualités  du  lendemain  qu'elle  pense  à  dresser  une  cassine  à  Saint- 
Maur-les-Fossés  où  elle  désire  avoir  toutes  sortes  de  gens  «qui  sachent  faire 
toutes  façons  de  fromages,  laitages,  confitures,  salures,  salades  et  fruits  et  elle 

1  Négociations  diplomatique»  avec  la  Toscane,  t.  III.  p.  705.  — 2  Relat.de  Michieli. — 3  Marguerite  de  Valois, 
Ses  Mémoires,  édil.  de  L  Lalaune. 


INTRODUCTION.  xxix 

prie  le  Grand-Duc  de  lui  envoyer  les  personnes  qu'il  y  croira  les  plus  propres1.  ■- 
Toutefois  ces  futilités  qui  tiennent  dans  sa  vie  une  part  plus  grande  qu'on  ne  le 
croit,  ne  la  détournent  pas  de  la  négociation  du  mariage  de  sa  fille  avec  Henri  de 
Navarre  et  bien  avant  qu'elle  ne  soit  assurée  du  consentement  définitif  de  Jeanne 
d'Albret,  elle  se  préoccupe  de  l'obtention  d'une  dispense,  et  Je  ne  serai  jamais  con- 
tente, écrit-elle  à  M.  de  Ferais,  le  nouvel  ambassadeur  de  France  à  Rome,  que  Sa 
Sainteté  ne  m'ait  octroyé  cette  grâce;  pour  le.  cas  où  elle  voudroit  se  dispenser 
de  bailler  ladite  dispense  en  public,  qu'elle  l'accorde  et  fasse  dépêcher  en  parti- 
culier et  me  l'envoyé,  l'assurant  que  je  la  garderai  devers  moy,  qu'elle  ne  viendra 
à  la  connaissance  de  personne,  désirant  surtout  avoir  la  conscience  apaisée  de  ce 
côté-là  2. 11 

Pour  s'assurer  plus  de  chances,  elle  a  recours  au  duc  de  Florence.  Se  prome- 
nant un  jour  avec  Petrucci,  son  ambassadeur  :  a  Le  nonce  fait  tout  ce  qu'il  peut, 
lui  dit-elle,  pour  entraver  le  mariage  de  ma  fille;  si  le  Saint-Père  ne  croit  pas 
pouvoir  accorder  la  dispense  pour  cause  d'hérésie,  que  du  moins  il  nous  la  con- 
cède pour  raison  de  parenté.  Si  je  la  demande,  si  je  la  désire,  c'est  uniquement 
par  acquit  de  conscience;  car  il  y  a  dans  ce  royaume  deux  ou  trois  archevêques 
qui  en  ont  l'autorité  et  la  donneront  au  besoin  3.  n 

A  la  suite  de  cet  entretien,  dont  Petrucci  l'informa  sur-le-champ,  Cosme  de  Médi- 
as ayant  fait  représenter  à  Catherine  qu'avant  de  solliciter  une  dispense,  il  faudrait 
amener  l'amiral  et  Jeanne  d'Albret  à  revenir  à  la  vraie  religion  :  cr  Je  voudrois, 
répond-elle,  qu'il  m'eût  coûté  la  moitié  de  ce  que  j'ai ,  et  dix  ans  de  ma  vie  et  que 
l'amiral  voulût  faire  vers  Notre  Saint-Père  ce  que  me  mandez;  mais  il  est  plus  à 
désirer  qu'à  espérer  qu'il  le  fasse,  ni  la  royne  de  Navarre;  car  de  penser  qu'à  pré- 
sent si  promptement  ils  veulent  se  soumettre  au  Pape,  il  ne  seroit  pas  croyable, 
et  de  tirer  le  mariage  en  longueur  il  en  adviendroit  plus  de  mal  que  de  bien; 
car  rien  ne  nous  peut  faire  espérer  l'augmentation  entière  de  nostre  religion  et 
le  repos  universel  de  ce  royaume  que  le  mariage  de  ma  fille  et  du  prince  de  Na- 
varre; quand  le  Pape  aura  tout  bien  considéré,  il  trouvera  qu'il  fera  un  grand 
service  à  Dieu  et  à  toute  la  chrétienté  de  nous  bailler  cette  dispense,  pour  la- 
quelle nous  avions  délibéré  de  demander  au  nouveau  ambassadeur  qu'il  la  de- 
mande à  Sa  Sainteté;  mais  depuis  nous  n'avons  voulu,  et  attendrons  d'avoir 
l'entière  résolution  de  la  reine  de  Navarre,  encore  qu'elle  aye  envoyé  homme 

1  Archives  de  Florence.  —  "  Voir  sa  lettre,  dans  le  présent  volume,  p.  75.  —  3  Négociations  diploma- 
tiques avec  la  Toscane,  t.  III,  p.  715. 


«i  INTRODUCTION. 

exprès  pour  nous  prier  de  bailler  ma  fille  à  son  fils,  suivant  la  promesse  du  feu 
Rov  mon  seigneur  qu'il  en  fil  au  feu  roy  de  Navarre  son  mary  '.u 

C'est  à  ce  moment  (pic  parvint  à  Blois  la  nouvelle  de  la  victoire  de  Lépante. 
tr Cette  victoire,  écrivait  Walsingham  à  Burghley,  peut  amener  quelque  change- 
ment ici.  La  Reine  mère  qui  gouverne  tout  esl  naturellement  peureuse,  et  l'on 
appréhende  que  ceux  de  la  l'action  de  l'Espagne,  qui  sont  le  plus  en  crédit  auprès 
d'elle,  ne  profilent  de  cette  victoire  pour  persuader  au  lioi  de  dissimuler  les  ou- 
trages qu'il  a  reçus  des  Espagnolset  ne  le  portent»  suivre, -durant  quelque  temps, 
la  même  route  que  le  roi  d'Espagne'2,  n  11  ne  se  trompait  pas  :  à  partir  de  ce  joui . 
Catherine  se  montra  opposée  à  toute  brouille  avec  l'Espagne,  et  vis-à-vis  de  l'a- 
miral elle  affecta  une  froideur  de  plus  en  plus  marquée. 

En  présence  de  ce  mauvais  vouloir  qu'elle  ne  dissimulait  plus,  (Joligny  annonça 
son  intention  d'aller  à  Châlillon ,  ce  vieux  manoir  paternel  qu'il  n'avait  pas  revu 
depuis  des  années.  Le  prochain  départ  de  Charles  IX  pour  un  déplacement  de 
chasse  le  motivait  d'ailleurs;  mais 'avant  de  s'éloigner,  il  tint  à  avoir  un  dernier 
entretien  avec  Catherine  :  rSi  la  reine  de  Navarre,  lui  dit-il  de  prime  abord, 
tarde  tant  à  venir  à  la  cour,  la  crainte  qu'elle  a  conçue  de  la  présence  de  la 
garde  du  Roi  à  Blois,  en  est  l'unique  cause,  n  —  trNous  sommes  trop  vieux  tous 
deux,  répondit  Catherine,  avec  une  simulée  bonhomie,  pour  chercher  à  nous 
tromper.  Vous  devriez  plutôt,  vous,  être  en  défiance  que  la  reine;  quoi  qu'elle 
dise  ou  fasse,  nous  n'admettons  pas  qu'elle  puisse  avoir  de  pareilles  craintes3.- 

Au  sortir  de  cette  entrevue ,  elle  répéta  à  Pelrucci  tous  les  propos  qu'elle  avail 
eus  avec  l'amiral,  et  le  pria  de  donner,  de  sa  part,  les  meilleures  assurances  à  Té- 


ligny. 


Ce  dissentiment  de  Coligny  et  de  Catherine  ne  fut  toutefois  que  passager  et  ne 
modifia  en  rien  la  polique  du  moment:  Frégose  est  envoyé  en  Béarn,  afin  de 
presser  la  venue  de  Jeanne  d'Albret  à  Blois;  le  comte  Ludovic  y  est  également 
mandé,  à  l'effet  de  donner  suite  aux  projets  dont  il  avait  entretenu  le  Roi;  mais 
avec  sa  dissimulation  habituelle  pour  se  couvrir  vis-à-vis  de  Philippe  II,  Cathe- 
rine écrit  le  iS  octobre  à  Fourquevaux  :  r Empêchez  le  Roi  Catholique,  avec 
lequel  nous  voulons  vivre  en  paix,  d'entrer  en  opinion  que  l'on  ait  reçu  le  comte 
Ludovic  de  Nassau  pour  s'en  servir  ou  le  favoriser  à  l'encontre  de  luy,  mais  plu- 
tôl  en  intention  de  l'en  détourner,  s'il  en  avoit  volonté,  de  quov  vous  le  pouvez 

Archives  do  Florence;  voir  le  présent  votante,  p.  76. —     Mémoires  et  lettrée  de  Walsingham,  p.  1S1. 
—      Négoe.  diplom.  avec  In  Toscane,  t.  [il,  p.  •">■>'<. 


INTRODUCTION.  xxxi 

rendre  assuré,  s'il  advient  qu'il  soit  besoin  que  vous  lui  en  parliez;  car  il  ne  luy 
en  faut  ouvrir  le  propos  et  en  tout  événement  qu'il  ne  s'aperçoive  que  nous  en 
ayons  escript  quelque  chose;  mais  il  faut  faire  faire  ces  offices  comme  de  vous- 
même  1.r> 

Ces  menteuses  protestations  ne  l'empêchent  pas  de  poursuivre  la  politique 
anti-espagnole,  dont  secrètement  elle  tient  tous  les  fils  :  Schomberg,  le  29  octobre, 
lui  ayanl  mandé  d'Allemagne  que  l'électeur  de  Saxe,  qu'il  avait  vu  le  premier, 
était  bien  disposé,  et  qu'il  allait  visiter  les  autres  princes,  elle  lui  répond  le 
20  novembre  :  et  Ce  a  été  plaisir  au  Roi  et  à  mon  fils  le  duc  d'Anjou  et  à  moy 
d'entendre  la  bonne  espérance  que  vous  me  donnez  du  succès  de  l'affaire  que 
vous  avez  charge  de  manier  par  delà,  qui  me  donne  assurance  qu'il  en  sortira 
un  bon  effet,  commun  profit,  honneur  et  réputation  de  ce  royaume  et  de  toute  la 
Germanie,  qui  est  ce  qui  me  le  fait  désirer 2. n    ■ 

Tout  en  s'occupant  du  mariage  de  sa  fille  avec  Henri  de  Navarre ,  Catherine 
ne  perd  pas  de  vue  l'Angleterre;  durant  une  absence  de  Walsingham,  le  1"  no- 
vembre elle  reçut  killegrew,  qui  le  remplaçait  momentanément,  et  le  propos  étant 
tombé  sur  Marie  Stuart,  comme  il  accusait  celle-ci  d'être  complice  de  Norfolk,  et 
par  suite  de  l'abandon  de  la  France  de  songer  à  épouser  don  Juan  d'Autriche, 
elle  répondit  que  l'on  mettait  beaucoup  de  choses  sur  le  compte  de  sa  belle-fille 
qu'elle  ne  pouvait  croire.  Killegrew  ayant  répliqué  que  ce  qu'il  avançait  pouvait 
se  vérifier  par  les  originaux  des  lettres  qu'elle  avait  écrites  et  qui  pouvaient  être 
mis  sous  ses  yeux,  rrsans  vouloir  relever  cette  accusation,  elle  lui  demanda  des 
nouvelles  de  la  santé  de  la  reine,  et  pour  mieux  s'en  assurer  elle  lui  dit  qu'elle  se 
proposait  de  l'envoyer  visiter,  n  —  cr  II  me  semble,  Madame,  répliqua-l-il,  que  ce 
n'est  ni  beaucoup  d'honneur  pour  le  Roi  ni  pour  vous,  étant  telle  qu'elle  est,  de 
s'en  soucier  si  fort.  Si  le  Roi  voulait  s'entendre  avec  la  reine  ma  maîtresse  pour 
pacifier  l'Ecosse,  sans  parler  de  Marie  Stuart,  j'estime  qu'on  pourrait  plus  facile- 
ment arriver  à  un  accord3. n  Elle  lui  promit  de  le  redire  à  sou  fils,  et  l'entretien 
ne  se  poursuivit  pas. 

Ce  n'est  pas  la  première  fois  que  Catherine  parlait  ainsi  en  faveur  de  Marie 
Stuart;  dans  la  dernière  entrevue  qu'elle  avait  eue  avec  Walsingham,  celui-ci 
ayant  prétendu  que  l'on  savait  la  vie  étrange  qu'elle  avait  menée  et  qu'elle  étoit 
odieuse  à  chacun  :  et  Le  Roi  mon  fils  pour  son  honneur  ne  peut  que  lui  aider, 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  11°  10752,  p.  1206.  —  '  Bibl.  nal.,  fonds  français,  Cinq  cents  Colbert, 
n"  4oo  (volume  non  paginé).  —  '  Correspond,  diplom.  de  La  Motlw-Féiieloit,  t.  VII,  p.  285, 


mu  INTRODUCTION. 

avait-elle  répondu,  et  c'est  un  office  que  la  reine  votre  maîtresse  ne  peut  trouver 
mauvais1,  b 

Nous  voici  parvenu  à  la  fin  de  l'année  1571;  elle  finira  plus  mal  qu'elle  n'a 
commencé.  Deux  faits  se  produisent  pleins  de  menaces  pour  l'avenir  et  semblent 
la  préface  de  la  sanglante  nuit  :  les  Guises  s'étaient  d'abord  retirés  à  Joinville, 
où  ils  avaient  tenu  un  conseil  de  famille  pour  s'entendre  sur  la  ligne  de  conduite 
que  nécessitait  pour  eux  la  venue  de  l'amiral  à  Blois;  de  Joinville  ils  vinrent  à 
Troyes,  et  dans  les  premiers  jours  de  novembre,  le  bruit  s'étant  répandu  que  c'était 
avec  l'intention  d'attaquer  l'amiral,  de  tous  côtés  ses  amis  lui  offrirent  d'accourir 
à  sa  défense;  Jeanne  d'Albret  en  tète  lui  proposa  d'amener  le  prince  de  Coudé 
et  le  prince  de  Navarre,  son  fils.  Sans  trop  s'effrayer  l'amiral  crut  néanmoins 
devoir  en  avertir  le  Roi  :  «Tant  s'en  faut,  lui  écrit-il,  que  je  me  sois  ému 
pour  les  assemblées  qu'ont  faites  ceux  de  Guise  que,  hors  environ  vingt-cinq 
arquebusiers  que  j'ai  mis  pour  la  garde  de  ma  porte,  je  n'a  y  point  eu  pour  un 
coup  douze  gentilshommes  d'extraordinaires,  mais  bien  ai-je  adverty  nies  amis 
pour  se  tenir  prêts,  et  n'eût  été,  Sire,  la  promesse  que  j'avois  faite  à  Votre  Ma- 
jesté, quand  je  partis  de  Blois,  j'avois  bien  moyen  de  relever  de  peine  ceux 
qui  disoient  quy  me  viendroient  assiéger  en  ma  maison  et  de  faire  la  moitié  du 
chemin  au-devant  d'eux,  mais  je  crains  de  déplaire  et  désobéira  Votre  Majesté, 
et  d'autre  part  je  désire  tant  entretenir  la  paix  et  le  repos  en  vostre  royaume  que 
je  sçay  lui  être  tant  nécessaire,  que  je  préférerai  toujours  le  public  et  le  service 
de  Votre  Majesté  à  mon  particulier,  comme  peut  en  rendre  témoignage  le  langage 
que  je  lui  en  tins  dernièrement  à  Blois  en  présence  de  votre  mère  et  de  Mon- 
sieur vostre  frère.  Je  supplie  très  humblement  Vostre  Majesté  d'être  assurée  que 
je  ne  donnerai  ny  plaisir  ny  advantage  à  mes  ennemis  pour  prendre  les  armes; 
car,  si  je  le  fais,  ce  ne  sera  que  par  votre  commandement,  et  puisqu'il  plaît  à  Votre 
Majesté  que  je  me  contienne  chez  moi,  je  le  ferai  pour  lui  obéir;  mais  je  la  sup- 
plie aussi  très  humblement  que  ce  ne  soit  ny  à  ma  honte  ny  à  ma  défaveur,  et 
faire  différence  entre  ceux  qui  font  bien  ou  mal2. n 

Un  fait  plus  significatif  encore,  et  qui  aurait  du  ouvrir  les  yeux  de  l'amiral,  et 
éveiller  toutes  ses  défiances,  c'est  la  violente  émeute  que  provoqua  l'enlèvement 
de  la  croix  de  Gastines.  Une  maison  qui  avait  appartenu  aux  deux  frères  est 
brûlée;  celle  du  Marteau  d'or  et  une  troisième  dans  la  rue  de  la  Monnaie  sont 

'   Cakndar  of  Stale papers ,  îôyo,  1571,  p.  543.  —  '  Bibl.  nal.,  fonds  fiançais, 11°  3io,3,  p.  a5. 


INTRODUCTION.  Ulli; 

également  saccagées  et  Charles  IX  écrivait  au  prévôt  des  marchands  et  aux  éche- 
vins  :  « Faites-en  une  punition  exemplaire  et  en  plein  jour,  pour  que  l'on  puisse 
donner  crainte  aux  canailles  qui  font  lesdites  séditions,  et  que  les  autres  y  prennent 
exemple  '.  * 

M.  de  Nançay  avait  si  bien  prévu  ce  soulèvement  du  peuple  de  Paris  que,  dès 
le  lendemain  du  jour  où  Goligny  avait  obtenu  du  Roi  l'enlèvement  de  cette  croix, 
il  avait  écrit  au  duc  de  Nemours  :  «L'on  a  dépesché  la  commission  au  prévôt  de 
Paris,  lequel  dit  qu'il  ayme  mieux  quitter  son  état  que  de  prendre  cette  charge- 
là.  Le  chevalier  du  guet  en  a  autant  l'ait.  Ils  ne  peuvent  trouver  personne  qui 
veuille  entreprendre  ce  fait-là;  ils  ont  failli  de  tuer  à  Paris  le  prévôt  des  mar- 
chands Marcel2,  n 

Déjà  en  décembre  1 568,  lorsque  le  cardinal  de  Châtillon  était  venu  négocier 
la  paix  qui  fut  plus  tard  signée  à  Longjumeau,  de  crainte  pour  sa  vie,  l'on  n'avait 
pas  osé  le  laisser  entrer  de  jour  dans  Paris.  La  haine  que  le  peuple  de  la  grande 
ville  portait  aux  huguenots  était  donc  restée  aussi  implacable  que  par  le  passé, 
et  elle  attendait,  suivant  la  propre  expression  de  Charles  IX,  qu'on  lui  lâchât  la 
main. 

VI 

Dans  les  mois  qui  suivirent  le  retour  de  M.  de  Foix  en  France,  la  situation  de 
l'Angleterre  s'était  singulièrement  aggravée  :  au  dedans,  la  révolte  des  nobles  du 
Nord  sous  la  conduite  des  comtes  de  Northumberland  et  de  Westmoreland,  ces 
chefs  des  puissantes  maisons  de  Percy  et  de  Nevile,  la  conspiration  de  Norfolk,  les 
troubles  de  l'Irlande,  la  guerre  d'Ecosse  qui  se  prolongeait,  l'Angleterre  soute- 
nant le  jeune  roi,  la  France  Marie  Stuart;  au  dehors,  la  rupture  avec  l'Espagne 
dont  l'ambassadeur  venait  d'être  brusquement  congédié,  enfin  la  victoire  de  Lé- 
pante  qui,  en  relevant  la  fortune  de  Philippe  II,  lui  permettait  de  secourir  à  la 
fois  les  rebelles  d'Irlande  et  les  catholiques  d'Angleterre. 

«Dans  des  circonstances  aussi  difficiles,  nous  manquons  d'alliances,  avait  écrit 
Leicester  à  Walsingham3.  n  A  l'heure  présente,  le  mariage  de  la  reine  avec  le  duc 
d'Anjou  leur  semblait  donc  l'unique  moyen  d'obtenir  celle  de  la  France;  mais 
comment  reprendre  une  négociation  que  Burghley  lui-même  regardait  comme 

1   Arcb.   nal.,    Registres   de   l'Hôtel   de  ville,  '  Bibliothèque  nationale,  fonds  français,  a"  3 188, 

n°   ai  88,  voir  dans  ce  présent  volume,  p.  84,  la        p.  27. 
lettre  de  Catherine  et  les  notes  qui  l'accompagnent.  J  Mémoires  et  lettres  de  Walsingham ,  p.  17IJ. 

Catherine  de  Médicis.  —  i».  e 


tU.'Bm^riK     VHlOïlLl:. 


ïxxiv  INTRODUCTION. 

morte?  Depuis  le  départ  de  M.  de  Foix,  une  seule  fois  Elisabeth  avait  dit  incidem- 
ment à  La  Mothe-Fénelon  :  «11  me  semble  que  le  duc  tient  ce  projet  de  mariage 
pour  rompu •»',  et  il  n'avait  rien  répondu.  Sir  Thomas  Smith,  que  M.  de  Foix,  à 
son  départ  de  Londres,  avait  officieusement  indiqué,  vint  donc  pour  traiter  à  la 
fois  d'une  ligue  avec  la  France  et  du  mariage  de  la  reine  avec  le  duc  d'Anjou, 
si  toutefois  la  négociation  pouvait  encore  en  être  utilement  renouée.  Une  lettre 
<l<-  Leicester  à  Walsingham  précise  bien  les  instructions  qu'il  emportait  :  «La 
reine  me  paraît  maintenant  tout  à  fait  décidée  à  se  marier  et  à  ne  pas  refuser 
les  conditions  raisonnables  qui  lui  seraient  soumises.  J'ai  jugé  à  propos  de  vous 
faire  connaître  ce  changement.  Les  dispositions  présentes  de  notre  maîtresse  sont 
si  favorables  que  je  crois  fermement  que,  si  l'affaire  est  bien  menée,  l'issue  n'en 
peut  être  douteuse.  Faites-en  prévenir  l'amiral,  et  faites-lui  savoir  que  la  reine 
attend  de  lui  les  meilleurs  et  les  plus  fidèles  avis.  11  serait  bien  à  désirer  qu'il  lui 
à  la  cour  en  même  temps  que  Smith,  afin  de  déjouer  les  intrigues  de  ceux  qui 
ne  veulent  pas  de  celte  union.  Sa  Majesté  s'en  est  ouverte  à  Montgomery  qui 
retourne  en  France,  et  il  doit  s'en  entendre  avec  l'amiral  '.  v 

Un  événement  tragique  avait  précédé  de  quelques  semaines  l'arrivée  de  Smith 
en  France  :  Lignerolles,  que  Catherine  avait  menacé  de  toute  sa  colère,  pour 
avoir,  le  croyait-elle,  détourné  le  duc  d'Anjou  de  son  mariage  avec  Elisabeth,  et 
qui,  à  bon  droit,  passait  pour  un  agent  des  Guises  et  de  l'Espagne,  avait  été  assas- 
siné à  Bourgueil  en  plein  jour  par  Villequier  assisté  de  quelques  gentilshommes 
et,  sur  la  demande  du  maréchal  de  Tavannes,  Charles  IX  avait  octroyé  le  pardon 
à  ses  meurtriers  -. 

«Ce  n'est  pas  un  médiocre  avancement  pour  notre  cause,  avait  écrit  Walsingham 
à  Burghley  3.v 

Etrange  cl  triste  époque  où  un  assassinat  était  considéré  comme  un  indice 
favorable  à  un  projet  de  mariage! 

A  son  arrivée  à  Amboise,  Smith  vit  tout  d'abord  M.  de  Foix;  il  lui  avoua  qu'il 
était  très  préoccupé  des  difficultés  de  sa  mission  et  voudrait  bien  savoir  quel  était 
le  point  délicat,  l'obstacle.  M.  de  Foix  lui  ayant  répondu  que  le  duc  d'Anjou 

1   Caîeiidar  of  State  papers  (1571  ),  p.  583;  Mé-  mère,  parce  que  l'on  se  doublnit  qu'il  ne  descouvril 

moires  et  lettres  de  Walsingham,  p.  17!).  au  roy  d'Espagne  des  affaires  qu'il  avoit  trop  connues 

-  Voici  ce  qu'en  écrivait  lecomle  de  Saint-Paul,  par  le  menu.»  (Arch.  de  Turin,  déchiffré  tir  la  dê- 

l'ambassadeur  «le  Savoie  :  -Kslanl  le  roy  à  Bour-  pêche  du  comte  de  Saint-Paul.) 

jjiieil,  M.  de  Lignerolles  fut  tué,  cl  ay  eslé  assemv  '  Cahmdar  of  State papers  (  1 5 7 -j ) ,  p.  .'!. 
que  c'esloit  par  le  commandement  de  la   Royne 


INTRODUCTION.  vvxv 

n'entendait  rien  céder  sur  l'exercice  de  sa  religion,  il  ne  voulut  pas  admettre  que 
ce  fût  son  dernier  mot,  et,  sans  plus  tarder,  il  sollicita  une  audience. 

Catherine  le  reçut  en  présence  de  Charles  IX  et  lui  affirma  de  nouveau  que 
la  religion  était  le  seul  empêchement  au  projet  de  mariage.  Smith  lui  deman- 
dant si,  cette  question  une  fois  résolue,  il  y  en  aurait  d'autres  à  débattre,  elle 
répondit  affirmativement,  mais  en  la  tenant  toujours  pour  la  principale.  Sur  sou 
observation  que  ce  serait  alors  le  moyen  le  plus  honorable  de  rompre,  elle  s'écria 
quelle  ne  le  voulait  nullement,  mais  que  la  tête  de  son  fils  était  si  troublée  à  la 
seule  pensée  de  n'avoir  pas  l'exercice  de  son  culte  qu'elle  avait  perdu  tout  em- 
pire sur  lui;  car,  s'il  n'entendait  pas  la  messe,  il  se  croirait  à  jamais  damné.  —  te  Ne 
pourrait-il  pas,  Madame,  reprit-il,  pour  quelque  temps,  l'avoir  dans  une  cha- 
pelle particulière.'!  —  ttll  est  devenu  si  dévot,  répondit-elle,  qu'il  en  entend 
deux  ou  trois  par  jour;  il  observe  si  scrupuleusement  tous  les  jeûnes  que  sou 
visage  en  a  pâli.  J'aimerais  mieux  qu'il  fût  huguenot  que  de  le  voir  ainsi  com- 
promettre sa  santé.  Il  ne  se  contentera  pas  d'une  messe  basse,  il  veut  la  grande 
avec  toutes  les  cérémonies  de  l'église  catholique  et  toutes  les  conditions  que 
M.  de  Foix  a  stipulées. a  —  «M.  de  Foix  savait  bien,  Madame,  que  jamais  la 
reine  n'accéderait  à  de  pareilles  exigences  et  maintenant  vous  réclamez  la  grand- 
messe,  tout  le  cérémonial  romain,  les  quatre  mendiants  et  les  mille  diables!  v 
—  «Mais  votre  maîtresse  ne  pourrait-elle  pas,  à  ce  sujet,  solliciter  l'assentiment 
de  son  parlement  U  —  te  C'est  impossible,  Madame  v,  et  sur  ce  dernier  mot,  il  se 
retira  '. 

Le  lendemain  s'étant  rencontré  avec  les  deux  évêques  de  Limoges  et  d'Orléans, 
sur  leur  offre  de  mettre  par  écrit  les  conditions  exigées,  il  déclara  qu'il  aimerait 
mieux  mourir  que  de  les  transmettre. 

La  rupture  étant  donc  un  fait  accompli,  et  Catherine  ne  pensait  plus  qu'à  sub- 
stituer comme  prétendant  le  duc  d'Alençon  à  son  frère  d'Anjou,  et  II  a  seize  ans 
passés,  avait-elle  écrit  à  La  Mothe-Fénelon ,  il  est  petit  pour  son  âge;  s'il  étoit  de 
grande  venue  comme  sont  ses  frères,  j'en  espérerois  quelque  chose;  car  il  a  l'enten- 
dement et  le  visage  assez  de  plus  d'âge  qu'il  n'a2.*  —  «La  reine  aurait  lieu  de 
s'en  olïenser,  avait-il  répondu;  toutefois  lord  Burghley  auquel  je  m'en  suis  ou- 
vert le  préférerait  de  beaucoup  au  duc  d'Anjou,  d'abord  connue  plus  éloigné 
du  trône  d'un  degré,  puis  comme  mieux  disposé  à  s'accommoder  de  la  religion 

Calendar  of  State paptrs  (  1 572 ) ,  p.  9  et  1 0.  —  2  Correspond,  diplomat.  de  La  Motlie-Fcnelon ,  t.  VII . 
P-  179- 


ïxvvi  INTRODUCTION. 

anglicane.  Il  m'a  même  dit  qu'il  en  avait  parlé  à  la  reine  sa  maîtresse  qui, 
tout  en  alléguant  la  disproportion  d'âge,  lui  avait  demandé  quelle  taille  le  duc 
pouvait  avoir,  et  sur  sa  réponse  qu'il  avait  à  peu  près  la  sienne  :  «Vous  voulez 
dire  celle  de  votre  petit-fils,  avait-elle  répliqué1.» 

Lors  de  leur  venue  à  Blois,  Catherine  ayant  rencontré  dans  le  parc  Walsin- 
gham  et  Smith  :  «Le  duc  de  Norfolk  a-t-il  été  exécuté,  demanda-t-elle,  en  les 
abordant? »  —  Sur  leur  réponse  qu'ils  n'en  avaient  aucune  nouvelle,  «11  serait 
à  désirer  que  votre  maîtresse  pût  sortir  de  ces  troubles,  et  se  tournant  vers 
Smith,  ne  sauriez-vous  pas  trouver  un  moyen  de  lui  faire  accepter  mon  fils 
d'Alençon?  Où  pourrait-elle  trouver  mieux?  Ne  voudriez-vous  pas  retourner  en 
Angleterre  pour  le  lui  proposer  ?»  —  «De  grand  cœur,  Madame,  ou  il  faudrait 
que  je  fusse  bien  malade,  v 

L'entretien  se  poursuivant  et  Catherine  revenant  toujours  sur  le  sujet  qui  lui 
tenait  tant  au  cœur,  Smith  lui  dit  incidemment  que,  si  Elisabeth  avait  des 
enfants,  toute  cause  de  trouble  disparaîtrait  en  Angleterre,  «Pourquoi  alors 
n'accepte-t-elle  pas  le  duc  d'Alençon,  répondit-elle,  la  barbe  commence  à  lui 
pousser?  Je  lui  ai  dit  dernièrement  que  j'en  étais  fâchée,  de  crainte  qu'il  ne  fût 
aussi  grand  que  son  frère. n  Smith,  pour  la  flatter,  lui  ayant  cité  Pépin  le  Bref 
dont  la  petite  taille  n'allait  pas  à  la  ceinture  de  la  reine  Berthe,  «Vous  avez 
raison,  reprit-elle,  c'est  le  cœur  et  le  courage  qu'il  faut  avant  tout  considérer  dans 
un  homme  »,  et  elle  le  congédia2. 

Mais  pour  faire  accepter  par  Elisabeth  ce  prétendant  imberbe,  elle  comprît 
bien  qu'il  fallait  d'abord  lui  dominer  une  sorte  de  satisfaction.  A  la  première  ou- 
verture que  lui  fit  Smith  de  conclure  une  ligue  entre  les  deux  nations,  elle  l'écouta 
donc  favorablement.  D'ailleurs  cette  apparente  concession  rentrait  dans  ses  vues 
et  s'accordait  bien  avec  sa  politique  du  moment  hostile  à  Philippe  II,  et  toute 
prête  à  devenir  agressive  :  «On  fait  des  levées  d'hommes,  écrivait  Killegrew  à 
Burghley,  destinés  à  porter  la  guerre  dans  les  Flandres,  et  il  y  a  en  ce  moment 
à  la  cour  bon  nombre  de  gentilshommes  de  Picardie  et  de  Normandie  qui  y  se- 
ront employés3,  n 

Catherine  s'attendait  même  à  ce  que.  la  rupture  vînt  de  l'Espagne.  \u  mois 
d'avril  suivant,  lorsque  la  ligue  avec  l'Angleterre  fut  définitivement  conclue, 
Walsingham  s'en  applaudissant  et  lui  remontrant  que  les  Espagnols,  jaloux  de 

'  Correspondance  diplomat.  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  IV,  p.  370.  —  :  Mémoires  du  duc  de  Nevers,  t.  I, 
p.  534  el  suiv.  —  3  Calendar  of  Stale papers  (1072),  p.  97. 


INTRODUCTION.  xxxvii 

cette  amitié  si  ostensiblement  affermie,  faisaient  tout  pour  la  rompre,  trJe  n'en 
doute  pas,  répondit-elle,  le  Roi  mon  fils  en  a  été  également  averti;  mais  on  ne 
lui  mande  pas  de  quel  coté  ils  se  tourneront  contre  nous*,  u 

Sur  ces  entrefaites,  elle  apprit  coup  sur  coup  que  la  reine  de  Pologne  venait 
de  mourir  et  que,  la  santé  du  roi  devenue  très  mauvaise,  l'on  s'attendait  à  sa  fin 
prochaine.  Il  y  avait  donc  là  une  couronne  à  prendre.  Le  duc  d'Anjou  y  pensait 
déjà,  et  non  moins  favorable  que  sa  mère  à  l'alliance  avec  l'Allemagne  protes- 
tante, il  écrivait  à  Scliomberg  :  c:Si  cela  se  fait  comme  nous  le  désirons,  cela  aidera 
grandement  à  acheminer  l'autre  affaire'2. v 

Sans  perdre  une  heure,  Catherine  appelle  à  Blois  l'homme  dans  les  conseils 
duquel  elle  avait  le  plus  de  confiance,  Jean  de  Mordue,  cet  habile  évèque  de  Va- 
lence, dont  Brantôme  nous  a  tracé  ce  portrait  si  ressemblant  :  r  Fin,  délié,  rompu 
et  corrompu  autant  pour  son  sçavoir  que  pour  sa  pratique3,  n  Sans  hésiter  Moulue 
lui  propose  de  faire  partir  pour  la  Pologne  Jean  de  Balagny,  son  fils  naturel,  qu'il 
avait  légitimé  et  qui  terminait  alors  ses  études  à  l'université  de  Padoue;  mais  Ca- 
therine ne  savait  rien  de  la  Pologne,  rien  de  l'état  des  choses  dans  ce  royaume,  et 
Vulcob,  notre  ambassadeur  à  Vienne,  auquel  elle  s'adressa  pour  se  renseigner. 
lui  répondit  :  tt Depuis  la  mort  de  la  reine  de  Pologne,  la  propre  sœur  de  l'Em- 
pereur, séparée  de  son  mari,  cette  cause  de  froideur  ayant  disparu,  il  y  a  entre 
l'empereur  Maximilien  et  le  roi  son  beau-frère  bonne  intelligence;  et  il  ajoutail  : 
«Sigismond-Auguste  n'a  pas  d'enfants  de  ses  deux  femmes  et  passe  pour  avoir 
eu  un  fils  d'une  des  demoiselles  d'honneur  de  la  princesse  Anne;  on  doute  néan- 
moins qu'il  se  décide  à  l'épouser.  Des  cinq  sœurs  qu'il  a  eues'  quatre  sont  vivantes; 
celle  qui  est  décédée  était  veuve  du  vayvodc  de  Transylvanie 4.d 

De  toute  nécessité,  en  vue  de  cette  royauté  de  Pologne  que  Catherine  con- 
voitait, il  fallait  rompre  la  liaison  du  duc  d'Anjou  avec  Renée  de  Chàteauneuf, 
besogne  à  demi  faite,  car  il  venait  de  s'amouracher  de  Marie  de  Clèves,  la  jeune 
sœur  des  deux  duchesses  de  Guise  et  de  Nevers.  Chàteauneuf,  que  l'énergie  de 
son  caractère  rendait  si  redoutable,  pouvait  reprendre  son  empire  sur  l'infidèle; 
Charles  IX  pensa  à  la  marier  à  l'étranger  et  en  chargea  Vulcob,  qui  jeta  les  yeux 
sur  le  vayvode  de  Transylvanie.  En  sa  qualité  de  vassal  du  Grand  Seigneur,  le 
vayvode  ne  pouvant  se  passer  de  son  agrément.  Charles  IX  l'en  fit  solliciter  par 
l'évêque  de  Dax,  son  ambassadeur,  et  délivra  par  avance  un  certificat  de  bonne  vie 

'  Mémoires  et  lettres  de  Wahingham,  p.  as5.  —  2  Bibi.  nat.,  Cinq  cents  Colbert,  n"  ioo.  —  3  Bran- 
tome,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  IV,  p.  45.  —  '  Bibl.  nat.,  Cinq  cents  Colbert,  n"  3r)y,  p.  333. 


sxxvm  INTRODUCTION. 

et  mœurs  à  la  maîtresse  de  son  frère  :  «C'est  une  belle  et  fort  honneste  demoiselle 
qui  est  de  la  maison  de  Bretagne  et  ma  parente1.  A 

Ce  danger  conjuré,  il  ne  restait  plus  qu'à  poursuivre  la  négociation  du  ma- 
riage de  Henri  de  Navarre  avec  Marguerite.  Du  jour  où  Pie  V  eut  connaissance 
des  chances  probables  de  ce  projet,  effrayé  des  dangers  dont  la  cause  catholique 
lui  semblait  menacée,  il  se  décida  à  tenter  un  dernier  effort  sur  dom  Sébastien. 
11  ne  pouvait  plus  songer  à  renvoyer  une  troisième  fois  à  Lisbonne  Tories  dont 
il  se  déliait  et  avec  raison  depuis  qu'il  avait  été  pourvu  d'une  riche  abbaye  par 
Philippe  II;  faute  d'un  homme  sûr,  il  confia  cette  mission  à  son  propre  neveu, 
le  cardinal  Alexandrin  et  le  fit  partir  sur  l'heure.  En  traversant  Madrid  le  car- 
dinal vit  Fourquevaux  :  cr Est-il  vrai,  lui  demanda-t-il,  que  le  prince  de  Navarre 
épouse  Madame  Marguerite?  J'ai  plein  pouvoir  de  Sa  Sainteté"  et  je  me  crois 
assuré  de  mener  à  bonne  fin  le  mariage  avec  le  roi  de  Portugal-. v 

Catherine  avait  prévu  la  question  :  «Dites  au  cardinal,  s'il  vous  parle  du  ma- 
riage de  ma  fille  avec  dom  Sébastien,  avait-elle  écrit  à  Fourquevaux,  que,  ayant 
tout  lait  pour  l'effectuer,  je  suis  délibérée  maintenant  de  conseiller  au  Roi  mon 
fils  de  ne  le  point  conclure,  car  l'on  a  trop  dédaigné  ce  que  l'on  devoit  priser3.  « 

Le  cardinal  Alexandrin  fit  prompte  et  bonne  besogne,  interna  Martin  da 
Camara,  le  plus  opposé  à  ce  mariage,  au  monastère  de  Coimbre  et  emporta  la 
promesse  du  jeune  roi  d'épouser  Marguerite.  A  son  retour  à  Madrid,  il  en  lit  les 
plus  grands  éloges  à  Fourquevaux,  vanta  sa  grâce,  son  bon  esprit,  affirma  qu'il 
avait  toujours  désiré  épouser  Madame,  et  qu'il  n'en  avait  été  détourné  que  par  les 
Camara,  eu  égard  à  sa  trop  grande  jeunesse  4.  n 

Fourquevaux  lui  répondit  qu'il  était  trop  tard.  En  elfet  Charles  IX  venait 
d'écrire  à  M.  de  Ferais  :  «Le  mariage  de  ma  sœur  est  une  résolution  que  j'ai  prise 
avec  autant  de  bonnes  considérations  et  de  respects  que  non  seulement  j'en  espère 
le  repos  particulier  de  mes  sujets  et  le  bien  de  mon  royaume,  mais  celui  delà 
chrétienté  en  général,  étant  ledit  prince  jeune  et  si  bien  né  qu'il  ne  sera  malaisé 
de  le  ramener  au  chemin  que  sa  Saincteté  peut  désirer,  comme  nous  en  avons  eu 
l'exemple  en  feu  son  père5,  v 

Le  cardinal  Alexandrin  repartit  le  2  janvier  pour  la  France;  Philippe  II  lui  avait 
adjoint  le  général  des  jésuites,  François  Borgia,  pour  l'aider  à  rompre  à  tout 


IJihl.  nat.,  fonds  français,  n"  3i3«j.  —  !  Ibid.,n°  10752.  —  ;  Ibid.,  11°  107^2.  — "  Ibid.,  n°  3951, 
[»  ,  35.  —  5  Ibid. 


INTRODUCTION.  ïxm 

prix  le  mariage  de  Henri  de  Navarre.  Dès  son  arrivée  à  Blois,  le  7  février,  il  débuta 
par  proposer  à  Charles  IX  d'entrer  dans  la  ligue  catholique  dont  la  récente  victoire 
de  Lépante  avait  rehaussé  la  puissance. 

Dans  des  instructions  données  le  7  janvier  dernier  à  Maniquet,  son  maître  d'hôtel 
ordinaire,  envoyé  sous  un  déguisement  pour  traiter  d'une  alliance  avec  les  princes 
protestants,  Charles  IX  avait  par  avance  formellement  déclaré  que  jamais  il  ne 
ferait  partie  d'une  ligue  que  les  Vénitiens,  le  pape  et  Philippe  II  n'avaient  conclue 
que  dans  leur  intérêt  particulier.  A  la  demande  du  cardinal  il  se  contenta  d'ob- 
jecter que  pour  s'unir  à  eux,  en  ce  moment,  il  manquait  d'argent. 

rrMais  Sa  Sainteté,  s'écria  Alexandrin,  est  toute  disposée  à  en  fournir  à  Votre 
Majesté.  15  —  «  Je  remercie  le  Saint-Père,  répliqua  le  Roi,  mais  avant  tout,  je  veux 
pacifier  mon  royaume  '.  15 

Le  cardinal  cherchant  à  le  dissuader  du  mariage  de  sa  sœur  avec  le  prince  de 
Navarre.  «De  l'avis  de  tout  mon  Conseil,  j'y  suis  décidé  11,  répliqua  Charles  IX. 
Alors,  à  défaut  du  roi  de  Portugal,  Alexandrin  lui  parla  des  deux  fils  de  l'empereur 
Maximilien;  l'un  d'eux  pourrait  épouser  Madame;  à  l'entendre  la  chose  était  facile. 

Baissant  la  voix  et  lui  prenant  les  mains  :  ce  Je  n'ai  pas  d'autre  moyen,  dit 
Charles  IX,  de  me  venger  de  mes  ennemis,  n 

Quels  étaient  ses  ennemis? 

Au  moment  où  Charles  IX  négociait  une  alliance  avec  l'Allemagne  protestante, 
contre  l'Espagnol,  l'ennemi  commun,  ce  n'est  ni  Coligny,  dont  il  suivait  alors  les 
conseils,  ni  les  autres  chefs  protestants  qu'il  entendait  désigner. 

L'entretien  en  resta  là.  Des  vases  d'or  et  d'argent  d'une  valeur  de  3 0,0 00  écus 
étaient  destinés  à  Alexandrin,  il  les  refusa.  Il  avait,  il  est  vrai,  refusé  égale- 
ment les  présents  du  roi  d'Espagne. 

Dans  le  compte  rendu  de  son  entretien  avec  le  Roi  :  «Je  trouve,  dit-il,  les 
Français  enfoncés  dans  cette  idée  du  mariage  de  Madame  Marguerite  avec  le 
prince  de  Navarre,  comme  si  de  cette  union  dépendait  le  salut  du  royaume.  Il  n'y 
a  pas  moyen  de  rien  faire  contre.  Je  quitte  la  France  sans  avoir  accompli  quoi  que 
ce  soit  de  ce  que  je  projetais.  J'aurais  aussi  bien  fait  de  n'y  point  venir2,  v 

Mais  dans  une  nouvelle  lettre  datée  du  mois  de  mars  suivant  il  semble  revenir 
en  partie  sur  son  premier  dire  :  a  Bien  que  mes  représentations  et  mes  démarches 

Bibl.  nat.,  fonds  Dupuy,  4a8,  p.  17 '4.  —  3  Bulletin  de  l'histoire  du  protestantisme  (i5  aoùl  1889), 
Dissertation  histor. ,  par  Ranke. 


u  INTRODUCTION'. 

n'aient  pas  abouti  à  une  décision  confonne  aux  vues  de  Sa  Sainteté,  je  rapporte 
pourtant  quelques  particularités  que  je  lui  communiquerai  et  en  raison  desquelles 
je  puis  dire  qu'on  ne  m'a  pas  congédié  d'une  façon  tout  à  fait  défavorable  l.  -n 

Ces  ménagements  auxquels  il  fait  allusion  s'expliquent  par  le  désir  d'obtenir 
une  dispense  pour  le  mariage  de  Marguerite. 

C'est  Catherine  qui  se  chargea  vis-à-vis  de  Philippe  II  d'excuser  un  refus  si 
formel  et  de  répondre  à  ses  nouvelles  instances  en  faveur  du  mariage  de  Margue- 
rite avec  le  roi  de  Portugal  :  trM'assurant,  lui  écrit-elle,  que  le  cardinal  Alexandrin 
a  fait  entendre  à  Votre  Majesté  la  réponse  que  le  Roy  mon  fds  et  moy  lui  fîmes 
sur  le  propos  qu'il  nous  tint  du  mariage  du  roi  de  Portugal  et  de  ma  fille,  cela 
a  été  cause  que  je  n'en  ai  faiL  nulle  réponse  au  père  général  des  Jésuites,  me  re- 
mettant à  ce  que  Votre  Majesté  a  entendu  par  ledit  cardinal,  sachant  qu'elle  se 
doit  bien  souvenir  de  la  réponse  qu'elle  nous  en  avoit  fait  faire  par  les  lettres  du 
sieur  de  Fourquevaux,  lors  ambassadeur  près  V.  M.,  que  de  dix  ans  le  roy  de 
Portugal  ne  se  pouvoit  marier,  comme  les  lettres  que  nous  avons  encore  en  font 
foi,  chose  que  je  ouïs  à  mon  grand  regret;  ce  que  le  Roi  voyant  qu'il  n'avoit  plus 
d'espérance  et  que  le  mariage  que  la  reine  de  Navarre  le  requéroit  de  sa  sœur 
avec  son  fds  lui  apportoit  commodité  à  ses  affaires,  lui  a  accordé  sadite  sœur, 
ce  que  j'ai  trouvé  bon,  puisqu'elle  est  en  lieu  quelle  sert  au  Roy  mon  fds  et  à  ce 
royaume,  de  quoy  je  vous  ai  bien  voulu  advertir  comme  de  ce  qui  nous  touche, 
si  alliés  comme  nous  sommes,  et  par  la  grâce  de  Dieu  si  bons  aniisu,  et  elle 
termine  sa  lettre  par  les  plus  chaleureuses  protestations  d'amitié'2. 

Au  sortir  de  Blois,  le  carrosse  du  cardinal  Alexandrin  se  croisa  avec  celui  de 
Jeanne  d'Albret,  il  lit  semblant  de  ne  pas  la  voir,  pour  se  dispenser  de  la  saluer3. 
Que  de  lettres  avaient  été  écrites  pour  la  décider  à  venir  à  la  cour!  Que  de  mes- 
sagers envoyés  de  part  et  d'autre!  Catherine,  pour  en  finir,  lui  ayant  offert  de 
nouvelles  sûretés  pour  elle  et  ses  enfants  :  «  Madame,  avait-elle  répondu,  vous 
me  mandez  que  vous  voulez  nous  voir  et  que  ce  n'est  pas  pour  nous  mal  faire; 
pardonnez-moi  si,  eu  lisant  vos  lettres,  j'ay  eu  envie  de  rire;  car  vous  voulez  nie 
rassurer  d'une  peur  que  je  n'ai  jamais  eue,  et  ne  pense  point  comme  l'on  dit  que 
vous  mangissiez  les  petits  enfants4. i 

Si  elle  s'obstinait  à  se  tenir  à  distance,  c'était  uniquement  pour  imposer  ses 

1    f.ottere  e  ncgotiuti del  card.  Allessandrio  (Lettera  3  Mathieu,  Histoire  de  France,  l.  I',  [>.  333; 

al  eard.  liuslicucci).  voir  Gabutius,  Vie  d'Alexandrin-,  (Mil.  de  i6o.r>. 

'  Voir  celle  lettre  à  l'Appendice,  p.  3i5.  '  Bibl.  impériale  de  Saint-Pétersbourg. 


INTRODUCTION.  XLI 

conditions  :  s'appuyant  sur  l'abandon  fait,  à  titre  de  douaire,  du  duché  de  Berry  à 
Marguerite  de  France,  elle  demandait  la  Guyenne  et  de  nombreuses  places  fortes. 
Galéas  Frégose,  le  premier  que  Catherine  avait  envoyé  en  Béarn,  eut  grand'peine 
à  lui  faire  comprendre  qu'un  pareil  démembrement  était  impossible.  Entré  en 
campagne  après  lui,  Biron  eut  enfin  raison  de  sa  résistance.  «Toutefois,  avait-il 
écrit  à  Catherine,  la  reine  ne  pourra  partir  que  le  28  décembre,  et  elle  laissera 
son  fils  en  Béarn;  il  n'en  sortira  que  le  mariage  ne  soit  définitivement  conclu. 
Préalablement,  elle  exige  que  la  ville  de  Lectoure  lui  soit  rendue,  ne  voulant 
pas  être  trompée  comme  les  autres  qui  ont  été  à  la  cour  devant  elle  et  qui  n'ont 
rien  obtenu1,  v 

A  la  fin  de  décembre,  la  garnison  de  Lectoure  ayant  été  retirée,  Jeanne  y 
passa  une  partie  de  janvier,  et  dans  les  derniers  jours  de  février  elle  prit  enfin 
la  route  de  Tours;  mais,  sur  son  refus  de  se  trouver  à  Blois  en  même  temps 
que  le  cardinal  Alexandrin,  Catherine  se  vit  forcée  de  lui  donner  rendez-vous, 
le  i5  février,  à  Chenonceaux.  La  traitant  de  très  haut,  elle  n'alla  point  à  sa 
rencontre  et  se  borna  à  l'attendre  sur  le  seuil  de  ses  appartements;  toutefois 
elle  l'embrassa  la  première  et  baisa  sur  le  front  Catherine  de  Bourbon.  Jeanne 
embrassa  également  Madame  Marguerite. 

«J'ai  grand'faim»,  ce  fut  son  premier  mot.  Catherine  la  fil  servir,  et  toutes 
deux  s'enfermèrent  dans  un  cabinet  où  elles  restèrent  très  longtemps.  En  sortant, 
Jeanne  d'Albret  parut  toute  radieuse;  elle  dit  assez  haut  pour  qu'on  pût  l'entendre  : 
«Le  mariage  de  mon  fils  avec  Marguerite  est  chose  conclue2. 11  Dès  le  lendemain 
elle  reprit  le  chemin  de  Tours  pour  y  attendre  le  départ  du  cardinal  Alexan- 
drin. 

Dès  ses  premiers  entretiens  à  Blois  avec  la  Beine  mère,  elle  renouvelle  ses 
exigences:  «Vous  vous  tenez  toujours,  Madame,  lui  dit  Catherine,  aux  choses 
générales;  si  nous  arrivions  au  fait.  »  —  «Eh  bien,  il  faut  avant  tout  qu'on  accède 
à  toutes  mes  demandes.  v  —  «Alors,  restons-en  là,  répliqua  Catherine;  libre  à 
vous  de  demeurer  à  la  cour;  vous  y  serez  bien  vue  et  bien  traitée,  et  si  votre  fils 
veut  y  venir,  il  sera  également  bien  choyé. •»  —  «Mon  fils  ne  viendra  pas,  ré- 
pondit-elle, que  tout  ne  soit  convenu  et  réglé. n  —  «Dans  ce  cas-là,  ce  qu'il  y 
aurait  de  mieux  à  faire,  reprit  Catherine,  c'est  de  nous  abstenir  et  de  remettre 
la  négociation  à  des  hommes  de  confiance.  » —  «Madame,  je  ne  me  fie  à  qui  que 

Bibl.  impériale  de  Saint-Pétersbourg'.  —  -  I3ibl.  nat.  Dépêches  des  ambassadeurs  vénitiens,  filza  VII; 
Archives  de  Mantoue;  Négociât,  diplomat.  avec  la  Toscane,  l.  III,  p.  7/19. 

Catuem.ve  de  Médicis.  IV. 


F 

■UPnilICItlE     KATIOX4LI  . 


xui  INTRODUCTION. 

ce  soit  au  monde,  j'entends  traiter  seule1,  n  L'entretien  tournait  à  l'aigre;  Biron, 
qui  y  assistait,  crut  prudent  de  s'interposer.  Jeanne  s'étant  adoucie,  Catherine  en 
profita  pour  désigner  Morvilliers  et  de  Foix.  Jeanne  promit  d'y  réfléchir,  mais  la 
journée  se  passa  sans  qu'elle  s'arrêtât  à  aucun  nom2. 

Avant  d'aller  plus  loin,  elle  voulut  consulter  les  ambassadeurs  d'Angleterre, 
Walsingham  et  Smith,  restés  à  Blois  pour  traiter  de  la  ligue,  et  pria  le  Roi  de  lui 
permettre  d'adjoindre  à  cette  conférence  quelques  ministres,  ce  qu'il  lui  accorda, 
non  sans  répugnance. 

tr  Je  tiens  le  loup  par  les  oreilles,  leur  dit-elle  tout  d'abord,  et  pourtant  vous 
me  voyez  encore  indécise.  11  y  a  tout  à  la  fois  danger  à  conclure  et  à  ne  pas 
conclure  ce  mariage.  Le  Roi  et  la  Reine  mère  désirent  que  mon  fils  reste  à  la 
cour  après  le  mariage,  et  ils  ne  veulent  pas  lui  permettre  l'exercice  de  sa  religion, 
afin  d'en  faire  un  athée.  Tout  au  contraire,  ils  exigent  que,  lorsque  Madame 
viendra  en  Béarn,  elle  puisse  à  son  gré  faire  dire  la  messe.  Or  les  papistes  pren- 
dront son  parti  et  ce  sera  l'occasion  d'une  nouvelle  guerre  civile.  Le  retard  du 
mariage  tient  à  trois  points  que  je  vais  vous  soumettre  :  Puis-je  en  bonne  con- 
science prendre  un  papiste  pour  fiancer  mon  fils  à  Madame?  n 

Tous  déclarèrent  qu'elle  le  pouvait. 

«Mais  après  la  cérémonie  des  fiançailles,  si  celui  qui  me  représentera  va  à  la 
messe,  malgré  ma  défense  formelle,  ce  sera  l'occasion  d'un  grand  scandale. -n 

A  l'unanimité,  ils  répondirent  :  «Rassurez-vous,  votre  représentant  n'aura  en 
réalité  d'autorité  qu'autant  qu'il  restera  dans  la  limite  de  son  mandat.  » 

Elle  ne  fit  aucune  autre  objection,  et  passant  au  troisième  point  :  « Puis-je 
consentir  que  la  cérémonie  des  fiançailles  soit  faite  par  un  prêtre  revêtu  du  sur- 
plis et  de  l'étole?u  Ils  se  consultèrent  longtemps.  —  ce  La  chose  en  elle-même  est 
indifférente,  répondirent  les  ministres,  mais  toutefois  elle  pourrait  scandaliser  les 
dévots  timorés,  n  —  «Alors,  jamais,  s'écria-t-elle,  je  ne  le  permettrai,  ce  serait 
offenser  Dieu.n 

Puisque  sa  conscience  y  répugnait,  tous  furent  d'avis  qu'elle  ne  devait  pas  y 
consentir.  «D'après  cela,  écrivit  Walsingham  à  lord  Burghley,  on  tient  le  ma- 
riage pour  rompu;  mais  ce  n'est  point  mon  avis;  il  y  a  trop  de  raisons  qui  en 
font  une  nécessité 3.  n 

Toutes  ces  arguties  le  démontrent  assez,  la  grande  difficulté,  c'était  toujours 

1  Bilil.  nat.  Dépêches  des  ambassadeurs  vénitiens,  Glza  VII;  Archives  de  Mantoue;  Négociât,  diploimt. 
avec  la  Toscane,  l.  III,  [>.  7.59.  —  2  Ibid.  —  s   Mémoires  et  lettres  de  Walsingham ,  p.  <?.  1 1 . 


INTRODUCTION.  XUII 

la  question  religieuse.  Jeanne  avait  écrit  à  son  fils  :  «Mandez-moi  que  vous  tenez 
surtout  à  savoir  la  volonté  de  Madame  sur  la  religion,  afin  que  la  Reine  mère, 
à  laquelle  je  montrerai  votre  lettre,  sache  par  vous  que  c'est  la  seule  raison  qui 
vous  empêche  de  venir1,  s 

Dès  qu'elle  lui  eut  montré  la  lettre  de  son  fils,  Catherine  lui  objecta  que  Beau- 
voir l'avait  assurée  qu'elle  permettrait,  à  son  fils  d'épouser  sa  fille  à  la  messe. 
—  «J'ai  peine  à  vous  croire,  Madame,  répliqua-t-elle,  d'autant  qu'il  m'a  affirmé 
tout  le  contraire,  et  au  besoin  il  vous  le  redira. »  —  «En  tous  cas,  il  m'a  dit 
quelque  chose  à  ce  sujet,  reprit  Catherine. n  —  «C'est  possible,  Madame,  mais 
rien  d'approchant.  « 

Catherine  n'insista  pas,  et  l'entretien  en  resta  là. 

Il  restait  à  Jeanne  la  ressource  d'avoir  une  explication  avec  Marguerite.  Ce 
n'était  pas  chose  facile;  car  elle  était  toujours  aux  côtés  de  sa  mère  et,  quand 
elle  rentrait  dans  ses  appartements,  Madame  de  Curton,  sa  gouvernante,  ne  la 
perdait  pas  des  yeux  et  écoutait  tout.  Enfin  Jeanne  parvint  à  être  seule  avec 
elle,  et  à  la  première  question  sur  ce  changement  de  religion  qu'elle  se  croyait 
en  droit  d'espérer  d'elle,  Marguerite  répondit  avec  fermeté  :  «J'ai  été  élevée  dans 
la  religion  catholique,  jamais  je  n'y  renoncerai,  fût-ce  pour  le  plus  grand  mo- 
narque du  monde. u  —  «Ce  n'est  pas  ce  que  l'on  m'avait  dit,  reprit  Jeanne; 
sans  cela  je  ne  m'y  serais  pas  embarquée,  Biron  m'a  donc  trompée.  » 

Si  elle  ne  rompit  pas  sur  cette  ferme  réplique,  c'est  qu'en  réalité  l'ambition 
l'emportait  sur  les  scrupules  de  sa  conscience. 

Les  soucis  et  les  tracasseries  de  tout  genre  avaient  aigri  son  humeur,  et  ses 
incessantes  discussions  avec  Catherine  l'avaient  jetée  dans  une  irritabilité  perpé- 
tuelle. Elle  s'en  prenait  à  Brodeau,  son  secrétaire,  à  Cavaignes  qu'elle  accusait 
de  ne  pas  marcher  droit,  aux  ministres  qu'elle  traitait  d'espions  mis  à  ses  trousses; 
elle  se  plaignait  à  la  fois  de  la  princesse  de  Condé  et  de  Marie  de  Clèves,  deux 
rieuses  dont  le  sourire  ironique  l'exaspérait. 

«Je  m'ébahis,  écrivait-elle  à  Beauvoir,  comment  je  puis  supporter  les  traverses 
(pie  j'ai  :  l'on  me  pique,  l'on  me  brave,  l'on  veut  me  tirer  les  vers  du  nez;  pour 
me  surveiller  on  fait  des  trous  dans  ma  chambre  et  dans  ma  garde-robe.  Si  cela 
durait  un  mois,  je  tomberais  tout  à  fait  malade,  t 

Dans  la  même  minute  elle  passait  du  plus  profond  découragement  à  l'espoir, 
à  la  confiance,  faisant  à  son  fils  un  portrait  très  flatteur  de  Marguerite,  la  disant 

'  Bibl.  imp.  deSaint-Pe'lersbourg. 


ïliv  INTRODUCTION. 

belle,  de  bon  jugement,  et  de  grand  crédit  sur  la  Reine  mère  et  ses  frères;  puis 
elle  lui  traçait  la  façon  de  faire  la  cour  à  cette  incomparable  beauté,  c  Prenez- 
vous-y  mieux  que  votre  cousin  le  prince  de  Coudé;  regardez  à  accommoder 
votre  grâce;  ne  craignez  pas  de  parler  hardiment;  car  notez  qu'à  votre  venue 
vous  imposerez  l'opinion  que  l'on  aura  de  vous;  accoutumez-vous  à  relever  vos 
cheveux,  mais  non  à  la  mode  de  Nérac;  qu'il  y  ait  des  pans;  je  vous  recommande 
la  dernière  mode  comme  celle  que  je  préfère  l.  v 

Elle  avait  entrevu  la  profonde  dissolution  de  cette  cour,  et  pour  l'en  préserver  : 
«  Mettez-vous  en  garde  contre  tous  les  allècliements  pour  vous  débaucher  en 
\otre  vie  et  votre  religion;  c'est  leur  but;  ils  ne  le  cèlent  pas.  Si  vous  restiez  ici, 
vous  n'échapperiez  pas  à  cette  corruption  -.  n 

Combattue  jusqu'aux  derniers  jours  par  ces  scrupules,  voulant  ce  mariage  et 
effrayée  des  dangers  du  lendemain,  se  méfiant  de  Catherine  et  glacée  par  la 
froideur  de  Marguerite,  dont  elle  redoutait  l'intelligence  et  la  volonté,  elle  finit 
néanmoins  par  signer,  le  1 1  avril,  avec  un  profond  regret,  le  contrat  de  mariage 
de  son  fils  et,  le  jour  même,  elle  en  fit  part  à  la  reine  d'Angleterre  :  ccDieu  dans 
sa  bonté  a  disposé  les  cœurs  d'un  coté  et  de  l'autre  pour  prendre  cette  résolution 
indissoluble  du  mariage  de  Madame  avec  mon  fils.  Je  ne  veux  faillir  de  vous  re- 
mercier des  bons  offices  que  votre  ambassadeur  y  a  faits3,  v 

Cette  union  fut  diversement  appréciée  :  notre  ancien  ambassadeur  en  Espagne, 
Eourquevaux,  mandait  de  Dax  à  Catherine  :  te  S'il  est  ainsi  que  le  mariage  de 
votre  fdle  soit  accordé  et  la  cérémonie  des  fiançailles  passée  avec  M?r  le  prince 
de  Navarre,  c'est  le  devoir  que  vos  serviteurs  s'en  réjouissent,  faisant  compte  que 
Vos  Majestés  auront  préféré  ce  parti  à  celui  du  Portugal  pour  aucuns  grands 
avantages  qu'elles  y  auront  connus  et  devront  prier  Dieu  qu'il  le  fasse  succéder 
à  votre  contentement.  Ce  propos  se  disoit  assez  à  Madrid  devant  mon  partement; 
mais  peu  de  personnes  vouloient  y  croire  et  alléguoient  que  pour  une  seule  raison 
y  en  a  dix  mille  en  faveur  dudit  Portugal,  lesquelles,  s'il  plaira  à  Votre  Majesté 
les  ouïr  de  moi  quelque  jour,  je  les  lui  dirai,  encore  que  ce  doive  être  trop  lard  '.  •• 

Le  grand  obstacle  à  ce  projet  d'union,  c'était  toujours  l'obtention  d'une 
dispense.  A  son  départ  de  Blois,  le  cardinal  Alexandrin  avant  dil  hautement  que 
jamais  le  pape  ne  l'accorderait,  le  cas  fut  soumis  aux  membres  du  conseil  privé, 
et  la  majorité  fut  d'avis  qu'il  valait  mieux  ne  pas  la  solliciter  et  aller  de  l'avant; 

1   Bibl.nat.,  fonds  Dupuy,  n"  aài. —  !  Ibkl, —  '  Record  office,  Slatepapers,  France. —  '  Bibl.nal., 

fonds  frnnrais,  n"  iOio'i. 


INTRODUCTION.  xtv 

car  d'après  les  dernières  paroles  du  cardinal,  un  refus  semblant  probable,  passer 
outre  et  désobéir  au  Saint-Père  aggraverait  encore  la  situation.  Un  tel  acte  d'au- 
dace, d'ailleurs  si  en  désaccord  avec  ses  pratiques  habituelles,  répugna  à  Cathe- 
rine; une  négociation  conduite  avec  discrétion  lui  parut  préférable.  Dans  des 
circonstances  aussi  difficiles  il  fallait  avoir  sous  la  main  des  hommes  habitués  à 
déjouer  les  intrigues  des  cours  de  l'Europe.  Depuis  longtemps,  Fourquevaux  de- 
mandait son  rappel.  Vivonne  de  Saint-Gouard,  brillant  homme  d'épée  qui  avait 
dignement  représenté  la  France  en  Angleterre,  en  Allemagne  et  dans  le  Levant. 
fut  envoyé  à  Madrid,  et  à  Rome  M.  de  Ferais,  dont  l'habileté  avait  été  appréciée 
dans  une  récente  mission  à  Bruxelles. 

Suivons  d'abord  Saint-Gouard  en  Espagne1  :  le  secrétaire  d'État  Cayas  qu'il 
vit  le  lendemain  de  son  arrivée  lui  parla  le  premier  du  mariage  de  Marguerite 
et  s'étonna  de  ce  que  la  Reine  mère,  si  sage,  si  prudente  d'ordinaire,  s'y  obsti- 
nait; c'était  vouloir  fournir  au  roi  de  Navarre  le  moyen  de  faire  encore  pis  que 
par  le  passé.  Saint-Gouard  lui  observa  qu'il  était  mal  informé;  la  Reine  avait 
toujours  négocié  en  toute  sincérité  jusqu'à  la  fin  avec  le  Portugal  et  avait  été  in- 
dignement trompée.  Tout  récemment,  le  Roi  Catholique  lui  avait  fait  savoir  par  un 
jésuite  que  Dom  Sébastien  ne  pensait  pas  à  se  marier  de  dix  ans,  prétexte  ridi- 
cule, eu  égard  à  l'âge  et  à  la  beauté  de  Madame. 

Cayas  affirma  que  le  Roi  son  maître  n'avait  jamais  donné  pareille  charge; 
puis,  laissant  de  côté  le  mariage  de  Portugal,  il  parla  en  termes  élogieux  de  l'un 
des  deux  lils  de  l'empereur  Maximilien  de  beaucoup  préférable  pour  époux  au  roi 
de  Navarre.  Saint-Gouard  répliqua  que  Madame  n'était  pas  faite  pour  rechercher 
des  maris  et  que  dans  peu  de  temps  ils  reviendraient  sur  leurs  injustes  préven- 
tions, Henri  de  Navarre  étant  un  prince  a  né  à  toutes  bonnes  choses  n.  Et  sur  ce 
dernier  mot,  il  rompit  l'entretien'2. 

Passons  maintenant  à  la  mission  de  Ferais.  Au  départ,  Catherine  lui  avait 
tracé  sa  ligne  de  conduite  :  c:Vous  verrez  par  la  lettre  du  Roi  mon  fds  qu'il  veut 
que  vous  fassiez  entendre  à  Notre  Saint-Père  la  résolution  qu'il  a  prise  du  ma- 
riage de  ma  fdle  avec  le  prince  de  Navarre,  et  la  bonne  lin  et  intention  où  il 
tend  et  aussi  ce  qu'il  désire  de  Sa  Sainteté  pour  la  dispense,  qui  est  nécessaire 
à  ma  fdle  et  audit  prince  à  cause  de  leur  consanguinité,  dont  je  pense  bien  que 
Sa   Sainteté  voudra  faire  pour  le  commencement  quelque  difficulté   à  cause, 

Négociation»  diplonuiiirjites  arec  la  Toscane,  t.  I!I,  p.  75o.  —  2  Diljl.  nal..  fonds  français,  ri"  i6io4, 
p.  72. 


ïlvi  INTRODUCTION. 

connue  vous  savez,  de  la  différence  de  la  religion.  Toutefois,  j'estime  que,  après 
avoir  pensé  au  bien  que  l'on  en  doit  espérer,  elle  s'y  accommodera1  n. 

Ne  négligeant  aucun  moyen  de  parvenir  à  ses  fins ,  elle  avait  chargé  l'ambas- 
sadeur de  Toscane  de  solliciter  de  nouveau  l'appui  du  Grand-Duc  :  u  Priez-le, 
avait-elle  ajouté,  de  remettre  en  mémoire  à  Sa  Sainteté  que  l'Angleterre  s'est  sé- 
parée du  Saint-Siège  pour  le  simple  refus  d'une  dispense2 a,  mais  pour  atténuer 
la  portée  d'une  pareille  menace  :  cr  Toutefois  cela  n'est  pas  à  craindre  en  France. 
car  mes  fils  sont  tous  trop  bons  catholiques 3.  n 

Arrivé  à  Rome  le  i5  décembre,  Ferais,  avant  de  s'occuper  de  la  dispense,  eut 
à  résoudre  une  grave  difficulté.  Tout  récemment,  dans  une  cérémonie,  l'ambas- 
sadeur d'Espagne,  enorgueilli  de  la  victoire  de  Lépante,  avait  usurpé  la  première 
place,  celle  qui  appartenait  de  toute  ancienneté  à  la  France.' Ferais  déclara 
fièrement  qu'il  n'entrerait  dans  aucune  négociation  tant  que  légitime  réparation 
ne  serait  pas  faite,  rc J'ai  cru  un  instant,  écrivit-il  au  Roi,  m'en  aller  comme 
j'étois  venu,  car  le  Saint-Père  avoil  été  gagné,  mais  j'ai  crié  haut,  et  satisfaction 
m'a  été  donnée,  n 

Sorti  victorieux  de  ce  premier  engagement,  il  va  nous  dire  l'impression  pro- 
fonde produite  à  Rome  par  l'annonce  du  mariage  du  roi  de  Navarre  et  de  Mar- 
guerite :  trLa  résolution  qu'ils  ont  entendue  prise,  les  a  grandement  étonnés  et 
attérés,  car  ils  avoient  employé  tous  moiens  qu'ils  avoienl  pu  imaginer  pour  pou- 
voir parvenir  à  celui  de  Portugal,  jusqu'à  un  courrier  naguères  député  au  duc 
de  Savoie  pour  prier  Son  Altesse  d'en  écrire  à  Sa  Majesté;  à  quoi  le  duc  avoit  ré- 
pondu que  c'étoit  inutile,  attendu  que  c'étoil  chose  conclue;  qu'il  écriroit  néan- 
moins, ce  qu'il  a  fait;  c'est  ce  qui  détermina  le  Pape  à  prescrire  au  légat  Alexan- 
drin de  ne  faire  qu'un  court  séjour  en  France  4.n 

A  la  première  audience  qu'il  eut  de  Pie  V,  Ferais  crut  devoir  laisser  de  côté  la 
question  de  la  dispense;  mais,  à  la  seconde,  il  s'étendit  sur  tous  les  avantages 
de  cette  union  et  chercha  de  son  mieux  à  faire  revenir  le  Saint-Père  sur  les  im- 
pressions fâcheuses  qu'il  avait  conçues.  A  cette  date,  le  cardinal  Alexandrin  n'avait 
point  encore  vu  Charles  IX;  Pie  V  prit  ce  prétexte  pour  décliner  toute  réponse; 
mais  déjà  il  était  atteint  du  mal  qui  devait  l'emporter  si  rapidement,  et  la  négo- 
ciation de  la  dispense  se  trouva  momentanément  suspendue.  Nous  y  reviendrons, 
lorsqu'elle  sera  de  nouveau  soumise  à  Grégoire  XIII,  son  successeur. 

\  (i!i-  itIIc  Ici  lit»  dans  li'  present  volume.  —  '   Néffoci niions  diplomatiques  avec  la  Toscane ,  t.  III,  p.  7^0. 
—  3  Ibid.  —  4  Bibl.  nat.,  fonds  français ,  n°  i6o.3<),  f°  -'i65.  —  5  Ibid.,  fonds  français.  11°  160/1.  P  28. 


INTRODUCTION.  xlvh 

Vil 

Dans  la  vie  des  nations,  l'événement  le  plus  inattendu  déchaîne  les  tempêtes 
et  décide  parfois  de  leur  destinée;  la  moindre  étincelle  allume  un  grand  in- 
cendie; il  en  fut  ainsi  pour  les  Provinces-Unies,  et  le  hasard,  nous  allons  le  voir, 
y  eut  la  plus  grande  part. 

La  rupture  des  relations  commerciales  entre  l'Angleterre  et  lès  Flandres,  ces 
deux  contrées  qui  vivaient  l'une  par  l'autre,  les  ayant  également  appauvries,  le 
duc  d'Albe  avait  été  réduit  à  l'humiliante  nécessité  de  chercher  à  les  reprendre, 
seul  moyen  qu'il  eût  de  calmer  l'agitation  que  le  récent  et  odieux  impôt  du 
dixième  denier  et  son  maintien  par  la  force  rendait  de  jour  en  jour  plus  me- 
naçante. Dans  le  but  d'opérer  une  heureuse  diversion,  il  avait  envoyé  à  Londres 
Antonio  de  Guaras  et  Schwegenhem.  Munis  de  pleins  pouvoirs,  ils  y  étaient 
arrivés  juste  au  moment  où  l'ambassadeur  d'Espagne  don  GueraudeEspes,  accusé 
de  complicité  dans  le  complot  dont  Ridolfi  élait  l'âme,  et  que  Norfolk  paya  de  sa 
tète,  venait  d'être  expulsé  d'Angleterre.  Dévorant  cet  affront,  le  duc  d'Albe  ne 
rappela  pas  ses  deux  envoyés,  et,  Elisabeth,  non  seulement  toléra  leur  présence, 
mais  leur  laissa  poursuivre  leur  secrète  négociation  et  il  n'y  a  pas  à  en  douter  : 
tr Encore  que  la  reine,  écrivait  La  Mothe-Fénelon  au  Roi,  montre  d'estre  fort 
offensée  contre  le  duc  d'Albe,  elle  ne  laisse  pourtant  d'entendre  aux  partis  et  ex- 
pédiens  qu'il  lui  fait  offrir  pour  accommoder  les  différends  des  marchandises1.'): 

Elisabeth  fit  plus  encore;  pour  faciliter  cette  entente  également  recherchée  des 
deux  côtés,  elle  consentit  à  l'éloignement  des  vaisseaux  du  prince  d'Orange  qui 
jusqu'alors  avaient  trouvé  asile  et  sûreté  dans  tous  les  ports  de  ses  Etats2.  Sortie 
de  celui  de  Douvres  sous  le  commandement  de  Lumbles  et  de  Trélon,  la  Hotte 
des  Gueux  de  mer  se  dirigea  vers  les  côtes  de  la  Hollande,  et  par  la  violence 
du  vent  fut  forcée  de  jeter  l'ancre  devant  la  Briele.  La  garnison  espagnole  ve- 
nant d'évacuer  cette  place  pour  aller  réprimer  une  émeute  à  Utrecht,  l'occasion 
était  inespérée;  les  Gueux  débarquent,  occupent  la  place  et  s'y  fortifient.  Fles- 
singue  leur  ouvre  ses  portes,  et  en  peu  de  jours,  à  l'exception  de  Middelbourg, 
ils  sont  maîtres  de  la  Zélande,  avant  même  que  Ludovic  de  Nassau,  qui,  au 
premier  moment  traita  leur  entreprise  d'imprudente  et  d'inopportune,  eût  eu  le 
temps  d'y  mettre  la  main. 

1   Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  IV,  p.  £09.  —  2  Fronde,  Hislor-y  ofEnglanà 
1.  X ,  p.  253. 


ïLvm  INTRODUCTION. 

La  nouvelle  de  la  prise  de  Flcssingue  eut  un  grand  retentissement  en  Angle- 
terre. Les  Flamands  qui  s'y  étaient  réfugiés  se  formèrent  en  compagnies  et  s'em- 
barquèrent pour  aller  combattre  avec  leurs  compatriotes;  les  ministres  anglicans 
pétitionnèrent  pour  que  la  guerre  fût  déclarée  à  l'Espagne;  enfin  dans  les  pre- 
miers jours  de  juin,  le  capitaine  Morgan  arriva  à  Flessingue  avec  un  premier 
détachement  de  soldats  anglais,  bientôt  suivi  par  un  second  de  douze  cents 
sous  le  commandement  de  sir  Humfrey  Gilbert,  et  l'on  en  attendait  encore  trois 
mille  pour  occuper  et  garder  les  villes  de  l'intérieur.  Elisabeth  avait  fermé  les 
yeux  et  se  promettait  de  s'approprier  cette  conquête  sauf,  en  cas  d'insuccès,  à 
désavouer  ses  propres  sujets1.  C'est  la  politique  habituelle  de  l'Angleterre,  poli- 
tique inaugurée  et  léguée  par  elle  à  sa  nation. 

De  longue  date,  Mondoucet,  notre  résident  à  Bruxelles,  avait  fait  pressentir 
ce  soulèvement  à  Charles  IX,  et  l'avait  engagé  à  en  profiter  pour  recouvrer  les 
provinces  qui,  autrefois,  relevaient  de  la  couronne  de  France.  Ce  conseil  s'accor- 
dait avec  les  propres  vues  du  jeune  Roi;  le  27  avril,  il  avait  écrit  à  Ludovic 
de  Nassau  :  «Le  sieur  de  Téligny  qui  vous  remettra  cette  lettre  m'a  fait  en- 
tendre, à  diverses  fois  et  très  particulièrement,  les  grands  moyens  qui  se 
présentent  de  faire  quelque  bonne  entreprise  pour  la  liberté  des  Pays-Bas, 
aujourd'hui  opprimés  par  les  Espagnols;  on  nous  demande  seulement  que  nous 
leur  donnions  la  main  pour  les  arracher  de  cette  oppression  et  on  nous  indique, 
d'autre  part,  beaucoup  de  moyens  dont  on  pourroit  s'aider,  cbose  véritablement 
digne  de  compassion  et  en  laquelle  tout  prince  généreux  et  chrétien  doit  employer 
les  forces  et  les  ressources  que  Dieu  a  mises  en  ses  mains,  comme  en  ce  qui 
nous  touche,  je  suis  bien  déterminé  de  le  faire,  autant  que  les  occasions  et  la 
disposition  de  mes  affaires  le  permettront,  comme  j'ai  donné  ordre  au  sieur  de 
Téligny  de  vous  dire  plus  particulièrement2,  n 

Se  croyant  ainsi  assuré  de  l'appui  effectif  de  Charles  IX,  le  prince  d'Orange 
avait  demandé  au  roi  de  Suède  (Jean  III)  d'entrer  dans  la  ligue  conclue  entre 
la  France,  l'Angleterre  et  plusieurs  princes  de  la  Germanie  pour  porter  la  guerre 
dans  les  Flandres.  Avant  de  s'engager  plus  avant,  si  bien  disposé  qu'il  fût,  le  roi 
de  Suède  voulut  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur  les  véritables  intentions  de  Charles  IX 
et,  pour  preuve  de  sa  bonne  volonté,  lui  offrit  le  concours  de  sa  Hotte.  Tout  en 
le  remerciant  de  son  offre,  et  en  lui  promettant  en  échange  la  liberté  entière  du 

Cakndar  of  State  papers ,  1571-1072,  p.   i5o.  —  -  Van  Prinsterer,    Wehives  de  la  maison  de  Hol- 
lande. 


INTRODUCTION.  ,Ln 

commerce,  ainsi  qu'en  1609  Henri  II  la  lui  avait  concédée,  le  jeune  .Roi  ue  se 
départit  pas  d'une  prudente  réserve  et  le  h  mai  lui  répondit  qu'il  entendait  rester 
en  paix  avec  ceux  qui  ne  le  provoqueraient  pas1. 

Mais  les  événements,  en  se  précipitant,  allaient  réagir  sur  lui  et  modifier  sa 
volonté.  Ludovic  de  Nassau  qui  avait  suivi  à  Paris  Jeanne  d'Albret,  enhardi  par 
la  révolte  de  la  Zélande,  part  avec  La  Noue  pour  aller  tenter  un  coup  de  main 
sur  Mons  et  Valenciennes,  et  des  mains  de  Charles  IX  il  reçoit  secrètement  une 
très  forte  somme.  Le  duc  de  Bouillon  le  dit  dans  ses  Mémoires2  et  la  Hugueriele 
confirme  dans  les  siens3.  C'était  donc  la  guerre  avec  l'Espagne  et  à  bref  délai.  Le 
duc  de  Longueville,  gouverneur  de  la  Picardie,  que  le  Roi  n'avait  pas  initié  à  ses 
secrets  desseins,  est  pris  de  peur  et  lui  écrit  :  «  Je  ne  doute  pas,  Sire,  que  le  Roi  Ca- 
tholique n'ait  juste  occasion  de  se  plaindre  des  entreprises  qui  se  dressent  par  le 
comte  Ludovic  et  ceux  de  la  religion  à  l'encontre  de  luy.  Je  me  trouve  en  peine 
extrême  de  vous  voir  à  la  guerre,  comme  sans  difficulté  vous  serez,  incontinent 
que  cela  sera  découvert4,  v 

Charles  IX  était  alors  en  déplacement  de  chasse  à  Montpipeau.  Epouvantée  de 
se  voir  à  la  veille  d'une  rupture  avec  l'Espagne,  Catherine  y  accourt.  Une  lettre 
de  faillirai  y  arrivait  presque  en  même  temps  qu'elle  :  rr  Je  vois,  Sire,  lui  disait-il, 
les  affaires  réduites  en  tels  termes  qu'il  est  besoing  que  Votre  Majesté  preigne 
une  prompte  et  toulesfois  bien  digérée  résolution.  Je  la  supplie  très  humble- 
ment y  vouloir  bien  penser  et  croire  que  vostre  grandeur  et  ruine  eu  dépendent 
et,  pour  ce  que  c'est  un  fait  d'armes  et  duquel  les  capitaines  doivent  avoir  cognois- 
sance,  je  supplie  très  humblement  Vostre  Majesté  vouloir  avoir  l'advis  de  ceux 
lesquels  promptement  vous  pourrez  appeler5.  i> 

Voilà  donc  de  nouveau  la  lutte  engagée  entre  les  deux  influences  qui  se  dis- 
putent Charles  IX,  et  c'est  la  politique  à  double  face  de  l'Angleterre  qui  va  fournir 
ses  meilleures  armes  à  Catherine.  Dès  les  premiers  jours  du  mois  dernier,  La 
Mothe-Fénelon  avait  prévenu  le  Roi  que  les  conventions  proposées  par  les  deux 
envoyés  du  duc  d'Alhe  étaient  à  peu  près  acceptées0,  renseignement  exact,  car,  le 
3o  avril  suivant,  une  proclamation  annonçait  la  reprise  des  relations  commer- 
ciales entre  les  Flandres  et  l'Angleterre7. 

Bibl.  nul.,  tonds  français,  a"  33o/i,  f"  2.  '  Bibl.  nul.,  fonds  Dupuy,  n"  i<)4,  f  y. 

'   Panthéon  lilt. ,  Mémoires  de  Bouillon,  t.  II.  j).  o.  °   Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fé- 

La  Huguerie,  Mémoires,  t.  I",  p.  n5.  nelon ,  t.  IV,  p.  4a3. 
'   Bibl.  nal.,  fonds  fiançais,  i555t),  p.  lih.  '  Fronde,  llistory  of  En  gland,  l.  X,  p.  3i2. 

C.ATIItRINIi   DE   MÉDiCIS.    —    l\  .  G 

IMPtU^LIMt     RATIOHA1K. 


L  INTRODUCTION. 

Était-ce  le  moment  de  risquer  une  guerre  contre  l'Espagne,  et,  surtout  avant 
de  savoir  comment  réussirait  la  mission  du  duc  de  Montmorency  et  de  Paul  de 
Foix  qui  tous  deux  étaient  alors  à  Londres  pour  ratifier  la  ligue  conclue  ré- 
cemment à  Blois,  recevoir  le  serment  d'Elisabeth  et  demander  officiellement  sa 
main  pour  le  duc  d'Alençon? 

Une  lettre  de  lord  Burghley  à  Walsingham  justifie  les  défiances  de  Ca- 
therine à  l'égard  des  Anglais  :  "Pour  ce  qui  regarde,  disait-il,  les  affaires  des 
Pays-Bas,  nous  avons  grand  sujet  d'en  être  jaloux;  car  étant  entre  les  mains  des 
Espagnols,  nous  ne  pouvons  pas  y  trafiquer  sûrement,  et  si  les  places  mari- 
times tombent  dans  les  mains  de  ceux  où  vous  êtes,  ils  régleront  non  seulement 
le  commerce  de  nos  marchandises  en  ces  contrées-là;  mais  la  souveraineté  de  la 
Manche  qui  nous  appartient  se  trouvera  bornée  et  bien  exposée1'.  11 

La  même  pensée  est  reproduite  dans  une  lettre  à  sir  Englefield  :  «  Les  Anglais 
ne  se  sont  pas  proposé  de  donner  les  Flandres  aux  Français,  ce  qui  serait  pour 
eux  un  grand  dommage  et  entièrement  contraire  à  leur  politique2. 11 

Nous  trouvons  un  nouveau  témoignage  de  cette  mauvaise  foi  traditionnelle 
des  Anglais,  «leur  péché  originels,  comme  dit  Michelet,  dans  un  mémoire  non 
sipué,  daté  du  3  juin  :  r?Si  l'on  a  l'assurance  que  le  duc  d'Albe  soit  de  force  à 
résister  à  toutes  les  attaques  des  Français,  le  mieux  dans  l'intérêt  de  l'Angleterre 
serait  de  les  laisser  pendant  un  certain  temps  se  débattre  entre  eux.  Si  toutefois 
les  Français  parviennent  à  s'emparer  d'une  partie  de  ces  contrées,  il  serait  bon 
que  le  duc  d'Albe  lut  secrètement  informé  que  la  reine  notre  maîtresse  est  dis- 
posée à  assister  le  Boi  Catholique  par  tous  les  moyens  honorables  dans  la 
défense  de  ses  possessions  héréditaires s.  t> 

Catherine  avait  d'autres  arguments  en  réserve;  elle  met  sous  les  yeux  de 
Charles  IX  les  avis  que  lui  ont  transmis  René  de  Birague,  gouverneur  de  nos 
possessions  du  Piémont,  et  Tavannes,  dont  la  vieille  expérience  avait  tant  d  au- 
torité sur  le  Roi  son  fils. 

"Tout  l'effort  du  roi  d'Espagne,  disait  Birague  dans  son  mémoire  daté  de  la 
fin  de  mars,  est  à  redouter  du  côté  de  l'Italie;  pour  se  revenger  des  Flandres,  il 
y  enverra  toute  l'armée  qu'il  a  dressée  pour  la  guerre  contre  les  Turcs,  et  le  duc 
de  Savoie  est  de  son  côté,  «   II  conseille  donc  au  Roi   de  presser   l'embarque- 

1  Mémoires  et  lettres  de  Walsingham,  leiire  du  une  copie  prise  dans  les  archives  de  Simancas. 
il  juin,  |i.  s45.  (History  of  Engluai,  t.  X,  p.  3y8 ,  noie.) 

Lettre  citée  par  l'historien  Froude,    d'après  3  Calendar  of  State papcrs{i5-]i),  p.  ia3. 


INTRODUCTION.  u 

ment  de  l'armée  de  mer  de  Strozzi,  afin  qu'elle  soit  prête  à  la  Saint-Jean,  et 
(|iie,  si  la  guerre  se  déclare,  elle  puisse  aller  eu  Zélande1.- 

L'avis  de  Tavannes  pour  détourner  le  Roi  d'une  brouille  avec  Philippe  11  e^t 
encore  plus  explicite  :  et  La  crainte  quej'ay,  que  votre  courage  ne  soit  plus  prompt 
que  vos  forces,  me  fait  aller  tardif  et  craintif  jusqu'à  ce  que  je  sois  éclairé"  des 
moyens  que  vous  pouvez  avoir  de  faire  la  guerre  »,  et  il  n'en  voit  point  pour  se 
défendre  sur  tous  les  points  où  l'Espagne  peut  attaquer  la  France;  insistant  sur 
la  faiblesse  des  places  du  Piémont  et  de  la  Provence,  il  engage  Charles  IX  à  at- 
tendre jusqu'à  ce  qu'il  puisse  reconnaître  si  l'armée  du  prince  d'Orange  est  plus 
forte  que  celle  du  duc  d'Albe  et  il  le  supplie  de  gagner  du  temps  et  de  fortifier 
ses  frontières  avant  de  s'engager  plus  avant2. 

V  1  aide  de  pareils  auxiliaires  Catherine  parvint  à  faire  partager  par  son  (ils 
toutes  ses  craintes;  elle  reprit  sur  lui  son  autorité  et  ce  qui  acheva  de  la  lui 
assurer  ce  sont  les  mauvaises  nouvelles  venues  des  Flandres  :  quatre  jours  après 
être  entré  dans  Valenciennes,  La  Noue  en  avait  été  délogé  par  les  Espagnols  et 
contraint  d'aller  s'enfermer  dans  Mons.  te  Je  crois  bien,  écrivait  le  prévôt  Moril- 
lon au  cardinal  de  Granvelle,  que  le  recouvrement  de  cette  place  a  rompu  les 
desseins  des  Français  3.  » 

Ce  fait  de  guerre,  tout  fâcheux  qu  il  fut,  n'était  rien  en  comparaison  du 
malheur  qui  menaçait  les  protestants.  Leur  plus  opiniâtre,  leur  plus  énergique 
auxiliaire  Jeanne  d'Albret  se  mourait. 

Tout  récemment  la  duchesse  de  Nemours  avait  mandé  de  Paris  à  Renée  de 
Ferrare,  sa  mère  :  et  La  reine  de  Navarre  est  icy;  n'est  pas  trop  saine,  mais  fort 
brave,  porte  plus  de  perles  qu'elle  n'en  porta  jamais4. v 

Peu  de  jours  après,  Jeanne,  pleine  d'illusions  sur  l'état  de  sa  santé,  écrivait  elle- 
même  à  Catherine  :  tf  J'ay  vu  vostre  fontaine  des  Tuileries,  M.  de  Retz  m'avant  invitée 
à  un  souper  privé,  avec  lequel  j'ay  veu  en  cette  ville  beaucoup  de  choses  pour  nos 
noces.  Je  vous  attends  en  bonne  condition5-;  mais  elle  s'était  surmenée  pour  en 
hâter  les  préparatifs,  et  était  au  bout  de  ses  forces.  Le  3  juin  prise  d'une  vioïente 
lièvre,  elle  s'éteignait  le  9.  rr  Grande  reine,  a  dit  d'Aubigné,  qui  n'avoit  de  la  femme 
que  le  sexe,  l'âme  entière  aux  choses  viriles,  cœur  invincible  aux  adversités0.  •• 

1   Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  3p,5o,  f  82.  '  Bibl.  naf.,  fonds  français,  n"  3iao,fol.  ai. 

■  Ibid. ,  p.  87.  5  Bibl.  nat.  de  Saint-Pétersbourg  (autographe). 

Pion,  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Granvelle,  '  D'Aubigné',  Histoire  universelle,  édit.  deM.de 

t.  IV,  p.  34i.  Ruble.  t.  III,  p.  292. 


„,  INTRODUCTION. 

Le  jour  même  où  expirait  Jeanne  d'Albret,  lord  Lincoln  et  sir  Thomas  Smith 
arrivèrent  a  Paris;  ils  y  venaient  remplir  la  même  mission  que  Montmorency  et 
Paul  de  Foix  à  Londres  et  recevoir  le  serment  de  Charles  IX,  obligatoire  garantie 
de  la  dernière  ligue.  La  mort  de  la  reine  de  Navarre  ne  fut  point  un  obstacle  aux 
fêles  qui  leur  lurent  prodiguées.  Catherine  tenait  à  leur  donner  une  haute  idée 
de  la  cour  de  France  :  banquet  dans  le  jardin  des  Tuileries,  bals,  concerts,  co- 
médies se  succédèrent  sans  relâche,  tantôt  chez  les  ducs  d'Anjou  et  d'Alençon, 
tantôt  chez  le  duc  de  Nevers  et  le  comte  de  lletz.  A  son  tour,  Coligny  les  recul 
magnifiquement;  mais  le  temps  s'écoulait,  et  loin  de  revenir  à  son  ardeur  belli- 
queuse, Charles  IX,  retombé  sous  la  domination  de  sa  mère,  écrivait  le  16  juin 
à  Vulcob,  son  ambassadeur  à  Vienne  : 

rr J'ay  nouvelles  du  costé  des  Pays-Bas  que  les  affaires  des  dieux  vont  toujours 
■■il  empirant  et  que  ceux  qui  sont  dans  Mons  se  trouvent  aujourd'hui  assiégez  de 
tous  costés,  avec  peu  d'espérance  de  se  pouvoir  garder  d'être  pris  en  ladicte  ville, 
(lui  ne  sera  que  ce  que  l'on  peut  attendre  de  semblables  malheureuses  entreprises. 
Pour  ma  part,  je  continue  à  faire  donner  le  meilleur  ordre  que  je  puis  pour  en- 

rder  que  aucuns  de  mes  sujets  de  la  nouvelle  religion  ne  sortent  hors  de  mon 
royaume  au  secours  desdicts  Gueux,  tant  je  blasme  leurs  malheureux  desseins  et 
désire  empescher  qu'il  en  survienne  quelque  chose  qui  puisse  apporter  altération 
i  la  bonne  et  sincère  amitié  que  j'ay  avec  le  Roi  Catholique,  mon  beau-frère  '.  r. 
Du  moment  que  tout  dépendait  comme  parle  passé  de  la  volonté  de  la  Reine 
mère,  il  ne  restait  plus  à  Coligny  que  la  ressource  de  marcher  clans  sa  voie  et 
d'appuyer  de  son  inlluence  personnelle  le  projet  de  mariage  du  duc  d'Alençon 
dont  Montmorency  cl  Paul  de  Foix  poursuivaient  à  Londres  l'interminable  négo- 
ciation. Sir  Arthur  Champernon  l'ayant  invité  à  souper  avec  Middlemore,  venu 
avec  lord  Lincoln,  l'un  de  ces  agents  secrets  en  qui  Elisabeth  avait  toute  conliance. 
el  avec  lequel  il  avait  déjà  eu  de  fréquents  rapports  en  îaGo,  au  sortir  de 
table ,  le  prenant  à  part,  il  aborda  toutes  les  questions  du  joui-  et  celle  qui  lui 
tenait  le  plus  au  cœur,  la  guerre  dans  les  Flandres.  Il  lui  représenta  le  danger 
qui  menaçait  à  la  fois  l'Angleterre  et  la  France,  si  Philippe  11  venait  à  l'em- 
porter. De  toute  nécessilé  il  fallait  brider  son  ambition  et  jamais  occasion  plus 
opportune  ne  se  représenterait;  d'ailleurs   tout  était  préparé  pour  une  action 


1   Bibl.  na1.,  l'omis  français,  n°  33 17 ,  i°  a3;  voir  sa  lettre  au  vicomte  d'Orlhe,  Arch.  nat,  collect.  Si- 
mancas,  K   l5a6. 


INTRODUCTION.  lui 

commune  et  le  succès  semblait  certain.  Après  ce  chaleureux  exposé,  comme  il 
pressait  Middlemore  de  lui  dire  ce  qu'il  en  pensait  : 

«  Je  n'ai  aucune  qualité,  répondit-il,  pour  traiter  de  pareilles  matières; 
j'ignore  d'ailleurs  les  intentions  tle  la  reine  ma  maîtresse,  a 

—  rrMais  du  moins,  quelle  est  votre  opinion  personnelle,  dites-la-moi?  n 

—  ce  Eh  hien,  en  Angleterre,  l'on  désire  surtout  que  la  France  et  l'Espagne  s'en 
tiennent  à  leurs  possessions  actuelles,  car  l'agrandissement  de  l'une  ou  de  l'autre 
pourrait  devenir  un  véritable  danger;  l'on  redoute  surtout  que  la  France  ne  vienne 
à  s'emparer  des  Flandres,  ce  que  l'Angleterre  ne  peut  souffrir  à  aucun  prix.  - 

—  crMais  si  votre  reine  s'unissait  à  nous,  elle  aurait  sa  part  des  avantagv-  à 
recueillir;  le  vrai  danger,  c'est  de  laisser  passer  l'heure.  Je  me  suis  réjoui  de  la 
nouvelle  ligue  qui  a  uni  nos  deux  nations  et  le  plus  sûr  moyen  de  l'affermir,  ce 
serait  le  mariage  du  duc  dWlençoim,  et  il  en  fit  un  éloge  pompeux. 

—  r  Avant  tout,  il  y  a  à  considérer,  observa  Middlemore,  la  différence  d'âge 
et  de  religion,  s 

—  et  Quand  il  s'est  agi  de  M.  le  duc  d'Anjou,  la  différence  d'âge  n'a  jamais  été 
mise  en  avant,  répliqua  Coligny;  quant  à  la  religion,  j'ai  le  plus  grand  espoir 
dans  le  jeune  prince;  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  se  conforme  à  tout  ce  que  voudra 
votre  reine,  il  y  est  déjà  porté  par  sa  propre  inclination.  ■» 

Il  s'arrêta  là,  et  pria  Middlemore  de  transmettre  à  la  reine  les  nouvelles  pro- 
testations de  son  attachement1. 

Cette  ouverture  ayant  été  si  froidement  accueillie,  et  ne  pouvant  à  l'heure 
présente  rien  gagner  sur  l'esprit  de  Charles  IX,  l'amiral  rentrait  à  Chàtillon  dans 
les  derniers  jours  de  juin  et  y  tombait  malade.  Les  déceptions  par  lesquelles  il 
venait  de  passer  n'y  avaient  pas  peu  contribué,  et  II  eust  plus  tost  esté  guéri ,  écrivait 
Jacqueline  d'Eulrenionts,  sa  femme,  à  Renée  de  Ferrare,  sans  une  infinité  de 
rompement  de  lèle  que  tous  les  jours  il  a  pour  les  affaires  de  la  religion  et  du 
royaume'2,  -n 

VIII 

Retournons  en  arrière  et  voyons  où  en  était,  à  Rome,  la  négociation  de  la 
dispense  pour  le  mariage  du  roi  de  Navarre  et  de  Marguerite  de  Valois.  La 
maladie  de  Pie  V  n'avait  pas  permis  à  M.  de  Ferais  de  la  poursuivre.   Dès  I< 

1  Biitish  Muséum.  Voir  uolre  livre  Le  xvf  siècle  et  les  Valois,  p.  3 1 5 .  —  -  Bibl.  nat. ,  fonds  français, 
n"  33f)7,  fol.  a5. 


in  INTRODUCTION. 

lendemain  de  sa  mort,  survenue  le  ter  mai,  en  l'annonçant  au  Roi,  il  avait 
ajouté  :  «Il  n'est  pas  croyable  les  brigues  et  menées  que  font  les  cardinaux,  et 
on  a  l'opinion  qu'ils  feront  l'élection  dans  cinq  ou  six  jours,  par  la  crainte  que  la 
venue  des  étrangers  ne  puisse  atténuer  l'effet  de  leurs  volontés1.?) 

Ces  prévisions  se  réalisèrent  :  le  i3  mai,  Grégoire  Xlll  fui  élevé  à  la  pa- 
pauté. 

De  longue  date  Ferais  était  l'un  de  ses  familiers;  il  voulut  mettre  à  profit 
cette  intimité,  et  à  sa  première  audience  il  l'entretint  de  la  dispense.  Le  Pape  ne 
s'attendait  guère  à  une  si  brusque  mise  en  demeure;  il  ne  put  dissimuler  son 
embarras,  et,  après  quelques  minutes  de  silence  :  «Tous  les  décrets  de  l'Eglise, 
dit-il,  sont  contraires  à  ce  que  vous  me  demandez. n 

«Mais  il  y  a,  répondit  Ferais,  des  considérations  d'intérêt  public  qui  sont  au- 
dessus  de  tous  les  décrets  et  de  toutes  les  lois;  il  y  a  des  cas  de  force  majeure, 
des  nécessités  qui  s'imposent  dans  l'intérêt  du  repos  de  tout  un  royaume.  Je 
supplie  Votre  Sainteté  d'y  avoir  égard.  La  requête  que  je  lui  soumets  n'est-elle 
pas  le  plus  grand  témoignage  de  l'obéissance  que  le  Roi  Très  Cbrétien  porte  à 
Votre  Sainteté?  Un  refus  pourrait  servir  d'argument  aux  autres  princes  et  leur 
fournir  le  prétexte  d'en  discourir  à  leur  gré,  chose  qui  pourrait  grandement 
altérer  la  bonne  volonté  du  Roi  mon  maître  envers  le  Saint-Siège  '2.  n 

Grégoire  XIII,  pour  se  débarrasser  d'un  si  tenace  solliciteur,  ayant  allégué  les 
nombreuses  affaires  qui  lui  incombaient  à  son  avènement  :  «Il  n'y  en  a  pas  de 
plus  importante  11,   riposta  Ferais. 

Pressé  ainsi,  le  Pape  changea  de  terrain  :  «Au  nom  de  qui  me  présentez-vous 
cette  requête?  Est-ce  en  celui  du  prince  de  Navarre?» 

—  «Son  âge  ne  le  comporte  pas,  dit  Ferais;  elle  est  adressée  à  Votre  Sainteté 
au  nom  du  Roi  et  de  la  Reine  mère.  Le  mariage  du  prince  de  Navarre  devant  se 
faire  catholiquement,  Leurs  Majestés  en  conçoivent  un  grand  espoir  pour  son 
retour  à  notre  sainte  religion. 

—  «Il  ne  m'est  pas  permis  de  m'occuper  en  ce  moment  d'une  si  grosse  affaire n, 
répliqua  le  Pape;  et  il  fit  comprendre  à  Ferais  que  pour  une  première  fois  il  ' 
avait  assez  insisté  3. 

Quelques  jours  plus  tard,  Ferais  revint  à  la  charge;  il  s'était  fait  accompagner 
par  le  cardinal  de  Rambouillet,  qui  s'y  était  prêté  de  bonne  grâce.  «La  résolution 

l'.ibl.  uni.,  fonds  français,  n"  161/40.  —  2  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  16160,  f"  102.  —     Bibl. 
nat.,  fonds  français,  n"  16160,  f'°  ia3. 


INTRODUCTION.  lv 

c[ue  j'ai  à  prendre,  dit  le  Pape,  mérite  un  sérieux  examen.  Mon  intention  est 
d'accorder  la  dispense,  si  toutefois  mon  pouvoir  va  jusque-là 1.  u 

Sur  ces  entrefaites,  la  nouvelle  de  la  mort  de  la  reine  de  Navarre  parvint  à 
Home.  Quelles  conséquences  allait-elle  avoir  dans  les  circonstances  actuelles?  A 
cet  égard,  les  opinions  étaient  diverses  :  c'est  le  Pape  qui,  en  voyant  Ferais,  lui 
en  parla  le  premier:  «■ Cette  mort,  lui  dit-il,  décidera  peut-être  le  Roi  votre 
maître  à  prendre  une  autre  résolution,  et  je  me  le  promets  presque.  Le  roi  de 
Navarre  est  si  jeune,  il  pourra  à  cette  heure  se  réduire  et  lui-même  requérir  la 
dispense.  Ti 

—  «Sa  Majesté,  répondit  Ferais,  ne  m'a  pas  encore  écrit. v 

La  première  lettre  qu'il  reçut  ne  lui  parvint  que  dans  les  premiers  jours  de 
juillet.  crLes  difficultés,  lui  disait  Charles  IX,  que  le  Saint-Père  me  fait  pour  la 
dispense  du  mariage  de  ma  sœur  avec  mon  frère  de  Navarre,  me  mettent  en 
grande  peine,  car  je  suis  résolu  de  faire  et  consommer  ledit  mariage  aussitôt  que 
mondit  frère  sera  arrivé,  pour  plusieurs  considérations  qui  importent  grandement 
au  repos  de  mon  royaume;  et  il  sera  incontinent  près  de  moy,  m'ayant  écrit  de 
Tours  qu'il  ne  séjourneroit  aucunement  par  les  chemins,  de  manière  que,  si  je 
ne  reçois  la  dispense  que  par  votre  neveu  de  Beauville,  je  vous  laisse  à  considérer 
en  quel  ennui  je  me  retrouverai  "2.  n 

Le  jour  de  l'arrivée  du  roi  de  Navarre  étant  encore  incertain,  Charles  IX,  de 
Charleval  où  il  était  encore,  manda  à  Biron  :  et  11  me  déplaît  qu'il  y  ait  des  gens 
qui,  par  artifice,  le  veulent  mettre  en  doute  de  mon  intention  pour  le  retarder 
encore  par  les  chemins.  De  lui-même  il  est  de  bonne  volonté  et  m'assure  qu'il 
connoîtra  bientôt  la  vérité  et  que  cela  ne  l'empêchera  pas  de  venir.  Je  me  suis 
avisé  de  lui  écrire  cette  lettre  de  ma  main  que  je  vous  envoie,  et  serois  bien 
marri  de  ne  pas  le  retrouver  à  mon  retour  à  Paris,  comme  je  vous  prie  de  le  lui 
dire3,  v 

Les  inquiétudes  manifestées  par  Charles  IX  n'étaient  nullement  fondées.  Suivi 
d'un  brillant  cortège  de  gentilshommes  protestants,  Henri  de  Navarre  entrait  à 
Paris  le  5  juillet.  Coligny  l'y  avait  devancé.  En  toute  hâte  il  était  accouru  pour 
prêter  son  aide  à  Genlis,  que  Ludovic  de  Nassau,  serré  de  trop  près  dans  Mons. 
venait  d'y  envoyer  pour  rappeler  ses  promesses  à  Charles  IX. 

Celte  fois,  diverses  circonstances  allaient  favoriser  l'intervention  de  l'amiral 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  îbiAo,  f°  y(13.  —  2  Biljl.  nal..  Ibn<ls  français,  n"  161/10.  —  !  Bilil. 
nal.,  fonds  français,  n°  1  5555. 


lvi  INTRODUCTION. 

L'arrivée  de  Genlis  à  Paris  a\ant  été  dès  le  premier  jour  signalée  à  l'ambassadeur 
d'Espagne,  et  le  Roi  n'étant  pas  encore  de  retour  de  Gliarleval,  c'est  à  Catherine 
qu'il  était  venu  soumettre  ses  remontrances  et  demander  que  ce  rebelle  fût  mis  eu 
prison  et  puni  comme  il  le  méritait.  Pour  s'éviter  une  réponse  trop  directe, 
Catherine  avait  allégué  l'absence  du  Roi,  auquel  elle  en  ferait  part.  Charles  IX, 
mis  ainsi  en  demeure  de  s'expliquer,  s'en  était  habilement  tiré  :  cr J'ai  répondu, 
avait-il  écrit  à  Saint-Couard,  que  je  désirois  grandement  châtier  tels  gens  pour 
avoir  accompagné  le  comte  Ludovic,  mais  qu'il  lu II o i t  considérer,  comme  il  v 
avoit  un  très  grand  nombre  de  ceux  de  la  religion  en  ma  ville  de  Paris,  et  qu'ilz 
s'estoient  assemble/  eu  mon  royaume  en  plusieurs  endroitz,  lesquels  comme  il 
sembloit  ne  chercher  qu'un  prétexte  et  argument  de  recommencer  les  troubles, 
s'estanl  jà  descouvert  avoir  l'ailly  de  surprendre  mes  villes  de  Laon  et  Péronne, 
de  manière  que,  si  je  faisois  apréhender  ledit  Genlis,  il  seroit  à  craindre  qu'ilz 
voulussent  faire  servir  celte  démonstration  d'occasion  de  troubler  le  repos  de 
mon  royaume,  pour  lequel  establir  j'avoys  eu  tant  de  peine  que  je  voulois  faire 
tout  mon  possible  pour  n'y  rentrer.  Ainsy  je  le  suppliay  admonester  ledicJ 
ambassadeur  de  ne  faire  pour  ce  regard  plus  grande  instance  et  se  contenter  de 
ce  que  je  puis  faire  sans  préjudiciel'  à  mes  affaires1.!! 

Celte  réponse  n'était  qu'une  échappatoire,  et  Charles  IX  se  réservait  toute 
liberté  d'agir.  Quant  à  Catherine,  les  exigences  hautaines  de  l'ambassadeur 
d'Espagne  l'ayant  vivement  mécontentée,  elle  ferma  momenfanémcntlesyeux  sur 
les  agissements  de  Coligny,  qui  ainsi  encouragé  reprit  toutes  ses  espérances. 
\\ant  obtenu  d'elle  une  audience  à  Saint-Cloud,  par  hasard  il  se  rencontra  dans 
la  salle  d'attente  avec  Strozzi  et  Rrantôme.  ce  Dieu  soit  loué,  dit-il  en  les  abor- 
dant, tout  va  bien!  Avant  qu'il  soit  longtemps  nous  aurons  chassé  les  Espagnols 
des  Pavs-Ras  et  nous  en  aurons  fait  nosfre  Roy  maisfre  ou  nous  y  mourrons 
tous  et  moy  le  premier.  Je  ne  plaindray  point  ma  vie,  si  je  la  perds  pour  si 
bon  subject.  n 

ce  11  auroif  voulu,  ajoute  Rrantôme,  que  Strozzi  rompist  son  dessein  d'aller  sers 
les  isles  du  Pérou  et  que  nous  allassions  fondre  par  mer  sur  les  Flandres  et  lui 
par  terre  si  bien  que,  si  nous  nous  entendions  ainsi,  tout  iroit  bien2,  n 

Libre  ainsi  d  agir,  Coligny  se  remit  à  l'œuvre  : 

et  II  fait  tout  ce  qu'il  peut,  écrivait  Çuniga,  le  i3  juillet,  au  duc  d'Albe,  pour 

1  Bibl.  <li'  L'Institut,  fonds  Godefroy,  a°  256.  —  J  Brantôme,  édit.  il'1  t..  Lalanne,  l.  IV.  p.  398. 


INTRODUCTION.  LVI, 

faire  partager  au  Roi  ses  mauvaises  intentions.  Hier,  il  resta  longtemps  avec 
Sa  Majesté;  à  la  fin  de  leur  entretien,  il  fit  de  grandes  révérences  qui  donnent  à 
penser  que  Sa  Majesté  a  consenti  à  sa  demande '.n 

Çuniga  avait  été  bien  servi  par  ses  espions;  car,  de  son  côté,  le  comte  de  Saint- 
Paul,  l'ambassadeur  de  Savoie,  écrivait  au  duc  son  maître  :  «Briquemault  et 
Genlis  ont  obtenu  du  Roi  de  lever  quatre  mille  hommes  de  pied2,  n 

Ce  n'était  là  qu'une  avant-garde;  de  son  côté,  Coligny  levait  une  véritable 
armée,  et,  de  plus  en  plus  effrayé,  Çuniga  écrivait  de  nouveau,  le  18  juillet,  à 
Philippe  II  :  tr L'amiral  sera  le  capitaine  général  des  troupes  envoyées  au  secours 
de  Mons.  n 

Charles  IX  était  si  bien  décidé  à  la  guerre  qu'il  venait  de  donner  l'ordre  à 
Strozzi  de  se  préparer  à  prendre  la  mer  avec  sa  flotte,  et  le  ^5  juillet  Strozzi  lui 
écrivait  :  r.Ie  vous  supplie,  Sire,  vous  assurer  que  ce  que  je  coygnoistray  estre 
pour  votre  service,  je  l'exécuteray  ou  nous  y  mourrons  l'un  sur  l'autre.  Dites  votre 
intention  au  présent  porteur  que,  si  vous  voulez,  je  vous  passe  quatre  mille 
hommes  choisis  parmi  sept  ou  huit  mille  ayant  vivres  et  vaisseaux,  comme  le  por- 
teur vous  dira.  Si  vous  ne  nous  employez  près  et  que  j'aille  loin,  je  n'en  veux 
mener  que  la  moitié,  qui  me  suflira3. n 

Tout  dépendait  de  ce  qui  allait  se  passer  dans  les  Flandres,  et  Charles  IX  en 
attendait  l'issue  pour  se  déclarer  ouvertement  contre  l'Espagne  et  transmettre  ses 
dernières  instructions  à  Strozzi. 

Cette  flotte,  depuis  si  longtemps  immobile  à  Brouage,  avait  été  jusqu'ici  Ja 
redoutable  menace  qui  avait  retenu  celle  de  don  Juan  d'Autriche  dans  les  eaux 
de  la  Sicile.  Catherine,  restée  dans  l'ombre  et  jouant,  comme  toujours,  un 
double  jeu,  se  servit  de  l'ordre  donné  à  Strozzi  pour  se  couvrir  vis-à-vis  de  Phi- 
lippe II  et,  pour,  en  cas  d'un  échec  de  Genlis,  se  ménager  de  plausibles  excuses. 
Le  17  juillet,  elle  écrivit  à  Saint-Gouard  :  a  Je  vous  prie,  faisant  entendre  au 
Roi  Catholique  monsieur  mon  beau-fils  la  résolution  que  le  Roi  mon  fils  a  prise  de 
laisser  sortir  son  armée  de  mer,  lui  dire,  de  ma  part,  que,  tout  ainsi  que  j'ay 
toujours  procuré  l'entreténement  de  l'amitié  fraternelle  qui  est  entre  le  Roi  mon 
fils  et  lui,  je  me  réjouis  aussi  maintenant  de  les  voir  tellement  désireux  de  vivre 
en  paix  et  couper  chemin  à  toute  occasion  qui  pourroit  engendrer  le  contraire, 


1  Arch.  nal..  collection  Simancas,  K  1529.  —  2  Arch.  de  Turin;  voir  noire  livre  Le  xvi  siècle  et  les 
Valois,  ]).  319.  —  3  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  1 5 5 5 5 ,  f°  5g. 

Catherine  de  Médicis.  —  iv.  h 


tviir.mcnic    sat!,*» 


umi  INTRODUCTION. 

s'étant  le  Moi  monsieur  mon  lils  résolu  de  faire  partir  celle  année  sans  in  faire 

plus  longtemps  différer,  afin  de  le  tirer  du  soupçon  qu'il  en  avoit1.» 

Et  ce  qui  motivait  cette  conduite  si  calculée,  si  prudente  de  Catherine,  c'est 
que  la  réponse  que  le  maréchal  de  Montmorency  et  Paul  de  Foix  venaient  de 
rapporter  de  Londres  aux  propositions  de  mariage  faites  par  eux  en  son  nom 
était  loin  d'être  satisfaisante.  Les  honneurs  ne  leur  avaient  pas  été  ménagés,  leur 
réception  avait  été  aussi  pompeuse  que  celle,  récemment  faite  à  lord  Lincoln: 
mais,  eu  dépit  de  leurs  instances  réitérées,  ils  n'avaient  pu  obtenir  ni  un  oui  ni  un 
non.  Elisabeth  avait  remis  à  un  mois  sa  résolution  définitive.  Dans  l'intervalle  elle 
s'attendait  a  quelque  offre  assez  avantageuse  pour  la  décider  à  passer  sur  la  dis- 
proportion de  l'âge.  C'est  en  réalité  Calais  qu'elle  désirait  qu'on  mit  dans  la  cor- 
beille. Burghley  en  fait  l'aveu  à  Walsingham  :  «Je  voudrais  que  nous  puissions 
l'avoir  et  que  le  duc  d'Alençon  en  fût  gouverneur,  sa  vie  durant,  de  manière  que 
nous  \  eussions  sûreté  pour  notre  étape.  A  moins  qu'on  ne  puisse  par  quelque 
moyen  lever  la  difficulté  que  Sa  Majesté  s'est  mise  dans  la  tète  que  le  monde 
trouverait  mauvais  qu'elle  eût  fait  un  tel  choix,  le  succès  me  paraît  incertain 2. to 

Elisabeth  s'en  explique  elle-même  dans  une  lettre  à  Walsingham  :  tt  Voyant 
MM.  Montmorency  et  de  Foix  dans  une  extrême  perplexité  de  l'éloignement  que 
nous  faisons  paraître  de  nous  rendre  à  leur  désir,  et  jugeant  qu'un  refus  serait 
pour  eux  un  chagrin  sensible,  nous  fûmes  conseillée  de  ne  pas  rejeter  tout  à  l'ail 
leur  proposition  et  d'attendre  le  retour  de  lord  Lincoln  pour  être  mieux  à  même 
de  juger  du  personnage  et  de  ses  qualités3.  « 

Coligny  auquel  Walsingham  communiqua  la  dure  condition  exigée  pour  l'accep- 
tation du  duc  d'Alençon  par  Elisabeth,  en  dit  quelques  mots  à  Catherine  et  à 
Charles  IX,  mais  en  ayant  soin  de  l'attribuer  à  la  seule  initiative  de  l'ambassa- 
deur. Sur  leur  relus  formel  de  rendre  Calais,  M.  de  Foix,  à  titre  de  dédomma- 
gement, proposa  Flessingue  à  Walsingham.  place  bien  plus  avantageuse  pour  les 
Anglais  que  Calais;  il  fit  même  entendre  (pion  pourrait  stipuler  dans  le  contrat 
de  mariage  du  duc  que  la  France  y  aiderait  de  toutes  ses  forces'1. 

Sur  ces  entrefaites,  le  bruit  s'étant  répandu  que  le  fils  cadet  de  l'empereur 
Viaximilien  se  posait  comme  prétendant  à  la  main  d'Elisabeth,  le  duc  d'Alençon* 
de  l'assentiment  de  Catherine  cl  du  Roi,  fit  partir  pour  Londres  La  Mole,  son  plus 
dévoué  confident.  C'était   là    une  dernière  partie  à  jouer,  et  Ions  les  partisans 

\  >i.  dans   le  présent   volume,  celte  lellre,  p.    107.    —   '  Lettres   et  mémoires  de    Walsingham, 
11.  a56.  ///i'/.,  ]i.  a65.  —  '  Ibid.,  p.  -.'58. 


INTRODUCTION.  l;\ 

de  l'alliance  anglaise  y.  mirent  la  main  :  cLa  Mole  est  un  de  mes  plus  intime-; 
amisfl,  écrivit  le  maréchal  de  Montmorency  à  Bùrghïey,  et  Coligtty  plaida  à  sou 
tour  auprès  de  lui  la  cause  du  duc  :  rr  Étant  ce  gentilhomme  l'un  des  siens 
qui  lui  est  le  plus  agréable,  je  n'ay  pas  voulu  faillir  de  faire  cette  lettre  pour 
vous  remercier  de  votre  bonne  volonté  envers  moy  et  combien  que  je  sache 
assez  en  quelle  recommandation  vous  avez  la  continuation  de  l'amitié  naguères 
contractée  entre  ces  deux  royaumes,  toutefois  pour  le  bien  que  je  prévois  en 
devoir  réussir,  je  ne  puis  que  je  ne  vous  supplie  encore  très  instamment,  étant 
mù  d'une  même  affection  que  vous,  d'y  vouloir  toujours  tenir  la  main,  et  vous 
diray  qu'il  me  semble  que  cette  amitié  pourroit  être  plus  étroitement  confirmée 
et  fortifiée  avec  une  bonne  alliance  par  ce  mariage.  De  ma  part,  je  m'estimeray 
toujours  heureux  de  pouvoir  servir  à  chose  si  sainte,  si  désirable,  et  d'autant  que 
vous  connoissez  bien  le  faict  qui  proviendroit  d'une  si  belle  alliance,  je  ne  vous 
diray  autre  chose  l.r> 

Toutes  les  volontés  marchaient  donc  vers  un  but  commun,  lorsque  la  nou- 
velle de  la  défaite  de  Genlis,  coup  de  foudre  inattendu,  parvint  à  la  cour.  Parti 
le  12  juillet,  il  devait  se  borner  à  rallier  le  prince  d'Orange  qui,  le  7  du  même 
mois,  avait  passé  le  Rhin.  La  simple  prudence  lui  imposait  la  nécessité  de  ne  pas 
opérer  seul  et  avec  d'autant  plus  de  raison  que  les  Espagnols  étaient  admira- 
hlement  servis  par  leurs  espions  et  par  les  avis  officieux  que  les  propres  conseillers 
de  Charles  IX  leur  transmettaient.  «Le  cardinal  de  Lorraine  m'a  fait  dire, 
mandait  le  duc  d'Albe  à  Philippe  II,  que  je  me  tienne  sur  mes  gardes  et  qui) 
croyait  l'armée  de  mer  destinée  à  agir  dans  les  Pays-Bas 2.  -n  La  inarche  de  Genlis 
avait  donc  dû  être  signalée.  Emporté  par  sa  fougue,  il  va  tomber  dans  l'embuscade 
que  le  fils  du  duc  d'Albe,  don  Frédéric  de  Tolède,  et  Chiappin  Vitelli  lui  ont 
tendue  près  de  Quiévrain.  Sa  petite  armée  est  taillée  en  pièces,  bon  nombre  de 
ses  compagnons  et  lui-même  sont  faits  prisonniers,  et  des  lettres  saisies  sur  eux  et 
de  leurs  propres  aveux  arrachés  par  la  torture,  les  Espagnols  acquièrent  la  preuve 
qu'ils  n'ont  marché  au  secours  de  Mons  que  par  ordre  du  Roi  :  t  J'ai  en  mon 
pouvoir,  écrivait  Albornos,  le  secrétaire  du  duc  d'Albe,  au  cardinal  de  Granvelle, 
une  lettre  qui  vous  frapperait  de  stupeur  si  vous  la  voyiez.  Pour  le  moment  il 
convient  de  dissimuler3. -n 

'  Record  office,  vol.  LUI  (autographe);  voir  notre  livre  Le  xvi'  siècle  et  les  Vidais,  p.  3i6.  — 
'  Gachard,  Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique.,  t.  \\  I.  —  Gachard,  Correspondance  de  Philippe  II , 
1.  Il ,  p.  369. 


i..v  INTRODUCTION. 

Charles  IX,  auquel  Coligny  vint  se  plaindre  des  indignes  traitements  infligés  à 
des  prisonniers,  s'en  montra  d'abord  très  irrité  :  tr  Le  roi  d'Espagne,  dit-il  hau- 
tement et  à  plusieurs  reprises,  veut  me  faire  mon  procès1.» 

En  réalité  la  défaite  de  Genlis  était  un  accident  de  guerre  bien  moins  im- 
portant que  les  Espagnols  s'empressèrent  de  le  publier.  L'armée  qu'amenait  le 
prince  d'Orange,  celle  que  rassemblait  Coligny  étaient  intactes;  r  mais  sous 
l'impression  du  premier  moment,  écrit  Walsingham  à  Burghley,  la  peur  des 
armées  espagnoles  a  saisi  la  Reine  mère.  L'amiral  a  beau  rejeter  cette  défaite  sur 
ceux  qui  avaient  empêché  le  Roi  de  se  déclarer,  l'audace  augmente  aux  pacifiques  u; 
et  comme  s'il  prévoyait  le  parti  que  Catherine  allait  en  tirer  :  r  Ceux  de  la  religion 
qui  jusqu'ici  s'endormaient  dans  la  sécurité  commencent  à  se  réveiller  et  à  voir 
le  danger  qui  les  menace.  Si  l'affaire  des  Pays-Ras  ne  réussit  pas,  il  n'y  a  rien 
à  espérer  pour  eux2,  a 

Le  même  jour  il  mande  à  Leicester  :  nLes  chefs  protestants  ont  fait  mander 
au  Roi  que,  s'il  laisse  succomber  le  prince  d'Orange,  il  ne  sera  plus  en  sa  puis- 
sance de  maintenir  son  édit  de  pacification.  L'amiral  m'a  prié  de  solliciter  votre 
intervention  auprès  de  la  reine  et  de  savoir  si,  sur  la  proposition  que  le  Roi  lui 
en  fera  faire,  elle  voudrait  agir  de  concert  avec  lui  pour  le  secours  de  ce  pauvre 
prince  dont  les  intérêts  la  touchent  de  si  près  par  rapport  à  la  religion,  et  aux 
intérêts  de  son  Etat.  Si  les  Espagnols  triomphent  elle  peut  s'attendre  à  tous  les 
maux3.  A 

Ainsi,  même  après  la  défaite  de  Genlis,  cette  dernière  lettre  le  témoigne, 
Charles  IX  était  disposé  à  intervenir  dans  les  Pays-Bas,  à  la  seule  condition  que 
les   Vnglais  marchassent  avec  lui. 

Tout  devait  déterminer  Elisabeth  à  écouter  le  conseil  de  Walsingham;  niais 
en  dehors  de  ses  ministres  elle  poursuivait  une  politique  toute  personnelle  dont 
seule  elle  tenait  les  fils.  Dans  les  derniers  jours  de  juin,  don  Guaras,  l'un  des 
deux  agents  qui  avait  traité  avec  elle  d'un  traité  de  commerce,  profitant  d'une 
audience  secrète,  lui  avait  remis  une  lettre  du  duc  d'Albe  qui  la  pressait  de  se 
réconcilier  avec  l'Espagne.  Après  l'avoir  lue  attentivement:  RCeux  de  Flessingue, 
avait-elle  dit,  me  proposent  de  remettre  leur  ville  entre  mes  mains.  Si  cette  place 
peut  être  de  quelque  utilité  pour  le  Roi  Catholique,  je  suis  toute  prête  à  accepter 
leur  offre.  A  laide  des  Anglais  qui  y  sont  déjà  et  de  ceux  que  j'enverrai,  il  me 

Alberi,  Relaz.  di  Viclticli ,  série  I,  I.  IV,  p.  a83.  —  -  Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  |>.  2G/1. 
—     Ibià. 


INTRODUCTION.  m 

sera  facile  d'en  être  maîtresse  et  je  la  remettrai  à  celui  que  le  duc  enverra  pour 
la  recevoir1.  « 

11  n'est  point  admissible  que  Guaras,  l'agent  de  l'Espagne,  ait,  de  sa  propre 
invention ,  prêté  à  Elisabeth  le  langage  qu'il  lui  fait  tenir.  Vraie  ou  fausse  l'offre 
de  livrer  Flessingue  fournissait  au  duc  d'Albe  le  moyen  le  plus  sûr  d'effrayer 
Catherine,  et  il  était  trop  habile  pour  ne  pas  en  profiter.  Elle  avait  donc  dans  les 
mains  des  raisons  assez  fortes  pour  faire  partager  ses  appréhensions  à  Charles  IX. 
Mondoucet,  son  envoyé  à  Bruxelles-,  l'ayant  prévenu  que  le  duc  avait  acquis  la 
preuve  de  son  intervention  dans  les  Flandres  par  les  papiers  saisis  sur  Genlis 
et  ses  compagnons,  il  lui  adressa  cette  humiliante  lettre  :  «Si  l'on  veut  faire  juge- 
ment de  moy  parce  que  les  apparences  et  les  belles  occasions  qui  se  sont  pré- 
sentées et  offrent  encore  aujourdliuy  pour  m'aggrandir  me  incitoyent  d'entre- 
prendre sans  considérer  ce  que  j'ay  faicl  jusques  icy  et  la  volonté  que  j'ay  de  vivre 
en  paix  et  de  laquelle  j'ay  par  tant  et  diverses  fois  donné  entière  asseurance,  je 
ne  fais  doubte  ou  que  l'on  ne  me  tienne  consentant  desdites  entreprises  ou 
très  affectionné  à  la  paix.  Quant  à  ce  que  le  duc  d'Albe  vous  a  fait  entendre 
auroil  esté  dict  par  deçà,  c'est  chose  dont  je  n'ay  jamais  oy  parler,  ce  sont  men- 
songes, lesquelles  luy  ont  esté  escriptes  pour  toujours  le  mettre  en  défiance  de 
moy,  auxquelles  il  ne  debvroit  avoir  aucun  égard.  Vous  luy  en  parlerez  de  cette 
manière;  aussy  devrez-vous,  quelquefois,  luy  dire  ce  que  sçavez  de  l'affaire  de 
ses  ennemis  pour  le  contenter  et  luy  faire  croire  davantage  votre  intégrité;  car. 
encores  qu'il  ne  y  adjoute  foy,  toutesfoys  cela  servira  à  mon  intention,  pourvu 
que  le  fasciez  dextrement.  Il  faut  surtout  qu'il  ne  soit  descouvert  qu'aiez  intel- 
ligence avec  le  prince  d'Orange  et  qu'estans  ceux  que  y  despescherez  surpriûs, 
l'on  ne  les  trouve  pas  chargez  de  chose  que  en  face  foy  3.  n 

Cette  dernière  phrase,  il  est  utile  de  le  retenir,  indique  bien  que,  tout  en 
cédant  aux  nécessités  du  moment,  Charles  IX  n'avait  pas  renoncé  à  intervenir 
dans  les  Pays-Bas  et  à  secourir  le  prince  d'Orange. 

En  Europe  on  s'attendait  si  bien  à  une  prochaine  lutte  entre  la  France  et 
l'Espagne,  que,  se  voyant  à  la  veille  d'être  privés  de  l'appui  indispensable  de  Phi- 
lippe II  et  de  se  trouver  ainsi  seuls  à  la  merci  des  Turcs,  les  Vénitiens  envoyèrent 
en  mission  extraordinaire  leur  plus  habile  diplomate,  Giovanni  Michieli.  Parti  de 

Froude,  llisiory  ofEvgland,  1.  X,  p.  38a. —  2  Claude  de  Mondoucet,  s'  df  Monteaux  en  Btésois. 
—     Dibl.  un  t.,  fonds  français,  n°  i6is5,  ('"  1 83. 


lsii  INTRODUCTION. 

Venise,  le  10  juillet,  malgré  son  grand  âge,  il  franchit  cette  longue  distance  en 
onze  jours.  A  sou  arrivée  à  Paris,  il  ne  trouva  ni  le  Roi  ni  la  Reine  mère  et  sa 
première  audience  fut  remise  à  leur  retour.  \u  jour  fixé  Geronimo  Gondy, 
l'introducteur  des  ambassadeurs,  vint  les  prendre  lui  et  Cavalli,  le  résident  ordi- 
naire, dans  un  carrosse  d  apparat.  Sur  chaque  marche  du  grand  escalier  du  Louvre, 
un  hallebardier  de  la  garde  du  Roi  se  tenait  immobile.  Dans  la  salle  de  réception 
étaient  réunis  les  deux  frères  de  Charles  IX,  le  prince  de  Coudé,  le  roi  de 
Navarre,  les  ducs  de  Guise,  de  Montpensier*  de  Nevers,  le  cardinal  de  Roui-bon, 
et  tous  les  giands  dignitaires  de  la  couronne.  Catherine  avait  voulu  qu'il  en  fût 
ainsi,  afin  de  donner  plus  d'autorité  aux  déclarations  pacifiques  qu'elle  avait 
imposées  au  Roi.  Prenait!  le  premier  la  parole,  et  affirmant  que  la  fortune  de  la 
République  Sérénissime  était  à  jamais  liée  à  celle  de  la  France,  Micbieli  supplia 
Charles  i\  de  ne  pas  rompre  avec  l'Espagne  au  moment  où  l'on  était  en  pleine 
guerre  avec  les  Turcs.  «  Rassurez  ces  seigneurs,  répondit- il.  je  suis  peiné  de  ce 
que  l'entrée  de  mes  sujets  de  la  religion  dans  les  Pays-Ras.  au  mépris  de  mes 
ordres,  ait  pu  l'aire  soupçonner  que  je  veuille  déchirer  la  guerre  à  l'Espagne. 
J'entends  et  je  veux  vivre  en  bonne  amitié  et  paix  avec  tous  mes  voisins.  ■• 

Au  sortir  de  l'audience,  prenant  à  part  Micbieli,  Catherine  lui  dil  :  rc Mandez 
à  ces  seigneurs  que  les  effets  encore  plus  que  les  paroles  démontreront  que  nous 
voulons  la  paix  '.  t 

L'ambassadeur,  se  le  rappelant  plus  tard,  supposa  qu'elle  faisait  allusion  à 
ce  qui  fut  exécuté  depuis.  La  pensée  de  se  débarrasser  de  Coligny  la  hantai  1  déjà 
sans  aucun  doute,  mais  avant  d'en  venir  à  cette  extrémité  toujours  envisagée,  il 
fallait  que  de  nouveaux  motifs  l'y  déterminassent.  A  ce  moment,  se  croyant  maî- 
tresse absolue  de  la  situation,  elle  alla  à  la  rencontre  de  sa  fille  la  duchesse  de 
Lorraine  qui,  venant  aux  noces  de  sa  sœur,  était  restée  malade  dans  les  environs 
de  Châlons.  A  son  point  de  vue.  c'était  une  imprudence  et  une  faute.  Coligny 
reprit  bien  vite  tout  le  terrain  perdu  et  poussa  de  nouveau  le  Roi  à  la  guerre. 
Durant  quatre  ou  cinq-jours,  nous  dit  1  ambassadeur  de  Toscane,  on  en  parle 
comme  d'une  chose  décidée.  Micliieli  le  confirme  dans  sa  relation  et  Cavalli 
ajoute  dans  la  sienne  :  b  \  chaque  heure  on  fait  partir  des  hommes  de  pied  et 
de  cheval;  l'amiral  devient  tout  aussi  puissant  que  la  été  le  connétable  de  Mont- 
morenev  -.  ■• 

'  Alberi,  Maz.  di  Wiclùeli,  sériel,  t.  IV.  p.  a8i.  —  2  Ibid.,  p.  3a4. 


INTRODUCTION.  lxih 

Prévenue  par  un  avis  de  Retz  et  de  Birague,  Catherine  accourut  précipi- 
tamment à  Paris  dans  la  soirée  du  h  août.  Revenu  de  la  chasse  depuis  quatre 
jours  le  Roi  l'y  avait  devancée.  C'est  dans  les  Mémoires  de  Tavanncs  qu'il 
faut  lire  la  scène  émouvante  qui  eut  lieu  entre  elle  et  son  fils  :  a  Je  n'eusse  pensé, 
dit-elle,  que  pour  avoir  pris  tant  de  peine  à  vous  élever,  vous  avoir  conservé 
la  couronne  que  les  huguenots  et  les  catholiques  vous  voulaient  oler;  après 
urètre  sacrifiée  pour  vous  et  encouru  tant  de  hasards,  que  vous  m'eussiez  voulu 
donner  récompense  si  misérable.  Vous  vous  cachez  de  moi,  qui  suis  votre  mère, 
pour  prendre  conseil  de  vos  ennemis;  vous  vous  ôtez  de  mes  bras  qui  vous  ont 
conservé  pour  vous  appuyer  des  leurs  qui  vous  ont  voulu  assassiner.  Je  sais  que 
vous  tenez  des  conseils  secrets  avec  l'amiral;  vous  désirez  vous  jeter  inconsidéré- 
ment dans  la  guerre  avec  l'Espagne  pour  faire  votre  royaume  et  nous  en  proie 
de  ceux  de  la  religion.  Avant  de  voir  cela,  donnez-moi  congé  de  me  retirer  au 
lieu  de  ma  naissance.  Ils  ne  veulent  pas  la  guerre  dEspagne,  mais  celle  de  la 
France  l.y> 

Mais  ce  qui  allait  donner  plus  de  valeur  aux  supplications  de  Catherine,  c'est 
le  bruit  qui  vint  à  courir  qu'Elisabeth  rappelait  des  Pays-Bas  tous  ses  sujets 
qui  y  étaient  alors.  «J'ai  écrit  en  toute  hâte  au  comte  de  Leicester,  mande 
Walsingham  à  Smith,  pour  tâcher  de  faire  suspendre  le  rappel  de  nos  troupes; 
sans  quoi  tout  le  dessein  court  risque.  Si  l'affaire  des  Pays-Bas  ne  réussit  pas. 
nous  sommes  évidemment  en  un  péril  extrême  -.  s  Et  dans  une  lettre  du  même 
joui'  à  lord  Burghley  :  ce  Le  Roi  était  tout  résolu  à  la  guerre,  mais  la  Reine  >a 
mère  lui  a  remontré  que  sans  notre  secours  elle  échouerait  misérablement,  et  à 
force  de  larmes  elle  l'a  fait  entièrement  changer  d'avis.  Je  crains  bien  qu'il  n'en 
résulte  de  fâcheux  effets  si  Dieu  n'y  met  la  main.t 

En  effet,  le  lendemain  de  son  retour  à  Paris,  Catherine  ayant  eu  la  visite  de 
l'ambassadeur  d'Espagne,  venu  pour  lui  remettre  la  lettre  du  duc  d'Albe  en  ré- 
ponse à  celle  qui  le  félicitait  de  la  défaite  de  Genlis  :  rr  Personne,  lui  dit-elle,  ne 
désire  plus  que  moi  la  prospérité  du  roi  votre  maître.  i>  —  et  II  en  est  persuadé, 
répliqua-t-il;  mais  dès  que  Votre  Majesté  s'éloigne,  l'on  ne  parle  plus  que 
de  guerre;  en  revenant  elle  ramène  la  paix,  n  Et  il  lui  insinua  qu'elle  seule 
pouvait  empêcher  une   rupture  \   L'entretien    ne    se   poursuivit  pas;    toutefois 


Panthéon  littéraire,  Mémoires  de  Tavamies ,  p.  453.  —  '  Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  #70. 
1   Ibid. 


Ltn  INTRODUCTION. 

Gondi  que  Çuniga  vit  dans  la  même  journée,  lui  affirma  que  la  Heine  avait 
mandé  l'amiral  aux  Tuileries  et  défait  tout  ce  qu'il  avait  arraché  au  Roi1.^  ' 

Le  bruit  du  rappel  des  Anglais,  dont  Catherine  avait  dû  se  servir  si  efficacement, 
n'était  pas  fondé;  mais  ce  qui  était  plus  vrai,  c'était  qu'avec  leur  mauvaise  foi  ha- 
bituelle ils  pensaient  à  agir  dans  les  Flandres  pour  leur  propre  compte;  leur  chef, 
sir  Humfrey  Gilbert,  écrivait  de  Flessingue,  le  i3  août,  à  Burghlcy  :  «J'ay  été 
informé  qu'un  gros  corps  de  Français  se  prépare  à  venir  ici.  Que  dois-je  faire? 
Sortir  de  celle  ville,  ou  si  la  Heine  m'en  laisse  foute  liberté,  provoquer  une 
émeute  entre  les  Français  et  les  habitants  et  tailler  en  pièces  tous  les  Français2 1-n 

En  veut-on  une  autre  preuve?  Sir  Ralph  Lane,  le  i5  août,  offrait  au  bourg- 
mestre de  INieuport  de  se  mettre,  lui  et  ses  concitoyens,  sous  la  protection  de  la 
reine  d'Angleterre.  «  Ce  n'était  pas,  disait-il,  pour  les  soustraire  là  leur  obéissance 
envers  leur  souverain,  le  roi  d'Espagne,  mais  uniquement  pour  préserver  leurs 
biens,  leurs  personnes  et  leur  liberté  contre  la  tyrannie  du  duc  d'Albe3.  n 

En  réalité,  au  point  de  vue  anglais,  ce  protectorat,  tel  qu'il  l'entendait,  n'était 
que  l'acheminement  à  une  conquête  définitive  ''.  C'est  ainsi  que  procède  toujours 
l'Angleterre. 

Voilà  donc  Charles  IX  de  nouveau  repris  par  sa  mère;  aussi,  lorsque  l'amiral 
le  mit  en  demeure  d'exécuter  ses  promesses,  n'osant  lui  avouer  cet  inattendu  revi- 
rement, il  lui  fit  entendre  que  ne  voulant  pas  à  lui  seul  assumer  la  responsabilité 
de  la  guerre  il  prendrait  l'avis  du  conseil.  «Mais,  Sire,  autant  n'en  pas  parler, 
s'écria  l'amiral;  ce  conseil  n'est  composé  que  d'hommes  de  robe  longue  qui  in- 
stinctivement ou  par  profession  l'abhorrent.  Je  ne  me  sens  pas  le  courage  de  dis- 
cuter avec  eux.n  —  «  Rassurez-vous,  reprit  le  Roi,  je  n'y  appellerai  pas  que  des 
robes  longues,  mais  des  hommes  d'épée,  Montpensier,  Cossé,  Nevers,  Tavannes. 
Vous  les  connaissez  bien  tous,  pas  un  n'est  de  force  à  vous  répondre.  11 

L'amiral  ne  pouvait  que  se  soumettre  à  ce  que  le  Roi  exigeait.  Un  jeune  homme 
de  vingt-trois  ans,  qui  depuis  s'est  fait  un  nom  illustre,  Duplessis  Mornay,  venait 
de  visiter  les  Pays-Bas;  il  s'était  rendu  compte  de  leurs  besoins,  de  leurs  aspira- 
tions et  de  leurs  espérances.  C'est  à  lui  qu'il  eut  recours,  et  de  leur  collaboration 
sortit  le  mémoire  qui  motivait  éloquemment  la  guerre  avec  l'Espagne.  Nous 
nous  bornerons  à  le  résumer  sommairement  : 


'   Arrli.  nul.,  coll.  Simancas,   K   tô3o.  —  2   Calentlar  of  State  papers  (1672),  p.  169.   —   "   Ibidt, 
p.  169. —  '  Ibid.,  p.  1 0  9 . 


INTRODUCTION.  nv 

«Tous  nos  maux,  y  était-il  dit,  viennent  de  nos  divisions  domestiques;  le 
meilleur  moyen  d'éviter  la  guerre  à  l'intérieur,  c'est  de  la  porter  au  dehors;  mais 
elle  doit  être  juste,  facile  et  profitable.  Cette  guerre,  Sire,  vous  l'avez  déjà  com- 
mencée :  le  Roi  Catholique  ne  sait-il  pas  que  vous  avez  reçu  et  favorisé  Ludovic 
de  Nassau?  Ne  sait-il  pas  que  vous  vous  êtes  entretenu  avec  Genlis,  à  son  re- 
tour de  Mous?  Que  peut-il  croire,  sinon  que  Votre  Majesté  a  la  volonté  de  lui 
nuire  en  secret,  et  qu'ouvertement  elle  n'ose?  H  est  aussi  bien  votre  ennemi  pour 
l'avoir  menacé  de  votre  épée  que  pour  l'en  avoir  frappé.  Le  premier  coup  donné 
en  vaut  deux. 

rc  Cette  guerre  est  facile,  les  portes  des  villes  vous  sont  ouvertes.  Rien  à  craindre 
de  l'Allemagne  ni  de  l'Italie;  sept  cantons  de  la  Suisse  et  les  Ligues  Grises  mar- 
chent avec  vous.  Le  Pape,  il  est  vrai,  est  acquis  à  l'Espagne;  mais  il  a  le  Turc 
sur  les  bras. 

«Cette  guerre  est  profitable;  mais  pour  réussir  il  faut  se  déterminer  prompte- 
ment  et  ne  pas  laisser  aux  Espagnols  le  temps  d'en  finir  avec  le  prince  d'Orange, 
car,  vainqueurs,  ils  se  vengeront1." 

Charles  IX,  au  fond  du  cœur,  approuvait  ce  patriotique  langage  qui  réalisait 
son  propre  désir,  mais  dominé  par  sa  mère,  et  voulant  gagner  du  temps,  il  char- 
gea Morvilliers  d'y  répondre.  H  ne  pouvait  en  attendre  que  des  conseils  fie  paix  : 
« C'étoit,  nous  dit  d'Aubigné.  l'ennemi  des  nouveautés,  le  temporisateur  qui  fai- 
soif  prudence  de  crainte,  d 

Pour  mieux  les  combattre  Morvilliers  reprit  un  à  un  tous  les  arguments  de 
Colignv  :  «Ceux  qui  vous  conseillent,  Sire,  d'entreprendre  cette  guérie  disent 
que  les  grandes  villes  des  Pavs-Ras,  lassées  d'un  joug  insupportable,  sont  dispo- 
sées à  vous  prêter  et  jurer  obéissance,  qu'elles  vous  ouvriront  leurs  portes;  que, 
sans  grandes  dépenses,  vous  pouvez  vous  rendre  maître  des  Pays-Ras;  qu'il  est 
permis  d'ailleurs  de  reprendre  par  les  armes  un  bien  dont  on  a  été  dépouillé;  que 
les  Allemands  empêcheront  le  duc  d'Albe  de  lever  des  troupes  en  leur  pays;  enfin 
que  Ludovic  de  Nassau  occupe  déjà  Mons;  on  vous  dit  encore  que  les  Français, 
dès  qu'ils  ne  peuvent  avoir  la  guerre  à  l'étranger,  la  font  à  leur  propre  patrie; 
que  le  roi  d'Espagne  n'est  pas  moins  irrité  de  la  guerre  sourde  qui  lui  est  faite 
qu'il  le  serait  d'une  ouverte,  et  qu'une  fois  les  Flandres  pacifiées,  à  son  tour  il 
vous  la  déclarera. 

'  De  Thon,  Hisi.  universelle,  édit.  de  173&,  t.  VI.  —  3  D'Aubigné,  Hist.  universelle,  édil.  de  Ruble, 
t.  III .  p.  ag5. 

Catherine  de  Mtuicis.  —  iv.  1 


ItlITLIMERIE     MHuvlIl. 


lxvi  INTRODUCTION. 

tr  A  cela  je  réponds  que  la  conquête,  si  facile  qu'elle  soit,  exigera  clans  l'avenir 
de  coûteuses  garnisons,  et  des  impôts  plus  élevés  que  ceux  que  les  villes  payent 
aujourd'hui  à  l'Espagne;  que  Philippe  II  vous  fera  la  guerre  tant  qu'il  n'aura 
pas  recouvré  les  provinces  perdues;  que  l'argent  manque  déjà  au  prince  d'Orange: 
et  que  d'ailleurs  ce  n'est  ni  chose  permise  ni  honnête  de  soutenir  des  sujets  ré- 
voltés contre  leur  souverain. 

cf  La  ligue  que  la  reine  d'Angleterre  a  conclue  avec  Votre  Majesté  ne  l'a  été  que 
dans  son  propre  intérêt;  et  pour  preuve,  dans  les  articles  signés  à  Blois,  elle  a 
refusé  de  renoncer  au  traité  qui  l'obligeait  à  la  défense  de  la  Flandre.  Que  l'Es- 
pagne lui  donne  une  satisfaction,  elle  se  réconciliera  avec  elle,  car,  en  raison  de 
leur  commerce,  Anglais  et  Flamands  ne  peuvent  se  passer  les  uns  des  autres.  ■«  Et 
résumant  ses  arguments  :  rc  Cette  guerre  est  pleine  de  difficultés  et  plus  périlleuse 
qu'utile,  et  la  réputation  de  Voire  Majesté  n'y  est  point  intéressée,  n 

Consulté  par  Charles  IX,  le  duc  de  Nevers  ne  se  montra  pas  moins  opposé  à 
mu'  rupture  avec  l'Espagne  :  et  Vous  devez,  observa-t-il  au  Roi,  vous  contenter  de 
ce  qu'il  a  plu  à  Dieu  de  vous  donner  sans  vous  mettre  en  danger  de  perdre  plus 
que  de  gagner;  car  n'espérez  pas  du  premier  coup  emporter  les  Flandres.  L'armée 
du  duc  d'Albe  sera  plus  tôt  prête  que  la  vôtre.  Vos  villes  de  Picardie  ne  valent 
lien,  celles  de  Provence  encore  moins,  celles  du  Languedoc  bien  peu,  hormis 
Narbonne,  celles  de  la  Guyenne  rien  du  tout.  Il  sera  donc  libre  au  roi  d'Es- 
pagne de  traverser  toute  la  France  et  de  vous  prendre  vos  villes  où  bon  lui  sem- 
blera. Vous  n'avez  pas  le  moyen  de  mettre  sur  pied  des  armées  assez  puissantes 
pour  l'arrêter  à  vos  frontières.  Voilà  pourquoi  je  ne  puis  que  vous  déconseiller 
la  guerre  l.n 

Coligny,  dans  l'éloquent  mémoire  qu'il  soumit  au  conseil,  rappelait  qu'en 
i.5'68  protestants  et  catholiques,  marchant  sous  le  même  drapeau,  avaient 
repris  le  Havre  aux  Anglais,  et  il  invoquait  ce  glorieux  souvenir  pour  les  en- 
traîner de  nouveau  dans  une  guerre  commune.  En  cela,  il  manquait  de  mémoire  : 
soit  qu'il  ne  voulût  pas  se  brouiller  alors  avec  la  reine  d'Angleterre,  soit  qu'il  fût 
arrêté  par  scrupule  de  religion,  il  avait  refusé  de  s'associer  à  cette  patriotique 
campagne.  A  l'heure  présente  les  rôles  étaient  intervertis,  et  si,  faisant  violence  à 
leur  patriotisme,  certains  chefs  catholiques  repoussaient  cette  guerre,  c'est  qu'au 
point  de  vue  de  leurs  propres  croyances  ils  s'effrayaient  de  la  voir  conduite  par 

'  Bibl.  n;it. .  fonds  français,  n°  3g5o. 


INTRODUCTION.  lswi 

l'amiral,  qui  x  poussait  surtout  avec  la  pensée  de  soutenir  ses  coreligionnaires 
des  Flandres,  et  ils  en  redoutaient  presque  le  succès;  car  étant  dû  en  grande 
partie  au  contingent  si  aguerri  des  troupes  protestantes,  leur  parti  prendrait  eu 
France  trop  d'autorité,  trop  de  prépondérance.  L'intérêt  patriotique,  c'est  la 
taule  du  temps,  était  ainsi  primé  par  l'intérêt  religieux. 

La  décision  du  conseil  fut  donc  telle  que  l'appréhendait  Goligny.  Il  eut  beau 
plaider  chaudement  les  facilités,  les  avantages  d'une  intervention  armée  dans 
les  Pays-Bas,  la  guerre  fut  unanimement  repoussée.  Alors  se  retournant  vers  le 
Roi  :  rc Puisque  l'avis  contraire  au  mien  l'a  emporté,  je  n'ai  plus  rien  à  dire;  mais 
par  avance  je  suis  certain  que  vous  vous  en  repentirez.  Toutefois  Votre  Majesté 
ne  trouvera  pas  mauvais  qu'ayant  promis  service  et  appui  au  prince  d'Orange,  je 
ne  manque  pas  à  ma  parole,  à  l'aide  de  mes  amis,  parents  et  serviteurs  et  même 
de  ma  personne,  s'il  en  est  besoin.  »  Et  s'adressant  à  la  Beine  :  «  Le  Boi  se  reluse  à 
entreprendre  la  guerre  :  Dieu  veuille  qu'il  ne  lui  en  survienne  pas  une  autre 
dont  il  ne  sera  pas  en  son  pouvoir  de  se  retirer.  r> 

Etait-ce  nue  menace  ? 

Le  Vénitien  Michieh,  auquel  nous  empruntons  le  récit  de  cette  mémorable 
séance,  ne  le  pense  pas1. 

Mais  Catherine  dut  la  prendre  pour  telle  et  s'en  souviendra.  Tout  danger  de 
guerre  étant  ainsi  de  nouveau  écarté,  elle  retomba  dans  la  môme  faute  quelle 
avait  déjà  commise,  et,  se  croyant  de  nouveau  maîtresse  absolue  de  la  situation. 
elle  alla  retrouver  sa  fille  de  Lorraine  à  Monceaux.  De  leur  coté,  les  chefs  pro- 
testants allèrent  au  château  de  Blandy  assister  aux  noces  du  prince  ,de  Condé  et 
de  Marie  de  Clèves,  faites  à  la  huguenote. 


Avant  d'aborder  les  dernières  scènes  de  ce  terrible  drame  dont  nous  ne  sommes 
encore  qu'au  prologue,  voyons  où  en  était  la  négociation  pour  la  dispense  et 
reprenons-la  au  point  où  nous  l'avons  laissée.  Le  cardinal  de  Lorraine,  parti  pour 
assister  au  conclave,  apprit  à  Lyon  l'élévation  de  Grégoire  XIII  à  la  papauté,  et 
néanmoins,  se  décidant  à  aller  jusqu'à  Rome,  il  pria  Catherine  de  le  faire  trouver 
bon  au  Roi  son  fils.  Loin  de  s'en  mécontenter,  Charles  IX  voulut  mettre  à  profit 

1  Alheri,  Ile/':.  dtMiehieli,  série  I,  I.  IV,  p.  285. 


lAvm  INTRODUCTION. 

l'autorité  que  le  cardinal  avait  conservée  sur  le  Saint-Siège  et  invita  Ferais  à  n'agir 
désormais  que  d'après  ses  conseils.  A  la  première  ouverture  qui  lui  en  fut  faite, 
le  cardinal  parut  tout  étonné  :  «Voilà  deux  ans,  dit-il  à  Ferais,  que  Sa  Majesté 
m'a  laissé  en  dehors  de  ses  affaires. n  Toutefois,  flatté  de  cette  marque  de  faveur, 
il  promit  son  complet  concours;  mais  toutes  les  instances  furent  inutiles.  De  l'avis 
du  Sacré  Collège,  le  pape  exigeait  avant  tout  que  le  roi  de  Navarre  fît  une  pro- 
fession de  foi  catholique  entre  les  mains  de  son  envoyé  extraordinaire  l'évêque 
Salviati,  auquel  il  enverrait  pouvoir  d'accorder  la  dispense  dès  quelle  serait  de- 
mandée '. 

Ferais,  en  faisant  part  au  Roi  de  cet  ultimatum ,  ne  lui  cacha  pas  qu'en  l'obligeant 
à  suivre  les  avis  du  cardinal  de  Lorraine  il  lui  avait  lié  les  mains,  et  qu'ainsi  toutes 
les  remontrances  qu'il  n'avait  cessé  de  soumettre  à  Sa  Sainteté  avaient  été  toujours 
mitigées  et  adoucies  par  ce  très  peu  sûr  auxiliaire.  Charles  IX  en  avait  déjà  conçu 
le  soupçon  :  trJe  trouve  bien  étrange,  avait-il  écrit  le  ih  juillet  au  cardinal,  une 
si  soudaine  mutation  de  l'espérance  que  l'on  m'avoit  toujours  donnée.  En  quoi  je 
ne  puis  autrement  penser  que  quelqu'un  n'ait  diverti  Sa  Sainteté  de  sa  première 
bonne  volonté.  J'ai  soudain  envoyé  au  sieur  Ferais  des  lettres  bien  complètes  de 
mon  intention,  voulant  bien  vous  avertir  qu'après  avoir  tiré  réponse  de  Sa  Sain- 
teté, favorable  ou  non,  j'ai  résolu  de  passer  outre  audit  mariage  2.  n 

II  fallait  bien  que  le  cardinal  n'eût  pas  la  conscience  bien  nette  et  s'at- 
tendît à  ces  reproches;  car,  prenant  les  devants,  il  avait  écrit  à  Catherine  : 
"Madame,  il  me  déplaît  merveilleusement  que  je  ne  puis  rendre  Votre  Majesté 
certaine  de  la  dispense  de  Madame  votre  fille,  et  vous  supplie  de  croire  qu'il  n  y 
a  en  ce  mauvais  office  ni  menée  de  personne  qui  y  empêche,  et  que  la  difficulté 
est  seulement  du  fait.  Si  vous  ne  me  donnez  quelque  moyen  du  côté  du  roi  de 
Navarre,  nous  n'en  viendrons  jamais  à  bout3.  » 

Les  choses  n'avaient  donc  pas  fait  un  pas,  quand  Chavigny  apporta  à  Grégoire  Mil 
une  dernière  lettre  de  Charles  IX.  Malheureusement,  nous  ne  la  connaissons  que  par 
la  réponse  qu'y  fit  Ferais  au  Roi  :  te  Sire,  l'arrivée  du  sr  de  Chavigny  a  bien  éclairci 
Sa  Sainteté  du  doute  en  lequel  elle  se  retrouvoit  à  la  concession  de  la  dispense, 
par  la  bonne  espérance  que  Votre  Majesté  lui  donne  de  voir  bientôt,  le  roi  de 
Navarre  réduit  et  prêt  de  satisfaire  à  toutes  les  conditions  que  Sa  Sainteté  désire. 
Lui  ayant  là-dessus  réitéré  toutes  les  remontrances  que  je  lui  ai  ci-devant  pro- 

liilit.  uni. ,  tonds  Dupuy,  n°  80,  p.  900.  —  '  I5il>l.  nat.,  fonds  Dupuy,  n"  186,  p.  200.  —  '  Voir 
cette  lettre  dans  le  fonds  français,  n"  îOo.'îi),  f°  '19A. 


INTRODUCTION.  Lxu 


posées  sur  le  fait  dudit  mariage  et  comme  cela  apporte  un  entier  et  assuré  repos 
à  tout  votre  royaume,  qu'aussi  les  choses  étant  aussi  avancées  comme  elles  sont 
maintenant,  elles  ne  se  pouvoient,  en  quelque  sorte  que  ce  fût,  reculer  ne  dif- 
férer sans  un  grand  murmure  et  préjudice  aux  affaires  de  Votre  Majesté,  Sa  Sain- 
teté, se  voyant  ainsi  pressée  de  votre  part,  s'est  tellement  ébranlée  à  satisfaire  en 
cet  endroit  à  Votre  Majesté  que  l'entière  résolution  et  concession  n'en  peut 
plus  guère  demeurer  à  vous  faire  savoir,  comme  je  ferai  par  Chavigny  qui  l'em- 
portera dans  peu  de  jours,  n 

Si  cette  lettre  avait  pu  parvenir  à  temps,  il  eût  été  inutile  d'user  de  subter- 
fuge pour  décider  le  cardinal  de  Bourbon  à  se  prêter  à  un  simulacre  de  mariage; 
il  eût  suffi  de  la  lui  mettre  sous  les  yeux. 

Maintenant  que  nous  avons  précisé  dans  quels  termes  était  la  question  de  la 
dispense  du  mariage  à  la  veille  de  la  célébration  des  noces  de  Marguerite  de 
Valois  et  de  Henri  de  Navarre,  revenons  à  Goligny  et  montrons-le  aux  prises 
avec  les  obstacles  que  lui  a  créés  la  dernière  décision  du  conseil,  si  hostile  à  la 
guerre  contre  l'Espagne. 

«Son  courage  est  invincible,  écrivait  Walsingham,  le  10  août,  à  Burghley.  Il 
représente  au  Roi  ce  qui  est  à  craindre  si  le  prince  d'Orange  succombe  ou  s'il  est 
obligé  de  traiter  à  des  conditions  qui  laissent  les  Pays-Bas  retomber  sous  la  domi- 
nation des  Espagnols.  Il  m'a  prié  de  vous  dire  que  ce  n'est  point  son  intérêt  parti- 
culier qui  le  fait  agir,  et  qu'après  de  si  longs  troubles  il  ne  se  mêlerait  plus  de 
rien,  s'il  ne  voyait  le  péril  qui  en  général  menace  tous  ceux  de  la  religion  et  en 
particulier  le  Roi  son  maître  et  la  reine  notre  maîtresse.  Dans  l'état  où  sont  les 
choses,  il  trahirait  Dieu  et  sa  patrie  s'il  ne  faisait  pas  tout  ce  qui  dépend  de  lui 
pour  éviter  de  si  funestes  suites1.  i> 

Et  dans  une  lettre  du  même  jour  à  Leicester  :  «D'une  main  ferme  l'amiral 
tient  toujours  le  gouvernail  et  vous  prie  de  faire  en  sorte  que  le  rappel  des  troupes 
anglaises  demeure  suspendu.  Pour  ce  qui  est  de  Flessingue,  l'offre  de  cette  place 
sera  faite  à  notre  reine  par  ceux  qui  en  sont  maîtres2.  « 

De  ce  côté-là,  pas  de  sujet  d'ombrage3.  Tout  en  rendant  justice  à  l'énergie  de 
l'amiral,  ce  que  ne  dit  pas  Walsingham,  c'est  que  de  toutes  parts  des  avis  sinistres 
lui  venaient  :  «Souvenez-vous,  lui  écrivait  un  ami  inconnu,  de  cette  maxime 
pratiquée  par  tous  les  papistes,  que  l'on  ne  doit  pas  garder  la  foi  aux  hérétiques. 

1  Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  279.  —  »  Ibid. ,  p.  276.  —  3   De  Thon,  Histoire  univer- 
selle, traduction,  t.  VT,  p.  353. 


LNX  INTRODUCTION. 

On  n'a  cessé  de  répéter  au  lïoi  que  les  protestants  ont  résolu  de  lui  ôter  la 
couronne  et  la  vie;  il  ne  supportera  jamais  que  ceux  qui  ont  pris  les  armes 
contre  lui  jouissent  du  bienfait  de  l'édit  qu'il  leur  a  accordé,  et,  les  armes  à  la 
main,  il  se  fera  justice  du  tort  que  les  guerres  lui  ont  l'ait.  Si  vous  êtes  sage, 
il  vous  faul  au  plus  vite  sortir  de  cette  cour,  cloaque  infect1.* 

La  réponse  de  Coligny  à  tous  ces  prudents  conseils  était  invariable  :  «■  Il  vaut 
mieux  mourir  cent  fois  que  de  vivre  en  de  perpétuels  soupçons;  je  suis  lassé  de 
telles  alarmes,  à  tout  événement  :  j'ai  assez  vécu.  J'aime  mieux  que  mon  corps  soit 
traîné  dans  les  rues  de  Paris  que  de  me  rengager  dans  une  nouvelle  guerre 

civile2.  D 

Aux  Rochelais  qui,  se  croyant  menacés  par  la  Hotte  de  Strozzi,  lui  manifestent 
leurs  appréhensions  :  «  Quoi  que  l'on  puisse  vous  dire,  écrivait-il,  vous  n'avez,  Dieu 
merci,  nul  motif  de  craindre.  Je  vois  le  Roi  si  bien  disposé  que  nous  avons  toute 
occasion  de  le  louer3.  « 

Sa  confiance  était  donc  restée  inébranlable  et  il  n'avait  pas  à  douter  du  Roi. 
Eu  effet,  le  11  août,  Charles  IX  mandait  «à  La  Mothe-Fénelon  :  te  La  défaite  de 
Genlis  n'est  pas  si  grande  qu'on  l'avait  publié.  11  serait  bon  pour  nos  affaires 
(pie  la  reine  d'Angleterre,  qui  a  tant  de  moyens,  se  mît  dans  les  Pays-Bas  des 
pieds  et  des  mains.  Si  cela  étoit,  le  prince  d'Orange,  qui  marche  droit  vers  Mons. 
seroit  bien  plus  assuré  et  bien  plus  fort.  Il  sera  très  bon  que  vous  continuiez  à 
échauffer  tant  que  vous  pourrez  cette  reine  à  se  déclarer  ouvertement,  s  il  est 
possible,  contre  le  roi  d'Espagne \n 

Il  ajoute  bien  dans  la  même  lettre,  qu'à  moins  d'être  attaqué,  il  ne  se  mettra 
pas  de  la  partie;  mais  c'est  là  le  langage  olliciel  dont  la  simple  prudence  lui  faisait 
une  nécessité;  tous  ses  actes  démentent  ses  paroles:  <r  Quoique  l'amiral,  écrit  de 
nouveau  Walsingham  à  Burgldey,  n'ait  point  obtenu  fout  ce  qui  était  nécessaire  au 
bien  de  sa  cause,  il  en  a  néanmoins  obtenu  une  partie5.* 

Les  craintes  des  Espagnols  justifient  d'ailleurs  le  dire  de  Walsingham  :  «Ceux 
qui  viennent  de  France,  mandait  le  1  1  août  le  prévôt  Morillon  au  cardinal  de 
Granvelle,  disent  qu'on  fait  de  grands  préparatifs  et  équipages,  et  qu'en  Lorraine 
il  \  a  vingt-quatre  pièces  d'artillerie  en  fonte.  Le  roi  de  France  assure  toujours 
qu'il  ne  se  mêlera  pas  du  jeu;   mais  l'amiral  est  journellement  avec  lui.  Il  tt'j 

'  Dp  Thou,  Histoire  universelle,  t.  VI,  p.  353.  '  Négoc.  diplomat.  de  L«  Mothe-Fénelon ,  t.  VI i, 

Ihid.  P-3i4. 

.  ///)(/  5   lettres  et  mémoires  d<   Wakiugh»m,  p.  l*}f>. 


INTRODUCTION.  ,.Xw 

a  qu'un  logis  entre  celui  dudit  amiral  et  la  cour.  Je  crains  bien  que  les  Français 
ne  nous  trompent1,  if 

Et  une  dépêche  de  l'ambassadeur  vénitien,  datée  du  i3  août,  est  encore  plus 
affirmative  :  cr  Trois  mille  huguenots  sont  de  nouveau  rassemblés  à  la  frontière 
pour  tenter  d'aller  secourir  Mons.  C'est  ce  qui  a  engagé  le  roi  de  Navarre  à 
demander  que  ses  noces  soient  faites,  afin  que  les  gentilhommes  en  grand 
nombre  qui  sont  venus  pour  y  assister  puissent  aller  se  joindre  à  cette  entre- 
prise. Aussi,  sans  attendre  la  dispense,  dans  six  jours  se  fera  le  mariage.  L'on 
dit  bien  que  le  Roi  a  défendu  ces  mouvements  de  troupes;  mais  nous  croyons 
qui!  ne  sera  pas  plus  obéi  que  les  autres  fois.  Le  nombre  des  Anglais  en  Zélande 
s'accroît  et  ils  tentent  de  s'en  emparer.  Ces  jours  derniers,  l'amiral  a  eu  des 
entretiens  avec  l'ambassadeur  d'Angleterre  et  chercbe  à  le  faire  déclarer  ouver- 
tement contre  l'Espagne'2,  n 

Cette  lettre  s'accorde  avec  celle  que  le  prince  d'Orange  écrivait  à  son  frère 
Jean  de  Nassau,  le  11  août  :  «r L'amiral  m'avertit  que,  nonobstant  la  déroute  et 
défaite  des  Français  passées,  il  prépare  de  nouveau  environ  douze  mille  barque- 
busiers  et  deux  mille  chevaux,  faisant  estât  de  venir  en  leur  compagnie  3.  « 

A  son  retour  de  Monceaux,  d'où  elle  ramène  sa  fille  la  duchesse  de  Lorraine, 
Catherine  se  retrouve  donc  eu  présence  de  l'éventualité  imminente  d'une  guerre  que . 
pour  le  moment  du  moins,  elle  croyait  écartée,  et  elle  ne  peut  en  douter,  car. 
le  1  5  août,  Gomicourt  vient,  au  nom  du  duc  d'Albe,  demander  des  explications  sur 
tous  ces  mouvements  de  troupes  à  la  frontière-.  Au  sortir  de  l'audience  qu'il  eul  du 
Roi,  à  laquelle  elle  assista  ainsi  que  le  duc  d'Anjou,  il  la  prend  à  part,  et,  à  l'appui 
de  ses  remontrances,  il  lui  représente  que,  contrairement  à  ce  qu'elle  avait  écrit 
à  Philippe  II,  la  flotte  de  Strozzi  n'était  point  encore  partie.  Elle  lui  promet  d'en 
parler  au  Roi  son  fils  et  de  lui  dire  dès  le  lendemain  tout  ce  qui  en  était;  mais 
elle  ne  le  rappela  point,  et  pour  excuse  elle  allégua  que  tout  sou  temps  avait  élé 
absorbé  par  les  préparatifs  des  noces  de  sa  fille 4. 

C'est  qu'à  cette  heure-là  elle  poursuivait  d'autres  desseins.  Si  cette  guerre,  qui 
semble  maintenant  inévitable,  a  lieu  et  malgré  elle,  le  pouvoir  absolu  qu'elle  a 
retenu  jusqu'ici  passera  de  s«s  mains  dans  celles  de  Coligny,  devenu   le  suprême 

Piou ,  Correspondance  du  cardinal  de  Granvelk ,  '  Gaclmrd,  Correspondance  de  Giiilliimiied'Orait/;', 

t.  IV,  p.  3tio;  Arcli.  nat,  .collect.SiniaiiMs,  K  i53o.  I.  III,  p.  5^ î. 

2   Laslrage  diSun  /fortWomeo,  Venezia,  1870,  *   Archives     nationales,    collection     Simàhcas, 

appendice,  p.  1 1 3.  K  i53o. 


lxxii  INTRODUCTION. 

arbitre  de  l'État;  pour  elle,  ce  sera  peut-être  l'exil,  le  renvoi  à  Florence.  Cet 
homme  se  placera  donc  toujours  entre  elle  et  son  fils!  Alors  blessée  dans  sa 
passion  la  plus  ardente,  Yajfetlo  di  signoreggiare\  elle  revient  à  l'idée,  qui  n'a 
jamais  cessé  de  la  hanter,  de  faire  tuer  l'amiral. 

«  Il  ne  faut  pas  lui  savoir  gré  de  ce  qu'elle  a  fait,  écrira  Çuuiga  à  Philippe  II, 
elle  n'a  agi  que  dans  son  propre  intérêt  et  non  dans  celui  du  Roi  son  fils  et  de 
l'État 2.  n 

Mais  elle  est  prudente;  pour  se  couvrir  vis-à-vis  des  protestants,  il  faut  que  le 
mariage  ait  lieu  à  la  date  fixée  et  qu'aucun  obstacle  ne  vienne  l'empêcher. 
Le  i3  août,  elle  mande  donc  à  Mandelot,  le  gouverneur  de  Lyon  :  «Je  vous  fais 
ce  mot  de  lettre  pour  vous  dire  que,  en  tant  que  vous  aymez  le  service  du  Roi 
monsieur  mon  fils,  vous  ne  laissiez  passer  aucun  courrier  venant  de  Rome  en  ça, 
que  lundy  ne  soit  passé3. n 

Quant  au  cardinal  de  Bourbon,  à  l'avance,  elle  s'est  assurée  de  son  obéissance  : 
ce  Ils  l'ont  trompé,  écrit  Çuniga  à  Philippe  II,  par  une  lettre  écrite,  qu'ils  ont  fait 
semblant  de  recevoir4. n 

Comme  surtout  elle  tient  à  être  la  première  à  annoncer  à  Grégoire  XIII  que 
le  mariage  de  sa  fille  est  un  fait  accompli,  le  18  août,  Charles  IX  donne  l'ordre 
à  Mandelot  de  ne  laisser  passer  par  la  ville  de  Lyon  aucun  courrier  ni  autre 
quel  qu'il  soit,  allant  en  Italie5. 

Le  lendemain  du  mariage,  c'est  elle  qui  prend  la  plume  et  qui  écrit  au  Pape  : 

k  \  olre  Sainteté  entendra  de  ce  gentilhomme  que  avons  affectué  ce  mariage, 
vous  assurant  que,  s'il  plaist  à  Votre  Sainteté  mettre  toutes  ces  causes  et  considé- 
rations ensemble  et  l'état  de  ce  royaume,  qu'elle  jugera  ce  mariage  estre  néces- 
saire pour  le  salut  et  repos  d'icelui,  ayant  plus  d'égard  à  notre  besoin  que  aux 
difficultés  mises  en  avant  par  l'artifice  d'aucuns  pour  empêcher  les  effets  de  notre 
bonne  volonté.  Pourtant  retournerons  derechef  à  supplier  Votre  Sainteté  prendre 
de  nous  cette  fiance  et  nous  accorder  ladite  dispense,  avec  cette  assurance  que 
[en]  ce  que  avons  fait  n'avons  été  mus  que  du  bien  et  nécessité  de  ce  royaume, 
que  nous  désirons  sur  toutes  choses  rendre  Vostre  Sainteté  satisfaite  et  l'honneur 
de  Dieu  et  de  son  église  continué,  augmenté  et  remis  par  tout  ce  royaume6. m 

'   Armand  Baschet,  La Diplomatie  vénit. ,  p.  54i.  4  Arch.  nat.,  collect.  Siraancas,  K  i53o. 

-  Arch.  nat.,  collect.  Simancas,  K  i53o.  5  Cotresp.  de  Mandelot,  p .  3 1 . 

l'anlin  Paris,  Correspondance  de  Charles  IX et  "  Voir   cette   lettre   dans    le   présent    volun 

de  Mandelot,  p.  2(j.  p.  110. 


INTRODUCTION.  lxxiil 

Pour  se  couvrir  auprès  d'Elisabeth,  le  2 1  août,  elle  adresse  à  La  Mothe-Fénelon 
une  lettre  qu'il  pourra  montrer  avant  que  la  nouvelle  de  la  mort  de  l'amiral 
soit  parvenue  à  Londres  :  «S'il  y  avoit,  lui  dit-elle,  quelque  chose  de  bien  com- 
mencé et  assuré  au  mariage  de  mon  fds  d'Alençon,  il  seroit  fort  aisé  à  faire  que 
la  reine  d'Angleterre,  mon  fds  et  moy,  nous  nous  voyons  avec  sûreté  pour  elle  el 
pour  nous,  en  un  beau  jour  bien  calme,  entre  Boulogne  ou  Calais  et  Douvres;  car 
je  n'ay  pas  moindre  volonté  de  la  voir  qu'elle  moy  et  que  si  elle  éloit  ma 
propre  fille,  ainsi  que  vous  ferez  entendre  à  ses  ministres  et  à  elle  aussi1.1» 

Et  quel  moment  choisit-elle  pour  se  débarrasser  de  l'obstacle  qui  la  gêne? 
Celui  où  sur  tous  les  points  la  fortune  semble  lui  sourire.  Cette  succession  au 
trône  de  Pologne  qu'elle  convoite  depuis  des  années,  elle  est  enfin  vacante. 
Monluc,  malgré  son  grand  âge,  a  consenti  à  aller  soutenir  la  candidature  du  duc 
d'Anjou.  Dès  le  17  août,  il  a  pris  le  chemin  de  Strasbourg,  où  il  a  donné  rendez- 
vous  à  ses  compagnons  d'ambassade.  De  son  côté,  Schomberg  a  déjà  préparé  les 
voies  et  s'est  assuré  du  puissant  concours  du  duc  de  Saxe. 

L'évèque  de  Dax  rapporte  de  Constantinople  le  traité  le  plus  avantageux  qui 
jamais  ait  été  conclu  avec  la  Porte  :  le  Grand  Seigneur  offre  l'appui  de  sa  flotte 
et  s'engage  à  remettre  au  duc  d'Anjou  toutes  les  conquêtes  à  faire  sur  le  roi 
d'Espagne. 

Le  mariage  du  duc  d'Alençon  est  dans  les  meilleurs  termes  :  Elisabeth  s'est 
laissé  captiver  par  la  bonne  grâce  et  les  cajoleries  de  La  Môle  :  «  Que  le  duc 
vienne!  Qu'il  vienne!  11  répètent  chaque  jour  les  dames  du  palais.  Smith  s'en  fait 
l'interprète  auprès  de  Walsingham  :  rc L'amant  fera  bien  peu,  s'il  ne  prend  pas  la 
peine  de  venir  voir  l'objet  de  ses  amours;  il  y  a  vingt  moyens  pour  passer  de 
France  ici  et  faire  plus  en  une  heure  qu'on  ne  saurait  faire  en  deux  ans.  Cupido, 
Me  qui  vincit  omnia,  in  oculis  residet.  Les  femmes  veulent  paraître  être  forcées 
même  à  ce  qu'elles  désirent  le  plus 2.  ■» 

Le  22  août,  le  circonspect  Burghley,  devenu  tout  favorable  au  mariage  du  duc, 
mande  à  Coligny  :  cr  J'espère  que  Dieu  ne  laissera  pas  aller  une  œuvre  si  merveil- 
leuse, et  la  conduira  à  quelque  perfection;  à  quoi  je  m'asseure  que  vous  vous 
emploierez,  comme  moi  ici,  de  ma  part,  ferai  mon  devoir  le  mieux  qu'il  me  sera 
possible3,  v 

Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  VII,  p.  3ao.  —  -   Lettres  et  mémoires  de  Wal- 
singham,  p.  297.  —  3  Voir  notre  livre,  Le  m*  siècle  et  les  Valois,  p.  3ig. 

Catherine  de  Médicis.  —  iv.  j 


imiuiuji.    nxTion&iK. 


nxiv  INTRODUCTION. 

Mais  cette  lettre  partie  le  jour  même  où  Coligny  sera  blessé,  il  ne  la  re- 
cevra pas. 

Le  sort  en  est  jeté  :  ce  n'est  plus  l'astucieuse  et  timorée  élève  de  Machiavel  qui 
en  ce  moment  pense  et  agit;  c'est  une  simple  femme ,  qui  cède  à  l'une  de  ces  colères 
irréfléchies,  plus  fortes  que  la  volonté;  c'est  un  de  ces  accès  de  folie  furieuse,  où 
les  yeux  ne  voient  plus  que  rouge.  Sans  se  soucier  des  dangers  du  lendemain, 
Catherine  brisera  tout  pour  satisfaire  sa  haine,  espérances  à  demi  réalisées,  projets 
mûrement  conçus. 

Le  Vénitien  Michieli  l'a  dit  en  toutes  lettres  :  «C'est  sa  propre  vengeance  qu'elle 
accomplit,  la  sua  vendetta. n  Mais  si  décidée  qu'elle  soit  au  meurtre  de  l'amiral, 
elle  ne  peut  agir  seule;  c'est  à  la  duchesse  de  Nemours,  et  d'accord  avec  le 
duc  d'Anjou,  qu'elle  a  recours.  Leur  vengeance  commune  est  le  lien  qui  unit 
ces  deux  femmes  pour  ce  pacte  de  sang. 

L'assassin,  toutes  deux  l'ont  sous  la  main  :  c'est  Maurevel,  le  spadassin  déjà 
aux  gages  de  Catherin'1.  11  n'en  est  pas  à  son  coup  d'essai;  chargé  de  tuer  l'amiral, 
il  a  frappé  de  Mouy.  C'est  le  serviteur  dévoué  de  la  maison  de  Lorraine;  plus 
tard,  sur  la  recommandation  du  cardinal  de  Guise  et  pour  tous  ses  méfaits,  il  re- 
cevra une  forte  somme  de  Philippe  11. 


é 


Une  immense  estrade  a  été  dressée  devant  le  porche  de  Notre-Dame  ;  le  1 8  août . 
toute  la  cour  y  prend  place;  pas  un  des  ambassadeurs  étrangers  n'est  présent: 
l'on  savait,  à  l'avance,  que  celui  d'Espagne  ne  paraîtrait  pas  et  son  absence  mo- 
tivait cette  abstention  '.  Marguerite  de  Valois  et  Henri  de  Navarre  se  sont 
agenouillés  et  le  cardinal  de  Bourbon  oflicie.  Pendant  que  s'accomplit  ce  simulacre 
de  mariage,  l'amiral  est  resté  dans  l'église;  et  là,  montrant  au  maréchal  Damville 
les  drapeaux  de  Jarnac  et  de  Moncontour  appendus  aux  murailles  de  la  nef  : 
«  Dans  peu ,  s'écrie-t-il ,  on  les  arrachera  et  on  en  mettra  d'autres  plus  agréables 
à  voir,  n  Jusqu'à  la  fin  il  ne  veut  pas  croire  aux  dangers  qui  le  menacent.  C'est  en 
vain  que  Duplessis-Mornay  le  supplie  de  sortir  au  plus  vite  de  Paris,  que  déjà 

'  Philippe  II  avait  écrit  le  -io  juin  précédent  à  quelques  jours  auparavant  feignez  d'être  indis- 

Çuniga  :  posé;  d'aucune  façon,  il  ne  convient  pas  que  vous 

f  Si  l'on  ne  vous  invite  pas  au  mariage,  no  vous  assistiez  à  ce  mariage."  (  Arcli.  nat.,  collection  Si- 
en occupez  pas.  Si  l'on  voih  inwle.  acceptez,  mais  manias,  k  rfiag,  n"  92.) 


INTRODUCTION.  lxxv 

Montmorency  a  quitté;  il  s'y  refuse.  Le  20  août,  le  Roi  lui  ayant  témoigné  la 
crainte  que  les  Guises,  entourés,  comme  ils  étaient,  ne  se  portassent  à  quelque 
attentat  sur  sa  personne,  et,  par  mesure  de  prudence,  lui  ayant  demandé  s'il  ne 
serait  pas  à  propos  de  faire  entrer  à  Paris  les  arquebusiers  de  sa  garde,  il 
approuve  à  l'avance  tout  ce  que  fera  Sa  Majesté. 

S'il  ne  s'éloigne  pas,  c'est  que  les  Eglises  protestantes  lui  ont  fait  un  devoir 
de  rester;  c'est  que  Charles  IX  lui  a  demandé  de  sacrifier  quatre  jours  aux 
plaisirs,  et  qu'après  il  lui  a  promis  de  mettre  ordre  à  tout.  Les  heures  de  ces 
quatre  jours  sont  toutes  prises  par  les  tournois,  les  banquets,  les  bals,  les 
ballets,  qui  ont  lieu  sans  relâche,  tantôt  au  Louvre  et  tantôt  à  l'Hôtel  de  ville. 
Ebloui  par  les  magnificences  de  ces  fêtes  qui  surpassent  celles  qui  furent  dé- 
ployées aux  noces  d'Elisabeth  et  à  celles  de  Claude  de  Valois,  les  deux  filles 
aînées  de  Catherine  et  dont  il  avait  été  témoin ,  le  Vénitien  Michieli  s'étonne  de 
ce  que  cette  France,  que  l'on  disait  tombée  si  bas,  s'est  si  promptement  relevée. 
a  II  y  avait  autour  de  Leurs  Majestés,  dit-il  dans  sa  relation,  une  jeunesse  d'élite, 
assez  nombreuse  pour  en  faire  une  armée  et  plus  d'une  centaine  de  femmes  toutes 
splendidement  parées,  n 

Gentilshommes  protestants  et  catholiques  se  mêlent,  se  confondent1  dans  ces 
bals  de  chaque  soir;  mais  parmi  ceux  auxquels  sourient  ces  sirènes  de  cour,  plus 
perfides  que  celles  de  la  fable,  combien  sont  déjà  marqués  par  le  doigt  de  la 
mort!  Déjà  le  premier  acte  du  drame  sanglant  se  prépare. 

Dans  la  soirée  du  ai  août,  à  l'heure  même  d'une  dernière  fête  au  Louvre, 
M.  de  Chailly,  maître  d'hôtel  du  duc  d'Aumale,  introduit  furtivement  Maurevel 
dans  la  maison  du  chanoine  Villemur,  l'ancien  précepteur  du  duc  de  Guise.  Une 
vieille  femme  et  un  valet  en  ont  la  garde.  L'assassin  y  passe  la  nuit  et  le  lendemain 
matin,  posté  à  la  fenêtre  qui  donne  sur  la  rue  par  laquelle  l'amiral  passe  habituel- 
lement, dérobé  par  un  épais  rideau,  l'arquebuse  à  la  portée  de  la  main,  l'œil  aux 
aguets,  il  attend'-. 

Au  sortir  du  conseil  qui  se  tint  au  Louvre  le  22  août,  l'amiral  accompagne  le 
Roi  jusqu'au  jeu  de  paume  et  l'y  laisse  avec  Téligny  et  le  duc  de  Guise.  Suivi 
par  huit  ou  dix  de  ses  familiers,  il  reprend  le  chemin  de  son  logis;  Guerchy  est 
à  sa  droite,  des  Pruneaux  à  sa  gauche.  Tout  en  marchant,  il  lit  un  placet  qui 
vient  de  lui  être  remis.  Au  moment  où  il  se  penche  pour  rajuster  sa  mule,  un 

1   Alberi,  Heinz,  venez.,  t.  IV,  p.  288.  —  2  Arch.  nat.,  collection  Siraancas,  K  t53o.  n°  18. 
S 


lxxvi  INTRODUCTION. 

coup  de  feu  retentit,  une  balle,  lui  enlève  l'index  de  la  main  gauche,  une  autre  lui 
laboure  les  chairs  du  bras  jusqu'à  l'os  du  coude  et  s'y  loge;  s'il  ne  se  fût  pas 
baissé,  il  eut  été  atteint  en  plein  corps.  Ceux  cpii  l'entourent  s'arrêtent  épou- 
vantés; lui  seul,  de  sang-froid,  désigne  la  fenêtre  d'où  l'on  a  tiré.  L'on  y  court, 
l'on  enfonce  la  porte;  l'arquebuse  toute  fumante  est  encore  sur  une  table,  mais 
le  meurtrier  s'est  enfui  par  une  porte  de  derrière  restée  ouverte  et  le  bruit  du 
galop  du  cheval  qui  l'emporte  s'entend  encore. 

Soutenu  par  deux  bras,  tout  couvert  de  sang,  l'amiral  regagne  péniblement  sa 
demeure.  M.  de  Piles  va  de  sa  part  prévenir  le  Roi  de  l'attentat.  A  la  première 
parole  qui  lui  est  dite,  Charles  IX  de  colère  jette  sa  raquette  et  s'écrie  en 
jurant  :  et  Je  n'aurai  donc  jamais  un  moment  de  repos,  n  Tout  aussitôt  il  retourne 
au  Louvre  et  s'enferme  dans  ses  appartements.  Par  son  ordre  ses  gardes  font 
sortir  tous  ceux  qui  étaient  alors  au  palais. 

Catherine  venait  de  se  mettre  à  table;  avertie  presque  en  même  temps,  elle  se 
lève  et  rentre  dans  sa  chambre,  sans  mot  dire,  le  visage  impassible,  ff  J'en  conjec- 
ture qu'elle  s'y  attendait  n.  écrit  Çuniga  à  Philippe  II. 

Appelé  en  toute  hâte,  Ambroise  Paré  croit  d'abord  qu'il  est  urgent  de  couper  le 
bras  du  blessé,  de  crainte  que  les  balles  ne  fussent  empoisonnées,  et  l'amiral  s'y 
était  résigné,  mais  il  y  renonce;  à  l'aide  de  mauvais  ciseaux  il  coupe  le  reste  de 
l'index;  trois  fois  il  se  reprend  pour  cette  douloureuse  opération;  puis,  pratiquant 
d'habiles  incisions,  il  parvient  à  extraire  la  halle  restée  dans  le  bras.  A  le  voir 
ainsi  torturé,  les  amis  de  l'amiral  se  lamentent  et  murmurent;  lui  seul,  avec  un 
héroïque  courage,  ne  se  plaint  pas  et  les  console. 

Coudé  et  le  roi  de  Navarre  accourent  des  premiers,  puis  viennent  un  à  un  tous 
les  chefs  protestants;  l'indignation  est  à  son  comble,  les  menaces  dans  toutes  les 
bouches.  Les  Guises  et  le  duc  d'Anjou  sont  violemment  accusés.  Si  l'on  ne  fait  pas 
bonne  et  prompte  justice,  tous  s'écrient  qu'ils  se  la  feront  eux-mêmes.  Sajis 
Briquemault qui  les  retient,  les  plus  violents  parlent  d'aller  au  Louvre  et  d'y  tuer 
Guise  sous  les  yeux  du  Roi.  Au  sortir  de  chez  l'amiral,  il  y  en  a  même  qui  vont 
pousser  des  cris  de  mort  sous  les  fenêtres  de  l'hôtel  de  Lorraine.  «Ils  usèrent, 
dit  Brantôme,  de  paroles  par  trop  insolentes,  disant  qu'ils  frapperoient,  qu'ils 
tueroient1.  n  «Menaces  imprudentes,  dit  à  son  tour  le  Vénitien  Cavalli.  car  les 
menaces  servent  d'armes  à  ceux  qui  sont  menacés '-.n 

1  Brantôme,  édition  de  L.  Lalanne.  i.  IV,  p.  ;>o.  — 2  Desjimlins  Document*  diplomat.  avec  la  Toscane 
t.  III,  p.  8i3. 


INTRODUCTION.  lxxvh 

Cossé,  Dam  ville  et  Villars  étant  venus  visiter  Coligny  :  «La  mort  ne  m'effraie 
pas,  leur  dit-il,  mais  je  voudrais  bien  voir  le  Roi  avant  de  mourir;  car  j'ai  à  lui 
parler  de  choses  qui  intéressent  sa  personne  et  son  Etat,  m  Damville  s'offrit  pour 
aller  prévenir  le  Roi  et  Téligny  se  joignit  à  lui.  Déférant  à  ce  désir,  Charles  IX, 
dans  l'après-midi,  se  rendit  rue  Béthisy,  accompagné  par  sa  mère  et  ses  deux 
frères.  Montpensier.  Gondi,  Nevers,  Tavannes,  tous  les  complices  de  Catherine, 
l'ont  suivie. 

S'approchant  du  lit  du  blessé  et  d'un  ton  de  vraie  affection  :  «  Le  mal  est  pour 
vous,  dit  Charles  IX,  la  douleur  pour  nioi.ii  Et  il  lui  promet  une  exemplaire  justice. 
Catherine  joint  ses  hypocrites  protestations  à  celles  de  son  fils.  Après  en  avoir 
exprimé  ses  remerciements  au  Roi:  a  Ce  que  je  regrette,  dit  l'amiral,  c'est  que 
ma  blessure  me  prive  de  l'aire  service  à  Votre  Majesté;,  l'on  a  voulu  me  faire 
passer  pour  un  rebelle,  un  perturbateur;  Dieu  jugera  entre  mes  ennemis  et 
moi.  La  fidélité  que  j'ai  toujours  gardée  au  Roi  votre  père  me  fait  un  devoir  de 
vous  supplier  avec  toutes  les  instances  possibles  de  ne  pas  perdre  l'occasion  pré- 
sente dont  la  France  peut  tirer  de  grands  avantages.  Vous  avez  fait  connaître  assez 
clairement  quelles  sont  vos  intentions  en  vue  de  la  guerre  des  Flandres.  Si  vous 
en  restez  là,  vous  exposerez  votre  royaume  à  un  péril  évident1,  v 

L'amiral  s'animant  de  plus  en  plus,  le  Roi  lui  représenta  qu'il  s'agitait  trop,  et, 
avant  de  s'éloigner,  il  lui  offrit  de  le  faire  transporter  au  Louvre;  déjà  il  le  lui 
avait  fait  proposer  par  M.  de  la  Châtre.  L'amiral  l'ayant  de  nouveau  refusé,  il  lui 
dit  qu'il  ferait  disposer  des  logements  autour  du  sien,  afin  qu'il  fût  entouré  et 
consolé  par  tous  ses  amis.  Au  sortir  de  la  chambre  de  l'amiral,  il  se  fit  montrer 
la  balle  qui  avait  été  extraite  par  Paré;  elle  était  de  gros  calibre  et  de  cuivre. 

Si  l'on  en  croit  l'étrange  confession  d'une  nuit  de  fièvre  et  d'insomnie,  ce  dis- 
cours du  duc  d'Anjou  àMiron,  si  habilement  arrangé  pour  innocenter  certaines 
culpabilités  et  dont  il  ne  faut  accepter  le  témoignage  que  lorsqu'il  est  corroboré 
par  d'autres,  Coligny,  au  moment  où  Charles  IX  se  retirait,  lui  ayant  demandé 
de  lui  parler  en  secret,  et  tous  les  assistants  s'étant  tenus  à  l'écart,  il  l'aurait 
engagé  à"  régner  seul  désormais  et  à  se  défier  de  la  Reine  sa  mère.  Ces  paroles 
arrachées  à  force  d'instances  par  Catherine  à  son  fils,  l'auraient  décidée  à  en 
finir  avec  les  protestants. 

D'autres  historiens  admettent  qu'elle  fut  encouragée,  poussée  à  cette  dernière 

1  De  Thon,  Histoire  universelle,  t.  VI,  p.  388.  Voie  Négoc.  diptomat.  de  fa  Toscaw ,  dépêche  de  Ca- 
viana,  t.  III,  p.  812  et  suiv. 


lxxviii  INTRODUCTION. 

résolution  par  Philippe  II,  et  ils  s'appuient  sur  une  lettre  de  l'archevêque  de 
Rossano,  nonce  du  Pape  à  Madrid,  au  cardinal  de  Gôme,  lettre  où  il  est  dit  : 
ffSi  le  Roi  Très  Chrétien  est  dans  l'intention  de  purger  son  royaume  de  ses 
ennemis,  le  moment  est  venu;  en  s' en  tendant  avec  le  roi  d'Espagne,  il  pourrait 
détruire  ce  qui  en  reste,  surtout  à  présent  que  l'amiral  esta  Paris  dont  le  peuple 
est  attaché  à  la  religion  catholique,  et  il  serait  facile  de  le  faire  disparaître  pour 
toujours1,  v 

Cette  lettre,  datée  du  5  août,  ne  pouvait  pas  parvenir  avant  la  sanglante  journée, 
le  temps  ne  le  permettait  pas,  et  elle  n'est  pas  parvenue.  Nous  n'en  voulons  pour 
preuve  que  celle  qui  fut  adressée  le  23  août  à  Philippe  II  par  Çuniga  :  ce  II  est  à 
désirer,  dhVil  en  parlant  de  Coligny,  que  ce  coquin  vive;  car  s'il  vit,  attribuant  cet 
assassinat  au  Roi,  il  renoncera  aux  projets  qu'il  avait  conçus  contre  Votre  Majesté, 
et  les  retournera  contre  celui  qui  a  consenti  à  cet  attentat  sur  sa  personne.  S'il 
venait  à  mourir,  je  crains  que  tous  ceux  qui  survivront  ne  fassent  plus  que  ce  que 
le  Roi  voudra  et  ordonnera.  Si  jusqu'ici  l'on  ne  s'est  pas  déclaré  ouvertement 
contre  Votre  Majesté,  peut-être  est-ce  dans  la  crainte  que  l'amiral  avec  ses  héré- 
tiques n'ait  plus  de  pouvoir  que  le  Roi,  ainsi  que  bien  des  fois  je  l'ai  entendu 
répéter  par  la  Reine  mère  a,  et  il  ajoute  :  «Elle  m'a  envoyé  dire  qu'elle  ne  pouvait 
pas  me  parler  en  ce  moment,  de  crainte  qu'on  ne  me  voie  entrer  au  palais, 
et  qu'elle  ne  veut  pas  même  écrire  à  Votre  Majesté,  afin  que  l'on  ne  sache  pas 
ce  qu'elle  veut  faire,  car  les  lettres  peuvent  être  prises,  mais  que  bientôt  elle  me 
parlera  ou  m'écrira  n,  ce  qu'elle  ne  fit  pas2. 

\  Catherine,  à  elle  seule,  incombe  donc  toute  la  responsabilité  de  la  Saint- 
Barthélémy. 

Dans  l'après-midi  du  22  août,  Charles  IX  prévient  tous  ses  ambassadeurs  à 
l'étranger  de  la  blessure  de  l'amiral  :  cr  Faites  part,  écrit-il  à  La  Mothe-Fénelon ,  à 
la  reine  d'Angleterre  de  la  délibération  où  je  suis  d'en  faire  si  grande  justice  que 
chacun  y  prendra  exemple  en  mon  royaume  et  de  faire  garder  entièrement  et 
inviolablement  mon  édit  de  pacification.  Je  ne  veux  oublier  de  vous  dire  que  ce 
méchant  acte  procède  de  l'inimitié  d'entre  la  maison  de  Châtillon  et  ceux  de 
Guise  cl  saurrai  bien  donner  ordre  qu'ils  ne  mesleront  rien  de  mes  sujets  en  leurs 
querelles3,  d  Et  dans  une  lettre  à  Schomberg,  son  envoyé  en  Allemagne:  cr  II  semble 
que  l'auteur  d'une  telle  et  si  exécrable  méchanceté  n'ait  autre  envie  que  d'essayer 

'  Theiner,  Continuation  des  annales  de  liaionius,  L  I,  p.  39,7.  —  s  Arch.  nat.,  collection  Simancas. 
K  i53o,  n"  19.  —  3  Corrcsj).  diplom.  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  VII ,  p.  3a  1. 


INTRODUCTION.  LxxU 

de  remettre  quelque  trouble  en  mon  royaume.  Si  nos  actions  passées  ont  donné 
aux  princes  de  la  Germanie  témoignage  de  ne  pas  douter  de  moi,  celles  qui  sui- 
vront ne  leur  donneront  occasion  de  me  voir  changer  de  l'opinion  qu'ils  peuvent 
en  avoir  conçue1,  n 

XI 

Prévenus,  à  onze  heures  du  malin,  de  l'attentat,  le  prévôt  des  marchands  et  les 
échevins,  pour  obvier  de  leur  côté  à  tout  désordre,  prescrivent  aux  capitaines  de  la 
milice  bourgeoise  de  se  rendre  en  armes  avec  leurs  hommes  à  l'Hôtel  de  ville, 
«en  toute  modestie  et  sans  émouvoir  personne  n  2.  La  fin  de  cette  journée  fut  donc 
calme  en  apparence;  mais  les  protestants  avaient  tout  à  redouter  de  ce  peuple  de 
la  grande  ville  qui  naguères  avait  fêté  la  défaite  de  Genlis  par  des  processions  et 
des  banquets 3. 

Le  samedi  matin  (a3  août),  les  ducs  de  Quise  et  d'Aumale  viennent  demander 
an  Roi  la  permission  de  s'absenter  momentanément  de  Paris  :  cr  Allez  où  bon  vous 
semblera  15,  leur  dit-il  rudement,  et  les  regardant  s'éloigner  :  «Je  saurai  bien  les 
retrouver,  s'ils  sont  coupables. n  C'était  une  feinte;  ils  prennent  bien  le  chemin 
delà  porte  Saint-Anloine,  mais  revenant  sur  leurs  pas  ils  s'enferment  dans  leur 
hôtel. 

Lorsqu'un  grand  événement  semble  comme  attendu,  il  y  a  sur  tous  les  visages 
une  préoccupation  visible  :  tel  était  ce  jour-là  l'aspect  de  Paris.  Inquiets  de  cette 
menaçante  agitation,  les  principaux  chefs  protestants  chargent  Cornaton  et  Téli- 
gny  de  demander  au  Roi  de  faire  garder  le  logis  de  l'amiral.  Le  duc  d'Anjou,  qui 
à  ce  moment-là  se  trouvait  au  Louvre,  désigne  Cosseins.  H  s'y  rend  tout  aussitôt 
avec  cinquante  arquebusiers. 

Ce  choix  n'était  pas  fait  pour  calmer  les  défiances  :  Cosseins  passait  pour 
l'ennemi  déclaré  de  l'amiral. 

Ambroise  Paré  répondait  de  la  vie  de  l'illustre  blessé;  l'enquête  criminelle 
était  poursuivie  parle  premier  président  de  Thou,  auquel  le  Roi  venait  d'adjoindre 
le  conseiller  Cavaignes,  l'ami  dévoué  de  l'amiral;  déjà  la  servante  et  le  valet  de 
M.  de  Villemur  avaient  été  interrogés,  M.  de  Chailly  arrêté,  ainsi  que  l'homme 

'  Dr  Ebeling,  Archivai.  Beilràge,  1872,  p.  2o5.        overlhrow,  spare  not  to  make  déclaration  of  their 
Arcb.  nal.,  Registres  de  l'Hôtel  de  ville.  joy  by  gênerai  processions,  banquets  and  tbe  like. 

The  citizens  o!  Paris,  underslanting  ofGeniis        (Calendar  0/ State  papers ,  1672,  p.  i53.) 


txu  INTRODUCTION. 

qui  avait  amené  le  cheval  sur  lequel  le  meurtrier  s'était  enfui;  enfin  il  avail  été 
reconnu  que  la  bête  était  sortie  des  écuries  du  duc  de  Guise.  L'on  était  donc  sur 
la  bonne  piste  et  il  y  avait  là  de  quoi  effrayer  Catherine.  La  veille,  à  son  souper. 
Pardaillan  lui  avait  adressé  des  paroles  menaçantes.  Perdre  une  minute,  c'était 
s'exposer  à  être  découverte1. 

Tavannes  dans  ses  Mémoires  a  bien  compris  et  bien  rendu  les  motifs  de  sa 
suprême  résolution  où  la  crainte  entra  pour  beaucoup  :  a  Si  elle  se  fût  parée  de 
l'arquebusade,  mal  aisément  elle  eût  achevé  ce  à  quoi  £événenient  l'a  contrainte^ 
Dissimulée  et  prudente  jusqu'à  la  fin,  pour  éviter  tout  soupçon,  elle  donne  ren- 
dez-vous dans  le  jardin  des  Tuileries  à  Nevers,  Gondi,  Birague,  ces  Italiens  dont 
elle  est  sûre,  et  à  Tavannes,  acquis  d'avance  à  toute  répression  violente.  Ne  lisons- 
nous  pas  dans  ses  Mémoires  «qu'il  est  plus  permis  à  un  Roi  d'entreprendre  sur 
ses  sujets  par  voie  extraordinaire  qu'à  eux  d'entreprendre  sur  lui3n. 

Pendant -que  ces  sinistres  personnages  tiennent  conseil  et  que  des  paroles  de 
sang  sont  déjà  dans  toutes  les  bouches,  l'espion  gagé  de  Catherine,  Bouchavannes, 
esl  introduit.  Ce  Judas  a  assisté  à  toutes  les  délibérations  qui  ont  été  prises  dans 
le  logis  de  l'amiral.  Caviana,  Petrucci,  ces  Florentins  dévoués  corps  et  âme  à  la 
Reine  mère,  parlent  d'un  complot  dont  ils  précisent  les  moyens  d'exécution, 
désignant  même  les  noms  de  ceux  qui  seront  chargés  de  frapper  et  ceux  de  leurs 
victimes.  Le  Vénitien  Michieli  fait  bien  également  allusion  aux  révélations  de  Bou- 
chavannes, qui  pour  rendre  le  complot  plus  odieux  prête  aux  conjurés  1  intention 
non  seulement  de  tuer  le  Roi,  ses  frères,  et  la  Reine  mère,  mais  de  frapper  aussi 
le  roi  de  Navarre. 

Mais  des  paroles  imprudentes,  des  menaces  que  l'indignation  du  premier 
moment  a  pu  arracher  aux  protestants,  il  y  a  loin  à  un  complot.  Moulue,  leur 
plus  inexorable  adversaire,  ne  les  en  accuse  pas  dans  ses  Commentaires  :  «La 
Reine,  nous  dit-il,  m'a  bien  annoncé  que  l'on  avoit  découvert  une  grande  conspi- 
ration contre  le  Roi  et  son  Etat ,  et  que  cela  avoit  été  la  cause  de  ce  qui  étoit  ad- 
venu; je  say  bien  ce  que  j'en  ai  creu  '.  n 

Tavannes,  l'un  des  acteurs  de  ce  terrible  drame,  les  décharge  lui-même  «de 
l'entreprise  à  eux  depuis  imputée  5i>.  Ce  sont  ses  propres  expressions. 

Vedendo  la  Rpgina  che  se  la  cosa  si  fosse  dif-  '  Panthéon  titt. ,  Mémoires  de  Tavannes,  p.  434. 

ferita  tricente,  portava  pericolo  di  scorprizzi  venne  Ibid. 

a  questo.  (Alberi,  Ilelaz.  di  Cavalli,  série  i",  t.  IV,  4  Monluc,  édit.  de  Ruble,  t.  III,  p.  îai. 

p.  3a8.)  Panthéon  litt..  Mémoires  de  Tavannes,  p.  436. 


INTRODUCTION.  txxxi 

Bossuet  n'y  croit  pas  davantage  :  «Rien  ne  parut  plus  vain,  plus  mal  fondé 
que  la  conspiration  dont  on  accusoit  l'amiral1. n 

Mais  ce  qui  est  plus  vraisemblable  et  ce  qu'a  pu  en  toute  vérité  répéter  Bou- 
chavannes,  c'est  que  le  jour  même,  au  logis  de  l'amiral,  l'on  avait  délibéré  si  l'on 
ne  l'emmènerait  pas  hors  de  Paris,  malgré  la  cour,  et  en  employant  la  force,  s'il 
le  fallait.  En  répondant  de  la  loyauté  du  Roi,  qu'outragerait  cette  marque  de 
défiance,  Téligny  et  Briquemault,  soutenus  par  le  prince  de  Condé  et  Henri 
de  Navarre,  s'y  étaient  opposés,  et  leur  avis  l'avait  emporté  sur  celui  .du  vidame 
de  Chartres,  qui  avait  persisté  dans  le  sien.  Mais  ce  qui  n'avait  pas  été  effectué  ce 
jour-là,  pouvait  l'être  le  lendemain,  et  Coligny  hors  de  Paris,  c'était  peut-être  la 
guerre  civile,  à  courte  échéance  et  dans  quelles  conditions  :  te  Les  protestants 
étaient  prêts  et  tout  armés  pour  la  guerre  des  Flandres  et  de  l'assentiment  du  Roi2,  n 

Catherine  bien  décidée  à  en  finir  cette  fois  avec  l'amiral,  ainsjLjju'elle  l'avait 
toujours  voulu,  n'avait  donc  pas  une  heure  à  perdre  :  a Puisque  la  blessure  de 
l'amiral  les  mettoit  à  la  guerre,  nous  dit  Tavannes,  elle  la  première  et  tous  après 
elle  furent  d'avis  qu'il  valoit  mieux  qu'on  livrât  bataille  dans  Paris3.  ^ 

Mais  l'on  ne  pouvait  rien  sans  le  Roi.  C'est  Gondi  qui  se  chargea  d'aller  le 
préparer  aux  terribles  révélations  que  Catherine  allait  lui  faire,  tandis  que  le  duc 
d'Anjou  accompagné  par  le  bâtard  d'Angoulème  irait  parcourir  les  rues  de  Paris 
et  juger  par  lui-même  de  l'altitude  du  peuple. 

C'est  dans  l'après-midi  de  ce  même  jour  que  se  tient  au  Louvre  et  dans  le 
cabinet  de  Charles  IX,  le  conseil  appelé  à  délibérer  sur  la  nécessité  de  la  Saint- 
Barthélémy.  Durant  près  de  deux  heures  Catherine  torture  son  fils;  elle  passionne, 
elle  irrite  son  humeur  si  naturellement  violente;  avec  un  art  infernal  elle  s'acharne 
à  provoquer  cet  accès  de  fureur  sur  lequel  elle  compte  pour  lui  arracher  Tordre 
de  massacre  que  de  sang-froid  il  eût  refusé. 

Tout  d'abord  elle  lui  représente  l'occasion  inespérée  qui  s'offre  à  lui  de  tirer 
vengeance  de  tous  ces  rebelles  qui  sont  venus  s'enfermer  dans  les  murs  de  Paris 
comme  dans  une  cage;  il  a  donc  enfin  le  moyen  de  se  laver  de  la  honte  de  ces 
traités  que  le  malheur  des  temps  lui  a  imposés  et  qu'en  aucun  cas  il  n'est  tenu 
d'observer;  puis  elle  cherche  à  lui  démontrer  la  perfidie,  l'astuce   séditieuse  em- 

'   Bossuet,  édit.  de  Bar,  t.  XII,  p.  485.  pâli.  (Alberi,  Relaz.  venez.,  Relut.  di  Cavalli,  i  "  se- 

1  Gia  stavano  arraati  e  pronti  per  rispetto  dell  rie.  t.  IV,  p.  3*37.) 
eose  di  Flandra,  risolse  la  Regina,  per  assicurarei  'Panthéon    littéraire,   Mémoires  dr   Tavannes, 

da  lanti  pericoli  di  far  l'uccisione  dei  capi  princi-  p.  /|38. 

CiTIIKMNE  DE    MÉD1CIS.  —  IV.  t 


tirniMtnit    \.itic^  m. 


lxxxi.  INTRODUCTION. 

ployée  par  l'amiral  pour  le  décider  à  la  guérie  des  Flandres  et  précipiter  la  ruine 
d'un  royaume  appauvri  et  écrasé  par  une  énorme  dette;  elle  lui  fait  entrevoir  le 
blàmr  qu'il  va  s'attirer  de  tous  les  princes  voisins  par  cette  déclaration  de  guerre' 
à  un  roi  son  allié,  son  proche  parent. 

Et  comme  il  ne  s'émeut  pas,  elle  lui  rappelle  les  meurtres  de  Charry,  djjjn;and 
François  de  Guise.  Celui  de  l'amiral  n'en  sera  que  la  juste  expiation. 

Et  comme  il  reste  toujours  impassible,  elle  le  menace,  ainsi  qu'elle  l'a  fait  plus 
d'une  fois,. de  se  retirer,  de  le  laisser  seul  aux  prises  avec  les  dangers  qui  le  me- 
nacent. 

Ce  moyen  est  usé,  et  pour  échapper  à  la  tentatrice,  il  invoque  son  honneur, 
ses  promesses,  ses  amitiés. 

C'est  là  où  elle  l'attend  :  ceux  qu'il  croit  ses  fidèles  sujets,  ses  dévoués  amis, 
ce  sont  des  traîtres;  ils  conspirent,  ils  en  veulent  à  sa  vie,  à  celle  de  ses  frères. 
L'heure  qui  sonne  à  ce  cadran,  sera  la  dernière  de  son  règne.  S'il  recule,  d'autres. 
à  sa  place,  joueront  le  jeu. 

Il  doute  encore,  il  ne  veut  pas  en  croire  sa  mère;  il  lui  faut  le  témoignage 
des  conseillers  qui  l'entourent. 

Tous  affirment  que  les  protestants  vraiment  conspirent.  Alors,  plus  il  a  mis  de 
confiance  en  eux,  plus  son  courroux  s'en  échauffe.  Il  y  a  en  lui  du  tigre,  et  la 
férocité  de  sa  nature  se  réveille.  En  i 565 ,  lorsqu'il  faillit  être  surpris  par  les 
chefs  protestants  à  Rosay,  l'enfant  avait  parlé  en  homme  :  a  Avec  plus  de  jure- 
ments qu'il  n'en  faudroitn,  nous  dit  un  contemporain,  il  s'était  écrié  :  ffL'on  ne 
me  donnera  plus  de  pareilles  alarmes;  j 'irai  jusques  dans  leurs  maisons  et  dedans 
le  lit  chercher  ceux  qui  me  les  baillent1  n. 

La  colère  de  Meaux  lui  revient  et  se  tournant  vers  sa  mère:  a  Vous  le  voulez,  eh 
bien,  qu'on  les  tue  tous,  qu'on  les  tue  tous!»  Et  il  se  retire,  l'écume  aux  lèvres, 
le  blasphème  à  la  bouche. 

Après  cette  brusque  sortie  du  Roi,  les  tuera-t-on  tous,  ainsi  qu'il  l'a  dit,  telle 
est  la  question  que  le  conseil  se  pose.  INevers  intercède  pour  Condé  son  beau- 
frère  et  rachète  sa  vie.  Catherine  ne  veut  pas  que  l'on  touche  à  Navarre.  Décapiter 
la  maison  de  Bourbon,  ce  serait  donner  trop  de  puissance  à  celle  de  Guise.  Morvil- 
liers  hasarde  bien  quelques  timides  conseils;  mais  les  hommes  faibles  cèdent  tou- 
jours aux  violents,  et  le  massacre  en  grand  est  décidé. 

Bibl.  nat.,  fonds  Français,  a"  3347. 


'• 


INTRODUCTION.  tixsm 

Après  deux  heures  de  repos,  la  colère  de  Charles  IX  ne  s'est  pas  refroidie: 
elle  a  fait  place  à  une  résolution  sombre.  Marcel,  l'ancien  prévôt  des  marchands, 
l'homme  d'exécution  qui  a  dans  sa  main  la  populace  de  Paris,  a  été  mandé  au 
Louvre  :  «De  combien  de  bras  pouvez-vous  disposer? i>  lui  demande  le  Roi. 

tt  Cela  dépend  du  temps,  n 

«  Eh  bien,  dans  un  moisi  n 

trDe  cent  mille  et  plus,  si  Votre  Majesté  le  veut. n 

«  Et  dans  une  semaine  ?  i> 

trEn  proportion  de  ce  nombre.  •» 

«  Et  dans  une  journée?  -n 

a  De  vingt  mille  au  moins,  j'en  réponds '.n 

Sur  les  plus  solennels  serments  un  secret  rigoureux  lui  est  prescrit.  11  trans- 
mettra aux  chefs  des  quartiers  les  ordres  du  Roi  :  «La  nuit  prochaine,  que  dans 
chaque  maison  un  homme  se  trouve  armé,  muni  d'une  torche,  et  le  bras  gauche 
entouré  d'une  écharpe  blanche:  qu'à  chaque  fenêtre  il  y  ait  un  flambeau.  La 
cloche  du  Palais  de  justice  donnera  le  signal.  n 

Après  Marcel,  le  prévôt  des  marchands  Le  Charron,  est  introduit  :  de  la 
bouche  du  Roi  il  apprend  la  conspiration  des  huguenots,  et  à  son  tour  il  lui  est 
enjoint  «de  se  saisir  de  toutes  les  clefs  des  portes  de  la  ville,  à  ee  que  nul  ne 
;uit  ni  y  entrer  ni  en  sortir,  de  retirer  tous  les  bateaux  de  la  Seine,  de  mettre 
en  armes  toute  la  milice  bourgeoise,  de  masser  l'artillerie  devant  l'Hôtel  de  ville 
pour  la  porter  où  besoin  serait,  enfin  d'attendre  les  derniers  ordres  qui  lui  seront 
transmis2,  n 

Mais  il  y  avait  plus  à  compter  encore  sur  Marcel  et  sur  ses  hommes  que  sur 
Le  Charron  et  la  milice  bourgeoise. 

A  l'heure  du  coucher  de  la  Reine  mère  sont  réunis  dans  sa  chambre  tous  ceux 
qui  sont  appelés  à  jouer  un  rôle  dans  la  sanglante  tragédie.  L'on  y  parle  à  voix 
basse;  l'on  échange  des  mots  mystérieux.  Marguerite  de  Valois,  la  mariée  d'hier, 
seule  n'est  pas  dans  le  secret  :  l'apercevant  assise  sur  un  coffre  et  se  tenant  à 
l'écart.  Catherine  lui  fait  signe  de  se  retirer  et  lorsque,  obéissant,  elle  vient  lui  faire 
sa  révérence,  la  retenant  par  le  bras  :  itN'y  allez  pas^-,  lui  dit  la  duchesse  de  Lor- 
raine, sa  sœur;  mais  sur  un  geste  plus  impérieux  de  cette  mère  dont  le  seul  regard 


1   Alberi,   Belaz.  dî  Michieli   et  di  Cavalli,    i'    série.    I.  IV,  p.  9987.    -     '    \ivli.   nul..   Registres  de 
Hôlel  de  ville. 


ixxxn  INTRODUCTION. 

la  fait  tre.ubler,  elle  sort  «• toute  transie,  toute  éperdue,  sans  pouvoir  s'imaginer 
ce  qu'elle  avait  à  craindre  '•». 

Dès  qu'elle  n'est  plus  là,  les  derniers  ordres  sont  donnés  :  c'est  le  duc  de  Guise 
mandé  au  Louvre  qui,  assisté  du  duc  d'Aumale  et  du  bâtard  d'Angoulême,  ira 
attaquer  le  logis  de  l'amiral. 

A  chacun  des  complices  l'on  désigne  un  huguenot  à  tuer;  puis  tous  se  rendent 
au  coucher  du  Roi.  Pour  la  dernière  t'ois  protestants  et  catholiques  se  coudoient 
dans  cette  même  chambre,  les  meurtriers  confondus  avec  leurs  victimes.  Lorsque 
La  Rochefoucault,  qu'entre  tous  il  affectionne,  vient  lui  dire  adieu,  Charles  IX 
est  pris  de  pitié  :  trNe  t'en  va  pas,  Foucault,  lui  dit-il,  tu  coucheras  avec  mes  valets 
de  chambre i>;  mais  il  s'y  refuse  et  s'éloigne.  Tous  partent  les  uns  après  les  autres, 
les  rideaux  du  lit  royal  sont  tirés,  et  pour  quelques  instants  le  silence  se  fait 
dans  le  Louvre. 

Catherine  se  relève  la  première  et  elle  va  chez  le  Roi  son  fds.  Lui  aussi  est  déjà 
debout.  Habituée  à  lire  dans  ses  yeux,  y  a-t-elle  entrevu  de  l'hésitation?  On  est 
tenté  de  le  croire;  car  de  sa  propre  autorité  elle  ordonne  que  le  signal  fixé  d'abord 
à  une  heure  avant  le  jour  soit  donné  sur-le-champ,  et  au  lieu  de  la  cloche  du 
Palais  de  justice,  elle  fait  sonner  le  tocsin  à  Saint-Germain-l'Auxerrois,  l'église 
la  plus  voisine. 

Ainsi  jusqu'à  la  dernière  minute  c'est  elle,  assistée  du  duc  d'Anjou,  qui  a  tout 
lait,  tout  ordonné.  Le  nonce  Salviati  l'affirme  dans  ses  dépêches2.  La  Saint-Bar- 
thélémy est  bien  sa  propre  vengeance,  c'est  bien  un  crime  politique,  le  crime  de 
la  peur.  La  religion  n'y  fut  pour  rien. ( Un  éminenl  ministre  protestant  en  attribue, 
ainsi  que  nous  l'avons  fait,  la  cause  décisive  à  la  jalousie  inquiète  que  Catherine 
et  le  duc  d'Anjou  avaient  conçue  de  l'amiral;  il  rappelle  que  Henri  IV  en  donna 
cette  explication  à  son  historiographe  Mathieu,  disant  la  tenir  de  Villeroy,  et  avec 
une  louable  impartialité  il  ajoute  :  «  C'est  à  tort  que  les  historiens  protestants  ont 
écarté  de  leurs  récils  tout  cet  ordre  de  faits,  ne  voulant  voir  qu'une  question 
religieuse  où  la  politique  eut  tant  de  part3. n 

Mais  une  part  de  la  responsabilité  du  massacre  de  la  Saint-Barthélémy,  et  c'est 
ici  le  lieu  de  le  dire,  revient,  à  bon  droit,  à  la    politique  égoïste  et  perfide 

1    Mémoires  de  Marguerite  de  Valois,   éilit.    de  '  Goquerel ,  Précis  de  l'histoire  de  l'église  réformée 

F,.  Lalaime,  p.  3i.  de  Paris ,  p.  84;  voir  Mathieu,  Histoire  de  Henri  IV, 

1  Tlieiner,  continuation  des  Annales  de  Baroniu.i,  t.  1",  p.  335. 
t.  I",p.33i. 


INTRODUCTION.  lxxx 

d'Elisabeth  et  de  ses  conseillers.  Ce  n'est  pas  nous  qui  l'en  accusons  à  la  légère, 
c'est  Walsingham,  l'illustre  homme  d'Etat.  N'est-ce  pas  lui  qui,  à  la  première 
nouvelle  du  rappel  des  Anglais  des  Flandres,  et  voulant  l'empêcher  à  tout  prix 
et  maintenir  l'action  commune  des  deux  nations,  avait  écrit  à  Burghley  :  «Je 
crains  qu'il  n'en  résulte  de  fâcheux  effets. n  N'est-ce  pas  lui  qui,  dans  une  lettre 
à  Leicester  et  du  même  jour,  ajoutait  :  «Vous  pouvez  juger  de  la  perplexité  de 
l'amiral,  qui  prévoit  les  malheurs  qui  arriveront,  à  moins  qu'il  ne  tombe  un 
secours  du  ciel1,  n 

Coligny  a  donc  payé  de  sa  vie  sa  confiance  dans  les  Anglais.  Bien  peu  de  jours 
avant  que  n'éclatât  la  conspiration  d'Amboise,  il  avait  écrit  à  François  II  :  «  Il  faul 
mettre  un  mors  à  la  bouche  de  la  reine  d'Angleterre i>;  mais  à  partir  du  jour,  où, 
en  pleine  guerre  civile  provoquée  par  lui,  il  lui  avait  livré  le  Havre,  en  échange 
d'un  maigre  subside,  qui  ne  lui  fut  remis  ni  en  entier  ni  en  temps  opportun, 
il  s'était  vis-à-vis  d'elle  à  jamais  lié  les  mains.  Dans  les  papiers  trouvés  après  sa 
mort,  éclairé  par  une  triste  expérience  sur  la  mauvaise  foi  des  Anglais,  il  con- 
seillait à  Charles  IX  de  s'en  défier  à  l'avenir,  comme  de  ses  plus  dangereux 
ennemis.  Pour  l'honneur  de  sa  mémoire  que  ce  repentir  tardif,  que  cette  pensée 
patriotique  lui  soient  comptés  :  on  va  le  tuer,  juste  à  l'heure  où  son  cœur  ne 
battait  plus  que  pour  la  France. 

XII 

Téligny  et  Guerchy  sont  restés  jusqu'à  minuit  dans  la  chambre  de  l'amiral,  qui 
s'est  mis  au  lit;  ils  y  ont  laissé  le  ministre  Merlin,  Ambroise  Paré  et  Nicolas  Muss, 
son  fidèle  serviteur.  La  première  partie  de  la  nuit  se  passe  calme  et  silencieuse. 
Entre  deux  ou  trois  heures  du  matin,  la  cloche  de  Saint-Germain-l'Auxerrois  se 
met  à  sonner  le  tocsin  à  toutes  volées;  et  dans  la  rue  un  bruit  de  pas  de  chevaux  se 
fait  entendre.  Guise  n'a  pas  perdu  de  temps.  Il  est  déjà  devant  l'hôtel  de  l'amiral. 
Sans  descendre  de  cheval,  il  échange  quelques  mots  avec  Cosseins  qui  l'attendait. 
Au  nom  du  Roi  qui  l'avait  soi-disant  chargé  d'un  message  pour  Coligny.  Cosseins 
demande  à  Labonne ,  qui  avait  la  garde  et  les  clefs  de  la  porte,  de  la  lui  ouvrir.  Sans 
défiance,  il  obéit  et  tout  aussitôt  il  est  poignardé.  Les  cavaliers  se  précipitent  dans 
la  cour,  et  tuent  l'un  des  cinq  Suisses  de  la  garde  du  roi  de  Navarre  qui,  cette  nuit- 
là,  étaient  de  service.  Les  autres  se  réfugient  dans  l'intérieur  de  l'hôtel  et  en  bar- 

'  Mémoires  ci  lettres  de  Walsingham. 


lhxti  INTRODUCTION. 

ricadent  la  porte.  Au  bruit  des  coups  de  l'eu,  l'amiral  s'est  levé  et  s'est  revêtu  de 
sa  robe  de  chambre.  Sur  sa  demande  le  ministre  Merlin  récite  des  prières.  A  ce  mo- 
ment entre  Cornatoii  :  rr  L'on  enfonce  la  porte  intérieure,  s'écrie-t-il ,  nous  sommes 
|  »frd  us.  r.  —  rr  1 1  y  a  longtemps  que  je  suis  préparé  à  la  mort,  répond  Coligny  d'une 
voix  calme.  Vous  autres,  mes  amis,  si  cela  est  encore  possible,  sauvez-vous.  Vous 
ne  sauriez  préserver  ma  vie.  Je  ne  veux  pas  que  vos  proches  me  reprochent  votre 
mort.  Je  recommande  mon  âme  à  la  miséricorde  de  Dieu.-» 

Ils  obéissent  à  regret;  et,  seul,  Nicolas  Muss  s'obstine  à  rester  avec  son  vicuv 
maître. 

La  porte  du  bas  a  cédé  :  les  Suisses  se  sont  l'ait  tuer  sur  les  marches  de  l'esca- 
lier, el  Besme  entre  le  premier  dans  la  chambre  de  l'amiral  dont  la  porte  a  été 
rompue;  derrière  lui  viennent  Sarlabos,  Attiu,  Tosiaghi,  Petrucci  et  les  trois 
Suisses  de  la  garde  du  Roi  dont  l'histoire  a  retenu  les  noms,  Martin  Koch.  Con- 
rad Burg,  de  Saint-Gall,  et  Léonard  Grassenfelder,  de  Glatis  '. 

A  l'aspect  de  ce  vieillard  à  cheveux  blancs,  ce  ce  Christ  des  guerres  civiles  i> ,  ainsi 
que  l'appelle  Michelet,  les  meurtriers  hésitent.  Cet  homme  impassible,  au  regard 
résigné,  leur  impose. 

rr  Es-tu  l'amiral?  11  dit  Besme  le  premier. 

rr  Oui,  jeune  homme,  tu  devrais  avoir  pitié  de  ma  vieillesse;  mais  tais  ce  que 
tu  voudras,  tu  ne  feras  pourtant  ma  vie  plus  brève.  •» 

La  brute  lui  plonge  son  épée  en  plein  corps,  et  la  retirant  lui  en  balafre  le  vi- 
sage. L'amiral  tombe,  les  bourreaux  le  frappent  à  coups  redoublés,  et  plus  d'un  se 
vantera  plus  tard  de  l'avoir  tué.  L'Italien  Tosinghi  se  saisit  de  sa  chaîne  d'or  et  s'en 
pare  comme  d'un  trophée. 

rr  Est-ce  l'a i t ? t»  criejïuise,  d'en  bas. 

crOuiïi,  répond  Besme,  ouvrant  la  fenêtre. 

rcEh  bien!  jette-nous-Ie.  •» 

\idé  de  Sarlabos,  Besme  soulève  le  corps.  L'amiral  respirait  encore;  sa  main 
défaillante  se  cramponne  convulsivement  au  rebord  de  la  fenêtre.  Vain  effort!  Le 
corps  tombe  lourdement  sur  le  pavé.  Descendu  de  cheval,  le  bâtard  d'Angon 
lême  étanche  avec  son  mouchoir  le  sang  qui  lui  dérobe  la  ligure. 

rr  C'est  bien  lui-n,  dit-il;  et  il  le  frappe  du  pied. 

Petrucci  coupe  la  tête  qu'il  va  porter  au  Louvre. 

1    Revue  historique  ,  numéro  de  juillet  1 879. 


INTRODUCTION.  lxx.wu 

tf  Aux  autres  maintenant  »,  s'exclame  le  bâtard  remonté  à  cheval;  et  Guise,  d'Au- 
male,  Tavannes,  du  Guast,  Nevers,  Coconas,  le  suivent  à  travers  les  rues  criant  : 
rcTuez,  tuez,  le  Roi  l'ordonne,  n 

Accourue  à  l'appel  sinistre  du  tocsin ,  la  bande  de  Marcel,  cette  populace  sortie 
des  repaires  de  Paris,  la  même  dans  tous  les  temps  quand  il  s'agit  de  piller  et 
de  tuer,  se  rue  dans  la  cour  où  a  été  laissé  le  corps  de  l'amiral  ;  à  son  tour  elle  le 
piétine,  l'insulte,  puis  le  promène  triomphalement,  et  lorsqu'elle  est  lasse  d'in- 
jures ,  elle  va  l'attacher  au  gibet  de  Montfaucon. 

L'amiral  avait  prévu  qu'il  en  serait  ainsi  :  r J'aime  mieux,  répétons-le  ici, 
que  mon  corps  soit  traîné  dans  les  ruisseaux  de  Paris,  que  de  recommencer  la 
guerre  civile-_a._  tf*£ ****** 

Alors,  suivant  l'effroyable  expression  de  Tavannes,  cria  mort  et  le  sang  cou- 
rent les  ruesn.  Téligny  est  tué  d'un  coup  d'arquebuse  sur  le  toit  où  il  s'est  réfu- 
gié, La  Rocheibucault  dans  son  hôtel  par  des  hommes  masqués  dont  le  frère  de 
Chicot  est  le  chef;  tout  souriant,  il  avait  cru  un  instant  à  l'une  de  ces  plaisan- 
teries dont  le  Roi  était  coutumier.  Gaumont  La  Force  et  son  fils  aîné  sont  massacrés 
par  les  gens  du  duc  d'Anjou.  Son  fils  cadet  tenu  pour  mort  est  miraculeusement 
sauvé.  Le  marquis  de  Resnel  arraché  par  son  cousin  Bussy  d'Amboise,  avec  le- 
quel il  plaidait,  des  mains  des  soldats  qui  le  traînaient  à  la  Seine,  est  tué  par  hu 
d'un  coup  de  pistolet.  Nommons  encore  Groslot  le  bailli  d'Orléans,  désigné  nomi- 
nativement par  le  Roi  aux  massacreurs,  Lavardin,  le  vieux  Rrion  frappé  dans 
les  bras  de  son  élève  le  marquis  de  Conti,  Francourt,  l'ami  de  Jeanne  d'Albrel. 

Seul  Guerchy  défendit  courageusement  sa  vie.  L'illustre  Ramus,  l'historien 
Laplace  seront  les  victimes  du  lendemain. 

Tous  ces  gentilshommes  venus  sans  défiance  au  palais,  qui  ont  passé  la  nuit  dans 
la  chambre  du  roi  de  Navarre  et  que  Marguerite  dans  ses  Mémoires  nous  dit  y 
avoir  vus,  Pardaillan,  Piles,  Reauvais,  le  vieux  précepteur  du  Roi  son  mari,  au 
matin,  chassés  impitoyablement  du  Louvre,  et  en  passant  à  travers  la  double  haie 
des  Suisses,  sont  égorgés. 

Accouru  l'un  des  premiers  au  Louvre,  l'envoyé  de  Mantoue  écrivait  le  joui 
même  au  duc  son  maître  :  ce  J'ai  vu  devant  le  palais  plus  d'une  douzaine  des  prin- 
cipaux chefs  prolestants  ou  morts  ou  achevant  de  mourir  l.v 


Fu  veduto  inanzi  ail'  allogiamento  del  eu  almero  una  docina  de  principali   inorti  e  eue  finivano  di 
niorire.  (Arch.  de  Modène).  Voir  notre  livre  Le  xn'  siècle  et  les  Valois,  p.  3a  1  et  suiv. 


lixvviii  INTRODUCTION. 

Dans  cette  nuit  sanglante  les  femmes  de  la  cour  sont  aussi  cruelles  que  les 
hommes;  elles  vont  impudiquement  repaître  leurs  yeux  de  la  vue  de  ces  cadavres, 
restés  nus  sur  le  sol.  Pour  l'honneur  de  leur  sexe,  deux  seules  se  montrent 
pitoyables,  Marguerite  de  Valois  et  la  douce  Elisabeth  d'Autriche,  femme  de 
Charles  IX. 

Marguerite,  toute  couverte  de  sang  par  M.  de  Leran,qui,  poursuivi  par  les  meur- 
triers, s'était  réfugié  dans  son  alcôve  et  s'était  fait  un  rempart  de  son  corps,  obtient 
sa  vie  de  M.  de  Nançay,  le  capitaine  des  gardes;  elle  sauve  également  Miossens,  le 
premier  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi  son  mari  '. 

Elisabeth  est  non  moins  digne  d'éloges  :  «Elle  s'était  allée  coucher  de  bonne 
heure  la  veille  de  la  Saint-Barthélémy,  nous  dit  Brantôme;  ne  s' étant  éveillée 
qu'au  matin,  on  lui  dit  à  son  réveil  le  beau  mystère  qui  se  jouoit.  Hélas  !  dit- 
elle  soudain,  le  Roy  mon  rnary  le  sçait-il  "'  —  Oui,  Madame,  répondit-on,  c'est 
luv-mème  qui  le  fait  faire.  —  0  mon  Dieu  !  s'écria-t-elle,  qu'est  cecy?  et  quels  con- 
seillers sont  ceux  qui  luy  ont  donné  tel  advis?  Mou  Dieu!  je  le  supplie  et  fe  re- 
quiers de  luy  vouloir  pardonner,  car,  si  tu  n'en  as  pas  pitié,  j'ay  grand  peur  que 
cette  offense  ne  luy  soit  pas  pardonnée;  et  soudain  demanda  ses  heures  et  se  mit 
en  oraison  et  à  prier  Dieu,  la  larme  à  l'œil2,  -n 

Bon  nombre  des  chefs  protestants  et  des  principaux,  Moiilgomery,  le  vida  me 
de  Chartres,  Geoffroy  de  Caumont,  logeaient  au  faubourg  Saint-Germain.  Si  c'était 
par  défiance,  ce  fut  leur  salut.  En  partant  du  Louvre,  pour  gagner  le  Pré  aux 
Clercs,  il  fallait  en  remontant  suivre  la  rive  droite  de  la  Seine  jusqu'au  Chàtelel, 
puis  traverser  successivement  le  pont  aux  Meuniers,  la  Cité,  le  pont  Saint-Mi- 
chel, et  redescendre  le  long  de  la  rive  gauche  du  fleuve  jusqu'à  la  tour  de  Nesles3. 
A  la  pointe  du  jour,  réveillé  par  le  bruit  des  cloches  et  la  fusillade,  Montgo- 
mery  se  lève  et  monte  à  cheval,  se  demandant  d'où  provient  ce  tumulte.  Son  in- 
certitude n'est  pas  longue:  tout  au  lointain,  il  voit  venir  à  fond  de  train  de  nom- 
breux cavaliers:  ce  sont  Guise,  d'Aumale,  le  bâtard  d'Angoulèine,  et  c'est  bien  à 
lui  qu'ils  en  veulent.  L'amiral  mort,  il  est  le  seul  chef  redoutable  des  huguenots. 
Sans  hésiter,  il  prend  la  fuite,  se  fiant  à  la  vitesse  de  son  cheval.  La  poursuite 
est  longue,  acharnée.  Ce  n'est  qu'à  Montfort-l'Amaury  que,  désespérant  de  l'at- 
teindre, ces  chasseurs  d'homme  rebroussent  chemin. 

L'un  de  ceux  qui  comme  lui  eurent  l'heureuse  fortune  d'échapper  aux  meur- 

'  Mémoires  de  Marguerite,  élit,  de  L.  Lalanne,  p.  33,  54.  —  !  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne,  l.  X, 
p.  3g8.  —  '   Voir  Léon  Mai  tel,  Montgomery.  Paris,  Picard,  1890. 


INTRODUCTION.  lxxxix 

Iriers,  Geoffroy  de  Gaumont,  une  fois  liors  de  Paris,  et  en  sûreté  dans 
sa  province,  écrivit,  de  Castelnau,  le  i3  septembre,  trois  lettres  à  Catherine,  à 
Charles  IX  et  au  duc  d'Anjou.  Elles  jettent  un  nouveau  jour  sur  ce  qui  se  passa, 
cette  nuit-là,  au  Pré  aux  Clercs.  Nous  citerons,  et  en  entier,  celle  qui  est  adressée 
à  Catherine. 

a  Madame,  estant  arrivé  cheux  moy  aveques  deux  de  mes  gens  seulement,  et 
assés  indisposé,  j'ay  estimé  debvoir  advertir  Vos  Magestés  que  l'esmotion  survenue 
à  Parys  nie  contraygnit  partir  sans  avoir  cest  honneur  de  pouvoir  bayser  très  hum- 
hlement  les  mayns  de  Vos  Majestés  et  entendre  les  commandements  qu'il  leur 
playroit  me  fayre,  combien  que  sans  l'esmotion  populayre  je  ne  fusse  party,  ne 
sachant  en  ma  conscience  chose  quy  jainays  aye  donné  ocasion  à  personne  que 
de  me  byen  vouloyr.  Toutesfoys,  voyant  le  trouble  sy  grand  et  un  nombre  de  gens 
armés  venir  de  l'urye  au  cartyer  du  faulxbourg  S1  Germayn,  où  je  logeois,  je  prins 
party  aveques  un  merveilleux  regret  de  monter  à  cheval  et  me  mètre  hors  ledict 
fauxbourg,  atandant  sy  je  pourrois  descouvrir  que  ce  pouvoit  estre,  ce  que  je  fis, 
suivy  de  quatre  ou  cinq  des  miens,  sans  aultres  armes  que  nos  propoyns  et  nos 
espées.  Estant  dehors  je  vy  plusieurs  gentilshommes  les  uns  après  les  aultres  à 
cheval  fort  effrayés  parmy  lesquels  je  cherchay  sy  je  pourrois  apercepvoir  mon 
frère  et  ses  enfantz,  quy  estoint  logés  tous  au  devant  du  derrière  de  mon  logis  et, 
ne  les  trouvant  poinct,  m'en  retornay  vers  ledit  faulxbourg  pour  essayer  d'en  retirer 
mon  frère  et  sesdicts  enfants  malades  et  fort  jeunes;  mays  je  trouvay  ledit  faulx- 
bourg saysy  de  toutes  partz  et  l'endroict  dudict  logis  tout  playn  d'harquebouziers, 
sans  voyr  moyen  ny  aparance  d'en  pouvoir  aprocher,  quy  fust  cause  que  je  m'en 
retornay  marry  et  à  merveille  estonné.  En  l'instant  s'entend  un  grand  bruit  et 
effray  parmy  ceulx  qui  estoint  sortis,  comme  dict  est,  quy  crioynt  :  a  Serrons-nous  et 
gagnoyns  pays  n ,  ce  que  de  mon  costé  je  fus  forcé  fayre  pour  un  nombre  de  cavalerye 
qui  ce  descouvroit  et  quy  fist  une  charge  dans  laquelle  je  perdis  de  mes  gens;  et  de 
là  on  commença  d'avanser  le  pas  à  bon  client,  et  moy,  ne  cognoyscnt  le  pays  qu'ils 
prenoynt,  ne  volus  tenir  ceste  route,  ayns  tornay  vers  le  chemin  de  Chartres;  et 
entendent  ceste  esinotion  durer  dedens  Parys,  rentra y  en  double  qu'ons  en  feroit 
ailleurs  de  mesmes  et  qu'en  l'équipage  où  j'estois  malaysément  je  m'en  pourrois 
saulver,  quy  me  fist  résouldre  de  gagner  ma  maison  pour  incontinent  après  mon 
arrivée  en  informer  Vos  Majestés  et  les  tenir  certaynes  de  mon  immuable  fidélité 
et  affection  à  la  grandeur  d'icelles  en  laquelle  je  suis  certayn  qu'aultre  ne  m'a 
oncques  passé,  ny  ne  pourroitàl'advenir,  et  selon  laquelle.  Madame,  je  les  suplye 

Cathkqi.ne  nu  Médicis.  —  iv.  •  i. 


llIt'IMMLniE     XAIIOSALC. 


xc  INTRODUCTION 

très  humblement  me  vouloir  faire  trayclement  et  selon  la  cogooyscerice  que  ci-de- 
vant en  avés  pu  avoir  et  le  contentement  qu'il  vous  a  plu  me  dire  en  avoyr  rep- 
ceu;  car  sy  par  un  tel  événement  et  porsuite,  on  pouvoil  soupsonner  le  movns  du 
monde  que  Vos  Magestés  tinssent  une  tant  soit  petite  ombre  de  malcontentement 
de  moy  je  ne  pourroys  vivre  ny  ne  vouldroys. 

«A  ceste  cause,  Madame,  ainsi  que  votre  bonté  m'a  tousjours  esté  favo- 
rable, qu'il  playse  à  Vos  Majestés  que  je  demeure  en  l'assurance  et  honneur  de  vos 
bonnes  grâces,  et  le  faire  cpgnoystre  par  sv  bons  tesmoygnages  qu'on  n'en  puisse 
doubter1.  r 

Dans  cette  lettre,  Gaumont  ne  dit  pas  qu'il  ait  vu  Charles  IX  tirer  du  Louvre 
et  de  la  fenêtre  de  sa  chambre  sur  ses  sujets @K  Le  Toesin  contre  les  massacreurs. 


ce  pamphlet  calviniste,  n'en  parle  pas.  Tout  au  contraire  Brantôme,  d'Aubigné, 
Goulard,  dans  \  Estai  de  la  France  sous  Charles  IX,  Barnand  dans  le  Réveille-matin 
l'affirment.  Tout  récemment,  feu  M.  Bordier  a  reproduit  le  tableau  du  massacre 
l'ail  par  un  contemporain,  Dubois,  réfugié  en  Suisse  après  la  Saint-Barthélémy. 
A  l'une  des  fenêtres  du  Louvre  un  personnage  braque  une  longue  arquebuse  sur 
le  faubourg  Saint-Germain. 

Est-ce  Charles  IX? 

Dans  son  état  de  crise  furieuse,  affolé,  grisé  par  la  tuerie,  il  est  admissible 
que  le  chasseur  déloyal  (d'Aubigné  l'apostrophe  ainsi)  ait  tiré  sur  les  fuyards,  qu'à 
cette  distance  il  ne  pouvait  atteindre;  mais,  ainsi  que  l'a  observé,  avec  justesse, 
l'historien  protestant  Soldan,  «cela  n'est  ni  prouvé,  ni  suffisamment  réfuter. 

Le  massacre  commencé,  le  Boi  fit  appeler  Henri  de  Navarre  et  le  prince  de 
Condé  :  rtMon  frère  et  mon  cousin,  leur  dit-il,  ne  vous  effrayez  pas  et  ne  vous 
affligez  pas  de  ce  que  vous  entendrez;  si  je  vous  ai  mandés,  c'est  pour  votre  propre 
sûreté3.  « 

\  quelques  jours  de  là,  il  n'en  fut  pas  de  même  :  rcLe  prince  de  Condé,  écrit 
le  a8  aoùl  l'envoyé  de  Manloue,  n'ayant  pas  voulu  s'humilier,  et  ayant  osé 
dire  qu'il  y  avait  cinq  cents  gentilshommes  prêts  à  venger  cette  lamentable 
exécution,  pris  de  colère,  le  Boi  le  menaça  de  son  poignard,  et  se  tournant  vers 

'  Bibl.  nat.,  fonds  Français,  n°  i5553,  f'  199.  M.  Berty,  p.  119;  t. VII,  p.  182;  l.  \.  |>.   433: 

•  Elle  était  siluee  dans  le  pavillon  sud-ouest  du  Bernard ,  Procès-verbaux  des  Etats  de  t5gS,  p.  368  . 

Louvre.  Voir  Bordier,  Peinture  de  la  Saint-Barthé-  dans  la  collection  des  Documents  inédits. 
lemy,  Genève,  1  858;  Bulletin  de  la  Société  de  l'His-  3  La  strage  di  San  Bartholomeo,  Dépêches  des 

taire  du  Protestantisme ,  t.  V,  33a  ;  (.  VI,  article  de  ambassadeurs  vénitiens,  appendice,  p.  84. 


INTRODUCTION.  ici 

•Je  roi  de  Navarre  :  r.  Quant  à  vous,  montrez  bonne  volonté,  et  je  vous  ferai  bonne 
chère1.  » 

a  Le  sang  étanché,  a  dit  Tavannes  dans  ses  Mémoires,  le  sac  commença;  Paris 
sembla  une  ville  conquise",  et  il  n'exagère  pas  :  «J'ai  vu  de  mes  yeux,  ajoute  l'en- 
voyé dé  Mantoue,  des  soldats  de  la  garde  du  Roi  emmener  des  chevaux,  emporter 
de  l'argent  et  des  objets  précieux  -.  - 

Les  échevins  s'en  émurent.  Pour  beaucoup,  piller  c'est  plus  que  tuer,  s  Sur 
les  il  heures  du  matin,  ils  vinrent  trouver  le  Roy  et  lui  représentèrent  que 
des  princes  et  seigneurs  de  sa  cour,  tant  gentilshommes,  archers,  soldats  de  sa 
garde,  que  toutes  sortes  de  gens  et  peuples  meslés  parmi  et  sous  leur  ombre,  pil- 
loient  et  saccageoient  plusieurs  maisons  e(  tuoient  plusieurs  personnes  par  les 
rues 3.  d 

L'accès  de  colère  de  Charles  IX  avait  lait  place  à  la  stupeur;  il  commanda  aux 
échevins  et  au  prévôt  des  marchands  de  monter  à  cheval,  de  se  faire  accom- 
pagner de  toute  la  milice  de  la  ville  et  de  faire  cesser  les  meurtres,  les  pilleries, 
saccagemenls  et  sédition,  et  d'y  avoir  l'œil  jour  et  nuit  '. 

On  eut  beau  proclamer  à  son  de  trompe  et  par  tous  les  carrefours  et  lieux  pu- 
blics cette  défense,  le  massacre  n'en  continua  pas  moins.  Une  fois  que  le  peuple 
a  pris  goût  au  sang,  et  qu'il  a  les  armes  dans  les  mains,  il  est  malaisé  de  les  lui 
arracher.  «Tous  les  soirs,  écrit  l'ambassadeur  Saint-Paul  au  duc  de  Savoie  son 
mailre,  l'on  tue  et  puis  l'on  jette  dans  la  Seine  des  huguenots  qui  étaient  partie 
cachés  dans  les  maisons,  et  partie  dans  les  prisons5,  n 


XIII 

Dans  les  lettres  adressées,  le  2/1  ao.ùt,  à  ses  ambassadeurs  et  aux  gouverneurs 
des  provinces,  Charles  IX  fait  uniquement  allusion  à  la  lutte  engagée  dans  les 
rues  de  Paris  entre  les  deux  maisons  rivales  de  Guise  et  de  Chàtillon,  querelle 
particulière ,   et  menée  avec   une  telle  furie   qu'il  n'a  pu  y  porter  remède,  et 

'  Archives  de  Modène  (lettre  inédite).  Tavannes  a  Archives  de  Modène. 

le  confirme  en  ces  termes  :  <■  Le  Roi  menace  le  priuce  Arch.  nat. ,  Registres  de  la  ville;  Cimber  el 

de  Gond é  qui  ne  se  pouvôit  feindre.-  [Mémoires  Danjou,  Archives  curieuses ,  t.  VII,  p.  217. 
de     Tavannes,     édition    du     Panthéon    littéraire,  '   Ibid,  p.  219. 

p.  435.)  ■  Archives  de  Turin. 


xc.i  INTRODUCTION. 

qu'enfermé  au  Louvre  il  s'y  est  fait  garder  «pour  après  donner  ordre  par  toute 
In  ville  en  l'apaisement  de  la  sédition,  à  cette  heure,  grâces  à  Dieu,  amortie  n1. 

Cette  première  version  officielle  de  la  Saint-Barthélémy  est  reproduite  dans 
une  lettre  du  duc  d'Anjou  à  M.  de  Matignon,  gouverneur  de  la  Normandie  : 
tr  Vous  verrez  par  les  lettres  du  Roy  mon  frère  ce  qui  s'est  passé  cette  nuit  entre 
ceux  de  la  maison  de  Guise  et  les  gentilshommes  et  amis  de  mon  cousin  l'admirai 
de  Chatillon ,  à  mon  très  grand  regret,  et  comme  l'intention  du  Roy  est  de  ne  rien 
altérer  à  son  édit  de  pacification  '--r. 

Le  26  août,  le  Roi  écrit  à  La  Mothe-Fénelon,  son  ambassadeur  en  Angleterre  : 
<?Je  vous  fis  hier  une  dépêche  de  l'émotion  qui  advint,  dès  le  matin,  qui  continua 
hier  et  qui  véritablement,  à  mon  très  grand  regret,  n'est  encore  apaisée;  mais 
pour  ce  que  l'on  a  commencé  à  découvrir  la  conspiration  que  ceux  de  la  religion 
prétendue  réformée  avoient  faite  contre  moy-même,  ma  mère  et  mes  frères,  vous 
ne  parlerez  point  des  particularités  de  cette  émotion  et  de  l'occasion,  jusqu'à  ce 
que  vous  ayez  plus  amplement  et  certainement  de  nos  nouvelles  3.  v 

Mais  dans  la  soirée  du  2 5  août,  le  duc  de  Guise,  à  son  retour  de  la  poursuite 
de  Montgomery,  ayant  refusé  d'assumer  à  lui  seul  la  responsabilité  de  la  Saint- 
Barthélemy,  Charles  IX  se  voit  contraint  de  tenir  le  2 G  un  lit  de  justice  et  en 
plein  Parlement,  après  avoir  exposé  comment  le  fait  de  Coligny  avait  eu  lieu, 
il  déclare  que  tout  ce  que  M.  de  Guise  a  fait  l'a  été  par  son  commandement  et 
non  pour  cause  de  religion,  et  il  met  la  haute  cour  en  demeure  de  faire  le  procès 
aux  complices  de  l'amiral. 

Dans  sa  réponse  le  premier  président  M.  de  Thou  ne  trouve  rien  de  mieux 
pour  faire  l'éloge  du  Roi  que  de  rappeler  ce  mot  attribué  à  Louis  XI  :  crQui  ne 
sait  pas  dissimuler,  ne  sait  pas  régner4,  n  L'avocat  général  Pihrac,  se  levant  à  son 
tour,  demande  à  Charles  IX  s'il  ne  trouverait  pas  à  propos  que  l'on  inscrivit  sa 
déclaration  sur  les  registres  du  Parlement,  et  que  l'on  fit  cesser  les  meurtres  et 
le  pillage.  Le  Roi  consent  à  cette  insertion  cl  commande  sur-le-champ  que  l'on 
proclame  dans  tous  les  carrefours  la  défense  de  tuer  et  de  piller. 

Le  27  août,  le  Roi  envoie  dans  les  provinces  de  nouvelles  lettres.  Les  Mémoires 
de  l' Estai  de  la  France  nous  donnent  celle  qui  fut  adressée  aux  officiers  de  Bourges. 
Dans  le  fonds  français  de  la  Bibliothèque  nationale  se  trouve  la  minute  originale  de 

'   Voiries  Mémoires  de  l'Est tt  de  la  France,  1.1,  '  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fé- 

p.  996.  uelon,  1.  VU,  p.  .'Ï25. 

!  Bibl.  nat..  fonds  français,  n°  3ig3,  f  7.I  '  De  Tliou,  Uist.  univers.,  trad.,  t.  VI. 


INTRODUCTION.  xoni 

celle  qui  fut  envoyée  au  vicomte  de  Orthe;  elle  mérite  d'être  reproduite  :  «Je 
vous  prie  donner  ordre  à  la  seureté  de  la  ville  de  Bayonne,  et  qu'en  icelle  ne 
s'esleve  aucune  esmotion  entre  les  habitans  ny  se  commette  aucuns  massacres 
entre  eulx,  ainsy  qu'il  est  à  craindre  sur  ceste  nouvelle,  et  combien  qu'il  n'y  avt 
rien  en  ce  faict  de  la  rupture  de  l'édit  de  pacification,  néantmoins  il  est  à  craindre 
que  aucuns,  se  couvrant  de  ce  prétexte,  ne  veuilent  exécuter  leurs  vengeances, 
de  quoy  j'auroys  ung  incroyable  regret,  vous  priant,  à  ceste  cause,  faire  publyer 
et  entendre  par  tous  les  lieux  et  endroicls  de  vostre  charge  qu'on  y  demeure  en 
repos  et  seureté  sans  prendre  les  armes  ny  s'offenser  l'un  l'aultre,  sous  peyne  de 
la  vie'.n 

Le  28  août,  jour  où  toute  la  cour  assiste  à  une  procession  solennelle,  à  l'ex- 
ception toutefois  du  roi  de  Navarre  et  du  prince  de  Condé  qui  résistent  encore, 
le  premier  aux  caresses,  le  second  aux  menaces  de  Charles  IX,  paraît  une  déclara- 
tion royale  sur  la  cause  et  l'occasion  de  la  mort  de  l'amiral  et  de  ses  complices  : 
a  Charles  IX  promet  toute  sûreté,  toute  liberté  aux  protestants-»,  mais  provisoire- 
ment pour  obvier  aux  troubles  et  scandales,  il  interdit  toutes  assemblées  quel- 
conques sous  peine  de  la  vie  et  confiscation  des  biens;  il  ordonne  de  relâcher 
ceux  qui  seraient  encore  dans  les  prisons,  exceptant  toutefois  ceux  qui  auraient 
eu  des  commandements,  pratiqué  des  menées  et  seraient  imputés  complices  de  la 
récente  conspiration. 

Le  3o  août,  le  Boi,  variant  de  nouveau,  révoque  tous  les  ordres  verbaux  qu'il  a 
donnés,  et  dans  ces  termes  :  ce  Quelque  commandement  que  nous  ayons  pu  faire 
à  ceux  que  nous  avons  envoyés,  lorsque  nous  avions  juste  cause  de  craindre 
quelque  sinistre  événement,  nous  avons  révoqué  et  nous  révoquons  tout  cela,  ne 
voulant  pas  que  par  vous  ou  autres  en  soit  aucune  chose  exécutée2.!: 

Ce  retour  à  la  pitié,  le  légat  Salviali  l'explique  par  la  crainte  qu'inspirait 
l'Allemagne  protestante,  et  Tavannes,  dans  ses  Mémoires,  par  des  sentiments  plus 
humains,  et  Le  coup  fini,  le  péril  passé,  le  sang  répandu  blesse  les  consciences3.-^ 

Mais  qu'elle  fut  de  courte  durée  cette  apparence  de  clémence  :  le  3 1  août 
Charles  IX  écrit  à  Mondoucet,  son  envoyé  à  Bruxelles  :  «Le  duc  d'Albe  a  dans 
ses  mains  plusieurs  de  mes  sujets  rebelles  et  le  moyen  de  prendre  Mons  et  chas- 

Bibl.   nul.,  fonds  français.  n°  i5555,  f"    '1 1  et  </<>  Mandelot,  p.   5i;  lettres  de  Charles  IX   h 

(  minute  orig.).  Matignon  du  même  jour  (Bibl.  nal. ,  fonds  français. 

5  Voir  Mémoires  de  VEslat  de  lu  France,  t.  I,  n°  3a54,  u°  7028  et  n'  3a56,  f°  54). 
p.  3ig;  Paulin  Paris,  Correspondance  de  Charles IX  3  Mémoires  de  Tavannes. 


xav  INTRODUCTION. 

lier  ceulx  qui  sont  dedans;  s'il  fait  le  contraire,  j'auray  très  grande  cause  de 
me  plaindre  de  luy  et  de  l'accuser  de  tout  le  mal  qui  en  succédera.  S'il  vous 
répond  que  c'est  tacitement,  le  requérir  de  faire  mourir  lesdits  prisonniers  et 
faire  tailler  en  pièces  ceulx  de  Mous,  vous  luy  direz  que  c'est  ce  qu'il  doibt  faire  '.  n 

Le  8  septembre  suivant,  il  prescrit  de  nouveau  à  Mondoucet  de  bien  faire  en- 
tendre au  duc  qu'il  ne  mécontentera  personne  en  France,  s'il  fait  mourir  les  pri- 
sonniers qu'il  a  en  ses  mains  et  les  défenseurs  de  Mons-. 

Il  justifie  ainsi  lui-même  la  parole  qu'on  lui  attribue  :  tr  Qu'il  n'en  reste  pas  un 
seul  qui  puisse  me  reprocher  leur  mort,  n 

Hier  encore  il  souriait  à  la  vie,  il  rêvait  la  guerre,  il  rêvait  la  gloire;  aujour- 
d'hui, son  front  s'est  asssombri;  quand  on  lui  parle,  nous  dit  le  Vénitien  Michieli, 
il  ne  regarde  plus  en  face,  il  baisse  la  tète,  et  s'il  relève  les  yeux,  il  semble  ne 
le  faire  qu'avec  peine;  après  avoir  regardé  un  instant  celui  auquel  il  s'adresse,  il 
les  abaisse  tout  aussitôt3. 

Quel  contraste  effrayant!  Cette  mère  qui  a  provoqué,  surexcité  dans  son  fils 
cette  furie  sanguinaire  non  encore  assouvie,  les  mains  rouges  de  sang,  est  restée 
i  en  pleine  possession  d'elle-même. 

L'ironie  aux  lèvres  :  «Suis-je  aussi  mauvaise  chrétienne,  dit-elle  à  Gomicourt, 
venu  pour  prendre  congé  d'elle,  que  le  prétendait  don  Francès  de  Alava?  Re- 
tournez vers  votre  maître,  racontez-lui  ce  que  vous  avez  vu,  dites-lui  ce  que  vous 
avez  entendu  :  les  aveugles  voient,  les  boiteux  marchent,  et  n'oubliez  pas  d'ajouter  : 
Beatus  qui  nonfuerit  in  me  scanda  hsatus  ! 5  n 

Elle  est  plus  laconique  en  s'adressant  à  l'ambassadeur  de  Toscane  :  ail  valait 
mieux  que  cela  tombât  sur  eux  que  sur  nous.  Je  ne  m'en  suis  ouverte  à  personne 5  -n  ; 
et  à  d'Elbène  l'envoyé  du  duc  de  Savoie  :  «Ce  qui  a  été  fait  était  plus  que  néces- 
saire. Votre  duc  n'a  pas  à  regretter  l'amiral  qui  ne  l'aimait  guère0. n 

En  faisant  part  à  son  maître  de  ce  dernier  entretien,  d'Elbène  nous  peint  bien 
Catherine  au  lendemain  de  la  Saint-Barthélémy  :  «Elle  a  rajeuni  de  dix  ans,  et 
me  fait  l'effet  d'une  personne  qui  sortirait  d'une  grave  maladie,  ou  qui  viendrait 
d'échapper  à  un  grand  danger7. 11 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  16127,  p.  194.  5  Desjardins,  Négociai,  diplom.  avec  la  Toscane, 

1  Ibii.  (.  III,  p.  828. 

1  Alberi,  Relaz.  di  Michieli,  1"  série,  t.  IV.  6  Archives  de  Turin.  Voir  notre  livre,  Le  xri' siècle 

4  Gacliard.  Relation  trouver  à  Mous  et  publiée  en  et  les  Valois.  (Pion,  1  86t). )  ' 
;  S  5  2  dans  les  Bulletins  de  /'.  I  ead.  royale  de  Belgique.  '   Ibid. 


INTRODUCTION.  xcv 

Dès  le  2  5  août,  les  ambassadeurs  vénitiens  avaient  écrit  :  te  Le  Roi  a  expédié 
dans  la  nuit  des  courriers  à  Orléans  et  autres  villes,  afin  que  l'on  fît  de  même 
qua  Paris  et  il  a  envoyé  à  Chàtillon-sur-Loing  se  saisir  des  enfants  de  l'amiral,  n 

De  son  côté,  le  légat  Salviati  a  écrit  le  28  août  :  «Je  crois  que  le  semblable  de 
ce  qui  s'est  fait  à  Paris  sera  fait  dans  les  provinces.  i> 

Alors  la  question  se  pose  ainsi  :  A  qui  attribuer  le  massacre? 

Est-ce  aux  premiers  ordres  verbaux  du  Roi,  ordres  révoqués,  nous  l'avons  vu, 
le  3o  août? 

Ou  bien,  est-ce  aux  passions  des  populations  exaspérées  par  les  maux  soufferts 
durant  les  dernières  guerres  civiles? 

11  est  donc  indispensable  de  rechercher  comment  les  choses  se  sont  passées 
dans  chaque  ville,  car  partout  il  n'en  a  pas  été  de  même. 

A  Paris,  le  massacre  a  eu  lieu  en  partie  en  plein  jour;  dans  les  provinces,  c'est 
surtout  la  nuit,  dans  les  prisons,  et  à  des  dates  éloignées  les  unes  des  autres. 
Ln  historien  protestant  anglais,  Withe,  en  a  conclu  que  le  massacre  en  grand 
n'avait  pas  été  prémédité;  car,  à  moins  d'être  de  très  maladroits  conspirateurs, 
Catherine  et  ses  conseillers  italiens  auraient  pris  leurs  mesures  pour  qu'il  eût  lieu 
partout  le  même  jour1. 

L'ambassadeur  Cavalli,  qui  était  sur  les  lieux,  est  plus  affirmalif  encore  :  crL'on 
commit  tant  d'erreurs,  écrit-il  dans  sa  relation,  l'on  prit  tant  de  décisions  con- 
traires qu'il  fut  facile  de  reconnaître  que  cette  exécution  avait  été  résolue  à  l'im- 
proviste  et  non  pas  préparée  de  longue  main,  comme  je  l'ai  toujours  cru'2. 

Tout  à  l'opposé,  feu  M.  Bordier,  dans  son  livre,  la  Saint-Barthélémy  cl  la 
Critique  moderne,  à  l'appui  de  la  préméditation  qu'il  a  vivement  soutenue,  a 
emprunté  au  Réveille-malin  des  François  et  à  YEstal  de  la  France  sous  Charles  IX 
une  lettre  de  Catherine  que  nous  n'avons  pas  cru  devoir  imprimer,  à  sa  date, 
avec  toutes  les  autres,  la  tenant  pour  apocryphe,  et  que  d'ailleurs  voici  : 

«Strozzy,je  vous  avertis  que  cejourd'hui  aâ  août  l'amiral  et  tous  les  huguenots  qui 
esloient  icij  ont  esté  tués.  Partant,  avisez  dilligemmcnl  à  vous  rendre,  maislre  de  la  Rochelle, 
et  faites  aux  huguenots  qui  vous  tomberont  sous  les  mains  le  mesme  que  nous  avons 
fait  à  ceux-ci.  Gardez-vous  bien  d'y  faire  faille,  autant  que  craignez  de  desplaire  au 
Roy  et  à  moy.  n 

Cette  lettre,  soigneusement  cachetée,  était  soi-disant  accompagnée  d'une  seconde 

1  Wilbe , Massacre 0/ St.  Bartholomew.,  London,  1868,  |>.  657.  —  "  Alberi,  Heinz,  venet,,  I.  IV. 


xcvi  INTRODUCTION. 

qui  prescrivait  à  Strozzi  de  n'ouvrir  la  première  que  le  26  août.  Si  les  premiers  édi- 
teurs n'ont  pas  donné  la  date  de  la  réception  de  ces  deux  lettres,  suivant  M.  Bor- 
dier,  c'est  qu'ils  ne  la  savaient  pas;  toutefois  ils  ont  supposé  que  ce  fut  après  la 
reddition  des  places  de  sûreté  par  les  protestants,  qui  eut  lieu  au  commence- 
ment de  mai.  Cette  date  qu'ils  n'ont  pu  préciser,  il  prétend,  lui,  l'avoir  trouvée, 
grâce  à  deux  lettres  de  Strozzi  du  2  5  juillet  et  29  août. 

Dans  celle  du  2  5  juillet,  Strozzi  remercie  chaleureusement  le  Roi  de  lui  avoir 
enfin  permis  de  mettre  à  la  voile,  mais  comme  il  ignore  encore  la  destination  de 
sa  flotte,  prèle  à  partir  dans  douze  jours,  si  c'est  pour  aller  près,  il  prendra  à  son 
bord  huit  mille  hommes;  si  c'est  pour  une  expédition  lointaine,  il  n'en  prendra 
(pic  la  moitié  '. 

Toujours  d'après  M.  Bordier,  Strozzi  n'aurait  pu  écrire  cette  lettre  du  2.5  juillet, 
si,  déjà,  il  eût  eu  dans  ses  mains  le  pli  cacheté  de  Catherine.  H  ne  l'a  donc 
reçn  qu'après  le  2  5  juillet.  Pour  mieux  l'affirmer,  il  reproduit  en  son  entier  la 
lettre  adressée,  le  29  août,  par  Strozzi  au  duc  d'Anjou. 

Nous  nous  bornerons  à  en  citer  la  première  partie  telle  qu'il  l'a  imprimée  : 

k  Monseigneur,  je  receus  hier  une  lettre  de  vous  et  du  par  ensemble  celle  du  Boy;  au 
matin  une  du  Roy,  2 g  de  ce  mois.  Nous  devions  partir  dimance  et  cesqun  estoit  à  son 
navire,  tout  enbaqué  nos  troupes.  Parce  qu'il  ni  a  rien  icy  où  nous  ne  somes  que 
M.  de  la  Garde  et  moy,  avec  quelques  gcnlisomes ,  nous  lesserwns  à  quinze  ou  sese  lieues 
d'icy.  Ils  estoient  mauves  port  tout  dimance.  Nous  sommes  sans  moiens,  sans  un  cheval 
ni  argent.  Nous  avions  tout  mis  pour  faire  notre  voyage2,  v 

A  la  suite  de  cette  citation  M.  Bordier  ajoute  :  rr  Ainsi,  le  vendredi  29  août, 
Strozzi  mande  que  le  dimanche  précédent  le  2  h ,  le  dimanche  de  la  Saint-Barthélémy, 
il  devait  prendre  la  mer  avec  toute  sa  flotte,  mais  que,  par  suite  de  diverses  circon- 
stances, dont  la  principale  fut  la  mauvaise  mer  qu'on  eut  tout  le  jour,  il  n'a  rien  fait;  il 
fera  ce  qu'il  pourra.  L'enthousiasme  du  2  5  juillet  est  tombé  à  plat;  mais  je 
pense  qu'il  est  maintenant  indubitable  pour  le  lecteur,  que  Strozzi  avait  reçu  le 
contre-ordre  et  nécessairement  le  pli  cacheté  qui  justifiait  ce  contre-ordre  avant  le 
(5  août,  jour  où,  après  s'être  flatté  qu'il  prendrait  la  mer,  il  avait  dû  rester,  v 

L'on  pourrait  objecter  que,  dans  cette  lettre  du  29  août,  pas  une  allusion  n'est 
faite  au  prétendu  pli  cacheté.  Catherine  avait  bien,  il  est  vrai,  annoncé  à  Philippe  II, 
pour  le  rassurer,  le  départ  de  la  flotte,  et  ce  devait  être  pour  une  expédition  loin- 

1  Bibl.  nul.,  fonds  français,  n°  i5555,  f°  45.  —  '  Ibid.,  f  45. 


INTRODUCTION.  xcvn 

taiue,  car  le  8  septembre  suivant,  elle  écrivait  à  Strozzi  :  «  11  faut  servir  son  maître 
à  sa  guise;  il  vous  avoit  permis  dresser  une  armée  de  mer  et  sortir,  et  comme 
vous  étiez  prêt  à  faire  voile,  il  est  intervenu  une  occasion  par  laquelle  il  est  non 
seulement  contraint  de  révoquer  ledit  voyage,  mais  de  se  servir  de  vous  à  choses 
qui  lui  touchent  de  plus  près  et  sont  de  plus  grande  importance '.  a 

De  son  côté,  le  duc  d'Anjou  lui  écrivait  :  tt  Comme  nous  aurons  paciGé  toutes 
choses,  il  faudra  faire  servir  vos  vaisseaux  à  quelque  bon  effet,  comme  j'espère  que 
vous  pourrez  lors2.  •» 

Ce  qui  a  pu  induire  en  erreur  M.  Bordier  et  infirme  l'interprétation  qu'il  en  a 
déduite,  c'est  une  faute  de  lecture  du  texte  original.  Il  est  donc  indispensable  de 
le  rétablir  tel  qu'il  doit  être  lu  : 

et  Monseigneur,  je  receus  hier  une  lettre  de  vous,  au  matin  une  du  Roy,  ag  de  ce  mois. 
Nous  devions  partir  dimance  et  cesqun  estoit  à  son  navire,  tout  enbaqué  nos  troupes. 
Par  ce  qu'il  n'y  a  rien  icy  où  nous  ne  somes  que  M.  de  la  Garde  et  moy  avec  quelques 
gentisomes,  nous  les  lerrions  à  quinse  ou  sese  lieues  d'icy,  il  estoin  mandé  pour  tout  di- 
mance y>  et  non  «mauves  port  tout  dimance  n,  ainsi  que  l'a  imprimé  M.  Bordier3. 

Maintenant  que  nous  en  avons  fini  avec  ces  lettres  de  Strozzi,  passons  au  mas- 
sacre dans  les  provinces  et  commençons  par  Meaux.  Prévenu  par  un  courrier  arrivé 
à  7  heures  du  soir,  le  jour  de  la  Saint-Barthélémy,  Louis  Cosset,  procureur  du 
Boi  au  bailliage,  fait  dans  la  nuit  emprisonner  plus  de  deux  cents  protestants. 

Le  lendemain,  du  haut  de  l'escalier  qui  conduit  à  la  salle  des  audiences,  la  liste 
des  détenus  à  la  main,  il  en  fait,  un  à  un,  le  sinistre  appel,  et,  au  sortir  de  la 
geôle,  tous  sont  égorgés  jusqu'au  dernier4. 

A  Orléans,  le  délégué  qui  représentait  à  la  cour  les  intérêts  de  sa  ville,  rentré 
de  Paris  dans  la  soirée  du  2^  août,  annonce  le  massacre.  Dans  la  nuit  du  a5, 
un  courrier  apporte  l'ordre  d'armer  les  catholiques  et  d'attendre  de  nouvelles 
instructions;  elles  parviennent  le  lendemain,  et  une  lettre  de  Sorbin,  le  prédica- 
teur du  Boi,  les  accompagne,  véritable  provocation  au  massacre.  Un  conseil  est 
tenu  à  l'Hôtel  de  ville,  et  le  maire,  les  échevins,  les  officiers  de  justice  décident 
la  tuerie.  Elle  dure  trois  jours,  et  le  nombre  des  victimes  est  évalué  à  cinq  cents5. 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  1 5555 ,  f°  5g.  s  De  Thou,  But.  universelle,  traduite,  t.  VI, 

2  Ibid. ,  f°  58.  p.  4g  a  ;  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  proles- 
1  lbid.,  f°  48.  tantisme français  (août  1872),  p.  3/17;  Baguenault 
4  Marrât,  Hisl.  de  Meaux;  Toussainl-Duplessis,  de  Puchesse,  la  Saint-Barthélémy  à  Orléans;  Her- 

Histoire  du  diocèse  de  Meaux.  luison,  1873. 

',.-.- HLI.iM.    DE  MliuiClS. —    1?.  M 

ItirniMEntE    *âi  iouali.. 


xcvni  INTRODUCTION. 

Le  oo  août,  àTroyes,  le  bailli  Anne  de  Vaudrey  fait  rechercher  et  emprison- 
ner les  protestants.  Le  2  septembre,  un  marchand  nommé  Belin'  apporte  de 
Paris  la  déclaration  royale  du  28  août,  qui  prescrivait  de  les  laisser  vivre  en  toute 
sûreté  de  leurs  vies  et  de  leurs  consciences.  Le  h  septembre,  une  bande  d'assassins 
envahit  les  prisons  et  massacre  les  détenus. 

Passons  à  la  Picardie.  Le  duc  de  Longueville,  qui  y  commandait,  en  trans- 
mettant à  M.  d'Humières,  gouverneur  de  Péronne,  la  déclaration  royale  du 
28  août,  lui  enjoint,  et  pour  obvier  aux  troubles  qui  pourront  s'élever  à  l'occa- 
sion de  la  mort  de  l'amiral  et  de  ses  adhérents,  d'interdire  toutes  assemblées  de 
protestants  et  prêches  en  leurs  maisons,  afin  d'éviter  tout  doute  ou  soupçon 
qu'on  pourroit  concevoir  a,  et  il  lui  signale,  pour  s'en  plaindre,  la  .démolition  d'un 
temple  protestant  par  des  catholiques,  ce  qui  est  un  commencement  d'alté- 
ration à  ledit2. 

La  modération  est  à  l'ordre  du  jour  aussi  bien  à  Nantes  qu'en  Picardie.  Une 
lettre  du  duc  de  Montpensier,  datée  du  2,5  août  et  reçue  le  8  septembre,  avait  fait 
entendre  aux  échevins  que  l'exécution  de  Paris  leur  démontrait  assez  que  l'in- 
tention du  Roi  était  qu'ils  en  fissent  de  même  dans  leur  ville.  Sans  en  tenir 
compte,  ils  se  réunissent  à  l'Hôtel  de  ville,  et  d'un  commun  accord  ils  jurent 
de  ne  point  contrevenir  à  l'édit  de  pacification,  et  font  défense  aux  habitants  de 
se  porter  à  aucun  excès  contre  les  protestants  3. 

Il  n'en  fut  pas  de  même  à  Beaupréau,  à  Saumur,  à  Blois,  à  Tours,  à  Angers, 
où  le  duc  de  Montpensier  et  M.  de  Puygaillard  avaient  envoyé  de  pareilles  lettres. 
Le  sang  y  coule  et  M.  de  Monlsoreau  s'y  signale  par  sa  cruauté.  En  traversant  le 
bas  Poitou,  il  entre  de  force  dans  plusieurs  châteaux,  et,  de  crainte  que  ces  vio- 
lences ne  fassent  soulever  les  protestants,  M.  de  Sanzay  y  accourt,  et  le  18  sep- 
tembre mande  au  Boi  :  k  Grâces  à  Dieu,  ceux  de  la  religion  font  démonstration  de 
recevoir  tous  les  commandeinens  de  Vostre  Majesté;  aucuns  vont  à  la  messe; 
bonne  partie  se  dispose  à  y  aller  au  premier  mandement,  et  les  plus  maulvais  se 
résouldent  d'obéir;  et  pour  ce  que  le  sr  de  Montsoreau  m'avoit  mandé,  qu'il  n'avoit 

1   Le   27  août,  ce  même  Belin   avait    e'eril  au  Hist,  de  France,  t.  IX,  p.  337,  d'après  une  copie 

maire  de  Troyes  :  rrLes  choses  ont  continué  jusqu'il  Iransmise  par  l'archiviste  deTroyes;  voirBibl.  nat., 

présent  et  continueront  encore  avec unedélibération  fonds  Dupuy,  n"  333  et  le  Bulletin  de  l'histoire  du 

de  Sa  Majesté  de  faire  tin  à  exterminer  ceux- de  la  protestantisme  français. 

religion.  Je  crois  que  vous  avez  reçu  lettres  pour  !   Bilil.  nat.  fonds  français,  n°  3209,  P  08  v°. 

achever  l'exécution  de  sa  volonté,  non  pas  là  seule-  ;|  Voir  Dupuis  de  Saint-André,  Hist.  desprotes- 

miimiI.  mais  par  tout  le  royaume.»  Henri  Martin,  tants  en  Touraine,  1888. 


INTRODUCTION.  xcix 

trouvé  obéissance  à  Vostre  Majesté  au  château  de  la  Forest-sur-Saivre,  je  y 
envoyé  ung  mien  frère,  qui,  en  toute  obéissance,  y  fut  receu  par  ceuix  que  se  y 
estoient  retirés  pour  la  sûreté  de  leurs  personnes,  et  tous  s'en  sont  en  allez  en 
leurs  maisons.  M.  du  Lude  m'écript  qu'il  s'en  va  à  Niort,  pour  estre  voisin  de  la 
Rochelle  et  de  Marans,  où  quelque  petite  troupe  est  retirée '.  n 

Chargé  par  M.  de  Montpezat  de  se  mettre  dans  la  ville  de  Périgueux,  M.  des 
Bories  écrit  au  Roi,  le  6  septembre,  qu'il  a  reçu  sa  déclaration  sur  la  mort  de 
l'amiral,  et  qu'il  a  fait  part  de  son  intention  de  maintenir  l'édit  de  pacification 
à  ceux  que  Sa  Majesté  avait  dépêchés  pour  tenir  les  Grands  Jours,  et  il  ajoute  qu'ils 
l'ont  engagé  à  ne  pas  mettre  de  garnison  dans  Périgueux.  Jusqu'à  présent  d'ailleurs 
aucune  assemblée  ne  s'est  faite  en  ce  pays  de  Périgord'2. 

A  Limoges,  les  consuls  préservent  leur  ville  de  tout  excès,  de  toute  violence3. 

A  Clermont-Ferrand,  Saint-Herem,  prévenu  de  la  Saint-Barthélémy,  se  borne, 
dès  qu'il  en  reçoit  la  première  nouvelle,  à  de  simples  précautions4. 

A  Issoire,  le  29  août,  le  capitaine  Combelle  ayant  annoncé  aux  échevins  les 
événements  de  Paris,  ils  dépèchent  aussitôt  un  courrier  à  Saint-Herem  et,  en 
attendant  ses  instructions,  ils  font  fermer  les  portes  de  leur  ville  à  l'exception  de 
trois  dont  ils  confient  la  garde  à  des  citoyens  honorables.  Le  3  septembre,  ils 
font  défense  à  ceux  de  la  religion  de  sortir  de  leurs  murs,  défense  qui  coïncide  avec 
l'ordre  que,  le  6  septembre,  Saint-Herem  leur  prescrit  d  emprisonner  les  protes- 
tants, et  de  tenir  étroitement  fermées  les  portes  de  leur  ville  dont  on  avait  chassé 
les  étrangers  et  les  vagabonds.  Elles  ne  se  rouvrirent  que  le  28  septembre;  mais 
il  ne  fut  commis  aucun  meurtre  à  Issoire5. 

A  Rouen,  nous  dit  Floquet,  l'historien  du  Parlement  de  Normandie,  cr  l'on  usa  tout 
d'abord,  vis-à-vis  des  protestants,  de  feintes  rigueurs  n.  On  les  emprisonna  pour  les 
soustraire  à  la  furie  populaire,  que  put  contenir  l'autorité  respectée  de  Garrouges, 
le  gouverneur;  mais  son  absence  et  celle  du  Parlement  dont  ne  siégeait  que  la 
chambre  des  vacations,  laissa  le  champ  libre  aux  meurtriers.  Déjà  au  mois  de 
mars  de  l'année  précédente,  une  violente  émeute  avait  ensanglanté  la  ville;  des 
protestants  et  deux  Anglais  avaient  été  tués.  Catherine  en  avait  exigé  une  puni- 
tion sévère,  «pour  la  conséquence  fâcheuse  que  pareil  fait  traîne  après  soin;  mais 

'   Bibi.  nat.,  fonds  français,  il"  1 5555,  f°  88.  4  Voir  Imbcrdis,   Guerres  do  religion   en   Âu- 

2  Ibid. ,  f°  56.  vergue. 

'  Leroux,  Hisl.  de  la  réforme  dans  le  Limousin,  5  Communication  de  M.  l'archiviste  du  Puy-de- 

Limoges,  1888.  Dôme,  M.  G.  Houchon. 

M. 


c  INTRODUCTION. 

les  coupables  n'avaient  été  qu'exilés.  Rentrés  à  Rouen,  et  ayant  à  leur  tête  le 
capitaine  Marommc,  le  18  septembre,  ils  se  portèrent  aux  prisons  et  ordonnèrent 
au  geôlier  de  leur  livrer  les  protestants.  Il  s'y  refusa  d'abord;  contraint  d'obéir, 
il  chercha  à  en  sauver  un;  mais  ils  avaient  la  liste  des  prisonniers,  se  la  firent 
remettre  et  tuèrent  celui-là  comme  tous  les  autres  \ 

En  apprenant  le  massacre  de  Rouen,  le  duc  de  Longueville  écrivit  d'Amiens 
au  Roi  le  9  3  septembre  :  te  Cette  exécution  a  tellement  esmeu  le  peuple  que  je  ne 
puis  me  promettre  grande  assurance  de  pouvoir  empeseber  quelque  désordre  en 
mon  absence2.  ■» 

Le  3o  septembre,  la  bande  des  meurtriers  de  Rouen,  sous  les  ordres  du  capi- 
taine Caumont,  voulut  entrer  dans  Dieppe;  mais  le  gouverneur  Sigognes  le 
chassa  de  la  ville;  néanmoins,  tout  en  préservant  les  protestants  du  massacre,  il 
exigea  leur  abjuration3. 

Ceux  de  Saint-Lô  et  d'Alençon  durent  leur  salut  à  Matignon.  Arrivé  à  temps 
dans  son  château  de  Lonray,  situé  aux  portes  de  cette  dernière  ville,  en  atten- 
dant les  ordres  du  Roi,  il  se  fit  remettre  des  otages  par  les  protestants,  ce  qui  lui 
permit  de  les  faire  profiter  de  la  déclaration  plus  clémente  du  28  août.  Il  y  eut 
toutefois  quelques  meurtres  isolés  à  Mortagne,  et  parmi  les  victimes,  le  grand 
bailli  du  Perche'1;  mais,  de  sa  propre  autorité,  et  peut-être  pour  couvrir  sa  respon- 
sabilité, Matignon  ayant  fait  imprimer  les  dépêches  royales,  Charles  IX  lui  en 


1  L'on  avait  eu  soin,  a  dit  Floquet,  de  choisir 
IVpoque  des  vacances  de  la  cour.  Que  pouvait  faire  la 
chambre  des  vacations,  alors  que  des  bandes  armées 
et  forcenées  tenaient  la  ville  en  leur  pouvoir?  Qu'eût 
pu  le  Parlement  assemblé  tout  entier?  L'auteur  des 
mémoires  de  l'Estat  de  la  France  n'en  accuse  pas 
moins  la  cour  de  Rouen  ou  tout  au  moins  ses  prin- 
cipaux membres  d'avoir  ordonné  les  massacres; 
mais  n'avait-il  pas  déjà  accusé  cette  compagnie  des 
scènes  sanglantes  de  mars  1.571?  (Floquet,  Hist. 
du  Parlement  de  Normandie,  t.  III,  p.  128.)  Voici 
ce  que  Charles  XI  écrivait  à  ce  sujet  a  Matignon 
le  slt  septembre  1.572  :  rrj'ay  entendu  que  le  peuple 
de  ma  ville  de  Rouen  par  force  et  violence  a  rompu 
les  prisons  où  estoient  aucuns  de  la  nouvelle  opi- 
nion, quelque  résistance  et  empeschementqueayent 
pensé  mettre  ceulx  de  ma  cour  de  parlement  et  en 


icelles  tué  les  prisonniers  et  quelques  autres  aussi 
qui  estoient  dans  la  ville,  et  d'autant  que  ceulx  des 
aultres  villes  se  vouldroient,  possible,  se  servir  de 
cet  exemple  et  faire  de  mesme,  ce  que  vous  sçavez 
estre  directement  contre  mon  vouloir  et  intention, 
je  vous  prie,  incontinent  la  présente  receue,  faire 
faire  derechef  expresses  defencesà  toutes  personnes 
de  quelque  condition  ou  qualité  qu'elles  soient  de 
tuer,  piller,  saccager,  en  aucune  sorte  que  ce  soit, 
soubz  couleur  et  prétexte  de  religion ,  et  peyne  contre 
ceux  qui  y  contreviendront  d'eslre  punis  de  morl 
sur-le-champ.  1  (  Bibl.  nat. ,  fonds  français , n"  3a56 , 
P60.) 

■  Bibl.  nat.,  fonds  fiançais,  11°  1 5555 ,  i'°  09. 

3   Vitet,  Histoire  de  Dieppe. 

1  Odolanl-Desnos,  Mémoires  historiques  sur  la 
ville  d'Alençon  et  ses  seigneurs,  t.  II,  p.  285. 


INTRODUCTION.  ci 

exprima  son  très  vif  mécontentement  :  «Je  trouve  merveilleusement  étrange  que 
vous  permettiez  que  les  lettres  et  dépêches  que  je  vous  ai  faites  depuis  la  mort  de 
l'amiral,  au  lieu  qu'elles  doivent  être  tenues  secrètes  et  non  publiées,  sinon  ce 
qui  est  requis  pour  mon  service,  elles  soient  imprimées  et  divulguées  partout 
comme  vous  verrez  par  une  impression  que  je  vous  envoyé  qui  a  esté  faite  à  Gaen, 
ayant  advisé  de  vous  faire  incontinent  ceste  dépesche  pour  vous  dire  que  je  suis 
bien  marry  que  cela  se  soit  ainsi  fait,  d'autant  que,  par  ce  moyen,  lesdites  im- 
pressions sont  envoyées  hors  mon  royaume,  vous  priant  ne  faillir  de  faire  regar- 
der quels  imprimeurs  ont  fait  lesdites  impressions,  pour  faire  prendre  et  brûler 
tout  ce  qu'ils  en  ont  imprimé  et  en  ôter  de  dessus  les  presses  les  caractères,  afin 
qu'il  n'en  soit  plus  fait;  mais  il  faut  que  ce  soit  incontinent  et  doucement,  sans 
bruit,  afin  qu'en  réparant  ceste  faute  on  ne  la  fasse  point  plus  grande '.n 

A  qui  revient  l'honneur  d'avoir  sauvé  les  protestants  de  Lisieux?  M.  Dubois 
dans  ses  Archives  normandes,  M.  Floquet  dans  son  Histoire  du  Parlement  de  Nor- 
mandie'1, et  M.  de  Formeville3,  le  revendiquent  pour  le  lieutenant  général  Fumi- 
chon,  et  M.  Bordeaux4  pour  l'évêque  de  Lisieux  Hennuyer. 

A  Bourges,  à  la  première  nouvelle  de  la  blessure  de  l'amiral,  les  deux  célèbres 
professeurs  Hotman  et  Doneau  prennent  la  fuite,  et  il  n'était  que  temps  :  trDans 
la  soirée  du  1 1  septembre,  au  son  du  tocsin,  le  peuple  envahit  les  prisons  et  mas- 
sacre les  protestants.  11  A  cette  date,  l'archevêque  était  à  Paris5. 

A  Dijon,  le  28  août,  le  comte  de  Chabot-Charny  reçoit,  par  M.  de  Comartin, 
une  première  lettre  du  Boi,  puis  une  seconde  par  M.  de  Bitan;  il  tient  un  premier 
conseil  où  il  appelle  M.  de  Buffé,  frère  de  M.  de  Comartin,  M.  de  Vintimille  et 
Jeannin,  alors  simple  avocat  au  Parlement  de  Dijon0.  C'est  lui  qui  eut  l'idée  d'in- 
terroger les  deux  messagers  du  Boi,  mais  séparément.  Mis  en  demeure  de  signer 
les  ordres  dont  ils  étaient  porteurs,  ils  s'y  refusèrent,  objectant  que  le  Roi  ne  leur 
avait  rien  donné  par  écrit,  et  que  d'ailleurs  leur  parole  de  gentilhomme  devait 
suffire.  Jeannin  rappela  alors  au  conseil  que  l'empereur  Tbéodosc,  rejeté  de  la 
communion  par  saint  Ambroise,  pour  avoir  trop  précipitamment  ordonné  de  mettre 
à  mort  un  grand  nombre  de  chrétiens,  s'était  vu  forcer  de  promulguer  une  loi, 

BibL  nat.,  fonds  français,  n°  3a5G,  f°  Sj.  *  Cordeaux,  Hennuyer  et  la  Saint- Barthélémy  à 

2  Flnquct, ///.•>(.  du  Parlement  de  Normandie,  t.  III,        Lisieux,  i84o,  in-8°. 

I1-  l34.  5  Raynal,  Ilist.  du  Derry ,  t.  IV,  p.  107  et  suiv.  ; 

3  De  Formeville,  La  Saint-Barthélémy  à  Lisieux,        voir  Ilist.  des  Martyrs,  e'ilil.  1089,  p.  3o'i. 
Gaen,  i8'i2,in-8°.  6  Lettres  de  Jeannin. 


eu  INTRODUCTION. 

ordonnant  aux  gouverneurs  des  provinces,  qui  recevraient  tels  commandements 
contraires  à  toutes  les  tonnes  de  la  justice,  d'attendre  durant  trente  jours  la 
signification  de  nouveaux  ordres.  Les  membres  de  ce  conseil  extraordinaire  se 
rendant  à  son  avis  envoyèrent  M.  de  Ruffé  à  Paris.  Le  Roi  ayant  tout  rejeté  sur 
les  Cuises,  les  protestants  que  Chabot-Cliarny  avait  fait  emprisonner  par  me- 
sure de  prudence,  furent  ainsi  épargnés. 

Toutefois,  le  29  septembre,  le  maire  de  Dijon,  Millière,  informa  les  écbevins 
que,  la  veille,  par  l'ordre  de  M.  de  Cbarny  et  conformément  aux  lettres  du  Roi, 
le  sieur  de  Traves,  l'un  des  cbefs  des  protestants,  détenu  au  cbâteau,  avait  été  tué 
par  les  gens  du  prévôt  des  marcbands  et  son  corps  jeté  dans  le  fossé1. 

Le  2  5  octobre,  Charny  demanda  au  Roi  ce  qu'il  devait  faire  de  Dagonneau, 
détenu  encore  dans  la  prison  de  Dijon,  de  Ladvanture  qui  l'était  dans  celle  de 
Seurre,  sous  la  garde  dus1  Didron,  enfin  de  Crespin  et  du  capitaine  Gris,  égale- 
ment prisonniers  à  Màcon,  et,  en  même  temps,  il  le  prévint  qu'il  avait  appris 
que  Clermont  d'Amboise  était  à  Genève,  avec  trois  cents  gentilshommes,  et  qu'il 
paraissait  disposé  à  profiter  de  ledit  de  pacification2. 

A  Màcon  La  Quiche  épargne  les  protestants;  mais  à  la  Charité,  c'est  la  compa- 
gnie italienne  du  duc  de  Nevers  qui  se  jette  sur  eux. 

Nous  voici  à  Lyon,  et  si  nous  nous  y  arrêtons  plus  que  dans  les  autres  villes, 
c'est  que  les  documents  y  abondent  et  méritent  d'être  étudiés  de  près.  Le  mer- 
credi 27  août,  entre  8  et  9  heures  du  matin,  Mandclot,  gouverneur  de  la 
ville,  est  avisé  de  la  blessure  de  l'amiral  par  une  lettre  du  Roi  datée  du  22.  De 
crainte  d'une  émotion  populaire,  il  fait  fermer  les  portes  de  la  ville  et  place  des 
corps  de  garde  dans  tous  les  quartiers.  La  nuit  s'écoule  sans  trouble;  mais  le  len- 
demain jeudi,  dès  le  matin,  aie  peuple,  écrit  Ravot,  le  secrétaire  de  l'hôtel  de 
ville,  à  MM.  de  Rubys  et  de  Masso,  de  résidence  alors  à  Paris  pour  les  intérêts  de 
leur  ville,  a  commencé  à  murmurer  jusqu'à  vouloir  prendre  les  armes,  faisant 
contenance  de  se  vouloir  jeter  contre  les  personnes  et  les  biens  de  ceux  de  la 
nouvelle  religion  3n. 

Ce  même  jour  arrive  le  courrier  dépêché  au  consulat  par  MM.  de  Rubys  et  de 
Masso.  rt  Après  avoir  làil  le  récit  de  ce  qui  s'était  passé  à  Paris  ils  ajoutaient  que  : 
l'intention  de  Sa  Majesté  était  qu'il  fût  exécuté  en  reste  ville  comme  a  esté  fait  à  Pans, 


'  Archives  de  Dijon,  communication  de  M.  Garnier,  archiviste  de  la  Côte^d'Or.  —  '  Bil>l.  nat.,  fonds, 
français,  n°  i5555.  f°  i5y.  —  3  Archives  du  Rhône. 


INTRODUCTION.  cm 

en  laquelle  un  grand  nombre  de  gens  ont  été  tués.  Le  Roi  le  leur  avait  déclaré  et 
commandé  pour  le  faire  entendre  audit  consulat1.  « 

Le  vendredi  29,  à  10  heures  du  matin,  Maurice  du  Peyrat,  chevalier  de 
l'ordre,  apporte  à  Mandelot  la  lettre  du  Roi  du  26  août.  Ainsi  que  toutes  celles 
du  même  jour,  elle  ne  parlait  que  déjà  lutte  engagée  entre  les  deux  maisons  de 
Guise  et  de  Chàtillon,  «n'ayant  en  cecy,  disait  le  Roi,  rien  de  la  rupture  de  l'édit 
de  pacification,  lequel  je  veux  au  contraire  être  entretenu  autant  que  jamais.  Je 
vous  prie,  enjoignait-il  à  .Mandelot,  de  faire  entendre  que  chacun  ait  à  demeurer 
en  repos  et  sûreté  en  sa  maison,  ni  prendre  les  armes,  ni  s'offenser  l'un  et  l'autre, 
sous  peine  de  la  vie,  m'advertissant  au  plus  tôt  de  l'ordre  que  vous  y  aurez  donné 
et  comme  toutes  choses  passeront  en  l'étendue  de  votre  gouvernement2.  ■» 

A  la  suite  d'un  long  entretien  qu'il  eut  avec  du  Peyrat,  Mandelot  manda  à  son 
hôtel  les  échevins.  D'un  commun  accord  il  fut  décidé  que,  non  seulement  les  per- 
sonnes, mais  aussi  les  biens  de  ceux  de  la  religion  seraiénl*mis  en  sûreté,  et  que 
la  milice  bourgeoise  serait  convoquée  et  chargée  de  l'exécution  des  mesures  arrê- 
tées; mais  Mandelot  changea  brusquement  d'avis,  «par  peur,  dira-t-il  plus  tard, 
que  tout  le  peuple  ne  s'en  nieslàt3*. 

Les  troupes  dont  il  pouvait  disposer  étaient  peu  nombreuses;  en  outre  des 
soldats  de  sa  garde,  il  n'avait  sous  la  main  que  ceux  de  la  garnison  de  la  cita- 
delle, et  les  trois  cents  arquebusiers  de  la  ville,  en  tout  mille  hommes. 

Aussi  avait-il  écrit,  le  3 1  au  matin,  à  la  noblesse  des  pays  environnants  de  lui 
venir  en  aide,  et  il  avait  invité  les  corporations  des  nations  étrangères  à  prendre 
les  armes.  Le  samedi  3o,  il  fit  à  son  de  trompe  publier  une  ordonnance  qui 
mettait  tous  les  protestants  en  demeure  de  se  rendre  à  son  hôtel  pour  y  entendre 
la  volonté  du  Roi.  Tous  ceux  qui  y  viennent  sans  défiance  sont  aussitôt  saisis 
par  des  soldats  et  enfermés  dans  la  prison  de  Roanne,  à  l'archevêché  et  dans  les 
monastères  des  Célestins,  des  Cordeliers  et  des  Carmes.  Ce  même  jour,  les  biens 
des  protestants  sont  placés  sous  le  séquestre4. 

Dans  la  nuit  du  samedi  au  dimanche,  il  y  eut  des  meurtres  isolés,  triste  préface 
du  lendemain. 

1  Archives   du  Rhône,  Lettre  du  3  septembre.  (lance  dà  secrétaire  Ravot  et  dans  les  délibérations 

Mandement  de  payement  pour  cedit  courrier,  re-  consulaires. 
gistre  consulaire.  Séance  du  3  septembre  (157a).  3  Archives  du  Rhône. 

Cette  lettre  a  disparu  ainsi  (pie  bien  d'autres  pièces  3  Paulin  Paris,  Correspond'/ m-  ■  dé  Mandelot  et  ds 

relatives  à  la  Saint-Barthélémy;  mais  ce  qu'elles  Charles  IX. 
contenaient  se  trouve  reproduit  dans  la  correspon-  '   Archives  du  Rhône. 


civ  INTRODUCTION. 

Le  dimanche  3i  août,  des  groupes  menaçants  parcourent  les  rues.  Sur  les 
remontrances  de  Mandelot,  il  n'y  a  aucun  désordre;  mais  dans  l'après-midi,  la 
nouvelle  s'étant  répandue  qu'une  émeute  venait  d'éclater  à  la  Guillotière ,  et 
Mandelot  s'y  étant  rendu,  le  peuple,  profitant  de  son  absence,  force  les  portes 
des  prisons  et  égorge  les  huguenots.  Mandelot  est  réduit  à  faire  procéder  par 
les  officiers  de  justice  à  une  enquête  contre  les  meurtriers  qui,  leur  forfait  ac- 
compli, se  sont  tous  enfuis. 

Voici  en  quels  termes  Jean  deMasso  annonce  ce  massacre  à  son  frère  :  «Hier, 
entre  3  et  h  heures,  quelques-uns  du  peuple  entrèrent  dans  les  prisons  de 
Monsieur  de  Lyon  et  là  occirent  de  vnc  à  vmc  huguenots  et  fut  fait  sans  bruit  ni 
émeute.  Les  deux  frères  Darutz  avoient  été  tués  dès  vendredi.  Il  n'y  avoit  entre 
les  prisonniers  de  marque  que  deux  frères  Vassan,  Jacques  d'Orlin  et  un  des 
Grabols1.1» 

H  oublie  Goudiind,  le  grand  artiste  auquel  nous  devons  la  musique  des 
psaumes  de  Marot2. 

Dans  une  lettre  datée  du  10  septembre  suivant,  Masso  cite  de  nouvelles  vic- 
times, l'avocat  Gordon,  les  capitaines  La  Jacquerie  et  La  Sauge,  Claude  Lene, 
l'orfèvre  L'Hoste,  Mc  Guillaume  le  menuisier3. 

De  son  côté,  Ravot,  le  secrétaire  de  la  ville,  rend  compte  le  3  septembre  à 
MM.  de  Masso  et  de  Rubys  du  massacre  de  Lyon  et  il  ajoute,  rrafin  que  le  peuple 
ne  soit  pas  cy  après  molesté  ne  recherché  pour  raison  de  la  susdite  émotion,  nous 
avons  advisé  qu'il  est  très  requis  obtenir  de  Sa  Majesté  déclaration  telle  que  vous 
adviserez  être  nécessaire  pour  assurer  le  peuple  de  n'en  tomber  cy  après  en  in- 
convénient; et  seroit  bon  que  ce  qui  a  été  fait  en  ladite  ville  fut  advoué^.n 

Il  devait  y  avoir  encore  d'autres  victimes  :  avertis  que  plusieurs  des  protes- 
tants enfermés  dans  la  citadelle  avaient  pu  s'évader  et  s'étaient  réfugiés  en 
Bresse4,  les  échevins  en  prévinrent  sur-le-champ  MM.  de  Masso  et  de  Rubys, 
et  dans  un  procès-verbal  officiel  ils  protestèrent  contre  leur  élargissement. 

Mis  par  eux  en  demeure  de  s'expliquer,  Mandelot  se  borne  à  répondre  que 
ceux  chargés  de  représenter  les  prisonniers  en  étaient  responsables  sur  leur 
tête,  et  comme  s'il  voulait  se  faire  pardonner  ce  semblant  d'indulgence,  il  fait 
emprisonner  La  Bessée,  Benoit  Sève,   Georges  Raymond,  Perce  val,  V.  Locart, 

1  Archives  du  Rhône.  '  Archives  du  Rhône. 

2  Voir  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  pro-  i  lbid. 
testuiitisme  (année  1 885).  4  lbid. 


INTRODUCTION.  cv 

et  Clément  Gaucher.  Allant  plus  loin  encore  dans  cette  voie  de  rigueur,  il 
somma  ceux  de  la  ville  de  Montluel  de  lui  livrer  les  protestants  qui  s'y  étaient 
réfugiés.  Ils  parurent  d'abord  vouloir  obtempérer  à  cette  injonction;  mais,  à  la 
date  du  12  septembre,  le  secrétaire  de  la  ville,  Ravot,  était  encore  à  ignorer  s'ils 
les  livreraient1. 

Le  conflit  n'en  demeura  pas  là  :  les  échevins  furent  de  nouveau  prévenus  par 
MM.  de  Masso  et  de  Rubys,  que  l'on  se  plaignait  à  la  cour  de  ce  que  l'exécution 
des  protestants  n'avait  pas  été  aussi  complète  à  Lyon  qu'à  Paris  et  au  mépris  des 
ordres  du  Roi.  Une  pareille  dénonciation  ne  pouvait  rester  sans  réponse.  A  la 
suite  dune  longue  discussion  à  laquelle,  à  leur  honneur,  MM.  de  Gombelande  et 
Daveyne  refusèrent  de  prendre  part,  ils  adressèrent  de  nouvelles  remontrances 
à  Mandelot.  Mis  ainsi  en  suspicion,  il  ne  s'en  tint  pas  au  premier  mémoire  sur  les 
événements  de  Lyon  qu'il  avait  confié  à  M.  de  l'Isle  pour  le  remettre  au  Roi,  il  en 
adressa  un  second  à  M.  de  la  Rue ,  chargé  de  ses  affaires  à  Paris ,  et  sans  attendre 
sa  réponse,  il  écrivit  le  1 5  septembre  à  Charles  IX  : 

a  Sire,  je  n'ay  aucune  coulpe,  n'ayant  sceu  quelle  étoit  la  volonté  de  Votre  Majesté  que 
par  ordre,  encore  bien  tard  et  à  demi,  et  ay  craint  quelle  fut  plustot  courroucée  de  ce 
que  le  peuple  auroit  fait  que  de  trop  peu,  d'autant  que  par  toutes  les  provinces  voisines 
il  ne  s'est  rien  touché2,  n 

Dans  sa  lettre,  datée  du  i/t  septembre,  le  Roi  lui  recommande  de  tenir  sous 
bonne  garde  ceux  de  la  religion  réputés  pour  factieux,  et  de  lui  en  transmettre  les 
noms.  Plus  tard  de  nouveaux  ordres  lui  seront  transmis. 

Quant  à  ceux  des  protestants  qui  avaient  usé  du  bénéfice  des  édits,  il  lui 
est  enjoint  de  les  remettre  en  liberté  et  de  les  laisser  vivre  paisiblement  en  leurs 
maisons,  suivant  la  déclaration  qui  précédemment  lui  a  été  adressée. 

Mais,  par  rapport  à  l'exécution  qui  avait  eu  lieu,  et  que  les  échevins,  nous 
l'avons  vu,  auraient  désiré  que  le  Roi  avouât,  la  réponse  est  formelle  :  ce  Sa 
Majesté  est  déplaisante  que  le  peuple  ait  de  son  autorité  privée  entrepris  telle  exé- 
cution, et  ledit  sr  de  Mandelot  donnera  l'ordre  qu'il  n'advienne  cy  après  le  sem- 
blable3. i) 

Les  biens  des  protestants  leur  seront  rendus  et  ceux  qui  voudront  abjurer  se- 
ront renvoyés  devant  l'évêque  ou  son  représentant4. 

1  Archives  du  Rhône.  "  Voici  comment  ces  mesures  de  clémence  étaient 

1  Paulin  Paris,  Correspondance  de  Mandelot.              appréciées  à  Lyon:  n-  Il  n'est  pas  besoin  que  je  vous 

lbid.  mande,  écrivait  M.  de  Grollier  à  son  cousin  M.  de 

Catiieri\f.  de  Médic-.is.  —  IV.  Ji 

IvpniMLniE    niriojAii:. 


i:\i 


INTRODUCTION. 


Toutefois  Mandelot  fmiL  par  avoir  gain  de  cause  à  la  cour,  et  le  28  septembre, 
M.  de  Masso  écrivit  aux  échevins  : 

ttJ'ay  entendu  que  Monsieur  le  gouverneur  a  esté  mal  adverty  de  quelques 
propos  qu'il  dit  qu'avons  dit  au  Roy  et  à  la  Reyne  de  luy  sur  l'exécution  faicte  à 
Lyon;  nous  vous  supplions  faire  en  sorte  qu'il  soit  adverty  de  la  vérité,  car  jamais 
n'avons  parlé  de  luy  qu'avec  l'honneur  et  révérence  que  nous  luy  devons  1.n 

Celle  tardive  marque' de  déférence  ne  l'innocente  pas  du  reproche  de  cupidité 
dont  sa  mémoire  est  entachée.  Dans  sa  lettre  au  Roi  du  2  septembre,  faisant  al- 
lusion aux  biens  des  protestants  mis  sous  le  séquestre,  et  dont  il  conseille  le  par- 
tage, il  supplie  Sa  Majesté  de  lui  faire  tant  d'honneur  de  ne  pas  l'oublier2. 

De  Lyon  passons  au  Dauphiné. 

M.  de  Gordes,  qui  y  commandait,  dès  le  28  août  fut  avisé  par  une  dépèche 
venue  de  Lyon  des  événements  de  Paris.  Si  l'on  s'en  rapporte  uniquement  à  l'his- 
torien Chorier,  il  convoqua  Truchon,  le  premier  président,  et  les  principaux 
conseillers  du  Parlement  de  Grenoble  et  leur  remontra  que  dans  les  circon- 
stances présentes  le  mieux  était  de  temporiser;  il  lui  semblait  inadmissible  que  le 
Roi  fût  dans  l'intention  de  faire  retomber  sur  tant  d'innocents  les  crimes  imputés 
a  1  amiral.  Soutenu  par  Truchon,  il  fit  adopter  cette  résolution3. 

Les  propres  lettres  de  Gordes  nous  feront  encore  mieux  apprécier  sa  prudente 
conduite  :  il  commence  par  défendre  aux  protestants  de  sortir  de  leurs  maisons 
et  les  remet  en  garde  à  ceux  des  catholiques  qui  passaient  pour  être  leurs  amis1. 
Grâce  à  ces  mesures,  l'ordre  fut  maintenu  à  Grenoble  et  dans  le  reste  du  Dau- 
phiné. Dans  les  lettres  qui  lui  sont  adressées  durant  le  mois  de  septembre  de 
toutes  les  villes  de  son  gouvernement,  il  est  prévenu  que  l'on  fait  bonne  garde, 
et  que  partout  les  proleslanls  ont  été  mis  en  demeure  de  livrer  leurs  armes. 

Le  27  septembre,  le  maréchal  Damvillc  qui  rentrait  dans  son  gouvernement 


Mnsso,  1rs  lvaux  faits  d'armes  qu'en  a  faict  icy  d'a- 
voir tué  quatre  ou  cinq  cens  quanailles  et  avoir 
sauvé  ceulx  qui  en  partie  estaient  cause  des  maux 
advenus  en  France.  Il  est^v-ray  que  c'est  souz  ung 
prétexte  qu'ilz  yront  N  la  messe  qui  consisle  en 
partie  d'aller  à  l'offrande.  Vous  estes  de  par  delà 
pour  le  pouvoir  remonstrer».  (Archives  du  Rhône, 
H  '17,  f  85.) 

1  Archives  du  Rlione. 

1  Ibid. 


1  Chorier,  Histoire  du  Dauphiné,  édit.  de  1670  , 
in-P,  p.  6/17. 

4  Chartrier  de  .M.  le  duc  d'Aumale,  lettres  de 
M.  de  Gordes  dont  l'analyse  nous  a  été  communiquée. 

Chorier,  dans  son  Histoire  du  Dauphiné,  parle 
du  massacre  de  Montélimart,  mais  celle  assertion 
est  contredite  par  les  documents  publiés  par  M.  de 
Cotton  (I.  II,  p.  35o)  et  par  ceux  également  pu- 
bliés par  M.  Lacroix,  archiviste  de  la  Drôme  (ar- 
rondissement de  Montélimart,  t.  Il,  p.  169). 


INTRODUCTION.  cvh 

du  Languedoc,  lui  écrit  de  Saint-Mathurin  :  rr  Je  vous  envoie  copie  de  la  lettre  du 
Roy,  dont  le  vouloir  et  l'intention  n'est  point  autre  que  de  garder  et  entretenir 
son  édit  de  pacification1,  t> 

Cette  lettre  justifiait  la  conduite  de  Gordes. 

Les  protestants  de  la  ville  de  Vienne  durent  leur  salut  à  l'archevêque  Gri- 
raaldi;  ceux  de  Die  à  leur  gouverneur  M.  de  Glandage  et,  dans  nos  possessions  au 
delà  des  Monts,  ceux  du  marquisat  de  Saluées  à  Ludovic  de  Birague  qui  y  com- 
mandait. 

Il  en  fut  de  même  pour  la  Provence,  où  le  comte  de  Tende  se  signala  par  sa 
modération. 

Bellièvre,  du  Parlement  de  Grenoble  et  frère  de  l'ambassadeur  en  Suisse,  avait 
été  envoyé  en  mission  extraordinaire  à  Montpellier  en  qualité  d'intendant  de  jus- 
tice. Dès  le  8  août  1672,  il  avait  écrit  au  Roi  :  «Nous  trouvasmes  les  habitans  de 
cette  ville  d'assés  mauvais,  accord,  voulans  les  catholiques  retenir  l'aclvantaigc 
auquel  ilz  se  trouvoient  et  les  aultres  estans  impatiens  de  telle  subjection  avec 
une  animeuse  poursuyte  des  injures  passées,  laquelle  nous  leur  avons  petit  à 
petit  faict  délaisser  non  par  peynes  ou  procédures  criminelles  qui  n'eussent  servy 
qu'à  aigrir  davantage  les  parties,  mais  plutôt  en  faisant  cesser  aulcunes  choses, 
que  nous  voyons  se  continuer  contre  vostre  édit2. n 

Tel  était  l'état  des  esprits  dans  Montpellier,  quand  dans  la  nuit,  du  3o  août, 
sur  les  3  heures  du  matin,  un  courrier  envoyé  à  M.  de  Joyeuse,  alors  à  Béziers, 
annonça,  en  passant,  à  M.  de  Bellièvre  le  massacre  de  Paris.  En  attendant  les  or- 
dres de  M.  de  Joyeuse,  par  mesure  de  prudence,  il  fit  fermer  les  portes  de  la  ville 
et,  avant  le  jour,  mit  sous  bonne  garde  tous  les  protestants;  mais  crsans  offense 
de  personne  3n.  Le  8  septembre,  la  déclaration  du  Roi  du  28  août,  qui  leur  as- 
surait la  liberté  de  conscience  et  la  sûreté  de  leur  vie  fut  promulguée,  et  aucun 
meurtre  ne  fut  commis  à  Montpellier4.  Le  10  septembre  Bellièvre  put  donc 
écrire  au  Roi  :  «Le  dimanche  dernier  du  mois,  au  matin,  arriva  M.  de  Ville- 
neuve, lieutenant  de  la  compagnie  de  M.  de  Joyeuse,  avec  partie  d'icelle  qui  a 
si  bien  pourveu  au  surplus  que  l'ordre  et  l'asseurance  y  sont  lelz  que  Votre 
Majesté  le  sçauroit  désirer  selon  les  affaires  qui  se  présentent,  mesmes  pour  le  re- 
gard de  quelques  lieux  prochains  de  ceste  ville  comme  Manguyol,  Somières  et 

1  Chartrier  de  M.  le  duc  d'Aumale ;  voir  Long,  3  Bibl.  nalionale,  fonds  français,  n"  1 5 5 5 5 , 
La  réforme  en  Dauphiné.                                                 f°  67  bis. 

2  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  1 5555,  f°  92.  '  Voir  d'Aubais,  Pièces  fugitives ,  t.  Il,  p.  a3. 

». 


cvm  INTRODUCTION. 

Pignan  où  aucuns  de  la  religion  s'estoient  du  premier  coup  jectés;  sur  les  re- 
montrances qui  leur  ont  été  faictes,  ils  ont  délaissé  iceux  lieux  en  leur  acoustumée 
liberté  et  commerce.  Nous  sommes  après  à  essayer  de  pouvoir  l'aire  de  mesme 
es  montagnes  des  Cévennes;  mais  le  principal  et  plus  important  est  de  se  pou- 
voir asseurer  de  Nymes  où,  à  ces  fins,  M.  de  Joyeuse  a  mandé  M.  le  baron  de 
Portes,  par  lequel  je  leur  ay  aussi  escrit.  J'entens  qu'ilz  faisoient  assés  bonne  dé- 
monstration de  vouloir  obéir,  sinon  que  la  nouvelle  de  ce  qui  est  succédé  à  Lyon 
les  aye  efiïayez.  Si  ladite  ville  est  une  fois  asseurée,  j'espère  que  rien  ne  se  bou- 
gera en  cette  province1,  n 

Il  se  faisait  d'étranges  illusions,  ou  était  bien  mal  renseigné;  car  Gaylus,  de  son 
côté,  écrivait  au  Roi  le  28  septembre:  ce  Ayant  entendu  la  mort  de  l'admirai  par  les 
lettres  par  lesquelles  il  a  pieu  à  Monseigneur  le  duc  d'Anjou  m'envoyer  pour  me 
commander  de  me  saisir  des  villes  de  Montauban,  Milliau  et  Saint-Anlonin,  dans 
ces  contrées  ceulx  de  la  prétendue  religion  réformée  feirent  si  bonne dilligence  qu'ilz 
furent  dans  lesdites  villes  quatre  jours  après  la  mort  du  dit  admirai,  qui  a  esté  cause 
que  l'on  ne  s'en  est  peu  emparer,  et  se  sont  retirez  là  tous  ceulx  du  plat  pays2T>. 

Nous  venons  de  le  voir,  la  grande  préoccupation  de  Bellièvre,  c'est  que  Nîmes 
ne  vînt  pas  aux  mains  des  protestants. 

Les  choses  s'y  passèrent  plus  pacifiquement  qu'il  ne  pensait.  A  la  première 
nouvelle  de  la  Saint-Barthélémy,  le  juge  mage,  M.  de  Montcalm,  convoqua  d'ur- 
gence un  conseil  extraordinaire  pour  aviser  aux  mesures  à  prendre.  A  la  première 
réunion  de  ce  conseil,  un  avocat  nommé  Yillars  émit  l'avis  que  les  portes  de 
la  ville  fussent  gardées  sans  distinction  de  religion  par  autant  de  protestants 
que  de  catholiques.  Cette  proposition  fut  admise  et  M.  de  Joyeuse,  qui  en  fut 
avisé,  approuva  la  conduite  qui  était  tenue  et  engagea  ceux  de  Nîmes  à  main- 
tenir l'ordre  ainsi  qu'ils  l'avaient  fait  jusqu'alors3;  mais  ils  s'obstinèrent  à  tenir 
leurs  portes  fermées  aux  troupes  royales.  Dans  les  premiers  jours  de  janvier  ib^o , 
Charles  IX  écrivait  au  maréchal  Damville  :  rr  J'ay  connu  par  la  réponse  que  ceux 
de  Nîmes  vous  ont  baillée  pour  ce  que  vous  leur  avez  commandé  de  ma  part 
leur  mauvaise  intention;  à  quoy  j'ay  délibéré  ne  faire  aultre  response,  mais  vous 
dire  que  vous  poursuiviez  et  diligentiez  vos  préparatifs  pour  en  avoir  raison 
par  la  voie  de  la  force,  puisque  celle  de  la  douceur  ne  peut  plus  de  rienr,  et 
dans  une  nouvelle  lettre  du  2  mars  suivant  au  duc  d'Anjou,  d  ajoutait  :  ail  y  a 

'   Bibl.  nat. ,  fonds  français,  11°  1 5555,  f"  60.  —  "-  Ibid.,  î°  io5.  —  '  Mesnard,  Hïrt.  de  Nîmes. 


INTRODUCTION.  cix 

quinze  cens  hommes  d'armes  à  Nîmes  commandés  par  le  fils  d'un  maréchal  et  un 
autre  vilain  qui  a  toujours  fait  profession  de  voleur.  Ceux  de  Nîmes  seront  aisés  à 
prendre,  car  ne  peuvent  être  secourus  que  du  côté  de  Sommières  que  mon  cousin 
lient  bloqué1.!) 

A  Toulouse,  on  n'usa  pas  de  la  même  modération  qu'à  Montpellier.  Dans 
les  premiers  jours  de  septembre,  M.  de  Rieux  ayant  apporté  aux  capitouls  une 
lettre  de  Charles  IX,  ils  répondirent  le  8  au  Roi  qu'ayant  appris  que  ceux 
de  la  religion  dans  les  villes  environnantes  avaient  fait  emprisonner  des  catho- 
liques, ils  s'étaient  saisis  de  tous  ceux  qu'ils  avaient  pu  appréhender,  au  nombre 
desquels  se  trouvaient  trois  ou  quatre  instigateurs  des  derniers  troubles2. 

De  son  côté,  Daflis,  le  président  du  Parlement  en  prévint  Charles  IX;  mais 
la  nouvelle  du  massacre  qui  avait  eu  lieu  dans  plusieurs  villes  étant  venue  à  se 
répandre,  Lanthomy,  l'un  des  violents  du  Parlement,  demanda  hautement  que 
l'on  en  fît  de  même  à  Toulouse.  Le  président  Daflis  soutenu  par  plusieurs  de  ses 
collègues  s'y  opposa,  et  obtint  qu'un  député  fût  envoyé  à  Paris  pour  prendre  les 
ordres  du  Roi.  La  réponse  ne  parvint  qu'à  la  fin  de  septembre  :  Sa  Majesté  or- 
donnait de  tenir  les  protestants  en  bonne  et  sûre  garde,  de  les  traiter  toutefois 
humainement  et  de  lui  adresser  leurs  noms  avec  la  désignation  des  charges  et  des 
offices  qu'ils  occupaient3. 

«Les  faits  de  Paris,  écrivirent  les  échevins  de  Carcassonne  au  Roi,  n'ont  pro- 
duit aucun  effet.  Rien  n'a  été  altéré  ni  changé,  -n 
Tout  désordre  fut  donc  écarté  pour  le  moment. 

Arrivons  à  la  Guyenne.  Montpezat  manda  du  Fou,  le  27  août,  au  duc  d'Anjou: 
«J'ai  despesché  ung  courrier  à  Bordeaux  pour  advertir  Messieurs  de  la  court  de 
l'intention  de  Sa  Majesté  et  fait  autres  dépèches  à  Dax,  Bayonne,  Xaintes,  Blois, 
Agen,  Cahors,  Rouergue,  Périgueux  et  Bazas,  et  vers  M.  de  Strozze  pour  cet  effet, 
afin  qu'il  n'y  ayt  aucune  esmotion,  et  aussi  que  les  capitaines,  gouverneurs  et 
autres  ministres  du  Roy  prennent  garde  à  leurs  places.  J'envoie  en  Xaintonge 
vers  M.  de  Strozze  pour  apprendre  ce  que  sont  devenuz  les  soldatz  qui  n'y  se 
seront  embarquez 4.  n 

Dans  les  jours  qui  suivirent  l'ordre  fut  maintenu  à  Bordeaux  et  Charles  IX  put 
écrire  à  Lagebaston,  le  premier  président  du  Parlement  :  «Nous  avons  très  grand 
contentement  du  bon  ordre  qui  a  esté  donné  par  le  sieur  de  Montferrand  pour 

1  Bibl.  impériale  de  Saint-Pétersbourg.  —  2  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  i5555,  i"  Go.  —  s  Ibid., 
P6-2.  —  '  Ibid.,  f°  43. 


ex  INTRODUCTION. 

contenir  toutes  choses  eu  vostre  ville,  suivant  nostre  intention  comme  aussi  du 
bon  debvoir  duquel  vous  vous  y  êtes  particulièrement  acquitté.  Vous  êtes  main- 
tenant bien  informé  de  nostre  volonté  et  des  causes  qui  nous  ont  meu  et  contraint 
permettre  et  lâcher  la  main  à  cette  exécution  qui  a  esté  faite.  Continuez  à  faire 
votre  debvoir  selon  nos  intentions l,  n 

Le  même  jour  il  écrivit  à  M.  de  Montferrand  :  cr  Je  vous  prie  que  je  demeure 
obéi  et  mon  commandement  suivi,  usant  de  toute  hostilité  à  l'endroit  de  ceux  qui 
supposent  à  ma  volonté  et  défendant  de  toute  oppression  ceux  qui  se  contien- 
dront et  demanderont  à  vivre  paisiblement  en  leurs  maisons2. 15 

Durant  la  première  quinzaine  de  septembre,  la  tranquillité  se  maintint  donc 
à  Bordeaux,  et  Montferrand  répondit  le  20  septembre  au  Roi:  a  Ceux  de  ceste 
ville  vivent  en  paix  les  ungs  avec  les  autres  et  ont  tous  promis  à  M.  de  Mont- 
pezat  et  à  moy,  de  se  contenir  et  de  suivre  la  volonté  de  Vostre  Majesté 3.  -n 

Nous  verrons  plus  loin  qu'il  ne  persévéra  pas  dans  cette  voie  de  modération. 
Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  parler  de  Bayoune.  La  plupart  des  historiens  ont 
attribué  au  vicomte  de  Orthe,  qui  en  était  le  gouverneur,  cette  belle  réponse:  «■  Il 
n'y  a  pas  de  bourreaux  à  Bayonne,  il  n'y  a  que  des  soldats,  n 

Une  lettre  de  lui  datée  de  cette  ville  le  3 1  août,  tout  en  faisant  un  grand  hon- 
neur à  sa  modération,  amoindrit  un  peu  le  prestige  de  la  glorieuse  légende  dont 
a  profilé  sa  mémoire. 

«J'ay  entendu  ce  qu'est  arrivé  à  Paris  le  xxu  et  xxmc  du  présent  mois  d'août, 
écrit-il  au  Roi,  et  puisque  se  sont  querelles  particulières,  j'espère  vous  rendre  si 
bon  et  fidèl  compte  de  ceulx  que  m'avez  baillé  en  charge  que  de  les  faire  vivre 
en  tel  point  qu'il  ne  se  attemptera  chose  quelconque  à  votre  dessein. 

fc  Au  demeurant,  Sire,  craignant  que  ceste  mutation  engendrast  quelque  chose 
de  maulvais  et  que  ceulx  qui  le  pouvoient  prendre  de  ceste  façon  se  prévalussent 
des  deniers  qui  se  lèvent  de  ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée  et  que  les 
commissaires-receveurs  et  autres  commis  à  ladicte  levée  sont  de  la  religion  pré- 
tendue réformée,  j'ay  commandé  à  ceulx  de  ceste  ville  de  n'en  vuider  leurs  mains 
ou  bien  les  mettre  en  main  si  seure  et  solvable  qu'il  puisse  estre  mis  là  où  il 
vous  plaira  ordonner",  n 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  u°  i5553,  f  187,  4  Biltl. nat. , fonds  français, n°  1 5555,  F"  47; voir 

minute  originale.  l'ardcle  publié  par  M.  Tamizey  de  la  Roque  dans 

■  Ihiil. ,  f°  187.  le  tome  1  de  la  Revue  des  questions  historique*,  el  les 

Uni.,  11°  1 5555  ,  f"  95.  11"  du  Bull,  de  l'Ilist.  de  la  Soc.  du  protestantisme. 


INTRODUCTION.  cm 

De  cette  longue  excursion  à  travers  les  provinces,  une  conclusion  se  dégage, 
c'est  que  l'ordre  ou  le  désordre  ont  dépendu  du  plus  ou  moins  d'autorité  des 
gouverneurs  sur  les  populations,  et  de  leur  plus  ou  moins  de  souci  de  la  vie  hu- 
maine1. Si  certains  se  sont  montrés  faibles  et  indécis  comme  Mandelot,  cruels 
comme  Montferrand  et  Montpensier,  d'autres  ont  prudemment  attendu  les  ordres 
du  Roi,  et  préservé  ainsi  la  vie  des  protestants.  Aussi  l'histoire  a-t-elle  retenu  les 
noms  de  Chabot-Gharny,  du  duc  de  Longueville,  de  Saint-Hérem,  de.  Matignon, 
de  Leveneur,  de  Hennuyer,  de  Fumiclion,  de  Bouille,  de  La  Guiche,  de  Gordes, 
du  comte  de  Tende,  de  Villars,de  Bellièvre,  de  Joyeuse,  du  vicomte  de  Orthe  et 
enfin  de  Glandage,  et  elle  a  glorifié  à  jamais  leur  mémoire. 

XIV 

11  nous  reste  à  voir  maintenant  comment  la  Saint-Barthélémy  fut  acceptée  et 
appréciée  par  l'Europe;  puis,  pour  compléter  cette  étude,  nous  rechercherons  les 
conséquences  fatales  dont  elle  fut  l'unique  cause.  La  lin  du  règne  de  Charles  IX 
et  celui  tout  entier  de  Henri  III  en  seront  troublés,  et  la  France  touchait  à  sa  ruine, 
si  Ja  main  victorieuse  et  pacifique  du  grand  roi  Henri  IV  n'était  venue  mettre  fin 
à  nos  guerres  civiles  et  religieuses. 

Un  courrier  parti  précipitamment  de  Lyon  arriva  le  2  septembre  à  Rome;  il 
était  porteur  d'une  lettre  de  Danes,  le  secrétaire  de  M.  de  Mandelot,  à  M.  de  Jou, 
commandeur  de  Saint-Antoine.  Danes  le  priait  de  faire  savoir  sur-le-champ  au 
Saint-Père ,  qui  l'en  récompenserait  largement,  que  les  principaux  chefs  protestants 
avaient  été  tués  à  Paris  et  que  le  Roi  avait  donné  1  ordre  aux  gouverneurs  des 
provinces  de  se  saisir  de  tous  les  huguenots. 

Averti  le  premier,  le  cardinal  de  Lorraine  fit  remettre  deux  cents  écus  au  cour- 
rier, et  prenant  avec  lui  l'ambassadeur  Ferais,  il  alla  annoncer  cette  grande  nou- 
velle au  Saint-Père.  Grégoire  XIII  ne  put  maîtriser  un  premier  mouvement  de  joie; 
il  fit  remettre  cent  écus  au  porteur  de  la  lettre  et  voulait  même  que  l'on  allumât 
des  feux  de  joie  dans  Rome.  Ferais  lui  objecta  qu'avant  tout  il  fallait  attendre 
une  lettre  officielle  du  Roi  et  celle  de  Salviati  son  propre  légat2. 

Elles  ne  se  firent  pas  attendre  :  le  5  septembre,  Beauville  arriva  à  Home,  et 

1  Les  ordres  du  Roi  forent  diversement  exécutés        (Mézeray,  in-f\  édition  de  1680,  t.  Ut,  [>.  261.) 
dans  les  provinces  selon  l'honneur  des  gouverneurs  2  Bibl.  nationale,   fonds   français,  n'   i6iio, 

et  Taffeclion  qu'ils  avaient  aux  différentes  fractions.        f°  191  v*. 


cui  INTRODUCTION. 

Ferais  fit  remettre  au  pape  la  lettre  du  Roi  et  celle  de  Salviati,  dont  Beauville 
s'était  chargé1. 

«Très  Saint-Père,  disait  le  Roi  dans  sa  lettre,  nous  envoyons  présentement 
devers  Vostre  Sainteté  le  sieur  de  Beauville,  pour  dire  et  faire  cognoistre  àVoslre 
Sainteté  aucunes  choses  de  nostre  part  sur  lesquelles  nous  prions  et  requérons 
Vostre  Sainteté  tant  et  si  affectueusement  que  faire  pouvons  lui  accorder  bénigne 
et  favorable  audience  et  ajouster  la  mesme  foy  à  ce  qu'il  vous  dira,  comme  vous 
vouldriez  faire  à  nostre  propre  personne2. n 

Charles  IX  gardait  le  silence  et  sur  le  massacre  et  sur  ses  causes;  mais  une 
lettre  du  duc  de  Montpensier  au  pape  les  expliquait  et  les  motivait.  Après  avoir 
rappelé  la  bonté,  la  clémence  dont  Sa  Majesté  avait  usé  envers  les  huguenots  et 
l'amiral,  le  duc  les  accusait  lui  et  les  siens  d'avoir  voulu  tuer  le  Roi,  sa  mère, 
ses  frères  et  les  principaux  seigneurs  catholiques  a  pour  bâtir  un  roi  à  leur  dévo- 
tion et  abolir  toute  autre  religion  que  la  Jeun»;  mais  le  jour  où  devait  s'exécuter 
cette  damnable  entreprise  ce  Dieu  avoit  illuminé  l'esprit  du  Roi  qui  avoit  fait 
tomber  l'exécution  sur  l'amiral  et  ses  complices v.  «Leur  nombre  est  si  grand  en 
celte  ville,  ajoutait- il,  que  je  ne  le  sçaurois  déclarer  à  Vostre  Sainteté,  et  ce  que 
j'en  loue  le  plus,  c'est  la  résolution  que  Sa  Majesté  a  prise  d'anéantir  toute  cette 
vermine  et  de  remettre  l'église  catholique  entre  ses  bons  sujets  au  repos  et  splen- 
deur qu'ils  la  désirent3,  n 

Nous  détachons  de  la  dépèche  du  légat  Salviati  au  cardinal  de  Corne  cette 
seule  phrase  qui  exclut  toute  idée  de  préméditation  du  massacre  en  grand  des 
huguenots  :  rrSi  l'amiral  était  mort  du  coup  d'arquebuse  qu'on  lui  tira,  je  ne  puis 
croire  que  tant  de  personnes  eussent  été  tuées.  Lorsque  j'écrivis  ces  jours  passés  à 
Votre  Seigneurie  et  par  lettre  chiffrée  que  l'amiral  s'avançait  trop  et  qu'on  lui 
donnerait  sur  les  doigts,  j'étais  convaincu  qu'on  ne  pouvait  plus  le  supporter  et 
j'étais  resté  avec  cette  persuasion  lorsque  dans  ma  dépèche  ordinaire  j'écrivis  que 
j'espérais  donner  bientôt  à  Sa  Sainteté  quelque  bonne  nouvelle;  mais  je  ne  croyais 
pas  à  la  dixième  partie  de  ce  que  je  vois  présentement  de  mes  propres  yeux  4.  v 

Dans  une  nouvelle  lettre  datée  de  Paris  et  du  27  août,  qui  ne  parvint  à  Rome 
que  plus  tard ,  Salviati  entre  dans  de  nouvelles  explications  :  «  La  Reine  mère  est 
décidée  non  seulement  à  supprimer  ledit,  mais  aussi  à  rétablir  la  religion  catho- 
lique par  les  voies  légales  dans  toute  son  observance.  L'on  ne  peut  en  douter 

'  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  11°  i6o4o,  f°  191  v°.  —  2  Archives  du  Vatican.  —  *'  Ibitl.  —  l  Theiner, 
Continuation  lien  Annales  de  Baronius,  t.  I",  p.  .'!a<|. 


INTRODUCTION.  cira 

depuis  la  mort  de  l'amiral  et  de  tant  d'autres  personnages  de  valeur,  ce  cpii  est 
d'ailleurs  conforme  aux  entretiens  que  j'ai  eus  avec  elle  à  Blois  à  l'occasion  du 
mariage  de  Navarre  et  d'autres  affaires  qui  se  traitaient  alors.  Je  puis  l'attester 
devant  Notre  Saint-Père  et  l'univers  entier  '.  * 

L  historien  protestant  Soldan  a  ingénieusement  observé  que  l'interprétation  de 
la  lettre  de  Salviati  dépend  de  la  ponctuation  et  que  si  l'on  adoptait  la  sienne,  et 
telle  que  nous  la  reproduisons  dans  la  note  ci-dessous-,  ce  mot  conforme  aux  entre- 
liens que  le  légat  avait  eus  arec  la  Reine  à  Blois,  s'appliquait  uniquement  à  l'intention 
de  Catherine  de  rétablir  partout  la  religion  catholique  et  non  à  celle  de  faire  tuer 
l'amiral. 

D'autres  historiens  ont  relevé  la  contradiction  qui  ressort  des  deux  lettres  de 
Salviati,  et  à  les  entendre,  c'est  un  argument  de  plus  en  faveur  de  la  préméditation 
de  la  Saint-Barthélémy. 

Si  l'on  veut  bien  se  reporter  à  l'entrevue  que  Catherine  eut  à  Metz,  en  i5Gg, 
avec  l'ambassadeur  d'Espagne  et  à  l'aveu  qu'elle  lui  fit  d'avoir  promis  des  sommes 
importantes  à  ceux  qui  tueraient  Coligny,  Grammont  et  Larocbefoucault,  il  est 
admissible-,  à  la  rigueur,  qu'à  Blois,  et  avant  l'arrivée  de  l'amiral,  elle  ait  fait  à 
Salviati  la  même  confidence.  Si  elle  ne  donna  pas  suite  alors  à  cette  pensée  homi- 
cide, c'est  qu'à  ce  moment-là  Coligny  lui  était  utile  pour  les  deux  mariages 
qu'elle  poursuivait,  celui  de  Marguerite  avec  le  prince  de  Navarre  et  celui  du  duc 
d'Alençon  avec  Elisabeth,  et  utile  encore  pour  la  négociation  d'alliance  entamée 
avec  les  princes  protestants  d'Allemagne  et  la  reine  Elisabeth. 

Tuer  l'amiral,  c'était  bien  la  ressource  suprême  qu'elle  n'avait  cessé  d'envisager 
et,  si  les  nécessités  de  la  politique  l'en  détournèrent  momentanément,  elle  n"\ 
renoncera  pas. 

Dans  cette  même  journée  du  5  septembre,  Beauville  fut  conduit  chez  le  pape 
par  le  cardinal  de  Lorraine  et  Ferais3.  Après  avoir  fait  le  récit  de  tout  ce  qui  s'était 
passé  à  Paris,  il  supplia  Sa  Sainteté,  en  récompense  du  fait  accompli,  d'accorder 

'  Theiner,  Continuation  des  Annales  de  Baronius ,  a  ragiouamenlo  allre  voile  havuto  con  esso  meco, 

t.  I,  p.  329.  essendo  a  Blés,  e  traltando  del  parentado  di  Navarra 

1  Quai  regina  in  progresso  di  tempo  intende  poi  e  dell'  altre  cose  chez  eorrevano  in  quei  tempi,  il 

non  solo  di  revocar  tall  editto,  ma  per  mezo  de  la  che  essendo  vero  ne  posso  rendere  testimonianza  e 

giustizia  di  restiluire  la  fede  calholica  uel  (nelf)  a  N.  S.,  e  a  lulto  il  mondo.  (Soldan,  La  France  et 

anlica   observanza,    parendogli    che    nessuno    ne  la  Saint-Barthélémy,  p.  1/11,  note.) 
debba  dubitare,  adesso  che  hanno  fatlo  morire  l'a-  3  Dépêche  de  Ferais.  (  Bihl.  nat. ,  fonds  français , 

miraglio  con  tanti  altri  huomini  di  valore,  conforme  n"  161  io.) 

ClTnERINE  DE  MÉDIC1S.   — ■  IT.  0 


r.„v  INTRODUCTION. 

la  dispense  refusée  jusqu'alors,  el  de  vouloir  bien  l'antidater  de  quelques  jours 
avant  la  célébration  du  mariage  de  Marguerite  de  Valois;  en  même  temps,  il 
réclama  l'absolution  pour  les  cardinaux  de  Bourbon  et  de  Rambouillet  et  poin- 
tons les  évèques  qui  avaient  autrefois  assisté  à  la  cérémonie. 

Grégoire  XIII  répondit  simplement  qu'il  y  réfléchirait  et  aviserait. 

Le  lendemain  les  dépècbes  du  légat  Salviati  furent  lues  en  plein  consistoire,  et 
le  cboix  d'un  légat  à  envoyer  en  France  s'étant  porté  sur  le  cardinal  Ursin,  le 
Saint-Père,  suivi  de  tout  le  sacré  collège,  fit  chanter  le  Te  Deum  dans  la  cbapelle 
du  palais  de  Saint-Marc  qu'il  habitait  alors. 

Le  8  septembre,  toutes  les  troupes  papales  faisant  la  haie,  Grégoire  XIII  alla 
entendre  une  messe  d'actions  de  grâces  dans  la  chapelle  française  de  Saint-Louis. 
Le  cardinal  de  Lorraine  l'attendait  sur  le  seuil.  Au-dessus  du  porche  une  inscrip- 
tion1 placée  par  son  ordre,  et  écrite  en  lettres  d'or,  proclamait  que  Charles  IX  en 
faisant  massacrer  les  protestants  n'avait  fait  que  suivre  les  conseils  qu'on  lui  avait 
donnés,  (l'était  à  la  fois  s'attribuer  la  meilleure  part  dans  la  préméditation  de  la 
Saint-Barthélémy  et  compromettre  Rome  aux  yeux  de  l'Europe  protestante. 

En  agissant  ainsi  le  cardinal  de  Lorraine,  si  profondément  personnel,  n'avait  en 
vue  que  sa  propre  fortune,  que  sa  propre  ambition.  De  longue  date  Ferais  s'était 
plaint  à  Charles  IX  et  à  Catherine  d'avoir  été  très  mal  secondé  par  lui  dans  la 
négociation  de  la  dispense,  et  lui  avait,  à  bon  droit,  reproché  d'avoir  à  dessein 
adouci  toutes  ses  remontrances.  Allant  au-devant  de  ces  justes  soupçons,  le  car- 
dinal avait  cherché  à  s'en  justifier'2;  mais  trop  habile  pour  ne  pas  s  être  aperçu  que 
tout  son  crédit  à  la  cour  de  France  était  en  pleine  baisse,  il  cherchait  à  se  remettre 
au  mieux  avec  la  papauté. 

Sa  main  est  encore  plus  visible  dans  la  première  édition  du  récit  du  mas- 
sacre du  3)4  août,  qui  parut  à  Rome  le  18  septembre  1672.  Sous  la  plume  de 
Camille  Capilupi,  la  Saint-Barthélémy  change  de  nom  et  ne  s'appelle  plus  que 
le  Stratagème  de  Charles  IX,  dont  la  dissimulation  est  hautement  glorifiée. 

Dans  ce  pamphlet  inspiré  évidemment  par  les  vues  intéressées  de  ceux  qui  lui 

1   Voir  celle  inscription  dans  le  tome  Vit  de  la  ques    bons  effects  et   quelques  moyens  du  eoslc 

Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon  et  du  roy  de  Navarre,  nous  n'en  viendrons  jamais 

dans  le  11°  V  des  Cinq  cents  Colbert,  p.  1 19.  à  bout.  J'y  fais  tel  devoir  el  fera  y  jusqu'au  bout; 

3   -La    difficulté,    Madame,    avait-il    écrit     le  mais  les  choses  impossibles,  il  n'yaq.ie  Dieu  qui 

58  juillet,  n'est  nullement  dans  la  consanguinité ,  les  puisse.»  (Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  16189, 

mais  dans  la  religion;  si  vous  ne  me  donnez  quel-  fol.  483.) 


INTRODUCTION.  cxv 

en  avaient  suggéré  la  première  idée,  Gapilupi,  pour  affirmer  la  préméditation  de  la 
Saint-Barthélémy,  rapporte  que,  peu  après  son  arrivée  à  Rome,  le  cardinal  de  Lor- 
raine avait  dit  au  cardinal  Sermoneta  cpie,  de  jour  en  jour,  il  s'attendait  à  rece- 
voir semblable  nouvelle  de  Paris,  et,  à  l'appui  de  la  préméditation,  il  ajoute,  que, 
lorsque  le  cardinal  entendit  de  la  bouclie  de  l'envoyé  du  duc  d'Aumale  les  particula- 
rités de  la  sanglante  journée ,  aux  questions  qu'il  lui  adressa  sur  ce  qui  s'était  passé, 
les  personnes  présentes  virent  bien  qu'à  l'avance  il  était  au  courant  de  tout. 

Dans  la  seconde  édition  du  Stratagème  qui  parut  peu  après,  ce  premier  pas- 
sage a  été  supprimé  et  ce  retranchement  coïncide  avec  la  nouvelle  orientation 
politique  de  la  France;  nous  en  trouvons  la  preuve  dans  l'avertissement  mis  en 
tête  de  l'édition  française  de  îBy/t  du  Stratagème  :  «Quand  ce  livre  parut,  nous 
dit  l'anonyme  éditeur,  chacun  en  a  eu  copie,  qui  a  voulu  en  avoir,  et  inesmes 
avoit  été  commencé  à  imprimer.  Le  cardinal  de  Lorraine  qui,  au  commencement, 
le  Irouvoit  bon,  ayant  eu  advertisseinent  que  tout  n'estoit  achevé  en  France, 
comme  on  avoit  présumé,  et  qu'on  avoit  usé  d'autre  langaige  envers  plusieurs 
princes  étrangers,  joinct  que  cela  eut  pu  rompre  l'élection  du  roi  de  Pologne, 
empêcha  que  l'édition  ne  s'imprimât1.') 

Rapprochement  instructif,  et  qui  indique  bien  que  même  à  Rome  les  argu- 
ments invoqués  par  le  cardinal  de  Lorraine,  en  faveur  de  la  préméditation  de  la 
Saint-Barthélémy,  dont  il  cherchait  à  s'attribuer  tout  le  mérite  et  le  conseil,  ne 
rencontraient  que  peu  de  créance,  le  jour  même  où  une  messe  d'actions  de  grâces 
était  dite  en  grande  pompe  à  Saint-Louis,  l'ambassadeur  d'Espagne  écrivait  au 
roi  son  maître  :  et  Bien  que  les  Français  veuillent  donner  à  entendre  que  leur 
Boi  méditait  ce  coup  depuis  qu'il  fit  la  paix  avec  les  huguenots,  et  lui  prêtent  des 
stratagèmes  qui  ne  paraîtront  pas  permis  même  envers  des  hérétiques  et  des  re- 
belles, je  tiens  pour  certain  que,  si  l'arquebusade  donnée  à  l'amiral  fut  un  dessein 
projeté  quelques  jours  auparavant  et  autorisé  par  le  Boi'2,  tout  le  reste  fut  inspiré 
par  les  circonstances 2.  n 

Le  1 1  septembre,  un  jubilé  fut  annoncé  aux  fidèles  et  fixé  chaque  année  au 

1  L'éditeur  de  l'édition  de  iSyli  commet  une  Noire  Bibliothèque  nationale  possède  un  exemplaire 

erreur  volontaire  ou  involontaire.  Ce  livre  fut  im-  de  l'édition  rarissime  de  septembre  1672  sous  le 

primé  le  18  seplemhre  167a,  et  dans  la  seconde  n°  5o5  LB"  du  catalogue.  Aujourd'hui  il  a  été  mis 

édition  qui  parut  au  mois  d'octobre  suivant,  ainsi  a  la  réserve. 

que  nous  l'avons  observé,  la  phrase  compromet-  2  Gachard,  Bulletin  de  la  Commission  d'histoire 

tante  pour  le  cardinal  de  Lorraine  a  été  supprimée.  de  Belgique. 

0. 


