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V>).V LETTRES
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CATHERINE DE MÉDIGIS
PUBLIEES
•AR M. LE G" RAGUENAULT DE PUGHESSE
MP.MBn. DU co,uT,:: .ES riuvAUX axsxon.of .s ex scentihooes
TOME SIXIÈME
1578-1579
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCCC XGVll
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COLLECTION
DE
DOCUMENTS INEDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
PUBLIES PAR LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Par arrêté du ô juin 1896, le Ministre de l'instruction publique, sur la proposition
de la Section d'histoire et de philologie du Comité des travaux historiques et scientifiques .
a charffé M. Bagienault de Puchesse de continuer la publication des Lettres de Catherine
de Médicis, en remplacement de M. Hector de La Fkrrière, décédé.
M. G. Ser\ois, membre du Comité, a suivi l'impression de cette publication en qualité
de commissaire responsable.
ttfeeFts
LETTRES
DE
CATHERINE DE MÉDICIS
p i: n L 1 K E s
PAR M. LE C^^ RAGUENALLT DE PICHESSE
MEMBRE DU COMITE DES TRAVAUX lIISTOlUni'ES ET SCIENTIFIIIUES.
TOME SIXIÈME
1578-1579
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCGG XGVII
IIS
SOMMAIRE.
»sn^--
Prkface. n
Pages.
Introduction ' ^' î^""'
CoRnESrONDANCE DE (JATIlEItliNE :
Année 1678 1 « 19^
Année 1 679 (janvier à mai) > 99 '' ^^^
Appendice. Pièces justificatives i'^^ ;* ^9''
I.ETTHES DE 1578 ET l579 RETROUVEES PENDANT l'uIPRESSION DE CK VOLUME Il[)^) à 5oi
Itinéiiaire de Catherine de Médicis en 1678 et 1079 yO'> cl t)oG
Table chronologique des lettres contenues dans le sixième volume 507 à 617
Table des personnes à qui sont adrcsse'es les lettres de Catherine de Me'dicis. . 5 19 et 620
Table de l'Appendice et des Pièces justificatives 621 à 523
Table alphabétique et analytique des matières 025 a 563
Errata 5C '4
PREFACE.
• Chargé par M. le Ministre de liiislruction publique, sur la proposition
de la Section d'histoire et de philologie du Comité des travaux historiques et
scientifiques, de continuer la publication des Lettres de Catherine de Mi'dicis,
commencée depuis plus de dix-sept ans par feu M. le comte Hector de la
Ferrière et qui comprend déjà cinq volumes, je n'apporterai que de légères
modifications au plan adopté par mon laborieux prédécesseur.
M. de la Ferrière avait consacré à fhistoire du xvi'' siècle la seconde partie
dune longue existence, qu'il avait vécue presque autant avec les personnages
de la cour des Valois qu'avec ses contemporains. Il avait séjourné dans les
grandes capitales de l'Europe, Saint-Pétersbourg surtout et Londres, pour
y rechercher, avec des missions oflicielles, les documents concernant la France
de cette époque : il en avait rapporté de nombreuses pièces inédites, (jui ve-
naient heureusement compléter les collections manuscrites de la Bibliothèque
nationale et de nos autres dépôts puljlics. Choisi au commencement de 187B
pour mener à bien cette grande lâche, qui une fois déjà avait échoué, il tra-
vailla près de cinq années à la conq)Osition du premier volume, paru seule-
ment en 1880. Entre temps, il publiait sur cette époque, qu'il connaissait si
bien, des livres d'une érudition facile, d'un style alerte et piquant, où les
portraits des principaux personnages ressortaient avec un brillant éclat, non
sans laisser parfois apercevoir des faiblesses que l'auteur ne prétendait [)oint
cacher. Cest ainsi qu'Elisabeth d'Angleterre et ses favoris, Marguerite de
Valois. Henri III, le Béarnais, les complices de la Saint-Barthélémy furent
()ATIIEni\F. DE NftBICIS. VI. A
PRÉFACE,
tour a tour dessinés par sa plume légère. Le second prix Gobert honora, en
1892, l'ensemble de ces travaux.
Quant à la mère du dernier des Valois, il lui consacrait, dans les longues
introductions de chaque volume de Lellrcs, des éludes approfondies qui
étaient destinées à préparer une grande histoire de Catherine de Médicis et
de son temps, dont le plan général était achevé déjà dans son esprit.
Pour continuer et terminer le recueil de sa correspondance, il avait formé'
des dossiers imparfaitement classés , qui resteront la base de notre travail. Il
n'ignorait pas lui-même combien de lettres avaient échappé à ses recherches :
chacun de ses volumes contenait des additions diverses dans lesquelles il est
assez difficile de se reconnaître. Catherine de Médicis a tant écrit qu'on re-
trouvera jusqu'au bout des billets autographes, des lettres missives, ou des
actes publics, comme on disait alors, portant sa signature; et il faudra bien
se résigner à faire, comme pour la correspondance de Henri IV, un volume de
Supplément, dans lequel seront réunis et publiés par ordre de date tous les
documents qui pourront être découverts. Nous en avons déjà en quelques
mois recueilli un grand nombre.
Le tome sixième, qui paraît aujourd'hui, avait été en partie préparé par
le comte de la Perrière, et quelques feuilles étaient déjà imprimées, quand
la mort est venue le surprendre, au mois de mai i8g6, en plein travail et
dans toute une activité intellectuelle que quatre-vingt-cinq ans n'avaient
point ralentie. Mais il manquait l'annotation et la collation des textes, et nous
avons dû revoir chaque lettre, la mettre à sa place, la faire précéder ou
suivre de nombre de pièces ouljliées, identifier autant que possible les noms
de personnes et de beux, dépouiller des recueils entiers du Département des
manuscrits qui n'avaient point été suffisamment explorés.
Commencé avec l'année 1 878 et quelques mois avant le long voyage dans
le midi entrepris par la reine mère pour pacifier les importantes provinces
de Guyenne et Gascogne, de Languedoc, de Provence et de Dauphiné, le
volume n'aurait dû se terminer qu'au retour de Catherine à Paris au mois de
novembre 1679; mais la course était si longue que nous avons été obligés de
nous arrêter à mi-chemin, après les conférences de Nérac et avant les grands
démêlés avec le maréchal de Bellegarde à propos du marquisat de Sabices.
PRÉFACE.
11 est vrai ([ue nous avons cru devoir faire suivre la corres|)ondance propre-
ment dite de la reine d'un Appendice composé presque exclusivement de pièces
inédites, qui nous ont semblé indispensables pour éclairer toute cette his-
toire, étant quelquefois plus curieuses que le texte lui-même qu'elles sont
destinées à-.^ompléter. On y trouvera des lettres de plusieurs grands person-
nages du temps, de Henri 111, du roi de Navarre, du maréchal de Damville
particulièrement, des discours de la reine mère, des instructions signées de
sa main, des observations faites par elle sur les griefs et les doléances que
lui présentaient par écrit les protestants, un journal des délibérations de
Nérac rédigé par le secrétaire de Damville, le procès-verbal des Etats du
Languedoc tenus à Castelnaudary, des pièces justificatives en un mot, qui
aideront singulièrement à comprendre la politique du temps et à juger
de l'activité extraordinaire avec laquelle elle était menée. Les notes et les
tables rapprocheront ces divers documents et permettront de s'y reporter
facilement.
Mais pour réunir ces pièces ainsi que les lettres de la reine elle-même,
disséminées qu'elles étaient dans les archives publiques et privées, il nous a
fallu faire appel à plus d'un érudit et solliciter des secours et des renseigne-
ments, particulièrement dans les lieux mêmes où Catherine de Médicis sé-
journa alors de longs mois, tout entière adonnée aux all'aires du pays. Il nous
est très doux de dire ici que partout nous avons rencontré le plus gracieux
accueil; et la liste serait longue des collaborateurs désintéressés qu'il nous
faudrait remercier. Nous ne saurions pourtant passer sous silence notre vieil
ami, M. Tamizey de Larroque, correspondant de l'Institut, qui connaît si
bien par le menu l'histoire de sa province et dont la science paléographique
est si vaste et si sûre, M. le baron de Ruble, de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, qui par ses grands travaux est vraiment devenu l'historien du
xvi"' siècle, M. J. Roman, le savant commentateur de ÏHistoirc générale de
Languedoc, M. l'abbé Douais et M. labbé Lestrade, M. Massip, bibliothé-
caire de Toulouse, M. E. Roschach, archiviste du Capitole. M. Céleste, biblio-
thécaire de Rordeaux, M. .1. Weiss, conservateur de la bibliothèque de la
Société de l'histoire du Protestantisme français , MM. Deprez, Omont, Auvray, de
la Roncière, de la RibHothèque nationale, dont l'expérience est si obligeante
PREFACE.
et si précieuse, et, à l'étranger, M. le comte Gais de Pierlas, qui a bien voulu
vérifier de nouveau aux archives de Turin les lettres si nombreuses de Cathe-
rine de Médicis qui y sont conservées, en déterminer la date, en relever les
allusions, en découvrir quelquefois les destinataires. Et comment ne join-
(h-ions-nous pas à ces noms celui de M. G. Servois, directeur des Archives na-
lionales, qui a été le plus indulgent et le meilleur des guides, s'imposant
pour nous venir en aide un travail dont nous n'osons mesurer l'étendue! Que
tous veuillent bien ici recevoir l'expression d'une gratitude dont il me sera
(["autant plus difficile de m'acquitter qu'elle s'accroîtra sans doute encore dans
l'avenir.
I>iTR0DlCT10xN.
Les deux oueri'es civiles qui suivirent de si près ravèiiement de Henri III
lireiit peu d'honneur à la royauté. Dans l'indécision du commandement, dans les
concessions excessives faites aux mercenaires étrangers et à leurs alliés les pro-
testant, on ne retrouva point le brillant vainqueur de Jarnac et de Moncontour.
Il sembla que l'aventure de la Pologne avait usé toutes les forces du duc d'Anjou.
La courte prise d'armes, suscitée par les premiers Etats de Blois et le début de la
Ligue, lui poui' le frère révolté du roi, le duc d'Alençon, et pour le prince de
Condé l'occasion de s'assurer des avantages peu jusiiliés. Puis, au mois de sep-
tendire 1.^)77, ledit de Poitiers parut établir les bases d'une paix durable; mais,
comme toujours, cette tentative de conciliation assez raisonnable mécontenta les
deux partis. Le royaume resta en j)roie à une sorte d'anarchie, que des troubles
continuels à peine réprimés augmentaient chaque jour. Dès le i3 novembre, le
maréchal de Damville, gouverneur du Languedoc, sincèrement réconcilié avec la
cour, écrivait à la reine mère :
(T Madame, il m'a semblé nécessaire de vous donner advis de tout ce qui s'est
passé, estans ceux de la religion réformée tousjours en opinion de ne vouloir dé-
sarmer, ni autrement exécuter l'édict qu'ilz ne soient les plus forts aux lieux qu'ilz
tiennent, et faisant courir un bruit que l'on les veult réassaillir au printemps.
C'est pourquoy, Madame, cognoissant ceste malladie commune, j'ay dépesché au
roy de Navarre, par la voye de Tholose, pour le supplier très humblement donner
commissaires, persoimages de qualité, pour l'établissement de la paix en ceste
province, voyant que c'estoit le seul moyen pour y |)arvenir plus tost, selon l'in-
tention de Votre Majesté '. a
Piibliolhèqiie de Toulouse, reff. (h 1 , fol. '11. — Voir p. 465.
•"irHERlSE DE MtDICIS. ïl. U
l«PniM£PlE SATIO^IALE.
„ IINTRODUCTION.
Nul doute que ces avertissements réitérés n'aient contribué à décider ie roi,
Catherine de Médicis et le conseil à tenter un effort. 11 y avait, en effet, grand
besoin de remettre un peu d'ordre dans ladminislration et de redonner quelque
prestige au pouvoir royal. La Guyenne, le Languedoc, la Provence, le Dauphiné
étaient particulièrement troublés. Les gouverneurs suivaient ou méconnaissaient
les ordres du roi selon leur intérêt et leur fantaisie. Les commandants particu-
liers des villes placées sous l'autorité des gouverneurs généraux avaient vis-à-vis
d'eux la même indépendance. Les bourgeois n'obéissaient pas davantage. Au
moindre prétexte, on prenait les armes, on rançonnait les habitants, et on pillait
les recettes publiques. Les comptables fraudaient ouvertement, souvent de conni-
vence avec des supérieurs qui partageaient le profit. Chacun se soupçonnait à
l'envi, d'autant qu'on changeait de parti avec une facihté qui dénotait une sin-
gulière absence de convictions. Les protestants menaçaient leurs chefs de les livrer
au roi, et les catholiques mécontents étaient tout prêts à passer aux huguenots.
Il faut avouer que, quatre ou cinq ans après la Saint-Barthélémy, cette situation
avait de quoi inquiéter celle dont la prétention était de tenir la balance égale
entre les factions.
C'est dans ces circonstances que la reine mère, laissant Henri III seul avec
deux ou trois ministres, se décida à entreprendre un grand voyage dans le midi
de la France. Elle emmenait avec elle les principaux conseillers de la couronne,
le cardinal de Bourbon, La Motlie-Fénelon, ancien ambassadeur en Angleterre;
Saint-Sulpice, ancien ambassadeur en Espagne; Pibrac, qui venait d'être nommé
président du parlement de Paris; Paul de Foix, conseiller d'État, qui avait été
chargé d'importantes missions à Londres, à Venise et à Rome; Jean de Moulue,
frère du maréchal, évêque de Valence, l'heureux négociateur de l'élection de
Pologne; Saint-Gelais Lanssac, son secrétaire de confiance. Le but principal de
cette absence, qui devait forcément être longue, n'avait d'ailleurs rien de caché.
Si on pouvait mettre en avant le prétexte de conduire à Henri de Navarre sa
femme, Marguerite de Valois — après une séparation assez volontaire et qui n'avait
pas été pour les deux époux sans de nombreuses compensations, — la raison véri-
table était la nécessité de pacifier des provinces presque séparées delà monarchie
et dans lesquelles l'édit était si mal observé qu'on se serait cru encoie en pleine
guerre civile.
On doit rendre cette justice à Catherine de Médicis qu'elle fut toujours sincère
sur deux points : son désir de maintenir intactes les croyances catholiques et sa
INTRODUCTION. m
passion de la |iai,\. Qu'elle ait souvent dépassé la limite des concessions raison-
nables, qu'elle ait employé des moyens trop italiens de ruse et de dissimulalioii,
(|u'elle ait eu plus de loi <[ue de scrupule : c'est la réputation consacrée })ar Tliis-
toire; mais la peine ([u'elle se doiniait pour calmer les esprits est vraiment digne
d'éloges. Rien n'est curieux comme de la voir à l'œuvre pendant ces longs mois de
luttes et de tergiversations qui aboutirent aux conl'érences de Nérac. Les lettres
au roi son fds, heureusement conservées tout entières, nous rendent jour par jour
témoins de ses efforts, en même tem])s qu'elles dénotent un travail extraordi-
naire. En dehors de sa correspondance officielle, si nombreuse et dont on retrouve
partout les traces, la reine mère écri\;iità Henri 111 de vrais volumes sur tous les
incidents de son voyage, sur ses actes, sur ses projets. Peu exigeante en fait de
confortable, elle logeait dans des bourgades, où, en dehors des couvents, il
n'y avait pas toujours d'auberge, où elle éprouvait de grandes difficultés à se
nourrir, elle et sa suite, même à trouver une pièce pour donner des audiences
et une chambre sortable pour coucher. Là elle dictait, sans souci de l'élégance ni
de la correclion, avec ce verbiage un peu prolixe qui aurait été plutôt de mise
dans une conversation intime, mais aussi ne prenant pas la peine de dissimuler sa
pensée et ajoutant quelquefois de sa main de petites phrases qui ne manquent
pas de couleur.
I
Deux grandes préoccupations dominent l'esprit de Catherine de Médicis pen-
dant les années 1678 et 1679 : la jiacification définitive de la France et l'avenir
de son fds le duc d'Anjou, ballotté entre ses expéditions mal combinées dans les
Pays-Bas et ses négociations matrimoniales avec la reine d'Angleterre. Autant la
mère désire l'union de son dernier enfant avec Elisabeth Tudor, autant la régente
de France — car elle se considère toujours comme telle — est opposée à l'entre-
prise de Flandres, qui peut la brouiller avec les puissances étrangères et parti-
culièrement avec l'Espagne. Avant de quitter le roi, elle fait un premier voyage h
Alençon pour persuader à son fils de refuser toutes les offres des sujets révoltés de
Philippe II. Elle ne réussit pas dans sa mission, et pourtant elle apportait au
prhice des propositions fort séduisantes. Croirait-on qu'elle alla jus([u'à lui faire
miroiter aux yeux le projet d'un Etat indépendant qu'on constituerait à son profit
dans le midi de la France, qui se composerait du marquisat de Salnces, de l'an-
,v INTRODUGTIOiN.
ciea l'oyaume de Pioveace et du comtat Venaissin, que l'on forcerait le pape à
abandonner?, Et ce n'était p;as là une comliinaison de circonstance. Henri III écri-
vait à la même époque une longue lettre à son ministre favori Mlleroy', dans la-
quelle il lui révélait tout ce plan. Le duc d'Anjou, sembla écouter la proposition
de sa mère : elle le vil à Bouigueil et au Lude, entouré de ses amis; elle se ren-
dit à Ghantilly pour demander au maréchal de Montmorency d'user sur lui de
son influence; elle retourna à Alençon avec sa fille Marguerite, qui avait joué un
rôle important dans la première agression de Flandres; elle essaya de persuader
à tous que c'était folie que de tenter encore une aventure aux Pays-Bas sans
1 appui du roi de France; elle mérita de recevoir les remerciements de Henri 111,
ipii lui écrivait au mois de juillet : cr.le vous asseure que vous m'avez fait service
très agréable d'avoir iaict qu'Us se départent de prendre charge pour aller en
Flandres; car c'est contre -ma volonté que aulcuns de mes sujets y vont-, n
Tous les efl'orts furent inutiles : le duc d'Anjou se laissa arracher quelques
vagues promesses, puis, poussé par ses fidèles, Simier, Bussi, La Cliastre,
n'ayant jamais interrompu ses intrigues avec les Etats généraux, il partit secrète-
ment à la fin de juillet, et il avait déjà passé la frontière quand le roi son frère
apprenait sa résolution. Henri III n'avait plus que la ressource de le faire désa-
vouer partout par ses ambassadeurs, et d'envoyer Bellièvre dans les Flandres
pour détromper sur place ceux qui auraient pu croire qu'au fond la France n'était
pas fâchée de susciter des difficultés au roi d'Espagne.
Mais, par une singulière inconséquence, tandis que Catherine blâmait si ouver-
tement son fils, elle ne cessait de lui venir en aide pour les négociations de son
mariage avec la reine d'Angleterre, qu'on menait de front. 11 n'y avait pas de
démonstration de tendresse que la reine mère ne fit à Elisabeth, presque aussi
vieille qu'elle-même, pour la décider à devenir sa belle-fdle. Elle la suppliait dans
ses lettres de atout abréger et liastem (car il n'y a eu que retrop d'occasions
jusques à cette heure qui ont tiré les choses en longueurs), afin qu'elle ait,
r avant de mourir, une félicité et un contentement qui seront des plus grands de
sa vie 15. Elle désire tant d'avoir et ce bien et cet honneur, que tous les jours lui
seront bais jusques à ce qu'elle voie celui qui fera content et limneux Monsieur le
duc d'Anjou^. Puis, s'avançant plus encore, elle demande en terminant à Elisa-
' Voir Pièces jmtijicnlives . u° II, p. 386.
' Bibliothèque nationnlo, 1'. IV. 334 1, fol. Gi.
INTRODUCTION. v
beth do l'appeler riiia bonne lille. au lieu de sœum, et de lui permettre d'espérer
d'avoir d'elle proniptement et un beau Gis a. Bien souvent, durant son long voyajje,
elle reviendra sur cette préoccupation, donnant des conseils à son fils sur la niii-
nière de prendre au mot une femme aussi hésitante et aussi fantasque, et regret-
tant de ne pouvoir aller elle-même en Angleterre, où, avec quelques-unes de ces
flatleries auxquelles Elisabeth était fort sensible, elle enlèverait la décision.
Entre temps, elle avait dû, en etl'et, partir pour sa tournée politique dans ce
midi qui était loin d'èlre tranquille, et où la résistance des protestants de Beau-
caire menaçait de créer de nouvelles et graves dilficultés. Elle avait quitté la cour
le 9. août à Ollain ville, cette jolie résidence tout près de Paris, achetée par
Henri III pour sa femme et où il passait chaque année de longs mois. Sans s'ar-
rêter ailleurs qu'à Cognac, où le prince de Condé se garda bien de venir la saluer,
elle arriva à Bordeaux le 18 septembre, où elle fut reçue avec grande ])ompe
par le corps de ville. C'est le maréchal de Biron, en sa qualité de gouverneur de
la province, qui avait préparé l'entrée solennelle. Ce personnage, qui devait jouer
un rôle iuqjortant dans les événements, a\ait été envoyé en Guyenne depuis une
année à peine, et sa situation était délicate, car, ayant tous les pouvoirs, il ne les
exerçait qu'en a l'absence du roi de Navarre n, titulaire de ce grand gouvernemeni,
si peu absent de la pi-ovince qu'il ne cessait d'y résider, soit à Auch, soit à Mon-
tauban, soit à Nérac, mais en disgrâce et suspect à la cour, à cause de ses rap-
ports avec les protestants dont il s'était déclaré le chef. Il eut été besoin de
beaucoup de souplesse et de modération poui' se tirer d'une tâche aussi délicate;
or ces (pialités manquaient absolument au maréchal. C'était un brave soldat,
fougueux catholique, toujours disposé aux répressions violentes, d'un caractère
difficile, tiès soupçonneux, et jaloux d'une autorité qu'il aurait fallu faire accepter
au lieu de l'imposer. Le roi de Navarre le détestait d'autant plus qu'il se croyait en
droit de réclamer sa place. La reine mère le ménageait sans l'aimer. Elle écrivait
même que les choses allaient assez mal dans la capitale de la province, qu'elle
avait dû y pourvoir, faire une admonestation publicjue au parlement de Bor-
deaux, abolir des confréries qui entretenaient inutilement le fanatisme populaire,
nommer des intendants et des capitaines pour organiser l'administration et la
défense.
Elle en partit au bout d'une dizaine de jours, ayant vainement attendu Henri de
Bourbon, cpii, malgré le désir sincère qu'il avait de revoir sa femme et sa belle-
mère, n'avait pas voulu venir s'exposeï- à quehpie surprise dans une ville où peu
„ INTRODUCTION.
de temjïs auparavant il avait été fort mal reçu. Catherine lui écrivit par Pibrac
pour le rassurer, et il promit de venir trouver ctles reines ti entre Saint-Macaire et la
Réole, dans une maison qu'on avait disposée pour l'entrevue. Cette première ren-
contre eut lieu le 2 octobre 1678, avec une certaine solennité. Le roi de Navarre
avait battu le rappel pai-mi ses partisans pour se constituer une escorte impo-
sante; et, de son côté, la reine mère s'était fait entourer par ioute sa suite. On
verra comment elle raconte elle-même à Henri III ses impressions, dans ce style
embarrassé, mais parfois imagé, qui se retrouve dans ses lettres autographes et
même dans quelques passages des dépêches qu'elle se contentait de dictera
Les propos portèrent naturellement sur les moyens à employer pour aider à la
pacification de la province. Non moins conciliant que la reine mère, le Béarnais
se prêta à tout : il ne récrimina que dans la mesure nécessaire à un chef de parti
qui a peur de mécontenter ses amis, sauf sur l'attitude à son égard du maréchal
de Biron, dont il se plaignit amèrement. On voulait lui ménager une entrevue
avec le gouverneur de la Guyeime : il n'y consentit que sur les instances de sa
femme, qui semble avoir dès ce premier jour, comme dans la suite des négocia-
tions, exercé sur lui la meilleure inQuence. Puis on convint de choisir dans chaque
comté, ou dans chaque ville, des commissaires spéciaux qui, tant au nom du roi
que des protestants, seraient chargés de commenter et de faire exécuter i'édit.
On leur donna des pouvoirs, que l'on accompagna d'une instruction, le tout signé
de la reine mère et du roi de Navarre. Les pièces — les cr articles n, comme on
disait — furent préparées par les membres du conseil qui accompagnaient Cathe-
rine de Médicis, MM. de Saint-Sulpice, d'Escars, de La Mothe-Fénelon, de Pi-
brac, de Foix et l'évêque de Valence, et, du côté protestant, MM. de Turenne,
Gratin, le frère de Pibrac, Montguyon, Quitry, Lésignan et Ségur-Pardaillan.
(Juant aux commissaires, ils furent choisis parmi les principaux personnages de la
région; et leurs noms sont encore aujourd'hui presque célèbres. C'étaient, pour le
roi, Villemur, seigneur de Pailhès; Cornusson, sénéchal de Toulouse; le seigneur
de la Croisefte; MM. de Mirepoix et de Rieux; et, pour le roi de Navarre, les
sieurs de Soulé, de Montbartier, de la Case, de Gremian. Joyeuse, le père du
fameux favori de Henri III, était chargé de surveiller et d'activer toutes ces dis-
positions.
L'affaire arrangée, la reine mère partit pour Sainte-Bazeille, où devait venir le
■ Voir, p. /iG, la lettre du a octobre iSyS.
INTIIODUGTIOIN. ' vii
maréclial de Biroii. La reiicuiilre, bien qn'ayaiil lieu ilaiis la ciiainbre mèiiic de
la reine, lui loin d'èlre cui-diale, K; loi de Navarre ayaid parlé aysez brusquement,
el Biron, selon sa coutume, s'étant rorleinenl nn's en colère. trJe vous assure,
monsieur mon fds, écrit Catherine le 9 octobre, que je fus en peine comment je
rabillerois le tout. Mais les bons oflîces de^votre sœur et de mon cousin le cardinal
de Bourbon lurent cause de les accorder tellement quellement; et j'espère qu'en
continuant, comme nous ferons, ils se remettront du tout au bon ménage que je
désire ])our le bien de votre service, n
La reine mère, assez satisfaite des premiers résultats obtenus, poursuivit son
voyage parMarmande, Tonneins, Port-Sainte-Marie, tandis que le roi de Navarre
rejoignait tout près de là ses amis huguenots. Le 1 1 octobre, elle faisait son entrée
dans Agen,la seconde ville de la province après Bordeaux, où une députation du
Parlement de Toulouse l'attendait pour lui présenter ses hommages. Le lendemain,
les consuls offraient à Marguerite de Valois une réception extraordinaire, avec des
fêtes et réjouissances sans nombre qui avaient été préparées par le maréchal de
Biron. Aussi, avant de quitter la ville, Catherine tint à faire assembler dans la
grande salle de l'évôché, où elle logeait, toute la noblesse catholique de Guyenne:
dans un long discours, qui nous a été conservé', elle leur explifjua le but de ses
efforts et les raisons nombreuses qui militaient en faveur de la tolérance et de la
réconciliation sincère avec ceux que les dissensions religieuses faisaient à tort re-
garder comme des ennemis, a Cela, dit-elle, me donne beaucoup de travail; car
quand je pense avoir fait d'un côté, je trouve que je suis tracassée par des difli-
cultés imaginaires et sans raison, et que toutefois je ne puis vaincre qu'avec beau-
coup de patience et divers comportements envers les uns et les autres, et prin-
cipalement envers ceux qui vous sont et à moi les plus obligés-, t
En partant d'Agen, elle revit près de Valence le roi de Navarre, avec le(jnel elle
continua à bien s'entendre, et qui lui avoua ([ue son partisari, le capitaine Merle,
était et un larromi, dont il n'hésiterait pas à arrêter les brigandages; puis elle poui--
suivit par Castel-Sarrasin pour aller à Toulouse. Là elle devait rencontrer pour
la première fois le maréchal de Damvilie, avec lequel elle entretenait une corres-
pondance constante, mais au milieu de défiances réciproques que ne justifiaient
que trop et les velléités de révolte du puissant gouverneur du Languedoc et les
' Voir à ï Appendice, n° XI, p. 358.
' Lettre de ia reine mère îi Henri III, du i5 octobre lôyS.
v„, INTRODUCTION.
représailles que la cour avait essayé d'exercer contre lui. Ce tils du connétable,
frère du duc de Montmorency, s'était fait dans le midi de la France une sorte de vice-
royauté indépendante, ménageant les huguenots, restant catholique, préoccupé
avant tout de ses intérêts particuliers, plein de déférence apparente pour les ordres
du roi ou de sa mère, mais en réalité très décidé à agir comme il l'entendrait
et à ne se laisser dépouiller d'aucune de ses prérogatives. Tandis que les lettre?
que lui adresse Catherine se rencontrent en originaux dans les recueils de la Bi-
bliothèque nationale, les réponses qu'il faisait sont en copies parmi les collections
manuscrites de la bibliothèque de Toulouse, si bien (jue nous jiouvons avoir sous
les yeux toutes les pièces du procès. La diplomatie cauteleuse de Catherine n'a
d'égale que la finesse un peu plus brève du maréchal. Mais il faut reconnaître que
c'est la Florentine qui gagne du terrain et que, très inquiète à son arrivée de l'at-
titude que prendra le hautain grand seigneur, elle finit après quelques semaines
par s'en faire un serviteur fidèle et presque un docile auxiliaire.
Tout d'abord il se met en frais pour recevoir dans sa grande capitale la mère et
la sœur de son roi. L'entrée officielle des deux reines à Toulouse se fitle dimanche
s 8 octobre. Avec le plus bel appareil, Damville vint au-devant d'elles, accom])a-
gné de son lieutenant général, le vicomte de Joyeuse, d'une brillante escorte de
seigneurs, de magistrats, de bourgeois de la ville. Une procession solennelle eut
lieu également, avec tout l'éclat que le soleil donne à ces fêtes, et on y vit figurer
tous les grands personnages qui suivaient la reine mère : le duc et la duchesse de
Montpensier et leur fils le prince Dauphin; la ])rincesse douairière de Condé avec
ses deux fils, le comte de Soissons et le marquis de Conti; le maréchal de Biron,
Lahssac, d'Escai's, Pibrac et les autres chevaliers de l'ordre. L'accueil de la po-
pulation fut enthousiaste. Les reines logeaient à l'archevêché. Damville, pour
sceller sa réconciliation, oifrit aux princesses une fête magnifique. Et Catherine
se borne à écrire modestement à son fils, au milieu d'une dépèche : rr Je ne veux
oublier de vous avertir que le maréchal est, à ce que j'ai entendu, si content du
bon accueil que je lui ai fait, qu'il est résolu à faire tout ce que je voudrai et
qu'il pourra pour le bien de votre sei'vice, dont je suis très aise.-n
Il avait été convenu, après les entrevues de la Réole, que l'on tiendrait à
risle-Jourdain une assemblée mixte, dans laquelle les protestants pourraient
exposer leurs griefs, sorte de colloque de Poissy, moins dogmatique et plus poli-
tique, convenant bien aux vues de la reine mère : elle voulait conférer avec le
roi de Navarre de la mise ;\ exécution de ce projet; mais son gendre, s'étant trouvé
INTRODUCTION. n
malade riViui riiroiiele à la fesse, pour lequel il gardait le lit-), lui a\ail envoyé
son fidèle lieutenant Turenne. Le vicomte, neveu par sa mère des Montmorencv,
ayant passé toute sa jeunesse à la cour do Charles IX , s'était un peu tardivement
converti au protestantisme, moins par conviction religieuse que pour se faire dans
le midi, où étaient ses possessions héréditaires, une situai ion prépondérante. Et
de fait, il était, après le roi de Navarre, dont il resta longtemps le dévoué com-
pagnon, le vrai chef du parti. II avait même sur les ministres huguenots plus d'in-
fluence que le Béarnais : non qu'il fiit beancoiq) plus rigide de mœurs, mais on
ne pouvait suspecter son indépendance vis-à-vis de la cour, et il n'était pas beau-
frère du roi. Ses conversations avec Catherine de Médicis sont fort piquantes :
elles se trouvent presque aussi longuement rajiportées dans l'histoire de sa vie par
Marsollier, — suite et commentaires de ses Mémoires, — que dans la correspon-
dance officielle de la reine mère; seulement, si le chanoine, médiocre écrivain
du wni"^ siècle, insiste plus vivement sur les plaintes des religionnaires et la pré-
tendue violation des sûretés que les édits leur avaient accordées, en revanche il
passe sous silence les reproches que la reine mère adressait justement à Turenne
et à ses amis sur leur alliance avec les prhices protestants d'Allemagne et leurs
incessants appels au tt Casimir n, comme on disait d'ordinaire, cet avide condottiere
bavarois, qui, en amenant cliez nous des bandes mercenaires, avait deux ans
auparavant causé tant de maux dans l'est et dans le centre de la France.
Henri de Bourbon cherchant toujours des prétextes pour ne pas venir, les dis-
cussions se prolongèrent à Toulouse. Catherine n'en partit que le 5 novembre
pour aller à quelques lieues seulement, à l'Isle-Jourdain, en Armagnac, non sans
s'être arrêtée pour coucher à Pibrac, où le poète des Qualrains, chancelier de la
r^ine de Navarre, la reçut splendidement. Elle demeura quinze jours à l'Isle-Jour-
dain, assez mal installée sans doute; et il fallait vraiment n'être pas diflicile pour
s'y loger avec toute une suite, sans parler de l'escadron volant de jeunes filles et
de dames d'honneur qui ne l'abandonnait jamais et secondait, dit-on, sa politique
conciliante. Puis, elle se rendit à Auch, où les consuls avaient jtréparé pour les
princesses la plus splendide réception. C'est le jeudi 20 novembre que la reine
mère y fit son entrée, avec harangues, processions, Te Deum dans l'église Sainte-
Marie. Sa fille Marguerite vint la retrouver le lendemain. Le roi de Navarre ar-
riva le samedi, s'installant au château arcliiépiscopalel se faisant traiter en maître
et souverain. Le séjour de cette vraie coui' à Auch fut mar(|ué par des fêtes perpé-
tuelles, l'entourage de Catherine, dit Sully, ne s'occupant d'autre chose que de
CUHERINE DE MÉDICIS. VI. ,.
Itll-IIIULKll; SATIOSâLE.
s INTRODUCTION.
et rire, danser et courir la bague, ii Mais, dès les premiers jours, un grave incident
lailiit compromettre entièrement tous les résultats que la reine mère poursuivait
par ses patientes et habiles négociations. Un soir, pendant un bal , le roi de Na-
varre apj)rit secrètement que les catholicjues venaient de s'emparer par surprise
de la Réolc, qui était une des places de si^ireté accordées aux protestants par le
dernier éditde pacilication. Aussitôt, il quitte la fête, emmenant avec lui quelques
amis seulement, monte à cheval, et va prendre possession par les armes de la
petite ville de Fleurance qui appartenait au roi, puis revient tranquillement à
Audi retrouver la cour. Ce hardi coup de main, qui a excité l'enthousiasme des
historiens huguenots, eut lieu dans la nuit du 92 au 28 novembre lô^S. La
reine mère en fut un instant atterrée; elle essaya de désavouer ses gens de la
Réole, qui avaient eu le tort de comaiencer. Mais on était mal informé sur les
incidents qui s'étaient passés là : de part et d'autre les récriminations étaient fa-
ciles; on ne s'en fit pas faute, et pendant de longs jours on ne parla pas d'autre
chose, à en juger par les lettres de Catherine, qui sont sur ce sujet d'une pro-
lixité extraordinaire. Elles peuvent cependant servir à éclairer un petit point de
l'histoire que beaucoup d'écrivains, et d'Aubigné en particulier, avaient entière-
ment obscurci. On accusait un vieux gentilhomme huguenot, d'Ussac, d'avoir
trahi son parti pour se venger des quolibets dont le roi de Navarre et le vicomte
de Turenne l'avaient accablé à l'occasion d'une passion malheureuse qui lui était
venue au cœur pour une des plus jolies filles de la reine mère, M"*^^ d'Atri. Les
documents démontrent que l'anecdote est absolument cuntrouvée; et la meilleure
et plus courte preuve, c'est que, six mois plus tard, quand tout semble concilié
entre les partis, c'est d'Ussac que Catherine de Médicis et le roi de Navarre choi-
siront d'un commun accord comme gouverneur de la Réole, étant par sa modé-
ration et sa loyauté l'homme le plus propre à y reuiettre la paix entre protestants
et catholiques.
Quoi qu'il en soit, les défiances étaient de nouveau excitées de part et d'autre,
les chances de réunir la conférence s'éloignant tous les jours. Et pourtant, Cathe-
rine — c'était là sa grande force — ne se rebutait jamais. Quatre jours après
l'événement, elle écrivait au maréchal de Damville : fcCe qui est advenu à la
Réole est, grâce à Dieu, fort aisé à raccommoder, y ayant soudain envoyé mon
cousin le maréchal de Biron, qui saura bien pourvoir au contentement des catho-
liques et de ceux de la religion prétendue réformée, et nous ne cesserons de con-
tinuer, mon fils le roi de Navarre et moi, à nous rassembler et à faire une bonne
INTRODUCTION. . x,
et promj3te résolution pour le ferme' établissement de la paix^n Et le surlen-
demain, 3o novembre, elle ajoutait : ff>ious nous sommes assemblés à Gigun,
mon fils le roi de Navarre et moi, où nous avons résolu, avec l'avis de mon cousin
le cardinal de Bourbon, le prince Daupbin et les autres du conseil privé du Roi
qui sont près de moi, que nous ferons notre conférence le lodn mois procbain, à
Nérac, où l'on m'a assurée que les députés de la religion prétendue réformée
seront tous, sans plus user de remise ou retardement'-. •»
Il est certain {jue, le U décembre, la reine mère avait signé A Auch, avec
Henri de Bourbon, un racte public -i qui stipulait la reddition de la Réole au
parti protestant, et la promesse de leur part de rendre simultanément Fleurance.
Mais cet heureux accord ne terminait pas toutes les diflicultés, et surtout ne dé-
cidait pas les ministres et les députés huguenots à se rendre à l'appel de Cathe-
rine, De plus, le roi de Navarre n'était pas tout à fait étranger aux atermoiements
perpétuels dont se plaignait avec raison la reine mère. Sa situation était des plus
délicates : roi sans royaume, resserré dans un coin de la Guyenne dont il n'était
gouverneur que de nom, il se trouvait fort tiraillé entre ses amis catholiques, les
moins nombreux, et ses partisans protestants, qui le poussaient à la résistance et
ne jugeaient jamais suffisantes les concessions qu'on leur faisait. Ti-ès désireux de
la paix et la regardant comme nécessaire à la France, avec ce bon sens naturel
qui a été pour lui aussi précieux tpie sa brillante valeur, il était entouré' de gen-
tilshommes, qu'il ne pouvait entretenir aussi largement qu'il aurait voulu, et (uii
n'avaient d'autres ressources pour vivre que la guerre. Un peu suspect aux mi-
nistres, qui ne pouvaient avoir dans sa foi huguenote une confiance très complète,
il était moins maître de son parti qu'un adepte récent comme le vicomte de Tu-
renne, et il était obligé de subir des compromissions avec de vrais brigands qui
s'étaient fait de la religion nouvelle un instrument de pillage et un moyen d'im-
punité. Ajoutez à cela un respect pour la reine mère qui était très mêlé de dé-
fiance; et on s'expliquera les retards d'une négociation que Catherine menait seule
de son côté, tandis ijue de l'auti'e elle ne trouvait personne à qui parler, obh'oée
de multiplier ses eiïortsprès de chefs qui ne savaient ou ne voulaient pas se faire
obéir de leurs amis.
Evidemment, il piit été plus simple pour Hein'i de Bourbon de se faire catlio-
Voii-, p. i36, la lettre du aG novembre 1078.
Voir. p. 1.S9, la lettre du 3o novembre 1578.
s„ INTRODUCTION.
Ii((iit', luciiif ci'tle si'cuiidc ou troisième conversion lui eùl moins <'OÙlé à cette
éno(nie iiiic (|iii]ize ;uis plus lard; mais la succession au Irone n'était jias ouverte
alors : il se contenta de laisser sa iennne. la sœur des derniers ^alois. pratiquer
lilii'enieui la vieille relijjion, rései'vant poui' lui ra\cnii\
Après (Hielcpies jours passés à Condom, toujoiiis à discuter et à atermoyer, la
reine mère se rendait à Nérac, où elle faisait son entrée, avec Mar<;iierile. sa
lilli'. le i3 décendjre. Nérac était l'une des principales villes dépendant de la
souveraineté du loi de Navarre : il tinl à liouiieur d \ recevoir avec nui;niilicence
sa lenune et sa belle-mère. r-Mon lils le roi de Navarre. trè> hien accompagné,
écril (laliierine à Henri 111. a l'ait t'aii'e tout ce (piil a jm de bon accueil et de
l)oniii' clière envers nous et ceux de notre suite, montrant iidiniment d'aise i\ur
nous sovons venus ici si IVancliement '. •• Mais elle ajoutait aussitôt : '•11 s y
connaît déjà bien <pn! aucuns de sa religion, principalement ceux qui sont autoui-
de lui. veulent eiicor(^ prolonger notre conl'érence. n En ell'et. ils alléguaient tou-
jours, el la surprise de la liéole, et une autre alVaire survenue à Lauzerle, et
des troubles à i*éiigueu\. pour prouver (pie les di'qiuté's ne pouvaient pas avec
sécurilé se mettre en roule. Les membres du conseil privé av;iient beau conférer
avec les amis du roi de Navarre. Turenne. Cliauinont-( hiilr\ . Lésignan, Gratin :
on s'amusait beaucoup à la petite cour de Nérac. mais b's alfaires n avançaient pas.
A la fin de décembre, Catberine partit avec sa lille pour aller s installer dans la
jolie ville de Port-Saiule-Marie. sur la Garonne. Elle v passa de longs jours d'at-
tente. j)endant lesquels elle faillit dix fois perdre patience. La reine mère était
logée dans une c(''lèlire aldjave tout proclie de la ville, le Paravis, apjielée com-
muiié'inent. jiar ini jeu de mois ordinaire au |>euple et cette lois bien naturel.
"le Paradis". Elle deiueina dans ce lieu six semaines entières, et bien ([ue le
commerce y ait toujours été assez important, on ne voit pas trop ([uelles res-
sources elle V pouvait trouver avec sa nombreuse suite. Ginquante lettres ont été
écrites de ce lieu, sans compter celles qui ont été perdues. Cbaque jour Gatberine
recevait le roi de Navarre, Turenne. les députés protestants. Les négociations
continuaient sans cesse, les catholiques, représentés par le marécbal de Biron
el le vicnmie de Dui'as. son lieulenant. ne se monirant pas plus disposés que
les huguenots a cédei' sur aucun point. Où se tiendrait cette malheureuse conlé-
reiice? Les (b'piilés de la lîeligion commençaient bien à arriver, munis de leurs
' - \u l!i)i Miiii<i;'ui' MKiii lilsr. (lu 11) (li''Cc'iiilii-e 107S. p. l--}..
INTRODUCTION. xm
pouvoirs et porteurs de longues listes de griefs; mais ils soupçonnaient quelques
pièges de la cour et craignaient toujours une nouvelle Saint-Barthélémy.
Irait-on à Montauban. à (lastel-Sarrasin, parce que là il y avait deux villes, dont
chaque parti aurait l'ait sa citadelle; ou bien les séances se tiendraient-elles
dans une abbaye entre Nérac et Port-Sainte-Marie, terrain neutre, ([u'on nabor-
derait ({u'avec beaucoup de précautions, en gardant les allées et venues de loute
surprise?
Le roi de Navarre cherchait à louvoyer entre ses fougueux et méfiants hugue-
nots, dont il ne partageait pas les craintes, et Catherine de Médicis, qu'au fond
il aimait fort peu, redoutant en outre de subir trop ouvertement son influence,
tout en approuvant au fond ses idées. Aussi s'abstint-il de paraître lors de la
première entrevue avec les délégués protestants. La reine mère raconte à
Henri III, dans sa lettre du 16 janvier 1579, que crson fds le roi de Navarre n ne
la rejoindra que dans quelques jours à Port-Sainte-Marie a ne voulant être ici le
premier coup que je verrai les députés t); et elle ajoute que, pour dégager sa res-
ponsabilité, ce même tcfilsn a bien eu soin de les prévenir rr qu'ils se prépa-
rassent hardiment, et qu'elle les rendroit petits comme cirons. n Ce qui compli-
quait encore les choses, c'était l'animosilé qui éclatait à cha(pie occasion entre
le roi de Navarre et le maréchal de Biron. Le gouverneur de Guyenne, constam-
ment en gai-de contre le désordre et l'hérésie, qu'on ménageait beaucoup trop à
son gré, étranger à toute finesse, doutait de la bonne foi des huguenots, même
de celle de Henri de Bourbon. Lue scène violente éclata encore entre eux le
a 7 janvier, dans la propre chambre de la reine mère, qui dut intervenir pour les
calmer tous les deux.
Enfin Catherine avait eu gain de cause : le 3 février, elle était retournée à
Nérac, où les conférences s'étaient ouvertes, grâce à l'influence de Turenne, qui
s'était prononcé nettement cette fois dans le sens de la conciliation.
II
Tous nos grands historiens se sont très peu occupés de l'assemblée de Nérac :
de Thou, (|ui néglige volontiers les controverses protestantes, consacre à l'évé-
nement, dans sa grande histoire du \\f siècle, à peine une dizaine de lignes;
d'Aubigné, plus prolixe, confond la conférence de Montauban, qu'il place à la fin
j,y IiMRODUGTION.
du printemps de 1078 et qui n'eut qu'une très médiocre importances avec la
réunion de Nérac du mois de février iByg. 11 dit que la reine mère essaya de
séduire les gentilshommes de province, trqui n'avoyent pas de place de seuretén,
en leur w découplant une harangue curieusement élabourée par Pibrac, auquel
on avoit recommandé l'éloquence miraculeuse de Pologne n. Il ajoute que de son
côté Catherine «avoit appris par cœur plusieurs locutions qu'elle appeloit consis-
toriales : comme d'approuver le conseil de Gamaliel, dire que les pieds sont beaux de
ceux qui portent la paix, appeler le roi Foinct du Seigneur, l'image du Dieu vivant,
s'écrier souvent : Dieu soit juge entre vous et nous; j'atteste l'Eternel devant Dieu et les
anges! Tout ce stile, qu'ils appeloient entre les dames le langage de Canaan, s'es-
tudioit le soir au coucher de h roine; et, non sans rire, la bouffonne x4tri prési-
dente à cette leçon - n.
Le morceau peut être spirituel; il lui manque, comme souvent chez d'Aubigiié,
l'exactitude, voire la vraisemblance. Il est même curieux d'observer que la tirade
n'est point à sa place, dans un chapitre différent de celui qui traite du voyage de
Guyenne et après le récit du duel de Turenne et de Duras, tandis que les confé-
rences de la reine mère avec les ministres protestants ont précédé la fameuse ren-
contre sur le pré du pont d'Agen, qui faillit remettre en question les accords
signés depuis trois semaines.
Le P. Daniel néglige absolument l'événement. Et, chez les contemporains,
c'est à peine si Henri Martin consacre quelques lignes au voyage de la reine dans
le midi; et encore non sans erreurs ^ Ainsi, il dit que le roi de Navarre «ne
montra pas beaucoup d'empressement à recevoir une femme dont la galanterie
avait jeté du l'idicule sur son nom 15. C'est le contraire que nous voyons dans les
documents. Et la fameuse lettre de Henri HI à son beau-frère sur Tinconduite de
sa sœur est fort postérieure. Il dit encore, sur la foi des écrivains protestants,
que Catherine, faisant peur à son gendre des rr entreprises des Guisardsn, et lui
donnant à espérer la succession de ses fils, — dont deux vivaient encore, — «s'ef-
força de ramener le roi de Navarre au catholicisme r. Il fut si peu question de
conversion dans toutes leurs négociations, que la reine mère traita sans cesse
avec Henri comme avec le chef des protestants. Les leçons de «la bouffonne
Atrin, sur la façon de «parodier le langage biblique n, sont aussi une sim])le iu-
' Mémoires de Bouillon, p. a43 do IVdit. île 16GI).
" Hisioirc universelle, édit. delà Sociélé île l'histoire de France, l. V, p. 369-363.
■' T. IX, p. -483 et 485.
INTRODUCTION. xv
vention, prise, coiiiiuc iiout; venons de le voir, dans d'Aubigiié. Et enfin, les ar-
ticles de Nérac, signés le 28 février, ne lurent pas tenus secrets. Tout le monde
les connaissait, et on les envoya aussitôt à Paris pour les soumettre au roi, qui
lès ralifia quinze jours plus tard ofîiciellemeut. LHistoire (rénévale toute récente
de MM. Lavisse et Rambaud ne parle ni de ledit de Poitiers, ni du voyage de la
reine mère en Guyenne et en Languedoc, ni partant de ses négociations avec
les huguenots. Il y avait là pourtant une question intéressante à étudier : c'était
la première fois que les deux religions se trouvaient en présence, avec la pré-
tention de traiter d'égale à égale, ne s'occupant pas du dogme, qui pour les mi-
nistres ne semble pas même être en cause, mais réclamant surtout des garanties
d.' liberté, ou plutôt des moyens de défense, des places de sûreté, des soldats et
d(; l'argent. La reine mère discutait de son mieux; elle marchandait en bonne
Florentine, elle réduisait le nombre des villes, la somme à donner, le temps que
durerait l'occupation; elle s'en tenait fermement aux bases, qu'elle croyait solides,
de l'édit du 17 septembre 1.^)77. Elle liiiil ainsi par ranger le roi de Navarre de
son côté; elle ne céda que dans la mesure nécessaire pour avoir la paix. Finale-
ment elle fit, un peu contrainte, ce que Henri IV fera plus tard de son plein gré,
en promulguant l'édit de Nantes.
Nous avons cependant sur cet intéressant épisode de nos discussions religieuses
des sources d'informations fort importantes. Ce sont d'abord les ctremonslraiicesn
des ministres huguenots, telles qu'elles ont été communiquées à la reine mère,
avec la réponse qu'elle y fit; c'est la correspondance de Catherine, qui raconte à
son fils par le menu toutes ses négociations et résume chaque discussion de l'as-
semblée; c'est le journal manuscrit du secrétaire du maréchal de Damville, assez
naïvement écrit, mais qui semble sur les moindres faits d'une scrupuleuse exacti-
tude; c'est enfin un autre a discours de ce qui s'est passé à la conférence de Nérac -n,
sorte de commentaire ou de défense des décisions prises par la reine mère sur
chacun des articles '.
Catherine était arrivée à Nérac le mardi 3 février; le mercredi, les députés se
présentèrent et commencèrent «à entrer en discours n; le jeudi, ils donnèrent
«leurs cayezu. Ces cahiers de remonstrances avaient la prétention de régler à leur
profit toutes les questions pendantes, et il n'y a pas lieu de s'étonner si la reine
' Tous ces (locuiiieuls se Irouveroiit aux Pièces pisiifcaiives (Appendice, n" XXVI, XXVIII, XXIX et
XXXVI) et dans les lettres de la reine ellc-mémc.
XVI INTRODUCTION.
trouva leurs propositious excessives et dépassant sur beaucoup de points le mandat
qu'on leur avait donné. Ainsi, ils demandaient que l'exercice de la religion fiit
établi par toute la France et dans chaque bailliage; ils exigeaient que le gouver-
nement de la Picardie fût rendu au prince de Condé, et celui de la Guyenne au
roi de Navarre ; que la justice fût partout rr my-partie v ; que tous les excès , pillages ,
crimes commis par les protestants fussent pardonnes et garantis contre toute pour-
suite; que les rebelles ne puissent être contraints de rendre aucune des villes
qu'ils occupaient; que leurs propres garnisons soient payées et entretenues aux
dépens du roi.
Scorbiac ou Escorbiac, de Montauban, est l'orateur du parti protestant. La
reine le trouve souvent modéré et toujours convenable. Elle lui fait répondre par
les gens de son conseil, par le séduisant prélat Paul de Foix, par l'ancien ambas-
sadeur Saint-Sulpice, par Pibrac, qui semble avoir joué surtout le rôle de média-
teur, par le cardinal de Bourbon lui-même, qui, en dépit de ses médiocres
moyens, est parfois bien inspiré et, s'entcndant un jour reprocher de gêner
«l'exercice de la religiom^ dans son diocèse, se souvient qu'il est l'archevêque du
Havre et réplique vertement au ministre La])lace trque les catholiques de Rouen
sont gens de bien et qu'ils nont pas mis les Anglois en France, tt II arrive que la
reine, découragée, veut se retirer à l'abbaye du Paravis près de Port-Sainte-
Marie; d'autre part, c'est le vicomte de Turenne et Chaumont-Quitry qui, n'ayant
pas confiance dans les promesses de la cour, s'éloignent, r disant toujours que
cela n'étoit point suffisant pour garder qu'on ne les tuast, comme on a fait par
cy-devant'.T)
Parfois les arguments em])loyés étaient assez singuliers, comme la réponse que
fit le futur archevêque de Toulouse, M. de Foix, aux ministres protestants qui,
déplaçant un peu le débat, voulaient obtenir la liberté de prêcher de l'autre
côté de la Loire : cril fust longuement débattu et remonstré par M. de Foix que
le bon médecin n'ordonne point selon le goût et pour plaire au malade, mais
plutôt ce qu'il cognoit lui estre nécessaire pour sa santé; que le roy et la royne
estoient les médecins desdicts de la religion estans malades, ausquels permettant
l'exercice de la Loire, seroit leur ordonner à leur appétit, non pour leur santé ^.n
La reine elle-même donne souvent de sa personne, non sans verve et sans
I^ellre de la reiae mère au roi du i3 février iSyç), p. 2G1.
Juurnal du secrétaire du maréchal de Damville, Appmdke, p. khh.
IINTRODUGTIO.N. xvii
à-propos. Un jour que Gliauinont-Quitry, (jui avail été admis à la conférence
comme représentant de l'Ile-de-France et qui, tout ])rotestant qu'il fût, était très
dévoué au\ Valois, lui affîrmait qu'il avait bon espoir de la paix et qu'elle pouvait
se fier au roi de Navarre : crOui, dit-elle, je m'en fie, car sans cela je ne serois
pas venue à Nérac, comme j'ai fait, avec mon conseil în Une autre fois, elle fit à
tous les députés réunis un vrai discours, (jui fut approuvé de tous ceux qui l'en-
tendirent. Elle avait terminé en disant que rr comme mère du roi, elle se vouloit
aussi montrer mère du peuple, qu'elle avoit dévotion de contenter tous ses sub-
jets et de s'eslargir de tout ce qui seroit possible pour le renouvellement des
troubles n, ajoutant (qu'elle demandait à deux ou trois déléjjués de venir traiter
avec elle les questions restées en suspens dès le lendemain matin, mion point
par escript, ni par articles, mais de parole, comme de gré à gré, pour advancer
plus tôt les alTaires '. -n
Son babileté joue un grand rôle dans les négociations. Un matin, elle se pro-
mène pendant une demi-lieure au jardin avec le roi de Navarre et le persuade
si bien que, le soir, c'est lui qui cr pai'loit à tous les députés, leur faisant entendre
qu'il désiroit d'entretenir l'édit de paix, qu'il l'avoit juré, que s'ils faisoient les
opiniastres par des requestes incivilles, il les fairroit battre tout leur saoul en
Languedoc et ailleurs, et qu'ils ne s'attendissent point d'avoir aucun secours ii.
Un autre jour, le mercredi ii, la reine fait célébrer la messe, entre six et
sept heures du matin; fret, parce que mons. le cardinal de Bourbon et mons. le
prince Daulphin ne sont encore levés. Sa Majesté envoya trois messagers pour les
faire haster, ensemble le s'" de Pibrac, qui arriva le derniers.
Puis, mandant les députés, elle les fait attendre en l'antichambre ttune grosse
heures, pendant qu'elle prenait avis des membres de son conseil, et les tenant
ensuite tous ensemble réunis, sans manger, jusqu'à onz(> heures, elle expédie
(tcinq articles, sui' douze qui restoient, sans aucune difficulté. n Pendant la se-
conde séance de la journée, reprise à une heure jusqu'à cinq heures,- l'évèque de
Valence et le s"" de Foix se trouvèrent si fatigués cju'ils lurent obligés de sortir et
de se mettre «dans le lict incontinente.
On n'oubliait pas non plus les plaisirs : le vendredi i3, rr après disnée, la
reine de Navarre descendit au parc pour veoir courre la bague au roy son inary
et aux autres seigneurs de sa suitte, cependant que la reine-mère estoit à vespres. v
' Journal du secrélaiie du niaiéchal de Damville, u. 'l'iO.
(JAIHtRINE DE MtDICIS. W.
D
lui'niuLiML- SATint.iir.
xv„, INTRODUCTION.
Et ce qui montre bien que les esprits étaient peu apaisés et ne perdaient pas
une occasion de récrimination : crLe s'' de Fontenille, ne pouvant donner dedans
la bague, dit tout hault en gascon que quelque ministre i'avoit enchanté, mais
qu'il ne sçavoit où se vouer, parce que dedans Nérac n'y avoit aucun saint ni
sainte, les églises étant toutes abattues. 11
Plus d'une fois, du ton de la plaisanterie on passait à la violence : les députés
protestants ayant menacé de se retirer et de recommencer la guerre, cela reyne
leur parla royallement et très hault, jusques à leur dii'e qu'elle les feroit tous
pendre comme rebelles. Sur quoy la reyne de Navarre se mit en debvoir dappaiser
le tout, mesme pleura, suppliant Sa Majesté de ienr donner la paixT».
Le lendemain samedi 16, c'est Ghaumont-Quitry qui voulut aborder Catherine,
après son diner, pour lui dire que trceux de son party ne demandoient les villes
que pour la defïiance qu'ils ont que les cours de pai'lement et les gouverneurs de
province ne soient les premiers infracteurs de la paix, n La reine, impatientée,
lui lit «une responce émue et comme par collère, disant que les ministres leur
preschoient la deffiance et empeschoient la paix, eux qui ne vont pas à la guerre
et sont cause de la mort de la noblesse de France, qu'on devi'oit les y faire aller
et les mettre au premier rang comme les Suisses; que les gentilshommes font
très mal de les croire s'ils pensent s'agrandir par ce bout là , car ils demeureront
le cul par terre entre deux selles :i.
Quitry fut obligé de faire des excuses, assurant la reine mère de sa fidélité et
de celle du roi de Navarre son maître, et lui promettant d'employer tous ses
efforts pour arriver à une conciliation. C'était, en effet, cette question des villes
de sûreté qui était la plus importante et sur laquelle il fut le moins facile de se
mettre d'accord. Le lundi 1 6 , la reine communiqua aux députés ses dernières
conditions, dans une longue séance qui dura de sept heures du matin à midi,
en présence du roi de Navarre.
La nouvelle de la prise de Beaucaire par le maréchal de Damville arriva fort
à propos pour rabattre un peu l'insolence des huguenots, qui espéraient bien
que la résistance de François de Ghàtiiloii serait plus longue. Deux autres villes
du Languedoc se rendant aussi, la reine mère en profite et fait comprendre au
roi de Navarre, un peu embarrassé de son rôle, que la liste de cinquante-neuf
villes réclamées par les partisans de la religion prétendue réformée est loin de la
proportion que justifieraient les forces catholiques et protestantes comparées.
On s'observa encore quelque jours; finalement l'accord se fit; et les vingt-sept
liNTP.ODUGTION. mx
articles de Nérac furent arrêtés définitivement le 98 février iSyg. Le noinbic des
villes accordées par l'article 17 était .singulièrement réduit, puisqu'il n'y en avait
que huit pour la Guyenne et onze pour le Languedoc.
Il est curieux de voir la liste des mandataires qui signèrent de part et d'autre
linstrument ofliciel. Ce lurent, en dehors de la reine mère et du roi de Navarre,
Biron, Joyeuse, Lanssac, Pibrac, La Molhe-Fénelon, Clermont, Duranti, pour
les catlioli(pies; et pour les prolestants, Bouchart, représentant du prince de
Condé, le vicomte de Turenne, Ghaumont-Quitry, du Faur, chancelier du roi
de Navarre, frère de Pibrac, Scorbiac, député pour la généralité de Bordeaux,
Yolet et de Vaux S députés pour le Rouergue.
Il fallait maintenant régler l'exécution des conventions signées, et c'est la tâche
que se donna la reine mère pendant quelques jours, désignant, de concert avec
le roi de Navarre, les délégués qui seraient chargés d'aller aussitôt dans les villes
commander au nom des deux partis naguère hostiles, exhorter les habitants à la
paix et donner par leurs communs effoi'ts la preuve du bon accord qui régnait
chez les chefs. Avec un large esprit de conciliation et sans amour-propre inutile,
Galherine se sert des protestants connue des catholiques, jusqu'à mécontenter ses
plus fidèles serviteurs, qui croient toujours que les concessions sont excessives et
qu'on ne manquera pas d'en abuser.
Mais elle a la satisfaction de voir que sa peine n'est pas perdue. On lui rend
la Réole, d'assez mauvaise grâce, sans doute; mais elle \ nomme aussitôt un
gouverneur qui, bien que protestant, est fort dévoué au roi, le fameux d'Ussac,
qui, sans doute, il y a six mois, n'avait en rien été mêlé aux événements-.
' Voir Mi'zeray, le seul historien ([ui ait rendu
compte assez exactement des résultais de la con-
fe'rcnce, l. III, in-fol., ]). h-jù; Du Mont, Coc/w
diplomatique, t. V, p. SSG-S.Sy; et La France pro-
testante, des frères Haay, t. X. p. lôi).
" 11 est évident que si les hugiienols avaient cru
à la trahison de d'Ussac, ils ne l'auiaient pas ac-
cepté comme gouverneur. C'est plus lard cpie, res-
tant fidèle au roi, tandis qur ses coreligionnaires
recommençaient la guerre civile, il fut accusé par
dAuJjigné a\ec sa passion ordinaire. Au reste, un
long mémoire justificatif de sa comluile se trouve
dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale,
peu consulté sans doute à cause de son litre :
trNoles pour M. de Mézeray. n (Ms. fr. 2079/1,
f"' .573-584.) Ce document dit simplement que les
catholiques s'étaient emparés de la Réole ])ar sur-
jii'ise en i.')78, chassant leur gouverneur Favas;
rt la version la moins romanesipic est assurément
la plus vraisemldaltli'. Les haliilanls oITrireiil en-
suite de rendre la place, pourvu (ju'on leui' donnât
un antre gouverneur rrgenlilhonune et homme de
hienn; d'Ussac ajoute (|u'ayant élé désigné par la
l'eine et le roi ilt" iNavaire, il se résigna par devoir
h accepter cette charge dillicile. li'ouvant la Réole
dans un état di'plorahle, r-estans les catholiques
dans le ehasteau et la ville cnnunandés par l''a\az»,
el (|ue cependani il sellorca d'v remettre la paix.
XX INTRODUCTION.
Les dernières instructions données aux divers délégués envoyés dans ies villes,
la reine quitta Nérac au commencement de mars. Elle se rendit à Agen, où elle
assembla la noblesse catholique et lui expliqua, dans un discours plein d'habileté
et de bon sens , les raisons qui l'avaient déterminée à céder aux protestants sur un
certain nombre de points auxquels ils tenaient tellement, que les refuser c'était
rompie et recommencer la guerre civile.
Brantôme a raison de dire «t qu'elle parloit fort bien en françois, et répondoit
fort pertinemment avec une fort belle grâce et majesté, n Le discours d'x\gen est
un modèle du genre'. Il fit grand effet. Le maréchal de Biron, au nom de tous
les gentilshommes présents, remercia la reine, qui ajouta encore quelques mots
d'un ton plus familier, achevant d'entraîner l'assemblée, dans laquelle il y avait
d'avance plus d'un hésitant.
Tout le mois d'avril se passa en séjours rapides dans diverses villes, Beaumont,
Valence, Toulouse. Après Nérac et Agen, la reine mère se rendit dans le pays de
Foix, où le roi de Navarre, dit-on, lui oflVit une chasse à l'ours. Puis elle vint au
comté de Lauraguais et s'arrêta à Saint-Michel-de-Lanès , à deux lieues de Castel-
naudary. C'est dans cette dernière ville qu'elle dit adieu à sa fille, au commence-
ment de mai 1679; et la séparation les émut toutes deux plus qu'on n'auroit pu
le penser. rcLa reine de Navarre, écrit-elle à Henri III, délibéroit daller trouver
son mary à Mazères, et moi d'aller disner à l'abbaye de la Prouille, où j'entendis
par ceux de mes gens qui étoient demeurés derrière, que ma fille est infi-
niment attristée, s'étant enfermée seule dans une chambre, où elle a fort pleuré
et regretté mou partement'-. n Elle n'avait point quitté Marguerite depuis une
année entière; elle l'avait employée à sa politique; elle l'avait réconciliée avec son
mari; elle avait joui des succès que sa beauté et sa bonne grâce lui valaient dans
les villes qui faisaient partie du domainq du roi de Navarre. Dans ses lettres
autographes à son amie la duchesse d'Uzès, elle revient plusieurs fois sur ce
sujet, qui lui tenait au cœur; car c'était un des buts qu'elle avait assignés à son
voyage.
Mais, avant de poursuivre sa route, elle avait dû assister aux Etats du
Languedoc ([ui se réunirent cette année-là à Gastelnaudary. Ils avaient d'abord
été convoqués pour le 10 janvier à Béziers, puis à Garcassonne, à Narbonne, à
' \ oit- Appendice, n" XXX, p. ho-2.
' I^ollre du 8 mai 1079. — - \oii' ]). ."iôy
INTRODUCTION. xxi
Périgueux, la reine relardant leur assemblée, parce qu'elle n'avait pas terminé
ses conférences de Nérac. Enfin ils s'ouvrirent le 97 avril à Castelnaudary,
dans l'auditoire du siège présidial. Le maréchal de Damville y assistait, ainsi que
Jean Philippi, président de la cour des aides de Montpellier, commissaire du roi.
Alexandre deBardis, évèque de Saint-Papoul, présidait. Les États connnencèrent
par députer l'évèque de Mirepoix, le baron de Rieux et deux membres du tiers
état pour aller complimenter la reine mère, qui était arrivée à Saint-Micliel-de-
Lanès, la remercier des soins qu'elle avait donnés à la paix et l'avertir que les
protestants s'étaient presque tous abstenus de se rendre à la réunion. Catherine
les écouta favorablement; et, dès le lendemain 28 avi'il, elle fit donner une in-
struction aux gentilshommes désignés pour aller dans les villes surveiller l'exécu-
tion des résolutions de Nérac. Elle arriva le 29 à Castelnaudary, et se mit en rap-
port avec les députés, qui lui demandèrent d'envoyer des commissaires pour
apaiser les troubles excités par les religionnaires du côté de Lavaur et de Narbonne.
Damville et Paul de Foix furent chargés de requérir les subsides nécessaires à
l'entretien de la paix, que les Etats votèrent pour une année. Puis, le k mai, elle
leur adressa une lettre du roi, datée d'Ollainville, le 2 A avril, qui les exhortait
à observer exactement l'édit et à obéir aux ordres de sa mère, leur réclamant le
vote des impôts ordinaires, qui furent accordés le 8 mai'. La reine était partie la
veille pour prendre la route du bas Languedoc, vers Narbonne, où elle était le
1 5 avec le maréchal.
En passant par Narbonne, elle juge, avec l'avis de Damville, devenu depuis
quelques jours duc de Montmorency par la mort de son frère aîné, un différend
qui s'était élevé entre le baron de Piieux, gouverneur, et les consuls de la ville.
Elle ne séjourne pas à Montpellier, à cause de la peste qui y faisait alors de grands
ravages; mais elle traverse la ville le 29 mai, et même est assez mal accueillie, à
son passage, par les huguenots : elle tient tête hardiment à ces demi-factieux, qui
sont étonnés de sa résolution et s'inclinent devant la femme, après avoir essayé
d'insulter la reine"-.
ffJ'ai vu tous les huguenots du Languedoc, écrit-elle à la duchesse d'Uzès; et
Dieu, qui m'aide toujours, m'a tant favorisée que j'en suis venue à bout aussi bien
(ju'en Guyenne. 11
■ Histoire générale de Languedoc, nouv. édil. in-i' , t. XII, |). 663-1! OG.
Letiro au Roi du 28 mai. — Voir p. .875.
XM, IMTiîODUGTION.
l'iiis clic aj()iil(' jtlais;nniii('iii :
rf.Ma coiiimcic, c'est à ce coup que vous me verrez dans un mois et saine et
sauve, encore ijue j'aie à passer on la mer, ou la peste, ou les Cévennes, que je
Cl ai us l)icn autant que les deux premières. Je prie Dieu me continuer en cet heur,
et nous conserver jusqu'à l'àoe de sept vingt ans, que nous puissions souper en-
seinMe aux Tuileries, sans cliajicaux ni bonnets.-^
Le 'jg mai, elle couche à Auhais, dans ce heau château qui devait être plus
lard si célèbre par sa riche bibliothèque cl ses précieuses archives. Le 3o, elle est
à Beaucaire, et elle en l'epart le 7 juin pour se rendre par eau à Marseille, où
elle arrivera le Ç) , rrsi tourmentée encore, dit-elle, des querelles de Provence,
qu'elle n'a plus de cervelle que pour se courroucei'. ••
Mais en quittant délinitivement le Languedoc, elle pouvait se montrer satislaite
des résultats obtenus. La paix semblait rétaiilie dans ces contrées; et si elle avait
accordé aux protestants beaucoup de choses, elle avait trouvé moyen de faire vivre
ensemble le roi de Navarre et le maréchal de Biron; elle s'était réconciliée avec
Damville, iprelle a\ail toujours traité en sujet et qui n'aurait pas demandé mieux
ipie de négocier de puissance à puissance; eu un mot. elle avait conservé A
Henri III deux des jilus belles provinces de la monarchie.
Aussi le roi qui. en dé[)itde son indolence. ii"a\ait cessé de suivre et d'ajtpnyer
la p(dili<pi(; (pie dii'igeait si Inen sa mère, éciivail-il le 1 (j mai, de Paris, à un
de ses plus éclairés et plus iidèles soutiens, l'ambassadeur de France à Venise,
Arnaud du Ferrier :
rr(}uaut à la Reyne, Madame et mère, elle est de présent en Provence, où
j'espère qu'elle remettra la paix et union entre mes sujets, ainsi qu'elle a fait en
Guyenne et Languedoc, et que, passant jiar le Dauphiné, elle y pourra faire le
semblable. Par ce moyeu, elle ira plantant aux cœurs de tous mes sujet.s une mé-
moire et recomiaissance iunuorlelle de ses bienfaits, qui les rendra élernellemeut
ojtligés à prier Dieu avec moy pour sa prospérité et sa santé, n
Sous l'enflure et la piéciosité de style du dernier Valois, il y a un jugement
sensé de ce ([ue la couronne de\ail à la laborieuse campagne de la reine mève.
La moitié de sa tâche est maintenant accomplie, peut-être la moins dillicile. Lais-
sons-la passeï' dans une autre région où le ])arti huguenot est moins puissant,
mais où il \ a Irois honnues ([ui, par leui'S inli'igues, leur habileté, et il faut ajou-
ter leui'mauvaise foi, déjoueiout encore pendant jilusieurs mois toutes les linesses
de la ijcaude Italienne et l'obligeronl à (■('■der, (piand elle aura tristement constaté
INTRODUCTION. . xxiit
son impuissance : iiuus avons désigné le duc de Savoie, le maréchal de Beiléjjarde
et Lesdiguières, qui s'essayait déjà au rôle qu'il jouera toute sa vie et dont
Henri IV lui-même aura peine à ne pas être dupe. On verra sur eux, comme sur
Biron, surDamvilleou sur le vicomte deTurenne, le jugement des contemporains.
Ce qui fait, d'ailleurs, riiilérêt de ces documents, comme de ceux qui les
suivront, c'est qu'on peut y trouver la série ininterrompue des impressions et des
pensées de Catherine de Médicis. Séparée du roi son (ils plus longtemps qu'elle
ne l'a jamais été, elle lui écrit chaque jour tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle fait,
n omettant aucun détail, ne laissant ignorer aucune de ses combinaisons; et elle
apparaît ici beaucoup plus naturelle, beaucoup moins astucieuse qu'on ne l'a dit,
sur la foi de pamphlets contemporains, qui ne se lisent plus, mais dont l"('S[irit
s'est en quelque sorte perpétué chez les historiens. Telle est la conclusion qui
ressort de l'examen de toutes les pièces de cette vaste correspondance : on nou
pardonnera de l'avoir répété j)Ius d'une fois.
LETTRES
DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1578. — 7 janvier.
Orig. Archives de Turin.
A MON FILS
MONSIEUR LE PRINCE DE PIÉMONT.
Mon filz, pour ce que j'ay entendu que Ton
a faict courir ung bruit par delà contre Flion-
neur de Tillon, qui estoit à feue Madame de
Savoye ma seur, lequel pourroit par advanture
tellement altérer la bonne réputation en la-
quelle vous l'avez tousjours eu que cela luy
seroit de grand préjudice, je vous ay bien
voullu escripre la présente pour vous asseurer
que je n'ay rien trouvé ne congneu que d'un
devez bons et affectionnez serviteurs, et comme
tel je vous le recomande et vous prye le re-
congnoistre, vous souvenant des bons ser-
vices qu'il a faictz à feue madicte seur, les-
(juelz en mon particullicr je recongnoistray
tousjours anvers luy, l'occasion se présentant,
priant Dieu, mon filz, vous tenir en sa saincte
garde.
Escriptà Paris, le vii'°' jour de janvier 1678.
Votre bonne mère,
Caterine.
1578. — 8 janvier.
Coi'ie. Bibl. nat. , Fonds Dupuy, ii" ojo. f* 57.
A MONSIEUR D'ABAIN'.
Monsieur d'Abain, j'ay entendu par vostre
lettre du xvi"" du passé le bon debvoir que
vous avez faict envers nostre Saint Père lou-
chant la promotion de Charles de Lorraine- au
' Cette lettre est tirée d'un recueil intitulé : Lettres
du [toi et de la Reine sa mère a Moi, sieur d'Abain, s' de
la Roclie]>osai , leur ambassadeur à Rome , depuis l'an lU^Ô
juscjues en i58o. C'est une copie, du commencement du
xvu° siècle, de la collection P. Dupuy, vol. 35o. La date
est en tèlc des dépécbos. On trouve dans le même volume ,
à la même date et pour la même affaire, une lettre du
Roi et une de la Reine régnante, Louise, f°' 56 et 37.
- Charles de Lorraine, né le 2 avril i5(3i, n'ayant
par conséquent que dix-sept ans, était fds de Nicolas de
Lorraine, comte de Vaiidemont, duc de Mercœur depuis
iStjg, par lettres vériliées au Parlement seulement en
1 576, et de Jeanne de Savoie, fille du duc de Nemours,
qu'il avait épousée en i555, et qui lui avait déjà donné
un fils, celui qui fut le fameux duc de Mercœur et dont
l'héritière épousa, en 1609, César, duc de Vendôme.
De sa première femme, Marguerite d'Egmont, le comte
de Vaudemont avait eu Louise de Lorraine, femme de
Henri lit, qui s'intéressait vivement au succès de son
frère. Il fut promu au cardinalat dans cette même année
CiTllBnI^B DE Mkdicts. VI.
lUPniUEIMB SATIOniLE.
I.F.TTP.ES nr. CATHERINE DE MÉDICIS.
cardiiiallnl , cl in'.i^sciiiv liii'ii ijui' \ou>y;ivez
luicl cl ferez Iniijdiiis loiil ce i|iie vou^ pour-
rez pour le désir et alïecliuii que vous avez de
-;atisfaiie à la volonle' du Rov monsieur mon
lilz el an coniinandemenf qu'il vou*; en a
l'aiel '. e( pareillenieul en l'alTaire du graU''
[irieuré d'Auvergne pour mon rousiu l'abb
de Vendosnu'; en quoy je vous prie encore,
vous emploier de lout le pouvoir el les moyens
(pie vous avez par dciii, vous asseurant que.
a\anl ces all'aircs à conir el en singidièro re-
commandalion comme j'av, vous ni' srauriez
l'aire sci'vice à présent i|ui me soil plus agi'i''-
able. Je scrav bien ayse que le S' (liusieilv
soil arrivi' à Rome e( qu'il ail commence' à
erilendre le discours de mon |irocès, car je
niasseure qu'il \ l'eia bien son debvoir. Je
vous prie, de vostre coslé, lenir la main <|ue
l'on |inisse avoir une bonne el promple issue
pendant (\\io l'abbi' de Plaiiqiied esl par delà,
auquel vous assisterez de \oslre pouvoir l'I aulo-
rilé en Idul ce qu'il pourra en avoir besoing
pour nmndici pmccs, comme vous avez très
bien laid , jiriant hieu, Monsieur- d'Abain-, etc.
Escript à Paris, elc.
Si<nii'' : (!\Tiii:Ri\r.
/;'/ jjIks Ihis : (iiiAMriiKu .
K'-'S. j>i)f (iir"jnin^ Mil, (levinl snrrcssivenient évrqno
di.' l'ciil et de VcnliiTi, et moiinit, lo 3o odoliie 1587.
couimaiidiMir de i"ordi'e du Saint-Esjn'il.
' \nir In lettre du lioi. (Mémo volume, p. .^li.)
- I,e lO décendire dernier, M. d'Aimin ,iv,Tit eurit an
Roi ; rDepuis le partenient du secnHaire Berny, par ie-
ipiel je inanday à \ iislre Majesté la responre que j'avois
eue de "Sa Sainli'ti'' touchant le chapeau de Monsieur
(Iharli'S tie Lorraine, j'ai laict ce que j'ay pou pour es-
sayer d'y taire davanlajje; mais il ne in"a pas esté pos-
sible. Aussi peu ay-je peu ohtenir cpie Sadicle .Sainteté
se vonlust disposer de faire cependant ceux dont Vnslic
Majesli' luv a cy-dçvaiit par tant de l'ois et si an'eclueu-
I j78. — 17 jau^ie^.
Oi-îy. Arf!ii\..^ (le 'iuriu.
A viii.\ Fi'.Ér.i;
LE DK; DE SVVOYE.