/ 


cxvi  INTRODUCTION. 

jour  anniversaire  de  la  Saint-Barthélémy  pour  remercier  Dieu  de  la  victoire  de 
Lépante  et  de  la  grâce  qu'il  avait  faite  à  Charles  IX  d'échapper  à  une  si  détestable 
conjuration.  Pour  en  perpétuer  le  souvenir,  une  médaille  fut  frappée1.  D'un  côté 
elle  représentait  l'effigie  de  Grégoire  XIII,  de  l'autre,  l'ange  exterminateur  frap- 
pant de  son  glaive  les  huguenots  et  tout  à  l'entour  l'exergue  suivant  :  Ugono- 
torum  strages;  enfin  Vasari  fut  appelé  de  Florence  pour  peindre  sur  les  murailles 
du  Vatican  les  principales  scènes  de  la  sanglante  journée. 

Les  salves  d'artillerie  du  château  de  Saint-Ange,  les  Te  Deum  chantés  dans 
toutes  les  églises,  les  feux  de  joie,  les  peintures  murales  de  Vasari,  le  jubilé,  les  mé- 
dailles commémoratives,  ont  fait  accuser  la  papauté  d'être  la  complice  de  la  Saint- 
Barthélémy;  mais  ce  qui  est  hors  de  doute,  c'est  qu'à  Rome,  à  la  fin  de  septembre, 
on  croyait  encore  à  la  réalité  de  la  conjuration  des  huguenots  :  «Sire,  écrivait  Fe- 
rais, le  22  de  ce  même  mois  à  Charles  IX,  je  rends  grâces  à  Dieu  de  ce  qu'il  lui  a 
plu  conserver  et  préserver  Votre  Majesté,  celle  de  la  Reine  sa  mère  et  de  Messieurs 
ses  frères  de  l'abominable  conspiration  qu'ils  avoient  pourpensée.  Je  ne  crois  pas 
qu'il  y  ait  histoire  qui  fasse  mention  d'une  si  cruelle  et  si  mauvaise  volonté  2.  n 

Dans  la  première  quinzaine  de  novembre  suivant,  l'homme  qui  avait  arquebuse 
l'amiral  Coligny  vint  à  Rome  et  fut  amené  au  Vatican  par  le  cardinal  de  Lor- 
raine. Cette  visite  fut  vivement  blâmée,  et  Grégoire  XIII,  ce  qui  est  entièrement, 
en  sa  faveur,  s'en  montra  très  irrité  :  a  C'est  un  assassin,  s'écria-t-il  en  parlant  de 
Maurevel  3.  i> 

L'éminent  historien  qui  a  compulsé  toutes  les  archives  de  l'Europe  pour  sou- 
tenir la  thèse  de  la  préméditation  de  la  Saint-Barthélémy  affirme  qu'il  n'a  trouvé 
aucune  preuve  de  la  complicité  de  Rome4. 

L'historien  protestant  Soldan  l'affirme  également,  et  invoque  à  l'appui  les 
lettres  de  Salviali  qui  excluent  toute  entente  avec  Rome5* 

1   Elle  a  été  reproduite  par  Bonnani,  Numism.  où  nous  lisons  également  :   frQui  è  venuto  cpiello 

pontifie,  t..  I.  p.  33-6;  le  Cabinet  des  médailles  en  che dette  l'archibusata  airammiragUo,etècqndotlo 

possède  un  précieux  spécimen.  dal  cardinal   di   Lorena.  A  molli  non  è  piaciuto 

'  Bibl.  mit.,  fonds  français,  n°  16060,  fol.  98.  che    coslui  sia    venuto   in    Roma.»   (Arcliivio  di 

s  Nous  faisons  cet  emprunt   à   l'entretien    cpie  Vienna.) 

l'empereur  Mnximilien  eut  à  ce  sujet  avec  Vulcob  '  Lord  Aelon,  7,a  Slrage  di  San  Bartholomeo . 

au  mois  de  novembre  1672.  (Bil>l.  nat.,  Cinq  cents  p.  62. 

Colbert,  ms.  397.)  °  Soldan,    La   France  et    la  Saint-Barthélémy, 

L'Empereur  avait  reçu  du  C"  Prospéra  d'Arco,  i855,  p.  io3.  Voir  Mackintosb,  Hisiory  oj  Ea<j- 

unc  lettre  de  Rome  datée  du  i5  novembre  1.572,  land,  Londres,  i834,  t.  III,  p.  354. 


INTRODUCTION.  cxm 

De  Rome  passons  à  Vienne  : 

Vulcob,  l'ambassadeur  de  France,  ne  reçut  que  le  26  septembre  les  deux 
lettres  du  Roi  du  22  et  du  28  août.  Sur-le-champ  il  se  rendit  auprès  de  l'empe- 
reur Maximilien  et  il  commença  par  lui  lire  la  première  lettre  de  Charles  IX,  afin 
de  lui  faire  bien  apprécier  en  quels  termes  le  Roi  avait  désapprouvé  l'attentat 
commis  sur  la  personne  de  l'amiral  et  les  ordres  sévères  qu'il  avait  donnés  pour 
poursuivre  et  punir  le  meurtrier. 

C'était  une  sorte  de  préface  pour  atténuer  de  plus  graves  aveux.  L'Empereur 
l'écoute  sans  faire  une  seule  réflexion  ;  alors  Vulcob  en  vint  à  ce  qui  avait  suivi ,  «  au 
grand  regret  du  Roi,  par  l'occasion  que  les  protestants  sur  qui  l'orage  étoit  tombé 
avoient  d'eux-mêmes  donnée»;  puis  il  se  pressa  d'affirmer  «  qu'il  n'étoit  en  cela 
question  ni  de  la  religion,  ni  de  la  rupture  de  l'édit,  que  tout  procédoit  de  la- mal- 
heureuse conspiration  de  l'amiral  et  de  ses  adhérents  ». 

—  «Je  m'attendais,  répondit  Maximilien,  à  tout  ce  que  vous  venez  de  me  dire. 
Il  n'y  a  pas  trois  semaines  ou  environ,  l'on  m'a  écrit  de  Rome  et  à  propos  des 
noces  du  roi  de  Navarre  :  A  cette  heure  que  tous  les  oiseaux  estoient  dans  la 
cage,  l'on  pouvoit  les  prendre  tous  ensemble.  Quant  à  ce  que  vous  m'assurez 
que  le  Roi  votre  maître  n'entend  pour  cela  rompre  son  édit  de  pacification,  il 
y  en  a  qui  le  croiront  malaisément.  Au  reste  nous  verrons  ce  que  le  temps  et  les 
effets  nous  en  apprendront,  n 

—  k  Je  conviens,  reprit  Vulcob,  qu'il  n'y  a  pas  faute  de  personnes  qui,  de  longue 
date  et  sans  aucune  occasion,  n'ayent  désiré  que  l'on  fît  mourir  tous  ceux  de  la 
religion,  à  quelque  prix  que  ce  fût;  mais  je  vous  affirme  de  nouveau  que  l'inten- 
tion du  Roi  est  de  maintenir  l'édit  de  pacification,  à  moins  toutefois  que  les  pro- 
testants ne  donnent  l'occasion  de  le  rompre  l.  u 

Ce  jour-là  l'entretien  ne  se  poursuivit  pas;  mais  Vulcob  revit  Maximilien  dans 
la  première  semaine  d'octobre  et,  comme  il  cherchait  à  bien  établir  que  les  hu- 
guenots avaient  eonspiré,  sans  le  laisser  achever  :  et  On  m'écrit  de  Rome,  lui  dit 
l'Empereur,  que  le  eardinal  de  Lorraine  affirme  que  ce  qui  a  été  fait  à  Paris  a  été 
délibéré  et  résolu  avant  qu'il  ne  quittât  la  France2. u 

Les  protestations  de  Vulcob  ne  purent  modifier  en  rien  cette  mauvaise  im- 
pression; au  mois  de  novembre  suivant,  étant  venu  annoncer  à  l'Empereur  que 
Je  prince  de  Condé  et  le  roi  de  Navarre  avaient  assisté  à  la  messe,  le  jour  de  la 

"  Bibl.  nal.,  Cinq  cents  Colbert,  11°  3g7,  P  719.  —  5  Ibid.,  n   397,  1°  73.3. 


cxviiî  INTRODUCTION. 

fête  de  Saint-Michel.  «Je  le  crois  aisément,  répondit-il .  ils  ne  pouvaient  guère 
l'aire  autrement  '.  n 

L'entretien  s'étant  de  nouveau  porté  sur  la  Saint-Barihélemy  et  les  causes  qui 
y  avaient  déterminé  le  Roi.  «Quand  on  veut  faire  une  chose,  dit  l'Empereur,  les 
prétextes  ne  manquent  pas.  On  m'a  bien  accusé  moi-même  d'y  avoir  participé 
et  pourtant  je  n'y  suis  pour  rien.* 

—  a  Puisqu'on  a  conçu  cette  opinion  de  Votre  Majesté,  riposta  Vulcob,  on  ne 
doit  pas  s'étonner  que  le  Roi  mon  maître  ait  été  également  calomnié  -.  n 

Maximilien  avait  une  raison  toute  personnelle  de  parler  ainsi  :  affirmer  la  pré- 
méditation de  la  Saint-Barthélémy,  c'était,  en  la  rendant  plus  odieuse,  affaiblir 
les  chances  du  duc  d'Anjou  à  la  royauté  de  Pologne  et  doubler  celles  de  son  fds 
l'archiduc  Ernest. 

En  Espagne,  tout  au  contraire,  le  massacre  de  la  Saint-Barthélemy_s'accoj*dajt_ 
avec  les  propres  vues  de  Philippe  II;  de  longue  date  il  l'avait  conseillé;  c'était  pour 
lui  le  plus  sûr  moyen  d'en  finir  avec  la  rébellion  des  Pays-Bas. 

Parti  de  Paris  le  26  août,  Jean  de  Oalegni,  secrétaire  de  Çuniga  et  porteur 
d'une  lettre  de  lui,  arriva  à  Madrid  le  samedi  7  septembre3. 

«Tandis  que  j'écris,  disait  l'ambassadeur,  ils  les  tuent  tous,  ils  les  mettent  nus 
et  les  traînent  par  les  rues,  ils  pillent  les  maisons  et  n'épargnent  pas  un  enfant. 
Béni  soit  Dieu  qui  convertit  les  princes  français  à  sa  cause  !  Puisse-t-il  inspirer  à 
leurs  cœurs  de  continuer  comme  on  a  commencé 4  !  -n 

Ce  retour  de  fortune  était  inattendu.  En  apprenant  la  mort  de  ses  plus  mor- 
tels ennemis  au  moment  où  il  se  préparait  à  la  guerre,  Philippe  ne  fut  pas 
maître  de  son  premier  mouvement;  son  visage  glacial  s'anima  d'une  joie  sauvage. 
Sans  perdre  une  heure,  il  alla  au  monastère  de  San  Geromino  faire  chanter  le 
Te  Deum  et  laissa  au  secrétaire  d'État  Cayas  le  soin  d'annoncer  celle  grande  nou- 
velle à  l'ambassadeur  de  France5. 

Le  lendemain  Saint-Gouard  partit  pour  San  Geromino;  en  le  voyant  le  Roi  se 
prit  à  rire,  ce  qu'en  toute  sa  vie  il  n'avait  jamais  fait,  et,  avec  les  expressions  les 
plus  emphatiques,  il  loua  la  profonde  dissimulation  de  Charles  IX,  il  félicita  Ca- 

1   Bibl.    nat..  Cinq    cents   Colbert,    11°    397.  plusieurs  points.  On  peut  en  voir  uue  copie   aux 

p.  3.'Î7.  archives  du  Ministère  des  affaires  étrangères. 

!  Ibid.  '  Arch.  nat.,  collect.  Simancas,  K  i53o,n"53. 

1  Gachard  a  publié  le  récit  de  Oalegni  sur  la  6  Voir  les  dépêches  de  Saint-Gouard.  (Bibl.  nat., 

Saint-Barthélémy,  récit  incomplet  et  inexact  sur  fonds  français.  n°  1 G \ok.) 


INTRODUCTION.  cm 

iherine  d'avoir  si  bien,  à  son  image,  élevé  un  pareil  fils.  C'était  bien  maintenant, 
et  ajuste  titre,  le  Roi  Très  Chrétien1. 

A  ces  éloges  intéressés,  Saint-Gouard  fit  une  réponse  regrettable  dans  la 
bouche  d'un  ambassadeur  de  France  :  n  Avouez,  Sire,  que  c'est  au  Roi  mon 
maître  que  vous  devez  vos  Pays-Bas.  j> 

A  quelques  jours  de  là,  Philippe  II,  s'entretenant  de  la  Saint-Barthélémy 
avec  le  prince  d'Lvoli  :  «Vous  rappelez-vous,  lui  dit-il,  que  Saint-Gouard  m'a 
naguère  prévenu  que  je  verrais  des  choses  admirables,  et  cela  au  moment  où 
j'avais  de  si  graves  soupçons.  Depuis  j'ai  pensé  que,  s'il  me  parlait  avec  tant  d'assu- 
rance, c'est  qu'il  fallait  que  ce  fut  chose  concertée  et  que  le  Roi  la  lui  avait 
confiée2,  i 

Resté  sous  la  même  impression  il  écrit  à  son  ambassadeur  :  a  C'est  une  des 
plus  grandes  joies  de  ma  vie  tout  entière;  allez  exprimer  à  la  Reine  mère  la  sa- 
tisfaction que  j'ai  ressentie  d'un  acte  si  utile  à  Dieu  et  à  la  chrétienté,  ce  sera  le 
plus  grand  titre  de  gloire  du  Roi  mon  frère  auprès  de  la  postérité a. v 

Mais  une  nouvelle  lettre  de  Çuniga,  datée  du  3i  août,  vint  jeter  du  froid  sur 
l'enthousiasme  irréfléchi  des  premiers  jours. 

<r Le  massacre  n'a  pas  été  prémédité,  écrit-il,  ils  ne  voulaient  que  la  mort  de 
l'amiral  et  l'imputer  au  duc  de  Guise;  mais  l'amiral  n'ayant  pas  été  tué  du  coup 
d'arquebuse  et  sachant  d'où  il  partait,  de  crainte  de  sa  vengeance,  ils  se  sont  dé- 
cidés à  ce  qu'ils  ont  fait i.  v 

Catherine  s'était  réservé  la  tâche  délicate  d'écrire  à  Philippe  II.  Dans  sa  lettre 
du  26  août,  pour  motiver  la  Saint-Rarthélemy,  elle  a  recours  à  la  prétendue 
conspiration  dont  Dieu  leur  a  fait  la  grâce  de  les  préserver  et  elle  en  manifeste 
d'autant  plus  de  joie  que  tr celte  occasion  (c'est  ainsi  qu'elle  l'appelle)  augmen- 
tera l'amitié  entre  les  deux  couronnes,  ce  qu'elle  désire  avant  tout».  Le  Roi  son 
fils  ayant  donné  charge  à  son  ambassadeur  de  raconter  comment  tout  s'est  passé, 
elle  s'en  remet  à  sa  suffisance5,  n 

Mais  dans  une  lettre  à  M.  de  Saint-Gouard  elle  laisse  déjà  entrevoir  les 
craintes  que  lui  inspire  l'Espagne. 

et  Je  sais  bien,  dit-elle,  que  ceux  de  par  delà  sont  malaisés  à  émouvoir,  sinon 
en  tant  qu'ils  cognoissent  y  aller  de  leur  profit.  L'on  estime  que  la  crainte  qu'ils 


1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i6io4,f"  18A,  191.  —  s  Arch.  nat.,  collect.  Simancas,  K  i53o. 
•  Ibid.,  K  i53o,  n°  53.  —  '  Ibid.,  K  i53o.  —  s  Ibid.,  K  i53o. 


ck  INTRODUCTION. 

avoient  que  le  Roi  mon  fils  favorisât  les  troubles  des  Flandres  les  inviteroit  plu- 
tôt à  non  seulement  entretenir,  mais  à  fortifier  et  estreindre  amitié  avec  nous  que 
tout  aulre  respect;  maintenant,  comme  à  cause  de  cette  mutation,  nous  sommes 
embarqués  à  courir  pareille  fortune  qu'eux,  il  est  à  croire  qu'ils  ne  se  donneront 
aujourd'hui  autant  de  peine  de  rechercher  notre  amitié1.!) 

Mais  tout  en  ne  dissimulant  pas  ce  qu'elle  aura  plus  tard  à  craindre  de  la 
politique  si  égoïste,  si  personnelle  de  Philippe  II,  elle  ne  pense  encore  qu'à  se 
servir  de  la  Saint-Barthélémy  au  profit  du  duc  d'Anjou  à  la  fortune  duquel  elle 
subordonnera  désormais  toute  son  action  à  l'extérieur. 

Pour  bien  comprendre  Catherine,  pour  saisir  sa  pensée  du  jour  dans  toutes 
ses  variations,  c'est  aux  lettres  qu'elle  adresse  aux  ambassadeurs  en  qui  elle  a  le 
plus  de  confiance  qu'il  faut  avoir  recours. 

«La  démonstration,  mande-t-elle  à  Saint-Gouard,  que  le  Roi  mon  fils  a  faite  en 
son  intention  au  service  de  Dieu  et  à  l'endroit  de  ceux  de  la  nouvelle  religion 
servira  peut-être  à  persuader  au  Roi  Catholique  de  donner  en  mariage  sa  fille  aînée 
au  duc  d'Anjou,  le  plus  sûr  moyen  d'assurer  l'union  des  deux  couronnes,  n 

Toutefois  ne  se  départant  pas  de  sa  prudence  habituelle,  elle  n'autorise  pas 
Saint-Gouard  à  en  parler  en  son  nom  :  c'est  une  simple  idée  qu'elle  met  en  avant; 
à  lui  de  la  produire  et  de  la  poursuivre  en  temps  utile  et  favorable. 

Ce  mariage  qu'elle  ambitionnait,  les  Espagnols,  de  leur  côté,  pour  l'entraîner 
dans  leur  voie,  au  moyen  de  cette  amorce,  en  avaient  fait  une  demi-ouverture  à 
Saint-Gouard,  avant  même  qu'il  eût  reçu  la  lettre  de  Catherine,  et  voici  ce  qu'il 
lui  en  avait  écrit  :  a  Un  personnage  attitré  (il  ne  le  nomme  pas)  est  venu  me 
dire  :  Ne  serait-il  pas  très  à  propos  de  faire  le  duc  d'Anjou  roi  d'Angleterre?  — 
Je  le  trouverais  très  bon,  ai-je  répondu,  si  c'était  chose  dont  on  pût  disposer; 
mais  en  France,  il  y  a  un  proverbe  qui  dit  que  l'on  n'achète  pas  la  peau  de  l'ours 
paravant  qu'il  soit  mort;  mais  le  Roi  Catholique  étant  vieux  pourroit  bien  lui 
faire  épouser  l'Infante  et  leur  donner  un  Etat  de  tant  qu'il  en  a  et  que  après  on 
aviserait  aux  choses  d'Angleterre,  n 

ce II  ne  m'en  a  plus  reparlé,  ajoutait-il,  mais  je  crois  qu'ils  voudraient  bien 
nous  désunir  du  côté  de  l'Angleterre  pour  être  ainsi  assurés  de  toutes  parts.  t> 

Nous  en  avons  fini  pour  le  moment  avec  l'Espagne;  il  nous  reste  à  examiner 
l'impression  produite  par  la  Saint-Barthélémy  en  Angleterre. 

'   Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  iGio4,  (°  191  v". 


INTRODUCTION.  cxxi 

Un  courrier  venu  de  France  et  débarqué  à  la  Rye  apporta  le  premier  la  nou- 
velle de  la  Saint-Barthélémy,  bientôt  confirmée  par  des  protestants  échappés  de 
Dieppe. 

Killegrew  remit  à  La  Mothe-Fénelon  la  lettre  de  Charles  IX,  datée  du  26  août, 
dont  le  courrier  était  porteur.  C'était  la  reproduction  de  toutes  celles  écrites  ce 
jour-là  et  la  même  allusion  à  la  lutte  engagée  entre  les  deux  maisons  de  Châtil- 
lon  et  de  Guise  dont  l'amiral  et  les  principaux  chefs  protestants  avaient  été  les 
victimes. 

La  Mothe  s'empressa  de  mettre  cette  lettre  sous  les  yeux  de  Killegrew,  à  l'effet 
d'atténuer  l'opinion  déjà  répandue  en  Angleterre  que  la  Saint-Barthélémy  était 
de  longue  date  concertée  avec  Rome  et  Philippe  II,  et  que  les  noces  du  roi  de 
Navarre  et  de  Marguerite  de  Valois  n'avaient  été  qu'un  piège  pour  avoir  sous  la 
main  tous  les  huguenots  1. 

Charles  IX,  dans  une  seconde  lettre,  datée  du  lendemain,  changea  de  langage  : 
et  Je  vous  fis  hier,  disait-il  à  La  Mothe-Fénelon,  une  dépêche  de  l'émotion  qui 
advint,  dès  le  matin,  qui  continua  hier  et  qui  véritablement,  à  mon  très  grand 
regret,  n'est  encore  apaisée;  mais  pour  ce  que  l'on  a  commencé  à  découvrir  la 
conspiration  que  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  avoient  faite  contre  moy- 
même,  ma  mère  et  mes  frères,  vous  ne  parlerez  point  des  particularités  de  ladite 
"émotion  et  de  l'occasion,  jusqu'à  ce  que  vous  ayez  plus  amplement  et  certaine- 
ment de  mes  nouvelles2. n 

Dès  que  La  Mothe  eut  reçu  cette  nouvelle  dépêche,  il  fit  demander  une  au- 
dience à  Elisabeth;  elle  était  alors  au  château  de  Woodslock,  et  lui  fit  répondre 
qu'elle  l'y  recevrait  le  8  septembre.  Au  jour  fixé,  elle  s'entoura  de  tous  les 
membres  de  son  conseil,  de  toute  sa  cour,  ce  qui  n'était  pas  d'usage.  A  l'entrée  de 
l'ambassadeur  il  se  fit  un  grand  silence,  tous  les  yeux  se  fixèrent  sur  lui  irrités  et 
menaçants.  Vêtue  de  noir,  en  signe  de  deuil ,  Elisabeth  s'avança  de  quelques  pas 
à  sa  rencontre,  et  l'emmenant  dans  une  embrasure  de  fenêtre  :  «Les  bruits  qui 
courent  sont-ils  vrais"?  11  dit-elle  d'une  voix  brève  et  sévère. 

—  «La  soudaineté  du  danger,  répondit  La  Mothe,  n'a  même  pas  laissé  au  Roi 
le  temps  de  la  réflexion;  il  a  été  contraint  de  laisser  exécuter  contre  l'amiral  et 
les  siens  tout  ce  qu'ils  avaient  prémédité  contre  sa  personne,  n 

■ —  tr  Je  voudrais  de  bon  cœur,  reprit-elle ,  que  les  crimes  imputés  à  l'amiral  et  aux 

1   Correspond,  diplom.  de  La  Mothe-Fénelon,  t.  V.  p.  1 1 5  et  suiv.  —  '  Ibid. ,  t.  VU,  p.  3a5. 
Catherine  db  Médicis.  —  îv.  p 


UiriliyLIUE    NiTIOSALi;. 


cxxii  INTRODUCTION. 

siens  fussent  encore  plus  grands  que  ceux  qui  leur  ont  été  autrefois  reprochés, 
et  que  cette  nouvelle  conspiration  dépassât  toutes  celles  du  passé;  car  je  suis  ja- 
louse de  l'honneur  et  de  la  réputation  du  Roi,  que  j'estime  et  que  j'aime  plus  que 
tout  le  reste  du  monde.  Tout  d'ahord  j'ai  pris  sa  défense  et  cherché  à  le  justifier; 
mais  depuis  que  j'ai  appris  qu'il  a  tout  fait  approuver  par  son  Parlement,  je  ne 
sais  plus  que  penser  ni  que  dire;  je  prie  Dieu  de  détourner  de  sa  tête  les  malheurs 
que  j'entrevois.  11 

La  Mothe,  après  l'en  avoir  vivement  remerciée,  affirma  que  rien  n'avait  été 
prémédité,  que  la  religion  n'y  était  point  mêlée  et  que  l'édit  serait  intégralement 
maintenu  et  observé ,  et  il  exprima  le  désir  que  le  bon  accord  entre  les  deux  cou- 
ronnes n'en  fût  ni  refroidi  ni  diminué. 

«  Je  crains  bien,  dit-elle,  que  ceux  qui  ont  fait  abandonner  au  Roi  ses  propres 
sujets  ne  le  fassent  renoncer  à  notre  amitié1,  n 

Et  comme  il  se  récriait  et  qu'il  exprimait  le  désir  sincère  de  Leurs  Majestés  de 
poursuivre  le  projet  de  son  mariage  avec  le  duc  d'Alençon ,  et  de  recevoir  bientôt 
Leicester  à  la  cour  de  France,  ainsi  qu'il  l'avait  projeté  :  «  Je  ne  permettrai  pas, 
répliqua-t-elle,  qu'il  expose  sa  vie  en  allant  en  France,  et  je  réglerai  ma  propre 
conduite  sur  celle  qui  sera  tenue.  » 

Au  sortir  de  chez  la  reine  La  Mothe-Fénelon  vit  tous  les  ministres  et  il  eut  à 
essuyer  les  reproches  les  plus  violents  pour  tr  cet  acte  trop  plein  du  sangn.  Ils 
n'étaient  en  cela  que  les  interprètes  des  colères  que  la  Saint-Barthélémy  avait 
soulevées  en  Angleterre.  L'évêque  de  Londres  demandait,  en  guise  de  repré- 
sailles, la  tête  de  Marie  Stuart,  et  Killegrevv  venait  d'être  envoyé  en  toute  hâte  à 
Edimbourg.  Ses  instructions  signées  de  la  main  de  Burghley  portaient  ctque  la 
reine  d'Ecosse  était  devenue  un  très  grand  danger  pour  l'Angleterre,  et  qu'il  ne 
s'agissait  pas  seulement  d'un  simple  changement  de  prison,  mais  qu'on  attendait 

plllS  11. 

Une  lettre  de  Leicester  à  Walsingham  nous  fait  bien  comprendre  l'état  des 
esprits  en  Angleterre. 

a  Si  le  Roi  est  l'auteur  de  cet  affreux  guet-apens,  qu'il  en  subisse  la  honte  et  la 
confusion;  mais  si  l'imminence  du  danger  qu'on  lui  a  fait  entrevoir  l'a  porté  à 
cette  extrémité,  ainsi  que  l'ambassadeur  de  France  veut  nous  le  faire  accroire, 
quelle  que  soit  l'horreur  d'un  tel  acte,  si  vraiment  il  n'a  cédé  qu'à  la  crainte,  et  si 

1   Correspond,  diplom.  de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  V,  p.  120  et  suiv. 


INTRODUCTION.  cxxiu 

son  cœur  est  touché  d'un  vrai  repentir,  qu'il  en  donne  une  juste  justification  tant 
à  Dieu  qu'aux  hommes  en  faisant  poursuivre  tous  ceux  qui  lui  ont  donné  de  si 
pernicieux  conseils  '.  v 

Mais  l'Angleterre  était  encore  plus  effrayée  qu'indignée.  «  L'ambassadeur  de 
France  auprès  de  Sa  Majesté,  écrivait  Burghley  à  Walsingham,  a  tout  t'ait  afin  de 
m'ôter  l'idée  que  le  Roi  n'est  pas  coupable  du  massacre,  il  m'a  donné  l'assurance 
qu'elle  n'a  rien  à  craindre  de  la  flotte  de  Strozzi;  néanmoins  nous  avons  sujet  de 
nous  défier  de  tout  ce  qu'on  peut  nous  dire;  aussi  travaillons-nous  à  mettre  nos 
côtes  en  état  de  défense  et  à  faire  prendre  la  mer,  le  plus  tôt  possible,  à  la 
flotte  de  Sa  Majesté  2.  v 

Continuons  à  jeter  un  regard  sur  l'Europe  :  dès  le  29  août  Mondoucet  écrivait 
à  Charles  IX  :  n  Les  Espagnols  font  de  telles  réjouissances  que  Votre  Majesté  peut 
penser  les  prospérités  que  telles  choses  apportent  à  leurs  affaires,  « 

Effrayé  du  parti  qu'ils  allaient  en  tirer,  il  vint  au  camp  du  prince  d'Orange 
lui  annoncer  lui-même  la  nouvelle  de  la  Saint-Barthélémy.  Si  inattendu,  si  ter- 
rible que  fût  ce  coup,  le  Taciturne  ne  se  départit  pas  de  son  câline  habituel  : 
fr  J'avois  appuyé,  dit-il,  le  meilleur  de  mes  affaires  sur  le  Roy  votre  maître,  il  me 
semble  impossible  que  jamais  il  puisse  se  purger  de  ce  qu'il  a  fait  à  l'endroit  des 
princes  protestants  de  l'Allemagne  et  autres  de  cette  religion.  Il  est  bien  néces- 
saire qu'il  prenne  de  bons  conseils,  car  je  prévois  que  son  royaume  retournera 
dans  de  nouveaux  troubles3. t> 

Dans  une  lettre  à  son  frère  Jean  de  Nassau,  il  ne  lui  dissimule  pas  les  fatales 
conséquences  qui  en  résulteront  pour  leur  cause  :  «  S'il  ne  fût  intervenu  l'exécu- 
tion de  la  Saint-Barthélémy  nous  étions  déjà  pour  cette  heure  maîtres  du  duc 
d'Albe  et  eussions  capitulé  à  notre  plaisir4,  r> 

En  Suisse,  cette  terre  amie,  qui  de  tout  temps  nous  avait  fourni  de  braves  et 
fidèles  soldats,  l'indignation  n'est  pas  moins  grande.  Grantrie,  qui  y  était  résident, 
écrit  à  Catherine  le  19  septembre  :  «Madame,  il  vint  nouvelles  de  toutes  parts 
à  tous  les  cantons  protestants  d'une  vesperline  donnée  à  tous  les  huguenots  par 
tout  le  royaume  et  que  mesme  l'on  n'avoit  pas  pardonné  aux  femmes  et  enfans, 
criant  si  haut  et  avec  tant  d'exécrations  que  je  ne  l'oseray  jamais  écrire.  Brief, 
Madame,  ils  disoienl  que  c'estoit  une  délibération  et  résolution  que  Vostre  Majesté, 
Monseigneur  d'Anjou  avec  MM.  de  Guise,  avoient  machinée  il  y  a  longtemps, 

1  Lettres  de  Walsingham,  p.  29G.  —  2  lbkl. ,  p.  295.  —  3  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  16197, 
fol.  72  v°.    —  4   Gachard,  Correspondance  de  Guillaume  d'Orange. 


oxuv  INTRODUCTION. 

exemptant  le  Roi  de  cela  et  que  Vostre  Majesté  avoit  establi  les  noces  du  roi  de 
Navarre  avec  Madame  pour  mieulx  attrapper  ceux-là  et  que  l'on  voyoit  bien  en 
un  même  temps  ce  que  le  sieur  Strozzi  a  fait  à  la  Rochelle,  feignant  d'aller  aux 
Indes,  ce  qui  s'est  exécuté  à  Orléans,  Lyon  et  autres  lieux.  11  ne  sera  pas  hors 
de  propos  de  faire  imprimer  une  apologie  où  tout  le  succès  de  cecy  fût  bien  dis- 
couru, faire  mention  de  quelques-uns  de  la  religion  qui  auroient  ouy  ces  mal- 
heureux conseils  avec  les  confessions  de  ces  secrétaires  du  feu  amiral  et  autres 
prisonniers  que  Vos  Majestés  tiennent,  pour  cela  estre  publié  par  toute  l'Alle- 
magne, icy  et  autre  part1.!) 

De  son  côté  Schomberg  jette  un  crime  d'alarme  :  «■  Madame,  je  vous  laisse  à 
penser  si  les  adversaires  et  compétiteurs  de  votre  fils  sont  soucieux  et  diligents  à 
ne  perdre  ceste  occasion  qui  se  présente  à  se  restablir  et  remettre  en  la  bonne 
grâce  et  faveur  des  princes  protestants  aux  dépens  de  la  réputation  du  Roi  et  de 
la  grandeur  de  Monseigneur  votre  fds.  Il  faut  nécessairement,  si  vous  ne  voulez 
quitter  de  gaîté  de  cœur  une  si  belle  partie,  quasi  gagnée,  que,  par  tous  les  moyens 
du  monde,  Sa  Majesté  fasse  connoître  aux  princes  d'Allemagne  que  ce  qui  est 
advenu  en  France  n'est  pas  en  haine  ni  ruine  de  la  religion  des  huguenots.  Oultre 
cela  rien  ne  nous  accule  tant  notre  négociation,  sinon  qu'ils  se  persuadent  qu'on  a 
voulu  donner  moyen  au  duc  d'Albe  d'avoir  plus  aisément  la  raison  du  prince 
d'Orange,  mesme  qu'ils  tiennent  pour  chose  certaine  que  le  Roy  envoie  M.  de 
Guise  au  secours  dudit  duc  d'Albe.  Il  leur  est  pareillement  imprimé  en  la  tête 
que  le  Roi  a  fait  une  protestation  par  laquelle  il  jure  saintement  et  religieuse- 
ment qu'il  n'a  jamais  eu  volonté  ni  intention  de  prester  par  homme  du  monde 
faveur  contre  son  bon  frère  le  roy  d'Espagne;  que  l'amiral  l'y  avoit  bien  voulu 
persuader,  et  quasi  contraindre,  mais  que  ledit  amiral  avoit  reçu  le  loyer  de 
son  malheureux  conseil.  Or  il  est  requis  sur  toutes  choses  que  le  Roi  envoyé 
homme  de  grande  autorité  et  d'entendement  à  cette  prochaine  diète,  tant  pour 
sa  justification  que  pour  avoir  l'œil  sur  tout  et  pour  rompre  ou  pour  le  moins 
traverser  les  menées  qui  s'y  brasseront  contre  son  service  et  la  grandeur  de  Mon- 
seigneur2, ri 

Par  le  même  courrier  il  mandait  au  duc  d'Anjou  :  «L'opinion  que  les  princes 
d'Allemagne  se  sont  imprimée  en  la  teste,  et  de  laquelle  il  est  impossible  de  les 


1   Bibl.    nat.,    Cinq    cenls    Colbert,    n°    627,  '  Bibl.  uni.,  Cinq  cents  Colbert,  n'  lt 00  (volume 

fol.  1  56.  non  paginé"). 


INTRODUCTION.  cxxv 

détourner  en  ceste  première  heure,  est  que  tout  ce  qui  est  advenu  en  France 
s'est  fait  par  préméditation.  Ces  calomnieuses  opinions  et  plusieurs  autres,  que 
j'ai  mandées  au  Roi  et  à  la  Reine,  nous  renversent  quasi  tout  dessus  dessous.  Je 
meurs  de  dépit,  Monseigneur,  de  voir  que  vos  compétiteurs  sont  en  terme  de 
vous  supplanter,  mais  sus,  holà,  si  vous  ne  voulez  vous  faire  désarçonner  du 
tout '.11 

Il  avait  également  écrit  à  l'évêque  de  Limoges  :  «  Avant  tout,  il  faut  consolider 
la  playe  que  la  mort  de  l'amiral  et  l'effusion  du  sang  des  huguenots  ont  faite  au 
cœur  des  princes  de  la  Germanie;  car  présentement  on  n'aura  nulle  raison  d'eux. 
C'est  au  Roi  à  faire  connoistre  par  effet  et  par  un  gracieux  traitement  qu'il  fera 
aux  huguenots,  qu'on  ne  veut  exterminer  la  religion,  et  surtout  on  doit  fuir  toute 
intelligence  secrète  avec  l'Espagnol  et  ses  adhérents.  Au  surplus,  le  Roi  et  Mon- 
seigneur le  duc  d'Anjou  doivent  rechercher,  caresser  et  chérir  de  tout  leur  pos- 
sihle  les  princes  d'Allemagne,  pour  ne  leur  donner  occasion  de  se  précipiter  par 
désespoir  aux  lacs  des  ennemis  de  la  couronne  de  France2,  n 

De  Pologne  où  il  soutenait  si  habilement  la  candidature  du  duc  d'Anjou,  et  où 
il  n'avait  pu  parvenir  qu'au  risque  de  sa  vie,  Moulue,  l'évêque  de  Valence,  écrit 
au  secrétaire  d'Etat  Brùlart  cette  lettre  énergique  qui,  sans  aucun  doute,  dut  être 
mise  sous  les  yeux  de  Catherine  :  cr  Vous  entendrez  comment  ce  malheureux  vent 
qui  est  venu  de  France  a  coulé  le  navire  que  nous  avions  déjà  mené  à  l'entrée  du 
port.  Vous  pouvez  penser  comme  celui  qui  en  avoit  la  charge  a  occasion  de  s'en 
montrer  content,  quand  il  voit  que  la  faute  d'aultruy  a  perdu  le  fruit  de  ses  la- 
heurs;  je  dis  faulte  d'autruy,  parce  que,  puisque  on  avoit  envie  de  ce  royaume  de 
Pologne,  l'on  pouvoit  et  devoit  surseoir  l'exécution  qui  a  esté  faicte3. « 

Krassowski,  ce  nain  polonais,  qui  après  avoir  longtemps  séjourné  à  la  cour 
de  France  où  il  était  si  goûté,  venait  de  retourner  en  sa  patrie  et  y  était  devenu 
le  plus  dévoué  et  le  plus  habile  auxiliaire  de  l'évêque  de  Valence, écrivait  le  même 
jour  à  Catherine  :  «Les  Allemands,  qui  ont  déjà  dépensé  en  pure  perte  soixante 
mille  thalers  pour  l'élection  de  l'archiduc  Ernest,  se  sont  mis  à  écrire  de  telles 
calomnies  que  je  n'ose  les  répéter.  Ils  ont  été  jusqu'à  dire  que  le  Roi  et  Mon- 
seigneur le  duc  d'Anjou  couroient  les  rues  de  Paris,  criant  :  Mort  aux  huguenots! 
Tous  les  protestants  du  royaume,  et  ils  sont  nombreux,  qui  estoient  de  nostre 
parti,  ne  sçavent  plus  que  faire,  ni  ou  aller'1. 11 

1  Bibl.  nat. ,  Cinq  cents  Colbert,  n°  ioo.  —  '  Ibid.  —  3  Cinq  cenls  CoJbert,  n"  7,  foi.  kh^.  —  '  Bibl. 
nat.,  fonds  français,  n°  58o6. 


cxxvi  INTRODUCTION. 

Mais  les  remontrances  les  plus  vives,  les  plus  hardies  vont  être  faites  à  Cathe- 
rine par  du  Ferrier,  l'ambassadeur  de  France  à  Venise  : 

et  Madame,  la  vérité  est  certaine,  indubitable  que  les  massacres  advenus  par  tout 
le  royaume  de  France  non  seulement  contre  l'amiral  et  autres  principaux  chefs 
de  la  religion,  mais  aussi  contre  tant  de  pauvre  peuple  innocent,  ont  si  fort  émeu 
et  altéré  l'humeur  de  ceulx  qui  sont  par  deçà  affectionnés  à  votre  couronne,  en- 
core qu'ils  soyent  du  tout  catholiques ,  qu'ils  ne  se  peuvent  contenter  d'excuse 
aucune,  imputant  tout  ce  qui  a  esté  fait  à  vous  tant  seulement  et  à  Monseigneur 
d'Anjou.  Par  le  moyen  susdict,  il  s'est  ostéla  couronne  impériale,  n'ayant  aupara- 
vant rien  tant  désiré  les  Allemands,  mesme  les  protestants,  que  de  le  faire  em- 
pereur et  de  remettre  l'Empire  en  la  maison  de  France,  et  disoient  estre  bien 
informés  que  ledit  amiral  et  aultres  ne  conspiroieut  jamais  contre  Vos  Majestés 
ou  aucun  des  vostres,  et  ne  se  peuvent  assez  émerveiller  que  par  tels  moyens  on 
ait  voulu  faire  si  grand  et  évident  tort  à  Monseigneur  et  si  fort  agrandir  le  roi 
d'Espagne,  qui  se  peult  dire  aujourd'hui  le  seul  prince  de  la  chrétienté  qui  com- 
mande à  tous  aultres;  et  disent  encore  que,  pour  venir  à  bout  desdicts  chefs,  il  y 
avoit  d'autres  moyens  aussi  certains  et  qui  n'eussent  pas  tant  ollensé  les  étrangers 
et  donné  à  parler  à  la  postérité.  Et  combien,  Madame,  que  je  ne  croye  à  rien  de 
tout  ce  que  dessus,  je  vous  ai  bien  voulu  escrire  et  vous  supplier  de  vous  garder 
mieux  que  vous  n'avez  faict  d'aulcuns  désespérez  qui  passent  par  icy,  lesquels 
sont  si  fols  et  téméraires  de  dire  que  vous  avez  mieux  aimé  ruyner  le  royaume 
de  France  eu  vous  vengeant  de  l'amiral  que  l'augmenter  et  que  vous  ressentir  du 
mal  de  celuy  qui  a  faict  mourir  vostre  ûlle  '.  r> 

Une  pareille  lettre  blessa  profondément  Catherine;  le  icr  octobre,  elle  lui 
répondit  :  «J'ay  veu  ce  que  m'avez  escript  le  16  septembre  de  l'opinion  que  au- 
cuns ont  que  ce  qui  a  esté  exécuté  en  la  personne  de  l'amiral  et  de  ses  adhérens 
a  esté  à  l'instigation  de  moy  et  de  mon  fils  le  duc  d'Anjou,  avec  tous  ces  discours 
qu'ils  vous  ont  fait  là-dessus  du  tort  que  par  ce  moyen  a  esté  fait  à  mon  fils  à 
l'endroit  des  princes  protestants,  qui  a  voient  tous  le  désir  de  le  faire  empereur, 
et  de  ce  que  j'aurois  mieux  aymé  ruiner  ce  royaulme  en  me  vengeant  de  l'amiral 
que  de  l'augmenter  et  me  ressentir  du  mal  de  celuy  qui  a  fait  mourir  ma  fille. 
Sur  quoy  je  vous  ay  bien  voulu  advertir  que  je  n'ay  rien  fait,  conseillé,  ny  permis 
en  rien  que  ce  que  l'honneur  de  Dieu,  le  devoir  et  l'amitié  que  je  porte  à  mes 

1   liiLI.  impériale  de  Saint-Pétersbourg;  voir  noire  livre,  Le  xvi'  siècle  el  les  Valois. 


INTRODUCTION.  cxxvii 

enfans  me  commande,  d'aultant  que,  ayant  l'amiral,  depuis  la  mort  du  feu  roy 
Henry,  monstre  par  ses  actes  qu'il  ne  tendoit  que  à  la  subversion  de  cet  Estât, 
et  que,  au  lieu  de  se  recognoistre  comme  subject,  il  s'estoit  si  bien  établi  et 
aggrandi  en  ce  royaulme,  qu'il  y  avoit  les  mesmes  pouvoirs  et  commandement 
que  lu  y  à  l'endroyt  de  ceux  de  sa  religion,  tellement  que,  estant  rebelle  à  son 
prince,  il  a  pris  par  force  ses  villes  tenues  et  gardées  contre  luy,  n'ayant 
point  craint  de  donner  plusieurs  batailles  et  esté  cause  de  la  mort  d'un  si  grand 
nombre  de  personnes,  et  encores  depuis  la  dernière  paix  et  édit  de  pacification, 
il  a  conspiré  si  malheureusement  contre  la  personne  de  son  Roi  et  de  ses  frères, 
comme  les  princes  estrangers  seront  bientost  éclaircis  au  vray  par  le  procès  que 
sera  bientost  jugé  en  sa  court  de  parlement  à  Paris,  que  je  m'asseure  que  l'on 
dira  que  le  Roy  mon  fds  a  fait  ce  qui  appartenoit  à  sa  grandeur,  et  que  l'amiral 
estant  si  fort,  si  puissant  en  ce  royaulme,  comme  il  estoit,  ne  pouvoit  estre  au- 
trement puny  de  sa  rébellion  que  par  la  voie  que  l'on  a  esté  contraint  de  prendre 
tant  en  sa  personne  que  de  ceux  qui  tenoient  son  party,  et  ayant  esté  bien  marry 
que,  sur  l'esmotion,  plusieurs  autres  personnes  de  leur  religion  ont  été  tuées  par 
les  catholiques  qui  se  ressentoient  d'infinis  maux,  pilleries,  meurtres  et  autres 
meschants  actes  que  l'on  avoit  exercés  contre  eulx. 

«Et  pour  le  regard  de  ce  que  me  mandez  de  celuy  qui  a  fait  mourir  ma  fille, 
j^est  chose  que  l'on  ne  tient  point  pour  certaine,  £t  si  elle  estoit,  le  Roy  mon  fils 
n'en  pouvoit  faire  la  vengerie  en  Testât  que  son  royaume  estoit  lors;  mais  à  présent 
qu'il  est  tout  ung,  il  aura  assez  de  moyen  et  de  force  pour  s'en  ressentir,  quand 
l'occasion  s'en  présentera  et  m'asseure  que,  quand  les  princes  protestants  auront 
bien  sceu  la  vérité  et  considéré  tout  ce  que  dessus,  ils  continueront  à  l'endroit  de 
mon  fils  la  mesme  volonté  qu'ils  avoient  auparavant  que  ceci  fût  advenu. 

«Pour  le  regard  de  ce  que  me  mandez  pour  l'élection  (lu  roy  de  Pologne  et  ce 
qui  en  a  esté  fait  du  costé  de  l'Empereur,  et  aussi  les  propos  que  le  légat  de 
Nostre  Saint-Père  vous  en  a  tenus  en  faveur  du  duc  d'Anjou,  et  que  Sa  Sainteté 
feroit  plus  pour  lui  que  pour  nul  autre,  si  elle  sçavoit  qu'il  y  voulut  entendre, 
je  vous  prie,  Monsieur  du  Ferrier,  lui  dire  que  nous  le  prions  de  s'y  employer 
de  tout  son  pouvoir '.n 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  3i 555 ,  f°  112. 


cixviii  INTRODUCTION. 


XV 


Maintenant  que  nous  avons  fait  notre  tour  d'Europe  et  que  nous  avons  pu 
faire  apprécier  l'impression  profonde  produite  par  la  Saint-Barthélémy,  reve- 
nons à  Catherine  et  voyons-la  aux  prises  avec  les  difficultés  et  les  dangers  du 
lendemain.  Les  ambassadeurs  de  Venise  et  des  princes  d'Italie,  ceux  du  duc  de 
Savoie  et  du  roi  d'Espagne  ne  lui  avaient  pas  ménagé  les  félicitations  et  les  en- 
couragements; mais  de  la  part  de  celui  de  l'Angleterre,  de  Walsingham,  l'ami,  le 
confident  de  Coligny  et  des  autres  chefs  protestants,  elle  devait  s'attendre  à  de 
sévères  et  énergiques  remontrances,  et  elle  avait  à  tenir  un  tout  autre  langage. 

Le  26  août  il  avait  envoyé  l'un  de  ses  secrétaires  la  remercier. d'avoir  veillé  à 
sa  sûreté  et  à  celle  de  ses  compatriotes,  et  il  l'avait  priée  de  lui  faire  connaître  les 
causes  qui  avaient  pu  motiver  cette  sanglante  exécution;  car,  divers  bruits  ayant 
couru,  il  tenait  à  transmettre  à  la  reine  sa  maîtresse  ce  qui  en  était  au  vrai.  Au 
lieu  de  répondre,  ce  qui  lui  eût  été  peut-être  difficile,  elle  préféra  s'en  entretenir 
avec  lui.  Le  1" septembre,  Lansac  et  Mauvissière,  suivis  de  douze  gentilshommes, 
car  les  rues  étaient  encore  peu  sûres,  vinrent  le  chercher  à  son  hôtel  et  le  condui- 
sirent au  Louvre.  Charles  IX  le  reçut  le  premier  et  en  l'abordant  il  lui  dit  que, 
pour  couper  court  à  tous  les  bruits  répandus,  il  avait  ordonné  que  l'on  procédât 
au  procès  de  l'amiral  et  de  ses- complices  et  qu'il  s'empresserait  d'en  adresser  le 
résultat  à  la  reine  sa  sœur.  Il  ajouta  qu'il  avait  été  contraint,  à  son  extrême  re- 
gret, à  ce  qui  avait  eu  lieu,  pour  préserver  sa  vie,  celle  de  sa  mère  et  de  ses 
frères,  et  protesta  de  la  sincère  affection  qu'il  portait  à  la  reine  Elisabeth,  osant 
espérer  qu'elle  ne  prendrait  pas  occasion  de  ce  qui  venait  de  se  passer  pour 
croire  le  contraire. 

Walsingham  répondit  que,  si  la  culpabilité  des  protestants  pouvait  être  démon- 
trée, sa  maîtresse  en  ressentirait  plus  de  joie  que  personne;  car  au-dessus  de  toute 
autre  considération  elle  mettait  la  vie  de  Sa  Majesté.  S'étant  plaint  du  meurtre 
de  trois  Anglais,  Charles  IX  s'en  montra  très  peiné  et  promit  de  faire  punir  sé- 
vèrement les  coupables,  si  l'on  parvenait  à  les  découvrir.  De  chez  le  Roi,  Wal- 
singham fut  mené  chez  Catherine.  Elle  se  borna  à  répéter  tout  ce  que  son  fils  lui 
avait  dit  et,  au  moment  où  il  se  retirait,  elle  l'assura  que  l'édit  de  pacification 
serait  maintenu  et  la  conscience  des  protestants  respectée1. 

1    Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  a83  et  suiv. 


INTRODUCTION.  cxm 

A  la  suite  de  cette  première  entrevue,  Mauvissière  vint  le  visiter  et  ayant 
amené  l'entretien  sur  le  projet  de  mariage  du  duc  d'Alençon,  il  le  pria  de  l'ap- 
puyer avec  le  même  zèle  que  par  le  passé. 

—  n Tout  ce  que  je  vois,  répondit  Walsingham,  ne  m'y  encourage  guère,  n 

—  «Pourquoi  alors,  répliqua  Mauvissière,  ne  vous  en  expliquez-vous  pas  de 
nouveau  avec  la  Reine  ?  n 

—  «J'y  suis  tout  disposé,  mais  à  la  condition  qu'elle  me  fasse  appeler,  n 
C'était  un  jeu  joué;  Catherine  l'envoya  chercher  tout  aussitôt,  et  allant  droit 

au  fait  :  «J'ai  su  par  Mauvissière  que  vous  avez  émis  des  doutes  sur  notre  sin- 
cérité à  vouloir  le  mariage  de  mon  fds  d'Alençon  avec  votre  reine,  faites  les  moi 
connaître  et  je  vous  répondrai,  -n 

H  allégua  les  étranges  procédés  dont  on  avait  usé  dans  la  négociation  du  ma- 
riage du  duc  d'Anjou,  ce  qui  avait  donné  lieu  de  supposer  que  ce  n'était  qu'une 
ruse  pour  tromper  les  protestants  et  préparer  la  Saint-Barthélémy;  puis  il  se 
plaignit  de  la  violation  de  l'édit  de  pacification. 

Evitant  de  répondre  directement  :  «  La  ligue  que  nous  avons  récemment  conclue, 
dit-elle,  l'a  été  avec  votre  reine  et  non  avec  l'amiral,  en  quoi  y  avons-nous 
manqué ?a 

—  «Je  le  reconnais,  Madame,  mais  la  liberté  de  conscience  avait  été  accordée  à 
l'amiral  et  à  ses  coreligionnaires;  c'était  pour  nous  la  meilleure  garantie  de  sécu- 
rité n;  puis  faisant  brusquement  allusion  aux  conventions  secrètes  de  la  conférence 
de  Bayonne,  «La  Saint-Barthélémy,  osa-t-il  dire,  est  une  véritable  déclaration  de 
guerre  à  tous  les  princes  protestants.  i> 

—  «Vous  me  parlez  de  Bayonne,  reprit-elle  avec  aigreur;  c'est  une  des  inven- 
tions de  l'amiral  pour  nous  rendre  odieux  et  nous  faire  des  ennemis  de  tous  nos 
amis.  D'ailleurs,  sachez-le  bien,  votre  reine  n'a  pas  autant  à  se  louer  de  lui  que 
vous  le  pensez;  dans  un  testament  qu'il  fit,  lors  d'une  maladie  à  la  Rochelle,  il 
recommandait  au  Roi  mon  fils  d'abaisser,  autant  qu'il  le  pourrait,  les  Espagnols 
et  les  Anglais,  à  l'effet  d'assurer  la  tranquillité  de  ses  propres  États,  n 

—  «C'est  son  éloge,  Madame,  que  vous  venez  de  faire  n,  répliqua-t-il. 
Laissant  de  côté  ces  questions  irritantes,  elle  revint  au  projet  de   mariage 

de  son  fils  d'Alençon,  pour  reserrer  plus  intimement  une  parfaite  union  entre 
les  deux  couronnes,  et  elle  mit  en  avant,  comme  par  le  passé,  l'idée  d'une  en- 
trevue. 

«En  supposant,  Madame,  qu'elle  put  avoir  lieu,  permettez-moi,  dit-il,  de  vous 

Catuerise  de  MÉD1CIS.  IV.  Q 


LUI  r  IMI  I.IL     NATIONALE. 


ou*  INTRODUCTION. 

poser  deux  questions:  la  première  relative  à  l'exercice  de  la  religion,  telle  que 
le  duc  d'Alençon  la  réclame;  la  seconde,  relative  à  l'édit  de  pacification. n 

—  et  Aucune  difficulté,  répondit-elle,  en  ce  qui  regarde  la  question  religieuse, 
mon  fils  d'Alençon  donnera  à  cet  égard  toute  satisfaction  à  votre  reine,  n'en 
doutez  pas;  quant  à  l'édit  de  pacification,  le  Roi  mon  fils  laissera  à  ses  sujets 
protestants  toute  liberté  de  conscience,  mais  ne  permettra  à  l'avenir  que  l'exer- 
cice de  la  seule  religion  catholique,  n 

—  «Mais,  Madame,  vous  m'aviez  dit  tout  le  contraire  dans  notre  première  en- 
trevue, n 

—  et  De  nouvelles  menées  ont  été  découvertes  et  elles  motivent  la  suppression 
de  l'exercice  de  la  religion  protestante.  Toutefois  [es  huguenots  auront  en  France 
la  même  liberté  que  les  catholiques  en  Angleterre,  t 

- —  et  Notre  reine,  Madame,  n'a  pas  publié  d'édits;  si  elle  l'avait  fait,  elle  tien- 
drait sa  parole,  n 

—  ttEHe  est  libre  de  ses  actions,  comme  nous  des  nôtres,  n 

—  «Alors  Madame,  en  cas  d'une  attaque,  l'Angleterre  peut-elle  toujours 
compter  sur  la  France  ?n 

—  ce  Certainement,  même  en  cas  d'une  attaque  du  roi  d'Espagne  ;  vous  le  voyez . 
je  ne  fais  aucune  difficulté  de  vous  le  nommer.  Notre  seul  désir  c'est  de  maintenir 
notre  royaume  en  repos1.!)  Sur  cette  dernière  réplique,  l'entretien  se  rompit. 

Cette  interdiction  de  l'exercice  de  la  religion  protestante  était  bien  tout  d'a- 
bord dans  la  pensée  de  Catherine  et  de  Charles  IX.  Dès  le  lendemain  de  la  Saint- 
Barthélémy,  une  lettre  de  la  duchesse  de  Guise  à  sa  mère,  Renée  de  Ferrare, 
l'indique  formellement  :  te  Madame,  il  me  fâche  vous  dire  chose  qui  vous  fâche; 
mais  je  ne  dois,  ce  me  semble,  fallir,  c'est  que  le  Roi  s'en  va  faire  un  édit  comme 
il  veut  que  tout  le  monde  en  son  royaume  aille  à  la  messe,  et  aujourd'hui  le  roi 
de  Navarre  et  la  princesse  de  Navarre  y  sont  allés  ce  matin,  présents  le  nonce1  du 
pape  et  le  prince  de  Condé  et  trois  de  ses  frères.  Si  vous  n'y  allez,  je  crains  que 
l'on  s'en  prenne  à  vos  serviteurs.  Ils  ont  tant  résolu  de  ne  vouloir  point  non 
seulement  l'exercice,  mais  qu'ils  veullent  résolument  que  tout  ce  qui  est  en  ce 
royaume  tienne  leur  religion.  Je  crains  qu'ils  vous  le  commandent'2.'!) 

Jusqu'ici  Walsingham  n'avait  parlé  qu'en  son  propre  nom;  une  fois  qu'il  eut 
reçu  les  instructions  d'Elisabeth  et  de  ses  ministres,  étant  laissé  libre  de  sou- 

'    Lettres  de  Walsingham,  p    a83  cl  suiv.  —  *  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  3a3o,  f  U. 


INTRODUCTION.  cxxxi 

mettre  leurs  remontrances  soit  au  Roi,  soit  à  Catherine,  il  préféra  s'adresser  à 
elle,  car  on  lui  attribuait  les  cruautés  qui  se  commettaient  dans  toutes  les  pro- 
vinces. 

rcLa  reine  ma  maîtresse,  lui  dit-il  tout  d'abord,  ne  sait  cpie  croire,  ni  que 
penser  envoyant  que,  sans  distinction  d'âge  ni  de  sexe,  ceux  de  la  religion  sont 
massacrés;  elle  a  donc  tout  lieu  de  craindre  que  l'honneur  du  Roi  n'en  soit  en- 
taché, et  elle  s'étonne  qu'une  princesse  si  prudente  et  si  expérimentée  que  Votre 
Majesté  y  ait  prêté  les  mains.  Il  eût  été  aussi  facile  d'arrêter  les  malheureux  que 
de  les  égorger  •»;  et  z*evenant  sur  ce  qu'il  avait  déjà  dit  :  te  Ma  maîtresse  ose  espérer 
que  le  Roi  s'en  justifiera  et  devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  ri 

—  «Je  ne  suis  point  surprise,  dit-elle,  de  l'étonnementde  votre  maîtresse,  cette 
exécution  a  été  faite  avec  plus  de  cruauté  que  le  Roi  mon  fils  n'aurait  voulu.  Il 
n'est  pas  un  tyran;  l'on  a  eu  bien  de  la  peine  à  le  contraindre  à  faire  ce  qu'il  a  fait. 
Le  procès',  qui  se  poursuit,  démontrera  l'imminence  du  danger  auquel  nous  avons 
échappé;  nous  avons  été  prévenus  du  complot  par  des  personnes  non  suspectes 
d'agir  par  passion  religieuse,  mais  plutôt  liées  d'amitié  avec  l'amiral »,  et  elle  pré- 
tendit que  Montgomery  était  prêt  à  monter  à  cheval  avec  une  forte  troupe  de 
cavalerie. 

—  ce  Mais,  Madame,  le  jour  même  de  la  blessure  de  l'amiral,  il  s'est  adressé  à 
moi  pour  savoir  s'il  y  avait  à  craindre  des  troubles  et  je  lui  ai  répondu  que  je  ne 
le  pensais  pas;  il  n'avait  d'ailleurs  avec  lui  que  quarante  cavaliers,  v 

—  »  Soit,  je  veux  bien  croire  qu'il  n'est  pas  aussi  coupable  que  les  autres  ;  d'ail- 
leurs, depuis  sa  fuite,  il  a  offert  de  se  soumettre.  Priez  la  reine  votre  maîtresse 
de  s'en  rapporter  uniquement  aux  explications  que  notre  ambassadeur  lui  don- 
nera1, n  Et  elle  le  congédia. 

De  ces  divers  entretiens,  Walsingham  en  vint  à  cette  conclusion  qu'il  y  avait 
moins  de  péril  à  avoir  la  France  pour  ennemie  que  pour  amie  et  ce  qui  allait 
se  passer  en  Picardie  allait  le  rendre  encore  plus  défiant  et  plus  hostile  :  sans 
tenir  compte  des  remontrances  de  Charles  IX  qui  avait  insisté  pour  qu'il  ne  fît 
aucun  quartier  aux  compagnons  de  Genlis  et  aux  défenseurs  de  Mons,  remon- 
trances qui  lui  avaient  été  soumises  par  Mondoucet  et  appuyées  par  Philippe  II, 
le  duc  d'Albe  avait  traité  de  la  reddition  de  la  place,  accordé  aux  assiégés 
d'en  sortir  avec  les  honneurs  de  la  guerre,  enseignes  déployées,  et  il  avait  reçu 

1  Lettres  et  mémoires  de  Wahingham,  p.  299. 


cxxsu  INTRODUCTION. 

Ludovic  de  Nassau  avec  les  plus  grands  égards,  cr  Philippe  II,  écrivait  Gassot,  au 
duc  de  Nevers,  dont  il  était  l'un  des  familiers,  en  est  très  mécontent,  estant  les 
affaires  en  si  bons  ternies,  le  prince  d'Orange  dégoûté  de  son  entreprise,  et 
n'ayant  aucune  espérance  de  secours  du  côté  de  la  France  l.i> 

Si,  pour  la  première  fois  de  sa  vie,  le  duc  se  montrait  humain,  c'est  qu'il  tenait 
à  rendre  la  Saint-Barthélémy  encore  plus  odieuse,  et  laisser  à  Charles  IX  ce  rôle 
de  bourreau  dont  il  ne  voulait  plus. 

Ces  malheureux  Français  qui,  depuis  des  mois  enfermés  dans  Mous,  y  luttaient 
si  vaillamment,  avaient  trouvé  un  généreux  défenseur  dans  Mondoucet.  Le  18  sep- 
tembre il  avait  écrit  à  Charles  IX  :  «Ils  pensent  avoir  agi  par  votre  ordre,  et 
maintenant  voyant  la  démonstration  que  Votre  Majesté  a  faite  du  contraire  en 
France,  ils  ne  savent  plus  de  quelle  part  aller,  ne  fuyretque  sorlans  de  là  dedans, 
leur  volonté  estoit  de  s'aller  se  jeter  à  vos  genoulx  et  à  vos  pieds  afin  d'obtenir 
leur  pardon  -.  •» 

A  ces  touchantes  supplications,  le  Roi  répondit  en  donnant  l'ordre  de  leur 
courir  sus,  et  le  duc  de  Longueville  chargé  de  leur  souhaiter  la  bienvenue  que  le 
Roi  leur  réserve,  les  fera  traquer  de  ville  en  ville,  de  village  en  village  comme 
des  bètes  fauves.  Un  seul  fut  épargné,  c'est  La  Noue.  Avait-on  déjà  jeté  les  yeux 
sur  lui  pour  ramener  ceux  de  la  Rochelle  à  l'obéissance,  les  lettres  du  Roi,  les 
remontrances  de  Riron,  ayant  été  jusqu'ici  impuissantes,  tout  porte  à  le  croire. 
Avant  de  rentrer  en  France,  il  eut  un  entretien  avec  le  duc  de  Longueville,  et 
le  conseil  qu'il  en  reçut  sur  la  conduite  qu'il  aurait  à  tenir  indique  bien  l'état 
d'irritation  sous  l'empire  duquel  Charles  IX  était  resté  depuis  la  Saint-Barthé- 
lémy :  tt  Advisez  bien  désire  sage  et  parlez  sagement;  car  vous  ne  parlerez  plus  à 
ce  Roy  doux,  bénin  et  gracieux  que  vous  avez  veu  cy  devant;  il  est  tout  changé; 
il  a  plus  de  sévérité  ast'heure  au  visage  qu'il  n'a  jamais  eu  de  douceur  3.n 

Pendant  que  la  Picardie  était  le  théâtre  de  celte  chasse  à  l'homme,  Walsin- 
gham  tombé  malade,  et  ne  se  sentant  pas  assez  bien  rétabli  pour  demander  au- 
dience, pria  la  Reine  de  lui  envoyer  un  gentilhomme  de  confiance  avec  lequel  il 
pût  s'entretenir  en  toute  sécurité. 

Le  7  octobre,  il  reçut  la  visite  de  MM.  de  Mauvissière  et  Rrùlart.  Catherine, 
s' obstinant  à  croire  que  le  mariage  de  son  fils  d'Alençon  était  encore  possible,  les 


'   Bibl.  nat.,  fonds  français,  Lettre  de  Gassot  ait  !  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  16127,  ^  10^- 

duc  de  Nevers,  n"  323^7,  f*  68.  3  Brantôme,  (Mit.  de  L.  Lalanne,  t.  V,  p.  317. 


INTRODUCTION.  cxxxm 

lui  avait  envoyés  pour  lui  en  parler;  mais  à  la  première  ouverture  deMauvissière, 
il  l'arrêta  tout  court  :  «Après  toutes  les  cruautés,  qui  sans  relâche  se  continuent 
contre  ses  coreligionnaires,  comment  voulez-vous  que  notre  reine  puisse  pen- 
ser que  le  duc  soit  l'époux  qui  lui  convienne  1t>  Puis  changeant  de  terrain,  il 
demanda  des  explications  sur  la  flotte  formidable  que  Strozzi  rassemblait  entre 
la  Rochelle  et  Bordeaux,  et  sur  le  procès  des  prétendus  complices  de  l'amiral. 
Mauvissière  lui  promit  de  lui  donner  toute  satisfaction  sur  la  flotte  de  Strozzi 
et  affirma  que  le  procès  touchait  à  sa  fin. 

Le  8  octobre,  Brûlart  seul  vint  le  revoir  :  et  II  lui  dit  qu'on  travaillait  sans  re- 
lâche au  procès  des  complices  de  l'amiral  et  qu'aussitôt  terminé,  il  lui  en  ferait 
connaître  le  résultat.  Quant  à  la  flotte  de  Strozzi,  deux  mille  hommes  de  ceux  qui 
en  faisaient  partie  venaient  d'en  être  détachés  et  envoyés  à  la  frontière  des  Pays- 
Bas  où  les  Espagnols  massaient  de  grandes  forces.  Le  Roi  tenant  avant  tout  à 
l'amitié  de  la  reine  Elisabeth,  elle  n'avait  donc  rien  à  redouter  *.  •»  Mais,  en  dépit 
de  ces  pacifiques  démonstrations,  Walsingham  resta  avec  tous  ses  soupçons  : 
rr  Autant,  écrit-il  à  Smith,  j'avais  mis  de  bonne  volonté  à  me  fier  à  leur  sincérité, 
autant  aujourd'hui  j'ai  des  raisons  de  croire  qu'ils  ne  veulent  que  nous  endormir. 
J'ai  toujours  eu  bonne  opinion  du  duc  d'Alençon;  mais  la  Reine  mère  ayant  pro- 
mis de  passer  en  Angleterre,  et  revenant  sur  sa  parole,  il  me  semble  que  l'on 
ne  cherche  qu'à  gagner  du  temps;  aussi,  tout  considéré,  je  vois  plus  de  mal  à 
craindre  d'eux  que  d'amitié  à  espérer. ■»  Et  dans  une  lettre  à  Burghley  :  «Ils  sont 
tellement  avides  de  sang,  ajoute-t-il,  qu'il  n'y  a  pas  une  ville,  où  il  y  ait  des  pro- 
testants, qui  échappe  ou  au  sac  ou  au  massacre2. n  Ce  qui  venait  de  se  passer  à 
Toulouse  et  à  Bordeaux  et  qu'il  ignorait  encore  allait  donner  raison  à  cette  sinistre 
prédiction. 

A  Toulouse,  calme  complet  jusqu'au  3  octobre.  Ce  jour-là,  arrive  de  Paris 
Delpech,  l'un  des  riches  marchands  de  la  ville.  Il  dit  publiquement  que  l'on  de- 
vait suivre  l'exemple  de  Paris  et  qu'il  en  a  l'ordre  du  Roi.  Averti  de  pareilles 
provocations,  Daffis,  le  premier  président  du  Parlement  et  La  Valette  de  passage 
à  Toulouse  font  défense  à  lui  et  à  la  bande  qu'il  avait  recrutée  d'user  de  vio- 
lence à  l'égard  des  protestants  détenus  encore  dans  les  prisons.  Au  mépris  de  cet 
ordre,  et  le  soir  même,  sur  les  1  o  heures,  Delpech,  son  fils  et  les  deux  conseillers 
du  Parlement  Richard  etLanthomy,  suivis  d'une  soixantaine  de  batteurs  de  pavé, 

Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  3i G.  —  ~  lbid.,  p.  317. 


cxxxiv  INTRODUCTION. 

se  font  ouvrir  les  portes  de  la  prison  des  capitouls  en  donnant  le  mot  d'ordre , 
et  massacrent  jusqu'au  dernier  tous  les  prisonniers'1.  Le  bourreau  logeait  hors  la 
ville,  il  est  mandé  et  le  lendemain  on  lui  fait  pendre  à  l'orme  delà  cour  du  palais 
deux  des  conseillers  protestants  du  Parlement,  Latger  et  Ferrières,  revêtus  de 
leurs  robes  rouges.  Coras  avait  refusé  de  sortir  de  la  prison  et  y  avait  été  tué.  tr  11 
ne  faut  pas  accuser  le  peuple  de  ce  massacre,  nous  dit  l'auteur  anonyme  de  ce 
récit,  ce  sont  les  riches  bourgeois  de  la  ville  qui  y  mirent  la  mainn,  et  il  nous 
livre  leurs  noms 2. 

A  Bordeaux,  lâcheuse  coïncidence,  le  bruit  se  répandit  également,  le  2  octobre, 
que  le  Roi  avait  envoyé  à  M.  de  Montferrand  l'ordre  de  mettre  à  mort  quarante 
des  principaux  protestants  dont  il  avait  désigné  les  noms  dans  un  rôle  signé  de  sa 
main.  Les  deux  nuits  suivantes,  Montferrand  fait  entrer  dans  la  ville  un  grand 
nombre  de  soldats  et,  ayant  gagné  tous  les  capitaines  de  la  milice  bourgeoise  qui 
auraient  pu  s'opposer  au  massacre,  il  mande  les  jurats  à  son  hôtel.  Là,  sans  leur 
montrer  les  prétendus  ordres  du  Roi,  il  les  emmène  assister  aux  exécutions  qui 
vont  suivre.  Le  Parlement  averti  trop  tard  de  pareils  attentats  le  mande  à  sa 
barre,  mais  il  n'obéit  pas  et  durant  que  la  cour  siégeait,  il  parcourt  les  rues 
à  cheval  et  il  fait  massacrer  par  sa  bande  trois  membres  du  Parlement  et  d'autres 
notables  de  la  ville  au  nombre  de  quatre-vingts;  puis  les  prisons  furent  forcées 
et  tous  ceux  qui  y  étaient  encore  furent  égorgés.  Quand  il  n'y  eut  plus  de  vic- 
times à  frapper,  une  proclamation  défendant  le  pillage  est  affichée  sur  toutes 
les  murailles  de  Bordeaux.  Le  premier  président  du  Parlement,  Lagebaston, 
auquel  nous  empruntons  ce  lamentable  récit,  était  de  longue  date  en  suspi- 
cion, pour  avoir  épousé  une  protestante  et  continué  des  relations  intimes  avec 
ceux  de  la  religion.  Craignant  pour  sa  vie,  il  s'enferma  dans  le  château  du  Ha 
d'où  il  écrivit  au  Roi  :  «Sire,  il  n'est  point  vraisemblable  qu'il  soit  entré  dans 
votre  ceur  de  commander  tels  exploits  en  ville  fort  paisible,  non  seulement  parce 
que  vous  aimez  vos  sujets,  comme  le  père  fait  ses  enfants;  mais  aussi  pour  ce 
qu'avec  l'église  catholique  vous  aimez  mieux  leur  retour  à  la  vraie  religion, 
comme  par  deçà  ils  y  retournoient  à  troupes,  tous  les  jours,  que  non  pas  de  les 
faire  massacrer  et  affoiblir  vos  forces  d'autant.  Il  semble  aux  plus  clairvoyans  qu'il 
n'y  a  rien  ici  de  semblable  à  l'exemple  de  ce  qui  s'est  fait  à  Paris,  d'autant  que 
Votre  Majesté  et  la  Roine  votre  mère  et  Messeigneurs  vos  frères  y  estans,  et  la 

1  De  TI1011  a  évalué  à  deux  cents  te  nombre  des  '  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  3a5o.  Voir  La 

victimes.  Faille,  Histoire  de  Toulouse,  t.  11,  p.  3 10. 


INTRODUCTION.  chxv 

conspiration  preste  à  exécuter  et  si  pressante  qu'elle  ne  pouvoit  attendre  la  voie 
ordinaire  de  la  justice,  il  a  mieux  valu  commencer  par  prévenir  que  d'estre  pré- 
venu, comme  vous  avez  déclaré  en  vostre  cour  de  parlement  l'avoir  fait  pour 
cette  seule  cause;  mais  en  cette  ville,  de  laquelle  vous  estes  éloigné  de  six  à  sept 
vingts  lieues,  il  n'y  a  rien  de  semblable.  Telle  exécution  s'est  faite  ici  et  continue 
fort  mal  à  propos,  d'autant  que  Montauban,  Castres  et  autres  villes  du  Languedoc 
ne  regardent  que  la  mine  et  contenance  de  la  Rochelle  et  que,  faisant  la  rétive 
à  se  remestre  à  vostre  obéissance,  pourra  pour  son  importance  être  la  ruine  de 
toute  la  Guienne,  déjà  aussi  d'ailleurs  presque  ruinée  '.n 

Charles  IX  dont  on  s'est  servi  du  nom  et  de  prétendus  ordres  donnés  par  lui 
pour  ces  derniers  massacres,  tout  au  contraire,  avait  cherché  à  les  prévenir  et  à 
les  empêcher.  Voici  la  lettre  qu'il  écrivit,  dans  cette  intention,  le  3o  septembre, 
au  duc  de  Longueville  :  crMon  cousin,  d'autant  que,  sur  ce  naguères  advenu  en 
ma  ville  de  Houen,  où  le  peuple  assemblé  a  par  force  ou  violences  rompu  les 
prisons,  et  là  tué  tous  les  prisonniers,  quelque  résistance  et  empêchements  que 
ma  cour  du  parlement  et  autres  mes  officiers  ayent  pensé  d'y  faire,  ceux  des 
autres  villes  se  voudront,  possible,  servir  de  cet  exemple  et  faire  le  semblable, 
ce  (pie  vous  sçavez  estre  directement  contre  mon  vouloir  et  intention,  je  vous 
prie,  incontinent  la  présente  receue,  faire  derechef  expresses  défenses  à  toutes 
personnes,  de  quelque  qualité  ou  condition  qu'elles  soient,  de  tuer,  piller,  sac- 
cager, en  aucune  sorte  que  ce  soit,  sous  couleur  ou  prétexte  de  religion,  à  peine 
contre  ceux  qui  y  contreviendront  d'être  punis  de  mort  sur-le-champ,  sans  au- 
cune forme  de  procès  2.r> 

Ce  qui  vient  encore  à  la  décharge  de  Charles  IX,  c'est  la  lettre  que  Montpezat, 
très  compromis  pour  n'avoir  rien  empêché,  adressa  d'Agen,  le  22  octobre,  au 
duc  d'Anjou,  lettre  qui  témoigne  du  très  vif  mécontentement  du  Roi,  ce  dernier 
massacre  allant  de  nouveau  soulever  contre  lui  les  colères  à  demi  apaisées 
d  Elisabeth  et  de  l'Allemagne  protestante  :  tr Monseigneur,  je  voy  bien  que  je 
tombe  de  fièvre  en  chaud  mal,  vous  merciant  très  humblement  de  ce  qu'il  vous 

Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  1  5555 ,  f"  1 2/1  et  prendre  ses  fonctions  au  Parlement.  Ce  n'est  que 

soir.  Lngebaston  était  encore,  à  la  fin  d'octobre ,  au  plus  tard  qu'il  fut  réintégré  dans  sa  cbarge  de  pre- 

ehâteau  du  Ha  d'où  il  adressait  lettres  sur  lettres  niier  président.  (Voir  ses  lettres  dans  le  même  vo- 

au  Roi,  à  Catherine  et  au  duc  d'Anjou,  les  sup-  iume  du  fonds  français.) 

pliant  décrire  à  MM.  de  Villars  et  de  Montpezat,  '  Bulletin  de  l'histoire  du  protestantisme  (année 

afin  d'obtenir  de  pouvoir  aller  librement  et  de  re-  1890).  Reproduction  de  la  dépêche  originale. 


cuxvi  INTRODUCTION. 

plaist  me  mander  du  mal  contentement  qu'a  Sa  Majesté  de  ce  qui  s'est  passé  à 
Bordeaux  et  de  la  bonne  opinion  qu'il  vous  plaist  d'avoir  qu'il  n'y  ait  pas  de  ma 
faute l.  n 

Mais  ce  regret  intéressé  que  manifeste  Charles  IX  n'allait  en  rien  profiter  à 
Briquemault  et  à  Cavagnes  condamnés  à  l'avance  et  sacrifiés  à  la  raison  d'Etat. 
Si,  en  effet,  de  leurs  aveux  ou  prétendus  aveux  la  preuve  était  acquise  de  la 
conspiration  imputée  à  Coligny  et  aux  chefs  protestants,  la  Saint-Barthélémy 
était  assimilée  au  cas  de  légitime  défense,  et  ainsi  Charles  IX  et  Catherine  inno- 
centés vis-à-vis  de  l'Europe. 

Briquemault  s'était  d'abord  réfugié  à  l'hôtel  de  la  princesse  de  Coudé,  puis  à 
l'ambassade  d'Angleterre  où  il  avait  été  pris,  au  grand  mécontentement  de  Wal- 
singham.  Cavagnes  auquel  Benée  de  Ferrare  avait  donné  asile  fut  livré  par  sa 
fille,  la  duchesse  de  Nemours,  à  laquelle  elle  l'avait  confié.  Dans  le  procès  les 
rôles  furent  intervertis;  Briquemault,  l'homme  d'épée,  le  vétéran  des  guerres 
civiles,  chercha,  nous  dit  Petrucci,  à  sauver  misérablement  sa  vie2,  et  si  Ton  en 
croit  Mézeray,  il  proposa  même  le  moyen  de  prendre  la  Bochelle,  tandis  que 
Cavagnes,  l'homme  de  robe,  se  défendit  avec  dignité  et  courage3.  Gassot,  qui  sol- 
licitera plus  tard  la  confiscation  des  biens  de  Téligny,  écrivit  également  au 
marquis  de  Villars  que  Cavagnes  lui-même  avait  reproché  à  Briquemault  «de 
se  montrer  foible  de  cœur  H. 

Pour  donner  plus  d'autorité,  plus  de  retentissement  à  la  condamnation  décidée 
à  l'avance,  Coligny  fut  impliqué  dans  le  procès.  La  cour,  dans  son  arrêt,  décréta 
que  son  effigie  serait  suspendue  à  une  potence  de  la  place  de  Grève,  tout  à  côté 
de  celles  de  Cavagnes  et  de  Briquemault,  qu'elle  y  resterait  vingt-quatre  heures, 
puis  serait  traînée  à  la  queue  d'un  cheval  par  les  rues  de  Paris  et  suspendue  au 
gibet  de  Montlaucon;  que  tous  ses  portraits  seraient  brisés  et  foulés  aux  pieds  par 
la  main  du  bourreau,  ses  biens  confisqués,  ses  armoiries  rompues,  ses  enfants 
proclamés  roturiers,  sa  maison  de  Châtillon  rasée;  qu'en  son  lieu  et  place  serait 
dressé  un  pilier  et  sur  une  plaque  de  cuivre  inscrit  l'arrêt  de  condamnation,  enfin 
que,  chaque  année,  des  prières  publiques  et  processions  solennelles  auraient  lieu. 

1  Bibl.  nal.,  fonds  français,  n°  i5555,  fol.  i56.  '  Desjardins,  Négociations  diplomatiques  avec  la 

De  leur  côté  les  jurats  de  Bordeaux  écrivirent  au  Toscane,  t.  III,  p.  84. 

Unique  tout  avait  été  fait  par  le  commandement  3  Mézeray,  Histoire  de   France,    in-f\    t.    III, 

de  Montferrand  et  que  cela  dépendait  plus  de  sa  p.  1  33. 

charge  que  de  la  leur.  (Ibid.,  fol.  129.)  '  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  33a&7,  fol.  68. 


INTRODUCTION.  cxsxvii 

le  ik  août,  pour  rendre  grâces  à  Dieu  de  la  découverte  de  sa  criminelle  conspi- 
ration. 

Le  27  octobre,  le  jour  même  où  Elisabeth  d'Autriche  donnait  une  fille  à 
Charles  IX,  Briquemault  et  Gavagnes  mis  sur  une  claie  furent  traînés  en  grève, 
injuriés  par  la  populace  massée  sur  tout  le  parcours. 

Si  nous  nous  reportons  à  douze  années  en  arrière,  une  vieille  gravure  du  temps 
nous  montre  toutes  les  femmes  de  la  cour  d'alors  assistant  des  fenêtres  du  châ- 
teau d'Amboise  au  supplice  de  Mazères  et  de  Castelnau,  les  deux  lieutenants  de 
La  Renaudie.  Menée  malgré  elle  à  cet  horrible  spectacle,  la  jeune  duchesse  de 
Guise  revint  toute  éplorée  trouver  Catherine  de  Médicis.  t-Qu'avez-vous  donc,  lui 
dit  la  Reine  à  vous  lamenter  ainsi  ?n  —  «  Ah!  Madame,  je  viens  de  voir  la  plus 
piteuse  tragédie,  je  ne  doute  point  qu'en  bref  un  grand  malheur  ne  tombe  sur 
notre  maison  et  que  Dieu  ne  nous  extermine  de  tout  pour  les  cruautés  et  inhu- 
manités qui  s'exercent1,  -n 

Mais  la  guerre  civile  avait  endurci  les  cœurs,  et  l'on  s'était  habitué  à  voir 
couler  le  sang.  Toutefois,  Brantôme,  si  indulgent  d'ordinaire  pour  Charles  IX, 
lui  reproche  d'avoir  voulu  voir  mourir  les  deux  condamnés  :  ce  D'aucuns  ne  le 
trouvent  beau,  disant  que  c'estoit  aux  roys  d'estre  cruels  seulement  toutes  et 
quantes  fois  que  le  cas  le  requiert,  mais  doivent  encore  moins  estre  spectateurs, 
de  peur  qu'ils  ne  s'accoustument  à  choses  plus  cruelles  et  inhumaines2.  •» 

Et  non  moins  sévère  Walsingham  écrivait  à  Leicester  :  et  Entre  toutes  les  tra- 
gédies, la  dernière  est  la  plus  surprenante,  et  la  plus  extraordinaire.  Voir  exé- 
cuter en  personne  un  de  ses  sujets,  et  un  de  ses  plus  vieux  soldats,  est  un  exemple 
inusité  parmi  les  chrétiens.  Dieu  ne  permettra  pas  qu'un  prince  d'un  tel  caractère 
règne  longtemps  sur  son  peuple3. n 

En  regard  de  ces  dures  appréciations,  nous,  qui  à  la  distance  où  nous  sommes 
du  xvic  siècle  n'en  partageons  ni  les  passions,  ni  n'en  subissons  les  influences, 
sans  toutefois  plaider  les  circonstances  atténuantes,  nous  nous  permettrons  de 
dire  que  dans  la  présence  de  Charles  IX  et  de  Catherine  à  ce  supplice  des  deux 
condamnés,  il  entrait  encore  plus  de  politique  que  de  cruauté.  Par  le  côté  théâ- 
tral de  cette  exécution,  ils  tenaient  à  affirmer  devant  l'Europe  l'existence  d'une 
conspiration  à  laquelle  elle  croyait  si  peu. 

La  nuit  était  venue  et  pour  que  l'on  ne  perdît  rien  de  la  vue  du  supplice,  des 

1  Régnier  de  la  Planche,  Histoire  de  France  sous  *  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  V,  p.  358. 

François  II,  édition  de  Menechet ,  p.  16a.  3  Lettres  el  mémoires  de   Walsingham,  p.  335. 

Cathkiuke  de  Médicis.  —  iv.  n 

"Ll. 


chuïhj  INTRODUCTION. 

torches  furent  allumées  autour  de  l'échafaud.  Au  moment  où  Briquemault  mon- 
tait à  la  sinistre  échelle,  le  lieutenant  du  prévôt  l'arrêta  sur  le  premier  échelon 
et  lui  demanda  s'il  n'avait  pas  de  nouvelles  révélations  à  faire.  Le  courage  lui 
était  revenu  et  se  tournant  vers  le  peuple  qui  l'entourait  :  a  Tout  ce  que  j'ai  dit 
est  faux,  s'écria-t-il ,  je  n'ai  jamais  songé  à  conjurer  contre  le  Roi  ni  contre  l'Etat. 
Je  prie  Dieu,  au  tribunal  duquel  je  vais  bientôt  comparaître,  de  vouloir  par- 
donner au  Roi  et  à  tous  ceux  qui  sont  cause  que  je  meurs  injustement,  comme 
je  souhaite  qu'il  me  pardonne  les  péchés  que  j'ai  commis.  n 

Cela  dit,  il  continua  à  gravir  les  échelons,  puis  s'arrètant  une  seconde  fois  et 
prenant  de  nouveau  la  parole  :  ce  J'ai  quelque  chose  à  révéler  au  Roi,  mais  je  vois 
bien  que  je  ne  le  peux.  11  H  haussa  les  épaules,  comme  s'il  voulait_  exprimer  qu'il 
n'avait  plus  rien  à  dire,  puis  se  livra  au  bourreau  l. 

Quant  à  Gavagnes,  jusqu'à  la  fin  il  resta  muet.  Le  supplice  achevé,  la  foule  se 
rua  sur  la  potence,  la  renversa  et  s'acharnant  sur  ces  deux  cadavres,  s'en  disputa 
les  lambeaux  qu'elle  promena  dans  toutes  les  rues. 

Telle  fut  la  dernière  scène  du  drame  qui  depuis  le  26  août  ensanglantait  la 
Fiance. 

XV 

Le  supplice  de  Briquemault  et  de  Cavagnes  sur  lequel  Catherine  et  Charles  IX 
avaient  compté  pour  affirmer  devant  l'Europe  la  conspiration  des  huguenots  et 
innocenter  ainsi  la  Saint-Barthélémy  n'avait  en  rien  modifié  l'étal  des  choses. 
Lodieux  du  massacre  était  non  moins  profitable  aux  puissances  prolestantes 
qu'aux  puissances  catholiques  également  intéressées  à  l'isolement  de  la  France. 

Toutes  les  dépèches  de  nos  ambassadeurs  témoignent  de  leur  persistante  hosti- 
lité et  ce  qui  allait  tout  à  la  fois  ouvrir  les  yeux  à  Catherine  et  l'épouvanter,  c'est 
le  rapprochement  qui  se  ménageait  entre  l'Angleterre  et  l'Espagne.  Mondoucet, 
celle  sentinelle  vigilante  de  la  frontière,  dès  le  2  5  septembre  avait  écrit  à 
Charles  IX  :  a  Le  duc  d'Albe  fait  force  dépêches  du  côté  de  l'Angleterre  et  a 
bonne  envie  de  se  remettre  en  bon  ménage  avec  la  reine  Elisabeth,  et,  à  ce  que 
j'entends,  elle  y  prête  l'oreille,  ayant  par  deçà  quelqu'un  de  ses  gens  où  l'on  né- 
gocie avec  lui  pour  la  reprise  du  trafic,  n 

Ce  que  Mondoucet  avait  entrevu  le  premier,  La  Molhe-Fénelon  le  confirme  : 

1   Voir  de  Thon,  Histi  universelle,  t.  VI,  p.  /1 59. 


INTRODUCTION.  cxxxis 

cr Je  sens  Lien,  écrit-il  à  Charles  IX  le  1  o  octobre,  que  toutes  choses  ont  com- 
mencé et  continuent  de  nous  devenir  si  contraires  par  deçà  et  même  pour  l'horri- 
ble tragédie  qui  s'est  jouée  à  Rouen.  Ceux  de  ce  conseil  ne  travaillent  en  rien 
tant,  à  cette  heure,  que  de  chercher  comment  ladite  dame  se  pourra  retirer  de 
votre  intelligence  et  observent  le  temps,  quand  et  à  quelle  occasion  elle  le  pourra 
faire  sans  danger;  donc,  les  partisans  de  l'Espagne  ont  le  vent  en  poupe  et  sont 
ceux  qui  plus  que  les  autres,  bien  cjue  la  ruine  des  protestants  leur  plaise,  aggra- 
vent les  meurtres  et  exécutions  de  France  et  célèbrent  jusques  au  ciel  le  duc 
d'Albe  de  ce  qu'il  a  su  par  sa  valeur  repousser  l'armée  du  prince  d'Orange  et 
reprendre  Mons  et  a  gardé  la  capitulation  à  ceux  de  dedans  et  n'en  a  tué  pas 
un  sous  la  sûreté  de  sa  parole.  Guaras  est  depuis  deux  jours  à  Windsor.  J'en- 
tends qu'il  est  arrivé  un  navire  de  la  Rochelle  et  que  quelqu'un  de  ceux  qui 
étoient  dedans  est  allé  jusqu'à  Windsor.  Le  soupçon  et  défiance  croit  de  plus  en 
plus  en  ceux-ci  et  ne  peuvent  ni  par  mes  paroles  ni  par  les  propres  lettres  de 
\  olre  Majesté  aucunement  se  rassurer  K  v 

A  cette  lettre  Catherine  répond,  le  23  octobre  :  ce  II  n'a  esté  rien  fait  contre  la 
reine  d'Angleterre  et  ses  sujets  et  ne  lui  a  esté  donné  aucune  occasion  de  penser 
que  nous  veuillons  aucunement  enfreindre  nostre  traité.  Si  le  Roi  a  esté  contraint 
de  châtier  ses  sujets  rebelles  et  qui  avoient  conspiré  contre  sa  personne  et  son 
Estât,  cela  ne  la  touche  aucunement,  et  pour  ce  qu'ils  disent  que,  voyant  les 
meurtres  qui  ont  esté  faits  en  plusieurs  villes  du  royaume  par  les  catholiques 
contre  les  huguenots,  ils  ne  se  peuvent  assurer  de  l'intention  et  volonté  du  Roy 
qu'ils  n'en  voyent  quelque  punition  et  justice  et  ses  édits  mieux  observés,  la  reine 
Elisabeth  connoitra  bientôt  que  ce  qui  est  advenu  es  autres  lieux  que  cette  ville 
a  esté  entièrement  contre  la  volonté  du  Roy,  lequel  a  délibéré  d'en  faire  faire 
telle  punition  et  y  establir  bientôt  un  si  bon  ordre,  que  chacun  cognoistra  quelle 
a  esté  en  cet  endroit  son  intention2,  n 

Il  fallait  donc  à  tout  prix  détourner  l'Angleterre  de  ce  rapprochement  avec 
l'Espagne  qui  semblait  imminent.  Fort  heureusement  l'accouchement  de  la  jeune 
femme  de  Charles  IX  fournit  à  Catherine  le  prétexte  de  flatter  l'orgueil  d'Elisa- 
beth, moyen  infaillible  de  se  la  rendre  favorable.  Elle  se  hâte  donc  d'envoyer 
M.  de  Mauvissière  à  Londres,  avec  la  double  mission  de  demander  à  la  reine 
d'être  la  marraine  de  la  petite  princesse,  et  de  vouloir  bien  reprendre  les  propos 

1   Correspond,  diplom.  de  La  Motke-Fénclon ,  t.  V,  p.  160  et  suiv.  —   s   lbid. ,  t.  VII.  p.  377. 


au  INTRODUCTION. 

de  son  mariage  avec  le  duc  d'Alençon.  Un  plus  habile  ambassadeur  ne  pouvait 
être  choisi;  il  s'était  déjà  fait  apprécier  et  aimer  en  Angleterre  par  sa  modération. 
A  sa  première  audience,  Elisabeth  lui  dit  :  «Vous  me  voyez  bien  embarrassée; 
après  ce  qui  vient  de  se  passer  en  France,  si  je  m'adresse  pour  me  représenter  à 
n'importe  quel  personnage,  il  pensera  que  je  le  tiens  en  bien  peu  d'estime,  et 
que  je  veux  me  défaire  de  lui.n 

Mauvissière  ayant  cherché  à  effacer  cette  mauvaise  impression  :  ail  y  en  a 
môme,  reprit-elle,  qui  craignent  le  contre-coup  de  la  Saint-Barthélémy  en  Angle- 
terre n;  puis  venant  au  projet  de  son  mariage  avec  le  duc  d'Alençon,  crLes  choses 
en  étaient  en  si  bon  termes,  qu'il  n'y  avait  plus  de  grave  difficulté;  mais,  à  cette 
heure,  je  m'aperçois  que  le  physique,  l'inégalité  d'âge  et  la  différence  de  religion 
y  mettent  plus  d'empêchements  que  je  ne  me  l'étais  d'abord  figuré.  Je  vous  re- 
verrai dans  quelques  jours,  -n 

Il  eut  beau  insister,  il  ne  put  obtenir  une  meilleure  réponse. 

La  Mothe-Fénelon,  dans  une  lettre  datée  du  i5  novembre,  en  donne  la  vé- 
ritable explication  :  «  Le  roi  d'Espagne  a  écrit  à  la  reine  Elisabeth  une  lettre  fort 
pleine  d'affection  et  d'offres,  et  d'une  quasi-soumission,  qui  semble  ne  convenir 
guères  à  la  grandeur  d'un  tel  prince  ni  à  la  récordalion  des  injures  qu'il  a  re- 
çues. Tant  y  a  qu'en  ladite  lettre,  après  beaucoup  de  belles  et  bonnes  paroles, 
il  insiste  au  renouvellement  des  anciens  traités  et  de  l'ancienne  confédération 
d'entre  cette  couronne  d'Angleterre  et  la  maison  de  Bourgogne,  et  qu'il  est  prêt 
de  la  confirmer  et  jurer  de  nouveau  '.  n 

Mais  les  hésitations  d'Elisabeth  ne  tenaient-elles  pas  à  une  autre  cause.  Elle, 
qui  avait  mis  la  main  si  avant  dans  nos  premiers  troubles,  elle  qui,  en  i563, 
s'était  saisie  du  Havre  en  pleine  paix,  n'entrevoyait-elle  pas  dans  la  guerre  civile 
qui  se  rallumait  sur  tous  les  points  de  la  France  la  chance  inespérée  de  ravoir 
Calais  que  le  traité  humiliant  de  Troyes  lui  avait  fait  perdre  en  1 5 G 4 ?  N'y  était- 
elle  pas  d'ailleurs  encouragée  par  les  lettres  incessantes  qui  lui  venaient  de  la 
Rochelle  1 

Languillier,  un  de  ceux  qui  y  avait  le  plus  d'autorité,  lui  écrivait  le  1G  no- 
vembre :  et  Sentant  l'orage  prêt  à  tomber  sur  nos  têtes,  pour  après  s'étendre  plus 
loin  et  ruiner  la  sainte  Église  du  Seigneur,  et  élever  en  plus  grand  triomphe 
celle  de  l'Antéchrist,  nous  recourons  plus  hardiment  à  Votre  Majesté,  vo;:s  sup- 

'    Correspond,  diplom.  d?  Ln  Molk«- Fcnrloii ,  t.  V,  p.  aoo. 


INTRODUCTION.  cxli 

pliant  de  nous  faire  tant  de  faveur  et  de  grâce  que  de  nous  supporter,  secourir  et 
aider  des  grandes  forces  et  infinis  moyens  que.  Dieu  a  mis  en  vos  mains  '.  n 

Au  xvie  siècle,  l'idée  de  patrie  n'avait  pas  sur  les  cœurs  la  puissance,  l'em- 
pire qu'elle  exerce  aujourd'hui  sur  les  nôtres;  elle  n'élait  pas  mise  au-dessus  de 
tout.  A  quelques  jours  de  là,  faisant  allusion  au  massacre  de  Bordeaux,  les  habi- 
tants  de  la  Rochelle  écrivaient  de  nouveau  à  Elisabeth  :  rt  Votre  Majesté  ne  peut 
ni  ne  doit  tenir  la  ligue  avec  ceux  qui  veulent  exterminer  votre  peuple  de  la 
Guienne  qui,  de  toute  éternité,  vous  appartient,  de  quoy  Votre  Majesté  leur  fait 
encore  cet  honneur  d'en  porter  les  armes.  Ce  considéré,  Madame,  qu'il  vous  plaise 
de  leur  aider  de  vos  forces  et  moyens,  et  ils  consacreront  et  exposeront  leurs  vies 
et  biens  pour  vous  reconnoitre  leur  reine  souveraine  et  leur  princesse  naturelle 2.  i> 

C'est  donc  vainement  que  Mauvissière  prolongea  son  séjour  à  Londres,  espé- 
rant toujours  obtenir  une  meilleure  solution.  A  son  départ,  Elisabeth  se  borna  à 
lui  dire  que  Walsingham  ferait  connaître  sa  réponse  à  la  proposition  si  flatteuse 
d'être  la  marraine  de  la  fille  de  Charles  IX. 

A  Rome  la  situation  s'était  également  profondément  modifiée  et  dans  un  sens 
hostile  à  la  France.  La  joie  que  lout  d'abord  l'on  y  avait  ressentie  de  la  Sainl- 
Barthélemy  avait  été  de  courie  durée  et  l'espoir,  un   instant  conçu,  de    voir    / 
Charles  IX  entrer  enfin  dans  la  ligue  catholique  contre  le  Turc  et  appliquer  eu 
France  les  décrets  du  concile  de  Trente  s'était  bien  vite  évanoui. 

Toutefois  Ferais  avait  pu  obtenir  du  Saint-Père  que  le  cardinal  Ursin,  qui  déjà 
était  en  route  pour  la  France,  restât  à  Avignon  et  y  attendit  de  nouveaux  ordres. 
Pour  obtenir  cette  concession,  il  avait  fait  valoir  les  craintes  que  sa  venue  inspi- 
rerait aux  princes  prolestants  d'Allemagne  et  à  Elisabeth;  mais  dans  les  premiers 
jours  d'octobre,  revenant  à  sa  première  idée,  Grégoire  XIII  lui  représenta  que  le 
séjour  en  France  du  marquis  d'Ayamonte,  envoyé  par  Philippe  II  pour  compli- 
menter Charles  IX  de  l'heureux  succès  de  la  Saint-Barthélémy,  était  un  acte 
encore  plus  significatif  et  plus  agressif  que  l'envoi  de  sou  légat.  Ferais  répliqua 
que  le  marquis  d'Ayamonte  n'était  qu'un  ambassadeur  ordinaire,  tandis  qu'un 
légat  extraordinaire  aurait  à  débattre  les  questions  religieuses,  le  grand  danger 
du  moment3. 

Sur  ces  entrefaites,  le  cardinal  de  Ferrare  vint  à  mourir,  et  usant  de  repré- 


1  Record  oflice,  Stal?  papers.  Voir  notre  livre  Le  xvi'  siècle  et  les  Valois,  p.  254.  — ■  s  Ibid.,  p.  334. 
-  '  Bihl.  nat.,  fonds  français,  n°  i6o4o,  P"  44  et  suiv. 


cxlii  INTRODUCTION. 

sailles.  Je  pape,  de  sa  propre  autorité,  ayant  dispos/'  de  tous  les  bénéfices  dont  il 
jouissait,  et  le  conflit  s'envcnimant  de  plus  en  plus,  Catherine,  toujours  prudente, 
écrivit  au  cardinal  Ursin,  le  98  octobre  :  rrLe  Roi  mon  fils,  craignant  vous  voir 
en  trop  grande  incommodité  à  venir  le  trouver,  si  la  saison  l'hiver  prochain 
s'avance  davantage,  a  ad  visé  envoyer  devers  vous  ce  courrier  exprès  avec  ses 
lettres  pour  vous  advertir  que,  lorsque  votre  commodité  le  portera,  vous  pourrés 
bien  vous  acheminer  par  deçà'.n 

Les  dangers  qu'amènerait  infailliblement  la  présence  du  légat  à  la  cour  de 
France,  ainsi  que  Ferais  lavait  représenté  au  Saint-Père,  n'étaient  que  trop  réels: 
Charles  IX  les  signale  dans  sa  lettre  du  2  novembre  au  comte  de  Retz,  qui  pour- 
suivait alors  à  Metz  une  négociation  secrète  avec  le  comte  Palatin,  et  le  duc  Casi- 
mir, son  fils  :  ft  Je  sais  bien  que  la  reine  d'Angleterre  a  écrit  aux  princes  allemands 
et  aux  cantons  protestants  par  messager  exprès  que.  pour  certains,  javois  déli- 
béré et  résolu  d'entrer  dans  la  ligue  catholique  et  que  ce  n'était  pas  pour  l'em- 
ployer contre  le  Turc,  mais  contre  elle  et  les  princes  de  la  Germanie;  sur  quoy 
j'ay  écrit  à  mon  ambassadeui^£assurer __du  contraire^  ce  que  vous  ferez  de  votre 
part  et  aussi  Schomberg,  si  vous  êtes  ensemble-.- 

Schomberg  ayant  tardé  à  rejoindre  le  comte  de  Retz,  Charles  IX  lui  écrit  direc- 
tement :  «Je  m'assure  que  vous  n'aurez  rien  oublié  de  faire  entendre  aux  princes 
et  seigneurs  de  l'Allemagne  à  qui  vous  aurez  parlé  ou  écrit  la  vérité  de  toutes 
choses,  et  que  les  mauvais  bruits  que  Ton  v  fait  courir  sur  les  choses  qui  sont 
advenues  en  ce  royaume  et  les  délibérations  et  intelligences  que  lesdits  bruits 
disoient  que  nous  avions  et  avons  encore  entre  le  Roy  Catholique  et  moy  sont 
faux.  •• 

Toutes  ces  précautions  étaient  nécessitées  par  les  mauvaises  dispositions  qui 
partout  se  manifestaient  contre  la  France  :  «La  reine  d'Angleterre  arme,  écrivait, 
le  1  2  novembre,  le  nouvel  ambassadeur  de  Toscane,  Vincenzo  Alamanni,  et  ce  ne 
peut  être  que  pour  porter  secours  à  la  Rochelle.  Le  Roi  a  été  averti  que  le  roi 
d'Espagne  cherche  à  s'accorder  avec  le  prince  d'Orange,  que  le  duc  d'Alhe  l'y 
pousse,  et  fait  son  possible  pour  que  les  menées  du  prince  d'Orange  avec  l'An- 
gleterre soient  favorisées  par  le  roi  son  maître3. 

Il  n'était  que  trop  bien  renseigné,  car  Saint-Gouard  venait  d'écrire  le  7  novem- 

1   Tbeiner,  Continuation  des  Annales  de  Baronius,  "  Bibl.  nat..  Cinq  cents  Colberl  (4oo)  (volume 

t.  I ,  p.  36 1 .  non  pagine*)  ;  Négociations  diplomat.  avec  la  Toscane; 

'   Bibl.  nat.,  Cinq  cnits  Colberl,  n°  7,  p.  576.         Lettres  et  Mémoires  de  Walsingham. 


INTRODUCTION.  cxlui 

bre  :  ce  Le  duc  d'Albe,  poui'  justifier  sa  mauvaise  cause  et  sou  mal  procédé  aux 
affaires  de  Flandre,  travaille  par  paroles  mensongères  à  obscurcir  l'honneur  et  la 
grâce  que  nous  doivent  le  Roi  et  la  salvation  de  ses  Etats,  lesquels  étoient  perdus 
sans  remède  par  la  faute  dudit  duc  l.  « 

Mais  le  plus  grand  danger  de  la  venue  du  légat,  c'est  qu'elle  pouvait  faire  ob- 
stacle à  la  levée  des  six  mille  Suisses  négociée  par  Bellièvre,  les  cantons  protestants 
faisant  mine  de  s'opposer  à  leur  départ 2. 

Pendant  que  le  cardinal  Ursin,  parti  enfin  d'Avignon,  s'acheminait  à  petites 
journées  pour  venir  à  la  cour,  où  il  était  si  peu  désiré,  les  bruits  les  plus  sinistres 
eurent  de  nouveau  cours  à  Paris.  L'on  ne  parlait  rien  moins  que  d'une  nouvelle 
Saint-Barthélémy,  et  voici  en  quels  termes  Charles  IX  en  fait  part  à  M.  de  Bel- 
lièvre  :  et  Ces  jours-ci  étant  allé  à  la  chasse  du  côté  de  la  Brie,  et  la  Reine  ma  mère 
et  mon  frère  le  duc  d'Anjou  à  Monceaux,  conduisant  ma  sœur  de  Lorraine 
qui  s'en  relournoit,  aucunes  canailles  firent  courir  parmi  le  peuple  un  bruit 
aussitôt  que  je  fus  parti,  que  je  voulois  qu'on  exterminât  et  pillât  ceux  qui  ont 
été  de  la  nouvelle  religion  estant  en  ceste  ville3,  n 

Le  duc  de  Nevers,  le  maréchal  de  Tavannes  et  le  cardinal  de  Créqui  eurent 
facilement  raison  de  cette  émeute,  et  Catherine  en  les  remerciant  d'avoir  maintenu 
l'ordre  dans  les  rues  leur  prescrivit  d'en  faire  une  punition  exemplaire,  et  de 
pareils  bruits  pouvant  apporter  de  nouveaux  troubles  n. 

Le  2 h  novembre,  le  cardinal  Ursin  entrait  enfin  dans  Paris,  wll  n'a  pas  été 
reçu,  se  hâte  d'écrire  Walsingham,  avec  les  égards  dus  à  sa  qualité,  ce  qui  fait 
supposer  que  c'est  pour  aveugler  les  princes  protestants5.  ■»  Une  lettre  de  Charles  IX 
à  M.  de  Bellièvre  nous  donne  le  véritable  motif  de  cette  apparente  froideur  : 
et  J'ai  à  vous  louer,  dit-il,  du  bon  effort  que  vous  avez  fait  pour  osier  hors  de 
l'esprit  des  cantons  protestants  les  mauvaises  impressions  que  l'on  leur  avoit 
données  des  choses  advenues  au  jour  de  la  Saint-Barthélémy  et  depuis  en  aucunes 
villes  de  mon  royaume,  semblablement  aussi  l'impression  qu'ils  ont  par  là  conçue 
que  j'aye  intention  d'une  ligue  avec  les  autres  princes  catholiques  pour  faire 
mettre  à  exécution  par  force  en  leur  pays  le  concile  de  Trente,  à  quoy  servira 
beaucoup  ce  que  vous  en  avez  rédigé  par  écrit  et  fait  translater  en  allemand 


'   Bil>l.  nat.,  fonds  français,  n"  1610^1,  j>.  a4o.  '  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  1.5902,  f°  256. 

2  Ibid. ,  258  v°.  5  Lettres  et  Mémoires  de  Walsingham. 

5  Négociât,  diplom.  avecla  Toscane,  l.  III,  f°  861. 


cxuv  INTRODUCTION. 

pour  être  espandu  en  plusieurs  endroits  de  l'Allemagne  où  les  esprits  des  pro- 
testants sont  imbus  de  semblables  bruits,  vous  voulant  bien  dire  que  depuis  votre 
parlement  je  n'aynon  plus  pensé  a  l'établissement  du  concile  que  je  faisois  lorsque 
vous  êtes  party  d'auprès  de  moy,  ce  que  je  vous  dis  aflin  que,  si  le  séjour  du 
légat  qui  est  plus  long  de  par  deçà  que  je  ne  désireroys,  donnoit  quelque  lieu  à 
semblable  suspition,  vous  soyez  asseuré  pour  toute  vérité  qu'il  n'en  est  rien  et 
chose  à  quoy  je  n'ay  pensé  ni  rie  pense  en  sorte  du  monde1.1» 

Mais  le  cardinal  Ursin  ne  se  rebuta  pas;  pour  mieux  décider  Charles  IX  à 
entrer  dans  la  ligue  catholique,  il  en  vint  à  se  contenter  de  sa  simple  adhésion 
sans  la  moindre  coopération,  l'autorité  de  son  nom  leur  suffirait.  Ces  nouvelles 
et  incessantes  instances  ne  furent  pas  mieux  accueillies,  l'état  du  pays  ne  le  mo- 
tivait que  trop.  Sancerre,  Montauban,  Nîmes,  Sommières  tenaient  leurs  portes  fer- 
mées. Tous  les  négociateurs  envoyés  à  la  Rochelle  avaient  échoué.  A  bout  de  voies 
Charles  IX  avait  jeté  les  yeux  sur  La  Noue,  qui  avait  accepté  cette  délicate  mis- 
sion et  qui  le  16  novembre  avait  porté  à  la  Rochelle  des  paroles  de  conciliation 
et  de  paix. 

Voilà  sous  quelles  sombres  prévisions  finissait  l'année  1572,  lorsque,  le  23  dé- 
cembre, Mauvissière  revint  de  sa  mission  en  Angleterre. 

Le  jour  de  sa  rentrée  à  Paris,  Walsingham  vint  le  visiter,  et  à  la  suite  de  leur 
entretien  il  demanda  audience  à  Catherine,  mais  elle  n'était  pas  encore  remise  de 
son  opinâtre  catarrhe  et  le  lendemain  il  fut  reçu  par  Charles  IX.  Tout  d'abord  il 
revint  sur  les  massacres  qui  avaient  eu  lieu  dans  les  provinces,  il  se  plaignit  de  ce 
qu'on  forçait  d'abjurer  tous  ceux  qui' avaient  pu  échapper  à  la  mort;  c'était  évi- 
demment l'anéantissement  de  la  religion  protestante  que  l'on  poursuivait.  La  reine 
sa  maîtresse  avait  donc  lieu  de  s'étonner  que  le  Roi  ait  pu  songer  à  elle  pour  être 
la  marraine  de  sa  lille. 

Charles  IX  répondit  que  le  massacre  des  protestants  par  la  populace  des  villes 
était  un  fait  accompli  qu'il  regrettait  profondément,  mais  auquel  il  ne  lui  était 
plus  possible  de  remédier.  L'exercice  de  deux  religions  ne  pouvait  être  toléré  dans 
le  royaume. 

Ce  préambule  un  peu  aigre  de  Walsingham  n'avait  pour  but  que  de  donner 
plus  de  prix  aux  concessions  qu'Elisabeth  l'avait  chargé  de  faire  en  son  nom. 
trSi  je  suis  revenu  sur  le  passé,  reprit-il,  c'est  uniquement  pour  exprimer  à  Votre 

1   liibl.  nat.,  fonds  tançais,  11°  i5(joa,  fol.  208  v°. 


INTRODUCTION.  cx..v 

Majesté  la  douleur  que  ma  maîtresse  a  ressentie  d'entendre  si  mal  parler  de  ce 
qui  a  eu  lieu  en  France.  Si  elle  avait  écouté  l'avis  de  ses  propres  conseillers  et 
ceux  des  princes  ses  voisins,  non  seulement  elle  n'aurait  pas  accepté  d'être  la 
marraine  de  la  fille  de  Votre  Majesté;  mais  elle  aurait  rompu  toutes  relations;  ce 
qui  l'a  retenue,  c'est  l'attachement  qu'elle  a  voué  à  Votre  Majesté  dès  son  âge 
le  plus  tendre;  elle  n'a  donc  voulu  voir  dans  l'offre  que  vous  lui  avez  faite 
qu'une  nouvelle  preuve  d'amitié.  i>  Et  il  s'empressa  de  lui  annoncer  qu'elle  en- 
verrait en  France  un  personnage  de  distinction,  pour,  en  son  lieu  et  place,  tenir 
sa  fille  sur  les  fonts  du  baptême1.  Charles  IX  l'eu  remercia  vivement  et  en 
profita  pour  lui  parler  de  nouveau  du  mariage  du  duc  d'Alençon,  en  le  priant 
de  l'appuyer. 

Si  Elisabeth,  après  l'insuccès  apparent  de  la  mission  de  Mauvissière,  n'avait  pas 
persisté  dans  son  premier  refus,  c'est  qu'une  secrète  intrigue  s'était  nouée  entre 
elle  et  le  duc  d'Alençon.  Le  duc,  c'est  ici  le  lieu  de  le  dire,  avait  hautement 
blâmé  la  Saint-Barthélémy;  il  n'avait  pas  caché  à  Walsingham  les  regrets, 
l'horreur  qu'il  en  ressentait,  et  on  disait  tout  bas  qu'il  avait  promis  aux  chefs 
protestants  de  venger  la  mort  de  Coligny.  Que  ce  fût  vrai  ou  non,  il  avait  conçu 
le  projet  de  se  réfugier  en  Angleterre.  Pour  faciliter  et  préparer  sa  fuite,  il  venait 
d'y  envoyer  un  de  ces  personnages  équivoques  comme  l'on  en  retrouve  à  toutes 
les  époques  troublées.  H  se  nommait  Maisonfleur;  après  avoir  guerroyé  en  Italie 
sous  les  ordres  du  duc  de  Guise,  il  était  devenu  écuyer  tranchant  de  Charles  IX, 
puis  s'était  fait  protestant.  On  a  de  lui  un  recueil  de  psaumes  et  Brantôme  lui  a 
dédié  quelques-unes  de  ses  poésies'2. 

Le  vaisseau  sur  lequel  le  duc  d'Alençon  devait  s'embarquer  resta  longtemps  en 
vue  des  côtes  de  Normandie.  Dans  une  lettre  à  Burghley,  Maisonfleur  lui  révèle 
le  secret  et  le  but  de  sa  mission:  ce  Sachez,  Monsieur,  que,  lorsque  je  fus  adverti 
que  l'on  avoit  découvert  le  fond  dama  négociation  à  Mauvissière,  la  crainte  que 
j'ay  eue  que,  lui  étant  de  retour  à  la  cour,  par  ce  moyen  il  n'en  arrivât  inconvé- 
nient à  la  personne  de  Monseigneur  le  duc,  je  lui  écrivis  une  bien  longue  lettre 
par  laquelle  je  l'advertissois  de  la  susdite  découverte  et  de  ce  qu'il  lui  en  pourroit 
arriver,  s'il  ne  donnoit  bon  ordre  à  ses  affaires,  et  par  ainsi  qu'il  s'advisât  à  se 
dépescher  de  venir  en  ce  pays  avant  l'arrivée  de  Mauvissière  à  la  cour;  qu'il 
n'oubliât  pas  aussi  d'amener  quant  et  lui  son  beau-frère3  et  son  cousin \  et 

1  Lettres  et  mémoires  de  Walsingham  j  p.  358.  3  Le  roi  de  Navarre. 

!  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  XI.  '  Le  prince  de  Condé. 

Catheiu.ve  de  Medicis. IV.  6 


lULniL     IAT10XAL1 


ex  m  INTRODUCTION. 

quoiqu'il  en  fût.  qu'il  se  haslâtde  s'en  venir  au  Havre  où  le  vaisseau  armé  l'at- 
lendoit.  Je  ne  veux  point  nier  que  je  l'exhortasse  et  supliasse  de  venir  en  An- 
gleterre, avec  espérance  que,  quand  il  seroit  par  deçà,  il  ne  pourroit  faillir,  avec 
le  temps,  de  parvenir  au  but  où  il  prétcndoit,  à  sçavoir  d'épouser  sa  maîtresse, 
quand  elle  verroil  qu'il  se  seroit  mis  en  devoir  de  la  venir  trouver  pour  se  ranger 
auprès  d'elle  et  lui  faire  service,  lui  remontrant  qu'encore  qu'elle  ne  m'eût  voulu 
jamais  accorder  de  dire  oui  cl  me  donner  sa  parole  de  l'épouser,  si  est-ce  toutefois 
([lie  je  m'osois  à  quasi  assurer  que,  estant  par  deçà,  il  y  recevroit  un  accueil  si 
favorable,  un  si  bon  traitement  qu'il  ne  debvoit  pas  faire  de  doute  qu'en  fin  de 
compte  il  ne  vînt  à  bout  de  son  entreprise,  mais  qu'avant  de  lui  faire  une  entière 
démonstration  de  sa  bonne  volonté  et  lui  accorder  son  désir,  il  falloil  qu'il  se 
séparât  du  conseil  et  de  la  présence  de  ses  plus  proches,  autrement  l'on  ne 
se  pou  voit  lier  en  lui;  car  sa  maîtresse  avoit  esté  par  tant  de  fois  trompée  de  ce 
costé-là,  qu'elle  n'étoit  pas  délibérée  de  s'y  fier  jamais  que  sur  bon  gages,  et 
pour  ce,  tant  pour  la  crainte  que  j'avois  que  le  rapport  de  Mauvissièrc  ne  lui  fît 
tort,  comme  par  l'extrême  désir  de  le  voir  ici  auprès  de  sa  maîtresse,  je  le  priois, 
je  lui  conseillois,  je  l'exhortois,  je  le  sollicitois,  je  l'adjurois  par  tout  ce  qu'il 
avoit  de  plus  cher  au  monde,  qu'après  ma  lettre  reçue,  il  ne  faillît  à  monter  à 
cheval  et  s'en  venir  au  Havre  où  on  l'attend  oit  avec  le  vaisseau,  n 

Au  dernier  moment  le  duc  d'Alençon  recula-t-il,  ce  qui  était  le  propre  de  son 
caractère,  ou,  sur  un  avis  transmis  par  Mauvissière,  ne  put-il  pas  s'enfuir?  Nous 
ne  pouvons  le  dire,  mais  en  tous  cas  il  ne  vint  pas  au  Havre  et  Maisonfleur  en 
prévint  Burghley  :  cr  J'arrivay  à  Douvres  où  j'ay  séjourné  quatre  jours,  attendant 
nouvelles  du  Seigneur  que  sçavez;  mais  après  avoir  considéré  que  du  vent  qui 
regnoit  pour  lors,  le  vaisseau  qu'avez  envoyé  devoit,  à  son  retour  deçà,  plutôt 
prendre  la  roule  de  la  Rye  que  de  Douvres,  il  m'a  semblé  que,  pour  l'incerti- 
tude du  lieu  où  il  arrivera,  il  estoit  meilleur  de  revenir  en  ceste  ville  pour  y  at- 
Lendre  les  nouvelles,  ce  que  j'ay  fait1'.» 

\  son  tour,  Walsingham  parle,  à  mots  couverts  de  ce  projet  de  fuite  dans  une 
lettre  à  Burghley  :  rc  Je  souhaite  que  le  vaisseau  demeure  encore  huit  ou  dix  jours, 
afin  que,  s'il  change  de  sentiment,  après  avoir  mieux  réfléchi,  il  soit  en  mesure 
d'en  profiter2.  •» 

1  M.  Fronde,  flans  sou  Histoire  d'Elisabeth,  a  responrlnnce.  et  je  l'ai  publiée  dans  mon  volume 
publié  deux  lettres  do  Maisonfleur.  J'ai  eu  la  bonne  Le  xvi'  siècle  et  les  Valois,  d'où  j'ai  extrait  celle-ci. 
fortune  de  retrouver  an  Record  office  toute  sa  cor-  !  Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  383. 


INTRODUCTION.  cslvh 

Mais  la  défiance  reprenant  le  dessus  il  ajoute  :  «Si  vous  trouvez  que  ceux  qui 
négocient  de  delà,  clochent  et  ne  parlent  pas  le  même  langage,  je  trouve  ici  la 
même  inconstance  et  les  mêmes  variations  en  ceux  qui  négocient  avec  moi.  Pour 
déguiser  la  chose  ils  empruntent  certains  noms  à  des  Amodia  de  Gaule;  en  quoi 
ils  ont  raison  de  donner  des  noms  chimériques  à  une  chimère1.  ■» 

H  parlait  en  diplomate  pratique  et  circonspect,  mais  Elisabeth,  tout  en  possé- 
dant au  plus  haut  degré  les  qualités  d'un  véritable  homme  d'État,  n'en  était  pas 
moins  femme  et  femme  avec  toutes  ses  futilités,  tous  ses  caprices.  Le  duc  d'Aleu- 
çon,  une  fois  dans  ses  mains,  pour  la  rançon  d'un  pareil  otage,  elle  eût  peut-être 
exigé  Calais,  son  éternelle  convoitise,  et  il  y  avait  certes  de  quoi  la  tenter;  mais 
le  côté  romanesque  de  l'aventure  avait  eu  non  moins  de  prise  sur  sa  fantasque 
imagination  et  ce  rapprochement  presque  amical  avec  la  France  servait  de  cou- 
verture à  ce  mystérieux  projet  et  lui  permettait  de  le  poursuivre. 

Quant  à  Catherine,  Madame  la  Serpente,  ainsi  que  l'appelle  Maisonfleur,  ou 
elle  fut  prévenue  de  ce  projet  de  fuite  par  Mauvissière,  et,  avec  sa  dissimulation 
habituelle,  elle  se  borna  à  y  mettre  obstacle,  ou  elle  ne  le  fut  pas  à  temps  et  elle 
crut  avoir  gagné  la  partie  en  Angleterre,  sans  savoir  encore  qu'elle  en  était  rede- 
vable à  l'intrigue  tramée  en  dehors  d'elle. 


XVI 

Le  cardinal  Ursin  quitta  enfin  Paris  dans  les  premiers  jours  de  janvier  ih'j'à. 

A  son  audience  de  congé,  en  son  nom  personnel,  et  sans  y  mêler  celui  du  pape, 
il  proposa  à  Charles  IX  de  s'entendre  secrètement  avec  le  duc  de  Savoie,  pour  la 
destruction  de  Genève,  la  citadelle  imprenable  du  calvinisme.  Pour  mener  à  bonne 
fin  cette  entreprise,  le  duc  se  contenterait  d'une  simple  lettre  du  Roi,  et  en  pren- 
drait à  sa  charge  tous  les  frais,  à  la  seule  condition  qu'ils  lui  seraient  remboursés 
plus  tard.  Charles  IX  répondit  à  cette  brusque  ouverture  que  son  royaume  était 
dans  un  tel  état  qu'à  l'heure  présente  il  ne  pouvait  songer  qu'à  en  assurer  le 
repos2  et,  en  toute  vérité,  il  put  écrire  à  Saint-Gonard  :  ce  Le  légat  est  parti 
comme  il  était  venu.  •» 

Dans  les  jours  qui  suivirent,  une  nouvelle  alarme  vint  de  la  Bresse.  Le  duc  de 
Savoie  avait  fait  arrêter  tous  ceux  de  la  nouvelle  religion  qui  y  résidaient  et  tous 

'  Bibl.  de  ITnstitut,  fonds  Godefroy,  n°  957.  —  *  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  15902. 


cxLvm  INTRODUCTION. 

les  réfugiés  de  la  Saint -Barthélémy.  Charles  IX  s'empressa  d'écrire  à  Bellièvre 
que  le  duc  ne  lui  en  avait  jamais  parlé,  et  qu'en  tout  cas  il  n'en  avait  jamais 
donné  le  conseil l. 

En  dépit  de  ces  pacifiques  déclarations  la  situation  intérieure  s'était  de  plus  en 
plus  aggravée  :  La  Noue  n'avait  pu  vaincre  l'obstination  des  défenseurs  de  la  Ro- 
chelle, et  le  duc  d'Anjou,  suivi  du  roi  de  Navarre,  du  prince  de  Coudé  et  du  duc 
d'Alençon,  en  avait  pris  le  chemin,  sans  avoir  à  ses  côtés  le  grand  homme  de 
guerre  auquel  il  devait  ses  deux  victoires  de  Jarnac  et  de  Moncontour.  La  mala- 
die, qui  devait  l'emporter,  retenait  Tavannes  à  son  château  de  Sully.  La  Châtre 
et  Dainville,  de  leur  côté,  étaient  devant  Sommièrcs  et  Sancerre;  c'était  donc  la 
guerre  civile,  et  sur  tous  les  points.  Un  dernier  espoir  restait  à  Catherine;  elle 
s'était  mise  en  tète  qu'Elisabeth ,  en  se  faisant  représenter  par  Worcester,  un  ca- 
tholique, à  la  cérémonie  du  baptême  de  la  fille  de  Charles  IX,  était  mieux  dis- 
posée à  reprendre  la  négociation  de  son  mariage  avec  le  duc  d'Alençon,  qu'elle 
ne  l'avait  été  lors  du  séjour  de  Mauvissière  en  Angleterre.  La  cérémonie  du 
baptême  ayant  eu  lieu  le  2  février,  dès  le  lendemain  elle  s'en  expliqua  avec  Wor- 
cester. 

te  Combien  je  regrette,  lui  dit-elle,  que  mon  fils  d'Alençon  soit  retenu  au 
siège  de  ia  Rochelle,  et  que  vous  ne  puissiez  le  voir.  Il  est  bien  changé,  à  son 
avantage,  depuis  que  lord  Lincoln  est  venu  en  France;  son  visage  s'est  fort 
amendé;  la  barbe  commence  à  lui  venir,  et  sa  taille  ne  le  cède  en  rien  à  celle  de 
ses  deux  aînés.  A  ce  siège,  où  le  devoir  l'appelait,  il  apprendra  à  commander2,  v 

Worcester  lui  représenta  que  reprendre  en  ce  moment  les  propos  du  mariage 
de  son  fils,  ce  serait  plutôt  en  retarder  la  conclusion  et  il  lui  conseilla  de  laisser 
passer  quatre  mois  sans  en  parler,  afin  de  voir  quelle  tournure  prendraient  les 
affaires  de  France. 

Cette  réponse  échappatoire  n'était  pas  faite  pour  la  contenter.  Le  jour  du  dé- 
part de  Worcester,  elle  eut  une  entrevue  avec  Walsingham  et  de  nouveau  lui 
exprima  combien  elle  regrettait  que  son  fils  d'Alençon  n'ait  pu  venir  voir  Wor- 
cester, avant  qu'il  prît  congé;  mais  le  devoir  le  retenait  au  siège  de  la  Rochelle, 
rtll  est  làcheux,  Madame,  répondit-il,  que  le  Roi  l'ait  employé  à  une  guerre 
contre  ses  sujets.  Ne  pas  y  aller  eût  été  préférable,  et  aurait  été  pris  en  bonne 
paît  et  par  notre  reine  et  par  toute  l'Angleterre. r> 

Bibl.  mil.,  fonds  français,  11°  i5goa ,  f°  i3i.  —  J  Voir  Le  Laboureur,  addit.  aux  Mémoires  de  Cas- 
lelitau,  t.  III,  j).  a85. 


INTRODUCTION.  cxlix 

—  rf  Un  prince  qui  a  du  sang  dans  les  veines,  répliqua-t-elle ,  ne  peut  pas  rester 
dans  l'inaction,  il  était  de  son  honneur  de  partager  les  dangers  de  son  frère1,  n 

Il  y  avait  une  arrière-pensée  dans  le  conseil  donné  par  Worcester;  une  lettre 
de  La  Mothe-Fénelon  au  Roi,  datée  du  2 5  février,  nous  en  révèle  la  perfidie  : 
ffLes  Anglais  au  retour  de  Worcester  veulent  entreprendre  de  secourir  la  Ro- 
chelle; pour  cela  il  a  l'ordre  de  ne  pas  séjourner  en  France2.  Une  seconde  lettre 
datée  du  même  jour  est  encore  plus  alarmante  :  cr  II  ne  se  parle  rien  de  plus  chau- 
dement en  ce  royaume  que  de  secourir  ceux  de  la  Rochelle  et  ce  qui  échauffe 
davantage  les  Anglais,  c'est  qu'il  vient  ordinairement  des  leurs  et  de  leurs  nou- 
velles par  mer  dudit  lieu,  par  lesquelles  est  mandé  que,  s'il  se  peut  présenter 
quelques  forces  vers  la  Guienne  en  faveur  de  ceux  de  la  religion,  qu'inévilable- 
ment  il  s'y  suscitera  bien  forte  guerre  civile  et  qu'il  se  pourra  facilement  recon- 
quérir une  bonne  partie  de  tout  le  pays  que  ceux  de  la  religion  avoient  occupé 
aux  derniers  troubles;  en  quoy,  pour  se  prévaloir  d'une  si  belle  occasion,  si 
d'adventure  elle  s'offroit,  l'on  m'a  adverti  qu'il  a  esté  mandé  vers  le  quartier 
d'ouest  de  tenir  prêts  dix  mille  hommes  et  mille  chevaux,  les  mieux  choisis 
d'Angleterre;  mais  toutefois,  ne  se  peut  rien  résoudre  jusqu'à  la  réponse  de 
l'homme  du  comte  Palatin  qui  doit  apporter  les  réponses  des  princes  protestants 
d'Allemagne3.!? 

Tout  était  donc  à  craindre  de  l'Angleterre  et,  le  8  mars  suivant,  Charles  IX 
écrivait  à  son  frère  le  duc  d'Anjou  :  ce  La  reine  Elisabeth  ne  sait  point  encore  quel 
parti  elle  prendra;  dans  ses  propos,  il  y  a  toujours  de  belles  paroles,  mais  peu 
d'effets.  Elle  attend  ce  que  deviendra  le  siège  de  la  Rochelle;  il  faut  toujours  que 
l'on  veille  sur  la  flotte,  et  qu'elle  se  trouve  sur  ses  gardes 4.  n 

Du  côté  de  l'Espagne,  les  mêmes  défiances,  les  mêmes  craintes.  Saint-Gouard, 
si  optimiste  au  lendemain  de  la  Saint-Barthélémy  et  qui  un  instant  y  avait  vu  le 
gage  assuré  d'une  alliance  entre  les  deux  couronnes,  commençait  lui  aussi  à  se  rendre 
compte  des  menées  secrètes  de  Philippe  II  :  «Je  ne  veux  pas  être  pronostic  de 
mauvais  pensement,  écrivait-il  le  G  janvier  au  Roi,  si  donnerois-je  conseil  à  Voire 
Majesté  que,  ne  méprisant  tous  mes  avis,  elle  mît  meilleur  ordre  à  ses  affaires 

1   Voir  Le  Laboureur,  addil.  aux  Mémoires  de  Cas-  3  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  1 5  5  5  0 ,  f°  100. 

telnau,  t.  III,  p.  a85  ;  Calendar  of  State  vapers  J  Ibid.  (Ces  deux  lettres  n'ont  pas  été  imprimées 

(1572),  p.  254;  Lettres  et  mémoires  de  Walsin-  dans  la  Correspondance  diplomat.  de  La  Alothe-Fé- 

ghatn,  voir  les  instructions  donner  s  à  Worcester,  nelon.) 

p.  37/1.  '  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg  (original). 


cl  INTRODUCTION. 

sans  se  travailler  de  leurs  ambitions,  et  gagner  autant  de  temps  sur  eux,  comme 

ils  ont  toujours  su  bien  faire  durant  ces  extrémités1.!) 

Charles  IX  était  sur  ses  gardes,  et  le  20  janvier  il  répondit  à  Sainl-Gouard  : 
ce  J'ai  eu  beaucoup  de  peine  pour  remédier  à  leurs  artifices,  ayant  publié  et  voulu 
faire  croire  par  le  monde  que  nous  avons  juré  la  ruine  de  tous  ceux  qui  font 
profession  d'autre  religion  que  la  nôtre  et  que  ce  que  j'avois  fait  estoit  avecques 
eulx  prémédité  de  longtemps.  Leurs  persuasions  ont  été  reçues  pour  si  fort  vrai- 
semblables, estant  confortées  d'allées  et  venues  de  ceux  qui  sont  envoyés  vers 
moy  que,  si  la  pure  vérité  n'eût  eu  assez  de  force  pour  surmonter  son  contraire, 
j'estime  qu'ils  fussent  parvenus  au-dessus  de  leurs  intentions,  et  qu'ils  ne 
m'eussent  non  seulement  esloigné  et  distrait  l'amitié  de  la  reine  d'Angleterre  et 
des  princes  et  cantons  protestants,  mais  ils  se  la  fussent  acquise  et  assurée  à  mon 
dommage.  J'ai  pris  par  vos  lettres  éclaircissement  de  plusieurs  conjectures  que 
j'avois  déjà  remarquées  de  l'intention  du  Roy  Catholique,  lequel,  sous  couleur 
de  piété  et  de  religion,  veut,  s'il  peut,  accommoder  les  affaires  des  Pays-Bas,  se 
réconcilier  avec  la  reine  d'Angleterre  et  les  princes  protestants,  et  me  laisser  sur 
les  bras  les  ennemis  que  nous  nous  sommes  acquis  pour  la  défense  de  cette  que- 
relle, et  pendant  qu'il  me  connoit  occupé  à  la  réduction  de  la  Rochelle.  Le  duc 
d'Albe  est  toujours  à  Nimè;;ue,  faisant  tout  ce  qu'il  peut  pour  accorder  avec  la 
reine  d'Angleterre  et  augmenter  aux  princes  de  la  Germanie  la  méfiance  qu'ils 
ont  conceue  de  moy  2.  » 

Le  22  février,  dans  une  nouvelle  lettre,  il  énumère  tous  ses  griefs  :  «Ils  ont  tou- 
jours fait  leurs  affaires  à  mes  despens.  Je  cuide  qu'ils  voudroient  encore  faire  le 
semblable,  ne  se  contentant  de  l'exécution  que  j'ay  faite  en  mon  royaume,  laquelle 
a  esté  la  salvation  entière  de  leur  bas  pays,  ains  la  calomniant  et  desprisant  au- 
tant qu'ils  peuvent,  s'efforçant  de  rendre  mes  actions  odieuses  en  Allemagne  et 
jusques  en  Pologne  pour  traverser  l'élection  de  mon  frère,  à  Rome  et  ailleurs. 
Le  duc  d'Albe  fait  sous  main  tout  ce  qu'il  peut  pour  s'appointer  avec  la  reine 
d'Angleterre,  pratiquer  le  comte  Ludovic  de  Nassau,  afin  de  me  rejeter  sur  les 
bras  tout  l'orage  et  me  laisser  seul  démesler  en  la  querelle  à  laquelle  ils  ont  au- 
tant d'intérêt  que  moy.  Le  duc  publie  que  je  leur  ai  promis  secours,  pour  faire 
conoistre  à  un  chacun  que  nous  sommes  tellement  conjoints  ensemble  que  nous 
avions  juré  ensemble  et  promis  l'un  à  l'autre  tout  secours  et  ayde  pour  exterminer 

'  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  i(ho5,  p.  7.  —  '  Ibid.,  \>.  là. 


INTRODUCTION.  eu 

tous  ceux  qui  fout  profession  d'autre  religion  que  de  la  nostre,  afin  d'accroître 
la  défiance  que  les  protestants  d'Angleterre  ont  conçue  de  moy  pour  les  choses  pas- 
sées l.  a 

Cette  lettre  était  à  la  fois  la  condamnation  de  la  Saint-Barthélémy,  et  le  retour 
forcé,  indispensable  à  la  politique  que  sa  mère  lui  avait  fait  abandonner. 

Il  fallait  donc  au  plus  vite,  et  surtout  en  vue  de  la  candidature  du  duc  d'Anjou 
au  trône  de  Pologne,  dissiper  en  Allemagne  les  défiances  que  le  duc  d'Albe  et 
Philippe  II  y  avaient  semées  à  pleines  mains.  Catherine  et  Charles  IX,  ne  se  fiant 
même  pas  à  des  lettres  chiffrées,  rappelèrent  Schomberg  à  Paris.  Muni  de  nou- 
velles instructions,  il  repartit  sur-le-champ  pour  cette  nouvelle  campagne. 

Il  vit  d'abord  le  comte  Palatin,  et  son  thème  était  fait  à  l'avance,  ses  arguments 
tout  prêts  :  Le  Roi  n'a  pas  voulu  recevoir  le  légat  du  pape,  le  cardinal  Ursin;  il  est 
moins  disposé  que  jamais  à  entrer  dans  une  ligue  catholique  contre  le  Grand 
Seigneur;  il  n'a  pris  aucune  part  à  la  Saint-Barthélémy;  depuis  ce  jour  aucun 
protestant  n'a  été  inquiété  ;  le  duc  d'Anjou  campe,  il  est  vrai,  sous  les  murs  de 
la  Rochelle;  mais  il  n'exige  des  Rochelois  que  leur  simple  soumission,  et  leur 
garantit  la  liberté  de  conscience  et  le  libre  exercice  de  leur  religion;  puis,  répu- 
diant au  nom  de  Charles  IX  toute  intelligence  avec  l'Espagne,  il  rappela  à  l'ap- 
pui la  récente  ligue  conclue  avec  l'Angleterre ,  et  en  terminant  cet  habile  plaidoyer, 
il  conjura  le  comte  Palatin  d'intervenir  auprès  de  la  reine  Elisabeth  en  faveur  du 
duc  d'Alençon  et  d'appuyer  également  la  candidature  du  duc  d'Anjou  à  la  cou- 
ronne de  Pologne. 

Le  comte  l'écouta  sans  l'interrompre ,  mais  s'enferma  dans  une  prudente  réserve 
dont  Schomberg  ne  put  le  faire  sortir.  Toutefois,  son  fils,  le  duc  Jean-Casimir, 
se  montra  plus  favorablement  disposé. 

De  Heidelberg,  Schomberg  alla  voir  le  landgrave  de  Hesse,  qui  de  prime  abord 
ne  lui  cacha  pas  les  difficultés  de  sa  propre  situation  :  rt  Je  ne  puis,  lui  dit-il,  me 
mettre  mal  avec  l'Empereur,  sans  encourir  le  blâme  des  autres  princes  protes- 
tants; mais  pour  venir  en  aide  au  duc  d'Anjou,  je  puis  faire  obstacle  à  tout  accord 
des  Provinces-Lnies  avec  le  roi  d'Espagne.  Que  le  Roi  votre  maître  continue  à 
regagner  le  cœur  des  princes  protestants,  comme  il  a  déjà  bien  commencé.  Dieu 
exaucera  les  ardentes  prières  que  je  ne  cesse  de  faire  pour  sa  grandeur,  et  dans 
ce  but,  que  la  Reine  mère  fasse  en  sorte  que  le  Roi  reprenne  en  grâce  les  enfants 
et  la  veuve  de  l'amiral  -.  « 

1  Bibl.  Dat.,  fonds  français,  n"  îGioô.  p.  3o.  —  '  Bibl.  nat. ,  Cinq  cents  Colbert.  n"  ioo. 


oui  INTRODUCTION. 

A  force  d'instances,  Schomberg  put  obtenir  de  lui  une  lettre  pour  la  douairière 
de  Brunswick,  sœur  du  feu  roi  de  Pologne,  dans  laquelle  il  voulut  bien  la  prier 
de  prendre  en  main  les  intérêts  du  duc  d'Anjou  l. 

11  fut  moins  heureux  auprès  du  duc  de  Saxe.  Le  duc  revenait  de  Vienne  et 
s'était  laissé  gagner  par  l'Empereur,  il  soutint  que  Charles  IX  était  complice  du 
meurtre  de  l'amiral  et  qu'il  avait  donné  l'ordre  à  tous  les  gouverneurs  des  pro- 
vinces de  massacrer  les  prolestants.  Schomberg  jugea  bien  qu'un  pareil  langage 
lui  avait  été  suggéré  par  Maximilien  et  clans  l'intérêt  de  la  candidature  de  son 
fils  l'archiduc  Ernest  au  trône  de  Pologne;  il  n'insista  pas,  et  jugea  également 
inutile  d'aller  voir  le  margrave  de  Brandebourg  qui  décemment  ne  pouvait  pas 
renoncer  à  soutenir  la  candidature  du  duc  de  Prusse,  ce  nouveau  prétendant  à 
la  couronne  des  Jagellons'2. 

De  Heidelberg,  Schomberg  se  rendit  tout  droit  à  Francfort-sur-le-Mein,  où  il 
devait  avoir  une  entrevue  avec  le  comte  Ludovic  de  Nassau,  entrevue  ménagée 
par  Galéas  Frégose,  dont  nous  retrouvons  la  main  clans  toutes  les  négociations 
secrètes.  Le  prince  d'Orange  s'était  montré  d'abord  très  défavorable  à  ce  rappro- 
chement avec  la  France  :  a  Le  Roi  Charles  IX,  avait-il  écrit  à  son  frère,  est 
décrié  non  seulement  par  deçà,  mais  par  tous  les  endroits  du  monde,  estant 
fort  blasmé  de  perfidie,  lui  qui  pour  son  titre  ordinaire  vouloit  usurper  le  nom 
de  Charles  le  Véritable 3.  n 

Zuleger,  le  chancelier  du  comte  Palatin,  lui  avait  écrit  également  :  «Du  côté 
de  la  France  il  n'y  a  que  mensonges  et  tromperies;  Frégose  est  homme  fait  pour 
mentir  et  tromper4,  n 

Mais  le  comte  Ludovic  n'était  pas  à  ignorer  qu'à  la  suite  d'une  conférence 
tenue  à  Nimègue,  des  relations  amicales  avaient  été  reprises  entre  l'Angleterre  et 
l'Espagne  et  un  accord  conclu.  La  France  venant  à  lui  au  moment  où  l'Angleterre 
s'en  éloignait,  il  se  rendit  à  Francfort,  bien  décidé  à  traiter,  si  les  conditions 
étaient  acceptables. 

Schomberg  avait  en  réserve  des  armes  que  Catherine  lui  avait  fournies,  a  J'ai 
fait  écrire  par  Brûlart  à  Schomberg,  avait-elle  mandé  au  duc  d'Anjou,  comme 
de  lui-même  (et  en  chiffres),  afin  qu'il  fasse  publier  en  Allemagne  la  dé-libération 
où  est  le  roy  d'Espagne  de  faire  tuer  le  prince  d'Orange  et  comme  il  y  a  gens  dé- 


Bibl.  nal..  Cinq  cents  Colbert,  n"  /ioo.  —  2  Ibid.  —  '  Groen  van  Prinsterer,  Archives  de  la  maison 
de  Hollande,  t.  IV,  p.  il 5.  —  '   Ibid. 


INTRODUCTION.  CUII 

péchez  expressément ,  et  qu'il  s'en  serve  envers  les  princes  protestants  selon  que 
les  occasions  se  peuvent  présenter,  et  qu'il  ne  faille  pas  de  prester  des  charités  à 
ceux  qui  si  évidemment  font  publier  toutes  choses  fausses,  afin  qu'il  puisse  tra- 
vi'rscr  ce  qu'ilz  veulent  négocier'.^ 

A  la  suite  d'une  entrevue  qui  ne  dura  pas  moins  de  huit  heures,  Schomberg 
et  le  comte  Ludovic  arrêtèrent  les  conditions  suivantes  :  «  Si  le  Roi  de  France 
déclare  la  guerre  à  l'Espagne,  la  Hollande  et  la  Zélande  seront  remises  entre  ses 
mains;  s'il  ne  veut  pas  rompre  ouvertement,  et  s'il  promet  de  fournir  un  subside 
île  trois  cent  mille  llorins,  toutes  les  conquêtes  à  faire  lui  appartiendront2,  r 

Schomberg  s'empressa  de  rendre  compte  à  Catherine  de  ce  qu'il  venait  de  con- 
clure avec  le  comte  Ludovic,  et  voici  en  quels  termes  il  lui  en  fit  apprécier  tous 


les  avantages 


rc Madame,  le  sieur  de  Frego.se  vous  aura  amplement  l'ait  entendre  ce  que 
je  lui  ay  communiqué  touchant  les  occurences  de  par  deçà  et  principalement 
touchant  les  affaires  du  Pays-Bas.  J'espère  qu'il  vous  aura  apporté  une  bonne 
résolution  du  comte  Palatin,  vers  lequel  le  comte  Ludovic  avoit  fait  aller  son 
frère ,  le  comte  Jean ,  pour  cet  effet.  H  ne  faut  pas  douter  que  Vos  Majestés  sçauront 
bien  embrasser  cette  tant  belle  occasion.  Madame,  le  repos  dû  royaume,  la  sûreté 
del'Estat,  la  ruine  du  capital  ennemy  du  Roy  votre  fils  (Philippe  II),  la  vengeance 
du  tort  qu'il  fait  à  monseigneur  le  duc  d'Anjou,  la  subversion  de  tous  les  desseins 
de  la  maison  d'Autriche  et  le  comble  de  vos  désirs  est  entre  les  mains  de  Vos 
Majestés,  et  dépend  de  vos  volontés.  Si  vous  laissez  eschapper  cette  belle  prise,  je 
désespère  que  vous  la  puissiez  jamais  rattrapper;  mais,  Madame,  le  tout  est  de  se 
haster  et  de  tenir  cette  menée  aussi  secrète  que  Vos  Majestés  désirent  les  susdictes 
choses  sortir  à  bon  effet.  Depuis  le  partement  de  Frégose,  je  me  suis  encore  as- 
semblé avec  le  comte  Ludovic,  et  nous  avons  débattu  sur  les  entreprises  en  mains, 
qui  sont  assurément  grandes  et  belles,  et  sur  les  conditions  qu'on  pourroit  mettre 
en  avant  entre  le  Roy  et  le  prince  d'Orange.  Sur  ce  'fait,  nous  les  avons  mises  par 
écrit,  Madame,  ajoutc-t-il,  elles  ne  vous  obligent  à  rien  et  n'ont  été  traictées  par 
moy  avec  le  comte  Ludovic,  que  pour  faciliter  la  résolution  du  Roy,  mais  le  comte 
m'a  dit  plus  de  vingt  fois  que,  s'il  n'avoit  bientost  une  resolution  du  Roy,  qu'il 
prend roit  party  et  qu'il  ne  pensoit  être  obligé  à  rien  si  on  traîne  les  choses  à  la 


longue  3.n 


Bibl.  imp.,  Saint-Pétersbourg.  —  2  Groen  Prinsterer,  Archives  de  la  7>uiiso/<  d'Orange,  1.  IV. 
Bibl.  nat. ,  Cinq  cents  Colbert,  n°  4oo  (volume  non  paginé). 
Catherine  de  Mkdicis.  —  iv. 


llM'I.iy  r      i.      >  1  ; 


cliv  INTRODUCTION. 


XVIII 


L'opinion  publique  commençait  à  devenir  une  puissance  avec  laquelle  il  fallait 
compter.  Charles  IX  l'avait  si  bien  compris  que,  le  1  1  novembre  1 57  2 ,  il  écrivait 
à  Bellièvre,  son  ambasseur  en  Suisse  :  rtll  y  a  un  nommé  Brutus  qui  l'ait  une 
histoire  latine  sur  les  Mémoires  de  feu  amiral  de  Chatillon;  adviserez  de  retirer 
ladite  histoire  et  mémoires,  en  promettant  argent  pour  une  l'ois  ou  pension  audit 
Brutus,  ainsi  que  vous  verrez  estre  à  faire  l.t 

De  son  coté  Catherine  écrivait,  le  3  décembre,  à  Bellièvre  :  tr  Le  Roy  mon  fds 
a  eu  grandement  agréable  la  translation  en  allemand  et  impression  que  vous  avez 
fait  faire  des  choses  par  vous  discourues  aux  seigneurs  des  Ligues' sur  le  faict  du 
feu  amiral,  affin  qu'il  soit  publié  en  Allemagne 2.  i> 

La  grande  préoccupation  du  Roi  et  de  la  Reine  mère  était  donc  que  le  récit  de 
la  Saint-Barthélémy  ne  fût  fait  que  par  une  plume  officielle;  et,  tandis  qu'à  la 
Rochelle,  à  Sommières,  à  Sancerre,  l'on  va  se  battre  à  coups  de  canon,  en  France 
et  surtout  à  l'étranger,  ce  sera  à  coups  de  pamphlets,  et  cette  guerre  de  la  plume 
ne  cessera  plus. 

François  Hotmail  publie  à  Genève  son  livre  De  furoribus  gallicis3,  bientôt  suivi 
par  la  première  édition  du  Réveille-malin  des  François,  paru  d'abord  en  latin  et 
imprimé  à  Baie,  le  douzième  jour  du  sixième  mois  après  la  journée  de  la  trahison, 
ainsi  que  nous  le  dira  la  traduction  française  de  157/1. 

Mais  ce  n'est  encore  là  qu'un  appel  aux  passions  religieuses.  Dans  un  livre  de 
patiente  érudition  et  qu'il  qualifie  lui-même  d'historique,  Holman  demande  au 
passé  des  armes  contre  la  tyrannie  et  justifie  par  la  tradition  les  doctrines  démo- 
cratiques, dont  il  s'est  fait  l'apôtre.  Le  remède  aux  maux  présents,  à  l'entendre, 
c'est  le  retour  aux  lois  fondamentales  de  la  monarchie,  aux  grandes  assemblées. 

Chai  les  I\  doit  faire  allusion  au  livre  Vindicte  et  chercha  h  le  gagner.  (Bihl.  nat. ,  fonds  français. 

contra  lyranuos  paru  en  1670,,  sous  la  rubrique  de  n°  15902,  f'  ip,5.)  Voir  Chevreul,  lie  de  Languel. 

1  r>-7  cl  par  les  soins  de  Dnplessis  Mornay,  qui,  2  Ibid.,  Paa3. 

tans  la  préface  de  la  seconde  édition ,  datée  de  1 58o ,  '  De  furoribus  galticis  liorrenda  et  indigna  Custe- 


l'attribue,  à  juste  titre,  à  Hubert  Languet.  Ce  livre  lioni,  nobilium  atquc  illustrium  virorum  cœde  sim- 

fut  commencé  à  Genève  en  1572,  et  Languel  ayant  plex  narratio,  Erncsto  Varatnando,  Frizio,  enclore, 

pris  le  pseudonyme  de  Junius  Brutus,  il  est  h  pré-  Editnburgi,  i'>j-i ,  in-â'. 

sumer  que,  par  suite  de  quelque  indiscrétion,  le  \  la  même  date  parut  une  traduction  en  alle- 

Roi  fut  prévenu  qu'un  nommé  Brutus  y  travaillait  maud,  s.  !..  1 5 7 3 ,  in-/i°. 


INTRODUCTION.  CLy 

fr  L'homme  lil>re  n'est  pas  fait,  pour  subir  le  bon  vouloir,  le  bon  plaisir;  au  peuple 
seul  appartient  le  droit  d'élire  et  de  déposer  les  rois  l,n 

De  dogmatique  qu'il  était,  le  pamphlet  s'est  donc  fait  antidynastique,  et  dans 
la  forme  et  dans  le  fond.  Ce  n'est  plus  à  Charles  IX  et  à  Catherine  que  s'attaque 
Hotman  dans  sa  Gtuilefivnque,  cette  utopie  du  passé,  mais  à  la  royauté. 

Dans  une  lettre  au  comte  Palatin,  il  a  précisé  la  pensée  de  son  livre:  rrLes 
guerres  civiles  n'ont  été  que  le  commencement  de  nos  maux;  il  faut  en  chercher 
la  cause  plus  haut,  dans  l'oubli  de  l'ancienne  constitution  du  royaume  ouverte- 
ment violée  depuis  un  siècle'-. r> 

Et  dans  une  autre  lettre  à  Bullinger,  il  en  détermine  le  but  :  «Ce  livre  est  de 
grande  importance  pour  reconquérir  notre  gouvernement  et  rendre  à  notre  France 
son  assiète  et  vrai  repos  3.  n 

Il  n'en  exagérait  pas  la  portée;  Palma  Cayet,  dans  sa  chronologie  noveunaire, 
a  reconnu  l'influence  qu'il  exerça  :  «  Il  fut  agréable  aux  réformés  et  à  quelques 
catholiques  qui  aspiraient  à  la  nouveauté.  t> 

De  nos  jours,  Augustin  Thierry  en  a  dit  à  son  tour:  s  L'amour  du  gouvernement 
parles  grandes  assemblées  s'y  montre  à  chaque  page;  il  a  eu  une  grande  action 
sur  les  hommes  et  sur  les  idées,  v 

Dans  le  camp  de  la  défense  on  forge  aussi  des  armes.  Un  juriste  natif  de  Tou- 
louse, Pierre  Carpentier,  qui,  à  l'exemple  de  tant  des  lettrés  d'alors,  s'était  fait 
protestant,  sauvé  par  Bellièvre  le  jour  de  la  Saint-Barthélémy,  avait  pu,  grâce  à 
lui  obtenir  un  passeport  et  s'était  réfugié  d'abord  à  Metz,  puis  à  Strasbourg.  C'est 
là  que,  passé  aux  gages  de  Catherine,  il  composa  en  latin  un  livre  sur  la  Saint- 
Barlhélemy,  peu  après  traduit  en  français '. 

Toujours  aux  aguets,  Walsingham  fut  un  des  premiers  avisé  de  l'apparition  de 
ce  nouveau  libelle  et,  le  2  janvier,  il  écrivait  à  lord  Burghley  :  cr  Je  vous  envoie  un 
livre  infâme  de  Charpentier  pour  défendre  ce  qui  a  été  fait  ici  en  dernier  lieu. 
Plusieurs  des  exemplaires  latins  ont  été  envoyés  en  Allemagne;  mais  l'auteur  est 
si  bien  connu  pour  misérable  qu'on  ne  croit  pas  que  cet  écrit  serve  de  grand'chose. 
On  en  a  aussi  envoyé  en  Pologne5. % 

Dareste,  Vie  d'Holman,  i85o.  de  ceux  qui  faisoient  profession  de  la  religion ,  mais 

**•»■  par  celle  de  ceux  qui ,  sous  ce  couvert ,  nourrissoienl 

Ibul. ,  p.  5i.  les  factions».  Dès  qu'il  l'avait  reconnu,  il  s'en  était 

Dans  ce  factura,  il  soutenait  que  r- les  persécu-  retiré, 
(ions  de  l'église  étoient  advenues,  non  par  la  faute  B   Lettres  et  mémoires  de  Walsingham,  p.  36o. 

T. 


ci.vi  INTRODUCTION. 

C'est  là,  en  effet,  que  la  lutte  est  la  plus  ardente  et  sur  le  terrain  même 
de  la  Saint-Barthélémy,  et  Moulue  s'est  jeté  au  plus  épais  de  la  mêlée. 

ce  Au  diable  soient  les  causes,  écrit-il  à  Brûlait,  qui  d'un  bon  roi  et  humain, 
s'il  en  fût  jamais,  l'ont  contraint  de  mettre  la  main  au  sang.  Quant  à  moy  je  n'ay 
pas  loisir  de  prier,  encore  qu'en  ceste  saison  il  y  eust  du  tonnerre  ;  car  j'ay  cinq 
cents  dogues  attirez  à  me  mordre  qui  aboyent  jour  et  nuit  et  faut  que  je  responde 
à  tout.  Vous  verrez  ce  que  j'écris  au  Roy  et  à  Monsieur  le  duc  d'Anjou  louchant 
le  fait  de  la  Rochelle,  je  m'asseure  et  croyez-le  que  si  entre  cecy  et  le  jour  de 
l'élection  survient  nouvelle  de  quelque  cruauté,  s'il  y  avoit  icy  des  millions  d'or 
pour  gagner  les  hommes,  nous  n'y  ferions  rien  '  -n. 

Un  instant  il  eut  l'idée  d'appeler  Charpentier  auprès  de  lui,  mais  il  y  renonça 
et,  le  22  janvier,  il  écrivait  au  secrétaire  d'Etat  Brûlart  :  crll  n'est  pas  besoin  de 
faire  venir  l'homme  de  Bâle,  c'est-à-dire  Charpentier;  car  il  ue  seroit  pas  venu  à 
temps,  encore  que  j'en  eusse  eu  bien  à  faire,  car  toute  la  suite  de  M.  de  l'Isle 
(Gilles  de  Noailles)  et  moy  n'avons  pas  tant  de  latin  qu'il  faudroit  pour  envoyer 
un  diacre  aux  ordres,  encorcs  que  ce  fût  au  Puy  en  Auvergne.  Je  vous  prie  faire 
solliciter  M.  de  Pibrac  pour  la  lettre  que  je  demande'2. 11 

A  défaut  de  l'homme,  il  eut  le  pamphlet.  Le  doyen  de  Die  qu'on  lui  envoyait 
comme  auxiliaire,  le  lui  apporta  et  il  le  fit  répandre  à  profusion.  Cette  apologie 
de  la  Saint-Barthélémy  suppléa  pour  le  moment  à  celle  confiée  à  la  plume  de 
Pibrac  qui  tardait  trop  à  lui  parvenir:  «  J'attends,  avait-il  écrit  au  Roi,  le  92  jan- 
vier, en  grande  impatience  ce  qu'il  m'envoyera.  Cependant,  en  ma  dernière  ré- 
ponse je  n'ay  pas  oublié  le  meurtre  fait  en  la  personne  de  M.  de  Fumel,  à  coups 
de  fouet,  j'ai  rappelé  que  La  Mothe-Gondrin  fut  pendu,  et  un  conseiller  de  Paris, 
la  journée  de  Saint-Michel,  le  siège  de  Paris.  Si  d'aventure  le  sieur  de  Pibrac  ne 
l'avoit  repris  de  si  haut,  je  vous  supplie  que  l'on  le  refasse,  car  il  y  a  temps  assez 
de  me  l'envoyer,  n 

Puis  passant  à  l'éloge  du  duc  d'Anjou  :  et  II  faut  dire  que  Monseigneur,  voslre 
frère,  est  sorty  d'une  nation  qui  a  esté  tout  jamais  amye  de  ceste  cy,  instruit  au 
maniement  des  affaires  d'Estat,  pour  avoir  esté  conducteur  de  deux  armées  et 
que  vous  avez  pensé  que  l'offre  que  vous  leur  faisiez  de  luy,  qui  vous  est  si  cher, 
leur  seroit  agréable3,  v 

L'homme  le  plus  influent  de  la  Pologne,  c'était  Albert  Laski,  le  palatin  de 

1  Voir  Y  Estât  de  la  France  sous  Charles  IX ,  t.  1 ,  2  Bil.l.  nat. ,  Cinq  cents  Colbert,  n"  338 ,  T  53. 

p.  /i5o.  '  //«'<'■ 


INTRODUCTION.  clviï 

Siradie.  Il  importait  d'autant  plus  de  le  gagner  qu'on  le  tenait  pour  rallié  au 
légat  le  cardinal  CiOiniuendon,  si  favorable  à  la  candidature  de  l'archiduc  Ernest. 
Catherine,  qui  ne  perdait  pas  des  yeux  la  Pologne,  avait  donc  écrit,  le  1  3  janvier, 
à  Moulue  : 

a  On  dit  que  le  Laski  croit  beaucoup  en  une  femme  pour  l'aimer  grandement  et 
qu'elle  peut  infiniment  le  faire  tourner  en  telle  part  quelle  vouldra,  qui  est 
cause  que  je  vous  ay  bien  voulu  donner  advis  de  ce  que  dessus,  et  vous  dire  que, 
estant  la  puissance  dudit  Laski  bien  grande,  je  désire  que  vous  regardiez  de  le 
gaigner  avec  les  mêmes  moyens  qu'il  veult  estre  pratiqué  et  mesmes  par  celuy 
de  ceste  femme  à  laquelle  vous  regarderez  de  faire ,  pour  cet  effecl ,  quelques  hono- 
rables présens  et  promesses,  si  bien  que  vous  puissiez  la  disposer  à  persuader  le 
Laski  envers  lequel  elle  a  grande  puissance  à  faire  entièrement  en  cette  élection 
pour  mon  fils  d'Anjou  ].n 

Cette  voie  était  la  bonne,  car  désormais  le  Laski  prendra  en  main  la  cause  du 
duc  et  lorsqu'on  l'accusera  de  s'être  vendu  à  Monluc  :  «Mon  père,  s'écriera-t-il 
la  main  sur  la  garde  de  son  épée,  a  été  ambassadeur  de  Pologne  auprès  de 
François  Ier  qui  l'honorait  de  son  amitié;  mon  oncle  était  à  ses  côtés  à  la  bataille 
de  Pavie  et  il  a  partagé  sa  captivité  à  Madrid.  Voilà  pourquoi  je  suis  pour  le  duc 
d'Anjou  et  je  ne  m'en  défends  pas  2. 11 

L'apologie  de  Pibrac  arriva  enfin  sous  la  forme  d'une  lettre  adressée  à  un  docte 
personnage  qu'il  appelait Elvidius.  Pibrac  rappelait  d'abord  que,  lors  de  leur  visite 
à  l'amiral,  le  jour  de  sa  blessure,  Leurs  Majestés  avaient  cru  remarquer  dans 
l'ambiguïté  de  son  langage,  l'ardeur  de  ses  yeux,  le  son  de  sa  voix,  et  un  étrange 
embrasement  de  haine  et  quelque  méditation  de  hardi  dessein  n;  mais  faisant  la 
part  de  son  légitime  courroux,  elles  l'avaient  volontiers  excusé.  Le  lendemain  soir 
ou  était  venu  les  avertir  qu'au  logis  de  l'amiral  on  conspirait  pour  les  tuer,  pour 
bouleverser  l'Etat  et  disposer  de  la  couronne,  et  que  la  chose  était  si  avant  que, 
s'ils  n'avisaient  de  suite,  ils  seraient  tous  tués  le  lendemain  à  l'heure  du  souper. 

Le  même  personnage  ayant  dévoilé  le  plan  de  la  conspiration,  nommé  tous  les 
complices,  dans  la  nuit  le  Roi  avait  rassemblé  ses  conseillers  et  leur  avait  mani- 
festé sa  volonté  de  procéder  d'abord  ;\  une  complète  enquête,  de  faire  arrêter 
tous  ceux  qui  seraient  convaincus  d'avoir  conspiré;  mais  sur  l'observation  que  le 
temps  pressait  et  que  si,  dans  la  nuit  prochaine,  l'on  n'en  finissait  pas  avec  les 

1  Bilil.  nat.,  Cinq  cents  Colbert,  n°  338,  f°  Gi.  —  2  Mémoires  de  V Estât  de  la  France  sous  Charles  IX , 
t.  I ,  [>.  /i5o. 


givhi  INTRODUCTION. 

conspirateurs,  c'était  la  perte  certaine  de  Leurs  Majestés  et  du  royaume.  A  ces 
pressantes  mises  en  demeure  de  se  défendre,  Charles  IX  avait  répondu  :  «  J'aime 
mieux  courir  le  danger  de  ma  vie  que  de  me  perdre  de  réputation  et  d'exposer 
mon  âme;  du  moment  que  la  conspiration  est  découverte,  l'on  peut  y  parer  sans 
être  réduit  à  tuer1,  » 

<r Renoncez,  Sire,  à  cette  espérance,  s'était  écrié  le  plus  ancien  du  conseil;  ils 
sont  trop  nombreux,  vous  en  prendrez  peut-être  un  ou  deux,  et  encore  non  sans 
être  contraint  de  tuer,  et  vous  n'échapperez  pas  à  une  quatrième  guerre  civile. 
Nous  vous  en  supplions,  sauvez-vous,  Sire,  sauvez  la  Reine  votre  mère,  sauvez  le 
royaume,  n 

Après  avoir  gardé  un  instant  le  silence  et  s'interrogeant  jusqu'au  fond  du  cœur, 
le  Roi,  d'une  voix  triste,  les  traits  décomposés,  avait  repris  :  a  Puisque  cela  vous 
semble  le  moyen  le  plus  expédient,  et  en  rien  contraire  aux  lois  divines  et  hu- 
maines, je  consens  qu'il  en  soit  fait  ainsi.  Que  Dieu  soit  juge  et  témoin  que  c'est 
à  mon  grand  regret,  et  pour  me  garder  d'être  surpris  et  non  pour  surprendre. n 

Ses  plus  intimes  confidents  et  ceux  qui  lui  semblaient  les  plus  propres  pour 
l'exécution  s' étant  rendus  à  son  appel,  il  leur  avait  commandé  expressément  de 
ne  frapper  que  les  conspirateurs  dont  tous  les  noms  lui  avaient  été  signalés;  mais, 
comme  il  arrive  toujours,  bien  des  coupables  avaient  échappé,  bien  des  innocents 
avaient  été  tués.  Ce  mal  s'était  étendu  en  plusieurs  villes  de  France  contre  la  vo- 
lonté de  Sa  Majesté  qui  en  avait  été  plus  douloureusement  indignée  que  personne. 

ff Telle  est  la  nature  de  la  populace,  ajoutait  Monluc,  que  ou  elle  vit  paisi- 
blement, ou  bien  se  mutine  et  se  laisse  aller  à  toutes  cruautés n;  et  en  terminant, 
il  faisait  allusion  aux  haines,  querelles,  vengeances,  que  les  dernières  guerres  civiles 
avaient  mises  au  cœur  de  tous  les  catholiques. 

Il  lui  restait  à  innocenter  le  duc  d'Anjou  du  massacre  de  la  Saint-Barthélémy 
dont  il  passait  pour  le  principal  instigateur.  Il  le  montre  s'opposant  à  ces  excès 
de  cruauté,  secourant  ceux  qui  étaient  en  danger,  et  dans  ce  dernier  tumulte 
de  Paris  faisant  voir  cr  qu'il  pouvoit  en  temps  de  paix  préserver  des  violences  ceux 
qu'en  temps  de  guerre  il  avoit  vaincus  par  les  armes  -n. 

Monluc  ne  se  contenta  pas  de  l'apologie  de  Pibrac,  il  en  fit  répandre  une  autre 
sous  le  litre  De  la  relation  sincère  et  vraie  des  troubles  de  Paris.  Celle-là  disculpait 
entièrement  le  duc,  affirmait  qu'il  s'était  retiré  du  conseil  sans  avoir  voulu  prendre 

1   Ornatissimi  cujusdem  viri  de  rébus  gallkis  ad  Elvkium,  Lutetiœ,  apud  Morellum,  i5g3  (traduction). 

—  '   Mémoires  de  l' Estai  de  la  France ,  t.  I .  p.  ti'i-j. 


INTRODUCTION.  eux 

part  à  la  délibération  qui  avait  décidé  de  la  Saint-Barthélémy.  Cette  suprême  ré- 
clame ne  lui  ayant  pas  paru  suffisante,  il  avait  distribué  à  profusion  des  portraits 
du  duc  dont  les  traits  avaient  été  singulièrement  adoucis  :  «  Contemplez  ce  visage, 
disait-il,  apercevez- vous  dans  ces  traits  empreints  de  tant  de  bienveillance  et  de 
bonté,  la  moindre  apparence  de  cruauté? n 

A  ces  factums  publiés  à  la  décharge  du  duc,  ses  adversaires  en  opposèrent 
d'autres,  et  le  plus  perfide  de  tous  est  attribué  par  d'Aubigné  aux  jésuites  d'In- 
goldstadt.  A  l'en  croire,  ils  firent  imprimer  un  panégyrique,  dans  lequel  le  duc 
d'Anjou  était  glorifié  comme  et  premier  inventeur,  auteur,  violent  solliciteur,  con- 
ducteur et  brave  exécuteur  de  la  dernière  bataille  contre  les  ennemis  de  l'Église. 
Sans  luy  le  nez  saignoit  à  tous,  il  falloit  donc  dire  de  lui  comme  de  David  : 
Charles  en  a  tué  mille,  mais  Henri  dix  mille1  n. 

D'Aubigné  le  confesse  lui-même  :  «Le  trop  d'affectation  de  ce  libelle  servit  aux 
François.^  Au  lieu  crdes  Français»  c'est  Monluc  qu'il  aurait  dû  dire.  Tout  part  de 
lui,  tout  se  résume  en  lui,  attaque  et  défense. 

XIX 

Le  mercredi  1"  avril,  Monluc  entrait  à  Varsovie,  accompagné  par  tout  le  per- 
sonnel de  son  ambassade.  Lansac,  l'abbé  de  l'Isle,  le  doyen  de  Die,  Bazin,  Choisnin . 
Séchelles,  de  Poix,  Balagny  et  La  Personne  l'avaient  tous  rejoint  et  s'étaient 
groupés  autour  de  lui.  Rosenberg  et  Pernstein,  les  deux  ambassadeurs  de  l'em- 
pereur Maximilien,  arrivèrent  presque  en  même  temps,  suivis  par  un  brillant 
cortège  de  gentilshommes.  Parmi  eux  s'était  subrepticement  glissé  l'ambassadeur 
d'Espagne;  puis  venaient  les  quatre  ambassadeurs  du  roi  de  Suède,  celui  du  duc 
de  Prusse,  les  envoyés  des  ducs  de  Courlande,  de  Poméranie,  de  Transylvanie  et 
de  l'hospodar  de  Valachie;  enfin  le  légat  du  pape,  le  cardinal  Commendon.  Les 
envoyés  du  Grand  Seigneur  et  ceux  d'Yvan  le  Terrible  ne  parurent  pas. 

Aussi  loin  que  la  vue  peut  porter,  la  vaste  plaine  de  Kamien,  qu'un  pont  de 
bois  jeté  sur  la  Vistule  relie  à  Varsovie,  a  disparu  sous  la  multitude  des  tentes 
qui  la  couvrent.  Celle  placée  au  centre,  de  forme  ronde  et  soutenue  par  un  mât 
élevé,  est  assez  spacieuse  pour  contenir  six  mille  hommes;  elle  les  domine  toutes, 
et  la  diète  d'élection  y  siégera. 

D'Aubigné,  Histoire  universelle. 


clx  INTRODUCTION. 

Dans  cet  immense  espace,  Us  sont  là  quarante  mille  gentilshommes  aux  costumes 
variés,  portant  les  uns  des  piques  et  des  flèches,  d'autres  des  mousquets;  on  les 
voit  passer  sur  leurs  puissants  chevaux  du  Nord  aux  crinières  flottantes,  tantôt 
divisés  par  petits  groupes,  tantôt  massés  en  épais  escadrons.  Dans  un  rayon  de 
moins  de  trois  lieues,  il  y  a  cent  mille  chevaux.  Chaque  palatinat  a  son  enceinte 
réservée,  sa  tente  principale  où  délibère  sa  nohlesse,  sous  la  garde  de  pièces 
d'artillerie;  c'est  l'aspect  d'un  camp  la  veille  d'une  bataille. 

Le  vendredi  3  avril  tout  entier  est  consacré  à  la  prière.  L'archevêque  de 
Gniezen  officie  dans  1  église  cathédrale  de  Saint-Jean  et  l'on  chante  le  Veni  Creator. 
Le  surlendemain,  5  avril,  un  carrosse  traîné  par  quatre  chevaux  traverse  lentement 
le  pont  de  la  Vistule;  à  sa  rencontre  s'est  porté  tout  le  sénat;  c'est  le  cardinal 
Gommendon,  le  légat  du  pape;  à  ses  côtés  marchent  les  deux  grands  maréchaux 
de  Pologne  et  de  Lithuanie.  Les  honneurs  militaires  lui  sont  rendus  et  il  va 
s'asseoir  sur  le  siège  élevé  d'où  il  présidera  l'assemblée;  au-dessous  de  lui,  les 
ambassadeurs  et  tous  les  prétendants,  et  tout  autour,  sur  deux  rangs,  les  palatins, 
les  nonces,  les  sénateurs. 

C'est  à  lui  qu'appartenait  le  privilège  d'ouvrir  la  séance;  d'une  voix  ferme  et 
nette,  il  ht  d'abord  la  lettre  du  Saint-Père.  Sa  Sainteté  recommande  à  la  noblesse 
polonaise  d'élire  un  roi  qui  soit  agréable  à  Dieu  ;  puis,  prenant  la  parole  en  latin, 
il  la  félicite  de  ce  que  ce  long  interrègne  s'est  passé  sans  une  sédition,  sans  une 
querelle,  et  s'élève  avec  force  contre  les  menées  des  hérétiques. 

Lui  coupant  brusquement  la  parole  et  l'apostrophant  :  «Vous  empiétez  sur  le 
pouvoir  des  sénateurs  et  des  nobles^,  s'écrie  Sborowski. 

Il  y  eut  un  moment  de  tumulte;  de  violentes  menaces  sont  adressées  à  l'inter- 
rupteur. Impassible,  le  cardinal  fait  signe  qu'il  veut  répondre,  et,  le  silence  ré- 
tabli, se  tournant  vers  l'audacieux  :  «Je  connais  mon  devoir,  j'obéis  aux  ordres 
de  Sa  Sainteté,  je  ne  suis  pas  un  sénateur;  mais,  vous  qui  m'avez  interrompu,  à 
vous  seul  vous  n'êtes  pas  le  sénat.  t> 

Et.  reprenant  son  discours,  il  exhorte  l'assemblée  à  choisir  de  préférence  un 
roi  catholique,  sans  toutefois  faire  allusion  à  l'archiduc  Ernest,  sans  se  prononcer 
pour  l'un  des  prétendants  à  la  couronne,  et  restant  dans  son  rôle  de  représentant 
du  Saint-Siège,  il  termine  sa  harangue  par  une  invocation  à  Notre  Seigneur  Jésus- 
Christ,  et  il  exhorte  la  noble  assemblée  à  revenir  à  l'unité  d'une  seule  foi. 

L'ambassadeur  du  duc  de  Prusse,  vassal  de  la  Pologne,  à  ce  titre,  prend  le 
premier  la  parole.  Discours  prononcé  et  écouté  pour  la  forme,  car  les  chances  du 


INTRODUCTION.  c,..vi 

duc  étaient  nulles.  L'ambassadeur  de  l'Empereur  parle  après  lui.  Sa  harangue  froi- 
dement dite,  froidement  écoutée,  ne  fut  qu'une  pâle  et  incolore  diatribe  contre  le 
duc  d'Anjou  auquel  il  reprocha  de  ne  pas  savoir  le  polonais,  insistant  sur  la  longue 
distance  qui  séparait  les  deux  pays,  ce  qui  ne  permettrait  jamais  à  la  France  de 
venir  au  secours  de  la  Pologne,  allant  jusqu'à  dire  que  le  passage  par  l'Allemagne 
serait  fermé  au  duc  d'Anjou,  puis  il  s'étendit  complaisammenl  sur  l'éloge  de  l'Em- 
pereur qui  avait  toujours  su  maintenir  la  paix  et  la  concorde  entre  les  catholiques 
et  les  protestants  de  son  vaste  empire,  allusion  directe  à  la  sanglante  tragédie  de 
Paris  et  à  la  part  que  le  duc  d'Anjou  y  avait  prise.  Il  avait  pu,  on  ne  sait  par 
quel  moyen,  mettre  la  main  sur  les  offres  secrètes  faites  par  la  France  à  la  Po- 
logne, il  se  les  appropria  et  en  enleva  tout  le  mérite  à  Moulue.  Ce  dernier  trait 
était  d'une  indigne  perfidie. 

Ce  discours  terminé  sans  aucune  marque  d'approbation,  Moulue  fut  invité  à 
prendre  la  parole.  Son  discours  était  tout  prêt,  il  ne  se  contenta  pas  des  trente- 
deux  copies  destinées  aux  trente-deux  palatinats.  il  en  avait  fait  imprimer  un 
grand  nombre  d'exemplaires;  mais  il  jugea  bien  qu'il  fallait  avant  tout,  répondre 
aux  attaques  de  l'ambassadeur  de  l'Empereur  et,  pour  en  avoir  le  temps,  il  pré- 
texta une  subite  indisposition.  Il  avait  pu  se  procurer  une  copie  de  la  harangue 
de  Rosenberg,  il  passa  la  nuit  à  composer  sa  réplique  et  à  la  faire  copier.  Le  len- 
demain, introduit  dans  la  tente  royale  par  deux  palatins,  venus  le  chercher  à  son 
logis,  il  salua  l'assemblée,  s'inclina  devant  le  cardinal  Commendon  et  prit  la  parole 
en  ces  termes  :  wLes  rois  de  France  ont  toujours  aimé  et  honoré  les  rois  de  Po- 
logne par-dessus  tous  les  autres  princes  de  la  chrétienté;  la  Pologne  a  toujours 
été  réservée  par  une  spéciale  grâce  de  Dieu  comme  un  ferme  rempart  pour  re- 
pousser les  efforts  et  excursions  des  nations  barbares;  c'est  la  forteresse  inexpu- 
gnable pour  couvrir  et  défendre  le  reste  des  provinces  de  la  chrétienté.  Si  j'ai  été 
choisi  parle  roi  de  Fiance,  comme  ambassadeur  auprès  de  vous,  c'est  que  toute 
ma  vie  j'ai  été  affectionné  à  votre  nation.  Avant  tout,  Sa  Majesté  Très  Chrétienne 
désire  non  seulement  entretenir  et  renouveler  l'ancienne  amitié  qui  a  été  entre- 
vous  et  les  Gaulois,  mais  la  resserrer  par  quelque  nouveau  lien.  Si,  durant  cet  in- 
terrègne, il  se  produisait  quelque  danger,  j'ai  charge  de  vous  dire  que  toute  l'auto- 
rité que  peut  avoir  la  couronne  de  France  est  à  \otre  disposition.  Dans  cette  assem- 
blée vous  allez  avoir  à  mettre  en  balance  les  prétentions  au  trône  de  Pologne  des 
princes  étrangers,  le  Roi  mon  maître  vous  requiert  d'admettre  au  rang  des  plus 
lavorisés    compétiteurs   son    frère,    le    duc    d'Anjou,   de  Rourbonnais   et  d'Au- 

GlTUERlNE    DE    MlHICIS.    H.  L 


l'.lrnvi  '.il.     'i'i'h.ii 


cuii  INTRODUCTION. 

vergue.  J'ai  délibéré  de  n'user  ni  de  fraude,  ni  de  tromperies,  ni  de  messages  secrets . 
ni  de  calomnies,  ni  de  libelles  diffamatoires  à  {'encontre  des  autres  compétiteurs; 
mais,  Français  de  nation  et  conséquemment  franc,  simple  et  de  nature  ouverte,  je 
propose  de  traiter  avec  vous  véritablement  et  sincèrement,  v  Après  cet  exorde  : 
te  Je  l'ai  toujours  remarqué  avec  admiration,  reprit-il,  vous  seuls  entre  toutes 
les  nations  avez  retenu  le  privilège  et  la  faculté  d'élire  vos  rois,  et  par  même 
moyen  conserver  jusqu'ici  tous  aultres  ornements  de  liberté  et  de  dignité,  là  où 
les  autres  nations,  qui  souloient  estre  aussi  libres  et  jouir  de  tous  droits  de  fran- 
chise, étant  maintenant  dépouillées  de  telles  libertés,  sont  abattues  et  proster- 
nées par  terre,  et  regardées  des  passants  comme  tombeau  de  libertés  éteintes. t> 

Puis  il  fit  appel  à  la  concorde,  noble  et  vieille  tradition  qu  ils  tenaient  de  leurs 
ancêtres,  celte  concorde  à  laquelle  ils  sont  redevables  depuis  si  longtemps,  de 
la  gloire  souveraine  de  leur  nom.  Il  rappela  la  conformité  de  mœurs,  l'amitié  et 
la  grande  conjonction  des  cœurs  qui  avait  toujours  existé  entre  la  France  et  la 
Pologne,  les  visites  si  fréquentes  des  Polonais  en  France  et  des  Français  en  Po- 
logne, la  communauté  de  gloire  des  deux  peuples,  l'excellence  de  leur  chevale- 
rie, la  longue  durée  de  leur  empire,  l'affection  que  les  Valois  leur  avaient  toujours 
portée;  puis  après  avoir  fait  un  séduisant  portrait  du  duc  d'Anjou,  ftde  riche 
taille,  de  belle  disposition  de  sa  personne,  de  santé  ferme  et  robuste,  habile  à 
manier  les  affaires  de  l'Étal,  parlant  le  latin  et  l'italien,  et  en  une  seule  année  ca- 
pable d'apprendre  leur  langue,  il  s'attaqua  aux  nombreux  libelles  semés  dans  la 
Pologne  :  cr  II  n'y  en  a  pas  un  qui  eût  osé  écrire  que  les  mœurs  du  duc  étoient 
dépravées  et  corrompues;  il  a  appris  à  manier  les  affaires  d'État,  toutes  les  par- 
ties de  l'art  militaire  sont  en  lui  plus  que  son  âge  ne  porte,  a 

Enfin  il  aborda  le  sujet  brûlant  de  la  Saint-Barthélémy  :  a  Ce  qui  est  advenu  à 
Paris,  certainement,  c'est  par  cas  fortuit.  Le  Roi,  de  sa  nature  enclin  à  la  clémence , 
eût  préféré  faire  prendre  les  conspirateurs,  que  non  pas  les  massacrer;  mais 
comme  il  y  a  coutume  aux  tumultes  soudains,  la  populace  s'est  portée  de  fureur  à 
une  chose  autrement  que  l'on  ne  désiroit,  et  dont  le  Roi  fut  très  courroucé  et  troublé. 
Il  tant  rejeter  lacoulpe  de  cette  journée  sur  autreque  sur  le  duc  d'Anjou.  Il  savoit 
bien  que  le  bruit  d'une  si  grande  exécution  et  si  inusitée  vous  détourneroit  ou 
pour  le  moins  vous  détiendroit  quelques  jours  lui  faire  ce  qu'il  désire,  attendu 
que  vous  haïssez  naturellement  toutes  cruautés.  n 

Enfin  dans  sa  péroraison  :  «Très  révérends  seigneurs,  et  vous  illustres  palatins, 
très  vaillants  chevaliers,  de  la  part  du  Roi  Très  Ghrestien,  je  vous  présente  le  se- 


INTRODUCTION.  msin 

rénissime  duc  d'Anjou,  recevez-le  tout  prêt  et  appareillé  à  gouverner  vostre 
chose  publique,  comme  s'il  étoit  né  pour  vous  et  s'il  étoit  vostre  fds.  H  ne  vou- 
droit  pour  rien  diminuer  vos  libertés;  si  vous  le  faites  votre  roi,  il  a  délibéré 
d'employer  toutes  ses  pensées,  toutes  ses  affections,  tous  ses  conseils  pour  at- 
teindre ce  seul  but,  et  que  jamais  vous  ne  vous  puissiez  repentir  de  l'avoir  fait 
et  qu'il  puisse  être  véritablement  et  a  bon  droit  surnommé  le  bon  roi  prudent  et 
vaillant  et  père  de  votre  pays,  n 

De  chaleureuses  acclamations  saluèrent  cet  habile  et  brillant  plaidoyer.  Sans 
trop  de  flatterie,  Paul  Manuce.  dans  l'épitre  qui  accompagne  sa  belle  édition  de 
l'Orateur,  a  pu  comparer  l'évêque  de  Valence  à  Cicéron  dont  la    Rome  antique 
s'enorgueillissait.  Tout  le  temps  qu'il  tint  l'auditoire  sous  le  charme  de  sa  parole, 
une  alouette,  l'oiseau  symbolique  des  anciens  Gaulois,  perchée  au  sommet  de  la 
tente  royale,  battit  des  ailes  et  chanta.  *Si  l'élection,  dit  Choisnin,  eût  été  faite 
un  jour  après,  il  ne  s'y  fust  trouvé  un  seul  contredisant;  nos  ambassadeurs  furent 
depuis  ce  jour-là  si  caressés,  si  visités,  que  je  sçay  bien  que  ledit  évèque,  il  lui 
en  cuida  coûter  la  vie,  tant  estoit  las  tous  les  jours  d'avoir  parlé  depuis  le  matin 
jusqu'au  soir^;  mais  les  partis  n'avaient  point  désarmé,  les  bruits  les  plus  alar- 
mants trouvaient   créance  :    l'on  parlait  de  la  marche  d'une  armée  du  duc  de 
Prusse  venant  venger  l'humiliant  accueil  fait  à  sa  candidature,  d'une  invasion 
de  la  Lithuanie  par  le  Moscovite  et  de  la  Podolie  par  les  Tartares.  Ces  milliers 
de  gentilshommes,  qui  campaient  dans  la  plaine  de  Kamien.  refusant  de  s'incliner 
devant  la  volonté  du  Sénat,  décidèrent  que  trois  cents  d'entre  eux,  pris  dans 
chaque  palatinat,  formeraient  une  Chambre  des  nonces  à  laquelle  ils  transmet- 
traient, chaque  jour,  leurs  vœux  et  leurs  décisions.  Une  grave  question  restait  à 
débattre,  la  revision  des  lois,  revision  prévue  et  comprise  dans  le  programme  de 
la  Diète  de  convocation  du  6  janvier.  La  question  religieuse  étant  venue  s'y  joindre, 
le  parti  protestant  y  entrevit  le  moyen  d'assurer  son  indépendance  et  la  liberté 
de  sa  croyance,  il  s'y  rattacha  et  finit  par  avoir  gain  de  cause.  Dans  une  séance 
orageuse  qui  se  tint  le  a3  avril,  une.  commission  fut  nommée  dans  le  but,  tout  à 
la  fois,  de  restreindre  le  pouvoir  royal,  et  d'assurer  aux  protestants  les  garanties 
qu'ils  réclamaient.  La  revision  des  lois  n'était  pas  une  œuvre  de  quelques  jours, 
et,  sous  une  forme  détournée,  c'était  la  remise  indéterminée  de  l'élection  d'un  roi. 
Les  nobles  commençaient  à  en  avoir  assez  de  cette  vie  sous  la  tente.  Mazoviens, 
Lithuaniens,  gentilshommes  de  la  grande  Pologne,  réunis  par  la  même  pensée  et 
marchant  au  même  but,  vinrent  en  masse  réclamer  l'ouverture  du  scrutin.  Mise 


clxiv  INTRODUCTION. 

ainsi  violemment  en  demeure  d'en  finir,  la  Diète  décida  que  la  commission  nom- 
mée se  bornerait  à  régler  les  prérogatives  du  pouvoir  royal  et  à  les  limiter,  con- 
cession indirecte  faite  aux  protestants  qui  pouvaient  craindre  une  restriction  à 
l'exercice  de  leur  religion,  surtout  de  la  part  du  duc  d'Anjou,  qu'on  leur  avait 
représenté  comme  le  chef  du  parti  ultra-catholique  de  France.  Sous  celte  double 
pression,  la  Diète  décida  que  l'élection  du  roi  aurait  lieu  le  premier  lundi  de  mai. 
La  commission  chargée  de  la  revision  des  lois,  ayant  siégé  sans  désemparer,  soumit, 
le  2  mai,  une  série  d'articles  votés  par  elle  à  l'unanimité.  En  conséquence,  le 
3  mai,  le  grand  maréchal  Firley  proclama  l'ouverture  du  scrutin.  Par  mesure  de 
prudence  et  pour  laisser  toute  liberté  aux  suffrages,  les  ambassadeurs  de  tous  les 
prétendant'--  avaient  été  éloignés  de  Varsovie;  le  cardinal  Commendon  s'était  établi 
à  Skierniewice,  les  ambassadeurs  de  l'Empereur  à  Lowict,  les  Suédois  àZokroczyn, 
Moulue  à  Plocko;  avant  de  s'éloigner,  le  a5  avril,  il  avait  prononcé  devant  la 
Diète  un  nouveau  discours,  où,  tout  en  revenant  sur  les  arguments  de  sa  pre- 
mière harangue,  il  avait  repoussé  cette  calomnie  qu'on  lui  prêtait,  qu'il  était  venu 
en  Pologne  comme  à  la  foire  pour  acheter  un  royaume: 

et  Nous  sommes  ambassadeurs,  s'était-il  écrié,  et  non  marchands  et  trafiqueux. 
Si  nous  avons  offert  de  l'argent,  c'était  pour  l'employer  aux  nécessités  publiques 
de  ce  royaume;  cessent  donc  au  moins  pour  quelques  jours  les  injures,  médi- 
sances méchamment  controuvées,  et  que  recognoissent  ces  ouvriers  de  bourdes 
et  d'artifices  qu'en  affaires  de  si  grand  poids  et  de  si  grande  importance,  devant 
un  si  excellent  et  prudent  Sénat,  devant  si  fréquente  assistance  de  tant  de  nobles 
et  vaillants  chevaliers,  il  ne  faut  pas  combattre  de  calomnies,  de  faussetés  ni  de 
tromperies,  mais  de  raisons  et  certains  arguments;  et  si  vous,  Seigneurs,  pour 
vostre  singulière  prudence,  arrestez  cela  en  vostre  entendement,  il  ne  nous  reste 
plus  rien  sinon  de  prier  Dieu  tout-puissant  et  tout  bon,  que  mettre  fin  à  ce  grand 
et  haut  négoce,  il  vous  fasse  tous  demeurer  fort  conjoints  et,  quant  à  ce  qui  me 
touche,  moy  particulièrement,  il  conduise  à  fin  désirée  cette  même  légation  qui 
est  la  seconde  devers  vous,  et  la  quinzième  vers  autres  princes,  tellement  que  à 
vous  et  à  vos  successeurs  il  en  demeure  une  joyeuse  et  perpétuelle  mémoire  de 
mon  nom  et  de  ce  que  je  vous  auray  le  premier  offert  un  roy  si  sage,  prudent, 
vaillant,  dévot  et  affectionné  au  bien  de  vos  affaires1.!) 
.     Le  lundi  h  mai,  le  scrutin  s'ouvrit.  La  noblesse,  nous  dit  Choisnin,  avant  que 

Mémoues  de  l' Estât  de  li  Fiance  sous  Charles  IX ,  p.  aa/|  el  suiv. 


INTRODUCTION.  ci.x> 

de  délibérer  chacune  dans  son  quartier,  se  mit  à  genoux  et  invoqua  l'assistance 
du  Saint-Esprit.  Dans  les  palatinats  de  la  grande  Pologne  l'archevêque  de  Gniezen 
proclama  lui-même  les  noms  des  compétiteurs.  Yvan  le  Terrible  ne  donnant  plus 
signe  de  vie  et  le  duc  de  Prusse  s'étant  retiré,  il  n'en  restait  plus  que  quatre  : 
l'archiduc  Ernest,  le  duc  d'Anjou,  le  roi  de  Suède  et  un  Piasle,  c'est-à-dire,  sans 
le  désigner,  tout  noble  polonais  que  ses  égaux  voudraient  choisir.  Cette  candida- 
ture anonyme  souleva  de  grands  débats;  mais  elle  était  secrètement  soutenue,  car 
chacun  de  ces  nobles  pouvait  y  prétendre,  et  comme  on  leur  reprochait  de  ne  vou- 
loir désigner  aucun  nom,  l'un  des  chefs,  l'orateur  du  parti  Tomicki,  en  nomma 
sept;  Jean  Zborowski  mit  en  avant  tous  ceux  de  ses  parents  et  tous  ses  amis.  «L'on 
vit  alors  surgir  une  armée  entière  de  Piastes-n,  s'écrie  ironiquement  Orzelski. 

Le  8  mai,  sous  la  présidence  du  grand  maréchal,  tous  les  sénateurs  à  leur 
rang  accoutumé,  derrière  eux  les  députés,  et  au  troisième  rang  les  nobles,  le 
grand  chancelier  brisa  les  plis  scellés  qui  renfermaient  le  recensement  des  voles 
de  chaque  palatinat,  et  proclama  les  noms  des  candidats  suivant  leur  ordre  d'in- 
scription. 

A  ce  premier  tour  de  scrutin  le  duc  d'Anjou  tenait  la  tête  :  son  nom  avait  été 
porté  tout  seul  par  les  deux  palatinats  de  Mazovie  et  de  Plocko,  et  par  les  neuf 
palatinats  de  la  Volhynie  et  de  la  Podlachie.  Sur  trente-deux  palatinats,  vingt-deux 
lui  étaient  donc  acquis  et  sans  concurrent;  dans  tous  les  autres  il  avait  la  majorité. 
Des  acclamations  enthousiates  accueillaient  son  nom,  chaque  fois  qu'il  était  pro- 
noncé. Le  parti  piaste,  qui  voulait  que  le  roi  fut  un  Polonais,  avait,  il  est  vrai, 
recueilli  de  nombreuses  voix,  mais  réparties  sur  tant  de  noms  que  les  candidats 
désignés,  comprenant  l'inutilité  de  leur  poursuite,  se  désistèrent. 

Ce  n'était  là  qu'une  première  épreuve.  Suivant  l'ordre  déterminé  par  la  Diète 
de  convocation  du  5  janvier,  le  Sénat  désigna  trois  orateurs  chargés  de  défendre 
devant  la  Diète,  dans  la  journée  du  5  mai,  les  prétentions  des  compétiteurs  restés 
sur  la  brèche. 

L'un  de  ceux  qui  porta  la  parole  pour  le  duc  d'Anjou,  Karnkowski,  après 
l'éloge  flatteur  qu'il  en  fit,  s'écria  :  cr  La  voix  du  peuple  est  la  voix  de  Dieu,  le 
peuple  veut  Henri  de  Valois  pour  son  roi.ï>  Les  autres  orateurs  ayant  à  peine  été 
écoutés,  l'archevêque  se  leva  et  au  moment  où  il  allait  proclamer  le  duc  d'Anjou. 
kNous  ne  sommes  plus  en  nombre,  représenta  le  palatin  de  Sandomir,  nous  de- 
mandons la  remise  à  demain.  v  C'était  le  jour  de  la  Pentecôte;  d'un  commun 
accord,  une  nouvelle  séance  fut  fixée  au  lundi  î  î  mai. 


ci.ivi  INTRODUCTION. 

Ce  grand  jour  allait-il  se  passer  paisiblement?  La  minorité,  si  tumultueuse, 
qui  s'était  montrée  si  obstinée,  allait-elle  accepter  ce  verdict?  Dans  le  doute,  tous 
les  partisans  du  duc  d'Anjou,  sous  le  commandement  de  Cbristopbe  et  Jean  Zbo- 
rowski,  de  Laski  et  de  Chodkiewicz,  viennent  se  ranger  en  ordre  de  bataille  autour 
de  la  tente  royale,  à  leurs  bonnets,  autour  de  leurs  lances  et  au  frontail  de  leurs 
chevaux ,  des  branches  de  sapin ,  en  signe  de  ralliement.  Les  adversaires  du  duc  aux- 
quels s'étaient  ralliés  les  partisans  des  candidats  évincés  du  parti  piasle,  s'étaient 
retirés  au  village  de  Grochow;  ils  offrirent  de  souscrire  à  l'élection,  à  condition 
que  les  articles  réglementant  et  limitant  le  pouvoir  royal  lussent  préalablement 
acceptés.  C'était  leur  dernier  moyen  de  résistance.  Soutenue  par  le  palatin  de 
Sandomir,  et  par  voie  de  conciliation ,  cette  proposition  fut  acceptée  ;  des  délégués 
pris  dans  le  sein  de  la  Diète  leur  lurent  donc  envoyés.  Massée  autour  du  pavillon 
royal,  une  véritable  armée  attendait  leur  retour,  quand  ils  furent  admis  à  la  Diète, 
et  que  l'un  d'eux  commença  à  lire  les  conditions  qu'ils  entendaient  imposer,  de 
grandes  clameurs  couvrirent  sa  voix.  La  tente  royale  avait  été  envahie;  gentils- 
hommes, sénateurs,  tous  affolés  criaient  :  «Henri,  Henri  de  Valois,  roi  de  Pologne, 
nous  le  voulons,  nous  le  voulons !n  A  ces  cris  les  milliers  de  cavaliers  du  dehors 
répétèrent  à  leur  côté  :  te  Henri,  Henri,  nous  le  voulons,  nous  le  voulons!  r 

Suivant  l'usage,  l'archevêque  répéta  alors  par  trois  fois  :  «  Nous  avons  pour  roi 
le  très  illustrissime  duc  d'Anjou. m  Les  délégués  des  dissidents  de  Grochow  firent 
mine  de  se  retirer,  et  ils  allaient  peut-être  donner  le  signal  de  la  guerre  civile: 
fort  heureusement  Sborowski,  n'écoutant  que  son  patriotisme,  leur  cria  :  «Ne  vous 
éloignez  pas,  l'archevêque  n'a  pas  proclamé  le  roi  élu,  il  l'a  seulement  nommé. 
L'élection  ne  sera  valable  que  lorsque  les  ambassadeurs  du  nouveau  roi  auront 
accepté,  en  son  nom,  les  conditions  stipulées. n 

Cette  échappatoire  sauvegardait  les  réserves  des  protestants  et  celles  des  dissi- 
dents. Les  partisans  du  duc  d'Anjou,  ne  se  possédant  pas  de  joie,  à  la  suite  de  la 
proclamation  de  son  nom,  avaient  quitté  la  salle.  Le  Sénat  redevenu  libre  rendit 
la  parole  aux  délégués  de  Grochow;  mais  la  nuit  étant  venue,  la  séance  fut  levée 
et  remise  au  lendemain. 

Rappelé  en  toute  hâte  de  Plocko,  Moulue  revint  à  Varsovie  avec  Lansac  et 
l'abbé  de  l'Isle;  à  leur  passage  ils  furent  acclamés.  Toutefois  le  dernier  mot  n'était 
pas  dit.  Le  i5  mai,  les  conditions  imposées  à  Charles  IX  en  faveur  de  son  frère, 
et  celles  particulièrement  applicables  au  nouveau  roi  et  limitant  son  pouvoir  furent 
soumises  à  Monluc  en  pleine  Diète.  La  plus  difficile  à  remplir,  c'était  l'engagement 


INTRODUCTION.  ciavh 

qu'il  avait  à  prendre  au  nom  du  duc  d'épouser  l'infante,  le  jour  même  de  son 
entrée  à  Cracovie.  ce  Bien  qu'il  en  ayt  cuidé  mourir  d'ennui,  a  écrit  Choisnin  dans 
ses  Mémoires,  il  mit  sa  signature  au  bas  de  cet  inacceptable  article  et  de  tous  les 
autres;  puis  les  envoyés  de  France,  lui  en  tête,  furent  conduits  en  grande  pompe 
devant  l'arcbevêque  et  prêtèrent  entre  ses  mains  le  serment  obligatoire. 

Schomberg  eut  la  bonne  fortune  d'annoncer  le  premier  à  Catherine  l'élection 
du  duc  d'Anjou.  Lorsque  le  courrier  porteur  de  son  message,  pliant  le  genou 
devant  elle,  lui  dit  :  aJe  vous  salue,  mère  de  notre  roi  a,  la  parole  lui  manqua  et 
elle  se  prit  à  pleurer  de  joie. 

La  meilleure  partie  de  cette  grande  victoire  diplomatique  qui  replaçait  la  France 
au  rang  qu'elle  devait  tenir  en  Europe,  lui  appartient.  Claude  Vigenère  a  pu  dire 
sans  trop  de  flatterie  au  duc  d'Anjou  dans  la  préface  De  la  description,  de  la  Pologne  : 
«Ce  que  je  sais  et  puis  parler  à  la  vérité,  c'est  qu'à  Sa  Majesté  seule,  la  Revue 
vostremère,  est  venue  l'opinion  de  vous  acquérir  une  belle  et  plantureuse  mo- 
narchie; à  quoy  elle  est  toujours  demeurée  ferme,  arrestée,  nonobstant  toutes  les 
difficultés,  empesebements  et  remonstrances  qu'on  luy  ait  sceu  mettre  devant'.- 

Cet  éloge  n'a  rien  d'exagéré  :  à  aucune  époque  de  sa  vie,  Catherine  n'a  eu  l'oc- 
casion de  déployer  avec  plus  d'audace  et  d'habileté  ce  génie  politique  qu'elle  tenait 
de  sa  race.  Ce  fut  bien  alors  la  digne  nièce  du  pape  Clément  VII,  rr  l'homme  le 
plus  dissimulé  de  son  temps  t>  ,  au  dire  de  l'historien  Guichardin ,  l'un  de  ses  familiers 
et  de  ses  amis. 

Au  risque  de  nous  répéter,  résumons  cette  glorieuse  campagne.  Elisabeth ,  à  la 
première  nouvelle  delà  Saint-Barthélémy,  avait  mis  sa  flotte  sur  pied  de  guerre, 
prêté  une  oreille  complaisante  aux  envoyés  du  duc  d'Albe  et  à  ceux  de  la  Rochelle. 
Eh  bien,  trois  mois  à  peine  écoulés,  elle  accepte  d'être  la  marraine  de  la  fille  de 
Charles  IX,  se  fait  représenter  par  Worcester,  un  catholique  avoué,  et  consent  à 
reprendre  les  propos  de  son  mariage  avec  le  duc  d'Alençon. 

Ciégoire  XIII  s'était  flatté  de  faire  entrer  Charles  IX  dans  la  ligue  contre  le 
Turc  et  de  faire  appliquer  en  France  les  décrets  du  concile  de  Trente.  Son  légat 
extraordinaire,  le  cardinal  Ursin,  envoyé  dans  ce  double  but,  a  beau  s'éterniser 
dans  sa  mission,  il  revient  à  Rome  les  mains  vides,  et  Catherine,  la  veille  encore  si 
obséquieuse,  ose  dire  en  pleine  cour  :  rr  Désonnais  je  ne  permettrai  pas  que  le 
pape  mette  sa  main  dans  les  affaires  de  la  France,  a 

1   Claude  de  Vigenère,  Lo  description  de  la  Pologne.  Richer,  1879,  p.  7. 


awvni  INTRODUCTION. 

Guillaume  d'Orange  qui  avait  dit  à  Mondoucet  que  jamais  Charles  IX  ne  lave- 
rait ses  mains  de  la  tache  de  sang  de  la  Saint-Barthélémy,  accepte  de  lui  un 
subside  et,  en  son  nom,  Ludovic  de  Nassau,  son  frère,  signe  à  Francfort  le  double 
engagement  de  porter  de  nouveau  la  guerre  dans  les  Flandres  et  de  soutenir  la 
candidature  du  duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne. 

Philippe  II,  en  apprenant  le  massacre  des  huguenots,  avait  ri  pour  la  première 
fois  de  sa  vie;  croyant  la  France  asservie  à  sa  propre  politique,  il  avait  fait 
d'humiliantes  avances  à  Elisabeth,  et  cherché  à  s'approprier,  à  notre  détriment, 
l'alliance  des  Suisses,  nos  amis  de  fous  les  temps,  lui  aussi  est  déçu  dans  toutes 
ses  espérances,  et  cette  coalition  dont  il  était  menacé  la  veille  de  la  Saint-Bar- 
thélémy, se  reforme  contre  lui. 

Les  princes  protestants  de  l'Allemagne  n'avaient  plus  sur  les  lèvres  que  des 
malédictions  et  des  menaces  pour  la  France;  ils  s'étaient  vantés  de  refuser  au  duc 
d'Anjou  un  libre  passage  à  travers  leurs  Etals.  Eh  bien,  ils  le  recevront  avec  tous 
les  honneurs  dus  à  la  royauté  et  lui  feront  respectueusement  cortège  jusqu'à  la 
frontière  de  Pologne. 

L'empereur  Maximilien  avait  exploité  la  tragédie  de  Paris  au  profit  des  pré- 
tentions de  son  fils  l'archiduc  Albert  au  trône  de  Pologne;  pour  la  rendre  plus 
odieuse  il  avait  jusqu'à  la  fin  soutenu  à  Vulcob  notre  ambassadeur  qu'elle  avait 
été  de  longue  date  préméditée;  après  avoir  répandu  l'or  à  pleines  mains,  s'être 
fait  assister  par  les  ducats  de  l'Espagne,  il  a  la  honte  de  voir  le  duc  d'Anjou  l'em- 
porter sur  son  fils  à  la  presque  unanimité  des  suffrages. 

Voilà  la  grande  œuvre  de  Catherine  :  après  avoir  perdu  dans  une  seule  journée 
tout  le  terrain  conquis  par  deux  années  d'efforts  et  d'intrigues;  après  avoir  brisé 
tant  d'alliances  péniblement  conquises,  encouru  la  réprobation  universelle,  elle 
retourne  comme  un  gant  cette  Europe  frémissante  et  indignée;  c'est  bien  là  l'apogée 
de  sa  politique,  le  triomphe  le  plus  éclatant  de  la  diplomatie  française  inspirée 
par  elle  et  servie  par  des  hommes  oubliés  aujourd'hui,  mais  dont  il  est  juste  de 
rappeler  tous  les  noms  si  glorieux,  Ferais,  les  deux  Noailles,  le  président  du 
Ferrier,  Vulcob,  Lansac,  Mondoucet,  Saint-Couard,  Monluc,  évèque  de  Valence, 
Schomberg,  Paul  de  Foix ,  Mauvissière  et  La  Mothe-Fénelon. 

Mais  si  cette  victoire  diplomatique,  la  plus  grande  du  règne  de  Charles  IX,  n'a 
pas  produit  les  fruits  qu'on  était  en  droit  d'en  attendre,  la  faute  en  est  à  la  Saint- 
Barthélemy.  Les  protestants  que  Catherine  croyait  à  jamais  anéantis,  retrempés 
par  ce  baptême  de  sang,  tiendront  en  échec  toutes  les  forces  royales  dans  les  trois 


INTRODUCTION.  eus 

villes  de  Sancerre,  de  Sommières  et  de  la  Rochelle,  et  cette  guerre  fratricide  se 
prolongera  jusqu'à  ce  que  la  main  pacifique  et  victorieuse  de  Henri  IV  y  vienne 
mettre  fin  et  chasse  l'étranger  de  Paris.  La  vraie  grandeur  de  la  France  date  de 
lui. 

XVIII 

L'élection  du  duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne  avait  imposé  la  nécessité  d'une 
transaction  avec  les  assiégés  de  la  Rochelle.  Le  ih  juin  1673,  les  quatre  délé- 
gués du  roi,  Brùlart,  de  Sauve,  Pinart  et  Villeroy  arrêtèrent  les  conditions  de 
la  paix;  elles  étaient  dures  et  humiliantes:  le  plein  exercice  de  la  religion  réfor- 
mée; l'exemption  d'une  garnison;  l'interdiction  de  réédifier  une  citadelle;  un  gou- 
verneur non  suspect  et  qui  ne  serait  reçu  qu'après  que  les  troupes  assiégeantes 
se  seraient  retirées;  la  liberté  de  leur  culte  étendue  à  tous  les  hauts  justiciers,  et 
par  suite  celle  de  célébrer  les  mariages  et  les  baptêmes  à  la  façon  huguenote.  Les 
mêmes  conditions  étaient  accordées  aux  deux  villes  de  Nîmes  et  de  Monfauban, 
de  longue  date  étroitement  confédérées  avec  la  Rochelle1. 

Le  mois  suivant,  Charles  IX,  sous  la  forme  d'un  édit,  ratifia  toutes  ces  conces- 
sions. A  ce  prix,  il  se  flattait  d'obtenir  la  soumission  du  Languedoc,  du  Dauphiné 
et  des  autres  provinces  où  la  résistance  se  prolongeait. 

Mais  son  illusion  fut  de  courte  durée,  le  26  août  il  écrivait  au  maréchal  Dam- 
ville  :  ce  II  me  semble  que  mes  sujets,  faisant  profession  de  la  nouvelle  prétendue 
religion  en  vostre  gouvernement,  ayent  fort  peu  de  volonté  de  recevoir  mon  édit 
de  pacification,  usant  de  remise  et  longueur  comme  ilz  font,  et  continuant  tous 
actes  d'hostilité,  et  n'estoit  que  ilz  se  sont  cogneuz  pressés  par  les  empeschemens 
que  vous  avez  donnez,  tant  sur  la  récolte  que  autrement,  ilz  se  montreroient  en- 
cores  plus  insolens,  chose  que  je  ne  veux  croire  procéder  des  bons  et  de  ceux  qui 
ont  quelque  bien,  mais  de  plusieurs  belistres  qui  vivent  et  font  leur  profit  de  la 
guerre  et  du  trouble,  lesquelz  sont  assistez  des  ministres  et  autres  transportez  de 
pareille  passion,  qui  sont  avec  eux  hors  de  mon  royaume.  Je  vous  ay  envoyé  ledit 
de  pacification,  ils  l'accepteront  ou  le  refuseront,  mais  qu'ils  fassent  le  premier, 
comme  je  désire  et  prie  à  Dieu,  il  faut  les  accueillir  et  traiter  gracieusement, 


Voir  dans  le  11°  1 5558  du  fonds  français  la  réponse  faite  par  le  Roi  aux  demandes  de  ceux  de  la 
Rochelle;  La  Popelinière,  Ilist.  de  France,  t.  II. 

Catukrink  DE  M;::i>k:is.  —  iv.  v 

1  I  1  l  n.llf. 


r,h\x 


INTRODUCTION. 


qu'ils  ayent  toute  occasion  de  demeureur  en  repos.  11  importe  grandement  d'avoir 
résolution  sur  ledit  éclit ;  car,  sans  cela,  je  ferai  acheminer  les  Suisses  de  vostre 
coslé  ou  je  les  renverray  en  leur  pays  l.u 

Une  sorte  de  transaction  intervint  :  les  protestants  du  Languedoc  ayant  demandé 
à  Damville  la  permission  de  tenir  deux  assemblées,  l'une  à  Montauban,  et  l'autre 
à  Milhau,  le  Roi  y  consentit;  mais  le  choix  du  jour  anniversaire  de  la  Saint- 
Barthélemv  pour  ces  deux  assemblées  faisait  pressentir  les  résolutions  qui  y  seraient 
prises.  Elles  dépassèrent  de  beaucoup  les  concessions  de  l'édit  et  nous  nous  bor- 
nerons à  les  résumer  sommairement  :  exercice  public  de  la  religion  réformée  dans 
tout  le  royaume,  désaveu  de  la  conspiration  imputée  aux  protestants  la  veille  de 
la  Saint-Barthélémy;  poursuites  juridiques  contre  les  massacreurs  du  ïk  août; 
annulation  de  tous  les  jugements  rendus  depuis  cette  date;  restitution  aux  pro- 
testants de  leurs  biens,  de  leurs  offices;  admission  de  leurs  enfants  dans  toutes  les 
écoles;  cimetière  commun  avec  les  catholiques;  garde  des  villes  par  leurs  propres 
troupes  payées  des  deniers  de  l'Etat;  une  chambre  composée  des  juges  de  la  reli- 
gion dans  chaque  cour  de  parlement;  entretien  de  leurs  ministres  prélevé  sur  les 
dîmes;  deux  places  de  sûreté  par  province;  enfin  clans  le  Béarn  retour  aux  règle- 
ments décrétés  par  Jeanne  d'Albret-. 

En  Dauphiné,  les  mêmes  exigences  se  produisent;  M.  de  Gordes,  le  5  septem- 
bre, s'en  plaint  à  M.  de  Hautefort,  ambassadeur  en  Suisse  : 

tr  Je  suis  bien  marry  que  je  ne  vous  puis  mander  que  Moutbrun  et  ses  adhérens 
ayent  désir  de  recevoir  la  paix  que  tant  s'en  fault  que  la  dernière  remontrance  et 
requeste  qu'ilz  m'ont  faite  estoit  permission  de  se  reposer  sur  le  Boy  pour  obtenir 
beaucoup  de  choses  qu  ilz  prétendent  luy  demander  et  cependant  tenir  les  lieux 
qu'ilz  tiennent  et  pouvoir  exiger  les  contributions  pour  la  nourriture  de  leurs 
gens  de  guerre  et  que  je  licenciasse  mes  forces,  ce  que  je  ne  leur  ay  accordé;  et 
je  vous  promets  que.  je  ne  vois  pas  qu'ilz  avent  aucune  volonté  d'obéyr  et  est 
échappé  à  Lesdiguières  de  dire  que,  pour  cet  hiver,  le  pays  qu'ilz  tiennent  leur 
est  si  avantageux  qu'ilz  ont  loisir  jusqu'à  Pâques  de  penser  à  recevoir  l'édit  de 
pacification3,  n 

Charles  IX  croyait  en  avoir  fini  avec  ceux  de  la  Rochelle;  et  tout  au  contraire 
\\  est  contraint  d'écrire  à  M.  du  Lude  :  et  Vous  avez  sagement  fait  de  m'a  voir 
mandé  la  continuation  des  déportements  des  Bochelois;  ils  font  tout  le  contraire 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  3a46,  Pi.  —  '  Voir  La  Popelinière,  llist.  de  France,  t.  II,  p.  180. 
—  '  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n*  1 5558,  f'  102. 


INTRODUCTION.  ctxxi 

de  ce  que  j'espérois  d'eux,  attendu  la  bonne  volonté  que  j'avois  de  les  confirmer 
en  leurs  privilèges.  Parce  que  je  n'ay  encore  eu  aucunes  nouvelles  de  M.  de 
Biron,  je  ne  me  puis  résoudre  à  ce  que  je  dois  faire,  joint  que  je  luy  ay  donné 
tout  pouvoir  de  prendre  tel  parti  qu'il  cognoistra  estre  utile  et  nécessaire  pour  me 
rendre  obéy.  Mon  intention  est  de  tenter  celuy  de  la  douceur  en  tout  ce  qu'il  me 
sera  possible;  mais  aussi  où  il  cognoistra  ne  les  jamais  réduire  par  ce  moyen  au 
chemin  de  l'obéissance,  je  désire  qu'il  soit  au  plus  tôt  présenté  à  rencontre  d'eulx 
par  les  voies  les  plus  rigoureuses  pour  les  chastier  de  leur  témérité,  sans  y  perdre 
temps1.  t> 

Dans  une  lettre  à  Biron,  après  l'avoir  entretenu  de  toules  les  difficultés  du 
moment:  te  Je  suis  délibéré,  ajoute-t-il,  de  mettre  la  main  à  bon  escient  et  de 
rendre  cbacun  content  de  la  protection  qu'il  doit  espérer  de  moy 2.  i> 

Si  du  moins  pour  se  faire  obéir,  il  avait  eu  sous  la  main  des  troupes  disciplinées, 
niais  l'esprit  de  révolte  les  avait  gagnées  :  et  Je  suis  assuré,  mande-t-il,  le  3o  août, 
à  Damville,  que  mon  pauvre  peuple  ne  cesse  d'être  affligé  et  opprimé  autant  que 
jamais  par  plusieurs  compagnies  de  gendarmes  et  autres  soldats  à  pied  qui  tien- 
nent les  champs  et  font  des  maux  exorbitants  sans  vouloir  se  retirer  en  leurs 
maisons3.^ 

Jusqu'aux  Suisses,  ces  troupes  si  fidèles,  qui  deviennent  une  charge  et  un 
danger  pour  les  populations.  Leur  séjour  en  Dauphiné  où  ils  sont  depuis  plus  de 
quinze  jours,  écrit  Truchon,  le  premier  président  au  Parlement  de  Grenoble,  à 
M.  d'Hautefort,  apporte  grande  ruine  à  cette  pauvre  province,  comme  il  sera  de 
même  au  Languedoc,  s'ils  y  viennent4.  La  plus  grande  difficulté  du  moment  c'est 
que  le  duc  d'Anjou,  en  dépit  des  instances  des  députés  polonais,  s'obstinait  à  ne 
pas  qui I ter  la  France.  Sa  récente  et  insensée  passion  pour  la  princesse  de  Coudé 
n'en  était  pas  l'unique  cause,  ce  II  s'ennuyoit,  nous  dit  le  duc  de  Bouillon  dans  ses 
Mémoires,  d'aller  commander  à  une  nation  si  éloignée  et  si  différente  de  mœurs. 
Dans  l'état  de  santé  du  Boi,  c'étoit  se  mettre  au  hasard  de  perdre  la  France  et 
le  duc  d'Alençon  ne  manquerait  pas  en  faire  ses  menées5.  •» 

Le  cardinal  de  Lorraine  cherchait  par  tous  les  moyens  à  le  retenir,  allant  jus- 
qu'à lui  conseiller  d'user  de  mesures  rigoureuses  envers  les  protestants,  ce  qui 
infailliblement  amènerait  la  reine  Elisabeth  et  les  princes  allemands  à  prendre 

1    Bill.   nat.  (minute  origin.),   tonds  français,  3  ILid.,  n°  3a46,  p.  !>. 

n»  i5558,  (b  i53.  4  Ibid.,  n°  i5558. 

1  Bibl.  nat.,   fonds  français,  n°  1 5558 ,  f°  1 55.  s  Panthéon  litler. ,  t.  M,  p.  i  h 


ci.xxu  INTRODUCTION. 

parti  pour  eux  et,  eu  faisant  une  nécessité  de  sa  présence,  rendrait  impossible  son 
départ  pour  la  Pologne  l. 

Dès  le  mois  de  mars  précédent,  Vincenzo  Alamanni,  l'ambassadeur  de  Toscane, 
témoin  de  la  mauvaise  intelligence  des  deux  frères,  avait  écrit  au  Grand-Duc: 
crLa  trop  grande  autorité  prise  dans  le  royaume  par  Monsieur,  plus  obéi  que  le 
Roi  lui-même,  est  un  véritable  danger  pour  le  repos  de  la  France.  Son  départ 
serait  une  grande  garantie  de  sécurité2,  n 

Catherine  n'avait  pas  encore  eu  le  courage  de  se  prononcer:  et  Je  suis  marrie, 
avait-elle  écrit  au  duc  de  Nevers,  que  celte  grandeur  me  l'éloigné;  car  autrement 
je  pense  que  je  l'empescherois.  ■»  Enfin  pris  d'impatience,  Charles  IX  se  décide  à 
partir  le  premier  pour  forcer  son  frère  à  venir  le  rejoindre  et  le  a 3  septembre 
il  en  prévient  Daniville  :  te  Le  commissaire  Martin  est  arrivé  devers  moy  et  peu 
après  le  sieur  de  Forges  et  les  députtez  de  ceulx  de  la  religion  du  Languedoc, 
lesquels  je  n'ay  pu  encore  oyr  ny  moins  prendre  la  résolution  sur  ce  qu'ilz  ont  à 
me  proposer,  parce  que  mon  frère  le  roi  de  Pologne  estant  pressé  des  seigneurs 
polonois,  qui  sont  icy,  de  son  voyage  en  son  royaume,  j'ay  employé  tout  le  temps 
à  y  prendre  une  résolution.  Je  pars  présentement  pour  m'acheminer  à  Fontaine- 
bleau et  là  avoir  plus  de  loisir  d'entendre  l'affaire  qui  touche  votre  gouvernement, 
d'où  je  ne  partiray  que  je  n'y  aye  pris  une  finale  résolution3.'» 

Le  5  octobre,  Charles  IX  est  à  Crécy,  d'où  il  va  à  Monceaux,  quelques  jours 
plus  tard  il  s  installe  à  Villers-Cotterets.  Il  y  avait  donné  rendez-vous  aux  députés 
des  protestants  du  Languedoc  et  à  ceux  du  Dauphiné.  Lorsque  Catherine  prit 
connaissance  de  leur  exorbitante  requête,  son  irritation  fut  au  comble  :  «Si  Condé 
était  encore  en  vie,  s'écria-t-elle  en  pleine  cour,  et  qu'il  fût  dans  le  cœur  de  la 
France  avec  vingt  mille  chevaux  et  cinquante  mille  hommes  de  pied,  il  ne  deman- 
derait pas  la  moitié  de  ce  que  ces  misérables  ont  l'insolence  de  nous  proposer4.  •» 

Mais  Charles  IX,  depuis  qu'il  était  aux  prises  avec  ces  difficultés  de  chaque 
jour,  avait  appris  à  mieux  se  contenir,  à  être  plus  maître  de  lui  que  par  le  passé; 
voulant  gagner  du  temps  et  s'éviter  une  réponse  trop  directe,  il  insinue  habile- 
ment au\  députés  du  Languedoc  que  dans  l'intérêt  de  lajKicilication  il  valait  mieux 
que  Daniville  traitât  avec  eux  et  sur  les  lieux  mêmes.  Pour  les  mettre  en  confiance, 
il  les  fait  accompagner  par  M.  de  Caylus  et  Jacques  de  Crussol. 


Végociat. dijihui.  avec  la  Toscane,  t.  lit ,  p.  8I>8.  !   Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  3qA5,  I"  3i. 

Ibid.  '  DeTJiou,  Hist.  universelle ,  l.  \ll,  p.  17. 


INTRODUCTION.  clsxui 

Durant  tout  le  temps  des  premières  guerres  civiles,  et  sous  le  nom  de  d'Acier, 
Crussol  avait  été  l'un  des  chefs  les  plus  redoutables  des  protestants  du  Midi;  sauvé 
par  le  duc  de  Guise  à  la  Saint-Barthélémy,  et,  à  la  mort  de  son  frère  aine,  ayant 
hérité  du  titre  et  du  duché  d'Uzès,  il  s'était  fait  catholique.  Caylus  et  lui,  porteurs 
des  dernières  instructions  du  Roi,  devaient  assister  Damville  dans  la  conférence 
qu'il  était  appelé  à  tenir  avec  les  députés  protestants,  et  dans  un  lieu  rapproché 
de  Montauban. 

En  quittant  Villers-Cotterets,  Charles  IX  va  droit  à  Vitry-le-François,  et,  dès 
le  lendemain,  il  écrit  à  Damville  :  «J'arrivay  en  ce  lieu  le  xxis  de  ce  mois,  où 
estant  je  me  trouvay  un  peu  mal  disposé,  qui  est  cause  que  je  m'y  suis  arresté 
pour  me  reposer  et  prendre  quelque  purgation,  affin  de  me  guérir,  comme 
j'espère,  Dieu  aydant,  l'estre  entièrement  dans  quatre  ou  cinq  jours,  et  de  pour- 
suivre après  mon  voyage  de  Nancy  et  de  Metz  pour  y  conduire  mon  frère  le  roi 
de  Pologne,  suivant  ma  première  délibération,  ayant  bien  voulu  vous  donner 
advis  de  ce  que  dessus,  affin  que,  si  d'aventure  l'on  faisoit  courir  aultre  bruit 
de  mon  indisposition,  vous  en  saichiez  la  vérité  qui  est  telle  que  je  le  vous  es- 
criplz  '.  Ti 

Le  duc  d'Anjou  rejoignit  enfin  le  Roi  son  frère  à  Vitry.  Là  encore  il  cbercha 
par  tous  les  moyens  à  prolonger  son  séjour  en  France;  il  aurait  bien  voulu  y  passer 
encore  l'hiver;  mais  Catherine  l'en  dissuada.  Surmontant  sa  douleur,  ce  Partez,  mon 
fils,  lui  dit-elle,  partez,  vous  ne  demeurez  pas  longtemps  en  Pologne. n  Déjà  elle 
avait  dû  lire  dans  les  yeux  de  Charles  IX  sa  mort  prochaine. 

Le  i  5  novembre,  le  pauvre  Roi  écrit  à  Damville  :  rt  Je  séjourneray  encore  quel- 
ques jours  à  Vitry  pour  me  fortifier;  mon  frère  le  roi  de  Pologne  part  aujour- 
d'hui, conduit  par  la  lieine  ma  mère,  mon  frère  d'Alençou  et  plusieurs  autres 
princes  et  seigneurs,  m'ayant  laissé  un  extrême  regret  de  ne  pas  lui  avoir  rendu 
cet  office  de  le  reconduire  moi-même,  comme  je  l'ay  toujours  désiré  et  eusse 
fait2.* 

C'eût  été  plutôt  pour  être  bien  sûr  que,  cette  fois,  il  était  hors  du  royaume. 

Chemin  faisant,  Catherine  lui  écrit  :  «Mou  fils,  je  ne  puis  être  à  mon  aise,  vous 
ayant  laissé  fâché  et  ennuyé,  que  je  ne  sache  comment  vous  vous  portez,  aussi  pour 
vous  dire  qu'il  va  vous  trouver  deux  des  ambassadeurs  de  Pologne  pour  prendre 
congé  de  vous  et  je  m'assure  que  vous  ne  faudrez  à  leur  bien  recommander 

1  BiU  ml.,  fonds  français,  n"  3a45,  f  35.  —  '  Ibid.,  w  Bsk'j,  P  4g. 


euiiv  INTRODUCTION. 

vostre  frère  et  leur  assurer  de  vostre  bonne  volonté  envers  eux  et  le  royaume  de 

Pologne l.  n 

Et  dans  une  nouvelle  lettre,  datée  de  Nancy,  le  a3  novembre  :  cr  Je  vous  sup- 
plie ne  pas  prendre  l'air  sans  le  congé  des  médecins.  Hier  arriva  ici  les  ambassa- 
deurs d'Angleterre,  <pii  font  bonnes  mines  el  belles  paroles;  mais  je  ne  sais  qu'en 
croire 2.  i> 

Le  duc  d'Alençon,  un  peu  malgré  lui,  avait  accompagné  son  frère  le  roi  de 
Pologne  et  suivi  sa  mère  à  Nancy.  De  longue  date,  nous  l'avons  vu,  il  inéditait 
de  s'enfuir  en  Angleterre,  et  il  avait  eu  la  criminelle  pensée  de  se  saisir  de  quel- 
ques vaisseaux  de  la  flotte  royale,  et  d'aller  rejoindre  celle  de  Montgomery,  qui 
chercbait  à  forcer  l'entrée  du  port  de  la  Rochelle.  Madame  de  Mornay  fait  allusion 
à  ces  projets  d'évasion  dans  la  Vie  de  son  mari  :  a  Le  duc  projetait  diverses  pratiques 
contre  le  Roy  son  frère,  et  en  cas  qu'elles  ne  réussissent  pas,  de  passer  eu  An- 
gleterre et  de  relever  le  parti  de  la  religion 3.  n 

A  l'heure  où  nous  sommes,  tous  ses  rêves  d'ambition  semblaient  à  la  veille  de 
se  réaliser:  il  était  à  la  fois  sollicité  par  les  Flamands,  qui  déjà  pensaient  à  lui, 
et  par  ceux  que  l'on  appelait  les  politiques,  dont  les  Montmorency  étaient  les  chefs. 
Ce  qui  les  avait  jetés  dans  cette  voie,  c'est  qu'ils  tenaient  pour  certain  que  l'ab- 
sence seule  de  leur  frère  aîné,  le  maréchal,  les  avait  préservés  du  massacre,  el 
k ils emplissoient  les  esprits,  dit  le  duc  de  Bouillon  dans  ses  Mémoires,  du  mau- 
vais gouvernement  qui  étoit  dans  le  royaume,  des  édits  violés,  de  la  substance 
de  la  France  qui  alloit  en  Italie4».  Et  après  lui,  ajoute,  Hotman.  ce  Ils  ont  pris  le 
nom  de  politiques,  avec  l'appui  du  duc  d'Alençon,  ont  demandé  que  l'on  fit  revivre 
l'ancienne  constitution  françoise,  en  convoquant  les  Étals  généraux,  seul  remède 
à  tant  de  maux,  et  le  plus  grand  coup  porté  à  la  tyrannie.  Jamais  plus  grande 
confusion  n'a  régné  dans  le  conseil  d'un  despote5." 

Le  maréchal  de  Montmorency,  de  nature  froide  et  prudente,  ne  s'associait  que 
timidement  à  cette  conspiration;  mais  ses  deux  frères,  Thoré  et  Méru,  ainsi  que 
le  vicomte  de  Turenne,  son  neveu,  s'y  étaient  mis  entièrement  et  se  servaient, 
auprès  du  duc  d'Alençon,  de  La  Mole,  son  favori.  Leurs  menées  n'échappèrent 
point  à  la  pénétration  intéressée  du  roi  de  Pologne.  Il  avait  d'ailleurs  un  grief  tout 

'  Bibl.nat.,  fonds  Dupuy,  n°  an,  f  aa.  '  Panthéon    littéraire,    Mémoires    du    duc   de 

-  Ibid.,  n"  211,  1"  23.  Bouillon. 

1  Mémoiresde  Madame  de  Mornay,  édit  deWitt,  s  Oareste.  Étude  sur  Hotman  [Revue  historique , 

i.  I,  [).  a5.  i885). 


INTRODUCTION.  CLXXV 

personnel  contre  La  Mole,  qui  avant  lui  s'était  occupé  de  la  princesse  de  Coude 
De  crainte  qu'il  ne  profitât  de  son  absence  pour  le  supplanter  auprès  d'elle,  au 
moment  de  quitter  la  Reine  sa  mère,  il  la  supplia  de  l'aire  en  sorte  d'éloigner 
ce  rival  redoutable.  Le  moment  était  mal  eboisi  :  La  Mole  était  en  pleine  laveur. 
Grâce  à  la  séduction  de  sa  personne,  dont  Marguerite  de  Valois  ne  sut  pas  se  dé- 
fendre, il  s'était  poussé  si  avant  dans  l'intimité  de  l'inflammable  Elisabeth,  que 
Leicester  avait  eu  quelque  raison  d'en  être  jaloux  ;  et  il  avait  si  bien  disposé  la  reine 
à  accepter  une  entrevue  avec  le  duc  son  maître  que,  sans  la  Saint-Barthélémy, 
tout  porte  à  croire  qu'elle  aurait  eu  lieu.  Pour  son  malheur,  le  duc  d'Alençon  ne 
consentit  pas  à  s'en  séparer,  et  continua  à  nouer  de  nouvelles  intrigues.  Le  séjour 
de  sa  mère  à  Blamont,  lieu  qu'elle  avait  fixé  pour  faire  ses  adieux  au  roi  de 
Pologne,  allait  lui  en  fournir  l'occasion. 

Durant  les  quatre  jours  qu'elle  y  passa,  Catherine  eut  de  secrets  entretiens 
avec  le  comte  Ludovic  de  Nassau  et  le  duc  Christophe,  le  fils  cadet  du  comte 
Palatin;  c'est  Schomberg,  qui,  lors  de  sa  récente  mission  en  Allemagne,  avait 
arrangé  cette  entrevue  et  préparé  les  voies  à  une  entente.  Grâce  à  son  habileté,  le 
comte  Ludovic  avait  été  si  bien  mis  en  confiance,  qu'il  venait  d'écrire  à  son  frère 
le  prince  d'Orange  :  a  Le  Roy  de  France  a  promis  d'embrasser  les  affaires  des  Pays- 
Bas  autant  et  aussi  avant  que  les  princes  protestants  d'Allemagne  les  voudront 
embrasser  et  sans  mettre  en  compte  l'argent  qu'il  a  déjà  fourni1»;  mais  en  même 
temps  il  le  prévenait  que  l'on  était  à  la  veille  de  «remuer  ménage  en  France  »,  et 
(pie  cette  prise  d'armes  les  priverait  du  secours  d'auxiliaires  français. 

Cathei'ine  avait  tout  intérêt  à  pousser  à  une  nouvelle  guerre  dans  les  Flandres, 
soit  pour  empêcher  les  Nassau  de  venir,  comme  par  le  passé,  secourir  leurs  core- 
ligionnaires de  France,  soit  pour  assurer  un  libre  passage  à  travers  l'Allemagne 
à  son  fils  d'Anjou  et  lui  ramener  les  sympathies  que  la  Saint-Barthélémy  lui  avait 
l'ait  perdre;  elle  promit  donc  au  comte  Ludovic  et  au  duc  Christophe  qu'un  sub- 
side de  cent  mille  écus  leur  serait  versé  à  Strasbourg;  mais  en  même  temps  elle 
s'arrangea  pour  empêcher  toute  entrevue  secrète  entre  Ludovic  et  le  duc  d'Alen- 
çon. Toutefois  sa  surveillance  fut  mise  en  défaut:  le  duc,  la  veille  de  son  départ, 
put  glisser  à  l'oreille  du  comte  :  «Maintenant  que  je  vais  avoir  le  gouvernement, 
ainsi  que  l'avait  mon  frère,  j'emploierai  tout  pour  vous  seconder,  n 

Catherine  y  mit  bon  ordre.  Il  ne  put  obtenir  cette  lieutenance  générale  du 

Van  Prinsterer,  Arch.  de  la  maison  d'Orange,  t.  IV. 


clkvi  INTRODUCTION. 

royaume  à  laquelle  le  dvie.  aspirait,  en  dépit  de  la  promesse  qui  lui  en  avait  été 
faite;  il  ne  lui  restait  plus  que  la  ressource  de  s'enfuir,  et  il  se  l'était  ménagée  par 
l'entremise  île  Thoré  (Guillaume  de  Montmorency),  qui,  avant  la  Saint-Barthé- 
lémy, avait  eu  de  fréquentes  communications  avec  le  comte  Ludovic,  et  depuis  les 
avait  continuées  '. 

D'autre  part,  Maisonfleur,  resté  à  Londres,  l'y  poussait  vivement.  «Si  vous  ne 
vous  hâtez  pas,  lui  écrivait-il,  la  reine  Elisabeth  aura  lieu  de  croire  que  toutes  les 
longueurs  dont  vous  avez  usé  jusqu'à  présent,  tout  le  beau  langage  que  lui  avez 
tenu  par  vos  lettres  n'ont  été  qu'autant  de  ruses  pour  la  surprendre,  et  que  tout 
s'est  fait  par  le  conseil  de  Madame  la  Serpente  (c'est  ainsi  qu'il  appelle  Catherine  de 
Médicis),  afin  de  prolonger  les  choses  et  les  tenir  en  haleine  pour  quelque  sien 
dessein  que  personne  n'entend.  Que  direz-vous  à  cela,  Lucidor?  (c'est  le  nom 
qu'il  lui  donne.)  N'est-ce  pas  là  ce  que  vous  demandez?  On  vous  appelle,  on  vous 
invite  à  vous  hâter,  ô  Lucidor,  le  plus  fortuné  prince  de  la  terre,  s'il  sait  user  de 
la  fortune'2.  v> 

XIX 

Charles  IX  put  enfin  quitter  Vitry.  Le  25  novembre  il  entre  à  Châlons  :  «Il  va 
un  peu  mieux,  écrit  Cavalli,  l'ambassadeur  de  Venise,  qui  l'y  vit  le  2  décembre; 
mais  il  ne  quitte  pas  la  chambre;  il  a  commencé  à  assister  aux  séances  de  son 
conseil3.  « 

Ce  même  jour,  Charles  IX  donna  audience  à  l'envoyé  d'Elisabeth,  Randolph,  le 
maître  des  postes  d'Angleterre,  avec  lequel  il  s'entretint  des  conditions  d'un  traité 
de  commerce  déjà  soumis  à  la  Reine  sa  mère.  Dans  tous  les  temps  et  avant  tout, 
les  Anglais  sont  des  hommes  pratiques.  Randolph  était  également  chargé  de 
poursuivre  la  négociation  du  mariage  de  la  reine  sa  maîtresse  avec  le  duc  d'Aleneon, 
l'amorce  tendue  pour  obtenir  de  meilleures  conditions  dans  les  tarifs  à  débattre. 
Tout  récemment  en  causant  avec  La  Mothe-Fénelon  de  ce  projet,  Burghley  avait 
prétendu  que  les  marques  de  la  petite  vérole  qui  défiguraient  le  visage  du  duc, 
n'avaient  pas  disparu.  Randolph  devait  donc  rapporter  un  nouveau  portrait  qui 
permît  d'en  juger.  Charles  IX,  qui  ne  pensait  alors  qu'à  éloigner  ce  frère  aussi 
redoutable  maintenant  que  l'autre,  y  fait  allusion  dans  une  lettre  du  2  décembre, 

1  Panthéon  littéraire,  Mémoires  de  Bouillon.  —  J  Record  office ,  Statepapert,  Franco;  voir  notre  livre 
Le  xvi'  siècle  et  les   Valois,   p.    170.   —   '   Bihl.   nat. ,   Dépêches   des  ambassadeurs  vénitiens,    iilza   VII, 

p.    1J9. 


INTRODUCTION.  clxxvti 

à  La  Mothe-Fénelon  :  «Randolph  a  trouvé  mon  frère  fout  autre  et  plus  agréable 
qu'il  ne  pensoit;  il  en  emportera  la  peinture  qui  est  vraiment  sans  flatter  d'après  le 
naturel,  ainsi  que  l'ambassadeur  résident  témoignera  par  ses  lettres  et  Randolph 
de  bouche,  qui  sera  cause  que  je  ne  m'eslendray  davantage,  pour  m'en  remettre 
à  eux  que  je  crois  certainement  qui  en  parleront  avec  vérité,  laquelle  entendue  par 
la  reine,  sera,  si  elle  désire  ce  mariage,  cause  d'y  avoir  une  heureuse  fin,  ainsi 
que  je  désire  de  très  grande  affection  et  que  l'asseurerez  à  ladite  reine,  et  à  ses 
ministres  non  seulement  de  ma  part,  mais  aussi  de  celle  de  ma  mère  et  de  mon 
frère  le  duc  d'Alençon1*;  et  de  sa  propre  main  il  prolesta  à  Elisabeth  de  son  dé- 
sir de  lui  être  agréable  et  d'arriver  à  la  conclusion  du  traité  de  commerce  qu'elle 
recherche. 

Le  5  décembre,  il  est  à  Pont-Fa vergier  d'où  il  écrit  à  La  Mothe-Fénelon  : 
«  Madame  ma  mère  sera,  à  mon  avis,  aujourd'hui  partie  pour  revenir  et  espère 
que  serons  ensemble  à  la  Fère  en  Picardie  dedans  sept  ou  huit  jours,  pour 
pourvoir  avec  son  bon  avis  et  ceux  de  mon  conseil  que  j'ay  mandés  aussi  pour  s'y 
trouver  aux  choses  que  je  trouveray  estre  nécessaires  pour  achever  d'établir  le 
repos  en  mon  royaume;  et  par  même  moyen,  si  Dieu  nous  fait  la  grâce,  comme 
de  notre  part  nous  le  désirons  de  bon  cœur,  que  la  négotiation  du  mariage  entre 
cettedite  reine  et  mon  frère  le  duc  prend  quelque  bon  chemin  pour  réussir, 
regarder  et  résoudre  en  cette  compagnie  les  articles  du  traité  qu'il  faudra  en  faire. 
Vous  remercierez  aussi  la  reine  des  honnêtes  compliments  qu'elle  vous  a  faits  de 
ma  guérison,  qui  est  telle  qu'il  ne  me  reste  plus  qu'à  me  renforcer  encore  un 
petit  que  je  ne  sois  au  mesme  estât  que  j'estois  avant  ma  maladie,  me  trouvant 
très  bien  d'avoir  pris  l'air;  allant  par  les  champs  comme  je  fais,  pour  être  vers  la 
fin  de  la  semaine  prochaine  au  lieu  de  la  Fère. 

rLa  peinture  de  mon  frère  n'étant  pas  achevée  de  mettre  en  couleur  à  la  der- 
nière audience  que  j'ay  donnée  au  sieur  Randolph,  pour  cette  cause  lui  et  l'ambas- 
sadeur résident  s'en  iront  à  Paris  sous  la  conduite  de  Géromino  Gondy,  qui  la  déli- 
vrera audit  Randolph  en  présence  de  l'ambassadeur  résident.  Tous  deux  ensemble 
la  verront,  la  considéreront,  et,  après  qu'ilz  l'auront  trouvée  bien  faite  et  ressem- 
blante d'après  le  vif  et  le  naturel  de  mon  frère,  elle  sera  par  ledit  Gondy  accom- 
modée, et  l'étui  dans  lequel  elle  sera  mise  scellé  de  cire  et  fermé  parle  maréchal 
de  Retz,  lequel   vous    en    enverra  un  double  tout  semblable  à  l'autre  par  un 

Le  Laboureur,  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau ,  t.  II,  p.  36i. 

Catherine  de  Médicis. It.  « 


XiliniALK. 


clxsviii  INTRODUCTION. 

courrier  exprès  qui  sera  à  Londres  avant  que  ledit  Randolph  n'y  arrive,  afin  que 
l'on  ne  puisse  changer  ni  innover,  lorsqu'on  la  fera  voir  à  la  reine '.ii 

Le  6  décembre,  Charles  IX  est  à  Gormisy.  De  ce  lieu  il  écrit  à  Damville  de 
venir  le  retrouver  à  Compiègne,  dès  qu'il  sera  fixé  sur  le  succès  de  la  négociation 
confiée  à  MM.  d'Uzès  et  de  Gaylus  pour  pacifier  le  Languedoc,  et  le  prie  de 
laisser  durant  son  absence  tout  pouvoir  à  M.  de  Joyeuse2. 

Enfin  nous  le  retrouvons  à  Reims,  où  sa  mère,  le  io,  vient  le  rejoindre3. 11  pro- 
fite du  court  séjour  qu'il  y  fait,  pour  décharger  tous  ses  sujets  de  quatre  sols 
du  principal  de  la  taille,  dans  l'espoir  de  calmer  l'agitation  des  provinces  de  plus 
en  plus  menaçante.  Sous  l'empire  des  mêmes  appréhensions,  il  avait  refusé  de 
laisser  entrer  de  nouvelles  troupes  du  pape  dans  le  Comtat4. 

De  plus  en  plus  effrayé,  il  écrit  de  Soissons,  le  17  décembre,  à  Damville  : 
crJe  désire  que  vous  fassiez  bien  rudement  entendre  aux  députez  de  ceux  de  la 
religion  le  mécontentement  que  j'ay  des  leurs,  en  ce  que  contre  la  suspension 
d'armes  accordée  dune  part  et  d'autre,  ilz  ne  cessent  de  courir,  piller  et  saccager 
tous  les  lieux  où  ils  peuvent  mettre  les  pieds,  y  commettent  la  même  hostilité 
qu'ils  feroienl  en  guerre  ouverte 5.  ■»  Catherine  joint  ses  recommandations  à  celles 
du  Roi  son  fils0. 

Ces  plaintes  n'ont  rien  d'exagéré.  L'ambassadeur  de  Toscane  écrit,  le  2 3  dé- 
cembre, au  Grand-Duc  :  et  Les  soulèvements  en  ce  pays  sont  arrivés  à  un  tel  point 
que  s'il  n'y  est  promptement  porté  remède,  j'entrevois  de  nouvelles  guerres  que 
l'on  sera  dans  l'impuissance  d'empêcher 7«;  et  toutes  les  nouvelles  venues  des  pro- 
vinces le  confirment  :  Caylus,  que  le  Roi  a  dépêché  pour  assister  Damville,  n'a 
échappé  qu'à  grand'peine  à  quatre  embuscades  que  lui  ont  tendues  les  rebelles, 
et  il  ont  tué  l'un  des  hommes  de  son  escorte.  Le  22  novembre,  il  écrit  au  Roi  : 
«Les  chemins  du  Languedoc  sont  si  mal  assurez  que  homme  n'y  passe  qu'il  n'y 
soit  volés.  ■» 

Le  12  décembre,  les  magistrats  de  Toulouse  mandent  à  Charles  IX  :  «Les  hu- 


'  l.e  Laboureur,  Àddit.  aux  Mémoires  de  Caslcl-  '    Négociât,    diplom.   aiec   In    Toscane,    t.    111, 

uaii ,  t.  III ,  p.  36à.  p.  893. 

2  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  3a&6,  f°  69.  s  Le  Laboureur,  Addit  aux   Mémoires  de  Cas- 

irJe  suis  arrivée  ce  soir  en  cette  ville,  écrivait-  telnau,  t.  M,  p.  300. 

plie  h  Beliièvre,  le  10  décembre,  où  le  Roy  monsieur  "  Bibl.  nat.,  fonds  français,  a'  3a46,  P  7G. 

mon  lilz  s'csl  aussi  trouvé.  1 1  Bibl.  nat.,  l'on  ls  frao-  Négociai,  diplom.  avec  la  Toscane,  1. 111,  p.  89I. 

rais,  n°  i5goa,  f°  089.)  '  Bibl.  nat.,  tonds  français,  11°  1 5558 ,  f°  1O0. 


INTRODUCTION.  clxxix 

guenots  ont  plus  pillé  et  se  sont  plus  augmentés  en  temps  de  surséances  d'armes 
non  observées  que  par  le  gain  dune  grande  bataille '.n 

Daffis,  le  premier  président  du  Parlement  de  Toulouse,  loin  d'atténuer  le 
danger  de  la  situation,  dans  une  lettre  du  3  décembre,  en  fait  une  peinture  ef- 
frayante :  crDe  jour  en  jour,  Sire,  les  calamités  et  les  misères  accroissent  sur  les 
endroits  où  le  nombre  de  vos  sujets  diminue;  vos  villes  sont  surprises,  le  pays 
gasté  et  ruyné  et  qu'on  tascbe  de  soustraire  à  l'obéissance  de  Vostre  Majesté. 
Je  ne  puis  obmettre  à  vous  représenter  à  toutes  occasions  et  continuer  à  vous 
advertir  de  nostre  extrême  ruyne,  s'il  n'y  est  autrement  pourveu.  Nous  sommes 
environnés  en  ceste  ville  de  tous  costez  par  les  ennemys  qui  surprennent  jour- 
nellement des  villes  près  de  nous,  lesquelles  n'ont  moyen  de  se  défendre  ni 
celle-cy  de  les  garder,  de  sorte  que  le  peuple,  estant  sans  défence,  vient  en  tel 
désespoir  que  ordinairement  pour  se  garantir  il  ayde  de  deniers  ceux  de  la  nou- 
velle opinion  qui  en  attirent  une  infinité  à  leur  parti.  Depuis  le  commencement 
des  troubles,  les  villes  catboliques  des  environs  de  nous  n'ont  jamais  esté  en  plus 
grand  danger,  de  manière  qu'il  semble  que  leur  dessein  soit  de  faire  icy  un  pays 
de  conquête;  ils  s'y  fortifient  et  s'accommodent  de  lieux  qui  leur  sont  nécessaires 
pour  leur  passage;  pour  à  quoy  obvier,  il  est  nécessaire  requérir  Vostre  Majesté 
nous  impartir  son  ayde  et  protection 2.  -n 

M.  de  Rieux  écrit  de  Montpellier  au  Roi,  le  12  décembre,  que  les  empêche- 
ments sont  aujourd'hui  si  grands  sur  les  chemins  à  l'occasion  des  courses  des 
ennemis  qu'il  a  été  contraint  de  prolonger  l'assemblée  des  Etats  qu'il  avait 
ordonnée  au  8  du  présent,  les  députés  des  diocèses  ne  pouvant  s'y  rendre  sans 
grand  danger,  et  il  ajoutait  :  et  Nous  sommes  encore  détenus  sans  qu'il  nous  soit 
possible  encore  nous  pouvoir  mettre  en  chemin  à  l'exécution  de  la  charge  que 
Vostre  Majesté  nous  a  donnée3,  n 

rr  II  n'y  a  que  trente  chevaux  à  Blois,  écrit  M.  de  Sanzay,  et  une  compagnie  de 
gens  de  pied  pour  tenir  tète  aux  ennemis,  qui  gâtent  tout  le  pays4.T> 

Ruffec  se  plaint  du  mauvais  état  des  places  du  Poitou;  pas  une  n'est  en  état  de 
résister  à  une  attaque 5. 

Les  protestants  de  Bretagne  exigent  de  M.  de  Bouille  la  liberté  de  leurs 
prêches6. 

'   Hibl.  nat.,  fonds  français,  n°  1  5558.  f°  22  1.  '  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  1  5558.  f°  2 hh  a. 

'   IlmL,  f  i59.  '  llntl,  P  17/i. 

'  IbuL,  f  186.  '  lbkl.,  P  2 -2/.. 


CLXXX  INTRODUCTION. 

\  bout  de  voies  et  pour  faire  face  à  tant  de  diflicultés,  Charles  IX  adresse  une 
circulaire  à  tous  les  gouverneurs  des  provinces  et  il  leur  expose  la  situation  telle 

qu'elle  est  : 

ctj'av  esté  adverty,  de  plusieurs  endroits,  que  par  les  provinces  de  mon  royaume 
il  y  a  des  personnes  qui  vont  de  maisons  en  maisons,  suscitant  les  gentilshommes 
et  autres  subjets  à  rébellion  et  désobéissance,  sous  prétexte  du  bien  public,  leur 
remettant  au  devant  les  pilleries,  rançonnements,  injures,  violences  et  autres 
maux  qui  ont  eu  cours  en  mon  royaume  durant  les  troubles  d'icelluy;  sur  quoy  ils 
donnent  à  entendre  que  tant  s'en  fault  que  j'aye  le  vouloir  d'y  mettre  ordre  et 
délivrer  mes  sujets  de  l'oppression  dont  ils  se  ressentent  encores  journellement  et 
seront  perpétuellement  chargés,  au  contraire  que  je  n'ay  autre  intention  que  de 
nourrir  toujours  la  division  entre  mes  sujets,  et  nommément  parmi  les  plus  grands, 
affin  de  pouvoir,  avec  moins  de  contredit,  continuer,  voire  augmenter  toutes  sortes 
d'exactions  et  subsides,  s'efforçant  par  semblables  raisons  et  inventions  desvoyer 
les  plus  simples  de  la  fidélité  qu'ils  me  doivent  et  par  promesse  et  belles  espérances 
wagner  les  autres,  jusqu'à  menacer  de  ruynes  ceux  qu'ils  retrouvent  plus  durs  et 
difficiles,  afin  de  rendre  leur  partie  plus  forte;  et  davantage  suis  adverty  qu'ils  se 
donnent  parmi  eux  rendez-vous  pour,  comme  il  se  dit,  attenter  à  ma  personne1 
et  exécuter  sur  plusieurs  villes  de  mon  royaume  leur  délibération  et  entreprise,  et 
sachant  assurément  qu'il  y  en  a  de  si  oubliés  qu'ils  ont  non  seulement  prêté 
l'oreille  à  celle  proposition,  mais  font  et  mènent  lesdites  pratiques,  je  vous  prie 
de  bien  vouloir  ouvrir  les  yeux  et  les  étendre  sur  votre  gouvernement  pour  au 
plus  tost  découvrir  la  vérité  de  ce  fait.  i> 

Et,  en  terminant,  il  rappelle  qu'il  a  mandé  à  Compiègne  plusieurs  notables 
gentilshommes  et  autres  gens  de  justice  de  toutes  les  provinces  bien  informés  de 
l'état  du  mal  qui  y  est  pour,  sur  leur  rapport,  y  donner  prompt  remède  par  le 
conseil  de  la  Heine  sa  mère,  de  son  frère  le  ducd'Alençon,  du  roi  de  Navarre,  des 
princes  de  son  sang,  officiers  de  sa  couronne  et  autres  notables  personnages  '. 

XX 

Cette  assemblée  de  Compiègne  dont  il  attendait  des  remèdes  efficaces  pour  ar- 
racher la  France  à  l'anarchie  qui  achevait  de  la  ruiner,  Charles  IX,  en  présence 

1   Bibl.  nat.,  l'omis  français,  n"  i  5558,  P  195. 


INTRODUCTION.  clxxxj 

Je  la  rébellion  qui  partout  gagne  du  terrain,  se  voit  forcé  d'y  renoncer.  Suivi  de 
toute  la  cour  il  s'arrête  au  château  de  Chantilly  où  il  est  reçu  royalement  par  le 
maréchal  de  Montmorency,  et  c'est  Catherine  qui,  le  19  décembre,  en  fait  part  à 
La  Mothe-Fénelon  :  trMon  fils  a  passé  en  ce  lieu  trois  jours,  lesquels  M.  le  duc 
de  Montmorency  et  ses  livres  lui  ont  bien  fait  employer,  car  il  y  a  trouvé  les 
chasses  et  les  plaisirs  de  la  volerie  à  souhait,  y  ayant  les  princes  et  seigneurs, 
qui  sont  icy  avec  nous,  mesme  mes  cousins  de  la  maison  de  Guise,  esté  fort  bien 
reçus  et  festoyez.  Et  espérons  que  doresnavanl  tous  nos  serviteurs  seront  si  bien 
ensemble  qu'ils  procéderont  d'un  bon  accord  aux  affaires  et  services  de  mondit 
sieur  fils,  dont  je  vous  ai  voulu  avertir1,  n 

Ce  séjour  à  Chantilly  avait  donc  eu  pour  but  de  ménager  un  rapprochement 
entre  les  deux  maisons  de  Guise  et  de  Montmorency. 

Etait-ce  vraiment  possible? 

A  quelques  jours  de  là,  dans  un  entretien  confidentiel  qu'il  eut  avec  Catherine, 
Viucenzo  Alamanni,  l'ambassadeur  de  Toscane,  ne  lui  cacha  pas  que  le  cardinal 
de  Lorraine  entretenait  de  secrètes  pratiques  avec  le  roi  d'Espagne  j^t  l'empereur 
Maximilien  et  qu'il  ne  tendait  à  rien  moins  qu'à  troubler  de  nouveau  le  royaume. 
«Je  ne  l'ignore  point,  dit-elle,  mais  nous  travaillons  à  pacifier  toutes  choses,  n 

—  cr Alors,  répondit-il,  pourquoi  n'appelez-vous  pas  le  maréchal  de  Montmo- 
rency à  la  cour?  Sa  venue  ne  pourrait  avoir  que  d'heureux  résultats  et  favoriser 
votre  œuvre  de  pacification,  n 

—  et  Ne  pourriez-vous  pas  lui  écrire  de  venir,  répliqua-t-elle,  mais  de  vous- 
même,  et  sans  que  j'y  paraisse  en  rien.  15 

—  ce  Volontiers,  Madame,  et  je  suis  même  tout  prêt  à  aller  à  Chantilly,  si 
vous  le  trouvez  bon. n 

Elle  s'y  refusa  et  se  borna  à  le  prier  d'écrire,  ce  qu'il  fit,  mais  sans  rien  en  es- 
pérer; car,  depuis  le  retour  à  la  cour  de  Morvilliers,  si  hostile  aux  Montmorency, 
les  dispositions  de  Catherine  étaient  tout  autres,  et  le  maréchal  et  ses  frères 
avaient  repris  tous  leurs  soupçons.  Ces  variations  de  chaque  jour,  ces  inimitiés  si 
ardentes  entre  les  grandes  familles  princières  aggravaient  encore  les  difficultés  du 
moment.  L'on  peut  en  juger  par  une  lettre  de  Charles  IX  à  Damville  :  «  Je  ne 
puis  omettre  à  vous  dire  qu'il  y  en  a  aucuns  si  malins  et  envieux  du  repos  de 
ce  royaume  que,  pour  avoir  moyen  de  nourrir  et  continuer  les  troubles  et  se 

Bibl.   nat.,  fonds  français,  n°   1 7 y 7 2  ,  f  a34  (copie). 


cwxxii  INTRODUCTION. 

prévaloir  de  ia  substance  et  sang  de  mes  subjets,  n'ont  pas  oublié  de  s'ayder  de 
tous  les  artifices  qu'ilz  ont  peu  y  pouvoir  servir,  s'estant  entre  autres  desbordez 
jusques-là  de  semer  et  publier  que  la  pluspart  des  princes  et  autres  mes  princi- 
paux ministres  et  serviteurs  estoient  divisez  et  bandez  les  uns  contre  les  aultres  et 
tous  en  très  mauvaise  intention  contre  moy;  que  ceux  qui  avoient  volonté  de  par- 
venir à  une  mutation  d'estat  n'avoient  à  taire  que  de  se  nionslrer  et  assembler, 
d'autant  que  incontinent  après  qu'ilz  avoient  fait  corps,  mon  beau-frère,  le  duc  de 
Montmorency  et  vous  aussi  vous  en  deviez  rendre  chefs.  Vous  jugerez  combien 
cela  est  hors  de  la  conception  de  toute  personne  de  jugement.  Toutefois  leurs  im- 
postures n'ont  pas  esté  rejetées  de  tout  le  monde,  comme  j'entends.  t 

Et  il  ajoute  :  «  Estant  puis  peu  de  jours  arrivé  en  ce  lieu  de  Saint-Germain  pour 
y  séjourner  pour  veoir  à  mes  affaires,  déjà  la  plus  grande  partie  des  princes  et  des 
grands  seigneurs  s'y  est  rendue  et  les  autres  y  doivent  bientost  estre,  par  l'advis 
desquelz  je  suis  après  à  pourveoir  aux  désordres  que.  les  divisions  et  guerres  civiles 
ont  causés  en  mon  royaume,  me  décharger  en  dépense,  et  retrancher  ce  qui  se  peut 
pour  d'autant  soulager  mon  peuple,  et  spécialement  remédier  aux  chargeset  fautes 
qu'il  supporte  à  l'occasion  des  gens  de  guerre,  remettre  sus  l'intégrité  de  la  justice 
et  n'omettre  aucune  chose  qui  puisse  servir  au  bien  et  repos  de  mes  sujets, 
mesmes  de  ceux  de  la  nouvelle  prétendue  religion ,  vivans  sous  le  bénéfice  de  ma 
dernière  déclaration,  et  convier  ainsi  ceux  qui  ont  pris  les  avances  à  embrasser 
la  bonté  et  clémence  dont  je  désire  user1,  n 

H  espérait  que  les  députés  de  la  religion,  alors  assemblés  à  Milhau,  se  mon- 
treraient plus  tolérants  et  qu'une  générale  pacification  pourrait  en  sortir.  De  Saint- 
Germain  il  adressa  une  nouvelle  lettre  à  tous  les  gouverneurs  des  provinces,  pour 
se  plaindre  des  calomnies  répandues  partout  et  des  libelles  qui  poussent  le  peuple 
à  la  révolte;  mais,  dans  ce  temps  désolé,  les  protestants  ne  sont  pas  les  seuls  à 
nous  parler  de  la  misère  et  des  maux  dont  se  mourait  la  France.  D'autres  écrits, 
plus  modérés  sous  la  forme,  et  à  un  autre  point  de  vue,  retracent  le  triste  tableau 
de  ces  calamités.  Nous  ne  nous  arrêterons  qu'à  un  seul  qui  les  résume  tous.  Le 
procès  fait  par  l'auteur  au  luxe,  aux  folles  dépenses  nous  dépeint  et  avec  vérité 
la  France  d'alors  et  telle  que  l'avait  faite  le  règne  des  Valois. 

Il  s'en  prend  d'abord  aux  guerres  civiles,  «qui  ont  mis  le  feu  partout  et  apporté 
l'impunité  de  brûler,  saccager  et  dissiper  toutn;  puis  à  la  stérilité  des  six  der- 

'  Voir  Négociât,  diplomat.  avec  la  Toscane,  I.  III,  p.  8r)5. 


INTRODUCTION.  clihih 

nières  années,  à  l'accroissement  des  impôts,  à  l'exportation  du  blé,  du  vin  et  des 
marchandises  hors  de  France;  crcar,  avertis  de  la  cherté  qui  est  ordinairement  en 
Espagne  et  en  Portugal  et  qui  souvent  advient  en  d'autres  lieux,  les  marchands 
obtiennent  par  le  moyen  des  favoris  de  la  cour  des  permissions  pour  y  transporter 
les  blés  et  nous  laissent  la  cherté  •■>. 

Il  s'en  prend  aux  rois  et-aux  princes  qui  ont  trop  donné  aux  choses  de  plaisir, 
peinture  et  pierreries  qui  se  vendent  dix  fois  plus  cher  que  du  temps  des  anciens 
rois. 

Il  s'en  prend  aux  rentes  constituées  sur  la  ville  de  Paris  où  chacun  a  mis  son 
argent,  ce  qui  a  fait  cesser  le  trafic  des  marchandises  et  des  arts  mécaniques,  au 
luxe  de  la  table  couverte  de  trop  de  mets,  au  luxe  des  bâtiments  et  des  meubles. 

(tDans  l'ancien  temps  l'on  ne  savoit  ce  que  c'étoitque  de  faire  tant  de  frises,  de 
corniches,  de  chapiteaux,  d'architraves,  de  cannelures,  de  colonnes,  de  moulures; 
l'on  ne  savoit  mettre  ni  marbre,  ni  porphire  aux  cheminées,  ni  dorer  les  poutres 
et  les  solives;  l'on  ne  voyoit  point  tant  de  lits  de  drap  d'or,  de  velours,  de  salin, 
de  damas,  ni  tant  de  bordures  exquises;  Ton  ne  faisoit  point  aux  jardins  tant  de 
beaux  parterres  et  compartiments,  cabinets,  allées,  canalset  fontaines.  Aujourd'hui 
l'on  emploie  l'or  et  l'argent  en  choses  vaines,  comme  à  dorer  le  bois  ou  le  cuivre, 
et  celui  qui  se  devoit  employer  aux  monoyes  a  esté  mis  en  dégast. 

a- 11  n'y  a  chapeau,  cappe,  manteau,  collet,  robe,  Juppé,  colletin,  casaque, 
chausses,  pourpoint  qui  ne  soient  couverts  de  passements  d'or  ou  d'argent,  ou 
doublés  de  toile  d'or  et  d'argent. 

a  Les  édits  sur  la  réformation  des  habits  ne  servent  de  rien;  puisqu'on  porte  à 
la  cour  ce  qui  est  défendu,  on  en  portera  partout.  Pour  entretenir  ces  excessives 
dépenses,  il  faut  jouer,  emprunter,  vendre  et  se  desborder  en  toutes  voluptez  et 
enfin  payer  ses  créanciers  en  belles  cessions  ou  faillites1.  i> 


L'année  lôy/i  débuta  mal.  Une  tentative  pour  s'emparer  de  la  Rochelle,  qui 
échoua  et  coûta  la  vie  à  ceux  qui  l'avaient  entreprise,  avait  surexcité  toutes 
les  défiances  des  protestants.  C'est  vainement  que  Charles  IX  et  Catherine  la  dé- 
savouèrent. A  la  fin  de  décembre,  sous  prétexte  de  célébrer  la  Cène,  La  Noue  y 

1  Discours  sur  les  causes  de  l'extrême  cherté  qui  médier.  Paris,  à  l'Olivier  de  Pierre  FHuiHier,  rue 
est  aujourdh'mj  en  France  et  sur  les  moyens  d'y  re-        Saint-Jacques,  îôyi.  in-8\ 


clxxxiv  INTRODUCTION. 

étant  venu,  la  ville,  obéissant  à  ses  conseils,  se  mit  en  état  de  défense,  et  Henri  de 
Rohan,  seigneur  de  Frontenay,  prit  le  commandement  de  la  milice  bourgeoise.  Dans 
la  seconde  quinzaine  de  janvier,  Saint-Sulpice  y  l'ut  envoyé  par  le  Roi;  il  élait 
porteur  des  plus  pacifiques  assurances  et  chereba  de  son  mieux  à  détourner  les 
Rocbelois  de  faire  cause  commune  avec  ceux  du  Languedoc1.  Mais  le  vent  de  la 
révolte  souille  partout.  Jacques  de  Crussol  que  le  Roi  avait  envoyé  pour  assister 
Damville,  lui  écrit  le  9  janvier  :  (tJ'ay  remarqué  que  ceux  de  la  nouvelle  pré- 
tendue religion  se  disposent  plus  à  la  guerre  qu'à  la  paix2. t> 

De  son  coté  Saint-Hérem  lui  mande  le  1  2  :  et  Ceux  de  la  nouvelle  opinion  ont 
pris  cinq  chasteaux  proches  de  la  ville  du  Puy.  Ladite  ville  est  tellement  investie 
que  on  n'y  peult  porter  nulz  vivres  ny  bonnement  y  entrer.  Partie  de  leurs  forces 
de  Dauphiné  et  Vivarais  et  des  Cévennes,  qui  sont  en  nombre  de  quatre  cens 
cbevaulx  et  deux  mil  hommes  de  pied  ont  fait  ladite  entreprise.  Je  suis  ad  vert  y 
de  plusieurs  endroits  et  mesmes  par  des  leurs  qu'ilz  sont  résolus  entrer  dans  la 
Limagne  d'Auvergne,  avec  autres  forces  qu'ilz  attendent,  pour  y  exécuter  autres 
entreprises  par  le  moyen  et  intelligences  d'aucuns  de  ce  pays.  Je  fais  tout  ce  que 
je  puis  pour  faire  assembler  la  noblesse  pour  rompre  leur  dessein,  mais  le  peuple 
est  tellement  froid,  la  noblesse  craint  tant  la  despence,  autres  si  mal  contents  à 
cause  des  informations  et  exécutions  de  justice  qui  a  esté  faite  contre  quarante 
ou  cinquante  gentilshommes,  que  je  crains  qu'estant  désespérés,  comme  ils  sont, 
s'il  ne  plaist  à  Vostre  Majesté  leur  pardonner  et  abolir  lesdites  informations, 
qu'ils  ne  se  rendent  du  party  de  ceux  de  ladite  religion 3.  n 

En  Poitou,  c'est  le  propre  lieutenant  du  Roi,  La  Haye,  qui  prêche  la  rébellion. 
Déjà  il  avait  envoyé  des  députés  à  l'assemblée  des  protestants  qui  se  tenait  à  Mil- 
hau,  pour  v  présenter  ses  projets  de  réforme,  et  il  avait  invité  la  noblesse  du 
Poitou  à  s'attaquer  aux  abus,  et  à  empêcher  que  le  Roi,  pour  enrichir  certains 
mignons  de  cour,  ne  se  ruinât  par  des  dons  excessifs.  L'unique  remède,  c'était  la 

r 

convocation  des  Etats  généraux4. 

En  Dauphiné,  Montbrun  s'est  saisi  de  deux  postes  considérables  sur  la  fron- 
tière de  la  Provence  et  en  plein  Cointat  Venaissin,  et  il  a  pillé  l'abbaye  de  Virieu 
presque  aux  portes  de  Grenoble5. 

'    Voir  La  Popclinièro,  Histoire  de  France,  I.  II,  *  La    Popelinière.    Histoire    de  France,    t.    Il, 

p.  2o5,  366,319.  p.  207. 

'  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i555o,,  f°  3.  '  De  Thou,  Histoire  universelle,  trad.,  t.  VIII. 

s  Ibid. ,  ('  10.  p.  26,  27. 


INTRODUCTION.  clxsxv 

En  Quercy,  les  protestants  se  sont  emparés  de  villes  et  de  châteaux  importants; 
et,  maître  du  Béarn  tout  entier,  Pons  de  la  Case  fait  des  courses  dans  toute  la 
Gascogne  '. 

Le  plus  grand  danger,  c'est  que  le  duc  d'Alençon  est  le  chef  accepté  par  tous 
les  mécontents,  tous  les  rebelles.  L'éloigner  devient  une  nécessité.  Si  son  mariage 
avec  Elisabeth,  toujours  resté  en  suspens,  venait  enfin  à  se  réaliser,  ce  serait  la 
meilleure  des  garanties  pour  les  protestants,  et  le  plus  sûr  moyen  de  les  ramener 
à  l'obéissance.  Dans  toutes  leurs  lettres,  Catherine  et  Charles  IX  invitent  donc 
La  Mothe-Fénelon  à  insister  de  nouveau  auprès  de  la  reine  Elisabeth,  à  l'effet 
d'obtenir  une  solution  favorable.  Reçu  par  elle,  le  2  janvier,  La  Mothe  tente 
un  suprême  effort.  Du  moment  que  Randolph  était  revenu  si  favorablement  im- 
pressionné, et  qu'il  lui  avait  parlé  en  si  bons  termes  du  duc,  elle  n'avait  plus 
aucune  raison  pour  différer  de  se  prononcer.  Elle  s'excusa  sur  divers  empê- 
chements, qui  ne  lui  avaient  pas  permis  de  réunir  son  conseil.  Leicester,  qu'il 
vit,  au  sortir  de  celte  entrevue,  lui  dit  que  l'incident  de  la  Rochelle  venait  fort 
mal  à  propos;  car  le  mariage  n'était  possible  qu'à  la  condition  d'une  parfaite 
intelligence  entre  les  deux  royaumes  et  que,  pour  y  parvenir,  il  fallait  que  le 
Hoi  son  maître  laissât  vivre  ses  sujets  en  toute  liberté  de  conscience  et  en  toute 
sécurité  2. 

Une  partie  de  janvier  se  passa  à  attendre  une  réponse.  Enfin,  le  26,  Elisabeth 
représenta  à  La  Mothe  les  inconvénients  qu'elle  appréhendait  d'une  entrevue 
officielle  et  publique.  En  cas  que  le  mariage  ne  s'ensuivît  pas,  cela  pourrait  être 
une  cause  fâcheuse  de  brouille.  Elle  ne  consentait  donc  qu'à  une  entrevue  privée 
et  sous  la  condition  que  le  duc  ne  se  ferait  pas  accompagner  par  un  personnage 
aussi  haut  placé  que  le  duc  de  Montmorency. 

La  Mothe-Fénelon  n'avait  pas  qu'à  poursuivre  la  négociation  du  mariage  du 
duc  d'Alençon.  Une  autre  tâche  plus  difficile  lui  incombait,  celle  de  surveiller 
le  comte  de  Montgomery  dont  tout  était  à  redouter  dans  l'état  précaire  de  la 
France.  Alarmé  des  fréquentes  visites  à  la  cour  d'Arthur  Champernovvn,  le  beau- 
frère  du  comte,  et  craignant  que  ce  fût  pour  solliciter  la  permission  d'armer  des 
vaisseaux,  il  s'en  était  une  première  fois  expliqué  avec  les  conseillers  d'Elisabeth, 
qui  avaient  nié  qu'il  en  eut  été  jamais  question. 

Néanmoins,  resté  avec  tous  ses  doutes  :  a  S'il  advenoit,  avait-il  écrit  à  Charles  IX  . 

La  Mothe -Féneion,    Corresp.  diplom.,   t.   V.  —  '  Ibid..  I.  V. 

GâTHEBIKE  DE   MkDICIS.  —  IV.  y 


iuiT.ivrr.it:    natio-ial:: 


cuxwi  INTRODUCTION. 

«{ne  les  Anglais  fassent  quelque  exploit  en  France,  qui  réussit  avantageusement , 
indubitablement  leur  reine  l'avoueroit,  et,  quand  bien  même  elle  n'auroit  pas  la 
volonté  de  le  faire,  ses  sujets  l'y  contraindroient1.* 

Il  avait  affaire  à  un  habile  et  rusé  adversaire;  La  paix  une  fois  signée  avec  les 
Rochelois,  Monlgomery  lui  avait  manifesté  le  désir  de  profiter  de  l'amnistie  con- 
cédée par  le  Roi;  plus  fard,  avec  une  apparente  sincérité,  il  l'avait  entretenu 
des  dispositions  plus  favorables  d'Elisabeth  à  la  conclusion  de  son  mariage  avec 
le  duc  d'Alençon,  et  s'en  était  réjoui;  mais  il  lui  avait  incidemment  fait  part  de  la 
permission  qu'il  avait  obtenue  d'elle  d'aller  avec  toute  sa  famille  habiter  Jersey, 
ne  lui  cachant  pas  qu'en  attendant  la  réponse  de  Charles  IX  il  irait  passer  quel- 
ques jours  dans  les  environs  de  Londres. 

Cette  réponse  du  Roi  fut  toute  bienveillante;  il  adressa  à  La  Mothe  deux  passe- 
ports pour  Madame  de  Montgomery  et  sa  belle-fille  et  il  ne  s'en  tint  pas  à  cette 
première  faveur  ;  rrVous  m'écrivîtes  quelquefois,  manda-t-il  à  La  Mothe,  que  le 
comte  de  Montgomery  avoit  le  désir,  considéré  le  malheur  qui  lui  est  advenu  à 
l'endroit  du  feu  roi  mon  père,  de  ne  plus  revenir  en  France,  si  je  vouloislui  per- 
mettre de  jouir  de  ses  biens  et  lui  bailler  faculté  de  les  vendre.  S'il  est.  encore  en 
cette  disposition,  je  la  lui  accorderai  volontiers;  mais,  en  quelque  façon  que 
ce  soit,  je  vous  prie  de  l'assurer  que  je  ne  manquerai  à  aucune  chose  que  je  lui 
promets-,  n 

Vinsi,  dans  la  première  quinzaine  de  février,  au  moment  même  où  Montgoinen 
se  préparait  à  reprendre  les  armes,  Charles  IX  croyait  n'avoir  plus  rien  à  redou- 
ter de  lui.  Mais,  d'un  autre  côté,  effrayé  de  l'état  plus  menaçant  de  jour  en  jour 
du  pays,  il  appela  à  Saint-Germain  les  membres  du  Parlement  de  Paris,  et  là,  en 
présence  de  quelques  députés  des  provinces  qu'il  y  avait  également  mandés,  il 
leur  fit  part  de  son  intention  bien  arrêtée  de  réformer  la  justice  et  les  abus,  re- 
grettant amèrement  de  ne  pouvoir,  aussitôt  qu'il  l'aurait  voulu,  appliquer  des 
remèdes  aux  maux  dont  souffrait  la  France.  Le  plus  grand  obstacle  à  son  bon 
vouloir,  c'étaient  les  profondes  jalousies  qui  divisaient  les  grandes  familles  de  la  cour 
et  notamment  celle  des  Guises  et  de  Montmorency.  Pour  se  venger  de  ce  que  l'on 
n'écoutait  pas  ses  conseils,  le  cardinal  de  Lorraine  était  accusé  de  pousser  secrè- 
tement les  catholiques  de  la  Saintonge  à  se  révolter.  Catherine  tenta  bien  de  rap- 
procher ces  deux  maisons  rivales;  elle  obtint  même  l'échange  de  part  et  d'autre 

'   Correspondance  diplomat.  de  La  Mothe-Féiie-  '   Voir  celle  lettre  de  Charles  1\,  dans  nuire 

Ion ,  t.  V.  livre  Le  xn'  -siècle  et  les  Valois ,  p.  38(). 


INTRODUCTION.  clxxïwi 

de  paroles  de  conciliation  l.  «L'on  sait  Lien,  écrivait  Hubert  Languet,  ce  que 
valent  de  pareilles  promesses2,  n 

L'un  de  ces  drames  si  fréquents  à  cette  cour  des  Valois,  «cour  de  sang  et  de 
soien,  allait  raviver  leur  mutuelle  inimitié.  Le  16  janvier.,  un  gentilhomme  nommé 
Ventanbrau,  sortant  au  matin  du  Louvre,  où  sans  doute  l'avait  retenu  quelque 
galante  aventure,  en  descendant  le  grand  escalier,  se  trouva  l'ace  à  face  avec  le 
duc  de  Guise  qui  venait  au  palais.  Yentanbran  s'était  d'abord  mis  à  sa  suite;  mais, 
proche  parent  de  La  Mole,  et  conseillé  par  lui,  il  avait  passé  dans  la  maison  du 
duc  d'Alençon.  Guise  lui  en  avait  conservé  rancune,  et,  une  rivalité  de  femme  y 
étant  mêlée,  il  n'attendait  que  l'occasion  de  se  venger  de  lui. 

Des  paroles  injurieuses  furent  d'abord  échangées.  Guise,  hors  de  lui,  tira  sa 
rapière.  Ainsi  menacé,  Ventanbrau  remonta  précipitamment  l'escalier,  mais, 
poursuivi  par  le  duc  et  atteint  d'un  coup  en  plein  corps,  il  tomba  sur  le  plancher, 
sans  plus  donner  signe  de  vie.  Le  duc  crut  l'avoir  tué,  et  alla  chez  le  Roi,  qui  était 
encore  au  lit.  «Sire,  lui  dit-il,  j'ai  tué  Ventanbran,  et  je  viens  solliciter  le  pardon 
de  \  otre  Majesté.  Il  a  osé  m'avouer  qu'il  avait  été  gagné  par  M.  de  Montmorency 
pour  m'assassiner,  et,  comme  je  tiens  le  maréchal  pour  le  plus  loyal  des  hommes. 
j'en  ai  été  si  indigné  que  je  l'ai  frappé,  -n 

Catherine ,  le  duc  d'Alençon  et  La  Mole  entrèrent  dans  la  chambre  de  Charles  IX 
au  moment  où,  tout  irrité,  il  disait  au  duc  :  «Comment,  vous  avez  fait  cela  dans 
mon  propre  palais  ?n 

Prenant  hardiment  la  parole  :  «Vous  n'aviez  pas  le  droit.  Monsieur  le  Duc. 
s'écria  La  Mole,  de  tirer  l'épée  au  Louvre,  n 

—  «Si  c'eût  été  vous,  riposta  Guise,  je  vous  en  eusse  t'ait  autant,  n 

- —  «  Qui  s'attaque  à  l'un  des  miens  s'attaque  à  mon-,  s'écria  le  duc  d'Alençon, 
prenant  fa  il  et  cause  pour  son  favori. 

\  entanbran  s'était  relevé;  amené  devant  le  Roi.  il  chercha  à  se  justifier;  mais 
Catherine  passa  du  côté  des  Guises  et  le  fit  mettre  eu  prison.  Appliqué  à  la  ques- 
tion, il  nia  les  propos  que  lui  prêtait  le  duc;  mais  Catherine  persista  à  soutenir 
rpi'il  avait  été  véritablement  suborné  par  Montmorenc\  pour  assassiner  le  duc  de 
Guise  et  qu'ainsi  le  Roi  avait  à  se  délier  et  tout  à  craindre  du  maréchal  et  de  ses 
frères.  La  cause  de  ce  subit  revirement  s  explique  par  l'insistance  que  Montmo- 
rency venait  de  mettre  à  faire  donner  la  lieutenance  générale  du  royaume  au  duc 

'  ffégoc.  dipl.  tiucc  h  Tofeatte,  l.  lit.  —  '  IbiiL.  p.  901:  Gakndctr  of  State  papas  (1573-1.57/1): 
Languel .  Arcnna  seculi  decimi  sexti. 


cLixsviii  INTRODUCTION. 

d'Alençon.  Après  lui  avoir  été  promise,  elle  lui  était  maintenant  refusée,  Catherine 
lui  préférait  le  duc  de  Lorraine,  dont  elle  était  sûre  et  redoutait  qu'il  ne  se  servît 
de  celle  grande  autorité  au  détriment  du  roi  de  Pologne. 

Ces  rivalités,  ces  accusations  que  de  chaque  côté  on  se  renvoyait,  avaient 
troublé  l'esprit  du  Roi.  Menacé  à  la  fois  de  voir  le  duc  d'Alençon  à  la  tète  de 
toutes  les  forces  du  royaume,  comme  l'avait  été  le  roi  de  Pologne,  ou  la  France 
retomber  dans  la  guerre  civile,  il  ne  savait  plus  à  quoi  se  résoudre,  et,  consé- 
quence lâcheuse  de  cette  querelle,  le  duc  de  Montmorency,  alors  à  la  cour,  et 
dont  la  présence  seule  aurait  pu  détourner  l'orage  que  l'on  pressentait,  profita 
d'un  court  voyage  de  Catherine  à  Paris,  pour  se  retirer  à  Chantilly. 

Nous  touchons  au  dénouement  de  la  crise.  De  l'avis  de  La  Noue,  la  prise 
d'armes  avait  été  fixée  au  i  h  mars  et  le  duc  d'Alençon  en  avait  été' avisé.  Ce  jour- 
là,  le  roi  de  Navarre  et  lui  devaient  sortir  du  palais,  sous  un  prétexte  de  chasse, 
et  en  costume  de  veneurs.  Duplessis-Mornay  les  conduirait  à  Mantes,  dont  le  gou- 
verneur, M.  de  Buhy  son  frère,  gagné  à  leur  cause,  ouvrirait  les  portes  à  Guitry, 
qui,  à  la  tête  d'une  nombreuse  troupe  de  cavalerie,  en  prendrait  possession.  De 
Manies,  le  duc  d'Alençon  et  le  roi  de  Navarre  se  retireraient  à  Sedan,  où  le  duc 
de  Bouillon  leur  o lirait  asile.  Tel  était  le  plan  d'évasion  arrêté;  mais  Guitry,  par 
trop  de  précipitation,  ou  pour  vouloir  s'attribuer  à  lui  seul  l'honneur  de  cette  en- 
treprise, devança  de  dix  jours  celui  fixé  pour  agir. 

Réduit  à  se  décider  à  l'improviste  et  suivant  en  cela  le  conseil  de  La  Mole  qui 
redoutait  peut-être  de  le  voir  passer  dans  d'autres  mains  que  les  siennes,  le  duc 
lit  dire  à  Mornay  par  Thoré  et  Turenne  qu'il  ne  sortirait  pas  du  palais  que  la  ville 
de  Mantes  ne  fût  prise.  Il  avait  été  arrêté  que  Buhy,  au  jour  convenu,  se  tien- 
drait à  la  porte  de  Rosny  et  laisserait  entrer  Guitry  et  sa  troupe.  A  5  heures  du 
malin  Mornay  se  porta  devant  celle  du  pont;  mais  Guitry  n'arriva  qu'à  8  heures, 
et  il  n'avait  plus  que  quarante  cavaliers.  Les  autres,  qui  s'attendaient  à  servir 
d'escorte  au  duc  d'Alençon,  ne  le  voyant  pas  venir,  avaient  jugé  plus  prudent 
de  se  retirer.  Buhy  feignit  alors  de  poursuivre  Guitry.  Au  retour  de  cette 
simulée  démonstration  de  fidélité,  peu  rassuré  sur  sa  propre  personne,  il  se  ré- 
fugia à  Sedan,  où  Duplessis-Mornay  vint  le  rejoindre1. 

Rien  n'avait  été  encore  ébruité.  Charles  IX,  en  toute  sécurité,  le  matin  même 
du  2.3  février,  avait  écrit  à  Damville  : 

'  Négociât,  diplom.  avec  la  Toscane,  t.  III;  Calendar  of  State  papers  (îSya-i.^'i).  p.  /180;  Mémoires 
de  Bouillon;  Mémoires  de  Madame  de  Mornay. 


INTRODUCTION.  clxxxix 

«Je  persiste  à  vouloir  chercher  tous  les  moyens  possibles  pour  venir  à  une  paix. 
combien  que  il  me  semble  cjue  mes  subjectz  de  la  nouvelle  opinion  ausquelz  vous 
avez  affaire  s'en  recullent  autant  qu'ilz  peuvent;  car  non  seulement  ils  mesprisent 
les  conditions  avantageuses  que  je  leur  ay  faict  offrir,  mais  ne  se  laissent  aucu- 
nement entendre  et  rechercher  et  refusent  d'entrer  en  conférence,  comment  j'ay 
veu  par  les  dernières  despesches  que  vous  m'avez  faictes.  Je  vous  ay  mandé  que 
je  vous  despescherois  le  sieur  de  Saint-Suplice,  par  lequel  je  vous  ferois  bien  au 
long  entendre  mon  voulloir.  Depuis  j'ai  advisé  retenir  encore  quelques  jours  le 
sieur  de  Saint-Suplice,  à  ceste  fin  de  pouvoir  avecques  plus  de  loysir  délibérer  et 
résouldre  sa  despesche,  laquelle  je  désire  rendre  telle  quelle  soyt  fructueuse.  En 
attendant  je  vous  fais  la  présente  pour  vous  prier,  mon  cousin,  adviser  à  faire  pro- 
longer la  suspension  d'armes,  s'il  est  possible,  jusques  à  la  Saint-Jean  prochaine- 
ment venant,  affin  que  nous  puissions  plus  commodément  faire  négocier  la  susdite 
paix  et  que,  par  le  renouvellement  de  la  guerre,  les  choses  ne  se  rendent  plus  diffi- 
ciles; il  faut  que  ladite  trêve  soit  telle  et  asseurée  qu'il  ne  soit  rien  imposé  ni  en- 
trepris sur  mes  sujets  et  nos  villes  et  que  cbascun  se  contienne  dans  ses  limites, 
sans  tort  ou  dommage  à  aucun,  ni  assembler  vivres,  lever  deniers,  comme  il  a  été 
fait  jusques  à  cette  heure  contre  la  foi  promise.  Ce  sera  le  chemin  pour  parvenir 
à  une  générale  pacification  pour  à  laquelle,  atteindre  je  vous  asseure  que  je 
n'épargnerai  rien  de  ce  que  je  pourrai  faire  avec  dignité  et  raison  l.  y 

Dans  la  soirée  de  ce  même  jour,  le  corps  de  cavalerie  de  Guitry  est  signalé.  La 
peur  en  ayant  grossi  le  nombre,  La  Mole,  d'accord  avec  le  duc  d'Alençon,  vient 
tout  avouer  à  Catherine.  Marguerite  de  Valois  le  dit  dans  ses  Mémoires,  sans  con- 
fesser toutefois  que  c'est  elle  qui  le  lui  avait  conseillé,  et  elle  ajoute  :  et  Nous  fûmes 
contraints  de  partir  à  deux  heures  après  la  minuit,  la  Reine  ma  mère  mettant 
dans  son  chariot  mon  frère  et  le  roymonmary,  qui  cette  fois-là  ne  furent  traités 
si  doucement  que  l'autre2.  t> 

Ce  fut  alors  dans  le  palais  une  folle  panique,  un  sauve-qui-peut  général: 
trWous  trouvâmes,  raconte  ironiquement  d'Aubigné,  à  moitié  chemin  de  Saint- 
Germain,  les  cardinaux  de  Bourbon,  de  Lorraine  et  de  Guise,  Birague,  déjà 
ebancelier,  tous  montés  sur  coursiers  d'Italie  ou  grands  chevaux  d'Espagne,  em- 
poignant des  deux  mains  l'arçon  en  aussi  grande  peur  de  leurs  chevaux  que  des 


Bibl.  liât.,  fonds  français,  n°  'è-iàj,  f°  10.  —  '  Mémoires  de  Marguerite  de  Valois,  ddi(.  Caboche 
p.  53.  —      D'Aubigné,  Histoire  universelle,  t.  I!,  p.  100. 


CM  INTRODUCTION. 

I .tir  Lettre  d!un  contemporain,  M.  de  Taix,  à  l'éroèque  de  Troyes,  lettre  datée 
de  cette  ville,  nous  fournil  de  curieux  détails  sur  celle  folle  panique,  qui,  à  Paris. 
faillit  tourner  au  tragique  : 

tf Samedi,  sur  les  onze  heures  du  soir  lut  advertissement  que  mille  ou  xtu' 
chevaux,  eslans  déjà  à  \ionlfort-l' Auiaury,  venoienl  envelopper  Saint-Germain. 
Sur  flieure,  l'on  lit  desloyer  toute  la  cour  eJ  gagaer  Paris,  à  l'arrivée  de  laquelle 
il  se  leva  un  bruil  elliovable  que  le  lîui  estak  pris  et  qu'ilfedlait  refaire  la  Samt-Bar- 
lliéiemi/  et  de  fait  je  cuis  que  l'un  y  a  numneiiré ,  ainsi  que  le  gentilhomme  qui  nous 
a  apporté  la  nouvelle  nous  le  dit  en  avoir  vu  les  préparatifs,  le  dimanche  matin. 
Le  Roi  pour  montrer  cœur  et  visage  de  prince  asseura  ne  vouloir  partir  celte 
nuit,  avanl  disposé  ses  gardes  à  l'entour  de  luy. 

ffSa  Majesté  a  certaines  nouvelles  que  les  Anglais  sont  à  la  Rochelle,  y  ayant 
esté  appelés  par  les  huguenots  de  dedans.  Le  Roi  est  si  nécessiteux  qu'il  a  grand  - 
oeioe  à  fournir  la  dépense  de  sa  maison,  de  sorte  que  l'on  ne  vit  jamais  un  tel 
désordre1..») 

1  ii  courrier,  parti  eu  toute  hàle,  porta  au  roi  de  Pologne  la  nouvelle  de  cette 
nouvelle  prise  d'armes;  il  répondit  sur  l'heure  au  Roi  son  frère  :  rt  J'ay  sceu  le 
hazard  et  le  danger  où  vous  estes  cuidé  tomber,  chose  qui  m"a  tanL  étonné  de 
penser  que  ce  qui  vous  doit  tant  ait  eu  ceste  intention,  qu'il  faut  que  je  dise  que 
Dieu  veut  nous  punir;  mais,  si  vous  ne  prenez  garde  à  vous,  je  crains  que  l'on 
ne  vous  en  fasse  quelqu'une  autre.  Vous  voyez  à  quels  gens  vous  avez  allaite, 
pensez-y  bien.  Je  oe  vous  veux  mettre  en  soupçon  de  personne,  mais  les  actions 
de  chacun  vous  doivent  bien  faire  penser  à  vous  conserver-,  v 

Charles  IX,  de  Paris  et  de  l'hôtel  de  Goudy,  lit  part  à  Datnville  du  danger  auquel 
il  venait  d'écbapper  :  rt  Je  vous  avois  mandé  que  je  vous  dépescherois  Saint-Suplice 
et  depuis  Vilieroy,  lequel  étoit  prêt  à  partir,  quand  j'ay  reçu  advis  comme  mes 
subjeetz  de  la  nouvelle  opinion  ont  repris  les  armes  généralement  par  tout  le 
rovaunie,  de  sorte  que,  pour  cette  occasion,  il  m'a  fallu  changer  d advis,  ne 
pouvant  penser  que  mesdietz  subjeetz  aient  aucune  volonté  de  paix,  piiisqu  il/,  ont 
laid  ceste  .déclaration  de  leur  mauvaise  intention,  dont  vous  sçavez,  mou  cousin, 
mieux  que  mil  autre,  et  eu  appelle  à  Dieu  à  tesnioing.  en  quel  devoir  je  me  suis 
mis  pour  moyenner  une  généralle  pacillication  par  tout  mon  royaume,  naiap.t  rien 
obmis  de   ce  que  j'ay    peu   faire  pour  lever    la    inelliance   que  mesdilz   subjecU 

Rilil.  nal. ,  fonds  Dupuy,  n°  5oo. —  '  Ibid.,  0*011,  f*6i. 


INTRODUCTION.  cxci 

avoient  prise  et  sur  laquelle  ilz  s'excusoient,  jusques  à  avoir  faict  retirer  de 
plusieurs  endroictz  en  leurs  maisons  les  compagnies  de  gensdarmes  qui  y  avoient 
esté  ordonnées  pour  tenir  garnison;  mais  puisqu'ainsi  est  qu'ilz  ont  si  fort  mesprisé 
les  grâces  qui  leur  ont  esté  offertes,  il  se  fault  résouldre  d'user  des  moiens  et 
forces  que  Dieu  a  mis  entre  mes  mains  pour  me  rendre  obéy,  combien  que  je  vous 
confesse  que  ce  soit  avec  le  plus  grand  regrect  et  desplaisir  que  je  receuz  jamais, 
pour  ce  que  je  congnois  bien  que  la  continuation  de  la  guerre  est  la  ruyne  entière 
de  mon  Eslat  et  de  mes  subjectz. 

«■  Ii  me  reste  à  vous  dire  comme,  sur  l'advertissemenl  que  j'euz  que  aucuns  de 
mes  sujets  de  la  nouvelle  opinion  avoient  repris  les  armes  et  s'assembloient  pom- 
me venir  surprendre  en  ma  maison  de  Saint-Germain,  je  suis  venu  en  cette  ville 
pour  remédier  et  pourvoir  avec  plus  de  moyen  à  leurs  entreprises,  lesquelles, 
j'espère,  avec  l'aide  de  Dieu,  n'auront  tel  effet  qu'ils  se  sont  promis1. n 

Le  mot  d'ordre  donné  par  les  chefs  protestants  lut  partout  exécuté  avec  une 
extrême  rapidité  :  le  27  février,  Mortemart  écrit  au  Roi,  de  Poitiers  :  «Les  armes 
ont  été  prises  par  ceux  de  la  religion  si  soudain  et  hors  d'espérance  que,  mardy 
dernier  vingt  troisiesme  de  ce  mois,  après  avoir  saisi  diverses  places,  ilz  ont  surpris 
Lusignan  qu'ilz  détiennent  et  failly  d'escalader  Nyort  par  l'arrivée  de  M.  le 
comte  du  Lude2.  -n 

Gaylus,  délégué  par  le  Koi  pour  la  pacification  du  Languedoc,  jette  également 
un  cri  d'alarme  :  ce  Us  ne  cessent  journellement  de  faire  la  guerre  plus  cruelle 
que  cy-devant;  àquoyjenepuis  remédier,  n'ayant  nulles  forces  en  mains.  D'ailleurs 
vostre  peuple  y  est  si  pauvre  que  la  pluspart  ne  se  peut  nourrir,  et  en  oultre  vous 
asseurerai-je  que  des  troys  parts  du  peuple  les  deux  y  est  mort,  à  cause  de  la 
stérilité  des  deux  années  passées  et  plusieurs  maladies  contagieuses3. 15 

Charles  IX  ne  se  crut  pas  en  sûreté  à  Paris;  le  8  mars  il  s'enferma  sous  la 
garde  des  Suisses  dans  l'imprenable  forteresse  de  Vincennes.  Il  y  avait  appelé  M.  de 
Guitry,  auquel  il  avait  envoyé  en  parlementaires  MM.  de  Turenne  et  de  Torcy. 
Amené  par  eux,  le  10  mars,  il  fut  aussi  bien  accueilli  que  s'il  eut  rendu  le  plus 
signalé  service;  de  prime  abord,  il  mit  sous  les  yeux  du  Hoi  des  lettres  où  il 
était  dit  qu'un  nouveau  massacre  des  huguenots  avait  été  délibéré  et  arrêté  en 
conseil;  ils  n'avaient  donc  pris  les  armes  que  pour  leur  légitime  défense;  il  nia 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n"  3a45,  f°  i5;  voir  les  Dépêches  de  l'ambassadeur  Valentin  Date  dans  le 
Calendar  of  State  papers  (\5-]li),  p.  671 ,  If] h.  —  '  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i555g,  f°  i3.  — 
5  Ibid.,P  i5. 


excn  INTRODUCTION. 

i|iie  le  duc  d'AIençon  y  fût  pour  quelque  cliose,  affirma  qu'il  ne  lui  avait  jamais 
parlé;  mais  à  mots  couverts,  il  avoua  la  participation  du  roi  de  Navarre1. 

Charles  IX  aurait  bien  voulu  le  retenir  jusqu'au  retour  de  Strozzi  qu'il  avait 
envoyé  porter  des  paroles  de  paix  à  La  Noue,  guerroyant  alors  dans  le  Poitou; 
niais  il  ne  consentit  à  rester  que  deux  jours.  Au  départ,  de  nouvelles  caresses  lui 
furent  prodiguées.  Le  Roi  et  Catherine  le  supplièrent  de  faire  en  sorte  que 
ceux  qui  étaient  en  armes  rentrassent  paisiblement  dans  leurs  maisons.  Il  le 
promit,  et  accompagné  par  MM.  de  Torcy  et  de  Turenne,  ce  que  le  Roi  lui  avait 
accordé  sur  sa  demande,  il  prit  le  chemin  de  la  Normandie  où  sa  compagnie 
l'attendait'2. 

Chaque  jour  apporte  une*,  mauvaise  nouvelle  :  le  ik  mars,  Charles  IX  écrit  à 
La  Mothe-Fénelon  :  «  J'ay  eu  advis  certain  du  sieur  de  Matignon  que  Montgomery 
a  fait  descente  en  ce  royaume,  le  1 1  de  ce  mois  3.  ■>■> 

La  surveillance  de  La  Mothe  avait  donc  été  mise  en  défaut,  car  il  venait 
d'écrire  au  Roi  :  rr  Je  sais  sûrement  que  M.  de  Montgomery,  il  n'y  a  pas  cinq 
jours,  étoit  encore  à  Jersey.  Lui  et  son  fils  s'en  reviennent  sous  peu  trouver  la 
comtesse  qui  est  à  Hamptonne4.  t> 

Tout  d'abord,  en  quittant  Jersey,  Montgomery  s'était  présenté  devant  la  Ro- 
chelle, mais,  sur  les  conseils  de  La  Noue,  l'entrée  lui  en  avait  été  refusée.  Il  se 
dirigea  alors  sur  la  Normandie,  où  l'appelait  Colombières,  son  ancien  compagnon 
d'armes.  crSon  destin,  a  dit  l'historien  La  Popelinière,  le  força  d'en  prendre  le 
hasard5. 11 

Le  hasard,  c'était  la  jalousie  de  La  Noue. 

Le  8  mars,  en  pleine  mer,  Montgomery  écrit  à  lord  Burghley,  et  lui  rend 
compte  de  l'étendue  du  mouvement  insurrectionnel  :  rr  Estant  à  la  rade  de  Saint- 
Martin  de  Ré,  près  la  Rochelle,  j'ay  receu  une  lettre  par  laquelle  j'ay  vu  que  M.  de 
la  Noue  est  accompagné  de  600  à  800  gentilshommes,  et  quelque  3, 000  fan- 
tassins, qui  sont  dans  le  Poitou.  Le  jour  de  mardi  gras,  23  février  dernier,  furent 
pris  pour  la  religion  Lusignan  (je  dis  le  chasteau),  Saint-Maixent,  Fontenay-le- 
Comte,  Pons,  Tallemont-sur-Cironde,  et  toutes  les  isles  de  Brouage  et  Oleron, 
pour  l'asseuré. 

Bibl.  nat.,  fonds  français,  Dépêches  des  ambassadeurs  vénitiens,  filza  VIII.  —  '  Ibid. —  '  Le  Labou- 
reur, \iidil.  aux  Mémoires  de  Castelnau,  I.  111.  p.  3o4.  —  "  Hamptpn-Gourt.  Voir  Correspond,  diplomat. 
de  Lu  Mothe-Fénelon,  t.  VI,  p.  5i.  —   :'  La  Popelinière,  Ilist.  de  France. 


INTRODUCTION.  cscni 

et  Le  bruit  estoit,  lorsque  nous  sommes  bougés,  que  fut  le  2  de  ce  mois  de  mars, 
que  Blaye  (je  dis  le  chasteau  et  le  bourg)  estoient  pris  et  les  galères  prises  en 
partie  et  l'autre  partie  bruslée  à  Nantes,  mais  je  ne  vous  asseure  pas  ces  deux 
places-là.  M.  de  Saint-Etienne  est  dans  Lusignan,  le  capitaine  Normand  dedans 
Fontenay,  M.  de  Saugeon  aux  isles,  MM.  de  Roban  et  de  Surgères  sont  en  cam- 
pagne avec  ledit  La  Noue  et  toute  la  noblesse  du  Poitou.  Le  cas  pareil,  et  audit 
jour  du  mardy  gras  (a3  février),  est  advenu  en  Béarn,  Languedoc  et  Dauphiné, 
tellement  qu'on  ne  fait  que  recommencer.  Les  huguenots  et  papistes  sont  tous 
ensemble,  et  dit-on  que  c'est  pour  tirer  les  estrangers  bors  de  la  cour.  Dieu  veuille 
v  mettre  la  main  !  '  n 

à 

En  s'aidant  de  l'étranger  pour  rallumer  la  guerre  civile  en  France,  Montgomery 
se  montrait  bien  ingrat  envers  Charles  IX  qui,  le  9  février  précédent,  lui  avait 
écrit:  rr  Monsieur  le  Comte,  j'ay  esté  bien  aise  d'entendre  par  votre  frère ,  le  sieur  de 
Saint-Jean,  la  bonne  volonté  en  laquelle  il  vous  trouva  de  vous  contenir  douce- 
ment par  delà  sans  entreprendre  ou  favoriser  aucune  ebose  qui  soit  contre  le 
bien  de  mon  service,  et  me  semble  que  vous  ne  sçauriez  mieux  faire  pour  votre 
honneur  et  avantage,  ayant  pour  cette  cause  advisé  envoyer  le  sieur  de  Cha- 
teauneuf,  présent  porteur,  pour  vous  dire  que,  vous  comportant  de  mesme,  je  vous 
feray  conserver  en  tout  ce  qui  vous  touchera 2.t> 

Et  il  ajoutait:  «J'ay  fait  dégager  vostre  vaisselle,  et  ay  commandé  au  tré- 
sorier de  mon  épargne  la  garder  pour  vous  la  faire  rendre,  comme  je  luy  ay  or- 
donné3, n 

Si  l'on  veut  une  preuve  de  plus  de  la  participation  des  Anglais  à  l'entreprise  de 
Montgomery,  voici  une  nouvelle  lettre  de  lui  à  Burghley  datée  de  Carentan  : 
ft Monsieur,  il  y  a  environ  douze  jours  que  j'ay  mis  pied  à  terre  en  Normandie, 
près  Coutances,  là  où  bonne  troupe  de  gentilzbommes  et  aultres  gens  de  guerre 
me  firent  cet  honneur  de  me  venir  recepvoir,  et  le  lendemain  que  j'ay  esté  arrivé, 
je  m'en  suis  venu  en  ce  lieu  de  Carentan,  là  où  le  sieur  de  Matignon,  lieutenant 
du  Roy  en  ce  pays,  avoit  mis  forces,  se  doutant  bien  qu'elle  estoit  de  conséquence, 
encores  qu'elle  ne  fust  pas  forte ,  mais  que  dans  peu  de  temps  on  la  peut  accom- 
moder de  telle  façon  qu'on  la  rendroit  imprenable,  et  n'avons  esté  que  deux  jours 
devant  qu'ils  ne  se  soient  rendus  par  composition,  et  depuis  avons  pris  un  chasteau 
auprès  environné  de  trois  ou  quatre  rivières,  nommé  le  Pont-Douai,  de  façon 

1  Record  office,  State  papers ,  France.  —  Voir  '  Record  office,  State  papers ,  France,  vol.  LIV. 

notre  livre  Le  .m'  siècle  cl  les  Valois.  Ibid. 

Catherine  de  Médicis.  —  iv.  i. 

MPIUMEBIK     NATIOXAIT. 


Wlv  INTRODUCTION. 

([ne  nous  tenons   des    passages  pour  tenir  tout    le    pays   de  Costentin  en   sub- 
jection  et  la  [dus  grande  part  de  toute  la  coste,  et  oultre   avons  gagné  sur   le 
bord  de  la  mer,  dans  des  forts  qui  estaient  la  pour  garder  la  descente,  des  pièces 
d'artillerie,  de  quoy  il  y  a  quatre  canons.  Nous  avons  prins  aussy  la  tour  et  fort 
de  Tatihou.  J*espère,  moyennant  la  grâce  de   Dieu,  devant  qu'il  soit  huit  jours 
d'aujourd'hui,  nous  acheminer  plus  avant  dans  le  pays;  aussy  je  ne  veux  faillir 
de  vous  dire  que  les  sieurs  vicomte  de  Touraine  (Turenne),  nepveu  de  M.  le  ma- 
reschal  de  Montmorency,  de  Torcy  \  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes  et 
chevaliers  de  l'ordre,  sont  venus  me  trouver  de  la  part  du  Roy,  et  vous  envoyé 
par  escripl  la  créance  (ju'ilz  avoient  charge  de  me  dire  et  de  me  faire  entendre 
et  à  la  noblesse  qui  est  icv;  mais  la  mémoire  est  si  fraîche  encore  du  jour  de  la 
Saint-Ilarthélemy  que  nous  ne  sommes  pas  délibérés  de  nous  laisser  tromper  et 
abuser,  comme  nous  avons  faictparle  passé.  La  dernière  nouvelle  que  nous  avons 
eue  là,  où  estoient  nos  reistres  conduits  par  M.  le  comte  Ludovicq,  estoil  qu'ils 
estoien!  à  Sedan,  il  y  a  déjà  près  de  huit  jours,  lequel  lieu  appartient  à  M.  le  duc 
de  Bouillon.  Il  y  a  plusieurs  seigneurs  et  gentilzbommes,  encores  qu'ilz  ne  soient 
point  de  iioslre  religion ,  qui  se  sont  joints  avec  nous,  cognoissant  notre  querelle 
estre  le  bien  et  repos  du  publicq.  11  n'est  pas  que  vous  n'en  sçachiez  bien  ample- 
ment toutes  nouvelles,  et  si  j'avois  le  moyen  de  vous  en  despartir  aussi  souvent 
que  je  le  désirerois  bien,  je  vous  en  manderois  tous  les  jours  et  aussy  pour  me 
ramentavoir  en  vos  bonnes  grâces,  auquelles  je  désire  faire  perpétuelle  demeure, 
comme  celuy  qui  se  sent  vostre  obligé  pour  tant  de  faveurs  et  courtoisies  que  j'ay 
recettes  de  vous,  que  je  n'oublieray  jamais,  et  ne  tiendra  qu'à  faute  de  moyen  que 
ne  fasse  paroistre  l'envie  que  j'ay  de  vous  faire  quelque  bon  service,  saluant  en 
cet  endroit  vos  bonnes  grâces  de  mes  humbles  recommandations,  et  prie  Dieu. 
Monsieur,  vous  donner  en  très  bonne  santé  heureuse  et  longue  vie. 

t  Monsieur,  je  vous  supplie  humblement  que  par  votre  moyen  il  y  ayl  marchans 
(|ui  apportent  aux  isles  jusqu'à  dix  milliers  de  poudre,  six  milliers  pour  harque- 
bouziei-,  e1  quatre  milliers  pour  ai'lillerye,  que  nous  ferons  acheter  là,  el  aussy, 
s'il  est  possible,  que  nous  v  [missions  faire  acheter  jusqu'à  huit  ou  dix  pièces  de 
campagne  que  l'on  paiera  ce  qu'elles  vaudront2.  i> 

Une  lettre  plus  significative  encore  est  celle  qui  fut  écrite  de  Careiitan  à 
Hurghley  par  tous  les  chefs  protestants. 

1  Blossft  de  Torcy.  —  2  Record  ollice,  State papers,  France;  voie  notre  livre  Le  n/'  stiele-el  les  Valok. 


INTRODUCTION.  cxcv 

te  Monseigneur,  jusqu'à  cesle  heure  nous  étions  persuadés  que  M.  de  Montgo- 
mery,  pour  avoir  eu  cet  honneur  d'estre  par  plusieurs  fois  bien  venu  en  la  court 
de  Sa  Majesté,  estoit  suffisant  pour  rernonstrer  à  Sa  Majesté  et  à  Messeigneurs  de 
son  conseil  le  mérite  de  la  cause  de  nostre  prinse  d'armes  et  le  besoing  que  les 
gentilzhommes,  qui  sont  assemblés  en  ce  pays  de  Normandie,  ont  d'estre  conservés 
sous  la  protection  et  faveur  de  Sa  Majesté,  ce  que  nous  avions  toujours  espéré 
de  sa  clémence,  sçachant  que,  pour  la  faveur  de  la  religion,  et  nos  princes  et 
chels  et  aultres  nations  ont  toujours  eu  recours  à  Sa  Majesté  et  ont  trouvé  secours. 
A  ceste  heure,  oultre  la  faveur  de  ceste  cause,  nous  espérons  que  la  nécessité 
publique  de  toute  la  France,  qui  est  cogneue  à  tout  le  monde,  et  l'intérest  et  péril 
des  princes  du  sang  et  grans  officiers  de  la  couronne  rendra  ceulx  qui  ont  prins 
les  armes  tant  plus  recommandables,  ce  que  nous  espérons  de  vous,  Monseigneur, 
plus  que  d'aultres  du  conseil  de  Sa  Majesté,  tant  pour  sçavoir  de  quel  poids  est 
vostre  conseil  envers  Sa  Majesté,  que  pour  sçavoir  par  les  faveurs  par  cy  devant 
reçues  de  vous  par  nos  chefs,  quelle  est  votre  affection  devers  ceux  qui  main- 
tiennent la  querelle  de  la  religion  '.  ■■ 


XXII 


C'est  dans  l'enceinte  des  hautes  murailles  de  Vincennes,  où  Charles  IX  se 
croyait  en  pleine  sécurité  qu'une  nouvelle  conspiration  se  greffe  sur  la  première. 
Les  femmes  de  la  cour  y  jouent  le  premier  rôle.  Déjà  du  temps  de  Henri  11. 
Mordue  leur  reprochait  amèrement  de  se  mêler  de  trop  de  choses  :  cLe  Roi, 
disait-il,  devrait  leur  fermer  la  bouche,  de  là  viennent  tous  les  rapports,  toutes 
les  calomnies2. v  Spectateur  et  complice  de  toutes  ces  intrigues,  le  duc  de  Bouil- 
lon en  fait,  à  son  tour,  l'aveu  dans  ses  Mémoires  :  «Parmi  toutes  ces  choses,  il  y 
avoit  des  amours  mêlées,  qui  font  à  la  cour  la  plupart  des  brouilleries,  où  ne  se 
passent  peu  ou  point  d'affaires  que  les  femmes  n'y  ayent  part,  et  le  plus  souvent 
sont  cause  d'infinis  malheurs  à  ceux  qu'elles  aiment  ou  qui  les  aiment3,  t> 

En  réalité,  il  ne  s'agissait  dans  cette  dernière  conspiration  que  de  faire  évader 
le  duc  d'Alençon  et  le  roi  de  Navarre.  Le  danger  n'en  était  pas  moins  grand;  car 

1  Record  oflice,  State papers,  France,  vol.  LV1I  5  Monluc,  édition  de  Ruble,  t.  III,  p.  1 35. 

(orig.).  Celte  lettre  était  signée  par  Moulgomery,  du  3  Panthéon    littéraire,    Mémoires     du    duc    d 

Refuge , Montmartin ,  Vallainville, Guitry,  de  Rerre.         Bouillon. 


e 


CXCVI  INTRODUCTION. 

c'était  donner  deux  chefs  aux  rebelles  qui  en  manquaient,  et  dont  l'un,  le  duc 

d'Alençon,  aspirait  à  la  couronne,  à  l'exclusion  du  roi  de  Pologne. 

«L'on  a  bien  répandu  le  bruit  à  la  cour,  écrivait  Hotman,  que  l'intention  des 
conjurés  était  de  tuer  le  Roi  et  la  Reine  mère;  mais  ceux  qui  viennent  de  France 
affirment  qu'il  n'était  uniquement  question  que  de  la  fuite  des  deux  princes1,  n 

Gondé,  dès  qu'il  a  pu  gagner  Strasbourg,  justifie  également  en  ces  termes 
le  duc  d'Alençon  :  «En  sa  qualité  de  seconde  personne  de  France,  désirant  que 
lout  s'acheminast  paisiblement  et  que  le  royaume  vint  à  une  bonne  concorde,  il 
prit  résolution  avec  ses  plus  fidèles  serviteurs,  ne  pouvant  mieux,  à  ce  que  du 
moins  il  ne  fust  plus  spectateur  de  telles  désolations,  que  de  se  retirer  bors  du 
royaume  vers  les  princes,  anciens  amis  de  cette  couronne,  en  intention  de  faire 
tant  par  eux  envers  le  Roy  qu'il  ouvriroit  les  yeux  pour  voir  la  calamité  de  son 
peuple  et  y  remédier  par  bon  et  convenable  moyen;  mais  finalement  ladite  réso- 
lution estant  descouverle,  tant  s'en  est  fallu  que  l'on  eût  eu  esgard  d'y  pourvoir, 
que  l'on  a  interprété  comme  si  le  seigneur  duc  eust  machiné  contre  l'Estat  et  per- 
sonne dudit  Roy,  chose  du  toutcontrouvée2.  » 

Le  jour  de  la  fuite  des  deux  princes  avait  été  fixé  au  8  avril.  Des  cbevaux  les 
attendaient  à  la  sortie  du  château  de  Vincennes,  et  des  relais  étaient  préparés  à 
diverses  distances;  mais  ce  complot,  conduit  surtout  par  des  femmes,  fut  déjoué 
par  l'espionne  attitrée  de  Catherine,  Charlotte  de  Sauve.  Jamais  plus  beaux  yeux 
n'avaient  été  mis  au  service  de  ce  vilain  métier.  Elle  se  partageait  alors  entre  le 
duc  d'Alençon  et  le  roi  de  Navarre  qui  s'entre-jalousaient;  elle  feignit  de  s'inté- 
resser a  leur  cause,  leur  arracha  leur  secret,  et  n'eut  pas  grand'peine  à  se  faire 
nommer  tous  ceux  qui  étaient  de  la  partie,  et  en  tète  La  Mole  et  Coconas.  La 
duchesse  de  Nevers  et  Marguerite  de  Valois  affectaient  de  la  traiter  de  très  haut; 
elle  se  vengea  de  leurs  dédains  en  livrant  leurs  deux  amants  à  la  vengeance  de 
Catherine. 

C'est  Charles  IX  qui  annonça  le  premier  à  Damville  cette  nouvelle  conspiration  : 
«Il  se  découvrit,  lui  écrit-il,  une  méchanceté  et  malheureuse  entreprise,  sem- 
blable à  celle  qu'on  vouloit  tenter  dernièrement  à  Saint-Germain,  qui  fut  cause 
que  m'ayant  été  confirmée  par  plusieurs  divers  avis,  je  fis  renforcer  mes  gardes 
et  entrer  dans  le  clos  de  ce  chasteau  de  Vincennes  un  corps  de  garde  de  Suisses3,  n 
Il  ne  s'agissait  plus  que  de  se  saisir  des  coupables,  et  de  nombreuses  arrestations 

1  Daieste,  Élude  sur  Hotman  (Revue  historique).  —  2  Déclaration  du  prince  de  Coudé",  la  Rochelle  , 
1076.  —  3  Bibl.  nal..  fonds  français,  11°  3267,  f°  35. 


INTRODUCTION.  cxcvu 

furent  faites;  mais  c'est  surtout  aux  deux  chefs  que  Catherine  en  voulait.  La  Mole 
n'avait  pas  quitté  le  château;  on  l'avait  sous  la  main;  mais  Goconas,  ce  rusé  Pié- 
montais,  avait  disparu.  Deux  jours  durant  on  le  chercha  inutilement.  ce  L'on  a  fini 
par  le  prendre,  écrit  l'ambassadeur  vénitien  Contarini,  il  était  caché  par  une 
grande  dame  dans  son  hôtel  et  peu  à  son  honneur1,  n 

Aussitôt  pris,  Coconas  fut  amené  dans  la  chambre  du  Roi,  qui  voulut  l'inter- 
roger lui-même.  Il  avoua  qu'à  Blamont  le  duc  s'était  entendu  avec  le  comte 
Ludovic  pour  aller  le  rejoindre.  Il  accusa  tout  à  la  fois  le  maréchal  de  Cossé, 
François  de  Montmorency  et  Thevalles,  gouverneur  de  Metz,  d'être  du  complot. 
Le  plan  de  campagne,  c'était  de  réunir  les  forces  des  protestants  du  Languedoc 
à  celles  de  la  Saintonge  et  du  Poitou. 

Il  prétendit  que  les  conjurés  étaient  d'accord  avec  les  Anglais  et  les  Allemands 
et  qu'il  le  tenait  de  Bodin'-  et  il  engagea  le  Roi  à  rappeler  au  plus  vite  le  comte  de 
Retz;  car  autour  de  lui  il  n'y  avait  personne  à  qui  il  pût  se  fier3. 

Catherine  ne  se  contenta  pas  de  faire  arrêter  les  complices  subalternes  de  cette 
nouvelle  conjuration;  elle  fit  mettre  à  la  Bastille  les  deux  maréchaux  de  Cossé  et 
de  Montmorency. 

«Tous  ceux  que  l'on  estime  coupables  sont  pris,  écrit  le  secrétaire  d'Etat 
Brûlait  à  M.  d'Hautefort,  ambassadeur  en  Suisse,  par  lesquels  on  espère  pénétrer 
ce  fait  et  que  cy-après  tels  maux  n'adviendront  plus,  quand  ils  auront  esté  châtiés 
comme  ils  le  méritent4,  -n 

Avide  de  nouvelles,  l'ambassadeur  d'Espagne  étant  venu  visiter  Catherine  :  n  II 
faut,  dit-elle  en  le  voyant,  que  bonne  justice  soit  faite  de  tous  ces  coquins.  11 

—  ce  Je  ne  puis  que  vous  approuver,  Madame,  dit-il;  pour  éteindre  l'incendie,  il 
est  indispensable  de  se  débarrasser  de  quelques-uns  des  plus  grands  et  d'abattre 
quelques  têtes,  n 

—  «■  Il  serait  parfaitemant  raisonnable  de  le  faire  n,  répondit-elle. 
Quelques  jours  plus  tard  il  la  revit  et  l'engagea  de  nouveau  à  en  finir  avec  les 

maréchaux  de  Cossé  et  Montmorency,  ce  Mais  ils  ne  l'oseront  pas,  écrit-il  à 
Philippe  II;  toutefois,  ils  ont  fait  étrangler  dans  la  prison  le  secrétaire  de  la  con- 
juration5, n 

'  Fue  pieso  fiaalmante  il  coûte  da  Cocona  che  '  Jean  Bodin ,  l'auteur  de  La  République. 

con  tenta  instantia  si  cercava,  perche  era  tenulo  3  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  1 555g ,  f°  48. 

occullo  da  uua  gran  dama  con  poco  suo  honore.  '  Ibid. 

(Bibl.  nat.,  Dépêches  des  ambass.  vénitiens ,filzaVW ,  5  Arch.  nat.,  coll.  Simancas,  n°  i53/i. 
p.  S74.) 


Mcwii  INTRODUCTION. 

Le  a5  avril,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  le  docteur  Dale,  vint  à  son  lour  visiter 
Catherine.  Son  entrée  en  matière  fut  des  plus  habiles  :  rrLa  reine  ma  maîtresse, 
dit-il,  est  on  ne  peut  plus  satisfaite  du  témoignage  d'affection  que  le  Roi,  dans  sa 
lettre,  lui  a  exprimé  de  votre  part,  et  de  ce  que  les  choses  que  l'on  prêtait  au  duc 
d'Alençon  votre  fils  ne  sont  pas  telles  qu'au  premier  moment  l'on  en  avait  répandu 
le  bruit.  L'amitié  qu'elle  lui  porte  repose  uniquement  sur  celle  qu'elle  a  pour 
Votre  Majesté  et  elle  se  ressentirait  grandement  de  la  voir  amoindrie,  r 

Catherine  l'en  remercia  et  affirma  que  le  duc  d'Alençon  et  le  Roi  étaient  dans  la 
meilleure  intelligence. 

De  ces  compliments  si  flatteurs  le  docteur  Dale  passa  au  fait  de  La  Mole  :  «La 
reine  ma  maîtresse  le  tient  pour  un  gentilhomme  fort  honnête;  elle  a  quelques 
raisons  de  croire  qu'il  ne  lui  est  point  tombé  au  cœur  la  méchanceté  qu'on  lui 
impute.  Elle  ignore  de  quoi  on  l'accuse;  mais,  si  l'offense  n'est  pas  de  celles  que 
l'on  ne  peut  pardonner,  elle  intercède  de  grand  cœur  pour  lui;  et  ce  qui  l'y  en- 
courage, c'est  la  clémence  dont  le  Roi  votre  fils  a  usé  tant  de  fois  envers  ses  sujets 
rebelles,  r, 

—  et  Le  cas  n'est  pas  le  même,  répliqua-t-elle,  si  le  Roi  a  pardonné  à  ses  sujets, 
c'est  qu'ils  n'avaient  pris  les  armes  que  pour  cause  de  religion  et  pour  l'unique 
satisfaction  de  leur  conscience.  Tout  au  contraire,  La  Mole  a  été  nourri  de  notre 
pain,  je  puis  le  dire;  le  Roi  mon  fils  ne  l'a  jamais  traité  en  sujet,  mais  en  compa- 
gnon, en  ami.  Son  crime  est  donc  plus  grand  que  celui  de  ses  autres  complices. 
Lorsque  de  pareils  accidents  se  sont  produits  en  Angleterre,  votre  reine  n'a  pas 
même  pardonné  à  ses  propres  parents  et  les  a  laissés  aux  mains  de  la  justice. 
11  en  sera  de  même  pour  La  Mole;  il  est  entre  celles  des  gens  du  Parlement  de 
Paris  que  tout  accusé  ambitionne  avoir  pour  juges,  eu  égard  à  leur  grande  inté- 
grité.'» 

Cette  réponse  qui  mettait  en  cause  Elisabeth,  troubla  singulièrement  l'ambas- 
sadeur et  il  ne  put  que  l'approuver.  Toutefois  Catherine  lui  promit  de  faire  con- 
naître à  la  reine  sa  sœur  toute  la  vérité,  comme  à  la  personne  qui  lui  était  la  plus 
chère  en  ce  monde  '. 

Le  procès  fut  donc  déféré  au  Parlement  et  le  duc  d'Alençon  et  le  roi  de  Navarre, 
sans  èlie  mis  en  cause  directement,  eurent  à  donner  des  explications  sur  leurs 
relations  avec  les  accusés. 

'   Cakndar  of  Sunc  papers  { 1 5 7 h  ). 


INTRODUCTION.  oxch 

Le  duc.  d'Alençon  plaida  misérablement  sa  cause  :  à  Blamont  il  avait  repoussé 
les  propositions  du  comte  Ludovic;  il  avait  également  refusé,  et  du  conseil  de 
Montmorency,  de  présenter  au  Roi  la  requête  des  protestants  et  de  s'enfuir  de 
Saint-Germain.  A  la  première  alarme  qui  fut  donnée,  La  Mole,  son  ami  sur  et 
fidèle,  l'avait  engagé  à  tout  avouer  à  la  Reine  sa  mère,  ce  qu'il  avait  fait.  Le  Roi  et 
sa  mère  s'en  étaient  montrés  reconnaissants  et  lui  avaient  promis  d'oublier  le  passé. 
Turenne,  au  retour  du  camp  de  Guitry,  lui  avait  affirmé  que,  de  sa  vie,  il  n'avait 
vu  si  belles  troupes  de  gentilsbommes  et  si  bien  disposés  à  le  servir,  et  qu'il  ne 
devait  pas  perdre  une  si  belle  occasion. 

Son  évasion,  il  est  vrai,  avait  été  résolue,  et  le  jour  en  avait  été  fixé.  La  Mole 
lui  en  avait  donné  le  conseil.  S'il  ne  s'est  pas  enfui,  c'est  que  le  lendemain  matin 
il  voulait  communier1. 

Le  roi  de  Navarre  adressa,  lui,  à  Catberine  son  mémoire  justificatif  et  d'accusé 
se  fit  accusateur  :  il  rappela  qu'à  la  Saint-Bartbélemy  il  avait  vu  tuer  sous  ses 
yeux  tous  ses  amis,  tousses  serviteurs  venus  à  la  cour  sur  sa  propre  parole.  Lors 
du  séjour  à  Vitry,  il  avait  été  question  de  le  tuer  lui  et  le  Roi,  et  de  faire  roi  le 
duc  d'Anjou.  Si  la  Rocbelle  avait  été  prise,  il  eut  été  inévitablement  mis  en  prison. 
Tout  récemment  à  l'hôtel  de  Gondy,  on  l'avait  de  nouveau  averti  que  l'on  en 
voulait  à  sa  vie;  c'est  le  duc  d'Alençon  qui  lui  a  proposé  de  s'enfuir.  N'avait- il  pas 
juste  occasion  de  le  faire? 

n  Voilà  tout  ce  que  je  sais,  Madame,  ajoutait-il  en  terminant.  Que  désormais 
il  plaise  à  vous  et  au  Roi  de  me  traiter  comme  je  dois  l'être,  étant  ce  que  je 
suis2,  r 

L'astrologue  Cosme  Ruggieri  passait  pour  l'un  des  amis  les  plus  intimes  de 
La  Mole;  arrêté  dans  l'hôtel  de  l'ambassadeur  de  Florence  où  il  s'était  réfugié, 
il  commit  l'imprudence  de  demander  à  ceux  qui  l'emmenaient  à  la  Conciergerie 
si  le  Roi  n'avait  pas  eu  des  vomissements. 

Ces  paroles  furent  rapportées  à  Catherine;  et,  superstitieuse  comme  elle  l'était, 
elle  se  persuada  qu'il  était  l'auteur  de  quelque  miléfice  à  l'encontre  du  Roi  et 
écrivit  au  procureur  général  La  Guesle  :  te  Ce  soir  l'on  m'a  dit  de  votre  part  que 
Cosme  ne  disoit  rien.  C'est  chose  certaine  qu'il  a  faict  ce  que  mon  (ils  d'Alençon 
avoit  sur  lui  et  que  l'on  m'a  dit  qu'il  a  fait  une  figure  de  cire  à  qui  il  a  donné  des 
coups  à  sa  tête,  et  que  c'est  contre  le  Roi  et  que  ladite  figure  a  été  trouvée  parmi 

'   Calendar  of  State papers  (iijû-ib-jli).  —  '  Gimbes  etDanjou,  Archivas  curieuses,  t.  VII. 


ce  INTRODUCTION. 

les  besognes  de  La  Mole;  aussi  que,  où  il  logeoit  à  Paris,  il  y  a  beaucoup  de  mé- 
chantes eboses  et  des  livres  et  autres  papiers.  Je  vous  prie  en  avertir,  de  ma  part, 
de  tout  ce  cpie  dessus  le  premier  président  et  le  président  Hennequin  et  me  man- 
der si  ladite  ligure  a  été  trouvée,  et,  au  cas  qu'elle  soit  faite,  que  je  la  voye'.n 

Et  dans  une  lettre  du  même  jour  à  La  Guesle  elle  ajoutait  ces  mots  ter- 
ribles :  «  Faites  tout  dire  à  Cosme.  Qu'on  sacbc  la  vérité  du  mal  du  Roi.  S'il  a  fait 
quelque  enebantement  pour  faire  aimer  La  Mole  à  mon  fils  d'Alençon,  qu'il  le 
défasse  2.t) 

Le  Parlement  ne  perdit  pas  de  temps  à  juger  La  Mole  et  Coconas.  Son  arrêt  ne 
se  fit  pas  attendre  et  en  voici  les  termes  :  «La  Mole  et  Coconas  seront  décapités  en 
place  de  Grève,  leurs  corps  coupés  en  quatre  quartiers,  qui  seront  attachés  à 
quatre  potences  placées  bors  des  quatre  portes  principales  de  cette  ville,  et  leurs 
têtes  exposées  sur  des  poteaux  plantés  en  ladite  place  de  Grève.  Préalablement  ils 
seront  mis  à  la  torture  pour  savoir  de  leur  bouebe  tous  ceux  qui  sont  participants 
de  ladite  conspiration3.')! 

Le  vendredi  3o  avril,  le  malin,  La  Mole  et  Coconas  furent  donc  menés  dans 
la  chambre  de  la  question;  le  président  Jean  Hennequin  était  chargé  de  les  in- 
terroger. 

La  Mole  fut  tourmenté  le  premier. 

«Je  vous  adjure,  lui  dit  Hennequin,  de  tout  avouer4. •» 

—  a  Je  ne  sais  que  ce  que  j'ai  dit,  j'en  prends  Dieu  à  témoin.  Faites-moi  la 
grâce  de  parler  au  duc  mon  maître.» 

Sans  lui  répondre  :  «Vous  avez  assisté,  reprit  Hennequin,  à  l'assemblée  où  la 
conjuration  a  été  décidée.  Le  duc  d'Alençon  l'a  affirmé.  •» 
— ■  «On  le  lui  a  fait  dire  par  force,  n 

—  te  Voulez-vous  parler  avant  de  subir  la  question?  n 

—  rr  Faites-moi  ce  que  vous  voudrez.  Vous  trouverez  sur  mon  corps  les  cica- 
trices des  blessures  reçues  pour  le  service  du  Roi.  Je  suis  condamné  à  mort,  je  ne 
pense  plus  qu'à  bien  mourir,  n 

—  «Si  vous  n'attendez  plus  rien  des  hommes,  avant  de  paraître  devant  Dieu 
avouez  tout»,  reprit  Hennequin. 

—  «Mon  maître  me  fait  mourir,  je  n'ai  plus  rien  à  dire,  n 

'  Bibl.  nat.,  fonds  Dupuy,  n°  590,  f°  ai.  3  Bibl.  nal.  fonds  Dupuy,  n°  590,  f"  2/1. 

'-   Ibid.,  n°  5go,  f°  2/4;  imprimé  dans  les  Mé-  *  Mémoires  de  l' Estât  de  la  Franco  sous  Charles  IX, 

moires  de  Nevers,  t.  I,  p.  5.  t.  1".  p.  201. 


INTRODUCTION.  cci 

Le  bourreau  se  saisit  de  lui  et  le  dépouilla  de  ses  vêtements.  Il  portait  au  cou 
un  Agnus  Dei. 

11  fut  lié  aux  boucles,  puis  placé  sur  le  petit  tréteau. 

tt  Qu'on  m'ôte  de  là,  s'écria-t-il ,  je  parlerai,  n 

Délié  et  mis  devant  le  feu  :  rr  Je  ne  sais  rien,  dit-il;  que  le  Roi  me  fasse  enfer- 
mer clans  un  couvent,  je  prierai  Dieu  le  reste  de  ma  vie.  n 

Repris  par  le  bourreau,  il  avoua  que  le  duc  et  le  roi  de  Navarre  devaient  se 
réfugier  à  Sedan,  et  de  là  entrer  dans  les  Flandres.  Il  invoqua  pour  sauver  sa  vie 
les  révélations  qu'il  avait  faites  à  la  Reine  mère  à  Saint-Germain. 

Cela  ne  suffit  pas  à  Hennequin;  la  Reine  lui  avait  ordonné  d'interroger  La  Mole 
sur  Ruggieri  et  les  figures  de  cire  trouvées  chez  le  nécromancien. 

Le  bourreau  le  reprit  et  lui  versa  de  l'eau  dans  la  poitrine. 

Suffoqué  :  cr  Je  parlerai,  je  parlerai»,  s'écria-t-il  d'une  voix  étranglée. 

Délié  et  remis  devant  le  feu  :  «Que  je  sois  damné,  dit-il,  si  cette  figure  n'est 
autre  que  l'image  d'une  femme  que  je  voulais  épouser;  elle  était  destinée  à  me 
faire  aimer  d'elle,  n  Et  il  ajouta  :  et  Si  le  Roi  me  laisse  la  vie,  je  tuerai  ce  méchani 
Thoré,  il  est  cause  de  tout,  a 

Ses  membres  étaient  brisés,  la  parole  lui  manquait,  Hennequin  en  eut  enfin 
pitié  et  le  remit  à  l'exécuteur  qui  lui  lia  les  mains  et  le  mena  dans  la  chambre  de 
la  Tournclle,  d'où  il  devait  être  conduit  en  Grève. 

Tourmenté  après  lui,  Coconas  avait  fait  au  Roi  des  aveux  si  complets  que  la 
question  ne  put  lui  arracher  que  ce  que  déjà  il  avait  confessé.  Tous  deux  montè- 
rent sur  la  fatale  charrette  qui  prit  le  chemin  de  la  Grève. 

La  place  était  noire  de  peuple.  Du  haut  de  l'estrade,  s'adressant  à  la  foule  dont 
les  yeux  étaient  attachés  sur  lui  : 

cr  Priez  pour  moin,  dit  La  Mole. 

Puis  se  tournant  vers  le  bourreau  : 

«  Ne  me  bande  les  yeux,  r 

Ainsi  fut  fait. 

Il  s'agenouilla  sur  le  billot. 

tr  Avez  -vous  quelques  nouvelles  révélations  à  faire?  v  lui  demanda  le  greffier  cri 
minel. 

—  trNou.  d 

Le  bourreau  tenait  sa  hache  levée,  il  la  laissa  retomber,  et  la  tète  roula  et  re- 
bondit sur  le  plancher  de  l'échafaud. 

Catherine  de  Médius.  —    iv.  w 


ut    >  inuUK. 


cci.  INTRODUCTION. 

Une  noie  secrète  du  temps  nous  révèle  toutes  les  démarches  faites  par  le  duc 
d'Alençon  pour  sauver  La  Mole  et  Coconas  : 

«M.  le  duc,  entendant  Testât  du  procès,  supplia  le  Roy  de  leur  pardonner  ou 
à  tout  le  moins  leur  remettre  la  mort  publique  et  ignominieuse.  Il  en  a  esté  refusé , 
puis  se  retira  à  la  Reine  sa  mère  et,  à  genoux,  la  supplia,  puisqu'il  a  reçu  tant 
d'honneur  que  d'estre  son  fils,  qu'elle  lui  fasse  cette  faveur  envers  le  Roy  que  ses 
gens  ne  meurent  pas  par  Supplice  publique,  et  que,  s'il  est  possible,  elle  obtienne 
leur  rémission.  Cette  daine  obtint  du  Roy  le  supplice  secret  et  que  l'on  escriroit 
au  Parlement  pour  surseoir  l'exécution;  mais  le  porteur  des  lettres,  arrivant  à 
Paris,  trouva  la  porte  Saint-Antoine  fermée,  et  l'heure  de  l'exécution  du  supplice 
fut  avancée,  ce  que  l'on  dit  avoir  été  fait  par  l'avertissement  d'un  parfumeur  mi- 
lanois  nommé  René,  qui  vint  raconter  le  cas  au  premier  président',  disant  davan- 
tage que  la  Reine  mère  avoit  obtenu  leur  rémission,  qui  fut  cause  de  les  faire 
sortir  plus  tôt  de  la  Conciergerie  et  de  faire  cheminer  hastivement  la  charrette  l.t 

Le  sursis  serait-il  arrivé  à  temps  et  l'exécution  aurait-elle  été  retardée,  que  ni 
La  Mole  ni  Coconas  n'auraient  pu  échapper  à  la  vengeance  du  roi  de  Pologne. 

Le  16  mai,  jour  où  il  n'avait  pu  encore  savoir  qu'ils  avaient  été  exécutés,  il 
écrivait  à  Nançay,  son  plus  intime  confident  :  cr  Si  jamais  j'ai  eu  joie,  ce  a  esté 
quand  j'ay  sceu  que  La  Mole  et  Coconas  sont  en  cage;  mais  jusques  à  ce  que  le 
seigneur  qui  les  traitoit  si  doucement  à  la  Rochelle,  en  anciens  compagnons,  les 
ait  fait  danser  la  volte  avec  la  corde,  je  ne  seraypas  bien  satisfait,  non  tant  pour 
moy,  comme  pour  le  repos  de  la  France;  car,  si  on  ne  les  châtie,  je  ne  sçay  ce 
que  feront  Leurs  Majestés  à  tous  ceux  qui  sont  si  méchants  que  d'entreprendre 
contre  eux.  Je  ne  parle  que  de  ce  que  je  puis  parler.  Je  n'ose  rien  dire;  mais  je 
vous  diray  bien  que  Leurs  Majestés  me  sont  plus  chères  que  les  autres.  Vous 
penserez  bien  ce  que  j'entends  là-dessous.  Or,  aymez-moi  toujours  et  venez  me 
voir,  car  j'en  ay  une  envie  extrême,  n 

Puis  revenant  à  La  Mole  et  à  Coconas  : 

ff  Écrivez-moi  si  on  mettra  la  tête  de  ces  deux  seigneurs  en  montre  ou  en  Grève 
ou  aux  Allées  :  car  je  suis  gros  de  le  sçavoir2.  n 

Dans  la  nuit  qui  suivit  le  supplice  de  La  Mole  et  de  Coconas,  à  la  grande  co- 
lère de  Charles  IX,  les  quatre  quartiers  de  leurs  corps  furent  détachés  du  gibet  et 
emportés 3. 

1  Record  office,  State  papers,  France.  —  '  Bibl.  nal.,  Dépêches  des  ambassadeurs  vénitiens,  lilza  VIII. 
—  •  Ibid. 


INTRODUCTION.  gcm 

A  qui  faut-il  attribuer  l'enlèvement  des  restes  des  suppliciés? 

Brantôme  n'a  pas  résisté  à  l'envie  d'en  parler,  mais  tout  en  le  racontant,  il  a 
cherché  à  dépister  ses  lecteurs  :  «  J'ay  cogneu  deux  belles  et  honnestes  dames, 
'esquelles,  ayant  perdu  leurs  serviteurs  en  une  fortune  de  guerre,  firent  de  tels 
regrets  et  lamentations,  et  monstrèrent  leur  dueil  par  leurs  habits  bruns,  plus 
d'eau  bénistiers,  d'aspergez1  d'or  engravez,  plus  de  testes  de  mort,  et  de  toutes 
sortes  de  trophées  de  la  mort  en  leurs  affiquets,  joyaux  et  bracelets  qu'elles  por- 
toyent,  qui  les  escandalisèrent  fort  et  cela  leur  nuict  grandement;  mais  leurs  maris 
ne  s'en  soucioyent  autrement2,  -n 

Plus  affirmatif  que  Brantôme,  Gomberville,  l'éditeur  des  Mémoires  du  duc  de 
Nevers,  sans  toutefois  les  nommer,  désigne  clairement  Marguerite  de  Valois  et  la 
duchesse  de  Nevers  :  «Deux  princesses  leur  avoient  porté  leur  affection  si  avant 
que,  après  leur  mort,  firent  embaumer  leurs  tètes  et  chacune  garda  la  sienne. 
On  pourroit  deviner  qui  étoient  ces  princesses;  mais  ce  seroit  une  cruauté  d'en 
avoir  seulement  la  pensée 3.  s 

Le  surlendemain  de  l'exécution  de  La  Mole  et  de  Coconas,  le  2  mai,  Cbarles  IX 
l'annonça  à  La  Mothe-Fénelon  :  «Avant  que  de  souffrir  le  dernier  supplice,  lui 
dit-il,  ils  ont  reconnu  que  à  juste  occasion  ils  avoient  été  condamnés  à  mort,  se 
pouvant  dire  qu'il  a  été  usé  à  la  confession  et  jugement  de  leur  procès  de  toute  la 
plus  grande  sincérité  et  les  choses  pesées  avec  le  plus  grand  respect  qui  se  puisse 
observer,  et  que  s'il  se  fût  pu  trouver  quelque  excuse  pour  eux,  elle  eût  été  em- 
ployée; mais  ils  se  sont  trouvés  si  coupables  que  eux-mêmes  se  sont  condamnés  et 
confessés  dignes  de  mort  beaucoup  plus  cruelle  que  celle  dont  ils  ont  souffert4,  y> 

11  s'était  fait  tirer  du  sang,  et,  se  sentant  mieux,  il  revint  au  projet  de  mariage 
du  duc  d'Alençon:  «Je  n'ai  rien  oublié,  écrit-il  à  La  Mothe-Fénelon,  de  ce  que 
j'ay  pu  y  avancer  de  mon  côté,  et  que  si  du  côté  de  delà  la  disposition  y  eût  été 
aussi  ouverte  et  sincère,  il  en  fût  déjà  sorti  un  bon  effet  au  commun  bien  et  uti- 
lité de  ces  deux  royaumes;  et  bien  que  ces  derniers  accidents  survenus  soient  tels 
qu'ils  ont  interrompu  le  dessein  et  délibération  que  j'avois  pris  de  m'approcher  de 
la  Picardie  pour  faciliter  l'entrevue  de  mon  frère  le  duc  d'Alençon,  si  est-ce  qu'ils 
n'ont  en  rien  diminué  la  bonne  volonté  que  j'ai  toujours  eue  d'établir  par  le  moyen 
de  son  mariage  une  indissoluble  amitié  entre  nos  deux  royaumes4,  n 


1  Asperges,  goupillons.  —  '  Brantômo,  édit.  L.  Lalanne,  t. IX,  p.  122.  —  3  Mémoires  de  devers,  l.  I. 
p.  5.  —  4   Corresp.  diplom.  de  La  Mothe-Fénelon,  t.  VII,  p.  567. 


cciv  INTRODUCTION. 

Et  se  faisant  illusion  jusqu'à  la  fin  sur  la  gravité  de  son  mal  :  «Incontinent  que 
l'état  des  affaires  de  mon  royaume  aura  été  un  peu  remis,  ce  que  j'espère  dans 
peu  de  temps,  je  m'approclieray  de  ladite  frontière  de  Picardie  pour  effectuer 
cette  entrevue  n;  et  il  lui  recommandait,  en  finissant  sa  lettre,  de  supplier  le  reine. 
Elisabeth  de  ne  favoriser  et  de  ne  laisser  favoriser  en  aucune  façon  ses  sujets  re- 
belles. 

Catherine  se  faisait-elle  aussi  illusion  sur  l'état  désespéré  de  son  fils,  ou 
voulait-elle,  dans  l'intérêt  du  roi  de  Pologne,  en  dissimuler  la  triste  réalité?'La 
veille,  elle  avait  écrit  au  duc  de  Savoie  :  «Je  veux  vous  rassurer  sur  la  santé  de 
mon  fils,  lequel  a  été  fort  malade  quelques  jours.  Il  ne  lui  reste  plus  qu'une  grande 
faiblesse  et  un  peu  de  relique  de  son  rhume1,  n 

XXIII 

Elisabeth,  n'ayant  pu  réussir  à  sauver  la  vie  de  La  Mole,  se  préoccupa  de  la 
situation  précaire  du  duc  d'Alençon  et  chercha  par  tous  les  moyens  à  lui  venir 
en  aide. 

Dans  ce  but,  elle  envoya  en  France  le  capitaine  de  Jersey,  Thomas  Leighton. 
Les  instructions  qu'il  emportait  étaient  précises  :  il  devait  exprimer  au  Roi  la 
part  sincère  qu'elle  avait  prise  au  chagrin  que  lui  causaient  les  troubles  de  son 
royaume,  les  regrets  qu'elle  éprouvait  du  dissentiment  survenu  entre  lui  et  son 
frère  et  dont  il  avait  à  plaider  la  cause.  Son  départ  ayant  été  retardé,  avant  qu'il 
arrivât  en  France,  le  sort  des  armes  avait  été  défavorable  aux  protestants.  Cathe- 
rine, soutenue  par  une  énergie  virile,  avait  paré  à  tous  les  dangers.  Avec  un 
trésor  vide,  elle  avait  su  trouver  le  moyen  de  mettre  trois  armées  sur  pied.  Deux 
devaient  opérer  en  Poitou  et  en  Languedoc;  la  troisième,  la  plus  forte,  composée 
de  trois  mille  gens  de  pied,  d'une  nombreuse  cavalerie  et  de  vingt  pièces  de  ca- 
non, sous  le  commandement  de  Matignon,  aurait  raison  de  Montgomery. 

Menacé  par  des  forces  si  supérieures  aux  siennes  et  réduit  à  abandonner  le 
siège  de  Valognes,  ce  chef  si  redoutable  s'était  porté  sur  Saint-Lô  avec  toute  sa 
cavalerie;  mais  Matignon  le  suivait  de  près:  à  peine  entré  dans  la  ville  où  com- 
mandait Colombières  il  y  était  assiégé  le  27  avril,  par  l'armée  royale.  Se  voyant 
perdu,  dans  la  nuit  du  icrau  2  mai,  à  la  tête  de  centcinquante  cavaliers,  il  force 

1  Archives  de  Turin. 


INTRODUCTION.  ca- 

les lignes  catholiques,  prend  la  route  de  Carentan,  où  il  laisse  son  fils  et  cenl 
vingt  hommes  et  se  dirige  sur  Passais.  Le  6,  il  arrive  à  Mortain;  le  7,  il  entre  à 
Domfront. 

En  apprenant  que  Montgomery  s'était  enfui  de  Saint-Lô,  Charles  IX  eut  un 
violent  accès  de  colère.  De  sa  main  détaillante,  il  écrit,  le  i5  mai,  à  Matignon  : 
«  Si  vous  me  faites  ce  service  de  prendre  Montgomery  et  Guitry  en  vie  et  me  les 
amenez,  je  l'estimeray  le  plus  grand  service  que  Ion  me  sçauroit  faire1.!) 

<f Gardez  bien  qui!  n'échappe,  mande  de  son  côté  Catherine  à  Matignon,  et 
rendez-en  bon  compte  au  Roy,  suivant  qu'il  vous  écrit,  et  vous  pourrez  dire  que 
non  seulement  en  Normandie  ceux  qui  nous  font  la  guerre  seront  vaincus,  mais 
aussy  par  tout  le  royaume,  tant  la  prise  de  Montgomery  donnera  le  repos  à  ces 
malheureux  pays2,  -n 

Leighton  n'eut  son  audience  que  le  i5  mai.  Le  Roi,  dont  le  mal  s'était  encore 
aggravé,  le  reçut  au  lit  et  l'écouta  patiemment.  Aux  regrets  qu'il  lui  exprima,  au 
nom  d'Elisabeth,  de  le  voir  dans  d'aussi  mauvais  termes  avec  son  frère  d'Alençon, 
il  prétendit  qu'il  n'en  était  rien  et  qu'au  contraire  il  était  assuré  de  sa  fidélité  et 
de  son  obéissance.  Ceux  qui  répandaient  de  pareilles  calomnies  ne  cherchaient 
qu'à  favoriser  la  rébellion. 

Leighton  demanda  à  voir  le  duc  et  le  roi  de  Navarre,  ce  qu'il  obtint.  Tous  deux, 
se  sentant  surveillés,  se  tinrent  sur  la  réserve.  Conduit  chez  Catherine,  après  lui 
avoir  exposé  de  point  en  point  le  but  de  sa  mission,  Leighton  ne  lui  cacha  pas  que 
la  façon  dont  on  surveillait  le  duc  d'Alençon  et  les  gardes  dont  il  était  entouré 
donnaient  lieu  à  de  fâcheuses  suppositions. 

a  Mais  le  duc  n'est  pas  plus  gardé  que  le  Roi,  répondit-elle  aigrement;  il  peut 
aller  où  bon  lui  semble.  S'il  reste  auprès  du  Roi  son  frère,  c'est  que  cela  lui  plaît. 
L'intérêt  que  votre  maîtresse  témoigne  à  mon  fds  est  de  bon  augure  pour  notre 
projet  de  mariage,  et  j'en  conçois  bonne  espérance,  n 

Leighton  riposta  par  un  éloge  pompeux  des  grandes  qualités  du  duc,  et  affirma 
de  nouveau  qu'il  l'assisterait  de  tout  son  pouvoir.  En  prenant  congé  de  la  reine 
il  dit  quelques  mots  en  faveur  du  maréchal  de  Montmorency;  il  rappela  les  ser- 
vices de  son  père,  et  prétendit  que  de  son  emprisonnement  il  résultait  plus  de 
mal  que  de  bien 3. 

Catherine,  dans  une  certaine  mesure,  tint  compte  des  représentations  de  la 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n"  3a  45,  P  a5.  —  2  Archives  de  Monaco.  —  '  Calendar  0/  State  papers 
(i574). 


CCVI  INTRODUCTION. 

reine  Elisabeth.  Le  18  mai,  étant  venue  aux  Tuileries  et  ayant  amené  avec  elle 
le  duc  d'Alençon  et  le  roi  de  Navarre,  elle  prit  un  prétexte  pour  y  appeler 
Leighton,  et  affectant  de  lui  montrer  les  deux  princes  :  et  Vous  voyez,  lui  dit-elle, 
comme  ils  sont  prisonniers,  n 

La  conversation  étant  venue  sur  La  Mole  et  Leighton  s'étant  plaint  de  la  part 
d'Elisabeth  que  la  promesse  que  la  Reine  lui  avait  faite  de  lui  pardonner  n'avait 
pas  été  tenue,  elle  nia  d'en  avoir  fait  une  pareille1. 

Dans  la  nuit  qui  suivit,  le  Roi  vomit  beaucoup  de  sang,  symptôme  menaçant 
de  sa  mort  prochaine.  Le  duc  d'Alençon  fit  savoir  à  Leighton  que,  si  son  frère 
venait  à  mourir,  il  s'attendait  à  être  mis  à  la  Rastille. 

A  la  première  nouvelle  du  péril  qu'il  courait  :  ce  Il  faut  à  tout  prix  qu'il  soit 
sauvé,  écrit  lord  Rurghley  à  Walsingham,  le  2 5  mai,  pour  servir  de  contrepoids 
à  ce  tyran  de  Pologne.  Le  meilleur  moyen,  c'est  de  gagner  ses  gardes  à  prix 
d'argent;  mais  il  faut  user  de  beaucoup  de  circonspection.  La  moindre  impru- 
dence pourrait  lui  être  fatale.  Faites  en  sorte  que  l'argent  soit  envoyé  en  grand 
secret,  et  sous  des  apparences  plausibles,  n 

Et  il  indique  les  diverses  bourses  où  l'on  pourra  puiser  la  somme  né- 
cessaire2. 

Mais  Catherine  faisait  bonne  garde. 

Durant  ce  temps,  les  forces  du  Roi  déclinaient  à  vue  d'œil  :  le  2 5  mai,  il  put 
encore  écrire  à  du  Ferrier,  son  ambassadeur  à  Venise  :  ce  Montgomery  s'estant  mis 
aux  champs  pour  essayer  de  s'estendre  davantage  a  esté  pressé  et  serré  de  si 
près  qu'il  a  esté  contraint  de  se  jeter  dans  la  ville  de  Domfront,  assez  foible  et 
mal  soutenable.  Il  a  esté  aussitôt  environné  par  les  forces  que  conduit  Matignon, 
qui  a  fait  retrancher  toutes  les  saillies  de  ladite  ville,  de  sorte  que  ledit  Mont- 
gomery est  hors  de  toute  apparence  d'en  sortir  et  avoir  secours,  et  pense  que 
Dieu  nous  fera  la  grâce  de  l'avoir  par  deçà  mort  ou  vif  pour  luy  faire  porter  la 
pénitence  du  premier  malheur  qu'd  a  causé  en  ce  royaume3,  n 

Dans  la  soirée  du  2  5  mai,  après  une  défense  héroïque  dans  le  vieux  donjon 
bâti  au  xie  siècle  par  ce  redoutable  Guillaume  de  Rellème  dont  la  fille,  coïnci- 
dence bizarre,  avait  épousé  un  Montgomery,  l'indomptable  capitaine,  sous  la 
promesse  de  la  vie,  se  rendit  à  Matignon.  Il  y  était  entré  avec  quarante  hommes, 
il  ne  lui  en  restait  plus  que  quinze.  Devant  ces  vieilles  murailles  trouées  par  les 

1   CalendarofStatepapers(iï>-]*-iZ>TU),p.  199.  !  &M.    nat.,    Cinq    cents    Colbert,    n°    366, 

•  lbid.,p.  5o6.  f  6i3. 


INTRODUCTION.  ccvn 

boulets,  l'armée  royale  avait  perdu  deux  cents  hommes  dont  dix  capitaines  et 
quatre  enseignes. 

Le  3o  mai,  quelques  heures  avant  l'agonie  de  son  fils,  Catherine  apprit  cette 
victoire  et  elle  eut  le  triste  courage  d'écrire  à  Matignon  :  a  Nous  ne  vous  sçaurions 
assez  dire  le  plaisir  et  contentement  que  nous  avons  eu  de  la  belle  prise  de  Dom- 
front  et  du  comte  de  Montgomery.  Vous  avez  si  bien  et  si  heureusement  com- 
mencé que  je  m'asseure  que  Dieu  vous  fera  la  grâce  que  vous  achèverez  de 
mesme  et  que  remettrez  Saint-Lô  et  Carentan  sous  l'obéissance  du  Roy  monsieur 
mon  fils1,  n 

La  veille  Charles  IX  lui  avait  écrit  :  «Mon  indisposition  depuis  un  jour  est  fort 
accrue,  et  suis  aujourd'hui  en  tel  estât  que  j'attends  ce  qu'il  plaira  à  Dieu  faire 
de  moy,  en  la  main  duquel  sont  toutes  choses  humaines,  estant  tout  prest  de  me 
conformer  à  sa  sainte  volonté.  Cependant  j'ay  prié  la  Reine  ma  mère  que,  sup- 
pléant au  défaut  de  ma  maladie,  elle  veuille  avoir  plus  grand  soin  que  jamais  de 
mes  affaires  et  de  celles  de  mon  royaume,  ainsy  qu'elle  s'en  est  très  dignement 
acquittée  jusqu'icy,  désirant  qu'elle  soit  obéye  en  tout  ce  qu'elle  commandera  tant 
durant  ma  maladie  que  là  où  il  plaira  à  Dieu  faire  son  saint  commandement  de 
moy,  jusques  à  ce  que  le  roy  de  Pologne,  qui  est  mon  légitime  héritier,  soit 
arrivé.  J'ay  fait  entendre  cette  mesme  volonté  à  mes  frères  le  duc  d'Alençon  et 
roi  de  Navarre,  qui  m'ont  promis  de  l'ensuivre  et  obéir  à  madite  dame  et  mère 
selon  l'amour  et  bonne  affection  qu'ils  lui  portent'2. n 

La  nuit  du  29  au  3o  mai  s'annonçait  terrible.  Mazille,  le  premier  médecin  de 
Charles  IX,  fit  sortir  de  cette  chambre,  déjà  marquée  parla  mort,  tous  ceux  qui 
y  étaient;  il  n'y  laissa  que  deux  gentilshommes  et  la  nourrice  du  Roi  qui  depuis  les 
premiers  jours  de  sa  maladie  l'avait  toujours  veillé.  Toute  protestante  qu'elle 
était,  Charles  IX  l'affectionnait.  Rrisée  par  la  fatigue,  elle  s'était  assise  sur  un 
coffre  et  à  demi  assoupie,  elle  entendit  le  Roi  se  plaindre  et  murmurer.  Se  levant 
tout  aussitôt,  elle  s'approcha  du  lit  :  «Ah!  nourrice,  ma  mie,  que  de  sang,  mur- 
mura-t-il,  que  de  sang!  Que  j'ai  eu  de  mauvais  conseils!  Mon  Dieu,  pardonnez- 
moi!  Je  ne  sais  plus  où  je  suis.  Que  deviendra  tout  cela?  Je  suis  perdu,  v —  «Sire, 
lui  dit  sa  nourrice,  les  meurtres  sont  sur  la  tête  de  ceux  qui  vous  les  ont  fait 
faire.  Puisque  vous  en  avez  regret,  croyez  que  Dieu  ne  vous  les  imputera  pas.» 

Et  sur  celte  dernière  parole,  essuyant  avec  son  mouchoir  les  yeux  du  mourant 
brûlés  et  agrandis  par  la  fièvre,  elle  le  laissa  reposer. 

'   Bibl.  nat.,  fonds  français ,  n"  3256,  f  93.  —  2  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  3a55,  f"  92. 


ccm,  INTRODUCTION. 

Le  3o  mai  au  matin,  il  fit  appeler  son  frère  le  duc  d'AIençon  et  le  roi  de  Na- 
varre  et  leur  enjoignit  d'obéir  à  sa  mère  à  laquelle  il  laissait  la  régence;  puis 
luisant  approcher  tout  près  de  son  lit  le  roi  de  Navarre  de  crainte  qu'on  ne  l'en- 
tendît,  il  lui  recommanda  Marie  Touchet  et  l'enfant  qu'il  avait  d'elle. 

Le  3i  au  matin,  lorsque  Catherine,  les  yeux  rayonnants  de  joie  du  triomphe 
el  de  la  vengeance  satisfaite,  vint  lui  annoncer  que  Montgomery,  leur  ennemi 
mortel,  était  enfin  dans  les  mains  de  Matignon,  il  ne  répondit  rien,  et  comme 
elle  se  plaignait  de  son  silence  :  te  Toutes  choses  humaines,  répondit-il,  ne  me 
sont  plus  de  rien.  i> 

Un  peu  plus  tard,  sentant  la  mort  venir,  il  fit  éloigner  sa  femme  dont  la 
douleur  lui  faisait  mal  et  ne  garda  que  sa  mère  auprès  de  lui,.  Il  voulut  lui 
parler  encore,  mais  la  parole  lui  manqua.  L'agonie  commençait;  elle  se  prolongea 
jusqu'à  quatre  heures  du  soir. 

Au  sortir  de  celte  chambre  où  elle  laissait  son  fils  inanimé,  Catherine  prend  la 
plume  et  elle  écrit  au  nouveau  roi  :  a  Votre  frère  est  mort,  ayant  reçu  Dieu  le 
matin;  la  dernière  parole  qu'il  dit  ce  fut  :  Et  ma  mère!  Cela  n'a  pu  être  sans  une 
extrême  douleur  pour  moi  et  ne  trouve  consolation  autre  que  de  vous  voir  bientôt 
icy,  comme  voire  royaume  en  a  besoin  et  en  bonne  santé;  car,  si  je  venois  à  vous 
perdre,  je  me  ferois  enterrer  avec  vous  toute  en  vie  l.  » 

1   Bibi.  nat. ,  tonds  Dupuy,  n"  5oo .  P  88.  Voir  le  Vray  discours  des  derniers  propos  et  Irespas  du  feu  Roy 
Rouen,  Mai-lin  Le  Mégissier;  1 5yi ). 


LETTRES 


DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1570.  —  Septembre. 

Minute.  Orig.  Bibl.  nat.  foods  français,  n°  i555o  ,  f°  388. 

A  MONSIEUR  DE  RELLIÈVRE. 

Monsieur  de  BeHièvre,  il  ne  me  reste  au- 
cune chose  à  adjouster  à  la  lectre  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  présentement L 
pour  responce  à  ce  que  nous  avons  receu  de 
vous  du  nu0  de  ce  moys,  sinon  que  je  vous 
prye  en  tout  et  partout  vous  conformer  à  son 
intention,  comme  il  s'asseure  et  moy  aussi  que 
vous  sçaurez  très  bien  faire,  ne  bougeant  en- 
cores  de  là  où  vous  estes  jusqu.es  à  ce  que  le 
faict  des  reystres  et  Suisses  soyt  entièrement 
arresté  et  résolu  ;  et  sur  ce ,  n'ayant  autre  chose 
à  vous  dire  pour  cesle  heure,  je  prie  à  Dieu, 
Monsieur  de  BeHièvre,  vous  avoir  en  sa  saincle 
et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  .  .  .  jour  de  sep- 
tembre 1570. 

1570.  —  1 1  septembre. 

Aut.  Arch.  nat.  coliect,  Simancas ,  K  1517,  pièce  io3. 

A  M8  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  s'an  retournant  le  ma- 
réchal de  Vostre  Majesté,  je  n'é  voleu  léser aler 
sans  la  présante  pour  la  remercier  du  beau  et 

1  Voir  cette  lettre,  ibid.,  f  287. 

Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


bon  cheval  le  Tigré  que  Jéronimo  Gondi  m'a 
balle  de  sa  part,chause  qui  m'a  esté  sigrate1 
tent  pour  la  rareté  de  set  cheval  que  prinsi- 
palement  pour  m'êlre  d'ele  mesme  donné  que 
je  guarderé  et  tiendré  cher,  corne  venant  de 
Vostre  Majesté  que  je  ayme  ayst2  honore  corne 
je  doys  et  ay  l'aubligation  pour  toutes  les  dé- 
mostrations  qu'el  a  tousjour  fayst  et  an  pa- 
roles et  enn  esfaict,  en  mon  endroyt  que  je 
métré  pouine  de  reconoitre  en  toutes  les  au- 
casions  et  chauses  que  je  penseré  luy  aystre 
agréable,  ne  désirant  moyn  la  servir  que  le 
Roy  mon  fils  propre ,  priens  Dieu  me  fayre  la 
grase  que  toute  ma  vye  voye  contineuer  et 
augmenter  sete  bonne  amytié  et  ynteligense 
que  avés  ensemble. 

De  Monseaulx,  cet  xr9  jour  de  sebtembre 

IO7O. 


Vostre  bonne  mère  et  seur, 


Caterine. 


1570.  —  i3  septembre. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3339,  f°  68. 
A  MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE  DE  iNEMOURS. 

Ma  cousine,  ayent  entendu  que  Monsieur 

1   Gi-ate,  grata,  agréable. 
'  Ayst,  et. 


IMPniVEQIE     NiTIOttil  t. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


de  Nemours  aytoit  malade,  ie  Roy  mon  fils 
ha  comendé  Valois  présant  porteur  de  l'aler 
voyr  de  sa  part,  et  je  n'ay  voleu  le  le'ser  par- 
tir san  set  mot  pour  vous  prier  me  menderde 
ses  novelles  et  des  vostres ,  et  ausi  vous  aseurer 
que,  encore  que  je  aye  eu  enn  grent  reume, 
je  me  suys  si  bien  pourgée  que  je  me  porte 
très  bien;  et  n'estoyl  que  alendons  ysi  ma 
fille  de  Lorayne  samedi,  nous  l'usions  partis 
venderdi;  mes  lundi  san  remise  nous  serons 
à  Paris,  s'il  plest  à  Dieu,  lequel  je  suplie  que 
vous  y  puise  trover  et  vostre  mary  ausi  sayns 
et  conlens  que  le  désirés. 

De  Monseaulx,  cet  xme  de  sebtembre  1 570. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1570.  —  là  septembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°3i78,  f°  17'j. 

A  MONSIEUR  D'HUMIÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  le  sieur  de  Danzay, 
qui  est  ambassadeur  en  Dannemarch,  m'a 
mandé  qu'il  me  fait  venir  quelques  hacquenées 
qui  doivent  venir  à  Péïonne,  chose  dont  je  vous 
veulx  bien  adverlir,  affin  que  vous  ordonnez  à 
celluy  qui  conduira  lesdictes  hacquene'es  de 
s'en  venir  droict  à  Paris,  et  de  ne  parler  à 
homme  vivant  que  premièrement  il  ne  se 
soyt  adressé  à  moy  mesmes,  d'aultaut  que  je 
désireroys  que  l'on  ne  sceult  pas  son  arrivée, 
sans  en  estre  la  première  advertye.  Estant  là 
toute  l'occasion  de  ce  mot  de  lettre,  je  finiray 
en  priant  Dieu,  Monsieur  de  Humières,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Monceaux,  le  xiihc  jour  de  sep- 
tembre 1070. 

Caterine. 


1 570.  —  1 5  septembre. 

Copie.  Iîibl.  nat.  fonds  français,  n°  1075a.  p.  8&6. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  pour  ce  que 
j'envoye  présentement  au  roy  d'Espaignc 
mon  fils  six  hacquenées  des  meilleures  que 
l'on  a  peu  recouvrer  par  deçà,  j'ay  bien  voulu 
accompaigner  celluy  qui  a  la  charge  de  les 
conduire  de  ce  mot  de  lettre  pour  le  vous 
addresser  et  vous  prier  par  mesme  moyen  de 
les  présenter  audict  roy  de  ma  part  avec  les 
plus  honnestes  et  gratieuses  paroles  qu'il  vous 
sera  possible.  Et,  m'asseurant  que  vous  sçau- 
rez  bien  suivre  mon  intention,  je  prieray  Dieu, 
Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  quinziesme  sep- 
tembre 1  570. 

CiTERIVE. 


1570.  —  i5  septembre. 

Copie.  Bibï.  nal.  fonds  français,  n"  10753,  p.  84a. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls, j'ay  donnécharge 
à  ce  porteur,  maréchal  du  Roy  Catholique,  de 
vous  bailler  six  hacquenées,  afin  que  de  ma 
part  les  présentiez  audict  Roy  avec  de  belles 
paroles;  aussi  je  luy  ay  baillé  deux  petits 
chiens  de  Lion  pour  les  bailler  de  ma  part  aux 
deux  Infantes  mes  filles,  et  vous  prie  de  leur 
dire  que  ne  sçaurois  avoir  plus  grand  plaisir 
que  d'entendre  ce  qu'elles  vouldroinl  d'icy 
pour  leur  envoyer.  Aussi  je  luy  ay  l'aie! 
bailler  deux  pièces  de  velours  noir  figuré  et 
ouvré  pour  la  duchesse  d'Albe,  à  qui  je  vous 
prie  les  bailler,  de  ma  part ,  non  pour  présent, 
mais  pour  luy  faire  voir  des  laçons  de  deçà, 
que,  si  vouloit  quelque  chose,  que  ce  fui  en 
ma  puissance,  elle  l'auroit,  taul  je  me  liens 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


oubligée  du  service  que  faict  aux  deux  Infautes. 
Je  ne  vous  fairay  pour  ce  coup  plus  longue 
lettre,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Forquevauls, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

DeMonceaulx.  ce  quinziesme  jour  de  sep- 
tembre 1570. 

Caterine. 


1570.  —  16  septembre. 

Minute.  Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  i555a,  f°  a63. 

A  MADEMOISELLE  DE  POIZIEUX. 

Mademoiselle  de  Poizieulx,  les  dames  de 
Sipierre  et  d'Alluye l  m'ont  supplie'e  de  voulloir 
prandre  les  filles  de  feu  Monsieur  de  Crevant 
vostre  nepveu,  ce  que  j'ay  accordé  en  leur  fa- 
veur et  en  celle  de  feu  leur  père  qui  a  esté  bon 
serviteur  du  Roy  monsieur  mon  fiiz  et  de  mon 
filz  le  duc  d'Anjou;  à  ceste  cause  je  vous  prie 
que,  les  envoyant  quérir  par  ladicte  dame  d'Al- 
luye,  vous  ne  failliez  de  les  luy  envoyer  et, 
estant  venues  devers  elles,  elles  en  prandront 
chacune  une  pour  les  nourrir  et  instruire 
jusques  à  ce  qu'elles  aient  attainct  aage  pour 
me  pouvoir  faire  service  ou  à  la  royne  future 
ma  fille  et,  m'asseurant  que  vous  n'y  ferez 
l'aulte,  je  prieray  Dieu,  Mademoiselle  de  Poi- 
zieulx,  qu'il  vous  aict  en  sa  saincte  garde. 

De  Montceaulx,  le  xvic  jour  de  septembre 
1570. 

Caterine. 


1570.  —  a3  septembre. 

Imprimé  dans  ia  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon  , 
I.  VII,  p.  t3l. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelon,  par  la  lettre 

1  Marie  et  Jeannette  Piennes,  dont  l'une,  Marie,  avait 
épousé  M.  de  Sipierre,  l'autre,  Jeanne,  Fiorimond  Ro- 
bertet ,  s' d'Albùe.  Leurs  deux  portraits  ont  été  placés  dans 
les  galeries  de  Versailles  sous  les  n05  3ao5,  3ao6. 


]  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous  escript, 
!  vous  verrez  qu'il  remet  à  vous  satisfaire  en 
brief  à  trois  dépesches  que  nous  avons  puis 
naguières  receues  de  vous,  dont  les  deux  der- 
nières n'ont  encore  esté  leues,  qui  me  laie! 
aussi  attendre  à  respondre  à  ce  que  par  icelles 
vous  m'escrivez.  Et  n'estant  ceste  dépesche 
faicte  que  pour  accuser  la  réception  des  vos- 
tres,  affin  que  n'en  demeuriez  en  aucune 
peine,  je  n'estendrai  ceste-cy  davantage  que 
pour  prier  Dieu  de  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxincjour  de  septembre 
1670. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon ,  despuis  ceste 
lettre  escripte,  nous  avons  ouvert  et  veu  vos- 
dictes  dépesches,  ausquelles  le  Roy  monsieur 
mon  fils  vous  faict  si  amplement  responce  qu'il 
n'est  besoin,  me  remettant  à  sesdictes  lettres, 
vous  en  dire  davantage,  comme  aussy  ne  fai- 
sai-je  que  pour  vous  prier  d'assister  en  tout  ce 
que  vous  pourrez  ma  fille  la  royne  d'Escosse, 
et  faire,  s'il  est  possible,  que  par  les  moyens 
que  nous  vous  mandons,  elle  puisse  estre  bien- 
tost  mise  en  liberté  et  ses  affaires  aller  bien. 

Escript  à  Paris,  le  xxmc  jour  de  septembre 
1570. 

1570.  —  26  septembre. 

Imprimé  dans  ia  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelon , 
t.  VII,  p.  1S1. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelon,  nous  avons 
veu  par  vostre  despesche  du  xixe  de  ce  moys, 
que  nous  avons  receu  en  fermant  celle-ci ,  ce 
que  nous  mandés  de  l'armement  des  grands 
navires  et  préparatifs  de  vivres  qui  se  font  par 
delà,  et  l'occasion  pour  laquelle  vous  estimés 
que  cest;  à  quoy,  toutefois,  il  ne  se  fault  pas 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


trop  fier,  et  sera  bon  que  ayés  toujours  l'œil 
ouvert,  comme  ave's  acoustumé,  pour  voir  de 
quel  eosté  l'on  les  voudra  employer,  pour 
nous  en  avertir  continuellement. 

.Nous  avons  aussi  eu  par  vosfre  lettre  le 
retardement  du  parlement  du  secrétaire  Cecil 
et  de  ceux  qui  dévoient  aller  avec  lui  pour  la 
négociation  des  traicte's  et  affaires  de  ma  fille 
la  roync  d'Ecosse. 

Quant  aux  François  qui  estoient  de  delà,  et 
que  nous  mandés  qui  l'ont  dilliculté  de  revenir 
en  France  pour  le  danger  qu'ils  pensent  qu'il 
y  auroit,  eulx  retournant  à  Rouen,  Dieppe, 
et  Calais,  et  que  l'on  l'ait  dilliculté  de  les  y 
recevoir,  vous  les  pourrez  bien  asseurer  qu'ils 
doibvent  revenir  asseurément,  et  que  le  Roy 
monsieur  mon  fils  a  pourveu  qu'ils  y  seront 
doucement  receus  et  maintenus. 

Et  quant  aux  marchands  qui  poursuivent 
de  delà  des  déprédations,  vous  aurés  veu  ce 
qu'en  aura  esté  accordé  par  l'édict  de  pacifica- 
tion, qui  vous  a  esté  envoyé;  à  quoy  il  vous 
lault  régler,  vous  priant,  pour  la  fin  de  ceste 
lettre,  de  continuer,  à  nous  adverlir  tousjours 
de  ce  que  vous  pourrés  apprendre  de  l'em- 
barquement et  passage  de  la  royne  d'Espagne 
et  des  autres  occurances.  Et  sur  ce,  je  prierai 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Caterine. 

L'ambassadeur  de  ma  fille  la  royne  d'Ecosse 
m'a  présentement  dict  que  vous  avés  escript  à 
sa  mailresse,  ou  faict  dire  que  nous  ne  la 
pouvions  aucunement  secourir  des  harquebu- 
siers  dont  nous  luy  avons  donné  espérance; 
sur  quoy  je  n'ay  aultre  chose  à  vous  dire,  si 
ce  n'est  qu'il  lault  que  vous  vous  comportiés 
en  cela  avec  la  plus  grande  discrétion  que  pour- 
rez envers  la  royne  d'Angleterre.  Toulesfois, 
sans  dire  chose  qui  nous  mette  à  la  guerre, 
faisant  néanlmoings  tous  les  bons  offices  que 


vous  pourrez  pour  assister  ma  fille  la  royne 
d'Escosse  à  sa  prompte  délivrance  et  au  bien 
de  ses  affaires,  comme  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  a  escript  '. 

Ce  xxvie  jour  de  septembre  1570. 

Cateri>e. 

l'iNART, 

1  Voici  ce  qu'écrivait  Charles  IX  :  «J'ay  donné  charge 
au  s'  de  Walsingham,  comme  il  prenoit  congé  de  mov, 
de  dire  de  ma  part  à  la  royne  sa  mailresse  que  je  m'estois 
toujours  asseuré  que,  suivant  ce  qu'elle  m'avoit  si  ex- 
pressément promis,  qu'elle  ne  fairoil  ni  permettroit  poinl 
qu'il  s;  fis!  en  Escosse  aulcune  chose  au  préjudice  de  la 
royne  d'Escosse  ma  sœur,  el  qu'ayant  entendu  que  le 
comte  de  Sussex  estoit  allé  de  cecosté  là  avec  des  forces, 
ayant,  comme  j'ay  sceu  par  les  derniers  advis  que  j'ay 
eus,  desjà  coumencé  à  faire  beaucoup  de  mal  etdebrul- 
leries  en  Escosse,  je  m'eslonnois  fort  de  cella  et  le  trou- 
vois  merveilleusement  estrange,  veu  l'asseurance  qu'il 
m'avoit  donnée  que,  jusques  à  ce  qu'il  se  vit  ce  qui  pour- 
rait réussir  de  l'appointemenl  qui  se  traitoit,  il  ne  serait 
faict  aulcune  entreprise  de  ce  costé  là;  m'ayant  sur 
cela  son  ambassadeur,  qui  est  icy,  et  le  s'  de  Walsin- 
gham respondu  que  ledict  conte  de  Sussex  n'estoit  point 
advoué  de  ladicte  royne  leur  maitresse.  Toulesfois  esti- 
mant qu'il  n'entreprend  pas  telles  choses  de  luy  mesmes, 
je  leur  ay  bien  faict  entendre  que,  s'il  y  avoit  de  mes  sub- 
jecls  qui  usassent  de  tels  déporlements  à  mes  voysins,  je  y 
sçaurois  fort  bien  pourvoir,  el  en  fairois  faire  telle  exécution 
cl  justice  que  ce  serait  exemple  el  que  pour  cesle  cause  je 
priois  ladicte  roine  leur  maitresse  d'y  pourvoir  et  de  me 
faire  cognoislre  qu'elle  a  volonté  d'entretenir  ce  qu'elle 
m'a  si  expressément  promis  en  cella  et  aussy  pour  la 
prompte  délivrance  et  liberté  de  madietc  seur  ta  royne 
d'Escosse  et  que,  si  cela  se  faisoit  aultreraent  et  qu'elle 
no  satisfit  à  sadicle  promesse,  j'avois  grande  occasion  de 
m'en  ressentir  comme  je  ne  fauldrois  pas  de  faire  déli- 
bération de  ne  laisser  aucunement  mudicle  sœur,  mais 
au  contraire  de  l'assister  et  ayder  non  seulement  pour 
sa  personne,  afin  qu'elle  puisse  élre  bientost  mise  en  li- 
berté el  aussy  pour  les  affaires  et  conservation  de  son 
pais  et  de  n'espargner  en  cela  les  moyens  que  Dieu  m'a 
donnés.»  (Ibul,  p.  139.)  Voir  dans  le  Cakndar  of  Suite 
papers  (1670,  p.  34o),  lettre  de  la  reine  Elisabeth  au 
comte  de  Sussex;  lettre  de  sir  Henri  Norris  à  Cécil  et  à 
la  reine  sa  maitresse  (Uni.,  p.  34i,  363,  344);  Gau- 
thier, Vie  de  Marie  Sluarl,  t.  H,  p.  167  et  suiv. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1570.  —  37  septembre. 
Ori{J.  Bibl.  nat.  fonds  français,  d°  3 178  ,  f*  178. 

A  MONSIEUR  DE  HUMIÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  vous  m'avez  faicl 
grand  plaisir  d'avoir  faict  accompagner  les 
dix  huict  chcvaulx  qui  me  sont  venuz  naguères 
])Our  leur  donner  moien  de  venir  jusques  en 
ce  lieu  en  plus  grande  seureté,  dont  je  vous 
ay  bien  voullu  remercier  par  la  présente,  la- 
quelle n'estant  à  autre  effect,  je  finiray  en 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Humières,  vous  tenir 
en  sa  saincte  garde. 

Escriptà  Paris,  le  xxvnc  septembre  1570. 

Caterine. 


1570.  —  1"  octobre. 

Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  10753  ,  f°  Si 3. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  pour  ce  que  j'ay 
entendu  que  la  duchesse  d'Albe  n'est  plus  au- 
prez  des  Infantes  et  s'en  est  allée,  je  vous  ay 
bien  voullu  escripre  la  présente,  afin  que  vous 
m'en  mandiez  l'occasion  et  qui  est  celle  que 
l'on  a  mise  en  sa  place,  d'autant  que  j'en  suis 
en  peine,  craignant  qu'elles  ne  soient  si  bien 
avec  une  autre  comme  elles  estoint  avec  la- 
dicle  duchesse.  Au  demeurant,  estant  la  royne 
d'Espaigne  passée,  comme  nous  avons  eu  ad- 
vertissement,  je  vous  prie,  aussi  tost  qu'elle 
sera  arrivée,  de  l'aller  voir  et  visiter  de  la 
part  du  Roy  monsieur  mon  fils  et  de  la 
mienne  et  luy  dire  que  vous  avez  ceste  charge 
expresse  de  nous  en  attendant  que  l'on  y  en- 
voyé un  gentilhomme  exprez,  comme  nous 
avons  résollu  de  faire,  priant  le  Créateur, 
Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  1er  jour  d'octobre  îôyo. 

Caterine. 


Monsieur  de  Forquevauls,  le  porteur  est  si 
pressé  de  partir  que  je  n'ay  moyen  de  vous 
escrire  si  amplement  que  je  désirerais,  pour 
le  long  temps  qu'il  y  a  que  l'on  ne  vous  a  faic! 
dépesche,  d'autant  qu'il  fault,  si  l'on  vous 
veult  faire  seurement  tenir  des  lettres,  les  en- 
voyer par  courrier  exprez.  Le  brodeur  de  la 
feue  royne  ma  fille  n'est  encore  venu,  com- 
bien que  j'aye ,  par  une  lettre  que  vous  m'avez 
escriple  par  un  courrier  qui  passoit  en  Flan- 
dres, entendu  son  parlement. 


1570.  —  ia  octobre. 
Copie.  Bibl.  nat.  n°  1075a,  p.  854. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  par  vostre  lettre 
du  huict  d'aoust  j'ay  esté  bien  particulière- 
ment informée  de  ce  qu'avoit  négotié  en  Por- 
tugal don  Francez  de  Torres1  par  le  comman- 
dement de  nostre  Sainct  Père  le  Pape,  spé- 
cialement sur  ce  que  concerne  le  mariage 
dudict  roy  de  Portugal  avecques  ma  fille,  fai- 
sant assez  de  démonstration  Sa  Saincleté  de 
la  bonne  volonté  qu'il  a  qu'icelluy  mariage 
s'effectue  bien  tost.  J'estimois  suivant  ce  que 
m'esciïvez  par  ladicte  lettre  que  don  Francez 
de  Torres  seroit  pour  retourner  inconlinant  à 
Rome;  sur  cella  nous  avions  dépesche  vers  le 
cardinal  de  Rambouillet  pour  l'instruire  de  ce 

1  Torres  fut  reçu  par  dom  Sébastien,  le  k  juin.  Il  lui 
parla  en  termes  élogieux  de  Marguerite  de  Valois.  Le 
jeune  roi  promit  d'écrire  prochainement  à  ce  sujet  à  Sa 
Sainteté;  mais  loin  de  là  dans  la  lettre  qu'il  écrivit,  il 
n'y  fil  pas  la  moindre  allusion.  Fort  étonné  de  ce  si- 
lence, le  pape  insista  en  faveur  de  celte  union  qu'il 
considérait  comme  le  moyen  le  plus  sur  d'assurer  la  paix 
de  la  chrétienté,  et  il  ordonna  à  Torres  de  retourner  à 
Lisbonne.  C'est  à  ce  second  voyage  que  fait  allusion  la 
lettre  de  Catherine.  Voir  Sanlarem,  Quadro  elementar 
dus  relaçôes  politicas  e  diplomaticas  de  Portugal,  t.  XII. 
p.  half,  Gacliard,  Chroniques  belges  inédite». 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


qu'il  avoit  à  faire  envers  Sa  Saineteté.  Par 
rostre  dernière  du  vintiesme  du  dernier  passé 
vous  m'escriviez  que  don  Louys  est  retourné 
en  Portugal.  J'atlendray  donques  à  sçavoir  ce 
qu'il  y  aura  négolié  avant  que  de  faire  juge- 
ment de  ce  que  j'en  doibs  espérer  pour  aprez 
vous  escripre  de  ce  qu'il  m'en  semble  comme 
aussi  de  la  responce  que  le  Roy  Catholique 
vous  a  faict  bailler  par  escripl.  Aussi  le  Roy 
monsieur  mon  fils  est  délibéré  d'envoyer  bien 
tost  aprez  le  parlement  de  ce  courrier  un  gen- 
tilhomme de  qualité  par  delà,  pour  visiter  la 
royne   d'Espaigne   sur   son   arrivée,   comme 
vous  verrez  par  sa  lettre  et  pareillement  son 
intention  tant  sur  ce  qui  touche  le  sieur  don 
Francez  que  sur  toutes  les  particularitez  que 
lui  avez  escriptes  par  vos  précédentes   dé- 
pesches.  Vallée,  porteur  de   vostre  lettre  du 
vintiesme,  m'a  dict  comme  la  duchesse  d'Albe 
estoit  retirée  d'auprez  mes  petites-filles,  dont 
je  suis  très  marrie;  car  je  sçay  le  soing  et  la 
peine  qu'elle  prenoit  près  d'elles,  qui  me  fai- 
soit  asseurer  qu'elles  seroint  très  bien  et  di- 
gnement traictées  pendant  qu'elle  y  demeure- 
rait. Je  n'en  puis  penser  la  cause,  vous  priant 
de   la    m'escripre    à    la    vérité    et  davantage 
comme   se  gouvernera  la   marquize  de  Fro- 
mesta  qui  a  esté  mise  en  son  lieu,  craignant 
infiniment  qu'elles  ne  soinl  traictées  avecques 
l'honneur  et  le  respect  qu'elles  méritent.  Je 
vous  prie  m'escripre  doresnavant  bien  parti- 
culièrement le  cas  que  l'on  faict  d'elles,  l'ordre 
qu'il  y  a  à  leur  maison  et  si  l'on  les  visite 
souvent,  ayant  tant  aimé  leur  mère  que  je 
leur  porteray  toute  ma  vie  toute  l'affection  et 
amitié  qu'il  me  sera  possible.  Quant  à  ce  que 
concerne  vostre  particulier,  je  vous  prie,  Mon- 
sieur de  Forquevauls,  continuer  à  servir  le 
Roy  mondict  sieur  et  fils  de  la  mesme  volonté 
que  nous  connoissons  que   vous   avez   faict 
jusques  à  présent  et  voulloir  avoir  patience 


jusques  à  ce  que  nous  voyons  ce  que  se  devra 
espérer  de  ce  mariage  de  Portugal,  vous  as- 
seuranl  que  voz  labeurs  et  peines  ne  vous  se- 
ront inulilles  et  que  le  Roy  mondict  sieur 
et  fils  les  vous  reconnoistra,  ce  qu'il  n'a  peu 
jusques  à  ceste  heure  faire  comme  il  désire- 
rait au  moyen  des  grands  affaires  qu'il  a  eues, 
qui  l'ont  mis  en  une  extresme  nécessité.  L'on 
vous  fera  sçavoir  par  celluy  que  nous  vous  dé- 
pescherons  quand  se  confirmera  le  mariage  du 
Roy  mondict  sieur  et  fils  et  tout  ce  qui  est  de 
ce  faict  là ,  comme  aussi  serez  vous  plus  par- 
ticulièrement adverti  de  tout  Testât  des  affaires 
de  ce  royaume,  n'étant  ceste  dépesche  en- 
voyée par  ce  courrier  exprez  que  pour  vous 
oster  de  la  peine  en  laquelle  nous  estimons 
que  vous  vous  trouveriez  pour  n'avoir  receu, 
il  y  a  long  temps,  aucune  lettre  de  nous,  sinon 
un  petit  mot  de  moy  par  un  courrier  qui 
passa  par  icy,  allant  de  Flandres  en  Espagne, 
pour,  à  monadvis,advertirieRoy  Catholicque 
de  l'embarquement  de  la  royne  sa  femme.  Je 
prie  Dieu,  Monsieur  de  Forquevauls,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Escouen,  le  douziesme  jour  d'oc- 
tobre 1670. 

Caterine. 


1570.  —  20  octobre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Motlie-Fétielvn , 
t.  VII,  p.  i43. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon ,  Mr  le  car- 
dinal de  Chastillon  a  fait  tenir  propos  à  mon 
fils  le  duc  d'Anjou  d'une  ouverture  de  ma- 
riage de  la  royne  d'Angleterre  et  de  mon  fils; 
en  quoy  celui  qui  en  a  parlé  donne  telle 
espérance  qu'il  croit  qu'il  se  faira  fort  aisé- 
ment1, si  nous  voulons;  mais,  parce  que  nous 

1   Au  moment  de  quitter  l'Angleterre,  le  cardinal  vint 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


avons  pensé  que  cette  ouverture  se  faisoit  pour 
l'intelligence  et  peut  être  menée  de  la  reync 

trouver  La  Molhe-Fénelon  et,  après  avoir  cherché  à  sa- 
voir de  lui  où  en  était  le  projet  de  mariage  de  Mon- 
sieur, c'est  ainsi  qu'on  appelait  le  duc  d'Anjou,  et  de  la 
princesse  de  Portugal,  il  lui  insinua  que  c'était  peut- 
être  l'heure  favorable  pour  penser  à  une  autre  alliance 
et  qu'il  avait  quelque  raison  de  croire  que  Monsieur  pour- 
rait être  agréé  par  la  reine  Elisabeth.  La  Mothe-Fénélon 
répondit  que  ladite  reine  avait  toujours  déclaré  qu'elle  ne 
voulait  point  se  marier,  à  la  réserve  pourtant  de  l'archi- 
duc Charles,  sur  lequel  s'étaient  portées  ses  préférences; 
mais  que,  rrsi  elle  trouvoit  bon  d'épouser  Monsieur,  il  en 
adviendroit  plus  de  conciliation  au  monde,  plus  de  paix 
en  France  et  plus  de  terreur  à  ses  ennemis  que  de  nulle 
chose  qui  se  pust  aujourd'hui  mettre  en  avant». 

Le  cardinal  de  Chàtillon  n'était  pas  le  seul  à  s'entre- 
mettre dans  cette  étrange  négociation;  le  ridante  de 
Chartres  y  jouait  aussi  un  rôle  et  l'avait  même  gagné  de 
vitesse.  La  Mothe-Fénelon,  dans  une  lettre  à  Catherine 
de  Médicis  du  9  novembre  1070,  l'avait  prévenue  que 
d'après  la  confidence  à  lui  faite  par  un  des  principaux 
du  gouvernement,  depuis  trois  mois  le  vidame  menait 
cette  intrigue  avec  Cécil  '.  Le  renseignement  donné  était 
exact  et  en  voici  la  preuve  dans  une  lettre  du  vidame  au 
maréchal  de  Montmorency,  où  tous  les  avantages  de 
cette  union  pour  la  France  sont  exposés  en  regard  des 
dangers  qu'apporterait  le  mariage  d'Elisabeth  avec  l'ar- 
chiduc Charles. 

tt Monseigneur,  j'ay  receu  une  lettre  qu'il  vous  a  pieu 
m'escripre  pour  responce  à  ce  que  vous  avois  escript  par 
Monsieur  de  Saragosse.  J'ay  congneu  que  pensiez  que  je 
fusse  encores  au  lieu  dont  vous  avois  escript.  Si  j'eusse 
pensé  que  ma  présence  y  eust  esté  requise,  j'eusse  différé 
tant  qu'il  vous  eust  pieu  le  me  faire  entendre,  mais  il 
vous  estoit  fort  aisé  à  penser  que,  si  l'on  procédoit  par 
deçà  à  ceste  négociation ,  elle  seroit  adressée  à  Monsieur 
le  cardinal  de  Chastillon,  ou  à  l'ambassadeur  du  Rov. 
Quant  à  moy  je  n'ay  prétendu  en  cest  affaire  que  le  ser- 
vice du  Roy  et  de  la  couronne  de  France.  Et  si  les  affaires 
succédoient,  comme  je  y  voy  une  telle  espérance  et  as- 
seurance,  s'il  estoit  poursuivy  diligemment,  le  contente- 
ment que  je  désire  ne  me  pourrait  fuir.  Il  est  vray  que 
je  serais  fort  marry,  si  jamais  j'oyois  dire  que,  par  faulte 
île  diligence,  cest  affaire  fust  demouré  imparfaict,  aussy 
seroit-ce   ung  domage  public  oullre   le  particulier  du 

'  Correspondance  de  Lu  MatheJPéiuUa ,  l.  il! .  p.  359. 


d'Angleterre,  et  beaucoup  plus  en  intention 
de  se  servir  du  temps  et  de  nous,  pendant 

prince,  auquel  les  premiers  fruicts  en  appartiennent. 
Monsieur,  une  lettre  que  j'ay  receue  de  Monsieur  de  Sa- 
ragosse me  faict  entrer  en  soupçon  et  crainte,  que,  en 
attendant,  entre  deux  personnes  qui  ne  se  sont  jamais 
veues,  qui  ostera  premier  le  bonnet,  il  ne  se  metle  quel- 
qu'ung  entre  deux  qui  face  perdre  l'occasion  de  contrac- 
ter une  grande  amitié  et  fort  utile  à  la  France,  laquelle 
estant  perdue  s'en  suyvroit  le  domage  et  le  regret,  mais 
en  vain.  Je  suis  bien  asseuré  que  l'archiduc  d'Austriche 
ne  s'endormira  pas,  et  ne  laissera  perdre  l'occasion  qui 
se  présente  à  une  assemblée  des  Estais  qui  se  vont  tenyr, 
voire  les  préviendra,  s'il  peull,  ne  perdra  pas  une  heure 
que  pendant  qu'il  voyt  que  la  royne  est  en  deflîance  et 
doubte  pour  les  affaires  de  la  royne  d'Escosse  et  des  diffé- 
rens  qu'elle  a  avec  le  roy  d'Espaigne ,  et  que  voyant  que 
l'Empereur  a  vent  en  pouppe,  et  qu'il  fait  desmarriages 
tels  qu'il  sçauroit  souhaiter,  il  ne  se  serve  de  l'occasion  et 
faveur  du  temps.  Et  pendant  que  les  amis  simulés  pais- 
tront  la  jeunesse  animeuse,  et  la  rempliront  de  grandi' 
espoirance,  luy  promelant  par  adventure  des  plus 
grandes  choses  (combien  qu'elles  ne  soient  pas  aysées  à 
trouver,  et  pour  moy  je  ne  les  sçay  pas),  ils  prendront 
cest  advantage  sur  la  parlye,  et  renforceront  leur  gran- 
deur de  la  puissance  et  faveur  d'un  royaulme  qui  n'est 
point  petit.  11  ne  fault  penser  que  les  difficultés  pour  la 
religion  puissent  engendrer  quelques  difficultés  aux  capi- 
tulations qui  facent  plus  de  retardement ,  car  je  sçay  par 
la  bouche  de  la  dame,  et  aussy  par  ceulx  qui  ont  sceu 
toute  ceste  uégotiation  passée,  et  par  ung  qui  a  esté  em- 
ployé, qui  ne  parle  pour  mettre  le  beau  devers  elle,  n'es- 
tant de  ses  subjecls,  mais  estranger,  que  la  carte  blanchi; 
luy  a  esté  donnée,  et  s'est  contenté  l'archiduc  pour  le 
faict  de  la  religion  de  si  peu  que  cella  se  doibt  estimer 
pour  rien;  davantage  la  considération  de  l'aage  qui 
est  plus  viril,  et  mesme  donne  ung  beau  lustre  aux 
persuasions  et  jugement  de  ceulx  qui  tendent  de  ce  coslé 
là.  Je  crains  que  ceux  qui  tiennent  le  party  contraire  ne 
persuadent,  avec  apparence,  à  cause  du  trop  long  si- 
lence, ou  froyde  poursuite,  qu'il  y  aye  du  mécontenb'- 
ment  ou  de  la  froideur  en  ceulx  de  la  France,  estant 
chose  propre  au  sexe  de  faire  plus  de  choses  par  despit 
que  par  amour.  Est  à  craindre  que  la  froideur  de  ceste 
part  ne  soit  cause  de  l'eschauffer  et  faire  haster  plus 
qu'elle  ne  feroit,  si  n'estoit  pour  se  faire  regretter  après 
à  loisir  par  ceuk  qui  se  seraient  portés  trop  froidement 
en  Mm  endroit.  Il  me  semble  que  c'est  beaucoup  qu'elle 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  cessi  se  ne'gocieroil,  qu'elle  fairoit  con- 
duire à  la  longue,  que  pour  volonté'  qu'elle 

parlamente,  sans  avoir  ouye  parler  le  canon.  Et  n'est 
pas  peu  de  chose,  qu'estant  sa  principale  defl'ence  de  la 
différence  de  l'aage  et  de  l'inconstance  de  la  jeunesse  et 
la  crainte  d'estre,  d'icy  à  quelques  anées,  peu  aymée 
cl  mesprisée,  et  en  danger  de  veoir  de  ses  yeulx  aymer 
d'autres,  l'on  luy  a  faict  abandonner  ceste  contre-escarpe 
tellement  que  l'on  peult  veoir  au  pied  de  la  muraille  qui , 
je  vous  asseure,  n'est  point  veue  de  flanc,  des  particu- 
larités et  moyens  que  l'on  a  tenus  en  ses  approches 
jusques  là.  J'en  ay  dit  quelque  chose  à  cest  gentilhomme 
qui  est  fort  affectionné  à  cest  affaire,  en  faveur  du  bien 
de  la  France  et  abondant  en  hayne  de  la  grandeur  qui  se 
voit  préparer  à  la  maison  d'Uilricbe,  si  elle  s'impatro- 
nize  de  ce  royaume,  tellement  qu'il  n'est  à  craindre 
sinon  que  la  tardivité  ne  donne  loisir  à  ceulx  qui  de  long- 
temps ont  faict  deseing  de  se  saisir  de  ce  pais,  de  venyr 
au  bout  de  leurs  intentions,  lesquelles  sont  fort  favorable- 
ment receues.  Et  croy  qu'ils  jouyront,  si  leurs  conseils 
ne  sont  troublés  par  une  division  et  par  object  nouveau 
plus  désirable  que  celluy  qui  se  présente.  Ce  qui  me 
semble  estre  indubitablement  en  la  jeunesse  d'un  prince 
quia  la  réputation  d'avoir  le  sens  meur  devant  les  ans, 
et  ausy  courageux  et  d'ausy  grande  espérance  que  prince 
qui  soit  né  de  l'aage  des  hommes.  Monsieur,  vous  sçavez 
fort  bien  combien  la  maison  d'Autriche  seroit  agrandie 
sur  la  maison  de  France,  si  elle  estoit  renforcée  de  ce 
royaume,  et  n'y  a  point  de  doubte  qu'elle  ne  donnast 
pour  lousjours  par  cy  après  la  loy  à  la  France.  Et  est 
chose  seure  qu'elle  coutraindroit  le  Roy  à  rompre  la  paix 
qu'il  a  donnée  à  ses  subjecls.  Davantage,  si  par  ce  ma- 
riage n'est  donné  satisfaction  au  grand  cœur  de  Monsei- 
gneur frère  du  Roy  pour  l'occuper  et  luy  donner  matière 
de  faire  plus  grands  deseings,  il  ne  fault  point  doubler 
que  tous  ceulx  qui  prennent  la  couleur  et  prétexte  de  la 
religion  pour  advancer  les  moiens  de  la  division  et  ruyne 
de  la  France,  aflin  d'agrandir  la  maison  d'Autriche,  ne 
proposent  à  Monsieur  le  duc  d'Anjou  quelque  mariage, 
qui  sera  aux  despens  de  la  couronne  de  la  France,  si  la 
bonne  nature  et  amitié  d'entre  les  frères  ne  résiste  à  leur 
malicieux  deseing;  mais  il  n'en  sçauroit  proposer  duquel 
se  doive  espérer  plus  de  grandeur,  non  seulement  à  luy 
mais  à  toute  la  maison  de  France,  en  gaignant  le  dessus 
sur  la  maison  d'Autriche,  laquelle  veult,  soubs  couver- 
ture et  couleur  du  mariage  du  Roy,  faire  avaller  ceste 
cuvée  et  gaigner  ung  royaume,  sans  qu'il  luy  soit  donné 
empeschement.  Et  ne  fault  point  doubler  que,  si  le  ma- 


cusl  de  se  marier,  je  répondis  à  celuy  qui  m'en 
parla  que  je  ne  pensois  pas  que  ladicte  rovne 

riage  de  l'archiduc  se  faict,  qu'il  ne  soit  en  peu  de  temps 
mieulx  obéy  que  n'a  esté  le  roy  Philippe,  et  ce  moiennant 
le  danger  de  la  religion.  Et  leur  sera  aisé  de  nous  don- 
ner la  loy,  ou  pour  le  moins  de  nous  faire  redoubler  la 
ruyne  de  la  France  par  division  et  guerres  civiles.  Au 
contraire,  si  ce  bien  est  réservé  pour  nos  princes,  il  y 
aura  bien  de  quoy  rendre  la  pareille  à  ceux  qui  ont 
dressé  tous  leurs  conseils  à  procurer  que  la  France  se 
ruynast  par  une  guerre  civile,  voyans  que,  par  guerres 
ouvertes,  jamais  ils  n'auroient  peu  parvenir  à  leur  inten- 
tion. Pour  amour  du  mal  qu'ils  ont  faict,  Monseigneur 
pouroit  avec  forces  du  Roy,  faveur  d'Angleterre  et 
moiens  du  prince  d'Orange,  avoir  la  confiscation  de  la 
Flandre  par  droict  de  féodalité  pour  félonie  commise.  Et 
ausy  la  maison  d'Autriche,  qui  se  bastit  l'empire  hérédi- 
taire et  la  monarchie,  trouveroit  en  ung  instant  deux 
frères,  roys  ausy  puissants  l'ung  que  l'autre,  pourcontre- 
poid  de  son  ambition,  ligués  avec  les  princes  protestans 
de  i'Allemaigne,  et  auroient  les  deux  frères  plus  de  part 
en  l'Empire  que  ceulx  qui  se  veulent  atribuer  par  la 
ruyne  des  anciennes  maisons  de  la  Germanye,  comme  de 
la  maison  de  Saxe  et  des  princes  Palatins,  qui  sont  ama- 
teurs de  la  couronne  de  France.  Le  partage  de  Monsieur 
d'Alençon  seroit  aisé  à  trouver  en  le  duché  de  Milan, 
avec  la  faveur  de  I'Allemaigne,  des  Suisses  ausy  et  des 
princes  italiens  dévotieux  de  la  France,  et  si  besoing  es- 
toit  pour  le  recouvrement  du  royaume  de  \aples,  la  fa- 
veur du  Turc  se  trouveroit  par  après  bien  à  propos.  Mon- 
seigneur, il  m'a  semblé  que  cela  est  si  aparent  et  si  facile 
à  persuader  que,  puis  que  vous  en  aurez  une  fois  ouvert 
la  bouche,  il  n'y  faudra  plus  aultre  soliciteur  que  le  Roy 
mesmes,  qui  peult  veoir  parce  moyen  son  royaume  luy 
demeurer  uny,  ses  forces  partagées,  sa  force  telle  et  si 
grande  qu'il  ne  pourra  estre  offencé,  ny  commandé  par 
menasses  qui  contraignent  faire  la  guerre  à  ses  subjects  , 
pour  complaire  à  ceulx  qui  sont  envieux  de  sa  grandeur, 
et  n'ont  peu  trouver  moyen  de  la  diminuer  que  par  elle- 
mesme.  Lors  se  pourroit  faire  une  ligue  parfaite  entre 
nos  princes  et  les  protestans  de  la  Germanye  et  les  Suisses  ; 
de  ceste  façon  ung  grand  plaisir  viendrait  à  la  Royne  de 
veoir  tous  ses  enfans  roys.  Lors  l'Eglise  galicaine  pourroit 
s'exempter  des  erreurs  de  l'Eglise  romaine,  comme  elle  a 
faict  plusieurs  fois,  le  temps  passé;  lors  se  pourroit  faire 
faire  ung  concilie  général ,  auquel  les  erreurs  introduites 
par  l'ambition  et  advarice  de  l'Église  romaine  ne  seraient 
favorisées  et  confirmées  par  practiques  et  corruptions  et 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


d'Angleterre  se  voulusl  mettre  en  la  subjeetion 
d'un  mari;  mais  que,  s'il  y  avoit  quelque 
femme  ou  fille  à  marier  qui  lui  appartint  de 
si  près  qu'elle  la  pust  faire  et  asseurer  héri- 
tière de  la  couronne  après  elle,  qu'il  seroit 
beaucoup  plus  convenable  ainsi;  et  que,  si 
cela  sepouvoit  faire  de  cette  façon,  que  ladicte 
royne  auroit,  par  le  moyen  de  ceste  alliance, 
tous  les  contentemens  et  grandes  amitiés 
qu'elle  pourroit  désirer  et  espérer  en  ce 
monde,  tant  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
que  de  mondict  fils  le  duc  d'Anjou  et  par 
conséquent  de  tous  ceux  de  mon  royaume,  et 
aussy  des  grands  qui  y  sont  alliés. 

Et,  au  second  voyage  de  celui  qui  tint  ce 
propos  de  la  part  dudict  sieur  cardinal  de 
Chaslillon.  celluy  qui  m'en  a  parlé,  m'a 
dict,  à  cette  occasion,  que  icelluy  sieur  cardi- 
nal avoit  sceu  qu'à  ces  prochains  Estats,  qui  se 
debvoient  tenir  en  Angleterre,  icelle  royne 
seroit  fort  pressée,  voire  contraincte  de  se  ma- 
rier à  quelque  grand  prince,  et  qu'il  falloit 
nécessairement  qu'elle  avisast  de  s'en  résoudre  ; 
sur  quov  je  n'ay  rien  répondu.  Aussy,  paï- 
en la  France,  l'Allemaigne  et  l'Angleterre  s'introdui- 
roient  ung  ordre  et  police  de  religion  et  unité  de  doctrine 
que  toutes  les  aultres  provinces  de  la  chrestienté  seroient 
contrainctes  d'embrasser  et  finiroient  les  différens  des 
sulijects  avec  leurs  princes,  des  quelles  Sathan  se  sert 
pour  la  destruction  de  la  chrestienté,  et  pour  donner  loisir 
au  Turc  d'usurper  pendant  que  les  princes  chrestiens 
s'amusent  à  défendre  les  superstitions  du  Pape  et  main- 
tenyr  sa  grandeur. 

-  Monseigneur,  je  me  recommande  très  humblement  à 
votre  lionne  grâce,  et  vous  suplie  de  rechef  me  départir 
votre  faveur  et  conseils  touchant  comment  je  me  doibs 
gouverner  à  escripre  à  Leurs  Majestés  ou  non. 

"Monseigneur,  je  prie  Dieu  vous  donner  très  heureuse 
et  très  longue  vye.  Ce  jour  d'octobre  1670.»  (Record  of- 
fice. State  papers,  France,  vol.  XL VIII;  copie  du  temps.) 

Voir  notre  livre  :  Les  projets  de  mariage  de  la  reine 
Elisabeth  (Calmann-Lévy  1  ;  voir  la  réponse  de  La  Mothe- 
Fénelon.  t.  III,  p.  337,  35g. 

Catuemnb  de  Médicis. IV. 


mesme  moyen ,  il  me  dict  que  celuy  qui  en  a 
parlé  à  mondict  fils  avoit  encore  en  cella 
quelque  chose  à  me  faire  entendre.  Je  seau  nu 
que  c'est. 

Mais  cependant  je  vous  diray  que,  si  l'on 
cognoissoit  clairement  que  ladicte  royne  eusl 
franche  volonté  de  se  bien  establir  avecque 
nous  par  le  moyen  du  mariage  de  mondict 
fils  avec  celle  qu'elle  voudroil  faire  héritière 
de  sa  couronne  après  elle,  comme  j'eslime  que 
c'est  chose  qu'elle  a  et  doibt  avoir  en  affection 
pour  son  repos  et  contentement,  à  présent 
qu'elle  se  voit  hors  d'espérance  d'espouser 
l'archiduc  Charles,  qui  se  marie  à  sa  niepce 
la  fille  du  duc  de  Ravière,  je  crois  qu'il  seroit 
expédient,  et  j'estime  que  c'est  chose  que 
nous  et  elle  devons  désirer,  pour  le  bien  de 
la  chrestienté,  et  principallement  de  ces  deux 
couronnes,  qu'elle  fisl  déclarer  auxdicts  pro- 
chains Estats  d'Angleterre  la  plus  proche  à  sa 
couronne  héritière  après  elle  de  sadicte  cou- 
ronne et  royaume;  et,  en  ce  faisant,  faire  ex- 
pressément résoudre  aussy  par  lesdicts  Estats 
le  mariage  de  ceste  héritière  avec  mon  fils, 
chose  qui,  je  suis  très  asseurée,  apporterait  à 
ladicte  royne  tous  les  contentemens  qu'elle 
sçauroit  espérer,  comme  s'il  estoit  son  propre 
fils;  car  il  est  de  si  bon  naturel  que,  si  elle 
luv  faisoit  et  procurait  ce  bien,  il  la  servirait 
et  honorerait  d'affection.  Et,  oultre  cella,  se 
pourroit  cette  royne  prévaloir  grandement, 
à  l'occasion  de  ce  mariage,  en  toustes  ses  af- 
faires, lant  de  la  faveur  et  des  moyens  du 
Roy  monsieur  mon  fils  que  de  mon  fils  le  duc 
d'Anjou,  qui  a  eu  cet  honneur  d'avoir,  à  son 
âge,  conduit  et  commandé  heureusement  de 
si  belles  armées,  et  gaigné  de  si  grandes  ba- 
tailles, y  ayant  acquis  l'expérience  et  telle  ré- 
putation par  toute  la  chrestienté,  que  prince 
ne  la  sçauroit  désirer  plus  grande  ni  meilleure 
qu'il  l'a. 


11  IT  1  11).  '.  if      «ATIOVILE. 


10 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Je  vous  ay  bien  voullu  faire  tout  ce  dis- 
cours, vous  priant  de  le  tenir  si  secret  que 
nul  des  vostres,  ni  aultre,  quel  que  soit,  n'en 
sache  rien.  Et  faut  tascher  de  descouvrir  et 
voir  si  vous  pourriez  rien  apprendre  de  ceci, 
pour  m'en  donner  advis  à  toutes  occasions;  et, 
si  vous  cognoissez  que  l'on  en  puisse  espérer 
quelque  bon  fruict,  il  fault  que  secretlement 
et  accortenient,  comme  je  sçay  que  vous  sça- 
vez  très  bien  faire,  vous  en  parliez  comme  de 
vous-mesme  au  secrétaire  Gecil,  qui  s'est  allié 
à  une  maison  qui  a,  comme  j'ay  entendu, 
laid  toujours  concurrence  à  la  royne  d'Ecosse 
ma  lille,  pour  la  succession  de  la  couronne  et 
royaulme  d'Angleterre,  affin  qu'il  regarde 
quelle  femme  ou  fdle  de  cette  maison  là  se- 
rait la  plus  apte  à  s'y  introduire;  et  sur  celia, 
entrer  en  propos  avec  luy,  à  bon  escient,  et 
luy  faire  amplement  entendre,  comme  vous 
sçavez  très  prudemment  faire,  le  grand  bien 
qu'il  se  fairoit  à  lui-mesmes  et  à  sa  maison  de 
moyenner  et  conduire  cella  à  perfection;  et 
que,  par  ce  moyen,  il  honorerait  et  asseure- 
roit  du  tout  sadicte  maison,  et  si,  demeure- 
rait à  jamais  grand,  mauiant  encores  avec 
beaucoup  plus  d'authorité  qu'il  n'a  jamais 
faict  le  royaulme  et  affaires  d'Angleterre.  Et, 
outre  cella,  il  se  serait  employé'  pour  un 
prince  qui  recognoistroit  si  bien  le  bon  office 
qu'il  faira  en  cella  pour  luy  qu'il  n'en  pour- 
rait espérer  que  tout  heur  et  félicité  à  luy  et 
aux  siens. 

H  y  a,  ce  me  semble,  une  femme  de  ceste 
maison  là  qui  a  esté  long-temps  prisonnière 
avec  son  mari  et  leurs  deux  fils.  J'ay  ouï  dire 
que  le  mari  est  mort  en  prison;  il  faudrait 
sçavoir  si  elle  seroit  la  plus  proche,  et,  si 
ainsi  estoit,  pour  ce  que  si  on  lui  faisoit  ce 
bien  là,  et  qu'il  n'y  feust  par  mesme  moyen 
pourvu,  ses  fils  seraient  héritiers  de  ladicte 
couronne  d'Angleterre,  il  faudrait  faire,  pour 


remédier  à  cella,  que  les  susdicts  Estats  la  dé- 
clarassent héritière  de  la  couronne  d'Angle- 
terre, et,  pour  certaines  grandes  occasions, 
lesdicls  enfans  descendans  du  mariage  d'elle 
et  de  mondict  fils  seulement  et  non  d'autres 
mariages. 

Je  vous  ay  bien  voulleu  commettre  ce  dis- 
cours, sçaehant  bien  que  vous  estes  si  affec- 
tionné à  ceste  couronne  et  si  prudent  que 
vous  en  sçaurez  dignement  user,  et  vous  y 
comporter  comme  il  fault,  vous  priant  que 
j'aye  sur  ce  de  vos  nouvelles  le  plus  souvent 
que  vous  pourrez,  et  que  personne  du  monde 
ne  sçache  rien  de  ce  que  je' vous  escripts,  ne 
l'aillant,  quand  vous  me  manderez  quelque 
chose,  de  m'en  faire, de  \ostre  main,  une  lettre 
à  part  que  vous  plierez  fort  menu.  El  ne  m'en 
escrivez  jamais  que  quand  \ous  m'envoyerez 
quelqu'un  exprès  pour  les  autres  affaires  de 
vostre  charge,  ou  par  homme  seur,  qui  vous 
pourra  estre  envoyé  d'ici;  et,  quand  vous  m'en 
escrirez,  vous  direz  à  celuy  à  qui  vous  baille- 
rez vos  lettres,  que,  s'il  se  trou  voit  pressé  ou 
en  danger  d'eslre  arreslé  ou  fouillé,  combien 
que  nous  soyons  hors  de  cette  crainte-là, 
puisque  Dieu  nous  a  donné  la  paix,  qu'il  jette 
ou  fasse  desdictes  lettres  en  sorte  qu'elles  ne 
soyent  point  veues  ni  trouvées  de  personne, 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Escouen,  le  xxe  jour  d'octobre 
1570. 

Caterine. 


1570.  —  30  octobre. 

Imprimé  dans  la    Correspondance  thphimatiqve  de  La  Motlte-Vènelon . 
t.  VII  ,  p.  147. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  depuis  ma 
petite  lettre  escripte,  j'ay  parlé  au  personnage 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICÏS. 


11 


(jue  je  vous  cscriptz  par  icelle,  qui  avoit  encore 
quelque  chose  sur  ce  faict  là  à  me  dire;  et 
parce  que  cela  me  met  en  doubte  que  ceci  se 
fasse  à  quelque  intention,  qui  n'est  pas  peul- 
eslre  si  sincère  qu'ils  la  proposent,  je  vous 
prie  et  charge  sur  vostre  honneur  de  n'en 
parler  aucunement  au  secrétaire  Ceci!,  ni  ;i 
quelque  personne  que  ce  soit,  et  n'en  faire 
aulcun  semblant  ni  démonstration  que  vous 
en  sçachiés rien ,  ni  quejevous  en  aye  escript; 
car  aussi  i'advis  que  je  vous  en  donne  n'est  à 
aultre  intention  que  pour  l'asseurance  que 
vous  m'esles  fidelle  et  asseuré  serviteur,  que 
cella  demeurera  enseveli  en  vous,  et  que  vous 
ne  perdrez  une  seule  occasion  et  moyen  de 
descouvrir  et  pénétrer  par  delà  à  quoy  tend 
ce  faict,  et  qui  conduit  ceci  auprès  de  la  royne 
d'Angleterre;  et  aussy  de  quelle  volonté  ils  y 
procèdent ,  et  ladicte  royne  aussy  ;  mais  surtout 
comportés  vous  en  cella  si  dextrement  que 
créature  qui  vive  ne  puisse  penser  qu'en  sa- 
thiés  rien,  priant  Dieu ,  Monsieur  de  la  Mothe- 
Fénelon,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

D'Escoucn,   le  xx   octobre,  au    soir,  bien 
tard,  1070. 

Vostre  meilleure  amye, 

Caterine. 


1570.  —  20  octobre. 

I  mpriuié   dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Motlie-Fénehn , 
t.  VII.  p.  i4s. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  j'ai  avisé 
de  vous  envoyer  le  secrétaire  de  l'Aubespine 
afin  que,  par  luy,  vous  nous  puissiez  escrire 
ce  que  la  royne  d'Angleterre  vous  aura  res- 
pondu  sur  le  propos  que  le  Roy  monsieur 
mon  fils  lui  a  mandé  par  le  sieur  de  Walsin- 


gham1,  pour  le  faict  de  la  royne  d'Ecosse  ma 
fille  ;  et  sur  ce  que  vous  luy  eu  avez  aussy 
modestement  déclaré  suivant  la  dépesche  que 
nous  vous  en  avons  faicte,  conforme  à  ce  que 
mondicl  fils  a  pour  cela  respondu  par  escript 
à  l'ambassadeur  de  la  royne  d'Angleterre2. 

Quand  vous  me  voudrez  escrire  du  contenu 
en  cette  lettre,  il  faut  que  ce  soit  de  vostre 
main;  et  suffira  que  me  mandiés  par  une 
lettre  à  part  que  c'est  de  l'affaire  dont  je  vous 

1  Envoyé  extraordinaire  de  la  reine  Elisabeth.  Voir  Bes 
lettres  et  négociations,  Amsterdam,  Gallet,  1700,  in- '1. 

-  Voici  la  lettre  de  Charles  IX  : 

«Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  veu  par  vostre    letliv 
escripte  du  jour  de  hier  la  remonstrance  que  vous  aviez 
à  me  faire  de  la  part  de  la  royne  d'Angleterre  madame 
ma  bonne  seur;  à  quoy  je  vous  diray  que  je  suis  bien 
fort  ayse  de  la  volunté  qu'elle  a  de  prendre  une  si  bonn>' 
résolution  sur  les  affaires  de  la  royne  d'Escosse  ma  seur, 
et  que,  pour  cest  effect,  elle  aye  envoyé  le  secrétaire  Ce- 
cille  et  aultres  ses  ministres;  mais  pour  ce  que  je  désire 
que  cela  soit  accéléré  et  qu'il  y  soit  mis  une  prompte 
fin,  je  ne  puis    que  je  ne  la   prye   ceste    fois  pour 
toutes  et  sans  plus  de  remise  ou  longueur,  ne  voul- 
lant   pas  vous  nier  que  je  n'aye  ci   devant  envoyé  le 
sieur   de  Verac,   dont  vous   faictes  mention  par  votre 
lettre ,  avecq  quelques  gens  et  munitions  pour  secourir 
Dumbarton  que  j'entendois  lors   que  l'on  vouloit  aller 
assiéger,  et  que  pour  l'antienne  alliance  qui  est  entre  ce 
royaume  et  celluy  d'Escosse,  et  particulièrement  pour 
ce  que  ladirte   royne  d'Escosse    ma    seur  me    touche 
de  si  près,  je  me  suis  délibéré  de  la  secourir  en  ceste 
nécessité  et  de  procurer  sa  liberté  par  tous  les  moyens 
que  Dieu  a  mis  en  ma  puissance  ;  ayant  véritablement , 
selon  cela,  donné  ordre  de  faire  quelques  préparatifs  en 
Bretaigne,  pour  cest  effect,  sans  voulloir  toutes  fois  rien 
offenser  ne  altérer  de  la  bonne  amityé  et  intelligence  qui 
e9t  entre  ladicte  royne  votre  maistresse  et  moy,  qui  met- 
tray,  de  ma  part,  lousjours  peyne  de  la  nourrir  et  con- 
firmer par  tous  les  bons  et  honnestes  moyens  et  dépor- 
temens  dont  je  me  pourray  adviser,  m'asseurant  que,  de 
sa  part,  elle  vouldra  faire  le  semblable,  et  que  ceste  fois 
elle  fera  parroistre  à  madicte  bonne  seur  la  royne  d'Es- 
cosse que ,  quant  il  n'y  auroit  que  l'instante  prière  que  je 
luy  en  fays,  qu'en  ceste  faveur  le  traicté  que  j'espère  qui 
se  fera  bientost  sera  si  bien  estably  que  doresenavant  en 


12  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

ay  escript    par  ledicl   de   l'Aubespine,  sans 
exprimer  davantage,  car  je  l'enlendray  bien. 

AEscouen,  ce  xxm*jour  d'octobre  1670. 

Vostre  très  affectionnée, 

CiTERINE. 

PlNART. 


1570.  —  a'i  octobre. 

Aul.  Arch.  nal.  collect.  Simancas.  K  i5i8.  pièce  l5. 
\  MADAME  MA  FILLE 

LA  RGTNE  CATOLIQUE. 

Madame  ma  fille,  le  Roy  mon  fils  et  moy 
avons  donné  cherge  au  sieur  de  Malicorne 
présant  porteur  de  aler  visiter  ayle  et  nous 
congratuler  aveques  ayllc  de  ce  qu'elle  ayst 
aînée  à  bon  port  près  le  roy  son  mary,  nous 
asseurant  que,  y  étant,  aylle  continuera  les 
bons  aufises  que  faisoyl  la  l'eu  reyne  ma  fille 
pour  l'entretenemcnt  de  l'amitié  entre  nous  et 
le  roy  son  mary,  s'asuranl  Vostre  Majesté  que 
le  Roy  mon  fils  et  moy  ne  lui  portons  moyndre 
volenté  que  si  elle  aytoit  nostre  fille  et  seur, 
corne  en  tout  cet  que  aylle  nous  voldra  em- 
ployer îuclron  pouine  lui  l'ayre  conoistre  par 
ayfest  ynsin  que  plus  amplement  lui  faira 
entendre  ledist  sieur  de  Malicorne,  qui  cera 
cause  que  fayré  fin,  prient  Dieu  lui  donner 
cet  que  aylle  désire. 

D'Ecouan,  ce  xxiih"*  jour  d'octobre  lj^o. 

Catemne. 

sera  une  mutuelle  amilye  entre  elles  el  inoy,  aussi  comme 
de  ma  part,  je  le  désire  bien  fort;  et  estant  ce  que  je 
puis  cm  lire  pour  {<■  présent ,  je  prierray  Dieu,  Monsieur 
l'ambassadeur,  vous  avoir  en  sa  garde. 

itEscripI  ,i  Escouen,  le  ivn"  jour  d'octobre  1Ô70".» 

'    ReconI  office   ,    Slolr  jmjn-r.-,  .    Knoio'.  \'tl.     i'iS;    Voir   i]r]nVlir<    i].' 

Moi  '  I  II  reine  EliBsbelh  'tans  1c  CaJeftifar  qf  SfeXc  pavera  (1570- 
1571),  p.  358,35g,  364;  lettre  .1.-  La  Molne-Féndon à  Catherine  , 
dans  le  tome  III  de  n  GarrafjwndVmca  dijilomatitjur ,  p.  38o. 


1570.  —  26  octobre. 

Copie,  orig.  Arch.  nat.  collect.  Simaueas ,  K  i5i8.  pièce  1': 


A  MADAME  MARIE  CHACUN. 

Doîia  Maria  Chacon,  Havcndo  entendid.0 
que  despues  de  la  partida  de  Madama  la  Du- 
quesa  de  Alva  el  Rey  Catbolico  mi  buen  bijo  os 
lia  puesto  cerca  de  las  Infantes  mis  nietaspara 
que  las  siruays  y  tengays  cuydado  de  sus 
personas  he  guerido  screuiros  esta  para  dezi- 
ros  que  yo  estoy  muy  assegurada  assi  (le  la 
buena  élection  que  el  lia  lieclto  como  de  que 
vos  110  oluidareys  en  naila  de  emplear  el  cuy- 
dado, diligencias  y  afficion  que  decis  tener 
a  su  salud  servicio  y  aung  yo  tenga  por  cierto 
que  vos  las  terneys  en  tan  buena  recommen- 
dacion  quai  conviene  a  la  subjection  y  obe- 
biencia  que  vos  les  deneys  assi  por  respecte  de 
su  padre  como  por  lo  que  el  os  lia  manda  do; 
lodavia  por  tocarme  ellas  tan  de  cerca  os  he 
guerido  dogar  las  tengays  por  singularmente 
commendadas  en  lodo  loque  tocare  à  su  criança 
insliturion  amor  y  temor  de  Dios  y  a  su 
salud  como  conviene  a  vuestra  obligacion  y 
deuer  que  eumpliendolos  como  yo  creo  pues  lo 
sabreys  bien  hazer  yo  terne  memoria  para  os 
bazer  conoscer  con  efleclo  et  contentamiento 
que  en  esto  decibire  con  rogar  à  Dios,  Dona 
Maria,  os  tengo  en  su  sancta  guarda. 

De  Santecoues,  à  2&  octobre  1870'. 

Cathf.rina. 

1    Voici  la  traduction  de  celte  lettre  : 

ttMadame  Marie  Cbacon,  ayant  appris  qu'après  le  dé- 
part de  Madaine  la  duchesse  d'Albe,  le  roi  mon  bon  Ids 
vous  a  mis  auprès  des  lofantes  pour  veiller  sur  elles,  j'ai 
voulu  vous  écrire  pour  vous  dire  que  je  suis  toute  rassu- 
rée sur  le  bon  choix  que  le  roi  a  fait  et  que,  y  apportant 
toute  diligence  el  affection,  vous  n'oublierez  rien  de  ce 
qui  tient  à  leur  santé  et  à  leur  service,  el  quoique  je  sois 
certaine  que  vous  y  apporterez  tous  vos  soins,  suivant 
l'obéissance  que  vous  leur  devez  ainsi  qu'à  leur  père  pour 
vous  conformera  tout  ce  qu'il  vous  a  ordonné,  comme 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


13 


1570.  —  24  octobre. 

Aut.  Arch.  nat.  collecl.  Simancas,  K  i5i8,  pièce  i-'i. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  ayenl  entendu  l'arxivaye 
de  la  royne  vostre  femme,  le  Roy  mon  fils  et 
moy  n'avons  voleu  fallir  l'envoyer  visiter  et 
nous  congratuler  de  cet  que  Dieu  l'a  feste  ari- 
ver  en  bonne  santé  pour  l'espérenze  que  avons 
que,  avstent  près  de  Vostre  Majesté,  a\  le  aidera 
à  perpéteuer  sete  bonne  amityé  entre  nous  et 
nos  royaumes,  ynsin  que  fesoyt,  la  royne  ma 
fille,  et  ni'aseurant  que  de  vostre  cousté  y  tro- 
verez  toute  la  correspondense  que  pouvés 
désirer,  je  ne  doucte  poynt  que,  encore  que 
Dieu  ayst  aulté  ce  bien  que,  ayent  asleure 
celuisi  de  la  royne  vostre  femme  et  belie- 
seur  du  Roy  vostre  frère,  que  yl  ne  le  fase 
ausi  fort  et  durable  que  le  désirons  aveques 
l'eslrète  parentèle  de  les  Ynfeutes  vos  filles ,  les- 
quelles, pour  m'estre  si  proches,  je  ne  puis, 
encore  que  je  sçache  asé  vostre  bouté,  que 
je  ne  lé  recomende  à  Vostre  Majesté  et  lui 
prie,  voyent  que  la  ducbesse  d'Albe  n'ayst 
plus  auprès,  de  comender  à  celé  qu'i  lui  auré 
plu  mestre  en  son  heu  de  lé  servir  et  avoyr  le 
mesme  souin  d'eulx  et  de  leur  santé  qu'ele 
avoyst,  et  m'escuser  cet  je  prans  l'ardiese  de 
luy  en  mender  si  librement  et  l'atribeuer  à 
l'amour  que  je  leur  porte  et  à  la  royne  leur 

elles  me  sont  si  proches,  je  vous  prie  de  veiller  de  très  près 
à  tout  ce  qui  a  trait  à  leur  éducation ,  instruction ,  amour 
ot  crainte  de  Dieu  et  à  leur  salut,  ainsi  que  vous  en  avez 
le  devoir;  car  si  vous  vous  en  acquittez,  comme  je  me  le 
promets,  j'en  aurai  mémoire  pour  vous  faire  connaître 
la  satisfaction  que  j'en  recevrai.  Je  prie  Dieu,  Madame, 
vous  tenir  en  sa  saincle  et  digne  garde.» 

Au  bas  de  la  lettre  et  de  la  main  de  Philippe  11  : 
"On  peut  répondre  qu'en  ce  qui  regarde  les  Infantes  la 
reine  ma  femme  aura  les  mêmes  soins  que  si  c'était 
sîs  filles.» 


mère,  qui  me  représentet,  et,  ne  la  volant 
anuier  de  plus  longue  letre,  fayré  fin,  prient 
Dieu  donner  à  \ostre  Majesté  cet  que  désire. 

Vostre  bonne  mère  et  seur. 

De  Ecouan,  cet  xxiiiimc  de  octobre  1570. 

Catbrine. 


1570.  —  3i  octobre. 
Copie.  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  1075a  ,  f°  882. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQLEVALLX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  estant  advertie 
d'une  calomnie  de  laquelle  on  charge  le  sieur 
de  Sainct-Estienne,  précepteur  et  grand  aul- 
mosnier  de  la  feue  royne  ma  fille ,  luy  mettant 
sus  qu'il  n'est  pas  bon  catholicque,  et  oultre 
qu  il  m'a  rapporté  et  au  Roy  monsieur  mon 
fils  des  choses  du  Roy  Catholicque  pour  nous 
mettre  ensemble  eu  discord,  je  vous  en  av 
bien  voullu  escripre  exprez  pour  luy  servir  de 
tesmoignage  que  nous  le  connoissons  et  lenons 
pour  homme  de  bien,  véritable  et  bon  chres- 
tien.  Et  pour  tel  le  feu  Roy  monseigneur  et 
moy  l'avons  esleu  au  service  et  institution  de 
toutes  mes  filles,  lesquelles  il  a  enseignées  si 
chrestiennement  et  y  a  faict  si  bien  son  deb- 
voir  que  nous  avons  très  agréables  tous  les  ser- 
vices qu'il  nous  a  faicts  et  ne  nous  donna 
jamais  occasion  de  le  soubsonner  autre  que 
1res  bon  catholicque.  Davantage  tant  s'en  fault 
qu'il  nous  ait  faict  aucun  rapport  au  préjudice 
dudict  sieur  Roy  Catholicque  que  je  luy  en 
ay  tousjours  ouy  parler  très  dignement  et  nous 
en  a  dict  tout  le  bien  qui  se  peut  dire  du 
meilleur  prince  du  monde,  de  sorte  qu'il  auroit 
plus  de  raison  de  luy  voulloir  bien  pour  la 
bonne  relation  qu'il  nous  en  a  faicte  que  de 
croire  ceulx  qui  luy  escrivent  légèrement  telles 
mensonges,  ce  que  je  vous  prie  très  instam- 
ment faite  entendre  audict  sieur  Rov  Catho- 


l'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


lieque  et  luy  en  parler  de  bonne  sorte;  car  je 
ne  puis  moins  l'aire  que  de  sentir  l'injure 
qu'on  faict  à  noz  bous  serviteurs  de  dénigrer 
et  calomnier  ainsi  leur  vie,  offençant  leur 
honneur  et  bonne  réputation.  Vous  le  direz 
semblablemenl  à  l'évesque  de  Siguence,  quia 
tenu  ces  propos  dudict  de  Saint-Eslienne ,  ne 
pouvant  croire  toutes  fois  qu'il  adjouste  foy  à 
telles  mensonges  conlrouve'es  conlre  un  tant 
homme  de  bien  et  qui  a  esté  tant  son  ami, 
pour  voulloir  prendre  ce  prétexte  de  luy  nier 
une  petite  pension  qu'il  a  sur  son  évesche', 
chose  qui  me  sembleroil  bien  esloignée  de 
raison  et  justice;  et  pour  ce  qu'il  demande  une 
attestation  audict  de  Sainct-Estienne  pour 
prouver  comme  il  est  bon  catholicque,  le  tes- 
rnoignage  du  Roy  monsieur  mon  fds  et  de 
moy  luy  doibt  suffire;  de  tout  ce  que  dessus 
vous  me  fairez  entendre  la  rosponse  que  ledict 
sieur  Roy  Calholieque  el  luy  vous  fairont.  Et 
m'asseurant  que  vous  n'y  ferez  faillie,  je  sup- 
plieray  le  Créateur  qu'il  vous  ait,  Monsieur 
de  Forquevauls,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Paris,  ce  dernier  octobre  i&70. 

Caterine. 


1570.  —  3  novembre. 

Copie.  Bibl .  nal.  fonds  français,  n°  1075a,  f°885. 

A  MONSIEUR  DE  FORQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  par  voslre  lettre 
du  huictiesme  jour  du  moys  d'aoust  dernier 
passé  apportée  par  le  capitaine  Renavent,  vous 
m'avez  faict  sçavoir  ce  qu'avoit  négotié  don 
Louys  de  Torres  par  le  commandement  de 
Nostre  Saint  Père  le  Pape  en  Portugal  pour 
le  mariage  de  ma  fille,  et  me  mandiez  que  le- 
dict don  Louys  estoit  pour  s'en  retourner  bien- 
tost  à  Rome  et  que  l'on  feroit  bien  de  donner 
charge  à  nostre  ambassadeur  résident  près  de 


Sa  Saincteté  de  moyenner  que  ledicl  de  Torres 
fust  renvoyé  audict  Portugal  pour  continuer  à 
traicter  le  mariage.  Suivant  cella,  comme  je 
vous  ay  escript,  nous  avons  faict  une  bonne 
dépesche  au  cardinal  Rambouillet  pour  l'in- 
struire de  nostre  intention  sur  ledicl  faict,  tanl 
pour  eschaufer  tousjours  Nostre  Sainct  Père  à 
pourchasser  l'exécution  de  ce  mariage  que 
pour  adviser  s'il  seroit  à  propos  que  de  Torres 
fut  commis  de  Sa  Saincteté  en  ceste  charge, 
sur  deux  causes  conlenues  en  vostredicle  lettre 
du  huictiesme  d'aoust:  la  première  que  les 
Portugois  vouldroint,  si  Sa  Sainctelé  s'entre- 
mesloit  de  ceste  affaire,  qu'elle  le  feisl  traicter 
par  quelque  évesque;  la  deuxiesme  poureslre 
icelluy  de  Torres,  espagnol  de  nation,  et  sur 
la  dernière  que  l'on  debvoil  considérer  ce  que 
m'escripvez  qu'il  falloit  que  ledict  mariage 
fut  moyenne  et  traicté  de  façon  par  Sa  Sainc- 
teté que  le  Roy  Calholique  n'entrast  en  jalou- 
sie de  voir  entreprendre  sur  son  marché  pour 
ce  qu'il  pourroit  gaster  tout,  n'oubliant  par 
mesme  moyen  à  luy  faire  entendre  ce  que 
m'avez  escript  de  la  démonstration  que  faisoit 
de  Torres  d'affectionner  ledict  mariage  et 
toutesfois  qu'il  falloit  avoir  tousjours  devant 
les  yeulx  qu'il  estoit  espaignol  et,  pour  vous 
en  parler  ouvertement,  Monsieur  de  Forque- 
vauls, jaçoit  que  don  Louys  de  Torres  soit 
très  obligé  et  particulier  serviteur  de  Nostre 
Sainct  Père  et  qu'il  se  monstre  estre  très  affec- 
tionné en  ceste  négotiation,  toutesfois,  estant 
sujet  du  Roy  Catholicque,  j'estime  qu'il  ne  né- 
gotic  rien  en  ce  faict  que  le  Roy  Catholicque 
n'eu  soit  bien  adverti  et  que  ce  ne  soit  par 
son  voulloir  el  consentement,  de  sorte  que,  si 
ledict  roy  n'y  aporte  la  bonne  volonlé  qu'il 
a  tousjours  mis  peine  de  nous  faire  croire,  il 
sera  bien  dillicille  que  ceste  pratique  réussisse, 
ainsi  que  désirons;  de  quoy  je  vouldrois  bien 
estre  éclaircie  et  sçavoir  ce  que  j'en    doibs 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


la 


espérer;  car  il  me  fascheroit  d'estre  entretenue 
en  longueur,  et  que  ceux  qui  ont  les  premiers 
entreprins  ceste  négotiatiou  et  qui  se  faisoinl 
forts  de  la  faire  effectuer,  voulussent  continuer 
à  s'en  prévaloir  et  nous  payer  de  bayes.  Je 
vous  prie  d'y  avoir  l'œil  ouvert.  Cela  dépend 
de  vostre  bon  jugement,  prudence  et  dexté- 
rité, espérant  qu'au  retour  dudict  de  Torres, 
vous  aurez  moyen  d'y  voir  clair,  dont  j'attends 
de  voz  nouvelles  en  bonne  dévotion  et  n'aura 
de  rien  servi  la  dépescbe  qui  a  esté  faiete  à 
nostredict  ambassadeur  à  Rome  puisque  Sa 
Saincteté  avoil  jà  envoyé  ses  lettres  à  de  Torres, 
faisant  estât  que  par  vostre  première  je  sçau- 
ray  ce  qu'il  aura  Dégolié  en  Portugal,  puis- 
qu'il y  est  retourné.  Du  sieur  de  Malicorue 
vous  entendrez  le  surplus  de  lestai  des  affaires 
de  ce  royaume  avec  l'occasion  de  son  allée  par 
delà,  m'en  remettant  domptes  sur  luy  que  je 
vous  prie  croire  comme  si  c'estoil  moy-mesmes , 
vous  aurez  aussi  conneu  par  ma  dernière  le 
desplaisir  que  j'ay  de  ce  que  la  duchesse  d'Albe 
s'est  retirée  en  sa  maison  et  a  laissé  mes  petites- 
filles.  Je  veulx  croire  que  celle  qui  y  a  esté 
comise  s'en  aquitera  avecques  le  devoir  qu'il 
appartient,  dont  vous  me  ferez  plaisir  de  m'en 
mander  toujours  des  nouvelles;  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Forquevauh,  vous  avoir  en  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-des-Prez  lez  Pa- 
ris, letroisiesmejour  de  novembre  1570. 

Depuis  la  présente  escripte  est  arrivé  vostre 
secrétaire  avecques  vostre  dépescbe  du  quator- 
ziesme  jour  du  passé  sur  laquelle  l'on  ne  vous 
peust  faire  plus  parliculière  response  jusques 
à  ce  qu'ayons  sceu  ce  que  portent  les  lettres 
que  nous  avez  mandé  le  roy  de  Portugal  et 
le  cardinal  avoir  escript  à  Sa  Saincteté;  car 
sur  cella  l'on  fera  jugement  de  ce  que  l'on 
doibt  espérer  de  toute  ceste  pratique;  qui  ne 


prend  à  mon  advis  tel  chemin  que  debvons 
désirer  l. 


î  570.  —  G  novembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fcnelon  . 
t.  Vil,  p.  155. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  par  la  lettre 
du  Rov  monsieur  mon  fils,  vous  serez  si  am- 
plement satisfait  à  vos  deux  dernières  dépes- 
ches  des  xxv  et  xxxe~  du  moys  passé,  qu'il 
n'est  besoin  de  vous  en  dire  davantage,  si  n'est 
que  nous  sçavoDS  très  bien  que  vous  vous  estes 
toujours  porté  pour  les  affaires  de  ma  fille  la 
royne  d'Escosse  avec  la  bonne  et  grande  affec- 
tion que  vous  sçavez  que  nous  avons  de  l'as- 
sister et  secourir,  et  ne  nous  sçauroit-on  rien 
persuader  de  vous,  et  n'en  ayez  peur,  qui 
nous  altère  la  bonne  opinion  que  nous  avons 
du  bon  debvoir  que  nous  sçavons  que  vous  y 
avez  toujours  fait  et  faites  encores,  vous  ren- 
voyant pour  ceste  occasion  les  lettres  qu'elle  vous 
a  escriptes  et  aussi  celles  que  l'évesque  de  Glasco 

1  Voici  ce  que  Fourqucvaux  avait  écrit  le  ik  oc- 
lobre  :  trBien  m'a  faict  bon  serment  ledict  de  Torres  que 
le  Roy  Calolicque  procède  sincèrement  audict  mariage 
et  a  toujours  faict  bons  offices;  en  foy  de  quoy  il  m'a 
produict  les  copies  d'aucunes  lettres  de  Sa  Majesté  es- 
criptes à  don  Jeban  de  Borja ,  son  ambassadeur  en  Por- 
tugal, cependant  que  ledict  de  Torres  y  estoit,  par  les- 
quelles estoit  mandé  bien  expressément  au  sieur  de  Borja 
qu'il  luy  assistât  à  procurer  et  faire  tout  ce  qu'il  poui- 
roit  penser  qui  peult  servir  audict  traité  pour  satisfaiiv 
à  Sa  Saincteté  et  à  Vostre  Majesté.»  (Même  volume, 
p.  834.)  Dans  une  nouvelle  lettre  datée  du  9  no- 
vembre suivant,  Fourquevaux  ajoute  :  ttJ'estimois  don 
Luys  de  Terres  homme  de  bien  devant  que  l'abbaye  luy 
fut  donnée  et  lui  avoir  promis  le  chapeau ,  car  H  me  te- 
noit  le  langage  de  bon  serviteur  du  pape.  Toutefois 
après  qu'on  lui  a  donné  ledict  os  à  ronger,  comme  à 
un  mastin  affamé,  il  s'est  tout  changé." 

2  Voir  ces  lettres  dans  le  tome  III  des  Négociations 
diplomatiques  de  La  Molke-Fénelon ,  p.  33g  et  366. 


16 

son  ambassadeur,  qui  est  ici,  cscrivoil  à  l'e- 
vesque  de  Ross,  lesquelles  j'ay  l'ait  voir  au  Roy 
mondit  sieur  et  fils  et  à  mon  fils  le  duo  d'Anjou 
qui  oui  bien  jugé  par  icelles,  comme  aussy 
ai-je  l'ait  principalement  par  celle  dudit  am- 
bassadeur, ce  que  m'avez  escripl  venir  de  luy 
et  non  pas  de  vous;  mais  je  crois  que  de  delà 
l'on  n'a  pas  cette  opinion,  puisque  la  royne 
d'Angleterre  vous  a  donné  pour  ladite  royne 
d'Escosse  ma  lillc  la  bonne  espérance  que  vous 
nous  escriviez  par  vosdites  deux  dernières  des- 
pescb.es,  sur  lesquelles  il  ne  me  reste  plus 
rien  à  vous  dire.  Sur  ce,  je  prierai  Dieu, 
Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  ce  vi8  jour  de  novembre 
1570. 

(ÎATER1NE. 
PlNART. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1570.— 


ibre. 


Aul.  Arcli.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  filza  litfo , 
nuova  numerazione. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mou  cousin,  j'é  reseu  vostre  letre,  et  veu  le 
contentement  que  avés  reseu  de  cet  que  le 
capitayne  Nicolo  vous  ha  dist  de  nostre  part, 
cet  que  ne  m'a  esté  moyns  agréable  de  voyr  la 
réponse  que  avés  fayste,  et  souis  bien  ayse 
que  cet  souit  présanté  celé  aucasion  de  ays- 
cripre  à  l'Ampereur,  cet  que  le  Roy  mon  fils 
et  moy  avons  fayst  très  volantier,  etvoldroys 
qu'il  vous  peult  aultent  servir,  couie  je  désire 
vostre  grandeur,  et  que  né  soyés  molesté.  Le 
Roy  mon  fils  ha  l'ayst  pour  vous  aulter  toutes 
plus  grandes  ennuie  dire  à  vostre  enbassadeur 
et  à  seluy  de  Ferare,  qu'il  ne  feroyt  dornavent 
plus  apeler  neul  anbassadeur  de  vous  dus  *  à 

1  Dut,  deux. 


ces  cérémonies,  mes  que  au  reste  y  les  hono- 
reret  et  voyret  volantier,  mes  que  en  sela  yl 
voulouit  aulter  toutes  disputes,  ynsi  que  l'Em- 
pereur et  roy  d'Espagne  ne  volant  en  jouger  ' 
en  fesoy nt ,  et  vous  prie  le  trover  bon ,  car  il  m'a 
semblé  aystre  vostre  avantage,  et  mesme  que 
j'é  trové  aucasion  de  fayre  trover  bon  au  Roy 
mon  fils  que  le  vostre  vous  alat  trouver,  encet 
pendent  ces  noses  et  son  entraye  sel  passeront, 
et  après,  si  l'Empereur  consant  à  cet  que  le 
pape  vous  ha  donné,    fera  aucasion    d'aulter 
toutes  disputes,  et   vous   prie    vous   aseurer 
que  neul  aullre  dé  dus  ni  seront.  Je  faire  cet 
propos  pour  vous  dire  que'la  prinsipale  auca- 
sion qui  m'a  l'ayst  désirer  que  vostre  enbassa- 
deur vous  alast  trover,  et  pour  vous  dire  la 
volante  en  quoy  le  Roy  mon  fils,  ses  frères  et 
moy  somes  de  vous  aystre  seurs  amys  et  pa- 
rans,et  que  de  vostre  coûté,  vous  voliés  conr- 
respondre  en  toutes  les  aucouranses  et  auca- 
sion qui  setporont  présanter,  avecques  vostre 
honneur  et  réputation  de  cet  que  vous  aystes; 
car,  pour  aystre  de  mon  sanc,  je  ne  vous  vol- 
drès  jeamès  rechercher,  ne  que  mes  enfans  le 
fiset  aullrement,  et  pour  vous  parler  privé- 
ment  aveques  la  surté  que  me  donnés  par  vos 
letres  en  parant  et  amy,  je  vous  prie  me  vou- 
loir conseller  et  ayder  en  cet  que  je  veuls  si- 
après  déclarer,  qui  est  que  m'ayant  donné  Dieu 
troys  enfans,  qui  me  sont  resté  en  vie,  l'ayné 
avst  cet  qu'il  peult  désirer,  roy  d'un  si  beau  et 
grant  royaume  qu'il  a  de  quoy  se  contenter;  le 
second,  Dieu  lui  ha  donné  de  grens  beur  et 
bonne  forteune  en  cet  que  son  frère  luibaco- 
mendé,   et  voyant  qu'il  est  de  mesme  père  et 
mère  et  qu'il  n'a  sinon  cet  qu'il  peult  avoyr  dan 
sel  royaume ,  qui  n'est  pas  beaucop ,  je  désirerès 
qu'il  eut  moyen  de  set2  contenter  sans  fayr  de- 
sayn  sur  tel  voysin;  et  me  samble  qui  ha  un 

1  Jouger,  juger. 
:   Sel,  se. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


17 


grent  moyeu ,  et  désireroys  encore  que  cet  feult 
parvoslre  moyen  pour  tousjourle  vousaquérir 
et  le   Roy  mon  fils  et  toute  la  mayson  pour 
sur  amys,  corne  y  le  veulet,  et  sien  set  que 
je  veulx  dire  ne  préjudisie  à  personne,  mes  au 
coritreyre,  je  croy  certaynement  qu'il  servira 
pour  le  servise  de  Dieu,  de  son  ayglise  et  uti- 
lité de  cet  royaume  :  c'et  que,  voyent  cornent 
le  Pappe  ayst  en  pouine  de  Avignon  pour  res- 
pect des  huguenos,  qui  en  sont,  et  que  pour 
ayslre  dan  le  royaume  tout  le  Contât,  le  Roy 
mon   tils    ne  veult   nulement  qui   haye   des 
ayslranger,  et  que  cela  ne  peult  que  aportcr 
lousjour  trouble  à  cet  royaume,  si  plèsoyt  à  Sa 
Sainteté,  puisque  les  chauses  sont  ynsin,  et 
qu'il  n'en  tyre  poynt  de  argent,  de  donner  cet 
Aystat  à  mon  fils  le  duc  d'Enjou ,  et  qu'il  en  re- 
conneul  le  Sainct  Siège  Aposlolique,   ynsin 
cornent  font  les  aultres  prinses,  qui  tienenl  dé 
fieu  de  l'église,  Sa  Saincteté  obligeroyt  le  Roy 
mon  fils,  mondist  fils  et  nous  tous,  et  croy 
que  serovt  cliause  qui  serviroyt  et  seroyt  utile 
à  tute  la  crélienté  en  beaucop  de  fason  et 
s'an  santyroy  ynfiniment  aubligé  à  vous.  Sur 
ce  fayst,je  vous  prie  m'en  mender  votre  avis 
et  enn  user,  cornent  vous  conestrés  aystre  le 
mylleur,  le  plus  honorable  pour  mondist  fils; 
vous  enn  ayent  voleu  mender  mon  aupinion, 
et  cet  que  je  an  désire,  pour  après  l'avoyr  eu- 
tendeu  vous  y  fasiés  corne  jeugerés  pour  le 
myeulx.  D'aultres  m'ann  ont  parlé  et  dist  qu'il 
en  parleroynt  au  Pappe;  je  les  enn  é  renier- 
sié,  et   né  voleu  entrer  plus   avenl  aveques 
eulx  en  propos,  car  je  désire,  si  set  deoit  fayre, 
que  ce  souit  par  vostre  moyen  et  vous  prie 
que  sesi  souit  si  segret,  que,  s'il  douit  aystre, 
que  l'on  sache  plus  tost  la  volante  du  Pappe, 
que  l'on  ne  puise  panser,  que  je  ann'aye  parlé. 
Au  movns  personne  n'en  sara  ryen.  Je  vous 
en  prie,  encore  que  je  me  fie  en  vostre  enba- 
sadeur,  je  ne  luy  eun  é  ryen  voleu  dire;  bien 

Catherine  de  Médicis.  IV. 


lui  ai-je  dist  que  je  désiroys  que  vous  vous 
employasé  pour  la  grandeur  de  mes  enfans, 
ynsin  que  la  conestriés,  et  que  je  vous  ayscrip- 
voys  cet  que  j'avoys  pansé.  Je  vous  prie  que 
sesi  souit  segret,  et  ne  m'an  puis  fyer  que  à 
moy  mesme,  come  dornavent  je  fayré  de  toutes 
les  chauses  que  je  désireré  de  vous,  et  vous 
prie  vous  aseurer  de  nostre  amytyé,  et  volante 
que  avons  à  vostre  bien  et  grandeur  et  à 
vostre  conservatyon ,  et  des  vostres.  Quant  à 
cet  que  l'enbasadeur  m'a  dist  de  vostre  part 
pour  le  désir  que  j'é  de  cet  que  tient  Madame 
de  Parme  de  le  ravoyr,  je  envoyré  quelque 
personage  pour  vous  fayre  enlendre  tous  nié 
droys,  m'aseurant  que  m'y  faire  raison,  je  ne 
vous  recomanderé  davenlage  cet  fayst,  et 
fayré  fin,  priant  Dieu  vous  donner  cet  que 
désirés. 

De  Monseaus,  cet  vmc  de  novembre  1670. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1570.  —  ai  novembre. 
Orig.  Arch.  nat.  Musée.  AE  11.  695. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHÏÏ-FÉNELOX. 

Monsieur  de  la  Mothe,  pour  respondre  à  la 
petite  lettre  que  m'a  apportée  le  secrétaire  de 
l'Aubespine,  je  vous  diray  que  je  suis  bien 
aise  de  quoy  vous  estes  de  mon  oppinion,  qui 
est  que  la  royne  d'Angleterre,  quelque  chose 
qu'iiz  nous  ayent  voullu  persuader  et  per- 
suadent encores  ceulx  que  sçavez,  ne  se  ma- 
riera jamais  et  que  les  démonstrations  qu'elle 
a  cy-devant  faictes  et  qu'elle  pourroit  encores 
faire  ne  sont  que  pour  se  prévalloir  toùsjours 
et  cependant  de  faire  ses  affaires  ;  mais  si  \ous 
priav-je  de  faire  tout  ce  que  vous  pourrez  pour 
savoyr  au  vray  quelle  volunté  elle  a  et  à 
quelle  intention  et  l'occasion  pourquoy  l'on 
nous  a  tenus  si  souvent  les  languaige  el  pro- 

3 


.m. 


18 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


pos  que  je  vousaycripts,  et  si  cella  se  fnict  par 
son  intelligence,  car  ceci  tend  à  quelque  fin 
que  je  désire  bien  sçavoyr;  et  pour  ceste  cause 
je  vous  prie  aussi  d'y  veiller  et  faire  en  sorte 
que  le  puissiez  descouvrir  de  delà,  et  comme 
je  m'asseure  que  vous  en  sçaurez  très  bien 
trouver  les  moiens,  et  croy  que  du  M  illord 
Robert  Ton  en  pourrait  bien  apprendre  et 
sentir  quelque  cbose,  car  est  accoustumé 
de  parler  franchement,  quand  il  est  tenu 
accortement,  ainsi  que  sçavez  très  bien  faire, 
sans  qu'il  se  double  de  l'occazion  pour  quoy 
vous  l'en  mettrez  en  propos.  Vous  tenterez 
aussi  les  autres  moiens  que  penserez  qui  vous 
pourront  servir  pour  en  sçavoir  des  nouvelles. 
Cependant  je  prie  Dieu,  Monsieur  delà  Mothe, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saiucte  et  digne  garde. 

Escript  à  Toury  le  Moustier  en  Valloys,  ce 
xxie  jour  de  novembre  1570. 

(De  sa  main.)  Cet  que  je  vous  ayscrips  se 
n'et  pas  que  je  ne  désirase  qu'ele  le  voleut 
ausi  h  bonn  esien,  cornent  nous  coresponde- 
rion  de  volante',  et  vous  prie,  ynsin  que  je 
m'aseure  de  vostrc  afection  en  mon  endroyt 
et  au  servise  du  Roy  mon  fds,  en  déeouvir 
tout  cet  que  enn  est  à  la  ve'rité. 

Caterine. 
I'inart. 


1570.  —  21  novembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomaln/ue  de  La  Motlte-Fénelon , 
t.  VU.  p.  ,6s. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fènelon,  vous  nous 
avez  si  amplement  escript  et  faict  entendre 
si  particulièrement  toutes  choses  par  le  secré- 
taire de  l'Aubespine,  que  je  vousasseure  que  le 
Roy  monsieur  mon  fils  et  moy  en  demeurons 
bien  fort  salisfaicts,  vous  priant  de  continuer, 


à  présent  que  les  depputés,  d'une  part  et 
d'aullre,  seront  arrivés  auprès  de  la  royne 
d'Angleterre,  et  vous  tenir  lousjours  prest  à  ce 
que ,  par  le  traicté  que  je  désire  et  espère  qui 
se  fera  pour  la  liberté  de  ma  fille  la  royne 
d'Escosse,  il  ne  soit  rien  altéré  ni  préjudicié 
aux  confédérations  et  alliances  anciennes  d'en- 
tre ceste  couronne  et  celle  d'Escosse,  nous  te- 
nant aussy  advertis  de  toutes  aullres  occu- 
rences,  comme  avez  accoustumé. 

Escript  à  Tannay  le  Moulin  en  Vallaige,  le 
xxic  jour  de  novembre  1070. 

,.      Cateriîve. 

Monsieur  de  la  Mothe,  j'ay  faict  retarder 
ceste  despesche  jusques  à  ce  que  j'eusse  esci ipl 
et  faict  response  de  ma  main  à  la  royne 
d'Escosse  madame  ma  fille,  à  laquelle  je  vous 
prie  la  faire  tenir  et  l'asseurer  lousjours  que, 
sans  l'asseurance  que  nous  a  donnée  la  royne 
d'Angleterre  de  sa  délivrance,  que  nous  n'eus- 
sions pas  failli  de  faire  tout  ce  qu'il  nous  eust 
esté  possible  pour  elle;  mais,  estant  la  négo- 
tiatiou  si  acheminée,  nous  craignons  que  cela 
lui  eust  porté  préjudice,  et  diverti  ladicte 
royne  d'Angleterre  de  ceste  bonne  volonté  que 
je  ne  pense  pas  qu'elle  ne  tienne;  aullrement, 
comme  j'escript  de  ma  main  à  madicte  fille 
la  royne  d'Escosse,  le  Roy  monsieur  mon  fils 
aura  juste  occasion  de  se  ressentir  et  souvenir 
de  ses  promesses  et  asseurances. 

De  Mézières,  le  xxixe  jour  de  novembre  1 570. 

Caterine. 

PlNART. 

[1570.  —  3  décembre.  ] 
Minute.   Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i555s,  f°  3i4. 

A  MONSIEUR  DE  ROISSY. 

Monsieur  de  Roissy,  vous  m'avez  faict  fort 
grand  plaisir  de   me  mander  ainsi  particu- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


19 


fièrement  que  vous  avez  faict  par  vostre  lettre 
du  deuxiesme  de  ce  moys  ce  que  vous  aviez  veu 
à  Saint-Germain-en-Laye.  Je  n'a  y  esté  moins 
esbahye  que  ayse  de  ce  que  Ton  a  reine'dyé  à 
ceste  poutre  qui  estoyt  soubz  ma  chambre, 
puisqu'elle  estoyt  ainsy  pourrie.  Je  suys  main- 
tenant   en  double  que  les  autres  ne  soyent 
aussy  gastées,  mesmement  celles  qui  sont  au 
dessus  des  chambres  où  logent   mes  fils   et 
filles,  et  partant,  je  vous  prie  retourner  audict 
Saint-Germain  et  y  faire  regarder  et    pour 
mesme  y  pourveoir,  s'il  en  est  besoing;  car, 
puisque  le  pourry  c'est  trouve'  en  unglieu,  il 
peut  bien  estre  en  plusieurs  et  ne  seray  con- 
tente que  je  ne  soys  aussi  asseurée  de  celles 
cy-dessusdictes,  comme  le  suis  maintenant 
de  la  mienne.  De  Villers  Cotteretz,  où  nous 
serons  mardy,  je  feray  satisfaire  à  ce  que  désirez 
pour  la  seuretté  des.  xii  mil  escuz  de  bagues 
dont  vous  estes  respondant,  priant  Dieu,  mou 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digue  garde. 

» 

1570.  —  k  décembre. 

Copie.  Bibl.  Dat.  fonds  français ,  u*  1075a ,  f°  908. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  le  Roy  monsieur 
mon  fils,  après  avoir  parachevé  ses  nopces  à 
Mézières,  le  vingt-sixiesme  du  passé",  s'en  re- 
tourne à  si  grandes  journées  vers  sa  bonne 
ville  de  Paris  qu'il  n'est  possible  d'adviser  à 
loisir  à  la  response  de  la  despesche  que  nous 
avez  faicle  par  le  courrier  qui  vous  avoit  esté 
envoyé.  Si  tost  que  seront  arrivez  en  lieu  de 
séjour,  je  n'oublieray  de  le  faire  résouldre  et 
vous  le  mander  incontinanl.  Cependant  infor- 
mez-vous bien  au  vray  si  les  princes  de  Bohesme 
passent  par  ce  royaume  en  retournant  vers 
l'Empereur1,  quand  ils  partent  et  du  temps 

1  Les  61s  de  l'Empereur  qui  avaient  fait  un  long  séjour 
à  la  cour  d'Espagne.  A  ce  sujet,  Fourquevaulx  avait  écrit 


qu'ils  pourront  y  estre,  afin  qu'en  estans  par 
vous  diligemment  advertis  la  bonne  affection 
que  le  Roy  monsieur  mon  fils  a  de  les  bien 
recevoir  et  traicter  soit  entièrement  suivie  et 
accomplie;  priant  Dieu,  Monsieur  de  Forque- 
vauls, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Soissons,  le  quatriesme  décembre 
1  570. 

Mandez-moy  des  nouvelles  des  Infantes  et 
voyez-les  souvant  de  ma  part. 

Caterine 


1570.  —  8  décembre. 

Copie.  Arch.  nat.  registre  du  bureau  de  la  ville  de  Paris. 
H  i786d,  p.  s3  r°. 

A  MESSIEURS 

LES  PRÉVOST  DES  MARCHANDS 
ET  ESCHEVINS 

DE    LA    VILLE    DE    PARIS. 

Messieurs,  ce  a  esté  ung  fort  grand  plaisir 
et  contentement  au  Roy  monsieur  mon  filzct 
,  à  moy  d'avoir  entendu  la  joye  et  démonstration 
d'allégresse  que,  en  général  et  en  particullier, 
vous  et  vos  bons  concitoyens  avez  faict  du  ma- 
riage du  Roy  monsieur  mon  filz ,  les  cérémonies 
duquel  vous  verrez  bien  amplement  desduictes 
par  le  discours  que  nous  vous  envoyons,  le- 
quel et  les  lettres  du  Roy  mondict  filz  m'em- 
pescheront  vous  faire  ceste-cy  plus  longue, 
synon  pour  prier  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Villers-Cotterets,  le  vme  jour  de 
décembre  1670. 

Caterine. 


au  Roi  :  «Les  princes  partiront  ou  feront  estât  de  partir 
de  cette  cour  en  ce  mois  de  janvier  qui  vient.  Je  pense 
qu'il  y  aurait  de  la  jalousie  s'ils  passoient  par  voir.' 
royaulme.»  (Ibid.,  p.  go3.) 


20 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1570.  —  îO  décembre. 

Copie  Bibl.  nat.  Ciuq  cents  Colbert ,  vol.  CXL,  1°  ioi  r°  etn*. 

Al IX  PRÉVOST  DES  MARCHANDS 
ET  ESCHKVmS 

DE    LA    VILLE    DE    PARIS. 

Messieurs,  il  a  este'  bien  advisé  à  vous  d'a- 
voir prévenu  le  danger  qui  pouvoit  advenir 
aux  pouls  de  noslre  ville  par  le  moyen  des 
orandes  crues  qui  ont  eu  cours,  et  m'a  esté 
grand  plaisir  de  l'entendre  ainsi,  comme  je 
serav  tousjours  de  veoir  que  toutes  choses  pros- 
pèrent en  voslre  ville,  à  laquelle  j'ay  veu  par 
ce  que  nous  escripviez  que  les  volleries  qui  s'y 
l'ont  portent  un  grand  préjudice;  pour  à  quoy 
remédier,  le  Roy  monsieur  mon  filz  et  mon  filz 
le  duc  d'Anjou  en  cscripvent  bien  expressément 
à  mon  cousin  Monsieur  le  duc  de  Montmo- 
rency, lequel,  je  m'assure,  y  sçaura  bien  pour- 
veoir  selon  l'autorisation  du  Roy  mondict  fils, 
lequel  a  résolu  de  faire  son  entrée  en  voslre 
ville  le  jour  qu'il  vous  escript  ',  dedans  lequel 
temps  je  vous  prie  que  toutes  choses  soient 
prestes;  priant  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous 
ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Villers-Costeretz,  le  seiziesme  jour 
de  décembre  mil  cinq  cens  soixante  et  dix. 

Caterine. 

PlNAIiT. 

1570.  —  16  décembre. 

Copie.  Bibl.  nal.  Parlement,  n°  o,3 ,  f  i3q. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COUBT  DE  PARLEMENT 

DU     BOX     MONSIEUR.     MON     FILZ,     À     PARIS. 

Messieurs,  je  croy  bien  que  les  remons- 
trances  que  vous  avez  envoyées  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz  sur  la  vériffication  des  édicls 

1  Lettre  de  Charles  IX  fixant  son  entrée  au  i5  fé- 
vrier suivant,  f  Ihid. ,  I"  hos.) 


qui  ont  estes  long  temps  à  envoyer,  ne  sont 
procédées  que  du  désir  que  vous  avez  de  voir 
toutes  choses  aller  bien  pour  son  service;  mais 
je  vous  puis  aussy  asseurer  qu'ils  n'ont  esté 
faits  sans  grand  considération  etàaullre  fin  que 
pour  le  bien  de  ses  affaires  et  non  pour  aultre 
particulier  respect,  ne  voullanl  adjouster  ce 
mol  aux  lettres  que  le  Roy  mondict  sieur  et 
filz  vous  a  escript,  sinon  pour  vous  dire  que  le 
retardement  qui  a  esté  faict  en  la  publication 
desdicts  édicls  n'apporte  pas  peu  de  préjudice 
en  sesdictes  affaires  et  que  vous  ne  sçauriez 
faire  chose  qui  luy  donne  plus  de  contente- 
ment que  de  les  vériflier  cesle  foys  sans  y  user 
de  remise  ou  difficulté;  priant  Dieu,  Mes- 
sieurs, vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript    à    Villers-Cotleresls,    le    seizième 
jour  de  décembre  1670. 

Cateiune. 

PlNAIST. 


1570.—  a8  décembre. 

Aut.  Archives  de  Turin. 
A  MADAME  MA  SEUR 

MADAME  LA.  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  Boivin  m'a  dist  qu'il  vous  en- 
voyé un  homme  que  je  n'é  voleu  qu'il  souit 
aysté  sans  set  petit  mot  et  vous  aseurer  de  la 
bonne  santé  de  nous  tous,  Dieu  mersis,  en- 
core que,  ces  jours  pasés,  la  royne  ma  fille 
aye  eu  un  grenl  reume  sur  les  deu  pies,  mes 
asteure  elle  cet  porle  fort  bien  et  n'i  a  que  ma 
fille  de  Loraync  qui  ha  un  peu  de  fièvre,  mes 
j'espère  que  ne  1\  deurera  poynt,  si  plest  à 
Dieu,  el  toutes  ses  maiils  qu'il  ont  nous  ont 
aresté  vsi  plus  que  nous  ne  pansions,  qui  ayst 
cause  que  la  contesede  Pancalier  n'esl  aurore 
veneue,  pansant  de  jour  an  jour  que  deusions 
aler  à  Sainl-Germayn;  mes,  si  nous  demeu- 
rons encore  ysy,  je  la  menderé  pour  l'envie 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIG1S. 


que  j'é  de  savoir  bien  au  long  de  vos  novelles 
et  de  vostre  fils.  Boyvin  m'ann  a  dist  bien  au 
long,  ensemble  quelque  auv'èrture  que,  de  sa 
part,  yl  m'a  leste  pour  le  bien  et  avansnnient 
de  mon  fils,  qui  nous  l'est  de  plus  en  plus  co- 
noystre  cornent  M.  de  Savoie  nous  ayme  et 
de'sire  voyre  mes  en  fans  grens ,  qui  eera ,  quant 
y  le  seront,  tous  son  apui  et  auront  plus  de 
moyen  d'eyder  à  la  siene  et,  pour  se  que  le 
Roy  mon  fils  et  moy  avons  dist  librement 
audict  Boyvin  cet  que  y  nous  en  semble  et 
qu'il  m'a  aseure'  le  mender  à  Monsieur  de 
Savoye,  je  ne  vous  en  fayré  rediste  ;  etvous  su- 
plire's  ceulement  l'en  remersier  de  notre  part 
et  l'aseurer  que  conèsent  tent  son  afection 
en  notre  endroyl  que,  en  tout  cet  que  aurons 
de  moyen,  yl  an  peult  fayre  aytast  de  nous  et 
s'an  promelre  corne  de  prinse  qui  désirent 
son  bien  et  grandeur  corne  le  notre  propre,  et 
vous  prie  l'enn  aseurer  et  que  neul  n'i  puise 
plus  fayre  acroyre  que  ayons  aultre  aupinion 
de  lui  que  du  plus  aflfectioné  parent  et  amy 
que  aye  cete  courone,  et  me  remetent  sur  le- 
dist  Boyvin,  je  fayré  fin,  vous  bésant  lé  mayn. 

Cet  xxvm''  jour  de  décembre  i5yo. 

Votre  très  humble  et  très  hobéisanle  seur, 

Caterine. 

[1571.  —  Janvier.] 
Minuit'.  Bibl.  Dût.  fonds  français,  n°  i5553,  f°  2&. 

AUX  CAPITOULS  DE  TOULOUSE. 

Messieurs,  je  me  remettray  de  la  responce 
que  je  vous  pourray  faire  à  la  lettre  que  j'ay 
receue  de  vous  du  xxv  septembre  sur  celle 
que  vous  receviez  du  Roy  monsieur  mon  filz , 
à  laquelle  ne  me  reste  aultre  chose  à  adjous- 
ler,  siuon  de  vous  asseurer  de  l'entière  et 
bonne  affection  qu'il  a  de  vous  graliffier  de 
tout  ce  qu'il  lui  sera  possible;  mais  estant 
question  d'innover  aucune  chose  des  termes 


21 

de  l'édict  de  paciflication  1,  il  n'y  veult  au- 
cunement toucher;  par  quoy  je  vous  prie  de 
vous  conformer  à  son  intention  en  cest.  en- 
droict  et  continuer  tousjours  au  bon  debvoir 
dont  vous  avez  usé  jusques  icy  en  tout  ce  qui 
concerne  et  regarde  le  bien  de  son  service; 
priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  Villiers  Costerets  2. 


1 57 1 .  —  Janvier. 

Minute.  Riul.  nat.  fonds  français,  n°  1 5553 ,  f°  59. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE3. 

Mon  cousin,  j'ay  en  telle  recommandation 
ce  qui  louche  et  appartient  au  sieur  de  Vilars, 
François  Boyvin,  conseiller  et  maistre 
d'hostel  ordinaire  de  la  royne  ma  fille,  en 
faveur  et  considération  de  ses  notables  et 
continuels  services,  que  j'ay  bien  voulu  ac- 
compaigner  de  la  présente  celle  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  en  sa  faveur, 
vous  priant  vouloir  honorer  de  vostre  ordre  son 
filz  Alphonse  Einilio  Boyvin  et  le  pourveoir  à 
son  rang  et  degré  d'une  commanderie  de  celles 
qui  y  sont  affectées,  lui  faisant  en  cest  en- 
droict  tout  favorable  et  gracieux  traictement, 
et  j'estimeray  à  grâce  et  plaisir  le  bien  qu'il 
recevra  de  vous,  ainsi  que  particulièrement 
j'ay  dit  au  sr  Troile  Ursin,  l'ung  de  voz  gen- 
lilzhommes,  qui  s'en  retourne  vous  trouver, 
pour  le  vous  faire  entendre  de  ma  part;  et  je 
vous  prie  de  le  croyre,  comme  vous  le  feriez 
moy  mesme,  et  je  supplieray  le  Créateur  vous 

1  11  s'agissait  Je  la  suppression  des  prêches  réclamée 
par  eux. 

2  Au  dos  de  la  lettre  du  Roi  on  lit  :  Janvier  1571. 

1  Au  bas  de  la  page  :  La  Royne  au  duc  de  Flo- 
rence. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


avoir,  mon  cousin ,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Villers-Gosterets,  le  .  .  .  jour  de 
janvier  1071. 

1571.  —  1"  janvier. 

Aul.  Archives  de  Turin. 

\  MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  j'é  entendeu  par  Boivin  cornent 
\|   vous  eiivoyoyt  un  paquet  et  je  né   voleu 
que  çoit  ayté  san  cete  letre,  qui  ne  sera  que 
pour  vous  dire  cornent  la  royne  ma  fille  ayst 
guérye,  Dieu   mersis,    et    ausi    ma    fdle   de 
Loravne  set  porte  myeulx  et  tout  le  reste  set 
portet  fort  bien  et  prie  à  Dieu  que  toute  cet 
annayc,    de   quoy  nous  avons   cet    matin  le 
cominensemenl,     yl    set    puiset    aussi    bien 
porter  et   nous   souit  si  heureuse  que  je  lé 
voye  conserver  et  cet  royaulme  demourer  en 
pays,  et  que  nous  puisé  voyr  avant   quelc 
achève   et   vous    et  Monsieur   de    Savoye  et 
vostre  fils  soyés  en  bonne  santé  et  tele  pros- 
périté  que   désirés.  Je    croy,   Madame,   que 
avez  entendu  la  prise  du  comte  de  Gayase1 
que   le  Pappe  a  fait  prendre  subs2  coleur  de 
religion,    chause  qui  ne  contente  neulement 
le  Roy  mon  fils,  car  yl  a  esté  tent  en  Italia 
et  du  temps  de  cet  Pappe  et  jeamès  Ton  lui 
enn  a  rien  dist  que  asteure  que  Tons  ha  veu 
que  luy  avoye  donné  cherge,  chause  que  le 
Roy   mon   fils  n'a   neulement  délibéré  d'en- 
durer, et  cet  l'on  ne  luy  rend,  j'é  granl  peur 
que  sesi  sera  cause  de  troubler  le  monde  et, 
à  cet    que   je  antemps,    ceulx    qui  l'ont  feyst 
prendre    et    luy   veule    mal   au   veulet  avoyr 

1  Le  c-omte,  accusé  d'hérésie,  avait  été  déféré  à  l'in- 
quisitk>D.  Voit  ;i  ce  sujet  les  lettres  du  cardinal  d.> 
Rambouillet  dans  le  11°  i6o3g  du  fonds  français  et 
une  Iellre  de  Charles  IX  au  comte,  (lbid.) 

:  Subs,  sous. 
Au,  ou. 


j  son  bien  (d'aultent  que  son  beau  frère  lu\ 
avoyt  fayst  une  donèson)  auret  mis  enn  avent 
au  Pappe  qu'il  étoyt  huguenot,  afin  que  rien 
n'eult  puisanse  en  son  endroyt  de  le  sover  et 
n'ont  considéré  que  l'afront  ayst  fayst  au 
Roy  mon  fils  et  à  moy  qui  lui  avons  nome' 
pour  avoir  la  cherge  qu'il  a,  et,  après  les 
beaus  bruys  que  l'ons  a  fayst  de  moy,  volouyr 
encore  suicroyre  que  ceulx  que  nomons  au 
Roy  mon  fils  pour  le  servir  sont  buguenots, 
si  bien  que  sesi  nous  touche  tent  à  l'honneur 
et  réputation  que,  si  le  Pappe  ne  nous  en 
satisfayt,  le  R<>\  mon  fils  n'est  pas  délibéré 

|  de  l'andurer  et  s'en  resantira  et  y  anvoyra  un 
jeantilhomme  pour  luy  en  parler  et  alendre 
la  réponse  pour,  selon  sela,  feyre  cet  que  yl 
devera  pour  son  bonneur  et  réputation  et  con- 
servation de  ceulx  qui  le  cervet  et  voldroit 
servir.  J'é  grent  peur  que  cet  bonhomme  de 
Pappe  à  la  fin  par  ses  fays  trouble  toute  la 
erétienté,  cet  que  Dieu  ne  veulle,  lequel  je 
prie  vous  donner  ce  que  désirés. 

De   Villers-Coulré,    le   premier   jour    de 
l'an  1571. 

Vostre  très  humble  et  très  hobéissente  seur, 

Caterine. 

1571.  —  3  janvier. 

Orig.  Aut.  Copie  transmise  par  M.  Feuillet  de  Couches. 

A  MADAME  MA  SEUR 

MADAME  LA  ROYNE  DE  NAVARRE. 

Ma  sœur,  vous  entendrez  par  le  mareschal 
de  Cossé  '    si  amplement  l'intention  du  Roy 


1  Le  même  jour,  de  son  côté,  Jeanne  d'Albret  écrivait 
de  la  Rochelle  à  Catherine  :  «  Madame,  .Monsieur  le  ma- 
reschal de  Cossé  estant  venu  icy  et  nous  ayant  fait  en- 
tendre la.  bonne  volonté  de  Voz  Majestez  à  l'entreté- 
nement  de  l'édict,  nous  luy  avons  bien  au  long 
remonslré  que,  si  le  Roy  n'y  met  la  main  à  bon 
escient,    nous    craignons    que     les    choses    n'aillent 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


23 


mon  fil"  sur  la  despesche  que  le  sieur  de  Mas- 
parot  présent  porteur  vous  porte  que  ue  vous 
en    feray    rediste,    bien  vous   priai-je    pour 


l'amitié  que  vous  porte  que  voulliez  rendre 
content  le  Roy  mon  fds,  lequel  vous  voyez  en 
tout  ce  qu'il  vous  tousche  comment  il  venlt 


de  mal  en  pis;  car  aultant  de  bonne  volonté  que  le 
Roy  monstre  à  la  paix  et  repos  de  son  royaulme, 
aultant  en  voyons-nous  par  aucuns  et  la  plus  grande 
partie  de  ses  ministres  qui  s'emploient  aultant  à  la  ruine 
de  ce  royaume  que  les  bons  en  désirent  l'establissement. 
Ce  sont  faits  trop  longs  à  discourir  par  ceste  lettre, 
mais  nous  en  avons  baillé  le  mémoire  au  sieur  de 
Quincé.  Il  me  reste  à  faire  ma  plainte  particulière  du 
traitement  que  mon  filz  et  moy  recevons  tant  par  mes 
villes,  qui  ne  me  sont  pas  encore  rendues,  que  luy  en 
l'autorité  de  son  gouvernement  pour  le  service  de  Sa 
Majesté  et  pour  sa  compagnie  et  pour  son  frère  bastard, 
ce  qui  nous  fait  plus  de  mal,  parce  que  toutes  ces  défa- 
veurs se  font  mesme  contre  l'édict,  ou  pour  préférer  à 
nous  quelque  manière  de  gens  si  esloignés  de  noslre 
repos  et  du  service  que  nous  et  les  nostres  vous  ont  faict 
que  ceste  défaveur  apporte  avecques  soy  une  double 
honte.  Il  vous  plaist  m'assurer  que  mon  filz  et  moy, 
estans  près  de  vous,  aurions  honneur  et  faveur  et  bon 
traitement  que  nous  sçaurions  désirer,  comme  m'a  dict 
Monsieur  le  mareschal  et  en  ayant  veu  par  le  passé 
commencer  l'effect  et  se  continuer  autrement,  je  suis  de 
complexion  soupçonneuse,  Madame,  comme  vous  sçavez 
bien,  qui  me  fait  avoir  crainte  grande  que  voz  volontez 
soient  bonnes,  comme  je  n'en  fais  nul  double,  et  que  ceulx 
qui  jusqu'icy  ont  eu  pouvoir  de  les  altérer  en  mon  en- 
droict  et  lesquelz  sont  en  mesme  crédit  et  n'ont  point 
diminué  leur  malice  contre  moy,  comme  les  effectz  me 
le  monstrent,  fissent  toujours  de  mesme;  vous  suppliant 
très  humblement  croire,  Madame,  que  je  ne  suis  pas  si 
ignorante  que  je  ne  cognoisse  bien  que  toute  nostre 
grandeur  dépend  de  Voz  Majestez  et  le  très  humble 
service  qui  nous  oblige  et  appelle  à  vos  pieds  pour  y 
employer  vie  et  biens;  et,  cognoissant  cela,  que  je  ne  dé- 
sire y  venir  infiniment,  mais  je  suis  ung  petit  glorieuse, 
je  désire  y  estre  avec  l'honneur  et  faveur  que  je  pense 
mieulx  mériter  que  d'aultres  qui  en  ont  plus  que  mov. 
Je  craindrais,  Madame,  vous  fascher  de  ces  propos  si 
vostre  bonté  ne  m'avoit  accoustumée  en  mes  jeunes  ans 
au  privilège  que  ma  vieillesse  me  pourrait  donner  de 
parler  privément  à  Vostre  Majesté,  vous  suppliant  très 
humblement.  Madame,  le  prendre  comme  m'avez 
toujours  fait  cet  honneur,  et  à  l'avenir  me  faire  paroistre 
à  bon  escient  que  vous  m'honorez  de  vostre  amitié,  et 


me  tenir  en  vostre  bonne  grâce  à  laquelle  je  présente 
mes  très  humbles  recommandations,  et  supplie  Dieu. 
Madame,  vous  maintenir  en  sa  saincle  grâce  en  longue 
vie.»  (Aulogr.  Bibl.  impér.  de  Saint-Pétersbourg.) 

Voici  ce  que,  de  son  côté,  écrivait  Colignv  au  Roi,  le 
a  janvier,  au  sujet  de  la  mission  du  maréchal  de  Cossé  : 
«Sire ,  j'ay  esté  fort  aise  de  veoir  icy  Monsieur  le  mareschal 
de  Cossé ,  pour  estre  seigneur  que  je  m'asseure  voudra 
rendre  raison  et  justice  à  un  chascun,  suivant  le  comman- 
dement et  intention  de  Vostre  Majesté;  mais  au  demeu- 
rant bien  marry  que  son  pouvoir  n'ayt  esté  plus  ample, 
car  sur  quelques  instances  que  nous  luy  avons  faictes  et 
dont  luy  en  avons  baillé  partie  par  escript,  il  a  esté  d'advis 
de  les  vous  envoyer  par  le  s'  de  Quincey  présent  por- 
teur, lequel  ne  doublant  point  qu'il  n'ayt  bien  instruict 
de  toutes  choses,  il  ne  sera  à  ceste  cause  besoing  que  je 
face  à  Vostre  Majesté  longue  lettre.  J'adjousteray  doncq 
seullement  comme  ayant  Madame  d'Andelot  ma  seur 
escript  à  Mr  de  Barhezieux  pour  la  restitution  de  ses 
meubles,  il  luy  a  faict  une  response  que  ledict  sr  de 
Quincey  pourra  monstrer  à  Vostre  Majesté,  s'il  luy 
plaist  la  veoir,  par  laquelle  il  semble  que,  au  lieu  de  les 
rendre,  comme  il  est  tenu  de  faire,  puisqu'ils  sont  en 
nature,  et  qu'il  s'en  trouve  saisy,  il  veuille  user  de  repré- 
sailles et  se  récompenser  de  ses  pertes  sur  madicle  seur  ; 
à  quoy,  Sire,  comme  en  chose  que  je  sçay  totalement 
contraire  à  vostre  volonté  et  à  voz  édictz,  je  supplie  hum- 
blement Vostre  Majesté  vouloir  pourveoir  en  sorte  que 
je  congnoisse  quel  sera  l'entreténement  d'iceulx  non  seul- 
lement en  parolles,  maisprincipallementeneffect. -n  (Bibl. 
nat. ,  fonds  français,  n°  i5553,  p.  1.) —  Dans  une  lettre 
datée  du  même  jour  à  Catherine  et  qui  reproduit  entiè- 
rement celle  ci-dessus,  il  ajoutait  de  sa  main  :  «  Ma- 
dame, j'é  conféré  de  plusieurs  particularités  aveques 
ledict  s'  de  Quinçay,  et  luy  ay  prié  de  les  faire  entendre 
à  Voz  Majestés,  comme  il  sçaura  bien  faire  et  fidèlement; 
j'ajousleré  seulement  que  je  vous  supply  très  humblement 
de  ne  dire  plus  que  ce  sont  de  mes  opinions  ou  que  je 
menace  le  Roy;  car  il  n'y  a  gentilhomme  en  France  qui 
plus  désire  le  bien  et  repos  de  ce  royaulme  que  moy  et 
qui  s'employe  plus  vouluntiers  pour  l'un  et  pour  l'aultre 
que  je  1ère,  mais  pensez  aussy  que  vous  voyés  la  pro- 
chaine ruine  de  ce  royaulme,  si  n'y  est  bien  tosl  poujçyeu 
et  que  de  la  prouvision  que  fera  icy  Monsieur  le  mares- 


24 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  soyez  satisfaicle ,  comment  par  ledici 
Masparot  entendrez  touschani  vos  affaires  de 
Flandres,  qui  vousdoibt  bien  faire  congnoistre 
de  quelle  façon  le  Roy  mon  filz  embrasse  vos 
affaires  et  ce  qui  toucbe  vostre  fils  le  prince 
de  Navarre,  lequel  luv  et  mov  désirons  infi- 
niment voir  icy  avecques  vous, et,  me  remec- 
tant  sur  la  suffisance  dudict  Masparot,  feray 
fin,  priant  Dieu  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Villers-Cotteretz,    le   mc  janvier  1071. 

Vostre  bonne  sœur. 

CaTERINE. 


1571.  —  5  janvier. 

Copie.  Ribl.  nat.  fonds  fraudais,  n°  1070a  ,  f°  1099. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  pour  ce  que  je 
serois  bien  aise  que  Dona  Catherine  de  Vera 
fust  auprez  des  Infantes  mes  filles  pour  leur 
faire  service,  tant  pour  l'amour  de  ma  cou- 
sine, la  douairière  de  Nevers,  qui  m'a  prié 
vous  en  escripre  en  sa  faveur,  que  pour  l'es- 
pérance que  j'a\  que  ladicle  de  Vera  s'ac- 
quilcra  fort  bien  et  fidèlement  de  son  debvoir 
envers  elles,  je  vous  prie  tenir  la  main  et 
moyenner  que,  en  considération  des  services 
quelle  a  faicts  à  la  feue  royne  d'Espaigne  nia 
fille,  elle  puisse  rentrer  au  service  desdictes 
Infantes  mes  filles,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  à  Villiers-Costerets,  le  ciuquiesme 
jour  de  janvier  1571. 

Caterive. 

chat  dépeint  tout  le  bien  el  le  mal  que  l'on  peult  espérer 
en  ce  royaulme.n  (  Même  vol. ,  p.  3.)  —  Voir  également , 
dans  ce  même  volume,  les  lettres  écrites  de  la  Rochelle 
par  le  maréchal  de  Cossé,  qui  toutes  font  mention  de 
sa  mission,  et  une  nouvelle  lettre  de  Jeanne  d'Allinl, 
du  (i  janvier. 


1571.  —  (i  janvier. 

Orig.  Arcli.  nat.  collect.  Siuiancas.  K  i5ai,  pièce  19. 

\  DON  FRANCÈS  DE  ALAVA. 

Monsieur  l'ambassadeur,  je  me  remel(ra\ 
sur  ce  que  le  lïoy  monsieur  non  fils  a  faict 
entendre  au  secrétaire  Aquilon1  desoninten- 
cion  sur  ce  que  m'avez  escript  de  ce  prison- 
nier, pour  vous  dire  que  l'indisposition  de  la 
royne  ma  fille  n'a  esté  autre  chose  que  froict 
qui  l'avoit  saisie  en  ce  voiage  que  nous  avons 
faicl  par  un  si  mauvais  et  fascheux  temps,  dont 
nous  sommes  tous  resentis  et  pareillement 
ma  fille  la  duchesse  de  Lorraine.  Maintenant, 
Dieu  mercy,  ladicte  royne  ma  fille  est  hors 
du  lit  et  du  tout  guarie,  dont  je  loue  Dieu. 

De  Villeis-Cofray,  le  vic  jour  dejanvien  070. 

Caterine. 
De  Neltville. 


1571 8  janvier. 

Orig.  Arch.  des  Médias  à  Florence,  dalla  Clza  u-a(i  . 
nuova  nuojcrazione.  p.  3o8. 

A  MON  COUSIN 

LE  PRINCE  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  voulu  accompaigner  de 
ce  mol  la  lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
vous  escript  présentement  par  le  sieur  Troile 
Ursin,  lequel  il  vous  renvoyé,  ayant  esté  le 
très  bien  venu  par  de  ça,  quant  l'on  a  sceu 
l'occasion  de  son  voyage,  qui  estoit  pour  se 
conjoyr,  de  vostre  part,  du  mariage  du  Ro\ 
mondicl  sieur  et  filz,  lequel,  je  vous  puis 
asseurer,  ne  porte  pas  moins  bonne  affection 
de  sa  part  à  tout  ce  qui  vous  touche,  que 
par  effecl  vous  lu,  avez  voulu  en  cest  endroicl 

1  Voir,  dans  le  même  carton  (n°  82),  la  négociation 
engagée  entre  Vquilon,  récemment  envoyé  en  France 
par  Philippe  II,  et  Ahneiila  au  sujet  du  projet  de  ma- 
riage de  Marguerite  de  Valois  avec  le  roi  de  Portugal. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS 

faire  démonstration  de  la  voslre,  remectant  le 
surplus  sur  ce  que  vous  en  dira  ledict  sieur 
Troille,  dont  je  vous  prye  le  croire  comme 
inoy  mesmes,  suppliant  le  Créateur  vous  avoir, 


mon  cousin,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Villiers-Costerez,  le  vme  jour  de 

janvier  1  07  1. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1571.  —  8  janvier. 
Copie.  BiM.   nat.   fonds  français,  n°  10769.  f"  937. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieurde  Forquevauls.  je  ne  vousescrip- 
rav  rien  de  particulier  sur  le  mariage  de  Por- 
tugal; car  vous  verrez  l'intention  du  Roy  mon- 
sieur mon  lîls  par  le  mémoire  qui  vous  est 
envoyé',  avant  pris  ceste   résollution  depuis 

1  Voici  en  outre  du  mémoire  les  instructions  données 
à  Fourquevaux  et  apportées  par  L'Aubespine  : 

«Quant  au  mariage  de  Portugal,  le  Roy  a  este  incon- 
tinent informe  tant  par  le  cardinal  de  Rambouillet  que 
par  le  nonce  mesmes  de  Sa  Sainctelé  résident  prez  de 
Sa  Majesté  que  Nostre  Sainct  Père  ne  s'est  pas  moins 
trouvé  trompé  en  l'espérance  qu'il  avoit prise  de  pouvoir 
traicter  ce  mariage  et  en  venir  à  bout  au  retour  de  don 
Loys  de  Toirès  que  Sa  Majesté  l'a  esté  de  l'asseurence 
qu'il  avoit  prinse  sur  la  promesse  qui  luy  en  avuit  esté 
faicle  si  expresse,  lequel  de  Torrès  a  bien  sceu  tant  en 
son  voyage  que  depuis  son  retour  à  Rome  servir  le  Roj 
Catholique  aux  despens  du  service  du  Roy;  quoy  entendu 
par  Sa  Majesté,  il  a  bientosl  pris  la  résolution  qu'il  sV- 
toil  proposée  pour  n'estre  Madame  sa  seur  si  mal  nour- 
rie et  de  si  petite  maison  qu'elle  demeure  san?  parti  et 
sans  estre  recherchée  et  demandée  de  plusieurs  bons 
endroietz;  au  moyen  de  quoy  le  Roy  veult  et  entend  que 
le  sieur  de  Forquevauls  ne  parle  plus  de  ce  mariage  au 
Roy  Catholique  ne  à  autre  de  par  dellà,  sinon  comme 
de  chose  à  quoy  Sa  Majesté  ne  pense  aucunement,  mais 
de  marier  bientosl  Madame  sa  seur  en  tel  lieu  qu'il  en 
recevra  plaisir,  contentement  et  service  et  dont  le  mari 
se  sentira  grandement  bonnoré  et  oblige  a  Sa  Majesté.» 
Même  volume,  p.  y53.) 

Catherimc  ue  Médiu».  —  n. 


que  l'on  a  sceu  la  négoliation  de  Tories.  Ce 
m'a  esté  grand  plaisir  d'entendre  par  la  lettre 
que  m'avez  escripte  par  vostre  nepvéu  lu 
grande  démonstration  d'amour  qu'a  faict  la 
Royne  Catholique  à  mes  petites-filles,  quand 
elle  les  a  veuës,  le  soing  qu'elle  a  d'elles  et  le 
bon  braiclement  qu'elle  leur  faict.  Je  ne  sçau- 
rois  recevoir  plus  de  contentement;  ces!  chose 
que  je  désire  qui  continue,  vous  priant d'estre 
soigneux  de  l'observer  et  de  m'en  advertir 
bien  particulièrement  et  mesme  par  le  secré- 
taire de  L'Aubespine,  présent  porteur,  quand 
il  s'en  retournera.  Je  suis  bien  aise  de  ce  que 
le  Roy  Catholique  mon  beau-fils  a  trouvé  mes 
haquenées  belles,  comme  il  m'escript  qu'il  a 
faict,  vous  advisant,  comme,  sur  la  prière  que 
vous  m'avez  faicte  pour  la  dame  de  Forquevauls 
voslre  femme,  je  l'av  très  volontiers  retenue 
à  mon  service  et  au  nombre  de  mes  dame^. 
n'ayant  vouilu  qu'elle  ait  autre  maistrèsse 
que  moy  pour  l'affection  et  bonne  volonté  que 
je  vous  porte,  comme  j'av  donné  charge  au 
secrétaire  de  L'Aubespine  de  vous  faire 
entendre,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Forque- 
vauls, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Villiers  Costeretz,  le  huictiêsmc 
janvier  1571. 

C  VTKHINE. 


157  1.  —  39  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1075a  .  j>.   963. 

A  MONSIEUR  DE  FOLRQLEVAUX. 

Monsieur  deFourque.auls.avecques  le  Roy 
monsieur  mon  fils  je  vous  asseureray  pour  le 
faire  entendre  au  Ro\  Catholicque  mon  beau- 
fils  de  la  meilleure  disposition  de  la  royne 
ma  fille,  laquelle  a  certainement  esté  si  mal 
que  nous  en  désespérions.  Depuis  ceste  nuict 
elle   est   beaucoup  mieuix,   avant    moin',    de 

h 


imiMt     vtno\  n>  . 


26 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉMCIS. 


fiebvre  et  assez  bien  reposé.  Los  médecins  nous 
assoiront  qu'elle  est  en  1res  bon  chemin 
pour  avecques  la  grâce  et  ayde  de  Notre  Sei- 
neur  eslre  bien  tost  guérie.  Je  ne  vous  escrip- 
ra\  ])(iint  l'ennuv  où  je  me  suis  retrouvée,  la 
voyant  en  ceste  extrémité  de  laquelle  nous 
avons  bien  \oullu  luire  tesmoing  l'ambassa- 
deur d'Espagne1.  C'est  le  principal  ce  qui  me 
rejouisl  el  donne  plaisir  et  très  grand  conten- 
tement qu'elle  est  maintenant  mieulx  et  qu'elle 
sera  tousjours  amandant.  Ceste  dépesche  sera 
bien  tost  suivie  de  Laplace  vostre  secrétaire, 
lequel  je  retiens  jusques  âpre/  la  foire  S'-Ger- 
main  pour  ce  que  je  veulx  qu'il  porte  à  mes 
petites-filles  quelques  choses  de  ladicte  foire. 
Par  luv  vous  aurez  plus  particulièrement  et 
amplement  de  noz  nouvelles,  pliant  Dieu, 
Monsieur  de  Fourquevauls,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript au chasteau  de  Boulongne,  le  vingt 
neufme  janvier2. 

Cateri.ne. 

1  Voici  ce  que  nous  lisons  dans  un  mémoire  remis  le 
38  janvier  à  M.  de  Seurre  envoyé  auprès  de  S.  MJ'Em- 
pereur  :  "Et  pour  ce  que  Sa  Majesté  estime  que 
S.  M.  impériale  et  l'Impératrice  s'enquerront  inconti- 
nent de  la  disposition  de  la  royne,  le  chevalier  de  Senrre 
leur  dira  que,  depuis  la  médecyne  qu'elle  a  prise,  elle 
se  porte  beaucoup  mieux  et  sont  apaisées  ses  douleurs  et 
>a  liebvre  forl  amoindrie,  si  bien  que  les  médecins  ont 
bonne  espérance  qu'elle  sera  bien  tost  entièrement  gua- 
rye,  estimanl  sa  maladie  avoir  esté  cause  du  grand 
travail  el  fascheux  temps  qu'elle  a  eu  par  les  chemins, 
lant  en  venant  en  ce  royaume  que  aussy  depuis  son 
arrivée;  que  la  rigueur  du  froid  y  a  esté  la  plus  grande 
qu'elle  se  soit  vue  de  longues  années.»  (Copie,  Bibl. 
nat.,  fonds  français,  n°  t583a,  p.  17».) 

5  Au  dos  :  itLa  Royne  à  M.  le  duc  de  Florence. 1 


1571.  —  2  février. 

Imprime   ilans  la   Corirspontltincr  ihjitnmatique  île  h  Mathe-Finelon, 
l.  VII,  p.   70. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON'. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelon,  après  avoir 
entièrement  dépesché  ce  porteur,  je  l'ai  ren- 
voyé quérir  pour  lui  bailler  ceste  lettre,  la- 
quelle n'est  que  pour  vous  faire  entendre  ce 
que  je  n'ai  voulleu  fier  ni  à  secrétaire,  ni  à 
personne  que  à  moy-mesme,  et  de  ma  main 
vous  l'escrire,  m'aseurant  que  vous  conduiras 
ce  faict  si  secrètement  et  deslrement  qu'il  ne 
nous  apportera  nul  inconvénient,  comme  je 
craindre is,  si  la  royne  d'Angleterre  pensoit 
eslre  desdaiguée  ou  méprisée,  et  que  relia 
feust  cause  de  nous  mettre  en  quelque  guerre 
ouverte,  ou  qu'elle  nous  la  fist  soubs  main, 
comme  elle  a  faict  jusques  icy. 

Et  pour  venir  au  poinct,  c'est  que  mon  fils 
m'a  faicl  dire  par  le  Roy  qu'il  ne  la  veut 
jamais  espouser,  quand  bien  mesme  elle  le 
voudrait,  d'autant  qu'il  a  toujours  si  mal  ouï 
parler  de  son  honneur  et  en  a  veu  des  lettres 

1  Voici  ce  que  La  Molhe-Fénelon  avait  écrit  à  Cathe- 
rine le  3i  janvier  1571  :  «Madame,  estant  en  un  feslin 
où  j'ay  esté  convié  pour  arcompaigner  la  royne  d'Angle- 
terre, le  xxm°"  de  ce  mois,  elle  a  prins  plaisir  d^  deviser 
l'après  disnée  fort  longtemps  avecques  moy  ;  et,  entre 
autlres  choses,  elle  m'a  dict  qu'elle  estoil  résolue  de  se 
marier,  non  tant  pour  s'est  sçavoir  passer  (car  elle  en 
avoit  faict  assez  de  preuve),  comme  pour  satisfaire  à  ses 
suhjecls  et  aussi  pour  obvier  par  l'authorilé  d'un  inary. 
ou  par  la  naysance  de  quelque  liguée,  s'il  plaisoit  à 
Dieu  luv  en  donner,  aux  entreprises  qu'elle  sentoit  bien 
qu'on  fesoil  contreelle  et  sur  son  Estât,  si  elle  devenoil 
si  vieille  qu'il  n'y  eust  plus  lieu  de  prendre  parly,  ni 
espérance  qu'elle  deubtavoir  d'enfans.  11  est  viay  qu'elle 
craignoit  grandement  de  n'eslre  bien  aymée  de  celluj 
qui  la  vouldroit  espouser,  que  luv  seroit  un  second  in- 
convénient plus  dur  que  le  premier;  car  elle  en  mourroit 
plus  tost,  et  que  pourtant  elle  y  vouloit  bien  regarder.  1 
(  tloirespondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fénelou ,  t.  II] . 
p.  i54.) 


LETTRES  DE  CATHERIiNE  DE  MÉDIGIS. 


1t 


escriptes  de  tous  les  ambassadeurs,  qui  y 
ont  esté,  qu'il  penserait  estre  déshonoré  et 
perdre  toute  la  réputation  qu'il  pense  avoir 
acquise  '. 

Et  pensant  toujours  le  vaincre  par  raison , 
je  vous  en  ay  escript  tousjours  de  mesme  train 
jusques  à  la  présente  que  je  me  suis  délibéré 
de  faire,  afin  qu'allant  les  choses  plus  avant, 
elle  n'eust  plus  d'occasion  de  nous  vouloir  du 
mal,  et  se  ressentir  de  ce  qu'elle  auroit  esté 
refusée. 

Et  vous  promets  que,  si  elle  dict  à  bon 
escient  de  se  vouloir  marier,  que  j'ay  grand 
regret  de  l'opinion  qu'il  a  ;  et  voudrais  qu'il 
m'eust  cousté  beaucoup  de  sang  de  mon  corps 

'  Elisabeth  avait  favorablement  accueilli  l'ouverture 
que  lui  avait  l'aile  La  Mollie-Féuelon  de  son  mariage 
avec  le  duc  d'Anjou  :  trMonsienr,  avoit-elle  répondu, 
estoit  de  telle  estime  et  de  si  excellente  qualité  qu'il 
estoit  digne  de  quelque  grandeur  qui  l'ust  au  monde,  et 
qu'elle  croyoit  que  ses  pensées  cstoient  bien  logées  en 
plus  liaul  lieu  que  en  elle,  qui  estoit  desjà  vieille  etqui, 
sans  la  considération  de  la  postérité,  auroit  honte  do 
parler  de  mary,  et  qu'elle  estoit  desja  de  celles  dont 
on  voudrait  bien  espouser  le  royaume,  mais  non  pas  la 
rovne,  ainsy  qu'il  advenoit  souvent  entre  les  grands,  qui 
se  maryoient  la  plus  part  sans  se  voir,  et  que  ceulx  de  la 
mayson  de  France  avoient  bien  réputation  d'estre  bons 
inarys  à  bien  tort  honorer  leurs  femmes ,  mais  à  ne  guières 
les  aymer.  Et  suivyt  assé  longtemps  ces  propos  avec 
toutes  les  plus  honnestes  et  favorables  parolles,  qui  se 
pourraient  respondre  à  ung  qui  monstroit  ne  parler 
aulcunement  que  de  luy  mesmes  et  sans  aulcune  charge. 
Donc  ne  fault  doubler,  Madame,  que  ce  qui  en  serait 
maintenant  miz  en  avant  ne  lus!  roceu  d'elle  et  embrassé 
de  tout  son  royaulme  avec  affection  ;  mais  je  ne  puis 
juger  encore  si  elle  accomplirait  par  après,  car  souvent 
elle  a  promis  à  ses  Estais  de  se  maryer  et  puis  elle  a 
trouvé  moyen  d'en  prolonger  et  interrompre  les  propos. 
N'.mtmoins,  de  tant  qu'on  imputera  à  une  très  grande 
laulte  à  la  France  d'avoir  laissé  eschapper  ung  si  grand 
party,  comme  est  cestuy-cy,  qui  semble  se  présenter  à 
Monseigneur,  je  désirerois  que  vous  l'eussiez  déjà  dis- 
posé à  le  vouloir.»  (Correspondance  diplomatique  de  La 
Mothe-Fénelon ,  t.  III.  p.  419.) 


que  je  la  lui  eusse  peu  oster  ;  mais  je  ne  le 
puis  gaigner  en  ceci,  encores  qu'il  me  soi! 
obéissant. 

Or,  Monsieur  de  la  Molhe,  vous  estes  sur  le 
poinct  de  perdre  un  tel  royaume  et  grandeur 
pour  mes  enfans  dont  j'ay  un  1res  grand  re- 
gret. Voyez  s'il  y  auroit  quelque  autre  moyen, 
comme  je  vous  avois  mandé  aultrefois,  qu'elle 
voulleust  adopter  quelqu'une  de  ses  parantes 
pour  fille,  et  la  déclarer  son  héritière  et  que 
mon  fils  l'espousast;  ou  une  chose  que  je 
trouve  aussy  mal  aisée  et  plus,  qu'elle  voul- 
leust mon  fils  d'Alençon;  car,  de  luy,  il  le 
désire,  et  il  a  seize  ans  passés;  et  d'aultanl 
qu'il  est  petit  de  son  âge,  je  fais  encore  plus 
de  difficulté  qu'elle  le  veuille  ;  car,  s'il  estoil 
de  grande  venue,  comme  sont  ses  frères,  j'en 
espérerois  quelque  chose,  car  il  a  l'entende- 
ment, le  \isage  et  la  façon  assez  de  plus  d'âge 
qu'il  n'a  ;  et  n'y  a  à  dire  quant  à  l'âge  que  de 
trois  ans  de  son  frère  à  luy. 

Je  ne  vous  mande  cessy  pour  espérance  que 
j'aye,  mais  c'est  pour  faire  voir  par  quel 
moyen  nous  pourrions  avoir  ce  royaulme 
entre  les  mains  d'un  de  mes  enfans,  veu, 
oultre  leur  grandeur,  le  bien  et  le  grand  ser- 
vice pour  le  Roy  et  le  royaume. 

Je  vous  prie  de  bien  considérer  tout  ce  que 
je  vous  en  escripts  et  me  mander  ce  que  vous 
en  semble,  et  ce  que  j'en  puis  espérer,  et  me 
I'escrire  par  une  lettre  qui  ne  soit  baillée 
qu'à  moy  seulle,  et  non  devant  personne;  el 
«l'assurant  qu'avez  la  mesme  volonté  en  ce 
faict  que  j'ay,  je  ne  vous  en  dirai  davantage, 
ni  ne  le  vous  recommanderai.  Je  finis,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  guarde. 

Boulogne,  près  de  Paris,  second  de  feb- 


rier  1671. 


(Iatrrine. 


28 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICTS. 


1571.  —  8  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonda  français,  n"  16093.  f  21a. 

\  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Beiïievre,  vous  aurez  veu  par 
la  dernière  dépesehe  que  vous  a  laid  le  Roy 
monsieur  mon  filz  comme  il  a  trouvé  bon  que  '. 
ayant  donné  ordre  aux  affaires  de  Suysse  si 
dignement  que  vous  ave/,  faict  el  pris  congé 
de  la  plus  par!  des  cantons,  après  leur  avoir 
faict    une  saige  et   prudente    proposition    de 
remonslrance  pour  la  conservation  de  la  bonne 
amitié  que  nous  avons  avec  eux,  vous  vous 
soiez  acheminé  pour  venir  par  deçà,  chose  à 
quoy  il  a  esté  d'autant  plus  conforme  qu'il  a 
veu   par  la  vostre   du  xxtxr  du  passé  le  peu 
d'apparence    qu'il    y    a    d'aucunes    pratiques 
d'alliance  ou  levée  qui  se  lacent  en  Suysse  en 
la  laveur  des  Espagnols  et  ne  pouviez,  à  ceste 
occasion,  plus  saigement  vous  résouldre  que 
de  continuer  vostre   chemin  par  deçà,  pour 
n'estre  nécessaire  voslre  retour  aux  Ligues  H 
la  craincle  qu'il   y  eus!   eu  qu'il   n'eusl   esté 
interprété  à  quelque  intention  aultre  que  de 
la  vérité,  qui  eusl  peu  altérer  noz  affaires,  si 
bien  que  vous  vous  pouvez  asseurer  que  vous 
serez  le  bien  venu  et  veu  de  vostre  maistre, 
comme  il  en  a  juste  occasion,  l'ayant  si  bien 
et  si  dignement  servy,  comme  vous  avez  faict, 
et  sur  ce  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Bellievre, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  sainete  garde. 

Escript  au  chaste.au  de  Boullongne,  le 
vin'  jour  de  lebvrier  1571. 

Caterine. 
Brulart. 

1  Voir  la  lettre  de  Charles  IX  aux  caillons  pour  leur 
annoncer  le  départ  de  Bellievre;  .Ile  ajoute  quelques 
déHaih  à  celle  de  la  IVine  mère  sur  les  pratiqués  des 
Espagnol",  en  Suisse.  (Même  vo'ume,  p.  •?,,*.) 


1571.  —  18  février. 

Imprimé  Hnnsla  Correspondance  diplomatique  de  ha   Mbffo-FaWon , 
I.   VII.  p.  i83. 


\  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FENELOV 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  je  vous  ay 
escript  une  lettre  de  ma  main  par  Sabran,  et 
vous  mandois  que,  voyant  que  mon  fils  ne 
vouloit  se  marier,  que  vous  essayiez  de  voir 
si  la  royne  d'Angleterre  voudroit  son  frère 
d'Alençon,  ou  lui  bailler  quelqu'une  de  ses 
parentes.  Or,  despuis,  j'ay  ta,nt  faict  que  mon- 
dict  (ils  d'Anjou  s'est  condescendu  à  l'espouser. 
si  elle  le  veut,  ce  qu'il  désire,  à  ceste  heure, 
infiniment.  Ce  que  voyant,  j'ai  fait  tempo- 
user  icy  milord  Boueaust1,  encore  qu'il  ave 
prias  congé,  affin  qu'il  vienne  encore  de  nou- 
veau parler  au  Boy  mon  fils  et  à  moy,  et, 
qu'estant  asseurés  à  présent  de  la  vollonté  de 
mondict  fils,  nous  lui  en  parlions  en  façon 
que  la  royne  sa  maistresse,  à  son  retour. 
congnoisse  qu'il  ne  tient  plus  à  nous  que. 
si  elle  a  envie  de  se  marier,  et  espouser  mon 
fils,  la  chose  s'effectue  avec  son  honneur  el  le 
nostre. 

De  quoy  je  vous  ay  bien  voulleu  advertir 
par  ce  porteur  que  je  retins  jusqu'à  présent, 
pour  l'espérance  que  j'avois  de  gaigner  à  la 
lin  mon  fils,  comme  j'ay  faict,  et  le  vous  a\ 
voulleu  escrire  de  ma  main  pour  estre  très 
nécessaire,  si  la  chose  se  debvoit  faire,  qu'elle 
se  vit  plus  tost  faicte  el  le  mariage  conclud  que 
sceu.  Et,  pour  ceste  occasion  icy,  nous  faisoi^ 
toujours  entendre  à  tous  secrétaires  el  autres, 
que  je  n'ay  jamais  peu  gaigner  mon  fils  à  se 
voulloir  marier.  Et  parce  que  tout  le  monde 
parle,  je  vous  prie  doresnavant,  n'escrireplus 

1  Thomas  Sackville.  lord  Riirklmnt.  Voir  ses  lettres 
dans  le  Caleiular  of  StatO  papcrs  de  i57i;  il  était  arrivé 
i  Paris  le  ai  février  et  eut  son  audience  le  •>:'>■ 


LETTRES  DE  CATHE 

de  ce  propos  par  Lettre  qui  puis-e  venir  entre 
aullre  main  que  les  miennes,  et  que  personne 
ne  les  aye  ne  voye  que  le  Roy  mon  fils,  son 
frère  et  moy  ;  et  aux  autres  lettres  qui  seront 
des  autres  nouvelles  et  affaires,  le  secrétaire 
les  aye,  comme  avez  acoulumè,  mais  qu'il 
n'y  aye  jamais  rien  qui  parle  de  ce  mariage, 
lequel  désirons  qu'il  ne  traîne  point,  mais 
incontinent  que  le  Milord  sera  de  retour,  que 
vous  laschiez  de  descouvrir  ce  qu'il  aura  dirt, 
et  sur  cella  la  volloute'  de  la  royne  d'Angle-  ! 
terre,  et  nous  mandiez  comment  nous  aurons 
à  nous  y  conduire,  affin  que  bientost  nous  en 
puissions  avoir  l'issue  qu'en  désirons  ;  et  sur- 
tout que  les  catholiques  n'en  prennent  ambre, 
mais  gaignez-les  de  façon  qu'ils  le  désirent,  et 
leur  faictes  cognoistre  le  bien  et  advantage  que 
ce  leur  sera. 

J'ay  entendu  ce  que  m'aviez  mandé1  parce 
porteur  qui  me  semble  que  c'est  un  bon 
acheminement,  et  que  j'espère  conduire  le  ! 
reste  de  façon  que  la  fin  en  sera  heureuse  cl 
comme  la  désirons,  ce  que  attendant,  je  prie 
Dieu,  Monsieur  de  la  Ylothe,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  ce  xvne  jour  de  febvrier  1071. 

(Jaterine. 


1 57 1 .  —  19.  février. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français .  n°  1075a  .  f°  100Û. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  j'ay  voullu  que 
vostre  secrétaire  ait  attendu  que  j'eusse  veu 
la  foire  Saint  Germain  avant  qu'il  vous  fust 
dépéché,  afin  qu'il  peust  estre  porteur  de  ce 
que  j'envoye  présentement  par  luy  à  mes  pe- 

1  Voir  les  dépêches  de  La  Mothe-Fénclun  des  6  et 
12  février.  (Coir.:ipnndanre  diplomatique,  t.  III,  p.  liô^ 
et  suiv.) 


R1NE  DE  MÉDIG1S.  29 

lites-filles,  que  je  vous  prie  leur  présenter  et 
bailler  en  les  visitant  de  ma  part  et  continuer 
à  nie  donner  souvent  advis  de  leur  bonne  dis- 
position, comme  vous  avez  très  bien  faict  jus- 
ques  à  présent,  et  mesmes  aussi  de  la  façon 
dont  continuera  à  se  gouverner  envers  elles  la 
Rouie  Catholicque  leur  belle -mère.  Vous 
saurez  comme  la  rovne  ma  tille  se  porte 
maintenant  très  bien,  ne  luy  restant  do  sa 
maladie,  sinon  qu'elle  est  foible.  et  fault  que 
le  temps  la  remette  sus  et  fortifie,  comme  j'es- 
père qu'elle  sera  bien  tost  avecques  l'ayde  de 
Dieu.  Vous  pouvez  penser.  Monsieur  de  For- 
quevauls, si  je  loue  Dieu  et  suis  aise  de  sa 
convalescence,  ayant  receu  autant  d'ennuv  el 
de  fâcherie  pendant  son  grand  mal.  qu'il  se 
peut  dire,  ce  que  vous  tesmoignerez  par  delà 
par  tout  où  il  sera  besoing,\ous  conjouissant, 
de  ma  part,  avecques  le  Roy  Catholique,  la 
royne  sa  femme,  et  les  princes  de  Bohesnie  : 
de  sadicte  convalescence.  Il  ne  me  reste  au- 
cune chose  à  vous  escripre  par  la  présente. 
oultre  ce  que  vous  mande  le  Rov  monsieur 
mon  fils,  ny  pour  response  à  la  despèsche 
que  nous  a  apportée  le  sieur  de  Malicorne  d< 
rostre  part;  car  sur  ce  qui  concerne  le  ma- 
riage de  Portugal  et  toutes  autres  choses  re- 
gardant le  service  du  Roy  mondial  sieur  el 
filz,  vous  aurez  sceu  l'inlention  par  le  secré- 
taire de  L'Aubespine;  au  moven  de  quoy  je 
linirav,  en  priant  Dieu.  .Monsieur  de  Forque- 
vaulz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  au  chasteau  de  Boulogne,  le  vint 
deuxiesme  février  i!ï'-i  -. 

Gatbrinb. 

1  Les   fils   de   l'empereur  Maximilien   alors  en   K^- 
pagne. 

2  Voir  la  lettre  de  Fourquevanx   où  il  entretient  la 
Reine  de  la  mission  de  M.  de  Malicorne.  (Ibiit.,  p.  976.) 


30 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1 57  1.  —  a3  février. 

Orifj.  Bihl.  nal.  fonds  français,  n°  8178,  i'  9o3. 

A  MONSIEUR  DE  HUMIÈRES. 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    Dl;    ROY    MONSIEUR     MOV    FILZ 
ET    COLVERNECR    DE    PERONNE. 

Monsieur  de  Humières,  ayant  entendu  qu'il 
\  a  en  l'église  de  Peronne,  ung  nomme'  Le 
Heu,  qui  a  la  voix  l'orl  bonne  et  excellente 
pour  une  taille  el  désirant  grandement  le  re- 
couvrer avec  plusieurs  aultres  pour  dresser 
une  chappelle  de  musique,  je  vous  ay  bien 
voulu  faire  ce  mol  de  lectre  pour  vous  prier 
de  faire  en  sorte  (pie  vous  le  m'envoyies 
iiicoutiment  là  par  où  je  seray  et  affin  qu'il 
puisse  venir  bien  tost  et  que  la  faillie  d'argent 
ne  le  relarde,  je  vous  prie  luy  fournir  ce  qu'il 
fauldra  lant  pour  le  monter  que  pour  la  des- 
pence  de  son  voiage  et  je  vous  feray  rem- 
bourser incontinent,  et  m'asseurant  que  vous 
me  ferez  voulontiers  ce  plaisir,  je  ne  vous 
feray  la  présente  plus  longue,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Humyières,  vous  tenir  en  sa 
saincle  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Boulongne,  le 
xxiir"""-  jour  de  febvrier  1671. 

Caterine. 
Chvxtereau. 


157  1.  —  08  lévrier. 
Copie.  Iiil>l.  nal.  foixls  françaù .  d? 1076a,  fniot2. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Fourquevauls,  don  Francès 
d'Alava  est  si  coustumier  de  nous  donner  oc- 
casion de  nous  plaindre  de  luy  au  Ro\  Catho- 
lique mon  beau-fils  son  maistre  que  nous  le 
pouvons  plus  supporter1.  Vous  verrez  parla 

1  Charles  l\  ajoute  que  don  Francès  dp  Alava  est 
venu  le  trouver  an  logis  de  son  frère  de  Lorraine  on  il 


lettre  que  \ous  escript  le  Roy  monsieur  mon 
fil/,  les  propos  qu'il  nous  a  tenus,  qui  sont 
pleins  de  telle  indiscrétion  qu'il  n'esl  possible 
de  les  souffrir,  m'accusant  de  tout  le  mal, 
comme  si  je  n'avois  jamais  rendu  de  tesmoi- 
gnage  audict  Roy  Catholique  de  l'amitié  et 
bonne  volonté  que  je  luy  porte,  desquels  je 
serais  marrie  qu'il  n'eut  meilleure  connais- 
sance que  ces  ministres  font  démonstration 
de  l'avoir.  Si  ledicl  ambassadeur  ne  nous  sa- 
tisfait, nous  avons  autre  cause  de  croire  qu'il 
a  inventé  ce  qu'il  nous  a  dit  pour  mesdire  de 
nous,  ce  que  je  vous  prie  bien  faire  entendre, 
de  ma  part,  au  Roy  Catholique  et  qu'il  con- 
sidère que  l'indiscrétion  d'un  ministre  ne  peut 
de  rien  servir  à  l'enlrelénement  d'une  bonne 
paix  et  amitié',  laquelle  je  meltray  peine  de 
nourrir,  tant  que  je  vivray,  ainsi  que  j'ay  t'aie) 
jusques  à  reste  heure.  Je  prie  Dieu,  Monsieur 

avail  couché,  à  l'occasion  d'une  lettre  injurieuse  pour 
lui  et  pour  la  reine  qu'on  avait  interceptée  el  qu'il  désa- 
vouait, et  qu'il  lui  a  répondu  que  tout  cela  venait  de  per- 
sonnes qui  ont  un  extrême  regret  de  l'amitié  et  bonne 
intelligence  qui  est  entre  ces  deux  royaumes,  et  à  la  lin 
de  sa  lettre  il  fait  part  à  Fourquevaux  de  la  réponse  de 
la  Reine  sa  mère,  présente  à  l'entretien. 

rOn  a  cause  de  dire  que  j'aime  le  Roi  Catholique, 
car  j'ai  engardé  que  les  huguenots  allassent  aux  Pays- 
Ras,  d'où  il  est  advenu  que  l'orage  en  est  tombé  sur  ce 
royaume  ;  en  quoy  l'on  me  pourrait  reprocher  avoir 
préféré  le  bien  du  Roi  Catholique  à  celui  de  mon  fiis», 
à  cela  Alava  ayant  répondu  :  "Si  les  huguenots  fussent 
allés  aux  Pavs-Ras,  ils  eussent  été  chastiés,  comme  ils  le 
méritent  et  vous  en  seriez  maintenant  délivrés.  —  Alors, 
repliqua-l-elle,  c'est  la  cause  pour  laquelle  le  Roi  1110:1 
lils  el  le  Roi  Catholique  devraient  se  plaindre  de  moy . 
car  l'un  et  l'autre  se  sont  très  mal  trouvés  de  ce  que 
j'ay  fait,  mais  j'espère  que  Dieu  un'  fera  la  grâce  de  voir 
quelque  jour  le  Roi  Catholique  pour  lui  désigner  ceulx 
qui  lui  estoient  mauvais  ministres,  lui  desguisantla  vérit.- 
des  choses  dont  il  devoit  avoir  la  plus  grande  assenranre.- 
Sur  cette  dernière  réplique  de  la  reine,  Alava  répondit 
fort  insolemment,  et  c'est  des  propos  qu'il  a  tenus  que 
se  plaint  la  Reine,  (lbid.,  p.  1009.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


31 


de  Fourqucvauls.  qu'il  vous  ayt  sous  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  aux  faubourgs  S1  Honoré,  ie  der- 
nier de  février  1571. 

Caterine. 


1571.  —  a  8  lévrier. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  ri3  i6oai,  f°  t66. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Cordes,  vous  entendrez  par  la 
lettre  que  vous  escript  le  Roy  monsieur  mon 
fils  combien  le  faict  de  la  traicte  de  cent  cin- 
quante gros  muyds  de  sel  marin  qu'il  a  ac- 
cordés aux  s"  du  canton  de  Berne  luy  est 
particulièrement  recommandé  et  vous  veulx 
bien  dire  que  vous  ne  sçauriez  faire  service 
qui  luy  soit  plus  agréable  que  de  faire  mectre 
à  si  bonne  et  deue  exécution  les  lectres  pa- 
tentes qu'il  leur  en  a  faict  expédier,  [afin]  qu'ils 
ayent  occasion  de  demeurer  contens  en  cest 
endroict  selon  que  les  bonnes  démonstrations 
de  leur  affection  au  service  du  Rov  mondict 
sieur  et  filz  les  méritent;  en  quoy  me  pro- 
mectant  que  vous  ensuivrez  sa  volunté,  je  ne 
vous  eu  diray  rien  davantaige  et  prieray  Dieu , 
Monsieur  de  Cordes,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Boulogne,  le  der- 
nier jour  de  lévrier  1671. 


Caterine. 


Brul 


1571.  — Mars'. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  i5553,  f°  59. 

A  MONSIEUR  DE  SAINT-GOUARD  ». 
Monsieur  de  S'  Couard,  j'ay  receu  les  lettres 

1  Au  dos  :  Du .  .  .  jour  de  mais  1571. 
Pareille  lellre,  et  dans  les  mêmes  termes,  l'ut  adressée 
au  cardinal  de  Rambouillet.  (Ibid.,  p.  58.) 

J  Jean  de  Vivonne,  sr  de  Saint-Gouard,  le  grand-père 


que  vous  m'avez  escriptes  et  veu  tout  ce  que 
vous  avez  mandé  au  Roy  monsieur  mon  filz 
de  ce  qu'il  s'est  passé  depuis  que  vous  estes 
par  de  là  avec  Noslre  Saint  Père1  pour  l'élar- 
gissement du  conte  de  Gavasse  et  pour  ce  que 
par  la  dépesche  qu'il  vous  faict  présentement 
vous  entendrez  la  résolution  qu'il  a  prinse 
avec  le  nonce  et  l'évesque  de  Salviati;  comme 
il  veult  que  vous  vous  en  reveniez,  je  ne  vous 
en  manderay  autre  chose  en  la  présente  que 
de  vous  asseurer  qu'il  a  grand  contentement  et 
satisfaction  du  debvoir  que  vous  avez  faict  en 
cest  affaire,  priant  le  Créateur  \ous  avoir  eu 
sa  saincte  et  digne  garde. 


1571.  —  3  mars. 

Imprimé  dans  la  Correxpotulanoe  diplomatique  tte  la  Mothe-Fenelon , 
t.  VII.  p.  189. 

V  MONSIEUR  DE  LA   MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motbe  Fénelon,  j'ai  veu 
vostre  petite  lettre,  et  si  vous  avez  receu  la 
dernière  que  je  vous  ai  escripte,  vous  verrez 
que  les  choses  sont  changées,  et  que  mon  li!< 
désire  infiniment  espouser  la  royne  d  Angle- 
terre et  ne  craint  sinon  qu'elle  ne  le  veuille 
non  plus  qu'à  l'accoustumée,  et  qu'elle  fasse 
mine  de  se  voulloir  marier  pour  servir  à  ses 
affaires;  mais, quoiqu'il  en  soit, il  faultessayer 
par  tous  moyens  de  la  conduire  à  le  faire, 
et  pourluv  donner  occasion  de  dire  iibrement 
sa  volonté,  j'ai  parlé  au  milord  Boucaust2,  le 
jour  devant  qu'il  partist,  encore  qu'il  eusl 
longtemps  auparavant  prins  congé  de  nous  en 
cérémonie;  et,  de  peur  qu'il  fust  sceu  il   fis! 

de  la   marquise  de  Rambouillet.    Voir    au  sujet   de  sa 
mission  le  volume  que  M.  le  vicomte  de  Brémond  d'Ars 
lui  a  consacré.  (Paris,  Pion,  i884,  p.  aa5.) 
1  PieV. 
Lord  Buckliurst.  Voir  sa  lettre  à  la  reine  sa  maîtresse 
dans  le  Calendur  of  State  yapers  (1571),  p.  4i3. 


32  LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDICIS. 


semblait  d'aller  voir  les  Tuilleries  et  moy 

d'y  estre  allée  me  promener  sans  dessein,  où 
je  feignis  de  l'entrevoir,  el  lui  dis  que  j'eusse 
eu  regret  qu'il  s'en  feust  all(;  sans  que  |>lus 
,111  Ion;;  je  luy  eusse  explicqué  l'amitié  que  le 
Roy  mon  fils  el  moy  avons  pour  la  royne 
sa  mai  tresse,  veu  qu'elle  nous  avoil  laid 
entendre  par  luy  relie  quelle  nous  vouloit,  el 
comment  nous  désirions,  par  lous  moyens,  de 
ln\  correspondre,  el  l'assurer  que,  de  nostre 
part,  nous  travaillerons  tousjours  à  la  fortifier 
davantage,  quand  l'occasion  s'en  présenterait. 

Il  me  dicl  qu'il  pensoit  que  je  voulluse  luy 
dire  cella  pour  le  mariage  d'elle  et  de  mon  fils. 

Je  lui  dis  (pic  si  nous  estions  asseurés 
qu'elle  le  voulions!  el  ne  se  moquasl  comme 
des  aultres,  que  le  Roy  mon  fils  et  moy  le 
désirerions  el  le  voudrions  avecque  son  hon- 

ir,  mais  qu'elle  gardasi,  de   son  côté,    le 

nostre.  affin  qu'il  ne  nous  en  tournast  une 
moquerie. 

Lors  il  commença  à  me  dire  qu'elle  luy 
avoil  commandé  de  nous  dire,  si  nous  entrions 
eu  ce  propos,  qu'elle  estoil  résollùe  de  se  ma- 
rier, et  hors  de  ce  royaume,  et  à  un  prince 
de  mesme  aisle;  et  que,  n'estant  L'honneur 
d'une  tille  de  rechercher  les  hommes,  qu'elle 
n'en  pouvoit  dire  davantage;  mais,  quand 
elle  en  seroil  requise,  comme  son  honneur  le 
veut, qu'elle  respondroit et  n'en  sorti roil  nulle 
moquerie.  Et  après,  me  dict  qu'il  me  voulloit 
parler  de  luy  mesme,  qu'elle  estoit  contraincle 
de  se  marier,  el  asseuroit  qu'elle  le  voulloit, 
que  t<ui>  les  grands  le  luy  conseilloient,  que 
mon  lils  n'estoit  ni  comme  le  ro\  de  Suède, 
ni  le  frère  du  roj  de  Dannemark,  ny  l'archi- 
duc Charles,  qui  sont  tous  princes  esloignés  de 
l'Angleterre  et  pauvres,  eux  et  les  leurs,  mais 
mon  fils  estoil  vo\sin  el  appuyé  d'un  grand 
roy;  et  «pie  ce  mariage,  s'il  se  faisoit ,  seroit 
bien  utile  pour  les  deux  parties;  et  qu'il  me 


prioit  que  je  lui  disse  ce  que  je  voudrais  sur 
cella  mander  à  sa  maistresse. 

Je  luy  disque  je  n'a  vois  à  dire  aultre  chose, 
de  la  part  du  Ro\  mon  fils  et  moy,  que  ce  que 
je  lui  avois  dict,  que,  ne  se  mocquant,  et  se 
voullanl  marier  véritablement,  que  le  Boy  mon 
fils  el  inox  entrerions  en  ce  propos,  luy  gar- 
dant son  honneur  cl  qu'elle  aussi  nous  gar- 
das! le  nostre;  qu'estant  royne  si  grande,  il 
ne  la  fault  pas  rechercher  comme  une  aultre 
princesse,  sans  sçavoir  sa  volonté',  veu  mes- 
mement  que  les  aultres  qui  l'ont  laid  s'en 
sont  mal  trouvés;  mais  que.  la  sçachant,  nous 
lui  garderons  ce  qui  est  du  à  une  fille,  grande 
royne  comme  elle  est. 

Il  me  demanda  s'il  en  dirait  aultant  de  la 
part  de  mon  fils, je  lui  dis  que  non,  que  c'es- 
loil  de  la  part  du  Roy  el  de  moy,  et  qu'il  pou- 
voit bien  l'assurer,  de  la  part  de  mon  fils,  qu'il 
la  servirait  toujours  en  ce  qu'elle  lui  voudrait 
commander. 

Voilà  tout  ee  qui  s'est  passé  entre  nous. 

Et,  le  jour  auparavant,  Cavalranty  '  m'avoil 
baillé  le  portrait  de  ladicte  dame  pour  le  bail- 
ler à  mon  fils,  que  le  milord  lui  avoil  baillé. 
Despuis,  le  Secrétaire  du  cardinal  de  Chas- 
tillon  a  eu  la  response,  qui  est  que  nous  le 
remercions  et  le  prions  de  voulloit-  tirer  l'en- 
tière résolution  de  celle  royne,  si  elle  seveull 
marier  ou  non,  et  après  nous  venir  trouver 
pour  en  conférer  ensemble,  el  prendre  une 
résolution  comme  nous  y  debvons  procéder, 
el  l'avons  laicl.  affin  qu'il  s'en  vienne  icv. 

1  Guido  Cavalcanti  était  un  'l<-  ces  habiles  diplomates 
ilalieDS  qui  servaient  également  les  deux  cours  de  France 
'■i  d'Angleterre,  ""  neutre, comme  le  qualifiait  Catherine 
el  que  le  duc  d'Albe  souvent  utilisa.  C'est  lui  qui  attesta 
que  la  conduite  de  la  reine  d'Angleterre  avait  toujours 
été  irréproclialile.  et  que  sa  réputation  de  chasteté  était 
reconnue  par  toute  l'Angleterre.  (Lettre  de  lord  Buclt- 
liursl  à  la  reine  d'Angleterre,  Calendav  »f  Slate  jnijins, 
1071,  p.  419.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


33 


Et  Téligny,  qui  nous  a  aussy  pressé  de  lui 
faire  responce  et  avoir  quelque  chose  plus 
particulière  pour  luv  mander,  aÔin  qu'il  le 
puisse  dire  à  icelle  royne,  si  elle  luy  demande  : 
—  «  Ouand  je  leur  auray  assuré  de  le  vouiloir, 
quelle  seureté  auriés  qu'ils  le  veullent?»  Je 
luy  ay  dict  et  le  Rov  aussy,  qu'il  luv  mande  de 
l'asseurcr  que ,  si  nous  sommes  asseurés  de  sa 
vollonté,  que  lors  elle  cognoistra  que  nous 
serions  bien  marris  de  nous  mocquer  d'une 
telle  princesse,  et  y  fairons  ce  que  debvons 
pour  lui  conserver  son  honneur  et  réputation; 
car,  cella  se  faisant,  nous  le  désirons  conser- 
ver comme  le  nostre  propre. 

(I  nia  dict  :  ^Mais  Monsieur  y  est  si  con- 
traire, n —  Je  lui  ay  respondu  que  non;  mais 
qu'il  y  en  avoit  tant  qui  ne  désiroient  ce  ma- 
riage que,  s'il  faisoit  autrement,  ils  essaye- 
i-oient  par  tous  movens  de  l'empescher;  et, 
en  pensant  qu'il  ne  le  veut,  ils  se  mocquent  de 
ce  que  l'on  en  dict. 

Je  vous  av  voulleu  advertir  de  tout,  aflin 
que.  parlant  à  cette  rovne,  vous  suivies  le 
mesme  propos,  et  que,  nous  advertissant  par 
lettre  expresse,  qui  ne  soit  baillée  qu'à  mov. 
de  tout  comme  les  choses  iront  après  qu'elle 
aura  entendu  tout  cessy,  et  nous  mandiés  ce 
qu'il  vous  semble  que  nous  devions  faire,  et 
comment  il  nous  failli  conduire. 

Cavalcanti  a  grand  envie  que  toute  la 
négotiation  luy  tombe  entre  les  mains  tout 
seul.  Je  luy  en  ai  donné  espérance,  car  je  n'ay 
voulleu  malcontenter  personne,  de  peur  que, 
se  voyant  méprisé,  il  eust  moyen  de  nous  \ 
nuire.  Vous  parlerez  à  luy,  et  luy  direz  le  con- 
tentement que  nous  avons  de  luy,  et  que,  si 
cecy  va  en  avant  et  sans  longueur,  nous  ne 
serons  pas  mescognoissans. 

Ce  porteur  vous  dira  comment  j'ay  parlé  au 
secrétaire,  et  les  propos  qu'il  m'a  tenus;  et 
m'en  remettant  sur  luy,  je  l'eray  fin  à  la  pré- 

CaTHERINE   DE    MÉD1CES.  IV. 


!    sente,  priant   Dieu,  Monsieur  de  la   Mothe. 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
De  Paris,  ce  n""  jour  de  mars. 

Catkrine. 


1371.  —  10  mars. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5553.  f°  5u. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  GRAND  MAISTRE 

ET  AU  COKSEIL  DE  MALTE. 

Messieurs,  j'ay  en  telle  singulière  et  spé- 
cialle  recommandation  ce  qui  touche  et  appar- 
tient au  chevallier  de  Seurre,  conseiller  au 
conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon  filz,  pour 
ses  continuels,  bons,  agréables  et  recomman- 
dables  services  et  mesmes  estant  maintenant, 
comme  il  est,  en  ung  voyage  qui  luy  a  esté 
ordonné  auprès  de  l'Empereur,  qui  lait  que 
j'ay  bien  voulu  accompaigner  de  la  présente 
celle  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript 
en  sa  faveur  touchant  le  prieuré  de  Cham- 
paigne  à  présent  vacquant  par  le  trespas  de 
frère  Jehan  Audelert,  aflin  de  l'en  pourveoir 
et  grattiffier,  ce  dont  je  vous  prie,  de  ma  part, 
aultant  affectueusement  que  je  puis  et  vous 
ferez  chose  qui  me  sera  tant  agréable  que,  si 
jamais  vous  m'employiez  en  quelque  endroit 
que  ce  soyt  pour  vous  et  vostre  ordre  tant  en 
général  qu'en  particulier,  je  vous  ferav  tous- 
jours  congnoistre  par  effect  la  bonne  souve- 
nance que  je  vouldray  avoyr  du  bien  qu'aura 
reçu  de  vous  le  chevalier  de  Seurre,  lequel 
encores  une  foys,  je  vous  recommande  en 
priant  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  faulxbourg  Saint-Honoré-les- 
faris,  le  \e  jour  de  mars  1671  '. 

1  Pareille  lettre,  et  dans  les  mêmes  termes,  lut  écrite 
par  Catherine  au  grand  maître  seul.  (Même  volume, 
P-  49-) 


lllPTUXECir 


:;.'. 


LETTRES  DE  '.AT 


I  .">" 1 .  —  i  o  mars. 

Oriff.'Arcb.  dis  M.-diiis  à  Florence,  dalla  iilza  hnZo , 
nuova  numerazioue. 

A  MON  COI  SIM 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  ayant  esté  priée  de  la  pari  de 
ma  cousine  la  duchesse  de  Nevers]  de  vous 
escripre  en  faveur  du  seigneur  Ermôdio  Ventu- 
relli,  chevalier  de  vostre  ordre,  e(  estant  infor- 
mée tanl  de  la  bonne  vollunté  et  affection 
qu'il  a  de  vous  faire  service,  que  de  ses  verluz 
el  bonnes  quallités;  et  desquelles  estant  bien 
el  suffisamment  acompagné,  il  est  pour  se 
bien  acquiter  des  charges  que  l'on  luy  voul- 
droit  bailler,  je  vous  ay  bien  voullu  prier  par 
la  présente  de  voulloir  mettre  en  considéra- 
tion sa  valleur  et  bonne  vollunté  de  vous  eu 
servir,  selon  que  vous  verrez  qu'il  mérite, 
l'einploiant  es  choses  dont  vous  cougnoistrez 
qu'il  sera  digne;  en  quoy  j'auray  grand  plai- 
sir qu'il  vous  satisftace,  en  sorte  que  vous  en 
ayez  contentement,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xe  jour  de  mars  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catemne. 

1571.  —  18  mars. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  io-j&o,  I*  39. 

A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  j'é  reseu  vostre  letre  par  cet 
porteur  el  entendu  par  luy  cet  que  lui  avés 
comendéme  dire,  et  vous  prielevoulouircroyre 
de  cet  qu'il  vous  dire  de  ma  part,  et  vousaseurer 
que  ce  n'é  faulte  de  bonne  volante  et  d'envie 
que  le  Roy  mon  fds  n'ave  de  vous  gratifier  et 

1   Henriette  de  Clèves. 


HERINE  DE   MÉD1C1S. 

W)UB   fayre  conestre  combien  yl  vous  ayme. 
aystime  el  tyent  pour  cet  que  lui  aystes  el  nté- 
rilés;  mes  cet  porteur  vous  dire  cet  qui   aysl 
ocasion  que  n'estes  à  présan  satisfayst  et,  de 
ma  part,  je  sayré  tousjours  bien    ayse  quant 
cet  présanteré  ocasion    que    par   ayfect  vous 
puisiés  conestre  quel  ayst  ma  bonne  volante, 
el  que  ne  l'é  heulemeut  changée  cornent,  en 
toutes  ocasions,  le  conestrés  et  en  cetpendaul 
j    je  prie  Dieu  vous  donner  bonne  sa  nié. 
De  Bloys,  cet  wiii"  de  mars  1 5  7 1 . 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1 57  1 .  —  18  mars. 

Ytjt  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  îoaio.   f"  &  1 . 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  je  suis  ynfiuiment  marye  de 
cet  que  estes  encore  malade  el  voldrès  bien 
avoyr  le  moyen  de  vous  rendre  aussi  saine  que 
vous  désire  et  que  cet  que  m'a  dist  cet  porteur 
vous  eull  peu  rendre  le  contentement  que  dési- 
rés. Yl  vous  dire  cornent  le  tout  a\st  pasé  el 
vous  prie  croyre  que  ne  tient  à  avoyr  bonne 
volante  et  aymer  et  stimer  Monsieur  de  V- 
mours;  car  le  Roy  lui  fayré  tousjour  paroystre 
en  cet  qui  présenteré  pour  son  contentement . 
mes  que  ce  souit  chause  qu'il  puise  san  fayre 
tort  à  ceulx  qui  le  serve  bien,  contint  pou- 
les plus  au  long  entendre  par  cedist  porteur. 
Yl  m'a  dist  que  Mousieur  de  Nemours  s'ait  v;i 
en  Savoye,  et  que  vous  nous  viendré  \  u\  r  ysi, 
de  quoy  j'é  ayslé  bien  avse,  et  désire  bien  que 
ce  souit  au  plus  tosl.  Je  ne  vous  veulx  celer 
que  nous  somes  en  quelques  ayspérenses  que 
la  royne  ma  fille  souit  grose.  Si  p'étoyt  \ra\, 
je  serés  trop  heureuse;  et,  sachant  cornent  li 
désirés, je  vous  l'é  bien  voleu  mender,  encore 
que  je  vous  prie  n'en  volouyr  dire  ri.en,  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


35 


peur  que  ceulx  qui  ne  le  de'sire  comme  nous, 
ne  s'en  moquaset,  s'il  n'étoyt  vray.  Je  finiré 
ma  l'être  en  cet  bon  endroyt  et  prire'  Dieu 
qu'il  souil  vray  et  qu'i  vous  douin  ausy  bonne 
santé  que  la  vous  désire 

Vostre  bonne  cousine. 

De  Bloys,  ce  xvme  de  mars  1671. 

C.VTERINE. 


1571.  —  ig  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aa8,  f°  6. 

A  M"    LE  PRÉSIDENT  DE  METZ  '. 

Monsieur  le  président,  il  est  puis  naguères 
vacqué  ung  estât  de  maistre  des  requestes 
ordinaire  de  l'hoslel  par  le  dérez  du  feu  sieur 
de  Villemain.  en  laquelle  vaccation  l'on  a  bien 
eu  souvenance  de  la  promesse  qui  vous  a  cy- 
devant  esté  faicle  du  premier  qui  viendroit  ;'i 
vacquer.  Toutelïoys  la  nécessité  des  affaires  du 
Roy  monsieur  mon  tîlz  s'est  trouvée  si  grande 
et  avoir  un  tel  besoing  de  faire  son  proffict  de 
ses  parlies  casuelles  pour  en  employer  les 
deniers  au  paiement  des  reistres,  qu'il  n'y  a 
eu  lieu  de  vous  pouvoir  à  ce  coup  faire  sentir 
l'effect  de  nostre  promesse;  mais  pour  cela 
vous  ne  devez  penser  que  le  Roy  monsieur  mon 
tilz  n'ayt  bonne  volunté  de  l'exécuter,  comme 
vous  le  cognoistrez  par  ey-après;  et  sur  ce  je 
prie  Dieu,  Monsieur  le  président,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  faulxbourg  Saint-Honoré.  ce 
\ixejour  de  mars  1671. 

c uterine. 
Brulart. 

1   Viart,  conseiller  du  roi. 


157  1.  —  37  mars. 

Orig.  Arch.  du  palais  de  justice  de  Rouen  . 
regislres  secrets  du  Parlement  de  Normandie. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  \  ROUEN. 

Messieurs,  ce  a  esté  très  bien  faict  à  vous 
tenir  la  main  à  faire  continuer  et  parachever 
les  informations  contre  ceulx  qui  sont  autheurs 
et  coulpables  de  l'esmotion   qui  est  advenue 

:  aux  portes  de  la  ville  de  Rouen1  et,  si  vous 
désirez  faire  chose  agréable  au  Roy  monsieur 
mon  filz.  vous  ferez  descouvrir  la  vérité'  du 
faict  sans   déguisement,   afin  que   ceulx  qui 

1  sont  vrayment  causes  du  mal  en  portent  la 
peine,  ne  voullant  pas  le  Roy  mon  die  t  sieur 
et  filz  que  ce  faict  demeure  sans  pugnitioii 
pour  la  conséquence  pernicieuse  qu'il  frayne 
après  soy,  demourant  ceulx  des  autres  villes 
de  ce  royaume  en  la  licence  ou  craincte  de 
commectre  chose  semblable  selon  ce  qu'ilz 
verront  que  Ton  en  fera  démonstration,  et 
m'asseurant  que  vous  y  ferez,  comme  vous 
voiez  qu'il  est  nécessaire  pour  le  bien  et  ser- 
vice du  Roy  mondit  sieur  et  filz  et  repos  de 
son  royaume,  je  ne  vous  en  diray  daventage, 
priant  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Denys- en -France,  ce 
xxvne  jour  de  mars   1571. 

t'.ATERINE. 
PlNART. 


1571.  —  3  avril. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  la  Mothe-Féuelon  . 
t.  Vil,  p.  199. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  sur  le  pro- 

'   Voir  Culeiulur  of  State  papers  (1571),  p.  hs3;  Mr- 

5. 


36 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIOIS. 


pos  que  je  tins  dernièrement  à  milord  Bou- 
eaust  \  du  mariage  de  la  royne  d'Angleterre  et 
de  mon  fds  le  due  d'Anjou,  elle  nous  a  l'ail 
l'aire  responce  par  son  ambassadeur  icy  rési- 
dant2,  d'en  avoir  reçu  contentement,  et  qu'elle 
trouvoit  en  mondict  fds  toutes  choses  conve- 
nables pour  l'effectuer,  et  que,  si  elle  pensoit 
qu'il  y  eusl  aulcune  juste  occasion  qui  y  peust 
porter  empeschement,  qu'elle  ne  voudrait  que 
l'on  en  traictasl ,  de  peur  de  diminuer  en  quel- 
que chose  la  bonne  intelligence  et  amitié  qui 
est  entre  nous  et  elle;  et  partant,  si  mondict 
fils  vouloit  mettre  entre  les  mains  de  son 
ambassadeur  ici  résident  les  conditions  qu'il 
désire  pour  y  parvenir,  qu'elle  lui  en  l'airoit 
responce;  mais  qu'elle  trouverait  beaucoup 
meilleur  que  le  Roy  envoyast  quelque  personne 
de  qualité  devers  elle  pour  négotier  ceste 
affaire. 

Sur  quoy  nous  a  semblé  plus  expédient  de 
dépescher  le  sr  Cavalcanti ,  comme  personne 
de  qualité,  devers  elle,  neutre  et  confident  de 
ladicte  dame, et  ayant  bon  accès  et  intelligence 
avec  des  principaux  de  delà,  avec  les  lettres 

moires  de  V estât  de  la  France  sous  Charles  IX,  t.  I, 
p.  5 1  ;  voir  Floquet,  Histoire  du  Parlement  de  Normandie, 
t.  III,  p.  87  et  suiv. 

1  Lord  Buçkhurst. 

2  Walsingham. 

Dans  une  dépêche  du  a  avril  à  lord  Burgliley,  Walsin- 
gham rend  compte  de  la  conversation  qu'il  a  eue  avec 
Catherine:  «J'ai  répondu,  dit-il,  à  la  Reine  mère  que  la 
reine  ma  maîtresse  regardait  que  l'offre  de  Monsieur 
élait  un  effet  de  sa  honne  volonté,  et  de  celle  du  Roi; 
considérant  surtout  que,  le  Roi  étant  marié,  on  ne  pou- 
voit  lui  offrir  rien  déplus  grand,  et  qu'ainsi  Sa  Majesté 
acceptait  l'offre  avec  beaucoup  de  reconnaissance,  et  que, 
si  elle  découvrait  quelque  raison  apparente  qui  l'oblige  à 
changer  d'avis,  elle  s'en  expliquerait  avec  le  Roi  à  co;ur 
ouvert,  mais  sous  la  réserve  d'abord  de  se  convenir  et 
de  certaines  conditions  sur  lesquelles  il  faudrait  préa- 
lablement s'entendre.»  (Lettres  de  Walsingham,  Amster- 
dam, in-6°,  1700,  p.  75.) 


et  mémoires  dont  vous  trouverez  les  copies  cy 
encloses,  l'ayant  chargé  expressément  de  vous 
rapporter  lesdictes  lettres  et  proposer,  de 
bouche,  le  contenu  ezdicts  mémoires  que  ne 
luy  avons  voulu  bailler  tout  à  propos  signés, 
affin  que,  si  ce  négoce  ne  prenoit  l'issue  que 
nous  désirons,  il  n'en  demeure  rien  par  escript 
devers  ladicte  dame.  Comme  il  ne  fera  rien 
que  par  vostre  conseil,  je  vous  prie  de  luy 
donner  les  adresses  et  les  moyens  que  vous 
juger  es  nécessaires. 

Il  nous  a  aussy  promis  de  nous  apporter 
lettres  d'elle,  et  responce  auxdiets  mémoires, 
ensemble  les  demandes  qu'elle  voudrait  faire 
de  son  costé  pour  effectuer  ce  négoce,  aflin 
que  celluy  que  nous  y  envoyerons  du  conseil 
du  Roy,  après  le  retour  dudicl  Gavalcanii, 
pour  avecque  vous  traiter  de  cest  affaire, 
puisse  estre  mieux  instruiclde  nos  intentions 
et  plus  esclerci  de  celles  de  ladicte  dame.  Sur 
quoy  il  sera  bon  que  vous  l'alliez  trouver  pour 
lui  dire  que  le  Roy,  mon  fils  d'Anjou  et  moy, 
avons  eu  fort  agréable  ladicte  responce  que 
son  ambassadeur  nous  a  faicte,  et  désirons 
en  ce  négoce  deux  choses  :  l'une  qu'il  passe 
fort  secrettement,  tant  pour  la  dignité  des 
deux  costés  que  pour  obvier  aux  empesche- 
mens  que  plusieurs,  tant  de  dedans  que  de- 
hors nos  royaulmes,  y  voudraient  donner; 
l'autre,  d'en  avoir  prompte  résollution  et  ex- 
pédition pour  ne  demeurer  longuement  en 
suspens,  et  pour  éviter  les  inconvéniens  que 
la  longueur  y  pourrait  apporter.  Je  vous  re- 
commande cest  affaire  ;  el  sur  ce  je  prie  Dieu  . 
Monsieur  de  la  Molhe-Fénelon,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Paris,  ce  111e  jour  d'apvril  1571. 

Catbrine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1571.  —  6  avril. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.   Simancas,  K  i5lo,  n°  49. 

A.  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,s'an  retournant  le  conte 
d'Olivaies  ',  n'é  voleu  fallir  de  remersier  Vostre 
Majesté  de  l'honneste  \isite  que  par  lui  nous 
ha  fayst  fayre  et  des  bons  el  ainyable  propos 
que,  de  sa  part,  nous  ha  tins,  deuquel  n'an 
attendions  moins,  ni  ne  doutons  de  sa  bonne 
volante  ver  nous,  laquele  vous  prions  nous 
volouir  contineuer  et  croyre  que  lui  sera,  de 
nostrecouté,telement  correspondue que  Vostre 
Majesté'  conoystre  que  ne  la  porte  hà  personne 
que  lui  ensouityngrate,nedésirent  plus  granl 
plésirque  de  avoyr  quelque  moyen,  et  cet  pré- 
sente  aucasion  queparayfeet  le  puisiés  myeulx 
conoystre  que  ne  le  puis  par  la  présante  fayr 
entendre  hà  Vostre  Majesté,  lui  prient,  enn 
atendent  cju'i  s'offre  quelque  aucasion,  na- 
jousterfoys  àceulx  qui,  pour  empêcher  nostre 
amitié,  lui  pourroynt  mender  au  1er  dire9 
chause  que,  parvostre  bonté  et  bon  jeugement, 
ayle  peult  bien  conoystre  n'estre  ni  vray  ni 
assurense  de  vérité,  s'aseurent  Vostre  Majesté 
qu'il  ni  a  neul ,  tent  proche  luy  soyt-ayle3,  que 
désire  davantage  son  contentement,  la  conser- 
vation de  sa  grandeur  et  lui  fayre  servise  aynsin 
que  plus  au  long  en  prie  le  comte  d'Olivares 
de  dire  à  Vostre  Majesté  que  fayst, 

Vostre  bonne  mère  et  sœur. 

De  Paris,  c  t  iv6""0  jour  d'avril  1671. 

Caterine. 

1  Le  comte  Olivarès,  envoyé  par  Philippe  II  pour 
complimenter  Charles  IX  à  l'occasion  de  son  mariage , 
était  arrivé  à  Paris  le  1"  mars.  (Lettre  de  Walsingham 
à  lord  Burghley,  Calendar  of  State papers,  1  b-j  1 ,  p.  '1  là.) 

2  Au  fer  dire,  ou  faire  dire. 

3  Soyt-ayle,  soit-elle. 


1571.  —  5  avril. 

Orig.  Arcb.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  filza  6726  . 
nuova  nuiueraziooe ,  p.  3i3. 

A.  MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  suivant  ce  que  vous  m'avez 
faict  dire  par  vostre  ambassadeur,  que  vous 
auriez  agréable  que  j'emoyasse  par  devers 
vous  quelque  personnage,  qui  fust  entendu 
en  la  jurisprudence,  pour  conférer  avec  vous 
des  droicts  de  la  succession  de  la  maison  de 
Médicis ,  et  désirant  vous  satisfaire,  j'ay 
faict  elleetion  du  sieur  de  Bruet,  conseiller  du 
Rov  monsieur  mon  lilz  en  sa  court  de  parle- 
ment de  Pariset  maistredes  requeslesordinain- 
de  mon  hostel,  pour  aller  bien  instruict  par 
devers  vous  pour  cest  effect,  estimant  que, 
pour  sa  suffisance  et  ses  bonnes  qualités  que 
sont  en  luy  et  pour  eslre  bien  asseurée  qu'il 
sçaura  bien  suivre  la  bonne  volonté  et  affec- 
tion que  j'ay  tant  envers  vous  que  au  bien  et 
accroissement  de  vostre  maison,  vous  l'auriez 
pour  agréable,  et  qu'il  sera  pour  s'acquicter 
de  ceste  charge  en  sorte  que  nous  en  demeu- 
rerons tous  deux  contents  et  satisfaits,  ayant 
bien  voulu  néanmoins  faire  surseoyr  son  par- 
lement jusques  à  ce  que  je  vous  en  eusse 
donné  advis,  et  que  vous  m'ayez  mandé  là- 
dessus  de  vos  nouvelles.  Et  pour  ce  que  vostre- 
dict  ambassadeur1  m'avoyt  faict  entendre  que 
vous  estimez  qu'il  eust  esté  bien  à  propoz 
que  j'eusse  nommé  deux  ou  troys  personnages, 
pour  après  choisir  celuy  des  trois  qui  serin  I 
à  propoz  et  convenable  pour  ceste  charge,  je 
luy  ay  dict  la  cause  qui  m'en  a  gardée  et  prié 
le  vous  faire  entendre,  affin  que  vous  cong- 
noissiez  tousjours  comme  en  toutes  choses  je 
veulx  procéder  avec  vous  en  toute  la  sincé- 
rité, bonne  volonté  et  affection  qu'il  convient 


Petrucci. 


.38 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


à  la  bonne  amitié,  qui  est  entre  nous,  priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  ce  v'"c  jour  de  avril  i5-i. 

Vostre  bonne  cousine, 

GaTERINE. 


1371. 


(i  avril. 


Orig.  Arch.  du  palais  de  justice  de  Rouen  . 
registres  secrets  du   Parlement  de   Normandie. 

V  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANSLA  COURT  DE  PARLEMENT 

m     BOÏ    MONSIEUR    MON    FM.Z    À    ROI  IV 

Messieurs,  \ous  verrez  amplement  par  les 
lettres  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
escript  le  contentement  et  satisfaction  qu'il  a, 
comme  aussi  ay-je,  delà  diligence  et  dextérité 
dont  vous  avez  use  à  la  prinse  d'aucuns  des 
coulpables  de  la  première  esmotion  advenue 
en  la  ville  de  Rouen  et  du  bon  ordre  qu'avez 
donne'  qu'il  ne  soit  advenu  plus  grand  incon- 
vénient  à  la  seconde,  de  laquelle  aussi  nous 
avons  eu  grand  regret,  qui  me  gardera  de 
vous  en  faire  redicte,  sinon  pour  vous  prier  de 
tousiours  tenir  la  main  à  ce  que  lesdicts  coul- 
pables soient  exemplairement  chastiez  et  que 
l'intention  du  Roy  mondict  sieur  et  filz*  soit 
en  cest  endroict  exécute'e,  laquelle  aussi  en- 
lendrez  assez  des  commissaires  qu'il  a  pour 
cest  efïect  depputez  ;  sur  quoy  me  remectaut, 
je  prie  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa 
sainte  et  digne  garde. 

Escript   à  Paris,   ce  vi"  jour  d'avril  1071. 

Caterine. 

PlNART. 


1571.—  8  avril. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  ,075a,  f°  1059. 

A  MONSIEUR  DE  FOIRQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  ne  sçaurois 


rien  ajouter  a  ce  que  vous  escript  le  Rov 
monsieur  mon  fils1,  attendant  que  l'on  vous 
renvoyé  Lasalle,  par  lequel  l'on  \ous  escrira 
plus  particulièrement  pour  responce  à  celles 
qu  il  nous  a  apportées  de  vostre  part.  J'escrips 
un  pelil  mot  à  Donna  Marie  Chacun  par  le 
comte  d'Olivarez,  la  priant  d'avoir  en  toute 
recommandation  mes  petites-fiiles.  \ous  l'en 
prierez  encore  de  ma  part  ;  car,  encores  que  je 
sois  assure'e  qu'elle  en  a  tout  le  soing  que  l'on 
sçauroit  désirer  et  qu'elle -y  faict  tout  bon  de- 
voir, toulesf'ois  comme  estant  si  affectionnée 
pour  l'amitié'  que  je  portois  à  la  royne  leur 
mère,  je  ne  me  puis  garder  de  les  luv  recom- 
mander, désirant  aussi  qu'elle  m'escrive  quel- 
quefois de  leur  disposition  et  santé,  de  la- 
quelle il  me  semble  que  je  seray  faicte  plus 
certaine,  quand  j'en  auray  asseurance  par 
elle.  J'estime  que  ledict  comte  s'en  retournera 
plus  content;  aussi  en  a-(-il  loute  occasion, 
comme  le  Roy.  monsieur  mon  fils  le  vous  es- 
cript. Priant  Dieu  ,  Monsieur  de  Forquevauls, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  buictiesme  jour  d'apvril 
1571. 

Caterine. 


157  I.  —  1a  avril. 
Orig.  Arch.  nat.  eollecl.  Simancas,  K  1  ."> , 9  .  pièce  60. 

V  M»  MON  FILS  LE  ROY  CATOUQUE. 

Très  bault  et  très  puissant  prince,  nostre 
très  cher  el  très  amé  bon  filz,  salut  :  la  re- 
commandation qui  vous  a  esté  faicte  en  faveur 
de  Paul  Camille  Dadde  et  de  ses  frères  gentils- 
hommes milanoys  vos  subgets,  avecques  la 
valleur  et  vertu  dont  ilz  sont  douez,  nous  in- 
citte   d'accompaigner   la   prière    que   le   Rov 

1  La  lettre  du  Roi  qui  précède  celle-ci  relate  l'entre- 
tien qu'il  a  eu  avec  Olivarès  et  Fiancés  de  Alava  venus 
se  plaindre  d'actes  de  piraterie. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MED1CIS.  3S 


QOstre  dès  cher  sieur  et  fils  vous  faict  présen- 
tement pour  eulx,  en  vous  suppliant  et  requé- 
rant, autant  que  faire  pouvons ,  d'eslre  contant , 
pour  l'amour  de  nous,  degratiffier  en  cest  en- 
droict  les  sieurs  Daddede  la  requeste  qui  nous 
est  l'aide  pour  eulx  et  en  cella  les  préférer  à 
tous  autres,  vous  asseurant  que  vous  ferez  pour 
gehtiizhommes  qui  le  mérittent,  et  desquels 
\ous  retirerez  service  selon  le»  occasions  et 
charges  èsquelles  vous  serez  pour  les  em- 
ployer, de  manière  que  vous  n'en  recevrez 
que  contentement  et  satisfaction  et  nous  ferez 
davantaige  plaisir  irès  agréable,  quand  nous 
cognoistrons  qu'ilz  aurontreceu  ce  bienffaict 
de  vous  à  nostre  requeste,  ainsi  que  vous 
dist  de  la  part  du  Roy  nostredict  sieur  et 
filz  et  de  la  mienne  le  s1  de  Forquevaulx,  che- 
valier de  son  ordre,  conseiller  en  son  conseil 
privé  et  son  ambassadeur  résidant  près  de 
vous,  sur  lequel  nous  remectous  le  surplus, 
vous  priant  de  le  croire  de  ce  qu'il  vous  dira 
de  nostre  part  comme  de  uous-mesme,  priant 
Dieu,  très  hault,  très  excellent  et  très  puissant 
prince,  nostre  très  cher  et  très  amé  filz,  vous 
avoir  en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 

Esciipt  à  Paris,  le  xu""  jour  d'avril  1071. 

Caterine. 


157  1.  —  i3  avril. 

Copie.  Bibi.  oal.  fonds  français.  nù  10752  .  f°  1098. 

V  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  vous  sçaurez 
d'Âlmède  qui  nous  a  meu  de  le  dépescher  et 
le  vous  envoyer.  Le  mémoire  aussi  que  le  Roy 
monsieur  mou  fils  et  mov  vous  envoyons  vous 
en  esclaircira  plus  particulièrement.  Ainsi  il 
ne  me  reste  maintenant  qu'à  \ous  prier  vous 
servir  dùdict  Almède  et  des  moyens  qu'il  a, 
avec  la  dextérité  dout  vous  avez  toujours  usé 
et  sur  tout  que  nous  ayons  advis  et  response 


sur  le  contenu  audict  mémoire,  \osliv  homme 
Lasalle  le  suivra  de  bien  prez,  par  lequel  l'on 
faira  response  particulièrement  sur  tout  ce 
que  vous  nous  avez  mandé  par  vos  deux  der- 
nières, et  mesme  pour  ce  qui  concerne  vostre 
congé  que  je  désire  pour  vostre  considération 
particulière,  mais  non  pour  le  service  du  Roy 
mondict  sieur  et  fils.  Du  reste  je  m'en  remets 
sur  Almède,  priant  Dieu,  Monsieur  de  For- 
quevauls, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escripl  à  Paris,  le  treiziesme  joui  d'avril 
1071. 

Caterine. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  vous  recom- 
mande une  affaire  en  faveur  du  sr  Dadde1, 
pour  lequel  le  Roy  monsieur  mon  fils  m'a 
dit  vous  avoir  escript  à  la  requeste  de  mon 
cousin  le  duc  de  Nevers. 


1571 


18  avril. 


Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  citata  tilza  U-t'Sj 
nuova  numerazione. 

A  MON  CODSIN 

LE  DLC  DE  FLORENCE. 

Mio  cugino,  ho  voluto  far  queslo  niotlo 
per  dervi,  corne  avendo  inviato  qui  il  Papa 
il  \escovo  Salviati,  e  sapendo  chi  vi  è,  io 
non  1'  ho  voluto  lasciar  ritornare  senza  coinu- 
nicaili  quai  cosa,  la  quale  non  avrei  ardito 
fanela  dire  per  altra  persona;  assicurandoini 
che  ve  la  dira  cosi  fedelmeute,  corne  se  ve 
l'avessi  detta  io  medesima;  e  per  queslo 
conoscerete  quanto  io  desideri  il  vostro  bene 
e  conservazione,  ne  vorrei  che  alcuno  sapessi 
nienle.  ma  lo  ritenessi  in  voi  solo,  per  servir- 
vene  et  rimediarvi  come  conoscerete  esser  bi- 

1  Voir  la  généalogie  de  la  famille  Adda  ,  dans  le  Teatre 
Eraldtco  de  Tetloni ,  Lodi,  i843,  l.  II. 


'.() 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sogno.  Et  rimetendomi  a  quelle  che  il  signor 
Satviati  \i  dira  non  faro  la  présente  |>iu  lunga, 
pregandovi  a  credere  quel  che  vi  dira,  corne 
;i  me  medesima,  che  non  desidero  meno  la 
vostra  conservazioue  clic  propria. 

Fatta  a  Parigi,  il  di  i8  d'  aprile  1071. 

\  nsira  buona  eugina, 

CaTARINA. 


157  1.  —  20  avril. 

Orip.  Arrh.  des  Médicis  à  Florence  ,  dalla  cilate  filza  /1737. 
nuova  numerazione. 

A  MON  COUSIH 

LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  s'en  allant  le  seigneur  Au- 
douyn  de  Thurin  par  de  là,  pour  avoir  justice 
d'un  procès  qu'il  a  à  l'encontre  des  Baillons, 
pour  raison  d'une  maison  et  ses  dépendances 
que  lesdicts  Baillons  ont  cv-devant  vendue  au 
feu  collonnel  Jehan  de  Thurin  son  père,  la- 
quelle ledict  Audouyn  a  este'  contraint  par 
justice  rendre  à  autres,  ausquels  lesdits  Bail- 
lons l'a  voient,  au  desceu  dudict  l'eu  collonnel, 
auparavant  vendue,  je  l'av  bien  voullu  acom- 
paigner  de  la  présente,  pour  vous  prier  luy 
impartir  de  vostre  faveur  en  ce  qu'il  vous  en 
requerra  pour  la  conservation  de  son  bon 
droict  et  mérite  de  sa  cause,  encores  que  je 
soys  bien  asseurée  que  vous  l'ayez  assez  pour 
recommandé,  quand  ores  je  ne  vous  en  eusse 
escript,  qui  est  l'endroict  où  je  prie  Dieu, 
mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  x\me  jour  d'april  167». 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Voir  sos  dépèches  dans  la  continuation  des  Annales 
•If  Raronmt,  par  le  père  Theiner,  t.  I". 


157  1.  —  3o  avril. 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3aa8,  f°  16. 

A  MONSIEUR  \TART. 

COK5BU.I.ER  DU   ROT   MOSS1EVH   SlOfl   FILZ   ET   PRESIDENT    À   MET!. 

Monsieur  le  président,  pour  répondre  à 
vostre  lettre  du  niemede  ce  moys,je  vous  diraj 
que,  comme  je  sçay  que  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  fils  est  de  mettre  à  bon  effel 
la  promesse  qui  vous  a  esté  faicte  du  pre- 
mier estât  de  maistre  des  requestes  qui  vieil- 
lira cy-après  à  vacquer,  j'y  tiendray  la  main 
pour  ma  part,  sçairhant  assez  quels  sont  vos 
mérites  et  services.  Au  demeurant,  quant  à  ce 
que  vous  me  mandez  des  députez  de  ceulx 
de  la  nouvelle  prétendue  religion,  ils  sont  ve- 
nus icy  avec  pareilles  remonstrances  ou  peu 
approchantes  de  celles  qu'ils  me  feirent  der- 
nièrement à  Villiers-Costrets;  sur  quoi  le  Roy 
mondict  sieur  et  lils  leur  a  respondu  par  l'avis 
de  mon  cousin  le  mareschal  de  Vieilleville 
que  l'on  ne  vouloit  rien  changer  pour  ri' 
regard  en  lestât  de  la  \ille  de  Melz.  mais 
que  l'on  leur  permectoit  bien  de  faire  leur 
exercice  au  lieu  de  Coucelles  ;  en  quoy  ils  ne 
seraient  empeschés,  qui  est  la  meilleure  pro- 
vision que  l'on  ayt  estimé  leur  pouvoir  bailler 
là  dessus  et  tout  ce  que  vous  aurez  de  moi 
par  ce  mot,  en  priant  Dieu,  Monsieur  le  pré- 
sident, qu'il  vous  a\l  en  sa  garde. 

Escript  à  Saint-Léger,  le  dernier  jour  d'avril 
1671. 

Caterine. 
Brlxart. 


1571.  —  2  mai. 

Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français.  n°  10769  ,  p.  106&. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  j'ay  receu  vostre 
lettre  du  vintiesme  d'avril  avec  celle  que  vous 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


41 


avez  escripte  au  Roy  monsieur  mon  fils,  nous 
advertisant  comme  le  sr  Don  Francisco  Lasso, 
mayord'homme  mayor  de  l'Imperatrix,  qui 
avoit  accompaigné  la  Roy  ne  Catholique,  s'en 
retourne  en  Allemagne  et  qu'il  passera  par  ce 
royaume  ;  sur  quoy  et  pour  l'ordre  que  l'on  a 
donné  de  le  l'aire  recevoir,  je  m'en  remectray 
à  ce  que  le  Roy  mondict  sieur  et  fils  vous  en 
escript  plus  particulièrement J  et  aussi  de 
bruicts  ([ue  l'on  l'aict  courir  en  Italie,  afin 
que,  si  vous  en  oyez  parler  par  delà,  que  vous 
leur  laides  entendre  la  ve'rité  de  l'intention  et 
volonté  du  Roy  mondict  sieur  et  fils,  qui  est 
de  vivre  avec  le  Roy  Catholique  son  bon 
frère  en  bonne  paix  et  amitié  et  les  asseurer 
que  ce  que  l'on  dict  au  contraire  que  c'est 
chose  qui  est  controuvée  et  du  tout  faulse. 
Au  demeurant,  ayant  sceu  que  la  RoyneCatho- 
lique  est  grosse,  je  vous  prie  de  vous  en  aller 
conjouir  avec  le  Roy  Catholique  de  ma  part, 
et  luy  faire  entendre  l'aise,  plaisir  et  conten- 
tement que  ce  m'a  esté  d'entendre  ceste  bonne 
nouvelle,  qui  est  tout  ce  que  je  vous  escripray 
pour  le  présent  que  de  prier  le  Créateur,  Mon- 
sieur de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sasaincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Saiuct  Ligier,  le  deuxiesme  jour 
de  may  1671. 

Caterine. 

1  rrPour  ce  que  j'ay  eu  advis  de  plusieurs  endroicls, 
écrivait  Cbartes  I\,  que  l'on  faict  courir  le  bruit  en 
Italie  que  je  veux  commencer  la  guerre  au  Roy  Catho- 
lique et  que,  sous  ce  prétexte,  ses  ministres  font  faire 
levées  de  plusieurs  compaignies  tant  de  cheval  que  de 
pied,  avec  amas  d'armes,  vivres  et  munitions,  je  vous  ay 
bien  voulu  adverlir  que  c'est  chose  faulsement  controuvée 
et  à  laquelle  je  n'ay  point  pensé.-'  (Bibl.  nat. ,  fonds 
français,  n°  io35a,  p.  1062.) 


1571.  —  4  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°39oa,  P1  i. 

A  MONSIEUR  DE  DANZAY. 

Monsieur  de  Danzay,  sur  l'occurencedu  re- 
tour par  de  là  des  srs  de  la  Gardie  et  Rieltre  l, 
ambassadeurs  du  roy  de  Suède  monsieur  mon 
bon  frère  et  cousin,  présents  porteurs,  j'ay 
advisé  d'accompaigner  la  lettre  que  le  Rov 
monsieur  mon  filz  vous  escript2  de  ceste-cv 
pour  vous  tesmoigner  le  grand  plaisir  et 
contentement  que  nous  avons  receu  de  la 
négociation  desdictz  ambassadeurs,  lesquek, 
I  outre  l'assurance  que  nous  avons  desjà  de  la 
bonne  affection  que  le  roy  de  Suède  leur 
maistre  porte  à  ceste  couronne,  nous  ont  con- 
firmé le  zelle  qu'il  a  de  demourer  ferme  en  la 
bonne  grâce,  amytié  et  intelligence  qui  est  de 
tout  temps  entre  les  roys  de  France  et  la 
Suède;  sur  quoy  ilz  ont  esté  oys  bien  volun- 
tiers  et  ont  esté  receus  et  Iraictez  aussi 
favorablement  que  le  veult  l'amitié  et  l'hon- 
neur de  celuyen  la  part  duquel  ilz  sont  venuz, 
comme  vous  pourrez  entendre  d'eulx ,  et  espère 
que  vous  ferons  bien  tost  plus  avant  entendre. 
Cependant  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Danzay, 
vous  tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Caterine. 


1571.  —  7  mai. 

\ut.  Arch.  des  M&licis,  ilalta  citata  filza  tfjtio. 
A  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  le  chevalier  de  Seurre  m'a  faist 
entendre  qu'il  a  quelques  afayres  pour  conte 

1  Nicolas  Biellre,  gentilhomme  de  la  maison  du  roi  de 
Suède. 

2  Une  lettre  du  Roi  accompagne  celle-ci ,  p.  1  et  suiv.  : 
il  accorde  la  liberté  du  commerce  à  tous  les  sujets  du  roi 
de  Suède. 


Cathebi>e  de  Médicis. 


1UPFIMEH1C    n\r:ovu> 


42  LETTRES  DE  GATH 

d'un  piïoré  de  Champagne  que  le  Roy  mon 
filz  lui  lia  donne'  ver  Nostre  Sainct  Père,  et 
pour  se  que  je  le  conoys  afectioné  serviteur  de 
Dieu  et  du  Roy,  et  qu'il  a  de  lontemps  ayslé 
employé  par  le  Roy  monsigneur  en  beaucoups 
de  grent  clierge,  et  que  yl  n'a  eu  le  temps  de 
l'en  récompanser,  ni  le  Roy  mon  iilz,  depuis 
qu'é  à  présant,  des  servises  qu'i  leurs  a  laits 
et  fayst  tou  le'  jour,  yl  désire  que  asheure, 
que  cete  aucasion  c'et  présentay,  que  l'on  ne 
luy  fase  neul  empeschement  à  son  pryoré,  et 
que  le  Pappe  le  veulle  favoriser  le  meynleneut, 
et  vous  en  é  voleu  escripre  pour  vous  prier 
que  soyés  cause  enver  Sa  Saincteté  qu'il  aye 
cet  que  le  Roy  mon  filz  et  moy  désirons, 
ynsin  que  plus  au  long  vostre  embasadeur 
vous  enn  escripre,  et  je  repeuteré'  cet  bien 
come  à  moy  mesme,  cornent  je  say  ausi  qu'en 
favré  de  même  le  Roy  mon  filz,  et  ses  deus 
frères,  et  en  cet  que  me  voldrés  employer,  me 
troveré  preste  à  me  revancher  du  plésir  que 
me  fayré  en  sesi  et,  n'étent  la  présante  hà 
aultre  fin,  je  feré  fin,  prient  Dieu  vous  avoyr 
eu  sa  saincle  et  digne  guarde. 

De  Anesl2,  cet  vu"  jour  de  may  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1571. 


9  mai. 


Imprima  d.ins  les  .\cfiocitilions  diplomtitiijues  avec  la  Toscane, 

1.  111,  r  775. 
AU  COMMANDANT 

FR\.\COIS  PETRUCCT, 

û 
AMBASSIDEUR  DE  TOSCANE. 

M.  l'amhascialore,  mando  queslo  portoredal 
•  Iran  Duca,  per  1'  occasione  cbe  io  vi  dirô  in 
quesla  di  mia  mano,  che  è  per  mettervi  in 
ronsidera/.ione  quel  cb'  io  ho  pensato  dipoi  la 

1  Je  repeuteré,  je  répulerai. 

1  Charles  IX  était  à  Anel  le  io  mai  1071 .  (Bilil.  nat. , 
n°  3aa8,  p.  3.) 


ER1NE  DE  MEDICTS. 

paitita  del  nosiro  secrelario  :  cioè  che  li  vostri 
padroni  conosebino  cbe  in  questa  occasione 
di  far  un  Papa,  ajutando  a  esser  il  cardinal 
di  Fcrrara,  che  questo  puô  riunire  insieme 
tutti  li  Principi  d'Ilalia,  e  nella  nostra  ami- 
cizia;  cbe  penso  che.quando  solamente  si  riu- 
nissin  fra  loro,  che  questo  sarebbe  un  gran 
bene  per  tutti,  e  per  assicurar  un  riposo  alla 
Crislianila;  ed,essendomi  venula  questa  con- 
siderazione,vel'  ho  volutoscrivere  e  piegarvi  la 
faciale  sapere  a'  voslri  padroni;  ancora  che  io 
ho  dalo  carica  a  queslo  portore,  che,  in  caso 
cbe  il  Gran  Duca  non  voglia  esser  contro  il 
cardinale  di  Feirara,  ma  aijurlarlo,  afin  che 
altenga  la  promessa  che  il  suo  nipote  in  ha 
falla,  a  suo  nome,  d'  essere  lor  amico,  che 
se  ne  vadi  il  nosiro  ambasciatore  a  Roma,  ee 
che  ne  tiri  una  promessa  di  mano  del  cardinal 
di  Feirara,  innan  zi  chesia  assicurato  di  quello 
che  averà  promesso  il  Gran  Duca,  e  che  me 
lamandi  per  conservarla;  perché  non  lo  voglio 
ingannar  in  modo  nessuno;  e  vi  prego  ad  assi- 
curarnelo  da  mia  parte.  Faro  fine  pregando 
Dio  avervi  in  sua  guardia. 

Cataiiinv. 

1571.  —  1  3  mai. 

Orig.  Arch.  des  Médirisà  Florence,  Clza  '1730. 

\  MOV  COUSIN 

EE  GRVNDDIG  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  la  lettre  qui  par 
vostre  ambassadeur  m'a  esté  baillée  et  veu  par 
elle  la  bonne  intention  que  avez  au  repos  de 
la  cbrestienlé,  qui  est  tout  ce  que  nous  dési- 
rons, aussi  que,  pourestre  si  conforme  en  ceste 
volonté,  je  veulx  croire  que  Dieu  nous  assistera 
avecques  vostre  ayde  à  faire  un  pape  '  qui 
sera  pour  son  service  et  le  repos  de  tout  le 

1  Pie  V  était  mort  le  i"mai,  et  le  i3  Grégoire  XIII 
était  nommé  après  trois  jours  de  conclave. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


43 


inonde,  ce  qui  nous  sera  nécessaire  ;  car  jamais 
je  ne  pense  qu'il  en  feust  plus  de  besoin,  pour 
estre  toutes  choses  comme  elles  sont,  que 
d'avoir  ung  pontife  homme  de  Dieu  et  de  bien 
et  n'ayant  esgard  que  à  maintenir  la  paix  et  le 
repos  :  car  aullrement  il  ne  pourrait  conserver 
ni  son  autorité,  ni  que  nostre  religion  n'en 
diminue,  et  m'asseurant  de  vostre  saincte 
intention,  ne  vous  en  diray  davantage  et  me 
remeetant  à  ce  que  le  Roy  a  donné  charge  vous 
faire  entendre  par  son  ambassadeur  résidant  à 
Rome  et  aussi  quelque  chose  que  j'ay  mandé 
au  vostre  par  son  secrétaire,  qui  sera  cause  que 
ferav  lin,  priant  Dieu  vous  donner  ce  qui  sera 
bon  pour  son  service  et  repos  public. 

De  Chenonceaulx,  ce  xin*  de  may  1571. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


157  1.  —  30  mai. 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  u°  1075a  ,  p.  noû. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQIEYAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  j'ay  receu  les 
lettres  que  vous  m'avez  escriples  par  vostre 
homme,  présent  porteur,  avec  les  tapisseries 
de  cuir  d'Espaigne  que  vous  m'avez  envoyées 
et  vous  remercie  de  la  peine  que  vous  en  avez 
prinse  ;  elles  ont  esté  rendues  à  Paris  au  temps 
que  je  n'y  estois  pas,  qui  a  esté  cause  que  je 
ne  les  ay  encores  peu  voir;  mais,  à  ce  que 
j'en  ay  entendu  et  que  l'on  m'en  a  mandé, 
elles  sont  fort  belles  et  croy  que  vous  y  avez 
usé  du  meilleur  mesnage  que  vous  avez  peu, 
tant  pour  le  regard  du  pris  que  pour  la  voiture 
jusques  à  Paris.  J'ay  faict  bailler  à  ce  porteur 
la  somme  de  trois  cents  douze  livres  pour  les 
m  11  Métiers  qui  ont  porté  ladicte  tapisserie  et 
pour  son  voyage  d'estre  venu  et  retourné 
deux  cents  livres,  ne  l'ayant  voullu  retenir 
davantage  et  ne  fauldray  de  vous  envoyer  le 


surplus  de  ce  que  vous  avez  advancé  pour  le 
payement  et  voiture  de  ladicte  tapisserie  par  le 
premier  qui  ira  exprez  par  delà,  comme  vous 
dira  plus  au  long  ce  porteur,  qui  me  gardera 
de  vous  faire  plus  longue  lettre,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde.  » 

Escript  à  Gaillon,  le  vintiesme  may  1571. 

Monsieur  de  Forquevauls,  depuis  la  pré- 
sente escriple  j'ay  baillé  à  ce  porteur  pour 
sou  voyage  oultre  les  deux  cens  livres  cy  dessus 
mentionnez  cinquante  livres  davantage,  qui 
font  ensemble  deux  cens  cinquante  livres. 


1571.  —  ao  mai. 

Copie.  Arch.  nal.  coliect.  Simancas,  K  i5ai,  u°  72. 
INSTRICTION   DE  LA  REINE  MÈRE 

A  JÉRÔME  DE  GOND  Y. 

Puisque  le  Roy  mon  fils  a  voulu  avertir  le 
roy  son  frère  des  impostures  et  menteries  de 
son  ambassadeur  ysi  résident,  j'ai  bien  voulu 
charger  Jeromiuo  de  Gondv  de  dire  au  Rov 
Catholique  ce  qu'il  me  semble  et  sur  ce  que 
son  ambassadeur  a  pensé  dire  contre  moi. 
ce  que  j'estime  estre  plus  contre  lui  et  s'est 
fait  plus  de  tort,  et  à  moy  grand  honneur, 
puisque  ces  propos  mettent  en  lumière,  car  l'on 
cognoistra  plus  clèrement,  en  oyant  parler  de 
leurs  meschancetés,  ma  vie  et  ma  conscience, 
qui  est  le  plus  grand  heur  et  honneur  que  je 
puisse  avoir  et  désirer  en  ce  monde  pour  estre 
l'une  et  l'aultre  telles  qu'elles  sont  et  de  faire 
instance  qu'il  en  lasse  ce  qui  est  requis  à  telles 
méchancetés.  Je  penserais  me  faire  tort  à 
commencer  ce  que  je  n'ai  jamais  l'ait,  depuis 
que  pour  l'envie  que  aulcun  m'a  portée  et  que 
d'aulcuns  ont  eue  de  gouverner,  l'on  a  inventé 
toutes  les  calomnies  qui  me  dussent  oster  du 

6. 


44 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


lieu  que  je  tiens,  niais  Dieu  qui  est  juste  et 
connoit  la  vérité  m'a  toujours  conservée  et 
gardée  et  ayant  laissé  à  lui  seul  la  vengeance 
aussi  m'avoit  vengée  plus  rigoureusement  que 
je  n'eusse  sceu  ni  voulu  faire,  et  m'assurant 
qu'il  a  encore  la  mesme  protection  de  moy  et 
des  miens,  n'ayant  encore  changé  ne  de  vie 
ne  de  volonté,  je  ne  veux  aussi  demander  à 
personne,  ni  prince  ni  aultre,  raison  du  tort 
que  j'endure,  m'assuranlqu'il  m'en  fera  raison, 
comme  il  a  toujours  fait,  mais  de  ce  qui  louche 
au  Roy  mon  fils  et  à  ses  frères  qui  sont  jeunes 
et  courageux  je  dis  bien  que  pour  entretenir 
la  bonne  amitié  qu'ils  lui  portent  et  leur  faire 
eounoistre  celle  qu'il  leur  porte  de  son  costé, 
que  en  faisant  la  démonstration  que  requiè- 
rent ces  méchantes  impostures  que  cela  forti- 
fiera et  augmentera  toujours  cette  amitié,  la- 
quelle je  ne  doute  point  qu'elle  ne  soit 
désagréable  à  tous  les  médians  qui  voudraient 
par  la  ruine  de  ces  deux  couronnes  s'aggran- 
dir,  chose  que  je  désire  plutosl  mourir  que 
voir  advenir;  qui  est  cause  qu'ayant  l'honneur 
d'estre  mère  de  ces  deux  rois,  je  en  parle 
librement,  comme  celle  qui  mettra  peine 
d'apaiser  toutes  les  choses  qui  pourraient 
altérer  cette  bonne  amitié  et  de  la  augmenter 
par  tous  les  moyens  que  Dieu  m'a  donnés  et 
que  puisse  penser;  et  l'un  qui  me  semble  le 
plus  propre  c'est  d'avoir  d'un  costé  et  d'autre 
un  ministre  qui  aye  unemesme  volonté  et  qui  ne 
soit  corruptible,  comme  a  été  celui-ci  qui  au 
commencement  faisoitee  qu'un  homme  de  bien 
devoit  de  bons  offices  et  depuis,  à  la  persuasion 
et  ambition  d'aucuns,  s'est  laissé  aller  pour 
nous  cuider  mectre  mal  tous  les  uns  contre 
les  autres,  qui  est  cause  que  ne  le  sçaurions 
plus  endurer  en  ce  royaume  et  le  prieray  de 
l'en  oster  incontinent.  El  au  reste  lui  recom- 
manderay  les  Infantes,  encore  que  je  sache 
cela  superflu  pour  estre  de  si  bonne  nature 


qu'il  est;  mais  l'amour  que  je  porte  à  la 
royne  leur  mère  me  les  fait  tent  aimer  que  je 
ne  me  puis  garder  de  les  recommender  et  à 
luy  et  à  la  royne  sa  femme  que  visiterez,  de 
ma  part,  avec  toutes  les  offres  et  honnestes 
propos  que  vous  pourrez  adviser,  comme  aussi 
la  princesse  de  Portugal  et  princesse  de  Bo- 
hesme. 

Fail  à  Gailion,  le  xx°  de  may  1071. 

Caterine. 


1571.  —  ai  mai. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothc-Fcnelon , 
t.  VU,  p.  316. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  vous  avez 
veu  par  mon  aultre  lettre  comment  l'ambassa- 
deur d'Angleterre  est  venu  parlerai!  Roy  mon 
fils  et  à  moy,  et  qu'il  ne  nous  a  rien  dict 
davantage  que  ce  qu'il  me  dict  à  Saint-Clou, 
ce  qui  me  faict  doubler  que  la  royne  d'Angle- 
terre ne  se  veuille  servir  de  ce  bruict  et  qu'elle 
nous  laisse  là  quand  elle  aura  faict  ses  affaires. 
Pour  ce,  prenez-y  garde  et  nous  advertissez 
de  ce  qu'il  vous  en  semble  et  en  pourrez  sça  - 
voir  ;  car,  encores  que  je  vous  aye  escript  par 
l'ambassadeur,  je  vous  y  ai  voulleu  dépescher 
ce  courier,  attendant  que  Sabran  soit  guéri, 
pour  vous  advertir  de  cessy,  et  que  nous  avons 
faict  bonne  mine  à  l'ambassadeur;  et  suivant 
le  conseil  que  nous  avez  donné  de  laisser 
indécis  ce  qui  concerne  la  religion  pour  entrer 
au  traicté  des  demandes  de  la  royne  d'Angle- 
terre, nous  luy  avons  dict  que  nous  voyons 
tant  de  raisons  de  tous  les  deux  costés,  de  la 
royne  et  de  mon  fils ,  que  nous  désirions  de  traic- 
ter  tous  les  aultres  articles  ' ,  et  espérions  que 

'   Voici  les  articles  tels  qu'ils  furent  reiuis  aux  mains 


Dieu  cependant  envoyera  quelque  moyen  pour 
le  faict  de  la  religion,  puisque  c'est  sa  cause. 

11  nous  a  dict  qu'il  le  trouve,  et  s'asseuroit 
que  la  royne  sa  maîtresse  envoyeroit  bientost 
ses  demandes  et  articles. 

Encore  que  Pinart  aye  dépesche'  ce  courier, 
il  ne  sçait  pas  ce  que  je  vous  mande  ;  pour  ce, 
ne  m'en  mandez  rien  que  par  homme  exprès. 
Voilà  tout  ce  que  je  vous  diray  pour  ceste 
heure,  car  je  vous  envoyerai  le  surplus  par 
l'aultre,  et  je  feray  fin,  priant  Dieu,  Monsieur 

des  conseillers  d'Elisabeth  par  La  Mothe-Fénelon  el  Ca- 
valcantiv. 

1 .  Que  le  mariage  se  solemnisera  sans  user  des  céré- 
monies qui  ne  sont  conformes  à  la  religion  de  Mon- 
seigneur. 

a.  Que  pour  luy  et  pour  ses  domestiques  il  pourra 
faire  libre  exercise  de  sadicte  religion,  sans  toutesfois 
altérer  en  aucune  façon  l'ordre  sur  icelle  receu  et 
approuvé  par  la  loy  en  Angleterre. 

3.  Que,  incontinent  le  mariage  faict,  mondict  sei- 
gneur aye  le  litre  de  roy  d'Angleterre,  et  gouverne  et 
administre  iceluy  conjoinclement  avec  la  royne. 

h.  Que  le  lendemain,  après  le  mariage  consommé, 
Monseigneur,  comme  mary  de  la  royne,  sera  couronné 
et  receu  des  subjects  comme  roy. 

5.  Qu'il  prendra  soixante  mille  livres  sterlins  par  an  du 
revenu  du  royaulme  d'Angleterre,  aflin  qu'il  se  puisse 
maintenir  convenablement  à  la  dignité  et  grandeur  de 
roy. 

6.  Les  descendans  de  ce  mariage  succéderont  es  biens 
paternels  et  maternels,  conformément  aux  lois  et  cous- 
tumes  des  royaulmes  et  pais  où  ils  sont  situés. 

7.  Et  où  ladicte  royne  précéderoit,  laissant  hoirs 
procréés  de  ce  mariage,  mondict  seigneur  retiendra  le 
nom  et  titre,  gouvernement  et  administration  dudict 
royaulme,  pour  et  au  proufit  desdicls  hoirs. 

8.  Et  où  il  n'y  aurait  aucun  descendant  survivant  à 
ladicte  dame,  en  ce  cas  mondict  seigneur  jouira,  sa 
vie  durant,  desdicts  soixante  mille  litres  sterlins,  afin 
qu'il  puisse  continuer  sa  première  splendeur  et  gran- 
deur. 

Qu'entre  le  Roy  Très  Chrestien  et  ses  enfans,  les  roys 
d'Angleterre  et  leurs  enfans,  sera  perpétuelle  amitié  et 
fraternité,  ligue  et  union.  (Record  office,  State  payera, 
France,  vol.  XL1X.  Copie  du  temps.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  45 

de  la  Mothe-Fénelon,  vous  avoir  en  sasaincte 
et  digne  garde. 

De  Gallion,  ce  xxive  jour  de  inay  1671. 

Caterine. 


1571.  —  ai  mai. 

Orig.  Archives  deBerlîu. 

A  MON  COUSIN 

M"  LE  MARQUIS  DE  BRANDEBOLBG. 

ÉLECTEUR   DU  SAINT-EMP1KE  '. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz. 
pour  l'entière  bonne  volonté  qu'il  portoit  à 
feu  mon  cousin  le  marquis  de  Brandebourg 
vostre  père'2,  laquelle  il  transporte  en  vous 
son  successeur,  a  voulu  donner  charge  au  sieur 
de  Schomberg  de  vous  visiter  de  sa  part  pour 
se  condouloir  avec  vous  de  la  mort  intervenue 
à  feu  mon  cousin  et  se  conjoir  de  vostre  pro- 
motion à  la  dignité  électoralle,  l'ayant  prié 
de  vous  faire  semblable  office  de  la  mienne 
et  vous  asseurer  que  j'enlreliendray  tousjours 
le  Roy  mondict  sieur  et  filz  en  la  bienveillance 
et  amitié  que  je  sçay  qu'il  vous  veult  porter; 
priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Gaillon,  le  xxiui'  jour  de  may 
1671. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1571.  —  au  mai. 

Copie.  Arch.  nat.  rollect.  Simancas,  K  1D71,  n°  75. 

A  DON  FBANCÈS  DE  ALAVA, 

AUBASSADECB    D'ESPAGNE.  , 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay   receu  vostre 

1  Jean-Georges,  né  le  1 1  septembre  i5a5,  mort  le 
3  janvier  i5û8.  Il  avait  été  marié  trois  fois. 

2  Joachim  II*  du  nom,  né  le  9  janvier  i5o5,  mort 
le  3  janvier  1  571. 


46 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


lettre  touschant  le  laict  des  pirateries  que  vous 
prétende/,  avoir  e>té  commises  sur  les  subjeclz 
du  Roy  Calolicque  mon  beau-fils  et  veu  ce 
que  vous  en  avez  escript  au  Roy  monsieur 
mon  fils,  lequel  vous  y  faict  présentement  si 
particulière  respouse,  et  par  laquelle  vous 
cognoistrez  de  quelle  affection  il  embrasse  ce 
faict  icv,  que,  m'en  remettant  sur  icelle,  jene 
vous  en  manderay  aultre  chose  en  la  présente 
que  de  vous  asseurer  que  j'y  tiendray  la  main 
en  tout  ce  qu'il  nie  sera  possible;  pliant  le 
Créateur,  Monsieur  l'ambassadeur,  \  ous  avoir 
en  sa  saincte  el  digne  garde. 

Escript  à  Gaiilon,  le  xxmi'  jour  de  may 

1571. 

Caterine. 


1571.  —  ai  mai. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence .  dalla  cilata  filza  £730  , 
nuova  numerazione. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mio  cugino,  io  ho  recevuto  la  vostra  lettera 
per  questo  apportatore,  et  veduto  quello  che 
avete  incominciato  di  l'are  col  Papa,  et  la  ris- 
posta  che  vi  ha  l'atto.  Mi  pare,  che  sia  ineglio 
per  ora  et  più  a  proposito  di  non  parlar- 
gliene  più,  conforme  alla  vostra  opinione, 
délia  quale  io  sono,  et  me  ne  rimetto  al  vostro 
buono  giudizio;  desiderando  il  Re  mio  fi- 
gliuolo  e  il  governar  per  vostro  consiglio 
e  advertimenlo.  Et  quando  vederele  che  sia  a 
proposito,  avvertitecene,  avanti  che  se  ne 
parli  a  lui,  accio  possiamo  mandai"  quai  cosa 
secondo  il  tempo  et  le  occasioni,  che  allora 
si  potranno  presentare,  il  quale  noi  stime- 
remmo  l'atto  a  noi  proprij.  Il  vescovo  Sal- 
viati  e  qui,  mandato  da  Sua  Santità,  che 
ci  è  straordiuariamente  caro,  e  per  amor  di 
lui,  e  a  sua  persuasione,  il  Re  mio  Ggliuolo  ha 


acconsentilo  che  il  Papa  usi  délia  maniera, 
che  voi  intenderete  per  lui,  su  la  sicurezza 
che  ci  ha  dato,  che  il  conte1  non  riceverà 
alcuna  vergogna;  il  che  vi  prego  a  voler  far 
considerare  al  Papa,  accio  che  alla  fine  non 
segua  cosa ,  che  possa  alterar  Y  amicizia  e 
buona  intelligenza  che  è  ira  il  Papa  et  Re  mio 
figliuolo,  perche  gli  ha  detto  al  vescovo,  che 
dona  il  suo  cousenso  uel  modo  di  sopra  pei 
amor  di  lui,  et  per  la  sicurlà  che  ne  ha  dato, 
che  altrimenti  non  1'  avverabbe  acconsenlilo, 
ma   assicura   dovene    noi    cosi   buou  grado, 

corne  se  1' avessimo  ottenuto  da  Sua  Santità; 

■  - 

et  abbiamo  la  volonta  di  riconoscervi  in 
tutto  quello  potremo,  et  che  ci  vorrete  im- 
piegare. 

Io  \i  parlero  d'  un  altra  cosa,  che  è  il  l'atto 
del  conte  di  Gayazzo  :  che  ci  tocca  tanto  che 
ne  siamo  in  gran  pena  andandoci  del  nostro 
honore  e  riputatione ,  e  il  Re  mio  figliuolo 
m'a  pregato  che  io  ve  ne  serva,  afin  che  lo 
vogliate  abbracciare,  e  operare  col  Papa  che 
ci  facci  conoscere  che  lui  non  vuole,  a  peti- 
zione  di  quelli  che  non  fanno  che  calumniar 
le  nostre  azioni  e  odiare  quelli  che  ci  son 
fedeli  servitori,  e  che  non  dipendono  da  altri 
che  dal  Re  mio  figliuolo,  per  ricevere  un  dis- 
honore al  detto  conte,  io,  che  alla  fine  tutto 
riuscirà  a  suo  honore  e  contento.  E  vi  ab- 
biamo voluto  mandar  questo  per  pregarvi  che 
dal  canto  vostro  ci  vogliate  far  conoscere,  corne 
desiderate  vederci  contenu  in  questo  affare, 
corne  in  tutti  gli  altri  che  saranno  di  nostro 
servizio,  et  faro  fine,  pregando  Dio  vi  guardi 
et  conservi. 

Di  Parigi,  il  di  26  Maggio  157t. 


Vostra.  buona  cugina. 


1  Le  comte  de  Gaiasso. 


Catarina. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


M 


1571.  —  a5  mai. 

fat.  Bibl.  nal.  fonds  fraDçais,  n°  39a8,  f°  16. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  Neuehele  vous  dire  de  nos 
novelles,  qui  cera  cause  que  ne  vous  fayré 
longue  letre;  car  yl  m'atendent  cheu  le  Roy 
mon  fils,  et  vous  dire'  reniement  que  j*é  aysté 
bien  ayse  d'avoyr  ceu  des  vostres  et  de  vostre 
mary  que  je  désireroys  plus  saynpour  l'amour 
de  luy  et  de  vous,  laquele  je  prie  ne  vous  en 
fâcher  et  voldroys  que  vous  nous  puisiez 
encore  voyr,  avent  que  nous  prinsion  nostre 
volaye1,  car  j'é  bien  peur  à  fayre,  cornent 
nous  faysons,  que  nous  soyons  plus  longs  à 
nostre  voyage  que  ne  pansoys.  Je  voldroys 
que  vous  visiés  la  royne  ma  fille  cornent  ayl 
est  aprivoysaye  aveques  nous  tous,  et  croyl  et 
embelit  tou  les  jours  et  ayst  fort  sayne,  qui 
me  fayst  ayspérer  qu'ele  sera  bien  tost  grose, 
cet  que  je  prie  à  Dieu  et  vous  donner  ce  que 
désirés,  Je  ne  vous  parle  de  vos  afayres,  car 
Nochele  vous  dire  toust. 

De  Gallon,  cet  xxveme  de  may  1 5y  i . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1571.  —  27  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n*  1075a,  f°  1109. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  vous  entendrez 
bien  particulièrement  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  fils  et  la  mienne  sur  tout  ce 
que  vous  nous  avez  escript,  par  le  srGeronimo 
Gondi'2,  gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre, 

1   Volaye,  volée. 

3  Voir  dans  le  n°  10759  du  fonds  français  ce  qui 
concerne  la  mission  de  Gondi,  et  plus  haut  p.  1x3. 


que  me  gardera  (m'en  remectant  sur  luv  et 
pour  vous  dire  les  occasions  pour  lesquelles 
il  est  dépesché  par  delà)  de  vous  faire  plus 
longue  lettre  que  de  prier  le  Créateur. 
Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Trie,  le  vint-septiesme  jour  de 

may  ï&ji. 

Caterine. 

1571.  —  28  mai. 

Orig.  Art'it.  des  Médicis  a  Florence,  dalla  iilza  £726. 
nuova  numerazione,  p.  3ia. 

A  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  ayant  entendu  parce  que  vous 
m'avez  mandé  et  faict  dire  que  vous  auriez 
agréable  que  j'envovasse  par  devers  vous 
quelque  personnaige  expérimenté  au  faict  de 
la  justice,  qui  vous  peust  desduire  et  faire 
amplement  entendre  le  droict  que  j'ay  en  la 
succession  universelle  de  tous  et  chacun  des 
biens  de  la  maison  de  Médicys,  et  auquel 
vous  peussiez  dire  et  faire  entendre  ce  que 
vous  aurez  à  nous  dire  et  remonsfier  là 
dessus,  j'ay  bien  voullu  à  présent  que  je  suis 
demeurée  d'accord  avec  ma  seur  la  .duchesse 
de  Parme  de  l'usuffruict  de  tous  et  chacuns 
des  biens  de  la  succession  de  ladicte  maison 
sciluez  et  assis  tant  au  duché  de  Florence 
que  autres  lieulx  de  la  Toscane,  et  n'y  ayant 
plus  aulcune  chose  qui  me  puisse  empescher 
de  disposer  desdicts  biens  à  ma  volonté, 
envoyer  par  devers  vous  le  sieur  de  Bruel 
présent  porteur,  conseiller  du  Roy  monsieur 
mon  fils  en  sa  court  de  parlement  de  Paris 
et  maistre  des  requestes  ordinaire  de  mon 
hostel,  tant  pour  prendre  la  possession  et 
jouissance  de  lonles  et  chascunes  des  terres, 
seigneurves  et  autres  biens  qui  m'appar- 
tiennent   à  cause  de   ladicte  succession,  que 


48 


pour  conférer  avecques  vous  de  mes  droictz 
en  icelle,  et  le  vous  faire  bien  au  long  en- 
tendre et  rcmonstrer,  et  pareillement  oyr  et 
entendre  de  vous  tout  ce  que  vous  aurez  à  luy 
dire  là  dessus,  pour  après  m'en  advertir.  El 
pour  ce  que  la  suffisance  dudict  de  Bruet  est 
lelle  et  si  bonne  qu'il  s'en  sçaura  bien  ac- 
quitter, je  ne  vous  feray  la  présente  plus 
longue,  que  pour  vous  prier  le  croire  de  tout 
ce  qu'il  vous  dira  de  ma  pari,  comme  vous 
vouldricz  faire  moy-mesme,  priant  Dieu,  mon 
i-ousin ,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à   Paris,    le    xxtiii'  jour  de  may 


Mon  cousin,  cesle  lettre  a  esté  gardée  avec- 
tout  le  demeurant  de  la  dépesche  du  sieur 
de  Bruet  présent  porteur  jusqu'à  ce  jourdbuy, 
d'aultant  que,  lorsqu'il  estait  prest  de  partir 
pour  vous  aller  trouver,  vostre  ambassadeur 
me  pria  faire  surceoir  son  voyage  jusque  à  ce 
qu'il  vous  en  eusl  adverly.  Et  pour  ce  je  n'ay 
autrement  voullu  rafresrbir  ladicte  lettre  affin 
que  vous  congneussiez  que  je  n'ay  rien  changé 
de  la  volonté  en  laquelle  j'estois,  lorsque  la- 
dicte dépesche  fut  signée. 

Vostre  bonne  cousine. 

Gaterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

a    esté    lieule  que  je  ne  l'ay  peu  pieu  an- 


1571 .  —  3o  mai. 
Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas ,  K  i5ai.  n'  8a. 

A  M»  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  Vostre  Majesté  entendre 
parJeronimoGondi,présantporteur,l'aucasion 
pour  quoy  le  Roy  vostre  frère  lui  envoyé,  qui 
cera  cause  que  ne  lui  en  fayré  rediste;  bien 
lui  diré-ge  que  j'é  enguardé  lent  Ion  temps 
que  j'é  peu  qu'il  eut  cete  aucasion  de  vous 
envoyer  pour  tel  ayfayst,  ayenl  mys  pouine 
qu'i  n'ann  anlendist  ryen;  mes  la  continuation 


pécher  et  non  pour  les  propos  quil   i  a  de 
mov.  J'é  voleu  cacher  le  tout;  car, Dieu mersi, 
yl  ne  me  peuvest  que  fayr  grent  honneur;  car 
on  conoystré  encore  mieuls  cet  que  je  suis  et 
le  tort  que  cet  sont  fayts  ceulx  qui  les  ont 
controvés  et  ynventés,  beaucoup  plusgrent  que 
à  moy  que  en  volent  en  savoyr  la  vérité  ceré 
myeulx  conneue  et  en  reporteré  plus  d'hon- 
neur; mes,  de  peur  que  cela  alterast  le  Boy  mon 
fils,  qui  ayst  jeune  et  n'a  acoteumé  de  si  Ion- 
temps  que  moy  de  ouir  mentir  de  luy,  et  le 
désir  que  j'é  de  voir  contineuer  l'amitié  qui 
est  entre  vous  deux  personnes  et  coronnes  a 
esté  cause  que  j'é  mys  pouine  tent  que  je  ann 
é   eu   le   moyen  qu'i  ne  sont  veneus  à  ses 
orelles,  mes  puisqu'il  les  a  ceu,  yl  a  yncon- 
tinent  voleu  enn  avertir  Vostre  Majesté,  s'asu- 
rent  que,  le  sachent,  encore  qu'il  mette  les 
vous  avoyr  ayscript ,  yl  ne  lé  croyt  ni  moy  ausi, 
nous  asurent  que  n'eusiés  enduré  tel  ynpos- 
teure  sans  en  fayre  la  démostration  qui  con- 
vient et  à  la  alianse  et  amytié  qui  est  entre 
nous;  et,  pour  avoyr  ynslruit  de  tout  cet  afayre 
le  Boy  mon  fils  Jeronimo  Gondi,  n'en  dire 
daventage  à  Vostre  Majesté  et  la  priré  de  le 
croyre  de  cet  qu'i  luy  dira  de  la  part  de 
Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterixe. 


1571.  —  à  juin. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  107DJ,  p.  no3. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVALX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  ne  vous  feray 
la  présente  longue,  car  vous  entendrez  par 
Gondi,  présent  porteur,  ce  qui  est  de  nostre 
intention  et  ne  vous  fais  ceste-cy  pour  autre 
fin  que  pour  vous  prier  de  vouloir  tenir  cest 
affaire  secret  et  ne  le  dire  ny  escrire  à  quel- 
que personne  que  ce   soit  tant  vous    soit-il 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


49 


ami,  dv  les  propos  que  sur  ce  sujet  ledicl 
Gondi  \ous  dira  et  communiquera;  sur  quoy 
vous  l'assisterez  et  ayderez  d'advis  et  de  con- 
seil, ainsi  que  par  son  instruction  est  porté 
que  le  Roy  mon  fils  le  veut  et  entend,  lequel 
m'a  faict  vous  escripre  la  présente  que  je  fini- 
rav,   priant  Dieu    vous    avoir  en    sa    sainrte 


garde. 


De    Lions  ',   ce  quatriesme  jour   de   juin 

Caterine. 


ib7i. 


1  Ô7  ! .  —  /i  juin. 

Orijj.  archives  de  Mantoue. 

A  MOH  COUSUS 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MANTOUE. 

Mon  cousin ,  le  conseiller  Scotia  estant  venu 
de  vostre  part  trouver  le  Roy  monsieur  mon 
lilz.  m'a  par  mesme  moien  baillé  la  lettre  que 
vous  m'avez  escripte  et,  oultre  le  contenu 
d'ic'elle,  faict  entendre  de  voz  nouvelles  et 
mesme  de  la  bonne  affection  et  dévotion  que 
vous  portez  à  ceste  couronne,  dont  le  Ro\ 
monsieur  mon  filz  et  moy  n'avons  jamais  faic! 
aucun  double,  aussi  vous  pouvez  faire  estât 
qu'en  tout  ce  qui  vous  toucbera  et  concernera 
il  sera  toujours  prest  de  vous  monstrer  l'effecl 
du  réciproque  en  vostre  endroict;  à  quoy,  de 
ma  pari,  je  tiendray  la  main  d'aussi  bon  cœur 
que  je  supplie  le  Créateur  vous  avoir,  mon 
cousin,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escripi  à  Lvons,  le  1111e  jour  de  juing 
,57i. 

\ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1   Lyons-la-Forêt,  dép.  de  l'Eure. 


(lATHBI;ISt  DE   MEDICIS     --IV. 


1  :>7  1 .  —  8  juin. 
Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence,  p.  3,  cari.  VIII. 

A  MON  cousm 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du 
x6  de  mai  et  veu  ce  que  me  mandez  tant  de  ce 
que  vous  avez  mandé  de  surseoir,  que  du 
fait  de  Gaiazzo,  de  quoy  je  ne  sçaurois  assez 
vous  remercier  et  de  vous  voir  continuer  en 
celte  bonne  volonté  en  toutes  les  choses 
que  je  désire,  comme  aussi  pour  Bruet  que 
vous  voulois  envoyer,  et  que  voudrais  que 
trouviez  bon,  et  ne  vous  parleray  pas  de  ce 
que  j'ay  dit  à  i'évesque  Salviati  pour  vous 
dire  et  dont  vous  ne  me  touschez  rien  dans 
voslre  lettre.  Je  ne  double  pas  néanmoings 
qu'il  ne  vous  ail  dit  tout  ce  que  je  l'av  prié  de 
vous  dire  et  qui  vous  tousche,  c'est  (et  je  vous 
prie  le  tenir  secret)  que  l'ambassadeur  d'Es- 
paigne  icy  résident  a  dit  à  quelque  personne 
que  le  roy  son  maistre  avoit  envoyé  quérir  le 
sr  Chupin  el  lui  déclarer  que  sa  volonté  est 
d'avoir  Sienne  pour  don  Juan  d'Austrie  et 
pour  vous  persuader  à  ne  le  desnier  el  ne  vous 
y  opposer,  vous  promettre  beaucoup  de  belles 
choses,  si  le  faites,  et  ne  le  faisant,  beaucoup 
de 'mal.  Quelquefois  cet  ambassadeur  a  ac- 
coustumé  de  mentir,  mais  il  m'a  semblé  que 
je  ne  correspondrais  pas  à  l'amitié  que  vous 
nous  portez,  si  je  ne  vous  en  avois  escripi,  ce 
que  je  fais.  Nous  avons  receu  par  le  secrétaire 
de  l'ambassadeur  les  deux  lettres  pour  le  Ro\ 
mon  fils  et  pour  moy,  à  laquelle  je  vous  fais 
response  par  la  présente.  Le  Roy  mon  fils  n'a 
pas  veu  la  sienne,  pour  s'être  un  peu  blessé 
en  courant  le  serf1,  mais  d'aultant  que  c'est 

1  Voici  comment  Guido  Cavaicanti  raconte,  le  8  juin, 
cel  accident  à  Cécil  :  «Le  Roi,  en  courant  un  cerf  dans 
la  foret  de  Lyons,  s'est  heurté  contre  une  branche 
d'arbre;  c'est  à  la   tempe  droite  que  le  coup  a  porté. 


lurRiyrRie   NiTiotULE. 


50 


peu  de  chose,  j'espère  que  dans  deux  ou  trois 
jouis  il  vous  en  fera  response  et  congnoistrez 
qu'il  est  prince  qui  de'sire  le  bien  et  conser- 
vation de  la  chrestientée  aultanl  que  quelque 
aultre  prince  peut  faire,  et  n'attribuez  ce  que 
je  vous  dis  qu'à  l'amitié  que  je  vous  porte  et 
au  désir  que  j'ay  de  la  conservation  de  vostre 
grandeur.  Je  prie  Dieu  qu'il  vous  assiste  et  vous 
donne  ce  que  désirez. 

Delà  foresl  deLyons,  celviii"  jour  dejouin 
,671. 

Vostre  bonne  cousine, 

CaTERINE. 


1571.  —  8  juin. 

Aut.  Bib).  nat.  fonds  français,  n*  8«a8,  f  5. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  j'é  aysté  bien  ayse  de  vous 
savoyr  à  Paris  et  veoldrès  que  vostre  mary  y 
feult  ausi  sayn  qu'il  fust  jeamès  et  que  vostre 
prose  fust  achevé  et  vous  revoyr  ysi  auprès  de 
la  milleure  parente  et  amye  que  ayés;  et  quant 
au  Roy,  yl  a  aysté  un  peu  blésé,  mes,  Dieu 
mersis,  yl  est  du  tout  guéri  pour  s'an  povoyr 
aler  dernayn  à  Gallon  pour  n'estre  ysi  auprès 
lieu  de  milleur  hayr  pour  s'achever  du  tout 
de  guérir  et  après  parachever  son  voyage,  le- 
quel je  voldrès  qui  fust  déjeà  achevé  et  en 
cet  pendent  je  vous  prie  me  mender  sovent 
de  vos  novelles  et  cet  porteur  vous  dire  des 
noslres  que  pour  cet  heure  ne  sont  pas  grent 

Sans  son  chapeau  il  pouvait  être  gravement  ules9é. 
M.  de  Koix  dit  que  les  médecins  ne  veulent  pas  qu'il  se 
remue  de  six  jours.  Il  est  donc  resté  à  Lyons,  où  il  est 
ass«  mal  logé,  et  retournera  mercredi  à  Gaillon.  On  dit 
qu'il  veut  aller  de  là  en  Bretagne.  La  reine  sa  femme  a 
•1  ■  dès  chagrine  de  cet  accident.»  liecord  office,  Stale 
jnijiers,  France.)  ' 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

cas,  et  je  fayré  fin,  prient  Dieu  vous  donner 


cet  que  désirés. 

De  Lions,  cet  vuic  jour  de  jouin  1571. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1571.  —  8  juin. 

Orig.  Archives  de  Modem'. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  FERRARÉ. 

Mil  cousine,  j'av  receu  les  lettres  que  vous 
m'avez  escriptes  par  le  chevallier  Janelly,  pré- 
sent porteur,  et  entendu  de  luy  ce  qu'il  m'a 
dict  de  vostre  part  louchant  la  bonne  volonté 
et  affection  que  vous  portez  au  bien  des 
affaires  du  Roy  monsieur  mon  filz,  dont  je 
vous  remercy.  El  vous  prie  croire  que  en  tout 
ce  qui  louchera  celles  de  mon  cousin  le  duc 
de  Ferrare  et  les  vostres,  je  m'y  employeray 
très  volontiers,  comme  vous  dira  de  ma  pari 
ledict  Janelly,  dont  je  vous  prie  le  voulloir 
croire,  priant  Dieu,  ma  cousine,  vous  tenir 
en  sa  saincte  garde. 

Escripl    à    Lions,   le   vin0  jour   de   juing 


1.571. 


Vostre  bonne  cousine, 


Gâterie. 


I  571.  —  11  juin. 

Orig.  Arcli.  île  la  préfecture  de  la  Seine-Inférieur* 
F.  du  chapitre  de  la  cathédrale  de  Rouen. 

A  MESSIEURS 

LES  DOYEN,  CHANOYNES 
ET  CUAPP1TRE 

DE   L'ÉGLISE    NOTRE-DAME    DE    ROUEA. 

Messieurs,  Jehan  Bout,  chantre  dema  chap- 
pelle  de  musique  et  chappellain  du  collège 
S'-Esprit  fondé  en  l'église  Notre-Dame  dudicl 
Rouen,  m'a  faicl  entendre  que,  pour  l'actuel 


service  qu'il  luy  convient  faire  près  de  nous, 
il  auroit  este'  contrainct  laisser  le  service  de 
ladicte  chappelle  du  collège  S'-Esprit,  et  pour 
ce  qu'il  craint  que,  au  moyen  de  son  absence, 
l'on  le  voulut  empescher  de  prendre  et  re- 
cuillirlesfruictz,  proffictz  etesmolluments  qui 
deppendent  de  ladicte  chappelle,  je  vous  ay 
bien  voullu  escrire  la  pre'sente  pour  vous 
prier  de  réserver  et  retenir  audict  Bout,  pen- 
dant qu'il  me  fera  service  actuel,  les  fruitz 
et  revenuz  de  ladicte  chappelle,  et  vous  me 
ferez  plaisir  que  j'aurav  bien  agréable,  priant 
Dieu.  Messieurs,  vous  tenir  en  sa  saincte  ei 
digne  garde. 

Escrip  à  Lyons,  le  x'  jour  de  juing  1671. 

CiTERINE. 
ChANTEREAU. 


157  t.  —  (Juin.] 
Aut.  Aixh.  nat.  collect.  Simancas,  K  i5ai,  n*  73. 

A  MA  FILLE  LA  ROYiNE  CATOLIQUE. 

Madame  ma  fille,  envoyent  le  Roy  mon 
fils  cet  jeantilhomme  ver  le  roy  son  frère, 
n'é  volen  le  léser  aler  sans  me  ramentavoyr 
en  sa  bonne  grase  par  la  présante  et  le  prier 
me  fayre  cet  honneur  de  me  tenir  comme  set 
je  avès  celui  de  estre  sa  mère;  car  l'afection 
que  je  porte  au  roy  son  mary  et  alla  royne  sa 
seur  ay  tieule  que,  pour  leurs  aystresi  proche, 
eome  Vostre  Majesté  leur  ayst,  je  ne  me  puis 
guarder  de  la  luy  porter  samblable ,  cet  que  je 
désire  ynfiniment  qu'i  cet  présante  aucasion 
pour,  par  ayfect ,  la  luy  povoyr  monstrer,  et  cet 
Voslre  Majesté  conoyst  qu'i  lui  aye  ysi  chause 
qui  lui  pleyse,  ayl  i  a  une  seur  et  panser  de 
avoyr  une  mère  qui  seront  trop  ayse  de  lui  en- 
voyer chause  qui  l'i  satisfase;  et  pour  avoyr 
donné  cherge  àJeronimo  Gondi  présanl  por- 
leur  lui  dire  auccoune  chause  de  ma  part,  je 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  51 

fayré  fin  à  la  présante,  priant  Dieu  luy  don- 
ner cet  qu'elle  désire. 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

CiTERUR. 


1571.  — Juillet. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  i5553.  1''  i&5. 

A  MONSIEUR  DE  LONGUEVILLE. 

Mon  cousin ,  d'autant  que  par  la  lettre  que 
présentement l  vous  escript  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  entendrez  amplement  son  inten- 
tion sur  tout  ce  qu'il  avoit  à  vous  mander  pour 
responce  à  ce  que  avions  receu  de  vous  le 
xxuu"  du  passé,  je  ne  vous  en  feray  autre 
redicle  ni  pius  particulière  réponse  pour  la 
parfaicte  asseurance  que  j'ay  que  vous  n'ou- 
blierez aucune  chose  de  l'exécution  de  son 
intention. 

Suppliant  à  tant  le  Créateur  vous  avoir  en 

sa  saincte  et  digne  garde,  le jour  de 

juillet  1071. 

1571.—  Juillet. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5553,  f°  i4i  s. 

A  MESSIEURS  LES  GEINS 

DU  PARLEMEixT  DE  BORDEAUX. 

Messieurs,  estant  veuuz  par  deçà  les  con- 
seillers Sabatier  et  Catet  vos  députés  et  délé- 
gués devers  le  Roy  monsieur  mon  filz,  ilz  luy 
ont  faict  entendre  comme  ilz  avoienl  charge,  de 
vostre  part;  sur  quoy  leur  ont  esté  faictes  les 
responces  que  vous  verrez,  qui  me  gardera,  se 
remettant  le  Roy  monsieur  mon  fils  sur  leur 

1  11  s'agissait  de  rupture  de  ponts  sur  la  rivière  (PO* 
tie.  Voir  dans  le  même  volume,  les  lettres  de  M.  de 
Longueville,  p.  i64,  i65,  173,  17Û,  193. 

2  (Écrit  au  dos.)  a  Lettre  répondant  à  celles  qui  uni 
esté  envoyées  par  la  court  du  Parlement  de  Bordeaux.  " 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


52 

suffisance,  de  vous  en  dire  aulre  chose  pré- 
sentement, suppliant  à  tant  te  Créateur  vous 
avoir,  Messieurs,  en  sa  très  digne  garde. 

Escripl  à  Monceaulx,  le jour  de  juil- 

lel  1B71. 

1571.  —  3  juillet. 

1  lopie.  Arcb.  not.  Regislrc  dai  délibérations 
lu  bureau  Je  la  ville  (le  Paris,  H  1786 ,  C  o5. 

\l  \  PRÉVOST  DES  MARCHANDS 
ET  ÉCIIEYÏNS  DE  PARIS. 

Messieurs,  je  vous  prie,  suivant  ce  que  le 
Roy  monsieur  mon  fils  vous  escript ,  de  regar- 
der et  trouver  par  tous  les  moyens  qui  vous 
seront  possibles,  soit  par  emprunt  ou  autre- 
ment, jusques  à  la  somme  de  cent  millivres, 
afin  de  les  envoier  à  Metz  avecq  les  autres 
deniers  de  la  subvention,  qui  y  sont  desjà, 
pour  ce  qu'ilz  ne  se  trouvent  suffisanz  pour 
contenter  les  reistres  et  faire  avecq  euk  qu'ils 
attendent  le  reste.  Vous  sçavez  combien  cella 
louche  le  repos  de  ce  royauime  et  le  nostre 
particulier,  qui  me  gardera  de  vous  faire  ceste 
lectre  plus  longue,  si  n  est  pour  dire  que  vous 
ne  sçauriez  faire  service  plus  à  propos  au  Roy 
mondict  sieur  et  filz,  priant  Dieu,  Messieurs, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincfe  et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  ce  mcme  jour  de  juil- 
let 1  57  1 . 

CatKMXE. 
l'l\AHT. 

1571.  —  3  juillet. 

Imprimé  .lans  la  C.ormpondancc  d,|>lo»mfi</ue  de  La  McÛW-FélsloH 
I.  Vil,  p.  a'ii). 

\   MONSIEUR  DE  LA    MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motlie  Fénelon,  pour  ce  que 
la  ])einturc  de  mon  lilz  n'estoit  pas  du  tout 
parachevée,  (|uand  vostre  homme  partit  der- 


nièrement, je  ne  vous  l'a\   plus  tesl   peu  en- 
voyer qu'à  ceste  heure  par  Vassal,    présent 
porteur;    encores   n'a  ce   peu   estre  en   une 
seulle    peinture   de   la   main    de    M'    Janet1. 
comme  je  l'eusse  désiré.  11  n'eust  le  loisir  que 
de  faire,  comme  vous  verrez,  le  visage  qui  esl 
fort  bien  et  parfaitement  faict,  après  le  \ra\ 
naturel;    el    l'aultre    peinture    qu'il    a    aussi 
l'aide,  servira   seulement  pour  la  taille,  qui 
est  aussi  la  vraye  semblance  de  mondict  (ils: 
mais  il  ne  s'est  pas,  en  ceste  peinture,  amusé 
à  faire  parfaictement  le  visage,  pour  ce  que 
l'aultre  estoil  faict  et  que  je,  voulois  faire  par- 
tir en  dilligence  ce  porteur, 

Je  suis  d'advis  que  vous  baillez  lésdictes 
deux  peintures  au  sr  comte  de  Lestre'2,  et 
faudra  que  vous  luy  fassiez  aussy  entendre  ce 
que  je  vous  ay  mandé,  et  que  vous  accommo- 
diez cella  de  telle  sorte  qu'il  soit  prins  de 
bonne  part,  en  attendant  que  iedicl  Me  Janet 
ait  parasebevé  la  peinture  qu'il  faict  en  plus 
grand  volume,  que  j'espère  vous  envoyer  cy 
après,  si  nous  voyons  que  les  choses  succè- 
dent, comme  je  le  désire,  el  qu'il  me  semble 
que  l'on  désire  aussy  par  delà,  par  ce  que  j'ay 
veu  par  voz  dernières  petites  lettres,  l'une  du 
jour  de  Sainct  Jehan,  qui  estoit  dedans  un  de 
vos  paquetz,  et  l'aultre  que  m'a  baillée  cedict 
porteur. 

1  Voici  ce  que  La.  Motlie  Fénelon ,  dans  sa  dépêche 
du  ao  juillet,  disait  du  portrait  :  kNous  sommes  venus 
de  propos  en  propos  à  parler  du  portrait  de  Monseigneur 
votre  tils,  et  elle  m'a  dict  que,  encore  que  ne  soit  que  le 
crayon,  et  que  son  teint  n'y  soit  que  quasi  chafouré  de 
charbon,  si  ne  laissoil  ce  «sage  de  montrer  beaucoup  de 
beaulté  et  beaucoup  de  marques  de  dignité  el  de  pru- 
dence, et  qu'elle  avoil  esté  bien  ayse  de  le  veoyr  meut 
comme  d'ung  homme' pari'aict,  car  me  vouloit  dire  touj 
librement  que  mal  volontiers,  estant  de  l'âge  qu'elle  est, 
eustellevolluestreconduicte  à  l'église,  pour  estre  maryée 
avec  ung  qui  se  fusl  montré  aussi  jeune  comme  le  comte 
d'Oxford. n  {Qnretpond.  diplomat.,  t.  IV,  p.  iH6.) 
1   Leicester. 


LETTRES  DE  G  AT  HE 

Auxquelles  pour  responce  je  vous  diray 
que  nous  avons  prias  fort  grant  plaisir  d'en- 
lendre  par  icelles  que  les  choses  soyent  en 
si  bons  termes  et  tant  affectionne'es  de  la  part 
de  la  royne  d'Angleterre  et  dudict  comte  de 
Lestre,  et  aussy  du  comte  de  Sussex  et  de  mi- 
lord  Burgley,  auxquels  nous  sçavons  infini- 
ment bon  gré  des  bons  offices  qu'ils  iont, 
mesmement  audict  sieur  comte 'de  Lestre, 
qui  démonstre  bien,  par  ce  que  me  mandez, 
la  bonne  \oloute'  qu'il  y  a,  dont  il  se  peut  as- 
seurer  que,  les  choses  advenant,  ainsi  que 
j'espère  qu'elles  seront,  et  comme  nous  le 
désirons,  qu'il  cognoistra  par  effect  le  bon  gré 
que  lui  en  sçavons;  mais,  affin  que  cessy  soi! 
Iiicntosl  résollu,  il  faullque,  par  son  moyen, 
les  articles  que  nous  demandons  et  qui  sont 
mentionnés  en  l'instruction  que  vous  a  portée 
le  sieur  de  Larchant,  nous  soyent  accordés, 
s'il  est  possible,  avec  le  plus  d'avantage  que 
vous  pourrez  les  estendre  et  moyenner,  et  que 
cella  soit  asseuré  sans  le  remettre  à  quand 
uiondict  fils  sera  par  delà,  comme  me  man- 
dez par  vostredicte  lettre.  Et  par  ce  moyen 
mondicl  fils  en  aura  plus  de  contentement  et 
d'obligation  à  la  royne  et  aux  gens  de  bien  qui 
manient  cest  affaire,  lesquels  je  vous  prie 
d'entretenir  toujours  en  la  bonne  volonté  et 
affection  qu'ils  montrent  avoir  en  cest  affaire, 
et  qu'ils  fassent  en  sorte  que  les  choses  n'ail- 
lent point  à  la  longue  et  que,  pour  oster  le 
moyen  à  ce  qui  y  veullent  traverser,  le  tout 
se  puisse  promptement  résoudre,  comme  il  est 
très  nécessaire,  et  que  nous  le  désirons,  vous 
priant  de  continuer  à  travailler  tellement  en 
cessy,  comme  déjà  vous  avez  si  bien  commencé , 
que  de  brief  nous  y  puissions  voir  une  bonne 
et  honorable  résollution. 

Je  vous  prie  me  faire  ce  plaisir  que  je  puisse 
avoir  bienlost  une  peinture  de  la  royne  d'An- 
gleterre en  petit  volume,  de   la   grandeur  et 


RINE  DE  MÉD1CIS.  53 

qu'elle  soit  bien  pourtraicte  et  faicte  de  la 
façon  mesme  de  celle  que  m'avez  envoyée 
dudict  comte  de  Lestre,  ainsi  que  vous  dira 
ledict  Vassal;  car  la  peinture  que  nous  en 
avons  est  du  tout  en  plat,  qui  n'a  pas  si  bonne 
grâce  qu'elle  aura,  estant  un  peu  tournée  sue 
le  costé  droict. 

Et  quant  à  ce  que  m'avez  escrit  d'icelhn 
sieur  comte  de  Lestre, je  suis  bien  marrie  que 
par  cedict  porteur  je  ne  lui  peus  envoyer  la 
peinture  de  ma  cousine  la  duchesse  de  Nevers 
de  Montpensier;  mais  elle  ne  s'est  poinct  en- 
core faille  peindre,  à  cause  qu'elle  a  esté  un 
peu  malade.  Le  peintre  y  travaille,  et  j'espère 
vous  l'envoyer  incontinent  qu'il  aura  faict.  Je 
luy  ay  parlé  de  ce  que  sçavez;  elle  m'a  fort 
sagement  respondu  qu'elle  u'avoit  autre  vo- 
lonté que  celle  de  mon  cousin  le  duc  de  Mont- 
pensier son  père,  qui  est  en  sa  maison  de 
Champigny.  Je  lui  en  eusse  volontiers  escript, 
mais  vous  cognoissez  le  personnage,  qui  pense 
que  le  meilleur  sera  que  je  lui  eu  parle  moy 
mesme,  comme  je  fairay  aussytost  qu'il  sera 
avecquenous,etdesi  bonne  affection  quej'es- 
père  que  icellui  sieur  comte  en  recevra  satis- 
faction et  contentement.  Me  remettant  pour 
le  reste  de  voz  dépesches  à  ce  que  vous  es- 
cript le  Roy  monsieur  mon  fils  et  à  ce  qu'il  vous 
mande  pour  responce  à  voz  dernières  dépes- 
ches, je  ne  vous  fairay  plus  longue  lettre, 
si  n'est  pour  vous  recommander  encores  une 
fois  d'affectiou  ladicte  négociation  des  petites 
lettres,  dont  j'espère  que  nous  aurons  bientost 
de  bonnes  nouvelles  par  le  sieur  de  Larchant, 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  111e  jour  de  juillet 

1 5-7 1. 

C\TERlJiE. 

PlXART. 

Je  vous  prie  que  bientost  en  puissions  voir 


54 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


cp  que  désirons,  car  la  longueur  ne  porte 
que  subject  à  ceux  qui  ne  désirent  ta  grandeur 
de  mon  lits  et  qui  ayment  mieux  leur  maison, 
bien  et  contentement  qu'ils  espèrent  icy,  qui 
ne  l'ont  que  luy  dire  beaucoup  de  choses  qui 
ne  peuvent  apporter  rien  do  bon  à  son  service. 


157 1.  —  6  juillet l. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5553,  C  116. 

A  MONSIEUR  DE  PIENNES. 

Monsieur  de  Pyennes,  vous  verrez  ce  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  présen- 
tement2 sur  les  leclres  qu'il  a  receues  de  vous 
du  xxii!c""e  du  passé  et  d'aullant  que  sur  le 
tout  vous  serez  par  là  bien  amplement  adverty 
de  son  intention,  je  ne  vous  en  feray  autre 
redicte,  me  remectant  sur  le  contenu  en 
sesdictes  lettres,  n'estant  besoing  vous  faire 
plus  particulière  recommandation  sur  ce  qui 
concerne  le  devoir  de  vostre  charge,  d'aultant 
que,  je  m'asseure,  vous  n'y  oublierez  aucune 
chose.  Suppliant  à  tant  le  Créateur  vous  avoir, 
Monsieur  de  Pyennes,  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Monceaulx,  vi  juillet  1671. 


1568. —  6  juillet'. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5553,  f°  119. 

A  MONSIEUR  LE  VICOMTE  D  ORTHE. 

Monsieur  le  vicomte ,  j'ai  receu  voz  lettres  du 
ui'°"  du  passé  et  veu  celles  que  vous  escrip- 

j  (Ecrit  au  dos.)  tDu  vi  juillet  1.571. m 
2  Voici  ce  que  lui  mandait  Charles  XI  :  <tJ'ay  recru 
vos  lettres  du  xxn""'  du  passé  et  veu  ce  que  par  icelles 
me  mandés  de  l'alarme  qui  avoit  esté  esté  en  ma  fron- 
tière de  Picardie ,  laquelle  vous  avez  saigement  apaisée.  1 
(Mémo  volume,  p.  117.) 

'  (Ecrit  au  dos.)  «A  M.  le  vicomte  d'Horte,  le  vi  juil- 
let 1571.» 


vez  au  Roy  monsieur  mon  fils1,  lequel  vous  y 
faict  présentement  la  responce  que  vous  ver- 
rez, sur  laquelle  me  remectant,  je  ne  vous  en 
feray  la  redicte  par  ceste  présente,  estant  bien 
marrye  que  vous  n'avez  point  esté  gratiffié  de 
l'abbaye  de  S1  Sever  que  vous  avez  demandée, 
ce  qui  ne  s'est  peu  l'aire,  d'autant  que,  bien 
longtemps  auparavant  que  vous  en  eussiez 
escript,  le  Tloy  mondict  sieur  et  fils  en  avoit 
disposé;  mais  trouvant  quelque  autre  chose 
dont  vous  soyez  adverty  à  propos,  asseurez- 
vous  que  vous  ne  serez  point  esronduict  et 
quant  à  moy  j'y  tiendra)  la  main  non  seule- 
ment en  cella,  mais  en  toutes  les  choses  qui 
vous  toucheront  et  concerneront,  sachant, 
comme  je  fais,  vos  anciens  services  et  mérites, 
vous  priant  cependant  ne  vous  lasser  de  con- 
tinuer. Pour  ceste  réparation  on  a  en  vous 
particulière  et  entière  fiance.  Je  supplieray  le 
Créateur  vous  avoir,  Monsieur  le  vicomte,  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  Monceaulx,  le  vie  jour  de  juillet 


57i. 


1571. 


7  juillet. 


Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Moltic-Fétulon. 
p.  a3». 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motlie  Fénelon,  ceux  qui  ne 
désirent  pas  le  mariage  d'entre  la  royne  d'An- 
gleterre et  mondict  fils  le  duc  d'Anjou  ont  fait 
courir  le  bruict  par  deçà  que  ce  que  ladicte 
royne  faisoit  en  ce  négoce ,  u'estoit  pas  de  bonne 
volonté  qu'elle  y  eut,  mais  seullement  pour 
se  servir  du  temps.  Cela  vérilablement  nous 
a  fait  penser  à  cest  affaire,  et  aller  plus  ret- 
tenus,  et  a  esté  cause  que  mondict  fils,  pour 

1  Voir  la  minute  du  Roi  qui  accompagne  celle-ci.  Il 
s'agissait  de  la  réparation  des  murailles  de  la  ville  de 
Bajonne. 


LETTRES  DE  CATH 

ceste  occasion,  n'en  a  pas  voullu  tesnioigner, 
comme  aussi  n'estoit  il  pas  raisonnable  qu'il 
y  eust  si  grande  affection. 

Doul  le  sieur  Walsingani,  qui  en  a  eu  advis 
d'Angleterre,  et  des   aultres  bruits   que  ces 
gens-là  mesmes  ont  l'aicl  courir  par  toute  la 
chrestienté,  pour  tascher  à  rompre  ce  traicté 
de  mariage,  m'a  faict  dire  que,  tant  s'en  l'ault 
qu'il  soit  vray  qu'icelle  royne  y  procède  par 
dissimulation,  qu'au  contraire  elle  y  marche 
de  très  bon  pied,  et  ses  principaux  ministres 
aussi,   qui  l'ont  expressément  escript  audicl 
sieur  de  Walsingani  pour  me  le  dire  ou  l'aire 
dire,  comme  il  a  faict  par  mon  cousin  le  sieur 
de  Foix  et  qu'icelle  royne  et  tous  les  siens  ne 
désireront  jamais  tant  chose  qu'ils  l'ont  la  con- 
clusion d'icelluy  mariage,  dont  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  et  moy,  et  aussi  mondict  fils 
le  duc  d'Anjou  sommes  aises,  espérant,  puis- 
qu'ainsi  est,  que,  par  le  sieur  de  Larchantque 
nous  attandons  en  bonne  dévotion,  vous  nous 
envoyerez   les  responces  des   conditions  que 
nous  désirons,  et  les  aultres  choses  que  vous 
avez  entendues  par  luy,  si  avancées  qu'il  s'en 
prendra  bientosl  quelque   bonne   résolution, 
comme  il  est  nécessaire  et  que  nous  désirons , 
ainsi  que  vous  pourrez  assurer  ladicte  royne 
et  tous  ceux  de  ses  ministres  qui  conduisent 
cest  affaire,  et  leur  dire  hardiment  que  nous 
y  marchons  aussi  de  fort  bon  pied,  et  qu'ils 
ne  croyent  rien  de  tous  les  bruits  qui  pour- 
roient  courir  du  contraire,  qui  ne  sont  que 
pour  rompre  cest  affaire,  lequel  je  vous  re- 
commande sellon  la   parfaicte  confiance  que 
nous  avons  en  vous,  à  qui  j'en  ay   voullu 
incontinent    faire    ceste    lettre,    ayant    sceu 
que  tous  ces   bruicts  couroienl,  afin  que,  si 
l'on  vous  en  parle  de  delà,   vous   asseuriés 
tousjours  ladicte  royne  et  ses  ministres  de 
noslre  sincère  volonté  et  bonne  affection.  Sili- 
ce,  je    prie  Dieu,    Monsieur  de    la   Mothe- 


ERINE  DE  MÉD1CIS.  55 

Fénelon,  vous  avoir  en   sa  saincte  et  digne 
i    garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  \i?m°  jour  de  juillet 
1 071. 

Ceste  lettre  vous  servira  d'advis  pour  en 
user  discrètement,  comme  vous  sçavez  très 
bien  faire;  car  si  de  là,  ils  ne  sçavoient  en- 
core tous  ces  faux  bruits,  vous  vous  conduiras 
en  cela,  et  vous  parlerés  ainsi  que  vous  le  ju- 
gerés  à  propos. 

Caterine. 

PlHÀRT. 

1571.  —  lojuillot. 

Orig.  Arch.  (les  Médicis  à  Florence ,  dalla  filzti  Û736  . 
nuova  numerazione ,  p.  3i5. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  veu  ce  que  m'avez  mandé 
par  deux  fois  touchant  le  faict  du  grand 
prieuré  de  Champaigne,  et  la  difficulté  qu'a 
faict  jusques  à  présent  Nostre  Sainct  Père  de 
vous  en  accorder  les  provisions  pour  le  che- 
valier de  Seurre,  dont  je  m'esbays  grande- 
ment ,  veu  le  bon  crédit  que  vous  avez  en  son 
endroict,  et  la  bonne  volunté  que  je  sçay  que 
vous  avez  de  favoriser  ce  qui  vous  est  recom- 
mandé de  ma  part  si  estroictement  :  et  pensant 
que  le  reffus  qu'il  vous  en  a  faict  jusques  à 
présent  de  les  vous  accorder,  doive  aussi  tosi 
procéder  de  l'attente  qu'il  avoit  de  veoir  ce 
qui  succéderait  de  la  négociation  du  chevalier 
Salviaty,  que  le  grand  maistre  de  Tordre 
Sainct-Jehan  avoit  envoyé  devers  nous,  pour 
nous  .prier  de  retracter  cela  en  faveur  de  sa 
religion  ou  de  l'hospitallier  qu'il  en  a  faict 
pourveoir  contre  la  volonté  du  Hoy  mondict 
sieur  et  fils,  comme  à  l'occasion  des  mauvais 
offices  qu'aucuns  de  par  deçà  ont  faict  uudict 


56  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIUIS. 

de  Seure  envers  Nostredict  S'  l'ère.  Il  m'a 
semblé  ne  devoir  différer,  après  que  ledict  de 


Sahialv  a  esté  esconduict  tolalement  de  cesle 
requeste,  d'en  faire  une  bonne  recharge  à 
Sa  Saincteté  pour  luy  faire  comprendre  que 
cela  ne  se  peut  plus  révocquer,  ;iyant  esté 
au  contraire  expressément  enjoinct  ausdicts 
Hosfiilalliers  d'en  plus  faire  de  poursuicte;  el 
à  ceste  cause,  que  son  bon  plaisir  soit  de  ne 
plus  différer  d'en  pourveoir  ledicl  de  Seurre; 
el  par  mesme  moyen  vous  escripre  la  pré- 
sente, pour  vous  prier  le  plus  affectueusement 
que  je  puys,  de  continuer  d'employer  vostre 
bon  crédit  et  moyen  envers  Nostredict  Saincl 
Père,  en  luy  faisant  tenir  la  dépesebe  que 
nous  luy  en  faisons  maintenant ,  affin  de  le 
l'aire  condescendre  à  nous  gratiffier,  sans  avoir 
autre  esgard  aux  prétentions  dudict  Hospital- 
ier qui  s'en  accommodera  à  nostre  volouté, 
s'il  est  saige  et  advisé,  affin  de  ne  préjudicier 
à  sa  religion ,  et  d'adviser  de  recevoir  faveur 
en  quelque  autre  endroict  de  luy  et  de  rnoy. 
Et  ce  faisant,  oultre  ce  que  ferez  pour  ung 
personnaige  d'bonneur  et  qui  a  fa  ici  beaucoup 
de  services  à  ceste  couronne  et  à  moy  en  par- 
ticulier, je  m'en  sentiray  grandement  tenue  à 
vous  pour  le  recognoistre  en  ce  que  vouldrez 
m'employer  d'aussy  bon  cœur  que  je  supplie 
le  Créateur  vous  avoir,  mon  cousin,  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Montceaux,  le  xm"  jour  de  juillet 


1  571. 


Vostre  bonne  cousine, 

FlSES. 


(Iaterine. 


1571.  —  12  juillet 

Copie.  Rihl.  mit.  Parlement,  n°  93. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

DE  LA  COl'R  DU  PARLKMEIVT  DE  PARIS. 

Messieurs,  je  vous  prie,  suivant  ce  que  le 


Roy  monsieur  mon  fils  vous  escript  '  de  pro- 
céder incontinent  à  la  vérification  des  lettres  de 
création  et  provision  de  Testât  de  grand  prévost 
de  France,  dont  a  charge  Monsieur  de  Mon- 
truel  et  croire  qu'elles  ont  esté  l'aides  avec 
tant  de  poix  et  grandes  considérations  qu'il 
ne  se  doibl  faire  aucun  resfus  ou  difficulté; 
comme  je  vous  prie  qu'il  n'y  en  soit  faict  ;  el 
au  demeurant,  que  ladicte  vériification  se  face 
le  plus  diligemment  qu'il  sera  possible  pour 
ce  que  le  Roy  mondicl  sieur  el  fils  commande 
audict  sieur  de  Montruel  d'aller  en  plusieurs 
lieux  pour  le  faict  de  sa  charge,  ce  qu'il  ne 
peut  faire  que  cette  vérification  ne  soit  faicte 
premièrement,  et  croyant  que  sçaurez  en  cet 
endroit  l'intention  du  Roy  mondict  sieur  et 
filz,  je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre  que 
pour  vous  dire  que,  en  ce  faisant,  vous  ferez 
chose  que  nous  aurons  bien  agréable,  priant 
Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escriptà  Crecy,  le  douziesme jourde  juillet 
mil  cinq  cent  soixante  et  onze. 

Gaterine. 

1571.  —  a5  juillet. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  */e  La  Mothe-Fènelon , 
I.  VU.  p.  q34. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  comme 
j'ay  une  particulière  confiance  en  vous,  je  ne 
vous  celleray  point  que  l'humeur  en  laquelle 
est  mon  fils  d'Anjou  me  fait  bien  grande 
peyne;  il  est  tellement  obstiné  à  ne  passer  en 
Angleterre,  sans  avoir  une  publique  asseu- 
rance  pour  l'exercice  de  sa  religion,  que  le 
Roy  ni  moi  n'avons  peu  obtenir  qu'il  se  soil 
fié  à  la  parole  de  la  royne  d'Angleterre.  Nous 

'   La  lettre  du  Roi  précède  celle-ci  et  n'y  ajoute  rien. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


57 


soubçonnons  fort  que  Yillequier,  Lignerolles 
ou  Sarret,  possible  tous  trois,  soyent  les  ans- 
leurs  de  ces  fantaisies  :  si  nous  pouvons  en 
avoir aulcune  asseuraucc,je  vous  asseurc qu'ils 
s'en  repentiront.  Pour  tout  cela,  je  ne  veux 
pas  que  nous  nous  rebutlions,  car,  possible, 
pourrons  nous  gaigner  quelque  cliose  sur  son 
esprit,  ou  sur  celluy  de  ladicle  royne. 

Si,  par  malheur,  les  choses  ne  peuvent 
pas  s'accorder  pour  mondict  fils,  comme  je  le 
souhaite,  je  suis  re'sollue  de  faire  tous  mes 
efforts  pour  le  faire  réussir  pour  mon  fils 
d'Alençon,  qui  ne  sera  pas  si  difficile.  Ce- 
pendant, comme  on  nous  propose  de  tascher 
de  faire  une  ligue  avec  icelle  royne  pour 
nous  l'attacher  davantage,  et  esloigncr  le  fils 
de  l'Empereur  et  aullres,  ne  faictes  jamais 
semblant  de  cessy;  mais  bruslez  la  présente, 
après  l'avoir  leue,  et  ne  croye's  rien  que  l'on 
puisse  vous  dire  ou  escriie,  que  ce  que  vous 
verrez  par  lettres  signe'es  de  la  main  du  Roy 
ou  de  moy,  qui  ne  vous  dis  pas  cella  sans  rai- 
son ;  car  ceux  qui  ne  désirent  pas  que  les 
choses  qui  sont,  grâces  à  Dieu,  si  bien  avan- 
cées et  disposées,  réussissent  et  s'effectuent, 
sont  assez  artificieux  pour  publier  ou  escrire 
ce  qu'ils  penseront  qui  soit  pour  empescher 
ce  bon  œuvre,  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 
Mothe-Fénelon,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

A  Fontainebleau,  ce  jeudi  xxvcme  jour  de 

juillet  1071  '. 

Caterine. 

1  Voici  une  lettre  de  Charles  IX  qui  complète  celle 
de  la  Reine  sa  mère  : 

ir Monsieur  de  la  Mothe  Eénelon,  à  ce  que  j'ay  veu 
par  les  lettres  que  m'avés  escriles,  du  ix'  de  ce  moy  s, 
touchant  la  négotiation ,  et  despuys  par  celles  que  m'avés 
aussy  cscrites  le  xie  ensuivant,  que  m'a  apportées  le  sieur 
Larchant.et  entendu  par  ce  qu'il  nous  a  dict  de  bouche 
et  davantage  considéré  ce  que  me  mandez  et  à  la  Royne 
madame  ma  mère,  par  vos  dépesches  des  xiv\  xx°  et  xxne 

Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


1571.  —  3i  juillet. 

Ori{f.  Arch.  des  Médicis  à  Florence. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE    DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre,  par 
laquelle  me  mandez  que  vous  trouvez  bon  que 
je  vous  envoie  quelque  ung  pour  conférer  de 

de  ce  movs,  il  se  trouve  de  grandes  difficultés  sur  l'ar- 
ticle de  la  religion.  Ayant  à  ce  propos  mis  en  grande 
considération  ce  que  la  royne  d'Angleterre  madame  ma 
bonne  sœur  et  cousine,  dict  audicl  Larchant,  et  encores 
depuis  à  vous;  qui  est  qu'elle  ne  pense  pouvoir  con- 
sentir que  mon  frère  ait  l'exercisse  de  la  religion  par 
delà,  et  que  cella  pourrait  estre  cause  (si  elle  la  luy  ac- 
cordoit ,  comme  nous  le  désirons  pour  luy  et  les  siens)  de 
troubler  son  Estât,  ce  qu'elle  aymeroit  mieux  estre  morte 
que  de  voir;  voylà  pourquoi  je  pense  qu'il  esloit  très  néces- 
saire, premier  que  envoyer  mes  deppulés  de  delà,  qu'il 
v  allast  quelque  personnage  bien  entendu  et  agréable  pour 
le  faict  de  ladicte  négotiation.  Et  pour  ce  que  je  pense 
que  Mr  de  Eoix,  mon  cousin,  y  seroit  fort  propre,  je  l'a  y 
prié  d'en  accepter  la  charge,  comme  il  a  faict,  lui  ayant 
faict  faire  une  instruction  bien  ample  et  lettres  de  ce  que 
luy  et  vous  aurés  à  taire  en  cella;  ayant  avisé  de  vous 
renvoyer  cependant  ce  présent  porteur  pour  vous  en  ad- 
vertir,  et  pour  vous  dire  que,  avant  hier  après  disner, 
nous  ouismes  sur  cella  le  s'  de  Walsingam,  qui  s'est 
tousjours  monstre  bien  affectionné  à  cest  atfaire,  si  ce 
n'est  quant  audict  point  de  religion,  pour  lequel  véri- 
tablement il  se  rend  difficile,  et  croy  qu'il  en  pourra  es- 
crire à  sa  maistresse  selon  sa  passion;  mais,  ledict  sieur 
de  Foix  arrivant,  comme  il  faira  bientost  par  delà,  vous 
taira  entendre  toutes  choses  et  comme  vous  aurés  à  vous 
y  gouverner  en  cella. 

«Cependant  je  ne  veux  oublier  de  vous  dire  que  je 
suis.après  à  pourvoir  et  donner  ordre  au  faict  d'Escosse, 
ainsi  que  m'avés  escript,  dont  je  vous  tiendray  adverti  in- 
continent par  votre  aultre  secrétaire  que  j'ay  retenu 
pour  vous  le  renvoyer  aussytost  que  cella  sera  taict,  mais 
je  vous  prie,  Monsieur  de  la  Motte  Fénelon,  que  cepan- 
dant  vous  ayez  toujours  l'oeil  ouvert  et  preniez  si  bien 
garde  aux  actions  de  la  royne  d'Angleterre  du  costé 
d'Escosse,  qu'elle  ne  puisse  rien  entreprendre  ni  donner 
secours  ou  assistance  que  je  ne  sois  promptement  adverli 
de  ses  délibérations.!)  (Même  vol.,  p.  a35.) 

8 

IXI'IUMIIHL     NAT10NA.lt. 


58 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


nos  affaires  avec  les  vostres,  ce  que  je   nie    |    Vostre  Majesté  nous  en  donnera  touljour  de 


suis  délibéré  de  faire  et  je  vous  envoyé  le 
sr  de  Bruet  présent  porteur;  sur  lequel  me  re- 
mettant et  qui  vous  dira  auhuncs  choses  par- 
ticulières, fera  y  fin,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
De  Fontainebleau,  le  3i  juillet  1071. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catemne. 


1571.  —  3i  juillet. 

Arch.  nat.  collecl.  Ninianras.  K  i5to,,  n°  70. 

\  M'  MON  FILZ  LE  ROY  CATOLIQCE. 

Monsieur  mon  fils,  je  entendu  par  Jero- 
nimo  Gondi,  ayslent  de  retur,  cet  que  lui 
avés  donné  charge  nous  dire  et  ausi  par  la 
letre  que  Vostre  Majesté  m'a  escripte  ay  sceu, 
cet  que  je  uedouto\s  poynt,  que  yl  ne  feult 
veneu  à  vos  aurelles  chause  si  méchante  ni 
que  puisiés  croyre  que  un  vostre  minisire 
eull  conneu  lele  maleurté  d'une  personne  si 
proche  corne  je  vous  suis  et  si  necle,  Dieu 
mersis.  que  je  ne  m'en  puis  sucier,  d'aultant 
que  lui  ni  personne  aultre  avecque  vérité 
ni  mensonges  ne  peuvest  endomager  ni 
aubscursir  une  chause  si  nesle  et  si  clère 
cornent  ayst  ma  vie  et  mon  honneur,  qui  est 
cause  que,  setle  Roy  mon  fils  m'eult  creu ,  que 
Vostre  Majesté  n'eull  eu  cet  déplaisir  de  co- 
noystre  qu'il  aye  de  si  malheureus  ministres 
à  son  servise;  mes,  l'ayens  veu  le  plus  tard 
que  j'é  peu,  yl  a  voleu  le  vous  le  fayre  en- 
tendre, afin  que  Vostre  Mageslé  cognoyse 
que  yl  ne  veut  que  rien  puise  diminuer  la 
lionne  amvtié  que  Dieu  a  myse  entre  vous 
deux,  laquele,  de;  ma  pari,  comme  chause 
que  je  désire  voyr  continuer  aultent  que  ma 
vie,  tant  que  Dieu  nie  la  prestera ,  je  mestré 
poine  de  tout  cet  que  j'é  de  moyen  Penter- 
tenir  et  augmenter  envers  lui,  m'asurent  que 


son  coulé  auccasion  d'avovr  cete  vol  un  té,  la- 
quele continuera  tant  que  vivre. 

De  Fontoynebleau,  le  x\xi""jour  de  juillet 
1  ")  7  1 . 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Catbbuib. 


1571.  —  Août. 

Copie.  Bil>l.  n.il.  fonds  français.  n°  iGo3g,  f°  At6. 

AU  CARDINAL  DE  R  U1BOUILLET. 

Monsieur  le  cardinal,  je  ne  puis  assez  louer 
les  bons  et  continuels  offices  que  \ous  faictes 
par  deçà  au  bien  du  service  du  Roy  monsieur 
mon  filz  '  et  le  soing  et  dilligence  don l  nous 

1  La  lettre  du  Roi  qui  accompagne  celle-ci  entre  dan* 
quelques  détails  sur  la  restitution  de  la  principauté 
d'Orange  : 

«Sur  ce  que  Sa  Sainteté  vous  avoit  dit  en  ceste  même 
audience  avoir  esté  advertie  que  j'estoys  en  promesses  de 
remettre  les  villes  de  la  principauté  d'Aurange  es  mains 
du  prince  dtidict  Aurenge  ou  du  comte  de  .Nassau  son 
frère,  vous  alléguant  sur  ce  le  péril,  danger  qui  en 
pourroit  succéder,  et  comme  ledict  prince  ne  demande 
rien  plus  que  de  se  deffaire  de  sodicte  principauté, 
ehos?  qu'elle  jugeoit  propre  pour  moy  pour  l'unvr  1  I 
joindre  à  mes  pays  et  provinces  et  que  là  où  je  n'y  voui-  , 
drois  entendre  et  n'en  aurois  nulle  volonté ,  il  lui  sembloit 
que  quelque  personnage  calholicque  y  deust  mettre  pour 
assurer  tant  mes  pays  et  provinces  que  le  comtat  de  Ve- 
nisse,  espérant  qu'il  se  trouveroit  homme,  lequel  feroit 
cet  acliact  que  après  retourneroil  au  bénéfice  du  S'  Siège 
ponrveu  que  je  ne  le  trouvasse  mauvais;  j'ay  donc  entendu 
là  dessus  ce  que  vous  m'en  escripvez  assavoir  que  c'estoit 
UOg  partyque  le  sr  Torquato  (lonti  mettoil  en  avant  pour 
embarquer  le  pape  en  resl  affaire,  aflin  que  la  commu- 
nauté d'Avignon  et  autres  terres  de  l'église  contribuas I 

entre  elles  de  leurs  deniers  communs  à  l'achat  de  ladii  ti 
principauté  pour  de  reste  façon  et  soubs  main  unyr  aux 
terres  riveraines  de  l'église;  sur  quoy  je  vous  répondra} 
<pie,  suivant  le  singulier  désir  et  affection  que  j'ay  tou- 
jours eu  de  observer  inviolablemeiit  ce  que  j'ay  promis 
'•I  accordé  par  mon  e  lit  de  paiillicalion,  j'ay  délibéré  et 
résolu  faire  absolument  au  prince  d'Aurange  la  susdiclc 
restitution  de  ses  villes. n  (Même  volume,  p.  'ili  et  '1 1 3 . ) 


LETTRES  DE  CATHE 

usez  à  le  satisfaire  de  ce  qui  s'y  pre'sente,  doni 
il  luy  demeure  aussy  le  contentement  que 
pouvez  désirer  et  vous  respond  amplement 
sur  ce  qui  est  venu  de  vous  par  vostre  der- 
nière dépcsche,  à  laquelle  ce  seroit  chose 
superflue  de  rien  adjouster,  qui  me  gardera, 
me  remeclanl  sur  elle,  de  vous  l'aire  plus  longue 
lettre,  si  ce  n'est  que,  estant  non  moins  dési- 
reuse que  vous  de  vous  veoir  bientost  par  deçà 
à  vostre  contentement,  nous  avons  dépesche  et 
sollicité  lesrde  Ferrailzpour  s'acheminer  et  se 
rendre  au  plus  tost  qu'il  pourra  par  delà,  afin 
de  vous  lever  le  siège  et  vous  donner  moien 
de  pourveoir  à  vostre  retour 1,  vous  priant 
croire  que  en  tout  temps  vous  ne  serez  que  le 
très  bien  veneu;sur  ce  je  prie  le  Créateur  vous 
avoir,  Monsieur  le  cardinal,  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  à.  .  .  le.  .  .  jour  d'aoust  i5yi. 

Caterine. 


IUNE  DE  MEDIC1S. 


59 


157 1.  —  Août. 

Aut.  iiibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  911,  f°  19. 

AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS. 

Monsieur  mon  fils,  j'e'  reseu  anuit  vostre 
lelre  par  Tournas ,  et  j'e'  veu  ce  que  m'asure 
bien  y  voyr  que  voliés  que  vostre  seur  fust 
bien  corne  les  aultres  et  cela  troveré  mieuix, 
car  sayt  qu'il  l'i  fault  ne  vous  coûtera  à 
beaucoup  près  de  cet  qu'il  a  couste'  l'ameu- 
blement et  lé  livraye  des  aultres.  Yl  est  vray 
qu'il  fault  que  lui  donniés  un  acoustrement 
de  piereries  que,  set  le  trovés  bon,  avent  que 
je  parte,  je  les  troveré  et  les  donneré  à  mètre 
enn  œuvre  à  Dejeardin  et  lé  prendre  au  mil- 
leur  marché  que  je  pouré'2.  Le  conte  de  Rets 

1  Le  séjour  du  cardinal  à  Rome  se  prolongea  jusqu'à 
la  fin  de  décembre  1571.  Voir  ses  lettres  dans  le  même 
volume. 

2  Walsingham  écrivait   à  lord    Burghley  le   16  sep- 


et  moy  nous  fayron  \ostre  ménage,  de  fason 
que  vous  voyré  qu'ele  sera  honnorablement 
aultent  que  ses  seurs  et  ne  sera  pas  si  cher. 
L'on  m'a  dist  que  la  royne  de  Navarre  cet 
playn  que  ne  l'avés  mandaye  et  avés  mendé 
l'amiral  et  que  ne  lui  avés  l'ayst  parler  de  cet 
mariage  quepar  tierse  personne  et  que  n'auseret 
vous  en  suplier,  mes  que  c'et  à  vous  à  lui 
romender.  Yl  me  semble  qu'il  ni  auroyt  poynt 
de  mal  que  mandisiés  au  maréchal  de  Cosé 
qui  l'alast  la  trover  et  lui  dire  que  lui  avés 
comendé  de  l'aler  trover  pour  la  prier  vous 
venir  trover  à  Bloys  au  commensemenl  de 
septembre  et  nous  amener  son  fils  pour  l'an- 
vie  que  avés  de  lé  voyr  tou  deus  et  luy  fayr 
conestre  cet  que  volés  fayre  pour  son  fils  et 
pour  aylle  et  lui  envoyer  une  lelre  de  créanse 
sur  lui  de  vostre  mayn,  qui  porte  que.  vou<- 
aprochant  de  Bloys,  lui  avés  voleu  fayre  en- 
tendre l'anvie  que  avés  de  la  voyr  et  son  fils, 
come  le  maréchal  de  Cosé  lui  dira  plus  au 
long,  et  n'avés  voleu  atendre  que  je  fuse  de 
retour,  afin  que  ne  trove  estrange  cet 1  je  ne 
lui  escript,  et  afin  que  plus  tost  ayle  donnasl 
aurdre  à  ses  afaye  pour  y  pouvoyr  venir  et 
par  mesme  moyen  avertir  l'amiral  du  temps 
qu'il  viendra  et  le  mender  au  maréchal  de 
Cosé.  Je  vous  suplie  m'escuser,  cet  je  ne  par 
d'isi  jeus2  à  temps  et  ne  léser  de  tenir  en 
vostre  bonne  grase 

Vostre  bonne  et  affectionnaye  mère, 

Catf.rine. 

tembre  :  «Le  mariage  du  prince  de  Navarre  n'avance 
pas  à  proportion  des  préparatifs  que  la  Reine  mère  fait 
à  Paris;  car  déjà  elle  a  fait  provision  des  joyaux  et  des 
habits  de  noces. »  (Mémoires  de  Walsingham ,  Amster- 
dam, 1700,  p.  1 55.) 

1   Cet,  si. 

8  Jeus,  juste. 


S, 


«0 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1571.  — Août. 

lut.  \rch.  nat.  collect.  Simancns,  K  i5i8,  n"8i. 

\  M"  MON  FILS  LE  ROY  CVTOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  je  panseroys  fallir  à 
I  obligation  que  j'é  hà  Vostre  Majesté  de  l'ami- 
tié qu'ele  m'a  tousjour  monstre  et  ausi  an 
désir  que  j'é  de  voyr  conlineuer  entre  Vostre 
Majesté  et  le  Roy  vostre  frère  lionne  amytié, 
et  je  ne  luy  dises  cet  que  lia  favst  don  Frcn- 
sès  d'Alava  depuis  quinse  jours  de  s'an  es  Ire 
lui  de  Paris,  ayent  l'ayst  semblent,  un  moy 
durent  auparavent,  d'estre  malade,  afin  de 
n'obéyr  au  comendement  de  Vostre  Majesté 
de  venir  prendre  congé  du  Roy  mon  fils  et,  de 
nous,  et  povoyr  mieulx  achever  d'éfectuer  ces 
l'asons  acoteumayées,  volant  par  cete  fuite 
fayre  croyre  au  monde  qu'il  étoyt  en  dënger 
de  sa  vie  pour  ayspérer  par  cete  ynacoteumée 
i'ason  d'embasadeur  entre  roys  si  amys  et 
parons,  cornent,  Dieu  mersis,  vous  deusaystes, 
de  s'an  aler  [que]  n'est  eusitée  et  que  le  Roy 
mon  fils  s'an  santent  aufensé  deut  fayre  cet 
qu'il  désiroyt,  afin  que  Vostre  Majesté  ne  le 
trouve  menteur  de  cet  qu'i  lui  ha  mendé  que 
lui  volions  comenser  la  guère,  chause  certay- 
netnent  que,  cet  ne  le  conèsions  pour  tel  qu'il 
et,  que  j'euse  eu  grent  peur  qu'i  eult  altéré 
cete  bonne  amitié',  veu  que,  avent  partir,  yl 
disouit  à  tous  ceulx  qui  l'allouint  voyr,  qu'il 
s';m  volouil  aler  et  qu'il  n'atendoyt  que  vostre 
congé  qu'il  vous  avoy  envoyé  demander,  mes 
ne  luy  volyés  donner,  mes  qu'il  ne  povoyt 
plus  demeurer,  veu  qu'il  savoyt  que  vous  vo- 
liôs  nous  comenser  la  guère  et  qu'il  savet 
bien  qu'il  ne  povoyt  demeurré  ensuite,  chause 
qui  ne  nous  émovoyl  poynt,  le  conoysant  tieul 
qu'il  et;  mes  sa  fuyte  ha  donné  à  parler  hà 
beaucoup,  ne  le  conoysant  comme  nous  ba- 
sons, et  si  se  n'éloyt  que  je  m'asure  que  Vostre 
Majesté  luy  en    fayré  tèle   démostration   de 


l'ofanse  qu'il  y  a  leste  que  le  Roy  mon  lils 
auré  aucasion  de  coneslre  que  c'et  san  le  co- 
mendement de  Vostre  Majesté,  je  luy  asure 
(pie  je  an  serès  en  pouinc,  mes  ayent  cete 
asurense,  en  lieu  d'enn  eslre  en  pouine,  je 
an  loue  Dieu  de  cet  qu'i  lui  ha  pieu  le  tent 
déiéser  qu'i  ce  souit  conduit  à  fayre  une  tele 
et  si  grande  l'aulte  hà  Vostre  Majesté,  afin 
que  par  cete  ysi  elle  puise  conoyslre  toutes 
les  au! très  chauses  plus  que  véritable,  de 
quoy  ne  luy  demendon  neul  chatisment,  mes 
pour  la  conséquanse  que  cete  fuite  peull 
aporler  après  soay  et  fermer  la  bûche1  à  tous 
ceulx  qui  voldresl  nous  voyr  en  guère,  et  re- 
confirmer par  sesi  l'amytié  entre  vous  deus, 
comme  celle  qui  ha  l'honneur  d'estre  mère 
à  tou  deus  et  qui  désire  plus  lost  mouryr  que 
voyr  aultre  chause  que  cet  que  ayst  à  présent, 
je  ne  me  puis  guarder  que  je  ne  die  à  Vostre 
Majesté  que  je  désirerès  que  Vostre  Majesté 
fyst  tele  démostration  ver  ledist  don  Fransès 
que  le  Roy  mon  fils  coneut  cornent  cet  hacle 
luy  lia  dépieu,  et  tou  le  monde  que  Vostre  Ma- 
jesté ne  luy  ha  fest  favre;  et  la  suplie  tn'escu- 
ser  de  cet  que  luy.  en  consèle  et  monde  el 
l'atribuer  au  désir  que  j'é  que  rien  puise  alté- 
rer cete  bonne  pays  et  amylié  entre  vous  deus 
roys,  cet  que  je  prie  à  Dieu  ne  puise  jeamès 
avenir,  mes  de  plus  en  plus  augmenter  l'amy- 
tié el  bonne  yntéligense  entre  vous  deus  et 
leur  donner  tout  l'heur  et  félisilé  (pie  vous 
désire 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Catbrine. 


1571.  —  i"  août. 

Qrig.  Record  oflicr,  State  ftvpv»,  France. 
A  MADAME  Mt  BONNE  SEUR 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE, 
Madame  ma  bonne  seur,  ce  m'a  esté  ung 
1  Huche,  bouche. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


61 


singulier  bien  etplésir  d'avoir  entendu  au  retour 
du  sieur  de  Larchant1  les  honnestes  et  ho- 
norables propos  qu'il  m'a  disl  de  vostre  part 
et  d'avoir  aussi  veu  par  la  lettre  qu'il  m'a 
apportée,  escripte  de  vostre  mayn,  le  désir 
et  bonne  volonté  que  vous  avez  de  fortiGer  et 
accroytre  de  plus  en  plus  nostre  amitié  et  al- 
liance; en  quoy  j'ay  bien  conneu  que  vous 
voulez  cheminer  frenebement  et  de  bon  pied  et 
pour  effectuer  bientost  la  négociation  que 
nous  traictons2,  chose  qui  m'a  tellement  aug- 

1  Grimonville,  sieur  de  Larchanl ,  capitaine  des  gardes 
du  duc  d'Anjou,  avait  été  envoyé  en  Angleterre  pour 
poursuivre  la  négociation  du  mariage  du  duc  avec  Eli- 
sabeth. Voir  à  ce  sujet  les  lettres  du  duc  de  Montmo- 
rency et  de  Walsingham  à  lord  Burghley.  (Calendar  of 
State  papers,  ih^i,  p.  A7&  et  '1 7 5 . ) 

2  Voici  la  réponse  faite  par  la  reine  Elisabeth  aux 
propositions  de  mariage  : 

r  Sur  ce  que  le  Roy  Très  Chrestien  et  la  Royne  sa  mère 
ont  escript  de  leurs  mains,  et  ce  qu'ils  ont  baillé  en 
créance  à  Mr.  de  Mauvisière,  et  commandé  par  leurs 
dépesches  à  Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon  d'offrir  de 
rechef  avec  tout  l'honneur  et  respect  qu'il  leur  est  pos- 
sible de  la  part  de  Leurs  Majestés  Très  Chrestiennes, 
Mr.  le  Duc  leur  frère  et  fils  pour  mary  et  espous  à  la 
royne  d'Angleterre  et  de  déchirer  a  ladicte  Dame, 
qu'elles  n'espargneront  rien  qui  soit  en  leur  pouvoir,  ny 
au  pouvoir  de  la  couronne  de  France,  pour  conduyre 
cest  honorable  propos  au  bon  offert  qu'elles  désirent, 
en  ce  toutesfoys,  que  tout  ainsy  qu'elles  sont  soigneux 
d'observer  l'honneur  et  dignité  de  ladicte  Dame  et  de  sa 
couronne,  leur  dignilé  pareillement  et  celle  de  Mr.  le 
Duc  et  de  la  couronne  de  France  ne  soit  en  rien  offen- 
sée, et  qu'elles  puissent  cognoistre  plus  d'asseurance  en 
ce  faicl  qu'ils  n'en  y  ont  veu  jusques  icy,  et  qu'il  ne 
leur  soit  plus  usé  de  difficultés  ny  de  remises;  car,  à  ta 
première  qui  leur  seroit  opposée,  ils  jugeraient  bien  que 
ce  seroit  leur  imposer  silence,  pour  jamais  plus  en 
parler. 

«Ladicte  Dame  avec  beaucoup  d'honneste  démonstra- 
tion a  bien  receu  l'offre,  et  a  grandement  remercié  leurs 
Majestés  Très  Chrestiennes  ri  Mr.  le  Duc  de  leur  persé- 
vérance et  bonne  affection  vers  elfe;  mais  d'autant  que 
le  propos  ne  signifioit  si  non  en  général  teur  bon  désir, 
et  qu'en  général  elle  avoit  desja  assez  déclaré  le  sien. 


inenté  l'affection  que  j'avois  à  la  perfection 
d'une  œuvre  tout  louable,  saint  et  profitable 

elle  requérait  que  les  ambassadeurs  en  vinsent  aux  par- 
licularités. 

ttSur  quoy,  ayans  déclaré  qu'ils  n'avoienl  point  de 
nouveaux  articles,  ny  charge  d'en  metlre  en  avant 
d'aultres  que  ceux  mesmes  qui  avoient  esté  proposés 
lorsque  le  propos  avoit  esté  meu  et  qu'on  se  pouvoit 
bien  souvenir  que  toute  la  difficulté  estoit  restée  sur 
deux  points:  l'ung  de  la  religion,  et  Paultre  de  l'en- 
trevue. Et  que  touchant  le  premier  l'on  s'estoit  laissé 
entendre  de  chacun  costé,  que  Mr.  le  Duc  se  deb\oi( 
contenter,  et  ladicte  Dame  ne  debvoit  estre  mal  con- 
tente qu'il  eut  pour  luy  et  ses  domestiques  l'exercice 
de  la  religion  eu  privé,  en  quelque  modesle  façon, 
qui  ne  fit  poinct  d'offence  à  la  religion  receue  en 
Angleterre.  El  quant  au  second,  que  les  Princes  et 
S"  du  Conseil  de  France  ne  pouvoient  estimer,  qu'avec 
l'honneur  du  Rov  et  dignilé  de  la  couronne,  ny  avec 
la  réputation  de  Monsieur  le  Duc,  l'entreveue  se  peult 
faire,  sans  avoir  quelque  asseurance  de  marriage. 

«A  quoy  leur  a  esté  respondu,  qu'ayant  de  long 
temps  ladicte  Dame  résolu  de  ne  s'obliger  à  nul  party 
de  mariage,  sans  avoir  vu  celluy  qui  aurait  à  estre  son 
mary,  et  que  le  poinct  de  la  religion  avoit  tousjours 
esté  réservé  pour  estre  accordé  entre  eux  deux  à  leur 
entreveue,  chose  à  quoy  le  Roy  et  la  Royne  mère 
s'esloient  desjà  bien  condeseendus,  et  le  luy  avoient 
ainsi  escript  par  lettre  de  leur  main,  et  par  Monsieui 
le  maréchal  de  Retz  expressément  consenty,  elle  n'avoil 
donné  occasion  qu'on  se  retirast  de  cette  offre,  et  elle 
demeurait  ferme  et  constante  en  cette  résolution,  de  ne 
le  pouvoir  en  façon  du  monde  faire  aultrement  et  qu'il 
n'en  falloit  plus  parler. 

ttLesdits  ambassadeurs  ont  répliqué  :  que  Leurs  Ma- 
jestés Très  Chrestiennes  requéraient  estre  salisfaict  d'au- 
cunes choses,  sans  lesquelles  leur  conseil  ne  pouvoit  esti- 
mer qu'elles  peussent  en  façon  du  monde  passer  oultre, 
sinon  avec  une  notable  offence  de  leur  honn"-:-  et  ung 
trop  grand  hazard  de  la  dignité  et  réputation  de  Mr.  te 
Duc;  c'est  que  Leurs  Majestés  Très  Chrestiennes  soyent 
bien  asseurées  que  ladicte  Dame  se  veult  résolument 
marier;  qu'elle  estime  l'alliance  de  France  et  le  party  de 
Mr.  te  Duc  honorable  et  sortable  pour  elle,  que  les 
articles  et  tout  ce  qui  dépend  dudict  mariage  soit  ainsi 
conclud  et  arresté;  qu'il  ne  reste  rien  plus  que  l'entre- 
veue pour  l'effectuer;  qu'il  soit  remis  à  Leurs  Majestés 
communication  de  la  forme  d'icelle,  et  du  temps  et  avec 


62 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


à  toute  la  chrétienté  que  je  ne  veulx  rien 
oublier  ni  espargner  de  ma  part  de  ce  que  il 
v  pourra  servir,  ayant,  à  ceste  cause,  le  Roy 
mon  filz  et  moy  advisé,  pour  ne  laisser  ceste 
affaire  lirer  en  longueur,  de  vous  envoyer  et 
dépécher  exprès  le  sieur  de  Foyx  pour  vous  j 
remonstrer  en  cet  endroict  les  choses  où  nous  j 
trouvons  difficultés,  vous  priant  le  croire  et 
en  ce  et  aux  aultres  particularités  qu'il  vous 
dira  de  ma  part  et  adjouster  aultant  de  foi 
que  faniez  à 

\  oslre  bonne  seur  et  cousine, 

Catekine. 

quel  équipage  et  cornpaignie  Monseigneur  y  viendra, 
avec  le  muluel  consentement  toutesfois  de  ladicte  Dame, 
laquelle  pour  cest  effect  oclroyera  son  sauf-conduit  ;  que 
le  prétexte  de  son  voyage  soit  fondé  sur  telle  occasion 
que  Leurs  Majestés  Très  Chrestiennes  estimeront  estre 
honorable  pour  eux,  et  que  l'honneur  de  ladicte  Dame 
y  soit  pareillement  considéré  ;  que  incontinent  à  la- 
dicte enlreveue,  s'il  plaise  à  Dieu,  que  les  personnes 
se  puyssent  complaire,  le  mariage  se  solemnisera,  sans 
donner  la  peyne  à  Monsieur  le  Duc  de  retourner  ung 
aultre  foys. 

-Auxquelles  demandes  ladicte  Dame  avec  délibération 
de  son  conseil  a  respondu  :  Que  les  répulant  bien  ho- 
nestes  et  honorables,  elle  déclairoit  que  sa  resolution 
pour  satisfaire  à  l'extrême  désir  de  ses  subjects  estoit 
de  se  marier  ;  qu'elle  réputoit  l'alliance  de  la  France  et 
le  party  de  Mr.  le  Duc,  pour  le  grand  bien  qu'elle  avoit 
ouy  dire  de  luy,  très  honorable  et  bien  sortable  pour 
elle,  si  Dieu  vouloit  qu'ils  se  puissent  complaire;  que 
puisque  le  Roy  et  la  Royne  sa  mère  se  réservoient  d'or- 
donner aucunes  choses  de  l'entreveue,  avec  le  mutuel 
contentement  et  consentement  d'Elle,  qu'elle  estimoit  estre 
bon  à  différer  à  faire  les  articles  jusques  à  ce  qu'ils  eussent 
déclairé  leur  intention,  et  que,  cependant,  elle  déclairoit 
que  tous  les  articles  qui  avoienl  esté  arrestés  pour  le 
Roy,  lorsqu'il  se  parloit  de  luy,  demeurassent  entiers 
et  accordés  pour  Mr.  le  Duc,  et  qu'elle  estoit  contente, 
s'il  playsoit  à  Dieu  qu'à  leur  première  entreveue  ils  se 
puissent  complaire,  que  le  mariage  se  solemnisast. 

"Et  ainsi  a  esté  respondu  par  Sa  Majesté,  présents  les 
S"  de  son  Conseil  aux  ambassadeurs  du  Roy. 

"Le  cinquiesme  de  septembre  1571.71 

(Record  office,  State  papers,  France,  1571.) 


1571.  —  g  août. 
Copie.  Bibl.  nat.  foûds  français,  n°  10753,  f°  1  a 33. 

V  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  quand  vous 
fairez  response  à  ce  paquet,  faictes  que  la 
response  me  soit  baillée  à  mes  mains  propres 
et  que  nul  ne  la  voye  ;  car  j'ay  moy-mesme 
fermé  le  paquet. 

De  Fontainebleau ,  ce  deuxiesme  jour 
d'aoust  1 07 1 . 

Caterine. 


1571.  —  2  août. 

Aut.  Dépôt  de  In  guerre,  vol.  III .  p.   a3. 

A  MONSIEUR  L'ÉVESQUE  DE  D'ACQS, 

AMBASSADEin    À   CONSTAiVTISOPLE. 

Monsieur  d'Acqs,j'é  veu  une  letre  que  vous 
avés  ayscriple  à  mon  fils,  la  plus  sage  et  qui 
m'a  le  plus  contentée  que  lettre  que  j'éjeamès 
veue,  et  yl  vous  y  respond,  et  lui  et  moy  dé- 
sirons que  vous  fasiés  tout  cet  que  pourés, 
afin  de  avoyr, s'il  et  possible,  l'eun  decesréau- 
mes  et  que  nous  mandiés  cet  qui  valet  ché- 
cun;  car  ons  a  telement  dégoûté  mondist  fils 
de  aler  enn  Angletere  que  j'ey  un  eslresme 
regret  de  voyr  corne  les  chause  en  sont,  et 
aysté  bien  ayse  de  cet  que  lui  enn  avés  mandé, 
et  vous  prie  qu'il  ne  sache  poynt  que  vous  aye 
aiscript  et  brusler  cete  letre,  laquèle  je  vous 
ay  voleu  fayre,  d'aultent  que  je  say  qu'il  a 
toute  foys  à  vos  letres  que  luy  enn  escrip- 
vez ,  disant  que  avés  entendu,  au  retur 
de  cet  porteur,  que  tout  ayst  rompeu,  de 
quoy  avés  un  ynfini  regret,  et  que  lui  priés 
de  bien  considérer  cet  qu'il  pert  et  cet  que 
luy  désirés  prochasser  n'est  en  rien  parel  pour 
aystre  l'eun  à  la  porte  de  cet  royaume  et  au- 
jourd'hui le  troysième  royaume  de  la  cres- 
lienté  el  le  plus  entier  et  en  pays  :  et  les  autres 


LETTRES  DE  CATH 

au  but  du  monde  et  à  la  mersi  du  Turc,  qui 
vous  fayst  merveilleusement  hebéir  '  cornent 
\1  n'y  a  personne  isy  qui  ne  lui  aye  peu  fayre 
entendre  ce  que  c'et  de  la  grandeur  que  cet 
mariage   lui  pouroyt  a  porter  et   l'amitié   dé 
prinse  d'Alemengne  pour  parvenir  à  l'empire 
et  la  conqueste  dé  Péys-Bas  et  sur  sela  vous 
ay tendre,  cornent  le  sarés  bien  fayre  ;  et  ausi 
lui  mender  le  moyen  pour  sa  surlé  et   l'y 
auller    le    screpul    de    sa    consiense,    ayent 
l'exersise  de  nostre  religion,  et  lui  dire  le  bien 
qu'il  pouré  fayre  pour  la  religion  et  enn  es- 
cripre  une  bonne  letre  de  persuasion  à  Ville- 
cler,    lui  disant  que  ne  voldriés  fallir   à   la 
dévotion  que  portés  à  mon  fils  et  anvye  que 
avés  de  sa  grandeur  que  ne  lui  remonstriés  le 
tort  que  l'on  luy  fayst  de  rompre  cet  mariage, 
et,  sachant  cornent  il  l'i  et  afectioné  serviteur, 
que  vous  ne  vous  povés  guarder  de  vous  en  do- 
loir  aveques  luy  et  le  priez  de  fayre  l'ofise  que 
favriés,  si  estiés  ysi  de  le  remonstré  à  mon  fils 
et  luy  mender  à  luy  toutes  les  raysons  que 
penseras    les    plus  vrave  et  pugnantes  pour 
luy  fayre  penser  qu'eun  jour  mon   fils  sara 
un  très  mauves  gré  à  ceulx  non  pas  seulement 
qui  l'enn  aront  disverti,  mes  qui  ne  luy  auront 
remonstré  le  bien  et  grandeur  qui  l'i  veulet 
fayr  perdre  et  sur  tout  qu'yl  ne  puisse  panser 
que  je  vous  enn  aye  ryen  mendé,  car  mesme 
à  cet  porteur  je  luy   ay   fayst    acroyre   que 
ayscrys  à  Mendelot  pour  vous  baller  une  letre 
à  faire  tenir  à  Maieras2  et  mandé  à  mon  fils 
cornent  vous  entendes  de  avoyr  quelque  plase 
pour  sa  seureté,  si  se  n'et  après  qu'il  sera  là  en 
gagnant  la  royne,  au  si  les  fauldroyt  demander 
aveques  les  aultres  articles,  cet  que  je  trou- 
vères mal  esay  qu'ele  accordast.  Je  vous  prie 
encore  un  coup  que  neul  ne  sache  que  vous 
aye  ayscript  et  de  brusler  la  présante. 

1  Hebéir,  ébahir. 

2  Ferais,  sieur  de  Malras. 


ER1NE  DE  MÉDICIS.  63 

De  Fontaynebleau,  cet  ne  de  ausl  1371. 

Caterine. 

P.  S.  Je  me  suy s  avisaye  depuis  de  baller  cete 
litre,  afin  que  personne  ne  s'an  doucte,  au  se- 
gretayre  Souvré,qui  la  metera  dan  le  paquet. 


l'ôl\.  —  h  août. 
Copie.  Bihl.  nat.  Parlement,  93. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENONS  Ll  COUR  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  filz  ayant 
pour  certaines  causes  et  considérations  pourveu 
M'  Arnault  deCavaignes,  naguères  conseiller 
en  la  cour  de  parlement  de  Toulouse,  d'un 
estât  de  conseiller  et  maistre  des  requestes 
ordinaires  de  son  hostel,  lequel  il  a,  à  celte 
occasion,  créé  et  érigé  de  nouveau,  ainsi  que 
vous  verrez  tant  parl'édit  de  création  que  par 
ses  lettres  '  que  ledict  sieur  Roy  vous  en  escrit, 

1  Nous  lisons  dans  la  lettre  de  Charles  1\  :  «Nous 
n'avons  pas  ignoré  la  religion  de  laquelle  ledict  de  Ca- 
vaignes  l'ait  profession,  ayant  mesmement  voulu  par 
nostredict  édict  de  pacification  que  tous  nos  sujets  in- 
différemment l'eussent  peceus  et  admis  en  toutes  charges 
et  estais ,  et  que  nous  nous  sommes  aidez  des  deniers  pro- 
venans  de  sondict  estât  de  conseiller  en  nos  urgentes  et 
nécessaires  affaires,  i  (Même  volume.) 

Ce  n'est  pas  sans  difficultés  que  Cavaignes  put  être 
mis  en  possession  de  l'office  dont  Catherine  l'avait  gra- 
tifié, car  voici  ce  que  Jeanne  d'Albret  écrivait  à  la  Reine 
mère,  le  a 2  mai  1672  ,  durant  le  court  séjour  qu'elle  fit 
à  Paris  avant  sa  mort. 

«Madame,  le  sieur  de  Cavaignes  s'en  allant  pour  vous 
remonstrer  les  difficulté:  que  l'on  lui  laict  en  Testât  que 
vous  lui  avez  donné,  a  pensé  que  ma  recommandation 
lui  peust  servir,  ce  que  je  ne  luy  ai  voulu  refuser  pour 
lui  devoir  cela,  et  comme  plus  ancien  serviteur  de  Voz 
Majeslez,  me  semblant  que  ces  difficulté^  lesquelles  je 
remettray  à  luy  à  vous  dire,  ne  sont  qu'aultant  d'argu- 
ments à  ceulx  qui  sont  bien  aises  d'entretenir  les  per- 
sonnes en  double  de  l'observation  des  éditz  de  pacifica- 
tion. Ce  ne  sera  pas  à  moy.  Madame,  ni  à  ceulx  qui  ont 
cet  honneur  d'approcher  de  vous  de  cognoistre  de  quelle 


66 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


et  d'autant  que  vous  pourriez  faire  difficulté 
de  recevoir  ledict  Cavaignes  audict  estât  tant 
à  cause  de  la  religion  de  laquelle  ledict  de 
Cavaignes  fait  profession  que  autres  considé- 
rations et  retnonstrances  que  vous  pourriez 
faire  au  Roy  mondict  sieur  et  filz  là  dessus, 
je  vous  ay  bien  voulu  faire  ceste  lettre  pour 
vous  prier,  suivant  le  vouloir  et  intention  dudict 
sieur,  ne  faire  aucune  difficulté  de  recevoir  le- 
dict de  Cavaignes  audict  estât  de  maistre  des 
requesles  ordinaire  du  Roy  mondict  sieur  cl 
tilz,  d'autant  que  les  causes  et  considérations 
qui  ont  meu  iceluy  sieur  de  l'en  pourvoir  sont 
si  grandes  et  importantes  qu'il  ne  veult  qu'il 
n'y  soit  faict  aucune  difficulté,  priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  qualriesme 
jour  du  mois  d'aoust  mil  cinq  cens  soixante  et 
onze. 

Catekiîve. 


1571.  — 6  août. 
Copie.  Bibi.  nul.  fonds  fi-aoçais,  n°  107521  f°  ulilt. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Fourquevauls,  estant  venue  en 
ceste  ville  et  n'ayant  eu  loisir  de  vous  faire 
le  discours  de  ce  que  nous  dict  l'ambassadeur 
d'Espagne  à  sa  dernière  audience,  je  le  vous 

affection  le  Roy  et  vous  les  voulez  entretenir  que  cela 
nuira,  mais  à  ceulx  qui  loin  de  Voz  Majeslez  ne  com- 
posent leurs  arguments  que  sur  les  effetz  contraires  à 
vos  volontez,  comme  celui  de  quoy  se  plaint  le  sieur  de 
Cavaignes,  lequel  vous  le  fera  si  bien  entendre,  Ma- 
dame, que,  me  remectant  à  luy,  je  lairray  ce  propos  pour 
vous  dire  que  j'ay  veu  vostre  fontaine  des  Tuileries,  de 
bonne  grâce  m'ayant  donné  là  un  souper  privé  Monsieur 
le  comte  de  Retz,  avec  lequel  j'ay  veu  en  ceste  ville 
aucunes  choses  pour  nos  nopees.  Madame,  je  vous  al> 
tends  en  bonne  dévotion,  et  cependant  je  prieray  Dieu 
vous  donner,  Madame,    très  heureuse   et   longue  vie. 

«  Jeiunne.  h 
(Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg.) 


ay  bien  voullu  escripre,  afin  qu'il  ne  mandas! 
rien   davantage  à  son   maistre.    Sacbez  donc 
qu'il  vint  à  l'audience  et  la  voullust  avoir  du 
Roy  et  de  moy  ensemble,  l'un  devant  l'autre  , 
et  nous  dit  qu'il  se  douloif  toujours  de  ceste 
nef  qui  a  esté  prinse  à  la  Rocbelle,  et  de  quoy 
l'on  ne  luy  en  faisoil  nulle  raison  et  aussi  de 
ce  qu'il  estoit  sorti  beaucoup  de  vaisseaux  sov- 
disanls  au  conte  Ludovic  pour  aller  en  Flandres 
et  que,  si  l'on  demande  pourquoy  s'arme  le 
duc  d'Alix-,  que  c'en  est  la  cause,  ne  se  faillant 
esbahir  s'il  commance  à  s'armer  et  offenser,  si 
l'on  ne  luy  faict  justice  des  princes  et  de  l'ad- 
mirai, Laquelle  il  nous  requiert;  à  quoy  nous 
avons  respondu  que,  quant  à  la  nef  qu'y  fai- 
sons ce  qui  est  en  nous;  mais  qu'encore  nous 
ne  sommes  pas  bien  obéis  dans  la  Rochelle, 
où  nous  manderons  pour  faire  arrester  ceste 
llolle,  et,  s'ils  ne  le  font,  leur  faire  connoistre 
combien   il  nous   dcsplaict   et  qu'il    ne   faut 
prendre    ceste    excuse    pour    commancer    la 
guerre,  car  nous  luy  en  donnerons  nulle  occa- 
sion. Et  quant  à  la  justice  des  prinses  qu'il 
demande  luy  estre  faicte,  dont  il  n'avoit  encore 
laid  de  mention,  que  c'estoit  nous  voulloir 
brouiller,  mais  que  nous  allions  à  Rlois,  où  il 
viendroit  et  espérions  accommoder  de  telles 
choses  que  le  Roy  seroit  obéi ,  et  après  il  connes- 
troit  comment  le  Rov  veult  demeurer  bon  frère 
de  son  maistre.  Sur  quov  il  a  faict  une  grande 
exclamation  de   ce  mot  que  j'av    dict,  qu'il 
voulloit  brouiller,  et  qu'il  en  demandoit  justice; 
et  aprez  feist  appeler  les  cardinaux  de  Rourbon 
et  d'Est  et  dict  à  cclluv  de  Rourbon  qu'il  se 
plaignoit  d'un  Laudonnière  qui  s'advouoit  à 
luy,  lequel  cardinal  luy  respoudict   qu'il  ue 
l'advouoil  point,  s'il  avoit  mal   faict,  comme 
aussi,  ne  l'ayant  point  faict,  il  le  porteroit  et 
favoriseroit.  Sur  cella,  il  luy  dit  qu'il  portoil 
touts  les  hérétiques,  de  quoy  Monsieur  le  car- 
dinal s'est  trouvé  fort  offensé,  car  il  les  hait. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Vous  voyez  que  cest  homme  est  faict  pour  in- 
jurier tout  le  monde.  Je  vous  ay  voutlu  mander 
cecy  succinctement,  afin  que  vous  en  soyez 
adverli,  s'il  l'escrivoil  autrement  par  delà  et, 
vous  prie,  retenez  le  bien  pour  nous  en  sçavoir 
servir,  quand  connoistrez  en  estre  besoin.  Au 
reste  nous  vous  prions  nous  faire  entendre 
comme  toutes  choses  passeront;  car  on  ne 
peusl  plus  négotier  avec  luy,  s  attaquant  ninsin 
à  tous.  Vous  connoissez  la  main,  bruslez  la 
présente. 

Dudirt  sixiesme  d'aoust  1571. 

Caterixe. 