Mon t'raire. la volve el eulans du feu
conle tic Montafli(', uagnicres déccédé en ce
ro\aume. sont fondez de tant d'éqnih' à re-
ipicrir réparalion des lorlz . viollences et ou-
traiges que la contese de .Strojnane sa seur a
exercez es maisons (pii leur ap])arliennent en
Nosire |iaïs de rii'dmont . a|irès ledécez dudici
cmile (s'ellorccans de les eu ex|iolier), que
avec la prière que le Roy monsieur mon blz
vous faict de les assister en une si juste occa-
sion, comme pci-sonnes qui luv soiil très re-
commandés, outre la protection dont il leur
est tenu, je vous ay bien cncoies voulu ri'ilé-
rer la mesme prière pour tenir la main qu'ilz
soient re'integrez en leursdicles maisons, les
laisanl jonvr d'icelles, tous aullres empesche-
inens o.slez, aveqnes la mesme confiance et
asseurance ipi'ilz ont en vostre légalité: el .
nuire ipie c sera œuvre digne de vous et
siiigulièremenl agréable au Roy mondici S''
el filz. je l'auray, de ma part, à biim grande
faveur, pour avoir tonsjours congneu tanl le-
dicl feu comie de Mdnlallii' que ceidx de la
maison de Lucé, singulièrement zellez au bien
(le cestc couronne, priant sur ce le Créatem'
ment escript, ainsy (pi'elle ni'avoit dict qu'elle l'eroil,
en attendant que lodict Charles de Lorraine eust plus
d'àee, et pensoit que ce deust eslieà ces Quatre-Tenips
piuchains, tpii est la saison que l'on a accoustumé d'en
laiie, mais jusqnes icy il y a peu de gens qui y ayent
■^pi-iauce. Je n'eu a\ piii tirer aucune certitude que ce
que je inanda\ à Vostre Majesté par le secrétaire Berny.-'
( Copie, Cinq lents Colbert, n" .Vi.3, p. 806). Voir cga-
li'iuenl la lettre qii'd adresse le même jour à Catherine
an sujet de son procès, dont il espère bonne solution.
[Ibid., p. 808.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vous avoir, mon frère, en sa saiiicto vA (ligue
garde.
Escript à Dolinvilic\ le xvii" jour de jan-
vier 1578. , -I .
Votre bonne soeur,
Caterine.
De sa main : Monsieur, je ne puis que je
ne vous prie bien fort d'avoyr pour reco-
meudé la veve el les enfans de feu iMontafie',
pour avoyr ayste' tousjour, lui el les siens cer-
\ileur de cete couronne, et aylle nourie en
ma compagnie; je vous prie qu'ele conoyse
que mes recomendation lui auron servi en son
bon droyt ver vous.
1578. — • 19 janvier.
Copie. Bibl. nat. , ('in<i cents Colbert, n^ 367, T Utxb.
A MONSIEUR DU FERRIER.
Monsieur du Ferrier, le Roy mon filz vous
fait entendre le desplaisir qu'il a d'avoir sceu
Tinconve'nient advenu naguères au palais de
la Seigneurie'^, pour ne participer rien moins
à ce qui luy est contraire qu'à tout ce qui luv
succède favorablement, comme je fais aussi
de ma part, en continuation de l'estroite ami-
tié qui est entre ces deux Ëstats, laquelle je
désire tousjours conforter par tous les moyens
' Ollainville, d'où sont datées les trois lettres suivantes ,
était une agréable résidence située à sept ou huit lieues de
Paris, sur la route d'Orléans, près d'Arpajon. Henri III
avait acheté celte terre 60,000 livres, l'avait meublée
luxueusement et donnée à sa femme. Le château était
vaste; le Roi y venait souvent avec sa suite.
^ C'est le feu qui avait brûlé une partie des archives ,
et notamment les dépèches écrites en 1679 par les
ambassadeurs vénitiens au sujet de la Saint-Barthé-
lémy.
(ju'il me sera possible, ce que je vous prie
tcsmoigner à ces Seigneurs, avec ralièction
dont ilz lrou\eront en moy l'effel entièrement
correspondant , et aussi Içur faire part du succez
de nos affaires, qui leur sera bien agréable,
priant Dieu, Monsieur du Ferrier, vous avoir
en sa saincte garde.
Escript à Dolinvilie\ le xix" janvier 1578.
(jATEKINE.
FlZES.
1578. — 19 janvier.
Copie. Bibl. nat., Fonds Dupuy, n* 35o , ^ 58 v",
\ MONSIEUR D'ABAIN.
Monsieur d'.4bain, j'ay veu ce que m'avez
escript, par vos ieltrcs du xxix'"" du passé,
de i'acbemiiiemeul qui avoit esté donné par
vostre moyen et la poursuitte de labbé de
Plainpied à la vuydange de mon procès, dont
j'ay esté bien ayse pour l'espérance que ceila
me donne d'en avoir bieulost une fin, m'as-
seurant que ce bon commencement sera suivy
de toute la dilligence qui s'y peult désirer. ,\u
surplus de la dépesche qu'avez faicte au Roy
monsieur mon filz, je me remettray à ce qu'il
vous en escript-, sans vous faire la présente
plus longue que pour prier Dieu, Monsieur
d'Abain, etc.
Escript à Doiinville, etc.
Signé: Catherine.
Et plus bas : FlZES.
' C'est toujours Ollaiuvilie, dont l'orthographe varie
avec les scribes.
' Henri III l'entretenait du rappel du nonce par le
Pape, d'une rconlagion en Italien, qui interrompait les
communications, etc. (Même volume, P .^7, v°.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1578. — -21 janvier.
Aut. Archives de Turin.
A MON FILS
MONSIEUR LE PRINCE DE PIÉMONT.
Mon fils, j'é receu un grent contentement,
quant, par le sieur de Bauregar que Mon-
sieur de Savoye lia envoyé ver le Roy mon fils,
j'é entendu si particulièrement de vos no-
velles, come la chause de cet monde qui me
donne auttent de plésir, quant je ann entens
etqu'ele souint bonnes, coment. Dieu mersis,
yl m'anna aseuré. Je lui ay prié vous dire
quelque chause de ma part que ceré cause
que ne vous fayré la présante plus longue,
après vous avoyr prié de me volouir tousiour
aymer come mère et croyre que j'é tent
aymée ay honnorée la votre que le plus grent
plésir que je saroys resevoyr, ce seroyst que,
en quelque aucasion , je puise par efect le vous
montrer et satisfayre à lent d'aubligation que
je lui avoys, lesquele je n'obliré jeamès ni sa
mémoyre, ynsi que, en toutes aucasious au
je aurès moyen, je métré pouine le vous fayre
paroystre par efect; et, me remetent sur le-
dist de Beaureguart, je ne vous feyré la pré-
sante plus longue, prient Dieu vous fayre
crovtre en toutes vertus et sagesse et grandeur.
De Doleynvile, cet xxi'"" de janvier 1678.
Votre bonne mère,
Caterine.
1578. — 22 janvier.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, Faty m'a dit qu'il vous a pieu
luy fere ordonnance pour estre paiée sur
quelques deniers qui restent deubz à feue
-Madame ma sœur, mais que celluy à qui vous
l'avez ordonné veult encore une ordonnance
de vous et désireroit que trovissiez bon qu'elle
face ses dilligences envers le Roy monsieur
mon filz pour en estre paiée. J'ay pensé que
c'est chose que lui accorderez bien voluntiers:
et néanmoins, pour ce que je désire faire
pour elle, je vous ay bien voullu prier, affiii
que, selon ce qu'il vous plaira luy accorder, je
m'emploie à la fere assigner, de sorte qu'elle
en puisse estre paiée, pi'iant Dieu, mon frère,
vous tenir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xxii""' jour de janvier
1078.
De sa main : Mon frère, pour l'hauneur
que Faty ha eu d'estre hà Madame, je vous
prie la feyre dépêcher; car elle cet' gouverne
sasemeut et me sert bien.
Votre bonne seur.
jATERINE.
1578. — a 8 janvier.
Aut. Bibl. aal. , Fonds français, a° 3387 , f 5.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE D'UZÈS l
Ma coumère , j'é aysté bien ayse d'avoyr eu
de vos letre et avoyr veu l'aseurense que me
balle du maréchal Danviiie, que certeynement
nous monstre par ses action la bonne résolu-
tion qu'il a prise d'estre bon serviteur de son
Roy; etausi votre résolution m'a beaucoup plu
' Cet, se.
- Louise de Clermont-Tallart, veuve de François du
Bellay et remariée à Antoine de Crussol, qui fut créé
duc d'Uzès en i565. Elle ét.iit fille de Bernardin de
Clermonl, vicomle do Tallart el d'Anne Husson. Voir:
Les deux cours de France et d'Angleterre , par Hector
de la Perrière, Paris, Ollendorff, i895,in-8°,p. i à ii5.
LETTRES DE CATH
de nous en revenir trover, come le bon lièvre
son git, pour y iayre cet que fault que fasion
tous une belle fin : ce seré le plus tard que
nous pouron et quant yl pleiré à Dieu. (]et
porteur s'an va cbeii lui et vous voyre', qui vous
conteré si au long toutes nos novelles, que je ne
vous en favré la présante plus longue; et priré
Dieu, en faysant fin, que rien ne vous puise
de'tourber ni de'torner do vous en venir bien-
tost en celé bonne ville de Paris nous trover'.
Cet le xw!!!"" de janvier 1678.
Votre bonne cousine.
Cateri.ne.
ERINE DE MEDir.IS. 5
remettant à ce (|ue vous en mande et du
surplus mondict sieur et fils, priant Dieu vous
avoir en sa saincte garde.
Escri|it à Paris, le V jour de lévrier
.578.
1578. — 5 lévrier.
Imprimé dans les Adilitioits aux Mémoires de Castelnnu.
l. III, p. Ô4..
A MOiVSIEUR DE MAUVISSIÈRE.
Monsieur de Mauvissière, pour ce que le
Kov monsieur mon fils vous advertit si ample-
ment (le ce qui s'est passé en l'audience
qu'eut jeudy dernier le s' Paulef-, ambassa-
deur de la reine d'Angleterre, nostre bonne
seur et cousine-*, ce petit mot sera seulement
pour vous dire qu'il fault que vous poursui-
viez diligemment la délivrance des navires
appartenans à ses sujets arrestez par de là et
des hommes qui y sont aussi retenus, s'ils ne
sont encore eu liberté à la réception de la
dépècbe, que ne vous feray plus longue, me
' La ducliesse d'Lzès, en efTet, vint retrouver la Reine
mère el l'accompagna pendant presque tout son voyage
dans te Midi.
' Il resta en France jusqu'à la fin de 1079.
' Henri lit lui faisait part des réclamations de soji
ambassadeur au sujet des déprédations commises sur des
Anglais; c'est lui au contraire, dit-il, qui aurait raison
de se plaindre, car la reine Elisabetli n'a relàclié ni les
vaisseaux ni les hommes qu'elle retient en Angleterre.
(Même tome, p. Wiij et 54o.)
1 578. — 8 février.
Orig. Dibl. oat. , Fonfis fi-aarais , n* o3Si , 1" 5o.
A MON COL'SIX
LE S" DE DAxMVILLE,
MAnÉCB^L DE FltiNCB, GODTERIECR BT LIfcCTENtMT CÉSBBjIL
OU BOÏ MOSSIEUB MON FILS EN Li^CDEDOG '.
Mon cousin, le sieur de Valence- a telle-
ment asseuré le Roy monsieur mon filz du
zèle et ad'eclion (jue vous avez à ne vous es-
pargner pour son service qu'il en a grand
contentement, ayant esl> bien aise qu'il luy
ait sur ce représenté toutes les particularitez
qui estoient passées entre vous et luy, tant
de ce qui vous concerne que de ce qui est
de son service; à quoy il vous fait, et audict
sieur de Valence, si ample réponse que je
n'y pourrois riens adjouster, sinon vous prier
' Henri de Montmorency-Damville , dont il s'agit ici ,
était né à Chantilly en i53i ; gouverneur du Languedoc
depuis i563, il était devenu suspect à Henri III par ses
complaisances pour les huguenots et pour le roi de Na-
varre. Dès le mois d'avril 1677, le roi lui avait envoyé
\'illar3 pour négocier son renoncement au gouvernement
du Languedoc et l'acceptation en échange du marquisat
de Saluées. Le duc de Savoie favorisait cette combinaison,
ainsi que le maréchal de Bellegarde, qui serait devenu
gouverneur du Languedoc. Damville n'accepta point et
resta dans sa province comme dans un fief. Le 6 mai
1079, il devenait duc de Montmorency par la mort de
son fi'ère aine. Voir la longue notice que lui a consacrée
M. J. Roman dans le tome XII de VHistoire générale de
Languedoc, p. 106 à 196, et Le parti des politiques au
lendemain de la Saint-Barthélémy, par M. Francis de Crue ,
Paris, Pion el Nourrit, 1892, in-8°.
' Monluc, évèque de Valence.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
croifoqui' rinloiitioii ot lionne voluiili- du Roy
mondirt scijjni'ur cl filz est lelle en vostre eu-
droit que je vous ay cy-devanL asseuré, et n'y
avez à ciaindrc aucune traverse, persëve'rnnt,
roinnie vous faictes. à lui donner si bon tes-
moigiiage de vostre fide'lile et obéissance,
priant Dieu vous avoir, mou cousin, en sa
saini'te ;;ar(ie.
Escript à Paris, le viii'"' jour de février
ib-
\ostrc Ijo ine cousine
(Iaterine.
I 578. — 1 5 Ifvricr.
Cojiie. Bibl. n,Tl., Foii-ls Duiiu;. u .'Joo, f 6i.
V MONSIEUR DVB\1.\-.
Monsieur dAbain, jescriptz si au Ion;] à
l'abbé de Plainpied et au S' Ludovico (!ius-
telly du liiict de mon procès, et ay faict l'aire
si ample response au mémoire (jue m\i en-
voyé ledict sieur Giusteily, qu'il ne me reste
plus lon<j- ar;junient de vous faire plus longue
lettre, m'asseurant bien que ledicl abbé de
Plainpied ne fauldia, suivant mon intention,
de vous communicquer fout ce que je lui
escriptz; et pour ce que je voy par ce ([u'il me
mande qu'il tient mon procès pour tout perdu
contre les cn-anciers du feu cardinal Hvppo-
lile-*, et que cella me donne occasion de pen-
ser que mes désirs n'ont pas été bien enten-
dus es conférences qui ont esté faictes par delà
depuis son arrivée avec les gens de Madame
' .'signature et ces trois mots de son écriture.
^ Le tilie porte : t Lettre de la Royne du xv" feli'
1078 , loncliant son procè>!. •■
' Hippoljle de Médicis: voir sa vie par Nestor dans
VHisloitr (les hfimmps réli'lires de ta maison de Médicis,
Paris, riiez Cliarles l'erier (i56i), p. i^i et suiv.
de Parme, je vous prie faire mettre en Lonue
et grande considération par mon Conseil de
delà les responces qui sont au [lied dudict
mémoire, qui sont pleines de si bonnes et
grandes raisons que, je m'asseuie, si elles
sont bien considérées, ledict Plainpied el
autres qui seront de son opinion en feront
tout autre jugement qu'il n'est faict juscpies à
cette heure; et, me remectant sur lesilictes
responces, je ferav fin à la présente, priant
Dieu, etc. '.
Escript à Paris, du jour, etc.
(jATnERl\K.
1:1 plus bas : Chamerf.au.
1578. — i5 lévrier.
Orig. Bil'i. liai., Foiuls français , ir3.j8i, i' '10.
A .M0\ COLSI.N
LE S" DE DAMVILLE.
Mon cousin , tout ce à quoy le Roy monsieur
mon lilz tasche principalement est de faire
exécuter son édict, et par ce moien si bien as-
seurer la paix en ce royaume que nous ne puis-
sions plus revenir aux troubles dont il a esté
si longuement affligé; pour cest efléct il a prins
' M. d'Abain avait écrit à Catherine, le 17 janiier
précédeut : ff.\vec la faveur dn cardinal d'Esté, qui est
maintenant en ce lieu, nous essaierons tous moyens
d'obtenir de Sa Sainteté ce que Vostre Majesté désire; et
quant à son procès, le sieur de Plainpied taict entendre
à Vostre Majesté ce qui s'y estoit acbeminé depuis le
parlement du premier ordinaire, et croy que jamais le-
dict procès ne fut plus diligemment estudié et examiné
qu'il est maintenant, le s' Giusteily, advocat de V. M,,
ne faisant autre chose que de cercher avec ledict de
Plainpied les moyens d'y mettre bientost fin.r (Bibl.
nal., Cinq cents de Colberl, n" 3i5, f 8a5.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
la résolution qui! vous escript prcsontemcut',
espérant que cela couppei'a chemin aux lon-
' Voici la lellre de Henri III à laquelle Catherine fait
allusion : «J'ay trouvé bon que sur le peu de semblant
que lont ceulx de la religion de vostre gouvernemeni de
voulloir obéir à mon édict, nonobstant que vous ayez
licencié vos forces suivant ce que je vous avois mandé,
vous ayez dépesché vers le roy de Navarre à ce qu'il en-
voyé quelque personnage de qualité audict pays, pour
s'employer de sa part à l'exécution de mondict édict , com-
bien que j'espère que il l'aura desjà faict sur l'instance
que je lui en avois faicte , et m'ayant mandé du premier
du passé qu'il on feroit partir, dans trois ou quatre jours
après, tant pour le Languedoc que pour le Daupbiné.
Toultefois ayant veu ce que m'avez escript des actions de
ceux.de ladicte religion, je lui ay encore faict une re-
charge mesmes pour respondre aux plaintes qu'ilz luy
ont faicles , comme vous verrez par la copie que je vous
envoie du mémoire que m'a esté baillé de sa part , vou-
lant couvrir leur tort et le rejeter sur autruy, et par ce
moyen obtenir plus facilement une abolition qu'ilz se
sont promise do leurs contraventions, et sur l'espérance
de laquelle il est croyable qu'ilz se sont licenciez à tels
déportements, de quoy j'ay grande occasion d'estre mal
content, veu mesmement que la principalle faute est
tombée sur le pauvre peuple; néanmoins cognoissant
que, si on les vouloit rechercher, il en pourroit advenir
pis, j'ay accordé ladicte abolition, pour ester l'obstacle
que la suite de leurs malfaits pourroit apporter à l'exé-
cution de mon édict, et vous en envoyé à présent les
lettres pour les gens de vosire gouvernement, lesquelles
sera besoing leur faire signifier au plus tost, pour ar-
rester le cours d'icelles contraventions, ayant au surplus
advisé de renvoyer le s' de Valence audict pays, afBn do
vous seconder en ce qui sera à faire et que je y puisse
veoir autant plus tôt ung bon estabhssement de ladicte
paix , auquel j'ay donné aussi charge de se trouver avec
vous aux Élals qui s'y doibvent s'assembler.T)
Et, en terminant, il l'engage à se rendre maître de
Beaucaire et à accorder l'exercice de leur religion aux
protestants do la ville de Montignac rrpour n'avoir pas
adhéré à ceux qui ont pris les armes durant laguerren.
(Bibl. nal., fonds français, n° 3333, f" 7).)
Voir aussi la lettre du Roi à Damville sur tr l'établis-
sement de la paix et de la Chambre de l'édit», de Paris,
le ai février 1578, publiée dans le t. XII de VHistoiie
(ht Languedoc, éd. in-4°, Toulouse, 1889, col. laôi.
[]ueurs el accroissements qui se sont jusques
icy trouvez en l'exe'cution dudicf e'dicl; à quoy
je m'asseure que, de vostre part, vous sçaurez
donner sy bon ordre que bientost ses subjectz
jouyront en vostre gouvernement du repos
qu'il leur de'sire soubz l'obéissance qu'ilz luy
doibvent, el qu'il aura de plus en plus occa-
sion de se contenter de vosire service, pryant
Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en sa saincte
et digne garde.
Escript à Paris, le xi"" jour de février
1678.
Vosire bonne cousine \
Caterine.
1578. — i3 niai~.
Orig. Archives de Tuiin.
A M0.\ FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOYE.
Mon frère, je vous ay ci-de\ant escript sur
la saisie faicte des terres délaissées par le feu
conte de Montaflîé à sa femme et filles, à la
requeste tant des officiers de noire S' Père
le pape que voslres, affin qu'il vous pleust
la faire lever, et permettre qu'ilz peussent
joyr desdictes terres paisiblement, suivant la
requeste que le Roy monsieur mon filz vous
en faisoit de sa part, el parce que nous avons
sceu qu'ilz n'en ont encores obtenu l'expédi-
tion de vous qu'ilz attendoient, le Roy mon-
dict S' et filz s'est résolu de vous en faire
|)ar ce porteur une recharge, laquelle j'accom-
pagneray de la présente, à vous prier encore
bien affectionnément, mon frère, d'ordonner
à vosdicts officiers qu'ilz ne donnent empê-
chement à la confesse du dit Montaffié en la
joyssance des sesdictes leiTes, attendu mesmes
' Autographe.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
qu'il n'y a aucun jugement ou sentence sur
les droits pre'tendus contre elle, et pareillement
que la cause soit lermine'e par la voie ordi-
naire de justice , dont , en ce faisant , elle ne peut
sinon espérer que une bien bonne yssue. Cest
requesie ainsi raisonnable, avecque les mérites
de ceulx en faveur de qui elle procède, me
faicl d'abondant désirer qu'il y soit satisfait,
comme à cliose que j'ay bien fort recommandée
et dont je vous prie de rechef, et ensemble le
Créateur vous avoir en sa très saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le xui^ jour du mars 1678.
De sa main : Mon frère, après les reco-
mendations du Roy, yl n'i en fault poynt
ajouster d'autre, mes l'envye que j'é qu'il co-
noissent que volontier je m'employ pour leur
fayre plésyr, qui me fest vous prier Lien fort
le voulauyr feyre jouyr et leur donner la mayn
levée.
Votre bonne seur,
Caterine.
1578. — i3 mars.
Copie. Bibl. nat. , Fonds Dupuy, d°35o, f'Ci r^.
A MONSIEUR D'ABAIN.
Monsieur d'.\bain, j'ai reçu voz lettres des
XI et .xxi"'" du passé \ et veu ce que vous mn
mandez touchant mon procès que j'ay pen-
dant à Rome et l'espérance que vous me donnez
qu'il y sera mis bicntost une bonne fin; mais
pour ce que l'abbé de Plainpied, par quelque
' M. d'Abain avait écrit à Catlierine le 21 février
précédent : ffLe s' do Plainpied faict la plus grande dil-
ligence tiui lui est possible pour avoir bonne lin de vostre
procès, et le s' Giuslelly y faict aussi merveilleusement
bien son debvoir.j) (Cinq cents Colbert, n° 345, p. 8.38.)
dépesche qu'il ma faicle,met mon bon droict
en quelque doubte et difficulté,j'ay faict dresser
par de cà ung mémoire bien construict de mes
droictz que je lui ay envoyé par madicle dé-
pesche, lequel je vous prie vous faire com-
municquer, et tenir la main qu'il soit bien veu
et considéré par mon Conseil de delà, car je
m'asseure qu'il changera ])ientost d'opinion.
J'escriptz présentement au s' Lancelo!, au-
diteur de Rotte, qui est rapporteur dudict
procès, à ce qu'il ayt mon bon droict pour re-
commandé, et à Nosseigneurs les cardinaulx
d'Esté, Ursin et de Sainte-Croix, pour les prier
de continuer les bons offices qu'ilz m'y ont
faict et tenir la main qu'il soit bientost jugé.
Au surplus, j'ay veu ce que vous me mandez
touchant l'affaire de mon cousin l'abbé de Ven-
dosme, lequel je vous recommande lousjours,
et prie Dieu, etc.
Escript à Paris, etc.
Signé : Cateriive.
Et plus bas : Chamereau.
1578.
1.3 mars.
Imprime daos les Adititions aux Mémoires lie CasfcJiinuy
L lit, p. 547,
A MONSIEUR DE MAUVISSIÈRE.
Monsieur de Mauvissière, le Roy monsieur
mon fils m'avoit donné advis, estant sur mon
retour d'Angers, de tout ce que lui aviez escrit
de vostre main et à moy aussi par le capitaine
Ley. En quoy je vois des choses de très-grande
importance, mais il ne s'y peut à présent
donner autre meilleur ordre, que celui que
mondict sieur et fils vous esCrit^; en quoy je
' Les Étals des Pays-Bas offraient à Elisabeth de
mettre en ses mains Gravelines, N'ieuport, Utrecht et
autres places : tt . . .Je ne puis croire, écrivait Henri III
LETTRl'S DE CATIll'RINE DE MEDICIS.
massoure (jiic vous n ouIjIicii'z iicn, nins y
ferez tout ce qui se peut attondie d'un digne
et dextre ministre et serviteur. Me remettant
à la lettre de mondict seigneur et fils, je n'es-
lendrai ce(to-cy que pour asseur(>r tousjours la
reine d'Angleterre, niadicle bonne sœur et
cousine, (jue je l'aime et ainu'ray lousjours
d'afl'ection, comme si c'estoit ma propre lilie,
m'asseurant que, sans aucune dissimulation,
elle m'aime aussi de bon cœur, puisqu'elle le
vous a tant de fois dit, priant Dieu, Monsieur
de Mauvissière, vous avoir en sa saincte garde.
Kscri])t à Paris, le xiv"^ juars 1578.
[,■378.
1 S iiiafs.
Cojiie. lîibl. nat. , Cinq ct-iils Colbei-t , n" ZG-^ P li-j-j,
A MONSIEUR DU FERP.IER.
Monsieur du Ferrier, le l'eu comte Marli-
nengo, se voyant blessé à moit, disposa par
son testament et ordonnance de dernière vo-
lonté de tous ses biens, et entre autres donna
aux Célestins de ceste ville de Paris, où il a
voulu son corps esire enterré, la somme de
mil escus, et à ses pauvres serviteurs françois
autres mil escus, à prendre des quatre mil
à M. de Mauvissière, qu'ils soient si mal conseillés de se
confier à ladicte Dame dosdites places, veu l'exemple
([u'ils ont de celle du Havre de Grâce, que le feu vidame
de Chartres luy avoit baillée aux premiers troubles de
ce royaume, à la charge de la rendre, la guerre finie,
ce qu'elle rciusa faire, de manière qu'd fallut, comme
vous sçavez, en faire sortir ses gens avec très grand effort,
d'où l'on peut recueillir qu'elle ne demande qu'à prendre
pied où il lui est possible en terre ferme de deçà, et s'y
rendre la plus forte, sans autre respect que de faire ses
affaires aux despcns de qui que ce soit ... Ce fait me
concerne beaucoup, d'autant que lesdicles places sont
non guères loin de ma ville de Calais, où les Anglois ne
demandent qu'à renlrer.rj (Mémo tome, p. 546.)
Catherine de MtDicis. — vi.
esrus (|ii'un noninu' le s"' Pie Obizzi, demeu-
rant à Padoiie, avoit à luv; et pour ce que le
Roy luonsirui- mon lilz et nioy désirons ipie
sondict testament soit entièrement exécuté, et
que desdiris <pialre mil escus il en soit payé
auv susdicts (lélestins mil, et à sesdicts ser-
viteurs IVançois autres mil, je vous |)rie, outre
ce que ledict sieur Roy vous escript, faire en
sorte que ledict sieur Pie Obizzi mette in-
continent et sans delay ou retardement ies-
dicts deux mil escus entre vos mains, en vertu
des procurations (|ui vous sont envoyées par
delà, portans pouvoir de les recevoir de luy, et
où il en seroit refusant, de supplier, de nostre
part, ladicte Seigneurie de Venise de faire
oidonner qu'il vous délivrera lesdicles deux
sommes de mil escus chacune, nonosbstant
i'empeschement que les parens et héritiers du-
dict défunt pourroient avoir faict stir lesdicts
qualrc mil escus; car nous désirons cpie son-
dict testament soit entièrement éxéculé; et
m'asseurant que vous vous employercz fort
volontiers en cet alfaire, je prieray Dieu,
Monsieur du Ferrier, vous tenir en sa saincte
et digne garde.
De Paris, ce wiu" mars 1678.
CvTKIilNK.
Chantkreau.
1578. — -îo mari.
Alll. Ttll'l. ll:it. , toilils IVanrais, n° loaio , f" 'l5.
A MA COCSINE
MADAME DE NEMOURS.
Ma cousine, j'é aysh; l)ien ayse d'avoyr de
vos novelles : aystoys marrye de n'ann avoyr
plus tost, et n'eusc tent atendeu de vous men-
der dé myennes fasheuses, san que j'é aysté
un moys hors de cete court pour courir après
10
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
mon fils \ qui sovent me donne de teie poy nés ,
de peur qu'il fist encore le fou; mes, Dieu
mersis, je i'ay trove' si re'soleu hà ne rien fayre,
à cet qu'il m'a dist. qui puise déplayre au Roy
sou frère et altérer le repos de cet royaume,
que ce'^ cets-* ayfects sont cornent le' parole, je
auré aucasion aveques tout cet royaume d'en
louer Dyeu. Yl dist de volouir demeurer quelque
temps cheu lui, où yl pasere' le niieuk qu'il
pouré son temps , mes qui n'i fase aultre chause ,
je croy que yl n'i auré poynt de mal pour léser
paser ten de fiers heumeurqui sont aujourdui
en cet'' royaume. Le Roy, Dieu mersi, et la
Royne sa femme sel^portent mieulx que je ne lé
vis jeamès porter et sont aie danser en la ville,
coment yl font tous les dimanches et les jeudis.
Quant à moy, j'espère après cet Pâques aler
mener la royne de Navarre à son mary. Je
seré bien marrye cet*' je ne vous puis voyr
d'avant partir; et, aystent bien lart, je fayré
fin , vous donnant le bonsouir et me recomen-
dent lià^ Monsieur de Nemours, prient Dieu
vous conserver tu deus^.
De Paris, cet xx""" de mai's 1578.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
' Elle fait allusion au duc d'Anjou, qui s'échappa de
la cour dans la nuit du l'i février, avec la complicité
de sa sœur la reine de Navarre, et se retira dans son
apanage, à Angers. La reine mère courut après lui, le
rencontra à Bourgueil, et crut avoir obtenu qu'il re-
nonçât à ses aventureux projets. Il est singulier que nous
n'ayons aucune lettre de Catherine datée de quelque
ville de l'Anjou et rendant compte au roi de ses démar-
ches. Celles cpie nous publions plus loin se rapportent
à un second voyage de la reine on mai 1578.
- Ce, si.
■'■■ Cets, ces.
'■ Cet, ce.
* Sel, se.
'■ Cet, si.
' Hà, à.
' Tu deus, tous deux.
1578. — 37 mars.
Copie. Arclïives de Bavouue. série AA, registre ai.
A MESSIEURS LES MAIRE, ESCHEVINS
ET GENS DE CO.NSEIL
DE LA VILLE DE BAÏOÎNPiE.
Messieurs, le Roy monsieur mon fiiz et moy
avons avec plaisir entendu par le jeune Sor-
hainde, présent porteur, vos fidelles affections
à son service et conservation de la ville de
Rayonne, ayant aussi receu les lettres que
m'avez escriptes par luy, sur lesquelles, pour
responce, je me remectray à ce que le Roy
mondict S'' et filz vous escript de son inten-
tion; seuHement vous asseureray que je for-
tilBeray tousjoiirs sa bonne vollonté en votre
eudroict de la mienne, aultant qu'il me sera
possible, pour vous en faire recevoir, l'occa-
sion s'oflfrant, le fruict que mérite vostre fidel-
lité. Priant Dieu, Messieurs, vous avoir en
sa garde.
Escript de Paris, le swii"" jour de mars
1578.
Caterine.
De Neufville.
1578.— 1" avril.
Copie. Bilil. nnt. , Fonds Dupiiy, n° 35o. {° 5g i'°.
A MONSIEUR DABAIN.
Mousieurd'Abain , j'ayreceu plusieurs lettres
de vous 1 par ceux que Nostre Saint Père a en-
voyez pour apporter les bonnetz des cardinaux
que Sa Saincteté a faictz à ceste dernière pro-
motion, mesmes par celluy qui a apporté le
bonnet à mon cousin Je cardinal de Jainville;
• Voir les lettres de M. d'Abain à Catherine dans le
u" 345 du fonds Colbert, p. 8/18 et 85o.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
M
et pareillomcnt en ay recou d'aulres tle vous,
par lesquelles j'ay veu que vous n espar<jncz
aucune peine pour parvenir à Texpéditioa el
vuydange de mon [irocès, dont je vous renier-
cye; et vous prie île continuer en ceste bonne
volonté et tenir la main que j'en puisse jjien
lost avoir une boune et prompte expédition à
mon profil t, et que les mémoires et instruc-
tions que j'ay faictes dresser par deçà à mou
Conseil soient bien veuz et entendus par delà,
affin qu'il ne se puisse rien oublier pour ce
qui est nécessaire pour la conservation de mon
bon droict, comme je m'asseure que c'est
voslre intenlion et que vous en avez bonne
volonté; et en eest endroict je prie Dieu, Mon-
sieur d'Abain, etc.
Escript à Paris, le i" jour, etc. '.
Signé : Gatheblve.
Et plus bas : Chantereau.
1578. — 1.3 avril.
Orîg. Archives de .Mauloue.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MANTOUE.
Mon cousin. Don Paule Eraclio, gentil-
homme de l'isle Scio, a sa mère, ses frères et
ses seurs deteuuz esclaves à Constantinople
entre les mains des Turcs , dont il n'a moyen do
les retirer que par la faveur et libéralité des
Princes chrestiens et aulmosnos des gens de
bien, qui me faictvous prier iuy vouloir aider
et user de libéralité envers Iuy, affin qu'il
puisse satisfaire au debvoir qu'il a envers les-
ditz prisonniers, comme filz et frère et comme
chresticn, les tirant hors de la captivité où ils
sont; et pour ce que son intention est si bonne
et si sainte qu'elle se recommande assez d'elle
' La date est toujours en lilre.
mcsme, je ne leray la présente |)lus lonjjue
que |)our prier Dieu, mon cousin, vous tenir
en sa sainte garde.
Escript de Paris, le xni' jour d'apvril 1578.
Voslre bonne cousine,
Cateri.ne.
1578. — 28 avril.
Impi'im-' 'Inlis les Aililitioits au,r Mémoires de Ctistehati,
I.III, |i. ri5..
A MONSIEUR DE MAU\ ISSIÈRE.
Monsieur de Mauvissière, nous avons receu
ces jours icy plusieurs déposchos de vous,
auxquelles le Roy monsieur mon filz vous
satisfait amplement; aussi je ne vous en feray
aucune redite, mais reprendr[ay] ce que m'es-
crivez des honnestes propos que la reine
d'Angleterre, madame ma bonne sœur et
cousine, vous a tenus de moy, que je sçay qui
partent d'une bonne volonté et affection qu'elle
nio porte particulièrement, fondée sur la vraye
amitié qu'elle s'asseure que j'ay envers elle,
dont, pour lui en donner confirmation, je dé-
sire bien que, en la première audience que
vous aurez d'elle, vous la remerciez, de ma
part, de ces bonnes démonstrations qu'elle
vous a faites à mon advanlage, louant sa
grande prudence et sagesse en la direction el
conduite de ses affaires, ce qui donne assez
à connoistre qu'elle est douée de Dieu des
dons et grâces singulières, lesquelles je désire
lui voir croistre à pleine perferlion; et l'as-
seurcrez au demeurant qu'en prenant jKMne
de conserver l'union, qui est, grâces à Dieu,
entre le Roy monsieur mon fils et son frère, mes
enfans, je lesentretiendray aussi asec tout soin
et affection en l'amitié (juc comme moy ils Iuy
portent, que je désire estre perpéluelleuient
entre ce royaume et celuy d'Angleterre. Et
comme la vérité de cela est plus grande que
12 I,F.TTP.ES DE C VTII
mon tlisi-(Uirs n'en ('^( Inn;;, vous le suivre/ (les
niilres iiu'illeiii's |ini|)os iloul \ous vous ])Ourrez
ii(l\iser. (!('jieii(l<inl je vousdiniv [lour losponse
h ce (|iie iii'csorivez |);ir lii premièi'c voslre
lellr.'. el sni- ee (jin^ Piiiarl m'a aussi dit de
vosti'e piul, (|ui' |e veux iiien volduliers et
(le 1)011 f(piir estre avec ma belle lille la reine
(l'Ero.sse uue des luarraines de la (lelile lille
(|ue Dieu vous a deinièremenl doiine'e, <■!
pour parrain le lioi monsieur mon lils Ta bien
voulu, à ma prière, aussi estre; suivant cela.
il escrij)! au sieur alilii' de Cussi voslre IVèii'
|)our tenir en sou iiiuii voslrediclc lille sur
les saints l'onls de baplesiue, el luov je prie
la dame (iirald) de faire le semblable en mou
nom par les lellres ([ue je vous eiivove. .Me
reniellani du surplus aux lettres du lioy inon-
dicl sei;;ueure( lils. je prie Dieu vous a\oir en
sa saincle et di<jiie jfarde. j
Escript à Paris, le .wviii'" avril lû^iS. |
Iâ78. — Mnl.
(icipic. liilil. liai., Fotuls iVanriiis , II" oono . I' .'!i.
I VI ^1 Milieu VL \)\L COSSÉ'.]
Mon cousin, nous avons sceu depuis voslri'
parlement par le s' de .SlalToit-, eiuililliomiiie
de la chambre de la rovne d'.Vngleterre,
ipù'lle a d('pesclié devers le Rov monsieur
mou niz, la cliar;;e ipi'il a de la l!o\ ne sa
luaislrcse daller aussi trouver mon lilz le duc
d.\njou pour le divertir de son voyaige de
hlaiulres, ou bien, s'il ne s'en d(:'parle, Inv
' .Au tûlio prùcodcnl, il y a iiiio Ipllre du roi au même
i]iar(^fli.'il de Cossé, ne poitanl d'auli-e date c{;aleinenl
i|UL' irMay ) 578'i.
-' Lord Stnffoii! riail riioiuiiie di' coiitlaiice d'Klisabi'lli
l'I !■■ i;rand uç;;ociali'iu- dr ■un iiiuriajje |iroji'lé aii'C le
duc dWnjuu. Kllc l'envoya en France, à l'occa'iion des
affaires de Flandre, en juin lâ-jH.
EP.IM-: DE MEDICI.^.
di'claror qu'elle niellia peine de l'en empêcher,
delà nous a sembk' bien à propos pour lortillier
la charge que vous avez vei's moiulicl filz le
duc d'Anjou , et pour ce que je vous prie, mou
cousin, suivant ce (pie le Piov mondict filz
vous escript, vous seivir de cesie occazion pour
lui l'aire cojjnoislre ipie. si ronire loutes les
raisonsdu inonde, il \eull l'aire ledicl vovaige,
ipi'il ne lui en peut ipie mal venir, ce qui l'ail
si inslammeiil désirer au Roy son frère et à
inoy qu'il s'(>ii di'siste et diqiarle; et m'asscu-
lant que vous n'oublierez rien de ce qui
pourra servir à l'en dissuader, je ne vous en
feray |)liis longue lellre, si n'est de bien con-
sidérer le coiilenu de l'iiislriiclion ijue vous
emovons pn'seulcmenl pour le laid du ma-
riage d'icelluv mon (ils le duc d'.\njou, envers
le([iiel je m asseure (pie vous ii'(uiblierez rien
de ce qui se |)eull en cela et de l'asseurer (pie
nous u'avons rien en |dus grand dc'sir en ce
monde que de veoir sou conlenlenienl, sa
graudi.'iir el nquilalion lelles ([ue liiv-mesmes
peult souliailer; el oulre ledicl mémoire', il v
' Mi'llinlie Cnvntjr à Mini:iii'llf /(' Miiri'i-linl tlt' Cossê :
r Le Roy el la lloyne sa mère désirent que .Monsieur le
nnreclial de (iossé ref;arde an plus tosl, estant auprès de
M(]nseifjneur le duc dWiijon, de remecire en avant, le
plus à pr(i])OS cpi'il ponii-.i, les discours que ladicle
Dame Pioyne et Monseigneur eurent ensemble dernière-
uient à lioni'jjueil.présenl Monsieur l'évesque de étende,
p' in- le mai'iaijije de mondict Si''i;;neur.
'■Lequel il dira que icelle t)ame Royne sa mère, estant
de reliiur icv auprès du Rov, luv eu a parlé fort ample-
ment, comme estant In cliose qu'elle désire le plus de
\eoir au contentement de mondict Seij;neur; en (pioy
elle a aussv trouvé le Roy, di" sa pari, très affectionné
pour le liien, grandeur et conli'ulement, comme pareil-
leiuent il désire à mondict Seigneur, comme estant
non seulement son frère unicqne, mais tout ainsy que
s'il étoit sou filz, ainsy que ledicl sieur inarcc'ual sçaura
léen ajiq)lement discourir sur ceste occazion à mondict
Seigneur, auipiel il dira que Leiirsdiçtcs Majestez par-
lant premièrement de la lille d'.Augnste prince de Saxe,
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
a deux letlre.s que le s'' de Mauvissière nous
a escriptcs, les(iuelles vous envoyons, par où
elles oui coiisidéiv le làeii que poiirroit causer cesie
alliance, qui serait principalement si ce mallieur esloil
si grand que les troubles vinssent à recommencer par
ceiilx de ia relijjiou prétendue réformée, car de la part
du lîo\ cela n'adviendra jamais: loilirt sieur Eslecteur
pourroit ayder et empêcher qu'ils n'eussent des reisires
et autres forces et assistances des princes proteslatits de
la (jermanic; encores n'y auroit-il en cela pas grande
certitude; car ceulx qui ont accoustumé de venir en
France au secours desdicis de la religion ne sont de la
confession d'iceUiy s' Eslecteur, mais calvinistes; et oullre
cela iesdicts princes de la Germanie sont quasy comme
libres en telz cas et n'obéissent pas mesmes en ce à l'Em-
pereur, comme chacun a veu et veoit-on journellement.
D'autre espérance ou d'advanlaige en ce mariaige, il n'y
en a bien peu ou poinci; car de penser qu'ave-, le temps,
comme il feut discouru, niondicl Seigneur se peiist
faire eslire roy des Romains par le nioicn d'icclluy
s' pjslecteur, c'est chose qu'il ne fault nullement espérer
pour infinies raisons que ledicl s' mareschal, selon son
bon jugement et prudence, sçaura bien représenter: et
davantaige, il y a encores une autre chose fort impor-
tante en cela à considérer, c'est que ledicl s' Eslecteur
est si ulcéré de semblables propos que le feu conte
Reingraf tint de luy mesmes sans aulcune charge du
mariaige du feu Roy, que Dieu absolve, et (]uand l'on en
voulut parler du Roy à présent régnant, il n'en voulut
oyr uug seul mot; par là peult-on bien penser que dif-
ficilement à ceste heure en vouldroit-il oyr parler pour
niondicl Seigneur, aussy qu'il y a quelque chose qui se
mène pour cela en faveur de l'Empereur, et ne sçauroit-
on bonnement penser quel moion l'on pourroit honeste-
ment tenir en cela pour Iraicter cesl all'aire honorable-
ment, comme il est reqnis, pom- que icelluy s' Eslecteur,
oullre le maulvais traiclement qu'il feyt au président
Fumé, quand il fut envoyé vers luy, il n'a jamais seu-
lement depuis voulu veoir ceulx qui luy ont esté en-
voyez de la part du feu Roy, quelques honestes moiens
que l'on ayt pu penser, et personne que l'on ayt aussy
peu choisir, voire de sa nation niesme, pensant qu'elles
luy feussent bien agréables; voyià qui monstre bien
(avec ce que l'on a congneu depuis de luy en ces dé-
portemens) qu'il n'ayme nullement les François, mais
au contraire a une hayne mortelle contre eulx; partant
il est bien certain que, si l'on luy parle encores de
mariaige pour mondict Seigneur et de sadicte fille, qu'il
13
vousveri'ez comme l'on \eull femeciro en avani
le niariaioe d'entre ladicte dame rovne d'An-
lora (pielqnc lasrheuze responce. qui sera peidt-estre
cause de qnehjue nouveau mai.
rtOuant à la princesse de Cléves, leursdicles Majestez
rousidèront bien ce qui s'est auliresfois discouru, que
(n'y ayant (pi'uu filz (|ni n'est pas trop sain et di'ux
aultres filles qui sont déjà mariées) se faisant le ma-
riaige de ladicte princesse avec mondict Seigni'ur, Mon-
sieur le dnc de Clèves son père luy pourroit bailler en
mariaige le pais de Gueldres, mais encore ne sçayl-ou
s'il le voudroit faire à présent; et davantaige, il y a en
cela beaucoup d'incommoditez et d'aullres choses à con-
sidérer. Et puis, la grande distance qu'il y a d'icy ésdict
pays de Gueldres , de sorte qu'il se voici bien peu d'avan-
laige eu l'un et en aultrc party pour mondict Seigneur.
Toutesfois, s'il veull, le Roy y envoyera volontiers, et
s'y conduira on pour l'un et pour l'aultre selon et ainsy
qu'il sera advisé pour le mieulx.
rrD'aultre party pour mondict Seigneur on Allemaigne,
il y en a poinci.
trDu cosié d'Italie, il y a bieu la fille du duc de Flo-
rence, mais il n'eu pourroit avoir que l'argent, qui ne
seroil pas grand advantaige pour ung prince, tel qu'est
à présent mondict Seigneur.
r-()uant à la fille du duc de Mantoue, elle seroil encores
plus à propos, tant pourcequ'elle eslforl belle princesse,
que pour ce que l'on luy j)Ourroit donner en mariaige
le marquisat de Monlferrat, et le Roy bailleroit à mon-
dict Seigneur, au lieu de ce qu'il a autour de ceste ville
de Paris, le marquisat de Saluées, qui en est près, de
sorte que mondict Seigneur auroit ung bel Estât de ce
costé-la, avec espérance, par le moien de l'alliance que
ladicte princesse a avec tous les princes et potentats
d'Italie, de s'y accroistre ung jour grandement, principa-
lement si le roy d'Espaigne venoit à déccdder.
"W y a aussi l'espérance que chacun discourt, que
mondict Seigneur le duc d'Anjou doit avoir, qui est que
le roy d'Espaigne lui bailleroit en mariaige l'une de
Mesdames les Princesses ses filles avec grande advantage
pour mondict Seigneur, si l'on en faisoit l'ouverture
bien à propos, comme il seroil fort aizé de faire à pré-
sent que le Roy se délibère d'envoyer devers ledicl
s' Roy Calholicque pour le bien de la pais avec ses sub-
jeclz des Pais Bas, suivant la requeste que en ont l'aide
à Leursdicles Majestez Monsieur le prince d'Aurenge
et ceulx des Estatz desdiclz Pais Bas, ainsy que mondict
Seigneur a veu par leclres escriptes à ceslo fin, que luy
n
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
gleterre et mon fili! le duc d'Anjou; et combien
que je croye qu'il n'y ayt aulcune affection,
monstra dernièrcraeul à Bourgueil le s' de Remboillet,
qui les liiy porta de Clienoiiceau de la part de la Hoyne
sa mère, à laquelle il semble (comme aussy est-ce l'opi-
nion du Roy) que, pour la grandeur de mondict Sei-
gneur il n'y a poinct de mariaige plus à propos pour
luy que cesluy-là, pourveu que ledict s' roy d'Espaigne
vonlust, en faisant ledict mariaige , bailler à mondict Sei-
gneur la Franche Conte', à la charge qu'aussv tost qu'il
auroit des enfans, il luy donneroit les Pais Bas nu le
duché de Milan, comme il avoit esté proposé pour feu
Monseigneur le duc d'Orléans, oncle de mondict Sei-
gneur, qui pourroit espérer et attendre encores beau-
coup plus grand advantaigo de ce mariaige selon que
les choses peuvent advenir, estant desjà ledict S' roy
d'Espaigne advancé en aage et moribond, et ses filz si
jeunes que mondict Seigneur, estant son gendre, pour-
roit bien, oultre ses prétentions, honeslement espérer, si
ledict s' roy déceddoit bien lost, avoir le principal gou-
vernement et administration de ses Estats, comme ledict
s"^ mareschal luy sçaurabien aussy représenter ; mais est-ce
besoing que ce soit à part, affin que ceste particularité ne
puisse estre divulguée, et si mondict Seigneur y a désir,
comme il semble que ce soit le lieu où il fault premiè-
rement essaier, non seulement pour sa grandeur, mais
aussy pour estre le mariaige plus convenable , et duquel
il peult plus espérer, il sera besoing qu'il en escripve
promptement à Leurs Majestez, ad ce qu'Elles en facent
faire les ouvertures, pour en avoir bien tost une bonne
et prompte résolution , qui se peult aussy espérer par le
moien de leur intervention, en laquelle il ne s'oubliera
rien de tout ce qui concernera le contentement, bieu,
honneur, grandeur et réputation de mondict Seigneur,
ainsy que icelluy s' mareschal l'asseurera de la part de
Leursdictes Majestez.
fil y a aussy Madame la princesse de Navarre, dont
mondict s' le maréchal luy parlera, et si mondict Sei-
gneur déUbéroit d'y entendre, Leursdictes Majestez em-
brasseront cela fort volontiers, ne désirans rien plus que
de le veoir content et de faire pour luy, ladicle dame
Royne comme une mère très-aQ'ectionnée doibt, et
le Roy non seulement comme son frère, mais aussi comme
à son filz, ainsi que Leursdictes Majestez donnent charge
à icelluy s' mareschal l'asscurer à mondict Seigneur, et
qu'Elles le prient de bon coeur de résouldre sur tout le
contenu cy dessus et bien en faire response.» (Copie,
Bibl. nat., fonds franc., n° 33oo, f 3i v'.)
touttefois je vous prie ne luy en parler uy
faire veoir lesdictes lettres à qui que ce soit,
que après que icelluy Staffort sera party pour
retourner de deçà, et mandez moy le plus tôt
possible que vous pourrez de vos nouvelles,
priant Dieu vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Paris, le . . . jour de may 1678.
Caterine.
1578. — 2 mai.
Orig. Bilil. »al. , Fonds français, n" lôgoô, T 69.
A MONSIEUR DE BELLIÈVREi.
Monsieur de Belièvre, les pauvres ha bilans
de ceste ville m'ont, à mon arrivée icy, pre'-
senté une requeste que j'envoye au Roy mon-
sieur mon filz, et le suplie de faire veoir la-
dicte requeste en son Conseil, où je vous
prie en oultre que vous les assistiez autant
que pourrez, et pour ce qu'il sera reconnu rai-
sonable pour la modération qu'ils requièrent
de la taxe qui leur a esté faicte de un"' 1.,
qu'ilz avoient accoustumé de porter pour la
subvention généralle, à vi" 1., à quoy on les
a mis aujourd'hui. Dz remontrent qu'ils ont
beaucoup d'autres sommes à suporter; voilà
pourquoy je les vous recommande; considéré
qu'ilz ont toujours esté et sont très affec-
tionnez au service du Roy mondict s'' et filz;
priant Dieu, Monsieur de Belièvre, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escript à Chartres, le ii" may 1578.
Caterine.
' Le titre exact porte : r Monsieur de Belièvre, con-
seiller au conseil privé du Roy monsieur mon fils, et
superintendant de ses finances -i.
157S. — () mai.
Copif, Bibi. iKil-, Fonds fraoçais, n" 33ou, C a'S.
[\U ROY MONSIEUR MON FILS^J
Monsieur mon filz, je seray, s'il vous piaist,
excusée de vous escripre de ma main ceste
lettre, d'auilant qu'elle sera longue, affin que
plus amplement vous entendiez aulcunes par-
ticullaritez d'importance que j ay sceues de-
puis la dépesche que vous fis hier du Mans'-.
Et commenceray à vous dii'e que pour certain
la royne de Navarre voslre seur a faict telle-
ment envers le s"' de Miosens que, quand il est
arrive' devers mon filz le roy de Navarre, il
l'a asseuré de la volonté grande qu'elle a de
l'aller trouver, et la délibération qu'il a con-
gneue que j'ay, de ma part, de la luy mener,
affin de les veoir ensemble, et aussy pour
particullièrement le veoir, dont il monstre
avoii' très grand désir de sa part, avec fort
bonne délibération de laymer parfaictement
et de luy faire tout le bon traictement qui se
peut, ainsy que cela m'a esté confirmé par le
s"' de Laverdin, qui, accompaignant les dames
de Lassay et de Monlaffier, me vint hier au
soir après mon soupper trouver comme je
m'allois promener, dont je feuz bien aize. Il
commença à s'excuzer de son partement, et en
m'en disant quelques petites occazions, et me
ramentevant ses services et, principallement
les grandes blessures qu'il avoit eues pour
vostre service après la mort du feu Roy vostre
frère ; je luy feiz bien entendre , comme aussy
sçay-je que c'est la vérité, (jue vous aviez
aultant de bonne estime de luy que de nul
autre de sa qualité, et que, s'il eust esté bien
' En marge : «Lettre escripte au Roy par ta Reyne sa
mère. i
- Il a été impossible de retrouver cette lettre de la
reine du 5 mai, écrite an ilan».
LETTRES DE C.4THER1\E DE MEDIGIS. 15
sai;jo et tel (ju'il debvoit, il eust lait aullrr-
ment qu'il ne lict, estant raisonaliic que les
Ijons serviteurs attendent et se remettent à la
discrétion et bonne volonté de leur maître
pour recueillir le i'ruict de leurs sei'viccs, cl
(|U(' je m'asseurois que ne l'eussiez pas oublié;
mais au contraire qu'il eust esté dos premiers
pourveuz auprès de vous, qui aviez aussy en-
tendu qu'il avoit fort bien faict (et dont lui
sçaviez fort bon gré) pour le bien de la pacilli-
cation des troubles, et que je m'asseurois aussy
que, ayant, comme je sçavois certainement que
aviez, vostre but à l'entrelénement de la paix,
il vous feroit service très agréable de tenir la
main envers mon fils le roy de Navarre, ad
ce aussy que, de sa part, il y procédast fran-
chement, ce qu'il m'a asseuré qu'il ne fauî-
dra de faire, se délibérant, à ce qu'il m'a
dict, de partir lundi prochain ou bientost
après pour l'aller retrouver; et est entré à me
dire comme il estoit venu par deçà pour re-
garder à ses affaires; il ne m'a pas nyé qu'il
n'ayt esté dernièrement à Paris, et luy de-
mandant pourquoy au moings il n'estoit allé
veoir ma fille la royne de Navarre, il m'a
respondu qu'il n'avoit auzé pour ce qu'il estoit
quasy seul, et mal accommodé, et que, sans
cela, il l'eust faict volontiers pour asseurer
madicte fille de la bonne et droicte volonté
du roy de Navarre, l'affection duquel il sçavoit
bien estre aussy telle envers vous qu'elle no se
[)ouvoit plus grande, et (|u'il luy avoit tous-
jours ouy dire que c'estoit vostre naturel de
i'aymer, et moy aussy, que le lui avions, dès
qu'il estoit petit, faict tousjours congnoistre,
et qu'il sçavoit bien aussy que l'occazion pour
laquelle mondict fils le roy de Navarre avoit
demandé, en faisant la paix, une ville sm- la
rivière de Loire, estoit affin de n'estre point
si loing de nous, mais pour avoir moicn de
nous venir veoir quelquezfois, et puis s'en re-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
16
tourner sans aiilcun trouble d'une part ny
d'auitre.
Et de propos eu autre sommes entrez à
parler de mon fils le duc d'Anjou, et si
ledicl Lavcrdin avoit pas veu le sieur de
Bussyi, et aussy s'ils estoient pas, comme
i'avois entendu, à présent bons amys; sur
qnoy il m'a respondu que ouy; et lui deman-
dant ce que disoit ledict Bussy de ces enlre-
prinsesde Flandres, il m'a faict entendre que
iccluy s' de Bussy luy en parla de l'açon qu'il
tenoit ladicte entreprise pour estre très à propos
et bonne, mais qu'il luy respondit qu'il n'esloit
assez expe'rimenté pour en donner son advis et
que, s'il estoit en son lieu, il se garderoit bien
d'en donner conseil; car, s'il en advenoit mal
ou que les choses ne succe'dassent bien, Ton
s'en prendroit toujours à luy. Ils ont couschc
ensemble deux nuiots en la maison du comte
du Lude, comme il m'a aussy dict que aupa-
ravant l'avois-je bien sçeu. Il m'est venu, ce
matin, conduire depuis le Mans jusques assez
près du villaige de Pont-Valin, qui est au
s' de Roche Pouzé, où j'ay disne'; mais, avant
que finir ma lettre, je ne veulx faillir de vous
dire plus au long ce que j'ay apris aussy, de-
puis que le sieur de Laverdin est départy d'avec
moy : c'est que, pour certain, madicte fille
la royne de Navarre faict tout ce qu'elle peut
pour mectre bien ensemble mesdicts filz le
duc d'Anjou et le roy de Navarre, lesquelz su
doibvenl veoir le pluslost qu'ils pourront, dé-
libe'rant mondict filz s'acheminer pour ceste
occazion bientost à Bourges, et ledict roy de
Navarre de ce costé-là, ne s'obmettant rien
de tout ce qui peut servir pour ladicte récon-
ciliation, ayant este', pour plus aizémenl y
' Voir Ijéon Marlct, Bussij d'Amboise, et Branlômo,
édit. de L. Lalaiine, pour la Société de l'Hisloire de
France. C'est Bussy qui avait combiné l'évasion du duc
d'Anjou de Paris.
parvenir, lesdicts sieurs de Bussy et de La-
verdin faictz amys, comme il est cy-devaul
dict; et, à ce que j'ai sceu, les sieurs contes
du Lude et de Maiicorne furent premièrement
expressément veoir mondict filz le duc d'An-
jou pendant qu'il estoit à Angers, et s'assem-
blèrent depuis pour l'entreveue desdicts de
Bussy et de Laverdin au lieu de Ghanchevrier',
maison dudict comte du Lude, oii ils de-
meurèrent pour cest elTect quelques jours.
Aussy icelluy Laverdin m'a bien dict en pas-
sant que Bussy s'estoit clairement laissé en-
tendre, parlant à iuy privément et d'alTection,
qu'il falloit qu'ils se conduisissent tous deux
de façon qu'ils feussent les secondes personnes
auprès de mesdictz filz le duc d'Anjou et roy
de Navarre; et, le veoyant en ce propos, je le
mys encores sur le faict de Flandres, et lui
demanday si mondict filz le roy de Navarre
et ceulx de la prétendue relligion réformée
en estoient poinct : il me respondit que non,
et que ledict Bussy le vouldroit bien, et ([u'il
s'estoit laissé entendre qu'il falloit que, pen-
dant que voslredict frère donneroit du costé
de Flandres, que ledict roy de Navarre deb-
voit donner du costé de son royaume do Na-
varre, et qu'il en auroit bon marché pendant
que le Roy Catholicque seroit empesché ail-
leurs, s'estant davantaige ledict Bussy ouvert
audict Laverdin jusques à luy dire que mon-
dict fils avoit \f M I. et que ceulx des Estatz
lui baiileroient neuf villes; sur quoy je luy
dys : (f Voire en papiers, et luy respondit qu'il
le croioit ainsy plustost que autrement; mais je
ne veulx aussy oublier de vous dire ce que j'ay
aussy entendu que l'on tient pour certain,
c'est qu'il n'y a que Bussy auprès de mondict
fils qui soit d' advis de ladicte entreprise de
' Le château de Champclievrier, près de (^inq-Mars,
en Touraine, se trouve à huit ou dix lieues du Lude,
d'oii est datée celte dépêche.
LETTRES DE CATII
Flandres. La Chastre et Siinyer ont à présent
bonne intelligence ensemble et ne trouvent
nullement bon ladicte entreprise de Flandres.
Ledict Bussy gourmande tant ledict Symier,
(|u"ii a esté contrainct se commencer à ran-
ger avec ledict La Chastre, qui est party de-
puis quelques jours d'auprès vostredict frère
pour aller prendre possession de sa capitai-
nerie de Loches. J'ay aussy certainement sceu
(}ue ledict Bussy s'est délibéré d'entendre fort
exactement à faire ses affaires, et, au lieu
({u'il avoit accoustumé de faire grande des-
pense, il n'en faict comme plus, avant donné
quazy tous ses gens à iiioiidict fils, n'en ayant
retenu que bien peu à iuy, et espargne tout
ce qu'il peult, tant des pensions et estats qu'il
a et d'autres choses qu'il peut attraper. Il a
rauctoriti! de tous les alTaircs de vosiredict
frère, et quand il veoid quelque chose à don-
ner, il le demande pour quelqu'un, s'il ne le
veut en son nom; mais il en prend la moitié
de celluv à qui il est donné. Je vous diray aussy
encores une autre chose, que j'ay sceu certai-
nement qui est véritable, c'est que vostredict
frère a reccommencé à se fascher de la pri-
vaulté et façons de faire dudict Bussy, le
veoyant par trop impérieux, et croy certai-
nement que, avec le temps, Dieu lui fera la
grâce de congnoistre, comme il cougnoist
desjà bien, en quelles mains il s'est mis, n'es-
tant pas son naturel de demourer ainsy. J'ay
sceu aussy que mondict fils a dit à part,
quand l'on Iuy a parlé que voulez faire tailler
eu pièces ces gens de guerre qu'il faisoit
lever pour Flandres, que aviez raison et qu'il
n'y avoit poinct d'ordre aux exactions, pille-
ries et ransonnements qu'ils faisoient. Cela
me donne quelque bonne espérance de mon
voyaige. Voilà tout ce qui s'est passé jusques
à l'heure que mondict fils m'est venu trouver
avec très grande obéyssance et humilité,
Gatucrike de Mkdiois. — VI.
ERINE DE MEDICIS. 17
entre ledict Ponl-Vallain, où j'ay disné, et
ce lieu du Lude. Après m'avoir demandé les
bonnes nouvelles de vostre santé et de la Royne
ma fiUe, et aussy de la royne de Navarre, je
l'ay faict entrer avec niov en mou chariot, où,
après m'avoir aussy très humblement remercié
de la peine que j'avois prise de venir, nous
sommes entrés en propos communs; et entre
aultres il m'a dict que, ces jours-icy, il y avoit
eu une querelle entre Chamois et Fontenay,
parent de La Chastre, qu'il avoit accordée luv-
mesmc, mais (jue depuis l'on avoit trouvé
mnien de remectre ladicte querelle au mesme
chemin que celle d'entre Quélus et Entraguet,
où avoit esté appelé le s' de La Chastre, au-
quel Bussy, à qui ledict Chamois est fort affec-
tionné, avoil, à mon advis, faict dresser cesie
mesnée. Ledict Bussy alla hier, à ce que me
dict mondict filz, à Angers, pour ce (pi'il y
esioit advenu quelque désordre entre aulcuns
liabitans et aulcuns soldatz, mais j'estime qu'il
s'en est allé expressément quand il a sceu que
je venois. J'ay attendu que mon fils se soit mis
de luY mesme en propos de i'occazion de mon
voyaige, que je Iuy ay dict estre pour deux
raisons : la première pour ie veoir, et l'autre
sur ces hruiclz qui courent qu'il va en Flan-
dres, où je craingnois de le trouver desjà parti ,
puisque ses trouppes estoienl desjà levées c(
s'advansent sur ce chemin, comme j'avois en-
tendu, principallement le régiment de Com-
beiles et celluy du cappitaine Aymery, qui
pourroient bien avoir sur les doiglz, pour ce
que vous aviez mandé leur faire commande-
ment de se séparer et retirer en leurs maisons,
et à, faulte de ce faire, leur courre sus; sur
quoy mondict fils m'a dict et asseuré tout
hault en ma chambre, qui estoit toute plaine
de gentilshommes qu'il a avec lui, (pi'il ne
faict lever que celluy de Combelles, et quant
à celuy dû cappitaine Aymery, qu'il ne sçavoit
;î
18
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
que c'estoit et (ju'il ne faisoit rien lever audict
Aymery; mais qu'il s'en ieveroit seullement
encore deux mil par le s'' de LaRocbepnt pour
faire jusques au nombre quatre mil hommes
de pied, pour mectre dedans les villes que l'on
luy veut bailler. Le s'^de Fervaques, qui estoit
enmadicte cbambre,adictaussy tout haultque
c'estoit mon nepveu le duc de Guise, et qu'il
faisoit lever cent compaignies de gens de pied et
deux mil chevaux et qu'il estoit tout commun
partout , principallement en Normandie d'où il
venoit, que c'estoit vous qui l'aviez commandé
à mondict nepveu le duc de Guise, ce que j'ai
bien dict et fort expressément asseuré n'estre
véritable; et sur cela, l'on a dict que c'esloient
donc les ligues el associations, et mondict fils
a dict qu'il le pensoit aussy, et mov sur ce
j'ay encore réitéré l'asseurance que j'avois que
n'en sçaviez rien, et au contraire que j'avois
eu lettres comme vous aviez très expressément
mandé aux s" de Carrouge et de la Meilleraie
assembler la noblesse et autres forces pour
les tailler en pièces, s'ils ne se séparoienl à
l'instant qu'il leur seroit commandé de par
vous, n'ayant voullu faillir de vous en ad-
vertir incontinent, affinque vous sçachiez, s'il
vous plaist, qui c'est qui faict faire cesdictes
levées autres que celles desdicts Combelies el
de La Rochepot; car cela est bien à craindre,
et fault soubdain y remeddier. Nous avons
commencé mondict fils et moy à parler de
ladicte entreprise de Flandres, et l'avois prié
de faire assembler ceulx de son Conseil qui la
luy conseillent, atfin que j'en enlendise les
fondeinens et la vérité de tout; mais, après
plusieurs propos sur cela, lesquelz il me
semble que le Roy mondict fils ne rejelle pas
trop loiiig, mais les prend, ce me semble, en
assez bonne part, inoudict lils m'a prié de lui
donner temps de trois jours seullement, de-
dans lesquels il espère avoir nouvelles do la
résolution qu'aura eue le s"' de La Rochepot
de ceulx des Estais , et m'a prié que nous
allions couscber demain à Bourgueil', où il a
les papiers qui en font mention, lesquelz il
me monstrera et tout ce qu'il aura pour cela,
ce que je suis bien d'advis d'accorder; et ce-
pendant je feray, s'il est possible, qu'il fera
venir ledict Bussy pour ouyr ses raisons,
èsqueRes il n'est guères soutenu, n'y ayant,
à ce que j'entends, que luy qui l'opiniastre;
car, à ce que je voy, peu de ceulx du Conseil
de mon fils sont d'advis de ladicte entreprise.
Je l'ay aussy prié de faire pareillement venir
Monsieur de Mende; et, incontinent que je
vous en pourray escripre des nouvelles , je ne
fauldray de vous en advertir aussy soubdain.
Je prie Dieu , mon fils, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript au Lude- , le vi" jour de niay, au soir
fort tard, 1678.
1578. — 7 mai.
Copie. Bibl. nat. , Fonds franrais, n° 33oo, i° a5.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je pensois vous envoyer,
avant partir du Lude, cestedépesche; mais je
n'ay eu ce malin commodité de la faire para-
chever, aussy que je désirois aprofoudir en-
cores plus avant toutes choses, tant envers
mondict filz que de ceulx qui sont avecques
iuy, dont je vous feray ung sommaire recueil.
Et vous diray premièrement que j'ay sceu de-
' C'est de Bourgueil que le duc d'Alençon écrivait ù
l'agent français aux Pays-Bas, s Monsieur des Pruneauxii.
Voir ses lettres des a6 avril et 1 1 mai 1678. Ms.fr. 8277,
fol. i3 et a>.
^ Le Lude, près de la Flèrlio, si célèbre par son beau
cbâteau renaissance, commeucé par Jean de Daillon, sé-
néchal d'Anjou.
LETTRES DE CATHERli\E DE MEDICIS.
19
puis mon arrivée en ce lieu que TotTazion
pour laquelle mon filz me pria hier au soyr
devenir icy, au lieu de séjourner au Lude,
comme avions advisé, estoit que ion luy avoil
faict entendre (|u'il \enovt après moy unjj ré-
giment de dix compagtiies de gens de pied et
des compaignies de gens d'armes pour l'in-
vestir audict Lude, dont il verra bien le con-
travre, el que Ton ne demande ([u'à le troubler
et mecire eu peyne et defllence, comme je luy
ay bien dict. Je ne veulx aussy oublier à vous
advertir que le sieur de iMalicorne, parlant
ce matin avec Symier encores de ces entre-
prises de Flandres, et ledict .Malicorne luy
faisant entendre lesdictes raisons qu'il veoyoit
au contrayre, ledict Symier luy a dict qu'il
n'y avoyt moyen que j'en pusse détourner
moudict iilz que en luy proposant quelque
mariaige, et que mondict filz seroyt pour y
entendre; sui' quoy I ung et l'aultre se deman-
doient à quelle princesse. Enfin icelluy sieur
de Malicorne, veoyant que Symier ne la luy
vouloyl nommer, luy a dict : tr Je vous la nom-
meray doncquesn, el a parlé de ma fille la
princesse de Navarre , que Guitry luy avoil dict ,
en passant, (jue Bussy, Symier et quelques
autres d'auprès de mondicl Iilz luv en avoient
parlé, ce (|ue ledict Symier n"a pas nyé, et luy
a dict davanluige qu'il luy sembioyt que cela
ne seroyt que très à propos. Quand ledict
Malicorne m'en a parlé, je luy ay monstre
d'oyr parler de cecy volontiers pour ce que je
sçay bien qu'il a affection à ceste maison pour
la considération de Laverdin, son nepveu, el
luy ay dict que c'estoyt chose que je m'as-
seurois que désiriez bien fort. Depuis, me
promenant avecques mondicl filz, je i'ay mis
encores en propos pour ces entreprises de
Flandres oii il monslroit toujours estre très
affectionné, et, alliu de gai;;iier quelque chose
sur luy ou pour le moyus luy imprimer toutes
bonnes raisons pour l'en dissuader, à chascune
foys que je luy en parle, veoyant qu'il s'est
ouvert à nioy, disant qu'il n'avoil aulcune
chose par escript de ceulx des Estats, mais qu'il
me ])ryoit de vouloyr oyr verbalement ce qu'il
y a eu cela jusques icy, qu'il h' me décla-
reroil et l'eroil déduire tout entièrement; sur
quoy je me suis premièrement arrestée et ré-
solue à deux choses : la première, que je dé-
sirois que Bussy y feusl, alfin que j'entendisse
ses raisons par sa propre bouche, et l'aultre,
que, quand j'en diroys mon opinion, je \ou-
loys qu'il l'enlendist et qu'il feust aussv pré-
sent à la conclusion et résolution qui se l'eroil
en cela, allin (pi'il n'eust cv après aulcune
excuse, s'il changeoit ou faysoit changer ce
qui seroit résolu. Enfin mondict filz m'a pro-
mis qu'il l'envoyera quérir et (ju'il sera de-
mayn icy. Cependant nous sommes encores
entrez, mondicl fdz el moy, bien avant au l'aict
desdites. entreprises de Flandres, el luy ay re-
mis devant les yeux plusieurs grandes raisons
pour lesquelles je ne trouvois aucun fonde-
ment à icelles; qu'il falloit considérer le temps
oii nous estions et i'estat de voz alfayres; car
il s'estoyt desjà laissé entendre qu'il ne vouloit
ni ne pouvoit entreprendre ny espérer aulcun
IVuict en cecy, si ne luy estiez aydant, ce que
hanchement je luy ay dict qu'il n'estoil rai-
sonnable ny à propos que fissiez, veu les
grandes nécessitez où estiez réduicl, el da-
vantaige que desjà l'ambassadeur d'Espagne
m'avoil clairement dernièrement dict sur ces
bruictz icy que, si vous entriez es païs de son
maistre,que dès l'heure sondicl maistre nous
déclareroil et léroit la guerre, et que parlant
il ne falloit, s'il ne voulloit troubler tout le
royaume et faire beaucoup de mal à vos af-
faires et service, ce qui debvoil estre consi-
déré non seulement directement contre vous
elle joyaume, mais aussy contre luy mesmes,
3.
20
LETTIil-S DE G AT HE
vous cstaiil lii'i'c 1-1 niiiiuic iil/. jusi]lli',^ i'i ci'
iiiiil ;n I iik'ii à l)i(_'ii \(iun ihiiuiiT i!es ciil;ms;
(lu il se des|)i)rlàl dosdiclcs C'iitivjiriM'S. qui ne
|)Oiivoi<'ril ;i|i|)orl(r (|iie loul mal, au lieu que
vinis osles eu ;|raii(le es|»ei'auce e( beau eheuivu
|)Our leslablisseuieul de la paix cl repu/, de
\o/. sulijeolz, el (ju il lailoil, avant que eulier
si avMiil eu ceey, etuisidi'icr jdusieurs choses
qui I eu tlei)voieul deuiouvoii' du tout, les-
(|U(dles je lu\ av ilesiiuicles le plus aiiiplenient
(|ue j'ay peu, iuy reuioustraul eulre aullrcs
(ju'il rei;aidasl l)ieu, et (|u'il l'auldroj t |)reuiir-
remeul avoyr quatre ai'ni;'es, assavovr : l'uue
eu l'iediiKuit, l'aultre eu l'roveuce, Faullre eu
Clunupaijjue. et laullre eu Picardie; et i|ue
je le priois de croire (jue ceuK ipii le iuv cou-
seilloieul, pcincipaleuieut l'u.ss\, i|ue c'estoit
pour sou pai'liculier seuleuieul et iiou pour
son bien, et (|u"aussv il pouvoit bien croM'e
(|ue ces entreprises, n'aiscissant mal, coiunu'
sans doubte elles l'ei'oienl, Ion dira tousp)urs
que c'aura esté |iar l'aulle de prudence et de
considération, el par ainsy qu'il n'eu |iouvoit
raj)porter que desri'pulatioii ; e! pour ce ipu'.
nonobstanl lnul cela. ils\ uionslioil lou>p>ur>
eulier, je Iuv ay dict que uon pas Iuv, mavs
ceuK (jui Iuv |ier^uadoient cecy ressembloieut
les s'~ de (iaudalle el de la Trimoille . ipii |iar
loieiil le niM'idx (|u'd esloit po-sible. ijiiaud
leurs yens leur a\(ueul mis (|uel(]ue chose eu
la tesie, mais auss\ que hoi's de là ils de-
mouroieul muet/, pour ce (juilz esloieut |ier-
souues iuqii'iliueutes el (|ui ne sçavoieni ru'u
(pie une chose seulement ([ue l'on leur avoil
a]([)rise, à laquelle ils revenoient lousjours, et
ijne ainsy sera-l-il tie ceulx (|ui luy persuadent
coc), et (ju'il le conyuoislra, s'il s'embai'qiie
si li'gî'renieul eu cas si sérieux et (]ui nii'iile
premièremeul plus de considéraliou (ju'il n'eu
a eu. lu à ce [)ropos je suys entrée à Iuv parler
du mariaijje d'une des tilles diidicl ruy d'Es-
KINE DE iMEDlCIS.
|)ai|jue, el pareillruu'nl fie ladicle princesse
de \a\arre, Iuv laisaut clairement entendre
ipie, avant que je léusse arrivée auprès du
roy de .Aavarre, il s'en pourroisl l'avre une
ri'soluliou bien lost avec ladicle princesse de
Aavarre, ue vonllant à ce pro|)os oublier de
vous dire que j'a\ sceu que nn>n cousin, le
duc de Moulpensier, veoyant passer deux l'oys
(diouppe |i(iur aller de la pari di' mou lils le
roy de Navarri' devers inoudicl Iil/ le duc
d.Aujou, il luy avoyl demanilé l'occasion de
lanl de vojaijjes, (pi'il Iuv avoyt dict (jue
c'esloil pour ileinauiler à niondici lilz le duc
d'Anjou si c'estoyl Iuv qui empescliasi ou
avoit délibéré deuipeschei' racheniinenieul
auprès de luy de madicte fille la royne de
iNavari'e; sur (|uov moudicl lilz, aussv à
ce ([ue j'ay entendu, a bien esclaircy ledict
Chonppe, l'asseuranf (|u'il n'y av(u'f janiays
pensé. Je ne lèiz pas semblani à mondict
lilz de sçavoir rien de cida. ne voullant aussy
oublier de vous dire «juc je luy ay pareille-
ment demandé si l'on l'avoit pas recherché
piiur le faict des lijjues et du bien publicq;
il uéa trauchemenl re>])ondu que ouy et que
Ion luy en avoyt présenté des requestes,
mais (pi il avoit renvoyi' ceulx (|ui iuv en
avoient parli' et faict [larler, et qu il n(^ lui
aïKiendroit janiavs, comme il leur avoil faict
clairement entendre et conjjnoislre, de fayre
aulcune chose au préjudice de voslre service
el de ce royaume, s'estanl estendu sur cela,
et m'en a pailé, ce iiu' semble, fort franche-
ment, se laissant enleudre avoir bien congneu
qu'il V a quelque chose de Mcssieuçs de Guyse
meslé en cecy; et m'a dict (jue quasy tous les
gouverneurs et lieutenans géuéraulx des jiro-
vinces esloieut mal conliMis el qu'ilz cstoient
ou la jduspart d'intelligence en cecy, el ([u'il
estoil d'advi» que leur fissiez quelque bonne
deunmsiralion pour les asseurer et luaiiilenir
LKTTIiES DE CATHERIN H DE MEDICIS.
21
en l'airerlion qii'ilz vous (loibveiit. l'^t à co
propoz je ne vciilx oublier de vous dire que
j'av sceu pour cerlayn que ie sieur de Car-
rouges s'est fort bieu remis avec mou fiiz, et
le sieur de la Mailleraie aussy. Je vous envoyé
une Icctn» du sieur Sirossy ', allin que vous
veoyez, s'il vous piaict, le contenu en iceile.
Escript à Bourgueil-, ce niercredy au soir
vil"""' jour de may ib-]8.
1578. — 8 ou g mai.
Copie. Bibl. ual. , FonJs franrais, n" 33oo , f" oG \" et suiv.
MÉMOIRE
BAILLÉ PAR LA BOYNE , JIÈKE DU ROY,
À MONSIEUR DE MAIiNTENON
QC'ELLE A DÉPESCHÉ VERS LED. SEIGNEDr'.
Suivant ce que la Royne, mère du Roy, luy
a escript à son arrive'e en ce lieu de Bour-
gueil, le vu" de ce mois de may, Monseigneur
avoit donné quelque espérance à ladicte
Dame royne, sa mère, de mander et faire
venir d'Angers icy le s"' de Bussy, pour dé-
clarer luy mesmes ou estre présent quand le
faict de l'entreprise de Flandres se déduiroil ,
et que l'on monslreroit à ladicte Dame royne
les papiers qu'eu avoit mondict Seigneur, et
et aussy pour entendre les raisons que sur
cela iceile Dame royne avoit à dire de la part
du Roy et selon son advis; mais depuis mon-
dict Seigneur s'est aulcunement excuzé sur
' Philippe Strozzi, colonel de l'infanlene française,
fils du niaréclial Pierre Strozzi, cousin ijermain de
Catherine de Médicis.