1571.  —  G  août. 
Copie.  Bibl.  nat. «fonds  français,  n°  10753  ,  f"  ni3. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  le  sr  Geronimo 
Gondi  est  arrivé  de  deçà  sur  le  point  que  le 
Roy  monsieur  mon  fils  vouloit  de'pescher  un 
des  vostres,  pour  sçavoir  ce  qu'il  a  négotié 
sur  la  charge  que  luy  avions  donnée,  dont  je 
vous  ay  bien  voullu  advertir  et  prier  de  croire 
que,  si  le  Roy  mondict  sieur  et  fils  a  bonne 
volonté  de  veoir  ceste  despeche,  suivie  de 
vostre  successeur,  suivant  la  prière  que  vous 
luy  en  avez  faicte,  de  ma  part  aussi  je  ne  l'ay 
moindre  et  liendray  la  main  que  ce  soit  in- 
continant,  afin  qu'en  cella  vous  soyez  satis- 
faite selon  que  vous  le  désirez,  vous  asseu- 
rant,  Monsieur  de  Forquevauls,  que,  quand 
vous  serez  de  deçà,  nous  espérons  vous  faire 
connoistre,  l'occasion  s'en  présentant,  le  con- 
tentement que  nous  avons  du  bon  debvoir  que 
vous  avez  faict  en  vostre  négotiation,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escripl  à  Fontainebleau,  ce  sixiesme  jour 
d'aoust  1 57 1. 

Caterine. 

ClTDEIUNE  DE  MÉDICIS.  IV. 


1571. 


août. 


Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  LUI,  f°  lu. 

JEANNE  D'ALRRET  A  LA  ROYNE  ', 

MA  SOUVERAINE  DAME. 

Madame,  j'ay  receu  celle  qu'il  vous  a  pieu 
m'escripre  par  le  sieur  de  Quincé  et  suis 
marrie  que  le  sieur  de  Reauvoir  est  tellement 
retardé  par  ses  gouttes  qu'il  n'a  su  partir  par 
le  désir  que  j'ay  que  mes  affaires  vous  soient 
véritablement  monstrées  et  ne  pouvant  choisir 
aultre  qui  les  sache  si  bien,  j'ay  attendu  sa 
guérison  qui,  j'espère,  sera  dans  peu  de  jours 
que  je  vous  l'euverray;  et  quant  à  l'honneur 
qu'il  vous  plaist  me  faire  de  me  souhaiter  en 
vostre  compagnie  et  que  penseriez  que  j'ay 
oublié  le  lieu  dont  j'ay  cet  honneur  d'estre 
sortie,  si  je  n'y  vois,  je  vous  supplie  très 
humblement  croire,  Madame,  que  ce  sera 
toujours  avec  mon  plus  grand  contentement 
quand  je  penseray  estre  si  heureuse  que  vous 
pouvoir  faire  très  humble  service,  ne  me 
pouvant  oublier  moy  mesme  ny  le  lieu  d'où 
despend  ma  grandeur,  auquel  par  tant  de 
debvoirs  de  sang,  de  subjection,  et  d'office  je 
suis  appelée,  que  mon  principal  dessein  sera 
toujours  d'y  satisfaire  par  très  humble  service 
et  obéissance,  comme  bonne  Françoise,  de 
tous  ces  costés  là  et  ne  sais  pourquoy,  Madame, 
vous  me  mandez  que  voulez  voir  mes  enfans 
et  moy  et  que  ce  n'est  pour  nous  mal  faire. 
Pardonnez  moy,  si,  lisant  ces  lettres,  j'ay  eu 
envie  de  rire  ;  car  vous  me  voulez  asseurer 
d'une  peur  que  je  n'ay  jamais  eue  et  ne  pensay 
jamais,  comme  l'on  dict,  que  vous  mangissiez 
les  petits  enfans.  Je  ne  sçay,  Madame,  si  sur 

1  11  ne  nous  a  pas  été  donné  de  retrouver  tes  lettres 
écrites  par  Catherine  à  Jeanne  d'Alhret.  Pour  suppléer  à 
cette  regrettable  lacune,  nous  avons  cru  devoir  insérer  à 
leur  date  les  réponses  de  la  reine  de  Navarre,  qui  four- 
nissent quelques  indications  sur  le  contenu  de  ces  lettres. 


lUrniMCilie  KAT10KALE. 


GG 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


cela  l'on  vous  a  voulu  bailler  quelque  opinion, 
mais  les  effeetz  de  mes  services  tant  passés 
que  présents  et  à  venir  vous  doivent  assez  me 
faire  cognoislre  et  voudrais  mettre  en  garantie 
la  généralité  de  la  cause  de  la  religion  dont  je 
ne  me  veux  despartir,  pour  monstrer  ma  fidé- 
lité et  le  désir  de  voir  le  Roy  obe'y  en  ses 
e'dictz  et  son  royaume  paisible.  Voilà  les  choses 
pour  lesquelles,  Madame,  j'emploicray  vie  et 
biens  et,  pour  l'espérance  que  j'ay  de  vous  en 
mander  davantage  par  le  sieur  de  Beauvoir,  je 
ne  vous  en  diray  davantage.  Vous  verrez,  Ma- 
dame, par  la  dépesche  de  mon  filz  au  Roy 
que  remporte  le  sieur  de  Quincé,  la  défaveur 
qui  luy  a  esté  faicte,  m'asseurant  que  c'est 
au  desçu  de  Voz  Majestez,  mais  pour  me  faire 
paroistre  de  l'elfect  de  voz  promesses,  je  vous 
supplie  très  humblement,  Madame,  donner 
ordre  que  nous  ne  soyons  plus  traités  si 
indignement;  car,  comme  il  vous  plaist  me  le 
mander,  nous  sommes  si  proches  que  vostre 
bonté  ne  peut  estre  qu'elle  ne  nous  touche,  et 
sur  cela  jeprieray  Dieu,  Madame,  vous  donner 
très  longue  et  heureuse  vie. 

De  la  Jarrie  près  de  la  Rochelle,  ce  vnc  aoust 
1571. 

Votre  très  humble  et  très  obéissante 
seur  et  subjecte, 

Jeuanne. 


1571.—  28  août. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Dujmy,  n°  801,  f°  90. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

rO.1SBtI.LEIl    DO    BOÏ  M01SIKL-H   UON   FILZ    EN   ^05   COUSEIL    PRIVE 
ET    PREMIER    l'RRSIOBIÏT    BK    SA    COURT    DE    PARLBliBXT     DE    PARIS. 

Monsieur  le  président,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  cy-devant  en  faveur  de  son  mariage 
donné  et  octroyé  lectre  à  Scipion  Massey  et 
Anthoine  Rives,  natifz  de  Lyon  et  bourgeois 
de  Paris,  pour  estre  receuz  marchans  merciers 


nonobstant  que  lesdictz  Massey  et  Rives  n'ayent 
faict  aucun  aprenlissaige,  dont  ilz  sont  relevez 
par  lesdicles  lectres,  estans  d'ailleurs  congnuz 
hommes  d'esprit,  dignes  d'estre  au  nombre 
des  aullres  marchans  de  nostrc  ville  de  Paris, 
oultre  ce,  que  les  services  qu'ils  ont  faiclz  au 
Roy  par  cy-devant  les  doibvent  recommander 
en  cela  et  en  plus  grand  chose,  et  d'autant  que 
lesdictz  marchans  et  gardes  les  veullent  ein- 
pescher  de  jo\  r  desdictes  lectres ,  mesures  qu'il/, 
ont  inlerjecté  l'appel  de  la  sentence  du  pré- 
vost  de  Paris,  qui  aurait  receu  lesdictz  Massey 
et  Ryves  et  que  depuis,  combien  qu'il  y  eust 
lectres  d'évocation  au  privé  conseil,  la  con- 
gnoissance  dudict  appel ,  à  l'instante  prière  des- 
dietz  marchans,  vous  est  renvoyée,  je  vous  prie 
tenir  la  main  à  la  conservacion  du  droit  des- 
diclz  Massey  et  Ryves,  à  cequ'ilz  puissent  joyr 
promptement  du  bénéfice  desdictes. lectres  se- 
lon l'exprès  voulloir  et  intencion  du  Roy,  à 
laquelle  lesdictz  maistres  et  gardes  n'ont  deu 
s'opposer,  attendu  la  faveur  et  tiltre  sur  le- 
quel lesdictes  lectres  sont  fondées,  et  donner 
à  congnoistre,  parl'expédiciou  de  vostre  bonne 
justice,  que  les  présentes  jointes  à  la  volonté 
du  Roy  en  cause  favorable  ont  eu  lieu  de 
recommandation,  priant  Dieu,  Monsieur  le 
président,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 
A  Chenoneeau,  le  xxvincjour  de  aoust  l'an 

H.  VCLXX1. 

Caterine. 
Chaxteheau. 


1571.  —  a8  août. 

Orig.   Archives  de  Berliu. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE  MARQUIS  DE  BRANDEBOURG, 

ÉLLCTEUll  DU  SAIKT-BMPiBK. 

Mon  cousin,  vous  entendrez  par  la  lettre 
que  présentement  vous  escript  le  Roy  mon- 


LETTRES  DE  G  AT  II 

sieur  mon  filz  comme  renvoyant  en  Allemai- 
gne  le  sr  de  Schombert1  son  chambellan 
ordinaire,  il  luy  a  donné  charge  de  vous 
visiter  de  sa  part  et  vous  tesmoigner  la  con- 
tinuation de  sa  bonne  et  sincère  volonté  en 
voslre  endroict  et  dire  le  singulier  désir  qu'il 
a  de  l'accroistre  de  plus  en  plus,  dont  je  ne 
vous  feray  aucune  redicte,  ains  m'en  remec- 
tray  entièrement  au  contenu  de  ladicle  lui  In' 
pour  vous  asseurer  seulement  par  ce  petit  mol 
que,  comme  j'ay  esté  celle  qui,  oultre  son  incli- 
nation naturelle,  l'a  tousjours  ci  devant  bien 
fort  assisté  en  ce  bon  advis  et  conseil,  ainsi 
déliberay-je  de  le  l'aire  par  cy  après  pour  tenir 
en  ung  singulier  compte  et  estime  voslre 
amitié  et  bienveillance  et  des  autres  princes, 
vos  mutuels  amys  et  de  ceste  couronne,  selon 
que  j'ay  donné  charge  au  sr  de  Schombert  de 
vous  dire  de  ma  part,  dont  je  vous  prie   le 

1  Voici  la  lettre  de  Charles  IX  :  ttMon  cousin,  renvoyant 
en  Allemagne  le  sieur  de  Schombert,  mon  chambellan 
ordinaire,  je  lui  ay  donné  charge  de  vous  visiter  de  ma 
part  pour  tousjours  vous  tesmoigner  la  continuation  de 
la  vraye  et  sincère  amitié  que  je  vous  porte  et  au  sur- 
plus dire  le  désir  que  j'ay  que  nostre  commune  bonne 
intelligence  avec  vous  mon  cousin,  le  duc  Auguste  de 
Saxe  et  les  autres  princes,  seigneurs  et  Estatz  du  Saint- 
Empire  vos  mutuelz  amis  s'accroisse  et  establisse  de  plus 
en  plus  ainsi  que  ledict  sieur  de  Schombert  a  eu  cy- 
devant  charge  de  dire  et  respondre  de  ma  part  à  moii- 
ilict  cousin  l'Électeur,  et  de  le  requérir  de  continuer  sui- 
vant sa  bonne  intention  en  l'exécution  et  effects  de  ce 
bon  œuvre,  vous  priant  aussi  de  vous  conformer  en  cest 
endroict  à  sa  volonté  el  vous  asseurer  que  je  désire  aul- 
lanl  la  conservation  de  vous,  vos  Estais  et  pays  et  des 
autres  princes  et  seigneurs  de  la  Germanie,  voz  mutuelz 
amis  et  les  miens,  que  de  mon  propre  royaulme  selon 
que  mes  effects  le  feront  plus  cognoistre  que  les  parolles, 
ainsi  que  j'ay  donné  charge  audict  sr  de  Schombert  le 
vous  dire  de  ma  part,  dont  je  vous  prie  le  croire  comme 
moy  mesme,  suppliant  le  Créateur,  mon  cousin,  qu'il 
vous  ait  en  sa  sainte  et  digne  garde.» 

Voir  dans  le  même  volume  les  lettres  de  Schomberg 
au  Roi.  (Bibl.  nat.,  Cinq  cents  Colbert,  n°  ioo.) 


ER1NE  DE  MÉDICIS. 


67 


croyre  comme  moy  mesmes,  priant  Dieu ,  mon 
cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript    à    Chenonceaux,    le   xxvin0    jour 
d'août  1671. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterint. 

BltUI.ART. 


1571.  —  1"  septembre. 

Arrli.  uat.  collcct.  Simaocas,  K  i5ao,  p.  72. 

AU  SIEUR  CHAPUV  VITELLI. 

Sieur  Vitelli,  ayant  entendeu  que  vous  estez 
passé  à  Bloys  si  près  de  nous,  sans  vous  avoir 
veu,  j'ay  bien  voulu  vous  faire  ce  mol  de  lettre 
pour  vous  dire  que  j'ay  grand  regrert  de  n'a- 
voir peu  parler  à  vous,  tant  pour  estre  et  de- 
meurer satisfaicte  du  désir  que  j'ay  desçavoir 
j  des  nouvelles  du  Roy  Catolicque  monsieur 
mon  fils  et  de  Mesdames  les  Infantes,  mes 
petites-filles,  et  afin  aussi  que  je  vous  puisse 
faire  traicter  et  accommoder  partout  par  ce 
royaulme  comme  le  désir  et  affection  que  vous 
avez  tousjours  porté  à  ceux  de  ma  maison  le 
mérite,  qui  est  cause  que  j'envoye  par  devers 
vous  le  conte  de  Coconnas  présent  porteur 
pour  vous  visiter  et  vous  offrir  ma  bonne 
\  volonté,  et  vous  prie  me  faire  entendre  par  luy 
I  des  nouvelles  de  la  sauté  et  bonne  disposition 
;  des  Roy  et  Royne  Catolicques  et  de  Mesdames 
les  Infantes  mes  petites-filles,  vous  asseurant 
que  d'aultant  quelles  seront  bonnes,  elles  me 
seront  aussy  plus  agréables;  et  pour  ce  que 
ledict  conte  vous  pourra  plus  au  long  esclairer 
là  dessus  mon  désir  et  intention,  je  feray  fin. 
priant  Dieu,  sieur  Vitelli,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Chenonceaulx,  le  premier  jour  de 
septembre  1671. 

Catkrjni-:. 

ClIANTEREAU. 


68 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1571.  —  13  septembre. 

Orig.  Arcli.  de  Venise,  lellres  des  rois  de  France,  n°  aG. 
A  NOS  TRÈS  CHERS  ET  GRANDS  AMIS, 

ALLIEZ    ET   CONFÉDÉHEZ, 

LES  SEIGNEURIES  DE  VENISE. 

Très  chers  et  grands  amis,  alliez  et  con- 
céderez, par  le  sieur  Léonard  Contarini  que 
vous  avez  naguères  envoyé  vostre  ambassadeur 
devers  le  Roy  noslre  très  cher  sieur  etfdz  nous 
avons  receu  vostre  lettre  du  xv°  jour  de  juin 
dernier  et  entendu  de  luy  ce  qu'il  avoit  charge 
nous  dire  de  vostre  part,  pour  se  conjouir  de 
voslre  part  en  vostre  nom  avec  nous  de  l'heu- 
reux succès  du  mariage  du  Roy  nostredict  sieur 
cl  fdz  et  de  nostre  très  chère  et  amée  fille  la 
royne  sa  compaigne  et  espouse,qui  sont  offres 
si  gracieuses  que  par  iceulx  nous  cognoissons 
de  plus  en  plus  la  grande  faveur  et  affection 
que  vous  avez  en  ce  qui  touche  la  continuation 
de  l'amitié  et  parfaite  intelligence  qui  a  tou- 
jours esté  entre  ces  deux  Estatz ,  à  laquelle  vous 
vous  pouvez  asseurer  de  toute  correspondance 
de  noslre  part  et  que  nous  n'oublierons  aucun 
office  que  nous  y  penserons  y  pouvoir  convenir. 
Aussi  avons  nous  entendu  dudict  sieur  Con- 
tarini les  autres  particularités  dout  vous  l'avez 
chargé,  sur  lesquelles  nous  l'avons  tellement 
éclaira  de  noslre  désir  à  vostre  bien,  grandeur 
et  contentement  que  vous  recevrez  toute  satis- 
faction du  rapport  qu'il  vous  en  fera,  duquel 
nous  sommes  asseurés  qu'il  s'acquittera  si 
dignement  et  que  vous  adjouterez  telle  foy  à 
ses  paroles  que  ne  vo"us  en  dirons  aultre 
chose,  et  à  tant,  très  chers  et  grands  amis, 
alliez  et  confédérez,  nous  prions  Dieu  vous 
avoir  en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Blois,  le  m*  jour  de  septembre 
1571. 

Caterine. 

Fises. 


1571.  —  32  septembre. 

Copie.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  17803  ,  f"  loi  v  . 

A  MONSIEUR  DE  VULCOB  '. 

Monsieur  de  Vulcob,  nous  avons  veu  par  voz 
deux  dépesches  des  xvm  et  xxv  du  passé  ce  que 
nous  avez  mandé  des  choses  qui  se  présenloient 
lors  d'icelles  en  la  court  de  l'Empereur  mon- 
sieur mon  bon  frère,  dont  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  est  bien  ayse  que  vous  luy  donniez  si 
ordinairement  advis,  et  quant  à  ce  que  le  sr 
Profcolfky  nous  a  dicl  qu'il  pensoit  que  mon- 
dicl  bon  frère  seroit  fort  prest  à  faire  mectre 
la  moictyé  des  postes  qui  seroyent  nécessaires 
pour  envoyer  pacquetz  par  le  chemin  de  Metz, 
sans  prendre  le  tour  de  Bruxelles,  pourveu 
que  le  Roy  voulsist  porter  de  son  costé  l'autre 
moictiédela  despence,  c'est  chose  qu'il  fera  fort 
voluntiers,  tant  il  désire  avoir  souvant  des  nou- 
velles de  la  court  de  mondict  bon  frère;  mais 
il  faudrait  que  vous  regardassiez  d'accommoder 
ce  faict  là  avec  ledict  Profcolfky  et  advisassiez 
par  ensemble  les  lieux  où  l'on  pourrait  establir 
lesdicts  postes  et  la  façon  dont  il  y  faudrait 
procéder;  en  quoy,  de  tant  que  ce  ne  peut  estre 
que  es  terres  de  l'empire  et  ceulx  de  l'obéis- 
sance du  Roy  mondict  sieur  et  filz ,  je  croy  qu'il 
faudra  que  son  auctorité  et  commandement  y 
intervienne  envers  les  princes  seignours  des 
lieux  et  provinces  où  se  pourront  establir  les- 
d i et z  postes;  à  quoy,  après  avoir  accordé  de 
ce  qui  se  devra  faire,  vous  nous  en  donnerez 
bien  ample  advis. 

Au  surplus,  Monsieur  de  Vulcob,  je  vous 
veulx  bien  dire  comme  hier  la  royne  ma  belle- 
fille  me  demanda  que  c'est  que  le  Roy  mon  filz 
avoit  résolu  pour  le  faict  de  lillre  de  grand 
duc,  affin  d'en  pouvoir  escripre  à  mondict 
bon  frère;  sur  quoy  je  luy  ayl  dict  que  le  Roy 

1  Voir  une  lettre  de  Charles  IX  qui  précède  celle-ci. 


LETTRES  DE  CATH 

mondict  sieur  et  filz  n'avoit  riens  faiet  en  cela 
en  intention  d'en  donner  aucun  mescontente- 
ment  à  mondict  bon  frère,  mais  au  contraire 
que  le  Pape  et  l'ambassadeur  de  mon  cousin 
le  duc  de  Florence  m'ont  tousjours  faict  en- 
tendre que  c'estoit  chose  que  mon  bon  frère 
auroit  très  agréable;  sur  laquelle  asseurance  le 
Roy  mondict  sieur  et  fdz  luy  a  baillé  ledict 
tiltre  pour  lequel  j'ay  tousjours  conseillé  à 
mondict  cousin  de  s'acommoder  avec  mondict 
bon  frère  pour  le  meilleur  expédient  que  je  y 
sceusse  pour  luy,  ne  voulant  le  Roy  mondict 
sieur  et  fds  que  pour  cela  mondict  bon  frère 
pense  que  l'amitié  qu'il  luy  porte  puisse  venir 
en  aucune  comparaison  de  celle  qu'il  porte  à 
mondict  cousin,  quelque  parenté  dont  il  me 
touche;  car  quant  à  luy  il  le  tient  pour  affec- 
tionné serviteur  de  ceste  couronne;  mais  quant 
à  mondict  bon  frère  pour  son  bon  père  qu'il 
vénère  et  honore  grandement,  ce  que  j'ay  prié 
madicte  fille*  luy  escripre,  vous  priant  faire 
mes  excuses  envers  mondict  bon  frère  et  l'im- 
pératrice si  je  ne  leur  escriptz  point  à  ceste 
heure,  d'autant  que  la  maladye  de  laquelle  je 
suis  détenue  depuis  quasi  ungmoys  ne  me  le 
permecl,  vous  ayant  voullu  donner  advis  de  ce 
que  dessus,  affin  que,  si  sur  l'occasion  de  ce 
qu'en  escripra  madicte  fille,  mondict  bon  frère 
vient  à  vous  parler,  vous  luy  tenez  le  mesme 
langaige,  qui  sera  concordant  avec  celluy  qui 
vous  a  esté  dernièrement  escript,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Vulcob,  vous  tenir  en  sa  saincte 

garde. 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


69 


1571.  —  27  septembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mollic-Fénelon , 
t.  VII ,  p.  s56. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉÏVELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon ,  je  n'adjous- 

1  Elisabeth  d'Autriche. 


ferai  aultre  chose  à  la  lettre  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript  *  que  pour  vous  dire 
seullementquantà  ce  que  m'escrivezparvostre 
lettre  du  xnemc  :  tt  que  vous  ne  vous  pouvés  poinc t 
apercevoir  qu'il  se  tienne  aulcun  propos  par 
delà  de  mariage  de  madicte  bonne  sœur,  aullre 
que  celluy  qui  est  ouvertement  en  termes »,  je 
croys  que  la  chose  se  trouvera  ainsi;  car,  du 
costédont  nous  avons  quelque  doubte,  je  tiens 
les  choses  tant  avancées,  pour  le  regard  du 
mariage  de  ma  fille,  que,  quand  l'on  y  auroit 
pensé  cy-devant,  cella  seroit  à  cette  heure 
délaissé2,  vous  voullant  bien  dire  que,  tant  s'en 

1  Voici  ce  que  contenait  la  lettre  de  Charles  IX  :  t?Mon- 
sieur  de  la  Molhe,  le  s'  de  Foix  est  arrivé  devers  moy 
depuis  cinq  ou  six  jours ,  duquel  j'ay  bien  particulièrement 
entendu  comme  toutes  choses  se  sont  passées  par  delà 
en  la  négociation  que  vous  et  luy  avez  à  manier  avec  la 
royne  d'Angleterre,  dont  je  demeure  infiniment  satisfaicl 
de  la  grande  dextérité  avec  laquelle  vous  vous  y  estes 
Ions  deux  comportés. 

trSur  quoy  ayant  faict  venir  devers  moy  le  sr  de  Wal- 
singham,  je  suis  venu  à  lui  dire  que  les  demandes  rai- 
sonnables que  je  faisois  pour  mondict  frère  touchant  le 
faict  de  l'exercice  de  sa  religion  n'avoient  esté  receues  de 
madicte  bonne  sœur  aussi  bien  que  j'espérois,  encores 
(ju'il  me  semblast  qu'elles  estaient  assez  tolérables,  veu 
que  mondict  frère  ne  vouloit  rechercher,  en  façon  du 
monde,  qu'il  feut  rien  changé  au  royaulme  d'Angleterre 
au  faict  de  religion,  qui  est  à  présent  establie,  mais 
seullernent  qu'il  luy  feust  permis,  pour  servir  sa  con- 
science, d'avoir  l'exercice  libre  de  sa  religion  pour  luy  et 
sa  famille;  à  quoy  voyant  que  madicte  bonne  sœur  estoit 
bien  loin  de  condescendre,  il  me  sembloit  que  c'estoit 
une  occasion  qu'elle  vouloit  prendre  pour  se  despartir  de 
la  négociation  dudict  mariage  et  toutes  fois,  d'autant 
que  j'avois  trouvé  quelque  obscurité  en  ses  responses, 
j'altendois  à  y  voir  plus  certain  jugement  jusqu'à  l'arrivée 
d'icelluy  de  ses  conseillers  que  mondict  cousin  m'a  dict 
qu'elle  délibérait  envoyer  par  deçà.»  (Même  volume, 
p.  31  et  suiv.) 

2  Allusion  au  projet  de  mariage,  mis  un  instant  en 
avant,  du  prince  de  Navarre  avec  la  reine  d'Angleterre, 
et  que  Jeanne  d'Alhret  elle-même  avait  écarté. 

Voici  le  résumé  d'une  dépèche  de  Walsingham  à  Ce- 
cil,  datée  de  Blois  le  1G  septembre,  et  qui  résume  bien 


70 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


l'ault  qu'il  y  ayl  nouvelle  conspiration  de  ceux 
de  la  Rochelle  avec  ceux  du  prince  d'Orange 
pour  courir  sus  aux  subjets  du  Roy  monsieur 
mon  filz,  qu'au  contraire  mon  cousin  l'admirai 
est  ici  avec  nous,  qui  ne  désire  rien  plus  que 
d'ayder  en  tout  ce  qu'il  peust  à  empescher  les 
pirateries  qui  se  font  en  la  mer  par  meschantes 
gens,  qui  n'ont  aucun  adveu  de  ceux  de  ladicte 
Rochelle,  comme  aussy  à  s'employer  en  toutes 
autres  choses  concernant  le  bien  du  service 
du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  comme  son  (idelle 
subjel.  Sur  ce  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  la 
Motte-Fénelon ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Rlois,   le  xxvmme  de  septembre. 

Caterine. 


1571.  —  28  septembre. 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  10702  ,  f°  1196. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVALX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  j'ay  esté  très 
aise  d'entendre  la  santé  de  mes  petites-filles 
par  vostre  lettre  du  dix-septiesmc  d'aoust.  Je 

la  situation:  Le  Roi  est  satisfait  de  la  manière  dont  M.  de 
Foix  a  été  trailé  en  Angleterre;  la  nouvelle  de  la  rupture 
du  mariage  de  la  reine  avec  le  duc  d'Anjou  n'altérera 
pas  les  relations  d'amitié;  la  duchesse  d'Uzès,  qui  gou- 
verne la  Reine  mère,  est  favorable  à  notre  reine;  l'amiral 
de  Coligny  est  arrivé  à  Rlois  le  19  septembre;  il  m'a  fait 
comprendre  quels  soupçons  pèsent  encore  sur  lui  et  c'est 
ce  qui  m'empêche  de  le  visiter. 

Le  seul  obstacle  au  mariage  de  Madame  Marguerite  et 
du  prince  de  Navarre,  c'est  la  religion.  Jeanne  d'Albret 
est  en  Réarn  à  prendre  des  bains;  et  le  comte  Louis  de 
Nassau  à  laissé  à  Rlois  un  homme  de  confiance  pour  at- 
tendre la  réponse  du  Roi  aux  propositions  qu'il  lui  a  faites. 
La  résolution  de  l'entreprise  des  Flandres  dépend  de 
ce  que  la  reine  Elisabeth  veut  faire;  si  on  laisse  passer 
l'occasion,  le  raccommodement  peut  se  faire  entre  l'Es- 
pagne et  la  France;  les  Guises  dissuadent  de  l'alliance 
entre  la  France  et  l'Angleterre;  ils  la  jugent  très  préju- 
diciable à  leur  nièce  Marie  Stuart.  (Calendar  of  Slate 
papert,  1571,  p.  535.) 


ne  vous  fairay  austre  response  sur  ce  que  vous 
me  mandez  du  mariage  de  Portugal  que  ce 
que  vous  escript  le  Roy  monsieur  mon  fils. 
lequel  est  bien  délibéré  de  ne  croire  plus  en 
parolles,  voulant  accommoder  les  affaires  de 
son  royaume,  afin  de  pouvoir  par  aprez  mieulx 
servir  au  bien  delachrestienté1.  Depuis,  voslrc 

1  Mémoire  pour  servir  d'instructions  à  Fourquevaux  : 

trPar  ce  que  le  s'  de  Fourquevauls  escript  par  sa 
lettre  du  quatricsme  du  moys  d'aoust  que  l'on  se  moc- 
que  publiquement  du  bruict  qui  y  court  du  mariage 
de  la  royne  d'Angleterre  avecques  Monseigneur  le  duc 
d'Anjou  et  aussi  que  l'on  estime  qu'il  s'y  pourra  parler 
diversement  de  la  venue  de  Monsieur  l'amiral  en  cesti 
court,  le  Roy  a  voullu  rendre  ledict  sr  de  Fourquevauls 
informé  de  la  vérité  de  l'un  et  de  la  cause  de  l'autre 
pour  en  respondre  comme  de  lui-mesme,  si  on  luy  en 
parle. 

rrQuaut  au  premier,  la  vérité  est  qu'il  a  esté  désiré  et 
recherché  avecques  affection  tant  par  la  royne  d'Angle- 
terre que  par  le  Roy  et  Monseigneur  et  que  les  choses 
ont  passé  si  avant  que  l'on  estoit  pour  facilement  lumbor 
d'accord  des  principaulx  points,  si  celluy  concernant 
le  faict  de  la  religion  n'eust  empesché  le  cours  de  la 
négociation  pour  la  très  grande  dévotion  de  l'une  et 
l'autre  des  parties  envers  celle  de  laquelle  ils  font  pro- 
fession ,  de  manière  que  ce  qui  estoit  encommancé  est 
demeuré  accroché  et  irrésolu  à  cette  difficulté,  avecques 
néanmoins  telles  satisfactions  et  consentement  des  parties 
pour  la  démonstration  de  bonne  volonté  réciproque  (pu 
s'est  faicte  d'un  coté  et  d'autre  qu'il  s'en  espère  tout 
accroissement  de  mutuelle  et  fraternelle  intelligence. 

«Pour  le  regard  de  l'autre  point,  comme  le  Roy 
n'a  eu  depuis  l'édict  de  la  paix  plus  grand  désir  que  de 
recevoir  ses  sujets  en  amitié  et  concorde  les  uns  avec- 
ques les  autres  et  oster  toute  marque  de  division  et  dis- 
corde passée,  l'ayant  Monsieur  l'amiral  supplié  très  hum- 
blement luy  permettre  de  le  venir  trouver  pour  luj 
baiser  les  mains  avecques  l'humilité  et  révérence  que 
doiht  un  sujet  à  son  roy  auquel  il  veult  rendre  tout 
devoir  d'obéissance,  ledict  sieur  Roy  luy  a  très  volon- 
tiers permis  de  ce  faire;  au  moyen  de  quoy,  depuis  son 
arrivée,  il  a  esté  vacqué  à  pourvoir  à  ce  que  pourroit 
rester  à  exécuter  audict  édict  de  pacification,  comme  à 
faire  remettre  le  service  divin  es  lieux  où  il  estoit  dis- 
continué, et  la  justice  en  son  premier  estât  pour  l'esta- 
blissemenl  du  repos  et  de  l'autorité  de  Sa  Majesté.  C'est 


lettre  du  trentiesine  m'a  este'  envoyée  par  Don 
Francez  et  m'a  esté  un  grand  contentement 
de  sçavoir  que  le  Roy  Catholieque  monsieur 
mon  beau-fils  vous  aye  asseuré  de  révoquer 
d'icy  ledict  Don  Francez;  car  il  persévère  à 
taire  tous  les  jours  les  pires  offices  par  ca- 
lomnies, pratiques  et  inventions  extraordi- 
naires dont  il  se  peusl  adviser,  non  seule- 
ment pour  altérer  la  paix  qui  est  entre  le 
Roy  mondict  sieur  et  fils  et  ledict  Roy  Ca- 
iholicque,  mais  aussi  pour  brouiller  celle  de 
ce  royaume  ;  j'auray  à  grand  plaisir  que  cel- 
luy  qui  viendra  en  sa  place  soit  d'autre  hu- 
meur,  me  prometant  qu'il  sera  tel  que  je  le 
désire,  pour  entretenir  ces  deux  roys  en 
bonne  paix  et  amitié,  et  ne  s'eutrenietra  que 
de  ce  qui  concernera  le  service  de  son  maistre. 
Je  vous  prie  mettre  peine  d'apprendre  qui  ce 
sera,  pour  nous  le  mander  incontinant,  et  s'il 
sera  marié  comme  Madame  de  Forquevauls  le 
m'escript  que  l'on  le  veut  choisir.  Nous  atten- 
drons ce  que  vous  nous  manderez  sur  les 
autres  particularitez  de  la  dépesche  de  Co- 
lange,  priant  Dieu ,  Monsieur  de  Çorquevauls, 
\ous  avoir  en  sa  saincte  et  cligne  garde. 

Escript  à  Rlois,  le  vint-huictiesrue  jour  de 
septembre  1  67  1. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  vous  prie  de 
dire  à  Almède  que  j'ay  receu  la  lettre  qu'il 
m'a  escripte  et  que  je  le  prie  de  continuer  à 
me  mander  ce  qu'il  apprendra,  l'asseurant 
qu'il  me  fera  tel  plaisir  que  je  seray  tousjours 
bien  aise  de  faire  pour  luy. 

le  poinct  que  l'on  veut  cueillir  du  voyage  de  l'admirai 
par  deçà  et  non  dresser  pratiques  ny  entreprinses  pour 
troubler  le  repos  de  la  chrestienté.  Faict  à  Blois,  le 
vint-sixiesme  jour  de  septembre  1571.71  (Bibl.  nat.,  fonds 
français,  n"  10753,  f"  ngi  etsuiv.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

1571.  —  38  septembre. 


71 


Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Molhe-Fénelon , 
t.  VII,  p.  257. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  le  sieur  de  Walsin- 
gham  m'est  venu  trouver  reste  après  disné, 
qui  a  commencé  son  propos  par  me  dire  qu'il 
voulloit  parler  à  moy,  non  comme  ambassa- 
deur, mais  comme  personne  privée,  et  me 
dire  que,  encores  qu'il  sache  que  l'intention 
du  Roy  monsieur  mon  fils  cl  la  mienne  ne 
soit  autre  que  d'entretenir  la  bonne  amitié  et 
intelligence  qui  est  entre  sa  maistresse  et  ce 
royaume,  si  est-ce  qu'il  semble  que,  en  quel- 
que sorte  on  la  veuille  altérer,  s'estant  trouvé, 
depuis  quelque  temps  en  çà,  que  vous,  qui 
vous  estiez  tousjours  cy-devant  comporté  fort 
dignement  en  vostre  charge  et  n'aviez  faict 
que  tous  bons  offices,  avez  mis  entre  les  mains 
du  secrétaire  du  duc  de  Norfolk  quelque 
argent  pour  servir  à  ceulx  qui  pourchassent 
mauvaises  praticques  par  delà  contre  sa  mais- 
tresse,  disant  que,  parmy  les  papiers  dudict 
secrétaire  et  dudict  duc,  il  s'estoit  trouvé 
plusieurs  choses  de  grande  conséquence  qui 
se  traictoyent  entre  lui  et  la  royne  d'Escosse, 
ma  belle-fille,  contre  sadicte  maistresse, 
mesmes  des  lettres  que  madicte  belle-fille 
escrivoit  audict  duc,  par  lesquelles  elle  lui 
mandoit  que.  voyant  bien  que,  réussissant 
le  faict  du  mariage  qui  se  traictoit  entre  mon 
filz  le  duc  d'Anjou  et  sadicte  maistresse,  l'af- 
fection que  l'on  lui  avoit  portée  du  costé 
de  deçà  se  pourroit  refroidir  grandement,  et 
elle  seroit  quasi  contrainte  de  se  mettre  entre 
les  bras  du  Roy  Catholique  mon  beau-fils, 
qui  la  faisoit  rechercber  pour  la  marier  avec 
don  Joan  d'Autriche,  luy  faisant  aussi  pro- 
messe de  faire,  par  mesme  moyen,  le  ma- 
riage de  son  filz  avec  l'une  de  mes  petites- 


ri 


LETTRES  DE  CATHERI.NE  DE  MEDICIS. 


filles  '  ;  ijui  esloyent  ofl'res  à  quoy  elle  le  prioit 
de  l'excuser,   si  elle  se  disposoil  d'entendre 

1  Voici  comment,  de  son  côté,  Walsingham  raconte  à 
Lord  Burghley  ce  qui  s'est  passé  à  cette  dernière  au- 
dience :  «Je  dis  à  la  Reine  mère  que,  si  elle  le  trouvoit 
bon,  je  Tinfonnerois  amplement  de  l'état  présent  de 
l'Angleterre  et  lui  dirais  en  niesme  temps  mon  sentiment 
sur  certaines  choses,  non  pas  par  ordre  de  la  reine  ma 
maîtresse,  en  qualité  d'ambassadeur,  mais  comme  simple 
particulier  qui  ne  souhaite  rien  davantage  que  la  bonne 
amitié  et  la  bonne  union  entre  les  deux  couronnes.  Je 
lui  dis  premièrement  sur  l'état  de  l'Angleterre  ce  qui 
s'étoit  passé  entre  leur  ambassadeur  M'  de  la  Mothe  et 
le  duc  de  Norfolk  au  sujet  de  l'argent  et  du  paquet  en- 
voyé à  \  iraque.  Je  l'informai  aussi  du  contenu  du  dis- 
coure envoyé  au  duc  par  la  reine  d'Ecosse  ;  je  lui  dis 
encore  que  Mr  de  la  Mothe,  ayant  fait  demander  sans 
raison  audience  à  Sa  Majesté  pour  la  solliciter  d'envoyer 
du  secours  à  la  reine  d'Ecosse,  n'avoit  pas  été  bien  in- 
spiré. Je  finis  par  lui  mettre  sous  les  yeux  le  conseil  que 
le  duc  d'Albe  a  donnée  la  reine  d'Ecosse  soit  à  l'occasion 
de  son  mariage  et  de  celui  de  son  fils,  soit  sur  le  des- 
sein qu'elle  avoit  de  se  dégager  de  la  dépendance  de  la 
France. 

fcPour  ce  qui  regarde  mon  propre  sentiment  je  ne  luy 
cachai  pas  que  j'avais  du  déplaisir  de  ce  que  son  am- 
bassadeur avoit  eu  des  intelligences  avec  le  duc  de  Nor- 
folk tenu  pour  un  sujet  dangereux.  Secondement  je  luy 
dis  qu'il  éloit  regrettable  que  l'on  eut  tant  d'empresse- 
ment pour  la  liberté  de  la  reine  d'Ecosse,  la  plus  dan- 
gereuse ennemie  de  la  reine  Elisabeth.  Je  crains  fort, 
dis-je,  que  cela  ne  fasse  croire  à  la  reine  ma  maitresse 
que  vos  protestations  d'amitié  ne  soient  pas  tout  à  fait 
sincères,  et  il  serait  à  souhaiter  que  Leurs  Majestés,  en 
sollicitant  cette  mise  en  liberté,  eussent  égard  à  la  sû- 
reté de  la  reine  ma  maitresse ,  et  à  l'intention  de  la  reine 
d'Ecosse  de  se  soustraire  à  leur  protection. 

r Elle  a  répondu  à  cela  que,  comme  d'un  costé  elle 
étoit  bien  aise  d'apprendre  que  ces  cabales  étoient  dé- 
couvertes, aussi  de  l'autre  avoit-elle  du  déplaisir  qu'il 
arrivas!  quelque  chose  capable  de  faire  soupçonner  Sa 
Majesté  qu'il  y  eust  de  la  mauvaise  intention  de  leur 
part,  qui  lui  souhaitoient  autant  de  bien  qu'à  eux- 
mêmes.  Pour  ce  qui  regarde,  dit-elle,  ce  qu'a  fait  La 
Mothe,  je  sais,  tant  parce  qu'il  doit  au  IVoi  mon  lils  qui 
ne  veut  pas  qu'il  entre  en  rien  qui  puisse  le  moins  du 
monde  préjudiciel'  à  la  reine  votre  maitresse,  que  parce 
qu'il  a  pour  elle  en  particulier  de  la  bonne  volonté,  je 


en  la  nécesité  où  elle  se  vovoit  aujourd'hui 
réduicte,  encores  qu'elle  luy  eust  toujours  une 

sais,  dis-je,  qu'il  n'a  eu  aucune  mauvaise  intention,  et 
j'espère  qu'elle  l'expliquera  de  mesme.  L'argent,  dit-elle, 
à  ce  que  j'apprens  de  l'ambassadeur  d'Ecosse,  a  été  en- 
voyé par  lui  à  La  Mothe  pour  le  faire  passer  à  la  reine 
d'Ecosse,  qui,  à  ce  qu'il  disoit,  en  éloil  tout  à  fait  des- 
tituée. J'ai  répliqué  pour  lors,  qu'on  envoyoit  cet  argent 
dans  une  autre  vue ,  ainsi  que  le  duc  mesme  l'a  confessé, 
et  qu'ainsi  l'ambassadeur  d'Ecosse  l'avoit  mal  informée. 
Elle  me  dit  de  plus  que  cet  argent  n'éloit  point  de  l'ar- 
gent du  Roi,  mais  que  c'éloit  une  partie  de  celui  que  la 
reine  d'Ecosse  reçoit  tous  les  ans  d'ici  pour  son  douaire. 
Vous  voyez  par  là,  Milord,  que  l'ambassadeur  négotie 
finement  quelque  chose  pour  faire  plaisir  à  la  reine 
d'Ecosse. 

ttPour  ce  qui  regarde  les  sollicitations  qu'on  fait  pour 
sa  liberté ,  elle  m'a  dit  que  le  Roi  et  elle ,  tant  à  cause  de 
leur  ancienne  alliance  avec  l'Ecosse ,  qu'à  cause  du  ma- 
riage, ils  ne  pouvoieut  honnestemenl  moins  faire  que  de 
recommander  sa  cause;  mais  qu'elle  protestoit  n'avoir 
jamais  fait  avec  intention  de  porter  le  moindre  préjudice 
à  Sa  Majesté.  Je  la  priai  pour  lors  de  considérer  si 
l'amitié  de  f  Angleterre  n'étoit  pas  aussi  avantageuse  à  la 
France  que  celle  d'Ecosse.  En  second  lieu,  s'ils  avoient 
à  présent  le  mesme  besoin  qu'ils  avoient  eu  jusqu'alors 
de  l'amitié  et  de  l'alliance  de  l'Ecosse.  Pour  le  premier 
point,  je  lui  fis  considérer  que  la  France,  à  cause  de 
'  aggrandissement  de  quelques-uns  de  ses  proches  voisins , 
avoit  besoin  de  l'amitié  et  de  l'Angleterre  et  de  l'Ecosse. 
Sur  le  second  point,  je  lui  dis  que  l'Angleterre  n'avoit 
point  de  pied  en  France,  et  que  l'Ecosse  étoit  à  la  France 
plus  à  charge  qu'à  profit.  Elle  répliqua  que  le  Roi  ne 
pouvoit  néanmoins  s'empescher  honneslement  d'être  tou- 
jours ami  et  allié  de  l'Ecosse,  quoiqu'il  n'en  eust  pas  le 
besoin  qu'il  en  avoit  autrefois.  Je  répondis  que  le  roi 
pourrait  être  allié  avec  l'Ecosse  en  se  joignant  avec  la 
reine  ma  maitresse,  et  y  maintenant  comme  elle  le  gou- 
vernement du  jeune  roi.  Elle  répondit  à  cela  que  le  Roi 
ne  pouvoit  pas  avec  honneur  abandonner  sa  belle-sœur. 
Je  répliquai  que  le  Roi  n'étoit  pas  dans  de  plus  grandes 
obligations  à  l'égard  de  sa  belle-sœur,  qu'un  père  naturel 
à  l'égard  de  son  fils  naturel;  que  cependant,  si  ce  fils 
lomboit  dans  la  débauche  et  dans  la  dissolution,  et  que 
son  père  le  chaliast,  la  faute  n'en  serait  pas  au  père,  mais 
au  fils.  De  même,  si  le  Roi,  par  suite  des  indignités  com- 
mises par  sa  belle-sœur,  lui  refuse  sa  protection ,  elle  ne 
peut  s'en  prendre  qu'à  sa  mauvaise  conduite,  indigne 


LETTRES  DE  CATHE 

bonne  affection,  ainsy  qu'elle  le  lui  avoil  pro- 
mis. 

Sur  quoy  je  lui  ay  respondu,  quant  au 
premier  poincl,  que  je  vous  tenois  pour  un»; 
honneste  gentilhomme,  digne  ministre  de  son 
maistre,  el  que  je  ne  pense  avoir  faict  chose, 
de  par  delà,  dont  vous  ne  respondiez  tous- 
jours  au  l'un  mondicl  sieur  cl  fils,  el  de  la- 
quelle  maclicte  bonne  sœur  ayl  occasion  de  se 
mal  contenter;  mais,  quant  à  l'argent  dont  il 
me  parloit,  qui  estait  deux  milleescus,  comme 
je  pensois,  que  je  sçavois  bien  que  l'ambas- 

de  son  rang,  et  non  à  lui.  Je  la  priai  en  outre  de  consi- 
dérer que,  si  le  Roi  est  obligé  par  honneur,  comme  elle 
le  dit,  de  solliciter  la  liberté  de  la  reine  d'Ecosse,  à  plus 
forte  raison  est-il  obligé  par  honneur  d'avoir  égard  à  la 
seureté  de  ma  mai  tresse:  premièrement,  parce  qu'elle  est 
une  princesse  vertueuse,  qui  gouverne  ses  Etats  suivant 
les  loix  et  la  justice;  secondement ,  parce  qu'elle  a  pour  lui 
une  sincère  alFection.  Or,  si  en  procurant  la  liberté  de  la 
reine  d'Ecosse,  le  royaume  de  la  reine  ma  maitresse  est 
exposé  aux  troubles,  que  peut-il  arriver  qui  intéresse  da- 
vantage l'honneur  et  la  conscience  du  Roi  ?  Quelques 
assurances  et  quelques  protestations  qu'elle  puisse  faire 
au  Roi  de  croire  paisiblement  à  l'avenir  à  l'égard  de  la 
reine  ma  maitresse,  je  la  pripis  de  considérer  première- 
ment, qu'ayant  autant  d'ambition  qu'elle  en  avoil,  un 
traité  n'étoit  pas  suffisant  pour  la  tenir  en  bride.  Secon- 
dement, qu'elle  se  laisse  gouverner  par  ses  païens  qui 
ont  brouillé  toute  l'Europe,  comme  elle  l'avoit  vu  elle- 
mesme.  En  troisième  lieu ,  qu'elle  avoit  dessein  de  se  sou- 
mettre  à  l'obéissance  des  Espagnols  qui  la  pousseraient 
perpétuellement  à  exciter  des  troubles  en  Angleterre  et 
en  France.  Ces  considérations,  Madame,  lui  dis-je,  si 
vous  les  pesez  bien,  vous  donneront  sujet,  j'espère,  de 
n'avoir  pas  trop  d'empressement  pour  procurer  plus  de  | 
liberté  à  la  reine  d'Ecosse,  surtout  depuis  la  dernière  dé- 
couverte qu'on  a  faite  de  ses  mauvaises  intentions  pour 
Sa  Majesté.  Ainsi  vous  ferez  bien,  selon  moi,  d'attendre 
l'arrivée  du  ministre  que  la  reine  ma  maitresse  a  dessein 
d'envoyer  ici.  Elle  me  dit  pour  conclusion  qu'elle  en  par- 
lerait au  Roi  son  fils,  qui,  m'assura-t-elle,  seroit  l'aschc  de 
rien  faire  qui  pust  donner  le  moindre  mécontentement  à 
Sa  Majesté,  ou  lui  causer  le  moindre  préjudice,  n  (Ambas- 
sades rie  Wahingham,  Amsterdam,  1700,  in-i",  p.  16a 
et  suiv.) 

Catheiwve  de  Médicis.  —  IV. 


RINE  DE  MEDICIS.  73 

sadeur  d'Escosse  avoil  remonslré  quelquefois 
au  Roy  moud  il  sieur  et  filz,  que  sa  niaistresse 
estoit  en  nécessité  d'argent  par  delà,  et  qu'il 
n'y  avoil  autre  moyen  d'en  faire  tenir  que  par 
vous,  à  (jui  nous  n'avons  jamais  trouve'  mau- 
vais qu'il  s'adressast  pour  faire  tenir  de  l'ar- 
gent pour  les  affaires  de  madicle  belle-tille; 
et  quand  il  l'auroit  faict  pour  le  regard  des- 
dicts  deux  mille  escus,  et  que  vous  auriez  es- 
saye de  les  faire  tenir  en  Escosse  par  le  moyen 
dudict  secrétaire,  nous  ne  le  pouvons  avoir 
désagréable,  veu  la  bonne  intelligence  que, 
de  luul  lemps,  ce  royaume  a  avec  les  Escossois, 
el  mesmes  Feslroicte  alliance  que  ladicte  revue 
d'Escosse  a  en  ce  royaume,  qui  nous  a  tou- 
jours faict  penser  que  madicle  bonne  sœur 
ne  pourrait  prendre  en  mauvaise  part  que 
nous  l'aydissions  en  ses  affaires  en  choses 
mesmement  où  il  ne  luv  pourroit  estre  faict 
aucun  préjudice;  de  sorte  que,  soit  que  vous 
eussiez  essayé  de  faire  tenir  lesdits  deux  mille 
escus  en  Escosse  par  le  moyen  dudit  secrétaire, 
pour  les  gens  de  madite  belle-fille,  ou  que 
ce  feust  pour  l'agent  du  Roy  mondicl  sieur 
et  fils,  qui  est  par  delà,  dont  je  m'infor- 
merais mieux  iv  après,  il  me  sembloit  que 
madicte  bonne  sœur  n'avoit  point  occasion 
de  s'en  fascher  ni  malcontenter  en  façon  du 
monde. 

A  quoy  ledit  s'  de  Walsingham  m  avant  ré- 
pliqué que  l'on  sçavoit  assez  la  vie  estrànge 
que  avoit  menée  madicte  belle-fille,  qui  estoit 
odieuse  à  un  chascun,  et  qu'elle  ne  méritoit 
que  nous  en  eussions  un  si  grand  soing,  je 
lui  ay  respondu  que  je  sçavois  bien  que  le  plus 
souvent  l'on  disoit  d'une  pauvre  princesse  af- 
fligée, comme  est  madicte  belle-fille,  plusieurs 
choses  qui  ne  se  trouvent  quelque  fois  pour  la 
pluspart  véritables;  mais  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  ne  pouvoit,  pour  son  honneur, 
qu'il  ne  lui  aidast  à  accommoder  ses  affaires 

10 


IUPni»LH!E    saiiqrils 


74 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


en  son  pais,  qui  est  une  office  que  madicte 
bonne  sœur  ne  pourrait  trouver  mauvaise, 
pour  estre  convenable  à  l'alliance  que  cesle 
couronne  a  de  tout  temps  et  ancienneté  avec 
les  Escossois,  et  le  lieu  quelle  a  tenu  en  ce- 
dict  royaume,  n'ayant  volonté  toutefois  de 
rien  faire  en  cela  que  avec  le  respect  de  l'a- 
mitié et  bonne  intelligence  (pie  nous  avons 
avec  madicte  bonne  sœur,  à  laquelle  nous  ne 
voudrions  en  rien  contrevenir,  mais  faire  toutes 
cboses  qui  la  pourraient  plutost  augmenter  et 
accroistre  en  ce  qui  nous  serait  possible. 

Surquoy  je  vous  diray  que  nous  vous  prions 
continuer  à  vous  gouverner  en  ces  affaires  de 
telle  façon  que,  maintenant  que  la  négotialion 
du  mariage  de  mon  fds  d'Anjou  n'est  aux 
termes  qu'il  estoit  il  y  a  quelque  temps,  ma- 
dicte bonne  sœur  ne  juge,  par  les  instances 
que  vous  lui  ferez,  que  nostre  amitié  soit  en 
quelque  sorte  diminuée  en  son  endroict. 

Oullre  tout  ce  que  dessus,  ledict  sieur  de 
Walsingham  m'a  dict  que  sa  maistresse  avoit 
plus  de  désir  de  se  marier  que  jamais,  mais 
qu'il  pensoit  que  de  ce  costé  l'on  en  feust  res- 
froidy.  Bien  scavoil  elle  que  le  Roy  monsieur 
mon  fdz  et  moy  le  désirions  infiniment,  mais 
que  mon  fils»,  le  duc  d'Anjou  n'y  avoit  trop  de 
volonté,  ce  qu'il  me  prioit  de  sçavoir  de  luy. 
A  quoy  je  luy  ay  respondu  que  mondict  filz 
n'estoit  si  mal  advisé  qu'il  ne  reeongneust  bien 
que  c'estoit  le  plus  digne  party  qui  se  puisse 
offrir  pour  sa  grandeur  et  que,  quand  ma 
bonne  sœur  s'accommoderoit  aux  choses  rai- 
sonnables que  nous  désirions  d'elle,  qui  est 
la  permission  de  pouvoir  librement  et  publi- 
quement exercer  sa  religion  avec  sa  famille 
selon  que  sa  conscience  le  luy  commande,  que 
j'estimois  qu'il  ne  se  trouverait  point  de  diffi- 
culté, mais  que,  estant  mondict  filz  tant  ama- 
teur de  sa  religion  comme  il  est,  ainsi  que 
ledict  sieur  de  Walsingham  le  pourrait  assez 


cognoistre,  quand  soigneusement  il  s'en  vou- 
dra enquérir,  je  ne  pensois  pas,  pour  quelque 
grand  avantage  et  grandeur  qui  lui  peust  estre 
proposée  en  ce  monde,  il  soit  jamais  pour 
condescendre  à  aucun  party,  si  l'exercice  pu- 
blic de  sadicte  religion  ne  lui  demeure  libre 
pour  luy  et  tous  les  siens. 

Et  m'ayant  là-dessus  respondu  ledict  sieur 
de  Walsingham  qu'il  pensoit  que  ce  serait 
chose  fort  difficille,  et  qui  ne  se  pourrait 
faire,  je  luy  ay  dict  que  je  m'estois  assez  en- 
quise  delà  volunté  de  mondit  fils;  mais  que, 
le  congnoissant  comme  je  faicts ,  je  sçavois  bien 
qu'il  avoit  tant  de  révérence  à  sa  religion  que 
pour  devenir  le  plus  grand  monarque  du 
monde,  il  ne  voudrait  perdre  à  la  pouvoir 
exercer  publiquement  avec  tous  les  siens  en 
telle  liberté  que  sa  conscience  le  lui  com- 
mande, et  pour  riens  du  monde  se  mettre  en 
danger  d'y  estre  empesché  aucunement  soubz 
quelque  petite  permission  que  lui  en  pour- 
rait faire  madicte  bonne  sœur,  à  laquelle  je 
m'asseurois  qu'il  n'avoit  autre  volunté,  toute 
sa  vie,  que  de  faire  service,  se  sentant  gran- 
dement luy  estre  obligé. 

Vous  ayant  voulleu  faire  ce  discours  de  tous 
ces  propos  que  j'ay  euz  avec  le  sr  de  Walsin- 
gham, allîn  que,  en  donnant  advis  à  sa  mais- 
tresse,  vous  ensoyez,  de  vostre  part,  informé, 
et  en  parliés  ce  mesme  langage,  réservant 
louteffois  à  lui  dire  riens  de  ce  dernier  point, 
contenant  la  volunté  de  mondit  filz,  si  elle 
ne  vient  à  vous  en  parler  la  première;  auquel 
propoz  \ous  lui  pourrez  dire  davantage  que, 
par  là,  elle  peult  congnoislre  qu'il  ne  tient,  de 
nostre  costé,  que  les  choses  n'ayent  esté  con- 
duictes  à  l'effect  que  nous  avons  tant  désiré. 
Et  si,  là  dessus,  pour  luy  faire  mieux  cong- 
noislre combien  nous  avons  envye  de  con- 
tracter alliance  avec  elle,  et  nous  asseurer  de 
son  amitié,  vous  lui  mettiés  en  avant  mon  filz 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


le  duc  d'Aleuçon,  pour  entrer  en  ceste  place, 
lequel  ne  se  rendroit  pas  si  scrupuleux  au 
faict  de  sadicte  religion  que  faict  mondict 
filz  le  duc  d'Anjou,  j'estime  que  cela  ne  vien- 
droit  pas  mal  à  propoz.  Toutefibis  c'est  chose 
que  je  remets  à  vostre  jugement  pour  en  faire 
selon  ce  que  vous  estimerez,  voyant  Testât 
présent  des  choses,  s'en  debvoir  faire  pour  le 
mieux  ou  bien  s'il  seroit  meilleur  d'attendre  à 
en  faire  l'ouverture  au  milord  que  doit  en- 
voyer par  deçà  madicte  bonne  sœur. 

Vous  adjoutterez  à  ce  que  dessus  que  nous 
sommes  bien  marrys  que  nous  n'avons  une 
autre  personne,  semblable  à  mondict  filz 
d'Anjou,  pour  la  lui  offrir;  mais  qu'il  n'y  a 
pas  grande  différence  entre  lui  et  mondict  fils 
d'Alençon. 

Escript  à  Blois,  le  xxvin1"6  jour  de  sep- 
tembre. 

Brilard. 

Caterine. 


[1571.  —  Octobre.] 

Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français.  n°  3899.  f"  agi  v\ 

A  MONSIEUR  DE  FERALS. 

Monsieur  de  Ferais,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  es- 
cript qu'il  veult  que  vous  faciez  entendre  de 
sa  part  à  Nostre  Saint  Père  la  résolution  qu'il  a 
prise  du  mariage  de  nia  fille  avecq  le  prince 
de  Navarre  et  la  bonne  fin  et  intention  où  il 
tend  par  ce  moyen,  aussy  ce  qu'il  désire  de 
Sa  Sainteté  pour  la  dispence  qui  est  néces- 
saire à  madicte  fille  et  audict  prince  à  cause 
de  leur  consanguinité,  dont  je  pense  bien 
que  Sadicte  Sainteté  vouldra  faire  pour  le 
commencement  quelque  difficulté,  à  cause, 
comme  vous  sçavez,  de  la  différente  reli- 
gion dudict  prince.  Touttefois  j'estime  qu'a- 
près avoir  bien  pensé  au  bien  qu'il  en  peult 


I  réussir  et  ce  que  l'onendoit  espérer  il  s'y  accom- 
modera et  disposera  voluntiers;  à  quoy  vous 
essayerez  de  parvenir  par  les  moiens  que  ver- 
rez estre  plus  à  propos  en  traiclant  de  ceste 
affaire  comme  chose  que  le  Roy  mondict  filz 

!  et  moy  désirons  singulièrement  pour  importer 
à  l'efficace  dudict  mariage  et  où  vous  trou- 
verez Sa  Sainteté  dure  et  en  scrupule  d'oc- 
troyer  ladicle  dispence  publiquement,  vous 
luy  ferez  entendre  de  ma  part,  que  ne  vou- 
lant décliner  aucune  règle  et  discipline  de 
nostre  mère  Saincte  Eglise,  je  ne  seray  jamais 
contente  qu'elle  m'ayt  octroyé  ceste  grâce ,  de 
laquelle  je  la  supplie  affectueusement  ne  me 
vouloir  esconduire  et  pour  le  cas  où  elle  ne 
se  vouldroit  dispenser  de  bailler  ladicte  dis- 
pence en  publicq,  qu'elle  l'accorde  et  face  de- 
pescherenpartirulieretlam'envoye,  l'assurant 
que  je  la  garderoy  devers  moy  si  chèrement 
qu'elle  ne  viendra  à  la  cognoissance  de  per- 
sonne, désirant  sur  tout  avoir  la  conscience 
apaisée  de  ce  cousté  là,  ce  que  Sadicte  Sainteté 
doit  louer  et  estimer  que  je  ne  me  desmar- 
cheray  jamais  d'aucun  pointqueje  cognoistray 
servir  à  son  contentement  et  auctorité  du 
S'  Siège,  priant  Dieu,  monsieur  de  Ferais, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde  l. 

Caterine. 


1  En  note  :  (tLa  depesclie  cy  dessus  au  s'  de  Ferais 
fui  depuis  revocquée  et  au  lieu  d'icelle  luy  fut  escriple 
la  lectre  cy  après  inscrite  dattée  du  vu""  octobre  1571; 
pour  cela  on  n'a  laissé  d'enregistrer  ladicte  dépesche  pour 
se  souvenir  de  la  cause  du  changement  qui  fut  que  la 
rovne  de  Navarre  n'estoit  encore  venue  devant  le  Roy 
et  oye  sur  le  faict  dudict  mariage,  011  pouvoit  prendre 
autre  chemin,  comme  il  advint;  car  elle  fut  ores  ung 
temps  sans  vouloir  approuver  ledict  mariage  jusques  à 
ceste  extrémité  qu'on  la  menaça  de  faire  déclarer  son  filz 
illégitime  à  cause  du  mariage  qui  avoit  esté  contracté  et 
célébré  entre  elle  et  le  duc  de  Clèves,  enfin,  elle  déclara 
qu'elle  n'en  espéroit  que  tout  malheur,  comme  il  est 
advenu. n  (Ibid.,  f°  295  v°.) 


76 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1 57 1 .  —  7  octobre. 

Copie.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n°  3899,  P  sq5  r°. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  CARDINAL  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  nous  ferrions  lort  à  l'affection 
que  vous  avez  tousjours  portée  à  cestc  cou- 
ronne et  moy  encore  plus  que  nul  autre,  si 
nous  laissions  passer  aucune  occasion  de  mé- 
rite sans  vous  en  faire  part  et  que  le  Roy 
monsieur  mon  il  1  z  ne  moy  pareillement  ne 
vouldrions  faire;  aussy  en  cestc  intention,  le 
sieur  de  Ferails  \son  ambassadeur  par  delà,  a 
eharpe  de  vous  communiquer  aucune  chose 
qu'il  a  à  dire  et  faire  entendre  à  Nostre  Sainct 
Père,  afin  de  prendre  sur  ce  vostre  bon  advis 
et  suivant  iceluy  se  conduire,  lequel  je  m'as- 
seure  que  très  voluntiers  vous  luy  vouldrez 
impartir,  et  davantage  que  vous  n'oublierez 
aucun  office  de  vostre  part  que  vous  jugerez 
nous  pouvoir  moienner  avec  quelque  conlan- 
tement  pour  ce  regard  et  tous  autres,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Caterine. 


1571.  —  8  octobre. 

Orig.  Arcb.  fies  Médiris  à  Florence. 
A  MON  COUSIN 

Mr  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  par 
Galeas  Frégose  et  veu  celle  que  escripvez  au 
Roy  mon  filz,  qui  est  sage  et  bonne,  et  voul- 
diois  qu'il  m'eust  cousté  la  moitié  de  ce  que 
je  ay  et  dix  ans  de  ma  vie  el  que  l'admirai 
voleut  faire  vers  Nostre  Sainct  Père  le  Pape  ce 
que  me  mandez;  mais  il  est  plus  à  désirer 
que   à  espérer  qu'il  le  fasse,  ni  la  roynr  de 

1  Charles  IX  l'invite  à  s'en  ouvrir  an  cardinal  de 
Ken-are  et  l'engage  à  se  hâter,  'testant  bien  à  présupposer 
que  les  Espagnols  y  meltronl  toutes  les  traverses  qu'ils 
potirronl.i  (Ibid.,  I"  •ip.'j). 


Navarre;  par  quoy  je  vous  prie  reguarder  par 
Ions    aultres  persuasions  de   obtenir,  s'il  est 
possible ,  la  dispense;  car  de  penser  que  à  pré- 
sent si  promptemenl   ils  veuillent    se  soub- 
mettre  au  Pape,  il  ne  seroit  pas  croyable  et 
de  tirer  le  mariage  en  longueur  il  en  advien- 
droil  plus  de  mal  que  de  bien;  car  rien  ne 
nous  peult  faire  espérer  l'augmentation  en- 
tière de  noslre  religion  et  le  repos  universel 
de  ce  royaulme  que  le  mariage  de  ma  fille  el 
du  prince  de  Navarre,  qui  me  semble,  quant 
le  Pappe  aura  le  tout  bien  considéré,  il  trou- 
vera qu'il  fera  un  grand  service  à  Dieu   et  à 
toute  la  chreslienlé  de  nous  bailler  ceste  dis- 
pense, pour  laquelle  avions  délibéré  de  mander 
au  nouveau  ambassadeur  qu'il  la  demande  à 
Sa  Sainteté;  mais  depuis  nous  n'avons  voliu 
et  attendrons  d'avoir  l'entière  résolution  de  la 
royne  de  Navarre,  encores  quelle  ayt  en\oyé 
homme  exprès  pour  nous  prier  de  bailler  ma 
fille  à  son  filz,  suivant  la   promesse  do   Roy 
monseigneur  qu'il  en  fist  au  feu  roy  de  Na- 
varre son  mary;   et  pour  ce  que  je  informe 
bien   au    long   vostre  ambassadeur  de  toutes 
choses,  je  me  remettray  surluy,  le  cognoissanl 
à  vostre  service  et  au  noslre  et  se  conduisant 
si  dextrement  el  sagement  en  toutes  ces  né- 
gociations que  je   ne  puis  que  je  ne  vous  en 
dise  le  contentement  que  le  Roy  son  frère  et 
moy  en  avons  et  désirons  que  le  laissiez  en- 
cores   icy  pour   quelque  temps;  et,  me   re- 
mettant sur  luy,  feray  fin,  priant  Dieu  vous 
donner  ce  que  désirez. 

De  Rloys,  ce  vme  jour  d'octobre  î  &7  i . 

Le  Roy  mon  filz  vous  remercie  infiniment 

touchant  ce  que  ayez  offert  des  bagues  et  a 

donné  charge  à  ce  porteur  de  les  rapporter,  si 

le  trouvez  bon. 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateriive. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


77 


1571. 


1  7  octobre. 


Aut.  Arch.  ili'^  M&Kcîb  à  Florence,  dalla  ritala  filza  6727. 
nuova   numerazione. 

A  MON  COUSIN 

M»  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  cet  courier 
exprès  pour  vous  faire  entendre  aucoune 
cliause,  que  je  prie  voslre  embassadeur  vous 
mender,  que  je  désireroys,  cet  yl  me  semble 
povoyr  venir  au  fin  que  je  désire,  que  le  vo- 
liez conduire,  corne  de  vous  mesmeet  sari  que 
mon  non1  y  enlreviegne  et  pour  u'avoyr  neul 
chifre,  j'é  dist  audist  enibasadeur  ma  concep- 
tion, et  cet  que  je  désireroys,  sur  lequel  me 
remetent,  je  ne  vous  fa  y  ré  plus  longue  lelrc, 
après  vous  avoyr  dist,  que  tous  les  jours  nous 
nous  apersevons  combien  voslredist  enibasa- 
deur nous  sert  au  repos  de  cet  royaume,  que 
le  bien  qu'il  vous  an  mende,  nous  le  tien- 
dron  en  partie  de  vostre  sage  conseil,  que  je 
voldroys  que  l'amyral  voleut  du  tout  croyre, 
mes  yl  est  plus  à  le  désirer  que  à  y  espérer  de 
l'ynduire  à  le  fayre;  mes  ne  fault  pour  sela 
léser  de  l'i  en  fayre  fayre  ynstense  de  vostre 
pari ,  car  délia  nostre  yl  enlreroyt  en  stipeson  2. 
Je  prie  à  Dieu,  qui  nous  lia  si  bien  conduit  le 
tout  jeusques  asteurc,  qui  lui  plèse  de  para- 
chever, et  que  nostre  bonne  yntention  puisse 
ayslre  de  tous  ausi  bien  coneue  cornent  y  la 
conoyst. 

De  Bloys,  cet  xvir  jour  de  octobre  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterise. 


157  1.  —  1 S  octobre. 

1  ^o[ùtr.  BiM.  nat.  fonds  frnnrais ,  n°  1075a.  fJ  1206. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQLEVAlîX. 

Monsieur  de  Fnrqnevauls,  il  nous  a  semblé 

'   Non,  nom. 

-  Supeson,  soupçon. 


I  que  l'on  vous  debvoit  adveitir  des  deux  points 
I  contenus  en  la  lettre  que  le  Roy  monsieur 
mon  fils  vous  escript  avant  que  de  vous  don- 
ner congé  :  le  premier  desquels  est  de  très 
grande  importance  à  son  service, afin  que  par 
voslre  prudence  et  la  longue  expérience  que 
vous  avez  des  choses  de  delà  vous  empeschiez 
le  Roy  Catholique  avec  lequel  nous  voulons 
vivre  en  paix  d'entrer  en  opinion  que  l'on  ail 
reçu  le  conle  Ludovic  de  Nassau  pour  s'en 
servir  ou  le  favoriser  à  l'encontre  de  luy;  mais 
plustost  en  intention  de  l'en  destourner,  s'il  en 
avoit  volonté;  de  quoy  vous  le  pouvez  rendre 
asseuré  ',  s'il  advient  qu'il  soit  besoin  que  vous 
luy  en  parliez;  car  il  ne  luy  en  fault  ouvrir  le 
propos  et  en  tout  événement  qu'il  ne  s'apper- 
çoive  que  nous  en  ayons  escript  quelque  chose  ; 
mais  faul   faire  ces  offices,  comme  de   vous 

1  Voici  an  sujet  de  Ludovic  de  Xassau  ce  qu'ajoulait 
Charles  IX  :  irj'ay  advisé  vous  devoir  advertir  comme  le 
conle  Ludovic  de  Nassau  m'a  faict  très  instamment  prier 
par  aucun  des  principaux  de  la  religion  prétendue  réfor- 
mée, mes  sujets,  avoir  pour  agréable  son  service  et  luy 
permettre  de  me  venir  trouver  et  de  demeurer  près  de 
moy  en  ma  court,  ce  que  je  n'ay  peu  honneslement  refu- 
ser, eu  esgard  à  sa  bonne  volonté,  m'ayant  faict  entendre 
n'eslre  subject  du  roy  mondict  bon  frère  parce  qu'il  n'a 
biens,  terres,  possessions  quelconques  soubs  son  obéis- 
sance et  qu'il  désire  eslre  receu  de  moy  comme  prince 
allemand;  et  d'autant  que  c'est  chose  que  l'on  voudra  à 
l'advenlure  faire  trouver  mauvaise  audict  Roy  Calho- 
licque,  je  vous  prie  vouloir  soigneusement  observer  ce 
qui  s'en  dira  par  delà  et  selon  que  vous  connoistrez  qu'il 
sera  besoing,  et  que  ledict  Roy  Catholicque  le  prendra, 
lui  en  parler  comme  de  vous  mesme  et  luy  dire  sans 
qu'il  s'aperçoive  que  je  vous  en  ave  rien  mandé  ou  escript 
qu'il  ne  doibt  esfie  marri  si  je  prends  ledict  comte  près 
de  moy,  puisqu'il  n'est  son  subject.  s'asseurant  que  ce 
n'esl  pour  dresser  aucunes  enlreprinses  à  son  préjudice,  ny 
pour  le  favoriser  à  l'encontre  de  luy,  mais  plustost  pour  le 
distraire  de  telle  volonté  s'il  l'avoil ,  n'ayant  plus  grand 
désir  que  de  vivre  en  paix  et  amilié  avec  luy  et  empes- 
clier  qu'il  ne  se  face  chose  que  la  puisse  altérer  ny 
rompre-,  (Ihùl.,  I    1303.) 


78 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICiS. 


mesmes.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Forque- 
vauls,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 
Escript    à    Buri,   ce    dix-huictiesme  jour 
d'octobre  1 571. 

Caterink. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  faicts  i<  y 
escripre  en  ma  présence  que  nous  faisons  par- 
tir dedans  quinze  jours,  au  plus  lard,  un  cour- 
rier qui  vous  portera  vostre  congé  et  parlant 
je  vous  prie  vous  en  tenir  asseuré  et  faire  mes 
recommandations  à  mes  petites- filles,  aus- 
quelles  je  ne  veuix  escripre  que  je  ne  leur 
envoyé  quelque  chose. 


157  1.  —  28  octobre. 

\ut.  Arch.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  ritala  filza  ^727- 
a.  ilili ,  nuova  numerazioDC. 

A  MOH  COl'SIN 

M"  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  après  nous  avoyr  ayscript  pour 
les  alayres  d'importanse  et  nous  y  avoyr  tele- 
ment  aydé  par  le  moyen  de  vostre  embassa- 
deur,  que  nous  comensons  à  espérer  quelque 
plus  sur  repos  en  cet  royaume  que  jeusques 
ysi  ni  avons  veu,  cela  ayst  cause  que  je  vous 
dire  présentement  que,  après  tent  de  travaulx 
non  obmetent  cet  que  je  douys  au  servise  de 
mes  enfans,  je  désire,  quant  nous  sommes  du 
coûté  de  Paris,  avoyr  quelque  bien  au  l  povoyr 
paser  mon  temps  aveques  plesirs  honnestes, 
(■unie  ayst  d'avoyr  une  maison  à  ma  fason  et 
y  au  y  ayent  fayst  fayre  une  qui  s'apelle 
Saiut-Mort-dé-Fusés,  je  y  veulx  dreser  une 
casine  au  je  désire  avoyr  de  toutes  sortes  de 
jeans  qui  sachent  fayre  toutes  fasons  de  for- 
mages, létages,  confileures,  saleures.  salades, 
fruys;  et  sachant  que  pour  aystre  d'un  mesme 


sanc  vous  avés  aussi  fayst  une  semblable 
chause,  je  vous  veulx  prier  de  me  faire  recou- 
vryr  des  personnes  que  vous  panseré  aystre 
propre  à  cet  ayfayst;  et  afin  que  entendiés 
nivculx  ma  conseption,  je  vous  en  envoyé 
un  mémoyre  et  méseures.  Cet  je  vous  mende 
si  pétille  chause,  car  ceulx  que  je  avme,  je 
leur  monde  de  tout,  et  me  fayié  grent  plesir, 
quant  en  fayré  de  mesme  en  mon  eudroyct. 
Et  pour  n'estre  cete  lelre  lia  aucune  fin,  je 
priré  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 


Cet  xxvme  d'octobre  1 571. 


Cvtf.rine. 


1Ô71 .  —  3i  octobre. 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français.  n°  1075a  ,  f"  îaiô. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  je  vous  puis 
asseurer  que  c'est  avec  regret  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  vous  donne  congé  de  le  venir 
trouver;  car  il  vous  estimoil  encore  ulille  et 
nécessaire  pour  son  service  par  delà,  attendu 
vostre  longue  espériencc,  prudence  et  dexté- 
rité à  conduire  et  manier  les  affaires  et  mesmes 
celles  qui  s'y  présentent  tous  les  jours  par  les 
artifices  de  ceulx  qui  sont  très  marris  de  voir 
le  repos  en  la  chrestienlé,  toulesfois  pour 
satisfaire  à  la  promesse  qu'il  vous  a  faictc 
d'envoyer  La  Marque  son  vallet  de  chambre 
ordinaire  pour  demeurer  près  du  Rov  Ca- 
tholicque  mon  beau-fils  attendant  qu'il  ail 
choisi  quelque  personnage  pour  tenir  le  lieu 
d'ambassadeur,  je  vous  prie  le  bien  instruire 
de  ce  qu'il  aura  à  faire  pour  le  service  du  Rov 
moudict  sieur  et  fils  et  luy  faire  connoistre 
ceulx  de  qui  vous  vous  servez;  luy  donner  aussi 
:  entrée  chez  mes  petites-filles,  afin  qu'il  m'en 
puisse  mander  particulièrement  des  nouvelles 
comme  vous  voulliez  faire.  Il  vous  dira  mon 
advis  sur  la  response  que  le  Roy  mondict  sieur 


LETTRES  DE  GATH 

et  (ils  \ous  mande  l'aire  au  cardinal  Alexan- 
drin pour  le  mariage  de  Portugal,  vous  advi- 
sani  d'autant  quej'ay  désiré  et  recherché  ledicl 
mariage  comme  un  chascun  sçait,  ayant  laid 
tout  ce  qu'il  m'a  esté  possible  pour  l'effectuer, 
je  suis  délibérée  de  conseiller  maintenant  le 
Roy  mon  sieur  et  fils  de  ne  le  rechercher 
jamais,  car  l'on  a  trop  dédaigné  ce  que  l'on 
dehvoit  priser.  Au  demeurant  vous  serez  le 
1res  hien  venu,  Monsieur  de  Forquevauls,  et 
vous  verray  de  bien  bon  cœur,  de  quoy  je  vous 
prie  estre  très  asseuré,  et  croire  au  surplus 
ledict  La  Marque  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma 
part,  comme  si  c'estoyt  moi  mesme.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Forquevauls,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Vaujour,  le  dernier  jour  d'octobre 

i57i  '. 

Caterine. 


ERINE  DE  MEDIG1S. 


79 


1571.  —  2  novembre. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence. 

A  MON  C0DS1N 

M"  1-E  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  donné  charge  à  vostre 
ambassadeur  vous  mander  quelque  chose 
touchant  le  comte  de  Petillano,  affin  que  son 
frère  ne  lasse  difficulté  à  obéir  à  l'arrest  et 
jugement  que  en  a  donné  l'Empereur  et  que 
le  refus  d'obéir  ne  fut  cause  de  amener  une 
guerre  où  nous  ne  la  désirons  et  aussi  quel- 
ques aultres  choses  que  je  désire  que  soyez 

1  Fourquevaux  répondit  à  celte  lettre  1-e  3 1  no- 
vembre :  (tlie  pauvre  La  Marque  a  eu  mauvaise  venue  en 
Espaigne,  car  dans  vingt  quatre  beures  après  estre  arrivé 
en  ceste  court  un  apoplexie  le  suffoqua;  il  fust  icy  le 
vingt  six""  du  présent  mois  et  me  donna  la  depesche  de 
Vostre  Majesté,  ensemble  les  instructions,  que  fut  suivie 
de  peu  de  propos  devant  et  depuis  le  souper  parce  qu'il 
avoit  besoin  de  repos.  Ce  soir  là  fust  nostre  dernier 
adieu.»  (Même  volume,  p.  if>.'i4.) 


adverty,  m'asseurant  que  nous  en  servirez 
et  ne  me  alléguerez  ni  nommerez  en  nulle 
d'icelles  choses;  car  je  ne  continuerais  plus, 
sij'estois  mise  en  vue,  ce  que  je  désire  faire, 
affin  que  cognoissiez  combien  je  désire  vostre 
conservation  et  vous  prie  aussy,  de  vostre  costé, 
me  faire  cognoistre  comment  désirez  conti- 
nuer à  nous  achever  de  mettre  en  repos  en 
faisant  ce  que  pourrez  que  obtenions  dispense 
pour  le  mariage  de  ma  fille,  lequel  mariage 
nous  cognoissons  estre  l'entier  repos  de  ce 
royaulme  et  pour  ceste  occasion  sommes 
résolus  de  le  faire  et  désirons  avant  sçavoir 
ce  que  aurez  pu  obtenir  du  Pappe,  lequel, 
quand  il  aura  bien  considéré,  il  cognoistra 
qu'il  fera  plus  pour  nostre  service  et  celuy  de 
Dieu  en  nous  l'accordant  que  s'il  nous  refuse; 
et  comme  cellela  qui  désire  la  paix  et  repos 
de  ce  royaulme  et  m'asseurant  que  en  avez 
la  mesme  volonté,  je  ne  vous  en  diray  davan- 
tage et  feray  lin,  priant  Dieu  vous  donner  ce 
que  désirez. 

D'Amboise,  le  jour  des  Morts  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine, 


1  57 1 .  —  3  novembre. 

Copie.  Arch.  des  Médicis  à  Florence. 
A  L'AMBASSADEUR  DE  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  FLORENCE  '. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ai  vu  vostre 
lettre  et  trouve  bien  estrange  tant  de  méchan- 
ceté, et  vous  en  parleray  plus  au  long,  mais 
je  vous  veulx  eu  cependant  vous  remercier 
du  bon  debvoir  que  avez  faict  de  m'en  ad- 
vertir  et  le  reconnoistray  avec  tant  d'autres 
que  faistes  ordinairement.  Je  vous  envoie  une 
letlre   pour   envoyer  à  vostre    commodité   à 

1   Pelrucci. 


80 


LETTRES  DE  CATlIERlMi  DE  MED1CIS. 


rostre  maistre,  laquelle,  ainsi  que  j'ay  employé 
aux  plus  grandes  de  nos  affaires,  j'ay  bien 
voulu  escripre  aussi  pour  chose  de  mon  plai- 
sir, comment  pourrez  voir  par  le  mémoire 
que  je  lui  envoie  que  je  désire  qu'il  me  fasse 
recouvrer  des  personnes  pour  une  casine  que 
je  veux  dresser  à  St-Maur,  qui  sera  l'endroit 
où  je  vous  prie  lui  en  escrire  aussi  et  à  Dieu 
qu'il  vous  ayt  en  sa  sainte  garde. 

Caterine. 


1571 .  —  6  novembre. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3a56  ,  f°&o,. 
A  MON  COI  -IN 

LE  MARESCHAL  DE  COSSÉ. 

Mon  cousin,  je  vous  prie  que,  suivant  ce 
que  le  Roy  monsieur  mon  iilz  vous  escript, 
vous  regardiez  à  empruncter  des  particuliers 
de  Paris  jusques  à  la  somme  de  cinquante 
mil  livres  '  oultre  les  aullres  sommes  que  ont 
jà  promis  de  prester  et  l'aire  fournir  les 
^  Marcel  et  receveur  de  Vigny,  car  sans  ce 
secours  nos  affaires  sont  en  très  mauvais  es- 
tât, ainsi  que  vous  le  cognoissez  mieulx  que 
nul  aultre,  ce  qui  vous  doibt  d'aullant  plus 
mouvoir  pour  la  singulière  affection  que  vous 
avez  au  bien  du  service  du  Roy  monsieur 
inondict  sieur  et  filz  d'y  donner  tout  le  re- 

1  Charles  IX.  lui  écrivait  également  au  sujet  de  cet 
emprunt:  «Voudray  seullement  vous  parler  du  parly 
des  !icmI.  que  Scipion  Sardini  nous  a  offert  de  fournir 
prompteuient  en  baillant  bonne  et  seure  assignation  de 
remboursement  avec  un  tiers  de  debles  en  dix  huict 
mois,  qui  est  c°'  1.  par  chacune  demie  année  et  vous 
diray  que  encores  que  s'estant  cy- devant  présentés 
telz  par  lys,  j'aye  toujours  fait  grande  dillicullé  d'y  en- 
tendre pour  la  conséquence.  Se  est-ce  que  considérant 
les  parties  pressées  auxquelles  j'ay  à  fournir  el  mesme 
celles  des  h"  xxv™  1.  des  reitres  du  comte  de  Mansfeld,  je 
suis  content  d'accepter  ledict  parly.  n  (Même  volume, 
p.  5o.) 


niède  qui  vous  sera  possible,  selon  qu'il  s'en 
fie  entièrement  en  vous,  suppliant  le  Créa- 
teur, mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  eu  sa  saincte 
el  digne  garde. 

Escript  au  Lude,  le  vieme  jour  de  novembre 
1571. 


(De  sa  main.)  Mon  cousin,  j'e'  dist  à  Sarri 
tout  cet  que  je  vous  pouvès  meiider,  qui  est 
cause  que  ne  vous  dire  sinon  qu'il  l'ault  que 
soyés  le  premier  jour  de  décembre  lia  Bloys, 
ayenl  fayst  pour  l'argent  cet  que  yl  vous  dira. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1571.  —  ao  novembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colberl,  u"  ioo. 

A  MONSIEUR  DE  SCHOMBERT, 

CHAMBELLAN  ORDINAlliE  Dl*  noï  MONSIEUR    BIOS    FILZ  . 
COLONEL   DE  QUINZE   CENTS    CHEVAULK  PEISTBES. 

Monsieur  de  Sclionibert,  ce  a  este'  plaisir 
au  Roy  monsieur  mou  fil/.,  à  mon  filz  le  duc 
d'Anjou  et  à  moy  d'entendre  la  bonne  espé- 
rance que  vous  me  donnez  du  succez  de  l'af- 
faire que  vous  avez  charge  de  manyer  par  de 
là  '  el  mesmes  de  veoir  que  mon  cousin  l'élec- 
teur de  Saxe    l'embrasse  avec  une  si  grande 

1  Le  29  octobre,  Schomberg  avait  écrit  au  Roi  : 
-L'Electeur  de  Saxe  est  fort  bien  disposé;  je  pars  au- 
jounlhui  voir  l'Électeur  de  Brandebourg  et  le  duc  de 
Brunswick  accompagné  des  lettres  écrites  de  In  main  de 
l'Électeur  de  Saxe  el  de  là  je  dois  venir  trouver  ledict 
sieur  là  où  il  sera;  il  est  résolu  de  tout  et  s'emplove  en 
cecy  comme  si  la  conservation  de  son  Estai  en  dépen- 
doit.  Durant  le  voyage  que  je  feray  en  Brandebourg 
mondict  sieur  Electeur  envoie  celui  mesme  qu'il  a  déli- 
béré dépeseber  vers  Vostre  Majesté  cy  après,  vers  le 
Landgrave  de  Hessen  pour  prendre  résolution  en  ladicle 
affaire.  Quant  au  comte  Palatin,  mondict  s'  Électeur, 
affin  que  les  affaires  se  puissent  tant  mieulx  et  plus  sin- 
cèrement conduire,  a  remis  la  négociation  en  mains  à 
Monsieur  le  duc  Jean  Casimir."  (Même  volum e.  | 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


81 


et  singulière  affection,  qui  nie  donne  asseu- 
rance  qu'il  en  sortira  ung  bon  effect  au  com- 
mun proffict,  honneur  et  réputation  de  ce 
royaume  et  de  toute  la  Gerinanye,  qui  est  ce 
qui  me  le  faist  désirer,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Scliombert,  qu'il  vous  ayt  en  sa  garde. 

Escript  à   Durelal,    le   xxeme  jour  de   no- 
vembre 1571. 

Caterlne. 
Brilart. 


1571.  —  28  novembre. 

Orig.  Dibl.  Dat.  fonds  Dupuy,  n°  801,  f°  91  r". 
A  MONSIEUR 

LE  PREMIER  PRÉSIDENT  DE  THOU. 

Monsieur  le  Président,  pour  cognoistre  de 
jour  en  jour,  et  plus  nous  allons  en  avant, 
combien  la  prompte  pubiicacion  des  ecdictz 
qui  ont  esté  cy  devant  présentez  à  la  court 
de  parlement  est  requise  et  nécessaire  à  cause 
des  grosses  sommes  de  deniers  qu'il  nous  fault 
payer  aux  estrangers,  le  recouvrement  des- 
quelles est  fondé  sur  l'effect  desdictz  ecdictz; 
à  ceste  cause,  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
a  voulu  escripre  la  lectre  que  j'acompagneray 
de  la  présente,  vous  priant  que  vous  tenez  la 
main,  aultant  qu'il  vous  sera  possible,  à  ce 
(ju'il  soyt  promptement  procédé  à  la  pubii- 
cacion d'iceulx  ecdictz,  qui  est  l'un  des  plus 
agréables  services  que  vous  luy  sçauriez  l'ayre 
pour  ceste  heure,  priant  Dieu,  Monsieur  le 
Président,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Duretal,  le  xxvinesme  jour  de  no- 
vembre 1EJ71. 

Caterjne. 
Brûla  rt. 


1571.  —  1"  décembre. 

Imprimé  dans  fa  Correspondance  diplomatique  de  la  Mollte-Fénelon  . 
t.  VII,  p.  a83. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motbe,  j'ay  aujourd'huy 
donné  audience  au  sr  de  Quillegray1  lequel, 
m'estantvenu  trouver,  a  commencé  ses  propoz 
par  me  dire  que  la  royne  d'Angleterre  ma 
bonne  sœur  l'envoyoit  par  deçà  pour  se  tenir 
près  du  Roy  monsieur  mon  filz  pendant  le 
temps  que  le  sieur  de  Walsingliam  se  fera 
panser  de  sa  maladye;  elle  luy  a  donné  charge 
de  me  veoir  par  mesme  moyen ,  avec  comman- 
dement de  me  communicquer  de  tous  affaires, 
ainsy  qu'au  Roy  mondicf  sieur  et  filz ,  d'aullant 
qu'elle  sçait  bien  que  luy  et  moy  ne  sommes 
qu'une  mesme  chose  ;  et  aussi  pour  le  respect 
de  l'amitié  qu'elle  me  porte,  me  tenant  au 
lieu  de  sa  bonne  mère  ;  m'ayant  faict  entendre 
qu'il  a  une  entière  bonne  affection  de  s'ac- 
quitter.de  la  charge  qui  lui  est  commise,  avec 
tous  les  dignes  offices  qui  luy  seront  possibles, 
pour  entretenir  la  bonne  intelligence  qui  est 
entre  nous  et  sa  maistresse,  portant  une  par- 
ticulière affection  à  ce  royaulme  pour  y  avoir 
esté  longuement  nourry. 

A  quoy  je  luy  ay  respondu  que  madicte 
bonne  sœur  avoit  assez  d'occasion  de  m'aimer 
pour  sçavoir  qu'il  n'avoit  pas  tenu  à  moy,  et 
que  je  n'aye  faict  tout  mon  possible  pour 
l'allier  d'alliance  avec  la  personne  de  ce 
monde  qui  m'est  la  plus  chère,  ainsi  que  j'en 
ay  encore  une  bonne  volonté,  et  de  servir  de 
toutes  choses  qui  seront  en  ma  puissance  au- 
dedans  de  ce  royaume  la  bonne  volonté  et 
amitié  qu'elle  me  porte. 

1  Arthur  Killegrew  :  il  avait  été  euvoyé  en  France 
pour  remplacer  provisoirement  Walsingham.  Voir  dans 
le  Calendar  of  State  papen  (1571),  p.545,  les  instruc- 
tions qui  lui  furent  données. 


DiTHEItlNK    DE    MbOICIS.    IV 


l  u  l  r  ni  !  n  i  r      RATIO 


82 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


Puis  est  venu  à  me  dire  que  sadicle  mais- 
Iresse  avoit  entendu  avec  grand  plaisir  que  le 
Roy  mondict  sieur  et  fils  ait  pris  en  bonne 
part  la  responce  que  a  aporté  d'elle  le  srdeFoix 
sur  l'effaict  du  mariage,  laquelle,  encores 
qu'elle  luy  ayt  assés  déclaré  et  qu'il  ne  soit 
besoin  d'en  faire  nulle  aultre  expression,  si 
est-ce  que,  d'aultant  que  ledict  sieur  de 
Fois  luy  a  dict  que  le  Roy  mondict  sieur  et 
llls  auioit  grand  plaisir  qu'elle  envoyast  devers 
luv  quelqu'un  pour  cest  effaicl,  elle  a  délibéré 
d'y  envoyer  l'un  de  ceux  de  son  conseil,  com- 
bien qu'elle  ait  jà  donné  à  entendre  ce  qu'elle 
pouvoit  faire  en  cest  endroit,  et  qu'elle  s'y 
soit  mise  plus  avant  qu'elle  ne  devoit,  estant 
fille,  comme  elle  est;  que  le  retardement  du 
parlement  dudict  seigneur  de  son  conseil 
estoil  procédé  à  l'occasion  des  grands  affaires 
qu'elle  a  eus  depuis  quelque  temps  en  ç.à,  à 
cause  des  conspirations  qui  se  sont  descou- 
vertes ;  car,  ayant  esté  choisi  une  fois  pour 
eest^  charge,  milord  Cobham,  il  s'est  trouvé 
l'un  de  ceux  qui  sont  fort  chargés  desdictes 
conspirations;  et  despuis,  ayant  esté  des- 
tiné un  aultre  en  sa  place,  ladiete  maistresse 
en  avoit  aussi  eu  quelque  soubçon  qui  l'eni- 
peschoit  de  se  pouvoir  fier  à  luy  ;  de  sorte 
qu'elle  a  esté  contraincte  de  se  résoudre  à  un 
aultre  qu'il  estime  debvoir  partir  bientost,  et 
que  nous  aurons  agréable.  Toutes  lesquelles 
choses  je  lui  ai  bien  fort  gratiffiées  et  asseuré 
que  ledict  seigneur  seroil  le  très  bien  venu. 

Après  ces  propos,  il  s'est  un  peu  retiré  de. 
moy,  comme  s'il  eust  voulleu  prendre  congé, 
loutesfois  estant  demeuré  un  espace  de  temps 
ferme  devant  moy  sans  me  parler,  je  lui  ay 
demandé  des  nouvelles  de  la  royne  d'Escosse , 
ma  belle-fille  ;  sur  quoy  il  m'a  dict  qu'elle 
estoit  en  la  maison  du  comte  Schrewbury, 
bien  traictée,  ainsi  qu'il  appartient  à  sou 
estât,   mais  non    toutesfois   en    telle    liberté" 


qu'elle  a  esté  cy-devant  pour  faire  beaucoup 
de  mauvaises  entreprises,  ainsi  qu'il  s'est 
descouvert  qu'elle  vouloit  faire,  s'estant  trouvé, 
par  l'accusation  du  duc  de  Norfolk,  et  aulcune 
de  ses  lettres  qu'elle  lui  a  escriptes,  comme 
elle  estoit  entrée  en  deflïence  du  Roy  mondict 
sieur  et  fils  et  de  moy,  disant  que  nous  adhé- 
rions plutost  à  madicte  bonne  sœur  es  choses 
qu'elles  avoient  à  débattre  ensemble,  que  à 
elle;  et  que  partant  elle  estoit  résollue,  se 
vovant  ainsi  destituée  de  nostre  costé,  d'en- 
tendre au  mariage  de  don  Jehan  d'Austriche, 
et  d'envoyer  son  (ilz  en  Espagne,  par  le  moyen 
d'un  sieur  auquel  elle  en  escrivoit,  alfin  d'en 
faire  aussi  là  le  mariage. 

Je  lui  ay  respondu  là-dessus  que  j'eslois 
bien  aise  que  madicte  bonne  sœur  eust  par  là 
occasion  de  cognoistre  combien  l'on  estime 
que  nous  marchons  syncèrement  en  la  conser- 
vation de  son  amitié  ;  et  estimois  que  l'on 
mettoit  sus  beaucoup  de  choses  à  madicte 
belle-fille  que  je  ne  pouvois  quasi  croire. 

Sur  quoy  il  m'a  répliqué  que,  si  le  Roy 
mondict sr  et  fils  vouloit,  toutes  les  mauvaises 
pratiques  qu'elle  a  faites  contre  sa  maistresse 
et  les  choses  contenues  cy-dessus  se  vérifie- 
roient  en  peu  de  temps  en  Angleterre,  avec 
vous,  parles  procès-verbaux  et  originaux  des 
lettres  cscrites,  qui  vous  seroient  représentées. 

Après  cela,  je  lui  ay  dict  que  le  Roy  mon- 
dict sieur  et  fils  désireroit  bien  sçavoir  le  bon 
portement  de  madicte  belle-fille,  et  seroit  en 
quelque  bonne  vollonlé,  pour  en  eslre  plus 
assuré,  de  l'envoyer  visiter. 

Il  m'a  dict  que  sa  maistresse  estoit  princesse 
de  vérité  et  l'asseurroit  de  son  bon  portement, 
et  qu'il  peut  croire  qu'elle  ne  luy  voudrait 
poinct  faire  aucun  mauvais  traitement,  luv 
semblant  que  ce  ne  luy  est  pas  beaucoup 
d'honneur,  estant  telle  qu'elle  est.  de  s'en 
soucier  si  fort. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


83 


Après  ce  propos, il  m'a  dict  qu'ii  a  voit  charge 
de  sadicte  maistresse  de  parler  à  mov  ouver- 
tement, et  de  me  déclarer  ce  qu'elle  a  sur  le 
cœur,  quy  est  que,  si  le  Roy  mondict  sieur  et 
fils  vouloit  prendre  re'sollution  avec  sa  mais- 
tresse  d'apaiser  les  troubles  d'Escosse  et  d'y 
establir  l'obéissance  du  jeune  rov,  sans  parler 
en  façon  du  monde  de  ladicle  royne  ma 
belle-fille,  elle  estime  que  les  choses  se  pour- 
raient aisément  accorder  au  commun  bien  et 
repos  de  tout  le  rovaulme  et  à  nostre  conten- 
tement. 

Sur  lesquelz  deux  derniers  poincts ,  à  sçavoir  : 
de  vérifier  avec  vous  les  charges  de  madicte 
belle-fille,  et  le  dernier,  de  l'accommodement 
des  affaires  dudict  Escosse,  je  lui  ay  respondu 
que  j'en  parlerais  au  Roy  mondict  fils,  pour 
lui  eu  rendre  responce  à  Rourgueil,  auquel 
lieu  je  lui  ai  assigné  une  nouvelle  audience. 
Rien  luy  voullois-je  dire,  comme  de  mov- 
niesme,  que  le  Roy  mondict  fils  ne  pourrait 
jamais  délaysser  ladicte  royne  d'Escosse;  car, 
oultre  ce  qu'elle  est  royne  d'un  royaulme  qui 
a  une  ancienne  et  estroicte  confédération  avec 
le  sien,  elle  est  son  alliée  de  si  près  qu'il  ne 
serait  jamais  trouvé  bon  qu'il  l'abandonnast  en 
son  affliction,  telle  qu'elle  l'a  aujourd'huy,  luy 
semblant  appartenir  à  son  honneur  d'assister 
à  tous  les  princes  qui  sont  ses  alliés,  et  ne  les 
délaisser  non  plus  qu'il  ne  le  vouldroit  faire  à 
l'endroict  de  sadicte  maistresse,  en  façon  du 
monde,  quand  elle  viendrait  à  tomber  en 
quelque  affliction. 

Il  m'a  réplicqué  là-dessus  que  le  Roy  mon- 
dict sieur  et  fils  n'aurait  poinct  occasion  de 
rien  craindre  en  cessi,  ayant,  d'un  costé, 
l'amitié  des  princes  protestans,  comme  elle 
luy  est  bien  asseurée  par  le  moyen  de  Tédict 
de  paciffication,  et,  d'un  aultre  costé,  celle  de 
l'Angleterre,  me  priant  derechef  que  je  luy  en 
parlasse. 


Qui  est  le  sommaire  de  tout  le  propos  que 
j'av  eu  avec  lui,  désirant  le  Roy  mondict 
sieur  et  fils  avoir  vostre  advis  sur  ce  qu'il  a 
proposé  de  vérifier,  en  vostre  présence,  tout 
ce  qui  s'est  dict  par  delà  des  menées  et  cons- 
pirations qui  ont  esté  conduicles  par  madicte 
belle-fille  la  royne  d'Escosse,  dont  je  vous 
prie  le  rendre  certain  par  vostre  première 
dépesche.  Cependant  il  ne  manquera  de  vous 
donner  cy  après  advis  de  ce  qu'il  résoudra 
et  respondra  sur  iceulx  poincts  audict  sieur  de 
Quillegray,  auquel  j'ai  aussy  parlé  des  deux 
mille  escus1,  au  mesme  langage  porté  en  vostre 
dépesche  du  vc  du  passé  ;  et  ay  excusé  ce  que 
j'en  avois  cy-devaut  respondu  audict  sieur  de 
Walsingham  sur  ce  que  je  ne  Pavois  bien  en- 
tendu. 

A  quoy  il  m'a  réplicqué  qu'il  sembloit  que 
vous  eussiez  eu  quelque  intelligence  avec  les 
gens  dudict  de  Norfolk,  laquelle  je  lui  ay  dict 
avoir  esté  possible  pour  l'adresse  desdicts  deux 
mille  escus,  mais  qu'elle  ne  se  trouvera  poinct 
s'eslre  estendue  es  choses  dont  l'on  accuse  le- 
dict  duc,  ce  qu'il  m'a  confessé,  me  disant 
qu'il  faudrait  donc  rendre  lesdicts  deux  mille 
escus. 

A  quoy  je  lui  ay  respondu  que,  estant  sa 
maistresse  si  bonne  amie  du  Roy  mondict 
fils,  je  croy  qu'elle  ne  voudrait  pour  deux 
mille  escus  faire  chose  qui  contrevienne  à  la- 
dicte amitié.  Et  sur  cela  il  m'a  dict  qu'il  lui 
en  escriroit,  de  sorte  que  je  ne  fais  poinct  de 
doubte  que  lesdicts  deux  mille  escus  ne  vous 
soyent  restitués.  Surce,  je  prieray  Dieu,  Mon- 
sieur de  la  Mothe ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Duretal,   le  1"  jour  de  décembre 

1  571. 

Caterine. 

1  Voir  la  lettre  de  Charles  IX  qui  précède  celle-ci 
pour  l'explication  de  ces  deux  mille  écus. 


84 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1571.  —  8  décembre. 


Aicb.  nat.  registre  des  délibérations  du  bureau  de  la  ville  de  Paris, 
II  1786,1°  a6. 

A  MESSIEURS 

LES  ESCHEV1NS  ET  CONSEILLERS 

DE  LA   VILLE   DE  PARIS. 

Messieurs,  ce  a  este'  ung  fort  grand  plaisir 
et  contentement  au  Roy  monsieur  mon  iilz  et 
à  mov  d'avoir  entendu  lajoye  et  démonstration 
d'allégresse  que  en  général  et  en  particulier 
vous  et  vos  bons  concytoyensavez  fait  du  ma- 
riage du  Roy  niondict  lilz,  les  cérémonyés 
duquel  vous  verrez  bien  amplement  desduictes 
par  le  discours  '  que  nous  vous  envoions,  le- 
quel et  les  lettres  du  Roy  niondict  sieur  et 
lilz  m'empeseberont  vous  faire  cesle-cy  plus 
longue,  synon  pour  pryer  Dieu,  Messieurs, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  cligne  garde. 

Escript  à  Villiers-Cotleretz,  le  vmc  jour  de 
de'cembre  1571. 

Caterine. 

PlNART. 


J571. —  16  décembre. 

\rch.  nat.  registre  des  délibérations  du  bureau  de  la  ville  de  Paris, 
H  1786,  f  198. 

A  MESSIEURS 

LES  ESCHEVINS  ET  CONSEILLERS 

DE  LA   VILLE   DE   PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
trouvé  fort  mauvais  ce  qu'il  a  veu  et  entendu 
des  dissimulations  dont  il  a  este'  usé  au  trans- 
port de  la  croix  et  démolition  de  la  piramide 
estant  en  la  place  de  la  maison  de  feu  Gas- 
tines  -,  estimant  que  les  longueurs  ont  esté 

1  Voir  ce  discours  dans  le  Cérémonial  français  de 
Godefrnij,  II,  p.  45  et  46. 

-  Le  Parlement  avait  condamné  à  mort  Philippe  Gas- 
lines  et  deux  membres  de  sa  famille  pour  avoir  célébré 
dans  sa  maison  le  culte  réformé;  il  avait   en  outre  or- 


cause  des  émotions  populaires  qui  sont  adve- 
nues samedy  et  dimanche  dernier  à    Paris, 

donné  que  la  maison  serait  rasée  et  que  sur  son  emplace- 
ment serait  élevée  une  croix,  dite  croix  de  Gastines.  Sur 
la  demande  de  l'amiral,  Charles  IX  avait  enjoint  aux 
échevins  de  procéder  immédialement  au  transport  de  la 
croix  de  Gastines  et  à  la  démolition  de  la  pyramide  ;  mais 
cet  ordre  devint  la  cause  d'une  violente  sédition.  Les 
échevins  écrivirent  au  Roi  :  tt  Nous  avons  assemblé  nos 
forces  ceste  nuit  avecq  celles  de  M.  le  Prévost  de 
Paris;  la  croix  et  la  pyramide  ont  esté  ceste  nuit  abbatuz 
et  desmolis  sans  aucun  bruit  ou  rumeur.»  (Même 
volume,  p.  193  v°.)  Ce  calme  n'était  qu'apparent, 
l'émeute  recommença  et  les  échevins  mandèrent  de 
nouveau  au  Roi:  trLes  séditieux  ont  mis  le  feu  au  reste 
d'une  maison  des  Gastines  sise  devant  la  croix  et  pyra- 
mide et  de  là  se  sont  transportés  tant  sur  le  pont  Notre- 
Dame  où  ils  ont  saccagé  et  brûlé  des  meubles  de  la 
maison  du  Marteau  d'or  que  dans  la  rue  de  la  Vieille 
Monnaye  chez  le  commissaire  Reauleroys  où  ils  ont  voulu 
faire  quelque  ravage.»  (Ibid.,  p.  îofi.)  —  Le  volume  des 
délibérations  du  conseil  de  la  ville  renferme  de  nom- 
breux documenls  sur  celte  sédition. 

Voici  la  lettre  de  Charles  IX  en  réponse  aux  échevins  : 

r  De  par  le  Roy, 
«Nos  amez  et  féaux,  avant  que  le  Courier  que  vous 
avez  envoyé  fust  arrivé ,  nous  avons  sceu  de  Bragelonne 
et  du  commissaire  Estourneau  ce  qui  est  passé  tanl 
pour  le  transport  de  la  croix  que  démolition  de  la  pira- 
mide et  le  discours  de  la  sédition  qui  est  advenue,  des 
sacagemens  et  bruslemens  de  maisons,  qui  est  cause  que 
nous  avons  en  toutte  dilligence  dépesché  devers  nostre 
cousin  le  duc  de  Montmorency,  aflin  de  s'acheminer  in- 
continent avec  plus  de  forces  qu'il  pourra  en  nostredicte 
ville  pour  faire  contenir  le  peuple  et  garder  qu'il  n'y 
advienne  plus  de  tumultes  et  pour  aussy  en  faire  faire 
punition  sy  grande  et  sy  exemplaire  en  plain  jour  que 
cela  puisse  donner  telle  Irémeur  et  crainte  aux  canailles 
que  nous  avons  entendu  qui  font  lesdictes  séditions,  que 
les  autres  y  prennent  exemple.  A  quoy,  en  attendant 
l'arrivée  de  nostredict  cousin,  nous  voulons  et  vous  man- 
dons que,  salon  la  grande  affection  que  sommes  asseurez 
que  portez  à  nostre  service  et  au  bien  et  conservation  de 
vous-mesmes,  vous  vous  employerez  avec  telle  dilligence 
et  aydez  de  vostre  part  à  faire  la  justice  desdictes  émo- 
tions à  telle  quantité  desdits  perturbateurs  du  repoz 
publirq  de  nostre  ville  et  contempteurs  de   nos  ordon- 


LETTRES  DE  CAT1I 

dont  il  désire  que  pugnition  exemplaire  soit 
faicte  et  que  l'exécution  de  sa  volunté  soit  au 
demeurant  suivye,  ainsi  que  il  vous  escript  par 
lettres  plus  amplement,  qui  me  gardera  de 
vous  en  faire  plus  longue  lettre,  priant  Dieu, 
Messieurs,  qui!  vous  ayt  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

A    Amboise,    le    xvie   jour    de    décembre 
1071. 

Caterine. 

PlNART. 

nances  que  cela  puisse  retenir  et  donner  telle  crainte  à 
ceux  qui  seroienl  si  téméraires  d'avoir  encor  en  leur 
cœur  telles  pernitieuses  et  sy  meschantes  entreprises  el, 
en  attendant  l'arrivée  de  noslredict  cousin  le  duc  de 
Montmorency,  nous  voulons  et  vous  mandons  très 
expressément,  afiu  que  tousjours  la  force  nous  demeure, 
et  à  vous  pareillement  pour  nous  faire  obéir  et  contenir 
en  nostredicte  ville  que  adviserez  pour  tout  ce  que 
penserez  qu'il  sera  nécessaire,  le  chevalier  du  guet  et 
ses  gens  avec  ce  que  lui  avez  baillé  de  renfort,  les 
sergens,  officiers  du  corps  de  ville  et  ceux  de  dos 
bons  subjects  bourgeois  de  nostredicte  ville,  nous  tenant 
adverty  toutes  heures  de  ce  qui  se  passera,  affin  que 
nous  n'en  demeurions  en  peyne,  louant  cependant  gran- 
dement le  bon  devoir  que  vous  avez  faict  à  ce  qui  est 
advenu  et  que  nous  mandez  et  asseurez  que  ferez  pour 
empescher  que  plus  grand  inconvénient  n'advienne, 
dont  nous  nous  reposons  sur  vous  selon  la  parfaicte  fiance 
et  affection  que  sçavons  que  portez  à  nous,  à  nostre 
service  et  aussi  à  la  conservation  de  vous-mesmes. 

t Donné  à  Amboize,  le  vint  et  uniesme  jour  de  dé- 
cembre,mil  cinq  cents  soixante  et  unze  au  soir,  bien  [art. 

(•Charles. 

-  PlNART. 

trSy  toutes  choses  estoient  appaisées,  comme  nous  le 
désirons,  à  la  réception  de  ces  présentes  et  que  congnois- 
siez  que  les  forces  du  chevalier  du  guet  et  de  nos  sergens 
et  officiers  de  ville  fussent  suffisantes  pour  faire  contenir 
touttes  choses  en  repos,  vous  différerés  de  mettre  les 
armes  es  mains  de  ceux  do  nos  bons  citoyens  que  vous 
escrivons.3  (Bibl.  nat..  Parlement,  n"  q£  ,  F  71.) 


ERINE  DE  MÉDICIS.  85 

1571.  —  21  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n°  96 ,  P  ;3. 

A  NOS  AMEZ  ET  FÉAUX  LES  GENS 

TEÎVANS  LA  COUR  DE  PARLEMENT. 

Messieurs,  nous  vous  renvoyons  ce  courrier 
eu  sy  grande  dilligence  que  par  luy  je  ne 
vous  feray  pas  longue  lettre;  mais,  me  re- 
mettant à  celle  du  Roy  monsieur  mon  filz. 
vous  priray  seullement  de  vous  employer  selon 
ce  qu'il  vous  mande  sy  dilligemment  à  ré- 
primer ces  émotions,  qu'elles  puissent  eslre 
du  tout  appaisées  et  quant  el  quant  la  justice 
exemplaire  faicte,  ayant  mondict  sieur  et  filz 
donné  l'ordre  qu'il  vous  escript;  mais  je  dé- 
sire que,  avant  qu'il  soit  besoin  qu'il  y  aille 
des  forces,  tout  soit  en  repos,  à  quoy  je  m'as- 
seure  que  vous  travaillerez  de  toutte  affection 
pour  son  senice  et  bien  de  toutte  la  ville  et 
de  vous-mesmes,  que  je  prie  Dieu  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Amboize  ,  le  vingt  et  uniesme  jour 
de    décembre    mil    cinq    cents    soixante    et 

unze. 

Caterine. 


1571.  —  36  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  10752,  f°  1292. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  nous  sommes 
très  marris  de  la  mort  du  povre  La  Marque1 
el  n'a  failli  le  Roy  monsieur  mon  fils  de  re- 
connoistre  envers  les  siens  ses  services,  leur 

'  <r Sire,  avait  écrit  Fourquevaux,  le  povre  sieur  de  la 
Marque  a  mauvaise  vernie  en  Espaigne  :  car,  dans  vint- 
quatre  heures  aprez  estre  arrivé  en  cest  court,  un  apo- 
plexie le  foudroya.  11  fust  icy  le  vint-sixième  du  présent 
à  cinq  heures  du  soir  et  me  donna  la  despesche  de  Vostre 
Majesté.»)  (Même  volume, p.  i35o.)  —  La  Marque  avait 
été  envoyé  pour  remplacer  momentanément  Fourquevaux. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


86 

ayant  donné  touts  ses  estats.  Sitost  que  l'on 
aura  advisé  de  vostre  successeur,  il  vous  sera 
renvové,  afin  que  puissiez  retourner,  comme 
il  est  très  raisonnable.  Cependant  le  Roy  mon- 
dict  sieur  et  fils  a  délibéré,  comme  il  vous 
escript,  envoyer  bien  tost  un  gentilhomme  par 
delà  pour  se  conjouir  avec  le  Roy  Catholicque, 
mon  beau-fils,  et  la  Royne  Catholicque  de  son 
enfantement, en  attendant,  je  vous  prie,  allant 
vers  eulx,  leur  tesmoigner  le  plaisir  que  m'a 
donné  cette  nouvelle,  avec  toutes  les  bonnes 
démonstrations   desquelles  vous   pourrez  ad- 
viser.  Toutes  les  fois  et  quant  il    vous  sera 
parlé  du  mariage   de    ma    fille  avecques  le 
prince  de  Navarre,  je  vous  prie  respondre  sui- 
vant ce  que  le  Roymondict  sieur  et  fils  et  moy 
vous  avons  mandé  et  qu'il  ne  s'y  fera  chose 
qui  ne  soit  à  l'honneur  de  Dieu  pour  son  ser- 
vice et  du   devoir  d'un  prince  très  crestien, 
espérant  que  ceulx  qui  réprouvent  ledict  ma- 
riage, ayant  connoissance  de  nostre  bonne  et 
syncère  intention,  non  seulement  l'approuve- 
ront, mais  en  désireront  l'effect,  lequel  nous 
espérons  se  verra  bien  tost.  Je  vous  prie  con- 
forter tousjours  Chassincourt  à  demourer  prez 
de  mes  petites-filles  et  y  continuer  le  soing  et 
la  vigilance  qu'elle  y  a  eu  jusques  icy,  en  l'as- 
seurant  que  je  ne  l'oublieray  jamais,   ains 
qu'elle  demourra  rémunérée  à  son  contente- 
ment, et  me  mandez  souvant  et  particulière- 
ment de  leurs  nouvelles,  mesmement  de  leur 
traictement  depuis  cest  enfantement;  car  bien 
souvent  nouveaux  accidents  produisent  nou- 
veaux effects,  ce  que  néantmoins  je  n'espère 
dudict  Roy  Catholicque  mondict  beau-fils  en 
cest  endroict.  Pour  fin,  Monsieur  de  Forque- 
vauls,  puisque  cest  inconvénient  de  la  morl 
dudict  La  Marque  est  intervenu ,  il  fault ,  et  vous 
en  prie,  vous  résouldre attendre  encores  pour 
quelques  semaines  par  delà  jusques  à  ce  que 
nous  avons  choisi  vostredict  successeur  et  con- 


tinuer, comme  avez  jusques  icy  très  bien  et 
prudemment  faict  pour  le  service  du  Roy 
mondict  sieur  et  fils,  en  vous  asseurant  sur 
moy  que  vostre  successeur  sera  plustost  vers 
vous  que  je  ne  le  veulx  le  promettre.  Cepen- 
dant je  tiendray  la  main  de  vous  faire  avoir 
ce  que  l'on  vous  a  promis  pour  sortir  de  vos 
debtes.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Forque- 
vauls,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Amboise,  le  vingt  sixiesme  jour 

de  décembre  1671. 

Caterine. 

1  - 
1571.  —  27  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  collect.  Dupuy,  n°8oi,  !°  9a. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PRÉSIDENT   ES  LA  COUP.T  DU    PABLEJAEST   HE  PAIUS. 

Monsieur  le  Président,  parla  dernière  des- 
pesche  que  nous  vous  avons  faicle  vous  vous 
trouverez  satisfaict  à  toutes  celles  que  nous 
avons  depuis  reçues  de  vous,  qui  me  gardera 
de  vous  faire  ceste-cy  fort  longue,  laquelle 
n'est  que  pour  vous  prier  de  vous  conduire  si 
acortement  en  ce  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  escript  pour  la  croix  de  Gastines, 
qu'il  soit  plustost  exécuté  que  descouvert  que 
l'on  ait  envye  de  le  faire,  priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
garde. 

Escript  à  Amboise.   le  xxvne  jour  de  dé- 
cembre 1571. 

Caterine. 

PlNART. 

1571.  —  28  décembre. 

Aut.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  3so8 ,  f*  17. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  cete  isy1  seré  pour  vous  dire 
1  Cete  isy  »«rc,  celle-ci  sera. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


87 


cornent  j'é  reseu  une  de  vos  le  très;  ayslé  bien 
ayse  de  avoyr  entendu  de  vos  novelles  et  vol- 
droys(jue  celles  de  vostre  mary  feuset  milleure 
etquelébeyns  l'eusettout  guéri,  cet  que  peuit 
aystre  qu'il  fayront,  mes  qui  se  souit  un  peu 
repose'  et  reveneu  trover  l'ayr  où  yl  a  esté  le 
plus  nouri,  qui  est  alla  court,  et  seré  bien 
ayse  de  savoyr  den  combien  je  vous  revoyré  ; 
se  ne  seré  jeamès  si  tost  que  je  le  désire;  et 
quant  à  nos  novelles,  nous  sommes  ysi  aten- 
dent  que  river  souit  pasé  pour  comenser  le 
voyage  de  Bretagne,  lequel  ne  se  romp  pour 
rien  etencetpendent  la  roync  de  Navarre  s'an 
vient  et  acbeveront,  Dieu  aydent,  le  mariage 
et  acommoderon  nos  al'ayres,  c'yl  plest  à 
Dieu,  lequel  je  prie  vous  donner  cet  que  dé- 
sirés. 

D'Enboise,  cet  xxvin0  de  décembre  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  2  janvier. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  SimancaB,  K  iiis8  ,  n"   18. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  ayent  entendu  la  no- 
velle  du  fils  qu'il  a  pieu  à  Dieu  donner  hà 
Vostre  Majesté,  le  Roy  mon  fils  et  nous  n'a- 
vons voleu  fallir  de  nous  en  congratuler  ave- 
ques  aylle  et  nous  en  réjouir  comme  de 
chause  que  nous  ayspéron  l'orliliré  et  aug- 
mentera de  plus  en  plus  l'amytié  et  bonne 
pays  entre  vous  deus  et  vos  réaumes,  ayspé- 
rant  que  bien  tost  Dieu  nous  layré  la  grase 
que  enn  aurons  aullent  délia  royne  ma  fille 
(jue  retiendré  tousjour  daventagc  cete  aliense 
aveques  celés1  (jue  avés  déjeà,  qui  nous  sont 
si  proches  que  ne  puis  que  lé  vous  conti- 
neuer  de  lé  recomender  hà  Vostre  Majesté, 
comme    une    dé   chause    de  cet   inonde    qui 

1    Los  Infantes. 


nous  ayst  la  plus  chère,  encore  que  je  sache 
que,  pour  vous  estre  filles,  yl  n'aye  besouin  de 
neule  recomendation  ver  Vostre  Majesté,  la- 
quele  je  priré  de  croyre  cetjeantilhoiume  sieur 
de  S'  Goylx  l,  présant  porteur,  de  ce  qu'il  dira 
hà  Vostre  Majesté  de  ma  pari  et  s'asurer  que 
cet'2  sans  fintise  et  de  l'afection  que  vray  mère 
saroyt  mender  et  ne  la  volant  anuier  de  longue 
letre,  me  remetré  sur  lui  et  finayré,  prient 
Vostre  Majesté  me  tenir  tousjour  contineuée 
en  sa  bonne  grase,  et  prie  Nostre-Seigneur 
Dieu  luy  donner  cet  qu'elle  désire. 

D'Enboyse,  ce  n°  jour  dejeanvier  107a. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterise. 


1572.  —  2  janvier. 

Orig.  Archives  de  la  maison  de  Coudé. 
Communiqué  par  M.  ie  duc  d'Aumal*. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  pour  ce  que  ma  cou- 
sine la  comtesse  douairière  de  Tende  venue 
présentement  en  Provence  pour  donner  ordre 
àquelques  siens  affaires  et  que  pour  se  rendre, 
comme  elle  désire,  audict  pais,  il  luy  con- 
vient passer  par  vostre  gouvernement,  cela 
est  cause  que  je  l'ay  bien  voullu  accompaigner 
de  la  présente  pour  vous  prier  que,  passant 
par  vostre  gouvernement,  vous  luy  assistez  de 
vostre  faveur  en  tout  ce  que  vous  congnoislrez 
qu'elle  en  aura  besoing  pour  effectuer  sondicl 
voyage  et  le  plaisir  et  laveur  qu'elle  recepvra 
de  vous  en  cest  endroict  me  sera  fort  agréable; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  vous  tenir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  111°  jour  dejanvier  1.572. 

Caterine. 
Chantereau. 

'  Jean   de  Vivonne,  s*  de  Saint-Goaid. 
!  Cet ,  c'est. 


88 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIUS. 


1572.  —  5  janvier. 
Orig.  Bibl.  Dat.  collect.  Dupuy,  u"  Soi,  P  g3. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRÉSIDENT    EN    LA    COURT    DE    PAIUEMEKT    DE    PARIS. 

Monsieur  le  Président,  eucores  que  ic  Rov 
monsieur  mon  fils  vous  escrive  assez  affec- 
tueusement pour  le  procès  de  ma  cousine 
Madame  de  Martigues,  à  laquelle  il  de'sire  sin- 
gulièrement recongnoislre  les  services  qu'il  a 
reçuz  de  feu  mes  cousins  les  duc  d'Estampes 
et  sieur  de  Martigues,  néanlmoings  ayant  en- 
tendu qu'audict  procès  l'honneur  et  la  réputa- 
tion de  feu  mondict  cousin  le  duc  d'Estampes, 
la  mémoire  des  vertuz  duquel  est  encores  si 
fresche  et  son  honorable  vie  si  bien  cougneue 
qu'il  n'est  besoing  de  fayre  autre  preuve 
contre  ses  calomnies,  j'ay  bien  voulu  vous  en 
escripre  aussy  ce  mot  pour  vous  prier  d'y 
prendre  si  bien  garde  qu'à  faulte  d'avoyr  esté 
madicte  cousine  ou  ses  gens  advertiz  de  bonne 
heure  de  la  vidange  dudict  procès  elle  n'y  soit 
surprise,  ny  l'honneur  dudict  deffunct  inte- 
resse. Je  vous  prie  doncques  bien  fort,  Mon- 
sieur le  Président,  de  regarder  à  la  précipita- 
tion qu'en  pouroit  avoir  sollicité  sa  partye  et 
avoyr  et  le  deffunct  et  madicte  cousine  et  ce 
qui  touche  l'un  et  l'aultre  en  recommandacion 
pour  la  conservacion  de  leur  droict;  et  sili- 
ce je  prieray  Nostre  Seigneur  vous  donner, 
Monsieur  le  Président,  sa  grâce. 

Amboise,  le  ve,rae  jour  de  janvier  1572. 


Chantereal. 


Caterine. 


1572.  —  i3  janvier. 

lut.  Arch.  nal.  collrcl.  Simancas,  K  l5a8,  n°  19. 
A  MADAME  MA  NIEPCE 

LA  PRINCESSE  DE  PORTUGAL  '. 

Madame  ma  niepsse,  le  Roy  mon  fils  et 

1   Dona  Juana,  la  sœur  Ho  Philippe  II,  veuve  du  roi 
■  !o  Portugal. 


nous  ayent  entendu  l'eureus  acouchement  dél- 
ia royne  voslre  belle-seur  n'avons  voleu  fallir 
de  l'anvoyer  visiter  et  nous  en  réjouir  aveques 
elle  et  le  roy  son  mary,  cornent  je  fovs  ave- 
ques vous  et  ayspére  que  ceré  tousjours  un 
lien  claventege  pour  ayslreyndre  et  asurer  l'a- 
mitié  entre  ces  deus  roys,  qui  est  lout  cet  que 
je  désire  le  plus  et  sachent  lé  moyen  que  \ 
avés,  je  vos  prie  de  contineuerà  les  y  anployer 
pour  la  entertenir,  corne  je  vous  prie  ausi  de 
avoyr  pour  recomendéles  ynfentes  vos  niepsses 
et  leurcontineuer  le  souin  que  enn  avés  tous- 
jour  eu,  qui  nous  aublige  tous  à  le  reco- 
noyslre,  come,  de  ma  part,  je  seroys  bien 
ayse  qu'i  se  présantet  chause  par  desà  où  je  la 
puise  servir. 

D'Enboyse,  cet  xiiimeiour  de  jeanvier  1 072. 

Vostre  bonne  lente, 

Caterine. 


1572.  —  *k  janvier. 

Orig.  Archives  de  Modène. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  s'en  retournant  le  chevaliei 
Gianelli  devers  vous,  je  ferois  tort  à  sa  vertu 
et  mérite,  si  je  ne  vous  tesmoignois  combien 
ses  actions  par  deçà  ont  esté  agréables  au 
Rov  monsieur  mon  filz  et  à  moy,  et  quel  a 
esté  le  soing  qu'il  a  tousiours  eu  à  ce  qui  a 
touché  votre  service,  comme  son  debvoir  le 
requéroit.  Il  vous  dira  ce  qui  a  esté  faict  pour 
les  assignations  qui  vous  ont  eslé  baillées; 
en  quoy  je  suis  bien  marrie  que  les  affaires 
n'ayent  permis  de  vous  satisffaire  selon  mou 
désir.  Vous  ne  doublez  que  ce  11'eusl  eslé 
beaucoup  myeux,  mais  j'espère  que,  l'année 
prochaine,  l'on  y  fera  si  bien  que  vous  en 
demourrez  coulent.  Ledict  Gianelli  vous  satis- 
fera de  toutes  nouvelles;  sur  quoy  me  remec- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


89 


(ant.  je  prieray  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  sainte  garde. 

Eseript  à  Amboyse,  le  xxnnme  jour  de  jan- 
vier 1  072. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  3  février. 

Orig.  Bibl.  oal.  ancien  fonds  français,  n°  3a6o  ,  f°  i . 

A  MONSIEUR  DE  PRIE, 

<  HEVALIEH    DE    L'OBDIIE   DU    ROY   MOKSIEUR    MON    FILZ. 

Monsieur  de  Prie,  je  viens  tout  présente- 
ment de  recepvoyr  vostre  lettre  que  j'ay  faict 
veoir  au  Roy  monsieur  mon  filz,  lequel  entend 
que  le  légat1  vienne  à  Tours;  par  ainsy  vous 
avez  bien  faict  de  donner  ordre  à  sa  venue 
el  vous  prie  de  mander  à  Dumas  qu'il  tienne 
ses  chevaulx  preslz  pour  le  conduyre  et  mener 
audict  Tours  et  qu'il  n'est  poinct  de  besoiug 
de  l'aire  tourner  les  chevaulx  vers  le  chemin 
de  Locbes,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Prie, 
vous  tenvr  en  sa  saiucte  garde. 

Escrit  à  Amboyse,  le  nT "e  jour  de  feb- 
vrier  î  5-9. 

Caterine. 
Chanterf.u  . 


1572.  —  G  février. 
Orig.  Archives  du  Rhône. 

A  MESSIEURS  LES  ESCHEYINS. 
UANANS  ET  HABITANS 

DE   LA   VILLE    DE   LÏON. 

Messieurs,  ayant  le  Roy  monsieur  mon  filz 

1  Le  cardinal  Alexandrin  venait  d'Espagne  el  dans 
l'espoir  de  faire  rompre  le  projet  de  mariage  du  prince 
■  li'  Navarre  avec  Marguerite  de  \  alois  et  de  renouer 
le  mariage  de  celle-ci  avec  le  jeune  roi  de  Portugal.  Voir 
dans  le  n°  5a3  du  fonds  Dupuy,  page  2S6,  le  mémoire 
que  Charles  IX  lui  remit  lorsqu'il  quitta  Blois. 

CATHERINE    DE  MÉDIUS.   —   IV. 


faict  eslection  du  sieur  des  Arches,  son  con- 
seiller et  maistre  des  requestes  ordinaire  de 
son  hostel,  comme  personnage  dignement 
doué  de  vertu,  suffisance  et  intégrité,  pour, 
en  ensuyvant  la  dernière  conférance  à  Bloys 
el  le  povoir  et  comission  qui  luy  ont  esté 
présentement  délivrez,  aller  par  delà  pourveoir 
à  ce  qui  reste  à  y  exécuter  dépendant  de  l'édit 
de  paciffication,  et  à  la  sincère  administration 
de  la  justice,  pour  le  bien  du  service  dudict 
sieur  Roy  mon  filz  et  le  repos  de  ses  sub- 
jectz,  je  l'a  y  bien  voulu  acompaigner  de  la 
présente,  et  vous  prier  de  le  recognoislre. 
assister,  obéir  et  entendre  soigneusement  en 
tout  ce  qui  dépendera  du  faict  de  sa  charge 
et  povoir,  de  sorte  qu'il  en  puisse  succéder  le 
fruict  que  nous  nous  en  sommes  promis  au 
bien  du  service  dudict  sieur  Roy  mon  filz, 
conservation  et  soulaigement  de  sesdicts  sub- 
jeetz;  et  ce  nous  sera  très  agréable  plaisir. 
suplianf  le  Créateur  qu'il  vous  ayt,  Messieurs, 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Eseript   à  Amboyse,    le   sixiesme  jour  de 

febvrier  1672. 

Caterine. 


1572.  —  6  février. 

Orig.  Brilish  Muséum,  bibl.  Cott.  Catigula  ,  C,  Ht.  o°  87. 

A  TRÈS  HADLTE,  TRÈS  EXCELLENTE 

ET  TRÈS  PUISSANTE  PRINCESSE, 

NOSTRE    TRÈS   CHERE    ET    TRES    AMÉE    BONNE   SËUR    ET   COUSINE 

LA  ROYÎNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haulte,  très  excellente  et  très  puissante 
princesse,  nostre  très  chère  et  très  amée 
bonne  seur  et  cousine,  le  Roy  nostre  très  cher 
sieur  et  filz,  envoiant  le  sr  du  Croc,  son 
conseiller  et  maitre  d'hostel  ordinaire,  par 
delà  pour  aller  avec  celui  qui  sera  dépesché 
de  vostre  part  en  Escosse,  affin  d'essayer  à  pa- 
ciffier  les  troubles  qui  y  sont  et  cependant  } 
faire  accorder  cessation  et  abstention  d'armes 


1  a 

IMPRIMERIE    M4TIO 


90 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


suivant  ce  qui  a  esté  advisé  entre  ses  dcj>- 
putez  et  voz  ambassadeurs,  nous  luy  avons 
aussi  donné  charge  vous  dire  aulcunes  choses 
de  nostre  part  pour  le  faict  de  la  royne  d'Es- 
eosse  nostre  1res  chère  et  très  ame'e  belle-fille, 
dont  nous  vous  prions  le  croire  comme  nous- 
incsmes,  qui  prions  Dieu,  très  haulte,  1res 
excellente  et  très  puissante  princesse,  nostre 
très  chère  et  très  a  urée  sœur  et  cousine,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  très  sainetc  et  digne  garde. 

Escript  à  Blois,  le  vi°  jour  de  février  1573. 

Vostrc  bonne  sœur  et  cousine, 

Caterinb. 

l'iXART. 

1  57:2.  —  7  février. 

Copie.  Bibl.  not.  fomls  français,  n0  1097a  ,  p.  5a. 

Imprimé  dans  les  Additions  nux  Mémoires  de  Castelnau, 

1.  III,  p.  2S9. 

\  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FENELON. 

Monsieur  de  la  Motlic,  puisque  par  la  lettre 
du  Roy  monsieur  mon  fils  vous  serez  bien  am- 
plement adverty  de  toutes  choses  et  satisfaict 
à  vos  dernières  dépesches,  m'en  remettant  à 
icelles,  celle-ci  sera  seulement  pour  \ous  prier 
continuer  à  faire,  le  plus  vivement  que  vous 
poliriez,  entendre  à  la  reine  d'Angleterre  ma 
bonne  sœur  et  cousine,  comme  en  toutes 
choses  nous  procédons  sincèrement,  que  nous 
ne  désirons  rien  tant  que  de  lier  nostre  amitié 
et  bien  avec  elle,  qu'elle  puisse  estre  perdu- 
rable  entre  nous  et  les  nostres,  et  que,  selon 
que  je  vous  ay  escrit  pour  luy  faire  entendre, 
je  commenceray  le  propos  des  erres  de  la  né- 
gociation  du  mariage  et  nous  nous  estendrons 
en  tout  ce  qu'il  sera  possible  pour  sa  satis- 
laclion;  aussi  que  nous  la  prions  de  faire  de 
niesnie  de  sa  part,  l'asscuianl  que  jamais  prin- 
cesse ne  lui  plus  respectée,  honorée  et  servie 
qu'elle  sera  de  mon  fils  le  duc  d'Alencon,  si 
ce  mariage  se  faict;  et  que  nous  le  ferons  ve- 


nir en  poste  par  deçà,  si  nous  voyons  que  les 
choses  soyent  pour  prendre  la  bonne  et  heu- 
reuse fin  que  nous  y  désirons.  Persuadez  pour 
certain  à  ceux  et  à  celles  que  vous  penserez 
qui  pourront  servir  en  cette  affaire,  que  le  Roy 
mondict  sr  et  fils  et  moi  reconnoistrons  si  bien 
envers  eux  les  bons  offices  qu'ils  y  feront,  et 
par  si  bonne  preuve,  qu'ils  auront  toute  oc- 
casion de  contentement,  après  la  première  con- 
férence qui  se  fera  de  ce  propos  et  que  nous 
aurons  vu  quel  pouvoir  en  ont  les  srs  comte 
de  Wolccslrc  '  et  Walsingham,  et  ce  qui  s'en 
pourra  sentir  de  la  volonté  de  ladicle  reine. 
J'escriray  de  ma  main  auxdicls  srs  comte  de 
Wolceslre  et  au  niilord  trésorier'-.  Cependant, 
je  vous  prie,  ne  perdez  une  seule  occasion  de 
tout  ce  que  penserez  qui  pourra  servir  à  cette 
affaire  et  vous  asscurez  comme  je  vous  ay  cy- 
devant  plusieurs  fois  escrit  que  vous  ferez  un 
très  grand  service  à  celle  couronne ,  à  mov 
en  particulier  et  aussi  à  mondict  fils  le  duc 
d'Alencon,  qui  ne  l'oublierons  jamais.  Et  outre 
le  mérite  de  vos  labeurs,  cela  augmentera 
grandement  la  récompense  et  biens  que  je 
vous  asseure  qui  vous  seront  faits,  et  à  quoy 
je  liendray  la  main  que  ce  soit  le  plus  lost 
qu'il  sera  possible,  d'aussi  bon  cœur  qu'après 
vous  avoir  encore  bien  fort  recommendé  d'af- 
fection celte  affaire,  je  prie  Dieu  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  {farde. 

Caterixe. 


1572.  —  m  février. 

Orig.  Hibl.  n«t.  collecl.  Hupny,  11"  Soi,  r  g5. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

l'flKMIER    Pr.BSÏDBNT    ES    SA    COURT  DE    PARU1IBN    UI  mil    . 

Monsieur  le  Président,  nous  avons  veu  par 
voz  leclres  du  quatriesme  de  ce  présent  moys 

1  Worcester. 
I         ''  liOnl  Biir^liley. 


LETTRES  DE  GATH 

le  bon  devoir  et  diligence  dont  vous  avez  usé 
à  fayre  publier  les  ecdictz  dont  le  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  vous  parla  dernièrement  que 
vous  estiez  en  ceste  court  et  n'a  trouve'  que 
bon  la  surcéance  que  l'on  a  faicte  pour  cclluy 
des  monnoies,  s'asseurant  que  c'a  esté  pour 
beaucoup  de  bonnes  considérations,  comme 
ses  advocat  et  procureur  général  nous  ont 
escrit,  remectant  selon  la  résolution  qu'il 
prandra  sur  leurs  remonstranccs  à  vous  fayre 
là  dessus  entendre  son  intention,  laquelle,  je 
m'asseure,  vous  sçaurez  bien  suivre,  comme 
vous  avez  faicl  en  tout  ce  qui  s'est  présenté 
pour  son  service;  cependant  je  prieray  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escrit  à  Blois  le  xiMmc  jour  de  février  1672. 

Monsieur  le  Président,  j'ay  aussy  receu 
la  lectre  que  m'avez  escriple  pour  les  terres 
vaines  et  vagues  du  duché  d'Orléans  et  ay 
bien  veu  le  plaisir  que  m'avez  faict  en  cella, 
dont  je  vous  mercie  de  très  bon  cœur. 

Caterixe. 
Pjnart. 


ERINE  DE  MEDIGIS.  91 

cesle  charge,  mais  il  en  avoit  auparavant  lu 
réception  de  vozdictes  lectres  desjà  disposé 
en  faveur  de  maistre  Simon  Roger,  comme  de 
personne  qu'il  lient  digne  et  cappable  de  l'ad- 
ministration de  ceste  function,  vous  asseurant 
que,  s'il  advient  cy  après  vaccation  de  sem- 
blables estatz,  il  aura  souvenance  desdietz 
nommez  pour  les  y  appeller.  Nous  avons  au 
demeurant  avec  plaisir  entendu  que  les  choses 
advenues  en  l'abbaie  de  Jouarre  ne  sont  pas 
si  grandes  que  l'on  les  faisoit  et  ainsi  que  vous 
en  sçaurez  les  parlicularilez  et  en  serez  plus 
avant  et  clairement  informé,  nous  serons  bien 
aises  d'en  estre  par  vous  advertiz,  comme  je 
vous  en  prie  et  Dieu,  Monsieur  le  Président . 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Bloys,  le  x"  jour  de  mars  1672. 

Caterine. 

PlNART. 


1572.  —  10  mars. 
Orig.  Iîibl.  nat.  collect.  Dupuy,  o°  801,  P  g6  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRÉSIDENT  B*   LA   COJJKT    DE  PARLEMENT   DE   PARIS. 

Monsieur  le  Président,  nous  avons  veu  les 
lettres  que  nous  avez  escrites  et  l'acte  de 
1  eslection  qui  a  esté  faicte  des  trois  person- 
naiges  y  desnommez  pour  estre  pourveu  de 
l'un  d'iceulx  à  Testât  de  président,  vaccant 
par  le  trespas  de  feu  maistre  Pierre  de  Sainet- 
André;  à  quoy  je  vous  veulx  bien  dire  que  le 
Roy  monsieur  mon  Glz,  congnoissant  lesdietz 
nommés  pour  gens  d'honneur,  de  vertu,  inté- 
grité et  longue  expériance  au  faict  de  judica- 
ture,  qu'il  eust  voluntiers  appelle  l'und'eulxà 


1572.  —  1 1  mars. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florenc,  dalla  filza , 
nuova  nuuierazione ,  p.  3a8. 

A  MON  COUSIN 

LE  DUG  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  j'estime  que  la  requesle  que 
j'ay  à  vous  faicte  en  faveur  de  Messire  Julian 
de  Médicis  archevesque  d'Aix,  vous  sera  très 
agréable  pour  l'ouverture  que  je  vous  feray 
de  pouvoir  honorer  sa  vertu,  et  faire  chose 
qui  puisse  d'aullant  illustrer  les  personnes 
qui  portent  le  nom  qu'il  faict.  Le  Roy  mou- 
sieur  mon  lilz  et  moy  désirons  le  faire  pro- 
mouvoir à  la  dignité  de  cardinal;  et  parce 
qu'il  sçayt  que  vostre  auctorité  et  interven- 
tion le  peult  beaucoup  favoriser  à  y  parvenir, 
il  désire  qu'il  vous  plaise  vous  y  employer 
et  moy  je  vous  en  prye  de  toute  affection  el 
recevoir  ceste  mienne  requeste  si  favorable- 
ment que   ledict  de    Médicis  vous    demoure 


92 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


d'aullanl  tenu  de  la  grâce  que  luy  aurez  im- 
party  et  que  je  receoyve  ce  contantemenl  de 
luy  avoir  moyenne  vostre  faveur  et  recom- 
mendalion,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  xic  jour  de  mars  1572. 

Vostre  lionne  cousine, 

Caterihe. 


I  572.  —  2a  mais. 
Copie,  lîibl.  nat.  Parlement,  u°  gfi ,  f°  30-3. 

V  MESSIE  1RS  LES  GENS 

texans  la  court  de  parlemebt  de  paris. 

Messieurs,  vous  ayant  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  faicl  entendre  la  volonté  qu'il  a  '  que  de  son 
eedit  l'ait  sur  la  création  des  estatz  de  garde 
des  seaulx  sorte  son  plain  et  entier  estai,  vous 
vous  en  seriez  réservé  sur  la  publication 
qu'avez  faicte  sur  l'ampliation  dudict  eedit  la 
nomination  de  commissaires  pour  juger  les 
oppositions  de  cculx  qui  avoient  esté  cy-de- 
vant  pourveus  desdietz  estatz  el  payé  sur  an- 
nation,  je  vous  ay  bien  voulu  faire  la  présente 
tant  pour  accompaigner  ce  que  moudict  sieur 
et  filz  sur  ce  vous  escript  que  pour  vous  prier, 
comme  je  m'asseure,  que  ferez  tenir  la  main 
à  l'exécution  dudict  eedict ,  et  que  lesdietz  com- 
missaires que  vous  nommerez  pour  juger  les- 
dictes  oppositions  soient  gens  de  bien,  zélés  à 
son  service;  à  quoy  m'asseurant  que,  pour  le 
il ésir  qu'aurez  à  luy  faire  service  agréable,  ne 
fairez  l'aulte,  mettray  fin  à  la  présente,  priant 
Dieu  le  Créateur  vous  donner  ce  que  désirez. 

A  Blois,  le  vingt  deuxiesme  jour  de  mars 
mil  cinq  cens  soixante  et  douze. 

Cateiune. 

ClIANTF.HF.AU. 

1  La  lettre  de  Charles  IX  pi  écède  celle-ci. 


1572.  —  22  mars. 

Orifj.  Bihl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  56g.  P"  19  r". 

V  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRESIDENT    BN    LA    COCBT    DB    PàRLBSIEST    DE    PABIS. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  prye  suivant 
ce  que  le  Roy  monsieur  mon  fds  vous  escript 
vous  enquérir  doulcement  qui  est  l'imprimeur 
qui  a  imprimé  ung  livre  traduict  de  latin  en 
françoys  faict  à  Londres  contre  la  royne 
d'Escosse  madame  ma  fille :  et  cependant  faire 

1  Le  livre  auquel  elle  l'ail  allusion  esl  la  Détection  tle 
Burhanan,  livre  publié  en  latin,* en  anglais  et  en  écos- 
sais, et  dontune  traduction  française  venait  de  paraître. 
Pour  lui  donner  le  crédit  qui  lui  manquait,  lord  Bur- 
ghley,  dans  un  écrit  intitulé  Lettre  d'un  habitant  de 
Londres  à  un  ami",  avait  vanté  le  lalenl  de  Bucbanan, 
et  c'est  lui  qui  en  avait  fait  répandre  en  France  de 
nombreux  exemplaires.  Il  n'y  a  pas  à  en  douter  :  trj'ai 
jugé  à  propos,  écrivait-il  à  Walsingham ,  de  vous  envoyer 
ce  petit  traité,  récemment  imprimé  en  latin  et  qui  doit, 
à  ce  que  j'apprends,  être  traduit  en  anglais  avec  beau- 
coup d'additions  "n ,  el  procédé  non  moins  cruel ,  un  exem- 
plaire de  ce  libelle  fut  remis  à  Marie  Stuarl.  -J'avoy 
demandé  ung  prestre,  écrit-elle  à  La  Motbe-Fénelon , 
le  22  novembre  1071,  pour  ni  administrer  le  saint 
sacrement,  et,  en  Testât  où  je  suis,  me  renger  du  toul 
ce  qui  peult  nuire  à  ma  conscience,  et  ledict  Ballmau. 
qui  estoit  porteur  de  ma  lettre,  m'a  rapporté  en  lieu  de 
consolation  ung  livre  diffamatoire  par  un  athée  Bucca- 
nan,  duquel  cognoissant  l'impiété,  je  vous  priois, 
t'anné  passée,  faire  ce  tant  à  l'endroit  de  cesle  royne, 
qu'il  ne  fust  laissé  ausprés  de  mon  lilz.  Si  l'on  s'efforce 
me  faire  injure  en  ce  qui  constitue  mon  royaume,  ma 
personne  et  mou  honneur,  je  ne  le  trouve  plus  estrange, 
puisque  en  malice  il  déclare  autre  ce  qui  est  de  l'àme'.» 
Charles  IX,  recevant  des  mains  de  La  Motbe-Fénelon 
l'édition  anglaise,  lui  avait  répondu,  le  i5  novembre 
1571  :  «L'aigreur  de  la  reine  Elisabeth  à  l'encontre  de 
ma  belle-sœur  est  plus  grande  que  jamais  et  notamment 
en  ce  qu'elle  a  dernièrement  permis  estre  imprimé  le 
livre  que  vous  m'avez  envoyé,  duquel  l'imputation  seule 

•  The  copie  of  a  letler  uritleu  by  one  in  London   to   his  friend. 
(Goodail,  t.  Il,  p.  3i4,  38 1 . ) 

b  Di&T's.  P-  lG'- 

c  LabanotT,  Lettres  tk  Marie  Stuart,  t.  IV,  p.  6 ,  5. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


93 


prendre  et  brusler  secrettement  et  sans  bruict 
tout  ce  qui  se  pourra  trouver  desdiclz  livres, 
faisant  faire  aussy  soubz  main  deffences  à  tous 
imprimeurs  en  imprimer,  soubz  telles  peines 
que  vous  adviserez,  de  sorte  que,  s  il  est  pos- 
sible, il  n'en  demeure  un  seul  formulaire  el 
vous  ferez  chose  que  le  Roy  mondict  fils  et 
moy  aurons  fort  agréable,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur le  Président,  que  vous  aye  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Bloys    le   xiii""*  jour  de   mars 

1072. 

Caterine. 

PlNART. 

est  si  honteuse  et  tant  au  déshonneur  de  madicte  belle- 
sœur  que,  gardant  le  respect  qui  doit  estre  entre  tous 
princes  et  princesses,  elle  ne  pouvoil  jamais  souffrir  avec 
raison  ledict  livre  estre  mis  en  lumière,  quelqu'inimitié 
qu'elle  lui  porte;  désirant  à  cette  occasion  que  vous  in- 
sistiez envers  madicte  bonne  sœur  de  faire  défendre  et 
censurer  ledict  livre-,  car,  encores  qu'il  ait  jà  coureu  par 
le  monde  qui  en  aura  esté  imbu ,  croyant  assez  souvent 
plustol  le  mensonge  que  la  vérité,  pour  le  moins  elle 
connoistra  par  ladite  instance  que  je  ne  puis  entendre 
que  avec  grand  regret  qu'elle  ait  souffert  un  si  vilain 
écrit  estre  publié  d'une  personne  de  laquelle,  pour  la 
qualité  qu'elle  a  de  princesse,  sa  proche  parente,  elle 
devoit  avoir  l'honneur  plus  recommandé,  aussy  pour 
avoir  eu  mon  alliance  (ayant  esté  femme  de  mon  frère 
aisné),  sans  se  montrer  en  cest  endroict  si  avant  vaincue 
de  la  hayne  qu'elle  luy  porte  qu'elle  luy  ayt  fait  oublier 
ce  qui  étoit  de  sa  grandeur  el  dignité.»  Le  5  décembre 
suivant,  La  Molhe-Fénelon  avait  écrit  à  Catherine  :  r J'es- 
père aller  trouver  la  reine  demain  et  ne  fauldray  de  luy 
insister  qu'elle  veuille  faire  supprimer  ce  livre  qui  a 
esté  imprimé  dans  cette  ville  contre  l'honneur  de  la 
royne  d'Escosse,  lequel  livre  a  esté  de  nouveau  imprimé 
en  anglois,  avec  l'adjonction  de  quelques  rithmes  fran- 
çoises,  qu'on  impute  à  ladicte  daine,  qui  sont  pires  que 
tout  le  demeurant  du  livre. n  (Correspond.  Je  La  Mothe- 
Fénelon,  t.  IV,  p.  3oi.) 


1572.  —  aa  mars. 

Aut.  Bibl.  nal.  fonJs  français .  n°  îoaflo,  f"  s3. 

A  MON 'COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin ,  j'é  reseu  vostre  lettre  par  No- 
clielle  et  veu  cet  que  me  mandés  et  vous  prie 
vous  asurer  que  n'aurés  jeamès  parente  qui 
aye  plus  en  recomendation  cet  qui  vous  toucbe 
que  je  ay,  et  n'i  aubliré  rien  de  cet  que  je  y  doys , 
et  vous  en  reposés  sur  moy  et  n'en  douctés. 
Je  pansovs  vous  voyr  aveques  vostre  femme; 
mes,  à  cet  que  ma  dist  cet  porteur,  vous 
volés  encore  ayséier  de  vous  guérir.  Je  prie 
à  Dieu  qu'il  vous  en  fase  la  grase  et  que 
puisiés  aystre  bien  tost  ysi  aussi  sayn  que 
le  désirés;  et  pour  se  que  cet  porteur  vous 
dire  toutes  noveles,  je  ne  vous  fa_yré  la  pré- 
sanle  plus  longue,  après  vous  avoyr  prié  de 
vous  haster  de  vous  guérir  afin  de  nous  venir 
plus  tost  trover;  car  nous  enn  alons  dan  sis 
semaynes  hà  Fonteinebleau,  au  la  royne  ma 
fille  fayré  ces  couches;  et  je  m'aseure  que 
cerés  bien  ayse  de  cete  novelle  qu'elle  souit 
prose;  car  au  movns  nous  serons  asseurés 
que  la  rase  contineuré  et  m'aseure  que  ceré 
lousjour  pour  vous  reconestre  pour  cet  que 
vous  et  les  vostres  leurs  estes. 

De  Bloys,  cet  x\ne  jour  de  mars  1672. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  28  mars. 
Orig.  Archives  tlu  Valican  ,  n°  ia5. 
A  NOSTRE  TRÈS   SA1NCT  PÈRE 

LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  il  y  a  environ  deux  ans 
nous  avons  eu  un  procès  pendant  à  la  rôle 
pour  raison  d'un  crédit  de  vingt  mil  escus 
mis  sur  le  mont  de  piété  par  nos  prédéces- 


\)'l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICTS. 


seurs  el  pour  ce  que  nous  ;«\ mis  besoin  de 
rostre  faveur  et  autorité  pour  accélérer  le  ju- 
gemenl  dudicl  procèa,  nous  vous  supplions 
autant  affectueusement  que  faire  pouvons  que 
le  lniii  plaisir  de  Vostre  Sainteté  soil  de  com- 
mander bien  expressément  que  le  procès  soil 
iruidé  el  <|uc  sentence  soil  donnée  le  plus  lost 
qu'il  se  pourra,  afin  que  ledit  procès  puisse 
prendre  fin  et  que  justice  soil  faite  et  admi- 
nistrée sans  longueur,  comme  nous  avons 
donné  charge  au  sieur  de  Ferai/,  ambassadeur 
du  lio\  oestre  très  cher  sieur  et  filz,  vous  prier 
de  uostre  part,  dont  nous  vous  supplions  le 
croire  comme  noUs-mesmé;  priant  le  Créateur 
qu'il  veuille  longuement  conserver  Vostre 
Sainteté  au  gouvernement  de  nostre  safncte 
mère  l'Église. 

Au  boisde  Vineennes,  le  xxviu'jour  de  mars 
i  572. 

Vostre  dévote  fille,  la  mère  du  Roy, 

Caterine. 


1572.  —  29  mars. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  10754,  p.  i3l3. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAUX. 

Monsieur  de  Forquevauls,  par  la  lettre  que 
le  Roy  monsieur  mon  fils  vous  escript  pré- 
sentement '  vous  entendrez  comme  c'est  seul- 
lemeni  pour  vous  advertir  de  la  réception  de 
la  vostre  du  quatorziesme  de  ce  mois,  espé- 
ra ni  de  vous  voir  bien  tost  de  deçà,  comme 
vous  luv  avez  mandé  de  vous  y  en  venir  le 
trouver,  qui  le  garde  et  moy  aussi  de  vous 
faire  la  présente  plus  longue,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Fourquevauls,  vous  avoir  en  sa 
-ai nclc  cl  digne  garde. 

Escript  à  Bloys,le  vingt  ueufviesme  jour  de 

mai>l572-  Catkh.nk. 

1  Le  Roi  lui  annonce  que  M.  de  Saint-Goart  part 
pour  le  remplacer.  [Même  rolumè,  (*  1 3i a.) 


1572.  —  2g  mars. 

Copie.  lîibl.  nat.  londs  franrais ,  n°  9704,  f°  &&  1 

A  MONSIEUR  DE  MANDELOT. 

Monsieur  de  Mandelot,  la  bonne  voulante  el 
affection  que  j'aj  toujours  congne'ue  en  vous 

par  effect  en  tout  ce  qui  louche  et  concerne 
le  Service  du  Kov  monsieur  mon  filz  et  le 
mini  me  donne  occasion  de  nf adresser  à  vous 
avant  tous  ceulx  desquelz  je  puis  par  raison 
espérer  d'avoir  service  notable  autanl  que  le 
besoing  et  la  nécessité  des  affaires  dudicl  sei- 
gneur le  requièrent,  el  sur  l'asseurance  que 
j'en  ay  eu  vous,  je  vous  ay  bien  voulu  escrire 
la  présente  pour  vous  prier,  sur  tous  les  plai- 
sirs et  services  que  vous  désirez  faire  au  lîov 
mondict  sieur  et  filz  el  à  moy,  de  faire  recou- 
vrer à  change  ou  intérêts  la  somme  de  ceul 
mille  livres,  s'il  est  possible,  ou  pour  le 
moins  quatre  vingtz  mil  livres  au  Kov  mondirl 
sieur  cl  filz  pour  subvenir  à  la  nécessité  de 
ses  affaires,  el  alliu  que  vous  puissiez  faire  ce 
service  si  grand  et  à  propos  à  ung  tel  besoin;; 
que  celluy  qui  s'offre  présentement,  je  vous 
prie  y  emploier  tous  les  moyens  que  vous 
pourrez  avoir,  tant  de  vous  que  de  voz  amys  el 
regarder  de  les  prendre  à  tel  pris  et  à  tel 
terme  el  temps  de  payement  que  vous  jugerez 
le  pouvoir  recouvrer  des  marchans,  soil  pour 
en  estre  payé  à  la  Saincl-Jehau  prochaine  ou 
aux  payemens  de  la  foire  de  Toussainclz  ou 
autre  plus  bref  ou  plus  long  terme  que  vous 
adviserez,  pourveu  que  ledict  terme  ne  soil 
moindre  de  trois  mois,  si  vous  le  prenez  à 
mterest,  ou  au  pris  que  vaudra  sur  le  change 
pour  foyre  si  vous  le  prenez  pour  les  payemens 
de  ladicte  foyre  de  Toussainclz;  et  affin  que  je 
puisse  estre  asseurée  de  ce  qui  se  pourra  es- 
pérer de  cest  affaire  par  vostre  moyen,  je 
vnu>  prie  m'en  donner  advis dedans  le  prochain 
liimly  après  Pasques,  vous  asseurant  (pi  il  n  y 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


95 


aura  point  de  faillie  que  je  ne  face  rembour- 
ser ladicte  somme  avec  l'intéi-est  au  terme 
que  vous  me  manderez;  et  je  vous  promectz  et 
m'en  oblige  en  mon  propre  et  prive'  nom,  et 
vous  prie  de  croire  que  j'aimerois  mieulx  avoir 
perdu  deux  fois  autant  que  d'avoir  failly  au 
remboursement  de  ladicte  somme  et  des  inté- 
rests  que  vous  aurez  promis  au  temps  qui  sera 
convenu.  J'ay  donne'  si  bon  ordre  au  payement 
des  vnmiic  et  tant  de  livres  que  vous  avez  faict 
payer  pour  moy  à  Lyon  qu'il  n'y  aura  point 
de  faulte  qu'il  n'y  soit  entièrement  satisfaict; 
et  sur  l'asseurance  que  j'ay  en  voslre  bonne 
volonté  et  le  moyen  que  vous  avez  par  de  là 
je  ne  vous  en  l'eray  plus  ample  recommanda- 
tions et  prierny  Dieu ,  Monsieur  de  Mandelot , 
vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Bloys.  le  xix  mars  1872. 

Caterine. 
Chanterku'. 

Monsieur  de  Mandelot,  si  vous  prenez 
ladicte  somme  à  intérestz,  je  vous  prie  que  le 
terme  de  payement  ne  soit  moindre  que  de 
Irovs  mois  et  que  ce  soit  avec  le  moindre  in- 
te'rest  (pie  vous  pourrez ,  dont  je  me  remetz  à 
\011s. 


1572.  —  3i  mars. 

Ol%.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  a"  Sol,  f  97  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER   PRESIDEXT    ES   L4   COURT    DE    PARLEMENT    DU    ROI. 

Monsieur  le  Président,  j'ay  pourveu  maistre 
Vincent  Odry  de  l'office  de  lieutenant  général 
en  mon  conte'  et  bailliage  de  Gyen  par  la  ré- 
signation qui  luy  en  a  esté  faicte  par  maistre 
Guillaume  Odry,  son  oncle,  luy  en  ayant  faict 
dépescber  ses  lettres  de  provision  en  bonne 
tonne,  pour  lequel  office  il  a  preste  le  ser- 


ment par  devant  mon  chancelier,  et  d'autant 
(jue,  pour  le  regard  des  cas  royaulx  et  privi- 
leiges,  il  luy  est  encore  nécessaire  de  prester 
aultre  nouveau  serment  en  la  court  de  parle- 
ment à  Paris,  je  vous  ay  bien  voulu  escripre 
la  présente  en  sa  faveur  et  prier  le  recevoir 
audict  serment,  tant  en  considération  des  ser- 
vices faictz  par  sondict  oncle  au  feu  Roy  Henry, 
mon  très  honoré  seigneur  et  espoux,  et  au  Roj 
înondict  sieur  et  filz  et  à  moy  depuis  trente 
deux  ans  en  çà  qu'il  feust  pourveu  audict 
estai,  m'asseuranl  aussi  que  ledict  maistre 
Vincent  Odry,  à  l'exemple  et  imitation  de  son 
oncle,  continuera  à  s'emploier  en  mes  affaire 
et  que  je  pourray  recevoir  contanlement  de 
ses  services  suivant  la  démonstration  qu'il 
m'en  a  desjà  faicte;  priant  le  Créateur,  Mon- 
sieur le  Président,  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à    Bloys,  le  dernier  jour  de  mars 
1  07a. 

C\TERIXE. 


1572.  —  -?  avril. 

Aut.  Bibt.  nal.  fonds  français,  n°  102&0,  f°  53. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  je  n'é  voleu  que  cet  laquay 
s'an  souit  retourné  san  set  mot  pour  vous 
prier  me  volouir  mender  de  voslre  santé  el 
ausi  vous  aseurer  de  selle  du  Roy  mon  fils 
et  de  tous  mes  enfeus,  lesquels  aveques  une. 
désiron  de  vous  revoyr  bien  lost  en  - 
conpagnie;  m'aseurent  que  y  seres  mieulx 
et  plus  sayn  que  d'estre  tousjour  hors  de 
cete  conpagnie  qui  vous  ayme  et  désire 
aullent  de  bien  et  de  santé  que  vous  faystes 
vous-mesmes;  el  ne  vous  pouvent  menti-  i 
milleure  novellcs  pour  cet  heure  que  l'aseu- 
rcnse  de  la  groyse  de  la  royne  ma  fille,  je 


96 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


finiré  la  présante  en  cet  endroyt,  prient  Dieu, 
mon  cousin,  vous  donner  cet  que  désiras. 

De  Bloys,  ce  nemejour  d'avril  157a. 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  3  avril. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau  ,  n°  71g.  P  3. 

A  MONSIEUR  DU  CROC. 

Monsieur  du  Croc,  vous  estes  si  advise' et 
avez  tant  de  cognoissance  des  affaires  d'Escosse 
et  aussy  de  l'intention  du  Rov  monsieur  mon 
(ils  en  la  charge  que  nous  vous  avons  com- 
mise ',  qu'il  n'est  besoing  vous  l'aire  redicte 
de  tout  ce  que  le  Roy  mondict  sieur  et  fils 
vous  mande  ;  aussy  ne  sera  ce  petit  mot  que 
pour  vous  dire  que  je  suis  bien  tnarrye  que 
nous  ne  pouvons  faire  pour  la  liberté'  de  ma 
fille  la  royne  d'Escosse  ce  que  nous  désirons 
envers  la  royne  d'Angleterre;  mais  puisque 
cette  nouvelle  occasion  d'aigreur  de  ladicte 
royne  d'Angleterre  contre  elle  est  advenue, 
et  que  conformément  à  ce  que  vous  mesme 
nous  mandez,  si  nous  continuons  d'en  faire 
instance,  on  lu\  fera  plus  de  préjudice  que 
de  bien,  estant  besoing  de  différer  pour  celle 
heure,  ayant  le  Roy  mondict  sieur  et  fils 
commandé  expressément  au  sr  de  la  Mot  lie 
de  s'enquérir  souvent  de  sa  santé  et  de  faire 
en  sorte  par  prières  que  l'on  la  Iraicte  le 
mieulxque  l'on  pourra,  donlje  m'asseure  qu'il 
s'acquittera  bien  soigneusement,  et  que,  de 
vostre  pari,  vous  ferez  aussy  tout  ce  que  vous 
pourrez  en  Escosse  pour  l'establissement  de 
la  paix,  et  que  le  petit  prince,  son  fils,  soit 
nourry  en  nostre  affection  et  bonne  amitié,  et 

1  Voir  dans  le  Calendar  nf  State  papert  (i55a)  les 
instructions  données  à  Du  Croc,  et,  dans  le  même  vo- 
lume, toutes  les  lettres  qui  font  mention  de  sa  mission 
en  Ecosse,  p.  87,  91,  9/4,  97,  99,  toi,  io5. 


au  demeurant  que  nous  ayons  de  vos  nou- 
velles le  plus  souvent  que  vous  pourrez,  sien 
avez  le  moyen.  Priant  Dieu,  Monsieur  du 
Croc,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Blois.  ce  m"  jour  d'apvril  i5t3. 

Caterive. 


1572.—  ta  avril. 

(ïrig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pélersbouig ,  vol.  XVIJ1 .  P  -3. 

A  MONSIEUR  DE  HAUTEFORT, 

CONSEILLE!!   DD   ROY  MON    KILZ   E\   SON   CONSEIL   PB1TÉ  , 
PBBHIBB    PRÉSIDENT    DD    PARLEMENT    EN    SA    COUR    DE    DiUPHUfB '. 

■  ■ 

Monsieur  de  Hautefort,  j'ay  esté  très  ayse 
d'avoir  sceu  ce  que  vous  me  mandez  par  vos 
lettres  du  1111e  de  ce  mois,  espérant,  puisque 
vous  estes  party  avec  intention  de  faire  vostre 
voyage  en  Suisse,  que  vous  y  ferez  ung  bon  et 
notable  service  au  Roy  monsieur  mon  Gis, 
qui  11'eust  peu  y  envoyer  personne  qui  se  fus! 
emploie  avec  plus  d'affection  que  vous  ferez, 
chose  dont  je  vous  prie  de  vous  asseurer  que 
luv  et  moy  aurons  à  jamais  souvenance  de 
voz  services  pour  les  recognoistre  en  ce  qui 
s'offrira  pour  vostre  contentement,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Hautefort,  vous  avoir  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  à  Clienonceaux,  le  xnr  jour  d'a- 
vril 1  572. 

Caterine. 


1572.  —  16  avril. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  16106,  f°  36. 

A  MONSIEUR  DE  SAINTGOUARD. 

Monsieur  de  S'  Gouard,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  es- 
cript pour  quelles  causes  ce  courrier  vous  est 
dépesché,  de   quoy  je  ne   vous  feray   redite 

1  Frère  de  M.  de  Bellièvre. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


97 


et  me  suffira,  faisant  response  à  la  vostre 
du  xincn"  de  mars,  vous  advertir  que  ceste 
tavaiolle1  qui  ne  s'est  retrouve'e  en  laquesse2 
que  j'ay  envoye'e  à  mes  petites-filles,  a  esté 
oublyée  à  eslre  mise  avecques  les  autres  be- 
songnes  et  en  ay  sceu  la  faulte.  Je  vous  prie 
les  visiter  souvent  et  me  mander  les  nouvelles 
de  leur  santé  et  disposition.  Quand  vous  irez 
veoir  le  Roy  Catholique  de  la  part  du  Roy 
mondict  sieur  et  filz,  vous  le  prierez  bien  dex- 
trement  les  avoir  en  toutes  bonnes  recom- 
mandations, encore  que  veuillez  croire  n'y 
estre  besoing  le  luy  ramenlavoir.  Au  surplus 
le  Roy  mondict  sieur  et  fils  entend  que  vous 
luy  escriviez  plus  souvent  que  n'avez  faict  de- 
puis que  vous  estes  par  delà,  n'ayant  rien 
reçu  de  vous  depuis  celle  du  xin3. 

1  Linge  d'église  garni  de  dentelles  dont  on  se  sert 
pour  le  pain  bénit  ou  un  baplème. 

5  Quesse,  caisse. 

3  Voici  la  lettre  de  Saint -Goard  qui  s'était  croisée 
avec  celle  de  la  Reine  mère  : 

<t Madame,  encore  que  je  aye  escript  à  Vostre  Ma- 
jesté avecque  la  despesche  que  je  foys  au  Roy,  si  ay-je 
voullu  encore  luy  escripre  sete-si   et  luy  dire,  comme 
je  cstois  faisant  ma  despeclie,  le  secrétaire  Cayes  m'est 
Tenu  visiter,  lequel  n'a  failli  me  parler  du  mariage  de 
Madame  et  de  Monsieur  le  prinse  de  Navarre,  le  blâ- 
mant infiniment,  et  se  atacbant  bien  fort  à  la  roine  de 
Navarre,  se   ébéissant   comment   une  si  sage   prinsese 
comme  vous  n'avoit  plus  lost  voullu  eslire  pour  parti  de 
Son  Altesse  un  roy  tel  que  esloyt  seluy  de  Portugal,  que 
non  seluy  dont  il  n'avoit  nulle  comparaison  et  de  plus 
tous  les  subsons  que  tel  bien  et  honneur  ne  luy  don- 
nast  moyen  à  l'avenir  de  faire  pis  que  jusques  à  sete 
heure  il  n'avoit   faict,  se   eschoffant,  extrêmement  sur 
sete  matière,  et  me   disant   que   estoit  affection  qu'il 
portoit  à  Vostre  Majesté  et  au  Roy  ;  à  quoy  je  luy  voulus 
respondre  que  sertenement  je  croyois  qu'il  avoit  bon 
zèle,  mais  aussi  que  je  croyois  qu'il  n'estoit  pas  bien  in- 
formé que  Vostre  Majesté  traictant  avecque  toute  vérité  et 
intégrité  ce  mariage,  elle  y  avoit  esté  trompée  et  que 
le  Roy  le  connoisant  s'en  estoit  desdigné,  mesme  comme 
de  nouveau  il  apparoissoit  en   la  dernière  pratique  qui 
avoit  esté,  escripvant  le  Roy  Catholique  à  Vostre  Ma- 

CtTHERlNE  DE    MÉDICIS.  IV. 


1572.  —  aa  avril. 

Orig.  Recortl  office,  State  papen,  France,  vol.  LU. 

A  TRÈS  HAULTE,  TRÈS  EXCELLENTE 

ET  TRÈS  PUISSANTE  PRINCESSE, 

KOSTRE  TRES   CHERE   ET   THES  AMÉE   SECR    ET   COUSINE 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haulte,  très  excellente  et  très  puis- 
sante princesse,  nostre  très  chère  et  très  amée 
bonne  sœur  et  cousine,  encores  que  par  les 
lettres  que  nostre  très  cher  sieur  et  filz 
vous  escript  et  que  vous  pourra  aussi  faire 
entendre  le  sieur  de  Smith,  vostre  ambassa- 
deur, présent  porteur,  qui  s'en  retourne  par 
devers  vous,  il  vous  soit  aisé  à  juger  combien 
nous  avons  de  plaisir  et  contentement  que  le 
succès  de  la  nouvelle  alliance,  ligue  et  confé- 
dération qui  s'est  faite  et  négociée  entre  les 

jestépar  le  père  jesuiste ,  qui  ne  touchoit  que  les  mesmes 
el  premières  pratiques,  se  donnant  à  entendre  que  le 
roi  de  Portugal  ne  se  poulvoit  marier  de  dix  ans,  chose 
qui  se  devoit  tenir  pour  ridicule,  vu  l'âge  de  Son  Altesse 
et  beauté,  et  se  esbahit  que  telle  chose  eut  esté  dite  et 
me  dit  que  jamais  le  roy  son   maistre   n'avoit   donné 
telle  charge  et  que  il  en  avoit  fait  les  instructions,  et  me 
demanda  si  je  estois  bien  assuré  que  l'on  eust  dit  telle 
chause  à  Vostre  Majesté.  Je  lui  dis  que  oui  et  que  elle 
me  l'avoit  escript.  11  me  demanda  si  je  n'en  avois  rien 
dit  au  roy  son  maistre  et  luy  dis  que  oui  et  qu'il  m'a- 
voit  respondu  que  ce  négoce  estoit  es  mains  du  pape.  Il 
dit  se  esbair  de  telle  chose  et  encore  qu'il  ne  pouvoit 
croire  que  pour  cela  vous  voulussiez  faire  ce  mariage  de 
Mr  le  prinse,  attendu  qu'il    y  eu  avoit  bien  d'autres, 
quand  du  tout  l'espéranse  de  celuy  de  Portugal  seroit 
perdu ,  ayant  l'Empereur  de  beaus  enfants  et  prêts  à  ma- 
rier, ce  que  se  pourrait  facilement  ménager  ;  à  quoy  je 
voulus  bien  respondre  que  Son  Altesse  estoit  telle  et  de 
telle  maison  que  elle  ne  rechercheroit  jamais  les  maris 
et  que  je  croyois  ausi  que  nous  aurions  bientôt  nou- 
velles que  elle  seroit  mariée,  et  que  je  m'assurois,  sis'es- 
toit  à  M.  le  prinse  de  Navarre,  comme  je  croyois,  que 
avant  que  se  fust  long  temps,  l'on  perderoit  cette  mau- 
vaise opinion  que  je  voyois  que  de  sa  l'on  avoit  de  luy, 
parce  qu'il  estoit  né  à  toutes  bonnes  choses.»  (Même 
volume,  f  22.) 

i3 


UP  TU  ME  ME     SATIOIAl  E, 


98 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


députés  de  nostredict  sieur  el  filz  et  vos  am- 
bassadeurs soit  conclu  et  arresté1,  et  le  grand 
désir  et  affection  que  nous  avons  d'y  demou- 
rer  fermes  el  de  la  voir  par  quelque  bonne 
occasion  plustost  augmenter  que  diminuer, 
ainsi  que  vous  entendrez  plus  amplement  par 
ledict  sieur  Smith,  qui  sera  cause  que,  nous 
en  remettant  à  luy,  nous  n'estendrons  celle-ry 
davantaige,  si  n'est  pour  vous  dire  que  Dieu 
continuant  de  plus  en  plus  ses  grâces  et  béné- 
dictions en  ce  royaulme  y  a  apporte'  la  confir- 
mation et  ratification  du  repos  par  le  mariage 
conclu  et  arresté  entre  ma  très  chère  et  ame'e 
fille  Marguerite  el  noslre  très  cher  et  amé  filz 
le  roy  de  Navarre,  dont  nous  attendons  aussi 
ung  commun  bien  et  universel,  qui  nous  faict 
croire  et  asseurer  que  vous  entendrez  ceste 

1  Le  même  jour,  de  son  côté,  Walsinghani  écrivait  à 
Lord  Rurghley  :  «Vous  verrez  par  la  lettre  de  M.  le 
chevalier  Smith  la  principale  accroche  qui  a  retardé  la 
conclusion  de  la  ligue.  MM.  de  Montmorency  et  de  Foix 
y  ont  travaillé  efficacement  et  avec  ardeur.  Le  Roi  a 
paru  fort  résolu  sur  la  matière,  comme  il  fait  en  tout 
ce  qui  concerne  son  honneur  et  son  intérest.  Vous  ne 
devez  pas  craindre  que  les  préparatifs  de  Strozzi  *  re- 
gardent ou  l'Ecosse  ou  l'Irlande.  Les  principaux  qui  gui- 
dent le  Roy  sont  très  bien  intentionnés  pour  Sa  Majesté. 
On  a  tenu  depuis  peu  cette  entreprise  échouée.  Le  Roi 
y  est  résolu;  sans  cela  elle  auroit  entièrement  avorté.  Les 
gens  de  robe  longue  craignent  que  cela  ne  produise  de 
la  brouille  entre  cette  couronne  et  l'Espagne,  el  seroient 
bien  faschés  que  le  Roi  s'engageasl  à  l'heure  qu'il  est  dans 
une  guerre,  parce  qu'ils  appréhendent  que  l'administra- 
tion des  affaires  ne  tombasl  alors  en  d'autres  mains.  Au 
milieu  de  ces  difficultés  il  est  difficile  de  juger  quel  sera 
le  dénouement  de  cette  affaire.  Les  dernières  nouvelles 
d'Espagne  sont  que  le  voyage  du  duc  de  Médina  Cœli  en 
Flandres  est  différé  sur  la  seule  appréhension  que  Strozzi 
n'entreprenne  quelque  chose  en  ces  quartiers.  (Mémoires 
et  ambassades  de  Walsingham,p.  n  17.)  Voir  dans  ce  même 
volume,  p.  3l3,  la  lettre  de  la  reine  Elisabeth  traçante  ses 
ambassadeurs  leur  ligne  de  conduite  dans  la  négociation 
de  celte  même  ligue  H  une  lettre  de  Smith  a  Burgliley, 

p.   331. 

'  La  flotte  de  Slrozzi  était  rassemblée  à  Brouage. 


nouvelle  avec  fort  grand  plaisir,  et  tanl  plus 
nous  prierons  Dieu,  très  haulte,  liés  excel- 
lente et  très  puissante  princesse,  noslre  très 
chère  et  très  amée  bonne  seur  et  cousine,  vous 
avoir  en  sa  très  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  x.xii0 jour  d'avril  1672. 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Caterixe. 


1572.  — 26  avril. 

Orig.  tiilil.  nal.  collect.  Dupuy,  a"  8oj,  P  98  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PDEU1SR  PRESIDENT  EN  LA  <ui  HT  DE,  PARLEMENT  DE  PAIII-. 

Monsieur  le  Président,  je  pensoys  que ,  après 
que  l'édict  et  ampliation  des  petit/,  sceaulx 
avoit  esté  publiés  en  la  court  de  parlement 
sans  aultres  modiflicacions  que  celles  qui  sont 
contenues  ez  requestes  de  ladicte  court,  il  en 
auroyt  plus  de  difficulté  à  l'exécution  dudicl 
édict  et  ampliation  ;  mais  je  viens  tout  présen- 
tement d'entendre  que  ladicte  courl  ne  veult 
aulcunement  pernieclre  que  Scipion  •  jouisse 
du  sceau  des  requestes  dudict  pallais,  combien 
qu'il  ne  soyt  aulcunement  réservé  ne  excepté 
par  la  vériffication  qui  eu  a  esté  faicle,  qui 
est  chose  qui  me  faicl  penser  que  cela  se  faict 
plustost  pour  s'opposer  et  retarder  mes  des- 
seings que  pour  raison  que  puisse  avoyr 
ladicte  court  de  ce  fayre;  laquelle  exprouver 
et  réserver  par  ladicte  vériffication  et  sur  la- 
dicte réserve  entendre  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  sans  laisser  cela  en  incer- 
titude et  en  la  secrette  voulonté  de  ladicte 
court.  Et  pour  ce  que  telles  difficultés  m' 
peuvent  que  à  relarder  mes  affaires  el  que 
tout  le  doinmaige  qui  en  procède  retumbe 
sur  mesdictes  affayres,  je  m'en  plainctz  à  vous 
et  vous  veulx  bien  dire  que  c'est  chose  qui 

1  Scipion  Sardini,  le  richissime  financier  qui  épousa 
Isabelle  de  Limeuil. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


99 


me  desplaist  infiniment  et  à  laquelle  je  vous 
prie,  aultant  qu'il  m'est  possible,  de  remédier 
incontinent  et  fayre  en  sorte  envers  ladicte 
court  qu'elle  n'empesche  poinct  ledict  Scipion 
de  jouir  dudict  sceau  des requestes;  car  aultre- 
ment  je  seroys  à  recommencer  et  mes  affaires 
arrestées  du  tout  à  mon  grand  regret  et  des- 
plaisir, et  m'asseurant  que  vous  m'osterez  en- 
tièrement de  ceste  peine  et  que  je  n'en  oiray 
plus  parler,  je  prye  Dieu,  Monsieur  ie  Prési- 
dent ,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript   à   Bloys,  le   xxvieîmc  jour  d'avril 
1572. 

Caterine. 
Chantereau. 


1572.  —  27  avril. 
Orig.  Bibl.  oat.  fonds  Dupuy,  n°  801,  P  99. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PBEUIEB   PRESIDENT  EN  LA  COCR  DE  PARLEMENT  DE  PAB1S. 

Monsieur  le  Président ,  je  vous  ay  cy-devant 
escript  et  faict  entendre  la  peine  en  quoy 
j'estois  et  suis  encore  à  présent  à  cause  de 
l'empeschement  que  l'on  donne  à  Sardiny, 
qui  a  contracté  pour  les  petits  sceaulx,  en  la 
jouissance  du  sceau  des  requestes  du  palais, 
et  pour  ce  que  j'ay  plus  de  fiance  en  vous 
que  en  nul  autre  de  la  cour  de  parlement,  et 
que  je  sçay  que  vous  avez  toute  puissance  de 
faire  cesser  et  lever  cest  empeschement,  je 
vous  ai  bien  voulu  faire  ceste  recharge  pour 
vous  prier  estre  moyen  que  ladicte  difficulté 
soit  levée  et  ostée,  et  faire  en  sorte  que  ledict 
Sardiny  jouisse  dudict  sceau  sans  que  j'en  oye 
plus  parler;  mais  d'aultant  que  c'est  chose 
que  j'ay  fort  à  cueur  et  que  je  désire  estre 
faict  promptement,  je  vous  prye  encore  ceste 
fois,  si  avez  envye  de  me  faire  plaisir,  donner 
ordre  que  le  sieur  Sardiny  jouisse  sans  aul- 
cune  difficulté  dudict  sceau  des  requestes,  et 


m'asseurent  de  la  bonne  volonté  qu'avez  envers 
moy  et  ce  qui  me  touche  que  vous  ferez  tout 
ce  qu'il  vous  sera  possible  pour  me  rendre 
satisfaicte  de  ce  costé-là ,  je  ne  vous  en  diray 
autre  chose.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  le  Prési- 
dent, vous  tenir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Bloys,  le   xxviicn"!  jour   d'avril 
1572. 

Caterine. 
Chantereau. 


1572.  —Mai1. 

Aut.  Arch.  oat.  collect.  Simancas.  K  1517,  pièce  1. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  D'ESPAGNE2. 

Madame  ma  fille,  j'é  voleu  par  la  présente 
havertir  Vostre  Majesté  cornent  nous  soumes 
aseurés  que  la  royne  sa  seur  ayst  grose  et  ne 
le  vous  mende  plus  en  doute,  Dieu  mersis, 
m'en  réjouisant  aveque  Vostre  Majesté  comme 
délia  chose  de  cet  monde  de  quoy  j'é  la  plus 
grent  joye  pour  beaucoup  de  reyson  et  entre 
lesaultres  pourvoyr  la  confirmation  de  l'amitié 
entre  lé  deus  roys  vos  maris,  qui  et  cet  que 
je  désire  le  plus,  et  à  quoy  je  tacheré  tousjour 
par  tous  les  moyens  que  je  auré  ver  le  Roy 
mon  fils  de  non  seulement  l'antertenir,  mes  la 
augmenter,  corne  je  prie  Vostre  Majesté  fayre 
de  son  coûté,  car  vous  avés  ysi  un  gage  qui 
vous  y  donet  bien  le  volouyr,  corne  ayle  l'a  de 
son  coûté  cete  mesme  volonté,  qui  me  fayst 
aseurer  que  de  nos  vies  l'on  ne  voyré  guère 

1  Une  lettre  du  commandeur  Petrucci  nous  donne  la 
date  de  celle  ci-dessus  :  le  1  a  mai  il  écrivait  à  François 
de  Médias  :  a  La  Regina  Ghristianissiraa  ha  sentito  raoversi 
la  creatura  nel  ventre;  ma  è  tanlo  vergonosa  che  non  lo 
confessa  che  al  Re,  suo  marito,  ed  a  gran  penaancora.n 
(  Négociations  diplomaties  avec  la  Toscane,  t.  III ,  p.  77 4.  ) 

2  Anne  d'Autriche,  la  Glle  ainée  de  l'empereur  Maxi- 
milien. 

13. 


100 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


entre  lé  deus  roys,  cet  que  je  prie  à  Dieu  et 
hà  Vostre  Majesté  de  tenir  en  sa  bonne  grase. 
Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterine. 


1572.  —  10  mai. 
Orr'g.  Bibl.  nat.  collect.  Du'iuv:,  n°  8oi,  f°  101  r°. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TESANS  LA  COUBT  DU  ROT  MONSIEUR  MON  T1LZ  A  PARIS. 

Messieurs,  pour  ce  que  mon  cousin  Monsieur 
de  Montpensier  vient  de  .l'ayre  entendre  pré- 
sentement par  lectres  au  Roy  monsieur  mon 
tilz  et  à  raoy  que,  par  importunité  d'aucuns,  le 
procès  qu'il  a  pendant  pardevant  vous  contre 
les  sieurs  du  Loué  et  du  Bouchage  pour  raison 
de  la  succession  de  Chauvigny  a  esté  mis  sur 
le  bureau  sans  qu'il  en  aict  esté  adverty  que 
après  que  l'on  a  vacqué  deux  jours  à  l'expé- 
dition d'icelluy,  et  que  il  dictque  ledict  procès 
luy  est  de  telle  importance  qu'il  se  délibère 
d'aller  à  Paris  pouryestre,  quant  ledict  procez 
se  jugera;  et  que  nous  désirons  pour  l'amour 
de  luy  que  la  décision  et  vuidangedudict  procez 
soyt  sursize,  affin  qu'il  ne  luy  soyt  par  ses 
parties  faicte  aucune  surprinse,  je  vous  prye 
remectre  le  jugement  dudict  procez  d'icy  ung 
mois  dans  lequel  il  se  rendra  à  Paris  et  en  pour- 
suivra luy-mesmes  l'expédicion,  priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  tenir  en  sa  saiucte  et  digne 
garde  l. 

Escript  à  Chambort,  lexcjourdemay  1572. 

Caterine. 
Chantereau. 

1  Pareille  lettre  fut  adressée  et  dans  les  mêmes  termes 
par  Catherine  au  premier  président  M.  de  Tbou.  (Voir 
dans  le  n°  801  du  fonds  Dupuy,  f°  100  r°.  ) 


1572.  —  12  mai. 
Minuit*.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n*  i6ofio  ,  f°  91. 

A  MONSIEUR  DE  FERALS. 

AMBASSADEUR  À  ROME. 

Monsieur  de  Ferrailz,  vous  entendrez  de 
mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de  Ferarre, 
ou  de  mon  cousin  le  cardinal  d'Esle  l'intention 
du  Roy  monsieurmonfilz  qu'il  vous  afaict  assez 
particulièrement  entendre, et  partant  vous  vous 
conduirez  conformément  à  ce  qu'ilz  vous  di- 
ront, favorisant  en  l'occasion  qui  se  présente 
mon  cousin  le  cardinal  de  Ferrare  en  tout  ce 
qu'il  vous  sera  possible,  et"  je  prieray  Dieu, 
Monsieur  de  Ferrailz,  vous  tenir  en  sa  garde. 

Le  xiie  mai  1  572  l. 

1  Charles  IV,  le  19  mai  suivant ,  avait  ajouté  à  celle 
lettre  :  <tM.  de  Ferais,  depuis  le  parlement  de  vostre 
nepveu  Beauville ,  j'ay  receu  vostre  lettre  du  premier  de 
ce  moys  par  laquelle  j'ay  sceu  la  mort  certaine  de  noslre 
S'-Père;  en  quoy  je  vous  ay  par  voslre  suzdict  nepveu 
mandé  mon  intention.  Touteffois  envoient  Le  Fay  vers  mon 
cousin  le  grand-duc  de  Toscane  pour  l'occasion  qu'il  a 
charge  vous  dire,  je  luy  ay  commandé  aller  jusqu'à  vous, 
tant  affin  de  me  rapporter  touttes  nouvelles  comme  pour 
faire  entendre  à  mon  cousin  le  cardinal  de  Ferrare  ce  qu'il 
aura  fait  et  le  devoir  auquel  je  me  suis  mys  pour  luy  ayder, 
chose  qu'il  exécutera  suivant  vostre  advis,  et  l'instruction 
que  luy  donnerez.  Voussçaurez  de  plus  comment  le  uonce 
de  Sa  Sainteté  m'est  venu  trouver  en  ce  lieu,  tant  pour 
se  condouloyr  avecques  moy  de  la  mort  de  nostredict 
S'-Père,  comme  pour  me  prier  au  cas  où  le  cardinal  de 
Ferrare  De  feust  et  ne  peust  estre  pape,  ayder  au  car- 
dinal Farnèse  à  y  parvenir.  Je  luy  ay  respondu  que  je 
désirois  infiniment  le  cardinal  de  Ferrare  estre  esleu, 
soyt  pour  l'affection  particulière  que  je  lui  porte,  obli- 
gation qu'il  a  à  ceste  couronne,  que  pour  eslre  bien 
asseuré  qu'il  serviroit  grandement  la  chrestienté,  ayant 
telle  espérienec  aux  affaires  du  monde  et  l'inlenlion 
grande  et  le  zèle  très  grand  au  service  de  Dieu,  et  ac- 
croissement de  l'auclorité  du  Saint-Siège;  que  n'estant 
faicl  pape  et  ne  le  pouvant  eslre,  quand  ledict  cardinal 
Farnèse  le  serait,  j'en  serais  bien  ayse.m'asseuiant  qu'il 
avoit  tousjours  devant  les  yeulx  l'obligation  qu'il  doit 
avoir  au  feu   roy  Henry  mon  père,  lequel  ne  creignist 


1572.  —  ia  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau ,  n°  719,  P*  38. 

AU  COMTE  DE  SUSSEX. 

Monsieur  le  comte,  mon  cousin  le  duc  de 
Montmorency  et  les  autres  ambassadeurs  du 
Roy  monsieur  mon  fils  s'en  allant  par  dellà, 
avec  charge  de  proposer  à  la  royne  d'Angle- 
terre madame  ma  bonne  seur  et  cousine  les 
moyens  de  rendre  l'amitié'  et  confédération 
de  ces  deux  royaumes  indissolubles,  j'ay  pensé" 
qu'il  n'estoit  que  bien  à  propos,  oultre  la  lettre 
que  le  Roy  mondict  filz  vous  escript,  vous 
faire  ceste-cy  pour  vous  prier  d'employer  à 
l'exe'cution  de  cest  affaire  ce  que  nous  sçavons 
que  vous  avez  de  moyens  près  madicte  bonne 
sœur,  vous  asseurant  que  ne  ferez  jamais  dé- 
monstration de  vostre  bonne  affection  envers 
prince  qui  en  soit  moins  ingrat  et  recognois- 
sant  que  le  Roy  mondict  filz,  comme  vous 
dira  mondict  cousin  le  duc  de  Montmorency, 
lequel  je  vous  prie  croire  de  ce  qu'il  vous  en 
dira    comme   moy-mesmes,    qui    prie   Dieu, 

s'attirer  sur  les  bras  une  guerre  pour  conserver  luy  et  les 
siens  en  leurs  biens  et  grandeurs.  Voilà  en  substance  la 
responce  que  je  luy  ay  faicte,  laquelle  ne  m'oblige  à 
rien  et  néanmoings  on  ne  m'en  peult  sçavoir  que  bon 
gré.  Je  vous  en  avertis  affin  de  vous  en  servir  en 
temps  et  lieu.r'  (Bibl.  nat.,  fonds  fiançais,  n"  161&0, 
fol.  110.) 

M.  de  Ferais,  ce  jour- là  même,  avait  écrit  au 
Roi  :  trLes  cardinaux  estans  entrez  lundi  dernier  en 
conclave  à  si  grande  bastivité  qu'ilz  ne  donnèrent  pas 
seullement  loysir  à  quatre  aultres,  qui  vindrent  en  dilli- 
gence  de  dehors  de  laisser  leurs  bottes;  ilz  entrèrent  en 
fort  grande  controverse  parmy  eulx  pour  les  grandes 
brigues  et  menées  qui  y  estoient  et  la  force  des  bandes 
divisées;  mais  comme  les  hommes  proposent  et  Dieu 
dispose  de  toutes  choses,  par  je  ne  sçay  quelle  inspi- 
ration divine,  dès  le  lendemain,  qui  fut  hier,  n'ayant 
demeuré  que  quinze  heures  enfermez,  ilz  se  levèrent 
incontinent  quinze  ou  vingt  et  adorèrent  pour  pape 
le  cardinal  Boncompagni.i  (Bibl.  nat.,  fonds  français, 
n°  160/10,  p.  io4.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  101 

Monsieur  le  comte,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Chambort,  le  xiieme  jour  de  may 
1572. 


Caterine. 


PlNART. 


1572.  —  12  mai. 

Copie.  RecorJ  office,  State  papers ,  France. 

A  LORD  BURGHLEY. 

Monsieur  de  Builay,  suivant  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  je  vous  prie 
de  bon  cueur  assister  mon  cousin  le  duc  de 
Montmorancy  et  ses  autres  ambassadeurs  qui 
s'en  vont  par  delà  des  moyens  que  je  sçay 
qu'avez  pour  faire  réussir  la  négociation  dont 
ilz  ont  charge.  Ce  sera  par  ce  moyen  rendre 
l'amityé  d'entre  monsieur  mon  filz  et  la  royne 
ma  bonne  seur  et  cousine,  vostre  souveraine, 
indissoluble,  comme  je  sçay  que  vous  estes 
bien,  enclin  et  disposé  à  la  veoir  fortiffier  et 
accroistre,  vous  asseurant  que  le  Roy  mondict 
filz  vous  sçaura  tant  de  gré  des  bons  offices 
que  vous  ferez  en  cella  pour  le  commung  bien 
de  ces  deux  royaumes,  et  le  fera  si  bien  re- 
cognoistre  en  vostre  endroict  que  vous  aurez 
grande  occasion  d'en  demourer  content  et 
satisfaict,  ainsy  que  vous  pourrez  plus  avant 
entendre  de  mondict  cousin  le  duc  de  Montmo- 
rancy et  du  srde  Foix  mon  cousin,  lesquelzje 
vous  prie  croire  de  ce  qu'ilz  vous  en  diront 
comme  moy-mesmes,  qui  prie  Dieu,  Monsieur 
de  Rurlay,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Chambort,  le  xue  jour  de  mai 
1572. 

Caterine. 

PlNART. 


102 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1C1S. 


1572.—  16  mai. 

Urig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence,  cart.  VI,  n°  33i. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  rcceu  la  lettre  qui  m'a 
esté  baillée  par  vostre  ambassadeur  et  ay  veu 
la  bonne  intention  que  avez  au  repos  de  la 
chresticnté,  qui  est  tout  ce  que  nous  dési- 
rons, aussy  que  pour  estre  si  confiante  en 
cette  volonté  je  veux  croire  que  Dieu  nous 
assistera  avec  vostre  aide  à  faire  ung  pape 
(jui  sera  pour  la  .satisfaction  et  le  repos  de 
lout  le  monde,  tel  qu'il  nous  est  nécessaire; 
car  je  pense  qu'il  ne  fut  jamais  plus  besoing, 
toutes  cboses  estant  comme  elles  sont,  d'avoir 
ung  pontife  homme  de  Dieu  et  de  bien,  et 
n'ayant  esgard  que  à  maintenir  la  paix  et  le 
repos;  car  aultrenient  il  ne  pourrait  conserver 
ny  son  autorité  ny  que  notre  religion  ne  soit 
diminuée;  et,  me  fiant  à  vostre  sainte  inten- 
tionné ne  vous  en  diray  davantaige,  et  me  re- 
mettant à  ce  que  le  Roy  et  moy  vous  avons 
fait  entendre  par  son  ambassadeur  résidant  à 
Rome  et  aussy  pour  quelque  chose  que  je  luy 
ay  mandé  par  un  secrétaire,  je  feray  fin, 
priant  Dieu  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Chenonceaulx,  le  xivc  may  1672. 

Vostre  bonne  cousine, 

Gaterine. 


1572.  —  17  mai. 

Imprimé  daos  les  Négociations  avec  la  Toscane,  t.  III ,  f°  775. 

AU  COMMANDEUR  PETRUCCI, 

AMBASSADEUR  DE   TOSCANE. 

M.  l'ambasciatore,  mando  questo  portore 
dal  Grau  Duca,  per  l'occasione  che  io  vi  dire 
in  questa  di  mia  mano,  che  è  per  mcllervi 
in  considerazione  quel  ch'  io  ho  pensato  dipoi , 
la  partita  del  nostro  secretario  :  cioè  che  li 


vo.-tri  padroni  conoschinoche  in  questa  occa- 
sione  di  far  un  Papa,  aitando  a  esser  il  car- 
dinal di  Ferrara,  che  questo  puô  riunire 
insieme  tutti  li  principi  d'Italia,  e  nella 
nostra  amieizia;  che  penso  che,  quando  sola- 
mente  si  riunissin  Ira  loro,  che  questo  sarebbe 
un  gran  bene  per  tutti,  e  per  assicurar  un 
riposô  alla  cristianita;  ed,  essendomi  venuta 
questa  considerazione,  vel'  ho  voluto  scrivere 
e  pregarvi  la  faciate  sapere  a' vostri  padroni, 
ancora  che  io  ho  dalocarica  a  questo  portore, 
che,  in  caso  che  il  Gran  Duca  non  voglia 
esser  contro  il  cardinale  di  Ferrara,  ma  aiu- 
tarlo,  afin  che  atteuga  la'promessa  che  ilsuo 
nipote  m' ha  fatta,  a  suo  nome,  d' essere  lor 
amico,  che  se  ne  vadi  il  nostro  ambasciatore 
a  Roma ,  e  che  ne  tiri  una  promessa  di  mano 
del  cardinal  di  Ferrara,  innanzi  che  sia  assi- 
curato  di  quello  che  averà  promesso  il  Gran 
Duca,  e  che  me  la  mandi  per  conservala; 
perche  non  lo  voglio  ingannar  in  modo  nes- 
suno;  e  vi  prego  ad  assicurarnelo  da  mia 
parte,  faro  fine,  pregando  Dio  evervi  in  sua 
guardia. 

Ghenonceaux,  17  di  maggio  1672. 

Gaterixa. 


1572.  —  a5  mai. 

Orig.  Cibl.  nat.  collect.  Dupuy,  n°  8oi,  f"  103  r". 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  EN  LA  COURT  DB  PARLEMENT  DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  respond  si  particulièrement  à  vos 
lectres  des  xvucsnie  et  xxii05"10  jours  de  ce  pré- 
sent moys  que  je  ne  sçauroys  sans  redicle 
aulcune  chose  adjouster;  bien  vous  veulx-je 
prier  de  tenir  la  main  très  instamment  à  la 
publication  de  l'édict  de  la  pollice  des  draps 
et  des  lectres  patentes  de  la  révocation  des 
procureurs  comme  chose  très  nécessaire  et 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


103 


qui  importe  au  bien  de  ses  affayres  et  service, 

chose   qu'en    ce    faysant    nous   aurons   bien 

agréable,  priant  Dieu,  Monsieur  le  Président, 

vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Montpipeau ,  le  xxv"*""3  jour  de  may 

1572. 

Caterine. 

PlNART. 


1572.  —  26  mai. 

Orig.  Bibl.  aat.  collect.  Dupuy,  n"  801,  P  io3  r". 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  ES  LA  COCR  DE  PARLEMENT  DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  vous  verrez  ce  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  tou- 
chant le  différent  d'entre  le  Chastellet  et  les 
prévost  des  marchans  et  eschevins  de  la  ville 
de  Paris:  et  pour  ce  qu'il  désire  que  toutes 
choses  demeurent  en  surséance  jusqu'à  ce 
qu'il  soyt  par  delà,  je  vous  prie,  de  ma  part, 
tenir  la  main  à  ce  qu'il  ne  se  face  rien  en  ceste 
affayre  que  nous  n'ayons  parlé  à  vous,  qui 
est  chose  que  je  désire  bien  fort,  priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Montpipeau,  le  nvi8"'  jour  de 

may  1572. 

Caterine. 

Chantereau. 

1572.  —  38  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  Cinq  cenfcs  Colbert,  n°  471,  f°  79. 

A  MONSIEUR  DE  MAUVISSIERE. 

Monsieur  de  Mauvissiere,  c'a  esté  bien  faict 
à  vous  de  vous  acheminer  à  Boullongne  pour 
y  recepvoir  les  sieurs  Anglois  qui  viennent  de 
la  part  de  la  royne  d'Angleterre  madame  ma 
bonne  seur  et  cousine  ',  et  les  conduire  jusques 

1  Elle  fait  allusion  à  l'amiral  lord  Lincoln  qui  venait 


à  ce  qu'ilz  soient  arrivez  où  nous  serons,  sui- 
vant ce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  a 
escript  ces  jours  passez,  et  vous  prie  vous  y 
conduire  le  plus  à  la  réputation  de  mondict 
filz  et  satisfaction  desdictz  Anglois  qu'il  vous 
sera  possible,  nous  donnant  au  demeurant 
advis  incontinant  que  lesdietz  Anglois  seront 
arrivez  à  Boullongne,  du  jour  qu'ilz  en  devront 
partir  et  combien  de  jours  ilz  pourront  estre 
au  chasteau  de  Boullongne  et  quel  chemyn  ilz 
devront  tenir,  affin  que  nous  ne  soyons  sur- 
prins.  Il  me  reste  à  vous  dire  que  j'ay  esté  byen 
ayse  de  veoir  l'advis  que  me  donnez  par  vos- 
dictes  lettres  et  me  ferez  tousjours  plaisir  de 
m'advertir  des  choses  que  vous  estimerez  tou- 
cher le  bien  des  affaires  du  Roy  mondict  filz, 
et  n'ayant  pour  le  présent  de  quoy  vous  faire 
ceste-cy  plus  longue  je  prieray  Dieu,  Mon- 
sieur de  Mauvissiere,  qu'il  vous  ayten  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Montpipeau,  ce  xxviiieme  de  may 

1572. 

Caterine. 

Pinart. 


1572.  —  5  juin. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau ,  n°  719,  f*  3C. 
A  MADAME  MA  SOEUR 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Madame,  envoyant  le  Roy  mon  fils  le  duc 
de  Montmorency  et  le  sieur  de  Foix  mon 
cousin\  n'ay  voulu  par  la  présente,  oultre  ce 

en  France  pour  la  ratification  du  traité  de  la  récente  ligue 
et  recevoir  le  serment  de  Charles  IX.  (Voir  dans  les  Am- 
bassades de  Walsingham ,  p.  291,  les  instructions  datées 
du  25  mai  qu'à  son  départ  pour  la  France  Lincoln 
reçut  d'Elisabeth.) 

1  Voir  dans  le  n°  17973  du  fonds  français  le  «Som- 
maire discours  de  la  négociation  de  MM.  de  Montmo- 
rency, de  Foix  et  La  Mothe-Fénelon  en  Angleterre, 
et  principalement    les  propos  échangés  avec    la    reine 


10/. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  je  leur  ay  prie'  vous  dire  de  ma  part, 
lin  déclarer  l'nyse  et  plaisir  que  je  ressens 
et  ay  de  voir  confirmée  et  renouvellée  une 
si  bonne  et  si  ferme  amytié  entre  vous  et  le 
Roy  mon  lils,  lequel  l'embrasse  de  telle  affec- 
tion qu'il  désire  par  tous  moyens  la  faire 
immortelle,  comme  aussy  je  le  désire,  de 
mon  coslé,  qui  me  fait  désirer  que  ainsy  que 
ne  voulons  y  espargner  rien  pour  ccst  affaire, 
que  je  vouldrois  que  Dieu  m'eut  fayte  si  bcu- 
reuse  que  chose  venant  du  Roy  mondict  sieur 
et  de  moy  vous  peut  eslre  si  agréable,  comme 
de  bon  cœur  avons  donné  charge  auxdicls 
sieurs  nos  cousins  de  le  vous  offrir  pour  vous 
en  servir  de  mary  ou  de  fils,  ainsy  qu'il  vous 
plaira,  et  si  avions  quelque  aultrc  chose  plus 
chère  que  celle-cy,  qui  est  mon  fils  le  duc, 
d'aussy  bon  cœur  et  volonté  nous  vous  l'offri- 
rions; car  j'ay  toujours  désiré  pouvoir  avoir 
cet  heur  et  honneur,  que,  ainsy  que  je  vous 
aime  comme  mère  sa  fille,  que  par  une  si 
heureuse  occasion  je  me  puisse  nommer  telle, 
et,  me  remectant  à  ce  qu'ilz  vous  en  diront 
de  nostre  part,  feray  fin,  priant  Dieu  que 
puissiez  congnoislre  par  effect  l'amitié  et 
affection  que  vous  porte 

Vostre  bonne  sœur  cl  cousine, 

Caterjne. 


1572.  —  16  juin. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français  ,  n°  33i8  ,  f  58. 

A  MONSIEUR  DE  VULCOB. 

Monsieur  de  Vulcob,  nous  avons  veu  ce  que 
nous  avez  escript  par  ceste  dépesche  du  vingt- 
quatriesme  du  passé  de  Pestât  auquel  sont 
réduicles  les  choses  entre  les  Pollonois  et  les 
Turcs  et  Tarlares,  ce  que  aussy  m'avez  en 
particulier  escript  avoir  obtenu  de  l'Empereur 

Elisabeth  sur  le  fait  de  son   projet    de   mariage  avec 

M.  h'  duc  d'Alencon.  n 


le  chaslelain  Massa  pour  son  maistre,  et  ne 
vous  puis  celer  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
est  grandement  satisfaict  du  bon  debvoir  dont 
vous  usez  à  le  tenir  adverty  de  toutes  les  choses 
qui  occurent  de  par  delà1,  et  luy  ferez  service 
bien  fort  agréable  d'y  continuer,  priant  Dieu, 

1  Une  lettre  de  Charles  IX  à  Vulcob,  datée  également 
du  1G  juin,  complète  celle  de  Catherine  :  nM.de  Vulcob, 
par  ma  dernière  dépesche  je  vous  ay  adverty  de  la  récep- 
tion des  vostres  des  dix  et  dix-septième  de  may;  depuis 
lesquelles  j'ai  receu  celle  du  vingt-quatriesme  et  veu  ce 
que  me  mandez  de  la  continuation  de  l'indisposition  de 
mon  cousin  le  duc  de  Bavière,  de  laquelle  il  y  a  occasion 
de  doubler  grandement,  veu  quej'on  le  veoyt  aller  tous- 
jours  en  diminuant,  ayant  aussi  entendu  ce  que  lors  il 
esloit  venu  d'advis  de  Varsovie  de  Testât  auquel  les 
affaires  estoient  réduietz  entre  les  Turcs  et  Polonoys  et 
semblablement  la  maladye  du  roy  de  Polongne  qui  l'avoil 
empesché  de  donner  audience  au  Chaoux  envoyé  vers 
luy  de  la  pari  du  Grand  Seigneur  et  au  cardinal  Com- 
mendon,  duquel  je  seray  bien  ayse  d'entendre  la  responce 
qu'il  aura  pour  le  faict  de  la  ligue  à  laquelle  il  semble 
que  les  Palatins  du  pays  condescendent  que  ledict  roy 
entre,  et  les  ecclésiastiques  de  contraire  opinion.  Vous 
me  faictes  service  agréable  de  me  donner  ainsi  advis  par- 
liculier  de  toutes  choses;  à  quoy  je  vous  prie  de  continuer 
ainsi  soigneusement  que  avez  bien  sceu  faire  jusques  ici. 
J'ay  nouvelles  du  costé  des  Pays-Bas  que  les  affaires  des 
Gueux  vont  toujours  en  empirant  et  que  mesmes  ceulx 
qui  sont  dedans  Montz  se  trouvent  aujourd'huy  assiégez 
de  lous  costez  avec  peu  d'espérance  de  se  pouvoir  garder 
d'estre  pris  et  la  ville  réduicte  en  l'obéissance  du  duc 
d'Albe ,  qui  ne  sera  que  ce  que  l'on  peult  actendre  de  sem- 
blables malheureuses  entreprinses  et  le  juste  jugement  de 
Dieu  envers  ceulx  qui  s'eslevent  contre  l'auctorité  de  leur 
prynce,  cherchant  toujours,  pour  ma  part,  à  faire  donner 
tout  le  meilleur  ordre  que  je  puis  pour  engarder  que  au- 
cuns de  mes  subjects  de  la  nouvelle  opinion  ne  sortent  hors 
de  mon  royaume  au  secours  de  cesdicts  Gueux,  tant  je 
blasme  leurs  malheureux  desseings  cl  désire  empescher 
qu'il  ne  survienne  chose  qui  puisse  apporter  altération 
à  la  bonne  et  sincère  amitié  que  j'ay  avec  le  Roy  Callm- 
licque.  Au  surplus  je  vousdiray  que  la  reyne  ma  femme 
continue  à  se  bien  porter  de  sa  grossesse.  1  (Bibl.  nat., 
fond'*  franc.,  n"  33 1 8 ,  f  33.)  Voir  dans  les  Cinq  cents 
du  fonds  Colbert,  n"  3g,  les  lettres  de  \ulcob  des  10 
et  39  mai. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


105 


Monsieur  de  Vulcob ,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  au  chasteau  de  Bouiongne,  le  xvic 
jour  de  juiiig  1672. 

Caterine. 
Brulart. 


1572.  —  21  juin. 

Orig.   Record  office,  State  papers.  France,  vol.  LUI. 
\  MADAME  MA  SOEUR 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haulte,  très  excellente  et  très  puissante 
princesse,  nostre  très  chère  et  très  amée  bonne 
sœur  et  cousine,  nous  avons  si  grande  affection 
non  seulement  en  la  continuation  de  la  parfaite 
amitié'  d'entre  le  Roy  noslre  très  cher  sieur  et 
filz  et  voz  royaumes  et  communs  subjects,  mais 
aussi  de  veoir  qu'elle  puisse  augmenter  et  estre 
à  jamais  indisoluble  par  quelque  plus  belle 
occasion  que  vous  pourrez  croire  et  estre 
asseure'e  que  tout  ainsi,  comme  nous  avons 
de  noslre  part  faict  entièrement  tout  ce  qui 
nous  a  este'  possible  pour  la  conclusion  dudict 
traite',  en  espérance  queceseroit  uug  commen- 
cement qui  nous  amènerait  à  plus  grande  for- 
tification d'amitié,  que  tout  de  mesme  nous 
tiendrons  la  main  à  l'entier  entreténement 
d'iceluy  suivant  le  serment  qu'en  a  preste  mon- 
dict  filz,  comme  nous  en  espérons  le  semblable 
de  vostre  part,  vous  priant,  aultant qu'il  vous 
est  possible,  le  croire  ainsy  et  que  nous  esti- 
merions à  bien  grant  heur  qu'il  pleust  à  Dieu 
permettre  qu'encore  par  plus  estroits  liens  nous 
puissions  faire  apparoistre  davantaige  combien 
en  nostre  particulier  nous  vous  estimons  et 
avons  en  affection  et  à  vous  dire  vray  autant 
que  ma  propre  fille,  puisqu'il  vous  plaist  bien 
que  nous  vous  appelions  ainsi,  remectant  le 
surplus   au    sieur  comte  de  Lincoln1,   grant 

1  Dans  une  lettre  à  lord  Burghley,  datée  du  23  juin, 
Walsingham  lui  annonce  que  lord  Lincoln,  après  avoir 

CATHERINE  de   MÉD1CIS.    IV. 


admyral  d'Angleterre,  priant  Dieu,  1res  haute, 
très  excellente  et  très  puissante  princesse, 
nostre  très  chère  el  très  amée  bonne  sœur  et  cou- 
sine, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  guarde. 

Escript    du    chasteau    de    Boullogne,    ce 
xxi°  jour  de  juing  1572. 

Vostre  bonne  sœur  et  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  27  juin. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau  .  n°  319,  r>  38. 

A  MONSIEUR  BURGHLEY, 

TRÉSORIER  GÉNÉRAL   D'ANGLETERRE. 

Monsieur  de  Burghley,  les  bons  offices  que 
vous  faites  en  la  négociation  du  mariage  d'entre 
la  royne  d'Angleterre  ma  bonne  sœur  et  cou- 
sine et  mon  fils  le  duc  d'Alençon  monstre 
bien  que  vous  y  avez  mis  très  grande  affec- 
tion, dont  je  n'ay  voulu  perdre  l'occasion  de 
vous  remercier  et  vous  asseurer  que  vous  ne 
fîtes  jamais  service  à  prince  qui,  de  meilleur 
cœur,  le  recongnoisse  en  vostre  endroict  et  de 
tous  les  vostres  que  fera  toute  sa  vie  mondict 
fils,  désirant,  de  ma  part,  qu'il  se  puisse  pré- 
senter occasion  où  le  Boy  mon  fils  et  moy 
puissious  vous  faire  congnoistre  combien  nous 
estimons  ceste  vostre  bonne  volonté,  qui  apor- 
tera  à  ces  deux  royaulmes  et  à  toute  la  chres- 
tienté  tant  de  bien  que  vous  ne  pouvez  en 
recepvoir  qu'ung  fort  grand  honneur,  vous 
recommandant  affectueusement  cest  affaire 
et  de  bientost  parachepver  ce  que  avez  si  bieu 
commencé,  ce  que  je  prie  Dieu  vous  faire 
la  grâce  et  à  nous  de  le  voir. 

De  Meudon,  ce  xxvit0  jour  de  juing. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 

reçu  le  serment  de  Charles  IX ,  est  reparti  pour  l'Angle- 
terre le  jour  mime.  (Caleiular  of  State  papers,  1579, 
p.  i35.) 

là 


mrniu^ME    iiiimut 


106 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1572.—  3  juillet. 

Imprimé  par  le  père  Theiner 
dons  la  continuation  ries  Annales  ecclésiastiques  deBaronius,  1. 1 ,  p.  337. 

A  NOSTRE  TRÈS  SA1NCT  PÈRE 

LE  PAPE. 

Très  Sainct   Père,    ayent  entendu   par  le 
ayvesque  Salviali1  que  Voslre  Sainteté'  ha  en- 
voyé ver  le  Roy  mon  fils,  corne  elle  de'syre 
voir  contineuer  la  pays  entre  ses  deux  roys, 
di  qui  Dieu  m'a  fcst  si  heureuse  que  d'avoyr 
l'honneur  d'eslre  mère  de  l'eun  et  helle-mère 
de  l'aultre  et  aystre  aymée  du  Roy  mon  fils 
tent  que  je  m'aseure  qu'il  ne  me  cèle  guère 
de  chose,  qui  est  cause  que  j'é  bien  voleu 
l'ayre  la   présente  lia  Vostre  Saincleté,  tent 
pour  leouer  Dieu  deu  bien  qu'il  a  fayst  à  toute 
la  crétienté,  après  avoyr  prias  le  l'eu  pappe, 
de  avoyr  porveu  set  Sainct  Siège  et  toute  son 
ayglise  d'un  tel  prinse,  de  quoy  le  Roy  mon- 
dist  fils  et  nous  tous  enn  avons  senteu  l'ayse 
et  contentement  que  prinse  très  crétiens  en 
douivest  resanlir;  et  ausi    la   présente  sera 
pour  dire  hà  Vostre  Sainteté  sur  se  que  ledist 
évesque  nous  ha  dist  de  sa  part  que  ceuls 
qui  ont  voleu  fayre  croyre  à  Vostre  Sainteté 
que  le  Roy  mondist  fils  eult  volunté  de  com- 
meuser  et  l'ayre  la  guerre  au  i-oy  d'Espagne 
son    frère  '2,    que    aylle    lé    remarque    pour 

1  Voir  dans  la  continuation  des  Annale»  de  Baronius. 
par  le  père  Theiner,  les  dépêches  de  Salviali. 

-  Déjà  Charles  IX  avait  écrit  dans  le  même  sens  à 
M.  de  Ferais,  son  ambassadeur  à  Rome  :  ttJe  vous  prie 
continuer  d'asseurer  Sa  Sainteté  de  ma  pure  intention,  à 
laquelle  tendent  toutes  mes  actions,  n'ayant  autre  désir 
et  soing  ipie  de  me  maintenir  en  paix  et  fuir  toutes  occa- 
sions de  guerre  et  seroys  très  marry  qu'à  l'occasion  de 
quelques  séditieux  et  turbulens  qui  ont  suivi  le  comte 
Ludovicq  je  me  visse  contrainct  y  entrer,  après  m'estre 
mis  en  debioir  de  les  faire  chastier  de  ceste  témérité  et 
désobéissance.  Je  sçay  qu'il  y  en  a  qui  veulent  inférer, 
«vaut  ledict  comte  esté  si  longtemps  en  mon  royaume  et 


persones  que  le  voldroynt;  car  cornent  je 
lui  ay  déjeà  dist,  sachent  de  ses  volontés, 
je  la  puis  aseurer  qu'il  ne  la  comenseara 
jaeamès,  si  l'on  ne  lui  contraint  par  forse  et 
ne  désire  que  achever  de  acomoder  le  dedans 
de  son  royaume,  et  que  l'on  lui  en  donne  le 
louisir  et  ne  lui  empeschet  de  establir  le  re- 
pos qui  est  encomensé,  lequel  yl  se  promet 
entier  par  le  mariage  du  roy  de  Navarre, 
aystenl  à  présent  morte  la  royne  de  Navarre 
sa  mère,  et  pour  aystre  nous  tous  très  hobéis- 
sans  enfans  de  l'église  et  volant  le  Roy  mon 
fils  et  moy  porter   toutes   nos   vies  et    tous 

en  estant  party  pour  aller  en  telles  entreprises,  que  j'en 
suis  particippant  et  consentant  ;  mais  j'ay  esté  le  premier 
trompé  de  luy,  car  chascun  sçait  et  mesmes  le  Hoy  Ca- 
tholicque  mon  bon  frère,  auquel  j'en  ay  faist  parler  par 
mon  ambassadeur  résidant  auprès  de  luy,  qu'il  me  pour- 
suivoit  très  instamment  requérir  ledict   sieur   roy  son 
maistre  le  recepvoir  en  sa  bonne  grâce,  et  cependant, 
soubz  couleur  de  ceste  démonstration  qu'il  faisoit,  est  pari  y 
de  mondict  royaume  secrètement  pour  faire  icelles  en- 
treprises, desquelles,  j'espère,  il  rescepvera  tel  traitement 
qu'il  mérite ,  et  est  à  présumer  que,  si  j'en  eusse  esté  par- 
ticippant, elles  eussent  esté  suivies  d'autres  forces  et  mieulx 
et  n'eust  le  duc  d'Alve  reprins  facilement  Valentiennes ; 
ce  sont  toutes  raisons  confirmées  par  effecls,  lesquelles 
je  vous  prie  faire  bien  considérer  à  Sadicte  Sainteté,  la 
suppliant  n'adjouster  foy  aux  mensonges  et  artifices  de 
ceux  qui  blasment  mes  actions  pour  s'en  prévalloir,  non 
tant  pour  l'entrelénement  de  la  paix  que  pour  leur  in- 
térêt particulier,  lesquels  cependant,  soubz  prétexte  de 
ce  remuement,  impriment  telles  opinions  de  moy  pour 
donner  couleur  aux  grands  préparatifs  de  guerre  qu'ilz 
font  de   toutes  partz  des  frontières.  Vous  pouvez  pro- 
mettre à  Sa  Sainteté  que  mon  armée  de  mer  n'entre- 
prendra rien  non  seulement  contre  le  Roy  Catholique, 
mais  les  autres  princes  mes  amis  et  alliés,  avec  qui  je 
suis  en  paix,   s'estant   présentées  de   trop  belles   occa- 
sions pour  employer  ladicte   armée,    lesquelles   ne  se 
fussent  passées  de  ceste  manière,  si  j'eusse  eu  aultre 
volonté  que  d'occupper   ceste  noblesse  ardente  de  son 
naturel    d'estre    employée     dans    quelques    lieux   sans 
préjudicier  à  noz  amys  et  notamment  à  moudict  frère  le 
Roy  Catolicque.  1  (Bibl.  nat.,  fonds  français.  11'  i(io3g, 
P657  v°.) 


LETTRES  DE  CATH 

mes  aultres  enfens  l'aubéisance  et  respect  que 
prinse  chrétiens  douvet  hà  Vostre  Sainteté 
et  au  Sainct  Siège  Apostolic,  nous  lavons  tous 
voleu  par  la  pre'sente  suplier,  ynsin  que  par 
fembasadeur  et  Mesieus  les  rardinauls  de 
Lorayne,  deFerrare  et  d'Est  déjeà  lui  ha  esté 
suplié  de  nous  volouir  acorder  la  dispanse  de 
la  consaguinité  qui  est  entre  ma  fdle  et  ledist 
roy  de  Navarre,  qui  n'est  que  au  tier  degré', 
chause  qui  ayst  si  hordinayre  que  nous  nous 
aseuron  que  Vostre  Sainteté'  nous  la  don- 
nera, ayspérent  bien  de  Vostre  Sainteté  de 
plus  grant  grase,  car  nous  ne  lui  en  demen- 
deron  riens  que  n'estimions  résonable  et  que 
avecques  la  décharge  de  sa  consiense  el  ne 
nous  la  puise  acorder,  suplient  Vostre  Sainc- 
teté  me  fère  cete  grase  de  s'aseurer  qu'y!  n'i  a 
chause  en  cet  monde  que  je  désire  plus  pour 
l'honneur  que  je  ay  que  de  voyr  conlineuer 
et  augmenter  la  pays  et  union  entre  ces  deux 
roys;  et  tent  que  je  vivray,  en  cet  que  je  auré 
de  moyen,  je  m'i  employré,  et  priré  Dieu  me 
fayre  la  grase,  qu'en  sesi  et  aultre  chause  je 
puisse  fayre  celon  sa  volonté  et  le  désir  que 
j'ié  de  servir  à  sa  gloyre  et  au  repos  de  la  cré- 
iienté  et  lui  supplie  donner  hà  Vostre  Sainc- 
teté  l'heur  de  se  bien  gouverner  et  régir  son 
église,  qu'il  en  souet  servi  et  honnoré  et  la 
gloire  et  Voslre  Saincteté  ann  aye  l'honneur 
et  contentement  que  luy  en  désire 
Vostre  dévote  et  hobéissante  fdle, 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


107 


1572.  —  8  juillet. 

Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  801.  fJ  loi. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  EN  LA  COURT  DE  PARLEMEST  DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  aiant  entendu  que 
Monsieur  Rouillard,  conseiller  à  la  court  de 
parlement,  est  prestde  fayre  son  rapport  d'un 


procès  pendant  en  ycelle  court  entre  Michel 
de  Vernoy,  Loys  deNozières  et  consors,  allen- 
contre  des  eschevins,  manans  et  habitans  et 
bouchers  de  la  ville  d'Orléans,  je  vous  ay 
bien  voulu  escripre  la  présente  pour  vous  prier 
donner  audiance  audict  sieur  Rouillard  de  fayre 
son  rapport  dudict  procès  et  au  demeurant 
tenir  la  main  à  ce  que  le  bon  droict  desdietz 
de  Vernoy,  Nozières  el  consors  leur  soit  gar- 
dé, lequel  je  vousay  bien  voulu  recommander 
en  bonne  et  briefve  justice,  priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript    au    chasteau    de    Bouloigue,    le 
vin"  jour  de  juillet  1572. 

Caterine. 
Chantereau. 


1572.  —  17  juillet. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i6to4,  f°  118. 

A  MONSIEUR  DE  SAINTGOUARD. 

Monsieur  de  Saint  Gouart,  vous  verrez  par 
la  lettre  que  vous  escript  le  Roy  monsieur 
mon  filz  pour  quelle  occasion  il  vous  renvoie 
Longlée  présent  porteur.  Je  ne  vous  useray 
de  redicte  et  me  remettray  entièrement  sur  ce 
qu'il  vous  escript,  seullement,  je  vous  prie, 
faisant  entendre  au  Roy  Catholicque  monsieur 
mon  beau-filz  la  résolution  que  le  Roy  mon- 
dict  sieur  et  filz  a  prise  de  laisser  sortir  son 
armée  de  mer  l,  luy  dire,  de  ma  part,  que 

1  Le  3  juin,  Ferais  avait  écrit  de  Rome  au  duc  d'Anjou  : 
«  Ils  ne  se  peuvent  persuader  que  les  vaysseaux  que  Sa 
Majesté  a  faict  armer  pour  la  seureté  de  ses  portz  et  havres 
soient  pour  aultre  occasion  que  contre  eulx  et  voylà,  Mon- 
seigneur, qui  fait  que  don  Jehan  d'Autriche  fera  encore 
halte  jusqu'à  la  fin  de  ce  moys  à  Corfou.u  ( Bibl.  nat., 
fonds  français,  n"  160&0,  f°  139.) 

De  son  coté,  le  16  juillet,  la  veille  du  jour  où  partit 
la  lettre  de  Catherine,  M. de  Saint-Gouardavaitadresséau 
duc  d'Anjou  cette  lettre  chiffrée  :  «Depuis  que  je  suis 

i4. 


108  LETTRES  DE  CATH 

tout  ainsy  que  j'ay  toujours  procuré  l'entreté- 
nemeut  de  l'amityé  fraternelle  qui  est  entre  le 
Roy  mondict  sieur  et  filz  et  luy,  je  me  resjouys 
aussi  maintenant  de  les  veoir  tellement  dési- 
reux de  vivre  en  paix  et  couper  chemin  à  toute 
occasion  qui  pourrait  engendrer  le  contraire, 

icy,  où  je  ne  pense  pas  en  une  seule  occasion  avoir  manqué 
à  donner  advis  de  ce  qui  se  faict,  donnant  peu  de  foy  à  ce 
que  je  leur  dicls  de  la  bone  intention  de  Sa  Majesté  à  la 
manutention  de  la  paix ,  me  mestant  tousjours  devant  deux 
pointz  desquels  j'ay  traiclé  icy  avecques  toute  instance  et 
comme  il  m'estoit  commandé:  l'un  pour  le  conte  Ludo- 
vicq  et  quelques  vaisseauli  armez  contre  les  corsaires, 
colorant  ce  qui  aparoissoit  de  plus,  et  dont  ilz  estaient 
advertiz,  de  toutes  les  couleurs  que  j'ay  peu  jusques  icy 
et  desquelzj'ay  tousjours  adverty  Sa  Majesté.  Le  prétexte 
et  occasion  qu'ilz  ont  d'armer  et  faire  les  grands  prépa- 
ratifs qu'ils  font  sont  couverts  et  excusez  de  tout  le 
monde  tant  pour  l'entreprise  contre  le  Turc  que  pour 
la  défense  de  leurs  Pays-Bas.  Il  est  tout  apparent  que  la 
crainte  qu'ilz  ont  que  le  Roy  ne  les  trouble  leur  a  faict 
substanter  cette  grande  armée  qu'ilz  ont  en  Cicille  pour 
seulement  attendre  plus  à  leur  particulier  que  non  au 
publicq  ce  qui  est  d'extresrae  considération,  si  l'on  vient 
de  fortune  à  une  rupture,  ce  que  ne  voudrait  le  Roy,  s'il 
n'y  estcontrainct,  non  que  je  me  fie  de  ce  qu'il  sçait  qu'il 
ne  peult  avoir  ung  plus  puissant  ennemy  au  monde  que  le 
Roy  et  qu'il  est  du  tout  coutrainct  abandonner  l'entre- 
prise du  Levant  et  autres  desseings  que  je  vouldrois 
mectre  ma  vie  qu'il  a  en  Italie  et  le  danger  en  quoy  il 
voit  sa  Flandres,  s'il  plaist  au  Roy  y  entreprendre  et  si  de 
son  costé  il  rompt,  sur  les  soubçons  que  luy  donnent  ses 
ministres  que  le  Roy  n'attend  aultre  que  meilleure  occa- 
sion. Tout  cela  mérite  que  vous  aiez  la  mesme  mefnaoce 
qu'eulx  à  celle  fin  que  vous  ne  soiez  trompé  en  belles 
paroles.  Je  faits  ce  que  je  puis  pour  pénétrer  en  ce  qui  se 
dit.  Les  paroles  du  roy  et  de  ses  ministres  sont  toutes 
pleines  de  voulloir  continuer  la  paix;  mais  leurs  apareils 
et  le  doubte  en  quoy  je  sçay  qu'ils  sont,  me  font  mal  ju- 
ger de  leurs  intentions,  quelques  belles  paroles  qu'ils  me 
donnent  et  je  ne  vouldrois  pas  conseiller  que  l'on  s'i  Cast. 
Il  est  grand  besoing  que  bien  soigneusement  l'on  observe 
les  remuement:  qu'ilz  feront  aux  frontières  et  qu<>  l'on 
s'asseure  sur  ce  que  pourrait  faire  ceste  grande  armée  de 
mer  à  sa  première  furie,  laquelle  ne  sçauroit  pas exécu- 
ter  de  grandes  eboses,  si  elle  ne  le  faict  à  l'impourveu.» 
(  ïbid. ,  p.  1 1 5.  ) 


ERINE  DE  MEDICIS. 

s'estant  le  Roy  mondict  sieur  et  lîlz  résolu  de 
faire  partir  ceste  armée  sans  la  faire  plus  lon- 
guement différer,  aflin  de  le  tirer  du  soubçou 
qu'il  en  avoyt,  espérant  que  ce  propos  le  ren- 
dra très  content  et  croire  que  on  ne  luy  a  rien 
voulu  cacher  à  son  préjudice.  Vous  verrez 
aussy  mes  petites -filles,  leur  ferez  mes  recom- 
mandations et  présenterez  de  ma  part  ce  que  je 
vous  envoyé  par  ce  porteur,  en  continuant  à 
me  mander  de  leurs  nouvelles. 


1572.  —  20  juillet. 
Orig.  Bibl.  imp.  de  Sainl-Pétersbourg ,  vol.  XIX,  f'  9. 

A  MONSIEUR  DE  VILLEROY. 

Monsieur  de  Villeroy,  je  receuz  hier  soir  les 
lettres  que  m'avez  escriptes  avecq  celles  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  escripvoit  à  Mon- 
sieur l'admirai,  ensemble  celles  qu'il  m'a 
escriptes  pour  monstrer  à  l'ambassadeur  d'Es- 
paigne,  qui  sont  très  bien  et  me  servirav  de 
celle  qui  faict  mention  de  celles  que  je  en 
avois  escriptes.  J'ay  aussi  veu  et  faict  partir 
incontinent  celles  que  moy  et  mon  filz  d'An- 
jou escripvimes  au  roy  de  Navarre1  et  au 
sr  de  Riron  auquel  j'ay  pareillement  escript. 
J'envoye  à  mon  filz  une  dépesche  de  Flandres 
et  une  aultre  d'Espaignc,  lesquelles  vous  dé- 
chiffrerez incontinent  et  me  les  renvoirez 
après  que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  et  mon 
filz  les  auront  veues  et  vous  me  manderez  tous 
les  jours  de  leurs  nouvelles  et  aussi  de  mon 
filz  le  duc2,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Villeroy, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Meudon,  le  mardy  xxe  jour  de 
juillet  1072. 


Caterine. 


PlNART. 


1   Voir  pour  l'entrée  du  roi  de  Navarre  à  Paris  Calni- 
dar  of  State  papers  (  1  571-1  57 2),  p.  167. 
a  Le  duc  d'Alençon. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  109 


1572.  —  g  août. 
Arch.  nal.  collect.  Simancas,  K  i53o,  pièce  10. 

AU  ROY  CATHOLIQUE. 

Très  hault,  très  puissant  et  très  excellent 
prince ,  nostre  très  cher  et  très  aîné  bon  frère 
etfilz,  d'auitant  que  il  nous  a  esté  faict  présent 
d'une  jument  d'Espaigne,  laquelle  a  esté  mise 
et  délivrée  es  mains  du  sr  de  S'  Gouart,  ambas- 
sadeur du  Roy  nostre  très  cher  sieur  et  filz 
près  de  vous,  pour  la  nous  envoier,  et  que  nous 
désirions  singulièrement  la  pouvoir  avoir  par 
deçà  au  plus  tost  que  faire  on  pourra,  pour  l'es- 
pérance que  nous  avons  qu'elle  sera  propre 
pour  le  service  de  nostre  personne,  nous  avons 
bien  voulu  vous  escripre  la  présente  et  vous 
prier  affectueusement  permectre  audict  S' 
Gouart  la  nous  envoyer,  et  ordonner  qu'il  ne 
luy  soit  faict  ny  à  ceulx  qui  auront  la  conduicte 
d'icelle  jument  aucun  trouble  ou  empeschement, 
comme  nous  nous  asseurons  que  pour  l'amour 
de  nous  vous  luy  accorderez  très  volontiers 
ladicte  permission,  et  sur  cette  asseurance, 
après  vous  avoir  présenté  noz  très  affectueuses 
recommandations,  nous  prions  le  Créateur,  très 
hault,  très  puissant  et  très  excellent  prince, 
nostre  très  cher  et  très  amé  bon  frère  et  fils, 
vous  donner  en  parfaicte  santé  très  bonne  et 
longue  vye. 

Escript  à  Paris,  le  ixe  jour  d'aoust. 

Caterine. 
Chantereau. 


1572. 


io  août. 


Copie.  Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatie* 
de  La  Mothe-Fénelon ,  t.  Vil .  p.  3i5. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelon,  ainsi  que 
Vassal  présent  porteur  estoit  prest  à  monter  à 
cheval  pour  s'en  retourner,  la  despesche  que 


nous  aviez  faicte  de  Brichil ,  le  iue  de  ce  moys , 
est  arrivée,  laquelle  j'ay  aussitost  veue,  ayant 
eu  plaisir  de  voir  le  contenu  en  icelle  qui  me 
donne  encore  quelque  espérance.  En  quoy  je 
suis  bien  asseurée  que  vous  ne  perdrés  une 
seule  occasion  de  tout  ce  qui  se  peult  faire  en 
cella,  pour  nous  faire  avoir,  s'il  est  possible, 
le  fruit  et  contentement  que  nous  en  désirons 
de  si  grande  affection  que  vous  pouvez ,  estant 
asseuré  que,  si  ce  mariage  se  faict,  vous  nous 
aurez  donné  le  plus  grand  contantement  que 
puissions,  pour  ceste  heure,  désirer  et  espérer 
et  dont  vous  aurés  telle  rémunération  que 
jamais  gentilhomme  ne  l'a  receu  meilleure 
ni  de  meilleur  cœur  que  nous  la  vous  tairons; 
et  quand  encores  les  choses  ne  succéderont  si 
bien  que  nous  vouldrons,  sachant  bien  que 
vous  vous  v  estes  employé  de  la  plus  grande 
affection  que  se  peult,  nous  ne  laisserons  de 
recognoistre  vos  bons  services  d'aussi  bon  cœur 
que  je  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Paris,  le  dimanche  xe  jour 
d'aoust  î  572. 


Caterine. 


Pinart. 


1572.  —  i.'i  août. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3706,  f°  73. 

V  MONSIEUR  DE  MANDELOT. 

Monsieur  de  Mandelot,  je  vous  faictz  ce  mol 
de  lettre  pour  vous  dire  que,  sur  tant  que  vous 
aymez  le  service  du  Roy  monsieur  mon  filz  et 
à  luv  obéyr,  vous  ne  laissiez  passer  aucun 
courrier  venant  de  Rome  en  çà,  soit  qu'il  soit 
dépesché  vers  ledict  seigneur  ou  aultre  quelque 
ce  soit,  que  lundy  ne  soit  passé,  et  faictes  le 
semblable  de  tous  les  aultres  courriers  qui 
viendront  d'Ytalie ,  faisant  retarder  et  les  ungs 
et  les  aultres  jusques  à  lundy  passé,  prenant 
bien  garde  qu'ils  ne  puissent  passer  jusques 


110 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


à  la  première  posle  secrettement  et  de  là  prendre 
la  posle  pour  s'en  venir  par  deçà,  et  m'asseu- 
rant  que  vous  satisferez  à  la  \olunlé  dudict 
seigneur  et  à  la  mienne,  je  fera  y  fin  à  la  pré- 
sente, priant  Dieu,  Monsieur  de  Mandelol, 
vous  tenir  en  sa  sainrle  garde. 

Et  que  le  fassiez,  sans  que  Fou  puisse  cog- 
uoistre  que  eu  ayez  commandement  et  le  plus 
secrettement  que  pourrez,  sans  que  en  soit 
bruict. 

Escript  à  Paris,  ce  xune  jour  d'aousl1  1672. 

Caterime. 

CllANTEREAU. 


1572.  —  19  août. 

Imprimé  par  le  père  Theiner 

'lans  ta  continuation  des  Amialcs  ecclésiastiques  de  Baronius, 

1. 1.  p.  333. 

A  IVOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE 

LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  je  remercie  très  afec- 
lueusement  Vostre  Sainteté  de  la  bonne  vo- 
lonté qu'elle  me  démontre  par  la  lettre  ays- 
cripte  de  sa  mayn,  que  je  ay  ces  jours  pasés 
reseue  et  la  prie  croyre  que  le  Roy  mon  filz 
et  moy  luy  corresponderon  tousjour  aveque 
toutte  la  dévotion  et  bobéïsanse  quelle  saroyt 
de  nous  désirer,  m'aseurent  ausi  tant  de  sa 
bonté  paternele  que  Vostre  Sainteté  nous  gra- 
lifira  libéralement  des  grases  dépandentes  de 
son  hauctori té,  quand  le  besouing  des  afayres 

1  Le  1 4  août  tombant  un  jeudi  et  le  lundi  suivant,  le 
1 8,  étant  le  jour  fixé  pour  la  cérémonie  des  uoces  de  Mar- 
guerite de  Valois  et  du  roi  de  Navarre,  il  était  impor- 
tant de  ne  laisser  passer  aucune  dépêche  venant  de  Rome. 
Le  18  de  ce  même  mois  d'août,  Charles  I\  ajoutait  :  ••  V 
laissez  passer  aucun  courrier  ny  autre  quoiqu'il  soit 
allant  eu  Italie  dans  six  jours  à  compter  de  la  date  de 
la  présente,  sinon  en  vous  faisant  apparoir  de  passeport 
bien  et  duement  expédié  et  ligné  de  l'un  de  mes  se- 
crétaires d'Estat.n  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  2706, 

r7S.) 


de  cet  royaume  le  requèra  ;  et  an  cet  fianse  nous 
avons  recours  hà  Voslre  Sainteté.  J'espère  que 
Vostre  Sainteté  ayant  ouï  cet  que  le  Roy  mon 
fils  lui  lia  mandé  par  un  sien  valet  de  ebambre1, 
qu'elle  n'auré  plus  longuement  diféré  de  co- 
mender  l'expédition  délia  dispause  que  avons 
demandée  hà  Vostre  Sainteté  pour  le  mariage 
de  ma  fille  avecques  le  roy  de  Navarre,  et  veuls 
croyre  ausi  que  Vostre  Sainteté,  conoysant 
notre  droyt  ynlention,  ne  prendre  que  de 
bonne  part  la  solannisalion  dudist  mariage, 
que  avons  l'esté  pour  ne  se  povoyr  plus  lon- 
guement diférer  sans  danger  de  plusieurs  yn- 
convéniens,  ynsin  que  plus  amplement  lui 
dira  le  sieur  de  Ferai,  embasadeur  pour  le 
Roy  mon  fils  ver  Vostre  Sainteté;  et  seulement 
dire  hà  Vostre  Sainteté  que  la  fianse  qu'il  povoyt 
prendre  de  hors  cet  royaume,  et  l'aseurense 
que  avons  que  ma  fille  aveques  cet  que  le  Roy 
mou  fils  et  moy  ferons  pour  satislayre  à  cet 
que  désirons  pour  le  servise  de  Dieu  et  le  re- 
mettre [en]  vostre  volonté  et  la  noslre,  le 
conèsant  de  si  bonne  volonté  que  cela  nous 
asseure  aveques  le  temps  satisfayre  aux  poyns 
(jue  Vostre  Sainteté  nous  ha  demandé;  qui  ha 
esté  cose,  pour  toutes  ses  reysons  et  selles  que 
Vostre  Sainteté  entendra  de  cet  jeanlilhomme, 
que  avons  ayfeclué  cedist  mariage,  nous 
aseurenl  que,  s'il  plest  hà  Vostre  Sainteté 
mestre  toutes  ses  causes  et  considérations  en- 
semble et  Testât  de  ce  royaume,  qu'ele  juegera 
cet  mariage  avstre  nésessaire  pour  le  salut  et 
le  repos  d'icelui,  cet  que  conoysant,  elle  fayré 
plus  de  fondement  sur  noslre  droicte  yntanlion 
et  éyan  plus  d'égard  et  à  nostre  besouïn  que 
auls  difficultés  mis  enn  avent  par  l'artifise 
d'aucuns  pour  empêcher  les  elfects  de  nostre 
bonne  volonté.  Pourtent  retourneron  derechef 
hà  suplier  Vostre  Sainteté  prendre  de  nous 

1  M.  de  (îhauvigny. 


sete  fianse  et  nous  haccorder  ladisle  dispanse 
aveques  cete  aseuranse  que  cet  que  avons  fayst 
n'avons  aysté  meus  que  du  bien  et  nésésité  de 
cet  royaume,  que  nous  désirons  sur  toutes 
choses  rendre  Vostre  Sainteté  salisfayste  et 
l'honneur  de  Dieu  et  de  son  ayglise  continué 
et  augmenté  et  remis  par  tout  cet  royaume, 
corn  est  l'intention  et  désir  du  Roy  mon  fils 
et  de 

Vostre  dévote  et  hobéissante  fille, 

Caterine1. 

1  Le  10  août,  M.  de  Ferais  avait  répondu  à  Charles  IX 
et  lui  avait  rendu  compte  de  ses  dernières  démarches  : 
rSire,   l'arrivée  par  deçà  du  s'  de  Chauvigny  a  bien 
esclarcy   Sa   Sainteté    du    doubte   en   laquelle   elle   se 
retrouvoit  à  la  concession  de  la  dispense  du  mariage  de 
Madame  par  la  bonne  espérance  que  Vostre  Majesté  luy 
donne  de  veoir  bientost  le  roy  de  Navarre  réduict  et  prest 
de  satisfaire  à  toutes  les  conditions  que  Sa  Sainteté  désire , 
luv  ayant  là-dessus  reytéré  toutes  les  remonstrances  que 
je  luy  ay  cy  devant  proposées  sur  le  faicl  dudict  mariage , 
et  comme  cella  apporte  ung  entier  et  asseuré  repoz  à  tout 
vostre  royaulme ,  pays  et  subjets,  aussi  qu'eslans  les  choses 
ainsi  advancées,  comme  elles  sont  maintenant,  elles  ne  se 
pourroient  en  quelque  sorte  que  ce  soit  reculer  ou  différer 
sans  ung  grand  murmure  et  préjudice  auxalïairesde  Vostre 
Majesté,  qui  ne  larroit  pour  tout  cela  de  passer  oultre 
à  l'exécution  d'une  si  heureuse  alliance,  l'effcct  de  laquelle 
importait  tant  au  bien,  grandeur  et  prospérité  de  voz 
affaires  et  service  et  aussi  estant  intervenu  là  dessus  Mon- 
seigneur le  cardinal  de  Lorrain'' ,  qui  ne  s'est  pas  espargné 
en  ses   belles,   doctes  et  accoustumées  remonstrances, 
Sadicte  Sainteté  se  veoyant  ainsi  persuadée  et  pressée 
de  vostre  part  s'est  tellement  eshranlée  à  se  condescendre 
et  satisffaire  en  cest  endroit  à  Vostre  Majesté  que  l'entière 
résolution  et  concession  n'en  peult  plus  guèresdemourer 
à  vous  faire  sçavoir,  comme  je  feray  par  ledict  Chauvigny 
qui  l'emportera  dans  peu  de  jours;  mais  pour  ce  qu'il 
m'a  dic.t  que  les  préparalifz  sont  si  fort  advancez  que  son 
séjour  de  deçà  pourrait  causer  quelque  retardement  à 
l'effect  et  exécution  de  ce  mariage, il  m'a  semblé,  Sire, 
vous  devoir  envoyer  en  toute  diligence  ce  courrier  pour 
advertir  Votre  Majesté  de  l'intention  de  Sa  Sainteté  bien 
disposée  à  vous  satisffaire,  afGn  que  riens  ne  demoure, 
en  attendant  le  retour  dudict  sr  de  Chauvigny.»  (Bibl. 
nat.,  fonds  français,  11°  iôo'io,  p.  166.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 

1572.  - 


111 


août. 


Copie.  Imprimé  dans  la  Coirespondance  diplomatique 
Je  la  Mothe-Féueltm ,  L  'VU,  p.  3ao. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Molhe  Fénelon,  considé- 
rant voz  deux  despesches  des  vu  et  xicmi!  de  ce 
moys,  je  suis  encore  en  quelque  bonne  espé- 
rance du  propos  du  mariage  de  la  royne  d'An- 
gleterre et  de  mon  fils  d'Alençon;  en  quoy  je 
suis  très  asseurée  que  vous  n'obmetlrez  rien  de 
tout  ce  qui  se  peult  pour  en  voir  la  bonne  et 
heureuse  fin  que  désirons;  aussi  ne  vous  en 
fairai-jepas  longue  lettre,  me  remectant  à  ce 
que  vous  en  escript  le  Roy  monsieur  mon  filz. 
Et  seulement  vous   diray  que,   s'il   y   avoit 
quelque  chose  de  bien  commancé  et  asseuré 
audict  mariage,  il  seroit  bien  fort  aizé  à  faire 
que  ladicle  royne  d'Angleterre,  mon  filz  d'A- 
lençon et  moy,  nous  verrions   avec   seureté 
pour  elle  et  pour  nous  en  un  beau  jour,  bien 
calme,  entre  Boulongne  ou  Calais  et  Douvres  . 
ainsi   que.  l'on    pourroit    aizément    disposer 
toutes  choses,  comme  nous  en  avons  devisé 
amplement,  mon  cousin  le  duc  de  Montmo- 
rency et  moy;  car  je  n'ay  pas  moindre  xolonté 
de  la  voir  qu'elle  moy,  et  que  si  elle  esloit  ma 
propre  fille,  ainsi  que  vous  ferez  entendre  à 
ses  ministres  doulcement,  et  à  elle  aussi,  si 
voyez  que  bon  soit,  et  qu'il  se  puisse  espérer 
quelque  bon    succès   dudict    propos  de  ma- 
riage'. 

Cependant  nous  regarderons,  ces  jours  icy, 
au  faict  d'Escosse,  pour  renvoyer  incontinent 
le  sieur  de  l'Espinasse,  afin  qu'ilz  n'ayent  pas 
seulement  la  suspension  d'armes,  mais  aussi 
une  bonne  paix  entre  eux,  vous  recomman- 
dant lousjours  ma  fille  la  royne  d'Escosse  et 

1  Voir  notre  livre  :  Les  projets  de  mariage  de  la  reine 
Elisabeth ,  p.  i'i5  et  suiv. 


\\-2 


priant  de  continuer,  de  ma  part,  quand  il 
sera  à  propos,  envers  ladicte  royne  d'Angle- 
terre et  ses  ministres  les  bons  offices  qu'avez 
accoustunié  de  faire  pour  elle,  priant  Dieu 
vous  avoir  en  sa  garde. 
Escript  à  Paris,  le 
1572. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript    à   Paris,    le    xxne  jour    de   aoust 
1572. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


xxiemc  jour   d'aoust 
Caterine. 


PlNABT. 


1572.  —  22  août. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  Glza  6736, 
Duova  nurûerazione ,  p.  338. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUn 

LE  GRAND  DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  par  le  sieur 
Bruet,  qui  est  par  delà  pour  mes  affaires,  la 
bonne  intention  que  vous  avez  de  me  faire 
toute  raison  des  biens  qui  m'appartiennent, 
vous  estant  enfin  ai-reste'  sur  le  seul  poinct 
des  valleurs  après  beaucoup  de  disputes  pas- 
sées pour  raison  de  voz  droietz  entre  ledict 
Bruet  et  voz  depputez,  dont  il  m'a  tousjours 
rendu  bon  compte,  ce  que  j'ay  eu  bien  agréa- 
ble pour  l'asseurance  que  j'ay  tousjours  eue, 
que  vous  n'en  feriez  pas  de  moings,  et  que 
vous  vouldriez  chercher  toute  occasion  de 
m'en  donner  contentement;  mais  pour  ce  que 
j'entends  que  ledict  Bruet  est  entré  en  ung 
chemin  assez  long  pour  le  faicl  desdictes 
valleurs  et  qu'il  me  semble  que,  si  à  ce  coup 
nous  n'y  advisons  vous  et  moy,  que  de  long 
temps  l'occasion  se  puisse  présenter;  par  quoy 
je  vous  prie  derechef,  pour  le  bien  que  je 
vous  veulx  et  à  vostre  maison,  d'y  mectre 
une  lin  au  plus  tosl,  et  me  renvoier  ledict 
Bruet,  auquel  j'en  escriptz  en  conformité. 
et  n'estant  la  présente  à  autre  fin,  je  ne  la 
vous    fera  y    plus    longue,   sinon   pour    prier 


1572.  —  27  août. 

Miaule.  Bibl.  nat.  fonds  français,  d°  i5555,  f°  ia  v°. 

A  MONSIEUR  LE  VICOMTE  DE  HORTE1. 

Monsieur  le  vicomte,  vous  verrez  par  la 
lectre2  que  le  Roy  monsieur  mon   filz  vous 

'  Après  avoir  dicté  cette'  lettre  elle  a  ajouté  :  tr  Voici 
la  lettre  de  Monseigneur  à  laquelle  il  ne  faut  rien  chan- 
ger, et  au  lieu  du  Roy  monsieur  mon  lilz,  mettre  le  Rov 
monseigneur  et  frère.»  (Au  dos  :  Du  xxvu'  d'août.) 

2  Nous  joindrons  à  celte  lettre  celle  de  Charles  IX  : 
trj'estime  que  vous  n'estes  pas  à  sçavoir  la  bles- 
seure  de  mon  cousin  t'admirai;  et  comme  j'estoys  après 
à  faire  tout  ce  qui  estoyt  possilile  pour  la  vérification  du 
faicl  et  cliastiment  d'icelluy,  à  quoy  il  ne  s'est  rien 
oulilyé,  il  est  advenu  cependant  que  iceulx  de  la  maison 
de  Guyse  et  les  autres  seigneurs  et  gentilshommes  qui 
leur  adhèrent,  et  n'ont  pas  petite  part  en  cesle  ville, 
comme  chascun  sçait,  ayant  sceu  notamment  que  des 
amys  dudict  sieur  admirai  voulloyent  poursuivre  sureulx 
la  vengeance  de  ceste  blesseure,  pour  les  soupçonner  en 
estre  cause,  se  sont  esmeuz  cesle  nuit  passée  ,  sy  bien  que 
entre  les  ungs  et  les  autres  il  s'est  passé  une  grande  et 
lamentable  sédition,  ayant  forcé  le  corps  de  garde  qui 
avoit  esté  ordonné  autour  de  la  maison  dudict  admirai, 
luy  tué  avecques  quelques  autres  gentilshommes,  comme 
il  en  a  esté  aussy  massacré  d'autres  eu  plusieurs  endroitz 
de  la  ville,  ce  qui  a  esté  mené  avec  une  telle  lune  qu'il 
n'a  esté  possible  d'y  apporter  le  remède  tel  que  Ton  eust 
peu  désirer,  ayant  eu  assez  d'affaire  à  employer  mes 
gardes  et  autres  forces  pour  me  tenir  le  plus  fort  en  ce 
chasteau  du  Louvre,  pour  après  faire  donner  ordre  par 
toute  la  ville  à  l'apaisement  de  la  sédition  qui  est  i 
reste  heure  amorlye,  grâce  à  Dieu,  estant  advenue  pour 
la  querelle  qui  est  de  ung  long  temps  entre  ces  deux  mai- 
sons, de  laquelle  ayant  toujours  préveu  qu'il  survien- 
droyt  quelque  mauvais  efiéct,  j'avoys  cy-devant  faicl 

tout  ce  qu'il  estoyt  possible  pour  l'appaisrr,  ainsy  que  vous 
sçavez.  chose  que  seroyt  pour  altérer  le  repos  qui  a  esté 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


113 


escript  comme  nous  avons  receu  voz  lettres 
et  entendu  ce  qui  se  pre'sente  de  voslre  couslé, 
dont  il  a  receu  contentement,  et  ne  pouvez 
mieulx  faire  que  de  continuer  à  le  tenir  ad- 
verly  de  ce  que  vous  en  apprendrez.  Ce- 
pendant il  vous  commande  que,  s'il  survient 
par  deçà  chose  que  je  pense  sera  pour  trou- 
bler le  repozqui  depuis  l'édict  de  pacifficalion 
a  esté  si  bien  estably,  en  leur  faisant  entendre 
son  intention  et  tout  ce  que  vous  aurez  à  faire 
là  dessus,  ce  que,  je  m'asseure,  vous  sçaurez 
bien  suyvre  et  partant  je  ne  vous  en  feray  une 
redicle,  me  contentant  de  vous  prier  de  luy 
satisfaire  le  mieulx  qu'il  sera  possible ,  et  faire 
en  sorte  que  toutes  choses  soyent  contenues 
en  l'étendue  de  vostre  gouvernement  et  re- 
mettre soubz  son  obéissance,  ainsi  que  le  bien 
de  son  service  le  requiert. 

jusques  icy  parmy  mes  subjeetz  depuis  l'édict  de  pacifi- 
cation, s'il  n'y  estoyt  remédié,  ainsi  que  de  voslre  part 
je  m'en  asseure  en  l'estendue  de  vostre  charge,  en  atten- 
dant mon  frère  le  roy  de  Navarre  ou  mon  cousin  le  ma- 
réchal de  Savoye*  qui  ne  pourront  estre  si  tost  par  de 
là ,  donner  ordre  à  la  seuretté  de  la  ville  de  Bayonne  et 
que  en  icelle  il  ne  s'eslève  aucune  esmolion  entre  les 
habitans  ny  se  commette  aucuns  massacres  entre  eulx, 
ainsy  qu'il  est  à  craindre  sur  ceste  nouvelle ,  et  combien 
qu'il  n'y  ayt  rien  en  ce  l'aict  de  rupture  de  l'édict  de  paci- 
lisation,  néantmoyns  il  est  à  craindre  que  aucuns,  se  ser- 
vans  de  ce  prétexte,  ne  vendent  exécutter  leurs  ven- 
geances, de  quoy  j'auroysun  incroyable  regret,  vous  priant 
à  ceste  cause  faire  publyer  et  entendre  par  tous  les  lieux 
et  endroietz  de  vostre  charge  que  cliascun  ayt  à  demeu- 
rer en  repos  et  seureté  en  ceste  province  sans  prendre  les 
armes,  ny  offenser  l'un  l'autre,  sous  peine  delà  vye,  et 
faisant  bien  expressément  observer  nostre  édict  de  paciffi- 
cation ,  et  s'il  y  a  aucuns  contrevenants  à  mes  lettres,  les 
faire  pugnir  par  justice  et  à  cest  efl'ect,  sy  besoingest, 
pour  leur  courir  sus,  assembler  le  plus  de  forces  que  vous 

pourrez.i  (Minute.  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  1 5555, 

p.4o.) 

C'est  ici   que   nous   placerons  le  mémoire  daté  du 

a5  août  et  remis  par  le  Roi  au  sieur  de  Schomberg,  dé- 

•  M.  le  marquis  de  Villars. 

Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


1572.  —  28  août. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  i53o,  n°  ai. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fds,  je  ne  foys  neule  doucle 
que  ne  ressenties  comme  nous  mesmes  le  heur 
que  Dieu  nous  ha  fayst  de  donner  le  moyen  au 
Roy  monsieur  mon  fils  de  set  défayre  de  ses 
sugès  rebelles  à  Dieu  et  à  lui,  et  qu'il  lui  aye 
pieu  luy  fayre  la  grâce  de  le  préserver  et  nous 
tous  de  la  créaulté  de  leurs  mayns,  de  quoy 
nous  aseurons  que  en  leourés  Dieu  avecques 
nous,  tant  pour  nostre  particulier  corne  pour 
le  bien  qui  en  reviendré  à  toute  la  crétienté 
et  au  service  et  honneur  et  gloyre  de  Dieu, 
ynsiu  qu'espéion  que  bien  tost   cet  conestra 
et  en  sentira-t'on  le  fruit;  et  randons  par  cet 
ayfect  le  témognage  de  nos  bonnes  et  droyetes 
ynlentions,  car  ne  les  avons  jeamès  eu  autre 
que  tendent  à  son  honneur,  et  m'en  réjoui 
encore  d'aventage  de  penser  que  cete  aucasion 
confirmeré  etaugmentereTamytié  entre  Vostre 
Majesté  et  le  Roy  son  frère,  qui  est  la  chause 
de  cet  monde  que  je  désire  le  plus,  et  l'aseure 

péché  de  nouveau  par  lui  vers  des  princes  de  la  Germanie 
pour  leur  faire  entendre  les  causes  de  la  mort  de  l'ami- 
ral :  tLe  Roy  déclare  que ,  ayant  appris  que  ledict  amiral 
et  ses  adhérens  avoient  résolu  de  se  venger  et  attenter 
contre  Sa  Majesté,  la  Royne  sa  mère  et  Messeigneurs  ses 
frères,  il  consentit  que  MM.  de  la  maison  de  Guise,  le 
vingt  quatriesme  jour  dudict  mois  d'aoust,  tuassent  ledict. 
amiral  et  autres  de  sa  faction  qui  avoient  conspiré  et  con- 
juré pareil  dessein ,  comme  aussy  pour  et  à  l'occasion  de 
ce  que  l'on  a  trouvé  dans  le  Louvre  les  sieurs  de  Piles 
et  Manneuil  de  ladicte  faction  la  nuit  auparavant  ladicte 
exécution,  qui  avoient  quelque  dessein  sur  Sa  Majesté, 
dont  néanmoins  elle  est  fasebée,  el  a  résolu  à  ceste  cause 
en  donner  advis  à  Messieurs  le  comte  Palatin,  duc  Au^ 
guste  de  Saxe,  landgrave  de  Hesse,  duc  de  VVirtem- 
berg,  duc  Casimir  et  autres  princes,  ausquels  ledict  de 
Schomberg  dira  qu'il  ne  s'agit  icy  ny  du  faict  de  la  reli- 
gion ny  de  la  rupture  de  l'édict  de  pacification,  et  de- 
mande toujours  leur  bonne  amitié  et  affection. «  (Copie. 
Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  a8o5,  p.  37.) 


1  [;M\iiicniE   ^ntnjLE. 


114 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


que,  tant  que  je  vivre,  je  le  fayré  tousjours 
l'ofice  de  celé  que  j'é  l'heur  d'estre  à  tous  deus 
et  la  prie  s'an  aseurer;  et  pour  ce  que  le  Roy 
mon  fils  donna  charge  à  son  embassadeur  de 
Iuy  conter  cornent  le  tout  ayt  passé  etlajouste 
aucasion  qu'il  a  de  cet  fayre,  je  me  remetre' 
à  ce  qui  lui  en  dire  et  fayre'  fin,  priant  Vostre 
Majesté  ne  trover  mauves  cet  je  lui  recomende 
les  Ynfantes  ses  filles  par  cet  porteur  Mon- 
ta vgne,  que  je  leur  envoyé,  et  priré  Dieu  iuy 
donner  cet  qu'ele  désire. 

De  Paris,  ce  xxvmeme  jour  de  aoust  1572. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Gaterink. 


1572.  —  29  août. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1610A,  f°  1 53. 

A  MONSIEUR  DE  SAINT-GOUARD. 

Monsieur  de  Saint-Gouard,  par  le  dernier 
courrier  que  je  vous  ay  dépesché,  je  vous  ay 
escript  ung  pourparler  qu'avoit  eu  Jeronimo 
Gondy  avecques  l'ambassadeur  d'Espagne; 
pour  ce  que  c'est  chose  que  j'ay  à  cœur  autant 
que  le  zèle  que  j'ay  au  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  fiiz  me  le  commande  et  l'affection 
que  je  porte  à  mon  filz  me  y  convie,  je  at- 
tendz  avecques  dévotion  bien  grande  à  sçavoir 
si  l'on  vous  en  aura  parlé  et  ce  que  vous  au- 
rez présenly  de  ce  négoce. 

Je  sçay  bien  que  ceux  de  par  delà  sont 
malaisez  à  esmouvoir,  sinon  en  tant  qu'ilz 
cognoissenl  y  aller  de  leur  profiit.  L'on  estime 
que  la  crainte  qu'il/,  avoyent  que  le  Rov  mon- 
sieur mon  filz  favorisast  les  troubles  de 
Flandres  les  invileroyt  plus  tost  à  non  seule- 
ment entretenir,  mais  à  fortiflier  et  estreindre 
amityé  avecques  nous  que  tout  autre  respect. 
Maintenant  à  cause  de  cesle  mutation,  comme 
nous  sommes  embarquez  à  courir  pareille  for- 


tune que  eulx  et  avec  telle  connexité  en  nos 
affaires  que  la  prospérité  de  i'ung  causera 
bon  succez  à  l'autre,  il  est  à  croire  que  ilz  ne 
se  donneront  aujourd'buy  tant  de  peine  de  re- 
cherchernotre  amityé, comme  ilz  eussent  faict. 
si  ilz  en  eussent  eu  besoing  pour  la  conser- 
vation de  leur  pays.  Touttefoys,  considérant 
que  le  Roy  ne  sçauroit  mieulx  mettre  sa  fille, 
aisnée  ny  tant  faire  pour  ses  affaires  que  de 
fortifier  par  une  nouvelle  alliance  la  bonne  in- 
telligence qu'il  a  avecques  ceste  couronne,  je 
désireroys  que  ceste  démonstration  que  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz  a  faicte  de  son  intention  au 
service  de  Dieu  à  l'endroicl  de  ceux  de  la  nou- 
velle religion  servist  à  persuader  audict  roy  de 
plus  volontiers  entendre  à  cedict  négoce ,  car,  si 
l'on  estoit  bien  asseuré  de  l'union  de  ces  deux 
roys,  il  n'y  a  prince  en  la  chrestienté  qui 
osast  plus  entreprendre  de  traverser  leurs  in- 
tentions; ainsy  seuls  y  donneraient  la  loy.  L'on 
cognoist  par  effectque  les  entreprises  et  intelli- 
gences que  ceulx  de  ceste  autre  religion  ne  ten- 
doyent  qu'à  une  subversion  d'Estat,  à  quoy  il 
a  esté  entièrement  impossible  remédier,  par 
l'autorité  que  les  cbefz  s'est oyent  acquise  du- 
rant les  troubles  et  la  minorité  de  mes  enf- 
fans,  lesquelz  n'ont  failly  prendre  garde  de  y 
pourvoir,  si  tost  que  le  temps  et  l'occasion 
leur  en  a  donné  le  moyen.  J'ay  jusques  icy  pour 
mon  regard  entretenu  autant  qu'il  m'a  esté 
possible  ces  deux  couronnes  en  amytié.  Je  ne 
me  lasseray  jamais  de  faire  bons  offices, 
cognoissant  eslre  la  grandeur  de  l'ung  el 
l'aullre,  toulefoys  je  désireroys  que  ledict  Roy 
Gatholicque  se  meist  en  debvoir  de  la  recher- 
cher et  eslraindre ,  comme  il  en  a  les  moyens; 
et  me  semble  qu'il  seroit  très  à  propos  sur  ceste 
occasion  d'en  faire  démonstration.  Et  néan- 
moings  je  ne  veulx  que  Iuy  en  parliez  de  ma 
part,  ny  à  aucun  de  par  delà,  aussi  je  vous 
prie  que  personne  descouvre  que  je  vous  aye 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 
rien  mandé,  vous  faisant  ce  discours  comme 


115 


demoy  niesme,  pour  vous  ouvrir  mon  inten- 
tion, de  laquelle  estant  faict  capable,  je  me 
pronieels  que  vous  vous  en  sçaurez  bien  ayder 
selon  les  occurences.  Je  vous  envoyé  ung  pe- 
tit mot  de  lettre  tant  audict  Roy  Catholicque 
que  à  mes  petites-filles  que  je  vous  prie 
leur  présenter  et  me  continuer  à  me  mander 
de  leurs  nouvelles. 

Je  leur  eusse  dépesché  Montaigne,  sans  ce 
qui  est  survenu,  mais  je  crains  qu'il  n'y  ait 
sûreté  par  les  chemins.  J'estime  que  aurez 
faict  pour  la  jument.  J'escripts  à  ceste  cause 
au  vicomte  de  Horte  de  faire  accompagner 
celuy  par  qui  la  nous  l'envoyez  jusques  à  Bor- 
deaux et  à  Montferrand  d'en  faire  autant  jus- 
ques à  Poitiers  où  je  donneray  ordre  qu'elle 
me  sera  conduite  et  amenée  seuremenl l. 

(Au  dos.)  A  monsieur  de  Saint-Gouard,  du 
xxixe  d'aoust. 

1  La  première  lettre  de  Saint-Gouard  en  réponse  à 
celle  que  lui  apporta  le  1  2  septembre  Montaigne  est  du 
1 9  ;  elle  rend  compte  à  Charles  IX  de  l'audience  qu'il  a  eue 
de  Philippe  II  :  «Me  remettant  aux  relations  qu'il  avoit 
jà  eues,  et  laissant  ce  faict  aux  discoureurs,  je  lui  ai  dit 
que  je  lui  traicterois  les  affaires  d'Estat  jusques  au  point 
où  elles  estoient,  qui  est  que  Vostre  Majesté,  après  avoir 
esté  tué  l'Admirai  avecques  la  plus  grand  part  des  plus 
remarquez  et  principaux  chefs  de  sa  faction,  elle  estoit 
allée  à  sa  court  de  parlement  pour  faire  la  déclaration 
de  sa  volonté  et  l'occasion  que  l'avoit  meue  à  telle  réso- 
lution, qui  estoit  pour  bonnes  et  justes  occasions;  qu'elle 
avoit  proceddé  avecques  ceste  détermination  contre  les 
exécutez  pour  avoir  cognti  nouvelle  conjuration  contre  sa 
personne  rcalle,  n'entendant  rompre  son  édict  de  pacif- 
fication,  néanmoins  encores  que  la  cognoissance  fust  bien 
requise,  si  est-ce  qu'elle  deffendoit  tous  presches  pour  ce 
commencement,  veu  la  quantité  de  genlilhommes  en 
des  cbasleaux  et  maisons  fortes ,  ayant  apparence  si  on  n'y 
rémédioit  avecques  prudence  et  dextérité,  ilz  s'esleve- 
roient  tant  pour  la  deffense  de  leur  religion  que  de  leurs 
vies,  chose  qui  le  faisoit  aller  un  peu  plus  retenu  par  ung 
temps  à  celle  fin  d'accomoder  toutes  choses  en  son  lieu 


1572.  —  3i  août. 

Orig.  Archives  de  Gènes. 
A  MES  TRÈS  CHERS  ET  BIEN  AMES 

LES  SEIGNEURS  DE  LA  RÉPUBLIQUE 

DE    GÉSES. 

Messieurs,  il  y  a  quelques  mois  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  recommanda  l'expé- 
dition du  procès  que  le  sieur  Jullcs  Senturion 

et  que  pendant  ce  temps  il  estoit  raisonnable  et  plus  que 
nécessaire  que  ses  ministres  usassent  à  l'endroict  de  Vostre 
Majesté  de  toutes  sortes  de  respect  et  bons  déportemens 
à  celle  fin  que  chacun  cogneust  la  fraternelle,  mutuelle 
intelligence  qui  est  entre  Voz  Majestez  et  dont  despend 
l'exécution  présente  de  ce  bon  commencement  ;  et  de  plus 
je  le  voulois  bien  advertir  qu'il  estoit  demeuré  entre  les 
mains  de  ses  ministres  de  la  deffaicte  de  Genlis  plusieurs 
gentilshommes  de  ceste  faction,  lesquelz  seroient  pour 
faire  assez  de  mal,  s'ilz  estoient  en  liberté,  comme  aussi 
ceulx  qui  sont  dans  Mons,  cognus  pour  les  plus  factieux 
des  Pays-Bas,  estant  l'un  des  plus  grands  services  qui  se 
puisse  faire  pour  la  chreslienté  que  de  les  prendre  et 
passer  tous  au  fil  de  l'espée  et  qu'il  escrivit  et  comman- 
dast  au  duc  d'Alve  de  n'en  donner  à  ses  considérations 
liberté  aux  prisonniers  qu'il  a  de  ladicte  deffaicte,  parce 
que  ce  serait  autant  fortiffier  les  ennemis  communs  et 
qu'il  se  gardast  bien  de  se  fier  en  chose  qui  luy  disent 
ou  promissent  par  ce  qu'il  ne  se  trouvera  qu'ils  ayent 
gardé  jamais  aucune  foy,  qui  est  le  propre  à  tous  genres 
d'hérétique,  et  aussi  que  je  luy  voullois  bien  dire  que  pour 
n'avoir  esté  le  prince  d'Orange  combatu,  les  troubles 
passés,  il  s'en  est  ensuivy  le  mal  qu'il  voit  en  ses  Pays- 
Bas,  mais  qu'il  n'estoit  sorty  et  que  serait  bien  pis  sans 
le  remède  de  Vostre  Majestés 

A  cela  Philippe  II  répondit  :  teque  l'on  donnerait  à 
Sa  Majesté  toute  sorte  de  contentement  et  qu'il  avoit 
toute  volonté  de  bien  tenir  la  main  à  tout  ce  que  je  lui 
avois  dist,  désirant  autant  que  pour  luy  mesme  de  veoir 
le  royaume  de  France  restably  en  sa  première  grandeur  ; 
à  quoy  il  ne  faisoit  aucune  difficulté  pour  le  veoir  aux 
mains  d'ung  Roy,  lequel  avoit  monstre  tant  de  prudence 
et  de  valleur,  ayant  faict  veoir  Dieu  ung  miracle  en  luy 
de  l'avoir  gardé  de  tant  de  dangers  et  puis  avoir  exécuté 
par  luy  au  temps  que  l'on  désespérait  le  plus  de  toutes 
choses,  ung  faict  qui  luy  semble  plus  grand  et  admirable 
que  lepremierjour  qu'il  en  fustadverty.  (  Même  volume , 
f"  1 8 1  et  suiv.  ) 

»5. 


1 1 6 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


a  par  delà   contre  aulcuns  de  vos  citoyens  ; 
sur  quoy  vous  me  fistes  entendre  lors  que  ledict 
procès  estoit  en  partie  expédié  et  que  ce  qui 
en  resloit  à  dépescher  seroit  bientost  fini,  de 
laquelle  résolution  je  pris  espérance  que,  tant 
pour  le  respect  de  la  justice  de  la  cause  du 
sieur  Senturion  ,  que  pour  la  recommandation 
que  je  vous  en   fis,  ledict  Senturion  en  de- 
meurerait content  et  salisfaict  au  pluslost  que 
faire  se  pourrait;  mais  d'aullant  que  j'ay  en- 
tendu qu'il  est  intervenu  beaucoup  de  choses 
particulières  qui,  à  la  persuasion  de  ses  mal- 
veillans,  desturbent  et  empescbentgrandement 
son  affaire,  j'ay  bien  voulu  vous  escripre  la 
présente  pour  vous  recommander  encore  ledict 
Senturion  et  la  justice  de  sa  cause  et  vous 
prier  que  en  cet  endroicl  et  en  tant  de  choses 
vous  le  voulliez  recognoistre  comme  chevalier 
•  aimé  et  favorisé  de  moy  et  comme  bon  et  loyal 
citoyen  de  vostre  respublique,  vous  asseuranl 
que  tout  ce  que  ferez  en  sa  faveur  me  sera 
grandement  agréable  et  pour  ce  je  prieray 
Dieu,    Messieurs,    vous   donner   sa    saincte 
grâce. 

Escript  de  Paris,  le  dernier  jour  d'aousl 
1572. 

Caterine. 


1572.  —  3  septembre. 

Imprimé  par  le  père  Tlieiner, 
dans  la  conlinualion  des  Annales  de  Baronius,  t.  I  ,  p.  3iG. 

A  NOTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Saint  Père,  ayant  le  Roy  nostre  très 
cher  sieur  et  filz  nommé  à  Vostre  Sainctcté 
nostre  cher  et  bien  amé  le  sieur  de  Sainct 
Estienne, M" Claude  Sublet,  aulmosnier  dudict 
seigneur  et  cy  devant  précepteur  de  noz  très 
chères  et  très  amées  filles,  pour  estre  à  sa  no- 
mination pourveu  de  l'abbaie  de  S1  Bcnoist 
sur  Loyre,  au  moyen  de  la  résignation  que 


entend  faire  d'icelle  abbaye  M°  Paul  de  Mosuel , 
dernier  possesseur  d'icelle,  soubz  le  bon  plaisir 
de  Vostre  Saincteté,  nous  avons  bien  voulu 
icelle  supplier,  aultant  que  faire  pouvons,  que 
son  bon  plaisir  soit,  admettant  ladicle  résigna- 
tion ,  remettre  audict  Sublet  l'annat  et  droietz 
de  la  chambre  Appostolique  qui  pouvoient  estre 
deubzt  à  cause  de  la  vaccalion  de  ladicte  abbaye; 
en  quoy  Vostre  Saincteté  fera  chose  quy  nous 
sera  très  agréable  tant  pour  estre  ledict  Sublet 
personne  que  nous  désirons  estre  favora- 
blement traicté  en  cest  endroict  de  Vostre 
Saincteté,  que  pour  ce  que  ladicte  abbaie  a 
deux  foys  en  ung  an  esté  expédiée.  Et  sur  ce, 
nous  prirons  le  Créateur,  Très  Sainct  Père,  que 
icelle  Vostredicte  Saincteté  il  maintienne  lon- 
guement et  heureusement  au  régime  et  gou- 
vernement de  nostre  mère  saincte  église. 

Escript  à    Paris,  le  m"  jour  de  septem- 
bre 1672. 

Vostre  dévote  fille,  la  Royne  mère  du  Roy 
de  France, 

Caterine. 

ClIANTEREAU. 


1572.  —  5  septembre. 
Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Claanin ,  édit.  du  Panthéon  littéraire. 

A  MONSIEUR  DE  MONLUC, 

EVESQliG  DE   VALENCE, 
CONSEILLER  DU  BOY  MONSIEUR  MON  FILS  EN  SON  CONSEIL  PJUVB  '. 

Monsieur  de  Valence,  outre  ce  que  vous  en- 
tendrez par  la  response  que  vous  faict  présen- 
tement le  Rov  monsieur  mon  fils,  je  vous  dirav 
qu'il  ne  songea  jamais  à  dire  de  vous  ce  que 
Mancgiea  faict  semer  par  delà,  et  qu'il  ne  vous 
tient  poinct  pour  personne  qui  mérite  un  tel 
traictement,  dont  si  vous  avez  eu  occasion  de 

'  Parli  pour  la  Pologne  le  17  juillet,  à  la  nouvelle  de 
la  Saint-Barthélémy,  il  fui  arrêté  à  Verdun  par  Tordre  de 
Manegre ,  lieutenant  du  gouverneur  de  la  place. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


117 


vous  tenir  asseuré,  auparavant  ce  qu'en  a  dict 
ledietManegre,  vous  en  devez  prendre  encore 
à  ceste  heure  la  mesme  asscurance,  et  croire 
qu'il  vous  tient  pour  bon,  affectionné  et  utile 
serviteur,  comme  je  fais  aussi,  pour  ma  part, 
n'ayant  rien  cognu  en  vous  jusques  icy  qui 
m'ait  peu  faire  penser  à  consentir  d'estre  faicl 
de  vous  ce  qu'il  a  dict  par  delà,  qui  est  bien 
digne  de  pugnition,  comme  le  Roy  mondict 
sieur  et  fils  désire  qu'elle  soit  faicte ,  vous  priant 
de  ne  vous  fascher  de  ces  choses,  et  de  vous 
tenir  asseuré  de  la  bonne  grâce  du  Roy  mondict 
sieur  et  fils  et  de  la  mienne,  et  de  conti- 
nuer vostre  voyage  selon  que  nous  le  dési- 
rons, priant  Dieu,  Monsieur  de  Valence,  qu'il 
vous  ait  en  sa  saincte  garde. 

A  Paris,  le  cinquiesme  jour  de  septem- 
bre 1572. 

Catemne. 

Monsieur  de  Valence,  il  y  a  longtemps  que 
je  ne  fus  si  marrie  que  j'ay  esté  du  tour  que 
l'on  vous  a  faict,  et  vous  prie  ne  vous  en  fas- 
cher, et  vous  asseurer  que  en  sera  faict  telle 
démonstration  que  en  serez  content,  et  vous 
prie  que  cela  ne  vous  retarde  ny  vous  descou- 
rage. 


1372.  —  5  septembre. 

Minule.  Dibl.  na(.  fonds  français,  n"  1J555,  f°  54. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE   LONGUEVILLE. 

Mon  cousin,  ne  pensez  pas,  je  vous  prie, 
que  ce  soit  faillie  d'affection  si  le  Roy  monsieur 
mon  filz  ne  vous  a  envoyé  plus  tost  ce  porteur; 
nous  avons  esté  tant  empeschez  à  pourveoir 
aux  affaires  que  ceste  mutation  nous  a  faict 
naistre  que  chascun  a  esté  deslourné  de  toute 
autre  fantaisye;  car  je  vous  asseure  que  vostre 
maistre  vous  ayme  comme  il  en  a  bien  assez 


de  raison,  et  pour  mon  regard  seroys  marrye 
qu'il  ne  vous  estimast  comme  le  méritez,  et 
seray  tousjours  celle  qui  l'entretiendra  en  ceste 
bonne  intention,  comme  j'ay  donné  charge 
de  vous  dire  de  ma  part. 

1572.  —  7  septembre. 

Imprima  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Uothe-Fènelon , 
t.  VII,  p.  33g. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelon ,  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  et  moy  avons  résolu  que  vous 
proposerés  à  la  royne  d'Angleterre,  ma  bonne 
sœur  et  cousine,  que  nous  ferons  volontiers 
l'entrevue  qu'elle  désire,  comme  aussy  fais-je 
pour  avoir  ce  bien  que  j'ay  si  souvent  désiré 
de  la  voir,  et  mon  filz  d'Alcnçon  encores  plus 
qu'elle  ny  moy,  tant  il  est  parfaictement  son 
serviteur;  mais  il  faut  que  l'entrevue  se  face 
sur    la   mer,  comme  je    vous  ay,  ces   jours 
passés,  escrit,  et  qu'elle  vienne  à  Douvres,  et 
mondict  fils  d'Alencon  et  moy  yrons  à  Rou- 
longne  ou  à  Callais,  par  un  beau  jour,  nous 
acheminer  en  mer;  et  sy  ce  n'est  assés  d'un 
jour,   nous   nous    pourrons    encores    revoir. 
J'espère  en  Dieu  que  sy  nous  nous  voyons 
(estant  tous  les  articles  accordez),  comme  me 
mandez  qu'ils  sont  pour  mondict  fils  le  duc 
d'Alencon,  qu'ils  estoient  pour  mon  fils  le  duc 
d'Anjou,  excepté  celluy  de  la  religion;  à  quoy 
vous  préparerez,  entre  cy  et  là,  quelque  bon, 
honneste  et  salutaire  expédient,  que  nous  ne 
nous  départirons  poinct  que  nous  ne  facions 
ledict  mariage,  pour  lequel  je  vous  prye  tra- 
vailler d'aussy  grande  affection  qu'avés  tousjours 
faict,  afin  que  nous  en  ayons  la  bonne  yssue 
que  nous  désirons.  Et  croyés  que  jamais  ser- 
vices ne  feurent  si  bien  recognuz  envers  bon 
serviteur  (comme  vous  estes)  qu'ils  seront  en 
vostre  endroict,  non  seulement  par  le  Roy  et 


■118 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


parnioy,  mais  aussi  par  mondict  fils  d'Alençon, 
lequel  je  vous  recommande. 

Vous  priant,  au  demeurant,  suivant  ce  que 
le  Roy  mondict  sieur  et  fils  vous  a  escrit, 
requérir  de  nostre  part  ladicle  royne  ne 
sçavoir  aucun  mauvais  gré  au  sieur  de  Wal- 
singham,  son  ambassadeur,  des  termes  qu'il 
nous  a  dist  dernièrement,  nous  faisant  la  ré- 
ponse au  bout  du  mois,  dont  elle  lui  aura 
donné  charge;  car  ce  feust  nous-mesmes  qui 
interprétasmes  le  tout,  ainsy  qu'il  nous  fut  es- 
crit. Je  vous  asseure  qu'il  est  bien  affectionné 
(à  ce  que  j'ay  connu)  à  entretenir  la  bonne 
paix  et  amitié  d'entre  elle  et  nous,  qui  l'aymons 
pour  eeste  occasion,  et  aussy  pour  les  bons 
offices  que  nous  avons  sceu  qu'il  a  faicts  pour 
la  négociation  dudict mariage;  en  quov  encore 
que  ceste  émotion  soit  advenue  icy,  j'estime 
qu'il  persévérerai,  car  il  a  veu  comme  nous 
avons  eu  très  grand  soing  de  le  conserver  et 
tous  les  siens,  comme  ils  ont  esté, et  n'y  a  eu 
que  en  la  perquisizion  de  Briquemault l  qu  il 
s'esmeut  un  peu;  mais  cella  feust  soudain 
passé  et  envoya  faire  l'excuse  comme  vous 
a  escrit  mondict  fils.  Je  vous  prye  nous  es- 
crire  le  plus  lost  que  pourrez  des  occurences 
de  dellà,  priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  viic  jour  de  septembre 
1572. 

GàTEBIBBi 

PlNART. 


1572.—  S  septembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  de  La  Mnthe-Fèneloti ,  t.  VII ,  p.  343. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de   la   Motlie    Pénelon,   il    s'est 
trouvé  entre  les  papiers  du  feu  admirai  une 

1   Bricquemanlt  avait  été  arrêté  dans  l'hôtel  de  l'ain- 
bassadeuc  d'Angleterre. 


longue  lettre  qu'il  escrivoit  au  Roy  monsieur 
mon  fils,  laquelle  il  avoit  commencée  dès  quand 
il  alla  à  la  Rochelle,  et  continuée  tousjours 
jusques  à  la  mort;  il  y  avoit  une  autre  lettre 
avec,  qu'il  escrivoit  à  Telligny,  par  laquelle  il 
le  chargeoit  expressément  qu'après  sa  mort  il 
présentast  et  fist  voir  au  Roy  ladicle  lettre,  par 
où  il  traitte  et  discourt  plusieurs  choses,  luy 
faisant  des  remonslrances,  et,  entre  autres par- 
licullarités,  luy  veult  persuader  que  les  plus 
grands  ennemis  qu'il  ay  t  sont  et  seront  tousjours 
le  roy  d'Espagne  et  la  royne  d'Angleterre, 
quelque  démonstration  qu'ilz  fassent  du  con- 
traire, les  appelant  anciens  ennemis  de  ceste 
couronne;  et  conseille  le  Roy  mondict  sieur  et 
fils  de  ne  cesser  jamais  tant  qu'il  les  ayt  ruynés 
tous  deux,  ce  que  je  veux  faire  voir  au  sieur 
de  Walsingham  escript  de  la  main  dudict  feu 
admirai,  afin  qu'il  cognoisse  comme  il  u'estoil 
pas  si  affectionné  à  l'endroit  de  ladicle  rovne 
qu'il  disoit,  ny  tant  désireux  de  nous  entretenir 
en  amitié  avec  elle;  qui  jugera  bien  sur  cela 
que  ce  n'estoit  que  fiction  dudict  admirai  et 
un  très  dangereux  et  malin  esprit  qui  ne  pou- 
voit  faire  sinon  mal,  l'ayant  bien  montré  en 
la  malheureuse  conspiration  qu'il  avoit  faite 
contre  son  Roy  et  nous  tous,  qui  luy  avons 
toujours  faict  tant  d'honneur  et  de  bien. 

Vous  ayant  bien  voulu  escrire  ce  que  dessus, 
allin  que,  si  voyés  qu'il  soit  à  propos,  vous  en 
puissiez  parler,  et  le  faire  entendre  à  ladicle 
royne  d'Angleterre  et  l'asseurer  que  nous 
faisons  toujours  envers  elle  le  contraire  du 
très  malin  conseil  dudict  admirai;  car  nous 
sommes  résolus  de  continuera  jamais,  aultant 
qu'il  nous  sera  possible  de  nostre  part,  la  vraie 
et  parfaicte  amitié  d'entre  elle  et  nous;  et 
tant  s'en  fault  que  la  veuillons  diminuer  ny 
changer,  qu'au  contraire  nous  désirons  la  for- 
tiffier,  comme  peut  bien  croire  ladicle  royne, 
désirant  et  recherchant  de  si  bon  cœur  et  si  fort 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIG1S. 


119 


son  alliance,  comme  nous  faisons;  et  en  quoy, 
suivant  cesle  dépesche,  je  vous  prie  de  persé- 
vérer tousjours,  affin  qu'en  ayons  la  bonne  issue 
que  nous  désirons,  et  que  nous  f'aict  espérer 
vostre  dernière  dépesche,  et  ce  que  de  la  Mosle 
nous  a  dict  de  bouche. 

Vous  priant,  au  demeurant,  nous  escrire 
en  quelle  pari  aura  pris  la  royne  d'Angleterre 
ce  que  lui  aurés  dict  de  la  conspiration  dudict 
admirai  et  de  ses  adhérens  1,  estant  très  néces- 
saire que  vous  enlreleniés  tousjours  si  bien 
ceste  princesse  que  nous  puissions  demeurer 
avec  elle  en  bonne  paix,  et  que,  du  costé 
d'Escosse,  nous  y  ayons  la  bonne  part  et  in- 
telligence que  nous  avons  de  tout  temps  ac- 
coustumé,  car  il  nous  importe  grandement,  et 
m'asseurant  que  vous  y  continuerez  vos  soins, 
je  prieray  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
cligne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  vme  jour  de  septem- 
bre 1572. 

Caterine. 

PlNART. 


I  572.  —  8  septembre. 
Mioute.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  1 5555  ,  f°  09. 

A  PHILIPPE  STROZZI. 

Mon  cousin,  il  fault  servir  son  maistre  à  sa 
guise.  Il  vous  avoit  permis  dresser  une  armée 
de  mer  et  sortir.  Vous  vous  estes  constitué  en 
très  grande  despensse  pour  le  faire,  et  comme 
estiez  pressez  à  faire  voile,  il  est  intervenu 
une  occasion  par  laquelle  il  est  conlraincl 
non  seullement  révocquer  ledict  volage,  maiz 
se  servir  de  vous  à  choses  qui  lui  touchent  de 
plus  près  et  luy  sont  de  plus  grande  impor- 

'  Voir  dans  le  tome  V  de  la  Correspondance  de  La  Mothe- 
Fénelon,  p.  1  ao ,  le  récit  de  sa  première  entrevue  avec  la 
reine  Elisabeth  après  la  Saint-Barthélémy;  et  noire  livre 
\je  xv f  siècle  et  les  Valois,  p.  319  et  suiv. 


tance;  à  quoy  il  se  fault  résouldre,  comme  je  suis 
certaine  que  ferez  très  sagement.  Au  regard 
des  frais  que  vous  avez  faietz  et  du  peu  de 
moyens  que  vous  avez  de  changer  vostre  es- 
quipnge,  le  Roy  monseigneur  et  fils  vous  faict 
présentement  secourir  d'argent  et  ne  vous 
peult  rien  manquer,  car  je  vois  comme  il  dé- 
sire faire  pour  vous;  au  moyen  de  quoy  fault 
luy  faire  le  service  qu'il  vous  demande  et  croiez 
luy  en  ferez  jamais  ung  plus  à  propos,  comme 
j'ay  donné  charge  au  capitaine  Brault  vous 
dire  '. 


1572.  —  11  septembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fènelon , 
t.  VII,  p.  345. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fénelou,  vous  estes 

1  De  son  côté,  le  duc  d'Anjou  lui  avait  écrit  :  rLe 
Roy  mon  seigneur  et  frère  vous  prie  de  deux  choses  :  la 
première  est  de  remettre  vostre  voïage  de  mer  à  une  autre 
l'oys;  l'autre  de  maintenir  cette  compagnie  ensemble 
pour  le  service  es  occasions  qui  se  présentent,  qui  luy 
sera  de  très  grande  importance.  Je  seroys  le  premier  à 
requérir  le  Roy  mondict  seigneur  et  frère  de  ne  révoc- 
quer vostre  voïage  de  mer,  comme  j'ay  esté  à  vous  le 
faire  permettre,  si  je  ne  cognoissois  que  vous  luy  estes 
tous  si  nécessaires  aujourdhuy  qu'il  ne  s'en  peult  aulcu- 
nement  passer;  au  moyen  de  quoy,  mou  cousin,  je  vous 
prie  vous  résouldre,  selon  vostre  prudence  accoustumée, 
à  l'intention  du  Roy  mondict  seigneur  et  frère,  et  nous 
vouloir  tous  ayder  à  recepvoir  le  fruict  des  occasions  que 
Dieu  nous  a  mises  dans  les  mains  pour  le  bien  de  ce 
royaume  et  emploier  tout  vostre  crédit  et  moyens  pour 
retenir  cette  compaignie.  Le  s'  de  Biron  part  présen- 
tement et  vous  porte  de  l'argent.  Nous  le  ferons  suivre 
bientost  après  d'une  autre  bonne  somme,  et  espère  que 
vous  aurez  de  quoy  changer  vostre  équipage  ;  puis . 
comme  nous  aurons  pacifyé  toutes  choses  en  ce  royaume, 
il  fauldra  faire  servir  vos  vaisseaulx  à  quelque  bon  effect, 
comme  j'espère  que  vous  pourrez  lors;  et  cependant  ne 
les  faicle  désarmer  pour  qu'ils  soient  toujours  prestz  et 
esquipez  pour  sortir  au  besoin.  Au  moyen  de  quoy  vous 
luy  ferez  le  service  qu'il  vous  demande. n  (Bibl.  nat., 
fonds  fiançai?,  a"  1 5555.) 


120  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


sy  amplement  adverty  par  les  lettres  du  Roy 
monsieur  mou  fils  '  des  propos  que  nous 
avons  euz  avec  le  sieur  de  Walsingham,  am- 
bassadeur de  la  royne  d'Angleterre,  ma  bonne 
sœur  et  cousine,  que,  m'en  remettant  au  con- 
tenu de  ladicte  lettre,  que  je  vous  prie  sui- 
vre suivant  l'intention  de  mondict  sieur  et 
filz,  je  vous  diray  que  j'ny  plus  d'espérance, 
à  présent,  que  le  mariage  d'entre  ladicte 
royne  et  mon  filz  d'Alençon  se  faira,  que 
je  n'eus  onques;  et  ne  puis  croire  que  icelle 
royne  ne  se  résoulde,  après  qu'elle  aura  este' 
esclaircye  de  la  conspiration  de  l'admirai  et 
qu'elle  aura  bien  entendu  nostre  bonne  inten- 
tion envers  elle,  et,  en  ce  faisant,  asseurer  ses 
affaires  et  subjectz,  comme  elle  peut  aisément 
faire  par  le  moyen  dudict  mariage .  Aussy  je 
vous  prie  continuer  à  faire  toujours  ce  qu'il 
vous  sera  possible,  afin  que  nous  y  verrions 
clair  le  plus  tost  que  vous  pourrez,  estant  bien 
dellibe're'e  de  m'acheminer,  et  mener  mondict 
filz  d'Alençon  avec  moy,  pour  faire  l'entre- 
veue,  quand  ladicte  royne  vouldra.  J'estime 
que,  suivant  ce  que  vous  escrit  mondict  sieur 
et  filz,  qu'il  soit  bien  à  propos  de  la  faire  es 
isles  de  Jerzay  et  de  Guernezay,  qui  sont  de  ses 
possessions  et  asse's  près  de  la  coste  de  Nor- 
mandye  et  d'Angleterre,  aussy  pour  sa  com- 
modité et  la  uostre;  et  sy  les  seuretés  qu'elle 
peut  désirer,  et  celles  aussy,  qui  seroit  besoing 
que  y  ayons,  se  y  pourront  bien  accommoder, 
pour  une  part  et  pour  l'autre,  sans  aucun 
doubte  de  péril  ou  danger.  Sy  elle  trouve  bon 
que  ce  soit  èsdictes  isles,  il  ne  sera  que  bon 
de  sentir  de  ladicte  royne  et  de  ses  ministres 
quand  elle  voudra  que  ce  soit,  que  je  désire- 
rois  bien  estre  vers  lexxmedu  moys  prochain, 
et  ce  que  l'on  préparera ,  d'une  part  et  d'autre , 
pour  sa  seureté  et  la  nostre.  Et  j'ay  veu  aussy 

1  Voir  notre  livre  Le  xvi'  siècle  et  les  Valois,  p.  337 
et  suiv. 


ce  que  me  mandés  du  médecin  Penna;  en- 
cores  que  le  visage  de  mondict  fils  d'Alençon 
soit  fort  amendé  et  qu'il  amende  tous  les  jours, 
sy  suis-je  bien  d'advis  que  ledict  médecin  y 
use  des  remèdes  qu'il  m'a  faict  voir  par  escript 
qu'il  y  faira;  car  il  me  semble  que  ce  soit 
choses  qui  ne  peuvent  nuire;  estant  ce  que, 
pour  cette  heure,  j'ay  à  vous  dire,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xiomc  jour  de  sep- 
tembre 1572. 

Ledict  médecin  essayera  sa  pratique  sur 
un  page ,  et  l'esté  il  usera  de  ses  remèdes  sur 
mondict  filz. 

Cateiune. 

PlNART. 


1572.  —  i3  septembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Coibert,  n"  4oo  '. 

A  MONSIEUR  DE  SCHOMRERG, 

CHAMBELLAN  OBDlSAinE  DU  BOT  MOHSIECR  MO*  FILS. 

Monsieur  de  Schonberg,  vous  verrez  par  la 
response  que  vous  faict  le  Roy  monsieur  mon 
fils2  à  quoy  il  s'est  résolu  de  nouveau  pour  le 

1  Volume  sans  pagination. 

■  Une  lettre  de  Schomberg  à  la  Reine  mère,  datée  du 
29  aoùt,a\anl  qu'il  eût  reçu  la  nouvelle  de  la  Saint-Bar- 
thélémy, éclaire  bien  notre  situation  en  Allemagne  :  trJe 
diray  seulement  à  Vostre  Majesté  que  je  serais  d'opinion 
que  le  Roy  print  premièrement  des  princes  ce  qu'il  pour- 
rait, aflîn  qu'il  les  séparaat  et  mist  seulement  en  jalousie 
avecquesla  maison  d'Autriche;  car,  ce  faisant,  vous  coupez 
la  bouche  à  l'un,  et  préparez  le  chemin  à  l'autre  de 
parvenir  à  ce  que  vous  scavez.  Or  il  est  à  craindre  que 
le  Roy,  pensant  gagner  quelque  chose  en  prolongeant 
cest  affaire  et  tenant  bon  en  ses  offres,  ne  perde  beau- 
coup, voire  le  tout,  veu  le  présent  estât  des  affaires 
d'Allemagne  et  les  dangereuses  menées  de  nos  adver- 
saires ;  il  me  semble  mesme  bien  à  propos  que  les  princes 
ne  veullent  faire  reste  ligue  que  pour  quatre,  cinq  ou 
six  mois,  c'est  assez  de  les  tenir  accrochés  seulement 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICFS. 


121 


faict  du  réciproque  secours,  tant  il  désire  ceste 
négociation  estre  conduicte  à  l'heureuse  fin 

par  quelque  bout  que  ce  soit;  car,  s'ils  sont  une  fois 
liguez  avecques  vous,  les  villes  maritimes  et  autres  Estatz 
qui  cognoistront  le  bien  et  repos  de  toute  la  chrétienté 
qui  en  procède  et  la  conservation  assurée  de  leurs  Estatz 
ils  s'efforceront,  et  s'offriront  d'eux  mesmes  d'y  vouloir 
entrer,  joint  qu'on  leur  en  peult  parler  après  ouver- 
tement et  tout  à  loisir,  et  le  temps  de  la  ligue  finy,  les 
princes,  qui  par  ceste  alliance  auront  animé  contre 
eux  la  maison  d'Autriche  et  ses  adhérans,  n'oseront  plus 
despartir  de  vostredicte  alliance,  laquelle  vous  ferez  après, 
estant  le  terme  de  la  première  fini,  à  vostre  volonté  et 
discrétion,  veu  que  le  nombre  d'eulx  sera  plus  grand, 
et  eux  au  bout  de  leur  leçon  et  procè  à  la  maison  d'Au- 
triche et  leurs  adhérens,  s'ils  n'ont  vostre  alliance  pour 
bouclier,  laquelle  ils  seront  contraincts  d'acheter  au  même 
prix  que  le  Roy  faict  à  ce  coup  la  leur.  Or  touchant  l'af- 
faire que  Vostre  Majesté  sçait,  le  Landgrave  lui  supplie, 
pour  l'honneur  de  Dieu,  que  Voslre  Majesté  advise  à 
attirer,  conjoindre  et  obliger  à  vous  par  quelque  servitude 
et  ferme  lien  d'amitié  à  quelque  prix  que  ce  soit  et  condi- 
lion  les  Électeurs  et  princes,  si  Vostre  Majesté  a  envie  ne 
poursuivre  l'entreprinse  dont  il  est  question.  Tout  com- 
mence. Dieu  mercy,  peu  à  peu  à  s'acheminer  comme 
je  feray  entendre  à  Vostre  Majesté  à  mon  retour;  car  les 
affaires  du  co-rival  se  portent  aussi  mal  en  cesl  endroict 
qu'ilz  font  en  Pologne  où  l'on  ne  veut  de  luy  en  façon 
du  monde,  quelques  offres  qu'il  face';  il  faut  que  le 
Roy  conserve  ses  amis  par  deçà  et  qu'il  en  acquière 
encore  d'autres.  Vostre  Majesté  ne  doibt  en  rien  craindre 
la  diette  accordée  à  l'Empereur  à  Mulhausen  ny  aultre 
dietle  impériale  que  ce  soit;  car  vostre  homme  veut 
perdre  ses  biens  et  l'honneur,  si  les  électeurs  permettent 
qu'on  en  mette  seulement  un  pauvre  mot  en  avant.  Je 
dirois  quelque  chose  davantage  touchant  ce  fait  à  Vostre 
Majesté,  mais  je  ne  l'ose  fier  à  ce  présent  papier.  Bien 
vous  veulx-je  advertir  que  j'ay  sceu  de  bien  bon  lieu  que 
l'Empereur  et  les  Estais  catholiques  ses  adhérens  ont 
bien  bonne  envie  de  vous  renouveler  à  ceste  prochaine 
diète  la  vieille  querelle  de  Metz.  Voslre  Majesté  a  bon 
moyen  de  leur  rompre  ce  coup  et  je  vous  assure  que  l'élec- 
teur de  Saxe  y  fera  son  debvoir;  je  luy  sçauroys bien  faire 
souvenir  de  sa  promesse.  J'escris  bien  amplement  de 
l'affaire  de  Pologne  à  Monseigneur  vostre  fils.  Si  nous 
eussions  commancé  dès  lors  que  je  vous  en  portoys  la  pre- 

*  L'archiduc  Ernest,  prétendant  au  trône  de  Pologne. 
Catherine  de  Médicis.  —  ir. 


qu'il  a  lousjours  espérée,  désirant,  encores 
que  ses  offres  ne  se  trouvassent  telles  que  les 
princes  les  voulsissent  accepter,  que  pour  cela 
vous  ne  rompiez  poinct  ceste  négociation, 
mais  regardez  par  tous  les  meilleurs  moyens 
que  vous  pourrez  à  la  laisser  unie,  excitant 
les  princes  à  envoyer  par  deçà  leurs  ambas- 
sadeurs; car  nous  avons  plus  de  volunté 
que  jamais  d'estreindre  ceste  correspondance, 
quelque  mauvaise  interprétation  que  l'on  es- 
saye de  donner  par  delà  des  choses  qui  sont 
advenues  de  deçà,  lesquelles  ne  nous  ont  en 
rien  diminué  la  vol  unie  de  conclure  ceste 
affaire.  Doncques,  je  vous  prye  y  prendre 
plus  de  soing  que  jamais  et  vous  y  gouverner 
de  si  bonne  façon  que  la  chose  s'enlrelienne, 
bien  que,  possible,  il  ne  se  trouve  pas  loute 
convenance  en  ce  que  nous  et  eulx  désirons, 
qui  sera  le  plus  digne  service  que  vous  sçau- 
riez  l'aire  au  Roy  mondicl  sieur  et  filz  pour  le- 
quel aussy  vous  regardiez  à  ne  laisser  en  lier 
en  l'entendement  des  susdicts  princes  que  ce 
qui  a  esté  l'aict  à  l'admirai  et  à  ses  complices 
soyt  faict  en  hayne  de  la  nouvelle  religion  n\ 
pour  son  extirpation;  mais  seulement  pour  la 
pugnition  de  la  scélérée  ]  conspiration  qu'ilz 
avoient  l'aide,  par  la  révélation  de  laquelle  il 
semble  que  Dieu  ayt  voulu  délix  ter  ce  royaulme 
du  plus  cruel  et  intestin  ennemy  qu'il  y  eusl 
sceu  naistre.  Quant  aux  affaires  de  Poloigne 
nous  louons  fort  la  dépesche  que  vous  avez 
l'aide  de  ce  costé  là;  et,  si  les  choses  réus- 
sissent selon  l'espérance  qui  nous  en  est  donnée 
de  plusieurs  costez,  vous  aurez  bonne  pari  à 
l'honneur,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Schon- 
berg,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

mière  parole  nous  serions  assurément  aujourdhui  en  beau 
chemin. »  (Même  volume.)  Voir  la  lettre  de  Schombergau 
duc  d'Anjou.  (Ibid.) 

1   Scélérée,   scélérate.  (Expression  employée  dans   les 
Mémoires  de  du  Bellay,  t.  V,  p.  38t.) 

16 


lïirKiy  mu     n  irio-.  1 1  l 


122  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

Escript    à    Paris,    le   xme   jour    de    sep 
tembre  i  572  '• 


CvTERINE. 


BlUJL.VRT. 


1Ô72.  —  i3  septembre 


1  La  lettre  de  Charles  IX,  datée  du  12  septembre, 
.1  laquelle  Catherine  fait  allusion,  complète  la  sienne  : 
rrVous  avant  envoyé  ung  mémoire  des  choses  qui  sont 
advenues  tant  en  la  blessure  que  en  la  mort  du  feu 
admirai  et  d'aucuns  de  ses  complices  pour  la  malheu- 
reuse conspiration  qu'ilz  avoient  faict  contre  ma  propre 
personne,  [celles]  de  la  Royne  madame  ma  mère,  de 
mes  frères  et  contre  mon  Estât,  j'estime  bien  que  vous 
l'avez  faict  enlendre  à  mes  cousins  le  comte  Palatin,  duc 
Auguste  île  Sa v, duc  Julles  de  lirunsvich,  lantgrave  de 
Hesseu  et  autres  princes  protestans,  suivant  ce  que  je 
vous  en  ay  escript  et  pense  que,  avant  entendu  la  vérité 
dés  choses,  ilz  jugeront  que  j'ay  faict  en  cela  ce  que  je 
debvois  faire  pour  prévenir  ung grand  mal  et  inconvénient 
qui  m'estoil  bien  certain  et  à  tout  mon  royaume  duquel 
il  se  peult  dire  en  vérité  qu'il  tenoit  ordinairement  les 
peuples  divisés,  oultrc  la  particulière  entreprise  et  conspi- 
ration qu'il  avoit  récemment  faicte  pour  le  subverlir  et 
transférer  à  autruy  ma  couronne,  dont  il  a  reçu  juste 
punition;  car  il  avoit  plus  de  puissance  et  estoit  mieulx 
obéy  en  la  part  de  ceulx  de  la  nouvelle  religion  que  je 
n'estois,  ayant  moyen  par  la  grande  auclorité  usurpée 
sur  eulx  de  me  les  sublever  et  leur  faire  prendre  les  armes 
rentre  moy  toutes  et  quanles  fois  que  bon  lui  sembloit, 
ainsi  que  par  plusieurs  fois  il  a  assez  monstre,  il  avoit  jà 
envoyé  ses  mandemens  à  tous  ceulx  de  ladicte  nouvelle 
religion  pour  se  trouver  tous  ensemble  en  équipage 
d'armes  au  111"  de  ce  moys  à  Meleun,  lieu  proche  de 
Fontainebleau,  où  au  mesme  temps  je  debvois  estre,  de 
sorte  que,  s'estent  arrogé  une  telle  puissance  sur  mes 
subjects,  je  ne  me  pouvois  dire  roy  absolu,  mais  com- 
mandant seulement  à  une  des  parties  de  mon  royaume, 
dont,  s'il  a  pieu  à  Dieu  m'en  délivrer,  j'ay  bien  occasion 
de  l'en  louer  et  bénir  le  juste  jugement  qu'il  a  faict  dudict 
admirai  et  de  ses  complices  et  estime  qu'il  n'y  a  prince 
qui  pour  cette  seule  considération  et  sans  attendre  à  veoir 
une  malheureuse  conspiration,  telle  qu'elle  s'estoit  des- 
couverte ,  eust  peu  souffrir  avec  si  longue  patience  ung  de 
ses  subjects  duquel  la  grande  auclorité  luy  eust  esté  avec 
toutes  raisons  si  suspecte,  et  néantmoins  me  surmontant 
moy  mesme  je  l'a  vois  supporté  et  porté  avec  telle  laveur 
que  j'eusse  faict  le  plus  digne  serviteur  de  mon  royaume 
pour  par  une  si  grande  bonté  et  clémence  vaincre  sa 
félonie;  mais,  l'ayant  veu  si  mal  recongnoistre  la  grâce 


Imprime  dans  la  Coiresponituncti  diplomatique  lie  La  Mvtltc-Fénetvn , 
l.  Vit,  p.  347. 

&  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Fe'nelon ,  à  l'occasion 
du  propos  cpje  le  sieur  de  Walsingbam,  am- 
bassadeur de  ma  sœur  et  cousine  la  rovne 
d'Angleterre,  avoit  tenu  à  Mauvissiere,  comme 
vous  verrez  par  ma  lettre  d'hver,  j'ay  présen- 
tement donné  audience  audict  ambassadeur  et 
luy  ay  faict  entendre  que  le  Roy  monsieur 
mou  filz  et  mes  fdz  les  ducs  d'Anjou  et  d'A- 
lençon   et    moy   désirons,   aul.ml    que    nous 

(pie  je  luy  faisois,  il  ne  m'a  pas  esté  possible  de  le  sup- 
porter plus  longtemps  et  me  suis  résolu  de  laisser  le  cours 
d'une  justice  à  la  vérité  extraordinaire  et  autre  que  je 
n'eusse  désiré,  mais  telle  que  en  semblables  personnes 
il  estoit  nécessaire  de  pratiquer,  si  je  ne  me  l'eusse  voulu 
mectre  en  danger  d'allumer  ung  nouveau  feu  en  mon 
royaume,  vous  priant  de  bien  faire  entendre  aux  susdiçts 
princes  que  ces  choses  sont  ainsi  passées  non  pour  haine 
de  ceulx  de  la  nouvelle  religion  ny  par  aucune  prémé- 
ditation ou  partye  faicte  par  secrète  intelligence  avec 
qui  que  ce  soit  pour  exterminer  la  nouvelle  religion, 
mais  pour  les  seules  considérations  cy-dessus  déclarées, 
encores  que  à  mon  grand  regret  il  en  ayl  esté  tué  quelques 
ungs  en  aucunes  villes  de  mon  royaume  pour  la  fureur  du 
peuple  que  l'on  n'a  peu  si  bien  retenir  que  l'on  eust 
désiré,  d'autant  qu'il  avoit  esté  imbu  de  cette  malheu- 
reuse conspiration  à  laquelle  il  eslimoit  tous  ceulx  de 
la  nouvelle  religion  participer  pour  les  grandes  et  cer- 
taines intelligences  qu'ilz  avoient  avec  ledict  feu  admirai 
et  qu'il  ne  se  soit,  dès  le  xxvu°  jour  d'aousl,  mandé  el 
enjoint  à  tous  les  gouverneurs  et  lieutenants  généraulx  de 
conserver  et  maintenir  en  protection  et  sauvegarde  tous 
ceulx  de  la  nouvelle  religion,  tous  ainsi  que  mes  subjetz 
catholiques,  et  pour  les  garder  de  tomber  en  quelque 
inconvénient  je  leur  ay  ordonné  de  s'abstenir  de  leurs 
presches  et  assemblées  pour  quelque  temps,  demeurans 
quant  au  reste  en  toute  assurance  sans  être  de  riens  forcez 
et  recherchez. n  (Bibl.  nal. ,  fonds  Dupuy,  11°  8G,f"  ao5  et 
suivants.)  Voir  dans  le  Calendar  of  Stole  papers,  1071- 
157a.  p.  1 83-i  8 '1,  le  récit  du  massacre  de  la  Saint-Bar- 
thélémy. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


123 


iisuies  jamais  et  d  aussi  grande  affection  qui 
se  pourrait  dire,  ie  mariage  de  ladicte  rovne, 
sa  maislresse,  et  de  mon  filz  d'Alençon:  que 
nous  proce'dions  en  cella  sincèrement  el 
droictement,  et  nous  n'eussions  pas  accordé 
de  faire  l'entrcveue,  si  nous  n'y  avions  une 
parl'aicte  volonté';  et  que  ce  qui  estoit  advenu 
de  la  mort  de  l'admirai  et  des  autres  ses  adhé- 
rens  ne  nous  avoit  rien  fait  changer  en  cella. 

Sur  quoy  ledict  ambassadeur  reprenant  à 
peu  à  près  les  mesmes  propos  qui!  me  tint 
avant  hver,  comme  vous  verrez  par  nostre  dé- 
pesche  de  ce  jour-là,  il  m'adict,en  protestant 
qu'il  ne  me  parlerait  point  eu  ambassadeur, 
pour  ce  qu'il  n'avoit  point  encore  eu  lettres 
de  sa  maislresse,  mais  seulement  de  quelques 
particuliers  d'Angleterre,  depuis  les  nouvelles 
de  la  mort  dudicl  admirai,  mais,  comme  de 
luy  mesmes;  el,  pour  la  bonne  affection  qu'il 
portoit  à  l'enlretènement  de  l'amitié  d'entre 
nous  el  sadicte  maistresse,  il  me  vouloit  bien 
dire  que  sa  maislresse  avoit  fait  ce  dernier 
traité  avec  nous,  pour  ce  qu'elle  voioit  que 
nous  entretenions  sincèrement  l'édict  de  pacif- 
tication  et  permettions  en  ce  royaulme  l'exer- 
cice de  la  religion  de  sadicte  maislresse  et  des 
princes  protestans  de  la  Germauve  et  dénions- 
trions  porter  si  bonne  volonté  à  ceux  de  nos 
subjets  qui  estoient  de  ladicte  religion,  mais 
que,  voiant  ce  qui  estoit  au  contraire  adveneu, 
il  e?limoit  que  sa  maistresse  serait  en  grand 
doubte  et  que  l'on  penserait  que  cecy  eust  esté 
exécuté  selon  la  délibération  du  concile  de 
Trente,  et  ce  qui  feut  dicl  à  Bayonne  pour 
l'extirpation  desdicls  de  la  religion. 

Sur  quoy,  parlant  franchement,  comme 
j  ay  toujours  accoustumé,  je  lui  av  déclaré  que 
nous  avions  faict  ledict  traité  avec  la  royne 
d'Ahgïeterre,  sa  maislresse,  pour  la  bonne 
affection  que  nous  portions  à  elle  el  à  sa  cou- 
ronne   et    non   avec  aucun  particulier  de  ses 


subjects;  aussi  que,  de  mesme,  nous  avions 
estimé  que  sadicte  maistresse  eust  traictéavec 
nous  et  nostre  couronne,  qui  est  une  chose 
stable  et  permanente ,  et  non  avec  ledict  admi- 
rai nv  autres  noz  subjecls,  et  que  la  morl 
d'icelluy  admirai  ne  pouvoit  rien  altérer  en 
nostredict  traité,  lequel  nous  voulions,  de 
nostre  part,  entièrement  garder,  et  parfaicte- 
ment  observer  l'amitié  d'entre  nous  et  ladicte 
royne,  sa  maistresse,  et  tous  lesdicls  princes; 
et  que,  quand  nous  aurions  faict  mourir  tous 
ceux  de  nos  subjecls  que  nous  penserions  qui 
nous  voudraient  mal  faire  et  attenter  à  nostre 
personne  et  Estât,  que  nul  ne  s'en  debvoit  al- 
térer, ny  pour  cella  s'en  départir  de  nostre 
amilié  non  plus  que  nous  ne  nous  estions  mis 
en  peyne,  quand  ladicte  royne  avoit  faict  exé- 
cuter ceux  qui  l'avoient  voulleu  troubler  et 
attenter  à  elle  et  que  ne  nous  altérions  jamais 
de  voir  qu'elle  feist  en  sou  royaume  (comme 
il  luy  esloit  permis  faire)  faire  exécution, 
quand  il  y  en  aurait  qui  la  voudraient  trou- 
bler, comme  ceux-cy  nous  avoient  faict  et  vou- 
loienl  encore  faire;  et,  quand  ce  serait  contre 
tous  les  catholiques,  que  nous  ne  nous  empes- 
cherions  ny  altérerions  aucuuemenl  l'amitié 
d'entre  elle  et  nous. 

M'avant  sur  cela  parlé  ledict  ambassadeur 
de  la  défense  faicte  à  ceux  de  la  religion  de 
faire  assemblées,  me  disant  que  cella  impor- 
toit  à  l'édit  de  pacification,  et  qu'il  sembloil 
que  n'eussions  pas  dellibéré  de  l'entretenir, 
sur  quoy  je  lui  ay  dict  qu'il  ne  se  meist  poiucl 
en  peyne  d'en  vouloir  sçavoirsv  avant;  el  que 
le  Rov  monsieur  mon  fils  dellibéroit  d'entre- 
tenir ledict  édil,  et  qu'il  ferait  en  cella  ce 
qu'il  cognoistroit  eslre  à  propos  pour  le  bien 
de  son  service. 

Mais  icelluy  ambassadeur,  ne  se  tenant  assez 
satisl'aict  de  ce  que  je  lui  en  avoys  déclaré, 
m'a  derechef  encores  remis  sur  ce  propos,  et 

16. 


124 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


flicl  que  sa  maistresse  n'avoit  voulleu  renou- 
veler  les  traiclés  qu'elle  avoit  avec  le  Roy  Ga- 
iholique,  pour  ce  qu'il  se  manifestoil  comme 
ehef  des  callioliques  qui  alloient  contre  ceux 
de  sa  religion;  et  que  une  des  occasions  pour 
lesquelles  elle  avoit  traicté  avec  nous,  ce  avoit 
esté  à  rause  de  la  bonne  démonstration  que 
nous  Taisions  auxdits  de  la  religion  et  à  l'en- 
treièneuient  dudict  e'dit;  mais  qu'il  sembloit 
que  nous  le  voulleussions  rompre  à  présent, 
et  qu'il  en  préjogeoit  beaucoup  de  maux  et  la 
guerre  bien  grande  en  ce  royaulme. 

Oui  a  este'  cause  que  je  luy  ay  parle'  plus 
ouvertement  dudict  e'dict  et  faict  entendre  que 
le  Rov  mondict  sieur  et  (ils,  ayant  bien  cogneu 
par  expe'rience  et  veu  clairement  par  les  pa- 
piers dudict  admirai,  après  sa  mort,  que,  par 
le  moyen  des  presches  et  assemble'es  que 
lesdietz  de  la  religion  l'aisoient,  ils  cstablis- 
soient  un  second  roy  en  son  royaulme,  et 
l'aisoient  beaucoup  de  mauvaises  entreprises 
et  délibérations  contre  luy  et  son  Estât ,  le  te- 
nant en  subjeelion;  que,  pour  ceste  cause  il 
avoil  résolu  de  ne  leur  plus  permettre  lesdicts 
presches  et  assemblées;  que  toutesfoys  il  ne 
\oulloit  pas  que  l'on  contraignis!,  comme  aussi 
l'ait -on,  aucun  en  sa  religion,  mais  que 
chascun  vive  en  repos  soubz  son  obéissance, 
comme,  grâce  à  Dieu,  l'on  voit  que  tous  ses 
subjeclz  s'y  disposent,  estant  desjà  un  grand 
nombre  retournez  en  uostre  religion  catho- 
lique el  toutes  les  villes  en  grand  repos,  ayant 
ceux  de  la  Rochelle,  comme  vous  venez  par 
la  dépesche  de  mondict  sieur  et  lilz,  escrit 
qu  ils  sont  tous  pretz  de  se  conformer  à  sa 
volonté1  attendans  son  commandement.  M.  de 

Catherine  devait  pourlants  avoir  à  quoi  s'en  tenir,  car 
\niri  ce  que  tes  habitons  de  la  Roçh  Ile  écrivaient  à  la 
reine  Elisabeth  : 

n Madame,  les  1res  humbles  et  très  obéissants  li- 
delles  subjects  et  serviteurs*,  les   manans  el   habitons 


Riron,  qui  en  est  gouverneur,  y  est  allé  pour 
cest  effect. 

de  la  Rochelle  parlans  par  leurs  députés,  supplient 
1res  humblement  Vostre  Majesté  considérer  et  suivre 
l'exemple  de  Constantin,  lequel  aiant  pour  compagnon 
Licinius,  auquel  il  avoit  donné  sa  sœur  en  mariage, 
rompit  toute  ceste  alliance  et  amitié  pour  deffendre  le9 
chrestiens  que  Licinius  tiranisoit  en  Orient  :  et  il  n'y  a 
double  que  toutes  promesses  et  alliances,  qu'on  \oid  par 
la  ruse  des  raescliants,  tendre  au  déshonneur  de  Dieu, 
à  la  ruyne  de  la  religion,  et  au  dommaige  du  salut  de 
son  prochain,  el  lesquelles  ne  se  peuvent  garder  sans 
méchamment  persévérer,  en  mal  faisant  et  adjouslant 
péché  sur  péché  (comme  l'ait  Herodes  en  accomplissant 
ce  qu'il  debvoit  rompre)  ne  doibient  estre  rompues  et 
l'honneur  de  Dieu  prefféré  à  toutes  choses.  Donc,  Ma- 
dame, quanl  il  n'y  auroit  que  ce  seul  point,  qui  doibt 
suffire,  cela  vous  y  doibt  assez  induire,  mais  il  y  en  a 
un  autre;  c'est  que  Vostre  Majesté  ne  peult  ny  ne  doibt 
tenir  la  ligue  à  ceux  qui  veullent  exterminer  vostre  peuple 
rie  la  Guienne,  qui  de  toute  éternité  vous  appartient  et  vous 
est  subjecl,  de  quoy  Vostredicte  Majesté  luy  faict  encore 
cest  honneur  d'en  porter  les  armes.  Ce  considéré,  Ma- 
dame, il  vous  plaise  leur  aider  de  vos  forces  et  moiens, 
et  ils  consacreront  et  exposeront  librement  leurs  vies  et 
biens  pour  vous  recoguoistre  leur  royne  souveraine  et 
princesse  naturelle.!) 

Voici  également  la  lettre  du  maire  et  des  échevins  de 
la  Rochelle  : 

nSi  la  souveraine  bonté  de  Vostre  Majesté  ne  nous 
estoyt,  comme  elle  est  en  toute  l'Europe,  assez  congneue, 
très  baulte,  très  excellente  et  très  vertueuse  royne,  et 
l'indigne  affliction  de  laquelle  on  nous  veult  oppresser 
estoyt  à  nous  particidière ,  nous  aurions  juste  crainte  de 
vous  sembler  maintenant  importuner,  ayans  naguères 
envoyé  vers  Vostre  Majesté  nos  députés;  mais,  nous  con- 
fians  en  ceste  vostre  royale  bonté,  et  sçachant  que,  trop 
niieulx  que  nous  mesmes,  vous  voyez  notre  calamité 
estre  commune  à  toute  l'Eglise  du  Seigneur  nostre  Dieu, 
de  laquelle  il  vous  a  establye  l'une  des  principales  co- 
lonnes; et  d'autant  que  les  tyrans  persécuteurs  (comme 
il  n'est  nul  si  méchant  qui  veuille  eslre  estimé  tel)  in- 
ventent chascun  jour  nouveaux  prétextes  el  couvertures 
à  leurs  cruautés  et  inhumanités,  chargeant  d'infidélité, 
conjurations  et  conspirations  contre  leurs  personnes,  el 
estant  tant  de  grands  el  vertueux  seigneurs,  gentil- 
hommes  et  saincts  personnages  sur  lesquels  ils  ont  exercé 
lui  plus  que  barbare  rage  par  les  horribles  massacres 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


125 


Et  ayant,  pour  la  fin,  dict  audict  ambassa- 
deur qu'il  se  pouvoit  asseurer  que,  de  noslre 
costë,  nous  ne  diminuerions  riens  de  la  bonne 
et  parfaicte  amitié  que  nous  portons  à  sadicte 
maistresse;  sur  quoy  il  m'a  dict  qu'il  conti- 
nuera à  y  faire  tous  les  bons  offices  qu'il 
pourra,  et  qu'il  croit  certainement  qu'il  ne  l'ut 
jamais  sy  nécessaire  que  ledict  mariage  se  f'eist, 
ny  qu'il  y  eust  plus  d'apparence  qu'il  se  doibt 

faicts  en  la  ville  de  Paris,  il  nous  a  semblé  nécessaire 
esclaircir  Vostre  Majesté  de  la  vérité,  et  vous  asseurei' 
que  telle  barbarie  se  continue  encore  sur  tous  les  enlans 
et  serviteurs  de  Dieu  en  ce  misérable  royaume  de 
France,  affin  qu'il  n'en  demeure  un  seul  qui  n'idolastre 
en  la  Papauté.  Encore  n'est  la  tyrannie  contente  de  cela, 
mays  par  après  on  fait  mourir  ceulx  qu'on  a  conlraincts 
idolastrer  et  sont  leurs  biens  confisqués;  à  quoy,  pour 
maintenir  le  plus  service  de  Dieu  et  son  Eglise,  nous 
estant  virilement  opposés,  comme  ont  faict  aussy  plu- 
sieurs de  nos  frères  en  quelques  villes  de  la  Guyenne, 
Languedoc,  Daulphiné,  Provence  et  aullres,  qui  jettent 
tous  les  yeux  sur  ceste  pauvre  ville,  de  laquelle  ces  in- 
bumains  et  meurtriers  sanguinaires  disent  despendre 
(comme  y  a  apparence)  la  sweté  de  toutes  les  aultres, 
on  nous  cerne  et  commence  à  fayre  une  mortelle  guerre 
pour  exterminer  ce  qui  reste  des  serviteurs  du  Seigneur. 
Sentans  doneques  cet  orage  prest  à  tomber  sur  nos 
testes,  pour  après  s'estendre  plus  loing  et  ruiner  la 
saincte  Eglise  du  Seigneur,  et  eslever  en  plus  grand 
triumpbe  celle  de  l'Antéchrist,  nous  recourons  plus  har- 
diment à  Vostre  Majesté,  vous  suppliant  très  humble- 
ment nous  fayre  tant  de  laveur  et  de  grâce  que  de  nous 
supporter,  secourir  et  ayder  des  grandes  forces  et  infinis 
moyens  que  ce  Dieu  tout-puissant  a  mis  en  vos  mains  à 
ce  grand  et  extresme  besoing,  duquel,  oullre  ce  que  nos 
précédents  députés  vous  auront  suffisamment  informée, 
le  seigneur  de  la  Place,  l'un  de  nous,  porteur  de  la 
présente  et  notre  procureur,  fera  à  Vostre  Majesté  ample 
et  fidèle  déclaration,  et  de  nostre  désir  et  singulière  dé- 
votion que  nous  portons  au  bien  de  vostre  service,  au- 
quel, s'il  vous  piaist,  nous  fayre  tant  de  bien,  nous 
dédierons  et  consacrerons  nos  volontés  et  affections,  et 
ferons  à  Vostre  Majesté  perpétuel  service  et  obéissance  de 
cueur  aussy  entier,  Madame,  que  nous  prions  le  Sei- 
gneur  conserver  et  agrandir  te  sceptre  et  domination  de 
Vostre  Majesté  en  toute  prospérité. n  (Record  office,  Slale 
pupers,  France.) 


taire  qu'à  présent,  affin  de  rallier  et  i'ortitlîer 
tous  les  princes  les  uns  avec  les  autres;  et 
m'a  demandé  comment  se  pourroit  faire  le- 
dict  mariage,  et  continuer  l'amytié  entre  les 
princes,  si  l'exercice  de  la  religion  n'estoit 
permis. 

A  quoy  je  lui  ay  respondu  que  les  feuzroys 
François  mon  beau-père  et  le  roy  Henry  d'An- 
gleterre père  de  la  royne,  sa  maistresse, 
encore  qu'ils  feussent  différents  de  la  religion, 
ne  laissoient  pour  cela  de  s'aymer  inCniement , 
et  que  de  ce  temps-là  l'on  brusloit  beaucoup 
de  gens  pour  la  religion  en  France,  et  que 
ledtet  roy  Henry  d'Angleterre,  ny  les  autres 
princes  de  la  Germanie  proteslans  ausquels 
nous  avions,  dès  lors,  aussy  amytié  ne  s'en 
altéraient  point;  que  despuis,  le  Roy  Henry, 
mon  seigneur,  avoit  voulleu  donner  ma  fille, 
qui  feust  depuis  royne  d'Espaigne,  au  petit 
roy  Edouard,  encores  qu'ils  feussent  différends 
de  religion;  et  que  les  amytiés  ne  layssent, 
pour  la  religion,  d'eslre  bien  bonnes  et  par- 
faictes;  ayant  remis  ledict  ambassadeur,  le 
plus  que  j'ay  pu,  de  ces  considérations  rai- 
sonnables, dont  je  vous  ay  bien  vouleu  adver- 
tir;  car  je  m'asseure  qu'il  escrira  à  la  royne 
sa  maistresse  de  tous  les  propos  que  avons 
euz;  par  où  j'ay  cognu  qu'il  nous  voudroit 
bien,  s'il  estoit  possible,  par  ses  discours,  in- 
timider, affin  de  gaigner  quelque  ebose  pour 
l'exercice  à  ceux  de  sa  religion. 

Au  demeurant,  Monsieur  de  la  Molhe  Fé- 
nelon,  le  Roy  monsieur  mon  fils  a  eu  advis 
que  aucuns  de  sessubjeetz  buguenots  Dyépois 
arment  et  préparent  quelques  vaisseaux  à  la 
cosle  d'Angleterre  pour  courir  sur  ceste  mer 
et  faire  des  larcins;  que  ladicte  royne  d'An- 
gleterre ayant  sceu  les  nouvelles  de  la  mort 
dudict  admirai  a  envoyé  soudain  le  visadmiral 
d'Angleterre  à  la  Rocbelle  pour  y  recognoistre 
et  voir  quel  il  y  fait;   il   faut  que  vous  pêne'- 


120 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


triez  en  relia  si  avant  que  nous  en  puissions 
descouvrir  sa  volonté,  et  vous  ne  ferez  pas 
petit  service  au  Roy  mondict  sieur  et  fils, 
priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xuic'"c  jour  de  septembre 
1572. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fe'nelon,  j'oubliois 
de  Vous  dire  que  j'ay  faict  voir  audict  ambas- 
sadeur ce  que  iedict  feu  admirai  escrivoit  an 
Roy  en  reste  lettre  qu'il  chargeoit  feu  Tclligny 
de  monstrer  après  sa  mort  à  mondict  sieur  et 
lilz,  par  où  il  parloit  mal,  ainsi  que  mondict 
sieur  et  lilz  vous  escrit,  de  la  royne  d'Angle- 
terre, dont  Iedict  ambassadeur,  qui  a  bien 
cogneu  la  lettre  dudict  feu  admirai,  car  je  croy 
qu'il  en  avoit  eu  souvent,  a  esté  fortesbahy1. 

J'oubliois  aussyàvous  mander  que,  quand 
il  m'a  parlé  de  la  desfaicteque  icelle  royne  sa 
maistresse  avoit  faicte  de  renouvellerlestraictés 
et  amityés  entre  le  roy  d'Espaigne,  et  qu'elle 
nous  avoit  plustost  voulcu  vouer  ses  amytiés 
et  moyens  que  audict  roy  d'Espagne,  qu'elle 
en  avoit  eu  l'occasion  beaucoup  plus  grande 
en  nostre  endroicl  qu'au  sien  pour  ce  qu'il 
avoit  lousjours  fomenté  et  assisté  ceux  de  ses 

1  Voici  comment  Walsingham,  de  son  coté,  en  dit: 
tr  Voyez,  m'a-t-elle  dit,  le  discours  qui  s'est  trouvé  avec  le 
testament  que  l'amiral  fil,  lorsqu'il  était  malade  à  la 
Rochelle,  et  dans  lequel  entre  antres  avis  qu'il  donnait  au 
Roi  mon  fils,  il  lui  recommandait  surtout  d'abaisser  au- 
tant qu'il  le  pourrait,  la  reine  votre  maitresse  et  le  roi 
d'Espagne,  comme  étant  un  moyen  qui  pouvoit  beaucoup 
contribuer  à  la  sûreté  et  au  maintien  de  sa  couronne. 
Je  répliquai  que,  quelque  pussent  estre  en  cela  ses  in- 
tentions pour  la  reine  ma  maitresse,  il  paraissoit  néan- 
moins par  là  qu'il  éloit  un  sujet  très  fidèle  à  la  couronne 
di'  franco  et  que  la  reine  ma  maitresse  en  faisait  d'au- 
tant plus  de  ras  qu'elle  n'avoit  jamais  connu  en  lui  que 
de  très  bonnes  intentions  pour  son  roi.->  [Mémoires  et 
ambassades  de  Walsingham,  Amsterdam.  Gallet,  1700, 
p.   285.) 


proditeurs  qui  avoient  voulleu  entreprendre 
conlre  elle;  et  nous  au  contraire,  comme  elle 
sçait  très  bien,  nous  avons  faict  tout  ce  que 
nous  avons  peu,  comme  encores  ferons  nous 
lousjours,  pour  la  préserver  et  l'assister  en  tout 
ce  qu'il  nous  sera  possible,  ainsy  que  nous 
espérons  qu'elle  fera,  de  sa  part,  en  nostre 
endroict,  et  que  pour  les  choses  qui  sont  adve- 
nues, ce.  que  nous  avons  à  nostre  très  grand 
regrecl  esté  contraincts  de  permettre,  elle  ne 
diminuera  rien  de  uoslre  amvlié. 

Au  demeurant,  Monsieur  de  la  Mothe  Fé- 
nelon,  vous  aurés  veu  par  la  dernière  dépesche 
que  l'on  vous  a  faicte,  comme  nous  désirons 
que  vous  requissiez  ladicte  royne  de  nous  fere 
seurement  envoyer  le  comte  de  Montgommery 
et  ayant  sçu,  depuis  byer,  qu'il  désiroit  avoir 
permission  de  vendre  les  biens  qu'il  a  en 
France  pour  n'y  plus  revenir  et  se  retirer  du 
tout  en  Angleterre,  mondict  sieur  et  lilz  el 
moy  en  sommes  bien  contens;  par  quoy,  s'il 
est  par  delà,  entendes  de  luy  s'il  est  en  ceste 
volonté,  pour  nous  en  donner  advis  et  l'on  luy 
baillera  ladicle  permission  telle  et  si  seure 
qu'il  la  vouldra,  pourveu  aussy  qu'il  promette 
et  jure  de  ne  faire  aucune  menée  ou  pra- 
tique qui  importe  ou  soit  contre  le  service  du 
Roy  mondict  sieur  et  lilz. 

Je  désire  que  vous  informiez  bien  expres- 
sément de  l'occasion  du  voiage  que  faict  Ie- 
dict visadmiral  d'Angleterre  du  costé  de  la 
Rochelle  et,  sy  cognoissés  qu'il  y  ayt  occasion 
de  penser  que  ce  soit  contre  l'intention  du 
traicté  avec  ladicte  royne  et  amylié  que  nous 
avons  dernièrement  renouvellée  et  que  voyés 
qu'il  y  ayt  quelque  subject  de  luy  eu  faire  re- 
monslrance,  advisés  de  le  faire  comme  de 
vous-mesmes,  et  m'advertissés  incontinent 
pour  en  mander  mon  intention,  et  sy  Iedict 
visadmiral  est  de  retour,  il  ne  sera  point  mal 
à  propos  que  luy  en  parliés,  aussy  de  vous 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


127 


mesmes  ;  car  il  a  desmontré,  estant  dernièrement 
avec  le  comte  de  Lincoln  en  ce  royaulme,  estre 
fort  affectionné  et  désireux  de  l'amytie'  entre 
les  Françoys  et  Anglois.  Aussy,  le  voyant 
si  bien  affectionne',  luy  feist-on  un  pre'sent, 
comme  l'on  vous  a  escrit,  d'une  cbesne  de 
six  cens  escus  ,  ce  me  semble1. 

Du  xni'™0  jour  de  septembre  1572. 

Caterink. 

PlNART. 

1  Le  iû  septembre  La  Mothe-Fénelon  avait  écrit  à 
Catherine  :  «Jamais  nul  accident  ne  se  lit  tant  sentir  en 
notre  pays,  comme  celluy  qui  est  advenu  à  Paris  se  res- 
sent par  deçà;  j'ay  esté  le  plus  observé  du  monde  et  en- 
.•ures  n'apparoil-il  que  violence  et  ung  grand  déborde- 
ment de  paroles  et  de  reproches  contre  toute  la  France, 
et  cuvdoit-on  que  ceste  princesse  ne  me  deust  aulcune- 
ment  admettre  en  sa  présence.  Neantmoins  elle  m'a  re- 
ceu  assez  humainement,  et  ceux  de  son  conseil,  aussi, 
après  un  peu  d'argent,  se  sont  radoucis. a  (Corres- 
pondance diplomatique  de  La   Mothe - Fénelon ,  t.   V,  p. 

i3i.) 

Maintenant  voici  la  réponse  qu'il  lit  à  la  lettre  ci-dessus  : 
«Madame,  je  loue  bien  fort  les  propos  que  j'ay  veus 
en  la  lettre  du  Roy  du  premier  de  ce  moys  que  Sa 
Majesté  et  la  Voslre  avez  tenus  à  Monsieur  de  Walsin- 
gbam,  lequel,  j'espère  qu'il  les  aura  escripls  à  la  royue 
sa  maitresse  et  que  je  la  trouveray  maintenant  mieulx 
édifiée  de  Vosdictes  Majestez  sur  hs  choses  advenues  à 
Paris  que  je  ne  lis  l'aullre  foys,  dont  je  la  supplieray  de 
faire  cesser  en  ceste  ville  les  maulvaises  paroles  pleines 
de  diffame  qu'on  y  tient  et  les  aultres  grandes  indignités 
dont  l'on  uze  assez  publiquement  là  dessus,  qui,  vous 
promets,  me  sont  par  trop  insuportablos.  Je  useray  le  plus 
discrètement  que  je  pourray  vers  elle  des  deux  lettres 
r|n"il  vous  a  pieu  m'escripre  du  vu""  de  ce  moys  et  mec- 
tray  peyne  de  faire  si  bien  prendre  celle  qui  parle  du 
feu  amiral  que  possible.  Cela  nous  remettra  en  bon  che- 
min pour  le  propos  de  faultre,  bien  que  je  vous  puisse 
assurer.  Madame,  que  ce  nouvel  accident  luy  est  à  elle 
et  à  tous  les  siens  une  playe  si  profonde  et  si  récente 
qu'il  y  faudroit  un  bien  expert  chirurgien  et  du  baume 
fort  excellent  pour  si  soudain  la  guérir;  et  je  crains  as- 
sez, selon  aulcunes  choses  que  j'ay  entendues,  qu'on 
vouldra  aucunement  se  rétracter  de  ce  qu'on  nous  avoit 
accordé  par  rescript  que  M'  de  la  Mole  vous  a  apporté. 


1572.  —  i5  septembre. 

Orig.  Arch.  des  Médias  à  Florence,  dalla  filza  0756  , 
ouova  numerazione .  p.  336. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR 

LE  GRAND  DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  je  vous  ay  de  tout  temps 
cougneu  si  affectionne' au  service  eià  la  gloire 
de  Dieu,  et  particulièrement  au  bien  de  ceste 
couronne,  que  je  me  suis  toujours  asseure'e 
que  vous  recevrez  singulier  plaisir  d'entendre 
l'heureux  succez  de  l'exe'cution  de  l'amyral  et 
ses  adhérons,  comme  voz  lettres  du  1111e  de  ce 
moys  l'ont  suffisamment  lesmoigné;  de  quoy 
le  Roy  monsieur  mon  fils  receoit  très  grand 
contentement,  se  voiant  loue'  et  conforté  des 
bons  et  verlueulx  en  une  si  saincte  et  recom- 
mandante résolution,  de  laquelle  il  espère  que 
Dieu  luy  fera  la  grâce  de  tirer  le  fruict  néces- 
saire à  la  restauralion  de  son  église  et  repos 
universel  de  la  ebrestienté;  et,  comme  je  sçay 
que  vous  luy  estes  voué  d'une  parfaicte  allée- 
lion,  de  vous  faire  aussy  cognoistre  l'amityé  et 
faveur  que  vous  vous  pouvez  promeclre  de 
ceste  couronne,  priant  sur  ce  le  Créateur, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

Escripl  à  Paris,  le  xve  jour  de  septem- 
bre 1072. 

(De  sa  main.)    Mon  cousin,  je  ne  doucteré 

Autrement  ne  m'attends-je  pas  que  cette  princesse,  la- 
quelle n'a  nul  certain  successeur,  fasse  en  ce  temps  un 
seul  pas  hors  du  royaume.  Tant  y  a  que  je  n'ohmettray 
rien  de  ce  que  j'estimeray  la  pouvoir  bien  persuader  à 
l'entrevue,  en  la  façon  que  me  le  mandez,  vous  sup- 
pliant très  humblement ,  Madame ,  de  disposer  en  telle 
sorte  le  sr  de  Walsingham  par  dellà  que  ses  lettres 
puissent  remettre  icy  sa  maitresse  et  les  siens  en  leur 
première  bonne  disposition,  car  vous  promets  qu'd  y 
peult  beaucoup.-)  ( Correspondance  diplomatique  de  La 
Mothe-Fénelon ,  t.  V,  p.  i35.) 


128 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


jeauiès  de  vostre  bonne  volonté  en  nostre  en- 
droyct,  et  que  ne  vous  rejouissie's  de  tout  cet 
que  retorne  alla  gloyre  de  Dieu  et  conser- 
vation de  nos  vies  et  sûreté  de  celé  coronne; 
car  aussi  vous  pouvés  vous  asseurer  que  nostre 
conservation  sera  lousjour  pour  vous  ayder 
et  favoriser  plus  ipie  léàùltrè  prinse  que  vous 
vous  puisiés  asseurer.  Je  serès  bien  ayse  de 
voir  une  fin  du  cet  pour  lequel  je  vous  ay  en- 
voyé le  consellcr  Bruet1. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  i5  septembre. 

Origi  Arch.  des  Médicis  à  Florence ,  dalla  lilza  a.726  , 
nuova  nunierazione ,  p.  335. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR 

LE  PRINCE  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  l'office  que  vous  avez  faict  par 
deçà  de  vous  conjouyr  de  l'heureux  succès  que 
Dieu  a  octroyé  au  Roy  monsieur  mon  filz  en 
l'exécution  de  la  personne  de  l'amyral  et  ses 
adhérans  respond  à  la  dévotion  que  mon 
cousin  le  Grand  Duc  vostre  père  a  tousjours 
eue  au  bien  et  prospérité  de  cest  Estât.  Aussy 
pouvez  vous  estre  asseuré  que  la  mesmes 
amitié,  faveur  et  bienveillance  que  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz  luy  a  tousjours  portée, 
ne  vous  regarde  moyns  pour  la  faire  valloir 
en  tout  ce  qui  pourra  servir  à  vostre  bien  et 
contentement,  de  quoy,  pour  le  lien  que  na- 
ture a  mis  entre  nous,  je  vous  prie  croyre  que 
je  n'oublieray  jamais  aucun  office.  Sur  ce  je 
prie  le  Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  ce  xve  jour  de  septem- 
bre 1572. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  La  liquidation  de  la  succession  des  Médicis. 


1572. —  ai  septembre. 

Orijj.  Arch.  de  Toulouse,  liasse  n°  19,  n*  3à. 

A  MESSIEURS  LES  CAPPITOULZ 

DE  LA   VILLE  DE   THOULOUSE. 

Messieurs,  par  la  dépesche  qui  vous  est 
présentement  envoyée1  vous  entendrez  le  con- 

'   Voici  la  lettre  de  Charles  IX  : 

«Très  chers  et  bien  amez,  nous  avons  avecq  très  grand 
contentement  entendu  le  bon  debvoirque  vous  avez  rendu 
à  pourveoir  aux  choses  qui  estoient  nécessaires  pour  le 
salut  et  conservation  de  nostre  ville  de  Thoulouze  sur  la 
nouvelle  advenue  par  delà  de  l'exécution  faicle  en  la  per- 
sonne de  l'admirai  et  autres,  ce  qui  a  répondu  à  l'expec- 
tation  que  nous  avons  tousjours  eue  de  vostre  bonne 
volunté  au  bien  de  nostre  service  et  salut  de  la  chose 
publique;  en  quoy  nous  vous  prions  continuer  comme 
avez  bien  commencé.  Nous  escripvons  présentement  aux 
gens  tenans  nostre  cour  de  parlement  audict  Thoulouze 
nostre  intention  sur  ce  qui  nous  semble  estre  nécessaire 
pour  la  continuation  de  vostre  bien  et  repos,  laquelle  ils 
vous  feront  entendre,  estant  asseuré  que,  de  vostre  part, 
vous  vous  y  emploierez,  de  sorte  que  nous  en  recevrons 
toute  satisfaction,  et  néantmoins  nous  avons  bien  voulu 
vous  exhortât'  encore?  particulièrement  comme  à  chose 
de  laquelle  deppend  vostre  salut  et  repos. n 

Les  deux  lettres  de  Catherine  et  de  Charles  IX  répon- 
daient à  celle  que  les  capitouls  de  Toulouse  leur  avaient 
adressée  et  que  voici  : 

«  Sire,  nous  avons  receu  les  lettres  qu'il  a  pieu  à  Vostre 
Majesté  nous  escripre  et  envoyer  par  le  comte  de  Rieux 
et  oultre  le  contenu  d'icelle,  nous  avons  entendu  de  sa 
bouche  la  créance  que  Vostre  Majesté  luy  avoyt  donné 
charge  nous  déclairer,  et  pour  aultant  que  le  jour  d'hier 
nous  vous  avons  escript  de  tout  ce  qu'a  esté  faict  en  vostre 
ville  pour  contenir  les  citoyensd'icelle  en  vostre  hobéissance 
sans  rien  attenter  contre  voz  édietz,  ayant  eu  adver- 
lissement  certain  que  ceulx  de  la  nouvelle  prestendue 
religion  sortoienl  à  flottes  de  ladicte  ville  poursoy  assem- 
bler et  faire  effort!  es  villes  des  environs  dudicl  Toulous>' 
pour  oflénser  vos  lidelles  subjetz ,  nous  avons ,  suyvant  l'or- 
donnance de  vostre  court  de  parlement ,  restraintz  ceulx 
que  nous  avons  peu  apréhender,  où  il  y  en  a  Iroys  ou  quatre 
qui  ont  esté  chefz  en  tous  les  troubles  et  servy  de  conseil, 
que  nous  avons  bien  voulu  faire  aclendre  pour  recepvoh 
vostre  commandement.  Au  reste  nous  avons  eu  aujour- 
I    d'hui  advertissement  comme  Castres  est  tenu  soubz  vostre 


LETTRES  DE  CATH 

tcnleuient  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  a 
receu  d'estre  adverty  du  bon  debvoir  que  vous 
avez  rendu  au  repos  et  seureté  de  vostre  ville, 
de  ce  qu'il  de'sire  estre  faict  pour  vous  y 
continuer,  ce  que  je  m'asseure  que  vous 
sçaurez  bien  suivre  et  observer,  et  de  l'ère 
congnoistre,  en  toutes  voz  actions,  l'affection 
que  vous  avez  au  bien  et  service  du  Roy 
mondict  sieur  et  filz,  priant  sur  ce  le  Créa- 
teur,  Messieurs,    vous   avoir  en   sa    saincle 

garde. 