' Bourgueil, ville d'Anjou, à Irois lieues de Saumur
et neuf lieues dWngers.
' Pour lui rendre compte de son entrevue avec le duc
d'.tejou à Bourgueil.
(piel/.([ucs jifl'aircs qu il dict qu'a ledicl s' de
Bussy, et oultre cela, qu'il esloil luallade; de
sorte que ladicte Dame royne veoyani ([ue
toutes les prières qu'elle avoit peu faire, el
(ju'après avoir recherché tous les moiens dont
l'on s'est peu adviser pour faire venir ledicl
Bussy, n'y avoieni peu de riiui servir, elle S(!
seroil résolue, suivant ce qui avoit esté ar-
resté entre Sa Majesté et Monseigneur, présens
Messeigneurs les duc de Montpensier et |)iinco
Daulphin, de se retirer en son cabinet , comme
elle a faict, et où estoient, avec Sadicle Majesté
et mondict Seigneur, mesdiclz s" les Duc de
Montpensier el prince Daulphin ', et aussy
Mess" l'Evesque de Mande, de Rcmboillet et
de Maintenon, et, après avoir ladicte Dame
rovne plusieurs fois très inslammeni requis,
voire suplié mondict Seigneur de faire venir
ceulz de son Conseil, qui avoieul eu commu-
nicquation du faict de ladicte eulreprise de
Flandres, et de faire aussy apporter les pap-
piers, mémoires et instructions (ju'il en avoit,
veoyant que pour tout cela elle ne pouvoil
l'ieii gaingner sur mondict Seigneur, quehjues
instances et prières par plusieurs fois réité-
rées qu'elle eu ayt faictcs, mondict Seigneur
n'auroit voulu faiie venir ceulz de sondict Con-
seil, et aussy peu apporter lesditz pappiers,
elle a commancé à remonstrer à mondict Sei-
gneur (pour plus aizément sçavoir de luy le
fond de ladicte eulreprise) que le Roy et elle
n'avoient rien en plus grand désir que de
ayder à sa grandeur el ré[)ulation, pour beau-
coup de grandes et véritables raisons, (|ue Sa-
dicte Majesté a fort amplement et clairement
desduictes, qui ne peuvent qu'elles n'ayent
touché au profond du coeur de mondict Sei-
gneur, auquel par icelles elle a faict con-
' Le prince Dauphin est, comme on sail , François
de Bourhon, fils du duc de Monipensier, prince des
Dombes et dauphin d'Auvergne.
22
LETTRES DE GATHERIiNE DE MÉDIGIS.
gnoislre qu'il estoit non seulement frère, mais
comme filz du Roy, et que, de sa part, elle
pensoit incessamment très soingneusement
aux occazions de l'accroissement de cesle co-
ronne et de chercher les moiens pour veoir
empioier mondict Seigneur en cela avec la
continuation de la parfaicte amytié et bonne
intelligence quelle désiroit, et qu'il failloit
qui feust tousjours entre le Roy et mondict
Seigneur, auquel derechef elle a requis très
instamment de luy faii'e veoir, présens les
dessusdietz, les pappiers qu'il luy avoit dict
avoir, aflin que l'on peust en cecy asseoir plus
certain jugement, aultrement qu'elle pensoit
qu'il se laisseroit tromper, pour ce qu'elle avoit
sceu qu'il n'y avoit que le conte de LuUin et
queizques aultres qui ne faisoient qu'une par-
tie desdictz Estatz, qui recherchoient mondict
Seigneur, lequel perse'vérant tousjours qu'il
n'estoit poinct de besoin^ d'en veoir aulcuns
papiers, a dict qu'il n'en avoit que des lectres
missives, desquelles Monsieur de Mande au-
roit commancé à dire la substance; sur quoy
mondict Seigneur, prenant la paroHe, avoit
faict entendre que lesdictes lectres estoient
escriptes par tous ceulx des Estatz des Pays
Ras, mais qu'elles ne portoient aultre chose,
sinon qu'il envovast de delà, comme il avoit
faict, les s" de La Rochepot et des Pruneaulx,
desquelz il failloit attendre nouvelles qu'il
espéroit avoir dedans peu de jours, et qu'il
n'y auroit poinct de faulte qu'il n'en ad-
vertist aussy tost le Roy et ladicte Dame
rovne, ne vouilant rien entreprendre en
cela que ce ne soit du consentement de Leurs
Majestez; et sur cela ladicte Dame royne,
reprenant son premier propos, auroit remon-
stré à mondict Seigneur tant de si grandes
et apparentes raisons les unes après les autres
(par où elle a monstre que ladicte entreprise
de Flandres ne se pouvoit à présent faire).
qu'il seroit bien difficile de les pouvoir en si
bons termes, si à propos et si prudemment
et amplement déduire qu'elle a faict, si ce
n'estoit avec ung fort long discours, duquel
ce mémoire ne sera qu'ung petit sommaire,
par lequel seront seulement cottez les chtffs
d'icelles remonstrances.
PREMIEREMENT.
Qu'il estoil impossible de pouvoir exécuter
ladicte enti'eprise sans l'intelligence et ayde
aparente ou secretle du Roy, pour ce que
mondict Seigneur ne peult ny ne doibt faire
aulcune levée dans le royaulme sans commis-
sion ou consentement de Sa Majesté, aussy
qu'il n'avoit de luy mesmes les moiens pour
satisfaire aux dépenses d'icelle entreprise.
Que le Rov ne les avoit aussy à présent,
au contraire qu'il estoit beaucoup en arrière
de ses affaires, ayant ladicte Dame royne
franchement dict à mondict Seigneur qu'il
n'estoit raisonable ny à propos que Sa Majesté
interveint en cecy.
Qu'il failloit considérer le temps oii nous
estions et en quel estât est le royaulme.
Que desjà l'ambassadeur d'Espaigne avoit
clairement dict sur ces bruictz icy que, si
mondict Seigneur entroit es pais de son
maistre, que dès l'heure que cela seroit,
sondict maistre déclareroit et feroit la guerre
au Roy.
Ayant ladicte Dame royne sur ce faict lire
à mondict Seigneur les lectres que le s' Don
Jouan a escriptes à elle et à mondict Seigneur,
ensemble le déchiffrement de fadvis que Leurs
Majestez ont dernièrement receu de Flandres,
par oiJ il se veoid clairement que l'on veult
tromper mondict Seigneur, et que, si le prince
d'Orenge consent à cecy pour mondict Sei-
gneur, ce que ne se peult bonnement croire
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
33
qu'il vueillc faire, a vaut flpsjà appelle el faiol
eslire prolecteur rAn-hicluc Malliias, il l'ault
croire que l'intention dudict prince est d'em-
barquer seulement mondict Seigneur en la-
dicte entreprise, affin que le s"^ Don Jouan
s'ifllacquaut à luy, icelluy prince ayt cepen-
dant plus de commodité' de s'establir du tout
en Holande et Zéiande et aussy en Gueldres,
et en ce qu'il pourra garder au païs de Breban,
laissant seulement à mondict Seigneur une
partye des païs de Haynault et d'Artois à del-
feudre; en quoy ledict Don Jouan aura tous-
jours l'advanlaige, estant, comme il est desjà,
avec une grosse armée m.iistre de la cam-
paigne, luy ayant aussy ladicte Dame royne
fort expresse'ment fait congnoistre que, estans
les villes que l'on luy pourroit bailler fort
peuple'es et mondict Seigneur n'ayant que ce
petit nombre de ii" iiii' bommes pour mectre
en toutes, qu'il fault bien qu'il s'asseure qu'il
ne sera jamais maistre d'icelles; et si y avoit
davanlaige en cela à coiiside'rer que, estant
appelle nouveau Seigneur et conque'rant, il
ne pourra, s'il ne \ouloit soubdain peidre
l'aflection qu'il se persuade que ceulx des
Païs Bas luy portent, mectre èsdictes villes
de si grandes forces, quand il en auroit le
nioien (ce qu'il n'a pas) qu'il les puisse as-
sèurer à luy et enipescberque l'on n'en mecte
dehors ses soldatz, quand ilz vouidront; ainsy
que mondict Seigneur pouvoit par là claire-
ment veoir que l'occazion pour laquelle ceulx
des Estalz appellent mondict Seigneur, n'est
que pour meilleure occazion de faire la paix
à leur advantaige, et (cela estant), comme il
adviendra de bref sans double, mondict Sei-
gneur se trouvera grandement décbeu des es-
pe'rances que l'on luy donne sur de mauvais
foudemens.
Et oultre cela, elle luy auroit faict veoir
comme les princes prolestans de la Germanie
el la royne d'Angleterre joinctz l'ont une
dictte pour n'souidre do contraindre de fiire
la paix esdiclz Pa'is Bas, estant comme résolu
entre eulx (jue pluslosl, alliu de la l'aire
plustost, le duc Auguste s'y transportera,
comme amyable compositeur, du consente-
ment et à la prient desdictz autres princes
d'Allemaigno, et oultre cela que la royne
d'Angleterre a faict requérir très inslammeut
le Roy de vouloir intervenir avec elle, comme
voisins et ayans intérest à ceste paix, pour
s'accorder de courre sus au parly (jui ne la
vouldroit accepter et tenir raisonable; tlavau-
taige que ledict ambassadeur d'Espaigne avoit
requis ladicte Dame royne, [>eu auparavant
qu'elle partist de Paris, de se vouloir et le
Roy cntremectre de la moienner et faire, el
que le Roy Calbolicque son maistre ne les en
dédiroit en rien de ce qu'ilz seroient d'advis,
ains qu'il tiendroil ce qu'il en seroil faict par
icelle Dame royne, qui a dict davanlaige à
mondict Seigneur tout ce que se peut à ce
propos, pour luy faire veoir que bien tost il
ne peut estre aullrement (|u'ilz ne facent la
paix desdictz Païs Ras.
Luy remousirant davanlaige que, s'il per-
sévéroit en ladicte entreprise de Flandres, il
feroit le plus grand préjudice qui se pourroit
jamais faire aux affaires et service du Roy; car
il Iroubleroitsans double le royaulme, et que,
si [leu qu'il a desjà faict en cecy, a engendré
d'un costé très grande desfience à ceulx de
la prétendue religion réformée; et d'aultre
costé il faict naistre une aultre chose, qui
est aussy très dangereuse et bien à craindre,
et en (pioy mondict Seigneur estant frère et,
comme lilz du Roy, a fort grand intérest aussy
bien que Sadicte Majesté mesme, ainsy (el
comme il peult doncques facilement veoir el
juger) ce qu'il faict est contn? luy mesmes.
Que partant il f.iilloil ([u'il se déportust de
2'i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
lailicle enlrcpiise de Flandres, de laquelle ne
pouvoit à présent venir que tout mal, et au
lieu que l'on est en grande espérance et beau
chemin pour l'establissement de la paix qu'il
a pieu à Dieu nous donner en ce royauime;
que l'on se verroit à la guerre non seulement
dedans ledict royauime peult estre de diverses
sortes, mais aussy contre le roy d'Espaigne,
pour laquelle soustenir seulement conlre ledict
roy d'Espaigne fauldroil avoir quatre arme'es,
l'une en Piedmont , l'aultre en Provence , l'aultre
en Champaigne, et l'aultre en Picardie, et puis
pour le moins une dedans le royauime; car
il est tout certain que (oultre ceulx de la reli-
gion, qui sans doubte a'esmouveronl , peusans
comme ilz font desjà que le Roy et mon-
dict Seigneur font Icsdictes levées par intelli-
gence ensemble pour leur ruyne) il y a des
catliolicques poulsez d'aulcuns que l'on veoid
bien qui ne demandent que la guerre, les-
quelz ne fauldront ])as aussy de se soubzlever;
avaut ladicte Dame royne sur ce requis de-
rechef mondict Seigneur, avec fort grandes
prières el comme supplications, de vouloir
croire que reulx qui luy conseilloient telles
légères entreprises, et principalement le s'' de
Bussy, qui n'estoit pour son particulier seule-
ment et non pour le bien de moudict Sei-
gneur, lequel aussy pouvoit bien croire que,
ces entreprises réuscissans mal et comme sans
doubte elles feront, si elles sont davantaige
poursuivies, que l'on l'attribuera tousjours
avoir esté par faulte de prudence et de con-
sidération, et par ainsy qu'il n'en pouvoit
espérer en ce temps que toute défaveur, des-
pense et bonté, au lieu d'en espérer honneur,
réputation et commodité.
Et ne sera par ledict s' de Maintenon oublié
de dire au Roy comme, par inlervales, selon
les occasions durant ladicle conférence, Mon-
seigneur le Duc de Montpensier y a faict
aussy ce qu'il a peu pour persuader à mondict
Seigneur de croire et se conformer aux bonnes
et sainctes intentions et remonstrances de la-
dicte Dame royne, et comme pareillement
ledict s' de Remboillet, ayant repris le som-
maire et substance d'icelles remonstrances,
auroit clairement faict congnoistre à mondict
Seigneur le grand tort qu'il se faisoit, s'il ne
croyoit icelle Dame royne, qui a esté aussy fort
bien assistée en cecy par ledict s' de Main-
tenon^ mesme, qui y a pareillement beaucoup
servy, selon la bonne et droicte intention du
■ Roy et de ladicte Dame royne.
Et veoyant icelle Dame royne que mondict
Seigneur monstroit tousjours de ne se vouloir
aizément départir de ladicte entreprise, elle
luy a faict derechef toutes les remonstrances
qu'il est possible de faire pour l'en dissuader,
el luy a dict enfin que ceulz qui persuadoient
cecy ressembloient deux Seigneurs qu'elle a
nommez, qui parloient le mieulx qu'il estoit
possible quand leurs gens leur avoient mis
quelque ciiose en la teste, mais aussy que,
hors cela, ilz demouroient muelz, pour ce
qu'ilz ne sçavoient que ce que l'on leur avoit
apris dudict affaire, à quoy ilz reveuoient
tousjours, et qu'ainsy en est de ceulx qui luy
persuadoient telle entreprise, et qu'il le con-
gnoistra s'il s'y embarque plus avant, mais
qu'en telz cas, qui sont si sérieux et impor-
tans, il fault avoir plus de considération qu'il
n'en a eu.
Sur quoy mondict Seigneur s'est condes-
' Louis d'Aiigennes, marquis dp Mainfenon, qui fui
ambassadeur extraordinaire en Espagne, l'un des neuf
fils de Jacques d'Angennes, favori de François !"• Le
cardiual de Rambouillet, ambassadeur à Rome sous
Grégoire Xlll, était son frère, et aussi Nicolas d'An-
gennes, marquis de Rambouillet, capitaine des gardes,
vidame du Mans, qui sans doute est désigné quelques
lignes plus haut.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
25
cendu et a promis de suivre et satisfaire le
contenu du mémoire qui a esté à l'instant, et
en sa présence et des s" dessusdictz, escript,
leu et releu, dont luy a esté baillé à l'heure
mesme ung double semblable à celluy que la
Royne, mère du Roy, a baillé présentement
audict s'' de Maintenon pour le présenter de
sa part à Sa Majesté avec une lettre de la
propre main de mondict Seigneur à Sadicte
Majesté '.
A laquelle ledict s'' de Maintenon n'ou-
bliera aussy de dire comme ladicte Dame
royne sa mère a pareillement faict entendre
à mondict Seigneur le bruict qui court qu'il
avoit délibéré d'empescber le voyaige de la
rovne de Navarre pour aller trouver le Roy
de Navarre son mary, et comme elle luy a
faict sur ce de très grandes et bonnes remons-
Irances, s'estant mondict Seigneur fort excusé,
disant et asseurant que c'estoit pure calomnie,
' Voici la promesse que Catherine obtint de son 6is
le duc d'Anjou :
ffLa Royne mère du Roy, estant avec Monseigneur, où
estoient présens Messeigneurs les Duc de Montpensier
et prince Daulpliln, et anssy Messieurs l'Evesque de
Mande, de Ramboiliet et de Maintenon, a amplement,
et avec de très grandes raisons, faict entendre à mondict
Seigneur que le plus grand désir du Roy et d'elle est
d'aviler à la grandeur et réputation de mondict Seigneur
et aussy au repos du royaume et bien d'icelluy.
rEt ayant mondict Seigneur déclaré verbalement ce
qui s'est jusques icy faict pour l'entreprise de Flandres,
a esté par lui résolu et promis à ladicte Dame royne
sa mère que, aussy tost qu'il aura nouvelles du s' de La
Rochepot, qu'il a dict avoir envoyé devers ceulx des
Estatz dudict Pais Bas, à la semonce d'aulcuns d'eulx,
pour venir et entendre les olfres qu'ilz feront à mondict
Seigneur, il en advertira le Roy et ladicte Dame royne
sa mère et leur fera veoir clair en cela , aflin que si tous
les Estatz généralement desdictz Pais Bas veulent faire
mondict Seigneur leur Prince et Seigneur, et, pour cest
effect, remectre entre ses mains franchement et sans
aulcune fointise les principales villes et places d'icellui
pais qu'ilz tiennent, il plaise à Leurs Majesléz ne per-
Catberlve de Méoicis. — n.
et au contraire a asseuré que, suivant le bon
conseil de ladicte Dame royne sa mère, il se
trouvera à Tours lorsque lesdicles Daines
roynes passeront pour alb'r trouver ledicl
s'' Roy de Navarre, allin de les recepvoir el
leur faire tout l'honneur qu'il pourra.
Et vers la fin de ceste conférence, ladicte
Dame royne, remonslrant à mondict Seigneur
que le principal fondement de sa grandeur
estoit de se maintenir en la bonne grâce du
Roy, en quoy, de sa part, pour l'y conserver,
elle ne vouloit rien espargner de tous les
moiens qu'elle pourroit et que Dieu luy avoit
donnez, et qu'elle le prioit et requéroit , comme
sa mère, de luy dire s'il avoit poinct d'auitre
délibération que l'entreprise de Flandres, et
si lesdictes levées qu'il avoit faict et faisoit
encores faire n'estoient poinct pour entre-
prendre ou recommencer la guerre en ce
royaume; sur quoy il a respondu à ladicte
mectre que mondict Seigneur soit en cela traversé; et
au cas aussy que ceulx desdilz Estatz ne voulussent faire
que une partye de ce que dessus, que mondict Seigneur
se désistera entièrement de toutes ces négociations, et
suivra le conseil de Leursdictes Majesléz pour dexlrement
admortir le tout, aflin de conserver sa réputation, et ad-
viser promptement la façon que l'on tiendra pour faire
séparer les deux mil quatre cens hommes de guerre,
qu'il a dict et asseuré à ladicte Dame royne avoir seu-
lement faict lever, assavoir six enseignes soubz Combelles,
et aullres six par ledict s' de La Rochepot, de deux cens
hommes chacune enseigne.
rr Ayant mondict Seigneur requis et suplié très-hum-
blement icelle Dame royne sa mère de vouloir inter-
cedder envers le Roy que l'on souffre lesdictz ii^mi'
hommes de guerre à la frontière de Picardie, jusques à
ce qu'il ayt nouvelles dudict Seigneur de La Rochepot,
ayant aussy mondict Seigneur déclaré qu'il n'a fait ne
donné charge de faire lever aulcuns aultres gens de
guerre que icenlx ii" iiii' hommes.
rr Faict à Bourgueil, le ix° jour de may 1578.
<t Le semblable a esté baillé à mondict Seigneur par la
Royne sa mère à l'instant mesme qu'il a esté faict.»
(Bibl. nat., fonds français, n° 33oo, f 29 r°.
uuLnii: SATio:<iLe.
26
Dame royne, sa mère, préseus tous les des-
susdictz s", qu'il asseuroit fermement et pour
certain que non, au contraire qu'il emploie-
roit fort librement, à' tontes heures, sa vie et
tous ses moiens pour le service du Roy contre
ceulx qui vouldroienl troubler le repos de
cedict royaume, dont ladicle Dauie royne
louant, fortilBant et faumentant sa bonne et
saincte opinion et volonté', luy a dict de re-
chef que c'est comme il fault tousjours qu'il
parle et face , et qu'elle ne faudra de le bien
dire et asseurer au Roy, envers lequel ledicl
s' de Maintenon s'estendra sur tous les chefs
cy-devant déclarez, et pareillement sur tous les
aultres poinctz dont a este' depuis parlé entre
la Royne et mondict Seigneur jusques à leur
départ, oultre tout ce que dessus.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1578. — 12 mai.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français , n" i5go5, (^72.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE.
Monsieur de Belièvre, je vous prie, sur
tous les plaisirs que vous désirez me faire,
pourveoir et donner ordre dilligemment que
ce que le Roy monsieur mon filz a accordé
pour ce qui est nécessaire pour le partement
et voyaige de la royne de Navarre, ma fille, soit
fourny et préparé ^ et que cella n'accroche et
retarde ledict partement, mais que, à mon
retour par delà, qui sera en bref, je trouve
toutes choses prestes, pour, selon la délibé-
' Ce sont sans doiile des arrangements financiers,
qui nous sont révélés par ia pièce suivante : tr Lettres
patentes du roi Henri III donnant à sa sœur, la reine de
Navarre, l'Agenais.le Rouergue, le Quercy, etc., pour
lui tenirlieu de 67,500 livres de rente constituant sa dot;
18 mars 1678, enregistrées au Parlement le 4 juillel.r
Archive? d'Agen, BB-33, f 3o.
ration que j'ay faicte, mener incontinent ma-
dicle fille au roy de Navarre, son mary; en
quoy faisant, oultre ce que vous ferez service
agréable au Roy mondict seigneur et filz et
qui me tournera à singulier contentement,
vous ferez chose qui apportera ung grand
bien à ce royaume ; et m'asseurant de la grande
affection que vous y aurez, je ne vous en feray
davantage de recommandation, priant Dieu,
Monsieur de Belièvre, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Chenonceau, le xii"° jour de
maj 1578.
De sa main : Je vous prie que je trove
qu'eie soint satisfttyte, afin que je la puise
mener au roy de Navarre, son mary, san re-
tardement.
Caterine.
1578. — 3 1 mai.
Copie. Bibl. nat., FonJs Dupuy, n° 35o, f" 69.
A MONSIEUR D'ABAIN.
Monsieur d'Abain, j'ay receu vostre lettre
du xx!""" du passé', par laquelle j'ay veu que
la meilleure espérance que vous ayez par delà
est que je ne puis gaigner mon procès, et
pour le moings que le chasteau de S' Ange
me demeurera. J'ay entendu, par toutes les
lettres qui m'ont esté escriptes de Rome, de-
puis que l'abbé de Plainpied est par delà,
le semblable; et auparavant j'avois tousjours
heu espérance que je gagneroiz ledict procès,
et mon Conseil qui est par delà, et celluy qui
est près de moy, estoient en ceste opinion,
comme il est encores, si ma cause est bien
' Voir les lettres de M. d'Abain à la reine dans le
n° 345 des Cinq cents de Colberl, t" 86a et 874.
LETTRES DE CATHERINE DE MKDICIS.
27
entondiu'. Moiidict (lunscil a l'ail ivsponse à
lous les mémoii'L's et ileci^^ious qui in'tnit esté
envoyez par ledict Giustelly et ledict Plaiii-
piod, iiue j'cnvoye présentement par delà; et
vous prie le faire bien considérer et (lue Ton
s'en serve pour la direction de mes all'aires,
afiin tpie je n'oublie rien de remonstrer de la
justice de' ma cause. Je vous remercie de ce
(|ue vous avez faict, et vous prie de tenir la
main à ce que je sois bien conservée en mon
bon droict, comme vous sçavez qu'il est rai-
sonnable. Cependant je prie Dieu, Alonsieur
d'Abain, vous tenir en sa saincte garde.
Escript à Paris, xxf mai 1578.
Caterise.
1J78. — 28 mai.
Iiiipriiiitï dans les AiUîtiotis aux Mémoires île Castehinu,
t. ni, p. 55i.
A MONSIEUR DE MAUVISSIÈRE.
Monsieur de Mauvissière, vous verrez, par
la lettre du Roy monsieur mon fds, si ample
réponse à vos dernières dépèches qu'il ne
seroit que superflu de vous en faire redite par
cette-cy; aussi ne l'estendray-je davantage que
pour vous asseurer que le Roy monsieur mon
fils et moi aimons parfaitement la reine d'An-
gleterre, Madame ma bonne sœur et cousine,
et que nous continuerons toujours cette bonne
volonté en son endroit, aussi franchement et
sincèrement qu'elle peut désirer; mais qu'aussi
faut-il qu'elle nous corresponde et en fasse
le semblable en uostre endroit. Nous luy es-
crirons et ferons response de nos mains, au
retour du sieur de Stafford, aux lettres qu'elle
nous a dernièrement escrites de la sienne par
le sieur Jerônime de Gondy. Cependant asseu-
rez-la toujours fermement de la grande affec-
tion que je lui porte et veux toute ma vie
porter, comme si elle estoit ma propre fille,
priant Dieu vous avoir en sa saincle et digne
garde.
Escril à Paris, le 28 mai 1678.
1578. — 3 jiiin.
Orig. Arcli. des Méfiiris ii Florenco, dalla fîlza 4726,
iHlova nunicraziotii' , p. i'i^.
A MON COUSIN
UONSEIGNEDB
LE GRAND DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, j'ay entendu par vostre lettre,
avec ung exliènie desplaisir et regret, l'in-
convénient de mort advenue à feue ma cou-
sine la Grande Duchesse de Toscane i, vostre
bonne espouze, et la grande perte que vous
avez faicte de la mère et de l'enfant tout à
une fois, tant pour l'affection et bonne vo-
lonté que je vous porte et à toute vostre mai-
son, que pour le désir que j'ay de la veoir
accioistre et prospérer et vous satisfaict et
content par le moyen de quelque postérité, qui
est cause que j'envoye par devers vous Mon-
seigneur l'Évêque de Béziers -, présent porteur,
pour vous dire à bouche et porter tesmoi-
gnage de la douleur et du desplaisir (jue j'ay
de tel accident advenu, et vous offrir tout ce
que je puis en telle occasion pour le souUai-
' François II de Médicis, duc de Florence, était
marié à i'archiducliesse Anna d'Autriclie; il ne dut pas
la regretter beaucoup, car il avait une liaison publique
avec la belle Vénitienne Bianca Capello, qu'il ne tarda
pas à épouser. C'était d'ailleurs un véritable tyran, cruel,
prodigue , débaucbc , et (jui n'a eu que le faible mérite
d'avoir été le père de Marie de Médicis, sc^conde femme
de Henri IV. Il était parent éloigné de Catherine.
' L'évéque de Béziers était Thomas de Bonzi, d'une
famille italienne qui donna cinq prélats de suite à ce
diocèse.
4.
28 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS
jjeiiiciil (if voslro juste douleur, dont jC vous
iiiie le ciuiie, roiunie vous l'oiie/. moy niesmes;
et, me leniei'lanl sur luy, je leiay liu à la
présente, ]ui;inl Dieu, mon cousin, vous tenir
en sa saim-te |f:ii-iie.
Eseiijil à Paris, le m" jour de juin;; i57(S.
Vo^lre bonne cousine,
(iATEItnE.
1578. — 3 juin.
('.u|ii.'. Ril>l. iKit. , Fonil-; Dupuy, n' :ir)0. T GJ \'.
A MONSIEir. DAHMN.
Monsieur d'Abain, vous serez si anipiemenl
informé de riulention du lloy monsieur mon
IJls par la lettre (pi'il vous escii[it jiar le s' de
Laubespine, secrétaire de ses linances et gref-
lier de son Conseil privé, présent porteur, (|ue
je ne vous en l'eray redicte paria présente. Je
vous prie tant seulement nous renvoiei- ledicl
de Laubespine le plus tôt que vous pourrez, el
par lui nous mander bien particuUièremenl la
response qui vous aura esté faicte, mesmemeni
sur le faicl de mon cousin le sieur de Foi\.
lequi'i je vous prie jpaadement avoir poui
recommandé, et croire que, oultre (pie lerez
service très a;[réable au Roy mon lils, j'en re-
eepvray en mon particullier un;j sinj'ullier
contentement pour rairection (pie je luy porte.
Quant à mes alVaires parlicullières, (raultanl
que je vous en faictz une aullre lettre', je n'en
estendray davantaige ia présente, priant Dieu,
Monsieur d'Abain, vous avoir en sa saincle et
digne garde.
Escript à Paris, le m"" juing 1678.
Catebine.
De \eufville.
l.jTS. — () juin.
liiinrimé dans Ifs A'Iriiliim.^ fi'z Mémoires àf Castelnau.
l. III, p. S.Vi.
A MONSIEUR DE MAIVISSIÈRE.
Celle lellre n'a pu rir ■ relrouvee.
.Monsieur de Mauvis.-iiire. Comme vous ver-
rez par la lettre du Rov monsieur mon fils,
le duc d'Anjou est content d'entendre au ma-
liaige de la reine d'Anjfleterre, Madame ma
lionne sœur et cousine , et de luy : dont je suis
infiniment aise, pour l'espérance et désir que
j'av. il V a longtemps, plus (pie nulle autre
chose du monde, suivant la parfaicte amitié
(pie je porte à ladicle Dnme reine, de luy estre
ce que j'es[)ère cette lois (pie je seray, et que
je m'asseure (]ui apportera à icelle Dame
Reine mesme, pour l'amitié que je sçay aussy
(pi'elle me porte, un trî's grand contente-
ment; et outre cela, ce sera toujours pour
(■-Ireindre davantaige l'ainilié entre le Roy
mcindit Seigneur et lils et elle et leurs com-
muns sujets. Vous priant, jiour cette cause,
de faiie doncques en sorte que nous en puis-
sions voir bien-tost une bonne et une heureuse
lin, el pour le plus tard dedans six semaines,
comme vous a dit celuy qui vous en parla,
tpiil falloit faire; car aussi le tarder eu cette
alVaiie ne pourroit qu'y nuire beaucoup, aussi
(|ue je suis sur le point de partir, pour mener
ma tille la Reine de Navarre à mon fils le
Roy de Navarre son mary, et je ne vouidrois,
s'il estoit possible, eu estre retardée, pour ce
qu'il importe grandenu-nt, ainsy que vous
avez vu par nostre dernière despèche, au bien
de ce royaume que mailicte fille soit auprès
du ruy son mary, pour y faire les bons offices
(|ue nous sommes très asseurez qu'elle fera à
l'enlielenement de la paix que nous voulons
inviolablement garder et observer, non seule-
ment en cedit lovaume, mais aussi avec tous
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
29
les princes nos voisins, ainsi quo vous asseu-
rerez de delà, estant le mieux ijue nous sçau-
rions l'aire et le plus {jrand bien qui pourra
advenir à cedit royaume. Faites tout ce que
vous pourrez à ce que ladite dame Reine en-
voyé derechef incontinent devers niondit lils,
pour le divertir de ladite entreprise, si elle
désire que Icdict mariaige se lasse, et ne
faictes pas congnoistre à qui que ce soit par
delà ny de deçà, quand vous escriprez à mou-
dit fils, que nous avons esté d'advis que ladite
Reine envoyast vers luy pour le divertir de
ladite entreprise de Flandre, mais conduisez
cela dextrement, sans parler du Roy mondit
Seigneur et fils ny de moy, et plutost comme
de vous mesme, que je prie Dieu, etc.
Escrit à Chantilly', ce G juin iS^S.
1578. — 8 juin.
Aut. Bibl. oat., Foods français, n° .33i5. f" i r^.
A Mo.N cocsm
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, vous renvoyant le Roy mon-
sieur mon fils le sieur de Masparot , je né voleu
fallir vous fayre cet mot pour vous dire que
le Roy luy a comendé de vous dire la vérité
de cet que dist Parabel -, et vous conestré
que c'et la plus grende méchanseté qui fusl
jeamès inventée pour vous ayder fayre cet
' Calherine avait emmené le roi à Chantilly pour
essayer d'obtenir la médiation du maréchal de Monl-
morency dans les affaires du duc d'Anjou. De là , elle se
rendit à Aiençon, pour tenter son fils, en lui offrant le
marquisat de Saluées et la perspective de reconstituer
pour lui le royaume de Provence, avec le Comtat-Ve-
naissin que lui céderait le pape. Voir à VAppendice la
curieuse ieltre de Henri JII à Viileroy, qui révèle tout
ce plan.
- Pierre de Baudéan , sieur de Parabère.
(|ue, m'aseure, fayrés jeamès; ausi ne vous
fault aseurer que vous avez un Roy très véri-
table, et ne vous demanderé jeamès une parole
pour fayre les ayfects au confrère, et set ' je
le voyois en ostre - volonté, je mentirès; mes
je vous prie m'en croyre, et ausi que je ne
vous tromprè jeamès. Nous sommes ysi cheu
vostre frère, oiî il nous fayt bonne chère, et
fault que le croyès; car il a seu du Roy la vé-
rité, et vous conétré davantaige la méchanseté;
et, me remetant audist de Masparot, je fayré
fin à la présante, priant Dieu vous conserver-'.
De Chantilli, ce viii"" de jouin 1078.
Vostre bonne cousine,
Caterink.
' Set, si.
' Ostre, autre.
' Voici ce que Henri III écrivait au maréchal Dam-
ville, le a 0 juin 1578 : trMon cousin, vous ayant na-
guères par le s' de llasparault mandé bien clairement
mon intention sur tout ce qui concerne mon service en
voslre gouvernement, spéciallement sur les garnisons du
PonI Saint Esprit et Beaucaire , lesquelles je suis convenu
réduire à tel nombre qu'il sera adnsé, quand ceulx delà
religion prétendue réformée feront cognoislre par effect
vouloir, de leur part , poser les armes et observer mon
édict de paciffication , je me contenteray par la présente
vous advertir de la réception de vostre dernière du
sïvi du mois passé, si n'est que mon cousin le s' de
Foix m'ayant mandé estre parfy d'Agen, après la réduc-
tion de ladicte ville, pour s'acheminer de vostre costé
avecques mon cousin le visconle de Turenne, il vous
fault veoir et attendre que! effect produira leur voyage
sur les difBcultez qui se présentent audict pavs puur
l'exécution de mon intention, devant que d'en prendre
aultre résolution , et aussi que j'espère que l'exemple qu'a
monstre le roy de Navarre au faict d'Agen , où la chambre
ray-parlie pour la Guyenne a esté establie , pourra mou-
voir et induire les aultres à faire ce qu'ilz doibvent,
n'ayant laissé d'envoyer au s' Masparault, lequel n'es-
toit encore party de Paris , la copie des deux commissions
que vous m'avez envoyées, pour en faire plainte à mon-
dict frère, passant où il sera, et le prier, de ma part, en
iaire une bonne dépesche tant audict visconle de Tu-
renne qu'à ceulx qui les ont descernées, qui est tout ce
30
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1758. — 8 juin.
Im|ir. ilans les Mém. de Caslelnau, t. III, p. 555.
A LA REINE D'ANGLETERRE.
Très haule, etc. Nous avons vu par vos
lettres du 16 du passé et entendu parle S' de
Stafford, genlilhomme de vostre Chambre,
présent porteur, que n'approuvez le voyage
que l'on dit nostre très cher et très amé fils
le Duc d'Anjou veut faire en Flandre. En quoy
vous convenez dli tout à l'intention du Roy
nostre très cher Seigneur et fils et de nous,
qui avons jusques icy fait tout ce qui nous a
esté possible pour divcriir et dissuader nostre
dit fils le Duc d'Anjou de ladite entreprise, ne
de'sirant rien tant que de demeurer en paix,
amitié et bonne voisinance avec tous nos voi-
sins, ainsi que vous entendrez plus particu-
lièrement dudict S"' de Stalïord, sur lequel
nous en remettant, nous prierons Dieu, etc.
Escrit à Chantilly, le 8 juin 1578.
1578. — 9 juin.
Copie. Arch. nat. , collect. Simancas , K i5^i4, n* 52.
A L'AMBASSADEUR JUAN DE VARGAS.
Monsieur l'ambassadeur Hieronimo Gondi
m'a faict entendre ce que vous luy avez dict
touchant ce personnage duquel vostre lettre
faict mention. Je Tay dict au Roy monsieur
mon filz, lequel se contente grandement de
que je vous puis mander, et que je suis venu prendre
l'air en ces quartiers, d'où la Reine ma mère parlit
hier pour aller de reclief trouver le duc d'Anjou , mon
frère, à Alençon, sur l'occasion de ce voyage de Flandres,
duquel je vous mandcray plus particuUièrement des
nouvelles, i — Pierre de Ma'iparault , maître des requêtes ,
avait été, le i a janvier 1578, adjoint par le roi à l'évèque
de Valence pour pacifier le Languedoc.
vostre façon de procéder, en vous asseurant
qu'il n'a rien qui lui soit plus eher que l'en-
treténement de la bonne paix et amitié qui
est entre le Roy Calholicque mon frère, mon
beau filz et luy; à quoy je continueray tous-
jours à m'employer et tenir la main en tout
ce qu'il me sera possible, cognoissant que c'est
le bien commun de leurs affayres, auquel je
recognois aussi avoyr quelque interest. Pour
le regard du second poinct duquel vostredicte
lettre faict mention, croyez aussi, je vous prie,
et le faictes ainsy entendre audict Roy Calho-
licque, que je l'ay plus au cœur que nul aullre
et que je n'oublieray aulcun office que je re-
cognoistray y pouvoir servir et v.dloir quelque
bon effecl, priant Dieu, vous avoir. Monsieur
l'ambassadeur, en sa saincte garde ^
Escript à Chantilli, le ix'jour de juing 1 578.
Caterine.
De Neufville.
1578. — a a juin.
Orig. Bibl. nat.. Fond? français, n" lôgoS, f* 83.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Belièvre, je m'asseure qu'il
n'aura rien esté oublié pour la seureté des
v° M livres destinées pour les Suisses de la
composition des receveurs généraulx-, et
' La réponse de Vargas à Catherine se trouve dans le
carton i548, n° 98, de la collection Simancas.
2 Voir à ce sujet les lettres écrites par Henri III à
M. de Bcllièvre (même volume, f" 86 et 85). La pre-
mière est datée de Charleval, le 18 juin.
Il écrivait également, le 18 juin, à M. de Humières :
tr Quoyque j'aye pour la dernière fois peu faire remons-
trer et déclarer mon intention à mon frère touchant les
forces qu'il propose envoler aux Pays Bas, il n'a voulu
changer son premier dessein; au contraire, l'ayant faict
adverlir que je m'y opposerois par tous les moyens que
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
31
aussi pour reteuir, s-aus diiïérer eu ceste
cause, le quartier de leurs gages portés par
ladicte composiliou. Il reste donques seuUc-
mcul à vous dire, pour responce à vostre lettre
que m'a rendue Gaucliery, présent porteur,
que, si j'esloys auprès du Roy monsieur mon
filz, quand il re'souldra la composition qui a
esté propose'e par les gens des finances de la
suite de la cour, je le prierois la destiner an
paiement des garnisons de l'ieduiout et Ytalie
et aussi pour les citadelles et villes et forteresses
de deçà, estant bien d'advis que Monsieur le
Chancelier et vous luy en escripviez, comme
aussi feray-je de ma part, à la première oc-
cazioji. Cependant, pour me remestre à ce que
j'en escriptz plus amplement audict s' Chan-
celier et à la suffisance dudict secrétaire Gau-
chery, toutei'ois je n'estendray ceste cy d'ad-
vantage que pour prier Dieu, Monsieur de
Belièvre, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Aleuçon\ le xxii""' juin 1678.
La bien vostre,
Caterine.
je pouiTois et que j'avois mandé aux gouverneurs et
lieutenants généraulx de mes provinces d'assemJjler des
forces et courir sus à celles qui se lèvent soubz son nom ,
il semble qu'il soit résolu faire un corps et amas de
toutes lesdicles forces comme à Montereau-fault-Yonne
ou autre lieu commode, pour après les passer toutes
ensemble audict pays ou les emploier ailleurs, ainsi que
bon luy semblera; sur quoy j'ay pensé debvoir au plus
tost faire aussi de mon cosié le semblable, aiïin d'avoir
de quoy faire teste auxdictes forces, quand elles seront
ensemble, et empescber l'exécution de leurs desseins;
et au moieu de quoy je vous prie, incontinent la pré-
sente receue, faire assembler les forces de vostre gou-
vernement tant de cheval que de pied au lieu que vous
et le s' de Crèvecœur adviserez estre plus à propos, n
(Voir Bibl. nal.. Fonds français, n° 334i, f 3a.)
' Elle était alors auprès de son fils, le duc d'Anjou,
avec la reine de Navarre, qui avait voulu aller voir son
frère «avant son parlement de Flandres, qui eut lieu au
1578. — Juin.
Copie, BILL nal., Fùmls français, a" 33oi , T i-j^.
AU PRINCE D'ESCOSSE,
MOKSiEnn MON petit-fils'.
Monsieur mon petit filz, le Roy, Monsieur
mon filz, désirant conserver et entretenir la
bonne amityé el aliaiice qui a tousiours esté
entre ce royaulnie cl celluy d'Escosse, a ad-
visé d'y envoyer le S' de Mondreville, cheva-
lier de son Ordre, mon conseiller et maistre
d'hostel ordinaire, [irésent porteur, pour estre
quelques jours auprès de vous et juger tous
les bons offices qu'il pourra pour ung si
louable et proffictable effect, ayant bien vonllu
iiiilleii de juillet 1 578. (Mémoires de Marguerite i/c ] tduis ,
édit. Cabocbe, p. aoç).) De son côlé Henri III écrivait à
sa mère : n ie vous asseure que vous m'avez faict service
très agréable d'avoir faict envers le s' de Salcede qu'il se
départe de prendre charge pour aller en Flandres; car
c'est contre ma volonté ([ue auicuns de mes sujets y
vont.i (Même volume, f (5i.)
' A la veille de la majorité de Jacques VI, au mois
(le mai ou de juin 1^78, Henri HI voulut avoir en Ecosse
un envoyé extraordinaire, qui seconderait Castelnau,
son ambassadeur en Angleterre. II lit choix Je M. de
Mondreville, qui appartenait à la maison de la reine
mère. On lui donna des instructions spéciales, publiées
par M.Teulet, dans les Relations politiques de la France
et de l'Ecosse an xvi' sièi-le, t. III, p. 20. On prépara
pour lui des lettres de créance adressées au jeune prince,
au comte de Morton, son premier ministre, à la comtesse
de Mar, sa gouvernante, à lord Erskine, etc. Mais il
n'est pas certain que M. di> Mondreville soit jamais parti;
et, en tous cas, il n'y a pas d'autre trace de sa mission :
encore instructions çt lettres ne sont-elles pas datées et
une note en marge du manuscrit 33o4 porte-t-elle :
T ceste depesche n'a esté envoyées. Mais toutes les pièces
se rencontrent dans une superbe copie des Mélanges de
Colbert, t. XI, p. 52 1 el suiv. Nous croyons donc, à
titre de curiosité, devoir donner cette lettre, qui se
trouve dans deux inanusciiLs de la Bibliothèque natio-
nale, tout en négligeant les autres documents sur celte
mission, cjui n'a sans doute été qu'un projet.
32 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
l'accompaigner de celte lettre , pour vous prier
de le croire de ce qu'il vous fera entendre
de ma part en cest endroict, comme vous le
feriez moy-mesme, qui prie Dieu, monsieur
mon petit filz, vous avoyr en sa saincte et
digne garde.
Escripl à Paris, le . . . jour de . . . 1578.
1578. — 18 juillet.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français , n" SSSg, f° 65.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, j'estois avec le Roy
monsieur mon filz, quand il a veu la des-
pesche que vous nous avez faicte, à laquelle il
vous faict amplement responce, et vousdiray,
de ma part, que, comme vous avez très bien
commence', il fault tascher, tant que vous
pourrez, à refroidir ceulx qui ne sont encores
partys et qui sont en quelque opinion de
suivre mon filz le duc d'Alençon en Flandres,
les asseurant qu'il y fera très mal ses affaires
et qu'il eust beaucoup mieulx faict, s'il se feust
déporte' de son entreprise, suivant l'instance
et prière que je lui en ay plusieurs fois faicte
en mes deux voyages de Bourgueil et d'AUen-
çon. J'espère partir d'icy lundy prochain et
mener avec moy ma fille la royne de Navarre
pour nostre voyage de Guyenne. Cependant
le vous recommande le bien des affaires et
service du Roy mondict sieur et filz, suivant
la gi-ande affection que vous y avez toujours
eue et avez, priant Dieu, Monsieur de Mati-
gnon, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le xviii°" jour de juillet
1578.
Caterine.
PiNART.
1578. — 2 1 juillet.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, n' lâgoS , 1* g3.
A MON COUSIN
LE COMTE D'EGMONT.
Mon cousin, s'en allant par delà le «■■ de
Belièvre^ conseiller du Roy monsieur mon filz
en son conseil privé et président en sa court
de Parlement de Paris, pour l'occasion qu'il
luy a donné charge vous faire entendre de sa
part, j'ay bien voulu aussi l'accompagner de
la présente pour vous prier sur ce le croire
et de ce qu'il vous dira de la mienne comme
moy-mesme, qui prie Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte garde*.
De Paris, ce xxr° jour de juillet 1578.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 3 3 juillet.
Mém. de Casteïnau, t. III, p. 569,
A LA REINE D'ANGLETERRE.
Très chère, etc. Le Roy nostre très cher
seigneur et fils envoyant le S' de Rambouillet',
chevalier de son ordre, conseiller du Conseil
privé, capitaine de ses gardes et son lieute-
' Henri III avait choisi Bellièvre comme le plus habile
de ses conseillers, pour le charger d'une mission de paci-
fication aux Pays-Bas. Il l'accrédita près des Etats gé-
néraux par une lettre du 21 juillet 1678.
^ Catherine écrit le même jour au marquis d'Havre et
dans les mêmes termes, le priant de croire M. de Bellièvre
de ce qu'il lui dira de sa part (Ms. fr. iSgoS, f° 96).
Voir dans le n° 33 i 2 du Fonds français, f 42, une
lettre de la comtesse d'Egraont à Catherine , pour l'avertir
que son fils le comte d'Egraont, w contre sa volonté et
expresse défense 1 , s'est joint à ceux des Pays-Bas pour
délivrer sa patrie des étrangers; et plus loin la lettre
de la reine à Bellièvre, du 18 septembre 1678.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
;î3
nant giinôral an Maine devers vous, pour vous
l'aire cnlendre aucunes choses de sa pari,
importanles grandement, non seulement pour
la conlinualion de la boniie paix et amilii:
d'entre nostre dit Seigneur et fils, et vous et
les autres Rois et Princes nos voisins de Tune
et l'autre lîeligion, mais aussi pour le bien de
toute la ("direstienté, et pour vous parler aussi
des propos qui ont est(i naguère remis en
avant, dont nous désirons, comme avons tou-
jours fait autant que fisnies jamais chose, de
voir bien losl une bonne et heureuse fin.
Ayant pour les occasions susdites bien voulu
accompagner par niesnie moyen ledit S"' de
Rambouillet-dé la présente, pour faire sem-
blable ofiice de nostre part, vous priant sur
ce croire iceluy S"' de Rambouillet conim(> à
nous niesmes, qui prions Dieu, etc.
Escrit à Paris, le 2.3 juillet 1578.
1578. — ■?. août.
Orijj. Arrli. liât., collection Simancas , k i54c), u" -iv.
A MONSIEUR MON FILZ
LE ROY CYTHOLIQIIE.
Très hault, très excellent et très puissant
prince, nostre très cher et très anié bon filz,
nous ne faisons aulcun double que ne soyez
entièrement satislTaict de la droicte intention
du Roy nostre très honoré seigneur et filz au
bien et prospérité de voz affaires en ces Pays
Bas de l'^landres, de la nostre pareillement
pour la satisfaction de Vos deux Majestez,
estant la chose si notoire qu'il n'est besoing
de plus grande justification. Néanmoins, pour
de tant plus vous en rendre tesmoignage,
ledict sieur Roy mon filz envoyé présentement
devers vous le s' de ^lainfenon, chevalier de
son ordre , conseiller en son Conseil privé , capi-
taine de cinquante hommes d'armes et grand
CATHEr.lSE DE .VIÉDICLS, ïl.
niareschal rie ses logis, vous priant de le croire
(le ce (|u"il vous dira de nostre part, comme si
c.'estoit nous niesmes, qui sur ce suplierons le
(h'c'ji leur qu'il voiisavt, très haut, très excellent
el très puissant [)rince, nostre très cher et
liés amé bon filz, en sa très saincte et digne
garde ^.
Escript à Olviiville-, le 11"" jour d'aoust
Vostre bonne seuretmère,
Caterine.
Dr. N.'!UF\ ll.LE.
tjTS. — '1 août.
Oriff. Ari'liives Je Maatoue.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE MANTOUE.
Mon cousin, il ne se pourroit exprimer la
satisfaction (|ue le Roy monsieur mon filz el
moy avons de la démonstration ([u'avez tou-
jours faicte d'aimer cesie couronne, el parti-
culièrement ledict sieur Roy mon filz et moy,
de quoy nous vous sommes bien redevables.
Le sieur du Ferrier nous a encore si bien re-
présenté le dernier bon office, et lavons aussi
congneu par vos lettres, de manière que est
toujours accroissement de plus ample tesmoi-
gnage de vostre bonne volonté el amitié, à
laquelle le sieur Roy mon filz et mov n'obniet-
Irons de correspondre par les meilleurs moyens
et plus favorables qu'il nous sera possible pour
vostre contentement, ainsi que plus au long,
tant sur ce sujet (|ue sur ce que ledit du Fer-
' Elle écrit dans les mêmes termes à la reine d'Es-
pagne (même farlon, n° ai).
- C'est à Ollainville, ce même jour, que la ri'ine mère
dit adieu à Henri 111, avant de partir pour son grand
voyage de Guyenne. { Mémoires-journaux de P. de TEs-
Inile. éd. .lonansi , I. I, p. 263.)
|}1Pnni£1\IE HATIOMLt.
34
fier aura à traiter et négotier, vous entendrez
par Iny plus particulièrement, vous priant y
adjouster entière Iby et cre'ance, et que Nostre
Seigneur vous ait, mon cousin, en sa très
saincle garde.
Escript à Paris, le un" jour d'aousl' iSy
■ "3.
1578.-8 août.
Aul. Arch. nat., coUcct. Simancas, K ijig
A AIO'VSIEOR MON FILS
LE ROY CATHOLIQUE.
Monsieur mon fils, envoiant le Roy vosire
frère le sieur de Maintenon, présant porteur,
pour visiter Vostre Majesté el lui l'ayre en-
tendre de ses novelles, je né voleu fallir de
Taconpagner délia présante, tent pour la su-
plier de me tenir tousjour en sa bonne grâse
que pour lui fayre encore de rechef entendre
le grent regret que j'é des jeunèse de mon
fils-, ynsin que je donne cherge à cet dist
' Il est possible que celte ietlre soit mal datée, ou
qu'elle ait été signée d'avance ; car Catherine dut partir
d'Ollainville le a août, sans repasser par Paris; c'est ce
qui expliquerait que, sans trop se hâter, elle ait pu être
à quarante ou cinquante lieues de là , à Chenonceaux, le 8.
— Voir la lettre de Henri lit à M. de ifauvissière (Mém.
de Casfpf/iaH, t. Itl, p. 56o), dans laquelle il lui mande
de Paris, le 6 août, que sa mère et sa sœur sont parties
(tsamedy dernier)i ; et, cette année, le a aoùl était bien
un samedi.
^ Le roi et sa mère s'efforçaient d'atténuer auprès
des cours étrangères le mauvais elïet produit par l'entre-
prise du duc d'Anjou et son arrivée dans les Pays-Bas.
Henri m ajoutait, le 6 août 1.578, à Monsieur d'Abain
un curieux postscript , écnl de la main de M. de ^'illeroy :
et J'oubliois à vous adverlir comme j'envoye présentement
en AUemaigne, Espaigne et Angleterre, trois des sieurs
de Renibouillet , pour taire entendre à tous ces princes
le regret et desplaisir que j'ay resenty de ceste entreprise
faicte par mon frère contre ma volonté; les priant et
exhortant tenir main au repos do la chrestienté el
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
jeantilhomme de dire lia Vostre Majesté. Je la
suplie croyre de cet qui lui dire, de ma part,
cornent ce s'étoyt moy mesme; car yl m'est
si afectionné que je me fie corne à personne;
que j'é ayprouvé sa sufisanse et fidélité au
servise du Roy mon fils et le mien ; et ays-
tenl bien ynstruit de tout cet que je pouré
dire bà Votre Majesté, je ne l'annuiré de plus
longue letre et prie Dieu donner bà Votre
Majesté cet que désire.
De Chenonceau, cet mu"' jour d'aust
Caterine.
1578.
Vostre bonne mère.el seur,
Caterine.
1578. — 8 aoùl.
Aut. .\rch. nat., coltect. Simaïu-as, K iS/ig, n* 37.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLIQUE.
Madame ma fille, je né voleu fallir, par le
sieur de Maintenon, présant porteur, que le
Roy vostre frère envoy visiter le Roy vostre
mai'v et Vostre Majesté, le cberger de fere
cet ofise, en mon non, ver elle, et ausi lui
dire, encore que Vostre Majesté aye des no-
velles délia royne sa seur sovent, cornent
depuis peu de jours elle m'a écript depuys
la perte quel a eue dcssa fille qui, pour
le grent ennui qu'ele en a reseu, que je cre-
guoys ynfiniment que sa santé enn alàt pis.
que néanmoyns Dieu lui a fayt la gràse de
m'ayder à retirer mon frère de ce desseing. . . Ce que
vous pourrez faire entendre à nostre Sainct Père le Pape .
après en avoir conféré avec mon oncle le cardinal d'Est.
Au reste la Royne, Madame et mère, parlist sabmedy
d'Olinville avec ma seur, la Royne de Navarre, pour
aller en Guiomie, espérant beaucoup de bien en mes
affaires dudit voyage.» (Cinq cents de Colbert, n" 345.
p. 3a6.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
35
cet porter bien selon son ennui, clianse que
j'é panse' que Vostre Majesté auré agréable
d'entendre, cet que né voleu fallir de lui
mender, et ausi prier Vostre .Majesté de volouir
croyre cet que cetdisf jeantilbomme lui dire
de ma part, comme fayré moy mesme et, me
remetent sur sa sufisanse, je ne Tannuiré de
plus long discours et fayré fin, prient Dieu
donner hà Vostre Majesté cet qu'elle désire.
DeCbenonceau, cet viii""'jour d'aust 1578.
Vostre bonne mère et seur,
Catebine.
1578. — 1 1 août.
Oriç. Bibl. de Roueo, FonJs Lcljer, n" 07^3 '.
A MONSIEUR DE MATIGNON,
COPVBRSECR PODB LE BOY EN Lk BASSK-NOEMASDIE.
Monsieur de Matignon, j ay esté bien aise
d'avoir le présent que vous m'avez faict d'un si
beau lévrier à mon gré, et vous asseure que où
il s'offrira moyen de vous faire quelque plaisir
en aultre chose , vous congnoistrez que j'ay pou r
bien agréable ce qui vient de vostre main , et
vous prie continuer toiisjours en ce soing et
bonne vollonté et croire que j'en auray soub-
venance en tout endroict. Je prie Dieu qu'il
vous donne santé et sa sainte garde.
A Chenonceauk, le xi" jour d'aoust 1678.
Je m'en vais en Guyenne, où l'on dict que
tout est en suspens: je seray mercredy à
Champigny, etmesembleque,n'estantbesoing
en vostre gouvernement de vostre présence,
que ferez bien d'aller trouver le Roy. J'espère
y estre de retour dans deux mois au plus tard.
Et vous dire encore que je reçus jamais à mon
' Une copie de la même lettre se trouve aux Arcliives
du palais de Monaco, Registre I, p. 2()5.
gré un plus beau lévrier. Il conmience desjà
à me conguoistre et s'accorder avec Amadis,
et vous en mercie bien fort, car vous m'avez
l'airl ung gi'and |)laisir.
C
ATF.RINE.
1578. — Voùt 011 septemliro.
Aiit. Slale papers, France, vol. G5.
\ LA REYNE D'ANGLETERRE',
.MADAME MA SEDR.
Madame ma bonne seur, je ne vous saurois
dire ni escripre l'aise que j'ay receu de avoir
entendu ce que avez commendé au sieur de
Staffort, présent porteur, me dire touchant
la chose de ce monde que j'ai autant désirée
et désire tant, que je ne pensois pouvoir tant
vivre que je eu voy l'cffect et consommation :
et qui vous dira ou auroit dit le contraire,
vous supplie ne les croire, mais vous asseurer
que ce sont personnes qui ne désirent point
que je aye avant mourir une telle félicité et
contentement, qui me sera des plus grans que
de ma vie je aye eu, quant je auray cet heur
de le voir, qui me faist vous supplier que si
jusques à ceste heure il y a eu occasions qui
ont tiré les choses en longueur, que doresna-
vant il vous plaise le tout abréger et haster;
car, du costé de vostre serviteur, je m'asseure
de sa volonté qu'il précipitera non seulement
' Nous insérons à cette place une lettre originale,
tirée du Record office, qui ne porte d'indiailiou ni de
lieu ni de date; mais elle a été é\idemment écrite à cette
époque, peut-être à la fin de juin ou au commencement
de juillet, puisque c'est Lord Stafford qui, en retour-
nant en Angleterre après son petit séjour eu France, fut
chargé de la remettre à sa souveraine. Elle est, d'ail-
leurs, très curieuse à cause de toutes les démonstrations
de tendresse que Catherine y multiplie; et on peut la
rapprocher d'une autre, très analogue, du g novembre
1678, qu'on lira plus loin.
5.
36
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
à l'aire loul ce que dépendra de luy et du Roy
son frère, qui lui correspond en ses dignes
désirs, pour avoir ce bien et honneur de vous
exposer ce que de ma part je désire tant, que
tous les jours me seront haïs jusques à ce que
je voy cehii qui fera heureux et content mon-
sieur le duc d'Anjou, et non pas lui seul, mais
le Roy son frère et vostre, et moy qui les y
accompajjneray en ceste félicité, et tout ce
royaume, ou madame ma bonne fille (en ce
vous supplie me pardonner, si je dis ce (jue
j'ay tant désiré, au lieu de seur, et l'affection
m'a fait équivoquer), qu'il nous plaise donc,
puisque les choses en sont si avant, c|ue ne
tiriez plus en longueur et que je aye ce con-
tentement, avant mourir, voir de vous un beau
fils, ce que je m'asseure que Dieu permettra,
et ne le puis autrement espe'rer, avec les grâces
qu'il m'a fait par le passé, qu'il me fera avoir
ceste ci, et que je luy supplie et vous, ma-
dame ma bonne sœur, tenir tousjours en vostre
bonne grâce.
Vostre bonne sœur et cousine, et la plus
affectionnée que vous eussiez jamais.
Signé : Catebine.
1578. — 3 septembre.
Orig. Archives de Turin.
A MON FILZ
MONSIEUR LE PRINCE DE PIÉMONT'.
Mon filz, m'ayant le sieur Dalassin faict
prier par aucuns de mes plus spéciaux ser-
' Nous mainteiions celle lettre à son rang clironolo-
gique, bien qu'il soll malérieilement impossible qu'elle
soit datée de Paris, que Catherine avait quitté le i" août,
pour n'y revenir (|u'en novembre 1679. M. Carlo
d'Agliano a bien voulu la collalionncr lui-même aux ar-
chives de Turin et déclare qu'il ne peut y avoir aucun
doute sur la lecture de la date. M. le comte Cais de Pierlas
vileurs vous recommander un afaire qu'il a
pendant pardevant vous et lequel il vous fera
particulièrement entendre, pour ce que c'est
chose qui luy est de très grande importance
et en laquelle, tant en sa considération que
des siens, j'auray à beaucoup de plaisir de luy
ayder, je vous ay bien voulu escrire la pré-
sente pour vous prier vouloir, en contempla-
tion de la bien affectionnée prière que je vous
en fais, l'avoir en voslre l)onne et favorable
recommandation, luy faisant par elïect pa-
roislre combien vous affectionnez tout ce qui
vous est recommandé, de ma part, avecque
asseurance qu'en autre occasion qui se pourra
ofrir pour la vostre, vous me trouverez tous-
jours bien disposée à vous faire pareffect pa-
roistre l'amitié que je vous porte, priant Dieu,
mon filz, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Paris, le m" septembre 1578.
Vostre bonne mère,
Caterine.
1578. — l'i septembre.
Orig. Record ol£ce , Stale papers, France, vol. 65.
A MONSIEUR DE WALSINGHAM,
SECHBTAIBB D'fcTAT DE Li BBINB D'iNGLETEBEE.
Monsieur de Walsingatn, j'ay entendu la
bonne volunté en laquelle la royne d'Angle-
crolt la lettre de i5G8. Elle est d'ailleurs de peu d'im-
portance, et, comme beaucoup de celles que la reine-
mère adressait à son (cfilsn, le prince de Piémont, elle
traite de menus faits particuliers qui ne donnent guère
(.y point de repère. Catherine aimait beaucoup ce jeune
homme, lils de la belle-sœur avec laquelle elle avait
longtemps intimement vécu, .Marguerite de France,
lille (le I^rançois I", mariée en lOSg à Emmanuel-
l'iiiliberl, morte à Turin le iG septembre 1576, lais-
sant un fils unique, qui n'avait que quatorze ans, et
qui l'ut plus lard Charles-Emmanuel I", duc de Savoie.
LETTRES DE CATH
terre ma bonne seur se roli'oine d entrer au
mariage d'elle avec mou filz le duc d'Anjou,
qui est bien la plus agre'able nouvelle qui
m'eust scen cstre aporte'e; car comme je u'ay
jamais souhaite davantage aucune autre chose
de ce monde, ainsy, quant je la verray acom-
piie, auray-je alaim le point du plus grand
contanlement(iueje sçaurois recevoir; et pour
ce que j'av sicu (|ue vous avez jusques icy
assez affectionne ung tel affaire, selon que vous
cognoissez que s'elTectuant il est pour eder
au bien général des deux royaumes et mai-
sons de France et d'Angleterre, je vous ay
vouUu escripre ce mot, pour vous prier de
vouHoir en tel affaire employer toujours voz
bons offices, ainsi que en serez requis par le
sieur de Mauvissière, conseiller et ambassa-
deur du roy monsieur mon filz près de ma
dite bonne seur, que je vous prie de croire
comme moy mesmes de ce qu'il vous dira de
ma part sur ce subject , suppliant le Créateur,
monsieur Walsiugham, (ju'il vous aye en sa
saincte garde.
EscriptàCoignac', lexiii'^jourde septembre
1678.
Signé : Caterine.
Et plus bas : Brulvrt.
ERINE DE MÉDICIS.
•i/
' A l'occasion du passage de Catherine à Cognac, on
lit dans Brantôme : trJe me souviens (car j"y estois)
que, lorsque la reyne, mère du roy, mena ceste reyne
sa fille au roy de Navarre son mary, elle passa par Coi-
gnat, où elle fist quelque séjour; et là, plusieurs
grandes, belles et honnestes dames du pays les viudrent
voir, et leur faire la révérence; que toutes furent ravies
de voir la beauté de ceste reyne de Navarre, et ne se
pouvoient saouler de la louer à la reyne sa mère, qui
en esloit perdue de joie. . . ». (Édit. de M. L. Lalanne
pour la Société de l'histoire de France, t. VII[, p. 3i.)
Marguerite de Valois, née en iô5i, avait alors vingt-
sept ans et était encore dans tout son éclat.
1078. — iS septemliro.
Orij. France, Stnte papers. vol. Gi.
A MONSIEUR DE W\LSli\(iHAM .
SECRÉTAIRE D'ESTAT I>E H BEt.VE D' ANCLETERRi; .
Monsieur de Walsingham, j'ecripts présen-
tement au s'^de Mauvissière', conseiller du rov
monsieur mon filz eu son conseil privé et sou
ambassadeur résident près de la royne d'An-
gleterre ma bonne sœur, de lui mander de vous
dire et faire enlleudre aucunes choses de ma
part, desquelles je vous prie le cioire comme
feriez ma propre personne, et vous employer
de toute affection que ne pourriez jamais
adressera l'endroit de Prince qui vous en sache
meilleur gré et qui le recognoisse plus digne-
ment, suppliant sui' ce le Créateur, monsieur
de Walsingham, qu'il vous ayt en sa saincle
et digne garde.
Escript de Coignac, le xiii' jour de sep-
tembre 1578.
1578. — 18 septembre.
Aut. Bibl. nat. , Fonds français, d° ijgoj, f' i3g.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRK.
Monsieur de Belièvre'-,j'é reseu vostre letre
et veu cornent mon fils vous enn a aullent l'est
' La correspondance du roi et de la reine avec Mau-
vissière, publiée dans le t. 111 des Mémoires de Oislel-
nau, s'arrête au commencement d'août 1578.
^ Cette lettre est la première datée de Bordeaux.
Entre îe 11 août et le 18 septembre, nous nous éton-
nons de ne trouver aucun autre document que le pré-
cédent sur le voyage do la reine et les villes par où elle
passa et s'arrêta, Poitiers par exemple, Mirambeau, etc.
38
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
qu'il me fis! liaiengue. Je suis bien marrie
que ne veulle avoyr auprès de lui de milleur
consel et qu'il en renvoyé ceulx qui l'émet ^
mieuh qu'il ne s'ayme ; et ay grent peur qu'en
lieu qu'il vous ha - dist qu'il ne viendré rien
constre cet royaume et qu'il monstre avoyr
teut d'aseuranse et de puisanse, qu'il cel^
trove si captif entre leur mayns qu'il n'en
sorte pas quant yl voldré, et qui lay menet
au y leur pleire*, pour leur ynterest et non
pour son bien et grendeur; mes je croy ausi
que ceulx qui l'ont enbarqué au yl est ^ cet
qu'il voyet bien qu'il l'ont tronpé et que rien
neréusit, cornent y l'i outfest entendre, qu'yl
feront tout cet qu'il pouront pour l'onpêcher
de voyr cler et que yl s'eu retire; car yl
voyant bieu qu'il fauldroyt au qu'il n'eult neul
santiment au qui le' fist resantir de la faulte
qu'il l'i ont feste; par insin je n'espère, tout
qu'il seront auprès de lui, que yl se départe
de cete aupinion et qu i ne le faset trover
tous aultres consels que lé leur suspects; et
conoysant cela et cregnant le mal qui nous en
peult avenir, je désireroys que nous aydisions
par aultre moyen pour le moyns enpêcber
que Casimir, s'en retournent , n'entre ysi , et ,
pour cet ayfect, je désirerès que l'on ayseyàt
de le contenter de quelque somme et , lui bal-
lant, négotier aveques lui pour ayséier de le
adusir^. Je say bien que vous me dire qu'yl
n'i a ncul moyeu, et que tent plus l'on le re-
cherche et pis yl fest. Je ne me voldrès endor-
mir en cela, mes, en fesant l'eun, fayre ausi
bien renforser de forses mes frontières que , s'il
' L'emel, l'aimoieul.
' Ha, a.
' Cet, se.
* Qui lay menel au y leur pleiré, qu'ils ic mènent où
il leur plaira.
' Au yl esl, où il est.
' Adusir, adoucir.
i venoyt , j'euse de quoy l'enpescher sudeine-
ment d'entrer enn atendent plus grent armée.
Vous dire qu'il fault et pour l'eun et pour
Taultre de l'argent : ynsin, comme en sera, en
fault-i toujour trover; et il me senble que l'on
douit léser toutes aultres chauses pour ynvent-
ter et panser tous les moyens pour éviter cet
horage; à quoy je panse qu'yl cerviré^ ynfini-
ment, cet^ je puis aytablir la pays et léser le
roy de Navarre et ceulx de sa religion ors de
défiense en quoy l'on lé met, que le Roy les
veult tous ruyner; et velà pourquoy je panse
fayre ysi plus de service au Roy et au royaume
que de ne lui cervir auprès de lui que de dire
un mauves avis; et, voyent les afayres cornent
yl sont, je croy fermement que l'état de cet
royaume dépant de l'enlreténement de l'édit , et
que c'et le plus grent cervise que l'on puise
aujourdi fayre et que le Roy, de son costé,
facet^ coment j'é dist, tout cet qu'il pouré, et
cetpendant de donner quelque contentement
audist Casimyr, car quand yl voyré que per-
sonne ne l'appelle ysi de dedans, je croy que
ceré" plus aysé à contenter et qu'il n'e'seyre-
roit plus de entrer sans apuis. Je vous prie le
dire au Roy et y panser sau léser les chauses
en longueur. Quant au coûté de desà,je suis
re'solue, puisque je y suis reveneue, ne m'en
retourner que je n'i voy la pays. Je playndré
infiniment ma pouine^ d'estre ysi veneue et
m'an retourner come un navire désanpare', et
set'' Dieu me fayst la gràse de fayre cet que
je désire, j'espère que cet royaume cef sautiré
de mon traval et que le repos y dureré, cet
' Centré, servirait.
- Cet, si.
' Facet, fasse.
'' Que ceré, qu'il sera.
* Pouine, peine.
' Set, si.
' Cet, se.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
39
que je prie à Dieu et qif i vous aye en sa
saincte guarde.
De Bouicleaux \ ce x\ lu"" de sebtembre
1578.
Lu bien voslre,
Caterinb.
' Quand on sut à Bordeaux que les reines étaient sur
le point d'arriver ilans la ville, on envoya à leur ren-
contre des bateaux richement pavoises pour les conduire
à Blaye. Dès le i" septembre, le Purlemeut avait dési-
gné toute une députation pour aller au-devant des prin-
cesses : le premier président, M. de Lagebaston, MM. Sar-
rau do Lalande, Jean Lange, Geoffroy de Montaigne.
La première entrevue eut lieu i Mirambeau. Le maré-
cbal de Biron, gouverneur et maire, en l'absence du
roi de Navarre, n'avait fait son entrée que le 16, pré-
cédant la reine mère de quarante-huit heures seule-
ment. Catherine fut reçue assez froidement par le Par-
lement, avec lequel la cour était en lutte depuis quelque
temps. Les jurais lui offrirent nn dauphin de huit pieds
de long, péché dans la matinée, et «un pentagone d'or
du poids de deux marcs-i. Elle alla loger chez le prési-
dent de Villeneuve; et, pendant son séjour, ttlit faire
un règlement concernant le gouvernement de la ville et
la nomination des intendants aux juradesn. Elle adressa
de sévères reraonirancos à la cour, qu'elle (it haranguer
par M. de Foix, puis quitta Bordeaux le 1" octobre,
pour continuer son voyage. Toujours à court d'argent,
elle avait dû emprunter ,3,000 écus d'or au président
François Leconite, baron de Latresne, sous la caution
solidaire de Lansac et de d'Escars. (Archives hist. du dép.
de la Gironde, t. VIII, p. 3^5.)
Voir : Histoire complète de Bordeaux, par l'abbé Pa-
trice John 0' Reilly, première partie, t. II, p. 3o2,
in-8", Bordeaux, i86.3; ChroiMptc lioiirdehise , par Jean
Darual, Bordeaux, 1666, in-/i°, p. 91-93; Chronique
Bordelaise, par Jean de Gaufreteau , publiée par la Société
des bibliophiles de Guyenne, Bordeaux, Gounouiihou,
1876, t. I, p. ao'i ; Histoire du collège de Guyenne, par
Ernest Gaullieur, archiviste de la ville de Bordeaux,
Paris, 1874, in-8°; Histoire du Parlement de Bordeaux ,
par M. Boscheron des Portes, Bordeaux, in-8°, 1877,
l. I, p. a6(); Histoire de Bordeaux, par M.-C. Jullian,
Bordeaux, 1895, in-4°, p. 38i; et, aux Archives de la
ville. BB. Registres de la jurade en 1578.
1578. — ••.8 seplendjre.
Orij;. Bilil. n<it. , Fonda frao^-ais, u" 15905. T i^ir>.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
.Monsieur de Belièvre, vous nravez laid
très grand piaisir de m'avoir esrript et faiet
entendre parPinart, selon l'ordre desrhapitres
de vostre mémoire, toutes les parlicularitez(|ui
y sont notées, tant de ce qui s'est passé sur
vostre voyage de Flandres que de ce qui vous
est venu du s" de Haultefort vostre frère, et
aussi du bon advis et expédient que vous me
donnez selon les propos qui se sont passez
entre vous et le c" d'Egmont, à qui j'en sray
très bon gré. Je faiz une bien ample dépesche
au Roy monsieur mon Glz de toutes cboses
qui concernent son service, tant sur les points
que m'a rapportés ledicl Pinart, de sa part,
que sur Testât des cboses de deçà; mais ce
qui est principallement requis est l'establisse-
ment de l'édict de paciffication : aussi y tra-
vaillay-je de deçà et y laictz tout ce qui se
peult, y ayant une très bonne et asseurée es-
pérance; mais il fault faire en sorte que le
duc Casimir ne vienne pas yverner ni à aultre
intention en ce royaume. Vous avez beaucoup
de moyens de servir, comme je m'asseure que
ferez et que n'y obmettrez aulcune chose de
ce que l'on peult attendre d'un affectionné
et bon serviteur que vous estes. Et aussi ne
vous ferez plus longue lettre, me lemeilanl au
s' de Maintenon et à la résolution que le Roy
mondict sieur et filz prendra, après l'avoir oy,
sur tous ses affaires, priant Dieu, Monsieur
de Belièvre, vous avoir en sa saincte garde.
De Bordeaulx, le xxviu" septembre 1578.
La bien vostre ',
Catiîri.ne.
Ces trois mots et la signature sont autographes.
/iO
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1578. — :!<) spplembre.
Orig. BiW. n.nl. , Fomls français, n" 3300,7° Ai '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils-, suivant ce que je vous
escripvisdernièrement,j'ay incessamment, de-
puis que je suis arrivée en reste ville, conti-
nuellement travaillé à pourveoir et donner
ordre à tant de choses qui y estoienl, je vous
asseure, très mal, que j'espère que doresna-
vant, estant suivy ce que j'ay ordonné par
ladvis du cardinal de Bouibon, du niaresclial
de Biron et des s" de vostre Conseil estans
icy, voslre service y .sera beaucoup mieulx foict
qu'il n'a esté par le passé, nonseullement par
vos officiers et ministres, maisaussy par ceulx
du corps de ville, et que vous y serez dores-
navant bien obéi d'ealx tous et du peuple, que
j'ay trouvé eu tous ces lieux de deçà vous cstre
très affectionné, espérant qu'il le sera encore
dadvantaige, lui estans toutes occasions de
divisions el tumultes ostées, comme j'ay laid
le plus dextrement qu'il m'a esté possible,
mesme pour le faict de la confrairie •*, et beau-
coup d'aultres choses qui y entretenoient la
division, (jue j'ay, a\ec l'advis des dessusdiclz
de vostre Conseil, changées et remises, néan-
moings avec le gré tacite et contentement
de tous, à ung bon ordre el reiglement que
' CV'sl la première dos lettres de ce rcnieil, pré-
cédée du litre inscrit un folio 4o : wDépesclies faicle.s
par la Royne mère dii Roy au voiaige faict par elle eu
Guienne. Lan,^uedoc, Provence el Daupliiné pour Texé-
cution de l'édict de pacilication lait par le Roy en l'an
H \° Lxxvu , ayant esté le dicl voiaige de celte dame Reyne
depuis le moys d'aoust mflxxïiu juques en novembre
mv'lxxix.h C'est un beau manuscrit de la collection
Béthnne, n° 88o3, du commencement du xvii" siècle.
' En marge : ttCesle dépesclie a été envoyée au Roy
par Monsieur de Maintenon.n
' C'est de celle confrérie qu'il est parlé dans Brantôme ,
t. III, p. 38a, et t. VII, p. 876, de l'édition Lalanne.
chascun en sa charge tiendra et gardera,
comme ils m'ont tous promis. Et vous diray.
Monsieur mon fdz, en premier lieu que, pour
ce qui est du service de Dieu, j'ay, avec l'ad-
vis de mondict cousin le cardinal de Bourbon,
du s"' niaieschal de Biron et desdictz autres
seigneurs de voslre Conseil, si bien faict que
Dieu sera dévotement honoré et servy pareulx
tous et chacun en sa parroisse. Je suis bien
aise que le sieur de Maintenon soit arrivé ce
matin en ce lieu, et qu'il ait oy le sermon que
sur cela M' Hémou Auger en a faict, où,
comme vous sçaura bien discourir Maintenon ,
chacun a prins très grand plaisir de veoir
que le grand chemin soit ouvert à suivre ce
qui est du service de Dieu et de l'obéissance
qui vous est deue, sans y plus mesler les
choses qui, soubs prétexte de bien , apportoient
souvent de grands désordres. Le livre de la-
dicte confrairie m'a esté remis entre les mains
volontairement, et tout ce qui en resloil, que
je vous envoie par ledict s' de Maintenon,
oullre ce que je baillay avant hier à Madame
de Joyeuse. Et vous diray aussy que, ayant
congneu et veu à l'œil, es lieulx où j'ai passé
du ressort de ce Parlement, beaucoup de
j;rands désordres qui se faisoient par ceulx de
la justice, mesnics paraulcuns des principaux
dudict Parlement , j'assemblay hier les quatre
présidens, dix conseillers, vostre procureur
"énéral et l'advocat aussy, en la présence de
la royne de Navarre voslre sœur, de mondict
cousin le cardinal de Bourbon et desdicts
autres de vostre Conseil. J'ay faict sommaire-
ment entendre le mauvais debvoir qu'ils fay-
soient en la justice, lesplainctes que Ton m'a-
voit faictes à l'encontre d'eulx des désordres ,
abus, grandes malversations et concussions,
qui se commetloient journellement par aul-
cuns d'eux en sadicte Court; et ayant remis à
mon cousin le s' de Foix à leur déduire plus
M'.TTRF.S DE CATHERINE DE MÉDICFS.