Caterine. 
Fizes. 


1572.  —  21  septembre. 

Orig.  Archives  municipales  de  Rouen. 
A  MESSIEURS 

LES  CONSEILLERS,  ESCHEVIWS 

DE   LA   VILLE   DE    ROUER. 

Messieurs,  je  ne  vous  puis  vous  ce'ler  que 
le  Roy  monsieur  mon  fils  n'ayt  trouve'  bien 
fort  mauvaise  l'e'motion  et  meurtre  advenu  en 
la  ville  de  Rouen  de  ceulx  de  la  nouvelle  opi- 
nion1, pour  estre  de  très  pernicieux  exemple 

hobéissancc  par  le  cappilaine  La  Guiche.  Nous  faisons  sen- 
linelle  et  garde  aux  portes  de  noslre  ville  sans  battre 
aulcun  tabourin  et  plus  modestement  que  faire  se  peult, 
tellement  que  lout  demeure  en  paix  et  tranquilité,  et  ne 
sera  rien  faict  ny  suivy,  si  n'est  ce  que  plaira  à  Vostre  Ma- 
jesté commander.-1  (Bibl.  nal.,  fonds  français,  n°  i  5555, 
p.  6o.)  Voir  également  dans  le  même  volume  une  lettre 
du  président  Dallîs,  f°  6a. 

1  Cliurles  IX  avait  écrit  de  son  coté  le  23  septembre 
au.marécbal  de  Cossé  :  rje  vous  prie,  incontinent 
la  présente  receue,  faire  faire  derechef  expresse  deffense  à 
touttes  personnes ,  de  quelque  qualité  et  condition  qu'  elles 
soyent,  de  tuer,  piller  et  saccager  en  aucune  sorte  que  ce 
soit,  soubz  couleur  et  prétexte  de  la  religion,  et  emprison- 
ner aucun,  si  ce  n'est  par  ordonnance  dejustice,  et  peyne 
contre  ceulx  qui  y  contreviendront  d'estre  pugnys  de  mort 
sur  le  champ  sans  autre  forme  de  procès;  à  l'exécution 
de  quoy  vous  tiendrez  très  eslroitement  la  main  sans  per- 

Catbebihe  de  Médicis.  —  iv. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  129 

à  l'endroict  de  toutes  les  aultres  villes  de  ce 
Royaulme  où  ung  tel  acte  seroit  assez  suffisant 
de  ralumer  le  feu  que  l'on  voyl  jà  apaisé, 
grâce  à  Dieu ,  et  pour  destourner  beaucoup  de 
ceulx  qui  sont  près  à  sere'duireau  bon  chemyn 
et  à  notre  religion  catholique,  qui  est  ce  que 
l'on  de'sire  le  plus;  au  moien  de  quoy  il  veult 
et  entend  qu'il  soit  faict  pugnicion  de  ceulx 
qui  se  trouveront  principaulx  aucteurs  elcoul- 
pables  de  ce  male'fice;  à  quoy  il  désire  que, 
de  votre  part,  vous  aydez  aultant  qu'il  vous 
sera  possible  et  sur  ce  que  vous  aymez  faire 
service  qui  luy  soyt  agréable  dont  je  ne  puys 
que  je  ne  vous  prve  de  ma  part,  saichant 
quelle  est  sa  volunté  en  cest  endroict,  et  sur 
ce  je  supplye  le  Créateur,  Messieurs,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Paris,  le   xxie  jour  de  septem- 
bre 1572. 


Caterine. 


Rrulart. 


1572.  —  Octobre. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  102&0,  f"  lii. 
A  MADAME  MA  TANTE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  FERRARE. 
Madame  ma  tente,  je  vous  ay  bien  voleu  en- 
voyer Lefort,  présaut  porteur,  pour  \ous  aver- 
tir qu'il  a  pieu  à  Dieu  donner  au  Roy  mon  fils 
une  fille  et  que  la  royne  ma  fille  cet  porte 
très  bien,  corne  ausi  fayst  sadiste  fille;  et 
sachent  cornent  aymés  toute  la  rase,  je  m'a- 

mettre  qu'il  y  soit  usé  d'aucune  dissimulation  et  ferez 
semblablement  sçavoir  à  tous  gentilshommes  et  autres  de 
la  nouvelle  religion  et  opinion  qui  se  seroient,  par  crainte 
et  doubte  des  choses  passés,  absentez  de  leurs  maisons  de 
s'y  retirer  avecq  asseurance  d'estre  conservez  et  gardez 
contre  toute  injure,  force  ou  violence,  et  en  cela,  s'ilz  ont 
besoin  de  sauvegarde  et  s'ilz  la  requièrent,  leur  en  oc- 
troyer en  si  bonne  forme  qu'ils  s'en  puissent  asseurer  et 
demeurer  eu  repos. »  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  32 1  5, 
p.  12.) 

'7 

lUPtllUIME     XATIOSâLE. 


130 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1GIS. 


seure  que  se  vous  sera  plésir  d'entendre  que 
Dieu  l'augmente,  encore  que  ce  ne  souit 
un  fils;  car  puisqu'il  ont  comensé,  je  ays- 
père  qu'il  ann  auron  et  fils  et  filles  tent 
que  ce  serâjoye  et  asuranse  pour  tous  ceuk 
qui  en  de'siret  l'augmentation  et  conserva- 
lion.  Je  croy,  Madame  ma  tente,  que,  après 
avoir  veu  la  maleureuse  conspiration  de  ceulx 
qui  sont  infection  de  nostre  religion,  que 
vous  ne  voldriés  ayslre  la  dernière  à  mètre 
peine  d'entendre  la  vérité,  laqucle  ayst  la 
milleurc,  celé  que  tien  le  Roy  et  nous  tous, 
corne  ont  faysl  les  roys  nos  prédéséseurs, 
au1  sele  de  ces  malheureus,  qui  me  fayst 
vous  suplier  de  volouir  ouïr  quelque  homme 
de  bien  et  savent,  afin  de  savoyrla  vérité;  car 
je  vous  puis  aseurer  que  ne  sariés  l'ayre  chause 
plus  agréable  au  Roy  vostre  nepveu  et  à  moy 
pour  l'aubligation  que  je  vous  ay  de  l'amytié 
que  me  portés  et,  pour  aystre  au  Roy  monsei- 
gneur cet  que  l'i  étiés,  je  ne  puis  que  je  ne 
vous  die  que  ceret  la  chause  de  cet  monde  que 
je  désirerès  aultant,  que  vous  voyr  remise  en 
nostre  ayglisc,  cet  que  je  prie  à  Dieu  vous  faire 
la  grase.  Je  vous  veuls  bien  avertir  que  je  veu 
anuit  Madame  de  Nemour  vostre  fille,  qui  cet 
porte  bien  et  a  fest  un  beau  et  gros  fils.  Je 
m'asseure  que  eu  serés  bien  ayse,  qui  est  cose 
que  vous  l'é  bien  volu  mender  par  la  présente 
et  fayré  fin,  prient  Dieu  vous  fayre  conoystre 
^a  vérité  et  sa  volonté. 
Vostre  bien  bonne  niepse, 

Caterine. 

1572.  —  1"  octobre. 

Ylinule.  Bibl.  nal.  fonds  français,  nJ  1Ô55B.  I""  119. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER, 

AMBASSADEUR   À   VEMSIi. 

Monsieur    du    Ferrier,    j'ay    veu    ce    que 

1   An  sele,  ou  celle. 


m'avez  escript  par  vostre  leclre  du  xvie  jour 
de  septejnbre  de  l'opinyon  que  aucuns  ont 
que  ce  qui  a  esté  exécuté  en  la  personne  de 
l'admirai  et  de  ses  adhérans  a  esté  à  l'instiga- 
tion de  moy  et  de  mon  fils  le  duc  d'Anjou ,  avec 
tous  les  discours  qu'ilz  vous  ont  faict  là-des- 
sus du  tort  que  par  ce  meurtre  a  esté  faict  à 
mon  filz  à  l'endroit  des  princes  protestant/, 
qui  avoyenl  tous  dézir  de  le  faire  et  eslire  em- 
pereur et  de  ce  quej'aurois  mieulx  aymé  ruy- 
ner  ce  royaulme  en  me  vengeant  de  l'admirai 
que  de  l'augmenter  et  me  ressentir  du  mal  de 
celluy  qui  a  faict  mourir  ma  fille,  lequel 
par  ce  meurtre  s'est  agrandy  de  telle  façon 
que  luy  seul  à  présent  commande  à  toutz  les 
aultres  princes  chrétiens;  sur  quoy  je  vous 
ay  bien  vouleu  advcrlir  que  cerlaynement  je 
n'ay  rien  faict,  conseillé,  ny  peruiys  en  rien 
que  ce  que  l'honneur  de  Dieu,  le  devoir  el 
l'amitié  que  je  porte  à  mes  enfians  me  com- 
mande, d'aultant  que  aiant  l'admirai,  despuis 
la  mort  du  feu  Roy  Henry  monseigneur, 
monstre  par  toutz  ses  actes  et  depportemens 
qu'il  ne  tendoit  que  à  la  subverssion  de  cesl 
Estât  et  de  oster  la  couronne  au  Roy  monsieur 
mon  filz  et  à  ses  frères  à  qui  légitimement, 
comme  vous  sçavez,elle  appartient,  et  que,  au 
lieu  de  se  recognoistre  comme  subject,  il  s'es- 
loit  bien  estably  et  agrandi  en  ce  royaulme, 
qu'il  y  avoyt  les  mesines  povoiret  commande- 
ment que  luy  à  l'endroict  de  ceulx  de  sa  re- 
ligion, tellement  que,  estant  rebelle  à  son 
prince,  il  a  prins  par  force  ses  villes  tenues 
et  gardées  contre  luy  et  en  sa  présence  et  en 
celle  de  son  frère,  n'aianl  poinct  craiuct  de 
donner  plusieurs  batailles  et  esté  cause  de 
la  mort  d'un  si  grand  nombre  de  personnes 
qui  ont  esté  tuées  pour  ceste  occasion  et  en- 
cores,  despuis  la  dernyère  paix  el  édict  de 
pacification ,  il  a  conspiré  si  malheureuse- 
ment contre  la  personne   de  son  roy   el  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


131 


rnoy  et  de  ses  frères,  comme  les  princes  es- 
Irangiers  et  ung  chacun  en  seront  bien  tost 
esclairciz  au  vray  par  le  procès  qui  en 
est  desjà  commence'  et  sera  bien  lost  jugé 
en  sa  court  de  parlement  à  Paris,  que  je 
m'asseure  que  l'on  dira  que  le  Roy  mondict 
sieur  et  fils  a  faict  ce  qui  appartenoit  à  sa 
grandeur,  estant  roy  et  prince  souverain,  et 
que  l'admirai,  estant  sy  fort  et  puissant  en  ce 
royaulme,  comme  il  estoit,  ne  pouvoyt  estre 
aultrement  puny  de  sa  rébellion  et  désobéis- 
sance que  par  la  voye  que  l'on  a  esté  contrainct 
d'exécuter  tant  en  sa  personne  que  de  ceulx 
qui  tenoyent  son  parly,  et  aiant  esté  byen  marry 
que  sur  l'esmotion  plusieurs  aultres  personnes 
de  leur  religion  ont  esté  tuez  par  les  catho- 
licques  qui  se  ressentoient  d'infinyz  maulx, 
pilleryes,  meurtres  et  autres  mesrbans  actes 
que  l'on  avoyl  exercés  et  commis  contre  eulx 
durant  les  troubles  ;  mais  enfin ,  grâces  à  Dieu , 
tout  est  appaizé,  en  sorte  que  l'on  ne  recog- 
noist  plus  en  ce  royaulme  que  ung  roy  et  sa 
justice,  qui  est  rendue  à  ung  chacun  selon  le 
devoir  et  l'équité,  estant  bien  résoleu  pour  les 
maulx  que  ont  apportez  en  icelluy  la  diversité 
des  religions,  de  ne  souffrir  plus  qu'il  y  en 
ayt  d'aullre  que  la  sienne,  et  quant  à  ce  qui 
me  touche  à  moy  en  particulier,  encores  que 
j'ayme  unicquement  toutz  mes  enffaus,  je 
veulx  prefférer,  comme  il  est  bien  raisonable, 
les  filz  aux  filles;  et  pour  le  regard  de  ce  que 
me  mandez  de  celui  qui  a  faict  mourir  ma 
fille,  c'est  chose  que  fou  ne  tient  point  pour 
certaine,  et  si  elle  estoit,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  n'en  pouvoit  faire  la  vengerie  en  Tes- 
tât que  son  royaume  estoit  lors;  mais  à  présent 
qu'il  est  tout  ung,  il  aura  assez  de  moien  et 
de  forces  pour  s'en  ressentir,  quant  l'occasion 
s'en  présentera;  et  m'asseure  que,  quant  les 
princes  protestantz  auront  bien  sceu  la  vérité 
et  considéré  tout  ce  que  dessus,  ilz  continue- 


ront à  l'endroict  démon  filzlamesme  volunté 
qu'ilz  avoient  auparavant  que  cecy  fust  adve- 
neu;  et  pour  le  regard  de  la  royne  d'Angle- 
terre, le  Roy  mondict  sieur  et  filz  n'a  poinct 
eu  aucune  volunté  et  intention  de  rompre  la 
bonne  intelligence,  paix  et  amylié  qui  est 
entre  nous  et  elle  et  ces  deuxrovaulmes,  ains 
la  veult  maintenyr  et  conserver  entièrement 
et  ne  fault  point  craindre  que,  quelque  inves- 
titure que  le  Pappe  luy  en  veuille  bailler, 
comme  il  vous  a  esté  dict,  qu'il  s'en  laisse 
ainsv  persuader  et  que  il  y  entende  aucune- 
ment, ne  voulant  rien  prétendre  ny  uzurper 
sur  ses  voisins  sinon  es  royaulmes,  pays  et 
Estats  où  il  aura  droict  ou  qui  luy  escherront 
par  succession.  Pour  le  regard  de  ce  que  me 
mandez  pour  l'ellection  du  roy  de  Pologne  et 
ce  qui  en  a  esté  faict  du  costé  de  l'Empereur 
et  aussi  les  propoz  que  le  légat  de  Nostrc 
Sainct  Père  vous  en  a  tenuz  en  faveur  de  mon 
filz  le  duc  d'Anjou  et  que  Sa  Saincteté  feroyt 
plus  pour  luy  que  pour  nul  autre,  sy  elle 
sçavoist  qu'il  y  voulzist  entendre,  je  vous 
prye,  Monsieur  du  Ferryer,  luy  dire  que 
nous  le  prions  de  s'en  employer  de  tout  son 
pouvoir  et  que,  en  ce  faisant,  Sa  Saincteté 
obligera  grandement  tant  envers  elle  que  le 
Sainct-Siège  tous  nous  autres  qui  est  le  Roy, 
son  frère  et  moy,  comme,  en  ce  que  nous 
aurons  moyen  de  le  recongnoistre  envers 
le  légat,  nous  le  ferons  en  tout  ce  dont  il 
nous  voudra  requérir.  Quant  à  la  préséance 
pour  le  Roy  monsieur  mon  filz,  c'est  chose 
qui  luy  est  deue  et  dont  tous  les  roys  ses 
prédécesseurs  ont  paisiblement  jouy;  et  ne 
fault  poinct  que  vous  soyez  en  doubte  que 
le  Roy  rompe  avec  le  Grand  Seigneur  pour 
entrer  à  la  Ligue,  d'aultant  qu'il  veult  en- 
tretenir l'amytié  qu'il  a  avec  luy  et  ne  peult 
penser  à  aucune  entreprize  de  dehors  que 
nremièrement  il  n'ayt  restably  le  dedans  de 


132  LETTRES  DE  GATH 

son  royaulnie,  qui  a  bon  bcsoing  de  repos 
et  de  se  remeclre  et  fortiffier  durant  quelques 
années. 

Monsieur  du  Ferrier,  despuis  la  présente 
eseriple,  est  arrive'  La  Roche  de  vostre  partavec 
la  nouvelle  de  la  deffaicte  de  l'armée  Tur- 
quesque,  lequel  m'a  faict  particnllièrement 
entendre  ce  dont  vous  luy  aviez  donné  charge 
et  tnesmes  pour  le  faict  de  l'cllection  du  roy 
de  Pologne  ;  sur  quoy  je  vous  ay  bien  voulu 
advertir  que  nous  despescherons  bien  tost, 
suy vaut  vostre  advis ,  ung  personnaige  qui  yra 
sur  le  lieu  et  passera  à  Venize  pour  estre 
insliuicl  de  vous  de  ce  que  vous  cognois- 
trez  pour  servir  à  cest  effect;  en  quoy  je  vous 
prve  vous  employer  de  tout  vostre  pouvoir  et 
de  loutz  les  moyens  dont  l'on  se  pourra  ayder 
et  y  pourveoir  comme  chose  que  nous  désirons 
singulièrement  et  dont  vous  en  devez  espérer 
aultant  de  reconnaissance  que  de  nul  aulre 
service  que  vous  nous  sçauriez  faire.  J'ay  en- 
tendu aussy  ce  que  m'avez  mandé  des  propos 
que  l'agent  du  duc  de  Saxe  et  cellui  du  comte 
Pallatin  vous  a  tenu/,  et  des  offres  qu'ilz  font; 
à  quoy  il  fault  bien  prendre  garde  et  y  aller 
bien  retenu  pour  ce  qu'il  y  auroit  à  craindre 
que  ce  ne  fust  avec  cautelle  et  finesse  pour 
désarmer  l'intention  et  volunté  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  envers  le  roy  d'Espagne;  par 
quoy  vous  ne  leur  ferez  aucune  démonstra- 
tion, aucune  saillie,  les  entretenant  bien  dex- 
trement  et  saigement  en  tirant  d'eulx  ce 
que  vous  pourrez  sçavoir  sans  qu'ilz  se  puis- 
sent apercevoir  que  vous  le  faictes  dans  cette 
intenlion,  et  m'advertirez  ordinairement  de 
ce  que  vous  en  pourrez  apprendre  et  ferez 
le  semblable  pour  l'offre  qui  vous  a  esté  faicle 
et  sondez  le  plus  avant  que  vous  pourrez  à 
quelle  fin  et  intention  ils  font  lesdietz  offices, 
et  s'il  y  a  en  cela  de  la  finesse  et  dissimu- 
lation de  leurcousté,  priant  le  Créateur,  Mon- 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

sieur  du  Ferrier,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde  '. 

Escript  à  Paris,  le  i"  jour  d'octobre  1  072. 

Caterise. 

1  Voici  la  lettre  fie  «lu  Ferrier  à  laquelle  Catherine 
répondait:  t Madame,  le  commandement  qu'il  vous 
pieusl  me  faire  en  prenant  conj;é  île  Vostre  Majesté 
venant  par  deçà  et  la  bonté  que  j'ay  cogneu  en  icelle 
m'ont  faicl  jusques  icy  escrire  librement  et  à  la  vérité 
tout  ce  qui  est  venu  a  ma  cognoissance  concernant  vostre 
service,  grandeur  et  réputation  du  Roy  et  de  Monsei- 
gneur, et  me  suis  résolu  de  continuel'  toute  ma  vie  et 
en  quelque  lieu  que  je  soys  jusques  à  ce  que  m'ayez 
commandé  de  me  taire.  Or,  Madame,  la  vérité  est  cer- 
taine et  indubitable  que  les  massacres  advenu?,  par  tout 
le  royaume  de  France,  non  seullement  contre  le  feu 
amiral  et  autres  principaulx  chefs  de  la  religion,  mais 
aussy  contre  tant  de  pauvre  peuple  innocent,  ont  si  fort 
esmeu  et  altéré  l'humeur  de  ceulx  qui  sont  par  deçà  af- 
fectionnés à  vostre  couronne,  encores  qu'ilz  soyent  du 
tout  catholicques  ,  qu'ilz  ne  se  peuvent  contenter  d'excuse 
aucune,  imputant  tout  ce  qui  a  esté  faict  à  vous  lans 
seullement,  et  à  Monseigneur  d'Anjou;  par  le  moyen 
susdict  il  s'est  oslé  la  couronne  irnpérialle,  n'ayant  au- 
paravant rien  tant  désiré  les  Allemans,  mesme  les  pro- 
testans,  que  de  le  faire  empereur  et  de  remettre  l'Em- 
pire en  la  maison  de  France,  et  disoient  estre  bien 
informés  que  ledict  amiral  et  aultres  ne  conspiraient 
jamais  contre  Vos  Majestés,  ou  aucun  des  voslres,  et  ne 
se  peuvent  assez  émerveiller  que,  par  tels  moyens,  on 
ait.  voulu  faire  si  grand  et  évident  tort  à  Monseigneur 
et  si  fort  agrandir  le  roy  d'Espaigne,  qui  se  peultdire 
aujourd'hui  le  seul  prince  de  la  chrestienlé  qui  com- 
mande à  tous  aultres;  et  disent  encores  que,  pour  ve- 
nir à  bout  desdicts  chefs,  il  y  avoil  d'aultres  moyens 
aussy  certains  et  qui  n'eussent  pas  tant  offensé  les  estran- 
gers  et  donné  à  parler  à  la  postérité.  Et  combien,  Ma- 
dame, que  je  necroye  à  rien  de  tout  ce  que  dessus  et 
que  je  soys  certain  et  asseuré  de  vostre  bonne  et  rbres- 
tienne  intention,  toutefois  craignant  que  cela  ne  soit  pour 
apporter  domniaige  à  vostre  personne  et  que  quelque 
mesibant  et  malheureux  osast  tenter  contre  icelle,  dont 
s'en  ensuivroit  l'entière  ruyne  du  royaume  el  de  mm 
particulièrement,  qui  ne  despends  que  de  vostre  seule 
grâce  et  bénignité,  je  vous  ay  bien  voulu  escrire  ce  des- 
sus et  vous  supplier  très  humblement  de  vous  contregar- 
der  plus  que  n'avez  encore  faicl,  estant  fort  many  que 
je  ne  puis  vilvement  vous  représenter  le  malconlenle- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


133 


1572.  —  2  octobre. 

Aut.  Areh.  nat.  cotlect.  Simancas,  K  i5a8,  n°  6S. 

A  M*  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  (ils,  j'é  veu  par  la  letre  que 

ment  d'aulcuns  désespérez  qui  passent  par  icy,  lesquels 
sont  si  bien  folz  et  téméraires  de  dire  que  vous  avez 
mieulx  aimé  ruyncr  le  royaume  de  France  en  vous  ven- 
geant de  l'amiral  que  l'augmenter  et  que  vous  ressentir 
il  il  mnl  de  ceïïmj  qui  afaicl  mourir  vostre  Jille°\  mais  tels 
et  autres  détestables  propos  qui  se  disent  et  escrivent  ne 
sont  que  parolles,  lesquelles  passent  comme  le  vent, 
pourveu  que  le  principal  qui  est  vostre  personne  soit 
conservé,  comme  sera,  s'il  plaist  à  Dieu,  envers  lequel 
les  oraisons  ne  furent  jamais  si  nécessaires  qu'elles  sont 
à  présent  et  mesmes  à  l'endroict  de  ceulx  qui  sçavent 
combien  Vostre  Majesté  est  affligée  d'avoir  veu  le  Roy 
réduict  en  telle  nécessité  qu'il  ayt  esté  contrainct  de 
mectre  si  avant  la  main  au  sang  de  ses  subjects,  ce  qu'il 
n'adviendra  jamais  plus,  s'il  plaist  à  Dieu.  Depuis  ma 
dernière  despeclie  j'ai  sceu  que,  au  Iraiclé  de  l'élection 
du  roy  de  Poloigne,  Monseigneur  a  esté  bien  avant  nom- 
mé, d'où  l'Empereur  qui  poursuit  que  son  fils  aisné  soit 
esleu,  n'est  pas  content,  et  que  son  ambassadeur  résident 
en  cesle  ville,  sitost  que  les  susdites  nouvelles  de  France 
vindrent  par  deçà,  despécha  deux  courriers  en  diligence, 
l'un  à  son  maislre  et  l'aullrc  en  Poloigne,  les  adverlissant 
que  le  Roy  par  le  conseil  de  Monseigneur  vouloit  extirper 
toutes  sectes  de  religions  contraires  à  la  Romaine ,  et  il  m'a 
anssy  esté  dict  que  quelque  Allemand  a  esté  envoyé  par 
delà,  non  pour  aultres  choses  que  pour  défavoriser  Mon- 
seigneur, estans  les  électeurs  et  le  peuple  de  Poloigne  di- 
visez en  plusieurs  détestables  sectes  de  religion,  comme 
je  suis  adverty  de  longtemps  y  a,  et  sur  ce  propos  je  ne 
veulx  oublier  que  ledict  an  Indue,  adverty  de  ce  qui  a  été 
laict  en  France  et  pour  se  plus  avant  insinuer  envers  les- 
dicts  électeurs  ,  a  faict  republier  par  tous  les  pays  l'édit  par 
luy  auparavant  laict,  par  lequel  il  permet  à  ses  subjects 
de  vivre  selon  leur  religion  et  défaite  public  exercice.  Je 
fus  d'assez  bonne  heure  adverty  de  la  mort  du  roy  de 
Pologne,  ayant  quelque  praticqae  avec  ceulx  dudict 
pays  depuis  mon  aultre  ambassade  ;  mais  congnoissant 
combien  ledict  pays  est  éloigné  de  la  France  en  religion 
et  comme  il  est  exposé  à  la  mercy  du  Turcq  et  du  Mos- 
covite, je  ne  pensoy  jamais  que  lel  royaume  fust  digne  de 
Monseigneur.  Et  quand ,  Madame,  vous  seriez  de  con- 

1  AllusioD  ail  liruit  qui  accusait  Philippe  11  de  la  mort  d^lisabeth. 


j'é  reseue  de  Vostre  Majesté  le  ple'sir  que  avés 
reseu  de  cet  qu'il  a  pieu  hà  Dieu  nous  donner 
le  moyen  de  nous  délivrer  de  nos  ennemis  et 
lés  siens,  chause  que  je  n'éjeamèsdouctéeque. 
n'an  resantisiés  le  conlentement  que  requyerl 

traire  opinion,  le  meilleur  et  plus  asseuré  secours  que 
vous  y  pourriez  avoir  seroit  du  costé  du  Grand  Seigneur 
et  du  Pappe,  et  ne  fauldroit  en  cela  se  servir  de  l'évesque 
de  Valence,  lequel,  encore  que  je  cognoisse  depuis  plus 
de  quarante  ans  comme  très  saige  et  vertueulx  ministre 
et  autant  affectionné  à  vostre  service  que  nul  autre  gen- 
tilhomme de  Fiance,  si  est-ce  que  l'on  luy  a  donné  contre 
vérité  le  bruict  de  favoriser  les  huguenots  qui  ne  sont 
guère  aimés  audict  pavs,  auquel  le  Pape  retient  encores 
grande  autorité,  et  m'a  dict  son  légat  que  si  Sa  Sainteté 
cuydoit  que  Monseigneur  voulust  entendre  à  ceste  élec- 
tion, il  seroit  plus  pour  luy  que  pour  nu]  aultre.  Et  sur 
ce  propos  aussy.  Madame,  je  ne  veulx  oublier  que  le  légat 
m'a  dict  en  grand  secret  que  Sadicle  Sainteté  est  après 
le  roy  d'Espagne  pour  luy  faire  quicter  la  précédence 
sur  le  Roy  et  qu'il  en  viendra  bienlost  à  bout.  J'ay  prié 
ledict  légat  de  croire  que,  en  ce  faisant,  le  Pape  fera 
plus  de  calholicques  en  France  que  par  les  pardons  >i 
jubilés  qu'il  est  délibéré  y  envoyer.  Et  pour  ce  que  le- 
dict légat  a  bonne  part  envers  Sa  Saincteté  pour  avoir 
esté  son  compaignon  d'escolle  et  de  mesme  ville,  je  me 
doubte  fort  que  le  susdict  propos  regarde  le  grand  désir 
que  tous  deux  ont  que  l'évesque  d'Acqs  soit  révocqué  de 
sa  charge  et  que  le  Roy  entre  en  ligue  contre  le  Grand 
Seigneur;  et  combien  que  cela  fust,  il  y  a  ung  an  sans 
raison  et  apparence,  louteflbis  estant  advenu  despuis 
tant  de  choses  contraires  aux  discours  des  hommes,  plu- 
sieurs estiment  que  cela  se  pourra  faire  ;  à  quoy  je  m'as- 
seure  qu'avant  de  ce  faite  Vostre  Majesté  y  pensera  bien 
et  longuement  et  ne  s'arrestera  tant  à  la  vaine  et  inutile 
investiture  du  royaume  d'Angleterre  que  le  Pape  entend 
faire  au  Roy  soubs  couleur  de  religion,  qu'à  conserver  la 
protection  que  les  roys  de  France  ont  eue ,  depuis  long- 
temps y  a,  du  royaume  d'Escosse  pour  tenir  en  bride 
l'Angîois,  lequel  est  une  mauvaise  beste  et  est  fort  à 
craindre  qu'il  ne  soit  irrité  de  ces  désastres  et  que  l'Alle- 
mand et  luy  ne  soient  pour  vous  donner  de  la  fascherie, 
ce  qu'à  Dieu  ne  plaise,  ains,  Madame,  vous  donner  en 
bonne  prospérité  et  santé  longue  et  heureuse  vie. 
rrDe  Venise,  le  xvt'  jour  de  septembre  1572. 

•lit  Fermer*.» 

■  Blhl.  imp.   de  Saiut-PvtersboHrfr.    Docum.  franc.,  vol.  \CVltl, 
pièce  n°  35,  pages  4i,  /ia  .  43.  {Lettre  chiffrée.) 


134 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1  'amytié  que  vous  portons,  laquole,  m'aseure, 
ne  douctés  par  le  fayrc  conoystre  hà  Voslre 
Majesté*  par  tous  les  bons  aufises  que  avons 
peu,  corne  je  m'aseure  qu'il  paroyt  par  le  suc- 
sès  que  ha  le  duc  d'Albc  en  vos  afayres  de 
Flandre,  de  quoy  santons  le  mesme  conten- 
tement que  ce  s'étoyt  pour  nous  mesmes  ef 
eusions  désiré  qu'il  eut  eu  encore  plus  de  vic- 
touire,  afin  que  plus  avsément  les  aultres 
plases  cet  feuset  conformée  à  vostre  volante, 
et  que  le  bon  trétement  qu'il  a  fayst  à  seulx 
de  Monts,  s'an  retournant  le  conte  Ludovic  et 
les  jeans  qu'il  avoyt  a  veques  lui ,  ne  fase  eroytre 
le  courage  aus  jeans  qui  sont  aus  aultres  plases  ; 
car  Vostre  Majesté  n'aurés  jeamés  tent  de 
prospérité  que  je  lui  désire  et  sui  bien  avse  que 
Vostre  Majesté  aye  trové  bon  de  cet  que  j'é 
envoyé  visiter  les  ynfantes  par  Montaigne  ;  car 
un  dé  plus  grent  plésir  que  je  puise  resevoyr, 
c'et  de  les  savoyr  en  bonne  santé  et  aymaye  de 
Vostre  Majesté,  cornent  je  n'an  doucte  poynt; 
je  prie  h  Dieu  leur  fayre  la  grase  d'estre  tous- 
jour  eontineuée  en  la  voslre  et  qu'i  doint  hà 
Vostre  Majesté  ce  qu'elle  désire. 
De  Paris,  ce  ncmc  d'octobre  1579. 

Je  ne  veuls  haublier,  pour  le  plésir  que  je 
m'aseure  que  Vostre  Majesté  resevera,  de  lui 
dire  cornent  Dieu  ha  fest  la  grase  à  mon  fils 
le  roy  de  Navarre  d'estre  remis  en  nostre  re- 
ligion. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterine. 


1572.  —  U  octobre. 

Imprimé  dans  In  coulinuation  des  Annaks  ecclésiastiques, 
par  TlK-iner,   t.  I  .  p.  3ii . 

A  NOTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  je  ne  puis  que  je  ne  leoue 
Dieu  grandement,  el  que  je  ne  comense  la 
présante  par  la  grâce  qu'il  m'a  fayste  de  voyr 


les  affayres  de  cet  royaume  redduite  en  Pestât 
en  quoy  aylle  sont,  et  que  depuis  l'avènement 
du  Roy  mon  fils  alla  coronne,  je  les  ay  dési- 
rayée  et  par  touts  moyens  taché  de  les  y 
conduire,  cet  que  à  présant  a  pieu  à  Dieu 
m'en  donner  le  contentement  tieul  que  par  sa 
bonté  a  fest  paroytre  à  tout  la  crélienté  nostre 
bonne  yntantion  et  trover  mantant  ceulxque, 
pour  autre  desayn  que  de  l'bonneur  de  Dieu 
et  repos  de  ce  royaume,  nous  calonie,  cet 
que  je  leur  pardonne,  puisque  Vostre  Sain- 
teté et  tous  les  prinses  crétiens  ont  coneu 
par  ayfect  la  bonne  volonté  du  Roy  mon  fils, 
de  ses  frères  et  de  moy,  qui  ne  désire  plus 
rien  sinon  voyr  l'establissement  de  cet  bon 
comensement,  corne  je  m'ann  aseure  par  le 
bon  hordre  que  le  Roy  mon  fils  yl  mest,  et 
ayent  guagné  tous  ceuls  qui  l'ont  cet  loicl  ' 
peu  servir  pour  le  confrère,  corne  avovst  avsté 
tousjour  nostre  bust  et  l'ocasion  du  mariage 
de  ma  fille  avec  le  roy  de  Navarre,  ayspérant 
que  Dieu  lui  fayroitla  grase  de  le  rapeler  par 
son  moyen  en  son  église,  cet  que  yl  a  favst 
et  de  tele  fason  et  dévotion  que  tous  bons 
crétiens  le  pouvest  désirer;  et  pour  y  estre 
aveques  toutes  asolution  et  net  de  tout  l'ereur 
qu'il  a  eu  jusques  ysi,  yl  a  prié  le  cardinal 
de  Rorbon ,  son  oncle ,  envoyer  ver  Vostre  Sain- 
teté et  le  Roy  mon  fils  et  son  frère  et  moy  de 
lui  escripre  pour  vous  suplier,  corne  lui  mesme 
fayst  de  sa  main,  de  le  volouir  asouldre  et 
perdonner  tent  de  l'érésie  en  quoy  il  avoyst 
aysté  nouri  et  ynstruit,  corne  ausi  du  mariage 
qu'il  a  fayst  sans  avoyr  la  dispanse,  come 
ausi  ma  fille  la  suplie  lui  en  donner  la  dis- 
panse  et  la  solution,  cet  que  je  lui  suplie  ausi 
volouyr  fayre  et  l'absolvyr  et  resevoyr  pour  un 
des  bobéissants  fils  que  Vostre  Sainteté  et  le 
Saint  Siège  puise  avoyr,  set2  délibérant,  après 

1   Cetfoict,  cette  fois. 
•  Set,  à. 


LETTRES  DE  GATH 

avoyr  eu  la  réponse  de  Vostre  Sainteté,  lui 
envoyer  personage  de  qualité  pour  lui  rendre 
laubésiense  que  loutte  sa  vie  est  délibéré 
porter  hà  Vostre  Sainteté  et  à  l'église  et  pour 
ce  que  le  prinse  de  Condé  et  princèse  de  Na- 
varre et  marquise  de  l'Isle1  m'ont  prié  ausi 
de  suplier  Vostre  Sainteté  de  leur  acorder  pa- 
relle  asolution  et  pardon  et  la  dispanse  pour 
leur  mariage,  et  lé  voyent  si  bien  réduis  en 
notre  religion  et  aveques  ferme  délibération 
d'y  vivre  et  mourir,  je  n'é  voleu  fallir  en  su- 
plier Vostre  Sainteté,  l'aseurent  qu'ele  fayra 
chause  grandement  agréable  au  Roy  mon  tils, 
et  à  tous  les  bons  de  sel  royaume,  et  que  cer- 
vira  grendemenl  à  réunir  tout  cet  royaume  à 
nostre  religion,  come  j'espère  avant  que  ce 
souit  deus  moys  que  tout  cera  come  Vostre 
Sainteté  le  peult  désirer,  et  que  enn  avons  eu 
tousjour  la  volonté  de  le  voyr,  cet  que  je  prie 
à  Dieu  nous  en  l'ayre  la  grase  et  donner  hà 
Vostre  Sainteté  celle  de  si  bien  régir  et  gou- 
verner son  église,  que,  de  son  temps,  toutes 
érésies  souient  eytentes. 

De  Paris,  ce!  miemc  jour  d'octobre  1572.  . 

Vostre  très  dévote  et  hobéissante  fille, 

Caterhe. 


ER1NE  DE  MÉDICIS.  135 

sur  les  poincts  desquels  vous  désirés  estre 
éclaircy  par  celle  qui  vous  est  faicte  présen- 
tement, il  ne  vous  sera  point  respondu  au 
contenu  de  la  vostre  dudict  xxix°,  d'autant 
qu'elle  est  faicte  un  peu  en  haste,  afin  du 
vous  envoyer  promptement  le  saufconduict 
qu'il  est  besoin  estre  bientost  par  delà;  ce  qui 
me  gardera  d'estendre  ceste-cy  plus  avant, 
sinon  de  vous  dire,  en  passant,  qu'il  semble, 
par  la  responce  que  vous  a  faicte  la  royne 
d'Anglelerre  touschant  nostre  entrevue,  que 
nous  en  sommes  assés  esloignés;  car,  de  pas- 
ser à  Douvres,  je  pense  qu'il  n'y  a  guière 
de  personnes  qui  me  le  conseillassent  au 
temps  où  nous  sommes,  et  parmi  le  regret 
que  monstre  porter  en  son  cœur  madicle 
bonne  sœur  des  choses  qui  sont  advenues 
le  xxivc  du  mois  d'aoust  passé,  qui  est  tout  ce 
que  je  vous  dirai  en  ce  lieu,  que  je  prierai 
Dieu  de  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Paris ,  ce  ivemc  jour  d'octobre  1572. 

Caterine. 
Brulart. 


1072.  —  k  octobre. 

Imprimé  daus  la  Corrcajiondance  diplomatique  de  La  Muthe-Fénclon . 
I.  Vll.p.  373. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  nous  avons  aujour- 
d'huy  receu  vostre  dépeschedu  xxixe  du  passé, 
et  quelques  jours  auparavant,  j'avois  eu  celle 
du  xvme,  à  laquelle  il  n' esche l  aucune  res- 
ponce, n'estant  que  responsive  à  mes  précé- 
dentes dépesches;  et  aussi  d'autant  que,  par 
ma  dernière,  vous  avez  esté  à  plein  satisfaict 

1   Marie  de  Clèves,  mariée  au  prince  de  Condé. 


1572.  —  16  octobre. 

Orig.  Arch.  des  Médias  à  Florence  ,  dalla  tilza  tfjîô  , 
nuova  numerazione,  p.  337. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  la  lettre  que  \ous 
m'avez  escripte  du  xvie  du  passé,  emsemble 
celle  que  vous  avez  escripte  au  Roy  monsieur 
mon  fil*,  par  lesquelles  vous  nous  faictes 
cognoistre  le  désir  et  affection  que  vous  por- 
tez au  bien  des  affaires  de  ceste  couronne  ei 
repoz  de  ce  royaume,  dont  je  vous  remereye 
de  bon  cueur;  et,  pour  le  regard  de  la  négo- 
tiation  du  sieur  Bruet,  j'ay  bien  veu  et  con- 
sidéré toutes  les  pièces  qu'il  m'a  envoyées 
avec  le  discours  qu'il  m'a  fort  amplement  et 


136 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


iidellement  escript  de  tout  ce  qui  est  passé, 
tant  es  conférences  qu'il  a  eues  avec  vous  et 
\oz  ministres,  que  à  la  visite  qu'il  a  faicte 
pour  justitfier  et  vériffier  les  valleurs  des 
biens  dont  est  question,  et  eu  granl  plaisir 
d'entendre  par  luy  la  bonne  voulonté  et  in- 
tention en  laquelle  il  m'escril  que  vous  con- 
tinuez et  l'honnesle  façon  dont  vous  monstrez 
vouloir  procéder  pour  niectre  la  dernière 
main  àladicte  négotiation,  \ous  asseurant  que 
j'av  niov  mesnies  très  bien  considéré  la  qual- 
lité,  charges,  revenu  et  valleur  desdicts  biens, 
ensemble  les  améliorations  qui  ont  esté 
loictes  en  aucunes;  et  pareillement,  toutes 
les  prétentions  qui  ont  esté  proposées  tant 
d'une  part  que  d'autre,  et  linablement  l'offre 
par  vous  faicte,  qui  ne  se  rapporte  pas  à  la 
valleur  et  estimation  desdicts  biens  à  beaucoup 
urès;  laquelle  j'ay  tousjours  estimée  debvoir 
'stre,  pour  le  moins  et  au  pis  aller,  selon  le 
irix  porté  par  la  location  de  Madame  de  Panne  ; 
it  que  oultre  cella  vous  eussiez  deu  mectre 
2n  considération  tant  de  beaux  et  somptueux 
pallais,  dont  vous  vous  accomodez,  tant  à  la 
ville  que  aux  champs  par  ce  moien,  qui  ne 
se  sçauroient  bastir  six  foysaultant  que  monte 
rostre  offre ,  oultre  qu'ilz  sont  la  plus  part  si- 
tuez et  assis  en  vostre  porte,  et  accompaignez 
de  toutes  les  commodilez  qui  se  peuvent  dési- 
rer, mesmes  qu'il  y  a  plusieurs  boys,  comme 
j'ay  veu  par  le  desnombrement  que  m'a  envoyé 
ledict  Bruet,  lesquelz,  encores  qu'ils  ne  re- 
viennent pas  en  revenu  ordinaire  par  chacune 
année,  doibvent  bien  touteffoys  estre  mis  en 
considération  pour  valleurs.  comme  aussi  faict 
le  fonds  du  lac  Zucechio  acquis  par  feue  Ma- 
dame Alfonsine,  mon  ayeulle,  dont  le  revenu, 
tel  qu'il  estoit  avant  les  améliorations,  pour 
le  moins  debvroit  estre  estimé;  oultre  toutes 
lesquelles  choses,  il  ne  péult  estre  qu'il  n'y 
eust  assez  bonne  quantité  de  meubles  précieulx 


et  autres  après  la  mort  du  feu  duc  Alexandre 
mon  frère;  lesquelles  choses  avec  plusieurs 
autres  qui  viennent  en  bonne  considération 
m'ont  tousjours  faict  penser  que,  quand  je  ne 
serois  poinct  ce  que  je  suis,  vous  ne  vouldriez 
pas  me  faire  moindre  raison  de  ce  qui  m'ap- 
partient, que  vous  avez  acoustumé  de  faire 
aux  autres;  et  vous  prie  de  croire  que  ce  que 
j'en  ay  faict  a  esté  plus  pour  asseurer  et  acco- 
moder  les  affaires  de  vostre  maison  que  pour 
affaire  que  j'aye  de  vendre  ou  aliéner  lesdictz 
biens,  lesquelz,  si  je  vous  avoys  laissés  pour 
le  pris  de  vostre  offre,  ne  seroient  pas  assez 
asseurez  pour  vous,  et  il  auroit  danger  qu'après 
ma  mort  ceulx  qui  seront  auprès  de  mes 
enffans  feussent  bien  avses  de  les  persuader 
d'y  revenir;  et  soubs  ceste  legière  occasion  en 
faire  naistre  une  plus  grande,  comme  j'ay  plus 
au  long  dict  à  vostre  ambassadeur  pour  le 
vous  faire  entendre  de  ma  part.  Partant,  si 
vous  avez  volonté  d'y  entendre,  comme  vous 
m'avez  tousjours  mandé,  il  est  bien  nécessaire 
que  vous  estendiez  en  plus  haulte  et  raiso- 
nable  somme  que  celle  qui  est  portée  par 
vostredicte  offre,  comme  j'escriplz  plus  au 
long  audict  Bruet,  pour  le  vous  faire  entendre 
|  de  ma  part;  sur  lequel  me  remectant  du 
surplus,  je  feray  fin  à  la  présente,  priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript   à    Paris,   le  xiiii"  jour  d'octobre 
1572. 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateri.ie. 


1572.  — ■  ai  octobre. 

Orig.  Bibl.  nal.  fond*  franrais,  nQ  3i84,  P*  99. 
A  MON  CODSIM 

MONSIEUR  DE  DAMYILLE. 

Mon  cousin,  j'av  receu  voz  lettres  du  vu'" 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


137 


de  ce  moys  apportées  par  le  président  Marrone, 
lequel  m'a  oultre  le  contenu  d'icelles  faict  en- 
tendre tout  ce  dont  vous  luy  avez  donne' 
charge.  Depuis  j'ay  aussi  receu  les  autres 
voslres  du  xiiicme  ensuivant,  lesquelles  j'ay 
toutes  veues  avecques  celles  du  Roy  monsieur 
mon  filz,  lequel  vous  fait  présentement  si 
bonne  et  ample  responce  à  tout,  que  ce  ne 
seroit  que  redicte  vous  en  faire  cy  autre  dis- 
cours; par  quoy,  me  remeclant  là  dessus,  je 
supplierav  le  Créateur  vous  avoir,  mon  cou- 
sin, en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript    à   Paris,   le   xxieme  jour    d'octobre 
1572. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  a3  octobre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fênelon , 
t.  VII.  p.  375. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monteur  de  la  Mothe  Fénelon,  attendant 
que  Ton  vous  face  responce  à  trois  ou  quatre 
dépesches  que  nous  avons  receues  de  vous  et 
dont  la  dernière  est  du  xvniome  de  ce  moys, 
qui  m'a  esté  apportée  présentement,  je  vous 
ay  bien  vouleu  advertir  de  la  réception 
d'icelles  et  comme  l'ambassadeur  d'Angleterre 
vint  hier  parler  à  moy  sur  trois  y.oinctz,  qui 
avoient  esté  par  vous  proposés  à  la  royne  sa 
maistresse. 

Le  premier,  c'est  l'entrevue  en  l'isle  de 
Gersav  ou  de  Guernesay  au  xx  de  ce  mois, 
m'alléguant  les  mesmes  raisons  et  difficultés 
contenues  tant  en  vostre  lettre  qu'en  la  res- 
ponce que  ceux  du  conseil  vous  ont  baillée  par 
escript  de  sa  part. 

Sur  quoy  je  lui  respondis  que  ce  que  j'en 
avois  ainsy  advisé  estoit ,  pensant  que  ce  fust 
le  plus  commode,   d'autant  que  l'on  m'avoit 

Catherine  de  Médicis. —  iv. 


dict  que  l'entreveue  ne  se  pouvoit  faire  sur  la 
mer,  et  qu'il  estoit  meilleur  de  la  faire  en 
terre  ferme,  et  qu'il  me  sembloit  que  je  ne 
pouvois  choisir  lieu  plus  à  propos  que  celluy- 
là,  estant  lesdictes  isles  à  elle,  comme  elles 
sont;  et,  pour  le  reguard  du  jour,  que  ce  que 
j'en  avois  mandé  estoit,  pensant  que  la  royne 
ma  fille  se  deust  accoucher  plus  tost  qu'elle 
n'a  faict,  et,  cependant  qu'elle  eust  esté  en  ses 
couches,  je  désirois  de  faire  ce  voyage  et  la- 
dicte  entreveue. 

Le  second  est  d'envoyer  icy  le  conte  de 
Leicestre  ou  Milord  grand  trésorier1  pour  visi- 
ter la  royne  madicte  fille  en  ses  couches;  qu'il 
pensoit  que  ce  avoit  esté  fait  en  intention  de 
tenir  à  batesme  pour  elle  l'enfant  que  Dieu 
donnera  au  Roy  monsieur  mon  fils,  et  qu'elle, 
n'estant  point  de  nostre  religion,  n'y  pouvoit 
assister. 

Je  luy  dis,  sur  ce,  que  l'on  n'avoit  point 
pensé  encore  de  faire  élection  des  compères 
ou  commères,  jusques  à  ce  que  la  reine 
madicte  fille  sera  accouchée;  ains  seulement 
pour  le  désir  que  nous  avions  qu'elle,  en- 
voyant sur  ce  prétexte  quelcun  des  grands 
devers  nous,  nous  puissions  conférer  avec 
telle  confiance  avec  luy,  comme  si  c'estoit 
avec  sa  personne  propre,  et  qu'elle  se  peust 
asseurer  que  cella  ne  tend  à  aultre  fin  que 
pour  l'entreténement  de  nostre  amitié,  et  luy 
faire  entendre  nous-mesmes  particulièrement 
plusieurs  choses  pour  cest  effect,  et  que  le 
roy  Edouard,  qui  estoit  de  mesme  religiou 
qu'elle,  avoit  bien  tenu  sur  les  fonts  mon  fil/, 
le  duc  d'Anjou. 

Là  dessus  je  désire  que,  soubs  main  et  plu  s 
dextrement  que  vous  pourrez ,  et  sans  en  par- 
ler de  la  part  du  Roy  monsieur  mon  filz  ny 
de  la  mienne,  vous  sçachiez  son  intention, si, 


Cecil 


18 


ivi'niutnii    ittriorNALi,. 


138 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1GIS. 


la  priant  d'estre  commère,  elle  ne  le  vouldra 
pas  accepter,  et  m'en  advertir  incontinent  que 
vous  en  aurez  peu  sçavoir  sa  volonté. 

Le  troisième  de  renouveller  le  traité  qui  a 
esté  dernièrement  faict  entre  nous  par  nou- 
veau serment,  voyant  les  choses  qui  s'esloient 
passées  despuis  en  ce  royaume,  ce  que  nous 
lui  avons  accordé,  selon  qu'il  seroit  advizé 
devoir  estre  faict;  mais  ayant  veu  dcspuis, 
par  leur  responce  comme  elle  dicl  qu'il  n'y  a 
pas  occasion  de  ce  faire  de  sa  part,  il  n'en  y 
a  poinct  aussy  de  celle  du  Roy  mondict  sieur 
et  filz,  d'autant  qu'il  n'a  esté  rien  faict  contre 
elle  et  ses  subjetz,  et  ne  luy  a  esté  donné 
aucune  occasion  de  penser  que  nous  veuillions 
aucunement  enfreindre  nostre  traicté,  et  la 
promesse  et  serment  que  nous  avons  faict, 
et  si  le  Roy  a  esté  contrainct  de  chastier  ses 
subjectz  rebelles,  et  qui  avoient  conspiré 
contre  sa  personne  et  son  Estât,  cela  ne  lui 
touche  aucunement.  Et,  pour  ce  qu'ils  disent 
que,  voyant  les  meurtres  qui  ont  esté  faiclz 
en  plusieurs  villes  de  ce  royaume  par  les  ca- 
tholiques contre  les  huguenots,  ils  ne  se 
peuvent  asseurer  de  l'intention  et  volonté  du 
Roy  qu'ils  n'en  voyeut  quelque  punition  et  jus- 
tice, et  ses  ecdits  mieux  observés,  elle  con- 
noistra  bientost  que  ce  qui  est  advenu  es  autres 
lieux  que  en  ceste  ville  a  esté  entièrement 
contre  la  volonté  du  Roy  mondict  sieur  et 
fils,  lequel  a  délibéré  d'en  faire  l'aire  telle 
pugnition  et  y  eslablir  bientost  un  si  bon 
ordre  que  un  chascun  cognoistra  quelle  a  esté 
en  cet  endroict  son  intention. 

Ledict  ambassadeur  m'a  parlé  aussy  du 
peu  de  seureté  que  les  marchands  anglois 
avoient,  à  présent,  pour  leur  commerce,  tant 
à  la  Rochelle  que  es  autres  ports  et  havres  de 
ce  royaume. 

A  quoy  je  l'ai  asseuré  qu'il  y  sera  pourveu 
dedans  peu  de  jours  de  telle  façon  qu'elle  aura 


occasion  d'en  demeurer  contente  et  satisfaicte, 
dont  vous  serez  bientost  adverty  pour  le  leur 
faire  entendre,  aussy  que  nous  avions  sceu 
qu'elle  avoil  retiré  en  ses  ports  et  havres  un 
pirate  liançois,  qui  commettait  plusieurs  pi- 
rateries et  larcins,  que  je  le  priois  de  mander 
à  la  royne,  sa  inaistresse,  qu'elle  le  chassast 
et  ne  permist  plus  qu'il  feust;  afin  que,  tant 
de  leur  costé  que  du  nostre,  Hz  ne  l'eussent 
plus  receus  ni  favorisés  en  noz  ports  et  havres; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Lamothe,  vous  avoir 
en  sa  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxiirno  jour  d'octobre 
1572. 


Caterine. 


PlNART. 


1572.  —  38  octobre. 

Imprimé  par  11-  père  Theiner,  dans  la  continuation 
il<*s  Annales  ecclésiastiques. 

A  MON  COUSIN 

LE  CARDINAL  IRS1N  '. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz 
craignant  vous  voir  en  trop  grande  incommo- 
dité à  le  venir  trouver,  se  la  saison  de  l'hiver 
prochain  s'avance  davantage,  il  a  advisé  en- 
voyer devers  vous  ce  courrier  exprès  avec  ses 
letres'-  pour  vous  advertir  que.  lorsque  voslre 

1  II  était  venu  en  qualité  de  légat  et  depuis  les  pre- 
miers jours  d'octobre  il  attendait  à  Avignon  que  le  Roi 
lui  fit  savoir  s'il  voulait  oui  ou  non  le  recevoir.  (Voir  Né- 
gociations avec  la  Toscane,  t.  III,  p.  8'ii.) 

2  Ferais  avait  écrit  au  Roi  le  1  1  septembre  précédent: 
ttLa  dernière  dépesche  faite  aura  amplement  averti  Vostre 
Majesté  de  l'élection  que  Nostre  Saint  Père  a  faict  du  car- 
dinal L'rsin  pour  l'emoier  légat  en  France,  et  les  points 
principaulx  de  sa  légation  sont  pour  persuader  Votre 
Majesté  par  tous  moiens  possibles  d'entrer  en  la  ligue 
contre  le  Turcq  et  de  faire  les  offres  grans  pour  icelle  ou 
pour  Monseigneur  le  duc  d'Anjou  des  couquestes  que  par 
ladicte  ligue  se  pouvoient  faire,  mesme  d'estre  chef  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


139 


commodité  le  pointera,  vous  pourrez  bien 
vous  encheminer  par  deçà,  asseuré  que  tant 
pour  la  révérence  qu'il  porle  à  Nostre  Saint 
Père  que  pour  vostre  respect  particulier,  qui 
avez  tousjours  i'aict  démonstration  de  singu- 
lière affection  au  bien  de  ses  affaires,  et  aura 
aultant  agréable  vostre  arrivée  que  d'aucun 
autre  qui  se  pourroit  présenter,  priant  sur  ce 
le  Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxv"'nc  jour    d'octobre 

1D™2. 

Catebine. 


1572.  —  3o  octobre. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simoncas.  K  i5a8.  n°  65. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQLE. 

Monsieur  mon  filz,  je  n'é  voleu  fallir  de 
avertyr  Vostre  Majesté  cornent,  Dieu  mersis, 
la  royne  vostre  seur  avst  acoucbaye  d'une 
belle  fille  et  en  trè  bonne  santé,  grases  à 
Dieu ,  toute  deus  ;  et  encore  que  eusyons  désiré 
un  fils,  puisqu'il  a  pieu  vusiu  à  Dieu  nous  vo- 
lons panser  qu'il  la  fayst  pour  quelque  bonne 
aucasion  qui  poura  quelque  jour  niieu  servir 
que  à  présant  ne  le  povons  conoystre  et  avs- 


l'armée  que  pour  ce  seroit  dressée  par  terre,  et  don  Jelian 
d'Autriche  chef  de  la  navaile,  et  vous  diray  en  passant, 
Sire,  que  je  respondis  à  quelque  cardinal  qui  m'en  parla 
qu  ?  ce  seroit  beaucoup  si  .Monseigneur  vouloit  prendre  la 
charge  de  toutes  les  deux,  et  qu'il  falloit  bien  parler  d'autre 
façon  et  faire  d'aultres  offres  avant  que  (comme  il  me  sem- 
bloit)  Vostre  Majesté  voulust  quicter  et  laysser  perdre  les 
corumoditez  que  le  traflicque  du  Levant  apporloit  en  vostre 
royaume ,  oultre  les  aultres  commoditez  que  apporte  quant 
à  soy  la  paix  qu'a  esté  curieusement  observée  jusques  icy 
entie  le  feu  Roy  Françoys  le  grand  vostre  ayeul.  et 
le  Turcq  et  davantage  la  despenee  en  laquelle  Vostre 
Majesté  seroit  contraincte  d'entrer.  La  principale  charge 
que  j'ay  découverte  que  a  mondict  seigneur  le  cardinal 
L'rsin  c'est  de  pouvoir  pénétrer  et  s'asseurer  par  toutes 
les  voyes  desquelles  il  se  pourra  adviser  que  Vostre  Ma- 
jesté ne  veuille  rien  commencer  du  cousté  des  Flandres 
contre  le  Roy  Catholicque;  mais  la  nouvelle  leur  arriva 
le  deuxième  jour  du  présent  (septembre)  par  ung  cour- 
rier qui  estoit  dépesché  secrètement  de  Lyon  par  un 
nommé  Danes,  secrétaire  de  M.  de  Mandelot,  adressant 
sa  lettre  à  un  commandeur  de  Saint  Anthoine  nommé 
M.  de  Jou.  Il  luy  manda  qu'il  allast  adverlir  ie  pape  pour 
en  avoir  quelque  présent  ou  bienfait  de  la  mort  de  tous 
les  chefs  de  ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée,  et 
de  tous  les  hugnenolz  de  France  et  que  Vostre  Majesté 
avoit  mandé  et  commandé  à  tous  ses  gouverneurs  de  se 
saisir  de  tous  iceulx  huguenols  en  leurs  gouvernements. 
Cesle  nouvelle  apporta  si  grand  contentement  à  Sa  Sainteté 
que,  sans  ce  que  je  luy  remoiistray  lors,  me  trouvant 
sur  le  heu,  en  présence  de  M.  le  cardinal  de  Lorraine, 
qu'elle  devoit  attendre  ce  que  Sa  Majesté  me  manderoit 


et  ce  que  son  nonce  lui  escriroit,  elle  en  vouloit  inconti- 
nent faire  des  feux  de  joye  et  troys  jours  après,  que  fust 
le  cinquiesme  de  cedict  moys,  mon  neveu  de  Beauville 
m'aniva  et  quasi  en  mesme  temps  ou  deux  heures  avant 
ung  courrier  que  le  seigneur  nonce  Salviati  avoit  aussi  dé- 
pesché, ayans  tous  deux  apporté  la  certitude  et  comment 
toutes  ces  choses  étoient  passées;  et  de  bonne  fortune  le 
pape  voulut  tenir  ce  malin  (comme  il  feist)  consistoire 
pour  la  création  et  cérémonie  de  mondict  sieur  le  légat 
Ursin  et  au  sortir  de  là  incontinant  Sa  Sainteté  avec  tout 
le  colleyge  de  MM.  les  cardinaux  s'en  allèrent  faire  chan- 
ter le  Te  Dmm  en  sa  chapelle  au  palais  Saint  Marc  où  il 
est  à  présent  logé,  et,  le  mesme  jour,  après  disner,  j'euz 
audience  avec  mon  neveu  de  Beauville,  lequel,  après  lui 
avoir  présenté  sa  lectre  de  créance,  Sadicte  Sainteté,  en- 
çores  qu'elle  eust  entendu  le  tout  bien  particulièrement  par 
ledict  advis  que  lui  en  avoit  esté  donné  par  son  nonce , 
ensemble  par  ce  que  M.  le  cardinal  de  Lorraine  lui  avoit  par 
le  menu  et  bien  au  long  conté,  lequel  en  eust  infiniz  pa- 
quets au  mesme  instant,  elle  feust  merveilleusement  ayse 
d'entendre  le  discours  que  mon  neveu  de  Beauville  luy  en 
feist,  lequel,  après  luy  avoir  conté  le  susdict  affaire,  sup- 
plia Sa  Saincteté,  suyvant  la  charge  expresse  qu'il  avoit 
de  Vostre  Majesté  de  vouloir  concéder  pour  le  fruict  de 
ceste  allégresse  que  la  dispense  du  mariage  des  roy  et 
royne  de  Navarre  fust  datée  de  quelques  jours  avant  que 
les  nopees  en  fussent  faictes,  ensemble  absolution  pour 
MM.  les  cardinaulx  de  Bourbon  et  de  Rambouillet  et  poin- 
tons autres  évesques  qui  y  avoient  assisté.  Il  nous  lit  pour 
réponse  qu'il  v  adviseroit  et  que,  à  la  première  au- 
dience, il  me  diroit  ce  qu'il  en  vouldroit  ou  pourroit 
faire. i  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  160/10,  p.  191.) 


1/(0 


LETTP.ES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


péron  que,  ayent  commencé  enn  avoyr,  qui 
nous  fayré  la  grase  de  lui  voyr  et  fils  el  lîllc 
en  quantité  lieule  qu'il  pouronl  servir  au 
bien  et  repos  de  ja  cre'tienté  et  à  meyntenir 
et  renovéler  les  alienses  et  amitié  entre  Voslre 
Majesté  et  sete  coronne,  cet  que  je  prie  à 
Dieu  que  puise  tousjour  aystre  si  bien  conti- 
nuée et  reconfirmée  que  de  la  vie  de  nos  en- 
fans  ne  puision  voyr  le  contrère;  à  quoy,  tent 
(jue  je  vivre,  en  cet  que  auré  de  moyen,  con- 
I incuré  les  aulises  que  j'é  acoteumé  de  1ère 
et  que  je  panseré  y  povoyr  servir,  qui  seré 
l'endroyt  au  je  finiré  la  présante,  prient  Dieu 
donner  hà  Vostre  Majesté  cet  qu'elle  désire. 

De  Paris,  cet  xxxem0  d'octobre  1579. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterine. 


1572.  —  3o  octobre. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  i5a8,  n'1  lïo. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROY1NE  D'ESPAGNE. 

Madame  ma  fdle,  pour  le  plésir  que  je  say 
que  Vostre  Majesté  recevera  d'entendre  que  la 
ioyne  sa  seur  set  porte  bien  depuis  avoyr 
t'est  une  belle  fille,  encore  que  l'ambasadeur 
lui  enn  aye  dist  les  premières  novelles,  que 
pour  aystre  auprès  d'elle  n'é  peu  moy  mesme 
l'i  enn  escripre;  asteure  je  n'é  voleu  t'allir 
par  la  présante  l'aseurer  de  sa  bonne  sauté  et 
délia  fille,  laquele  je  veuls  ayspérer  avslre 
naye  pour  servir  quelque  jour  à  conserver  la 
pays  et  amitié  entre  nous  et  vous,  cet  que  je 
prie  à  Dieu  qu'i  lui  en  Case  la  grase ,  et  douint 
h  à  Vostre  Majesté  et  alla  royne  sa  seur  lent 
de  lils  et  tilles  qu'il  servet  à  conserver  le  repos 
et  union  de  toute  la  cre'tienté. 

De  Paris ,  cet  x\x°"  jour  d'octobre  1572. 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

(utérine. 


1572.  —  1"  novembre. 
.Minute.  IJibl.  nat.  fonds  français,  n°  îGioû.  f1  j36  V . 

A  MONSIEUR  DE  SAINT-GOUARD. 

Monsieur  de  Saint  Gouart,  j'escripts  par  ce 
porteur,  qui  est  à  moy,  au  Iloy  Catholique  mon 
bcau-filz;  je  vous  prie  que  vous  luy  baillez 
ma  lettre  et  l'asiez  pareil  office,  en  mon  nom, 
sur  la  nativité  de  ma  pelite-fille,  comme  vous 
le  ferez  pour  le  Roy  monsieur  mon  filz1;  vous 
luy  ferez  vcoir  aussi  mes  petites-filles,  aus- 
quelles  je  luy  ay  commandé  dire  de  noz  nou- 
velles et  me  rapporter  des  leurs  pour  m'en 
rendre  compte  à  son  retour,  remectant  le  sur- 
plus surledict  Lonlée. 


1572.  —  1 1  novembre. 

Orig.  Bihl.  nat.   tonds  français,  n°  3i8/i,  f°  19. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  ayant  en  longue  main  connu 
le  sr  de  Moncal,  conseiller  et  advocat  général 
du  Roy  monsieur  mon  filz  au  grand  conseil, 
fort  affectionné  à  son  service,  s'estant  tousjours 
bien  el  tidellement  employé  es  charges  qui 
lui  ont  esté  commises,  et  comme  personne 
digne  de  quelque  affaire  de  grande  importance, 
mondicl  sieur  et  filz  et  moy  l'avons  eboisy  pour 
ce  qu'il  vous  dira  de  nostre  part,  dont  je  vous 
prie  le  croire  comme  feriez  nous-mesmes  et 
faire  tout  ce  qu'il  vous  sera  possible,  selon  la 
parfaicle  confiance  que  nous  en  avons  en  vous, 
afin  que  avec  vostre  saige  conduicle,  prudence 
et  dextérité  le  fruict  qui  est  espéré  de  sou 
voyaige  puisse  réuscir  au  bien  des  affaires  de 
mondicl  sieur  et  filz,  ainsy  qu'il  vous  en  escripl  ; 

1  La  lettre  du  lîoi  précède  celle-ci  :  après  avoir 
annoncé  la  naissance  de  sa  fille,  il  entre  dans  quelques 
détails  sur  la  situation  du  royaume  el  sur  la  détermination 
qu'il  a  prise  d'assiéger  la  Rochelle.  i/W. ,  f  a35.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


141 


àquoynieremeclant,je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Paris,  ce  xiejour de  novembre  1672. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  i3  novembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  ia;,  f°  157. 

A  MONSIEUR  DE  LA  FONTAINE. 

Monsieur  de  la  Fontaine,  vous  n'eussiez  plus 
conformément  à  l'infraction  du  Roy  monsieur 
mon  filz  '  taire  entendre  aux  Seigneurs  des 
Ligues  la  cause  de  ce  qui  advint  le  jour  de 
Saint-Barthe'lemy  en  ceste  ville,  et  ce  que  vous 
en  avez  escript  par  vos  lettres  du  jour  du  dernier 
passe',  par  lesquelles  nous  avons  veu  les  bons 
moyens  que  vous  avez  tenus  pour  les  éclairsir 
de  la  ve'rité  de  ce  faict,  dont  le  Roy  monsieur 
mon  filz  est  fort  content,  ainsy  que  vous  verrez 
par  ses  lettres,  auxquelles  je  n'adjousteray  rien 
davantage;  mais   seulement   vous  prieray   de 

1  Charles  IX  dans  sa  lettre,  après  lui  avoir  exprimé 
son  contentement  de  ce  que  les  explications  qu'il  a  don- 
nées pour  éclaircir  la  vérité  du  fait  de  la  Sainl-Barlliélemy 
sont  conformes  à  ses  intentions,  ajoutait  :  trEn  laschant 
la  main  à  ce  qui  s'est  passé  en  cela,  je  n'ai  fait  que  pré- 
venir la  malheureuse  et  damnable  conspiration  du  feu 
admirai  et,  en  ce  faisant,  me  garantir,  la  Royne  madame 
ma  mère,  mes  frères  et  mes  bons  et  loyaus  subjeetz  du 
péril  où  nous  estions  et  dout  nous  touchions  à  la  veille; 
et,  cela  bien  entendu,  Iesdicts  Seigneurs  des  Ligues,  je 
m'asseure,  loueront  et  approuveront  ce  que  j'y  ay  laissé 
faire,  et  n'aliéneront  en  ceste  occasion  les  bonnes  et  an- 
ciennes volontez  qu'ils  ont  eu  en  monendroict,  quelques 
faux  bruicts  et  menées  que  facent  ceulx  qui  sont  enne- 
mis de  ma  couronne  et  de  la  réputation  de  mes  affaires; 
à  quoy  je  vous  prie  tenir  la  main  sur  tous  les  services 
que  désirez  jamais  me  faire,  asseurant  toujours  Iesdicts 
Seigneurs  des  Ligues  de  ma  bonne  affection  envers  eulx 
et  leur  grandeur  et  conservation,  et  que  je  ne  feray  rien 
contre  fentreténement  et  observation  des  traitez  et  allian- 
ces que  nous  avons  ensemble,  comme  je  ne  croiray  ja- 
mais que,  de  leur  part,  y  veuillent  en  façon  du  monde  y 
conlrevenir.il  (Même  volume,  f  i56  v°.) 


suivre  en  tout  et  partout  son  intention,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 
Du  xme  novembre  1573. 


1572.  —  ii  novembre. 
Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert .  n°  627,  f  108  v1. 

A  MONSIEUR  DE  GRANTRYE. 

Monsieur  de  Grantrve,  ce  que  vous  avez 
faict  entendre  aux  Seigneurs  des  Ligues  pour  ce 
qui  advint  en  ceste  ville  est  conforme  à  l'inten- 
tion du  Roy  monsieur  mon  fils ,  ainsi  que  nous 

avons  veu  par  vos  lettres  du jour 

du  dernier  passe';  dont  le  Roy  est  très  satis- 
faict,  comme  celles  qu'il  vous  escril,  ausqueiles 
je  n'ay  autre  chose  à  adjouster  sinon  vous  prier 
suivre  en  tout  el  partout  sadicle  intention. 


1572.  —  18  novembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n1  3901,  f'  5o,. 

AU  MARESCHAL  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  srde  Lombes  que  vous  avez 
de'pesche'  devers  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
très  bien  sceu  représenter  l'estat  et  disposition 
des  affaires  de  delà  suivant  la  charge  que  luy 
en  aviez  baillée,  oultre  ce  qui  en  estoit  porté 
par  son  instruction,  sur  laquelle  vous  est  faite 
la  response  que  vous  verrez  par  la  lettre  que 
le  Roy  mondiet  sieur  et  fils  vous  escript  pré- 
sentement, vous  envoyant  par  mesme  moyen 
les  povoirs  et  autres  expéditions  nécessaires 
pour  luy  faire  ung  bon  service,  comme  il  s'as- 
seure  que  vous  n'y  oublierez  aucune  chose,  me 
remectant  sur  le  contenu  de  sa  lettre  pour  ne 
vous  faire  cestecy  plus  longue,  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvmc  jour  de  novem- 
bre 1572. 

Voslre  bonne  cousine, 

Cateri\k. 


142 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDFCIS. 


1572.  —  18  novembre. 

Orift.  Archives  îles  Mi'ilicis. 

AU  GRAND  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  je  ferois  lorl  à  moy-mesme  et 
à  l'amitié  que  je  vous  porte  si  je  ne  vous  les- 
moignois  par  la  présente  l'affection  que  j'ai 
connu  avoir  à  vostre  service  et  entérinement 
de  nostre  amitié  à  l'abbé  Petrucci,  présent  por- 
teur, tant  qu'ii  a  esté  icy  vostre  ambassadeur, 
et  iuy,  vous  connoissant  fidelle  et  affectionné 
à  ia  conservation  du  repos  de  ce  royaume,  je 
n'ai  voulu  faillir  lui  dire  ce  que  j'eusse  fait  à 
\ousmesme,  m'asseurant  qu'il  vous  le  rappor- 
tera lîdellement,  ce  qui  me  fait  vous  prier  le 
croire  comme  moi-mesme  et  lui  faire  connoistre 
par  effect  que  avez  agréables  les  services  qu'il 
vous  a  faicts  icy,  et  je  réputerai  tout  ce  que  luy 
ferez  comme  à  moi-mesme  ;  et  feray  fin,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Je  vous  prie  que  Bruet1  soit  dépesché  au 
plus  tost,  et  selon  ce  que  je  m'asseure  ferez 
pour  la  raison. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebine. 


1572.  —  18  novambre. 
Orig.  liibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  0°  ûoo  *. 

A  MONSIEUR  DE  SCHOMRERG. 

Monsieur  de  Chambert,  nous  avons  fort 
grand  contentement  de  la  façon  de  laquelle 
vous  vous  estes  comporté  envers  mon  cousin 
le  duc  de  Saxe  et  du  debvoir  que  vous  avez 
faicl  de  luy  faire  entendre  au  vray,  à  son  retour 
de  Dannemarck ,  les  choses  qui  sont  passées  de 
deçà,  pour  luy  osier  les  impressions  que  ceulx 

1  Envoyé  à  Florence  pour  le  règlement  de  ses  propies 
affaires. 

5  Volume  sans  pagination. 


qui  sont  envieulx  de  la  prospérité  des  affaires 
du  Roy  monsieur  mon  filz  et  qui  craignent 
sa  grandeur  et  veullent  empescher  l'advé- 
nement  de  mon  filz  le  duc  d'Anjou  luy  ont 
fa i et  imprimer  en  la  teste  et  faict  courir  ces 
l'aul.x.  bruietz  par  l'Allemaigne.  Bientost,  après 
la  dépesché  que  nous  en  avez  faicte,  vous 
aurez  eu  celle  que  nous  vous  avons  envoyée  par 
vostre  pelit  homme,  qui  est  si  ample  qu'il  ne 
s'y  peult  rien  adjouster  par'ceste-cy,  sinon  ce 
que  verrez  par  les  lettres  du  Roy  mondicl  sieur 
et  filz  et  de  mon  filz  d'Anjou,  ausquelles  me 
remectant,  vous  priray  seullement  par  ceste- 
cy  que,  quelque  chose  qui  se  dye  de  delà, 
vous  continuez  tousjours  à  persuader  la  vérité 
(comme  elle  vous  a  esté  escripte)1,  lever  et 

1  Charles  IX  ajoutait:  «Monsieur  de  Schorobcrt,  je 
receuz  hier  soir  seulement  la  lettre  que  m'avez  escriple 
le  u  de  ce  mois  et  ay  veu  bien  amplement  par  icelle 
comme  vous  vous  esles  fort  bien  comporté  à  l'endroict  de 
mon  cousin  le  duc  de  Saxe,  comme  il  a  remis  et  donné 
charge  au  docteur  Craco  de  nous  oyr,  les  propos  et  ré- 
pliques véritables  que  vous  avez  tenuz  et  la  froide  res- 
ponse  qu'ayez  enfin  eue  pour  le  faict  de  vostre  négocia- 
tion, combien  qu'espériez  et  veoiyez  bien  que  le  temps 
racommodera  le  tout,  dont  je  seray  très  aise,  ainsy  que 
vous  avez  veu  par  la  bien  ample  despesche  dernière  que 
je  vous  ay  faicte  par  vostre  petit   homme,  sur  laquelle 
vous  aurez  eu   encores  occasion  de  demander  audience 
audirt  duc,  que,  j'estime,  il  vous  aura  vohinliers  accor- 
dée, et  que,  aiant  entendu  de  vous  ce  que  je  vous  ay  es- 
cript  pour  luy  dire,  qui  est  sincère  et  vraye  vérité,  qu'il 
se  sera  beaucoup  modéré  et  beaucoup  mieulx  édillié  qu'il 
n'estoit.  J'espère  aussy  que  vous  serez  allé  devers  mon 
cousin  le  Lansorave  qui  ne  se  sera  pas  rendu  si  difficile 
à  oyr  comme  les  choses  sont  passées  de  deçà  et  à  en  rece- 
voir et  croire  la  vérité,  comme  je  vous  ay  mandé,  mais 
qu'il  y  ndjoustera  foy  et  continuera  à  tenir  toujours  la  main 
au  bon  effect  de  vostre  négociation  de  la  bonne  mesnie  et 
vraye  affection  qu'il  a  acroustiimé,  dont  il  ne  sera  jamais 
que  je  n'aye  souvenance.  Je  m'asseure  aussy  que  vbtn 
avez  veu  mon  cousin  le  comte  Palatin  et  le  duc  Casimir, 
et  vous  n'aurez  non  plus  rien  oublié  envers  eulx,  ny  aassj 
à  faire  entendre  aux  autres  princes  cl  seigneurs  à  qui 
:     vous  aurez  parlé  ou  escript  la  vérité  de  toutes  choses,  ce 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1A3 


osier  pour  le  mieulx  les  oppinions  que  pour- 
roient  avoir  conceues  les  princes  de  delà  sur  ces 
faulx  bruictz  et  escriptz  que  Ton  a  faict  semer, 
et  faire  en  sorte  que  vostre  négociation  puisse 
reuscir  au   bien  du  service  du  Roy  mondict 


sieur  et  filz,  ainsy  que  nous  désirons  l'honneur 
et  grandeur  de  mondict  Glz  le  duc  d'Anjou,  et 
vous  asseurer  que  jamais  labeur  de  bon  et 
affectionné  serviteur,  comme  vous  estes,  ne  fut 
mieulx  recogneu  qu'il  sera  en  vostre  endroict, 


que  je  m'asseure,  qu'ilz  trouveront  véritable  et  que  les 
mauvais  bruictz  que  l'on  a  faict  courir  par  l'AUemaigne 
et  ailleurs  pour  exprimer  aux  princes  protestants  des 
menteries  sur  les  choses  qui  sont  advenues  en  ce  royanlme 
et  les  délibérations  et  intelligences  que  lesdicts  bruictz 
disoient  que  nous  avions  et  avons  encores  le  Roy  Catho- 
lique et  moy,  se  trouveront  aussy  du  tout  faulx  et  con- 
traires à  la  vérité,  comme  aussi  fera-t-on  en  ce  que  me 
mandez  que  l'on  dict  quej'envoye  secours  au  duc  d'Albe 
par  mon  cousin  le  duc  de  Guyse  que  chascun  sçait  qu'il 
est  en  son  gouvernement  de  Champaigne ,  et  vous  puis 
asseurer  que  ce  sont  toutes  impostures  et  menteries  que 
font  semer  ceulx  qui  craignent  que  l'amitié  de  cesditz 
princes  et  moy  soit  bonne  et  ferme.?)  (Même  volume.) 

Cette  lettre  nous  donne  occasion  de  faire  connaître 
celle  que  M.  de  Grantrie  adressa  à  la  Reine,  le  19  sep- 
tembre 1572,  et  dans  laquelle  il  ne  lui  cache  pas 
l'impression  causée  en  Suisse  par  la  Saint- Barthé- 
lémy : 

«Madame,  j'ay  receu  le  xvui'°"  de  ce  moys  la  dépesche 
de  Voz  Majestés  avec  l'extraict  qu'il  leur  a  pieu  m'en- 
voyer,  où  est  de  plus  déclairéet  mieulx  narré  l'accident, 
et  descouverte  la  malheureuse  et  fault  dire  exécrable  en- 
treprise des  meschans  qui  avoient  conspiré  contre  le  Roy, 
vous  Madame,  Messeigneurs  vos  enfants  et  le  roy  de  Na- 
varre, ausquels,  s'il  eust  esté  possible  leur  donner  mille 
fois  la  mort  cruelle,  l'on  ne  Iïs  eust  suffisamment  sceu 
pugnir;  à  quoy,  comme  est  le  debvoir  d'un  fidèle  ser- 
viteur je  n'oublieray  riens  à  en  faire  remonstrance  pour 
le  besoing  que  je  sçay  qu'il  en  est  et  le  diray  de  telle 
façon  que,  au  lieu  où  il  a  pieu  à  Voz  Majestez me  constituer, 
ung  aultre  ne  fera  mieulx;  mais,  Madame,  j'ay  bien 
voullu  faire  ceste  dépesche  seullement  à  Vostre  Majesté 
pour  vous  remonstrer  en  toute  humilité  les  deux  conlra- 
rietez  où  Voz  Majestez  nous  ont  peu  mettre  par  leurs  dépes- 
ches  du  xv.1111  du  passé  et  celle  de  maintenant.  Alors,  saiche 
Vostre  Majesté,  qu'il  vint  nouvellesde  toutes  pars  à  tous  les 
cantons  protestans  d'une  vespertine  donnée  à  tous  les  hu- 
;;u"notz  par  tout  le  royaume  et  que  mesmes l'on  n'avoit  pas 
perdonné  aux  femmes  et  enffans,  crians  si  hault  et  avec 
tant  d'exécrations  que  je  ne  l'oseray  jamais  cscripre.  Brief , 
Madame,  ils  disoient  que  c'estoit  une  délibération  et  ré- 


solution que  Voslre  Majesté,  Monseigneur  avec  Messieurs 
de  Guise  avoient  machinée  il  y  a  longtemps,  exemptant 
le  Roy  de  cella ,  et  que  Vostre  Majesté  avoit  estably  les 
nopces  du  roy  de  Navarre  avec  Madame  pour  mieulx  at- 
1  rapper  ceulx  là  et  que  l'on  veoit  bien  en  ung  mesme  temps 
ce  que  le  sr  Strozzi  a  faict  à  la  Rochelle,  faignant  aller 
aux  Indes,  ce  qui  s'est  exécuté  à  Orléans,  à  Metz,  à  Lyon 
et  autres  lieux  que,  pour  éviter  prolixité,  je  tairay. 
Cecy,  Madame,  arriva  encore  plus  tost  que  la  despesche 
du  Roy  du  mm.  Je  congneuz  bien  soudain  qu'il  n'esloit 
pas  le  service  de  Voz  Majestez  la  publier  ainsy,  car  encores 
aux  Grisons,  quisontdelàlesmontz,Enguedine,  Voltolme, 
val  de  Bergailles,  ilz  avoient  nouvelles  par  lettres  escriptes 
du  c'"  Jehan  d'Anguzolles  et  de  Millan  autrement.  Voylà 
en  quoy  je  me  trouvois  doubter.  Je  rendray  bon  compte  et 
en brief  comme  je  y  auray  proceddé,  car  j'envoye  le  tru- 
chement de  Voz  Majestez  et  autres  fidelles  serviteurs  par 
les  communes  faire  bien  entendre  cecy  avec  l'honneur  et 
répputation  de  Vos  Majestez  que  meschans  et  poultrons 
prédicans  blasment,  appellent  tout  baidt  Vozdictes  Ma- 
jestez manqueurs  et  infracteurs  de  vostre  édict  et  foy 
promise,  et  pis;  qui  me  donnerait  cent  morts  ne  me  ferait 
plus  de  mal,  oyant  cella.  Au  reste  je  supplie  Voz  Majestez 
croire  qu'il  ne  sera  hors  de  propoz  faire  exprimer  une 
apologie  où  tout  le  succez  de  tout  cecy  fut  bien  discouru , 
faire  mention  de  quelques  uns  de  la  religion  qui  auraient 
ouy  ces  malheureux  conseilz,  avec  aussi  les  confessions 
de  ces  secrétaires  du  feu  admirai  etautresprisonniersque 
Voz  Majestez  tiennent,  pour  cela  estre  publié  par  loule 
l'Allemaigne  icy  et  autre  part. 

rrCependanl  ne  serait  mauvais  escripre  à  ceulx-ci  connue 
\  uz  Majestez  n'ont  jamais  entendu  ny  ne  veullent  rompre 
leur  édict  de  paciffication,  ny  aussy  faire  entretenir  leurs 
marchans  à  Lyon,  comme  vostre  gouverneur  de  Lyon  a 
faict,  que  cella  a  esté  sans  voz  intentions  et  voluntez. 
Ledict  gouverneur,  estant  galant  homme,  s'ensçaura  bieu 
purger  sur  quelque  autre  raison,  qui  l'aura  meu  de  le 
faire,  pour  esviter  qu'il  ne  vienne  sédition.  Je  ne  veulx 
oublyer  advertir  Vostre  Majesté  comme  il  est  arrivé  une 
grande  infinité  de  François  à  Basle  et  Strasbourg,  qui 
ont  publyé  une  grande  partie  de  ces  impostures.»  (Cinq 
cents  Colhert,  n°  427,  f  1 55. ) 


144  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

priant  Dieu,  Monsieur  de  Schombert,   vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  ce  xvin'"'1  novembre  1672. 

Caterine. 

PlNART. 


1572.  —  19  novembre. 

Imprimé  dans  la  continuation  des  Annales  ecclésiastiques  de  Baronius, 
t.  I ,  p.  337. 

\  NOTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Saint  Père,  envoyent  Je  Roy  mon  fils 
le  sieur  de  Ramboullet,  capitayne  de  sa  guarde 
et  de  son  conseil,  vers  Vostre  Sainteté  pour  lui 
fayre  l'aubédiense,  corne  très  afectioné  fils 
de  l'église  et  de  Vostre  Sainteté'  et  prinse  très 
crétien,  corne  ses  ayfects  le  monstret,  et  con- 
tineuant  toute  sainte  chause,  que  me  reut  si 
i-ontente  de  voyr  que  Dieu  m'a  fayst  la  grase 
parmi  tent  de  mauvèse  religion  en  son  bas 
eage  lavoyr  tèlement  nouri  que,  le  voyent 
home,  je  le  voy  tant  aseuré  et  afeclione'  en 
nostre  religion  qu'il  rent  un  le'moynage  par 
sa  vie  et  action  de  la  noriteure  que  je  ay 
donne'e,  et fect  que  les  caloniateurs  ont  perdu 
leurs  pênes  et  se  sont  fest  conoystre  tieuls 
que  je  m'aseure  Vostre  Sainteté  n'i  avoir  plus 
de  foys  à  leur  dire,  cet  que  je  lui  suplie  et 
de  croyre  que  la  vie  de  mes  enfans,  que  je 
creyn  plus  que  la  miene,  ne  m'est  si  chère  que 
m'est  l'honneur  de  Dieu  et  la  conservation  de 
nostre  religion  catolique  romayne,  corne  je  l'é 
montré  par  efest  là  l'i  ayent  bazardée  an  ba- 
talles  et  gueres  qui  ont  ayté  en  set  royaume, 
corne  Vostre  Sainteté  et  tou  le  monde  ha  seu 
el  veu;  et  m'asurent  que  Vostre  Sainteté  me 
favra  cet  bien  de  n'an  doucter  jeamès  plus, 
je  ne  luy  en  dire  davantage ,  et'aveque  cete  con- 
fiense  en  tout  cet  que  je  désireré  dorénavent 


et  iairéce  propos  pour  remersier  Vostre  Sain- 
teté de  la  dispanse  qu'elle  a  henvoyée  pour  mes 
enfans  roy  et  royne  de  Navarre,  l'asurent  aussi 
que  tou  deus  ne  forlireront  poynt  délia  volante 
de  leur  mère.  Ausi  je  donne  charge  audist 
sieur  de  Ramboullet  de  remersier  Vostre  Sain- 
teté en  mon  nom  et  lui  dire  aucoune  chause 
que  je  la  suplie  crovre,  corne  elle  favroist 
moy  mesme,  que  de  peur  de  l'annuier  de  trop 
longue  lelre,  m'en  remet  sur  sa  sufisanse  et 
fayré  fin,  bésant  lé  pié  de  Vostre  Sainteté  et 
suplieutDieu  lui  donner  aussi  longue  vie  que 
la  lui  désire 

Vostre  dévote  et  hobéissante  fille, 

Caterine. 

1572.  —  11)  novembre. 

Orig.  signé.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n11  ûiû,3.  f*  89. 
A  MES  COUSINS 

LES  DUCS  DE  NEVERS 
ET  MARECIIAL  DE  TAVANNES. 

Mes  cousins,  sur  les  nouvelles  que  Camille 
nous  a  maintenant  aportées,  nous  avons 
mon  filz  et  moy,  dépesché  devers  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  pour  les  luy  faire  entendre  et 
y  donner  tel  ordre  qu'il  luy  plaira.  Cependant, 
de  peur  qu'il  n'y  puisse  arriver  quelque  incon- 
vénient, nous  vous  prions  ad\iser  tous  deux 
ensemble  à  tenir  toutes  choses  en  bon  repos 
et  commander  pour  cest  effect  tout  ce  que 
vous  congnoistrez  estre  nécessaire.  Nous  es- 
cripvons  au  premier  président  et  au  prévost 
des  marchandz,  qu'attendantz  le  retour  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  ils  obéissent  et  facent 
obéyr  à  tout  ce  que  vous  commanderez.  Et  pour 
ce  que  nous  avons  oppinion  que  ce  tumulte  et 
remuement  peult  venir  d'une  querelle  parti- 
culière d'entre  Duraz  et  le  jeune  Montafvé  le 


de  Vostre  Sainteté  je  y  recoureré  corne  si  s'étoyt    !    borgne,  que  l'on  nous  a  dict  estre  caché  dans 
pappe  Clément  mononcle,desainct  mémoire,        Paris,  nous  vous  prions   vous   enquérir   soi- 


LETTRES  DE  CATH 

gneusement  où  il  est,  et  de  luy  commander  bien 
expressément  de  partir  aussitost  pour  s'en  aller 
en  Pyémont,  comme  il  en  a  demandé  et  prins 
congé  de  ce  faire,  il  y  a  desjà  trois  ou  quatre 
jours,  pourvoianl  au  surplus  à  toutes  choses 
selon  voz  expériences  et  bonnes  voluntez  au 
repoz  de  ce  royaulme  ;  et  sur  ce ,  je  prie  Dieu , 
mes  cousins,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  IVantouillet,  ce  xixc  novem- 
bre 1572. 

Affin  que  vous  soiez  mieulx  obéyz,  nous 
avons  présentement  dépesché  au  Roy  monsieur 
mon  filz  qu'il  commande  que  l'on  vous  obéisse , 
nous  asseurant  qu'il  le  trouvera  bon  ainsy,  et 
«ommes  d'advis qu'au  lieu  d'envoyer  Montafyé 
en  Pvémont,  vous  l'envoiez  au  Roy. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Henrv. 


1572.  —  20  novembre. 

Orig.  Bibl.  oat.  fonds  français,  n°  3a56,  f°  66. 
•      A  MES  COUSIN 

LES  CARDINAL  DE  CREQUY, 

DUC  DE  AEVERS 
ET  MARESCHAL  DE  TAVANNES. 

Messieurs,  vous  m'avez  faict  grand  plaisir 
d'avoir  donné  le  bon  ordre  que  vous  avez  mis 
en  la  \ille  de  Paris  sur  le  fascheux  bruit  qui 
a  couru '  :  mais  pour  ce  que  tel  bruit  peult  beau- 

1  Une  lettre  de  Charles  IX  à  M.  de  Bellièvre,  en  date 
du  G  décembre,  nous  donne  l'explication  de  celle  de 
Catherine  :  trJe  vous  diray  que,  ces  jours-cy  estant  allé 
à  la  chasse  du  costé  de  la  Brye  et  la  Royne  ma  mère  et 
mon  frère  le  duc  d'Anjou  à  Montceaux  condnisans  ma 
sœur  la  duchesse  de  Lorraine  qui  s'en  relournoit, 
aucunes  canailles  mal  affectionnez  au  bien  et  repos  de 
la  paix  feirent  courir  parmy  le  peuple  ung  bruict,  aussi 
tost  que  je  fus  party ,  que  je  voulois  que  l'on  exterminast 
et  pillast  ceulx  qui  ont  esté  de  la  nouvelle  religion  eslans 
en  reste  ville,  de  sorte  que  sans  l'ordre  de  ceulx  de 

Catherine  de  Médicis.  —  îv. 


ERINE  DE  MÉD1CIS.  145 

coup  apporter  de  mal  et  denouveaulx  troubles 
en  ce  royaume,  s'il  n'y  est  faict  quelque  pug- 
nition,  je  vous  prye  faire  toutes  les  poursuites 
et  dilligences  qu'il  vous  sera  possible  pour 
sçavoir  à  la  vérité  qui  est  aulteur  de  ce  bruict 
et  qui  l'a  semé,  comme  chose  de  trop  grande 
|  conséquence,  et  àquoy  je  m'asseure  que  vous 
sçaurez  bien  donner  bon  ordre,  priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Nantouillet,  cexx  novembre  1672. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1572.  —  ai  novembre. 

Orig.  Bibl.  oat.  fonds  français ,  n°  3a56,  f°  70. 
A  MES  COUSINS 

LES  DUCS  DE  IVEVERS 
ET  MARÉCHAL  DE  TAVANNES. 

Mes  cousins ,  j'ai  veu  par  vos  lettres  le  fruict 
qu'a  apporté  dans  ce  royaume  vostre  présence 
dans  la  ville  de  Paris,  et  le  bon  ordre  et  la 
bonne  police  que  vous  y  avez  mis  pour  rompre 
les  desseings  d'une  si  malheureuse  invention, 
dont  je  vous  remercye.  J'ay  envoyé  vos  lettres 
au  Roy  monsieur  mon  filz,  affin  qu'il  cognoisse 
la  peyne  que  vous  prenez  à  son  service  et 
sçache  le  repos  qui  est,  par  vostre  moyen,  en 
sa  bonne  ville.  Je  vous  prye  de  me  tenyr  souvent 
advertye  de  tout  ce  qui  surviendra,  priant  aussi 
pour  fin  de  lettre  Nostre  Seigneur  vous  avoir, 
mes  cousins,  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  xxic  novembre  1572. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

mon  conseil,  qui  y  estoient  demeurez,  il  en  feut  peull- 
estre  advenu  inconvénient  et  désordre  que  ceulx  qui  font 
courir  ledict  bruict  désiroient  bien  de  voir  recommencer 
pour  piller;  mais  cela  fut,  grâces  à  Dieu,  bien  empes- 
clié  par  l'ordre  que  y  donnèrent  ceulx  de  mon  conseil, 
et  par  la  recherche  que  je  manday  que  l'on  fist  de  ceulx 
qui  avoient  faict  ce  bruict  pour  en  faire  punition  exem- 
plaire." (Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  n°  i5goa,  P  199  v°.) 


Kl  ril      KATIOnALE. 


146 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


1572.  —  38  novembre. 
Aul.  Arcli.  uat.  coHect.  Simancas,  K  i5a8,  nn  5a8. 

A  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils ,  s'en  retournent  le  mar- 
quis présent  porteur1,  n'évoleu  làllirremersier 
par  lui  Vostre  Majesté  de  la  visitation  qu'il 
nous  ha  faysle  de  vostre  part  et  ausi  des  hon- 
neste  propos  qu'il  nous  lia  tins  et  nous  ha 
tent  aseuré  de  cet  que  ne  doutons  nulement, 
qui  est  de  vostre  amitié  et  honne  volunté  en 
notre  endroyl;  en  quoy  Vostre  Majesté  se  peult 
aseurer  que  l'i  est  telement  correspondeue 
du  Roy  mon  iils  et  de  nous  tous  que  ne  douit 
neulemeiit  doucter  qu'il  aye  prinse  en  la 
crétienté  que  la  veulle  plus  conserver  et  aug- 
menter en  toute  les  aucasions  qui  cet  poronl 
présanter  que  nous  désirons  fayre;  et  par  nos 
etfaicts  elle  en  peult  aystre  si  aseurayée  que 
je  ne  m'élendré  en  plus  long  discours  pour 
la  fayre  reconoystre  hà  Vostre  Majesté,  et  m'en 
rcnietré  sur  ce  que  ledist  marquis  lui  dire  de 
nos  novelles  et  fayré  lin,  prient  Dieu  donner 
hà  Vostre  Majesté  cet  qu'elle  désire. 

De  Paris,  cet  xxviii"""  jour  de  novem- 
bre 1572. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterixe. 

1572.  —  Décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aai ,  f°  3l. 
A  MON  COUSIN 

LE  MARQUIS  DE  VILLARS. 

Mon  cousin,  je  ne  vous  feray  longue  lettre 
pour  ce  que  je  sçay  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  escript  bien  amplement  et  faict  en- 
tendre le  desplaisir  que  nous  avons  de  veoyr 
que  n'avez  plus  de  moieu  pour  emploier  les 

'  Le  marquis  irAyamont. 


forces  qu'avez  prestes  par  delà  et  1  affection 
que  vous  portez  à  son  service;  aussy  vous 
escript  parliculièremeut  son  intention  pour 
le  regard  de  l'ordre  qu'il  veult  eslre  observé 
en  ses  finances ,  laquelle,  mon  cousin ,  je  trouve 
sy  bonne  que  je  vous  prie  la  faire  exécuter, 
congnoissant  qu'il  est  très  important  pour  son 
service  si  pour  vostre  regard  particulier,  estant 
les  deniers  emploiez  par  vostre  ordonnance. 
Il  est  bien  raisonnable  que  Laville  soyt  rem- 
boursé et  recongneu  du  bon  service  qu'il  a 
faict  au  Roy  mondict  sieur  et  fils,  mais  en 
ceste  occasion  il  ne  le  peult  estre;  il  pourra 
bien  estre  près  de  vous  et  estre  employé  en 
autre  charge,  ainsi  que  verrez  estre  à  propos, 
l'asseurant  que  nous  l'aurons  fousjours  en 
spécialle  recommandation;  priant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Paris,  le jour  de  décembre 

1572. 

{De  sa  main.)  Je  suis  marrye  que  cet  que 
m'a  dist  Villecler  de  vostre  part  n'est  milleur; 
car  vous  coneslré  daventage  ma  bonne  volonté 
vers  vous. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1572.  —  3  décembre. 
Orig,  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5goa,  1°  aa3. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  ayant  esté  dépesché 
en  grande  haste  le  courrier  qui  vous  fust  der- 
nièrement envoyé  pour  surceoir  l'effect  de  la 
levée  jusques  à  ung  nioys,  je  ne  vous  feiz  point 
de  respouce  à  vostre  lestre  du  xxc  du  passé  sur 
laquelle  ce  que  j'ay  à  vous  dire,  c'est  que  le  Roy 
monsieur  mon  fils  a  receu  ung  infiny  conten- 
tement de  l'ample  dépesché  que  vous  luy  avez 
faicte  dudict  xxc  et  de  veoir  que,  par  les  saiges 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


147 


et  prudentes  remonstrances  que  vous  avez  bien 
sceu  faire  aux  sieurs  des  Ligues,  ils  ayent  esté 
grandement  adouciz  et  modérez  les  ungs  et 
les  autres  et  se  soyent  départiz  de  la  journée 
leurs  ambassadeurs  avec  une  bonne  résolution 
de  vivre  tous  ensemble  en  une  bonne  amitié 
et  mutuelle  intelligence.  Au  surplus  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz  a  eu  grandement  agréable 
la  translation  en  alleman  et  impression  que 
vous  avez  faict  faire  des  choses  par  vous  dis- 
courues aucdicts  sieurs  des  Ligues  sur  le  faict 
du  feu  admirai  de  Chastillon,  affin  qu'il  soit 
publié  en  Allemagne;  en  quoy  vous  n'avez  eu 
respect  que  à  la  singulière  affection  que  vous 
avez  au  bien  du  service  et  affaires  de  mondict 
sieur  et  filz,  à  laquelle  nous  sommes  bien 
asseurez  que  vous  postposerez  toutes  autres 
choses,  priant  Dieu,  Monsieur  de  BellièvTe, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  me  jour  de  décembre 
1572. 


Caterine. 


Bri 


1572.  —  3  décembre. 
Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français ,  n°  1090a ,  f*  saa. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  il  m'est  souvenu 
que  le  sr  de  Vaucluse,  ung  des  aulmosniers 
du  Boy  monsieur  mon  filz,  est  du  pays  de 
Berne  et  de  la  maison  de  Diesbach,  qui  sont 
familles  nobles  dudict  pays,  et  que  ses  prédé- 
cesseurs se  sont  monstres  affectionnez  par  le 
passé  au  service  des  roys  comme  continue  de 
faire  à  présent  ledict  de  Vaucluse,  lequel  ad  ce 
que  j'ay  entendu  est  homme  de  bon  entende- 
ment et  bien  apparenté  tant  audict  Berne  que 
autres  villes  de  Suysse;  au  moyen  de  quoy 
pourrait  faire  service  par  delà  au  Boy  mon- 
sieur mon  filz  et  vous  ayder  à  vostre  négocia- 


tion. A  ceste  cause  je  vous  ay  bien  voulu  faire 
la  présente  pour  vous  advertir  de  ce  que  des- 
sus, affin  que,  si  vous  congnoissez  que  ledict 
sr  de  Vaucluse  avt  moyen  de  vous  ayder  en 
quelque  chose  pour  le  service  du  Boy  mon- 
sieur mon  fils,  que  vous  l'en  requériés  et  luv 
ferez  tenir  la  lettre  que  je  luy  escripts  pour 
cet  effect.  laquelle  vous  pourrez  veoir,  et 
par  ce  que  je  m'asseure  que  en  cella  ny 
autres  atfaires  concernant  vostre  charge,  vous 
n'y  oublirez  aucune  chose,  je  remectrav  le 
surplus  à  vostre  suffisance,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Bellièvre,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  ce  uiemc  jour  de  décembre 
1572. 

Caterine. 
Chantereau. 


1572.  ■ —  h  décembre. 
Orig.  Collection  de  feu  M.  Lucas  Mootigny. 

A  MONSIEUR  DE  RAMBOUILLET. 

Monsieur  de  Bambouillet1,  vous  verrez  par 
ceste  petite  despesche  qui  vous  est  présen- 
tement faicte,  comme  le  Bov  monsieur  mon 
fils  désire  que,  à  votre  retour  de  Borne,  vous 
passiez  par  devers  mon  cousin  le  duc  de 
Ferrare,  pour  vous  condouloir,  de  sa  part, 
avec  mondict  cousin  de  la  mort  de  feue  ma 
cousine,  Madame  la  duchesse  de  Ferrare,  sa 
femme;  je  vous  envoyé  aussi  une  lettre 'pour 
moy,  afin  que  vous  lui  faciez  le  mesme  office 
de  ma  part,  dont  je  m'asseure  que  vous  vous 
acquicterez  si  dextrement  qui!  congnoistra 
combien  nous  est  cher  et  recommandé  ce  qui 
lui  touche,  priant  sur  ce  le  Créateur,  Mon- 
sieur de  Bambouillet,  vous  avoir  en  sa  sainctt- 
garde. 

1  Rambouillet  venait  d'être  remplacé  à  Rome  par  M.  de 
Ferais  qui  avait  longtemps  représenté  la  France  dans  les 
Pays-Bas. 


19- 


148 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


Escript  à  Paris,  ie  ivc  jour  de  décembre 
1  £170. 

GvTERINE. 


1572.  —  5  décembre. 

Minute.  HiM.  nàt.  fonds  français,  n°  1610/1.  f°  309. 

\   MONSIEUR  DE  SA.INTGOUARD. 

Monsieur  de  S1  Gouard,  le.  marquis  d'Aya- 
monl  m;  nous  a  parle  que  de  ce  que  vous  es- 
rripl  le  Rov  monsieur  mon  fils,  comme  vous 
estimez  qu'il  debvoit  foire;  au  moyen  de  quoy 
il  s'en  est  retourné  hier  de  mesme  et  croy  qu'ils 
veullenl  entretenir  le  monde  en  espérance 
aveques  leurs  artifices  accoustumez,  desquelz 
nous  avons  si  bonne  cognoissance  que  ilz  ne 
nous  y  tromperont.  Conduisez-vous  y  sage- 
ment ,  comme  vous  avez  faict  jusques  icy,  m'ad- 
vettissant  de  tout,  afTin  que  je  vous  face  sçavoir 
l'intention  du  Roy  mondict  sieur  et  fdz.  Vous 
avez  sagement  faict  entendre  ce  qui  vous  avoit 
esté  mandé  du  duc  d'AIbe,  de  quoy  le  Roy 
mon  fdz  est  très  content;  il  faull  persévérer  et 
estime  guères  de  fby  rien  de  ce  qu'ilz  pro- 
meclent,  sinon  autant  qu'ilz  y  sont  poussez 
et  conlrainclz.  Montaigne  est  revenu,  par  le- 
quel j'ay  esté  bien  ayse  d'entendre  des  nou- 
velles de  mes  petites-filles  ausquelles  je  ne 
manderay  pour  cesle  fois  que  mon  affectueuse 
recommandation.  Je  responds  aux  lettres 
que  Catherine  de  Vera  et  Bassincourl  m'ont 
escriples  par  ledict  Montaigne.  Je  vous  prie 
de  les  leur  deslivrer  en  leur  recommandant 
tousjours  de  bien  et  soigneusement  servir  mes- 
dictes  filles  et  m'escrire  souvent  de  leur  dis- 
position. Je  vous  envoyé  aussi  ung  mot  de 
lettre  au  prince  d'Evoly  pour  respoudre  à  sa 
dernière;  je  vous  prie  de  luy  bailler  et  l'as- 
surer tousjours  de  ma  bonne  volonté  et  le 
prier  continuer  tous  bons  ollices  pour  l'cntre- 
ténement  de  l'amitié  entre  ces  deux  roys  tant 


utile  et  nécessaire  pour  le  bien  de  la  chré- 
tienté. Vous  verrez  ce  que  dira  le  sieur 
d'Arenberque  auquel  j'ay  faict  faire  tout  fa- 
vorable traitement.  Ledict  duc  d'AIbe  a  envoyé 
icy  ung  sien  cousin  nommé  Antboine  de  To- 
ledo  pour  se  conjouir  des  couches  de  la  royne 
ma  fille  et  je  fay  faict  bien  recevoir,  comme 
je  fais  tousjours  à  ceulx  qui  sont  envoyez  par 
les  ministres  du  Roy  Catholicquc  mon  beau- 
fils  et  aussi  comme  vous  pourrez  dire,  remec- 
tant  le  surplus  sur  ce  que  vous  escript  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  M',  de  Sainct-Gouart, 
le  vcme  jour  de  décembre  1  572. 


1572.  —  G  décembre. 

Oi-ig.  Bihl.  liai,  fonds  français.  u°  l5o03,  f*  090. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  advisé  lever  une  compagnie  de  cinq 
cens  hommes  Suisses  oultre  et  pardessus  les  six 
mille  qui  lui  ont  jà  esté  accordez  pour  les  rai- 
sons qu'il  vous  escript  par  ses  lettres,  suivant 
lesquelles  je  vous  prie  vous  employer  de  toute 
affection  à  lui  faire  accorder  ladietc  compai- 
gnie,  qui  est  pour  tenir  continuellement  à  sa 
suite  et  qu'elle  soit  composée  d'hommes  de  la 
sorte  qu'il  vous  escript  et  les  nous  envoiez 
bien  tosl,  faisant  aussi  acheminer,  le  plus 
promptement  qu'il  vous  sera  possible,  lesdietz 
six  mille  Suisses,  comme  nous  avons  mandé 
par  nostre  dernière  dépesche  et  vous  ferez 
service  très  agréable  au  Roy  mondict  sieur  et 
filz  et  à  moy  aussi ,  priant  Dieu ,  Monsieur  de 
Bellièvre,  vous  avoir  en  sa  sainetc  garde. 

Escript  à  Paris,  le  n'  jour  de  décembre 
1 5  7  2 . 

Cvterimî. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


149 


1572.  —  10  décembre. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Motlie-Fénelon , 
t.  VII,  p.  4o3. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon,  j'espère, 
comme  vous,  que,  s'il  y  a  espérance  que  la 
royne  d'Angleterre,  ma  bonne  sœur  et  cou- 
sine, doibve  demeurer  en  amitié'  avec  nous, 
qu'il  se  verra  aisément  en  l'occasion  qui  se 
présente  d'envoyer  par  deçà  pour  le  baptesme 
de  ma  petite-fille,  que  je  prie  Dieu  qui  soit 
occasion  de  renouer,  à  bon  escient,  le  propos 
du  mariage  d'elle  et  de  mon  fils  le  duc,  qui 
en  est  infiniment  serviteur  affectionné,  et  est 
devenu  grand  et  fort,  de  sorte  qu'il  est  tout 
homme  et  ne  dispariroit  plus,  comme  elle 
craignoit  auprès  d'elle;  car  il  est  fort  changé 
depuis  qu'elle  disoit  que  l'on  l'eust  pris  pour 
son  filz.  Je  vous  prie,  Monsieur  de  la  Mothe, 
adviser  par  tous  les  bons  moyens  que  pourrez, 
remettre  si  bien  ce  propos  que  nous  y  puissions 
voir  clair  bientost;  car,  si  elle  veut  espérer 
d'avoir  des  enfans,  il  est  temps  de  se  ré- 
souldre  à  se  marier. 

Nostre  baptesme  ne  se  peust  faire  qu'un  peu 
après  les  Roys,  d'autant  que  M.  de  Savoye,  qui 
y  viendra  en  personne,  ne  saurait  estre  guère 
devant  ce  temps-là  par  deçà;  et  cependant  si 
vous  pouviez  remettre  ledict  propos  de  ma- 
riage, et  que  celluy  qui  viendra  par  deçà  pour 
cest  effect  eust  quelque  charge  pour  en  négo- 
cier avec  nous,  ce  serait  ung  grand  bien  et 
ung  grand  heur  que  deux  si  bonnes  œuvres  se 
poussent  faire  ensemble.  Je  vous  asseure  que 
nous  ne  faudrions  pas  de  vous  envoyer  moyen 
de  faire  force  présens  et  grâces  à  ceulx  qui 
nous  y  aideront,  si  nous  cognoissons  que  l'on 
y  marche  de  bon  pied  et  franchement. 

Je  vous  prie  de  faire  aussy  dextrement  que 
avez  accoustumé  ce  qui  vous  est  commandé 


envers  ceulx  dos  subjeclz  du  Rov  monsieur 
mon  filz,  qui  sont  par  deçà,  qu'ilz  reçoivent 
les  honnestes  et  raisonnables  conditions  qui 
leur  sont  offertes,  et  que  s'asseurent  sur  nostre 
honneur  qu'il  ne  leur  sera  faict  mal  ny  dé- 
plaisir ez  personnes  ny  biens,  et  aussv  que 
Indicte  royne  n'assiste  ceux  de  la  Rochelle. 
Vers  les  susdictz  l'on  usera  toujours  de  tous  les 
honnestes  et  gracieux  moyens  dont  l'on  se  peut 
asseurer  pour  les  attirer  à  se  recognoistre  et  à 
accepter  les  asseurances  qu'il  est  possible  de 
désirer  de  leurs  vies  et  biens  et  repos  à  jamais, 
se  conformant  à  la  volonté  du  Roy  mondict 
sieur  et  filz. 

EscriptàParis,  le  xe  jour  de  décembre  1072. 

Caterine. 
Pin  art. 


1572.  —  1 1  décembre. 

Imprimé  par  le  père  Tlieiner  dans  la  coutinuadon  des  Annales 
ecclésiastiques  de  Barooius,  t.  1.  p.  344. 

A  NOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  envoient  mon  fils  le  roy 
de  Navarre  ver  Vostre  Saincteté  le  sieur  de 
Duras  présant  porteur  pour  lui  rendre  obéis^ 
sanse,  laquele,  corne  prince  crestien  et  cato- 
lique  et  fils  de  l'église,  yl  veult  toute  sa  vie 
porter  hà  Vostre  Saincteté  et  au  Sainct  Siège 
Aposlolic,  je  n'é  voleu  fallir  l'acompagner  de 
la  présante  pour  témonier  hà  Voslre  Saincteté 
sa  bonne  volante  et  résolution  de  vivre  et 
mourir  en  nostre  religion,  qui  me  feyst  suplier 
Vostre  Saincteté  volouir  resevoyr  cete  siene 
volante  et  sumission  qu'ele  luy  envoy  feyre 
avecque  tèle  démonstralion  de  l'avoyr  agréable 
que  lui  souit  de  plus  en  plus  aucasion  de  s'i 
confirmer  et  augmenter  sa  sainte  et  bonne 
yntantion,  et  non  seulement  lui  en  resevera 
contentement,  mes  nous  tous  en  sentiron 
aubligation  à  Vostre  Saincteté  et  au  Sainct 


150 

Siège,    qui    sera    l'endroyt    où    priron    Dieu 

donner  lia  Vostre  Saineteté  heureuse  et  longue 


MO. 


De  Paris,  cet  xi"  jour  de  décembre  1.573 
Vostre  dévote  et  hobéissanle  fille, 

Gatkrikb. 


1572.  —  la  décembre. 

Orig.  liibl.  liât,  fonds  français,  n°  3î35  .  f  3. 
A  MADAME  MA  TANTE 

MADAME   LA  DUCHESSE  DE   FERP.ARE. 

Madame  ma  tante,  j'ay  receu  vostre  lettre 
ilii  wvic  jour  d'octobre  avec  regret  et  desplaisir 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 

ou  deux  mois  aller  résider  son  ambassadeur 
par  dellà  l,  et  comme  il  désire  que  pour  ceste 
occasion  vous  regardiez  avec  le  sieur  de  la  Fon- 
laine  Gaudard  qu'il  y  demeure  encoresjusques 
à  ce  que  vostredict  frère  puisse  arriver,  ou  bien , 
si  ledict  de  la  Fontaine  estoit  déjà  party  ou 
qu'il  ne  peust  retarder  son  partement,  je  vous 
prie  donner  si  bon  ordre  aux  affaires  du  Roy 
mondict  filz  par  delà  qu'elles  puissent  estre 
conduictes  en  telle  sorte  en  attendant  l'arrivée 
de  vostredict  frère  qu'il  n'y  puisse  advenir 
aucun  désordre.  Vous  verrez  aussy  ce  qui  s'est 
passé  entre  nous  et  le  légat  de  Noslre  Sainct 
Père  le  Pappe2,  qui  me'  gardera  de  vous  en 


de  la  mort  de  feue  ma  cousine  la  duchesse  de 
Ferrare  vostre  belle-fille l,  tant  pour  la  perte 
que  mon  cousin  son  mary  a  faicte  particuliè- 
rement en  elle,  que  pour  celle  que  nous 
recepvons  tous  pour  l'absence  d'une  si  bonne 
et  vertueuse  princesse  qu'elle  estoit,  et  ne 
voullant,depeurdevousenrafraischirrennuy 
que  vous  en  avez,  en  estendre  ce  propos  plus 
avant,  je  feray  fin  à  la  présente,  me  recom- 
mandant bien  affectueusement  à  vostre  bonne 
grâce,  et  priant  Dieu,  Madame  ma  tante, 
vous  donner  en  santé  bonne  et  longue  vie. 

Escript  à  Paris,  le  xnc  jour  de  décembre 
1572. 

Vostre  bien  bonne  niepse, 

Catebine. 


1572.  — 12  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  Tonds  français,  n°  1690a  ,  f°  262. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  vous  verrez  par  les 
lectres  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript  comme  le  sieur  président  d'Aulteiorl 
vostre  frère  ne  penlt  encores  de  six  semaines 

1   Barbe  d'Autriche,  fille  de  l'empereur  Ferdinand. 


1  «J'avois  mandé, écrivait  CharlesIX  le  même  jour,au 
sieur  président  d'Aultefort  votre  frère,  qui  est  près  de 
mon  cousin  le  marcschal  Damville  pour  le  faict  et  admi- 
nistration de  la  justice  se  préparer  pour  aller  résider  mon 
ambassadeur  en  Suisse  au  lieu  du  sieur  de  la  Fontaine 
Gaudart,  et  se  rendre,  s'il  estoit  possible,  aussy  tost  ou 
peu  après  vous,  et  par  mesme  moyen  escrivis  audict 
mareschal  ceste  mienne  intention;  sur  quoy  il  m'a 
remonstré  et  représenté  plusieurs  occasions  pour  les- 
quelles vostredict  frère  ne  pouvoit  encores  de  six  sep- 
inaines  ou  deux  mois  désemparer  le  lieu  qu'il  tient  près 
de  luy,  y  estant  nécessaire  pour  le  bien  de  mon  service.» 
(Bibl.  nat.,  fonds  français,  11°  i5ç)03,  p.  soi.) 

2  C'est  CharlesIX  qui  va  nous  le  dire  :  s  Monsieur  de 
Bellièvre ,  le  légat  Ursin  m'a  proposé  et  fort  persuadé 
par  tous  les  moyens  qu'il  a  peu  d'entrer  en  la  ligue 
contre  le  Turc  et  non  contre  anltres  en  aulcune  fa- 
çon, n'y  ayant  rien  oublié  de  tous  les  artifices  dont  il 
s'est  peu  ayder;  mais  je  suis  tousjours  demeuré  ferme 
aux  mesmes  résolutions  que  j'ay  prinses  toutes  et  quan- 
tes  fois  que  l'on  m'a  mys  en  avant  ce  propos,  qui 
est  que  je  ne  cédois  d'affection  pour  le  bien  de  la  chres- 
tienté  à  prince  qu'il  fust  au  monde;  mais  que  tout  bon 
jugement  pourrait  assez  congnoislre  que  je  ne  debvois 
penser  à  chose  quelconque  que  premièrement  je  n'eusse 
appaisé  et  mys  en  repos  ce  qui  estoit  encores  troublé  en 
mon  royaume,  et  que  tant  s'en  fault  que  je  voulusse 
entendre  à  aller  faire  la  guerre  dehors,  qu'au  contraire 
j'estois  bien  délibéré  et  résolu  de  ne  jamais  entreprendre 
que  je  ne  veisse  mes  subjecls  bien  uniz  et  mon  royaume 
en  toute  tranquillité,  et  oultre  cela  la  parlaicle  amitié  el 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


151 


faire  aucune  redicte  par  ceste  ey,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Bellievre,  vous  avoir  ensa  saincte 
et  digne  garde. 

Eseripl  de  Paris,  le  xne  jour  de  décembre 

1572. 

Caterine. 

PlNART. 


1572.  —  90  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  foods  français,  n°  13903 ,  P  269. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIEVRE. 

Monsieur  de  Bellievre .  le  Roy  monsieur  mon 
filz  a  occasion  d'estre  bien  fort  resjoy,  comme 
nous  sommes  tous,  de  ce  que  vous  estes  arrivé 
par  delà  assez  à  temps  pour  vous  trouver  à  ceste 
dielle  de  Baden,  pour  ce  qu'il  espère  que  vostre 
présence  y  servira  beaucoup  à  contenir  les 
Ligues  en  bon  estât  et  à  en  garder  que  les 
deffiances,  qui  se  peuvent  avoir  esté  mises 
entre  les  cantons  catholieques  et  les  protes- 
tans,  il  ne  s'altère  rien,  mais  le  repoz  du  pays 

unyon  bien  asseurée  avecq  mes  amys  et  voisins;  sur  quoy 
ledict  légat  n'a  pas  failly  de  replicquer  et  me  repré- 
senter tout  ce  qu'il  a  peu  pour  me  faire  condescendre  à 
son  advis,  me  requérant  de  permectre  que  mon  nom 
seullemenl  y  soit  employé,  si  je  ne  pouvois  pour  ceste 
heure  mieux ,  et  que  par  ce  moyen ,  sans  me  constituer 
en  aucuns  fraiz,  je  ne  laisserois  pas  de  faire  un  grand  bien 
à  la  chrestienté.  Toulesfois  je  suis  demeuré  en  ma  pre- 
mière résolution,  dont  ledict  légat  monstre,  mais  c'est 
modestement,  de  n'estre  si  bien  satisfaict  en  cela,  qu'il 
espéroit,  m'ayant  faict  dire  qu'il  vouloit  dépescher,  comme 
il  fist  deux  ou  trois  jours  après,  ung  courrier  à  Noslre 
Sainct  Père  et  me  doublant  bien  qu'il  en  vouloit  attendre 
le  retour  pour  advancer  son  parlement,  je  priay  la  Royne 
madame  ma  mère  lui  dire,  comme  elle  feist  fort  à  propos, 
que  ma  dernière  et  finale  résolution  c'est  celle  que  je  lui 
ay  dicte;  il  a  pour  ceste  occasion  changé  de  logis  et  est 
allé  loger  plus  loing.  Voilà  tout  ce  qui  s'est  passé  depuis 
l'arrivée  dudict  légat.  -  (  Bibl.  nat. ,  fonds  franc. ,  n°  1 590  2 , 
p.  202.)  Voir  au  sujet  des  demandes  du  légat  une  lettre 
de  Brulart  du  10  janvier  à  M.  de  Bellievre.  (Même  vol., 
P  3ao.) 


soit  toujours  conservé1,  qui  est  ce  que  nous 
désirons  singulièrement,  priant  Dieu,  Mou- 
sieur  de  Bellievre.  (jtt'rl  vous  ayt  en  sa  saincle 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xse  jour  de  décembre 


1572. 


Caterine. 


Brulart. 


1572.  —  22  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3a54  ,  f°  44. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  je  vous  ai  cy-devant 
escript  en  faveur  de  Marguerite  Grecque,  l'une 
de  mes  femmes  de  chambre ,  à  laquelle  j'ai  faict 
don  de  la  confiscation  du  sieur  de  Lorrailles; 
et  pour  ce  que  je  désire  aultant  qu'il  m'est 
possible  que  ledict  Lorrailles  soit  pris  prison- 
nier tant  pour  estre  puni  et  cbastié  du  fait  pour 
lequel  il  est  condamné,  que  pour  aussi  l'accla- 
mation du  don  que  j'ay  faict  à  ladicte  Grecqne  - 
lequel  autrement  pourroit prendre  long  traicl. 
je  vous  ai  bien  voulu  escripre  la  présente  pour 
vous  prier  tenir  la  main  de  vostre  part  et  faire 
en  sorte  que  ledict  Lorrailles  soit  attrapé,  affin 
que  par  ce  moyen  ladicte  Grecque  puisse  bien- 
tost  jouir  et  percevoir  ce  qu'elle  a  toujours 
espéré  de  ma  faveur  et  libéralité  en  ces! 
endroict,  et  que  ledict  Lorrailles  soit  puny  et 
chastié  de  son  délit,  de  façon  qu'il  en  soit 
mémoire,  et  m'asseurant  que  vous  vous  y  em- 

1  Charles  IX  ajoutait  :  sJ'ay  veu  par  vostre  lectre  Les 
demandes  diverses  que  les  cantons  catholicques  et  les 
proleslans  prétendent  faire  les  ungs  aux  autres  en  la  dielle 
qui  se  devoit  lenir  à  Baden  le  vu'  de  cedict  mois,  où  il  est 
aisé  à  penser  qu'il  n'y  aura  pas  faulte  de  plusieurs  alter- 
cations, desquelles  il  se  peult  engendrer  beaucoup  plus 
de  mal  que  de  bien  parmi  les  Ligues,  si  la  prudence  des 
ambassadeurs  qui  y  assisteront  n'y  supplée  pour  modérer 
les  choses  de  part  et  d'autre.n  (  Bibl.  nat. ,  fonds  français . 
n°  1  5902  ,  f°  263.) 


\7r2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


ployerez  de  bonne  volonté  et  que  vous  y  sçaurez 
donnerai  bon  ordre  que  je  sois  salisfaicte,  pour 
ce  regard  je  ne  vous  en  dirai  autre  chose;  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  qu'il  vous  ait  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxiï  jour  de  décembre 
1 5  7  2 . 


Caterine. 


Chanterf.au. 


1  Ô73.  —  3  janvier. 
Orig.  AitIi.  nnt.  collection  Simancas,  K  i53,  n"  28. 

A  M»  MON  FILS  LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  beau-Clz,  ne  vous  pouvant 
escripre  de  ma  main  à  cause  de  mon  indispo- 
sition1, qui  vous  est  tesmoigne'e  par  Mr  le 
conte  d'Aremberque,  dont  je  vous  prye  m'cx- 
cuser,  je  ne  délaisseray  de  vous  remercier  de 
la  charge  que  vous  avez  donnée  audict  conte, 
m'asseurant  que  vous  a\ez  receu  tel  contente- 
ment de  la  grâce  que  Nostre  Seigneur  a  laite 
à  la  royne  ma  fille  d'estre  accouchée  sy  heu- 
reusement, que  le  requiert  l'amitié  que  vous 
portés  au  père  et  à  la  mère.  Ledict  conte  vous 
racontera  de  noz  nouvelles,  qui  me  gardera, 
avecques  le  peu  de  moyen  que  j'ay  de  penser 
à  escripre,  l'aire  la  présente  plus  longue,  si- 
non pour  prier  Dieu,  Monsieur  mon  beau-filz, 

1  L'indisposition  dont  Catherine  se  plaint  fut  très 
lonoiie.  car  le  a 2  janvier  Cliantereau  mandait  au  duc 
d'Anjou  :  -  La  Royne  vostre  mère  estimant  ostre  tout  hors  de 
son  mal  a  prins  l'air  durant  un  jour  ou  deulx,  et  depuis 
son  mal  luy  est  revenu ,  tant  pour  ce  qu'elle  n'estoit  pas 
du  tout  bien  guérie  et  à  cause  qu'elle  s'esloit  trop  lost 
mise  à  l'air  et  luy  a  par  deux  ou  trois  jours  faict  grandes 
douleurs,  mais  à  présent,  grâces  à  Dieu,  it  ne  luy  en 
faict  aucun  point.  Elle  ne  bouge  encores  de  la  chambre 
et,  combien  qu'elle  se  soyt  habillée  el  coiffée  ce  malin 
elle  a  néanmoins  faict  appliquer  sur  ledict  mal  ce  que 
les  médecins  luy  oui  ordonné,  n  (Bibl.  de  l'Institut,  col- 
lection Godcfrny,  n°  2Ô7.) 


vous  donner  tout  le  contentement  que  vous 
désirez. 

De  Paris,  ce  m  de  janvier  1  5 7 3 . 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

Caterine. 


1573.  —  10  janvier. 
Orig.  Bibl.  de  l'Institut,  collection  Godefroy.  vol.  257. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  vostre  dépesche  du 
xxxe  du  passé  nous  a  donné  espérance  que  le 
courrier  qui  vous  a  esté  depesché  du  xixe  vous 
arrivera  assez  à  temps  pour  tenir  en  suspens 
la   levée  des  six  mil  Suisses  suivant  ce  qui 
vous  en  a  esté  mandé1,  ce  qui  sera  fort  à 
propos  pour  le  bien  du  service  du  Roy  mon- 
sieur mon   fils,   auquel  je  ne  croy  pas  que 
peust   beaucoup   servir   l'instance    que   vous 
pourrez  faire  de  faire  sortir  les  enffans  de  l'ad- 
mirai et  Dandelot  hors  de  Basle,  d'autant  que 
ce  seroit  les  contraindre  de  se  retirer  es  terres 
du  conte  Palatin,  où  ils  pourraient  prendre 
plus  mauvaise  nourriture  que  là  où  ils  sont  à 
ceste  heure,  de  quoy  touttefois  je  \ous  prie 
d'user  ainsi  qu'estant  sur  le  lieu  vous  sçaurez 
sagement  juger  estre  à  faire  pour  le  mieux  et 
pour  servir  à  l'intention  du  Roy  mondict  sieur 
etfilzqui  vous  est  assez  cogneue.  Au  surplus, 
Monsieur  de  Bellièvre,  je  sçay  quelz  sont  vos 
mérites  et  les  grands  et  dignes  services  que 
vous  avez  faits  au  Roy  mondict  sieur  et  filz 
et  à  ceste  couronne,  et  vous  pouvez  asseurer 
que  je  seray  tousjours  celle  qui  aydera  le  plus 
voluntiers  à  vous   en  faire  récompenser,  es- 
tant bien  marrye  que  en  la  mort  qui  est  na- 
guères  advenue  du  feu  cardinal  de  Ferrare, 

'  Voir  ta  lettre  de  Charles  IX  à  laquelle   Catherine 
fait  allusion  dans  le  ms.  1 5go2  du  fonds  français,  f  aa3. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


153 


il  n'y  a  eu  lieu  de  vous  faire  quelque  bien, 
mais  avant  son  trespas  toutes  les  expéditions 
de  ses  bénéfices  avoyent  esté  faictes  en  court 
de  Rome,  en  suivant  la  réserve  que  le  Roy 
mondict  sieur  et  fils  en  avoil  jà  donnée  à 
mon  cousin  le  cardinal  d'Est,  vous  priant  que, 
pour  cela,  vous  ne  perdiez  poinct  le  courage 
de  bien  servir,  mais  vous  asseurer  par  moy 
que  vous  ne  demeurerez  poinct  sans  estre  di- 
gnement rerogneu  de  vosdicts  services.  Je  prie 
Dieu,  Monsieur  de  Rellièvre,  qu'il' vous  ayt 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xc jour  de  janvier  1673. 

Monsieur  de  Bellièvre,  le  cardinal  Ursin, 
légat  de  Nostrc  Sainct  Père,  venant  prendre 
congé  de  moy,  m'a  dict  qu'il  me  vouloit  par- 
ler d'une  ebose  dont  il  avoit  aussi  parlé  au 
Roy  monsieur  mon  fils,  non  pas  comme  en 
ayant  ebarge  de  Nostre  Sainct  Père,  mais 
comme  personne  privée,  qui  est  que  le  Roy 
mondict  sieur  et  fils  devoit  avec  toutes  les  rai- 
sons du  inonde  désirer  la  destruction  de  la 
ville  de  Genefve  qui  a  porté  un  infini  dom- 
maige  à  ce  royaume  et  à  beaucoup'de  lieux  de 
la  chrestienté,  et  que,  s'il  vouloit,  il  y  avoit 
bien  moyen  d'exécuter  quelque  cliose  dessus 
à  ceste  heure,  et  quand  il  ne  le  vouldroit 
point  faire  soubs  son  nom  ny  à  ses  despens, 
il  s'asseuroit  qu'en  escripvant  quelque  chose  à 
Monsieur  de  Savoye,  il  s'y  employroit  fortvo- 
luntiers  et  fournirait  aux  frais  à  ce  nécessaires 
en  luy  promeclant  de  les  luy  rembourser  en 
une  autre  saison  que  noz  affaires  le  pourront 
permectre;  à  quoy  le  Roy  mondict  sieur  et 
fils  luy  a  respondu  que  son  royaume  est  au- 
jourd'huy  en  tel  estât  qu'il  ne  peult  penser  à 
autre  chose  que  à  y  remectre  ung  bon  et  as- 
seuré  repos;  en  quoy  faisant,  il  estime  faire 
aultant  de  bien  et  profiîct  à  toute  la  chres- 
tienté que  en  autre  affaire  où  il  se  puisse  em- 

Catherine  DE  MÉDICIS. IV. 


ployer,  estant  assez  aysé  à  juger  que  ung  feu 
de  division  qui  s'entreiiendroit  et  nourrirait 
en  son  royaume  seroitpouraisémenl  s'espandre 
es  pays  de  ses  voisins  et  leur  porter  grand 
dommaige.  La  réponse  que  je  luy  ay  faicte  a 
esté  toute  semblable,  vous  en  ayant  bien 
voullu  donner  advis,  affin  que  si  d'avanture  il 
en  estoit  autrement  parlé  de  delà,  et  l'on  s'en 
voullust  prévaloir  en  quelque  sorte,  vous  en 
saichiez  respondre  avec  vérité. 

Caterine. 

BlUJLAHT. 


1573.  —  12  janvier. 
Copie.  Bibl.  nnt.  Cinq  cents  Colbert,  n"  366,  p.  a8. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  l'on  ne  vous  peut 
renvoyer  le  tondin  d'argent  que  vous  m'avez 
envoyé  de  ces  perles,  parce  qu'il  ne  se  re- 
trouve. Je  serois  bien  aise  si ,  en  donnant 
quelque  argent,  vous  pouviez  faire  apporter 
lesdicles  perles  par  deçà,  car,  si  je  les  avois 
veues,  selon  que  je  les  trouverais,  j'y  entreroy 
plus  volontiers;  sinon,  vous  regarderez,  puis- 
qu'elles appartiennent  à  diverses  personnes, 
s'il  y  aurait  moyen  les  avoir  l'une  après  l'aultre 
et  séparément;  en  ce  cas,  il  fauldroit  recher- 
cher de  convenir  des  plus  belles,  les  pre- 
mières; après,  peu  à  peu  l'on  prendrait  les 
aultres,  et  me  semble,  s'achetant  de  ceste 
manière,  qu'elles  seront  plus  aisées  à  payer. 
Si  vous  en  descouvrez  de  plus  belles  et  à 
meilleur  prix,  vous  me  ferez  très  grand  plaisir 
m'en  advertir,  et  en  attendant,  empescher 
qu'elles  ne  se  vendent  ailleurs.  Je  prie  Dieu , 
Monsieur  du  Ferrier,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Caterine. 
De  Neufville. 


iMPimirrie    nationale. 


154 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1573.  —  ta  jauvier. 
Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français  ,  n*  3i8£  ,  f°  a3. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

.Mon  cousin,  par  la  lettre  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  vous  escript,  vous  sçaurcz  le 
parlement  de  mon  fils  le  duc  d'Anjou  pour 
aller  assiéger  la  Rochelle ',  l'ayant  seullemeul 
\oullu  accompaigner  de  ce  mot  pour  vous 
prier  avec  luy,  mon  cousin,  de  faire  tout  ce 
que  vous  pourrez  pour  le  faire  obéir  en  voslre 
gouvernement,  et  permertre  au  sieur  de  Bel- 
liè\re  partir  pour  aller  en  Suisse,  ainsi  qu'il 
vous  escript  estre  très  nécessaire  pour  son 
service,  priant  Dieu,  mou  cousin,  vous  avoir 
en  sa  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xne  jour  de  janvier 
1073. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  i3  janvier. 

Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  i533,  pièce  i3. 

1  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROÏNE  D  ESPAGNE. 

Madame  ma  fille,   sachant  l'amityé  que, 

1  Le  secrétaire  d'Etat  Brûlait  écrivait  le  lendemain 
à  M.  de  Bellièvre  :  rVous  avez  entendu  par  les  der- 
nières lettres  que  je  vous  ay  escriptos  le  partement  de 
Monseigneur  pour  le  voyage  de  la  Rochelle;  les  eaux 
sont  si  grandes  par  deçà  que  je  crois  qu'il  sera  contraincl 
de  séjourner  on  à  Orléans  ou  à  Blois,  de  sorte  que  je  ne 
pense  pas  qu'il  y  puisse  estre  plus  tost  que  au  x\"  du 
présent  pour  le  plus  tost.  Monsieur  de  Tavannes,  qui  a 
esté  bien  fort  malade,  commence  à  se  mieux  porter, 
mais  je  ne  pense  pas  qu'il  soyt  pour  se  pouvoir  achemi- 
ner à  la  Rochelle  de  plus  de  troys  semaines  ou  ung 
mois.  La  Royne  mère  se  porte  fort  bien  à  ceste  heure, 
ayant  aujourdhuy  commencé  à  sortir.»  (Hihl.  nat.,  fonds 
français,  n°  10902,  f°  3a 9.)  Cf.  une  dépêche  de  Walsin- 
gham  dans  le  Calendar  of  State  paper»,  1. ">-•'!,  p.  229. 


aveques  toutes  aucasions  et  raysons  portiés 
alla  prinsese  vostre  seur  et  tente,  n'é  voleu 
par  la  présanle  fallir  de  m'en  condolouyr 
aveques  Vostre  Majesté,  la  prient  de  volouir 
monstrer  en  sesi  comme  en  toutes  aultres 
chauses  sa  prudense  et  set  conformer  au  vo- 
louir de  Dieu;  car  nous  sommes  lous  à  lui 
pour  nous  prendre,  quant  yl  luiplest,  et  faull 
que  Vostre  Majesté  guarde  sa  santé  et  que. 
ayent  l'heur  de  voyr  en  bonne  santé  le  roy 
vostre  mary  et  les  prinses  ses  enfants  aveques 
l'Ampereur  et  l'Inpératrice,  set  reseuldra  au 
reste  de  set  qu'il  peult  avenir  et  m'aseurent 
qu'ele  set  mieulx  conoystre  tout  cela  que  ne 
lui  en  sorés  dire,  je  fayré  fin,  après  avoyr 
prié  Vostre  Majesté  de  avoyr  tousjour  pour 
recomendé  les  Infantes  ses  filles  et  ausi  l'avovr 
aseuraye  de  la  bonne  santé  délia  royne  sa 
seur  alla  quele  je  ne  désire  rien  daventage, 
pour  la  voyr  bien  contente,  que  un  beau  fils 
dans  neuf  moys  et  voldrès  qu'ele  eult  fayst 
corne  Vostre  Majesté  qu'ele  ann  eut  deulx 
déjea.  Se  sera  quant  yl  plaira  à  Dieu,  lequel 
je  prie  donner  hà  Vostre  Majesté'  bonne  sanlé 
et  cet  que  désiré. 

De  Saint-Germayn,  ce  xiiicjourde  jeanvier 
i573. 

Voslre  bonne  seur  et  mère, 

Caterine. 

1  573.  —  i3  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  iSgos-,  f°  3as. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  vous  aurez  esté 
plus  certainement  adverty,  au  lieu  où  vous 
estes,  de  ce  que  l'on  dict  eslre  advenu  en 
Bresse  '  que  nous  ne  le  sommes  iry  et  toute- 

'  Le  même  jour,  Charles  IX  écrivait  à  M.  de  Bellièvre  : 
trJe  vous  lis  hier  une  dépcsche  depuis  laquelle  j'ay  eu 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


J55 


fois  le  Roy  monsieur  mon  GIz  en  a  bien  voulu 
faire  cesle  de'pesche,  affin  que,  si  on  vouloit 
dire  par  delà  que  cela  aist  esté  exe'cute'  par 
Monsieur  de  Savoie  avec  noslre  intelligence  et 
noslre  conseil,  vous  faictes  bien  entendre  que 
tant  s'en  fault,  que  nous  avons  este'  fort 
esmerveillez  d'entendre  ceste  nouvelle,  ainsi 
qu'il  est  véritable,  et  sur  ce  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  Rellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincle  garde. 

Escript    à   Paris,   le  xmc  jour  de  janvier 


i573. 


Caterine. 


Brulart. 


1573.  —  i3  janvier. 
Orig.  Arch.  du  Valican ,  France,  n°  34 ,  E  4a3. 

A  NOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Saint  Père,  estant  à  présent  l'abbaye 
de  Clérac  '  vacante  par  l'incapacité  de  celui 
qui  la  tenoit  ci-devant  et  ayant  à  icelle  le 
Roy  nostre  1res  cher  filz  nommé  à  Vostre 
Sainteté    le    chevalier    d'Angoulesme    grant 

advis  que  mon  oncle  le  duc  de  Savoye  a  faict  arrester 
prisonniers  lous  ceux  de  la  nouvelle  opinion  qui  estoient 
en  son  pays  de  Bresse ,  tant  de  ses  subjectz  que  d'autres 
qui  s'y  estoient  relirez,  dont  il  a  fait  mourir  la  pluspart, 
de  quoy  je  n'ay  encore  aucune  certitude,  et,  toutefois, 
considérant  que,  si  telle  chose  estoit  ainsi  advenue,  les 
cantons  protestans  et  catholicques  pourraient  aysément 
se  persuader,  veu  ce  qui  est  cy  devant  advenu  en  ce 
royaume,  que  ce  fust  une  partie  et  intelligence  faicte 
avec  moy,  je  vous  veux  bien  dire  que  j'ay  esté  fort  es- 
tonné  quand  cest  advis  m'est  venu ,  pour  eslre  chose  de 
laquelle  je  me  doubtois  le  moins,  vous  priant  de  faire 
bien  entendre  que  jamais  mondict  oncle  ne  m'a  com- 
municqué  de  cest  affaire  et  aussi  peu  receu  mon  conseil 
en  ung  tel  faict,  si  bien  que  vous  le9  puissiez  engarder 
de  tomber  en  quelque  opinion  de  moy  qui  soit  contre 
la  vérité. ti  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i5qo3, 
P33i.) 

1   Clairac  dans  l'Agenois. 


prieur  de  France1,  pour  en  estre  pourvu,  nous 
avons  bien  voulu  escripre  la  présente  par  la- 
quelle nous  vous  supplions  tant  et  si  affec- 
tueusement que  faire  pouvons  Vostre  Sainteté 
que  son  plaisir  soit  à  la  nomination  dudict 
seigneur  vouloir  pourvoir  ledicl  chevalier 
d'Angoulesme  de  ladicte  abbaye  de  Clérac  et 
commander  toutes  les  bulles,  promotions 
aposloliques  et  dispenses  pour  le  faire  pour- 
voir de  ladicte  abbaye  qui  lui  seront  requises 
et  nécessaires,  afin  de  lui  donner  meilleur 
moyen  de  recognoistre  le  labeur  et  mérite  de 
plusieurs  personnes  qui  le  suivent  et  ohvier  à 
une  inCnité  de  faulsetés  et  surprises  qui  se 
commettent  à  la  promotion  des  bénéfices  col- 
latifs  appartenons  de  son  abbaye  dont  il  est 
à  présent  et  pourra  cy-après  estre  pourveu. 
Nous  supplions  comme  dessus  tant  et  si  affec- 
tueusement que  faire  pouvons  Vostre  Sainteté 
lui  octroyer  grâce  et  induit  de  pouvoir  confé- 
rer ces  bénéfices  six  mois  après  la  vacation 
d'iceulx  advenue,  sans  qu'il  y  puisse  estre  au- 
cunement pourveu  par  autre  que  par  luy,  et 
vous  ferez  chose  qui  nous  sera  agréable;  sur 
ce,  nous  prions  Dieu  que  icelle  Vostre  Sain- 
teté il  maintienne  longuement  nu  régime  et 
gouvernement  de  nostre  sainte  Eglise. 

Le  xme  jour  de  janvier  1673. 

Vostre  dévote  fille,  la  Royne  mère  du  Roy, 

Caterine. 


1573.  —  17  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  i5o,oa  ,  f°  346. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  vous  avez  à  ce  coup 
obtenu  des  cappitaines  ce  que  jamais  autre 
auparavant  n'avoit  faict,  dont  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  a  avec  juste  occasion  ung  infiny 

'   Fils  naturel  de  Henri  11. 


156 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


contentement  de  vous J,  congnoissant  de  plus 
en  plus  combien  vous  estes  dexlre  à  mectre  à 
exécution  ses  intentions.  Vous  serez  adverty 
au  plus  tosl  si  nous  serons  pour  avoir  besoin 
de  ladicte  levée  ou  non,  ce  que  en  actendant 
je  vous  prie  ne  vous  lasser  point  de  donner 
encore  quelque  temps  par  delà  pour  le  ser- 
vice du  Roy  mondict  sieur  et  Cl/,  qui  a  une 
si  grande  satisfaction  du  service  que  vous  luy 
avez  l'aicl  en  ce  retardement  et  de  la  dexle'rité, 
peyne  et  travail  que  vous  y  avez  employé 
que  vous  ne  le  sçauiïez  désirer  davantage 
pour  rostre  contentement,  et  sur  ce  je  sup- 
plie le  Créateur  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
guarde. 

Escript  à   Paris,  le  xvuc  jour  de  janvier 
i573. 

Caterine. 
Brulart. 


1573.  —  18  janvier. 
Copie.  Cinq  cents  Colbert,  n°  .366 ,  p.  3/i. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  fait  si  amplement  entendre  son  in- 
tention sur  les  occasions  qui  se  présentent 
par  delà  pour  son  service  qu'il  n'est  grand 
besoin  que  je  vous  face  longue  lettre,  n'estant 
la-  présente  que  pour  accuser  réception  des 
voslres  du  xvic  etxxxc  du  mois  passé,  parlés- 
quelles  j'ay  bien  particulièrement  esté  infor- 
mée de  toutes  occurences,  niesmes  touchant 
le  faict  delà  Mirande2;  meremeclantdoncques 

1  Charles  IX,  tout  en  le  complimentant,  ajoulail  : 
et  Je  désire  ladicte  levée  estre  tenue  en  suspens  jusqu'à 
ce  que  vous  ayez  autres  nouvelles  de  moy.n  (Même  vo- 
lume, f'  3g7-) 

2  La  lettre  du  Roi  à  laquelle  Catherine  se  remet  est 
du  même  jour.  Le  6  janvier  précédent,  du  Ferrier  avait 
écrit  à  Catherine,  au  sujet  de  l'élection  au  trône  de  Po- 


sur  la  lettre  du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  je 
prie  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvuic  janvier  îb^'d. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1573.  —  a.3  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1597a  ,  f°  /iS. 
Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoire»  de  Custchau,  l.  II ,  p.  2S3. 

A  MONSIEUR  LA  MOTHE  FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motbe,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  satisfaysant-bien  amplement  à 
tous  les  poinetz  de  voz  dernières  dépesebes  1,je 

logne  :  trLe  bruit  commun  est  que  Monseigneur  y  aura 
sa  part,  vous  asscuranl,  Madame,  que  si  la  voix  du 
peuple  est,  comme  dit  l'Ecriture,  la  voix  de  Dieu,  il 
sera  éleu  roy.n  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  6181, 
f°  i3.)  —  Voir  dans  le  fonds  Dupuy,  n"  £27,  tout  ce 
qui  concerne  les  troubles  de  la  Mirande. 

1  La  lettre  de  Charles  IX  a  assez  d'importance  pour 
être  en  partie  reproduite  :  tt  Je  trouve  merveilleusement 
estrange  la  peur  que  me  mandez  qu'on  a  eue  par  delà, 
que  mes  cousins  de  la  maison  de.  Guise  retinssent  icy 
le  comte  de  Wolcestre  pour  ma  sœur  la  reine  d'Escosse. 
Vous  devez  avoir  respondu,  comme  je  pense  bien  qu'aussi 
n'estes  vous  pas  demeuré  court  que,  grâces  à  Dieu,  je 
suis  si  bien  obéi  en  mon  royaume  que  c'est  chose  à 
quoy  seulement  ilz  n'oseroient  avoir  pensé  et  qu'il  leur 
seroit  du  tout  impossible  de  l'exécuter,  quand  ils  le 
voudraient  ;  mais  j'estime  que  ce  n'est  pas  tant  cela  qui 
soit  cause  de  ladicte  difliculté  que  le  désir  qu'ont  aucuns 
d'altérer  par  tous  faux  moyens  l'amitié  d'entre  ladicte 
reine  et  moy,  sçachan!  bien  que,  quand  nous  serons  unis 
et  en  parfaicte  amilié  ensemble  et  nos  sujetz  aussi,  fai- 
sans et  traûquans,  ainsi  qu'il  est  proposé  par  nostredict 
traité,  le  reste  de  la  chrestienlé  ne  peut  nous  nuire,  chose 
dont  ladicte  reine  a,  quand  elle  le  voudra  bien  consi- 
dérer, beaucoup  plus  grand  besoin  que  moy  et  de  lever 
toutes  ces  difficultés  là,  comme  je  fais  et  vous  faites  de 
ma  part,  et  quand  il  m'a  esté  et  sera  dict  semblables 
choses  pour  me  mettre  en  défiance  d'elle,  laquelle  je 
vous  prie  aussi  asseurersur  le  propos  qu'elle  vous  a  tenu 
des  délibérations  qu'elle  pense  qui  se  font  sous  la  cou- 


LETTRES  DE  GATH 

ne  vous  en  réiteray  rien  par  ceste-cy,  et  seul- 
ement vous  diray  que  nous  sommes  en  grand 
peine  d'attendre  si  longtemps  le  sieur  comte 
de  Wolcestre;  car  oultre  qu'il  n'est  pas  rai- 
sonnable de  faire  si  longtemps  séjourner  le 
sieur  Cuaen  grand  escuyer  de  l'Empereur  qui 
est  icy,  il  y  a  plus  d'un  mois  l'attendant,  le 
Roy  monsieur  mon  fils  eust  bien  désiré  par- 
tir de  ceste  ville  et  aller  en  autres  lieux  où 
ses  affaires  l'appellent;  mais  encore  ne  plain- 
drav-je  nostre  longue  altente  pourveu  que 
nous  puissions  l'aire  quelque  chose  avec  ledict 
sieur  comte  de  Wolcestre  du  faict  du  mariage 
de  la  rovne  d'Angleterre  ma  bonne  sœur  et 
cousine  et  de  mon  filz  le  duc  d'Alençon,dont 
je  ne  feray  pas  grande  difficulté  de  recommen- 
cer à  ouvrir  le  propos  et  faire  en  sorte  que 
nous  nous  entendions  de  nostre  part  jusques 
au  dernier  poinct  de  ce  qui  se  pourra  et  de- 
vra en  cela  honneslement  faire  pour  en  voir 
en  bricfune  bonne  et  heureuse  résolution,  la- 
quelle, à  vous  dire  vray,  nous  désirons  n'y 
avoir  aucune  dissimulation  ne  desguisement; 
mais  y  aller  fort  droitemeni ,  comme  nous  vous 
avons  tousjours  escript  et  que  vous  pouvez 
franchement  dire  et  asseurer  madicte  bonne 
seur  et  ses  principaulx  conseillers  et  mi- 
nistres, les  asseuranl  que,  si  les  conditions 
qu'elle  y  demandera  sont  raisonnables,  que 
bientost  elle  en  verra  la  conclusion;  car  aussi 
est-il  temps  d'y  faire  une  fin.  J'ay  regret  que 

leur  de  la  ligue  contre  le  Turc,  que  je  ne  consentiray 
jamais  qu'il  soit  rien  entrepris  à  son  préjudice,  pour  l'es- 
pérance que  j'ay  aussi  que,  de  sa  part,  il  est  et  sera  de 
mesme  en  mon  endroit,  suivant  l'intention  de  nostredict 
dernier  traité,  et  qu'elle  ne  croye  pas  ce  que  les  pas- 
sionnez luy  en  voudront  persuader,  mais  s'asseure  sur 
ma  foy  et  promesse  qu'elle  me  trouvera  toujours  et  en 
tout  temps  véritable  et  que  je  ne  contreviendray  jamais 
n y  ne  feray  autre  chose  qui  puisse  diminuer  nostre 
amitié,  i  (Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau,  t.  II, 
p.  283.) 


ERINE  DE  MEDICIS.  .    157 

mondict  fils  ne  soit  icy,  affin  qu'icelluy  comte 
de  Wolcestre1  le  voit  et  qu'il  escrive  à  sa 
maitresse  quel  il  est  maintenant,  estant  fort 
changé  depuis  que  le  comte  de  Lincoln  parlist 
d'icy,  estant  maintenant  tout  aultre  qu'il 
n'estoit ,  quand  il  s'en  retourna  en  Angleterre; 
et  s'il  le  voyoit,  il  le  trouveroit  renforcé  beau- 
coup ,  beaucoup  creu ,  son  visage  bien  amendé , 
et  la  barbe  lui  commençant  fort  à  venir,  de 
sorte  qu'il  ne  devra  rien  de  haulteurde  (aille 
et  de  bonne  grâce  à  ses  deux  autres  frères;  et 
si  ai-je  espérance  qu'au  voyage  qu'il  est  allé 
faire2  il  apprendra  beaucoup  avec  mon  filz 
et  les  autres  princes,  grands  seigneurs  et  eap- 
pitaines  qui  sont  audict  voiage  et  le  rendra 
capable  de  commander,  comme  il  est  de  son 
naturel  fort  enclin  à  l'imitation  de  mondict  (ils 
son  frère,  ne  disant  poinct  ce  que  dessus  pour 
le  favoriser,  mais  pour  estre  la  vraye  vérité; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  digne  garde. 

Escript  à   Paris,  le  xxiii'  jour  de  janvier 


573. 


Catkrink. 


1573.  —  3  février. 

Orig.  Bil>l.  nat.  fonds  français,  n°  15902 ,  f°  387. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  après  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  eust  dernièrement  dé- 
pesché  le  courrier  par  lequel  il  vous  mandoit 
de  faire  marcher  la  levée3,  il  s'advisa  de  le 

1  Voir  dans  le  Calendar  of  Suite  papers  (1573, 
p.  a/17)  une  lettre  du  comte  de  W'orcester  rendant 
compte  de  son  arrivée  en  France  et  de  la  bonne  récep- 
tion qui  lui  a  été  laite. 

1  II  était  allé  au  siège  de  la  Rochelle. 

3  Charles  IX,  en  effet,  avait  écrit  le  aS  janvier  au 
duc  d'Anjou  :  fJ'ay  eu  responce  du  sieur  de  Bellièvre 
à  la  dépesche  que  je  luy  feiz  dernièrement  pour  tenir 


158 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


faire  retarder  à  Lyon  sans  vous  la  porter 
jusques  à  ce  qu'il  eust  une  seconde  responce 
de  mon  fil/,  le  duc  d'Anjou,  laquelle  luy 
estant  depuis  venue,  je  vous  prie  ne  faire 
marcher  ladicte  levée,  mais  de  tenir  les  choses 
en  tel  estât  qu'il  le  vous  mande,  y  employant 
vostre  dextérité,  comme  aussi  à  l'achemine- 
ment des  cinq  cents  Suisses  de  la  garde,  ainsi 
qu'il  vous  a  esté  cy-devant  escript,  vous  asseu- 
rant,  que,  après  avoir  donné  ordre  à  ce  que 
dessus,  et  bien  informé  le  président  Bellièvre 
vostre  frère  '  de  tenir  les  affaires  de  par  delà 
vous  lui  ferez  service  fort  agréable  de  le  ve- 
nir trouver;  et  sur  ce  je  supplie  le  Créateur, 
Monsieur  de  Bellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincle  garde. 

Escript  à  Paris,  le  Iroysième  jour  de  février 


573. 


Catemne. 


Brulart. 


en  suspens  le  faict  de  la  levée  des  six  mil  Suisses,  me 
faisant  entendre  comme  c'est  chose  qu'il  a  obtenue  non 
sans  difficulté,  et  pour  ce  qu'il  escript  qu'il  est  de  besoing 
pour  le  bien  de  mes  affaires  du  pays  des  Ligues  de  luy 
faire  sçavoir,  au  plus  lost  qu'il  sera  possible,  si  l'on  sera 
pour  se  vouloir  servir  de  ladicte  levée  ou  non,  je  vous 
prie  qu'estant  arrivé  ou  aproché  près  de  la  Rochelle 
vous  proposiez  cette  affaire  aux  princes  et  seigneurs  que 
vous  avez  près  de  vous,  pour,  après  qu'ilz  en  auront  dict 
leurs  opinions,  prendre  en  vous  mesme  une  bonne  ré- 
solution si  ladicte  levée  se  devra  faire  ou  non;  en  <juoj 
faisant  je  vous  prie  de  vous  remectre  devant  les  yeux 
l'eslat  de  mes  finances  et  ne  me  constituer  en  cesle  dé- 
pense, qui  me  sera  assez  mal  aysée  à  supporter,  comme 
vous  le  congnoissez  bien.»  (Fiibl.  impér.  de  Sainl-Pé- 
tersbourg.  ) 

M.  de  Hautefort. 


1573.  —  4  février. 

Orig.  Dilil.  imp.  de  Sainl-Péterebourg ,  vol.  XX,  ["  53. 

A  MON  FILS  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  d'autant  qu'il  a  esté  mandé  au 
sieur  de  Gammaches  •  n'entendre  au  mariage 
de  la  fille  du  sieur  et  dame  de  Monchy3  il  fait 
difficulté  passer  oultre  aux  termes  où  ilz  en 
estoyent,  qu'il  ne  soit  adverty  qu'il  ne  fera 
chose  désagréable  au  Roy  monsieur  mon  filz, 
à  vous  et  à  moy,  ce  que  m'ayant,  connue  au 
Boy  tnondict  sieur  et  filz,  faict  entendre  la- 
dicte dame  de  Monchy  et  déclaré  que  le  sieur 
Liancourt3,  pour  lequel  nous  estions  emploiez 
n'aura  jamais  de  son  gré  ni  du  consentement 
du  sieur  de  Monchy  son  mari  leurdicte  fille  en 
mariage,  quelque  poursuite  qu'il  en  face,  le 
Boy  mondict  sieur  et  filz  et  moy  a\ons  escript 
audict  sieur  de  Gammaches  que,  nonobstant 
les  lettres  de  défense  que  luy  ont  esté  escriptes, 
il  ne  laisse  de  contracter  mariage  avec  ladicte 
damoiselle,  et  que  nostre  intention  n'estai!  de 
forcer  aucunement  lesdits  sieur  et  dame  de 
Monchy  marier  leur  fille  contre  leur  volunté, 
si  bien  nous  avions  favorisé  lcdicl  sieur  de 
Liancourt.  Mon  filz,  j'ay  assuré  ladicte  dame 
de  Monchy  que  vous  n'aviez  autre  intention 
et  que  vous  serez  bien  marry  contraindre 
personne  en  telles  occasions,  lesquelles 
doivent  estre  privilégiées.  Touttefoys  ladicte 
dame  de  Monchv  a  désiré  que  je  vous  escrip- 
visse  \ouloiren  faire  ung  petil  mot  au  sieur  de 
Gammaches  conformément  à  ce  que  le  Boy 
mondict  sieur  et  filz  et  moy  leur  en  avions 
mandé,  affin  qu'il  soit  deslivré  de  toute  peine, 
chose,  mon  filz,  que  je  vous  prie  par  la  pré 

1  Claude  de  Gemaches. 
Charlotte  'le  Uoncby,  fille  de  François  île  Monchv 
et  de  Jeanne  de  Vaux.  Voir  dans  le  l'ère  Anselme  la  gé- 
néalogie de  la  famille  de  Monchy,  t.  VII,  p.  355. 

■  Charles  du  Plessis,  sieur  de  Liancourt. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

sente, qui  ne  sera  dénia  main  parce  qu'il  nous  a 
fallu  déduire  le  faict  qui  est  long  et  vous  la  l'aire 
incontinent  remontrer,  estant  chose  si  juste 
quelle  se  recommande  assez  de soy  et  respond 
à  tout  ce  que  Ton  pourrait  remontrer  au  con- 
traire, joint  que  ledit  sieur  de  Monchy  a  esté  et 
est  fidèle  serviteur  du  Roy  mondict  sieur  et  filz 
et  sa  femme  recommandée  de  ma  fille,  Ma- 
dame de  Lorraine.  Je  prie  Dieu,  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 
De  Paris,  le  1111e  de  février. 


1 59 


1573.—  4  février. 

Jrcb.  <I'S  Médicis  à  Florence,  dalla  filza  4377, 
Duova  numerazione. 


(De  sa  main.)  Mon  filz,  vous  savez  conbieu 
je  me  suis  employée  pour  Liancourt,  mes 
voyent  que  le  père  ne  la  mère  n'en  volet  neule- 
ment  ouyr  parler,  yl  me  semble  que  ceroyt 
une  creuaulté  de  les  forcer,  cliause  que  n'a  jea- 
més  voleu  fayre  les  Roys  vos  pères  et  grens 
pères  et  moy  encore  moyns,  car  je  panse  le 
déplésir  que  j*euse  eu  de  voyr  mariée  ma  fille 
contre  ma  volunté,  et  ni'asseure  que  vous  ayte 
de  cet  avis  et  que  ne  volés  pas  que  l'on  pense, 
pour  aystre  à  vous,  que  voliés  forser  la  volunté 
au  père  ny  de  la  mère,  et  que  avez  acés1  de 
moyen  pour  fayre  pourlui  avecquesplusde  ray- 
sonet  nevolés  empescher  cet  parti  qui  leurs  est 
agréable  ;  je  les  enn'  é  aseurés  et  vous  aseurerés 
Liancourt  que  en  quelque  aultre  chause  je 
fayré  pour  luy  d'ausi  bon  ceour2  comme  je  me 
aystoys  employé  pour  sesi;  mais  puisque  le 
père  ne  la  mère  ne  le  veulet,  je  le  conseille 
s'an  déporter  et  ne  leur  en  fayre  plus  de  fâ- 
cherie. 

Voslre  bonne  mère, 

Caterine. 

1  Acés ,  assez. 

2  Ceour,  cœur. 


A  MON  COUSIN 

MOSSEIG.VECn 

LE  GRAND  DUC  DE  TOSCANE. 

Mon    cousin,    le   Roy    monsieur   mon    filz 
vous  escrit  bien  particulièrement  en  recom- 
mendation  du  seigneur  Ferrand  Vitelly  che- 
valier   de  son   ordre   pour  la    restitution  de 
certaines  terres,  biens  et  deniers,  qui  lui  ap- 
partiennent pour  la  succession  du  feu  seigneur 
Camille    Vitelli  son  père,  du   vivant  duquel 
vous   vous   en  seriez  saisy,  d'aultaut  qu'à  la 
routte  de  la  guerre  de  Sienne,  il  auroil  suivy 
au  faict  des  guerres  le  party  de  ceste  cou- 
ronne; mais  parce  que,  par  le  traicté  de  paix 
qui  fut  faict  lors,  il  fut  expressément  dict  que 
l'on  restitueroit    toutes  sortes  de  biens    qui 
auroient  esté  prins  et  usurpez  d'une  part  et 
d'aultre  à  cause  de  la  guerre,  il  n'est  raison- 
nable que  ledict  sieur  Vitelly  soit  frustré  de 
ce  qui  luy  apartient  légitimement.  Je  vous 
prie,  aultant  qu'il  m'est  possible,  d'y  voulloir 
avoir  esgard  et   faire  rendre  et  restituer  au- 
dict  sieur  Vitelly  tout  ce  qui  luy  apartient, 
ainsi  que  vous  escrit  le  Roy  mondict  sieur  et 
filz,  qui  seroit  bien  marry  et  moy  aussy  de 
cognoistre  que  ceulx  qui  n'ont  espargné  leur 
vie  pour  faire  service,  fussent  sans  occasion 
spoliez  de  leurs  propres  héritaiges  et  biens, 
mesme  au  préjudice  dudict  traicté  de  paix,  et 
particulièrement  encores  ledict  sieur  Vitelly. 
que   nous    avons   en    telle   recommandation, 
pour  ses  bonnes  qualitez  et  mérites,   que  il 
vous  prie  de  rechef  le  veuilliez  rendre  contant 
et  satisfaict,  luy  faisant  ressentir  combien  vous 
désirez  faire  pour  nous  eu  chose  si  raison- 
nable. Priant  Dieu  qu'il  vous  ayt,  mon  cou- 
sin, en  sa  garde  saincle. 


160 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIG1S. 


Escript    à    Paris,   le   1111e   jour  de    février 
t  5  7  :ï  . 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  h  février. 
Orig.  liibl.  nal.  fonds  français,  n°  3i86 ,  P  ah. 

\  MONSIEl  \\  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz 
vous  faict  si  bien  el  amplement  responce  à 
I ou  1  ce  que  vous  lui  avez  mande'  que  je  n'y 
siamois  adjouster  aucune  cbose,  et  me  re- 
mectant  sur  ce  qu'il  vous  en  escript,  je  vous 
priera}  croire  que  ce  qu'il  vous  mande  du  peu 
de  moien  qu'il  a  de  vous  secourir  d'argent, 
c'est  la  vérité,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  garde. 

Escripl  à  Paris,  le  mic  jour  de  février 
j573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterixk. 


1573.  —  li  février. 

Orig.  Lihl.  nat.  fonds  français,  n°  3353. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  COMTE  DE  COSSÉ, 

MAHESCUAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  s'en  retournant  vostre  homme 
présent  porteur,  je  vousay  bien  voulu  escripre 
la  présente  pour  vous  dire  que  j'ay  esté  bien 
aise  d'entendre  que  vous  soyez  près  de  mon 
fdz  et  vous  prie  remontrer  tant  à  hiy  qu'à 
mon  filz  d'AHençon  qu'il  ne  faultpas  qu'ilz  se 
bazardent  ne  mectent  eu  danger,  et  que  vous 
sçavez  bien  comme  le  Roy  monseigneur  et 
leur  père  et  leurs  oncles  oui  laid;  et,  m'asseu- 
ranl  que  vous  ne  fauldrez  de  leur  rementavoyr 
ce  qu'il  convient  qu'ilz  lacent  pour  ce  regard, 
je  ne  vous  fera  y  la  présente  plus  longue  que 


pour  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en 
sa  saincle  garde. 

Escript  de  Paris,  le  1111e  jour  de  febvrier 
i573. 

(De  sa  main.)  Mon  cousin,  vous  savés  bien 
cornent tele jeans  '  se  doivent  conduire.  Je  vous 
prie  leur  dire  et  remonstrer  à  monsieur  mon 
fils,  s'il  étoit  blésé,  en  quele  confusion  vroil 
(oui.  Nous  ayspéron  partir  bienlost  pour  l'aler 
trover. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterixk. 


1573.  — 5  février. 

Copie.  OîIjI.  nat.  fonda  français,  n°  îSg^a,  f°  5a  vd. 
Imprimé*  «'ans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castehmu  .  t.  II .  p.  289. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  puisque  par  la 
lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz  vous  serez 
bien  amplement  adverly  de  toutes  choses  et 
satisfaict  à  voz  dernières  dépesebes,  m'en 
remectant  à  icelle,  cetle-cy  sera  seullement 
pour  vous  prier  continuer  à  faire,  le  plus 
vifvement  que  vous  pourrez,  entendre  à  la 
royne  d'Angleterre  ma  bonne  seur  et  cousine 
comme  en  toutes  choses  nous  procédons  sin- 
cèrement et  que  nous  ne  désirons  rien  tant 
que  de  lier  nostre  amitié  si  bien  avec  elle, 
qu'elle  puisse  estre  perdurable  entre  nous  et 
lesnostres  et  que,  selon  que  je  vous  a\  escript 
pour  luy  faire  entendre,  je  commenceray  à 
propos  des  erres  de  la  négociation  du  mariage 
et  nous  nous  enteudrous  en  tout  ce  qu'il  sera 
possible  pour  la  satisfaire;  aussy  que  nous  la 
prions  de  faire  de  mesme  de  sa  part,  l'asseu- 
rant  que  jamais  princesse  ne  fut  plus  respectée . 
honorée  et  servie  qu'elle  sera  de  mon  filz  le 
duc  d'AHençon,  si  ce  mariage  se  faict  et  que 

1   Tele  jeans ,  tel»  gens. 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MEDICb. 


161 


nous  le  ferous  venir  en  poste  par  deçà,  si  nous 
voyons  que  les  choses  soienl  pour  prendre  la 
bonne  et  heureuse  lin  que  nous  y  désirons. 
Persuadez  pour  certain  à  ceux  et  à  celles  que 
vous  penserez  qui  pourront   servir  en  cesle 
affaire  que  le  Roy  niondict  sieur  et  Glzetnioy 
recognoistrons  si  bien  envers  eux  les    bons 
offices  qu'ilz  y  feront  et  par  si  bonne  preuve 
qu'ilz  auront  toute  occasion  de  contentement. 
Après  la  première  conférence  qui  se  fera  de 
ce  propos  et  que  nous  aurons  veu'  quel  pou- 
voir en  ont  le  sieur  comte  de  Wolcestre  et 
Walsingham  ,et  ce  qui  s'en  pourra  sentir  de  la 
volonté  de  ladicte  royne,  j'escriray  de  ma  main 
auxdicts  comte  de  Wolcestre  et  au  milord  tré- 
sorier.  Cependant,  je   vous  prie,   ne  perdez 
une  seule  occasion  de  tout  ce  que  penserez 
qui  pourra  servir  à  cest  affaire  et  vous  asseu- 
rez,  comme  je  vous  ay  cy  devant  plusieurs 
fois  escrit,  que  vous  ferez  un  très  grand  ser- 
vice à  ceste  couronne,  à  moy  en  particulier  et 
aussi  à  mon  filz  le  duc  d'Alençon  que  ne  l'ou- 
blierons jamais; et  oultre  le  mérite  de  voz  la- 
beurs, cela    augmentera   grandement   la  ré- 
compense et  bien,  que  je  vous  asseure  qui 
vous  seront  faictset  à  quoy  je  tiendrayla  main 
quece  soit  le  plus  tôt  qu'il  sera  possible, d'aussi 
bon  cœur  qu'après  vous  avoir  encore  bien  fort 
recommandé  d'affection  ceste  affaire,  je  prie 
Dieu,  Monsieur  La  Mothe,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde  '. 

Escript  à  Paris,  le  Ve  jour  de  février  îh'jd. 

Catebine. 

1  «Monsieur  de  la  Mothe  ,  ajoutait  Charles  IX,  j'ay 
sceu  que  le  comte  de  Wollcestre  n'a  aucune  charge  que 
de  l'aire  l'office  de  compère  pour  la  royne  d'Angleterre, 
faisant  compte  de  s'en  retourner  samedy  prochain  et  vous 
i  çui^lneii  dire  davantage  ung  propos  que  l'ambassadeur 
Walsingham  tint  le  jour  du  baptesme,  qui  fut  le  jour 
de  la  Chandeleur,  au  sieur  de  Mauvissière  qui  le  mena 
coucher  à  son  logis,  pour  ce  qu'il  estoit  tard  quand  la 
cérémonie  fut  achevée,  qui  estoit  qu'il  a\oit  envie  de 

Catuehibe  de  Médius.  —  IV. 


1573.  —  G  lévrier. 

On^.  Iiibl.  nat.  fun-Js  français,  n°  3917  ,  ("  a3. 

A  MON  COUSIN 

LE  COMTE  DE  COSSE. 

HARESGBAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  je  n'ay  voullu  que  ce  porteur 
s'en  soit  retourné  sans  par  luy  vous  faire  ce 
mot  de  lettre  pour  vous  dire  que  l'on  a  remis 
dedans  le  cabinet  de  la  Bastille  tout  ce  qui 
y  avoit  esté  prins  pour  le  baptesme1,  ainsi 

parler  à  la  Royne  ma  mère  ouvertement  et  sans  luy  rien 
desguiser, ainsy  qu'il  avoit  accouslumé  de  faire  et  de  luy 
dire,  qu'encore  qu'il  fust  nécessaire  à  ladicte  royne  de 
se  marier,  si  est-ce  qu'il  ne  voyoit  point  de  la  presser 
pour  ceste  heure  du  mariage  de  mon  frère  le  duc 
d'Alençon;  car,  selon  que  les  choses  sont  disposées  à 
ceste  heure,  cela  servirait  plus  tost  à  retarder  que  accé- 
lérer ledict  mariage  ;  qu'il  faisoit  compte  de  s'en  aller 
bien  tost  en  Angleterre  où  il  feroit  tous  les  bons  oflices 
qu'il  pourrait;  mais  qu'il  falloit  passer  quelques  quatre 
mois  pendant  lesquels  on  verroit  quel  train  prendroient 
les  affaires  de  ce  royaume,  que  l'on  avoit  voulu  faire 
penser  à  la  royne  d'Angleterre  autres  qu'elles  ne  sont; 
mesme  dict  que  l'armée  dressée  pour  la  Rochelle  estoit 
pour  l'Angleterre,  de  quoy  toutefois  elle  n'avoit  rien 
cru-,  que  luy  vovoit  combien  il  estoit  nécessaire  que  ladicte 
royne  se  mariast;  car  il  n'y  avoit  pas  un  de  ses  serviteurs 
qui  pust  estre  asseuré  de  sa  vie  et  de  ses  biens  et  que  ne 
fust  conlrainct  de  se  retirer  du  royaume,  s'il  advenoit 
qu'elle  mourut  sans  estre  mariée  et  avoir  laissé  ung 
héritier;  mais  qu'il  voyoit  en  somme  en  Testât  où  sont 
les  choses  qu'il  falloit  laisser  passer  quatre  mois  sans  par- 
ier dudict  mariage. »  En  terminant,  Charles  IX  prévient  La 
Mothe  que  le  comte  de  Worcester  et  Walsingham  étant 
venus  voir  la  Reine  sa  mère  pour  l'entretenir  dudit  ma- 
riage, ont  remis  à  lui  en  parler  à  samedi.  (Même  vo- 
lume, p.  a85.) 

1  Charles  IX  le  8  février  écrivait  à  son  arnbassadeut 
M.  de  Saint-Gouard  :  «J'av  faict  le  baptesme  de  ma  fille 
le  11"  février;  mon  cousin  le  cardinal  de  Bourbon  a  laid 
l'office;  le  grand  escuyer  de  l'Empereur  mon  beau-père 
l'a  tenue  sur  les  fonts  pour  l'Impératrice,  le  comte  de 
Worcester  pour  la  royne  d'Angleterre,  et  mou  cousin  le 
duc  de  iNemouis  pour  mon  oncle  le  duc  de  Savoie;  elle 
a  été  nommée   Marie-Elisabeth.  Tous  les  ambassadeurs 


1G2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


que  vous  entendrez  de  cedict  porteur,  qui  me 
gardera  de  vous  faire  ceste-cy  plus  longue,  si 
n'est  pour  vous  asseurer  que  j'ay  esté  bien 
fort  aise  d'entendre  vostre  acheminement  au 
camp  près  mon  fils  le  duc  d'Alençon  ,  espérant 
que  vous  ferez  soubz  lui  quelque  bon  ser- 
vice au  Roy  monsieur  mon  filz,  dont  je  vous 
prie  de  bon  cœur  et  Dieu  vous  conserver  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  vi'jour  de  février  1673. 

Vostre  bonne  cousine, 

C.ATERINE. 


1573.  —  7  février. 
Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n*  366,  !°  65. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  fait  response  à  vos  lettres,  vous  advisant 
de  ce  qu'il  mande  au  sieur  d'Acqs  et  est  be- 
soing  de  faire  pour  parvenir  à  ce  que  l'on  dé- 
sire. Vostre  affection  et  prudence  est  tant  co- 
gneue  que  j'estimerois  vous  faire  tort  en  vous 
recommandant  davantaigece  qui  est  pour  son 
service  et  le  bien  de  ses  affaires  et  de  la  Sei- 
gneurie, priant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris ,  le  vii°  jour  de  fcbvrier 
15^3. 

Caterine. 


1573.  —  7  février. 
Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cenls  Colberl ,  n°  366  ,  I"  60. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  depuis  mon'  aultre 
lettre,  par  laquelle  je  vous  ay  adressé  la  dé- 
pesche  que  je  fis  à  l'évesque  de  Valence,  je  me 

s'y  trouvoienl ,  excepté  le  nonce  à  cause  de  son  indispo- 
sition. Mon  frère  le  duc  d'Anjou  esl  arrivé  le  vi  de  ce 
moys  au  camp  de  la  Rochelle.»  (Bibl.  nat.,  fonds  fran- 
çais, n°  îfiioS,  Pa5.) 


suis  advisée  pour  le  satisfaire  entièrement  d'en- 
voyer une  lettre  de  change  à  Cracovia  aux  sieurs 
Charles  et  Bernard  Soderins  de  la  somme  de 
dix  mil  escus,  oullre  aultre  semblable  qui  leur 
fut  dernièrement  envoyée  pour  luy  rendre  là 
une  somme  de  vingt  mil  escus,  de  laquelle  il 
se  puisse  servir  pour  conduire  les  choses  au 
but  de  nos  intentions1,  et  vous  envoyant  ces 
lettres  de  change ,  je  vous  prie  les  faire  tenir 
seulement  audict  Cracovia ,  ainsy  que  vous  avez 
fait  des  aultres  dont  je  n'ay  point  encore  eu 
advis  du  coslé  de  Polongne,  mais  je  consi- 
dère bien  que  c'est  à  cause  de  la  longue  dis- 
tance des  lieux.  Je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  vne  febvrier  1573. 

Caterine. 
Brulart. 

Je  vous  prie  que  Monsieur  de  Valence  ait 
incontinent  cet  argent,  et  doresenavant  par 

1  Le  même  jour  Charles  IX  écrivait  à  l'évèque  de 
Dax  :  «H  y  a  trois  points  principaux,  desquels  je  vous 
parleray  :  l'un  pour  le  faict  de  Polonjjne,  l'autre  tou- 
chant les  Vénitiens  et  l'autre  sur  le  hruit  que  court  par 
delà  que  je  voulois  entrer  en  la  ligue.  Pour  le  premier 
j'emploie  la  dépesche  que  je  vous  ai  faicte  par  Ger- 
miny  et  encore  pour  vous  reconfirmer  mon  intention 
estre  que  vous  vous  conduisiez  conformément  à  ce  qui 
est  contenu  et  aussi  que  ayez  toute  intelligence  et  com- 
munication avec  le  sieur  de  Valence,  qui  est  audict  pays 
Quant  aux  Vénitiens ,  il  m'a  semblé  qu'ils  se  maintien- 
dront toujours  mieux  par  le  moyen  de  la  paix,  voire  en 
l'achetant,  que  par  la  guerre  ;  pour  le  regard  de  la  ligue 
je  suis  toujours  de  la  même  volonté  que  j'ay  esté,  qu'ayant 
par  tant  de  fois  tesmoigné  quel  zèle  j'ay  au  bien  com- 
mun, il  n'est  besoin  et  ne  pourrais  avec  les  affaires  que 
j'ay  sur  les  bras  m'embarquer  plus  avant  en  chose  la- 
quelle, mesme  succédant  bien,  ne  m'apporterait  aucun 
advantage, et, advenant  au  contraire,  m'osteroit  le  moyen 
d'effectuer  ma  bonne  intention,  et  sur  ce  tenez  pour  cer- 
tain que  je  n'entreray  point  en  la  ligue,  et  aussi  confir- 
mez le  an  Grand  Seigneur. n  (Bibl.  nat.,  copie,  fonds 
Brienne,  0*  79,  f°  1  no.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


163 


l'ordinaire  advertissez  nous  de  tout  ce  que 
vous  pourrez  entendre  du  costé  de  Pologne. 


1573. —  7  février. 

Orig.  Brilish  Muséum. 

A  MON  FILZ 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  il  y  a  déjà  assez  longtemps  qu'il 
a  este'  fait  promesse  à  M.  de  Mandelot,  gou- 
verneur et  lieutenant  ge'ne'ral  à  Lyon,  d'une 
compagnie  de  gendarmes  des  premières  qui 
viendront  à  vacquer,  ce  qui  touttefois  ne  lui 
a  point  encore  esté  jusque  icy  effectue';  au 
moyen  de  quoy,  estant  présentement  le  Roy 
mon  filz  adverty  du  trépas  advenu  au  feu 
comte  de  Ventadour,  qui  avoit  une  desdictes 
compagnies  de  gendarmes,  il  l'a  très  volon- 
tiers accordée  audict  Mandelot,  tant  pour  satis- 
faire à  sadicte  promesse  que  pour  le  tant  plus 
tenir  en  auctorité  et  faire  obéir  en  son  gou- 
vernement, le  rendant  de  mesme  qualité  et 
considération  que  les  autres  gouverneurs  de 
ceroyaulme;  à  quoy  touttefois  ledit  Roy  mon 
filz  n'a  voulu  passer  oultre  sans  premièrement 
vous  advertir,  comme  il  faict  présentement  par 
aucun  qui  s'en  va  expressément  vous  trouver 
pour  cest  effect,  afiîn  que  vous  ne  le  promet- 
tiez ni  accordiez  à  quelque  autre  de  ceulx  qui 
sont  là  auprès  de  vous,  qui  auront  bien  en- 
core patience  pour  quelque  temps,  m'asseu- 
rant  aussi  que  vous  serez  bien  ayse  que  ledict 
sieur  de  Mandelot  soit  gratifié  de  ladicte 
compagnie ,  tant  pour  les  considérations  des- 
sus dictes  et  de  ladicte  promesse  que  pour  le 
récompenser  de  son  abbaye  de  Saint-Martin 
qu'il  a  puis  naguères  quittée  pour  la  bailler 
au  sieur  de  Clermont-Tallard  que  vous  en 
avez  voulu  gratifier1,  qui  me  fait  vous  prier, 

1  Le  2 1  février  le  duc  d'Anjou  écrivait  à  Charles  IX  :     I 


mon  filz,  vous  vouloir  disposer  à  ce  que  le 
sieur  Mandelot  puisse  avoir  ladicte  compai- 
gnie  et  vous  me  ferez  un  bien  grant  et 
agréable  plaisir. 

Escript    à    Paris,   le    vne  jour  de   février 
i573. 

(De  sa  main.)  Mon  filz,  je  vous  prie  pour 
l'amour  de  moy  l'avoir  recomandé. 
Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1573.  —  7  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°3i89.  f°  a5. 
A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  parla  lettre  que  présentement 
vous  escrit  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
serez  adverty  du  contentement  qu'il  a  de  vous 
et  de  ce  queadvancez  pour  son  service,  aussi 
de  ce  qu'il  désire  que  faictes  et  continuez, 
ayant  bien  voullu  accompaigner  sa  lettre  de 
ce  petit  mot  pour  vous  asseurer  de  ma  part 
que  je  seray  tousjours  très  aise  d'entretenir  et 
seconder  ledict  sieur  Roy  mon  filz  en  la  bonne 
volonté  qu'il  vous  porte,  priant  Dieu  vous 
avoir,  mon  cousin,  en  sa  garde. 

Escript  à  Paris,  le  m'  jour  de  febvrier 
i573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

cJ'ay  entendu  la  bonne  volunté  en  laquelle  est  Vostre 
Majesté  de  pourveoir  le  sieur  de  Mandelot  de  la  charge  de 
la  compagnie  d'ordonnances  qu'avoil  le  feu  comte  de 
Ventadour.  Il  me  semble,  Monseigneur,  que,  par  les 
considérations  de  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'en  es- 
cripre,  Vostre  Majesté  ne  sç.iuroil  faire  meilleure  eslec- 
tion  ny  conférer  ceste  grâce  à  personnaige  plus  digne 
que  le  sieur  de  Mandelot. »  (  Bibl.  impér.  de  Saint-Péters- 
bourg.) 


Wx  LETTRES  DE  CATH 

1573.  —  7  février. 

Copie.  Ribl.  nat.  fonds  français,  n°  17979  ,  f°  ".p. 
Imprimé  «buis  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau  ,  t.  III  ,  p.  993. 

\  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  In  Motlie,  je  ne  vous  feray 
poinctde  redicte  des  lectresdu  Roy  monsieur 
mon  (il/.,  mais  vous  priernv  scullemcnt  que 
vous  laciez  en  sorte  que  la  royne  d'Angleterre, 
ma  bonne  sœur  et  cousine ,  procède  aussi  droi- 
lement  et  sincèrement  avec  nous  que  nous 
voulons  faire  avec  elle,  sans  altérer  ny  inno- 
ver aucunement  au  dernier  traicté  d'entre  le 
Roy  monsieur  mon  filz  el  elle;  que,  puisque 
nous  ne  hiy  demandons  aucun  secours  qu'il 
faudrait  qu'elle  nous  baillast  suivant  ledict 
traicté,  si  l'en  requérions,  qu'elle  face  vraye 
et  necte  déclaration  de  sa  bonne  volonté  en 
nostre  endroict  et  ebastie  ceux  qui  partiront 
de  son  royaume  et  lieux  en  son  obéissance 
pour  nous  faire  la  guerre,  assister  et  favoriser 
les  subjeclz  rebelles  du  Roy  monsieur  mon 
filz;  et  pour  le  faict  du  mariage  d'elle  et  de 
mon  filz  le  duc  d'Alençon  vous  disposerez  si 
bien  toutes  choses  et  persuaderez  tellement  à 
ladietc  royne  nostre  bonne  eldroicte  intention 
en  cela,  que  nous  y  puissions  voir  quelque 
acheminement;  vous  priant  aussi,  suivant  ce 
que  vousescript  le  Rov  mondict  sieur  el  filz, 
déclarer  si  à  propos  à  ladicte  royne  et  à  ses 
principauté  ministres  ce  que  vous  verrez  par 
lesdictes  lettres  pour  le  poinct  de  la  religion, 
qui  est  ce  qu'elle  a  tousjours,  ce  me  semble, 
accordé  et  en  quov  nous  nous  estendrons  ail- 
lant qu'il  nous  est  possible.  Voilà  pourquoy  il 
me  semble  que  ladicte  royne  s'en  doibt  con- 
tenler  et  cuide  qu'elle  l'acceptera,  si  elle  a 
quelque  bonne  volonté  d'entendre  audict  ma- 
riage, et  qu'en  bref  nous  y  verrons  clair,  vous 
priant  de  rechef  y  travailler  el  résoulilre,  s'il 
vous  est  possible,  ledict  poincl  de  la  religion, 


ERINË  DE  MÉD1GIS. 

ainsi  que  le  vous  escript  le  Roy  mondict  sieur 
et  filz,  car  cesluy  là  bien  vuidé,  comme  je 
vous  prie  faire  bienlost,  l'on  s'accommodera 
avsément  sur  les  antres  poinetz  et  aussi  sur 
l'entrevue.  Le  sieur  comte  de  Wolceslre  et  le 
sieur  de  Walsingham  ont  esté  d'advis  que 
j'escrivisse  de  ma  main  une  honneste  lettre  à 
ladicte  royne,  ce  que  j'ay  faict  par  ledict  sieur 
comte.  Je  vous  en  envoyé  deux  «pie  j'escrils 
auxdicls  comte  de  Leicester  et  grand  trésorier, 
lesquelles  vous  verrez  et  puis  les  refermerez 
pour  après  les  leur  bailler  vous  mesme,  el 
vous  en  servir  au  faict  dudict  mariage  princi- 
pallement.  Je  vous  recommande  ces  deux 
affaires  là  autant  qu'il  m'est  possible;  car 
elles  sont,  comme  vous  sçavez,  très  importantes 
et  vous  ferez  ung  très  grand  service  au  Roy 
mondict  sieur  et  filz  et  à  mon  filz  d'Allençon 
et  à  moy,  qui  ne  l'oublieray  jamais,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  levnc  jour  de  février  i  073. 

Caterine. 


1573.  —  8  février. 

(iopie,  Biltl.  nat.  fonds  français,  n°  i6io5,  f°  aS. 

A  MONSIEUR  DE  SAINT-GOUABD. 

Monsieur  de  Saint  Gouard,  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  et  mov  sommes  très  contentz 
de  vostre  prudence  el  dextérité.  C'a  esté  sa- 
gement faict  de  faire  parler  en  la  manière  que 
le  m'avez  mendé  le  général  des  Cordeliers.  Ce 
sont  les  moyens  desquelz  il  se  fault  servir  par 
delà,  combien  que  l'on  rongnoisse  \  prouf- 
fiter  fort  peu;  à  loul  le  moins  l'on  jugera 
par  là  ce  qu'il/,  ont  dans  le  cœur  ;  en  quoy  je 
ne  me  suis  jusques  à  présent  trouvée  déceue. 
Toutesfois,  s'il  s'en  offre  encores  de  semblables, 
vous  regarderez  de  vous  en  ayder  aussi  sage- 
ment que  vous  avez  faict  de  cesle-cy  et  mecle- 


LETTRES  DE  CATHE 

rons  peyne  de  suivre  nostre  conseil ,  c'est  assa-    I 
voir,  ù  leur  exemple,  faire  nostre  prouiïict  de 
toutes  choses,  priant  Dieu  ,  .Monsieur  fie  Sainl- 
Gouard,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
A  Paris,  le  vin  lévrier  i  5 7 3  ^^ . 

Caterine. 


1571!.  —  g  février. 

Orig.  Jïritisli  Muséum,  n°  20779. 

V  TRÈS  HAULTE,  TRÈS  EXCELLENTE 
ET  TRÈS  PUISSANTE  PRINCESSE, 

NOSTRE  THES    CHÈRE   ET    TRES    (NIÉE  BOSSE    SEIR   ET  CODSINE 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haulte,  très  excellente  et  très  puissante 
princesse,  nostre  très  chère  et  très  aînée  bonne 
sœur,  l'arrivée  par  deçà  du  sieur  comte  de 
Wolcestre  présent  porteur  nous  a  esté  fort 
agréable,  tant  pour  la  bonne  occasion  sur  la- 
quelle il  a  esté  envoyé  de  vostre  part,  dont 
nous  vous  remercions  aultant  affectueusement 
qu'il  nous  est  possible,  que  pour  l'espérance 

1  Pour  l'intelligence  de  celle  leltre,  voici  ce  que  Saint- 
Gouard  avait  écrit  à  Catherine  le  G  janvier  précédent  : 
«Il  est  venu  icy  le  général  des  Cordeliers,  lequel  est 
Françovs  et  que  Vos  Majestés  congnoissent  pour  luy  avoir, 
ainsy  qu'il  m'a  dict,  parlé.  Je  feuz  très  aise  qu'il  l'ust  ar- 
rivé avecques  si  bonne  réputation  et  j'entendis  que  sa 
bonne  vie  luy  donnoyt  crédit!  vers  !e  lloy  Catliolicque, 
auquel  je  ne  voulus  qu'il  allasl  parler  ny  baiser  les  mains 
que  premier  je  n'eusse  sceu  quel  homme  ce  seroyt  et 
l'adverliv  de  ce  qu'il  esloyt  besoing  qu'il  feist  comme 
subject  et  serviteur  de  Vos  Majestez,  de  manière  que, 
l'ayant  bien  trouvé  disposé  à  recevoir  le  party  que  je  luy 
mectoys  aux  mains,  il  fut  trouver  le  Roy,  lequel  le  vit 
et  reçut  voiuutiers  et  luy  ayant  traicté  des  affaires  de  sa 
charge,  autant  qu'il  en  esloyt  hesoing,  il  l'admonesta, 
pour  enlrer  de  plus  loin  au  propos  dont  je  l'avoys  chargé 
à  faire  tout  devoir  contre  les  Turcz.  et  que  aussi  il  tint 
la  main  à  diligemment  garder  l'union  et  amitié  qui 
estent  enlre  vos  deux  couronnes  comme  le  vray  moyen 
du  bien  de  toute  la  chrestienté,  et  qu'il  y  avoil  deux  ans 


RINE  DE  MEDIGIS.  165 

qui  nous  demeure  que  le  bon  office  qu'il  a  faicl 
de  tenir  en  vostre  nom  nostre  petite-fille 
sur  les  sainclz  fonts  de  baplesme  confirmera 
etasseurera  d'aultant  plus  la  bonne  amytié  et 
intelligence  d'entre  ces  deux  couronnes  de 
France  et  d'Angleterre  ;  à  quoy,  si  nous  avons 
tousjours  monstre  désir  apporter  de  nostre 
costé  tout  ce  qu'il  a  esté  possible,  nous  en 
sommes  encore  en  volonté  de  continuer  de 
mesme,  vous  priant  voulloir  aussi  de  votre 
part  en  user  réciproquement,  comme  le  veult 
noslre  commune  amytié,  et  Dieu,  juge  de  nos 
intentions,  fera  qu'elle  prospérera  et  tournera 
au  bien  de  toute  la  chrestienté,  comme  vous 
pourrez  entendre  plus  particulièrement  du 
conte  de  Wolceslre,  sur  lequel  nous  en  re- 
mettant, nous  prions  Dieu,  très  haulte,  très 
excellente  et  très  puissante  princesse,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  ixc  jour  de  février  1 573. 

Vostre  bonne  sœur  et  cousine, 

Caterine. 
Pinart. 

qu'il  n'avoyt  veu  Vos  Majestez,  mais  que  de  ce  temps  là  il 
les  avoyt  trouvées  tout  disposées  en  l'exécution  du  faict 
advenu;  qu'il  s'esbabissoit  comme  l'ire  de  Dieu  n'esloyt 
tombée  ou  ne  tomboit  sur  ceulx  lesquelz  vonlloient 
obscurcir  l'honneur  que  Vos  Majeslez  méritoient  pour 
avoir  advancé  par  le  faict  tant  d  •  bien  à  toute  la  chres- 
tienté, et  qu'il  avoyt  entendu  que  quelques  nngs  de  ses 
ministres  et  principalement  ceulx  qui  en  recueilloient  le 
premier  fruict  s'y  comportoyent  très  mal,  et  de  telle 
sorte  qu'il  seroyt  danger,  si  l'on  n'y  retnédioyt,  comme  la 
raison  le  veult,  que  ayant  affaire  à  un  jeune  roy  brave 
et  expérimenlé  et  qui  congnoist  ses  forces,  que  le  zèle 
que  Vostre  Majesté  a  à  l'union  des  deux  [couronnes]  ne 
demeuras!  foible  de  raison  pour  la  maintenir,  comme  elle 
a  tousjours  faict.»  Venant  à  la  réponse  faite  par  Phi- 
lippe Il  audit  général  des  Cordeliers,  il  dit  qu'elle  élait 
louteà  l'éloge  du  Roi  rrpour  un  fait  qu'il  ne  pnuvoit  assez 
louer»;  et  pour  finir  il  ajoule  :  sj'avois  pris  ce  chemin, 
Madame,  pour  voir,  s'il  y  avoit  lieu  de  faire,  comme  ils 
font,  qui  est  de  faire  prouiïict  de  toutes  choses  sainctes  ou 
profanes».  (Bibl.  nat.,  fonds  fiançais,  n"  i6io5,  I"  io.) 


166 


LETTRES  DE  CATH 


1573.  —  10  février. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3ig3  ,  f  60. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin ,  saichant  conbien  mon  fils  et 
ses  frères  vous  aymet  et  honoret,  say chant  que 
aytes  astheure  auprès  de  luy,  je  né  vollu  fail- 
lir vous  fayre  cet  mot  pour  vous  prier  de 
leur  volouyr  servir  de  père  et  leur  remonstrer 
le  tort  qu'il  set1  feroyt  de  se  hasarder  corne 
les  comeuns  et  qui  ne  sont  cet  que  yl  sont  tous 
trovs,  et  à  mon  filz,  aystant  lieutenant  géné- 
ral pour  son  frère,  s'il  venoyt  hà  estre  blessé, 
le  ceour2  qu'il  donneroyt  aux  ennemis  et  le 
désordre  qu'i  mestroyt  en  tout  ce  royaulme. 
Je  vous  prie,  mon  cousin,  ynsin  que  j'é  fiense 
en  vous,  y  fayre  tous  les  bons  aufise  que  je 
sav  que  désirés  en  sela  et  vous  me  donnerés 
de  plus  en  plus  aucasion  de  m'employer  et 
embrasser  tout  cet  que  vous  touche  et  en  quoy 
me  voldrés  employer.  Je  prie  Dieu  que  bien 
tost  puision  estre  hors  de  cete  pouyne,  et 
que  cete  Rochelle  puisse  aystre  en  l'aubéis- 
sance  du  Roy,  et  qu'il  vous  douynt  cet  que 
désirés. 

De  Paris,  cet  x"  de  febvrier  1673. 

Vostrc  bonne  cousine, 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

tendre  par  les  vostres  des  novelles  de  mon  fils 
et  de  ses  frères,  etaussy  de  Testât  des  affaires 
au  vous  aystes.  El  pour  se  que  ledict  conte 
vous  dire  des  nostres  de  desà  et  des  nostres 
particulières,  au  il  s'el  bien  employé,  je  ne 
vous  fayréla  présente  plus  longue,  me  remec- 
tant  sur  luy,  et  fayré  fin  prient  Dieu  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  cet  xe  février  1673. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  10  février. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  u°  3lo3,  f°  8A. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  encore  qu'il  ne  faille  neule 
letre  au  ayst  la  sulhsanse  du  conte  de  Rets, 
sy  n'èje  voleu  léser  de  vous  fayre  cet  mol 
pour  vous  dire  le  plésir  que  cet  m'est  d'en- 

1  Sel ,  so. 

!   Ceour,  cœur. 


1573.  —  1  a  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3369,  f'  \h. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  puisque  vous  continuez, 
comme  j'ay  veu  par  voz  lectres  du  xxne  jour 
du  moys  passé  en  la  délibération  que  vous 
avez  prise  d'aller  trouver  mon  filz  le  duc  d'An- 
jou, vous  le  pourrez  faire,  quand  il  vous  plai- 
ra; mais  je  vous  prie  que  ce  soit  en  telle  dis- 
position qu'il  n'en  puisse  mesadvenir  à  vostre 
personne,  ainsi  que  nous  vous  avons  escripl 
par  nos  précédentes  lectres.  Quant  à  moy,  je 
suys,  grâces  à  Dieu,  du  tout  hors  de  ma  mal- 
ladye  et  commence  desjà  à  me  promener  et 
prendre  l'air  sans  toutesfoys  nie  trop  advan- 
cer  pour  ne  me  sentir  encore  assez  forte  et 
n'estre  conseillée  de  ne  me  haster.  Et  pour  ce 
que  vous  verrez  par  les  lectres  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  ce  que  je  sçaurois  dire  pour 
responce  de  vosdictes  lectres,  je  ne  vous  feray 
cest-cy  plus  longue  que  pour  prier  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escripl  à  Paris,  le  xn  febvrier  i&73. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catemne. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


167 


1573.  —  i3  février. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3kj3  ,  f°  S8. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mou  cousin,  j'é  vou  voslre  lettre  que  je 
renvoy  par.  La  Patodière  à  Monsieur  de 
Lanssac,  affin  qu'il  vous  aile  trover  et  regar- 
der cet  que  désirés;  car,  de  moy,  je  n'y  ay 
fayst  faire  que  aullent  que  vos  jeans  m'on 
poursuyvie,  et  désirent  en  sortir,  ay  comeudé 
au  miens  de  me  guarder  mon  bon  droyt,  et 
si  enn  avié  milleur  que  moy,  qu'i  lesse  fayre 
!a  joustice;  car  je  sayré  ausi  marrye  que, 
pour  aystre  la  mère  du  Roy,  l'on  ne  vous  fist 
joustice,  corne  je  feuse  la  moyndre  de  ce 
royaulme,  set  enguardent  mon  droyct,  je  ne 
veu  poynt  que  l'on  fase  tort  au  vostre.  De 
cet  que  La  Patodière  m'a  dist  touschent  les 
afayres  de  Bretaigne  pour  le  servise  du  Roy, 
je  lu  y  enn  é  respondeu  cornent  je  say  aystre  sa 
volante,  et  plet  à  Dieu  qu'il  fust  déjeà  fayst, 
lequel  je  prie  vous  donner  cet  que  désirés. 

De  Saynt-Germayn-en-Laye,  cet  xni°  de 
febvrier  1573. 

Vousaurés  entendeu  cet  qu'il  avint  arsouir; 
ne  vous  en  mestés  en  pouine,  car  le  Roy  a 
remeddié  à  tout. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  i3  février. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17972,  f"  60. 
Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Caslehiau  ,  t.  III ,  p.  396. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Molhe,  je  vous  prie  sur 
tous  les  plaisirs  que  désirez  me  faire  d'esclair- 
cir  si  bien  la  royne  d'Angleterre,  ma  bonne 
sœur  et  cousine,  des  particularitez  contenues 
en  la  lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz  qu'elle 


ne  demeure  plus  es  opinions  que  l'on  luy  im- 
prime et  qu'elle  doibt  croire  que  l'on  luy 
dict  par  artifice  expressément  pour  altérer 
l'amitié  d'entre  elle  et  nous ,  qui  serons  en 
toutes  choses  que  luy  avons  promises  fort  vé- 
ritables. Si  vous  pouvez  tant  fayre  que  d'ac- 
corder l'article  de  la  religion  pour  mon  fils  le 
duc  et  les  François  qui  seront  avec  luy,  ce 
sera  un  grand  commencement  et  espérance  que 
tous  les  autres  articles  seront  après  bien  aysez 
à  accorder.  Je  vous  prie  y  travailler  et  y  faire 
tout  ce  qui  vous  sera  possible,  avec  asseu- 
rance  que  jamais  homme  de  vostre  qualité 
ne  list  service  plus  agréable  que  vous  ferez 
•  au  Roy  monsieur  mon  filz  et  à  nous  tous, 
el  particulièrement  à  mondict  filz  d'AHençon, 
qui  vous  en  aura  une  grande  obligation  qu'il 
ne  faudra  jamais  de  recognoistre  envers  vous 
et  les  vostres,  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 
Molhe,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,   ce   xni*  jour  de   février 

i573. 

Caterine. 


1573.  —  16  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ao5,  f°  5i. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
deslibéré  d'envoyer  le  sieur  de  Saint-Supplice 
par  delà  pour  faire  entendre  de  vive  voix  à 
ses  subgectz  le  désir  qu'il  a  de  les  conserver  et 
leur  donner  toute  l'assurance  de  leurs  vyes"  et 
joyssance  de  son  dernier  édict  de  paciilicatioa 
qu'il  peult  faire.  En  actendant  qu'il  parte,  il 
vous  renvoyé  Le  Bellay  affin  que  vous  laciez 
sçavoir  à  sesdicts  subjeetz  la  résolution  qu'il  a 
prise  de  dépescher  ledict  sieur  de  Saint-Sup- 
plice et  que  vous  advisiez  avecques  eulx  de 


1Gb 


LETTRES  DE  CATHERIISE  DE  MÉDIC1S. 


prolonger  cependant  la  suspension  d'armes, 
allin  que  ne  se  (ace  rien  qui  aigrisse  davan- 
tage les  choses.  Je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
vous  a\oir  en  sa  saincle  garde. 

De  Sainct-Germain-en-Laye,  le  xim  de  fé- 
vrier 1 57.3. 

Voslre  bonne  cousine. 

Gaterine. 


1573.  —  i.j  février. 
Orig.  Uibl.  nat.  (omis  français,  n"  3uG&,  f°  48. 

V  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  je  vous  prie,  sui- 
vant ce  que  le  lîoy  monsieur  mon  lilz  vous 
escript,  donner  ordre  qu'en  vostre  charge 
tout  soit  Lieu  adverli  que  les  hérétiques  et 
liuguenots  de  toutes  nations,  qui  sont  en  si 
grand  nombre  de  vaisseaulx  sur  mer,  comme 
nous  eu  avons  advis,  ne  puissent  faire  aucune 
surprime  ou  descente;  mais  que  ce  soit  avec 
telle  discrétion  (comme  vous  en  sraurez  très 
bien  user),  que  ceulx  qui  sont  retournés 
d'Angleterre  et  les  autres  qui  ont  esté  de  la 
nouvelle  religion  ne  rentrent  en  double  ou 
craincte  que  l'on  leur  veuille  faire  déplaisir; 
car  au  contraire  le  Roy  mondict  sieur  et  lilz 
les  veult  maintenir  et  conserver  en  repos, 
quand  ils  se  comporteront  doulcement  et  se 
coulormeront  à  sa  volonté,  priant  Dieu  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xv°  jour  de  febvrier 
1Û73. 


Caterine. 


PlNART. 


1573.  —  1O  lévrier. 

Ori(j.  Uibl.  nat.  fonds  français,  n°  3a5/i ,  f°  30. 

A  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mou  cousin,  nous  ne  sçaurions  avoir  trop 


de  contentement  du  grand  et  labourieuv  deb- 
voir  que  vous  avez  faict  en  vostre  gouverne- 
ment pour  l'exécution  de  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  lilz  pendant  que  vous  y  avez 
esté;  car  vous  y  avez  si  bien  faict  qu'il  n'est 
possible  de  niieulx,  et  pour  ce  que  vous  verrez 
par  les  leclres  que  le  Roy  mondicl  sieur  et 
lilz  vous  escript  ce  qui  se  peult  dire  à  vos  dé- 
pesebes  du  .\xuic  du  passé,  vme  et  \cdu  pré- 
sent, je  n'eslendray  la  présente  davantaige 
que  pour  vous  dire  que,  lors  de  la  réception 
de  la  dernière,  mon  cousin  le  mareschal  de 
Cossé  nous  avoit  desjà  escript  pour  l'abbaye 
de  Saint  Jehan  près  de  Touars  et  luy  avons 
accordé  la  réserve  qui  a  empesché  que  n'en 
avez  eu  l'expédition  qu'en  demandiez,  vous 
asscurant,  mon  cousin,  qu'il  ne  vous  sera  ja- 
mais desnyé  chose  que  nous  puissions  qui 
soit  pour  vous  donner  contentement;  sur  ce  je 
prie  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvi  février  1673. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  16  février. 

Imprimé  dans  la  Gorrttpondmee  diplomatique  de  ta  Motlie-t'éntlon. 
t.  III,  p.  4o6. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  vous  esclaircit  si  amplement  de  son 
intention  qu'il  n'est  besoin  vous  en  faire  re- 
dicte. Aussi  ne  sera  ceste-ci  que  pour  vous 
prier  presser  le  plus  que  vous  pourrez  le  faict 
dudict  mariage,  et  toutefois  si  à  propos  que 
nous  y  puissions  voir  clair  le  plus  tost  qu'il 
sera  possible,  et  au  demeurant  entretenir  si 
bien  la  royne  d'Angleterre  que,  si  elle  esloit 
persuadée  et  qu'elle  cust  quelque  mauvaise 
volonté  de  nous  faire  entretenir  à  la  guerre. 


LETTRES  DE  CATH 

qu'elle  puisse  changer  sa  délibération  et  se 
résouldre  à  nous  aimer  connue  nous  l'aymons 
de  nostre  costé ,  de  tout  bon  cueur,  et  quelle 
et  nous  observions  et  entretenions  nostre  der- 
nier traicté  entièrement.  Je  vous  recommande 
aussi  les  affaires  d'Ecosse  à  quoy  il  est  néces- 
saire qu'ayez  soigneusement  l'œil,  et  nous 
sera  plaisir  que  nous  donniez  incontinent  avis 
de  Testât  où  s'y  retrouvent  toutes  choses; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe-Fénelon, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvi°  jour  de,    febvrier 
i573. 


ERINE  DE  MEDICIS. 


1573. 


109 


17  février. 


Caterine. 


PlNART. 


1573.  —  17  février. 

Copie,  liibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  fais  une  petite  dé- 
pesche  à  l'évesque  de  Valence  pour  l'exciter 
à  nous  mander  des  nouvelles  du  lieu  où  il 
est 1,  le  plus  souvent  qu'il  pourra  et  les  adres- 
ser par  la  voye  de  Cracovie  à  Venise,  vous 
priant  de  luy  faire  tenir  ladiste  dépesche 
seu rement  et  nous  envoyer  celles  qu'il  vous 
adressera  en  la  mesme  seureté,  qui  est  tout 
le  sujet  de  ce  petit  mot  que  je  finiray  en  su- 
pliant  le  Créateur,  Monsieur  du  Ferrier,  qu'il 
vous  ait  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvnc  jour  de  février 
1  5  7  3 . 

Caterine. 
Brulart. 

1  11  était  alors  en  Pologne  à  Conin.  qu'il  ne  quitta 
que  pour  se  ivndre  à  Varsovie  dans  les  premiers  jours 
d'avril  alin  «l'assister  à  la  diète  d'élection. 


Catherine  de  Médius.  —  iv. 


Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366,  f°  64  v 

V  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur 
mon  tilz  fait  responce  à  voz  lettres,  vous  ad- 
visanl  de  ce  qu'il  mande  au  sieur  d'Aqs l  et  est 
besoin  de  faire  pour  parvenir  ii  ce  que  l'on  dé- 
sire. Vostre  affection  et  prudence  est  tant  co- 
gneuc  que  j'eslimerois  vous  faire  tort  en  vous 
recommandant  davantage  ce.  qui  est  pour  le 
service  dudicl  sieur  Roy  mon  filz  et  le  bien  de 
ses  affaires  cl  de  la  Seigneurie,  priant  Dieu  . 
qu'il  vous  ayt,  Monsieur  du  Ferrier,  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvnc  jour  de  février 
15.73. 

Caterine. 

Neufville. 


1573.  —  18  février. 

Copie.  Bibi.  nat.  Cinq  cents  Colbert.  n°  338,  p.  61. 

A  MONSIEUR  L'ÉVESQUE  DE  VALENCE. 

Monsieur  de  Valence,  l'ambassadeur  d'An- 
gleterre, qui  est  icy  résident,  a  dict  à  quel- 
q'un  qu'il  avoit  entendu  des  nouvelles  de  Po- 

1  Charles  IX  dans  sa  lettre  parle  de  son  intervention 
à  l'effet  de  ménager  la  paix  entre  les  Vénitiens  et  le 
Grand  Seigneur,  et  il  ajoute  :  «Pour  le  faict  de  la  Po- 
logne ledict  sieur  d'Aqs  se  conduira  suivant  la  dépesche 
de  Germiny',  le  duplicata  de  laquelle  je  lui  envoyé  et 
qu'il  ait  bonne  intelligence  et  correspondance  avec  te 
sieur  de  Valence,  qui  est  par  delà.  Quant  au  faict  de  la 
ligue  b  je  n'y  puis  nullement  entrer  et  je  les  en  asseure, 
estant  très  aise  pour  toutes  ces  raisons  que  ledict  sieur 
d'Aqs  ait  pris  la  résolution  de  s'en  retourner  par  delà,  n 
(Même  volume,  f  6a.) 

1  Germiny  avait  porté  des  instructions  a  l'évéque  de  Das.  Voir 
Cbari'ière.  Négociations  de  la  France  dans  le  Levant,  t.  III,  p.  33o, 
et  suiv. 

b  La  ligue  catholique  que  le  cardinal  Ursin ,  légat  du  pape, 
était  venu  lui  proposer. 

IHPR'.HtniE     NATIONALE. 


170 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


loiguc,  par  lesquelles  il  se  dict  que  l'Empereur 
monsieur  mon  bon  frère  pense  avoir  meil- 
leure pari  (pie  jamais  à  l'esleclion  pour  l'ar- 
chiduc Ernest,  ayant  gagné  par  pre'sens  le 
Lasky  ',  qui  est  homme  qui  se  ronduict  par 
tel  moyen;  lequel,  bien  qu'il  soit  protestant 
de  cœur,  monstre  en  aparence  d'estre  catho- 
licque  et  de  voulloir  faire  en  cesle  considé- 
raient tous  bons  ollircs  pour  ledict  .archiduc, 
avec  cela  l'on  dict  qu'il  croyt  beaucoup  en 
une  femme,  pour  l'aimer  grandement,  et 
qu'elle  peult  infiniment  à  le  faire  tourner  en 
telle  part  qu'elle  vouldra,  qui  est  cause,  Mon- 
sieur de  Valence,  que  je  vous  ay  bien  voullu 
donner  advis  de  ce  que  dessus,  et  vous  dire 
que,  estant  la  puissance  dudit  Lasky  bien 
grande,  ainsi  que  l'oncle  nous  a  faict  en- 
tendre, actendu  qu'il  a  les  forces  et  grand 
crédit  au  pays,  je  désire  que  vous  regardiez 
de  le  gaigner  avec  les  mesmes  moyens  qu'il 
veult  estre  praticqué  et  mesmes  pour  celluy 
de  ceste  femme,  à  laquelle  vous  regarderez  de 
faire  pour  cest  effect  quelques  honorables  pré- 
sens et  promesses,  si  bien  que  vous  puissiez 
la  disposer  à  persuader  ledict  Lasky  envers 
lequel  elle  a  grande  puissance,  à  faire  entiè- 
rement en  ceste  élection  pour  mon  filz  le  duc 
d'Anjou  ;  en  quoy  je  vous  prie  de  ne  rien  es- 
parguer  selon  le  désir  que  le  Roy,  Monsieur 
et  moy  2  avons   de  veoir  la  chose  réussir  à 

1   Albert  Laski,  palatin  do  Siradie,  un  de  ceux   qui 
contribua  le  pins  à  l'élection  du  duc  d'Anjou. 

t  ne  lettre  de  Charles  l\  à  M.  de  Saint-Gouard , 
datée  du  29  du  même  mois,  nous  fait  connaître  les  diffi- 
cultés que  rencontrait  l'élection  de  son  frère  le  duc 
d'Anjou  au  trône  de  Pologne,  difficultés  suscitées  sui- 
1  <>i  1 1  par  le  mauvais  vouloir  des  Espagnols:  rrje  n'ay  eu 
peu  de  peyne,  écrivait-il,  pour  remédie  3  leurs  arti- 
fices, ayant  pulilié  et  voulu  faire  croire  par  le  monde 
que  iion>  avions  juré  ensemble  la  ruyne  de  tous  ceulx 
ijiii  font  profession  d'autre  religion  que  de  la  uoslre,  et 
(|ue  ce  que  j'avois  faict  estoil  avecques  eulx  prémédité  de 


une  heureuse  fin'.  Et,  pour  ce  que  nous  au- 
rons à  singulier  plaisir  d'entendre  souvent  des 
nouvelles  du  succès  des  affaires  de  ce  costé- 
là,  en  quel  estât  ilz  seront,  et  quel  progrès  ou 
retardement  ilz  prendront,  je  vous  prie, 
Monsieur  de  Valence,  que  vous  nous  en  écri- 
viez souvent2,  bien  quece  ne  deust  estre  pour 
occasion  de  grande  importance,  donnant 
adresse  à  vos  dépesches  par  l'ordinaire  qui 
vient  de  Cracovie  à  Venize,  ainsi  qu'il  vous  a 
esté  cy-devant  escript,  ayant  mandé  au  ^ieur 
du  Ferrier  de  m'envoyer  incontinent  vos  pa- 
quetz,  qui  est  tout  ce  que  j'ai  à  vous  dire.  Ce- 
pendant je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Valence, 
vous  avoir  en  sa  sainetc  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvin"  jour  de  febvrier 
i573. 

Caterinb. 


1573.  —  91  février. 
Copie.  Bibl.  oat.  Cinq  cents  Cotbert,  n"  366,  p.  86. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  faict  si  ample  responce  à  \o<tre  der- 
nière par  celle  qu'il  vous  faict  présentement3. 

longtemps.  Au  faict  leurs  persuasions  ont  esté  receues  pour 
si  fort  vraisemblables,  eslans  confortées  d'ailleurs  et  ve- 
nans  de  ceulx  qui  sont  envoyez  vers  moy,  que,  si  la  pure 
vérité  n'eust  de  soy  eu  assez  de  force  pour  surmonter 
son  contraire,  j'estime  qu'il?,  feussenl  parvenuz  au  dessus 
de  leurs  intentions,  et  que  ilz  ne  m'eussent  seullemenl 
esloigné  et  distrait  l'amytié  de  la  royne  d'Angleterre  et 
des  princes  d'Allemagne  et  autres  protestons,  mais  ilz  s.' 
la  feussent  acquise  et  asseurée  à  mon  détriment.-!  (iiibl. 
nat.,  fonds  français ,  n"  i6io5,  P  i5.) 

1  Voir  les  dépêches  de  l'évéque  de  Valence  dans  le 
n°  338  des  Cinq  cents  du  fonds  Colbert. 

2  Voir    la    lettre    de    Charles    I\     à     Saint-Gouard 
du  sa   février.  (Iiibl.  nat.,  fonds  français,  n"  îliioô.) 

'  Après  l'avoir  entretenu  de  l'affaire  de  la  Mirande, 
Charles  l\   aborde  la  question  de  la   Pologne  :  tJe  suis 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


171 


par  laquelle  il  nous  mande  bien  au  long  des 
nouvelles  de  par  deçà  et  escrit  bien  particul- 
ièrement ce  qu'il  désire  que  vous  faeiez  pour 
son  service  que  je  n'y  sçaurois  rien  adjousler 
davantage,  sinon  pour  vous  prier  de  continuer 
à  nous  faire  sçavoir  souvent  de  vos  nouvelles, 
priant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier,  vous  avoir 
en  sa  saiucle  garde. 

bien  aise  de  ce  que  te  sieur  de  l'isle  "  a  envoyé  au  nonce 
du  Pape  résident  eu  Pologne  la  lettre  de  Sa  Saincteté, 
combien  que  j'estime  que  Balagny,  qui  a  trop  demeuré  par 
ies  chemins  et  avec  peu  de  respect  de  mes  commande- 
ments, l'aura  douve  bien  avancé.  J'ay  bien  considéré  la 
cause  de  la  nouvelle  espérance  que  les  Impériaux  et  Es- 
pagnols ont  conceue  de  l'élection  au  trosne  de  Pologne  du 
filz  de  l'Empereur  et  combien  qu'elle  soit  avec  quelque  ap- 
parence, toutesfoisje  n'estime  que  ses  ministres  ayentfaict 
les  promesses  au  préjudice  du  Moscovite  b  que  m'escripvez, 
ce  qu'ils  auraient  laid  tropindiscrètement  et  sans  comman- 
dement. Je  ne  double  pas  que  lesdicts  Impériaux  ne  s'aident 
de  toutes  inventions  pour  rendre  ma  poursuite  odieuse,  et 
mesinement  sur  ces  occasions,  loutesfois  j'espère  que  la 
vérité  effacera  toutes  les  opinions  sinistres  qu'ilz  auront 
par  leurs  artifices  imprimées  ;  en  quoy  serviront  les  dé- 
claratons  et  arrêts  que  vous  avez  traduits  du  latin,  et 
envoyés  en  Pologne,  et  en  effect  cognoistront  comme 
mon  frère  s'est  monstre  prompt  et  dilligent  à  punir  et 
l'aire  chastier  ceux  qui  avoient  conspiré  contre  ma  per- 
sonne et  mon   Estât,  qu'il  le  sera  encore  plus  à  rece- 
voir bénignement  ceux  qui  ont  levé  les  armes  contre  mes 
intentions,  s'ilz  se  mettent  en  tel  devoir  qu'il  appartient, 
comme  il  faict  ce  qu'il  peult  pour  les  y  faire  condes- 
cendre, ayaut,  depuis  qu'il  est  arrivé  au  camp  de  la  Ro- 
chelle, envoyé  par  devers  les  Rochellois,  avant  que  de 
passer  encore  à  la  force,   les  admonester  de  se  reco- 
gnoistre,  leur  promectant  le  plus  gracieux  traictement; 
de  quoy,  en  une  sorte  ou  autre,  j'espère  avec  l'aide  de 
Dieu ,  par  la  prudence  de  moudict  frère ,  tout  heureux  suc- 
cès, ayant  depuis  peu  faict  remorquer  dedans  le  canal 
du  port  une  grande  caraque  avec  plusieurs  autres  vais- 
seaux remplis  de  pierres  et  de  terre  pour  gaster  ledict 
port ,  et  à  la  laveur  de  deux  forts  qu'il  a  faict  construire 
aux  deux  portes  de  l'embouchure  d'icelluy  empescher 
qu'il  ne  puisse  estre  aucun  secours  par  mer  en  ladicle 
ville. »  (Même  volume,  f"  83  et  suiv.) 

■  Gilles  de  Noailles. 
'■  Yvan  IV  le  Terrible. 


Escript  à    Paris,    le    xxi0  jour  de    février 
i573. 


Caterixe. 


De  Neufville. 


1573.  —  22  février. 
Orig.  Bibl.  nal.  collect.  Dupuy,  Q°  8ui,  f°  107. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PIlEMIEr.    PRESIDENT    EN    SA    COtiliT    DE    PARLEMENT    DE    P1B1S. 

Monsieur  le  Président,  pour  ce  que  je  dé- 
sire que  le  sieur  du  Molay,  qui  avoit  durant 
les  derniers  troubles  la  cbarge  de  marescbal 
du  régiment  de  feu  Monsieur  de  Marligues,  soit 
promptement  expédié  du  procès  qu'il  a  pen- 
dant en  la  court  de  Parlement  contre  maistre 
Guillaume  Godeffroy  et  que  son  bon  droict 
luy  soit  conservé,  je  vous  ay  bien  voullu 
escripre  la  présente  pour  le  vous  recomman- 
der et  vous  prier  luy  fayre  la  meilleure  et  plus 
briefve  expédition  qu'il  vous  sera  possible, 
ayant  l'équité  de  sa  cause  en  telle  et  si  bonne 
recommandation  que  l'issue  qu'il  en  attend 
soyt  telle  qu'il  la  désire,  comme  je  m'asseure 
que  vous  sçaurez  très  bien  faire,  priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxiic  jour  de   febvriei 

i573. 


Cateri:ve. 


Chantereau. 


1573. 


•2  3  février. 


Copie.  Bibl.   nat.  fonds  français,  u"  17973  ,  f°  6'i. 
Imprimé  dans  les  Additions  ma  Mémoires  de  Castehum,  l.  III ,  p.  Soi. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  j'ay  receu  vos  deux 
dépesches  des  xim  et  xvi  du  présent  mois, 
lesquelles  je  feray  voir  au  Roy  mon  tilz  pour 
après  vous  y  faire  responce,  ayant  le  double 


172 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


d'iceiles  envoyé  cependant  à  mon  iiiz  le  duc 
d'Anjou,  affin  qu'il  sr>îl  advérty  de  tout  ce 
que  nous  escrivez,  qui  est  de  très  grande  ini- 
portance  et  à  quoy  il  faultque  vous  ayez  l'œil 
sy  ouvert  que  nous  puissions  voir  et  entendre 
les  délibérations  d'icelle  royne,et  des  princes 
mentionnez  par  vozdictes  lettres  et  aussi  des 
déportements  de  ceux  des  subjectz  du  Rov 
mondict  sieur  et  lilz  qui  sont  par  delà,  et 
n'estant  la  présente  à  autre  fin,  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  la  Mothe,  vous  avoir  en  sa  saincte 
e(  digne  garde. 

Escript  ;i  Saint-Germain-en-Laye,  ce  xxm" 
février  i  Ti^;!. 

CiTERINE. 


1573.  —  a 5  février. 

Orig.  Biltt.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  XX,  f°  5a. 
A  MON  FILZ 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  en  actendant  que  j'aye  faict  veoir 
au  Roy  vostre  frère  deux  dépesches  que  j'ay 
ce  malin  receues  du  sieur  de  la  Mothe-Féne- 
lon,  son  ambassadeur  en  Angleterre,  et  que 
j'aye  sur  icelles  prins  résolution  avecq  luy  sur 
les  advisque  nous  donne  le  sieur  de  la  Mothe, 
jay  ad  visé,  avant  partir  d'icy,  de  vous  en  en- 
voyer les  doubles1,  que  vous  trouverez  enclos 
en  ce  pacquet,  vous  priant  les  bien  consi- 
dérer et  adviser  de  baster  le  plus  qu'il  vous 
sera  possible  la  réduction  de  la  Rochelle  en 
l'obéissance  de  mondict  sieur  et  filz  vostre 
frère2,  y  proceddant,  comme  vous   avez   si 

\"ii  les  deux  dépesches  dans  le  tome  V  de  la  Cor- 
respondance de  In  Molki'-Fènelon,  p.  «53  et  a58. 

2  Le  ai  de  ce  même  mois  le  duc  d'Anjou  avail  écril 
au  Roi  son  frère  :  trJe  ne  pense  avoir  rien  obniis  à  vous 
représenter  de  ce  qui  est  passé  en  vostre  armée  jusque* 
alor- :  entre  aultres  choses  vous  vous  trouverez  entière- 
ment salislairl  sur  le  contenu  de  vostre  dernière  du  xiii" 


bien  commencé  et  par  amour  et  par  force; 
car  oultre  le  grant  bien  que  vous  ferez  à  ce 

de  ce  moys,  sur  laquelle  il  vous  plaist  me  faire  entendre 
la  continuation  de  vostre  désir  et  intention  de  ne  rompre 
et  perdre  l'occasion  avecq  ceux  de  la  Rochelle  de  les  ra- 
mener  par  la  voye  de  doulceur  et  clémence  à  la  reco- 
gnoissance  du  debvoir  dont  ilz  vous  sont  lenuz,  d'aul- 
lant  que  les  lettres  que  j'ay  escriptes  à  ceulx  de  ladicte 
ville  et  à  la  noblesse  qui  s'y  est  retirée  vous  feront 
cognoistre  qu'il  n'a  rien  esti;  <>uM\é  de  ce  cousté,  et 
néanlmoins  qu'elles  n'ont  peu  enenres  avoir  assez  de 
force  pour  les  fleschir  à  embrasser  le  soing  que  vous 
avez  de  leur  salut,  lequel  m'est  en  telle  recommandation, 
pour  estre  chose  qui  importe  au  bien  de  vostre  service, 
et  que  vous  en  avez  en  affection  que,  n'ayant  voulu 
prendre  pied  au  peu  de  respect  qu'ilz  y  ont  rendu  et  à 
la  froide  responce  que  j'en  ay  receue,  après  avoir  consi- 
déré qu'il  ne  serait  convenable,  pour  ne  faire  tort  à 
vostre  auctorité  et  les  rendre  trop  insolens,  s'ilz  se 
veoyoient  recherchez,  que  je  leur  en  escripvisse  en  mon 
nom,  j'ay  faict  que  le  sieur  de  lîiron  en  a  escript, 
comme  de  soy  mesme  à  La  Noue,  luy  faisant  sentir  le 
desplaisir  qu'il  a  de  cognoislre  que  ceulx  de  ladicte  ville 
et  la  noblesse  aussy,  ayant  plus  lost  voulu  négliger  que 
embrasser  le  bien,  salut  et  repos  que  on  leur  procurai I 
pour  éviter  les  misères  et  calamitez  qu'ilz  ne  peuvent 
fuyr  par  la  continuation  de  ce  siège  ;  sur  quoy  je  -uN 
attendant  la  responce  que  fera  ledict  de  la  i\oue,  la- 
quelle receue,  si  elle  porte  fondement  et  pied  par  lequel 
l'on  puisse  baster  ce  que  Votre  Majesté  cl  tous  vos  bons 
servileurs  désirent,  je  vous  supplie  très  humblement, 
croire  que  je  n'y  perdray  ny  le  temps  ny  l'occasion ,  comme 
cependant  il  n'est  aussy  rien  ouhlyé  à  poursuivre  et  ad- 
vancer  les  moyens  qui  deppendenl  de  la  force,  ayant  faict 
faire  ung  fort  à  la  voue  de  ceulx  de  la  ville,  à  l'opposite 
du  bastion  de  l'Evangille,  et  distant  d'icelluy  de  cinq  à 
six  cens  pas  seullement  où  j'ai  logé  ung  bon  nombre  de 
soldalz  qui  ont  bien  retranché  des  saillies  et  sorties  que 
faisoient  ceulx  de  dedans  de  ce  cousté  là.  Arrivèrent 
hier  cinq  navires;  le  sixiesme  est  encore  au  porl  de 
Bourdeaulx,  bien  près  d'estre  équippé,  pour  inconti- 
nent après  suivre  les  autres;  aussy  est  venu  un  grand 
nombre  de  vaisseaulx  pour  le  comblement  du  port  et 
dès  hier  malin  avois  pourveu  d'y  donner  avancement; 
niais  le  venl  et  l'orage  se  sont  rendu/,  si  grandz,  étant 
continués  jusques  à  présent,  qu'on  a  esté  contraint  d'in- 
termectre  tout  l'œuvre,  .le  suis  présentement  pour  me 
rendre  sur  le  lieu  et  faire  mectre  la  main  à  la  besogne. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


173 


roaulme  et  pour  vostre  réputation,  vous  ren- 
verserez tous  les  desseings  et  délibérations  de 

s'il  v  a  moyen  pour  n'y  perdre  aucune  heure  de  temps. 
Ce  malin  j'ay  advisé  faire  approcher  voz  forces  tant  de 
pied  que  de  cheval  et  désigné  les  lieux  où  elles  auront  à 
se  loger  pour  tenir  tant  plus  de  court  l'ennemy  et  com- 
mencer les  approches  et  tranchées.  J'ay  escript  au  sieur 
de  Bouille  de  pourveoir  à  la  soureté  de  l'Isle  Dieu, 
ayant  eu  adviz  que  les  ennemis  qui  sont  sur  mer  y  pré- 
tendoient  faire  descente,  aussy  advencé  le  partemeut  de 
six  vaissoaulx  que  vous  luy  avez  naguères  mandé  envoyer 
par  deçà.n  (Bibl.  impér.  de  Saint-Pétersbourg.) 

Dans  une  nouvelle  lettre  au  Roi  son  frère,  du  27  février, 
le  duc  ajoutait  :  ir Monseigneur,  je  vous  ay  adverty  du  fort 
que  j'avois  faict  commencer  près  le  bastion  de  l'Evan- 
gile, duquel  je  n'ay  voulu  perdre  l'avantage  que  le  lieu 
et  l'occasion  ont  faict  cognoistre  et  juger,  y  ayant  faict 
continuer  une  plate-forme  pour  y  loger  deux  couleuvrines, 
affin  que  à  mêmes  temps  que  la  grande  batterie  com- 
mancera  son  feu  ,  l'on  puisse  donner  en  flanc  depuis  le 
bastion    de  l'Évangile  jusques  au  coing  de  la   tour  de 
Coignes  et  endommager  d'autant  l'ennemy.  La  nuit  du 
xxn  accompaigné  de  mon  frère  Monsieur  le  duc,  je  fis 
recognoistre  le  lieu  où  nous  commencerions  les  tranchées 
et  ne  me  contentant  pas  de  ceste  première  veue,  je  fus 
l'autre  nuit  et  suivante  encores  les  reveoir  et  visiter  tous 
les  environs,  afin  de  bien  prendre  et  choisir  ledict  lieu, 
et  surtout  où  l'on  pourrait  faire  ung  assez  bon  corps  de 
garde  pour  résister  aux  ennemys,  s'ilz  vouloient  entre- 
prendre aucune  chose  sur  ladicte  tranchée  et  l'artillerie. 
11  a  esté  advisé  et  résolu  que  l'on  feroit  deux  corps  : 
sçavoir  l'ung  à  cent  pas  du  fossé  pour  y  loger  deux  cents 
cinquante  hommes  et  ung  autre  de  route  près  du  pre- 
mier, où  il  aura  de  cinq  à  six  cens  hommes  pour  souste- 
nir  le  plus  avancé,  s'il  en  est  besoing;  par  ce  moyen 
j'espère  avoir  l'avantage  de  faire  en  une  mesme  nuit  les 
tranchées  et    approches,   chose    qui   pourra  beaucoup 
avancer  la  besogne  et  faire  penser  à  l'ennemy  que  l'on 
n'y  veult  riens  oublier,  faisant  cependant  haster  avecq 
toute  la  dilligence  qu'il  est  possible  tout  ce  que  deppend 
du  faict  de  l'artillerie  comme  gabions,  fascines  et  autres 
choses  nécessaires  et   continuer   la  tranchée  tirant  au 
bastion  de  l'Evangile,  avec  intention  que  samedy  matin 
il  y  aura  douze  canons  «n  batterie  contre  les  deffences 
de  la  tour  de  Coignes  et  deux  plate-formes  qui  sont  sur 
la  courtine  tirant  de  ladicte  tour  vers  le  bastion  de  l'E- 
vangile-, l'on  travaille  aussi  en  toute  dilligence  au  com- 
blement du  porl.1  (Bibl.  impér.  de  Saint-Pétersbourg.) 


noz  voisins  qui  se  persuadent  que  nous  avons 
résolu  de  leur  courre  sus,   et  qui,  pour  les 
doubtes  qu'il/,  eu  ont,  nous  vouldroient  en- 
tretenir à   la  guerre  pour  nous  divertir  des- 
dicles    délibérations    qu'ils    s'imaginent   que 
nous  avons,  eslant  aussi  très  nécessaire  que 
vous  advertissez  ceulx  qui  commandent  aux 
gallaires  et  vaisseaulx  et  pataches,  affin  qu'il/, 
aient  l'œil  ouvert  et  se  gardent  de  surprinse; 
car  selon  les  advis  que  j'ay  euz  aujourd'hui 
icy  de  divers  endroietz  et  qu'il  est  porté  par 
les  dépesches  du  sieur  de  la  Motbe ,  le  comte 
de  Montgommery  a  si  fort  et  si  dilligemment 
faict  préparer  l'armée  et  pourvoir  d'hommes 
le  grand  nombre  de  vaisseaulx  dont  avez  esté 
adverty    qu'ilz    dévoient   partir    aujourd'huy 
xxiiii  février  pour  faire  voille  droict  du  costé 
de  la  Rochelle,  et  voylà  pourquoy  il  fault  que 
lesdictes  gallères  et  vaisseaulx  se  tiennent  sur 
leurs  gardes  et  que,  s'il  est  possible,  il  n'entre 
rien  dedans  icelle  ville  qui  y  puisse  apporter 
aulcune    comodité;   à   quoy  je    sçay    certai- 
nement que    vous   ne   permectrez   qu'il  soit 
différé  d'une  seulle  minute  de  heure  de  la 
dilligence  qui   y  est   requise.  Je  prie  Dieu, 
mon  filz,  qu'il  vous  conserve  toujours  en  très 
bonne  santé  et  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxve  jour  de  février 
1573. 

(De sa  main.)  Mon  fils,  l'on  me  vient  de  dire 
que  Languilier  vous  ayt  aie  trover  et  que  Bel- 
leville  l'a  guagné;  je  voldrè  qu'il  fust  vray, 
mes  je  ne  croy  jeamès  rien ,  cet  ne  me  le 
inendés.  Je  m'en  voy  monter  an  cheriot  pour 
aler  trover  le  Roy  hà  Saint-Ligier,  au  yl  va 
coucher  anuit  el  vous  puis  aseurer,  à  cet  que 
me  vient  dire  Saint-Bonnet,  que aurés  l'argent 
du  moys  de  mars  et  quasi  vous  au  serés  aseu- 
ré  pour  le  moys  d'avril  et,  sel  je  le  pensé  au- 


17/« 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


Iremcnt  et  que  je  euse  encore  servi  de 
quelque  cliause  ysi,  je  n'an  feuse  bugée; je 
vous  envoy  l'édist  que  le  Roy  ha  fayst  pour  les 
habillemens,  je  m'aseurc  que  en  seré  bien 
ayse. 

Vostre  bonne  mère, 

Gaterime. 


vous  diray  de  ce  lieu  où  je  prie  Dieu,  Mon- 
sieur de  Bellievre,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Saint-Ligier,  le  XXVIIe  jour  de  fé- 
vrier 1573. 

Caterine. 
Brulart. 


1573.  —  27  lévrier. 
Orig*  Bibl.  nat.  fonds  frauçais,  n°  îâtjoa,  f°  /117. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIEVRE. 

Monsieur  de  Bellievre,  je  ne  vous  sçaurois 
assez  dire  le  grand  contentement  que  reçoit  le 
Boy  monsieur  mon  filz  de  ce  que  vous  sçavez 
si  bien  servir  à  ses  intentions,  encores  quelles 
se  soienl  changées  souvent  par  les  divers  oc- 
curences  d'affaires,  dont  vous  estes  d'autant 
plus  louable,  et  verrez  parla  lettre  que  pré- 
sentement il  vous  escript  comme  il  de'sire  que 
vous  adjoignez  à  tout  ce  que  vous  avez  bien  faict 
parcy  devant  un  autre  service,  qui  est  de  faire 
escouler  soubz  couleur  des  cinq  cents  Suisses 
jusques  au  nombre  de  huit  cens,  s'il  est  pos- 
sible', de  quoy  je  vous  prie,  de  ma  part,  et 
d'y  faire  selon  l'entière  bonne  affection  que 
je  sçay  que  vous  avez  de  le  contenter  en 
toutes  choses  qu'il  vous  commande.  Mondict 
sieur  et  filz  ne  vous  a  rien  prescript  de  la 
solde  qui  sera  baille'e  auxdicts  Suisses  pour 
ce  que  c'est  chose  de  laquelle  il  se  fye  bien 
que  vous  essayerez  d'accorder  au  meilleur 
mesnage  qu'il  vous  sera  possible,  selon  la 
particulière  recommandation  en  quoy  vous  est 
le  bien  de  son  service,  qui  est  tout  ce  que  je 

1  Voici  la  raison  qu'on  donnait  Charles  IX  :  trAvec 
ceux  que  mes  frères  el  moy  avons  de  cesle  heure  en  noz 
gardes,  nous  pourrions  faire  uny  corps  de  mille  ou 
douze  cens  hommes  de  ceste  nation  là,  qui  serait  sulli- 
zant  pour  faire  une  bonne  teste  en  quelque  lieu  que 
affaire  se  peull  présenter.»  (  Même  volume,  f°  5i5.) 


1573.  —  27  février. 

Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  3aol,  f°  61  r  . 

A  MON  COUSIN 

LE  MARESCHAL  DE  DA.MVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mou  filz 
vous  respond  si  amplement  à  voz  deux  der- 
nières, par  celle  qu'il  vous  faict  présentement 
que  je  n'y  sçaurois  rien  adjouster,  synon  pour 
vous  prier  de  continuer  en  la  bonne  volonté 
et  affection  que  portez  au  bien  et  affaires  de 
ce  royaume,  vous  employant  de  tout  vostre 
pouvoir  à  rendre  toutes  choses  paisibles  par 
delà.  Je  tiendray  la  main  que,  lorsque  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz  fera  la  distribution  des 
bénéfices  vacquans,  que  l'évescbé  de  Agde  que 
demandez  vous  sera  accordé;  je  vous  piye  de 
le  croire  et  que  voz  services  ne  seront  oublyez, 
pryant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  tienne 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Ligier,  le  xxvn"  jour  de  fé- 
vrier 1573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  37  février. 

Orig.  Bibl,  nat.  fonda  français,  u°  3ig3,   f°  191. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENS1ER. 

Mon  cousin,  j'ay  recéu  la  lettre  que  \ou* 
m'avez  escripte,  qui  m'a  esté  fort  agréable, 
tant  pour  avoir  entendu  de  voz  nouvelles  que 
pour  avoyr  \eu  par  icelle  comme  vous  estes 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


■J75 


près  de  mon  filz,  auquel  je  vous  prie  dire  et 
ramentevovr  souvent  ce  que  vous  verrez  etco- 
gnoistrez  qui  sera  à  propos  et  nécessaire  pour 
sa  conservation,  encores  que,  je  m'asseure, 
pour  la  bonne  voulonté  et  affection  que  vous 
nous  portez,  vous  n'estes  pour  rien  obmettre 
de  cela  ni  du  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  dont  vous  me  ferez  grand  plaisir  de 
m'escripre  le  plus  souvent  que  vous  pourrez, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Sainct-Légier,  le jour  de 

febvrier  1573. 

(De sa  main.)  Mon  cousin,  je  say  bien  que, 
cet1  mon  fils  et  ses  frères  sont  creu,  qu'y! 
iront  plus  a  vent  que  yl  n'en  n'est  besouyn 
pour  le  servise  de  Dieu  ny  du  Roy;  carl'en- 
vye  qu'ils  ont  de  bien  faire  leur  fayré  croyre 
qui  le  fault  ynsin  2;  mes  vous  enn'  avés  veu  de 
leur  rase  qu'il  fayset  cet  que  aytoit  pour  leur 
honneur,  néanmoyns  se  conservoynt,  come  la 
re'soii  le  veult,  qui  me  fest  vous  prier  de  leur 
remonslrer;  car  je  say  bien  conbien  yl  vous 
aystimet  et    royet. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


conside'rer  le  surplus  de  celles  que  nous  avons 
aujourd'huy  sur  lesbraz  ,  et  combien  il  est  im- 
portant de  forcer  et  re'duire  ce  qui  est  main- 
tenant occupé  en  Languedoc  par  les  rebelles, 
aussi  de  conserver  et  tenir  toujours  en  deb- 
veoir  les  autres  lieux  et  places  d'importance, 
pour  éviter  tout  inconve'nient  ;  pour  quoi  l'on 
se  remet  à  vous  de  ce  que  vous  estimerez 
estre  à  faire  en  vostre  gouvernement,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  vous  avoir  en  sa 
garde. 

Escript  à  Sainct-Léger,  le  xxvme  jour  de 

fe'vrier  1.573. 

Caterine. 
De  Necfville. 


1573.  —  a8  février. 

Archives  de  la  maison  de  Coodé\ 
Communiqué  par  M.  ie  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  la  lettre  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  en  responce  à 
la  vostre  du  xvnc  de  ce  mois  est  si  ample  pour 
vous  donner  toute  bonne  instruction  de  ses 
affaires  par  delà  que,  m'en  remectant  suricelle 
entièrement,  je  vous  prie  de  bien  poiser  et 

1    Cet,  si. 

'   Krutn.  ainsi. 


1573.  —  a  8  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy.  n°  801,  f3  108. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PHESlIBn    PRÉSIDENT    KS    SA    CODAT    DE    PVTILEMEST    DE   PAP.IS. 

Monsieur  le  Président,  pour  ce  que  je  dé- 
sire aultant  qu'il  m'est  possible  que  le  viconte 
de  Venaiz  soit  promptement  expédvé  d'un 
procès  qu'il  a  pendant  en  la  Grand'  Chambre 
devant  vous,  je  vous  ay  bien  voullu  escripre 
la  présente  pour  vous  prier  luy  donner  au- 
dience et  au  surplus  avoir  son  bon  droict  en 
bonne  et  briefve  justice  pour  recom mandé; 
comme  je  m'asseure  que  vous  aurez,  tant 
pour  la  prière  que  je  vous  en  fais  que  pour  le 
bien  de  la  justice,  et  n'estant  la  présente  à 
aultre  effect,  je  la  finiray,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur le  Président,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Sainct-Léger,  le  dernier  jour  de 
febvrier  1673. 

Caterine. 
Chantereau. 


176 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


I  .">73.  —  i"  mars. 

Imprimé1  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  le  Motlic-Fènelott , 
I.  VII,  p.  '107. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  delà  Mothe,  vos  deux  dernières 
dcpesches  des  xui  etxvi  du  mois  passe'  l,  nous 
niellent  en  peyne  pour  ce  que,  par  Tune  nous 
ne  sçaurions  désirer  plus  d'honnostes  paroiles 
de  la  continuation  de  l'aimtié  d'entre  la  royne 
d'Angleterre  et  le  Roy  monsieur  mon  fils,  et, 
par  l'autre,  qui  est  la  dernière,  \ous  nous  re- 
présentez beaucoup  de  choses,  qui  nous  l'ont 
craindre  le  contraire,  avecqueles  autres  advis 
que  nous  avons  d'ailleurs. 

Voilà  pourquoy  inondicl  sieur  el  fils  vous 
faict  entendre  le  désir  qu'il  a  d'en  eslre  es- 
clairci,  et,  de  ma  part,  je  vous  prie  mettre 
peyne  de  voir  clair,  et  nous  en  advertir  incon- 
tinent ;  car,  si  ladicte  royne  se  vouloit  déclai- 
rer  et  que,  sans  y  mettre  son  nom,  elle  y  em- 
ployast  ses  subjeetz,  vaisseaulx  et  moyens, 
soubs  prétexte  de  nos  subjeetz  mal  affection- 
nés, il  seroit  1res  nécessaire  que  pourveussions 
d'heure  à  l'armement  de  quelques  vaysseaulx, 
Oui  Ire  ce  qui  est  du  coslé  de  la  Rochelle,  pour 
l'expugnation  de  laquelle  il  ne  se  pert  une 
seule  minute  d'heure  de  temps,  comme  nous 
escript  bien  amplement  mondict  sieur  et  filz, 
qui  me  gardera  de  vous  en  faire  redicte;  mais 
vous  priant,  pour  la  fin,  que  vous  regardiez 
surtout  le  moyen  qu'il  y  a  de  mettre  quelque 
bonne  fin  en  la  négociation  du  propos  de  ma- 
riage ;  car  continuant,  il  n'y  a  chose  que  nous 
désirions  plus  ni  qui  soit  tant  nécessaire  pour 
le  bien  des  affairés  de  ladicte  royne  et  de  ses 
principauh  ministres  que  cela,  ni  aussi,  à 
vous  dire  vrai,  qui  nous  confirme  plus  d'ami- 


1   Voir  ces  dépêches  dans  le  tome  V  de  la  Correspon- 
dance de  lu  Molhe-Féielon,  p.  a53  et  a58. 


lié  avec  les  princes  de  la  Germanie,  comme 
nous  désirons,  délibérant  inondicl  sieur  el 
filz  de  l'aire  aussi  envers  eux,  pour  establir 
une  vraye  et  parfaictë  amitié, ce  qu'il  pourra, 
affin  de  leur  osier  l'opinion  mesmes  qu'avoit 
icelle  royne  que  ayons  l'ait  ligue  pour  leur 
courre  sus,  chose  à  quoy  je  ne  consentira) 
jamais,  désirant  l'amitié  des  princes  et  prin- 
cesses noz  voisins  et  voisines  plus  que  nulle 
autre  chose,  mais  aussi ,  après  que  nous  avons 
faict  tout  ce  qui  se  peut  pour  ceste  occasion, 
si  nous  recognoissions  (pie  l'on  conleninasl 
uostredicte  amitié,  je  ne  serais  pasd'advis  de 
nous  soucier  guères  de  ceux  qui  n'en  feraient 
poinct  de  cas. 

Pénétrez  le  plus  avant  que  \ous  pourrez  es 
occasions  des  voyages  que  se  font  faire  si  fré- 
quemment de  l'un  à  l'autre  ladicte  royne  et 
lesdicts  princes,  et  nous  en  donnez  avis  el 
aussi  des  autres  occasions,  priant  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Léger,  le  premier  jour  de 
mars. 

Caterine. 
Pin  art. 


1573.  - —  a  mars. 

Oriç.  Iîibl.  nal.  fonds   français,  11°  395'i .  f"  5o. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  vous  verrez  parla 
lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz  ce  qui  se  peuil 
respondre  à  voz  lettres  du  xxe  de  ce  présent 
mois,  qui  me  gardera  vous  faire  cesle-cy  plus 
longue,  que  pour  vous  prier  d'avoir  tousjours 
ce  qui  touche  le  service  du  Roy  mondict  sieur 
et  lilz  en  vostre  charge  en  la  mesme  bonne 
affection  que  vous  avez  eu  jusquesicy,  dont  il 
est  bien  salisfaicl  el  content;  priant  Dieu. 
Monsieur  de  Matignon,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


177 


Escript  à  Saint-Léger,  le  ne  jour  de  mars 
i573. 


Caterine. 


Pin  art. 


39,  f  il  r*. 


1573.  —  2  mars. 

Orig.  Tîibl.  oat.  fonds  français,  n°  3a 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  sans  la  considération  des  ser- 
vices et  de  la  pauvrette  du  bon  homme  Mon- 
sieur de  Sanssac,  je  m'asseure  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  eust  très  voluntiers 
accordé  la  réserve  de  l'abbaye  de  la  Nouaille, 
dont  nous  avez  escript;  mais  mondict  sieur 
et  filz  garde  ceste  bonne  \olunté  pour  quelque 
autre  meilleure,  quand  il  en  vacquera.  Cepen- 
dant, mon  cousin,  je  suys  infiniment  ayse 
que  vostre  santé  et  disposition  aient  peu  per- 
mectre  que  soyiez  allé  au  camp  avec  mon  filz, 
que  je  m'asseure  aussy  qui  en  sera  très  ayse, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Léger,  le  h'  jour  de  mars 

i573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  2  mars. 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pélersbourg. 

A  MON  FILS  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  la  marquise  de  Trans  me  fait 
entendre  le  singulier  désir  qu'elle  a  que  son 
fils  le  vicomte  de  Curson1,  qui  s'en  va  déjà 

1  Frédéric  de  Foix,  vicomte  deGurson;  il  devait  pré- 
décéder à  son  père,  Germain-Gaston ,  marquis  de  Trans, 
cité  plus  bas,  te  héros  de  la  singulière  aventure  racontée 
par  Brantôme  dans  la  vie  du  maréchal  de  Tavannes  (éd. 
Lalanne,  t.  V,  p.  93),  qui  lui-même  mourut  en  i5gi. 

OiTBERINE    DE    MtDICIS.    lf. 


grand,  preigne  nourriture  près  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  affin  que,  en  suivant  les  traces 
de  ses  prédécesseurs,  il  se  puisse  rendre  ca- 
pable de  faire  service  à  ceste  couronne, 
comme  il  a  très  bonne  espérance  et,  pour  cet 
effect,  luy  pourvoir  de  quelque  saige,  pru- 
dent et  advisé  gentilhomme  qui  soit  pour  le 
gouverner  et  conduire  jusqu'à  ce  qu'il  soit 
parvenu  en  âge  suffisant  pour  en  tirer  le 
fruict  qu'il  promet,  et  pour  ce  que  mon  cou- 
sin le  marquis  de  Trans  a  de  longtemps  cog- 
noissance  et  bien  bonne  opinion  du  capitaine 
Dallon  pour  l'avoir  nourri  et  congneu  propre 
pour  le  gouvernement  de  son  filz,  je  vous  ay 
bien  voulu  escripre  la  présente  et  vous  prier, 
mon  filz,  de  donner  congé  audict  capitaine 
Dallon  pour  aller  trouver  le  marquis  de  Trans 
et  prendre  la  charge  et  gouvernement  de  son 
filz  et  le  mener  au  Roy,  et  en  son  lieu  per- 
mettre à  son  frère  qui  est  lieutenant  de  la- 
dicte  compagnie  de  commander  en  icelle,  afin 
que,  par  ce  moyen,  ni  l'un  ni  l'autre  ne  re- 
çoipve  incommodité;  en  cest  endroit,  priant 
Dieu,  après  m'estre  très  affectueusement  re- 
commandée à  vostre  bonne  grâce,  vous  avoir, 
mon  filz,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Léger,  le  ne  jour  de  mars 
i573. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1573.  —  4  mars. 

Orig.  Bibt.  oat.  fonds  français,  n°  15902  ,  f°  &ao. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre ,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  présentement  vous  escript  le  Roy 
monsieur  mon  filz  '  comme  il  s'est  résolu  de 

1  Voici  cette  lettre,  qui  complète  celle  de  Catherine  : 
-Monsieur  de  Bellièvre,  j'ay   veu  ce  que  me  mandez 

33 

LM  PRIME  ME     SATI0SJ4-E. 


178  LETTKES  DE  GATIJ 

se  servir  de  la  levée  des  six  mille  Suysses  et 
de  les  faire  marcher,  puisque  sans  cela  il  y 
auroil  encores  dangier  de  plus  grands  désordres 
([ue  cculx  qui  sont  jusques  icy  advenuzà  cause 
du  retardement  de  l'acheminement  d'icelle, 
lequel  ne  vous  peull  eslre  impute',  ayant  en 
cela  l'aict  ce  qui  vous  a  esté  commandé  par 
mondict  sieur  et  filz,  auquel  vous  ferez  ser- 
vice fort  agréable  de  vous  trouver  à  la  première 
monstre  desdicts  Suysses  pour  les  raisons 
qu'il  vous  a  cy-devant  escriples  et  les  faire 
acheminer  devant,  si  il  est  possible,  cestc 
Irouppc  de  huict  ou  neuf  cens  hommes  en 
toute  dilligence,  ainsi  qu'il  le  vous  mande. 
Quant  au  payement,  je  faiclz  faire  une  bonne 
dépesche  à  ceulx  du  conseil  qui  sont  demeu- 

par  vostre  lettre  du  xix'  du  passé  du  grand  désordre  que 
l'ont  du  pays  des  Ligues  tes  cappilaines  et  soldatz  de  la 
levée  des  six  mil  Suysses  lesquelz,  s'estant  résoluz  de 
marcher  en  ladicte  levée,  sont  desbauchéz  et  ne  veullnnt 
plus  vivre  que  par  les  tavernes,  dont  les  Seigneurs  des 
cantons  sont  fort  indignez  et  s'en  sentent  tellement 
chargez  qu'il:  vous  ont  déclairé  que,  si  je  ne  faisois  mar- 
cher lesdiclz  cappilaines  et  soldatz,  ils  leurs  feroyent 
commandement  de  venir  à  mon  service,  suivant  la  cap- 
pitnlation  qui  a  eslé  faite  avec  eulx.  Je  m'asseure  bien 
que,  s'il  y  eust  eu  quelque  moyen  à  adoulcir  et  faire 
passer  ce  inescontanlement,  vous  n'eussiez  failly  d'y 
donner  bon  ordre,  comme  vous  avez  faict  jusques  icy  à 
retarder  l'acheminement  de  ladicte  levée,  suivant  ce  que 
je  vous  ay  cy-devant  escript.  Mais,  puisque  les  choses 
sont  réduicles  à  tel  poinct  que  lesdicts  cappilaines  sont 
résoluz  de  marcher,  soit  avec  mon  bon  gré  ou  autrement, 
et  que  je  sei  ois  tousjours  condamné  à  leur  payer  la  solde 
de  trois  moys,  vous  regarderez,  incontinent  la  présente 
receue ,  de  les  faire  acheminer.  Et  pour  ce  que  du  nombre 
des  vingt  cappilaines,  qui  y  doivent  servir  et  ont  eu  leurs 
lettres  d'apoinctement,  le  cappitaine  Tokiner  n'est  pas 
compris  et  que  en  cela  il  ne  se  peut  riens  changer,  je 
désire,  encores  que  je  vous  aye  cy-devant  mandé  que  je 
ne  veulx  pas  avoir  plus  de  six  mil  hommes,  que  vous  le 
l'aides  marcher  avec  une  compaignye  qui  fera  la  vingt- 
uniesme  enseigne,  laquelle  ne  soit  que  de  trois  cens 
hommes,  payée  au  prorata  de  rapoiuctemenl  des  aulres 
cappitaines;  car  tousjours  pomray-je  bien  choisir  dedans 


ER1NE  DE  MÉDICIS. 

rez  à  Paris  pour  faire  accélérer  les  deniers  du 
clergé  que  se  devront  porter  de  Thoulousc  à 
Lyon,  affin  que  la  chose  ne  lire  plus  à  lon- 
gueur, ainsi  qu'il  est  bien  nécessaire,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Bellièvre,  qu'il  vousayt  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  à  Saincl-Ligier,  ce  qualriesme  jour 
de  mais  1073. 

Asseurez-vous,  Monsieur  de  Bellièvre ,  que 
le  Roy  monsieur  mon  fdz  a  bonne  envie  aux 
premières  vaccations  qui  adviendront,  de  re- 
cognoistre  voz  services  et  moy  d'y  tenir  la 
main,  comme  vous  méritez. 

Caterine. 
Brulart. 

ce  nombre  desdicts  six  mil  Suysses  jusques  à  huict  cens 
hommes  pour  me  servir  de  renfort  de  garde.  Ce  faisant, 
l'on  ne  pourra  faire  marcher  les  deux  enseignes  que  le 
cappitaine  Caslelberg  vous  a  dict  qu'il  serait  bon  de 
bailler  à  la  haulte  ligue  Grise  pour  les  contenter  ven  la 
bonne  affection  et  volonté  qu'a  monstre  ladicte  ligue  porter 
au  bien  de  mes  affaires,  de  quoy  je  me  trouve  ung  peu 
en  peyne.  Toulesfois  je  ne  puis  rien ,  sinon  me  résotddre 
à  ne  faire  marcher  lesdicts  disons,  puisque  c'est  chose 
qui  ne  se  peult  faire  à  ceste  heure  que  les  cappitaines  ont 
jà  esté  appoinctez  et  asseurez  de  marcher.  Je  voudrais  bien 
que  vous  advisissiez  à  faire  sortir  promptement  du  pays 
jusques  à  huict  ou  neul cens  hommes  qui  n'attendissent  pas 
les  autres  et  vinssent  droict  du  lieu  de  la  première  monstre 
où  ils  recepvront  argent  pour  de  là  s'acheminer  aux  plus 
grandes  journées  qu'il  seroit  possible  à  la  Rochelle  où 
est  mon  frère,  le  duc  d'Anjou ,  aflin  qu'ilz  puissent  me 
faire  quelque  bon  service,  et  pour  le  regard  de  l'autre 
grosse  troupe  qui  ne  se  rendrait  si  losl  au  lieu  de  la  pre- 
mière monstre,  je  seray  bien  aise,  d'autant  que  je  ne 
puis  rien  craindre  de  mal  en  mon  royaume  que  du  costé 
de  l'Allemagne  où  il  est  à  présumer  que  ceulx  qui  me 
détiennent  mes  villes  par  force  s'efforceront  plus  lost 
d'avoir  secours  qu'en  nul  autre  endroicl ,  qu'elle  ne  bouge 
des  quartiers  de  la  Bourgogne  et  Champagne  pour  tenir 
ceste  frontière  là  bien  gamye  contre  toutes  forces  qui  y 
pourraient  venir  descendre,  dont  loultefois  je  n'ay  point 
jusques.  icy  occasion  de  rien  craindre  par  advis  qui  m'en 
est  venu.)'  (Même  volume,  f'  l\iH.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


179 


1573.  —  k  mars. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ia3,  f°oo.       • 
A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  vous  m'avés  fayst  fort  grent 
plésir  de  rn'avoyr  mendé  si  au  long  des  novelles 
de  mes  enfans  et  suis  bien  marrye  de  cet  qu'il 
né  vous  veulet  croyre,  et  vous  prie  ne  léser 
pour  sela  de  le  leur  bien  dire,  et  puisqu'il  ont 
lout  veu  et  si  bien  reconnu  toutes  chauses,  yl 
me  semble  qu'il  ont  aucasion  de  se  conten- 
ter,   et   ne   plus   aystre    aupiuiatre    et    vous 
croyre,  car  vous  avés  veu  les  Roys  leur  grent- 
père  et  père,  et  Monseigneur  d'Orléans,  leur 
oncle,  et  les  aymés  asés  pour  ne  leur  conseler 
rien  contre  leurs  honneur  et  devoyr,  et,  quent 
yl  favronl  cornent  ceulx  là  hont  fayst,  se  dé- 
vêt contenter.  Je  suis  bien  marrye  de  voyr 
ceuk  de  la  Rochelle  si  ostiné;  car  yl  fayrynt 
[mieux]  pour  eulx  et  nous  tous  de  se  rendre. 
Yl   me  semble  que,  s'il  i   veulet  entendre, 
que  seré  beaucoup  guagné  de  conserver  tant 
de  jeans   de  bien  à  quelque  aultre  meilleur 
ayffesl,  et  le  plus  tost,  avent  que  leur  avegne 
ncul  securs,  lé  resevoyr  à  composition.  Vous 
aystes  tent  de  jeans  de  bien  auprès  de  mon 
fils,  que  je  m'aseure  le  sauré  bien  conseller, 
et  qui  le  resevéré  tousjours  de  bonne  pari, 
principalement  de  vous  qu'il    euré   aystimé 
corne  père.  Je  prie  Dieu  vous  bien  guarder  et 
conserver. 

De  Saint-Ligier,  cet  mi'  de  mars  1573. 
[•_  Vostre  bonne  cousine. 

Catemne. 


1573. —  10  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  îaaoa,  f°  Û35. 

A  MONSIEUR  DE  RELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Rellièvre ,  tout  le  subject  de  la 
dépesche  que  vous  faict  présentement  le  Roy 
mon  filz  n'est  que  pour  le  regard  des  deux 
enseignes  de  Grisons ï  qu'il  est  bien  d'advis 
que  vous  faictes  marcher  avec  les  autres  vingt 
un  de  la  levée,  si  vous  congnoissiez  que  ce 
soit  chose  requise  pour  le  bien  de  son  service 
et  accommoder  les  affaires  es  Ligue  grises  ;  à 
quoy  nous  asseurons  que  vous  sçaurez  sai- 
gement  donner  ordre,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Rellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde. 

1   Dès  le  C  mars,  Charles  IX,  après  avoir  prié  Bel- 
lièvre  de  relarder  l'envoi  de  la  dernière  levée ,  avait  changé 
d'avis  et  il  avait  écrit  à  Schomberg  :  «Ayant  sceu  qu'il  y 
avoit  eu  beaucoup  de  mécontentement  parmy  les  sieurs 
des  Ligues  à  cause  que  l'acheminement  de  ceste  levée 
estoit  retardé  et  que  ces  capitaines  faisoient  compte  de 
marcher  suivant  les  traictez,  puisqu'ilz  avoient  les  lettres 
d'appointement,  et  aussi  pour  ce  que  j'ay  pensé  qu'il  ne 
sera  point  mal  à  propoz  que  je  me  trouve  ung  peu  fort 
sur  l'occasion  des  gens  de  guerre  qui  sont  du  costé  des 
Pays-Bas  et  du  grand  nombre  de  vaisseauk  qui  sont  ar- 
mez sur  la  mer,   qui   passent  souvent  le  long  de  nos 
costes,  je  me  suis  résolu  de  faire  marcher  ladicte  levée, 
dont  j'ay  bien  voulu  vous  adviser,  affin  que  si  l'on  vou- 
loit  interpréter  par  delà  que  ce  feust  en  intention  d'ac- 
croistre  et  allumer  davantaige  la  guerre  en  mon  royaume 
que  au  contraire  je  fais  rechercher  plus  que  jamais  ceux 
de  la  Rochelle  de  les  réduire  par  douceur,  encore  que 
l'on  les  tienne  assiégez  de  bien  près  tant  par  le  moyen 
des  forts  qui   ont  esté  faictz  à  cinq  ou  six  cents  pas  de 
leur  fossé,  de  l'empeschement  du  port  qui  est  tel  qu'ilz 
ne  peuvent  plus  estre  secouruz  de  la  mer,  que  de  la  bat- 
terie, aux  deffenses  que  l'on  a  commencé  dès  le  dernier 
jour  de  février,  espérant   que  la   praticque   que  jà  a 
esté  commencée  avec  eubt  réussira  à  bon  effect,  et  que, 
après   avoir  bien  marchandé,  ilz  se  contenteront  des 
conditions  que  je  leur  ay  fait  offrir  et  qui  sont  contenues 
en  vostre  mémoire.»   (Bibl.   nat.,  Cinq  cents  Colbert, 
n°  600.) 

a3. 


180  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

Escript  à  Sainct-Léger,  le  xc  jour  de  mars 
.573. 


Caterine. 


Brclart. 


1573.  —  Du  10  au  1 5  mars. 

A  h  I .  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  3if)3,  f°  117. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  cete  mort  de  Monsieur 
d'Omale  '  m'a  telement  ayfréyée  que  je  n'atens 
l'eure  de  ouir  quelque  mauvèse  novelle  de 
mes  eiifaus ,  si  Dieu  n'i  met  la  mayn ,  et  vous 
aultres  de  les  en  guarder  par  forse.  Et  ne 
rreignez  qu'i  vous  en  veulet  mal,  et  em- 
pcschés  les  qu'i  n  allet  plus  en  ses  lieux  au  yl 
n'onsl  que  fayre,  et  en  peult  avenir  un  sy 
grent  malheur,  que,  le  pansant,  je  an  suis  hors 
de  moy.  Le  Roy  vous  envoyé  cet  jeanlilhomme 
à  tous  pour  vous  comender  de  ne  léser  plus 
aler  ses  frères  en  set  lieulx  et  ausi  que  vous 
mesmes  ne  vous  y  azardie's  sans  aucasion,  car 
yl  a  trop  de  regrect  d'avoyr  perdu  le  povre 
Monsieur  d'Omale  contre  de  he'litre  pour  po- 
voyr  endurer  que  ceulx  qui  reslet  set  metet 
en  parel  dangé,  car  vous  pouvés  bien  fayre 
son  servise  et  vous  conserver,  car  cet  cet  qu'il 
désire,  et  ne  veult  nulement  que  son  frère 
suffre  que  neul  de  vous  aultres  aillet  à  l'assaut , 
corne  cet  porteur  luy  ha  dist  qu'en  étiés  dé- 
libérés. Je  prie  Dieu  qu'ils  se  rendet,  et  vous 
prie,  conselé  à  mou  fils  de  les  prendre  à  quel- 
que condition  que  ce  souit  pour  vous  sauver 
tous  et  tent  de  noblesse  qui  est  cet  que  je  prie 
à  Dieu  volouir  tout  conserver. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Le  duc  d'Aumale  avait  été  tué  le  8  mars. 


1 575.  —  1  3  mars. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iy3,   f°  5y. 
A  MON  FII.S 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  nous  vismes  d'avenl  arsouyr,  le 
bonhomme  maréchal  de  Tavannes  qui  ayst 
guéri,  mais  si  foyble  qu'il  ne  bouge  du  list. 
Le  Roy  yl  fit  venir  son  consel  pour  sur  vostre 
lelre  aviser  cet  qu'il  vous  auroyt  à  monder 
pour  finale  résolution  et  enfin  yl  résoleut 
qu'il  ne  pouvoyt  fayre  un  mauves  marché  s'il 
pouvoyt  avoyr  la  Rochelle  par  composition  et 
qu'il  ne  fallu  conprendre  le  reste,  afin  de 
n'entertenir  plus  cette  asotiation  qu'il  ont 
antre  eux,  et  qu'il  sanble  que  Lanoue  seroyt 
bien  ayse  de  se  les  aubliger  pour  se  fayre  taci- 
tement chef  de  tous,  ce  qu'i  ne  fault  neule- 
mcnl,  ni  qu'i  baye  plus  de  presche,  ni  d'exer- 
sise  de  leur  religion  ni  de  ministre  en  cet 
royaume,  puisque  Dieu  nous  enn  a  délivrés, 
et  pour  la  ville  de  la  Rochelle  suivre  ce  qui 
feut  bayllé  à  l'abé  Guadaigne,  et  surtout 
n'aler  à  la  longue,  de  peur  que  la  longueur 
nous  atirast  les  Alemans  et  les  Englois  sur  les 
aypoles  l.  En  prenant  bientost  ceste  plase  tout 
sese2,  aus  averlisemens  que  avons  et  Le  Loge 
vous  enn  a  aporté  la  volonté  du  Rov;  mes 
le  bonhomme  Tavannes  a  envoyé  retenir  des 
rcylres  et  que  ayent  les  Suise,  de  quoy  yl 
estoit  marry  qui  n'euse  silost  et  la  jeandarmerie 
reposaye,  que,  s'il  venoyt  pour  entier  en 
Franse,  qu'i  lé  falloit  aler  eonibatre  à  la 
frontière  et  léser  la  Rochelle  tousjour  asiégée 
et  que  lors  y  seroyt  guéri  pour  y  eslre,  et 
qu'il  avoit  grent  regret  qu'il  ne  vous  povoit 
fayre  servise.  Je  vous  aseure  qu'il  est  bien 
foyble  el  dist  que  l'on  vous  fayst  acroyre  que 
le  royaume  de  Pologne  ayst  beau  el  bon,  mes 

1  Aypoles,  épaules. 
-  Sese,  cesse. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


181 


qu'il  est  désert  et  ne  veault  rien,  n'est  si 
grent  que  Ton  dist  et  que  ies  jeans  sont  bru- 
tauls  ;  et  quand  je  lui  dis  qu'yl  estoit  veneu 
un  jeune  jcantilhomnie  qui  disouit  qu'i  vous 
feroynl  leur  roy,  et  que  à  le  voyr  yl  montre 
bien  qu'y  sont  bien  sivils  et  jeans  de  bon  en- 
tendement et  que  c'et  un  bon  et  grent 
royaume  qui  a  toujours  saut  cinquante  mile 
chevauls  pour  fayre  cet  qu'il  veult,  il  me  res- 
pondit  :  yl  fault  voyr,  mes  yl  le  fauldre'  ac- 
que'rir  et  je  ne  savès  pas  cet  qu'il  enn  avoyt 
dist  auparavent.  Le  bon  homme  ne  veut  pas 
aler  or  de  sou  fumier  et  ne  voudra  pas  ausi 
que  vous,  que  luy  serve's  beaucoup,  voulussie' 
aystre  plus  grent,  lent  qu'il  vivre;  je  serc' 
bien  de  son  aupinion,  set  je  n'émès  mieulx 
vostre  honneur  et  grandeur  que  mon  ple'sir. 
Je  vous  veulx  aussi  avertir  d'un  aultre  chause 
que  n'est  pas  de  cet  propos,  c'et  que  vostre 
sœur  je  pense  qu'el  ayst  grosse  de  deus  mois; 
car,  yl  y  a  haullent  que  vous  et  son  mary  par- 
ûtes. Je  an  suis  bien  ayse,  corne  aussi  sui-je 
de  set  que  madame  de  Nevers  a  faist  un  fils , 
pour  l'amour  de  son  mari.  Nous  allons  annuit 
coucher  hà  Fonteynebleau  au  feyron  '  Pasques. 
Je  prie  Dieu  que  pussions  avoir  de  bonnes 
npyelles  et  qu'il  vous  garde  de  tout  danger. 
Cet  xm  mars  1673. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 

1573.  —  ih  mais. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  15902  ,  f*  453. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  le  Roy,  monsieur 
mon  filz  congnoist  de  plus  en  plus  la  bonne 
affection  avec  laquelle  vous  cheminez  en  ce 
qui  louche  le  bien  de  son  service  que  vous 
n'avez  voulu  abandonner  pour  donner  ordre 

1   An  feyron,  où  nous  ferons. 


aux  affaires  d'importance  qui  sont  nays  '  par 
delà  ;  eu  quoy,  comme  nous  nous  asseurons 
bien  que  vous  n'aurez  faict  ny  ne  ferez  jamais 
autre  chose  que  ce  que  doibt  à  son  maistre 
ung  bon  et  affectionne'  ministre  tel  que  l'on 
vous  congnoist  et  estime,  il  ne  fault  pas  que 
vous  doubliez  que  vous  n'en  soyez  tousjours 
loué  par  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  et  que 
moy,  pour  ma  part,  ne  vous  en  preingne  en 
ma  protection  ainsy  qu'il  est  bien  raisonnable, 
saiohant  bien  que  vous  n'estes  mou  et  guydé 
que  du  seul  zèle  que  vous  portez  au  bien  des 
affaires  de  ce  royaume,  vous  voulant  bien 
dire  pour  fin  de  ceste  lettre  que  le  Roy  mon- 
dict sieur  et  filz  demeure  autant  satisfaict  du 
service  que  vous  luy  avez  faict  en  ce  voyaige 
que  vous  le  pouvez  désirer  pour  vostre  con- 
tentement. Sur  ce,  je  prie  Dieu,  Monsieur  de 
Bellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Fontainebleau,  le  xime  jour  de 
mars  1673. 

Caterine. 
Brulart. 


1573.  —  i4  mars. 

Impr.  dans  la  Correspondance  diplomatique  de  La  Mothe-Fcnelon  ,  t.  VII. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  je  vous  prie,  sui- 
vant ce  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
escript,  regarder  de  fayre  tout  ce  que  pourrez 
pour  conforter  ceux  qui  sont  dedans  le  chas- 
teau  de  Lislebourg2,  car  il  est  bien  à  craindre 
que  le  comte  de  Morton3  les  force,  s'ils  n'ont 

1  Aai/s,  nées. 

2  Voir,  pour  le  siège  de  Lislebourg,  Gauthier,  Histoire 
de  Marie  Stuart,  l.  II.  p.  a8i;  lettre  île  Killegrew  à 
lord  Burgliley  dans  le  Calendar  of  State  papers  (1573), 
p.  280. 

3  Le  comte  de  Morton  avait  été  à  la  tin  de  novembre 
1579  nommé  régent  d'Ecosse;  voir  sa  lettre  à  lord  Bur- 
ghley  dans  te  Calendar  of  State  papers  (1 073  ) ,  p.  «10. 


1573.  —  îfl.  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  1590a,  I"  A45. 

A  MONSIEUR 

LE  PRÉSIDENT  DE  BELLIÈVRE1. 
Monsieur  le  Président,  ceste  cy  que  je  vous 

1  M.  de  Hautefort,  frère  de  M.  de  Bellièvre,  et  qui 
venait,  de  le  remplacer  en  Suisse. 


182  LETTRES  DE    CATIIE 

esté  secourus  de  ce  que  le  frère  du  lair  de 
Granges  a  receu  pour  leur  porter,  dont  je  vous 
prie  nous  escripre  au  vrai  des  nouvelles,  et 
pareillement  de  l'arrivée  de  Vérac,  auquel 
vous  ne  devez  faire  difficulté  dYsrriprc  que 
nous  sommes  bien  esbahis  d'estre  si  long- 
temps sans  avoir  de  ses  nouvelles  et  que  nous 
en  sommes  en  peyne.  J'estime  que  la  royne 
d'Angleterre  ne  vous  refusera  pas  un  passe- 
port pour  envoyer  quelqu'un  qui  ayt  entende- 
ment devers  les  Anglois.  Vous  manderez  de 
bouche  ce  que  verrez  qui  sera  à  propos,  etluy 
vous  en  mandera  aussy  de  sa  part,  ou  bien,  si 
voyez  qu'il  n'y  eut  point  de  danger,  vous  vous 
escriprez  l'ung  à  l'autre  en  chiffre.  H  est  très 
nécessaire  d'avoir  l'œil  de  ce  costé-là  suivant 
ce  que  vous  mesme  escripvez.  Voilà  pourquoi 
je  vous  prie  derechef  y  faire  tout  ce  qu'il  vous 
sera  possible  et  nous  escripre  le  plus  tost  et  le 
plus  souvent  que  vous  pourrez  les  responses 
que  vous  avez  eues  sur  les  lettres  que  vous 
avons  escriptes  par  Vérac  pour  le  faict  du 
mariage,  pour  lequel  je  vous  prie  user  de 
tous  les  moyens  qu'il  vous  sera  possible,  afin 
que  en  ayons  l'heureuse  fin  que  désirons, 
car  tous  les  autres  affaires  ne  sauraient  que 
bien  aller  si  cesluy-là  réussit;  priant  Dieu, 
Monsieur  de  la  Mothe ,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xini"  jour  de  mars  1  573. 

Caterine. 

PlNART. 


R1NE  DE  MÉDIC1S. 

faiclz  est  pour  accompaigner  la  lettre  que 
vous  escript  le  Roy  monsieur  mon  fils1  et 
vous  ramentevoir  que,  estant  en  Suysse  sou 
ambassadeur,  comme  vous  estes,  il  fault  que 
vous  ayez  l'œil  soingneusement  ouvert  à  toutes 
les  mauvaises  praticques  qui  s'y  poursuivront 
au  préjudice  et  désavanlaige  de  ses  affaires 
pour  empeseber  qu'ilz  ne  sortent  effect  ainsi 
que  bien  l'a  sceu  faire  vostre  frère  pendant 
qu'il  y  a  résidé,  priant  Dieu,  Monsieur  le  Pré- 
sident, qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  h  Fontainebleau,  le  xime  jour  de 
mars  1673. 

Caterine. 
Bruslart. 


1573.  —  16  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366,  f*  ko. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  duFerrier,  pour  ce  que  je  désire 
faire  venir  seurement  à  Madame  de  Randan  - 
qui  est  à  la  Mirandole  un  pacquet  que  vous 
trouverez  avec  la  présente,  je  vous  prie  luy 
envoyer  incontinent  par  homme  exprès 
jusques  audict  lieu  de  la  Mirandole,  allin 
qu'il  ne  se  puisse  perdre  ne  esgarer,  et  par  la 
première  que  vous  me  ferez,  me  donner  advis 
de  la  réception  de  la  présente  qui  ne  servira 
à  autre  effect  et  à  prier  Dieu,  Monsieur  du 
Ferrier,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xvi"  jour  de 
mars  1673. 

Caterine. 
Chantereau. 

1  La  lettre  du  roi  précède  celle-ci  et  n'y  ajoute  rien; 
aussi  jugeons-nous  inutile  de  la  reproduire. 
8  Veuve  de  François  de  la  Rochefoucault. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


183 


1573.  —  1 7  mars. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3193 ,  f°  116  r°. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  vous  savés  la  fiense et  créanse 
qu'ont  mes  enfans  en  vous,  je  vous  prie, 
quelque  mine  qu'il  vous  fassel,  ne  creyndre  à 
les  euipescher  du  tout  de  n'aler  plus  au  yl 
ont  tousjours  aie' ;  car  vous  veoye's  l'ynconvé- 
nyent  avenu  au  poure  Monsieur  d'Omale.  Yl 
leurs  en  peut  avenir  aultent,  et  pour  l'hon- 
neur de  Dieu,  meté  i  vous  tous  ensamble  et 
les  enn  anpeschés,  corne  ausy  le  Roy  mon  fils 
veut,  pour  le  regrect  qu'il  a  d'avoir  perdu 
une  tel  prynse  contre  des  belistres.  Yl  vous 
envoyé  à  tous  cel  jeanlilhomme  pour  vous  co- 
mender  de  ne  vous  hazarder  de  fason  qu'il 
vous  perde;  car  yl  désire  la  conservation  de 
vous  tous  plus  que  la  prinse  de  la  Rochelle, 
encore  qu'ele  luv  importe  pour  la  conserva- 
tion de  son  royaume,  et  ne  veult  nulement 
que  neul  prinse  allct  a  l'assault,  come  luy  a 
feisi  entendre  Le  Seure  que  tous  ces  jeunes  y 
volouynt  aler1.  yl  vous  mende,  à  vous  aullres 
vieulx  de  les  enn  an  guarder,  aultre  le  com- 
mendement  qu'il  en  favst  à  son  frère  pour  leur 
fayre.  Je  prie  à  Dieu  qu'il  set  rendet,  et  les 
fault  resevoyr  à  toutes  conditions,  plus  tost 
que  plus  perdre  de  vous  aullres.  Je  prie  Dieu 
vous  volouir  bien  guarder. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  M.  de  N'ançay,  le  3o  septembre,  écrivait  à  M.  du 
Bouchage  :  trCeux  de  la  Rochelle  espèrent  avoir  secours. 
L'on  dit  que  Montgommery  estoil  party  avec  quatre  vingt 
vaisseaulx,  mais,  par  faulle  d'argent,  il  est  demeuré 
avec  soixante-deux  dont  n'y  en  a  que  dix-huict  chargez 
d'environ  deux  mille  hommes  qui  se  soient  mis  en  mer. 
On  ne  sçait  quel  chemin  ilz  ont  prins;  on  fait  courir  le 
bruict  que  Montgommery  veut  faire  quelque  descente  vers 
Normandie.»  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  3 1  88 ,  f°  a5.) 


1573.  —  18  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3a5't,  f°  58. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Malignon,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
escript  l'advis  que  nous  avons  que  ceulx  qui 
ont  este'  de  la  nouvelle  opinion  se  veullent 
remuer  et  semblent  voulloir  favoriser  le  comte 
de  Montgommery  el  ceulx  quil'accompaignent 
en  la  descente  que  l'on  dict  qu'ilz  ont  délibéré 
faire  en  Normandie  ;  à  quoy  je  vous  prie 
prendre  bien  garde  et  de  près,  pour,  si  cela 
est,  en  user  et  vous  comporter  envers  eulx, 
ainsi  que  le  Rey  mondict  sieur  et  filz  vous 
escript;  à  la  lettre  duquel  me  remectant,  je 
prieray  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincle  et 
digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xvine  jour  de 
mars  i  573. 

Caterine. 

PlNART. 


1573.  —  18  mars. 

Orig.  Archives  de  la  maison  de  Gondé. 
Communiqué"  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,je  n'adjousteray  rien' 
à  celle  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript  présentement,  d'aultant  que  par  icelle  il 
vous  mande  bien  amplement  son  intention 
sur  ce  qu'il  désire  que  vous  faictes  en  vostre 
gouvernement,  que  je  vous  prye  de  suivre  el 
avoir  l'œil  ouvert  que  ceulx  qui  se  sont  soubz- 
levez  n'entrepreignent  rien  contre  son  service. 
Je  m'asseure  tant  de  vous  que  vous  v  ferez  tout 
debvoir,  et  que  vous  nous  ferez  souvent  sa- 
voir de  voz  nouvelles,  pryant  Dieu,  Monsieur 
de  Gordes,  qu'il  vous  tienne  en  sa  saincte 
garde. 


184 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Escripl  à  Fontainebleau,  lu  sviu'  jour  de 

mars  1573. 

uatehine. 

De  Nui  vu. le. 


1573.  —  18  mars. 
Copie,  Bibl.  not.  Cinq  cents  Colbert,  n°366,  ]>.  to4. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  vous  serez  de  présent 
satisfait  d'assignation  tant  pour  le  payement 
de  vos  parties  extraordinaires  de  l'année  passée, 
comme  pour  vostre  estai  ordinaire,  selon  qu'il 
a  esté  escript  par  ceux  du  Conseil  du  Roy 
monsieur  mon  fils,  lequel  est  bien  marry  n'avoir 
eu  tant  de  moyen  de  bien  faire  à  ses  bons 
serviteurs,  comme  il  en  a  bonne  volonté.  En- 
voyez moy  une  copie  des  lettres  que  vous  me 
mandez  estre  es  mains  d'un  chacun  par  delà 
pour  justification  de  l'exécution  de  l'Admirai1. 
Si  ce  sont  celles  que  je  pense,  d'aullant 
qu'elles  sont  faites  selon  la  vérité,  je  crois 
qu'elles  produiront  l'effect  tel  que  nous  dési- 
rons. Le  Roy  mon  fils  a  veu  la  lettre  de  la 
comtesse  de  la  Mirande;  sur  quoy  il  vous  fait 
entendre  son  intention.  Je  prie  Dieu,  Mon- 
sieur du  Ferrier,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xvmc  jour  de 
mars  1073. 

Caterise. 
Neufville. 

1  Voici  ce  que  mandait  le  même  jour  Charles  IX  à 
du  Ferrier  :  rrj'ay  veu  la  lettre  que  la  comtesse  de  la 
Mirande  vous  a  escrit  touchant  le  s'  Louis  (sic)  et  la 
venue  d'elle  et  de  son  fds  par  deçà.  Vous  aurez  depuis 
receu  mes  lettres,  par  lesquelles  je  vous  mande  ce  que 
j'ay  lait  pour  arrester  ledict  Louis,  lequel,  comme  je 
vous  ay  escrit,  est  allé  retrouver  mon  frère  au  camp  de 
la  Rochelle.  11  a  esté  pourveu  d'assignations  pour  le  paye- 
ment de  la  garnison  de  la  Mirande.»  (Même  volume, 
f°  20,3.)  Voir  une  lettre  de  du  Ferrier  qui  entre  dans  de 

longs  détails  sur  la  garni le  la    Mirande.  (Ibid.,  p.  8 

et  suiv.) 


1573.  —  18  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  Couds  français,  n°  3i8i,  f  s6. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
escript  si  amplement  que  je  n'y  sçaurois  rien 
adjousler  davanlaige,  sinon  pour  vous  pryer 
de  nous  faire  sçavoir  de  vos  nouvelles,  y  ayanl 
longtemps  que  n'en  avons  enteudeu.  en  es- 
tans  en  poyue.  Je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
qu'il  vous  tienne  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fonlainebleau,  le  xvmeme  jour  de 
mars  1673. 

Vostre  bonne  cousine,  ' 

Caterixe. 


[1573.  —  20  mars.] 
Aut.  Bibi.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  XX .  f'  ii. 

A  MON  FILS  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mou  fils,  j'é  avté  d'avis  de  vous  envoyer  cet 
courrier  pour  aultent  que  je  m'aseure  que  l'on 
fera  croyre  que  le  Roy  vostre  frère  seré  fort 
blesé;  mes,  Dieu  mersis,  se  n'el  pas  guière.  Yl 
é  vray  qu'il  a  avehapé  un  grent  coup,  car  il  a 
mis  enn  opinion  de  teuer  les  sanglyer  à  pié 
et  à  coups  d'espieu  et  yl  n'i  set  pas  encore 
beaucoup,  et  aysteut  Brion  et  Fontayne  et  luy  à 
pié  et  volant  enferer  le  sanglier,  yl  a  retorné 
sou  aypieu  sur  le  pié  et  lui  a  coupé  auprès  du 
cros  aurtel;  mes  yl  ne  touche  poynl  au  nerf; 
s'et  seulement  quelque  tendon,  et  afin  que 
l'on  ne  vous  fase  le  mal  plus  grent,  je  vous 
enn  é  voleu  avertir  ynconlinenl  ;  car  je  lé  veu 
panser  et  sa  bleseure  n'est  plus  longue  que 
cete  raye;  yl  est  au  lit  ;  ayspère  que,  dan  sine 
au  sis  jours,  yl  sera  ausi  gualart  qu'il  fusl 
jamès.  Je  prie  à  Dieu  qu'i  vous  guarde  de 
plus  grande  bleseure  et  voldrès  aystre  aseu- 
raye  que  lui  et  vous  n'ann  usié  jeamès  de 


plus  dangereuse.  Envoyé  quelque  un  devoslre 
part  pour  le  visiter,  yl  i  an  seré  bien  ayse1. 
Vostrc  bonne  mère. 

Caterine. 


1573  —  20  inars. 

Aut.  Archives  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 


Mon  frère,  à  ce  quej'ay  veu  par  une  lectre, 

1  on  vous  a  fait  part  de  la  blessure  du  Roy 

mon  filz,  laquelle,  Dieu  merey,  est   peu  de 

chose  et  en  est  bien  guéry.  J'en  suis  dehors, 

Dieu  mercy,  et  comme  j'ai  un  peu  la  joue  en- 

fle'e,  ce  sera  cause  que  ne  vous  lais  la  présente 

plus  longue  et  prie  Dieu  vous  donner  ce  que 

désirez. 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  185 

mauvaises  humeurs  desquelles  nous  pouvons 
cstre  menassez  et  que,  estans  frays  venus  du 
pays,  comme  ilz  seront,  ilz  feront  meilleur 
service  que  s'ilz  eussent  jà  esté  troys  ou  quatre 
moys  en  ce  royaulme1.  Si  nous  pouvons  avoir 
bien  tost  bonne  yssue  de  la  Rochelle  et  de 
Sancerre,  j'espère  que  les  efforts  du  dehors 
ne  seront  pas  grans  et  sur  ce  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  Rellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xvieme  jour  de 


1573.  —  ai  mars. 
Orig.  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  i5goa  ,  p.  457. 

A  MONSIEUR  DE  RELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Rellièvre,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  moy  avons  par  quelque  temps  dé- 
siré que  la  levée  des  Suysses  eust  esté  pieçà 
par  deçà,  touteffoys  quant  nous  considérons 
le  temps  qu'elle  nous  vient  à  propoz  pour  l'aire 
service,  s'il  survient  quelque  mauvaise  occa- 
sion plus  grande  que  ce  que  Ion  voyt  aujour- 
d'huy  se  préparer,  nous  n'y  avons  point  quasi 
de  regret;  mais  plus  tost  en  sommes  bien 
ayses,  espérans  que,  dedans  les  troys  moys  de 
leur  service,  l'on  verra  sortir  dehors  toutes  les 

Charles  IX,  le  2  3  mars,  écrivait  de  son  côté  à  son 
frère  :  r  Je  coumence  à  me  bien  guérir  de  ma  petite  bles- 
sure, espérant  l'estre  bien  tost  du  tout.  Je  garde  le  lit  de 
peur  de  la  déduction.  Je  vous  asseure  ma  playe  n'avoir 
esté  que  de  la  moictié  à  peu  près  aussi  grande  que  celle 
que  j'avoisaubras.»  (Bibl.  impér.  de  Saint-Pétersbourg.) 

Caturrine  de  Médicis.  —  IV. 


mars  1673. 
Brulart. 


Cateriînë. 


1  La  veille,  Charles  IX  avait  écrit  au  duc  d'Anjou  sou 
frère  :  «Je  viens  présentement  de  recevoir  une  dépesche 
du  sr  de  Bellièvre  de  laquelle  je  vous  envoie  la  coppie, 
et,  encores  que  je  ne  trouve  pas  pour  bieu  certain  l'advis 
que  lui  a  esté  donné  de  ceste  levée  de  huit  mille  reis- 
tres  et  six  mille  lansquenets  que  promet  en  faire  entrer 
en  mon  royaulme  le  comte  Ludovic  [de  Nassau]  dedans 
le  moys  de  may  prochain ,  pourveu  que  l'on  donne  ordre 
de  luy  faire  fournir  cent  md  escus  et  que  cela  pourra 
bien  avoir  esté  dict  pour  favoriser  les  affaires  de  ceulx  de 
la  Rochelle  et  des  autres  villes  qui  me  sont  détenues  par 
force,  si  est-ce,  mon  frère,  qu'il  me  semble  qu'il  ne  berce 
que  bien  fin  et  pour  mon  service  et,  pour  mieulx  s'en 
esclercir  de  la  vérité,  de  faire  mestre  le  s1  de  la  Noue 
dextrement  en  propos  par  le  sr  de  Biron  ou  autre  si 
ceulx  de  la  Rochelle  et  leurs  complices  ont  quelque  espé- 
rance de  secours  de  dehors  ou  non  et  d'essayer  de  tirer 
de  luy  quelques  particularitez  là  dessus,  èsquelles  l'on 
pourra  cognoislre  s'il  y  aura  quelque  conformité  en  l'advis 
susdict.  Au  surplus,  mon  frère,  j'ay  advisé  de  vous  faire 
marcher  le  plus  promptement  qu'il  sera  possible  ung  ré- 
giment de  troys  mil  Suisses  et  de  faire  venir  séjourner 
l'aultre  en  la  frontière  de  Picardye,  hormis  cinq  cens 
que  je  feray  venir  près  de  moy  pour  ma  garde ,  estant 
délibéré,  affin  que  le  susdict  régiment  soit  plus  tost  près 
de  vous,  de  le  faire  mettre  à  Rouanne  sur  la  rivière  de 
Loire  pour  couler  incontinent  vers  Angiers,  si  Dieu  veult 
que  bientost  vous  me  puisiez  mander  de  bonnes  nouvelles 
de  la  Rochelle;  j'espère  que  quant  et  quant  tous  ces 
bruictz  de  secours  s'évanouiront  et  tous  les  desseins  de 
ceulx  qui  essayent  d'affliger  mon  royaulme  seront  par 
ce  moyen  rompuz.»  (Bibl.  impér.  de  Saint-Pétersbourg.) 

9/1 


18(5 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1573.  —  3.3  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i8fl,  f*  27. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  le  Roy  monsieur  mon  lilz  a 
esté   bien   aise   d'entendre  par  le   sr   Copola 
comme  toutes  choses  se  passent  eu  Languedoc, 
aussy  particulièrement  qu'il  les  lui  a  bien  sceu 
représenter,  inesmes  ce  qui  s'est  fait  avancé 
jusques   icy  au   siège    de   Sonmnères,  ayant 
porté  ung  grand  regret  des  gens  de  bien  qui 
sont  morts  aux  assaultx  qui  y  ont  esté  donnez; 
mesmement  mon  cousin  le  comte  de  Candalle, 
voslre  beau-frère;  la  compaignie  duquel  il  a 
départy  aux  sieurs  de  Mondragon  et  de  Sar- 
labos,   suivant  la   requeste   que   lui  en  avez 
l'aicte,  voullant  bien  vous  dire  que  j'ay  faict 
soigneusement  regarder  s'il  y  auroit  moyen  de 
vous  faire  fournir  par  deçà  quelques  bonnes 
sommes  pour  satisfaire  à  l'enlreténement  de 
l'armée  que  vous  commandez  ;  mais  il  ne  s'en 
est  trouvé  pas  ung,  qui  est  cause,  mon  cou- 
sin ,  que  je  vous  prye  de  vous  ayder  des  troys 
cents  mille  livres  que  doibt  fournir  le  pays 
de  Languedoc,  à  mesure  qu'ilz  se  recevront, 
comme  il  n'y  a  point  de  double  qu'ilz  ne  se 
reçoivent  après  que  ce  différend  qui  est  entre 
ceulx  de  Thoulouse  et  le  syndic  de  Languedoc 
sera  vuidé,  vous  ayant  esté  oultre  cela  envoyé 
le  pouvoir  que  vous  avezcy-devanl  demandé, 
lequel  vous  devez  avoir  à  ceste   heure  par 
devers  vous,  qui  est  cause  que   vous  n'avez 
point  de  besoing  de  celluy  duquel  faict  men- 
tion le  pénultième  article  du  mémoire  dudict 
Copola,  qui  est  tout  ce  que  j'ay  à  vous  dire, 
mon  cousiu,  en  priant  Dieu  qu'il  vous  ayt  en 
sa  sainte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxiir"  jour  de 
mars  1 5y3. 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateiunk. 


1573.  —  Du  a5  au  3o  mars. 
Orig.  Dibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  XX,  f°  A7. 

AU  DUC  D'ANJOU. 

Mon  frère,  je  viens  de  recevoir  du  sieur  de 
la  Motte  Fénelon  mon  ambassadeur  en  An- 
gleterre une  dépesche  de  laquelle  je  vous  en- 
voyé le  double,  par  où  vous  verrez  en  quelz 
termes  demeure  la  royne  d'Angleterre  pour  le 
faict  du  mariaige  d'elle  et  de  mon  frère  le 
duc  d'Alençou1  et  comme  vous  aurez  veu  par 

1  Voici  ia  réponse  de  la  reine  Elisabeth ,  transmise 
par  Cécil  :  «Sa  Majesté,  voianl  que  le  Roy  Très  Chrestien 
son  lion  frère  et  la  Roine  sa  mère  persévèrent  en  leur 
Itonneste  désir  de  demander  son  alliance,  encor  que, 
despuis  le  mois  d'aoust  dernier,  plusieurs  choses  soient 
intervenues  de  leur  costé ,  par  lesquelles  elle  a  eu  grande 
occasion  de  ne  suivre  le  propos; 

(rNeantmoins,  à  leurs  pourclias,  elle  retourne  mainte- 
nant aux  mesmes  termes  où  les  choses  en  estoient 
demeurées,  le  xx°"  dudict  mois  d'aoust,  lorsqu'elle, 
séant  en  son  Conseil  à  Keningworlh ,  présent  le  s'  de  la 
Mole,  fit  une  forme  de  response  oudict  s'  embassadeur, 
qui  a  deu  contenter  Leurs  Très  Çhrestiennes  Majestés, 
suivant  laquelle  elle  dit  de  nouveau  : 

«Que  pour  le  bien  de  ses  subjects,  lesquels  monstrent 
de  prévoir  beaucoup  de  grands  dangiers  en  ce  royaume, 
si  elle  les  délaisse  sans  quelque  lignée  provenant  d'elle, 
et  sans  successeur,  affin  de  leur  satisfaire,  qu'elle  est 
fermement  résolue  de  se  marier  de  quelque  bon  et  grand 
lieu,  selon  elle,  si  elle  peut  trouver  quelqu'un  qui  à  elle 
et  à  son  Estât  soit  convenable; 

«Et  que,  sur  l'offre  que  Leurs  Majestés  Très  Çhres- 
tiennes luy  font  de  Monsieur  le  duc  d'Alençou,  leur  frète 
et  fils ,  elle  trouve  que  le  parly  est  très  honorable,  si  toutes 
autres  choses  y  peuvent  convenir,  dont  estime  qu'il  en 
consiste  une  bonne  partie  en  l'entrevue  d'eulx  detu, 
tant  à  cause  de  l'inégualité  de  l'âge,  que  pour  le  rapport 
que  ceulx  qui  ont  veu  Monsieur  le  Duc  ont  faict  de  son 
visage,  afin  de  veoir  s'il  y  aura  mutuel  contentement 
entre  eulx;  car  ainsyelle  a  tousjnurs  respondu  à  tous  au- 
tres princes  qui  l'ont  recerchée,  ce  que  chascun  sçait, 
bien  que  beaucoup  ont  faict,  qu'elle  n'accepteroit  jamais 
aucun  pour  mary,  si  elle  ne  l'eust  premièrement  vou; 

«Que  néantmoins,  pour  le  mescontenlement  et  autres 
desplaisirs  qui  pourraient  succéder  de  Ijdicte  entrevue, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


187 


le  double  de  la  dernière  dépesche  que  j'ay 
faicte  audict  La  Moite    sur  l'audience   que 

si  d'aventure  les  choses  ne  sortoient  en  effet,  et  crai- 
gnant pour  cela  quelque  diminution  d'amitié,  en  lieu 
qu'elle  la  veull  de  plus  en  plus  augmenter,  elle  ne  sçait 
que  désirer  là  dessus;  ains  remet  à  Leurs  Majestés  Très 
Chresticnnes  ledict  point  de  l'entrevue,  sçachant  très 
bien  qu'elles  ne  conseilleront  rien  à  leur  frère  et  fils  qui 
ne  soit  selon  son  honneur,  espérant  qu'il  ne  s'en  fera  au- 
cune mauvaise  interprétation ,  tant  elle  y  procède  simple- 
ment et  sincèrement ,  qu'encores  des  choses  ne  sortent 
effect  désiré;  car  en  cas  de  mariage,  encor  qu'il  y  puisse 
avoir  cause  suffisante  de  se  contenter,  et  louer  des  per- 
sonnes, voires  à  les  honorer  et  aymer,  si  fault-il  que  les 
affections  de  deux  coslés  soient  absolues;  en  quoy  le  gré 
de  nul  autre  ne  peult  servir,  sinon  celuy  des  parties. 

«Qu'elle  entend,  cependant,  que  touts  les  articles  qui 
ont  esté  consentis  par  cy-devant,  et  trouvés  bons  par  Sa 
Majesté  au  propos  de  Monsieur,  demeurent  entiers  pour 
Monsieur  le  Duc,  muant  seulement  les  noms,  réservé 
l'interprétation  ou  esclarcissement  des  doubtes  sur  l'ar- 
ticle de  la  religion,  ce  qui  sera  remis  à  estre  déterminé 
par  elle  et  Monsieur  le  Duc  à  leur  entrevue. 

«Qu'elle  voytbien  qu'audict  article  y  aura  maintenant 
plus  de  difficulté  qu'il  n'y  eust  en  auparavant  les  événe- 
mens  de  France,  considérant  le  cours  qu'il  semble  que 
le  Roy  tient  contre  ses  subjects  pour  leur  religion 
agréant  à  celle  d'Angleterre,  mesmement  à  luy  accorder 
ceste  partie  de  sa  religion  qui  consiste  principalement 
en  la  inesse ,  attendu  le  scandale  que  tous  ses  conseillers 
disent  qu'il  pourroit  en  ce  temps  advenir  de  le  luy  per- 
mettre ,  pour  estre  chose  trop  contraire  à  la  sainte  parole 
de  Dieu,  et  aux  lois  establies  pour  la  religion  receue  en 
Angleterre,  de  sorte  que,  oultre  le  scrupule  de  sa  propre 
conscience,  elle  estime  que  bien  peu  des  siens  le  luy 
vouldront  conseiller,  ayant  cause  à  présent  d'y  estre  plus 
soigneux  qu'ils  n'ont  esté  par  cy  devant. 

«Que,  néantmoins,  sur  ce  que  ledict  sr  graqd  trésorier 
dict  qu'il  luy  a  remonstré,  qu'encor  qu'elle  ne  deubte 
trouver  en  Monsieur  le  Duc  toutes  les  perfections  qu'elle 
désirerait,  de  tant  qu'il  y  en  a  plusieurs  grandes  et 
louables,  et  qu'il  est  de  1res  illustre  et  royalle  extraction  , 
et  que  c'eBt  à  présent  qu'un  parly  tant  honorable  luy  est 
offert  avec  tant  sérieux  moyens,  tant  par  le  Roy  et  sa 
mère,  comme  par  la  continuelle  poursuite  par  messa- 
giers  et  lettres  du  Duc  mesmes,  comme  tousjours  appert, 
et  qu'estant  le  temps  à  elle  de  se  maryer,  pour  ainsy 
qu'il  ne  fault  qu'elle  s'arreste  à  petites  difficultés,  qu'elle 


donna  dernièrement  la  Royne  madame  et  mère 
au  sieur  de  Valsingham  ambassadeur  de  la- 

dist  qu'elle  se  veult  incliner  pour  l'amour  de  ses  sub- 
jects, nonobstant  qu'elle  y  vit  aucunes  choses  non  du 
tout  à  sa  satisfaction,  d'endurer  aulcuns  défaillis,  ce 
qu'elle  ne  vouldroit  faire,  si  n'estoit  pour  la  nécessité  de 
son  mariage  à  contenter  son  royaume  ; 

«Qu'elle  ne  nye  point  ce  que  ledict  grand  trésorier  luy 
a  pareillement  remonstré  touchant  le  point  de  la  reli- 
gion, que  plusieurs  choses,  rnoiennant  qu'elles  ne  soient 
directement  contre  la  parole  de  Dieu,  comme  il  dict  estre 
quelque  part  de  la  messe,  se  peuvent  laisser  aller  par 
connivence;  qu'autrement  l'on  ne  les  octroyeroil  pas,  et 
qu'il  y  a  moins  de  scrupule  et  moins  de  scandale  de  ne 
les  contredire,  que  si  par  expresse  déclaration  l'on  les 
authoriseroit;  par  où  ledict  sr  trésorier  pense  qu'en  telles 
et  semblables  moindres  cl)09es  sa  conscience  se  pourroit 
acquiescer,  en  espérance  que,  Mous4  le  Duc  s  estant  ac- 
coustumé  avec  l'exercise  de  la  religion  d'Angleterre,  trou- 
verait avec  le  temps  plus  de  raison  de  s'en  louer,  que 
peult  estre  de  la  religion  de  France,  car  il  est  manifeste 
qu'en  la  plus  part  des  choses  celle  d'Angleterre  ne  varie 
de  la  Romaine  fors  qu'au  langage  ;  qni  est  ce  qu'à  pré- 
sent elle  peult  respondre  au  désir  du  Roy  et  de  la  Royne 
Très  Chrestiens,  et  ainsy  le  leur  fera  dire  par  son  ambas- 
sadeur par  delà. 

«Et  ledict  s1  grand  trésorier  adjousta  : 
«Que  suivant  ce  qne  dessus,  estant  fort  pressé  par  le- 
dict s'  embassadeur  à  dire  quelque  chose  de  ce  qu'il  pen- 
soil,  il  dict  qu'il  ne  pouvoit  aucunement  penser,  sinon 
que  Monsr  le  Duc  trouve  bon  de  prendre  la  poste  avec 
une  modérée   compaignie  pour  venir  par  deçà  en  ce 
printemps,  comme  en  may,  ou  semblable  temps,  pour 
veoir  la  royne,  ce  qu'il  pourroit  faire  sans  le  préjudice 
de  luy,  considérant  la  grandeur  de  Sa  Majesté,  et  qu'il 
n'a  aucun  estât  souverain,  ains  l'honneur  d'estre  duc  et 
frère  de  Roy,  et  comme  un  jeune   prince  désirant  aussy 
de  travailler  et  veoir  les  pais,  il  pourra  en  ceste  sorte 
venir  à  Grenwicb,  ou  en  quelque  autre  lieu  icy  près  de 
Londres  en  Kent,  ou  bien  là  part  où  la  Royne  lors  se 
trouvera;  qu'il  auroit  bonne  espérance  que  l'affaire  se 
conduirait  à  une  bonne  et  bien  heureuse  conclusion  ;  car 
accordant  qu'il  se  peult  trouver  aultant  agréable,  comme 
plusieurs  en  ont  faict  rapport  puis  naguères,  en  ce  que 
la  picotte  de  la  petite  vérolle  s'est  toute  effacée,  n'y  voyoit 
difficulté  importante  que  celle  de  la  religion.  Et  quant  le 
mutuel  contentement  se  trouvera  aulx  personnes,  il  espé- 
rait que  la  religion  ne  l'emportera ,  et  qu'il  y  aura  encores 

ai. 


188 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


dicte  royne,  il  luy  sera  propozé  de  nouveaux 
moyens  pour  la  persuader  audict  mariaige 
et  l'attirer  à  le  vouloir  et  consentir  que  toutes 
choses  soient  premièrement  résolues  avant 
l'cnlrevcue,  aflin  que, la  faisant,  le  mariage  se 
puisse  aussi  consommer;  car  je  croy  qu'il  n'y 
a  personne  qui  me  peust  avec  raison  conseiller 
que  mondicl  frère  allast  à  ladicte  entrevue 
que  premièrement  tout  ne  soit  conclud,  ar- 
resté  et  signé,  sans  louteffois  pour  la  conten- 
ter que  personne  le  saiche,  ainsi  qu'il  est 
amplement  discouru  par  le  double  de  ladicte 
dépesche,  qui  me  gardera  d'en  estendre  ceste 
cy  davantage,   si  n'est  pour   vous  dire  que 

des  conseillers  qui  vouldront  ainsy  adviser  que  Mons'  le 
Duc  se  puisse  contenter  avec  une  telle  tolération  pour 
l'exercise  d'aucuns  points  de  sa  religion  qui  n'offenseroit 
Testât  de  ce  royaume.n 

La  Mothe-Fénelon  résumait  ainsi  les  autres  propos 
du  grand  trésorier  : 

itQue  ladicte  Dame  a  le  cueur  et  l'affection  entiers 
vers  le  Roy  et  la  Royne  sa  mère  à  vouloir  demeurer  à 
jamais  leur  bonne  confédérée,  ainsy  qu'elle  pense  bien 
aussy  que  eulx,  de  leur  costé,  luy  correspondent;  mais 
qu'il  ne  voyt  pas  que  cela  puisse  guères  longuement  du- 
rer, nonobstant  sa  présente  véhémente  intention  à  per- 
sévérer et  garder  le  traicté  de  sa  part,  attendu  les  dépor- 
terons de  la  France,  lesquels  luy  semblent  que  tendent 
fort  à  déprimer  les  proteslans  là  où  ce  royaume  ne  peult 
faire  qu'il  ne  leur  porte  faveur,  ce  que  sera  occasion,  si 
le  mariage  ne  succède,  que  peu  à  peu  toute  la  seureté 
de  la  ligue  s'ira  perdre,  et  n'y  aura  ny  traicté  ny  ser- 
ment ny  commerce  ny  lettres  ny  bonnes  parolles  qui 
les  puissent  engarder,  car  vouloit  dire  librement  que, 
tomme  il  pensoit,  par  les  opinions  des  plus  sages,  que 
la  royne  sa  maistresse  ne  pourroit  faire  qu'enfin  elle  et 
son  Estât  ne  fussent  contraints  de  suivre  les  délibérations 
et  les  générales  résolutions  qui  se  prendront  par  les 
princes  proteslans  pour  la  deffense  de  leur  religion,  et 
pour  résister  aux  altemplats  de  ceulx  qui  vouldront  in- 
valiir  ce  royaume,  dont  pour  boucher  le  pas  à  tous  in- 
convéniens  qui  pourront  survenir  en  l'amitié  et  bonne 
ligne  qui  est  de  présent  entre  Leurs  Majestez,  il  jugeoit 
n'y  aveoir  rien  de  plus  expédiant  que  de  la  confirmer  et 
l'entretenir  davantage  par  ce  mariage. -i  (Record  office, 
State  paiera ,  France,  copie  «In  temps.) 


l'homme  dudict  sieur  de  la  Molle  m'a  ra- 
porté  que  le  premier  jour  de  ce  mois  le  comte 
de  Monlgommery  esloil  en  Cornuailles,  fai- 
sant tout  ce  qu'il  peult  pour  advancer  son 
équipaige  et  parlement,  estans  une  partie  de 
ses  vaisseaulx  déjà  prestzà  Porsemut1  et  qu'il 
avoit  environ  de  cinq  ou  six  mil  hommes, 
dont  il  esl  certain  qu'il  y  en  a  deux  mil  cinq 
cens  de  fort  bien  armez  et  qui  pourront  sortir 
desdicts  vaisseaux  sur  lesquels;  il  a  force  ar- 
tillerie, pouldres,  boulletz  et  munitions  de 
guerre  avecq  grand  nombre  de  hiscuitz  et  de 
toute  sortes  de  vivres;  qu'il  a  promis  et  as- 
seuré  à  ceulx  qui  luy  oui  faict  fournir  argent 
pour  dresser  son  équippaige  qu'il  le  mectra 
en  la  Rochelle  el  que  luy  y  entrera;  mais  je 
ne  pense  pas  qu'il  le  puisse  faire,  à  ce  que 
m'avez  escript  de  l'ordre  que  y  avez  donné 
pour  l'en  empescher;  et  Languillier  qui  estoit 
party  d'Angleterre  pour  en  aller  porter  nou- 
velles à  ceulx  de  la  Rochelle  est  retourne"  en 
Angleterre,  asseurant  y  estre  entré  et  sorty; 
mais  je  n'en  crois  rien  el  ne  double  pas  qu'il 
n'ait  fait  sourdre  ce  bruict  expressément  pour 
donner  couraige  au  comte  de  Moiitgomery  du- 
quel, je  m'asseure,  que  vous  sçaurez  bien 
rompre  le  desseing,  s'il  l'a,  pour  entrer  à  la 
Rochelle  el  la  secourir,  priant  Dieu  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincle  gaule. 

Je  signe  celé  lettre  pour  le  Roy'2,  car  yl  s'et 
aie  coucher  et  va  demayn  au  malin  courir  le 
serf  auprès  de  Meleun. 

Vostre  bonne  mère, 

I  .  \  rEIUNE. 

1    l'oilsmouth. 

-  Cette  lettre  attribuée  par  Catherine  à  Charles  l\  est 

bien  d'elle  seule  et  à  ce  titre  elle  a  de  droit  sa  place  dans 
le  recueil  de  sa  correspondance. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


189 


1573. 


3o  mars. 


Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17972  ,  F  79. 
Imprimé  ihins  les  Additions  aux  Mémoires  île  Castehiau,  t.  III ,  p.  3i6. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  le  sr  de  Walsingham 
envoya  hier  son  secrétaire  devers  Pinart  le 
prier  de  me  dire  qu'il  avoit  aucunes  choses  à 
traicter  avec  moy  suivant  une  dépesche  qu'il 
avoit  reçue  d'Angleterre  et  me  requist  de  luy 
donner  audience,  comme  j'ay  faict  ceste  après 
dinée  fort  privement,  tant  et  si  longuement 
qu'a  voulu  ledict  de  Walsingham,  qui  a 
commencé  son  propos  sur  ce  qu'aviez  parle'  à 
la  royne  sa  maistresse  de  ce  que  nous  dismes 
par  deçà ,  lorsque  le  sieur  comte  de  Wolcestre 
y  estoit  pour  le  faict  du  marriage  d'entre  la- 
dicle  royne  et  mon  filz  le  duc  d'AHençon  et 
que,  si  l'entrevue  de  mondict  filz  et  d'elle  se 
faisoit,  il  s'en  ensuivrait  hien  tost  résolution, 
estant  ladicte  entrevue  bien  nécessaire,  tant 
pour  le  contentement  de  l'œil  des  partties,  que 
pour  aussi  par  mesme  moyen  se  pourrait 
accorder  le  faict  de  la  religion,  qui  estoit  les 
deux  poincts  dont  il  avoit  commandement  de 
me  parler;  sur  quoy  je  l'ay  hien  tost  esclairry 
de  l'intention  du  Roy  mon  filz  et  de  la  mienne, 
luy  ayant  repris  ce  qui  a  esté  cy-devant  es- 
cript  pour  le  faict  de  ladicte  entrevue  et  que 
pour  le  poinct  de  la  religion,  vous  en  aviez 
faict  entendre  à  ladicte  royne  sa  maistresse 
ce  qui  vous  en  avoit  esté  escripl,  qui  est  le 
moins  qu'elle  puisse  accorder  à  mondict  iîlz; 
sur  quoy  nous  avons  assez  longuement  parlé 
et  ay  enfin  recueilly  de  luy  que  ladicte  royne 
désirait  que  mon  filz  se  conlentast  de  la  li- 
berté de  sa  conscience  sans  aucun  exercice 
privé  ni  extérieur  aucun,  tenant  ledict  sr  de 
Walsingham  assez  ferme  à  cela  et  croit  que 
c'est  altérer  en  sa  religion.  Je  luy  ay  respondu 
que  je  n'entendois  poinct  en  ce  me  déclarer 


et  que  j'en  parlerais  au  Roy  mondict  sieur  et 
filz  et  à  ceux  de  son  conseil,  mais  qu'il  me 
sembloit  avoir  juste  occasion  de  se  contenter 
de  ce  que  accordions  pour  le  faict  de  ladicte 
religion,  que  c'est,  que  mon  filz  n'exercera 
nostredicte  religion  par  delà  que  en  tel  privé 
lieu  convenable  qu'adviseroit  ladicte  rovne  au 
dedans  du  chasteau  ou  maison  où  elle  et  mon 
filz  logeront  et  qu'encores  n'entrera-t-il  de- 
dans ledict  lieu  pour  faire  l'exercice  de  la  re- 
ligion avec  mondict  filz  que  ses  principaulx  et 
plus  privés  serviteurs,  qui  seront  Françoys;  et 
davantage  que  ladicte  royne  mectra,  si  elle  le 
veult,  un  huissier  ou  quelque  autre  honneste 
homme  pour  en  garder  la  porle,  affin  qu'il 
voye  qui  y  sera  et  ce  qui  s'y  fera.  Après  cela 
bien  entendu  par  le  sr  de  Walsingham,  il  a 
repris  encore  le  propos  de  l'entrevue  où  j'ay 
bien  congneu  qu'il  se  conduisoit  selon  ce  qu'il 
avoit  de  commandement;  aussi  m'a-t-ii 
tout  lu  et  baillé  ung  poinct  de  sa  lettre,  dont 
je  vous  envoie  ung  double  que  vous  verrez, 
qui  est  faict  artificieusement,  car  par  icelluy 
il  se  juge  assez  qu'icelle  royne  voit  bien  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  et  moy  ne  permet- 
trons pas  que  mondict  filz  le  duc  aille  par 
delà  sans  plus  grand  fondement  et  assurance 
dudicl  mariage.  Aussi  après  la  lecture  dudict 
mémoire  ay-je  dicl  au  sieur  de  Walsingham  que 
ladicte  entrevue  ne  se  pouvoit  faire  que  pre- 
mièrement les  articles  du  mariage  ne  fussent 
conclus  et  que  je  ne  pensois  pas  qu'une  grande 
princesse,  comme  elle  est,  fondoit  l'occasion 
de  son  mariage  sur  la  beaulé  du  visage  d'un 
bon  prince  de  si  bon  lieu,  comme  est  mondicl 
filz  le  duc;  mais  que  j'estimois  que.  si  elle 
désirait  l'espouser,  que  c'estoit  pour  rendre 
l'union  perpétuelle  entre  ces  deux  royaumes, 
avoir  amitié  et  ayde  de  nous,  comme  nous  la 
désirons  en  semblable  d'elle  et  que  ledict  ma- 
riage, nouant  la  perfection  d'amitié  d'entre  elle 


190 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


et  nous  el  nos  communs  subjectz,  quo  j'estois 
l'orl  marrye  que  mondial  Giz  le  duc  n'estait 
plus  agréable  de  visage  qu'il  n'est,  mais 
qu'eneores  qu'il  soit  mon  filz  et  qu'il  ne  fust 
pas  l'orl  décent  que  je  parlasse  de  ses  perfec- 
tions et  que,  grâces  à  Dieu,  il  n'avoit  rien  de 
difforme,  et  au  contraire  qu'il  estoit  de  fort 
belle  faille,  de  la  mesme  maison  et  sorty  des 
propre  père  et  mère,  ayant  le  cœur  1res  bon 
et  l'entendement  de  mesme  et  qu'il  n'y  avoit 
rien  à  dire  sinon  le  visage;  encore  c'estoit  par 
accident,  qu'il  ne  fust  tout  tel  que  mon  filz  le 
duc  d'Anjou  qu'elle  a  tant  aymé,  à  ce  que  le- 
dict  sieur  de  Walsingbam  nous  a  autrefois  dict; 
mais  que,  si  elle  ne  vouloil  ledict  mariage,  que 
nous  désirons,  quelle  le  dise  franchement  et 
que  nous  ne  laisserons  pas  pour  cela  de  l'ay- 
mer  et  d'entretenir  nostre  dernier  traicté,  si 
elle  y  a  bonne  volonté  de  sa  part,  comme  il 
disoit,  et  que  pourvu  qu'elle  y  procède  sincè- 
rement ainsi  que  voulons  faire  de  nostre  costé, 
dont  il  ne  s'est  pas  esloigné  me  disant  que 
ladicte  royne  sa  maistresse  désirant  bien  fort 
l'eutreténenient  dudict  traité  ne  le  romprait 
jamais  la  première,  l'ayant  bien  monstre  en 
ce  quelle  avoit  refusé  ses  subjects  qui  l'avoient 
fort  pressée  de  leur  permettre  de  venir  pour 
le  faict  de  la  religion  faire  la  guerre  eu  France; 
que  nous  avons  à  l'en  remercier;  mais  que, 
à  ce  qu'il  avoit  entendu,  nous  estions  déli- 
bérez de  faire  le  contraire,  ayans  résolu  que, 
aussi  tost  que  la  Rochelle  sera  prise ,  que  nos 
forces  iraient  luy  faire  la  guerre;  et  lui  respon- 
dant  à  ce  propos,  l'ay  aussi  asseuré  que,  de 
nostre  part,  ne  romprions  point  avec  elle 
ny  n'interromprions  en  quelque  façon  que  ce 
fust  noslredict  dernier  traicté;  que  nous  vous 
mandions  la  remercier  (comme  aussi  faut-il 
que  faciez  à  vostre  première  audiense)  du- 
dict refus  et  desfenses  qu'elle  avoit  faicles  à 
ses  subjeclz,  comme  vous  avez  escript  et  que 


nous  n'avions  jamais  pensé,  aussi  n'y  avoit  il 
poinct  d'apparence  de  croire  que  nous  vou- 
lussions ,  après  avoir  si  solemncllemenl  et  fran- 
chement  faict  ung  traicté,  le  rompre  el  qu'il  ne 
falloil  jamais  que  de  son  costé  elle  croye  ceux 
qui  désireraient  et  qui  vouloient  par  leurs 
artifices  amener  ces  deux  royaumes  aux  maux 
qu'engendre  ou  apporte  la  guerre,  comme, 
de  noMre  part,  nous  estions  bien  résoluz  de 
ne  les  croire  aucunement  et  qu'en  telles  choses 
le  Roy  monsieur  mon  filz  oyoit  (comme  les 
princes  doivent  faire  les  choses  que  l'on  leur 
propose)  et  n'ayant  toutefois  jamais  pensé 
ni  ne  voudrait  penser  à  cela,  qu'à  présent, 
grâces  à  Dieu,  il  est  grand  et  a  l'esprit 
aussi  meur  pour  avoir  l'intelligence  de  ses 
affaires  et  sçauroit  fort  bien  prendre  de  luy 
même  les  résolutions  qu'il  fruit  pour  s'entre- 
tenir en  bonne  amitié  avec  ses  voysins  et  prin- 
cipalement avec  ladicte  royne;  mais  que,  de 
nostre  costé,  nous  avons  aussi  à  nous  plaindre 
de  ce  que  nous  sçavions  bien  qu'elle  avoit  aussi 
promis  soubz  main  à  ceulx  qui  nous  font  la 
guerre  et  que  doresnavant,  pour  rendre  par- 
faicte  l'intention  de  nostredict  dernier  traicté, 
qu'il  falloit  proccéder  sincèrement  sans  disi- 
muler  ny  user  de  façons  couvertes  d'une  part 
ni  d'autre  et  effectuer  noslredict  traicté,  ce 
qui  l'a  fait  ung  peu  penser;  et  puis  il  est  entré 
en  propos  sur  l'Eseosse  où  il  m'a  dict  que  tous 
esloieut  bien  d'accord,  recognoissans  le  petit 
roy  et  qu'il  n'y  en  avoit  plus  que  des  opi- 
niaslresqui  tenoient  lecliasIeaudeLislebourg, 
qui  estoient  Lair  des  Granges  et  Ledington, 
que  nous  sçavons  bien  qui  avoient  tousjours 
faict  tant  de  mauvais  offices  contre  la  royne 
d'Escosse  et  que  sa  maistresse  avoit  bien  sceu 
ce  que  nous  avions  mandé  par  le  frère  de  Lan- 
des Granges,  et  l'asseurance  que  nous  avions 
donnée  à  ceux  de  Lislebourg  de  les  assister 
pour  faire  tousjours  pour  la  royne  d'Escosse. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


191 


Je  luy  ay  à  ce  propos  responJu  qu'il  ne  se 
trouveroit  rien  que  nous  eussions  faict  ny  dict 
ny  en  volonté  de  faire  ny  dire  au  préjudice  du 
traicté,  mais  que,  si  sadicternaistresse  en  avoit 
vu  quelque  chose  ou  vu  par  escript,  que  tout 
cela  estoit  faux  et  contrefaict.  Et  luy  ay  fait 
plainte  par  mesme  moyen  de  ce  que  Ton  avoit 
pris  et  retenu  et  tenoit-on  encore  Vérac  en  An- 
gleterre, où  les  vents  l'avoient  jeté  par  tem- 
peste,  allant  en  Escosse  avec  l'ambassadeur  de  la 
royne  sa  maistresse,  afin  de  moyenner  ensem- 
blemenl  suivant  nostre  traicté  une  bonne  paix 
audict  pays  d'Escosse,  et  que  cela  estoit  contre 
l'intention  de  nostredict    traicté.  Il    est  ung 
peu  blesmy,  et  croy  que  ce  qui  luy  avoitdonné 
volonté,  ces  jours  passez,  comme  je  me  doute 
qu'il  a  eu  de  s'en  aller,  comme  il  vous  a  esté 
escript,  sans  dire  adieu,  est  la  peur  qu'il  avoit 
que  l'on  leretintpour  ledict  Vérac  et  que  au  de- 
meurant nous  estions  bien  ayses  de  ce  que 
icelie  royne  sa  maistresse  eust  veu  les  papiers 
que  avoit  iceluy  Vérac,  pour  ce  qu'il  ne  se 
trouvoit  rien  qui  fust  contraire  à  l'intention 
de  nostredict  traicté  el  que  véritablement  le 
Roy  monsieur  mon  filz  ne  pouvoit  pas  heureu- 
sement oublier  de  recommander  ladicte  royne 
d'Escosse,  luy  estant  ce  que  elle  est,  et  lors 
ledict  de  Walsingbam  m'a  dict  que,  par  iceluy 
traicté,  il  est  nommément  dict  qu'il  ne  se  par- 
lera aucunement  de  ladicte  royne  d'Ecosse,  et 
que  ledict  Vérac  avoit  jeté  les  papiers  à  la  mer, 
quand  il  avoit  approché  la  terre  d'Angleterre  ; 
mais,  sans  nous  arrester  davantage  en  ce  pro- 
poz,  sommes  entrez  sur  lesdicts  deux  poinctz 
dont  il  avoit  charge,  me  disant  derechef  que 
mon  fils  allast  à  ladicte  entrevne  et  que  nous 
remissions  ledict  poinct  de  la  religion   à  se 
résouldre  estant  là  sur  le  lieu  entre  ladicte 
royne  et  qu'il  y  auroit  honneste  occasion  et 
couleur  de  dire  que  ce  seroit  pour  ne  s'estre 
pu  accorder  dudict  poinct  de  la  religion;  et 


suivant  ce  que  je  luy  avois  desjà  sur  le  mesme 
subject  respondu,  je  luy  ay  derecbef  dict  que 
c'est  chose  que  nous  ne  permettrions  jamais 
pour  le  mal  que  cela  pourroit  amener  cy-après, 
d'autant  que,  s'il   advenoit  que  mondict  filz 
allast  de  delà  et  qu'il  s'en  revint  sans  effectuer 
ledict  mariage,  y  allant,  comme  sans  doute 
il  iroit  de  sa  réputation,  cela  seroit  cause  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  et  nous  tous  nous 
ressentirions  de  telle  sorle,  qu'il  ne  pourroit 
estre  qu'il  n'en  vint  de  grandes  inimitiez  entre 
elle  et  nous;  mais  qu'il  y  avoit  ung  bon  ex- 
pédient  en    cela,   par   lequel    elle    recevroit 
l'houneur  qu'elle  mérite  et  désire,  c'est  que, 
considéré  ce  que  luy  avons  desjà  bien  parti- 
culièrement desclaré,  qui  est  que  je  croyois 
bien  Sadic.te  Majesté  estre  si  prudente,  si  sage 
qu'elle  ne  se  marieroit   pas,  à   mon   advis, 
pour  la  beauté  d'un  visage,  mais  pour  le  bien 
de  ses  affaires  et  autres  considérations  qu'elle 
sçait  assez  prudemment  penser  et  que,  pour 
ceste  cause,  si  elle  veult  accorder  les  articles 
du  mariage,  et  les  signer,  comme  nous  ferons 
de  nostre  part  et  nous  promettre  par  lettres 
qu'elle  nous  escrira  de  sa  main,  qu'elle  aura 
agréable  la  personne  de  mondict  filz  le  duc 
d'AUençon,  nul  ne  sçaura  la   conclusion    et 
accord  dudict  mariage  que  ceux  qu'elle  vou- 
dra choisir  de  ses  confidens  de  sa  part  et  de 
la  nostre,  mes  trois  enfans  et  moy  et  deux  seu- 
lement de  nostre  conseil  pour  accorder  les  ar- 
ticles ,  et ,  lorsque  tout  sera  secrètement  accordé 
et  non  autrement,  mondict  filz  le  duc  entre- 
prendra le   voyage   expressément,  ainsi   que 
s'il  n'y  avoit  rien  de  fait,  pour  lui  présenter 
son  service,  ainsi  que  feroit  un  bien  affec- 
tioné  qu'il   luy  est,   pour  aller  acquérir  ses 
bonnes  grâces  et  désirant  l'espouser.  Et  lors 
ou  quelque  temps  après,  afin  qu'elle  ait  l'hon- 
neur qu'elle  désire  d'estre  recherchée  par  luy 
jusques  en  son  royaume,  elle  déclarera  qu'elle 


\\)-2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


veull  ledict  mariage  et,  par  ce  moyen,  elle  se- 
roit  honorablement  salisfaicte,  comme  elle 
désire,  s'il  luy  plaist  ainsi  l'accorder.  Sur  quoy 
le  s'  Walsingliam,  après  avoir  quelque  peu 
pensé,  m'a  dict,  mais  pour  cela  ce  seroil  faire 
le  mariage;  et  je  luy  ay  respondu  que  oui  et 
que  ladicte  entrevue  ne  se  pouvoit  autrement 
faire,  d'autant  que  ce  serait  faire  tort  à  mon 
lilz  de  luy  faire  entreprendre  ledicl  voyage 
que  le  mariage  ne  se  fist  point,  pour  ce  que  l'on 
penserait  que  ce  refus  fust  pour  quelque  autre 
occasion;  mais  que  je  le  priois  tenir  la  main 
de  sa  part  et  nous  ayder  à  nous  en  faire  avoir 
le  plus  lost  qu'il  pourrait response,  affin  que, 
s'il  ne  se  pou\oil  faire  en  Angleterre,  nous 
voulions  entendre  ailleurs  à  un  autre  party, 
et  occasion  qui  se  présente  bien  à  propos 
pour  mon  filz,  et  que  pour  cela  nous  ne  laisse- 
rions pas  de  demeurer  en  tous  bons  termes  de 
ligue  et  d'amitié  selon  nostre  dernier  traiclé; 
en  quoy  il  nous  a  dict  qu'il  s'employera  de 
toute  affection  et  qu'il  espérait,  estant  eu  An- 
gleterre, où  il  s'eu  debvoit  bienlost  retourner, 
pour  ce  que  son  successeur  sera  bientost  par 
deçà,  à  ce  qu'il  dict,  y  faire  tous  les  bons 
offices  et  avoir  encore  ce  bien  d'en  estre  mi- 
nislre  pour  servir  d'affection  à  l'enlreténement 
de  l'amitié  de  ces  deux  royaumes,  n'ayant  pas 
failly  de  luy  dire  qu'il  n'y  avoit  rien  qui  y  pust 
tant  que  ledict  mariage,  et  que,  le  faisant, 
c'estoit  unir  et  rendre  en  amictié  parfaicle. 
M'ayant  après  mis  au  propos  de  la  Rochelle, 
me  demandant  s'il  s'y  faisoit  point  quelque 
bonne  composition,  je  n'ay  pas  failly  de  lui 
dire  la  vérité  telle  qu'elle  est,  et  comme  nous 
ne  désirons  rien  tant  que  de  les  conserver, 
ainsi  qu'il  leur  a  esté  bien  monstre,  leur  ayant 
faict  offrir  les  offres  des  plus  raisonnables  con- 
ditions qu'il  est  possible,  et  comme  il  avoit 
bien  pu  entendre  et  dont  ils  sont  encore  admo- 
nestez de  les  accepter  et  qu'encore  monilict 


lilz,  pour  éviter  leur  ruine,  leur  en  faisoit  jour- 
nellement parler,  combien  qu'il  aye  moyen 
de  les  forcer,  estant  le  boulevard  de  l'Evan- 
gile quasi  tout  ruiné  et  la  courtine  d'auprès, 
les  voyant  jusqucs  au  cœur  dedans  la  ville  et 
eux  hors  d'espérance  d'avoir  secours  d'Angle- 
terre, comme  j'ay  dict  audict  Walsingliam 
qu'ilz  disoient  1  attendre;  carie  port  est  si  bien 
bouché  et  occupé,  ce  qu'il  m'a  confessé  estre 
vray  et  le  savoir  bien  et  oullre  de  cela  que 
nous  sçavons  bien  qu'ilz  ont  beaucoup  d'autres 
incommodités  dedans  la  ville,  de  sorte  (pue, 
si  mon  filz  vouloit,  il  les  ferait  forcer;  mais 
le  désir  qu'il  a  qu'ilz  se  réduisent  faict  qu'il 
temporise  et  attend  tous  les  jours  pour  voir 
s'ils  seront  sisaiges  de  se  réduire  doucement, 
premier  que  d'endurer  ung  assaull;  mais  le 
Roy  mon  filz  et  moy  luy  avons  mandé  depuis 
un  peu  pour  le  danger  qu'il  y  avoit  à  la  per- 
sonne de  mondiet  filz,  à  ce  qu'il  s'advisast  d'y 
mectre  une  fin,  comme  je  ne  doute  pas  qu'il 
ne  fasse,  avant  sceu  certainement  qu'il  a  faict 
loger  ses  soldatz  dedans  le  fossé,  se  délibérant 
d'advancer  pied  à  pied  et  gaigner  ledict  bou- 
levard de  l'Évangile,  y  loger  des  pièces  d'ar- 
tillerie, comme  il  lui  sera  aysé,  et  les  battre 
dudicl  boulevard  dedans  la  ville  à  force  de  ca- 
nons et,  pour  ce  qu'il  estoit  prest  à  prendre 
congé  de  moy,  il  a  tenu  encores  sur  les  deux 
dictz  poincts  de  l'entrevue  et  de  la  religion  et 
pour  ce  qu'il  enlendict  bien  nostre  conviction, 
je  les  lui  réitéray  encores,  comme  j'ay  faict, 
ainsi  qu'il  est  desclaré  cy  devant,  dont  je  ne 
vous  feray  aucune  redicte;  mais  vous  prie 
n'oublier  rien  de  que  dessus  et  faire  en  sorte 
que  nous  en  ayons  bien  tost,  s'il  est  possible, 
l'heureuse  fin  que  nous  désirons  et  n'oubliez 
pas  de  suivre  et  satisfaire  aussi  entièrement 
à  la  dépesche  que  vous  fismes  le  jour  d'hier  et 
de  nous  esciire  le  plus  souvent  que  vous  pourrez 
par  l'ordinaire,  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


193 


Mothe,    vous    avoir  en   sa    saincte  et  digne 
garde  K 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxxem°  jour  de 
mars  1673. 

Caterine. 

1  Walsingham  rendit  compte  en  ces  termes  de  cet 
entretien  à  Ge'cil,  le  1"  avril  :  «A  l'égard  du  ma- 
riage, j'ai  dit  à  la  Reine  que  Sa  Majesté  ma  maîtresse 
ne  pouvait  parler  plus  clairement  qu'elle  n'avait  fait 
jusques  icy,  et  qu'elle  ne  pouvait  prendre  un  époux  sans 
l'avoir  vu  préalablement  ; 

«Qu'elle  ne  pouvait  consentir  qu'aucun  homme  qui 
deviendrait  son  époux  professât  de  son  consentement  une 
religion  qu'elle  croirait  contraire  à  la  parole  de  Dieu  et 
défendue  par  les  lois  de  son  royaume. 

«Elle  a  répondu  au  premier  de  ces  points  que  le  Roi 
ni  elle  ne  pouvaient  consentir  que  le  duc  passât  en  An- 
gleterre sans  être  assuré  que  le  mariage  se  ferait. 

«Sur  le  second,  qu'il  ne  serait  pas  honnête  que  son  fils 
changeât  de  religion  tout  d'un  coup ,  et  qu'il  ne  serait 
honorable  pour  Sa  Majesté  d'exiger  que  son  époux  n'eût 
pas  l'exercice  de  sa  religion ,  et  quant  à  ce  que  la  reine 
dit,  qu'elle  ne  pouvait  consentir  qu'il  n'eût  aucune  ma- 
nière de  religion  ,  il  lui  semblait  que  c'était  bien  obscur 
et  méritait  un  éclaircissement. 

«Je  lui  ai  répondu  que  je  n'avais  pas  l'ordre  del'expli- 
quer,  mais  qu'il  me  semblait  que  l'intention  de  Sa  Ma- 
jesté ma  maîtresse  était  de  lui  interdire  l'exercice  de 
toute  religion  contraire  aux  lois  du  royaume.» 

Une  longue  discussion  s'etant  engagée:  rNous  deman- 
dons seulement)!,  dit  en  dernier  lieu  Catherine,  tique  mon 
fils  ait  l'exercice  secrètement  de  sa  religion ,  pour  lui  et 
quelques-uns  des  siens,  avec  cette  réserve,  que  Sa  Ma- 
jesté désignera  ceux  qu'elle  jugera  â  propos  pour  éviter 
qu'aucun  de  ses  sujets  n'y  aille.» 

L'entretien  en  étant  resté  là  sur  la  question  du  ma- 
riage, et  Catherine  s'étant  plainte  des  secours  que  Mont- 
gommery  trouvait  en  Angleterre,  Walsingham  répliqua 
que  plusieurs  de  ses  sujets  notables  par  leur  naissance 
et  leur  haute  situation  avaient  représenté  à  la  reine  sa 
maîtresse  que,  si  elle  ne  protégeait  les  opprimés  et  les 
laissait  succomber,  qu'elle  serait  la  cause  de  la  ruine  de 
son  propre  royaume;  que  le  moment  était  favorable  pour 
recouvrer  les  provinces  de  France  qui  appartiennent  à  la 
couronne  d'Angleterre,  et  lui  avaient  offert  de  mettre 
sur  pied  en  six  mois  une  armée  de  90,000  hommes 
de  pied,   et  de  2,000   chevaux;    que  tout  récemment 

Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


1573.  —  3o  mars. 

Copie.  Bibl.  liât,  fonds  français,  nc  1797a  ,  f°  83  v°. 
Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Caslelnau  .t.  Mi, p. 391. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  ce  mot  seullement 
sera  pour  accompagner  la  lettre  que  le  Roy 
mon  Dlz  vous  escript,  à  laquelle  me  remectant 
et  à  celle  que  je  vous  feis  le  jourdhuy,  par 
laquelle  vous  serez  bien  amplement  adverty  de 
tout  ce  qui  s'est  faict  dans  la  dernière  audience 
que  j'ay  donnée  au  sieur  de  Walsingham, 
ambassadeur  de  la  Royne  d'Angleterre  ma 
bonne  seur  et  cousine,  vous  priant  cependant 
de  satisfaire,  comme  je  m'asseure  que  ferez,  à 
tout  le  contenu  de  madicte  pre'cédente  dé- 
pescbe  et  m'en  advertir  et  le  Roy  mondict  sieur 
et  filz  le  plus  tost  qu'il  vous  sera  possible, 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxxcmc  jour  de 
mars  1 573. 

Caterine. 

on  avait  découvert  que  la  cour  de  France  était  disposée 
à  entreprendre  en  Ecosse  quelque  chose  contre  la  reine 
sa  maîtresse. 

Elle  répliqua  qu'elle  n'ignorait  pas  les  offres  faites  à 
la  reine  d'Angleterre,  et  qu'elle  lui  savait  gré  de  ne  pas 
les  avoir  acceptées.  Quant  à  l'Ecosse ,  «nous  n'avons  eu 
jamais  l'intention»,  ajouta-t-elle,  <tque  de  porter  les  Ecos- 
sais à  un  accommodement  et  à  reconnaître  la  reine  leur 
maîtresse  pour  leur  souveraine». 

«Mais  c'est  tout  à  fait  contraire  à  l'alliance  qui  a  été 
conclue»,  répondit-il,  «puisqu'il  est  dit  que  de  part 
et  d'autre  on  ne  chercherait  pas  à  donner  la  loi  à 
l'Ecosse,  mais  que  de  concert  on  travaillerait  au  main- 
tien du  gouvernement  actuel.» 

Elle  battit  en  retraite  et  reprocha  l'arrestation  de  Vé- 
rac  envoyé  en  mission  en  Ecosse.  Il  répondit  que  la 
reine  n'avait  entendu  parler  du  voyage  de  Vérac  qu'au 
moment  où  il  avait  été  arrêté  et  que  rien  d'ailleurs  ne 
justifiait  sa  mission  et  qu'il  n'avait  ni  passeport  ni  sauf- 
conduit.  (Ambassades  de  Walsingham ,  p.  399.) 


m    -[Vi  nn      •  '  M"       I  1 


194 


LETTRES  DE  CATH 


1573.  —  1"  avril. 
Copie.  Bibl.  Dat.  fonds  français,    n°  i6io5,  f  61  ï". 

A  MONSIEUR  DE  SAINTGOUARD. 

Monsieur  de  S1  Couard,  je  ne  peux  rien  ad- 
jouster  à  la  dépesche  que  vous  faict  le  Roy 
monsieur  mon  filz  que  le  discours  que  je  vous 
envoyé1,  par  lequel  cognoistrez  qu'il  me  sera 

1  Dans  sa  lettre,  le  Roi  lui  fail  part  de  ses  démarches 
pour  amener  le  Grand  Seigneur  à  faire  la  paix  avec  les 
Vénitiens.   Dans   une  lettre  du  C  avril  suivant,    il   se 
plaint  aigrement  des  Espagnols  :  «Vous  m'avez,  Mr  de 
S'  Gouard,  renvoyé  le  jeune  L'Aubespine  si  instruit  de 
toutes  choses  qu'il  m'a  sceu  rendre  bon  compte  avecques 
vos  lettres  du  x'™*,  des  affaires  et  occurences  de  par  delà , 
par  où  j'ay  pris  éclaircissement  de  plusieurs  conjectures 
que  j'avois  remarquées  de  l'intention  du  roi  d'Espaigne, 
lequel,  soubz  couleur  de  piété  et  de  religion  et  de  s'en 
dire  et  monstrer  faulteur,  veult,  s'il  peult,  accoumoder 
les  affaires  des  Pays  Bas,  se  réconcilier  avecques  la  royne 
d'Angleterre  et  les  princes  protestans  et  me  laisser  sur 
les  bras  les  ennemys  que  nous  soumes  acquis  pour  la 
deffense  de  cette  querelle;  ce  pendant  qu'il  me  cognoil 
occupé  à  la  réduction   de  la   Rochelle  et  autres   villes 
tenues  par  mes  rebelles,  et  sur  le  poinct  d'en  concilier 
bienlost  une  heureuse  fin.  Il  dict  néantmoins,  selon  que 
ru'escripvez  par  vostre  lettre  du  xiii"™,  qu'il  ne  cappitulera 
jamais  avecques  ses  subjeetz  do  ses  pays  que ,  s'ils  se 
vouloient  faire  dignes  de  sa  miséricorde  et  grâce,  qu'il 
falloit  qu'ilz  se  resconnussent  et  se  rendissent  à  discrétion. 
Sur  ce  il  publie  faire  venir  èsdict  pays  les  Espagnolz  de 
Lombardye  et  qu'ilz  sont  desjà  partiz,  démonslrant  plus 
que  jamais  vouloir  sortir  de  ses  affaires  par  la  force, 
mesmes  le  duc  d'Albe  a  retenu  huict  mil  centres  et  fait 
tous  préparatifz  en  apparence  de   se  lorlifier,  mais  en 
effet  nous  cognoissons  qu'il  s'est  entièrement  bandé  depuis 
l'exécution  faicte  de  mes  conjurez  à  Paris,  à  aplanir  par 
une  bonne  composition  les   Iroublrs  desdicts   pays,  se 
mettre  à  l'abri   et   nous  délaisser   au   descouvert  et  à 
l'injure  du  temps.  Nous  avons.de  tous  costés,  advis  que 
le  mariage  de  l'aisnée  dudict  Roy  Catholicque  est  arresté 
avec  l'archiduc  Ernest,  ou  le  troisième  filz  de   l'Em- 
pereur et  que  ledict  roy,  en  faveur  du  mariage ,  délaissera 
lesdicts  Pays  lias  et  ensemble  sutislera  au  partage  pré- 
tendu par  l'impératrice;  que  ledict  Empereur  est  moyen- 
neur  non  seullemenl  d'en  accommoder  les  affaires, con- 
tenter le  prince  «l'Orange  et  ceulx  de  son  parly,  mais 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

bien  difficile  souffrir  eslre  accuse'e  de  nuire 
aux  affaires  du  Roy  Catholicque,  après  avoir 
faict  pour  luy  tout  ce  qui  m'a  este  possible. 

Si  le  roy  vous  en  parle,  ce  que  je  n'estime 
qu'il  face,  je  vous  prie  lui  respondre  confor- 
mément au  contenu  dudict  mémoire  et  nous 
mander  comme  ilz  auront  pris  par  delà  la 
nouvelle  de  la  pais  des  Vénitiens  et  pareille- 
ment me  faire  part  de  la  disposition  de  mes 
petites-filles,  y  ayant  fort  long  temps  que  nous 
n'avons  de  voz  lettres,  nous  sommes  en  peine 
et  craignons  que  celles  que  vous  avez  es- 
criptes  n'ayent  esté  prises  par  les  chemins. 

Caterine. 


1573.  —  a  avril. 

Aul.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ig3,  f°  ga. 

A  MON  FILS 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  fils,  j'é  reseu  vostre  lettre  par  le  mestre 
d'aullel  La  Haye,  et  veu  toutes  vos  aunestetés, 
desquelles  je  ne  doubte  point  en  mon  endroyt; 
mes  j'aimerois  mieulx  que  vous  guardisié 
daventege,  et  vous  prie  panser  que  là  est  mis 
vostre   honneur    et   réputation;   comme    me 

asseurer  pour  amys  au  roy  la  royne  d'Angleterre  et  les 
princes  protestans,  jusques  adiré  qu'il  sera  permis  audict 
prince  et  ses  associés  joyr  de  leurs  biens  hors  desdicts 
pays  et  que  son  filz  aine,  qui  est  en  Espaigne,  sera  marié 
à  la  fille  du  duc  de  Médina  Cœly.  Je  ne  doubte  pas  aussi 
que  le  mariage  du  roy  de  Hongrye  ne  soit  proposé  avec- 
ques la  royne  d'Angleterre  et  que  lesdict  Empereur  et 
roy  d'Espaigne  ne  cherchent,  autant  qu'ilz  pourront,  de 
joindre  à  leur  maison  ce  royaume  et  que,  d'autre  part, 
la  royne  ne  soit  esmené  à  y  entendre  pour  acquérir 
l'honneur  de  ce  tiltre  d'empire  que  l'on  voudrait  avecques 
ce  mariage  faire  surcéder  au  roy  de  Hongrye  et  asseurer 
elle  et  son  royaume  du  roy  d'Espaigne  pour  se  fortifier 
es  prétentions  de  Calais,  ne  pouvant  prendre  confiance 
de.  moy  pour  ce  que  est  advenu,  quelque  déclaration  ou- 
verte que  je  luy  fasse  de  nm  volonté."  (Même  volume, 
f"  63  et  suiv.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


195 


mendés,  avés  aysté  en  d'aussi  hazardeus 
Jieulx,  mes  je  panse  qu'il  éloit  re'sonable  pour 
votre  réputation  et  ne  vous  en  disois  mot, 
encore  que  enn  use  la  mcsme  creynte;  mes 
à  sesi  que  je  conoys  que  ni  pouve's  avoyr  que 
mal  sans  enn  acquérir  daventege  de  honneur, 
je  ne  m'en  puis  teyre  et  vous  prie  y  aller  sa- 
gement, et  ne  me  mètre  plus  que  n'auréjeamès 
iun  plus  affectioné  serviteur» ,  car  je  veulx  que 
me  soyés  tf  afectioné  fils»,  et  comme  tel  me  re- 
conoysié  pour  la  plus  affectioné  mère  que  eut 
jamès  entent,  et  ne  m'eusé  plus  cet  mot  de 
serviteur,  mes  de  ce  que  vous  m'est  es.  0  reste, 
j'é  veu  ce  que  me  mendés  par  le  courrier  que 
vous  avions  envoyé  de  l'espérense  que  avés 
que  bieutosl  nous  manderés  de  bonnes  no- 
velles.  Dieu  le  veulle  par  sa  grase  aveques 
vostre  conservation  et  de  vos  frères  et  de  tous 
les  jeans  de  bien.  Le  Roy  vous  mende  son 
yntention  en  cas  que  ayés  prins  la  Rochelle 
par  f'orse1  et  ausi  cet  yl  venoynt  hà  conpo- 

1  Voir  les  instructions  données  par  Charles  IX  à  son 
frère  en  cas  de  prise  de  la  Rochelle:  «J'ay  voulu  vous 
pryer  de  trois  choses  :  la  première,  en  cas  que  vous  en- 
triez en  ladicte  ville  par  assault,  vous  empeschiez,  autant 
qu'il  vous  sera  possible ,  qu'il  ne  soit  usé  de  cruaulté,  de 
laquelle  je  croy  que  vous  estes  ennemy  capital ,  surtout 
que  la  vie  soit  conservée  à  beaucoup  de  pauvres  femmes 
et  enffans,  lesquelz  doibvent  estre  innocents  de  la  déso- 
béissance et  rébellion  des  autres  et  que  leur  sexe  soit 
mis  en  considération,  et  faire  que  la  fureur  soit  convertye 
sur  la  ville  et  les  maisons,  aflin  d' estre  un  exemple  pour 
les  autres  et  pour  la  postérité  une  marque  de  leur  obstinée 
et  malheureuse  fin,  aussi  bien,  estant  te  port  et  havre 
rompu,  gasté,  comme  il  est,  il  se  fault  résouldre  transpor- 
ter le  commerce  qui  s'y  faisoit  ailleurs, lequel  sera, à  mon 
advis,bien  à  propos  en  Brouage,  après  que  vous  y  aurez 
faict  construire  et  parfaire  le  port  eucommencé,  ou  dé- 
signé, comme  je  vous  prie  qu'il  soit  faict,  et  néantmoins 
qu'il  ne  soit  permis  aux  habilans  de  ladicte  ville  de  la 
Rochelle,  mesmes  jusques  aux  femmes  de  demeurer 
dans  ladicte  ville,  ains  soient  depportez  aux  villes  plus 
proches  de  ceste-là,  comme  à  Niort,  Saint  -  Jean -de- 
Angély  et  Coignac,  affin  que,  s'il  leur  reste   quelque 


sition  et  de  cet  qu'il  veult  que  fasyés;  à  quoy 
je  vous  prie  vous  resuldre  et  prendre  celé 
sûreté  de  moy,  si  s'estoyt  de  payer  votre  hon- 
neur et  réputation,  aultre  que  je  vous  ay  trop 
monstre  que  je  vous  ayme  mieulx  au  pouvé1 
aquérir  réputation  et  grendeur  que  de  vous 
voyr  auprès  de  moy,  encore  que  ce  me  soyt  un 
grent  contentement;  mes  je  ne  suis  pas  de  se 
mère  qui  n'ement  leurs  anfen  que  pour  eulx, 
car  je  vous  ayme  pour  vous  voyr  et  désirer  les 
premiers  en  grendeur  et  honneur  et  répu- 
tation, cet  que  m'aseure  ne  douctés  poynt,  et 

instincq  de  mauvaise  volunté,  ilz  ayent  moins  moyen  de 
nuire. 

ttLa  seconde  est  que ,  en  cas  que  ceulx  de  la  Rochelle , 
ayant  perdu  toute  espérance  de  secours,  se  voyant 
pressez  si  vifvement  et  réduietzà  l'extrémité,  voulussent 
parlementer,  ilz  ne  soient  du  tout  rejectez,  ains,  coume 
il  seroit  raisonnable,  leur  octroyer  les  conditions  avan- 
tageuses qui  leur  ont  esté  par  cy-devant  offertes,  des- 
quelles ilz  se  sont  rendus  du  tout  indignes  ;  aussi ,  s'ilz  se 
veulent  mectre  à  la  raison  et  à  vostre  discrétion  pour  se 
garantir  de  plus  grand  mal,  ils  y  soient  receuz,  allin 
que  le  désespoir  ne  les  face  tenir  jusqu'à  la  fin,  dont  il 
ne  pouiToit  advenir  que  dommaige  et  perte.  En  quelque 
sorte  que  ce  soit,  j'entends  que  la  ville  soit  démantelée 
entièrement  et  que  le  démantèlement  s'en  face  à  la 
chaulde  pour  plusieurs  respeetz.  Advenant,  mon  frère, 
que  les  Rochellois  ne  fussent  aussi  réduietz  à  si  mauvais 
termes  et  néanmoins  voulissent  composer,  je  me  remeetz 
à  vous  d'entrer  en  pratique  et  de  leur  accorder  ce  que 
jugerez  estre  plus  convenable  des  articles  que  vous  ay 
envoyez,  cognoissant  combien  vous  estes  envieux  et  soi- 
gneux de  garder  la  dignité  qu'il  appartient. 

<tLa  troisième  recommandation  est,  quand  vous  aurez 
pris  la  ville  de  la  Rochelle,  que  vous  envoyez  au  plus 
lost  à  mes  cousins  l'amyral  et  mareschal  Dampville 
les  forces  et  munitions  que  vous  estimerez  estre  néces- 
saires pour  leur  donner  moyen  de  réduire  les  autres  villes 
rebelles  en  leurs  gouvernements,  vous  contentant  d'avoyr 
faict  tant  pour  moy ,  pour  vostre  réputation  et  pour  le 
bien  de  ce  royaume  que  d'avoir  mis  à  bout  ceste  entre- 
prise et  laissé  aux  autres  la  besongne  que  leur  aurez  par 
cet  exploict  toute  taillée  et  qui  n'est  digne  de  vous.»  (  Bibl. 
irnpér.  de  Saint-Pétersbourg.) 

1     Au  pouvé,  là  où  vous  pouvez. 

a5. 


196 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  coiioyses  vous-mesme  que  neul  ne  vous 
veull  coDseler  do  aler  à  ses  aullres  bicoques 
qui  reseveront  le  coup  de  celui  que  don- 
neras à  la  Rochelle,  que  ne  voye's  que  seré 
plus  cet  consel  pour  vous  tenir  louing  deu 
Roy  que  pour  vostre  réputation.  Par  ensin,  je 
vous  prie  suivre  cet  que  le  Roy  vous  en  mende 
san  regret;  car  vous  deve's  louer  Dieu,  si  prenés 
cette  ville,  de  vous  avoyr  faiysl  la  grase  d'estre 
le  restaurateur  et  conservateur  du  royaume 
d'où  aystes  sorti,  et  que  en  l'eage  de  vint 
é  eun  an  ave's  plus  fayst  que  homme,  pour 
grand  capiteyne  qu'il  ait  aysté,  ay  jeamès 
fayst.  Cet  à  vient  de  Dieu,  et  de  lui  ausi 
fault  que  le  reconoysiés  et  à  lui  seul  atri- 
buiés  toutes  vos  victoires,  le'quelles  je  luy  prie 
vous  contineueravec  vostre  bonheur  et  la  con- 
servation de  vostre  vie. 

De  Fontainebleau,  le  ncil"! jour  d'avril  1873. 

Vostre  bonne  mère , 

Caterine. 


1573.  —  2  avril. 

Orig.  Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Communique  par  M.  !e  duc  d'Auroalc. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  par  les  lettres  que 
le  Roy  monsieur  mon  fîlz  vous  esciïpt,  vous 
verrez  l'advys  qui  luy  a  esté  donné  comme  au- 
cuns de  ses  suhgetz  fugilifz  se  préparent  pour 
aller  secourir  les  rebelles  et  le  chemyn  qu'ilz 
veullent  prendre  pour  aller  gaigner  le  Daul- 
phiné  où  ilz  font  estât  d'avoir  faveur  et  intel- 
ligence; en  quoy,  d'autant  que  c'est  chose  de 
très  grande  importance  au  service  du  Roy 
mond ict  sieur  et  fils  ,>je  vous  pryesuyvre  sy  dex- 
trement  ce  qu'il  vous  mande  que  vous  puissiez 
«prévenir  que  telles  et  sy  pernityeuses  intentions 
ne  se  puissent  effectuer  en  vostre  gouvernement. 
Il  vous  a  très  vollunliers  accordé  l'économat 


dont  luy  avez  et  à  moy  escript  pour  six  moys, 
encores  que  puis  naguères  il  ayt  faict  une 
ordonnance  toute  contraire  à  cella,  affin  de 
vous  fayre  cognoistre  en  quelle  estime  il  vous 
a  et  désire  vostre  contentement;  en  quoy  je 
fortiffieray  tousjours  cesle  bonne  vollunté  de. 
tout  ce  que  je  pourray,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Gordes,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  11e  jour  d'avril 
i573. 

Caterink. 
De  Neofville. 

1573. —  ft  avril. 

Orijj.  Communiqué  par  John  Walîer,  iihraire  à  LonfEres. 

A  MON  FILZ 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU. 

Mon  filz,  nous  avons  tout  maintenant  receu 
une  lettre  du  sieur  de  Sigognes',  laquelle  j'ay 
advisé  vous  envoier,  aflin  que  vous  voiez  par 
icelle  ce  qu'il  escript  au  Roy  vostre  frère  de 
la  délibération  du  conte  de  Montgomery;  sur 
quoy  je  ne  vous  diray  aultre  chose  que  ce  que 
vostre  frère  a  cy  devant  escript;  à  quov  je 
m'asseure  que  vous  aurez  si  bien  satisfaicl 
et  pourveu  et  donnerez  encores  si  bon  ordre 
que,  si  ledict  conle  de  Montgomery  s'attaque 
à  l'armée  navalle,  qu'il  sera  battu.  Dieu  vous 
veuille  tousjours  bien  conserver  et  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  cligne  garde. 

Fontainebleau,  le  1111e  jour  d'avril  1 5 7 3 . 

Vous  voyrez  ce  que  porte  Frégose  el  en- 
tendrez par  luy  que,  la  Rochelle  prise,  tous 
nos  ennemis  nous  seront  amis;  à  quoy  je  vous 
prie  considérer  de  quelle  importance  esl  de 
se  haster. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 

'   Il  était  gouverneur  île  Dieppe. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


197 


1573.—  6  avril. 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg ,  vol.  XX.  P"  ."io  et5i. 

A  MON  FILZ 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ANJOU  '. 

Mon  filz,  le  jeune  de  Laubespine  arriva 
hier  soir  d'Espaigne  et  Portugal  avecq  une 
dépesche  du  sieur  de  S'  Gouarl  et  ung  mé- 
moire de  certaines  parlicularitez  grandement 
importantes  dont  le  Roy  vostre  frère  vous  a 
escript  par  le  secrétaire  de  Monsieur  de  Mont- 
morency; mais  estant  ladicte  dépesche  et  mé- 
moire d'Espaigne  de  grande  considération,  je 
vous  en  ay  bien  voullu  envoyer  ung  double 
que  je  vous  prie  veoir  et  communicquez  de  tout 
avecq  le  conte  de  Retz,  qui  a  négocié  derniè- 
rement avecq  les  Allemans ,  affin  qu'en  prinssiez 
son  oppinion,  pour  après  y  asseoir  aussi  vostre 
jugement  et  en  escripre  vostre  advis  audict 
sieur  Roy  voslre  frère;  cependant  j'ay  esté 
d'advis  d'en  faire  escripre  parRrulart,  comme 
de  luy-mcsme  et  en  chiffres  à  Schombert, 
alfin  qu'il  face  en  Allemaigne  publier  la  déli- 
bération où  est  le  roy  d'Espaigne  de  faire  tuer 
le  prince  d'Aurenge,  et  comme  il  y  a  gens 
dépeschez  expressément  et  que  du  demeurant 

1  Après  avoir  reçu  celle  îetlro,  le  duc  d'Anjou  écrivit 
de  la  Rochelle  au  Roi  son  frère,  le  39  mars  i5y3  :  '-L'on 
a  assez  cogneu  de  quel  artifice  le  roy  d'Ispagne  et  ses 
ministres  se  sont  jusques  icy  aydez  à  diffamer  autant 
qu'ilz  ont  peu  la  réputation  de  Vostre  Majesté;  au  moyen 
de  quoy  elle  n'eust  sceu  luy  rendre  mieux  la  pareille 
que  de  faire  soubz  main  semer  en  Allemagne  son  enlre- 
priso  de  faire  tuer  et  assassiner  le  prince  d'Orange  et  me 
semble  qu'il  seroit  bien  à  propos  de  faire  une  bien  ample 
dépesche  à  vostre  ambassadeur  résident  à  Rome  sur  les 
autres  poinctz  contenus  en  la  dépesche  du  sieur  de  Saint- 
Goart  pour  les  semer  et  publier  où  il  verra  estre  à  propos , 
et  descouvrir  le  fard  de  piété,  sainteté  et  religion  dont 
l'Espagnol  a  bien  sceu  jusques  icy  se  prévaloir;  car  ladicte 
ville  est.  aujourd'hui  le  théâtre  de  la  chrétienté.  Il  ne 
fau.lt  douter  que  cela  ne  coure  puis  après  partout. i>  (Bibl. 
nat.,  fonds  français,  n"  555(i,  f  3i  v°. ) 


il  s'en  serve  envers  ces  princes,  selon  que  les 
occasions  se  pourront  présenter,  et  qu'il  ne 
faille  pas  de  prester  des  charitez  à  ceulx  qui 
si  évidemment  font  publier  toutes  choses 
faulses;  affin  qu'il  puisse  traverser  ce  qu'ilz 
veullent  négocier,  si  ledict  mémoire  est  véri- 
table, et  à  quoy  je  veoy  grande  apparence,  et 
où  il  faut  remédier  autant  que  nous  pourrons; 
car  il  n'y  a  rien  aujourd'hui,  après  l'establis- 
sement  du  repos  en  ce  roiaulmc,  qui  nous  im- 
porte tant  que  cela.  Considérez  que,  si  le  111a- 
riaigc  du  roy  de  Hongrie  se  faisoit  avec  la  roy  ne 
d'Angleterre  et  celluy  de  ma  petite-fille  avecq 
l'archiduc  Ernest  et  que  le  roy  d'Espaigne, 
pour  amortir  la  pension  et  apaiser  la  pré- 
tention de  l'Impératrice,  il  partageast  ledict 
archiduc  et  madicte  petite-fille  de  Testât  des 
Pais-Bas  de  Flandres  et  feist  paix  avec  le  prince 
d'Aurenge,  nous  serions  envelopez  et  tournez 
en  ce  roiaulme  d'eulx  et  de  leurs  affectionnez 
et  ne  nous  resteroit  que  le  costé  des  Suisses 
et  de  mon  filz  de  Lorraine,  par  où  l'on  peust 
sortir  de  cedict  roiaulme;  encore  sçavez  vous 
bien  en  quel  estât  nous  sommes  avecq  lesdictz 
Suisses,  et  est  bien  à  considérer  ce  que  le 
comle  Palatin  a  faict  signiffier  à  vostre  frère 
de  Lorraine  pour  le  faict  du  comté  de  Bische; 
à  quoy  j'estime  que  l'Empereur  et  le  duc  Au- 
guste ont  intelligence  et  preste  consentement, 
pour  commencer  à  former  une  querelle  qu'ilz 
poursuivront  quand  ilz  vouldront  et  pour  ' 
laquelle  ils  ne  pourroint  faire  marcher  et  as- 
sembler forces  que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz 
n'y  feust  intéressé  pour  la  proximité  de  ses 
terres  et  pais.  II  sera  bon  que  sur  le  tout  vous 
nous  mandiez  par  escript  voslre  advis  et  ne 
fault  pas  que  vous  communicquiezces  affaires 
à  personne;  car  comme  vous  sçaurez  bien 
juger,  il  est  besoing  de  les  tenir  secrètes  et  d'y 
pourveoir  encores  plus  secrètement,  priant 
Dieu,  mon  filz,  qu'il  luy  plaise  de  vous  bien 


198 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


conserver  tousjours  et  vous  donner  en  par- 
faicle  santé  l'heur  et  le  contentement  que  vous 
souhaite  et  désire. 

(De  sa  main.)  Mon  fils,  quant  à  moy  je  trove 
grent  aparense  à  cet  que  mende  S1  Guar;  car 
cet  le  roy  d'Ispague  pétrit  apéser  ces  troubles 
aveques  le  bon  gré  des  Aleniens  et  douner  à 
sa  fille  le'  Pey-Bas;  car  y  metenl  le  grent 
comendeur  pour  ajouint  aveque  le  Arsiduc, 
c'et  come  set  yl  ne  s'en  dèfesoyt  point;  néan- 
înovns  enn  aparense  yl  s'an  délest  et  contente 
l'Empereur  et  le"  prinse  de  la  Germanie, 
lesquels  conlemps  et  or  de  supeson  qui  le' 
vculle  ruiner,  cornent  yl  en  seron  hors,  s'il 
eute1  les  guarnisons  espagnoles,  je  croy  qu'il 
consantiron  de  fayre  le  roy  d'Onguerie  roy  des 
Romeyns  et  ayderons  en  cet  qu'il  pourron  pour 
s'aseurer  daventage  qu'il  épose  la  royne  d'En- 
gleterre2,  au  sisela  se  fesouit  i  serions  si  ren- 
fermés come  dans  une  bouile3,  san  amys  ne 
moyen  d'enn  avoyr  et  tout  sesi  ne  vient  que 
de  nous  voyr  encore  à  nous  couper  la  gorge  ; 
car  cet  set4  reaume  aytoyt  en  repos  et  que 
l'Alemagne  et  Engletere  vist  que  l'on  ne  veult 

1  S'il  eate,  s'il  ôte. 

!  Dans  une  dépèche  du  mois  précédent ,  de  Saint-Gouard 
avait  écrit  :  trll  se  faict  une  menée  bien  secrète  pour  défa- 
voriser en  Angleterre  les  actions  de  Leurs  Majestez  et  faire 
le  mariage  du  roy  de  Hongrie  avec  la  royne  d'Angleterre  et 
le  faisant  remettre  hors  le  propos  quia  esté  cy  devant  tenu  de 
M' le  duc  d'Alençon  ;  en  quoy  ladicte  royne  monstre  vouloir 
entendre  à  ce  que  l'on  a  escript  en  Espagne  et  persuade 
t'on  à  ladicte  royne  que  la  négociation  que  l'on  faict  du 
mariage  d'elle  et  de  Mr  le  duc  d'Allençon  n'est  que  pour 
la  tronper,  et  que,  quand  elle  seroit  d'accord  de  ce  que 
l'on  liiy  demande,  il  en  sortirait  aussi  peu  d'effect  que 
de  celluy  de  M'  le  duc  d'Anjou;  mais  que  par  ce  moyen 
Leurs  Majestez  veullent  gaigner  du  temps  et  ne  perdre 
quelque  occasion  d'entreprendre  en  Angleterre,  si  elles 
voient  quelque  occasion.»  (Bibl.  nat.,  fonds  français  , 
n"  i6io5,  f°5.) 

'  Bouite,  boîte.  —  '  Cel  set,  si  ce. 


plus  que  aystablir  l'aube'ysanse  du  Roy  pour 
conserver  tous  ceulx  qui  n'iron  contre  ses  co- 
mendementz,  je  panse  qu'il  émeroynt  inieulx 
nostre  amitié  que  celle  de  la  maison  d'Au- 
triche qui  ha  tousjours  fayst  ce  qu'el  a  peu 
pour  les  subjuguer,  et  la  nostre  pour  les  con- 
server en  leur  libellés;  par  ansin,  mon  fils, 
la  prise  de  la  Rochelle  san  longueur,  en  quelque 
i'ason  que  pourés,  nous  donnera  le  chemin 
auvert  pour  conserver  la  grandeur  de  cel 
royaume  et  augmenter  la  vostre,  et  croyés  que 
ceulx  qui  en  désiretla  longueur  ayme  myeulxla 
meyson  d'Espaigne  quecellade  Frense;car  en 
là  nous  nous  ruinons  et  eulx'  font  leurs  afayre  et 
se  agrendiset  et  de  fason  pour  empêcher  à  jeamès 
la  grandeur  du  Roy  et  la  vostre ,  longueur  qui 
me  fayst  désespérer  et  vous  promès  que  je 
n'an  dorm  poynt.  Pansés  i  et  mêlés  pouine 
d'i  remédier,  set  avés  envie  d'estre  jeamès 
quelque  chause,  mes,  set  ne  vous  guardés 
comme  devés,  se  ne  seroyt  pas  pour  parvenir 
à  cet  que  je  désire  vous  voyr. 
Vostre  bonne  mère, 

C.VTEBINE. 


1573.  —  7  avril. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 193  ,  f°  96. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  nous  atendons  tousjours  le 
bon  mol ,  qu'il  aye  pieu  à  Dieu  fayre  la  grasc 
à  mon  filz  et  à  vous  tous  d'avoyr  remis  cete 
malheureuse  plase  en  l'aubéissanse  du  Roy 
mon  filz,  et  qu'i  luy  pleise  ausi  que  ce  souil 
avecques  la  inoyndre  perle  d'hommes  que  l'on 
pouré.  Je  vous  prie  de  me  mender  par  le 
sieurde  Moulinet,  présant  porteur,  cet  que  en 
pansés  et  à  quoy  yl  a  tins  que  le  baslillon 
n'a  esté  asailli '.  Je  vous  diray,  mon  cousin, 

1  Elle  fait  allusion  au  bastion  de  l'Evangile.  Charles  IX 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

cornent  vostre  femme  ha  esté  bien  malade  ;  mes 

asteure,Dieu  mersis,  elle  set  porte  byen,  et 

lui  prie  qu'il  vous  guarde  aussi  de  vostre  coûté. 

De  Fontenebleau,  ce  viiejour  d'avril  i5;3. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


199 


1573.  —  8  avril. 

Orig.  Archives  de  la  maison  Je  CouJé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 


1573.  —  8  avril. 
Copie.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366,  p.  i38. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  vous  serez  de  présent 
tellement  satisfaict  de  ce  qui  vous  est  deu  de 
l'année  passée,  tant  pour  vos  parties  extraor- 
dinaires que  pour  le  reste  du  don  de  trois 
mil  livres  qui  vous  a  esté  faict  et  pour  l'as- 
signation de  vostre  estât  de  cette  année  que 
vous  aurez  occasion  de  croire  que  l'on  a  autre 
soin  de  vous  que  n'avez  eu  opinion  jusques  à 
présent ,  et  c'est  la  faute  de  vos  gens,  si  les  as- 
signations n'ont  pas  esté  délivrées,  coume  le 
m'ont  faict  entendre  ceux  des  finances  du  Roy 
monsieur  mon  fils.  Je  me  remettray  au  sur- 
plus sur  la  lettre  que  vous  escrit  le  Roy  mon- 
dict  sieur  et  filz,  priant  Dieu,  Monsieur  du 
Ferrier,  qu'il  vous  tienne  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

EscriptàFontainebleau,  le  vhi™  jour  d'avril 

1D73. 

Caterine. 

De  Neufville. 

rendant  compte  à  M.  de  Saint-Gouard  des  opérations  du 
siège,  lui  écrivait  le  5  avril  :  rLa  ville  de  la  Rochelle  se  re- 
trouve si  forte  de  nature  et  art  et  sont  les  assiégez  si  obsti- 
nez qu'il  est  bien  difficile  les  forcer.  Mon  frère  n'y  perd  une 
seulle  heure  de  temps.  Il  est  logé  dedans  la  contrescarpe , 
qni  règne  depuis  le  bastion  de  l'Évangile  jusques  à  cel- 
luy  des  Dames,  prest  à  se  saisir  du  fossé,  lequel  il  a 
faict  soigneusement  recognoistre ,  après  estre  couvert  de 
quelques  casemates;  puis  il  donnera  l'assault  audict 
bastion  de  l'Evangile,  lequel  il  espère  emporter.»  (Bibl. 
nat.,  fonds  français,  n°  i6io5,  f°  Ci  v°.) 


Monsieur  de  Gordes,  encores  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  soit  assez  asseuré  de  l'affec- 
tion que  vous  avez  à  son  service  et  du  soing  que 
vous  prenez  à  prendre  garde  qu'il  n'advienne 
aucune  chose  en  voz  quartiers  qui  soit  à  son 
préjudice,  il  vous  a  bien  voullu  faire  ceste  dé- 
pesche.  affin  que  vous  soyez  bien  adverty  des 
advis  qu'il  a  du  remuement  qui  s'y  prépare, 
pour  y  donner  ordre  et  descouvrir  qui  sont  les 
autbeurs  de  telles  menées  et  praticques,  et  y 
remédier,  de  telle  façon  que  ceulx  qui  les  fa- 
vorisent y  preignent  exemple,  sans  touteffoys 
mettre  en  opinion  ceulx  qui  sont  demeurez 
en  leurs  maisons,  adhérens  à  leur  oppinion, 
que  l'on  veille,  rien  entreprendre  au  contre  de 
ce  qui  leur  a  esté  promis.  En  quoy  je  m'as- 
seure  que  vous  sçaurez  si  bien  suivre  sa  vol- 
lunté  et  intention  qu'il  n'est  besoing  vous  en 
faire  aultre  recommandation,  qui  est  cause 
que  je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  vous  avoir  eu  sa 

garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  vine  jour  d'a- 
vril 1573. 

Caterine. 

De  Neufyile. 


1573.  —  10  avril. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aoa. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz 
vous  a  dépesché  ce  courrier  pour  vous  advertir 
de  Testât  auquel  est  maintenant  la  Rochelle 
et  pour  l'envye  qu'il  a  de  sçavoir  quel  a  esté 


200  LETTRES  DE  CATHE 

le  succez  de  vostre  siège  de  Sommières,  vous  | 
luv  ferez  et  à  moy  semblablement  plaisir  de 
renvoyer  bien  tost  cedict  courrier  et  par  luy 
nous  donner  advis  de  tout  ce  qui  se  passe  par 
delà,  donnant  semblablement  ordre,  suivant 
ce  qu'il  vous  escript,  qu'il  ne  soit  aucunement 
touché  à  l'argent  de  la  recopte  général  le  de 
Montpellier  qu'il  a  réservé  pour  subvenir  aux 
grandes  despences  qui  se  font  au  siège  de 
la  Rochelle.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  sainclc  garde. 

Escripi  à  Fontainebleau,  le  s?  jour  d'avril 
i  573. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 

1573.  —  12  avril. 
A  it.  Bibl.  h  -'.   I"  lus  fronri     ,  n 

A  MOxNSIEUR  DE  MOÏNTPENSIER. 

Mon  cousin,  cet  m'a  esté  grent  plésir  d'a- 
voyr  veu  par  vos  letres  la  bonne  santé  de 
mes  enfans  et  prie  à  Dieu  la  leur  volouyr  con- 
tineuer  et  à  vous  ausi,  lequel  je  vous  prie, 
mon  cousin,  ne  vous  laser  de  m'en  mender 
quand  enu  aurés  le  loisir.  Je  suys  bien  ausi 
marne  de  la  bleseure  de  Monsieur  de  Nevers 
et  du  Mayne.  Je  prie  à  Dieu  lé  volouyr  tous 
bien  guerder  et  vous  prie  dire  bien  à  mon  fils 
qui  s'et  coureuse  de  cet  qu'il  y  vont  san  son 
congé  et  ausi  aus  soldas  de  cet  que  l'on  dist 
qu'il  n'y  ont  pas  bien  fayst.  Je  ne  vous  fayré 
la  piésante  plus  longue  et  prie  Dieu  vous  bien 
guarder  tous. 

De  Fonteinebleau,  cet  xnemc  d'avril  1673. 

Caterine. 


RINE  DE  MEDICIS. 

1573.  —  i3  avril. 
Aut.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  3 1 69  .  t    1 
A  MON  COUSIN 

MON SIEUR  LE  MARESCHAL  DE  COSSE. 

Mon  cousin,  mon  fils  a  tent  mendé  au  Roy 
et  hà  moy  le  contentement  qu'il  avoyt  de  vous 
et  de  vos  actions  que  je  n'é  voleu  fallir,  afin 
que  contineués  de  bon  courage  à  faire  servise, 
puisque  voyés  que  yl  ne  le  soie  pas  à  son  roy 
et  le  vostre,  qui  vous  do\  I  aystreùn  grent  con- 
tentement que  l'on  ne  cacbe  pas  le  bien  que 
méritez.  Je  vous  prie,  dite  lui  bien  que  cet 
n'é  pas  fayre  cornent  ont  fayst  lé  siens  de  se 
bazarder  plus  qu'il  n'ann  est  de  besouyn  et 
qu'il  ne  doyt.  Quaut  je  oy  parler  de  tent  de 
blesés,je  suis  tousjour  en  creynte  quequelque- 
ciin  de  mes  enfans  à  la  fin  le  souit.  Je  prie 
Dieu  les  voullouyr  guarder  et  vous  ausi. 

De  Challevaul  l,  ce  xmcme  jour  d'avril 
i573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  i5  avril. 

Orig.  Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Cordes,  vous  verrez  par  la  lettre 
que  vous  escript  le  Roy  monsieur  mon  iilz 
son  intention  et  l'ordre  qu'il  désire  estre  donné 
par  delà,  afîin  d'y  contenir  toutes  eboses  en 
tranquililé.  Et  d'autant  que  je  suis  toute  as- 
seurée  de  l'affection  que  vous  portez  au  bien 
de  son  service,  je  veulx  croire  que  ne  ferez 
faute  de  satisfaire  inconlinant  à  ce  qu'il  vous 
mande,  n'estant  à  ceste  occasion  aucun  besoing 

1  Challevati,  hameau  de  la  commune  de  Dormelles, 
canton  de  Moret,  arrondissement  de  Fontainebleau 
(Seine-et-Marne). 


vous  représenter  le  service  que  luy  ferez  en  ce 
Taisant.  N'estant  la  présente  que  pour  accuser  la 
réception  de  vostre  dernière  et  vous  prier, 
comme  je  faictz,  avoir  l'œil  si  ouvert  en  tout 
ce  qui  dépend  de  la  conservation  de  vostre 
gouvernement  qu'il  n'y  puisse  advenir  aucune 
chose  au  préjudice  et  au  désadvantage  de  ses 
affaires,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Cordes, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Chaslellerault,  le  xvc  jour  d'avril 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  201 

et  filz  et  moy,  qui  prie  Dieu,  Monsieur  le 
Président,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  ce  xix"me  jour  d'a- 
vril 1673. 


i573. 


Caterine. 


De  Neufville. 


1573.  —  19  avril. 

Orig.  Bibî.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  801.  f°  109. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

OHSBTLLSB  ET  PREMIER   PRÉSIDENT  EN  LA    COURT  DC    PARLEMENT  DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  mercye  de 
très  bon  cœur  de  la  peine  que  prenez  pour 
ce  qui  concerne  mes  affaires;  en  quoy  je  vous 
prie  continuer  selon  la  bonne  affection  que  je 
sçav  que  y  avez,  dont  je  me  revencheray  tous 
jours,  l'occasion  se  présentant.  Cependant  je 
vous  mercie  aussy  du  bon  ordre  qu'avez  donné 
pour  le  procès  concernant  la  souveraineté  de 
Bar,  en  quoy  vous  avez  faict  en  sorte  que  le 
bon  droict  du  Roy  monsieur  mon  filz  et  de 
mon  filz  de  Lorraine  ont  esté  bien  conservez, 
qui  a  esté  très  bien  faict  à  vous  et  à  Messieurs 
de  la  Court,  dont  particulièrement  je  vous 
sçay  très  bon  gré,  vous  priant  pour  la  fin  de 
de  cesle-cy  donner  ordre  suivant  ce  que  le 
Roy  mondict  seigneur  et  filz  vous  escript 
que  les  prisonniers  mentionnez  par  voz  lectres 
soient  bien  soigneuzement  interrogez  et  qu'il 
ne  soit  usé  d'aulcune  longueur  en  ceste  affavre, 
mais  qu'il  soit  si  bien  mené  que  l'on  en  puisse 
tirer  la  lumière,  comme  il  estbien  raisonnable 
ce  que   nous  désirons  le  Roy  mondict    sieur 

CATHERINE  DE    MÉDICIS.    IV. 


Catemne. 


Pin  art. 


1573.  —  19  avril. 
Orig.  Bibl.  Dal.  fonds  Colbert,  n°  306,  p.  160. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  loue  Dieu  de  quov 
ces  Seigneurs  sont  en  paix  et  que  le  nom  du 
Roy  mon  fils  leur  ait  aidé  à  secouer  le  misé- 
rable joug  qui  les  accabloit;  mais  je  suis 
marrie  qu'ils  ayent  attendu  à  s'en  descharger 
que  la  nécessité  les  y  ait  contrains,  et  qu'ils 
n'ont  plus  tost  creu  le  conseil  qui  leur  estoit 
plus  utile1.  Vous  verrez  ce  que  le  Roy  vous  en 
escript;  sur  quoy  je  me  remeltray,  désirant 
bien  néanmoings  qu'ilz  entendent  qu'il  n'y  a 
personne  qui  se  resjouisse  davantaige  de  leur 
prospérité  que  moi,  ny  qui  désire  plus  entre- 
tenir l'amitié  ancienne  de  celte  couronne  avec 
eux;  en  quoy  je  veois  le  Roy  monsieur  mon 
fils  très  enclin  et  disposé.  Quant  à  vostre  par- 
ticulier, je  l'auray  tousjours  en  la  mesme  re- 
commandation que.  vostre  valeur  mérite,  et 
me  sera  un  singulier  plaisir  le  vous  faire  cong- 
noistre  par  effect,  quand  l'occasion  s'en  pré- 
sentera, congnoissant  assez,  encore  que  vous 
ayez  bien  et  longuement  servi,  qu'il  vous  a 
esté  fait  maigre  réscompense,dont  je  suis  très 
marrie.  Je  désire  sçavoir  si  vous  avez  repceu 
ung  pacquet  que  je  vous  ay  adressé  pour  la 
dame  de  Randan2  et  en  recepvoir  response. 

1  Elle  fait  allusion  à  la  paix  conclue  récemment  entre 
les  Vénitiens  et  le  Grand  Seigneur. 

-  Voici  ce  que  Charles  IX  écrivait  au  sujet  de  la 
dame   de    Randan   :   s Ladite  dame  de   Randan   m'écrit 

36 


IMPRIMERIE     1MIOMLI  . 


202 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Je  prie  Dieu,  Monsieur  du  Fenier,  vous  «voir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  lexix6""- jour  d'ap- 

\iil  1  573. 

Caterine. 
De  Neufvili.e. 


I573.—  31  avril. 

Copie.  Bild.  nat.  fonds  français,  n°  38g(j ,  fa  36çi  ; 
fonds  Dupuy,  n°  86  ;  fonds  français  ,  n°  1589  ,  f"  Ai . 

V  MONSIEUR  DE  SCHOYIBERG. 

Monsieur  de  Sehomberl,  j'ay  faict  veoirau 
Hov  monsieur  mon  iiiz  ce  que  vous  me 
mandez  par  voslre  lectre  du  xx!!!™"  de  mars 
dernier  des  choses  qui  sont  passées  entre  vous 
et  le  conte  Ludovicq1,  lesquelles  sont  de  telle 

que  le  sieur  Lasco  d'un  commun  accord  a  esté  choisi  et 
ordonné  pour,  en  l'absence  du  sieur  Louis  de  la  Mirande, 
demeurer  à  la  Mirande  auprès  de  la  comtesse  pour  la 
servir  de  conseil  en  ce  qui  concernera  l'Estat  lanl  seule- 
ment, démonstrant  estre  dès  contente  de  cette  élection, 
et  serois  bien  marry  qu'on  y  changeast  rien.»  (Même 
volume,  P  1  53.) 

1  Voici  la  lettre  de  Schomberg;  elle  éclaire  bien  la 
négociation  entamée  avec  le  comte  Louis  de  Nassau  et 
dont  Frégose  avait  été  chargé  :  «Madame,  le  sieur  Fré- 
gouse  vous  aura  amplement  faict  entendre  ce  que  je  luy 
ay  communiqué  louchant  les  occurences  de  par  deçà  et 
principalement  touchant  les  affaires  des  Pays-Bas.  J'es- 
père qu'il  vous  aura  apporté  une  bonne  résolution  du 
comte  Palatin,  vers  lequel  le  comte  Ludovic  avoit  faict 
aller  son  frère  le  comte  Jean  pour  cest  effect.  Il  ne  fault  pas 
doubler  que  Vos  Majestez  sçaurout  bien  embrasser  ceste 
tant  belle  occasion;  car.  Madame,  le  repos  du  royaulme, 
la  seureté  de  l'Estat ,  la  ruyne  du  comtat  ennemy  du  Roy, 
la  vengeance  du  tort  qu'il  faict  à  Monseigneur,  l'es- 
troicle  et  ferme  alliance  des  princes  d'Allomaigno,  la 
subversion  de  tous  les  desseins  de  la  maison  d'Autriche 
et  le  comble  de  vos  désirs  est  entre  les  mains  de  Vos 
Majestés,  et  dépend  de  voz  vohmtez.  Si  vous  laissez 
échapper  ceste  belle  prise ,  je  me  désespère  que  vous  la 
puissiez  jamais  rattraper;  mais,  Madame,  le  tout  est  de 
ne  baslor  et  de  tenir  ceste  menée  aussi  secrète  que  Voz 
Majestez  désirent  les  susdicles  choses  sortir  à  bons  efforts. 


importance  qu'elles  méritent  bien  y  penser 
meurcment.  Et,  quand  le  Roy  mondict  sieur 

Depuis  le  parlement  de  Krégouse,  je  me  assemblé  encore 
ung  coup  secrètement  avccqucs  le  comte  Ludovic  où 
nous  avons  durant  l'espace  de  sept  à  huit  heures  dé- 
battu et  discouru  sur  les  entreprises  qu'il  a  en  mains  el 
qui  sont  asseurement  grandes  et  belles  et  sur  les  condi- 
tions qu'on  pourrait  mettre  en  avant  entre  le  Roy  et  le 
prince  d'Orange  sur  .ce  faict.  Nous  les  avons  mises  par 
écris,  partie  de  sa  main,  partie  de  la  mienne.  Ledicl 
comte  les  a  signées  alïin  seulement  que  j'en  pourrais  as- 
seurer  le  Roy  pour  tant  plus  faciliter'  h'S  choses  cy  dessus 
mentionnées. 

«Les  conditions  sont  :  En  premier  lieu ,  le  prince 
d'Orange  ou  quelqu'un  de  ses  frères,  ayant  pouvoir  de 
luy,  promettra  qu'en  cas  que  le  Roy  voudrait  dès  à  pré- 
sent se  déclarer  el  prendre  ouvertement  les  ormes  contre 
le  roy  d'Espagne  en  faveur  du  comte  des  Pays-Bas  el 
dndict  sieur  prince  d'Orange,  le  pays  de  Hollande  et  Zé- 
lande  seront  mis  en  la  subjection  du  Roy  aux  condi- 
tions qn'ilz  seront  maintenus  en  tout  et  partout  avecques 
leurs  anciens  libellés  et  privilèges  el  que  l'exercice  de 
la  religion  calholicque  et  réformée  (ainsi  l'appelle— t-il ) 
sur  ce  permis  et  libre  à  ung  chacun  tant  aux  villes  qu'aux 
terres  du  plat  pays.  Et,  en  cas  que  Sa  Majesté  ne  se  vou- 
drait déclarer  ouvertement,  ain,  sceulement  trois  cent 
mille  florins  d'Allemaigne  fournir  (qui  est  la  soume  sur 
laquelle  il  faict  instance),  ledicl  sieur  prince,  on  celuyde 
ses  frères  qui  aura  pouvoir  de  luy,  promettra  que  toutes 
les  villes  et  places  qui  seront  prinses  aux  Pays-Bas, 
d'après  l'accord  conclu  et  assenré  entre  le  Roy  et  ledict. 
sieur  prince,  demeureront  en  l'obéissance  de  Sa  Majeslé 
aveques  les  conditions  mentionnées  cy  dessus  louchant 
les  pays  de  Hollande  et  de  Zelande. 

«Et  là  où  il  advint  que  ledict  sieur  prince  ou  ses  adhé- 
rons ne  prissent  aucune  ville  ou  place  d'importance  de- 
dans un  certain  temps  après  ce  susdict  accord  ledict  sieur 
prince  el  ses  adhérens  ne  seront  néanmoins  lenus  et 
obligez,  le  susdict  terme  expiré,  de  mettre  en  l'obéis- 
sance du  Roy  les  pays  de  Hollande  et  Zélande. 

«Comme  ledicl  sieur  prince  et  ses  adhérens  seront 
lenus  de  faire  pareillement,  le  cas  advenant  que  les  villes 
et  places  d'importance  prinses  depuis  le  susdict  accord 
viennent  à  estre  reprinses  par  force  ou  aultrement  ou 
qu'elles  fussent  abandonnées  par  ledict  prince  ou  ses 
adhérens,  le  lout  aux  conditions  que  dessus,  et  ce  aflîn 
que  Sa  Majesté  soit  assenrée  d'ung  certain  fruict  pour 
l'advanrement  qu'elle  aura  faict  de  ses  deniers. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


203 


ei  iilz  eu  aura  eu  le  loisir,  il  ne  fauldra  de 
redépescher  incontinant  vers  ledict  conte  Lu- 

~  Ledict  prince  et  ses  adhérens  seront  obligés  pareille- 
ment de  n'entrer,  après  le  susdirt  accord  arresté,  en 
aulcun  traité  de  pacification,  en  aulain  accord  avec  le 
roy  d'Espagne  ou  tel  autre  que  ce  soit,  sans  le  sceu,  gré 
et  congé  dudict  sieur  roy  de  France. 

Et ,  pour  prévenir  le  double  que  Sa  Majesté  pourra  con- 
cevoir que  le  prince  d'Orange,  ayant  occupé  les  places, 
lesvouldroit  garder  pourluy  et  point  satisfaire  à  l'accord, 
on  fera  tant  que  quelque  prince  d'Allemaigne  stipulera 
et  respondra  au  Roy  pour  ledict  prince  et  ses  adhérens, 
et  s'obligera  ledietprince  d'Allemagne  au  surplus  d'assister 
Sa  Majesté  de  faict  et  de  force  à  contraindre  ce  susdict 
prince  d'Orange  et  ses  adhérens  de  satisfaire  et  accom- 
plir du  tout  au  tout  les  susdictes  conventions. 

«Madame,  ces  conditions  susdictes  ne  vous  obligent  à 
lien  et  n'ont  esté  traictées  par  moy  avecques  ledict  comte 
Ludovic  à  aultre  intention  que  pour  faciliter  la  résolu- 
tion du  Roy  sur  ce  faict.  Mais  ledict  comte  m'a  dict  plus 
de  vingt  fois,  s'il  n'avoit  une  résolution  de  Vostre  Majeslé, 
qu'il  prendroit  party  et  qu'il  ne  pensoit  n'eslre  obligé 
à  rien  si  on  trainoit  ces  choses  à  la  longue;  à  raison  de 
quoy  je  vous  supplie  très  humblement  de  m'advertir 
promptement  de  ce  que  j'y  auray  à  faire,  et  de  la  réso- 
lution du  Roy  sur  lesdictes  conditions.  Vostre  Majesté 
communiquera,  s'il  vous  plaist,  la  présente  au  Roy,  veu 
que  je  ne  lui  parle  de  ce  faict  en  nulle  façon  par  la  lettre 
que  je  luy  escris.  J'espère,  si  Vostre  Majesté  faict  con- 
fidemment  communicquer  ce  que  dessus  à  Monseigneur, 
qu'il  vous  suppliera  du  fon  du  cœur  et  de  toule  son  al- 
feclion  de  ne  perdre  ceste  occasion  par  le  moyen  de  la- 
quelle il  se  pourra  venger  des  malheureux  offices  que 
luy  faict  le  trompeur  Espagnol.  Or  je  cognois  à  toutes 
ses  actions,  négociations  et  déportements  du  comte  Lu- 
dovic qu'ilz  sont  résolus  ou  pour  le  moins  bien  fort  en- 
clins à  embrasser  une  pacification  aux  Pays-Bas  moyen- 
nant qu'elle  soit  quelque  peu  honorable  et  qu'ilz  y  voient 
de  ki  sûreté,  lesquelles  deux  choses  ilz  se  promettent 
consister  en  l'authorilé,  parole  et  foy  des  Electeurs  et 
princes  d'Allemaigne  que  l'Empereur  faict  estât  de  faire 
enlerposer  pour  l'observation  de  ce  qu'il  leur  sera  promis 
par  le  roy  d'Espagne;  à  quoy  les  induiront  encores  beau- 
coup d'advantages,  la  mort  du  duc  d'Albe  que  l'on  pu- 
blie icy  pour  tout  certaine.  Bien  est  vray  que  la  retenue 
des  gens  de  guerre  que  le  roy  d'Espagne  faict  les  tient 
en  extresme  delfiance,  considérant  mesme  la  grande  lon- 
gueur du   temps  qui  se  passera   avant  que  les  princes 


dovicq  le  sieur  de  Fre'gouse.  Cependant,  s'il 
communicque  avec  vous  par  lectres  ou  vous  le 
rencontrerez  en  continuant  vostre  voiage,  vou- 
le  pourrez  asseurer  que  mondict  seigneur  et  filz 
le  mereye  de  la  bonne  et  singulière  affection 
qu'il  monstre  luy  porter,  laquelle  il  recong- 
noistra  lousjours  envers  luy  et  le  prince 
d'Orange  son  frère  en  toutes  les  occasions  qui 
s'en  pourront  pre'senter,  remectant  à  le  luy 
faire  plus  amplement  entendre  et  son  inten- 
tion sur  plusieurs  autres  choses  par  ledict  sieur 
de  Fre'gouze,  qu'il  a  délibéré  de  luy  redépes- 
cher  dedans  peu  de  temps.  J'ay  veu  par  vostre 
aultre  dépesche  du  1111e  du  présent  ce  qui 
c'est  passé  entre  vous  et  mon  cousin  le  landt- 
grave  de  Hessen1  et  comme  n'ayant  peu  pour 

d'Allemaigne  se  résolvent  par  ensemble  sur  ce  faict;  sur 
quoy  je  n'ay  pas  failly  de  remonstrer  au  comte  Ludovic 
que  toutes  ces  honnestes  offres  n'esloient  que  pour 
abuser  les  princes  d'Allemaigne,  tromper  et  amuser  le 
prince  d'Orange  et  luy,  et  par  ces  ruses  détourner  et 
advancer  tous  les  desseins  qu'ilz  pourraient  avoir  en 
main;  par  quoy  il  ne  failli  perdre  de  temps,  ains  battre 
le  fer  pendant  qu'il  est  encore  chaud.  Si  je  sçavois 
par  mon  sang  et  le  hazard  de  ma  vie  advancer  le  but  et 
le  service  du  Roy,  je  m'y  emploierois  plus  librement 
que  je  n'escris  ceci.n  (Bibl.  nat..  Cinq  cents  Colbert, 
n°  4oo.) 

1  k Madame, avait  écrit  Schomberg,  le  landgrave  vous 
accorde  tout  ce  que  vous  demandez  et  mieux,  encores 
que  ce  ne  soit  en  la  forme  que  vous  m'avez  escript.  Il  es- 
crit  à  Voslre  Majesté  et  vous  supplie  de  très  grande  af- 
fection que  pour  faire  amortir  et  esvanouir  l'altération 
qui  a  esté  suscitée  aux  cœurs  des  princes  protestants  pai 
les  derniers  événements  de  la  France,  il  vous  plaise 
faire  en  sa  faveur  et  pour  l'amour  de  .  't  envers  le 
Roy  qu'il  luy  plaise  reprendre  en  grâce  >  enfans  de 
l'admirai  et  leur  pardonner  la  faulte  de  leur  père;  adjous 
tant  que  les  princes  avoient  délibéré  d'intercéder  unani- 
mement pour  eulx;  mais  la  crainte  que  les  ennemis  de  la 
commune  amitiée  entre  le  Roy  et  les  princes  ne  l'inter- 
prétassent coume  si  les  princes  faisoient  ceste  requeste, 
laquelle  ilz  se  doubtoient  bien  d'estre  refusés,  seulement 
à  ceste  fin  qu'ils  eussent  d'avantage  d'occasion  fondée 
sur  ce  refus  de  se  formaliser  avec  les  huguenots. 

26. 


20/. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


beaucoup  de  particulières  conside'ralions  es- 
crire  au*,  protestans  de  Pollongne  les  lectres 
du  conlenu  <]ue  désir  oit  mondict  seigneur  et 
lilz  et  nioy  pour  l'advancement  des  affaires  de 
mon  lilz  d'Anjou,  il  s'est  enfin  résolu  à  dé- 
])escher  le  docteur  Crispinus  vers  la  douai- 
rière de  Brunzvich,  de  la  dépesche  duquel 
j'espère  qu'il  se  recueillera  plus  de  l'ruict  qu'il 
n'eusl  sceu  faire  desdictes  lettres.  Quant  à  ce 
que  ledict  landlgrave  m'escript  et  prie  que, 
pour  effacer  l'altération  qui  est  née  entre  les 
princes  protestans  de  la  Germanie  à  l'occasion 
des  événemens  passez  à  l'endroict  de  ceulx  de 
la  nouvelle  religion,  je  face  tant  envers  mondict 
seigneur  et  filz  qu'il  veuille  reprendre  en  graci- 
les enffans  du  feu  admyral  et  aussi  qu'il  in- 
tercède envers  mon  frère  le  duc  de  Savoye 
pour  sa  vefve,  et  pour  la  dernière  requeste  qu'il 
plaise  à  mondict  seigneur  et  filz  accorder  au 
docteur  Hotoman,  qui  luy  est  particulier  servi- 
teur, la  mainlevée  de  ses  biens  avec  permission 
de  les  vendre  et  d'en  disposer  à  son  bon  plaisir, 
je  vous  diray,  Monsieur  de  Scbomberg,  que  j'en 
ay  parlé  à  mondict  seigneur  et  filz  avec  telle 
affection  que  me  sera  tousjours  recommandé 
ce  qui  provient  de  mondict  cousin,  ayant  bien 
voluntairemenl  accordé  ce  qui  touche  et  con- 

crEt  secondement  il  supplie  Vostre  Majesté  d'intercéder 
envers  Monsieur  de  Savoie  pour  Madame  l'admirale. 
Tiorcement  il  supplie  le  Roy  qu'il  luy  plaise  octroyer 
une  mainlevée  et  permission  de  vendre  ses  biens  au 
docteur  Hotlmann,  duquel  il  s'est  lousjours  servy  durant 
la  vie  de  son  père;  il  m'a  dict  librement  qu'il  pense 
avoir  faict  cognoistre  à  Voslre  Majesté  par  offert  et  non 
par  paroles  qu'il  vous  est  très  serviabie  et  très  loyal 
amy,  qu'il  espère  et  se  persuade  de  mesme  de  Voslre 
Majesté.  11  n'a  jamais  voulu  laisser  partir  celui  qu'il 
envoyé  vers  la  douairière  de  Brunswicq,  sœur  de  l'Infante 
de  Poulogne,  si  premièrement  je  ne  luy  aye  promis  cl 
juré  de  vous  faire  entendre  ce  que  dessus  de  sa  part , 
oultre  ce  qu'il  vous  esrripl.n  (lîibl.  nat..  Cinq  cents 
Colbert,  n°  fioo.)  —  Voir  dans  le  même  volume  la  ré- 
ponse du  landgrave  de  liesse  à  Schomberg. 


cerne  ledict  docteur  Hotoman,  auquel  il  fera 
dépeseber  toutes  les  provisions  nécessaires  et 
pour  la  mainlevée  et  disposition  de  sesdicts 
biens  les  plus  favorables  qui  se  pourra,  en 
faisant  bailler  ung  mémoire  à  Brulart  qui  en 
a  la  charge  et  commandement.  Sur  le  faict  de 
Madame  l'amiralle,  il  m'a  respondu  qu'il 
pense  qu'il  n'y  a  personne  en  la  cbreslienté 
qui  n'ayt  assez  congneu  comme,  après  les 
eboses  advenues  audict  feu  admirai  pour  ses 
malheureux  et  détestables  démérites  qui  luy 
dévoient  justement  faire  hayr  de  capitale  haine 
tous  ceulx  qui  luy  atouebent  de  près,  il  a  no- 
nobstant cela  faict  à  sadicte  vefve  tout  le  plus 
gracieux  traiclement  qu'il  a  esté  possible, 
ayant  envoie  incontinant  après  la  mort  dudict 
admirai  en  sa  maison  de  Chastillon  où  elle 
estoit  exposée  au  hasart  et  danger  d'une  infi- 
nité de  gens,  qui  luy  vouloient  beaucoup  de 
mal ,  ung  lieutenant  de  ses  gardes  avec  nombre 
d'arebiers  pour  conserver  sa  personne,  ses 
biens  et  toute  sa  famille  et  engarder  qu'il  no 
luy  l'eus!  faict  aucun  tort  ne  desplaisir,  comme 
si  elle  eust  esté  femme  d'un  seigneur  de  ce 
royaulme  qui  eust  laissé  fort  bonorable  mé- 
moire de  luy.  Elle  est  demeurée  assez  de 
temps  en  cest  estât  audict  Chastillon,  sans 
avoir  receu  aucun  dommaige  en  sa  personne 
ny  biens,  desquelz  elle  a  librement  disposé  et, 
quand  elle  s'est  résolue  de  se  retirer  en  Sa- 
voye près  de  sa  mère  et  qu'elle  l'a  faict  en- 
tendre à  mondict  seigneur  et  filz,  pour  l'y 
rendre  en  toute  seureté,  il  luy  a  faict  bailler 
son  passeport  le  plus  ample  et  favorable  qu'il  a 
esté  possible,  luy  a  donné  nombre  suffisant 
d'archers  de  sa  garde  et  autres  personnes  pour 
engarder  qu'il  ne  luy  feusl  faict  aucun  des- 
plaisir, luy  laissant  avant  son  parlement  ra- 
masser non  seullement  toutes  les  bagues, 
joyaulx,  pierreries  et  autres  meubles  qui  luy 
estoient  propres,  mais  aussi  prendre  de  ceulx 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS.  205 


de  son  feu  mary,  bien  qu'ilz  l'eussent  jà  saisis 
à  cause  de  la  procédure  intente'e  contre  luy, 
telle  quantité'  que  bon  luy  a  semble,  ayant 
emporté  le  tout  avec  elle,  sans  avoir  este'  en 
cela  contrerollée  ny  empescbe'e  par  quelque 
personne  que  ce  soit,  mais  rendue  en  Savoye 
près  de  sadicte  mère  saine  et  sauve  par  ceuk 
qui  en  ont  eu  la  charge,  n'ayant  souffert  en 
son  voïage  aucun  tort  ny  desplaisir,  soit  en 
sa  personne,  biens,  gens,  ny  serviteurs,  qui 
est  tout  ce  que  Ton  eust  sceu  faire  pour  la 
personne  de  ce  inonde  qui  eust  este'  la  plus 
recominandable.  Depuis  son  arrivée  en  Sa- 
voye, l'on  ne  sçait  quelz  peuvent  avoir  esté 
ses  déportemens  ny  l'occasion  qu'elle  pourroit 
avoir  donnée  à  mondict  frère  de  la  travailler, 
qui  est  cause,  oultre  ce  qu'elle  n'est  pas  sub- 
jecte  naturelle  du  Roy  mondict  sieur  et  filz, 
qui  ne  s'empescbe  pas  voluntiers  des  subjectz 
des  princes  ses  voisins,  mais  leur  en  laisse 
faire,  comme  il  est  bien  raisonnable, puisqu'ilz 
sont  par  la  volunté  divine  submis  à  leur  gou- 
vernement, qu'il  ne  peult  bonnement  inter- 
venir pour  elle  envers  mondict  frère;  aussi 
pense-t-il  bien  que  cela  ne  seroitde  nul  poix  et 
effect  en  son  eudroict,  si  elle  a  faict  chose 
contrevenant  à  ses  loix,  comme  semblable- 
ment  si  elle  se  trouve  chargée  de  quelque 
faulse  accusation,  il  le  congnoist  pour  prince 
si  juste  et  raisonnable  qu'il  aura  particulier 
esgard  à  la  conservation  de  son  innocence.  Et 
quant  à  ce  qui  touche  les  enffans  dudict  feu 
admyral,  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  prie 
mondict  cousin  de  considérer  que  les  choses 
sont  passées  par  les  lois  de  son  rovaulme  et 
par  les  jugemens  des  premiers  juges  et  plus 
recommandez  en  probité  et  intégrité,  duquel 
jugement  en  faict  de  telle  conséquence  il  ne 
peult  faire  aucune  grâce  en  faveur,  de  quelque 
personne  recommandée  que  ce  soit  ny  empes- 
cher  le  cours  de  la  justice  qu'il  est  nécessaire 


avoir  lieu.  Pour  ce  regard,  vous  ferez  entendre 
ce  que  dessus  à  mondict  cousin  et  ferez  dex- 
trement  les  excuses  envers  luy  de  ce  que  mon- 
dict sieur  et  filz  ne  luy  peult  accorder  ces 
deux  derniers  poinctz  en  fasseuiant  que,  si 
c'estoit  chose  en  laquelle  il  se  peust  dispenser 
en  sorte  du  monde,  il  le  ferait  plutost  que 
pour  autre  prince  qui  l'en  peust  requérir, 
tant  je  désire  luy  faire  congnoistre  combien  il 
luy  est  cher  et  affectionné  amy,  comme  il  lu\ 
en  rendra  tesmoignage  en  toutes  aultres  occa- 
sions, ainsi  que  l'en  pourrez  asseurer.  Je  ne 
luy  en  escriptz  poinct  particulièrement  par  la 
lettre  que  je  vous  envoie,  en  laquelle  je  luy 
faiclz  seullement  ung  honneste  mercyementde 
la  dépesche  qu'il  a  voullu  faire  du  susdict 
docteur  Crispinus  et  de  la  volunté  qu'il  a 
d'envoier  quelque  ambassade  en  Angleterre, 
le  priant,  comme  faict  le  Roy  mondict  sieur 
et  filz  par  celle  qu'il  luy  escript,  qu'il  nous 
face  ce  bien  que  d'y  dépescher,  mectant  au 
surplus  créance  sur  vous,  laquelle  vous  esten- 
derez  de  ce  que  je  vous  escriptz  cy  dessus.  Je 
suis  bien  aise  que  vous  aiez  soudainement  re- 
dépesché  vers  le  Laski  le  comte  de  Ros- 
drasof,  sur  l'instruction  duquel  et  les  lectres 
que  a  apportées  le  secrétaire  dudict  Laski,  je 
luy  ay  faict  une  bonne  responce,  l'excitant  à 
demeurer  tousjouis  en  sa  bonne  volunté  et 
dévotion  en  mon  endroict,  j'ay  faict  bailler 
audict  secrétaire  cent  escuz  de  prescrit  et  au 
frère  de  Ranguet,  présent  porteur,  trois  cens 
escuz  pour  son  voiage;  pour  vos  fraiz  je  vous 
ay  faict  ordonner,  oultre  ce  qui  vous  fut  der- 
nièrement baillé,  la  somme  de  mil  escuz. 
Quant  aux  chevaulx,  le  Roy  mondict  sieur  et 
filz  a  résolu  d'en  envoyer  deux  beaux  à  mon- 
dict cousin  dedans  peu  de  jours,  qui  est  tout 
ce  que  j'ay  à  vous  dire,  en  priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Schonibert,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
garde. 


206  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

Escript    à    Fontainebleau,    le    xxime  jour 
d'apvril  1673. 


Caterixk. 


BrULART. 


Quant  à  ce  que  soulloil  prendre  mon  cou- 
sin le  duc  Jehan-Guillaume  de  Saxe  sur  la 
receptc  générale  de  Bourgongne  pour  la  ferre 
de  Chastillon,  le  Roy  monsieur  mon  filz  ne 
vous  en  peult  gratiffier  pour  ce  qu'il  s'est 
trouvé  que  ladicte  recepte  est  plus  charge'e 
de  despence  qu'elle  ne  peult  porter;  en  aul- 
tres  choses  il  vous  gratiffiera  volontiers. 


1573.  —  ai  avril. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1797a  ,  f°  83  v°. 
Imprime  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau . 


A  LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haulte,  très  excellente  et  très  puis- 
sante princesse ,  nostre  très  chère  et  très  ame'e 
bonne  sœur  et  cousine,  le  sieur  Valentin  Dalc 
docteur  es  loix,  l'un  des  maislres  des  requestes 
ordinaires  de  vostre  hostel  et  maintenant  vostre 
ambassadeur  résident  près  le  Boy  nostre 
très  cher  sieur  et  filz,  j'ai  entendu  de  luy  le 
désir  que  vous  avez  de  continuer  en  la  vraie 
et  parfaicte  amitié  et  bonne  intelligence  qui 
est  à  présent  entre  le  Roy  nostredict  sieur  et 
filz  et  vous  et  aussi  de  l'accroistre  et  aug- 
menter, chose  qui  nous  a  apporté  très  grand 
plaisir  et  donné  d'autant  plus  grand  occasion 
de  nous  correspondre  en  une  si  nette  et  sin- 
cère intention,  comme  nous  faisons,  tant  qu'il 
plaira  à  Dieu  nous  y  faire  persévérer,  sans 
jamais  faire  chose  qui  la  puisse  altérer.  Ayant 
au  demeurant  à  vous  dire  que  le  sieur  de 
Walsingham,  naguères  vostre  ambassadeur 
par  deçà ,  présent  porteur,  pendant  la  résidence 
qu'il  a  faict  icy,  a  faict  tous  les  bons  offices 


qui  se  peuvent  attendre  d'un  bon  et  affectionné 
minisire  pour  l'entretien  et  fortification  de 
l'aniilié  mutuelle  d'entre  le  Roy  nostredict 
sieur  et  filz  et  vous,  ce  que  nous  nous  promet- 
tons dudict  sieur  Valentin  Dale,  lequel,  en  ce 
faisant,  nous  aurons  très  agréable  et  recevra 
du  Roy  nostredict  sieur  et  filz  et  de  nous  tous 
le  bon  visage  et  facile  accès  et  bénigne  audience 
qui  se  peuvent  désirer  de  princes  bons  et  par- 
faicts  amis  que  nous  sommes,  ainsi  que  vous 
pourez  entendre  plus  particulièrement  dudict 
sieur  de  Walsingham,  sur  lequel  nous  nous 
en  remectons  et  prions  Dieu  vous  avoir  en  s» 
saincte  et  digne  garde. 

Escript    à    Fontainebleau,    le    xxr"*"  jour 
d'avril  1573. 

Caterine. 


1573.  —  21  avril. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3a53,  f°  66. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon  ,  le  Roy  monsieur 
mon  fils  vous  fait  bien  ample  responce  au  con- 
tenu de  la  dépesche  que  luy  avez  envoyée 
par  ce  porteur,  n'v  pouvant  sans  redicte  au- 
cune chose  adjouster,  mais  vous  prierai  seule- 
ment d'entretenir  tousjours  les  gentilshommes 
et  autres,  qui  ont  esté  de  la  relligion,  en  la 
bonne  volunté  et  affection  que  mandez  qu  ils 
ont  au  service  du  Roy  mondict  sieur  et  fils,  et 
les  fortiffieren  ce  bon  zclle,  aultant  qu'il  vous 
sera  possible,  estant  aussi  très  nécessaire  que 
mectez  toute  la  peyne  que  pourrez  pour  avoir 
souvent  des  nouvelles  des  déporlemens  et  en- 
treprises du  conte  de  Montgommery  pour  en 
donner  advis  à  mondict  sieur  et  fils,  ayant, 
au  demourant,  en  vostre  charge  l'œil  si  ouvert 
qu'il  ne  s'y  puisse  faire  ny  entreprendre  chose 
qui  puisse  apporter  préjudice  à  ses  affaires  et 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


•207 


service  ;  et  en  cependent  je  prie  Dieu  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  dij;ne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxie  jour  d'avril 
i573. 


1073. 


avril. 


C\TEltINE. 


PlSABT. 


1573.  —  a  a  avril. 

Kul.  Arcli.  nat.  collect.  Simancas,  K  iSa;,  n°  5&. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  D'ESPAGNE. 

Madame  ma  fille,  je  ne'  voleu  faillir  sur  le 
conte  d'Olivares,  qui  s'en  retourne,  remersier 
Vostre  Majesté  des  honnestes  propos  que,  de 
sa  part,  yl  m'a  tins  et  la  prier  ausi  qu'elle  nie 
voile  fayre  cete  grase  de  me  tenir  corne 
propre  mère  et  s'aseurer  que,  pour  l'afection 
et  amour  que  je  porte  à  la  royne  sa  seur  et  le 
lyen  que  Vostre  Majesté  tient  aveques  le 
îov  son  mary,  quej'é  heur  d'avoyf  aysté  belle- 
mère,  lequel  je  n'ème  ryen  moins  que  mes 
propres  enfans,  que  je  la  prie,  corne  cet  je 
avoys  cet  houneur  que  me  l'eut  propre  fille  et 
aultent  désire  son  contentement  et  grendeur, 
et  en  cet  que  je  auroys  moyen  pour  par  ayfect 
lui  fayr  conoystre  daventage  que  par  escript, 
ayle  conoystret  l'esécution  de  la  volunté  que  je 
luy  porte,  et  enn  atendent  qu'il  s'an  présente 
de  plus  grande,  je  seroys  bon  ayse  que,  s'il 
a  ebause  en  cet  royaume  déquele  eut  envye, 
encore  que  Vostre  Majesté  y  aye  une  seur 
qui  ha  toute  puisanse,  qu'il  lui  pleut  me  le 
mander  ausi  privément  que  si  j'esloys  sa  seur 
royne  ma  fille,  et  je  y  prendrès  grenl  plésir  en 
lui  satisfayre,  et  fayré  lin  en  la  remercient  de 
l'amitié  et  bon  trélement  que  Vostre  Majesté 
fayst  aux  ynfantes  ses  filles,  lesqueles,  encorre 
qu'il  n'aye  de  besoyn  de  recomandation  vers 
elle,  pour  in'estre  cet  qu'ele  me  sont,  je  ne 
puis  que  la  prier. 


Orig.  Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Cordes,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  faict  si  particulière  responce  sur  ce 
que  luy  avez  escrit  des  nouvelles  et  occur- 
rances  du  lieu  où  vous  estes,  que  estant  mon 
intention  conforme  à  la  sienne  et  ne  voullant 
user  de  redictes,  je  me  remectray  sur  sa  pré- 
sente dépesebe  et  vous  recomanderay  le  tout, 
cognoissant  nostre  besoing  pour  vous  persua- 
der à  faire  ce  que  le  service  dudict  sieur  Roy 
mon  filz,  le  bien  du  pays,  de  vostre  honneur 
requièrent,  priant  Dieu  vous  avoir,  Monsieur 
de  Gordes,  en  sa  garde  saincte. 

Escrit  à  Fontainebleau,  le  xxme  jour  d'avril 
i573. 


C.ATER1NE. 


De  Neufvii.le. 


1573.  —  s3  avril. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3193,  f°  98. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR   LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  je  suys  en  grent  pouine  de  set 
que  cete  arrnaye  que  mène  ce  malheureux  et 
meschant  conte  de  Mongomery1  ayst  arivée, 
et  jeusques  à  cet  que  je  sache  quel  auré  fayst, 
je  ne  seré  à  mon  ayse.  Je  vous  prye,  diste  à 
mes  enfans  qu'i  set  guardet  et  qui  n'allet  en 
lyeu  où  yl  ne  devet,  et  ausi ,  mon  cousin ,  vous 

1  Le  lendemain ,  Charles  IX  écrivait  au  duc  d'Anjou  : 
trJ'ay  sceu  par  le  capitaine  Sainte-Marie  que  le  conte  de 
Monlgommery  et  ses  navires  ont  esté  contraincts  se  reti- 
rer, voiant  le  bon  ordre  que  vous  aviez  donné  pour  la 
garde  et  deffence  du  port.  Cette  nouvelle  m'a  esté  si  fort 
agréable  que  j'ay  esté  incontinant  remercier  Dieu  de  bon 
cœur  de  la  grâce  qu'il  vous  afaicte.n  (Bibl.  impér.  de 
Saint-Pétersbourg.) 


208 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


(irie  que  je  sache  cornent  tout  sera  pasé,  eL 
je  prie  Dieu  que  ce  souit  à  son  honneur  cl 
hien  de  cet  royaume. 

De  Fontainebleau,  cet  xxiii*""  d'avril  1573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.—  2  5  avril. 

Ori||.  Arch.  de  la  ville  dp  Nantes,  i"  série,  cari.  58,  dossier  li. 

A  MESSIEURS  LES  MAIRE  ET  ESCHEVINS 

DK   LA  VILLE  DE  NANTES. 

Messieurs,  vous  verrez  par  les  lettres  que  le 
llov  monsieur  mon  fils  vous  escript  et  le  mé- 
moire qu'il  vous  envoyé  comme  le  conte  de 
Mongommery  et  les  vaisseaulx  quil  a  en  mer, 
lesquels  sont  apparus  devant  l'armée  navalle 
du  Roy  mondict  fils,  se  sont,  grâce  à  Dieu, 
retirés  avec  leur  courte  honte  de  la  routte  quils 
estoient  venus,  pour  avoir  trouvé  trop  forte 
partye  pour  eulx,  dont  il  fault  que  chascun 
loue  Dieu,  lequel  je  prie,  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escripl    à    Fontainebleau ,     ce   xxve 
d'avril  1673. 


jour 


Caterine. 


Pinart. 


1573.  —  26  avril. 
Orig.  Record  office,  State  papas,  France,  vol.  L1V. 

A  LA  REINE  D'ANGLETERRE. 

Madame  ma  bonne  sœur,  je  pensois  que 
le  sieur  de  Walsingham  dusl  eslre  porteur  de 
ceste  lettre,  et  que  en  la  baillant,  vous  témoi- 
gnast  l'amitié  et  afeclion  que  je  vous  ay  tous- 
jours  portée  et  veulx  continuer; mais,  puisqu'il 
est  desjeà  party,  je  me  veulx  asseurer  qu'il  luy 
en  dira  ce  que  je  luy  en  ay  prié  et  qu'il  en  a 
cognu  ,  qui  sera  cause  que  je  ne  luy  en  feray 
redistc  par  la  présente,  mais  luy  dirayee  que 


est  surveneu  depuis  son  parlement,  qui  a  esté 
causeque  leRoy  mon  filzct  moy  l'avons  renvoyé 
quérir  :  si  est-ce  que  mon  filz  le  Duc ,  qui  conti- 
nue déplus  en  plus  en  l'affection  qu'il  a  de  vous 
servir  et  désirer  vostre  bonne  grâce,  et  que 
par  là  il  peult  eslre  si  heureux  que  l'eussiez  si 
agréable  que  l'estimiez  assez  honneste  prince 
pour  avoir  l'honneur  de  vous  espouser,  il  nous 
a  envoyé  un  gentilhomme  pour  nous  prier 
le  Roy  son  frère  et  moy  de  luy  donner  congé 
après  la  prise  de  la  Rochelle  de  vous  aler 
béser  les  mains  et  se  faire  cognoislre  tel  qu'il 
vous  est,  ce  que  ne  luy  avons  voleu  refuser, 
veu  l'envie  que  avons  tousjours  cognue  que 
aviez  de  le  voyr  et  la  résolution  que  avez  prise 
de  ne  vous  marier  à  prince  que  n'ayez  pre- 
mièrement veu,  nous  asseurant  que  aurez 
esgard  à  sa  qualité  et  baillerez  la  seureté  né- 
cessaire au  tel  cas  et  aurez  considération  à  son 
affection,  qui  luy  faict  oublier  la  honte  qu'il 
pourrait  avoir;  et  ayant  le  Roy  mon  filz 
mandé  à  son  ambassadeur  bien  au  long  ce 
qu'il  désire  en  ce  faict  pour  le  vous  faire  en- 
tendre, ne  m'estendray  davantage  et  finiray  la 
présente,  vous  priant  nous  faire  cognoistre,  de 
vostre  coslé,  aullant  d'affection  et  désir  de 
continuer  en  la  paix  et  amitié  qui  est  entre 
vous  et  le  Roy  mon  filz,  comme  nous  faisons 
du  nostre. 

De  Fontainebleau,   ce  xxvic  d'avril   1673. 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Caterine1. 

1  Elisabeth  répondit  elle-même  à  Catherine  : 
«Madame  ma  bonne  sœur,  par  vostre  lettre  du 
xwT"  d'apvrii,  et  aussy  par  le  sieur  de  Walsingham, 
naguaires  nostre  ambassadeur  par  dellà,  avons  entendu 
en  quelle  sorte  Monsieur  le  duc  d'Alençou  vostre  filz  pur 
lettres  et  messagiers  exprès  auroit  requis  au  Moy  nostre 
bon  frère  et  de  vous  congé  de  faire  ung  voiage  par  de- 
çà, après  la  prinsc  de  la  Rochelle,  pour  nous  veoir,  et 
par  mesme  moyen  poursuivre  l'affaire  du  mariage  en  son 
endroicl.  A  quoy  il  appert  par  vos  lettres  et  par  les  pro- 


LETTRES  DE  CATH 

1573.  —  26  avril. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  frnnrais,  n°  3ig3,  f*  100. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin ,  j'é  reseu  vostre  lettre  et  aylé 
bien  ayse  d'avoyr  entendeu   tout  ce  que  me 

pos  de  vostre  ambassadeur,  Monsieur  de  la  Mutin',  au- 
riez consenty,  ce  qu'avons  pareillement  entendu  par  les 
lettres  mesmes  de  Monsieur  le  Duc ,  remonslrant  par  icelles 
sa  grande  envye  et  désir  de  passer  jusques  icy,  ayant  à 
ceste  Cn  obtenu  vos  congés,  après  toutesfois  la  réduction 
d'icelle  ville  en  l'obéyssance  du  Roy.   Sur  quoy  vostre 
ambassadeur  nous  a  requis  que  voullions  déclarer  nostre 
bonne  volunté  et  consentement  et  accorder  seurelé  néces- 
saire audict  sieur  Duc  pour  son  voiage.  Sur  ce  avons  bien 
voulu  et  trouvons  expédient  vous  impartir  ce  que  nous 
trouvons  nécessaire  d'eslre  par  vous  rementeu  et  consi- 
déré premier  que  d'accorder  à  sa  venue  :  c'est  que  sur 
des  propos  par  cy  devant  tenus,  à  mesme  fin,  d'une 
entrevue,  avez  tousjours  trouvé  fort  difficile  qu'il  deust 
venir  sans  que  quelque  asseurance  premièrement  donnée 
que  l'aurions  si  agréable  que  de  le  prendre  à  mary  à  sa 
venue,  car  autrement  estiez  d'opinion  que,  s'il  venoit 
et  que  le  mariage  ne  succédas! ,  qu'il   s'en  ensuiveroit 
plus  de  mescontentement  que  n'en  serait  requis,  veu 
l'estroicte  amitié  entre  le  Roy  et  nous.  Et  partant,  consi- 
dérant que  ne  sommes  certaine,  ne  que  pouvons  vous 
asseurer  de  ce  que  pourra  ensuivre  au  faict  de  ce  mariage, 
s'il  venoit,  ains  nous  fault  suspendre  nostre  intention, 
attendant  qu'à  sa  venue  Dieu  nous  pourra  mouvoir  le 
cueur  à  y  résouldre,  n'avons  sceu,  sans  premièrement 
vous  en  remettre  et  recomander  la  considération ,  accorder 
résoluement  à  vostre  ambassadeur  le  sauf-conduict  qu'à 
ceste  heure   il   requiert.   Ains   désirons   premier  estre 
esclaircie  de  ces  doubles,  si  vous  persistez  en  vostre  pre- 
mière opinion,  que  si  le  mariage  ne  sortirait  effect  à  sa 
venue,  ce  serait  cause d'offence  au  Roy  et  à  vous,  et  des- 
honneuraudict  sieur  Duc;  or,  si  ainsy  adviendrait,  nous 
le  trouvons  hors  de  raison  en  ung  affaire  tant  incertaine 
de  résouldre  sur  sa  venue.  Davantage,  paravant  le  voiage 
dudict  sieur  Duc  à  la  Rochelle  vous  mandiez  qu'il  luy 
toucherait  en  honneur  si ,   à   sa  venue  icy,  l'affaire  ne 
prendrait  le  succès  désiré,  et  que  maintenant  par  ces 
dernières  lettres  escrivez  directement  qu'après  la  prinse 
de  la  Rochelle  le  Roy  et  vous  luy  avez  donné  congé  de 
faire  ce  voyage  pour  contynuer  son  affection  à  désirer 

Catiierixe  de  Médicis.  —  IV. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  209 

mende's,  et  principalement  de  cet  que  Par- 
maye  de  cet  malheureus  Mongomery  n'a  non 


nostre  bonne  grâce,  et  sur  ce  désirez  seureté  nécessaire. 
Nous  désirons  bien,  et  vous  en  prions  bien  fort,  estre 
résolue  de  la  cause  qui  vous  mouvoit  lors  de  dire  que, 
venant  icy  ledit  seigneur  et  faillant  le  succès,  il  luy  touche- 
rait en  honneur,  et  que  maintenant  n'en  faict? s  ce  double. 
En  ces  choses,  si  nous  vouliez  résouldre  et  satisfaire  à 
plain,  ensemble  nous  asseurer  directement  de  vos  parts 
que,  quoy  qu'il  plaira  à  Dieu  d'en  ordonner,  qu'il 
n'en  sourdira  nullement  aulcune  offence,  alors  ne  ferons 
difficulté  d'accorder  seureté  nécessaire  pour  le  voiage 
dudict  sieur  Duc,  asseurant  qu'en  cest  affaire  avons  l'in- 
tention sincère  d'y  procéder  plainement,  n'ayant  aultre 
résolution  que  de  prendre  à  mary  ung  tel  prince  comme 
luy  de  sang  et  de  qualité. 

r El  sur  ce,  Madame  ma  bonne  sœur,  nous  pryerons 
Dieu,  etc. 

et  A  Grenwich,  le  xximo  jour  de  may  1^3'.  » 
Elle  écrivit  également  au  duc  d'Alençon  : 
'■Monsieur  le    Duc,  tant    par   les  lettres  de   nostre 
bonne   sœur    la    Royne    vostre    mère   comme   par   les 
vostres,  avons  entendu  de  l'instance  qu'avez  faict  puis 
naguères  au    Roy  vostre    frère  et  à  elle   qu'avec  leur 
faveur  puissiez  faire  ung  voyage  jusques  en  ce  royaulme, 
pour  nous  veoir  et  faire  plus  ample  démonstration  de  la 
grande  volonté  que,  de  longue  main,  nous  avez  portée, 
ce  qu'ils  ont  accordé  après  la  réduction  de  la  Rochelle 
en  l'obéissance  du  Roy.  A  quoy  aussy  son  ambassadeur 
nous  a  instamment  pressée  et  nous  a  sur  ce  requis  vous 
accorder  et  envoyer  seuieté  nécessaire.  Or  en  cest  affaire 
nous  trouvons  cause   de    temporiser,  sans  toutesfois  le 
refuser,  ny  aussy  d'accorder  présentement,  dont  avons 
maintenant  escript  à  la  Royne  vostre  mère ,  ayant  par 
autres  propos  par  cy  devant  procédans  d'elle  recueilly  la 
cause  qui  nous  induict  à  ce  faire,  en  ce  qu'elle  a  dict 
que  :   si  ne  voullions  premièrement  promettre,   avant 
vostre  venue  en  ce  royaulme,  de  vous  prendre  à  marj  a 
vostre  arrivée,  qu'il  s'en  ensuivrait   de  l'offence  si  le 
marriage  ne  sortirait  effect.  Or,  considérant  que  ne  pou- 
vons jamais  consentir,  jamais  accepter  aulcun  personage 
pour   estre  nostre  mary   si   premier   ne    l'avions   veu, 
comme  sommes  encores  de  cest  avis ,  nous  désirons  estre 
résolue  par  ladicte  Dame  vostre  mère  si  elle  persévère 
lousjours  en  ceste  opinion  ou  non;  ce  que  si  elle  fairl  . 
nous  ne  pouvons  donc  en  raison  accorder  que  deviez  ve- 
nir par  deçà  avec  tel  double.  Recognoissans  néantmoins 

■  Record  office,  State papm-s ,  Frauce,  toi.  LIV.  (Autographe.) 


27 

lUPiltMESir.     JUTtOKALE. 


210 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


layt  de  cet  qu'il  prétendoil  elde  cet  que  Dieu 
ha  ausi  bien  favorise  mon  fils  par  mer  comme 
par  1ère  ;  je  prie  à  Dieu  que  ceulx  de  la  Rochelle 
recognoyset  leur  faulte  et  qu'il  se  remetet  à 
la  discrétion  de  mon  fils  que  je  seré  tousjours 
d'avis  de  leurs  acorder  tout;  mes  qu'i  nayet 
ncul  exercise  de  relligion  que  de  cella  que 
nous  tenons  et  tous  les  mynistres  rhasés,  cet 
l'on  n'an  peu  gagner  davenlagc,  et  vous  prie, 
quand  celaaviendroyt,en  [faire]  souvenir  mon 
fils.  Vous  enlendrés  par  cet  porteur  le  méchant 
tour  que  ceux  de  Beare1  ont  fayst  au  sieur 
de  Gramonl;  je  vous  prie  le  recommander  à 
mon  fils  el  au  roy  de  Navarre,  car  yl  y  va  de 
son  honneur  et  qu'ilz  faset  toul  pour  le 
ravoyr,  car  c'et  le  plu  méchant  tour  qui  fust 
jeaniès  fayst,  et  le  pluscreuel  d'avoyr  tué  tant 
de  jeantis  hommes:  je  vous  prie  luy  ayder  et 
je  prière  Dieu  vous  donner  bien  tost  voslre 
entière  santé. 

De  Fontaynehleau,  cet  xxvi°  d'avril  1Ô73. 

Vostre  bonne  cousine, 

(Iaterine. 

qne  vostre  laçon  de  procéder  envers  nous  est  telle  que 
véritablement  avons  très  bonne  occasion  de  nous  louer 
grandement  de  vous,  ne  voulant  nommément  olilier  à 
vous  remercier,  tant  qu'il  m'est  possible,  de  ce  que 
n'avez  espargné  peyne  ne  moyen  à  m'escrire  et  faire 
visiter,  scacbant  très  bien  qu'il  n'a  tenu  à  vous  que  n'ayez 
fairt  ce  voyage  de  longtemps,  et  quoy  qu'il  en  succédera 
de  ceste  affaire,  nous  espérons  que  n'aurez  juste  cause 
de  penser  que  voslre  bonne  volonté  soit  mal  employée  sur 
nous,  ains  qu'avec  gratuité  l'acquiterons  par  quelque 
moyen,  el  si  la  Royne  vostre  mère  nous  vouldra  résouldre 
sur  ce  que  luy  en  avons  escript,  nous  ne  différerons 
nostre  response  audict  ambassadeur  sur  la  senreté  de 
vostre  voyage. 

«Le  xxi  înay  1 5  7  3  ' .  n 

1    Heure,  Béarn. 

■  Record  office,  Stat?  papers ,  France,  vol.  1.1  V.  (  Copie  du  leni|>>.  ) 


1573.  —  27  avril. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  801,  f°  99. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRÉSIDENT   EN    LA  COURT    OU   PARLEMENT    DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  je  vousay  cy-devanl 
escript  et  fait  entendre  la  peine  en  quoy  j'es- 
lois  et  suis  encore  à  présent  à  cause  de  l'em- 
peschemenl  que  l'on  donne  à  Sardiny  que  a 
contracté  pour  les  petits  sceaulx  en  la  jouis- 
sance du  sceau  des  requestes  du  Palais  et  que 
je  sçay  que  vous  avez  toute  puissance  de  faire 
cesser  et  lever  cest  empeschemenl,  je  vous  ay 
bien  vollu  faire  ceste  recharge  pour  vous  prier 
d'eslre  moyen  que  ladicte  difficulté  soit  levée 
et  ostée  et  faire  en  sorte  que  ledict  Sardini 
jouisse  dudict  sceau  sans  que  n'en  oye  plus 
parler;  mais  d'autant  que  s'est  chose  quej'ay 
fbrt'à  cueur  el  que  je  désire  estre  faict  promp- 
tement,  je  vous  prye  encore  ceste  fois,  si  avez 
envye  de  me  faire  plaisir,  donner  ordre 
qu'icelluy  Sardini  jouisse  sans  aulcune  diffi- 
culté dudict  sceau  des  requestes  ;  et  m'asseurant 
de  la  bonne  volonté  qu'avez  envers  moy  et  ce 
qui  me  louche  que  vous  ferez  tout  ce  qu'il 
vous  sera  possible  pour  me  rendre  satisfaicte 
de  ce  costé  là ,  je  ne  vous  en  diray  autre  chose 
et  prie  Dieu,  Monsieur  le  Président,  vous 
tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  Bloys,  le  27  avril  1 573. 

Gaterine. 
Chantereau. 


1573. —  ag  avril. 

Copie.  Bibl.  nat,  ionds  français,   n*  1797a  ,  f°  91  v°. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mollit1,  il  me  semble  qu'il 
est  venu  très  à  propos  que  nous  avons  envoyé 
quérir  le  sieur  de  Walsingham;  car  il  s'en 
retourne,  coume  vous  verrez  par  la  lectre  du 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


211 


Roy  monsieur  mon  filz,  édifié  et  esclaircy  de 
nos  droictes  intentions  tant  sur  le  faict  de 
l'entreveue  que  pour  parachever  l'œuvre  et 
voir  bien  tosl  la  conclusion  du  mariage.  Le 
sieur  de  Rez  qui  fust  vers  luy  et  qui  Ta  ac- 
compagné fort  honnestement,  sans  qu'il  eut 
eu  nulle  occasion  de  se  plaindre,  ny  douter 
que  l'on  ne  voulust  arrester,  le  luy  faisant 
bien  paroistre,  car  il  le  laissa  à  Paris  et 
s'en  revint  hier  icy,  d'où  le  Roy  monsieur 
mon  filz  le  renvoya  avec  son  chanïot  qui  l'a 
amené  ce  matin  de  Melun  où  ledict  sieur  de 
Walsingham  s'en  va  coucher  audict  Melun 
dedans  ledict  chariot  qui  le  mènera  jusques  à 
Roulogne,  s'il  veult,  affin  qu'il  aille  plus  à  son 
aise  et  cognoistre  en  toutes  choses  la  bonne  vo- 
lonté que  nous  portons  à  ladicte  royne  el  à  tous 
les  siens.  Je  feray  porter  audict  Walsingbam 
deux  pièces  de  beau  drap  de  soye  pour  sa 
femme  et  deux  autres  de  couleur,  où  il  y  aura 
de  l'or  et  de  l'argent ,  pour  sa  fille  ,  affin  de  le 
gratiflier  tousjours  aultant  qu'il  me  sera  pos- 
sible, pour  l'espérance  quej'ay,  suivant  ce  qu'il 
m'a  promis  de  faire  tout  ce  qu'il  pourra  pour 
faire  réussir  ledict  mariaige,  qu'il  monstre 
désirer  bien  fort;  il  m'a  promis  qu'il  m'escrira 
franchement  comme  ladicte  royne  sa  mais- 
tresse  désirera  que  mon  filz  le  duc  d'Alenron 
aille  par  delà.  Il  sera  bon  que  l'en  ramente- 
viez  et  que  fassiez  doucement  en  sorte  que  ce 
soit  honorablement,  et  avec  les  seuretés  que 
nous  avons  dernièrement  escriptes,  nous  lais- 
sant en  cela  faire  par  eux  leurs  offres  première- 
ment et  puis  conduire  le  tout  si  dextrement  que 
puissiez  obtenir  lesdicles  seuretez  de  leur  bon 
gré  et  franchement,  coume  nous  espérons. 
Vous  estes  si  sage  qu'il  ne  vous  fault  rien  dire 
davantage,  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 
Mothe,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
A  Fontainebleau,  Iexxixn"'jourd,avril  1573. 

Caterixe. 


1573.  —  3o  avril. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ao3  ,  f°  7». 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  DAM  VILLE, 

MARESCHAL   DE   FRANCE. 

Mon  cousin,  si  le  Roy  monsieur  mon  filz 
a  esté  bien  ayse  de  la  réduction  en  son  obéis- 
sance de  sa  ville  de  Sommière  par  compo- 
sition, je  vous  puis  asseurer  que  je  n'en  ay 
receu  moins  de  contantement  et  satisfaction, 
n'estant  ce  petit  mot  que  pour  accompaigner 
celle  que  le  Roy  mondict  seigneur  et  filz  vous 
escript,  par  laquelle  il  vous  mande  bien  parti- 
cullièrement  ce  qu'il  désire  estre  faict  par  delà 
tant  pour  le  regard  de  la  réduction  de  ses 
autres  villes  qu'il  entend  estre  bien  traictées 
lorsqu'elles  se  vouldronl  recongnoistre  et  vivre 
soulz  ses  édictz  et  ordonnances  faictz  et  publiez 
depuis  le  xxiiuesmc  aoust  que  pour  le  regard  de 
recouvrer  deniers  pour  le  payement  de  la  gen- 
darmerye;  àquoy  je  n'adjousteray  autre  chose 
.  synon  pour  vous  prier,  mon  cousin,  que  vous 
ayant  bien  et  saigement  faict  jusques  à  ce  jour 
vous  veillez  de  bien  en  mieulx  continuer  en 
tout  ce  que  voyez  estre  de  besoing  pour  le 
service  du  Roy  mondict  seigneuret  filz.pryant 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vousayt  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  dernier  jour 
d'avril  1 673. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1573.—  t"  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5557 ,  f°  195. 

A  MON  FILS  LE  DUC  D  ANJOU. 

Mon  fils,  le  feu  sieur  Cossins  ung  peu  aupa- 
ravant avoit  fait  faire  des  enseignes  neuves 
pour  ceulx  de  sa  compaignie  et  qui  lui  reve- 


37. 


212 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1C1S. 


noienl  à  grand  argent;  mais  le  pauvre  houme 
n'a  eu  le  bien  de  les  veoir  employe'es  et  sont 
lesdictes  enseignes  demourées  sur  les  bras  à 
sa  femme  laquelle  d'ailleurs  est  assez  em- 
pesehée.  Je  ne  sçaurois  que  faire  desdicles 
icclles  enseignes  et,  parce  que  je  désire  gren- 
dement  la  grattiffier  tant  en  conside'ralion  du 
deffuncl  que  pour  l'amour  d'elle  aussi,  je  désire, 
jnon  filz,  et  vous  prie  bien  fort  que  vous  or- 
donniez à  celluy  qui  est  successeur  de  ladicle 
compaignie  qu'il  face  prendre  par  les  siens 
lesdictes  enseignes,  jà  toutes  faictes,  et  les 
payer  à  ladicte  dame  de  Cossins  qui  sera  aul- 
tanl  de  bien  pour  elle  coume  soullagement  et 
espargne  de  plus  grands  fraiz  à  ceulx  qui 
prendront  lesdictes  enseignes;  priant  Dieu 
qu'il  vous  ayt,  mon  filz,  en  sa  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  premier  jour 
de  may 1673. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1573.  —  9  mai. 
Copie.  Bihl.  nat.  Cinq  cents  Colbert ,  n'n  36fi ,  (°  îga. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  ne  sçaurois  rien  ad- 
jouster  à  ce  que  vous  escrit  présentement  le 
Roy  monsieur  mou  Glz1.  Je  vous  diray  seule- 

1  Charles  IX  l'instruisait  de  la  paix  que  les  Vénitiens 
venaient  de  conclure  avec  le  Grand  Seigneur,  el  ajoutait: 
•Je  ue  veux  nier  que  je  ne  leur  aye  conseillé  ladicle  paix  ; 
aussi  je  suis  coulent  que  l'on  sache  que  je  les  ay  quelque 
lois  admonesté  de  mettre  fin  à  cette  guerre,  cognoissant 
que  ce  serait  enfin  leur  ruyne,  mais  aussi  je  ne  veux  de 
gaité  de  cœur  me  tirer  à  dos  le  blasme  et  le  reproche 
dudicl  traicté  et  me  suflira  faire  voir  auxdicts  Vénitiens 
que  je  suis  très  joyeux  de  les  voir  réconciliez  avec  un  si 
puissant  et  formidable  ennemy,  tant  ainsi  que  j'ay  faict 
loul  ce  qui  m'a  esté  possible  pour  les  sortir  de  ceste 
guerre;  aussi  seray-je  bien  ayse  de  faire  tous  les  bons 
offices  pour  eux  et  faire  mettre  en  considération  les  raisons 
qui  les  ont ni;us el conlraincts  à  ce  faire,  affin  d'appaiser 


ment  que,  si  Testât  de  ses  affaires  respondoit 
à  sa  volonté,  il  seroit  très  aise  de  faire  cog- 
noistre  à  ceste  république  combien  il  l'ayme 
et  désire  sa  conservation;  mais  il  fault  céder 
à  la  nécessité,  vous  asseuraut  qu'il  n'a  levé 
]es  armes  pour  les  employer  contre  ses  subjeetz 
que  par  force  et  conlraincte,  et  s'ilz  eussent 
esté  aussy  prudens  et  bien  conseillez,  coume 
ilz  ont  esté  témérairement  et  mal  avisez,  il  y 
a  long  temps  que  le  royaume  feust  en  repos. 
Mais  tant  s'en  fault  qu'ilz  ayent  jamais  re- 
cberclié  sa  bonne  grâce,  qu'ilz  ont  rejeté  tous 
les  moyens  qui  leur  ont  esté  présentez  poui 
y  parvenir.  J'espère  qu'eufin  ilz  y  seront  forcez 
de  recoguoistre  leur  fautes  et  acheter  ce  qui 
leur  a  esté  offert,  el  qu'ilz  se  verronl  bientost 
aussy  rigoureusement  chastiez  corne  ils  le 
méritent. 

Le  Roy  moudict  sieur  et  filz  vous  a  escrit 
par  nostrebommeson  intention  pour  le  regard 
des  douze  cens  escus  de  Mabumut1,  voulant 
qu'ilz  luy  soient  délivrez.  Je  seray  bien  ayse 
que  luy  ayez  recoumandé  le  faict  de  Poloyne, 
s'il  peut,  pour  s'en  retourner  eu  Constanii- 
nople  avant  que  vous  ayez  nouvelles  que  l'élec- 
tion soit  faicte.  En  ce  cas  je  vous  prie  advertir 
le  sieur  de  D'Aqs  de  tout  ce  que  vous  aurez 
négotié  avec  luy  et  continuer  à  me  mander  ce 
qui  viendra  à  vostre  cognoissance  dudicl  faict 

Noslre  S'  Père  el  destourner  l'effect  d'une  mauvaise 
volonté  conceue  contre  eux  pour  ce  regard,  sans  toutefois 
■n'engager  à  rien  promettre  de  plus  particulier,  ne  me 
permettant  l'eslat  de  mes  affaires  d'en  faire  aulre  dé- 
monstration.;! (Même  volume,  f°  8g.) 

1  trj'ai  baillé  à  Mabumut,  écrivait  du  Ferricr  au  Itoi 
le  19  avril,  tes  douze  cens  escus  que  j'avois  devers  moy, 
duquel  j'ay  aussi  receu  trois  belles  cymeterres,  quatre 
arcs  avec  quatre  vingt  neuf  flèches  et  quatre  carquois, 
ensemble  une  robe  de  drap  d'or  doublée  de  satin  verd, 
et  ce  qu'il  estime  le  plus  c'esl  du  baume  «ju'it  m'a  baillé 
dans  un  petit  fiole  de  verre;  on  m'a  aussi  baillé  un  petil 
vase  de  terre  plein  de  tbériaque,  lesquelles  besognes 
j'enverray  à  Voslre  Majeslé.»  (Même  volume,  f'  lUG.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


213 


de  Pologne,  priant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier, 

qu'il  vous  tienne  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontenebleau,  le  neme  jour  de  may 

t573. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1573.  —  [a  mai.] 
Miuute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5558,  1°  79. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  loue  Dieu  de  ce 
que  les  Seigneurs  ont  faict  la  paix,  et  que  le 
nom  du  Roy  monsieur  mon  fîlz  leur  ayt  ayde' 
pour  secouer  le  misérable  jougqui  les  accabloit. 
Mais  je  suis  marrye  qu'ils  ayent  attendu  si 
longtemps  que  la  nécessité  les  y  aye  contrainctz 
et  qu'ilz  n'ont  plus  tost  creu  le  conseil  qui  leur 
estoit  plus  utile.  Vous  verrez  ce  que  le  Roy 
mondictsieur  et  fîlz  vous  en  escript,  sur  quoy 
je  me  veux  remettre  désirant  ajouter  nean- 
moings  qu'ilz  entendent  qu'il  n'y  a  personne 
qui  se  resjouisse  davantage  de  leur  bien  et 
prospérité  que  moy;  car  je  désire  plusentret- 
tenir  l'amitié  anciene  de  cesle  couronne  avec- 
ques  eulx;  à  quoy  je  vois  le  Roy  mon  fîlz 
très  enclin  et  disposé.  Quant  à  vostre  par- 
ticulier, je  l'auray  tousjours  en  la  mesme 
recommandation  que  vostre  valeur  la  mérite, 
el  il  me  serra  singulier  plaisir  de  vous  le 
l'aire  cognoislre  par  cffectz,  quand  l'occasion 
se  présentera,  cognoissant  assez,  que  encores 
que  vous  ayez  bien  et  longuement  servy  il  vous 
a  esté  faict  maigre  récompense,  dont  je  suis 
très  marrye.  Je  désire  sçavoir  si  vous  avez 
receu  ung  pacquet  par  le  courrier  de  Flandres 
et  en  recepvoir  response;  priant  Dieu,  Mon- 
sieur du  Ferrier,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
garde. 

Caterine. 


1573.—  6  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  collect.  Dupuy,  n°  801,  f°  110  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER   PRÉSIDBVT   EN  LA   COCRT  DB   PAHXEUBST  DE   PABIS. 

Monsieur  le  Président,  le  Roy  monsieur  mon 
fîlz, pour  bonnes  et  grandes  considérations,  a 
permis  à  l'évesque  de  Mascon,  qui  est  con- 
fesseur de  la  roync  ma  fille  et  de  mon  conseil, 
de  coupper  et  fayre  coupper  es  forestz  de  Bon- 
nuenay  deppendans  de  son  évesché  pour  six 
mil  livres  de  boys,  ainsy  qu'il  est  plus  au  long 
de  cela  èsdictes  lectres  et  permission  qu'il  a 
délibéré  de  présenter  ou  fayre  présenter  à  la 
Court,  à  l'entérinement  desquelles  je  vous  prie 
vous  emploier  et  tenir  la  main  qu'elles  soient 
vérifiées  selon  leur  forme  et  teneur  et  qu'il 
puisse,  suivant  l'intencion  dudict  seigneur, 
jouir  de  l'effect  d'icelles ,  luy  faisant  congnoistre 
de  combien  ceste  mienne  recommandation  luy 
aura  servy,  vous  asseurant  que  le  plaisir  et 
faveur  qu'il  recepvrade  vous  en  cestendroictme 
sera  bien  fort  agréable;  priant  Dieu,  Monsieur 
le  Président,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  vi'jour  de  may 

1573. 

Caterine. 
Chantereau. 


1573.  —  7  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Coibert,  iJ  87. 

A  MONSIEUR  DE  MAUVISSIÈRE. 

Monsieur  de  Mauvissière,  lorsque  j'ay  rec<u 
vostre  lettre  du  xxvm  avril  et  avoyr  esté  ad- 
vertye  de  la  mort  de  vostre  frère,  ayant,  je 
vousasseure,  entendu  cestenouvelle  avecq  aul- 
tant  d'ennuy  et  de  fascherye  que  vous  mesme, 
pour  le  congnoistre  gentilhoume  d'honneur  et 
vertu  duquel  le  Roy  monsieur  mon  filz  eust 
ung  jour  tiré  de  grandz  services,  ainsy  qu'il 
avoit  bien  vertueusement  commencé;  mais, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


pour  ce  que  c'est  ung  de'saslre  auquel  il  n'y  a 
remedde,  il  faut,  Monsieur  de  Mauvissière, 
comme  sage  et  bien  advisé  vous  re'souldre  et 
disposer  entièrement  à  la  volonté  de  Dieu  et 
vous  asseure  que,  de  ma  part,  je  serois  bien 
marrye  que  tel  actedemeurast  sansestre  suivy 
de  la  punition  que  mérite  celluy  qui  en  est 
l'autlieur,  ayant  à  ceste  occasion  dès  lors  escript 
à  mon  filz  d'Anjou  que, estant  la  vérité  de  ce 
faictadvérée,  l'intention  du  Roy  mondicl  sieur 
et  filz  estoit  qu'il  feust  incontinent  proceddé  a 
la  punition  du  délinquant,  ainsyque  je  veulx 
croire  qu'il  fera,  de  sorte  que  aurez  toute  sorte 
d'en  estre  content  et  salisfaict,  ainsy  que  vous 
serez  aussy  pour  le  regard  de  la  terre  d'Yeuvre , 
le  chasteau  que  tenoit  vostredict  frère,  laquelle, 
aussitosl  qu'il  fut  mort,  mettant  en  considé- 
ration l'affection  que  je  sçay  que  vous  portez 
au  service  de  ceste  couronne  et  désirant  vous 
faire  particulièrement  paroistre  en  quelle  re- 
commandation je  vous  ay  lousjours  eu,  je  vous 
ay  accordé  pour  en  jouir,  ainsy  que  faisoit 
vostredict  frère,  ayant  pareillement  prié  le 
Roy  mondict  sieur  et  filz  de  confirmer  à  vostre 
aultre  frère  l'abbaye  de  Cussy,  suivant  la  re- 
questc  que  m'en  avoit  faicle  mondict  filz 
d'Anjou, sy  bien  que  vous  pouvez  estre  assuré 
que  l'on  vous  a  conservé  tout  ce  que  l'on  a  peu , 
m'ayant  mondict  filz  d'Anjou  jamais  escrit 
aultre  chose  que  la  faire  conserver  à  ceulx  de 
vostre  maison.  Je  vous  prie,  pour  fin  de  ceste 
lettre,  croire  que  je  vous  ayme  et  estime  tant 
les  services  que  vous  m'avez  faietz  que  j'en 
auray  à  jamais  souvenance  pour  les  recog- 
noistre  envers  vous  et  ceulx  de  voslre  maison; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Mauvissière,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  viie,ne  jour  de 

may  1  573. 

Caterine. 

PlNART. 


1573.  —  i3  mai. 

Orig.  Bihl.  nat.  fonds  Dupuy,  u°  801.  f'  111. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PBBMIEB    l-tii  SIDBNT    BN   LA  COURT    DB  PARLEMENT  DB   PAB1S. 

Monsieur  le  Président,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  a  esté  bien  ayse  d'entendre  le  bon  ordre 
que  vous  avez  donné  au  faict  de  la  police,  qui 
est  l'une  des  choses  des  plus  nécessaires  en 
la  ville  de  Paris;  et  quant  à  ce  qui  est  survenu 
à  Chasteaudun,  ainsi  que  vous  entendrez  par 
ce  qu'il  vous  en  escript,  le  mal  n'est  si  grand 
que  nous  le  pensions,  comme  aussi  ce  peu 
de  gens  qui  se  sont  eslevez  en  Champaigne, 
lesquels  ne  sont  suivis  d'aucuns  reistres,  ainsi 
que  l'on  l'a  voulu  dire,  de  quoy  j'ay  esté  cer- 
tainement advertie,  espérant  que,  estant  bien- 
tost  la  Rochelle  réduicte,  comme  mon  fils  en 
donne  toute  espérance,  ayant  demandé  àpar- 
lamcnter  ceulx  dedans  depuis  la  retraicte  de 
leur  secours  de  mer,  tous  telz  remuemens 
s'évanouiront  en  fumée  avec  le  bon  ordre  que 
l'on  y  sçait  bien  donner,  priant  Dieu,  Monsieur 
le  Président, qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Caterine. 
Brulart. 

1573.  —  .5  mai. 

Orig.  Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escripl 
présentement  ce  qu'aurez  à  faire  pour  son  ser- 
vice et  selon  son  intention  et  estant  la  mienne 
conforme,  je  ne  vous  feray  la  présente  plus 
longue,  priant  Dieu,  vous  avoir,  Monsieur  de 
Gordes,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xvc  jour  de 
may  1073. 


Caterine. 


De  Neufville. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


215 


1573.  —  i5  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366,  1*  si8. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  pour  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  et  moy  désirons  infiniment 
entendre  des  nouvelles  de  Pologne,  d'où  il 
n'est  pas  qu'il  n'en  vienne  à  Venise  à  cestc 
heure  que  l'assemblée  des  Estats  est  de  long 
temps  commencée1,  je  vous  ay  voulu  escrire 
ce  mot  pour  vous  scmondre,  oullre  le  soin  que 
je  sçay  que  vous  avez  de  nous  en  donner  advis 
de  tout  ce  qu'on  aura  peu  apprendre,  priant 
Dieu,  Monsieur  du  Ferrier,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xv"  jour  de 
may  1 573. 


Caterine. 


Brulart. 


feriez  trop  de  faulte  cet  avyés  mal;  cet  que 

je  prie  à  Dieu  vous  guarder  et  vous  conserver. 

De  Fonleinebleau,  cet  xvicnie  de  may  1673  '. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  16  mai. 

Aul.  liibl .  nat.  fonds  français,  n°  3ig3,  f°  106  r°. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  je  suis  bien  ayse  de  cet  que 
les  soldas  ont  si  bien  fest  et  qu'il  repregnet 
courage  et  ayspère  que  cete  bourade  que  ceulx 
de  la  ville  ont  eue  de  cet  bastillon  cera  cause 
particulière  de  lé  fayre  panser  en  leur  cons- 
siense.  J'ayspère  que,  lorsque  nous  penserons 
eslre  le  plus  louyn  de  la  prendre,  que  Dyeu  nous 
la  donnera  et  le  moyen  d'y  entrer,  cet  que  je 
luy  suplye,  et  vous,  mon  cousin,  de  ne  vous 
laser  à  me  mender  sovent  des  novelles  de  mes 
enfans  et  de  cet  qu'ayspérez;  car  c'est  tout  le 
plaésir  que  je  ay.  Je  suis  bien  resjouye  de  vous 
savoyr  du  tout  guéri  :  je  vous  prie  vous  bien 
guarder  et  ne  vous  bazarder,  car  vous  nous 

1  La  Diète  d'élection  s'était  ouverte  le  5  mai. 


1573.  —  18  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3339,  î°  £5. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  par  voz  dépesebes  des  premier 
et  xii  du  présent  mois,  nous  avons  veu  la 
résolution  qu'avez  prinse  avec  mon  fils  le  duc 
d'Anjou  de  vous  acheminer  en  vostre  gouver- 
nement, afin  de  pourveoir  aus  affaires  qui 
y  sont  survenues  et  y  pourront  survenir,  dont 
avons  receu  bien  grand  plaisir  pour  vostre  pré- 
sence y  estre  requise  et  très  nécessaire.  Le 
Roy  monsieur  mon  filz  escript  au  sieur  de 
Chavigny  de  vous  accompaigner  et  demeurer 
près  de  vous  tant  que  y  serez,  ce  que  j'estime 
qu'il  acceptera  pour  la  bonne  volunté  et  grande 
affection  qu'il  a  à  sou  service  avec  la  révérence 
et  amitié  qu'il  vous  porte;  aussy  se  peut-il 
asseurer,  comme  je  vous  prie  de  lui  dire  en- 
cores  de  nostre  part,  que  les  recommandables 
et  importans  services  qu'il  a  faicts  et  que 
nous  espérons  qu'il  fera  cy-après  seront  re- 
cogneus  par  les  premières  vacations  qui  ad- 
viendrontdes  grandes  charges; à  quoy  je  tien- 
drays  si  bien  la  main  que  l'occazion  ne  s'en 
perdra,  comme  ensemble  feray  pour  le  sieur 
de  Bouille  à  ce  qu'il  soit  content.  Cependant 
je  prie  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xvmeme  jour  de 
may  îb'jZ. 

1  Voir  dans  le  n"  600 1  (nouvelles  acquisitions)  les 
lettres  de  Charles  IX  au  duc  d'Anjou  des  22,  a3  et 
a5  mai,  p.  3i5  et  suiv.  (Bib.  nat.,  fonds  français, 
n°  i5557,  f°a'i5.) 


216 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


[De  sa  main.)  Mon  cousin,  vous  m'escuserez 

cet  >  ne  vous  aysorips  de  ma  mayn ,  car  j'é  un 

peu  de  mal  au  doys?  mes  je  n'é  voleu  pour 

sela  me  guarder  de  me  réjouir  aveques  vous 

du  beau  fils  que  ha  eu  vostre  fils  le  Prinse- 

Daulphin;  de  quoy  je  suys  infiniment  ayse 

pour   selui  que  je  m'asscure  que  enn  avés. 

Je    prie  Dieu    qu'il    vous  en   douin   encore 

d'aultre. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  18  mai. 

Orig.  Iiibl.  not.  fonds  français,  n°  3a5a,  f  66. 

V  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  ceste-cy  sera  seu- 
lement pour  accuser  la  réception  de  voz 
lettres  du  11e  du  présent  mois2,  ausquelles  le 
Rov  monsieur  mon  filz  vous  satisfaict  par  les 
lettres  qu'il  vous  escript  présentement  ;  et  n'y 
pouvant  rien  adjousler,  je  vous  prieray  pour 
la  fin  de  la  présente  d'avoir  tousjours  l'œil  si 
ouvert  en  vostre  ebarge  et  y  pourveoir  si  bien 
qu'il  n'y  puisse  advenir  aucune  chose  au  pré- 
judice de  son  service,  ainsy  que  nous  nous 
un  reposons  du  tout  sur  vous,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Matignon,  vous  avoir  en  sasaincte 
el  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xvinc  jour  de 

may  1 573. 

Caterine. 

Pinart. 

1   Cet,  ri. 

5  Voir  dans  le  n°  4o53,  f°  32,  la  lettre  de  Matignon 
à  laquelle  Catherine  fait  allusion.  En  terminant,  il  ajou- 
tait :  «Je  viens  d'eslre  adverty  par  de  ceulx  mesmes  qui 
ont  esté  de  la  nouvelle  opinion  que  le  conte  de  Mont- 
gommery  a  envoyé  devers  quelques  uns  de  ce  pays  pour 
essayer  de  les  faire  eslever;  à  quoy  j'espère  prendre 
garde  de  si  près  que,  quand  ilz auraient  quelque  mau- 
volonté,  il  leur  sera  bien  mal  aisé  de  l'exécuter.» 


1573.  —  18  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  caliect.  Dupuv,  n°  801,  f°  n3. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PBEMIEB  PBESIUENT   B*    Ll    COCBT   CE    PâBLEMBTT    DE   TiBO. 

Monsieur  le  Président,  par  la  dépesche 
que  nous  avez  faicle,  nous  avons  veu  la  lettre 
qu'on  vous  a  escripte  de  Fontcnoy  le  Conte  ; 
à  quoy  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  faict 
response,  dont  il  n'est  besoing  que  j'en  face 
icy  aulcune  redicte  et  seulement  vous  diray 
que  ce  nous  sera  bien  grand  plaisir  que  vous 
nous  teniez  souvent  adverty  de  ce  que  appren- 
drez en  cella  et  des  aultnes  choses  qui  con- 
cerneront le  bien  de  son  service.  Priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xvm"  jour  de 


may  1673. 


Pinart. 


Caterine. 


1573.  —  23  mai. 

Copie.  Bibl.  uat.  Cinq  cents  Colbcrl ,  n"  366,  I"  asa. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  de  Ferrier,  j'ay  eslé  très  ayse  de 
voir  la  bonne  et  louaible  intention  du  prince  de 
cette  Seigneurie,  m' estant  tousjours  asseurée 
de  l'affection  que  tous  ces  seigneurs  portent  au 
bien  de  ceste  couronne;  mais  les  choses  sont 
à  présent  réduietz  en  telz  termes  qu'il  faut, 
à  mon  grand  regrect,  user  de  force  pour  ré- 
duire les  subjeetz  du  Roy  mon  fils  à  la  raison, 
ayant  espérance  que  Dieu  le  favorisera  et  assis- 
tera, afin  que  tant  plus  tost  il  soit  recogneu  et 
obéi  de  tous  ses  subjetz,  ainsy  qu'il  appartient. 
Je  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  ixii™"jourde 
may  1073. 

Monsieur  du  Ferrier,  nous  sommes  en  poyne 


LETTRES  DE  CATH 

de  n'avoir  aucunes  nouvelles  du  sieur  de  Va- 
lence ny  des  choses  de  Polongne,et  parce  qu'il 
en  vient  tous  les  quinze  jours  à  Venise,  et  que 
vous  avez  quelque  moyen  d'escripre  audict 
sieur  de  Valence,  je  vous  prie  me  mander  ce 
que  vous  en  aurez  apprins,  et  luy  faire  sçavoir 
le  plus  lost  que  vous  pourrez  comme  nous 
sommes  en  poyne  d'entendre  de  ses  nouvelles, 
afin  qu'il  nous  en  mande  par  vostre  moyen, 
craignant  que  celles  qu'il  nous  a  envoye'es  par 
aultre  voye,  n'ayent  repceu  quelque  fortune. 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


217 


1573.  —  ai  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.   fonds  franvais,  n°  3s5'i,  f"  62. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  satisfaict  si  particulièrement  à  vos 
lettres  du  xxi  de  ce  présent  mois,  mesmes  eu 
ce  qui  touche  le  payement  des  nouvelles  com- 
paignies  et  des  autres  gens  de  guerre  de  vostre 
charge,  que  je  ne  sçaurois  aucune  chose  y 
adjouster,  mais  seuilement  vous  prierai  de 
suivre  au  demourant  son  intention  et  avoir 
tousjours  l'œil  ouvert  à  la  conservation  des 
places,  ports  et  havres  de  vostre  charge,  et 
d'y  maintenir  toutes  choses  en  bon  estât,  et 
repoz;  et  vous  ferez  service  fort  agréable  au 
Roy  mondict  sieur  et  fiiz;  priant  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xxive  jour  de 
mai  1573. 

Caterine. 

PlNART. 


1573.  —  a5  mai. 

Imprimé  dans  la  Correspondance  de  La  Mothe-Fénelon  , 
vol.  VU ,  p.  Aiâ. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  nous  avons  présen- 

Cathïbise  DE  MÉDICIS. IV. 


tement  eu  avis  que  mou  fils  le  duc  d'Anjou 
a  esté  esleu  roy  de  Pologne  les  v  et  vi  de 
ce  mois  par  la  commune  voix  et  vœux  par 
escript  de  trois  parts,  dont  les  quatre  font  le 
tout,  de  tous  les  évesques,  palatins  et  no- 
blesse dudict  royaume,  de  sorte  qu'il  ne  res- 
toit  plus  que  les  vœux  à  publier,  comme  il  se 
debvoit  faire  dedans  trois  jours  après.  Et, 
ainsi  que  l'on  nous  escript,  il  n'y  a  point  de 
difficulté  que  ladicte  élection  ne  soit  publiée 
et  résolue,  dont  je  vous  ai  bien  voulu  adver- 
tir  en  dilligence,  affin  que,  si  cela  peut  servir, 
comme  je  ne  doubte  pas  qu'il  ne  fasse,  à 
l'affaire  de  mon  fils  le  ducd'Alençon,  et  pour 
nous  faire  avoir  la  bonne  responsce  de  la  rovne 
d'Angleterre  que  nous  espérons  pour  le  faict 
du  mariage  ',  vous  usiez  de  ces  bonnes  nou- 

1  Voici  la  réponse  que  La  Mothe-Fénelon  fit  à  celte 
lettre  le  3  juin  suivant  :  tr Celle  princesse  a  monstre  ré- 
puter  ceste  nouvelle  pour  la  plus  grande  et  la  plus  hono- 
rable pour  le  Roy  et  la  plus  pleine  (le  grandeur  pour 
Monsieur  et  encores  la  plus  heureuse  pour  la  France  que 
nulle  aullre  qui  lui  advenue  depuis  que  le  royaume  est 
estably,  et  m'a  dict  que,  oullre  la  part  que  vous  luy 
aviez  faicle  de  vostre  joye,  elle  eu  prenoit  ugne  aultre 
en  elle-mésme  de  celle  qu'elle  imaginoit  estre  si  accom- 
plie en  vous,  qu'elle  surabondoit  beaucoup  pour  elle  et 
pour  tous  ceulx  qui,  comme  elle,  aymoient  et  honoroient 
parfaitement  Vostre  Majesté.  Et,  bien  qu'elle  m'ayt  faict 
là  dessus  quelques  assez  curieuses  demandes,  et  m'ayt 
tenu  des  propos  assez  remis  et  froidz  touchant  l'aultre 
faict  de  Monseigneur  le  duc ,  si  m'a-t-elle  dict  que  ceste 
nouvelle  élection  de  Monsieur  vous  debvoit  faire  espérer 
l'accomplissement  du  reste  de  la  prophétie  qu'on  vous 
avoit  donnée  que  vous  verriez  tous  vos  enfans  rovs  et 
que  mesmes  ce  ne  seroit  selon  la  mauvaise  interprétation 
que  aucuns  en  faisoienl  que  cela  se  debvoit  entendre  de 
la  mesme  couronne  de  France  l'ung  après  l'aultre,  car 
Dieu  leroit  que  vous  les  verriez  tous  trois  à  la  fois,  roys 
de  troys  grandz  royaumes,  et  a  monstre  ladicte  dame  de 
fuir  d'un  coslé  et  de  se  faire  poursuivre  par  ung  aullre 
sur  ledict  propos  de  Monseigneur  le  duc.  Donc  est  be- 
soin de  la  faire  parler,  ceste  foys,  si  clair  qu'il  n'y  puisse 
rester  aucune  particule  d'ambiguïté.  Et  je  trouve,  Ma- 
dame, que  surtout  il  est  expédient  que  le  comte  de  Lei- 

28 


itï't-Hil.  r.il      SATIONALS. 


218 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


relies  envois  ladicle  royne  et  ses  principaux 
ministres,  coin  nie  vous  verrez  qu'il  sera  à 
propos,  pour  leur  représenter  la  grandeur  et 
moyen  qu'ont  ceux  de  ceste  maison  de  la 
maintenir  et  assister,  vous  estendant  sur  ce 
sujet,  comme  je  m'asseure  que  sraurez  très 
bien  faire,  ainsi  (pue  verrez  qu'il  sera  à  pro- 
pos; et  de  tout  je  vous  prie  nous  escripre  le 
plus  tost  que  vous  pourrez  de  bonnes  nou- 
velles que  nous  attendons  aussy  de  ce  coslé-là 
en  bonne  dévotion ,  priant  Dieu  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escripl    à    Fontainebleau,     le    dimanche 
xxv'  jour  de  ma\  1  073. 

Catebixe. 

PlNABT. 


1573.  —  a8  mai. 

Orig.  Eibi.  nat.  Cinq  ceDts  Colberl ,  n°  Soo. 

A  MONSIEUR  DE  SCHOMKERG. 

Monsieur  de  Scliomberg,  encores  que  le 
Koy  monsieur  mon  fi Iz  vous  l'ace  bien  ample- 
ment entendre  par  ses  lettres  l'occasion  de  la 
dépesche  de  ce  porteur1,  je  ne  laissera}  de 

coster  soit  proiuptement  gratifié  de  quelque  honnesle 
présent  et  pareillement  milord  trésorier  (Cecil)  et  tous 
deux  entretenus  de  quelques  gracieuses  lettres  de  la  main 
de  Vostre  .Majeslé  et  de  Monseigneur  le  duc,  car  on 
s'efforce,  à  grand  prix,  de  les  attirer  à  ung  autre  party 
tort  contraire  au  vostre  et  ne  pourra  ce  que  vous  em- 
pioyerezen  ces!  endroit  estre  perdu;  car  au  moins  entre- 
tiendront ceulx-cy  cesle  princesse  et  ce  royaume  toujours 
à  votre  intelligence.»  (Corresp.  dijilouuit.  de  La  Mvllie- 
i'eiiehn,  I.  V,  p.  3 1 5.) 

1  Voici  la  l'itre  de  Charles  IX  à  M.  de  Scliomlieig, 
i  laquelle  fait,  allusion  et  se  reporte  celle  de  Catherine  : 
'■Monsieur  de  Schomberg.  j'ay  receu  voz  dépesches 
des  xn  et  nu*  de  ce  présent  mois  par  le  secrétaire  du 
sieur  de  Vallence,  lesquelles  j'ai  envoyé  à  mon  frère 
le  duc  d'Anjou  p;ir  le  sieur  Bridait,  mon  secrétaire 
d'Estat,  pour  les  veoir  et  vous  y  faire  à  son  retour  icy 


l'acconipaigner  de  cesle-cy  pour  vous  prier  de 
bien  considérer  et  observer  en  quelle  part  les 
princes  et  seigneurs  de  la  Gerniauye  auront 

incontinent  response.  Cependant  j'ay  advisé  vous  ren- 
voyer vostre  homme  présent  porteur,  et  vous  dire  que 
vous  m'avez  faicl  service  très  agréable  et  à  propos  d'avoir, 
soubz  vostre  crédit,  faict  fournir  huit  mille  tallards  audict 
sieur  de  Vallence  pour  une  si  bonne  et  importante  occa- 
sion que  celle  où  ilz  ont  esté  employez ,  par  où  vous  tesmoi- 
gnez  de  plus  en  plus  l'affection  que  j'ay  toujours  con- 
gneue  que  vous  portez  au  bien  de  mes  affaires  et  service, 
dont  j'ay  tel  contentement  que  je  serav  tousjours  bien  ayse 
de  le  recongnoislre  en  vostre  endroict;  et  allin  que  ne  de- 
meuriez en  peyne  dudict  prest,  j'ay  commandé  aux  gens 
de  mon  conseil  donner  ordre,  que  lesdicls  vin™  tal- 
lards, ensemble  les  autres  douze  cens  tallards  que  vous 
avez  baillez  à  vostre  frère  et  à  vostre  maistre  d'hoslel 
pour  aller  en  Dannemarch  et  en  Poullongne  et  pareille- 
ment les  mille  escuz  dont  vous  estiez  en  avance,  vous 
soient  si  bien  paiez  et  assignez  que  vous  en  demouriez 
très  content;  il  est  maintenant  besoing  de  veoir  en 
quelle  volonté  et  oppinion  seront  les  princes  et  seigneurs 
de  delà  sur  ceste  nouvelle  et  de  pourveoir  à  ce  que  mon 
frère  puisse  passer  seurement.  s'en  allant  prendre  pos- 
session dudict  royaume,  comme  il  faut  qu'il  fasse  bien 
viste;  car,  à  ce  que  j'ay  veu  et  entendu  par  lettres  que 
m'a  apportées  le  petit  Domini,  les  ambassadeurs  dudict 
royaume  de  Poullongne  seront  icy  vers  le  xv  ou  x\'  du 
mois  prochain  pour  le  venir  quérir,  et  fouit  qu'avec  ceste 
occasion  et  dextremenl ,  comme  de  vous-inesme,  vous  trou- 
viez moyen  de  parler  à  mes  cousins  les  ducs  de  Saxe,  es- 
lecteur  de  Brandebourg,  landegraf  de  Hessen  et  les  aultres 
princes  que  vous  adviserez,  et  leur  direz  que,  s'eslans 
tousjours  desmontiez  bons  et  vrays  et  anciens  amys  de 
ceste  couronne,  vous  les  avez  bien  voullu  adverlir  de  la- 
dicle esleclion,  coume  de  chose  que  sçavez  qu'ilz  auront 
très  agréable,  les  asseuranl  et  leur  dounant  toute  bonne 
impression  et  oppinion  de  l'amitié  et  voi9inance  que 
mondict  frère  le  duc  d'Anjo.u  se  délibère  de  garder 
avec  eulx  quand  il  sera  installé  audict  royaume  de  Pou- 
longne,  et  les  préparez  et  disposez  du  tout  en  ce  qui 
concerne  le  faict  mesme  pour  favoriser  le  passaige  de 
mondict  frère  allant  audict  royaume;  en  quoy  vous  use- 
rez comme  de  vous  mesmes;  et  après  que  vous  aurez 
veu  clair  en  la  volonté  et  intention  desdicls  princes  sur 
ce  faict,  vous  m'advertirez  et  la  Iloyne  madame  et 
mère  de  leur  délibération  et  en  quelle  dévotion  vous  les 
aurez  trouvez  et  de  ce  que  vous  en  pourrez  apprendre 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


219 


pris  à  goust  l'eslection  qui  est  l'aicte  de  la 
personne  de  mon  filz  le  duc  d'Anjou  pourestre 
rov  de  Poulongne,  regardant,  quand  vous 
viendrez  à  entrer  en  propos  avec  eulx,  de  leur 
bien  persuader,  comme  de  vous-mesmes, 
qu'ilz  trouveront  tousjours  mondict  filz  le  roy 
csleu  de  Poulongne  désireux  de  leur  estre  et 
demourer  affectionné  bon  voisin  et  vray  amy, 
nous  advertissant  de  tout  ce  que  vous  aurez 
peu  apprendre  et  sentir  de  leurs  délibérations, 
mesnies  s'il  y  a  encores  quelque  apparence  de 
remuaient  pour  divertir  le  passage  en  Pou- 
longne de  mondict  filz  le  duc  d'Anjou  et  de 
toutes  autres occurences,  aflîn  que,  selon  que 
vous  en  escriprez,  nous  nous  résouldions  à 
ce  que  nous  aurons  à  faire  en  cest  endroict, 
et  vous  nous  ferez  service  fort  agréable, 
comme  vous  avez  faict  en  l'acheminement  de 
la  grant  et  importante  affaire,  et  aussy  en  ce 
que  vous  avez  esté  moyen  de  faire  accommo- 
der le  sieur  de  Vallence  de  vmm  tallards  et 
autres  fraiz  et  advances  pour  lesquelz  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  fera  si  bien  satisfaire 
que  demeurerez  très  content,  ainsy  qu'il  vous 
escript  ;  à  quov  vous  pouvez  estre  asseuré  que 
je  tiendray  la  main  d'affection  et  aussi  bon 
cueur  que  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Schom- 
berg,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxviif  jour  de 
may. 

Monsieur  de  Schomberg,  depuis  ceste 
lettre  escripte  j'ay  advisé  d'escripre  un  mot 
de  leclre  à  mon  cousin  le  Lansgrave,  auquel 
je  vous  prie  lui  présenter  après  que  l'aurez 

de  toutes  parts,  afïin  que  nous  puissions  sçavoir  comment 
ilz  auront  prinse  tadicte  eslection  faicte  de  ta  personne 
de  M.  le  duc  d'Anjou,  et  s'il  se  faict  rien  ou  remue  pour 
divertir  et  traverser  son  passage,  car  suivant  cela  nous 
prendrons  la  résolution  du  parlement  et  voyage  de  mon- 
dict frère. »  (Cinq  cents  Colbert,  n°  tsoo.) 


'  leue  et  refermée,  ainsy  que  sçavez  qu'il  faut 
faire.  Depuis  j'ay  pensé  que  vous  ne  pour- 
rez pas  bien  lire  ma  lettre,  je  l'ay  faict  co- 
pier en  double.  Vous  en  verrez  la  coppie  cy 
enclose. 


Caterine. 


PlXART. 


1573.  —  28 


Orig.  Archives  de  la  maison  de  Conde". 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES, 

1.IEI  TENAM    AU    GOO\ER\EME*T    DE  D ACLPHt!*É. 


Monsieur  de  Gordes,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  envoyé  le  sieur  Douches  pour  l'eni- 
plover  en  ce  qui  se  présentera  par  delà  pour 
son  service  es  occasions  qui  se  présenteront. 
Je  feray  incontinent  expédier  une  commission 
pour  recouvrer  argent  pour  le  payement  de 
vostre  compaignie,  de  laquelle  l'on  fera  pu- 
blier la  monstre,  aussytost  que  nous  aurons 
eu  response  de  mon  filz  le  duc  d'Anjou  au- 
quel nous  avons  escript  pour  cest  effect.  Je 
prie  Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  vous  avoir  en 
sa  saincte  garde> 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xxvme  jour  de 
may  1 5  7  3 . 


Caterine. 


De  Neofvilee. 


1573.  —  28  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  395 't,  f°  G5. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  je  n'ay  non  plus 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  entendu  aulcune 
chose  de  l'imposture  dont  nous  escripvez,  et 
qui  m'en  eust  parlé,  vous  pouvez  bien  penser, 
sçachant  que  je  vous  estime  fort  liomme  de 

28. 


220 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


bien  et  affectionné  au  service  du  Roy  mondict 
sieur  el  fils,  que  je  vous  en  eusse  escript  et 
ne  l'eusse  pas  aujourd'huy  estimé  et  cru.  Vous 
avez  eu  ces  jours  derniers  response  à  vos  der- 
nières dépesches,  qui  me  gardera  de  vous  faire 
ceste-cy  plus  longue,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Matignon,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xwnT  jour  de 
may  1 673. 

Caterine. 

PlNART. 


1 573.  —  0.8  mai. 

Orig.  Bibl.  imp.  Je  Sainl-Péiersbourjj,  vol.  XX,  f°  flG. 

A  MONSIEUR  MON  FILS 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Monsieur  mon  filz ,  Vassal  qui  est  au  sieur 
de  la  Mothe-Fénelon,  ambassadeur  en  Angle- 
terre, vient  présentement  d'arriver  et  en  aten- 
dant  (pie  nous  vous  envoyons  tout  ce  qu'il 
nous  a  raporté  de  ce  costé  là ,  il  m'a  dict  une 
cbose  quej'ayadvisé  incontinent  vous  escripre; 
car  aussi  est-elle  d'importance  et  que  je  dé- 
sire que  saichiez  bienlosl  pour  y  pourveoir  : 
c'est  que  ie  sieur  de  la  Moitié  a  sceu  présen- 
tement par  personne  qui  luy  est  très  fidelle 
et  qui  a  veu  et  oy  tout  ce  que  vous  entendrez, 
c'est  que,  jeudy  au  soir,  ung  nommé  Bar  que 
ce  malheureux  Montgonimery  a  envoyé  devers 
la  royne  d'Angleterre,  et  Languillier,  estans 
avecq  la  femme  dudict  Monlgommery  au  logis 
qu'elle  a  à  Londres,  parlant  du  voiaige  qu'a 
laid  icelluy  Monlgommery,  entrèrent  par  une 
porte  de  derrière  en  iadicte  maison  trois  gen- 
lilzhommes  de  qualité,  lesquelz  devisans,  pré- 
sente ladicle  comtesse  de  Monlgommery,  de  la 
faillie  qu'avoit  l'aide  son  mary  de  n'avoir  com- 
battu l'armée  (pie  vous  avez  par  nier  devant 
la  Rochelle,  quand  il  y  arriva;  sur  quoy  ledict 


Bar,  excusant  icelluy  de  Monlgommery,  assura 
ipie  les  gens  qu'il  avoit  avecq  luy  n'avoienl 
jamais  voullu  combattre  nostre  port  ;  aussi 
qu'il  n'avoit  redoubté  et  craint,  en  toute  la- 
dicle armée  navalle  qu'avez,  que  les  Biscayens 
et  que,  si  cela  estoit  combattu ,  qu'il  n'estimoit 
rien  le  reste;  et  après  qu'ilz  eurent  longuement 
devise,  dict  ledict  homme  et  a  aussi  pour  cer- 
tain assuré  audict  sieur  de  la  Motlie  que  l'une 
desdiclz  trois  gentilshommes  proposa  et  s'en 
alla  résolu  de  prendre  douze  vaisseaulx  qu'il 
avoit  à  ung  havre  du  costé  de  France  et  qu'il 
trouverait  bien  gens  pour  mectre  dedans  et 
qu'il  espéroit  que,  dedans  deux  ou  trois  jours 
de  là,  il  se  joindroit  audict  Monlgommery  avec 
lesdictz  douze  vaisseaulx  armez  et  équippez 
et  pourveuz  d'hommes,  ainsi  qu'il  appartient. 
L  ung  des  autres  gentiizhommes  promit  aussi 
de  prendre  quatre  vaisseaulx  de  ladicle  royne 
qu'il  devoit  à  l'instant  faire  partir  aussi  pour 
s'aller  joindre  audict  Monlgommery,  alïin  de 
secourir  la  Bochelle  ou  crever;  car  estant 
comme  elle  est  en  nécessité  il  falloit  y  faire 
tout  ce  qu'il  seroil  possible,  pour  ce  que  de  la 
conservation  d'icelle  dépendoil  le  bon  succès 
et  faveur  aux  affaires  de  ceulx  de  la  religion; 
aussi  (pie,  si  elle  se  perdoit,  ilz  avoient  la  plus 
grande  delfaicle  qu'ilz    sçauroient  recevoir1, 

1  Le  a3  mai  précédent,  Charles  IM  avait  mandé  au 
duc  d'Anjou  :  «Comme  vous  verrez  par  les  dépêches  de 
La  Mothe-Fénelon,  il  semble  que  icelle  royne  d'Angle- 
terre, à  la  persuation  de  ses  ministres,  qui  sonl  comme 
vous  avez  tousjours  veu  par  leurs  actions  et  déporlenienls 
fort  passionnez  à  leur  religion,  soit  en  quelque  incerti- 
tude de  ses  délibérations  ou  bien  qu'elle  ayt  délibéré 
d'espouzer  les  affaires  de  nies  subjectz  et  de  les  assister 
soubz  couleur  qu'elle  pense  que  je  veulle  attenter  à  tous 
ceulx  qui  sont  de  la  nouvelle  religion ,  revenant  tousjours 
à  sa  première  opinion  qu'il  y  a  ligue  pour  les  exterminer, 
dont  elle  ne  peult  on  ne  veult  croire  le  contraire  et  tant 
de  fois  que  je  luy  en  ay  faict  parler  pour  luy  oster  ses 
fanlalzles.  Voylà  ponrquoy  il  lault  qui'  vous  continuez  à 
tenir  tousjours  les  forces  navallis  que   vous  avez  les  plus 


LETTRES  DE  CATH 

dont  je  n  av  voulu  faillir  de  vous  advcrtir, 
affin  que  vous  donniez  ordre  d'empescher 
l'exécution  de  ceste  entreprise,  qui  ne  faultpas 
doubler  qu'il»  ne  tentent  incontinant  avecq 
toute  la  plus  grande  violence  qu'ilz  pourront; 
à  quoy  je  m'asseure  que  vous  sçaurez  bien 
pourveoir  et  remédier  pour  les  en  empescher 
et  faire  qu'ilz  ne  remporteront,  comme  ilz 
feirent  autres  fois,  que  la  honte;  et  le  vendredi 
ensuivant  dernier  au  soir  ledict  sieur  de  la 
Mothe  fut  aussi  asseuré  que  ladicte  comtesse 
de  Montgommery  pleuroit  et  se  lamentait  in- 
finiment, estant  bruict  tout  commun  par  la 
ville  de  Londres  que  ledict  de  Montgommery 
avoit  esté  combattu  et  vaincu  devant  la  Ro- 
chelle. Je  le  prie  à  Dieu  de  bon  cœur  et  vous 
prie  nous  mander  des  nouvelles  de  ce  qui 
s'est  faict  à  Belysle,  car  ce  pourrait  bien 
estre  cella.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  Fontainebleau,  le  xxvme  joui  de 
may  1073. 

[De  sa  main.)  Monsieur  mon  filz,  je  voldrè 
qu'il  fust  vray  cet  que  vous  mende  La  Motte 
que  Fraisot  qui  est  un  vieulx  servyteur  du 
Rov  vostre  grent-père  s'an  vient  isy  et  aseure 
que  ceux  de  la  Rochelle  se  meteron  à  mer- 
ci  '  et  demanderont  pour  eulx  au  Roy 

gaillardes  que  vous  pourrez ,  affin  qu'elles  tiennent  ladicte 
royne  en  oppinionque,  si  elle  entreprend, quelque  chose 
au  préjudice  de  mes  affaires,  je  ne  suis  pas  pour  l'en- 
durer, et  surtout  regardez  qu'il  en  demeure  tousjours  au 
port  de  la  Rochelle  suffizainment  pour  empescher,  si  ce 
malheureux  Montgommery  ou  d'autres  venoient  pour  la 
secourir,  qu'ilz  n'en  remportent  que  la  honte,  estant 
bien  considéré  les  armements  et  préparatifs  qu'elle 
faict,  coume  verrez  par  la  dépesche  de  La  Mothe;  car 
elle  n'entrera  pas  en  ceste  despence  sans  qu'elle  en  espère 
quelque  chose  pour  son  utilité. »  (Minute.  Bihl.  impér.  «le 
Saint-Pétersbourg.  ) 

1  11  y  a  ici  dans  la  lettre  une  partie  lacérée. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  221 

qu'il   aye  leur  vie  et  bien   sauve  san  parler 
délia  religion.  Yl  seré  ysi  dan  huit  jours.  Je 
prie  à  Dieu  qu'il  souit  ynsi.  Je  vous  l'ayré  ré- 
ponse à  tout  par  Montmorin. 
Vostre  bonne  mère , 

Gaterine. 


1573. 


99 


Imprimé  dans  la    Correspon'laace  diplomatique  de  La  Mollte-Féneha  , 
l.  Vit  ,  p.  4so. 

A  MADAME  MA  DONNE  SOEUn 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Madame  ma  bonne  sœur,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  nioy  avons  veu,  par  l'hoimeste 
lettre  que  m'avez  dernièrement  escriple,  fai- 
sant responce  à  la  mienne  précédente,  comme 
vous  estes  en  quelque  doute  sur  la  difficulté 
que  nous  fismes,  quand,  en  ce  lieu,  j'ai  parlé 
avec  le  sieur  de  Walsingam  de  l'entrevue  de 
vous  et  de  mon  fils  le  due  d'Alençon;  en  quoy 
nous  demeurasmes,  comme  vous  dites  par 
vostredicte  lettre,  lors,  en  quelque  considéra- 
tion et  non  sans  cause,  pour  les  raisons  qu'avez 
entendues  et  déclarées  par  vostredicte  lettre 
niesme,  qui  estoient  qu'il  ne  seroit  pas  hono- 
rable mais,  comme  sçavez  bien  considérer,  à 
grande  desfaveur  et  à  quelque  occasion  de 
risée  parmi  ceux  qui  ne  désirent  et  au  con- 
traire veulent  traverser  ledict  mariage,  si, 
après  que  mondict  filz  vous  aura  fait  voir  et 
offrir  son  service  de  si  bonne  et  grande  affec- 
tion, comme  je  sçay  qu'il  se  délibère  faire, 
pour  avoir  cest  heur  de  mériter  vos  bonnes 
grâces  et  vous  espouser,  il  falloit  qu'il  s'en 
revint  sans  avoir  l'honneur  ni  la  faveur  que 
j'espère ,  avec  l'ayde  de  Dieu .  qu'il  aura  de  vous 
en  cela.  Nous  creignons  aussy  lors,  qu'après 
ledict  voyage,  si  ledict  mariage  ne  se  faisoit, 
qu'il  n'en  demeurast  quelque  regret,  que  cela 
feust  cause  de  diminuer  l'amitié  d'entre  vous 


222 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


cl  nous  qui  ne  désirons  rien  plus  que  de 
l'nccroistrc  cl  jn-oci Mous  sincèrement  pour  in 
rendre  perdoraWe1.  Mais  despuis,  le  Roy 
mondict  sieur  et  (ils  et  nioy,  voyant  (pie 
mondict  lils  d'Alonçon  ne  s'arrestoit  aucune- 
ment sut  iadiete  difficulté,  au  contraire  pre- 
noit  ce  qui  en  pourra  advenir  sur  luv,  cl 
persévérait  tousjonrs  de  vous  vouloir  aller  luy- 
inesnic  baiser  les  mains,  dont  je  lui  en  sçay 
lorl  lion  gré  de  l'aire  son  debvoir  de  vous 
honorer  en  vostre  royaulnie  cl  présenter  son 
service,  sans  crainte  que  le  voyage  lui  retourne 
à  aulcune  desfavciir.  quand  bien  ledict  propos 
de  mariage  ne  réussira  selon  son  grand  désir 

1  l'inarl,  le  "Il  mai,  avait  écrit  au  dur  d'Anjou  :  '-Mon- 
seignëDr,  affin  que  vous  entendiez  loosjours  comme 
toutes  choses  passent  du  costé  d'Angleterre,  je  vous 
envoyé  le  double  de  lu  dernière  dépesche  qui  y  a  esté 
faicte,  par  laquelle  vous  verrez  comme  encores  que  l'on 
sente  bien  que  la  royne  d'Angleterre  n'a  pas  depuis  la 
Saint-Barthélémy  fort  désiré  le  mariage  d'elle  et  de 
Monseigneur  le  duc,  que  néanlmoings,  voiant  que  les 
forces  navalles  qu'avez  sont  fort  gaillardes,  elle  dissimule 
et  veult  gaigner  le  temps  sur  le  faict  de  l'enlreveue  et 
■  ependant  elle  accélère  ses  affaires  du  costé  d'Escosse  et, 
soubz  le  nom  du  comte  de  Montgommery,  elle  tasche  ce 
qu'elle  pcult  pour  traverser  et  divertir  les  délibérations 
du  Roy  et  les  vostres;  mais,  quand  elle  aura  scen  vostre 
eslection  el  promotion  au  roïaulme  <le  Pologne,  considé- 
rau!  |a  grandeur  que  cela  apporte  non  soullement  au  Roy 
et  à  vous,  mais  aussi  à  Monseigneur  le  duc,  elle  mettra 
en  considération  le^  raisons  qui  lurent  à  l'instant  es- 
criples  à  M.  de  la  Molhe-Fénelnn  pour  les  luy  proposer, 
.le  croy  certainement  que  voslre  eslection  apportera  aussi 
tant  d'heur  à  M.  le  duc  qu'elle  sera  cause  de  le  faire, 
Dieu  aidant,  roy  comme  vous,  et  que  la  royne  d'Angle- 
terre, au  lieu  qu'elle  inonstroit  de  vouloir  tirer  à  la 
longue  sa  responce  sur  le  faict  du  mariage,  s'en  esclair- 
cira  en  bref;  et  desjà  son  ambassadeur  el  les  autres  mi- 
nistres qui  sont  icy,  entre  autres  le  viel  secrétaire  du 
sieur  de  Walsingham,  B'esl  laissé  entendre  qu'il  ne  double 
plus  dudicl  mariage,  puisque  vous  estes  faict  si  grand 
roy,  autrement  qu'il  estime  que  icelle  dame  sa  maislresse 
neseroil  pas  bien  conseillée  de  refuser  l'alliance  de  deux 
puissants  rnyscoume  est  le  Roy  et  vous.-  (Ribl.  nal..  fonds 
français,  n°  J  5557,  ^   a70-) 


et  le  nostre,  nous  nous  sommes  le  Roy  mon- 
dict sieur  el  lils  et  moy  fort  volontiers  et  de 
bon  cœur  consentis  à  Iadiete  entrevue,  et  \ 
persislons  encore,  comme  l'avez  entendu,  et 
que  je  vous  escrivis  dernièrement,  vous  priant 
croire  et  vous  asseurcr  en  vérité  que  nulle  autre 
occasion  que  ce  que  dessus  ne  nous  fit  for- 
mer, du  commencement,  Iadiete  difficulté,  et 
que  c'est  ce  qui  nous  y  a  despuis  faict  donner 
consentement,  après  avoir  considéré  la  bonne 
affection  cl  intention  de  mondict  fils  d'Alen- 
çon  et  les  raisons  que  vous  avez  quelquefois 
dirles  au  sieur  de  la  Molbe-Fénelon  ,  comme  il 
nous  a  escript,  lesquelles  ledict  sieur  de  Wal- 
singam  n'oublia  pas  de  nous  représenter 
comme  elles  sont  en  mesmes  paroles  desduites 
par  vostredicte  lettre,  et  lesquelles  nous  trou- 
vons fort  raisonnables,  vous  confessant  qu'en 
telles  affaires  la  présence  et  l'œil  des  deux 
personnes  à  qui  le  l'ail  touche  comme  à  vous 
deux,  est  très  nécessaire  pour  leur  satisfaction, 
premier  que  de  se  bien  résouldre  à  s'espouser. 
Aussy,  pour  ces  considérations  le  Roy  mondict 
sieur  el  fils  et  moy  avons  trouvé  bon  et  consent  i , 
comme  encore  consentons  de  bon  cœur,  droic- 
tement  et  sincèrement, sans  auleun  scrupule, 
Iadiete  cnlreveue,  et  vous  asseurons  et  décla- 
rons que,  quand  bien  mondict  fils  s'en  revien- 
dra de  deçà  sans  que  ledict  mariage  s'effectue, 
que  cela  ne  sera  aulcunemenl  cause  de  dimi- 
nuer nostre  amitié;  au  contraire  ayant  vu 
mondict  fils  le  duc  et  sceu  la  bonne  volonté 
et  affection  qu'il  a  en  Aostre  cndroicl,  et  veu 
aussy  par  expérience  comme  nous  procédons 
de  îmslrc  part  en  cecy  droictement,  en  toute 
rondeur  cl  sincérité,  ledict  voyage  sera  cause 
d'augmenter  plutost  nostre  amitié  que  de  la 
diminuer,  ainsy  que  j'ai  dict,  ceste  après- 
disnée,  à  vostre  ambassadeur  pour  le  vous  faire 
entendre  et  que  nous  l'cscrivons  aussy  audict 
sieur  de  la  Motlic-Kénelon,  afin  qu'il  relire  de 


LETTRES  DE  CATH 

vous  el  (le  ceux  de  voslre  conseil  les  seurelés 
nécessaires  pour  le  voyage  et  passage  de 
moudict  [ils  d'Alencon,  auquel  j'ai  envoyé  lis 
lectres  que  lui  escrivez  et  l'ay  adveiti  de  ceste 
résolution,  dont  je  sçays  certainement  qu'il 
sera  très  aise  et  se  disposera  bienlosl  de  vous 
aller  trouver,  inconlinent  après  que  la  Ro- 
chelle sera  réduite  en  l'obéissance  du  Roy 
moudict  sieur  et  iils,  m'asseurant  bien  que 
vous  croyez  que,  s'il  partoit  ptustost  du  camp, 
il  ne  luy  seroit  pas  honorable  pour  sa  répu- 
tation, pour  le  service  qu'il  doibt  au  Roy  sou 
frère,  ainsi  que  vous  vous  estes  vous-mesnie 
laissée  entendre,  il  y  a  quelque  temps,  aiidict 
sinir  de  la  Molhe-Fénelon  l.  Qui  sera  cause 
que  je  ne  vous  ferai, quant  à  ce  fait-là,  qui  est 
aussi  déclaré  par  vostre  lettre,  aulcun  aultre 
scrupule,  si  n'est  vous  prier  de  croire  et  vous 
asseurer  que,  quand  et  quand  après  avoir 
receu  lesdictes  seuretés,  telles  qu'elles  se  peu- 
\enl  honnestement  bailler,  il  partira  pour  vous 
aller  trouver  avec  autant  de  désir  et  affection 
de  vous  servir  et  honorer  que  prince  qui  soit 
en  la  chreslienté,  priant  Dieu  cependant  que 
le  souhait  que  je  fais  à  ce  propos,  qui  est  de 
voir  bientost  que  ledict  mariage  réussisse  à  son 

1  Charles  IX  avait  écrit  le  as  mai  à  La  Mollie-Féne- 
lon  :  n  Depuis  ta  dépêche  que  je  vous  lis  hier  des  nou- 
velles que  nous  avons  eues  de  Pologne,  nous  en  avons 
encore  receu  qui  nous  asseurent  que,  grâces  à  Dieu,  le. 
ix  de  ce  mois  mon  frère  le  duc  d'Anjou  a  esté  élu  roy  de 
Pologne  el  que  le  xi  de  ce  mois  la  publication  en  a  esté 
faicte.  J'estime  que  cela  pourra  beaucoup  servir  à  faci- 
liter le  mariage  de  mon  frère  d'Alencon  pour  les  rai- 
sons que  ma  mère  vous  a  escriptes,  sur  lesquelles  je 
m'asseure  que  n'aurez  pas  failly  de  prendre  occasion 
d'insister  et  persuader  icelle  royue  et  ceux  de  sou 
conseil  à  se  résoudre  plus  promptement  audicl  ma- 
riage.» [Mémoires  de  Caslelnau,  I.  111,  p.  335.)  Voir  une 
dépèche  de  Yalenliti  Dale  à  lord  Burghley,  qui  allîrma 
que  le  duc  d'Alencon  est  sincère  dans  la  recherche  de  la 
main  de  la  reine.  (  Cahndar  of  State  papers,  1678, 
p.  2/19.) 


ERIiNE  DE  MEDICIS. 


33  s 


honneur  el  gloire,  au  bien  4e  ces  deux 
royaumes  et  au  contentement  de  tous  deux 
et  de  nous  tous,  comme  vous  entendrez  aussy 
plus  amplement  dudict  sieur  de  la  Mothe  se- 
lon la  charge  el  commandement  qu'il  en  a 
du  Roy  moudict  sieur  et  fils,  et  à  tant  je 
prie  Dieu,  etc. 

P.  S: — Ma  bonne  sœur,  je  n'ai  voulleu 
faillir  de  vous  advertir  de  la  grâce  qu'il  a  pieu 
à  Dieu  de  faire  à  mon  fils  de  l'avoir  l'ail  eslire 
roy  de  Poulogne,  masseurant  que  vous  serez 
bien  aise  de  toutes  les  augmentations  de  ceste 
couronne,  car  ce  sera  lousjours  augmentation 
de  nostre  amitié  avec  \ous;  et,  si  Dieu  favorise 
aultant  mon  fils  le  duc  en  vostre  endroicl, 
comme  il  a  le  roy  de  Poulogne  vers  les  Pou- 
lonois,je  m'est irnerois  la  plus  heureuse  prin- 
cesse qui  feust  jamais  née  de  me  pouvoir  dire 
mère  de  la  plus  grande  royne  et  plus  valeu- 
reuse que  l'on  puisse  voir,  ce  que  je  le  supplie 
me  faire  la  grâce  et  vous,  Madame  ma  bonne 
sœur,  vous  asseurer  que  jamais  prince  ni  prin- 
cesse ne  marcheront  oncques  avec  plus  de 
franchise  que  faict  le  Roy  mon  fils  et  moy  en 
vostre  endroict. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterinb. 


1573.  —  3o  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  fontls  français  ,  n°  3ao3  ,  f°  77. 
A.  MOU  COUSIN 

LE  MARÉCHAL  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
très  volontiers  accordé  à  celuy  qui  lui  sera 
nommé  de  vostre  part  l'évesché  d'Agde  et  vous 
asseure  que  les  expéditions  vous  en  seront 
envoiées  aussi  tost  que  le  rolle  des  bénéfices 
aura  esté  arresté.  Vous  sçaurez  par  le  porteur 
l'arrivée  du  sieur  de  Ralagny  et  la  confirmation 


224  LETTRES  DE  CATH 

de  l'élection  de  mon  filz  au  roïaume  de  Poul- 
longne,  dont  je  veulx  croire  que  recevrez  ung 
particullier  contentement,  vous  priant  donner 
ordre  par  tout  vostre  gouvernement  à  faire 
l'aire  toutes  sortes  d'allégresses  et  remercie- 
mens  à  Dieu  pour  tant  de  grâces  qu'il  luy  a 
pieu  faire  à  ce  roïaume,  espérant  que  ce  bien- 
fait sera  cause  du  repos  d'icelluy;  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Fontainebleau,  le  xxx,uc  jour  de 
may  107.3. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  3o  mai. 

Aut.  Iiibl.  nal.  fonds  fraDçais,  n"  3io,3,  f°  106. 

A  MONSIEUR  MON  FILZ 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Monsieur  mon  fds,  vous  auré  reseu  par 
Balagni  une  letre  que  je  vous  pansés  envoyer 
par  Monmorin1;  mes  je  le  retins  pour  vous 

1  Pinarl  écrivait  également  au  iluc  d'Anjou:  et  Après  que 
M.  de  Balagny  présent  porteur  et  le  doyen  de  Die  aussi 
avecq  luy  ont  rendu  bien  particulièrement  compte  de  tout 
ce  qui  s'est  passé  à  votre  eslection  jusques  au  jour  de  leur 
partement,  Leurs  Majestez  ont  esté  bien  d'advis,  suivant 
leur  lettre,  qu'ilz  vous  allassent  trouver  selon  la  charge 
qu'ilzont  eue  de  M"  de  Valence,  de  Lansac  et  de  l'Ysle, 
desquelz  les  lettres  que  Leursdlctes  Majestez  ont  veues, 
et  sont  avec  ceste  cy  encloses,  aflin  qu'il  vous  plaise  aussi 
les  veoir,  j'eusse  bien  désiré  aussi  vous  envoier  aussi  la 
version  de  latin  en  François  de  la  harangue  et  oraizon 
qu'a  faicle  le  s'  de  Valence  par  delà,  mais  Mr  le  granl 
aumosnier  n'a  pas  encores  achesvé.  Le  sr  de  Montraorin 
s'en  ira  aussi  vous  trouver  en  dilligence,  mais  Leurs 
Majestez  n'ont  pas  voullu  qu'il  soit  passé  avec  le  s'  de 
Balagny.  Il  vous  porte  la  dépesche  venue  d'Angleterre  et 
ensemble  la  responec  que  l'on  y  a  faict  et  la  lettre  que 
Monseigneur  le  duc  aura  à  escripre.n  (Bibl.  nat.,  Imids 
français,  n"  10507,  P  a83.)  —  Voir  la  lettre  du  duc 
d'Alençon  au  Boi  son  frère,  où  il  lui  annonce  avoir 
>.igné  la  lettre  qu'il  désirait  pour  la  reine  d'Angleterre. 
(lbid.,  n°  i5558,  P  i5.) 


ER1NE  DE  MÉDICIS. 

porter  la  présante  et  cella  que  vous  ayscripl 
le  Roy,  afin  que  envoyés  des  blancs-sins,  pour 
envoyer  partout,  plus  pour  voyr  leur  volante 
cpie  pour  besoin  qu'il  en  souit  en  tant  de  lyeu; 
et  à  cet  propos  je  vous  dire  que.au  comnien- 
sement  pour  deux  jours  je  n'é  jearnès  veu  jeans 
si  triste  que  d'oceuns l   et  astcure  qui   faset 
niilleur  mine;  et  lesouyr'2  em  me  promènent, 
yl  n'ont  peu  tant  disimouler  que  le  cardinal 
de  Guise  m'a  dist  :  itJe  croy  que  astbeure  yl 
sont  bien  triste  au  camps  de  ces  novelles.x  Et 
son  frère,  qui  est  plus  fin,  l'y  a  fest  sine  et  l'a 
fesl  teyre.   Je  dis  :  «Je  croy  que   ouy  de  cet 
qui  fault  qui  s'ann  aile,'  mes  non  pas  de  le 
voir  roy.Ji  Nous  avons  mendé  à  tous  les  emba- 
sadeur  pour  les  avertir  de  cete  bonne  novelle. 
Tous  s  an  sont  réjouys,  mes  seluy  d'Espagne 
a  dist  à  Gondi  qu'il  ne  pansoyt  qu'il  n'eult 
l'egret,  et  que  cete  novelle  seroyt  la  mort  de 
l'Ampereur  qui  y  avoit  dépandu  sept  sant  mile 
écus  et  n'avoyt  fayst  que  se  ruyner,  car  c'éloyt 
sa  ruyne,  mes  qu'il  avoit  un  seul  reconfort  que 
vous  n'i  y  ries  jeamès,  et,  s'il  pouvoyt  parler 
aveques  vous  hun  beure,  qu'i  s'aseuroyt  que  ny 
metrié  jeamès  le  pié  et  n'i  voldriés  aler,  et  que 
c'éloyt  un  royaume  qui  ne  valeoyl  que  deus 
sans  mile  écus.  J'é  répondeu  que  nous  aytions 
donc  plus  sages  que  eulx  qui  enn  avoyent  dé- 
pendu  sept  cens  mile  pour  enn  avoyr  deu 
sans  mile,  et  nous  n'y  enn  avyons  encore  mis 
que  vint  mile.  Depuis,  à  cet  souir,  Marcel  m'é 
veneu  trover,  car  le  prese  fort  d'avoyr  les  troy 
sans  mile  francs  que  le  clergé  nous  lia  baillé,  et 
le  cardinal  de  Lorayne  aseure  qu'i  lé  feyré 
trover.  Or  yl  ne  bouge  d'aveques  luy.  Yl  m'a 
dis:  a  Cet  grenlplésirque  la  plus  part  de  cet 
argent  demeureret  dan  Paris,  r,  Or,  noté  que  lé 
deu  sans  mile  ayst  pour  envoyer  en  Pologne, 
et  n'en  demeure  que  san  mile  pour  achepter 

1  D'oceuns,  d'aucuns. 

2  Le  sonyr,  le  soir. 


LETTRES  DE  CATH 

dan  Paris  cet  qui  nous  fault  et  sachant  que ,  en- 
core que  l'on  vous  fase  donner  et  que  l'on  s'au- 
ploye  à  en  1ère  trover,  que  eu  darière  l'on  dist 
que  c'et  un  grent  argent  qui  s'en  va  hors  de 
Franse.  Je  ne  luy  ay  répondu  à  cet  qu'il  nie 
disoyt,  mais  à  cet  qu'il  pansoyt  et  me  parloyt 
comme  à  une  beufle  (sic),  et,  afin  qu'il  coneut 
que  je  ne  l'e'loys  pas ,  je  luy  ay  dist  les  deux  parts 
s'an  vont  dehors,  mes,  quant  mon  fils  aure'  tout 
cet  que  Ton  promet,  encore  ne  sortira-t-i  pas 
tent  d'argent  qu'il  a  fesl  pour  le  réyaume  d'E- 
cosse, qui  enn  a  mangé  du  tamps  du  Roy  Mon- 
seigneu  et  du  feu  Roy  mon  fds,  et  ancore  tous 
lé  jours  nous  ly  enu  anvoyons,  si  bien  que  dis 
milyons,  ce  net  pas  temps  que  cet  que  l'ons 
y  a  jeuques  astheure  dépaudu,  et  voyé  quele 
utilité  enn  eu  cet  royaume,  et  anu  a  celui- 
ysi;  c'et  jouindre  une  coronne  à  jeamès  alla 
Frause,  et,  pour  le  plus,  pour  troys  milions 
de  frans  pour  une  foys,  et  le  trafic  et  les  como- 
dilés  que  cet  réyaume  enn  auré,  qui  profite- 
ront plus  que  vint  milions  par  an,  et  que  c'et, 
aullre  sela,  la  grandeur  de  cete  courone  et  la 
ruyue  de  ceulx  qui  nous  ont  voleu  ruyner.  Je 
voldrès  que  vous  vissié  la  mine  qu'il  a  leste; 
yl  s'ann  est  yncontinent  aie.  Je  panse  bien  qu'il 
lui  auré  rapporté,  car  je  croy  qui  me  l'avoyt 
envoyé  pour  .voyr  cet  que  je  dyroys.  Donne- 
vous  guarde  de  meslre  Aymonl ,  le  jésuisle,  car 
yl  escript  partout  que  vous  avé  promis  de  ays- 
tirper  tous  ceulx  qui  ont  jeamès  ayté  hugenos, 
et  qu'i  le  set  corne  celuy  qui  c'et  meslé  de  vostre 
comsense.  Ces  bruis  là  font  gren  mal  à  toutes 
les  afeyres  qui  cet  présente  t.  Camille  m'a  dyt 
que  M.  de  Nevers  veult  aler  aveques  vous, 
pourveu  que  fasiés  pour  lui  ce  que  yl  dist  qu'yl 
désire.  Je  l'é  dist  à  Monmorin;  yl  m'a  prié  luy 
mender  que  je  seré  bien  ayse  qu'i  vous  acon- 
pagne,  ce  que  j'é  fayst;  car  je  sayré  bien  aise 
que  soyés  bien  aconpagné  et  de  jeans  qui  ne 
vous  brouillet.  Yl  m'a  parlé  de  Monsieur  de 

Caîbemne  de  Médicis. IV. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  225 

Guise,  ausi  qu'il  vous  conduiret;  je  luy  ay  dist 

que  n'avyés  afayre  de  personnes  que  le  peys 

pensât  qu'i  voleuset  remeuer  le  monde.  Je  vous 

mendc  tout,  car  je  voy  que  l'on  voldroyt  bien 

que,  cet  grent  heur,  nous  le  perdisions  entre 

nos  mains,  non  pour  vous  fayre  mal  à  vous, 

mes  pour  vous  tenir  bas  et  dire  :  «Cet  heun 

prinse  qui  ne  se  sucie  pas  plus  que  tent  des 

choses'»;  et,  ausi  pour  enn  avoyr  ayté  la  seule 

aucasyon  d'avoyr  poursuivi  cet  royaume,  et 

que  l'ayent  fest,  que  l'on  pansast  que  je  n'euse 

ni  le  cœur  ni  l'antendemcnt  pour  le  conserver 

entre  vos  mains;  mes  j'espère  que  Dieu,  qui 

l'a  voleu,  nous  aydera  en  venir  alla  fin  que 

nous  désirons  pour  son  honneur  et  voslrc  gren- 

deur,  ce  que  je  luy  suplye  et  vous  donner  la 

Rochelle  bientost. 

De  Fonteinebleau,  le  xxxe  de  may  1673. 

Vostre  bonne  mère, 

Catebine. 


1573.  —  [3i  mai.] 

Aut.  Bi])l.  mil.  fonds  français,  n°  102&0,  f°  ni. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  je  ne  doucte  poynt  que  n'ayez 
aysté  comme  moy  bien  ayse  de  voyr  mon  fils 
roy,  et  marry  de  panser  que  cet  houneur  et 
grandeur  nous  le  ayloigne,  de  quoy  je  ne  veulx 
panser  que  le  plus  tard  que  je  peus,  que  je 
l'anpechèrè,  cet  je  pouvès,  cet  je  ne  pansoys 
que  à  moy;  mes,  quant  je  considère  cet  que 
sesi  luy  aporteré  et  à  tout  cet  royaume,  je 
m'estime  ayslremement  heureuse  et  ne  se 
cornent  je  an  puis  asés  remersier  Dieu  et  pour 
se  que  entendrés  par  Rrulart  fout  bien  au 
long,  je  ne  vous  fayré  la  présente  plus  longue 
et  seulement  vous  dire  qu'il  luy  fault  ayder  de 
vistement  abréger  cete  guère  et  qu'il  aye  l'hon- 
neur de  pasifier  cet  royaume  avent  partir.  Nous 
luy  enn  anvoyon  quelque  moyen  et  vous  prie 

a;) 

mpnttfer.it   nationale 


226 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


les  embraser  aveques  luy  et  iuy  ayder  en  venir 
hà  but  ',  cl  je  priré  Dieu  luy  en  l'aire  la  grase 
et  vous  bien  conserver. 
Voslre  bone  cousine, 

Caterink. 


1573.  —  3i  mai. 

Orig.  Blbl.  nal.  fonds  français,  n°  3a5*> ,  f°  18. 
A  MOH  COUSIN 

MONSIEUR  LE   DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  encores  que  le  Roy  monsieur 
mon  filz  satisfasse  bien  parlicullièrement  à 
voz  leclres  des  xvie,xxuc  et  xxvic  jours  de  ce 
présent  mois,  je  ne  laisseray  de  vous  faire 
aussy  ce  mot  pour  vous  prier  de  croire  que 
vous  debvez  attendre  de  nous  tout  ce  qui  se 
peult  faire  pour  le  payement  de  vos  pensions, 
ayant  donné  charge  expresse  aux  trésoriers  de 
l'espargne  du  Roy  mondict  fils  d'y  regarder  à 
bon  escient  pour  vous  rendre  content,  comme 
je  m'asseure  qu'ilz  feront;  vous  verrez  aussy 
ce  qu'il  vous  escript  pour  le  faict  du  sieur  de 
Chavigny;  à  quoy  j'adjousleray  que  nous  le 
tenons  si  digne  et  alfeclionné  serviteur  que 
nous  serons  tousjours  bien  prestz  de  le  recong- 
noistre  et  gratiffier  selon  ses  mérites,  et  me 
remectant  du  surplus  à  la  lectre  du  Roi  mon- 
dict filz,  mesmes  pour  les  très  bonnes  et 
très  agréables  nouvelles  que  nous  avons  eues 
que  mon  filz  le  duc  d'Anjou  a  esté  esleu  roy 
de  Poloigne,  je  n'estendray  ceste-cy  davan- 
taige  que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Foiilaincblenu,  le  dernier  jour  de 
may  1  073. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebine. 

1   But,  bout. 


1573.—  [3i  mai.] 

[mprimédtDS  la  Vieil-  Louis  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier  '.  p.  aïo. 

AU  DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  je  ne   doucte  point  que  ne 

soyés  bien  ayse  de  voyr  que  Dieu  commence  à 

vouloir  tant  favoriser  ce  royaume  que  d'y  en 

adjouster    d'autres,    cornent    yl   a    faict    par 

l'élection  qu'il  a  faict  fayre  aux  Polaes  de  mon 

fils,  que  encore  que  ce  nous  soit  un  grant 

regret  de  le  veoir  en  aller,  maie  nous  devons 

remercier  Dieu  de  le  mettre  en  un  si  beau  et 

grand  royaume  coume  celuy  où  yl  a  esté  éleu. 

Yl  ne  nous  reste  plus  sinon' de  voyr  ce  royaume 

en  repos,  ce  que  je  prie  à  Dieu  que  voyons  bien 

tost  et  qu'il  vous  donne  la  mesme  joie  de  vostre 

petit-filz,  de  quoy  je  sens  autant  de  plaisir  que 

si  il  estoit  né  à  ma  fille,  pour  l'amour  de  vous 

mesmes;  je  suis  aussi  bien  ayse   de  ce  que 

Relie  Isle  est  remise   en  l'obéissance  du  Roy 

et  m'asseure  que ,  vous  estant  sur  les  lieux ,  qu'il 

n'y  viendra  plus  de  ynconvéniens  et  espère 

que  bien  tost,  sil  plaist  à  Dieu,  aurons  bonnes 

nouvelles  de  la  Rocbelle,  ce  que  requiers  à 

Dieu  et  vous  donner  ce  que  désirés. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  [Juin.] 

Oiïg.  Piibl.  nat.  ancien  fonds  français,  n°  3i5g,  f°  6â. 
A  MONSIEUR  MON  FILZ 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Mon  filz,  je  nescay  quelles  [grâces]  fayre  à 
Dyeu  de  faire  tant  pour  moy  que  je  vous  voye 
ce  que  je  vous  désire.  Je  vous  prie  le  bien 
reconnoistre  et  toute  la  grandeur  qu'il  vous 
baille,  que  ayez  dans  le  cœur  de  l'employer 
pour  son  service  et  de  vostre  frère  qui  est  si 

1  Par  Coustureau,  Rouen,  MDCXXXXII. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


±21 


aise  de  voslre  bien  que  je  ne  l'ay  jamays  vcu 
plus.  Il  ne  reste   plus  sinon  que  Dieu  vous 
fasse  la  grâce  de  bien  tost  prendre  la  Rochelle 
et  vous  conserver,  comme  le  de'sire 
Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1573.  —  [Juin.] 

Communiqué  par  feu  M.  de  Montigny. 
A  MONSIEUR  MON  FILS 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Mon  fils,  j'ai  reçu  vos  lettres  et  l'espérance 
que  avez  que  bientost  vous  manderez  de 
bonnes  nouvelles;  Dieu  le  veuille  par  sa 
grâce,  avec  votre  conservation  et  de  vos  frères 
et  de  tous  les  gens  de  bien.  Le  Roi  vous 
mande  son  intention1,  en  cas  que  vous 
auriez  pris  la  Rochelle  par  force  ou  par  com- 
position ;  à  quoi  je  vous  prie  vous  re'souldre 
et  prendre  cette  seureté  de  moy;  je  vous  ay 
trop  montré  que  je  vous  aime  mieux  où  vous 
pouvez  acquérir  réputation  et  grandeur  que 
de  vous  voir  auprès  de  moy,  encore  que  ce 
me  soit  un  grand  contentement;  mais  je  ne 
suis  pas  de  ces  mères  qui  n'ayment  leurs  enfans 

1  Charles  IX  de  son  côté  lui  écrivait,  le  icr  juin  : 
-Monsieur  mon  frère,  eucores  que  nous  ne  soyons  ré- 
solluz  du  chemin  que  vous  tiendrez  pour  aller  en  vostre 
royaume,  où  vous  estes  désiré  et  attendu  avecques  très 
grande  affection  de  tous  voz  subjeetz ,  coume  vous  avez  en- 
tendu du  sieur  de  Balagny,  touttesfois,  parce  qu'il  est  be- 
soing  de  faire  partir  le  plus  tost  que  faire  ce  pourra  les 
quatre  mille  Gascons  qui  vous  sont  demandez  et  préparer 
les  princes  par  les  pays  desquelz  vous  aurez  à  passer  soit 
par  mer,  soit  par  terre,  à  vous  accorder  le  passaige,  j'ay 
pensé  que  l'on  sçauroit  trop  tost  envoyer  vers  eulx  pour  cest 
effect ,  joinct  que  je  désire  aussy  bien  me  conjouir  avecques 
euh  de  vostre  promotion,  et  sera  fort  à  propos  de  leur  fayre 
cognoistre  que  vous  désirez  et  voulez  demeurer  leur  amy; 
au  moyen  de  quoy,  j'ay  délibéré  escripre  au  sieur  de  ^  ulcob 
faire  cest  office  envers  l'Empereur,  et  envoïer  deux  gen- 
tilzhommes  vers  les  princes  de  la  Germanye.  L'un  ira 


que  pour  eulx,  car  je  vous  ayme  pour  vous 
voir  et  désirer  le  premier  en  grandeurs  et  hon- 
neurs et  réputation:  par  ainsi  je  vous  prie 
suivre  ce  que  le  Roy  vous  en  mande  san> 
regret,  car  vous  devez  louer  Dieu,  si  prenez 
ceste  ville,  de  vous  avoir  fait  la  grâce  d'estre 
le  restaurateur  et  conservateur  du  royaume, 
et  que  en  l'âge  de  vingt  et  un  ans  en  avez  plus 
faict  que  grand  capitaine  qui  ayst  esté,  et  cela 
vient  de  Dieu,  el  de  luy  aussi  lault  que  le  re- 
connaissiez et  à  luy  seul  attribuiez  toutes  vos 
victoires.  Ne  me  mectez  plus  en  vos  lettres  que 
k  n'aurez  jamais  de  plus  affectionné  serviteur», 
car  je  veux  que  me  soyez  affectionné  fils,  et 
comme  tel  me  reconaissiez  pour  la  plus  affec- 
tionnée mère  que  ait  jamais  eu  enfant;  et  ne 
m'écrivez  plus  ce  mot  de  serviteur,  mais  de  ce 

que  vous  m'estes. 

Caterine. 

trouver  le  conte  Palatin,  le  duc  de  Saxe,  le  lantgrave  de 
Hessen,  et  le  marquis  de  Brandebourg:  l'aultre  le  duc  de 
Bavvère ,  les  archiducs  Ferdinand  et  Charles:  J'en  dépes- 
cheray  aussi  ung  vers  mon  oncle  le  duc  de  Savoye,  et 
escriprav  au  sieur  du  Ferrier  mon  ambassadeur  à  Venyse 
parler  à  ces  Seigneurs  et  escripre  aux  ducs  de  Ferrare,  de 
Mantoue  et  de  Parme  pour  le  chemin  d'itallye,  affin 
que  vous  puissiez  après  choisir  lequel  il  vous  plaira  de 
tous  les  chemyns  et  prendre  celuy  qui  sera  estimé  estre 
le  plus  senr  et  à  propoz.  Nous  envoierons  aussy  vers  la 
royne  d'Angleterre,  le  roy  de  Dannemarc  et  le  roy  de 
Suède  et  aux  villes  maritimes  et  partout  ailleurs  où  il 
sera  besoing  pour  asseurer  celluy  de  la  mer;  mais  parce 
(ju'il  convient  qu'il  soit  parlé  de  vostre  part  avecques  la 
mienne,  je  vous  prye  nous  envoier  au  plustost  par  le 
sieur  de  Brulart  vingt-cinq  ou  trente  blancz  signez  et 
subscriptz  de  vostre  main  en  la  forme  et  manière  que 
vous  avez  accoutumé  leur  escripre,  lesquels  je  feray  rem- 
plir, ainsy  que  je  verray  estre  à  faire  et  comme  si  c'estoil 
pour  moy  mesme.n  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  15967. 
f  =»9.) 


39- 


228 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1573.  —  3  juin. 

Orig.  Bilil.  liât,  fonda  français,  n°  3a35,  f°  6. 
A  MADAME  MA  TANTE 

LA  DUCHESSE  DE  FERRARE. 

Ma  tante,  les  services  que  Loys  le  Vasseur 
m'a  l'aiclz  il  y  a  longtemps  en  Testât  de  l'un  de 
mesvalletsde  pied  eteeulx  qu'il  a  pareillement 
faietz  au  Roy  monsieur  mon  fil/,  au  laid  des 
guerres  èsquelles  il  a  esté  estroppié,  le  rendent 
si  recommandable  que  ledict  seigneur  et  moy 
désirons  luy  donner  quelque  moyen  de  vivre 
à  Tadveuyr  et  le  faire  sentir  du  fruict  de  son 
labeur  et  service,  pour  lequel  il  est  demeuré 
impotent  et  estroppié  d'une  jambe,  qui  est 
cause,  ma  tante,  oultre  ce  que  ledict  seigneur 
vous  escript  présentement  en  sa  faveur,  j'ay 
bien  voullu  vous  faire  particulièrement  ce  mot 
pour  vous  recommander  ledict  Vasseur  et  vous 
prier  le  favorizer  de  vostre  aulborité  et  bon 
moyen  à  ce  qu'il  puisse  obtenir  la  malladerie 
de  Gysors,  en  Laquelle,  je  m'asseure,  il  fera 
si  bien  son  debvoir  que  les  habilans  et  pau- 
vres en  recepvronl  contentement,  outre  ce  que 
ce  sera  une  charité  bien  employée  à  luy- 
mesmes,  priant  Dieu,  ma  tante,  vous  tenir  en 
sa  saincle  garde. 

Escript  à  Paris,  le  m  juing  1673. 

Caterine, 
Chantereau. 


1573.  —  g  juin. 

Orig.  Cibl.  nat.  fonds  français,  n°  15967,  f°  3o. 
A  MONSIEUR  MON  FILZ 

LE  ROY  PE  POLOGNE. 

Monsieur  mon  filz,  tout  présentement  est 
arrivé  en  ce  lieu  le  sieur  Bazin  rpii  a  tousjours 
esté  avecques  Monsieur  de  Valence  durant  sa 
négociation,  lequel  nous  a  aporté  toute  cer- 
taine asseurance  que  le  seiziesme  du   mois 


passé  fut  faicte  la  publiquation  de  l'ellection 
qui  a  esté,  grâces  à  Dieu,  faicte  de  vostre 
personne  pour  estre  roy  de  Polongne,  dont 
le  sr  de  Valence  escript  au  Roy  vostre  frère  et 
à  moy  et  à  vous  pareillement  par  ledicl 
Bazin1  qui  m'a  asseuré  avoir  laissé  à  cinq  ou 
six  postes  d'icy  ung  seigneur  que  tous  les 
Estalz  dudict  réanime  de  Polongne  et  pro- 
vinces qui  en  dépendent,  vous  envoyenl  et  à 
nous  aussi  pour  vous  faire  entendre  ladicte 
ellcclion  avecq  lettres  qu'i  vous  en  escripvent 
et  à  nous  par  luy,  en  attendanl  que  les  ambas- 
sadeurs généraux  arrivent  par  deçà,  que  ledict 
Bazin  estime  qu'ilz  y  arriveront  vers  la  lin  de 
ce  mois  ;  et  pour  ce  que  ledict  Bazin  m'a  dict  le 
sr  Martin  Alberi  et  l'autre  sr  Polonois  qui  vous 
sont  allez  trouver  pour  vous  dire,  comme  ilz 
ont  dict  au  Roy  vostre  frère  et  à  moy,  beaucoup 
de  particullaritcz;  que  icelluy  Bazin  asseure 
de  la  part  dudict  sr  de  Valence  que  ne  peuvent 
encore  venir  pour  ce  quelque  chose  qu'ilz  nous 
ayent  dicls  et  que  vous  pourrons  dire  aussi, 
et  ne  seront  plus  au  lieu  de  l'assemblée  géné- 
ralle,  quand  l'acceptation  et  publiquation  du- 
dict réanime  de  Polongne  a  esté  faicte  en  vostre 
personne,  j'ay  advisé  vous  faire  incontinent 
cesle  lettre  par  ce  courrier  voilant,  afin  que, 
sans  lui  en  faire  aucune  démonstration,  vous 
ne  vous  hastiez  pas  d'escripre  par  eulx  à  ceulx 
qui  n'ont  pas  monstre  estre  fort  affectionnez 
à  vostre  clleclion  que  pour  cella  vous  ne  leur 
en  voudrez  aucun  mal,  mais  encore  que  ne 
laisserez  pour  cella  de  les  aymer  et  estimer, 
saichant  bien  que,  après  qu'ils  ont  entendu 
voz  bonnes  et  droictes  intentions  envers  tous  les 
Estatz  et  autres  personnes  dudict  réanime,  ilz 
se  sont  joinetz  à  la  pluralité  des  voix  qui  vous 
esloient  données;  et  si  ledicl  sr Martin  Albery 

'  Jean  Bazin  qu'à  son  passage  à  Strasbourg  Monluc, 
abandonné  par  tous  ses  compagnons,  avait  emmené  avec 
lui  en  Pologne  et  dont  il  avait  tiré  de  grands  services. 


LETTRES  DE  CATH 

elledict  outre  seigneur  polonnois  vous  réqué- 
roit  de  les  faire  partir  de  si  tost,  je  vous 
prie,  monfilz,  les  prier  d'atendre  jusques  adee 
que  ung  seigneur,  comme  vous  leur  direz 
comme  nous  vous  avons  escript,  qui  arrivera 
ce  soir  ou  demain  en  ce  lieu,  ayt  esté  oy  par 
nous  et  par  vous,  pour  ce  que  les  lettres  qu'il 
apportede  tous  lesdiclzEstatzd'icelluyréaulme 
de  Polongne  ayant  esté  veues,  alïin  que  les 
responses  et  lettres  que  vous  escriprez  soient 
faictes  selon  leur  désir,  et  aussi-tost  que  ledict 
sr  Polonnois  sera  arivé  et  que  aurons  parlé  à 
luy  nous  ferons  passer  à  vous  un  autre  cour- 
rier en  toute  dilligencepour  vous  advertir  de 
ce  qu'il  nous  raportera,  qui  est,  coume  m'as- 
seure  ledict  Bazin,  tout  ce  que  nous  pourrons 
désirer  de  ce  costé  d'affection  et  de  grande  et 
bonne  volonté  que  unanimement  tous  les  Eslatz 
d'icelluy  réaulme  vous  portent  coume  à  leur 
prince  que  Dieu  leur  a  donné  pour  leur  roy 
qu'ilz  désirent  veoir  et  honorer  plus  que  toutes 
les  autres  choses  de  ce  monde.  J'ay  envoyé 
mon  chariot  au  devant  dudict  sr  Polonnois  et 
vous  asseure  que  luy  ferons  fort  bonne  chère. 
Le  Roy  vostre  frère  n'est  encore  arrivé,  voylà 
pourquov  je  ne  vous  envoyé  la  lettre  qu'a 
aportée  lediet  Bazin  et  que  je  ne  vous  feray 
ceste-cy  plus  longue  d'une  inlinicléde  particul- 
laritez  que  m'a  dictes  de  delà  que  je  sçay  qui 
vous  seront  très  agréables  et  dont  vous  recevrez 
toute  joye,  coume  je  fais,  de  ma  part,  telle  et 
si  grande  et  tant  plus  je  y  pense  et  plus  je  me 
trouve  contente  et  en  rends  grâces  et  louanges 
à  Dieu  que  je  prie,  Monsieur  mon  lilz,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  mardy  ix  juin  1 578. 

(De  sa  main.)  Monsieur  mon  fils ,  nous  avons 
fayet  chanter  Te  Deum  et  fest  des  feu  de  joye 
à  Paris  et  devés  fayre  aullent,  cet  ne  lavés 
fest,  et  ne  fault  plus  fayre  de  dificulté  de  vous 


EP.INE  DE  MÉD1CIS.  229 

fayre  opeler  roy,  car  yl  panseroient  que  ne  le 
voleussiés  acepter  et  vous  ynporteroyt  beau- 
coups,  veu  cet  que  mesme  l'ambasadeur  d'Es- 
pagne en  dyst  et  met  ann  avent,  corne  je  vous 
ay  mendé,  et  se  volés  par  modestie  et  mons- 
trer  au  Roy  plus  de  révérense  que  lui  volés 
porter  de  ne  rien  fayre  (pie  par  son  comen- 
dement  et  vous  enn  escripré  un  mot  que  l'on 
pouré  voyr,  et  panse  que  cera  le  milleur; 
et  luy  manderés  aprè  que,  ynsin  que  volés 
tenir  de  luy  cet  honneur,  que  ne  l'avés  voleu 
acepter  ne  \ous  y  feyre  nomer  qu'y  ne  le 
vous  aye  comendé.  Vous  savés  bien  que  c'et 
chause  qui  luy  playré  yufiniment. 

Monsieur  mon  filz,  ainsi  que  je  signois  cesle 
lettre  le  Roy  \oslre  frère  est  arrivé  qui  a  voulu 
que  Charron  son  valet  de  chambre  vous  soit 
allé  trouver.  Il  vous  veult  escripré,  à  ce  qu'il 
m'a  dict,  par  luy.  Une  chose  à  quoy  il  ne  fault 
pas  faillir  de  luy  obéyr,  et  je  vous  ep  prie  de 
bon  cueur,  qui  est  que  vous  permettiez  que 
l'on  vous  appelle  doresnavant  roy,  comme 
aussi,  grâce  à  Dieu,  Testes  vous  à  bonne  en- 
seigne, et  en  a  commandé  la  lettre  à  Pinar  à 
qui  il  l'a  faicl  faire  pour  ceste  occazion  et  pour 
vous  dire  que  le  sr  Brûlait  est  aussi  présente- 
ment arrivé,  dont  j'ay  esté  bien  aize  pour  avoir- 
ce  bien  d'entendre  de  vos  nouvelles  et  de 
vostre  frère  d'Allençon  par  luy. 

1573.  —  1 1  juin. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  i5558,  f'  27. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Motte,  par  vostre  dépesche 
du  xiie'u<!  du  mois  passé  vous  avez  escrit  au  Boy 
monsieur  mon  filz  ung  propos  que  vous  teniez 
de  milort  grand  trésorier  sur  la  pacification 
des  troubles  de  ce  royaume  et  réduction  des 
subjeclz  du  Boy  monsieur  mon  filz  en  son 
obéissance,  par  où  il  monstre  que  iccllo  royne 


230 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


désire  bien  fort  qu'elle  ou  les  princes  protes- 
tons de  la  Gennanye  interviennent  en  la 
composition  qu'elle  désire  que  Monsieur  mon 
til/.  face  avec  sesdictz  subjectz,  «'ouvrant  à 
vous  ledict  milort  trésorier  que,  s'il  plaisoit 
au  Roy  mondict  sieur  et  fil/,  faire  deviser  avec 
ladicte  royne  ou  quelque  prince  protestant, 
qu'il  estoit  très  asseuré  qu'ilz  seroient  moyen 
qu'avec  une  bonne  parole  et  avec  quelque 
démonstration  de  clémence  nous  regagnerions 
plus  d'auctorité  sur  eulx  et  recouvrerions 
niieulx  l'obéissance  qu'ilz  doibvent  au  Roy 
mondict  sieur  et  filz  et  se  soubzmettroient 
plus  tosl  au  roy  de  Poullongne  mon  filz  que, 
si  nous  y  employons  toutes  les  forces  et  tout 
Testât  de  ceste  couronne,  désirant  grandement 
qu'il  voullisse  prendre  ce  moyen  en  main,  et 
que  de  bon  cueur,  à  vous  dire  vray,  je  fera  y 
tousjours,  quand  je  penseray  qu'il  en  réussira 
quelque  chose  de  bon.  Voylà  pourquoi  je  vous 
prie,  Monsieur  de  la  Motbe,  sentir  comme  de 
vous  mesure  dudict  milort  trésorier  et  de  la 
royne  d'Angleterre  mesme,si  la  trouvez  à  pro- 
pos, quels  moyens  icelle  royne  a  en  cella  et  ce 
qu'elle  eut  en  droit  proposer  et  la  façon  aussy 
dont  elle  voudroit  s'en  entremettre,  et  encores, 
si  vous  pouvez  sçavoir  les  conditions  et  ar- 
ticles qu'elle  seroit  d'advis  que  accordassions 
auxdicts  de  la  religion  nouvelle,  ce  seroit 
bien  grand  plaisir  au  Roy  monsieur  mon 
filz  et  à  moy  que  vous  en  escripvissiez  in- 
continent, affin  que,  s'il  y  a  apparence  à  ce  I 
qu'elle  vous  dira  ou  que  pourrez  apprendre 
dudict.  milort  Burley  et  d'autres  par  delà ,  nous 
nous  puissions  ayder  de  ce  que  verrons  cstre 
à  propos  en  relia;  car  mondict  sieur  et  filz  et 
tous  tant  que  nous  sounies  ne  désirons  riens 
plus  que  de  meclre  nos  subjectz  à  repos  et 
asseurez  de  toute  deflîanre;  mais  à  vous  dire 
vray,  je  désirerais  bien  que  lesdiclz  de  la 
nouvelle  religion  se  contentassent  de  la  liberté 


de  leur  conscience  sans  exercice  de  relligion. 
Je  vous  prie  encores  une  l'ois,  Monsieur  de  la 
Molhe,  user  en  ceste  affaire  si  dexlrement  que 
vous  puissiez  esclaircir  le  Roy  mondict  sieur 
et  filz  et  moy  de  ce  que  dessus;  car  il  viendra 
fort  à  propos  que  le  sachions  de  bref  pour 
nous  servir  de  ce  que  nous  verrons  qui  sera 
à  propos  en  cella,  priant  Dieu,  Monsieur  de- 
là Molhe,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Monccaulx,  le  xi'°°  jour  de  juin 
i573. 

Caterine. 


1573.  —  i3  juin. 

Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3i88,  f°  70. 

A  MONSIEUR  DE  SAUNT-MORIS, 

dlEViLILlt  DE   L'ORDRE    DU    IlOY,    CAPPITAINE  DU   MO.1T    SAINT-MICHEL. 

Monsieur  de  S1  Moris,  le  Roy  monsieur 
mon  fils  '  faict  assez  particulière  responce  à  voz 
lettres  du  vin'™  de  ce  présent  moys,  qui  me 
gardera  faire  redicte  par  ceste  lettre,  laquelle 
sera  seullement  pour  vous  dire  que  nous 
savons  bien  que  voz  services  méritent  estre 
recongneuz;  aussi  vous  pouvez  estre  asseuré 
que,  se  présentant  quelque  bonne  occasion 
pour  vous  gratiffier,  le  Roy  mon  filz  se  sou- 
viendra de  vous.  Cependant  je  prieray  Dieu, 
Monsieur  de  Sainct  Moris,  vous  avoir  en  sa 
sainte  et  digne  garde. 

Escript  de  Monceaux,  le  xinœe  jour  de 
juing  i573. 


CaTERIJiE. 


p 


1  Dans  la  lettre,  du  même  jour,  à  laquelle  celle-ci  fuit 
allusion,  Charles  IX  prie  M.  île  Saint-Moris  de  remettre 
\I.  Duhamel  en  sa  place  dVarchier  et  morte-paie  du 
Mont-Saint-Michel».  {Ibid,  P68.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


231 


1573.  —  i3  juin. 
Orig.  Eibl.  nat.  fonds  français,  n°  3a5ij ,  f°  3i. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  je  vous  prie,  sui- 
vant ce  que  ie  Roy  monsieur  mon  fils  vous  es- 
crit ,  pourvoir  si  bien  à  tout  ce  qui  est  de  vostre 
charge  que  le  comte  de  Montgommery,  y  Tai- 
sant entreprise,  n'en  puisse  remporter  que 
honte  et  confusion  non  plus  que  de  son  pre- 
mier dessein  pour  secourir  la  Rochelle  ',  ce 
que  me  promettant  de  vostre  grande  vigilance 
et  de  l'affection  singulière  que  vous  portez  au 
bien  des  affaires  et  service  du  Roy  mondict 
fils  je  ne  vous  ferai  cette  lettre  plus  longue 
que  pour  prier  Dieu  vous  avoir  en  sa  sainte 

et  digne  garde 

Caterixe. 

1  Déjà,  le  7  juin,  Charles  IX  avait  écrit  à  Matignon  : 
-Le  conte  île  Monlgonmery  n'ayant  peu  remporter  que 
honte  et  contusion  du  premier  voyage  qu'il  a  faict  avec 
ses  vaisseaux  en  intention  de  secourir  la  Rochelle  par  le 
hon  ordre  que  mon  frère  le  roy  esleu  de  Pologne  y  a 
sceu  douner,  yl  s'est  retiré  en  Angleterre  où  il  a  ramassé 
ce  qu'il  a  peu  de  forces  et  de  vaisseaulx  de  ceuli  de  sa 
qualité  en  délibération  de  retourner  et  essayer  une  aullre 
foys  de  donner  secours  à  ceulx  qui  sont  dedans  la  Ro- 
chelle; à  quoy  je  m'asseure  en  la  grâce  de  Dieu  et  en  la 
grande  vigillance  et  pourvoyance  de  mondict  frère  que 
fera  aussi  bien  ses  affaires  que  la  première  foys .  et  pour 
ce  que,  faillant  son  desseing  de  ce  costé  là,  il  sera  pour 
feire  descente,  s'il  peult,  en  quelque  de  nos  costes,  j'ay 
advisé  vous  faire  cesle  lettre  pour  vous  prier  d'avoir  l'oeil 
et  faire  soigneuse  veille  qu'il  ne  puisse  faire  aucune  sur- 
prise en  ce  qui  est  de  vostre  charge. s  (Bihl.  nat.,  fonds  fran- 
çais, n"  333g,  P  54.)  Voir  dans  le  n"  4o53  du  fonds 
français  (P  28)  :  la  réponse  de  Matignon  à  la  lettre  de 
Charles  IX;  lettre  de  Pinart  au  duc  d'Anjou,  du  7  juin. 
(  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  i5558,  P  i3.) 


1573.  —  là  juin. 

\trl1i\c5  Je  la  maison  de  Coudé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES, 

f.OSSEILLBR     DE    1/ORDRE     DU    ROT    MOÎiSIECR     MON    FIL? 
ET  SOK    LIEITESANT  EN    DiCLPBI>É. 

Monsieur  de  Gord.es,  vous  entendrez  par  le 
sieur  de  Virieu  présent  porteur  ce  dont  s'est 
advisé  le  Roy  monsieur  mon  filz  pour  essayer 
de  retenirles  sieurs  de  Montbrun  et  de  Mirebel 
qui  sont  eslevez  en  armes;  à  quoy,  si  vous 
cognoissez  que  son  abouchement  avec  eulx 
puisse  servir  de  quelque  chose,  je  vous  pr\c 
d'y  faire  selon  que  cognoistrez  eslre  du  bien 
du  service  du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  lequel 
je  scay  vous  est  assez  recommande'  sans  qu'il 
sovt  besoing  vous  faire  la  pre'sente  plus  longue, 
que  pour  supplier  le  Créateur,  Monsieur  de 
Cordes,    qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Montceaux,  le  xmie  jour  de  juing 
1 5  7  3 . 


Caterixe. 


15 


RILART. 


1573.  —  ih  juin. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3-j54  ,  f"  67. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  je  ne  reprendrai  au- 
cune particullarité  de  la  response  que  faict  le 
Roy  monsieur  mon  filz  à  voz  lettres  du  vn^jour 
de  ce  présent  mois,  mais  seullement  vous  prie- 
ray  de  suivre  ce  que  y  verrez  de  son  intention 
et  l'aire  toujours  soigneuse  vueille  pour  la  seur- 
relé  et  conservation  des  places,  costes  et  havres 
de  vostre  charge,  comme  vous  avez  faici  <-y- 
devant,  dont  nous  avons  tous  la  satisfaction  et 
contentement,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Mati- 
gnon, qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Monceaux,  le  xniien'ejour  de  juing 

1073. 

'Utérine. 

PlXART. 


232 


!"  10. 


l.")73.  —  ik  juin. 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3ao!i 
A  MOH  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE 


Mon  cousin,  je  ne  sçaurois  qu'adjouster  à 
la  lettre  que  présentement  vous  escripl  le  Roy 
monsieur  mon  fils,  et  au  mémoire  que  vous 
porte  le  sieur  de  Virieu  présent  porteur;  seule- 
ment vous  prieray-je  que,  suivant  ce  qu'il 
vous  mande,  vous  regardez  à  conserver  el 
soulager  ses  bous  et  loyaulx  subjetz  le  plus 
qu'il  vous  sera  possible  et  à  porter  à  ceux 
qui  luy  sont  rebelles  le  plus  d'incommodité 
que  vous  pourrez,  priant  Dieu  vous  avoir  en 
sa  sainte  garde. 

Escript  de  Monceaulx,  ce  xmie  jour  de  juing 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 

sur  l'armée  de  mer  dudicl  prince  d'Orange  et 
que  son  désavantage  croistra  de  beaucoup  par 
ces  nouvelles  troupes  d'Espagnolz  que  sont 
puis  naguères  arrivez  auxdictz  Pays  Bas.  Je  ne 
sçay  quelle  résolution  pourra  raporterle  sieur 
l'régouzc  l,  qui  a  esté  dépesché  vers  le  conte 


i573. 


Votre  bonne  cousine, 


Cateiune. 


1573.  —  10  juin. 

Oiig.  Bibl.  nat.  Cinq  cenls  Colberl,  n°  uoo. 

A  MONSIEUR  DE  SCHOMBERG. 

Monsieur  de   Schombert,    oultre    ce    que 
vous  eu  escripl  présentement  le  Roy  monsieur 
mon  filz  en  responce  de  voz  lettres  des  xxvi  et 
xxu  du  passé,  je  vous  diray  qu'il  n'est  riens 
de  ce  que  le  Roy  Catbolicque  a  faict  dire  à  la 
royne  d'Angleterre,  que  le  Roy  mondict  sieur 
el  filz  faict  poursuivre  des  estrauges  menées 
contre  ladicte  royne  d'Angleterre  et  aussi  peu 
véritable  que  nous  l'ayons  faict  resercher  pour 
estre  de  la  partye;   mais  ce  sont  les  artiffices 
acoustumez  desquelz  ilz  se  servent  ordinaire- 
ment qui  sont,  comme  j'estime,  assez  congneuz. 
Pour  le  regard  des  affaires  des  Pays  Bas  je 
,i(,\    en  vérité  qu'ilz  sont  en  assez  mauvais 
ternies  pour  le  prince  d'Orange,  veu  l'heureux 
succès  que  a  eu  puis  naguères  le  duc  d'Albc 


1  Voici  le  mémoire  que  le  comte  Ludovic  de  Nassau 
soumit  à  Charles  IX,  mémoire  dalé  du  î"  juin  :  «Mon- 
sieur le  comte  Ludovic  de  Nassau ,  selon  le  zèle  qu'il  a 
au  bon  succèz  des  affaires  du  Roy,  ayant  naguères  dis- 
couru à  coeur  ouvert  el  librement  avec  le  sieur  de  Schom- 
bert et  Fregosc  et  depuis  avec  le  sieur  de  Schombert  à  Cas- 
sel  ,  estime  que  Sa  Majesté  aura  le  tout  entendu ,  tant  par 
lettres  dudicl  sieur  de  Schombert  que  véritablement  par 
ledict  Frcgose,  et  espérait  qu'elle  aurait  receu  le  tout 
d'aussi  bonne  part  comme  il  esloit  d'un  cœur  affectionné 
à  son  service.  Toutesfois,  ledict  sieur  comte  a  veu  par  l'in- 
struction dudict  Fregose  naguières  retourné  vers  luy  et 
entendu  bien  amplement  par  ses  propos  que  Sa  Majesté 
voulloitlc  tout  interpréter  comme  si  on  luy  voulloil  don- 
ner loy  en   son  royaume.  Cependant  l'intention  dudicl 
comte  n'estoit  telle,  ains  de  franchement  et  clairement 
monslrer  à  Sadicte   Majesté  les  seuls  moyens  qu'il  cog- 
noissoit  y  avoir   pour  parvenir,    à   ce  qu'il   prélendoit 
sçavoir,  à  contracter  une  ferme  amitié  el  bonne  intelli- 
gence avec  les  princes  proleslans  pour  faire  perdre  et 
esvanouh'  le  maulvais  bruit  que  coroit  partout  de  Sadicte 
Majesté  tant  en  devis  ordinaires,  peintures  que  lettres 
affirmatives,  et  à  ce  qu'elle  ne  se  peult  asseurer  de  bonne 
assistance  anvers  le  roy  d'Espagne,  duquel  elle  descouvre- 
tous  les  jours  beaucoup  de  maulvaises  volontez  en  son 
enilroict,  et  d'aultant  que  par  ceste  interprétation  faicle 
ledict  sieur  conte  craint  qu'on   n'aye  faict  entendre  à 
Sadicte  Majesté  ce  qu'il  désire  qu'elle  sache  et  qu'il  juge 
en  saine  conscience  ce  qui  est  convenable  pour  parvenir 
au  bien  où  Sa  Majesté  tend  il  lui  a  dépesché  le  sieur  Chas- 
Iclier  pour  l'informer  bien  particulièrement  de  sa  con- 
ception el  de  ce  qu'il  voit  expédient  pour  obtenir  ce  qu'elle 
veull,  supliant  Sa  Majesté  de  croire  que  ce  n'est  d'aul- 
cune  passion  particulière  ne  affection  qu'il  ayl  à  autre 
chose,  que  lavoir  en  meilleure  réputation  qu'elle  n'esl 
entre  les  princes  et  potentats  estiangers  et  l'esloigner  de 
la  ruyne  qui  le  menace  de  si  près. 

t-Ces  moyens  estoienl  que  Sa  Majesté  pour  venir  au 
dessus  de  ses  fais  avec  lesdicls  sieurs  princes  proleslans 
et  recouvrer  la  réputation  dont  les  excez  passez  l'ont  des- 
pouillé,  cessast  en  premier  lieu  de  faire  la  guerre  à  ses 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


23; 


Ludovic;  mais  quand  les  choses  ne  se  pourront 
accorder,  si  est-ce  qu'il  a  peu  congnoislre  par 

suhjectz  de  la  religion,  que  est  le  vray  et  seul  fondement 
sur  lequel  elle  peult  rebastir  de  nouveau  sa  réputation  et 
tout  ce  qu'elle  voudra  avec  lesdicts  princes ,  car  autrement 
il  n'est  possible  de  rien  avoir;  ils  fondent  tous  leurs  com- 
portemens  sur  cela ,  car  ilz  ne  pourront  jamais  espérer 
ferme  amitié  et  alliance  avec  Sadicte  Majesté  pendant 
qu'elle  monstera  tout  contre  eulx  en  ce  point  principal  de 
la  religion,  qui  a  tant  de  commandement  sur  les  actions 
des  hommes;  partant  qu'il  est  nécessaire  pour  donner  le 
blanc  où  sa  Majesté  a  fos  yeux  fichez,  qu'elle  laisse  pre- 
mièrement ses  suhjectz  de  la  religion  en  paix  et,  allia 
que  Sadir le  Majesté  pense  que  ce  ne  sont  pas  discours  en 
l'air,  ledict  sieur  comte  le  supplie  de  se  souvenir  que  c'a 
esté  la  source  de  la  réputation  qu'elle  avoit  et  d'avoir 
mémoire  de  ce  qu'il  luy  dict  la  première  fois  qu'il  arriva 
et  lui  dict  la  même  nuit  qu'il  le  vit,  et  plusieurs  fois 
encore  pendant  qu'il  se  traictoit  du  mariage  du  prince 
de  Navarre,  que  pour  ce  que  Sa  Majesté  avoit  tant  tra- 
vaillé à  mettre  paix  entre  ses  suhjectz  et  libéralement 
permis  à  iceulx  l'exercice  de  la  religion,  lesdicts  sieurs 
princes  les  désirant  voir  eslre  toujours  conservez  en  sem- 
blable liberté  luy  portoient  si  bonne  affection  que,  devi- 
sant quelque  fois  entre  eulx,  ilz  souhaitoient  l'avoir 
pour  seigneur,  le  cas  advenant  qu'on  deust  faire  élec- 
tion; par  quoy  ledict  sieur  comte  dit  lors  à  Sa  Majesté 
qu'il  espérait  un  jour  lui  voir  la  couronne  impérialle  sur 
la  teste.  Que  Sa  Majesté  croye  que  cela  ne  venoit  point 
de  luy,  mais  de  ceulx  qui  en  ont  l'autorité  et  la  puis- 
sance, que  le  voyant  tellement  résolu  à  la  conservation 
de  son  édit  de  pacillication  faisoient  leur  compte  de  l' es- 
lire  roy  des  Romains. 

«La  mesme  et  principale  raison  meut  la  royne  d'An- 
gleterre de  faire  alliance  avec  Sa  Majesté  peu  avant  le 
massacre.  Aujourd'hui  au  contraire  Sadicte  Majesté  est 
proche  de  sa  ruyne;  que  Sa  Majesté  voit  l'Espagnol  se  rire 
à  gorge  ouverte  de  ses  malheurs  et  employer  son  indus- 
trie à  entretenir  les  troubles  de  son  royaume,  s'assurant 
que  c'est  le  seul  moyen  de  parvenir  à  ses  Gns  sans  coup 
Irapper,  veu  que  déjà  tant  par  les  guerres  passées  que 
par  le  dernier  massacre  et  troubles  présens  l'Espagnol  a 
plus  affoibli  Sa  Majesté  que  s'il  eut  faict  la  guerre  trente 
ans. 

«Que  l'Espagnol,  en  outre,  se  sert  de  l'excès  dernier 
partout  où  il  peult  contre  Sa  Majesté,  coume  il  a  11a- 
guères  faict  en  Pologne ,  ainsi  que  Sa  Majesté  l'a  assez 
entendu ,  et  que  c'a  esté  la  seule  cause  de  la  courtoisie  et 


ce  qu'il  a  en  charge  de  luy  dire  de  la  pari  du 
Roy  mondict  sieur  et  filz  qu'il  luy  porte  une 
enlière  bonne  volonté,  qui  se  doibt  retenir  de 
faire  chose  qui  soit  au  préjudice  de  ses  affaires. 
Toutlefois  vous  faictes  bien  de  nous  adverlir 
de  ses  préparatifs.  Quant  aux  affaires  de  i;i 
Rochelle, je  vous  asseure ,  Monsieur  de  Schom- 
bert,  que  l'on  tante  tout  ce  que  l'on  peult  à 
réduire  ceste  ville  là  par  doulceur,  leur  ayant 
mon  filz  le  roy  de  Poulongne  offert,  suivanl 
la  charge  qu'il  a  eue  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  toute  seureté  de  leurs  vyes  cl  libertés  de 
conscience  avec  oblivion  des  choses  passées; 
mais  ilz  se  monstrent  en  tout  et  partout  si 
obstinez  et  esloignez  de  toute  bonne  volonté  el 
obéyssance  qu'il  semble  qu'ilz  serchent  leur 
ruyne.  Toulle  fois  on  ne  laissera  pour  cela  de 
tousjours  essayer  à  les  réduire  amiablement  et 
à  s'eslargir  plustost  davantage  que  l'on  n'en 
\ienne  à  bout,  affin  que  tous  les  princes  pro- 
testons congnoissent  la  sincérité  de  l'intention 
du  Roy  mondict  sieur  et  fdz  et  combien  il  est 
esloigné  du  désir  que  Ton  veult  faire  croire 
qu'il  a  à  l'extermination  de  ceulx  de  la  nou- 
velle religion,  et  sur  ce,  Monsieur  de  Schom- 
bert,  je  feray  fin  à  ce  mot  de  lclre  et  je 
prieray  Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  saine  te 
garde  l. 

Escript  de  Montceaux,  le  xve""jour  de  juing 


Cateri.ne. 


Brûla 


Catheiune  de  Médi 


IV. 


fidélité  dont  a  usé  le  duc  d'Albe  envers  ledict  sieur  comte 
à  la  prinse  de  Mons,  coume  il  a  dict  à  plusieurs  que 
c'estoit  pour  monstrer  qu'il  ne  voudrait  point  avoir 
faict  ung  si  meschant  acte  qu'avoit  faict  le  roy  de  France 
et  qu'il  n'estoit  point  marry  de  ce  qui  estoit  advenu  à 
feu  Monsieur  l'admirai ,  parce  qu'il  estoit  ennemy  capital 
de  son  roy,  mais  aymeroit  mieulx  avoir  perdu  les  deux 
mains  que  l'avoir  faict.»  (Arch.  nat.,  collée!.  Simancas, 
K  i53a,  n"  1.) 

1  Charles  IX  ajoutait  :  «Monsieur  de  Schomberl .  je 

3o 


iiipimii-Rie   mi  1  1  ■    li 


•2Vi 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1573.  —  îO  juin. 
Copie,  liil.l.  uat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  3M ,  ('  a4.r>. 

\  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur   du   Ferrier,    à  ce  que   j'ay  pu 
voir  par  la  date  de   voslrc   lettre  du  xix  du 

suys  après  à  prendre  une  bone  résolution  sur  le  faict 
du  passage  de  mon  frère  le  roy  île  Pologne,  en  détendant 
laquelle,  je  vous  veulx  faire  responce  aux  dépesches  que 
j'ay  receues  de  vous  des  xxvi  et  x\ix  du  passé  par  la  pre- 
mière desquelles  cl  uussy  par  la  coppie  des  lettres  que 
m'avez  envoyées  à  vous  escriples  par  le  palatin  Lasquy, 
la  douille  et  difficulté  où  il  estoyt  de  la  façon  que  pour- 
raient tenir  les  ambassadeurs  de  Pologne  en  s'acbeminant 
de  par  deçà;  en  quoy  vous  n'eussiez  sceu  plus  saigement 
le  conseiller  que  vous  avez  faict,  qui  est  de  ne  venir  en 
cachette  ,  mais  ouvertement ,  de  peur  de  douner  occasion 
de  souspeçon  aux  princes  d'Allemaigne.  L'évesque  de  Va- 
lence nous  a  envoyé  Bazin  avec  le  gentilhoume  polonoys 
depputé  par  les  principaulx  officiers  du  royauline  pour 
signiffior  au  Roy  mondict  frère  et  à  moy  l'élection  dudict 
royauline,  par  lequel  j'ay  entendu  bien  particulièrement 
coume  toutes  choses  9ont  passées  et  peu  s'en  est  fallu 
que  l'on  n'en  soit  venu  aux  armes.  Quant  à  l'homme  du 
comte  Ludovic  qui  vous  estoyt  allé  trouver  pour  s'ache- 
miner en  Poloigne  avec  bonne  volunté  d'y  faire  tout  bon 
debvoir,  je  ne  puis  que  eslre  bien  ayse  que  l'occasion  de 
le  luy  envoyer  soit  cessée,  et  avez  bien  faict  de  le  ren- 
voyer avec  une  honnesle  lettre  à  sonmaistre,  et  mercie- 
menl  de  la  peine  qu'il  a  prise  et  du  devoir  auquel  il  s'est 
mis  pour  servir  aux  affaires  du  roy  de  Poloigne, 
trouvant  bon  que  vous  luy  ayez  faict  bailler  cent  talers 
pour  s'en  retourner  à  Pouloigne ,  qui  me  semble  somme 
suffisante  pour  ses  frays.  Touttesfois,  là  où  vous  ju- 
gerez qu'il  luy  faulsist quelque  peu  de  chose  davantaige, 
je  désire  que  vous  te  luy  l'aides  bailler  plustost  qu'il 
n'eust  occasion  de  se  plaindre  d'avoir  esté  mal  traicté  en 
-.'employant  à  nous  faire  service,  ayant  à  vous  dire 
pour  le  surplus  que  je  suis  bien  ayse  d'entendre  que 
mon  cousin  le  Lantgrave  se  promet  que  Monsieur  pas- 
sera  par  l'Allemaigne,  et  qu'il  sera  pour  le  prier  de 
tenir  en  passant  sur  les  Ions  du  baplesme  une  fille  que 
Dieu  luy  a  donnée  depuys  quelque  temps,  et  quant 
à  ce  qui  concerne  le  faict  de  la  paix  et  des  Vénitiens 
avec  le  Turcq,  je  vous  puys  dire  avec  vérité,  quel- 
que chose  qui  s'en  escripve  et  divulgue  par  la  chres- 
lienté,  que  je  n'y  ay  aydé  en  sorte  du  monde,  mais  que 


passé  la  nouvelle  de  l'eslection  de  mon  filz  le 
roy  de  Polongae  n'a  esté  sitost  à  Venise 
qu'elle  a  esté  apportée  icy;  car  nous  en  l'unies 
advertis  dès  le  xxiv  par  la  voye  du  sr  de 
Vulcob  qui  nous  en  envoya  lettres  des  ban- 
quiers Soderini  qui  sont  à  Cracovie.  Je  loue 
Dieu  d'ung  si  heureux  succès  plus  que  neulle 
aultre  personne,  veu  (pie  je  suis  celle  qui  a 
le  plus  obstiné  une  telle  poursuite,  qu'il  a 
voulu  faire  tomber  selon  mon  souhaiet.  Quant 
au  passaige  de  mondit  filz  j'espère  qu'il  ne  se 
trouvera  aulcune  difficulté,  veu  que  plusieurs 
des  princes  de  la  Germanie  foui  jà  démons- 
tration de  désirer  qu'il  passe  par  leurs  terres, 
et  que,  d'ung  aultre  costé,  l'Empereur  mons' 
mon  frère  en  a  si  bonnesteinent  parlé 
au  sieur  de  Vulcob  ainsy  que  le  Uoy  mon  fils 
le  vous  escript  '.  Je  vous  envoyé   une  lettre 

la  seule  prudence  d'iceulx  Vénitiens  l'a  faicle  pour  avoir 
clairement  cogneu  que  une  telle  ligue  leur  tournoit  à 
grand  préjudice  et  no  servoit  qu'à  leur  faire  lomber  sur 
les  bras  tous  les  efforts  dudict  Grand  Seigneur  et  demeu- 
rant cependant  deschargé  le  roy  d'Espaigne,  duquel  ilz 
se  plaignoienl  grandement  qu'il  ne  satisfaisoyt  aucune- 
ment aux  choses  promises  par  ladicle  ligue.  Je  ne  veulx 
pas  nyer  que  je  n'aime  beaucoup  ladicle  Seigneurie  de 
Venise;  mais  je  ne  puys  dire  luy  avoir  servy  en  cest 
affaire  en  particulier.  Quant  l'évesque  de  Dacqs  arriva  à 
la  Porle  du  Grand  Seigneur,  les  choses  eBtoientjà  toutes 
négociées  et  conclues.  Ge  m'est  ung  grand  plaisir  d'en- 
tendre que  les  flocheloys  n'auront  aucun  secours  du  costé 
de  mon  cousin  l'électeur  de  Saxe  et  que  inesme  il  ayt 
refusé  d'intercéder  envers  moy  pour  les  enffans  de  l'ad- 
mirai ,  aussi  l'opinion  que  vous  avez  que  je  ne  dois 
craindre  de  son  costé  aucune  force  pour  empescher  le 
passaige  de  mondict  frère,  ce  qui  vient  bien  à  propos. » 
(Ibid.) 

1  «L'Empereur  Maximilien,  mou  beau-père,  lui  man- 
dait Charles  IX  ,  9' est  jà  faict  entendre  que  soit  à  grande 
ou  petite  compagnie  mondirt  frère  sera  le  bien  venu  sur  ses 
terres,  estant  bien  ayse  qu'il  soit  parvenu  à  reste  dignité 
royale  pour  espérer  de  luy  plus  d'amitié  et  bon  voisinage 
qu'il  n'eust  sceu  attendre  et  espérer  de  tous  les  autres 
prélendans  excepté  de  son  fils  l'archiduc  Ernest,  s'il  l'eut 
esté,  el  d'un  autre  costé  il  y  a  jà  beaucoup  de  princes  de 


LETTRES  DE  CATH 

pour  le  sieur  Grimani,  en  raerciement  de  la 
bonne  affection  qu'il  monstre  au  bien  de  ses 
affaires.  Au  surplus,  Monsieur  du  Ferrier, 
quant  à  ce  que  vous  a  l'ait  entendre  le  Prince 
du  grand  aise  et  plaisir  qu'il  a  repçeu  de  l'es- 
leclion  de  mon  fils,  encore  que  je  m'asseure 
que  vous  l'en  aurez jà  remercie'  tant  de  lapait 
du  Roy  que  de  la  mienne,  si  est-ce  que  je 
désire  que  vous  le  fassiez  encore  et  le  tner- 
ciez  du  bon  conseil  qu'il  nous  donne  de 
faire  passer  mon  fils  en  Polongne  au  plustost 
qu'il  sera  possible.  Je  prie  Dieu,  Mons'  du 
Ferrier,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Monceaux,  le  xvicme  jour  de  juing 

i573. 

Cateiune. 

Brulart. 


ERINE  DE  MÉDIGIS. 


2:î5 


de  Matignon,  qu'il  vous  ayt  en  sa  sainte  et 

digne  garde. 

Escript  à  Lezigny,  le  mu™"  jour  de  juin 

i573. 

Caterine. 

Brulart. 


1573.  —  18  juin. 

Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n"  3io,3  ,  f°  i33  r\ 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsr  de  Matignon,  vous  entendrez  par 
la  lettre  que  vous  escript  présentement  le  Roy 
nionsr  mon  filz  le  dangier  duquel  il  a 
pieu  à  Dieu  préserver  mon  fils  le  roy  de  Po- 
loigne  aux  deux  barquebuzades  qu'il  a  receues  ; 
de  quoy  j'ay  Lien  occasion  de  louer  sa  bonté, 
et  vous  prie  que,  saichant  la  chose  comme  elle 
est  à  la  vérité,  vous  le  faictes  sçavoir  et  en- 
tendre par  delà  pour  esteindre  tous  aultres 
mauvais  bruietz  que  Ton  eu  pourrait  faire 
courir  au  contraire1,  priant  Dieu,  Monsieur 

la  Germanie  qui  ont  donné  à  connoistre  qu'iiz  tiendront 
à  grande  faveur  que  mondict  frère  passe  par  leurs  terres.)) 
(Cinq  cents  Colbert,  Failli.) 

1  De  son  côté,  le  même  jour,  Charles  IX  écrivait  à 
Matignon  :  «Je  vous  fais  ce  mot  pour  vous  dire  que  di- 
manche dernier,  connue  mon  frère  le  roy  de  Pologne 
alloit  recoguoislre  l'ouvrage  d'une  sappe  qu'il  faisoit  faire 
à  un  endroicl  des  murailles  et  tours  de  la  Rochelle,  il  luy 


1573.  —  23  juin. 

Minute.  Bibl.  impér,  de  Saint-Pétersbourg, 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  17972  .  f"  100  et  suiv. 

Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau, 

t.  III,  p.  337. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mofhe,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  faict  amplement  response  à  vos 
deux  dernières  dépesches  et  vous  escrit  aussi 
l'opinion  en  laquelle  nous  sommes  du  voyage 
du  capitaine  Franchetti,  qui  m'a  baillé  en  ce 
lieu  depuis  quatre  jours  la  lettre  que  m'avez 
escripte  par  luy,  m'ayant  discouru  comme 
pour  le  désir  qu'il  a  de  faire  service  à  ceste 
couronne  selon  la  grande  obligation  qu'il  con- 
fesse bien  y  avoir;  il  avoit  volontiers,  encores 
qu'il  soit  malade,  entrepris  faire  ce  voyage  à 
la  requeste  des  gentilshommes  françois  et 
autres  qui  se  sont  retirez  en  Angleterre  pour 
essayer  de  faire  en  sorte  que  le  repoz  s'esta- 
blisse  en  ce  royaume,  me  faisant  par  son  dis- 
cours entendre,  comme  aussy  il  a  depuis  dé- 
claré au  Roy  monsieur  mou  filz,  qu'il  estimoit 
eslre  très  à  propos  de  remettre  les  presches  en 
ce  royaume,  et  n'a  à  ce  que  j'ay  sceu  de  luy 
aucuns  aultres  moyens,  dont  j'ay  esté  bien 
esbahye;  car  ce  n'est  ce  que  vous  et  luy  mesme 

fut  tiré  deux  coups  d'arquebusades  d'un  flanc  qui  ne 
s'estoit  pas  encore  descouvert,  dont  l'un  l'atteignoit  au 
col  et  l'autre  à  la  main.  Mais,  à  la  grâce  de  Dieu,  il 
n'est  demeuré  offensé  ni  de  l'un  ni  de  l'aullre,  en  sorte 
du  monde ,  ayant  la  peau  seulement  un  peu  froissée.  ■■ 
Pareille  lettre  fut  écrite  à  du  Ferrier  (Cinq  cents 
Colbert,  n"  366)  et  à  M.  de  Cordes  (Archives  de  la 
maison  de  Condé). 

3o. 


236 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


m'avez  c  script  et  à  cela  jugeray-je  qu'il  es- 

pouse  le  pari  y  des  Anglois  plus  que  le  nostre; 
parray  ses  discours  où  l'on  voit  bien  qu'il  use 
d'artifices  el  où  il  se  contrarie  aucunement  il 
s'esl  laissé  entendre  qu'il  ne  l'alloit  pas  pour- 
suivre, mais  qu'il  estoit  très  nécessaire  de 
différer  d'icy  à  quatre  ou  cinq  mois  la  négo- 
ciation  du  mariage  d'entre  la  reine  d'Angle- 
terre et  mon  filz  le  duc  d'Allençon,  et  que 
c'esloit  ne'cessaire,  pour  v  mieux  conduire  le 
faict  dudict  mariage,  que  la  paix  soit  première- 
ment establie  en  ce  royaume  et  que,  si  l'on 
paiioit  à  présent  de  ces  deux  grands  affaires 
ensemble,  que  l'ung  empescheroit  l'aultre  et 
peut-estre  tous  deux,  mais  principalement 
ledict  mariaige;  aussi  qu'icelle  royne  d'Angle- 
terre estoit  à  présent  indisposée  et  gardoit  le 
licl .  jùsques  à  me  dire  que  le  conte  de  Leicester 
ne  la  gouvernoit  plus  et  que  c'estoit  un  autre; 
qu'il  avoit  esté  constraint  de  se  retirer  de  la 
cour  pour  quelque  temps  et  que  cependant  que 
Ton  feroit  la  paix  de  deçà  et  establiroit-on 
toutes  choses,  il  se  passerait  cinq  ou  six  mois , 
pendant  lesquels  elle  se  pourrait  guérir  etque 
lors  il  v  ferait  meilleur  qu'il  n'y  l'ait  à  pré- 
sent. L'ayant  ainsy  vu  parler  et  estimant 
aussy  qu'il  n'a  pas  fort  bonne  volonté  en 
l'un  ni  en  l'autre  affaire  et  qu'il  semble  qu'il 
ne  désire  pas  que  ledict  mariage  se  fasce,  je 
fus  d'advis,  comme  aussi  fut  le  Rov  mondict 
sieur  et  filz,  de  lui  permettre  d'aller  à  Paris 
pour  se  reposer  et  voir  .Monsieur  de  Morvil- 
liers,  qui  le  cognoist  de  longtemps,  pour  en 
parler  avec  luy,  comme  il  a  faict ,  de  sorte 
que  ledict  Morvilliers  le  voyant  toujours  per- 
sister en  ce  propos  est  de  mesme  opinion  qu'il 
vaut  mieux  l'entretenir  audict  pays  où  il  est, 
en  attendant  (pie  nous  avons  quelques  bonnes 
nouvelles  du  siège  de  la  Rochelle  dont  nous 
espérons  que,  par  la  bonne  dilligence  que 
faict  le  rov  de  Poulogne  mon  filz,  en  avoir  en 


peu  de  jours  quelque  bonne  issue,  comme  le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript.  Il  vint 
avec  ledit  Franche tti  un  gentilhomme  nor- 
mand, dont  j'ai  oublié  le  nom,  qui  a  parlé 
deux  fois  à  moy  et  me  fut  amené  par  le  sieur 
de  Villiers  à  qui  j'avois  fait  bailler  ung  passe- 
port dernièrement  à  Fontainebleau  pour  aller 
en  Angleterre.  Ledict  gentilhomme  normand 
me  déclara  la  première  fois  qu'il  parla  à  moy 
que  luy  et  quatre  autres  qu'il  avoit  laissés  à 
Paris  étoient  venus  avec  ledict  Franchetti  de 
la  part  des  gentilzhommes  et  autres  François 
qui  se  sont  retirés  en  Angleterre  depuis  la 
s1  Barthélémy  et  qu'entre  autres  choses  lui 
estoit  ordonné  pour  regarder  ce  que  dirait  de 
leur  part  icelluy  Franchetti,  avant  les  quatre, 
qui  sont  à  Paris  el  lui  aussi,  fort  bonne  vo- 
lonté de  se  conformer  à  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  filz;  en  quoy  je  l'ay  fomenté 
bien  à  propos,  louant  bien  fort  leur  bonne 
affection,  ce  que  ledict  gentilhomme  se  déli- 
béra à  l'instant  d'aller  faire  entendre  auxditz 
quatre  qu'il  avoit  laissés  à  Paris,  et  deux  jours 
après  il  est  venu  encores  parler  à  moy  de 
cesle  mesme  affaire  où  il  monstra  avoir  très 
bonne  volonté;  en  quoy  je  l'ay  derechef  for- 
tifié autant  que  j'av  pu.  11  m'en  a  parlé  assez 
longuement;  du  commencement  il  m'a  fait 
entendre  que  le  comte  de  Montgommery  estoit 
encores  en  assez  bonne  espérance  par  le 
moyen  des  amis  qu'il  avoit  en  Angleterre  et 
de  la  reyne  mesme,  qui  le  favorisoil  et  l'assis- 
toit ,  de  renforcer  ce  qu'il  avoit  de  vaisseaux  et 
d'hommes  pour  aller  secourir  ceste  fois  un 
bon  coup  ceux  de  la  Rochelle,  qui  s'y  atten- 
doient  aussi,  comme  il  leur  avoit  mandé  el 
promis;  sur  quoy  je  ne  faillis  pas  de  lui  bien 
faire  cognoistre  qu'il  ne  perdrait  que  son 
temps,  avant  mon  filz  le  roy  de  Pologne  si 
bien  pourvu  à  cela  qu'il  serait  battu  s'il  y  re- 
lournoit  et  n'en  emporter  oit  que  la  honte,  el 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


237 


entrant  en  propos  ledict  gentilhomme  s'est 
laissé  aussi  entendre  que  ceux  de  la  part  de 
qui  il  est  venu  ne  sont  pas  si  opiniastres  que 
dit  le  sieur  Franchetti,  mais  s'asseure  qu'ilz  se 
conformeront  ou  la  plupart  d'eux,  mesures 
les  principaux  qui  sont  avec  ledict  Montgo- 
niery,  à  la  volonté  du  Roy  monsieur  mon  filz; 
et  en  parlant ,  sur  la  fin ,  il  s'est  unj;  peu  couppé 
et  contrarie'  à  son  premier  propos;  car  il  m'a 
dict  que  la  royne  d'Angleterre  avoit  faiet 
faire  défenses  générales  audict  Montgom- 
mery  quelle  ne  vouloit  aucunement  voir  ceux 
qui  avoient  esté  avec  luy  ny  leur  permettre 
d'entrer  en  son  royaume  et  qu'elle  désiroit 
toujours  entretenir  toute  bonne  paix  et  amitié 
selon  nostre  dernier  traité,  et  que  ledict  Monl- 
gommery,  voyant  cela.estoit  party  pour  aller 
en  Zelande,  aflin  d'avoir,  s'il  peult,  du  prince 
d'Orange  renfort  pour  retourner  incontinent 
du  costé  de  la  Rochelle,  dont  il  monstroit 
d'estre  marry,  m'ayant  asseuré  que  luy  et  les 
quatre  autres  ses  collègues  qui  sont  à  Paris 
s'en  retourneroienl  en  Angleterre  et  qu'ilz 
feroient  tout  ce  qui  leur  seroit  possible  par  le 
moyen  du  vidame  de  Chartres  qu'il  dit  qui  a 
grande  affection  de  s'employer  en  cecy  par 
beaucoup  de  moyens  envers  ceux  qui  sont 
par  delà,  lesquelz  il  asseure  traite  adjoutc- 
ront  beaucoup  de  foy  en  luy  pour  les  faire 
revenir  bientost  tous  en  ce  royaume,  \ivre 
doucement,  et  jouir  de  leurs  biens  et  user  du 
repos  que  nous  donnons  à  ceux  qui  se  con- 
tiennent, selon  les  déclarations  qui  ont  esté 
publiées  depuis  la  dicte  feste  s1  Barthélémy,  me 
mettant  en  propos  du  faict  particulier  dudict 
comte  de  Monlgommery,  sur  quoy  je  lui  dis  ce 
qui  luy  avoit  esté  offert  auparavant  qu'il  fistees 
dernières  folies  et  entreprises,  que  toutefois  le 
Roy  les  vouloit  oublier  et  vous  avoit  encores 
depuis  peu  de  jours  écrit,  si  luy  ou  sa  femme 
vous  faisoient  rechercher  de    ceste  négocia- 


tion, que  lui  accordassiez  ce  qu'il  vous  avoit 
<\ -devant  demandé  et  que  satisfaisant,  de  sa 
part,  aux  conditions  qui  sont  mentionnées  par 
les  lettres  du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  que 
l'on  lui  enverrait  les  expéditions  et  seuretés 
pour  ce  nécessaires,  et  sur  la  fin  de  son  pro- 
pos et  ainsy  qu'il  prenoit  congé  de  moy,  il 
m'asseura  que,  si  tous  ne  voulaient  revenir 
par  deçà,  que  pour  le  moins  il  ramènerait 
une  douzaine  des  principaux,  des  plus  appa- 
reils et  de  ceux  qui  ont  le  plus  de  moyens 
auprès  dudict  comte  de  Monlgommery,  dont 
du  tout  je  vous  ay  bien  voulu  escrire  ainsy 
amplement  et  par  le  menu  et  comme  le  tout 
s'est  passé,  afïin  que  vous  assistiez  en  cela 
ceux  qui  s'en  retournent  à  ce  qu'ilz  s'asseurent 
et  asseurent  tous  les  autres  de  la  droicte  et 
sincère  volonté  du  Roy  monsieur  mon  filz  et 
de  nous  tous,  que  ce  qui  leur  sera  promis  par 
les  lettres  particulières  ou  générales  qui  leur 
seront  baillées,  comme  ilz  voudront,  leur  sera 
entièrement  tenu  sans  qu'il  y  soit  contrevenu 
aucunement.  Voilà  quant  à  ceste  affaire  que  je 
vous  prie  pousser  et  advancer  le  plus  qu'il  vous 
sera  possible,  affin  qu'elle  réussisse  bientost. 
Nous  attendons  aussi  de  bref  laresponse  dela- 
dicte  royne  sur  le  faict  de  l'entrevue'  et  avons 

1  Elisabeth ,  dans  une  audience  qu'elle  venait  de  don- 
ner à  La  Molhe-Fénelon ,  s'expliqua  sur  cette  demande 
d'entrevue,  et  voici  en  quels  termes  il  la  transmit  au  Roi  : 
rElle  m'a  respondu  que  Vostre  Majesté  et  la  Royne  vostre 
mère  ne  debviez  prendre  sinon  de  bonne  part  qu'elle 
eust  communiqué  à  ceux  de  son  conseil  l'offre  que  luy 
aviez  faict  de  l'entrevue,  affin  qu'elle  ne  procéilast  pas 
seule  en  une  affaire  où  tous  ceux  de  son  royaume  esloient 
intéressés  et  qu'après  avoir  ouy  leurs  advis,  elle  les 
avoit  trouvés  fondés  de  bien  grandes  considérations,  elle 
n'avoit  pendu  tout  leur  contredire,  mais  avoir  prinsavec 
eulx  cest  honorable  expédient  de  fairepréceder  le  voyage 
du  capitaine  Orsey,  affin  que,  si  M'  le  duc  avoit,  puis 
après,  à  passer  deçà,  sa  venue  l'ust  plus  agréable  à  tout  ce 
royaume  et  plus  utile  à  l'effect  pour  quoy  elle  se  faisoit; 
qu'elle  avoit  esleu  le  capitaine  Orsey  coume  affectionné 


■m 


LETTRES  DE  CATHEKINE  DE  MÉD1CIS. 


très  grande  espérance  qu'elle  sera  bonne,  co- 
gnoissanl,  comme  elle  peut  bien  faire,  la  bonne 
el  droicle  volonté'  de  laquelle  nous  procédons 
avec  elle  et  l'amitié  que  nous  désirons  forti- 
fier et  perpétuer  par  ce  moyen  entre  elle  et 
nous  et  nos  communs  subjetz;  qui  est  un  bien 
qu'elle  doit  autant  que  nous  pour  le  moins 
désirer,  comme  je  m'asseurc  que  vous  n'aurez 
rien  oublié  de  lui  faire  bien  cognoislre  et  à 
ses  ministres  envers  lesquelz  je  voudrais  bien 
que  l'on  usast  dès  à  ceste  heure  de  la  libéra- 
lité dont  vous  avez  souvent  escripl,  mais  il 
est  à  craindre  que,  si  les  choses  ne  viennent 
à  l'heureuse  fin  que  désirons,  qu'il  y  eut  de 
la  mocquerie.  Toutefois  nous  ne  nous  voulons 
pas  arreslcr  à  cela  et  n'y  plaindrons  rien , 
quand  nous  y  verrons  quelque  bonne  espé- 
rance; en  quoy  je  m'asseure  que  par  voslre 
première  dépesche  vous  nous  ferez  voir  clair. 
Cependant  je  vous  diray  aussi  que  le  sieur 
Dalle l,  ambassadeur  de  ladicte  royne2,  me  vint 
trouver,  il  y  a  quatre  jours,  en  ce  lieu  assez 
mal  à  propos  pour  luy  ;  car  il  esloit  venu  de 
Paris  où  la  traicte  est  assez  longue  et  s'y  en 

à  ceste  couronne.')  Et  en  terminant  elle  offrait  sa  média- 
tion pour  mettre  un  terme  au  siège  de  la  Rochelle.  (  Cor- 
respondance diplomatique  de  La  Mothc-Fénelon ,  I,  V, 
p.  356.) 

1  Voir  la  dépèche  de  Valentin  Dale  qui  rend  compte 
à  lord  Burghley  de  l'audience  qu'il  eut  de  la  Reine 
mère  le  98  juin.  (Calenâar  of  State  paperi,  1072-1573, 
p.  358.) 

2  Ce  qu'elle  ne  dit  pas,  c'est  que  Valentin  Dale  accom- 
pagnait le  nouvel  envoyé  d'Elisabeth,  le  capitaine  Edouard 
Horsey,  dont  les  instructions  portaient,  que  la  première 
condition  qu'elle  mettait  au  passage  du  duc  d'Alençon  en 
Angleterre,  c'était  qu'une  politique  plus  tolérante  hit 
suivie  à  l'égard  des  protestants,  et  que  le  siège  de  la 
Rochelle  lût  levé,  et  elle  offrait  au  besoin  sa  médiation. 
(Calenâar  of  Suite  papert,  1 5 7 S ,  p.  370.)  —  Voir 
également  la  lettre  de  Valentin  Dale  rendant  compte  à 
lord  Burghley  de  son  entrelien  avec  Catherine  (ibid., 
p.  377);  lettre  de  Horsev  au  même  (ibid.,  p.  375). 


retourna  coucher  après  le  disner  que  les 
inaistres  d'hostel  du  Roy  monsieur  mon  filz 
luy  avoicnl  fait  préparer.  Jecogneusbien  parce 
qu'il  me  dict  selou  sa  façon  de  parler  (qui 
n'est  pas  des  plus  dextres)  que  c'esloit  pour 
sçavoir  si  nous  avions  eu  des  nouvelles  de  la 
réduction  du  chasteau  de  Lislebourg  et  du 
faicl  de  l'entrevue.  Je  lui  dis  que  non,  mais 
que  nous  en  attendions  hientosl  pour  ce  que 
vous  deviez  avoir  audience  de  la  royne  sa  mai- 
liesse  sur  la  dépesche  que  nous  avions  faicte 
pour  ladicte  entrevue  dimanche.  Il  me  res- 
pondil  qu'il  en  avoit  eu  el  qu'il  s'asseuroit 
que  nous  en  aurions  bienlbst;  quesamaistresse 
vouloit  ledict  mariaige  el  nous  ainioit  bien 
fort,  et  aussi  qu'elle  s'approchoit  pour  ceste 
occasion  à  Douvres;  et  puis  me  demanda  des 
nouvelles  de  la  Rochelle  et  me  parla  du 
voyage  de  Flandres  du  comte  de  Monlgom- 
mery.  Je  le  satisfis  à  tout  cela  en  paroles  gé- 
nérales, lui  déinonstranl  toujours  comme  nous 
n'avions  pas  moindre  affection  à  sa  maistresse 
qu'elle  a  envers  nous  et  que  nous  désirions 
plus  que  nulle  autre  chose  fortifier  et  rendre 
perdurable  nostredicte  amitié  el  celle  d'entre 
nos  subjelz  cl  les  siens.  Voilà  tout  ce  que  j'ay 
à  vous  dire  pour  ceste  heure,  si  n'est  vous  prier 
ne  laisser  perdre  une  seule  occasion  de  tout  ce 
qui  pourra  servir  et  aider  audict  mariage,  car 
il  n'y  a  rien  en  ce  monde  qui  soil  plus  à  propos 
pour  elle  et  pour  nous,  ni  plus  honorable  pour 
les  deux  parties;  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 
Molhe-Fénelon,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Lezigny,   le  xxiiic  jour  de  juin 


1  r>  7  3 . 


Caterinb. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


23'J 


1573.  —  26  juin. 

Orig.  Iîibl.  liai,  fonds  français,  n"  i55."t8,  f°  Û3, 
A  MONSIEUR  MON  FILZ 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Monsieur  mon  filz,  la  recommandation  que 
vous  nous  avez  faicle  par  ce  porteur  en  faveur 
de  Ruzé  vostre  secrétaire  pour  luy  bailler  lestât 
de  secrétaire  du  Roy  vostre  frère  que  tenoit 
l'eu  Fontenay  naguères  déceddé  est  venue  si 
tard  que  desjà  ung  autre  l'avoit  obtenue,  et, 
bien  que  la  considération  feust  grande  de  ce 
coslé,  si  ese  que  si  cedict  porteur  feust  arrivé 
à  temps,  ledict  Ruzé  eust  sans  altendrc  davan- 
tage esté  satisfaicl  en  cest  endroit ,  comme  vous 
et  luy  le  désiriez,  ainsy  que  le  Roy  vostre  frère 
vous  escripl,  par  les  letlres  duquel  vous  verrez 
aussy  qu'il  a  fort  voluntiers  à  vostre  requesLc 
accordé  au  srde  la  Guichel'estat  de  capitaine 
de  cinquante  hommes  d'armes  que  lenoit  le  feu 
sr  de  Gobas,  tant  pour  sa  valleuret  mérite  qui 
nous  sont  bien  cogneuz,  que  pour  le  tesmoi- 
gnage  que  nous  rendez  encores  de  la  grande 
affection  qu'il  porte  au  bien  du  service  du  Roy 
vostre  frère,  dont  il  a  fort  bien  monstre  les 
effeclz  au  siège  de  la  Rochelle.  Me  rcmectanl 
à  la  lettre  du  Roy  vostre  frère  pour  prier  Dieu, 
Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Roullongne,  le 
xxvie  jour  de  juing  1573. 

Monsieur  mon  filz,  nous  avons  eu  responce 
de  la  reyne  d'Angleterre  sur  ce  qui  luy  avoit 
esté  escripl  pour  l'entrevue  d'elle  et  de  mon 
filz  le  duc  d'Alencon.  Nous  vous  en  envoyons 
le  double,  ensemble  de  la  dépesche  du  sr  de 
la  Mothe-Fénelon,  affin  que  voiez  le  tout  et  le 
faciez  veoir  à  vostredict  frère  le  duc  d'Alencon. 
Cependant  nous  résouldrons  par  deçà  ce  que 


se  devra  faire  pour  ladicte  responce,  dont  vous 

serez  tous  deux  incontinent  adverliz. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1573.  —  28  juin. 
Orig.  Arch.  dus  Mcclicis  à  Florence. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  tant  congneu  vostre  bonne 
volonté  en  mon  endroict  par  ce  que  vostre 
ambassadeur  m'a  dict  et  par  vos  lettres  que  je 
ne  douteray  jamais  que  par  effect  ne  me  la 
monslriez  toute,  mieulx  que  ne  l'espère;  car 
il  y  a  tant  de  raisons  pour  le  me  faire  croire 
que  je  n'en  suis  nullement  en  doubte  et  sur 
ceste  confiance  je  me  suis  mise  à  vous  escripre 
la  présente  pour  vous  prier  de  vouloir  croire 
le  sieur  de  Ferai,  ambassadeur  pour  le  Roy 
mon  filz  à  Rome,  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part 
et  vous  prie  que,  à  ce  coup,  je  cognoisse  pour 
effect  ce  que  je  m'en  suis  promise,  et  pour  ce 
que  je  m'en  asseure,  ne  vous  feray  la  présente 
plus  longue ,  me  remectant  sur  l'ambassadeur; 
je  feray  fin ,  priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte 
guarde. 

De  Paris,  ce  xxviu0  de  juin  i&73. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  29  juin. 

Orig.  Bil>!.  nat.  fonds  français,  n°  3a2&,  f°  98. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  MARQUIS  DE  VILL\RS. 

ADMIRAI.  DE  FRANCE  ,  LIEUTENANT  GENERAI.  EN  RUÏENNE. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  la  lettre  que  le 
Roy  monsieur  mon  fils  vous  escript  la  responce 
qu'il  vous  peult  faire  sur  vostre  lettre  du  vncm< 


240 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


du  présent  et  son  intention  sur  ce  qui  est  à 
faire  en  l'estcndue  de  voslro  gouvernement;  à 
quoy  je  sçay  que  vous  sçaurez  si  bien  satis- 
faire qu'il  n'est  besoing  de  plus  grande  recharge 
ni  recommandation  ;  de  quoy  aussy  je  me  dcp- 
porteray,  en  vous  priant  de  croire  que  en  ce 
qu'il  se  pourra  pour  vous,  je  tiendray  tousjours 
la  main  que  vous  soyez  recongneu  ainsy  que 
vous  méritez,  priant  Dieu  vous  avoir  en  sa 
sainte  et  digne  garde. 

Escript  au  cbastcau  de  Boullongne,  xxixeme 
jour  de  juing  1673. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterixe. 


1573. 


39  juin. 


Archives  de  lo  maison  de  Condé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Auniale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  ce  n'est  que  pour 
acconipaigner  celle  que  présentement  vous  faicl 
le  Roy  monsieur  mon  filz  et  prier  que,  comme 
vous  vous  estes  tousjours  demoustré  très  soi- 
gneux et  affectionné  en  tout  ce  qui  deppend  de 
son  service,  vous  y  veuillez  continuer  mesme- 
nient  en  ces  présentes  occasions,  cognoissant 
combien  il  est  nécessaire  que  vous  y  ayez  l'œil 
ouvert.  Priant  Dieu  qu'il  vous  ayt,  Monsieur 
de  Gordes,  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Boullongne,  le  xxix" 
jour  de  juing  1573. 

Cateiuxe. 
De  Neufville. 


1573.—  2  juillet. 

Orig.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n°  3au5.  f°  58. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMYILLE. 

Mon  cousin,  je  sçay  assez  les  pertes  qu'a 


supposées  Monsieur  l'évesque  d'Alby  depuis 
ung  an  et,  encores  que  je  tienne  pour  certain 
qu'elles  vous  sont  très  bien  cognues  à  cause 
que  vous  avez  tousjours  depuis  ledict  temps 
esté  sur  les  lieulx,  si  est-ce  que  pour  cela  je 
ne  laisseray  de  le  vous  recommander  et  vous 
prier  tenir  la  main  qu'il  s'en  soullaige  doresna- 
vantleplus  qu'il  sera  possible,  lui  assistant  de 
vostre  faveur  en  ce  qu'il  en  aura  besoing  et  en 
serez  par  Iuy  requis ,  vous  asseurant  que  le  plai- 
sir qu'il  recepvra  de  vous  en  cest  endroict  me 
sera  bien  fort  agréable.  Priant  Dieu ,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à    Paris,    le  ri™"  jour   de    juillet 
i573. 


Vostre  bonne  cousine, 


Caterine. 


1573.-  3  juillet. 

Orig.  British  Muséum,  n"  2i5o<),  f°  i. 
A  MONSIEDH  MON  FILZ 

LE  ROY  DE  POLOGNE. 

Monsieur  mon  filz,  maintenant  que  la  paix 
est  faicle1,  il  vous  fault  regarder  de  pourveoir 
à  deux  choses:  en  premier  lieu  d'assembler  les 
quatre  mille  soldatz  que  vous  debvez  mener 
en  Pologne  et  qu'ilz  soient  tout  pretz  pour 
eslre  embarqués,  quand  les  vaisseaiilx,  qui 
sont  nécessaires  pour  le  trajet  d'iceulx,  seront 
pretz,  qui  est  le  second  point  auquel  il  fault 
que  vous  regardiez  de  donner  ordre  avant  de 
partir  delà;  car  il  se  fault  servir  des  vaisseaiilx 

'  Le  28  juin,  Charles  IX  avait  écrit  à  son  frère  :  -Il 
fault  faire  la  paix;  si  nous  sommes  sages  ,  il  fault  la  faire. 
Je  vous  enverray  les  articles  sigués.n  (Bibl.  nat.,  fonds 
franc.,  n°  1 5558 ,  f  45.)  Voir  une  dépêche  du  7  juillet 
de  Valentin  Dale  à  lord  Burghley  [Calemiar  of  State  pa- 
pers,  i5/3,  p.  385);  lettre  du  duc  d'Anjou  au  Roi  pour 
la  capitidation  et  articles  accordés  (liilil.  nat.,  tonds  franc., 
n°  1 5558,  f°  59);  lettre  du  Itoi  au  duc  d'Anjou  [ibid., 
f°  64). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


241 


que  vous  avez  par  delà,  de  crainte  de  n'en 
point  retrouver  que  bien  difficilement  ailleurs. 
Touttefovs  Ton  y  fera  ce  que  Ton  pourra  pour 
en  recouvrer  en  Bretagne  et  y  emploierons  le 
sieur  de  Crenay  qui  est  gouverneur  de  Brest , 
qui  est  homme  fort  entendu  en  cela;  car  je 
vous  diray  encore  un  coup,  Monsieur  mon 
filz,  qu'il  est  très  nécessaire  que  ces  quatre 
mille  soldats  soient  partis  et  ernbarque's  de- 
dans le  douze  au  quinzième  du  mois  d'aousl . 
comme  nous  l'avons  escript  au  sieur  de  Val- 
lence.  Je  sçay  bien  qu'il  y  en  a  qui  seroyeut 
bien  ayses  y  faire  naistre  tant  de  difficultez 
que  vous  fussiez  contrainct  partir  sans  eulx, 
dont,  MonsieurmonfiIz,je  nesuisd'advis;car, 
encore  que  vous  ayez  esté  esleu  du  commun 
consentement  de  ceulx  du  pays  et  que  soyez 
de'siré  avecques  très  grande  affection,  et  d'a- 
vantage que  j'aye  espoir  que  vos  paroles  et 
proce'de's  audiet  pays,  y  estant  arrivé,  vous 
rendra  toujours  plus  aimé  et  craint,  toultefoys 
je  suis  d'advis  que  vous  n'aiez  tant  de  con- 
fiance en  tout  cela,  se  pouvant  changer  les 
cueurs  et  volontez  des  hommes,  que  vous  y 
vouliez  arriver  sans  ladicte  force,  laquelle  vous 
rendra  toujours  plus  craint  par  ceulx  qui 
n'auroient  bonne  intention  et  plus  respecté  d'un 
chascun. 

Peult-ctre  que  ceux  qui  vouldroient  re- 
tarder le  partemenl  des  quatre  mil  soldatz 
le  leroyent  en  intention  d'eu  avoir  la  charge 
et  de  s'en  prévaloir;  mais  il  ne  fault,  Mon- 
sieur mon  filz,  rien  changer  de  la  résolution 
que  vous  avez  prise;  car  vous  ne  pouvez  choi- 
sir personnage  qui  vous  soyt  plus  affectionné 
et  propre  pour  avoir  ceste  charge  que  le  sieur 
de  Bellegarde,  lequel  je  vous  prie  adviser  de 
ce  qu'il  fault  qu'il  fasse  de  son  costé,affin  que 
toutes  choses  sovent  prestes  dedans  le  susdict 
temps.  Vous  aurez  bientost  l'édict  de  panifi- 
cation que   nous  avons  faict  dresser.  Je  prie 

Cathew\e  de  Médicis. IV. 


Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en   sa 
saiucte  garde. 

Paris,  le  111e  jour  de  juillet  1673. 

Vostre  bonne  mère , 

Caterine. 


1573.  —  1 5  juillet. 

Copie.  Bibl.  nul.  fonds  français,  n°  1779a  ,  f°  108  v°. 
Imprimé  <lnus  [es  Aâditv  ru  mut  Mémoires  de  Gtutelnau  ,  I.  III .  p 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  je  vous  escrivis  il  y 
a  trois  jours  de  Dieppe  et  fis  entendre  comme 
j'eslois  allée  jusques-là  pour  donner  ordre1, 
comme  j'ay  faict,  à  ce  qui  est  nécessaire  pour 
l'embarquement  et  trajet  de  quatre  mil 
harquebusiers  que  le  roy  de  Polongne  mon 
filz  doibt  envoyer  en  son  royaume,  suivant  ce 
qui  a  esté  promis  eu  faisant  son  eslection;  et 
vous  priois  par  mesme  moyen,  comme  je  faictz 
encores,  le  faisant  entendre  à  la  royne  d'An- 
gleterre ma  bonne  sœur  et  cousine,  luy  dire 
aussy  que  je  ne  serois  pas  moings  ayse,  et  ne 
prendrais  peu  de  plaisir  à  faire  ordonner  ce 
qui  serait  nécessaire  pour  embarquer  mon 
filz  le  Duc,  si  Dieu  nous  avoit  fait  la  grâce 
que  les  propos  de  l'entreveue  et  du  mariage 
d'elle  et  de  luy  fussent  en  aussy  bons  termes 
que  je  désire.  Je  ne  vous  répéteray  rien  davan- 
tage de  tout  ce  qui  est  contenu  par  les  dé- 
pesches  de  mes  fils  le  Roy  et  le  roy  de  Po- 
longne pour  l'asseurance  que  j'ay  que  vous 
sçaurez  si  bien  user  envers  ladicte  royne 
d'Angleterre  des  persuasions  qui  sont  néces- 
saires   pour    lui   lever    et    oster    les    doutes 

1  Le  Roi  était  allé  s'établir  en  Normandie  à  Charte- 
val  pour  la  chasse  (Calendar  of  State papers,  iâ73-i573, 
p.  38y).  Voir  également  dans  le  Calendar  les  dépèches 
de  l'ambassadeur  Valentin  Dale  et  le  compte  rendu  d'une 
audience  que  lui  avait  donnée  Catherine  (p.  .S70,  878  , 
38i,382,385,  38g,  3gi,  3o3). 

3i 


IMPIUMEME     NATIONALE. 


242 


qu'elle  pourroit  avoir  du  passage  desdicts 
quatre  mil  harquebusiers, qu'elle  ne  feradiffi- 
culté  de  nous  envoyer  les  passeport?,  et  sauf- 
conduictz  mentionnés  es  lettres  de  mesdirtz 
filz,  ausquelles  je  me  remect  et  vous  prie,  pour 
la  lin  de  ceste  lettre,  continuer  tousjours  à  faire 
tout  ce  qui  vous  sera  possible  pour  le  faict  de 
Penlreveue  et  mariage  de  ladicte  royne  et 
mon  (ils  le  duc  d'Allencon,  ou  au  moins  que 
nous  puissions  voir  clair  en  la  volonté'  de  la- 
dicte royne;  priant  Dieu,  Monsieur  de  la 
Molbe,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Gai  lion,  le  xve  jour  de  juillet  1573. 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE,  DE  MÉD1GIS. 

tousjours  prince  zélateur  du  bien  et   conser- 


1573.  —  16  juillet. 

Copie.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n°  3a j3,  f°  28  r°. 

AUX  PRINCES  DE  LA  GERMANIE 
ET  AUX  ÉLECTEURS  DU  SAINT  EMPIRE1. 

Mon  cousin,  sur  l'occasion  de  ce  qui  s'est 
succeddé  beureusement  en  l'élection  du 
royaume  de  Poloigne  par  la  grande  grâce  et 
bonté  de  Dieu  en  faveur  de  mon  filz,  le  rov 
esleu  dudict  pays,  il  vons  a  voullu  dépescher 
le  président  Viart,  conseiller  et  maistre  des 
requestes  ordinaire  de  l'hostel  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  pour  vous  dire  et  fayre  entendre 
aulcuues  choses  de  sa  part,  l'ayant  accompa- 
gné pour  la  mienne  de  ce  petit  mot  pour 
vous  prier  de  croire  que  vous  ne  vous  trou- 
verez jamavs  trompé  et  l'asseurance  qu'il  luy 
a  baillé  charge  de  vous  donner  de  sa  bonne 
ri  entière  amitié,  ce  que  plus  hardiment  je 
vous  asseure,  pour  avoir  tousjours  congneu  en 
luy  une  particulière  inclination  à  avmer  les 
princes  et  Eslatz  de  son  empire,  laquelle  je  me 
promectz  bien  qu'il  gardera  et  se  monstrera 

1  C'est  une  circulaire  adressée  à  tous  les  princes  et 
('■lecteurs  <TAllema(jne. 


vation  de  Testât  général  de  la  chrétienté 
jusques  au  dernier  soupir  de  sa  vye,  et  quant 
à  moy,  ayant  telle  affection ,  j'espère  la  fayre 
congnoislre  en  toutes  les  occasions  qui  s'en 
pourront  présenter,  ainsy  que  vous  l'entendrez 
plus  particulièrement  dudict  président  Viart 
que  je  vous  prie  de  croyre  et  lui  adjouster  foy 
comme  à  moy  mesmes,qui  supplie  le  Créateur, 
mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript   à  Gaillon,  le  xvie  jour  de  juillet 
i573. 

CaTERINE. 
BrI'LART. 


1573.  —  17  juillet. 

Orig.  Bibl.   Dat.  fonds  Dupuy,  n°8oi,  f°  io5  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRESIDENT   ES    LA  COURT   DE  PARLEMENT  DE   PARIS. 

Monsieur  le  Président,  pour  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  et  mande  par 
ce  porteur  ce  qu'il  désire  que  faciez  encores 
pour  les  cent  mil  livres  de  don,  je  ne  vous  en 
faray  redicte  en  ceste-cy,  qui  ne  sera  que  pour 
vous  prier,  de  ma  part,  vous  employer  en 
cest  affaire  selon  le  bon  et  grand  moyen  que 
nous  sçavons  bien  que  vous  avez  parmy  ceulx 
qui  doibvent  accorder  lesdictes  cent  mil 
livres,  ainsi  que  cedict  porteur  vous  dira  plus 
amplement,  dont  je  vous  prie  le  croire  comme 
moy  mesme,  priant  Dieu,  Monsieur  le  Pré- 
sident, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Gaillon,  le  xvif'"""  juillet  1  5 7 •> . 

Caterine. 
I'invrt. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


2« 


1573.—  17  juillet. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3s35,  f"  8. 

A  MONSIEUR  LE  PRÉSIDENT  VIART, 

CONSEILLER    DC  ilOV   Ull>MLl  II    UO*    FILS 
ET   UAISTHE  DE  IlEîlL'ESTBS   ORDITUDE  DE  SOS    HOSTEL. 

Monsieur  le  Président,  vous  sçaurez  -bien 
juger  de  quelle  importance  est  l'affaire  qui 
vous  est  présentement  commis ,  auquel  il  fault 
que  vous  vous  conduisez  avec  toute  la  dexté- 
rité qu'il  sera  possible,  pour  bientost  cong- 
noistre  et  aprofondir  les  volunlés  des  princes 
avec  lesquelz  vous  aurez  à  négocier,  car  c'est 
chose  qu'il  fault  que  nous  sachions  inconli- 
nant  sans  qu'elle  tire  en  longueur.  Partant  il 
est  très  requis  que  vous  usiez  de  diligence  en 
vostre  voyage  et  que  vous  regardez  à  si  bien 
rendre  capables  ces  princes  de  la  sincérité  de 
l'intention  du  roy  de  Pollongne  mon  filz  et  de 
la  bonne  amitié  et  voisinance  avec  laquelle  il 
se  l'ait  estai  de  vivre  avec  eulx,  que,  en  pre- 
nant asseurance,  ils  ne  puissent  estre  d'ailleurs 
destournés  d'avoir  agréable  son  passage  par 
leur  pays;  à  quoy  nous  espérons  que,  estant 
bien  conduitz,  il  se  résouldront;  priant  Dieu, 
Monsieur  le  Président,  qu'il  vous  ait  en  sa 
garde. 

Escript  à  Gaillon,  le  xvneme  jour  de  juillet 
15731. 

Caterine. 
Brulart. 

1  La  veille,  Charles  IX  lui  avait  écrit  :  r L'estime  que 
le  roy  de  Poloigne  et  moy  faisons  de  vostre  prudence  el 
dextérité  pour  sçavoir  bien  Iraicter  et  négocier  les 
affaires  qui  vous  sont  connus,  a  faict  que  nous  vous 
avons  choisy  pour  vous  en  aller  en  Allemagne  vers  les 
princes  qui  sont  conlenuz  au  mémoire  et  instruction  qui 
vous  est  présentement  envoyé.  Bien  vous  recorderay-je 
une  chose  à  laquelle  il  fault  que  vous  preniez  soigneu- 
sement garde,  qui  est  de  vous  esclercir  ie  plus  avant  et 
le  plus  lost  que  vous  pourrez  de  la  volunté  desdietz 
princes  sur  le  faict  du  passaign  de  inondicl  frère  pour  me 


1573.  —  1 S  juillet. 

Arcbives  de  la  maison  «le  Condé, 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,parla  Lettre  que  vous 
escript  présentement  le  Roy  monsieur  mon  filz 
pour  respoudre  à  la  vostre  du  vrf  du  présent 
qu'il  a  recette,  comme  pour  autres  occasions  il 
vous  faict  entendre  sy  amplement  son  inten- 
tion que  je  ne  vous  en  feray  icv  aucune  redicle 
ny  plus  spécialle  recommandation  pour  l'elfect 
et  exécution  dicelle,  saichant  et  congnoissant 
d'assez  longtemps  la  dévotion  que  vous  portez 
au  bien  de  ses  affaires  et  service;  je  vous 
prieray  seullement  de  continuer  à  bien  faire 
et  croyre  que  je  seray  bien  aysc  que  je  vous 
puisse  par  effect  faire  congnoistre  le  désir  que 
j'ay  à  vostre  advancement  et  contentement, 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  vous  avoir 
en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Gaillon,  le  xvine  jour  de  juillet 
i573. 


-iATERI.NE. 


De  Neufville. 


donner  incontinent  advis  telle  quelle  vous  l'aurez  trouvée, 
à  mesure  que  vous  aurez  visité  quelq'ung  d'eulx,  n'avant 
riens  plus  à  craindre  en  cest  affaire  que  la  longueur  et 
dilaction  en  laquelle  possible  on  voudrait  tirer  les  choses. 
J'ay  pensé  pour  la  distance  du  lieu  ausquels  vous  aurez 
à  aller  de  vous  adjoindre  le  sieur  de  Harlay,  gentilhomme 
saige  et  advisé,  qui  sera  porteur  de  la  présente,  affin  que 
selon  que  vous  adviserez  ensemble  pour  mieux  advancer 
les  choses,  il  s'en  aille  vers  aucuns  des  princes,  pendant 
que  vous  serez  d'ung  costé  vers  les  autres.  Vous  prendrez 
le  truchement  Praillon  l'aisné  pour  aller  avec  vous,  et 
faudra  que  vous  regardiez  à  pourveoir  ledict  sieur  de  Harlav 
de  quelque  autre  que  soit  bien  fidelle,  comme  l'affaire 
le  mérite,  et  prenez  garde  que  la  lettre  de  seureté  pour 
le  passaige  de  mon  frère  soit  de  si  bonne  forme  que , 
soubz  quelque  couleur  que  ce  soyt,  luy  ny  aucun  de  sa 
compaignie  ne  puissent  estre  arrestez.»  (Bibl.  nal., 
fonds  français,  n"  3ai3,  P  7.) 


24'j 


'i'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1573.  —  20  juillet. 

Aul.  Hibl.  nat.  fonds  français,  n'  3a  J9  ,  f°  A3. 

AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS. 

Monsieur  mon  fils,  ayteut  tout  asteure 
avivée, je  trove  cet  porteur  qui  vient  de  là  au 
et  '  vostre  frère  et  par  se  qu'il  nie  mende  tju'il 
ne  sauret  aystre  ysi  que  dans  ouyt  jours ,  je  vous 
enn'é  voleu  avertir,  sachant  que  sériés  bien 
ayse  de  courir  un  cerf  à  Saint-Germayn ,  cet  que 
pouvés  aysement  fayre,  mes  que  soyés  samedi 
au  souyr  hà  Madryd,  ce  seré  asés,  et  que  me 
tenié  en  vostre  bonne  grase,  mes  que  je  vous 
voy.  Je  vous  dyré  que  l'on  ne  pcrt  temps  em- 
pêcher l'alaye2  de  vostre  frère  en  Pologne. 
Gondi  vous  yré  demayn  troverpour  savoyr  si 
ne  vous  plaist  pas  que  les  embasadeurs  vous 
aile  Irovermécredi  et  vous coureré  jeudi;  mes 
guardé  vous  de  vous  aycholfer  et  d'estre  ma- 
lade pour  l'honneur  de  Dyeu,  lequel  je  prie 
vous  conserver  en  bonne  santé  cl  longue  vye. 

De  ma  mayson  que  je  vous  foys  acoutrer, 

le  w  '    jour  de  joulet  157111,  à  quatre  heures 

après  mydi. 

Catf.rine. 


1573.—  a3  juillet. 

Aut.  Bibl,  Dat.  fonds  français,  n°  33i8.  I    h. 

A  MONSIEUR  BRULART, 

SECRETAIRE  D'ETAT. 

Brulart ,  je  vous  envoy  une  letre  pour  le 
Roy  mon  fils  cl  des  blanc-sins  du  roy  de 
Pologne  mon  fils  et  la  letre  que  l'i  ont  ay- 
cripte  les  Polonoys.  Yl  trove  très  bon  que 
envoyons  le  vidasme  du  Man,  asteure  sieur  de 
Rambulet.  Sa  serè  bien  fayst  que  le  Roy  le 
mende  pour  aystre  dimanche  hà  Bologne  où 
seré  le  Roy,  et  en  cetpendant  faytes  la  dépesche 

1  Au  et,  où  est. 
L'alaye,  l'allée. 


toute  preste  ,  et  luy  mendés  que  cet  pour 
envoyer  là,  afin  qu'il  donne  hordre  à  ses 
afayreset  qu'il  ne  demende  après  à  retourner; 
et  lui  mendé  que  ce  n'el  que  pour  aler  et 
venir,  afin  qu'il  ne  se  ayscuse;  et  à  tent  je 
prie  Dieu  vous  avoyr  en  sa  saincte  guarde. 

De  Paris,  le  xxnimc  joullet  1673. 

Festes  payer  cet  porteur. 

Catekhe. 


1573.  —  2.3  juiliel. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3as&,  p.  65 

A  MONSIEUR  DE  DANZAY. 

Monsieur  de  Danzay,  assez  longtemps  de- 
vant que  nous  eusmes  receu  voz  lettres  du 
xxvnicme  du  passé,  Casse  et  le  jeune  Mandat 
estoient  partiz  pour  vous  aller  trouver  de 
nostre  part  avec  lettres  aux  roys  de  Danemarch 
et  de  Suède  et  villes  maritimes  pour  les  prier 
de  permettre  et  accorder  le  passaige  des  gens 
de  guerre,  train  et  bagage  de  mon  filz  le 
roy  de  Pollongne  que  nous  envovons  en  son 
royaume,  et  nous  avons  par  eulx  si  avant 
esclaircy  de  nostre  intention  que  vous  vous 
trouverez  quasy  du  tout  satisfaict  à  ce  que 
désirez  par  vosdictes  lettres,  ausquellesle  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  respond  d'abondant 
que  je  ne  sçaurois  aucune  chose  adjouster,  si 
ce  n'est  que  nous  attendons  icy  dedans  deux 
jours  mondict  filz  le  roy  de  Pollongne  qui  l'ait 
son  entrée  par  les  villes  où  il  passe  comme  il 
vient  la  faire  fort  honorable  à  Paris,  pour  après 
préparer  son  partement  le  plus  tosl  et  com- 
modément que  faire  se  pourra.  Je  vous  diray 
aussv  que  nous  avons  donné  ordre  que  l'assi- 
gnation vous  soit  baillée  des  cinq  mille  livres 
qui  vous  sont  deuz,  vous  asseurant  que  l'in- 
tention du  Roy  mondict  filz  est  de  vous  bien 
et  favorablement  traicter,  comme  voz  services 
le  méritent  et,  de  ma  part,  j'y  tiendray  tous- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


•245 


jours  la  main,  mais  cependant  je  prie  Dieu 
vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxme  juillet  1573. 

Caterine. 


1573.  —  a 4  juillet. 

Copie.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366,  t°  387. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  vous  faict  bien  au  long  entendre  son  inten- 
tion ,  tant  sur  ce  qui  s'est  passé  avec  ceux  de  la 
Rochelle1  que  l'occasion  du  voyage  par  delà  du 
sieur  Louis  delà  Mirande;au  moyen  de  quoy , 
m'asseurant  que  vous  sçaurez  bien  et  soigneu- 
sement vous  conduire  en  tout  ce  qu'il  vous 
mande,  suivant  ce  qu'il  désire,  je  me  conten- 
teray  de  vous  prier  de  bien  considérer  ce 
qu'il  vous  escrit  touchant  le  voyage  du  roy 
de  Pologne  mon  filz,  affin  que,  vous  estant 
enquis  du  chemin  dont  il  vous  faict  mention'2, 
• 

1  «J'ai  accordé  la  paix  à  ceux  de  la  Rochelle,  écrivait 
le  même  jour  Charles  IX,  ianl  pour  eux  que  pour  tous 
autres  subjectz  de  pareille  conditions  qui  en  voudront 
jouir,  me  l'a\anl  demandée  avec  toute  humilité  et  dé- 
monstration de  me  vouloir  par  cy  après  estre  obéissants. 
Depuis,  ayant  envoyé  à  mon  frère  le  roy  de  Pologne 
l'édit  quej'ay  faict  dresser  sur  les  articles  accordés,  il  a 
esté  publié  en  ladicte  ville  et  en  mon  armée,  estans  venus 
par  devers  luy  les  habitaus  principaux  pour  luy  pré- 
senter les  clefs  de  la  ville  et  luy  faire  les  deues  submi- 
sions, comme  ilz  ont  faict  avec  toute  humilité  et  révérence. 
Le  roy  monsieur  mon  frère  les  receut  humainement,  les 
admonesta  de  recognoistre  par  bons  effects  d'obéissance 
et  fidélité  la  grâce  que  je  leur  faisois  et  me  donner  occa- 
sion de  la  continuer,  mais  accroistre  et  amplifier.  Aussi- 
lost  qu'il  eust  parachevé  ce  négoce,  il  s'est  acheminé 
pour  me  venir  trouver  et  est  jà  si  avant  que  j'espère  le 
revoir  en  bieji  peu  de  jours."  (Même  volume,  f°  280.) 

1  fLe  sieur  de  Montmorin,  ajoutait  Charles  IX,  a  esté 
dépesché  vers  l'Empereur  monsieur  mon  beau-père  pour 
luy  demander  passage  par  ses  terres  héréditaires  et  celles 
du  Saint-Empire,  ce  que  nous  espérons  qu'il  accordera 
volontiers,   veu   les  honnestes  propos  qu'il    m'a   tenus 


vous  nous  advertissiez  incontinent  de  ce  qu'en 
aurez  appris.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  du 
Ferrier,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escrit  à  S'-Germain-en-Laye ,  ce  xxiv0""'  jour 

de  juillet  1673. 

Caterise. 
De  Neufville. 


1573. 


29  J 


uillet. 


Archives  de  la  maison  de  Coade*. 
Comrauniqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  respond  si  amplement,  tant  à  ce  que 
luv  a  rapporté  le  sieur  de  Virieu  que  ce  qui  est 
porté  par  celle  que  luy  avez  escript  et  ce  qu'il 
a  veu,  par  la  coppye  de  la  requeste  qui  vous  a 
esté  présentée  par  ceulx  de  la  noblesse  et  autres 
de  la  nouvelle  oppinion  de  Daulphiné  que  je 
ne  vous  en  puis  rien  dire  davantage.  Je  vous 
prieray  seullement  de  vouloir  suivre  le  con- 
tenu en  icelle  et  tellement  exhorter  lesdicts  de 
ladicte  nouvelle  oppinion  qu'il  reçoivent  les  con- 
ditions portées  par  l'édict  de  pacification  dont 
vous  a  esté  envoyé  coppye,  ce  que  je  ni'a?seure 
qu'ilz  feront  et  que  je  désire,  affin  de  veoir 
toutes  choses  bien  remises  par  delà,  comme 
elles    sont  ailleurs.  Vous  userez  en  cela  de 

après  la  nouvelle  receue  de  la  conclusion  de  l'élection. 
D'un  autre  costé  nous  avons  aussi  dépesché  vers  aucuns 
des  princes  de  la  Germanie,  mesmement  vers  ceulx  sur 
les  terres  desquels  le  chemin  s'addonne  le  plus  courl 
ponr  mondict  frère,  affin  de  les  requérir  semhlablement 
de  luy  donner  ledict  passage  et  d'avoir  agréable  qu'il 
les  visite.  L'on  m'a  adverty  qu'il  y  a  un  chemin  par  les 
terres  des  Vénitiens  duquel  on  peut  passer  en  celles  du 
Grand  Seigneur  et  autres  princes  sans  entrer  en  celles  de 
mondict  beau-père  ny  de  ses  frères:  avertissez  moj  de 
ce  qu'il  faudrait  faire  pour  obtenir  ledict  passage,  et 
comme  il  s'y  faudrait  gouverner,  affin  que,  y  ayant  : 
d'heure,  la  choze  soit  d'autant  mieux  préparée,  en  cas 
que  l'on  en  eust  besoin,  ce  que  je  crois  qu'il  n'adviendra, 
s'il  plaist  à  Dieu.-'  (Même  volume,  p.  266.) 


-2  li  G 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


vostre  prudence  el  sagesse  accoustumées  et  me 
fierez  rcsponse  au  plus  tost  de  tout  et  avant 
qu'on  vous  renvoyé  iedict  sieur  de  Virieu; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Gordes,  qu'il  vous 
tienne  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escriptà  Paris,  le  xxix"  jour  de  juillet  1673. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1573.  —  3o  juillet. 

Orig.  Ribi.  nat.  fouds  français,  n°  3aoi,  f°  05  r°. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  je  vous  asseure  que  j'ay  esté 
infiniment  aise  d'entendre  la  résolution  que 
vous  avez  prinse  d'accompaigner  mon  filz  le 
roy  de  Polloigne,  lorsqu'il  partira  pour  aller 
en  son  roiaume  et,  pour  ce  que  son  parle- 
ment sera  asseurément  dans  le  temps  que  le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  mande,  j'ay  bien 
voullu,  mon  cousin,  vous  tesmoigner  parti- 
culièrement le  contentement  que  j'en  reçois, 
vous  priant  continuer  en  ceste  bonne  volunté 
de  laquelle  je  désire  voir  l'exécution  telle  que 
je  me  la  promets  de  l'affection  que  vous  por- 
tez à  l'honneur  et  grandeur  de  mondict  filz 
et  je  vous  asseure  que  j'auray  à  jamais  sou- 
venance du  service  que  vous  ferez  au  Roy  mon- 
dict sieur  el  filz  en  ce  faisant;  priant  Dieu, 
mou  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Bologne,  le  xxxc  jour  de  juillet 
i573. 

(De  sn  main.)  Mon  cousin,  je  vous  puis 
aseurer  que  à  son  arivée  le  roy  de  Pologne 
mon  filz  m'a  lest  antendre  le  contentement 
qu'il  avoyt  de  vous,  de  quoy  j'é  aysté  bien 
i  j  se  et  vous  enn'  é  volcu  aseurer. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1573.  —  Août. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  îoaio,  p.  laa. 
A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  j'é  reseu  vostre  letre  et  aysté 
bien  ayse  d'avoir  entendu  par  cet  porteur  que 
vostre  santé  ayst  hamendaye;  quant  à  nos  no- 
velles,  aylle  sont,  Dieu  mersis,  très  bonnes; car 
tous  mes  enfens  sont  ysi  de  retur  de  cet  mal- 
heureux voyage  de  la  Rochelle;  et  encore  que 
lé  chause  ne  souit  susédaye  '  comen  les  eu- 
sions  désiraye,  si  è-se  que,  Dieu  mersis,  yl 
i  a  un  commensement  de 'repos  qui,  j'espère, 
aveques  l'ayde  de  Dieu,  set  conserveré  et  le 
bon  hordre  que  le  Roy  cet  délibéré  y  mètre. 
Nous  attendons  ysi  les  embassadeurs  de  Po- 
logne, qu'espérons  y  seront  dan  ouist  au  dis 
jours  pour  après  reguarder  quel  chemin  el 
quant  mon  fils  leur  roy  viendré  et  poura 
partir.  Je  voldrès  que  vostre  santé  fust  asés 
bonne  pour  le  povoyr  venir  trover  avent  son» 
partement;  car  vous  n'aurés  jeamès  tent  de 
santé  et  de  contentement  que  vous  en  désire 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  3  août. 

Orig.  Bibî.  nat.  fonds  français ,  n°  3179,  f'  9  r°. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz 
n'ayant  de  vostre  part  aucunes  nouvelles  que 
vous  ayez  receu  les  articles  qui  ont  esté  ac- 
cordez pour  remettre  le  repos  en  ce  royaulme, 
combien  que  le  roy  de  Pollongne  monsieur 
mon  filz  les  vous  eust  envoyez  par  ce  porteur 
en  toute  dilligencc  ,  autant  de  l'édict  qui  en  a 
esté  faict  pour  le   communiquer  à  ceulx  de 

1  Ae  souil  susédatje,  ne  soient  succédé. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


247 


Nysmes  et  autres  qui  sont  de  leur  party,  suy- 
vantceque  le  Roy  mondict  seigneur  etfilzvous 
escript,  et  comme  je  m'asseure  que  vous  sçavez 
en  cella  coume  en  toutes  autres  choses  que 
vous  avez  manyées  jusques  icy  pour  son  ser- 
vice négotier  pour  faire  réuscir  son  intention, 
je  ne  vous  en  feray  aussi  par  ceste  lettre  plus 
grande  prière  ny  recoumandation,  me  con- 
tentant de  vous  asseurer  que,  ce  faisant,  vous 
luy  ferez  ung  service  qu'il  aura  bien  agréable, 
et  aussy  de  faire  cesser  les  difficultez  qui  se 
représentent  par  dellà  en  recouvrement  de 
ceste  somme  de  trente  six  mille  livres  et  d'y 
employer  toutes  les  raisons  et  moyens  que 
vous  y  penserez  devoir  servyr;  sur  ce  je  prye 

Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript    au    chasleau   de   Boullongne,   le 

me  jour  d'aoust  1673. 
Voslre  bonne  cousine, 

Catebine. 


m'asseurant  tant  de  vostre  bon  entendement 

et  dextérité  que  me  satisferez  en  cet  endroicl 

avec  le  bon  contentement  de  ceux  à  qui  ces 

perles  appartiennent,   de  quoy  je   vous  prie 

m'advertir  au  plus  tost.  Priant  Dieu  qu'il  vous 

ait,  Monsieur  du  Ferrier,  eu  sa  saincte  garde. 

Escript     au    chasteau    de    Boulogne,     le 

iiimc  jour  d'aoust  1673. 

Caterine. 


1573.  —  3  août. 

Copie.  Bibl.  nat.  foods  Colbert ,  n°  366,  f°  391. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  on  vous  a  fait  res- 
ponse  touchant  le  sieur  Fabrizio  de  Corrège 
pour  le  regard  des  cymetcrreset  aultres  choses 
que  vous  a  laissées  Mahumut,  le  Boy  mon  fils 
aura  très  agréable  que  vous  les  luy  envoyiez, 
à  la  première  commodité.  Quant  à  ces  perles, 
je  désirerais  certainement  les  avoir,  et  n'y 
plaindrais  pas  cent  escus  pour  chacune,  pour- 
veu  que  l'on  se  voulust  accommoder  aux  paye- 
mens,  et  que  l'on  se  conlentast  d'en  recepvoir 
ung  tiers  comptant,  aultre  tiers  six  mois  après 
et  l'autre  dans  aultres  six  mois,  ou  aultre  tel 
terme  que  vous  adviserez  pour  le  mieux. 
Ainsy,  Monsieur  du  Ferrier,  je  vous  prie  de 
regarder  si    c'est  chose    qui  se  puisse  faire, 


1573. —  12  août. 

Oiîg.  Arch.  du  Ministère  de  la  guerre. 

A  MONSIEUR  L'ABBÉ  DE  L'ISLE". 

Monsieur  de  Lisle,  le  Roy  monsieur  mon 
fils  et  mon  fils  le  roy  de  Pologne  vous  sçavent 
un  infini  bon  gré  de  la  compagnie  que  vous 
avez  faicte  jusques  icy  aux  ambassadeurs  Polon- 
nois  et  pouvez  bien  vous  asseurer  que  tant  de 
cela  que  de  la  peine  et  travail  que  vous  avez 
pour  la  conduitte  de  la  négociation  de  Po- 
logne, ils  reçoivent  un  si  grand  contentement 
que  vous  ne  le  seauriez  souhaiter  davantage 
pour  vostre  satisfaction,  dont  vous  vous  pourrez 
mieux  apercevoir  à  vostre  arrivée,  qui  sera, 
comme  j'espère,  dedans  peu  de  jours,  laquelle 
attendant  je  ne  vous  feray  la  présente  plus 
longue  que  pour  prier  Dieu  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  du  chasleau  de  Boullogne,  le 
xir"me  d'aoust  1673. 

Caterine 


1573.  —  ia  août. 

Imprimé  par  le  Père  Theiner  dans  la  Continuation  des  Annales 
de  Baronius ,  t.  I.  p.  36g. 

A  NOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  le  plaisir  et  contentement 

1   Gilles  de  Noaillcs. 


248  LETTRES  DE  CATHE 

que  Vostre  Saincteté  a  receu  de  la  création  et 
êslection  du  roy  de  Poullogne  nostre  très  cher 
el  très  aviné  lilz,  nous  a  esté  si  agréable  que 
nous  pouvons  dire  avec  vérité  que  la  démons- 
I ration  que  Vostredicte  Sainteté  a  faict  et  en 
|iuhlicq  et  en  particulier  de  l'aise  que  vous 
avez  eu  de  ladicte  êslection  nous  a  confirmé 
et  augmenté  le  plaisir  et  la  joye  que  nous  en 
avions  desjà  receu ,  estimant  que  telle  démons- 
tration extérieure  est  tesmoignage  de  la  faveur 
et  approbation  que  Dieu  el  Saincte  Eglise  ont 
faict  el  donné  à  telle  êslection,  laquelle,  tout 
ainsi  qu'elle  est  proceddée  de  la  volonté  di- 
vine ,  je  désire  pouvoir  servir  et  estre  employée 
à  l'honneur  de  Dieu,  manutention  de  l'aucto- 
rité  de  sa  Saincte  Église  Catholique  et  du 
Saint-Siège  Apposlolicque,  ne  désirant  rien 
tant  en  ce  monde  que  veoir,  durant  le  règne  des 
rois  mes  très  chers  et  très  aimez  enlïans  pros- 
pérer et  accroistre  la  religion  catholieque  et 
veoir  réduictes  soubz  l'auctorilé  et  obéissance 
d'icelle  toutes  les  nations  qui  s'en  sont  soubs- 
traictes,  affin  que  Dieu  soit  recongneu  et  sa 
Saincte  Église  Catholieque  Apostolicque  et 
Romaine  purgée  et  nettoyée  des  hérésies  qui 
l'ont  si  long  temps  travaillée,  dont  nous  le 
supplions  très  humblement;  et,  après  nous 
avoir  présenté  tant  et  si  affectueusement  que 
pouvons  noz  devoirs  et  très  affectionnées  re- 
commandations, maintenir  Vostre  Saincteté 
longuement  et  heureusement  au  régime  et 
gouvernement  de  Nostre  Saincte  Église. 

Donné    au    chasteau    de    Roullongne,    le 
xnemc  jour  d'aoust  1670. 

Vostre  dévote  fille,  la  royne  mère  du  Roy 
de  France. 

Caterine. 

ClIANTEREAU. 


RINE  DE  MEDICIS. 

1573.  —  13  août. 

Orig.  Arch.  de  Venise,  Lettres  des  rois  de  France,  n°  26. 
A  NOS  TRÈS  CHERS  ET  GRANDS  AMIS 

ALLIÉS  ET   CONFEDfcREZ 

LA  SEIGNEURIE  DE  VENISE. 

Très  chers  et  grands  amis  alliés  et  confé- 
dérez,  l'un  des  principaux  et  plus  grans  con- 
tentements qu'ayons  reçus  en  l'élection  qu'il 
a  plu  à  Dieu  estre  faite  de  la  personne  de 
nostre  très  cher  filz  au  royaume  de  Pollogne 
est  que  nous  voyons  que  les  gens  de  bien 
s'en  resjouissent  avec  bonne  et  sincère  affec- 
tion entre  lesquelz,  commis  n'avez  cédé  à  nulz 
autres  en  démonstration,  aussi  croyons  nous 
assurément  que  les  effetz  y  sont  conformes  et 
que  jamais  n'adviendra  à  ceste  maison  et  cou- 
ronne tant  d'heur  et  grandeur  que  vous  lui 
en  désirez  et  certainement,  s'il  nous  est  permis 
de  dire,  très  chers  et  grands  amis,  vous  en 
avez  bonne  et  juste  occasion,  parce  que  les 
rois  nos  très  chers  seigneurs  et  filz  non  seule- 
ment vous  aiment  et  estiment,  ains  honorent 
et  admirent  merveilleusement  pour  vostre  sa- 
gesse et  vertu.  Au  demourant  nous  référons  la 
louange  qu'il  vous  plaisl  nous  donner  à  vous- 
mesmes  qui  en  estes  fort  dignes  el  vous  re- 
mercions tant  et  si  affectueusement  que  faire 
pouvons  de  voslre  conjouissance  et  congratu- 
lation à  cause  d'icelle  élection  de  Pologne,  ne 
voulant  oublier  à  vous  faire  savoir  que  le 
sieur  Jehan-François  Morosini ,  l'un  de  vos 
gentilzhommes,  que  vous  avez  envoyez  par 
deçà,  s'est  très  bien  et  dignement  acquitté  de 
la  charge  que  vous  lui  avez  donnée,  comme 
aussi  nous  espérons  qu'il  fera  aussi  de  ce  que 
nous  l'avons  requis  de  vous  rapporter  de  nostre 
pari,  vous  priant  en  outre  croire  le  sieur  du 
Ferrier  comme  nous  mesme,  qui  supplions  le 
Créateur  vous  avoir,  très  chers  et  grands  amis, 
en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


249 


Escript  au  chasleaude  Bologne, le  xu' jour 
d'aoust  1573. 


Catbrine. 


De  Neufville. 


1573.  —  13  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  a°  3aoi,  f°  67  r\ 
A  MON  CODSIfl 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  vostre  dernière  lettre  du 
xxvie  juillet  a  retenu  le  parlement,  du  commis- 
saire Martin  présent  porteur  pour  vous  porter 
la  response  du  Roy  monsieur  mon  filz  sur 
icelle,  laquelle  il  vous  faict  telle  et  si  ample  que 
je  ne  scaurois  adjouter  aucune  chose,  sinon 
vous  prier  que,  si  ceulx  de  INismes  reçoivent, 
comme  nous  l'estimons,  ladicte  pacification 
à  l'imitation  de  Montauban ,  vous  regardiez  à 
nous  soullager  des  despences  que  nous  sup- 
portons à  l'entretènement  des  gens  de  guerre 
et  le  plus  tost  que  faire  se  pourra;  à  quoy  je 
m'asseure  que  vous  nous  satisferez  très  volon- 
tiers, conside'ranl  celle  qu'il  nous  fault  faire 
ailleurs,  priant  Dieu,  mou  cousin,  vous  avoir 
en  sa  garde. 

Escript  à  Bologne ,  le  xne  jour  d'aoust 
i573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  i3  août. 

Orig.  Arch.  du  Ministère  de  la  guerre,  t.  IH.  f°  467. 

A  MONSIEUR  LABRE  DE  L'ISLE. 

Monsieur  de  Liste,  j'ai  fait  entendre  à  ce 
porteur  et  baillé  par  mémoire  de  quelle  sorte 
il  sera  baillé  audience  aux  ambassadeurs  de 
Pologne  à  leur  arrivée,  ce  que  vous  pourrez 
faire  entendre  à  Monsieur  l'évesque  dePosnanie 
pour  satisfaire  au  désir  qu'il  a  de  le  sçavoir. 

Catherine  de  Médicis.  —  n, 


Quand  il  sera  arrivé,  il  sera  adverti  plus  am- 
plement de  la  façon  que  se  baillera  l'audience 
à  la  présentation  du  décret  de  l'eslection ,  qui 
sera  assez  à  temps  de  sçavoir  lors;  et,  pour 
l'espérance  que  j'ay  de  vous  voir  bientost,  je 
ne  vous  feray  la  présente  plus  longue,  sinon 
pour  vous  dire  que  le  Roy  monsieur  mon  fils 
permet  auxdicts  ambassadeurs  de  séjourner  un 
jour  en  tel  lieu  que  verrez  bon  eslre  avant  que 
d'arriver  en  ceste  ville,  selon  qu'ils  le  désirent, 
trouvant  que  Lagny  n'est  lieu  assez  commode 
pour  cela;  sur  ce  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ait 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xm  aousl  1673. 

Caterine. 

1573.  —  1 4  août. 

\reliives  de  la  maison  de  Coodé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumak*. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  vous  vous  estes  tous- 
jours  si  bien  acquitté  du  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  qu'il  n'est  point  de  besoing  de 
le  vous  recommander,  ny  moings  vous  advertir 
de  ce  que  vous  pensez  y  pouvoir  servir,  cela 
sera  cause  que  pour  la  response  de  vostre 
dernière  lettre  je  vous  remecteray  à  celle  du 
Roy  moudict  seigneur  et  filz ,  qui  vous  faict  en- 
tendre sa  vollonté  et  intention;  et,  n'estant  la 
présente  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu,  Monsieur  de 
Gordes,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xiur*  jour  daoust  1  573. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1573.  —  30  août. 

Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Communiqué  par  M.  le  duc  d'Aumale. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de   Gordes,  ce  n'est   que   pour 

3a 

lUlTIUF.IUE     ^ATIOIALE. 


250 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


accompagner  celle  que  présentement  vous  es- 
cript  le  Roy  monsieur  mon  lilz,  vous  suppliant 
de  vous  (le'monstrer  tousjours  aussi  soigneux 
et  affectionné"  à  ce  qu'il  vous  escript  pour  son 
service,  comme  aussy  faicts-je  à  présent;  par 
<|uoy,  estant  mon  intention  conforme  à  la 
sienne,  je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre, 
priant  Dieu  vous  avoir.  Monsieur  de  (îordes, 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxe  jour  d'aoust  1  573. 

C\TKRtNE. 

De  Neufville. 


1573.  —  32  août. 

Imprimû  dans  la  Correspondance  diplomatique  île  La  Mot'-.e-Fénelon, 
l.  VII,  p.  43o. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE- FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  ceste-cy  sera  pour 
vous  advertir  comme  les  ambassadeurs  Polo- 
nois,  qui  sont  douze,  suivis  de  deux  cents  gen- 
tilshommes, arrivèrent  mercredi  dernier  en 
ceste  ville  en  assez  bon  équipage,  au-devant 
desquels  feust  envoyé  la  maison  du  roy  de 
Pologne  mon  iilz  et  tousdes  princes  et  princi- 
paux seigneurs  qui  se  trouvèrent  en  ceste 
cour  pour  les  conduire  jusques  en  leurs  mai- 
sons K  Le  lendemain,  qui  l'eust  le  jeudy,  ilz 
désirèrent  que  l'on  les  laissast  reposer  en  leurs 
maisons,  pour,  le  jour  d'après  qui  estoit 
vendredy,  venir  saluer  le  Roy  monsieur  mon 
fils,  la  royne  ma  belle-Glle  et  moy,  ainsi 
qu'il  a  esté  fait  en  meilleur  ordre  et  équipage  ' 
qu'il  a  esté  possible,  ayant  fait  l'évesque  de 

1  Voir  dans  le  Cérémonial  français  de  Godefroy  le  récit  ! 
tir  l'entrée  des  Polonais  à  Paris.  Voir  Bibl.  nat.,  fonds  ! 
français,  n°  3a3o,  f°"  3,  A  et  10;  dépêche  de  l'ambas- 
sadeur Valentin  Dale  à  lord  Burglitev  (Calendar,  i'11'.i, 
p.  '107);  lettre  de  Charles  IX  à  M.  de  Ferais  (fonds 
français,  n°  i6o?io,  f  387);  de  Tliou,  Hist.  universelle, 
Iraducl.  franc.,  t.  VI,  p   (198. 


Posnanie,  qui  est  le  principal  de  ladicte  am- 
bassade, une  fort  belle  harangue  sur  l'occasion 
de  leur  venue.  Ce  jourd'huy  ilz  ont  faict  le 
semblable  à  l'endroit  de  mon  fdz  le  roy  de 
Poulogne  et  receu  la  plus  grande  joye  du 
monde  de  le  voir,  comme  il  a  faict,  de  sa 
part ,  de  se  voir  salué  d'une  si  belle  compagnie, 
qui  se  peut  dire,  au  jugement  de  ceux  qui 
l'ont  veue,  la  plus  honorable  et  mieux  en  ordre 
que  aultre  qui  se  soit  jamais  trouvée  en  ce 
royaulme,  ne  se  sentant  rien  que  de  toute 
courtoisie,  et  monstrant  beaucoup  la  gran- 
deur du  royaulme  dont  ilz  sont  venus  et  qu'ilz 
apportent  à  mondict  ûls,'  vous  laissant  juger 
quelle  joie  j'en  puis  recevoir  en  mon  cœur. 

H  s'est  trouvé  à  dire  deux  ambassadeurs 
en  ceste  dicte  compagnie,  à  sçavoir  :  l'un  qui 
estoit  beaucoup  demeuré  à  partir  après  les 
autres,  qui,  ayant  esté  arresté  en  Silésie,  au- 
près de  la  frontière  de  Pologne,  a  mieux 
aimé  ^'en  retourner  au  pays  après  avoir  esté 
mis  en  liberté,  pour  ce  qu'il  cognoissoit  bien 
qu'il  arriveroit  fort  lard  de  par  deçà,  que  de 
poursuivre  son  chemin;  l'autre  s'est  mis  par 
mer  avec  le,  sieur  de  Lanssac,  qui  n'est  encore 
arrivé.  Dans  peu  de  jours,  nous  espérons 
accomplir  toutes  choses  qui  dépendront  du 
fait  de  ladicte  élection  et  sera  faict  si  bon  et 
honorable  traiclement  aux  susdietz  ambassa- 
deurs et  à  toute  leur  suitte,  ainsi  qu'il  s'y  est 
bien  commencé  despuis  leur  arrivée  en  ce 
royaume,  qu'ilz  en  raporleront  tout  contente- 
ment; n'ayant  autre  chose  à  vous  dire  parce 
petit  mot  que  je  finirai,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  la  Mothe,  vous  avoir  en  sa  saincte  el 
digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxn""  jour  d'aoust  1  5 7 3 . 

CxTERIJiE.    ;' 

Rrui.art. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S.  251 


1573.—  a6  août. 

Orig.  Bib!.  oat.  fonds  français ,  3ao6,  f°  37. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  je  suis  très  ayse  de  ce  que 
vous  avez  résolu  accompagner  mon  fils  le  roy 
de  Pologne  en  son  voyage.  Je  vous  assure 
que  il  en  est  encore  plus  joyeux  que  moy. 
Partant,  je  vous  prie  pacifier  tellement  les 
affaires  par  delà  que  vous  soyez  prest  à  partir, 
quand  il  sera  temps,  de  quoyje  vous  adver- 
tiray  incontinent  et  pareillement  du  lieu  où 
vous  debvrez  rendre;  ayant  cependant  prié  le 
Roy  mon  fils  de  vous  l'aire  payer  de  vos  estatz, 
ce  qu'il  a  ordonné  très  expressément,  priant 
Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxvimc  jour  d'aoust. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  31  août. 

Orig.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  sçavez  assez  les  services 
que  mon  cousin  le  marquis  de  la  Chambre 
a  faicts  au  Roy  monsieur  mon  fils,  mesme  en 
la  lieutenance  de  votre  compaignie  de  cent 
hommes  d'armes,  laquelle  il  a  toujours  si 
bien  vertueusement  et  soigneusement  con- 
duicte  partout  où  il  lui  a  esté  ordonné  pour 
le  service  du  Roy  mondict  seigneur  et  fils,  que 
ledict  seigneur  et  moy  en  demeurons  très  bien 
satisfaicts  et  contens;  et  pour  ce  que  son  âge 
ne  permect  doresnavant  de  faire  ce  qu'il  a  cy- 
devant  faict  en  ladicte  charge,  et  qu'il  désire- 
roit,  comme  nous  faisons  aussi  singulliere- 
ment,  qu'il  vous  plaise  graltifier  et  pourvoir 


de  iadicte  lieutenance  mon  cousin  le  conte  de 
la  Chambre,  son  fils  aisné,  qui  est  maintenant 
au  camp  de  devant  la  Rochelle  près  de  mon 
fils  le   duc  d'Anjou,  je  vous  ay  bien  voulu 
escripre  la    présente  pour  vous   prier  avoir 
esgard  aux  services  que  ledict  marquis  de  la 
Chambre  a  faicts,  et,  en  faveur  d'eulx  et  aussi 
de  la  prière  et  requeste  que  je  vous  en  faictz, 
il  vous  plaise  pourveoir  de  ladicte  lieutenance 
sondict  fils,  et,  oultre  que  je  m'assure,  imi- 
tant sondict  père,  qu'il  se  sçaura  très  bien  ver- 
tueusement et  prudemment  acquicter  de  telle 
charge,  vous  ferez  en  ce  faisant  chose  qui  sera 
bien  fort  agréable  au  Roy  mondict  seigneur  et 
fils  et  à  moy,  qui  désire  et  vous  prie  aussi  par 
mesme  moyen  vouloir  pourveoir  le  seigneur 
de    Sallignv,   beau-fils   dudit  marquis  de   la 
Chambre,  de  l'enseigne   de  vostre  compai- 
gnie de   cent  hommes  d'armes  qui  est  vac- 
quante.  En  cet  endroict  je  prie  Dieu,  mon 
frère,  qu'il    vous  ayt    en  sa  très   saincte  et 
digne  garde. 

Escript  de  Fontainebleau,  le  dernier  jour 
d'aoust  167.3. 

(De  sa  main.)  Mon  frère,  je  vous  ay  bien  \o- 

leu  favre  cete  requeste  pour  eulx  pour  l'afection 

qu'il  vous  portent,  et  pour  aystre  neveu  d'une 

fille  de  Bologne  qui  me  lé  fest  vous  recomen- 

der,   et   aseurer   que   tout  cet  que   fayré  en 

leur  faveur,  je  le  réputeré  fayst  corne  à  moy 

mesme. 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine, 


1573.  —  Septembre. 

Aul.  Arrti.  nai.  cotlect.  Simancas ,  K  i53a  .  n°  68. 

A  MONSIEUR  MON  FILS 
LE  ROY  CATOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  je  né  voleu  l'allir,  par 
cete  dépesche  que  le  Roy  vostre  frère  fayst  à 

3a. 


252 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


son  embasadeur  pour  lui  demander,  en  son 
non  et  du  roy  élu  de  Pologne  son  frère,  pa- 
sage  par  vos  péis  pour  ledist  roy  éleu  en 
Pologne  mon  fils,  vous  fayre  la  présanle  pour 
en  prier  Vostre  Majesté  lui  acorder  en  cas  qu'il 
an  ave  afayre  et  ausi  pour  lui  fayre  entendre 
l'ayse  que  j'é  reseu  d'avoyr  entendu  qu'il  a  pieu 
à  Dieu  donner  ha  Vostre  Majesté  encore  un 
lils,  corne  je  fayré  tousjour  de  me  réjouir  de 
toutes  ces  félisilé  et  prospérité,  m'aseurent  que 
Vostre  Majesté  n'an  rcsoy  moyns  de  cet  qu'il 
pies!  à  Dieu  fayre  pour  nous  et  cete  coronne 
corne  de  cete  élection  qu'il  a  pieu  à  Dieu  fayr 
fayre  en  la  personne  du  roy  à  présanl  ayleu  de 
Pologne ,  se  povent  asuré  Vostre  Majesté  qu'elle 
l'auré  dé  beaufrères  de  qui  ayle  ce  peult  pro- 
mettre tout  amitié  et  fraternité,  cornent  si 
cétoynt  ces  propres  frères;  en  quoy  m'aseure 
que  Vostre  Majesté  leur  corespondera ,  cet  que 
je  prie  à  Dieu  que  de  tous  les  coûtés  cete 
amitié  soint  augmentée  et  conservaye,  coine 
le  désire  pour  un  dé  plus  grent  bien  que 
ceroyt  avoyr1 

Vostre  bonne  scur  et  mère, 

CaTERINE. 


1573.  —  9  septembre. 
Copie.  Bibl.  nal.  Cinq  cenLi  Colbert.  n°  :i6G  ,  p.  3  ici. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
tilz  a  délibéré  de  ne  pourveoir  et  résouldre 
les  affaires  de  la  Mirande  jusques  à  ce  que 
nous  avons  eu  nouvelles  de  ce  qui  sera  sur- 
M'iiu  par  delà  depuis  l'arrivée  du  sieur  Louis'2, 

'  Elle  ('cril  dans  les  mêmes  ternies  à  la  reine  d'Espagne. 
Même  carton,  n"  Gg.) 

!  Une  lettre  du  nouveau  roi  de  Pologne  accompagne 
celle-d.  (Même  volume,  f'  3'io.)  De  son  coté,  Charles  IX 
ajoutait  :  «Combien,  Monsieur  du  Ferrier,  que  l'Empe- 
reur et  les  princes  de  la  Germanie  ayenl  annoncé  passe- 


auquel,  comme  vous  sçavez,  fut  donné  congé 
d'y  aller.  Cependant  il  vous  escript  négocier 
avec  ces  seigneurs  le  passage  de  mon  fils  le 
roy  de  Polongne  par  leur  ville,  terres  et  pays, 
et  luy  en  envoyer  incontinent  les  seureltés 
nécessaires;  à  quoy  je  vous  prie  vous  y  em- 
ployer à  bon  escient,  et  n'y  oublier  aulcune 
chose  qui  puisse  accrocher  ou  différer  le  pas- 
sage libre,  et  nous  envoyer  au  plus  tost  que 
vous  pourrez  par  homme  exprès  les  dépesches 
que  vous  en  obtiendrez,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur du  Ferrier,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  n8  jour  de  septembre 
i573. 

Caterine. 


1573.  —  g  septembre. 

Orig.  Archives  de  Matiloue. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MANTOUE'. 

Mon  cousin,  oultre  que  vous  témoignez  par 

port  et  sauf-conduit  au  roy  de  Pologne  mon  frère, 
loulesfois,  estant  irrésolu  du  chemin  qu'il  tiendra  et, 
ayant  très  grande  confiance  en  l'affection,  amitié  et 
bonne  volonté  des  seigneurs  de  Venise,  lesquelz  ont  faict 
offrir  par  leur  ambassadeur  par  plusieurs  fois  sur  ce  sujet 
de  ce  passage  tout  ce  qui  est  en  leur  pouvoir,  j'ai  ad- 
visé  de  leur  faire  demander  passage  par  leur  ville,  terres 
et  pays,  au  moyen  de  quoy  je  leur  escris.»  (Même  volume, 
p.  338.) 

'  De  son  côté,  la  jeune  reine  de  Navarre  (Marguerite 
de  Valois) écrivait  au  duc  le  i3  septembre:  «Mon  cou- 
sin, j'ay  veu  par  vostre  lettre  du  m  du  mois  passé, que 
m'a  rendue  le  sieur  Caries  de  Gonzague  vostre  parent,  la 
continuation  de  vostre  bonne  volonté  envers  moy.  laquelle 
m'a  esté  plus  particulièrement  tesmoignée  par  sa  bouche 
et  mesme  par  la  démonstration  que  vous  me  faictes  de 
l'aise  qu'avez  senti  de  l'élection  du  roy  de  Poloigne  mon- 
sieur mon  frère,  de  quoy  je  ne  venlx  oublier  de  vous 
faire  un  bien  affectionné  remerciement  en  vousasseuranl , 
mon  cousin,  que  j'ay  autant  chère  ceste  bonne  affection 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


253 


vostre  lettre  du  111e  du  passe'  la  bonne  volonté 
et  affection  que  vous  portez  au  Roy  monsieur 
mon  filz  et  à  nous,  tous  les  honnestes  et  gra- 
tieux  propos  que  le  sieur  Carie  de  Gonzague 
nous  a  tenus  de  vostre  part  nous  en  ont  donné 
tant  de  confirmation,  mesmement  de  l'aise 
que  vous  avez  receu  de  l'élection  de  mon  filz 
au  royaume  de  Pologne  que  je  ne  veulx  faillir 
à  vous  en  remercier  et  vous  asseurer  que,  pour 
la  bonne  volonté  et  affection  que  vous  avons 
et  au  bien  de  vostre  maison,  nous  recep- 
vrons  toujours  plaisir  et  contentement  de  tout 
le  bien  et  prospérité  qui  vous  pourrait  advenir, 
comme  vous  dira  plus  au  long  le  sieur  de 
Gonzague,  sur  lequel  me  remectant,  je  prieray 
Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  ixe  jour  de  septembre 


i573. 


Vostre  bonne  cousine, 


Caterink. 


1573.  —  17  septembre. 
Copie.  BiLl.  nal.  Cinq  cents  Colbert,  n°  306 ,  p.  370. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  si  le  Roy  mon  fils  eut 
estimé  que  l'allée  du  sieur  Louis  par  deçà  eust 
produit  ce  qui  est  advenu,  il  ne  luy  eut  permis 
de  s'y  en  retourner;  car,  encore  que,  les  choses 
estant  succédées  comme  elles  ont  faict,  il 
semble  que  la  comtesse  doibve  estre  excusée , 
comme  de  faict  je  l'excuse  pour  mon  regard1, 

et  amitié  que  je  recognois  en  vous,  comme  de  bon  cœur 
je  désire  faire  chose  par  deçà  qui  vous  soit  agréable;  en 
quoy  je  m'emploierai  toujours,  s'offrant  l'occasion,  avec 
la  mesme  volonté  avec  laquelle  je  me  recommande  à 
vostre  bonne  grâce  et  que  je  prie  Dieu  vous  donner, 
mon  cousin, en  santé  ce  que  plus  désirez. n  (Archives  de 
Mantoue.) 

1  Charle9  IX  écrivait  à  du  Ferrier,  le  même  jour  : 
s  Pour  le  regard  des  affaires  à  la  Mirande ,  il  me  déplaist 
prandement  de  quoy  les  choses  en  sont  passées  si  avant 


touttefois   c'eust  esté  beaucoup  le    meilleur 
qu'elles    ne    fussent  passées    si    avant.    Vous 


que 


la  comtesse  ait  esté  contraincte  faire  la  déclaration 
qu'elle  a  faicte,  et  eusse  désiré  que  le  9ieur  Louis  se  fust 
si  bien  et  fraternellement  entendu  avec  elle  qu'ilz  eussent 
vescu  en  amitié  et  concorde,  et  croy  véritablement  que 
le  souvenir  des  déporlemenls  du  sieur  Louis  durant  qu'il 
estoit  en  ladicte  ville  de  la  Mirande  est  cause  de  tout  le 
mal ,  et  davantage  n'ayant  esté  les  choses  amendées  par 
la  venue  des  dames  de  Randan  et  signora  Livia,  comme 
l'on  se  prometloit,  ce  qui  m'avoil  autant  esmeu  de  per- 
mettre audict  sieur  Louis  retourner  par  delà,  m'ayant 
aussi  promis  de  se  conduire  et  gouverner  entièrement  par 
vostre  conseil.  Or  la  pierre  en  est  jetée  et  croy  asseuré- 
ment  qu'il  sera  bien  difficile  que  ladicte  comtesse  reçoive 
ledict  sieur  Louis  pour  compagnon,  voire  aucunement 
en  ladicte  ville,  ne  aussy  qu'il  se  puisse  se  commander 
jusques  là,  s'il  y  estoit  une  fois,  que  de  vivre  et  se  com- 
porter plus  tranquillement  qu'il  a  faict;  au  moyen  de 
quoy,  il  se  fault  résouldre  au  party  le  plus  utile  pour  la 
conservation  de  Testât  en  faveur  du  comte,  et  de  la  pro- 
tection que  j'en  ay   prise,  joint   qu'il  semble   que  la 
raison  face  pour  ladicte  comtesse,  laquelle,  estant  mère  et 
tutrice  de  sesenfans,  à  bon  droit  doitavoirplus  de  soing 
de  ce  qui  leur  appartient  que  nul  autre,  et  sera  toujours 
en  tel  cas  préférée  à  tous  autres.  Il  est  seulement  question 
de  donner  en  ce  faict  quelque  occasion  de  satisfaction 
audict  sieur  Louis  et  à  ses  sœurs,  affin  qu'ilz  n'ayent  à  se 
plaindre  qu'ilz  ayent  esté  entièrement  délaissez;  car  de 
pourvoir  à   la  sûreté  de  ladicte  ville  de  la  Mirande  au- 
trement qu'à  l'amiable  avec  ladicte  comtesse,  il  ne  se 
peut,  estant  maislresse  de  ladicte  ville  et  du  chasteau,  et 
n'ayant  faulte  d'amis  pour  s'y  maintenir,  joint  qu'il  ne 
faut  nullement  douter  de  sa  fidélité,  mais  se  tenir  pour 
asseuré,  que,  très  sage  et  avisée  qu'elle  est,  elle  voudra 
que  ladicte  ville  soit  conservée  sous  ma  protection,  ayant 
depuis  cette  déclaration  admis  à  la  garde  dudict  chas- 
teau les  soldats  françois  avec  les  italiens,  chose  que  ledict 
sieur  Louis  avoit  résolu  ne  consentir  jamais,  comme  il 
m'avoit  dicl  à  son  parlement.  Pour  la  satisfaction  du  sieur 
Louis  et  de  sa  sœur,  je  désire  que  ladicte  comtesse  se 
contente  que  le  capitaine  Nicolo  Losco  demeure  par  pro- 
vision en  ladicte  ville,  comme  chargé  de  prendre  garde 
près  de  la  comtesse  à  la  seureté  et  conservation  d'icelle.» 
(Même  volume,  p.  365.) Voir  la  réponse  de  du  Ferrier  à 
cette  lettre  (  16  id.,  p.  398  Jet  celle  du  18  octobre  (p.  38a) 
lui  annonçant  que  la  comtesse  n'avait  pas  voulu  recevoir 
le  sieur  Louis. 


25* 

verrez  ce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
en  escrit  et  suis  bien  aise  de  vostre  advis  qu'il 
faut  que  le  frère  et  les  sœurs  s'en  retournent 
par  deçà  ;  mais  aussy  je  de'sirerois  quelles  fus- 
sent bientost  suivies  du  comte  de  la  Mirande; 
à  quoy  vous  mettrez  poyne  de  faire  condes- 
cendre ladicte  comtesse,  afin  que  le  comte 
preigne  sa  nourriture  au  lieu  où  ses  pères  se 
sont  bien  trouvés  de  l'avoir  eue.  Je  prie  Dieu, 
Monsieur  du  Ferrier,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xv..mc  jour  de  septembre 

i573. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  prendray  les  cent 
cinquante  et  une  perles  dont  vous  avez  arresté 
le  prix  à  cent  escus  l'une ,  payables  en  un  an. 
Pour  ce  faire,  je  vous  envoyeray  au  plus  tost 
l'obligation  d'Âdjaceto,  avec  lequel  j'en  suis 
tombée  d'accord.  Si  vous  y  pouvez  gaigner 
quelque  chose  au  prix,  vous  me  ferez  plaisir 
et  m'en  advertirez. 

Cater™e. 
De  Neufville. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1573. — 21  septembre. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3178,  P  au. 

A  MONSIEUR  D'HUMIÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  j'ay  esté  très  aise 
d'entendre  de  mon  cousin  le  duc  de  Longue- 
ville  que  soiez  maintenant  près  de  luy,  m'as- 
seurant  que  vostre  présence  par  delà  pourra 
grandement  servir  au  bien  des  affaires  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  y  estans  les  choses 
disposées  en  Testât  que-  vous-mesme  pouvez 
juger  et  espérer  que,  pendant  que  mondict 
cousin  sera  assisté  de  vostre  bon  conseil,  le 
Roy  mondict  seigneur  et  filz  se  peult  asseurer 
que  toutes  choses  se  succéderont  à  son  conten- 
tement;  au   moien   de   quoy,    Monsieur   de 


Humières,  je  vous  faicts  ceste  lettre  pour  vous 
prier  demeurer  encores  pour  quelque  temps 
près  de  mondict  cousin;  et,  maintenant  que 
vostre  présence  y  est  plus  que  nécessaire  que 
jamais,  ne  vous  lasser,  mais  continuer  ainsy 
que  vous  avez  faict  jusques  à  ceste  heure, 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Humières,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxiemo  jour  de  septembre 
i573. 

Caterine. 

De  Neufville. 


1573.  —  23  septembre. 

Copie.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n"  3aa4,  f  66. 

A  MONSIEUR  DE  DANZAY. 

Monsieur  de  Danzay,  en  attendant  que  nous 
vous  renvoyons  vostre  homme,  nous  avons  ad- 
visé  vous  faire  ceste  lettre  pour  accuser  récep- 
tion de  vos  lettres  et  pour  vous  envoyer  le 
double  de  celles  que  les  Roys  messieurs  mes 
enfans  escripvent  au  roy  de  Danemark  sur  ce 
qu'il  a  respondu  à  la  demande  qu'ilz  luy  ont 
faicte  du  passaige  de  ses  Estatz  \  porlz  et 
havres,  afin  que  vous  sachiez  le  langaige  que 
vous  avez  à  luy  tenir  sur  ce  faict,  quand  il 
viendra  à  propos.  Vous  verrez  au  demourant 
par  la  lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz  comme 

1  Si  Catherine  s'inquiétait  tant  du  passage  de  son 
fils  le  roi  de  Pologne,  c'est  qu'elle  se  défiait  à  bon 
droit  du  mauvais  vouloir  des  Espagnols.  Mondoucet  écri- 
vait de  Bruxelles  à  Charles  IX,  le  97  septembre  :  <•  Le- 
duc d'Albe  est  venu  de  luy-mesme  tomber  fort  à  propos 
sur  le  voyage  du  roi  de  Poullogne  et  me  demander  des 
nouvelles  dont  je  lui  ay  bien  et  expressément  déclaré  ce 
qui  en  est  contenu  en  substance  par  vostre  dernière 
dépesebe  et  le  jugement  qui  s'en  faisoit,  le  répétant  par 
deux  fois  pour  en  sentir  son  opinion.  Il  ne  m'a  jamais 
respondu  ung  seul  mot,  monstrant  en  son  visage  une 
continuation  de  ses  mauvaises  volontez.  Je  sçay  qu'il 
n'oublie  rien  pour  traverser  ce  passage.»  (Bibl.  nat.. 
fonds  français,  n°  i5i a5,  f  126. ) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS 
la  présentation  des  dernières  '  faicte  par  les 


255 


ambassadeurs  Pollonois  et  l'acceptation  qu'en 
a  faicte  le  roy  de  Pollongne  mondict  sieur  et 
filz  ont  esté  avec  belle  et  grande  cérémonie, 
et  que  l'entrée  d'icelluy  roy  de  Pollongne 
mondict  sieur  et  filz  en  ceste  ville  a  esté  avec 
grande  magnificence  2,  qui  me  gardera  vous 
en  dire  davantage,  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Danzay,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxiim0  septembre  i&73. 

Cateri\e. 


1573.  —  22  septembre. 

Archives  de  la  maison  de  Condé. 
Commuuiqué  paj-  M.  le  duo  d'Auuiale. 

A.  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Gordes,  j'ay  sceu  par  vos  lettres 
du  xxvie  aoust  et  nu"  jour  du  présent  la  ré- 
solution que  vous  aviez  priuse  d'aller  coinbatre 
ceulx  de  la  religion  de  Daulphiné,  de  laquelle 
néantmoins  vous  avez  esté  desnué  au  moien 
de  la  trefve  que  mon  cousin  le  mareschal 
Dampville  leur  a  accordée  pour  tout  ce  mois, 
ensemble  la  responce  que  vous  avez  faicte  à 
leur  requeste,  sur  toutes  lesquelles  choses  le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  faict  particuliè- 
rement entendre  le  contentement  qui  luy 
demeure  de  voz  actions  et  l'espérance  en 
laquelle  nous  sommes  de  mectre  fin  aux  trou- 
bles de  delà,  qui  me  gardera  de  m'en  estendre 
icy  davanlaige  que  pour  prier  le  Créateur, 
Monsieur  de  Gordes,  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxne  jour  de  septembre 
i5733. 

Caterine. 
Fizes. 

1  Les  lettres  concernant  l'élection. 

1   Voir  Godefroy,  Cérémonial Jrançois. 

'  Voir  une  lettre  de  M.  de  Gordes  à  M.  d'Hautefort, 


1573.  —  22  septembre. 

Orig.  Arcli.  des  Médicis  à  Florence,  daila  filza  £736, 
nuova  numerazione ,  p.  3^5. 

A  MON  C0DS1N 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  par  la  lettre  que  vous  m'avez 
escripte  du  vingt- huitiesme  du  passé,  j'ay 
entendu  le  déplaisir  et  la  peine  où  vous  avez  esté 
de  la  malladie  de  mon  filz  le  duc  d'AHençon1, 

du  22  septembre,  dans  laquelle  il  lui  fait  savoir  :  que 
Mootbrun  et  ses  adhérents  n'ont  pas  voulu  accepter  la 
paix;  qu'au  contraire  il  vent  aller  trouver  le  Roi  et  qu'il 
exige  des  contributions  pour  la  nourriture  de  ses  gens 
de  guerre;  que  lui  de  Gordes  licencie  les  siens;  que 
Lesdiguières  dit  que  le  pays  leur  est  très  avantageux  et 
qu'ils  pourront  y  rester  en  attendant  de  voir  s'ils  rece- 
vront redit  de  pacification.  (Bibl.  nat.,  fonds  français, 
n"  i5558,  f  102.) 

1  Au  mois  d'août ,  le  duc  d'Alençon  tomba  très  gra- 
vement malade,  juste  an  moment  où  l'ambassadeur 
d'Angleterre  prévenait  officiellement  Charles  IX  et  Ca- 
therine que  la  reine  sa  maîtresse  devait  se  rendre  à 
Douvres  le  1"  septembre  et  y  séjourner  sept  jours, 
ce  qui  permettrait  au  duc  d'aller  la  voir,  si  cela  lui 
plaisait.  Le  18  août,  le  Roi  écrivit  que  son  frère  n'était 
pas  encore  en  état  de  sortir  de  son  logis  de  quinze 
jours.  La  reine  n'ayant  rien  changé  à  son  projet  de  séjour 
à  Douvres,  Catherine  et  Charles  IX  jugèrent  à  propos 
d'envoyer  M.  de  Retz  en  Angleterre.  On  comptait  snr  son 
habileté  pour  dissiper  toutes  les  défiances  soulevées  par 
la  Saint-Barthélémy  et  pour  démêler  les  véritables  inten- 
tions d'Elisabeth  sur  le  fait  de  l'entrevue. 

De  Retz  emportait  la  lettre  du  duc  d'Alençon  pour  la 
reine  Elisabeth,  que  voici  : 

«Madame,  ne  me  pouvant  la  grande  maladie  qui  m'est 
survenue  permettre  à  ceste  heure  de  vous  escripre  une 
lettre  de  ma  main  et  encores  moins  d'accomplir  de  mon 
costéoostre  entrevue  quej'aytousjours  tant  désirée, «OEome 
je  fais  encore  maintenant,  j'ay  prié  mon  cousin  le  comte 
de  Retz,  mareschal  de  France,  qui  s'en  va  par  deçà  vers 
vous,  vous  rendre  tesmoignage  du  desplaisir  que  j'en  ay 
et  vous  dire  là-dessus  et  sur  la  sincérité  de  mon  amitié 
etaffeclion  en  voslre  endroict  plusieurs  choses,  desquelles 
je  vous  prie  le  croire  et  luy  adjousler  foy  comme  à  moy 
mesmes,  qui  supplie  le  Créateur,  après  voue  avoir  bien 


256 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


et  du  désir  que  vous  avez  d'entendre  des  nou- 
velles de  sa  convalescence  et  de  sa  santé',  en 
laquelle  il  est  à  pre'sent  entièrement  remietz, 
grâces  à  Dieu,  dont  je  vous  ay  bien  voullu 
advertir,  affin  que  tout  ainsi  que  vous  avez 
receu  desplaisir  de  son  mal,  vous  ayez  aussi 
plaisir  d'entendre  les  nouvelles  de  sa  guérison. 
Et  seroys  bien  aise  d'entendre  le  semblable  de 
celle  de  mon  cousin  le  grant-duc  voslre  père, 
la  disposition  duquel,  ainsi  que  j'ay  veu  par 
vosdicles  lettres,  n'est  pas  telle  que  vous  et 

affectueusement  baisé  les  mains,  qu'il  vous  ayt,  Madame, 
en  sa  dès  saincte  et.  digne  garde. 

ccEscripl.  à  Paris,  le  xxim"  jour  d'aoust  1 5 7 3 . n 

A  cette  let  tre  Elisabeth  répondit  :  n  Monsieur,  ayant  receu 
vos  lettres,  je  m'estonnois  bien  fort  pour  voir  la  main  de 
secrétaire,  en  ayant  esté  cause  ceste  grande  débilité  en  qui 
vous  vous  teniez,  estant  très  aise  d'avoir  entendu  la  gué- 
rison premier  que  le  dangier.Et,  comme  je  doibs,  aussy 
vous  doibs-je  une  infinité  de  grâces  pour  le  voïage  que 
pensastes  faire  pour  me  visiter,  et  n'auray  garde  de  ne  le 
mettre  au  rang  de  mes  meilleures  fortunes  que  la  mer 
n'a  peu  restreindre  vos  désirs  de  me  voir,  estant  chose 
qui  m'obligera  à  jamais  pour  ne  me  monslrer  ingrate  en 
vostre  endroit.  Et,  pour  avoir  receu  une  déclaration 
bien  longue  de  vos  pensées  en  ceste  négociation,  je  y 
entends  une  sincérité  singulière  et  affection  bien  grande, 
pour  tous  lesquels  honorables  déportemens  en  ceste 
cause  je  me  recognois  bien  fort  tenue  à  vous,  Monsieur, 
comme,  je  m'asseure,  Monsieur  de  Retz  au  long  vous 
dira,  vous  promettant  qu'en  toutes  mes  responses  je  res- 
pecte autant  votre  honneur  et  repos  que  le  mien,  et  ne 
souhaite  vivre  jusques  là  que  ne  tienne  tousjours  en  très 
grand  regard  le  bien  ou  mal  qui  vous  pourront  advenir, 
connue  à  qui  je  ne  feray  si  grand  tort  que  de  luy  pro- 
curer quelque  peu  d'incommodité,  comme  Dieu  sçait,  à 
qui  je  prie  vous  conserver  en  bonne  santé  et  longue  vie.n 

Elle  accompagna  cette  lettre  de  deux  autres  :  Tune 
pour  Charles  IX,  l'autre  pour  Catherine,  qui  suit  : 

ir Entre  toutes  les  bonnes  occasions,  Madame,  qui  sou- 
vent m'ont  esté  données  de  vostre  part  pour  signifier  le 
désir  qu'avez  tousjours  eu  de  continuer  nostre  amitié,  il 
me  semble  que  ceste  dernière  n'a  cédé  aux  précédentes 
en  me  mandant  ung  gentilhomme  de  si  bonne  qualité, 
doué  de  tant  de  fidélité  vers  son  maislre,  accomply  de 
tant  de  prudence  meslée  avec  la  sincérité,  nourry  de  la 


moy  de'sirons;  mais  je  veulx  croire  et  espérer, 
que,  avec  l'aide  de  Dieu  et  les  bons  remèdes 
!  qu'il  aura  bien  sceu  prendre  et  recepvoir  et 
la  grande  dilligence  que  vous  y  aurez  mise,  il 
luy  sera  à  présent  entièrement  amendé.  Et, 
pour  ce  que  je  ne  sçaurois  recepvoir  nouvelles 
de  ce  costé  là  qui  me  soient  plus  agréables, 
je  vous  prye,  mon  cousin,  me  mander  le  plus 
souvent  que  vous  pourrez  de  Testât  et  dispo- 
sition de  sa  personne,  vous  asseurantque  vous 
m'avez  faict  grant  plaisir  de  m'en  avoir  escript 

cognoissanec  des  affaires  des  princes  et  si  bien  informé 
de  nos  négociations,  qu'il  me  semble  par  luy  avoir  receu 
ung  ample  registre  des  choses  appartenantes  à  nostre 
cause;  auquel  ayant  souvent  donné  audience,  j'en  ay 
receu  déclarations  de  plusieurs  natures,  desquelles  quel- 
cunes  m'ont  contenté  seule  d'entendre  et  retenir,  les 
aultres  j'ai  prié  monsieur  le  mareschal  à  les  participer  à 
aultres,  pour  n'eslre  si  seiche  que  de  les  garder  seule.  A 
toutes  lesquelles  je  ne  puis  plus  dire,  sinon  que  me  trouve 
pleine  de  contenlation  et  bien  fort  persuadée  que  nulle 
astuce  ne  finesse  ait  tenu  lieu  en  cest  négoce,  ains  qu'il 
a  pieu  au  Roy  mon  très  cher  frère  et  à  vous,  Madame, 
de  vous  oublier  de  mon  sexe  et  me  commettre  le  crédit 
d'une  qui  se  peult  taire,  de  laquelle  hardiment  vous  en 
pourrez  asseurer,  comme  de  quelque  aullre  le  plus  proche , 
et  vous  prie  croire  que  autre  querelle  ne  résouldra  entre 
nous,  sinon  la  revanche  de  quelques  bons  offices  de  mon 
costé  pour  faire  quelque  peu  de  récompense  pour  tant 
de  courtoisies,  estimant  que  ce  me  feust  ung  crève-cueur 
d'avoir  veu  naguères  les  limites  de  la  France,  n'ayant 
eu  l'heur  d'en  veoir  le  maistre,  et  souvent  en  la  regar- 
dant je  mauldisois  la  mer  pour  avoir  séparé  par  passage 
ce  qui  est  conjoinct  d'affection;  sy  est-ce  que,  recevant 
cest  honneur  d'estre  saluée  d'un  tel  messagier,  cela  me  re- 
leva ung  peu  pour  imaginer  que  le  Roy  ne  fusl  loing 
quant  celuy-là  me  fust  présent,  auquel  je  rends  et  à  vous, 
Madame,  une  infinité  de  grâces,  comme  d'icelle  qui  ne 
fauklra  à  rendre  un  réciprocque  bonne  volunté  et  sincère 
amour,  comme  Dieu  sçait,  à  qui  je  prie  vous  donner 
bonne  vie  et  longue,  pensant  de  commettre  un  grand 
crime  en  l'endroict  de  monsieur  de  Retz ,  si  ne  me  remet- 
tasse  du  tout  à  sa  suffisance,  comme  qui  a  entendu  et 
mes  intentions  et  mes  folies,  avec  lesquelles  j'espère  que 
comporterez  sçachant  le  cueur  dont  elles  sortent. n  (Re- 
cord office,  State  papers.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


257 


si  au  long  et  des  remèdes  dont  il  a  usé  jusqucs 
au  temps  de  vosdictes  lettres.  Et  si  vous  con- 
gnoissez  qu'il  y  aict  en  ma  puissance  chose 
qui  luy  peust  servir  à  sa  santé,  je  seray  bien 
aise  d'en  estre  advertic  pour  l'en  secourir, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa 
saincte  garde. 

Esrript  à  Paris,  le  xxne  jour  de  septembre 


Vostre  bonne  cousine, 


Catemxe. 


1573.  —  Octobre. 

Orig.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  le  Roy  mon  filz  envoiant  le  sieur 
de   Foix  vers  Nostre   Sainct  Père  le   Pape1, 

1  Le  1 5 décembre  suivant,  Charles  IX  écrivait  à  Ferais, 
son  ambassadeur  à  Rome  :  rr J'attends  responce  de  vous 
sur  la  dépesche  que  je  vous  ay  faicl  par  le  baron  de  Beau- 
ville,  vostre  nepveu,  pour  disposer  Sa  Sainteté  à  se  des- 
partir de  la  résolution  qu'elle  a  prise  de  nevoyr  mon  cou- 
sin le  sieur  de  Foix  qu'il  ne  se  soyt  purgé  de  ce  que  l'on 
lui  veult  imputer;  en  quoy  je  m'asseure  que  vous  n'ou- 
blierez riens  de  ce  que  vous  penserez  pouvoir  servir  à  me 
satisfaire  en  cest  endroict  et  assister  l'innocence  et  inté- 
grité de  mondict  cousin,  qui  est,  comme  vous  cognoissez 
assez,  si  malicieusement  calomnié.  Je  ne  sçay  si  Sa 
Sainteté  demeurera  arrestée  en  sa  première  opinion;  en 
quoy  je  n'en  vois  pas  beaucoup  de  raison,  attendu  les 
ouvertures  que  j'ay  faictes  par  madicte  dépesche  pour  le 
salistaire  à  plain  du  scrupule  qui  luy  pourrait  demourer 
et  conserver  l'honneur  de  mondict  cousin.  Mais,  selon 
que  vous  m'en  ferez  entendre,  je  délibère  y  prendre  le 
party  que  l'on  cognoistra  que  je  ne  suys  pas  pour  per- 
mettre que  la  réputation  de  mes  serviteurs  et  princi- 
paux ministres  demoure  ainsy  engagée,  coume  je  l'ay 
faict  entendre  au  mince  qui  est  par  deçà.  J'ay  depuis 
receu  vostre  dépesche  des  n  et  vu'  de  novembre  par 
lesquelles  j'ay  entendu  la  persévérance  de  Sa  Sainteté 
en  ce  fait,  duquel  tonltefoys  je  ne  désespéreray  pour  cela 
que  je  n'aye  receu  vostre  responce.:)  (Bibl.  nat.,  fonds 
franc.,  n°  i  5 T» 5 8 ,  f  190.) 

Catherine  de  Médicis. —  iv. 


ainsi  qu'il  vous  dira,  je  luy  ay  donné  charge 
vous  visiter  de  sa  part  comme  entendrez  de 
luy  et,  ne  voulant  faire  tort  en  sa  qualité  et 
suffisance,  me  remctlray  de  toutes  choses  sur 
luy,  pour  estre  de  tout  bien  informé  et  seule- 
ment vous  diray  que  ne  l'ay  voulu  laisser  par- 
tir sans  la  présente  pour  plus  librement  vous 
pouvoir  prier  de  vous  asseurer  de  ma  bonne 
volonté  et  amitié  en  vostre  endroict,  ne  dési- 
rant plus  grant  plésir  que  de  avoir  moyen  que 
par  effect  je  vous  le  puisse  faire  paroistre, 
comme  en  toutes  occasions  je  m'efforcerav,  el 
vous  prie  croire  que  vous  n'aurez  jamais  une 
plus  seure  et  toule  vostre  que  vous  est 
Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


1573.  —  G  oclobre. 
Orip;.  Bibl.  nat.  fonils  Dupuy,  n°  801,  f°  11 4. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

CONSEILLER    AU     CONSEIL    PRIVÉ     DU    ROY     MONSIEUR     MON     FILS  . 
PREMIER    PRÉSIDENT    EN    SA    COURT    DE    PARLEMENT    DE    PARIS. 

Monsieur  le  Président,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  moy  aussi  avons  esté  bien  aizes 
que  la  court  de  Parlement  ait  vérifié  les  lettres 
du  supplément  de  l'apanaige  du  roy  de  Po- 
longne l  mon  filz,  ensemble  l'eschange  de 
Montrichard;  en  quoy  je  sçay  que  vous 
vous  estes  emploie  d'affection,  dont  je  ne 
veulx  oublier  à  vous  remercier  et  quant  vous 
prier,  comme  je  faiz  de  bien  bon  cœur,  de 
tenir  aussi  la  main  suivant  ce  que  le  Rov 
mondict  seigneur  et  filz  vous  escript  ad  ce  que 

1  Par  lettres  du  10  septembre  précédent,  Charles  IX 
étant  en  son  conseil  avait  déclaré  que,  en  cas  où  il  décé- 
derait sans  enfants  mâles,  son  frère  le  roi  de  Pologne, 
comme  le  plus  proche  de  la  couronne,  «serait  le  vrai  et 
légitime  héritier  d'icelle,  nonobstant  qu'il  fust  lors  absent 
et  résident  hors  de  ce  royaume.  1  (Bibl.  nat.,  fonds  Dupuy, 
n°  86,  P228.) 

33 


mriuvur.lt.     NATIONALE. 


258  LETTRES  DE  GATH 

le  supplément  de  l'apanaige  de  mon  filz  le 
duc  soit  aussi  publie'  avant  que  le  Parle- 
ment se  sépare,  ensemble  la  permission  qu'a 
mondict  filz  le  roy  de  Polongne  de  fayre 
roupper  des  bois  en  ses  (erres  pour  recouvrer 
argent  qui  est  destiné  pour  son  voiaige  et  par- 
lement ,  qui  est  bien  prochain,  et  pareillement 
l'édict  et  règlement  qui  a  esté  faict  pour  la 
couppe  des  bois  de  haulte  fustaie  es  princi- 
palles  forestz  de  ce  royaulme;  car  ce  sont 
choses  qui  sont  très  nécessaires  et  qui  im- 
portent grandement  au  bien  du  service  du 
Roy  mondict  seigneur  et  filz.  Voilà  pourquoy 
je  vous  prie  les  avoir  en  aussi  grande  affection 
(|ue  vous  avez  acoustumé  les  choses  qui  im- 
portent comme  celles-là;  priant  Dieu,  Mon- 
sieur le  Président,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript    à    Monceaulx,    le    viMme    octobre 
i573. 

Caterine. 

PlNART. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

Bologne  dont  je  suis  ausi  du  coulé  de  Madame 
ma  mère;  par  ansin  je  ne  puis,  lent  pour 
l'amour  du  Roy  mon  fils  que  pour  mon  par- 
ticulier, que  je  n'estime  beaucoup  cete  grase, 
et  que  je  ne  die  en  vérité  que  je  le  désire 
aultcnt  que  chause  que  Sa  Saincteté  pour  cet 
heure  peult  fayre  pour  l'amour  de  moy;  je 
vous  prye  donc  luy  en  parler  d'afection, 
corne  je  say  que  m'estes  afectioné  serviteur  et 
que  volez  bien  cet  que  je  désire  ayt  son  aylfest; 
fayte  le  moy  paroytre  encore  en  sesy,  car  c'et 
chause  que  je  désire  ynfiniment;  el,  m'as- 
seurant  que  le  fayré  bien  entendre  à  Sa  Sainc- 
teté, je  ne  vous  en  dire  daventage  et  vous  re- 
commendeié  ceulement  mes  afayres  et  cet  que 
vous  ay  mendé  par  mon  valet  de  chambre;  et 
à  tent  je  prie  Dieu  vous  avoyr  en  sa  saincte 
guarde. 

De  Monceaulx,  ce  vr"™de  octobre  1573. 

Cateri.ne. 


1573.  — C  oclobre. 

Aut.  Bibl.  uat.  fonds  français ,  n"  6626 ,  f>  9. 

A  MONSIEUR  DE  FÉRALS, 

1MBAS    IDEI  f    POUR  LE  HOÏ   MO*  FILS    X    ROUE. 

Monsieur  de  Ferais,  j'é  escripts  une  lelre 
à  Nostre  Sainct  Père  le  Pappe,  laquele  je 
vous  prie  luy  présanter  en  mon  nom  el 
l'acompaigner  dé  plus  alîectiounaye  paroles  et 
recomendations  que  pourés,  pour  fayre  tent 
enver  Sa  Saincteté  que  je  hobtiesyne  la  grase 
que  je  luy  demende  de  fayre  Monsieur  de 
Foys  cardinal.  Vous  savez  qu'il  a  cet  hon- 
neur d'estre  parent  du  Roy,  yseu  de  la  mai- 
son de  Foys,  dont  aystoit  yseue  la  roync 
Anne  J  et  de  l'aultre  coulé  de  la  mayson  de 

1  Marguerite  rie  Foix,  fille  de  Gaston,  quatrième  du 
nom.  épousa  François,  duc  de  Bretagne,  et  eut  de  lui  une 


1573.  —  7  octobre. 

Imprimé  par  le  Père  Theiner,  d;ms  la  Continuation 
des  Annales  ecclés.  de  Baronhis ,  t.  1 ,  p.  371 . 

A  NOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  le  Roy  nostre  très  cher 
seigneur  et  filz,  désirant  recognoistre  envers 
Vostrc  Saincteté  la  bienveilance  paternelle 
qu'elle  monstre  envers  ceste  courone  par  la 
conjoissance  si  expresse  qu'elle  faict  de  l'élec- 
tion de  nostre  très  cher  et  très  amé  filz  le  roy 
de  Poloigne  au  royaume  de  ladicte  Pologne, 
a  choisi  nostre  très  cher  et  amé  cousin  le  sieur 
de  Foix,  conseiller  en  son  conseil  privé,  pour 
l'envoyer  devers  Voslredicte  Saincteté  el  luy  en 
faire  de  sa  part  ces  remercimens  eondignes, 
comme   nous    avons   aussi    donné    charge   à 

fille  nommée  Anne ,  nui  épousa  en  premières  neecs 
Charles  VIII,  en  secondes  LouisXII,  d'où  naquit  Claude, 
femme  de  François  1"  et  grand'rnèro  de  Charles  IX. 


nostredict  cousin  faire  le  semblable  de  la 
nostre  et  confirmer  de  plus  en  plus  à  Vostre- 
dicte  Saincteté  le  singulier  désir  que  nous 
avons  tousjours  d'accomplir  le  bon  plaisir 
d'icelle,  ainsi  que  noslredict  cousin  luy  fera 
entendre  plus  amplement,  auquel  il  plaira  à 
Vostredicte  Saincteté  adjonster  la  mesme  foy 
quelle  voudrait  faire  à  nous  mesmes;  et  à  lant 
nous  prirons  Dieu,  Très  Sainct  Père,  que 
Vostredicte  Sainctete'  il  veille  longuement 
maintenir  et  garder  au  bon  régime  et  gou- 
vernement de  noslre  mère  Saincte  Eglise. 

Escript  à  Monceaulx,  le  vne  jour  d'octobre 
i573. 

Vostre  très  dévote  et  obéissante  fille, 

Caterine. 
Fizes. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  259 

tiendray  la  main  qu'il  sera  faict  tel  traicte- 
ment  que  pouvez  désirer;  priant  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde l. 

Caterine. 


1573.  —  7  octobre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°3899,  P  397  v°. 

A  MA  CODSME 

MADAME  LA  COMTESSE  DE  LA  MIRANDE. 

Ma  cousine,  je  suis  marrye  que  l'intelli- 
gence d'entre  le  sieur  Loys  vostre  beau-frère 
et  vous  ne  soit  telle  que  mérite  l'affinité  qui 
est  entre  vous  et  que  vous  ayez  esté  conlraincte 
d'en  venir  à  la  déclaration  que  vous  avez 
faicte;  mais  je  veulx  croire  que  vous  n'avez 
eu  aulre  respect  qu'au  bien  du  conte  Galeort 
vostre  filz  et  au  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  dont  deppend  le  repos  que  vous  pouvez 
espérer.  Nous  avons  escript  au  sieur  du  Ferrier 
se  transporter  à  la  Mirande  pour,  avec  vous , 
donner  ordre  à  ce  qui  sera  nécessaire  en  icelle; 
je  m'asseure  que  en  cela  vous  recevrez  son 
bon  conseil  et  advys,  et  par  ensemble  n'obmet- 
Irez  rien  à  ce  que  vous  jugerez  estre  pour  le 
bien  et  seurelé  de  ladicte  place,  aussy  qu'à  ce 
renouveau  vous  envoyez  vostre  filz  par  deçà  ; 
a  quoy  vous  vous  pouvez  bien  asseurer  que  je 


1573.  —  7  octobre. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3899,  f°  3s8  ï°. 

AU  SIEUR  LOYS  PICO. 

Sieur  Loys,  nous  avons  bien  particulière- 
ment entendu  comme  est  passé  le  différend 
d'entre  vous  et  la  contesse  de  la  Myrande 
vostre  belle  sœur,  et  me  déplaist  que  l'intelli- 
gence n'y  soit  meilleure  pour  vostre  contante- 
ment  et  le  bien  du  conte  vostre  nepveu.  Le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  faict  entendre 
son  intention  sur  ce2  et  escript  aussy  au  sieur 
du  Ferrier  s'emploier  pour  moyenner  entre 
vous  ung  si  bon  accord  que  chascun  puisse 
demeurer  satisfaict,  en  voiantque  pour  reste 
beure  on  se  puisse  ayder  d'autre  vove  que  de 
l'amyable,  pour  ne  rien  aigrir;  mais  vous  vous 
pouvez  asseurer  que  le  Roy  mondict  sieur  ei 
filz  n'oubliera  rien  de  ce  qui  appartient  à  la 
conservation  de  vostre  dignité;  priant  Dieu 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Caterine. 

'  Une  lettre  de  Charles  IX  précède  celle-ci.  (Même 
volume,  p.  3a8.) 

2  Le  Roi  ajoutait  :  nie  veuli  croire  que  la  faulte  ue 
vient  pas  de  vous;  mais,  puisque  ladicte  comtesse  s'est 
rendue  maistresse  de  la  place  et  que  ce  seroit  ebose  trop 
chatouilleuse  et  de  conséquence  d'entreprendre  avec  la 
doulce  voye  pour  lui  faire  changer  de  volonté,  j'escris  au 
sieur  du  Ferrier  se  transporter  audict  lieu  pour  essaier 
par  tous  moyens  possibles  de  vous  réconcilier  et  de  faire 
que  ladicte  comtesse  permette  vostre  retour  en  ladicte 
ville.»  (Voir  une  lettre  de  Charles  IX  à  du  Ferrier  rela- 
tive à  ce  dissentiment,  dans  le  n"  a65  des  Cinq  cents 
Colbeit,  p.  4 06.) 


33. 


2G0 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1573.  —  7  octobre. 

Minuit'.  Bibl.  mil.  fonds  français,  n°  i5558,  P*  ia3. 