41
amploment ce que j'en ;ivois veu et appris,
la cliarjje que vous m'avez donnée et la dëii-
be'ratioa où vous estiez de les changer et sus-
pendre, s'ils ne corrigeoient et pugnissoient
tels abus et nieschancelcz, ic s'' de Foix s'en
est si dignement et si éloqueminent acquitte',
leur ayant très bien représente' ce qui est de
leur debvoir et touché particullièrement et si
amplement les pointz ipie je lui avois som-
mairement déclarés, que je vous puis dire qu'il
ne le pouvoit mieuLx et que j'espère que cela
servira grandement à vostre service; aussi,
s'ils ne satisfaisoient entièrement à tout ce
qui leur en a esté dit et commandé, qui n'est
enfin que ce qu'ils doibvent, je leur ai bien
prorais que vous ne fauldriez pas de le leur
faire sentir, comme aussv laut-il l'aire dire
que, s'ils l'ont leur debvoir, comme ils sont
tenuz à la descliarge de vostre conscience et
de la leur, vous les sçaurez bien maintenir en
la dignité' el lieu que vous leur avez donnés.
Je vous diray aussy que, pour rendre et laisser
du tout reste ville au chemin de repos et
tranquillité, j'ai faict l'aire ung reiglenient
et estably ung Conseil , par i'advis de tous les
seigneurs dessusdictz , tel que vous verrez par
le double que je vous en envoie, suivant le-
quel le sieur de Lanssac (qui vous a très fidel-
lémenlservy. depuis qu'il esticy) et les maires
et juratz sont reiglez en sorte que, faisant,
selon icelluv, chacun ce qu'il doibl, toultes
choses demeureront à repos, et ne s'y peult
arriver aulcun trouble ny inconvénient que
souddain il n'y soit aisément pourveu, quand
chacun observera, comme j'espère, ce qui est
porté par ledict reiglement; mais, si vous
m'en croiez, vous en retirerez, d'icy à quelque
temps, le s'' de Lanssac el lui donnerez ailleurs
quelque honnesle récompense qu'il mérite
bien, car il vous est très hdèle et alfectionné;
et de luy mosme, pour le désir que jav con-
'. iTiii:nnE de Médicis. — vi.
gneu qu'il a (jue vostie service aille bien, il a
vouliu remettre, en la présence des seigneurs
dessus dirts de vostre Conseil, sa charge en
mes mains, ce ([ue je nay vouliu néanmoings
accepter jus(|ues à ce que je vous en eusse
adverty. Au contraire, luy ay cominandi! de
continuer, suivant ledict reiglement, à vous y
faire service, comme il m'a asseuré qu'il fera
jusques à ce quej'ave, sur ce, de voz nou-
velles, vous priant. Monsieur mou fils, d'ad-
viser à la récompense honneste que vous luy
ferez, luy donnant quelque bonne charge, eu
égard aux services de feu son père, considéré
aussy qu'il est gendre d'un de voz vieulx bons
serviteurs et que, de lui-mesme, il est très
enclin et bien affectionné à vostre service, esti-
mant , quant à moy, (|u'ilsera beaucoup meil-
leur que doresnavanl le séneschal face ce qui
est entièrement de son office en ceste ville et
en la séneschaussée, et ce sera, comme il vous
a esté quelquefois proposé, remettre en ces
estats l'ancienne forme : aussy, à la vérité, n'y
est-il point besoing d'aultre gouverneur que
ledict séneschal; estant aussy d'advis que,
pour quelque temps, vous faciez en sorte que
six ou sept personnes qui sont, ce semble, par
trop passionnées les ungs à ung party, les
aultres à l'aultre en ladicte ville, s'en absen-
tent. Je vous envoyé les noms, quy sont en
ung petit mémoire qui sera enclos en ceste
lettre, et suis d'avis que vous leur escripviez
à chacun une lettre. Le premier nommé au-
dict mémoire doibt partir d'icy mardy pro-
chain pour aller en la maison de son nepveu ,
où il doibt faire quelque séjour. Celluy qui
est suivamment escript audict mémoire voul-
dra bien, à mon advis, aller jusques à la
court vous ti'ouver pour vous rendre compte
de sa charge : au moiugs me souviens-je qu'il
vous a, il y a ([uelipie temps, escript qu'il le
désiroit, cl, s'il avoit changé d'oppinion et
lumiucnic FATIOHitt.
42
qu'il ne voullut plus partir d'icy, il fault, s'il
vous plaît, que par vostre lettre il cognoisse
que désirez que sans excuse il vous aille trou-
ver. Les quatre aultres ne seront pas beaucoup
incommodés d'aller jusques à Fontainebleau
et à Paris , oii ils vous trouveront et pourront
suivre quelques jours, et après, parlant à eux
séparément, car ils sont, à ce que l'on m'a
dict, de diverses humeurs, leur direz, s'il
vous plaist, le désir que vous avez qu'ils se
conforment à vostre intention , qui est de veoir
vostre ville de Bordeaux en parfaict repos et
tranquillité, et que voulez aussy que vostre
édict depaciffication soit inviolablement gardé
par tout le royaume, ce que vous avez bien
voullu dire de vostre propre bouche, affui
qu'ils ne le puissent ignorer. H y a aussy
Lange que congnoissez, qui désire se retirer
de cette ville. Je vouldrois. Monsieur mon filz ,
qu'il eust quelque moien ailleurs. Il parioit
d'ung des oflSces de présidens nouvellement
érigés à Rouen; mais je remets à vostre pru-
dent advis d'en faire comme il vous plaira;
quanta l'advocat du Sauit, il estsy turbulent,
comme j'ai certainement sceu, qu'il ne faut
pas qu'il revienne plus en cestedicte ville, si,
tost après, l'on ne veult y veoir recommen-
cer les mesnées et brigues de division. Il est
en commission à Rayonne, d'où je suis aussy
d'advis que luy escripviez se retirer, car, comme
l'on m'asseure, il commence à y brouiller. Je
ne veulx aussy. Monsieur mon fils, oublier de
vous advertir comme ung nommé frère Jehan
Darnais, gardien des Cordelliers de ceste ville ,
qui cy-debvant fut mis prisonnier par le nia-
rescbal Dampville et duquel il vous fut faicl
rapport en ma présence que, en cette ville,
en pleine chaire , il avoit faict indiscrètement
une déduction de la race des Roys vos prédé-
cesseurs, et debvant moy dict plusieurs atroces
injures contie les Juratz et principaux de
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ceste ville, dont ilz ont demandé réparation
et, à ceste fin, présenté requeste, quy a esté
cause que, pour ne laisser en arrière aulcune
chose qui soit pour troubler le repos de ceste
ville , j'ay prié le sieur Archevesque de faire
incontinent sortir de cestedicte ville ledict
cordellier, et en ay aussy escript au général
de son ordre. Je vous envoyé oultre cela ung
mémoire, qui m'a esté baillé par des per-
sonnes d'honneur et véritables, des propos
qu'il a tenuz de vous, dont il mérite pugni-
tion. Je vous diray aussy que le Parlement de
ceste ville m'a faict plusieurs plainctes et re-
monstrances verbailes et par escript sur cer-
tain reiglement par vous faict, touschant les
chambres de l'Édict : ayant sur lesdictes re-
monstrances faict conférer lesdictz seigneurs
de vostre Conseil avec les présidens d'icelle
Court, mais ne s'en estant peu accorder pour
les difficultés qui se sont trouvées, aussy que
lesdicts sieurs de vostre Conseil ne voullans,
comme aussy n'ay-je voullu , qu'il soit tousché
à aulcune chose qui puisse contrevenir à vostre
édict de paciffication, pour ne donner aul-
cune occasion à ceux de la religion prétendue
réformée d'en retarder l'exécution , j'ay advisé ,
avec leur advis, de vous renvoyer lesdictes
plainctes et remonstrances, que le président
Nesmond et vostre procureur général en ladicte
Court vous vont représenter, poury pourveoir,
et qui est besoing que se face au plus tost,
d'aultant que ce différend apporte grand em-
peschement à la justice, et travail et despence
à vos subjectspour le conflit desjurisdictions
et contrariété des arrestz qui interviennent;
ne voulant aussy oublier de vous dire que
aulcuns députiez de plusieurs diocèzes du
clergé de ce pays de Guyenne m'ont présenté
quelques remonstrances et excuses, lesquelles
aiant bien considéré, j'ay trouvé estre à peu
près semblables à celles qui vous ont esté cy-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
43
devant présentées par le cierge du Lyoïmois;
et voyant ia conséquence d'ycelles, je les leur
ay iaict rendre sansaulcune responce et sans
m'estre vouilu charger de les vous envoler,
monstrant que ledict subjecl m'en déplaisoit.
Touttei'ois, j'en ay faict retenir une eoppie que
je vous envoie, affin que \ous puissiez veoir
le conteneu d'icelles; mais, par ce que jeu-
tends que au clergé de ce pais Ion demande
tout à ung coup de fort grandes sommes, et
accumule ou plusieurs années et de diverse na-
ture de deniers, ensemble qu'il scroit comme
impossible de payer et satisfaire, il vous plaira
faire adviser comme l'on les pourroit souUagcr,
et par ce moien retenir d'eux la bonne affec-
tion que je désire que tous vos subjectz vous
rendent. Il m'a esté aussy présenté une re-
queste par ung lieulenanl de Périgort, nommé
Pierre Arnauld, laquelle je vous envoie, dont
le contenu m'a esté tesmoigné estre véritable
par personnes d'honneur et qualité, m'ayans
asseuré icelluy lieutenant estre homme de
bien et affectionné à vostre service, et, pour
ce, je vous prie que, advenant quelque vaca-
tion d'office ou aultre moien de le récompen-
ser, vous vous souveniez de la prière et re-
commandation que je vous en fais. Les maires
et juratz de ceste ville m'ont aussy présenté
une requeste contenant plusieurs articles. Sur
aulcun desquels j'ay faict responco pour les
satisfaire et contenter aulcunement, et du
reste les ay remis à vous, pour leur y pour-
veoir et faire faire réponce promptement ,
quand ils vous les envoleront. J'espère partir
demain de ceste ville, y laissant toutes choses
si bien ordonnées que j'estime, comme aussy
font tous lesdicts seigneurs, ceux de vostre
Conseil qui sont icy auprès de moy, que tout
y continuera en repos et union. J'iray, Dieu
aidant, ledict jour de demain coucher à Ca-
daillac, et le jour d'après, qui sera mardy, j'iray
(le bonne heure à S' Maquaire, n'y aiant que
la rivière de la Garonne entre ledict S' jMa-
quaire et Langon, où se doiht trouver le l'oy
de Navarre vostre frère, vers lequel j'ay ren-
voyé ce matin les s" de Pibrac et de la Mothe
Fénelon, pour luy faire entendre ma délibé-
ration, afin que cejour là nous nous puissions
veoir, et, dès le lendemain, je ne fauldrai de
vous faire une ample despesche du tout.
Cependant je vous diray. Monsieur mon
lils, que aiant entendu toutes les particuhi-
ritez (|ue m'avez escriptes et couimandé à
Pinart me faire entendre, de vostre part, sur
plusieurs occurences de voz affaires et service
et sur ce que luy a aussy communicqué par
vostre commandement les s" de Chiverny,
(leBellièvre, et de Rambouillet, dont il m'a
fort amplement rendu très bon compte , et
considérant aussy le résultat de ce qui a esté
advisé sur ce par vous, je trouve que ne sau-
riez mieulx faire que d'ensuivre et effectuer
ladicte résolution, ne vous en pouvant don-
ner meilleur conseil; mais bien vous diray-je
que, si donnez ordre que, après la paix de
Flandres, si la y font, ou que durant cest
hivei' que ledict pais de Flandres est fort in-
commode pour les gens de guerre , les forces du
Cazimir n'entrent poincl au dedans de la fron-
.tière de vostre royaume pour y hyverner ny
aultrement, croiez que, estant, comme j'espère
(pie sera, que Dieu me fera la grâce de bien-
tost mettre toutes choses en beaucoup meilleur
estât par deçà que ne se pouvoit espérer (|uand
j'y suis arrivée, et dépeschant aussi par vous
des personnes bien capables par les provinces
avec amples mémoiies et instructions , comme
m'a déduict ledict Pinart, et monstre ung som-
maire, aiant tousjours, comme il m'a dict que
avez, ung très grand sousy de vos affaires et
service, j'espère en Dieu que les mauvais des-
seings et délibérations de ces faiseurs de me-
G.
hk
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
nées s'en yront en fumée; et croiez que sur
toutes choses il fault se concerter et estaWir
vostre édiclde pacifEcalion par toutes les pro-
vinces de vostre royaulme. Je fais, poui' ceste
occasion, une bien ample dépesclie au s'' ma-
reschal de Cossé^, afiBn qu'il y procède dilli-
gemment aux lieux que vous lui avez désignés ,
où, comme je lui escripls, je no trouvay pas
qu'il eust faict grande chose, quand je passay
par Poictiers et autres lieuz de sondict dépar-
tement, où je trouvay défaillir, entre autres
choses, desprestres pour y restahlir nostre
religion el la justice, qui ne se huct du tousl
point. Je vous prie faire encores une recharge
aux évesqiies en leur résidence et les admo-
nester de mestre des prestres es lieux de leurs
diocèses où il en est besoing, et faictes aussy,
s'il vous plaisl, en sorte qu'il aille bientost
tenir une chambre de Parlement à Poictiers ,
en forme de grands jours, et vous ferez ung
bien incroiable à vos subjects; me remeltaul
au surplus au s' deMaintenon, je u'estendray
ceste cy davautaige, priant Dieu, Monsieur
mon filz, vous avoir en saincle et digne garde.
Escript à Bordeaux, le xxix""' jour de sep-
tembre 1578.
Monsieur mon fil/,'-, aiant hier soii- eu advis
certain de la part du s' de Joieuse^ que, incon-
' Le maréchal de Cossé n'élail pas jeune : il com-
mandait déjà la place de Melz durant le fameux siège
de Chailes-Qiiint. Il était gouverneur des duchés d'Or-
léans, Berry, Maine, Poitou, et venait justement de
marier sa fille trMagdelaine» à Jacques de l'Hospilal,
futur marquis de Choisi, ami fidèle de Henri 111.
- En marge : trPostsc.ript de la dépesche du \\i\' sep-
tembre 1578.))
^ Guillaume de Joyeuse, père du fameux Anne, qui
allait devenir beau-IVère de Henri III, avait été adjoint
par le roi à l'administralion du Languedoc , pour sur-
veiller le maréchal de Damville. Il avait épousé Marie
de Balarnay, fille de René sieur du Boui-hage, auquel
la reine écrit fréquenimenl.
tinant après la mort de l'eu Parabelle, son
lieutenant à Baucquaire, qui est de la reli-
gion prétendue réformée, s'est retiré dedans
le chasteau avec quelques ungs de ses soldatz
et a escript en toute dilligence au s' de Chas-
tillon assembler incontinant des forces et aller
audict de Bancaire, qui lui promectoict de
mectre entre ses mains, et que ledict s'' de
CLastillon, désirant plus que ledict lieutenant
se saisir dudict Baucaire, pour l'importance
grande dont il est non seuUement pour le
Languedoc, mais aussy pour la Provence et
Dauphiné, auroit incontinant assemblé des
forces de ceulx de ladicte religion prétendue
réformée et s'i achemine avec des trouppes
qu'il a desja mis ensemble et qui passèrent
avant hier devant Msmes, et qu'aiant mon
cousin le mareschal de Banville sceu la mau-
vaise délibération dudict lieutenant de Para-
belle et dudict s"' de Ghastillon, auroit faict
ce qu'il auroit peu pour empescher leurdicte
mauvaise délibération, estant, comme j'ay en-
tendu, la ville retranchée contre ledict chas-
teau; mais que icclluy s'' de Ghastillon, assem-
blant tousjours des forces, sera bientost audict
Baucaire, si desjà il n'y est. Et pour ce que
sans double cela troublera la bonne et saincte
délibération que nous avons pour l'eslablisse-
ment de l'édict de pacification, s'il n'y est
bien tost remédié, j'ay dépesche sur ceste oc-
casion l'abbé de Gadaigne devers mon filz le
roy de Navarre, alfin qu'il mande audict s' de
Ghastillon se retirer, séparer lesdictes forces
par luy assemblées et se départir de la sus-
dicte délibération; et, si desjà elle estoit exé-
cutée el il feust dedans ledict Baucaire, qu'il
luv commande très expressément et face eu
sorte qu'il se retire et laisse ledict Baucaire
en Testai qu'il estoit auparavant es mains du
sénéchal, suivant ce que vous avez advisé et
ordonné, à ce que m"a dict Pinart, dès que
LETTllES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sccusles la mort dudict Parubcllo. Et affiii
d'assister cesl affaire envers aïoiulicl filz le roy
de Navarre et faire en sorte qu'il envoie promp-
lemeut l'aire ce que dessus à l'endroict dudict
s' de Cliastiilon, j'en escriptz aussy prëseiile-
ment aux s" de Pibrac et de la Mothe, par
iedict abbe' de Guadaigne, à ce quilz facenl
envers icelluy roy de Navarre, auprès duquel
j'espère qu'il/, seront au soir, tout ce qui sera
possible pour envoyer proinptemeut devers Ie-
dict s' de Chaslillon et le faire retirer, et que
aultrement ce désordre retardera sans double
le bon et sainct ouvre <jue nous avons à l'es-
tablisseuient du dernier èdict de pacilHcation.
Nous ne verrons pas, comme je pensois,
eucores pour demain, qui sera mardy, mon-
dicl filz le roy de Navarre, et croy que ce ne
pourra estre que mercredy ou jeudy, à ce que
m'a dict le s' de la Burte qu'il m'envoya hier
au soir, comme vous fera entendre Iedict s"'
de Maintcnon, et le de'sir que j'aurois que
nostre entrevue se peust faire en quelque
lieu où il n'y eust point de garnison, comme
il y a à la RéoUe, où iedict s' de la Burte
m'a dict que mondict fiiz le roy de Navarre
se veult trouver. J'ay donne cbarge audict
abbé de Gadaigne et mandé auxdicts s" de
Pibrac et la Molbc de faire, s'il est possible,
que ce soit ailleurs; car oultre que ladicte
garnison m'est aucunement suspecte, le capi-
taine Fa\ns en est capitaine, (|ui est homme
de fort mauvais nom; toutesfois je suis ré-
solue de fermer les yeuk à tous obstacles
pour vous faire, et à vostre royaulme, le ser-
vice que je voy que vous est plus que néces-
saire, espérant que, estant avec mondict filz le
roy de Navarre et vostre seur et luy ensemble,
que Dieu me fera la grâce, et marchant de bon
pied, comme nous faisons, que toutes noz
bonnes et saintes intentions réussiront à son
honneur et gloire et au bien et repos de vous
et de tous voz suhjecl/., ainsy comme j'ay plus
particulièrement déclaré audict s'" de .Main-
tenon pour vous faire entendre de ma part.
1578. — H g sei)louibrc.
Oi-ig. Arcli. (le lîayonne, hi-rie AA , ri?(;i.slre ao.
A MONSIEIR DE LA HILLIÈRE,
COlIVtB^ELI^ DE LA \ILLE DE B4ÏON:ïE.
Monsieur de la Hillière , je renvoie le cap-
pitaine Lafougière à Bayonne , pour y servir en
sa charge selon et ainsi qu'il a accoustumé,
ne i'aiant trouvé chargé d'aucune chose par
apparance ou autrement qui le puisse rendre
coulpabie de quelque faulte au service d_u Roy
monsieur mon filz; et pour ce que ce seroicl
acte de niauivais e.vemple faire indignité à
ceux qui méritent récompense pour avoir bien
servi, je vous prie qu'il ne se passe vien par
delà qui puisse altérer son honneur ou amoin-
drir laU'ection qu'il m'a asseuré avoir de fidel-
lement servir le Roy mondict S"^ et filz. N'es-
tant la présente pour autre fin, je prie Dieu,
Monsieur de la Hillière, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Bourdeaux, le xxix" jour de sep-
tembre 1678.
Caterine.
PlNA
1578. — a 9 sepleiubie.
Orig. Arch. de Dayonne , série AA , registre ao.
A MESSIEURS
LES CONSEILLERS ET HABITANS
DE LA VILLE
DE BAYONiSE.
Messieurs, renvoyant le cap"" Lafougère à
Bayonne pour continuer à seivir fidollement
en sa charge, comme il s'est trouvé qu'il a faict
46
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
jusques à pn'sent. jo l'ay bien voulu aconipai-
giier Je co mot de lettre, pour vous dire ralTec-
tion qu'il ma asseuré d"ea avoir: et comme il
n'a esté lrouv('' aucune chose contre luy que
dhomme de bien et qui a bon zelle au bien du
service ilu lîov monsieur mon filz, voilà puur-
quoy je le vous recommande ; et prie Dieu , Mes-
sieurs, vous avoir en sa saincte el digne garde.
Escript à Bourdeaux, ce xxix"" jour de sep-
tembre I ')']^.
CImerine.
l'iNART.
I.57S. — Soplenibre.
Aiil. HiM. n;il., Dii|»iiy. 11 ait, f' J7 r\
Al ROI DE \AVARRE\
MON FILS.
Mon fils, j'av entendu par le sieur de Pie-
brac ce (|ue lui avez dict pour response à ce
que par luv vous avois mandé el quant je lay
tout considéré n'est possible de prendre neulc
bonne resolution ([ue jo ne parle avec vous et
vous prie sur ma parole, el fo\. et honneur
vous lier de vouloir \enir icy disnei' ou lou-
cher, comme il vous playra, mes que je
puisse parler seulement une heure avecques
vous, pour prendre une eutièri' résolution de
' La ictdo nV'St point datée, mais elle est é\-i(li?m-
mont de la fin do seplombie, quelques jours avant l'en-
trevue que la reine mère raronle dans la dépêche >ui-
vanle. Le roi de Navarre était resté à Montauban, ne
voulant pas veuir trouver la reine à Bordeaux, où il avait
peur d'élro mai reçu. Il éciivail de Montaubau, le ig août,
à M. de Lardimalie, gouverneur du comté de Périj.'oid :
(t Deslibérant partir bientost pour aller recueillir la lîoyne
el ma femme qui s'en vieiment en ce pays, j'ay advisé
de vous escrire la présente par le désir que j'ay d'estre
accompajjué de mes serviteurs et amvs, au nombre des-
quels je vous liens pour l'un des plus alTectionnez.n —
{LeUres tnissives de Ik'nri IV, t. I, i8'i3, p. 191.)
cet ([ue nous avons à fayre atiu que les choses
ne |)reynent plus long trect, car tant plus nous
diU'érons et plus les mauvais esprits s'etl'orcet
de tormenterles bons et altérer toutes choses,
qui me faict vous prier de voulloir que je parle
à vous et mestre une l'vn à tant dallées et de
venues; et je prie Dieu cpiil vous assiste et à
moy. en toutes nos bonnes yntontious, comme
je masseure que l'avez et aussv-
\oslre bonne mère
Caterine.
I 57s. — 2 octobre.
Copie, lîibl. nal., Fonds français, n" 33oo , f' /l'i v".
[AT ROI MONSIEUR MON FILS'.]
Monsieur iimn filz, suivant ce cpie j.' vous
escri[)viz mardy dernier par le s'' de .Mainte-
non, je vins ce jour-là coucher à Cadaillac- el
hier à .Sainct .Macaire, oii li's s" de Pibrac et
de la Mothe Féuelon, que j'avois envoyi'S de-
vers mon fils le roy de Navarre, me vindrent
trouver et m'asseurer, de sa part, qu'il nous
vieiidroit aujourd'huv rencontrer, entre ledict
Sainct Macaire et ce lieu de la RéoUe, en une
maison seuUe, ijuiestsur le chemin, appellée
(lastéras, où nous sommes desenduz et où il
nous est venu trouver avec, je vous asseure,
lort belle trouppe de gcntilzhorames, qui es-
toient au nombre d'environ cent-cinquante
maistres, lort en ordre et bien montez; il m'a
trouvée el la rovne de Navarre vostre soeur,
vostre nepveu et mes cousines les princesses
de Condé " et Moutpensier, l'attendant en une
' En marge : t Envoyée au Roy par M. l'audiencier
Seguier.-'
^ Cadillac, sur la Garonne, à moitié chemin entre
Bordeaux et la Réole.
' Françoise -.Marie d'Orléans- Longuevllle, veuve de
Louis de Bourbon, tué à Jarnac.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
salle liauKe de ladicte inaisou, nous ayanl
lort lioimestement de liés bouue yràce , et ce
semble, de très grande all'ection et avec fort
grand aize salué; le viconte de Tourenne est
entre' avec luv, et quelques ungs des princi-
paulx, el, après le bon acceuil que vous pou-
vez bien penser que nous luy avons t'aicl et
nous estans entretenuz ung peu de temps de
propos commungs, nous sommes descenduz de
ladicte salle et montez eu mou chariot, où il
est aussi entre' et venu avec nous jusques en
ce lieu, faisant tousjours, et nous à luy, la
plus grande de'monslration d'aize et de con-
tentement qu'il est possible; il m'a tousjours
accompagnée en ma chambre, et a voulu me-
ner vostre soeur la royne de Navarre^ en son
logis, qui est de l'autre costé de la rue, où ilz
logeront et coucheront ensemble; mais, de
peur de luy donner peyne, vostredicte soeur
n'a poinct esté plus loing que mondict logis;
et luy, qui avoit fort grand chauU, et pour ce
aussy qu'il a faict aujourd'huy très grande
challeur, s'est allé rafreschir ; et madicte fille
et luy sontrevenuz en ma chambre, où estoient
mes cousins les cardinal de Bourbon et duc de
Montpensier-, avec lesquelz j'avois commencé
à veoyr une dépesclie de mon cousin le ma-
réchal de Dampville, par laquelle il m'escript
' La roine de Navarre écrit dans ses Mémoires : «Dans
peu de lemps nous fusmes en Guyenne, où dès que nous
entrasmes dans le gouvernement du Uoy mon raary, l'on
me iîst entrée par tout. 11 vint au devant de la Royne
ma mèi:e jusques à la RéoUe, ville que ceux de !a Re-
ligion tenoient : la desfiance qui estoit encore alors (la
paix n'estaut encore bien establie) ne luy ayant peu per-
mettre de venir plus oullre. Il y estoit très-bien accom-
paigné de tous les seigneurs et gentilshommes de la Re-
ligion en Gascogne et de quelques catholiques.» Edit. de
\a Société de l'Histoire de France, iSia, p. i58.
' Louis de Bourbon-Vendôme, duc de Montpensier,
qui épousa en secondes noces Catherine de Lorraine ,
fille du grand François de Guise.
/i7
vous avoir aussi faict entendre le faict de
Beaucaire ; et , poursuivant ce propos avec mon-
dict filz le roy de Navarre, nous avons com-
mencé à parler de l'ocazion de noslre voiage
et du grand et ferme désir que vous avez de
l'entreténement de la paix, et de l'aymer par-
faictement, comme s'il estoit vostre propre
frère et comme celuy qui est non seullemenl
vostre beau-frère, mais vostre héritier après
vostre frère, monstranl, de sa part, avoir
ung grand contentement de ces bonnes nou-
velles, comme estant le plus grand heur qui
luy sçauroit advenir que d'avoir vostre bonne
grâce, délibérant bien, à ce qu'il nous a dict,
de s'y maintenir par tous les bons olhces de
très humble service qu'il vous pourra faire,
en se conformant à toutes vos bonnes et
saincles intentions, ainsyquede reclief il nous
a asseuré de bouche; j'espère, selon ce iiueje
puisjuger de luy, qu'il servira en eft'ect comme
il le dict de parolle, sy ce n'est qu'il soit dé-
tourné par aucuns de la religion prétendue
réformée, qui ont tant de malice au coeur
que je ne sçay encores que vous en asseurer.
Aussy n'est ceste dépesche que pour vous
donner advis de nostre première entrevue et
arrivée. J'ay reprins encores, en la présence
de mesdicts cousins les cardinal de Bourbon
et duc de Montpensier, le propos du faict de
Beaucaire, et luy ay dict la mauvaise volunté
dont procédoit le s"" de Chatillon, quy s'en vou-
loit saisir, comme je luy avois escripl avant
hier, et qu'il verroit encores par la dépesche
dudict s' mareschal Damville, qu'il a ouy lire.
Je luy ay aussy parlé d'une aultre dépesche
que j'ay ce matin receue du s' de Vezins, séné-
chal de Quercy, par laquelle il a veu comme
aulcuns, qui se disent de ladicte religion pré-
tendue réformée, ont surprins par escaillade
et se sont saisiz du chasteau de Mirabel près
Gossade, lieu de grande conséquance, tant
/iS
pour ce 'lu'il u>l fort i|uc pour cstre assiz, a
ce que j'av cuteiuln, nu plus fertile pais do la-
dicto proviiu'p di- Quercy; et sy luy ay repre'-
sonté par iiiosine moyen ce que j'en avois
entendu, qui est que c'estoit icdict viconle de
Tliourcnne qui i'avoit faict faire, ainsy que
cpuW (jui estoient dedans ledict cliasleau de
Miraiiel avoient déclare' à ceulx de Mnntauban.
(|ui nionslroient nestre de leur intelligence,
et (jue, sv ce. n'eust esté pour la crainte que
ledict s' de Vezins avoit eue do contrevenir à
Fédicl de pacifficalion, ([u'il avoit bien moien
de mener soiulain le canon et reprendre le-
dicl cliasli'au, mais qu'il avoit seulleniont as-
sislé les pauvres ,o[ens de ladiclo ville, qui est
distante d'environ cinquante pas dudict clias-
leau, pour eulv retirer avec leurs biens et
vivres, .le Iny av aussy parlé du cliasteau de
(laiilarjjuel ' qui avoit esté pris par force ces
jours derniers, par ceulx de la reli[;ion pré-
tendue réformée, et après avoir cruellement
massacré (([ui sont les mesuies ternies que l'on
ni'escript) le s' dudict lieu et tout enlièrement
piilé. Moudict lilz le roy de Navarre m'a sur
ce respoudu que, pour le regard de Beaucaire,
qu'il a bien délibéré de faire dez demain
malin une sy bonne despeschc et d'envoyer
personnaige de lelle créance audicls s" de Ver-
el de Chastillou, et encores à quelques autres
de la religion prétendue réformée, et onltre
cela qu'il escrira aussy aux églises de Mont-
pellier, Nismes et du Hault-Languedor. ad ce
que cliascun se déparle de ladicte enlreprinse,
sy tant est qu'il y enayl quelque une, etqu'il
s'asseure (juil sera obéy, ne pensant pas, à
ce qu'il nous a dict, (]ue les choses soient
' Sans ilmih' lu château ilo Gailli argués, près de
Caylus et à viiif;t kilornèlros île Caussade, Caylux (Tarn-
el-Garoniii' ).
- Jacques île Rnçlie, seijju. de Vers , lianm des Baux,
séni.'clial de Beauiaire.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
telles (jue ion les m'a faict entendrt'. et a
répliqué deux ou trois fois au s' de Vallence.
(jui disoit fcrnieinent que c'estoit, comme
aussy le pensay-je, de la malice dudict s' de
Cbastillon; et sur cela ledict s' rov de Na-
varre a dict (]u'il estoit si jiauvre, que la faim
luv pouvoit faire faire beaucoup de choses;
mais que, luy faisant quehjue bien et donnant
respict de .ses debtes payer, pour ce t[ue l'on
lenoit tout son bien saisy, qu'il s'aseuroit d'en
faire ce que l'on vouldroict. Il m'a aussy dict
(pie celluy qui a pris ledict chasteau de (ios-
sade, c'est celluy mesmes qui |)rint naguerres
ledict chasteau de (iaillarguet, el que c'est un
volleur qu'il faull faire chastier exemplaire-
ment; que, de sa part, il escripvra à tous ceulx
des églises de ce costé là , pour se joindre avec
les calholiipies pour le prendre et en faircï
comme l'on a faict de ce ceulx qu'il avoit
à la prise dudict chasteau de (laillargiiel ,
lesquelz par jugement du Parlement de Thou-
louse ont esté presque tous pcnduz. J'ay aussy
commencé à luy faire congnoistre (pi'il fault
(|u il oublve ce qui pourroit penser avoir esté
contre luv faict par le &"■ mareschal de Biron,
sans loulesfovs luv nommer; car il fault ([ue
je vous dve, .Monsieur mon lils, que je ne
penserois pas bien faire vostre service sy
icelluy mareschal de Biron, (jui est demouré
à Bordeaulx et qui s(;ait mieulx que nul autre
eu quel estât sont demeurées toutes choses
pour l'exécution de l'édict de paciffication,
nestoit icy; mais il m'a bien entendue et a
commancé à dire le tort qu'il prétend qui luy
a faict; toutesfoys nous n'avons pas, mesdicis
cousins les cardinal de Bourbon et duc de
Montpensier et moy, voulu poulser cela plus
avant, mais nous délibérons bien, et moy en
en particullier avec vostredicte soeur, laire
en sorte qu(> cela soit appoincté; aultrement
vostre dicl service ne seroil bien faiit. puisque
LETTRES UE CATH
lodicl s''maresclial csl icv Installé vostre lieu-
tenant général, où ilf;iult nécessairement qu'il
continue pour beaucoup de grandes consi-
dérations, que je m'asseure que sçaurez très
bien considérer; et asseurez-vous que je Ira-
vailleray, comme aussy l'eront mestiicis cou-
sins les cardinal de Bourbon et duc de Mont-
pensier, qui le m'ont promis, pour le renieclre
bien avec mondict filz le roy de Navarre,
afEn que vostre service soit mieulx faict. Nous
avons remis à demain pour recommancer à
regarder à ce qu'il fault faire pour l'cstablis-
sement de l'édict de pacillîcaîion; en quoy
vous pouvez croire, Monsieur mon filz, que je
n'oublieray rien de tout ce qu'il me sera pos-
sible, espérant que vous y serez fort fidclle-
ment servy, etraoy très bien assistée par mes-
dicts cousins, et aussy par les aultrcs s" de
vostre Conseil qui sont icy, que je suis bien
d'advis que gratifiiez souvent de lettres qu'il
vous plaira leur escrire. Je serois aussy d'avis
que, par mesme moyen, vous eussiez adverty
ceulx qui doivent aller servir en vostre Con-
seil privé et d'Estat du temps de leurs cpiar-
tiers, et pareillement aux gentilzhommes ser-
vans que vous avez nouvellement ordonnez
pour vous servir doresnavant; car leur escrip-
vant et les adverlissant de leurs quartiers,
beaucoup l'entenderont et ne doubtcront jilus,
comme ilz font, du bel oidre que vous avez
estably et du bon et grand nombre de no-
blesse que vous hounorez et dont vous voulez
doresnavant vous servir. Croyez , Monsieur mon
fils , que ces dépêches là serviron t beau coup par
les provinces du royaulme, mesme en ceste ci ,
où je trouve tant et si grand nombre de gen-
tiizbommes, et tous les peuples, avec cela, in-
finiment affectionnez à vous leur Roy, me fai-
sans, pour l'honneur de vous, tant d'honneur
et monstrant de vous aymer tant, en quoy je
les fortiilîe comme je dois, en sorte. Monsieur
ClTHEÎlI.NE DE MÉDICIS. VI.
£RI>iE DE MÉDICIS.
.'i9
mon (ils, t\uo j'ay très grande et bonne espé-
rance que mon voiaige sera fort ulille pour le
bien de voslredict service. Cependant je vous
envoyé une dépesche que j'ay l'eceue dudici
s"' de S' Gouard, vostre ambassadeur en Es-
paigne, (|ui est toute en chiffre, la(|uelie je
vous prie faire soudain déchiffrer, et, après
l'avoir veue, me l'envoyer, s'il vous plaist, par
courrier exprès, sy la chose le requiert, comme
je le pense, à voir ce que ledict s' de Gouard
m'escript et au s' de Villeroy, comme je pense.
Pour le personnaige qui est arresti- prisonnier
à Bordeaulx, il est interrogé parles''deLanssac.
J'espère de faire partir dans deux jours Roger
et envover par luy l'interrogatoire et lettres
qu'il a escriptes, par où vous verrez de grans
indices, voire confession, à peu près, du faict
dont il est chargé. Je ne veux aussy oublier
à vous dire que dès hier au soir à Sainct
Macaire, où me \int trouver ma cousine la
duchesse de Montpensier, que je u'ay poincl
veue depuis Libourne , pour ce qu'elle s'estoit
trouvée mal d'une disenterye, dont elle est à
présent bien guarye, je luy parlny des ma-
riages (jue sçavez, principaliement de celluy
de son beauClz; et pouvez croire. Monsieur
mou filz, que je n'y obmecteray rien de ce
quy s'y pourra faire, priant Dieu, Monsieur
mon filz, vous avoir en sa sainole et digne
garde.
Esrript à la Réolle, le jeudy ii° jour d'oc-
tobre
78.
Monsieur mon filz', depuis ceste dépesche
faicte je receuz la vostre du xxni° du passé
par Forget, portant grand ennuy du mal de
dentz qui vous continue, et me semble que
vostre résolution est très bonne de n'en plus
faire arracher, mais de vous purger pour di-
' En titre : -rPosIscript do la dppesctie du n' octobre
1578. J)
7
50
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
vertir et oster cesie défluction. Toutesfoys, sy
vous m'en croyez, ce sera quelque le'gière
purgation, comme voz me'decins sçauront très
bien adviser. Je remectois à vous escriprececy
de ma main, mais je ne sçay encores sy je
pourray avoir la commodité de le faire ce
soir ou demain au matin sy amplement que
je voudrois. Cependant je vous mercye aussi,
Monsieur mon fils, des dépesches que m'avez
envoyées des s" de Fontaines et de Mauvis-
sière, par lesquelles il y a grande apparence
que la paix se fera en Flandres et que, sy
vostre frère veult, il ne tiendra qu'à luy qu'il
ne prenne l'occasion (que je trouve fort à pro-
pos) de se retirer avec quelque honnesie cou-
leur de ces païs-là et faire eutreveue d'entre
la Royne d'Angleterre et luy, s'il a sy grand
désir au mariage, comme il a tousjours dict.
Je luy en escripviz et au s'' de Villeroy, et
bailiay mes lettres au s' de Mainlenon pour
les vous montrer, et après, sy le trouvez bon,
les leur faire tenir; mais c'est le principal.
Monsieur mon filz, que de faire encore de
l'argent, et en voz aultres grandz et impor-
tantes affaires ce que avez sy prudemment ad-
visé et résolu , comme j'ay veu par la résolu-
tion que m'en envoiastes par Pinart.
Je ne pense pas que mon cousin le duc de
Monlpensier puisse aller à la tenue des Estatz
de Bretaigne; je vous en ay escript et des pro-
pos qu'en avons euz pour regarder d'accom-
moder le différent d'entre les s" de Fontaines
et de la Hunaudaye, oiî je vous prie adviser,
afin que cela ne préjudicie à voz affaires,
comme sans double il adviendroict, sy les-
dicls s" de la Hunaudaye et de Fontaines ne
sont mis d'accord.
1578. — 4-5 octobre.
Copie. Bibl. nat., Fonds français. n'SSoo, f^ i6 \'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS^]
Monsieur mon fiiz, depuis la lectre que je
vous ay escripte par Seguier, après avoir parlé
à part dès hier et aujourd'huy à mon fils le
roy de Navarre et luy avoyr remonstré et en-
cores faict dire par ma fille, la royne de Na-
varre sa femme, tout ce que j'ay pensé qui
pouvoit servir pour plus aizément l'amener
auxdictes choses raisonnables, requises pour
le bien delà paix, exécution et establissement
de vostre édict de pacification, et après avoir
aussy parlé au viscoute de Turenne aux ter-
mes que je doibs et de la façon qu'il m'a pa-
reillement semblé à propos, ayant aussy faict
ce que l'on a peu envers Guitry, sans avoyr
aussy oublié ce qui se pouvoit dire au sieur de
Grattin^, affin que toutes choses feussent mieulx
disposées pour plus facillement parvenir au
grand bien que vous voulez à tous vos sub-
jectz, nous nous sommes, ceste après disnée,
assemblez en mon cabinet, oii estoient du
commencement mes cousins les cardinal de
Bourbon, duc de Montpensier et prince Daul-
phin, et aussy les seigneurs de vostre Conseil
qui sont par deçà; et après avoir résolu ensem-
blement de parler à mondict filz le roy de Na-
varre du s"^ mareschal de Biron pour le recon-
cilier avec [lui], nous avons advisé aussy à
' En marge : tr Envoyé au Roy par Mons' Roger, valet
de chambre du dit seigneur.?)
2 Loiiis du Faur, sieur de Glalteins (quelquefois
Gratins, comme dans de Thou), chancelier du roi de Na-
varre, l'rère de Guy du Faur de Pibrac, récemment nommé
président au Parlement, que la reine avait emmené
avec elle. Il y avait encore trois autres frères du Faur :
Arnaud, soigneur de Pujols; Pierre, abbé de Fayet,
plus lard évèque de Lavaur; Charles, président au par-
lement de Toulouse , seigneur de Lucante , et deux sœurs.
LETTRES DE GATH
quoy nous commencerions pouf cntror en
Teffect de mon voiai;;o et ostablissemenl de
vostre édict de pacilTicalion. Lors est entrée
ma fille la royne de Navarre, qui a veu prendre
la susdicle n-solulion entre nous; eu quoy elle
a monstre désirer vosli'e volonté et la mienne,
comme aussy ne doublè-je pas qu'elle n'ayt
faict et face ce qu'elle a peu envers sonmary
pour l'y bien disposer. Toutesffoys elle faysoit
difficulté' sur le désir que j'ay que ledict sieur
mareschal de Biron vienne icy (d'aultant que
nul de tous ceuk qui sont pardeçà ne sont
si capables à beaucoup près tous ensemble
de ce qui a esté faict depuis l'edict de pacif-
ficalion, pour commancer à l'exécuter, que
des choses advenues depuis où l'on prétend
contravencion, et aussy les particullaritez de
ce qu'il fault et est besoing de fayre suivant
lediel édict pour l'exécuter et establir d'une
part et d'aullre), nous disant madicte fille
qu'elle craignoil, selon ce qu'elle jugeoit de
ceulx de la religion, qu'il n'y eust pas seureté
pour luy; mais ayant sur cela dicl ce qu'il
me sembloil à propos et que pour ledict sieur
de Biron qu'il n'avoil rien faict, à ce que je
pouvois cognoistre, qu'il ne deust fayre et que
c'estoit pour vostre service, dont mondictfilz,
le rov de A'avarre et ceulx de la religion pré-
tendue réformée ne luy en dévoient sçavoir
mauvais gré, elle et mesdictz cousins ont esté
tous de ceste même opinion. Toutesffois, estant
entré sur cela mondict filz le roy de Navarre
aveeques nous, et après l'avoyr prié fayre
entrer' ceulx de son Conseil qu'il vouldroil,
aiant appelle avec luy ledict sieur de Turenne,
sondiet chancellier, Guitry et Segur, je luy
ay, en la compaignye dessusdicts, dict que,
pour commancer nostre bon œuvre, j'estois
d'advis que nous accordassions premièrement
que tout ce qui avoil esté faict pour l'exécu-
tion de l'édict, où il n'avoit rien esté depuis
ERINE DE MÉDICIS. 51
innové, demeureroit foict; et passant plus
oultre, que le second article que nous dcbvions
faire, suivantceque nous avions si longuement
débatu entre luy et moy hier et aujourd'hui
malin, estoit de faire remectre incontinent les
villes, chasteaulz, et autres places où il avoit
esté innové au préjudice de l'édict de paciffi-
cation, ainsy comme elles csloient auparavant;
et qu'il falloit que cela se l'eist l'un avec
l'aullre et, comme l'on dict, en baillant, pour
osier toutes doubtes, ayant à ce; propos re-
monstré comme il n'y avoit personne qui fut
plus capable de tout que ledict sieur mares-
chal de Biron, et que partant je désirois qu'il
nous vint ayder; sur quoy vostredict frère,
le roy de iNavarre, s'est premièrement mis,
pour le regard dudict sieur de Biron, aulcune-
ment en colère, disant fort asprement le tort
qu'il luy avoit faict, ne se pouvant garder d'en
parler aigrement, quelque chose que je luy
disse pour l'aduulcir des considérations qu'il
debvoit avoyr et de l'asseurance (jue je le
priois de prendre que, tout ainsy qu'il a esté
cy devant son serviteur, l'estant premièrement
(le vous., il le seroit encores aussi alfectionné
(ju'il fut oncques, avec toutes les autres choses
que jay pensé pouvoir servir pour dès à ceste
heure nous accorder de mander et fayre venir
ledict sieur de Biron; niays je n'ay peu en-
cores du tout gaigner cela sur luy, qui nous
a aussy fort opiniastré qu'il failloit remectre
principallemeni Agen et les aultres villes en tel
estât qu'elles estoient, quand l'exécution de
l'édict a esté interrompeu , et qu'il y peust aller
et venir seurement, comme il y vouloit aller,
et puis que, de sa part, il feroyt aussy ce qu'il
debvoit pour ce qui estoit de ce gouvernement
(le Guienne seullement, et non pour Langue-
doc et les autres provinces; car en chascune
d'icelles il disoit y devoir estrc lenuz divers
moiens. Je luy ay replic(iué sur cela, comme
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
52
aussy ont [l'aict] mesdiclz cousins les cardinal
de Bourbon, duc de Monipensier et prince
Dauiphin, et aussy chascun desdictz sieurs de
voslre Conseil, que j'avoys nommément ad-
vertvs que mon intention n'estoit pas de fayre
oster la garnison d'Agenny d'ailleurs, ny de rien
rendre de noslre coste' que à l'iuslaut mesnies
moudict fiiz le roy de Navarre ne nous fciist
aussy restituer de ce que ceulx de la religion
prétendue réformée avoyent pris; mais voyant
qu'il demeuroit tousjours aucunement entier
en la résolution que je croy qu il avoit prise
avecques les siens, dont, à mon advis, aulcuns
d'eulx ne désirent guères la paix, nous avons
advisé d'un commun accord que les sieurs
de Vallence et de Foix, de Pibrac, de Sainct
Sulpice, d'Escars et de La Mothe-Fénelon
pour vous, et les sieurs vicomte de Turenne,
Gratin, son chancelier, Montguion, Guitry,
Luzignan et Segur Perdillan, qui sont six
d'une part et d'aultre, s'assembleront dès de-
mayn pour dresser les mémoyres et articles
de ce qui se debvra fayre, lesquelz ilz nous
feront après veoyr et accorder ce que verrons
estre raisonnable pour parvenir au bien que
nous désirons; en quoy vous pouvez estre as-
seuré. Monsieur mon filz, que j'auray si soi-
gneusement l'œil que vous y serez scrvy selon
le moien qu'il y aura le plus advautageuse-
ment au bien de voz affaires qu'il sera po!^-
sible, etvous donneray advis journellement de
ce qui se fera. Cependant nous avons arresié
que, suivant la résolution qui fut prinse dès
hier avecques mondict filz le roy de Navarre,
comme je vous ay escript par ledict Seguier,
le sieur de Constans partira demain matin
sans plus de retardement, avec lectres fort ex-
presses aux sieurs de Thoré et de Chaslillon ,
pour les fayre despartir de l'entreprinse de
Beaucaire; et par mesme moien mondict lilz
le roy de Navarre escripra et mandera par le
sieur de Constans à ceulx de Montauban et
aultres de leur party de ce costé là de se join-
dre au sieur de Vezins, séneschal de Ouercy,
pour prendre par force celuy qui a surprins
le chasteau de Mirabel , qui a desjà en partie
pris et pillé le chasteau de Cauquel ' (sic) et
inhumainement tué le seigneur dudict lieu.
Mondict filz le roy de Navarre monstre par ses
paroUes de désirer la pugnicion de telles gens ,
qu'il dict estre tous volleurs, et qu'il se fault
joindre pour les chastier; en quoy, comme
vous pouvez penser, je le seconde et fortiffye
en ceste bonne opignion aultant qu'il m'est
possible; car aussy est-ce une des choses qu'il
fault aultant exactement fayre, afin de re-
mectre la dignité de vostre justice, par le moien
de laquelle Dieu nous fera la grâce que vous
serez parfaictement aymé, honnoré et obéy.
Je me délibéroys d'aller à Thoulouse, pour y
fayre le bon effecl que je vous ay escript de
ma main pour voslre service; mais encores
que voslredict frère le roy de Navarre eust
bien voulu que je y feusse allée premier que
rien commanccr de noz affayres pour luy
donner loysir dépenser, de sa part, ausdictes
choses qu'il a à reraonstrer, sy pouvez-vous
estre asseuré que je ne me hasteray pas que
je ne voye icy les choses au train que je dé-
sire pour le bien de vostre service et vostre
contentement, afiin que de mesmes je puisse,
s'il est possible, fayre fayre par mondict filz
le roy de Navarre ce qui est nécessaire en
Languedoc et aux aultres provinces de vostre
royaume pour le bien de la paix, exécution
et eslablissement de vostre édict; en quoy je
prévoys qu'il y aura beaucoup de peynes,
pour plusieurs raisons que je réserve à vous
dire, quand j'auray ce bien de vous veoyr;
mays vous pouvez croyre, Monsieur mon filz,
' Peul-oli-e Cailliavcl.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
que je n'eu obniectray rien de ce qu'il a pieu à
Dieu me donner de sens el de jugement et de
la dilligence qui s,' pourra. Je vous asseure que
je voy bien aussy, pour certaines raisons que
je réserve aussi à vous dire, qu'elle y est très
requise et que, si on laisse tempnrizer l'exe'cu-
tion de vosliedict édict, il adviendra beaucoup
degrandsinconveniensà voz alTaires el service,
vous priant, Monsieur mon fiiz, de fayre en
sorte que vous puissiez bien elFecluer ce que
avez advisé, selon que j'ay veu par le som-
maire re'sultat que m'envoiasLes par Piuarl. Je
m'asseure qu'avec l'ayde de Dieu, qui ne nous
a jamays délaissez et qui vous assistera, s'il
iuy plaist, tousjours en vos bonnes el sainctes
dellibéracions, vous surmonlerez tous les ar-
tiffices dont Ion use pour vous remcclre à la
guerre et pour troubler voz afl'ayres. J'ay veu
et bien considéré l'extraict de la lectre inter-
ceptée, dont esloyt porteur un;; lacquais. J'ad-
jolncls cela avec le voiaige de Clervant, et vous
asseure qu'il y a grande aparence que les
principaulx de la religion, mesmes celluy à
qui estoyt adressante ladiete lectre, adhèrent
au conseil qui leur est donné par icelle; et,
s'ilz peuvent, ilz iéront ce qui est contenu en
ladiete lectre; mais il fault que mectiez plus
après pour destourner, s'il est possible, le
Cazimir de ceste délibéracion, en Iuy faisant
paier, lorsqu'il aura licencié ses troupes, la
somme qu'aviserez sur ce qui Iuy est deu,
comme ledict Pinart m'a dict aussy qu'avez
advisé de fayre; mays, si du premier coup
cela Ile s'est négocié, il fault persévérer el
chercher divers moien envers ledict Cazimir
ou ses colonels et reistres mestres. Je n'ay
pas failly aujourd'huv de fayre bien à propos
congnoistre à mondicl filz le roy de Navai're
que nous sçavions bien ce que s'estoit du
voiaige dudict Clervant, et les poursuictes et
menées qui se faisoient pour fayre rentrer les
estrangers en ce royaume, et (ju'il sem])loyl
qu'ilz me voulussent mener à la longue,
comme s'ilz en attendoient nouvelles de leurs
négociateurs, mais que vous aviez si bien
pourveu à ce([ue, si lesdictz estrangers et les
François de ladiete religion, qui sont en l'^lan-
dres, vouloient entreprendre de rentrer en ce
royaulme, ilz s'en repentiroient; iuy ayant
aussv bien faict congnoistre, en présence de
la compagnie dessusdicte, qu'il scroit le pre-
mier qu'ilz priveroient de la dignité et lieu
qu'il a en ce royaulme, s'ilz y avoient mis le
pied ferme, comme ilz vouldroientbien. Cela
Iuy fera, à mon advis, penser comme aussy
doibt-il fayre. Je ne Iuy ay pas encores parlé
de la leclie qu'il a escripte à Don Sancho de
Leyva, viceroy en Navarre, et des visi talions
qu'a envoyé fayre en Espaigne; [quand] je le
trouveray à propos, je Iuy en diray ce que j'ay
bien pensé qu'il Iuy fault dire, et puis vous en
escripray sadicte réponse, ayant esté cepen-
dant très bien faict à vous d'avoir escrij)l au
sieur de Saioct Gouard ce que luv avez sur
ce mandé, comme j'avoys desjà faict sur la
mesme occasion quej'étois à Bordeaulx et que
je sceu cecy par le sieur de Maintenon, qui
vous aura aussy baillé ung mémoyre touchant
le Portugal. Quant à ce que m'avez escript
de l'eslat en quoy sont à présent les alfayres
de mon filz , vostre frère , ducosté de Flandres,
vous sçavez combien me touche fort au cueur
le regret que j'ay de le veoyrsi mal conseillé;
mais ce Iuy seroit une belle occasion, comme
vous dictes très saigeraent par la lectre que
m'avez escripte du xxvii' du passé, qui est
la dernière que j'av receue de vous, qu'il s'en
retirast soulz l'honueste couUeur des propos
de mariaige si advancez entre la royne d'An-
gleterre et luv, qui néantmoings doibt bien
penser, avant (jue d'entreprendre de passer en
Angleterre, le danger où il se mecteroil si
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
premièrement les asseurances ne vousesloient 1
données pour luy par ladicte royne. J'en ay \
escript à Villoroy' aSin que, le persuadant
audict mariage et luy faisant ouverture de la-
dicte belle occasion, il fasse, s'il a délibéré de
passer en Angleterre, que ce soit avecques
seuretés bonnes et honnorables. Voylà, Mon-
sieur mon Clz, ce que j'ay à vous dire pour
ceste heure et qui mérite de vous escripre;
aussy n'estenderay-je ceste-cy que pour prier
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
Escript à la RéoUe, le samedy au soyr
jijjemc octobre 1578.
Monsieur mon filz, depuis ma première
lectre escripte-, ayant, avant mon couscher,
parlé à mon filz le roy de Navarre et au vi-
conte de Turenne des mémoires du sieur de
Clervant, et aussy, de la iectre interceptée,
prise auprès de Parts à ung lacquais, de la-
quelle m'avez envoyé le double, et leur ayant
aussy dict ce qu'il m'a semblé estre à propos
pour cest effect, pour faire congnoistre à mon-
dicl filz le roy de Navarre que la mauvaise
intention du duc Cazimir' et de ceulx qui luy
' La letlre de la reine mère à Villeroy ne s"est pas
retrouve'e. — Voir sur les négociations avec l'Angleterre,
au sujet du duc d"Anjou , les Mémoires de Casteinau et le
livre de M. H. de la Perrière : Les projets de mariage de
la reine Elisabeth, 18S3, Calmann-Lévy, in-19.
- C'est une sorte de post-scriptura , qui porte en marge :
«Envoyée au Roy par ledit Roger. 71
' La reine mère se souvenait des maux qu'avait causés
en France l'invasion des Allemands, commandés par
l'électeur palatin Jean-Casimir de Ravière et par Cler-
vant. Arrêtés un instant à Dormans par le jeune duc de
Guise, ils continuèrent à ravager toute la Reauce, le
Gâtinais, la Champagne, jusqu'à ce honteux traité, signé
avec Casimir à Étigny, le 6 mai 1676, qui imposait tant
de sacrifices à la royauté. Voir L'Expédition des Allemands
en France au mois d'octobre iSyS, par G. Raguenault
de Puchesse. Orléans, H. Herluison, i886, in-i°.
adhèrent en ce royaume n'est pas seullement
contre vous et vostre frère le duc d'Anjou,
mais aussv, estant ce qu'il est, contre luy-
mesme et les autres princes du sang, et aussy
contre la principalle noblesse de ce royaulme,
je me suys estendue à luy desduire, princi-
palletnent audict viconte de Turenne pour le
fayre entendre audict roy de Navarre que, par
ce que je veoys du contenu en ladicte lectre
interceptée, ilz faisoient, sans le penser formel-
lement, contre eulx mesmes, comme désiroit
ledict duc Cazimir. Ledict viconle de Turenne,
dez hier au soyr, comme je lui disois ce que
j'estimois à propos du contenu au papier du-
dict sieur de Clervant et de icelle lectre in-
terceptée, me pria les luy laysser pour les
monstrer à mondict filz le roy de Navarre;
mays je pensay qu'il estoit plus à propos de
différer jusques à ce matin que mondict filz,
le roy de Navarre, après avoyr dès hier soir,
sur son coucher, [sceu] dudict viconte ce que
je luy avoys faict voyr et dict, m'est venu
trouver de très bon matin, comme s'il avoyt
bien la puce en l'aureille décela, dont je luy
ay de rechef dict la substance qui l'a, à le
veoir, estonné, disant tousjours qu'il ne pou-
voit penser que ledict Clervant eust faict telle
négociacion, et que ladicte lectre interceptée
estoit une chose faulce et que l'on avoit par
artifice faict tomber en voz mains, dont je ne
le veux, croire, l'estimanl bien assez fin pour
me prester ceste-là ; et m'a fort instamment
prié luy bailler le double de ladicte lectre in-
terceptée, ce que j'ay faict, après en avoyr
toutesfoys faict oster, sans que personne s'en
soit aperçu, ce qui parloit de la négociation
{ faicte envers le Cazimir et le sieur de Be-
i lièvre, quand il a esté en Flandres, et du gou-
î vernement de mon cousin le prince de Coudé ^
i ' Le prince de Condé ne cessait de réclamer le gou-
I vernement des provinces que l'édit de paix lui avait
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
55
pour la crainte que j'avoys que cela feust
cause de luy ramentevoir ce que desjà il
m'avoyl dès hier dict pour le gouvernement
dudict prince de Condé; sur quoy je l'eiz la
sourde oreille, vousasseurant, Monsieur mou
filz, que cela, avccques ce que je luy ay dict
et faict dire à propos des préparatifs qu'estiez
contraiuct de fayre pour pourveoyr et donner
si bon ordre à voz affayres, a beaucoup servy
à les fayre condescendre et venyr au chemyu
assuré. Voir sa lettre, de Saint-Jean-d'Angély, à ia reine
mère, du i3 novembre 1679 {Histoire des princes de
Condé, par M. le duc d'Aumale, t. II, p. iig). ConJé
cependant ne profila pas de l'occasion qui lui était offerte
de venir saluer la reine mère au passage. 11 n'ignorait
pas sa venue dans le midi; car, dès le 4 janvier 1578,
il écrivait au roi, de la Rochelle : tje fais très humWe
requeste à vostre Jlaiesté que je puisse conférer avecque
le Roy de iNavarre, monsieur le cardinal, mon oncle, et
autres de messieurs mes parans, pour prendre leur avis,
lequel je pourroy recevoir lorsque la Royne, vostre mère,
fera cest honneur au Roy de Navarre do conduire la
Royne, sa femme, de deçà, auquel temps je me trou-
veray pour leur baiser ia main, elcn Bihl. imp. de Saint-
Pétersbourg, vol. 39, cité par M. J. Loutchitzky dans ses
Documents inédits pour servir à l'histoire de la Réforme
et de la Ligue, Kiow, 1875, in-8°, p. 97.
La première entrevue de la reine mère avec le roi
de Navarre avait eu lieu à Castéras, près la Réole, le
a octobre. Elle était partie de Bordeaux la veille, après
avoir fait faire à sa fille une entrée solennelle, que
Brantôme raconte en détail. (Édition de la Société de
l'histoire de Fra7ice, t. VIII, p. io.) Catherine avait été,
comme l'on voit d'après ses lettres, fort satisfaite de ses
conférences avec son gendre, et Henri de Navarre écri-
vait de son côté, à la date du i4 octobre 1578, de
Nérac, au baron d'Huard, en Navarre : «Je viens de
recueillir la Royne-mère et ma femme à la Réole, où
toutes choses, Dieu merci, se sont passées au désir et
contentemcnl d'un chascun. J'ay accompagné ladite
dame Royne jusqu'à Marmaude, et m'en suis venu de
là icy. Elles sont à présent à Agen, sur le poioct d'en
partir pour aller à Lisle-en-Jourdain , et là y séjourner.
Et moy j'ay deslibéré de les y aller reirouver et partir
dans quelques jours. Tj {Lettres missives de Henri IV, t. I,
p. 201.)
de la paix et eslablissement de vostre édiclde
pacification, comme vous verrez par le me'-
moire qui a esté résolu ce matin, que nous en
sommes, grâces à Dieu, en très bons termes;
estant bien d'advis, .Monsieur mon filz, que
vous preniez la peine d'escrire à mondicl lilz
le roy de Navarre une bonne lectre de vostre
main, pour tousjours l'induyre à suivre ce
chemin là etaussy à mes cousins les cardinal
de Bourbon et duc de Montpensier et parti-
cullièremenl aux s" de vostre Conseil qui sont
icy; car chascun faict ce qu'il peuit pour le
bien de vostre service, et s'il vous plaist aussy
de faire signer un mot audicl viconte de Tu-
renne et m'adresser la lectre pour la luy
bailler moy mesmes, cela servira beaucoup
pour voz affayres et service, (jue vous voyez,
grâces à Dieu, jusques icy en très bon train,
pourveu que les elïectz suivent les paroles,
et ce qui a esté résolu et escript ce matin,
dont je vous envoyé le double, priant Dieu,
Monsieur mon filz, vous avoir en saincte et
digne garde.
Escript à la RéoUe, le dimanche, v' jour
d'octobre 1578.
Monsieur mon filz, encores depuis cesic
escriple', nous nous sommes assemblez ceste
après disué en mon cabinet, oii, après avoyr
faict lire ledict mémoyre, sur lequel il y a eu
encores quelque contestation pour le Daul-
phiné, que mondict filz le roy de Navarre et
ceulx qui sont averques luy font diflîculté de
l'y vouloir comprendre, pour ce qu'ilz (lient
que vous avez accordé quelque chose plus que
l'édict ausdictz du Daulphiné. Enfin cela s'est
passé, comme verrez que l'article dernier est
consceu sur ce que je leur av replici|ué que
le temps qui leur avoyt véritablement esté
' En titre : itPostcript de ladite dépesche portée par
ledit Roger, ji
56
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
promis en Dauiphiné, à vostre grand regret
par le sieur de Siège, est passé ou peu s'en
fault, et queje leur ay re'solument dict que ne
vouiez augmenter ny diminuer à vostredict
édict de pacificacion; de sorîe que je ne pense
pas avoyr peu faict pour le bien de vostre ser-
vice et vostre contentement, et d'avoir aussy
faict accorder à mondicl filz le roy de Navarre
qu'il verra et embrassera le sieur marescbal
de Biron niardy prochain à Saincte Bazille,
où nous allons disner, et où j'ay escript audict
sieur marescbal se trouver ledict jour de mardy
de bonne heure; car je veulx aller coucher à
Marmande, où je feray ce qu'il fault fayre pour
l'e'dict, si je puis, avant en partir. Je ne veulx
aussy oublier à vous dire que vostre soeur, la
royne de Navarre, s'est fort employée et a
bien servy envers ledict sieur roy de Navarre,
son mary, pour ledict sieur de Biron. Je ne
veulx pareillement oublier à vous dire que,
sur toutes choses et avant toute œuvre, je faiz
reniectre ce qui est du service divin pour re-
mectre les gens d'esglise en leurs maisons et
biens par tous les lieux où je passe; et le feray
et confinueray tousjours où j'iray, suivant
vostre édict de paciffication.
Monsieur mon Clz ', afin de commencer à
l'aire reniectre ce qui a esté innové à vostre
édict de pacifEcation, nous nous sommes en-
cores ce jourd'liuy assemblez, et avons choisy
les personnes que verrez par la lectre que vous
envoyé, ausquelz seront dressez mémoyres et
instructions bien amples pour faire et exécuter
promptement ce qu'avons résolu, affin que,
incontinent après, l'on continue le reste de
l'exéculion entière de vostredict édict; en quoy
j'ay bonne espérance, avant partir de ces
quartiers, donner très grand avancement;
' En titra : rAutre postcript de ladite dépesclie de
Roger. 5)
mais cependant je vous diray que parlant,
ceste après disnée au viconte de Tourenne
pour l'exécution et establissement de vostre-
dict édict, il m'a dict qu'il seroyt besoing
pour le bien de vostre service de desmolir plu-
sieurs petites biquoques, fortz ou chastelletz,
dont souvent se saisissent ceulx qui ont vo-
iunté de mal fayre, qui se licencient plus har-
diment, quand ilz s'en sontsaisiz; et, pour ce
que je me souviens vous avoyr quelques fois
veu en ceste oppinion, je vous prye me man-
der si vous aurez agréable qu'en exécutant
vostredict édict de pacifEcation, l'on fasse
fayre lesdictes desmolicions es lieux que l'on
verra qu'il se debvra faire pour le bien de
vostre service; et, si c'est chose qu'avez agré-
able, comme je croy qu'il sera très bon, en-
voyez en, s'il vous plaist, une lettre patente
pour la descharge de ceulx qui y seront em-
ployez.
1578. — 6 octobre.
Orig. Bibl. nal. , Fonds français, a° 03/17, f" 60.
A MON consi.\
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, vous m'avez faict très grand
plaisir de m'avoir si amplement faict entendre
comment le faict de Beaucaire est passé. J'es-
toist asseurée de vostre dépesche, de laquelle
j'ay faict veoir à mon fils le roy de Navarre
ce que j'ay pensé à propos, luy aiant fait
lire la lettre que iuy escripviez à ceste fin,
et si luy ay fait oyr le sieur de Valence en
la présence de mes cousins les cardinaux de
Bourbon et deMontpensier, et d'aulcuns sieurs
du conseil privé du Roy monsieur mon fils,
de sorte qu'après quelque petite contestation,
dont vous escripra plus amplement le sieur
de Valence et ma cousine vostre femme, qui
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
57
Min fort snlliritc'o de ccst iifFaiiT, mon lilz le
roy de Navarre a résolu de l'aire, comme il
faict présentement, une fort expresse dépesche
aiiv sieins de Thoré cl de Chaslillon par le
sieur de (ionstans. qui dict estre bien affec-
tionné au bien de la paix et personnaigo ca-
pable poui' l'aire tout incontinent cesser ces
belles entreprinses des sieurs de Tlioré et de
Chastillon principalement; vous priant donc-
ques, mon cousin, de l'aire, de vostre part
(comme je m'asseure que ferez et sçavez aussy
que c'est l'intention du Roy), en sorte qu'il
n'v ait aulcune contravention à l'édict de pa-
cification en relia par vous ni par les catlio-
licques. Je sçay bien ([ue vous avez eu assez
d'occasion, voiant l'entreprinse du sieur de
Chaslillon et du lieutenant de Parabelle' que
m'escripvez, estre dedans ledict chasteau de
Beaucaire, et là, faire l'opiniâtre et de pour-
suivre ses mauvais desportemens, et tout ce
qu'il vous a esté possible pour le secourir,
suivant l'intention du Roy monsieur mon fils,
qui veut conserver ceste ville là et le chas-
teau aussy, ainsy que le secrétaire Pinart m'a
' On lit aussi rtParabellei dans les Mémoires de Jac-
ques Gâches, jjulitiés par Cli. Pradol, Paris, 1879,
in-8°, p. 260. C'est de Paralière qu'il s'agit. Ce capi-
taine, qui avait été page du connétable de ^Montmorency.
s'.était emparé de la ville el du château de Beaucaire, à
la lin d'août, Iraliissanl la confiance du maréchal. Au
mois de septembre, il fut massacré dans une sédition
populaire, et la ville remise sous Pautorité de Damville.
Mais le lieutenant de Parabère, Baudonnet , fit appel
aux protestants, qui vinrent à son secours, conduits par
François de Cliàlillon, un dos fils de l'amiral de Coli-
gny, et s'enferma dans le château. Une intéressante
lettre de Bellegarde au roi , (pie nous avons trouvée dans
la collection Godefroy, rend compte de ces événements.
iSous la publions à V Appendice. Dès le mois d'octobre,
tienrilll avait nommé de Vers comme sénéchal de Beau-
caire. — Voir d'Aubigné, Histoire universelle, éd. du
baron de Ruble, t. V , p. 35i; François de Chaslillon,
par le comte Jules Delaborde, 1886, in-8°; //i»(oiVe
géné'ale de Languedoc, nouvelle édition, t. XI, p. O60.
CATlIbRlKE DE .MtDICls - VI.
dit ([u'il a est/' présent, devant partir de la
Cour pour venir icv, comme le Rov mou dict
seigneur et lllz vous a escript. Pour ([uoy,
mon cousin, me remectant à ce que vous en
a mandé mondict .S'' et filz, je u'esleiuiray
ceste-cy davantaige que pour prier Dieu vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à La Uéolle, le vi°jour d'octobre!
1 .^78.
Mon cousin, je vous diray encore une loys
que j'espère que mon voyaige sera si heureux
que, selon que je compte jusques à ceste
heure en la volunté de mondict filz le roy de
Navarre, nous establirons la paix eu tous ces
quartiers de deçà et par mesme moyen en
vostre gouvernement, comme vous entendrez
dudict .?"■ de Constans, lequel a charge de le
dire à Ions les seigneurs qui soûl de la rcli-
[ gion prétendue réformée et à toutes les églises
I de delà. Cella me réjouit infiniment et me
! faict croire qu'avec le bon ayde des bons ser-
1 viteurs du Rov, dont vous estes des priuci-
I paulx, j'auray en peu de jours lairi ce (|ue
! nous désirons, qui est de bien establir l'édict
I de paciffication et faire en sorte que toutes
difficultés et aultres choses qui peuvent eiii-
pcscher le bien el fruict de la paix, soient
ostées. J'espère estre dedans peu de jours à
Thoulouse, oij je vous jiric, après avoir donné
le bon ordre reipiis pour le service du Roy
mon dict seigneur et filz audicl Beaucaire,
vous en venir et que ce soit le plus tost (jue
vous pourrez, alfin que nous en puissions
faire le prompt establissement de la paix,
ainsi que j'espère que nous ferons en ce gou-
vernement, avant que j'aille à Toulouze. Je
vous envoyé une lettre que le s'' de Barry'
' C'était le sieur de Barri qui était capitaine du
château de Leucate; son lieutenant était le sieur de Ne-
grefeuille.
58 LETTRES DE CATHE
m'a escripte de Laucatte^ pour le besoing
qu'il a de munitions, d'armes et de vivres;
à quov je vous prie adviser le mieulx que
pourrez et selon la commodité que en avez,
suivant ce que je me pense souvenir que vous
en avoit escript le Roy mon filz pour cela
mesme ou aultre chose semblable.
Mon cousin, je vous envoyé ung double de
ce que le rov de Navarre et nioy avons ac-
cordé icy, espérant, suivant icelluy, faire en
sorte que bientost toutes choses soient en bon
et paisible repos suivant l'édict de paciflSca-
tion, et qu'ensemble il en sera fait le sem-
blable eu vostre gouvernement. Je vous en-
verray les dépesches que nous devons faire
suivant nostre résolution ; ou bien, vous voiant
à Thoulouze, vous communicqueray ce que
nous aurons faict pour vostre gouvernement
avec Tadvis du s' de Valence, qui est fort ca-
pable de toutes noz bonnes intentions et des
particulières choses à quov il fault pourvoir
en vostre gouvernement.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 6 octobre.
Orig. Bibi. nal. . Fonds français, n" 3aoi, P 83
A MONSIEUR
LE SÉNÉCHAL DE TOULOUSE '.
Monsieur le Se'néchal, sachant très bien
que le Roy monsieur mon fdz n'a rien en
plus grand désir que de veoir tous ses peuples
et subjetz en repos et son édict de paciffica-
' Leucate (Aude,.
* Le sénéchal de Toulouse en 1678 était François de
la Valelle. seigneur de Coinusson cl do Parisot, (ils de
Guyot de la Valette et d'Antoinette deNogaret , neveu du
grand niailre de Jlalle, Jean do la Valelle. 11 mourut :i
Toulouse, en décembre 1.Î86.
RINE DE MEDIGIS.
tion bien estably en toutes les provinces de
son royaulme, entre lesquelles estimant que
la Guyenne et les provinces de deçà sont les
plus importantes, pour reste occasion, avec le
grand désir que j'ay toujours eu de veoir le
roy et la royne de Navarre mes enffans en-
semble, j'ay, sans auscun esgard à mon viel
ange et l'incommodité du temps et longueur
du ehemyn, mais pour lamour maternelle
que j'av ausdicts Roy et Royne mes enfans,
joincte à la grande atfectiou que je porte au
bien et grandeur de ce rovaulme, par l'obli-
gation et parfaicte amour qu'aussi je ressens
y avoir, j'ay bien voulu , par le consentement
d'icelluv Rov monsieur mon filz, vostre sou-
verain seigneur, faire ce voyage en ce pays de
(îuyenne, m'asseurant que tous ses peuples
et subjectz de deçà, considérans sa vraie
bonté et affection en leur endroit et Textréme
désir qu'il a de les conserver et maintenir en
paix, repos, et sinon les amènera et réduyra
non seullement à l'entière obéissance qui lui
est deue, mais aussi en toute parfaicte paix et
union les uns avec les au I très, selon son dict
édict de paciffication et que chascun se ran-
gera à l'exécution et eslablissement d'icelluy,
suivant son intention et de mon filz le roy de
Navarre, que j'ay aussi trouvé, en l'abouche-
ment que j'ay ce jourd'hui eu avec lui dans
la ville de la Réelle, bien disposé, très affec-
tionné et du tout conforme à l'intention du
Roy mondict S'' et filz, vostre souverain sei-
gneur, et de moy au bien de la paix, comme
estant le plus grand de tous les désirs de
mondict filz le roy de Navarre de la veoii-
bien establie, et pour l'exécution desquelles
bonnes et sainctes intentions conformes au-
dict édict de paciffication, nous avons résolu
et arreste', mondict filz le roy de Navarre et
moy, par l'advis des princes du sang et sei-
gneurs du Conseil privé du Roy mondict sieur
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
59
et filz, vostro souverain scijjiipui', qui sont les
noms que vous ferez [inblier à son de trompe
par tout voslre ressort, es lieux accoustuniez
à taire i-riz publique, lobservation duclict
édict de paciftication, avec deircnces à toutes
personnes, de quelque qualité et conditiou
qu elles soient, de ne s'eutrenuire uy offenser,
tenir les champs, prendre prisonniers ny faire
aucuns actes d'bostillité, aias vivre en paix,
repos, en union les uu(;s avec les aultres,
sur |)eine de crime capital et d'estre pugniz
comme infracteurs de la paix qu'il a pieu à
Dieu nous donner et perturbateurs du repos
public, vous mandant et ordonnant, suivant
le pouvoir à moy donné ])ar le Roy mondict
S' et filz, vostre souverain seijjneur, et à
tous ses autres officiers, justiciers etsubjectz,
de quelque qualité et condition qu'ilz soient,
de garder et observer le contenu cy dessus;
et, oultre que c'est voslre debvoir et le deu
de vostre office, vous ferez service très agréable
au Roy mondict S"' et fiiz, vostre souverain,
et à moy, qui prie Dieu vous avoir en sa
saincte garde.
E.script à la Réole, le vi'' jour d'octobre
1578.
Caterine.
PiNAnr.
1578. — 7 octobre.
Orig. Bibi. imp. de Saint-Pélersbouig, vol. 36, f" 13.
\ MONSIEUR DE VTLLEROY'.
Monsieur de Villeroy, j'ay veu vos lettres
et les deux mémoires, et loue Dieu de l'inspi-
' C'est la première lettre de ce volume , écrite par
la reine mère au principal rsecrétaire et ministre d'Elatr>
de Henri III. Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroi,
le chef d'une véritable dynasli; de grands ministres,
était fils de Nicolas, prévôt des jnarcbands, et de .Ma-
ration (jui me list de vous prier d'aller trou-
ver le l{oy, et que le Roy trovast bon ce que
je avois pensé pour son service, de quoy les
choses en ont réussi si heureusement. Je
voudrois, comme pouvez penser, estre sans
cesse auprès du i\oy : car c'est tout mon bien
el heui' que de le veoir; mais, ([uaul je pense
(jue j'ay espérance de luy faire un lel ser-
vice, comme il me semble en estre plus (jU(^
besoin, je m'estime heureuse d'estre encore
venue et que, avant mourir, je aye ce conten-
tement de avoir servi à mettre ce royaume au
repos que le Roy luy a donné par son e'dici,
lequel étant effectué, je ne double point que
son intention n'ai! lieu de voir le royaulme
en paix, et voy bien que ne ne le puis asseu-
rer sans peine grande et longueur de temps;
mais aussi je seray trop heureuse que pour
ma dernière heure je puisse effectuer un tel
bien pour ce royaume, de quoy le Roy que
j'amois tant recevroil honneur, obéissance, et
recouvreroit son autorité. Par ainsi me fault
excuser si je me opiniâtre etque, de son costé,
il fasse, comme il fail, de travailler à conser-
ver la bonne volonté de son j'rère que lui avez
gaignée, remédier aux aultres choses en re-
gardant ceulx de qui il se peult fier, et les
envoyer aux principales places, et les autres
les retirer auprès de luy, s'il estoit assuré du
costé de Flandres que rien ne lui vînt sur
les bras, faisant semblant de courir, jjien
accompagné, cela s'entend, un cei-f vers
Veauluysant, et là je manderois deux ou Iroys
deleine de l'Aubespine, el proche parent du prélat Jean
lie Morvillier el de Sébastien de l'Aubespine. .Né en 1 04 1 ,
il succéda à son beau-père comme secrétaire d'Etat en
iSG^, et gagua la confiance de Charles I\. Il était
ardent catholique et favorisa la Ligue et les Guises, ce
j qui, en i588, motiva sa disgrâce. Il se réconcilia avec
I Henri IV, et négocia son absolution par Clément VIH.
Ses Mémoires d'Etat sont souvent cités.
8.
f)0
Li;TTlii:s DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(les |iriuci|iniil\ l'iu-llciix . \rt rari'sspi'ois, l'I
les rjuiiciii-niis avof iimv. Ii'iu' iaisaiit bonne
rlière, sans leiii' laire semblant, sinon <jue
durr'iiavaril je veux avoir des priiicipaulx des
province-, aiipiès de niov, pour ieui- l'aire
(■(ignoisire le eonti'aii'p de ce (pie l'on a di>l.
reniellre (pieli[ue rbose au jieuple, surseoir
(ous ces avdes et faire couler le temps, en
cependant establissant la paix: si la puis-je
laire. sans diMiionstiation de guerre, je luv
inenero'.s cini| cens jfentilzbommes de ces
costc's, tpii soi-.t tous très allectionnés. Et vovs
que Mauxissière n'a ])as mis hasle de s'eni-
bar(]uer. D'ailleurs (|uant à l'argent. Madame
de Montpensier ma dit (juClle a eiivdMî ini
liomme à Ilicbelieu avecques tout ce qui est
nécessaire, et s'est l'ait informerdeRiclielieu si
c'est viay: cl |)our le reste de la somme, Iticlie-
lieu, (pii devoil à ce Noël ou Toussaint, .s'il
nie souvient , avoir de l'argent pour di'sengagei-
ou paier des dettes, a cette n(''cessit('' de reculer
les paiements et s'en aider de ce (pi'il laull
de plus (|ne les cent mille livres. VHilà mon
advis: s'il i\^t mauvais, jetiez le au Imi ; s'il
esl bon, mimli-ez le au liov, à (pii je l'aurois
escript, mais, voyant vostre mi'inoire. je vous
y lais response selon mon petit jugement.
Mandez moy tonjonrs de ses nouvelles et de
toutes antre.-^ clioses. .le prie Dieu vous avoir
eu sa guaide.
Ce vu' jour d'octobre i5-j8'
C.VTERINF.
' (Iplln li'llio, qui ne porto pas di' nom de limi, a
sans doute olé écrite à Sainle-Bazeille, gro.": village à
six liiioiiiètivs de Marniaiide, sur ta roule (pu vieulde la
lieole el à douze Icilomètres de celle dernière ville.
1 .")78. — S ocfohre.
('ri;;. Arch. parli<"ull' r-jï lic M. Eugôae de Serrp'.
M SIEl U DE PVILHÈS-.
LaRoNue, ni(''re du Hov'', scbaichanl et
congnoissant tii/s-bien que le plus grand de-
sir du dit S"' Hoy, son fils, a tousjours est('
et esl de veoir tons ses peuples et subjetz eu
repos et siin ('dit de pacillicatioii bien establv
en loutes les provinces de son royaulme, entre
lesipielles la dite dame Rovne, inèi'e du Rov,
a estimé que la (iuyeiine et les autres pro-
vinces de di'Cii estoienl des plus inijiortantes,
el pour ceste occazion, avec le bon désir
(pielic a aussi tous jours eu de veoir le Rov
et ia Royne de Navarre ses enllans ensemble,
icelle dame Roviie, sans avoir esgard à son
aage, ii l'incommodilé du temps el la lon-
gueur du cbeniin, pour l'amour maternelle
(|u'eHe a ans dits Roy el Rovne, ses enllans,
jointe à la grande ail'ectiou (pi'elle porte au
bien et gi'andeur de ce royaulme, pour l'obli-
;;ali()n et parfaite amour ((u'aussv elle y a, a
\oulu, pour le contentement dicelluv S'' Roy,
sou fils, laire ce vovajje en (ruveniie, s'asseu-
rant que, tous les |)euples el subjetz de deçà
considéraiis la vraie bonté et alleclion de
' Pièce comiiiiuii(piée en i SHo à M. K. Pasquier,
arcliivisle à Koix, qui l'a soigneusement collalionnée.
-' Ce personnage apparten.iil à ta lamilte de Villemur;
il lut gouverneur du comté de Foix. Pailliès est aujour-
d'hui nu'' bourgade du canton du Mas-d'\zil, anun-
dissenient de Païuiers, Ariège. — Voir dans les .bT/iirc.'f
liistmiiiues de la Gascogiii' l,i hrochure inlitulée : Lettres
inédiles de Henri IV à M. de Pnilhès, publiées par AI. le
vicomte Cil. de la Hitte, .\uch, 1886, in-H".
■ Le tilie exact de la pièce esl : -(commission adres-
sée par la Rein> Mère au seigneur do Pailliès, pour le
charger, conjointement avec le sieur du Soleil, commis-
sure déli'gné par le roi de .Navarre, de ncltce fin aux
Iroubles qui agitent la Guyenne el les pnninces voisines
et de faire exécuter l'édit de pacification. •>
LETTRKS DE CATHERINE DE MEDIGIS.
61
leur roy en leur endroit et 1 extrême désir (]u il
a de les conserver et maintenir tout eu paix,
repos et union, avec le grand zèlle conjoinct
à ceste bonne et saincte intention de la dite
damelloyne, sa mère les ;inu''nera et réduira
tous de l'une et de l'autre religion, non seui-
lement en son entière obéissance, comme iiz
doivent, mais aussv en toute parfaicte paix et
union, les ungs a\ec les autres, selon son dit
édit de pacillication, et que chacun se confor-
mera et rangera à Texe'cution et establissement
d'iceliuy, en suivant les sainctes intentions
de leurs dites majestdz et relie du sieur Roy
de JNavarre, (|ue icelle dame Uoyne, mère du
Roy, a trouvé, en Tambouchement qu'elle a
eu avec luy en la ville de la Re'olle, bien dis-
pose', Irès-artectionné et du tout conforme à
rinlention de leurs dites majestés et au bien
de ladite paix; comme aussv estant le plus
grand de tous ses désirs de la veoir bien esta-
blie, et pour l'exécution descjnelies bonnes et
saintes intentions, conformes audit Edit de pa-
ciffication, la dite dame Royne, mère du Roy,
aiant fout pouvoir du dit S"' Roy, nostre sou-
verain seigneur son filz, a, de sa part, commis,
ordonne' et depputé le sieur de Pailletz.
Et le dit sieur Roy de Navarre, tant pour
luy que pour ceulx de la Religion Pre'tendue
Réformée, et comme gouverneur et lieutenant
général du Roy en ce pais de Guyenne, a aussi
commis et depputé le sieur du Soleil, pour,
et avec le dit sieur de Pailletz, inconlineul
et conjoinctement faire ce qui sera cy-apréz
déclaré, affin de vacqueret pourvoir non seul-
lement à ce qui a esté interrompu, innové ou
faicl au jjréjudire dudit édit de pacillication,
mais aussy pour tout ce qui est requis et néces-
saire en l'exécution et establissement d'iceliuy
es places et lieux occupés depuis l'édit.
Premièrement feront publier, à son de
trompe et cry publicq, l'observation de l'édit
de pacillication, avec deffeiices à toutes per-
sonnes de quelque (|ualité et condition qu'ilz
soient, de no s'enirenuyre ny offenser, tenir les
champs, prendre prisonniers, ny fairi' autres
actes d'hoslilit('; ains vivre en paix, repos et
union les ungs avec les autres.
Hz feront aussy eslargir franclieuieut et
quictemeul tous |)risonniers prins par ladite
forme d'hoslilité; feront cesser toutes autres
innovations contre et au préjudice de l'éilit de
pacillication.
Et par mesme moieu, es lieux où les dites
innovations ont esté faictes, feront entière-
ment et de poinct en poiiicl exécuter, ojjser-
ver et garder ledit édit de pacillication, selon
sa forme et teneur.
Hz feront vuider ceulx qui occupent aul-
cunes places et lieux depuis et au préjudice
dudit édit de pacillication, les faisan I con-
duire en toute seureté en leurs maisons ou en
teiz autres lieux que les ditsoccupateursvoul-
dront eslire, pourveu que ce ne soit es villes
et lieux occupez depuis la publication de ledit
de pacifficatiou, sans (jue ceulx d'icelles villes
et lieux qui les recepvront en puissent estre
aulcunement recherchez ors ny à fadvenir.
Et en cas qu'il y en eust de ceulx qui oc-
cupent lesdites places et lieux qui ne \ou-
lusseut obéir et incontinant en vuider, les dits
sieurs de Pailletz et du Soleil leur noliffiront
et déclareront d'une paît et d'autre qu'ilz ont
esté et sont désavouez et pour ceste cause
sera proceddé contre eulx, conjoinctement
par ceulx de l'une et de l'autre Religion,
en sorte que la force et auctorité en demeure
au Roy, eulx pugniz selon leurs démérites,
et l'intention de ce que dessus suivie et
exécutée.
Entendant toutesfois la dite dame Royne,
mère du Rov et le dit sieur Roy de Navarre
que, suivant ce qui a esté accordé entre eulx,
6-2 LETTRES DE GATH
les dits sieurs de Pailielz eL du Soleil exé-
cutent ce que dessus sur les villes et lieux
occupez par ceuix de l'une et de l'autre Rcli-
oion et, couime l'on dit, en faisant faisant.
FaitàSainle-Bazeille, le viii" jour d'octobre
j 678.
Catherine.
1578. — 8 octobre.
Orig. Arobives de Florence.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE GRAND DUC DE TOSCANE.
Mon cousin, ayant entendu la difficulté
(|uc aucuns ont faite de vouloir, sur nostre
parole, prester cinq cents mille francs pour
le service du Roy mon filz à dix pour cent
et estre rembourse's au bout de cinq ans, et
trouvant cela estrange et désirant que le Roy
mon fils connoisse par elfet vostre volonté
telle que je m'asseure l'avez pour son service,
je me suis délibéré vous envoyer l'abbé Gar-
dagni, présent porteur, pour, de ma part, vous
prier vouloir faire tout pour le service du Roy
que vous mesme en commandez, ou trouver
marchands qui veuillent faire ce parti; et, si
vous mesme voulez faire ce service de les
prester, tant plus le Roy mon fils et moi en
particulier nous en serons atenus. Et pour ce
que ledit abbé vous dira plus au long ma con-
ception et ce qu'il me semble que devez en ce
faire faire, je ne vous en ferai la présente
plus longue, et la finirai vous priant le vou-
loir croire et penser de ce qu'il vous dira que
je vous mande comme celle, pour estre coumie
vous estes sortie de ma maison, qui désire
que vous gagniez la bonne grâce du Roy mon
fils, et qu'il connoisse que ressentez l'honneur
que avez de ce que je lui suis mère et ne
voulez rien espargner jusques à vous incom-
ERINE DE MEDICIS.
moder pour le servir : il est jeune et, avec
l'aide de Dieu, qui l'a toujours aidé, sortira
de ses affaires et aura avec le temps moyen
de reconnoistre ceux qui l'auront servi et aidé
en ses affaires présentes, et n'est prince qui en
soit ingrat envers ceux qui le servent et lui
monstrent amitié; et, comme celle qui vous
aime et toute la maison, je vous conseille <|ue î^
ce coup nous lassiez connoislre combien estimez
nostre amitié et appui, et je prie Dieu, etc.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 9 octobre.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français , n° 10905, i^ 161.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE,
CONSEILLER AD C0:4SBIL PHIT^ DU BOT HORSIEOB MON FILZ
ET PBÉSIDERT BS SA COUBT DE PiBLEMEM.
Monsieur de Belièvre, je n'euz loisir, il y
a deux jours, de faire responce à la lettre que
m'escripvites par Dujardin. J'ay receu ce soii',
et est bien tard, par Moineton, celle que vous
m'avez aussi escripte, etveu et bien considéré
tout ce que m'escripvez par l'une et l'aultre
de vosdictes lettres; mais je vous diray
qu'aiant, par la grâce de Dieu, si bien com-
mencé comme icy pour le service du Roy mon-
sieur mon filz en ceste province, je commence
à en faire de mesme pour ce lieu oij je pense
encore faire, comme il est nécessaire, ung
1res grand service et si important qu'il fault
que je vous dise qu'il ne Test pas moins que
ce que je pourrois servir par delà, auprès du
Roy monsieur mon filz, aux grands et impor-
tans affaires qui y sont et s'y ])réparent; à quoy
fais-je icy ce que je fais et qui ne se feroit
sans ma présence, et par grand soing et dex-
térité des bons serviteurs du Roy, monsieur
mon filz, qui sont icy. Je sçay comme j'au-
rois plus servi que je ne fcrois par de là.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
f)3
Toullofois vous pouvez bien penser qu'il n'y a
rien ([ue je désire lant que d'arriver au bien
d'estre de retour auprès de moudict S"' et
filz.el (|ue je feray ce qu'il sera possible pour
y estre bienlosi, aiant donné tel ordre que ce
que j'ay si lieureusement commencé se puisse
parachever après que je seray partie, et con-
tinue au désir et bien du service du Roy
monsieur mondict S'' et filz. Monsieur de
Belièvre, je vous diray que ma cousine la
duchesse de Montpensier m'a encores aujour-
d'huy asseuré qu'elle a faict fournir les de-
niers dont avoit charge le s' prévost de Ri-
chelieu', en sorte que j'espère que, estant cella
satisfajct par elle, Hz auront esté baillez où
vous sçavez, dont elle me prie bien que ceul\
qui sont icy ne sachent; je vous assure bien
sinon que c'est pour les fournir aux Suisses
et du cosié de Suisse. Je vous prie aussi sin-
gulièrement le regarder; car, comme vous
sçavez, avec nos autres mauLx celui là estoit
bien grief et important au sen'ice du Roy,
monsieur mon filz; et m'asseurant que, de
vostre part, vous n'obmettrez rien de tout ce
qui sera possible, je ne vous en diray davan-
tage, priant Dieu, Monsieur de Belièvre, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Esci'ipl à Tonnins-, le i\' jour d'ortobre
15-78.
De sa main :
La bien vostre,
Caterine.
' François du Plessis, seigneur de Richelieu, qui avait
accompagné Henri III en Polojjne, fut employé par lui
dans SOS noj;ociations avec les rcitres et nommé prévôt
de son hôtel et enfin grand prévôt de Franre, en 1078;
ce fut le père du cardinal.
- De la Réole, la reine mère, remontant la Garonne,
se rendit à Marmande , puis à Tonueins , où elle ne resta
qu'un jour, allant de là à Port-Sainic-Mnrie, qui est à
mi-chemin d'Agen, où elle arriva le 11 octobre.
1578. — 9 octohre.
Ccipie. Bilt). nal. , Fonds frauçais, 11^ 33oo , f" .Sa.
|\L1 R0\ \IOi\SlEUR M0\ FILS.]
Monsieur mon filz, vous aurez iiieu ample-
ment veu par les dépesches que je vous feys
avnul hier |iarRoger, vostre varletde chambre,
tout ce que j'ay faict par deçà pour vostre ser-
vice jus(pies à l'heure de mon parlement, qui
fusl de la Réolle le mardv vu" de ce mois; el
de là je veins coucher à Saincte Bazille.
comme aussy feist mon filz le roy de Navarre,
en la présence duquel et de ceidx de la reli-
gion prétendue réformée qui sont averques
luy, je feys hier, qui fut jeudv, remectre le
■service divin et rentrer les ])rètres et les autres
habitans catholi(jues audici lieu de Saincte
Bazille et feiz favre, comme à la Réolle, iing
acte public, par lequel, après ledict divin ser-
vice remis, lesdicts prêtres et catholi(jues se-
ront tous mis en vostre protection et sauve-
garde, en la garde les ungs desaulres, avec les
submissions de vivre tous en paix, repos el
union, suivant vostre édict de paciflîcation.
L'après disner dudictjour d'hier, je fiz assem-
bler ceulx de vostre Conseil qui sont icy avec
le viconte de Tourenne', Guitry, Lezignan-,
et Depinge', son secrétaire, que vostredirt
frère le roy de Navarre députa pour 'regar-
der à dresser les instructions et leclres qui
.sei'oient envolées et escriptes par moy, de
' llenr-i de la Tour, vicomte de Turenne, était lieu-
tenant général du roi de Navarre en Languedoc. 11 devint
plus tard duc de Bouillon. .Ses Méinnires sont dans toutes
les collections.
- Henri deLusiguan, capitaine de cinquante liommets
d'armes, gouverneur de la ville et château de l'uinnrol ,
homme de confiance du roi de Navarre, qui le députa
plusieurs fois vers Henri HI ou la reine mère.
' Ne serait-ce pas le Dupin des iVe(«"iVes de Marguerite?
6/i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vostre part, cl par moiidict filz le roy de
Navarre, tant pour luy que générallement
pour tous ceulx de ladicte religion prétendue
réformée et ceulx que vous avez veuz pai' le
mémoyre que vous ay envoyé par lodict Roger,
qu'avions députez par les séneschaussées et
païs tant de tout le gouvernement de Guienne
que de ce qui est le plus près de deçà au
gouvernement de Languedoc, desquelles in-
structions je vous envoyé un double, qui est,
comme verrez, conforme aux articles entre
nous accordez, y ayant faict faire par Pinart
un mot de préanbule, dont je suys bien as-
seurée que vous m'advouerez, comme faict
vostredict frère le roy de Navarre, du grand et
ferme désir que vous avez au bien de la paix
et eslablissement de vostredict édict de pacif-
ficalion conforme sur lesdictz articles entre
nous accordez, dont vous ay envoyé le double ',
et, sur ladicte instruction, toutes lesdépesches
qui sont pour ce nécessaires tant ausdictes
personnes par nous nommées que aux bailiifz,
sénescliaulx, cappilaines et gouverneurs de
villes et cliasteauh, ausquelz par lectres par-
ticullièrcs j'escris fort clairement, et avecques
toutes les persuasions qui se peuvent, loul ce
quilz ont à favre, m'ayant vostredict frère le
roy de Navarre promis, aussi il a esté accordé,
' On trouvera à VAppendice les pièces dont il est
question dans la lettre de la reine, deux datées de La
Réole, une de Sainte-I5azoille, et deux d'Agen; elles
étaient lro[) longues pour être mises en note. Ce sont :
1° les Articles accordez à La Bcolle entre la Royne,
mère ilu I\oij et le roy de !\avarre; 2° la Lellre missive
envoyée à tous les baillys et sénescliaulx , du 7 octobre;
3** Vlnstruclion envoyée à chacun des seigneurs cy-devnnl
nommés pour aller faire exécuter l'édict , du 8 octobre
1578; 4° la Lettre missive accompagnant ladicte instruc-
tion; 5° une Commission au S^ de Fontenilles pour aller à
Lectoure, pour en veoir sortir la garnison et faire ce qui
est contenu en icelte instruction, datée d'Agen, le i3 oc-
tobre 1578. Ces cinq documents sont tirés du ms. fr.
33oo.
d'en faire de mesmes, et qu'il ine fera veoir
et envoyer de Nérac, oii il doibt aujourd'huy
aller couscher, par son secrétaire dedans deux
jours, toutes lesdictes dépescbes qu'il faict de
sa part, afin que les puissions envoyer à tous
ceulx qu'il appartiendra, lesquelz aussy nous
manderons ensemblemenf procedder inconti-
nant et dilligemment à ce ([ui leur est mandé
et m'en advertir journellement pendant que
je seray par deçà, et fayre procès verbal de
tout, afin que vous puissiez veoir comme le
tout sera passé et le debvoyr que cbascun
d'eulx V aura faict, dont j'espère les admones-
ter si souvent par lectres, et pourveoir avec
toute dilligence aux dilîicultez qui pourront
survenir à l'endroict de beaucoup qui ne
veuUent pas la paix que, j'espère avec layde
de Dieu, vostredict édict de pacilïication y
sera bien estably avant que je parte de ces
païs, quelques traverses que je voye que l'on
y veuille donner d'une part et d'aultre.
Le sieur mareschal de Biron arriva hier, sur
l'après-disner, comme je lui nvois expressé-
ment escript n'y faillir, audict Sainctc Bazille,
où il trouva en ma chambre mondict fiiz le
roy de Navarre, qui luy parla plus brusque-
ment que nous ne pensions, vosire sœur la
royne de Navarre et moy, pour ce qui s'est
passé entre eulx, dont ledict sieur mareschal
monstra d'estre fort en collère. Et vous asseure.
Monsieur mon filz, que je feuz aucunement
en peyne comme je rabillerois le tout; mais
les bons offices de vostre sœur et de mon cou-
sin le cardinal de Bourbon, et la peyne que
j'y prins envers l'ung et l'aultre pour le bien
de vostre service, fut cause de les accorder tel-
lement quellement. Toutefoys j'espère qu'en
continuant comme nous ferons, ilz se remec-
teront du tout au bon mesnaige que je désire
pour le bien de vostredict service.
J'ay ce jourd'huy disné à Marmande , oîi j'ay
LETTRES DE CATIIKniNE DE MEDiniS.
65
fait premièremeni entrer \o.stredicl l'rère lo
roy de Nnv.irre, qui y a esté fort bien rcceu,
suivant ce que les juratz et une partye des prin-
cipauli; liabitans, qui me viiidrent hier trouver
aiidicliieu de SaiucteBazilie. me promisrent.
et aussy à vostredict frère le roy de Navarre,
qui leur jiromist aussy, de sa part, d'ouhiier ce
qui s'estoit passé durant les troubles, puisque
je i'asseurois, comme aussv firent -iiz. de
le recovuoistre tousjours. suivant vostredict
édicl de paciffication et selon aussy vostre in-
tention, comme gouverneur et vostre lieute-
nant {fénérai en ce pais; di' sorte que, ce
matin, y estant entré devant mov, il a, comme
dict est, esté fort bien l'eceu deulx : aussv leurs
a-il faict fort bonne chère; et leurs ay com-
mandé (ju'ilz eussent à y recepvoir et laisser
entrer suivant vostre édict de pacifficacion
ceul\ de ia religion prétendue réformée qui y
avoienl leurs maisons et qui avoient accous-
tunié d'y demeurer. Je suis venue couscher
en ce lieu de Thonnins, (jui tenoit pour ceulx
de ladicte religion, oii mondict Clz le roy de
Navarre est venu disner et fayre pourveoyr à
ce qui estoit nécessayre pour mon arrivée
en cedici lieu, où j'espère, avant en partir,
restablir avant toute œuvre nostre religion
calholicque et y fayre aussy rentrer les gens
d'église et les catholicques, et fayre fayre par
mesme moyen, corne a esté faict audict lieu
de la Réolle, l'acte public' pour la seureté
desdiclz catholicques et pour vivre tous les
ungs avecques les aultres en paix et union .
ce que je conlinuerav par tous les lieulx où
j'irav, espérant aller demain couscher an
Port Saincte Marie et samedy à Agen, où vous
pouvez bien penser, Monsieur mon filz, que
je ne perderay pas le temps et que j'y feray,
' tZ-'arte public», c'est lo lilre iiii'me de ia pièce
importanlp dunl il est parlé à la iiole do la page préci'-
dente.
avec le plus de dilligence qui me sei-a pos-
sible, tout ce ([ue je pourray pour vostre ser-
vice, espérant v veoir la noblesse d'Agenois,
envers !a(|nelli' vous |iou\çz crovre (jue j(!
n'obmecirav rien de toul ce qu'il est requis de
leur représenter, pour oster les mauvaises im-
pressions que l'on a mis en plusieurs de Ions
ces quartiers de deçà, pour, comme j'estime,
les ineclre au chemin de ceulx des provinces
de Bourgongne et d'ailleurs, dont congnois-
sons cela depuis (jue je suys icy, et qu'ilz y
sont faumentez par aucuns, qui vous deb-
vroient estre les plus fidelle. Je parle en par-
ticullier et en publicq, et pendant que je suys
à table, selon que je vov qu'il est à |>ropos,
de sorte que, continuant, comme je feray en
tous les lieux où j'irav, j'espère que cela raba-
tera beaucoup des mauvaises délibéracions où
on tâche de les amener. Voylà pour([u(iy je
vous prye. Monsieur mon Clz, envoyer es
provinces de delà des personnes notables bien
capables et qui vous soient très affectionnez
pour y fayre ce que j'ay veu, par le résultat
que m'envoiastes par Pinart^ qu'avez délibéré
favre; car je vous asseure qu'il en est très
grant besoing el que cela vous servira beau-
coup. Mon cousin le duc de Montpensier a
esté depuis deux jours malade de la coli([uc.
mais maintenant il se porte très bien ; je eusse
bien désiré qu'il luy cust pieu aller en son
gouvernement à la tenue de ces prochains
Estatz, mais sa pi'ésence me sert de beaucoup
icv, et vovlà pourquov. Monsieur mon fdz, je
suis d'advis que vous envoyez la commission
pour ladicte leneue des Eslafz tout droii't en
Bretaigne et que, quelques jours auparavant
ladicte tenue d'iceulx, vous y envoyez coninn^
' Le secrétaire d't']t.it Pinart n'était pas parti de Paris
avec l;i reine: il no vint la rejoindre qu'à liordeaux dans
les derniers jours de «epleinbro : et à partir de celle
époque, il conlresii^ne beaucoup de ses dépoches.
C*TIIEni\E DE .MéDICI-^
66
LETTRES DE GATHERIINE DE MÉDICIS.
aux aultres proviucps quelqu'un bien capable
et qui vous soyt affectionné, pour ayder à
destourner ces mauvaises impressions, que le
sieur de la Hunaudaye^ m'escript qui sont
aussi bien audicl pais de Bretaigne que aux
autres provinces , priant Dieu , Monsieur mou
fiiz, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Thonnins, le jx' jour d'octobre
tb-ji
Caterine.
1578. — 11 oc.lobrc.
Orig. Bibl. nnt. , Fonds franvaia, n" 3ai7. f" 63.
A MON COUSIIV
LE S' DE DAMVILLE,
M^nESCUAL DE FRANCE, COOVBItKEUB EN LANGUEDOC.
Mon cousin, je m'estois resjouie d'avoir
entendu par le sieur de Vallence et ma cou-
sine vostre l'emme que le s'' de Ghastillon se
fust retire' de i'entreprinse de Beaucaire ; mais ,
à ce que le roy de Navarre m'a mandé de Né-
rac,où il s'en alla avant hier pour deux ou
trois jours, le sieur d'Andelol, frère dudict s''
de Ghastillon, s'est mis dans le chasteau du-
dict Beaucaire , qui ne peult estre qu'à très
maulvaise intention. Toultefois le roy de Na-
varre, m'en ayant advertie par le sieur viconte
de Turenne, m'asseure aussy que celuy qu'il
a encore par delà, comme je vous ay cy de-
vant escript pour le faict dudict Beaucaire,
en fera sortir ledict s' d'Andelot et remectre
ledict chasteau suivant l'intention du Boy
mon iils, comme il est porté par son édicl,
vous priant doncques, mon cousin, faire se -
moudre le sieur de Gonstans-, qui est allé par
' René de Touinemine , barou de la liunaudaie,
gentilhomme breton, allié à la maison de Rohan.
' Augustin deCoiistans, seigneur de Rebecque, dont
nous avons déjà vu plusieurs fois le nom, était un des
delà pour cest effect, de satisfaire à la charge
qu'il en a du roy de Navarre et à la promesse
qu'il m'a faicte, partant d'avec nous, de si
bien exécuter sa charge que j'en aurois con-
tentement, comme a veu celiuy de vos gens
qui vous a porté ma dépesche, qui y estoit
lors du partement dudict Constans.
Cependant, mon cousin , je vous diray aussy
que, suivant ce que nous avons accordé, le
rov de Navarre et nioy, j'envoye à Monsieur
de Joyeuse, pour ce qu'il est le plus près
d'icy, et pendant que vous serez occupé audict
Beaucaire, les commissions, instructions et
dépescbes nécessaires que j'ai faites de la part
du Roy, à sçavoir : en Foix, les"' de Pailletz;
on Albigeois, le s'' de Cornusson; es contés de
Lauraguais.deGarmin; diocezes de S' Papoul
et de Lavaur, le s"^ de la Groisette; en la
seigneurie de Garcassonne, le s' deMirepoix;
et es diocèses de Narbonne, Nismes, Mont-
pellier, Monsieur de Rieux; et de la part du
roy de Navarre : en Foix, le s'' du Soleil;
Albigeois, le viconte de Paulin; Lauraguais,
Carmin; S' Papoul, Lavaur, Monbarttier le
père; Garcassonne, le s'' de la Gaze; Nar-
bonne, Nismes et Montpellier et Uzès, Gre-
mian, pour se joindre ensemble, afin d'exé-
cuter le contenu dans les articles par nous
accordés, suivant lesdictes instructions qui
leur sont faictes et signées de mon fils le roy
de Navarre et de moy, lesquelles leur seront
envoyée.s par le s' de Joyeuse. Je vous en en-
voyé la coppie d'une, sur laquelle sont for-
mées toutes les aultres, atin que vous enten-
diez tousjours comme nous procédons et ce
qui se doibt faire eu vostre gouvernement,
vous priant de tenir la main, comme je suis
plus fidèles serviteurs du Déarnais, souvent cbargé par
lui de négociations importantes. 11 avait accompagné
Jeanne d'Albret à Paris en 157-3.
LfiTTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
67
très asseurëe que ferez, à caque ce que nous
avons re'solu et accordé avec le roy de Na-
varre par ladvis des sieurs qui sont par deçà
se puisse diligemment exécuter en vostre gou-
vernement et, en ce faisant, y remettre toutes
choses en paix et repos suivant ledict édict
de pacitfication, vous priant d'en escripre, de
vostre part, aux s" de Pailletz, de Cornusson,
de la Croiselte, de Miiepoixet de Rieux, et à
tous ceux que vous penserez qui pourront servir
en cette affaire; vous priant aussy, et suivant
l'intitulé et premier article desdictes instruc-
tions, que vous faictes publier partout à son
de trompe nostre résolution, afin que chacun
s'y conforme, faisant par mesme moyen tenir
les lettres que j'en escripts aux séneschaux
de vostre gouvernement, dont je vous envoie
les lettres, que je vous prie de faire suscripre
et les leur faire tenir, afin que, de leur part,
ils en fassent faire les publications et que
chacun se dispose à l'establissemenl de l'édicl ;
priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincle cl digne garde.
Escript au Port S'' Marie, le xi""" jour
d'octobre 1578.
Mon cousin, de[)uis ceste lettre faicte, j'ay
receu la vost re de vostre main , et sceu de
vostre femûie et du sieur de Vallence, comme
toutes choses sont en très maulvais estât par
delà pour les troubles que plusieurs y font,
lesquels ne seront advouez de mon filz le roy
de Navarre; par ainsy, suivant la dépesche
que nous faisons jirésentement, il sera bon que
vous donniez, par mesme moyen, ordre que
tels gens soient chastiez, comme il sera aisé
de faire, se joingnant avec les catholicques
ceulx de la religion prétendue réformée , ainsy
que le roy de Navarre m'a asseuré avoir es-
cript et mandé par delà par le sieur de Con-
stans à ceulx de la religion prétendue réfor-
mée. Je ne vous puis encore dire au vray le
jour que j'arriveray à Thoulouse,pour ce que
je désirerois bien ne point partir de ces quar-
tiers que je n'y veisse le bon ordre, que je
souhailte et espère qui y sera bientosi, pour
l'exécution de l'édict de paciihcation.
De sa main : Je veu ])ar voire leire cpie
partes pour vous en venir hà Thoulouse me
trover, de quoy je suys bien ayse; j'espère y
estre den peu de jours'.
Voslre jjonne cousine,
Catkiune.
1578. — 11-1 5 octobre.
Copie. Bibl. nal. , Foiuls friinçais , n" 33oo , f"* 55 v".
[AU ROY MONSIEUR MON FILS'^]
Monsieur mon hlz, désirant vous rendre
journellement compte de tout ce qui se pa.sse
par deçà pour vostre service, je vous diray
que, partant hier malin de Thonnins,-d'oii je
vous despeschay le sieur Jehan Baptiste, je
vins disner à Esguillon', appartenant à mon
' De son coté Henri lit écrivait à Dainvillo: r Je vous
ay envoyé une lettre que j'ay escripte au s' de Chasiillon,
et quatre pour l'aire distribuer à telles villes que vous
adviserez qui tiennent le party de la religion prétondue
réformée, pour les exborter de ne prestor aucune assis-
lance à liaudonnet dans sa désobéysance.Toutelois, ayant
depuis reçu une lettre que le maréclial de Deileganle m'a
escriole du xxi du passé, avec la copie d'une d'iceluy
sieur de Chasiillon audicl Baudonnet, par laquelle se voit
qu'ilz sont bien en avant en pratique ensemble, j'ay
voulu encores faire une recharge plus expresse tant aux-
dicles villes que audict s' de Chastilion , telle que verrez
que jovous envoie ouverte avecla présente, pour vous en
ayder ainsy que congnoistrez estre à propos. n (Bibl.nal.,
fonds fr. n° 3 3 /il, f° lo).
' En titre : trEnvoyée au Roy par M. Desjardinsn.
' Aiguillon, une des plus jolies et importantes villes
de l'Agenais, entre Tonneins et Porl-Sainle-Marie.
68
LIiTTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
cousin l'admirai de Villais \ et cousclier au
Port Sainte Marie , èsquelz lieux je feys , comme
aux aultres où j'ay passé, exe'cuter vostre édict
par actes publicqs enregistre's au registre du
grolFc de la justice de cbascuu d'iceuk lieux.
Hier, peu auparavant mon soupper, ainsy
que je me promenoys, arriva le sieur viconte
de Thourenne, qui me feyt et à vostre sœur
les recommandations de mou filz le roy de
Navarre, qui nVstoit pas ioing de nous de
l'autre costé de la rivière où il estoit veneu
à la chasse, luy ayans commande' m'advertir
que le sieur d'Andelot, frère du s'^ de Chas-
lillon, s'esioit mis dans le cliasteau de Beau-
caire,mais qu'il avoit escript et envoyé' pour
l'en faire sortir. Je luy monstray d'estre fort
marrye de ces nouvelles là, comme à vous
dire la vérité aussy suis-je, pour la crainte
que j'ay que cela apporte grand préjudice à
vostre service; je luy monstray la promesse
que mondict filz le roy de Navarre avoit si
expressément l'aicte qu'il empescheroit l'en-
treprinse dudict s'' de Chastillon sur ledict
Beaucaire, cl que, s'il ne le faisoit, jen'aurois
pas grande occasion d'adjouster foy à ses pa-
rolles ; sur quoy ledict viconte me réitéra encore
la dépesche qu'il en avoit faicle, ninnslrant
de penser que ledict d'Andelot en partiroit.
Touttefois n'en veulx croire que ce que je
verray. Après ce propos là, icelluy viconte
me parla des chasteaux de Montaignac et
' Honorai tle Savoie, mari]uis de Villars, comte de
Tende et de Pommerive, second fils de René, Ijàtardde
Savoie, ol de Anne l,asc:iris, dame de Tende; il était
lieutenant général en Guyenne depuis qu'il avait suc-
cédé en cette charge à Biaise de Moniuc en 1570, maré-
chal de France en 1571, amiral en 1.573. Le duc de
Mayenne avait épousé sa fdle Henrie, veuve de Melchior
de Prez, seigno'ir de Monlp?zat, et succéda à sa l'onc-
tion d'amiral de France. — Voir L?s comtes île Tende de
la tiiaison de Savoie, par M. le comte de Panisse-Passis.
Paris, Firniin Didol, i88g, in-4", p. 107-177.
Nontroncq', dont, dès que nous estions à la
Réolle, le roy de Navarre, ledict viconte et
les autres qui sont auprès de luy m'avoient
fort instamment priée de les faire remettre
en ses mains, suivant une lettre qu'ils disoient
qu'en aviez escripte et par laquelle le pro-
mettiez à voslredict frère le roy de Navarre,
qui me feyt, dèslors que nous estions audict
! lieu de la Réolle , apporter ladicte lettre et
veoir l'endroict de ce qui en parloit ; mais
j pour ce quïl v avoit , suivant que vous n'es-
tant pas de pire condition que les aullres,
vouliez aussy qu'on vous rendist vos villes,
cela m'aida bien à m'en deffeudre , et leur dictz
qu'il falloit user en cecy réciproquement et,
nommément comme il est porté par ce que
avons accordé et signé ensemble, en baillant
baillani , et que, ce faisant, je feroys rendre
lesdicts cbasfeaulx et non aullrement: sur
quov ledicl viconte me dict qu'il estoit l)ien
raisonnable, et qu'il feroit remettre suivant
vostre édict Yssideul- et Signac qui sont,
comme iesdictzdeux chasteaux, en Périgord;
mais pour ce que je ne congiioissois pas bien
ces lieux là, j'appelay aulcuns de ceux de
vostre Conseil qui estoient avec moy, qui
trouvèrent cet expédient assez bon; loutte-
' .Montignac et Nontron sont deux villes périgour-
dinos oii se trouvaient des châteaux, lieiix de réunion,
d'assemblées protestantes. ilontignac-le-Comte se trouve
sur la rive gauche de la Vézèro, à dix lieues de Péri-
gueux; et Nontron est aujoiird'lini chef-lieu d'arrondis-
sement de la Dordognc. On y voit encore le reste de
l'ancienne forteresse qui existait an temps des guerres
do religion. D'ailleurs, ces deux châteaux dépendaient
du roi de Navarre qui, dès le 6 juillet 1 078 , écrivait au
roi pour se plaindre de se voir irpriver de la joyssancc
de mes maisons et chasteaux de Nontron et Montignacn ;
et le la juin, il dis:dl à Henri Ht : nMes maisons de
Montignac et Xontrou audict pays me sont toujours des-
tcnnes et occupées, quelque paix et exécution d'édict
qu'd y ait.D {Lettres missives, t. [, p. 18a et 383.)
- Kvideuil, chef-lieu d'arrondissement de Périgueux.
fois, iiii lii'ii (le l'aire par io roy de Navarre
retnetlre Icsdiclz lieux en Périj[ord , ils dirent
qu'il vanldroit inienk que re l'usl, icy que le
conlreschange se feist desdicls chasteau.x,
pour ce que re (ju'il nommoit en Périgord
ii'estoit l'ien, et nomme-t-on divers lieux
comme Cliaslillon , (jui est à .Monsieur l'amiral
ou Figear ' et Puymiroi- ; cela demeura ainsy
indécis, mais je |)ense bien (|u'à la première
occasion ils m'en parleront encore, et, si
ainsy est, je l'eray tout ce que je pourray, aflîn
que ce soit Figeac et iedict Cliaslillon ou bien
ledict Puymiroi.
Ce jour d'iiuy matin vostredict frère le roy
de Navarre m'est veneu rencontrer, comme je
venois en ce lieu, luy sixiesme, allant, à ce
qu'il m'a dict, à la cliasse à Lézignan^, qui est
icy auprès, j'ay e^tc bien aize de ce que ainsy
librement il commence à se comporter envers
moy; il m'a parlé du jour que nous nous
debvons trouver à l'isle en Jourdain, qui est
le XV"" de ce mois, me faisant entendre que
luy ny moy n'y pourrions pas que malaisé-
ment arriver ce jour là : aussy voy-je (|u'il sera
bien dillicile, pour ce qu'il y a encore bien
loing d'icy, et qu'il faut que je séjourne icy à
cause de l'intérêt de vostre service, ce qui sera
demain jusques à mardy procbain xm™" de ce
mois. J'espère en partir touttefois; si nous
avons à prolonger ledict jour, je ferav en sorte
que cela viendra de luy, et avec l'advis des
princes du sang et de ceulx de vostre Conseil
qui sont icy, alliii (|u'il ne puisse après dire
avoir esté laict aulcun cliangement eu ce que
nous avons accordé et signé ensemblement
(dont vous avez ung double) que ce n'ayt esté
à sa requeste.
' Figeac, clief-li'Mi (l'arrondissement, à G7 kil. do
Caliors.
- Puymiroi, chel-lifn de canton, à 17 kil. d'.^gen.
^ Lésignan-(jraiul . à 1 1 kil. d'Agen.
LEÏTIIES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Je
69
ne veulx aussy oublier à \oiis dire ([iie
le s'' de Bajaumonl, sénécbal de ce |)aïs, me
vint liier Irouver au Port Sainte-Marie, ayant
avec luy environ vingt-cinq genlilzbommes,
qui s'cstoient bien promis, où ils s'esloieiil
assemblez, à ce (]iie j'ay sceu, de me faire
congnoistre les doubles où ils estoient de ceulx
de la relligion prélendue réformée et mons-
trer doulcement ([uelques occasions de mes-
conlenlement. Après qu'ils m'eurent faict la
révérence, où se trouva inconliiieni ledict
viconte de Turenne (jui me vir.l Irouver,
comme il est cy devant dict, et qu'ilz m'eurent
faict d'bonnestes offres pour vostre service et
aussy en mon particullier, je leur commcnçay
ma response, comme s'ils n'eussent plus eu
rien à me dire, et n'obmis rien de tout ce
que j'avois auparavant délibéré de leur dire
pour leur faire entendre, en les remerciant
de leurs bonnes volontés, les grandes occa-
sions que vous aviez eu de faire la paix , entre
lesquelles principallement estoit la conserva-
tion d'eulx, dont si grand nombre estoit, avec
très grasid regret, mort par ces guerres, leur
faisant aussy congnoistre la grande ad'ection
que vous portez à toute vostre noblesse et à
eulx parlicuUièrement qui vous estoient tant
alfeclionnés, que, continuant comme c'estoit
leur debvoir, et que je ni'asseurois qu'aussy
l'eroient-ils que vous les gratilfierez tousjours
fort voluntiers, et en général et en particulier,
d'honneurs et de bienfaicls, quant les occa-
sions s'en présenteront. Aussy n'oubliay-je
pas, comme la pluspart deux avoient esté avec
vous aux armées où vous les aviez emmenés,
et, en passant, leur feys congnoi.-lre la déli-
bération où vous esliez d'en aprorber le [)lus
grand nombre que vous pourriez auprès de
vous et iceulx mettre en vostre Estât, et ([ue
si votre prédécesseur avoil donné conlenle-
menl à toute la noblesse de ce royaulme, (]ue
70
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
vous, qui aviez tant de fois combatu avec eulx
et qui aviez, oultre cela, de grandes expé-
riences, pour avoir esté et dedans et dehors
le royauime parniy tant d'estrangers, qui \ous
avoient si fort honoré que je m'asseurois
(ju'eulx, qui natureHemenl vous estinioient
affectionnez, le feroient tousjours paroistre,
ainsy envers vous leur roy, que faiziez aussv
tel cas d'eulx que vous n'aviez rien si cher au
monde ny en sy grande amour et affection que
la noblesse de vostredict royaume, et qu aussy
n'aviez vous rien plus agréable que de vous
veoir bien accompaigné d'elle, comme vous
estiez maiutenaiit, en faisant tous lionnestes
exercices où elle vous accompagnoit soit à
monter à cheval, comme vous fesiez fort sou-
vent, et alliez à la chasse, pour le moins deux
ou trois fois la sepmaine, et que, hors les
heures ([ue vous emploiez à vostre Conseil,
estant, comme vous estes, chargé de beaucoup
d'affaires, ils vous veoyoient le reste du jour, et
vous eulx , sans que vous refusassiez personne
de ceulx qui le mérittent d'aulcunes choses
dont les puissiez gratiffier. Il en est encore
ce matin venu au devant de moy avec le
sieur mareschalde Biron, auxquels j'ay sem-
blablement faict et continué les bonne chère
et accueil que j'ay peu pour tousjours les re-
tenir, comme il est très nécessaire de faire,
et que je délibère bien de continuer par tous
les lieux où je passeray; car, vous dire le
vray. Monsieur mon filz, il en est très grand
besoing, voyant bien qu'ils sont poulsés et
admonestés et poursuivis de maulvaises et
pernicieuses choses; mais continuant d'user,
de vostre part, des moiens cy-dessus, créiez
que vous les détournerez et retiendrez des
dictes maulvaises persuasions, pour lesquelles
il y en a qui font tout ce qu'ils peuvent,
m'ayant esté aujourd'huy dict par ledict sieur
mareschal de Biron, en devisant avec luy,
que il avoit encore esté ces jours-ci escript
plus de soixante lettres à des particulliers,
pendant que j'estois à Bordeaulx, niayant
louttefois priée de ne luy demander point de
qui, et qu'aussy ne me le pourroil-il dire.
Touttefois il s'est bien à peu près laissé en-
tendre d'où cela venoit, et vous aussy pour-
riez vous aussy bien penser et croire, comme
je fais, de ma part, qu'il s'en est bien escript
aux aultres provinces de semblables. Je n'ay
peu encores sçavoir ce qu'elles contenoient,
ne qui en a esté par deçà le distributeur,
mais je mectray peyne d'en sçavoir quelque
chose, pour essayer de pénétrer plus avant en
cecy et vous en donner incontinent advis.
Cependant je vous diray à ce propos
qu'ayant cette après disner sceu dudict sieur
mareschal de Biron comme il avoit satisfaict
à ce que nous avons promis pour la garnison
qui estoit icy, je l'ay prié de faire en sorte que
mon filz le roy de Navarre et les siens s'en
contentassent, comme j'espère qu'ils feront;
car oultre que ladicle garnison est ostée,
j'ai dict audict sieur Mareschal qu'il assem-
blast tous ceulx de la ville et leur fist en-
tendre, comme j'ay faict faire partout, (|ue
vostre intention est de maintenir tous vos
peuples et subjects en paix, et que voulliez
que chacun despouillast toute inimitié et
qu'ils vescussent en union suivant vostre édict
de pacifiication, ce qu'il fera faire si solemp-
nellement, que tout souhson sera en cela
osté; et en ce propos-là ay continué à luy
faire congnoistre le fond de vostre désir, sin-
cère intention au bien de la paix et entrete-
nement de vostredict édici , lui nionstrant une
grande confiance que vous avez et moy aussy
de luy, auquel j'ai proposé les trois poincts
principaulx de vos présentes affaires sur les-
quels je luy ay demandé advis, après les luy
avoir discouruz amplement : le premier, sur
LETTRES DE CATH
l'exéciiliou et restablissemcnl de voslre édict
de pacillicalion, le second pour les alïaiies de
Flandres où vostre frère s'esloit si légèrement
embarqué, et le tiers sur les mauvaises déli-
béralions d'aucuns de vos provinces, ayant
prins leurs maulvaises délibérations, sur ce
qui s'est commencé à l'assemblée qui se fit
dernièrement en Bourgogne; sur quoy, après
m'avoir monslré la grande estime qu'il l'aisoit
de la confiance que vous et moy prenons en
luy et m'ayant très expressément asseurée de
la ferme résolution qu'il a de vous estre à ja-
mais très loyal, il a conclud pour le premier
poinct selon vostre désir et le mien, qui est,
à monadvis, le meilleur qu'on vous sçauroit
jamais donner, c'est d'establir parfaitement
vostre édict de pacifBcation en toutes les pro-
vinces de vostre royaulme; et, à ce propos, je
l'ay bien interpellé de m'y ayder de deçà et
luy ay encores faict fort expressément con-
gnoistre la confiance et asseurance que vous cl
moy avons en luy, ce que je suis bien d'advis
qu'à la première occasion vous luy en escrip-
viez de voslre main une bonne lettre; et créiez
que cela servira beaucoup avec les raoiens que
je tiens et tiendray tousjours en cela envers
hiy et tous aultres, selon les bumeurs que
je congnoistray oij il seront pour les faire du
tout tourner et changer à vostre dévotion.
Sur l'autre poinct il m'a faict clairement
congnoistre, el avec de grande? raisons, que
vous ne sçauriez plus saigemenl faire, puisque
vostredict frère est sy avant enbarqué en
Flandres, que de le bien entretenir et secou-
rii', aflSn que rien de ce que je luy avois dis-
couru sur ce poinct là, où je n'ay pas oublié
le Cazimir, ne vous peust tomber sur les bras.
Et m'a représenté plusieurs choses que le roy
d'Espaigne a faictes pour vous entretenir à
la guerre et ruiner vostre royaulme et entre
aultres la pratique qu'il a voullu faire avec
ERINE DE MÉDIGIS.
71
le roy de Navarre pour l'entretenir el conti-
nuer à vous faire la guerre jusques à voul-
loir liguer et d'aller avec lui, comme ledict
sieur Biron ma dicl avoir veu par phisieuis
lettres véritables, escriples el signées de lu
main du secrétaire Gazes, selon lesquelles se
devoit faire leur ligue dès ce temps là, si
vostredict frère le roy de Navarre y eut voullu
entendre pour vous faire avec le roy d'Es-
pagne une forte guerre; el disoil aiissy le
dict Roy Catholique que les princes do la
Jarmanie se joindroient avec eulx contre vous,
leur estant le Turcq commun ennemy, pour
vous contraindre de vous joindre avec euk el
vous despartir de l'intelligence que vous avez
avec ledict Grand Seigneur, concluant encore
davantaige ledict sieur de Biron qu'il fauldroit
faire aussy de deçà la guerre contre ledict roy
d'Espaigne et qu'il avoit tous les dessins de
ses places, et (]u'avant qu'il y eus! pensé,
l'on lui auroil pris, avec bien peu de gens el
sans l'aii'e grande despense, des lieux (ju'il
sçavoit el congnoissoit de très grande impor-
tance, mais que rien de tout cela ne se pou-
voit faire sans le ])arfaict establissemenl de
la paiv el union en voslre royaulme, el qu'icelie
estant bien establie, il ne falloit pas qu'eussiez
peur de rien; car, faisant ce que dessus,
vous reteniez vostredict frère occupé el en
grande obligation pour le secourir, puisque
honnestemenl il ne se peut à présent retirer,
et empeschiez tant de ce costé là ledict Roy
Catholicque qu'il ne pouroit qu'il n'en suc-
combast, et que, si vous pouviez faire que Ic-
ledicl Grand Seigneur envoyast quelque petite
armée du costé de la Morée, ce seroit pour
le destruire du tout, comme il avoit voullu
faire la France. Vous prendrez en bonne pari.
Monsieur mon filz, que je vous représente
mol pour mot tout ce qui s'est passé entre
luy et moy, et m'excuserez si sur tout cela je
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
ne vous donne aulfun arlvispour oeste lieure;
car il y a infinies considérations qu'il faut
avoir sur ce puinct où il y a bien à penser;
mais cependant je vous prieray de croire
que tout ce qui sera au monde possible de
faire pour vous establir la paix de deçà je le
feray, et pour garder que vous et moy ne
soyons trompés. Sur le troisième poinctledict
sieur de Biron ne m'a pas particullièrement
respondeu. Vray est que nous avons esté ung
peu interrompus par une plaincte qu'on
m'est venu faire d'ung mareschal de logis et
du fourrier qu'il vous a pieu commander qui
vinssent à ma suitte, lesquels, oultre qu'ils ne
sçavent pas bien leur mestier, prennent de
l'argent à toutes mains et vendent les logis;
mais encore que, tels qu'ils sont, me feroient
faulte, je m'en serviray le reste de ce voyaige
et, à mon arrivée près de vous, s'ils n'a-
mendent leurs faultes en cecy et là, je vous
prieray de les casser; et après avoir renvoyé
lesdicls mareschal des logis et dicl fourrier,
j'ai encore remis ledict sieur mareschal de
Biron sur le dernier poinct concernant les-
dictes provinces; sur quoy il ne m'a aultre
chose respondeu que ce qu'il mavoit dicl
cy-devant, qui est qu'establissant bien la paix
et ce mot d'union qu'il m'a encore répété,
il ne falloit avoir peur de rien. Je vous prie.
Monsieur mon filz, faire brasier cette lettre
après qu'elle vous aura été ieue lecture.
Cependant je vous dii'ay aussy que, hier
au malin, à l'heure que où je voulois partir
de Thonneins, les capitouls de Thoulouse me
vinrent trouver avec lettres du corps de ville,
et me fit [ung] nomme Lacroix que vous
congnoissez, qui est à présent cappitoul, une
fort belle harangue de leur grande affection ,
bonne volunlé et fidellité qu'ils vous ont et
auront à tousjourset du désir qu'ils ont aussy
de la paix. Le second président, avec trois
des Conseillers de la Cour de Parlement, (jui
estoient icy veneus pour mesme occasion',
il va desja deux ou trois jouj-s, m'en ontfaict
de mesme, nionstrant les ungs et les aultres
ung fort grand zèle à vostre service et au bien
de la paix; en quoy vous pouvez bien penser
que je les ay fortiffiés de telle sorte que j'av
espérance que , de ce coslé là aussy bien que de
celluy-cy, je vous y feray ung très bon service.
Je suis en quelque oppinion d'aller à Thou-
louse avant que de me rendre à l'Isle en Jour-
dain. Touttefois j'en prendray demain advis
de mes cousins le cardinal de Bourbon et du
duc de Montpensier, priant Dieu, Monsieur
mon fils, vous avoir en sa digne et saincte gard e.
Escript à Agen-, le samedy xi"" jour d'oc-
tobre 1678.
Monsieur mon filz^, je m'asseure que vous
serez bien aize d'entendre toutes les particul-
laritez de ce qui se passe et que je voy par
' Une dépulalion du Parlemenl de Toulouse avail été
envoyée pour saluer la reine mère à son arrivée à Agen
et lui offrir ses services. Ils étaient même déjà arrivés
le dimanche .5 octobre et durent attendre plus de huit
joui-s, jusqu'au lundi 1.3 , pour être reçus. Le compte des
frais de ce voyage est conservé dans un manuscrit de la
Bihi. nat. Nous le donnons tout entier à ï Appemlne , hieu
qu'il ait déjà été publié dans les tr Preuves n de la nouvelle
éditiou de Vllistoiri' générale de Languedoc. Les ma-
gistrats étaient rentrés le i5 octobre ^de disnéei à
Toulouse, et avaient dépensé «cent quatre viiigls douze
escus deux tiers, quatorze sols, six deniers tournois^.
- On lit dans les ttMémoires du Consid Trinque» con-
cernant la ville d'Agen : et Le la octobre 1678 t'eust faite
l'enlrée à la royne de Navarre, Marguerite de Valois.
Ou lui fist une maison à la Porle-du-Pin, on lui porta
un pavillon de damas blanc. La mère de la Reyne estoit
entrée dans Agen le samedy devant, accompagnée du
cardinal de Bourbon , de M. de Montpensier et des deux
fières du prince de Condé.n — Revue de l'Agenais,
i883, p. 53i.
^ Eu titre : rrPostcript de ladicte dépesrhe du \i oc-
tobre lh-]8.n
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDlCfS.
73
deçà, qui concerne voslre service, voilà pour-
quoy je ne veulx rien obmecire que je ne
vous repr($sente le tout fort amplement et par
le menu', voyant bien le très grand besoin»
qu'il y a d'aller au devant ot de pourveoir
audictes mauvaises délibérations et praticques
que Ton veult semer et faire, aussi bien en
ce pais (ju"en aucunes aulfres provinces de
voslre rovaulme; de sorte (ju'il n'est lieure
de jour nv de la nuict, considérant la grande
importance dont cela vous est, que je ne pense
' C'esl le I I oclolire ([ue lii reiiio mère arriva à
Agen; Marguerilo cnlra le lendemain. On leur fit des
fêles et des réjouissances sans nombre. Le li o septembre ,
une ordonnanre du maréchal do Biron avait prescrit aux
consuls d'établir un magasin de vivres en prévision du
passage des princesses. Voir à Y Appendice la pièce tirée
des archives d'Agen et la lettre du aG seplembre. Au
reste, loulos les lettres du maréchal dénotent In pré-
occupation du lieutenant général de Guiennede préparer
à la reine mère et à sa fille une réception convenable
dans la seconde ville de la province. Il écrivait de Bor-
deaux aux consuls d'Agen, le lO septembre :
r Messieurs, je voy bien que la lîoyne mère du Roy
et la Royne de Navarre s'en yront jusques en vostre ville
d'Agen, el pour ce advisés bieu de tenir toutes chozes
en bon estai pour les bien recevoir et acuellir, ainsi
qu'il leur appartient. 11 fauldra l'aire quelque belle en-
trée à la Royne de Navarre, comme l'on a accouslumé
de faire à toutes les filles de l''rance ... Je n'ay pas
oblyé de faire entandre à la Royne la bonne volonté que
vous avez au service du Roy. Je vous prie n'estre poinct
nonchallans à bien préparer ceste entrée et y pourvoir, n
El le 33, il ajoute : trEscripvant comme je fay à
M. de B.njaumont, vostre sénesclial, j'ay bien voullu
adjousler la présente pour vous recouunander le service
du Roy. et la conservation de voslre ville en son obéis-
sance. J'espèie bientôt cstre vers vous. Aussy les Roynes
s'y achemineront incontinant, et lors vous serez bien
informez par la Royne mère de l'intpulion du Roy et
de ce qui sera doresnavaut à l'aire pour le repos d'un
chacun. i
IJocuineiits inédits pour sei-vir à l'histoire de l'Agenais ,
publiés par M. <J. Tholin, dans le Ueciieit des travaux
de ta Société d'agricidtnre , sciences et arts d'Agen,
a' série, t. IX, i885.
au moieiis nécessaires pour y remédier doiil-
ceinent. (le matin le député du clergé de l'ar-
••hevesché de Thoulouse m'aiant encores, ainsy
(|ue ceuk du parlement dudit Thoulouse avec
lesquelz il est venu pienoient congé de moy,
de rechef remonstré les sévères conlraiiictes
(lesquelles le commis de Castille faisoil pio-
cedder contre eulx. Je suis entrée en propos
luy faisant responce sur les grandes dénions-
Irations de raffection qu'il m'a asseunî qu'ilz
ont à vostre service, du désir que vous avez
aussy d'embrasser et souiaiger tous ceulx du-
dit clergé autant qu'il vous seroit possible,
comme estant le premier ordre des subjectz
de vostre royaume, et ay fait en sorte avec luy,
sans luy monstrer par mes propos rien de
trop affecté, (ju'il s'est public(piement départy
en ma chambre, où lesdits du parlement de
Thoulouse estoient, aucuns de voslre conseil
et bon nombre de noblesse de ce pais, des
requesfes et sinistres intentions que aucuns
dudit clergé des aultres provinces de vostre
dit royaulme ont, à ce que l'on dict, délibéré
de présenter et poursuivre. C'estant départy
d'avec moy en ceste résolution en la présence
des dessusdits et (jue unanimement tous les
dits du clergé d'icelie dioceze en feront dé-
claration pul)lic([ue el vous en escripveront
aniplenieut, comme estant lesdictes requesles
chose du tout contraire au devoir de bons et
loyaulx subjectz, que ilz vous ont tousjour.s
esté et seront toutes leurs vies, ne vous vou-
lans rien espargner de tous les moiens qui
leur seront possible, j'espère en faire de
mesme et desja ay acheminé cela pour les
diocèses de ce lieu d'Agen, Bourdeaulx. Bazas,
Cahors, Condom et des aultres à qui je parlay.
Il est vray, Monsieur mon filz, que ledit de-
|)uté de ceulx dudit clergé de Thoulouse m'a
prié d'une chose que j'ay accordé soubz vostre
bon [daisir, c'est de leur donner délav et sur-
(yATUEHI\F. DE MtDIClS. — VI.
lupniticTiii: 1I4TIOV
74
LI'TTliKS DE CATHK
ceniK'c >ur ii's \iol('iili> iiuint^ini'los i|iu' tait
ioilit commis de Castille à IV'iicuiiti'i' d'eiilz,
poiii' Icn anfiaijjcs iiifitz |i(nivL'iil devoir de
vieil. Sur 'jUDy il ma semblé ne les devoir
ret'ii/.er d'esiripie une simple lettre comme
j"a\ l'ail au comiiiis dudit Castillo pour ditlV-
rer lesdiclos pouisuietes à rencontii' d'culx,
jus(|ues ad ce que les coniiiiissaires. pai- vous
députez sur les deniers cl all'aires dudit clergi",
soient arrivez audit ïlunilnuse, on j'estime,
s'ilz ne sont desja, (pi'ilz arriveroni bien tosi.
Aiusy il n'y aura poinci ou cpie bien peu de
retardemeul en cela, (pie je suis l)ien aize
que avt esté laict eu sv notable eomjiaiijnie:
car estant de ce pas allée ouyr la messe, il
m'est venu en fantaisie, (jue je tiens esde du
conseil de Dieu, de dire audil sieur Mares-
cbal de lîiron. (pi'en faisant l'aire l'acle pu-
blicquc pour l'exécution et eslablissemeni de
vosire ('dict de pacifficalion eu cesdietcs ville,
comme j'ay l'ail en Ions les lieux ou j'ay pass('',
dont ji' say que les un;;s et les aultres se
louent grandement, il feist comme de ln\-
mesmes et suivant les propos que tous ces
jours ic\ il a \eu et les aultres sieurs (pii soni
icy (uu' j'ay teneuz el ouvei'tz, comnn' il esi
en ma lettre dbier amplement dedairé à la
noblesse de ces pais, en sorte que d'elles
mesiues, et demain que j'espère enc(nes
parler a eul\ en publicq, ilz députent i[uel-
qii'un d'entre eulx afBn d'('viter la confusion
pour me desduire ce (prilz auront encores à
me (lire, et [lar mesnie moyen (pi'ilz faceni
(b'claration el vous escripvent comme lesdils
du clergé, ce que, si je puis obtenir, comme
il y en a desja beaucoup des principaulx (]u\
V sont bien disposez, je suivray à l'aiie le
semblable sil m'est possible par tous les
aultres lieux où je passeray. (';ar eslablissani
l'édut de pacilHcation avec cela, j'espère, Mon-
sieur mon filz, que Dieu vous fera la grâce
RIM-: l)K MEDir.lS.
e! à nous tous (jue les mauvaises délibi'r;.lions
de eeulx ipii font des menées préjudiciables
à vostre service s'en vront en fumée. Mais il
faut aussy (jue de vosire part vousvmis avdiez
et serviez es provinces de delà de ceulx ([ui y
ont créance et moyen, comme je fais par deçà
envers quelques uhgs dont, (piand j'aurav ce
bien destre auprès de vous je vous porteray
tesnioignaige. Ce|)endant je vous diiay de re-
cbef qu'en ces quartiers de deçà, à ce (pie je
voy et (jue j'ay sceu, ilz tiennent lesdits per-
nicieuses enireprinses fort avancées et m a on
dict qu'il se doibi pour ce faire une assem-
blée en ce temps icy, à (pioy il faut bien (|ue
vous pensiez et y pourvoyez plus par dexlerit('
(jue par force, aflJn (jue vous mesnies jiuis-
saul {sic) esliudie ce feu, u'avdiez à ralluiiiei-
en vostre rovaulm(> où il cou\eroit comme les
gens la veulent l'aire faire, tesmoiugs les lettres
qu'ilz escripvent par ton! pour cest effecl à
ceulx avec lesquelz ilz ont intelligence j)our
faire soulizlever tous \os jjeujiles et subjeclz
el emj)escber le repos de tous vosdils subjetz,
dont la jiluspart se jjouroient laisser aller à
telles pratiques, sy il n'y estoit j)arvous pour-
veu es provinces de delà, comme je l'eray tout
ce qu'il me sera possible pour vostre service en
celles de deçà. Ne voulant oublier de vous dire
(|ue j'ay ce jourd'huy escript à vostredit frère,
le ro\ de Navarre, par l'advis de mes cousins
les cardinal de Bourbon . duc de .Montpensier '
' Ce jour iiii'uif, It^ <\nc ili; \tontpeiisi(^r (ifrivail à
Henri lit pour lui douupr des nouvelles du voyage de
la reine mère. La letlre, (|ui est ini'dite et tirée des
manuscrits de Saint-Pélersljourg, esl assez intéressante
poui- (jue nous la donnions ici :
Louis (/'' Boitrhon , iîur dr Motilpeiisia', au lifij.
'•Sire, vous entendrez par le retour de ce poileur
cuiiinie, Dieu niercy, le \oiaij;e de la royne rostre mère
continue à se faire sy heureusement que Vosire Majesté
ne le sçauroil mieulx désirer; car partout où nous pas-
et s" qui sont icy de vostre conseil, comme
je suis re'solue de partir d'icy mardy prochain
et estre samedy aussy prochain à llsie en
Jourdan, afin que de sa part il ne faille aussy
de s'y trouver et que nous puissions achever
ce qui est ne'cessaire, suivant ce que avons
accordé et signé ensemblenient à la Re'olie.
Monsieur mon filz, voyant icy tant de no-
blesse assemblée, combien que j'eusse parlé
à eulx en diverses foyz et particullièremenl,
toulesfoiz je feiz assembler tous reulx qui es-
toient icy dimanche au matin à ma salle, où
ilz se trouvèrent fort grand nombre et des plus
grands de toute ceste Guienne^. Je parlay lon-
guement à eulx, et vousasseure que n'oubliay
sons, la paix s'estahiist seloii vosire inlenlion, à !a ma-
nutention de laquelle il semble que le roy de Navarre
et toute la noblesse de par deçà se disposent. Et suis
bien desplaisant, Sire, que parle moien d'une indispo-
sition qui m'est survenue je ne parlz aujourd'huv avecq
ladicte dame, qui s'achemine vers Thoulouze, espérant
néantmoings dedans deux ou trois jours la suivre, s'il
m'est possible, et cependant donner ordre à ce qu'elle
m'a commandé faire pour vostro service en quelques
\-illes où je doibz passer, et esquelles il est besoing de
faire quelque chose pour Testablissement d'icelle paix , à
laquelle je supplie nostre Seigneur voulloyr ranger tous
voz subgectz , et vous donner. Sire , en très parfaicte santé
très bonne et très longue vye.
trD'Agen, ce ïv°' jour d'octobre 1678. d
Ajouté de .sfl matn dans Voriginal : ît Sire, je vous su-
plie très humblement m'excuser si je ne vous escrits de
ma main, à quoy je n'eusse failly sans mon indisposition.
trVoustre très humble et très obéissant subjet et ser-
viteur,
tLoïs de BotRBOS.n
(Bibl. nat. Nouv. acq., (ioio, f 5^. Copie.)
' .\vant de quitter Agon, la relue mère réunit dans
une grande salle de l'évèché les principaux représentants
de la noblesse de Guyenne, qui se trouvaient dans la
ville, et elle leur adressa un discours fort habile, que
nous donnons en Appendice, d'après le texte retrouvé
dans le ma uscrit de la Bibliothèque nationale.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS. 75
l'ien de tout ce qu'il m'a semblé leur devoir
dire pour le bien de vostre service, dont au-
cuns des priuci[)aulx poinctz sont déclarés cy
devant, en sorte que tous, tant qu ilz estoient,
denieurèreut très contents, au lieu que la plus
grande part estoienl persuadez, comme je voy
bien que l'on les persuade encores soubz main
par tous les moiens que l'on peut , à empesciier
le bien de la paix soubz couleur de la def-
fiance où l'on les mecl du roy de Navarre et
de ceulx de la religion prétendue réformée,
ce que, je vous asseure, me donne beaucoup
de travail; car, quand je pense avoir faict d'un
costé, je trouve (jue j'y suis traversée par des
dilHcullez imaginaires et sans raison, et que
toutesfoys je ne puis vaincre quavecqiies
beaucoup de patience et de divers compoite-
mens envers les ungs et envers les autres, et
principallemenl envers ceulx qui vous sont et
à moy les plus obligez, lesquelz sont poul.ssez,
à ce qu'ilz dient,de crainte de veoir mesadve-
nir à vostre service, ce que je veux bien croire.
Toutesfoys je leur repre'sente tant de raisons
si apareutes à l'encontre des leurs, qu'ilz deb-
vroieut cedder et embrasser vostre volunté,
dont il ne tient pas que je ne les asseure assez
fermement; mais pourtant je congnois bien
qu'ilz demeurent tousjours comme entiers en
leur opignion et toutesfois se condescendent
aulcunement à ce qu'il faull faire; mais au-
paravant que je soys parvenue à les y faire
venir, ces façons de faire ne peuvent qu'ilz ne
nuisent beaucoup à vostre service; et me donne
une extrême peine que je ne plains pas, pour-
veu que tout puisse estre icy à vostre conten-
tement cl au bien de vostre service, comme
je m'asseure bien que vous créiez que je n'y
perderay une seulle occasion ny heure de jour
ny de la nuict.
Je suis partye ce matin d'Agen et m'en vays
droict d'ici à Toulouse, où j'espère arriver
76
LETTRES UE CATHERINE DE MEDICIS.
dimanclie prochain. Je passeray par Moissao,
où jetrouveray la noblesse de Quercy et de ces
quartiers là, envers iesquelz je nobmeoteray
rien, non plus que jay faict envers ceulx du
coste' de deçà, de ce qu'il leur fault dire et
repre'senter pour le bien de vostre service, et,
si je puis, je retireray d'aulx ung semblable
escript que celluy que j'ay signé du sieur de
Bajaumont pour toute ladicte noblesse, qui
estoit assemble'e icy, duquel je vous envoyé
ung double. Ledict sieur mareschal de Biron
les a acheminez, suivant ce que je luy avols
faict entendre, à cela; il me promet, venant
avec moy, comme il faict, de fayre semblable
office envers tous les autres.
Pleust à Dieu, Monsieur mon filz, que
j'eusse icy cinquante ou soixante milles livres
de voz deniers! Je penseroys, les distribuant
secrètement à douze ou quinze, qui sont icy,
des principaux de toute la Guienne, vous les
acquérir du tout parliculièrement, sans qu'ils
seussent rien les ungs des aultres, avec espé-
rance que je leur ay desjà donnée, et en gé-
néral et en particulier, comme j'ay veu à
propos qu'il estoit, que les gratiffiriez et d'hon-
neurs et de bienfaictz, comme aussy est-il be-
soing que vous faictes pour le bien de vostre-
dict service, si vous voulez conserver à vous ce
beau et grand pais, qui est sans comparaison
plus estimé que je ne vous sçaurois dire, tant
pour la grande estendue et bonté d'icelluy que
de la noblesse et peuple qui v sont la plus
grande ])art, tous calbolicques et tous affec-
tionnez à leur religion et à vous particullière-
ment, s'ilz n'eu estoyent poinct destournez;
qu'iiz méritent d'estre visitez de leur Roy,
principallement de vous, duquel ilz ont eu
si bonne et grande estime el en relligiou,
vaillance et vertuz, dont il n'a pas lenu aux
malins que beaucoup d'entre eulx naient esté
détournez par beaucoup de mescbants arti-
fices dont l'on use tous les jours; mais jes-
père, pendant que je seray par deçà, faire
tellement que tous vous demeureront, comme
ilz doibvent, affectionnez et en toute dévo-
tion. S'il y avoit quelques offices ou de nou-
velles créations ou aultres, ou quelques béné-
fices qui fussent vacquans de deçà , ce seroyt
bien faict d'en grattiffier quelques ungs; car,
à dire le vrai. Monsieur mon filz, ilz ont
faict de grandes despenses durant ces troubles,
et cela les contenteroit beaucoup de veoyr
que leur fissiez des présens de vous mesnies,
saus qu'iiz en feissent la poursuicte; ne vou-
lant oublier pour lafinde ceste leclre de vous
dire que, combien que j'estime [que] vostre
frèi'e le roy de Navarre et ceulx de ladicte reli-
gion qui sont auprès de luy ne vouidroicnt pas
faire aulcune chose au préjudice de la pro-
messe qu'iiz m'ont faicte de marcher droict
en ce que nous avons accordé ensemblement,
toutesfois je faiz en sorte, pour veoir plus de
seureté eu ceste ville, à Villeneufve d'Agenois
et Florence, oià vostredict frère le roy de
Navarre va venir passer et couscher dedans
ung jour ou deulx, que mon cousin le duc
de Montpensier, soubz couHeur de sa maladie
qui n'est pas, grâces à Dieu, grande, demeure
en ceste ville pour y estre, afin de maintenir
lousjours par sa présence les calholicqges, et
que toutes choses se fassent au contentement
dudict roy de Navarre et aussy pour la seureté
de vostre service. Ledict sieur de Bajaumont
yra devant audict Villeneufve d'Agenois pour
préparer aussy et fayre en sorte que toutes
choses soient dextrement conduictes en la seu-
reté de vostre conscience et à leur contente-
ment, et aussy dudict roy de Navarre, sans faire
aulcune démonstration que ledict sieur roy
de Navarre ou les siens s'aperçoivent, s'il est
possible, que cela se soit fait si curieuse-
ment, affiu qu'iiz n'entrent poinct en opinion
LETTRES DE CATHERINE DE MEDFCIS.
que l'on ne faco toutes choses franchement,
77
comme aussy je les veulx acheminer de l'ayre,
(le leur part, et lever peu à peu toutes def-
fiances dune part et d'aultre. J'ay advisé.
après heaucoup de diflîcultez, d'en user ainsy ;
en quoy ledict sieur mareschal de Biron me
promect de l'avre en sorte que toutes choses
vront Tort bien au contentement de tous.
Je ne seray à Thoulouze qu'ung jour ou
deux, où mon cousin , le mareschal de Damp-
vilie me doiht venir trouver; j'y verrayencores
beaucoup de noblesse, envers laquelle je n'ob-
mecteray rien, non plus que j'ay faict par
deçà, de tout ce qui sera pour vostre service; et
croyez aussy, Monsieur mon filz, que je feray
loutco qui sera jiossible pour achever la paix
en Languedoc, où les de'pescbesde tout ce que
nous avons accordé à la Kéolle sont envoyées
audict sieur mareschal de Dampville, au sieur
de Joyeuse et aux aultres s" d'une part et
d'aultre qui les doibvent exécuter. J'ay esciipt
aussy en Provence et en Daulphiné pour y
l'ayre fayre aussy ce qu'il sera possible, sui-
vant nostredicte résolution de la RéoUe, et
n'obmecteray aulcune chose de tout ce que je
pourray penser, (jui sera à propos pour le bien
de vostre service. Nous avons arreslé, vostre
dict frère le roy de Navarre et moy, que nous
serons mercredy prochain ensemble à l'isle en
Jourdan, pour continuer ce qui est nécessaire
pour le reste de l'establissement et exécution
de vostre édici de pacification; et ne crains
rien tant que le faict du gouvernement de
Picardye, dont j'ay sceu qu'ilz veullent fayre
très grande instance.
A Agen, le xv' jour d'octobre 1678.
Monsieur mon filz', comme je voulois par-
' Kn titre : trAultre poslcript de ladite dépesche en-
voyée au Roy par ledit Desjardins, n
tir d'Agen, l'homme du sieur de Cornusson '
y est arrivé avecques la dépesche que vous
m'avez faicte par luv, le ix"'"" de ce movs,
par laquelle j'ay esté infiniiiiciU aize d'en-
tendre si amplement de voz nouvelles, et bien
marye que Seguier n'a faict aussv bonne dili-
gence que La Barte, qui a le preiniei' dict des
nouvelles de noslre entrevue avec niondict filz
le roy de Navarre, qui continue tousjours à
monstrer de désirer bien fort l'exécution et
establissement de la paix, se comportant envers
ma fille la royne de Navarre, et elle envers
luy, aussy heureusement et bien que nous
sçaurions désirer; madicte fille m'ayant dict
que résolument sondict mary veult la paix,
mais que ceulx ijui sont auprès de luy ne la
désirent pas et se trouvent fort estonnez de
nous veoyr de part et d'aultre sy bien disposés
à i'establir. A cela congnoissez vous que d'une
part et d'aultre nous sommes bien traversés,
et vous puis dire. Monsieur mon filz, en vé-
rité que, si Dieu nenouseust faict la grâce que
vous eussiez trouvé bon monvoiage par deçà,
l'on eust repris les armes partout et dune part
et d'aultre, et nous eust-on remis à la guerre
sy avant, «ju'il estoit à craindre (|ue ceste foys
il se l'eust faict des choses que je ne double
qu'aucuns imaginent, qui nous eussent mis en
danger d'apporter la ruine de vostre Estai.
Vosti'e dict frère le loy de Navarre me vint
hier trouver à -, en la maison du
sieur de Bajaumont, où je disnay, et maccom-
paigna jusques à Vallence-', où il a cousché,
combien qu'il eust délibéré de s'en retourner
à Nérac, d'où il doibt passer à Agen et à Flo-
' (^ornusson, c'est La Valette, le sénéchal de Toulouse.
- Il y a un blanc dans le manuscrit; mais on sait que
c'était le château de Lafot (à 10 kit. d'Agen, dans le
canton de Puyniirol). Monttuc mentionne rLa Folz, mai-
son de M. de Bajanniont» (t. 11, p. .387, éd. de llidile).
' Sans doute Valence d'Agea
78
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
rence , aiant faict envers luy que de luy mesmes
il a trouvé bon que mon cousin le duc de
Montpensier et le sieur de Bajaumonf sénes-
chai seront tousjours avecques luy es dictes
villes d'Agen et de Florence, m'ayant dict
qu'il n'yroit poinct à Villeneufve d'Agenoys'.
Vovlà comme je conduictz vostre frère le roy
de Navarre en ces choses icy, où l'on me faict
beaucoup de difficultez, ([ue je congnoissois
bien estre sans grande raison et que je seroys
bien marrye qu'il eut sceu, car cela le tien-
droit tousjours en defliance. Je luy ay faict
entendre les maulx que continuoit de faire ce
Merle d'Auvergne; il m'a luy mesmes advoué
que c'estoyt ung laron- : et do faire semblables
dépesches au viconte de Lavedan-* et à Chavai-
gnac pour se joindre avecques les sieurs de
Sainct He'ran et de Canillac, affinde repurger
le païs dudict Merle et de telle sorte de gens
que luy, et par mesme moyen faire réparer
les innovacioDs faictes de leur part, depuis
la publication de l'e'dict. J'en escripts bien
amplement au dict sieur de Sainct Héraii et
de Canillac, de sorte que nous verrons bientost
ce costé là réduire de tant de maulx que l'on
faisoit à vostre pauvre peuple.
Je vins hier disner en ce lieu de Moissac*,
où je trouvay le sieur de Vezins, séneschal de
Quercy, et l'évesque de Cahors avecques la no-
' Villeneuve d'Agenais est plus au nord , sur le Loi.
- Le capitaine Mathieu Merle était natif d'Uzès; il
commença par porter l'arquebuse dans la garde de
M. d'Acier, depuis duc d'Uzès, et guerroya en Poitou,
vers i568. En 1675, il se rendit maître d'issoire au
nom des protestants et du roi de Navarre, et prit la
ville d'Ambert en 1577. 11 devint baron de Salavas, eu
Vivarais, vers i583.(Voirau t. lit des Pièces fugitives du
marquis d'Aubais : nLes Exploits de M. Merle», p. 4 et
suiv.)
^ Anne de Bourbon, vicomte de Lavedan, compa-
gnon d'armes de Turenne.
' Moissac, sur la rive droite du Tarn, presque an
confluent de la Garonne.
blesse du païs, envers lesquelz je feiz le mesme
oflîce qu'à ceulx d'Agenois et aultres lieux où
j'ay passé, en sorte quejeles veoys très disposés
et très affectionnés en vostre endroict et con-
sentans au bien de la paix beaucoup plus fran-
chement que l'on ne ni'avoil dict. J'espère que
ledicl sieur mareschal de Biron retirera aussy
d'euix un semblable escript que celluy qui a esté
faict par les aultres d'Agenois et de Gascongne.
Je me trouvay hier mal de ma collique, mais,
grâces à Dieu, je me porte à présent bien.
Je disneray en ce lieu et j'iray coucher à Cas-
tel Sarazin', et demayu, Dieuaydant, qui est
samedy, je seray à Thoulouze, qui est oii vostre
sœur fera le lendemain son entrée, qui sera
dimanche.