A  MON  COUSIN 

LE  CARDINAL  D'ARMAGNAC. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
l'aict  entendre  par  la  responce  qu'il  faicl  à  voz 
lettres1  le  contentement  qu'il  a  eu  de  sçavoir 
que  vous  avez  composé  une  bonne  paix  avec 
le  gouverneur  de  la  principauté  d'Aurange 
pour  le  faic.t  qu'elle  pourra  produire  d'une 
bonne  intelligence  entre  vous,  et  pour  osier  à 
Montbrun  et  autres  ses  complices  en  Daul- 
phiné  les  nioiens  qu'ilz  avoient  de  se  preva- 
loir  de  la  laveur  que  lcdict  gouverneur  avoit 
accousturué  leur  impartir.  Vous  sçavez,  mon 
cousin,  combien  il  est  nécessaire  de  mainte- 
nir ledicl  gouverneur  en  ceste  bonne  volunlé 
doresnavant  pour  cest  effect  et  le  bien  et 
advantage  qui  en  sera  au  pauvre  peuple  qui 
se  trouve  grandement  affligé  de  tous  ces 
troubles;  au  moyen  de  quoy  je  vous  prie  y 
user  des  moyens  que  vous  cognoistrez  propres, 
ainsi  que  vous  avez  acoustumé,  sans  ne  vous 
mectre  aucunement  en  peync  des  propos  dont 
vous  m'escripvez,  ains  demeurez  en  repos  de 
ce  costé  là;  car  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
tellement  imprimez  en  la  mémoire  les  grands 
et  recoin  ma  ndabl  es  services  que  vous  avez 
faietz  à  ceste  couronne  qu'il  seroit  bien  dilli- 
cile  le  desmouvoir  de  ceste  bonne  opinion. 
De  ma  part,  vous  pouvez  estre  asscuré,  encores 
qu'il  n'en  fust  besoing,  que  je  ne  perdray 
l'occasion  d'y  adjouster  la  cognoissance  que 
j'ay  de  voz  mérites  tant  envers  Sa  Majesté 
que  envers  mon  cousin  le  cardinal  de  Bour- 

1  Voir  la  lettre  du  Roi  c|ui  accompagne  celle-ci  (P  126) 
et  une  lettre  du  i5  novembre  au  même,  lui  déclarant  qu'il 
ne  permettra  pas  l'entrée  dans  le  Comtat  des  troupes  que 
le  pape  y  veut  envoyer,  en  ayant  écrit  dans  ce  sens  à 
Sa  Sainteté.  (Ibid.,  F  io3.) 


bon,  tellement  que  nous  ne  désirons  rien  plus 
que  vous  veoir  contenu  en  la  mesme  dévo- 
tion de  laquelle  vous  avez  esté  porlé  jusquesà 
présent  au  l'aict  de  vostre  charge,  ainsi  que 
mondicl  cousin  vous  l'aura  faicl  entendre  plus 
particulièrement,  dont  je  vous  prie  aussi  de 
ma  part:  priant  le  Créateur,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde  l. 

Caterine. 


1573.  —  7  octobre. 

Oi'ijf.  Archives  de  Mantoue. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MANTOUE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  filz 
ayant  congneu  l'affection  singulière  que  vous 
avez  à  la  grandeur  de  ceste  couronne  par  la 
conjouissance  si  expresse  que  vous  lui  avez 
faite  de  feslection  du  roy  de  Pologne  mon  filz 
à  la  couronne  dudicl  pais  de  Pologne,  a  donné 
charge  à  mon  cousin  le  sieur  de  Foix,  son  con- 
seiller en  son  conseil  privé,  qu'il  envoyé  pré- 
sentement devers  Nostre  Saint  Père  le  Pape, 
vous  visiter  de  sa  pari  et  remercier  de  ce  bon 
office,  j'ai  prié  mondict  cousin  vous  faire  le 
semblable  en  mon  nom  et  vous  asseurer  que 
jYinbrasseray  toujours  tout  ce  que  je  penseray 
pour  la  confirmation  de  l'amitié'  que  le  Roy 
mondicl  sieur  et  filz  vous  porte  méritoirement, 
comme  mondict  cousin  vous  fera  plus  ample- 
ment entendre,  auquel  vous  adjousterez  la 
mesme  foy  à  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part 
que  vous  feriez  à  moy-mesme;  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Monceaulx,  le  vu"  jour  de  octobre 
i573. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Au  dos:  «Au  cardinal  d'Armagnac,  le  m" octobre 
i573." 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


261 


1573.  —  i/(  octobre. 
Copie.  BiLl.  nat.  fonds  Colbert,  n°366,  p.  ûoG. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  mon  fils  vous  escrit1  comme 
il  désire  que  vous  alliez  à  la  Mirande  pour 
tascher  d'y  composer  le  différend  d'entre  la 
comtesse,  le  seigneur  Louis  et' ses  sœurs,  s'il 
est  possible;  sinon,  du  moins  pourvoir  à  la 
conservation  de  la  place  en  faveur  du  jeune 
comte  sous  sa  protection,  et  disposer  la  com- 
tesse d'envoyer  son  fils  de  deçà  à  ce  renou- 
veau, dont  je  vous  prie  aussy  de  ma  part,  et 
le  Créateur  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Villers-Cotteretz,  le  quatorzième 

jour  d'octobre  1 573. 

Caterine. 
Fizes. 


1573.  —  [1G  octobre.] 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  33o4,  f°  10  v°. 

A  MONSIEUR  DE  VARENNES. 

Monsieur  de  Varennes,  la  bonne  adresse 
que  vous  avez  donnée  à  Mandat-,  serviteur  de 
mon  filz  le  duc  d'Alençon ,  pour  povoir  retour- 
ner seu renient  devers  nous  avec  tant  d'autres 

1  «Puisque  la  comtesse  de  la  Mirande  et  le  seigneur 
Louis,  écrivait  Charles  IX,  en  sont  entrez  si  avant  que  de 
ne  pouvoir  compatir  par  ensemble ,  et  s'eslant  icelle 
comtesse  rendue  maîtresse  de  ladicte  place,  afin  de  ne 
rien  altérer  de  l'autorité  que  j'ai  toujours  eue  en  icelle, 
il  semble  qu'elle  le  désire  de  sa  part,  ayant  appelé  des 
François  à  la  garde  du  chagleau ,  à  quoy  ilz  n'avoient  pas 
encore  esté  admiz,  je  désire  que  vous  y  faciez  un  voyage, 
couine  vous  me  mandiez  eslre  en  délibération,  et  là 
composer  loutes  parties,)'  eslablir  le  sieur  Losco  pourca- 
pitaine  et  adviser  à  tous  les  moyens  de  les  remettre  en  la 
vraie  amitié  qui  doit  eslre  entre  bons  frères  et  sœurs,  n 
(Même  volume,  f"  3o'i.) 

-  Mandai  servait  d'interprète. 


bons  offices  que  vousfaictes  par  delà,  tesmoi- 
gnent  assez  combien  vous  désirez  continuer  en 
la  bonne  affection  que  vous  avez  démonstrée 
cy- devant  au  bien  des  affaires  et  service  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  et  sans  eella  je  ne 
pourrais  encores  en  doubler,  veu  l'obligation 
naturelle  que  vous  avez  à  ce  royaume  dont 
vous  estes  subject.  Je  vous  prieray  donc  faire 
comme  de  coustume  tout  ce  que  vous  pourrez 
pour  conserver  et  entretenir  la  bonne  et  par- 
faicte  amitié  d'entre  nous  et  le  roy  de  Suède 
vostre  maistre  a\ec  cesle  asseurance  que,  se 
présentant  l'occasion,  nous  serons  bien  ayses 
de  vous  recongnoistre  selon  voz  mérites, coume 
vous  aurez  cy  devant  bien  peu  entendre  par  le 
sieur  deDanzay,  auquel  nous  avons  souvent  es- 
cript pour  vous  en  asseurer  et  que  nous  avions 
fort  agréable  voz  déportemens.  Sur  ce,  je  prie 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Caterine. 


1573.  —  1  6  octobre. 
Copie.  BiLl.  nat.  fonds  français,  n°  3aa4,  f°  70. 

A  MONSIEUR  DE  DANZAY. 

Monsieur  de  Danzay,  après  le  retour  du 
Gras  nous  avons  advisé  de  vous  renvoyer  vostre 
homme  présent  porteur  par  lequel  le  Roy 
monsieur  mon  filz  respond  bien  amplement 
et  particulièrement  à  toutes  vos  dernières 
dépesches;  à  quoy  je  ne  sçaurois  rien  adjouster 
si  je  ne  vous  dy  que  nous  sommes  tant  asseu- 
rez  et  avons  si  bien  congneu  vostre  debvoir  et 
fidellité  en  ce  qui  est  de  vostre  charge  que 
nous  sçavons  bien  qu'il  n'a  tenu  à  vous  et  ne 
tienl  que  le  roy  de  Dannemarch  n'a  faict  plus 
de  bonne  démonstration  en  ce  dont  nous 
l'avions  requis,  pensant  qu'il  en  feust  besoing; 
vous  priant  de  continuer  et  faire  tousjours  du 
niieulx  qu'il  vous  sera  possible,  comme  vous 
avez  faict  jusques  icy,  dont  nous  avons   telle 


•26'2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


satisfaction  et  contentement  que  sçauriez  dé- 
sirer,  et  vous  asseurer  que  le  Roy  mondicf  sieur 
cl  lilz  est  en  bonne  volunté  de  recognoistre 
un;;  jour  vos  services  selon  les  occasions  qui 
s'en  présenteront;  à  quoy,  de  ma  part,  je  lien- 
ili.iy  bien  volontiers  la  main  et  pour  ce  que 
vous  verrez  par  les  lettres  du  Roy  mondict  sieur 
el  (il/,  comme  vous  aurez  à  vous  comporter 
envers  ledict  roy  de  Dannemarch  et  quelle  est 
aussy  son  intention  pour  toutes  les  autres 
choses  queluy  avez  escriptes,  je  n'eslenderay 
ceste-cy  davantaige  que  pour  prier  Dieu, 
Monsieur  de  Danzay,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  de  Villiers-Cosleretz,  le  xvi  octobre 
15731. 

Catkiuxe. 

1  Voici  ce  que  lui  écrivait  Charles  IX,  le  même  jour  : 
rj'ay  veu  par  voz  dépesches  du  xxv  aoust,  vi""°  et 
xxvii""'  jours  du  mois  passé  Testât  des  affaires  du  Danne- 
march, les  forces  qui  y  sont,  les  préparatifs  qui  s'y  font 
et  les  moyens  qu'il  y  aura  de  traicler  en  Pollongne  sans 
danger,  ny  crainte  d'estre  empesché  du  Dannemarch.Vous 
scavez  par  ma  dernière  dépesche,  niesmes  parcelles  que 
vous  aura  portées  le  gentilhomme  qui  estoil  venu  de  deçà 
delà  part  du  Roy  de  Dannemarch,  comme  nous  avons  advisé 
que  le  roy  de  Pollongne  mon  frère  prendra  son  chemin 
par  ailleurs  que  par  mer;  el,  quant  aux  gens  de  guerre, 
que  nous  n'en  enverrons  point  pour  cesle  fois  en  Po- 
longne,  estant  continuée  la  trefve  avec  le  Moscovite;  cela 
salisfaict  quasi  au  contenu  de  vozdictes  dépesches  et  est 
la  mienne  dernière  audict  roy  de  Dannemarh  et  à  vous 
Suffisante  pour  lever  aussy  le  douhle  et  la  sinistre  impres- 
sion qu'il  pourroil  avoir  prise  du  passaige  que  luy  avons 
demandé  pour  lesdicls  gens  de  guerre,  comme  je  lui  ay 
escript  par  sondict  homme  qui  vous  a  porté  la  copie  de 
mesdictcs  lettres,  luy  donnant  toute  asseurance  de  la 
bonne  volonté  que  j'ay  de  demeurer  el  continuer  en 
amitié  avecqnes  luy,  quelque  faulx  adverlissemens  et  per- 
suasions queluy  impriment  ceulx  qui  n'ayment  ny  la  gran- 
deur de  celte  couronne  ny  le  repos  de  celle  de  Danne- 
march. J'ay  veu  aussy  par  le  mémoire  que  vous  avez  envoyé 
li /s  bruietz  laulx  qui  se  sèment  par  l'Allemagne  pour  des- 
criiT  mes  actions;  à  quoy  je  vous  diray  que  de  les  penser 
(«teindre  par  une  appologie,  ce  serait  plustost  les  mou- 


1573.  —  17  octobre. 

Imprimé  par  le  Père  Thdner,  dans  la  Contitmatim 
des  Annales  ecelés.  de  Baronius ,  t.  1,  p.  38G. 

A  NOSTRE  TRÈS  SAIINCT  PÈRE  LE  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  encores  que  nous  ne 
doublions  aulcunement  que  Vostrc  Saincteté, 
ayant  bien  mis  en  considération  les  grandes 
et  favorables  raisons  qui  ont  meu  le  Rov 
DOStre  très  cher  seigneur  el  filz  de  luyescripre 
en  laveur  de  l'archevesque  d'Ambrun,  ne  se 
dispose  très  volontiers  à  l'honorer  de  toutes 
les  faveurs  et  grâces  qu'ij  peult  espérer  de 
Vostre  Saincteté,  comme,  elle  n'en  a  jamais 
voulu  estre  autre,  que  libéralle  à  tous  ceux 
qu'elle  a  congneu  le  mériter  et  qui  luy  ont 
esté  par  nous  recommandez,  niesmes  à  l'en- 
droict  de  personnages  vertueux,  comme  est 
ledict  archevesque  d'Atnbrun.  Si  est-ce  toutte- 
foys  que,  le  congnoissanl  pour  vrav  héritier 

voir  davantaige  ;  car  ceulx  qui  sont  autbeurs  desdicls 
broitz  prendraient  occasion  de  respondre  el  faire  des 
répliques  à  ladicle  apologie  qui  n'auraient  jamais  de 
fin  ;  niais  j'espère  si  bien  faire  entendre  par  mes  ministres 
qui  sont  et  iront  sur  les  lieulx  la  vérité  des  choses  ans 
princes  el  seigneurs  de  l'Empire,  comme  j'ay  déjà  faict, 
qu'ilz  lèveront  les  mauvaises  opinions  qu'il/  pourraient 
prendre  sur  lesdietz  sinislres  rapportz.  Quant  à  ce  que 
m'cscripvez  du  costé  de  Suède,  je  l'ay  bien  au  long  et 
parlicullièrement  entendu  par  lejeune  Mandat,  qui  est 
de  retour  il  y  a  quelques  jours,  auparavant  que  Le  Gras 
arrivast,  ayant  fait  la  response  au  mémoire  qu'il  m'a 
apporté  de  la  part  du  sieur  de  la  Gardie,que  vous  verrez 
par  le  double  que  je  vous  envoie,  lequel  vous  instruira  et 
esclaircira  de  mon  intention  en  cela,  à  ce  que  si  le- 
dict La  Gardie  vous  en  escript ,  vous  y  rapportiez  et  con- 
formiez vostre  response;  et  pour  le  regard  de  la  Livonie, 
dès  que  mon  frère  le  rov  de  Pollongne  sera  en  son 
royaume,  que  j'espère  qui  sera  bienlosl,  il  y  advisera  ut 
en  escripra  audict  roy  de  Suède  et  aux  autres  à  qui 
touche  cest  affaire,  comme  en  semblable  il  verra  s'il 
sera  bon  d'entrer  en  ligue  avec  luy,  ainsi  que  ledict 
mémoire  porte  qu'il  désire.»  (Ibid.,  f°  O9,  70.) 


LETTRES  DE  CATH 

et  imitateur  des  vertuz  du  feu  sieur  Daveuson 
son  père,  qui  a  faict  de  grands  et  notables  ser- 
vices à  celte  couronne,  joinct  aussi  le  tesmo- 
gnaige  que  nous  vous  rendons  à  bon  droict 
des  bons  offices  que  ledict  arcbevesque  d'Am- 
brun  a  faictz  durant  toutes  les  troubles  adve- 
nuz  en  ce  royaulme  et  continue  encores  à  pré- 
sent pourinaintenir  la  religion  calbolicque  tant 
en  ce  que  de  l'estendue  de  sou  archevesché 
que  des  villes  et  lieulx  circonvoysins  d'icelle, 
jusques  à  avoir  exposé  ses  biens  et  moyens 
propres  pour  la  conservation  d'icelle  religion, 
nous  avons  pensé  qu'adjoustant  cestc  noslre 
prière  a  celles  que  le  Roy  nostredict  seigneur 
et  filz  et  nous  avons  cy-devant  faictes  à  Vostre 
Saincteté  pour  mesme  faict,  celle  que  ledict 
seigneur  vous  faict  maintenant,  et  à  tant  de 
favorables  considérations  Vostredicte  Saincteté 
se  disposera  volontiers  à  appeler  ledict  arche- 
vesque  d'Ambrun  à  la  dignité  cardinalle,  et 
l'associer  à  une  si  honorable  compagnie  de 
saincts  pères.  Plaise  donc  à  Vostredicte  Sainc- 
teté exaulcer  noz  prières  en  cest  endroict,  qui 
nous  partent  d'une  bonne  et  sincère  affection, 
et  vouloir  croire  qu'Elle  ne  sçauroit  impartir 
ceste  faveur  à  aulcun  autre  personnaige  qu'elle 
y  puisse  choisir  et  appeler  duquel  elle  reçoipve 
plus  de  gré  et  contentement  qu'elle  fera  dudict 
archevesque  d'Ambrun,  pour  la  bonne  et 
saincte  esleclion  qu'elle  congnoistra  avoir 
faicte  de  luy.  Sur  ce  nous  prirons  le  Créa- 
teur qu'il  maintienne  Vostredicte  Saincteté 
longuement  et  heureusement  au  régime, 
gouvernement  et  administration  de  nostre 
Saincte  Eglise. 

Escript  à  Villiers-Cotteretz,  le  xvne  jour 
d'octobre  1673. 

Vostre    dévote   fille,   la  mère   du  roy   de 
France , 

Caterine. 
Chantereau. 


ERINE  DE  MÉDIGIS. 


:>6:: 


1573.  —  17  octobre. 
Orig;.  Biul.  nat.  fonds  français,  n"  flG3-j ,  f°  137. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

LIEUTENANT    GINB11L   DU  BOY  AU  COUTBnNE.MENT   DE   BOCHGOOilB. 

Monsieur  de  Tavannes,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  ne  pouvoit  entendre  chose  qui  luy 
feust  de  plus  grande  importance  que  ce  que 
luy  a  exposé  Valpelle  présent  porteur;  de 
quoy  vous  devez  estre  admonilé  d'avoir  l'œil 
soigneusement  ouvert  aux  affaires  de  vostre 
gouvernement,  et  à  ce  qu'il  ne  s'y  face  sur- 
prise d'aucunes  des  places,  quelque  mauvaise 
volunté  que  l'on  y  porte,  dont  le  Roy  mondicl 
sieur  et  filz  se  fy  bien  en  vous,  que  vous 
y  ferez  tout  debvoir,  qui  me  gardera  d'estendre 
la  présente  plus  avant  que  pour  prier  Dieu  , 
Monsieur  de  Tavannes,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Villiers-Costeretz,  le  xvn°  jour 
d'octobre  167.3. 

Caterine. 
Brulart. 


1573.  —  3i  octobre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ao5,  f°  60. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  fils  désire 
infiniment  que  vous  puissiez  bientost  estre  en 
vostre  gouvernement,  parce  qu'il  s'asseure  que 
vostre  présence  et  le  bon  ordre 1  que  vous  y 
sçaurez  bien  mectre  serviront  à  restablir  toutes 
cboses  au  bon  estât  que  nous  sçaurions  dé- 
sirer. H  ne  peult  encore  vous  satisfaire  pour 
le  contenu  de  vostre  lettre  du  xv  de  ce  mois 

1  Voir,  pour  la  situation  lâcheuse  où  se  trouvait  le 
Languedoc,  une  lettre  de  Charles  IX  à  Damville,  du 
22  octobre  1 57.3.  (Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  11°  3a'ifi, 
f°  3.) 


âfi'i 

que  vous  n'ayez  esté  sur  les  lieux  pour  mieulx 
juger  de  ce  qui  sera  expédient,  dont  il  ne 
vous  deffauldra,  lorsqu'il  en  sera  bésoing; 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le   dernier  jour  d'octobre 
i573l. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterinh. 


1573. 


Orig.  Communique  par  feu  M.  Lucas  rie  Montigny. 
Copie.  BiM.  bat.  nouvelles  acquisitions ,  n°  a3t,f°  10 


A  MONSIEUR  DE  RAMROUILLET. 

Monsieur  de  Rambouillet,  à  ce  que  j'ay 
veu  par  une  bien  ample  dépesebe  que  a 
faietc  Bazin  au  roi  de  Pollongne  mon  fils, 
du  xvi"  septembre,  les  choses  sont  en  fort 
bon  estât;  à  quoy,  si  son  arrivée  a  servy,  je 
m'asseure  bien  que  la  vostre  et  celle  du  sieur 
Sborosky  amont  grandement  conforté  les 
bonnes  voluntés  de  par  delà  et  donné  plus 
seur  estahlissement,  mesmement  quand  ils 
seront  asseurés  de  son  arrivée  prompte  et  in- 
coronation  au  temps  qu'il  vous  a  esté  dict  à 
votre  parlement;  pour  à  quoy  ne  faillir,  nous 
nous  acheminons  le  plus  diligemment  que 
nous  pouvons  avec  bonne  délibération  que  le 
roy  de  Pollongne  mon  fds  partira  de  Metz  le 
\M!'  de  ce  moys2,  de  quoy  vous  pourrez  donner 

1  La  veille,  Pinart  avait  écrit  à  M.  de  Matignon  :  «Sa 
Majesté  est  ung  peu  indisposée  depuis  deux  jours; 
maintenant  il  se  porte  fort  bien,  espérant  partir  d'icy 
lundy  prochain  pour  s'arheminer  en  son  voyage.»  (ISibl. 
nat.,  fonds  franc.,  n"  3l54,  P  69.) 

1  Ce  jour-là.  Chartes  IX  écrivait  de  Vitry-le-François 
à  M.  de  Damville  :  trJ'arrivay  en  ce  lieu  le  ix  de  ce 
mois,  où  estant  je  me  Irouvay  ung  peu  mal  disposé  d'un 
ruine,  qui  est  cause  que  je  m'y  suis  arresté  pour  me 
reposer  et  prendre  quelque  purgalion,affin  de  me  guérir, 
comme  j'espère,  Dieu  aydant,  l'estre  entièrement  dans 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

asseurance  de  par  delà  et  qu'il  ne  temporisera 
point  par  les  chemins,  mais  se  rendra  en 
Pollongne  aux  meilleures  journées  qu'il  pourra 
pour  y  arriver  à  propos  pour  le  temps  de  l'in' 
coronation ,  pris  au  wii"  de  janvier,  comme  vous 
le  sçavez,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Ram- 
bouillet, qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Vitry-le-François,  le  x0™  jour  de 
novembre  îSyiJ. 

Je  désire  infiniment  entendre  de  vos  nou- 
velles, mesme  sur  le  mémoire  que  je  vous 
baillay  à  votre  parlement,  ce  que  je  vous  prie 
de  faire  au  plus  tost  qu'il  vous  sera  possible. 

Gaterink. 

•  - 

BrtULART. 


embre. 


1573.  —  i3  novembre. 

Archives  de  In  maison  de  Comté. 
Communiqué  uar  M.  le  duc  d'Àumalé. 

A  MONSIEUR  DE  GORDES. 

Monsieur  de  Cordes,  la  compassion  que 
nous  avons  de  ce  que  souffre  le  peuple  el 
aussy  la  grande  charge  que  nous  voyons  que 
seuffre  la  bourse  du  Roy  en  l'entretènemenl 
de  ses  Suysses  nous  faict  beaucoup  regreler 
que  leur  licenciement  n'ayepeu  eslre  effectué, 
comme  nous  l'espérions;  à  quoy  nous  sommes 
après  à  donner  ordre  en  baillant  la  charge  au 
sieur  de  Mandelot  de  faire  tout  ce  qu'il  pourra 
pour  recouvrer  deniers  à  cesl  elfect,  et  ne  lais- 
sant pour  cela  d'y  faire  de  deçà  tout  le  mieuh 
qu'il  vous  est  possible,  ainsi  que  la  ebose  est 
très  importante  au   bien   du   service  du  Roy 

quatre  ou  cinq  jours  et  de  poursuivre  après  mon  voiage 
de  Nancy  et  de  Metz  pour  y  conduire  mon  frère  le  ro. 
de  Polongne  suivant  ma  première  délibération,  ayani 
bien  voulu  vous  donner  advis  de  ce  que  dessus,  afiin  que, 
si  d'aventure  l'on  faisoit  courir  aullre  bruicl  de  mon  in- 
disposition, vous  en  saiebez  la  vérité  qui  est  telle  que  je  le 
vous  escriptz.»  (Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  n°  3a66, 
P69.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


monsieur  mon  fîlz, qui  a  estimé  devoir  donner 

la  charge  dùdict  licenciement  à  icelluy  sieur 

de   Mandelot,  puysqu'iîz   se    dovveiit   apro- 

cher  dudict  Lyon;  priant  Dieu,  Monsieur  de 

Gordes,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Vilry-le-François,  le  xm'  jour  de 

novembre  iï>-j3. 

Caterine. 
Brulabt. 


1573. —  i4  novembre. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n'ui,  f°  2  4. 

AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS. 

Monsieur  mon  fils,  je  ne  puis  aystre  à  mou 
ayse,  vous  ayent  laysé  facbay  et  anuié,  que  je 
ne  sache  cornent  vous  portés  depuis  voslre 
partement,  ausi  pour  vous  dire  cornent  yl  vous 
va  trover  deus  des  ambasadeurs  de  Pologne 
pour  prendre  congé  de  vous  et  je  m'aseure 
que  ne  fauldrés  à  leur  bien  recomender  vostre 
frère  et  leur  aseurer  de  vostre  bonne  volante 
enver  heulx  et  le  royaume  de  Pologne;  ausi 
vous  supliè-ge  leur  dire  qu'il  paset  par  eu  nous 
serons,  caryl  ne  se  peuvet  lorteré1  pour  aler 
à  Mets ,  quant  se  seré  pour  voyr  leur  roy,  qui 
ne  sa  roy  t  fayre  plus  grende  diligense  sans  aler 
en  poste.  Je  vous  prie  leur  bien  dire  et  je 
vous  donneré  le  bonsouir,  et  m'an  voy  super 
au  festin  et  vous  aseure  que  ne  vistes  jeamès 
meyson  mieulx  paraye.  Je  prie  Dieu  vous 
donner  la  bonne  et  entière  santé  que  vous 
désire. 

De  Senville,  cet  xnneme  de  novembre 
157m'2. 

Vostre  bonne  et  afectioné  mère, 

Caterine. 

1  Torleré,  torturer. 

2  Charles  IX  était  resté  à  Vilry,  d'où  il  écrivait ,  le  1 1  no- 
vembre, à  La  Molbe-Fénelon  :  n-J'ay  bien  voulu  pour  la 
singulière  affection  que  j'ay  portée  à  mon  frère  le  duc 

Catherine  de  Médius.  —  îv. 


1373. —  19  novembre. 
Orig.  Bibl.  na(.  fonds  français,  n"  10902  ,  f°  583. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  par  après  vostre 
partement  de  reste  ville,  nous  avons  advisé 
de  faire  venir  le  plus  tost  qu'il  sera  possible  la 
levée  de  six  mil  Suisses,  qui  nous  a  naguières 
esté  accordée,  comme  chose  bien  nécessaire 
pour  la  tuition  el  seureté  de  ce  royaume  et  par 
mesme  moyen  aussi  estime  qu'il  esloit  bon  de 
soullaiger  le  sieur  de  la  Fontaine-Godart  et  le 
révocquer  de  la  charge  au  lieu  duquel  le  Roy 
monsieur  mon  filz  envoyera  bientost  le  sieur 
président  d'Aultefort,  comme  vous  verrez  plus 
amplement  par  ses  lettres  \  sur  lesquelles  me 
remettant,  je  ne  vous  en  diray  rien  davan- 
taige,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Bellièvre,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xix' jour  de  novembre 
i573. 

Caterine. 


1573. —  21  novembre. 

Orig.   Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3a35,  f°  10. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  j'ay  reccu  les  lettres  que  vous 

d'Anjou  el  que  je  lui  porte  encore  le  conduire  le  plus 
avant  qu'il  m'a  esté  possible  comme  j'ay  laict  jusque»  en 
ce  lieu,  où  estant  arreslé  par  la  maladie  qui  m'est  sur- 
venue, nous  sommes  coutraincts  de  nous  séparer  l'un  de 
l'autre,  ayant  la  Royne  ma  mère  et  mon  frère  le  duc 
d'Alençon,  suivis  de  plusieurs  princes,  pris  sur  eux  cet 
office  d'accompagner  mondict  frère  le  roy  de  Pologne 
jusques  en  ce  lieu,  pour  me  remettre  de  madiclc  maladie, 
de  laquelle  je  me  porte  beaucoup  mieux  que  je  n'ay 
faict.n  (Additions  aux  Mémoire»  de  Castdnau,L  III,  p.  368.) 
'  Voir  une  lettre  du  duc  d'Anjou  sur  le  même  sujet 
dans  le  même  volume  (p.  583)  et  celle  du  Roi  dans  la 
volume  Ixi-j  des  Cinq  cents  Colbert  (p.  1G0). 

34 


IMITlHILniL     tlAïlOSAI  t. 


266 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


m'avez  escriples,  par  lesquelles  j'ay  entendu 
l'indisposition  en  laquelle  vous  estes  à  présent 
el  dont  je  suis  infiniment  marrye,  tant  pour 
l'amour  de  voslre  personne  qui  en  souffre  le 
mal,  que  pour  ne  vous  avoyr  peu  veoyr, 
comme  nous  désirions  et  espérions;  mais  tout 
.linsy  que  je  nfasseure  que  vous  avez  regret 
de  ne  vous  y  pouvoir  trouver,  aussy  je  vous 
prie  croyre  et  vous  asseurer  que  cela  ne  nous 
sçauroyl  rien  diminuer  de  la  bonne  voulonlé 
el  affection  que  nous  vous  portons.  En  cest 
endroicl  je  prie  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous 
ajl  en  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  Nancy,  le  xu"'"'  jour  de  novembre 
t573. 

Voslre  bonne  cousine, 

,    C.VTF.RINE. 


1573.  —  a3  novembre. 
Aut.  Bibl.  nal.  fonds  Dupuy,  n°  an,  f°  a3. 

AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS. 

Monsieur  mon  fils,  vous  voyrés  par  la  lelre 
que  vous  ay  f'ayste  écrypre  par  Brulart  [oui 
cel  qui  nous  lia  ysi  lent  aresté  el  cornent  de- 
mayn,  qui  est  la  Saincte  Calerine,  nous  par- 
tons et  conduire,  aveques  voslre  congé,  vostre 
frère  le  roy  de  Pologne  jeusques  à  cel  qu'il 
sorte  dé  terres  de  vostre  frère  de  Lorayne,  qui 
est  jeusques  hà  Salebourc1,  où  ariveron  londi 

1  Une  lettre  <le  Charles  IX  à  M.  de  Saint-Gouard 
nous  donne  quelques  détails  sur  le  voyage  du  roi  de  Po- 
logne :  rTanl  s'en  lault  qu,'i]  se  prépare  aucunes  forces 
en  Allomaigne  contre  le  passaige  de  mondicl  livre  qu'il 
n'y  a  prince  qui  ne  soit  bien  délibéré,  comme  ilz  m'ont 
Ions  particulièrement  escripl  el  asseuré,  le.  recueillir  1res 
honorablement  et  comme  il  mérite.  L'Empereur  mon- 
sieur mon  beau-père  y  a  envoyé  ses  commissaires  pour 
le  conduire  et  lui  faire  administrer  en  son  chemin  tout 
ce  qui  sera  nécessaire.  La  Itnyne  madame  etmèie  el  mou 
livre  le  duc  d'Allençon  sonl  allez  conduire  mon  frère 
jusquessur  la  frontière  de  mou  royaume,  n'ayant  pas,  à 


dernier  jour  de  cel  moys,  et  en  partiré  jeudi, 
troysième  de  décembre,  et  moy  reprendre  le 
chemin  d'isi  pour  y  eslrele  samedi  en  suivent, 
sizieme  de  décembre,  et  y  demeureré  le  di- 
menebe,  pour  le  loundi  partir  el  aler  coucher 
à  Sursi  el  le  mardi  lia  Bar  et  le  mercredi 
à  Suippe  et  le  jeudi  hà  Chaslon,  qui  sera  le 
disieme  et,  si  vous  y  este,  je  aurré  lent  plus 
lost  le  bien  de  vous  voyr,  sinon  je  suivre  mon 
chemin  pour  aystre  le  dimenehe  d'aprè  hà  la 
Fère,  au  me  rcnps  san  faulte  vous  trover;  en 
cet  pendent  je  vous  suplie  ne  vous  trop  tra- 
baller  ni  prendre  l'eyr  '  san  le  congé  des 
médesins.  1er  ariva  ysi  les  embasadeur  d'An- 
gletere  qui  font  bonne  mine  et  belles  pa- 
roles, qui  diset;  mes  que  les  ayfecls  soient 
sanblables,  tout  yroit  corne  le  désirons;  mes 
je  ne  se  que  an  croyre2.  Yls  s'an  retornet  de- 
niayn  vous  trover;  fêle  leur  favre  un  présanl 

cause  de  mon  indisposition,  peu  l'aire  cesl  office.  Madicte 
dame  et  mère  pourra  allerjusqu'à  Salehourg(Sarrebonrg). 
qui  est  la  dernière  ville  de  Monsieur  le  ducdcLorrayneoù 
ils  arriveront  le  premier  du  mois  prochain.  De  là  mon- 
di et  frère  passera  oultre,  accompagné  de  nos  cousins  le 
prince  de  Condé,  ducs  de  Nevers  et  du  Maine,  marquis 
d'Elbeuf,  mareschal  de  Retz,  grand  prieur  de  France, 
et  de  plusieurs  autres  seigneurs  et  gentils  homes  de  qua- 
lité, oultre  ceulx  de  sa  maison.  Il  prend  son  chemin  par 
les  terres  du  comte  Palatin  jusques  à  Mayence  où  il 
passe  le  Rhin.  De  là  il  ira  par  le  pays  de  llessen  en  celny 
de  Saxe  d'où  il  enlrera  dedans  les  lerres  du  marq"  de 
Brandebourg  par  lesquelles  il  sera  conduit  jusques  en 
son  royaume,  où  je  vonldrois  qu'il  feusl  desjà  arrivé  à 
son  contentement,  vous  asseurant  qu'il  y  est  attendu 
aveques  grand  désir  et  expélation  et  trouvera  ebascun 
disposé  à  l'honorer  et  luy  obéyr.n  (Bibl.  nat.,  fonds 
franc.,  n"  i6io5,  f  /121  v°.) 

1   L'eyr,  l'air. 

3  Elle  fait  allusion  à  la  mission  de  Thomas  Randolpb  , 
qui  venait  entretenir  le  Roi  d'un  traité  de  commerce.  Voir 
dans  le  Calendar  of  State  jmper»(i  r>-3 ,  p.  h'A)  les  instruc- 
tions que  lui  avait  remises  la  reine  Elisabeth  et  la  dé- 
pèche à  ce  sujet  de  VilenUn  Dale  à  lord  Burghley 
(/'«</.,  p.  Itlll). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


267 


au  nouveau  veneu  et  sara  bien  fest  qu'yl  s'en 
retorne  yncontinent.  Je  ne  vous  hannuire'  de 
plus  longue  letre  el  vous  bèse  le'  mains  et  prie 
Dieu  que  soye's  ausi  sayn  que  vous  de'sire'. 

De  Nansis,  cet  xxme'"c  de  novembre  167m. 

Voslre  bonne  et  afectioné  mère, 

Caterine. 


I  573.  —  2(3  novembre. 

Record  office ,  State  papers  ,  France,  vol.  LV. 

A  LA  ROÏNE  D'ANGLETERRE. 

Très  liaulte,  très  excellente  el  tris  .puis- 
sante princesse,  uostre  très  chère  et  très  ame'e 
bonne  sœur  et  cousine,  nous  avons  receu 
\ostre  lettre  par  le  sieur  de  Randoiph,  lequel 
nous  avons  veu  fort  volontiers,  et  aussy  en- 
tendu de  luy  ce  qu'il  nous  a  expose'  de  vostre 
part  touchant  le  faict  du  trafGcq  de  vos  mar- 
chans  es  pays  de  deçà  et  aultres  choses  qu'il  a 
eu  charge  de  nous  dire;  sur  quoi  luv  aiant 
tenu  aucuns  propos,  nous  estimons  qu'il  le 
vous  sçaura  fidellement  rapporter,  qui  sera 
cause  que  nous  n'en  estendrous  la  présente, 
mais  nous  en  remettrons  à  sa  suffisance  pour, 
en  y  faisant  fin,  supplier  le  Créateur,  très 
haulte,  très  excellente  et  1res  puissante  prin- 
cesse, noslre  très  chère  et  très  amée  bonne 
sœur  et  cousine,  qu'il  vous  avt  en  sa  très 
sainte  et  digne  garde. 

Escript  de  Nancy,  ce  xxvie  jour  de  novem- 
bre 1.573. 

Vostre  bonne  sœur  et  cousine  et  parfecle 
amye  ', 

Caterixe. 
Brulart. 

1  Le  mariage  du  duc  d'Alençon,  dont  le  gouverne- 
inent  anglais  se  servait  pour  masquer  toutes  ses  pratiques, 
loin  d'avancer,  avait  fait  un  pas  en  arriére.  ISurgliley  ne 
radiait  pas  à  La  Mothe-Fénelon  qu'on  lui  écrirai)  de 
France  cque  les  marques  de  la  petite  vérole  rj'àvàienl 
pas  disparu  avec  le  temps  et  qu'il  restait  au  visage  du 


1573.  —  28  novembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  11°  1797a,  f°  137. 
Imprimé  dans  tes  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau,  t.  111  ,  p.  36l . 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  le  sieur  Randolphe  l, 
après  avoir  veu  le  Roy  monsieur  mon  fils  à 
Vilry  et  faict  entendre  ce  qu'il  a  eu  charge  de 
lui  exposer  de  la  part  de  la  royne  d'Angleterre 
ma  bonne  sœur  et  cousine,  s'est  acheminé  à 
Nancy  avec  l'ambassadeur  résident  par  deçà, 
où  le  roy  de  Polongne  mon  fils  el  mov  nous 
estions  acheminez  pour  son  voiage.  Et  encores 
que  nous  eussions  délibéré  d'en  partir  lundi 
dernier  pour  gaigner  chemin,  néantraoins 
ayant  sceu  le  désir  qu'il  avoil  de  voir  mon- 
diet  fils  le  roy  de  Polongne  et  craignant  luv 
donner  la  peine  de  nous  suivre  trop  loing, 
nous  nous  résoiusmes  de  séjourner  ledicl 
lundy  et  mardy  ensuivant  pour  luv  donner 
audience,  comme  il  a  esté  fait;  m'ayant  en 
Scelle  tenu  tant  d'honnesles  propos  de  la  bonne 
et  sincère  amitié  de  sa  maistresse  en   uostre 

duc  des  enflures;  qu'il  croyait  donc  que  la  reine  ne  s'en 
pourrait  jamais  contenter."  Randolpli  fut  donc  envoyé 
pour  savoir  île  visu  ce  qui  en  était;  il  emportait  un  por- 
trait pour  bien  constater  la  différence  du  réel  à  l'idéal. 
Elisabeth,  comme  toujours, alléguait  son  grand  âge  sien 
disproportion  avec  celui  du  duc,  le  danger  auquel  elle 
s'exposait  en  ayant  des  enfants,  la  crainte  du  mépris,  si 
elle  n'en  avait  pas.  Leicester,  dans  un  entretien  avec  notre 
ambassadeur,  revint  sur  ces  éternelles  redites.  On  ne 
peut  refuser  aux  Anglais,  et  à  toutes  les  époques,  d'avoir 
été  éminemment  pratiques.  Randolpli ,  maître  des  postes 
d'Angleterre,  ayant  à  traiter  des  rapports  commerciaux 
des  deux  nations,  le  projet  de  mariage  n'était  peut-être 
que  le  mojen  d'obtenir  de  meilleures  conditions.  En 
tout  cas,  la  mission  réussit,  car  Charles  IX,  dans 
une  lettre  du  a  décembre  1670,  remercie  Elisabeth  de 
ce  qu'elle  lui  a  fait  entendre  par  le  sieur  Randolpli, 
maître  de  ses  postes,  et  de  sa  bonne  volonté  pour  faci- 
liter le  commerce  entre  les  deux  pays.  (Calemlav  «/ 
Stale pnpers ,  1570,  p.  I\t\h.) 
1  Valenlin  Dale. 

34. 


oG8  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

endroict,  el  du  désir  qu'elle  a  de  le  faire  con- 
noistre  en  toutes  occasions,  qu'il  n'est  possible 
de  plus,  \ussi  m'ii-l-il  dict qu'il avoil  quelques 


mémoires  pour  traicter  et  négocier  du  tramcq 
des  marchans  d'Angleterre  en  ce  royaume 
suivanl  nostre  dernier  traicté;  sur  lesquelles 
choses  je  l'ay  premièremenl  remercié  de 
l'amyable  Visitation  que  nous  a  voulu  faire 
faire  par  luy  madicte  bonne  sœur,  qui  par 
celle  démonstration  faisoit  toujours  cognoistre 
-a  bonne  volonté  en  noslrc  endroict,  laquelle 
je  désirais  qu'elle  voulus!  continuer,  comme,  de 
aostre  part,  nous  avions  l'esprit  plus  tendu  à 
cela  qu'à  toutes  autres  choses.  Il  a  veu  et  bien 
considéré  mon  fil/,  le  duc  d'Allençon  duquel 
il  faicl  contenance  d'estre  fort  satisfaict,  etle 
trouver  tel  qu'il  doit  grandement  agréer  de  sa 
personne  à  la  reyne  sa  maistresse,  estant  de- 
meuré fort  content  de  toutes  chosss  proposées 
pour  son  regard,  et  pense,  quant  à  moy,  veu 
sa  démonstration  extérieure,  qu'il  n'eu  fera 
par  delà  qUe  rapport  conforme  à  ce  que  dessus 
et  selon  la  vérité  qu'il  a  mieux  cogneu  à  l'œil 
qu'elle  ne  I  avoil  cy-devant  entendu.  Pour  le 
regard  du  trafficq  des  marchans,  je  luy  ay 
respondu  que  n'estant  le  Roy  mondict seigneur 
el  fils  arresté  en  aucun  lieu,  mais  ordinaire- 
ment par  les  champs  el  moy  de  l'autre  costé, 
et  mesme  de  ce  voïage,  où  je  conduis  mon  filz 
le  roy  de  Polongne  le  plus  avant  qu'il  m'est 
possible,  il  y  a  peu  de  commodité  de  traicter  de 
ci  sté  affaire,' pour  laquelle  négocier  et  conduire 
à  quelque  bonne  conclusion,  qui  tourne  au 
bien  et  proffict  des  deux  royaumes,  il  me 
sembloil  que  le  meilleur  estoit,  ainsy  que 
VOUS-mesme  lui  avez  dit,  que  le  sieur  Ran- 
dolphe  laissasl  es  mains  de  l'ambassadeur 
résident  ordinairement  par  deçà  les  susdits 
mémoires,  pour  avec  loisir  eu  eslre  conféré 
au  premier  lieu  de  séjour  que  nous  ferons. 
chose  que  ledicl  sieur  Randojphe  a  trouvée 


fort  bonne  et  eu  dès  agréable,  ni'ayanl  faicl 
cognoistre  que,  tant  pour  ce  regard  que  pour 
l'autre  poincl  qui  louche  mon  fil/,  le  duc,  il 
est  bien  disposé  à  faire  par  delà  tous  les 
bons  offices  qu'il  luy  sera  possible;  à  quo\ 
pour  le  rendre  plus  affectionné  et  lui  donner 
toute  occasion  de  se  louer  de  nous,  depuis 
son  arrivée  en  ce  royaume  nous  l'avons 
delfrayé,  faicl  traicter  et  recueillir  partout, 
ayant  escritau  Roy  niondit  seigneur  et  lils  qu'à 
son  retour  il  fus!  faict  le  semblable  et  reconduit 
jusques  à  Boulongne,  comme  il  a  esté  en 
venant,  et  qu'il  lui  fist  faire  une  chaisne  de 
huit  cens  livres,  comme  je  m'asseure  qu'il 
sera  faict,  qui  est  une  honneste  gratification , 
de  laquelle  nous  estimons  qu'il  demeurera 
fort  content;  priant  Dieu,  .Monsieur  de  fa 
Mothe,  qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escripl  à  Saint-Nicolas,  le  xxviu1'  jour  de 
novembre  1  07.3. 

Caterine. 


I  .">7.''>.  —  9  décembre. 

Copie.  Bilil.  nat.  fonds  français,  n'3ig3,  f'  161. 

A.  MONSIEUR  DE  VÏLLEQUIER. 

Nous  Catherine,  par  la  grâce  de  Dieu  royne 
de  France,  mère  du  Roy,  certifions  à  tous  qu'il 
appartiendra  que  le  sieur  de  Villequier  a  en 
nostre  présence  mis  el  délivré  es  mains  du 
roy  de  Poloïgne  nostre  très  cher  filz  toutes  les 
bagues,  aneaux,  carquans,  chesoes,  autres 
pierreries  contenues  en  ce  présent  inventaire, 
desquelz  le  Roj  nostre  très  cher  et  1res  amé 
fil/  a  faicl  don  à  noslredict  filz  le  roy  de 
Poloigne  son  frère,  el  afin  que  à  ['advenir 
il  n'en  puisse  eslre  aucune  chose  demandée 
audicl  sieur  de  Villequier,  promectons  lui  en 
faire  expédier  par  le  Roy  noslredict  seigneur  et 
filz  telle  et  si  suffisante  descharge  tant  pour 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


269 


luy  que  pour  Me  François  de  Vigny,  receveur 
de  la  ville  de  Paris,  que  meslier  sera  et  appar- 
tiendra, aianl  cependant  voullu  faire  expé- 
dier  la  présente  pour  leur  servir  et  valoir 
comme  de  raison. 

Faict  à  Blamont,  ce  deuxiesme  jour  de  dé- 
cembre  i  573 J. 

Caterine. 
Brlxart. 


1573.  —  h  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15902,  f°  587. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVBE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  vous  entendrez  l'oc- 
casion pour  laquelle  je  vous  envoyé  Saugier 
présent  porteur  et  vous  prye  que,  comme  vous 
estes  pralic  d'aller  en  Allemaigne,  vous  pre- 
nez garde  à  cest  avertissement ,  encores  que 
je  ne  le  croye  pas;  vous  estes  assez  advisé 
pour  vous  en  bien  esclerciret  sçavoir  prendre 
party  d'un  autre  chemin  et  invocquer  les  forces 
et  secours  de  mon  cousin  le  conte  Palatin,  si 
besoing  est;  à  quoy  je  vous  prie  de  regarder 
selon  vostre  bonne  affection  ;  priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Bellièvre,  qu'il  vous  ayt  en  sa saincte 
guarde. 

Escripl à  Blamont2,  le  niCjour  de  décem- 
bre 1073. 

Depuis  j'ay  advisé  de  vous  envoyer  le  sieur 
Montmorin. 

Caterine. 
Brulart. 

1  Voir  dans  le  même  volume  (("  1 5g)  l'inventaire  de 
ces  bijoux  et  leur  estimation  par  les  orfèvres  de  Paris 
(Claude  Doublet,  Guillaume  Malart,  Symon  Langlois, 
Richard  Toutin  l'aishé,  demeurant  aux  Coquilles), 
ainsi  que  la  décharge  que  Charles  IX  en  donne  à  M.  de 

-  C'est  à  Blamont  que  Catherine  se  sépara  du  nou- 
veau roi  de  Pologne. 


1573.  —  9  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  nomelles  acquisitions  françaises,  vol.  a3i.  f°  1  '1. 

A  MONSIEUR  DE  RAMBOUILLET. 

Monsieur  de  Rambouillet,  le  sieur  de  No- 
zcrolles,  qui  est  demeuré  derrière  prent  son 
chemin  droict  à  Cracovie,  ne  suivant  pas  celui 
que  faict  le  roy  de  Poloigne  mon  fils,  qui  est 
cause  quej'e  vous  faicts  ce  mot  de  lettre  soubs 
l'espérance  que  j'ay  qu'il  vous  arrivera  plus  tôt 
quemondicl  fils,  alfin  que  vous  soyez  asseuré 
de  son  acheminement  par  delà,  et  comme  il 
est  bien  avant  en  chemin,  lequel  il  est  ré- 
solu de  poursuivre  jusques  à  ce  que  il  se 
rende  à  Cracovie.  L'homme  du  sieur  Bazin 
est  présentement  arrivé  près  de  moy,  après 
avoir  vu  en  passant  le  roy  de  Poloigne  mon 
fils,  ayant  esté  bien  ayse  d'entendre  par  luy 
de  vos  nouvelles  et  que  toutes  choses  ressortent 
si  bien  par  delà,  qui  est  tout  ce  que  vous 
aurez  de  moy  pour  ceste  heure,  en  attendant 
que,  estant  arrivé  près  du  Roy  monsieur  mon 
fils,  je  vous  fasse  une  bien  ample  dépesche.  Et 
sur  ce  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  Rambouillet, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Somtnièvre,  le  ixejour  de  décem- 
bre 157.3. 

Caterine. 
Brulart. 


1573.  —  10  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  11°  i5go3,  f°  089. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  je  suis  ce  soir  arrivée 
en  ceste  ville  où  le  Roy  monsieur  mon  filz 
s'est  aussi  trouvé;  et  aiant  rencontré  le  sieur  de 
Bigareau  présent  porteur  que  le  Roy  mondict 
sieur  et  filz  envoioit  devers  le  roy  de  Po- 
longne  monsieur  mon  filz,  je  l'a  y  ramené  pour 
luy  escripre  et  par  mesme  moyen  pour  vous 


•270 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


faire  ce  petit  mol  pour  vous  dire  que  nous 
sommes  bien  esbahis  que  n'avons  eu  aucunes 
nouvelles  de  luy  ny  de  vous  depuis  son  par- 
lement ,  vous  priant  ne  faillir  de  le  ramenlevoir 
de  nous  en  faire  entendre  aux  jours  et  ainsi 
qu'il  a  esté  advisé  avant  son  partenient;  et, 
n'estant  la  présente  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu, 
.Monsieur  de  Bellièvre,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Eacripi  à  Reims,  le  jetrdj  au  soir  i  dé- 
cembre 1573. 

Monsieur  de  Bellièvre,  atlin  que  n'oubliez 
pas  de  satisfaire  à  ce  queje  vous  escripls  cy- 
ilosus,  je  vous  envoyé  le  mémoire  des  noms 
des  lieux  d'où  il  fut  advisé  en  la  présence  de 
inondict  sieur  filz  le  roy  de  Polongne  qu'il 
escriproit  bien  amplement  de  ses  nouvelles, 
dont  je  vous  prie  derechef  l'en  faire  souve- 
nir1. 

Gatf.rime. 

PlNART. 

1  Do  Francfort,  Schomberg,  dans  une  lettre  à  Cathe- 
rine iin  a 2  décembre,  lui  donne  de  curieux  détails  sur 
le-  voyage  du  nouveau  roi  de  Pologne  et  sur  les  disposi- 
tions favorables  des  princes  et  électeurs  d'Allemagne  : 
••  Madame,  Vostre  Majesté  aura  entendu  des  sieurs  de  Puy- 
gaillard  et  Frégouse  l'heureux  acheminement  du  roy  de 
Poulogne  et  la  fasçon  do  laquelle  nous  nous  y  gouvernons. 
Or,  s'en  retournant  présentement  le  s'  de  la  Norle 
par  devers  Voz  Majeslez,  je  n'ay  voulu  faillir  de  l'accom- 
paignor  de  la  présente,  qui  sera  pour  très  humblement 
advertir  Vostre  Majesté  que  le  roy  de  Poulogne  a  encores 
ung  coup  passé  heureusement  le  Rhin  et  est  arrivé  le 
iur-.nn'  jour  en  CJBata  ville  de  Francfort  où  le  Magistrat  a 
usé  de  fort  honnestes  façons  à  l'endroict  de  Sa  Majesté; 
mais  yl  n'y  a  pas  eu  faulte  de  gens,  qui  se  soyenl  mis  eu 
tout  delivoir  d'essayer  à  donner  des  alarmes  bien  lourdes 
à  Sa  Majesté,  lesquelles  loutesfoys  Sa  Majesté  a  trouvé 
entièrement  laulses,  et  ne  nie  peulx  enguarder  queje 
11.  die  à  Vostre  Majesté  qu'il  y  a  des  gens,  et  niesme  en 
ceste  trouppe,  qui  ne  s'estudient  à  aultre  chose;  et,  si  le 
roy  île  Poulogne  vostre  filz  estoit  aussi  prompt  à  adjousler 
foy  à  leurs  inventions  qu'eulx  sonl  eshonlez  et  diligents 


1573.  —  îa  décembre. 

Orig.  Dibl.  oui.  fonds  fraisais,  n"  3335,  f'  3. 

A  MADAME  MA  TAIVTE 

LA  DUCHESSE  DE  FERRARE. 

Madame  ma  tante,  jay  receu  vostre  leclre 
du  wvi""""  jour  d'octobre  avec  regret  et  des- 

à  en  bastir,  à  toutes  heures,  de  nouvelles,  je  ne  sçay  que 
nous  ferions;  mais  Sa  Majesté  se  monstre  si  magnanime, 
si  résolue  que  j'espère  que  la  honte  qu'ilz  ont  de  voir 
ainsi  dédaigner  leurs  artifices  les  fera  s'en  déporter  à 
['advenir.  Aous  ne  négligeons  loutesfoys  rien  et  c.roy  que 
Vostre  Majesté  entendra  par  ceulx  qui  s'en  retournent 
vous  trouver  qu'il  ne  tint  pas  à  ma  peine  et  soiug  que 
nous  ne  soyons  bien  et  seuremcnl  advertis,  à  toutes 
heures,  des  ocenrences  qui  se  peuvent  présenter;  pour  le 
moings  et  moy  et  mes  gens  que  jay  esté  cnnlrainct  pour 
Suffire  à  ces  journées  d'accroistre  jusques  à  trente  cinq 
chevaulx,  sommes  tousjours  sur  pied  et  en  campaigne;  en 
quoy  je  suis  bien  secondé  par  M.  le  maréchal  de  Retz. 
Or  le  roy  part  aujourd'huy  de  ceste  ville  pour  aller  cou- 
cher à  Hanau  et  se  rendre  le  xviii""e  de  ce  moysà  Fulda 
où  Sa  Majesté  s'est  résolue,  à  l'instance  des  Poulognovs, 
de  faire  la  leste  de  Noël  ;  de  là  il  s'acheminera  à  Vach  où 
le  Landgrave  l'attend  en  très  bonne  dévotion.  Il  a  envoyé 
gentilshommes  à  diverses  foys  par  devers  moy  pour  s'in- 
former au  vray  du  jour  de  l'arrivée  de  Sa  Majesté  et  pour 
remarquer  la  fasçon ,  coume  je  me  suis  apperceu ,  dont 
le  conle  Palatin  et  Monsieur  de  Mayence  usoient  à  l'en- 
droict  du  roy.  Le  conte  Palatin  a  envoyé  courrier  sut 
courrier  en  Saxe,  commandant  expressément  au  duc  Jan- 
Cazimir  de  se  trouver  audict  Vach  et  ce  pour  presser  le 
Landgrave  et  le  pousser  à  une  bonne  et  définitive  réso- 
lution louchant  le  faict  de  l'intelligence.  Ledict  conte 
Palatin  envoyé  avecques  nous,  oultre  les  duc  Christoffli- 
et  conte  Ludowicq,  le  sieur  Zuleger,  ung  de  ses  plus 
confidents  conseillers,  pour  faire  le  mesme  effect.  Il  avoil 
pareillement  donné  charge  à  docteur  Ohem  de  s'en  aller 
en  compagnie  du  conte  Jehan  de  Nassau,  frère  du  conte 
Ludowicq,  trouver  l'ellecteur  de  Coulogue  pour  le  faire 
accepter  ce  que  Vostre  Majesté  sçayt  et  l'enduire  à  abju- 
rer éternellement  la  Maison  d'Autriche,  Or  pour  ce  que 
nous  trouvions  ledict  docteur  Ohem  plus  vanlable  et  plus 
rond  et  entier  que  ledict  Zuleger,  qui  a  tousjours  le  faict  de 
ceux  de  la  religion  de  France  en  la  teste  et  en  la  bouche , 
j'ay  tant  faict  que  ledict  docteur,  qui  est  le  premier 
conseiller  de  son  maistre  et  très  confident  à  l'électeur  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


271 


plaisir  de  la  mort  de  feu  ma  cousine  Madame 
la  duchesse  de  Ferrare  vostre  belle-fille,  tant 
pour  la  perle  que  mon  cousin  son  niary  a  t'aide 
particulièrement  en  elle  que  pour  celle  que 
nous  recepvons  tous  pour  la  mort  d'une  si 
bonne  et  vertueuse  princesse  qu'elle  estoit;  et 
ne  voullant,  de  peur  de  vous  rafreschirl'ennuy 
que  vous  en  avez,  en  estendre  ce  propos  plus 
avant,  je  fera  y  fin  à  la  présente,  me  recom- 
mandant bien  affectueusement  à  vostre  bonne 

Saxe  et  au  Landgrave,  a  promis  au  roy  de  se  trouver  chez 
le  Landgrave  pour  pousser  à  la  roue,  de  sorte  que  j'es- 
père que  les  lectres  que  le  roy  escrira  à  Voz  Majestéz , 
au  partir  de  Vach,  vous  apporteront  enrores  plus  de  sa- 
tisfaction que  n'ont  faict  les  précédentes.  Or,  pour  retour- 
ner au  discours  de  nostre  voyage ,  j'euvoy  à  Vostre  Majesté  la 
liste  des  logis  que  le  Roy  entend  faire  entre  icy  et  Meseritz  , 
et  pour  ce  que  je  ne  double  pas  qu'il  y  en  aye  qui  ne  vous 
preschent  le  dangier  du  passage  sur  les  terres  du  conte 
de  Hanau  et  abbé  de  Folda,  je  n'ay  voulu  faillir  de 
vous  faire  entendre  par  le  sieur  de  la  Nocle  de  l'ordre  que 
j'y  ay  mis  et  supplie  Vostre  Majesté  de  ne  s'imaginer  aul- 
cune  peur  de  la  personne  du  roy  ny  du  bagage  pareille- 
ment, moyennant  que  chascun  veille  garder  l'ordre  que 
je  leur  ay  prescrit  et  Sa  Majesté  commande  très  expres- 
sément d'ensuivre.  L'abbé  de  Folda  attend  le  Roy  à 
Folda.  Le  conte  de  Barbi  est  à  Eysenach ,  accompagné 
du  gouverneur  de  Tliuringie,  lesquels  deux  conduisent  le 
voy  de  l'électeur  de  Saxe  qui  est  fort  beau  et  grand  et 
nous  vindra  prendre  au  sortir  de  Vacli.  Le  Landgrave  m'a 
faict  entendre  qu'il  a  envoyé  par  devers  l'électeur  de  Saxe 
boiiune  exprès,  aussitost  qu'il  a  receu  la  lettre  que 
Vostre  Majesté  luy  escrivoyt  de  Blaniond  pour  l'inciter 
à  l'entreveue  du  roy  et  de  luy,  de  quoy  sa  femme,  à 
l'instance  de  l'Empereur,  le  retint  par  cris ,  pleurs  et 
continuelle  lamentation;  mais  je  croy  que  le  sieur  de  la 
Roche-Pozay  que  le  roy  a  envoyé  par  l'advis  mesme  du 
conte  Palatin  lèvera  reste  difficulté  et  advancera  la  venue 
du  duc  Jean-Cazimir.  Nous  sçaurons  des  nouvelles  dudict 
électeur  de  Saxe  à  Vach,  duquel  lieu  le  roy  de  Poulogne 
vous  escrira  à  mon  opinion,  bien  particulièrement  du 
fruict  qu'il  peult  espérer  de  son  voyage  par  l'Allemagne. 
Dieu  veuille  que  le  tout  puisse  réuscir,  comme  j'espère, 
au  contentement  de  Voz  Majcstoz.i  (Copie.  Bibl.  nat., 
Cinq  cents  Colbert,  n"  Aoo,  volume  sans  pagina- 
lion.) 


grâce  et  priant  Dieu,  Madame  ma  lante,  vous 
donner  en  santé  bonne  et  longue  vye. 

Escript    à  Paris,  le  xn"  jour  de  décembre 
1073. 

Catehine. 


1573.  —  17  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  326C,  f°  70". 

A.  MONSIEUR  DE  DA.MVILLE. 

Mon  cousiu,  vous  cognoissez  par  la  lettre 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript 
présentement1  en  quelle  recommandation  il  a 

1  Dans  cette  lettre,  dont  Catherine  fait  mention, 
Charles  1\  lui  disait  :  trj'ay  sceu  par  vostre  lettre  du 
xi  1'°"  de  novembre  dernier  comme  le  sieur  du  Belloy  est 
arrivé  devers  vous  avec  les  dépescbes  dont  je  l'avois 
chargé  et  que  vous  estes  attendant  mon  cousin  le  duc 
d'Uzès  et  le  sieur  de  Caylus  pour  convenir  avec  les  dep- 
pulez  de  ceulx  de  la  nouvelle  religion  et  moyenner 
quelque  bonne  fin  aux  troubles  qui  ont  duré  jusques 
icy,  ainsy  que  je  vous  ay  expressément  recommandé  par 
mesdictes  dépesches.  Je  sçay  qne  vous  avez  le  bien  de 
mon  service  el  l'exécution  de  ce  que  vous  sçavez  ostre  de 
mon  intention  si  cher  qu'il  ne  seroit  besoiug  vous  taire 
aucune  recharge  de  ce  faict;  louttefois  je  l'ay  si  à  cueur 
et  désire  tant  le  repos  de  mes  subjeclz  et  les  embrasser 
tous  de  la  vraye  affection  que  doibt  ung  bon  prince,  que 
j'ay  bien  voulu  le  vous  répéter  encore,  affin  que  vous 
soyez  tant  mieulx  esclaircy  de  mon  désir  en  cest  endroict. 
J'en  escris  pareillement  aux  sieurs  dTJzez  et  de  Caylus 
pour,  de  leur  part,  y  employer  tous  les  moyens  qu'il?. 
peuvent,  alfin  de  tant  plus  en  faciliter  le  succès.  Parmy 
cela  je  désire  que  vous  faciez  bien  ruddement  entendre 
auxdictz  députez  le  mescontentemenl  que  j'ay  des  leurs  en 
ce  quecontre  la  suspention  d'armes  accordée  d'une  part  et 
d'autre  et  la  fov  publique,  ilzne  cessent  de  courir,  piller 
et  saccager  tous  les  lieux  où  ils  peuvent  meclre  ie  pied, 
qui  ne  sont  de  leur  occupation,  y  commectaul  la  même 
hostilité  qu'ilz  feraient  hors  ladicte  suspention  et  en 
guerre  ouverte,  couine  en  font  foy  les  informations  qui 
m'ont  esté  adressées  par  mon  procureur  général  à  Tou- 
louse, lesquelles  j'ay  commandé  vous  estre  envoyées,  et 
l'usurpation  de  deux  villages  appartenant  à  mondict 
cousin  le  sieur  d'Uzcz.i  (Bibl.  nat.,  fonds  français, 
n"  3afi6,  f  76.)  Le  lieu  de  Pézenas  ayant  été'  choisi  pour 


272 


LETTRES  DE  CATI1E 


l'issue  de  l'assemblée  qu'il  vous  a  mandé  de 
faire  de  ceuk  de  la  nouvelle  religion  pour  le 
désir  qu'il  a  de  mettre  en  repos  tous  ses  sub- 
jeetz  et  les  délivrer  des  misères  qu'ilz  ont 
jusques  icy  souslenues,  dont  il  a  esté  tousjours 
très  déplaisant  et  nioy  aussy  de  mon  couslé. 
Je  m'asseure  que  vous  n'oublierez  en  cest  eu- 
droict  aucune  chose  que  vous  penserez  servir 
à  lu\  moyenner  ce  conlentement,  comme  l'on 
sçayt  assez  que  vous  aymez  à  embrasser  le  bien 
de  ses  affaires  de  loule  l'affection  que  se  peull 
désirer,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  de  Soyssons,  le  xvue,n<'  jour  de  dé- 
cembre 1673. 

\ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1573.  —  17  décembre. 
Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  renls  Coberl,  n"  366,  f"  A7&. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  je  suis  depuis  peu  de 
jours  de  retour  du  voyaige  que  j'ay  fait  sur 
la  frontière  de  ce  royaulme  pour  conduire 
jusque  là  le  roy  de  Polongne  mon  fils  s'ache- 
minant  en  son  royaulme,  où  j'espère  que 
Noslre  Seigneur  le  conduira  et  rendra  aussy 
heureusement  qu'il  l'a  favorisé  en  l'eslection 
d'iceluy.  J'ay  veu  toutes  les  dépesches  que 
vous  nous  avez  faictes  pendant  mon  absence, 
sur  lesquelles  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
lait  ample  response,  et  spécialement  quant  à 
l'occasion  qui  l'a  meu  de  donner  litre  d'ambas- 
sadeur au  sieur  de  Foix,  l'envoyant  par  delà, 
eslans,  de  nostre  part,  démolirez  fort  satisfaitz 
que  vous  vous  y  soyez  gouverné  si  prudemment 
que  vous  avez  faict;  ce  n'a  point  esté  pour 

celte  assemblée,  Charles  l\  lui   adresse  à  ce  sujet  une 
nouvelle  lettre  le  27  décembre.  (Ibid.,  P77.) 


R1NE  DE  MEDIG1S. 

vous  diminuer  aulcune  chose  de  vostre  aucto- 
rité,  laquelle  le  Roy  mon  fils  entend  vous 
conserver  en  son  entier,  mais  seulement  pour 
le  respect  de  la  maison  du  sieur  de  Foix  et 
aultres  particulières  considérations,  lesquelles, 
je  m'asseure,  vous  sçaurez  tousjours  bien  in- 
terpréter, pliant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escrit  à  Soissons,    le   xviime  jour  de  dé- 
cembre 1573. 


CATERINE. 


Fizes. 


1573.  —  17  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  collecL,  Dupuy,  n°  801,  f°  n5  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRESIDENT   ES   SA   COURT  DE   PARLEMENT   DE   PARIS. 

Monsieur  le  Président,  ayant  esté  advertye 
que  Monsieur  de  Montpensier  poursuivoit  de 
favre  vuyder  le  droict  qu'il  prétend  en  mes 
terres  d'Auvergne  et  que  desjà  il  avoit  faict 
meclre  la  cause  au  roolle  pour  cslre  plaidée 
le  premier  jour,  je  vous  ay  bien  voulu  despé- 
cher Chantereau,  présent  porteur,  pour  vous 
prier  d'avoir  cest  afîayre  pour  recommandé  et 
la  justice  de  ma  cause  sy  bien  gardée  qu'il  ne 
m'y  soit  faict  aulcune  surprinse;  je  luy  ay 
donné  charge  de  vous  dire  aulcune  chose  de 
ma  part,  dont  je  vous  supplye  le  croire, 
comme  vous  vouldriez  fayre  moy-mesmes, 
priant  Dieu,  Monsieur  le  Président,  vous 
tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Soissons,  le  xviicmc  jour  de  dé- 
cembre i573. 

Caterine. 
Chantereau. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


273 


1573. —  22  décembre. 

Copie,  llibl.  Dat.  fonds  français ,  n°  17972,  p.  i3&. 
Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Custelnau ,  t.  III , 


.  3G7. 


A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFENELON. 

.  .  .  fismes  le  xi  du  mois  passé l  ;  et  les  res- 
ponses qu'elle  vous  y  a  faictes,  qui  sont  pleines 
de  dénions  Ira  lions  de  sa  bonne  aiTeclion  envers 
nous.  Vous  verrez  par  la  lettre  du  Roy  mon- 
sieur mon  fils  ce  qui  se  peult  dire  à  vostredicte 
dépesche.,  qui  me  gardera  vous  faire  cette-cy 
guère  longue  et  sera  seulement  pour  vous  prier 
de  faire,  ce  que  nous  vous  avons  dernière- 
ment escrit,  tout  ce  qui  se  pourra,  pour 
fadvancement  de  la  négociation  du  mariage 
de  mon  fils  le  duc  d'Alençon  avec  ladicte  dame 
royne  et  ne  craindre  de  promettre  de  bonnes 
sommes  de  deniers  à  ceux  qui  y  pourront 
servireteslre  cause  de  ce  bien2.  Ce  que  sachant 
que  voussçaurez  bien  l'aire,  je  m'en  remettrai 
à  voslre  prudence  e(  dextérité,  priant  Dieu 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Je  vous  escriray  une  autre  lettre  à  part  et 
expresse,  afin  que  trouviez  moïen  de  la  faire 
voir  à  la  royne  d'Angleterre,  ainsi  que  vous 
avez  quelquefois  accoutumé,  et  y  sera  bien 
à  propos  à  ceste  beure  pour  les  causes  qui 
y  sont  mentionnées. 


'  Le  commencement  de  celte  lellre  manque  dans  la 
copie  imprimée. 

•*  De  son  coté  le  duc  d'Alençon  avait  écrit  le  21  décembre 
à  Walsingham  :  f  J'ay  esté  bien  ayse  d'avoir  occasion  de 
faire  entendre  de  mes  nouvelles  à  la  royne  d'Angleterre 
pour  l'asseurer  lousjours  de  ma  parfecte  affectyon  à  son 
service ,  et  par  mesme  moyen  j'ay  bien  voulu  vous  escripre 
et  pryer  me  tenir  lousjours  autant  en  ses  bonnes  grâces 
que  j'ay  affectyon  d'y  demeurer  et  croyre  que  vous  ne 
vous  employrez  jamais  pour  prince  duquel  vous  receviez 
plus  de  faveur  et  avancement  que  de  moy,  comme  à 
l'effect  vous  le  congnoistrez ;  sur  ce  je  prye  Dieu,  Mon- 
sieur de  Vnlsingan,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde."  (tie- 
cord  office,  State papers,  France,  original.) 

Catuerine  de  Médicis. —  iv. 


De  Sniiit-Gcrruain-en-Laye,  le  xxnc"'°  jour 
de  décembre  167.3. 

Caterine. 


1573.  —  27  décembre. 

Orig,    liibl.   nat.  fonds  français,  n°  320ÎÎ,  f'  37. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 


Mon  cousin,  combien  que  vous  ayez,  par 
la  précédente  dépesche  que  le  Roy  monsieur 
mon  fils  vous  a  faicte,  assez  au  long  entendu 
quelle  esloil  la  volonté  et  intention  pour  la 
conférence  que  vous  avez  à  tenir  avec  ceulx  de 
la  nouvelle  religion ,  si  est-ce  qu'il  le  vous  tes- 
moigne  encore  bien  particulièrement  par  la 
lettre  qu'il  vous  escript,  de  sorte  que  je  ne 
m'en  estendray  icy  davantaige,  sinon  pour 
vous  asseurer  que  vous  ne  sçauriez  faire  chose 
qui  luy  soit  plus  agréable  que  de  moïenner 
une  bonne  réconciliation1  entre  ses  subjeclz 
avec  l'honneur  et  auctorité  qui  lui  doibl  de- 
meurer et  de  nous  advertir  le  plus  lost  que 
vous  pourrez  ce  que  \ous  en  pourrez  espérer 


1  Dans  une  leltre  datée  du  .'S  décembre,  le  premier 
président  du  Parlement  de  Toulouse,  Daffis,  faisait  au  Roi 
un  triste  tableau  de  la  situation  du  Languedoc  :  a  Voyant 
que  de  jour  en  jour  les  calamilez  et  misères  accroissent 
sur  ces  endroicls  où  le  nombre  de  vos  bons  subjertz 
diminue  ,  vos  villes  sont  surprises,  le  pays  gasté  et  rnyné, 
et  qu'on  tasebe  peu  à  peu  de  se  soustraire  de  l'obéissance 
de  Voslre  Majesté,  je  ne  puis  obmettre  à  vous  repré- 
senter nostre  estât  et  vous  advertir  de  noslre  exlresme 
ruyne,  s'il  n'y  esl  autrement  pourveu.  Nous  sommes 
environnés  en  ceste  ville  de  tous  costez  par  les  onnemys 
qui  surprennent  journellement  des  villes  prés  de  nous, 
lesquelles  n'ont  moyen  de  se  deffendre,  ny  ceste-cj  'l<> 
les  garder,  les  babilans  d'icelle  ayant  souffert  lanl  de 
pertes  au  dehors  el  tant  despendu  et  payé  pour  le  com- 
mencement de  ces  derniers  troubles  qu'ilz  n'ont  le  pouvoir 
de  suppléer  aux  nécessités  qui  se  présentent,  el  sommes 
en  ce  malheur  que  ceulx  qui  souloient  s'employer  à  la 
deffense  commune    sont    en   Imnne   partie  oisifz  sper- 

:ir> 


i.irri:  11LHIL     KIT  (OSA  LC. 


_>7'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


et  du  devoir  qu'ils  auront  faict  de  réparer 
l'usurpation  par  eux  (aide  durant  la  suspen- 
sion ;  suivant  la  votante*  qu'ils  monstrenl  en 
avoir;  priantsur  ce  le  Cre'ateur  vous  avoir  en 
sa  très   aincte  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  xxvn0  jour 
de  décembre  1.573. 


Vostre  bonne  cousine, 


MTETUNK. 


1573.  —  29  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  fronçais,  n°  17972,  f°  i34. 
Imprime1  I  m   les  Additions  mue  Mêmoirea  de  Castelnau,  I.  III.  p.  377. 

\  MONSIEUR  DE  LA  MOTIIE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  vous  pouvez  asseu- 
rémenl  dire  à  la  roync  d'Angleterre  ma  bonne 
sœur  et  cousine  que  le  Roy  monsieur  mon 
lilz,  ayant  sceu  qu'elle  envoyeroit  faire  des 
provisions  de  vin  de  Gascongne,  a  commandé 
et  escript  très  expressément  au  gouverneur  de 
Bordeaux  qu'il  face  en  sorte  que  tous  les 
meilleurs  et  plus  excellens  soyenl  réservés 
pour  ladiclc  dame  royne  et  que  ses  gens 
soient  à  leur  souhaicl  et  désir  accommodez  et 
assistez  de  tout  ce  qu'ils  requerront,  ce  que 
je  m'asseure  qu'il  sera  fait;  vous  verrez  aussi 
Tordre  qui  a  esté  donné  pour  la  déprédation 
et  meurtres  qu'a  commis  le  capitaine  Nor- 
mand sur  ces  pauvres  Anglois,  desquels  nous 
avez  envoyé  la  requeste;  mais  j'ay  peur  que 
nous  ne  pourrons  faire  faire  la  justice  de  cest 
homme-là  si  bien  et  si  diligemment  que  nous 
voudrions;  car,  comme  vous  sçavez,  il  a  tou- 
jours esié  le  principal   dedans    la   Rochelle 

Lateurs  de  leurs  propres  calamilés,  de  sorte  que  le 
peuple,  estant  sans  deffence,  vient  en  tel  désespoir 
qui  ordinairement  pour  se  garantir  il  ayde  de  deniers 
ceulx  de  la  nouvelle  opinion  qui  en  attirent  une  infinité 
à  leur  parti.»  (Bibl.  nat.,  fonda  français,  n°  iDTi.'iS, 
l">7 


pendant  le  siège;  maintenant  il  s'est  relire  à 
la  mer,  où  il  fait  beaucoup  de  pirateries,  non 
seullement  sur  les  subjeetz  de  nos  voysins, 
mais  aussy  sur  les  nostres  propres.  Touteffois 
vous  pouvez  asseurer  ladicte  royne  et  ses  mi- 
nistres que  nous  ferons  tout  ce  qui  se  peut 
pour  lui  faire  faire  la  raison  du  contenu  èsdicles 
requesles  et  que  sera  aussi  lostque  nous  serons 
à  Saint-Germain-en-Laye ,  où  nous  avons  advisé 
d'aller  faire  nostre  séjour  au  lieu  de  Goin- 
piègne,  n'estant  ledict  Saint-Germain  point 
mal  à  propos  ni  trop  louin  de  Picardie,  pour 
avoir  souvent  nouvelles  d'Angleterre;  pour  ce 
que  aussi,  s'il  plaist  à  Dieu  que  la  négocia- 
tion de  mariage  d'entre  ladicte  rovne  et  mon 
fils  le  duc  d'Allençon  réussisse  à  l'heureuse 
fin  que  nous  désirons,  viendra  ledict  séjour  de 
Saint-Germain  bien  à  propos  pour  pourvoir  et 
donner  ordre  à  beaucoup  d'affaires  .  que  nous 
avons  remis  à  y  traicter  incontinent  après  ceste 
première  feste  de  Noël  que  nous  irons  faire. 
Mais  cependant  mondict  sieur  et  fils  a  passé 
en  ce  lieu  pour  y  prendre  son  plaisir  de  la 
chasse  pour  deux  ou  trois  jours,  lesquels  mon 
cousin  le  duc  de  Montmorency  et  ses  frères 
qui  sont  aussi  icy,  luy  ont  bien  faict  employer; 
caril  y  a  trouvé  les  chasses  et  les  autres  plai- 
sirs de  la  voilerie  à  souhaitz,  y  ayant  les  princes 
et  seigneurs  qui  sont  icy  avec  nous,  mesme 
mes  cousins  de  la  maison  de  Guise,  esté  fort 
bien  reçus  et  festoyez.  El  espérons  que  dores- 
navant  tous  nos  serviteurs  seront  si  bien  en- 
semble, qu'ils  procéderont  d'un  bon  accord 
aux  affaires  et  service  de  mondict  sieur  et 
fils,  dont  je  vous  ay  bien  voulu  donner  advis. 
priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

Je  vous  prie  faire  mes  affectionnées  recom- 
mandations à  la  royne  d'Angleterre  ma  bonne 
sœur  et  lui  dire  que  je  ne  me  puis  garder  de 
prier  Dieu  et  le  faire  prier  que  je  puisse  avoir 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


275 


cest  heur  que  le  nom  de  sœur  soit  changé  en 
la  plus  affectionnée  mère  qu'eut  jamais  prin- 
cesse, ni  qui  fut  en  ce  monde,  et  vous  prie  lui 
représenter  hien  l'affection  et  sincérité  de  quoy 
je  le  désire  et  le  vous  mande. 

A    Saint-Germain-en-Laye,    le    xxixe    dé- 
cembre 1&73. 

Gaterine. 


1573.  —  29  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17972,  f°  i3g. 
Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau ,  t.  III .  p.  3?  1 . 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe ,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  escrit  si  amplement  de  la  malheu- 
reuse menée  qui  s'est  tramée  par  aucuns  mal 
affectionnez  pour  tascher  d'altérer  le  repos  de 
ce  royaume  et  nous  meclre  aux  troubles,  que 
je  n'useray  d'aucune  redicte  par  cette-cy,  la- 
quelle sera  seulement  pour  vous  prier  de  faire 
bien  entendre  par  delà  la  vérité  de  tout,  ayant, 
ainsi  que  je  m'assure  qu'avez,  ce  qui  concerne 
la  négociation  des  propos  de  mariage  d'entre 
la  royne  d'Angleterre  et  mon  fils  d'Alencon  en 
si  grande  recommandation  et  y  usant  de  telles 
dextérités,  que  nous  en  puissions  voir  de  bref, 
à  présent  que  le  sieur  Randolle  est  de  retour, 
l'heureuse  conclusion  que  nous  désirons; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  la  Mothe,  qu'il  vous 
ait  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

A  Su int-Germain-en-Laye,  le  xxixe  décembre. 

Gaterine. 


1573.  —  29  décembre. 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  1590a,  f°  28a. 

A  MONSIEUR  DE  RELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Bellièvre,  j'ay  veu  ce  que 
m'avez  escript  du  besoing  que  a  le  roy  de 
Pologne  mon  filz  d'estre  secouru  d'une  bonne 


somme  de  deniers  dedans  le  temps  de  son 
incoronation  et  jusques  à  11e  m.  escus,  s'il  est 
possible,  ou  cm  pour  le  moings;  à  quoy  j'ai 
fort  soigneusement  pensé  depuys  la  réception 
de  voslre  lectre,  m'en  eslant  allé  à  Paris  ex- 
pressément où  j'ay  parlé  à  ung  Portugois  et  ou 
sieur  Jean -Baptiste  Gondy  qui  m'ont  donné 
quelque  espérance  de  quelque  bonne  somme, 
sans  touteslbis  ne  me  l'avoyr  spécifiée,  el 
doivent  venir  demain  en  ce  lieu  pour  y  regarder 
avec  moy,  vous  pouvant  asseurer  que  en  cela 
je  remueray  et  feray  tout  ce  qui  me  sera  pos- 
sible pour  secourir  mondict  filz  selon  le 
besoing  que  je  voy  bien  qu'il  en  a.  Le  sieur  de 
Ghiverny  y  travaillera  aussy  de  son  costé, 
affiu  que  rien  ne  soit  obmis  de  vigilance  pour 
le  rendre  content;  vous  priant,  Monsieur  de 
Bellièvre,  pour  fin  de  ceste  lettre,  de  me 
mander  le  plus  souvent  et  plus  particulière- 
ment que  vous  pourrez  des  nouvelles  de  mou 
filz,  qui  me  sera  chose  bien  fort  agréable,  el 
en  cest  endroit  je  supplie  le  Créateur  qu'il 
vous  ayt  en  sa  sainte  garde. 

Escript  de  Saint-Germain-en-Laye,  le  \xi\""' 
jour  de  décembre  1673. 

Gaterine. 
Brulart. 


1573.  —  29  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fouds  français,  n"  17972  ,  f"  lio. 
Imprimé  dans  \vs  Additions  aux  Mémoires  dcCastelnau,  l.  III,  p.  372. 

A  M"  LE  VIDAME  DE  CHARTRES  '. 

Monsieur  le  Vidame,  j'ay  faict  entendre  -  au 

1  Jean  de  Perrière*  A  celte  date»,  le  Vidame  de 
Chartres  était  en  Angleterre.  C'est  dé  Londres  qu'il  avail 
averti  le  Roi  de  la  conspiration  dont  il  était  menacé. 

1  Voici  à  ce  sujet  une  lettre  de  Charles  IX  a  La 
Motlie-Fénelon  :  «Le  sieur  Vid.ime  de  Chartres,  111011- 
slrant  bien  l'affection  qu'il  me  porte,  m'a  faict  advertir 

35. 


276 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


Iioy  monsieur  mon  filz  l'affection  que  vous 
continuiez  avoir  lousjours  à  son  service,  dont 
il  a  este  bien  fort  ayse,  ayant  advisé  de  vous 
envoyer  le  capitaine  Marin  del  Bene  présent 
porteur  pour  vos  affaires,  et  à  son  retour,  que 
je  vous  prie  qu'il  soit  bref,  entendre  de  vos 
nouvelles.  Cependant  je  vous  asseure  qu'il 
n'oubliera  les  services  que  luy  faictes  et  outre 
cela  je  les  ramenteray,  l'occasion  s'en  présen- 
tant, aussi  volontiers  et  de  bon  cœur  que  je 
prie  Dieu,  Monsieur  le  Vidame,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  S'-Gî'rmain-en-Laye,  le  xxix  décembre. 

Catemne. 


Escript  à  Sainel-Germain-en-Lave,  le  der- 

Caterine. 


nier  jour  de  décembre  1 5 7 3 . 


1573.  —  3i  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  collect.  Dupuy,  uc  8ot,  f'  116  r°. 

V  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRESIDENT  EN  SA   COCRT  DE   PARLEMENT  DE  PARIS. 

Monsieur  le  Président,  j'ay  prié  Monsieur 
de  la  Guesle,  présent  porteur,  vous  dire  aul- 
cunes  choses  de  ma  part  dont  je  vous  prye  le 
vouloir  croyre.  comme  vous  vouldriez  f'ayre 
moy-mesmes  et  m'en  remectant  entièrement 
sur  luy,  je  feray  fin  à  la  présente,  priant 
Dieu,  Monsieur  le  Président,  vous  tenir  en  sa 
saincte  garde. 

par  le  capitaine  del  Bene  présent  porteur,  qu'il  y  a  une 
si  malheureuse  conspiration  qui  se  machine  contre  moy 
et  la  Royne  ma  mère,  qu'il  ne  se  peut  fier  ni  commettre 
cela  par  lettre  ni  personne  qui  ne  lui  soit  fort  fidelle 

1  désirant  pour  ceste  occasion  que  j'envoye  vers  luy 
quelqu'un  à  qui  il  se  puisse  déclarer  pour  nous  le 
faire  entendre,  j'ai  advisé  de  commettre  ceste  charge 
audict  capitaine  del  Bene,  en  qui  il  se  fie  très  fort 
et  qui  m'est  bien  affectionné,  n'estant  pas  néanmoins 
d'advis  que  monslrez  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  que  je  vous 
en  aye  rien  mandé,  mais  ce  sera  bien  faict  que  vous 
en  escripviez  en  chiffres,  si  vous  entendez  quelque 
chose  par  icelluy  capitaine,  qui  reviendra  incontinent.!) 

(Correspondance  diplom.  de  Lu  Mothe-Fénclon  ,  tome  \  Il . 

p.  '.  :>  1 .) 


Chantereau. 


1574.  —  5  janvier. 
Copie,  llibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°366,  p.  487. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  encores  qu'il  n'y  eusf 
grande  response  à  faire  à  vos  deux  dernières 
lettres  du  vingt-septiesme  novembre  etxive  dé- 
cembre, si  est-ce  que  renvoyant  le  Roy 
monsieur  mon  filz  les  gens  que  mon  cousin 
le  sieur  de  Foix  avoit  par  deçà,  il  a  voulu  y 
satisfaire  pour  vous  donner  plus  souvent  de 
nos  nouvelles ,  lesquelles  ne  tendent  qu'à  donner 
quelque  ordre  aux'  affaires  de  cet  Estât  que 
la  malice  du  temps  à  décousus,  dont  jespère 
que  Nostre  Seigneur  nous  fera  la  grâce  [de 
sortir],  lequel  je  prie  vous  donner,  Monsieur 
du  Ferrier,  en  santé  bonne  et  longue  vie  '. 

Escript  à  S'-Germaiu-en-Laye,  le  vcmejour 

de  janvier  1  Sj'i. 

Caterine. 
Fizes. 

1  Charles  IX  ajoutait  :  f-l'ar  voslre  dépesche  du 
xiv'  décembre  j'ay  entendu  le  retour  par  delà  du  car- 
dinal Commendon  et  les  nouvelles  qu'il  vous  a  dites  de 
Pologne  où  j'estime  que  mondict  frère  arrivera  bien  tost 
et  que  toutes  choses  y  passeront  selon  son  désir,  comme 
je  sçay  que  tous  ses  peuples  et  sujets  y  sonl  bien  préparez. 
Le  sieur  de  Beauville  que  j'avois  envoyé  à  Rome  pour 
l'affaire  de  mon  cousin  le  sieur  de  Foix  est  de  retour, 
ayant  rapporté  semblable  response  de  Sa  Sainteté  que 
mondict  cousin  a  jà  entendue,  dont,  estant  à  bon  droit 
très  mal  satisfait ,  j'en  fais  une  recharge  si  vive  à  Sa 
Sainteté  et  en  ay  parlé  si  ouvertement  au  nonce  que  je 
veux  croire  qu'elle  changera  d'opinion ,  comme  aussi  en 
tout  cas  je  ne  suis  pas  délibéré  que  mes  minisires  re- 
çoiventpour  mon  service  un  tel  affront.  n  (Même  volume, 
p.  680.  )  —  Cf.  les  dépêches  de  du  Ferrier  des  10,17  el 
a6  décembre  1073.  (Même  volume,  p.  65u,  666  et 
469.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


277 


1 57 A.  —  G  janvier. 

Copie.  Bib!.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  366 ,  p.  487. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  depuis  mou  autre 
lettre  escripte,  j'ay  receu  celle,  qui  est  en 
chiffres  du  sixiesme  du  mois  passe',  laquelle 
j'ay  l'ait  voir  au  Roy  monsieur  mon  fdz,  ayant 
esté  très  aise  de  ce  que  vous  avez  mandé  et  de 
l'offre  qui  vous  a  esté  faicte  ;  à  quoy  il  vous 
sera  bienlost  faict  responsc  particulièrement 
par  celuy  que  nous  envoirons  exprès  devers  vous 
pour  cet  effect.  Au  demeurant,  Monsieur  du 
Ferrier,  estant  nécessaire  de  faire  fournir 
promptement  deux  cens  mille  escus  au  roy  de 
Pologne,  ainsy  qu'il  luy  a  esté  promis  à  son 
partement  et  me  trouvant  en  peine  d'y  satis- 
faire, je  vous  prie  d'employer  tout  ce  que  vous 
aurez  de  moyen  et  de  crédit  envers  ceulx  que 
vous  connoissezde  delà  qui  nous  en  pourraient 
accomoder  pour  nous  prester  ladicte  somme, 
et  advisez  avec  eulx  des  intérêts  et  des  scu- 
retez  qu'ilz  voudraient  avoir,  dont  je  vous  prie 
m'advertir  incontinent,  vous  asseurant  que, 
ce  faisant,  vous  ferez  un  service  très  agréable 
au  Roy  monsieur  mon  fdz  et  à  moy1;  priant 
le  Créateur,  Monsieur  du  Ferrier,  qu'il  vous 
ait  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  S'-Gcrmain-en-Laye,  le  vimejour 
de  janvier  1676. 

Caterixe. 
Fizes. 

1  Voir  dans  hCalemlar  nf  State  papers  {i^h ,  p.  ^1 5 y ) 
une  dépêche  du  docteur  Dale  à  lord  Burghley,  dans 
laquelle  il  fait  allusion  à  la  pénurie  d'argent  de  la  cour 
de  France,  sans  qu'on  ose  convoquer  les  Etats,  de  crainte 
de  troubles  encore  plus  graves. 


1574.  —  i3  janvier. 

Aut.  Arcli.  nat.  collect.  Simancas,  K  i!>33. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOL1QUE. 

Monsieur  mon  fils,  ayent  aysté  lontemps 
hors  d'auprès  le  Roy  mon  fils,  ayent  acon- 
pagné  le  roy  mon  fils  le  roy  de  Pologne  jeus- 
ques  sur  la  frontière,  s'ann  aient  en  son 
royaume,  qui  a  aysté  cause  que  plus  losl 
n'é  peu  fayre  cet  que  asteure  ne  veulx  fallir. 
de  me  condouloyr  aveques  V.  M.  de  la  mort  de 
la  prinsesse  sa  seur,  laquèle  j'é  regreltaye  ynfi- 
niment,  lent  pour  l'anui  que  je  say  à  V.  M.  que 
pour  l'amour  qu'eie  portoyt  aux  Infantes  vos 
filles,  lesquèles,  encore  que  je  sache  conbien 
les  aymés  et  la  royne  vostre  femme,  si  ese 
que ,  pour  l'amitié  qu'eie  portoyt  hà  V.  M.  et  alla 
feu  royne  ma  fille,  aylle  enn  avoyt  ung  souin 
si  particulier  à  cet  que  j'é  entendeu,  que  je 
ne  puis  que  ne  la  regrette  bien  fort  et  que  je 
ne  prie  V.  M.  de  bien  commender  que  l'ons 
aye  le  souin  d'elles  que  je  say  qu'eie  veult  et 
la  prier  ausi  de  se  volouir  conformer  alla 
volunté  de  Dieu  et  que  sa  prudense  acosteu- 
maye  nous  serve  à  réseuldre  V.  M.  à  cet  qui 
plest  àNoslre  Signeur,  lequel  je  supplie  con- 
server V.  M.  longuement. 

De  Sainl-Germayn-en-Laye,  le  xin"10  jan- 
vier 1 57^. 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

Caterine. 


1574.  —  i3  janvier. 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  i533. 
A  MADAME  MA  FILM- 
LA  ROYNE  CATOLIQUE. 

Madame   ma    fille,    sachant    l'amitié    que 
aveques  toules  aucasions  et  raysons  porliés  à 


278 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


la  prinsesse  voslrc  seur  et  lente  n'é  voleu  par 
la  présante  fallir  de  m'en  condoulouyr  aveques 
Vostre  !\I.,  la  [iricnt  de  voulouir  monslrer  en 
sesi  cooie  en  toutes  aullres  chausessaprudense 
et  se  conformer  au  voulouir  de  Dieu ,  car  nous 
sommes  tous  à  luy  pour  nous  prendre,  quant 
\  lui  plest;  el  fault  que  V.  M.  guarde  sa  santé 
il  que,  ayent  l'heur  de  voyr  en  bonne  santé  | 
le  roy  vostre  mary  cl  les  prinses  ses  enfans  j 
aveques  l'enpereur  et  l'iiipcralrix,  se  réseuldrc  ! 
au  reste  de  set  qu'il  peull  avenir,  et  m'aseu- 
rent  qu'èle  set  micuix  conoystre  lout  cela  que 
ne  luy  en  sorès  dire,  je  fayré  fin,  après  avoyr 
prié  V.  M.  de  avoyr  tousjour  pour  recom- 
mendé  les  Infantes  ses  filles,  et  ausi  l'avoyr 
asuraye  de  la  bonne  santé  de  la  royne  sa  seur, 
à  laquèle  je  ne  désire  rien  davenlage  pour  la 
royr  bien  contente  que  un  beau  fils  dans  neuf 
nioys,  et  vouldrès  qu'ele  cuit  fayst  corné  T.  M. 
et  qu'el  ann  eust  deulx  déjeà;  se  sera,  quant  il 
plèra  à  Dyeu,  lequel  je  prie  donner  hà  V.  M. 
bonne  santé  et  cet  que  désiré. 

DeSainct-Germayn,  le  xiucme  janvier  1  573. 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

Caterine. 

1574.  —  18  janvier. 
Imprimé  <Jjus  les  Additions  aux  Mémoires  de  Castdnau  ,  t.  III,  p.  3-]$. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHE-FÉNELON. 

Monsieur  de  la  Molbe,  je  vous  prie  sur  tous 
les  services  que  désirez  nous  faire,  de  re- 
garder,  maintenant  que  toutes  choses  sont  ' 
assez  bien  disposées  de  delà  par  le  rapport  du 
sieur  Randolphe,  comme  vous-mesme  vous 
avez  si  bien  et  si  amplemanl  escrit  dernière- 
ment,  et  que  nous  avoit  auparavant  dil  de 
vostre  pari  Sabran  présent  porteur,  de  faire 
en  sorte  que  nous  puissions  avoir  la  résolution 
du  propos  de  mariage  d'entre  la  reine  d 'An- 
gleterre ma  bonne  sœur  et  cousine  et  mon  fils 


le  Duc,  aussi  heureuse  que  nous  la  désirons 
et  qu'elle  voit  comme  nous  qu'elle  sera  autant 
ou  plus  pour  son  bien,  grandeur  el  conlente- 
mentdeses  sujets  que  de  nous  el  des  nostres. 
Vous  avez  vu  par  nos  précédentes  dépesches 
tant  de  raisons  que  vous  pouvez  représenter 
sur  cela  que  pour  n'user  de  redite,  je  me 
remets  à  la  souvenance  que  je  m'asseure  bien 
qu'en  avez  pour  vous  en  servir  ainsi  et  aux 
occurrences  que  vous  verrez  estreà  propos.  Et 
ne  craignez,  comme  le  Roy  monsieur  mon  fil- 
vous  escrit1,  d'y  employer  tout  ce  que  verrez 
qui  y  pourra  servir;  car  nous  y  ferons  satis- 
faire et  ferons  encore  mieux  envers  ceux  qui 
le  mériteront,  si  Dieu  nous  fait  la  grâce  que 
les  choses  puissent  réussir  à  nostre  conten- 
tement. Et,  de  vostre  part,  vous  pouvez  vous 
asseurcr  que   la  reconnaissance  des  services 

1  Charles  IX,  dans  la  lettre  à  laquelle  se  reporte  Cathe- 
rine, écrivait  au  sujet  du  projet  de  mariage  de  son  frère 
le  duc  d'Alenron  :  tr  Je  désirerais  bien  que  la  reine,  sans 
vouloir  attendre  que  les  princes  de  la  Germanie  y  en- 
voyassent, s'en  voulut  résoudre,  comme  elle  fera  aisément, 
si  elle  y  a  quelque  bonne  volonté,  car  en  telles  choses 
pensè-je  bien,  aussi  me  l'escrivez  vous  l'avoir  entendu 
d'elle  même,  qu'elle  ne  se  voudra  pas  laisser  conseiller 
en  ceste  affaire  par  leurs  ambassadeurs,  sinon  autant 
qu'elle  cognoistra  estre  à  peu  prés  pour  le  bien  de  ses 
affaires.  Voilà  pourquoy  il  sera  plus  aisé  à  luy  faire  per- 
suader d'en  prendre  résolution  el  que  tout  cela  soit  ar- 
resté,  quand  lous  lesdicts  ambassadeurs  arriveront,  puis- 
qu'elle sçail  si  bien  qu'ilz  n'y  vontque  pour  luy  conseille] 
de  ce  faire,  car  je  doute  que,  s'il  n'est  conclu  avant  leur 
arrivée,  selon  les  articles  qui  avoient  esté  accordez  ave) 
nos  députés  el  les  siens  pour  mon  frère  le  roy  de  Pologne, 
dont  nous  nous  contentons  pour  mondict  frère  le  duc, 
que  lesdicts  ambassadeurs,  encore  qu'ils  désirent  nous 
faire  tout  le  plaisir  qu'ils  pourront  en  cela  ,  que  néanmoins 
ils  soyent  cause  de  rendre  le  fait  de  la  religion  pour 
mondicl  frère  plus  difficile,  à  caose  qu'il  letir  touche  el 
de  faire  mettre  ceste  affaire  en  délibération  au  Parlement 
el  Estais  d'Angleterre,  au  lieu  que  ladicte  reyne  s'en  peut 
bien  résoudre  devant  et  puis  envoyer  lesdits  articles  el 
convention  à  son  Parlement  et  Estais  pour  les  \oir  et  vé- 
rifier.» (Même  volume,  p.  353.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


•279 


que  ferez  en  cela,  sera  si  bonne,  crue  vous 
aurez  toute  occasion  de  grand  contentement 
et  de  ce  m'en  constitue  caution,  pour  m'en 
acquitter  d'aussi  bon  cœur  que  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  la  Mothe,  de  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escrit  à  Sl-Gerniain-cn-Laye,  le  xvm  jan- 
vier ib-]h. 

Caterine. 


1574.  —  ao  janvier. 

Orig.  Iiibl.  nat.  fonds  français,  n°  3so5 ,  P  38. 

A  MON  C0DSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE, 

M1BESCH1X   DE   FRANCE,  GOUVERNEUR   ET   LIEUTENANT  GENERAL 
POUR   LE    ItOÏ  MONSIEUR  MON   FILZ  ,   EN   LANGUEDOC. 

Mon  cousin,  vous  serez  si  au  long  satisfaict 
par  la  dépesche  que  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  faict  présentement  et  par  ce  que  vous 
dira  le  sieur  de  Forges,  pre'sent  porteur,  que  je 
ne  m'eslenderay  à  vous  en  l'aire  autre  discours. 
Bien  vous  diray-je  que  nous  sommes  at- 
tendant en  bonne  de'votion  quelque  bonne 
nouvelle  de  vostre  assemblée1,  de  laquelle  je 
désire  que  nous  puissions  tirer  le  fruict  qui 
est  requis  pour  le  bien  et  repos  de  ce  royaume, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
garde. 

Escript  à  Sl-Germain-en-Laye ,  le  xx"  jour 
de  janvier  ib"j!i. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Charles  IX  avait  écrit  de  Saint-Germain  le  h  janvier 
précédent  :  "Les  gens  de  ma  court  de  Parlement  de  Tou- 
louse m'ont  escript  que  vous  aviez  fait  choix,  du  premier 
président  Daflis  pour  se  trouver  en  l'assemblée  et  confé- 
rence que  vous  devez  faire  à  Pésenas,  dont  ilz  m'ont 
upplié  l'excuser  pour  eslre  le  personnage  le  plus  propre 
pour  maintenir  l'union  en  ladicte  ville,  ce  que  je  leur  ay 
accordé.»  (Bihl.  nat.,  fonds  franc.,  n"  3ai6,  I"  80.) 


1  5 7  A .  —  a  î  janvier. 
Orig.  Bihl.  nat.  collcct.  Dupuy,  n'  8oi,  P  117. 

V  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  EN  SA  COURT  DE   PARLEMENT   À    PARIS. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  prie,  suivant 
ce  que  mon  chancellier  vous  dira  plus  particu- 
lièrement de  ma  part,  de  voulloir  mectre  une 
bonne  fin  à  l'acquict  de  mes  debtes,  comme 
je  vous  en  ay  ci-devant  pryé  et  m'avez  promis 
vous  y  employer  volontiers,  comme  aussy  j'en 
ay  en  vous  toute  fiance,  vous  asseurant  que  ne 
me  sçauriez  fayre  plaisir  plus  aggréable.  J'ay 
donné  ebarge  à  mondict  chancellier  ne  vous 
abandonner  poinct  que  n'ayez  achevé  cest  af- 
fayre ,  lequel  j'estime  m'ymporter  plus  qu'aultre 
quelconque  où  je  vous  aye  jamays  donné  peyne. 
Aussy  me  trouverez  vous  bien  preste  de  recon- 
gnoistre  le  plaisir  que  me  ferez  et  que  j'attendz 
de  vous  en  cest  endroict,  sur  lequel  je  prye 
Dieu,  Monsieur  le  Président,  vous  tenir  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxic  jour 
de  janvier  i&qk. 


Caterine. 


ClIANTEREAU. 


1574.  —  ai  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  nouvelles  acquisitions  françaises,  n"  a3i,  P  1O. 

A  MONSIEUR  DE  RAMROUILLET, 

CONSEILLER  DU  ROT  MONSIEUR  MON  FILS  EN  SON  CONSEIL  PRIVÉ 
ET   CAPPITAINE   DE   SES   GARDES. 

Monsieur  de  Rambouillet,  je  viens  de  rece- 
voir vostre  letre  du  xic  de  ce  moys  avec  le 
mémoire  qui  l'accompagnoit,  par  lequel  j'ai 
veu  comme  vous  vous  estes  soigneusement  in- 
formé de  tout  Testât  des  affaires  de  Pol longue, 
duquel  par  conséquent  vous  sçaurez  bien 
rendre  capable  mon  filz  le  roy  de  Pollongne, 
à  son  arrivée,  qui  sera  bientost,  comme j'es- 


-M, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


|ni«,  vous  asseuraut  que  vous  m'avez  gran- 
dement satisfaict.encestendroict,  et  que  toutes 

choses  me  sont  si  vivement  représentées  que 
je  n'y  sçaurois  riens  désirer  davantage.  J'ay 
Lien  note'  la  response  que  vous  avez  faicte  au 
cappitaine  de  Samogitie  sur  la  promesse  qu'il 
vous  a  ramentu  qu'a  voyent  faicte  les  sieurs  de 
Vallence,  de  Lanssac  et  de  l'Isle  d'envoyer 
de  l'argent  par  delà  pour  satisfaire  aux  frais 
de  la  guerre,  en  cas  qu'il  eu  fus!  besoing,  et  a 
esté  sagement  faict  à  vous  de  luy  en  répondre 
de  ceste  façon,  espérant  que  l'heureuse  arrivée 
par  delà  de  mondict  fdz  le  roy  de  Pollongue 
accommodera  aisément  beaucoup  de  choses, 
encores  qu'il  n'y  arrive  une  si  grande  somme 
de  deniers  que  je  voudrais;  mais  je  suis  après 
à  l'en  faire  secourir  le  mieux  qu'il  sera  possi- 
ble, estanl  bien  aise  que  cependant  vous  ayez 
iaicl  fournir  par  le  sieur  Soderini  audict  cap- 
pitaine de  Samogitie  six  mil  escuz,  et  a  esté 
fort  bien  advisc  à  vous  de  le  faire  faire  par 
forme  de  prest  en  sachant  ung  très  bon  gré 
audict  Soderini,  comme  aussi  de  ce  qu'il  a  si 
dexlremcnt  négocié  avec  le  palatin  de  Sando- 
myr,  dont  j'espère  qu'il  ne  tombera  en  aucune 
perte  et  dommage,  ainsi  que  je  l'en  asseure 
par  la  lettre  que  présentement  je  lui  en  escripls  ; 
et  n'ay  de  quoy  vous  faire  la  présente  plus 
longue  que  pour  prier  Dieu,  Monsieur  de 
Rambouillet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Saint-Gerniain-eu-Laye,  le  xxiineiuc 
jour  de  janvier  167 A. 

Caterine. 
Rrilart. 


1574.  —  a5  janvier. 
Bîbl.  uat.  Cinq  cent?  Colberl ,  n"  366  ,  p.  5a5. 

\  MONSIEUR  DU  FERMER. 
Monsieur  du  Ferrier,  j'ay  fait  voir  au  Roy 


mon  fils  la  lettre  que  vous  m'escripvistes 
le  onziesme  de  décembre  1  touchant  l'ouver- 
ture que  l'on  vous  a  fait  par  delà,  laquelle 
le  Roy  mondict  sieuret  filz  sera  tousjours 
content  d'embrasser,  lorsqu'il  en  aura  esté  plus 
avant  esclaircy  et  y  congnoistra  quelque  fon- 
dement, ayant  voulu  sur  ceste  occasion  dé- 
pescher  le  sieur  de  Montmorin  présent  porteur 
devers  vous  pour,  s'il  est  de  besoin,  passer 
jusques  sur  les  lieux  et  s'instruire  de  ceste  af- 
faire, pour  luy  en  rapporter  ce  qu'il  en  aura 
apprins  tant  de  vous  que  d'ailleurs,  avec  le 
bon  ad  vis  que  vous  sçaurez  bien  luy  donner 
surtout  ce  que  vous  jugerez  concerner  en  cet 
endroict  le  service  du  Roy;  sur  quoy  il  vous 
fera  congnoistre  son  intention.  Je  vous  prie 
d'adviser,  suivant  ce  que  je  vous  ay  dernière- 
ment escript,  s'il  y  aura  moyen  de  faire  avec 
quelques  particuliers  de  la  Seigneurie  qui 
pussent  me  prester  cent  ou  deux  cent  mil  es- 
cusenleur  baillant  bonne  seureté,  lesquels  je 
veux  faire  fournir  à  mon  fils  le  roy  de  Polon- 
gne  en  son  royaume,  et  sçavoir  les  conditions 
et  quelle  espérance  j'en  puis  avoir,  afin  que. 
selon  ce  que  vous  m'en  manderez,  je  puisse 
faire  estât  de  cette  somme  ou  y  pourveoir 
d'ailleurs;  priant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier, 
vous  avoir  en  sa  garde. 

1  Le  1 1  décembre  1073,  du  Ferrier  avait  écrit  ;i 
Catherine  :  «Le  comte  Pietro  Avogadre  m'a  dit  de  la 
part  d'un  seigneur,  qu'il  s'assure  estre  de  qualité  (sans 
le  nommer  autrement),  que  ledict  seigneur  désire- 
roil  mettre  es  mains  de  Sa  Majesté  un  Estât  qui  est  en 
Italie  fort  de  sa  nature  et  auquel  sont  trois  forteresses 
de  grande  importance  et  où  la  commodité  seroit  très 
grande  d'y  faire  venir  des  François,  quand  on  voudrait, 
estant  ledict  Estât  très  fertile,  quatre  fois  plus  grand 
que  celuy  de  la  Hollande.  J'ay  voulu  sçavoii  dans  quelles 
conditions:  mais  il  m'a  respondu  qu'il  falloit  d'abord  eu- 
tendre  vostre  intention.»  In  peu  plus  bas,  il  ajoute  que 
rie  comte  Avogadre  est  un  des  grands  seigneurs  de  par 
deçà  et  fort  affectionné  au  service  du  Roy.  (Même  vo- 
lume, p.  556  et  557.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  vingl- 
cinquiesme  jour  de  janvier  157/1. 

Gatrrine, 
Fizes. 


1574.  —  37  janvier. 

Communiqué  par  feu  M.  Lucas  Montigny. 

\   MONSIEUR  DE  RAMBOUILLET. 

Monsieur  de  Rambouillet,  je  vous  ai  voulu 
faire  ce  mot,  pensant  que  vous  seriez  à  ceste 
heure-ci  auprès  du  roy  de  Pologne  mon  fils, 
pour  vous  prier  de  me  mander  bien  au  long 
et  particulièrement  de  ses  nouvelles  et  de  sa 
réception  à  l'entrée  de  son  royaume,  et  ne 
vous  lassez  point  de  me  mander  comme  toutes 
choses  y  seront  passées  et  aussi  quel  conten- 
tement il  en  aura,  ne  craignant  point  de  me 
mander  la  vérité  de  tout.  Je  n'ai  eu  qu'une 
lettre  de  vous,  depuis  qu'estes  delà,  qui  m'a 
l'ait  penser  qu'il  y  en  a  eu  de  perdues  par  les 
chemins.  Quand  vous  m'écrirez,  baillez  vos 
lettres  à  M.  de  Rellièvre,  qui  me  les  fera  tenir, 
quand  il  écrira  au  Roi,  et  pensez  que  ne  me 
sçauriez  faire  plus  grand  plaisir  que,  tant  que 
demeurerez  auprès  du  roi  de  Pologne  mondict 
lilz,  de  m'écrire  le  plus  souvent  que  pourrez, 
m'advertissant  de  tout  ce  qui  adviendra  bien 
particulièrement;  et  souvenez-vous  d'exécuter 
le  mémoire  que  je  vous  baillay  à  votre  par- 
lement, et  me  mander  ce  qu'en  aurez  fait.  Et 
taisant  fin  à  la  présente,  après  vous  avoir  prié 
de  taire  tous  les  jours  du  monde  souvenir  le 
roy  mon  fils  de  moy  l,  je  supplieray  Noslre- 
Seigneur  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  xxvnemo   de 
janvier  1576. 

Caterine. 

'   Le  roi  de  Pologne. 


Catherine  de  Mbdicis.  — 


281 
1574.  —  5  février. 

Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mrmoirts  </<■  CtUteUtau  ,  t.  III  ,  p.  385 

A  MONSIEl  II  DE   LA  MOTHE-FÉNELON. 


Monsieur  de  la  Mothe,  vous  serez  amplement 
instruit  par  la  lettre  du  Roy  monsieur  mon 
fils1  de  tout  ce  que  l'ambassadeur  d'Angleterre 
m'a  dit  en  sa  dernière  audience  et  des  propos 
qu'il  a  tenus  avec  Jeronime  de  Gondy  et  le 
désir  que  nous  avons  sans  aucune  fiction  de 
persévérer  et  persévérerons  de  voir  bientost 
effectuer  le  propos  de  mariage  d'icelle  revne 
et  de  mon  fils  le  duc  d'Alençon;  pour  lequel 
je  vous  prie,  mais  c'est  de  la  plus  grande  af- 
fection qu'il  m'est  possible,  de  ne  rien  espar- 
gner  de  tout  ce  que  penserez  qui  pourra  servir 
pour  en  avoir  bientost  l'heureuse  fin  que  nous 
désirons.  Cependant  je  vous  assureray  que 
tout  ce  que  vous  promettrez  suivant  ce  que 
mondict  sieur  et  fils  vous  en  a  escrit,  sera 
trouvé  bon  et  y  sera  satisfaict,  si  ledict  ma- 
riage se  fait,  sans  aucune  modération  des 
promesses  et  asseurances  qu'en  pourrez  faire 
hardiment;  car  il  n'y  aura  nulle  faute  que 
les  lettres  de  change  bonnes  et  seures  ne  vous 
soyent  lors  envoyées  pour  cela,  comme  vous 
avons  cy-devant  escript.  Cependant  je  vous 
diray  que  j'ai  reçu  des  lettres  du  sr  Acerbo 
Vellutelli,  par  lesquelles  il  m'a  faict  entendre 
les  bons  termes  où  est  le  dict  propos  de  mariage , 

1  <t L'ambassadeur,  disait  Charles  IX,  m'a  dit  que  ce 
qui  a  gardé  la  reine  sa  maitresse  de  prendre  une  bonne 
résolution  au  faict  dudict  mariage,  estoit  que  le  milord 
grand  Trésorier  et  M' Smith,  qui  avoient  tousjours  mené 
ceste  affaire  étoient  malades  avant  le  retour  du  sr  Randol- 
phe,  et  l'étoient  encore,  de  sorte  qu'elle  ne  pouvoit  encore 
faire  ladicte  réponses  (Ibid. ,  p.  3$3.)  Dans  une  lettre 
de  sa  main  à  Valentin  Dale  du  3  février,  Elisabeth  motive 
le  retard  de  sa  réponse  sur  le  mécontentement  que  ses 
conseillers  éprouvent  de  ce  mariage,  et  sur  une  tentative 
faite  pour  s'emparer  de  la  Rochelle.  (Calendar  of  State 
jiapers,  i5-]!x ,  p.  465.) 

30 


mr-lMIrll     MtiMMU  . 


282 


LKTTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ainsi  qu'il  a  entendu  bien  certainement  du 
sr  comte  de  Leicestre  et  aussi  la  bonne  affec- 
tion qu'y  a  ladicte  reyne,  me  disant  assez  clai- 
rement qu'il  seroit  bien  d'opinion  que  l'on  n'y 
épargnas!  pas  les  libéralités  et  présens,  et  me 
prie  de  le  faire  gratifier  de  ce  que  monte  le 
pastel,  qu'il  dit  que  le  baron  de  la  Garde,  à 
qui  j'en  ay  souvent  eseript  et  fait  ce  qui  se  peut 
en  cela,  s'excuse  fort  et  dit  n'avoir  rien  à  luy 
qui  n'en  fait  aucune  preuve  suffisante.  Voilà 
pourquoy  il  ne  se  peut  faire  pour  lui  en  jus- 
lice  ce  qui  se  pourroit,  s'il  y  en  avoit  preuve 
suffisante;  mais  comme  vous  lui  pourrez  as- 
seurer,  selon  aussi  que  je  lui  escris,  si  ledict 
mariage  se  fait,  il  ne  sera  pas  seulement  gra- 
lifié  de  telle  somme,  mais  de  beaucoup  plus 
grande,  et  si  se  peut  asseurer  que,  advenant 
vacation  de  quelque  bonne  abbaye,  dont  il 
parle  aussi  par  ladicte  lettre,  il  en  sera  pa- 
reillement bien  volontiers  gratifié,  ce  que  vous 
lui  ferez  entendre  de  ma  part  et  le  prierez  de 
continuer  ses  bons  offices  en  cela  et  de  s'as- 
seurer  qu'il  luy  sera  tenu  promesse  d'aussi 
bon  cœur  que  je  prie  Dieu,  Monsieur  de  la 
Mothe,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
EscriptàSl-Germain-en-Laye,le  c'mquiesme 
jour  de  février  1676. 

Vous  ne  m'avez  rien  respondu  de  ce  que 
vous  mandions  pour  dire  au  srde  Walsingbam. 
Je  vous  prie  me  mander  ce  qu'il  vous  aura  sur 
ce  dit  et  faire  bien  connoislre  combien  nous 
désirons  que  ce  mariage  se  puisse  effectuer, 
car  c'est  lout  noslre  désir. 

Catp.rink. 


157/1.  —  5  février. 

npritné  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Ctislrhmi ,  t.    Il  ,  |).  387. 

A  MONSIEUR  VELLUTEELI. 

Seigneur  Vellutelli,  j'ay  vu  par  vos  lettres 


du  xm  du  mois  passé  de  quelle  affection 
vous  continuez  à  vous  employer  à  faire  tous 
les  bons  offices  qu'il  vous  est  possible  en  la 
négociation  du  mariage  et  l'apparence  que  vous 
voyez  (par  ce  que  en  avez  pu  apprendre  du 
sr  comte  de  Leicestre),  que  ceslc  affaire 
pourra  bien  réussir,  y  eslant  la  reine  d'Angle- 
terre madame  ma  bonne  sœur  et  cousine  bien 
disposée  et  mieux  que  jamais.  Cela  m'a  donné 
beaucoup  de  contentement  pour  le  désir  sin- 
gulier que  j'ay  de  voir  les  choses  prendre  un 
bon  et  heureux  succès  pour  le  bien  et  grandeur 
de  ces  deux  royaumes  et  de  toute  la  chrestienté; 
et  pour  ce  que  je  vous  prie  continuer  à  faire 
en  cecy  tout  ce  que  vous  estimerez  y  pouvoir 
servir  et  apporter  advancement,  comme  je 
sçay  que  jusques  icy  vous  ne  vous  y  estes  es- 
pargné.  Et  si  l'effet  en  sort  que  j'espère  avec 
la  grâce  de  Dieu,  vous  ne  serez  pas  seulement 
satisfait  et  récompensé  de  la  somme  qu'estimez 
voslre  pastel,  mais  recevrez  de  ceste  part  si 
bonne  récompense  de  vos  mérites  et  services 
en  cela,  que  vous  ne  regretterez  point  la  peine 
et  le  temps  que  vous  y  aurez  donne,  ainsi 
que  vous  entendrez  plus  particulièrement  du 
sieur  de  la  Mothe-Fénelon,  conseiller  et  am- 
bassadeur du  Roy  monsieur  mon  fils  par  delà, 
sur  lequel  me  remettant  maintenant,  je  prie- 
îay  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa  garde. 

Eseript  à   Sl-Germain-en-Laye,   le  cin- 
quiesme  jour  de  février  15^6. 

Cateiiine. 


1574.  —  10  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3a 1 3  ,  f°  13. 

V  MONSIEUR  LE  PRÉSIDENT  DE  METZ, 

CONSEILLER   DU    BOT   MONSIEUR  MON  FII.Z     EN  SON    CONSUL    PRIVE. 

Monsieur  le  Président,  ayant  veu  ce  que 
vous  m'avez  eseript  du  premier  jour  de  ce 
moys  touchant  ce  que  désire  mon  cousin  le 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


283 


duc  Gazimir  pour  le  faict  des  paiemens 
(jui  luv  dévoient  estre  fournis  dedans  ia  fin 
de  l'année  passée,  j'ay  incontinent  envoyé 
quérir  le  receveur  de  Vigny  le  jeune  pour 
luy  en  parler  et  espère  qu'il  sera  aujourdTiuy 
icy;  après  lequel  oy  sur  ce  qu'il  a  de  deniers 
pour  fournir  à  mondict  cousin ,  je  vous  feray 
sçavoir  quelle  sera  l'intention  du  Roy  monsieur 
mon  filz  sur  ce  qu'il  désire  que  l'on  se  con- 
tante de  ses  blancs  signez  seullement  qu'il  a 
laissez  à  ses  gens,  en  actendant  que,  à  son 
retour  à  Heldeberg,  il  présente  l'original  de 
l'obligation  pour  en  faire  faire  l'endossement; 
en  quov  je  ne  trouve  pas  grande  difficulté, 
estant  cbose  qui  s'est  jà  faict,  ainsi  que  me  le 
mandez.  Pour  le  regard  des  postes  de  Poloigne, 
je  suvs  fort  ayse  que,  en  actendant  que  des 
personnes  puissent  estre  establies  es  lieux  où 
vous  avez  jà  advisé,  suivant  la  permission  que 
en  ont  donnée  les  princes  de  les  establir,  vous 
avez  donné  ordre  que  les  pacquetz  seront 
portez  et  les  courriers  qui  y  seront  dépeschez 
acommodez  de  chevaux.  Depuys  que  j'ay  re- 
ceu  vostre  susdicte  lectre,  j'ay  eu  nouvelles 
de  mon  filz  le  roy  de  Poloigne,  comme  il 
estoit  entré  dedans  les  limites  de  son  royaulme 
et  entre  les  mains  des  Polonnoys ,  dont  je  reçoys 
grande  joye,  priant  Dieu,  Monsieur  le  Pré- 
sident, qu'il  vous  ayten  sa  saincte  garde. 
Escripl  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xe  jour  de 

février  ib^d. 

Catfrine. 
Brulàrt. 

Conimejesignovscestelectre,  ledict  receveur 
de  Vigny  est  arrivé,  qui  m'adict  que  les  cent  mil 
livres  qui  sont  destinez  pour  mondict  cousin 
sont  tous  pretz  à  Metz ,  lesquelz  le  Roy  monsieur 
mon  filz  trouve  bon  estre  délivrez  à  ses  gens, 
soubz  leurs  quictances  ou  blancs  qu'ilz  en  ont ,  à 
la  charge  d'en  faire  faire  l'endossement,  quand 
mondict  cousin  sera  de  retour  à  Heldeberg. 


1574.  —  i3  février. 
Orig.  Arcb.  nat.  cotlect.  Simancas.  K  i533,  n°  33. 

AU  ROY  CATHOLIQUE. 

Très  hault,  très  excellent  et  très  puissant 
prince,  nostre  très  cher  et  très  amé  beau-filz, 
le  Roy  mon  très  cher  sieur  et  filz  et  nous 
avons  toute  confiance  que  vous  vous  rendrez 
favorable  à  la  prière  que  nous  vous  faisons 
présentement  qu'il  plaise  à  Vostre  Majesté  faire 
don  au  sr  Roy  nostre  filz  de  la  part  que  vous 
pouvez  prétendre  en  l'un  des  prisonniers 
Turcqs,  comme  desjà  luy  ont  faict  don  de 
leurs  parlz  nostre  très  Saint  Père  le  Pappe  et 
les  duc  et  seigneurs  de  Venize,  affin  que,  par 
ce  moyen ,  qui  semble  estre  le  plus  expédient 
et  convenable,  je  puisse  retirer  et  délivrer  de 
la  main  des  Turqs  ung  gentilhoume  qu'il  a  en 
affection  et  que  ne  se  peult  rachepter  par 
aultre  moyen,  ayant  bien  voullu  adjouster  en 
cest  endroict  nostre  prière  et  requeste  que 
désirons  avoir  en  vostre  endroict,  suppliant 
le  Créateur,  très  hault,  très  excellent  et  très 
puissant  prince,  nostre  très  cher  et  très  amé 
beau-filz,  qu'il  vous  ayt  en  sa  très  saincte  et 
digne  garde. 

Escrit  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xmeme  jour 
defebvrier  1 576. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 
De  Neufville. 


1574.  —  16  février. 
Orig.  Bibl.  ûat.  ûouvelles  acquisitions ,  n°  a3 .  f°  ao. 

A  MONSIEUR  DE  RAMBOUILLET. 

Monsieur  de  Rambouillet,  j'ay  receu  à  ung 
jour  près  l'un  de  l'autre  voz  lettres  des  xxix"  dé- 
cembre et  xxnc  de  janvier  derniers  passez, 
èsquelles  je  n'ay  rien  veu  qui  ne  m'ayt  gran- 
dement pieu,  mesmes  en  ce  que  toutes  choses 

36. 


284 


LETTRES  DE  GATHE 


estoyenl  si  bien  préparées  en  Pollongne  pour 
le  bien  des  affaires  du  Roy  mon  filz;  en  quoy 
je  sçay  assez  combien  voslre  dextérité  a  servy 
à  les  faire  prendre  ung  si  bon  ply,  dont  je 
m'asseure  qu'il  demeurera  grand  contantement 
et  satisfaction  à  mondict  lilz  audevant  duquel 
je  suis  bien  ayse  que  vous  soyez  venu  et  vous 
avl  donné  la  charge  d'aller  à  Cracovie  pour 
assister,  de  sa  part,  aux  funérailles  du  feu  roy 
Sigismond ,  me  promectant  bien  que  ce  ne  sera 
pas  sans  luy  faire  quelque  bon  service,  selon 
que  les  occasions  s'en  pourront  présenter,  et 
(lue,  au  surplus  en  toutes  choses  qui  concer- 
neront son  heureux  establissement,  vous  luy 
sçaurez  bien  donner  ung  bon  elprudent  conseil  ' 

1  Voici  une  lettre  de  M.  Le  Vayer  à  M.  de  Morvilliers, 
i|iii  fournil  quelques  détails  intéressants  sur  l'arrivée  du 
nouveau  roi  en  ses  Etats  : 

«Monseigneur,  si  plus  tost  j'eusse  entendu  voslre  dé- 
siré retour  en  la  court  de  France,  plus  tost  eusse  en- 
treprins  sur  moydevous  escripre  les  particularités  qui  se 
sont  passées  pendant  le  voyage  d'Allemagne,  qui  a  esté 
heureux  et  fortuné  contre  l'espéranse  de  plusieurs.  Aussi 
ont  esté  tous  les  faictz  advenus  en  ce  royaume  de  l'ol- 
loigne,  lequel  est  composé  de  pallatins  et  sénateurs  autant 
ambitieux  et  avaritieux  qu'en  aultre  région  ;  en  quoy  il 
a  fallu  bien  considérer,  lorsqu'on  a  traicté  les  affaires 
de  la  couronne.  Or,  Monseigneur,  le  mareschal,  estant 
venu  devant  le  roy  de  quelques  jours  pour  assister  aux 
obsèques  et  funérailles  du  feu  roy  de  Polloigne  pour  le 
Roy  de  France,  a  senty  et  cognu  les  affeclions  particulières 
des  palatins  dont  ils  estaient  touchez  versSadicte  Majesté 
et  selon  qu'il  a  cognu  estre  nécessaire,  les  a  tirés  du  tout  à 
son  party;  il  n'y  a  espargné  ny  diligence  ny  autres  choses 
à  ce  nécessaires.  Enfin  les  choses  ont  si  bien  succède  que 
l'entrée  du  roy  en  ceste  ville  fut  le  xvm""*  du  présent 
mois,    qui    fut    faict    avecques  autant    grand    nombre 
de   gentilzhommes  bien   et   advantageusement   montez 
qu'il  n'est  possible  de   plus  et  jusques  au  nombre  de 
douze  mille  chevaux;  que  si  le  roy  eust  voulu  permettre 
de  venir  en  ceste  ville  à  ceux  qui  en  faisoient  estât,  il  s'y 
feust  trouvé  plus  de  cinquante  mille  chevaux  et  tant  lut 
la  trouppe  longue  à  passer  que  Sadicte  Majesté  entra  de 
nuit  en  ceste  ville,  d'où  sortant  de  l'église,  il  fut  voir 
l'Infante  qui  est  logée  viz  à  viz  d'icelle.  Après  l'entrée 


RUSE  DE   MÉDICIS. 

pour  la  pratique  et  cognoissance  des  affaires 
que  vous  avez  peu  avoir  par  delà  au  séjour 
que  vous  y  avez  faict,  où  vous  vous  estes  dé- 
porté de  si  bonne  façon  que  vous  en  méritez 
grande  louange  et  pouvez  vous  asseurer  d'en 
avoir  le  bon  gré  du  Roy  monsieur  mon  lilz, 
tel  que  vous  le  sçauriez  désirer  pour  votre 
contantement,  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Rambouillet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Sainl-Germain-en-La\e,  le  \im 
jour  de  febvrier  1674. 


Caterine. 


Brulabt. 


on  descouvra  que,  au  couronnement,  se  dévoient  faire  et 
donner  quelques  empeschemens,  mesmement  sur  ce  que 
ceulx  de  la  religion  vouloient  que  Sa  Majesté  jurast  qu'il 
feroit  observer  l'exercice  de  leur  religion.  Enfin  fut  par 
Monseigneur  le  maresclial  si  dextrenient  négotié  avecques 
ceulx  qui  vouloient  empescher  le  couronnement,  qu'ilz 
furent  les  premiers  qui  le  requirent  et  déclarèrent  vouloir 
consentir  à  tout  ce  que  Sa  Majesté  voudrait,  laquelle, 
pour  contenter  ses  partisans,  promist  ces  mots  et  signa 
avecques  sa  déclaration  de  conserver  la   religion  catho- 
lique :  paccm  inler  dissidentes pro  religione  luere.  Et  ainsy 
fut  le  roy  couronné  le  xxi'°"  du  présent  moys  sans  aucune 
contradiction,  ce   que  ceulx  de  ce  pays   dient  n'avoir 
jamais  veu,  mesmement  qu'il  n'y  eut  mort  et  effusion  de 
sang.  Maintenant  reste  le  point  du  mariage,  duquel  je 
m'asseure  qu'on  se  détiendra  bien  et  à  pourvoir  à  l'esta- 
blissement  de  la  justice.  Le  roy  a  ouy  les  nunces  de  ses 
provinces  qui  luy  viennent  offrir  avecques  présens  riches 
toute  fidélité.  Sa  Majesté  a  vu  encores  ce  matin  l'Infante 
rt  disné  chez  le  palatin  de  ceste  ville,  l'un  des  plus  con- 
Irairesà  son  élection.  Hier  il  fut  soupper  aux  nopces  d'ung 
des  frères  de  Borosqui ,  qui  a  esté  en  France  el  vous  asseure 
qu'il  est  respecté  et  fort  honoré  de  ses  subjectz,  qui  sont 
en  grand  nombre.  Je  croys  que  Monseigneur  le  maresclial 
ne  partira  de  ceste  court  que  après  Pasques,  et  jusque* 
à  ce  qu'il  y  ait  ung  bon  ordre  aux  affaires.  —  De  Cra- 
covie, ce  xxv""  jour  de  février  157'i.n  (Orig.  Bibl.hat., 
fonds  franc. ,  n°  i5p/>7,  fol»   '•">**)■ 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDIGIS. 


285 


1574.—  18  février. 

Imprimé  dans  \cs  Additions  aux  Mémoires  de  Casteblau ,  t.  III  ,  p.  3gi. 
\  MADAME  MA  BONNE  SOEUR 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Madame  ma  bonne  sœur,  le  sieur  de  la  Mothe- 
Fénelon,  ambassadeur  du  Roy  monsieur  mon 
fils  résident  près  de  vous,  nous  a  eserit  et 
vostre  ambassadeur  par  deçà  nous  a  confor- 
mément fait  entendre  la  bonne  affection  que 
vous  avez  à  l'effet  de  la  négociation  de  ma- 
riage; sur  quoy  le  Roy  mondict  sieur  et  filz 
et  moy  avons  eserit  audict  sieur  de  la  Mothe 
vous  faire  entendre  aucunes  choses  concernant 
le  de'sir  que  nous  avons  de  voir  une  bonne 
et  prompte  résolution  et  issue  en  ceste  affaire, 
à  laquelle  je  vous  asseure  que  nous  sommes 
d'autant  plus  enclins  que  nous  en  espérons  un 
grand  bien  pour  toute  la  chrestienté,  et  encore 
particulièrement  pour  ces  deux  couronnes. 
Et  davantage  je  le  désire  pour  le  plus  grand 
contentement  que  je  puisse  à  présent  recevoir  et 
qui  me  satisfera  le  plus,  s'il  plaist  à  Dieu  que 
cela  se  fasse,  et  que  je  puisse,  selon  la  parfaicte 
amitié  que  je  vous  y  ai  toujours  portée,  avoir 
cet  heur  de  vous  estre  si  proche,  comme  je 
serois,  si  cela  s'accomplissoit  et  dont  je  prie 
Dieu  de  très  bon  cœur,  comme  vous  dira 
plus  amplement  de  ma  part  ledicl  sieur  de  la 
Molhe-Fénelon,  lequel  je  vous  prie  croire  sur 
ce,  comme  vous  feriez  moy-mesme,  qui  prie 
Dieu,  Madame  ma  bonne  sœur,  qu'il  vous  ait 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escriptà  S'-Germain-en-Laye,  le  xvm'jour 
de  février  1 5/ 6. 

Caterine. 


1574.  —  92  février. 

Orig.  Ribl.  nat.  fonds  français,  n°  3905,1*  4o. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMYILLE, 

GOUTERHECR  ET   LIEUTEKAKT  GÉSERAL  POUR   LE    BOT  MONSIEUR   MO\    FILZ 
EN    LiXGOEDOC. 

Mon  cousin,  nous  cognoissons  bien  que  de 
voslre  prudence  et  bonne  conduicte  dépend 
principalement  la  seureté  et  conservation  du 
pays  de  delà.  Vous  estes  celluy  qui  plus  y 
travaillez  et  auquel  le  Roy  monsieur  mon 
filz  et  moy  avons  entière  confiance.  Je  vous 
prie  nous  y  confirmer  de  tant  plus,  adjouxtant 
aux  préceddans  quelque  bon  et  notable  service , 
qui  viendrait  très  à  propos  maintenant.  Ledicl 
seigneur  Roy  mon  filz  se  porte  fort  bien, 
grâces  à  Dieu,  avec  toute  bonne  volunté  en 
vostre  endroict;  en  quoy  je  le  seconderay  fort 
voluntiers,  suppliant  le  Créateur,  mon  cousin, 
qu'il  vous  ayten  sa  saincte  garde  l. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxnemejour 
de  febvrier  1  5  -7  6 . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

'   Le  lendemain  Charles  IX  ajoutait: 

«Je  persiste  à  vouloir  rechercher  tous  les  moyens  pos- 
sibles pour  venir  à  une  paix,  combien  que  il  semble  que 
mes  subjeetz  de  la  nouvelle  opinion  ausquelz  vous  avez 
affaire  s'en  recullent  autant  qu'ilz  peuvent;  car  non  seu- 
lement ils  mesprisent  les  conditions  avantageuses  que  je 
leur  ayfaict offrir,  mais  ne  se  laissent  aucunement  entendre 
et  rechercher  et  refusent  d'entrer  en  conférence ,  comment 
j'ayveu  par  les  dernières  dépesches  que  vous  m'avez  faictes. 
Je  vous  ay  mandé  que  je  vous  despécherois  le  s'  de 
S'  Suplice ,  par  lequel  je  vous  ferois  bien  au  long  en- 
tendre mon  voulloir.  Depuis  j'ay  advisé  retenir  encore 
quelques  jours  le  sr  de  S'  Supplice  à  ceste  fin  de  pouvoir 
avecques  plus  de  loysir  délibérer  et  résouldre  sa  dépesche , 
laquelle  je  désire  rendre  telle  qu'elle  sovt  fructueuse.  En 
attendant  je  vous  fais  la  présente  pour  vous  prier,  mon  cou- 
sin, adviser  à  faire  prolonger  la  suspension  d'armes,  s'il 
est  possible,  jusquesà  la  S'  Jean  prochainement  venant, 
allin  que  nous  puissions  plus  coumodément  faire  négo- 


286 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


1574.  —  3  mare. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3ao5,  f°  &9. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  vous  entendrez  si  au  long  tout 
ce  qui  est  advenu  et  s'est  passé  de  deçà  depuis 
les  dernières  dépesches  que  le  Roy  monsieur 
mon  fils  a  faictes,  par  celles  qu'il  vous  faicl 
présentement  '  que  je  n'y  adjousteray  aucune 
chose,  si  ce  n'est  pour  vous  prier,  mon  cousin, 
comme  je  fais,  de  satisfaire  au  contenu  en 
sadicte  dépesche,  selon  que  jugerez  se  devoir 
faire  et  vostre  prudence  acoustume'e,  laquelle, 
pour  eslre  question  de  choses  très  impor- 
tantes à  son  service,  y  sera  bien  requise.  Sur 
ce  je  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa  très  sainte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Paris,  ce  m*  jour  de  mars  1  5 7 ^i . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

lier  la  susdicte  paix,  et  que  par  le  renouvellement  de  la 
guerre  les  choses  ne  se  rendent  plus  difficiles.  Il  faidt, 
mon  cousin,  que  ladicte  trefve  soit  telle  et  sy  asseurée  que 
duranl  icelle  il  ne  soyt  rien  imposé  ni  entrepris  sur  nos 
subjectz  et  nos  villes,  ains  que  chascun  se  contienne 
dedans  ses  limites,  sans  faire  tort  ou  dommage  à  aucun, 
ny  assembler  vivres,  lever  deniers,  comme  il  a  esté  faict 
jusques  à  ceste  heure  contre  la  foy  promise.  Ce  sera  le 
chemyn  pour  parvenir  à  une  généralle  pacifficalion  pour 
à  laquelle  atteindre  je  vous  asseure  que  je  n'espargneray 
rien  de  ce  que  je  pourray  faire  avecques  dignité  et  raison  ; 
mais  aussy  faut-il  que  mesdictez  suhjeclz  s'aydent  de  leur 
costé  et  se  mectent  en  tel  dehvoir  qu'ilz  s'en  rendent  di- 
gnes. 1  (Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  n°  3267,  f°  10.) 
1  Voici  la  lettre  du  Roi  à  laquelle  elle  fait  allusion  : 
r  Je  vous  ay  mandé  par  mes  deux  dernières  première- 
ment que  je  vous  dépescherois  le  s'  de  S'  Supplice  et 
depuis  Villeroy  pour  vous  faire  entendre  mon  intencion 
tant  sur  le  faict  de  la  pacification  des  troubles  de  par 
delà  que  sur  les  moicns  que  je  vouspouvois  donner  pour 
continuer  la  guerre,  en  cas  que  l'on  ne  peust  faire  la  paix. 
Ledict  Villeroy  esloit  prest  à  partir,  quand  j'ay  receu  ad- 
vis  comme  mes  suhjeclz  de  la  nouvelle  opinion  ont  repris 
les  armes  générallement  par  tout  mon  royaume,  de  sorte 
que,  pour  ceste  occasion,  il  m'a  fallu  changer d'advis,  ne 


1574.  —  6  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  801,  t    118- 

A  MONSIEUR  DE  THOU. 

Monsieur  le   Président,   le  Roy  monsieur 
mon  lilz  a  faict  expédier  ses  lectres  patentes  de 

pouvant  penser  que  mesdietz  subjeclz  aiant  aucune  vo- 
lonté de  la  paix,  puisqu'ilz  ont  faict  ceste  déclaration  de 
leur  mauvaise  intention,  dont  vous  sçavez,  mon  cousin, 
mieux  que  nul  autre,  et  en  appelle  à  Dieu  à  tesmoing 
en  quel  devoir  je  me  suis  mis  pour  moyenner  une  gé- 
néralle panification  partout  mon  royaume,  n'aiant  rien 
ohmis  de  ce  que  j'ay  peu  faire  pour  lever  la  meffiance 
que  mesdietz  subjectz  avoient  prise  et  sur  laquelle  ilz 
s'excusoienl,  jusques  à  avoir  fa'ict  retirer  de  plusieurs  en- 
droietz  en  leurs  maisons  les  compagnyes  de  gensdarmes 
qui  y  avoient  esté  ordonnées  pour  tenir  garnison  ;  mais 
puisqu'ainsi  est  qu'ilz  ont  si  fort  mesprisé  les  grâces  qui 
leur  ont  esté  offertes,  il  se  fault  résouldre  d'user  des 
moiens  et  forces  que  Dieu  a  mis  entre  mes  mains  pour 
me  rendre  obéy,  combien  que  je  vous  confesse  que  ce 
soit  avec  le  plus  grand  regrect  et  desplaisir  que  je  receuz 
jamais,  pour  ce  que  je  congnois  bien  que  la  continuation 
de  la  guerre  est  la  ruyne  entière  de  mon  Estât  et  de  mes 
subjectz.  Je  vous  avois  mandé  par  cy  devant  avoir  réservé 
dix  compagnies  de  gens  de  pied  pour  vous  envoier.  Sur 
ces  occasions  je  suis  contrainct  de  les  retenir  pour  m'en 
servir  de  par  deçà ,  n'aiant  aucunes  forces  plus  promptes 
pour  opposer  aux  desseins  et  entreprises  de  ceulx  qui  se 
sont  eslevés  es  provinces  de  deçà  ;  au  moien  de  quov 
je  vous  prie  de  lever  par  delà  tel  nombre  de  com- 
paignyes  de  gens  de  pied  que  vous  congnoistrez  estre  né- 
cessaire. Je  vous  puis  encore  moins  secourir  pour  ceste 
heure  d'argent,  n'en  aiant  pour  satisfaire  aux  despenses 
urgentes  qui  se  présentent  maintenant  auprès  de  moy, 
de  mode  qu'il  est  de  besoing  que  tous  mes  subjectz  s'éver- 
tuent à  ce  coup  et  facent  de  nécessité  vertu.  Si  ce  mal 
ne  nous  eust  assailly  par  deçà,  vous  eussiez  esté  non 
seulement  secouru  des  dix  compaignyes  de  gens  de  pied, 
mais  de  tout  ce  que  j'eusse  peu  espargner  d'argent  et 
autres  moiens.  Je  vous  pr\e  de  me  donner  conseil  et 
advis  de  ce  que  je  puis  et  dois  faire  pour  vous  secourir 
et  assister.  J'escris  présentement  au  s'  de  Suze,  auquel 
j'avois  commandé  d'aller  à  Arignon  pour  secourir  cest 
Estai  là,  se  rendre  auprès  de  vous  pour  m'y  servir  en 
ce  qui  se  présentera.  Il  fault  que  mes  bons  serviteurs  plus 
notables  el  affectionnez  facent  tous  le  semblable;  car  il 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


287 


commission  pour  procedder  à  la  vente  et  ad- 
judication de  ce  qui  reste  suivant  les  arreslz 
de  la  court  à  vendre  et  adjuger  des  bovs  de 
haultc  fustaie  estans  au  trè-sfondz  de  l'abbaye 
Nostre  Dame  de  Valsery  et  pour  ce  que  ledict 
seigneur  a  faict  don  au  roy  de  Poulongne  mon 
lils  de  ce  qui  luy  appartient  en  ladicte  vente 
de  boys  et  qu'il  est  besoing,  pour  icelle  facil- 
liter  et  advancer,  que  lesdictes  leclres  patentes 
de  commission  soient  vérifiées  en  la  court, 
je  vous  en  ay  bien  voulu  esciïpre  la  pre'sente 
pour  vous  prier  les  vérifïier  le  plus  tost  qu'il 
vous  sera  possible,  embrassant  cest  affaire  de 
telle  affection  que  l'intention  du  Roy  mondict 
sieur  et  filz  soyt  suivye  sans  aulcune  lon- 
gueur, difficulté  ou  retardement,  affin  que  les 

n'est  seulement  question  de  mon  service,  mais  aussi  de 
la  conservation  de  leurs  vies,  religion  et  biens.  Je  vous 
prie  mander  et  advertir  tous  autres  que  vous  estimerez 
estre  propres  pour  cest  effect  et  au  demeurant  donner 
ordre  que  mes  subjeetz,  qui  ont  esté  ou  sont  encores  de 
ceste  nouvelle  opinion,  lesquelz  se  contiennent  et  vivent 
suivant  mes  édietz  et  mon  intention,  soient  gardez  et 
conservez  de  tonte  aigreur  et  oppression,  tout  ainsi  que 
nos  aultres  subjeetz  catbolicques. 

«Il  me  reste  à  vous  dire  comme,  sur  l'adverlissemenl 
que  j'euz  que  d'aucuns  de  mes  subjeetz  de  ladicte  nou- 
velle opinion  avoient  repris  les  armes  du  costé  de  deçà 
et  s'assembloient  pour  me  venir  surprendre  en  ma  maison 
de  S'-Germain-en-Laye,  je  me  suis  venu  en  ceste  ville 
pour  remédier  et  pouiveoir  avec  plus  de  moien  et  de 
commodité  à  leurs  entreprises,  lesquelles  j'espère,  avec 
l'aide  de  Dieu,  n'auront  tel  effect  qu'ilz  se  sont  promis. 
Hz  s'efforcèrent  de  surprendre  la  ville  de  Mantes,  en  la- 
quelle estoit  en  garnison  la  compaignie  de  gensdarmes 
dont  mon  beau-frère  le  duc  de  Montmorency  a  charge, 
qui  feist  tel  et  si  bon  debvoir  de  repousser  aulcuns  d'eulx 
qui  esloient  entrés  dans  la  ville  et  s'estoient  saisiz  d'une 
des  portes,  qu'ilz  furent  contrains  se  retirer  à  leur  honte 
et  confusion,  comme  ilz  ont  esté  en  plusieurs  endroietz 
sur  lesquelz  ils  avoient  faict  entreprise.^  (Bibl.  nat. , 
fonds  franc.,  n°32&7,  f  i5,  orig.) 

Voir  les  dépêches  de  Valentin  Dale  à  lord  Burgbley 
lui  annonçant  le  départ  précipité  de  la  cour  pour  Paris. 
(Calendar  oj  Stale  pupers,  1 5 7 /« ,  p.  '471  et  lf]l>.) 


pauvres  marchans  que  le  roy  de  Poullongne 
mondict  filz  a  assignez  sur  lesdietz  deniers 
puissent  estre  satisfaietz  de  leur  deubz  et 
nous  descbarge's  de  continuelles  importunitez 
d'iceulx.  Priant  Dieu,  Monsieur  le  Président, 
vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  v]esmc  mars  1^1  U. 

Caterixe. 
Cbantereau. 


1 574.  —  9  mars. 
Orig.  Bibl.  de  Rouen,  fonds  Leber,  3743,  p.  6. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de    Matignon 1,   jamais  vous  ne 

1  Le  7  mars,  Charles  IX  avait  écrit  à  Matignon  : 
•'Monsieur  de  Matignon,  ayant  entendu  que  le  sieur 
de  Colombières  s'est  mis  dedans  Saint-Lo  pour  la  seu- 
reté  de  sa  personne  à  cause  des  faux  bruicts  qui  ont 
couru  et  pour  éviter  que,  soubs  coulleur  d'une  querelle 
que  j'ay  entendu  qu'il  a,  que  l'on  luy  feist  déplaisir,  et 
non  en  intention  de  rien  faire  contre  mon  service  comme 
luy  mesmes  a  dict,  je  luy  escripts  une  lettre  par  le  sieur 
de  Rothelin  présent  porteur,  suivant  laquelle  je  vous  prie 
regarder  avec  luy  le  moyen  qu'il  y  aura  de  composer  la 
querelle  dudict  de  Colombières  et  vous  employer  en 
cella  de  ma  part  de  toute  affection,  l'asseurant  aussi  de 
ma  bonne  et  droite  intention  en  son  endroit  et  de  tous 
ceulx  de  la  nouvelle  opinion,  quoyque  l'on  ayt  faict 
courir  plusieurs  bruicts  au  contraire,  qui  sont  faulx  et 
meschamment  inventés  par  personnes  qui  ayment  la 
division  et  veoir  recommencer  les  troubles  ;  et  pour  cest 
effect  vous  le  mettrez  en  ma  sauvegarde  et  en  la  voslre 
et  luy  respondrez  de  l'asseurance  que  luy  donnerez  de  sa 
personne  et  biens,  moyennant  qu'il  se  comporte  en  bon 
et  naturel  subject,  soubz  l'observation  de  mes  eedietz, 
l'admonestant  davanlaige  de  se  renger  avecques  vous 
pour  mon  service  et  de  vous  rendre  et  remettre  entre 
vos  mains  la  ville  de  Sainl-Lo,  à  ce  que  ceulx  qui  ont 
naguères  pris  les  armes  ne  s'en  puissent  ayder;  qu'en 
ce  faisant  il  ostera  l'occasion  du  reproche  que  l'on  luy 
pourrait  faire  qu'après  la  foy  et  promesse  si  expresse 
qu'il  m'a  faicte,  oultre  l'obéissance  naturelle  qu'il  me 
doibt,  il  y  ayt  faict  chose  contre  le  bien  de  mondict  ser- 
vice, comme  vous  verrez  que  je  lui  escriplz  par  madicle 


288 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


feites  service  qui  nous  donnast  plus  de  con- 
tentement  et  scroit  bien  difficile  que  qui  que 
se  soit  nous  en  peust  maintenant  faire  ung 
plus  grant  que  vous  ferez,  si  vous  prenez, 
comme  nous  nous  asseurons  que  ferez,  ce 
malheureux  conte  de  Montgommery  qui  est 
cause  de  tant  de  inaulx.  Je  vous  prie,  sur 
tous  les  services  que  désirez  nous  faire,  gardez 
bien  qu'il  ne  eschappe  et  en  rendez  bon  compte 
au  Roy  monsieur  mon  filz  suivant  ce  qu'il  vous 
escript  et  vous  pourrez  dire  que  vous  serez 
cause  que  non  seullement  en  la  Normandye 
ceulx  qui  nous  y  fout  la  guerre  seront  vaincus, 
mais  aussi  par  tout  le  reste  de  ce  roiaume, 
tant  la  prinse  dudict  Montgommery  y  don- 
nera de  déliance  à  ces  malbeureuses  gens. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  vous 
avoir  eu  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  au  bois  de  Vincennes,  le  mercredy 
i\  mars  1.57&. 


1574.  —  i4  mars. 
Orig.  Itibl.  de  Rouen,  fonds  Leber,  57A3 ,  p.  6. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON: 

Monsieur  de  Matignon,  nous  avons  veu  par 
vos  lettres  du  xi°  de  ce  présent  moys  Testât  où 
vous  avez  trouvé  toutes  eboses  en  vostre  charge, 
quand  vous  y  estes  arrivé,  et  que,  après  avoir 
bien  faict  recongnoistre  ceulx  qui  y  ont  pris 
les  armes  et  se  sont  saisis  d'aulcunes  villes, 
vous  n'avez  trouvé  qu'ilz  soyenl  à  beaucoup 
près  si  forlz  et  en  si  bon  ordre  que  l'on  les  fai- 
soyt;  je  croy  bien  que,  si  on  leur  donne  plus 
grand  loisir,  ilz  se  fortjfficront  tant  qu'ilz 
pourront  d'hommes  et  d'aultres  commoditez, 
et  pour  ce*je  vous  prye,  suyvant  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript,  en  cas  qu'ilz 
ne  voulussent  accepter  la  pacification  qui  leur 
est  offerte,  les  prévenir  et  combattre  devant 
qu'ilz  soient  plus  fortz,  amassant  à  cesle  fin 


les  forces  que  vous  verrez  par  ses  lettres  le 
Cet  à  cet  coup  que  je  n'obliré  rien  de  cet    j    plus  dilligemment  qu'il   sera   possible;    car, 


qui  vous  louche;  car,  cet  vous  nous  anvoyé 
le  conte  de  Montgomery,  est  tout  ce  que  nous 
pouvons  désirer  de  meioulx.  Je  prie  Dieu  qu'i 

nous  en  fasse  la  grâce. 

Caterine. 
Pis  art. 

lettre  ;  aux  termes  de  laquelle  et  de  la  préseute  vous  et 
le  sieur  de  Rolhelin  adjousterez  encore  toutes  les  meil- 
leures persuazions  que  vous  pourrez  pour  faire  en  sorte 
qu'il  rende,  s'il  est  possible,  ladicte  ville  de  Saint-Lo 
et  qu'il  prenne  asseurance  de  la  ferme  parolle  et  pro- 
messe que  j'ay  faicte  pour  luy  audict  sieur  de  Rolhelin 
et  de  celle  que  je  veulx  que  lui  faciez  ;  et  sçaiebant  que 
\011s  n'oublierez  rien  de  ce  qui  pourra  servir  à  ceste 
mienne  intention,  je  ne  vous  feray  ceste-ry  plus  longue 
que  pour  prier  Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  vous  avoir 
en  sa  saiute  garde. 

g  Escript  au   faulxbourg  Sainl  Honoré,   le   septième 

jour  d»   mars   1576. 

ttCmiu.ts.- 

(  Bibl.  de  Rouen,  fonds  Leber,  P  7535  ;  portefeuille.) 


comme  vous  dictes,  il  n'est  rien  tant  requis 
en  cecy  que  la  dilligence,  laquelle  sçaichanl 
qui  ne  vous  maneque  point,  j'espère  que  vous 
ferez  ung  bon  service  au  Roy  mon  fils  en  ceste 
occasion.  Beaucoup  de  particulières  considé- 
rations vous  doibvent  mouvoir  en  cella  ;  mais 
je  croy  qu'il  n'y  en  apoinct  en  vostre  endroict 
qui  ayt  plus  de  force  que  l'affection  que  vous 
avez  de  faire  service  au  Roy  moudict  fils,  à 
la  lettre  duquel  me  remectant  du  surplus,  je 
prieray  Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  au  chasteau  du  bois  de  Vincennes, 
le  xiui*  jour  de  mars  ib~jl\. 

C\TKRINE. 
PlNART. 


LETTRES  DE  GATH 

1  Ô74.  —  i  5  mars. 

Oiiy.  Imprimé  dans  les  œuvres  de  Brantôme ,  édit.  de  1 760  , 
1.  XV,  p.  aS. 

A  MONSIEUR  DE  ROURDLTLLES, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DU   ROI  MONSIEUR  MON   FUS  , 
CONSEILLER  EN  SOH  CONSEIL   PRIVÉ.   ET  SENECHAL  DE  PÉRIGORD. 

.Monsieur  de  Bourdeilles,  j'avois  lousjours 
cru  que  vous  feriez  bien  et  suis  bien  aise  d'estre 
non  seulemenl  confirmée  en  ceste  bonne  opi- 
nion et  asseurance,  mais  encore  Tay-je  accrue 
par  le  mérite  de  vostre  prudence  et  vertu.  Le 
Roy  monsieur  mon  fils  vous  faict  response  si 
ample  et  particulière  que,  estant  mon  inten- 
tion conforme  à  la  sienne,  je  ne  vous  fera  y 
la  présente  plus  longue  que  pour  vous  prier 
estre  asseuré  que  je  seconde  ledict  sieur  Roy 
mon  fds  en  la  bonne  volonté  qu'il  vous  porte; 
priant  Dieu  qu'il  vous  ayt,  Monsieur  de  Bour- 
deilles, eu  sa  sainte  garde. 

Escript  au  cbasteau  de  Viucennes,  le  quin- 
zième jour  de  mars  1676. 

Cateiii>e. 
De  Neufville. 


1574.  —  16  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  collect.  Dupuy,  n°  801,  f*  133  r\ 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRÉSIDENT   EN  SI  COURT  DE    PARLEMENT  DE  PAHIS. 

Monsieur  le  Président,  René  Bouchard, 
mon  porte-manleau,  m'a  faict  entendre  l'ins- 
tance et  requeste  eiville  que  sa  belle-mère 
veufve  de  feu  Jacquelot,  en  son  vivant  mares- 
clial  des  logis  de  la  royne  ma  fille,  tant  en 
son  nom  que  comme  tuteur  des  eniïans  mi- 
neurs dudict  delfunct  et  d'elle,  a  pendante  en 
la  cour  pour  rél racler  certain  arrest  donné 
par  surprinse  contre  ledict  delfunct  au  rapport 
de  Monsieur  Poille  au  prolTict  de  Maislre  Mar- 
tin Fumée  et  que,  si  ledict  arrest  avoit  lieu, 
sadicte  belle-mère  et  culïaus,  en  nombre  de 

CaTUEMNE  DE  MÉD1C1S. IV. 


ERINE  DE  MÉDIGIS.  289 

six,  seroient  grandement  allligez  et  lotallemenl 
ruinez;  à  ceste  cause,  d'aullant  que  ledict 
arrest  a  esté  donné  sans  oyr  ledict  defifu.net , 
je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la  présente  et 
\ous  prier  embrassser  la  justice  de  la  cause 
de  ladicte  Nepveu  et  desdietz  mineurs  et  en  ce 
faistes  mander  les  advocatz  et  procureurs  des 
parties  en  la  grant  chambre  de  la  court  pour 
sçavoir  comme  la  surprise  a  esté  l'aicte  pour, 
eulx  oyz,  pourvoir  contre  ledict  arrest  ainsi 
que  de  raison,  les  dispensant  de  la  longueur 
du  temps  et  circuit  de  procès  où  elle  pourroil 
entrer;  priant  Dieu,  Monsieur  le  Président, 
vous  avoyr  eu  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Paris,  le  \vie"liejour  deinars  1  074. 

Catf.rine. 
Chantereau. 


1574.  —  21  mars. 
Orig.  Bihl.  nat.  collect.  Dupuy.  n°8oi.  1°  lao. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  EN  SA  COURT   DE    PARLEMENT. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  ay  mandé 
par  Gentil,  mon  vallet  de  chambre,  que  je 
vous  pryois  de  dépescher  le  plus  lostquepou- 
riez  Madame  de  Martigues  du  procès  qu'elle  a 
contre  la  dame  d'Estampes,  ce  que  j'ay  en- 
tendu par  luy  aviez  bonne  volonté  de  fayre, 
dont  j'avois  receu  bien  grand  plaisir;  et,  en 
faisant  part  (sus  aultres  particulières  occa- 
sions) à  ladicte  dame  de  Martigues,  elle  m'a 
respondu  que  vous  en  aviez  ung  de  Monsieur 
de  Moutpensier  que  vous  vuyderez  le  pre- 
mier et  qu'elle  ne  sçavoit  s'il  y  auroit  assez 
de  temps  pour  le  sien,  sy  cela  ne  vous  estoit 
un  peu  aleclionné;  et,  d'aultant  que  je  désire 
l'expédition  de  l'un  et  de  l'aultre  et  que  j'ay 
entendu  qu'il  reste  peu  à  vacquer  à  celluy 
dudict  sieur  de  Montpensier,  j'ay  voulu  encores 
vous  recharger  de  ce  mot  par  ce  porteur  ex- 

37 


UlrniMLlUE     K-1T10\ALE. 


290 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


près  pour  vous  prier  derechef  ne  faillir  à 
dépescher  ladicle  dame  de  Martigues  tlu  sien 
devant  ces  Pasques  et  m'en  mander  par  luy 
certaine  responce  à  ca  (pie  je  m'en  tienne 
asseurc'e,  vous  pouvant  dire  que  en  cela  vous 
ferez  aussi  au  Roy  monsieur  mon  filz  chose  qui 
luv  sera  hien  agréable,  comme  il  a  mesmes 
commande'  à  cedict  porteur  vous  faire  en- 
tendre de  sa  part  et  de  la  mienne;  j'en  aura} 
pareil  contentement  pour  le  désir  que  j'ay 
d'en  veoir  hors  de  pcync  ladicle  dame  de 
Martigues,  veu  le  Ion»  temps  qu'il  y  a  qu'elle 
en  est  à  la  poursuicle,  de  laquelle  elle  espère 
par  ce  moyen  plus  prompte  yssue,  comme, 
pour  ceste  raison  et  aullres  que  vous  dira 
plus  particulièrement  cedict  porteur,  je  la  vous 
recommande  encores  une  bonne  fois,  et  sur 
ce  prye  Dieu,  Monsieur  le  Président,  vous 
donner  longue  vye. 

Au   boys  de  Vincenncs,   le  \xieil"e  jour  de 

mars  107^. 

Gaterine. 

ClIAXTEREVU. 


1574.  —  5  avril. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  (Varions,  n°  3>oi  ,  ("71. 
\  MON  C0051H 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE, 

UARESCHAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  lilz.  vous 
salisfaict  amplement  sur  la  respoase  de  celles 
<[ue  lui  a  apportées  le  sieur  de  Monlbazon  et 
outtre  plus  de  l'advis  qu'il  a  eu  du  sieur  de 
Biron  sur  son  abbouebement  qu'il  a  eu  avec 
La  Noue  et  des  propos  qui  se  sont  passez  entre 
eulx  pour  parvenir  à  quelque  pacification, 
lellement  que  nous  avons  esté  d'advis  de  faire 
quelque  plus  grande  ouverture  que  celle  qui  es- 
toit  portée  par  1'iiislruclion  dos  sieurs  de  Slrozy 


et  Pinart  ',  comme  verre/,  par  le  double  qui 
vous   en  est  envoyé  pour  vous  en   servir,  si 

1   De  son  coté ,  Pinart,  envoyé  pour  s'aboucher  avec 

La  Noue,  donne  quelques  détails  sur  les  opérations  de 
guerre  à  M.  de  Montpensicr  : 

«  Monseigneur,  te  courrier  par  lequel  il  vous  avoit  pieu 
escripre  à  Mr  de  la  Noue,  pour  les  passeports  de  Mr  de 
Slrossy  et  de  moy  est  venu  présentement  en  ce  lieu, 
avec  lesdictz  passeportz  dont  j'ay  retenu  le  mien,  comme  il 
vous  pleut  hier,  partant  d'avec  vous,  me  permettre  et  com- 
mander. Je  vous  envoyé  celluy  où  est  nommé  M  de  Slrossy 
qui,  j'espère,  passera  bientost  par  vous.  Cependant  je 
ne  délaisse  pas,  suivant  ce  qu'il  a  pieu  à  Leurs  Ma- 
jeslez  me  commander,  de  m'ach 'miner  droicl  où  seront 
le  s'  La  Noue  et  ses  troupes  que  ledict  courrier  a  laissées 
bien  plus  petites  que  l'on  ne  disoit  par  deçà;  car  ledict 
courrier  qui  les  a  tort  bien  observez,  a  asseuré  que  ledict 
s'  de  la  Noue  ne  peult  faire  estai  de  plus  de  quatre  cens 
cbevaulx.  Il  est  vray  qu'il  dict  que  parmy  ce  nombre  il 
y  en  a  qui  sont  merveilleusement  bien  montez,  et  les 
autres  ne  le  sont  pas  si  bien.  Le  surplus  de  leurs  troupes 
n'est  que  racaille, peu  ou  point  aimez  et  ilz  ont  fort  mau- 
vaise apparence  et  aiant  environ  deux  cens  de  ces  gens-là 
lesquels  mettent  du  nombre  de  leur  cavallerie,  qui  n'ont 
que  des  bidets,  à  ce  que  dict  ledict  courrier.  Il  est  vray 
qu'ilz  vont  mendiant,  par  les  maisons  des  gentilshommes 
qui  sont  à  leur  dévotion  et  les  autres  qu'ilz  intimident, 
des  armes  et  des  chevaux  et  ce  qu'ilz  peinent  pour  ac- 
comoder  ces  gens-là,  qui  estoient  et  seraient  aultrement 
tous  nuz.  Ils  ont  esté  à  la  rlochefoucault  et  d'arrivée  mi- 
rent tous  pied  à  terre,  la  plupart  attachèrent  leurs  che- 
vaulx  à  la  baye  et  furent  fort  bravement  et  en  gens  de 
guerre  pour  forcer  ladicle  ville.  Cependant  ceulx  du  chas- 
tean,  qui  sonl  à  leur  dévotion,  ne  s'espargnoient  pas  à 
tirer  sur  les  nostres  dedans  la  ville  qui  se  détendit  si  bien 
qu'ils  perdirent  ung  de  leurs  meilleurs  capitaines,  et 
ledict  de  la  Noue  l'escbappa  belle,  luy  ayant  une  har- 
quebuzade  abatu  son  chapeau  et  une  autre  donné  au 
corps  de  cuirasse.  Ledict  courrier  arriva  à  la  ltoche- 
loucaull,  comme  ils  en  parloient,  et  me  l'a  rapporté 
ainsi  pour  vérité.  Le  s' de  la  Noue  et  ses  troupes  allèrent 
de  là  à  Blanzac  et  sont  entrez  dans  le  bourg  dudic!  lllanzar 
par  emoposition,  à  laquelle,  ilz  ont  salisfaict,  qui  est  qu'ilz 
n'y coucheroienl que  une  nuict  seullemcnt,qui  lut  la  nuit 
d'entre  jeudy  et  hier  qu'ilz  en  partirent  tous  sans  y  avoir 
fairt  que  vivre  encores  fort  modestement.  Hz  tiendront  le 
chemin  de  Barbezieux  ou  de  Chasleaii-Neul,  à  ce  qu'ilz 
Ont  dict  an  courrier,  quand  il  leur  a  demande  où  je  les 


LETTRES  DE    CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


291 


jugez  eslre  besoing;  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  le  ve  jour 
de  avril  1076. 

\ oslre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1574.  —  17  avril. 

OrΣ.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i555g,  f°  57. 

A  MONSIEUR  DE  HAUTEFORT. 

Monsieur  de  Hautefort,  vous  entendrez  par 
la  lettre  que  présentement  vous  escript  le  Roy 
monsieur  mon  filz  bien  amplement  son  inten- 
cion  sur  ce  qu'il  désire  que  vous  faicles  par 

pourray  trouver,  mais  je  ne  les  crois  pas.  Il  a  sceu  depuis 
qu  ilz  alloient  devant  Anbeterre  pour  essaier  de  mettre  le 
chasteau  à  leur  dévotion  et  par  mesme  moyen  favoriser  le 
passaige  sur  la  Garonne  du  sr  de  Langoiran,  frère  de  M.  de 
Montferrant,  qui  leur  amène  les  forces  de  la  Guyenne 
qu'ilz  disent  et  font  courir  le  bruit  eslre  de  trois  cens 
chevaux  et  deux  mil  hommes  de  pied,  mais  elles  ne 
peuvent  estre  que  de  cent  ou  si*  vingt  chevaux  et  huict 
cens  hommes  de  pied;  car,  du  coslé  de  Bordeaulx,  il  est 
sorty  des  forces  que  mène  M.  de  la  Valette  qui  font  faire 
audict  Langoiran  de  plus  grandes  journées  qu'ilz  ne  vou- 
draient et  d'autre  costé  MM.  de  la  Vauguyon  et  de  Poinpa- 
dour  s'approchent  dudict  de  la  Noue,  de  sorte  que,  si  luy 
ctM'de  Langoiran  ne  se  joignent  bientost,  ilz  auront  sur 
les  doigts,  i  (Bibl.  nat.,  fonds  franc. ,  n°  i555q,  fol.  37.) 
—  Voir  deux  autres  lettres  de  Pinart  des  6etK  avril.  (Ibid  , 
fol.  3g.)  Dans  cette  dernière  :  trje  vous  supplie»,  dit-il 
à  la  Reine  mère,  « que  le  Roy  et  vous  preniez  bien  garde  à 
voz  personnes  et  que  l'on  soit  songneux  d'avoir  bien  l'œil 
survoz  vivres,  car  il  y  en  a  de  si  malheureux  qui  ne  re- 
gardent qu'à  trouver  le  moyen  de  faire  de  grandes  mes. 
chancelez. »  (Ibid.,  fol.  !\3.) 

Le  i3  avril  ni  lui  ni  Slrozy  n'avaient  encore  pu 
joindre  La  Noue;  ce  jour-là  Pinart  écrivait  à  Catherine  : 
f-Nous  allons  Strozy  et  nioy  coucher  à  Surgeres,  où  le  s' 
de  la  Noue  nous  a  mandé  qu'il  viendra  par  deçà  pour 
la  négociation  qu'il  vous  a  pieu  nous  commettre. n  (Ibid., 
foI.So.) 

Enfin,  le  h  mai  Pinart  mandait  au  Roi  :  ttNous  n'avons 
rien  pu  faire  pour  le  bien  de  la  paix.n  (Ibid.,  fol.  67.) 


delà  touchant  la  leve'e  des  Suisses;  à  quoy  il 
n'est  besoing  que  j'adj ouste  aucune  chose. 
Bien  vous  priray-je  seullement  que  vous 
preniez  garde  qu'elle  soit  des  plus  belles 
trouppes  et  plus  beaux  hommes  que  l'aire  se 
pourra,  et  sur  ce  je  supplie  Dieu,  Monsieur 
de  Hautefort,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  lexvn8mejour 
d'avril  1  o  -7  Zi . 

Caterine. 

BrULART. 


1574. 


18  avril. 


Orig.  Tîil>] .  nat.  fonds  français,  n°  32o5 ,  f°  iG. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  j'estime  que  vous  aurez  main- 
tenant près  de  vous  les  sieurs  de  S'  Supplice 
et  de  Villeroy  et  par  ensemble  donné  quelque 
bon  achemynement  à  l'affaire  que  vous  avez 
à  ne'gotierpar  delà,  dont  nous  attendons  nou- 
velles. Je  ne  vous  recommanderay  point  ledict 
affaire,  saichanlque,  pour  l'affeclion  que  vous 
avez  au  service  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
vous  n'espargnerez  rien  de  ce  que  vous  pen- 
serez y  pouvoir  servir  pour  en  tirer  le  fruict 
de'siré  et  qui  est  aujourd'hui  plus  nécessaire 
que  jamais,  ainsi  que  pourrez  bien  juger  sili- 
ce que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  vous  escrit 
présentement  '  ;  à  quoy  meremectant  de  ce  que 

1  La  lettre  de  Charles  IX  contenait  ceci  :  ^Suivant  ce 
que  je  vous  escripvis  par  le  sr  dé  Montataire,  les  9"  de 
S' Supplice  et  de  Villeroy  sont  partiz  d'icy  pour  aller  vous 
trouver.  J'ay  lettres  d'eulx  qu'ilz  arrivèrent  le  m*  de  ce 
moys  à  Lyon  et  en  sont  partiz  le  vu""",  n'ayant  encores 
receu  aucunes  nouvelles  de  vous,  encores  que  j'eusse  bien 
expressément  chargé  ledict  Montataire  de  vous  en  soli- 
citer-, affm  de  ne  perdre  temps  en  ceste  négociation,  mais 
je  ne  double  point  que  la  difficulté  des  chemyns  ne  soyt 
cause  de  cest  empeschement  et  que  peult-estre  ceulx  qur 


■29-2 


je  vous  en  pourrais  dire,  je  ne  vous  feray  ceste 
plus  longue  que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

Escrit    au    chasteau     de     Yinceunes, 
xvme""' jour  d'avril  iô-j'j. 


auront  esté  dépcschez  do  vous  à  ceste  fin,  se  trouveront 
arreslez  en  quelque  pari.  Je  tiens  maintenant  losdicts  s" 
de  S'  Suppice  et  de  Villeroy  près  de  vous  et  que  par  en- 

.. ble  vous  aurez  jà  donné  quelque  bon  a-hemynement 

à  vostre  négociation  ,  de  laquelle  je  désire  que  vous  puis- 
siez tirer  tant  de  fruict  que.  par  le  moyen  d'iceluy,  ccst 
Estai  se  puisse  reslablir  en  ung  parfaict  repos  et  tran- 
quillité. En  quoy  je  ne  double  que  vous  n'employez,  oullre 
le  soing  et  dextérité ,  tous  les  autres  moiens  que  vous  pen- 
serez y  pouvoir  servir.  Je  croy  que  vous  aurez  eu  le  mesme 
advis  qui  m'est  venu  de  la  surprise  que  les  rebelles  ont 
faict  de  trois  ou  quatre  places  es  environs  de  Thoulouze, 
par  lemoien  desquelles  et  les  aultres  lieux  qu'ilz  avoient 
jà  auparavant  ilz  tiennent  ladicte  ville  tellement  serrée 
tant  deçà  que  delà  la  rivière  que  les  vivres  ne  s'y  peuvent 
rendre  qu'avecq  beaucoup  de  danger  et  incommodité 
et  y  pourroyt  advenir  pis,  s'il  n'y  estovt  pourveu.  C'est 
pourquoy  je  désire  que  le  sr  de  Joyeuse  s'y  achemine  in- 
cessamment, si  desjà  il  ne  s'y  estoyl  rendu ,  comme  je  vous 
l'ay  et  à  luy  mondé.   Il  aura  avecq  luy  sa  compaignye 
d'ordonnance,  mais  voussçavez  qu'elle  n'est  pas  bastante 
pour  faire  leste  aux  ennemys  qui  se  sont  renforcez,  à  ce  que 
j'entends,  à  cause  de  la  trefve  accordée  par  delà,  s'estans 
la  plus  part  de  leurs  forces ,  qui  estoient  de  vostre  cousté , 
escoulées  de  l'autre.  Vous  adviserez  d'accommoder  le  s'  de 
Joyeuse  jusques  à  trois  ou  quatre  compaignies  de  celles  qui 
vous  ont  esté  ordonnées;  car  vous  sçavez  que,  sans  estre 
aydé,  il  ne  pourroit  faire  chose  qui  fusl  à  l'avantage.  Au 
surplus  je  ne  veulx  obmettre  à  vous  dire  que  puys  quelques 
jours  il  s'est  descouvert  en  ce  lieu  une  meschanle  et  niai- 
heureuse  entreprise  semblable  à  celle  que  l'on  vouloyt 
dernièrement  tenter  à  S'-Germain-en-Laye,  qui  fut  cause 
que,  m'ayanlesté  confirmée  par  plusieurs  divers  advis,  je 
feiz  renforcer  mes  gardes  et  entrer  dedans  l'endoz  de  ce 
chasteau  un  corps  de  garde  de  Suysses.  Il  avoit  dès  lors 
esté  pris  quelques  prisonniers  coulpables  de  ladicle  en- 
treprise et  depuis  il  en  a  esté  encores  pris  d'autres,  entre 
lesquelz  sont  La  Molle  et  le  conte  Coconas,  qui  sont  entre 
les  mains  des  gens  de  ma  court  de  parlement  pour  leur 
estre  faict  leur  procès,  s'estanl  jà  parles  interrogatoires 
que  l'on  leur  a  peu  faire  et  leurs  confessions  volunlaires, 
vériffyé  comme  ilz  ont  vnullu  suborner  mes  frères  les  duc 
d'AUençon  et  roy  de  Navarre  et  les  enlever  hors  d'auprès 
de  moy,  pour  leur  faire  entreprendre  quelque  chose  au  pré- 
judice de  mon  aurtorité  et  du  repos  de  mon  Estât,  pour 


Vostre  bonne  cousine, 


Caterint.. 


1574.—  18  avril. 
Copie.  Bit)!,  nal.  fonds  Collxrt,  n"  36G,  p.  589. 

A  MONSIEUR  DU  FERR1ER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  fait  présentement  response  à  vos  deux 
deux  dépesshes  des  vc  et  xixc  de  mars,  par  où 
vous  connoistrez  le  contentement  qu'il  a  des 
advis  que  vous  luy  donnez,  qui  ne  peuvent 
que  beaucoup  servir  au  bien  de  ses  affaires.  Au 
surplus,  Monsieur  du  Ferrier,  vous  serez,  par 
cette  mesme  voye,  adverty  de  la  malheureuse 
entreprise    que  nous  avons   puis  naguières 

lequel  effect  ilz  avoient  disposé  des  chevaux  en  certains  en- 
droiclz  et  pris  ung  lieu  où  ils  se  debvoient  rendre,  ayant 
bien  à  louer  Dieu  de  ce  que,  par  sa  grâce,  leur  mauvais 
desseing  n'a  esté  exécuté  et  mesdietz  frères  ayans  recon- 
gneu  la  maligne  intention  de  ceulx  qui  les  ont  ainsi  voulu 
malheureusement  séduire,  m'ont  déclaré  tout  ce  qu'ilz  ont 
sceu  conforme  à  ce  que  dessus,  espérant  bien  que  par  la 
confection  des  procès  qui  seront  faietz  à  ceulx  qui  se  trou- 
vent aujourd'hui  prisonniers,  il  se  pourra  descouvrir 
quelque  chose  davantagede  ce  à  quoy  tendoit  le  but  de  ceste 
malheureuse  entreprise.  Cependant  je  ne  veulx  oublier  à 
vous  dire  que  mon  cousin  le  prince  de  Condé,  ayant  eu 
quelque  fra\eur,  pour  luy  a\oir  esté  donné  à  entendre 
que  je  tenois  prisouniers  mesdietz  frères,  estsorty  d'effroy 
de  la  ville  d'Amyens  et  s'est  retiré  du  costé  des  Ardennes , 
ainsy  que  je  l'ay  entendu;  mais  j'espère  que,  comme  son 
parlement  a  esté  fondé  sur  ung  faulx  bruict,  quand  il 
sçaura  la  vérité  des  choses,  comme  j'ay  donné  ordre  de  la 
lui  faire  sçavoir,  il  s'en  retournera  audicl  Amyens  poui 
continuer  à  pourveoir  aux  affaires  de  son  gouvernement , 
selon  la  charge  que  je  luy  en  ay  donnée,  n'^lîibl.  uni.,  fonds 
franc.,  n°3a45,  fol.  3r>.)  —  Voir  dans  le  n°5go  du  fonds 
Dupuy  (fol.  ai),  la  commission  désignée  par  Charles  1\ 
pour  instruire  le  procès  de  la  Mole ,  de  Coconas  et  de 
leurs  complices.  Voir  Calendar  of  State  paper»  (1074. 
Occttrents  in  France,  p.  W6)\  dépêches  de  Valentin 
Dale  à  lord  Burghley (Ibid.,  p.  '189,  &aa,  4g3,  Ao'i)- 


LETTRES  DE  CATH 

descouverte  par  deçà.  En  quoy  il  se  voit  clai- 
rement que  Dieu  nous  a  assistez  de  ses  grâces, 
avant  les  choses  succède'  tout  au  contraire 
quelles  n'avoient  esté  projettées.  J'espère  que 
bien  tosl  nous  sçaurons  la  ve'rite'  du  tout,  dont 
vous  serez  aussy  tost  adverty,  afin  que  vous  en 
puissiez  parler  sainement  où  vous  estes,  priant 
Dieu,  Monsieur  du  Ferrier,  vous  avoir  en  sa 
saincle  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  le  xvm" 
jour  d'apvril  1076. 


ERINE  DE  MEDICIS. 


293 


Caterine. 


Fizes. 


1574.  —  20  avril. 

Orijj.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3go5  ,  f°  fiS. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DVMVILEE, 

COl'VtBriLUR    ET  LIBUTElflltT   GBSBBlt   DU  BOT  MONSIEUR  MOT  FILZ 
EN    LANGUEDOC. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  la  lettre  que 
le  Rov  monsieur  mon  filz  vous  faict  présente- 
ment1 l'advis  que  le  sieur  de  Mondoulcet  nous 
a  donné  de  la  rencontre  que  le  grand  Com- 

1  De  son  côté,  Charles  IX,  le  même  jour,  avait  écrit 
au  prince  de  Condé  :  de  receuz  hier  au  soir  lettres  du 
s'de  Monldoucet  résident  pour  mes  affaires  au  Pays  Bas, 
par  lesquelles  il  me  mande  que,  le  xime  de  ce  moys,  le 
grand  Commandeur  el  le  comle  Ludovic  se  sont  rencontrés 
avec  leurs  forces  d'entre  le  pays  de  Gueldres  el  Clèves  et 
donné  bataille,  en  laquelle  Dieu  a  tant  favorisé  ledicl 
commandeur  qu'il  est  demeuré  maistre  du  champ  et 
ledict  conte  Ludovic  perdu  quinze  cents  chevaulx  et 
toute  son  infanterie,  qui  a  esté  taillée  en  pièces,  le  reste 
de  sa  cavalerie  miz  en  routte,  luy  blessé  en  l'espaule  et 
en  la  cuisse,  son  frère  le  conte  Ji-han  prins  ou  tué,  et  le 
duc  Christophle  fils  du  conle  Palatin  tué,  ayant  esté 
contraincl  ledict  conte  de  faire  sa  r.'lraicte  audict  pays  de 
Clèves  où  ledict  Coumandeur  le  poursuyt  pour  ne  perdre 
le  fruirl  de  la  victoyre,  n'y  ayant  pas  apparence  que,  après 
une  si  grande  perte,  ledict  conle  ayt  moyen  de  se  re- 
meclre  en  campagne  pour  reste  année,  dont  j'ay  bien 
voulu  vous  adverlir,  estant  bien  assenréqm  reste  non- 


mendeur1  et  le  conle  de  Ludovicq-  ont  eu 
par  ensemble,  en  laquelle  la  fortune  a  telle- 
ment favorisé  ledict  commendeur  que  ledit 
conle  v  a  perdu  la  plus  grande  parlye  de  ses 
forces,  et  le  reste  mis  en  routte.  J'estime  que 
ceste  nouvelle  accourue  à  ceulx  avec  lesquelz 
vous  avez  affaire  les  rendra  plus  traitables  et 
prompts  à  recevoir  la  grâce  qui  leur  est  pré- 
sentée qu'ils  n'ont  esté  cy-devant,  de  laquelle 
le  Rov  mondict  sieur  et  filz  n'est  pas  aussy 
délibéré  de  se  départir  ou  ils  seront  si  bien 
conseillez  que  d'y  entendre,  priant  Dieu,  mon 
cousin,  de  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  le  xx™ 
jour  d'avril  ih-jh. 

(De  sa  main.)  Je  m'aseurc  que  ne  fauldrés  à 
fayre  bien  entendre  à  ceulx  de  delà  combien 
vl  s'abuset  s'yl  penset  queasteure,  ayent  aysté 
défayst  les  truppes  du  conte  Lodovic  et  lui 
blésé,  de  penser  qu'i  leur  aveegne  plus  de 
reystres  ni  Alemans;  et  cela,  si  sont  sage,  lé 
devret  fayr  désirer  la  pays,  puisque  le  Roy 
mon  fils  leur  veult  ayslre  si  bon  que,  no- 
hostent  celé  novelle,  yl  ne  veult  rien  chan- 

velle  ne  pourra  que  beaucoup  servir  au  bien  et  avanlage 
de  mes  affaires  et  à  la  diminution  de  l'espérance  de  ceulx 
de  mes  subjeetz  qui  se  sont  eslevez,  lesquelz  se  trouvent 
deschuz  de  ce  coslé ,  s'ilz  en  attendent  quelque  secours  el 
adsislence;  au  moyen  de  quoy,  s'ilz  sont  bien  conseillez  et 
ont  quelque  goust  de  bonne  et  pacifique  volonté,  j'estime 
qu'ilz  recognoistront  leur  faillie  en  recepvant  la  grâce 
que  je  leur  présente  de  vivre  en  paix  en  leurs  maysons, 
ce  sera  ung  moyen  de  remectre  en  repos  le  roiaulme , 
sinon  et  ou  ilz  seront  endurciz  en  leur  mal,  je  me  déli- 
bère de  les  poursuyvre  si  vivement  par  la  force,  que  j'es- 
père que  Nostre  Seigneur,  portant  ma  juste  querelle, 
m'en  donnera  issue  favorable. n  (Copie.  Bihl.  nat.,  fonds 
français,  n°  i55!)g,  fol.  60.) 

1  Requesens. 

-  Ludovic  de  Nassau. 


294  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEOICIS 

ger  de  cet  qu'il  vous  lia  monde'  par  le  sieur 
de  S'  Suplise  et  Yylleroy.  Je  vous  prie,  mon 
cousin,  IV  (o  leur  bien  entendre  que  yl  ne 
devet  pas  refuser  la  bonté  et  grase  de  leur 
Roy. 

Voslfe  lionne  cousine, 

Catbrine. 


1574.  —  3  3  avril. 

Orig.  Blbl.  imp.  (lr-  Saint-P&eribourr;,  vol.   XVIII,  !"  70. 

\  AIONSIEUR  DIHUTEFORT, 

CONSEILLER    DU   BOT    MON  FILZ  KN  SON    CONSEIL    PBIVB 
ET  SON  AMBASSADEUR   EN   SUTSSE. 

Monsieur  d'Haulefort,  j'ay  veu  ce  que  me 
mandez  par  vostre  lettre  de  la  demande  que 
vous  ont  faicte  à  reste  journée  de  Bade  ceux 
de  Zurich  et  de  Basle,  si  les  deniers  qu'ilz 
ont  prestez  après  la  paix  de  Tan  1070  ne 
leur  seroyent  pas  rendus  au  terme  promis;  à 
quoy  je  vous  diray  que,  à  la  vérité,  Testât  des 
affaires  du  Roy  monsieur  mon  filz  est  tel  que 
je  n'y  saurois  satisffaire  en  sorte  du  monde;  au 
moyen  de  quoy  je  vous  prie  de  préparer  les 
choses  de  telle  façon  qu'ilz  ne  s'eschauffent 
point  en ceste poursuite,  s'il  est  possible,  leur 
faisant  bien  toucher  au  doigt  et  à  l'œil  les 
nouvelles  occasions  de  grandes  et  immenses 
despenses  qui  luy  sont  survenues,  qui  ne  luy 
permectent  pas  de  les  contanler  autant  qu'il 
désireroil  bien;  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Haulefort,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  le  xxvc 

jour  de  avril  1 5 76. 

Caterine. 

Brulaiît  '. 

1  Voir  une  lellre  de  Brularl  à  M.  d'Haulefort  du  même 
jour.  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  j 5 5 5 9 ,  fol.  60.) 


1574.  —  2  5  avril. 
Orig.  Communiqué  par  M.  I'1  marquis  de  Bourdeillcs. 

A  MONSIEUR  DE  ROUT.DEILLES. 

CAPITALE    DE   CINQUANTE    LVNCES   DE  SES    ORDONNANCES. 


Monsieur  de  Bourdeillcs ,  le  Roy  monsieur 
mon  fils  satisfaisant  de  respouse  à  vostre  lettre 
du  douzième  du  présent  mois  par  le  sieur  de 
S'  Mathieu,  lequel  s'en  retourne  si  bien  in- 
formé de  sa  volonté  et  intention  sur  toutes 
choses  que  je  ne  vous  en  diray  icy  autre  chose 
sinon  pour  prier  le  Créateur,  Monsieur  de 
Bourdeilles,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escript  au  bois  de  Vincennes,  le  vingt  cin- 
quiesme  jour  d'avril  lîfjh. 

Caterine. 


1574.  —  a5  avril. 

Impriniii  tians  la  Correspondance  diplouftiliquc  de  La  Mothe  -  Fcnelûn  . 
I.  VU,  p.  459. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe  Kénelon,  l'ambas- 
sadeur de  la  royne  d'Angleterre  madame  ma 
bonne  soeur,  m'est  venu  aujourd'hui  trouver 
et  a  commencé  à  me  dire  que  sa  maistresse 
avoit  esté  grandement  resjouie,  quand  elle 
avoit  entendu  par  sa  despesche,  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  et  moy  continuons  toute 
bonne  amitié  envers  elle,  et  que  les  choses  que 
l'on  disoit  de  mon  filz  le  duc,  sur  l'occasion 
de  ce  qui  est  cy-devant  advenu,  ne  se  trou 
voient  telles  (pue  on  en  avoit  faict  courir  le 
bruict,  qui  estoit  bien  le  plus  grand  desplaisir 
qu'elle  pouvoit  recevoir;  car,  comme  l'amitié 
singulière  qu'elle  lui  avoit  tousjours  cy  devant 
portée,  estoit  principalement  fondée  sur  celle 
qu'elle  avoit  avecque  h-  Roy  mondii  t  sieur  et 
filz  et  moy,  aussy,  quand  il  serait  mal  avec 
nous,  elle  n'en  pourrait  que  grandement  di- 


LETTRES  DE  GATH1 

minuer1.  Ce  que  je  lui  ai  conforté  et  remercié 
de  ce  que,  en  cella,  elle  rendoit  un  bien  ample 
tesmoignage  de  la  syncérité  de  son  affection, 
l'asseurant,  comme  la  vérité  est,  que  notre 
amitié  vers  elle  est  telle  et  aussi  sincère  quelle 
ait  esté  cy-devant,  et  que  nous  avons  tout  désir 
de  restreindre  tousjours  de  plus  en  plus;  et 
que,  Dieu  mercy,  il  esloit  en  aussy  bonne  in- 
lelligence  avec  nous  que  nous  le  sçaurions 
souhaiter: pour  nostre  conlentemcnt,  et  que  sa 
volonté  et  la  nostre  n'estoit  qu'une  mesme 
cliose. 

Puis  il  m'a  dict  qu'il  avoit  à  parler  au  Roy 
mondict  sieur  et  filz,  de  quelque  chose  de  la 
pari  de  sa  maislresse,  mais  à  cause  de  son 
indisposition,  il  ne  le  \oulloit  empescher, 
m'ayanl  déclaré  que  c'estoit  de  la  Molle,  lequel 
l'ayant  vu  et  eslimé  pour  gentilhomme  fort 
honneste,  elle  a  quelque  occasion  de  penser 
qu'il  ne  lui  seroit  point  tombé  au  cœur  de 
faire  une  meschanceté,  toutefois  qu'elle  ne 
sçavoit  pas  de  quoy  il  peusteslre  chargé;  mais 
que,  s'il  y  avoit  quelque  chose  qui  ne  feusl  de 
si  grand  grief  et  offencc  qu'elle  peust  estre  re- 
mise, qu'elle  prierait  vollontiers  pour  luy.  En 
quoy  elle  estoit  incitée  d'aultant  plus  qu'elle 
avoit  tousjours  recogneu  la  bénignité  et  clé- 
mence de  mondict  filz  si  grande  envers  ses 
subjectz,  qu'il  avoit  tousjours  fort  vollontiers 
pardonné,  mesmement  à  ceux  qui,  par  plu- 
sieurs fois,  ont  prins  et  porté  les  armes;  les 
ayant,  après  cella ,  aultanl  favorablement  traic- 
tés  que  pourrait  faire  le  plus  clément  prince  du 
monde,  comme encores il  se  voyoit  aujourd'huy 
qu'il  leur  faict  de  si  belles  et  raisonnables 
offres,  que,  quand  il/,  ne  les  voudront  accepter, 
ils  mériteront  d'en  estre  blasmés  de  tout  le 

1  Voir  ilans  le  Calrndar  of  State  papers (157 4  ),  p.  5ga  , 
la  dépêche  de  Valentin  Dale  à  Walsingliam,  lui  rendant 
compte  de  celle  audience;  la  letlre  de  Valentin  Dale  à 
lord  Burghb'v(  Calrndar  of  State  papers ,  i^-tti,  p.  4q3). 


[UNE  DE  MÉDICIS.  295 

monde,  et  que  tous  les  princes  qui  foui  pro- 
fession de  leur  religion,  leur  seraient  con- 
traires. 

Là-dessus  je  luy  ay  respondu  que  j'estois 
bien  aise  qu'il  fil  ce  jugement  avec  la  vérité, 
mais,  quant  à  ce  qui  touche  le  pardon  qu'a 
faict  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  à  ses  subjectz, 
quand  ils  se  sont  cy-devant  eslevés  en  armes, 
c'a  esté  lorsqu'ils  ont  fait  cognoistre  que  ce 
qu'ils  en  faisoient  n'estoit  que  pour  le  faict  de 
leur  religion,  et  estre  en  cela  contentés  de  ce 
qui  servirait  à  la  satisfaction  de  leur  conscience 
et  que,  leur  y  ayant  esté  pourveu,  ilz  lui  ont 
rendu  l'obéissance  telle  quedcbvoient  de  bons 
subjectz;  mais  pour  le  regard  dudiet  La  Molle, 
il  y  a\oit  bien  d'autres  considérations,  car 
estant  une  personne  qui  a  esté  nourrie  près 
de  nous,  et  se  peut  dire  de  nostre  pain  \  luy 

1  Voici  la  lettre  écrite  par  le  roi  de  Pologne  à  M.  de 
Nançay  en  apprenant  l'arrestation  de  M.  de  la  Mole  et  de 
Coconas:*  Si  jamais  je  eus  joie,  ce  a  esté  quand  j'ay  sceu 
que  la  Mole  et  Coconas  sont  en  cage,  mais  jusqu'à  ce  que 
le  seigneur  qui  les  traitoit  si  doucement  à  la  Rochelle, 
en  anciens  conpagnons,  les  ait  fait  danser  la  volte  avec 
la  corde,  je  ne  seray  pas  bien  satisfaict,  non  tant  pour 
moy  comme  pour  le  repos  de  la  France;  car,  si  on  ne  les 
cliaslie,  je  ne  sçay  ce  que  feront  Leurs  Majestez  à  tous 
ceux  qui  sont  si  mesclians  qu'entreprendre  contre  eux.» 
(  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  329 1 ,  fol.  35.  )  —  Voir  pour 
la  Mole  le  n"  3gGg  du  fonds  français. 

Déjà  le  10  avril,  Lansac  avait  écrit  à  La  Guesle  : 

'•Monsieur,  la  Royne  mère  du  Roy  m'a  comandé  vous 
mander  que  vous  donniez  bon  ordre  que  personne,  quel 
qu'il  soit,  ne  parle  aulx  prisonniers  mesmement  à  La 
Molle,  si  ce  ne  sont  les  juges  ordonnés  pour  faire  leur 
procès,  et  qu'ayant  entendu  que  ledict  La  Molle  porte  au 
col  quelques  chiffres  ou  caractères  et  au  doiht  des  an- 
neaulx,  que  vous  les  luy  faciez  hoster,  voir  que  c'est  et  les 
tarder;  aussi,  s'il  avoit  sur  luy  cinq  ou  six  cens  escuz  et 
des  bagues,  qui  sont  moyens  pour  tenter  à  corrompre  les 
gardes;  par  quoy  il  luy  fault  aussi  hoster  et  faire  bien 
garder  tout,  comme  vous  sçavez  qu'il  failli  faire,  qui  est 
tout  ce  que  je  vous  diray. 

fcCesle  vigille  de  Pasques,  au  soir.n  (Original.  Bibl. 
nat.,  fonds  Dupiiy,  n°  5go,  fol.  25.) 


296 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


ayaiil  raondict  sieur  et  filz  faict  de  l'honneur 
et  de  la  faveur,  non  pas  comme  à  un  subject 
et  serviteur,  mais  autant  quasi  qu'il  eust  sceu 
l'aire  à  un  qui  luy  eust  esté  compaignon,  la 
faillie  qu'il  pouvoit  avoir  faicte  estoit  beaucoup 
plus  grande  en  son  endroict  que  de  toutes  les 
aultres  personnes;  qu'il  sçavoit  bien  que, 
quand  semblables  accidentz  csloient  advenus 
en  Angleterre,  la  royne  sa  maislresse  n'avoil 
pas  pardonné  à  ses  propres  parentz  et  avoit 
laissé  traiclcr  telle  ebose  par  la  justice,  ainsi 
qu'il  estoit  raisonnable,  et  comme  l'on  faict 
présentement,  estant  ledict  La  [Molle  et  ceux 
qui  sont  accusés  comme  luy  entre  les  mains 
des  premiers  juges  de  ce  royaulme,  qui  sont 
les  gens  de  la  cour  de  parlement  de  Paris, 
par  lesquelz  tout  bomme  accusé  en  cedict 
royaulme  désire  estre  plus  tost  jugé  que  par 
nulz  aultres,  par  la  grande  et  singulière  inté- 
grité qui  est  reconnue  en  eux. 

A  quoy  il  n'a  peu  contredire,  mais  a  plus- 
tost  approuvé  ce  que  je  luy  en  déclarois,  me 
disant  si  on  ne  peut  sçavoir  encores  de  quoy 
ledict  La  Molle  est  convaincu. 

A  quoy  je  lui  ai  respondu  qu'il  ne  se  sçavoit 

Le  26  il  lui  écrivait  de  nouveau  : 

«  Monsieur,  la  Royne  mère  du  Roy  m'a  commandé  vous 
escripre  que  le  pelitCosme,négromancien  que  voussçavez, 
a  esté  prins  prisonnier  el  mis  enlre  les  mains  du  prévost  de 
l'hostel  qui  a  commandement  de  le  vous  ameiner,  allin 
de  le  fere  dilligemment  el  incontinent  ouyr,  et  très  ex- 
pressément examiner  par  Messieurs  les  présidants  pre- 
mier el  de  Boinville  et  surtout  le  fere  interoger  sur 
certaines  ymaiges  de  cire  qu'on  dict  qu'on  a  trouvées 
parmy  les  besoignes  de  La  Molle ,  ainsy  qu'a  dict  le  lieu- 
tenant du  chevalier  du  guet  et  dont  ladicte  dame  Royne 
avoit  commandé  à  M'de  Boniieuillilz  de  M' le  premier  pré- 
sident d'en  advertir  mondict  sieur  le  premier  président, 
pour  en  sçavoir  la  vérité,  dont  Sa  Majesté  a  grand  désir 
de  sçavoir  des  nouvelles;  si  vous  eu  sçavez,  vous  me 
ferez  grand  plaisir  de  m'en  mander  par  ce  porteur. 

r Du  boys  de  Vincennes,  ce  sxvi"°°  d'apvril  1 576.7) 
(Orig.  Bibl.  nat.,  fonds  Dupuy,  Sçjo ,  fol.  26.) 


point;  mais  que  cest affaire  estoit  Iraictée  avec 
toule  la  sjncérité  qui  se  peut  dire,  et  que, 
après  avoir  esté  le  procès  faict,  nous  en  ferions 
pari  à  sadicte  maislresse  pour  lui  faire  cognoistre 
le  fond  de  la  vérilé  des  choses,  que  nous  ue 
voudrions  demeurer  celé  à  personne  qui  nous 
louche  d'amilié  si  intime. 

C'est,  en  somme,  le  contenu  des  propos 
qui  se  sont  passés  entre  nous,  desquels  je 
vous  ay  bien  voullu  donner  advis,  allin  que,  si 
la  royne  madicte  bonne  sœur  vous  en  parle 
par  delà  ou  vous  dict  ce  qu'elle  en  aura  sceu 
de  sondicl  ambassadeur,  vous  en  puissiez  estre 
d'autant  plus  asseuré  par.ee  que  présentement 
je  vous  en  mande,  et  vous  y  conformer. 

Au  surplus,  Monsieur  de  la  Molhe  Féuclon , 
attendant  qu'il  vous  soit  fait  response  sur  la 
despesche  que  nous  a  porté  le  sieur  de  Vassal, 
je  vous  prieray  d'user  toujours  envers  madicte 
bonne  sœur  de  toutes  les  démonstrations  de 
noslre  bonne  amitié  qu'il  sera  possible,  comme 
aussy  ne  nous  est  elle  aucunement  diminuée 
par  ces  nouveaux  accidentz,  mais  plulost 
accreue;  priant  Dieu  de  vous  avoir  en  sa 
sainetc  et  digne  garde. 

Escripl  au  chasteau  de  Vincennes,  le  xxvem" 
jour  d'apvril  1  579. 

C.YTERINE. 
BfUIL.VRT. 


1574.  —  39  avril. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  590,  f"  a4. 
Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Nevers,  t.  I ,  p.  5. 

A  MONSIEUR 

LE  PROCUREUR  GÉNÉRAL  LA  GUESLE. 

Monsieur  le  Procureur,  arsoir  l'on  me  dist 
de  vostre  part  que  Cosme  ne  disoit  rien.  C'est 
chose  certaine  qu'il  a  faict  ce  que  mou  fils 
d'Alençon  avoit  sur  lui  et  que  l'on  m'a  dict 
qu'il  a  faict  une  figure  de  cire  à  qui  il  a  donné 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


297 


des  coups  à  la  teste  el  que  c'est  contre  le  Roy 
et  que  ladicte  figure  a  esté  trouve'e  parmi  les 
besognes  tle  la  Mole;  aussi  que,  où  il  logeoit 
à  Paris,  qu'il  a  beaucoup  demeschantes  cboses 
et  des  livres  et  autres  papiers.  Je  vous  prie  en 
advertir  de  ma  part  de  tout  ce  que  dessus  le 
premier  président  et  le  président  Hennequin 
et  me  mander  tout  ce  qu'il  aura  composé  et  si 
ladicle  figure  s'est  trouvée  et  qu'au  cas  qu'elle 
soit  faite,  que  je  la  voye. 

Du  bois  de  Vincennes,  ce  xxix  d'avril. 

Caterixe. 


1574.  —  39  avril. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  090,  f  ai. 
Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Xevers. 

A  MONSIEUR- 
LE  PROCUREUR  GÉNÉRAL  LAGUESLE. 

Monsieur  le  Procureur,  je  vous  envoie  ce 
porleur  qui  est  à  moy.  Il  vous  dira  ce  que  le 
lieutenant  du  prévost  de  l'bostel  lui  a  dit  que 
Cosme  luy  dist,  quand  il  le  prit;  et  afin  qu'il 
ne  change,  je  lui  a  y  l'a  i  c  t  redire  et  le  vous 
escris  icy  qui  c'est  que  ledict  Cosme,  incon- 
tinent qu'il  fust  pris,  lui  demanda  si  le  Roi 
\omissoit,  s'il  seignoit  eucores,  et  s'il  avoit 
douleur  de  teste,  et  comment  il  alloit  de 
La  Mole  et  qu'il  l'aimeroit  tant  qu'il  vivroit. 
Faictes-lui  tout  dire  et  envoyez  quérir  ledict 
lieutenant  et  communiquez  la  présente  au 
premier  président  et  au  président  Hennequin, 
et  que  l'on  sache  la  vérité  du  mal  du  Roi,  et 
que  l'on  lui  face  défaire,  s'il  a  faict  quelque 
enchantement  pour  nuire  à  sa  santé  et  aussi 
pour  faire  aimer  La  Mole  à  mon  fils  d'Alen- 
çon,  qu'il  le  défasse. 

A  onze  [heures]  du  soir,  le  xxixe  d'avril 


i57'.. 


Caterine. 


1574.  —  39  avril. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3ao5,  (*  5o. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  après  que  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  eu  fait  veoir  en  son  conseil  l'advis 
et  délibération  que  vous  avez  prins  avecq  les 
s™  cappitaines  et  autres  qui  sont  près  de  vous 
sur  ce  qui  est  nécessaire  et  expédient  pour 
movenner  la  réduction  de  son  pays  de  Lan- 
guedoc en  son  obéissance,  puisque  ceulx  de 
ses  subjectz  qui  se  sont  eslevez  donnent  si 
peu  d'espérance  de  se  vouloir  réduire  par  la 
voye  de  doulceur,  il  a  commandé  vous  estre 
proveu  sur  tous  les  poinctz  de  ladicte  délibé- 
ration et  vous  y  fait  présentement  bien  ample 
responce,  à  laquelle  me  remectant  je  ne  feray 
icy  aucune  redicte,  priant  Dieu  vous  avoir  en 
sa  sainte  et  digne  garde  '. 

Escriptau  boysde Vincennes, le  xxixome  jour 
d'avril  1576. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


Catherixe  de  Médicis 


1574.  —  1"  mai. 

Aut.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOYE. 

Mon  frère,  je  n'é  voleu  fallir  par  le  sieur 
d'Albene  présant  porteur,  qui  s'an  retourne 
ver  vous  et  Madame,  de  vous  aseurer  de  la 
convalesanse  du  Roy  mon  fils,  lequel  a  esté 

1  Voici  les  instructions  que  le  maréchal  Damville  avait 
remises  au  comte  de  Martinengo  pour  faire  entendre  a 
Charles  IX  : 

tr Premièrement  respondre  à  Sadicte  Majesté  que  jus- 
qu'ici il  a  fait  tout  ce  qu'il  a  pu  à  l'advancement  de  la 
conférence  pour  la  paix;  mais,  comme  par  tant  de  fois  il 
a  faict  entendre  depuis  six  mois,  il  a  congneu  tant  de 

38 


\m y.'  1  ut  r  ■)'    virtui  ut 


298 

tort  malade  yl 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


a  quatre  jours;  mes  asteure 
je  vous  puis  aseurer  de  sa  santé',  n'an  estent 
plus  en  doucte  le  médesin,  Dieu  mersis,  et 
ne  lui  reste  plus  qu'eune  grande  foyblese 
avecques  un  peu  de  relique  de  son  reunie,  qui 
n'est  plus  rien,  set1  peu  dire;  de  quoy  je 
loue  Dieu  et  n'é  voleu  fallir  vous  le  mender, 
m'asurent  que  en  reseverez  plésir,  tent  pour 
son  respect  que  pour  l'amour  de  moy,  et  quant 
à  nos  afayres  cet  porteur  vous  en  dire,  ayent 
tout  veu  et  seu,  qui  sere'  cause  que  ne  vous 
l'avré  la  présante  plus  longue,  après  avoyr 
prié  Dieu  vous  donner  cet  que  désirés. 

dissimulation  en  ceulx  du  contraire  parly  et  que  leur  but 
n'estoit  que  de  gaigner  du  temps,  et  qu'il  n'espère  riens 
de  ladicte  conférence.  Touttefois  il  fait  ce  qu'il  peull  pour 
l'avancer,  et  aUjn  que  Sa  Majesté  cognoisse  de  quel  pied 
il  y  marche,  et  qu'il  ne  lient  pas  à  lui  qu'elle  ne  soit  ef- 
fectuée, ledict  conte  Marline'ngo  présentera  à  Sa  Majesté 
et  ceulx  de  son  conseil  la  copie  d'une  lettre  que  le  sieur 
S  Romain  luy  auroit  e9cript  le  sixième  de  cedict  mois 
'H  de  la  responce  que  ledict  mareschal  luy  auroit  faict  sur 
laquelle  depuis  deux  jours  en  ça  les  déléguez  pour  la- 
dicte conférence  pour  le  party  de  la  religion  auraient 
envoyé  vers  ledict  maresclial  leur  député,  et  ayant  en- 
tendu la  suspicion  qu'ils  avoient  sur  la  ville  de  Beaucairc, 
pour  ce,  disent-ils  principalement,  que  Monsieur  le  prince 
Dauphin  les  mect  en  subcon,  estant  avec  ses  forces  le  long 
de  la  rivière  du  Rhône,  par  lesquelles  il  pourrait  entre- 
prendre sur  eulx  et  aussi  qu'il  a  grande  contagion  de 
maladie,  et  bien  que  ce  ne  soit  que  leurs  accoustu- 
mées  longueurs  et  diflicultez,  ledict  mareschal ,  pour  les 
rassager  de  raison,  leur  a  accordé  de  faire  ladicte  confé- 
rence en  cette  ville  de  Montpellier  ou  à  Pézenas,  lequel 
des  deux  sera  trouvé  le  plus  propre  et  à  propos  par 
MM.  d'Uzès  et  de  S'  Supplice  et  de  Villeroy  et  autres 
ordonnez  pour  assister  à  icelle  conférence  pour  le  party 
île  Sa  Majesté.  Ledit  sr  maréchal  loue  grandement  la 
résolution  de  Sadicte  Majesté  de  vouloir  adhérer  à  l'avis 
qu'il  lui  avoil  envoyé,  qui  est  de  préparer  les  forces  né- 
cessaires pour  la  réduction  de  ce  qui  est  occupé  en  ce 
pays  soubz  son  obéissance,  estant  le  seul  expédient 
moyen  pour  faire  condescendre  ceux  de  ladite  religion 
île  se  lemottn'  en  leur  devoir.  t>  (  Fonds  franc. ,  n°  i  585o, 
fol.  69). 
'  Set,  si. 


Du  boys  de  Venseine,  cet  premier  jour  de 
may  1576. 

Votre  bonne  seur, 

Catkbink. 


1574.  —  ta  mai. 

tlrift.  Bibl.  nal.  ancirn  fonds  français,  n°  3s55,  r>  ig. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  nous  estions  en 
peine  d'estre  si  longuement  sans  entendre  de 
voz  nouvelles,  quant  nous  avons  receu  vostre 
dépesche  du  viiiMmo  de  ce  moys,  ayant  le  Roy 
monsieur  mon  filz  grandement  loué  la  réso- 
lution que  vous  avez  prise,1  sur  l'advisqui  vous 
a  esté  donné  du  parlement  de  Montgomery, 
de  le  suivre  de  près,  à  la  charge  que,  si  vous 
ne  le  pouvez  joindre  et  combatre  dedans  peu 
de  jours  ',  de  vous  en  retourner  au  siège  de 

1  Si  l'on  veut  une  preuve  de  la  participation  des  Anglais 
à  l'entreprise  de  Montgommery,  voici  une  lettre  de  celui- 
ci  à  Burghley  datée  de  Carentan  : 

«Monsieur,  il  y  a  environ  douze  jours  que  j'ay  mis 
pied  à  terre  en  Normandie,  près  Coutances,  là  où  bonne 
troupe  de  gentilzhommes  et  aullres  gens  de  guerre  me 
firent  cet  honneur  de  me  venir  recepvoir,  et  le  lendem.'  in 
que  j'ay  esté  arrivé,  je  m'en  suis  venu  en  ce  lieu  de 
Carentan,  là  où  le  sieur  de  Matignon,  lieutenant  du  Roy 
en  ce  pays,  avoit  mis  forces,  se  doutant  bien  qu'elle  es- 
toit  de  conséquence,  encores  qu'elle  ne  fust  pas  forte, 
mais  que  dans  peu  de  temps  on  la  peut  accommoder  de 
telle  façon  qu'on  la  rendrait  imprenable,  et  n'avons  esté 
que  deux  jours  devant  qu'ils  ne  se  soient  rendus  par 
composition,  et  depuis  avons  pris  un  chastcau  auprès 
environné  de  trois  ou  quatre  rivières,  nommé  le  Pont- 
Douai,  de  façon  que  nous  tenons  des  passages  pour 
tenir  tout  le  pays  de  Costenlin  en  subjection  et  la  plus 
grande  part  de  toute  la  coste,  et  oultre  avons  gagné  sur 
le  bord  de  la  mer,  dans  des  forts  qui  esloient  là  pour 
garder  la  descente ,  des  pièces  d'artillerie ,  de  quoy  il  y 
a  quatre  cations.  Nous  avons  prins  aussy  la  tour  et  fort 
de  Tatihou.  J'espère,  moyennant  la  grâce  de  Dieu,  de- 
vant qu'il  soit  huit  jours  d'aujourd'hui,  nous  acheminer 
plus  avant  dans  le  pays;  aussy  je  ne  veux  faillir  de  vous 
dire  que   les  sieurs  vicomte  de  Touraine  (Turenne), 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


29'.) 


Sainct  Lo  où  vous  aviez  laissé  tous  les  gens 
de  pie'  et  de  laisser  à  sa  suicte  le  sieur  de 
Vassey.  Nous  avons  de  deçà  donne'  ordre  à 
tout  ce  qui  a  esté  possible  en  advertissant  sur 
les  passaiges  de  la  rivière  de  Seine  et  de  Loire  ; 
et  envoyant  le  sieur  de  Sanssac  avec  les  com- 
paignies  de  gendarmerye  du  costé  du  Perche, 
pour  le  poursuivre;  il  sera  besoing  que  vous 
ayez  une    bonne  intelligence  avec  luy  pour 

uepveu  de  monsieur  le  maresclial  de  Montmorency,  de 
Torcy  ,  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes  et  che- 
valier de  l'ordre,  sont  venus  me  trouver  de  la  part  du 
Roy,  et  vous  envoyé  par  escript  la  créance  qu'ilz  avoient 
charge  de  me  dire  et  de  me  faire  entendre  et  à  la  no- 
hlesse  qui  est  icy,  mais  la  mémoire  est  si  fraische  en- 
core du  jour  de  la  S'  Barthélémy  que  nous  ne  sommes 
pas  délibérés  de  nous  laisser  tromper  et  abuser,  comme 
nous  avons  faict  par  le  passé.  La  dernière  nouvelle  que 
nous  avons  eue  là  où  esloient  nos  reistres  conduits  par 
M'  le  conte  Ludovicq,  estoit  qu'ilz  estoient  à  Sedan,  il 
y  a  déjà  près  de  huit  jours,  lequel  lieu  appartient  à 
M'  le  duc  de  Bouillon.  Il  y  a  plusieurs  seigneurs  et  gen- 
tilzhommes,  encores  qu'ilz  ne  soient  point  de  nostre  re- 
ligion, qui  se  sont  joints  avec  nous,  cognoissant  nostre 
querelle  et  le  bien  et  repos  du  publicq.  Il  n'est  pas  que 
vous  n'en  scachiez  bien  amplement  de  toutes  nouvelles, 
et  si  j'avois  le  moyen  de  vous  en  despartir  aussy  souvent 
que  je  le  désirerais  bien,  je  vous  en  manderais  tous  les 
jours  et  aussy  pour  me  ramenlavoir  en  vos  bonnes  grâces, 
auxquelles  je  désire  faire  perpétuelle  demeure,  comme 
ci'luy  qui  se  sent  vostre  obligé  pour  tant  de  faveurs  et 
courtoisies  que  j'ay  reçues  de  vous,  que  je  n'ouhlieray 
jamais,  et  ne  tiendra  qu'à  faute  de  moyen  que  ne  fasse 
paroistre  l'envie  que  j'ay  de  vous  faire  quelque  bon  ser- 
vice, saluant  en  cet  endroit  vos  bonnes  grâces  de  mes 
humbles  recommandations,  et  prie  Dieu,  Monsieur,  vous 
donner  en  très  bonne  santé  heureuse  et  longue  vie. 

«De  Carenlan,  ce  xxuii  de  mai  1 57^. 

«Monsieur,  je  vous  supplie  humblement  que,  par 
vostre  moven,  il  y  ayt  marchons  qui  apportent  aux  isles 
jusqu'à  dix  milliers  de  poudre,  six  milliers  pour  harque- 
bouziers  et  quatre  milliers  pour  artillerye,  que  nous  fe- 
rons acheter  là,  et  aussy,  s'il  est  possible,  que  nous  y 
puissions  faire  acheter  jusqu'à  huit  ou  dix  pièces  de  cam- 
paigne  que  l'on  paiera  ce  qu'elles  vaudront. n  (Record 
office,  State  papers ,  France.) 


l'advertir  d'heure   à  autre    de    ce  que   vous 

entendrez  dudict   Montgomery,    suppliant  le 

Créateur,  Monsieur  de  Matignon,  qu'il  vous 

ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  ce  xiies,u0 

jour  de  may  ih~jh  '. 

Caterine. 

1  Une  lettre  de  Charles  IX  complète  celle  ci-dessus  : 
«Monsieur  de  Matignon,  je  viens  présentement  de 
recevoir  votre  lettre  du  xm  de  ce  mois  non  sans  grande 
joye  et  plaisir  de  ce  que  vous  avez  sceu  si  bien  enfermer 
Montgomery  dedans  Dompfront  où  je  ne  suis  que  bien 
ayse  que  vous  soyiez  arresté  pour  une  si  bonne  occasion , 
vous  voullant  bien  ramenteveoir  une  chose  à  laquelle  je 
vous  prie  de  penser,  estant  homme  de  guerre  comme 
vous  estes,  qui  est  que  vous  pouvez  bien  juger  que  les 
pens  de  pie,  encores  qu'ils  soient  à  l'entour  d'une  place 
et  la  serrent  de  bien  près,  ne  sont  pas  suffisants  seuls 
d'empescher  des  gens  de  cheval  ;  par  quoy  il  fault  que 
vous  faictes  travailler  ordinairement  les  compagnies  de 
gens  de  cheval  et  leur  faire  faire  ung  grand  guet  à  che- 
val alentour  dudict  Dompfront;  et  y  faites  faire  d'autre 
part  beaucoup  de  grandes  et  profondes  tranchées  tout  à 
l'entour  ou  pour  le  moins  aux  principales  advenues,  afin 
qu'ils  ne  puissent  sortir.  Au  surplus ,  je  vous  diray  tomme , 
sur  l'advis  que  m'aviez  donné  par  le  cappitaine  Contre- 
moulin  que  ledit  Montgomery  tiroit  vers  ledict  Domp- 
front, j'ordonnay  incontinant  au  sieur  de  Sansac  de  ra- 
masser sept  ou  huit  compagnies  de  gendarmerye  que 
j'avoys  icy  à  l'entour  pour  l'y  envoyer;  à  quoy  il  s'est 
acheminé  et  ay  quant  et  quant  mandé  aux  sieurs  de 
Lucey,  Lavardin  et  Bussy  de  l'y  accompaigner  avec 
leurs  bandes  de  gens  de  pié,  qui  a  esté  en  intention  de 
fatraper  et  engarder  de  se  pouvoir  sauver,  n'estant  pas 
asseuré  que  vous  vous  t'eussiez  arresté  audict  Domp- 
front. Auquel  lieu  arrivant  ledict  sieur  de  Sansac,  je 
vous  prie  de  demeurer  eu  bonne  intelligence  avec  luy 
et  le  respecter  comme  mérite  son  ancienneté  et  le  long 
temps  qu'il  y  a  qu'il  commande  aux  armées.  Je  suis  fort 
ayse  de  la  bonne  compagnie  que  vous  a  menée  le  sieur 
Sainct  Ligier  et  ay  faict  garder  le  roolle  que  m'en  avez 
euvoyé  pour  faire  expédier  une  exemption  d'arrière-ban 
à  tous  ceulx  qui  sont  en  ladicte  compaignie,  ainsi  qu'ils 
le  méritent  bien ,  qui  est  tout  ce  que  je  vous  diray,  en 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  sainte  garde. 

«Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  le  x?  may  1574. 

38. 


300 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1574.  —  18  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3oo5  ,  f°  66. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE, 

MAFIESCIIAL   DE  FRANCE. 

Mon  cousin ,  la  conférence  que  vous  estes 
en  voye  de  renouer  par  le  moyen  de  la  sus- 
pension d  armes,  que  vous  avez  accordée  avecq 
ceulx  de  la  nouvelle  opinion,  donne  une  telle 
espérance  au  Roy  monsieur  mon  fils  de  par- 
venir à  une  bonne  pacification  qu'il  s'est  ré- 
solu envoyer  au  premier  jour  de  delà  les  sieurs 
de  Saint-Sulpice  et  de  Villeroy  cappables  de 
son  intention  et  muniz  de  bon  pouvoir  et 
amples  instructions1,  suivant  lesquelles  nous 

«Si  vous  pouvez  prendre  Montgomery  et  Guilry  vifs, 
vous  ferez  beaucoup  pour  mon  service  de  les  envoyer  in- 
rontinant  à  Paris. s 

(De  sa  main.)  t  Matignon,  si  vous  me  faites  se  ser- 
visce  de  prendre  Montgomery  et  Guitry  en  vie  et  me  les 
amenez,  je  l'estimeray  le  plus  grand  servisce  que  l'on 
me  saurait  faire.  n  (Bibl.  de  Bouen.) 

1  Charles  IX  avait  é-rit,  dans  une  lettre  datée  du 
18  mars  :  «  Ayant  entendu  par  voz  dernières  dépesches 
comme  vous  estes  en  voye  de  renouer  la  conférence 
avecq  eulx  pour  parvenir  à  une  entière  paciffication  de 
ces  troubles,  j'en  ay  receu  toute  la  satisfaclion  que  vous 
pouvez  estimer,  n'ayant  rien  tant  à  cueur  que  de  veoir 
mes  subjeetz  réduiz  et  joyr  du  repos  et  tranquilité  que 
je  leur  ay  toujours  désiré,  et  afin  que  tous  les  assistans 
en  ladicte  conférence  soient  plus  capables  de  ma  sincère 
intention  en  cest  endroict,  j'ay  advisé  de  dépescher  par 
delà  les  s"  de  Saint-Suplice  et  de  Villeroy  avecq  amples 
mémoires  et  instructions,  lesquelz  seront  prestz  au  pre- 
mier jour  pour  leur  parlement,  dont  je  vous  ay  bien 
voulu  advertir  par  le  s'  de  Montatère  que  je  vous  dé- 
pesche  exprès,  afin  que  vous  disposez  toutes  choses  en 
sorte  qu'ilz  se  puissent  trouver  à  ladicte  conférence  sans 
que  la  compagnie  se  départe  qu'ilz  n'ayent  esté  oys.  Vous 
advertirez  lesdits  de  la  nouvelle  opinion  du  voiage 
desdits  s"  de  Saint-Suplice  et  de  Villeroy,  ad  ce  qu'ilz 
vous  baillent  les  saufz  conduietz  nécessaires  de  leur  part 
et  que  lesdits  sieurs  se  puissent  rendre  par  delà  en  la 
seureté  que  je  désire  et  envoyerez  aussi  tost  lesdicts  saufz 


ne  pouvons  désirer  de  vous  sienon  que  vous 

faciez  en  sorte  qu'ilz  soient  ouys  en  ladicte 

assemblée  et  que  les  passeportz  de  ceulx  de 

ladicte  nouvelle  opinion  pour  la  seureté  de 

leur   voiage   leur  soient   bientost   envoyés   à 

Lyon ,  où  ilz  les  prendront  en  passant ,  priant 

sur  ce  le  Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en 

sa  très  saincte  et  digne  garde. 

Escript   au   boys  de   Vincennes,   le  xviiic 

jour  de  may  1676. 

Vostre  bonne  cousine, 

Càterine. 


1574.  —  18  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  collecl.  Dupuy,  n°  801,  f°  «ai  r°. 

A  MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER  PRÉSIDENT  EN    LA    CODRT  DE   PARLEMENT. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  ay  par  ci- 
devant  escript  pour  expédier  maistre  Charles 
Brachet  naguières  pourveu  de  l'eslal  de  con- 
seiller au  siège  présidial  d'Orléans  vacquant 
par  la  mort  de  feu  maistre  Jehan  Moreau ,  et 
d'autant  que  je  désire  que  les  lectres  de  pro- 
vicion  qu'il  en  a  obtenues,  tant  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  que  de  moy,  ne  luy  soient  inu- 
tilles,  mais  sortent  leur  entier  effect,  je  vous 
ay  bien  voulu  en  sa  faveur  fayre  ceste  recharge 
et  vous  prier  que,  ensuivant  la  voluntédu  Roy 
mondict  sieur  et  filz  et  la  myenne,  vous  aiez 
à  tenir  la  main  et  fayre  en  sorte  que  ledict 

conduietz  à  Lyon  où  ilz  les  prendront  en  passant.»  Et 
dans  un  post-scriptum  :  «Depuis  la  présente  escripte,  j'ay 
advisé  de  différer  le  parlement  des  sieurs  de  Saint-Sup- 
plice et  Villeroy  pour  quelques  jours,  en  attendant  res- 
ponce  d'aucunes  affaires  qui  servent  à  ceste  négociation, 
affin  de  les  envoyer  de  delà  mieulx  instruietz  et  que  l'on 
puisse  establir  un  bon  et  seur  repos,  comme  je  désire  sur 
toutes  choses;  et  cependant,  d'aultant  que  vous  n'avez 
accordé  la  suspension  d'armes  que  jusqu'au  quinziesme 
d'avril,  je  vous  prie  de  la  prolonger  jusques  au  n™1  de 
may  et  qu'il  en  soit  faict  Le  semblable  de  leur  costé.» 
(Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  n°  3367,  fol.  26.) 


LETTRES  DE  CATH 

Brachet  soiet  expédié  et  receu  audict  estât  le 
plus  promptemenl  et  dilligemment  que  fayre 
se  pourra,  affin  qu'il  n'aict  plus  d'occasion 
de  me  recharger  et  poursuyvre  pour  vous  en 
escripre  ;  et  vous  me  ferez  ung  singulier  plaisir, 
priant  Dieu,  Monsieur  le  Président,  qu'il  vous 
aict  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escriptauboisde  Vincennes,  lexviiicsm6jour 
de  may  1  676. 

(De  sa  maw.)  Je  vous  prie  le  dépesclier. 

Caterine. 

(IlUNTEREAU. 


1574.  —  19  mai. 

Orig.  Bibl.  de  Rouen  ,  fonds  Leber. 
Copie.  Arcb.  du  palais  de  Mouaco ,  registre  i . 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  jamais  vous  ne  feiles 
service  qui  nous  donnast  plus  de  contente- 
ment, et  seroit  bien  difficille  que  qui  que  ce 
soit  nous  en  put  maintenant  faire  ung  plus 
grand  que  vous  ferez,  si  vous  prenez,  comme 
nous  nous  en  assurerons  que  ferez,  ce  malheu- 
reux conte  de  Montgommery,  qui  est  cause  de 
tant  de  maulx.  Je  vous  prie  sur  tous  les  ser- 
vices que  vous  désirez  nous  faire,  gardez  bien 
qu'il  ne  s'eschappe  et  en  rendez  bon  compte 
au  Roy,  suivant  ce  qu'il  vous  a  escript  \  et  vous 

1  Voici  cette  lettre  de  Charles  IX  :  r Ayant  entendu 
que  beaucoup  de  ceulx  qui  ont  prins  les  armes  et  se 
sont  mis  du  party  du  comte  de  Montgommery,  congnois- 
sant  que  les  persuazions  que  l'on  leur  avoit  faictes  estoient 
seullement  pour  couvrir  de  très  malheureuses  conspira- 
lions,  se  retireraient  volontiers,  si  cesle  faulte  leur  estoit 
pardonnéo,  et  pour  ceste  cause  j'ay  advisé  de  faire  expédier 
ung  pardon  général,  lequel  je  vous  envoyé,  affin  que 
vous  le  faciez  incontinent  publier  à  son  de  trompe  par 
toute  l'estendue  de  vostre  charge  et  que,  à  mesure  qu'il 
en  viendra  vers  vous,  vous  les  receviez  et  remettiez  suivant 
mon  intention  portée  par  ledict  pardon  et  les  mainteniez 
et  faictes  maintenir  et  conserver  en  seureté  et  repos  en 
leurs  maisons  avecques  leurs  femmes  et  familles,  après 


ERINE  DE  MÉDICIS.  301 

pourrez  dire  que  non  seullement  en  la  Nor- 
mandie ceulx  qui  nous  y  font  la  guerre  seront 
vaincus ,  mais  aussy  partout  le  reste  du 
royaulme,  tant  la  prinse  dudict  Montgom- 
mery donnera  de  [repos]  à  ces  malheureux 
pays,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Matignon, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  au    boys   de  Vincennes,   le  mer- 
credy  xix"  may  1576  ]. 

qu'ils  auront  faict  les  submissions  de  la  substance  dont  je 
vous  envoyé  le  mémoire  et  comme  il  est  amplement 
porté  et  déclaré  par  ledict  pardon.  Sur  lequel  me  re- 
mectant  je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre  que  pour 
vous  prier  d'y  atirer  le  plus  grand  nombre  de  ceulx  de 
ceste  condition  qu'il  vous  sera  possible,  m'advertissant 
journellement  des  noms  de  ceulx  qui  se  réduiront  et  vous 
ferez  chose  qui  me  sera  très  agréable. 7!  (Fonds  Iran- 
çais,  11°  3a 55, fol.  26.) 

1  Une  lettre  écrite  par  un  gentilhomme  de  Dom- 
front  donne  quelques  détails  sur  le  siège  :  Rje  vous 
advise  que  hier,  qui  estoit  dimanche,  l'on  fist  bresche 
au  cha9teau  avecq  le  canon  et  nous  présentasmes  à 
l'assault  force  gentilliommes  avecq  Monsieur  de  Fer- 
vaques  qui  nous  menoit,  et  y  avoit  avecq  nous  six  com- 
pagnies de  gens  de  pied  dont  Mr  de  Fervaques  fnct 
blessé,  le  cappitaine  Saincte  Coulombe  blessé,  le  cap- 
pitaine  Paistor  blessé,  le  cappitaine  Verdusan  blessé, 
le  cappitaine  Tommassin  blessé,  le  cappitaine  Tonnerre 
tué  dans  la  ville,  entrant  dans  la  ville  par  escalle,  avec, 
le  cappitaine  Clément  et  le  cappitaine  Sainct  Per.  l'en- 
seigne du  cappitaine  Saincte  Coulombe  tué,  l'enseigne 
de  Monsieur  de  Lavardin  tué ,  les  autres  enseignes  blessés 
à  mort,  force  gentilliommes  tués  et  blessés  et  force 
soldats.  Il  y  peult  avoir  en  somme  tant  en  tués  que  de 
blessés  deux  cents,  et  le  canonnier  faillit  à  nous  tuer 
tous;  car,  comme  nous  estions  à  la  brèche  pour  combalre, 
il  tira  une  voilée  de  canon  qui  abattit  ung  pan  de  mu- 
raille sur  nous,  qui  blessa  fort  Monsieur  de  Plassac  et  le 
cappitaine  La  Roche  et  tous  nous  autres;  le  cappitaine 
Cire  est  fort  blessé.  Monsieur  Dailly  est  mort;  il  en 
mourra  beaucoup  des  blessés;  le  sieur  de  Bordeaulx  est 
fort  blessé  et  force  autres  dont  c'est  grand  dommage, 
et  en  mourra  encore  beaucoup ,  premier  que  nous  l'em- 
portons. Nous  tenons  la  ville;  ils  n'y  ont  poinct  faict  de 
résistance  et  n'y  ont  tué  personne,  que  le  pauvre  Ton- 
nerre fils  de  Carolles,  dont  est  grand  dommage.  Je  ne 


30â 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


C'est  à  ce  coup  que  u'oublieray  rien  de  ce 
qui  vous  touche;  car  si  vous  nous  envoyez  le 
conte  de  Monljjommery,  c'est  tout  ce  que  je 
vous  demande.  Je  prie  Dieu  qu'il  vous  en  fasse 
la  grâce. 

Càterlne. 

BrULART. 

vous  puys  aultre  chose  mander  pour  reste  heure  ;  lorsque 
uous  aurons  donné  l'aultre  assault,  je  vous  en  manderay 
ce  qui  se  sera  faict,  si  je  en  réchappe;  je  vous  puys  as- 
seurer  qu'ilz  sont  mauvais  garçons  et  sont  résolus  à 
mourir  les  ungs  après  les  aultres.  Le  comte  est  dedans 
avecq  Touche!,  la  Pa trière,  I'issot  et  tout  plein  d'auitres 
cappilaines  dedans.  Ils  nous  donneront  hien  à  l'aire, 
premier  que  nous  les  einporlons.  11  est  venu  ung  courrier 
à  Monsieur  de  Matignon  qui  a  rapporté  que  jà  descen- 
doit  douze  mil  Anglois  de  Haguc;  aussi  il  leur  vient  force 
reistres.  Monsieur  de  Guyse  a  commandement  d'aller  au- 
devant  et  les  combattre.  Je  ne  vous  puys  autre  chose 
mander,  lors  que  Monsieur  de  Maude,  chanccllier  de 
Monsieur  le  duc ,  est  eschappé  d'Orléans  et  Monsieur  Dan- 
ville  est  allé  au-devant  des  reistres. 

r  Faict  ce  lundi  xxiv"  may  1 576 ,  au  camp  de  Domp- 
front.ji  (Bibl.  de  Rouen.) 

Voici  une  nouvelle  lettre  de  Charles  IX,  du  s5  mai  : 
r Monsieur  de  Matignon,  allin  que  vous  soiez  secouru 
de  la  plus  grande  somme  qu'il  sera  possible  sur  et  tant 
moings  du  paiement  du  mois  commancé  le  x'  de  cestuy- 
cy,  j'ay  faict  une  bien  expresse  despesche  à  Rouen  et 
y  ay  envoyé  le  commissaire  Le  Faure,  affin  que  haste  et 
face  en  sorte  que,  suivant  ladicte  dépesche,  il  vous 
puisse  faire  porler  le  plus  tost  qu'il  sera  possible  jusques 
à  quarante  mil  livres  que  je  faiz  emprunter  audict  Rouen, 
où  je  m'asseure  que  tous  les  gens  de  bien  s'éverturont  à 
fournir  le  plus  qu'itz  pourront,  tant  que  pour  ce  que  je 
leur  en  faiz  bien  assigner  leur  remboursement,  que  pour 
ce  aussi  qu'ilz  cognoissent  bien  que  l'armée  où  vous 
commandez  pour  mon  service  est  pour  le  salut  du  pays 
et  pour  les  rédimer  des  calamitez  de  la  guerre,  dont 
je  m'asseure  que  les  garenlirez  ceste  fois  et  que  vous 
réduirez  en  bref  en  mon  obéissance  les  villes  que  y 
occupent  les  rebelles  et  surtout  que  vous  ne  laisserez  pas 
eschapper  ce  malheureux  conte,  de  Monlgommery  et  les 
autres  chefs.  C'est  chose  de  si  grande  importance  au  bien 
de  mon  service,  et  que  j'ay  en  si  grande  affection  de 
veoir,  que  je  vous  prie,  sur  tous  les  services  que  désirez 
me   faire,   ne  perdre   une  seulle  minutte   d'heure   de 


1574. —  a3  mai. 

Imprimé  dans  les  Additions  flux  Mémoires  de  Citsteliwu  ,  (.  III ,  p.  ûoa . 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTHEFÉiNELON. 

Monsieur  de  la  Mothe,  suivant  les  lettres 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escril  par 
Sabrait  présent  porteur,  vous  aurez  bien  de 

temps  ny  occasion  pour  la  prinse  dudict  conte  et  desdictes 
villes.  Cependant,  Monsieur  de  Matignon,  pour  ce  que, 
comme  Monsieur  de  Carouges  vous  a  escript,  il  se  pré- 
pare des  vaisseaulx  en  grand  nombre  en  Angleterre, 
encores  que  la  royne  dudict  pays  et  moy  aions  toute 
bonne  intelligence  et  amytié,  touteffoys  il  semble,  à  ce 
que  m'a  escript  mon  ambassadeur,  que  desjà  quelques- 
ungs  de  mes  subjects  qui  sont  par  delà  sont  prests  à 
partir  avecq  quelques  vaisseaulx  et,  comme  l'admirai 
d'Angleterre  que  vous  sçavez  qui  est  allié  dudict  conte 
de  Monlgommery,  ils  veullent  entreprendre  quelque  chose 
sur  mes  costes  de  Normandye  et  de  Bretaigne,  dont  je 
vous  ay  bien  voulu  advertyr  et  que  leurs  entreprinses 
s'exécuteront  bien  tost,  s'ils  peulvent  en  trouver  le  moien. 
Voilà  pourquoy  je  vous  prie  de  pourveoir  à  la  seurelé 
de  ma  cosle  de  Normandye  en  l'estendue  de  vostre  charge. 
J'en  escripls  autant  audict  sieur  de  Maillernye  et  en  ay 
desjà  adverty  le  sieur  de  Rouillé;  mais  à  cause  que 
depuis  j'ay  eu  ledict  advis  d'Angleterre,  je  luy  en  fais 
encores  une  dépesche,  laquelle,  pour  ce  que  vous  n'estes 
pas  loing  de  luy,  d'aultant  qu'il  m'a  escript  qu'il  s'ap- 
proeberoit  de  vous  pour  favoriser  vostre  siège  de  Domp- 
front,  je  vous  prie  la  luy  faire  tenir.  Estant  d'advis  que, 
selon  qu'adviserez  et  verrez  qu'il  sera  à  propos,  vous  luy 
déparliez  le  régiment  du  sieur  de  Lusse  et  celluy  de 
Bussy  du  costé  dudict  sieur  de  la  Mailleraye,  retenant 
pour  vous  celluy  de  Laverais,  affin  qu'ils  les  emploient, 
s'ils  en  ont  besoing,  à  la  seureté  des  places  le  long  des 
costes,  et  vous  adviserez  aussi  de  y  pourveoir  pareillement 
en  l'estendue  de  vos  charges  sans  en  cella  faire  aulcune 
démonstrance  que  j'aye  double  de  ladicte  royne  d'An- 
gleterre; car  aussy  estimay-je  que,  s'il  se  lente  quelque 
chose  de  ce  costé,  se  sera  soubz  le  nom  de  quelques 
de  mes  subjects  estans  en  Angleterre,  dont  entre  autres 
j'ay  sceu  que  ung  nommé  le  jeune  Moisonnière,  autre- 
menl  appelé  le  capitaine  Mauldurant,  se  prépare  fort  avec 
quelques  vaisseaux  et  que  plusieurs  Anglois,  que  je 
m'alends  bien  qui  seront  désavouez  de  ladicte  royne, 
font  aussi  armer  quelques  vaisseaulx  et  que  messubjecls 
de  la  Rochelle  ont  intelligence  avec  eulx.  Je  ne  doubla 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


30S 


quoy  remettre  la  reiue  d'Angleterre  ma  bonne 
sœur  et  cousine  des  choses  dont  elle  s'est 
monstrée  à  vostre  dernière  audience  aucune- 
ment passionnée  sans  grande  occasion  '  ;  car 
pour  les  raisons  que  verrez  par  les  lettres  de 
mondict  sieur  et  fils,  elle  connoistra  bien 
ipie  nous  luy  avons  toujours  tenu  la  mesme 
honnesteté  et  encore  beaucoup  plus  que  nous 
ne  l'avons  eu  d'elle,  ny  vous  aussi,  comme 
ambassadeur  en  semblable;  car  mesme,  sur 
l'occasion  du  jugement  donné  contre  le  duc 
de  Norfolk,  du  procès  duquel  nous  n'ouïsmes 
jamais  parler,  si  n'est  ce  que  vous  en  escri- 
vistes,  selon  ce  que  icelle  reine  vous  en  dit 
sobrement ,  après  toutefois  qu'il  eut  esté  exécuté. 
Aussi  n'y  pensames-nous  oncques  du  depuis, 
comme  vous  pourrez  dire  à  icelle  reine,  quand 
il  viendra  à  propos,  considéré  qu'en  cela  suffit 
d'en  entendre  ce  qu'elle  voulut  vous  en  dé- 
clarer d'elle-mesme,  regardant  aussi,  je  vous 
prie,  de  lui  présenter  avec  commodité  la  lettre 

pas  que  tout  cella  ne  se  face  expressément  pour  vous 
divertir  de  ce  que  vous  l'aides,  aflin  d'aller  pourveoir 
ailleurs  où  ils  se  pourront  présenter  pour  faire  descente, 
mais  je  m'asseure  que  pour  cella  vous  ne  différerez  point 
de  poursuivre  vos  délibérations  et  que  vous  userez  de 
toute  dilligence  pour  prendre  bien  tost  ledict  Domfront 
et  S'  Lo  et  ceulx  qui  sont  dedans,  pour  après  en  aller 
faire  de  mesme  à  Carentan,  et  que  cependant  vous  pour- 
veoirez  si  bien  auxdictes  castes  en  l'estendue  de  vostre 
charge,  qu'il  ne  s'y  entreprendra  aulcune  chose  au  pré- 
judice de  mon  service,  me  reposant  de  tout  cella  sur 
vous  selon  la  fiance  que  j'en  ay  en  vous  que  je  prie 
Dieu  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

trEscript  an  bois  de  Vcinseinnes,  le  xxnii"  mai  1 5 7 A . 

«J'ai  entendu  que  le  lils  du  conte  de  Monlgommery 
est  dedans  Carentan.  Je  vous  prie  que  l'on  lace  tout  ce 
que  l'on  pourra  pour  l'avoir  avecq  son  père  qui ,  je  m'as- 
seure,ne  laisserezpaseschapper.il  (Bibl.  de  Rouen,  fonds 
Leber,  n°  3730,  portefeuille  E. ) 

1  Voir,  au  sujet  du  procès  La  Mole  auquel  elle  fait 
allusion,  les  dépèches  du  docteur  Dale  à  Walsingham 
et  à  sir  Thomas  Smith  dans  le  Calendar  o/Slale  papers 
(i574,  fol.  3o3et4o.5). 


que  je  lui  esctïs  de  ma  main  et  la  requerrez, 
comme  je  fais,  avec  honneste  instance  de  vous 
confier  et  déclarer  ce  qu'elle  a  fait  difficulté  de 
vous  dire  et  s'est  laissée  entendre  en  vostre  der- 
nière audience  qu'elle  souhaitoit  nous  pouvoir 
dire  ànous-mesme,  l'asseurant  que  personne 
ne  l'entendra  jamais,  et  l'ayant  sçu,  quelque 
chose  que  ce  soit,  qui  estpeut-eslre  de  grande 
importance,  vous  le  tiendrez,  je  m'en  asseure. 
fort  secret  et  en  advertirez  le  Roy  mondict 
sieur  et  fils  ou  moy  par  lettre,  qui  sera  escrite 
de  vostre  propre  main  en  chiffre,  si  vous 
voulez;  mais,  Monsieur  de  la  Mothe,  il  faut 
que  l'en  priez  si  dextrement,  qu'elle  ne  vous 
en  puisse  rien  celer,  l'asseurant  qu'il  ne  tien- 
dra jamais  en  nous  ny  de  noslre  part  que 
les  propos  de  mariage  d'entre  elle  et  mon  fils 
le  duc  d'Alençon  ne  s'advancent  de  bref  et 
prennent  une  bonne  et  heureuse  fin.  Mondict 
sieur  et  filz  se  porte  toujours  de  bien  eu 
mieux  et  sa  fièvre  qui  est  formée  double  tierce, 
toujours  diminuant.  Il  en  a  eu  desjà  cinq  accès, 
espérant  les  médecins  qu'il  n'en  aura  plus 
qu'un  ou  deux  pour  faire  le  nombre  de  sept; 
car  sesdicts  accèssont  maintenant  fort  petits, 
grâces  à  Dieu  \  lequel  je  prie ,  Monsieur  de 

1  Elle  se  faisait  illusion  sur  l'état  de  son  fils;  voici 
ce  que  nous  lisons  dans  une  note  non  signée  : 

trLe  Roy  par  l'indisposition  de  sa  personne  et  longueur 
de  maladie  est  réduit  en  telle  maigreur  et  foiblesse  qu'il 
n'a  plus  que  la  peau  et  les  os,  et  les  jambes  et  cuisses  si 
amoindries  et  atténuées  qu'il  ne  se  peust  soustenir;  raer- 
credy  dernier  se  trouva  tant  failly  de  haleine  et  paroles 
à  l'occasion  du  flux  du  sang  par  la  bouche  qu'on  en  at- 
tendoit  plus  la  mort  que  la  vie,  mais  depuis  sa  saignée 
s'est  mieux  trouvé.  Vray  est  que  hier  la  nuit  il  fut  plus 
esmu  que  de  coustume  et  n'entroit-on  point  dans  sa 
chambre;  mais,  le  soleil  se  haussant,  la  royne  y  vint  et 
y  entrèrent  assez  de  gens,  mesmement  les  prestres  qui 
y  firent  le  service  où  se  trouva  la  Royne  sa  mère.  Depuis 
qu'il  a  entendu  l'exécution  de  Coconas  il  a  meilleur  vi- 
sage que  devant,  disant  qu'il  ospéroit  tant  vivre  qu'il 
verroit  la  fin  de  ces  conspirateurs  contre  lesquels  il  se 


oO'l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEUICIS. 


la  Mothe,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde. 

Escrit  au  bois  de  Vincennes,  le  xxm  inay 


i  .>7'i. 


Gâterie. 


moiilia  fort  ennemy   et   demandant,  fort  la  vengeance. 
M'  le  duc   d'Alençon,  entendant  Testai  du   procès  de 
La  Mole  et  du  conte  de  Coconas,  supplia  le  Roy  de  leur 
pardonner,  ou  à  tous  moyens  leur  remettre  la  mort  pu- 
blique et  ignominieuse;  il  en  a  esté  refusé,  puis  se  retira 
à  la  Reine  sa  mère  et  à  genoux  la  supplia,  puisqu'il  a 
receu    tant  d'honneur   que  d'cstre  son  filz,  qu'elle  luy 
fasse  ceste  faveur  et  prière  envers  le  Roy  que  ses  gens 
ne  meurent  pas  par  supplice  publique  et  que,  s'il  est 
possible,  elle  obtienne  du  Roy  leur  rémission.  En  par- 
lant, cette  dame  obtint  du  Roy  le  supplice  secret,  comme 
aucuns  disent,  et  que  l'on  escriproit  au  Parlement  pour 
surseoir  l'exécution;  mais  le  porteur  des  lettres  arrivant 
à  Paris  trouva  la  porle  S'  Antoine  fermée,  et  cependant 
l'exécution  du  supplice  fut  tellement  avancée  qu'en  un 
moment  ils  lurent  tous  deux  exécutés,  ce  que  l'on  dict 
avoir  esté  faict  par  l'avertissement  d'un  parfumeur  mila- 
nois  nommé  René  qui  vint  raconter  le  cas  au  premier 
Président ,  comme  il  estoit  passé  en  court,  disant  davantage 
que  la  Reine  mère  avoit  obtenu  leur  rémission,  qui  fut 
cause  de  les  faire  sortir  plus  tost  de  la  Conciergerie  et 
de  faire  cheminer  hastivement  la  charetle  et  incontinent 
qu'arrivèrent  en  Grève  de  les  faire  exécuter  sans  faire 
les  proclamations  accoustumées.  La  mesme  après  disner 
furent  constitués  prisonniers  deux  astiologiens,  faisant 
profession  de  la  judiciaire,  l'ung  Italien  nommé  messire 
Novio,  pensionnaire  de  la  Reine  mère,  et  l'aultre  Fran- 
çois nommé  La  Brosse,  demeurant  es  faubourg  S'  Ger- 
main des  Prés ,  et  ont  esté  confrontés  à  ung  Italien  nommé 
Cosme,  natif  de  Florence,  aussy  pensionnaire  de  la  Reine 
mère,  auquel  a  esté  rasé  tout  le  poil.  Le  C"  Charles  de 
Mansleld,  qui  naguères  avoit  espousé  la  tille  aisnée  du 
maresclial  de  Brissac,  s'est  trouvé  coupable  de  cette  en- 
treprise et  s'est  retiré  doucement  en  Luxembourg  et  a 
esté  poursuivi  jusqu'en  Lorraine.  Depuis  que  M'  le  Duc 
entendit  l'exécution   de  La  Mole,  il  en  prist  tel  deuil 
qu'il  en  est  tombé  malade,  gardant  le  lit  et  la  chambre 
où  peu  de  gens  ont  entré,  ne  cessant  de  soupirer  et  de 
pleurer,  regrettant  sa  condition  et  sa  fortune. n  (Record 
office ,  State  papers ,  France.  ) 


1574.  —  a3  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3*55,  f°  29  r". 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  le  de'sir  que  nous 
avons  d'entendre  de  voz  nouvelles  est  cause 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  dépesche 
ce  courrier  présent  porteur,  affin  que  par  luy 
vous  le  rendiez  promptement  informé  de  ce 
que  vous  espérez  des  prises  de  Dompfront  et 
Sainct  Lo,  ensemble  des  conte  de  Montgom- 
mery  et  Columbières,  où  nous  nous  asseurons 
que  vous  n'oubliez  rien  de  ce  qui  peult  servir 
pour  en  venir  bien  tost  là.  Et  par  ce  que  vous 
verrez  par  la  lectre  du  Roy  mondiel  sieur 
et  filz  les  nouvelles  que  nous  avons  eues  de 
Guienne  et  Testât  de  sa  santé1,  je  ne  vous  en 

1   Le  a 8  mai,  Charles  IX  écrivait  : 

tf Monsieur  de  Matignon,  quand  j'ay  sceu  les  nomelles 
que  m'avez  escriptes  par  des  Chappelles  présent  porteur 
et  ce  qu'il  m'a  dict  de  vostre  part  de  ce  qui  s'est  passé  à 
Dompfront  et  de  l'espérance  qu'avez  d'avoir  bien  tost  le 
cbasleau  et  surtout  que  le  conte  de  Montgommery  et  les 
autres,  qui  sont  dedans,  ne  se  peulvent  saulver,  mais  que 
m'en  renderez  bon  compte  dedans  peu  de  jours,  je  me 
suis  fort  resjouy,  d'aultant  que  ce  sera  un  très  grand 
bien  et  réputation  en  mes  affaires  et  service.  Je  suis 
infiniment  marry  de  la  pollronnerye  de  ces  canailles 
de  soldats  qui  ont,  comme  m'a  dict  ledict  Chap- 
pelles, si  mal  faict  aux  assaulx  donnez  au  chasleau  du- 
dict  Dompfront.  Il  fault  que  vous  en  fassiez  faire  quel- 
que exemplaire  justice  ou  démonstration ,  par  l'advis  des 
seigneurs  cappitaines  et  autres  gens  de  bien  qui  sont 
par  delà  et  qui  y  ont  si  bien  faict  leur  debvoir,  comme 
m'avez  escript  et  que  j'ay  particulièrement  entendu 
dudict  des  Chapelles,  estant  infiniment  marry  de  la  perte 
que  j'ay  faicte  du  pauvre  cappitaine  Sainte  Coulombe  et 
de  ceulx  qui  y  ont  esté  tuez  et  pareillement  de  ceutx  qui 
ont  esté  blessez,  faisant  si  bien  et  vaillamment  leur  deb- 
voir, comme  m'avez  escript  qu'ont  faict  aussi  les  sieurs  de 
Fervaques  et  de  Laverdin  et  pareillement  le  cappitaine 
Tbomassin  et  aultres,  ausquelz  j'escripts  particullière- 
ment  des  lettres  que  leur  baillerez,  et  aussi  aux  aultres 
seigneurs  qui  sont  par  delà  avecq  vous  et  lesquelz  vous 
asseurerez  de  la  bonne  oppinion  que  j'ay  d'eulx  et  de  leur 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS 

feray  aucune  redicte,  mais  me  l'emectant  à 
icelles,  je  prieray  Dieu,  Monsieur  de  Mati- 
gnon, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 


305 


Escript  au  bois  de  Yincennes,  le  xxm'  jour 

Caterine. 


de  may  107^ 


valeur,  et  combien  j'estime  grand  le  service  que  vous  et  j 
eulx  me  faictes  en  ceste  occazion,  qui  ne  m'est  pas  de  i 
petit"  importance:  car  outtre  la  grande  réputation  que  se  J 
sera  à  mes  affaires,  quand  aurez  prins  ledict  Dompfront 
avec  ledict  Montgommery  et  ceulx  qui  sont  dedans,  il 
en  adviendra  une  deiï'aveur  si  grande  aux  aultres  qui  se  j 
sont  eslevez  et  ont  prins  les  armes  contre  moy,  que 
j'espère  qu'après  cella  l'on  aura  bon  marché  d'eulx  et 
que  Sainct-Lo  et  Carenten  ne  dureront  guères,  quand 
ils  verront  ledict  Montgommery  et  les  aullres  qui  sont 
avec  luy  prins,  espérant  qu'estant  l'estendue  de  vostre 
charge,  comme  elle  sera  lors,  bien  réduicte  en  mon 
obéissance,  que  le  reste  de  la  Normandye  et  lieux  cir- 
convoisins  seront  bien  à  repos;  et  pour  ce,  je  vous  prye 
encores  derechef,  aullant  que  vous  aimez  mes  affaires  et 
service,  de  ne  perdre  une  seule  occazion  ny  heure  de 
temps,  et  surtout  donner  si  bon  ordre  que  ledict  Mont- 
gommery et  les  aultres  chefs  ne  se  puissent  escbapper. 
J'escripts  aussi  au  cappilaine  Lucey  que  je  m'asseure 
eslre  fort  vaillant,  bien  affectionné  à  mon  service,  el  qui 
a  de  bons  hommes ,  et  si  fais  encores  à  chacun  une  lettre 
aux  sieurs  de  Lucé  et  Bussy,  affin  que  leurs  soldatz  ré- 
parent la  houle  des  autres;  et  en  attendant  les  bonnes 
nouvelles  que  j'espère  de  bref  avoir  de  vous,  je  vous  diray 
(pie  j'en  atlendz  aussy  bien  tost  de  fort  bonnes  de  mon 
cousin  le  duc  de  Montpensier,  car  il  avoit  gaigné,  il  y 
a  desjà  huict  jours,  les  faulxbourgs  de  Fontenay  et 
asseoit  son  artillerye  pour  le  battre,  comme  il  aura  faict 
bien  tost  après,  sans  beaucoup  larder  à  faire  bresche  et 
venir  aux  mains,  ayant  avec  luy  une  fort  bonne  trouppe 
de  gens  en  délibération  de  m'y  faire  ung  bon  service;  et 
du  costé  de  Guyenne  j'espère  aussy  que,  comme  je  vous 
ay  escript  dernièrement,  tout  ce  pays-là  sera  bieutost  nes- 
toyé  et  que,  selon  que  le  sieur  de  la  Vallette  verra,  il  se 
pourra  attaquer  à  Montauban.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Matignon,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 
rEscrit  au  bois  de  Veincennes,  ce  xxvme  jour  de  may 
157/1.1  (Même  volume,  f°  3a.) 


Catherine  de  Médicis.  —  iv. 


1574.  —  30  mai. 

Orig.  Archives  municipales  -le  Rouen. 

A  MESSIEURS 

LES  CONSEILLERS  ET  ESCHEMNS 

DE   LA   V1LLC   DE   I\OLE>. 

Messieurs,  le  repos  et  conservation  de  toulle 
la  Normandie  despend  du  succès  de  la  guerre 
qui  est  en  la  charge  du  s*  de  .Matignon,  les 
affaires  y  sont  à  pre'sent,  grâces  à  Dieu,  en  si 
bon  estât  que  nous  espérons  en  avoir  bientosl 
une  bonne  issue.  Pour  ce  faire  nous  avons 
advisé  d'envoyer  au  sr  de  Matignon  une  bonne 
somme  de  deniers,  qui  me  faict  vous  prier, 
suivant  ce  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
escript,  regarder  à  vous  employer  que  nous 
puissions  recouvrer  à  Rouen  la  somme  de 
quarante  mille  livres. 

C'est  chose  sy  nécessaire  qu'il  faut  que  vous 
fassiez  ce  service  au  Roy  mon  fils  sans  excuse 
ny  remise;  avec  cella  les  prédilions  de  ce  presl 
sont  si  doubles  etlesseurettés  telles  que  ceulx 
qui  feront  ce  prest  ne  doibvent  doubler  qu'ils 
n'en  soient  incontinent  remboursés,  comme 
vous  verrez  par  la  lettre  du  Roy  monsieur 
mon  filz,  et  comme  vous  diront  les  srs  de 
Rourdiné  et  premier  président  et  général  des 
finances  Ronacorsy  ;  priant  Dieu  vous  avoir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  bois  de  Yincennes,  le  xxvc  jour 
de  may  1  576. 

Caterine. 


1574.  —  35  mai. 
Orig.  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  3a36  ,  f°  3. 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  nous  nous  asseurons  que  ce 
voiage  que  vous  avez  délibéré  de  faire  en 
Piedmont  ne  sera  pas  long  et  que  bien  tost 
nous  vous  reverrons  de  deçà.  Vous  n'avez  pas 

39 


IXPIUlltlUE     MT10MI  I 


306  LETTRES  DE  CATHE 

l'ail  peu  de  service  au  Roy  monsieur  mon  fils 
d'avoir faict  arrester  celluy  qui  esloit  dépesché 
pour  la  levée  de  quelques  reislres  pour  ceulx 
de  la  nouvelle  oppinion  de  Languedoc  et  de 
Daulphiné,  lequel  s'est  trouve'  chargé  de  plu- 
sieurs mémoires  sur  ce  fait'.  Sa  Majesté  désire 
que  ledict  prisonnier  soit  mys  en  tel  lieu  qu'il 
lui  puisse  estre  représenté  en  temps  et  lieu, 
ainsi  que  plus  amplement  Sadicle  Majeslé  vous 
l'aict  entendre  par  la  lettre  qu'elle  vous  escripl-, 
sur  laquelle  me  remeclant,  pour  ne  vous  en 
dire  autre  chose,  je  prieray  Dieu,  mon  cousin, 
nous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

Escripl  au  hoys  de  Vincenues,  le  xxve",I!  jour 
Je  may  1  576. 

Vostre  honne  cousine, 

Cvterine. 


')  D'après  la  lettre  de  Charles  IX.  qui  accompagne 
celle-ci  (même  volume,  fol.  a),  il  se  nommait  le  comte 
(te  Hesse. 

?  Voici  celte  lettre  de  Charles  IX  (même  volume, 
fol.  2): 

"Mon  cousin,  je  m'asseure  que  le  voiage  que  vous 
avez  délibéré  de  faire  en  Piedmont  ne  sera  long,  et  que 
bientôt  je  vous  verray  près  de  moy,  comme  je  vous  ay 
l.iil  entendre  le  désirer.  J'ay  sceu  comme  vous  avez  fait 
arrester  ung  nommé  le  conte  de  Hesse  qui  estoit  dé- 
pescbé  par  ceulx  de  la  nouvelle  oppinion  de  Languedoc 
<'t  Daulphiné  pour  la  levée  de  quelques  reislres ,  lequel 
s'est  trouvé  chargé  de  plusieurs  mémoires  sur  ce  fait. 
Vous  ne  m'avez  pas  fait  peu  de  service  en  cest  endroit, 
I  d'aultant  que  je  désire  que  ledict  prisonier  soit  mis  en 
tel  lieu  qu'il  me  puisse  estre  représenté  lorsque  je  le  de- 
manderay,  et  que  vostredit  voiage  vous  pourrait  mectre 
en  peyne  de  luy,  je  vous  prye  l'envoyer  soubz  bonne  et 
seure  garde  à  mon  cousin  le  prince  Daulpbin  qui  est  en 
Daulphiné,  à  quy  j'ay  escript  le  recevoir  et  le  faire  si 
bien  loger  qu'il  n'en  adviene  inconveniant.  Priant  Dieu 
vous  avoir,  mon  cousin,  en  sa  sainte  garde. 

'-Escript  au  boys  de  Vincennes  le  xxv*  jour  de 
may    1.57/1.» 


RINE  DE   MÉDIC1S. 

1574.  —   ^5  mai. 
Copie.  Bilil.  nat.  Cinq  cenls  Colberl,  n»  3C6 ,  f-  6l3. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  encorcs  qu'il  n'y  ait 
pas  grand  subject  de  vous  escripre,  si  est-ce 
que  le  Roy-monsieur  mon  filz  a  voulu  vous 
faire  cesle  petite  despesche1  pour  vous  adverlii 
de  la  réception  des  vostres  et  vous  donner 
lumière  des  choses  qui  passent  par  deçà,  affin 
que  les  hruiets  divers  qui  en  courent  de  toutes 
paris  ne  vous  en  oslent  la  vraye  connaissance, 
qui  est  tout  ce  que  je  puis  vous  dire,  priant 
Dieu,  Monsieur  du  Ferrier,  vous  avoir  en  sa 
sainte  et  digne  garde. 

Escript  au  chasteau  de  Vinceines,  le  xxvc  de 
may  1  h-jh. 

Caterine. 
Fizes. 

1  Voici  cette  petite  dépêche  du  Roi  :  fMonlgom- 
mery,  s'estanl  rais  aux  champs  pour  essayer  de  s'estendre 
davantage,  a  esté  pressé  et  serré  de  si  près  qu'il  a  esté 
contrainct  île  se  jeter  dans  la  -v i 1 1  - ■  de  Domlront  assez 
foible  et  mal  soustenable.  Il  a  esté  aussilost  environné 
par  les  forces  que  conduict  le  sieur  de  Matignon  qui  a 
fait  retrancher  toutes  les  Faillies  de  ladicte  ville,  de  sorte 
que  ledict  Montgommery  est  hors  de  toute  apparence 
d'en  sortir  et  avoir  secours,  et  pense  que  Dieu  nous  fera 
la  grâce  dedans  peu  de  jours  de  l'avoir'  par  deçà  mort  on 
vif,  pour  luy  faire  porter-  la  pénitence  dn  premier  malheur 
qu'il  a  causé  en  ce  royaume  et  de  tant  de  troubles  et  de 
misères  qu'il  ait  depuis  suscités.  Mon  cousin  le  duc  de 
Montpensier  est  aussy  en  Poictou  avec  bonnes  forces, 
ayant  repris  le  lieu  de  Tallemont  que  les  rebelles  occu- 
poientet  est  maintenant  devant  Fontenay  duquel  j'espère 
qu'il  aura  bonne  issue  et  que  petit  à  petit  néloyeray  mon 
royaume  de  ceux  qui  l'ont  troublé  par  tant  de  manières.  •■ 
(Même  volume,  p.  61a.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


307 


1574. 


29  mai. 


Orig.  Arrh.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  ûlza  4736. 
nuova  numerazione,  p.  390. 

A  MON  COUSIN 

M»  LE  GRAND-DUC  DE  TOSCANE'. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  tant  par  vostre 
lellre  du  xxvmc  du  passé,  que  par  ce  que  le 
marquis  Horalio  dai  Monte  m'a  dicl,  la  mort 
de  l'eu  mon  cousin  le  grand-duc  de  Toscane 
vostre  père,  qui  m'a  apporté  ung  infini  regret 
et  desplaisir,  tant  pour  la  singulière  affection 
que  je  iuv  ay  tousjours  portée,  à  vous  et  à 
loule  vostre  maison,  que  pour  la  perte  que 
a  faicte  toute  la  chreslienté  d'un  si  vertueulx, 
prudent  et  saige  prince  que  luy,  duquel  la 
mémoire  sera  tousjours  vive  auprès  de  moy, 
ensemble  ma  bonne  volonté  et  affection  envers 
vous  et  tout  ce  qui  luy  appartient,  comme  je 
prie  ledicl  seigneur  marquis  vous  dire  de  ma 
part,  lequel  j'eusse  bien  désiré  faire  veoir  au 
Roy  monsieur  mon  filz,  pour  s'acquicter  envers 
luv  de  la  cbarge  qu'il  avoit  de  vous;  mais 
craignant  que  la  nouvelle  de  la  mort  de  vostre- 
dict  père  ne  luy  apportast  si  grand  déplaisir, 
ijui  luv  donnast  matière  d'augmenter  son  mal, 
j'ay  prié  ledict  seigneur  Horatio  s'en  dep- 
porter;  et  luy  ay  promis  de  vous  prier  l'avoir 
pour  excusé,  s'il  n'a  satisfaict  à  vostre  com- 
mandement pour  ce  regard,  ce  que  je  vous 
prie  faire  pour  l'amour  de  moy,  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  chasleau  de  Vincennes,le  xxixme 
jour  de  may  107^. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 

François  de  Médicis. 


1574.  —  29  nui. 

Orig.  Arcli.  des  Médicis  à  Florence,  dalla  filza  6736  . 
nuova  numerazione ,  p.  3oû. 

A  MA  COUSINE 

LA  GRANDE-DUCHESSE  DE  TOSCANE. 

Ma  cousine,  la  nouvelle  perte  advenue  non 
seullement  en  vostre  maison,  mais  à  la  chres- 
tienté  par  la  mort  de  feu  mon  cousin  le  grand- 
duc  de  Toscane  vostre  père,  m'a  apporté  grain! 
desplaisir  avec  ung  très  grand  regret,  tant  pour 
le  grand  ennuy  que  je  sçay  que  vous  et  toute 
vostre  maison  en  avezreceu,  que  pour  l'avoir 
tousjours  aymé  et  estimé  pour  ses  grandes 
vertuz  et  prudence,  pour  l'amour  desquelles 
la  mémoire  en  sera  tousjours  vive  à  la  posté- 
rité, et  en  moy  principalement  avec  le  mesme 
désir  et  affection  de  favoriser  et  ayder  la 
grandeur  et  prospérité  de  sa  maison,  que  j'ay 
eu  en  l'endroict  de  luy,  durant  sa  vye,  comme 
j'ay  prié  le  seigneur  Horatio  dal  Monte  vous 
dire  de  ma  part;  sur  lequel  me  remectant,  je 
feray  fin,  priant  Dieu,  ma  cousine,  vous  tenir 
en  sa  saincte  garde  1. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  lexxix" 
jour  de  may  iô-!x. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1574.  —  29  mai. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  a  Florence,  dalla  tilza  £736, 
nuova  numerazione,  p.  391. 

A  MON  COUSIN 

LE  SEIGNEUR  DON  PIETRO  DE  MÉDICIS. 

Mon  cousin,  ayant  entendu,  tant  par  ce 
que  le  seigneur  Horatio  del  Monte  m'a  dicl, 
que  par  vostre  lettre  du  xxvie  du  passé,  la  mort 

1  Les  obsèques  du  grand-duc  eurent  lieu  à  Noire- 
Dame  le  26  mai.  (Négociât,  diplomat.  avec  la  Toscane, 
t.  III,  p.  93 1.) 

39 . 


:508 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


de  feu  mon  cousin  le  grand-duc  de  Toscane, 
j'ay  receu  ung  si  grand  desplaisir  et  en  ay  eu 
ung  tel  regret,  qui!  convient  à  si  gronde  perte 
et  dommaige  advenu,  tant  en  vostre  maison 
que  à  toute  la  chrestienté,  d'un  prince  de  telle 
valleur  et  vertuculx  qu'il  esloitetà  lasingullière 
amitié  que  je  luy  portoys,  que  je  garderay 
tousjours  à  sa  mémoire,  à  toute  voslredicte 
maison,  pour  l'ayder  et  favoriser  aultant qu'il 
me  sera  possilile,  comme  j'ay  prié  ledict  sei- 
gneur Horatio  vous  dire  de  ma  part,  priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  au  chasteau  de  Vincennes,  le  xxixe 
jour  de  may  îb-jh. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1574.  —  3o  mai. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  3a56,  f°  93. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Malignon,  nous  ne  vous  sçau- 
rions  assez  dire  le  plaisir  et  contentement  que 
nous  avons  receu  de  la  belle  prise  et  réduction 
que  vous  avez  faiclede  Dompfrontetdu  conle 
de  Monlgommery,  qui  estoit  dedans,  dont  le 
sieur  de  S1  Léger  présent  porteur  nous  a  faict 
entendre  l'histoire.  Vous  avez  si  bien  et  heu- 
reusement commencé  que  je  m'asseure  que 
Dieu  nous  fera  la  grâce  que  vous  achèverez 
de  mesme  et  remettrez  Sl-Lo  et  Carenlan  soubz 
l'obéissance  du  Roy  monsieur  mon  fils,  pour 
nous  rendre  du  tout  en  repos  de  voslre  costé; 
en  quoy  vous  avez  desjà  acquis  et  vous  re- 
viendra tout  l'honneur  que  peult  désirer  ung 
bon  et  grant  capitaine,  vous  priant  continuer 
avec  la  mesme  vigillance  et  promptitude  que 
vous  avez  faict,  et  vous  asseurer  que  le  Roy 
mondict  Glz  fera  pour  vous  et  vostre  advan- 
cemenl  lout  ce  qu'il  luy  sera  jamais  possible 


et  vous  en  reposez  sur  moy,  qui  prie  Dieu, 

Monsieur  de  Matignon ,  vous  avoir  en  sa  saincte 

garde. 

Escript  au  bois  de  Vincennes,  le  XXX™0  jour 

de  may  157/1  '. 

Caterine. 

PlNART. 

1  La  veille,  Charles  IX  avait  écril  à  Matignon  :  trJe  ne 
receuz  il  y  a  fort  longtemps  nouvelle  qui  m'ayt  esté  plus 
agréable,  que  le  discours  que  m'a  faict  le  sieur  de  Saint- 
Léger  présent  porteur  du  très  grand  debvoir  etdilligence 
que  vous  faictes  non  seullement  pour  reprendre  Saint-Lo, 
mais  aussy  pour  attrapper  ce  malheureux  conte  de  Mont- 
gommery,  qui  est  cause  de  tant  de  maulï  en  ce  royaulme 
et,  pour  ceste  cause,  je  vous  prje,  sur  tous  les  services 
que  désirez  me  faire  et  aussy  tous  les  gens  de  bien  qui 
sont  par  delà  avecq  vous,  s'employans  aussy  de  toute  af- 
fection pour  mon  service,  comme  ledict  sieur  de  Saint- 
Léger  m'a  bien  amplement  et  particulièrement  dict,  de 
voulloir  faire  en  sorte  que  ledict  conle  n'eschappe  poinct; 
car  je  tiens  pour  certain  que,  s'il  peut  estre  pris,  oullre 
le  grant  plaisir  que  ce  me  sera  plus  que  je  ne  vous 
sçaurois  dire,  le  pauvre  pays  de  Normandye  sera  ré- 
dirné  de  toutes  les  continuelles  vexations  qu'il  a  si  sou- 
vent receues  par  luy  et  à  son  occasion...  Véez  là  pour- 
quoy  je  vous  prye  derechef,  mais  c'est  de  la  plus  grande 
affection  qu'il  m'est  possible  et  tous  les  bons  serviteurs 
que  j'ay  aussi  par  delà ,  de  s'y  bien  pourveoir  et  faire  en 
sorte  qu'il  n'eschappe  poinct,  mais  que  vous  le  puissiez 
de  bref  envoyer  en  bonne  et  seure  garde  prisonnier  à 
Paris  où  je  désire  plus  que  nulle  autre  chose  lui  faire 
bonne  et  exemplaire  justice,  comme  vous  dira  aussy  le 
sieur  de  Saincl-Léger,  duquel  j'ay  aussi  entendu  la  dif- 
ficulté qui  s'est  meue  pour  Testât  de  mestre  de  camp 
entre  les  sieurs  de  Fervacques  et  Villermoy;  sur  quoy 
j'ay  advisé  pour  les  contenter  que  tous  deulx  auront  sem- 
blable auctorité  et  estât  de  mestre  de  camp,  dont  j'ay 
commandé  au  trésorierde  l'extraordinaire  doubler  le  paye- 
ment, aflin  que  tous  deulx  y  reçoivent  la  solde  et  l'exer- 
cent l'ung  et  l'autre  ensemhlemenl,  m'asseuranl  qu'ils 
auront  toute  bonne  intelligence  pour  mon  service  el  que 
deulx  gens  de  bien  et  de  valleur,  comme  ils  sont,  s'em- 
ployans comme  ils  font,  feront  beaucoup  plus,  eslans 
deulx,  que  s'il  n'y  en  avoit  que  ung  employé  en  ceste 
charge-là.  Quant  à  l'auctorité  pour  commander  en  voslre 
absence,  il  n'est,  grâces  à  Dieu,  point  de  besoing,  vous 
portant  comme  vous  faictes,  grâces  à  Dieu,  fort  bien,  el 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


309 


1574.  —  3i  mai. 

Orig.  Archives  de  Modène. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  vous  avez  entendu  la  malladie 
du  feu  Roy  monsieur  mon  filz  '  lequel,  eong- 
noissant  enfin  que  Dieu  voulloit  L'appeler  a 
soy,  a  ordonne'  de  sa  dernière  volunté   pour 

puis  j'envoye  Monsieur  de  Sanssac,  qui  est  si  ancien  et 
viel  chevalier,  et  lequel  je  m'asseure  se  comportera  si 
liien  avecq  vous,  et  vous  avecq  luy  que  mon  service  sera 
bien  et  dignement  faict  et  que  nulles  difficultés  n'ad- 
viendront  en  ces  choses-là ,  mais  que  par  vos  prudences 
desungsetdes  aultres  tout  se  conduira  avecq  toute  bonne 
et  perfecte  intelligence.  J'escriplz  aux  sieurs  de  Vassay 
et  de  la  Hunaudaye  et  aullres  qui  sont  par  delà  puur 
mon  service,  ausquels  je  vous  prye  bailler  mes  lettres  et 
les  asseurer  du  grand  contentement  que  j'ay  d'eulx, 
aiant  entendu  tant  par  vos  lettres  qne  par  ledict  sieur 
de  Saint-Léger  le  bon  et  grand  debvoir  qu'ils  font  par 
delà  pour  mon  service  ;  en  quoy  je  les  prye  de  continuer, 
comme  je  m'asseure  qu'ilz  feront.  J'ay  aussi  veu  dudicl 
sieur  de  Saint-Léger  comme  il  vous  est  venu  des  offi- 
ciers et  canonniers  de  mon  artillerye,  mais  qu'ils  se 
veullent  retirer,  s'ils  ne  sont  payez  de  leur  solde  extraor- 
dinairement,  ainsy  qu'ils  ont  accoustumé,  quant  ils  mar- 
chent. Cella  est  bien  raisonnable ,  et  pour  ceste  cause 
envoyez  moy  estât  de  leurs  noms  et  de  ce  que  se  monte 
par  mois  leur  extraordinaire,  et  quel  jour  ils  doibvent 
entrer  en  payement  et  je  feray  promptement  bailler  ce 
qu'il  fault  pour  cella  au  trésorier  de  l'extraordinaire 
de  l'artillerye,  mais  cependant  retenez-les  et  vous  en 
servez  et  regardez  de  les  faire  accommoder  de  quelque 
argent  par  prest,  qui  sera  rabalu  et  rendu  lorsque  l'on 
les  payera... n  (Même  volume,  fol.  a4.) 

1  Charles  IX,  la  veille  également,  avait  écrit  à 
M.  de  Matignon  :  trVous  avez  cy-devant  entendu  mon 
indisposition,  laquelle  depuis  ung  jour  en  çà  est  fort 
acrene  et  suis  aujourd'huy  en  tel  estât,  que  j'atcndz  ce 
qu'il  plaira  à  Dieu  faire  de  moy,  en  la  main  duquel 
sont  toutes  choses  humaines,  estant  tout  prest  de  me 
conformer  à  sa  sainte  volunté;  cependant  j'ay  prié  la 
Royne  madame  ma  mère  que,  suppléant  au  deflault  de 
ma  malladie,  elle  vueille  avoir  plus  grant  soing  que 
jamais  de  mes  affaires  et  de  ceulx  de  mon  royaume,  ainsi 
que  très  dignement  elle  s'en  est  acquittée  jusques  icy, 


l'administration  des  affaires  de  ce  royaume  et 
voulu  m'en  remelre  la  charge,  attendant  !e 
retour  en  icelle  du  roy  de  Polongne  monsieur 
mon  filz,  quelque  temps  après  il  a  rendu 
l'esprit  et  quicté  les  misères  de  ceste  vie, 
m'ayant  laissée  oultre'c  de  la  douleur  que  na- 
turellement peult  avoir  une  mère  après  la 
perte  de  la  chose  qu'elle  avoit  la  plus  chère 
et  pre'cieuse,  qui  me  faict  désirer  de  quicter 

désirant  qu'elle  soit  obéye  en  tout  ce  qu'elle  comman- 
dera, tant  durant  ma  malladie  que  là  où  il  plaira  à  Dieu 
faire  son  sainct  commandement  de  moy,  jusques  à  ce 
que  le  roy  de  l'olongne  mon  frère,  qui  est  mon  légitime 
successeur,  soit  arrivé  de  par  deçà;  et  quant  à^vous, 
Monsieur  de  Matignon,  encores  que  je  m'asseure  bien 
que  vous  ne  défaudrez  en  rien  de  voire  debvoir  à  con- 
tenir toutes  choses  en  bon  repos  en  rostre  gouvernement . 
et  à  faire  congnoistre  à  mes  subjeetz  l'auctorité  de  ma- 
dicte  dame  et  mère  et  à  les  retenir  en  l'affection  et  déro- 
tion  d'obéissance  qu'ilz  doibvent  à  mondict  frère,  en  cas 
qu'il  pleust  à  Dieu  faire  sa  volunté  de  moy,  comme  dessus 
est  dict,  si  esse  que  je  vous  en  ay  bien  voullu  escrire  et 
vous  prier,  qu'en  remettant  devant  les  yeulx  de  tous 
mes  subjeetz,  tant  de  ma  noblesse  que  autre  sorte 
d'estatz  de  voslre  charge,  la  grande  fidélité  et  loyaullé 
que  ont  tousjours  gardées  les  François  envers  ceulx  à  qui 
légitimement  est  advenue  la  succession  de  la  coronne  et 
sceptre  royal,  dont  ils  ont  esté  recongneuz  par  dessus 
toutes  les  nations  du  monde,  ils  en  vueillent  user  de 
mesme  à  l'endroict  de  mondict  frère  le  roy  de  Polongne 
sur  l'accident  qui  me  pourrait  survenir,  y  tenant,  de 
vostre  part,  la  bonne  main  pour  aller  au-devant  de  tous 
les  maulx  qui  pourraient  résulter,  à  la  généralle  rnirv 
et  subversion  de  mesdicts  subjeetz,  là  où  ils  feraient  aul- 
trement  et  se  dévoieraient  de  ce  qui  est  de  leur  debvoir 
selon  Dieu  et  la  loy  de  nature.  J'ay  faict  entendre  cesle 
mienne  volunté  à  mes  frères  les  ducs  d'Alençorj  et  roy 
de  Navarre,  qui  m'ont  promis  et  asseuré  de  l'ensuivre  et 
obéir  à  madicte  dame  et  mère  selon  l'amour  et  bonne 
affection  qu'ilz  luy  portent  et  le  désir  qu'ilz  ont  à  la 
conserralion  du  repos  général  de  mon  royaume,  me 
confiant  bien  qu'ilz  y  feront  tout  loyal  debvoir  de  leur 
part,  comme  je  m'asseure  que  ferez  aussi  de  la  rostre. 
Je  n'estandray  la  présente  plus  arant  que  pour  prier 
Dieu ,  Monsieur  de  Matignon  ,rous  avoir  en  sa  sainte  garde. 
»Kscript  au  boys  de  Vincennes,le  xxix""°jourde  may 
1574.1  (Bibl.nat.,  fonds  français,  n°  as56,  fol.  93.) 


310. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


et  remetre  tous  affaires  pour  chercher  quel- 
que tranquillité.  Néantmoins  vaincue  de  l'in- 
stante prière  qu'il  m'a  faicte  par  son  dernier 
propoz  d'embrasser  cest  oflice  au  bien  de 
ceste  couronne,  à  laquelle  je  recongnois  estre 
tenue  de  tout  ce  que  Dieu  m'a  départy,  j'ay 
esté  contraincte  d'accepter  ladicte  ebarge,  es- 
pérant que  Dieu  me  fera  la  grâce  (assistée  de 
la  bonne  volunté  de  mon  filz  le  duc  d'Al- 
lençon,  du  roy  de  Navarre,  mon  beau-filz,  et 
autres  princes  et  bons  serviteurs  de  ceste  cou- 
ronne), de  conduire  toutes  choses  avec  telle 
modération  et  par  si  bon  conseil  et  adviz  que 
ce  désastre,  encores  qu'il  soit  le  plus  grand 
qu'il  en  peust  advenir,  n'altérera  riens  du  repoz 
et  tranquillité  de  cest  Estât,  dont  je  vous  ay 
bien  voulu  ad vertir,  m'asseurant  que  vous  par- 
ticipperez  à  cest  ennuy,  tant  pour  la  perte  du- 
dict  seigneur,  qui  vous  estoit  très  affectionné, 
que  pour  l'amitié  que  vous  portez  à  ceste  cou- 
ronne envers  laquelle  je  vous  prie  de  la  con- 
tinuer, me  voulant  bien  prometre  que  le  roy 
de  Polongne  mondicl  sieur  et  filz  embrassera 
tousjours,  de  sa  part,  la  mesme  affection  que 
le  deffunt  avoit  envers  vous  et  se  vouklra  de 
bon  cueur  disposer  à  toute  la  correspondance 
d'amitié  et  bonne  intelligence  que  vous  en 
pomez  désirer,  comme  je  feray  aussy,  de  ma 
part,  priant  sur  ce  le  Créateur,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde  1. 

Escripl  au  cha.steau  du  boys  de  Vincenues, 
le  dernier  jour  de  may. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catemne. 

1  Pareille  lettre  et  dans  les  mêmes  termes  fut  adressée 
au   duc  de  Mantoue. 


157  U.  —  3i  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  5oo,  f°  88. 

AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS, 

HOÏ    DE    POLOGNE. 

Monsieur  mon  fils,  je  vous  envoyai  yer  en 
grant  diligence  Chemerault  pour  vous  aporter 
une  piteuse  nouvelle  pour  moi  pour  avoyr  veu 
tant  mourir  de  mes  en  fans.  Je  prie  à  Dieu 
qu'il  m'euvoye  la  mort  avant  que  je  en  voy 
plus,  car  je  cuide  désespérée  de  vovr  un  tel 
spectacle  et  l'amitié  qu'il  m'amonstrée  à  la  fin , 
ne  pouvant  me  laisser  et  me  prier  que  vous 
envoyasse  en  toute  dilligence  quérir  et,  en  ce 
pendent  que  lussiez  arrivé  me  prioit  que  je 
prinse  l'administration  du  royaume  et  le  vou- 
louir  et  que  je  fisse  faire  bonne  joustice  des 
prisonniers  qu'il  savoit  estre  cause  de  tout  le 
mal  du  royaume;  qu'il  avoit  connu  que  ses 
frères  avoient  regrect  en  lui,  qui  lui  faisoit 
penser  qu'ils  me  seraient  obéissans  et  à  vous, 
mais  que  fussiez  isy  et  après  me  dicl  adieu 
et  me  pria  de  l'embrasser,  qui  me  cuyda  fayre 
crever.  Jamais  homme  ne  mourusl  avec  plus 
d'entendement,  parlant  à  ses  frères,  à  Mon- 
sieur le  cardinal  de  Bourbon,  au  chanselier, 
au  secrétayre,  au  capitaine  des  gardes,  tant 
d'archers  que  de  Suisses,  leur  commandant  à 
tous  de  m'obéir  comme  à  luy  mesme  jusques 
à  vostre  arrivée  et  qu'il  s'asseuroit  que  le 
vouliez  ainsy,  les  prians  de  vous  bien  servir 
et  vous  estre  fidèles,  recommandant  à  tous  le 
roiaume  et  sa  conservation,  et  tousjours  disant 
voslre  bonté  et  que  l'avez  tousjours  tant  aimé 
et  obéi  et  ne  luy  avezjamays  donné  poyne,  mais 
faicl  de  grans  services;  au  reste  il  est  mort, 
ayant  receu  Dieu  le  malin,  se  portant  bien, 
et  sur  les  quatre  heures  il  mourut,  le  meilleur 
chrestien  qui  l'ust  jamays,  ayant  receu  tous  les 
sacrements  et  la  dernière  parole  qu'il  dict  ce 
fut  :  >rEtma  mère. n  Cela  n'a  pu  estre  sans  une 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


311 


extresme  douleur  pour  moy  et  ne  trouve  autre 
consolation  que  de  vous  voyr  bientost  icy  et 
penser  que  Dieu  vous  oste  de  là  où  désirez 
eslre  hors  avecques  plus  d'honneur  et  de 
grandeur  que  l'on  auroit  pu  penser,  de  niesme 
que  ni  la  grandeur  ni  l'ayse  que  avez  de  vous 
revoyr  avecque  nous  de  la  façon  ne  vous  lais- 
sera pour  cela  que  vous  ne  ressentiez  que  avez 
perdu  un  bon  frère  et  un  grand  appuy  et  que 
le  monde  est  assez  grand  et  vous  et  luy  en- 
semble assez  puissans  pour  vous  fayre  grens 
et  conlens  sans  ce  de'sastre;  mais  puisqu'il 
plait  à  Dieu  que  je  soys  de  lui  esprouvée  et  de 
telle  façon  visitée  si  souvent,  je  le  loue  et  le 
prie  me  donner  patience  et  ceste  consolation  de 
vous  voir  icy  bien  tost  comme  vostre  royaume 
en  a  besoin,  et  en  bonne  santé,  car  si  je  vous 
venois  à  perdre,  jemeferoys  enterrer  avec  vous 
toute  en  vie,  car  je  ne  pourrois  aussi  bien 
porter  ce  mal,  qui  me  faict  vous  prier  de  bien 
regarderie  chemin  que  tiendrez  et  si  passerez 
par  chez  l'Empereur  et  de  là  en  Italie,  que  je 
pense  estre  le  plus  seur  pour  vous,  car  par 
l'Allemagne  je  ne  pense  pas  qu'il  soit  seur  pour 
vous,  estant  Roi  de  France;  car  y  sont  trop 
de  quereles  à  démêler  avec  vous,  mais  je  suis 
d'avis  que  aliez  par  l'aullre  et  que  envoviez 
quelque  gentilhomme  pour  visiter  les  princes 
et  leur  faire  vostre  excuse  que  la  haste  que 
vous  avez  eu  de  venir  vous  a  faict  prendre 
l'aultre  chemin;  néantmoins  les  remerciez  du 
bon  traictement  que  vous  avez  receu  à  vostre 
passage  et  les  priez  qu'ils  vous  veuillent  estre 
amis  comme  vous  leur  voulez  estre  et  que  celle 
là  (cette  amitié)  que  vous  avoient  monstrée  au 
passage  que  avez  faict,  qu'ils  la  veuillent  con- 
tinuer et  confirmer  par  plus  sure  promesse, 
et  advisez  s'il  seroit  bon  d'envoyer  Monsieur 
de  Rellièvre  et  qu'il  peut  faire  quelque  chose 
avec  eux  qui  vous  puisse  apporter  du  repos  en 
vostre  royaume,  et  que,  à  vostre  arrivée,  il 


vous  vint  rapporter  ce  qu'il  sauroit;  vous  y  pen- 
serés.  Quant  à  vostre  parlement  de  Pologne, 
ne  le  retardez  en  nulle  façon  et  prenez  garde 
qu'ils  ne  veuillent  vous  retenir  jusques  à  ce 
qu'ils  ayent  donné  ordre  à  leur  faict  et  ne  le 
faictes  pas,  car  nous  avons  besoin  de  vous  icy; 
avecques  cela  je  meurs  d'ennuy  de  vous  revoir, 
car  rien  ne  me  peut  faire  consoler  et  oublier  ce 
que  j'ay  perdeu  que  vostre  présence;  car  vous 
sçavez  combien  je  vous  aime  et,  quant  je  pense 
que  ne  bougerez  jamais  plus  d'avec  nous,  cela 
me  faict  prendre  tout  en  patience.  Si  vous  pou- 
viez laisser  quelqu'un  où  vous  estes,  qui  peult 
conduire  et  que  ce  royaume  de  Pollongne  vous 
demeurast  ou  à  vostre  frère,  je  le  désirerais 
bien  fort  et  leur  dire  que  ou  vostre  frère  ou 
le  second  enfant  que  vous  aurez  vous  leur 
envoyrez ,  et  en  ce  pendant  qu'ils  se  gouvernent 
entre  eux,  eslisant  tousjours  un  François  pour 
assister  à  tout  ce  qu'ils  feraient  et  croy  qu'ils 
en  seraient  bien  aises,  car  ils  seraient  roys 
eulx  mesmes  jusques  à  ce  qu'ils  esleussent 
celui  que  y  envoyrez;  et  cela  est  beau,  pour 
pauvres  qu'ils  soient,  d'estre  roi  de  deuxgrans 
royaumes,  l'un  bien  riche  et  l'autre  de  grande 
estendue  et  de  noblesse.  Voylà  ce  que  je  pense, 
affin  de  ne  rien  perdre.  Quant  à  cecy  vous 
veoyez  la  grâce  que  Dieu  vous  faict,  bénissez- 
le  bien  et  vous  prie  que  l'expérience,  la  né- 
cessité et  travail  que  vous  avez  eus  vous  serve 
à  vous  y  gouverner  si  sagement  et  si  pru- 
demment que  le  puissiez  remectre  eu  son 
entier  et  l'honneur  de  Dieu  premièrement;  et 
ne  vous  laissez  aller  aux  passions  de  vos  ser- 
viteurs, car  vous  n'estes  plus  Monsieur  qui 
faille  dire  je  gagneray  ceste  part,  affin  d'estre 
le  plus  fort.  Vous  estes  le  Roy,  et  tous  fault  qu'ils 
vous  fassent  le  plus  fort,  car  tous  fault  qu'ils 
vous  servent  et  les  fault  tous  aymer  et  nul  haïr 
que  ceux  qui  vous  haïront,  mais  les  querelles 
particulières  les  appoincter  et  ne  vous  passion- 


312 


ner  et  que  vos  serviteurs  ne  se  fassent  plus 
perdre.  Aymez-les  et  leur  faicles  du  bien,  niais 
que  leur  partialitez  ne  soient  point  les  rostres, 
pour  l'honneur  de  Dieu  ;  aussy  je  vous  prie ,  ne 
donnez  rien  que  vous  ne  soyiez  icy,  car  vous 
sçaurez  ceulx  qui  vous  auront  bien  servy  ou 
non;  je  les  vous  noiuiiieray  et  monstreray  à 
vostre  veneue,  et  vous  garderay  tout  ce  qui  vac- 
quera  de  bénéfices ,  d'offices  ;  nous  les  melterons 
à  la  taxe;  car  il  n'y  a  pas  ung  cscu  pour  fayre  ce 
qui  vous  est  nécessaire  pour  conserver  vostre 
royaume,  et  je  vous  prie  en  donner  poinct, 
car  il  y  en  a  de  si  avaricieux  qu'ils  ne  sont 
jamais  saouls,  el  conlens  ensemble;  et  aussy 
ils  ne  les  auront  point,  car  puisque  le  feu  Roy 
vostre  frère  m'a  donne'  la  charge  de  vous 
conserver  ce  royaume,  je  croy  que  vous  ne  le 
désavouez  pas,  je  mectray  poyne,  si  je  puis, 
de  vous  le  remectre  tout  entier  et  en  repos, 
aflin  que  n'aviez  que  à  faire  ce  que  connoislrez 
pour  vostre  grandeur  et  vous  donner  un  peu 
de  plaisirs  après  tant  d'ennuis  et  de  peine;  et 
vous  prie  vous  délibérer  de  ne  donner  tous  les 
estais  à  ung  seul,  comme  l'on  a  faict  jusques 
icy,  car  cela  a  mal  contenté  beaucoup  de  per- 
sonnes et  l'expérience  qu'avez  acquise  par 
vostre  voyaige  est  telle  que  je  m'asseure  qu'il 
n'y  eut  jamays  un  plus  sage  roy,  ce  est  que 
je  prie  à  Dieu  de  faire  la  grâce  et  ne  me  vol- 
drez  mal  à  l'appétit  de  ceux  qui  ne  sauraient 
vivre  que  sur  leur  fumier,  car  j'espère  que 
vostre  élection  et  allée  en  Pologne  ne  vous  aura 
point  apporté  de  mal  ni  de  diminution  de 
honneur  et  grandeur  et  de  réputation,  et  le 
mal  n'aura  esté  que  à  moy  qui,  depuis  vostre 
partement,  ay  eu  ennui  sur  ennui;  aussy  je 
pense  que  vostre  retour  m'apportera  joye  et 
contentement  sur  contentement  et  que  n'auray 
plus  de  mal  ni  de  fascherie  que  je  prie  à  Dieu 
qu'ainsi  sovl  pour  que  je  vous  puisse  voir  en 
bonne  santé  et  bien  tost. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1C1S. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  dernier  de  may 
i574. 

Vostre  bonne  el  affectionnée  mère,  s'il  y  a 


jamais  au  inonde 


Caterine. 


157/».  —  3i  mai. 

Orijj.  Iiibl.  nat.  fonds  français  ,  n°  3a56  ,  f°  g4. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  vous  avez  entendu 
par  la  lettre  que  le  feu  Roy  mon  (ilz  vous  a 
puis  naguères  escripte  quelle  a  esté  sa  dernière 
volunté  sur  l'administration  des  affaires  de 
ceste  couronne,  ce  qu'il  a  encores  voulu  con- 
firmer par  ses  lettres  patentes.  Depuis  il  a 
pieu  à  Dieu  l'appeler  à  soy  et  combien  que 
la  perle  que  j'ay  faicle  en  luy  de  la  personne 
qui  m'estoil  naturellement  la  plus  chère  et  la 
plus  recommandée  m'aslriste  et  aggrave  telle- 
ment de  douleur  que  je  ne  désire  riens  plus 
que  remectre  et  quicter  lous  affaires  pour 
chercher  quelque  Iranquilité  de  vie,  néant- 
moings,  vaincue  de  l'instante  prière  qu'il  m"a 
faietc  par  ses  derniers  propos  d'embrasser  cet 
office  au  bien  du  roy  de  Polongne  mon  filz 
son  légitime  successeur  et  héritier  au  bien  de 
ceste  couronne,  à  laquelle  je  recongnois  estre 
tenue  de  tout  ce  que  Dieu  m'a  déparly,  j'ay 
esté  contraincte  me  charger  encores  de  ladicte 
administration  et  de  la  régence  qu'il  m'a  co- 
minse,  attendant  l'arrivée  par  deçà  de  mondict 
filz  le  roy  de  Polongne,  qui  sera,  comme 
j'espère,  dedans  peu  de  temps,  ayant  donné 
ordre  de  l'advertir  incontinent  de  ce  désastre. 
Je  m'asseure  que  chascun  a  peu  congnoistre  le 
désir  que  j'ay  tousjours  eu  au  repos  de  cet 

'  Voir  Lemay  :  Discours  des  derniers  propos  de 
C/i«We«/.Y(  Rouen,  Martin  Mégissier,  1 576 ) ;  —  Négociât, 
diplomat.  avec  la  Toscane,  dépêche  de  Alamani  (t.  III, 
p.  939);  —  Calendar  oj  Slate  papers  (  1  5 7 4 ) ,  p.  5to. 


t 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


313 


Estât,  pour  à  quoy  parvenir,  je  n'ay  voulu 
pardonner  à  aucune  peine,  mesmes  au  danger 
de  ma  propre  personne,  comme  l'on  con- 
gnoistra  encore  mieulx  par  l'ordre  que  j'espère 
donner  à  toutes  choses  durant  son  absence 
avec  telle  modération  et  par  le  bon  conseil 
de  ceulx  qui  y  tiennent  les  premiers  lieux 
comme  vous,  que  je  me  veulx  promectre  que 
Dieu  fera  la  grâce  à  ce  royaume  d'y  esta- 
blir  quelque  bon  repos,  vous  priant,  pour  la 
dévotion  et  affection  que  vous  avez  toujours 
eue  au  bien  et  conservation  d'icelluy,  vouloir 
tenir  la  main  où  vous  estes  d'obvier  à  toutes 
entreprinses  qui  se  pourraient  faire  pour  trou- 
bler la  tranquilitépublicque,  admonestant  ceulx 
de  la  noblesse  et  autres  estats  de  continuer  et 
persévérer  au  debvoir  qu'ilz  ont  tousjours  con- 
taminent rendu  à  leurs  roys  et  souverains, 
dont  ils  sont  si  recommandables  par  toutes 
nations.  Vous  sçavez  que  l'intention  du  Roy 
mondict  sieur  et  filz  a  tousjours  este' de  conser- 
ver tous  ceulx  qui  se  disposeraient  à  vivre  dou- 
cement soubz  le  bénéfice  de  ses  loix  cl  éditz; 
comme  je  sçay  que  telle  est  la  volonté  de  son 
successeur,  ce  que  je  désire  que  vous  faciez 
observer,  afin  de  convier  ung  ebascun  à  re- 
cercher  et  procurer  ce  qui  regarde  la  réunion 
en  son  entier  de  ce  royaume,  comme  aussy 
vous  \ous  ayderez  de  la  force  et  auctorité  que 
vous  avez  en  main  contre  ceulx  qui  s'ou- 
blieroieut  de  tant  que  décliner  l'obéissance 
dont  ilz  seront  tenus,  de  manière  qu  ilz  soient 
ebastiés  et  pugnis  et  les  bons  conservez, 
comme  ilz  méritent;  priant  Dieu,   Monsieur 


de  Matignon,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digue 
garde. 

Escript  au  bois  de  Vincennes,  le  dernier 
jour  de  may  i5yi. 

Caterine. 

Monsieur  de  Matignon,  je  vous  prie  escripre 
au  Roy  monsieur  mon  Clz  et  luy  faire  en- 
tendre la  bonne  desvotion  et  affection  qu'avez 
à  son  service  et  de  luy  garder  la  mesme  fidel- 
lité  qu'avez  faict  à  ses  prédécesseurs,  m'en- 
voiant  vos  lettres  que  je  luy  feray  tenir  in- 
continent. 

La  malladyedu  feu  Roy  monsieur  mon  fds 
a  esté  une  grosse  fiebvre  continue,  causée  d'une 
inflammation  de  polirions  que  l'on  estime  luv 
estre  procédée  des  viollens  exercices  qu'il  a 
faietz;  et  ayant  esté  ouvert  après  sa  mort,  l'on 
a  trouvé  toutes  les  aullres  partyes  de  son  corps 
aussy  saines  et  entières  que  se  puisse  veoir  en 
homme  bien  compozé  et  est  à  présuposer 
que,  sans  les  viollens  exercices,  il  estoit  pour 
vivre  fort  longuement,  dont  je  vous  ay  bien 
voullu  advertir,  et  par  mesme  moyen  vous  dire 
qu'estant  ceste  fortune  si  résente  et  en  attendant 
l'arrivée  du  Roy  monsieur  mon  filz,  il  est  né- 
cessaire que  vous  preniez  garde  et  advertissiez 
incontinant  en  l'estendue  de  vostre  charge  ad 
ce  qu'il  n'entre  ny  ne  sorte,  sans  passeport 
de  moy,  personnaige  hors  du  royaulme,  ou 
que  ne  le  congnoissiez  ou  que  ne  m'en  adver- 
tissiez incontinent. 

Caterixf.. 

PlNART. 


(JATHtniNK    DE   MÉDIUS.    IV. 


Ao 


mrtmr.iïiE   irn 


APPENDICE. 


1571.  —  20  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  Bretagne,  n°  aa3io,  f1  asg. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  GUEMENÉ  ', 

CHEVALIER    DR   L'ORDRE   LU  BOY. 
CAPITAINE    DE   CINQUANTE   I10MMES    D'ARMES  DE  SES  ORD0H.1ANCES. 

Mon  cousin,  les  services  que  le  sr  de  Bois- 
doré  a  faict  au  l'eus  Roys  prédécesseurs  et  au 
Roy  monsieur  mon  fils  et  ce  que  j'ay  entendu 
par  mon  cousin  le  duc  de  Guise  et  mesme- 
ment  en  cette  dernière  bataille  où  il  s'est  si 
bien  et  vaillamment  porté  que,  vous  aiant 
pourveu  d'une  compagnie  de  gens  d'armes, 
je  le  vous  ay  voulu  recommander  et  prier  en 
ma  faveur  de  luy  bailler  ung  des  membres  de 
vostre  compaignie  ou  le  guidon  ou  enseigne, 
lequel  vous  voudrez,  vous  pouvant  asseurer 
que  oultre  le  contentement  que  vous  en 
aurez  pour  ce  qu'il  s'en  sçaurra  très  bien  et 
dignement  acquicter,  vous  ferez  ebose  que 
j'auray  bien  fort  agréable ,  et  sur  ce  je  prie- 
ray  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Ce  xxcme  jour  de  janvier  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Louis  de  Rohau. 


1571.  —  Février. 
Aut.  Arrh.  nat.  collect.  Siraancas,  K.  i535,  n"  .Vi 

AU  ROI  GATOLIQUE  M"  MON  FILS1. 

Monsieur  mon  fils,  m'aseurent  que  le  car- 
dinal Alexandrino  avoyt  fayt  entendre  hà 
Votre  Majesté  la  réponse  que  le  Roy  mon  fils 
et  moy  lui  finie  sur  le  propos  que  nous  tint 
du  mariage  du  roy  de  Portugal  et  de  ma  fille, 
cela  aysté  cause  que  n'ann  é  fayst  neule  ré- 
ponse au  padre  général  de  jésuistes,  me  re- 
melent  à  cet  que  yl  en  entendret  par  ledist 
cardinal,  ni  ausi  ne  volés  user  de  rediste  en 
répondent  alla  letre  de  Votre  Majesté,  sachenl 
que  aylle  set  devret  bien  sovenir  délia  ré- 
ponse que  nous  enn  avoyt  fayst  fayre  par  les 
letres  du  sieur  de  Furquevaulx,  lors  embassa- 
deurpourle  Roy  mon  fils  près  Votre  Majesté, 
que  de  dis  ans  ledist  roy  de  Portugal  ne  se 
povoyt  marier,  corne  ces  letres  que  nous 
avons  encore  en  font  foys,  chause  que  je 
ouis  à  mon  grent  regret  pour  n'avoyr  jeamès 
guière  désiré  plus  de  voyr  avenir  chause  que 
cet  mariage,  cet  que  voyent  qu'il  n'avoyt  plus 
d'espérense  pour  la  réponse  que  ledist  de 
Furquevaulx  nous  manda,  le  Roy  voyent  que 

'  Durant  l'impression  de  ce  volume,  nous  avons 
trouvé  celte  lettre  importante  dans  un  carton  renfer- 
mant des  lettres  d'une  date  postérieure. 

fin. 


316 


LETTRES  DE  CATHERINE  UE  MÉDICIS. 


le  mariage  que  la  rovnc  de  Navarre  leu  ro- 
querai l  fie  sa  seur  aveques  son  fils  luy  apor- 
loit  comodisté  à  ses  afayres,  lui  ha  accordé  sa- 
disle  seur  pour  a\ poser  son  fils  le  prinse  de 
Navarre,  cetqnej'é  trovébon,  puisqu'elle ayst 
en  lieu  qu'ele  sert  au  Roy  mon  fils  et  à  cet 
royaume,  dequoyj'é  bien  voleu  avertir  Votre 
Majesté,  corne  je  fajré  toujour  de  tout  cet 
qui  nous  louche  si  allies  corne  nous  sommes 
et  par  la  grase  de  Dieu  si  bons  amis,  je  dis 
lagrasede  Dieu,  car  je  croy  qu'il  n'i  a  guère 
des  hommes  qui  en  souint  ayse,  ni  désire! 
la  vo\r  conlineuer.  Cet  que  je  puis  aseurer  bà 
Votre  Majesté  que  du  couslé  du  Roy  son 
frère  avle  ne  seré  jeamès  comensée  à  dimi- 
nuer ni  rompue  la  paix  que  le  Roy  son  père 
Monseigneur  [avoit  faite]  avec  vous  cl  vos 
péys .  corne  ausi  veu-je  nf  aseurer  que ,  de  votre 
coûté,  ne  lui  en  donnerés  neulc  aucasion  et 
menrlerés  à  tous  vos  ministres  de  user  en  cet 
qui  leur  touche,  corne  yl  doyvet  enver  un 
prinse  qui  vous  ayst  si  proche  et  vous  ayme 
et  n'est  à  dédeigner,  car  corne  mère  qui  ha 
cet  honneur  de  l'eslre  de  lou  deus,  je  vol- 
droys  plus  tost  mourir  que  voyr  altérer  ni  di- 
mineuer  cete  bonne  amitié  qui  ayst  déjeà  si 
aystablie  entre  vous  deus;  et  quant  je  eonois- 
tré  de  cet  conté  chause  qui  feult  pour  l'alté- 
rer, je  métré  pouine1  en  cet  que  j'é  de  moyen 
vers  le  Roy  mon  fils  m'employer  de  fason  que 
Votre  Majesté  conestra  tousjour  que  je  n'é 
neul  désir  plus  grent  (pie  de  voyr  toute  ma 
vie  contineuer  la  pays  et  amytié  entre  vous 
deus,  corne  je  m'asèure  qu'ele  contineuré, 
car  Dieu  par  tous  moyens  nous  relie  en- 
semble, puisqu'il  lui  plest  nous  fayre  cet  bien 
que  la  royne  ma  fille  ayst  grose,  de  quoy  je 
resan  tent  de  joye  que  je  ne  puis  que  ne 
m'an  rejouyse  haveques  Votre  Majesté  et  prie  à 


Dieu   lui  donner  un  fils,  corne  yl  a  faysl  hà 
Votre  Majesté  et  les  volouir  aveques  les  pères 
et  mères  guarder  longuement  en  bonne  santé, 
corne  de  son  bon  ceou.r1  lui  en  su  plie 
Vostre  bonne  mère, 

Cateiune. 


1571 .  —  2 5  février. 

Orig.  Bibl.  nal.  Brclagno ,  u°  a33io,  P  a3s. 

A  MADAME  MA  COUSINE 

MADAME  DE  GlEMENÉ2. 

Ma  cousine,  suyvant  les  propos  que  je 
vous  tins  vendredy  dernier  pour  le  mariage 
de  Ronin,  l'un  de  mes  maistres  des  requestes, 
!  avec  GHetle  de  Quelen,  l'une  de  voz  damoi- 
selles,  lesquelz  se  sont  mariez  et  contractez 
par  parolles  de  présent,  du  consentement  e( 
voulonté  de  dix-huict  de  ses  plus  proches  pa- 
rons, ne  restant  que  à  eulx  espouzer,  j'ai  bien 
voulu  vous  prier  en  faveur  de  la  présente  con- 
sentir de  ce  faire,  et  parce  que  je  sçay  bien 
que  la  difficulté  que  vous  en  faictes  n'est  qu  à 
cause  que  nostre  cousin  le  sr  de  Rohan  vous  en 
a  rescripl contre  ledict  Ronin,  auquel  j'en  escrip- 
ray  pour  luy  faire  trouver  bon  ledict  mariage, 
prenant  en  main  qu'en  demeurerez  envers  lui 
deschargée;  et  pour  ce  faire  la  illettrés  entre  les 
mains  du  gentilhomme  présent  porteur  poul- 
ies conduire  aux  esponzailles.  En  cet  faisant 
vous  me  ferez  chose  très  agréable ,  priant  Dieu . 
nia  cousine,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 

De  Paris,  ce  xxve  jour  de  février  1571. 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateiiixe. 

1  Ceour,  cœur. 

'  Catherine  de  Laval. 


Pouine,  peine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


:',17 


1573.  —  3  mai. 

Ori(j.  Bibl.  nat.  collect.  Dupuy,  n°  801,  P  lia. 

MONSIEUR  DE  THOU, 

PREMIER    PRÉSIDENT  EN    LA    COURT   DE    PARLEMENT   DE    PARIS. 

Monsieur  le  Président,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  salisl'aicl  et  respond  bien  particuliè- 
ment  au  contenu  de  voz  lettres  du  xxm'jour 
du  mois  passé,  ainsi  que  vous  verrez  par  celle 
qu'il  vous  escript,  qui  sera  cause  que  je  n'en 
f'eray  aulcune  reprin'se,  sinon  pour  ce  qui  tou- 
che la  publication  de  l'édict  de  création  d'un 
maistre  des  requestes;  sur  quoy  je  veulx  bien 
vous  dire  qu'ayant  esté  l'aictpour  les  considé- 
rations qui  vous  ont  esté  escriptes,  nous  dé- 
sirons bien  fort  qu'il  n'y  intervienne  aucune 
difficulté,  mais  qu'il  passe  selon  la  forme  et 
teneur  ;  à  quoy  je  vous  prie  vous  employer  ce 
que  je  sçay  que  avez  de  moyen  pour  nous  en 
fayre  recepvoir  le  contentement  que  nous  en 
espérons;  et  si  la  Cour  a  quelques  remons- 
trances  à  fayre  là-dessus  au  Roy  mondict 
sieur  cl  filz,  je  vous  prie  fayre  en  sorte 
qu'elle  les  envoyé  par  escript  au  plus  tost 
qu'il  sera  possible,  sans  remettre  à  les  fayre 
quand  nous  serons  par  delà,  affin  que,  les 
ayant  veues,  il  déclare  son  intention.  En  cest 
endroict,  vous  recommandant  au  demourant 
la  constitution  de  rente  des  cent  mil  livres, 
afin  que  les  deniers  en  puissent  venir  bien  tost, 
et  aussi  tout  ce  que  le  Roy  mondict  filz  vous 
escript  par  sesdictes  lettres,  ausquelles  me 
remettant,  je  prieray  Dieu,  Monsieur  le  Pré- 
sident, vous  avoyr  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Rlois,  le  m*  jour  de  may  1673. 

Caterink. 
Pinaiit. 


1573.  —  5  mai. 

Aut.  Bibl.  nal.  fonils  français,  3193,  1*  10a. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  j'é  reseu  voslre  lettre,  et  suys 
bien  ayse  que  le  secours  leurs  aye  de  si  peu 
servy ',  et  tent  à  vous,  car  je  croy  qu'i  leurs  a 
plus  favst  de  mal  que  s'il  ne  set  feut  poynt 
monstre.  J'espère  que,  n'ayant  plus  d'espé- 
ranse,  que  vous  les  auré  bien  tost.  Je  an  prie 
Dyeu,  mes  yl  est  byen  facheus  qu'il  souynt 
aies  en  Rele-Yle,  et  ne  fault  pas  leur  donner 
temps  de  s'i  fortifier.  Le  Roy  a  mendé  par 
tous  les  pors  de  prandre  tous  les  véseaulx 
et  à  La  Malleraye  de  se  mètre  desus  et  les 
aler  conbatre.  Je  m'aseure  que  mon  fils,  de 
son  coûté  ausi,  ne  houbliré  ryen  de  cet  qu'il 
poura.  Nous  somes  tousjour  ysi,  au  est  ve- 
neu  vostre  femme  nous  trover  et  vostre  fille 
aynaye,  et  set  portel  toute  deus  fort  bien, 
et  votre  fils,  à  cet  quel e  m'a  dyst  ausi,  Dieu 
mersis,  lequel  je  prie  volouyr  vous  bien  guar- 
der. 

De  Fonteinebleau,  ce  ve,'"°  de  may  1 578. 

Voslre  bonne  cousine, 

C.VTERINE. 


1574.  —  4  janvier. 

Ori|T.  Cliartrier  tlu  ehàleau  du  Plaisse. 
Conimuniiiué  par  M.  le  marquis  de  Moastiers-MérÎDYille. 

MONSIEUR  LE  COMTE  DE  CHOISY, 

CHEVALIER   DE   L'ORDRE  DU   ROT  MONSIEUR   MON    FILS  , 
CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL    PRIVÉ    ET  CAPP1TAINK  DE  LA  FOREST  D'ORLÉANS  *. 

Monsieur  le  comte,  j'ay  veu  ce  que  m'avez 
écrit  par  vos  lettres  du  xxviii  du  mois  passé; 

1  Allusion  à  la  flotte  de  Monl;;ommery,  destinée  à  se- 
courir la  Iioclielle. 

■  Louis  de  l'Hospital,  seigneur  de  Sainte-Mesme, 
comte  de  Clioisy. 


:îis 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


;'i  (|imi  je  vous  diray  qu'il  est  besoin  de  cesser 
i'l  différer  ce  qui  est  à  exécuter  de  la  réfor- 
matiou  encorumencée  en  la  forest  d'Orléans 
pour  bonnes  considérations,  et  pour  ce  je  vous 
prie  qu'il  n'y  soit  passé  plus  avant,  suivant  la 
charge  qui  en  a  esté  donnée  au  sr  du  Vivier; 
mais  pour  le  regard  de  la  garde  des  bestes, 
je  vous  prie  la  l'aire  faire  soigneusement 
pour  le  plaisir  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
ce  que  vous  ferez  aisément  avec  les  huit 
gardes  que  vous  avez,  qui  sont  suffisants  pour 
cest  effect,  n'estant  possible  vous  Railler  plus 
grand  nombre  desdicts  gardes  et  charger  le 


Roy  mondict  sieur  et  lils  de  ceste  dépense 
iuutille,  sachant  bien  que  votre  soin  et  dilli- 
gence  proffiteront  plus  en  cela  que  nulle  autre 
cbose,  m'asseurant  que  ne  vous  y  espargne- 
rez  aucunnement;  mais  vous  y  employerez  de 
l'affection  que  vous  avez  au  bien  du  service  du 
Roy  mondict  sieur  et  fils.  Je  ne  vous  feray  cette 
lettre  plus  longue  que  pour  prier  Dieu,  Mon- 
sieur le  comte,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Ecrit  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  qua- 
triesme  jour  de  janvier  mil  cinq  cenlz  sep- 
tante quatre. 

Iuterink. 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 

DES  LETTRES 
CONTENUES   DANS   LE   QUATRIÈME   VOLUME. 


NUMÉROS 

D'OnDHE. 


I. 
II. 
III. 

IV. 

V. 

VI. 
VII. 
VIII. 

I\. 

X. 

XI. 
XII. 
XIII. 
XIV. 
XV. 
XVI. 
XVII. 
XVIII. 
XIX. 
XX. 
XXI. 


DATES. 


Septembre  1670. 
1 1  septembre  1570. 
i3  septembre  1570. 
\h  septembre  1570. 
i5  septembre  1570. 
1  5  septembre  1570. 
îfi  septembre  1570. 
23  septembre  1570. 

26  septembre  1670. 

27  septembre  1  570. 
1"  octobre  1670. 
12  octobre  1570. 
20  octobre  1570. 
20  octobre  1570. 


30  octobre  1570. 


36  octobre  1670. 

si  octobre  1670. 

s4  octobre  1670. 

3i  octobre  1070. 
3  novembre  1570. 
G  novembre  1570. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Bellièvre 

Au  Roi  Catholique 

A  la  duchesse  de  Nemours 

A  M.  d'Humières 

A  M.  de  Fourquevaux. . .  . 

Au  même 

A  M""  de  Poizieux 

A  AI.  de  la  Molhe-Fénelon 

Au  même 

A  M.  d'Humières 

A  M.  de  Fourquevaux..  .  . 

Au  même 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  même 

Au  même 

A  la  Reine  Catholique.  .  . 
A  M""  Maria  Chacon  .... 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Fourquevaux. .  .  . 

Au  même 

A  M.  de  la  Molhe-Fénelon 


PAGES. 


i3 
i3 


320 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

d'Oudhk. 


XXII. 
XXIII. 
XXIV. 

\xv. 

XXVI. 

\\\ll. 

XXVIII. 

XXIX. 
XXX. 
XXXI. 

\\\ll. 

XXXIII. 
XXXIV. 
XXXV. 
XXXVI. 

XXXVII. 
XXXVIII. 

XXXIX. 
XL. 
XL1. 

XLII. 

XL1U. 

XL1V. 

XLV. 

XLVI. 

XLVII. 
XLV1II. 

XLIX. 


DATES. 


8  novembre  1070. 
20  novembre  1670. 
2  1  novembre  1570. 
3  décembre  1570. 
h  décembre  1670. 
C  décembre  1570. 
16  décembre  1570. 
1  fi  décembre  1570. 
28  décembre  1570. 
Janvier  1  571. 
Janvier  1071. 

1"  janvier  157-1. 

3  janvier  1571. 

5  janvier  1  071. 

0  janvier  1 57 1. 

8  janvier  1571. 

8  janvier  1571. 

20  janvier  1571. 

ag  janvier  1571. 

2  février  1071. 

8  février  1571. 

18  février  1671. 

22  février  1571. 

28  février  1571. 

a5  février  1071. 

28  février  1571. 

2  8  février  1  .'1 7  1 . 
Mars  1071. 


DESTINATAIRES. 


An  duc  de  Florence 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

An  même 

A  M.  de  Iînissy 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  MM.  lesprévost  des  marchands  et  escbevins  de  Paris. 

Aux  mêmes 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Paris  .  .  .  ; 

A  M"  la  duchesse  de  Savoie 

Aux  capitouls  de  Toulouse 

Au  duc  de  Florence 

A  M™"  la  duchesse  de  Savoie 

A  la  reine  de  Navarre 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  don  Fiancés  de  Alava 

Au  prince  de  Toscane 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  M.  de  Gueméné 

A  M.  de  Fourquevaux  

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Fourquevaux  

A  M.  d'Humières,  gouverneur  de  Péronne 

A  M°"  de  Gueméné 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  de  Saint-Gouard 


PAGES. 


18 
18 
'9 
'9 
20 
20 


22 

24 

•j'i 
20 
App.  3 1 5 
2Ô 
96 
28 

'-M! 
3o 
App.  3 1 6 
3  h 
3i 
3i 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


321 


NUMEROS 

D'OIIDRE. 


DATES. 


L. 

a  mars  1571. 

LI. 

10  mars  1  071. 

LU. 

10  mars  1571. 

lui. 

18  mars  1571. 

LIV. 

19  mars  1571. 

LV. 

19  mars  1571. 

LVI. 

37  mars  1 571. 

LVII. 

3  avril  1671. 

LVIII. 

4  avril  1571. 

LIX. 

5  avril  1571. 

LX. 

6  avril  1571. 

LXI. 

8  avril  1571. 

LX1I. 

12  avril  1571. 

LXIII. 

i3  avril  1571. 

LXIV. 

18  avril  i5yi. 

LXV. 

20  avril  1  071. 

LXVI. 

3o  avril  1571. 

LXVII. 

2  mai  1  071. 

LWIII. 

4  mai  1571. 

LXIX. 

7  mai  1671. 

LXX. 

g  mai  1071. 

LXXI. 

1  4  mai  1571. 

LXXII. 

20  mai  1571. 

LXXIII. 

21  mai  1571. 

LXXIV. 

24  mai  1571. 

LXXV. 

3  4  mai  1571. 

LXXVI. 

26  mai  1  Ô71. 

LX.WII. 

2 4  mai  1571. 

ClTHERI 

NE   DE   MÉDICIS.   IV 

DESTINATAIRES. 


A  M.  de  la  Molhe-Fénelon 

A  M.  le  Grand  Maistre  et  au  conseil  de  Malte 

Au  duc  de  Florence 

Au  duc  de  Nemours 

A  M""  la  duchesse  de  Nemours 

A  M.  le  président  de  Metz 

A  MM.  les  gens  tenant  la  cour  de  Parlement  à  Rouen. 

A  M.  de  la  Motbe-Fénelon 

Au  Roi  Catholique 

Au  duc  de  Florence 

A  MM.  les  gens  tenant  la  cour  de  Parlement  à  Rouen. 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

A  M.  Viart,  conseiller  du  Roi  et  président  à  Metz 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  M.  de  Danzay 

Au  duc  de  Florence 

Au  commandeur  François  Pelrucci 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  Fourquevaux 

Instruction  de  la  Reine  mère  à  Jérôme  de  Gondy 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  marquis  de  Brandebourg 

A  don  Francès  de  Alava 

Au  duc  de  Florence 


PAGE.S. 


33 

34 
34 
34 
35 
35 
35 
... 

:>7 
38 
3  S 
38 

4o 


4  a 
42 
43 
43 
44 
55 
45 
46 


>ii'rn:n.iF.  ■.  s  non  m  1 


322 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 


LXXVIU. 

LXX1X. 

LXXX. 

LXXXI. 

LXXXII. 

LXXXIII. 

LXXXIV. 

LXXXV. 

LXXXVI. 

LXXXVII. 

LXXXV1II. 

.  LXXXIX. 

XC. 

XCI. 

XC1I. 

XCUI. 

XCIV. 

XCV. 

XCV1. 

XCVII. 
XCVIII. 

XCIX. 

c. 

CL 

Cil. 

cm. 

CIV. 

cv. 


DATES. 


20  mai  1071. 
27  mai  1 57 1 . 
a8  mai  1571. 
3o  mai  1671. 

4  juin  1571. 

'1  juin  1571. 

8  juin  1571. 

8  juin  1571. 

8  juin  1571. 

1 1  juin  1571. 

Juin  1571. 

Juillet  1571. 

Juillet  1571. 

3  juillet  1671. 

3  juillet  1571. 

6  juillet  1571. 

6  juillet  1571. 

8  juillet  1.571. 

10  juillet  1571. 

1  2  juillet  1571. 

25  juillet  1571. 

27  juillet  1571. 

3i  juillet  1571. 

3i  juillet  1  571. 

Août  1  57  1. 

Août  1571. 

Août  1571. 

1"  août  1571. 


DESTINATAIRES. 


A  M"'°  la  duchesse  de  Nemours 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Florence 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Mantoue 

Au  duc  de  Florence 

A  M""  la  duchesse  de  Nemours ,,•■•• 

A  M""  la  duchesse  de  Ferrare 

Aux  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  N.-D.  de  Rouen 

A  la  Reine  Catholique 

A  M.  de  Longueville 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Bordeaux 

Aux  prévôt  des  marchands  et  écbevins  de  Paris 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Piennes 

Au  vicomte  de  Horte 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  duc  de  Florence 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Florence 

Au  Roi  Catholique 

Au  cardinal  de  Rambouillet 

Au  Roi  Charles  IX 

Au  Roi  Catholique 

A  la  reine  d'Angleterre 


PAGES. 

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47 
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48 

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54 
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56 

57 
58 

58 

58 

59 

60 
60 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


323 


NUMÉROS 

D'ORDRE. 

CVI. 
CVII. 
GVIII. 
CIX. 

ex. 

CXI. 
CXII. 
CXI1I. 
CXIV. 

cxv. 

CXVI. 

cxvn. 

CXVIII. 
GXIX. 

cxx. 

GXXI. 
GXXII. 

CXXIII. 
CXXIV. 

cxxv. 

CXXVI. 

cxxvn. 
cxxvin. 

CXXIX. 

cxxx. 

CXXXI. 

CXXXIJ. 
CXXXII1. 


DATES. 


3  août  i5/i. 
2  août  1571. 
U  août  1571. 
6  août  1571. 

6  août  1571. 

7  août  1071. 
28  août  1571. 
28  août  1571. 

1"  septembre  1571. 
12  septembre  1571. 
22  septembre  1571. 

27  septembre  1571. 

28  septembre  1571. 
28  septembre  1571. 

Octobre  1571. 

7  octobre  1571. 

8  octobre  1571. 

17  octobre  1571. 

18  octobre  1571. 
28  octobre  1571. 
3i  octobre  1571. 

2  novembre  1671. 

2  novembre  1571. 

6  novembre  1571. 
2  0  novembre  1671. 
28  novembre  1571. 
1"  décembre  1571. 
1G  décembre  1  0.7  1. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Fourquevaux 

A  M.  l'évëque  d'Acqs 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  Fourquevaux  

An  même 

Jeanne  d'Albret  à  la  Reine  mère 

A  M.  de  Tbou 

Au  marquis  de  Brandebourg 

A  Ghapin  Vitelli 

Aux  seigneurs  de  Venise 

A  M.  de  Vulcob 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Fourquevaux  

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Ferais 

Au  cardinal  de  Ferrare 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  Fourquevaux 

Au  duc  de  Florence 

A  l'ambassadeur  du  duc  de  Florence 

Au  maréchal  de  Cossé 

A  M.  de  Schomberg 

Au  président  de  Thou 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  MM.  les  échevins  et  conseillers  de  la  ville  de  Paris 


PAGES. 


62 

63 
64 
65 
65 
66 
66 

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68 
68 
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7' 
75 
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76 
77 
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78 

78 
79 
79 
80 

80 
81 
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84 


Al. 


324 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMÉROS 

DATES. 

D'ORDBH. 

i.WXIV. 

2 1  décembre  1571. 

cxxxv. 

26  décembre  1071. 

CXXXVI. 

27  décembre  1571. 

CXXXVII. 

28  décembre  1571. 

CXXXVIII. 

2  janvier  1572. 

CXXMV 

5  janvier  1  Ô72. 

CXL. 

i3  janvier  1  572. 

iAI.I 

ai  janvier  1  57a. 

GXLII. 

3  février  1 Ô72. 

XL1II. 

6  lévrier  1  573. 

CXLIV. 

6  février  1572. 

CXLV. 

7  février  1572. 

CXLVI. 

1 1  février  1572. 

CXLVII. 

9  mars  1573. 

i:\L\IIl. 

10  mars  1  673. 

(ALIX. 

1 1  mars  1572. 

CL. 

i5  mars  1072. 

(XI. 

23  mars  1572. 

CLII. 

as  mars  1572. 

CLIII. 

28  mars  1572. 

CLIV. 

39  mars  1572. 

CLV. 

39  mars  1572. 

CLVI. 

3i  mars  1572. 

CLVII. 

3  avril  1572. 

CLVIII. 

3  avril  107a. 

CLIX. 

ta  avril  1573. 

CL\. 

16  avril  1673. 

GLU. 

33  avril  1573. 

DESTINATAIRES. 


Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  Fourquevaux  

A  M.  de  Thon 

A  M""  ia  duchesse  de  Nemours 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Tbou 

A  la  princesse  de  Portugal 

Au  duc  de  Nemours •  .-.... 

A  M.  de  Prie 

Aux  écbevins,  manans  et  habitants  de  Lyon 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  la  Molbe-Fénelon 

A  XI.  de  Tbou 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  Thon .• 

Au  duc  de  Ferrare 

A  MM.  les  gens  tenant  la  cour  du  Parlement  à  Rouen 

A  M.  de  Thou 

Au  duc  de  Nemours 

Au  pape  Pie  V ■ 

A  M.  de  Fourquevaux 

A  M.  d'Andelot 

A  M.  de  Thou 

Au  duc  de  Nemours 

A  M.  du  Croc 

A  M.  de  Hautefort 

A  M.  de  Sainl-Gouard 

A  la  reine  d'Angleterre 


PAGES. 


8.". 
85 
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87 
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97 


i'VBLE  CHRONOLOGIQUE. 


325 


NUMEROS 

D'ORDRE. 

CLXII. 

clxiii. 

CLXIV. 
CLXV. 
CLXVI. 
CLXV1I. 

clxviii. 

CLXIX. 

CLXX. 

CLXX1. 

GLXXII. 

CLXXIII. 

CLXXIV. 

CLXXV. 

CLXXVI. 

CLXXVII. 

CLXXVIII. 

CLXXIX. 

CLXXX. 

CLXXXI. 

CLXXXII. 

CLXXXI1I. 

GLXXX1V. 

CLXXXY. 

CLXXXVI. 

CLXXXVII. 

CLXXXV111. 

CLXXXIX. 


DATES. 


jlj  avril  1  572. 

37  avril  1  573. 
Mai  1572. 

10  mai  157a. 
1  3  mai  1573. 
1  3  mai  1573. 
1  2  mai  1  573. 
1  h  mai  1572. 
î  7  mai  1  573. 
25  mai  1579. 
3(1  mai  1  573. 

38  mai  1572. 
5  juin  1572. 

1  (>  juin  1573. 
i3  juin  1573. 


37  juin  1573. 


3  juillet  1573. 
8  juillet  107a. 
17  juillet  1573. 
30  juillet  1572. 
g  août  1673. 
10  août  1  573. 
19  août  1672. 
31  août  1572. 
23  août  1672. 

27  août  1573. 

28  août  157a. 
39  août  1073. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Thou 

Au  même 

A  la  reine  d'Espagne 

A  MM.  les  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  Ferais 

Au  comte  de  Sussex 

A  lord  Burghley 

Au  duc  de  Florence 

Au  commandeur  Petrucci 

A  M.  de  Thou 

Au  même 

A  M.  de  Mauvissière 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  Vulcob 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  lord  Burghley 

Au  pape  Pie  V 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  Saint-Gouard 

A  M.  de  Villeroy 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  pape  Pie  V r.S'.CiOR  . ,  ' 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  duc  de  Florence 

Au  vicomte  de  Horte 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Saint-Gouard 


PAGES. 

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1 13 

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320 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMÉROS 

DATES. 

D'ORDBE- 

CXC. 

3i  août  1573. 

CXCI. 

h  septembre  1572. 

CXCII. 

5  septembre  1572. 

GXCIII. 

5  septembre  1572. 

CXCIV. 

7  septembre  1.572. 

cxcv. 

8  septembre  1572. 

cxcvr. 

8  septembre  1672. 

CXCV1I. 

1 1  septembre  1572. 

CXCVIII. 

i3  septembre  1572. 

CXCIX. 

i3  septembre  1  572. 

ce. 

i5  septembre  1572. 

CCI. 

i5  septembre  1573. 

CCH. 

21  septembre  1572. 

CC1II. 

21  septembre  1572. 

CCIV. 

Octobre  1572. 

ccv. 

1"  octobre  1672. 

CCVI. 

2  octobre  1572. 

C6VII. 

/1  octobre  1573. 

gcviii. 

b  octobre  1  572. 

CCIX. 

îi  octobre  1072. 

ccx. 

30  octobre  1573. 

CCXI. 

s3  octobre  1673. 

CGXU. 

28  octobre  1572. 

CCXIII. 

3o  octobre  1572. 

CCXIV. 

3o  octobre  1572. 

ccxv. 

1"  novembre  1  572. 

CCXVI. 

1 1  novembre  1572. 

CCXVII. 

il)  novembre  1572. 

DESTINATAIRES. 


Aux  seigneurs  de  la  République  de  Gênes  . 

Au  pape  Pie  V 

A  M.  de  Monluc 

Au  duc  de  Longueville 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  même 

A  Philippe  Slrozzi 

A  M.  de  la  Motlie-Fénclon 

A  M.  de  Schomberg 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Aux  capilouls  de  Toulouse 

Aux  conseillers  et  échevins  de  Rouen.  .  .  . 

A  M""  la  duchesse  de  Ferrarc 

A  M.  du  Ferrier 

Au  Roi  Catholique 

Au  pape  Pie  \  ..(jRÇ.ÇP.fc.  cM. .... 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Au  cardinal  Ursin 

Au  Roi  Catholique 

A  la  reine  d'Espagne 

A  M.  de  Saint-Gouard 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  la  Fontaine 


PAGES. 

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TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


327 


MMEROS 

D'ORDRE. 


CCXVIII. 
CCXIX. 

ccxx. 

CCXXI. 
CCXXII. 

ccxxin. 

CCXXIV. 

CCXXV. 

CCXX  VI. 

CCXXVII. 

CCXXVIII. 

CCXXIX. 

CCXXX. 

CCXXXl. 

CCXXXII. 

CCXXXIII. 

CCXXXIV. 

ccxxxv. 

CCXXXVI. 
CC  XXXVII. 
CCXXXVIII. 

CCXXXIX. 
CCXL. 
CCXLI. 

CCXLII. 

CCXLIII. 

CCXLIV. 

CCXLV. 


DATES. 


i4  novembre  1672. 
18  novembre  157a. 
18  novembre  157a. 

18  novembre  1573. 

19  novembre  167a. 

19  novembre  157a. 

20  novembre  157a. 
a  1  novembre  157a. 
3  8  novembre  157a. 

Décembre  157  a. 
3  décembre  1673. 

3  décembre  1573. 

4  décembre  1573. 

5  décembre  1^72. 

6  décembre  i5y2. 

10  décembre  157a. 

1 1  décembre  1573. 
ta  décembre  1573. 
13  décembre  1.572. 

12  décembre  1672. 
23  décembre  1672. 
29  décembre  1573. 

1  2  janvier  1573. 
1  2  janvier  1573. 
i3  janvier  1573. 
i3  janvier  1573. 
i3  janvier  1573. 
17  janvier  1573. 


DESTINATAIRES. 


PAGES. 


A  M.  de  Grantrye 

Au  maréchal  de  Damville 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  Schomberg 

Au  pape  Pie  V 

Au  duc  de  Nevers  et  au  maréchal  de  Tavannes. .  .  . 
A  MM.  de  Créquy,  duc  de  Nevers,  de  Tavannes..  . , 
Au  duc  de  Nevers  et  au  maréchal  de  Tavannes 

Au  Roi  Catholique 

Au  marquis  de  Villars 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  même 

A  M.  de  Rambouillet 

A  M.  de  Saint-Gouard 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  de  la  Molhe-Fénelon 

Au  pape  Pie  V..  ..fl&Ç €>J?..t ?5F7 

A  M""  la  duchesse  de  Ferrare 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  même 


A  M.  de  Matignon.  .  . 
A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Damville  .  .  . 
A  la  reine  d'Espagne. 
A  M.  de  Bellièvre. .  .  . 


Au  pape  Pie  V..  .CfîZGÇpr. .  .  .  .  . 


A  M.  de  Bellièvre. 


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i54 
i54 


:528 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


M  MÉROS 

DATES. 

D'OBDr.G. 

CCXLVL 

1  8  janvier  1578. 

CCXLVII. 

a3  janvier  1  ô 7 3 . 

ccxLvra. 

3  février  1573. 

Cl  \LIX. 

h  lévrier  1 5^3. 

CCL. 

h  février  1  573. 

CCLI. 

k  février  1  57.3. 

CCUI. 

'1  février  1  '173. 

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5  février  1.17M. 

GCLIV. 

G  février  1Ô73. 

CCLV. 

7  février  1 U73. 

CÇLVL 

7  février  1073. 

GCLVII. 

7  février  157.3. 

CCLVIII. 

7  février  1  573. 

CCLIX. 

7  lévrier  1573. 

CCLX. 

8  février  i57-3. 

CCLXI. 

(j  lévrier  1573. 

CCLXII. 

10  février  1573. 

CCLXIII. 

1 0  février  1 573. 

CCLXIV. 

1  3  lévrier  1073. 

CCLXV. 

i3  février  1573. 

CCLXVI. 

1  '1  février  1073. 

CCLXVII. 

l5  lévrier  1573. 

CCLXVIII. 

16  lévrier  1673. 

CCLX1X. 

1  7  lévrier  1  ."173. 

CCLW 

17  février  1573. 

CCLX  XI. 

1  8  février  1073. 

CCLXXII. 

21  février  1 573. 

CCLXXIH. 

23  février  157.3. 

DESTINATAIRES. 


A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon. 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  dur  d'Anjou 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  DamviUe 

Au  maréchal  de  Cossé.  .  .  . 
A  M.  de  la  Molhe-Fénelon. 
Au  maréchal  de  Cossé 

A  M.  du  Ferrier 

Au  même 

Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  la  Molhe-Fénelon 
A  M.  de  Saint-Gouard . . . . 
A  la  reine  d'Angleterre..  .  . 
Au  duc  de  Montpensier  .  . 

Au  duc  de  Nevers 

Au  duc  de  Montpensier .  .  , 
A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  Matignon 

Au  duc  de  Monlpensier  .  . 

A  M.  du  Ferrier 

Au  même 

\  l'évéque  de  Valence  . .  . 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Thon 


PAGES. 

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17' 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


329 


NUMEROS 

D'ORDIIE. 


DATES. 


CCLXXIV. 

CCLXXV. 

CCLXXVI. 

CCLXXVII. 

CCLXXVIII. 

CCLXXIX. 

CCLXXX. 

CCLXXXI. 

CCLXXXII. 

CCLXXX1U. 

CCLXXXIV. 

CCLXXXV. 

CCLXXXV). 

CCLXXXVII. 

ccLxxxvm. 

CCLXXX1X. 

CCLXC. 

CCLXCt. 

CCLXCII. 

CGLXCIII. 

CCLXCIV. 

CCLXCV. 

CCLXCVI. 

CCLXCVII. 

CCLXCV1II. 

CCLXCIX. 

CCC. 

ceci. 

CàTUEIUNE 


a3  février  1673. 
35  février  1073.  " 

37  février  1573. 
27  février  1 573. 

38  février  1573. 
38  février  1573. 

1™  mars  1 573. 
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2  mars  1573. 

3  mars  1573. 
U  mars  1 573. 
10  mars  1573. 

10  au  i5  mars  1573. 
i3  mars  1573. 
16  mars  1573. 
ii  mars  1673. 
i4  mars  1 573. 

16  mars  1 673. 
1  7  mars  1 573. 

17  mars  1673. 

18  mars  1 5 7 3 . 
18  mars  1673. 
18  mars  1573. 
ao  mars  1573. 

20  mars  1573. 

21  mars  1573. 
33  mars  1 573. 

DE   MÉOICIS.   IV. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  la  Mothe-Fénelon.. 

Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  duc  de  Montpensier 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  deThou 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon . 

A  M.  de  Matignon 

Au  duc  de  Montpensier..  .  . 

Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  même 

Au  duc  de  Nevers 

Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon. 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  du  Ferrier 

Au  duc  de  Montpensier  .  .  . 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Damville 

Au  duc  d'Anjou 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  de  Damville 


PAGES. 


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173 
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18/1 

18/1 

i84 

i85 

i85 

186 


HCftlMEUlfi     KATIOHi!,: 


B30 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMÉROS 

D'OBDRE. 


DATES. 


CCCII. 

Ou  a5  au  3o  mars  1ÏJ73 

CCCIII. 

3o  mars  1  673. 

CÇCIV. 

3o  mars  1573. 

cccv. 

1"  avril  1673. 

CCCVI. 

2  avril  i573. 

CCCV1I. 

a  avril  1573. 

CCCV1II. 

U  avril  1673. 

CCCIX. 

15  avril  1 5  7 3 . 

cccx. 

7  avril  1573. 

CCCX1. 

8  avril  1573. 

CCCX11. 

8  avril  1 5  7  3 . 

CCCXIII. 

10  avril  1&73. 

GCCX1V. 

12  avril  1573. 

CCCXV. 

i3  avril  1573. 

CCCXVI. 

i5  avril  1673. 

CCCXVII. 

19  avril  1 573. 

CCGXVIII. 

19  avril  1 673. 

GCCXIX. 

21  avril  1573. 

cccxx. 

ai  avril  1573. 

CCCXXI. 

31  avril  1.573. 

CCCXX1I. 

as  avril  1573. 

CCCXX1II. 

2.3  avril  1.573. 

CCCXXIV. 

a3  avril  157.3. 

cccxxv. 

a5  avril  1.57.3. 

CCCXXVI. 

26  avril  1.57.3. 

CCCXXVII. 

a6  avril  1.57.3. 

CCCXXVIII. 

27  avril  1573. 

CCCXXIX. 

2i|  avril  1  57.3. 

DESTINATAIRES. 


Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  la  Mothe-Fénclon 

Au  même 

A  M.  de  Saint-Gouard 

Au  duc  d'Anjou 

A  M.  de  Gordes 

Au  duc  d'Anjou 

Au  même 

Au  duc  de  Nevers 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  de  Damville 

Au  duc  de  Monlpensier 

Au  maréchal  de  Gossé 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  de  Thou 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Schomherg 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  Matignon 

A  la  rein  •  d'Espagne 

A  M.  de  Gordes 

Au  duc  de  Montpensicr 

Aux  maire  el  échevms  de  Nantes. 

A  la  reine  d'Angleterre 

Au  duc  de  Noyers 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  hi  Mothe-l'Vnclon 


PAGES. 

186 

189 
i93 
196 
196 
196 
19O 

'97 
198 

'1)9 
'99 
'99 

200 


202 

ao(') 
306 
307 

307 

307 

208 
308 

309 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


331 


NUMEROS 

D*OBDRE. 

cccxw. 

GCCXXX1. 

CCCXXXII. 

CCCXXXIII. 

CCCXXXIV. 

CCCXXXV. 

CCCXXXVI. 

CCGXXW1I. 

CCCXXXV1II. 

CGGXXXIX. 

CCCXL. 

CCCXLI. 

CCCXLII. 

CCCXLIII. 

CCCXLIV. 

CCCXLV. 

CCCXLVI. 

CCCXLVII. 

CCCXLVII1. 

CCCXLIX. 

CCCL. 

GCCLI. 

CGCLII. 

CCCLIII. 

CCCLIV. 

CCCLV. 

CCCLVI. 

CCCLV1I. 


DATES. 


i"  mai  1573. 
2  mai  1573. 

2  mai  1573. 

3  mai  1573. 


5  mai  1673. 


6  mai  1573. 

7  mai  1573. 
i3  mai  IU73. 
î  5  mai  1 57?. 
1  5  mai  1O73. 
1  G  mai  1573. 
18  mai  1673. 
1  8  mai  1573. 
i  S  mai  1573. 
22  mai  1573. 
2.'i  mai  1573. 
;5  mai  1573. 
28  mai  1573. 
28  mai  1073. 

28  mai  1573. 

29  mai  1373. 

29  mai  i573. 

30  mai  1573. 
3o  mai  1Ô73. 
3i  mai  1 573. 
3i  mai  1573. 
3i  mai  1  573. 

Juin  1573. 


DESTINATAII1ES. 


Au  duc  d'Anjou 

A  M.  du  Ferrier 

Au  mùme 

A  M.  de  Thou 

Au  duc  de  Nevers 

A  M.  de  Thou 

A  II.  de  Mauvissiérc 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  du  Ferrier 

Au  duc  de  Nevers 

Au  duc  de  Monlpensier  .  .  . 
A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Thou 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  la  Mollie-Fénelon . 

A  M.  de  Schomberg 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  de  Matignon , 

Au  roi  de  Pologne 

A  ia  reine  d'Angleterre. .  .  . 

A  M.  de  Damville 

Au  roi  de  Pologne 

Au  duc  de  Nevers 

Au  duc  de  Monlpensier  .  .  . 

Au  même 

Au  roi  de  Pologne 


P  \i;  ES. 


2l3 

App.  3 1 7 
App.  3i7 

2l3 
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216 
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319 
220 
Sa  1 

223 
9  3  h 
325 
396 

236 
336 


42. 


332 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

DATES. 

D'ORDRE. 

CCCLV1U. 

i"  juin  1573. 

CCCLIX. 

3  juin  1573. 

CCCLX. 

9  juin  1573. 

CCCLXI. 

1  1  juin  1573. 

CCCLX!!. 

i3  juin  1573. 

CCCLXIII. 

i3  juin  167.3. 

CCCLXIV. 

i  !i  juin  1  073. 

CCCLX\ . 

i4  juin  1573. 

CCCLXVI. 

i4  juin  1573. 

CCCLXVII. 

i5  juin  1573. 

CCCLXVI  II. 

16  juin  1573. 

CCCLXI  X. 

18  juin  1  573. 

CCCLXX. 

s3  juin  1573. 

CCCLXVI. 

26  juin  1573. 

CCCLXX  II. 

28  juin  1073. 

CCCLXXIII. 

29  juin  1  573. 

CCCLXX1V. 

29  juin  1573. 

CCCLXW. 

2  juillet  1073. 

CCCLXXM. 

3  juillet  1  573. 

CCCLXXVII. 

i5  juillet  1573. 

CCCLXXVII1. 

16  juillet  1573. 

CCCLXXIX. 

17  juillet  1  573. 

CCCLXXX. 

1  7  juillet  1573. 

CCCLXXXL 

18  juillet  1573. 

CCCLXXXH. 

20  juillet  1 573. 

CCCLXXX!!!. 

20  juillet  1573. 

CCCLXXXIV. 

2  3  juillet  157.3. 

CCCLX XXV. 

9  '1  juillet  1  073. 

DESTINATAIRES. 


Au  même 

A  M™'  la  duclicssc  de  Ferrare 

Au  roi  de  Pologne 

A  M.  de  la  Mollie-Fénelon 

A  M.  de  Saint-Moris 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Cordes 

A  M.  de  Matignon .'..... 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  Schomlierg 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  la  Molhe-Fénelon 

Au  roi  de  Pologne 

Au  duc  de  Florence 

Au  marquis  de  Villars 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  de  Damville 

Au  roi  de  Pologne 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

Aux  princes  de  la  Germanie,  aux  électeurs  du  S '-Empire. 

A  M.  deThou 

Au  président  Viart 

A  M.  de  Gordes 

A  M.  Brûlait 

Au  Roi  Charles  IX 

A  M.  de  Danzay 

A  M.  du  Ferrier 


l' A  G  E  s. 
227 

228 

228 

229 

23o 
s.3i 

23l 

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23a 

232 

2.34 
a35 
235 
238 
239 
339 
a4o 
atto 
a4o 
3ii 
362 
262 
243 
a43 
2  44 
246 
a44 
a45 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


333 


NUMEROS 

D'OnDBE. 


ccclxxxvi. 
ccclxxxvii. 
ccclxxxviii. 
ccclxxxix. 
cccxc. 

CCCXCI. 
CCCXCII. 

cccxcni. 

CCCXC1V. 
CCCXC  V. 
CCCXC  VI. 

cccxcvh. 
cccxcviii. 

CCCXC1X. 

cccc. 

CCCCI. 
CCCCII. 
CCCCIII. 
CCCC1V. 

ccccv. 
ccccvi. 