Nous y séjournerons quatre ou cinq jours;
car vosiredit frère, le roy de Navarre, ne se
peult, quoique prière que je luy ay faicte, re-
tourner plus tost en l'isie en Jourdan que de
demain ou de dimanche en huict jours, qui
est ung grand prolonguement, que je suis cer-
tain qui ne vient pas de luy, mais de ceulx
de la religion qui le tiennent ainsy enveloppé.
Cela me fait encores vous suplier. Monsieur
mon filz, surtout de donner ordre envers le
Cazimir, car estant à la fin de ce mois quicte
du service qu'il doibt à ceulz des estas, je
crains bien, selon sa mauvaise nature, que luy
mesine s'offre et abandonne avec ses trouppes
à ces gens icy, et qu'il voulust rentrer dedasn
vostre royaulme, cependant qu'il nous ontre-
tiendroict icy à l'IsIe en Jourdan.
Escript à Moissac, le vendredi au matin
xvii'jour d'octobre iS^S.
Monsieur mon filz 2, je vous prie escripre
' Castel-Sarrazin, sur la rive gauche du Tarn, en
face de Moissac.
- En titre : rAultre postcript de ladicte dépesche de
M. Desjardins. »
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
79
à tous les s" que jay commis de vostre part
pour aller faire réparer les innovations à vostre
édict de paciflication, depuis la publication
d'iceiiuy, desquelz je vous ay envoyé les noms
par Ro^er, et aiisquelz il me faut adjouster
que les s" de Sainct Heran et viconte de Ca-
nillac, leur mandant qu'ilz vous feront service
très agréable d'exécuter ce qui est porté par
les lettres et instructions que leur ay adres-
sées, desquelles vous ay envoyé ung double
par ledit Roger, et que l'on leur face tenir in-
continent vosdictes lettres, sans les envoyer
icy, affin qu ilz les ayent plus tosl.
1578. — i3 octobre.
Orig. — Arch. de M. E. tio Serres '.
À MONSIEUR DE PAILLETZ.
Monsieur de Pailletz, sçaichant la grande
affection que vous avez au bien du service du
Roy monsieur mon fils, et au repos publicq
de ce royaume, je vous ay choisy pour et de
la part du Roy mondit S' et filz exécuter le
contenu es instructions qui vous sont présentes
ment addressées et au sieur du Soleil pour la
part de mon filz le roy de Navarre, tant en
son nom que de tous ceulz de la religion pré-
tendue reformée, comme il escript par les
lettres que je vous envoie qui seront encloses
en ceT)acquet addressantes audit S' du Soleil,
auquel je vous prie le faire venir et luy com-
miinicquer lesdictes instructions, qui seront
aussy avec ceste-cy encloses en ce pacquet,
suivant lesquelles je vous prie de très-bon
' Cette lettre est imprimée dans la brochure intitu-
lée : Lellres inédites de Henri IV à M. de Pailhès , gou-
verneur du comté de Foix , publiées pour ta Société his-
torique de Gascogne par le vicomte Ch. de la Hitle.
Auch, 1886, in-8°, p. a6.
cœur de faire, et ledit s' du Soleil avec vous
coujoinclement et l'un avec l'autre, en sorte
que le contenu es dites instructions soit
promptemenf par vous deux enscmblemeni
exécuté à Foix et par ung chascun des sub-
iectz du Roy mondit S"' et filz, ont de l'une
ou de l'autre religion observé et gardé de
poinct en poinct et s'il s'y trouvoit quelque
empeschement, qui ne sçauroit estre que par
gens desadvouez et perturiialeurs du repos
publicq, qui occupassent quelzques villes,
chasteaulx ou lieux, après leur avoir faict l'aire
les comniandeuiens et ce qui est porté par
ladicte instruction, et fault suivant icelle les
y contraindre et pour cest effect joindre ceulx
de l'une et de l'autre religion, et faire eu
sorte que l'auctorité en demoure au Roy nion-
dicl S" et filz et que le contenu esdicles in-
structions soit de poinct en poinct faict et
exécuté promptement sans y rien obmettre,
mais y faire tout ce qui y est requis, et que
tous les gens de bien doibvent désirer, comme
aussy suis-je très rasseuré que vous faictes
de vostre part et ledict S' du Soleil aussy '
qui me gardera de vous faire ceste-cy plus
longue, me remectant ausdicles instructions
signées de mondict filz le roy de Navarre et
moy, qui vous prie de rechéf que sans tar-
der vous y satisfaites promptement tous deux
' Daus beaucoup de vitles et de comtés, la reine
mère et le roi de Navarre choisirent ainsi deux commis-
saires pour rétablir la paix, l'un calliolique, comme ici
Biaise de Villemur, baron de Pailhès, l'autre protes-
tant, le sieur de Soulé. La lettre de la reine à Dam-
vilte du 1 1 octobre donne les noms de quelques-uns
d'entre eux. Il est probable qu'ils reçurent des lettres et
des instructions analogues, qui ne nous sont point parve-
nues, mais qui devaient ditlerer très peu de ce modèle.
La lettre de Henri IV à Pierre de Sieuras, seigneur de
Soulé et de Gaujac, gontithorame de la chambre du roi
de Navarre, annoncée par Catherine de Médicis, n'est
point au recueil des Lettres missives.
80
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
et m'advertisspz incontinanl après de tout ce
que en aurez faift, faisant faire ung proces-
verbal de tout ce qui se passera en cela, et
nous ferez très grand sei'vice au Roy mondict
S'' et filz et à moy aussy qui luy ay mandé
comme estiez députe' pour oest effect audict
Foix, où je sçay que vous et ledict s'' du So-
leil avez auclorité, priant Dieu, Mous'' de
Pailhelz, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
EscriptàAgen, lexin™' jour d'octobre 1578.
Signé : Catebine.
Et plus bas : Pin art.
Mens' de Pailletz, je vous prie de faire seu-
rement tenir au s' du Soleil la dépesche de
mondil filz le roy de Navarre, et regardez
d'accorder avec luy du jour et lieu que vous
pourrez vous trouver ensemble et vacquer à la
charge qui vous est à vous et à luy donnée.
1578. — ao oclobi'p.
Copie. Bibl. uat. , Fonds français, n" 33oo , T G'i '. •
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, j'arrivay liier soir en ce
lieu - où j'ay trouvé ung chascun très bien dis-
posé et très affectionné à m'assister au bien
de la paix, dont je vous asseure qu'ilz ont très
grand besoing; car il ne s'est encore rien
faict par deçà depuis vosire édict de paciffi-
cation, qui leur ayt apporté aulcun ou bien peu
de soullaigemenl, et depuis quelque temps
les choses y sont tellement empirées que, au
lieu de joyi' de la paix, la guerre se faict
' En marge : tf Envoyée an Roy par René Houcliart,
porte-mantean de la Royne sa mère, r)
'' Toulouse, où la reine n'arriva que lo ig octobre,
et qui est environ à quinze lieues de Casiel-Sarrazin.
jusques aux portes de ceste ville; mais j'espère
que ma présence leuraportera allégement des
raaulx qu'ils recepvoient,nonseullement pour
le temps que je seray en ces quartiers, mais
par durablement et à tousjours, comme je
leur ay bien faict entendre que c'est vostre
plus grand désir, et que favois entreprins
ce \oyaige, selon vostre intention, pour ceste
occasion , en laquelle je feray tout ce qui se
pourra pour y parvenir, espérant que Dieu
m'assistera pour faire selon vostre sainct désir,
en sorte que nous les ferons jovr de ce bien là,
dont je voy tous vosdicts peuples et subjects,
de touttes quallités et conditions, 1res réjouvs.
J'ay conféré avec le s'' de Joyeuse des moyens
qu'il y a d'y parvenir; sur quoy je l'av trouvé
très affectionné pour vostre service, et faut que
je vous dise. Monsieur mon filz, qu'il marche
de si bon pied que j'espère beaucoup de l'as-
sistance qu'il me donnera et du service ([u'il
vous fera pour cet effect en tout ce gouverne-
ment, m'ayant franchement déclaré, devant le
sieui' mareschal de Biron et les aultres sieurs
de vostre Conseil qui sont icy, que si mon filz
le roy de Navarre et ceulx de la relligion pré-
tendue réformée veuUent marcher de bon pied
en la négociation qu'avons commencée et que
nous debvons parachever à l'isle en Jourdain,
il s'asseure et promet pour tous les cato-
licques qu'ilz obéyront, au premier coup, fran-
chement et entièrement à tout ce que je leur
manderay avec une simple lettre ou mande-
ment verbal, dont j'ay esté fort ayse; car ccUa
me servira grandement, non scuUement en-
vers ceulx que vous avez bien veu par mes
d(''pesches préceddentes, qui ont faicl et font
tant de difficultés pour le costé de la Guyenne;
mais aussy cela m'aidera beaucoup envers le
roy de Navarre, auquel je feray que le s"' de
Joyeuse, à nostre assemblée de l'isle en Jour-
dain, dira aussy franchement ce qu'il fait icy.
i>!:ttres de gatfU'Ri.nm- de medicis.
81
Cependant pour admonester loiijours le loy
de Aavarre de satisfaire à ses promesses et
pour couper le chemin aus longueurs que je
crains bien qu'il veuille, par le conseil de ceux
(]ui sont auprès de luy, tenir en cecy, je luy
dépeschav hier ung courrier avec la lettre
dont je vous envoyé le double, qui a esté faicte
pari'advisde mon cousin le cardinal de Bour-
bon, du mareschal de Biron et des aullres
de vostre Conseil qui sont icy; et vostre sœur
luy en escript aultant de la plus grande affec-
tion qu'il est possible, pour de mesmes le luy
persuader, vous asseurant que chascun faict
icy ce qu'il peult pour vosire service; et es-
père, durant les quatre ou cinq jours que je
demeureray en ceste ville, de faire, envers
ceulx du clergé de huit ou neuf diocèses dont
les e'vesques sont icy, en sorte que nous n'y
aurons pas perdeu le temps, et envers la
noblesse de tous ces quarlieis je n'obmetrav
aussv rien de tout ce que je verray qui sera
nécessaire.
J'attends icy le mareschal Dampville de-
main ou niercredy, ayant esté advisée de re-
mectre l'entrée de vostredicte seur en ceste
ville après son arrivée, pour ce (jue c'est de
son gouvernement. Incontinent après que je
l'auray veu, je vous feray encores une dé-
pesche, par la(jueUe je vous advertiray aussy
de tout ce qui sera i'aict pour vostre ser-
vice.
Cependant je vous diray. Monsieur mon fils,
qu'ayant receu icy une lettre du Président
Largebaston ', laquelle je vous envoie, j'ay esté
requise de luy escripre que, jusques à ce qu'il
eust encores de vos nouvelles, il ne partist de
' Jacques -Benoit de Largebaston, ou mieux I>age-
tiaston, premier présideut au parlement de Bordeaux.
Voirsur ce pei-sonnage: Les présidents Lagebaton etDaffis,
par il. Fr. Combes; Lectures historiques l'i la Sorlonne
et à l'Institut, Paris- Bordeaux, i88.5, in-i°.
ClTUKP.INE DE MÉnlClS. VI.
lîourdeaulx ; aussy bien neluv es(oit-il possible,
ad ce (|ue j'ay i)eu entendre, tant à cause de
son indisposition que pour le peu de moyen
qu'il a. Je Fay |)ar ma lettre admonesté de
faire son debvoir eu ce qu'il a de moyen, en
sorte que le repos et la ti'anquillilé que j'ay
laissée à Bourdeaulx se puisse à tousjours
continuer. Je croy qu'il sera bon que luy en
escripviez, s'il vous plaist, aultant; car aussy
ijien, à ce que j'entends, pour les raisons
déclarées en sadicte lettre, luy est-il impos-
r.ible de sortir de ladicte ville, où j'ay aussy
escript, suivant l'advis du mareschal de Biron
el la pi'ière (|u'il en a faicte à La Rivière
maistre de l'hostel d'icelle ville, demourer
jusques à ce que aussy il ait de vos nouvelles,
et sont mesdictes lettres fondées sur ce que
j'ay sceu que voicy à présent le temps qu'il a
le plus d'occupations et d'affaires pour les
ail'aires de ladicte ville, et qu'il n'en pourroit à
l)résent partir sans qu'il v feust grand besoing.
Je n'obmettray pas, par ma lettre, de l'admo-
nester aussy de faire son debvoir et tenir la
main à la continuation du bon et paisible
repos que j'ay laissé en ladicte ville.
Je vous diray qu'ayant entendu aussy d'aul-
cuns de vos bons serviteurs, qui sont icy au-
[irès de moy, que les trésoriers générauk de vos
finances en Languedocq voulloient remectre
à Montpellier le bureau de vostre recepte
jjénéiaiie que vous avez establie et ordonnée
à Béziers, il y a desja quelque temps, je leur
ay mandé, pour beaucouj) de coudérations que
vous pouvez bien penser, qu'ils eussent à
laisser le bureau à Béziers, nonobstant touttes
les lettres qu'ils en pourroient avoir obtenues,
leur mandant que je m'nsseurois qu'auriez
agréable qu'ils obéissent à ce que je leur ai
ordonné; car aussy est-ce pour le plus grand
bien de vostre service, et je vous puis dire que,
si la recepte généi'allc se faisoit à Montpellier,
1 1
82
LKTTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vous no (ii'Ci'iez ini ^cnl iinitl : encoios com-
bien qu'elle n'y soit pas, il y en n qui metlent
fort privément les mains à vos deniers aultant
et plus que c'estoit aux temps rriioslillilés;
cai-, à ce que j'entends, on vend le sel et prend-
on vos droicis sur ycelluy à grandes sommes
el on beaucoup jdus grand nombre à pre'sent
pour ce que le débit est plus grand. 11 vous
plaira me mander sy avez ordonné lediet
bureau esire transféré à Moulpellier, ou si
avez agréable (|u'il soit à Béziers, comme je
ne douille point qu'il ne soit très nécessaire
pour le liien de vostre service en escripre aux
trésoriers géni'rauls, priant Dieu, Monsieur
mon lilz, vous a\oir en sa saincle et digne
garde.
EscrinI à Tboulouse. le xx" jour d'oc-
l.scrq
tobi'e 1 !î-8.
1578. — '2 1 (iftolm'.
Ccpit.-. Bibl. nat., Fonds frauçflis , n" 33oo, I* 6.") '.
Al ROY MONSIEUR MON FILS.l
Alonsiêur mon lilz, il y a icy ung des lieu-
tenans de vosire grand prévosl avec liuil
arcbers, qui font assez bien leur ilebvoir, et il
a pareillement le maresclial des logis et deux
de \oz fourriers, desquels je vous ay derniè-
reuient escript le mauvais debvoir (ju'ilz ont
faicl du commencement; mais à présent (|ue
je leuray baillé le s'' de Born pour avoir l'œil
sur eulx, ils font assez bien. Il y a pareille-
menl icy à ma suite ung commis du coutre-
roleur des postes et cinq courriers que je fais
promener souvent; ils sont icy en pays fort
cber où ils ne peuvent qu'ils ne lacent de la
dépense. Voilà pourquoy je vous supplie de
commander à ceulx de vostre Conseil de re-
' Kn inarije : "Envoyée au Roy par ledit René."
garder à leur ordonner à cbascun quebpies
deniers par mois et continuer jusques à mon
retour, depuis le temps qu'ils sont en ce
vovi.ige, afin qu'ils aient moyen de vivre el
mieulx servir. Il vous plaira aussv faire
ordonner quelque argent pour les voyaiges
que je suis contraincte de faire faire tous les
jours icy pour vostre sei-vice, et estre asseuré
qu'il sera bien mesnaigé, ne se faisant un
s(Hd voyaige qui ne soit taxé par ceulx de
vostre Conseil. Il en a esté advancé desjà
à quel({ues-ungs; on les fera rembourser sur
la somme qu'il vous plaira ordonner y estre
prinse en vostre recepte géuéralle de Thou-
louse ou de Bourdeaulx, ausquelles je n'av
pas voullu, en quelque laçon que ce soit, faire
fousclier; car je sçav bien de «juelle consé-
(juence cella est, et ijue c'est cliose réservée à
vous seul, priant Dieu, Monsieur mon (\\<,
vous avoir en sa saincle et digne garde.
Escript à Tboulouse, le mardy xxi' d'oc-
tobre 1578.
1578. — ai uriobre.
Copie. Bibl. iial. . Fonds fraorais , n^ 33ûo , f 65 v"» '•
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je vous escripviz avant
bier par Bené, mon porte-manteau, la peine
oîi j'estoys de la prolongation (pie faisoit mon
filz, le roy de Navarre, pour nostre assemblée
en l'Isle eu Jourdain, el aussy des pilleries,
larceins et vilaines actes (|ui se comniectoient
cependant sur les catboliipies, el vous envoyay
le double des dépesches que je luy avois sur
ce faictes du desplaisir que j'en recepvois.
Sur quov il a envoyé vers moy le viconte de
' En marge : (rEnvoyée au Roy par M. du Tillet,
ffrelTicr. 71
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
83
Turenne\ qui arriva liier soir assez tard en
ceste ville; aussy ne l'ay-je peu voir que ce
matin, lequel m'a baillé des lectres de mon-
dict Giz le roy de Navarre de cre'ance sur luy,
comme vous verrez par icelles qui seront en-
closes en ce pacquet. M'ayanl ledict viconte
fait entendre que l'occasion du retardement
dudict s' roy de Navarre estoit le furoncle
qu'il avoit eu à la fesse, pour lequel il gardoit
encores le lict, le jour qu'il partit de Nérac,
mais qu'il yroit demain à Agen et retourne-
roit après audict Nérac, pour tout soudain
partir et s'en venir passer à Florence et estre
en risle en Jourdain mardy ou niercredy pro-
' Il est très piquant de rapprocher le témoignage de
la reine mère et le récit qu'elle fait dans celte dépêche
et les suivantes de ses conversations avec Tnrenne,
des propos que l'historien olliciel du vicomte , plus tard
duc de Bouillon , met dans sa bouche d'une façon assez
prolixe et singulièrement emphatique. Des deux côtés
on s'accuse de mauvaise foi. Le vicomte de Tnrenne
dit (tqu'à peine les deux reines étaient -elles arrivées
qu'on apprit que les catholiques du Dauphiné, du Lan-
guedoc et de la Guyenne avoient fait diverses entreprises
sur les places accordées aux calvinistesn , et que c'est
alors qu'il fut député vers la reine mère à Toulouse pour
lui exposer les griefs du parti réformé. Suit un long dis-
cours dans lequel se font jour toutes les méfiances des
protestants à l'égard de la Cour, jusqu'à prétendre que
les conférences projetées étaient inutiles, puisque "on
étoit informé que le pouvoir que la reine avoit de trai-
ter étoit limité ù des conditions dont le Roy de Navarre et
les Eglises calvinistes ne pourroient jamais se contan-
ter>!. La réponse de Catherine diffère sensiblement de
ce qu'on trouve dans ses lettres : l'alliance des protes-
tants avec Casimir n'est pas même indiquée. Après une
double réplique, la reine annonce qu'elle va aller à Auch,
où elle sera heureuse de voir le roi de Navarre. Et l'au-
teur ajoute : tr Après cette réponse, le vicomte partit
pour Lecloure, où il avoit prié le Roy de Navarre de
se rendre. Il lui rendit compte de sa négociation, et
l'avertit de se défier des artifices de la reine mère.» —
Histoire de Henry de ta Tour d'Auvergne, duc de Bouil-
lon, par M. Marsollier, chanoine de l'église cathédrale
d'Uzès. Paris, 1719, -3 vol. in-19. T. 1, p. 263-272.
chain, que cependant il me prioit de croire
qu'il ne leur avoit esté possible de pouvoir
l'aire plus tost leurs préparatifz pour ladicte
assemblée, d'autant qui leur estoit besoing,
pour éviter toule occasion de lelardemeut sur
ce que nous avions remis de faire en icelle,
demander ceulx de leurs églises des provinces
de deçà, qui seroient, environ ce temps là,
arrivez audicl lieu de l'isle en Jourdain. Sur
quoy, à vous dire vray. Monsieur mon (ilz,
j'ay francbemeni dict audicl viconte, présens
aucuns seigneurs de vostredict Conseil , que je
voyoys bien que toutes ces prolongations icy
estoient pour ce qu'iiz attendoyent des nou-
velles de Cazimir, et que cependant je trouvois
merveilleusement eslrange d'astre menée et
traictée de ceste façon, et que ce qui me fas-
choit encores davantaige estoit de veoir tant
d'exactions et de nieschancetéz que ceulx de
leur religion faisoient sur les catholiques,
lesquelz je ne pouvois plus garder de se
revancher, et que je veoyois aussy une aultre
chose qui me déplaisoit infiniment, qui estoit
([ue ceulx à qui ilz avoient adressé leurs com-
missions, pour procedder, comme avions ré-
solu à la Réolle, aux réparations des innova-
tions faictes depuis la publication de l'édict,
me faisoient compte d'y vacqueretque c'estoit
ung jargon qu'iiz avoient de ne rien fayre
pour leurs premières dépesches, s'ilz n'avoient
sceu de bouche, ou qu'iiz eussent quelque
seconde lettre soubz mavn d'eulx. Sur quoy
icelluy viconte, après m'avoir asseurée de la
ferme résolution oii mondict filz, le roy de
Navarre, et ceulx de ia religion sont de pro-
céder sincèrement avec moy à l'establissement
de l'édict, s'est laissé entendre, en discourant
longuement sur ce que dessus, que ceulx qui
avoient esté députez pour faire réparer les-
dictes innovations ne pourroient pas beaucoup
faire, sans toutesfois en dire aucune raison
84
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vallable, sinon que ceulx de lourd icte religion
estoient encores en de'fiance, mais que le
temps et les effects de ce que on feroit audict
lieu de l'isle en Jourdain pourveoyroient à
tout, me faisant par mesme moyen entendre
que chascun estoit en cela comme pour soy
et que depuis la paix faicte, suivant vostre
intention et comme il est bien raisonnable,
ilz n'avoient plus que vostre protection, et
que par ce moien , ledict s'' roy de Navarre
n'avoit pas tant de puissance et auctorité sur
eulv que lors de Tédict. Vray est qu'il estoit
recongneu par lesdictz de la religion pour
estre le plus grand d'entre eulx. Je n'ay pas
failly de repi-endre ce propos là el de luy faire
congnoistre, comme aussy est-ce la raison,
qu'il n'y a que vous souverain de tous les
peuples de vostre royaulme, et que ledict roy
de Navarre et tout tant qu'ilz sont, estoient
voz subjeclz, comme moy mesmes, à cause des
biens que j'ay en vostre royaulme, combien
que j'aye cest honneur d'estre vostre mère,
j'estois ne'antmoings vostre subjecte; mais
que, pour luy respondre particullièrement à
ce qu'il disoit (|ue le s' roy de Navarre n'avoit
si suffisamment pouvoir sur lesdictz de la reli-
gion qu'il peusl faire ce que nous avons rerais
à résouldre audict lieu de l'isle en Jourdain,
que cela de'pendoit du pouvoir qu'il avoit eu
d'eulx pour l'aire la paix et qu'il n'en falloil
poinct de nouveau, pour ce que nous ne vou-
lions augmenter ny diminuer audict édict,
lequel ilz estoient tous assez obligez de tenir,
par la foy qu'ilz avoient jurée et promise, que
vous aviez aussy faicte de vostre part et vou-
liez pareillement fermement et sincèrement
tenir. Tout ce que dessus, avec les difficultez
qu'il m'a dict, qui estoient en l'exe'cution
d'iccliuy e'dict es provinces de Bourgogne,
Champaigne, Picardie, Normandye et autres
de delà, a esté fort longuement de'batu cntie
nous; et, après luy avoir bien fait congnoistre
comme, de nostre part, nous marchons fran-
chement, suivant vostredicte intention, au bien
et cstablissement de ladicte paix, et fait aussy
entendre comme tous les presches estoient
establiz en chacun des lieux des bailliaiges de
vostredict royaulme, ou qu'il ne tenoit qu'en
eulx, pour ce que vous aviez nommé et de'clairé
lesdictz lieux en chacun d'iceulx bailliaiges,
nous nous sommez séparez avec résolution
que j'auroys encores ceste patience, jusques
audict jour de mercredi, pour nous trouver
audict lieu de l'isle en Jourdain, et que les
députez de leurs églises des provinces d'icy
autour y seroient ouyz, si besoing estoit , pour
leur faire faire justice des tortz qu'ilz préten-
doient leur avoir esté faictz; mais qu'aussy il
falloit faire la justice de ceulx qui en avoient
tant faict et faisoient journellement aux ca-
tholiques, et joindre les forces de l'un et de
i'aultre costé soubz vostre auctorité, pour faire
obéir et chastier ceulx qui avoient délinqué;
ce que ledict vicomte m'a asseuré pour ledict
roy de Navarre qu'il fera tousjours de très
bon coeur, et y mectera non seuUement ses
biens et moyens, mais aussy sa vie, comme
feront pareillement tous les principaulx de
ladicte religion, pour faire régner vostre jus-
tice et establir la paix et repos en vostredict
royaulme. Et après mon disner ledict vicomte
m'est venu retrouver eu madicte chambre et
m'a dict à part de fort bonne façon, ce me
semble, que ledict s'' roy de Navarre et tous
tant qu'ilz estoient ne désiroient rien plus
que l'establissement de la paix en ce royaulme ,
et qu'il me vouloit bien dire sur l'opinion
que j'avois qu'ilz attendissent des nouvelles
dudict Cazimir, que icelluy s' roy de Navarre
avoit depuis trois jours fait une dépesche au
Plessis et à Argenlieu, pour rompre et se dé-
partir de tout ce qu'ilz avoient faict avecq le-
LETTRES DE CATH
dicl Cazimir, ot qu'il falloit croire el s'asseurer
qu'ilz marchoient de l'oit bon pied en cecv,
comme nous coffnoistrious toujours, m'asseu-
ranl ledicl viconte que, s'il y avoit eu quelque
chose de poursuivy et ne'gotié avec ledict
(lazimir, comme ilz avoient veu par les lettres
interceptées quilz avoient désiré que je leur
raonstrasse, cela n'esloit aucunement pro-
ceddé de niondict fiiz le roy de Navarre, ains
de ceulx de Languedoc, qui avoient peut estre
conduict cela tous seuls, et que ledict roy de
.Navarre et les principaulx de ladicte religion
avoient toute alTertion au bien de la paix, et
qu'il m'en asseuroit sur sa toy et honneur,
comme aussy je le verrois et trouverois par
effect; mais hiy monstrant de ne vouloir
croire en ses parolles\ je luy ay demande'
quelle seurelé j en pouvois avoir; à quoy il
m'a respondu que, s'il vous plaisoit les bien
asseurer de la volunté que vous«ivez d'entre-
tenir vostre édict de pacification et de les
conserver comme voz aultres subjectz, que
vous trouverez tousjours eu eulx toute la fidel-
lilé et affection que pouvez désirer; et, à ce
propos, je luy ay dict que je les en asseurois
sur mon honneur et que sans doubte vous
vouliez l'accomplissement et entretènement
(le vostredict édict de pacilfication, comme
vous l'aviez promis et juré, et que j'estois icy
pour le laiie exécuter; mais, puisqu'iiz en
avoient si bonne volunté aussy de leur part,
(|ue je désirois que ledict s' roy de Navarre
' Catherine avait raison de se métier. Dans l'année
1578, Turenne ne cessa d'écrire à Périgueux, à M. de
Vivans ; à Bergerac , aux consuls et à n Messieurs de l'tiglise
réformée de l^ergerao, pour les encourager à la résis-
tance, crll faut être diligent et soigneux, surtout à ses
affairesji, leur disait-il. Des lettres de M. de Bourdeilie
et de M. de Saint-Geniès, cbefs protestants amis du roi
de Navarre, sont aussi conçues dans le même sens. — Voir
à la ISibliolbèque nationale le volume 48 de la collection
Périgord, T' 92 à 90.
ERINE DE MEDICIS. 8.5
vous le promist et asseurasl piucillpuient e!
m'en escripvist une bonne lettre, alin que je la
vous peusse en\oyer, pour vous asseuicr, non
seullement de l'affection (|uilz ont de l'aire
entièrement eslablir la paix de leur part et
de garder el observer inviolalilement ledict
édict de paciflication de poinct en jioinct selon
la fonue el teneur, mais aussy d'emploier leurs
vies et moiens et sans prendre aulcune con-
gnoissanre de cause, quant leurs commanderez
alleneonlre de ceulx qui \ouldroient entre-
prendre contre vous et vostre rovaulnie, ce
que iceiluy viconte m'a dict ([u'il se faisoil
fort (jue ledict s"' roy de Navarre vous pro-
mecleroit et asseureroit, pour luy et pour tous
les principaulx de leur religion, el que tous
l'accompliroient ainsy, m'ayant icelluv viconte
dict qu'il en escripveroit incontinent, comme
il m'a depuis asseuré avoir faict, à mondict
ûlz le rov de Navarre. .le manday incontinent
tout cecy à ma fille la royne de Navarre par
ledict viconte mesmes, afin qu'elle en escrip-
vit d'affection à sou mary. Ayant aussv sur
cela bien fait congnoislre audict viconte de
Turenne tjue, se comportans ceulx de ladicte
religion de ceste façon, (jue vous leur com-
manderiez el les emploiriez après doresnavant
tout ainsy que voz autres subjectz. Je vous
prie doncq. Monsieur mon filz, m'euvoier
incontinent une lettre esiM'ipte de vostre main
pour mondict filz le roy de Navarre, et qu'elle
soit de ceste substance, pour m'en servir au
fait de ce que dessus, qui ne sera pas peu
pour le bien de vostre service. Mais cepen-
dant je vous prie ne laisser pourtant de
donner ordre de pourveoir envers ledict Cazi-
mir, par les moiens que m'avez mandez par
Pinarl, pour empescher qu'il n'entre en vostre
roiaulnie, soit à la faveur desdiclz de la reli-
gion ou d'autres, ou bien pour son laid par-
licullier, soubz couUeur des debtes qui luy
86
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sont deues; vous priant aussy d'escripre une
autre bonne lettre de voslre main au s' mares-
chal de Biron, par laquelle vous luy direz le
désir que vous avez à i'exe'cution et establisse-
ment de la paix, et le prierez d'emploier, sui-
vant la fiance qu'avez en luy, tous les moyens
qu'il a pour ladicte exécution et establisse-
ment de la paix, et qu'il vous fera très
agréable service. Cependant je vous prie me
faire ce plaisir de me faire entendre de voz
nouvelles plus souvent, car j'en suis en mer-
veilleuse pevne, y avant aujourd'huy quinze
jours que je n'en euz, ce qui fiiit très grant
préjudice à vos affaires; et ne puis penser qu'il
n'y avt eu quelques ungz de voz pacquetz
détroussez en chemin, ou que ceulz qui ont
esté dépeschez pour les m'aporter ne soient
demourez malades par les champs; mais en-
cores ne puis-je penser qu'ilz eussent esté si
mal advisez de garder les pacquetz. Ne vou-
lant aussy oublier de vous dire, Monsieur
mon filz,quej'ay receu cejourd'huy une lettre
du s'' mareschal de Dampville, par laquelle je
voy qu'il ne pourra estre icy que samedy pro-
chain , pour le plus tost. S'il y arrive ce jour-là ,
il y sera assez à temps pour l'entrée de voslre
sœur la royne de Navarre, qui a esté remise
à dimanche prochain. Cependant je faiz ce
que je puis pour voz affaires et services,
ayant ouy les ecclésiastiques de ceste géné-
rallité de Languedoc, avec lesquelz l'on a desjà
commancé de traicter pour les grands arré-
raiges qu'ils doibvent de leurs décimes et pour
les aullres subventions et alliénations du
clergé. Mais je me trouve bien empeschée
pour la difficulté qu'ilz font de continuer à
lever et paier les décimes ordinaires ceste
année, demandans, comme ontfaict beaucoup
d'aultres diocèzes, se dit-il, permission de
s'assembler pour y adviser. Sur quoy je me
garderay bien de leur fayre aucune response
par escript; mais ay député aucuns de vostre
Conseil, qui sont par deçà, pour s'assembler
avec eulx, afin de regarder et faire, s'il est
possible, en sorte que lesdictz décimes ordi-
naires de ceste année se lèvent; car ilz n'en
ont encoresrien paie, et, en attendant que les
commissaires qu'avez ordonnez pour vacquer
au fait des arréraiges qu'ilz doivent arrivent
icy faire, s'il est possible, envers lesdictz du
clergé, qu'ilz paient quelque chose sur lesdictz
arréraiges et que cependant les deniers de
l'alliénation se paient aussi ; toutesfois je ne
sçay encores quelle résolution vous en donner,
sinon que, comme vous pouvez penser, je feray
tout ce qui me sera possible en cela et en
toutes autres choses pour le bien de vostre
service. Vérac, présent porteur, a veu et en-
tendu les disputtes qui se sont faicles en la-
dicte assemblée, en la chambre de mon cousin
le cardinal de Bourbon, de ceulx de vostre
Conseil et dudict clergé de deçà, qui semble
demeurer ung peu opiniastre. Toutesfois les-
dictz du clergé se doibvent encores demain
assembler et me faire des offres sur les re-
nionstrances que je leur ay faictes, et feray
encores plus amplement en ladicte assemblée
dont, si je puis, ledict Vérac ^ vous portera la
résolution , afin de la faire sur ce oyr en vostre
Conseil, si voiez que bon soit, pour y adviser
et m'en mander après vostre résolution.
Cependant je prie Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Thoulouze, le vendredi xxiii'^jour
d'octobre 1578.
Monsieur mon filz-, depuis ceste lectre
escripte, j'ay receu responce de mondict filz
' Vérac ne put sans doute pas partir ce joui--là;
mais il porta au roi la dépêche du 39 octobre.
'^ En lilre : «Posicript de la dépesrhe chi \xiiii° oc-
tobre 1078.11
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
87
le roy de Navarre à celles que je luy avois
escriptes, dont vous ay envoyé' les doubles.
Vous verrez par icelle le de'sir qu'il dict avoir
au bien de la paix et de ayderà l'aire chaslier
ceulx qui font ces piUeries et meschancetez,
dont je luy avois escript. Vous verrez aussi
par icelle comme il a esté à Agen avec une
lettre del'Évesque^ dudict Agen, par laquelle
verrez aussy comme il s'y est bien comporté
et les habitans envers luy. J'ay donne' ordre
qu'il en sera faict de mesme par les habitans
de Villeneufve et Florence, combien que mon
cousin le duc de Montpensier n'y soit pas :
c'est ainsi qu'avions advisé qu'il i'eroit; mais,
estant, party depuis deux jours, volant le
retardement de mondict filz le roy de Navarre ,
j'ay escript et donne' si bon ordre que je m'as-
seure que l'on ne laissera d'y faire envers luy,
comme l'on a faict à Agen, estimant aussi
qu'il se comportera, de sa part, comme il m'a
promis, et que tout sera au contentement de
luy et des habitans desdictes villes.
1578. — a5 octobre.
Copie. Bibl. nat. , Fonds français, n" 33oo, f* 68 '.
[AU ROY MONSIEUR MO!V FILS.]
Monsieur mon Glz , il m'a esté dict et asseuré
que les huguenots du Languedocq sont résoluz
à la paix, mais que pour les doubtes où ils
sont eucores, ilz veuUenl qu'on leur laisse les
villes qu'ils tiennent à présent pour trois ou
quatre mois, pendant lesquels ils verront si
' L'évêqiie d'Agon élait alors Jaiius Frégose, prélat
modéré, ami de la reine et d'Henri Itl, dont M. Ta-
mizey de I.arroque a publié les lettres inédites, précé-
dées d'une intéressante notice. Agen, 187.3, in-8°.
^ En marge : it Envoyée au Roy par ledit greffier du
TiUet.j.
l'on aura tousjours la bonne volunlc' que l'on
leur [iropose au bien de la pai.'i, s'oll'rant
de bailler seureté de rendre lesdictes villes
dedans le temps qu'ils promettront, lesquelles
ledict personnaige m'a dicl les huguenots ne
vouloir tenir que comme font les catholicques
des aultres villes; il ne m'a poinct parlé de
Guyenne, mais seullement de Languedocq;
et combien que je l'ay rejette fort loing de
tout cela, touttefois pour n'obmettre à vous
advertir d'aulcune chose, je vous en ay bien
voulu faire ce petit mot et vous dire que, dès
nostre négociation de La Réolle, je sentis bien
([uelque chose par leurs propos de la façon
qu'iiz parloient des villes du Dauphiné que
l'on leur a aussy baillées, combien que je
n'obmisse pas lors, comme je vous l'ay cy-
devant escript, à leur dire sur cella ce qui me
semlila à propos; ne voulant aussi oublier de
vous advertir que le mareschal Dampville,
est, à ce que j'ay entendeu, si content du bon
accueil que je luy ay faict', qu'il est résolu de
' La reine mère ne l'ait pas d'autre allusion dans ses
dépêches aux splendides réceptions qui eurent lieu en
son honneur dans la florissante capitale du Languedoc.
Nous savons par dom Vaissète que les deux reines Tirent
leur entrée officielle à Toulouse le dimanche a 8 octobre;
le maréchal de Damville vint au-devant d'elles avec
l'apparoil qui convenait au gouverneur de la province,
accompagné de son lieutenant général, le vicomte de
Joyeuse, et d'une brillante escorte de seigneurs, de ma-
gistrats, de bourgeois de la ville. Une procession solen-
nelle eut lieu également, avec tout l'éclat que ces céré-
monies avaient alors sous le ciel du Midi, dans laquelle
figui-èrcnt tous les grands personnages qui suivaient la
reine mère : le duc et la duchesse de Montpensier et
leur fils le prince Dauphin; la princesse douairière de
Coudé, avec ses deux fils, le comte de Soissons et le
marquis de Couti; le maréchal de Biron, Lansac, d'Es-
cars, Pibrac et les autres chevaliers de l'Ordre. L'ac-
cueil de la populalion l'ut enthousiaste. Les reines lo-
geaient à l'archevêché. Damville offrit aux princesses une
fête magnifique pour sceller sa réconciliation avec la
cour. Et de lait, la fréquente correspondance de Cathe-
88
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
l'îiire tout ce que je vouldray cl qu'il pourra
pour le bien de vostre service, dont je suis très
aise. Je Irouve (ousjours le viconte de Tiiienne
continué en la mesnie volunle', que je vous
av csci'ipt que le roy de Navarre luy et les
aultrcs de la relligion ont de procéder fran-
chement et de marcher de bon pied en nostre
confe'rence de l'isle en Jourdain, qui ne pourra
eslre que de lundy prochain en huit jours, à
cause que mon filz le roy de Navarre n'y pour-
roit estre que mercredy ou jeudy; conside'rant
que, deux jours après, est la feste de la Tous-
saincls, je me suis résoHue de la faire en
cetle ville, et me rendre de bonne heure, le
lendemain de la feste des Morts, à l'isle en
Jourdain, oii vostre frère le roy de Navarre
sera sans faulte. Cependant ledict viconte de
Turenne m'a dict, surl'instance de faire chas-
tier les brigands et volleurs qui IrouLlent le
repos et l'ont actes d'hostilite's, que le roy de
Navarre et tous, tant qu'ils estoient, le dési-
roienlaullant quemoy mesmes; il m'a adverty
queceluv qui a surprins Mirabel'^, qui est une
petite ville en Quercy, a esté arresté prisonnier
par ceux de Montauban; vous pouvez croire
que je ne laisseray pas dormir cela. Ceux de
iMontauban envovèrent hier cinq ou six de
leurs coucitoiens devers moy, et le lieutenant
général en la justice dudict lieu, qui est
calholicque, et ung aullre avec luy aussy est
caiholicque, m'a\ant chascun faict entendre
leurs bonnes et grandes affections en vostre
obéissance, et croy à ce que disent; et ceulx
de vostre Conseil, qui ont plus de cougnois-
sance de leur humeur que moy, m'ont dict
liiie avec lui dénoie le plus complet accord. — Voir l'His-
toire générale de Languedoc, I. Kl, p. 18; Lafaille,
Annales de la ville de Toulouse; archives de Toulouse,
registre du <]onsisloire.
' Mirabel dans le caiilon de Caussade, arioudissement
de Montauhûii. à 18 kilonièlies de ce chef-lieu.
que cette ville sera bien aisée à régler et que,
combien qu'il soient (juasy tous huguenots,
néantmoings ilz se rendront obéissans, estans
bien conduictz, à tout ce qui sera de vostre
service, et y aura bien peu de villes qui n'en
lassent de même. Le mareschal de Biron a eu
nouvelles que sa femme est fort mallade; il m'a
demandé congé pour l'aller veoir à Biron',
ce que je luy ay accordé; mais à la charjfe
qu'il sera à l'isle en Jourdain le lundy pro-
chain d'apiès la Toussaint, ce qu'il m'a promis
comme aussy le lui ay faict très expressément
promettre; priant Dieu, Monsieur mou fils,
qu'il vous ait en sa saincte et digne garde.
Escript à Thoulouse, le xxv'jour d'octobre
1578.
1578.
■)8 octobre.
Imprimé par le P. Theiuer,
Continuntwn des Annales de Baronius , t. Il , p. 60S.
A NOSTRE TRÈS SAINCT PÈRE
LE PAPE.
Très sainct Père, la grande doctrine, sin-
cérité de vie et louables vertuz de maistre
Pierre du Faur^, docteur en droict canon,
vicaire général de mon cousin le cardinal
d'Armaignac en son archevesché de ceste ville,
et frère du s'' de Pibrac, conseiller du Roy
monsieur mon GIzen son Conseil privé, [aiant]
ineu le Roy monsieur mon filz de le vous
nommer et présenter pour remplir la place du
' La seigueurie de Biron élail en Périgord, près
Monpazier, et au nord de Villeneuve-d'Agen.
- I^ierre du Faur, proposé poui- i'épiscopat en 1 077,
ne lui nommé à l'évèché de Lavaur, qu'en i58i; il
en toucha le revenu, mais mourui avant d'avoir pris
possession de son siège. {Gallia christiana, t. XUl,
p. 3'j7-348.) Nous avons donné, page 5o, les noms de
ses cinq frères, tous lils de Pierre, seigneur de Pujols,
premier président au Parlement de Toulouse, et de
Gauside Douce, dame de Pibrac.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
89
fpii évesque de Lavaur, et estant à pre'sent par
deçà, où il m'a este lesmoigne', avec ce que
je veoy à l'œil du debvoir de pasteur (jue l'aict
iedict du Fnuf, je vous av bien \oiillu, Tivs
Sainct Père, réitérer la prière que le Roy mon-
sieur mou filz et moy avons cy devant t'aicte
de le vouloir faire gratillier de l'annate ou de
quelque partye de la taxe d'icellc en l'expé-
dition de ses bulles, ronside'ré ses lou.ibles
vertuz, et aussy qu'il n'a peu encore jouir d'aul-
cun revenu dudicl évesché, pour avoir este' et
estre encores le temporel d'icelluy entre les
mains des liiiguenotz, dont fou lesl'ois j'espère
en Dieu que le voiage que j'ai faicl par deçà,
selon le désir du Roy monsieur mon filz, ser-
vira grandement à faire remettre (comme j'v
travaille en lout ce qui m'est possible) noire
religion catliolique, le service divin et tout ce
qui est de l'bonneur de Dieu, jiarlout où il
avoit esté osté, à notre très grand regret, par
lesdirtz buguenotz, durant les troubles qui ont
eu cours si longuement en ce royauline. El
n'estant la présente à aultre fin, je prie Dieu,
Très Sainct Père, vous préserver et maintenir
au bon gouvernement de sa saincte Eglise.
Escriptà Tbolouse, le xxvm' jour d'octobre
1678.
Vosire dévote fille, la Royne,mère du Roy
de France et de Polongne.
Signé : CATErii>E.
Et plus Ims : PiNART.
1578. — ag octoljre.
Copie. DiW. nal., Fonds franrais, n- 33oo , (' 68 V '.
[AU ROY MONSIEUR M0\ FILS.]
Monsieur mon filz, les deux dépesches que
je vous pensois envoier pni" Vérac, présent
' En marge : ff Envoyé an Roy par Mous' de Vérac. -i
C*TIIERI^E DE MÉDICIS. VI.
|)orteur, vous auront esté rendeues par l(!
greliier du Tiilet avant la léception de ceste cy,
et aurez vou par icelle tout ci; qui s'est passé
pour vos affaires cl vostre service jiar deçà
jusqu'aux dates d'icelles, depuis lesquelles
je vous diray que le sieur de Fontenilles a
esté présent faire sortir la garnison, qui avoit
esté nouvellement mise à Lectoure' par mon
filz le rov de Navarre, (jui a aussv làict ou-
vrir une des portes de ladicle ville qu'il avoit
tenue fermée depuis quelque temps; mais,
à ce (jMc m'a l'aict entendre le duc de Mont-
pensiei' et comme j'ay aussy sceu du sieur de
Fontenilles-, ceux de la relligion prétendue
réformée residans audicl Lectoure, par fadvis
et instigation de ce procureur opiniastre dont
Iedict marescbal de Riron vous a cv-devant
escript, que le roy de Navarre y a, se sont
saisiz de l'église de l'Hostel-Dieu où ils ont
tousjours l'aict et font encore leurs presches,
quy est directement contre vostre édict de pa-
cillicacion, comme leur a bien l'aict entendre
le duc de Montpensier, y passant avant liier.
Touftefois l'on n'y a encore rien sceu gaigner
pour leur faire rendre ladicte église; j'en es-
crips au roi de Navarre, et icy j'en ay parlé
au vicomte de Turenne', afin de faire res-
tituer ladicte ville, et satisfaire entièrement,
])Our U'. regard de ladicte ville de Lectoure, à
ce (|u'ils sont teneuz par nostre résollution
l'aide à la Réelle', comme nous avons faict
présentement pour Agen, où, comme vous
avez veu par ma dernière dépesche, le roi de
Navarre a esté, et les cboses se sont passées
' Leclonrc, entre A{;en et Ancli , sur une petite nion-
lagnc au pied de laquelle coûte le (lers.
^ Pliilippe de La Roche, baron de Fonleuillcs.
' Turenne était |<;ouverneur du ilaut-Languedoc pour
le roi de Xavarre. ( Voir les Mémuircs du duc de Bnuilinn.)
* Voir à V Appendice le -^ premièrement ■; des articles
accordés à la Réole.
t i
90
LliTTHES DE CATHERINE DE MEDICLS.
l'urt bien, mu coud'iUeiiirnl d'iiii;; cliiicnii. ic
n iiv i)oinl (Muoie eu imiivcllcs de smi ;nri\('t'
à VilliMii'iir\c (>l à Florence, mais jr snis rer-
luiui' i\w louf s'y passeia anssy, conimp je
vous a\ t'scii|i(. à son rontentcnienl et dex-
Ireniunl cl à voslrc .senrclle. dépendant je
demeure toujours en pevnede \eoirque ceulx
qui sout deputtés de sa pail poui- aller avec
les sieurs que j"ay aussy députez pour laire
cesseï' Ions actes dliostillité ri ri'|iarcr les
iunovalious faictes depuis la publication de
vosireédict, ne s'aclieminentpoiact, au moin;;s
la ])lus jfrande part, pour aller exécuter ce t|ui
leur est ordonn('; ceuK (pii sont |ioui' ce m-
donnés de ma |)arl en \eullenl iuen l'airv le
debvoir. mais les aniires lircnl à la loii;;ne,
comme c"('«l leur couslune', el s(^!iin le jargon
qui! soni entre eu\, il allendeiil , à mon ad\ is,
qnel(]ne mandemenl on aullre dé[)escliP parli-
culiére pour y vacqui'r.
dépendant le sieur de Vé/.ins ' a laid en
sorte quiinj; n(nnm(' Labartlie, qui est |[en-
tilhomnie, mais qui a laid iieancoup de maulx
avec >es complices, aiant enccu'es deniièri'-
inrnt |irins 1. 1 |)illé .Mirabel, duquel sesdidz
complices gardent encores le chasleau, a eslé
conirainct l'uir el se retirer à (iaussade-, où
les liabilans l'iml arresté. J'av incontinent dé-
pesclu', avec l'advis des sieurs qui sont ic\.
le lieutezianl du grand prévost, qui est à nia
suitte, el lui ay laid bailler la lettre (jue j a\
peus('' luy estre nécessaire, alin qu'il soll as-
sisté |)Our l'aire exécuter, commcje m'asseure,
incontinent ledit Labartbe et ses com()lices,
lesquelz cependant le s' de Ye/.ins tient en-
serrez dedans le chasteau de Mirabel et pro-
niel d'en reniire bon compte. Le sieur de
' Antninc de \i'2ins. IriTe aiiiô de Jean de \eziiis.
sénéchal de Qneiry, tué à la défense de (!aliors,
- Caussadc, aujourd'hui chef-lieu de canton do Tani-
et-Garonne, dans l'arrondissement de Moutaubau.
Turenne consent à lexéculion de tout cecy.
Jeu ay aussy escript nu rov de Navarre, el
eiiverray demain devers luy le s' de La Molbe
Fénelon pour lui l'aire l'aire encoie une res-
ebarge bien exjiresse à sesdicis dépullés, tant
du costé de la tuiyenne que de ce cosié du
Languedoc(i, el aussy pour luy faire entendre
comme la noblesse de ce pais de Languedocij,
avec aulcuns particuUiers des deux aullres
ordres et e^lats, me léirenl bier dire el re-
monslrer par le s' de Joyeuse comme il avoit
esté arresié, à la dernière tcuieue des l'islals
de lianguedocq, que tous vos bons subjedz de
l'une el de laullre relligion se joindroient
ensemble pour aller à Icucontre de ceulx
qui conlreviendroienl à vosire édicl, el me
prièrent de voulloir envoyer vers toutes les
villes et cumiiiunauh's de cedid g'ouverne-
ment pour scavoir à quov il avoit tenu ([ue
cela ne sex('culoil: sur tpiov jaiLisav, par
l'advis de mes cousins les cardinal de Bourbon ,
dui- de \l(uil|iensier, |u'ince Daulpbin et des
aulics de vosire Conseil (jui sont par deçà,
(pii', )iremier (|up le lain', jeu advertirois le
roy de Navarre par le sieur de La Molbe
Fénelon, allîn (jue lui el ceulx di^ ladicle rel-
ligion ne peussenl dire qu'on eust aulcune
cbose cbangé ou laid au contraire de ci; que
nous avoii.^ accordé à l.i Réolle; el pour ce
que je veois d'aiillre co-lé que le s"^ de (ibas-
lillon laid (depuis l'arrivée auprès de luy du
s' de Constaiis, ipie mon lilz le roy de Navarre
lui a envoy('' vers luy, ainsv que je von.-, ay
escripi, pour le déporter de renireprinse el
secours du cbasieau d(^ Beaucaire), beaucoup
pis contre vostre service qu'auparavant, c'est
une des occasions aussi [lour lesquelles je lui
envoyé ledict s'' de La Mothe, quiluiremons-
Irera bien expressément l'oppinion en la-
ijuclle je suis et dont j'ay grande occasion de
me fascber, de \eoir qu'au lieu que je peu-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
91
sois que ledict Constans deiist faire déportor
le s' de Cliastiiion do celle enireprinso, au
contraire depuis son arrive'e à iuy, il s'est
hasté d'assembler des forces , en quoy Greinien ,
qui est ung de leurs dépullés, pour réparer
lesdictes innovations faictes à l'édict, s'est em-
ployé avec le s"^ Chastillou, et ont esté secou-
ruz d'hommes et de vivres dans le chasteau de
Beaucaire^ où ils ont perdu bien quatre-vingt
hommes et beaucoup d'aultres blessés, sans
qu'il y ait eu qu'ung seul catolicque blessé;
mais le pis que je veois à préseas, c'est que io
s"^ de Chaslillon et les aullres de la rclligion,
qui sont de ce costélà, assemblent encore des
forces davantaige en délibération, ainsy que
j'ay entendeu et comme je mande au roy do
Navarre par le s' de La Mothe, de penser
forcer la ville de Benucaire et s'en faire ainsy
les maisires : ce qui me faict pas craindre que
advienne , ainsy que m'a dict le maréchal Dam-
ville, qui a laissé le s'' de Sainte Jaille en la
ville avec six compaignies de gens de pied de
voz garnisons deLanguedocq et un bon grand
nombre d'harquebuziers et de gens de bien
de ladicfe ville, qui sont très affectionnez à se
conserver soubz voshe obéissance, aussy que
les sieurs cardinal d'Armaignac et de Suze
leur seront secourables etaydans, suivant ce
que je leur ay expressément escript, avec la
bonne affection qu'ilz y ont pour vostre ser-
vice; j'ay aussy escript aux consulz d'Avi-
gnon, d'Arles, de Tarascon pour les ayder de
ce qu'ilz pourront, et les ay asseuré que vous
l'auriez bien agréable, ayant aussy faict une
dépesche pour faire prendre à Narbonne des
mains des recepveurs particidliors quelque
argent sur et en moins de l'assignation qu'a-
vez faict bailler au trésorier de l'extraordi-
' Sur les événements de Beaucaire, lire à VAppendke
la lettre de Roger de Beilegarde au roi, écrite de Ta-
rascon le 9 septembre 1578.
nairo sur les receptes générales de ce pays, ,
aliin (le le faire porter incontinent à Beau-
caire et faire faire monstre de paiement aux
gens de guerre. Sy ce n'eust esté que les-
dictes assignations par vous baillées au tréso-
rier de l'extraordinaire sont nommément sur
toutes sortes et nature des deniers desdictes
receptes générales, et que je veois qu'il est
de très grand besoing pour vostre service de
faire payer lesdicls soldalz pour les retenir et
encouraiger de bien faire, je me feusse bien
gardée de ce faire, et eut-on altendeu (pi'ils
eussent esté portez es mains de vos recepveurs
généraux; mais puisqu'il n'est question que
d'une formailité, pour accélérer le bien de
vostre service, et aussi qu'en ce faisant il n'y
a lien de changé en vostre intention pour le
l'airt de ladicle assignation, je m'asseure que
vous ne trouverez que bon que j'en aye ainsy
uzé; et vous prie croire que je suis en telles
choses fort reteneue, pour ce aussy que cella
doibt estre réservé à vous.
Vous me ferez , s'il vous plaist, responre sur
ce que je vous ay dernièrement escript que
vosire service r('(|uéroil l'eslablissemenl du
bureau de vostre recepte générale esire conti-
nué à Beziers, et non pas à Montpellier, où
aulcuns de voz trésoriers généraulz, qui sont
de la relligion, le veullent faire reniectre;
sur quoy j'ay encores aujourd'huy faici une
dépesche pour i'empescher; car je suis asseu-
rée que voz deniers y seroient fort mal admi-
nistrez. Voilà pourquoy je vous prie de rechef
me faire responre ad ce que je vous en ay
pour ce escript.
Cependant je vous mercie des honnestes res-
[)onses qu'il vous plaist me faire aux dépesches
que je vous ay faictes par Seguier et Roger,
ayant veu par icelles que vous avez agréable
les choses que je fais par deçà pour vostre ser-
vice et le bien de vosire royaulme; en quoy
13 .
92
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
aussi, comme je veoy que vous en estes satis-
faict, je m'e'verteueray et continueray tous-
jours, ainsi que j'ay commencé, avec i'advis des
princes et seigneurs qui sont par deçà, tout
ce qui sera au monde possible pour eslablir
la ])aix et repos et faire que vous soyez recou-
gueu et obéi, comme vous debvez, ne vous
pouvant, à mon grand regrect, dire encore le
temps qu'il nie fauidra pour cela, jusques
ad ce que nous ne nous soyons rassemblés,
le roy de Navarre et moy, qui lui ay faict
ce matin cscripre par mon cousin le duc de
Monipensier, suivant ce que je lui manday
hier, ([ue j'estois en grande peine, comme
aussy, à vous dire vray, suis-je , de la malladie
survenue à vostre seur la royne de Navarre,
qui depuis deux jours a eu la fiebvre, et crains
bien que sadicte malladie nous arrcste icv
plus que nous ne pensions. Toultef'ois j'ay
toujours l'aict congnoistre à mon lilz le roy de
Navarre par les lettres que je lui ay escriptes
et par ce que j'ay dict icy au vicomte de
Turenne, comme encores je luy mande par
le s'' de La Mothe, que j'espère, sans faillir,
estre lundy prochain à l'isle en Jourdain^;
mais mondict cousin le duc de Montpensier,
passant oultrc en ses terres, l'admoneste pour
son debvoir, faire congnoistre tousjours la
bonne amitié qu'il porte à sa femme, de la
venir veoir icy, où je l'asseure qu'il n'v a neul
danger pour luy ny pour les siens. Aussy ne
doubtè-je point, pour ma part, que, s'il y
veut venir, il n'y soit le très bien veneu et
honoré d'ung chacun. Nous verrons ce qu'il
en \ouldra faire, et plustost, s'il ne vouUoit
demeurer dedans la ville, nous irions loger
à ung des faubourgs, qui est de son gouver-
nement, affin que plus commodément nous
' Callierine n'ai'riva à l'Ile-en-Joiii'tlain que le 6 no-
vembre, laissant à Toulouse sa fille, qui n'était pas trùs
malade et put la rejoindre prompteuienl.
puissions vacquer icy et faire ce que nous
avons délibéré de traicter audict lieu de l'isle
en Jourdain, où il se trouve peu de com-
modité des logis et daultres choses. Toutte-
fois, je vous asseure que cela ne me gardera
d'y aller, tant j'ay de désir d'accélérer ce bon
œuvre si fort requis pour le bien de vostre
service en ces provinces de deçà, èsquelles
je ne faudray de m'informer des personnes,
ainsy que vous me le mandez,- pour vous
emporter les rooles des noms, louant bien
fort la bonne résollution et délibération où
vous estes, comme vous m'escripvez, d'en-
voyer par vos provinces; et y n'eussiez sceu
mieulx choisir que ceux qu'avez esleus pour
cela; car sont dignes personnaiges, connais-
sant beaucoup vos affaires et grandement af-
fectionnez au bien de vostre service.
J'ay veu aussy ce qu'il vous plait de m'es-
cripre pour l'ordre qui a esté donné touschant
le Casimir; mais il n'est point spéciffîé en vos-
t redicte lettre quel est cet ordre que je désire
fort d'entendre, pour avoir ce contentement et
aized'estre asseurée qu'il ne se reversera point
en ce royaume, ce qui me pourra beaucoup
servii- en reste négociation, sans touttefois rien
déclarer ny particullariser dudict ordre; et, à
ce propos, je vous diray que, pour bonne et
grande occasion, je fis veoir au roy de Navarre
ung double des lettres interceptées, qui fai-
soient mention des pratiques du Plessis' avec
ledict Casimir, m'asseurant que, de la façon
qu'estoit le double que je luy baillay, cela aura
beaucoup servy à les induire à désirer la paix;
en quoy ils se sont tousjours depuis monstres
mieulx disposez; mais croyez qu'il ne m'es-
chappera aulcun projios serieulx, comme sont
ces choses là, que jen'aye premièrement pensé
' Sans doute Duplessis-Mornay, qui représentait les
protestants français près les princes allemands.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
93
à quoy il debvoil servir, el que je suis en
eflect et non pas en apparence fort retenue
avec eulx, no les congnoissant avec trop d'ex-
périence que trop fins, ayant esté bien aize
d'avoir veu par la dernière de voz deux lettres
que vous ou le s' de Maugiron n'ayez aulcune
chose accordé à ceulx de ladicte relligion
en Dauiphiné; car il sembloit, à les voyr par-
ler dernièrement à la Re'olle, que le s'' de Mau-
giron leur eut laissé pour quelques mois les
villes qu'ils occupoient, oultre celles qui leur
sont baillées en garde audict pays, où, à ce
que j'ay entendeu, ilz ont aussy escript à
ceuk de la relligion audict pays de Dauiphiné
pour députer quelqu'ung d'entre eux, avec
charge de ce qu'ilz auront à remonstrer à
nostre conférence de l'Isle eu Jourdain. J'ay
entendeu qui c'est qui doict venir : je voul-
drois bien qu'ils l'eussent changé à quelque
aultre ; car c'est ung très mauvais garçon ; aussy
qu'il ne pourra, ad ce que j'ay peu entendre,
arriver de longtemps. Ce sont des indices
que j'ay tousiours qu'ilz ne demandent qu'à
mectre les choses à la longue. Voilà pourquoy
je vous prie, de rechef affectueusement. Mon-
sieur mon fils, de donner ordre envers le-
dict Cazimir et faire partir inccuilinant ceulx
que vous envoyez à voz provinces; car de cela
dépend, avec l'entier debvoir que je feray de
delà pour vostre service, le repos de vostre
royaulme et le bien de vos affaires, louant
Dieu grandement de la bonne volonté de vostre
frère le duc d'Anjou et de la résolution et af-
iéction qu'il a de se conformer selon vostre
désir et tout ce que lui commanderez de
vostre intention et service, comme vous m'es-
cripvez, n'y ayant rien en ce monde qui m'ap-
porte plus de consolation que, quand je verray
qu'il se comportera envers vous comme il
doibt, m'asseurant aussy que, de vostre part,
vous userez tousjours de vostre bonté et fra-
ternelle amitié, et louant grandement les
bonnestes et vertueux propos que vous avez
tenus à Marcbaumonl et à son nouveau secré-
taire, et la délibération où vous estes de faire
toute bonne chère à Siniier et assister nu)ndicl
filz, selon son désir, au mariaige d'Angle-
terre.
Cependant je vous diray, sur ce que m'es-
cripvez de voslie main touchant Dardoy, qu'il
seroit besoing qu'il vous pleusl m'advertir, si
vous voulez qu'on luy rclàce son procès, et,
sy ainsy est, il seroit nécessaire qu'envoias-
siez ung pouvoir suffisant au contrôleur Mole,
et par mesme moyeu les papiers et lettres qui
font mention de cecy et qui ont esté cy de-
vant envoyez tant par vostre ambassadeur
que par aultres, s'il y en a. Je ne faudray à
parler aussi de Grantmont, s'il me vient trou-
ver, de la façon que m'escripvez; mais je
vous prie de m'excuser sy je vous ramentoy
l'opinion en laquelle j'ay tousjours esté et
suis, qui est de ne permettre que les cappi-
taineries et gouvernemens se vendent; car il
n'y a rien qui face tant de tort à vostre service.
Monsieur mon fils, j'ay certainement sceu
que les sieurs de Haultefort ' et de Gyersac ont
esté et sont encore en Lymozinet du costéde
Perigueux, où il s'est faict et continue encores
de faire detrès mauvais ollires, qui viennent de
la source de ceux de Bourgogne. Je feray d'icy
ce que je pourray pou r en sçavoir des nouvelles ,
et y remeddier le mieulx qu'il se'ra possible.
J'ay aussi sceu que bientost se doibvent trouver
les sieurs grand escuyer, de Saincte Bénigne,
et l'évesque de Troyes avec le sieur de Leste-
' Jean de Beilièvre, seigneur de Haulefort, premier
président du Parlement de Daupbiné, était le frère de
Pomponne de Belliévxe, conseiller d'Klal et président
au Parlement de Paris, au(|uel Catherine écrit si fré-
quemment.
9/1
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
nay et quelques aultres parens de la femme
du s'' d'Escars et plusieurs gentilshommes de
divers endroicts de ce pais, qui s'assemblent
en la maison du s'' d'Escars pour les honneurs
de feue sa femme. J'ay aussy sceu que la plu-
part de tous ces gens là , et mesme l'évesque de
Langres' sont très mal contens; ledict grand
escuyer, pour avoir esté sollicité, ainsy qu'il
en est bruict, parmy plusieurs de la noblesse
de résigner son estât de grand escuyer, com-
bien que j'aye tousjours asseuré du contraire,
quand on en a parlé; le s' de Lestenay n'est
pas aussy content, comme j'ay sçeu, mais je
n'ay entendu à quelle occasion il en prend,
et veoyant ainsy ces bruicts courir, j'ay parlé
au s"' d'Escars, pour vous y faire, pendant
qu'il seroit chez lui, ung bon service, comme
je me veux promettre qu'il fera, combien que
je l'aie trouvé froid quand je lui en ay parlé,
me remonstrant, comme chacun dict, ce que
dessus et que son frère mesme l'évesque de
Langres n'estoit aussi content pour l'avoir osté
du Conseil, combien qu'eussiez promis l'y
remettre à la première vacquance. Je sçay
bien que vous vous en rirez incontinent ; mais
croyez que je me suis bien aperçeu que le
s' d'Escars a plus de moyen que vous ne pen-
siez, et, encore qu'il ne soit pas souvent en
reste ville, s'y congnois-je bien qu'il y manie
les prinr ipaulx et leur faict faire ce qu'il veult.
Je veoy bien aussy qu'il a des lettres et sou-
vent des nouvelles des choses qui se remeueut.
Voylà pourquoy je suis d'advis et vous prie
de luy escripre une bonne lettre, sans luy
faire congnoistre que je vous aye rien escript
de ce que dessus, mais seuliement sur l'occa-
sion de ceste assemblée, qui se doiht faire eu
' L'évèque de Langres était Charles d'Escars de Pe-
russe, frère de François, comte d'Escars, et de Anne
d'Escars, cardinal de Givri. Henri III le nomma, en
1679, dans son ordre nouveau du Saint-Esprit.
sa maison pour les honneurs de feue sadicte
femme, et lui donniez quelque bonne espé-
rance de la délivrance et retour bref de son
fils, à quoy aussy vous commanderez que l'on
regarde. S'il vous plaist m'adresser ladicte
lettre et me mander ce que je sçauray sur les
choses cy-devant déclarées à lui dire, l'y satis-
feray incontinent avant qu'il parte , ou luy en
escripray, s'il n'estoit plus icy, quand j'auray
vostre dépesche.
Aussy ne veux -je oublier à vous dire que
j'ay sçeu pour certain que mon cousin le
prince de Condé ne viendra ny n'enverra aul-
cunement en nostre assemblée de l'Isle en
Jourdain, mais qu'il doibt attendre pour sa-
voir de moy, lorsque je passeray par le Poic-
tou, s'il espousera vostre belle-sœur Made-
moiselle de Vaudemont ^ et que cependant
' Il était question de ce projet depuis longtemps déjà.
On peut rapprocher cette phrase d'une lettre écrite par
Henri de Bourhon au roi le h janvier 1678 :
«Sire,
r L'assenrance que j'ay que Monsieur de Richelieu me
fera ce bien de vous tesraoigner le fidelle devoir et
prompte obéissance que j'ay rendue aux conimandemens
de Vostre Jlaiesté en tout ce (|uy a concerné l'exécution
du t' édit de passiffication, me gardera vous en faire
plus long discours,. . . me faisant encore maintenant
tant d'honneur que de me faire parler du mariage de
madamoiselle de Vaudemont et de moy. quy m'est ung
sy grand bien, sans l'avoir aucunement mérité, que je
n'en saurois assez très humblement remercier V" Maiesté,
à laquelle toutefois je fais très iuimble requesle, aupa-
ravant que de luy faire responce, me penneclre que
j'en puisse conférer avecques le Roy de Navarre, mon-
sieur le cardinal, mon oncle, et aultres de messieurs
mes parens pour en prendre leur avis, lequel je pour-
roy recevoir lors que la Royne, v" mère, fera cest hon-
neur au Roy de Navarre de conduire la Royne, sa
femme, de deçà. Auquel temps, je me Irouveray pour
leur baiser les mains, si je ne suis employé ou tenu pour
votre cervisce.B
Cette lettre, publiée par M. J. Loutchistzky dans ses
Documents inédits pour servir à l'histoire de la Réforme
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
95
le roy de Navarre me doibl l'aire grande in-
staure |)our le l'aire reiiirer en son gouverne-
ment de Picardie, ou sinon que nous sommes
en danger de ne rien faire en nostre négo-
ciation, tant ils sont résolus à cela, pour ce
qu'il est dit par vostrc édict que chascun ren-
trera en sou gouvernement. Je vous supplie
me mander ce que j'auray à faire sur cela, et
croyez que je ne fauldray de m'aider cepen-
dant et aultaut qu'il me sera possible de celuy
des articles seeretz, qui en font mention.
Je vous diray encores une aultre chose,
qui est bien à propos que vous saichiez, c'est
que le s'' de Sarlabos' a fort grand désir de
recouvrer une abbaye, (jui n'est pas, à mou
advis, de grande valleur, qu'a Frange, mon
premier escuyer. Je vous prie avoir souve-
nance, s'il en vacque (juelque une, de la luy
donner pour faire ladicte récompense; car il
est homme qui peut beaucoup en ces pays
de deçà et qui monstre de vous estre bien
affectionné. Il sera bon cependant de lui es-
cripre une bonne lettre, alHn qu'il congnoisse
(|ue vous avez souvenance de lui et que l'on a
a oublié tout le passé.
, J'ay une aultre requeste à vous faire pour
le bien de vostre service, c'est qu'il vous plaise
donner au mareschal de Biron douze cents
livres sur les plus asseurés deniers que pour-
rez, eu attendant que lui puissiez donner da-
ct (le la Ligue, 1875, in-8°, p. 96, est tirée de la Bi-
l)liolbèque impériale de Saint-Pétersbourg, vol. 89. —
Ou sait qu>j les ministres huguenots s'opposèrent an
mariage de Condé avec il"" do Vaudemont, qui épousa
bientôt (i.tSi) le favori de Henri III, Anne de Joyeuse.
Le prince, d'ailleurs, se garda de venir saluer les reines
au passage, bien qu'il fût tout près de Cognac, à la
Rocbelle.
' Corboran de Cardaillac, vicomte de Sarlabos ou
Sarlatous, capitaine catholique, toujours prêt à tirer
l'épée, dont un cartouche de. la jolie cour carrée du
musée de Toulouse conserve la mémoire.
vanlaige; car, ce soir, il m'a dit (ju'il n'avoit
pas un sol, et me prioit de lui donner congé'
d'aller en sa maison pour faire vendre quelque
chose et en recouvrer. Je vous prie m'envoyer
cedict don tout expédié, affin que je le lui
puisse faire bailler; et lui escripviez comme
vous avez reteueu sou hlz aine' poui vous
servir en Testât de gentilhomme de vostre
Chambre, priant Dieu, Monsieur mon fiiz,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Thoulouze, le xxix" jour d'octobre
1578.
Monsieur mon fils\ j'ay eu advis, par le
moyen du s' de Joyeuse, que Minerbe- a esté
rendeu, à la charge qu'ilz sortiroienl leurs
bagues saulves, et que les biens seroieut
renduz aux esirangers; à mon advis, vous en
aurez esté desjà adverty, et aussv de la des-
couverte de la surprinse que ion voulloit
faire d'Avignon; il y en a des pri.sonuiers qui
accuseront les choses et ceulx (|ui en estoicnt.
' En litre : tr Postscript de ladite dépescbe du wix"
OCt. 1078. 5)
- Il s'agit de la petite ville de Menerbes, aux pieds
des monts de Leberon, dans le Comial Venaissin, enlre
Avignon et Apt, dont le capitaine protestant Saint-
Auban, s'était emparé, en 1677, sur son coreligion-
naire le capitaine Fauver, pour l'empêcher de la rendre
aux catholiques. Elle fut ensuite commandée par René
de la Tour-du-Pin-Gouvernet, lieutenant de Lesdi-
gnières, qui, assiégé de longs mois par les troupes du
cardinal d'Armagnac, et mat secondé par les babilants.
lit une capitulation honorable, le 8 novembre 1378.
Il n'est pas étonnant que Catherine ait devancé de
quelques jours la nouvelle de la reddition de la place,
car on ne se défendait que pour la forme, en faisant
durer les négocialions. — Voir de Thou, t. VII, |). 782,
édit. française, in-4°, et le chapitre xiv, liv. IX, de
V Histoire universelle de d'Auhigné, t. VI, de l'édition
de la Société de l'histoire de France : k Surprise,
siège et reprise de Menerbe."
%
LETTRES DE CATHV^RINE DE MÉDICIS.
157S. — ■-•<i cHliilu'''.
CiH.'. HiW. mil. , Fonds fiançais, ii' 33m« , f» 7a' .
!.\r K(A VsO^SIKS P, M()\ FILS.]
Monsieur uioii filz, vous aurez vcu piirnia
di^i iiièro d('pesclie. que vous a portée le greî-
fier (lu Tiliet, les teruws eu (]iioy nous estions
]iour les all'aires du cleri^é de reste générallilé
de Thoulouze; depuis, les romniissaires par
vous députe/, ]iour les alïaires dudirt iler;;é
en hidicli' jfi'ur'rallilo sont arrivez iey, irsi|L]elz
ont l'aict (Milenflrr ieiii' pouvoir vl eliai'i[e aus-
diclz du eleriji', qui |)ourlanl u'oul laissé,
roiilinuani les erres de la première re(|ueste
(péiiz nravoicni falcle. di' uu' pri'si'Utcr le
niénuiiii' (]\u' je vous envoyé avec(pies la pre-
niièie rei|uesle el <'elle que le commis de (bas-
tille a aussy, de sa |iart, pré'smli'. J'ay eu-
rorcs assenililé les princes et sri'|neiirs de
vostie Conseil, qui sont icy, et ay laict aussy
veo\ r au\dii-lz C(uuniissnires ledicl nu>uiolre,
sni- lequel Ions oui opiné el ont esté uiinni-
nieiueiil d'arcord que. sans aucun doulile,
il lalloil tpie les deniei's des allié'naciuns se
paias^cnl |)our salislairi' aux esirangers, et
par, illcmenl les deniers des arrcraijjes des
dé'cimes jusques à la conrnrrar.ce de ce qui
esl di'u à riiosli'l de ville, et aussy que les
deniers oïdinaires, (ant de l'année présente
ipn^ des subsé(|uanles, se levassent pour conti-
nuer loMsjonrslc paii'nient desdictes renies de
riioslel de ville, et qu'encores ([ue ce ne l'enst
à beaucoup pii's ce (péilz doibvenl. ijuc
n('aniuiiuuj|s. pour ce (|ui' cela ne laissoil de
se mouler el de revenir à de très ^iiaiules
sommes de deniers, qu'il sei'oyt bon, de ]ienr
d'eslonner lesdiclz du clergé, de les l'aire dou-
cement admonester pai' lestliclz commissaires
Kii
rKiniiyé au Hoy par lodil .s' tlo Véiacn
de satisfaire, sans leur parler encores des
autres choses par eulx deubz, comme les
iestes des deniers qui se debvoient prandre
^ur les Iruictz des be'néfices. la solde de (puilre
mil liomines de pied et mil clie^aulx accoi-
dez aux listacts (îénéraux de Blois, et autre-
vielz restes, pour lesquelz ils pourroieni . sui-
vant leur pouvoir, l'aire dill'érer leurs pour-
suicles et contraincles jusques ad ce que nous
ayons de voz nouvelles stir le contenu dudict
)U(''inoire, qu'il lault considérer m'avoir esté
pi'ésenté |)ar aucuns évesques eslans icy, «|ui
ne sont que une partye du clergé et n'ont
aulcun pouvoir des autres. Et combien ipie je
ne leur veuille l'ayre aucune respouce sur cela
))ai' escrijit. louteU'ovs je n'av voullii l'aillvr
de vous représenter ce (|ui .s'est passé en cecy.
el vous dire que les ayant trouvez très allec-
tionnez à vosire service et veu C(uume ilz oui
l'rancheuu'nt rejecté les mauvarses clioses i\u('
l'on leur a escriptes, semblables à cell(>s qui
estoieni ])ortées par ce<te lectre qu(> aucuns
nuilins ont [Hiblii'e et envoyi'e pai- loul,il me
semble (ju'ilz nié-rilent (jue les gratilliez eji
loul ce (jue vous pourrez, dont je vous pi've
alTeclueusement. atlin de les entrelenir tous-
jours en ceste bonne et grande alleclion (|ue
je veov (ju'ilz vous portent el en la boniu- vo-
lonté (pi'ilz ont de satistl'aire, comme ilzdienl,
à ce ((ui leur sera possible, aiusy (|ue Vi'rac.
l'un di^ mes gentilzliommes servans, j}r(''seut
porteur, vous l'era entendre de ma part, et à
ceulx de vostre Conseil ausquelz il repre'sen-
lera, s'il en est besoing, ce ([ui a esté dis-
putlé et les raisons (pii ont esté desduicte.-.
de leur part et pour la vostre. à diverses foys
que l'on s'est assemblé pour cesl eflect en la
cbanibre de mon cousin ie cardinal de Boni-
bon , vous priant sur le tout m'en escri[U'e (d
à vosdiclz commissaires vostre linalle résolu-
cion. allin (|ue l'on la suive et lace ce que
LETTRES DE CATHE
l'on |>()iiiTa pour l;i l'aii'i' cxi'cuter et observer ]
pondant que lesdictz commissaires seront par
deçà; car, s'ilz en partent, il n'y a pas grande
anparence ijiie vos aiïayTs ci c!::\:3S sus-
dictes aillent sy bien ijiie je d(?sire pour
vostre service. Lesdictz commissaires sont gens
bien entenduz et, ce me semble, fort dignes
et à vous bien affectionnez pour conduire et
acbeminer dcxl rement en cela vosdictes af-
faires; lesdictz commissaires vous escripvent
aussy de Testât où ilz ont trouvé toutes
clioses es autres diocèzes où ilz ont desjà
passé, qui est quazy une semblable chose que
le cosiéde deçà, et en une partie de la Guieiine
ce sera de mesme; priant Uieu, Monsieur
mon filz, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
Escript à Toulouse, le xxix™" jour d'oc-
tobre i5-j8.
1578. — 3i odnl)re.
Copie. liibl. nul., Fonds franrnis, n^ 33oo, f° 78 '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fdz, encores que je vous
ayc ce matin bien amjilement escript par
. Ve'rac, accusant aussy par mes lectres la ré-
ception des vostres par Vouzay, qui arriva
hier icy, je ne laisseray pourtant de vous
faire encores ceste-cy, poui' vous dire que je
voy bien qu'il n'y a rien tant nécessaire, pour
mectre ceulx de la religion pre'tendue ré-
formée du tout en leur tort, (jue de faire
acheminer en dilligence les présidons et
conseillers que vous avez ordonnez pour la
<'hambre tri partie- du Languedoc; car j'ay
' En marge : n Envoyée au Roy par Pioclie. 1
' Voir à ['Appendice, sur la cliambre Iri- partie de
Giiienne et son installation à Agen , au mois de juin 1 578 ,
une lettre adressée à Ciilherine de Médicis par le pré-
Cathehi.ve de Médicis. — vi.
RINE DE MEDICKS. 97
sceu, et tous reulx do vostre Conseil (jui sont
icy auprès de moy diont aussy l'avoyr entendu ,
que il n'y avoit aultre chose à dire pour les-
dictz de la religion que cela; ils sont ré-
soluz, tant ils sont durs, opiniastres et plains
de mauvaise volunté, de ne rien effectuer
parfaictement pour l'exécution et establisse-
niont de vostre édict de paciilication, (]u'ilz
ne voyent ladicte chambre establye en Lan-
guedoc : ce qui me fasclie fort, avec beau-
coup d'aultres dillicultez que je voy fayre
d'aultre costé, lesquelles, si cha.scun voulloit
aller de Ijon ])ied, ne seroient rien; et con-
giiois bien (|ue, d(! l'un et de l'autre parly et
soubz diverses coulleurs, qui sont plusalfeclées
que raisonnables, Ton me fera beaucoup de
traverses; mais croyez. Monsieur mon lilz,
(jue je feray tout ce qui se pourra au monde
poui' surmonter tout cela, afin i[ue vostre
édict soit exécuté selon vostre désir et (jue
nous puissions estre sy heureux que de veoyr
que soiez obéy de voz subjetz comme Dieu le
leur commande et la raison le veult, ce que
je pense pas pouvoir jamays bien veoyr par
do cà, y estant les choses sy mal qu'elles sont,
quehjue remède que l'on y peust chercher,
que premièrement vostre édict ne soyt estably
et bien observé et, par ce moyen, le service
divin, l'honneur et la crainte de Dieu remis
en plusieurs lieulx par de cà où toutes sortes
de maulx s'exercent sans que vostre justice y
puisse estre administrée. Parquov, je vous
prye de l'echef, Monsieur mon filz, faictes
advanser et dilligenter lesditz présidons et
conseillers; car sy ces gens icy sont abeurtez
à cela, je me retrouveroys on grande poyue
et vos affayres morvoillousemenl refaidez. .l'ay
sceu aussy, Monsieur mon filz, qu'ilz vouUonl
sident de Villeneuve. Elle contient des renseignements
sur le bon effet produit par cette institution. La chambre
tri-parlie de Languedoc siégeait à Castres.
1.3
98 LETTRES DE GATH
accrocher nostre négociation de l'Isle en Jour-
dayu sur ung autre poinct qu'ilz veuHent aussy
veoir précéder, et qui soit bien estabiy avant
que de rien faire de deçà à l'exécution dudict
édict : c'est que, en tous les lieulx que leur
devez bailler pour fayre leurs presches par
les baillaiges de ce royaulme , iesdictz presches
y soient establys. Je nay pas faulte de raisons
à leur replicquer là dessus, s'ilz y insistent.
Touteffoys, Monsieur mon filz, afin que j'en
sois mieulx inrormée,je vous prye faire faire
par vos secrétaires, chascun en sa charge,
ung rooUe des noms des iieulx qui leur ont
esté baillez par vous pour faire leursdictz
presches, comme j'ay souvenance qu'avez
commandé et faict envoyer à voz lieutenans
généraulz pour les faire establyr par tous les
baillaiges de vosiredict royaulme, lorsque
Iesdictz de la religion le demandcroient, et
qu'il soit cotté par ledict rooUe, s'il est pos-
sible, les lieulx où cela est estabiy, et aussy
les lieulx où il ne l'est pas el à quoy il a tenu ;
car je pense bien qu'ilz me feront beaucoup
de questions là dessus. Sur quoi je seray bien
ayse de savoir la vérité des choses dessus-
dictes pour la leur dire.
Cependant je ne veux obmettre de vous ad-
vertir que, volant les actes d'hostillité qui se
font encores et principalement ceste entreprise
de Ghastillon' à Beaucaire, et que, quelques
lectres que j'aye peu escripre à mon filz le roy
' Le fils de l'amiral de Coligny, Châtiilou, u'était pas
facile à tenir. Furieux de la mort de Parabère, qu'il
allribuail à Damville, il soutenait Baudonnet et les pro-
lestants de Beaucaire de tout son pouvoir, en dépit des
lettres que lui envoyait le roi et même des représenta-
tions plus ou moins sincères de ses amis. Il ne se déclara
battu qu'au mois de février 1379, après la reddition
de Beaucaire. — Voir le détail de toute cette affaire,
dont nous avons déjà parlé, p. 67, dans François de
Chnstillon, comte de Coliffuy, par le comte Jules Dela-
borde, cliap. v. Paris, 188O, in-8°.
ERINE DE MÉDICIS.
de Navarre, et dire icy au viconte de Turenne
pour les faire cesser, qu'au contraire les
choses s'empirent de leur costé au préjudice
de vostre service et des pauvres catholicques ,
je pris à part hier ledict vicomte de Turenne
et luy desclaray francheinent que, puisqu'ilz
souffroient fayre telz desordres en ma pré-
sence, que je ne pouvois penser qu'ilz vou-
lussent marcher de bon pied en nostre né-
gociation de l'isle en Jourdain, que encores
deux raisons, oultre ceste-là, me le faisoient
penser: l'une, le temps qu'ilz m'avoient faict
ainsy couler d'un mois qu'il y avoit lantost
qu'ilz m'entretenoient de belles paroles sans
aulcun elTet, sinon des remises de jour en
jour; et l'aultre raison, qui est véritablement
bien grande, esloit que les gentilzhommes
qu'ilz avoient députez de leur part pour faire
cesser tous actes d'hostillité et réparer les
innovacions faictes depuis l'édict n'exécu-
toient rien; que cela cstoit ung grand indice
de leur maulvaise volunté, luy ayant sur cela
bien faict congnoistre particuilièrement le
grand déplaisir que j'en recepvois, tant pour
le préjudice que c'estoit à vostre service que
pour ce que cela touchoit à ma réputacion ,
ayant despesché les commissions et donné
espérance par lectres à voz peuples et subjetz
de deçà de l'ordre qui avoit esté donné pour
leur soullaigement, en attendant la paifaicte
exécution de ledict pour les mectre tous en
repos, à quoy je veoyois ung très maulvais
commencement ; et suis venu à luy dire, parlant
à luy confideniment comme à personne qui,
oultre le debvoir naturel de subject, estoit
particuilièrement plus obligé à vous et à moy
que à personne en ce monde , luy ayant bien
faict sentir et congnoistre que, sy l'on me
trompoit, je m'en prendrois particuilière-
ment à luy et luy ferois sentir amèrement la
faulte qu'il avoit faicte, et que, devant que je
LETTRES DE GATH
meuibarquasse plus avant et los choses cm-
pirasseiit davanfaige, qu'il m'en parlast fran-
chement, et que vous et moy luy en saurions
à toujours bon gré. Il m'a asseuré que je
n'eusse nul double do la voluntu de mon filz
le roy de Navarre ny des principauh de leur
relligion, et qu'ilz voulloient et désiroiont
l'estahlissement de vosire édict de paciffica-
cion, s'asseuranl que nostre assemblée fera
ung grand fruict; mais qu'ilz n'eussent peu
plus tost, pour bien faire les choses, qu'à ceste
heure y vacquer, pour ce qu'il a fallu qu'ilz
ayent adverty leurs églises, escript et envové
pour ce par les provinces, d'où ilz auroient
les nouvelles lors de nostredicte assemble'e,
et qu'ilz ne les eussent peu avoir devant; que
quant ausdictz gentizhommes qu'ilz avoient
dcpputez do leur part pour faire re'parer les
les innovacions falotes depuis l'e'dict, que le
roy de Navarre, qu'il doibt retourner trouver
demayn, leur escriproit de rechef pour s'em-
ploier dilligemmeut au faict de leurs com-
missions, mais qu'à me dire vray, ils auroient
bien pensé qu'ilz ne feroient pas grand chose,
sinon après ladicte assemblée de l'Isle en Jour-
dain, auquel lieu, à ce que luy mesmcs m'a
dict, nous ne trouverons pas grande commo-
dité de vivres et de logis. Nous avons parle'
d'un chasteau, qui est icy auprès, où le roy
de Navarre pourroit venir; et luy m'a aussy
demande' s'il seroit à propos de retourner à
Castel Sarrazin, qui est, à mon advis, ung
aussi maulvais logis que l'Isle en Jourdain.
Voylà pourquoy je suis tousjours demeurée en
ceste opignion qu'il falloit aller audict lieu de
l'Isle en Jourdain , et luy asseure que j'y seray ,
comme aussy, Dieu aidant, seray-je, mer-
credy de bonne heure; car ma fille la royne
de Navarre ne sauroit faire icy son entrée, à
cause delà fesle, que mardy, et ledict viconte
m'a aussy asseuré que mondict filz le roy de
ERINE DE MÉDIGIS. 99
Navarre ne fauldra pareillement poinct de s'y
trouver. Et asseurez-vous. Monsieur mon filz,
que je n'y perderay pas le temps; car incon-
tinent et incessamment nous vac(]uerons ad
co que y avons remis. Cependant je vous
diray aussy que ledict viconte, en parlant
des moiens qu'il y aui'oit d'establir le repos
es villes où Ion estimera qu'il y auroit danger
de (umulte ou combustion après l'édict exé-
cuté et eslably, m'a dict une chose, dont j'av
parlé aux princes, mareschauk et s" de vostre
Conseil qui sont icy, lesquelz l'ont trouvé
bon, comme aussy fays-je, et le ferons, si en
estes d'advis, c'est de mectre en chascune de
ces villes là pour quelques mois quelque
gentilhomme bien affectionné à vostre ser-
vice, à la paix et au bien public, pour, et
avec l'asssisiance de vostre justice, faire vivre
les habitans en paix et union soubz vosti'e
obéyssance. Je veoy en cela ung inconvénient ,
qui est que je crains que ces gentizhommes là
s'establissenf èsdicles villes, et qu'ilz estiment
cela comme capitaineries ou gouverneraens, et
puis qu'il soit mal aizé de les en oster ; aussy
fiiull-il bien y penser avant que le fayre, et
surtout les choisirgens de bien et bons catho-
licques. Il vous plaira m'en écripre vostre vo-
lunté et ce que vouidrez que je face en cela,
si tant estoit qu'il se meist en avant. J'ay esté
bien aize, en proposant les choses cy devant
déclairécs en vostre Conseil, de fiure sur ce
opiner ceulx mesuies qui ont esté employez
à fayre l'édict; et voiant qu'il estoit fort à
propos que je parlasse, je leur ay faict clai-
rement entendre que, n'y aiant personne
qui vous passe en piété et religion, comme
aussy le savent- ilz bien, que vous n'avez
pas faict ceste paix, qui se peut dire la vostre,
sans de très grandes considéracions que eulx,
encores qu'ilz ayent beaucoup d'intelligence
de voz plus grands affaires, ne peuvent
i3.
100
LETTRES DE CATHERINE DE MEDlCiS.
néanfnioings pas eongnoistre, mais qu Hz s'as-
seiirassent (jirclles ostoient fort légitimes,
puisqu'à l'iicure que lavez faiclc, vous aviez
grand avantaige sur lesdictz , Huguenots. Je
leur av touché ung mot de i'espérience qu'avez
que la guerre apporferoit plus de dommaige
à nostre religion calliolicque que d'avantaige,
et que, estant estably Tédict, l'honneur de
Dieu et le service divin seroit remis en tant
de lieulx où il esloit délaissé, leur ayant i-a-
meué, en passant, la grande perte qui s'esloit
faicte en ladicte guerre des cappitaines et
gens de valleur qui y estoient mortz d'une
part et d'aultre, et que vous vouUiez conserver
ce qui en esloit, congnoissant assez que les
armes faisoient plus contre vous que pour
vous, d'auitant que voz subjectz périssoient
et le royaulme se ruinoit ; que ponr ces rai-
sons vous m'aviez envoyée et que, de ma part,
congnoissant vostre saincte et droicte intencion ,
j'avoys accepté ccste charge, combien qu'elle
feusl très grande à mon aage, encesle saison,
et difficille à supporter, estant sy longuement
sans vous veoir; mais que pour ung si bon
œuvre et que vous avez tant à coeur, je ne
voulois rien espargner pour l'espérance que
j'avoys que Dieu seroit par ce moien mieulx
servy et vous recongneu et obéy, et qu'il falloit
que toutes intelligences cessassent, estant cela
très dangereux et dommaigeable à voslre ser-
vice, et que pour ce il ne les i'alloit plus souf-
frir, combien que aucunes eussent esté à très
bonne intencion de eeulx qui les avoient [esta-
bli] les ungs avecques les autres principaulx
des villes oui il s'en trouvoit qui estoient tenuz
comme principaulx pilliers do l'église, les-
quelz pensoient bien fayre, comme aussy es-
toicnl-ilz à louer d'avoyr bien faict en certain
temps; mais qu'à présent cela nuyroit beau-
coup à vostre service, s'il se continuoit; et
que vous vouliez résolumnient, ou par amour
ou par force, faire exécuter et establir voslre-
dict édict de pacifficacion, sans en quelque
façon que ce soit y augmenter ne aussy y
diminuer, voulant que tous voz bons servi-
leurs et subjectz embrassassent cela, comme
vous sans aucune connivence. Cela se dira, et
il n'est que bien à propos, à aucuns qui sont
icy, ausquelz eucores le feray-je bien à pro-
pos eongnoistre, parlant à ceste noblesse qui
est icy, à laquelle j'ay tenu desjà et tiens
journellement, comme les occazions s'en pré-
sentent, le mesme langage que j'ay tenu à la
noblesse des aultres lieulx oii j'ay passé. Et
pouvez croire. Monsieur mon filz, que je ne
perdz aucune occasion de tout ce que je cuide
qui peult servir pour vous conserver fous voz
bons serviteurs et faire que nous puissions
aussy joyr de la paix, comme vous désirez, et
que c'est aussy 1(; mieulx que vous sauriez
fayre; mais après avoir faict de ce costé là
tout ce que dessus, comme il falloit que je
feysse pour le bien de vostre service, j'ay
lousjours le principal poinct, à quoy il fault
regarder, au cœur et devant les yeulx, c'est
que lesdictz Huguenotz ne nous trompent
poinct aussy soubz coulleurdes belles paroles
qu'ilz nous donnent depuis ung mois, qu'ilz
me dient désirer et vouloir la paix, et tou-
leffois il ne se faict rien pour cela par eulx.
A ceste occazion, ce soir, après vespres, estant
en ma chambre le viconte de Turenne, ve-
nant prendre congé de moi pour ce qu'il
s'en retourne demain trouver ledi^i sieur roy
de Navarre, je l'ay appelle, présent le mares-
chal de Biron, et luy ay franchement et ou-
vertement dict que j'avois, depuis avoir hier
parlé à luy, receu ung advis de la court, qui
ne venoit pas néanlmoings de vous, que ceulx
de leur religion deDaulphiné avoient naguères
escript au roy de Navarre envoyer promple-
ment assembler des gens aux Cevennes, en
LETTRES DE CATH
Vivarois cl aullrcs lieiilx, pour l'a iio prendre
par Cliasliilon et aiilfres loiil le Languedoc
el s'en asseiirer, comiiic ilz disoient qu il
lu y scroyt aizé, pendant (pie Ion ni'entretien-
droit de parolles icy et en noz embouchenients
et assemble'es, avec d'aultres très maulvais
conseiiz; (pic je veoyois leurs de'poricinens
et tout ce (pie faysoyt iedict Cliasliilon tendre
à cela; qu'il uefalloit pas penser que je feusse
si peu clairvoyante, quand bien je n'auroys
eu cest advis, que je n'eu eusse de très gi-andz
soubsons; que pourtant, en la présence dudict
sieur m.ireschal de Biion, je luy voullois bien
dire, aflin qu'il dict, de ma part, audict sieur
roy de Navarre que, de nostre cosli;', je mar-
chois franchement, selon vosire ferme désir,
au chemin du bien de la paix, et que j'avois
volontiers en patience faict tout ce qu'il estoit
possible de nostre part, et le vouloys eucores
faire; mais, qu'au lieu que je suis icy venue
pour establir la paix, aiant faict, de inou-
dict part, et voulant encores fayre tout ce
qui s'est trouvé et trouvera raisonnable, que
je ne pourois supporter que l'on me donnast
ainsy des parolles, et que j'estimois que leur
résolucion feust seullement de m'entretcnir
ainsv; que davantaige je ne vouloys pas tant
préjudicier à vostre service et au bien des
catholiques que l'on me vint dire, quand je
seroys à vingtz lieues d'icy ou plus loing :
(T Vous avez faict ester les armes et faict rentrer
les Huguenotz dedans les villes, les voilà sur-
prinses, et, en ce faysant, les pauvres catlio-
licques ruvnez ou en proye.n Et pour cesie
cause, que je vouldroys bien qu'il m'en dist
franchement ce que iceiluy sieur roy de Na-
varre et ceulx de sa religion en avoient au
cœur, et qu'ilz deraeuroient en moy et aux
catholicques, avec grande occasion, de très
grandz doubles, veoyansce que nousveoyions.
Il m'a, présent iceiluy raareschal, asseuré le-
ERINE DE MÉDICIb. 101
dict sieur roy de Navarre et eiilx tous eslrc
du tout résoluz à l'exécucion et eslablisse-
ment de la paix, me remonsirant ce que les
plus saiges pourroient dire et penser, qui est :
(ju'ii n'y a personne qui eust après vous aultaiit
d'interest à la conservacion du royauline que
ceulx qui y sont nez et qui y ont leurs biens;
qu'il ne falloit poiuct s'imaginer qu'ilz eus-
sent, nv leur peust entrer au cœur aullre
volonté que de demourer soubz vostre obéis-
sance; qu'aullrement ce seroyt leur ruyne, et
en attendroient quant et quant le chastiment
de la main de Dieu, et qu'il me supplioit
n'entrer point en ces opinions là, mais m'as-
seurer que le roy de Navarre et tous, tant
qu'ilz estoient des principaulx de la religion,
vouloient la paix, et qu'ilz procedderoient
avecques moy directement et franchement, et
qu'ilz avoient envoyé de rechef devers Iedict
Chasiillon pour le faire départir de ladicte
entreprisé de Beaucaire, mais qu'il ne vouloil
pas obéyr et que le roy de Navarre n'avoit
pas pouvoir sur luy tel qu'il seroyt néces-
saire; sur quoy je n'ay pas failly de réplic-
(jucr que j'entroys en grand soubson que le-
dilct Yoiage feust plustost pour le hasler
que pour aultre chose, et que je ue le pouvois
penser aultrement, quand je me souvenois
(pi'au lieu que Conslans, qu'ilz envoyèrent,
à ma prière, pour fayre cesser Iedict Ghas-
tillon, comme ils m'avoient asseuré qu'il fe-
roil, l'avoit encouragé : à mon advis, au
moings l'on en voyoit les apparences, car de-
puis l'arrivée dudict Conslans, il avoit faict
et faisoit pis qu'auparavant; que quelque
chose qu'il me dist, s'ilz eussent voulu et
voulloient encores, je ne doubtois qu'il y eust
bien moyen de fayre obéyr Iedict Chasiillon .
il ne falloit que iuy oster les forces qu'il
avoyl, et se séparer, et faire séparer de luy
ceulx qui y estoient, et que, demeurant seul.
102
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
comme il feroit, s'ilz voulloient, il ne seroit
pas après mal aizé de le fayre aussy obe'yr.
Il ne m'a sçeu que dire sur cela, si n'est que
lorsque ledict Conslans arriva, il trouva le-
dict Chasfillon party. A quoy je l'ay encores
replicqué qu'il falloit doncques qu'il le feist
retourner, s'il vouloist que l'on creusL ce qu'il
disoit; mais je luy promectois et jurois, devant
ledict sieur mareschal de Biron, que, si le-
dict roy de Navarre et ceulx de sa religion
me trompoient, que quand bien que je serois
à dix lieues de vous, je reviendrois sans vous
veoyr et leur ferois bien sentir la fatilte qu'ilz
auroieut faicte, les asseurant bien d'avoir si
bonne et grande part envers tous les catholic-
ques et en ameneroys si grant nombre que j'en
auroys la vengeance, et moy mesmes y deussè-je
mourir : ce que je vous supplie , Monsieur mon
filz, me permectre, selon la promesse que j'en
ayfaicte ausdictz catliolicques, ausquelzje vous
asseure que je ne faudray de la tenir. Il m'a
encores asseure', présent ledict sieur mareschal,
qu'il ne falloit pas que j'eusse peur qu'ilz ne me
feissent en effect congnoistre le grand de'sir
qu'ilz ont d'entretenir et garder la paix qu'ilz
ont si fermement jurée, et que personne ne
avoit plus d'affection qu'eulx à la garder. Et,
pour concluzion, je luy ay dict que, s'ilz font
ce qu'ilz dienl et continuent, qu'ilz se peuvent
asseurer qu'ilz participeront aux bienfaictz
que vous faictes à voz subjectz, et que vous
leur commanderez et employrez tous ainsy
que vos aullres subjectz, sans aucuhie diffé-
rence, ayaut prié icelluy sieur mai'csclial de
Biron de se bien souvenir de tout ce que
dessus et de le faire entendre aux s" et gentilz-
hommes catholiques qui sont icy, pour le
leur fayre congnoistre, afiin qu'ilz soient ca-
pables de noslre façon de procedder et que,
s'il advenoit que lesdictz Huguenotz ne voul-
lussent, de leur part, procedder franchement,
lesdiclz catholiques soient toujours aussy en-
couragez et deniourent en toute bonne affec-
tion et volunté de vous bien servir. Je u'obmec-
teray pas, parlant souvent à chacune occasion,
comme je faitz ausdictz s" et gentilzhommes
catliolicques qui sont icy, de les bien entre-
tenir en ces termes, affin que plus seurement
nous facions voz affayres et service. Cependant
je prie Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr
en sa saincte et digne garde.
Escript à Toulouze, le vendredy, dernier
jour d'octobre 1678.
1578. — 1" novembre.
Copie. Biil. nat. , Fonds français, n* 33oo, 1* 76 r" '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, mon cousin le duc de
Montpensier, ce jourd'huy, a receu une dé-
pesche que luy faict de Nantes le s' deSanzay ■^,
le père, laquelle j'ay esté d'advis qu'il vous
envoyast, afïin que vous veoyez comme voz
affaires sont en très maulvais estât de ce costé
là, prenant ceulx qui font ces maulvais offices
leur coulleur d'y troubler le repos et traverser
voz affaires sur le faict de la nouvelle im-
position foraine, pour laquelle je vous diray
qu'après avoir oy parler mondict cousin le
duc de Montpensier du murmure que l'on en
faisoit, comme il vous escripvit, dès qu'il estoit,
il y a environ ung an, enBrelaigne, et après
avoir aussy entendu ce que celuy qui luy à
apporté la dépesche dudict s' de Sanzay, qui
est parent de son trésorier appelé général
Contour, vostre représentant audict pays, luy a
encores refraischy de l'allarme qu'en prennent
' En marge : <t Envoyée au Roy par Pioclie. n
- JI. de Sanzay, gouverneur de Nantes, dont il est
souvent question dans li's volumes précédents.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
103
ceiilx de tout ledict pais de Bretaigne, princi-
pallement la noblesse, se dit il, je suis d'advis
et vous fonscille que l'on accepte l'olTre que
moudici cousin le duc de .Moniponsier sentit de
ceuix dudicl pais, desquelz il estoit, ce qu'ilz
faisoient pour faire cesser ladicte traicte; et
pour ce qu'il y a parmi cela beaucoup d'aultres
menées dont je croy que voz serviteurs et mi-
nistres, estans dans le pais, vous en auront
adverty, mon cousin le duc de Moutpensier et
moy, nous souvenans du désir que vous avez
qu'il s'y peut trouver, estant certain comme sans
double sa pre'sence retiendra beaucoup de ces
faiseurs de menées et turbulons de leur maul-
vaise volunté, avons résollu ensemble, voyant
cest affaire grandement importer à vostre ser-
vice, pour lequel mondict cousin le duc de
Montpensier ne veut e'pai'gner ny plaindre ses
peynes, défaire tout ce qu'il pourra, selon sa
bonne coustume et l'affection de vous en faire,
encores qu'il ne soit pas très bien de sa per-
sonne, qu'il partira de lundy prochain en huict
jours, et s'en yra droict d'icy audict pais de
Bretaigne, pour y assister à la teneue desdictz
Estats, que pour cette occazion je suis d'advis
que remettiez à la fin de ce présent mois; car
je croy qu'ils n'auront pas este' tenuz a la fin
du mois d'octobre dernier, comme aviez advisé,
pour ce que j'ay veu par ung double de pu-
blication (jue le s"" de Sanzay a envoyé à mon
cousin le duc de Montpensier, comme le s"' de
la Hunaudaye les a remis au w" de ce pré-
sentmois, et pour ceste occasion mondict cou-
sin luy escript présentement que nous vous
donnons advis de les mecfre au dernier,
affin qu'il y puisse estre à temps, comme je
say bien que vous le désirez, et qu'il est
aussy grandement utille pour le bien de vostre
service; car sa présence et son auctorité y ser-
viroit grandement pour faciliter voz affaires et
dissiper toutes ces maulvaises menées et déli-
bérations que vous voyez bien, qui sont cou-
rues jusques en ceste province là, à laquelle
on veult prendre le prétexte de ladicte impo-
sition foraine et (pielquos aultres édictz, (jue
l'on dict qui sont encore à vériffier devers
vostre court de Parlement, d'où je suis aussy
d'advis que vous les faictes retirer; car, ad ce
que j'entendz, aulcuns d'iceulx touchent plus
les parlicuUiers que vostredict service. Il y a
aussy ce faict de la vente des deux feux de
fouaige qui ne s'exécute poinct, à ce que dict
celluy qui est vcneu dudictpaïs vers mon cousin
leducde Montpensier, et au contraire qu'il s'en
faict pareillement une grande crierie. Je vous
prie aussy de faire regarder si en eella vous sau-
riez gratiffier ledict pais de Bretaigne, et, s'il
y a lieu de le faire, je vous prie que ce soit le
plus lost que vous pourrez. Je say bien qu'il
y a beaucoup d'assignations dessus pour vostre
maison et pour voz gardes, mesmes que mon
cousin le duc de Montpensier et ma cousine sa
femme sont assignez dessus; mais il vauldroit
mieulx regarder s'il y auroit moyen d'ailleurs
de contenter ceste province là. Je say bien que
voz financiers se remueront fort de cecy ; mais ,
si vous m'en croyez, vous ne laisserez pourtant
d'avoir esgard à l'adxis que je vous donne,
(|ui est le plus salutaire que je pense que vous
sauriez recepvoir au temps et en la saison oii
nous sommes, et considérées beaucoup de
choses que je veoyetqueje say que vous veoyez
bien aussy, vous priant néantmoings que, si
vous faictes quelque chose pour ledict fouaige,
pour contenter vosdictz subjectz de Bretaigne,
ou quand bien vous laissei'ez les choses ainsy
qu'elles sont pour ce faict là, vous vouliez
commander que inesdictz cousin et cousine
de Montpensier soient paiez des premiers,
comme il est raisonnable; car, ad ce qu'ilz
m'ont dict, ils n'ont pas esté mis sur Testât
que vous avez envoyé en Bretaigne, des
104
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
parties que vouliez estre paiées sur la vente
desdiclz deux feux de fouaige, quy a este'
une grande faulle à ceulx qui l'ont dressé.
Mondict cousin sera par ce moyen trois ou
quatre jours avec moy au commencement de
nostre confe'rence de TYsle en Jourdain, pour
in assister au bon œuvre que nous y espérons
faire, et puis il partira ledict jour de lundy
et fera les meilleures journées qu'il pourra, eu
esgard à sa santé, pour se rendre audicl païs
de Bretaigne \ où cependant je suis d'advis
que vous faciez de bonnes dépesclies pour
advertir comme il s'i en va, avec les auttres
raisons et remonstrances que saurez très l)ien
adviser pour retenir et empescher le mal,
que aultrement je prévoy qui y adviendroit,
priant Dieu, Monsieur mon fils, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escript à Tlioulouze, le premier jour de
novembre 1578.
1578. — 5 novembre.
Copie. Bibl. nnt. , Fonds frnnçais, n" 3îoo, V 79 v° ^.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon Qlz, comme vous aurez veu
par mes trois ou quatre dernières dépesches,
je n'ay rien obniis de tout ce qui se peut
pour faire accélérer l'heure de l'assemblée que
devons faire en i'Isle en Jourdain, pour
regarder à ce qui sera nécessaire de faire
pour l'exécution et establissement de vostre
édict de pacilBcation; mais, à ce que je
voys, mon filz le roy de Navarre retarde
tant qu'il peut, combien que par tous ceulx
' L'indisposilion Jii duc île Montponsier persistant,
il ne put partir pour la Bretagne.
' En marge : tr Envoyée au Roy par Mons' Molle,
trésorier de France et général de ses finances en Cham-
paigne. n
qu'il envoyé de deçà et par les lettres qui
m'escript, il m'asseure qu'il n'y ayt rien que
luy et ceuk de sa religion désirent plus
que l'exécution et l'establissement dudict
édict. Touteffois voyant qu'il estoit encores à
Nérac, je dépeschay hier matin le sieur de
la Mothe Fénelon pour aller vers luy, et luy
ay amplement escript ce qu'il m'en semble,
encores plus fermement que ce que avez veu
que je dicfz au viconte de Turenne en la
présence du mareschai de Birou pour le luy
dire; car je luy mande résolument que je
seray demain à I'Isle en Jourdain, comme
aussy espéray-je, adîn qu'un chacun con-
gnoisso qu'il ne tient à vous ny à moy qu'un
si bonne œuvre, pour lequel m'avez en-
voyée par deçà, ne s'effectue plus prompte-
ment, et que, s'il ne salisfaict à ce qu'il m'a
promis, je veoy bien qu'il est conseillé de
gens qui vous voudroient bien oster vostre
couronne, s'ilz pouvoient; mais qu'aussitost
que j'auray veu vostre volunté, j'espère que,
tout ainsy que les catholiques font tout ce
que leur dictz et commande selon vostre dé-
sir pour le faict et establissement de la paix,
ilz m'assisteront de même affection à vous
faire obéir et observer mieulz ce qu'ilz ont
promis et juré, ayant bien chargé le s' de la
Mothe Fénelon de le luy représenter, oultre
ce que je ne doubte pas que luy aura dict le-
dict viconte de Turenne, et aussy pour faire
départir Chastillon de son entreprinse de
Beaucaire, ou bien pour le faire abandonner
par ceulx de la religion qui sont avec luy, que
je pense, s'il y a de la malice ou mauvaise vo-
lonté, que nous en verrons bientostles appaT
rences; et m'asseure bien que la noblesse de ces
païs de Guienne et de Languedoc, dont il y a
à présent icy grand nombre, ayans au moings
les principaux oy lire mez lettres, et saichant,
comme ils savent fort bien , de la façon que je
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
105
procède en cecy, par où iiscongnoissent assez,
considërans les raisons que je lui ay dictes en
public et en particulier, et que je leur dictzel
diray encores tous les jours, que c'est pour le
bien de vostre service et d'eulxetdes leurs, et
pour leur conlentement et conservation; et si
le malheur estoit que lesdictz de la religion
nous voulussent tromper, que tous lesdiclz
gentilzliommescalholicques et aultres voz bons
subjects seroient aultant pretz et affectionnez
à faire ce que je leur dirois de vostre part,
comme ils sont la plusparl au bien de la
paix, comme j'ay donné charge au ge'ae'ral
Mole vous faire plus amplement entendre de
ma part.
Cependant je vous diray que ie syndic
des trois Estatz de Languedocq, assiste' par
aucuns du clergé, de la noblesse et du tiers
Estât, me présentèrent hier la requeste que je
vous envoyé, laquelle a este' exposée par
l'évesque de Mirepoix, parlant pour les catho-
liques, avec beaucoup d'affection et d'obe'is-
sance que tous lesdictz exposans ont en gé-
néral et en particulier à vostre service, me
requérans, à ceste occasion, en substance de
tout le long discours dudict évesque de Mi-
repoix, de faire en sorte qu'ils puissent bien-
tôst estre mis en repos et la paix bien establye,
selon vostre édict de paciffication; à quoy je
leur ay respondu que c'estoit le plus grand dé-
sir que vous et moy eussions, et que l'occa-
sion principalle de mon voiaige en ce pais,
ainsy que je leur avois cy devant faict en-
tendre, comme aussi l'ont-il veu par les
lettres qui en ont esté publiées partout, estoit
pour ce faire, n'y ayant rien au monde que vous
désirassiez davantage; que voyant que vous
n'y pouviez venir vous mesme pour beaucoup
d'affaires qui se présentoient par delà, j'avois
prins ceste charge, en laquelle j'avois fait ce
qu'il m'avoit esté possible jusques icy; que j'y
Catdeiiinb de Méoicis. — 11.
avois trouvé le roy de Navarre bien disposé;
(jue aussy se pouvoient-ils asseurer (jue je n'y
obmetteroys rien de tout ce qui me scroit
possible, et que je me délibérois bien de ne
partir point de ces païs que premièrement,
par une façon ou aultre , je n'y eusse mis l'ordre
(jui seroit requis pour le bien et repos d'un
chacun; sur quoy il m'a encores replicqué et
faict eu substance la mesme requeste et sup-
plication, à laquelle je luy ay aussy inconti-
nent de ri'chef encores faict la mesme res-
[lonce, dont je vous ay bien voulu donner advis,
ainsi que j'ay accoustumé de toutes autres
choses qui se passent par deçà; ne voulant
aussy oublier de vous dire que, cet après-
disnée, les sieurs mareschal Dampville et do
Valence m'ont renionstré fort expressément
que les habitans du Pont Saint-Esprit estoient
si fort chargez de gardes depuis quelque temps
et, oultre cela, qu'ilz estoient sy foibles en
ladicte ville , qu'elle estoit en très grand danger
de se perdre, sy l'on n'y mectoit incontinent
soixante harquebusiers et ungcappitainepour
leur commander, m'ayant baillé ung placel
que je vous envoyé, par lequel ilz vouloient
que impossasse sur chacune mine de sel deux
sols tournoys, ce que je n'ay .oulu nullement
faire, saichant bien que c'est à vous seul que
cela appariient. Encores m'asseuray-je que,
considéré le temps on nous sommes, cela estoit
ung nouveau subside, combien qu'ils disent
qu'il ne se prendera (|ue sur les esirangiers,
comme Savoisinsprincipallement; que néant-
moingsvous y penseriez bien avant que de le
faire lever; mais cependant, aGn qu'il n'ad-
vienne en ladicte ville aulcun préjudice à
vostre service; et, après que Pinart leur a dict
qu'il avoit souvenance qu'avez dernièrement
pourveu à cela , en ordonnant le s' de Glan-
days pour commander en ladicte ville pour
quelque temps, j'ay touteffois advisé, avec
106
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
l'opinion des princes et seigneurs de vostre
Conseil qui sont icy de mander, comme j'ay
faict, au recepveur géne'ral de Languedoc, es-
tably à Beziers, de fournir incontinent au tré-
sorier de l'extraordinaire huit cens livres pour
le payement durant ung mois desdictz soixante
soidatz et de leurdict cappitaine, vous priant
commander le mandement pour ce nécessaire
estre expédié pour valider ce que j'ay faict
par l'advis de vostre Conseil et par mesme
moyen, s'il est à propos, de continuer l'entre-
ténement de cesdictz soidatz, ordonner l'as-
signation de leur payement à l'advenir sur
telle nature de deniers et ainsy qu'il vous
plaira adviser, affin que ceux qui commandent
pour vostre service par delà ne se licencient,
à touscher et ordonner de vos finances, sinon
selon les estatz que vous en aurez faict, y en
aiant qui ne demanderoient pas mieulx,
comme vous entendrez, s'il voust plaisl, plus
amplement dudict Mole, lequel je vous prie,
s'il vacque quelque place en vos finances ou se
présente quelque occasion pour vostre service,
de le vouloir emploier; car je m'asseure que
vous vous en trouverez fort bien servi, priant
Dieu, Monsieur mon fiiz, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Thoulouse, le mercredy \' no-
vembre 1678.
1578. — C novembre.
Copie. Bibi, nat. , Fonds fraoçals, n^ 33oo , f^ 57 v' '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, depuis mon aultre lectre
escripte, je suis arrivée en ce lieu"^, oii j'espère
' En marge : r Envoyée au Roy par ledict trésorier
MoUé.n
' L'Isle-Jourdain.
que mon filz le roy de Navarre sera de-
mayn, qui est vendredy, et que nous nous
emploirons sy bien d'une part et d'aultre
qu'avant en partir nous donnerons l'ordre re-
quis pour l'e.Kécution de vostre édict de pacif-
fication, selon vostre désir et intencion, repos
et union de tous vos subjectz soubz vostre
obéissance ; à quoy l'on m'asseure que vostre-
dict frère le roy de Navarre est très bien dis-
posé, comme sont pareillement les villes et
communaultez que ceulx de la religion occu-
pent; mais je crains bien, aussy en vois -je
beaucoup d'apparence, que aulcuns qui sont
auprès de vostrcdict frère, le roy de Navarre,
et des catholiques aussi, qui ne veullent pas
la paix, nous facent beaucoup de traverses;
mais croyez, s'il vous plaist, Monsieur mon
filz, que je n'obmecleray rien de tous les
moiens que je pourray penser pour les vaincre
dextrement et faire en sorte que vostredicte
intencion et désir soient suiviz au bien de la
paix ; car aussy n'y a il rien sy nécessaire pour
vostre service que cela, estant toutes choses
en ces provinces de deçà sy dépravées, que je
vous puis dire que tout s'y en alloit perdre ou
pour le moings mectre en telle confusion sans
mon arrivée, qu'il eust esté après très mal aizé
d'y pourveoir, n'y ayant pas faulte de gens,
d'une part et d'aultre, qui ont beaucoup de pou
voir et très maulvaise volonté quilz emploient,
chascun de leurs costez, pour empescher la-
dicte paix. Je ne faudray de vous tenir conti-
nuellement adverty de ce que par chascun
jour nous ferons et d'accélérer, aultant qu'il
me sera possible, la résolution de noz affayres ,
afin qu'après avoyr bien pourveu à tout, si
Dieu nous fera la grâce, comme je l'en sup-
plie dévotement, que nous puissions par voie
douice nous accorder pour l'exécution et esta-
blissement de vostre édict, je me puisse ache-
miner en Provence et en Daulphiné, suivant
ce qu'il vous a pieu de m'escripro, pour y com-
poser aussy toutes choses au bien de vostre-
dict service.
Cependant je vous diray (jue j'ay cncores,
ces jours icy, faict une dépesciie audict pays
de Provence, pour les inciter aussy au bien
de la paix, et ay de rechef escript très expres-
sément au Grand Prieur me venir trouver
en ce lieu. Cela a esté cause, à ce que je
puis entendre, que les choses se modèrent
ung peu audict pais de Provence : lou-
teftbys je n'en ay veu encores aulcunes lectres.
Vous m'escripvez par voz dernières que vous,
ny le sieur de Maugirou, n'avez rien offert
à ceuLx de Daulphiné; mays vostredict frère
le roy de Navarre et ceulx de son part y
disent bien que sy, m'asseurans que l'on
leur a laissé quelques villes en Daulphiné,
oultre celles que leur avez baillez en garde
par vostre édict de pacifEcation. Je vous prie,
Monsieur mon filz, m'escripre incontinent ce
qui en est et me faire aussy responce à toutes
les aultres particullaritez que vous ay escriptes,
sur lesquelles il fault que je saiche vostre in-
tencion : aullrement je seroys en peine en
nostredicte assemblée en laquelle , comme j'ay
tousjours assez clairement faict entendre à
ung chascun, il ne fault aulcuuement aug-
menter no diminuer à vostredict édict, mais
seullement procurer et promptement exécuter
et établir la paix et entier repos en vostredict
royaulme selon vostre désir; à quoy je nob-
mecteray rien de tout ce qu'il sera possible de
pouvoir fayre.
Mais créiez. Monsieur mon filz, qu'il n'y
a rien sy nécessaire que de pourveoir envers
le Cazimir, comme je veiz par la résolucion
que m'envoiastes par Pinart qu'avez délibéré
de fayre, et me semble que l'on a deu es-
sayer et tenter ce négoce , dès que l'avisastes.
Touteffoys, s'il n'avoyt poinct encores esté
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS. 107
faict, je vous prie regarder ([uel moyen y
aura, et que ceulx qui y seront emploiez
se diligentent; car j'ay sceu bien certaine-
ment, mais il ne fault l'ien descouvrir, car
cela niiiroit beaucoup par deçà à vostre ser-
vice, que vostredict frère le roy do Navarre
envoyé devers icelluy Cazimir le »"■ de Chassin-
court, qui doibt passer par où est mon cousin,
le prince de Condé, et que ledict Chassincourt
a ung pouvoir scellé dudict sieur l'oy de Na-
varre, qui me faict doubler que ce soit pour
traicter avecques ledict Cazimir.
Cependant je vous diray qu'aiant receu icy
une lectre de vostre ambassadeur en Espaigne,
je l'ay faicte déchiffrer, et ay vcii par icelle que
les menées et entreprinses, dont il vous a cy
devant donné advis, sont bien certaines, ayant
Dieu par sa bonté permis qu'elles ayent esté
descouverles; car sans cela les villes sur les-
quelles lesdictes praticques se faisoient seroient
en très grant danger. Je vous ay envoie les in-
terrogatoires qui en ont esté faictz, et vous ay
escript qu'il estoit très nécessaire d'avoir les
mémoires et papiers faisant mention desdictes
praticques et menées: si je les eusse euz, je
n'eusse pas renvoyé, comme j'ay faici, le lieu-
tenant de Chasteauneuf; mais ont esté plus
avant interrogez, comme vous verrez par la-
dicte dépeschc de vostredict ambassadeur
(ju'il est besoing de fayre; vous priant de re-
chef pour ceste occasion m'advertir inconti-
nent de vosire volunté et m'envoier par
raesme moien tous lesdictz papiers et mé-
moires qui font mention desdictes pra-
ticques et menées, ainsi que je vous ay
requis par mes précédentes dépesches, aus-
(juelles je m'attens aussy d'avoyr bien tost
ample response de vous sur toutes les aultres
particullaritez contenues en icelles, non seulle-
ment pour ce qui concerne vosdictes affayres
et service, mais aussy pour ce que je vous
108
LETTRES DE C, \THERINE DE MÉf>ICIS.
ny esrrij)! en J'jiM'ur (raiicuns jiarticulliers,
([iii sdiil (11' liera; priant Dieu, Monsieur
mon fiiz, vous avoyr en sa saincle et di{;ne
[farde.
Esciipl à l'Isle en Jourdain', le vi' de no-
vembre 1 578.
1578.
Cl iiiHeiiiliri
Aul. ImI.I. i^il.. Fonds français, n' .'îàSr. . f T.
A MA eOUSI.NK
\A DICHESSE DTZks.
Ma fonière, jo vou.s e]ivov d'I la(jii('\ ; en-
vov!' le niiiv dniiavn el lur niendcvs eomnieni
rel poilc ma liile, dc|iui.s (juc ne !'<'• \riie'-. .le
ne lui (''eriiis jiouil, alin de nr lui donner
[loync. Fcte l\ mes reconiondalion, et leiié la
joyeulsi', et dlîsears ausi, et me la rami/m'' lost
et .sayne. \i l'est ysi si beau, que je \oldrés
(|ue le l'ov di' .\avarre vl volent ne avovfnon
jdusdi' |iein(|ue mov. el (|uc lisions \si la coii-
l'érense. Ndus en sciions tous plus savns, el
c'et-' |iour ifiiaijner le présant que le bon ay-
vè(|uem'a iesl, cet ' (jue je prie à Dieu el pour
' l.'I^lo-i'ii -.liini'dain, aiijoiinriuii l'iî-lo- Jourdain,
(•(inilL' l't si'iiçcliaussi/e en Arma(;nn(', à six liiniçs de
TouloMsp cl dix lieups an sud d'.Xndi , sur la Save cl
près ranlii|nii lorcl de Piouconç; c'clail une ville forli-
liée avec un ili.'ileau lorl , dont les jjueiTes civiles ne
laissèrent (|ue des ruines, ("allierine quitta Toulouse le
T) novenjlire 107^, alla couclier au cliàtean de Pibrac,
ijui l'n est environ à oinq lieues, où le chancelier la reçut
splendidenieiit , et vint à l'Islo-Jourdain le G. Elle y sé-
journa jusqu'au mardi 1 <S novemlire, pour se rendre
ensuite à Audi, le samedi 9.2, où elle demeura une
vingtaine de jours, allant de là à Condou],
- Marjpiei'ile, timiliée malade, était restée à Toulouse
avec la diicliesse d'Lzès, et Catherine était allée au châ-
teau de l'ilirac.
' Ccf, (■■.■si.
* tel. ce.
vous el pour moy que enn aprochions, cet '
ni arivons.
De Piebrae, cet vi" de novembre iS^S.
Voslre bonne cousine, conière et meilleure
aune,
(i^TKlilNH.
1 .j78. — 7 novendire,
Co|.ii'. Bil)l. liât. , Fonds fraiirais , li' .■i3ou , f- So v° '.
[Ar noY M<t>sii:in mo\ fils.]
Monsieur mon fdz, j'ay présentement receu
des leclres de Bourdeaulx ipie m'escripyonl
les sieurs de Sanssac, le premier Président ■"',
vostre advocal général de la Rocbe, el les
maires et jnratz dudid Bourdeaulx, lesquelles
je vous envoie, aflin que vous voyiez comme
loules clioses commencent à se fort bien por-
ter pour le re;;aid de Itinion de ceulx de la-
dicte ville, dont je suis très aize, estant une
des choses à qnoyj'ay [irins le plus de pevnc,
lorsque j'y estois dernièrement, aussv sera-ce
unij très ||i'ant bien jiour vostre service. Vous
verrez pai icelle comme lesdictz sieurs de
Sanssac' et |iremier Président sont à présent
bien ensemble. Je croy, puisqu'ainsy est,
qu'il sera bon de les laisser en ladicle ville;
mais je ne suis pas d'advis, ny les princes el
sieurs de vostre Conseil qui sont [)ar deçà,
que vous permettiez à ceulx que vous avez
mandez, et qui sont liors ladicte ville, d'y re
venir; car je eraindrois ([u'ils re])rissent leurs
premières erres. Ledict sieur de Sanssac m'a
envoyé ung placet, duquel je vous avoys en
sa laveur cv devant escripi et prié, comme je
(>'(■(, si.
Kn marge : r Envoyée
L:i;;ebaston.
au roi par
ar li'dit trésorier
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
109
faictz de rechef, i'avoyr pour recommandé. li
voulovt envoyer un;; lionime exprès à la court ;
mais je luy ay nuindé , pour vous espargner les
fraiz d'un volage , que je donneroys charge au
tre'sorler ge'ne'ral MoUéde le vous ramenlevoir,
affin qu'il vous plaise commander les expe'di-
tions luy en estre envoye'es.
Cependant je vous diray, Monsieur mon filz,
qu'il est très nécessaire que vous regardiez et
faictes regarder en vostre Conseil à ce qu'il
serovt besoing de fayre louchaut le faict des
traictes géne'rales; car, comme vous verrez par
l'arrest interlocutoiie qu'en a donné vostre
court de Parlement dudict Bourdeaulx, il s'est
trouvé de grandes difficultez sur la publication
de l'édict, qui demeure acroché, et beaucoup
de voz subjectz intéressez et aulcunement mal
contents pour ce qu'ilz ne peuvent cependant,
à cause des deffenses, transporter leurs bledz
et marchandises hors vostre royaulmc, pour
continuer le traflicq et commerce qu'ilz ont
accoustumé; à quoy il est requis pourveoyr
dilligemment; car, comme vous sçavez, cest
affaire vous importe beaucoup, pour ce que les
deniers qu'en espérez sont destinez pour le
payement de ce qui est deu aux Suisses. Aussy
l'ay-je cependant escript et bien faict entendre
à vostredicte court de Parlement, aux maires
et juratz dudict Bourdeaulx et à tous ceulx
que j'av pensé qu'il estoit besoing d'en rendre
capables; mais considérant, d'aultre costé, le
temps oi!i nous sommes, je vous prye fayre
mecire cesl affaire en délibéracioa en vostre
Cduseii, pour en prendre promplement une
bonne résolucion et en faire de bonnes et ex-
presses dépesches par tous les portz et havres,
et à ceulx qui ont moyen de vous y servir et
aux aultres qui , par aventure , pourroient nuire
au faict desdiclz traictes; remectant audict
Molle à vous fayre entendre ce qu'il en en-
tendra plus avant, passant audict Bourdeaulx;
priant Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr
en sa sainctc et digne garde.
Escri[)t à llsle en Jourdan, le vu""" no-
vembre 1078.
1578. — 8 novembre.
Cojtîp. BiLl. ual. , Fonds français, n 3îo9, f' 81 v"'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, coaime je voullois hier
faire partir le trésorier Molle, présent porteur,
avec les dépesches que je vous ay faictes ces
jours icy par luy, je fcuz advertye que le s' de
Roquetaillade estoit entré à Bourdeaulx, me
venant trouver de la part de mon filz; et, esti-
mant que, sur ce qu'il m'apporteroit, j'aurois
à vous escripre par personne bien confidente,
j'ay retenu ledict Mole, par lequel je vous feray
responce à la dépesche que m'a apportée le
courrier que m'avez faict dépescher depuis le
parlement dudict Roquetaillade, qui est ar-
rivé ce matin ungpeu avant luy, avec les deux
lettres qu'il vous a pieu m'escripre du xxix"°°°
et derniers jours du mois passé; sur lesquelles
je vous dirav en premier lieu, Monsieur mon
filz, que je suis bien fort aize du contente-
ment que vous avez, comme j'ay veu par les-
dictes lectres, de ce que je faictz par deçà,
selon vostre intencion, pour vostre service,
ayant faict lire, en la présence des princes et
seigneurs de vostre Conseil qui sont icy, du
contenu en vosdictes lettres ce que jay veu
estre à propos et nécessaire d'estre entendu
par eulx et autres qui en pourront porter
tesmoignage à ceulx qui viendront en ce lieu
pour nostre assemblée, et pour le dire aussi
à vos autres subjectz de ce pais, principalle-
En marge : nEnvoyée au Roy par ledit Irésoner
Molle.-
110
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
ment à ceulx de la noblesse, que je metz le
plus de peine qu'il m'est possible d'entretenir
pour les attirer toujours à raffection qu'ilz
vous doivent : en quoy je les veoy assez bien
disposez ; mais le contenu de vosdictes lectres
les y fortifira encores davantaige; car, par
icelles, vous touchez les mesmes poinctz dont
je les ay toujours asseurez du soing que vous
avez d'eulx, de l'amitié que vous leur portez et
de la grande estime en laquelle vous les tenez.
Cela aydera bien aussy, à mon advis, avec la
fermé déclaration que vous faictes par les-
dictes lettres du de'sir que vous avez à l'enlre-
tènement de vostre édict, à disposer ung
chacun de l'une et l'aultre relligion à i'eslablis-
sement d'icelluy. Mais, à ce propos, il fault
que je vous dye que je suis merveilleusement
fasche'e et ennuye'e d'avoir esté desjà icy trois
jours sans avoir eu aucunes nouvelles de mon
filz le roy de Navarre^ ny du sieur de la Mothe
Fe'nelon, que j'ay envoyé vers luy pour le
haster de venir. Je leur viens encore de dé-
pescher ung lacquais, combien que l'on me
dye que, ce soir, mondiet filz le roy de Navarre
' Le roi do Navarre était à Nérac. Voici la lettre qu'il
écrivait, le 6 novembre, à uu de ses fidèles, M. de Bou-
rouillan; elle est tirée des Arch. hist. de la Gironde,
1860, t. II, p. 3 :
ttMonsieur de Borroilan,
(tPuisque l'assemblée qui se doit faire à l'Isle en
Jourdain a été différée pour quelques jours, et que je
ne puis être à Mauvoysin plus tôt que lundy ou mardy
prochain, je vous prieray bien fort vous y rendre; et
d'autant plus <pie je fais estât qu'eu telle occasion vous
ne vouldrez faillir de m'y accompaigner. Dieu me gar-
dera de la vous faire plus longue avec ce que je vous en
dis dernièrement , et le grand plaisir que me ferez en
cest endroit, vous asseurant que j'aurai bonne souve-
nance de le vous recognoistre s'en présentant l'occasion ,
d'aussi bon cueur que je prie Dieu vous avoir. Monsieur
de Borroilan , en sa sainte et digne garde.
«A Nérac, le vi de novembre 1578.»
De la main du Roi : tt Vostre byeu bon amy
tr Henry.»
vient coucher à Mauveisin, pour estre icy de-
main à disner. Si cela est, j'espère que dans
peu de jours nous verrons quelle sera leur
intention; car tous les de'putez de leurs églises
des provinces de deçà sont conviez, ainsy que
l'on m'a asseure', eslans hier passez les der-
nierz, qui sont ceulx du hault Languedoc, de
sorte qu'ilz n'auront plus aucune excuse. Et
pouvez croire. Monsieur mon filz, que je n'ob-
mettray aucune chose de tout ce que je pourray
penser qui servira pour le bien et advantaige
de vostre service et pour accélérer nostre réso-
lution.
Cependant je vous diray aussi, Monsieur
mon filz, que le s'' de Quelus m'a mandé
que luy et le s"' de Brocquiers n'ont rien peu
faire envers ceulx du Mur de Barois', lesquelz
sont opiniastres, à ce que m'escripvent et au
s' roy de Navarre lesdictz sieurs de QueluS et
de Brocquiers, qu'ilz n'ont vouUu obéyr et
n'obéyront aucunement à ce qui leur a esté
commandé pour remectre la ville en Testât
qu'elle estoit, lors de la publication de vostre
édict, sy ce n'est que vostredict frère le
roy de Navarre y envoie quelqu'un expressé-
ment, comme je l'en admoneste de faire par
le s"' de la Mothe qui est auprès de luy l'en
sollicite, afBn qu'il y dépesche quelqu'un des
siens et leur escripve bien expressément. Ce-
pendant lesdictz sieurs de Quelus et de Broc-
quiers vont au reste de leur charge pour exé-
cuter ce que leur avons commandé pour le
faict desdictes innovations, pour lesquelles le
sieur de la Groisettem'a pareillement, ce jour-
d'huy, escript que luy et le sieur de Monthar-
tier exécutent aussy leur commission du costé
de Lauragais et du hault Languedoc, dont je
suis bien aize; car il en estoit grand besoing,
pour ce que , de ce costé là , les actes d'hosti-
' Aujourd'hui Mur-de-Barrez , dans l'Aveyron, chef-
lieu de canton de l'arr. d'Espalion.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
111
lités s'y commoltoieat cncores. Vous aurez
aussY veu, par la di-pesclie que vous a portée
Ve'rac, comme en Quercy ie s'' de Vezins et le
viconte de Gourdon ont semblablement faict
cesser les actes d'hostilités et commencé à faire
réparer Jesdictes innovations. Les lettres que
vous leur avez escriptes sont venues fort à pro-
pos. Je les leur feray tenir et les admonesteray
encores de procedder diiligemment à rexécu-
tion de leursdictes commissions pendant nostre
assemblée, alFin que le pauvre peuple com-
mence à sentir le bien et fruict de vostre in-
tencion et de mon voiaige par deçà, oii il ne
se parle encores plus de mauvais bruicts que
l'on- y avoit faict semer contre vous ny des
préparatifz qui se moyennoient au préjudice
de vostre service. Touteffois c'est bien des
choses à quoy j'ay l'œil aultant ouvert qu'il
m'est possible, et, selon ce que m'escripvez, je
vous envoyray, si je puis, bien des lettres qui
ont esté icy escriptes et distribuées à plusieurs
pour les deslourner du debvoir naturel qu'ilz
doibvent à vous et à vostre service. Et suis de
vostre mesme advis que, si Dieu nous faict la
grâce que nous puissions bien establir la paix,
tout cela se dissipera de soy mesmes, qui est
ce qu'il fault tascher doulcement et dextre-
ment de faire faire, sans grande démonstra-
tion et effect extérieur, remectant à ung aultre
temps , et , comme les occasions se présenteront ,
de le faire sentir à ceulx qui en sont les au-
theurs et coupables.
J'ay veu aussy le discours qu'il vous a pieu
faire faire , par vostre aultre et dernière lettre ,
sur ce que vous a rapporté et requis le s" de
Simier, de la part de mon filz, pour les
offres qui luy sont faictes; en quoy il ne se
pouvoit mieulx ni plus prudemment et à pro-
pos respondre que vous avez faict pour vostre
dignité et pour conserver vostre amytié avec
ie roy d'Espagne. Cependant le temps ap-
portera, peult estre, quoique nouvelle oc-
casion que ceulx qui font ces offres à votre
frère, avec la déclaration qu'ilz désirent de
vous, s'en départiront, ou vostre frère mesmes,
considérant que vous avez 1res saigement faict
congnoislre audict Simier que cela pourroit
nuire au mariage d'Angleterre, estant le prin-
cipal, comme je veoy aussi par vostre lettre,
que vous taschcz de détourner le marquis
d'Auchy d'entreprendre le voyage qu'ilz luy
veuUent faire faire pour cest effect devers vous ,
à qui je diray, de rechef, qu'il n'y a per-
sonne, au moings s'il ayme vostre service et
réputation, qui en ce temps vous conseillast
telle chose que celle dont vous estes requis.
Vray est qu'il fault que je vous supplie, pour
le bien de vostre service, de gratifier vostre-
dict frère en tout ce que vous pourez honnes-
tement et eu esgard aussi à voz affaires et
service, sans toutlefois en faire démonstration,
comme vous avez bien dict audict Simier, car
cela le retiendra toujours, selon ce qu'il vous
a aussy promis. Ledict Rocquetailladc m'a
aussi monstre les articles proposez pour le
mariaige d'entre la royne d'Angleterre et luy,
qui sont tous semblables à ce qu'il feust aussi
mis en avant pour vous; à quoy vostre frère
ne peult rien, à mon advis, demander davan-
laige; mais, afin que la chose se feisl plus
dignement, et aussi pour obliger davantaige
et donner toujours plus de contentement à
voslredict frère, je serois d'advis que vous en-
volassiez quelque aultre avec ledict Simier en
Angleterre et fissiez aussi, par mesme moyen,
une très expresse dépesche à vostre ambassa-
deur, afin que toujours traitassent dudict ma-
riaige et desdiclz articles, et que vostredict
frère congneust par effect comme de toute
bonne grande affection vous vous eraploiez
selon son désir pour luy au faict dudict ma-
riaige. Cependant je vous diray que je suis
112
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
en très grande peine de Tentrevue que ladicle
Royne veut qui pre'eedde ledict mariaige; car
aussi cela est il trèsdangereuse conséquence ; cl
comme j'écris à mondict fiiz, conformément
à ce que je pense lui avoir cydevant mandé
ou dit à l'evesque de MendeS il faut, premier
qu'il passe en Angleterre, qu'il ayt les seure-
tez requises, et que les promesses qui luy sont
faites d'aller et revenir librement, vous soient
faites et envoyées, signées et scellées en telle
forme et si aulentiques, qu'il n'en puisse ad-
venir fauite; car il y a de grandes considéra-
tions sur cela, qui importent merveilleusement
non seullement à vostre frère, mais aussi à
vous et à vosire royaume; priant Dieu, Mon-
sieur mon fîlz, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à l'Isle en Jourdain , le vni° novembre
1578.
1578. — 9 novembre.
Aut. Record oflîci' , State papers, France, vol. 64.
A MADAME MA BONNE SEDR
LA ROYINE D'AiNGLETERRE.
Madame ma bonne seur, m'ayant fait en-
tendre mon fîlz le duc d'Anjou qu'il vous en-
voyoit le sieur de Simié-, pour une occasion
que j'ay tant désirée et désire plus que ja-
mais d'en voyr l'effect, tel que je puisse avoir
ce contentement avant mourir de voir un des
enfans du Roy Mon Seigneur, qui vous a tant
' Reginald de Beaune, évèque de Mende de i568 à
1081.
' Après sa peu glorieuse expédition dans les Flandres ,
eutreprise qu'Elisabeth avait combattue sous-main, le
duc d'Anjou se décida à rappeler Bussy, assez mauvais
négociateur, et à envoyer en Angleterre, Jean de Si-
mier, le grand- raaitre de sa garde-robe, beaucoup plus
séduisant ambassadeur.
aimée et affectionnée, si proche de vous, qu'il
vous puisse rendre le tesmoignage pour vous
bien servir de l'amilié qu'il vous portoit et de
celle que je vous porte et désir que j'ay de
la vous faire paroisire par quelque bon ser-
vice; et l'ay bien voleu accompagner de la
présente, pour vous tesmoigner mon affection,
tant en ce fait que à voslro personne, et vous
prier de vouloir à ceste fois effectuer ce que
tant de fois j'ay recherché, et n'ay que un
seul regret, que les affaires du roy mon lilz,
pourquoy je suis icy mesme, ne me permet-
tent d'estre de retour, lorsque mon filz vous
ira trouver, pour n'avoir eu de plus grand
conlentement que je saurois avoir que vous
voir coucher ensemble ; mais espère que Dieu
me fera la grâce que je elfectueray ce que je
suis venue faire par de là, qui est de faire es-
tablir l'édict de pacification, que le roy mon
filz a donné à ses sujets, de point en point,
sans rien y diminuer ni adjouster, comme
chose faite aveques le consentement de tous et
jurée et promise par le roy mon dict filz,
comme aussi il l'a leur veult maintenir et
faire observer; et pour ceste occasion je pers
le bien que j'ay tant désiré de vous pouvoir
voir, ce que je ne veulx désespérer, que es-
tant de retour et les choses comme je veulx
croire, puisque voulez le voyr, que ce ne sera
pour nous le renvoyer, mais effectuer un si
bon œuvre; ce que estant, m'asseure n'aurez
désagréable que je aye le contentement de
vous voyr : ce que je prie à Dieu me faire la
grâce et me conserver en la vostre, non comme
L'historien contemporain Camden dit que c'était un
courtisan raffiné, qui avait une exquise connaissance des
gaités d'amour : il plut à Elisabeth en lui traduisant les
galants compliments de son maître; et Castelnau écri-
vait gravement à Catherine que «ses propos font rajeu-
nir la reines. Mais Simier trouva de redoutables adver-
saires dans Leicester, Susses et Ceci!.
LETTRES DE GATI
ce jusques icy j'ay esté, mais ayant riiour de
* vous estre nicTc.
De lisle Fontaine', ce viiii'' de novembre
1578.
Vostre bonne scur et cousine cl la plus sure
et allcctionnée que ayez jamais,
Cateki.ne.
1578. — 11 iimciiibre.
Copie. Bilil. n:il. , Fonds français , n" 33oo , f» 83 v» '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon lilz, le sieur de la Motlie
Fénelon retourna bier en ce lieu, m'aiant
asseuré que le roy de IVavari-e sera ce jour-
d'buy à Mauvoisin^, qui n'est pas ioing d'icy,
en intention de venir faire nostre conférence
en ce lieu, combien que aucuns de ceulx
estans auprès de luy et quelques aullres de
sa religion, qui sont seulement ceuK qui ne
veullent pas la paix, l'en ayenl voullu des-
lourner, luy disant, à ce que ledicl la Motbe
Fénelon a entendu, qu'il n'yseroilpas en.seu-
relé et que l'on le voulloit ntti'apper, comme ilz
luy persuadoient qu'il seroil Itien aisé, estans
tous ceulx de ceste petite ville calboliques
fil sy près de Tboulouze, où l'on pourroil à
uug instant assembler des forces, et qu'il y
avoil grande apparence qu'on le faisoit,
jusques à parler de cinq ou siv mil liommes,
et que pour le moings il falloit qu'il y vint
bien accompaigné ; mais avec les remonstrances
' kL'IsIc Fontaine»! est assurément une erreur de
lecture, car la date et les faits énoncés dans le lexle
indiquent clairement que la lettre a Ijien été écrite à
l'Isle-Jourdain, et d'ailleurs L'ile-Foutaine ne se trouve
dans aucun dictionnaire ^éo<jraj)liiqne.
■ En marge : ■'Envoyée au lîoy par Mons' de Roque
Taillade. n
' Mauvezin pelite ville de lArmagnac, à 28 kilomètres
d'Aucli et non loin de i'Isle-Jourdain.
(.'iTiiKr.isE n."; MiîDici-i. — vi.
EHINE DE MÉDICIS. 113
dudicl sieur de la Motbe Fénelon, il a, de luy
inesnies, passé pardessus toul cela, di.sant
qu'il s'asseuroit (jiie sa femme ne le trom-
peroil pas, et que pour le nmings ne luy.
falloil-il poinct d'escorte pour esire avec elle.
J'espère donc qu'il viendra icy, où ma (111e
sera aussy, eslant bier partie de Tboulouze,
se portant bien et veneue cousclier à Pi-
brac, se délibérant de venir ce jonrd'liuy
cousclier en ce lieu, ce qui sera cause, à mon
advis, ([ue le rov de Navarre y viendra aussy
plus librement. 11 s'excuse envers moy, par
les lettres qu'il m'a escriples par le sieur de
la .Motbe, que son relardeinenl a esté pour
attendre les députez de leurs églises, et que.
sans communic([uer les ungs avec les aullres,
ils n'eussent ])cu rien faire, ayant bien con-
gneu le sieur de la Motbe, comme aussy est-
il bien aizé à juger, qu'il n'a pas si grande auc-
lorité sur euh tous qu'il puisse s'asseurer de
se faire obéir en toul ce qu'il traitera, si leurs
députez n'y apporicnt particulièrement leur
consentement. Et je crains bien que cela
allonge nostre négociation. Toulelfois je suis
résollue, pour uug si bon œuvre et tant néces-
saire, d'avoir palieuce, et néantmoingscberciier
par tous moiens d'accélérer la conclusion pour
l'exécution de vostre édict, sans y adjouster
ny diminuer selon vostre désir et le mien et au
repoz et union de tous vos subjetez, quelques
traverses et menées (pii se lacent, de part et
d'aultre, pour empeselier ce grand et sy néces-
saire bien, auquel j'espère parvenir avec Tayde
de Dieu; car, ad ce que j av aussy sceu dudicl
sieur de laMolbe, le rov de Navarre, pour son
regard, et beaucoup des députez des villes le
désirent. 11 est vray cpi'ilz se sont laissez en-
tendre à luy (ju'il y aura bien de la dillicnlté
pour la reslilulion des villes qu'ilz occu|)ent
contre celles qui leur sont baillées en garde;
car en aulcuncs d'elles il y en a qui n'obéis-
i5
tUl-MULMI: SAtiosti.r.
414
LETTRES DE CATHElilNE DE MÉDICIS.
.sent et n'obéiront pas aisément nu roy de Na-
varre pour les rendre, de sorte cju'il sera mal
aizé de les eti pouvoir tirer, et fauldra trouver
<juelque expédient là dessus, car je veoy bien
que c'est le principal poinct qui nous arres-
lera. Hz ont dict, en advisant avec le sieur de
la Mothc, que, sil vous plaisoit en bailler en
jyarde aulcunes à quelques unjfs des principaulx
d'entre eux , ils s'obligeroient de les rendre de-
dans deux ou trois mois, ou tel autre'tenips
davanlaifjc qu'il seroit arrêté, et que ce leur
seroit unif moyen, entrant dedans icelles et
y prenant cette anctorilé, de vous en pouvoir
rendre meilleur compte: mais je pense qu'ils
ne le font que pour avoir commandement
absolu et retenir ;'i eulx par ce molen l'auc-
torite' sur plusieurs villes qu'ils sentent bien
esbranlées de leur party, lesquelles ne de'-
sircnt lien tant, à ce que j'av sccu, que de
sortir de la grande subjection où la noblesse
d'entre eulx les veut tenir, et croy, quand ils
seront bien asseurés de la paix , ils ne deman-
deront pas mieux, comme ils debvroient faire
franchement s'ils estoient saiges, que aultre
que vous [njeust à leur commander; il faut
bien penser sur cela, qui est de grande im-
portance, et je vous supplie. Monsieur mon
filz, de m'en mander vostre intention. Cepen-
dant vous asseureray-je que je chercheray tous
moyens qui seront possibles pour les ranger
à rendre et remectre toutes les villes, comme
elles doibvent estre suivant vostre e'dict, me
délibérant, si je congnois que le roy de Na-
varre n'ayt si grande auclorité parniv aulcuns
de ces oppiniastres là, de faire de sorte qu'il
consentira que nous négocions avec eux parti-
cullièrement; car, à ce que m'a dict aussy le
s'' de la Moîbe, le roy de Navarre s'est clai-
rement laissé entendre vouloir l'establissement
de la paix, disant davantaige que, quand nous
aurons pris la conclusion pour cet elïect, il
yra luy-mème, si l'on veut, et se joindra avefc
ceulx que vous commettrez pour faire obévr
les réfractaires. Pleust à Dieu que nous en fus-
sions desjà là, car j'aurois bonne espérance
que, dedans peu de temps, l'établissement se-
roit [faict]. Hier, en devisant avec mon cousin le
duc de Montpensier et le maresctial de Biron,
je leur dictz comme j'avois délibéré qu'après
que nous aurions résollu icy, ainsy que j'es-
pérois que nous ferions dedans peu de jours,
tout ce qu'il fault faire pour l'exécution de
lédict, que le s' marescbal, ayant desjà com-
mission et charge de vous pour l'exécution
d'ycelluy, partiroit incontinent, et 1(> s'' de
Turenne de la pari de ceulx de la relligion,
pour procedder diligemment à l'exécution en
toute la Guyenne, et le s'' de Joyeuse, avec
aussv quelque des principaulx de leur reli-
gion, pour en faire le semblable en Langue-
docq; que cependant je m'en yrois à Nérac.
où je demeurerois quelques jours avec mon
fds et ma fille, le roy et royne de Navarre,
alfin que je puisse venir exécuter devant mov
en Guvenne et Languedocq uos résolutions.
et que s'il y a\oit quelques difficultés, au
moings estans le roy de Navarre et moy en-
semble, nous y puissions soudain pourveoir
et remédier. Cependant le chemin s'ouvrira
du cosié de Languedocq pour me laisser
passer seurement en Provence; car aussy ne
pourrois-je pas, ny ne seroit raisonnable
que je partisse de ce pays que première-
ment je n'y laisse l'exécution de vosire édict
et toutes choses bien eslablies pour le bien
de vostre ser\ice. .\ussy, cela estant et le
chemin ouvert par le Languedocq , je m'ache-
minerois lors par la Provence et Daulphiné,
où je ne laisseray pas de rontineuer lousjours
à escripre et faire tout ce qu'il me sera pos-
sible, pour composer le faict d'entre les s" de
Suze et de Carces, dont j'attends bienlosl des
LETTRES DE CVTHEiUNE DE MEDICIS.
15
aoiivelles. J'ay (icsclarc ma délibération, qur
j'ay pensé que trouverez bonne, debvant le
inarescbal di- liiron, aflîn qu"il se résoliul à
cela; car je nie doublois, selon (|iril se con-
;>noissoit par ses propos, qu'il cul bien voullu
par ses paroles, mais je ne sçay pas si cVs-
toit en eflcct, qu'un anlfre eust eu la charge
de l'exécution ih: ce que j'espère que nous
résouidrons. El comme je vous ai dit souventes
l'ois, je vous prie excusai- mes longues lettres;
car je ne fais, ny ne pense rien que je ne vous
représente, affin que vous entendiez toutes
choses, comme sy vous les voyez de vos yeux
par deçà,oij je m'asseureque vous congnoissez
bien que sont les pins grandes affaires que
vous ayez, afliu de vous y conserver lauclo-
rité que Dieu vous y a donnée et gaigner
l'affection de vos subjeclz, qui estoient et sont
encore tant divisés que, si la paix ne s'y esla-
blit, toutes choses y seront tn 1res mauvais
estât et vous en danger de perdre beaucoui).
Je vous envoyé un advis que j'ay faicl rédi-
ger par osciipt de certaines particullarilés, (jui
se sont recueillies d'aulcuns du costé du roy de
Navarre, par où vous verrez beaucoup de choses
de grande considération, dont et pour me re-
mettre audicl écrit, je ne m'étendriii pas da-
vantage.
Je vous diray aussy que, onltre la lettie
que j'escrips à vostre frère le duc d'Anjou par
Uoquetaillade, de laquelle je vous ay envoyé
un double par MoHé, je luy envoyé mon
advis par escrlpt, comme il m'a recquis, sur
les articles proposés qu'il m'a envoyés du
mariaige entre la royne d'Angleterre et luy,
n'ayant voullu faillir de vous en envoyer aussy
autant, qui seront enclos en ce pacciuet, alin
qu'il vous plaise les veoir et commander à
vos principaux conseillers apptiier ceux de
mondit (ils les veoir encores, afin que tout se
face soubz vostre auetorité, comme il est rai-
sonnable et nécessaire, ainsy que jesrrq)s a
num lils le duc d'Anjou, (|ui ne lanldra de
solliciter mon opinion et suivre mon advis. Je
prie Dieu, Monsieur mon lils. qu'il vous ait
en sa saincte garde.
JïscriiiL èi ITsle en Joiuilain. le \i" jour de
novembre i G^H.
1578. — la novciiibiT.
Orig. Bihl. nul., l'omis fraiiç.iis , ii' :i:iQ'j, f' i-ii.
\i r.oY
MdNSIKl a MON FILZ.
Monsieur mon filz, mon cousin le sieur
abbé de Vendosme m'a faicl entendre (jue
l'on luy demande ung fort gros eni|)runct,
en vostre nom, sur ses béneffices, el (pie
l'on a desjà faict saisir son revenu en divers
lieux, de sorte (]ue l'on luy a coupé les vivres
et osté le moven de pouvoir vivre, s'il ne
vous plai't luy faire ccsle laveur, dont je
vous supplie, de bien bon cœur, de comman-
der qu'il soit exempt diidict emprunt et que
main lovée luv soit baillée de^dii'tz bénellices.
En récompense de ce bien el faveur là el de
tant d'autres qu'il a receuz et reçoit journel-
lement de vostre bonté et libérallilé, il prira
Dieu pour vous et vous fera lou^jours tout !e
service qu'il pourra, pnur avder à reslablir
la paix en ces pais, priant Dieu, Monsieur
mon fdz, vous avoir en sa saincle el digne
garde.
Escript à flsle eu Jourdain, le mi" uiiveiu-
bre 15^8.
De sa main : Monsieur mon fils, je vous
suplie considérer qu'yl el \si' nu- \l dépend.
)/ et ijsi , il est ici.
.411, où.
116
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ci nous Icsl l'Iioiuîciir cl .■-ervisc. Je le vous
ivroiiirmiic cl (pi'i vous plei-c lui lemecti'e
(■cl (]uc i'iui lui lin (Icincudc, jiour l'amour de
iiiov. el ne vous en pi'iivj plus pour auilre. Je
vous iccouicuile le jjraul Pi'vore '.
\(i>lrc bonne, afei'lioni'' et liouhligé mè'i'c,
Catkrink.
1578.
1 !* nn\<Mnljro.
Or'n;. Arcli. il. s Mc.liris à Florence, .l.ill.i lil/a ipb,
imova nutiiera/iuiie, J). iâi.
A ^iO^ lOlSIN
i.i: seigm:i R PiKiiRE i»k :\iédi(:is.
Mou cousin, j'ai i-creu la Icllre ijue m'avez
escripic, snivanl laquelle je vous cuvdvi' un;;
passeport ])our vous l'aire passer le plus seure-
nujnl i|u il sera ])0S.sible, e.srripvaiit aussi au\
jjouveineui-s de Bayonue el de Bourdcaux vous
acoinpaifjncr et l'aiie acomoder de ce qui vous
sera nécessaire. Et si je puis scavoir quel che-
min Vous voiddrez prendre, v envoirav nussy
par la u\esme occasion; cai- je .sei'ois bien
uiari've (|ue eussiez aulcun eiupesclienient uv
deslourbier eu voslre vo\age, priant Dieu,
mon cousin, vous a\oii' en sa saiiicte et digne
ij.irde.
Escript à risle en Jourdain, le mi'' no-
vembre 1 r)-<s.
Voslre bonne cousine.
(Iaterine.
' Le grand Wij.re, le j;rari<l Piioiii' rie l'ordre de
\lnlte, Hi'iiii d'AnijoiilèmP, fils naturel du roi Henri II,
i;oiivonieup de Provence et anilnil des mers du Levant,
dont la eolleclioii ('lodefroy, de la Iîildiolliè([ue de l'Iii-
sliliit, ronlieni iiii certain nombre de lettres au roi, de
1.Ï78 .1 i.")8i), lui donnant des nouvelles des événeoienis
de si»n jjouveineiiii.nl.
1378. — i,") novemlire.
Cojtic. BiLiI. iiiit. , Fonds fr-inçais . n' iîiîoo , f' iSi v' '.
[W ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fdz, cncores (jue je vous aye
hier escript parle s'" de Itoquelaillade l'espé-
rance que le s' de la Alotlic Fi'iielon, à sou
retour, s'en venant de devers Luon fdz le
rov de Navarre où je i'avois envoyé, qu'il se-
roil icv dès d'avant hier avec les députez de
la religion, en intention, comme il avoit ex-
pressément chargé' ledict sieur de la Mothe
me dire, de proredder Irancheinenl en la ré-
solulion de ce ipi'il l'ault faire pour l'exécution
do vostre édict de pacitïïcation dont j'estois
très aize; car, comme vous aurez veu par mes
dépesclies |)récédentes, ilmelasclie iufininient
de ces remises et longueurs si préjudiciables
an bien de vostre service et du public, comme
j'av lanl de fois et si expressément escript à
mondiel lllz, le roy de Navarre. Toulleroi;-
voiant (pie qualre ou cin(j jours sont passez
depuis le retour dudi't s'' de la Alolhe et (pie
(piebpies uiig-, (pii sont icy, disent (pie,
quebpie ( bose que iii'avt mandi' moiidict lilz
le roy de Navarre, (jue niianlmoings il ne sera
encores icv de (juatre ou ciui| jours, (jui l'ut
eau^e que je luv escripvis hier (comme bien
laschéi; (jue je suis, et avec grande raison de
ces remises, re qu'il m'en semble), où je n'ou-
bliav lieu de tout ce (pi'il me sembloit estre
à |u'o|ios de luv iiiauder du tort (ju'il se l'ai-
soit et à mov, et ipiaud et quand à vostre ser-
vice, dont je m'asseurois recepvoir très grand
inalcontentement.et ponrce,luy iiianday aussy
(pie résolument, s'il ne vouloit venir, que j'es-
tovs de'libér('e de l'aller trouver, ayant com-
mandé à Saiigez, que je luy envoyay cxpres-
' lin lilie : - lînvovee au lîov par tofa(ddct, courrier.''