CCCCVIF. 
CCCCVIIl. 
CCCC1X. 
CCCCX. 
CCCCXI. 
CCCCXI1. 
CCCCXIII. 


DATES. 


3o  juillet.  1073. 

1"  août  1673. 

3  août  1573. 

3  août  1573. 

1  2  août  1573. 

1  2  août  1573. 

12  août  1.573. 

1  a  août  1573. 

i3  août  1673. 

lit  août  1573. 

20  août  1573. 

22  août  1573. 

2 G  août  1073. 

3i  août  1573. 
1"  septembre  1 573. 
9  septembre  1573. 
g  septembre  1573. 
17  septembre  1073. 

21  septembre  1573. 

22  septembre  1578. 
22  septembre  1573. 
22  septembre  1573. 

Octobre  1573. 
G  octobre  1670. 
G  octobre  1573. 
7  octobre  1.573. 
7  octobre  1573. 
7  octobre  1 573. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Damville 

A  M.  le  duc  de  Nemours. 

A  M.  de  Damville 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  l'abbé  de  l'Isle 


AupapePieV...<f^l 

Aux  seigneurs  de  Venise 

A  M.  de  Damville 

A  M.  l'abbé  del'Isle 

A  M.  de  Gordes 

Au  même 

A  M.  de  la  Motlie-Fénelon 

A  M.  de  Damville 

Au  duc  de  Savoie 

Au  Roi  Charles  IX 

A  M.  du  Ferrier 

Au  duc  de  Mantoue 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  d'Humières 

A  M.  de  Danzay 

A  M.  de  Gordes 

Au  prince  de  Toscane 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  de  Tbou 

A  M.  de  Ferais 

Au  pape  Pie  V. .  .Cftë.ETÉj  ##.  A 

A  M™  la  comtesse  de  la  Mirande 

Au  sieur  Loys  Pico 


PAGES. 

346 
2/16 
246 
267 

2  A7 
2A7 
2/l8 

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24g 

2.r10 
25o 


201 

a52 

252 

253 
254 
254 
255 
255 
257 
257 
258 
2  58 
a5g 
35g 


334 


TABLE  CHUONOLOGIQUE. 


NUMÉROS 

D'ORDRE. 


CCCCXIV. 

ccccxv. 

CCCCXYI. 

ccccxyii. 
ccccxvi1i. 

CCCCXIX. 

CCCCXX. 

CGCCXXI. 

CGCCXXII. 

CGCCXXIII. 

GGCCXXIV. 

ccccxxv. 

CGCGXXVI. 

ccccxxvir. 

CCCCXXVIII. 

CCCCXXIX. 

ccccxxx. 
ccccxxxi. 

CCCCXXXII. 

CCCCXXXHI. 
CCCCXXXIV. 

ccccxxxv. 

CCCCXXXVI. 
CCCCXXXVII. 

ccccxxxvin. 

CCCCXXXIX. 
(XCCXL. 
CCCCXLI. 


DATDS. 


7  octobre  1673. 
7  octobre  1573. 
i4  octobre  1573. 
1G  octobre  1 573. 

16  octobre  1673. 

17  octobre  iH-]'i. 
17  octobre  1573. 
3i  octobre  1073. 

10  novembre  1573. 
i3  novembre  1578. 
16  novembre  1573. 
îg  novembre  1073. 
21  novembre  1673. 
a 3  novembre  1 578. 
26  novembre  1  573. 
28  novembre  1&73. 

2  décembre  1673. 

h  décembre  1U73. 

9  décembre  1073. 

10  décembre  1 673. 
12  décembre  1 5  7  3 . 
17  décembre  1573. 
17  décembre  1  573. 
17  décembre  1  57  3. 
22  décembre  1  [> 7 3 . 
27  décembre  1 573. 
2<j  décembre  1073. 
29  décembre  1573. 


DESTINATAIRES. 


Au  cardinal  d'Armagnac ..  .  . 

Au  duc  de  Mantoue 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Varennes 

A  M.  do  Danzay 

Au  pape  Pic  V 

A  M.  de  Tavannes  

A  M.  de  Damvilie 

A  M.  de  Rambouillet 

A  M.  de  Gordes 

Au  Roi  Charles  IX 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  duc  de  Nemours 

Au  Roi  Charles  IX 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  la  Molhe-Fénelon . . 

A  M.  de  Villequier 

A  M.  de  Bellièvre 

\  M.  de  Rambouillet 

A  M.  de  Bellièvre 

A  la  duchesse  de  Ferrare.  . 

A  M.  de  Damvilie 

A  M.  du  Ferrier 

A  il.  de  Thou 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon . 

A  M.  de  Damvilie 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon. 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon. 


PAGES. 

260 
260 
261 
2G1 
36  ! 
262 

263 

2(i3 

aG/l 
20/1 

265 

265 
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2G7 

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268 

2(i(j 
269 
2G9 
27O 
271 
272 
272 
273 
273 
2,4 
275 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


335 


NUMEROS 

D'ORDRE. 


CCCCXLII. 
CCCCXLIII. 
CCCCXLIV. 
GCCCKLV. 

ccccxlvi. 
ccccxlyii. 
ccccxlviii. 
ccccxlix. 

CCCCL. 

CCCCLI. 

CCCCLII. 

CCCCLIII. 

CCCCLIV. 

CCCCLV. 

CCCCLVI. 
CCCCLVII. 
CCCCLVIII. 

CCCCLIX. 

CCCCLX. 

CCCCLX1. 

CCCCLX  II. 
CGCCLXIII. 
CCCCLX1V. 

CCCCLXV. 

CCCCLXV1. 

CCCCIAVII. 

CCCCLXVIII. 

CCCCLXIX. 

CCCCLXX. 

CCCCLXXI. 

CCCCLXXII. 

CCCCLXXIII. 


DATES. 


29  décembre  1573. 
29  décembre  1673. 
3i  décembre  1673. 

5  janvier  1574. 

6  janvier  1576. 
i3  janvier  157/1. 
i3  janvier  1576. 
18  janvier  1074. 
30  janvier  1576. 
3  1  janvier  1574. 
s4  janvier  1674. 
3j  janvier  1676. 
37  janvier  1674. 

5  février  1574. 
5  février  1576. 
10  février  1374. 
i3  février  11176. 
i4  février  1576. 
18  février  lajlt. 
29  février  1576. 

3  mars  1576. 

G  mars  1576. 

g  mars  1576. 

16  mars  1 57 6. 

i5  mars  1576. 

16  mars  1574. 
31  mars  1574. 

5  avril  1576. 

17  avril  1574. 

18  avril  1574. 
18  avril  1574. 
ao  avril  1576. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  le  vidame  de  Chartres 

A  M.  de  Thon 

A  M.  du  Ferrier 

Au  même 

Au  Roi  Charles  IX 

A  la  Reine  Catholique  .... 
A  M.  de  la  Mothe-Fénelon. 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  Thon 

A  M.  de  Rambouillet 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Rambouillet 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon . 

A  M.  Vellutelli 

A  M.  le  président  de  Metz . . 

Au  Roi  Catholique 

A  M.  de  Rambouillet 

A  la  reine  d'Angleterre. 

A  M.  de  Damville 

Au  même 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  Matignon 

Au  même 

A  M.  de  Bourdeilles 

A  M.  de  Thou 

Au  même 

A  M.  de  Damville 

A  M.  de  Hautefort 

A  M.  de  Damville 

A  M.  du  Ferrier 

A  M.  de  Damville 


PAGES. 

37Ô 
270 
27G 
3  7 13 

377 
377 
377 
378 
2  79 
279 
379 
380 
381 
381 
283 
383 
2  83 
983 
985 
385 
986 
286 
287 
288 
389 
389 
989 
39" 
291 
291 
999 
293 


336 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 


CCCCLWIV. 
CCCCLXXV. 
CGCCLXXVI. 
CCCCLXWII. 
CCCCLXXV1U. 
CCCCLXX1X. 
CCCCLXXX. 
CCCCLXXU. 
CCCCLXXX1I. 
CCCCLXXXIH. 
CCCCLXWIV. 
CCCCLXXXV. 
CCCCLXXXYI. 
CCCCLXXXVII. 
CCCCLXXXVIII. 
CCCCLXXXIX. 

ccccxc. 

CCCCXCI. 

CCCCXCII. 
CCCCXCIII. 
CCCCXCIV. 

ccccxcv. 

CCCCXCVI. 
CCCCXCVII. 
CCCCXCVIII. 

CCCCXCIX. 


DATES. 


a5  avril  1574. 
25  avril  1 57^. 
25  avril  157/1. 
29  avril  1574. 
29  avril  1674. 
29  avril  1576. 

1"  mai  1576. 

9  mai  1574. 

1  2  mai  1574. 

i  8  mai  1574. 

18  mai  1374. 

îg  mai  1674. 

23  mai  1 576. 

2.3  mai  1574. 

"3  mai  1674. 

25  mai  1574. 

25  mai  1574. 

a5  mai  1  674. 

29  mai  1  574. 

29  mai  1574. 
99  mai  1  574. 

30  mai  1 5 7  '1 . 
3i  mai  157!. 
3i  mai  1574. 
3i  mai  1 57^1. 
3i  mai  1  574. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  do  Hauteforl 

A  M.  de  Bour Jeilles 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  le  procureur  général  La  GuCsIe 

Au  même 

A  M.  de  Damvillc 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  de  Matignon 

Au  même 

A  M.  do  Damvillc 

A  M.  de  Thou 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  la  Mothe-Fénelon 

A  M.  de  Matignon 

Au  même 

A  MM.  les  conseillers  et  échevins  de  Rouen. 
Au  duc  de  Nemours 

A  M.  du  Fen  ier 

Au  grand-duc  de  Toscane 

A  la  grande-duchesse  de  Toscane 

Au  seigneur  don  Pietro  de  Mëdicis 

A  M.  de  Matignon 

Au  duc  de  Ferrare 

Au  Roi  Charles  IX 

A  M.  de  Matignon 

Au  même 


PAGES. 

294 

294 

09  4 

29G 

297 

397 

297 

298 

298 

3oo 

3oo 

3oi 

3o3 

3o4 

3o5 

3o5 

3o6 

3oG 

3o7 

307 

3o7 

3o8 

309 

3jo 

3l2 

3i3 


TABLE  DES  PERSONNES 

A  QUI  SONT  ADRESSÉES  LES  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


Alava  (Don  Fiancés  de),  ambassadeur 

d'Espagne,  ai,  g5. 
Ubrbt  (Jeanne  d'),  reine  de  Navarre, 

92. 

Anjou  (Le  duc  d'),  i58,  16a,  172, 
177,  180,  186 ,  186,  19/I,  196, 
197,211,  aao,  aa4,  236,  337, 
338, 23g,  a4o,  3io. 

Armagnac  (Le  cardinal  d'),  360. 

Autriche  (Anne  d'),  reine  d'Espagne, 
13,  5i.  99,  160,  1 8/1. 

B 

Bellièvre  (M.  de),  1,  98,  166,  168, 
i5o,  i5a,  i53,  i55,  157,  176, 
177,  179,  180,  182,  i85,  369, 
a75. 

Bourdeilles  (M.  de),  289,  396. 

Brandebourg  (Le  marquis  de),  65, 
66. 

Brulart  (M.),  1 46. 

Burghleï  (Lord),  101,  io5. 


Chacos  (Marie),  12. 

Cbapih  Vitelli,  67. 

Charles  IX,  5g,  244,  265. 

Chartres  (Le  vidame  de),  975. 

Choisy  (M.  de),  3 1 C. 

Cosse  (Le  maréchal   de),  80,   160, 

1  (ii,  200. 
Créquy  (Le  cardinal  de),  1 65. 
Croc  (Du),  ambassadeur  en  Ecosse, 

9.6- 


D 

Damville  (Le  maréchal),  t36,  i4o, 
i4i,  i54,  157,  160,  i63,  17a, 

l84,   l86,    19g,    211  ,    393,    232, 

94o,  366,  94g,  271,  973,  279, 

985,986,  390,  291,  293,  397, 

3oo. 
Danzaï    (M.    de),    ambassadeur    en 

Suède,  s46,  261. 
Dai  (Mr  l'évêquede),  6a. 


Elisabeth    (La    reine    d'Angleterre), 
60,  89,  97,  io3,  io5,  1 65,  206, 

208,    931,  267,   285. 


Ferals  (M.  de),  ambassadeur  à  Rome, 
75,  100,  958. 

Ferrare  (La  duchesse  Renée  de),  5o. 
i3o,  i5o,  928,  970. 

Ferrare  (Le  cardinal  de),  76. 

Ferrare  (M.  le  duc  de),  88,  91,  3og. 

Ferrier  (M.  du),  ambassadeur  à  Ve- 
nise,  i53,   i56,  162,  169,  170, 

1  86 ,   199,    301,    213,    3l3,    2l5, 

216,  9.36,  265,  267,  s53,  3.53, 
261 ,  277,  279,  2gs,  3o6. 

Florence  (Le  duc  de  Cosme  de  Mé- 
dicis),  16,  31,  36,  37,  3g,  60, 
61,  63, 46,  47,  4g,  55,  57,  76, 
77-  7^'  79-  103>  11a,  137,  i35, 
i42, i5o,  t5g,  s3g,  307. 

Fourouevaux  (M.  de), ambassadeur  en 
Espagne,  3.5,  16,  ig,  96.  •>">. 


CATHERINE    DE    MÉDICIS.    IV. 


26,  2g,  3o,  38,  3g,  60,  43,  67. 
68,  66,  60,76,  78,  85,  go,  96. 


Gênes  (Les  seigneurs  de  la  république 

de),  1 16. 
Gondï  (M.  Gérome  ne),  65. 

GORDES   (M.    DE),  3l,    87,    170,    I96, 

19g,  202,  909,  216,  91g,  s3i, 

360,  s43,  945,  949,  a55,  966. 
Grind  maître  de  Malte,  33. 
Grantrie  (M.  de),  161. 
Grégoire  XIII  (Le  pape),  106,  1  in. 

116,  i36.  166,  169,  i5g,  ail, 

358,  369. 
Gueuenée  (M.  de),  3i  h. 

H 

Hautefort  (M.  de),  g6,  agi,  396. 
Horte  (Le  vicomte  de),  112. 
Himières  (M.  d"),  a,  5,3o,  954. 

.1 

Juana  (Dona),  sœur  de  Philippe  11, 


La  Fontaine  (M.  de),  161. 

La   Guesle  (Le  procureur  général), 

9  97- 
La   Musarde  (La   comtesse  de),   5i, 

958. 
La   Mothe-Fénelon,  ambassadeur,  3, 
6,   10,  il,  i"i,  17,  18,  96,  38, 
3 1,  35,  6  6,  59,  56,  70,  81,  109, 
111,117,  118,  11  g,  199,  1  35. 

63 


nn-Miu.niE    watiosaic 


338 

i37,  169,  i56,  1 57 ,  i58,  160, 
166,  176,  180,  189,  19.3,  210, 
ai5,  a35,  aii ,  a5o,  267,  273, 
976,375,  978,  281,  996,  3o3. 
L0H6I  f.vili.e  (Le  duc  de),  1 1  7. 

M 

\I\N1IEL0T   (M.  DE),  96,  lOg. 

Matignon  (M.  de),  i5i,  i58,  168, 
176,  i8-3,  206,  9i5,  917,  919, 
a3i,  235,  987,  288,  298,  Soi, 
3o4,  3o5,  3o8,  3og,  3i2,  3i3. 

Maivissière  (M.  de),  io3. 
Médicis  (Pietro  de),  3o~. 
Monllc ,   évoque   de    Valence .    nti, 

169. 
Mowtpbhsier  (Le  duc  de),  1  56 ,  157, 

i58,  176,  177,  179,  i83,  900, 

•>.  1  ') ,  296. 


Nemoirs  (La  duchesse  de),  1,  35,  '17, 

5o,  84. 
Nemours  (Le  duc  de),  34,g3,246, 

265,  3o6. 
Nevers  (Le  duc  de),  i44,  i65,  i56, 

180,  198,  209,  2i5,  225,  3i6. 


Paris  (Les  échevins  de),  19,20,52, 
89. 


TABLE  DES  PERSONNES. 

Paris  (Les  gens  du  Parlement  de), 

63, 66,  86,  99, 100. 
Petrucci,   ambassadeur  de  Toscane, 

4  g ,  109. 
Philippe  II,  1,  12,  i3.  35,  87,  38, 

48,  58,  60,  87,  109,  n3,  i33, 

i3g,  i5a,  25i,  277,  288,  3 1 5. 
Pico  (Louis),  959. 
Pie  V  (Le  pape),  g3. 
Pif.nnes  (M.  de),  54. 
Poizieix  (M11*  de),  3. 
Prie  (M.  de),  89. 
Princes  de  la  Germanie,  24a. 

R 

Rambouillet  (M.  de),  58,  1 46,  264, 

969,  279,  281,  283. 
Roissv  (M.  de),  18. 
Rolen  (Les  échevins  de),  i3o,  3o5, 

3og. 
Rouen  (Les  gen9  du  Parlement  de), 

35. 


Saint-Golard  (M.  de),  ambassadeur 
en  Espagne,  3i,  107,  n4,  i4o, 
i48,  i64,  194. 

Saint-Moris  (M.  de),  23o. 

Savoie  (La  duchesse  de),  20,  92. 

Savoie  (Le  duc  de),  i85,  25i,  967, 
297- 


ScHOMBEnc  (M.  de),  80,  130,   162. 

202  ,  2l8  ,  9.39. 

Strozzi  (Philippe),  1  1  9. 
Sessex  (Le  comte  de),  101. 


Tavannes  (Le  maréchal  de),  1 44, 1  45, 
363. 

Tuou  (M.  le  premier  président  de), 
66,  81,  86,88,91,99,  95,  96, 
99,  103,  io3,  107,    171 .  170. 

201,   210,212,   91. 3,   2l4.    8 1 6 , 
262,    267,272,   276,    979,   386, 

989,  3oo,  3i6. 
Toscane  (Le  prince  de).  96,  355. 
Toilocse    (Les    capitouls   de).    191. 

128. 

u 

Ursin  (Le  cardinal).  i38. 


Vareuses  (M.  de),  261. 

Venise  (Les  seigneurs  de  la  république 

de),  68,  168. 
Viart    (Le    président).    35,    263, 

993. 

Villars  (Le  marquis  de),  166. 

VlLLEQUIER   (M.   DE),  968. 
VlLLEROT  (M.  DE),  108. 


TABLE    DES   MATIERES. 


Aix,  93. 

Auva(Doii  Francès  d'),  rassuré  pai- 
lla iherine  sur  la  santé  de  la  jeune 
reine,  femme  de  Charles  IX,  a4. 

—  Ses  mauvais  procédés  envers 
Catherine,  3o.  —  Bruits  qu'il  fait 
courir  d'une  prétendue  cession  de 
Sienne  à  Don  Juan  d'Autriche,  69. 
—  Plaintes  que  fait  de  lui  Cathe- 
rine à  Philippe  II,  58,  60.  — 
Mériterait  une  sévère  remon- 
trance. 60.  —  S'enfuit  de  Pa- 
ns .  ti  1 .  —  Prétexte  uue  maladie 
pour  ne  pas  prendre  congé  de 
Charles  IX,  61.  —  Catherine  de- 
mande à  Philippe  11  de  le  répri- 
mander sévèrement,  61.  —  Son 
dernier  entrelien  avec  Catherine, 
64.  —  Ses  griefs,  ses  plaintes,  64. 

Albe  (La  duchesse  d'),  présents  que 
lui  fait  Catherine,  a.  —  Retirée 
d'auprès  les  infantes,  6,  i3,  i4. 

Albe  (LeducD'),  emploie  Cavalcanti, 
3  2 ,  note.  —  I,es  dépêches  de  son 
courrier  prises,  5i.  —  Reprend 
Valenciennes,  106,  note.  —  Invité 
à  faire  tuer  les  prisonniers  de  Mons, 
1 1 5 ,  note.  —  Ses  succès  satisfont 
Catherine,  i.34.  —  Le  traitement 
favorable  qu'il  fait  à  Ludovic  de 
Nassau  blâmé  par  elle,  1 36.  — 
Retires  recrutés  par  lui,  194,  note. 

—  Nouvelle  répandue  de  sa  mort , 
2o3,  note.  — Succès  qu'il  obtient 
sur  la  Hotte  du  prince  d'Orange, 
a3a.    —   Motifs  de   sa   générosité 


envers  Ludovic  de  Nassau,  a 33 , 
note.  —  Blâme  la  Saint-Barthé- 
lémy ,  a33 ,  note.  —  Hostile  au  nou- 
veau roi  de  Pologne,  a 5 A  ,  note. 
—  Envoie  de  l'argent  à  Marie 
Stnart,  274. 

Albem  (Martin),  attendu  à  Paris, 
138. 

Albi  (L'évèquc  d'),  recommandé  par 
Catherine  à  Damville,  a4o. 

Albket  (Jeanne  d'),  reine  de  Navarre, 
parle  de  la  visite  du  maréchal  de 
Cossé,  32,  note.  —  Ses  plaintes  à 
Catherine,  2 3 ,  note.  —  Proteste  de 
son  dévouement,  a.3  note.  —  Pro- 
jet de  lettre  que  Catherine  soumet 
à  Charles  IX  pour  l'inviter  à  venir 
à  la  cour,  59.  —  Sa  lettre  à  Ca- 
therine, (35,  66.  —  Se  plaint  de 
la  défaveur  faite  à  son  Gis,  66.  — 
Prend  les  bains  en  Béarn,  70,  note. 

—  Opposée  au  mariage  de  son  fils 
avec  Marguerite  de  Valois,  76,  note. 

—  Menacée,  si  elle  persisle  dans 
son  refus,  75,  note.  —  Simple 
mention  de  sa  mort  par  Catherine, 
106. 

Alesçon  (Le  duc  d'),  fortune  que  le 
vidame  de  Chartres  ambitionne 
pour  lui,  8,  note.  —  Catherine 
veut  le  poser  comme  prétendant 
à  la  main  de  la  reine  Elisabeth, 
a3.  —  Elle  prie  Walsingham  de 
l'appuyer  auprès  de  ladite  reine, 
7 '4.  —  Son  mariage  recommandé 
de   nouveau    par   Catherine  à    La 


Mothe-Fénelon,  90.  —  Recom- 
mandé également  à  Burghley,  io5. 

—  Nouvelles  instances  pour  son 
mariage.  109.  —  Ce  projet  juge 
par  Catherine  en  bonne  voie,  120. 

—  Désiré    au    lendemain    de    la 
Saint-Barthélémy,  ia3.  —  Portrait 
que  Catherine  fait  du  duc  d'Alenç.on 
à  La  Mothe-Fénelon,  1J7.  —  Il  est 
recommandé  par  elle  au  maréchal 
de  Cossé  durant  le  siège  de  la  Ro- 
chelle, 160.    -   Ce  qu'elle  dit  de 
lui  à  La  Mothe-Fénelon,  160.  — 
Le  projet  de  mariage  retardé  par 
Elisabeth,  1O1,  note.  — ■  Nouvelles 
instances  de  Catherine  afin  qu'Eli- 
sabeth en  finisse,   16g.  —  Menées 
contre  ce  projet,  198,  note. —  Dé- 
tails que  Catherine  donne  sur  cette 
négociation,    186,   187,   188.   — 
Réponse  aux  articles  proposés  par 
Elisabeth    pour    la    réalisation   du 
contrat  de  mariage,  187,  note.  — 
Ce  qu'y  ajoute  lord  Burghley,  i85, 
note.  —  Ce  projet  débattu  entre  Ca- 
therine et  Walsingham,  189,  191, 
193,  note.  —  Le  duc  persiste  à 
vouloir  épouser  Elisabeth,  aoS.  — 
Entrevue  demandée  pour  lui   par- 
Catherine,  208.  —  Réponse  que  la 
reine  Elisabeth  adresse  à  ce  sujrnl , 
208,  209,  note.  —  Walsingham 
favorable  à  celte  union,  an.  - 
L'élection  du  duc  d'Anjou  au  trône 
de  Pologne  jugée   favorable    pour 
sa  réussite,  217.  —  Lettre  que  la 

43. 


3/40 

reine  Elisabeth  écrit  au  duc  pour 
temporiser,  a  1 7,  note.  —  Il  de- 
mande à  aller  la  voir,  992.  — 
Catherine  y  consent,  quel  que  soit 
le  résultat  de  cette  entrevue,  92.3. 

—  Chargé  du  gouvernement  de 
Paris,  926,  noie.  —  Signe  une 
lettre  à  la  reine  d'Angleterre,  229, 
note.  —  Cité,  999.  —  Catherine 
invitée  à  différer  de  quelques  mois 
la  négociation  de  ce  mariage,  a36. 

—  D'après  l'avis  du  capitaine  Fran- 
chetti,  elle  doit  être  retardée,  2.36. 

—  Kntrevuc  demandée  de  nouveau 
pour  le  duc  à  la  reine  Elisabeth, 
".37,  note.  —  Conditions  qu'elle  y 
met,  238,  note.  —  Sa  réponse  à 
ce  sujet.  2.39.  —  Celte  entrevue 
recommandée  par  Catherine  à  La 
Mothe-Kénelon ,  9 '12.  —  La  mala- 
die du  duc,  256.  —  Son  rétablisse- 
ment, 206. —  Lettre  que  lui  écrit 
la  reine  Elisabeth,  a 5 6,  note;  2G1. 

—  Randolph  a  une  très  bonne 
impression  de  lui,  208.  —  Son 
mariage  recommandé  à  La  Mnlhe- 
Pénelon,  953.  —  Il  est  compro-  I 
mis,  267,  note.  —  Burghley  en 
attribue  le  motif  aux  marques 
visibles  de  la  petite  vérole,  287, 
note.  —  Randolph  chargé  île  le 
vérifier,  965,  note.  —  Sa  lettre  à 
Walsingham,  953.  —  Catherine 
désire  le  succès   de   ce    mariage, 

>-'i,  275.  —  Elle  parle  des  chances 
qu'elle  y  entrevoit,  981.  —  Ten- 
tative d'évasion  du  duc,  999  ,  note. 

—  Enchantement  du  fait  de  Rug- 
gieri  pour  lui  faire  aimer  La  Mole, 
397.  —  Sollicite  la  grâce  de  La 
Mole  et  de  Coconas,  3o.3  ,  note.  — 
Obtient  qu'ils  ne  soient  point  exé- 
cutés en  Grève,  3o.3,  note.  — 
Chagrin  qu'il  prend  de  leur  mort, 
3o  '1 .  note.  —  Assure  Catherine  de 
mi  soumission  au   roi  de  Pologne, 

3io. 
Upoksiki  Oksim,  grand'mère  de  Ca- 
therine, 1 36. 


TABLE  DES  MATIERES. 

Allemagne  (L'),  8,  note;  243,  note. 
Allemagne  (Les  princes  d'),  9o3  ,  note. 

(Faux    bruits    répandus    en), 

a63. 
Allemands  (Les),  a58. 
Amboise,  86,  87,  88,  89. 

\  M  I  .    'l  2 . 

Angers,  i85,note.  —  Ses  échevjns 
complimentés  par  Catherine,  67. 

Angleterre  (L'),  119,  19.3,  969. 

Angleterre  (Les  Etats  d'),  9. 

ingullème  1  Le  chevalier  d'),  l'abbaye 
de  Clairac  demandée  pour  lui  par 
Catherine,   1 55. 

Angousolle  (Le  comte  Jehan  D'),ses 
intrigues  en  Suisse,  28,  3g,  43. 

Anjou  (Le  duc  D'),cité,  3.  —  Son  pro- 
jet ;le  mariage  avec  la  reine  Elisa- 
beth, poursuivi  à  la  fois  par  le  car- 
dinal de  Chàtillon  et  le  vidame  de 
Chartres,  7,  note.  —  Catherine 
préférerait  pour  lui  une  parente  de 
la  reine,  9.  —  Lettre  de  l'évèque 
de  Glascow  lui  est  communiquée, 
16.  —  Catherine  ambitionne  pour 
lui  la  souveraineté  du  Comlat  et 
Avignon,  17.  —  S'en  ouvre  à 
Cosme  de  Médias,  17.  —  Elle  croit 
que  la  négociation  de  son  mariage 
avec  la  reine  Elisabeth  n'a  pour  but 
que  de  les  tromper,  18.  —  11  refuse 
d'épouser  la  reine  Elisabeth,  26. 
—  Motifs  qu'il  en  donne,  26,  note. 

—  S'y  décide,  3i.  —  Cette  négo- 
ciation  traitée  par  Cavalcanli,  .36. 

—  Son  portrait  commandé  à  Janet, 
.r)2.  —  Son  mariage  en  bonne 
voie,  53.  —  Lettre  écrite  par  Eli- 
sabeth au  sujet  de  la  demande  faite 
par  lui  île  sa  main,  61,  62,  note. 

—  L'évèque  de  Dax  chargé  de 
l'encourager  à  épouser  la  reine  Eli- 
sabeth, 63.  —  La  rupture  de  son 
mariage  n'altérera  pas  l'amitié  entre 
les  deux  couronnes,  70,  note.  — 
La  reine  Elisabeth  s'est  refroidie, 
7/1.  —  Lettre  que  lui  écrit  Saint- 
Couard  pour  lui  faire  connaître  la 
crainte  qu'a  Philippe  II  d'être  atta- 


qué par  la  France,  1  07,  1 08,  note. 

—  Catherine  pense  pour  lui  à  la 
tille  ainée  de  Philippe  11,1 1 4.  —  Ac- 
cusé d'être  l'instigateur  de  la  Saint- 
Barthélémy,    i3i.    —   Cité,  122. 

—  Le  légat  favorable  à  son  élection 
au  troue  de  Pologne,  i3i.  — 
Edouard  VI  a  été  son  parrain  ,137. 

—  Désiré  pour  chef  d'une  année  de 
terre  contre  les  Turcs,  i38,  note; 
1 45,  note.  —  Part  pour  la  Rochelle, 
1 53.  —  Sou  itinéraire  tracé  par 
Brulart,  1  5.3,  note.  —  Ses  chances 
au  troue  de  Pologne,  1 56 ,  note.  — 
Ce  que  lui  écrit  Catherine  au  sujet 
du  mariage  de  M"'  de  Mouchy,  1 58. 

—  Elle  le  prie  de  donner  à  M.  de 
Manilelot  la  compagnie  do  gen- 
darmes de  feu  M.  de  Ventadour, 
1 63.  —  Écrit  à  Charles  IX  en  fa- 
veur de  M.  de  Matignon,  i6.3,  note. 

—  Difficultés  que  soulève  son  élec- 
tion au  Irène  de  Pologne,  170, 
note.  —  Catherine  lui  envoie  copie 
des  lettres  de  La  Mothe-Fénelon , 
172.  —  Elle  le  prie  de  hâter  le 
siège  de  la  Rochelle,  172.  —  Rend 
un  compte  détaillé  au  Roi  son  frère 
des  opérations  de  ce  siège,  17-, 
note.  —  Il  attend  la  réponse  de  La 
Noue  entré  dans  la  ville,  172,1101e. 

—  Charge  Bouille  de  veiller  sur 
Relle-Isle,  17.3,  note.  — Entretien I 
Charles  IX  de  l'attaque  du  bastion 
de  l'Evangile,  17.3,  note.  —  Pré- 
venu par  Catherine  des  préparatifs 
de  Montgomery,  173. —  Prié  pat- 
elle de  faire  choisir  le  capitaine 
Dallon  pour  gouverneur  du  vicomte 
de  Curson,  177.  —  Conseils  don- 
nés par  Tavannes,  lui  sont  trans- 
mis par  Catherine,  180.  —  Invile 
par  elle  à  se  défier  de  La  Noue. 
180.  —  Lettre  qu'elle  lui  écril  au 
sujet  du  mariage  du  duc  d'Alençon , 
186,  187,  188.  —  Recommanda- 
tions qu'elle  lui  fait  durant  le 
siège  de  la    Rochelle,  194,    ig5. 

—  Prévenu  qu'elle  a  fait  répandre 


TABLE  DES  MATIERES. 


iM 


le  bruit  que  Philippe  II  veut  faire 
tuer  le  prince  d'Orange.  ig5.  — 
Instructions  qu'il  reçoit  de  Char- 
les IX,  en  cas  de  prise  de  la 
Rochelle,  ig5,  note;  198,  note.  — 
Prévenu  par  lui  de  la  venue  de  la 
flotte  de  Montgomcry,  307.  — 
Prié  de  faire  prendre  par  celui 
qui  commandera  la  compagnie  de 
feu  Cosseinsles  enseignes  comman- 
dées par  celui-ci,  212.  —  Prévenu 
par  Catherine  du  meurtre  de  M.  de 
Uauvissière,  01 '1.  —  Chargé  par 
Charles  IX  d'en  faire  la  punition, 
21  k.  —  Son  élection  au  trône  de 
Pologne  annoncée  par  Catherine  à 
La  Mothe-Fénelon,  217. —  Craintes 
exprimées  pour  son  passage  en  Al- 
lemagne, 219.  —  Mis  au  courant 
par  Catherine  des  menées  et  des 
armements  de  Montgomery  en 
Angleterre,  220.  —  Invité  par  elle 
à  remercier  Dieu  de  son  élection 
au  trône  de  Pologne,  226;  —  à 
obéir  aux  intentions  du  Roi  son 
frète  après  la  soumission  de  la  Ro- 
chelle, 227;  —  à  ne  plus  mettre 
ce  mot  serviteur,  en  lui  écrivant, 
mais fih,  227.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Charles  IX  au  sujet  d  !  son 
passage  en  Pologne,  227,  note.  — 
Invité  à  envoyer  vingt-cinq  blancs- 
seings  pour  les  princes  de  la  Ger- 
manie, 3-17,  note.  —  Prévenu  par 
Catherine  de  la  publication  de  son 
élection,  228;  —  delà  prochaine 
arrivée  de  l'ambassade  polonaise, 
328.  —  Lettres  qu'elle  l'engage  à 
écrire,  229.  —  La  venue  d'un  sei- 
gneur polonais  lui  est  annoncée, 
330.  —  Invité  à  se  faire  appeler 
roi,  229;  —  à  protester  de  son 
obéissance  au  Roi  son  frère,  239. 
—  Ses  tentatives  pour  réduire  la 
Rochelle,  233. —  Détails  sur  son 
élection  au  trône  de  Pologne,  234, 
note.  —  Sera  bien  accueilli  par  le 
landgrave  de  Hesse,  s34,  note;  — 
par  l'empereur  Maximilien,    s34, 


note.  —  Échappe  à  un  grand  dan- 
ger au  dernier  assaut  donné  à  la 
Rochelle,  3.35.  —  A  prévenu  une 
surprise  que  devait  tenter  Mont- 
gomery, 2  30.  —  Regrets  que 
lui  exprime  Catherine  de  n'avoir 
pu  donner  la  place  de  secrétaire 
du  roi  à  Ruzé  son  secrétaire,  a3g. 

—  La  Guiche  recommandé  par 
lui  aura  une  compagnie  de  ôo  hom- 
mes d'armes,  209.  —  Lettie  de  la 
reine  d'Angleterre  lui  est  envoyée, 
2  3g.  —  Recommandations  que  lui 
fait  Calherineau  sujet  des  5, 000  sol- 
dats qu'il  doit  emmener  en  Pologne, 
aio.  —  Recevra  bientôt  le  nouvel 
édit  de  pacification,  2/11.  —  Re- 
commandations que  Catherine  lait 
à  Danzay  au  sujet  de  son  passage 
en  Pologne,  a4'i.  —  Son  entrée 
dans  les  villes,  s44.  —  Attendu 
à  Paris,  2/1/1.  —  Cité,  3/17.  —  Son 
élection  au  trône  de  Pologne  bien 
accueillie  par  Grégoire  XIII,  2/18. 

—  Elle  sera  profitable  à  la  religion 
catholique,  s48.  —  Cité,  201.  — 
Vérification  des  lettres  de  supplé- 
ment à  son  apanage,  3Ô7.  —  Dé- 
claré par  Charles  IX  son  héritier  à 
la  couronne,  267,  note.  —  Permis- 
sion lui  est  donnée  de  faire  couper 
des  bois  pour  les  dépenses  de  son 
voyage  de  Pologne,  258.  —  Les 
lettres  de  supplément  à  son  apanage 
sont  vérifiées  par  le  Parlement, 
267.  —  Sa  légitimité  à  l'héritage 
de  France  reconnue  en  conseil  par 
Charles  IX,  207,  note.  —  Renonce 
à  passer  par  le  Danemark,  362, 
noie.  —  Prêt  à  partir  pour  la  Po- 
logne, 2Ô4.  — Catherine  annonce 
son  prochain  départ,  26a.  —  Une 
lettre  de  Pinart  attribue  le  retard 
à  une  indisposition,  a64,  note. — 
Charles  IX  malade  se  flatte  de 
son  prochain  rétablissement  poul- 
ie conduire  à  Nancy,  3O/1 ,  note.  — 
Charles  IX  écrit  à  La  Mothe-Fé- 
nelon   que,  pris    par  la    maladie, 


il  n'a  pu  l'accompagner  plus  loin 
que  Vitry-le-François,  263,  note. 

—  Accompagné  par  Catherine  jus- 
qu'en Lorraine,  2IU1.  —  Décharge 
donnée  de  ses  bagues  par  Catherine 
à  M.  de  Villequier  et  à  Vigny,  26g. 

—  Elle  se  plaint  de  n'avoir  pas  de 
ses  nouvelles,  270.  —  Détails  don- 
nés par  Schomberg  à  Catherine  sur 
son  voyage,  270,  note.  —  S'arrête 
à  Fulda,  270,  note.  —  Attendu 
par  le  landgrave,  270,  note.  — 
Escorte  que  lui  donne  le  comln 
Palatin,  270, note.  —  Secours  d'ar- 
gent dont  il  a  besoin,  373,  377. 

—  Catherine  demande  à  M.  de 
Rambouillet  de  bien  la  renseigner 
sur  sa  réception  en  Pologne,  281. 

—  Détails  donnes  sur  son  entrée 
dans  son  nouveau   royaume.  28/i. 

—  Sa  lettre  au  sujet  de  l'arrestation 
de  La  Mole  et  de  Coconas,  290, 
note. —  La  mort  de  Charles  IX  lui 
est  annoncée  par  sa  mère,  3 10.  — 
La  régence  que  lui  a  confiée  le 
feu  Roi  lui  est  notifiée,  3 10.  — 
Indications  pour  l'itinéraire  de  son 
retour,  3 1 1 .  —  Conseils  qui  lui 
sont  donnés  pour  tâcher  de  con- 
server la  Pologne  pour  lui  ou  pour 
son  frère,  3 1 1 .  —  Sa  conduite 
comme  roi  lui  est  tracée,  3 12. 

Anne  (La  princesse).  Voy.  Aonticnn. 

Aiiches  (Le  sieur  des),  envoyé  à  Lyon 

pour  y  administrer  la  justice,   89. 

—  Recommandé  par  Catherine  aux 
échevins,  8g. 

Aiimm.nac  (Le  cardinal  d'),  félicité  par 
Catherine  du  traité  qu'il  a  fait  avec 
le  gouverneur  d'Orange,  s5g. 

Aubespine(L'),  envoyé  à  Londres,  18. 

—  Cité,  29. 

Audelet,  titulaire  du  prieuré  de 
Champagne,  33. 

Auviale  (Le  duc  d"),  regrets  de  Cathe- 
rine sur  sa  mort,  180. 

AuTiucnE  (Anne  d'),  reine  d'Espagne, 
son  passage  en  Espagne,  ô. —  Ca- 
therine invite  Fonrquevaux  à  la  vi- 


342 


siter,  5.  —  Un  gentilhomme  sera 
envoyé  spécialement  pour  celle 
mission  d"  congratulation,  G.  — 
Félicitée  par  Catherine  de  son  heu- 
reuse arrivée  '■'!  Espagne,  îa.  — 
Lettre  qu'elle  lui  écrit  et  dans 
laquelle  elle  proteste  de  son  affec- 
tion envers  le  roi  son  mari,  5i. 
—  L.  ;;  i  —  ise  de  sa  sœur  lui  est 
annoncée.  99.  —  Catherine  lui 
renouvelle  ses  assurances  de  lionne 
affection,  307.  —  Elle  lui  fait 
part  de  la  naissance  de  sa  petite- 
iiile,  ttio.  —  Lettre  qu'elle  lui 
écrit  à  l'occasion  de  la  mort  de  sa 


TABLE  DES  MATIERES. 

belle-sœur,  la  veuve  du  roi  de  Por- 
tugal, 277.  —  Les  Infantes  lui 
sont  recommandées.  278. 

Autriche  (Barbe  d'),  ducliessede  Fer- 
rare,  sa  mort ,  1  45. 

Autriche  (Don  Juan  d'),  prétendue 
cession  que  le  duc  de  Florence  lui 
a  faite  de  Sienne,  kg.  —  Marie 
Stuart  disposée  à  l'épouser,  8a.  — 
Chef  de  l'année  navale  contre  les 
Turcs,  1  3o  ,  noie. 

Autriche  (Elisabeth  d'),  sa  légère 
indisposition,  ai*  —  Sa  convales- 
cence assurée,  29.  —  Sa  grossesse 
annoncée    par  Catherine  à   la   du- 


chesse de  Nemours,  36.  —  In- 
quiétudes que  lui  cause  un  accident 
de  chasse  de  Charles  I\,  5o,  noie. 
—  Ses  couches  prochaines,  g3.  — 
Supporte  bien  sa  grossesse,  io4, 
note. 

Autiwcbe  (La  Maison  d'),  8,  120, 
131,  note;  198,  273. 

Avogadre  (Pielro),  offre  à  Catherine 
de  lui  livrer  une  place  en  Italie, 
380,  note.  —  Lettre  à  ce  sujet  de 
du  Ferrier,  '180,  note. 

A»  mont  (  Le  Jésuite),  Catherine  engage 
le  dur  d'Anjou  à  se  défier  de  lui . 


B 


Badee  (La  diète  de),  1 5 1 . 

Balaghy,  envoyé  en  Pologne,  i5i.  — 
CharleslX  se  plaint  de  ses  lenteurs, 
1  5 1 ,  noie.  —  Rend  compte  de  l'élec- 
tion du  duc  d'Anjou,  aa3,  note. 

Bar  (La  ville  de),  266. 

Barbezieui,  s'empare  des  meubles  de 
M""  d'AndeloI,  3.3,  note.  —  Lettre 
mie  lui  écrit  Catherine,  ifia. 

(La  ville  de),  390,  note. 

Itiiusi  (Le  comte  de),  271,  note. 
Basle,  1  '(.'i ,  note. 

Bavière  (La  fille  du  duc  de),  épouse 
l'archiduc  Charles,  9. 

(Le  duc  de).  Sa  maladie,  îo'-i, 

note. 

Batoîike  (L'entrevue  de),  is3. 

livzis  (Jean),  part  qu'il  prend  à  l'é- 
lection de  Pologne, 238. —  Appor- 
tera la  nouvelle  de  la  publication 
de  cette  élection,  aa*.  —  Noie 
sur  lui,  228.  —  Assurances  qu'il 
donne,  229.  —  Rapporte  des  nou- 
velles de  Pologne,  a3/i,  noie. 

Béarh  1  Le  1.  70.  note. 

(Les  gens  du),  jouent  un  tour 

i  M.  de  Granmnt,  a  1  o. 

Heu  hokt-81  r-Oisf.  ,  1  26. 

Beaoville  (M.  ut),  envoyé  à  Borne, 

100,    note;  l39.   257.  376. 


Bellegarde  (M.  de),  proposé  par  Ca- 
therine pour  chef  des  soldats  qui 
suivront  le  duc  d'Anjou  en  Pologne, 
261. 

Belle-Isle,  221. 

Belmèvre.  Catherine  l'invite  à  se 
conformer  aux  instructions  du  Roi 
son  fils,  1.  —  Informé,  par 
Charles  IX  d'une  grave  sédition 
survenue  à  Paris,  i45,  noie.  — - 
Complimenté  par  Catherine  pour 
avoir  obtenu  le  renvoi  de  la  jour- 
née des  ligues,  1  45;  —  pour  avoir 
l'ait  traduire  en  allemand  sa  version 
sur  la  Saint-Barthélémy,  167.  — 
Chargé  de  lever  en  Suisse  5oo 
hommes  pour  la  garde  du  Moi,  i48. 
—  Prévenu  que  son  frère  ne  peut 
encore  aller  le  remplacer,  1 5o.  — 
Catherine  le  félicite  d'être  arrivé  à 
temps  pour  assister  à  la  diète  de 
Baden,  i5i.  —  Charles  I\  lui 
écrit  au  sujet  des  difficultés  que 
soulève  cette  diète,  i5i,  noie.  — 
Catherine  le  prie  de  s'occuper  d'un 
emprunt  pour  le  nouveau  roi  de 
Pologne,  îôa.  --  Le  congé  de 
son  frère  demandé  par  Catherine  à 
Damviile,  i54.  —  Mis  au  couranl 
par  Brulart  du  départ  du  duc  d'An- 


jou pour  la  Rochelle  et  de'  son  iti- 
néraire, 1 53.  —  Détails  que  lui 
transmet  Charles  I\  sur  ce  qui  s'est 
passé  en  Bresse,  1 55 ,  note.  — 
Remercié  des  concessions  qu'il  a 
obtenues  en  Suisse,  1  50.  —  Chargé 
de  porter  de  800  à  1,200  hommes 
la  levée  des  Suisses  pour  la  garde 
du  Roi,  i5'i.  —  Prié  par  Catherine 
de  les  faire  marcher,  178.  —  Invité 
par  Charles  1\  à  faire  précéder  la 
levée  .les  Suisses  par  une  avant- 
garde  de  800  hommes.  178.  — 
Complimenté  par  Catherine  et  as- 
suré de  sa  protection,  181.  —  In- 
vité à  veiller  sur  toutes  les  mau- 
vaises pratiques  tentées  en  Suisse, 
183.  —  11  annonce  que  Ludovic 
de  Nassau  veul  tenter  de  secourir 
la  Rochelle,  i85,  note.  —  Presse 
par  Catherine  de  faire  partir  la 
nouvelle  levée  de  G.ooo  Suisses. 
2  65.  —  La  venue  de  M.  de  Hau- 
tefort  pour  remplacer  La  Fontaine- 
Godarl  lui  est  annoncée,  a65.  — 
Catherine  lui  envoie  Saugier,  al  9. 
—  L'engage  à  prendre  toutes  ses 
précautions  en  traversant  l'Alle- 
magne, 369.  —  Prévenu  pai 
elle    'i  ■    son    arrivée    à    Reims 


TABLE  DES  .MATIÈRES. 


343 


270.  —  Chargé  de  trouver  l'ar- 
gent dont  le  roi  de  Pologne  a  be- 
soin, 273. 

Berlin  (Archives  de),  45. 

Bénie,  1 67. 

(Ceux  du  canton  de),  grati- 
fiés de  sel  marin,  par  Catherine, 
3i. 

Biette,  envoyé  du  roi  de  Suède,  4i. 
—  Catherine  est  satisfaite  de  lui, 
61. 

Bigareau  (Le  sieur  de),  envoyé  en 
Pologne,  26g. 

Binon,  porte  de  l'argent  à  Strozzi, 
119.  —  Sa  lettre  à  La  Noue  au 
sujet  de  la  soumission  de  la  Ro- 
chelle, 1  72  ,  note.  —  Chargé  d'in- 
terroger La  Noue,  1 85.  —  Traite 
de  la  paix  avec  lui,  390. 

Bische  (Le  comté  de).  177. 

Bluiont,  271,  note. 

Blauzac  ( La  ville  de),  38g,  note. 

Blois,  34,  35, 7.5,  76,  77,  go,  91, 
99,93,94,95,  96,98,  90,i35. 

Bohème  (Les  princes  de),  fils  de 
l'empereur  Maximilien,  séjournent 
en  Espagne,  19. 

Boinville  (Le  président),  chargé  d'in- 
terroger Buggieri,  ag6,  note. 

Boisdoré  (Le  sieur  de),  recommandé 
pour  une  charge  de  guidon  à 
M.  de  Guemcnée  par  Catherine, 
3i5. 

Boivin  (François),  envoyé  du  duc  de 
Savoie,  20.  —  Recommandé  au 
duc  de  Florence,  ai.  —  Emilio 
son  fils  recommandé  également,  2 1 . 

Bonacorsi,  président  général  des  fi- 
nances, 3o6. 

Bonin.  Le  maître  des  requêtes  ap- 
puyé par  Catherine  dans  son  projet 
de  mariage  avec  Gilette  de  Quelen, 
3i5. 

BoNNEUIL  (M.    DE),  296. 

Bordeaux,  391,  note. 

(Les  gens  du  Parlement  de), 

lettre  que  leur  écrit  Catherine,  5i . 

Bouchage  (Du),  en  procès  avec  le 
duc    de    Montpensier,     100.    — 


Lettre  qu'il  reçoit  de  Nançay,  1  83, 

note. 
Boixiurd  (René),  porte-manteau  de 

Catherine,  389. 
Bouillon  (Le  duc  de),  possesseur  de 

Sedan,  298,  note. 
Boulogne  (La  Maison  de),  a5o. 
(La  ville  de),  io3,  1 13,  an. 

(Le   château    de),    4g,    io5, 

239,  260,  340,  348,  24g. 

Bourbon  (Le  cardinal  de),  désavoue 
Laudonnière,  04.  —  Absolution 
demandée  pour  lui,  i3g,  note.  — 
Officie  pour  le  baptême  de  la  fille  de 
Charles  IX,  161, noie.  —  Cité, 253. 

Bourdeille,  félicitations  que  Cathe- 
rine lui  adresse,  38g. 

Boirdiné  (M.  de),  3o6. 

Bourgogne  (La  recette  générale  de), 
206. 

Bourgueil,  83. 

Bout,  chantre  de  la  chapelle  de  Cathe- 
rine, recommandé  par  elle  aux  cha- 
noines de  l'église  de  Saint-Esprit 
de  Tours,  afin  qu'ils  lui  conservent 
le  salaire  qu'il  y  recevait,  5o. 

Brachet  (Charles),  nommé  conseiller 
au  siège  présidial  d'Orléans,  3oo. 

—  Catherine  écrit  en  sa  faveur  au 
président  de  Thou,  3oo. 

Bragelonne  (Le  sieur  de),  avertit 
Catherine  de  l'émeute  provoquée 
par  le  transport  de  la  croix  de  Gas- 
tines,  8g,  note. 

Brandebourg  (Le),  80,  note. 

(Le  marquis  de).    Lettre  que 

lui  écrit  Catherine,  lui  promettant 
même  amitié  qu'à  son  père,  45. 

—  Nouvelle  lettre  que  lui  écrit  Ca- 
therine, O7.  —  Cité,  2  1  8,  aOG,  277. 

Bremond    d'Ars  (Le   vicomte),  cité, 

3i,  note. 
Brest,  24 1. 
Bretagne    (  Anne    de  ) ,    épouse    de 

Louis  XII,   358,  note. 

(François,  duc  de),  s58,  note. 

Brion,  i84. 

Briquemault,  arrêté  dans  l'hôtel  de 
Walsingham,  118. 


Brissac  (M.  de).  Sa  fille  aînée  mariée 
au  comte  de  Mansfeld,  3o4.  note. 

Bruet,  chargé  des  affaires  de  Cathe- 
rine en  Italie,  47,  58,  ii4,  128, 
i35,  i4a. 

Brunswick  (Le  duc  de)  ,  133,  note. 

Bruxelles,  68  ,  2o4. 

Buchanan.  Son  libelle  contre  Marie 
Stuart  prohibé  par  Catherine,  92. 

Buckhurst  (Lord).  Son  entretien  avec 
Catherine,  3i  ,  3a.  —  Sa  lettre  à 
la  reine  Elisabeth,  3i,  note. —  Ce 
qu'il  dit  de  Cavalcanli,  3a,  note. 

—  Cité,  30. 

Burghlev  (Lord).  Walsingham  lui  lait 
part  d'un  entretien  qu'il  a  eu  avec 
Catherine,  36.  —  Lettre  qu'il 
lui  écrit,  37,  note.  —  Favo- 
rable au  mariage  du  duc  d'An- 
jou, 53.  —  Ses  lettres,  62,  note. 

—  Relation  que  lui  envoie  Wal- 
singham d'un  entrelien  qu'il  a  eu 
au  sujet  de  Marie  Stuart ,  72 ,  note. 

—  Lettre  qu'il  reçoit  de  lui, 
g8,  note.  —  Walsingham  dans 
une  lettre  datée  de  Blois  lui  ré- 
sume la  situation,  69  et  70,  note. 

—  Catherine  lui  recommande  le 
maréchal  de  Montmorency  et  M.  de 
Foix  qui  vont  à  Londres,  101.  — 
Lettre  qu'il  reçoit  de  Catherine, 
io5.  —  Désiré  par  elle  pour  une 
mission  en  France,  i35.  —  Ce 
qu'il  propose  pour  le  mariage  du 
duc  d'Alençon,  187,  note;  188, 
note.  —  Transmet  à  La  Molhe- 
Fénelon  l'offre  d'une  intervention 
de  la  reine  Elisabeth  pour'  pacifier 
la  France,  33o.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  deValentin  Dale,  238,  note. 

—  Cité,  25o,  note.  —  Ce  qu'il 
dit  à  La  Mothe-Fénelon  des  mar- 
ques de  la  petite  vérole  du  visage 
du  duc  d'Alençon,  a 65,  note.  — 
Lettre  que  lui  écrit  le  docteur 
Dale,  277,  note.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  de  Montgomery,  398,  note. 

Bussv  d'Amboise,  envoyé  au  siège  de 
Domfronl,  29g,  note. 


344 


TABLK  DES  M  VTIERES. 


Camille,  envoyé  par  le  duc  de  Ne- 

I  ■  ■  I  S  .    '12  5. 

Caremtah,  398,  note;  3o8. 

Casimir  (Le  duc  Jean),  visité  par 
Scliomberg,  80, note.  — Cité,  1 i.3, 
note.  —  Scliomberg  invité  à  le  voir 
de  nouveau,  1  i3 ,  note.  —  Escorle 
le  roi  de  Pologne,  a5o,  note.  — 
Ses  réclamations  pour  les  sommes 
qui  lui  sonl  dues,  a83.  —  Cathe- 
rin ■  en  entretient  le  président 
Viart.  983. 

Casse,  envoyé  par  Danzay,  agi. 

Castres.  1  a8,  note. 

Catet,  conseiller  du  Parlement  de 
Bordeaux,  83. 

Civalcakti,  remet  à  Catherine  un 
portrait  de  la  reine  Elisabeth,  3a. 

—  Détails  sur  lui,  3a,  noie.  — 

—  Désire  être  chargé  de  la  négo- 
ciation du  mariage  du  duc  d'Anjou 
avec  Élisabelh,  33.  —  Envoyé  à 
Londres,  36.  —  Raconte  à 
Burghle;  un  accident  de  Charles  IX 
à  la  chasse,  ig. 

Catas  1  Le  secrétaire  d'Etat).  Son 
ntretien  avec  M.  de  Saint- Gouard 
au  sujet  du  mariage  du  prince  de 
\  iiarre.  77,  note. 

Chacok  (Marie).  Catherine  s'applau- 
dit de  la  voir  auprès  des  Infantes 
ses  petites-fdles.  i3.  —  Les  lui 
recommande,  38. 

Chalons,  a66. 

Chamrord  (Le  château  de),  100. 

Chambre  (Le  marquis  de  la).  Sa 
compagnie  demandée  au  duc  de 
Savoie  par  Catherine  pour  le  comte 
de  la  Chambre,  son  fils,  a5i.  — 

Champagne  (Le  prieuré  de),  sollicité 
par  Catherine  en  laveur  du  che- 
valier de  Senne.  33,  4a,  55.  56. 

Cbaktebeau,  110,  210,  238,  afia. 

Chapelles  (M.  des).  Apporte  des  nou- 
velles du  siège  de  Domfronl .  3o'l, 
note. 


Charles  VIII,  208,  note. 
Charles  (L'archiduc),  préféré  comme 
époux   par   la  reine  ElisabMh,   7. 

—  Se  marie  à  sa  cousine  de  Ba- 
vière, g. 

Charles  IX.  Sa  lettre  à  La  Molhe-Fé- 
nelon  au  sujet  de  l'Ecosse,  '1 ,  note. 

—  Lue  lettre  de  l'évèquc  de 
Glascow  lui  est  communiquée. 
26.  —  Se  plaint  de  la  façon  dont 
Torres  a  traité  le  mariage  de  sa 
sœur,  a5,  note.  —  Ne  veut  plus 
entendre  parler  de  ce  projet,  35, 
note.  —  Se  plaint  à  Fourquevaux 
des  mauvais  procédés  d'Alavà, 
3o,  note.  —  Désavoue  l'intention 
qu'on  lui  prête  de  vouloir  faire  la 
guerre  au  roi  d'Espagne,  il,  note. 

—  Catherine  lui  cache  les  mauvais 
propos  lenus  pour  ne  pas  l'exciter 
contre  le  roi  d'Espagne,  48.  — 
Son  accident  de  chasse,  ig.  — 
Propositions  que  lui  fait  Catherine 
pour  l'état  de  la  maison  de  sa  sœur 
Marguerite,  5g.  —  Pour  les  ca- 
deaux qu'elle  lui  destine,  5g.  — 
Invité  à  envoyer  le  maréchal  de 
Cossé  auprès  de  Jeanne  d'Albret 
pour  la  prier  de  venir  à  la  cour, 
5g.  —  Don  Francès  de  Alava  s'en- 
fuit de  Paris  pour  ne  pas  prendre 
congé  de  lui,  61.  —  Sa  lettre  à 
Scliomberg  pour  assurer  les  princes 
de  la  Germanie  de  son  bon  vou- 
loir, 67,  note.  —  Complimenté 
de  son  mariage  par  Contarini, 
68.  —  Annonce  à  La  Mothe- 
Fénelon  la  prochaine  arrivée  de 
M.  de  Foix,  6g,  noie.  —  Lui  fait 
part  d'un  entrelien  avec  Walsin- 
gham,  6g.  —  Dans  les  conditions 
exigées  par  Elisabeth  pour  la  reli- 
gion voit  un  prétexte  de  rupture  de 
son  mariage  avec  son  frère,  6g, 
note.  —  Affirme  à  La  Molhe-Fé- 
nelon  que.  sans  la  question  de  la 


religion,  ce  mariage  eût  été  chose 
conclue,  70,  note.  —  Il  a  reçu 
l'amiral  à  filois  sur  la  supplication 
qu'il  lui  en  a  faite,  70.  —  Depuis 
son  arrivée  s'est  entendu  avec  lui 
pour  l'exécution  de  l'édil,  70, 
note.  —  Obligé  par  honneur  de 
soutenir  Marie  Stuart,  73,  note. 
—  l'onne  à  Fourquevaux  les  rai- 
sons qui  justifient  le  séjour-  de  Lu- 
dovic de  Nassau  à  la  cour,  77.  — 
Ecrit  à  M.  de  Cossé  au  sujet  d'un 
emprunt  à  négocier  à  Paris,  80, 
noie.  —  'Sa  lettre  aux  éehevins  de 
Paris  à  l'occasion  des  troubles  sus- 
cités par  l'enlèvement  de  la  croix 
de  Gastines.  85,  note.  —  Lettre  à 
La  Molhe-Fénelon  à  l'occasion  d'un 
libelle  contre  Marie  Stuart.  g3. 
note.  —  Entretient  Vulcob  de  la 
maladie  du  duc  de  Bavière  et  du 
roi  de  Pologne,  loi,  note;  —  des 
troubles  des  Pays-Bas,  qu'il  désa- 
voue, loi,  note.  —  Désavoue  éga- 
lement toute  entente  avec  le  comte 
Ludovic  de  Nassau,  106.  note.  — 
Ce  qu'il  dil  des  troubles  des  Pays- 
Bas,  106,  note.  —  N'y  entreprendra 
rien,  106, note.  —  Ordonne  à  Man- 
delot  d'arrêter  les  courriers  venant 
d'Italie,  110.  —  Prie  Scliomberg 
de  faire  enlendre  aux  princes  de  la 
Germanie  les  causes  de  la  mort  de 
Coligny,  11a.  —  Annonce  la  Saint- 
Barlhélemy  au  vicomte  de  Horle. 
I  ta.  —  Le  prie  de  veiller  à  la  sé- 
curité de  Bayonne.  112,  noie.  — 
D'y  maintenir  l'ordre  et  le  repos. 
112,  note.  —  De  punir  les  contre- 
venants,  1  ia.  —  Compte  rendu  que 
lui  envoie  Saint-Gonard  de  son  en- 
tretien avec  Philippe  II  après  la 
Saint-Barthélémy,  ii5.  note.  — 
Lettre  qu'il  écrit  au  maréchal  de 
Cossé  pour  défendre  de  tuer  et  de 
piller.    137.   note.  —  Félicite  les 


capitouls  de  Toulouse  du  maintien 
de  l'ordre  dans  leur  ville  au  lende- 
main de  la  nouvelle  de  la  Saint- 
Barlhélemy,  128.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  d'eux,  128,  note.  —  Fait 
pari  à  M.  de  Bellièvre  d'une  émo- 
lion  survenue  dans  Paris,  i45, 
noie;  —  de  ce  qu'il  a  répondu  au 
légal  (Jrsin,  i5o,  note.  —  Dé- 
clare  ne  vouloir  pas  enlrer  dans 
la  ligue  catholique,  i5o,  note. — 
Entretient  Bellièvre  des  dillicultés 
que  soulèvera  la  diète  de  Baden, 
i5i.  —  Refuse  de  coopérer  à  la 
destruction  de  Genève,  1 53.  — 
Donne  des  détails  sur  ce  qui  s'est 
passé  en  Bresse,  1 55 ,  note.  — 
Complimente  Bellièvre  de  la  levée 
de  Suisses  qu'il  a  obtenue,  1 56 , 
note.  —  Entretient  La  Mothe-Fé- 
uelon  de  la  mission  du  comte  de 
VYorcester.  i5(i,  note.  —  Se  plaint 
des  Guises,  106  ,  note.  —  Sa  lettre 
au  sujet  de  la  comtesse  de  Randan, 
301,  note.  —  Ecrit  au  duc  d'An- 
jou au  sujet  de  la  levée  des  Suisses 
qu'il  a  l'ait  suspendre,  157,  i58, 
note.  —  Fait  savoir  à  La  Mothe- 
Fénelon  que  la  mission  du  comte 
de  \\  orcester  est  limitée  au  baptême 
de  sa  fdle,  161,  note.  —  Le  prévient 
qu'il  a  envoyé  Mauvissière  pour  le 
recevoir,  i6i,note.  —  Lui  observe 
que  la  reine  Elisabeth  cherche  à  re- 
tarder son  mariage  avec  le  duc  son 
frère,  l'ii,  note.  —  Le  prévient 
que  Worcester  et  Walsingham  doi- 
venl  en  parlera  la  Reine  sa  mère, 
161,  note.  —  Annonce  à  Saint- 
Gouard  l'accomplissement  du  bap- 
tême de  sa  fille,  161,  note.  —  In- 
vite l'évèque  de  Dax  à  s'entendre 
avec  celui  de  Valence,  16a,  note. 
-  Proteste  de  sa  bonne  volonté 
envers  les  Vénitiens,  163,  note. 
—  Lettre  que  le  duc  d'Anjou 
lui  écrit  en  faveur  de  Matignon, 
i6.3,  note.  —  Entretient  Saint- 
1  rouard  des  difficultés  que  rencontre 

Catherine  de  Médicis. 


TABLE  DES  MATIERES. 

l'élection  de  son  frère  au  trône  de 
Pologne,  170,  note.  —  Invite 
Bellièvre  à  faire  précéder  la  marche 
des  Suisses  par  une  avant-garde 
de  800  hommes,  178.  — Sa  lettre 
à  Schombergau  sujet  de  la  marche 
des  Suisses,  i3o.  —  Se  blesse 
en  chassant  le  sanglier,  186.  — 
Annonce  au  duc  d'Anjou  qu'il 
commence  à  se  guérir,  i85,  noti  . 

—  Lui  l'ait  part  de  la  venue  de 
Ludovic    de    Nassau,    1 85 ,    note. 

—  Va  faire  marcher  les  Suisses, 
i85,  note.  —  Rend  compte 
à  Saint-Gouard  des  opérations  du 
siège  de  la   Rochelle.    177,   noie. 

—  Prévient  le  duc  d'Anjou  de 
la  venue  de  la  (lotie  de  Mont- 
gomery,  307,  note.  —  Décidé  à 
faire  punir  le  meurtrier  de  Mau- 
vissière, 316.  —  Sa  lettre  à 
Schomberg  relative  à  la  négocia- 
tion de  Pologne,  318,  note.  — 
Manifeste  au  duc  d'Anjou  les  in- 
quiétudes que  lui  cause  le  mauvais 
vouloir  delà  reine  Elisabeth,  aao, 
note.  —  Consent  au  départ  du  duc 
d'Alençon  pour  l'Angleterre,  aaa. 

—  Sa  lettre  à  La  MotheF-énelon 
pour  lui  annoncer  l'élection  du  duc 
d'Anjou  au  Irène  de  Pologne, 
aa3,  note.  -  Invite  le  duc  son 
frère  à  envoyer  sur-le-champ 
4, 000  Gascons  en  Pologne,  327, 
note.  —  Lui  communique  les  lettres 
qu'il  a  écrites  pour  lui  à  lous  les 
princes  de  la  Germanie,  227,  noie. 

Mauvaises  menées  contre  la 
reine  d'Angleterre  dont  Philippe  II 
l'accuse  faussement,  a3a.  —  Mé- 
moire que  Ludovic  de  Nassau  lui 
soumet.  a3a',  note.  —  Annonce  à 
Schomberg  qu'il  s'occupe  du  voyage 
do  son  frère  en  Pologne,  a  34 ,  noie. 

—  Approuve  l'avis  qu'il  a  donné  que 
les  ambassadeurs  de  Pologne  vien- 
nent ouvertement,  234,  note.  — 
L'approuve  d'avoir  renvoyé  l'homme 
de  Ludovic  de  Nassau,  a34,  note. 


345 

—  Lui  écrit  au  sujet  du  passage 
de  son  frère  le  duc  d'Anjou  en  Po- 
logne, a34,  note.  —  A  bien  l'ail 
de  remercier  Ludovic  de  Nassau 
de  son  bon  concours  pour  rett*' 
élection,  234,  note.  —  Fait  pari 
à  Matignon  du  danger  auquel  a 
échappé  son  frère  au  dernier  assaut 
donné   à   la   Rochelle,   a35,  note. 

—  Lui  donne  des  détails  sut  la 
blessure  reçue  par  le  duc  d'An- 
jou au  siège  de  la  Rochelle,  a35, 
note.  —  Fait  part  à  Schomberg 
des  bonnes  al lentious  du  landgrave 
de  Hesse  à  l'égard  du  roi  de  Po- 
logne. a34,  noie.  —  Lui  affirme 
qu'il  n'a  point  contribué  à  la  pai\ 
conclue  entre  les  Vénitiens  et  le 
Grand  Seigneur',  a34,  note.  —  En 
déplacement  à  Charleval,  a4l, 
note.  ■■  -  Recommandations  qu'il 
adresse  au  maître  des  requêtes 
\  iart  envoyé  en  Allemagne,  a 4 3. 
note.  —  Invité  à  retarder  sa  venue 
au  château  de  Madrid,  a44.  - 
Gondi  lui  est  envoyé,  a44.  —  Re- 
commandations de  Catherine  pour 
sa  santé,  a64.  —  Catherine  en 
écrivant  à  M.  de  Gordes  s'en  réfère 
à  sa  lettre,  a4'i.  —  Fait  de- 
mander passage  pour  le  roi  de  Po- 
logne son  frère  aux  Vénitiens,  a5a  , 
note.  —  Recommande  les  affaires 
de  La  Mirande  à  du  Ferrier,  a5a  . 
uole.  —  Espère  après  quelque- 
jours  de  repos  à  Vitry  être  en 
état  d'accompagner  son  frère  le 
roi  de  Pologne  à  Nancy,  a54 , 
note.  —  Écrit  à  Danzay,  a54. 
note.  --  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Mondoucet,  a54,  note.  —  Lettre 
qu'il  reçoit  de  la  reine  Elisabeth, 
s56,  note.  —  Ecrit  à  M.  de  Ferais 
au  sujet  de  M.  de  Foix  que  le  pape 
ne  veut  pas  recevoir,  357.  —  Re- 
mercie le  président  de  Thon  d'avoir 
fait  vérifier  les  lettres  de  supplé- 
ment à  l'apanage  du  duc  d'Anjou. 
a»7.  —  Se  plaint  de  ce  que  l'oit 

44 


il     RATION 


346 


porte  ainsi  atteinte  à  lu  réputation 

de   ses   serviteurs,    35^,   note.    — 
Déclare   en   ronseil   que  le   roi  de 
Pologne  est  son  seul  héritier,  3Ô7, 
note.    —    Cité,     a 58,    noie.    — 
Écrit   à    Ferais   au   sujet   des    ac- 
cusations   portées   à    Rome   contre 
M.  de  Foix,  et  s'en  plaint,  969, 
note.    -      Sa   lettre   à    Loys   Pico 
au  sujet  de  son  dissentiment  qu'il 
Manie   avec   sa   lielle.-sœur  la  com- 
tesse de  la  Mirande,  36g,  note.  — 
\"  permet  pas  l'entrée  des  troupes 
du    pape   dans    le    Comtat,    260, 
note.    -  -    Détails    qu'il    donne    à 
Saint-Guiiard  sur  le  voyage  de  son 
frère  le  roi  de  Pologne,  sôo.  — 
Nouvelle   lettre  de  lui  au  sujet  de 
la  comtesse  de  la  Mirande  et  de  son 
beau-frère,  26 1 ,  noie.  —  Trace  l'iti- 
néraire qu'il  va  suivre  au  maréclial 
Damvilie,  a6ù,  noie.  —  Remercie 
Elisabeth  de  l'avoir  l'ail  visiter  par 
Randolph,  267,  noie.  —  Sa  lettre 
à  Damvilie  au  sujet  de  la  situation 
du  Languedoc,    171,  note.  —  Le 
charge  de  faire  de  sévères  remon- 
trances aux  députés  des  protestants, 
«71,   note.  —  Prend  en  main   la 
cause  de  M.  de  Foix  à  Rome,  976, 
note.  —  Sa  lettre  à  Damvilie  où  il 
énumère  les  difficultés  d'arriver  à 
la  paix  avec  les  protestanls,   s85, 
note.    —    Instructions  qu'il  donne 
à  Saint-Snlpiie  et  à   Villeroy  pour 
s    la  pacification  du  Languedoc,  986, 
■189,    note.   —  Annonce  à  Dam- 
vilie le  retard  de  leur  départ,  386, 
note.  —  Une  conspiration  le  con- 
traint de   quitter  Saint-Germain, 
987,  note.  —  Sa  lettre  à  Damvilie, 
991,  note.  —  Lui  annonce  la  pro- 
chaine   arrivée   de  Villeroy  et   de 
Saint-Sulpice,   991,  note.   —   Sa 
lettre  à   Condé  où  il   lui  parle  de 
la    défaite    du    comte    Ludovic    de 
Nassau,   99H,   note.  —  En  espère 
une  heureuse  conséquence  pour  la 
pacification  de  son  royaume,    M)3, 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

note.  —  Fait  part  de  la  conspira- 
tion du  Mardi  Gras  et  de  l'arres- 
tation de  La  Mole  et  de  Coconas. 
292,  note.  —  Fait  connaître  à  du 
Ferrier  les  conditions  de  la  soumis- 
sion de  la  Rochelle,  agS,  note.  — 
Lui  annonce  le  dépari  de  Montmo- 
rin  pour  l'Allemagne,  395,  npte. 
—  Lui  parle  des  chemins  que  peul 
suivre  le  roi  de  Pologne,  995, 
noie.  —  Félicite  Matignon  d'avoic 
enfermé  Montgomery  dans  Dom- 
front,  eqo,  note.  —  Recomman- 
dations qu'il  lui  fait  pour  le  siège, 
398,  note.  —  Renforts  qu'il  lui 
envoie,  998,  note.  —  Promet  le 
pardon  à  ceux  qui  se  sépareront 
de  Montgomery,  Soi,  note.  — 
Charge  Matignon  de  le  faire  pu- 
hlier,  Soi,  note.  —  Nouvelle  lettre 
à  ce  sujet,  3o6  ,  note.  —  Annonce  à 
du  Ferrier  que  Montgomery  est 
cerné  dans  Domfront,  3ofi.  —  La 
cause  de  sa  maladie  et  de  sa  moct 
expliquée  par  Catherine  à  Mati- 
gnon, 3i3. 
Charleval,  soo,  aoi,  ail; 
Charron,     valet     de     chambre 

Charles  IX,  229. 
Gbastelibb  (Le  sieur  de),  envoyé 
Ludovic    de     Nassau     auprès 
Charles  IX,  933,  noie. 
ChÂtkauneuf  (La  ville  de),  390,  note. 
Chàtelet  (Le).  Ses  difiicullés  avec  les 

échevins  de  Paris,  io3. 
CbAtiilon  (Le  cardinal  de),  s'occupe 
du  mariage  du  duc  d'Anjou,  îli. 
—  Prié  par  l'intermédiaire  de  La 
Molhe-Fénolon  de  pénétrer  la  ré- 
solution de  la  reine  Elisabeth  pour 
celle  union,  3a;  —  d'en  venir 
conférer  avec  Calb  ririe.  3a. 
Chàtillos    (L'amiral     de).   Voir    Go- 

LIGSÏ. 

C11  issrscoi  rt.  Catherine  désire  qu'elle 
reste  en  qualité  de  gouvernante 
auprès  de  ses  petites— filles,  86. 

CiiAi'vir,\i,  envoyé  en  mission  à  Rome, 
111. 


de 


par 
de 


Chavkinv  (M.  be),  accompagne  M.  de 
Monlpensier,  91 5.  —  Sera  récom- 
pensé de  ses  services.  31 5.  — 
Cité,  326. 

Ciiémerailt,  envoyé  en  Pologne , 3* o. 

( J1E\0N'CEAÏX,    40,67,    103- 

CinvERST  (M.  de),  chargé  d'un  em- 
prunt  pour  le  nouveau  roi  de  Po- 
logne,  1Ô9.  —  S'en  occupe,  97Ô. 

Choist.  Instructions  qu'il  reçoit  rie 
Catherine  pour  une  réformalioi: 
commencée  en  la  foi  et  d'Orléans, 
3 16. 

CiiRrsToeriE  (Le  duc),  fils  du-  comte 
Palatin,  est  tué,  99.3,  note. 

Cire  (Le  capitaine),  blessé  à  l'assaut 
rie  Domfront,  3oi,  note. 

Clément  (Le  capilaine),  tué  à  l'assaut 
de  Domfront,  3oi,  ii"te. 

CnAprs  (Vitelli  ),  cité,  /19. 

Chirac  (L'abbaye  de),  sollicitée  par' 
Catherine  pour  le  chevalier  d'\n 
goulème,  1 55. 

Clbves  (Le  duc  de),  marié  à  Jeanne 
d'Albret,  75,  note. 

Ci.èves  (Le  pays  de),  ag.3,  note. 

Cistes  (Marie  de),  princesse  de 
Condé, absolution  pourson  mariage 
sollicitée  par  Catherine,  1  35. 

Corham  (  Lord  ),  destiné  à  une  mission 
en  France,  8s.  —  Accusé  de  com- 
plicité avec  Norfolk,  89. 

Coconas  (Le  comte),  envoyé  auprès  de 
Chapin  Vitelli  par  Catherine,  67. — 
Ce  qu'écrit  le  roi  de  Pologne  à  son 
sujel  à  M.  de  Nancay,  2g5,  note. 
—  Son  arrestation,  999,  note.  — 
Sa  grâce  sollicitée  par  le  duc 
d'Alençon,  3o3,  note.  —  Exécuté 
précipitamment,  3o'i,  note. 

Coignet  (La  tour  de),  17.3,  note. 

Colignv,  écrit  à  Charles  IX  au  sujet 
de  k  mission  du  maréchal  de 
Cosse,  9.3,  note.  —  Envoie  M.  de 
Ouincé  à  la  COTir,  ar3,  mile.  — 
Proteste  à  Catherine  de  son  bon 
vouloir  et  de  son  dévouement.  a3, 
note.  —  D'après  Charles  IX,  c'est 
sot  sa  demande  qu'il  vienl  à  Rlois. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


3'i7 


70,  note.  —  S'esl  entendu  avec 
le  Roi  pour  l'exécution  de  l'édil , 
70,  note.  —  Son  arrivée  à  Blois, 
70,  note.  —  Fait  dire  à  Walsin- 
ghain  que  par  prudence  il  ne  peut 
le  voir,  70,  note.  —  Obtient  de 
Charles  1\  L'enlèvement  de  la  croix 
de  (iaslines,  84-,  noie.  —  Sa  mort 
racontée  par  Charles  IX,  1  1 3 ,  note. 
—  Papiers  trouvés  après  son 
meurtre  qui  démontrent  son  hosti- 
lité contre  les  Anglais,  118.  — 
Ils  sont  communiqués  à  Waisin- 
gham ,  118.  —  La  Mothe-Fénelon 
chargé  d'en  parler  à  la  reine  d'An- 
gleterre, 118.  —  Cité,  ia3.  — 
(  Conspiration  que  lui  reproche  Ca- 
therine, i3i. 

Colisnt  (Les enfanta  de),  recomman- 
dés par  le  landgrave  de  Hesse, 
a33  ,  noie;  —  par  le  duc  de  Saxe, 
ù'ili ,  note. 

(Cologne  (L'électeur  de).  Tentatives 
pour  le  détacher  de  la  maison  d'Au- 
triche, -170,  note. 

Colombilb.es.  Sa  prise  d'armes.  987, 
note. 


Commendon  (Le  cardinal),  976. 

Comtat  (Le),  260,  note. 

Condé  (Le  prince  de).  Son  absolution 
sollicitée  par  Catherine,  1 35.  —  Sa 
fuite  d'Amiens,  286. —  Charles  IX 
lui  annonce  la  défaite  de  Ludovic 
de  .Nassau,  293. 

Comn,  168,  169,  note. 

Constantin  (L'empereur),  13/1,  note. 

Contaiuni  (Léonard),  envoyé  par  les 
seigneurs  de  Venise  pour  compli- 
menter Charles  IX  à  l'occasion  de 
son  mariage,  68. 

Contremoclin  (Le  capitaiue).  Avis  qu'il 
donne  de  la  marche  de  Montgo- 
mery,  299,  note. 

Gopola  (Le  sieur),  envoyé  par  Dam- 
ville,  186. 

Corbodzos  (.M.  de),  prend  Bray-sur- 
Seine,  note,  86. 

Cordeliers  (Le  général  des).  Sainl- 
Gouard  s'en  sert  auprès  de  Phi- 
lippe II,  i65,  note. 

Corse.  Charles  IV  accusé  de  vouloir 
conquérir  la  Corse,  note,  ah. 

CossÉ  (Le  maréchal  de),  envoyé  au- 
près de  la  reine  de  Navarre,  aa. 


—  Chargé  par  Catherine  de  négo- 
cie» un  emprunt  à  Paris,  80.  — 
Lellre  que  Charles  l\  lui  écrit  à  ce 
sujet,  80,  note.  —  Reçoit  l'ordre 
de  ne  laisser  Iner  ni  piller  sous 
prétexte   de   religion,    13g,   note. 

—  Chargé  de  veiller  sur  les  ducs 
d'Anjou  et  d'Alençon  au  siège  de 
la  Rochelle,  160.  —  Complimente 
par  Catherine,  200.  —  Son  arres- 
tation', 290,  note. 

GOI  FANGES;  298,  note. 

Cracovie,   168,  "69,  28/1. 

CrKKAY  (M.  de),  gouverneur  de 
Brest,  a  Ai. 

Créquv  (Le  cardinal  de),  félicité  par 
Catherine  d'avoir  rétabli  l'ordre 
dans  Paris,  1 45. 

Crispims  (Le  docteur),  mission  que 
lui  confie  Catherine,  aoA,  3o5. 

Cnoc  (Du),  chargé  de  veiller  sur 
Marie  Slu.iil ,  79,  go,  gli. 

Cirson  (Le  vicomte  de).  Un  gouver- 
neur pour  lui  est  désigné  par  Ca- 
therine, 177. 

Ccssv  (  L'abbaye  de),  promise  au  frère 
de  Mauvissière,  ai  A. 


I) 


DaddA  (  Paul-Camille),  gentilhomme 
milanais,  recommandé  par  Cathe- 
rine à  Philippe  II,  38; —  à  Four- 
qnevaux,  3g. 

Daffis,  le  président  du  Parlement 
de  Toulouse,  expose  à  Charles  IX 
la  triste  situation  du  Languedoc, 
■>r>3.  noie.  —  Retenu  à  Tou- 
louse, ne  peut  aller  assister  le  ma- 
réchal Damville,  979,  note. 

Dale  (L'ambassadeur  Valentin),  af- 
firme la  sincérité  du  duc  d'Alençon , 
■•■•  •> .  note.  —  Sa  lettre  à  Walsin- 
;;ham,  p.  s35.  —  Se  porte  garant 
du  désir  d'Elisabeth  d'entretenir 
de  bonnes  relations,  s36. —  Vient 
sonde!  les  intentions  de  Catherine, 
■ii\" .  —  Sa  dépêche  à  lord   Bur- 


ghtey,  a38,  noie.  —  Audieucequ'il 
obtient,  a38,  note.  —  Conditions 
qu'il  met,  au  nom  d'Elisabeth,  à 
une  entrevue,  338,  note.  —  De- 
mande à  Catherine  des  nouvelles 
du  siège  de  Lislebourg,  a38. 
Lui  annonce  que  la  reine  Elisabeth 
s'approche  de  Douvres  pour  faci- 
liter une  entrevue,  338.  —  Lui 
parle  de  Montgomery,  938.  — 
Cité,  260,  36A.  —  Dénonce  la 
pénurie  d'argent  de  la  cour  de 
France,  377,  note.  —  Sa  lellre  à 
Walsingham,  280,  note.  —  Solli- 
cite la  grâce  de  La  Mole,  ag5,  a§6. 
Dallon  (Le  capitaine),  indiqué  par 
Catherine  pour  gouverneur  du  vi- 
comte de  Ourson-,  177. 


Damvillic,   prévenu    de    l'arrivée    de 
l'avocat  général  de  Moncal,  1A0. 

—  Catherine  a  vu  ce  qu'il  a  mandé 
sur  la  situation  de  son  gouverne 
ment,  îAi.   —   Cité,    i5o,  note. 

—  Prévenu  du  départ  du  duc 
d'Anjou  pour  la  Rochelle,  i53.  — 
Prié  de  veiller  sur  son  gouverne- 
ment, i53.  —  De  laisser  partir 
M.  de  Bellièwv,  i.">3.  —  Compli 
mente  pour  ses  bons  services  par 
Catherine ,  17A1  —  Prié  de  donner 
de  ses  nouvelles,  18A.  —  Remercié 
de  ce  qu'il  mande  du  Lingue 
doc,  1H6.  —  Félicité  par  Ca 
therine  de  la  prise  de  Nommièies. 
■>.ii.  — -  Instructions  qu'il  reçoit, 
311.  —  Invité  à  soulager  le-  bon 

AA. 


348 


TABLE  DES  MATIERES. 


sujet*  du  Roi,  a3a.  —  Prié  de 
veiller  sur  son  gouvernement, 
.,:{.,.  —  L'évéque  d'Albi  lui  est 
recommandé  par  Catherine,-  a4o. 

—  N'a  point  répondu  aux  articles 
qu'il  a   reçus  pour  la  paciGcation, 

a4fi.  —   Mis  en  uVin v  île  faire 

exécuter  les  instructions  flu  Roi, 
907.  —  De  recouvrer  une  somme 
de  3(*),ioo  livres,  367.  —  Cathe- 
rin'' s'applaudit  de  ce  qu'il  veut 
bien  accompagner  le  duc  d'Anjou 
en  Pologne,  2.r)i.  —  Invité  par 
elle  à  pacifier  son  gouvernement, 
.,:,,.  —  Sera  payé  de  ses  états, 
a5i.  —  Invité  par  Catherine  à  se 
hâter  de  rentrer  dans  son  gouver- 
nement, a63.  —  Charles  I\  lui 
trace  l'itinéraire  qu'il  suit,  "fi'r , 
note.  —  Lettre  qu'il  lui  écrit 
au  sujet  des  troubles  du  Langue- 
doc, 371,  note.  —  Chargé  de 
faire  de  sévères  remontrances  aux 
députés  des  protestants,  971,  note. 

—  Recommandations  que  lui  fait 
I  atherine  an  sujet  dé  la  confé- 
rence qu'il  doit  avoir  avec  ceux 
de  la  religion,  373.  —  Espérance 
qu'elle  fonde  sur  cette  entrevue, 
•1,70.  —  Prévenu  par  Charles  IX 
qu'il  ne  pourra  être  assisté  par  le 
président  Dalïis,  379,  note.  — 
Compliments  qu'il  reçoit  de  Ca- 
therine   pour    ses  lions    services, 


a85  ,  note.  —  Prié  de  les  continuer, 
a85.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Charles  IX  sur  les  difficultés  d'ar- 
river à  la  paix,  a85,  note.  — 
Prévenu  de  l'abouchement  qui  a 
eu  lieu  entre  M.  de  Riron  et  La 
Noue.  390;  -  de  l'extension 
donnée  aux  instructions  de  M.  de 
Strozzi,  390.  —  Catherine  espère 
que  la  venue  de  Snint-Sulpice  et 
deVilleroj  auprès  de  lui,  permettra 
de  conclure  la  paix,  391.  —  Ré- 
ponse lui  est  faite  par  elle  au 
sujet  des  conditions  de  la  paci- 
fication du  Languedoc,  397.  — 
Elle  espère  qu'il  pourra  profiter  de 
la  suspension  d'armes  pour  y  par- 
venir, 3oo. 

D.nEMARK  (Le).  318,  note. 

Danemark  (Le  roi  de),  337,  note.  — 
Passage  lui  est  demandé  pour  le  roi 
de  Pologne,  3/1/1.  —  Mauvaise 
démonstration  de  sa  part,  361. 
-  Lettre  à  ce  sujet  de  Charles  IX, 
363  ,  note.  —  La  ligne  de  conduite 
à  suivre  à  son  égard ,  tracée  à 
M.  de  Danzay,  963,  note. 

Danes,  apporte  à  Rome  la  nouvelle  de 
la  Saint-Barthélémy,  i-3g,  noie. 

Danzay,  ambassadeur  en  Danemark, 
envoie  des  haquenées  à  Cathe- 
rine, 9.  —  Elle  lui  témoigne  la 
satisfaction  qu'elle  a  eue  de  la  né- 
gociation   poursuivie   par  les  deux 


ambassadeurs  du  roi  de  Suède, 
kl.  —  Lettre  qu'elle  lui  écrit 
à  l'occasion  du  voyage  du  roi 
de  Pologne  son  fils,  3 54.  —  Pré- 
venu de  la  réception  de  l'ambas- 
sade polonaise,  9  58.  —  Cathe- 
rine reconnaît  le  mérite  de  ses 
services,  361.  —  Ligne  de  con- 
duite qu'elle  lui  trace  à  l'égard  du 
roi  de  Danemark,  361,  a6a, 
note. 

Dvupiiiné  (La  noblesse  protestante 
du),  a'i5.  —  Troubles  de  cette 
province  dissipés,   360. 

Dau'hiné  (Le),  a5,  note;  ig6, 
3o6. 

Dax  (L'évéqu*  de).  Voir  Noailles. 

Die  (Le  doyen  de),  rend  compte  de 
l'élection  de  Pologne,  23/1,  note. 

Domfront  (Le  siège  de),  agi,  3oi. 
—  Sa  réduction,  3o8. 

Domini,  apporte  des  nouvelles  de  Po- 
logne. 3  1  K,  note. 

Doublet  (L'orfèvre),  209,  noie. 

Douches  (M.),  mis  à  la  disposition  de 
M.  de  Cordes,  319. 

Douvres,  11 3,  i35,  s38. 

Duhamel,  a3i,  note. 

Di  miiartok,  1 1 ,  note. 

Duras  (M.  de).  Sa  querelle  avec  le 
jeune  Montafié,  1  44.  —  Apporte  à 
Grégoire  XIII  la  soumission  du  roi 
de  Navarre,  i4g. 

Duretal,  Si,  83. 


E 


Ecosse  (L'),  98,  note;  99,  101, 
119,  192,  2as.  —  Catherine  re- 
vendique sa  protection  pour  la 
France,  73,  note.  —  Ce  qu'a 
roulé  la  guerre  d'Ecosse,  325.  — 
Ce  que  dit  Catherine  à  Walsin- 
gham  de  sa  situation,  ig3,  note. 
-  Sa  défense  recommandée  par 
iln  Ferrier  à  Catherine,  i33, 
note. 


Ecosse  (Les  troubles  de  1'),  83.   — 

Killegrew  offre  à  Catherine  de  les 

pacifier,  83. 
Edouard  VI.  Henri  II  veut  lui  donner 

sa  fille,  125.  —     Parrain   du  duc 

d'  \njon,  1  37. 
Elbeuf  (Le  duc  d'),  accompagne  I'1 

roi  de  Pologne,  206,  note. 
Elisabeth    (  La    reine  ).   Sa    lettre   à 

Sussex,  h  ,  note.  —   Sa  main  re- 


fusée par-  le  duc  d'Anjou,  ati.  — 
Entretien  qu'a  avec  elle  La  Mothe- 
Fénelon  au  sujet  de  son  maria;;.'. 
26,  note.  —  Accueille  favorable- 
nri'iii  la  demande  du  duc  d'Anjou, 
37,  note.  —  Il  se  décide  à  l'épou- 
ser, 3l-  —  Lettre  que  lord  Buc- 
kliuisl  lui  écrit,  .'li,  note.  — Ca- 
therine  désire  avoir  son  portrait, 
r>;i.  —  Remerciée  par  elle  de  sa 


TABLE  DES   MATIERES. 


349 


lettre  apportée  par  Larchant,  et 
de  sa  sincérité  à  poursuivre  la  né- 
gociation do  son  mariage,  62.  — 

Sa  lettre  en  réponse  aux  proposi- 
tions de  ce  projet, 6'î,  noie.  —  Con- 
ditions qu'elle  exige  du  duc  pour 
P  ixercice  de  sa  religion,  lig.  — 
Elles  sont  regardées  par  Charles  IX 
comme  un  prétexte  de  rupture, 
()<),  note.  —  L'a  religion,  seule 
cause  du  non-accomplissement  de 
son  mariage  avec  le  duc.  d'Anjou, 
70 ,  note.  —  Les  relations  de  bonne 
amitié  avec  la  cour  de  France 
n'en  seront  pas  altérées,  70,  note. 

—  Catherine  lui  lait  recommander 
Marie  Stuart  par  du  Croc,  89, 
90.  —  Lettre  qu'elle  lui  écrit 
pour  lui  exprimer  son  contente- 
ment de  leur  nouvelle  alliance, 
97.  —  Ses  instructions  pour  la 
ligue  avec  la  France,  0,8,  note.  — 
Catherine  se  persuade  qu'elle  épou- 
sera le  duc  d'Alençon,  111.  — 
.Mission  qu'elle  envoie  en  Fiance, 
io3.  —  Catherin1  lui  renouvelle 
ses  protestations  de  bonne  amitié, 
106.  —  Lui  l'ait  de  nouvelles 
instances  en  faveur  de  son  mariage 
avec  son  fils  d'Alençon,  io.'i.  — 
Lui  donne  l'assurance  de  l'en- 
tière exécution  de  la  ligue,    io5. 

—  La  Mothe-Fénelon  invilé  à 
lui  faire  connaître  l'hostilité  que 
portait  Coligny  aux  Anglais  dé- 
montrée par  les  papiers  trouvés 
après  sa  mort,  118.  —  Catherine 
voudrait  savoir  ce  qu'elle  pense  de 
la  prétendue  conspiration  de  l'a- 
miral, 119.  -  ■  File  espère  la 
décider  à  épouser  le  duc  d'Alen- 
çon, 120.  —  Entrevue  sollicitée 
d'elle,  120.  —  Ses  pratiques  sus- 
pectes  à  Charles  IX,  130,  note.  — 
Catherine  écrit  à  La  Molhe  qu'elle 
n'entend  ne  pas  rompre  av  ic  ell  ', 
l3l.  —  Sa  réponse  pour  nni^ 
entrevue,  1 35.  —  Cherche  à  re- 
tarder   son    mariage    avec    le   duc 


d'Alençon,  1  (îo ,  note.  —  A  besoin 
d'èlre  rappelée  à  l'accomplissement 
du  dernier'  traité,  166.  —  Nou- 
velles insistances  de  Catherine 
pour  qu'elle  accepte  le  duc  d'Alen- 
çon, i64.  —  Lettre  qu'elle  en  re- 
çoit, 1 65.  —  Catherine  redoute 
qu'elle  n'assiste  secrètement  ceux 
de  la  Rochelle,  i56.  —  Sa  ré- 
ponse aux  articles  de  son  ma- 
riage qui  lui  ont  été  soumis,  186. 
187,  note.  —  Conditions  qu'elle 
exige.  193,  note.  —  Recherchée 
par  le  roi  de  Hongrie,  igft,  note. 
■ —  Catherine  s'inquiète  de  ce  pro- 
jet de  mariage,  197.  —  Menées  à 
ce  sujet,  198,  note.  —  Catherine 
lui  exprime  de  nouveau  l'extrême 
désir  qu'a  le  duc  d'Alençon  de 
l'épouser,  ao8.  —  Lui  demande 
une  entrevue  pour  lui  après  la  red- 
dition de  .  la  Rochelle,  308.  - 
Sa  réponse  à  ce  sujet,  308, 
3op,  note.  —  Letlre  qu'elle  éciil 
au  duc  d'Alençon,  309,  note; 
an.  —  L'élection  du  duc  d'An- 
jou au  trône  de  Pologne  jugée 
favorable  pour  la  disposer  à  épou- 
ser le  duc  d'Alençon,  917.  — 
Lettre  qu'elle  écrit  au  duc,  pour 
temporiser,  317,  note.  —  Paraît 
disposée  à  intervenir  en  France, 
230,  note.  — .  Lettre  que  lui  écrit 
Catherine  pour  lui  annoncer  qu'elle 
consent  au  départ  du  duc  d'Alen- 
çon pour  l'Angleterre,  3  23;  — 
pour  lui  annoncer  l'élection  du  duc 
d'Anjou  au  trône  de  Pologne,  92.3. 

—  Offre  de  nouveau  sa  médiation 
pour  pacifier  la  France,  227,  note; 
299,  2.3o. —  Propos  mensongers  que 
Philippe  11  lui  fait  tenir,  a3a.  — 
Portée  à  l'aire  alliance  avec  la  France 
avant  la  Saint-Barthélémy,  2.33, 
note.  —  Disgracie  Leicester,  3.36. 

—  Elle  est  indisposée,  s.3fi.  — 
A    pris   un    nouveau    favori,    a36. 

—  S'explique  avec  La  Mothe-Fé- 
nelon   sur   l'entrevue    qui    lui    esl 


demandée,  337,  note.  —  Se  mei 
en  travers  des  desseins  de  Mmil- 
gomery,  2.37.  —  Conditions 
qu'elle  met  à  une  entrevue  avec  le 
duc  d'Alençon,  238,  note.  —  En- 
voie en  mission  le  capitaine  Horsev. 
2.38.  —  Mise  en  demeure  de 
s'expliquer  sur  l'entrevue  qui  lui 
est  demandée  pour  le  duc  d'Alen- 
ço»,  237,  note.  —  Réponse  d'elle 
à  ce  sujet,  2.39.  —  La  Mothe- 
Fénelon  chargé  de  la  rassurer  sui 
le  passage  des  4, 000  hommes  qui 
suivent  le  duc  d'Anjou  en  Pologne, 
2 '11.  —  Catherine  prie  de  nou- 
veau La  Mothe-Fénelon  de  mé- 
nager une  entrevue  avec  le  duc 
d'Alençon.  24s.  —  Letlre  qu'elle 
écrit  au  duc  pour  le  remercier 
d'avoir  voulu  la  visiler,  2.56, 
note.  -  -  Lettre  qu'elle  écrit  à 
Catherine  pour  la  même  cause, 
206,  note;  266,  note.  —  Ca- 
therine lui  annonce  qu'elle  a  reçu 
Randolpb  so;i  envoyé,  367. 
Remerciée  par  Charles  i\.  367, 
note.  —  Nouveau  désir-  que  Ca- 
therine lui  exprime  de  la  voir  ma- 
riée à  son  fds  d'Alençon.  376, 
37.0. 

Evinr.ix  (L'évéque  d'),  recommandé 
par  Catherine  au  pape,  î6a. 

Entiugues  (M.  d'),  rassuré  par  Cathe- 
rine au  sujet  des  empiétements  de 
Martinehgo  sur  son  autorité,  56. 
—  Cité,  i4o. 

Ernest  (L'archiduc),  19a,  note. — 
Prétendant  à  la  main  de  la  fille  de 
Philippe  11,  197.  —  Compétiteur 
malheureux  au  trône  de  Pologne, 
3.34 ,  note. 

Espaguï  (Guerre  avec  1')  redoutée, 
98,  note. 

Espagne  (La  reine  d').  Voir  Awi: 
d'Autriche. 

Espagnols  (Les).  Leur  hostilité  et 
mauvais  vouloir,  170,  note. 

Espinasse     (M.    de   l').    Envoyé    en 

Ecosse ,     111. 


3»0 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Este  (Le  cardinal  d),   G4,99,  107.  j  Étampes    (Madame    d').    Sou    procès 
Csiouiiew     [  Le   roiiiniissaire),    84,!       contre  la  vemedeM.  de  Martigues, 
note  a&9- 


K\  im.ile    (Le  bastion  de  1),    173. 

192,  198,  199. 
Eisemch,  271,  note. 


F 


1'  ui.vtst  1  Le  cardinal),  désiré  comme 
pape  par  (, liai  les  IX,  100,  note. 

Férals  (M.  de).  Son  arrivée  à  Home 
annoncée  par  Catherine,  5A.  — 
Reçoit  communication  du  mariage 
de  Marguerite  de  Valois  avec  le 
priuce  de  Navarre,  70.  —  Prié  de 
solliciter  du  Saint  Père  une  dispense, 
j5.  —  Annonce  à  Charles  IX  la 
nominal  ion  comme  pape  du  car- 
dinal Boncoinpagni,  101,  note. — 
Lettre  que  lui  écrit  le  Roi  à  l'oc- 
casion des  troubles  des  Pays-Bas, 
10G,  note.  —  Ne  parvient  pas  à 
rassurer  les  Espagnols  sur  la  desti- 
nation de  l'armée  de  mer  de 
(.liai les  l\,  107.  —  Présente  de 
nouvelles  instances  pour  l'obten- 
tion de  la  dispense  du  mariage  de 
Marguerite  de  Valois,  110.  - 
Prévient  Charles  1\  que  le  pape 
s'est  rendu  à  ses  raisons  et  que 
l'envoi  de  la  dispense  pour  le  ma- 
riage  de  sa  sœur  n'est  qu'une 
question  de  jours,  111.  —  Fait 
mention  i\n  dépari  pour  la  France 
du  cardinal  Ursin  et  des  motifs  de 
sa  mission,  1 38 ,  10*9,  note.  —  Fait 
également  part  à  Charles  IX  de 
l'impression  produite  à  Roule  par  la 
nouvelle  de  la  Sainl-Barlliélemy, 
1S8,  1 09,  note.  —  Sollicite  la  dis- 
pense pour  récompense  de  celle 
iiouvelb',  1 39,  noie.  —  Chargé  par 
Catherine  d'une  mission  stupres  de 
Cosme  de  Médicis,  -.l'i-j.  —  Cité, 
■•".]i<,  note.  —  Lcltre  que  lui  éoril 
Charles  IX  au  sujet  de  M.  de  l'ois. 
a53,  note.  —  Prié  par  Cuiheriiur 
d'insister  auprès  du  pape  afin  qu'il 
ne  refuse  plus  de  recevoir  M.  de 
Foix,  308.        Invité  a  solliciter  la 


nomination  de  M.  de  Foix  au  cardi- 
nalat, a  58. 

Ferrare  (Le  cardinal  de),  soutenu 
par  Catherin  ■  dans  sa  candidature 
à  la  papauté,  ha,  43.  —  M.  de 
Ferais  lui  est  recommandé  par  Ca- 
therine, 76.  —  Sa  candidature  à 
la  papauté  soutenue  par  Charles  IX , 
100,  10a.  —  Chargé  par  Cathe- 
rine de  solliciter  la  dispense  pour 
le  mariage  de  Marguerite  de  \  alois, 
io5. 

Ferrare  (  L'ambassadeur  de) ,  son  con- 
flit avec  celui  de  Florence ,  1 6. 

Ferrare  (Le  duc  de),  00.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  en  faveur  du 
chevalier  Gianelli,  88.  —  Cité, 
227,  note.  —  Lettre  de  condo- 
léance qu'il  reçoit  de  Catherine 
pour  la  mort  de  la  duchesse,  271. 

—  Prévenu  par  elle  de  celle  de 
Charles  IX  et  de  la  régence  qu'il 
lui  a  confiée,  .S09.  —  Assurances 
d'affection  qu'il  en  reçoit,  3 10. 

Ferruie  (Renée  de).  Lettre  d'amitié 
que  lui  écrit  Catherine,  5o.  — 
Prévenue  par  Catherine  de  la  nais- 
sance de  la  lille  de  Charles  IX,  1 3o. 

—  Invitée  par  elle  à  revenir  à  la 
religion  catholique,  i3o.  —  Lettre 
quelle  eu  reçoit  à  l'occasion  de 
la  mort  de  la  duchesse  sa  belle-fille, 
i5o.  — Catherine  lui  demande  pour 
Loys  Le  Vasseur,  son  valet  de  pied, 
la  maladrerie  de  Gisors,  328. 

Ferrieu  (Du),  dépeint  à  Catherine 
l'horreur  que  la  Saint-Barthélémy 
a  inspirée  à   l'Europe,   l3s,  note. 

—  On  l'impute  a  elle  et  au  duc 
d'Anjou,  i3a,  noie.  — On  l'accuse 
d'avoir  agrandi  la  puissance  du 
meurtrier  de    sa    lille.    l3a,  note. 


—  A  appris  que  l'élection  de  Po- 
logne est  en  bonne  voie,  i3a. 
note.  —  Avertit  Catherine  que  la  ré- 
vocation de  l'évèque  de  Dax  esroyé 
à  Constantinople  est  désirée  par  le 
pape,  i33,  noie.  —  L'invite  a 
soutenir  l'Ecosse,  i33,  note;  — 
à  se  délier  des  Anglais,  i33.  — 
L  avertit  des  menées  de  l'archiduc 
Ernest  pour  la  succession  de  Po- 
logne, i33,  note.  —  Ne  croil  pas 
que  le  choix  de  l'évèque  de  Va- 
lence soit    profitable,    l33,    note. 

—  Prévient  Catherine  du  bon  vou- 
loir du  pape  pour  la  préséance  en 
laveur   de  la    France,    i33,   note. 

—  Chargé  par  elle  d'acheter  des 
piiies,  1  53.  —  Réception  lui  est 
accusée  de  ses  lettres,  1 56.  —  Sa 
letlre  à  Catherine  an  sujet  de  l'élec- 
tion au  troue  de  Pologne,  i5G, 
note.  —  Prévenu  de  l'envoi  des 
lettres  du  Roi,  163.  —  Chargé 
d'envoyer  une  letlre  de  change  à 
l'évèque    de    Valence   à   Cracovie, 

102.  —  Prie  de  l'inviter  à  écrire 
plus  souvent,  1G8;  —  d'adresser 
ses  letlres  audit  évèque  à  Cracovie 
par  la  voie  de  Venise,  169.  — Lettre 
que  lui  écrit  Charles  IX  sur  l'élec- 
tion au  troue  de  Pologne,  171. 
note.  —  Remercié  par  lui  des  dé- 
claralions    traduites    en    latin    sui 

la  Saint-Barthélémy  qu'il  a  fait 
passer  en  Pologne,  171.  —  Pré- 
venu de  la  prochaine  soumission  il" 


Rochelle,   171.  note 


Sera 


satisfait  des  assignations  qui  lui 
sont  dues,  18/1.  —  Entretenu  par 
Châties  IX  des  affaires  de  la  Mi- 

rande,  i84,  noie.  —  L'arriére  de 
ses  appointements  lui   est  promis, 


1  çig.  —    Catherine    lui    manifeste 
son   contentement  de  ta  paix  con- 
i  lue  entre  les  Vénitiens  et  les  Turcs. 
aoi.   —    Prié  d'accuser  réception 
d'un  paquet  envoyé  pourMadamede 
Randan,  aoi.  —  Prévenu  de  l'envoi 
de  la  lettre  du  Roi  pour  le  payement 
de   Mahamut,  919;  —  Chargé  de 
faire  part   à   l'évèque   de  Dax  de 
ce  qu'il  a   négocié  avec  Mahamut , 
«12.    —   Prévenu    par    Catherine 
que  le  Roi  emploie/a  la  force  pour 
réduire   ses   sujets   rebelles,    si 6. 
—  Des  nouvelles  de  la  Pologne  lui 
sont    demandées    par    Catherine, 
ai5,  337,  note.  —  Sa  lettre  pour 
annoncer  l'élection   de   Pologne   a 
été  devancée.  a34.  —  Prévenu  de 
la  facilité  que  le  nouveau  roi  aura  à 
traverser  l'Allemagne,  a3à.  —  Re- 
çoit une  lettre  pour  remettre  au  sieur 
Grimani.  3  35.  —  Chargé  de  remer- 
cier le  doge  de  Venise  de  la  satisfac- 
tion qu'il  a  témoignée  de  l'élection 
de  Pologne,  a35.  —  Prévenu  de  la 
soumission  de  la  Rochelle,  ai5  ;  — 
du  voyage  de  Louis  de  la  Mirande, 
>u5.  —  Renseignements  lui  sont 
demandés  pour  le  chemin  que  doit 
suivre  le  roi   de    Pologne,    a'iT>, 
968.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de  Ca- 
therine pour  l'achat  de  cimeterres 
cl     de    perles,    369.    —    Chargé 
d'en  finir   avec   les  affairés  de   la 
Mirande,  aûi.  —  De  négocier  le 
passage   du    duc   d'Anjou    par   les 
Liais  Vénitiens,  a5a.  —  Charles  IX 
lui   fait    connaître  ses  bonnes  dis- 
positions  pour  eux,   ai  a.  —  Sa 
lettre  à  Charles  IX  pour  les  achats 
faits    à    Mahamut,    212.    —   Ca- 
therine lui  écrit  pour  le  féliciter  de 
la  paix  que  les  Vénitiens  ont  faite 
avec  le  Turc,  ai3.  —  Chargé  d'al- 
ler à  la  Mirande  réconcilier  la  com- 
lesse  de  la  Mirande   et   son  beau- 
frère  Loys   Pico,  aao,  261,  note. 
-   Prévenu   du  retour  de  Cathe- 
rine. 97".  —  Mis  an    courant  des 


TABLE  DES   MATIERES. 

motifs  qui  ont  déterminé  à  donner  le 
titre  d'ambassadeur  à  M.  de  Foix, 
279.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine au  sujet  des  gens  de  M.  de 
Foix,  376.  —  Chargé  de  faire 
fournir  deux  cent  mille  écus  au  roi 
de  Pologne,  377.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  de  Catherine  en  réponse  à 
celle  où  il  lui  fait  part  de  l'offre 
d'une  place  d'Italie  par  Pietro 
Avogadre,  980,  note.  —  Prévenu 
par  elle  de  la  dernière  conspiration 
découverte  nu  bois  de  Vincennes, 
2g3.  —  Charles  IX  lui  annonce  que 
Montgomery  est  cerné  dans  Dom- 
front,  3 06. 

Ferrières  (Jean  de),  vidame  de 
Chartres.  Preuves  de  dévouement 
qu'il  donne  à  Charles  IX  et  à  Ca- 
therine, 975,  376,  note. 

Fehvaques  (M.  de),  commande  l'as- 
saut donné  à  Domfront,  3oi,  note. 

—  Y  est  blessé,  3oi,  note. 
Fizes,  a 5g,  361. 

Fundbes,  les  dépenses  qu'elles  mit 
causées  à  la  reine  Elisabeth,  70, 
note;  97,  note;  108,  i3g,  9  38.  — 
(  Les  Iroublesdes),  1 13.  — (Voyage 
de  Montgomery  dans  les),  a38. 

Floquet,  l'historien  du  Parlement  de 
Normandie,  cité,  36. 

Florence,  .'îou,  note. 

Florence  (  Le  duc  de  ).  Voir  Médicis. 

Foix  I  M.  de),  envoyé  à  Londres  pour 
le  mariage  du  duc  d'Anjou,  62.  — 
S'emploie  pour  la  ligne  avec  PAn- 
gleterre,  g8,  noie.  —  Recommandé 
par  Catherine  à  lord  Burghley, 
loi.  —  Sa  réception  à  Londres, 
io3,  note.  —  Envoyé  auprès  du 
pape.  —  Chargé  de  visiter  le  duc 
de  Savoie,  357.  —  Catherine  prie 
M.  de  Ferais  de  supplier  le  pape 
de  le  recevoir,  a58.  —  Accusations 
portées  contre  lui  à  Rome  et  dont 
Charles  IX  se  plaint,  957,  note. 

—  Le  chapeau  de  cardinal  de- 
mandé pour  lui,  a58.  —  Sa  no- 
mination  recommandée  à  Ferais, 


351 

a58.  —  Sa  généalogie,  b58,  note. 

—  Chargé  de  visiter  le  duc  de  Man- 
toue,  260.  —  Reçoit  le  titre  d'am- 
bassadeur, 96".  —  Motifs  que  Ca- 
therine en  donne  à  du  Ferrier,  373. 

—  Charles  IX  prend  sa  défense 
auprès  du  pape,  376,  note. 

Foix  (Gaston  de),  s58,  note. 

Foix    (Marguerite    de),    épouse    de 

François,   duc  de  Bretagne,  308. 

note. 
Fontaire,  186. 
Fontainebleau,  57,  58,  64,  65,  70, 

901,  206,  307,  308,  310,  190, 

195,    1  99 ,    900,    934,    93Ô,    226, 

25b;  181,  189,  i83,   i8'i.  180, 

186,  211,  2  12,  9  1 3,  9lâ,  3l5, 
2l6,    317,    2l8,    9ig,    991. 

Fontenai,  secrétaire  du  Roi,  93g. 

FoiiRocEvAijx.  Chargé  par  Catherine 
de  présenter  de  sa  part  des  haque- 
nées  à  Philippe  11,  9;  —  d'offrir 
aux  Infantes  ses  petites-tilles  deux 
chiens  de  Lyon  et  deux  pièces  de 
velours  pour  la  duchesse  d'Allié . 
9.  —  Invité  par  Catherine  à  pren- 
dre la  défense  du  sieur  de  Saint- 
Etienne  acecusé  d'être  mauvais  ca- 
tholique, 1 3  et  i4.  —  Recom- 
mandations qu'elle  lui  adresse  au 
sujet  du  mariage  de  Marguerite 
de  Valois  avec  dom  Sébastien  et 
défiances  qu'elle  lui  exprime  à 
l'égard  de  Loys  Torres  envoyé  par 
Pie  V,  lit.  —  Annonce  le  dé- 
part d'Espagne  des  fils  de  l'empe- 
reur Maximilien  ,19,  note.  —  Mé- 
moire que  lui  adresse  Charles  IX 
pour  rompre  le  mariage  de  Portu- 
gal, 95. —  Sa  femme  comprise 
dans  la  maison  de  Catherine,  9.5. 
-  Prié  de  rassurer  Philippe  II 
sur  la  santé  de  la  jeune  reine  de 
France,  a5.  —  Chargé  par  Cathe- 
rine de  remettre  des  présents  aux 
Infantes,  99.  —  Averti  de  la  con- 
valescence de  la  jeune  reine.  99. 
—  Catherine  lui  manifeste  le  désir 
qu'elle   a    de    voir    Catherine    de 


352 


TABLE  DES  MATIERES. 


Véra  auprès  des  Infantes  ses  pe- 
tites-filles, ai.  —  Se  plaint  à  lui  des 
mauvais  procédés  de  don  Fiancés 
de  Alava,  3o.  —  [uvité  à  se  servir 
d'Almeida,  39;  —  à  s'occuper  des 
inléréts  du  sieur  Dadda,  09.  — 
Informé  par  Catherine  de  la  bonne 
réception  faite  à  Lasso  l'envoyé 
de  l'Empereur,  61.  —  Chargé  de 
démentir  les  bruits  de  guerre. 
Ai;  —  de  féliciter  Philippe  II  de 
la  grossesse  de  la  reine  sa  femme, 
Ai.  —  Remercié  par  Catherine 
pour  les  tapisseries  qu'il  lui  a  en- 
voyées d'Espagne,  A3.  —  Saura 
tout  ce  que  désirent  elle  et  le  Roi 
par  Gondi,  J7.  —  Catherine  lui 
recommande  de  nouveau  Lasso  pour 
l'obtention  d'une  commanderie  eu 
égard  aux  services  rendus  par  son 


dernier  entrelien  avec  Alava ,  6A.  — 
Prévenu  du  retour  en  France  de  Ge- 
ronimo  Gondi,  65.  —  Chargé  par 
Catherine  de  justifier  la  présence  de 
Ludovic  de  Nassau  à  la  cour,  77. 

—  Prévenu  de  l'envoi  d'un  gen- 
tilhomme pour  complimenter  Phi- 
lippe II  de  la  naissance  de  son  fds, 
80.  —  Prié  d'engager  Chassinconrt 
à  demeurer  prés  des  Infantes,  80: 

—  de  rester  encore  en  Espagne, 
86.  —  Averti  de  la  réception  de 
ses  lettres,  g A. 

Français,  réfugiés  en  Angleterre  de- 
mandent à  rentrer,  236. 

Franohbtti  (Le  capitaine), conseille  à 
Catherine  de  ne  pas  poursuivre 
pour  le  moment  le  mariage  du  duc 
d'Anjou  avec  la   reine   Elisabeth, 


a36.  —  Lui  fait  part  de  la  mala- 
die de  ladite  reine,  2 36.  —  Mis 
en  rapport  avec  Morvilliers.  a3(i. 

—  Avertit  Catherine  de  la  disgrâce 
de  •  Leicester,  206.  —  Surveillé 
dans  sa  mission  par  quatre  gen- 
tilshommes, a  36. 

François    I",    allié  des  Turcs,   i3q. 

note;  a58,  note. 
Frégose  Galbas,  porte  une  lettre  du 

duc  de  Florence  à  Catherine,  76. 

—  Négocie  avec  le  comte  Ludovic 
de    Nassau.   33a.   — -   Cité,   106. 

—  Chargé  de  lui  témoigner  la 
bonne     volonté    de    Charles     IX, 

.    a33. 

Fi'lda  (L'abbé  de),  attend  à  Fulda  le 
roi  de  Pologne,  271,  note. 

Fumée  (M*  Martin).  Son  procès  rap- 
porté par  M'  Poille,  289. 


G 


Caillou,  A3,  45,  A7,  5o,  263, 
243. 

Galbas.  Voir  Fbboose. 

Ganaches  (  M.  de).  Prétend  à  la  main 
de  M"'deMouchy,  i3<> 

Garov.e  (La),  391,  note. 

Gastikes  (  Philippe  de).  Condamné 
pour  exercice  de  la  religion  ré- 
formée, 84,  note.  —  Sa  maison 
rasée,  84,  note. 

Gayasso  (Le  comte  de).  Démarches 
tentées  pour  le  faire  sortir  de  pri- 
son,  3l.  —  Ce  qu'en  écrit  Cathe- 
rine au  duc  de  Florence,  46. 

Gènes  (Les  seigneurs  de).  Catherine 
leur  recommande  Julien  Senturion, 
n5. 

Gbrèvb.  Sa  destruction  proposée  à 
Catherine  par  le  cardinal  Ursin, 
1.  :;. 

Geiimame  (Les  princes  de  la),  1  33. 
—  Catherine  leur  l'ait  part  de  l'élec- 
tion du  duc  d'Anjou  au  tronc  de 
Pologne,  eia.  —  Montmorin  en- 
voyé    vers   eux   pour   s'assurer    du 


chemin  que  doit  suivre  le  roi  de 
Pologne,  a45,  note.  —  Offrent 
passage  au  nouveau  roi,  a5a  ,  note. 

Gbrmirï  (M. de).  Ses  dépèches  doivent 
servir  de  régie  de  conduite  à  l'évèque 
de  Dax,  169. 

Giahelli  (Le  chevalier).  Ce  que 
Catherine  écrit  de  Batteur  pour  lui 
au  duc  de  Ferrare,  88. 

Gies  (Le  bailliage  de),  95. 

Gisons  (La  maladrerie  de).  De- 
mandée par  Catherine  pour  Loys 
Le  Vasseur,  328. 

Glasgow  (L'évèque  de),  ambassadeur 
de  Marie  Stuarl,  i5. 

Goiias  (La  compagnie  de),  a3g. 

Gohas  (Le  capitaine  1.  a3g. 

Goi*Di  (Geroninio  de):  Amené  à  Ca- 
therine un  cheval  offert  pal  Phi- 
lippe II.  1.  —  Envoyé  en  Espagne. 
43.  — ;  Ses  instructions,  43,  A4. 
—  Chargé  de  faire  connaître  à 
Fourquevaux  les  intentions  du  Roi 
et  de  Catherine.  A7.  —  Propos 
qu'il   a    avec   l'ambassadeur  d'Es- 


pagne, ii'i.  —  Ce  qu'il  lui  dit 
de  l'élection  de  Pologne,  ->3  4.  — 
Envoyé  par  Catherine'  auprès  de 
Charles  1\,  s44.  —  Son  entretien 
avec  l'ambassadeur  d'Angleterre, 
281. 

GosDi(Jean-liaptisle).  Chargé  de  faire 
un  emprunt  pour  le  nouveau  roi  de 
Pologne,  i5a ,  a55. 

Gonzague  (Charles  de).  Envoyé  par 
le  duc  de  Mantoue,  202. 

Cordes  (M.  de).  Chargé  de  faire  ex- 
pédier du  sel  marin  à  ceux  du 
canton  de  Berne,  3i.  —  Instruc- 
tions que  lui  a  données  Char- 
les IX  renouvelées  par  Cathe- 
rine, 1 55.  —  Chargé  d'arrêter  les 
protestants  qui  se  réfugient  en 
Daiiphiné.  196.  —  Nouvelles 
instructions  qu'il  reçoit  de  Cathe- 
rine, 300.  —  Nouvelle  lettre  qu'il 
reçoit  d'elle,  ai4.  —  Nouvelles  re- 
commandations qu'elle  lui  adresse. 
217.  —  Le  s'  Douches  lui  est  en- 
levé, aig.   —  Chargé  par  Calhe- 


TABLE  DES  MATIERES. 


353 


riiie  de  négocier  avec  Monlbrun 
el  Mirebel,  a3i.  —  Invité  par 
elle  à  continuer  son  bon  service, 
243.  —  Prié  d'insister  auprès  de  la 
noblesse  protestante  du  Dauphiné, 
alin  qu'elle  accepte  les  condilions 
de  la  pacili cation ,  a  a  5.  —  Catherine 
lui  exprime  le  regret  de  ce  que  les 
Suisses  n'ont  pas  été  licenciés,  aii'i. 

Gramokt  (M.  de).  Mauvais  tour  que 
lui  jouent  les  gens  du  Béarn,  210. 

Grantrie  (M.  de).  Ce  qu'il  a  fait  en- 
tendre aux  seigneurs  des  Ligues  au 
sujet  de  la  Saint-Barthélémy  est 
conforme  aux  intentions  du  Roi, 
i4i.  —  Sa  lettre  à  Catherine  pour 
lui  faire  connaître  l'impression 
causée  en  Suisse  par  la  Sainl-Bar- 
tbélemy,  1 43 ,  note. 

Grégoire  XIII,  complimenté  par  Ca- 
therine de  son  élévation  à  la  pa- 
pauté, J06.  —  Supplié  d'accorder 
la  ilispense  pour  le  mariage  de 
Marguerite  de  Valois  et  du  prince 
de  Navarre,  106,  107.  —  Solli- 
cité de  nouveau  pour  l'obtention 
de  cette  dispense,  110.  —  l'rié 
par  Catherine  de  donner  l'abbaye 
de  Saint-Benoît-sur-Loire  à  Claude 


Sublet,  sr  de  Saint-Etienne,  116. 

—  L'absolution  du  roi  et  de  la  reine 
de  Navarre  et  celle  du  prince  et  de 
la  princesse  de  Condé  lui  sont  de- 
mandées par  Catherine,  i34.  — 
Veut  empêcher  la  guerre  dans  les 
Flandres,  i3p,,  note.  —  Protesta- 
tions qu'il  reçoit  de  Catherine ,  1  44. 

—  Remercié  par  elle  de  la  dispense 
qu'il  a  accordée  au  roi  et  à  la  reine 
de  Navarre,  l44.  —  Intercession 
qu'il  reçoit  de  Catherine  en  faveur 
du  roi  de  Navarre  et  de  sa  sou- 
mission, lie).  —  L'abbaye  de  Clai- 
rac  lui  est  demandée  pour  le 
chevalier  d'Angouléme,  1 54.  — 
Remercié  par  Catherine  de  la  joie 
qu'il  a  manifestée  de  l'élection  du 
duc  d'Anjou  au  trône  de  Po- 
logne, a48.  —  Assurances  lui  sont 
données  qu'elle  sera  profitable  à  la 
religion  catholique,  268.  —  Refuse 
de  recevoir  AI.  de  Foix,  s5i,  noie. 

—  Lettre  que  Catherine  écrite  M.de 
Ferais  à  l'effet  d'obtenir  que  Sa 
Sainteté  veuille  recevoir  M.  de 
Foix,  a58.  —  L'archevêque  d'Em- 
brun lui  est  recommandé,  36a.  — 
Fait  don  à  Charles  IX  de  la  part  qui 


lui  revient  sur  un  prisonnier  turc. 

283. 
Grisons  (Les),   l43,  noie. 
GtEuÉNÉ  (Le    9'    de)    est   prié   par 

Catherine  de  prendre  pour  guidon 

de  sa  compagnie  le  s"  de  Boisdoré, 

3i5. 

GuERNESEÏ,     120,    l35. 

Gueuï(  Les).  Désavoués  par  Charles  IX, 

io4 ,  nul  \ 

Guiche  (La),  129,  note.  —  Nomme 
capitaine  de  5o  hommes  d'armes, 
23a, 

Gcise  (Henri  du).  Catherine  ne  veut 
pas  de  lui  pour  accompagner  le 
duc  d'Anjou  en  Pologne.  225. 
—  Cité,  3 18. 

Guise  (Charles  de),  duc  du  Maine. 
Blessé  au  siège  de  la  Rochelle, 
200.  —  Accompagne  le  roi  de 
Pologne,  268. 

Guises  (Les).  Opposés  à  l'alliance 
avec  l'Angleterre,  70,  noie. 
Accusés  d'avoir  machiné  la  Saint- 
Barlhélemy,  i'i.'I,  note.  — 
Chirles  IX  se  plaint  d'eux  à  La 
Molhe-Feuelou,  îôti,  note.  — 
Leur  présence   à  Compiègne,  27'L 

Guyenne  (La),  120,  noie;  Si 5. 


H 


Harlai   (M.  de).  Chargé  d'une  mis 
sion  par  Charles  IX,  263. 

IIutefort  (M.  de).  Catherine  compte 
sur  ses  bons  services  en  Suisse , 
96.  —  La  mission  qu'il  y  remplit, 
.li.'i.  —  Lettre  que  lui  écrit  Ca- 
therine au  sujet  de  la  levée  des 
Suisses,  291. 

Heidelberg,  283. 

Hennequin  (Le  président).  Chargé  du 
procès  de  La  Mole,  997. 

Henri    II.    Veut    donner    sa    fille    à 
Edouard  VI,  ia5.  —  Cité,  i3i. 

Henri  VIII,  125. 

Messe  (La),  966,  noie. 

Catherine  de  Médicis.  —  IV. 


Hi:sm;  (Le  landgrave  de).  Visité  par 
Scbomherg,  80,  noie;  ii3,  note; 
122,  note.  —  Consent  aux  de- 
mandes de  Catherine,  ao3  ,  note. — 
Intercède  en  faveur  des  enfants  de 
Coligny,  2o3,  note.  —  Cité,  218, 
note-,  227,  note. 

Hesse  (Le  comte  de).  Fail  prisonnier, 
3o6.  —  Sa  garde  confiée  au  duc 
de  Nemours,  3o6. 

Hongrie  (  Rodolphe  roi  de  ) .  le  lilscadet 
deMaximilien,  prétend  à  la  main  de 
la  reine  Elisabeth  ,198,  note.  —  Ca- 
therine s'en  inquièle,  1  98.  —  Pro- 
posé pour  roi  des  Romains,  198. 


—  Intrigues  [jour  son  mariage  avec 
la  icine  Elisabeth,  198,  note. 

Horsev  (Le  capitaine).  Envoyé  en 
mission  par  la  reine  Elisabeth, 
a38,  noie. 

HoRTE(Le  vicomte  de).  Catherine  l'in- 
vite à  faire  entendre  aux  protes- 
tants de  son  gouvernement  les 
intentions  du  Roi,  nh. 

Hotmin  (  Le  docteui  ).  Obtient  la  per- 
mission de  vendre  ses  biens,  206. 

Huguenots.  Leurs  tentatives  sur  les 
Pays-Ras,  3o,  note. 

Humières  (M.  d').  Ordre  qu'il  reçoil 
de  Catherine  pour  l'envoi  de  haque- 


r      ! 


354 


nées,  a.  —  Remercié  par  elle  pour 
les  avoir  fait  accompagner,  6.  — 


TABLE  DES  MATIERES. 

Catherine  lui  demande  un  chantre 
pour  sa  chapelle,  3o.  —   Rejoint 


leduc  deLongueville,  3o'i.  -  Cite, 
a56. 


I 


Islk  (L'abbé  de  i.').  Voir  Noailles.  —  Italie  (L'),  108,  note. 


Jaoquelot  (La  veuve  du  sieur).  Son 
procès  recommandé  par  Catherine 
à  M.  de  Thon,  289. 

Jersev,  iqo,  1 35. 


J,    k 

Jouarre  (L'abbaye  de).  Scandale  qui 

y  a  été  signalé,  93. 
Kenilvorth  (  Le  château  de) ,  1 8  6 ,  note. 
Killegrew  (Arthur).  Reçu  par  Cathe- 


rine, 81. —  Ce  qu'il  lui  dit  de  Marie 
Stuart,  82. —  Proposede  pacifier  l'E- 
cosse, sans  parler  d'elle,  83.  —  L'ac- 
cuse de  complicité  avec  Norfolk,  83. 


La  Bastille  (Le  capitaine).  Tué  de- 
vant Domfront,  3i3. 

La  Brosse,  négromancien,  enfermé 
dans  la  Conciergerie,  3oi,  note. 

La  Fère,  366. 

La  Fontaine -Goihrd.  Félicité  par  Ca- 
therine de  sa  mission  en  Suisse 
après  la  Saint-Barthélémy,  1  i  1.  — 
Lettre  que  lui  écrit  Charles  IX 
pour  justifier  la  nécessité  de  la 
Saint-Barthélémy,  1A1,  noie.  — ■ 
Révoqué  de  sa  charge  de  résilient 
en  Suisse,  2 65. 

Lacarde.  Acerbo  Velutelli  lui  réclame 
un  pastel,  282. 

La  Gardie.  Envoyé  du  roi  de  Suède, 
lu.  —  Satisfaction  qu'a  de  lui  Ca- 
therine, il.  —  Mémoire  remis 
par  lui,  263,  note. 

Lagnï  (Le  bourg  de).  Désigné  pour 
la  balte  de  l'ambassade  polonaise, 
249. 

La  Goesle.  Chargé  d'une  commission 
de  Catherine  auprès  de  M.  de  Thon , 
376.  —  Lettres  que  lui  écrit  Lan- 
sac  au  sujet  de  La  Mole,  395, 
note;  —  au  sujet  de  Ruggieri ,  396, 
note. 

Lvir  des  Granges.  Défend  Lislebourg, 
i5a. 

La  Livonib,  »6a ,  note. 


Lamarque.  Envoyé  en  Espagne,   78. 

—  Tué  en  chemin,  79,  note. 

La  Mirande  (La  comtesse  de).  Son 
dissentiment  avec  son  beau-frèie 
Loys  Pico,  3.59.  —  Lïtlre  que  lui 
écrit  Catherine  à  ce  sujet,  269. — 
Elle  intervient  entre  elle  et  son 
beau-frère,  3U9.  —  Pareille  inter- 
vention de  Charles  IX,  2^9,  note; 
260,  note. 

La  Mirande  (La  place  de),  25g, 
note. 

La  Mirande  (Louis  de).  Du  Ferrier 
prévenu  de  son  voyage,  260. 

La  Mole.  Allusion  de  Catherine  aux 
enchantements  du  fait  de  Ruggieri 
pour  le  faire  aimer  du  duc  d'Alen- 
çon,  395.  —  Ce  qu'elle  écrit  de 
son  exécution  à  La  Molhe-Fénelon, 
3o3.  —  Regrets  qu'en  témoigne 
le  duc  d'Alençon,  3o3,  note.  — 
Son  supplice  hâté,  3o3,  note. 

La  Mothe-Fénelon.  Prié  par  Cathe- 
rine d'intervenir  en  faveur  de  Ma- 
rie Stuart,  3;  —  d'avoir  l'œil  sur 
les  armements  par  lui  signalés,  3  ; 

—  d'inviter  les  réfugiés  français  à 
rentrer,  4.  —  Renseigné  sur  ce  qui 
a  été  fait  au  sujet  des  réclamations 
de  marchands  anglais,  !>.  —  Une 
grande  circonspection   lui  est  re- 


commandée vis-à-vis  de  la  reine 
Elisabeth,  h.  —  Prévenu  par  Ca- 
therine de  l'ouverture  faite  par  le 
cardinal  de  Cbàtillon  d'un  projet 
de  mariage  du  duc  d'Anjou  avec 
la    reine  d'Angleterre,     G,    note. 

—  Renseigne  Catherine  sur  la  né- 
gociation de  ce  mariage ,  1 G ,  note. 

—  Les  intérêts  de  Marie  Stuart  lui 
sont  recommandés,  10.  —  Invité  à 
se  rendre  compte  de  la  sincérité 
de  la  reine  Elisabeth  dont  se  délie 
Catherine,  17,  18.  —  Prévenu  du 
refus  de  la  main  de  la  reine  Eli- 
sabeth  par  le   duc  d'Anjou,    26. 

—  Catherine  le  prie  de  trouver 
le  moyen  de  ne  pas  perdre  ce 
royaume,  37.  —  Prévenu  que 
Cavalcanli  a  remis  un  portrait  de 
la  reine  Elisabeth,  3j;  —  que 
l'on  a  répondu  au  cardinal  de  Châ- 
tillon,  33;  —  qu'on  le  prie  de 
venir  en  France  pour  conférer  du 
projet  de  mariage  du  duc  avec  Eli- 
sabeth, 32.  —  Catherine  lui  an- 

1 ce  que  le  duc  d'Anjou  se  décide 

;i  épouser  Elisabeth,  3i.  — 
Compte  rendu  qu'elle  lui  fait  de  son 
entretien  avec  lord  litickhurst  dans 
le  jardin  des  Tuileries,  32.  —  In- 
struit du  désir  exprimé  par  la  reine 


TABLE  DES   MATIERES. 


;;;,:, 


Elisabeth  qu'une  personne  de  qua- 
lité soit  envoyée  pour   traiter    de 
son  mariage  avec  le  duc  d'Anjou, 
30.  —  Le  choix  de  Cavalcanli  lui 
est  notifié,  3f>.  —  (le  qu'il  dit  du 
portrait   du  duc   d'Anjou ,   5a.  -  - 
—  Explication  que  Catherine  lui 
donne  pour  le  portrait  de  la  fille 
du   duc   de   Montpensier,  53.  — 
Ce  que  lui  dit  Catherine  du  por- 
trait   du    duc    d'Anjou    commandé 
à   Janet,   5a.  —  Est   prié  de   se 
reporter  aux  lettres  du  Boi,  53.  — 
Instructions    qu'il    reçoit   pour  le 
mariage  du  duc,  53.  —  Prié  d'en- 
voyer    un     portrait     de    la    reine 
Elisabeth ,  53.  —  Averti  des  bruit? 
qui   courent  sur  la  mauvaise  vo- 
lonté qu'elle  porte  au  projet  de  son 
mariage,  55.  —  Averti  que  Wal- 
singham  les  a  démentis,   55.   — 
Chargé   de    protester  de    la    sin- 
cérité de  Leurs  Majestés,  55.  — 
Apprend   le  relus  fait  par  le  duc 
d'Anjou  de  passer  eu  Angleterre, 
57.  —  Chargé    de    voie   s'il    y   a 
ino\en  de  substituer  le  duc  d'Alen- 
çon  à  son  frère,  67.  —  Cité,  62, 
note.   —   Catherine  lui  l'ail   part 
d'un  entretien   qu'elle   a   eu  avec 
Walsingham  au   sujet  des  affaires 
d'Ecosse,  71.  —  Justifié  par  elle  à 
l'occasion  de  l'argent  qu'il  a  remis 
aux  secrétaires  de  Norfolk,  73.  — 
Prié  de  faire  de  son  mieux  pour  la 
réussite  du  mariage  du  duc  d'Alen- 
,1.11 ,  73.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Charles  IX  à  l'occasion  d'un  libelle 
contre  Marie  Stuart,  73,  note.  — 
Chargé  de  veiller  sur  elle,  7A.  — 
Catherine   lui    fait    part    du   bon 
espoir  qu'elle  a   de    la   conclusion 
du     mariage    du    duc    d'Alençon 
avec  Elisabeth,  1  1 1,  —  Lui  parle 
d'un  projet   d'entrevue,    111,   — 
Lui     recommande    Marie    Stuart, 
111.    — >  Communication   lui   est 
faite    des     papiers     trouvés    chez 
Goligny  après  sa  mort,   118.  — 


Prié  de  faire  connaître  à  la  reine 
Elisabeth  la  haine  qu'il  portail 
aux  Anglais,  118.  —  Invité  à 
rendre  compte  des  impressions  de 
ladite  reine  sur  la  Saint-Barlhé- 
leniy,  119.  —  Chargé  de  nouveau 
de  lui  proposer  une  entrevue,  11g; 

—  d'aplanir  les  difficultés  pour  le 
mariage  du   duc   d'Alençon,    11g. 

—  Prévenu  que  Walsingham  y 
est  toujours  favorable,  11g.  — 
Bien  renseigné  sur  l'entretien  que 
Catherine  a  eu  avec  lui,  130.  — 
Bon  espoir  que  lui  témoigne  Ca- 
therine de  la  réussite  du  mariage 
du  duc  d'Alençon,  120.  —  Chargé 
de  nouveau  de  ménager  une  entre- 
vue, 1  ao. —  Bécit  que  lui  faitCathe- 
rine  de  son  entretien  avec  Walsin- 
gham après  la  Saint-Barthélémy, 
122,  ia3,  lai.  —  Explique  el 
justifie  la   Saint-Barthélémy,    ia3. 

—  Bond  compte  à  Catherine  de 
l'impression  qu'elle  a  causée  en  An- 
gleterre, ia5,  note.  —  Fait  port 
d'un  entretien  avec  Elisabeth,  ia5, 
note.  —  Ne  croit  pas  une  entre- 
vue possible,  125,  note.  —  Cathe- 
rine lui  parle  de  nouveau  de  ce 
projet.  1 35.  —  Du  choix  des 
compères  et  commères  pour  le 
baptême   de   sa    petite-tille ,  1 38. 

—  Lui  manifeste  le  désir  qu'elle 
a  que  la  reine  se  fasse  repré- 
senter par  un  grand  personnage, 
i38.  —  Prié  de  renouer  le  pro- 
jet de  mariage  du  duc  d'Alençon, 
1/19. —  De  tenter  de  faire  rentrer 
les  réfugiés  français,  l 'ig.  — 
Lettre  qu'il  reçoit  de  Catherine  au 
sujet  de  l'arrivée  du  comte  de 
Worcesler,  107.  —  Désir  qu'elle 
exprime  de  renouer  le  mariage, 
157.  —  Portrait  qu'elle  lui  fait  du 
duc  d'Alençon,  1  57.  —  Prié  de  re- 
nouveler ses  protestations  d'amitié  à 
la  reine  Elisabeth,  160.  —  Chargé 
de  lui  donner  l'explication  d'une 
lettre  de  Charles  IX,  167.  —  Ca- 


therine lui  observe  que  les  lettres 
delà  reine  Elisabeth  se  contredisent 
en  tout  ce  qu'elles  concernent,  168. 
—  Invité  à  poursuivre  la  négociation 
du  mariage,  168;  —  à  venir  en 
aide  aux  assiégés  du  château  île 
Lislebourg,  181.  —  Prié  d'annon- 
cer l'arrivée  de  Vérac,  1  8a  ;  —  de 
veiller  sur  les  affaires  d'Ecosse , 
t8a.  —  Résume  un  entrelien 
qu'il  a  eu  avec  lord  Burghley, 
188,  note.  —  Communication 
que  lui  fait  Catherine  des  propos 
qu'elles  a  eus  avec  Walsingham, 
18g,  190.  —  Prévenu  du  départ 
de  Walsingham  pour  Londres,  au. 

—  Prié  de  lui  rappelé:-  le  concours 
qu'il  a  promis  pour  faire  réussir  le 
mariage   du   duc   d'Alençon,   211. 

—  L'élection  du  duc  d'Anjou  au 
Irône  de  Pologne  lui  est  annoncée 
par  Catherine,  217.  —  Espoir 
qu'elle  en  a  pour  la  conclusion  du 
mariage  du  duc.   d'Alençon,    317. 

—  La   négociation   lui    en   est   de 
nouveau   recommandée,   318.    — 
Charles  IX    l'averlit    des    menées 
de   Monlgomery,    330,    noie.    — 
Chargé   de  demander  des  sûretés 
pour  le  vovage  du  duc  d'Alençon 
en  Angleterre,  a  a  2.  —  Prié  de  sa- 
voir les  conditions  que  la  reine  Eli- 
sabeth propose  pour  s'entremettre 
entre  les  rebelles  et  le  Boi  et  les  re- 
mettre en  l'obéissance,  a3o.  —  Ca- 
therine lui  fait  part  de    l'entretien 
qu'elle  vient  d'avoir  avec  le  capi- 
taine Franchelli  venu  d'Angleterre, 
a35.  —  Lui  transmet  tout  ce  qu'elle 
a   appris   sur   Monlgomery,    a36. 
—  Lui  communique  les  offres  que 
le  Boi  lui  a  faites,  337.  —  L'entre- 
tient d'un  projet   d'entrevue  avec 
Elisabeth,  237.  —  Audience  qu'il 
a  de  la  reine  d'Angleterre,  2^7. 
noie.  —  L'entretien  que  Catherine 
a    eu    avec    le    docteur    Dale,  le 
nouvel  ambassadeur   d'Angleterre, 
lui  est   transmis,  a38.  —   Envoie 

?i5. 


356 

une  lettre  d'Elisabeth,  s3g.  — 
Prévenu  par  Catherine  du  pro- 
chain embarquement  des  troupes 
qui  suivent  le  duc  d'Anjou  en  l'n- 
logne ,  a  h  I .  —  Invité  par  elle  à 
rassurer  la  reine  Elisabeth  sur  leur 
passage,  a'n.  —  Chargé  de  mé- 
nager une  entrevue  pour  le  duc 
d'Alençon,  a.'ia.  —  Catherine  loi 
annonce  l'arrivée  des  ambassa- 
deurs polonais,  a.îo.  —  Ce  qu'elle 
en  espère,  a5o.  —  Craintes  qu'elle 
lui  exprime  sur  la  guerre  dont  la 
reine  d'Angleterre  les  menace, 
360.  —  Invité  à  prévenir  le  ma- 
réchal de  Cossé  de  se  tenir  sur 
ses  gardes  en  Picardie,  s6i. 
—  Charles  l\  lui  annonce  que, 
retenu  par  la  maladie  à  Vitry,  il 
n'a  pu  accompagner  plus  loin  son 
frère  le  roi  de  Pologne,  a65, 
note.  —  Recommandations  que 
lui  fait  Catherine  au  sujet  du  ma- 
rïage  du  duc  d'Alençon  avec  Kli- 
sahelh,  a65.  —  Prévenu  de  la 
découverte  d'une  nouvelle  cons- 
piration, 275.  —  Le  mariage  du 
duc  d'Alençon  lui  est  de  nouveau 
recommandé,  275,  278,  381.  — 
Catherine  l'entretient  d'un  pastel 
réclamé  par  Vellutelli,  283.  — 
Elle  lui  explique  les  motifs  qui 
l'empêchent  de  gracier  Ln  Mole. 
395.  —  Chargé  de  présenter  des 
observations  à  la  reine  Elisabeth 
sur  son  exécution,  3o3;  —  de  sa- 
voir au  juste  ce  qui  en  est  de  la  con- 
lidence  que  vent  taire  Elisabeth, 
3o3.  —  Détails  qui  lui  sont  donnés 
sur  l'étal  de  santé  de  Charles  IX  , 
3o3. 

Langoreu  (M.  de).  Amène  à  La  Noue 
les  foires  de  la  Guyenne,  391, 
note. 

LaXGUEDOC.  (Lb),  3o6. 

LasGI  KBOC  I  Vide  du),  18G. 

(Triste  si  tua  lion  du),  an."! .270. 

LiM.iii.Litn,  envoyé  en  Angleterre  p 
Montgomery,    130.   —   Sa  visite 


TABLE  DES  MATIERES. 

au  duc  d'Anjou  annoncée,  173.  — 
Parti  d'Angleterre  pour  la  l'o- 
chelle,  188. 

La  Noce.  Négocie  avec  ceux  de  la 
Rochelle,  173,  note.  —  Défiances 
qu'a  de  lui  Catherine,  180.  — 
Biron  chargé  de  l'interroger,  1 85 , 
note;  —  de  s'aboucher  avec  lui 
pour  arriver  à  une  pacification, 
290.  —  Ce  que  Pinart  écrit  de  ses 
opérations  militaires,  ago,  note; 
agi,  note. 

Lansac,  if>5,  336.  —  Va  au-devant 
de  l'ambassade  polonaise,  a5o.  — 
Sa  lettre  à  La  Guesle  au  sujet  de 
La  Mole,  29a,  note;  —  au  sujet 
deRuggieri,  296,  note. 

La  Pacoudière,  porteur  d'une  lettre 
ou  duc  dp  Monlpensier,  i65. 

La  Patrière.  Enfermé  dans  le  donjon 
de  Domfront,  3oi,  note. 

Larchaht.  Envoyé  en  mission  en  An- 
gleterre pour  le  mariage  du  duc 
d'Anjou,  53.  —  Son  retour  de 
Londres  attendu  par  Catherine, 
55.  —  Revenu  de  sa  mission, 
6a. 

La  Ruche  (Le  capitaine).  Apporte  la 
nouvelle  de  la  défaite  des  Turcs 
à  Lépante,  i3a.  —  Blessé  à  l'as- 
saut de  Domfront,  3oi,  note. 

Lakochefoucailt  (La  ville  de),  290, 
note. 

La  Rochelle,  a3,  note.  —  Vaisseaux 
sortis  de),  pour  aller  sur  les  cotes 
de  Picardie,  G'a.  —  Menacée  par 
Strozzi,  i43,  note.  —  (Le  siège 
de),  i&3,  1 92.  —  Instructions  que 
Charles  IX  donne  au  duc  d'Anjou 
en  cas  qu'elle  soit  prise,  i  g.r>,  note; 
ig6,  îgg,  note.  —  La  force  de 
sa  situation,  19g,  note. —  Opéra- 
tions du  siège,  199,  note.  —  Le 
mariage  du  duc  d'Alençon  subor- 
donné à  sa  reddition,  ai 5.  — 
Montgomery    suspecté   de    vouloir 

la  secourir,  330,  931,  note; 
a3i,  note.  —  Ses  tentatives,  a3i, 
note;  333.  —  Ne  sers  pas  secourue 


par  l'électeur  de  Sax>>,  a'i'i,  note. 

—  Le  duc  d'Anjou  blessé  sous  ses 
murs,  a35.  —  Attend  toujours  I'1 
secours  de  Montgomery,  a36.  — 
Nouvelles  en  sont  demandées  par 
Catherine,  a 38.  —  M.  de  la  Guiche 
s'y  signale,  a3g. —  Fin  du  siège, 
9  '1") ,  a  'ili,  aôi,  note. 

La  Rooiie-Posav,  envoyé  auprès  du  duc 
Casimir,  371,  note. 

La  Salle,  envoyé  en  Espagne,  38. 

Laski  (Lk).  L'évêque  de  Valence  esl 
invité  à  le  gagner  par  des  présents, 
1 70.  —  Schomberg chargé  de  l'en- 
tretenir dans  de  bonnes  disposi- 
tions,  2û5. 

Lasso  (Don  Diego  de).  Recommandé 
par  Catherine  à  Fourquevaux  pour 
l'obtention  d'une  commanderie, 
5:. 

Lasso  (Francisque),  07. 

La  Valette  (M.  ds),  391,  note. 

Lwinnix.  Envoyé  au  siège  de  Dom- 
front. 299,  note.  —  Y  es|  lue. 
3oi,  3oi ,  note. 

La  Vauguyon  (M.  de),  agi,  note. 

Laville.  Remboursement  que  Cathe- 
rine désire  lui  être  fait,  i.'iG. 

Leiier  (Le  fonds),  cité,  388,  note. 

Leghas,  261,  262,  note. 

Le   Hue,  chantre  renommé   que  1.1- 

therine  demande  à  M.  d'Uni - 

pour  sa  chapelle,  3o. 

Leicester  (Le  comte  dk  i.  Catherine 
compte  sur  lui  pour  savoir  les  vé- 
ritables intentions  de  la  reine  Eli- 
sabeth dans  la  négociation  de  son 
mariage  avec  le  duc  d'Anjou,   1S. 

—  Eli»  Lui  f  lit  remettre  deux  por- 
traits du  duc  d'  tnjou  par  La 
Molbe-Fénelon,  53.  — Ses  bons 
offices  pour  le  mariage  du  duc. 
r>3.  — ■  Désiré  par  Catherin»  pour 
remplir  une  mission  en  France, 
l35.  —    En    disgrâce.     g36. 

Parle  à  La  Molli»  d»s  marques  de 
la  petite  vérole  restées  au  visage 

du  duc  d'Alençon,  3G.").  nol». 
Le  Sedrre,  1  83. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


357 


Levuer  (M.).  Donne  des  détails  à 
Morvilliers  sur  l'arrivée  du  nouveau 

roi  de  Pologne  on  ses  Étals,  a84  , 
note. 

Lezignï,   2.38. 

Liavcourt  (  M.  de  ).  Catherine  renonce 
à  le  proposer  comme  prétendant  à 
la  main  de  Mademoiselle  de  Mou- 
chy,  i5o. 

Lu  i\n;s,  13g  ,  noie. 

Lincoln  (Lord).  Sa  mission  en  France, 
io.3,  note.  —  Retourne  en  Angle- 
terre, io5,  noie. 

L'Isi.e  (L'abbé  de).  Voir  Noailles. 

Lisleboiirg  (Le  château  de).  Assiégé 
par  Morlon.  181,  338. —  Promesse 
laite  par  Catherine  à  ses  défen- 
seurs,  193. 

LoMBARDIE  (La),    1  44. 


Lovdonnière.  Accusé  par  Alava  d'être 
soutenu  par  le  cardinal  de  Bour- 
bon. 

LovDHf.S,    3»0,    831. 

Longueville  (  Le  duc  de).  Lettre  qu'il 
reçoit  de  Catherine,  5i.  — 
Rejoint  par  M.  d'Humières,  254. 

Lorailles  (Le  s'  de).  Ses  biens  con- 
fisqués et  donnés  par  Catherine  à 
Marguerite  Grecque,   i5l. 

Lorraine  (Le  cardinal  de).  Demande 
la  dispense  pour  le  mariage  de 
Marguerite  de  Valois,  io5.  — 
L'appuie  auprès  du  pape,  117.  - 
Donne  des  délails  à  Grégoire  XIII 
sur  la  Saint-Barthélémy,  j.3g,  note. 
—  Se  charge  de  faire  rentrer  le 
subside  du  clergé,  22/1.  —  Ce  que 
lui  dil  Catherine  au  sujet  de  l'ar- 


genl     à     envoyer     en     Pologne. 
îa5. 

Lorraine  (Le  duc  de),  107,  note.  — 
Son  procès  pour  la  souveraineté 
de  Bar,  301.  —  Cité,  3(50. 

Losco  (Nicolo).  Désigné  par  Cathe- 
rine pour  gouverneur  de  la  Mi- 
rande,  s5a,  note;  261,  note. 

Loué  (  M.  de).  Son  procès  avec  le  duc 
de  Montpensier,   100. 

Louis  XII,  s58,  note. 

Lucé  (Le  sr  de).  Envoyé  au  siège  de 
Domfront,  390,  note. 

LlDE  (Du),  80. 

Lton  (Pelils  chiens  de).  Envoyés  par 
Catherine  à  ses  petites-filles,  2. — 
(Meurlre  commis  à),  i'i3,  note: 
3<)3,  a65. 

Li"\s  (La  foret  de),  .'19,  5o. 


MÂcon  (L'évéquc  de).  Permission  de 
couper  des  bois  lui  est  donnée,  21 3. 

—  Confesseur    de    la   femme   de 
Charles  IX,  21 3. 

Midrid  (Le  château  de),  a44. 

Maiiamut.  Objets  de  prix  qu'il  laisse 
à  du  Ferrier,  347. 

Maillerais  (La).  Ses  vaisseaux  sortis 
par  ordre  de  Charles  IX ,  3  1  6. 

Maine  (Le  duc  nu).  Voir  Guise. 

Mu.irt  (L'orfèvre  Guillaume),  3fig, 
note. 

Malicorse  (M.  de).  Va  à  Madrid 
féliciter  la  nouvelle  reine  d'Es- 
pagne, 12.  —  Chargé  de  ren- 
seigner Fourquevaux  sur  la  si- 
tuation des  affaires  de  France,  i4. 

—  Mémoire    qa'il   rapporte  d'Es- 
pagne, 29. 

Mandat  (L'interprète).  Envoyé  par 
Catherine  en  Suède,  344.  —  Son 
retour  en  France  lacililé  par  M.  de 
Varennes,  260.  —  Catherine  en 
parle,  262,  noie.  —  Revient  en 
France,  2G2 ,  note. 

Mandelot  (M.  de).  Chargé  par  Calhe- 


M 

rine  de  négocier  un  emprunt,  94. — 
Reçoit  l'ordre  de  ne  laisser  passer 
aucun  courrier  venant  de  Rome, 
109.  —  Cilé,  i3g,  noie.  —  Accusé 
|i  >>■  les  marchands  étrangers,  1  43, 
note.  —  La  compagnie  des  gen- 
darmes  de  l'eu  M. de  Ventadour  de- 
mandé:' pour  lui  par  Catherine  au 
duc  d'Anjou,  1  63.  —  L'abbaye  de 
Saint-Martin  également  demandée 
pour  lui,  16!.  —  Lettre  écrite  en 
sa  faveur  parle  duc  d'Anjou,  1 63 , 
note.  —  Chargé  de  recevoir  de  l'ar- 
genl  pour  la  paye  des  Suisses,  264. 

Minegre.  Propos  qu'il  répand  contre 
Monluc,  évèque  de  Valence,  envoyé 
en  Pologne  ,116. 

Mans  (Le  vidame  di  j.  Voir  Ram- 
bouillet. 

Mansfeld  (Le  comte  Charles  de),  ré- 
fugié dans  le  Luxembourg,  3o4, 
note. 

Mantes  (Attaque  de),  3N5. 

M\»TOUE(Le  duc  de),  assuré  par  Calhe- 
rine  desa  bonne  amilié,  4g.  —  Cité, 
32.3,  note.   —  Remercié  par  elle 


des  félicitations  qu'il  lui  a  adressées 

à  l'occasion  de  l'élection  du  duc 
d'Anjou  au  Irène  de  Pologne.  3lin. 
—  Visité  par  M.  de  Foix,  360. 
Marcel  (Le  prévôt  des  marchands), 
chargé  de  recouvrer  les  trois  cents 
mille  francs  fournis  par  le  clergé, 

234. 

Marteau  d'or  (La  maison  du  |  démolie 
par  le  peuple  de  Paris,  84,  noie. 

Martigues  (La  veuve  de  M.  de).  Son 
procès  contre  M™*  d'Etampes,  289. 

Martin  (Le  commissaire),  24g. 

Martinengo,  chargé  d'une  mission  au- 
près de  Damville,  3g7,  note. 

Masset  (Scipion),  natif  de  Lyon,  dis- 
pensé par  Catherine  de  son  appren- 
tissage de  mercier,  66. 

Matignon.  Instructions  que  lui  donne 
Catherine  pour  un  don  fait  à  Mar- 
guerite Grecque,  i5i.  —  Invile 
par  elle  à  redoubler  de  surveil- 
lance, 170.  —  Chargé  de  sur- 
veiller Montgomery,  300,  301. 
—  Réception  de  ses  lettres  lui 
esl   accusée    par    Catherine,    31 5. 


358 


TABLE  DES  MATIÈUES 


—  Une  active  surveillant-!'  lui  est 
ordonnée,  ai  5.  —  Sa  lettre  à 
Catherine,  3l5,  noie.  —  Prévenu 
que  ses  compagnies  seront  payées, 
21. 5;  --  que  Monlgomery  s'est 
réfugié  en  Angleterre,  a  3 1.  — 
Averti  par  Catherine  dn  danger 
qu'a  couru  le  duc  d'Anjou  à  un 
assaut  de  la  Rochelle,  a35.  — 
Reçoit  pareille  lettre  de  Charles  l\, 
2  3ô,  not". —  Catherine  lui  accuse 
réception  de  ses  lettres  sur  la  si- 
tuation de  la  Normandie,  a88. — 
Elle  compte  sur  ses  services,  aK8. 

—  Lettre  que  Charles  IX  lui  écrit 
au  sujet  du  siège  de  Dor/lfront, 
298,  note.  —  Il  lui  est  recom- 
mandé par  Catherine  de  ne  pas 
laisser  échapper  Monlgoniery, 
298.  —  Félicité  de  ce  qu'il  s'msI 
mis  à  sa  poursuite,  298.  —  Invité 
à  tout  l'aire  pour  s'emparer  de  lui, 
3oi.  —  Chargé  par  Charles  IX  de 
faire  publier  promesse  de  pardon  à 
ceux   qui  le  quitteront,  3oi,  note. 

—  Prié  par  Catherine  de  donner 
au  s1  de  Lavardin  la  compagnie 
de  feu  le  capitaine  La  Bastille, 
3 13.  —  Prévenu  par  elle  de  la 
mort  de  Charles  IX,  et  de  la  ré- 
gence qu'il  lui  a  laissée,  3 12.  — 
Chargé  de  veiller  à  l'ordre  dans  son 
gouvernement ,  3i  a  ;  —  d'écrire  au 
roi  de  Pologne,  3 12.  —  Détails  qui 
lui  sont  donnés  sur  la  maladie  du 
Roi,  01 3. 

Mai  vissière  (Le  s'  de),  remercié  par 
Catherine  d'avoir  été  à  Calais  au- 
devant  de  lord  Lincoln,  io3.  — 
Cité,  132.  —  Chargé  de  recevoir  le 
comte  de  Worcester,  161.  —  Re- 
grets que  Catherine  lui  témoigne  de 
la  mort  de  son  frère,  ai  A.  —  As- 
suiv  de  la    punition   du    meurtrier, 

ai  i.  —  Héritera  du  château  de  son 
frère,  a  1 A .  —  L'abbaye  de  (,ussy 
réservée  à  son  autre  frère,  21  û. 
\l  uimimen  II ,  empereur  d'Allemagne. 
Ne  reconnaît  pas  Cosnr'  de  Médicis 


comme  grand -duc  de  Florence, 
68.  —  S'accorde  avec  Catherine 
pour  un  changement  dans  les  postes , 
68.  —  Tout  disposé  à  renouveler  la 
vieille  querelle  de  Metz,  132,  note. 

—  Ses  menées  pour  l'élection  de 
Pologne,  l33,  note.  —  Gagne 
par  ses  présents  le  Laski,  170.  — 
S'unit  à  l'Espagne  pour  l'élection 
au  trône  de  Pologne,  171.  —  Ses 
promesses  danscebul  au  Moscovite, 
171,  note.  —  D'accord  avec  le  duc 
de  Saxe,  195.  —  Ce  qu'il  a  dé- 
pensé pour  l'élection  de  Pologne, 
335.  —  Promet  bonne  réception  au 
nouveau  roi  de  Pologne,  a.34  ,  note. 

—  Fait  prier  l'électeur  de  Saxe  par 
sa  femme  de  ne  pas  le  recevoir, 
soi,  note. 

Mayekce,    aliti,    note;     a5o,    note. 

Médicis  (Catherine  de).  Invile  Rel- 
lièvre  à  se  conformer  aux  instruc- 
tions du  Roi  son  fils,  t.  —  Remer- 
cie Philippe  11  de  l'envoi  d'un 
cheval,  le  Tigré,  1.  —  Demande 
à  la  duchesse  de  Nemours  des 
nouvelles  de  la  santé  de  son  mari, 
a.  —  Fait  présenter  par  Four- 
quevaux  les  haquenées  qu'elle  en- 
voie à  Philippe  II  et  les  petits 
chiens  de  Lyon  dont  elle  fait  pré- 
sent à  ses  petites-filles,  2.  --  Fait 
remettre  par  lui  à  la  duchesse 
d'Albe  deux  pièces  de  velours,  3. 

—  Prescrit  à  M.  d'Humières  d'a- 
dresser directement  à  Paris  et  se- 
crètement l'homme  qui  lui  ramène 
des   haquenées  de    Danemark,   3. 

—  Ecrit  également  à  Fourquevaux 
pour  les  haquenées  envoyées  par 
elle  à  Philippe  II,  2.  —  L'invite 
à  l'avertir  du  passage  de  la  reine 
d'Espagne,  3.  —  Le  renseigne  sur 
ce  qui  a  été  l'ait  au  sujet  des  ré- 
clamations des  marchands  anglais. 
h.  —  Prie  La  Molhe-Fénelon  d'in- 
tervenir en  faveur  de  Marie  Stuarl . 
a.  —  D'avoir  l'œil  sur  les  arme- 
ments   par   lui    signalés,     4.    — 


L  invite  de  nouveau  à  user  de 
grande  circonspection  vis-à-vis  de 
la  reine  Elisabeth,  4:  —  à  enga- 
ger les  Français  réfugiés  en  Angle- 
terre à  rentrer  en  France,  4.  —  De- 
mande à  Fourquevaux  la  cause  du 
renvoi  de  la  duchesse  d'Albe  d'au- 
près les  Infantes,  6.  —  L'invite  à 
visiter  la  nouvelle  reine  d'Espagne. 
6.  —  L'entretient  de  la  mission  de 
Torres  en  Portugal  à  l'occasion  du 
mariage  de  sa  fille  Marguerite, 
6.  —  S'inquiète  de  savoir  com- 
ment la  nouvelle  gouvernante  de 
ses  petites-tilles  se  comportera  vis- 
à-vis  d'elles,  7.  —  Avoue  à  La 
Mothe-Fénelon  la  défiance  que  lui 
inspire  la  négociation  du  mariage 
du  duc  d'Anjou  avec  la  reine  Eli- 
sabeth, 11.  —  Envoie  L'Aubespine 
en  Angleterre  à  l'effet  d'obtenir 
une  réponse  sur  le  l'ait  de  la  reine 
d'Ecosse,  11.  —  Écrit  à  Marie 
Chacon  qu'elle  est  heureuse  de  la 
voir  auprès  des  Infantes,  ses  pe- 
tites-filles, i3.  —  Les  lui  recom- 
mande, l3.  —  Justifie  le  sieur  de 
Saint-Etienne ,  accusé  de  n'être  pas 
bon  catholique,  i3.  —  Annonce  à 
Fourquevaux  qu'elle  a  écrit  au 
cardinal  de  Rambouillet  afin  de 
moyenner  le  renvoi  de  Torres  en 
Portugal,  1I1.  —  L'invite  toute- 
fois à  veiller  sur  lui,  car  elle 
s'en  défie  en  sa  qualité  d'Espagnol , 
l'i. —  Veut  être  éclairée  sur  les 
chances  du  mariage  de  sa  fille,  16. 
—  Entrelient,La  Mothe-Fénelon  des 
affaires  de  Marie  Stuarl ,  1 5.  — 
Ambitionne  Avignon  et  le  comtat 
Venaissin  pour  le  duc  d'Anjou, 
i5.  —  S'en  ouvre  au  duc  de  Flo- 
rence,  17.  —  Lui  parle  de  ses  dif- 
ficultés avec  la  duchesse  de  Parmi'. 
17.  —  Invile  La  Mothe-Fénelon  à 
démêler  les  véritables  intentions  de 
la  reine  Elisabeth  dans  la  négocia- 
lion  de  son  mariage  avec  le  duc 
d'Anjou  ,18.  —  L'engage  à  se  servir 


de  Leicester,  18;  —  à  prendre  de 
nouveau  en  main  la  cause  de  Marie 
Sluart,  18.  —  Annoncée  Fourque- 
vaux le  retour  de  Charles  IX  après 
ses  noces  à  Paris,  19.  —  Remercie 
le  prévôt  et  les  échevins  de  Paris 
d'avoir   réparé   les   ponls   de  leur 
ville  endommagés  par  les  grandes 
crues,  20.  —   Invite  les  gens  du 
Parlement  de  Paris  à  vérifier  les 
nouveau*  édits,  20,  21. —  Donne 
à  la  duchesse  de  Savoie  des  nou- 
velles de  ses  enfants,  20,  21.   — 
Lui  parle  de   son   amitié  pour  le 
duc  son  mari,  21.  —  Refuse  aux 
capitouls   de   Toulouse    une    mo- 
dification dans  les  édits  de  pacifica- 
tion ,21.  —    Recommande   Fran- 
çois Boivin   au   duc  de  Florence, 
21.    —    Lettre  qu'elle   reçoit   de 
Jeanne    d'Albret,    23,    note.    — 
Fait   valoir  auprès  de  la  reine  de 
Navarre   tout   ce  que   Charles   IX 
fait  pour  elle  et  le  prince  son  fils, 
2/1.  —   Demande   à    Fourquevaux 
de  faire  entrer  au  service  des  In- 
fantes ses  petites -filles  Catherine 
de  Vera,  2a.  —  Rassure  l'ambas- 
sadeur Alava  sur  la    santé   de  la 
reine  sa  belle-fille,    2  4.  —  beril 
au  prince  de  Toscane   et  s'en  re- 
met à  Troile  Ursin,   26,  2  5.  — 
Accuse  réception  à  Fourquevaux  de 
son  mémoire  au  sujet  du   mariage 
de  Marguerite  de  Valois,  25.   — 
Se  félicite  de  l'affection  témoignée 
par  la  reine  d'Espagne  à  ses  petites- 
filles,  2  5.  —  Satisfaite  de  ce  que 
Philippe  11  a  trouvé  belles  les  haque- 
nées  envoyées,  2  5.  —  Prend  à  son 
service  Madame  de  Fourquevaux, 
25.   —  Prie  Fourquevaux  de  ras- 
surer Philippe  II   sur  la    santé   de 
la  femme  de   Charles  IX,   25.  — 
Annonce  à  La  Mothe-Fénelon  que 
le  duc  d'Anjou  refuse  la  main  de 
la  reine    Elisabeth,    2O.   —   Re- 
grets qu'elle  en  éprouve,   27.  — 
—    Voudrait   qu'elle    adoptât   une 


TABLE  DES  MATIERES. 

de  ses  parentes,   27.  —  Pense  à 
substituer  le  duc  d'Alençon  au  duc 
d'Anjou,   27.   —   Félicite    M.   de 
Bellièvre    de    la    conduite   qu'il   a 
lenue  en  Suisse,  28.  —  Annonce 
à   La   Mothe-Fénelon  que   le    duc 
d'Anjou  s'est  décidé  à  épouser  la 
reine  Elisabeth,  28.  —  Ne  l'a  pas 
confié  à  ceux  de  son  entourage,  28. 
—  Le  prie  de  découvrir  à  cet  égard 
les   intentions   de   la  reine   d'An- 
gleterre, 29.  —  Charge  Fourque- 
vaux d'offrir  des  présents  de  sa  part 
aux  Infantes,  29.  —  Lui  fait  part 
de  la  convalescence  de  la  reine  sa 
belle-fille,  29.  — Se  reporte  pour  le 
mariage  de  Portugal  aux  intentions 
de  Chai  les  IX,  29.  —  Demande  à 
M.    d'Humières  le  Heu,  chanteur 
renommé,  pour  sa  chapelle,  3o.  — 
Se  plaint  à  Fourquevaux  des  mau- 
vais procédés  de  don  Francès   de 
Alava,  3o.  —  Rappelle  les  services 
qu'elle  a  rendus  au  Roi  Catholique 
dans   les   Pays-Bas,  3o,  note.  — 
Charge    M.    de    Gordes   de    faire 
expédier  du  sel  marin  à  ceux  du 
canton   de   Berne,    3i.   —    Pré- 
vient M.  de  Saint-Gonard  qu'elle 
a  vu  ce  qu'il  a  mandé  pour  le  fait 
du  comte  de  Gaiasso,   3i.  —  Le 
prie  de  revenir,  3i.  —  A  reçu  le 
portrait  de  la   reine  Elisabeth  re- 
mis par  Leicester  à  Cavalcanli,  '■',■>. 
—    A    répondu    au    cardinal    de 
Chàtillon,  32.  —  Désire  son  re- 
tour en  France  pour  conférer  avec 
lui   du  mariage   du   duc   d'Anjou, 
32.  —  Annonce  à  La  Mothe-Fé- 
nelon que  le  duc  d'Anjou  est  dé- 
cidé à  épouser  la  reine  Elisabeth, 
3a.  —  Lui  fait  part  de  son  entre- 
vue  avec  lord  Backhurst  dans   le 
jardin  des  Tuileries ,  3a.    —   Son 
entrelien  avec  Téligny  au  sujet  du 
mariage  du  duc  d'Anjou  avec  Eli- 
sabeth,   33.   —   Recommande  au 
grand  maître   de  Malte   le   s'  de 
Seurre,  33.  —  Sur  la   demande 


359 

de  la  duchesse  de  Nevers,  recom- 
mande au  duc  de  Florence  le  che- 
valier Venturelli,  34.  —  Exprime 
au  duc  de  Nemours  son  regret  de 
ne  pouvoir    le  gratifier    de  l'objet 
de  sa  demande,  34.  —  S'excuse 
auprès  du  président  Viart  de  ne  le 
pouvoir    nommer    mailre    des  re- 
quêtes, 35.  —  Invite  les  gens  du 
Parlement  de  Rouen  à  parachever 
l'information  contre  les  auteurs  de 
la  récente  émotion,  35.  —  Trans- 
met à  La  Mothe-Fénelon  la  ré- 
ponse   favorable    d'Elisabeth    aux 
propositions    de   mariage,   36.  — 
Lui  fait  part  du  désir  exprimé  par 
ladite  reine  de  l'envoi  d'une  per- 
sonne de  qualité  pour  négocier  son 
union  avec  le  duc  d'Anjou  ,  36. — 
Trouve  plus  expédient  d'y  envoyer 
Cavalcanti,  37.  —  Remercie  Phi- 
lippe 11  de  lui  avoir  envoyé  le  comte 
Olivarès,  37.  —  Proteste  de  l'a- 
mitié et  du  dévouement  qu'elle  lui 
porte,  37.  —  Ecrit  au  duc  de  Flo- 
rence au  sujet  de  la  succession  des 
Médicis  et  des  droits  qu'elle  y  pré- 
tend,   3ô.  —   Recommande   à  la 
reine  d'Angleterre  Villeroy  envoyé 
en  Ecosse,  37.  —  Recommande  a 
Fourquevaux  maître  Hugonius,38. 
—  Ne  sait  que  penser  du  voyage 
de  Philippe  II,  38.  —  Prie  Four- 
quevaux de  s'en  tenir  pour  le  fait 
du  Portugal  au  mémoire  de  L'Au- 
bespine,  38.  —  Complimente  les 
gens  du  Parlement  de  Rouen  d'a- 
voir puni  les  coupables  de  la  ré- 
cente émotion,  38.  —  Annonce  à 
Fourquevaux  qu'on   lui    envoie  La 
Salle,  38.   —  Le  prie  de  veiller 
sur  les  Infantes,  38.   —  Recom- 
mande à   Philippe  II  Paul  Camille 
Dadda,  gentilhomme  milanais,  38, 
3g.  —    Invite    Fourquevaux  à    se 
servir   d'Almeida,    3g.    —    Pro- 
met une  place  de  maitre  des  re- 
quêtes au  président  Viart,  4o.  - 
Le   prévient    qne    rien    ne    sera 


:î60 


TABLE  DES  MATIERES. 


changé  à  Metz  pour  le  lieu  désigné 
ilu  prêche,  Ao.  —  Charge  l'évéque 
Salviati  d'une  communication  se- 
crète  pour  le  duc  de  Florence,  Ao. 

—  Plie  ledit  duc  de  s'intéresser 
au  procès  d'Audoyn  de  Tliurin 
contre  les  Baillons,  Ao.  —  Té- 
moigne h  M.  de  Danzay  la  satis- 
faction qu'elle  a  eue  des  deux 
ambassadeurs  du  roi  de  Suède, 
Al.  —  Ecril  à  Fourquevaux  au 
sujet  de  la  réception  de  don  Fran- 
cisco Lasso,  Ai.  —  Le  prie  de  dé- 
mentir les  liruils  de  guerre  que  l'on 
l'ail  courir  en  Italie,  Ai;  —  de  félici- 
ter Philippe  II  de  la  grossesse  de 
la  reine  sa  femme,  Al.  —  Ecrit  à 
Petrucci,  l'ambassadeur  de  Flo- 
rence, au  sujet  de  la  candidature 
du  cardinal  de  Ferrare  à  la  pa- 
pauté, 4  a.  —  Ecrit  dans  le  même 
sens  au  duc  de  Florence,  4a,  A3. 

—  Remercie  Fourquevaux  des  tapis- 
series  qu'il  a  envoyées  d'Espagne, 
43.  —  Instructions  qu'elle  donne  à 
M.  de  Gondi  au  sujet  de  sa  mission 
en  Espagne,  43.  —  Se  justiûe  des 
accusations  de  l'ambassadeur  d'Es- 
pagne, A3.  —  Craintes  qu'elle  té- 
moigne à  La  Moilie-Fénelon  au  su- 
jel  de  la  reine  Elisabeth,  AA.  — 
Elisabeth  se  défie  d'elle,  AA.  - 
Mettra  peine  à  maintenir  l'amitié 
entre  la  France  etl'Espagne,  AA. — 
Alava  a  été  cause  de  tous  les  dis- 
sentiments survenus,  A5.  —  Charge 
Gondjf  de  recommander  à  Phi- 
lippe II  les  Infautes,  45.  —  Ecrit 
au  marquis  de  Brandebourg  qu'elle 
reportera  sur  lui  l'amitié  qu'elle 
portait  à  son  père,  45.  —  Ecrit 
à  l'ambassadeur  Alava  au  sujet 
d'actes  de  piraterie  dont  se  plaint 
Philippe  II,  4G.  —  Sa  lettre  au 
duc  de  Florence  à  l'occasion  du 
nouveau  pape,  46. —  Revient  sur  le 
l'ail  du  comte  de  Gaiasso,  46. 

Voudrait  voir  le  duc  de  .Nemours 
en  meilleur  état  de  sauté.  A-.  — 


Lui  parle  de  la  reine  >u  belle-fille 
toute  apprivoisée,  4y.  —  Sa  lettre 
au  duc  de  Florence  au  sujet  des 
droits  qu'elle  prétend  sur  la   suc- 


cession des  Médicis,  47. 


S'en 


rapporte  à  ce  que  dira  de  sa  part 
Gondi  à  Philippe  II,  A7.  —  A  fait 
en  sorte  de  cacher  au  Roi  son  fils  les 
mauvais  propos  tenus  par  l'ambas- 
sadeur d'Espagne.  48.  —  Exprime 
au  duc  de  Manloue  que  le  Roi  son 
lils  sera  toujours  disposé  à  le  favo- 
riser, 49.  —  A  reçu  la  lettre  du 
duc  de  Florence  et  le  remercie  de 
nouveau  de  tout  ce  qu'd  a  fait  pour 
le  comte  de  Gaiasso,  49.  —  L'entre- 
tient  d'une  prétendue  cession  qu'il 
aurait  faite  de  Sienne  à  don  Juan 
d'Autriche,  4g.  —  Lui  annonce  que 
le  Roi  son  fils  s'est  blessé  à  la  chasse , 
49.  —  Lui  annonce  la  prompte  gué- 
rison  de  son  fils  après  cet  accident 
de  chasse,  49.  —  Lettre  d'amitié 
qu'elle  écrit  à  la  duchesse  de  Fer- 
rare,  5o.  —  Invite  les  gens  du 
Parlement  de  Paris  à  vérifier  les 
lettres  de  création  de  la  charge  de 
grand  prévôt  de  France  en  laveur 
de  M.  de  Montrtiel,  5o.  —  Prie 
les  chanoines  de  l'église  du  Saint- 
Esprit  de  Rouen  de  ne  pas  retirer 
ses  gages  à  Rout,  devenu  chantre 
de  sa  chapelle,  5o,  5i.  —  Profile 
d'une  lettre  à  la  reine  d'Espagne 
pour  protester  de  son  dévouement 
et  de  son  affection  envers  le  roi  son 
mari,  5i.  —  Se  remet  à  une  lettre 
du  Roi  écrite  au  duc  de  Longueville, 
5 1 .  —  Sa  lettre  aux  gens  du  Par- 
lement de  Bordeaux,  5i.  —  Prie 
les  échevins  de  Paris  de  lui  trouver 
cent  mille  livres  pour  envoyer  à 
Metz,  02.  —  Détails  qu'elle  donne 
à  La  Mothe-Fénelon  sur  un  portrait 
du  duc  d'Anjou  commandé  à  Ja- 
rret, 5a.  —  S'applaudit  de  la 
bonne  voie  que  prend  le  projet 
de  minage  du  duc,  53.  —  De- 
mande   à    La   Molhe-Fénelon    un 


portrait  de  la  reine  Elisabeth , 
53.  —  Ne  peut  envoyer  encore 
celui  de  la  duchesse  de  Ne- 
vers,  53.  —  Renvoie  La  Mothe-Fé- 
nelon aux   lettres  de   Charles  IX. 

53.  —  Sa  lettre  à  M.  de  Piennes, 

54.  —  Regrette  de  n'avoir  pu 
gratifier  le  vicomte  de  Horte  de 
l'abbaye  de  Saint-Sever,  54.  — 
Ulend  le  retour  de  Larchant  de 
Londres,  55. —  Prie  La  Mothe-Fé- 
nelon d'assurer  la  reine  Elisabeth 
et  ses  ministres  de  leur  sincérité 
dans  cette  négociation  de  mariage , 

55.  —  L'entretient  des  bruits  qui 
courent  sur  la  mauvaise  volonté 
qu'y   met  ,la  reine  Elisabeth,    55. 

—  Ces  bruits  ayant  été  démentis 
par  Walsingham ,  elle  reprend  bon 
espoir,  55.  —  Prie  le  duc  de 
Florence  d'intervenir  auprès  du 
pape  pour  l'obtention  du  prieure 
de  Champagne  pour  M.  de  Seurre. 

56.  —  Fait  part  à  La  Mothe- 
Fénelon  du  refus  du  duc  d'Anjou 
d'aller  en  Angleterre,  56.  —  En 
soupçonne  \  illequier,  Lignerolies 
et  Sarrel ,  57.  —  Les  en  fera  re- 
pentir, 57.  —  Pense  à  substituer 
sorr  fils  d'Alençon  à  son  frère,  57. 

—  Veut  faire  une  ligue  avec  l'An- 
gleterre, 57.  —  Recommande  à 
Fourquevaux  don  Diego  de  Lasso 
pour  une  comuranderie  à  obtenir 
du  roi  d'Espagne,  57.  —  Envoie 
Bruet  en  Toscane,  58.  —  Se 
plaint  à  Philippe  II  des  mauvais 
procédés  de  son  ambassadeur 
Alava,  58.  —  Remercie  M.  de 
Rambouillet  de  ses  bons  services, 
5g.  —  Lui  annonce  l'envoi  de 
M.  rie  Ferais,  5g.  —  Entrelient 
Charles  I\  de  l'état  de  la  maison 
de  Marguerite  sa  sœur  et  des  ca- 
deaux à  lui  faire  pour  son  ma- 
riage, 5g.  —  L'invite  à  envoyer  le 
maréchal  de  Cossé  auprès  de 
Jeanne  d'Albret  et  à  la  prier  de 
venir  à  la  cour.   5g.   —  Se  plainL 


de  nouveau  à  Philippe  11  d'Alava , 
'60.  —  Voudrait  qu'il  lui  lit  de 
sévères  remontrances,  60.  — 
Lui  annonce  sa  fuite  de  Paris 
sous  prétexte  de  maladie  pour  évi- 
ter de  prendre  congé  du  Roi, 
61.  —  Désavoue  ce  qu'il  a  mandé 
de  leur  désir  de  commencer  la 
guerre,  61.  —  Demande  à  Phi- 
lippe 11  de  lui  faire  une  admones- 
tation, 61. —  Ecrit  à  Elisabeth 
pour  la  remercier  de  sa  lettre  ap- 
portée par  Larchant  et  de  ce  qu'elle 
veut  sincèrement  poursuivre  la  né- 
gociation de  son  mariage,  6a.  — 
Prie  Fourquevaux  de  mettre  à  part 
les  réponses  qu'il  lui  adresse,  63. 

—  Prie  l'évèque  de  Dax  de  remon- 
trer au  duc  d'Anjou  les  avantages 
de  son  mariage  avec  la  reine  Eli- 
sabeth, 62,  63.  —  Invite  les  gens 
du  Parlement  de  Paris  à  recevoir 
Arnault  de  Cavaignes  en  sa  qua- 
lité de  conseiller  et  de  maître  des 
requêtes  de  l'hôtel  du  Roi,  63.  — 
Fait  pari  à  Fourquevaux  de  son 
dernier  entretien  avec  Alava,  64. — 
Lui  énumère  ses  plaintes,  64.  — 
Lui  annonce  le  retour  d'Espagne 
de  Geronimo  Gondi,  65.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Jeanne  d'Albret,  65. 

—  Dispense  les  sieurs  Scipion 
Massey  et  Antoine  Rives,  natifs  de 
Lyon,  de  leur  apprentissage  de  mer- 
cier, 66.  —  En  informe  M.  de 
Thou,  66. —  Sa  lettre  au  marquis 
de  Brandebourg,  67.  —  Regrette 
de  n'avoir  pu  s'entretenir  avec  Cbia- 
pin  Vitelli  allant  en  Espagne,  67. 

—  Lui  envoie  le  comte  de  Coco- 
nas.  67.  —  Le  prie  de  lui  donner 
des  nouvelles  de  ses  petites-filles. 
67.  —  Entrelienl  Vulcob  des  dif- 
ficultés soulevées  pour  le  titre  de 
grand-duc  donné  à  Cosme  de  Mé- 
dicis,  68.  —  Remercie  les  Seigneurs 
de  Venise  d'avoir  envoyé  Léonard 
Contarini  complimenter  Charles IX 
à  l'occasion  de  son  mariage,  68.  — 

CaTNERI\E   DE  MÉD1CIS.  — 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

—  Entretient  Vulcob  d'un  change 
ment  pour  les  postes  d'accord  avec 
l'Empereur,  68.  —  Lui  fait  pari  de 
nouveau  des  difficultés  que  soulève 
l'élévation  de  Cosme  de  Médicis  à 
la  dignité  et  au  tilre  de  grand-duc, 
6g.  —  Prend  son  parti,  69.  — 
Rassurée  par  La  Molhe-Fénelon 
sur  les  bruits  qui  courent  du  ma- 
riage de  la  reine  Elisabeth  avec  un 
autre  que  leduc  d'Anjou,  6g.  --  Le 
mariage  de  sa  fille  décidé,  69.  — 
Désavoue  toute  entente  de  ceux  de 
la  Rochelle  avec  le  prince  d'O- 
range, 70.  —  Affirme  que  l'amiral 
qui  est  avec  eux  à  Blois  s'oppose  à 
tous  les  actes  de  piraterie,  70.  — 
Remercie  Fourquevaux  des  nou- 
velles qu'elle  a  reçues  des  Infantes, 

70.  —  Le  prévient  que  le  Roi  ne 
veut  plus  entendre  parler  du  ma- 
riage de  Portugal,  70.  —  S'ap- 
plaudit  de   la  révocation  d'Alava, 

71.  —    Fait    inviter    Almeida    à 


lui  écrire, 


—  Raconte  à  La 


Mothe-Fénelon  l'entretien  confi- 
dentiel qu'elle  a  eu  avec  Walsin- 
gham,  71.  —  Lui  confirme  qu'elle 
est  toujours  dans  l'intention  de 
substituer  le  duc  d'Alençon  à  son 
frère  comme  prétendant  à  la  main 
d'Elisabeth  ,71.  —  Walsingham  lui 
a  montré  des  lettres  de  Marie  Stuart 
hostiles  à  la  France,  71.  —  Elle  jus- 
tifie La  Mothe-Fénelon  d'avoir-  remis 
de  l'argent  pour  Marie  Stuart,  71. 

—  Déclare  qu'ils  sont  tenus  de 
l'aider,  7.3.  —  Prie  Walsingham ,  en 
lant  qu'ambassadeur,  à  ne  pas  tenir 
compte  du  refroidissement  poul- 
ie  mariage   du  duc  d'Anjou,  74. 

—  Lui  soumet  les  conditions 
qu'elle  exige  pour  ce  mariage, 
■jà.  —  Le  prie  de  mettre  en 
avant  le  duc  d'Alençon,  75.  — 
Annonce  à  M.  de  Ferais  le  ma- 
riage de  sa  fille  Marguerite  avec 
le  prince  de  Navarre,  75.  —  Le 
charge  d'obtenir  du  Saint-Père  um' 


361 

dispense,  7a.  —  Le  recommande  au 
duc  île  Ferrare,  76.  —  Fait  part  au 
duc  de  Florence  du  mariage  de  sa 
fille  Marguerite  avec  le  prince  de 
Navarre,  76.  —  Lellre  confiden- 
tielle qu'elle  lui  écrit,  77.  —  Ex- 
plique la  venue  de  Ludovic  de  Nassau 
à  la  cour,  77.  —  Charge  Fourque- 
vaux d'en  justifier  le  séjour  auprès 
de  Philippe  II,  77. —  Complimenle 
Schomberg  du  bon  succès  de  ses 
négociations  auprès  de  l'électeur  de 
Saxe,  80.  —  Charge  M.  de  Cossé 
de  négocier  un  emprunt  à  Pai  is , 

80.  —  Met  en  demeure  le  président 
de  Thou  de  présenter  au  Parlement 
les  édits  nécessaires  pour  obtenir 
les  sommes  destinées  aux  étran- 
gers, 81.  —  Prévient  La  Mothe- 
Fénelon  qu'elle  a  reçu  Killegrew 
venu  pour  remplacer  Walsingham  , 

81.  —  Réponse  qu'elle  lui  a  faite, 
81.  —  Prévenue  par  Killegrew 
que  la  reine  Elisabeth  se  dispose  à 
lui  envoyer  un  ambassadeur  extra- 
ordinaire, 8a.  —  Ce  qu'il  lui  a 
dit  de  Marie  Sluart,  82.  —  Ré- 
ponse qu'elle  lui  a  faile,  82.  — 
Offre  qu'il  lui  soumet  de  pacifier 
l'Ecosse  en  dehors  de  Marie  Stuart. 
83.  —  Promet  d'en  parler  au  Roi 
sou  fils,  83.  —  Réponse  qu'elle  lui 
fait  à  l'occasion  de  l'argent  en- 
voyé à  Marie  Sluart,  83.  —  Re- 
mercie les  échevius  de  Paris  de 
leurs  bonnes  démonslralions  pour 
le  mariage  du  Roi,  84.  —  Se  plaint 
à  eux  de  la  façon  dont  on  a  procédé 
pour  le  transport  de  la  croix  de 
Gastines,  84.  —  Exige  la  punition 
exemplaire  des  auteurs  des  (roubles 
qui  en  ont  été  la  suite, 84,  85.  — 
Regrette  la  mort  de  Lamarque  en- 
voyé en  Espagne,  85.  —  Prévient 
Fourquevaux  de  l'envoi  d'un  gen- 
tilhomme pour  complimenter  Phi- 
lippe II  à  l'occasion  de  la  nais- 
sance de  son  fils,  86.  —  Réponse 
qu'elle  le  prie  de  faire,  quand  on 

46 


[WIT.IiïETUE 


362 


TABLE  DES  MATIERES. 


lui  parlera  du  mnriiige  de  sa  fille 
avec    le   roi    de  Navarre,  86.  — 
L'invite  à   engager  Cliassincourt  à 
re«ler  auprès  de  ses  pelites-fill>>s, 
86.  —  Le  supplie  de  prolonger  son 
séjour  en    Espagne,   86.    —    Re- 
commande  de    nouveau   à    M.   de 
Thon  l'affaire  de   la  croix  de  Gas- 
tiups,  86.  —  Complimente  la  du- 
chesse de  Nemours  sur  l'améliora- 
tion   de  la  santé  du  duc,  87.  — 
Désire    la    revoir,     87.     —     Re- 
garde comme  certaine   l'arrivée  à 
la  cour  du  roi  de  Navarre,  87.  — 
Espère    la     conclusion     prochaine 
de  son   mariage,  87.   —   Félicite 
Philippe  11  de  la  naissance  de  son 
tîls,  87.  —  Le  prie  d'ajouter  foi, 
comme  à  elle-même,  à  ce  que  lui 
dira    Saint-Gouard ,   87.   —    Re- 
commande à  M.  de  Thou  le  pro- 
cès de  M'  de   Marligues,  88.  — 
Complimente  la  princesse  de  Portu- 
gal de  l'accouchement  de   la  reine 
m  belle-sœur,  88.  —  Parle  avan- 
tageusement au  duc  de  Ferrare  du 
chevalier  Cianelli,   88.  —  Donne 
l'ordre  à  M.  de  Prie  de   tenir  à 
Tours  des  chevaux   prêts  pour  le 
légat  Alexandrin,  89.  —   Recom- 
mande aux  échevins   de    Lyon  le 
sieur  des  Arches  envoyé  en   Leur 
ville    pour   y    administrer    la  jus- 
tice, 89.  —  Par  l'entremise  de  du 
Croc  envoyé  en  Ecosse  recommande 
Marie  Stuart  à  la  reine  Elisabeth , 
89 .  90.  —  Écrit  à  La  Mothe-Fé- 
nelon  pour   lui   recommander  de 
nouveau  le  mariage  du  duc  d'Alen- 
çon,   90.  —  Doit  prochainement 
conférer  avec  Walsingham  et  Wor- 
cester  pour  ce  projet  d'union  ,  90. 
—  Complimente   le   président   de 
Thou  de  la  publication  des  édits, 
91.  —  Lui  annonce   que  le   Roi 
a  disposé  de    l'état   de   président 
vacant    en   faveur    de  maître   Si- 
mon   Roger,    91.    ■ —    N'oubliera 
pn<  eeui  qui  ont  été  présentés  pour 


celle  charge,  91.  —  Prévient 
les  gens  du  Parlement  de  Paris 
que  le  Roi  entend  que  de  son  édil 
sur  la  création  des  états  de  gardes 
des  sceaux  résulte  une  pleine  et 
entière  exécution,  92.  —  Voit 
avec  plaisir  que  les  troubles  de 
l'abbaye  de  Jouarre  ne  sont  pas  si 
grands  qu'on  les  faisait,  ga.  —  Re- 
commande au  duc  de  Ferrare  mes- 
sire  Julien  de  Médicisdonl  elle  veut 
faire  un  cardinal, ga.  —  Ecrit  aux 
gens  du  Parlement  de  Rouen  au 
sujet  de  la  création  des  états  de 
gardes  des  sceaux,  96.  —  De- 
mande au  président  de  Thou  où 
a  été  imprimé  contre  Marie  Stuart 
un  libelle  qu'elle  fait  brûler  secrè- 
tement, 9-2,  g3.  —  Voudrait  voir 
le  duc  de  Nemours,  9.3.  —  Le 
prie  de  se  hâter  de  se  guérir,  g3. 
—  Écrit  au  Saint-Père  à  l'occa- 
sion d'un  procès  pendant  à  la  rote  , 
93.  —  Avertit  Fourquevaux  de  la 
réception  de  sa  lettre,  94.  — 
Charge  M.  de  Mandelot  de  la  né- 
gociation d'un  emprunt,  g4.  — 
Prie  M.  de  Thou  de  recevoir  au 
serment  mailre  Vincent  Odry  nom- 
mé lieutenant  général  au  bailliage 
de  Gien,  g4.  —  Demande  au  duc 
de  Nemours  de  ses  nouvelles,  g5. 

—  L'attend  à  la  cour,  g5.  — 
Annonce  de  nouveau  la  grossesse 
de  la  reine  sa  belle-fille,  g5.  — 
Ecrit  à  Elisabeth  pour  la  féliciter 
de  leur  nouvelle  alliance,  97.  — 
Recommande  de  nouveau  Marie 
Stuart  à  toute  la  vigilance  de  du 
Croc,  96.  —  Espère  que  M.  de 
Ilautelbrt  est  arrivé  en  Suisse,  96. 

—  Compte  sur  ses  bons  services, 
96.  —  Invite  Saint-Gouard  à  visiter 
souvent  les  Infantes,  g7.  —  Entre- 
tient de  nouveau  M.  de  Thou  de 
l'édit  des  sceaux,  g8.  —  Prend 
en  main  les  intérêts  de  Scipion 
Sardini,  99.  —  Annonce  la  gros- 
sesse, de   sa    belle-fille  à  la   reine 


d'Espagne,  99.  —  Recommande 
aux  gens  du  Parlement  de  Paris 
un  procès  du  duc  de  Montpen- 
sier,  100.  --  Prie  M.  de  Ferais 
de  soutenir  la  candidature  du 
cardinal   de  Ferrare  à  la  papauté, 

100.  —  Recommande  au  vicomte 
de  Sussex  le  duc  de  Montmo- 
rency qui  va  en  mission  à  Londres, 

101.  —  Le  recommande  égale- 
ment à  lord  Rurghley,  ainsi  que 
M.  de  Foix.  101.  —  Remontre 
au  duc  de  Florence  la  nécessité  de 
choisir  un  bon  pape,  102.  —  in- 
vite Petrucci  à  appuyer  auprès  du 
duc  de  Florence  la  candidature  du 
cardinal  d*  Ferrare  à  la  papauté, 
t02.  —  Prie  M.  de  Thou  de  tenir 
la  main  à  la  publication  de  l'édit 
sur  les  draps,  102.  —  L'engage  à 
intervenir  dans  le  différend  survenu 
entre  les  échevins  de  Paris  et  le 
Chàtelet,  io3.  —  Remercie  M.  de 
Mauvissière  d'avoir  été  au-devant 
de  lord  Lincoln  et  de  sa  suite,  io3. 

—  Renouvelle  ses  protestations  d'a- 
mitié à  la  reine  d'Angleterre,  îo'i  ; 

—  ses  instances  pour  le  mariage 
du  duc  d'Alençon,  106.  —  Re- 
commande à  Burghley  la  cause 
du  duc  d'Alençon,  10 5.  —  Félicite 
Grégoire  XIII  de  son  élévation  à  la 
papauté,  106.  —  Désavoue  toute 
pensée  de  guerre  contre  Phi- 
lippe II,  106.  —  Sollicite  la  dis- 
pense pour  le  mariage  de  Margue- 
rite de  Valois  et  du  prince  de 
Navarre,  106,  107.  —  Expli- 
cations  qu'elle  donne    à    Villeroy. 

108.  —  Remercie  Philippe  11  de 
l'envoi    d'une  jument   d'Espagne, 

109.  —  Promet  récompense  excep- 
tionnelle à  La  Mothe-Fénelon  s'il 
mène  à  bonne  fin  le  mariage  du 
duc  d'Alençon,  109.  —  Prescrit  à 
M.  de  Mandelot  de  ne  laisser  passer 
aucun  courrier  venant  de  Rome, 
109.  —  Insiste  auprès  du  pape 
pour  l'obtention  de  la  dispense  de 


mariage  de  Marguerite  Je  \alois, 
110.  —  Annonce  au  vicomte  de 
Horte  réception  de  ses  lettres,  112. 
—  L'invite  à  suivre  les  intentions 
du  Roi ,  112;  —  à  maintenir  toutes 
choses    en    repos   dans    son    gou- 
vernement,     11 3.     —    Conserve 
bon   espoir  de  la  réussite  du   ma- 
riage du   duc  d'Alenç.011  avec  Eli- 
sabeth. 11 3.  —  Offre  une  entre- 
\ue    entre    Iioulogne,   Douvres   ou 
Calais,  1 1 3.  —  Recommande  Ma- 
rie  Stuart  à  La   Mothe-Féneion, 
1 13.  —  Fait  part  à  Philippe  II  de 
la  Saint-Barthélémy,  1 1 3.  —Juge- 
ment qu'elle  porte  sur  la  politique 
espagnole,  ah. —  Voudrait  la  fille 
ainée  de  Philippe  II  pour  le  duc 
d'Anjou,  11 4.  — Justifie  la  Saint- 
Barlhélemy.    116.  —  Propose  au 
duc    de     Florence    de    s'entendre 
directement  avec  lui  pour  h  succes- 
sion des  Médicis,   11 4.  —  Enipè- 
«  hée  par  la  Saint-Barllielemv  d'en- 
voyiT  Montaigne  en  Espagne,  1 10. 

—  Instructions  données  à  Saiut- 
Gouard  pour  l'envoi  d'une  jument 
d'Espagne.  11 5.  —  Recommande 
Julien  Sfiiturion  aux  Seigneurs 
de  (iénes,  n5.  —  Sollicite  du 
pape  l'abbaye  de  Saint-Benoit -sui- 
Loire  pour  Claude  Sublet,  sieur 
de  Saint-Etienne,  précepteur  de 
ses  filles,  116.  —  Dénient  les 
bruits  semés  par  Mauegre  contre 
Monluc,  évèque  de  Valence,   il 6. 

—  Prie  Monluc  de  se  tenir  as- 
suré de  la  bonne  grâce  du  Boi, 
117.  —  S'excuse  sur  la  Saint-Bar- 
thélemy  de  n'avoir  pas  écrit  au  duc 
deLongueville,  117. —  Propose  de 
nouveau  une  entrevue  à  la  reine 
Elisabeth,  1  17.  —  Prie  La  Mothe- 
Fénelon  d'aplanir  le=.  difficultés 
pour  le  mariage  du  duc  d'Alençon  . 

117.  —  Se  loue  de  Walsingham, 

118.  —  A  pourvu  à  sa  suret'-. 
1  iS.  —  Il  ne  s'est  ému  que  pour 
la  prise  de  Briquemaull,  118.  — 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

Fait  part  à  La  Mothe-f'énelon  du 
contenu  des  papiers  trouvés  chez 
Coligny  après  sa  mort,  qui  dé 
mollirent  son  hostilité  contre  les  An- 
l'Iais,  118.  —  Les  a  communiqués  a 
\\  alsingham  .118.  —  Le  prie  d'en 
parler  à  Elisabeth,  118;  —  de 
lui  écrire  ce  qu'elle  pense  de  la 
conspiration  de  l'amiral  dont  il 
lui  a  fait  part,  119.-  Instructions 
qu'elle  donne  à  Philippe  Stroz.'.i 
pour  la  flotte  qu'il  commande,  1 1  9. 

—  Lui  annonce  un  secours  d  ar- 
gent, 119.  —  Témoigne  à  La 
Mothe  -  Fénelon  toute  la  confiance 
qu'elle  a  dans  la  réussite  du  ma- 
riage du  duc  d'Alençon  a\ec  Elisa- 
beth ,  1  30.  —  Réclame  de  nouveau 
une  entrevue,  120.  —  Sa  lettre  à 
Schomberg  pour  les  négociations 
qu'il  poursuit  en  Allemagne,   lao. 

—  L'invite  à  traiter  avec  les  princes 
de  la  Germanie,  sans  tenir  comple 
de   la  Saint-Barthélémy   et  de   la 
mauvaise  interprétation  qui  y  a  élé 
donnée,   120,  121.  —    Fait  à  La 
Mothe-Fenelon  le  récil  de  sou  en- 
tretien    avec     Walsingham,    122, 
12.3,     126.    —    Annonce     à    La 
Mothe   que    eux   de    la  Rochelle 
sont  prêts  à  se  soumettre,  12/1.  — 
Plaide  la  cause  du  duc  d'Alençon 
pour  l'obtention  du   consentement 
d'Elisabeth  à  son  mariage,  120.  — 
Communique   à    Walsingham    une 
lettre  de  Coligny  trouvée  après  sa 
mort,   126.  —  Prie  La   Mothe  de 
requérir    l'extradition    de    Monl- 
gomen,     12 fi.    —    Consent   à   la 
vente  de  ses  biens,  126.  —  Remer- 
cie le  duc  de  Florence  de  la  lettre 
qu'il  lui  a  écrite  pour  la  féliciter  de 
la  Saint-Barthélémy,  127.  —  Espère 
en  tirer  le  fruit  nécessaire  à  la  n-s- 
tauration  de  la  religion,    127.  - 
Bemercie  également  le  prince   de 
Toscane,  128. —  Complimente  les 
capitouls  de  Toulouse  de   leur  bon 
devoir,  ia8.  —  Manifeste  son  mé- 


363 

contentement  aux  échevins  de 
Bouen  du  massacre  des  protestants 
en  leur  ville,  129.  —  Fait  part  à  la 
duchesse  de  Ferrare  de  la  naissance 
de  la  fille  de  Charles  IX,  129.  - 
Voudrait  la  voir  revenir  à  la  reli- 
gion catholique,  i3o.  —  Lui 
annonce  que  sa  fille  de  Nemours 
est  accouchée  d'un  fils,  i3o.  —  Si 
justifie  vis-à-vis  de  du  Ferrier  île 
la  Saint-Barthélémy,  100.  —  Lui 
enumère  ses  griefs  contre  Coligny, 
i3o.  —  L'accuse  d'avoir  conspin 
contre  la  peisonne  de  sou  roi,  i3i. 

—  Begrelte  la  mort  de  certains 
protestants,  i3i.  —  Ne  veut  pas 
croire  que  Philippe  II  ait  tué  sa 
fille ,  1  3 1 .  —  N'entend  pas  rompre 
avec  la  reine  Elisabeth,  101. — 
Prie  du  Ferrier  de  soutenir  la  can- 
didature du  duc  d'Anjou  au  trône 
de  Pologne  vis-à-vis  du  légat,  r'ir. 

—  Maintient  la  préséance  <ur  l'Es- 
pagne, i3i.  —  Affirme  que  le 
Roi  restera  en  bonne  amitié  avec 
le  Grand  Seigneur,  t3i.  —  Prie 
du  Ferrier  de  favoriser  de  son  mieux 
l'eltclion  de  Pologne,  i3a.  - 
L'invite  à  beaucoup  de  pruderie, 
avec  les  agents  du  comte  Palatin  el 
du  duc  de  Saxe,  1  32.  —  Annonce 
la  Saint- Barthélémy  à  Philippe  II. 
,33.  —  S'applaudit  des  succès  du 
duc  . l'Albe,  1  34.  —  N'approuve  pa- 
néanmoins  le  traitement  favorable 
qu'il  a  fait  au  comte  Ludovic  de  Nas- 
sau, i34.  —  Remercie  le  Boi  Ca- 
tholique d'avoir  laissé  visiter  les 
Infantes  par  Montaigne,  i34.  — 
S'applauditauprèsdu  pape  de  l'heu- 
reuse situation  de  la  France,  i34. 

—  Sollicite  l'absolution  pour  le  roi 
de  Navarre,  i34.  —  La  sollicite 
également  pour  sa  fille  Margue- 
rite et  pour  le  pi  ince  et  la  princesse 
de  Coudé,  i35.  —  Fait  pari  à 
La  Mothe-Fénelon  de  la  réponse 
d'Elisabeth  pour    l'entrevue,   i35. 

—  Sa    lettre   au    grand -duc    de 

.'16. 


364 


TABLE  DES  MATIERES. 


Florence  au  sujet  de  la  succes- 
sion    des    Médicis,     i35,     i.3G. 

—  Accuse  réception  au  maréchal 
Damville  de  ses  lettres,  137.  — 
Revient  sur  le  projet  d'une  entre- 
vue avec  Elisabeth,  137.  —  Entre- 
tient La  Mothe-Fénelon  du  choix 
de9  compères  et  commères  pour  sa 
petite-fille,  137.  —  Désire  qu'Eli- 
sabeth se  fasse  représenter  par  un 
grand  personnage,  137.  —  Annonce 
à  La  Mothe-Fénelon  que  le  Roi  fera 
punir  les  meurtres  commis  après  la 
Saint  -  Barthélémy  dans  certaines 
villes  ,  1  38.  —  Fera  pourvoir  à  la 
sûreté  des  marchands  anglais,  i38. 

—  Invile  le  cardinal  Ursin  à  ne  pas 
lenir,  1 38.  —  Annonce  à  Phi- 
lippe II  la  naissance  de  sa  petite- 
fille  ,  1 3g.  —  En  fait  part  à  la  reine 
d'Espagne,  i4o.  — EnvoieM.de 
Moncal  visiter  le  maréchal  Damville, 
1 4  o.— Félicite  M.  de  la  Fontaine-Go- 
dart  de  sa  mission  en  Suisse  après  la 
Saint-Barthélémy,  j  6 1 .  —  Déclare 
à  M.  de  Grantrie  que  ce  qui  est  ad- 
venu à  Paris,  le  26  août,  est  con- 
forme à  l'intention  du  Roi  son  fils, 
i4i.  —  Ce  que  lui  écrit  M.  de 
Damville  sur  la  disposition  des 
affaires  de  son  gouvernement,  i4i. 

—  Rend  justice  aux  services  rendus 
par  Petrucci  durant  son  ambas- 
sade, i4a.  —  Félicite  Scbomberg 
de  la  façon  dont  il  a  usé  vis-à-vis  de 
l'électeur  de  Saxe,  i4a.  —  Le 
prie  de  continuer  à  faire  entendre  à 
ceux  de  pardelà  la  vérité  sur  la  Saint- 
Barthélémy,  i42. —  Protestations 
qu'elleadresseà  Grégoire XIII,  i44. 

—  Le  remercie  de  la  dispense  en- 
voyée pour  le  roi  et  la  reine  de 
Navarre,  i44.  —  Charge  le  dur  de 
Nevers  et  M.  de  Tavannes  de  main- 
tenir l'ordre  dans  Paris,  i44. — 
Les  remercie  de  ce  qu'ils  y.  ont  fait , 
i45.  —  Accompagne  sa  fille  en 
Lorraine,  i45,  note.  —  Remercie 
Philippe  11  de  l'avoir  fait  visiter  par 


le  marquis  d'Ayamont,  i46.  — 
Entretient  le  marquis  de  Yillars  de 
l'ordre  à  apporter  aux  finances, 
i46.  —  Complimente  Bellièvre  de 
ce  qu'il  a  obtenu  des  Ligues,  147. 
—  Le  remercie  d'avoir  fait  tra- 
duire en  allemand  ce  qu'il  a  dit 
aux  sieurs  des  Ligues  sur  la  Saint- 
fiarthélemy,  147.  —  L'invite  à  se 
servir  de  M.  de  Vaucluse,  147.  — 
Prie  M.  de  Rambouillet  de  passer 
par  Fcrrare,  147. —  Annonce  à 
M.  de  Saint-Gouard  le  départ  du 
marquis  d'Ayamont,  1 48.  —  Prie 
le  Saint-Père  de  vouloir  bien 
accueillir  M.  de  Duras  lui  appor- 
tant la  soumission  du  roi  de  Na- 
varre, 1 4g.  —  Compte  sur  le 
baptême  de  sa  petite-fille  pour  re- 
nouer bonne  amitié  avec  Elisabeth , 
i4g.  —  Invite  La  Mothe  à  insister 
pour  le  mariage  du  duc  d'Alençon , 
1 4g  ;  —  à  tenter  de  faire  rentrer 
les  réfugiés  français,  1 4g.  — 
Lettre  de  condoléance  qu'elle  écrit 
à  Renée  de  Ferrare  pour  la  mort 
de  sa  belle-fille,  i5o.  —  Se  reporte 
à  une  lettre  de  Charles  IX  pour  le 
fait  du  légat  Ursin,  i5o,  note.  — 
S'applaudit  de  ce  que  Bellièvre  est 
arrivé  à  temps  pour  assister  à  la 
diète  de  Bade,  t5i.  —  Ecrit  à 
Matignon  au  sujet  de  la  confisca- 
cation  des  biens  du  sieur  de  Lo- 
railles  accordée  à  Marguerite 
Grecque,  i5i.  —  Désire  que  Lo- 
railles  soit  pris  et  puni,  i5i.  — 
Entretient  Bellièvre  d'un  emprunt 
pour  son  fils  le  roi  de  Pologne, 
i5a.  —  Repousse  la  proposition 
que  lui  fait  le  cardinal  Ursin  de 
coopérer  à  la  destruction  de  Genève, 
1 53.  —  Écrit  à  du  Ferrier  à  l'oc- 
casion de  perles  qu'elle  désire 
acquérir,  1 53.  —  Annonce  à  Dam- 
ville le  départ  du  duc  d'Anjou  pour 
la  Rochelle,  1 54.  —  Le  prie  de 
bien  veiller  sur  son  gouvernement. 
1 54 ;  —  de  laisser  partir   M.   de 


Bellièvre,  io4.  —  Lettre  de  con- 
doléance qu'elle  adresse  à  la  reine 
d'Espagne  à  l'occasion  de  la  mort 
de  sa  belle-sœur,  1 54 .  —  Fait  part 
à  Bellièvre  de  ce  qui  s'est  passé 
en  Bresse,  1 54.  —  En  désa- 
voue la  responsabilité,  1 54.  ■ — 
Demande  au  pape  l'abbaye  de  Clai- 
rac  pour  le  chevalier  d'Angouléme, 
1 55.  —  Complimente  Bellièvre  des 
concessions  qu'il  a  obtenues  en 
Suisse,  1  56.  —  Accuse  à  du  Ferrier 
réception  de  ses  lettres,  1 56.  — 
Impatiente  de  la  venue  du  comte  de 
Wolcester,  167.  —  Voudrait  re- 
nouer avec  lui  le  propos  de  mariage 
du  duc  d'Alençon,  dont  elle  fait  le 
portrait,  157.  — Prie  Bellièvre  de 
faire  marcher  la  levée  des  Suisses, 
i58.  —  Entretient  le  duc  d'Anjou 
du  mariage  de  la  fille  de  M.  de 
Monchy,  1 58.  —  N'y  pense  plus 
pour  M.  de  Liancourt,  1 5g.  — 
Recommande  au  duc  de  Florence 
Ferrand  Vitelli,  i5g.  —  Ne  peut 
secourir  Damville  d'argent,  160. 
— ■  Prie  M.  de  Cossé  d'empêcher 
que  ses  fils  ne  se  hasardent  trop  au 
siège  de  la  Rochelle,  160.  —  Pro- 
teste de  sa  sincérité  envers  Elisa- 
beth, 160.  —  Prévient  le  maréchal 
de  Cossé  que  ce  qui  a  été  pris  à  la 
Bastille  pour  le  baptême  de  sa 
petite-fille    y    a    été   remis,    16a. 

—  Voudrait  le  voir  auprès  du 
duc  d'Alençon,  162.  —  Prévient 
du  Ferrier  que  le  Roi  répond 
à  ses  lettres,  162.  —  Le  prie 
de  faire  tenir  une  lettre  de  change 
à  l'évêque  de  Valence,  162.  — 
Invite  le  duc  d'Anjou  à  donner  à 
M.  de  Mandelot  une  compagnie 
de  gendarmes,  1 63.  —  Prie 
La  Mothe-Fénelon  d'insister  auprès 
d'Elisabeth  pour  l'accomplissement 
sincère  du  dernier  traité  ,  1 64. — 
C'est  \\  alsingham  qui  lui  a  conseillé 
d'en   écrire    à  sa  maîtresse,   i64. 

—  Félicite  Saint-Gouanl  de  sa  pru- 


TABLE  DES  MATIERES. 


365 


dence,  1G6.  —  Sa  lettre  à  la  relue 
Elisabeth,  i65.  —  Prie  le  duc  de 
Monipensier  de  servir  de  père  à  ses 
Gis ,  1 66.  - —  Remercie  le  duc  de  Ne- 
vers  des  nouvelles  qu'il  lui  a  données 
de  ses  fils ,  1 6G.  —  Remercie  le  duc 
de  Mnntpensier  de  sa  délibération 
d'aller  trouver  le  duc  d'Anjou,  166. 

—  Lui  envoie  M.  de  Lansac,  167. 

—  Prie  La  Mothe  de  donner  à  la 
reine  Elisabeth  l'explication  de  la 
lettre  de  Charles  IX,  167.  —  An- 
nonce à  Damville  l'envoi  de  Sainl- 
Sulpice,  167.  —  Invite  Matignon 
à  empêcher  toute  descente  des 
Huguenots    en    Normandie,    168. 

—  Complimente  le  duc  de  Mont- 
pensier  sur  ce  qu'il  a  fait  en  son 
gouvernement,  168.  —  Prie  du 
Ferrier  de  lui  mander  nouvelles  de 
l'évéque  de  Valence,  168;  —  d'a- 
dresser audit  évèque  des  lettres  par 
la  voie  de  Venise,  169.  —  L'a- 
vise de  ce  que  le  Roi  mande  à 
l'évéque  de  Dax,  170.  —  Pré- 
vient l'évéque  de  Valence  que 
l'Empereur  a  gagné  par  présents 
le  Laski,  170.  —  L'invite  à  le  faire 
reprendre  par  une  femme,  170;  — 
à  souvent  écrire,  170.  —  Compte 
sur  l'effet  produit  en  Pologne 
par  les  déclarations  traduites  en 
latin  que  du  Ferrier  y  a  en- 
voyées, 171,  note.  —  Espère  que 
les  Rochellois  se  soumettront  bien- 
tôt, 171,  note.  —  S'en  réfère  dans 
une  lettre  à  du  Ferrier  à  celle  de 
Charles  IX,  171.  —  Recommande 
au  président  de  Thou  le  procès  du 
sieur  du  Molay,  171.  —  Accuse  ré- 
ception de  ses  lettres  à  La  Mothe- 
Fénelon,  17a.  —  En  a  adressé  le 
double  au  duc  d'Anjou,  172.  — 
Avertit  le  duc  d'Anjou  des  prépa- 
ratifs de  Montgomery,  173.  — 
Lui  demande  s'il  a  reçu  la  visite  de 
Languillier,  17.3.  —  Va  trouver  le 
Roi  son  fils  à  Saint-Léger,  173.  — 
Assure  le  duc  d'Anjou  qu'il  recevra 


prochainement  un  secours  d'ar- 
gent, 173.  —  Prie  M.  de  BeUièvre 
de  porter  la  levée  des  Suisses  de  la 
garde  du  Roi  de  800  à  ]  ,200,  1  •jU. 

—  Pri*  Damville  de  persévérer 
dans  sa  bonne  volonté,  17^.  —  A 
reçu  des  nouvelles  du  duc  de  Moni- 
pensier, 17U.  —  L'invite  à  modé- 
rer l'ardeur  de  ses  fils  et  à  veiller 
sur  eux,  17Ô.  —  Renouvelle  à 
M.  de  Cordes  les  instructions  que 
lui  a  données  Charles  IX,  175.  — 
Recommande  au  président  de  Thou 
le  procès  du  vicomte  de  Venaiz, 
170.  —  S'inquiète  de  la  contra- 
diction des  lettres  de  La  Mothe-Fé- 
nelon  au  sujet  des  intentions  de 
la  reine  Elisabeth,  176.  —  Craint 
son  intervention  secrète  en  faveur 
de  la  Rochelle,  17G.  —  Invite  La 
Mothe  à  poursuivre  les  propos  de 
mariage  du  duc  d'Alençon,  176.  — 
Ce  mariage  lui  conciliera  les  princes 
de  la  Germanie,  176.  —  Invile 
Matignon  à  un  redoublement  de 
surveillance,  176.  —  Regrette  de 
ne  pouvoir  accorder  à  M.  de  San- 
sac  l'abbaye  de  la   Novaille,    177. 

—  Recommande  M.  Dallon  au  duc 
d'Anjou  pour  en  faire  le  gouverneur 
du  vicomte  de  Curson,  177.  — 
Enjoint  au  président  de  Thou  d'é- 
viter toutes  difficultés  pour  la  créa- 
lion  d'une  charge  de  maître  des 
requêtes,  178.  —  Prescrit  à  Bel- 
lièvre  de  faire  marcher  la  levée  des 
Suisses,  178.  —  Exprime  au  duc 
de  -Xevers  le  regret  qu'elle  a  de  la 
mort  du  duc  d'Aumale,  180.  — 
Entretient  le  duc  d'Anjou  de  ce  que 
lui  a  dit  Tavannes  au  sujet  de  la 
Rochelle,  180.  —  Se  défie  de  La 
Noue,  180.  — Conseils  donnés  par 
Tavannes  transmis  par  elle  au  duc 
d'Anjou,  180.  —  Lui  annonce 
l'accouchement  de  la  duchesse  de 
Nevers,  181.  —  Va  à  Fontaine- 
bleau, 181.  —  Complimente 
BeUièvre  et  lui  promet  sa  protec- 


tion, 181.  —  Invile  La  Motbe- 
Fénelon  à  reconforter  les  assié- 
gés de  Lislebourg,  181.  —  Lui  an- 
nonce l'arrivée  de  Vérac,  183.  — ■ 
Lui  prescrit  de  veiller  sur  les  affaires 
d'Ecosse,  182.  —  Invile  BeUièvre 
à  déjouer  toutes  les  menées  qui  se 
font  en  Suisse,  182.  —  Charge  du 
Ferrier  d'un  paquet  pour  M°"  de 
Randan,  182.  —  Supplie  Mont- 
pensier  d'empêcher  ses  fils  de  trop 
se  hasarder  au  siège  de  la  Rochelle, 
1 83.  —  Avertit  Matignon  des 
craintes  que  lui  inspire  Montgo- 
mery,  1 83.  —  Recommande  à 
M.  de  Gordes  de  bien  veiller  sur 
son  gouvernement ,  i84. —  Annonce 
au  duc  d'Anjou  la  blessure  de  son 
frère  à  la  chasse,  i84.  —  En  fait 
part  au  ducde  Savoie,  i85.  —  S'ap- 
plaudit de  l'arrivée  de  la  levée  des 
Suisses,  1 85.  — Espère  la  bonne 
issue  du  siège  de  la  Rochelle , 
i85.  —  Remercie  Damville  de 
ce  qu'il  mande  de  la  situation  du 
Languedoc,  186.  —  Regrette 
les  pet  tes  faites  au  siège  de 
Sommières,  186.  —  Prie  Dam- 
ville de  s'aider  de  ce  que  doit  four- 
nir le  Languedoc,  186.  —  Fait 
connaître  au  duc  d'Anjou  en  quels 
termes  est  le  mariage  du  duc  d'A- 
lençon, 186.  —  Fait  part  à  La 
Mothe  -  Fénelon  d'un  entretien 
qu'elle  a  eu  avec  Walsingham  au 
sujet  de  ce  mariage,  189.  — 
Se  refuse  à  une  entrevue  avant 
l'acceptation  des  articles  du  con- 
trat, 18g.  —  Fait  le  portrait  de 
son  fils,  igo.  —  Fait  l'éloge  de 
Charles  IX,  190.  —  Se  plaint  du 
traitement  fait  à  Vérac,  191.  — 
Promet  de  tenir  secrètes  les  con- 
ditions du  mariage  du  duc  d'Alen- 
çon, 191.  —  Audience  accordée 
à  Walsingham,  îga.  —  Désire 
la  soumission  de  la  Rochelle, 
19a.  —  Ses  réponses  aux  re- 
montrances de  Walsingham,  193, 


3o6 


note.  —  Sa  lettre  à  La  Molhe  pour 
accompagner  celle  de  Charles  IX, 
iq3.  -      Reprorhe  à  Walsingham 

l'arrestation  de  Vérac  allant  en 
Ecosse,  ig3  ,  note.  —  Se  plaint  à 
Saint-Couard  d'être  accusée  de 
nuire    aux    intérêts    du    roi   d'Es- 


pagne, 


Aceusc  réception 


au  duc  d'Anjou  de  sa  lettre,  19A. 

—  Le  prie  de  ménager  sa  per- 
sonne au  siège  de  la  Rochelle , 
io5.  —  L'invite  à  obéir  aux 
instructions  du  Roi  son  frère,  ig5. 

—  Enjoint  à  M.  de  Gordes 
d'empêcher  le  passage  des  protes- 
tants fugitifs  qui  veulent  gagner  le 
Dauphiné,  196.  — Prévient  le  duc 
d'Anjou  des  projets  de  Montgo- 
mery,  19.7.  —  Lui  communique  les 
nouvelles  venues  d'Espagne,    197. 

—  Lui  écrit  qu'elle  a  fait  ré- 
pandre par  Scliomberg  le  bruit  que 
Philippe  II  veul  faire  tuer  le  prince 
d'Orange,  197.  —  S'inquiète  du 
mariage  du  roi  de  Hongrie  avec  la 
reine  Elisabeth ,  197.  —  Altend 
toujours  la  nouvelle  de  la  prise  de 
la  Rochele,  198.  —  La  voudrait 
avec  pou  de  perles  d'hommes,  198. 

—  Annonce  à  du  Forrier  qu'il  sera 
satisfait  de  l'arriéré  de  sa  charge, 
199.  —  Invite  Gordes  à  surveiller 
son  gouvernement,  199.  —  Avertit 
Damville  de  la  situation  de  la  Ro- 
chelle, 199.  —  Recommande  ses 
enfants  au  duc  de  Monlpensier,  200. 

—  Très  fâchée  de  la  blessure  de 
M.  de  Nevers,  300.  —  Complimente 
M.  de  Cossé,  300.  —  Donne  de 
nouvelles  instructions  à  M-  de 
Gordes,  200.  —  Remercie  le  duc 
de  Nevers  des  nouvel Ice  qu'il  lui  a 
données  de  la  Molle  de  Montgo- 
mery,  20g.  —  Lui  lait  part  du 
tour  joué  par  c  u\  du  Béarn  à 
M.  de  Gramont,  310.  —  Annonce 
a  La  Mothe-Fénelon  le  dépari  pour 
Londres  de  Walsingham  bien  édi- 
fié sur  leurs   intentions,    211. — 


TABLE  DES  MATIERES. 

Présents  qu'elle  lui  a  donnés,  211. 

—  Compte  sur  lui  pour  mener  à 
bonne  fin  le  mariage  du  duc 
d'Alençon,  ail.  —  Heureuse  de 
la  prise  de  Sonmiières,  211.  — 
Prie  le  duc  d'Anjou  de  faire  prendre 
par  celui  qui  commandera  la  com- 
pagnie du  sieur  Cosseius  les  en- 
seignes qu'il  avait  commandées, 
2  12.  —  Se  plaint  à  du  Kerrier  de 
l'opiniâtreté  des  protestants  re- 
belles, 21e.  —  L'avertit-  de  la 
lettre  qu'il  recevra  pour  le  payement 
de  Mahamut,  212.  —  Le  prie 
d'avertir  l'évéque  de  Dax  de  ce 
qu'il  a  négocié  avec  ledit  Maha- 
mut ,  212.  —  Recommande  à  M.  de 
Gordes  de  maintenir  l'ordre  en  son 
gouvernement,  200.  —  Remercie 
le  président  de  Tbou  du  soin  qu'il 
apporte  à  ses  affaires,  201.  — 
S'applaudit  de  ce  que  le  Roi  son 
fils  a  pu  réconcilier  les  Vénitiens  et 
le  Grand  Seigneur,  30t.  —  Attend 
réponse  de  du  Ferrier  pour  h-  pa- 
quet envoyé  à  M'  de  Raudau, 
201.  —  A  communiqué  au  Roi  son 
fils  l'entretien  que  Schomberg  a  eu 
avec  Ludovic  de  .Nassau,  202.  — 

—  A  vu  ce  qui  s'est  passé  entre 
Schomberg  et  le  Landgrave  de 
liesse,  2o3.  —  Permet  au  docteur 
Holman  de  vendre  ses  biens,  30U. 
■ —  Prie  Matignon  de  surveiller 
Montgomerv,  206.  —  Ne  peut 
gratifier  Schomberg  sur  la  recelte 
de  Bourgogne,  206.  —  A  entendu 
de  Valenlin  Drile,  le  nouvel  ambas- 
sadeur' d'Angleterre,  le  désir  qu'a 
Elisabeth  de  continuer  leurs  bonnes 
relations  d'amitié,  206.  —  Se 
lou>  de  Walsingham  son  prédé- 
cesseuf,  206.  —  Recommande  à 
\1.  île  Cordes  le  service  du  Roi  son 
lils.  207.  —  Annonce  au  duc  de 
Mootpensier  l'arrivée  de  la  flotte 
de  Montgomery,  207.  —  Avilit 
les  échevins  de  Nantes  de  la  veflyf 
de  cette   flotte.    208.  —    Renou- 


velle à  Elisabeth  l'extrême  désir 
du  duc  d'Alençon  de  l'épouser. 
208.  —  Demande  pour  lui  une 
entrevue  après  la  prise  de  la 
Rochelle,  208.  —  Annonce  à 
Schomberg  l'envoi  du  docteur  Cris- 
pions vers  la  douairière  de  Bruns- 
wick, 206.  —  Lui  rappelle  tout  ce 
que  Charles  IX  a  fait  en  laveur  de 
la  veuve  de  Coligny,  206.  —  Ne 
peul  faire  ce  que  le  Landgrave  lui 
demande  pour  les  enfants  de  Co- 
ligny, 208.  —  Recommande  à 
M.  de  Thon  les  intérêts  de  Scipion 
Sardini,  910.  —  Se  félicite  de  la 
paix  conclue  entre  les  Vénitiens 
et  le  Turo,  ai3.  —  Avertit  le  pré- 
sident de  Thou  de  la  permission 
donnée  à  l'évéque  de  Màcon  de  faire 
une  coupe  de  bois,  21 3.  —  Exprime 
à  Mauvissière  la  part  qu'elle  prend 
à  la  mort  de  son  frère,  ai3.  — 
Poursuivra  la  punition  de  son  meur- 
trier, 21  h.  —  Lui  fera  donner  le 
château  de  son  frère,  31&.  — 
Pourvoira  son  autre  frère  d  l'ab- 
baye de  Cussy,  21  k.  —  S'applau- 
dit du  bon  devoir  l'ail  par  les  soldaU 
au  siège  de  la  Rochelle,  ai  5.  — 
Prie  le  duc  de  Nevers  de  lui  don- 
ner souvent  des  nouvelles  de  ses 
enfants,  91 5.  —  Ecrit  à  M.  de 
Thou  au  sujet  de  troubles  sur- 
venus à  Chàteaudun,  21 4.  — 
Espère  qui'  la  soumission  de  la 
Rochelle  pacifiera  tout,  91  h.  - 
Sa  lettre  à  M.  de  Gordes,  21 4.  — 
Demande  à  du  Ferrier  des  nou- 
velles de  la  Pologne.  21 5.  —  Ap- 
prouve la  résolution  du  duc  de 
Mentpeusier  de  se  rendre  dans  son 
gouvernement,  21  5.  —  Le  lait  ac- 
compagner par  M.  de  Chavigm 
qu'elle  promet  de  récompenser, 
21 5.  —  Complimente  le  duc  de 
Mootpensier  de  la  naissance  de  son 
petit-fils,  216.  —  Accuse  à  Mali- 
gnon  réception  de  ses  lettres,  ai6. 
• —  Lui  recommande  une  vigilante 


TABLE   DES   MATIERES. 


3G7 


surveillance,  316.  —  A  vu  la  lettre 

écrite  par  de  Thou  au  Roi  son  fils, 
a  16.  —  Annonce  à  du  Kerrier 
que  le  Roi  usera  de  la  force  pour 
réduire  ses  sujets,  216.  —  Pré- 
vient Matignon  que  ses  compagnies 
seront  payées,  217.  —  Fait  part  à 
La  Mothe-Fénelon  de  l'élection  du 
duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne, 
317. —  Espère  qu'elle  servira  au 
mariage  du  duc  d'Alençon ,  9  1  7.  — 
Interroge  Schomberg  sur  l'impres- 
sion produite  en  Allemagne  par 
cette  élection,  218,  219.  —  Dé- 
sire savoir  de  lui  si  le  passage  par 
F  Allemagne  ne  sera  pas  interdit  au 
duc  d'Anjou,  319.  —  Prévient 
M.  de  Cordes  qu'on  lui  envoie 
M.  Dourches  pour  s'en  servir,  319. 
—  Ecrit  à  Matignon  qu'elle  n'a 
point  eu  connaissance  de  l'impos- 
ture dont  il  l'entretient,  319.  — 
Lui  renouvelle  son  estime,  930. — 
Prévient  La  Mothe-Fénelon  des 
menées  de  Montgomery  en  An- 
gleterre, 320.  —  En  avertit  le 
duc  d'Anjou,  220.  —  S'occupe  de 
réaliser  la  somme  offerte  par  le 
clergé,  sgi.  —  Répond  au  cardinal 
de  Lorraine  qu'il  ne  sortira  pas 
tant  d'argent  pour  l'élection  de  Po- 
logne qu'il  en  est  sorti  pour  la 
guerre  d'Ecosse,  3 s 5.  —  Evalue  ce 
qu'en  rapportera  le  trafic,  335.  — 
Expose  les  raisons  qui  déterminent 
le  duc  d'Alençon  à  aller  en  Angle- 
terre sans  crainte  de  la  défaveur 
qui  en  pourra  résulter,  en  cas  que 
le  mariage  ne  s'ensuive  pas,  221, 
323.  —  Le  Roi  son  fils  et  elle  y 
consentent,  322.  —  A  fait  parvenir 
au  d  uc  son  fils  les  lettres  qu'Elisabeth 
lui  a  écrites,  323.  —  Fait  part  à  la 
reine  d'Angleterre  de  l'élection  du 
duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne, 
223.  —  Annonce  à  Damville  l'in- 
tention de  Charles  IX  d'accorder 
l'évècbé  d'Agde  à  celui  qu'il  dési- 
gnera, 233.  —  Lui  mande  l'élec- 


tion de  Pologne,  3 gi.  —  Fera  ce 
qu'elle  pourra  pour  le  payement 
des  pensions  du  duc  de  Montpen- 
sier,  236.  —  Est  persuadée  de 
la  satisfaction  que  lui  a  causée 
l'élection  de  Pologne,  226.  — 
Invite  le  duc  d'Anjou  à  se  méfier 
du  jésuite  Ayinont  qui  répand  de 
mauvais  bruits,  3  35.  —  Lui 
parle  du  désir  que  le  duc  de 
Nevere  a  de  le  9uivre  en  Pologne , 
9  2  5.  —  Ne  lui  conseille  pas  d'em- 
mener le  duc  de  Guise,  esprit  trop 
brouillon,  326.  —  L'invite  à  bien 
remercier  Dieu  de  son  élection  au 
trône  de  Pologne,  926.  —  Le  prie 
d'obéir  aux  intentions  du  Roi  son 
frère,  après  être  entré  dans  la  Ro- 
chelle, 227.  —  De  ne  plus  mettre 
dans  les  lettres  qu'il  lui  écrit,  servi- 
teur, 327.  —  Demande  à  Renée 
de  Fetrare  la  maladrerie  de  Gisors 
pour  Lovs  le  Vasseur,  338.  — 
Ecrit  au  duc  d'Anjou  que  Bazin 
a  annoncé  comme  certaine  la  pu- 
blication de  son  élection  au  troue 
de  Pologne,  228.  —  Lui  l'ait  part 
de  la  prochaine  arrivée  des  am- 
bassadeurs polonais,  328.  —  Lui 
conseille  d'écrire  en  Pologne,  mais 
d'attendre  pour  cela  l'arrivée  d'un 
seigneur  polonais,  229.  —  A  en- 
voyé son  chariot  au-devant  de  cet 
ambassadeur,  229.  —  Le  Roi  son 
frère  attendu,  299.  —  Invite 
le  duc  d'Anjou  à  se  faire  appeler 
roi,  229;  —  à  protester  de  son 
obéissance  envers  le  Roi  son  frère, 
32g.  —  Lui  fait  part  du  mécon- 
tentement que  son  élection  au 
troue  de  Pologne  a  causé  aux 
Guises,  39g.  —  En  a  annoncé  la 
nouvelle  à  tous  les  ambassadeurs, 
229.  —  Accuse  le  chiffre  de  la  dé- 
pense de  cette  élection,  229.  — 
Fait  part  à  La  Mothe-Fénelon  des 
propositions  d'intervention  soumises 
par  la  reine  d'Angleterre  pour  ra- 
mener les  sujets  du  Roi  à  l'obéis- 


sance, 2  3o.  —  Le  prie  d'en  savoir 
les  conditions,  g3o.  —  Promet  à 
Saint-Moris  de  récompenser  ses 
services,  93o.  —  Invite  Matignon 
à  déjouer  les  mauvais  desseins  de 
Montgomery,  s3i.  —  Charge 
M.  de  Gordes  de  tenir  tète  à 
Montbrun  et  à  Mirebel,  s3i.  — 
-  Recommande  à  Matignon  de 
veiller     sur     Montgomery,     23 1. 

—  Invite  M.  de  Gordes  à  traiter 
avec  MM.  de  Montbrun  et  de  Mi- 
rebel, 23 1.  —  Dément  les  propos 
que  Philippe  II  a  fait  tenir  à  la 
reine  d'Angleterre,  232.  —  Croit 
à  la  mauvaise  situation  du  prince 
d'Orange  dans  les  Pays-Bas,  23s. 

—  Ignore  ce  que  Frégose  rappor- 
tera de  Ludovic  de  Nassau,  233. 

—  A  fait  connaître  audit  Ludovic 
toute  leur  bonne  volonté,  333.  — 
Fait  part  à  Schomberg  de  tout  ce 
qu'on  tente  pour  réduire  la  Rochelle 
par  force  ou  par  composition,  933. 

—  Annonce  à  du  Ferrier  que  la 
nouvelle  de  l'élection  de  Pologne 
lui  est  arrivée  avant  qu'elle  ne  soit 
parvenue  à  Venise,  234.  —  Espère 
que  rien  ne  s'opposera  au  passage 
de  son  fils,  s3lt.  —  Lui  envoie 
une  lettre  du  sieur  Grimam. 
235.  —  Annonce  à  Matignon  le 
danger  auquel  le  roi  de  Pologne 
a  échappé  au  siège  de  la  Ro- 
chelle, 3.35.  —  Lui  fait  part  de  sa 
blessure,  3.35.  —  Entretient  La 
Mothe-Fénelon  des  propositions 
que  le  sieur  Franchetti  lui  a  faites 
pour  assurer  la  pacification,  235. 

—  Lui  raconte  l'entretien  qu'elle 
a  eu  avec  ledit  capitaine,  235.  — 
S'étonne  de  ce  que  celui-ci  lui  a 
conseillé  de  l'établir  les  prêches, 
235.  —  Se  méfie  de  se9  rapports, 
a36.  —  Renseignements  qu'un 
gentilhomme  normand  lui  a  donnés 
sur  Franchetti,  236.  —  Sur  les 
menées  de  Montgomery  en  Angle- 
terre, 236.  —  Fait  parla  La  Mothe- 


368 


TABLE   DES  MATIÈRES. 


Fénelon  des  offres  qu'elle  lui  a 
adressées,  a  3  7.  —  Attend  la  réponse 
d'Elisabeth  sur  le  fait  d'une  entre- 
vue, 2.37.  —  Parle  à  La  Mothe 
d'une  visite  qu'elle  a  reçue  de 
l'ambassadeur  Valenlin  Dale,  a38. 

—  N'a  point  eu  de  nouvelles  du 
siège  de  Lislebourg,  238.  —  Pro- 
teste de  sa  bonne  affection  envers 
Elisabeth,  a38.  —  Exprime  au 
duc  d'Anjou  le  regret  de  ne  pou- 
voir donner  la  charge  de  secré- 
taire du  Roi  à  Iîuzé  son  secrétaire, 
a3g.  —  A  sa  recommandation 
la  Guiche  a  été  nommé  capitaine  de 
00  hommes  d'armes,  2 39.  —  Lui 
envoie  une  lettre  d'Elisabeth  rela- 
tive à  l'entrevue ,  a3g.  —  Invite 
le  duc  de  Florence  à  croire  ce  que 
le  sieur  de  Ferais  lui  dira  de  sa 
part,  2.3g.  — S'en  i apporte  à  M.  de 
Villars  pour  ce  qui  est  à  faire  en  son 
gouvernement,  260.  —  Prie  M.  de 
Gordes  de  continuer  ses  bons  ser- 
vices, 260.  —  Recommande  à 
Damville  l'évéque  d'AIbi  qui  a  subi 
des  pertes,  a '10.  —  Annonce  à  La 
Mothe-Fénelon  qu'elle  a  tout  pré- 
paré pour  l'embarquement  des 
4,ooo  hommes  que  le  duc  d'Anjou 
doit  emmener  en   Pologne,   ail. 

—  Le  prie  de  rassurer  la  reine 
Elisabeth  sur  le  passage  de  ces 
troupes,  262;  —  de  ménager 
l'entrevue  avec  le  duc  d'Alençon , 
2/13.  —  Fait  part  aux  princes  de  la 
Germanie  de  l'élection  du  duc 
d'Anjou  au  trône  de  Pologne,  262. 

-  Recommande  au  président  de 
Thou  le  recouvrement  du  don  de 
cent  mille  livres,  262.  —  Instruc- 
tions qu'elle  donne  au  maître  des 
requêtes  Viart  envoyé  en  Alle- 
magne, 263.  —  Engage  le  Roi  son 
fils  à  retarder  son  arrivée  au  châ- 
teau de  Madrid,  a'1'1.  —  Lui  fait 
connaître  les  empêchements  mis  au 
départ  du  roi  de  Pologne,  a '16.  — 
Lui  enverra  Gnndi  pour  savoir  s  il 


veut  recevoir  les  ambassadeurs  po- 
lonais, 266.  —  Invite  le  duc  d'An- 
jou à  rassembler  les  4, 000  soldats 
qui  doivent  le  suivre  en  Pologne, 
a4o;  — ■  à  se  servir  des  vaisseaux 
dont  il  dispose,  261.  —  11  aura 
bientôt  l'édit  de  pacification, 
s4i.  —  Ecrit  à  Danzay,  ambas- 
sadeur en  Suède,  au  sujet  du 
départ  de  son  fils  le  roi  de  Po- 
logne, 2/16.  —  Lui  annonce  la 
prochaine  arrivée  dudit  roi  à  Pa- 
ris, a66.  —  Recommande  à  M.  de 
Gordes  de  continuer  à  bien  faire, 
a63. —  Envoie  des  blancs-seings  du 
roi  de  Pologne  au  secrétaire  d'Etat 
Rrulart,  266.  —  L'invite  à  faire 
partir  le  vidame  du  Mans  pour  le 
château  de  Boulogne,  264.  — En- 
tretient du  Ferrier  de  ce  qui  s'est 
passé  à  la  Rochelle,  2  45;  —  du 
voyage  de  Louis  de  la  Mirande, 
365;  —  de  celui  du  roi  de  Po- 
logne, 265. —  Invile  de  Gordes  à 
lâcher  de  faire  accepter  par  la  no- 
blesse protestante  du  Dauphiné  les 
conditions  de  l'édit  de  pacification, 
265.  —  Remercie  Damville  de  son 
offre  d'accompagner  le  duc  d'Anjou 
en  Pologne,  266.  —  Félicite  le 
duc  de  Nemours  du  rétablissement 
de  sa  santé,  266.  —  Lui  annonce 
la  prochaine  arrivée  des  ambassa- 
deurs polonais,  246.  —  N'a  pas 
reçu  réponse  du  maréchal  Dam- 
ville sur  les  articles  de  la  pacifica- 
tion qu'elle  lui  a  envoyés,  26G.  — 
Lui  recommande  de  faire  exécuter 
les  intentions  du  Roi,  297;  —  de 
recouvrer  une  somme  de  36,ooo 
livres,  397.  —  Entretient  du  Fer- 
rier de  divers  achats  faits  pour 
elle,  ail.  —  Remercie  Gilles  de 
Noailles  de  tout  ce  qu'il  a  fait  pour 
l'élection  de  Pologne,  267.  — 
S'applaudit  du  contentement  qu'a 
le  pape  de  cette  élection,  268. 
—  En  espère  beaucoup  pour  la 
religion  catholique,  268.  —    Re- 


mercie les  Seigneurs  de  Venise  de 
leur  démonstration  favorable  à  cette 
élection,  a48.  —  Leur  envoyé 
Morosini  s'est  bien  acquitté  Ae 
sa  mission,  268. —  Invite  Damville 
à  diminuer  la  dépense  des  gens 
de  guerre,  2 '19.  —  Annonce  h  l'abbé 
de  l'isle  de  quelle  sorte  seront 
reçus  les  ambassadeurs  polonais, 
s4g.  —  S'en  remet  à  M.  de  Gordes 
sur  une  lettre  de  Charles  IX. 
369.  —  Annonce  à  La  Mothe- 
Fénelon  l'arrivée  des  ambassadeurs 
polonais,  sao.  —  Rend  compte  de 
leur  réception,  «5o.  —  En  désigne 
deux  qui  se  sont  arrêtés  en  route, 
s5o.  — 'Espère  qu'ils  repartiront 
satisfaits,  a5o.  —  Exprime  à  Dam- 
ville le  contentement  qu'elle  a  de 
le  voir  accompagner  le  duc  d'An- 
jou en  Pologne,  a5i.  —  Recom- 
mande le  marquis  de  la  Chambre 
au  duc  de  Savoie,  a5i.  —  Solli- 
cite pour  son  fils  la  compagnie 
qu'il  commande,  a5i. —  Demande 
à  Philippe  II  passage  pour  le  roi 
de  Pologne  par  ses  États,  2Ô2.  — 
Proteste  de  son  amitié  et  de  celle 
de  ses  fils,  a52.  —  Invite  du  Fer- 
rier a  résoudre  les  affaires  de  la 
Mirande,  a5a.  —  A  négocier  le 
passage  du  duc  d'Anjou  par  les 
Etats  Vénitiens,  252.  —  Remercie 
le  duc  de  Mantoue  de  la  satisfac- 
tion qu'il  a  témoignée  de  l'élec- 
tion du  duc  d'Anjou  au  trône  de  Po- 
logne, 2  5a.  —  Prendra  les  perles 
que  du  Ferrier  a  achetées  pour 
elle,  a54.  —  Envoie  l'obligation 
d'Adjaceto,  256.  —  S'applaudit  de 
ce  que  M.  d'Humières  est  auprès 
du  duc  de  Longueville.  a54.  - 
Accuse  à  M.  de  Danzay  réception 
de  ses  lettres,  a54.  —  Lui  envoie 
celles  de  son  fils  au  roi  de  Dane- 
mark pour  lui  demander  passage. 
a56.  —  Lui  fait  part  de  la  récep- 
tion de  l'ambassade  polonais  ! 
3  55.  —  Lettre  que  lui  écrit  la  reine 


Elisabeth,  256,  note.  —  Félicite 
M.  de  Cordes  de  ses  bons  services, 
a  55.  —  Remercie  le  prince  de 
Toscane  de  l'intérêt  qu'il  a  pris  à 
ia  maladie  du  duc  d'Alençon,  256. 
—  Voudrait  que  le  Grand-Duc  son 
père  pût  se  rétablir,  20G.  —  Ecrit 
au  duc  de  Savoie  qu'elle  lui  en- 
voie M.  de  Foix,  a57-  —  Félicite 
M.  de  Thou  de  ce  que  les  letlrcs 
du  supplément  à  l'apanage  du  duc 
d'Anjou  ont  été  vérifiées  par  le  Par- 
lement, 957.  —  Le  prie  de  l'aire 
publier  la  permission  accordée  au 
duc  d'Anjou  de  faiie  couper  des 
bois  de  liante  futaie  pour  recouvrer 
de  l'argent  pour  son  voyage,  a58. 

—  Écrit  à  Ferais  au  sujet  des  accu- 
sations portées  contre  M.  de  Foix, 
s58.  —  Le  prie  d'insister  auprès 
du  pape  afin  qu'il  ne  refuse  plus 
de  le  recevoir,  258.  —  Ecrit  pour 
le  même  sujet  au  pape,  a5S.  — 
Intervient  dans  les  affaires  do  la 
Mirande,  20g.  -  -  Y  envoie  du 
Ferrier,  261.  -  -  Sa  lettre  au 
pape  en  faveur  de  la  nomination 
de  M.  de  Foix  ou  cardinalat,  259. 

—  Regrette  la  mauvaise  intelligence 
survenue  entre  la  comtesse  de   la 
Mirande  et  son  beau-frère  Loys  Pico, 
2 Sa.  —  Écrit  à   ce  sujet  à  Loys 
Pico,  309.  —  Félicite  le  cardinal 
d'Armaguac    d'avoir  ménagé    une 
bonne    paix    avec    le    gouverneur 
d'Orange,  260.   -*   Fait  visiter  le 
duc  de  Mantoue  par  M.  de  Foix, 
a0o,    —    Insiste    auprès    de    du 
Ferrier,   afin  qu'il  se  rende  à   la 
Mirande,    261.    —  Remercie  M. 
de    Varennes    d'avoir    facilité    le 
retour  de  Mandai,  261.  —  Com- 
plimente M.  de  Danzay,   261.  — 
S'en  remet  à  Cbarles  IX  pour  lui 
tracer  une  ligne  de  conduite  auprès 
du  roi  de  Danemark,  262.  —  Ecrit 
au  pape  au  sujet  de  l'archevêque 
d'Embrun  ,  962.  —  Invite Tavannes 
à  veiller  sur  son  gouvernement  de 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

Bourgogne,  2G3.  —  Désire  le 
retour  du  maréclial  Damville  dans 
le  sien,  363.  — RemercieM.de 
Rambouillet  de  ses  bons  services 
en  Pologne,  26/1.  —  Exprime 
à  Damville  son  regret  du  non- 
licenciement  des  Suisses,  264. 
A  chargé  Mandelot  de  recou- 
vrer l'argent  pour  leur  paye,  a64. 

—  Se  félicite  dans  une  lettre 
à  M.  de  Rambouillet  des  bonnes 
nouvelles  apportées  de  Pologne  par 
Bazin,  26A.  —  Annonce  le  départ 
du  roi  de  Pologne  son  fils,  3  64.  — 
Demande  une  réponse  sur  le  mé- 
moire qu'elle  lui  a  remis  au  départ, 
266.  —  Annonce  à  Charles  IX 
la  venue  de  deux  ambassadeurs 
polonais,  265.  —  Le  prie  de  leur 
écrire  de  venir  la  rejoindre,  265. 

—  Presse  Bellièvre  de  faire  partir 
la  levée  des  six  mille  Suisses,  265. 

—  Lui  annonce  l'envoi  de  M.  de 
Hautefort,  265.  —  Regrette  que 
l'indisposition  du  duc  de  Nemours 
l'empêche  de  venir  la  voir,  266. 

Prévient  Charles  IX  qu'elle  va 

accompagner  le  roi  de  Pologne 
jusqu'en  Lorraine,  9(i6.  —  Lui 
détaille  son  itinéraire,  966.  —  Lui 
annonce  l'arrivée  des  ambassadeurs 
anglais,  266.  —  Ecrit  à  la  reine 
Elisabeth  qu'elle  s'est  entretenue 
avec  Randolph  au  sujet  du  traité  de 
commerce  proposé,  260.  —  Donne 
une  décharge  à  Villequier  des 
bagues   du   roi  de  Pologne,  368. 

—  Invite  Bellièvre  à  prendre  ses 
précautions  en  traversant  l'Alle- 
magne, 269.  —  Fait  présent  d'une 
chaîne  d'or  à  Randolph,  968.  — 
Entretient  La  Mothe-Fénelon  de  la 
mission   de    Randolph,   967,  968. 

—  Lui  parle  de  la  bonne  impres- 
sion qu'il  a  eue  en  voyant  le  duc 
d'Alençon,  269;  —  du  traité  de 
commerce  qu'il  lui  a  proposé, 
368.  —  Se  plaint  à  Bellièvre  de 
n'avoir  nouvelles  ni  de  lui  ni  du 


Catherine  de  Mkdicis,  —  iv. 


369 

roi  de   Pologne,   970.  —  Détails 
que  lui  donne  Schomberg  sur  le 
voyage  du  roi  de  Pologne,    970, 
nole.  —  Envoie  une  lettre  à  M.  d<' 
Rambouillet     par    1'enlremise    de 
M.   de   Nozerolles,    269.    —   Lui 
annonce  la  venue  de  l'homme  du 
sieur  Bazin ,  269.  —  Prévient  M.  do 
Bellièvre   de  son  arrivée  à  Reims. 
o™     —    Recommande   à    M.    de 
Thou  la  justice  de  sa  cause  à  feu- 
contre  des  prétentions  du  duc  de 
Montpensier,    273.    —     Annonce 
son  retour  de  Lorraine  à  du  Fer- 
rier, 273.    —   Lui  fait    part    des 
motifs  qui   l'ont  décidée  à  donner 
le    titre   d'ambassadeur   à   M.   de 
Foix,  972.  —    Ecrit  au   duc    de 
Ferrare  au  sujet  de  la  mort  de  la 
duchesse,    271.    —    Se    joint   à 
Charles  IX   pour  recommander  à 
Damville     de      mettre     lin     aux 
troubles   du  Languedoc,  272.  - 
Offres  de  vin  de   Gascogne  qu'elle 
fait  à  la  reine  Elisabeth,  276.  — 
Craint    de   ne   pouvoir  châtier  le 
capitaine   Normand,   coupable    de 
déprédations,   97 i.  —  Parle  à  La 
Mothe-Fénelon  de  son   séjour    à 
Ccmpiègne,  276;  —  des  chasses 
de  Charles  IX,   97^1.  —   Le  prie 
do  tout  faire  pour  le  mariage  du 
duc   d'Alençon,   973.  —  L'invite 
à   montrer  sa  lettre  à  Elisabeth, 
373.  —  Fait  de  nouvelles  recom- 
mandations à  Damville  au  sujet  de 
la  conférence  qu'il  doit  avoir  avec 
ceux   de    la    religion,     97.3. 
Annonce  à    La   Mothe-Fénelon  la 
découverte  d'une  nouvelle  conspi- 
ration,   275.    --  Écrit  à   M.  de 
Bellièvre  au  sujet  de  l'argent  dont 
son  fils  le  roi  de  Pologne  a  besoin 
d'être  secouru,  275.  —  Remercie 
le  vidame  de  Chartres  des  preuves 
de  son  dévouement,  276.  —   En- 
voie La  Guesle  parler  de  sa  part 
au   président  de   Thou,    976.  — 
Remet  une  lettre  pour  du  Ferrier 

r*riUMLnH     NATIOKAW. 


:S70 


aux  gens  de  M.  <lc  Foix,  376.  — 
Écrit  à  Philippe  II  pour  se  condou- 
loir  de  la  mort  de  la  princesse  sa 
sœur,  377.  —  Lui  recommande  ses 
petites-filles,  les  Infantes,  377.  — 
Écrit  pareille  lettre  à  la  reine  d'Es- 
pagne, 277,  278.  —  Prie  du  Fer- 
rier  d'emprunter  deux  cent  mille 
écus  pour  son  fils  le  roi  de  Pologne, 
377.  —  Recommande  de  nouveau 
à  La  Môthe-Fénelon  la  négociation 
du  mariage  de  son  lils  d'Alençon 
avec  Elisabeth,  278.  —  Attend  le 
résultat  de  la  conférence  de  Dam- 
ville  avec  ceux  de  la  religion,  37g. 

—  Prie  M.  de  Thou  de  mettre 
une  bonne  fin  à  ses  dettes,  379.  — 
Remercie  M.  de  Rambouillet  de  ce 
qu'il  a  fait  en  Pologne,  37g. —  L'en- 
tretient de  questions  d'argent,  380. 

—  Transmet  à  du  Ferrier  l'offre 
que  lui  a  faite  le  sieur  Avogadre 
d'une  place  en  Italie,  380.  —  En- 
voie pour  cela  M.  de  Montmorin, 

280.  —  Le  prie  de  trouver  des 
prêteurs  à  Venise,  280.  —  De- 
mande à  M.  de  Rambouillet  des 
nouvelles  de  la  réception  du  nou- 
veau roi  de  Pologne  en  son  royaume, 

281.  —  Entretient  La  Mothe-Fé- 
nelon  des  propos  tenus  par  l'am- 
bassadeur d'Angleterre  à  Gondi  et 
des  chances  du  mariage  du  duc 
d'Alençon  avec  Elisabeth,  28 J.  — 
Fait  part  de  la  réclamation  d'un 
pastel  par  Vclutclli  au  baron  de  la 
Garde,  282.  —  Remercie  Velu- 
telli  de  ses  bons  offices  pour  la  né- 
gociation du  mariage  du  duc 
d'Alençon,  283.  —  Fait  part  à 
M.  Viart  de  ce  que  le  Roi  a  décidé 
pour  désintéresser  le  duc  Casimir, 
283.  —  Prii;  Philippe  II  de  faire 
don  au  Roi  son  fils  de  la  part  à 
laquelle  il  peut  prétendre  sur  un 
prisonnier  turc,  s83.  —  Remercie 
M.  île  Rambouillet  d'avoir  assisté 
aux  funérailles  du  roi  Sigismond, 
3K'i.    —    Écrit    à    Elisabeth   pour 


TABLE  DES  MATIERES. 

la  remercier  de  sa  bonne  résolu- 
tion d'épouser  le  duc  d'Alençon, 
285.  —  Loue  le  maréchal  Dam- 
ville  de    ses  bons  services,    286. 

—  Lui  donne  de  meilleures  nou- 
velles de  la  santé  de  Charles  IX, 
385.  —  Prie  le  président  de  Thou 
d'expédier  des  lettres  patentes  pour 
la  vente  des  bois  de  l'abbaye  de 
Valsery,  287.  —  Annonce  à  Mali- 
gnon  qu'elle  a  reçu  les  lettres  où 
il  lui  rend  compte  de  la  situation 
de  la  Normandie,  388.  —  Lui 
écrit  au  sujet  de  Alontgomery, 
288.  —  Compte  sur  lui  pour  le 
prendre,  288.  —  Félicitations 
qu'elle  fait  à  AI.  de  Bourdeilles, 
28g.  —  Recommande  à  M.  de 
Thou  la  veuve  de  .lacquelot,  maré- 
chal des  logis  de  la  reine  sa  fille, 
38g.  —  Lui  recommande  égale- 
ment le  procès  de  Madame  de  Alar- 
tigues,  289.  —  Répond  à  Dam- 
ville  au  sujet  des  conditions  pro- 
posées pour  pacifier  le  Languedoc, 
297.  —  Rassure  le  duc  de  Savoie 
sur  la  santé  de  Charles  IX,   2g7. 

—  Informe  Damville  de  l'abou- 
chement qui  a  eu  lieu  entre  Biron 
et  AI.  de  la  Noue,  290.  —  A 
donné  ordre  d'étendre  les  instruc- 
tions données  à  Strozzi,  390.  — 
Ecrit  à  M.  de  Haulefort  au  sujet 
de  la  levée  des  Suisses,  391.  — 
Ecrit  à  Damville  qu'elle  espère  que 
l'arrivée  auprès  de  lui  de  Saint- 
Sulpice  et  de  Villeroy  lui  permet- 
tra de  traiter  de  la  paix,  291.  — 
Annonce  à  du  Ferrier  la  dernière 
conspiration  découverte  au  château 
de  Vincennes,  292.  —  Alande  à 
Damville  la  défaite  du  comte  Ludo- 
vic de  Nassau,  eg.'j.  —  Espère 
qu'elle  aidera  à  la  pacification  du 
Languedoc,  39.).  —  Ecrit  à  AI.  de 
llautefort  au  sujet  de  la  solde  des 
Suisses,  396.  —  S'en  remet  à  une 
lettre  écrite  par  Charles  IX  à  Al.  de 
Bourdeilles,   39'j.  —   S'applaudit 


dans  une  lettre  à  La  AIothe-Fénelon 
des  bonnes  dispositions  de  la  reine 
d'Angleterre ,  sg5. —  Refuse  à  ladite 
reine  la  grâce  de  La  Mole  qu'elle 
lui  a  demandée,  3g5.  —  Fait  part 
au  procureur  général  La  Guesle 
de  révélations  de  Ruggieri,   397. 

—  Le  prie  de  les  communiquer  an 
président  Hennequin,  297.  —  Lui 
enjoint  d'obtenir  de  lui  la  vérité, 
297.  —  Invite  Matignon  à  ne  pas 
laisser  échapper  Alontgomery,  298. 

—  Invite  le  président  de  Thou 
à  faire  expédier  les  lettres  de  provi- 
sion de  Rrachet,  nommé  con- 
seiller au  siège  présidial  d'Orléans, 
3oo.  —  Écrit  à  Damville  qu'elle 
espère  qu'il  parviendra  à  pacifier  le 
Languedoc,  3oo.  —  Demande  à 
Matignon  ce  qu'il  espère  de  la  prise 
de  Domfront,  de  Saint-Là  et  de 
Alontgomery,  3oi.  —  Ecrit  à  La 
Alolhe-Fénélon,  à  l'occasion  de 
l'exécution  de  La  Alole,  3o3. — 
Rappelle  celle  de  Norfolk,  3o3.  — 
Voudrait  que  la  reine  Elisabeth 
s'ouvrit  à  La  Alothe  de  ce  qu'elle 
ne  veut  dire  de  bouche,  3o3.  — 
Donne  des  détails  sur  l'état  de  la 
santé  de  Charles  IX,  3o.3.  —  Pi  i  ■■■ 
Matignon  de  l'informer  de  ce  qu'il 
a  pu  faire  au  siège  de  Domfront, 
3o5.  —  Lui  envoie  les  nouvelles 
de  la  Guyenne,  3o5.  —  Becom- 
mande  aux  échevins  de  Rouen 
d'aider  au  recouvrement  d'une 
somme  de  quarante  mille  livres. 
3o5,  3ofi.  —  S'en  remet  dans  une 
lettre  à  du  Ferrier  à  celle  que  le 
Roi  lui  adresse,  3o6.  —  Ecrit  à 
François  de  Alédicis  à  l'occasion  de 
la  mort  de  son  père,  3o3. —  Ecrit 
également  à  la  grande-duchesse  de 
Toscane,  3o3  ;  —  à  Piélro  de  Mé- 
ditas, 3o5.  —  Ecrit  au  duc  de  Ne- 
mours au  sujet  du  comte  de  liesse 
fait  prisonnier,  3o(>.  —  Félicite  A(a- 
tignon  de  la  réduction  de  Domfront 
et   de   la    prise    de    Montgomery, 


3o8.  —  Fait  part  a»  duc  de  Fer- 
rare  de  la  mort  de  Charles  1\, 
3og.  —  Lui  annonce  qu'elle  est  ré- 
gente, 309.  —  Annonce  au  roi  de 
Pologne  la  mort  de  Charles  IX, 
3 10.  —  Conseils  qu'elle  lui  donne 
pour  l'itinéraire  de  son  retour, 
3 10.  —  Joie  qu'elle  a  de  le 
revoir,  3n.  —  Voudrait  que  le 
royaume  de  Pologne  lui  demeurât 
ou  à  son  frère,  3 13.  —  Conseils 
qu'elle  lui  donne,  3 12.  —  An- 
nonce à  Matignon  la  mort  de 
Charles  IX  et  le  choix  qu'il  a  fait 
d'elle  comme  régente,  3i3.  —  Lui 
recommande  de  maintenir  l'ordre 
dans  son  gouvernement  et  d'écrire 
au  roi  de  Pologne,  3ia,  3 1 3.  — 
Décrit  la  maladie  du  Roi,  3i3.  — 
Enjoint  à  Matignon  de  remettre  au 
sr  de  Lavardiu  la  compagnie  du 
capitaine  La  Bastille  mort  récem- 
ment, 3i3.  —  Prie  M.  de  Gué- 
méné  de  choisir  pour  guidon  de 
sa  compagnie  de  gens  d'armes  le 
s'  de  Boisdoré,  3i5.  —  Écrit  à 
Madame  de  Guéméné  de  ne  pas 
faire  opposition  au  mariage  de  Gil- 
lette de  Quelen  avec  Bonin,  l'un  de 
ses  maîtres  de  requêtes,  3 16.  — 
Presse  M.  le  président  de  Thou  de 
faire  publier  l'édit  sur  la  création 
d'un  maître   des    requêtes,    317. 

—  Transmet  l'ordre  de  prendre 
dans  tous  les  ports  les  vaisseau*  de 
la  Meilleraie,  317.  —  Donne  des 
instructions  au  comte  de  Choisy 
au  sujet  de  la  forêt  d'Orléans,  3 1 7. 

—  Sa  lettre  au  sujet  de  la  reddi- 
tion prochaine  de  la  Rochelle, 
3.7. 

Médicis  (Cosme  de).  Lettre  que  lui 
écrit  Catherine  au  sujet  du  titre  de 
grand-duc  de  Florence  qui  lui  est 
disputé  par  l'empereur  Maximilicn , 
îG,  17.  —  Elle  le  pn'e  d'insister 
auprès  de  Pie  V,  afin  qu'il  aban- 
donne Avignon  au  duc  d'Anjou, 
17. —  Lui  recommande  Françoisel 


TABLE  DES  MATIERES. 

Emilio  Boivin,  père  et  fils,  20.  — 
Lettre  qu'elle  lui  adresse  au  sujet 
de  la  succession  des  Médicis,  37. 

—  Prié  de  recommander  au  Saint- 
Père  le  chevalier  de  Seurre,  4i,  42. 

—  D'appuyer    la    candidature  du 
cardinal  de  Ferrare  à  la  papauté, 
42,    43.   —    Lettres  qu'il   reçoit 
d'elle  au  sujet  du  nouveau  pape, 
46;    —    au   sujet   du    comte    de 
Gayasso,  46.  —  Au  sujet  des  biens 
des  Médicis  en  Italie.  47.  — Re- 
mercié de  son  intervention  en  faveur 
du  comte  de  Gayasso,  49.  - —  Pré- 
venu que  l'ambassadeur  d'Espagne 
assure  qu'il  a  cédé  Sienne  à  don  Juan 
d'Autriche,  4 9.  —  L'accident  de 
Charles    IX    à    la  chasse    lui   est 
mandé,  4g.  —  Chargé  d'intervenir 
en  faveur  de  M.  de  Seurre  pour  l'ob- 
tention du  prieuré  de  Champagne, 
55,  56.  —  Difficultés  que  soulève 
son  élévation  au  titre  de  grand-duc 
de  Toscane,  68,  69.  —  Catherine 
prend  fait  et  cause  pour  lui ,  6g.  — 
E-4  avisé  du  mariage  de  Marguerite 
de  Valois  avec  le  prince  de  Navarre , 
76.   —    Prié    d'intervenir   auprès 
du  pape  pour   la   dispense  néces- 
saire, 76.  —  Lettre  confidentielle 
que  Catherine  lui  adresse,  77.  — 
Prié   de   lui  envoyer  des  ouvriers 
pour  dresser  une  cassine,  78.  — 
Le  comte  de  Petilliano  lui  est  re- 
commandé, 79. —  Son  intervention 
réclamée  pour  la  dispense,  79.  — 
Catherine  lui  propose  de  s'entendre 
directement  avec  elle  pour  régler 
la    succession    des    Médicis,    110. 

—  Elle  lui  remontre  la  nécessité 
de  choisir  un  bon  pape,  101.  — 
Complimente .  Catherine  pour  la 
Saint-Barthélémy,  127.  —  Nou- 
velle lettre  qu'elle  lui  écrit  au  sujet 
de  la  succession  des  Médicis,  1 33. 

—  Ferrand  Vitelli  lui  est  recom- 
mandé, 1  5g.  —  Prié  de  lui  faire 
restituer  son  héritage,  i5g.  — 
Prié  de  croire  ce  que  M.  de  Fe- 


371 

rais  lui  dira  de  la  part  de  Cathe- 
rine, 23g.  —  Triste  état  de  sa 
santé,  2  56.  —  Intérêt  qu'y  prend 
Catherine,  a56. — La  nouvelle  de 
sa  mort  apportée  par  lloratio  del 
Monte,  307. 
Médicis  (François),  gg,  note.  —  Fé- 
licite Catherine  à  l'occasion  de  la 
Saint-Barthélémy,  128. —  Remercié 
par  elle  de  l'intérêt  qu'il  lui  a  té- 
moigné à  l'occasion  de  la  maladie 
du  duc  d'Alençon ,  256.  —  Son  ré- 
tablissement, lui  est  annoncé,  2  56. 

—  Catherine  souhaite  qu'il  en  soit 
de  même  pour  le  grand-duc  son 
père,  dont  la  sauté  est  très  com- 
promise, 356.  —  Compliments  de 
condoléance  qu'elle  lui  adresse  à 
l'occasion  de  la  mort  de  son  père, 
307.  —  Eloge  qu'elle  en  fait,  256. 

—  N'a  osé  en  faire  part  au  Roi  son 
fils,  si  malade  lui-même,  256. 

Médicis  (L'archevêque  Julien  de), 
recommandé  par  Catherine  au  duc 
de  Ferrare,  92. 

Médicis  (Piélro  de).  Lettre  que  lui 
adresse  Catherine  à  l'occasion  de  la 
mort  de  Cosme  de  Médicis,  307. 

Médicis  (Succession  de  la  maison  de), 
33, 45,  110,  i33. 

Médim  Celi.  Sa  fille  promise  au  fils 
du  prince  d'Orange,  ig3,  note.  — 
Son  voyage  dans  les  Flandres,  g8. 

Meliin,  188. 

Mendose,  io5. 

Metz.  Rien  de  changé  à  l'état  dos  pro- 
testants de  Metz,  4o,  52. —  Préten- 
tions sur  Metz  de  l'empereur  Maxi- 
milien, 120,  note.  —  Meurtres 
commis  à  Metz,  i43. 

MÉZlÈnES,  18. 

Milan,  8,  note;  1  43,  note. 

MiiriMiE  (La  comtesse  de  la).  Ses  dé- 
mêlés avec  Loys  Pico,  i84,  note. 
—  Affaires  qui  la  concernent  re- 
commandées par  Catherine  el 
Charles  IX  à  du  Ferrier,  252,  note. 

MlRANDE  (Louis  DE  LA),    202. 

Mikakde  (La  ville  de  la),  a53,  note. 

47. 


372 

Mibasdk  (Les  affaires  de  la),  conDées 
à  du  Ferrier,  20-1. 

Mmoti.lM.  de),  mis  sous  la  surveil- 
lance de  M.  de  Gordes,  9.3 1. 

Mole  (La).  Propositions  qu'il  soumet 
à  la  reine  Elisabeth,  18G,  note.  — 
Emprisonné  et  mis  entre  les  mains 
du  Parlement,  99-?,  note.  — 
Figures  de  cire  trouvées  à  son 
logis,  ao5.  —  Intervention  de  la 
reine  Elisabeth  en  sa  faveur,  295. 

—  Joie  du  roi  de  Pologne  en  appre- 
nant son   arrestation,  395,  noie. 

—  Refus  de  sa  grâce  par  Cathe- 
rine à  Elisabeth,  2g5.  —  Ques- 
tions faites  sur  lui  à  Cosme  Rug- 
gieri,  296,  note.  —  Sa  grâce  de- 
mandée par  le  duc  d'Alençon ,  3o3 , 
note.  —  Son  supplice,  3oi,  note. 

Moncal  (L'avocat  général  de),  envoyé 
par  Catherine  auprès  du  maréchal 
Damville,  îio. 

Monceaux,  1,2,3,17,  5a,  53,  54, 
55,  56,  i45,  note;  229,  23o, 
a58,  260. 

Moncnv  (M"'  de).  Projets  de  mariage 
pour  elle,  1 58.  —  Sa  filiation, 
1  58,  note. 

Mobdodcet.  Dénonce  à  Charles  IX  la 
mauvaise  volonté  des  Espagnols, 
a36,  note.  —  Lui  annonce  la  dé- 
faite du  comte  Ludovic  de  Nassau, 
29 3,  note. 

Mondkagon  (Les*  de),  1  86. 

Monlic,  évèque  de  Valence.  Désaveu 
quelui  adresse  Catherine  des  propos 
de  Manègre,  116.  —  Assuré  du 
bon  vouloir  de  Charles  IX,  117. — 
Une  lettre  de  change  lui  est  en- 
voyée par  Catherine  à  Cracovie, 
16a.  —  Lettre  écrite  par  elle  à 
du  Ferrier  à  son  sujet,  168, 
169.  —  Prévenu  que  le  Laski 
a  été  gagné  par  les  présents  de 
l'Empereur,  169.  —  Chargé  de 
le  reprendre  par  le  moyen  d'une 
femme,  170.  —  Argent  qu'il  reçoit 
de  Scbomberg  pour  favoriser  l'élec- 
lion  du  duc  d'Anjou,  918,  note. 


TABLE  DES  MATIERES. 

—  Cité,  228.  —  Sa  harangue 
aux  Etats  de  Pologne  traduite  en 
français,  999,  note.  —  Envoie  de 
Pologne  Bazin  porter  des  nouvelles, 
234,  note.  —  Inslruit  le  Roi  de 
ce  qui  s'est  passé  en  Pologne,  234, 
note.  —  Cité,  25a. 

Muwrns,  trouvé  dans  le  Louvres  la 
veille  de  la  Saint-Barthélémy,  i3i, 
note. 

Mous  (Extrémité  des  assiégés  de), 
109,  note. 

(Les   prisonniers  de),  10g. 

—  Leur  mort  demandée ,  1 1 5 ,  note. 
Montafié  (Le  jeune).   Se  cache  dans 

Paris,  i44,  i65. 

Montaigne.  Son,déparl  pour  l'Espagne 
retardé  par  la  Saint-Barthélémy, 
1  j  5,  —  Chargé  de  visiter  les  In- 
fantes, i34. —  Son  retour,  i48. 

Mohtataibb  (M.  de),  29 1,  note. 

Montauban  (Lettre  des  habitants  de), 
acceptant  les  conditions  de  la  pa- 
cification, 24g. 

Montbazor.  Lettre  qu'il  rapporte  à 
Catherine,  2go. 

Montbren  (Le  s'  de),  mis  sous  la  sur- 
veillance de  M.  de  Gordes,  201. — 
Trouble  le  Daupbiné,  261. 

Montfebbant  (M.  de),  2g  1,  note. 

Montgomerï.  Son  extradition  deman- 
dée, 126.  —  Catherine  consent  à 
la  vente  de  ses  biens,  12 G.  —  Ses 
préparatifs  d'attaque  annoncés  par 
Catherine  au  duc  d'Anjou,  173. — 
Inquiétudes  que  causent  ses  menées 
en  Normandie,  1 83. —  Secours  qu'il 
reçoit   en   Angleterre,   ig3,  note. 

—  Ses  projets  signalés  par  Sigognes, 
1 96.  —  Recommandé  à  loule  la 
surveillance  de  Matignon,  206.  — 
Son  arrivée  annoncée  par  Catherine 
au  duc  de  Montpensier,  907.  — 
Annoncée  également  par  CharleslX, 
au  duc  d'Anjou,  207,  noie.  — 
Cherche  à  soulever  In  Normandie, 
316,  note.  —  Ses  armements  en 
Angleterre,  220,  921,  note.  — 
Elisabeth  se  sert  de  son  nom  pour 


traverser  les  desseins  de  Charles  IX, 
22a,  note.  —  Matignon  prévenu 
qu'il  s'est  retiré  en  Angleterre, 
a3i,  note.  —  Ses  mouvements 
signalés,  23 1,  —  Son  échec  en  ve- 
nant secourir  la  Rochelle,  a3i, 
note.  —  Charles  IX  prescrit  à  Mali- 
gnon  d'empêcher  qu'il  ne  débarque 
en  Normandie,  a3l,  note.  —  Il 
espère  toujours  pouvoir  secourir  la 
Rochelle,  a36.  —  Part  pour  l'Ir- 
lande, 337.  —  Offres  que  lui  fait 
Charles  IX,  237.  —  Se  propose  de 
retourner  au  secours  de  la  Rochelle, 
i36.  —  Catherine  disposée  à  traiter 
avec  lui,  237.  —  Son  voyage  en 
Flandre,  2*38.  —  Matignon  reçoit 
ordre  de  le  prendre,  et  de  faire  en 
sorte    qu'il    ne    s'échappe,     988. 

—  Catherine  désireuse  de  l'avoir 
entre  ses  mains,  398.  —  Pour- 
suivi par  Matignon,  298.  —  Sa 
lettre  à  Burghley  où  il  lui  parle  de 
ce  qu'il  a  fait  en  Normandie,  998, 
note.  —  Enfermé  dans  le  donjon  de 
Domfront,  3oo,  note.  —  CharleslX 
veut  l'avoir  mort  ou  vif,  3o4  ,  note. 

—  Sa  prise  par  Matignon,  3o8. 

MoNTGOMERÏ  (M°"  DE),  230. 

Montldet,  envoyé  par  le  duc  de  Nevers, 
190. 

Montmorency  (Le  maréchal  François 
de).  Le  vidame  de  Chartres  s'ouvre 
à  lui  d'un  projet  de  mariage  du 
duc  d'Anjou  avec  la  reine  Elisabeth, 
7,  note.  —  Atlendu  à  Paris,  pour 
réprimer  une  émeute  populaire, 
85 ,  note.  —  S'emploie  en  faveur  de 
la  ligue  avec  l'Angleterre,  98,  note. 

—  Recommandé  par  Catherine  au 
comte  de  Sussex,  et  à  lord  Burghley, 
101.  —  Sa  réception  à  Londres, 
io3,  note.  —  Entretient  Catherine 
du  mariage  du  duc  d'Alençon  ,111, 

—  Chasse  avec  le  roi  à  Compiègne. 
976.  —  Repousse  une  attaque  sur 
Mantes,  287,  note.  —  Mis  à  la 
Bastille,  agi. 

MoHTHOBU  (M.  de),  331.  —  Sa  mis- 


sion  en  Allemagne,  2  45,  note.  — 
Porte  une  lettre  de  Catherine  au 
duc  d'Anjou,  sa4.  —  Communi- 
cation qu'elle  lui  fait,  aa5.  — 
Envoyé  en  Italie,  280. 
Monti'lnsieh  (  Le  ducDE).  Procès  qu'il 
a  au  Parlement  recommandé  par 
Catherine,  100.  —  Prié  par  elle 
de  servir  de  père  à  ses  fils,   166. 

—  Remercié  de  son  intention  d'al- 
ler rejoindre  le  duc  d'Anjou,  1(16. 

—  Sansac  lui  est  envoyé  par 
Catherine,  167.  —  Complimenté 
de  sa  bonne  volonté,  17a.  —  Prié 
par  Catherine  de  veiller  sur  ses  fils, 
175.  —  Regrets  qu'elle  lui  exprime 
de  ne  pouvoir  l'aire  droit  à  sa  de- 
mande d'une  abbaye  pour  Sansac, 
177,  —  Chargé  d'empêcher  les  fils 


TABLE  DES  MATIERES. 

de  Catherine  de  trop  se  hasarder  au 
siège  de  la  Rochelle,  1 83.  —  Ils  lui 
sont  de  nouveau  recommandés, 
aoo.  —  Prévenu  par  Catherine  de 
l'arrivée  de  la  flotte  de  Mont- 
gomery,  207.  —  Approuvé  de  se 
rendre  en  son  gouvernement,  21 5. 
—  Chargé  par  Catherine  de  dire  à 
M.  de  Chavigny  qui  l'accompagne, 
que  ses  services  seront  récompensés, 
21 5.  —  Assuré  du  payement  de 
ses  pensions,  aa6.  —  Satisfaction 
qu'il  a  dû  recevoir  de  l'élection  de 
Pologne,  226.  —  Félicité  par 
Catherine  de  la  naissance  de  son 
petit-fils,  226.  —  Son  procès,  28g. 

Montpellier  (La  recette  générale  de), 
210. 

Montrichard    (La     seigneurie    de), 


273 

comprise  dans  les  lettres  de  supplé- 
ment à  l'apanage  du  duc  d'Anjou, 
a37. 

Montiujel  (M.  de),  créé  grand  prévôt 
de  France,  56. 

Morosini  (Jehan-François),  envoyé 
en  France  à  l'occasion  de  l'élection 
de  Pologne,  298. 

Morton  (Le  comte  de),  assiège  Lisle- 
bourg,  181.  —  Nommé  régent 
d'Ecosse,  181,  note. 

Mobvilhebs,  chargé  de  pénétrer  les 
menées  du  capitaine  Franchetli, 
a36.  —  SI.  Levayer  lui  raconte 
l'arrivée  du  duc  d'Anjou  dans  son 
royaume  de  Pologne,  286. 

Moscovite  (Le).  Promesses  que  lui  fait 
l'empereur  Maximilien,  171,  note. 

Mulhausen  (Diète  de),  121,  note. 


Nakçay  (M.  de).  Sa  lettre  sur  le  siège 
de  la  Rochelle,  1 83 ,  note.  — 
Lettre  qu'il  reçoit  du  roi  de  Po- 
logne au  sujet  de  La  Mole  et  de 
Coconas,  2g5,  note. 

Nancy,  aCi  ,  note;  a65. 

Nantes  (Les  échevins  de),  prévenus 
par  Catherine  de  la  venue  de  la 
flotte  de  Monlgomery,  a  08. 

Nantobiilet  (M.  de),  i45. 

Naples  (Le  royaume  de),  8,  note. 

Nassau  (Jean  de).  Va  trouver  l'élec- 
teur de  Cologne  pour  le  détacher 
de  la  maison  d'Autriche,  200,  note. 

Nassau  (Ludovic  de).  Vaisseaux  soi- 
disant  envoyés  par  lui  de  la  Rochelle 
en  Picardie,  64.  —  Laisse  un 
homme  de  confiance  à  Iîlois,  70. 
—  Fourquevaux  chargé  d'expli- 
quer et  de  justifier  son  séjour  à  la 
cour,  77.  —  Charles  IX  en  donne 
les  raisons,  77,  note.  — Désavoué 
par  Charles  IX,  100,  note.  — 
Traité  favorablement  par  le  duc 
d'Albe,  1 34.  —  Accusé  de  vouloir 
secourir  la   Rochelle,   1 85.  —  Sa 


N 

conférence  avec  Scbomherg,  20a, 
ao3,  note.  —  Négocie  avec 
Charles  IX  par  l'entremise  de  Fré- 
gose,  233.  —  Mémoire  soumis 
par  lui  à  Charles  IX,  282,  note. 

—  Explique  les  motifs  de  la  gé- 
nérosité à  son  égard  du  duc  d'Albe, 
233,  note.  —  Scbomberg  approuvé 
d'avoir  renvoyé  son  agent,  s34, 
note.  —  Cité,  370.  —  Attendu  à 
Sedan,  298.  —  Sa  défaite  annon- 
cée par  Charles  IX  au  prince  de 
Condé,  3Q.3,  note. 

Navarre  (La  reine  Marguerite  de). — 
Voir  Valois. 

Navarre  (Henri  de).  Son  projet  de 
mariage  avec  la  reine  Elisabeth 
écarté,  69,  note.  —  La  religion, 
seul  obstacle  à  son  union  avec  Mar- 
guerite de  Valois,  70 ,  note.  —  Son 
mariage  avec  Marguerite  annoncé 
par  Catherine  à  M.  de  Ferais,  75. 

—  Sa  mère  refuse  d'y  consentir, 
75,  note.  —  Attendu  prochaine- 
ment à  la  cour,  87.  —  Ron  espoir 
exprimé  par  Catherine  pour  la  con- 


clusion de  son  mariage,  87.  — ■  Ce 
que  dit  de  lui  Saint-Gouard  au  se- 
crétaire d'État  Cayas,  97,  note.  — 
Avantages  que  Catherine  attend  de 
celte  union,  98.  —  Dispense  de 
son  mariage  sollicitée  du  pape  Gré- 
goire XIII,  106,  107. —  Nouvelles 
instances  pour  l'obtention  de  cette 
dispense,  110.  —  Présenté  par 
Ferais  au  Saint-Père  comme  devant 
accepter  les  conditions  que  Sa 
Sainteté  désire,  111.  —  Ne  peut 
se  rendre  en  Réarn,  1 13,  note.  — 
Absolution  sollicitée  par  Catherine 
pour  lui,  1  34.  —  Dispense  envoyée 
pour  lui  par  Grégoire  XIII,  i44. 
—  Cité,  a33,  note.  —  Sa  tentative 
d'évasion,  292,  note.  —  Assure 
Catherine  de  sa  soumission  au  roi 
de  Pologne,  3 10. 
Nemours  (Duchesse  de).  Catherine 
regrette  de  la  savoir  malade  et  de 
n'avoir  pu  satisfaire  à  la  demande 
du  duc  son  mari,  34.  —  Lui  fait 
part  de  la  grossesse  de  la  reine  sa 
belle-fille,    34.  —  Lettre  qu'elle 


37/i 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


écrit  au  sujet  do  la  mauvaise  sauté 
du  duc.  If].  —  Catherine  lui  parle 
de  la  reine  sa  belle -fille,  toute 
apprivoisée,  47.  —  Heureuse  de 
la  savoir  à  Paris  et  le  duc  guéri, 
/in.  —  Prévenue  de  la  guérisou  de 
Charles  IX  à  la  suite  d'un  accident 
de  chasse,  4  g.  —  De  l'arrivée  pro- 
chaine du  prince  de  Navarre,  et  de 
la  bonne  espérance  de  son  mariage, 
87.  —  Désirée  et  attendue  à  la 
cour,  g5. —  Accouche  d'un  fils  ,1 3o. 
Nemours  (Duc  de).  Catherine  fait 
demander  des  nouvelles  de  sa  ma- 
ladie, 3,  —  Regrets  cpj'elle  lui 
exprime  de  ne  pouvoir  lui  ac- 
corder ce  qu'il  lui  demande,  34. 
—  S'en  va  en  Savoie,  34.  —  At- 
tendu par  Catherine,  g3.  —  In- 
vité de  hâter  sa  guérison,  afin 
de  venir  pour  les  couches  de  la 
jeune  reine,  93.  —  Choisi  pour 
témoin  du  baptême  de  la  fille  de 
Charles  IX,  161,  note.  —  Félicité 
par  Catherine  du  rétablissement 
de  sa  santé,  2/16.  —  Prévenu  du 
retour  de  la  Rochelle  des  ducs 
d'Anjou  et  d'Alençon,  2/1  fi;  —  de 
la  prochaine  arrivée  de  l'ambassade 
polonaise,  266.  —  Instructions 
que  lui  donne  Catherine  au  sujet  du 
comte  de  Hesse  qui  a  été  pris,  3o6. 


Neitville  (De),  2i3,  216. 

Xevers  (Le  duc  de).  Chargé  par  Ca- 
therine de  maintenir  l'ordre  dans 
Paris,  1 64.  —  Complimenté  pour 
l'y  avoir  maintenu,  i45.  —  Re- 
mercié par  Catherine  pour  nouvelles 
données  de  ses  fils,  1C6.  —  Re- 
grets qu'elle  lui  exprime  de  la  mort 
du  duc  d'Auinale,  180.  —  Avertit 
Catherine  de  la  venue  de  Mont- 
gomery,  209.  —  Prévenu  par  elle 
du  tour  joué  par  ceux  du  Béarn  à 
M.  de  Gramont,  210.  —  Lettre 
qu'elle  lui  écrit  au  sujet  du  siège 
de  la  Rochelle,  19g.  —  Sa  bles- 
sure, 200.  —  Lettre  où  Catherine 
lui  témoigne  sa  satisfaction  du  bon 
devoir  des  troupes  au  siège  de  la 
Rochelle ,  2 1 5.  —  Nouvelles  lui  sont 
demandées  des  ducs  d'Anjou  et 
d'Alençon,  21 5.  —  Offre  de  suivre 
le  duc  d'Anjou  en  Pologne,  225. 
—  Catherine  heureuse  de  sa  dé- 
termination, 2  2  5.  —  Elle  lui  fait 
part  du  regret  que  lui  cause  le 
départ  du  duc,  228.  —  Le  prie  de 
tâcher  d'en  finir  avec  le  siège  de  la 
Rochelle,  228.  —  Accompagne  le 
roi  de  Pologne ,  266,  note.  —  Lettre 
qu'il  reçoit  de  Catherine  au  sujet 
la  reddition  prochaine  de  la  Ro- 
chelle, 317  (appendice). 


Nevbm  (Duchesse  de).  Accouche  d'un 
fils,  181. 

Noailles  (François  de),  évêque  de 
Dax.  Lettre  que  Catherine  le  prie 
d'écrire  au  duc  d'Anjou  pour  le 
décider  à  épouser  Elisabeth,  62. 
—  Sa  révocation  d'ambassadeur 
à  Constantinople  désirée  par  le 
pape,  1 33 ,  note.  —  Renvoyé  à 
Constantinople,  2  34,  note. 

Noailles  (Gilles  de),  abbé  de  l'Isle, 
229,  Dote.  —  Remercié  par  Ca- 
therine de  ce  qu'il  a  fait  pour 
l'élection  de  Pologne,  297. 

Norfole.  Argent  que  Walsingham 
prétend  que  La  Mothe-Fénelon  a 
remis  à 'ses  secrétaires,  71.  — 
Aucune  confidence  en  ce  qui  re- 
garde son  procès  n'est  faite  à  Ca- 
therine, 3o3. 

Normandie  (La),  120,  291,  298,  note. 

Norris  (L'ambassadeur).  Ses  lettres  à 
Cécil  et  à  la  reine  Elisabeth ,  4  , 
note;  1  2,  note. 

Novaille  (L'abbaye  de  la).  Refusée  à 
M.  de  Sansac,  177. 

Novio  (Le  négromancien).  Enfermé 
à  la  Conciergerie,  3o4,  note. 

.\0zEn0LLEs  (M.  de).  Porteur  d'une 
lettre  de  Catherine,  26g. 

Nozières  (Loys  de).  Son  procès  contre 
les  manants  d'Orléans,  107. 


0 


Odrï  (Vincent).  Nommé  lieutenant 
général  au  bailliage  de  Gien,  95. 

Ohem  (Le  docteur).  Très  favorable 
aux  protestants  de  France,  270, 
note. 

Olivarès  (Le  comte  d').  Envoyé  par 
Philippe  II  à  la  cour  de  France, 
35.  —  Détails  sur  lui,  37,  38, 
note. 

Orange  (Guillaume  de  Nassau,  prince 
d').  Cité,  8,  note.  —  Défendu  par 
Catherine  de  toute  participation 
avec    ceux    de    la    Rochelle,    70. 


—  Non    combattu,     11 5,    note. 

—  Cité,  194,  note.  —  Phi- 
lippe II  veut  le  faire  tuer,  197.  — 
Propositions  laites  en  son  nom  à 
Charles  IX,  2o3.  —  Son  armée 
de  mer  battue  par  le  duc  d'Albe, 
23a.  —  Ses  affaires  jugées  par 
Catherine  en  mauvais  étal,   232. 

—  Renfort  que  Monlgomery  es- 
père de  lui,  237. 

Orange  (Le  gouverneur  d').  Son  ac- 
cord avec  le  cardinal  d'Armagnac, 
260. 


Orléans  (Meurtres  commis  à),  i43, 
note;  l53 ,  noie. 

(  Les  bouchers  d'  ).  Leur  procès , 

i37. 

(Forêt  d'),  3 16. 

Orsay  (Le  capitaine).  Envoyé  en  mis- 
sion en  France  par  Elisabeth . 
237,  note. 

Orsini.  Voy.  Ai.fonsina. 

Outf..  Voy.  Morte. 

Orthez,  273,  note. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


375 


Paistob  (Le  capitaine).  Blessé  à  Pas- 
saut  de  Domfront,  101,  note. 

Paiatin  (Le  comte).  Visité  par  Scliotn- 
berg,  So,  note;  123,  note;  20a, 
note.  —  Son  agent  soupçonné  par 
Catherine,  i3a.  —  Schomberg  in- 
vité de  nouveau  à  le  visiter,  i43, 
note.  —  Cité,  260,  note.  — Es- 
corte le  nouveau  roi  de  Pologne, 
270,  note. 

Pascallieb  (La  comtesse  de),  ao. 

Paris,  2,  5,  i4,  i5,  ig,  30,  2 g,  38, 
3g,  4o,  43,  46,48,5g,  66,  87, 
100,  10g,  n4,  116,  117,  118, 
11g,  îao,  i3a,  i34,  1 35 , 1 36 , 
1.37,  i3S,  i-3g,  i4o,  i4i,  i44, 
i46,  147,  i48,  i4g,  i5o,  i5i, 
i52,  i54,  i55,  i56,  157,  1 58, 
i5g,  160,  161,  16a,  1 63 ,  i64, 
1 65 ,  166,  168,  16g,  170,  an, 
224,  228,  3.36,  s3g,  25o,  25i, 
202,  253,  254,  271,  286,  28g. 

(  Les  échevins  de).  Catherine  les 

remercie  de  la  part  qu'ils  ont  prise 
au  mariage  de  Charles  IX,  ig.  — 
Leur  envoie  le  discours  qui  a  été 
fait  des  cérémonies,  1  g.  —  Chargés 
par  elle  d'emprunter  cent  mille 
livres,  52.  —  Remerciés  de  leurs 
bonnes  démonstrations  pour  le  ma- 
riage du  Roi,  84.  —  Réprimandés 
pour  retard  apporté  au  transport  de 
la  croix  de  Gaslines,  S4.  —  Chargés 
de  punir  les  auteurs  des  troubles, 
85.  —  Cités,  io3. 

(Les  gens  du  Parlement  de), 

invités  par  Catherine  à  vérifier  les 
lettres  de  la  création  de  la  charge 
de  grand  prévùt  en  faveur  de  M.  de 
Monlluel,  56.  —  Catherine  leur 
écrit  que  le  Roi  entend  que  son  édit 
sur  la  création  des  états  de  garde  des 
sceaux  soit  exécuté,  gi. 
Pablemem.  Voy.  Paris. 
Parme  (La  duchesse  de).  A  l'usufruit 


des  biens  de  Catherine  en  Italie, 
47. —  Loue  d'elle  un  palais,  1 36. 

Parme  (Le  duc  de),  227,  note. 

Pays-Bas  (Les).  Préservés  par  Ca- 
therine d'une  invasion  des  hugue- 
nots, 3o,  note;  108,  1 1 5  ,  11g, 
ig4  ,  ig8,  232,  note. 

Pays-Bas  (Conquête  des),  63. 

(Les  troubles  dns),  io4,  note. 

(Pacification  des),  208. 

l'i  ROHKB,  2. 

(L'église  de),  3o. 

Petrccci  (L'ambassadeur  florentin). 
Cité,  gg,  note.  —  Invité  par  Ca- 
therine à  appuyer  auprès  du  duc 
de  Florence  la  candidature  du  car- 
dinal de  Fertare  à  la  papauté,  102. 

Pezéms.  Conférence  qui  y  est  tenue 
par  Damville  avec  ceux  de  la  reli- 
gion, 27g,  note. 

Pfïffer,  colonel  suisse.  Refuse  de 
prendre  le  commandement  des 
Suisses,  ig3,  note. 

Puilippe  II.  Catherine  le  remercie  de 
l'envoi  d'un  cheval,  1.  —  Attend 
sa  réponse  au  sujet  du  mariage  de 
Portugal,  6.  —  Ecrit  à  Catherine 
que  sa  seconde  femme  aura  soin  de 
ses  petites-filles,  i.3,  note.  —  Ca- 
therine craint  qu'il  n'entre  en 
jalousie  si  Pie  V  intervient  trop  os- 
tensiblement dans  la  négociation 
du  mariage  de  Marguerite  de  Valois 
avecdom  Sébastien,  i4.  —  Prévenu 
de  la  convalescence  de  la  jeune 
reine  de  France,  2g.  — Remercié 
par  Catherine  de  l'envoi  du  comte 
d'Olivaies,  35.  —  Assuré  de  son 
amitié  et  dévouement,  37.  —  Ras- 
suré sur  les  bruits  de  guerre, 
4  ! .  —  Félicité  sur  la  grossesse  de 
la  reine  sa  femme,  4i.  —  Lettre 
qui'  lui  adresse  Catherine  par  Gondi, 
48.  —  Prévenu  qu'elle  a  caché 
au  Roi  son  fils  certains  propos  pour 


maintenir  entre  eux  un  bon  accord, 
48.  —  Marques  d'affection  que  lui 
témoigne  Catherine,  5i.  —  Plaintes 
qu'elle  lui  adresse  au  sujet  des 
mauvais  procédés  de  son  ambassa- 
deur Alava,  58,  60.  —  Prévenu 
de  sa  fuite  de  Paris  pour  éviter  de 
prendre  congé  du  Roi  ,61.  —  Prié 
par  Catherine  de  le  réprimander 
sévèrement,  61.  —  Fourquevaux 
chargé  de  lui  expliquer  les  raisons 
du  séjour  de  Ludovic  de  Nassau  à  la 
cour,  77,  note.  —  Complimenté 
par  Catherine  à  l'occasion  de  la 
naissance  de  son  fils,  87.  —  Prié 
de  s'en  rapporter  à  ce  que  lui  dira 
le  s'  de  Saint-Gouard,  87.  — 
Charles  IX  affirme  qu'il  ne  veut  pas 
lui  faire  la  guerre,  106,  note.  — 
Rassuré  sur  la  destination  de  l'ar- 
mée de  mer  de  Charles  IX,  107. 

—  Lettre  que  Saint-Gouard  écrit 
au  duc  d'Anjou  au  sujet  des  craintes 
qu'elle  inspire,  108,  note.  — 
Remercié  par  Catherine  pour  l'en- 
voi d'une  jument  d'Espagne ,  1  og. 

—  Lettre  qu'il  en  reçoit  pour  lui 
annoncer  la  Saint-Barthélémy,  1 13. 

—  Sa  fille  aînée  recherchée  par 
Catherine  pour  le  duc  d'Anjou, 
11 4.  —  Audience  qu'il  donne  à 
Saint-Gouard  après  la  Saint-Bar- 
thélemy,  1 1 5 ,  noie.  —  Sa  réponse 
à  Saint-Gouard ,  1 1 5  ,  note.  —  Ac- 
cusé d'à  voir  fait  mourir  sa  femme  Eli- 
sabeth, i3i. —  Catherine  n'y  ajoute 
pas  foi,  i32.  —  Sa  puissance 
agrandie  par  Catherine,  1 32  ,  note. 

—  Son  entretien  avec  le  générai 
des  Cordeliers  au  sujet  de  la  Saint- 
Barthélémy,  160,  note.  —  Cité, 
171.  —  Ses  intrigues  dévoilées  par 
Charles  IX  à  Saint-Gouard,  ig4, 
note.  — Accusé  de  vouloir  faire  tuer 
le  prince  d'Orange,  1 97.  —  Mau- 


376 


TABLE  DES  MATIERES. 


vais  bruits  qu'il  fait  répandre  sur 
les  menées  de  Charles  IX  contre  la 
reine  d'Angleterre,  a3a.  —  Se  ré- 
jouit des  malheurs  de  la  France, 
a33,  note.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Catherine  pour  se  condouloir  de  la 
mort  de  la  princesse  sa  sœur,  et 
pour  lui  recommander  les  Infantes, 
377.  —  Prié  par  e})e  de  gratifier 
le  Roi  son  fils  de  la  part  à  laquelle 
il  a  droit  sur  un  prisonnier  turc, 
a83. 

Picardie  (La),  64. 

(La  frontière  de),  1  85,  note; 

374. 

Pico  (Loys).  Ses  contestations  avec  la 
comtesse  de  la  Mirande,  i84,  a5a, 
note.  —  Catherine  intervient  entre 
lui  et  la  comtesse  sa  belle- sœur, 
359.  —  Pareille  intervention  de 
Charles  IX,  a5g,  note.  —  Cité, 
■itio,  note. 

Pie  V.  Envoie  Tories  en  Portugal 
traiter  du  mariage  du  jeune  roi  dom 
Sébastien  avec  Marguerite  de  Va- 
lois, 6.  —  L'y  renvoie,  7,  note.  — 
Catherine  invite  le  cardinal  de 
Rambouillet  à  le  presser  de  favo- 
riser ce  mariage,  th.  —  Elle  vou- 
drait obtenir  de  lui  la  cession  d'Avi- 
gnon en  faveur  du  duc  d'Anjou, 
17.  —  Trompé  par  Torres  qui  ne 
sert  que  les  intérêts  de  l'Espagne, 
a5,  note.  —  Cité,  3i,  53.  —  Re- 
fuse le  prieuré  de  Champagne  à 
M.  de  Seurre,  55,  56.  —  Dispense 


pour  le  mariage  de  Marguerite  de 

Valois  lui  est  demandée  par  M.  de 

Ferais,  75. 
Piémont  (Le),  i45. 
Piennes     (Marie   de).    Catherine  lui 

conGe  l'éducation  des  filles  de  M.  de 

Crevant,  3. 
Piles  (M.  de).  Trouvé  dans  le  Louvre, 

la   veille  de  la  Saint-Barthélémy, 

11 3,  note. 
Pinart.  Cité,  45,  53,  3i4,  a3i. — 

Parle  d'une  indisposition  du  roi  de 

Pologne,  a64,  note.  —  Cité,  a88. 

—  Détails  qu'il  donne  à  M.  de 
Montpensiersur  lesopérations  de  la 
guerre  contre  La  Noue,  ayo,  note. 

—  Ses  lettres,  agi,  note. 
Pissot,  enfermé  dans    le    donjon  de 

Domfront,  3oi,  note. 

Place  (Le  sr  de  la),  1  a5,  note. 

Plassac  Blessé  à  l'assaut  de  Dom- 
front,  3oi ,  note. 

Pi.f.ssis-lès-Tours,  376,  377. 

Poille  (M°).  Bapporteur  du  procès  de 
W  Martin  Fumée,  389. 

Poizielx  (M.  de).  Conduit  à  M""d'Al- 
luie,  par  ordre  de  Catherine,  les 
filles  de  M.  de  Crevant ,  3. 

Pologne  (La),  131,  168,  169,  170, 
note;  180,  i8i-si5,  318,  a3i, 
a33,  s35,  a47,  a 5s,  354,  a55, 
a58,  363 ,  a64. 

Pologne  (L'élection  au  trône  de),  1 33, 
note;  1.34.  —  Les  menées  de  l'em- 
pereur Maximilien  pour  assurer 
cette  couronne  à  son  fils  signalées 


par  Charles  IX,  171,  note.  —  Les 
chances  du  duc  d'Anjou  annoncées 
par  Catherine  à  La  Mothe,  319.  — 
Minées  des' Espagnols  pour  empê- 
cher celte  élection ,  qui  a  lieu , 
a33  ,  note;  334. 

Pologne  (Le  roi  de).  Voir  Sigis- 
mond. 

Pologne  (L'Infante  de),  ao4,  note. 

Pologne  (Les  ambassadeurs  de).  Leur 
voyage,  a34,  note.  —  Schomberg 
approuvé  de  leur  avoir  conseillé  de 
venir  ouvertement,  s34,  note. 
—  Attendus  à  Paris,  a46.  —  Ca- 
therine fait  savoir  à  l'abbé  de  i'Isle 
de  quelle  sorte  ils  seront  reçus, 
a4g.  — ,  Lagny  leur  est  désigné 
pour  s'y  reposer,  a4g.  ■ —  Leur  ar- 
rivée à  Paris  et  leur  réception ,  a5o. 

Pologne  (Les  postes  de),  s83. 

Pompadour  (M.  de).  Se  rapproche  de 
l'armée  de  La  Noue,  391,  note. 

Portugal  (Le),  38. 

(Le  roi  de).  Voir  Don  Sé- 
bastien. 

Posnanie  (L'évêque  de).  L'abbé  de 
ITsle  chargé  de  lui  faire  savoir  com- 
ment sera  reçue  l'ambassade  polo- 
naise, s4g. 

Poulet,  338,  note. 

Praillon  (L'interprète),  s43,  note. 

Prieur    (Le  grand).  Voir  Angoulème. 

Profsoffki.  Entretient  Catherine  d'un 
changement  dans lespostes approuvé 
par  l'Empereur,  68. 

Provence  (La),  13 5,  note. 


Q 

Quelen  (Gillette  de).  Catherine  favorable  à  son  mariage  avec  le  maître  des  requêtes  Bonin,  3 1 5. 
de  Coligny,  a3. 


Quincé,  envoyé 


Rambouillet  (Le  cardiual  de).  Chargé 
d'une  mission  auprès  de  Pie  V,  6. 
—  Invité  par  Catherine  à  presser 
le  pape  d'agir  en  faveur  du  ma- 


R 

riage  de  Marguerite  de  Valois  avec 
le  roi  du  Portugal,  i4.  —  Félicité 
par  elle,  58.  —  Prévenu  de  la 
prochaine  arrivée  à  Rome  de  M.  de 


Ferais,  5g.  —  Son  séjour  se  pro- 
longe à  Rome,  59,  note.  —  Abso- 
lution demandée  pour  lui,  î.'li). 
note. 


TABLE  DES  MATIERES. 


377 


Rambouillet  (M.  de).  Prié  d'aller  à 
Ferrare  à  l'occasion  de  la  mort  de 
la  duchesse,  îiy.  —  Attendu  au 
château  de  Boulogne,  244.  —  Fé- 
licité par  Catherine  de  ce  qu'il  a 
fait  en  Pologne,  264.  —  Prévenu 
du  départ  du  duc  d'Anjou,  264.  — 
Catherine  lui  envoie  une  lettre  par 
M.  de  Nozerolles,  269. —  Elle  lui 
demande  des  nouvelles  de  la  récep- 
tion faite  à  son  Gis  en  Pologne,  381. 
—  Remercié  pour  avoir  été  assister 
aux  funérailles  du  roi  Sigismond, 
283. 

Randan  (M°'e  de).  Catherine  lui  envoie 
un  paquet,  25a,  note. 

Randolph  (  L'ambassadeur  anglais 
Thomas).  Vient  trouver  Catherine, 
260 ,  note.  —  Ses  instructions  pour 
un  traité  de  commerce,  26G,  267, 
note.  —  Chargé  de  constater  si  le 
duc  d'Alençon  a  le  visage  gâté  par  la 
petite  vérole,  267,  note.  —  En  a 
une  bonne  impression,  268.  — 
Reçoit  une  chaîne  de  Catherine ,  2  68. 

Ranguet,  2o5. 

René  (Le  parfumeur).  Avis  qu'il 
donne  au  premier  président  du 
Parlement,  3o4,  note. 


Requesens  (Le  commandeur  de).  Dé- 
fait Ludovic  de  Nassau,  2Ç)3,  note. 

Retz  (Le  maréchal  de).  Accompagne 
le  roi  de  Pologne,  266,  note. 

Rhin  (Le),  266,  note. 

Rives  (Antoine).  Dispensé  par  Cathe- 
rine de  son  apprentissage  de  mer- 
cier, 66. 

Roanne  (Les  manants  de),  1^7. 

1 85 ,  note. 

Rochelle  (Compte  rendu  des  opéra- 
lions  du  siège  de  la),  adressé  par 
le  duc  d'Anjou  à  Charles  IX,  172, 
note.  —  Sa  prochaine  soumis- 
sion espérée  par  Charles  IX, 
171.  —  Regrets  qu'éprouve  Ca- 
therine de  son  obstination,  179. 
—  Mission  qu'y  remplit  l'abbé  de 
Gadagne,  180. 

Rochelle  (Les  gens  de  la).  Leur 
lettre  à  la  reine  Elisabeth  pour 
obtenir  son  aide,  12&,  note;  125, 
note.  —  Le  vice-amiral  d'Angle- 
terre est  envoyé  dans  leur  ville, 
ia5,  126. 

Rodolphe.  —  Voir  Hongrie. 

Roceb  (M*  Simon).  Nommé  prési- 
dent, 91. 

Rohan    (Le  s'  de).    Défavorable    au 


projel  de  mariage  du  sr  Bonin  et 
de  Gillette  de  Quelen,  3 1 5. 

Rome,  376,  note;  33g,  257,  note. 

Rothelin  (M.  de),  287,  note. 

Rouen  (Emotion  survenue  à),  35. 

Rouen  (La  chapelle  du  Saint-Esprit 
de),  5o. 

Rouen  (Les  échevins  de).  Blâmés  par 
Catherine  pour  le  massacre  des 
prolestants  de  leur  ville,  129. 
—  Priés  par  Catherine  de  faciliter 
le  recoin  renient  de  quarante  mille 
livres,  3oô. 

Rouen  (Les  gens  du  Parlement  de). 
Invités  par  Catherine  à  parachever 
l'information  contre  les  auteurs  de 
la  récente  émotion  survenue  dans 
leur  ville,  35.  — Avertis  par  Cathe- 
rine de  ce  qu'exige  le  Roi  pour  l'é- 
dit  des  étals  de  garde  des  sceaux  ,92. 

Ruggiebi  (Cosme).  Ce  qu'écrit  à  son 
sujet  Lansac  au  procureur  général 
La  Guesle,  396,  note.  —  Mis  à  la 
Conciergerie,  3o4,  note. 

Rcillard.  Rapporteur  d'un  procès 
contre  les  manants  d'Orléans, 
107. 

Ruzé.  Place  de  secrétaire  d'Élat  re- 
fusée pour  lui ,  239. 


Sabatier.  Conseiller  du  Parlement  de 
Bordeaux,  5i. 

Sabban,  cité,  Ixlx.  —  Envoyé  par  Ca- 
therine à  Londres,  278. 

Saint- Antoine  (La  porte).  Fermée, 
3o4,  note. 

Saint-Barthélemv  (La),  113.  — 
Annoncée  par  Catherine  à  Phi- 
lippe II,  11 3.  —  Avantages  qu'elle 
veut  en  tirer,  1 1  4 .  —  Catherine  dé- 
sireuse de  savoir  ce  que  pense  Elisa- 
beth de  la  conspiration  de  Coligny, 
118;  121,  note;  123,  note.  — 
Impression  qu'elle  produit  en  An- 
gleterre, 125,  note.  —  Conseillée 
par  le  dur  d'Anjou,  i3i.  —  Hor- 

CUHERINE    DE    MÉDICIS,    - 


reur  qu'elle  inspire  à  l'Europe ,  1 3  2  , 
noie.  —  La  nouvelle  en  est  apportée 
à  Rome  par  Danes,  i3g,  note.  — 
Ce  qu'en  dit  au  pape  le  cardinal 
de  Lorraine,  i3g,  note.  —  Sa  né- 
cessité expliquée  par  Charles  IX, 
161,  note.  —  Schomberg  prié  d'en 
donner  l'explication  dans  les  termes 
qui  lui  sont  indiqués,  i42.  —  Im- 
pression qu'elle  produit  en  Suisse, 
i43,  note.  —  Blâmée  par  le  duc. 
d'Albe,  a.33,  note;  237,  noie;  277, 
note. 
Saint-Renoît-sub-Loire  (L'abbaye  de). 
Sollicitée  par  Catherine  pour  Claude 
Sublet,  s'  de  Saint-Etienne,  116. 


Saint-Bonnet,  173. 

Sainte-Catherine  (La  fête  de),  266. 

Sainte-Colombe  (M.  de).  Tué  au  siège 
de  Domfront,  3o4,  note. 

Saint-Denis,  35. 

Saint-Esprit  (Les  chanoines  de  la 
chapelle  du).  Priés  par  Catherine 
de  maintenir  ses  gages  à  Bout  de- 
venu chantre  de  la  sienne,  5t. 

Saint-Etienne  (M.  de).  —  Voir  Su- 
blet. 

Saint-Germais-er-Laïe ,  19,  20,  244, 
245,  373-284.  —  (Surprise  de), 
387,  note. 

Saint-Gouard  chargé  à  Rome  du  fait 
du  s'  de  Gayasso,   3i.  —    Invité 

48 


iUt'tllMr.niE     VIT10SALE. 


;S78 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


par  Callierine  à  revenir,   3i.  — 

Envoyé  en  Espagne,  85.  —  Cathe- 
rine prie  Philippe  II  de  s'en  rap- 
porter à  ce  qu'il  lui  dira  île  sa 
part,  87.  —  Prié  de  visiter  sou- 
vent les  Infantes,  97.  —  Fait  part 
d'un  entretien  qu'il  a  eu  avec  le 
secrétaire  d'Etat  Cayas  au  sujet  du 
mariage  du  prince  de  Navarre  et 
de  Marguerite  de  Valois,  97,  note. 

—  Chargé  de  prévenir  Philippe  II 
que  Charles  IX  va  faire  sortir  son 
armée  de  mer,  107.  —  Exprime 
au  duc  d'Anjou  les  craintes  que  Phi- 
lippe lia  delà  guerre,  107,  108, 
note.  —  Rend  compte  à  Charles  IX 
de  l'audience  qu'il  a  eue  de  Phi- 
lippe II  après  la  Saiiil-Barlhélemy, 
1  1 5 ,  note.  —  Invité  par  Catherine 
à  mettre  en  avant  et  comme  de 
lui-même  le  mariage  du  duc  d'An- 
jou avec  la  tille  ainée  de  Phi- 
lippe II,  11 5.  —  Instructions 
qu'il  reçoit  pour  l'envoi  d'une  ju- 
ment, 11 5.  —  Réception  de  sa 
lettre  accusée  par  Catherine,  l'io. 

—  Mis  au  cornant  de  ce  qu'a  l'ail 
dans  fa  mission  le  marquis  d'Aya- 
monte,  1/18.  —  Approuvé  dans  sa 
conduite,  t/18.  —  Chargé  de  re- 
mercier le  prince  d'Evoli  de  sa 
bonne  volonté,  i48.  —  Prévenu 
par  Charles  IX  que  le  baptême  de 
sa  fille  a  eu  lieu,  161,  note.  — 
Raconte  à  Catherine  son  entre- 
lien  avec  le  général  des  Cordelicrs", 
1  65 ,  note.  —  S'en  est  servi  auprès 
de  Philippe  11,  i65,  note.  —  En- 
trclenu  par  Charles  IX  des  dilli- 
cullés  que  soulève  l'élection  du 
duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne, 
170,  note.  —  Averti  par  Charles  1  \ 
des  démarches  faites  pour  réconci- 
lier les  Vénitiens  et  le  Grand  Sei- 
gneur, 196,  note.  —  Prévenu  des 
intrigues  de  Philippe  II,  et  des 
mariages  qu'il  poursuit  par  hosli- 
lité  contre  la  France,  19'!,  note.  — 
Cité ,  197,  note.  —  Dénonce  les  me- 


nées de  Philippe  II,  1 98.  —  Compte 
rendu  lui  est  fait,  par  Charles  IX  des 
opérations  du  siège  de  la  Rochelle, 
1 99 ,  note. 

Saint-HokorÉ  (Le  faubourg),  3i, 
33,  288. 

Saibt-Légbr,  4o,  173-180. 

Saint-LkY.er  (M.  de).  Annonce  à  Ca- 
therine la  réduction  de  Domfront, 
3o8. 

Siim-Lô.  Sa  prise  par  Colombieres, 
287,  note;  3o8. 

Saiste-Marie  (Le  capitaine)  annonce 
l'arrivée  de  la  flotte  de  Montgo- 
mery,  2o5,  note. 

Saint-Martin  (L'abbaye  de).  Deman- 
dée pour  M.  de  Mandelot,  1 63. 

Saikt-Marttji  (Le  capitaine).  Eloge 
qu'en  fait  Catherine,  3 i4. 

Saint-Maer-des-Fossés,  78,  80. 

Saist-Moris  (M.  de).  Reçoit  promesse 
de  récompense,  a3o. 

Saint-Per  (Le  capitaine).  Tué  à  l'as- 
saut de  Domfront,  3oi,  note. 

Sun't-Si  lpice.  Envoyé  en  missioii  au- 
près de  Damville,  iC3,  985,  290, 
3oo. 

Saiviati  (Le  chevalier).  Envoyé  à  la 
cour  de  France  au  sujet  du  prieuré 
de  Champagne,  55,  56. 

Salviati  (L'évèque),  cité,  3i.  —  Sa 
mission  en  France  ,06.  —  Cité ,  1 39. 

Samogitie  (Le  capitaine  de  la),  280. 

Sardobir  (Le  palatin  de),  580. 

Sansac.  Envoyé  au  siège  de  Dom- 
front, 979,  note.  —  Ne  peut  ob- 
tenir l'abbaye  de  la  No  vaille,  177. 

Sardim  (Scipion).  Ses  intérêts  défen- 
dus par  Catherine,  99.  —  Recom- 
mandé par  elle  à  M.  de  Thou ,  210. 

Sarubos,  86. 

Sarrebolrg,  266. 

Savoie  (La  duchesse  de),  Marguerite 
de  France.  Catherine  lui  donne 
des  nouvelles  de  ses  enfants, 
20,  21.  —  Se  plaint  à  elle  de 
la  captivité  du  comte  de  Gayasso, 
22. 

Savoie  (Le  duc  de).  Affection  que  lui 


témoigne  Catherine,  21.  —  Dis- 
posé à  coopérer  à  la  destruction 
de  Genève,  i53.  —  Prisonniers 
qu'il  a  fait  arrêter  en  Bresse, 
i55,  note.  —  Désavoué  par 
Charles  IX,  i55,  note.  —  Repré- 
senté par  le  duc  de  Nemours  au 
baptême  de  la  fille  de  Charles  IX, 
161,  note.  — Prévenu  de  la  bles- 
sure à  la  chasse  de  Charles  IX, 
1 85.  —  Catherine  lui  fait  part  de 
la  marche  du  prince  d'Orange  qui 
se  rapproche  de  la   Bresse,   217. 

—  Protestations  d'amitié  qu'elle 
lui  adresse,  218.  —  La  compa- 
gnie du  marquis  de  la  Chambre 
lui  est  demandée  pour  le  comte  de 
la  Chambre  son  fils,  a5i.  —  Visité 
par  M.  de  Fois,  257. 

Saxe  (La),  266,  note.  —  (La  maison 

de)  ,  8 ,  note. 
Saxe  (Le  duc  Auguste  de).  Visité  par 

Scbomberg,  67,  note.  — Cité,  1 13. 

—  Bien  disposé  pour  la  France, 
121,  note;  122,  note.  —  Son 
agent  soupçonné  par  Catherine, 
1 34 ,  note.  —  Nouvelle  mission 
de  Scbomberg  auprès  de  lui,  l'ie. 

—  Cité,  197.  —  Sa  femme  s'op- 
pose à  ce  qu'il  reçoive  le  roi  de 
Pologne,  2 3 1,  note. —  N'est  nulle- 
ment disposé  à  secourir  la  Rochelle , 
234,  note.  —  N'intercède  pas  au- 
près de  Charles  IX  en  faveur  des 
enfants  de  Coligny,  234,  note. 

Saxe  (Jean-Guillaume  de).  Ce  qu'il 
prétend  sur  la  recette  générale  de 
Bourgogne,  206. 

ScnoMBERG.  Sa  mission  auprès  du  duc 
de  Brandebourg,  45,  66,  67.  — 
Sa  mission  auprès  des  princes  de 
la  Germanie,  65,  note.  —  Lettre 
que  Charles  IX  lui  écrit  à  ce  sujet, 
67,  note.  —  Bend  compte  au  Boi 
de  sa  mission  en  Allemagne,  80, 
note.  ■ —  Chargé  par  Catherine  de 
faire  entendre  aux  princes  de  la 
Germanie  les  causes  de  la  mort  de 
Coligny,    n3,   note.   —    Conseils 


TABLE  DES  MATIERES. 


379 


qu'il  donne  à  Catherine  pour 
mettre  de  son  côté  les  princes  de 
la  Germanie  et  les  détacber  de  la 
maison  d'Autriche,  100,  isi, 
note.  —  Loué  par  elle  de  sa 
conduite  vis-à-vis  de  l'électeur  de 
Saxe,  i4a.  —  Félicité  également 
par  Charles  IX,  i4a,  note.  —  In- 
vité par  lui  à  voir  le  comle  Pala- 
tin ,  le  duc  Casimir  et  à  leur  faire 
entendre  la  vérité  sur  la  Saint- 
Barthélémy,  i4a,  i43,  note.  — 
Lettre  que  lui  écrit  Charles  IX  au 
sujet  de  la  marche  des  Suisses, 
i5g.  —  Rend  compte  de  sa  négo- 
ciation avec  le  comte  Ludovic  de 
Nassau,  203,  note.  —  Conseils 
qu'il  donne  au  Roi,  20a,  note.  — 
Enumère  les  conditions  proposées 
par  le  prince  d'Orange,  203, 
note.  —  Avertit  le  Roi  des  desseins 
des  Espagnols,  202,  note.  —  Fait 
part  à  Catherine  de  l'acceptation 
par  le  landgrave  de  Hesse  de  tout 
ce  qu'elle  a  demandé,  2o3,  note. 

—  Lui  transmet  la  requête  dudit 
landgrave  en  faveur  des  enfants  de 
Coligny,  ao3,  note.  —  Prie  Ca- 
therine, au  nom  du  landgrave  de 
Hesse,  d'intercéder  auprès  du  duc 
de  Savoie  en  faveur  de  la  veuve  de 
Coligny,  3o4.  —  Une  gratification 
ne  peut  lui  être  allouée  sur  la  re- 
cette de  Bourgogne,  206.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Charles  IX  au  sujet  de 
la  négociation  de  l'élection  au  trône 
de  Pologne,  218,  note. — luterrogé 
par  Catherine  sur  l'impression  pro- 
duite en  Allemagne  par  l'élection  du 
duc  d'Anjou  au  trône  de  Pologne, 
a  1  g.  —  Avertit  le  Roi  que  rien  n'est 
vrai  de  ce  que  Philippe  11  a  l'ait  dire 
à  la  reine  d'Angleterre,  a.3a.  — 
Prévenu  des  négociations  entamées 
avec    Ludovic    de    Nassau,    a3a. 

—  Sa  négociation  avec  Ludovic  de 
Nassau,  a3a,  note.  —  Prévenu  de 
tout  ce  qu'on  tente  pour  ravoir  la 
Rochelle  ou  par  force  ou  par  composi- 


tion, a33.  —  Donne  à  Catherine 
des  détails  sur  le  voyage  du  roi  de 
Pologne,  370,  note. 

Sébastien  (Dom),  roi  de  Portugal. 
Négociation  de  son  mariage  avec 
Marguerite  de  Valois,  13.  —  Pro- 
met d'écrire  au  Saint-Père,  6, 
noie.  —  Ne  tient  pas  sa  promesse, 
6,  note.  —  Charles  IX  renonce 
au  projet  de  le  marier  à  sa  sœur, 
a5,  note.  —  Ne  peut  se  marier  de 
dix  ans,  97,  note. 

Selim  (Le  sultan).  Catherine  ne  veut 
pas  rompre  avec  lui ,  1 3 1 .  —  Fait 
la  paix  avec  les  Vénitiens,  aoi, 
a34.  —  Cité,  a45. 

Seurre  (Le  chevalier  de).  Recom- 
mandé par  Catherine  au  grand 
maître  de  Malte,  33.  —  Le  prieuré 
de  Champagne  sollicité  pour  lui, 
33.  —  Recommandé  par  Cathe- 
rine au  duc  de  Florence,  lit,  62, 
55,50. 

Sienne.  Prétendue  cession  faite  de  cette 
ville  à  don  Juan  d'Autriche,  4g. 

(La  guerre  de),  5g. 

Sigismond,  roi  de  Pologne,  io4, 
note.  —  Ses  funérailles,  2 84. 

Sigognes  (M.  de).  Avertissement  qu'il 
donne  sur  les  projets  de  Monl- 
gomery,  igfi. 

Siguence  (Le  cardinal  de).  Accuse  le 
sr  de  Saint-Etienne  d'être  mauvais 
catholique,  1  4. 

Silésie  (La),  25o. 

Ssiitii  (Sir Thomas).  Ce  dont  le  charge 
Catherine  pour  la  reine  Elisabeth , 

97-  98- 

SoDERi.M  (Les),  banquiers  Vénitiens. 
Annoncent  l'élection  du  duc  d'An- 
jou au  trône  de  Pologne,  234. 

Soissons,  19,  272. 

Sommières  (Le  siège  de),  186,  211. 

Strasbourg,  i43,  note. 

Strozzi  (Philippe).  Craintes  que  sa 
flotte  inspire,  98,  note.  —  In- 
structions que  lui  donne  Catherine, 
11g.  —  Assuré  d'être  secouru 
d'argent,   119.  —  Lettre  que  lui 


écrit  le  duc  d'Anjou  pour  les  avan- 
tages à  lirer  de  la  Saint-Barthé- 
lémy, 11g.  —  Accusé  de  feindre 
de  vouloir  aller  aux  Indes,   1 43. 

—  Extension  donnée  aux  instruc- 
tions qu'il  a  reçues  pour  traiter  de 
la  paix  avec  La  Noue.  290.  — 
N'a  pu  encore  le  rejoindre,  291, 
note. 

Stuart  (Marie),  citée,  7,  note.  — 
Lettre  écrite  en  sa  faveur  par 
Charles  IX  à  Walsingham ,  11. 
note.  —  Ses  affaires  recommandées 
à  La  Mothe-Fénelon  par  Catherine. 
58.  —  Citée,  70,  note.  —  Pra- 
tiques entre  elle  et  La  Mothe-Fé- 
nelon dénoncées  par  Walsingham , 
71.  —  Catherine  se  dit  obligée  de 
défendre  sa  cause,  73,  note.  — 
Accusée  par  Walsingham  d'être 
hostile  à  la  France,  7a,  note.  — 
Selon  lui,  sa  conduite  l'a  rendne 
indigne  de  protection ,  73 ,  note.  — 
Bien  traitée  dans  la  maison  du  comte 
de  Schrewbury,  83.  —  Se  délie  de 
la  France,  et  se  dispose  à  épouser 
don  Juan  d'Autriche,  8a.  —  rville- 
grew  invite  Catherine  à  pacifier 
l'Ecosse  en  dehors  d'elle,  83.  — 
Libelle  de  Buchanan  contre  elle, 
prohibé  par  Catherine,  ga.  — ■  Ce 
qu'en  écrit  Charles  IX  à  La  Mothe- 
Fénelon,  g3,  note.  —  Recomman- 
dée par  Catherine  à  du  Croc,  96. 

—  Exposée  de  nouveau  au  ressen- 
timent d'Elisabeth,  96. 

Sublet  (Claude.  sr  de  Saint-Etienne), 
juslilié  par  Catherine,  i3.  — 
Précepteur  des  filles  de  Catherine  et 
recommandé  au  pape  par  elle  pour 
l'obtention  de  l'abbaye  de  Saint- 
Benoit-sur-Loiro,  116. 

Suède  (Le  roi  de).  Catherine  satis- 
faite des  bons  rapports  qu'elle  a 
avec  lui,  4i.  —  Cité,  337,  note. 

—  Passage  lui  est  demandé  poul- 
ie roi  de  Pologne,  3 4 4.  —  Cité, 
aôa. 

Suisse  (La),  96. 

48. 


380 


TABLE  DES  MATIERES. 


Suisses  (Les),  8,  1 58.  —  Leur  le- 
vée mise  en  marche,  178.  — 
Charles  IX  demande  qu'une  pre- 
mière avant-garde  soit  d'abord  en- 
voyée ,178,  note.  —  Ce  qu'écrivent 
Catherine  et  Charles  IX  à  Schom- 


herg  à  ce  sujet,  1 79 ,  note;  1 80.  — 
Leur  licenciement  regretté  par  Ca- 
therine, 366.  —  Nouvelle  levée 
de  six  mille  hommes,  2Ô5. 

Surgkres,  soi,  note. 

Sussex  (Le  comte  de).  Favorable  au 


mariage  du  duc  d'Anjou,  53.  — 
Catherine  lui  recommande  le  duc 
de  Montmorency  qui  va  à  Londres, 
toi. 
Soze  (M.  de).  Envoyé  à  Avignon, 
286,  note. 


TuiiTou  (Le  fort  de),  pris  par  Mont- 
gomery, 299,  note. 

Tartares  (Les),  106. 

Tu  innés  (Le  maréchal  de).  Chargé 
par  Catherine  de  maintenir  l'ordre 
dans  Paris,  i44.  ■ —  Complimenté 
pour  l'y  avoir  maintenu,  îlib.  — 
Sa  maladie,  1 53 ,  note.  —  Ce 
qu'il  espère  du  duc  d'Anjou,  181 
—  Invité  par  Catherine  à  veiller 
sur  son  gouvernement  de  Bour- 
gogne, 3()3. 

Téliosï  presse  Catherine  de  répondre 
au  cardinal  de  Châtillon  au  sujet  du 
mariage  du  duc  d'Anjou  avec  Eli- 
sabeth, 33.  —  Son  entretien  avec 
elle  à  ce  sujet,  33. 

'!'  11  r  En  (Le  P.),  cité,  4o,  nota;  106, 
noie. 

Tuojias,  envoyé  à  Rome,  5g. 

Tiiomassin  (Le capitaine),  tué  au  siège 
de  Domfront,  3oi,  note;  Soi. 

T1100  (Le  président  cf.  i,  pressé  par 
Catherine  de  présenter  au  Parle- 
ment les  édils  nécessaires  pour  ob- 
tenir de  l'argent,  8t.  —  Félicité 
par  elle  de  la  publication  des  nou- 
veaux édils,  91.  —  Prévenu  que 
le  Rui  a  disposé  de  l'état  de  pré- 
iidenl  en  faveur  de  M*  Simon 
Roger,  91.  —  Prié  par  Catherine 
de  savoir  où  a  été  imprimé  un 
libelle  contre  Marie  Sluart,  92. — 
'  barge  de  le  faire  brûler,  g3.  — 
Invité  par  elle  à  publier  l'édil 
sur  les  draps,  io->;  —  à  pacifier 
le  différend  entre  les  échevins  de 
Paris  et  le  Chàlelet,  io.3.  —  Le 
procès  de  MM.  du  Vcraoy  et  de 
Nozières  contre  les  manants  d'Or- 


léans lui  est  recommandé  par 
Catherine,  107.  —  Le  procès  du 
vicomte  de  Venais  lui  est  égale- 
ment recommandé,  175.  —  Invité 
à  éviter  toutes  difficultés  pour  la 
création  d'une  charge  de  maître 
des  requêtes,  178.  —  Remercié 
par  Catherine  pour  le  soin  apporté 
à  ses  affaires,  sot.  —  Compli- 
menté pour  ce  qu'il  a  fait  pour  le 
comté  de  Bar,  301.  —  Scipion 
Sardini  lui  est  recommandé  par  Ca- 
therine, 210.  —  Prévenu  de  la  per- 
mission donnée  à  l'évèque  de  Meaux 
de  faire  une  coupe  de  bois,  21  3. 
— -  Remercié  par  Catherine  du  bon 
ordre  mis  à  Paris,  216.  —  Pré- 
venu par  elle  des  troubles  de  Chà- 
teaudun,  ai  A.  —  Réception  de  ses 
lettres  lui  est  accusée,  21C.  — 
Complimenté  par  Catherine  d'avoir 
obtenu  la  vérification  des  lettres 
pour  le  supplément  de  l'apanage  du 
duc  d'Anjou,  a 53.  —  Catherine  lui 
recommande  son  procès  contre  M.  de 
Mnnlpensier,  272.  —  Communi- 
cation que  M.  de  la  Guesle  lui 
adresse  de  la  part  de  Catherine, 
276.  —  Chargé  par  elle  d'éteindre 
ses  dettes,  37g.  —  Prié  de  faire 
procéder  à  la  vente  des  bois  de 
l'abbaye  de  Valsery,  287.  —  Les 
procès  de  la  veuve  Jacquelot  et  de 
M de  Martigues  lui  sont  recom- 
mandés, 289. — ■•Chargé  par  Cathe- 
rine de  faire  expédier  les  lettres 
de  provision  à  M'  Charles  Brachet, 
nommé  conseiller  au  siège  pré- 
sidial  d'Orléans,  3oo.  —  Lettre 
que  lui  adresse  Catherine  pour  pu- 


blier l'édit  de  création  d'un  maître 
des  requêtes,  3 16. 

Tonnerre  (M.  de),  tué  à  l'assaut  de 
Domfront,  3oi,  not". 

Torcï  (Le  capitaine  de)  envové  par  le 
Roi  auprès  de  Montgomery,    299. 

Torres  (Don  Loys  de)  chargé  par 
Pie  V  de  négocier  le  mariage  de 
Marguerite' de  Valois  avec  dom  Sé- 
bastien de  Portugal,  7.  —  Retourne 
à  Lisbonne  par  ordre  de  Pie  V,  7, 
noie.  —  Défiance  qu'il  inspire  à 
Catherine,  îi.  —  Remplit  très 
mal  sa  mission  en  Portugal,  25, 
note. 

Toscane  (Le  prince  de). —  Voir  Fran- 
çois DE  MÉDICIS. 

Touchf.t,  enfermé  dans  le  donjon  de 
Domfront  avec  Montgomery,  3oo, 
note. 

Toulouse,  186,  273,  note. 

(Le  Parlement  de),  63. 

(Les  capitouls  de)  invités  par 

Catherine  à  ne  pas  loucher  aux 
édits  de  pacification,  91.  —  Com- 
plimentés par  elle  pour  le  bon 
ordre  maintenu  au  lendemain  de 
la  Saint-Barthélémy,  138;  —  par 
Charles IX,  1 3  8 ,  note.  —  Leur  lettre 
à  Charles  IX,  128,  note. 

Toutin  (L'orfèvre  Richard),  269, 
note. 

Trente  (Le  concile  de),  1  2.3. 

Turcs  (Les),  10g,  1 65.  —  Leur 
défaite  annoncée  par  La  Roche, 
1 3a. 

(Ligue  contre  les),  107,  note. 

Turenne  (Le  vicomte  de),  envové  par 
le  Roi  auprès  de  Montgomery,  998, 
note. 


TABLE  DES  MATIERES. 


381 


Vvcii,  33o,  371,  note. 

Valenciennes  (Prise  de),  2,  a5. — 
Reprise  par  le  duc  d'Allié,  106, 
note. 

Vallée,  envoyé  en  mission  en  Es- 
pagne, 6. 

Valois  (Claude  de),  duchesse  de  Lor- 
raine, attendue  à  la  cour,  3. — 
Atteinte  de  la  fièvre,  ao,  ai.  — 
Citée,  1  45  ;  note,  i5g. 

Valois  (  Elisabeth  de).  Sa  mort  attribuée 
à  Philippe  II,  i5i.  —  Catherine  ne 
le  croit  pas,  i5e. 

Valois  (Marguerite  de).  Négociations 
de  son  mariage  avec  le  jeune  roi  de 
Portugal,  0,  i4.  —  Ce  projet 
rompu  par  Charles  IX,  a5,  note. 

—  Etal  de  maison  que  lui  destine 
Catherine,  59.  —  Cadeaux  pour 
ses  noces,  59.  —  Lettre  que  Wal- 
singham  écrit  au  -aijet  de  son  ma- 
riage, 09,  note.  —  La  religion 
seul  obstacle  à  son  union  avec  le 
prince  de  Navarre,  70,  note.  — 
Son  mariage  annoncé  avant  sa 
conclusion  par  Catherine  à  M.  de 
Ferais,  75.  —  Jeanne  d'Albret 
refuse    d'y    consentir,     75,    note. 

—  Instances  pour  la  dispense  de 
son  mariage,  79.  —  Ce  qu'en  dit 
Saint-Gouard,  97,  note.  —  Avan- 
tages de  son  mariage  avec  le  prince 
de  Navarre,  98.  —  Dispense  solli- 
citée de  Grégoire  KHI,  10G,  107, 
110.  —  Absolution  pour  son  ma- 
riage sollicitée  par  Catherine,  1 35. 

—  Dispense  envoyée  par  Gré- 
goire XIII,  i44.  —  Remercie  le 
duc  de  Mantoue  de  la  part  qu'il  a 
prise  à  l'élection  du  roi  de  Pologne, 
son  frère,  313,  note. 

Valois  (Marie-Elisabeth  de),  fille  de 
Charles  IX,  son  baptême,  1  61, note. 

V (rennes  (M.  de),  remercié  par  Ca- 
therine   pour    services    rendus    à 


M.  Mandat,  a6i.  —  Prié  de  main- 
tenir la  bonne  intelligence  avec  le 
roi  de  Suède  son  maître,  2C1. 

Varsovie,  169,  note. 

Vassal,  320. 

Vasserï  (L'abbaye  de),  vente  de  ses 
bois,  387. 

Val-close  (M.  de).  Catherine  engage 
M.  de  Bellièvre  à  l'utiliser,  1/17. 

Vujoi  r,  79. 

Velctelli  (Acerbo),  l'ait  entendre  à 
Catherine  les  bons  termes  où  en 
est  le  mariage  du  duc  d'Alençon 
avec  Elisabeth,  381.  —  Réclame  un 
pastel  au  baron  de  la  Garde,  283. 
—  Remercié  par  Catherine  de  ses 
bons  offices  pour  le  mariage  du  duc 
d'Alençon,  382. 

Venaiz  (Le  vicomte  de).  Son  procès 
recommandé  par  Catherine  au  pré- 
sident de  Thon,  1  76. 

Venise  (Le  doge  de),  remercié  par 
l'entremise  de  du  Ferrier  de  la  part 
qu'il  a  prise  à  l'élection  de  Po- 
logne, 235. 

'.emse(Lcs  Seigneurs  de),  remerciés 
par  Catherine  de  l'envoi  de  Léonard 
Contarini ,  68.  —  Cités,  162,1 69 , 
note.  —  Passage  leur  est  demandé 
pour  le  duc  d'Anjou,  a5a,  note. 

Vénitiens  (Les),  leur  ligue  avec  Phi- 
lippe II  préjudiciable  à  leurs  inté- 
rêts, a36,  note.  — Font  la  paix 
avec  le  Grand  Seigneur,  a34.  — 
Charles  IX  n'y  a  point  contribué, 
20  i,  note.  — Chemin  que  pourrait 
suivre  le  roi  de  Pologne  en  traver- 
sant leur  pa\s,  a45,  note.  —  Font 
don  à  Charles  IX  de  leur  part  sur 
un  prisonnier  turc,  a83. 

Ventadolr  (Le  comte  de).  Sa  compa- 
gnie de  gendaimes  demandée  par 
Catherine  pour  M.  de  Mandelot, 
i63. 

\  i:\ur.ELLi  (Le   chevalier  Ennodio), 


recommandé  par  Catherine  au  duc 
de  Florence,  34. 
Vera  (Catherine  de),  désirée  par  Ca- 
therine pour  le  service  des  Infantes 
ses  petites-filles,  a  4.  —  Leur  est 
attachée,  i48. 

Vérac.  Sa  mission  en  Ecosse,  7a, 
note;  18a  ,  191.  —  Arrêté  en  che- 
min, 193,  note. 

Verddsah  (Le  capitaine),  blessé  à 
l'assaut  de  Domfront,  001,  note. 

Vernot  (Michel  du).  Son  procès  contre 
les  manants  d'Orléans,  107. 

Viart  (Le  président).  Excuses  que  lui 
adresse  Catherine  pour  ne  l'avoir 
pas  nommé  maître  des  requêtes, 
35.  —  Reçoit  la  promesse  d'une 
prochaine  nomination,  ao.  —  Pré- 
venu que  le  lieu  de  Courcelles  pour 
prêche  des  protestants  de  Metz 
est  maintenu,  4o.  —  Envoyé  en 
Allemagne,  s42.  —  Instructions 
que  lui  donne  Catherine,  343.  — 
Lettre  que  lui  écrit  à  ce  sujet 
Charles  IX,  a43.  —  Entretenu  par 
Catherine  des  réclamations  du  prince 
Casimir,  2 83.  —  L'entrée  du  roi 
de  Pologne  en  ses  Etats  lui  est 
annoncée,  s83. 

Vieille-Monnaie  (La  rue  de  la),  84, 
note. 

\  ieilleville  (Le  maréchal  de),  con- 
sulté par  Catherine  au  sujet  du  sieur 
de  Granvilliers  qui  veut  entrer  au 
service  du  Roi,  10.  —  Est  d'avis 
qu'on  ne  change  en  rien  l'état  des 
prolestants  de  Metz,  4o.  —  Cité,  86. 

Vigny,  receveur  de  la  ville  de  Paris, 
déchargé  des  bagues  du  roi  de  Po- 
logne, 369.  —  Chargé  de  faire 
droit  aux  réclamations  du  duc  Casi- 
mir, 383. 

Villars  (Le  marquis  de).  Instructions 
qu'il  reçoit  de  Catherine  pour  le 
lait  des  finances,   i46.  —  Cathe- 


382 


TABLE  DES  MATIERES. 


rine  le  fera  récompenser  de  ses 
services,  2  4o. 

Villesiaii».  Son  décès  rend  vacante  une 
charge  de  maître  des  requêtes,  35. 

Villeqcier  (M.  de).  Catherine  prie 
l'évèque  de  Dax  de  lui  écrire  afin 
qu'il  encourage  le  duc  d'Anjou  à 
épouser  la  reine  Elisabeth,  63.  — 
Déchargé  par  Catherine  de  la  garde 
des  bagues  du  roi  de  Pologne,  269. 

Villeroï  (M.  de).  Lettre  que  lui  écrit 
Catherine,  108.  —  Chargé  de  la 
pacification  du  Languedoc,  286.  — 
Lettre  que  Charles  IX  écrit  à  Dam- 
ville  pour  lui  annoncer  sa  venue, 
286,  note. 


VlLLERS-CoTTERETS,  ig,    20,   21,    a6l, 

2Ô3,  264. 

VlNCEN.NES,     389,      290,       291,      292, 

393,  296,396,  297,  3oo,  3oi, 
3o5,  3o6,  307,  3o8,  3og,  3io. 

Vincennes  (Le  bois  de),  288. 

Virieb  (M.  de) envoyé  auprès  de  M. de 
Gordes,  23 1,  3g5;  — auprès  du 
maréchal  Damville,  332. 

Vitelli  (Chiappin).  Catherine  regrette 
de  n'avoir  pu  le  voir,  67.  —  Lui 
envoie  le  comte  Coconas,  67.  — 
Prié  de  lui  donner  des  nouvelles 
des  Infantes,  67. 

Vitelli  (Fernand),  recommandé  par 
Catherine  au  duc  de  Florence,  i5g. 


Vitrï-le-Frasçois,  264,  265. 

Vllcob.  Catherine  lui  fait  part  des 
difficultés  que  rencontre  l'élévation 
de  Cosme  de  Médicis  au  titre  de 
grand-duc   de   Toscane,    68,    6g. 

—  Remercié  par  elle  des  nou- 
velles qu'il  a  données  sur  les  Turcs, 
les  Polonais  et  les  Tartares,   io4. 

—  Lettre  que  lui  écrit  Charles  IX 
sur  la  maladie  du  duc  de  Bavière  et 
du  roi  de  Pologne,  et  sur  les  troubles 
des  Pays-Bas,  io4.  —  Annonce 
le  premier  l'élection  de  Pologne, 
234.  —  Prévient  Catherine  de  la 
bonne  réception  qu'aura  à  Vienne 
le  duc  d'Anjou,  2.34. 


Walsingham.  Entretien  de  Charles  IX 
avec  lui  au  sujet  de  l'Ecosse,  4 , 
note.  —  Cité,  11.  —  Lettre  que 
lui  écrit  Charles  IX  en  faveur  de 
Marie  Stuart,  11,  note. —  Rend 
compte  à  lord  Burghley  d'un  en- 
tretien qu'il  a  eu  avec  Catherine 
au  sujet  du  projet  de  mariage  de  la 
reine  Elisabeth  avec  le  duc  d'An- 
jou, 36,  note.  —  Sa  réponse, 
36,  note.  —  Sa  lettre  à  lord  Bur- 
ghley, 37,  note.  —  Dément  les 
bruits  qui  courent  sur  la  mauvaise 
volonté  d'Elisabeth  au  sujet  de 
son  mariage  avec  le  duc  d'Anjou, 
55.  —  Ce  qu'il  écrit  de  celui  de 
Marguerite  de  Valois,  59,  note.  — 


w 

Fait  part  à  Burghley  de  son  entre- 
lien avec  Catherine,  72,  note.  — 
Se  plaint  de  l'argent  remis  par  La 
Mothe  aux  secrétaires  du  duc  de 
Norfolk,  72,  note.  —  Justification 
que  Catherine  lui  en  donne,  73, 
note.  —  Engage  Catherine  àse  dés- 
intéresser des  affaires  d'Ecosse ,  73 , 
note.  —  Grief  qu'il  articule  contre 
Marie  Stuart  hostile  à  la  France, 
73 ,  note.  —  Remplacé  provisoire- 
ment par  Killegrew,  81,  82,  83, 
io3,  note.  —  Lettre  de  Coligny 
lui  est  communiquée  par  Catherine, 
136.  —  Eloge  qu'il  fait  de  l'amiral, 
136,  note.  —  Cité,  137,  note.  — 
Son  entretien   avec  Catherine   ra- 


conté par  elle ,  1 8g ,  1  go.  —  Ses  ré- 
ponses aux  observations  de  la  Reine , 
193,  193,  note.  - —  Son  départ 
pour  Londres,  a  il.  —  Itinéraire 
qu'il  suit ,  9 1 1 .  —  Favorable  au  ma- 
riage du  duc  d'Alençon ,  211.  — 
Lettre  que  lui  écrit  ledit  duc,  à  l'oc- 
casion de  son  mariage,  2  53,  Dole. 

Winter  (L'amiral).  Vient  demander  la 
restitution  de  Calais,  47. 

Worcester  (Le  comte  de)  chargé  de 
négocier  le  mariage  du  duc  d'Alen- 
çon, 90.  —  Attendu  en  France, 
1 53.  —  Représente  la  reine  Eli- 
sabeth au  baptême  de  la  fille  de 
Charles  IX,  161,  note.  —  Engage 
Catherine  à  écrire  à  la  reine,  t65. 


Yei  rre  (La  terre  d').  Promise  à  Mauvissière,  2i4. 


Zu'cachio  (Le  lac  )  acquis  par  la  grand'- 
mère  de  Catherine,  1  36. 


Zuleger,    homme    de    confiance    du 
comte  Palatin,  270,  note. 


ERRATA. 


Page  84,  première  colonne,  au  lieu  de  ViOers-Cotteret*;  lisez  :  Duretal 

Pape  lia,  première  colonne,  au  lieu  de  Schamberl;  lisez  :  Schombert. 

Pâte  ,  i7,  note,  au  lieu  de  Rambouillet  remplacé  par  M.  <b  ftr»b.-  lise,  :  fian.6oa.Het,  «ptt*.  &H«.  «*• 

à  Rome  en  mission  temporaire. 
Page  a65,  deuxième  colonne,  un  lieu  de  Paris,  le  xu' jour  dénombre,  lisez  :  P.fry-fa-ftwfo.1 


DC  Catherine  de  Médicis,  consort 

119  of  Henry  II,  King  of  France 

.?         Lettres 
A4 

1880 

t.4 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
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