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
\\1
sèment y porter madicle lettre, de me renvoyer
incontinent unjj larqunis qnc je luy baillay,
par lequel il mescripra ce que le roy mon-
dict s' et filz luy aura dict, aflin que, sielon
cela, je me résous, comme je suis bien déli-
bérde, s'il ne vient, de l'aller trouver, ad ce
que chascun puisse congnoistre comme il ne
lient ni à vous ni à moy (jue ce bon œuvre de
l'eséculion de la paix, que tous les gens de bien
et principallement tous les pauvres peuples
de'sirent tant, ne soit aoconipli et efteelué.
AfBn, Monsieur mon filz, que vosircdict frère
le roy de Navarre cognoisse le dé[)laisir que
vous rccepvez de telles longueurs, je vous prie
luy dépescher sur ce ipie dessus uug gentil-
homme, et hiv esrripvez et mandez par luy
bien fermement combien telles longueurs sont
préjudiciables à vostre service et au bien du
royaulme et du publicq et qu'il ayt esgard à
la pevne que j'ay prinse d'estre venue en cestc
maulvaise saison faire ungsi long voiage; et,
quand il n'y auroit que cela et la considé-
ration de ma personne, il en devroit user
aultrement qu'il ne faict, et adjoustant davan-
taige ce que vous verrez estre à propos pour
le liaster et reuh de la religion à l'aire leur
debvoir mieukqu'ilz ne font et satisfaire à ce
qu'ilz ont si expressément juré et promis et
qu'ilz m'ont depuis que suis en ce pays tous-
jours asseurée qu'ilz vouloicnL entièrement
observer et entretenir. J'espère que le voiage
que ferez faire par ledict genlilhouinie des
voslres, que je vous prie choisir capable pour
faire cest ofllce, servira grandement pour
accélérer vostre résolution et l'exécution de
vostre édict. Si vous donnez aussi charge à
ieelluy gentilhomme de scavoir aussi de vostre
frère, le rov de Navarre, s'il veut tenir la
paix ou non, avec ce qu'il sera à propos de
lui dire, je crov que se sera très bien faict.
Cependant, pour ce que j'ay pensé, bien que
le s'' de Beauvais Nangy ' ne sera encores party,
quand vous aurez ceste lettre, j'ay pensé
qu'il sera très à propos, pour éviter ung
voia{;e, i|ue vous luy commandiez, allant en
Porlu|fal, de passer par le roy d'Espagne pour
condoler avec luy de la mort de son filz-,
de ses deux uepveux et de son lière bastard ^,
vous priant que j'aye de voz nouvelles le plus-
tost que vous pourrez; car c'est le plus grand
bien que je puisse recepvoir, priant Dieu, Mon-
sieur mon filz, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à l'Isle en Jourdain, le xiii' de no-
vembre 1 578.
1578. — i'i-i5 novembi-e.
Copie. Bibl. tiat, , Fonds friinrais, n" 33oo , f" 83 *.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon lllz, depuis le parlement du
courrier Girauidet, mon Glz le roy de Navarre
m'escripvit ung mot de lettre de créance par
le sieur de Miossens^ venant icy veoir Pons;
' Antoine de Be.Tiivais-Nangis, colonel du réginiont
des gardes, fut envoyé comme aml)assadeiii' exlraor-
din;iire en Portugal, trproche caresme prenant» de celle
année, pour ucondoiiloir le roy Henry de l'orlugal de la
mort du roy don Sél)astienB, tué en Afrique, te 2 août
i.')78, dans une expédition contre les Maures. {Mémoires
de Beauvais-Nangis , édil. de la Société de i'Ilixtoire de
Frariee, 1862, in-8°, p. 26.)
- L'infant D. Ferdinand, fils de la troisième femme
de Philippe II, Anne d'Autriche. Elisabeth de Valois
était morte en i568, ne laissant que des fdies.
' Don Juan d'Autriche, mort le 7 octobre 1578.
* En marge : tr Envoyée au Roy par Lal|aye, courrier
do ladite dame Royne. n
' Jean d'Albrel, liaron de Miossens et de Coarrase, fils
de Jean d'Albrot et de Suzanne de Bourbon, camarade
d'enfance et doublement cousin du roi de Navarre, qui
l'avait envoyé, en juin 157A, saluer Henri lit 5 son retour
de Pologne
118
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sadicte créance fust qu'il esloit arrivé à Mau-
voisin et eut bien désiré, quant à lui, venir
icy pour noslrc conférence, combien que l'on
luy eust dit qu'il y avoit gens de cheval et de
pied desjà assemblez et qui s'assembloienten-
cores et que cela mectoit ceulx de sa religion
en double, inesme leurs députez; et combien
que je scaiche que ledict Miossens ne parti-
cippe point en leur Conseil des choses qui sont
du faict de leur religion, touttefois voyant
telles remises etaussy qu'ilz luy avoient baillé
ung recordz qui estoit\ illandry', je parlay au-
dict de Miossens, présent ledict Villandry, de
telle façon qu'culx et aussi beaucoup de gens,
qui estoient en ma chambre congneurent bien
le desplaisir que je recepvois de telles lon-
gueurs et remises, que je répétav les ungs
après les aultres, nionstrant la conduite et
maulvaise volunté dont j'ay la croyance que
ceulx, qui estoient auprès du roy de Navarre,
usoient et abusoient soubz son nom, leur di-
sant davantaige que je me doubtois et con-
gnoissois bien par là leurs pernicieux des-
seings; mais que je u'avois pas failly de vous
en advertir et admonester, voyant leurs maul-
vaises voluntez, de regarder à pourveoir à voz
affaires, comme je m'asseurois que feriez assez
à temps pour faire rompre la traite de Casimir,
s'ilz avoient délibéré, comme je m'en doub-
tois, de le faire enircr en vostro royauline.
Kt, sur le soir, arriva Guitry- aussy, avec
aussy un mot de lettre que in'escripvoit de
créance le roy de Navarre par luy, de la part
duquel il ine feist grandement les excuses que
avoit faict ledict Miossens: qu'il ne tenoitpasà
' Villandry ou Villandray, capilaine huguenot.
- Jean de Cliaumont, seigneur de Guitry ou Qiiilry,
chevalier de l'ordre, chambellan et conseiller du duc
d'Alenron, plus tard lieutenant général des armées de
Henri IV, lils aine d'Antoine de Chauuiont et de Jeanne
d'Assy.
mondict filz qu'il ne vint icy, combien qu'où
luy a donné advis des assemblées de gens
de pied et de cheval que l'on faisoit, qui es-
toient entrez eu partie à Toulouse pour les
investir icy, et que le roy de Navarre pour-
tant n'eût pas laissé d'y venir, sy la noblesse
de sa religion et les députez qui sont avec luy
s'y feussent voullu consentir; mais (jue princi-
pallement ceulx du hault Languedoc, qui sont
ceulx desquelz on a le plus aflfaire, avoient
résolument dict qu'ilz n'v viendroient pas, et
que, pour ceste occasion, ils avoient pensé
qu'il seroit à propos d'aller faire nosire con-
férence en la ville de Pamiers, et que se se-
roit mon chemin, puisque j'avois délibère de
passer par le Languedoc , m'en retournant en
la Court. Sur quoy, si j'ay esté en colère,
quand le sieur de Miossens m'a parlé à moy,
croïez. Monsieur mon filz, que je l'ny bien esié
encoredavanlaige, quand [vint] lesieurdeGui-
try, auquel, oultre ceque j'avoisdit à Miossens,
présent ledict de Villandry, j'ay bien fait con-
gnoistre (jue le conseil de luy et de ceulx de sa
religion, qui .sont auprès de mondict fils, es-
toit très meschant et parloil d'une trîs maul-
vaise volonté de brigands et aultres gens qui
ne demandoient que la guerre et la ruyne du
royaulme; mais que j'espérois, avec l'ayde de
Dieu, que vous y sauriez bien remédier et
qu'aussv vous aviez jà advertie de pourveoir à
voz affaires, veoyant bien par leurs maulvais
desseins qu'ilz n'avoient au cœur rien qui
vaille, et que, d'aller audict Pamiers, que réso-
lument je n'irois pas, pour ce, premièrement
que je savois bien quelle ville c'estoit et de
quelle sorte de gens elle esloit habitée, qui
estoient la plus part bandolliers et gens de
très maulvaitc \ve, estans sans respect à
prince ni à qui que ce soit, et que le roy de
.\avarie l'avoit lui-iiiesme expérimenté, pour
ce que v estant une fois davant ces troubles,
LETTRES DE CATHl
cette manière de gens là ealièrcnt en sa
chambre, ayaus tous leurs poilriiiatz et, sans
respect ne conside'ratiou , voulurciil comme
forcer et outraiger ses gardes, qui les vou-
loient garder d'entrer en cest dquipage en sa-
dictc chambre; et que, s'estant lui mcsme
Irouvo' en ceste peyne là, je m'esbahissois
comme il n'avoit aultre respect et affection à
mov, et aussy que c'estoil une ville assise
dans les niontaignes. si mal saine que la neige
V est encore au mois de juing et que, pis est,
les chemins entre cy et là sonl si maulvais,
qu'il ne seroil possible d'y pouvoir incontinent
maintenant aller, y ayant douze grandes lieues,
et estant du tout esloigne'o et au rebours de
mon chemin de Languedoc; mais que, si
moudict fiiz le roy de Navarre vouloil, nous
yrions à Gondom , estant mon intention , après
nostre conférence, d'aller à Ne'rac' mener la
reyne de Navarre ma fille en son mesnaige;
sur quoy Guitiv, fort ostonne de ce que je lui
ay dit, m'a respondu que se seroit incom-
modité de passer la rivière de la Garonne,
qui est maintenant très grande et desbordée,
et m'a dict quelque chose dudict Nérac, à
quoy j'ai respondu que j'eaverrois devers
mondict lilz le roy de Navarre ce malin et
' La reine mère alla, en effet, à .Nérac, où se tinrent
les fameuses conférences; mais passa-l-elle par la petite
ville de Laplume, rlief-lieu de l'ancien comté de Brui-
bois? On pourrait l'inférer d'une lettre trouvée par M.G.
Tholin dans les archives coiiimunalcs de Laplume et qui
a été publiée par lui dans la Revue de i'.lgeiinis de
l'année 1881, p. 55i. Elle est de (iatlierine de Navarre,
la sœur de Henri IV :
-Messieurs les consulz de La l'iunie, le roi Monsieur
mou frère me vient d'escrire présentement que les roynes
et luy seront en cesle ville dans trois ou quatre jours,
avec intention d'y faire quelque séjour, et, eslint pour
ceste occasion nécessaire de faire provision de foings,
pailles et avoynes, je vous prie bien fort de vous assem-
bler, incontinent la présente receue, et donner ordre
■:R1NE de MEDIGIS. 119
que je luv nianderois ce qu'il me semble de
toutes ces choses-cy; et sur cela s'est retiré
ledict Guitry, après touttefois que je lui ay
bien lavé la teste, et fait sentir combien luy
parti'.'ullièrcmenl m'avoit d'obligation, voire
de sa vie, ce qu'il n'a pas nié, et qu'ilz deb-
voient oster toutes ces défiances, puisque je
les asseuroisde vostre franche et nette volonté
à la paix. Je luy ay aussy dit qu'ils ne pensas-
sent pas m'ennuyer et que ma résolution es-
toit de ne partir j:iu:ais de ce pays que je n'y
eusse, par une façon ou par une aullre, esta-
bly la paix et repos, suivant l'édict de pacif-
fication et que je ne croiois pas que le roy de
Navarre, de son instinct naturel, m'en voulust
empescher, estant, comme dit est. par mesme
moven , ma lésolution de conduire et veoir
ma fille la royne de Navarre en son ménaige
à Nérac et, devant qu'en partir, veoir exécutée
et establie partout la paix. Il s'en alla, par-
tant d'avec nioy, trouver ma fille la royne de
Navarre, à laquelle j'envoyay sur le soir dire
le tout par Pinart et la résolution que j'avois
prise d'envoyer le sieur de Pibrac , comme
j'ay faict ce matin, devers le roy de Navarre,
auquel je la priois de bien escripre le dé-
plaisir que je recepvois de toutes ces choses
d'envoier icy la quantité de cent quintalz de foing, cin-
quante de paille et quarante sacs d'avojue ez main»
d'ung personnage qui a esté advisé pour les recevoir et
en faire le paiement tel et si raisonnable que vous et
ceux à qui seront Icsdicls \ivres en recevront contente-
ment; et vous ferez ung grand plaisij' au roy mondicl
sieur et frère et à moy, qui n'oublierons à le recon-
gnoistre, s'en présentant l'occasion. Et, m'asseiirant de
vos bonnes volonlez, prieray Dieu, Messieurs les consuls
de La Plume, vous avoir en sa saincle garde.
itDe Nérac, ce 17' jour de novembre 1578.
r Votre bonne amie ,
trCATHERl.VE DE NlVABRE.Jl
Cependant, quittant l'Isle-Jourdain ie 18 novembre,
Catberine fut le 2 a à Aucb.
120
et que je le priois de résouldre de faire nostre
conférence, puisqu'il ne vouloit venir icy, au-
dict Condom, ou à Aux, ou bien en Agenois; et
s'il ne voulloit pas unjj de ses lieux là, puisque
j'avois aussi délibéré d'aller et passer audict
Ne'rac, que j'eslois contente que nous y allas-
sions. J'attends la response dudict Pibrac ce
soir, pour me résoudre selon icelle; et pouvez
croire que j'ay ung extresme desplaisir, voiant
les longueurs et connivences dont ces gens cy
usent, qui me fait très mal penser de leur
volunté, combien que je leur ay bien dit que
leursdictes remises et maulvaise façon de
procéder ne m'intimideront ny me garderont
de faire ce que j'ay délibéré, qui est d'establir
la paix, par doulceur ou aultrement, et que je
ne partirois jamais de ce pais que cela ne
soit faict, m'asseurant que tous les gens de
bien catboliques m'accompagneront et assis-
teront, ainsy que tous unanimement me
l'avoient promis, en ce bon et sainct œuvre et
feront tout ce que je vouldrois et avec eulx une
grande partye de ceulx de la religion, qui dé-
siroient la paix et qui seroient les premiers qui
courroient sus aux brigandz et aux voUcurs
qui vouloient faire faire la guerre par force.
Touttefoisje me délibère, comme je says que
c'est vosUe volunté, de conduire tout par la
douceur et faire que, sans cruaulté ni autres
choses, vostre édict puisse eslre exécuté,
gardé et observé; mais pourtant il ne fault
laisser de pourveoir, de vostre costé, à tout ce
que verrez nécessaire, et principalement tjuil
ne vous vienne rien sur les bras du costé de
Flandres; et, à ce propos, je vous diray
que mon cousin le mareschal Dampville me
manda hiei', après disner, par son secrétaire,
avoir seu comme le prince d'Orenge et ceulx
de leur religion, qui sont en Flandres, voul-
loient bailler l'admirauté diidit pays à Chas-
lillon, qui en estoil fort aize, el se délibéroit
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
de s'y acheminer bientost, s'estanl laissé en-
tendre que, si vous et moy luy escripvions
quelque bonne lettre, il s'asseuroil qu'il re-
metlroit le ciiasteau de Beaucaire et feroit
sortir tous ceulx qui sont dedans de l'une et
de l'autre religion, qui sont tous à sa dévo-
tion. Je luy ay fait sur cela une fort bonne
dépesche, par l'advis des princes et seigneurs
qui sont icy, laquelle le mareschal Damp-
ville a pris charge de luy faire tenir, avec
bonne espérance d'effectuer cela; il dit aussy
qu'il a opinion que le s' de Tore viendra de
deçà. Je croy que se sera au lieu où nous
ferons nostre conférence, en laquelle vous ver-
rez, s'il vous plaist, que je n'obmeltrav rien
de ce que je pourray penser qui sera à propos
de dire et de faire avec les ungs et les aultres
pour le bien de vostre service, et vous tiendray
journellement adverty de tout; mais cepen-
dant. Monsieur mou filz, considérant comme
ces gens icy procèdent, ([ui me fait croire que
ne sont sans mauvaise volunté, je vous priede
rechef donner ordre sur toutes choses que
l'on face en sorte envers le Cazimir qu'ilz
puissent eslre hors d'espérance de se pouvoir
aydor el prévaloir de luy et de ses forces; car,
si cela est une fois fait, croiez qu'il facilitera
beaucoup toutes choses selon vosire désir pour
l'exécution et ferme establissement de la paix;
et jusques cela soit fait, j'auray lousjours
doubte du Cazimir, m'estant le voyaige dudict
Chastillon en Flandres, s'il est vray qu'il y
aile pour cesie occasion là, fort doubteux.
Touieffois il vauldroit tousjouis mieuh que
luy et ses forces fussent dehors que dedans
vostre royaulme , car telles gens n'y font que
troubler les provinces.
Je vous diray aussy qu'il est besoing que
vous escripviez en Bretaigne pour faire tenir
les Estats, sans attendre mon cousin le duc de
.Montpensier; car, quand bien il partiioità pré-
LETTRES DE GATH
sent, à «ji'and'peync y pourroyt-il arriver à
temps; aussy que de luv-mesrae, voiant que
nous n'avons eucores rien faict avec niondict
Glz le roy de Navarre, s'est délibère' de venir et
assister avec moy à nostre confe'reuce, comme
il me semble estre bien à propos, d'aultant
qu'il a tousjours vacqué cl esté présent à la
bastir; vous priant don([ lui vouloir escripre et
aussi à mon cousin le prince Daulphin que vous
avez très agréable le service qu'ilz vous font
par deçà auprès de moy.
Ledict s"' de Guitry s'est trouvé au com-
mencement de mon disner j)0ur scavoir si
j'avois à luidemandcrquel([uechoseet sij'avois
ajjréable qu'il s'en retournast trouver niondict
filz le roy de Navarre; à quoy je luy av res-
pondu que oy, et <|ue pensois bien qu'il ne
me l'eroit point de responce sur ce que je lui
avois mandé par le sieur de Pibrac, qu'il ne
feust de retour auprès de luy avec les aultres
de la religion, qui avoient accoustumé de luy
donner conseil; et suis entré à luy dire, voiant
qu'il estoit encores tout estonné de ce que je
luy avois dit bicr, que quand il se porteroit,
comme il debvoit, envers mondirt filz le roy
de Navarre et que les aultres de la religion
feroient aussy leur devoir en l'obéissance qu'ilz
vous doibvent, (jue vous les ay nieriez et em-
pioiriez comme vos aultres subjectz. Cela l'a
ung peu remis ; et il est party, à ce que j'ay
sceu depuis de ceux à qui il a parié, en in-
tention de faire si bien son debvoir pour le
faict du lieu de ladicte assemblée, et aussi
lorsque nous serons en nostre conférence,
qu'il espère, ainsi qu'il a dict, que j'en au-
ray contentement : ce que je veulx bien croire
<|uand je le verray. Ledict s' de Pibrac n'estant
poinct ce soir arrivé, je croy qu'il sera icy de-
main de bonne lieure avec quelque bonne
responce, si Guitry lient promesse; et pour
ceste occasion, afin de vous en advertir, je
C.UUtni>E DE MÉDICIS. — VI.
ERINE DE MEDICIS.
121
reniecteray à vous envoyer demain ceste dé-
pcsche par l'ordinaire des postes, pour fin de
laquelle jevousdiray ipiejesuis d'advis et vous
prie bien fort d'euxoyei', le plus tostque vous
(lourrez, le gentilhomme des vostres, par le-
quel vous escriprez au roy de Navarre, sui-
viuil la contenance de la despesche que je
vous feys hier par Girauldet.
Il vous plaira aussy commander que l'on
l'ace bailler quelque argent par forme d'extra-
ordinaire, suivant requeste ([ue je vous ay
cy devant faicte, au commis du contrerolleur
dos postes à (juatre courriers, qui sont icy
a\ecnioy, qui font beaucoup de courriers, aux
mareschal des logis et fourriers, et au lieute-
nant de vostre grand pi'évost et à ses archers,
(jui sont icy; s'il v avoil aussy moien de pou-
voir fiiire bailler quel([ue argent sur ce qui est
deu aux Maistres des postes, qui sont depuis
Paris jusques à Bourdenulx et aux aultres,
qui sont à la traverse depuis ledicl Bourdeaulx
jusques icy, vostre service en sera beaucoup
mieulx faict, priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à L'Isle en Jourdain, le xiiii'^ no-
vembre ] 678.
Monsieur mou filz', jay receu vostre dé-
pesche du 11" de ce présent mois par le s'' de
Saulsac^, queje suis bien aize qui sera icy en
nostre conférence; car il y aidera beaucoup
pour les affaires du Daulphiné. Cependant je
vous diray aussi pareillement que j'ay reçeu
les letres que vous escripvez à mes cousins
les s" d'Uzès et de Foix et au s'' de Saint Su-
' En lilre : tt Postscript de ladite dépesche du
xm" nov. 1 678.»
- La baron de Saulsac secondait Mau;;ii-oii dans l'ad-
ministration du Daupliinë. On trouve son nom men-
tionné dans le registre des minutes de la correspondance
des consuls de Lyon. (^Arcliives de la Villf, série AA , 87. )
16
MtniE ?<AItO\lLE.
122
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
plice, lesquelles je leur feray bailler ; quant à
celle du sieur d'Uzès, que j'ay entendu qu'il
est allé à Paris ou en ces quartiers là, et quant
aux s" de Foix et de Saint Suplice S il vous
plaira en choisir d'aultres pour servir en vostre
Conseil les premiers mois de Tannée pro-
chaine; car, comme vous savez et que avez veu
par ma dernière de'pesche , il n'est pas à propos
pour le bien de vostre service qu'ils m'aban-
donnent à présent.
Monsieur mon filz, depuis ceste lettre es-
cripte les s" de Pibrac et de Fontenilles sont
arrivez, revenant de trouver mondict filz le roy
de Navarre, et est aussy venu avec euk le sieur
vicomte de Turenne, qui m'ont rapporté que
mondict filz le roy de Navarre désiroit que nous
allassions pour nostre conférence à Castel Sar-
razin , pourveu que je luy laissasse le cbasteau ,
pour y mettre des gens de guerre pendant que
nous ferions nostre conférence, et qu'à la fin
d'icelleillerendroit franchement ainsi, comme
on leluy auroit baillé , et qu'il désiroit aussi qu'il
peut mettre ses gardes aux portes de la ville
pendant <jue nous serions audict Castel Sa-
razin ; mais, après avoir mis cellaen délibéra-
tion avec les princes et sieurs de vostre Con-
seil qui sont icy, je me suis résolue d'aller à
Nérac, comme aussi tost j'ay mandé au roy
de Navarre; et dès lundy prochain. Dieu ay-
dant, je parliray d'icy pour aller coucher à Agi-
mont^, de. là, à Auch et à Coridom, où je me
délibère séjourner tant que je sçaiche au vray
que leurs députés soient tous ensemble ar-
• Jean d'Ebrard, seigneur de Saint-Sulpice , ancien
ambassadeur en Espagne, avait déjà été chargé par le
roi de surveiller la conduite de Damville en 1074. 11
pouvait être très utile à la reine dans le Languedoc.
^ Le copiste a voulu mettre à Gimont. Gimont est un
important chef- lieu de canton à a5 kilomètres d'Auch,
sur la route qui vient justement de risle-Joiu-dain.
rivés audict Nérac ou es environs, et qui se-
ront pretz à commencer nostredicte confé-
rence. Peult estre que ce pendant je pourray
gaigner sur mondict filz le roy de Navarre que
ce soit à Condom que nous ferons nostre as-
semblée; car, ad ce que j'entends, il n'y a pas
des vi\Tes pour longtemps à Nérac.
Escript à LTsle en Jourdain, le samedy
XV " novembre 1678.
1578. — 1O novembre.
Orig. Bibl. Dat. , Fonds franrais. ii^ 3aoi, f" 85.
A .MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE,
UIBÉCQAL DE FRANGE,
GODVBBNHUB ET LIEUTESAST CÉSERAL D0 ROT UOSSIBCR MOI! FILS
EN LA>'GDEDOC.
Mon cousin, je vous envoyé Sauger, mon
secrétaire, présent porteur, que je vous prie
croire de ce qu'il vous dira de ma part el le
ferez aussi avec asseurance sur nioy que vous
ferez chose qui sera fort agréable au Roy mon-
sieur mon filz, à qui j'ay desjà escript que je
m'asseurois que ne me démentiriez poinct,
comme je vous prie de rechef ne faire. Ce-
pendant je vous envoie aussy la lettre pour le
sieur de Chastillon, laquelle je vous prie en-
voyer par quelque exprès qui saiche bien s'ac-
quitter de ce qui fault faire en cella; n'estant
la présente à aultre fin, je prie Dieu vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript, le xvi° jour de novembre 1678.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
De sa main: Je vous prye, mou cousin, ne
léser vostre femme et famener, et je vous fayré
bien loger et n'auré mal, cet je n'enn ay.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
123
1578. — 17 nov<Miiln'e.
(Jopie. Bibl. nat., Fonds fr.iofais. n^ 33oo , f" 88 '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieui' mon fils ,voslre dëpesche du vu"
de ce mois, que je receuz hier au soir, et le
courrier que m'avez envoyé, m'ont apporté
très grande joye du contentement que avez du
bon debvoir que nous faisons à vostre ser-
vice; en quoy n'obmettons nous rien aussy de
ce que nous pensons y pouvoir servir, pour
le grand désir que nous avons de veoir la paix
et repos et union parmi tous vos peuples et
subjectz bien rétablis en ces provinces de deçà ;
mais, comme vous avez veu par ma dernière,
il s'est trouvé encore des difficultés pour le
lieu de nostre conférence et ne vous en feray
redicle; mais vous respondray-je seulement
sur vostre dernière dépescbe, en premier lieu
que, comme vous estes bien ennuyé de ma
si longue absence, croiez. Monsieur mon fils,
que n'y ayant rien en ce monde qui me donne
plus grand contentement que d'estre auprès
de vous, je m'ennuye plus que je ne vous
sçaurois dire de veoir mon voyaige si long;
mais considéiant que la plus utile et néces-
saire cbose est l'exécution de i'édict et l'esta-
blissement de la paix et union de tous vos
subjects, je supporte plus voluntiers la peyne
de cette nouvelle absence, espérant que,
oultre le contentement que vous aurez du
fruict que je m'en prometz , c'est le seul moyen
de \ous veoir à vostre aize et moy bien con-
tente pour le reste de mes jours. J'ay faiet
communicquer de vostre lettre ce que j'ay
veu estre à propos aux cardinal de Bourbon,
' En marge : n Envoyée au Roy par ung homme de
bien, venu vers la Royne mère du Roy de la part des
habitans de ladite ville (le Puy), et quis'en alloit trouver
ledit Seigneur, n
duc de Montpensier et prince Daulpliiu, et
aussy aux marescbaux de Damville et de Bi-
ron : ce qui m'a semblé qu'il esloit bon qu'ils
veissent l'expression du contentement que je
veoy que vous avez de la peyne r|ue je prends
icy pour le bien de vostre service. Je m'as-
seure aussv que les sieurs de vostre Conseil
qui sont auprès de moi, ayant veu par ycelle
vostre ferme résolution, embrasseront d'au-
tant plus grande affection les moiens pour y
parvenir bientost, et de mettre en repos vos-
diclz subjects, ce qui sera le comble de mon
contentement et le vostre aussi, comme je m'as-
seure que de là adviendra aussy ung bien, avec
l'ayde de Dieu, que, avec le bon ordre qu'avez
mis et mettrez en vos aultres provinces, qu'un
cbacunvousyrendra aussi l'obéissance quivous
est due, et que ceux qui vouUoient brouiller,
voiant que les costés de deçà qui estoient le plus
aliénez sont bien remis, se despartiront de
leurs maulvaises entreprises; et, tout ce que
dessus estant, vous ferez pareillement régner
vostre justice, comme je say que c'est le plus
grand désir qu'aiez : aussy fairez vostre deb-
voir. Et, si vous m'en croyez, vous ferez en
vostre présence , sans vous en fier à personne ,
voir par le menu toutes les sommes de deniers
qui se lèvent es cliacune des provinces de
vostre royaulme , et gratifierez , de vous mcsme ,
voz pauvres subjectz et provinces de delà, sans
qu'ils vous en requièrent, de quelque chose
pour les soulaiger; car es provinces de deçà
il y en a grande nécessité pour les arréraiges
que l'on prétend qu'ils doibvent des années
dernières, dont ils sont fort travaillez. Sy
vous faites cela et les aultres choses dont je
vous ay escript, croyez que Dieu vous fera la
grâce que vous aurez par ces moiens l'affec-
lion de tous vos subjectz. Quant à Tadvis que
vous désirez que le cardinal de Bourbon et
moy vous donnions sur ce que m'avez aussy
16.
i-i'i li:ttui-s de Catherine de médicis
(■^(■^i[ll |)(iiir Ju l'aicl «lu i:lt'r[;(.' , vous mirez
\cii ce que je vous ai l'ait eiilendre par \erae
(!e IVhial en (juov ils sont par deçà; mais, à
vous (lire vrn\, j'ay l)ien sceu que, depuis
moi! parlemeiil de Thoulouse, ilz ont repçeu
de 1res maulvaises persuasions, mémoires el
formes de serment, dont on les poursuit pour
vous desnier ee (pi'ils on! accoustumé de
payer, si ne leur permellez Tassemble'c géné-
rale, dont je suis de vosiie achis qu'il se faull
bien garder, prinripallemeut en ce tenijis, et
croy que vous vous devez contenter de faire
proccdder par forme d'i>inprunl sur ceulx du
cler;;é ipii n'auront satisl'aiet au jiaymenl de
leurs d('cimes, afin qiiilz ne puissent plus dire
que l'on leur ait fait tort de les contraindre
payer lesdiclz décimes, estant passé le temps
pour le(piel ils lesaxoloiit accorde's, combien
qu il n'y a ])ersonne sans passion qui ne
die (pie ceux du clergé sont tentez ne les
continuer, laiil (jiie les renies de l'bostel de
ville soient rapchetées ; car ils s'v sont
obligez, ne pouvant Nostrc Saint Vhiv les
excommunier, satisfaisant à une cbose qu'ilz
ont promis(j. Toutefois je demeure tousjouis
en mon opinion qu'il no lault user envers
eux, jusques ad ce que toutes ces menées
soient pass('es, que par forme d'einpruntz
aus(juels ils seront C(uitiaigiiables. comme
Ton laisoil cy-devanl, mais il lault bien causer
les eNjM'dilioriS el contrainctes qui se feront
pour cela sur le beau subject des bonnes
et grandes raisons (|ui \ sont, el (pie c'est
pour satislfaiie aux rentes de l'iioslel de \ille
de Paris, à qiioy ils sont obligez; en ce faisant
vous formerez la bourbe à ceulx qui voul-
droient mal jiarler. Cependant j'attenderav
par le retour de Vérac ce (jue aurez reVolu
pour ceulx du clergé des général! lez de deçà,
et le feiay suivre le niieulx (jue l'on pourra,
tant pour les arivraiges (ju'ilz doibvenl pour
cesti' présente année, où auicuiis uOnI encore
rien commencé de fournir, juiucipallemenl
du costé de deçà de la Guienne et du Lan-
guedoc, s'excusans sur leurs nou-jouissaiices.
Je ne scay au vray comme ils eu ont fairt en
Daulpliiné et Provence, où vous m'escriprez
que je m'acbemiiie et passe en m'en retour-
nant, espérant que ma présence vous y pouria
beaucoup servir. Croiez que je ne plaindrav
jamais mes peynes tant ijue je penseray
(ju'elles vous peuvent servir, et selon que je
verrav que y seront les cboses, lorsque j'auray
fait ce (pii faudra, je y passerav, s'il en est
besoing. (le|)endant je contiuuerav à y es-
cripre pour pacifier toutes cboses, dont j'av
b(Mine espérance. Il est vray, que ung gentil-
boiume que m'a envoyé le s' de Maugiron ' m"a
dict cejourdbuy que tout s'y porte bien à
présent, et que ledict s' de Maugiion est passé
au travers de tout le pays de Provence avec
seulement soixante cbevaulx jusques à Aix,
où il est à [irésenl; mais il ma dict que le
s' do Carres estoit eiu'oi\' avec (juelipies forces
en Cbampaignve. Cela me fait doubler qu'ilz
ne sont pas du tout accordez. Toiittefois il
confirme que les s" de ' estoient encore
après pour les accorder, comme j'espère qu'ils
feront, priant Dieu, Monsieur mon fils, vous
avoir en sa saincte et digue garde.
Kscript à L'isle eu Jourdain, le xvii'' no-
vembre 1 ï)i>>.
' M. de iMaiigiron ct;iil lieutenant géuiiral au gou-
vernemont de Daii|iliiiié dopiiis pins de quinze ans. Les
orcliives de la ville de Lyon (AA, 20) contiennent une
douzaine de Içllres à lui adi'esst'es par (Catherine de
Mi'dicis. (Jueli|ues auties Fe Irouvent aux arcliives du
Rln')ne, cl surtout il y a un dossier assez considérable
de son adininislralion.
- En lilanc dans le nianusci'il.
LETTRES DE CATHERINE DE MKDICIS.
l'io
1578. — 18 novemhre.
(lopie. Bilil. nal. . Fnniis fianç.iis , n" 3.ioo , PSgv'''.
[AU ROI MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, suivaiil l;i lellre (juc>
m'avez particullièremenl escriptc pour le faict
,de Bretaigne, nous avons avisé mes cousins
le duc de Monlpensier et prince Daulpbiu et
moy, que le meilleur sera de mecire la pro-
chaine tenue des Estats dudict païs au lundi
XXII™' du mois procliaiti, qui sera trois jours
devant la leste de i\oël, pendant lesquels Ton
aura assez de loisir pour re'souidre les affaires
qui se debvront traicter, estiinl le duc de
Montpensier de'libe'ré, pour la grande affec-
tion qu'il a au bien de vostre service, de s'y
acheminer et partir d'icy vers le premier jour
du mois prochain, et le prince Daulpbin avec
luy, pour arriver à Rennes le xx% s'il est pos-
sible; et si le duc de Montpensier veoyoitque
sa santé' ne peull permettre, pour ce qu'il est
à présent souvent malade, d'y aller, combien
qu'il se délibère en cela de faire tout ce qu'il
pourra, il y enverra le prince Daulpbin, bien
instruict de toutes choses pour le bien de
vostre service; mais, ainsi qu'il est porté par
vostre dicte lettre, je suis d'advis, en quelque
sorte que ce fust, que vous envoyez, pour l'as-
sister à ladicte tenue des Estais, quelques des
s" de vostre Conseil, qui sont fort capables de
vostre intention et de voz affaires et de ceul\
dudict pais de Brelaigne, principalleinentpour
cesle nouvelle imposition de la Iraicte fo-
raine; car, ad ce que j'ay entendu, ceulx du-
dict pais ont faict, oultre la déclaration dont
ilz s'accordèrent dernièrement à Fougères, que
vous avez fort bien faict de déclarer nulle, telle
' En marge : rrEnvovce par led. Iiomnie, venu vers
adite dame pour lesdils liabiUins du Puy.Ti
résolution entre eulx (|ue la delfense (jue vous
faictes de ne transporter aucuns blcdz attirera
après soy, si vous n'y estes bien servi par quel-
qu'un qui leur l'ace de bonnes remonstrances,
beaucoup de grands mécontentemens, qui
pourroient estre cause, avec les menées et mau-
vais offices (]ue l'on faict aussi bien en ces
provinces là que aux aultres, d'y faire faire
(juelque rumeur. Voylà pourquoy je vous prie
de bien considérer ce qui sera bon de faire
en cela; et que celui de vostre Conseil qui
ira audicl pays de Bretaigne soit fort capable
et pourveu de bonnes raisons et instructions,
non seulement pour respondre et satisfaire aux
difficultez qui se trouveront, mais aussi pour
modérer et contenter ceulx dudict païs, aflin
(jue, comme icelluy païs a tousjours esté net
de troubles et divisions par le grand solng
qu'en avez veu, il puisse tousjours demeurer
ferme en l'affection et vraye obéissance qui
vous est deue; vous vouUaut dire Lieu aussi,
à ce propos, que si cedicl faict des Iraicles et
impositions nouvelles a donné subject en Bre-
taigne aux malicieux mal affectionnez à vostre
service, pour y brouiller et traverser voz af-
fiiires, il fault que je vous dise qu'il s'en est
faict de mesme en ce gouvernement de Gu-
yenne et de Languedoc, où, comme vous aurez
veu par ladépesche que je vousay faicte, il y a
quelques jours, et par arrest donné sur cela
])ar vostre Parlement de Bourdeanlx; enquoy
je vous prie prendre une bonne résolution
pour les eostez de deçà, et prendre en bonne
part, si je vous dys que la noblesse principal-
lement, de laquelle je scay le revenu consister
la plus part en bleds et en vins, m'en faict
tous les jouis des plainctes et remonstrances,
disans qu'ils n'ont aulcun moyen de faire ar-
gent et jovr de leur revenu que par le débit
de leurs bledz et vins, qui leur est enipes-
ché |)ar le moyen de ceste imposition nouvelle,
126
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
laquelle, combien que je leur^ aye reraonstré
que c'est chose qui a esté ainsi avisée et re'so-
lue aux Estais Géne'raux tenuz à Blois, que
ce qui s'en prend n'est que sur l'estranger et
que les deniers sont destinés pour le paiement
de ce qui est deu, pour les guerres passées,
aux Suisses, dont l'alliance nous est si néces-
saire. Je recommenceray, avec toutes les autres
raisons que je leurs puis dire là dessus, ne
laissant pourtant de le trouver dur et difGcile,
me remonstrant tousjours que, si elle a lieu,
que c'est enfreindre les privilèges dudict pais
et beaucoup d'intérêts pour eux, d'aultant que
n'en vendent pas si bien leurs bledz et vins.
Vous ayant bien voulu représenter ce que
dessus, affin que, tout ainsy que vous y pour-
veoirez pour le costé de Bretaigne, vous en
résouldiez aussi pour ce costé de deçà le plus
promptement que faire se pourra; car il n'en
est pas moins besoing.
Entre cy et le premier jour du mois pro-
chain, j'espère que nous aurons bien advancé
avec le roy de Navarre et ceulx de la relli-
gion prétendue réformée en la conférence que
nous devons avoir avec eulx, de sorte que mes-
dictz cousins le duc de Montpensieretle prince
Daulpbin pourront partir, à peu près résoluz
de ce qui s'en debvra espérer, afin que, selon
cela, ilz se puissent conduire pour le bien de
vos affaires et service au gouvernement de
Bretaigne 1; priant Dieu, Monsieur mon fils,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à l'Isle en Jourdain, le xviii" no-
vembre 1678.
' Voir à l'Appendice une sorte de mémoire envoyé à
la reine mère et au duc de Montpensier sur les réclama-
lions des Etats de Bretagne.
1578. — 18 novembre.
Orig. Bibl. nal. . Fonds français, n° 33îo, ^ 58.
A MONSIEUR BRULART.
Monsieur Brulart^ vous verrez la dépesche
que je faitz au Roy monsieur mon filz sur
celle que j"ay reçue dernièrement de iuy pour,
les affaires de Bretaigne; en quoy je m'as-
seure que vous userez, comme vous avez ac-
coustumé, de la dilligence requize aux choses
que le Roy, monsieur mon filz, advisera pour
le faict de l'imposition foraine principalle :
c'est ung affaire très important; cependant il
fault dilligemment envoyer les lettres et ex-
péditions nécessaires pour la tenue des Estatz
dudict pais de Bretaigne, le xxii' du mois
prochain. Si mondict s'' et filz suit l'advis de
mon cousin le duc de Montpensier et de moy,
qui suis d'advis (comme verrez que je lui
escripts) qu'il y envoie quelqu'un des princi-
paulx de son conseil, qui soit bien instruict,
et ait de quoy respondre à ceulx dudict pais
sur toutes choses dont ilz feront instance,
comme principallement de ladicte imposition
foraine et aussi de la vente des feux de fouaige,
et pareillement des éditz qui ont esté en-
voyez au Parlement pour vérilTier, et aussy de
levée des deniers. Il est bon de prévoir en
toutes ces choses là, afin que chascun entende
les raisons et occazions sur lesquelles sont
fondées toutes ces choses susdictes, quand
l'on les a faitz, et que celuy qui yra audict
pais pour assister auxdits Estatz, avec mesdits
cousins les ducs de Montpensier et prince Daul-
pbin, aye de bonnes et amples instructions
de tout. Cependant je vous prie m'escripre le
plus souvent que vous pourrez des nouvelles
' Pierre Bralart, seigneur de Crosne et de Genlis,
d'abord secrétaire des commandements de Calberine de
Médicis, puis secrétaire d'Etat.
LETTRES DE GATHEKINE DE MÉDICIS.
du Roy monsieur mon (ilz, car c'est le plus
forl bien et aize que je puisse recevoir, priant
Dieu, Monsieur Brulart, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à l'Isie eu Jourdain, le xviii' no-
vembre 1578.
CiTERIJiE.
1578. — 23 novembre.
Orijj. Bibi. uat. , Komis français, n^Sigi, f" iSj.
A M0\ COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, je suis en extresme peyne et
ennuy de la nouvelle qui est ce seoir venue
à mon fdz le roy de Navarre, que la RëoUe a
este' prinse par les Catholicques '. C'est une des
villes qui sont par l'esdict baillées en garde à
' La Réole était une des places de sûreté accordées
aux protestants par le dernier traité de paix signé à Ber-
gerac; elle fut reprise par les catlioliques vers le milieu
de novembre 1378, grâce à la trahison du sieur d'Lîssac,
gouverneur de la ville. Le roi de Navarre en fut foit
mécontent et obtint du roi la promesse de restituer la
place. — Voir la lettre de Henri 111 du G décembre 1578 ,
dans le ms. fr. fîoSog, 1^237, et les historiens du temps,
P. Mathieu, in-fol., t. 1, p. iiC; Les Economies royales,
cliàp. s; Lettres de Henri IV, in-i°, t. I, p. aoa ; Histoire
universcHe de d'AtM;riw, cdit. de la Société de l'Histoire
de France, t. V', p. 356. — 11 existe toute une légende,
que la reine mère ne rapporte pas , sur les causes qui pous-
sèrent le vieux soldat huguenot d'Ussac à passer subite-
ment au parti catholique. On raconte qu'il avait été pris
d'une folle passion pour la belle Anne d'Atri , une des filles
d'honneur de Catherine, et que, blessé daus son orgueil
par les plaisanteries que s'étaient permises à cette occa-
sion Henri de Bourbon, Turenne et les autres religion-
naires, il se serait décidé à leur enlever la Réole. C'est
pendant un bal de la cour, à Auch, que le capitaine Favas,
zélé protestant, envoya un courrier prévenir le roi de
Navarre de l'événement. ( Histoire de Marguerite de Valois ,
par le comte de Saint-Poney, Paris, 1887, in- 12, t. ]I,
p. 32.)
127
cculx de la reiligion prétendue réforme'e ', et
m'asseure que, s'il est vray qu'elle soit prinse
(ce que je ne puis encores bien croire), que
le Roy, monsieur mon filz, n'en a jamais rien
entendu et que cella est faici sans luy, ny
d'aucun consentement de pas ung de tous
ceulx qui sont ity, comme j'ay bien asseure'
à mondict filz le roy de Navarre et à ceuk
qui sont avec luy. Il est parly tout soudan
aller coucber à Florence-, se délibérant, à ce
que j'ay sceu, de s'acheminer du costé de la
Réolle, où j'ay si tost envoyé Beauregard,
guidon de la compaignie de mon cousin le
mareschal de Biron, l'aiaut fait passer par
mondict filz le roy de Navarre, affîn qu'il
envoyé ung gentilhomme des siens pour luy
en rapporter la vérité, dont aussi m'advertira
Icdict Beauregard par ung courrier que j'ay
en\oyé avec luy, de sorte que j'espère avoir
bicntost des nouvelles; et ne veulx oublier de
vous dire que j'ay donné charge audict s' de
Beauregard (si ainsi est que ladicte ville ayt
esté surprinse), de commander, de ma part,
à ceulx qui seront dedans de la restituer in-
continent aux mains de ceulx de la reiligion
prétendue réformée, afEn que cella ne puisse
estre cause de troubler repos et empescher de
parachever le bon œuvre commancé pour
l'exécution de l'e-sdict de pacifïicaliou et esta-
blissement de la paix, n'aiant pas oublié de
leur mander que, s'ils y font faulte, je leur
feray bien sentir la peyne et le danger grand
où ils m'ont mis et tous les princes, seigneurs
et autres qui sont icy avec moy. Que tous sça-
' L'article lix de l'édit signé à Poitiers en septembre
1677 portait : ttNous avons baillé en garde à ceux de
ladicte Religion prétendue reformée, pour le temps et
terme de six ans, les villes qui s'ensuyvcnl : en (iuyenne,
Périgueux, la Reolle et le Mas de Verdun, n
- Fleurance, jolie petite ville, sur la rive gauche du
Gers, à 1 1 kilomètres de Lectoure.
128
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
chent, mon cousin, i]ue je n'espargneray rien
pour en faire la justice, y aiant (comme j'ay
sceu (le mondict cousin le mareschal do
Biron) bien de quoy, s'ilz ne remectent sou-
dainement la ville par doulceur, la forcer et
faire battre de pièces et munitions d'artiilerye,
qui n'en sont pas loing, et' ne sera malaizé
d'assembler bientost des forces pour y aller; et
de'lib^rant, ainsy que j'ay dict et mandé à
mondict filz le roy de Navare, de joindre nos-
dictes forces ensemble, affin qu'il veoye de
quel pied nous marcbons pour reprendre la-
dicte ville, ayant aussy prie' mondict filz le
roy de Navarre que cella ne soit pas cause
d'interompre et divertir ledict bon et sainct
œuvre pour lequel je suis venue par deçà et
lequel est si bien commancé et dont nous de-
vons prendre la résolution en bref, ainsy que
mondict filz le roy de Navarre ni'avoit encores
aujourd'buy très sérieusement promis que luy
et ceulx de la religion avoient délibéré de
faire, et m'en donner bon contentement. Je
feray tout ce que je pourray pour que cella
ne soit pas cause, soit qu'il soit vray ou non,
de discontinuer nostredict chemin et de l'exé-
cution et eslablissement de la paix. Nous
avions accordé, avec mondict filz le roy de
Navarre, la dépesche des s" Joieuze et de Ter-
ride pour aller en Languedoc faire ce que
nous avions" advisé, et en estoient les dépesches
toutes prestes, mais je crains bien que cecy
les retarde. Toutefois je feray ce qu'il sera
possible pour faire en sorte qu'elles ne soient
différées; car je suis bien asseuré que le Roy
monsieur mon filz veult garder et observer
son esdict de paciffication et qu'il mandera in-
continent que l'on face chastier ceulx qui
auront faict ce désordre.
Cependant je vous envoyé lettres de re-
charge aux trésoriers généraulx et receveurs
généraulx de Montpellier, pour mecire incon-
tinent et aller tenir le bureau de la receple
généralle à Béziers, ainsy que je leur en ay
cy devant escript, et aussy pour y rapporter
anviron nu" escus, que le sieur évesque de
Béziers m'a dict que lesdictz trésoriers et rece-
veurs de Montpellier ont prins des deniers de
la recepte généralle. Priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Auch, le xxu'de novembre 1678,
au soir.
Mon cousin, je crains bien que ceste nou-
velle esmeuve ceulx de la religion ou qu'elle
soyt suivye de quelque autre chose qui peult-
eslre est préveue de là; à cette cause je vous
prie de regarder s'il sera pas bon que vous
vous en veniez à Castel Sarrazin pour me fa-
voriser pendant que je seray en ce lieu, d'oiî
je n'espère pas partir que je ne veoye que c'est
que 1 produira ceste fascheuse nouvelle. Cepen-
dant le s' de Joieuze demeurera àThoulouze,
pour y contenir toutes choses en repos et union
soubz l'obéissance du Roy mondit seigneur.
De sa main : Mou cousin, vous diriés que
tout ay déchèné^ pour enpescher la pays; mes
je vous aseure bien, s'il est vray que sesi soint
come l'on le dist, que je me deslibère d'en
faire tele punision, cet ^ je les puys avoir, qu'il
en seré à jamès mémoyre; car voyés en quel
denger yl m'ont cuidé mettre*.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
' Que c'est qne, ce que.
- Ay déchèné : est décliai'né.
' Cet, si.
' Cette lettre, d'une lecture difficile, a déjà été pu-
bliée par courts extraits dans VHistoire de ta Réforme et
de la Ligue de CapeGgue, in-8°, i83i, t. IV, p. 1^9.
I^e manuscrit était alors coté Béthune, n° 8708.
[,ETTIiES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
i-29
1578. — 3 3 novembre.
r.o|iie. Bibi. iial. , Fonds français , n" 3.300 . f' 90 V '.
[Alj ROY MONSIEUR M0> FILS.]
Monsieur mon lils, je say bien qu'il no
peult esli'c (jue vous ne trouviez estrange et
vous ennuyé fort de la longueur et remises
que l'on nie faict de jour à autre, sans veoir
encores auicun efleci des promesses du roy
de Navarre et de ceulx du sa relligion; mais
croyez, s'il vous plait, qu'il m'en fasche aul-
tanl qu'à vous, et si ce n'estoit que j'ay tous-
jours bien veu, depuis que je suis parniy eux,
(jue auicuns, (jiii ont le pins de nioiens de
brouiller, ne desiroient rien lanl (jue je rom-
pisse pour nous veoir repriîcipiter au malheur
de la guerre, je n'eusse tant patiente'; mais
croiez qu'il a fallu eu user ainsv pour gaigner
sur eulx le |ioiut où j'eslime qu'ils sont à prc'-
sent résoluz par la volunté de tous ceul.v de
leurs e'glises, lesquels sont à présent arrivez,
ou dont ilz ont eu nouvelles de cestc résolu-
tion qu'ils ont faicte entre eulx depuis peu
de jours seullement, voyant la patience que
j'ay eue et la ferme asseurance que je leur
ai toujours de'clarée en laquelle vous estes
de entrolenir entièrement vostre édict de
paciflicalioii , et que ceulx d'entre euk qui ne
demandent que la guerre leur avoient per-
suadé au contraire et les entretenoient en telle
déffiance, qu'ils n'eussent jamais creu ce que
dessus, n'eust este' la perséve'rance et patience
que j'ay eue en cola ; et m'asscure que, sans les
déclarations que j'ay faictes de bouche aux
ungs et aux autres de l'une et l'autre religion,
par tant de fois répétées, et dans tous les lieux
oij j'ay passé, et que oultre cela n'eusse es-
' En marge : r Envoyée par M. du Saulger, secrétaire
lie lu Royne mère du Roy.»
Catueuinc de Médicis. — vi.
cript et faict publier, comme j'ay faict par-
tout, vostre droicte et ferme intention, la
guerre feust en tous ces quartiers de deçà aussy
grande qu'elle y ait point encores esté, pour
les défiances où estoient ceulx de la relli-
{{ion prétendue réformée, lesquels, à ce que
j'en puis juger par les advis que l'on m'en a
donnés de divers lieux et qui parlent de gens
qui le peuvent bien sçavoir, pour eslre des
principaulx d'entre eulx, sont en l'ésolution
de procedder franchement à l'oxécution de
vostre édict dedans bien peu de jours : ceste
résolution ayant esté faicte sur la confiance
qu'ils voyent que je prends deulx, allant par-
tout où ils veullont, sans rien doubler ny
craindre. Je prie à Dieu qu'ils persévèrent
sincèrement et fermement en cela, et que
bientost nous puissions nous assembler, comme
ils me le promettent tous les jours que nous
ferons de bref, et me dient que eussions
desjà faict, n'estoit qu'ilz attendent encore
auicuns de leurs députiez, qui doivent ar-
river bientost, me promectant et m'asseurant
le roy de ÎVavarre (jue les longueurs et le
retardement dont ilz ont usé sera cause d'un
très grand bien, et me priant bien fort croire
qu'ilz me contenteront.
Voilà ce que je vous en puis dire, si n'est
que, voyant le plus grand mal estre du costé de
Languedoc, où voz pauvres subjecis pastissent
beaucoup pour les oppressions, pilierios et
rançonnemeus qu'y font en divers lieux entre
nultres ung nommé Bacom ', qui est suivy
de beaucoup de méchantz gens, et ung aultre
nommé Fournier Poltron, qui n'en a pas aussy
faulte, j'ay tant faict envers le roy do Navarre
qu'il s'est accordé envoyer en Languedoc, en
attendant nostredicte et ferme résolution que
' Bacon ou Racou , capilaine jirotoslantdu Narbonnais,
dont it est fait mention dans les Mémoires de Gâches.
17
130
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
nous prendrons pour l'exécution de le'dict,
le s' de Terride, qui a grande auctorité
parmv eulx du côte' de Languedoc, où il s'en
va avfic le s' de Joyeuse pour exe'cuter en-
semblement le contenu de la commission,
instruction dans laquelle sera avec ceste lettre
encloz ung double qu'il vous plaira lire, es-
tiniaut que lesdits sieurs, faisaut en cela leur
devoir comme je m'asseure qu'ilz feront, y
donneront un grand acheminement pour l'es-
lablissemont de la paix; car s'ils peuvent
attraper les Bacom et Fournieri et quelques
ungs de ceux qui sont avec eulx, c'est chose
bien asseurée qu'ils en feront faire justice
exemplaire, le roy de Navarre l'ayant ainsy
très expresse'ment commandé en ma pré-
sence au s'' de Terride, qui m'a aussi pro-
mis de ne s'y faudre pas, comme je m'asseure
que me fera particulièrement ledict s' de
Joyeuse, m'asseurant aussy que cela servira
à retenir dans ledict pays' de Languedoc
beaucoup de telles manières de gens, quand
ils verront justice estre faicte de leurs sem-
blables, avani grandement servy en ce gouver-
nement de Guienne l'exécution qui a esté
faicte du capitaine Laberte. qui est mort sans
aucune relligion, le plus malheureux homme
du monde, comme vous aurez veu par ma
dernière dépesche que je feiz bailler par
celui qui estoit ici venu pour les -, par
laquelle je vous escripvis si amplement de
toutes les particularités et occurences concer-
' Ce capitaine Foiirnier était une sorte de brigand
comme le capitaine Merie. Il est ainsi désigné dans )a
r-Remonstrance des Etats de Languedoc à la reine mère
en 1578 : «Un nommé le cappitaine Fournier, dict
Poultron, qui lient ie lieu de Brugnerolles, faict apper-
tement la guerre, ayant faict du butin despuys la paix
pour plus de cinquante mit escus et plusieurs massacres, v
Ms.fr. 333 4, f 93.
' Probablement : «les habitans de Gicim.
nant voz alfaires, que pour éviter vous es-
crire des redictes, je n'estenderay ceste-cy
davantaige, si n'est pour vous dire que le roy
de Xavarre, dès le jour mesme que je party de
risle en Jourdain, vint au devant de moy et
m'accompaigna jusques à Gimont, oii il cou-
cha, et vint encore le lendemain disner avec
nous en une petite ville nommée Biel' (sic).
qui est à deux lieues d'icy, dont il alla cous-
cher à my-chemin de Florence, où son train
et la plupart de ses gens l'attendoient: mais,
pour ce que la Royne sa femme se trouva img
peu mal au Biet, elle y coucha, qui fut
cause que je séjournay hier icy-, l'attendant;
' L'erreur du copiste est évidente : c'est Aubiel i]u'il
faut lire , gros bourg à 1 7 kilomètres d'Aucb , sur la route
de Toulon et à moitié chemin de Gimont.
- Le 16 novembre, une lettre du maréchal de Biron
avertissait les consuls dAucli de se disposer à faire une
brillante réception aux princesses; et d'ailleurs, dès le
29 octobre, ceux-ci avaient envoyé à Toulouse une dé-
putation, à laquelle s'étaient joints quelques bourgeois
pour «baiser les mains auxdites lieynesn.
Le jeudi ao novembre, la reine mère entra par la
porte de la Treille; et les consuls la haranguèrent et lui
présentèrent les clés de la \ille. Elle assista à un Te Deum
dans l'église Sainte-Marie, et alla loger à la Mirandole
de la Clianoinie. Marguerite de Valois ne Wnt la retrouver
que le lendemain. Le roi de Navarre arriva le samedi,
et s'installa au palais archiépiscopal : les consuls le trai-
tèrent en souverain, oubliant qu'il avait récemment en-
voyé Roquelaure pour s'emparer de la cité.
Le séjour de cette petite cour à Auch se prolongea
jusqu'au 9 décembre «après disnén, la reine devant aller
«droict à >'érac- ; mais elle s'arrêta à Condoni. Il y avait
eu. pendant ces trois semaines, des fêtes perpétuelles;
l'entourage de Catherine, dit Sully, «ne s'amusant tous
à autre chose qu'à rire, dancer et courir la baguen. C'est
pendant un de ces bals, comme on verra plus loin,
que le roi de Navarre fit sou expédition sur Fleurance. Le
maréchal de Biron avait promisà la ville d'Aucb que toute
la dépense occasionnée par le passage de si grands per-
sonnages serait intégralement pajée. En partant, la reine
mère recommanda aux consuls de «faire bonne guarde
a\ix fins que ladite ville ne feut surprinse des ennerays
LETTRES DE CATHERINE DE Mi-DICIS.
131
et considérant qu'il y a encore deux jourueps
d'icy à Coudom, je me suis résolue, pour ue
marcber point demain, qui sera dinaanchc,
de ne partir de ce lieu jusques à iundy, oîi
inondict fils le roy de \avane le saicliaiil,
nous est venu ce jour d'huv trouver.
Je vous prie, Monsieur mon Gis, de com-
mander aux sieurs de vostre Conseil et au b-é-
sorier de vosli-e Espargue d'envoyerou faire en-
voyer icy argent pour les voyaiges que je suis
contraincte de faire faire, dont ceulx qui sont
près de moy ont faict fadvance jusques icv,
car toutes choses fussent demeurées : ladicte
advance est déjà bien près de quatre mil livres;
mais', quand on viendra à l'exécution du gros
de l'édict, il en faudra bien davantaige; car il
faudia bailler argent à ceulx qui sont députez,
car aultrement ils n'iroient pas, siiz seront
gens de qualité, et ausquels on fera la taxe
par Tadvis de ceulx de vostre Conseil qui sont
par deçà, et y sera faict au meilleur mes-
naige que l'on pourra. Priant Dieu, Mon-
sieur mon fils, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Auch, le samedi xxir novembre
1078.
Vostre bonne mère,
1578. — ai novembre,
Aul. Bibl, nat. , Foods Dupuy, 11"^ 11, ï* i3.
AU ROY DE NAVARRE.
Mou fils, quent Alonsieur de Toureyne ayst
a rivé, je venès de resevoyr des ietres du
du roy et repos public, ains la maintenir et conserver
en l'obéyssance du roy, comme l'on avait faict jusqu'ici».
— Voir Histoire de la ville d'Auch par P. Lall'orgue,
Auch, i85i, a vol. in-8°, t. I, p. aoji; Mémoires de
Sully, etc.
sifur de Duras', par lesquelles me mendoyt
coaient ceuLx de la ville de la Réolle s'étovent
mis den le château et n'avoynt tué que deus
hommes, et que Favas n'i aytoit poyut. C'et
diause qui me déplel ynCuiraent, do peur
que cesi aporte quelque remeumeut sudevn-,
avent que l'on saiche l'ordre que je donne;
mes j'ème mieulx que ce soyt ynsiu. que
ce s'eust aysté par (juelque aultrcs menées.
Le maréchal de Biron part demayn au matin
pour y aler et, s'il et posible, entrer dedens,
pour après la vous remectre entre lé mavns,
ynsin que le Roy la vous ha ballaye; et moy
je mi achemine ausi, afin de favoriser falave
dudist maréchal, ynsiu que le vicomte de
Toureyne vous dire et le sieur de Miosens,
qui ont tou deus oui cet que ennay résolu. Et
pour cet ayfest m'en voy demayn coucher
à Gigun, où je desirerès ynfiniment pouvoyr
vous voyr; car yl est plus que nésésayre,
pour contenir un chacun, que l'on conoyse
que cesi n'a rien altéré de nos bonnes vo-
luntés; car tout ynsin que, pour cet que a
fest Chatillon, nous n'avons lésé de contineuer
à voulouyr ayfecluer la pays, encore par plus
forte rayson, puisque ce ne sont que les ha-
bitans pour le mauves trètement de leur go-
verneur qui l'on fest cesi, ne fault-y léser de
continuer le bon heuvre; et vous prie haster
les desputés, afin que, yncoutinentque ladisle
Réole sera remise, que achevions etnedon-
nyons plus lyeu par la longueur, à ceulx qui
ne \eulet la pays, de faire, au ^ de vostre
coûté au du nostre, quelqu'aulstre algararete;
car croyés que c'et leur fayre grent plésir de
tent diféréi'. Je annay dist audisl viconte set
' Jean de Durfort, \icomte de Duras, baron de Rosan,
élait fort dévoué à la Cour; il avait contribué à brouiller
le roi de Navarre avec son cousin le prince de Condé.
^ Sadeyn : soudain.
' Au : ou.
132
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que je an conoys, qui me fest vous prier de
haster tout, afin que ne perdions plus temps.
Je prie à Dieu qu'il vous conserve.
De Hoch ', le xsnii""' de novembre 1678.
Vostre bonne mère,
Caierine.
1578. — a5 novembre.
Copie. Bibl. liât., Fonds français, n° 33oo , f* 9a ^.
[AU ROY MONSIEUR M0.\ FILS.]
Monsieur mon fils, vous aurez veu, par la
de'pesclie que je vous ay envoye'e par du Sau-
ger, les bons termes èsquels nous estions
pour nostre ne'gociation et l'establissement de
la paix, quand la nouvelle de la surprinse
de la ville et chasteau de la Réolle est arrivée ;
et si vous aurez aussy entendu par du Sauger
comme et par qui ladicte surprinse a esté
laide; car je le feys expressément passer par
ce coslé là, pour vous en pouvoir faire en-
tendre les parlicullarilez, lesquelles sont, à ce
que j'en ay peu sçavoir, que les habita ns de
ladicte ville, se sentans infiniment oppressez
et mal traiclez du cappitaine Favas, ayant
sceu qu'il estoit allé en une maison là au-
près, qu'il a acquise, à ce que je puis en-
tendre, de rapines, seroient, ou aucunsd'eulx
calliolicques, saisy dudict lieu et chasteau de
la Réolle sans qu'il y soit mort que deux ou
trois hommes do ceulx qui estoient dedans.
Voylà ce que j'en ay peu apprendre par une
lettre que m'a escripte le s' de Duras, qui
en est assez près voisin, occasion et pourquov,
e1 selon l'advis de mon cousin le cardinal de
Bourbon et des s" qui sont icy, j'ay advis
d'envoyer le mareschal de Biron devers les-
' Hocli ; Auch, écrit aussi Aux.
" En inar(;c : r- Envoyée au Roy par M. de La Moitié,
qui est à M. le maréchal de Biron. u
dictz habitans de la Réolle avec une bonne
lettre que je leur escriptz, suivant la résolu-
tion dudict Conseil, pour en entendre au vrav
qui les a meuz à cela, et faire envers eulx en
sorte par ledict mareschal qu'il puisse entrer
en la ville et icelle remettre en tei estât que
la faulte qu'ils ont faicte ne puisse tant préju-
dicier à vostre service que je fusse contraincte
d'y aller nioy-mesme, comme j'ay délibéré
faire, sy tant est qu'ils se rendent opiniastres,
ce que je ne pense pas qu'ils facent, y procé-
dant le mareschal , comme je m'asseure qu'il
fera , de la façon que nous avons advisé et qu'il
est porté par les lettres que je luv ay escriptes,
desquelles je vous envoyé le double, ayant
donne charge audict mareschal de vous faire
entendre par ce porteur, qui est à luy el qui
va passer par la Réolle, particulièrement et
au vray comme le faict y est advenu et si
lesdictz habitans n'y ont point esté poulsez
de quelques aultres, ce que jusques à ceste
heure je ne vov, et aussy l'espérance qu'il y
aura de les remettre, comme il fault croire
que s'il y a lieu de le pouvoir faire, ii le fera,
tant par le moyen de rauctorite' qu'il y a que
par la de.vtérité dont il saura bien user, selon
la bonne et grande affection de laquelle je
voy qu'il s'emploie à toutes choses pour vostre
service. Cependant je ne veulx oublier de
\ous dire que dès l'heure que nous eusmes
cet advis, je donnay l'ordre requis pour la
seuretté de vos villes, sans toutefibis y rien
émouvoir : je fis par mesme moyen les de-
pesches nécessaires pour faire retenir chacun
en son debvoir, comme mon fils le roy de
Navarre feyt de sa part envers ceulx de sa reili-
gion , ainsi qu'il me manda par le s'' de Mio-
sens et que nous avons luy et moy advisé en-
semble quand il partit d'icy et qu'il s'en alla
à Florence, oiî il est encores, envoyant d'heure
à aullre devers moy et moy devers luy, pour
LETTRES DE CAT
lousjoiirs l"admone?tor et Inire on sorle envers
tous ceulx de sa relligion qu'ils se contieuueut,
comme il m'a toiisjours mandé avoir faict : et
encores hier le viconte de Turenne , qui , venant
icy, m'asseura que, par le moven des dépesches
([u'ils avoient envoM-es [)iirloul, ceulx de leur-
dicte relligion se contiendroient; mais à ce
(|ue j'ay entendeu , ceulx de Mauvoisin , qui est
une petite ville où tous les habitants ^ont hu-
guenots, ont prins les armes, estans déjà
quatre ou cinq cens ensemble; et les catho-
liques qui en sont voisins en sont aussi en
rumeur. Touteffois les principaulx de la no-
blesse de ces quartiers sont icy, qui m'ont
bien'oliert de me secourir, s'il en est besoing;
mais vous pouvez croire. Monsieur mon Cls,
que je ne tiendray pas ce chemin là, si je le
puis, au contraire que je feray tout ce qu'il
sera possible pour reprendre les erres de
nostre ue'gociation. Cependant, alfiii que vous
entendiez toutes choses, comme elles sont
passées et passent icy, je ne veux oublier de
vous dire comme le roy de Navarre, paitant
d'iry auprès d'avec moy, comme je vous ai
escript par ie s' du Sauger, s'en alla, sans
toullelois me ie dire, droictaudict Florence ^
et combien qu'il feut dix heures du soir
quand il y arriva, néantmoing les habitants
de la ville ne refusèrent de le laisser entrer;
mais estant dedans, veoyant qu'il demanda
incontinent les clefs de la ville, ce qu'il
n'avoit pas faict les autres fois qu'il y avoit
dernièrement passé, et qu'il feyt soubdaiu
' Il est intéressant de comparer la version que donne
ici Catherine de Médicis de la surprise nocturne de l'ieu-
rance avec le récit enthousiaste des Economies ritt/ales et
de VHistoire universelle de d'Aubigné, et le rôle hé-
roïque Joué dans celte aventure par Turenne, Rosny,
Salignac el le roi de Navarre lui-même. D'après les
lellrt's de la reine mère, ie coup de main semble avoir
eu lieu dans la nuit du 23 au 28 novembre iS^b.
HERINE DE MEDIGIS.
l.iS
reprendre les armes à ceulx des habitants de
ladictc ville qui sont de la relligion, seulle-
ment en nombre de cinquante ou soixante,
el mis les gardes en icelle, s'eslanl aussv
publié en ladicle ville la surprinàe de la
Réolle, tout cela fui occasion que auicuus des
habilans de Florence se retirèrent dans les
tours de ladictc ville, qui est, ce me semble,
le moings qui pouvoient faire, voyant ce que
faisoit faire le roy de Navarre, qui touteffois
priut cela en très maulvaisc part e( l'evt dé-
monstration de voulloir faire mettre le feu es
dictes tours, pource (ju'un des soldalz de sa
garde avoit eu uue hnrqucbouzade à la jambe,
que luy avoient tiré ceulx de ladicle ville.
Il m'en escripvit dez la nuit mesme ])ar le s''
de Miosens, el aussytost je dépeschay le cap-
pitaine Massis avec une lettre au roy de
Navarre, par laquelle je luy faisois bien
congnoislre que la faulte de Florence estoit
advenue principalleraent par luy elles siens,
et que je m'esbahissois bien comme, à heure
si indeue, et considéré les choses passées, les-
dicU habilans l'avoient receu, qu'à cela con-
gnoissoil-il comme les catholiques me respec-
toient et obéyssoienl à tout ce que je leur
mandois pour voslre service, comme encores
je m'asseurois qu'ils feroient eu la charge que
je donnois audict Massis pour faire retirer
ceulx qui s'estoient mis dans lesdicles tours,
sur i'asseurance que je me promettois de luy
qu'il se comporteroit aussi en la ville el en
useroil comme il debvoit, suivant voslre édicl
de pacification, el que, pour la justice (|u'il
me demaudoit à l'encontre de ceulx qui s'es-
toient mis dans les tours, qu'ilz se peuvent
asseurer que je la l'erois faire telle qu'elle y
eschoilet que luy-mesme, avec l'advis de ceux
de voire Conseil qui sont par deçà, trouve-
roil raisonnable. Je vous diray en passant
sur ce propos que, à l'heure que Massis est
\u
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
arrivé auclict Florence, ceulx qui s'estoient
mis dans les tours s'esloient retirés. Le roy de
Navarre ra'admoncstoit aussy par le s' de Mios-
sensque, suivant la promesse que je luy avois
faicte quand il estoit parti d'avec moy, je fisse
faire pareillement justice de ceuixde la Réolle;
sur quoy je lui respondis que c'estoit chose
bien raisonnable, mais aussy qu'il t'alloit que,
de son coste', ils souflVissent et tinssent la
main à ce que ceulx qui avoient secouru le
chasteau de Beaucaire et tenoient encore tous
les jours les champs, faisans (ous actes d'hosli-
lité, fussent pugniz et chastiez, le priant très
instamment par ma lettre, et comme oultre
cela je dictz et charge très expressément le
vicontede Turenne, qu'il envoya hier sur cette
mesme occasion devers moy, que toutes ces
choses ne feussent point cAuse de disconti-
neuer nostre délibération et assemblée, et que
cela ne debvoit point empescher de procedder
à l'exécution et establissement de vostre édict
de paciCBcation, le priant de s'asseurer que je
ferois faire justice de mon costé, et qu'il t'al-
loit aussy qu'il souffrît qu'elle fut faicte du
sien; et surtout cependant qu'il donnât tous-
jours ordre de son costé, comme le ferois du
uiien, que rien ne s'esmeùt à l'occasion des
choses sus dictes, et qu'il n'y avoit rieu qui y
peut tant servir que quand on verroit que
nous serions ensemble et conserverions tou-
jours nostre saincte et bonne intention du
bien de la paix, suivant vostre désir, luy of-
frant d'aller à Gigun, qui est mon chemiu
pour aller à Condom, où aussy bien j'avois
délibéré d'aller après le mareschal de Biron
pour m'aprocher, au cas qu'il en feust besoing ,
jusques vers la Réolle; et ce matin, selon ce
que je pensay hier au soir en moy mesme et que
j'ay proposé au cardinal de Bourbon et aul-
tres de vostre Conseil, veoyant que le faict de
la Réolle se pourroit bien racouster par le
mareschal sans que j'y allasse, et aussy que
j'ay pensé qu'il ne falloit pas que j'esloignasse
le roy de Navarre, j'ay dépesclié le s"^ de
Pibrac devers luy : premièrement, pour le
prier de faire partir le s' de Torride pour
aller en Languedoc avec le s' de Joyeuse
pour l'exécution de leur commission, de la-
quelle je vous ai envoyé le double, et par
mesme moyen pour faire, s'il est possible, eu
cela envers luy que nous puissions faire en
ce lieu nostre assemblée et conférence. Le s''
de Pibrac est party si bien iustruict du tout,
queje m'asseure que son voyaige ne sera inu-
tile, et que, pour le moings, si le roy de
Navarre ne vient en ce lieu, il nous fera,
sur ce, quelque ouverture pour nous main-
tenir ensemble et continuer en bons termes
de nostre abouchement, que je poursuivray
tant qu'il me sera possible jusques à ce que
Dieu m'ait fait la grâce que nous en ajons
la bonne fin et résolution que je désire pour
ung contentement et bien de tout vostre
royaulme.
Je ne vouleus aussy oublier de vous dire,
Monsieur mon fils, que ma fille la royne de
Navarre faict lousjours les meilleurs offices
en toutes ces affaires pour le bien de vostre
service, comme aussy faict le cardinal de
Bourbon; il sera à propos que vous leur en
escripviez de vostre main les remercieniens,
et aussy aux duc de iAlontpensier et prince
Daulphin, qui sont demeurez en l'isle en
Jourdain à cause de la maiadye du duc, qui
pourtant ne laissera, à mon advis, d'estre de-
main ou après demain icy, si la santé le peult
permettre, l'ayant continuellement adverly de
ce qui est surveneu , et prié le prince Daulphin
aussi de se venir joindre avec nous, ayant dé-
libéré, s'il faut que j'aille moy-mesme à la
Réolle, de le prier de demeurer auprès du
roy de Navarre, aflîn de le retenir tousjours;
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
135
car, à ce que je m'aperçois tous les jours, il
y en a auprès de luy de sa relligion qui nous
font beaucoup de traverses et qui ne veuHent
nullement la paix et ne cherchent que les oc-
casions pour aigrir el altérer les afTaires,
donnant de 1res maulvais et pernicieux con-
seils qui, grâces à Dieu, ne sont pas du tout
suivis; aussy j'espère que, si le faict de la
RéoHe se peult réparer promptement, comme
je me le promets , par ce bon debvoir que je
m'asseure qu'y fera le maresdial de Biron, si
c'estoit que l'entreprinse vînt de plus loing et
qu'il y feust entré gens de faction, à quoy il
n'y a point encore touteffois d'apparence, que
nous'establirons la paix et repos. Je vous en
escripray plus clairement au retour du s'' de
Pibrac. Cependant je vous diray que, dès le
jour que nous vint l'advis de la surprinse de
ladicte Réolle, j'escripvis au marcschal Damp-
ville, pensant qu'il feust desjà arrivé ù Thon-
louse, que ce seroit très bien faict à luy de se
mectredans Castei-Sarazin,qui est de son gou-
vernement, et place que ceux de la Relligion
ont tousjours infiniment désirée, et manday au
s'' de Joyeuse, et aussv au s'' de Cornusson, de
demeurer audict Thoulouse, et escripviz pa-
reillement à la Court du Parlement et aux Ca-
pltouls à ce que loules choses y demeurassent
en paix et repos sous vostre obéissance. Et, à
ce que j'ay entendu depuis, le s' mareschal de
Dampville estant, puis mon parlement de l'Isle
en Jourdain, demeuré quelques jours en la
maison du s' de Savignac, il arriva seuHc-
nient audict Thoulouse samedy dernier au soir,
oîi il fit demander beaucoup de logis pour
ceulx qui estoient avec luy, qui fut cause que
ceulx de la ville redoublèrent leurs gardes,
comme je croy bien qu'il aura sceu, et estime
que ma lettre pour le faire venir à Castel-
Sarrazin sera venue bien à propos pour luy
et ceulx de la ville. Priant Dieu, Monsieur
mon fils, vous avoir en sa saincte el digne
garde.
Escript à Auch, le lundy xxv' novembre
1678.
Monsieur mon fils', depuis cesle iellrc
escripte, mon filz le roy de Navarre m'a en-
voyé ung soldat de la Réolle, ([ue lesaullres en-
droictz- qui tenoient garnison en la haulfe
ville luy ont envoyé, avec la capilulalion dont
je vous envoyé le double; il m'a dist que les
habitans de la Réolle envoyent devers moy
ung des habitans de ladicte ville, avec lequel
il est veneu jusques à Condom, mais pour-
tant il n'est point encore arrivé en ce iieu, et
que ledict habitant a mesme charge de ceulx
de ladicte ville que 1 ung des soldatz de la rel-
ligion qui est de sauvegarde de moy et de
mon fils le roy de Navarre, ce qu'il nous
plaît qu'ils sachent. J'ay incontinent envoyé
le double de la capitulation au mareschal de
Biron, et luy ay mandé qu'il se diligenteast
de s'acheminer à la Réolle, el (ju'il mist de-
dans pour y commander un des quatre ou
cinq gentilhommes de la Relligion qu'il m'a-
voit monstrez par escript qu'il seroit agréable
aux ungs et aux aultres, en attendant que le
roy de Navarre et moy eussinnsparlé ensemble,
et qu'il s'en revins! incontinent me trouver,
ce que je m'asseure qu'il fera, et que de ce
costé là tout sera si bien racousté qu'il n'en
adviendra pas plus gi'and inconvénient, comme
je craignois bien, el qu'il est aussi fort à re-
doubler sur ce hruict de rumeur qu'il Icusl.
' En titre : trPostscript de lad. dépescbe arrivée au
Roy par ied. s' de La Mothe. 1
- Le manuscrit poile bien le mot endroictx, que nous
respectons malgré son peu do sens dans la phrase.
13G
LETTRES DE CATH
157S. — : ij niiv'iiiliri\
(iiH;. Lilii. ii.ll. . F"i,.ls Ir^mv.iis, i,' 3aoi, f' Sg.
A MON COUSIN
I.E S' 1»E DVMVILLE.
Mon cousin. <"e qui est advenu à ia Réolle
est, i[racrs à Dieu, fort aizé à raccommoder,
comme j'espère qu'il sera liientost, y avant
soiibdaiii ciiMnr mon cousin le maréchal de
Biron, que je ni'asscnre v sçaura bien proniji-
tement pniirveoir. selon la cliarjje expresse que
je iu\ en av donni'e. au contentement des ca-
llioliiiues el (le ceid\ de la l!eli;;ion prétendue
rél'ornii'e. en sorte que j'rspéi-i' (pie cela ne
Iroulileia rien pour le lion ordre ([ue nous
donnasmes inconlinenl . avant soubdain es-
(■ri|il |iarliuil. ((imme aiissv Icvl mon lilz le
rii\ (le Navarre. (pi(> cliascun eust à se contenir,
comme vous veisles jiar les dépesclies i|ue à
vous mesmes j'en l'evs; aussy, j;races à Dieu,
il ne s'esl laid, au moins (pie j'ave scen,
jiisipies à cesl heure anicun (h'sordre' de part
' Le p.ivs n'i'Unil p.i^ .uissi tr;ini]inlli' i|iii' le ili-i.iil l.i
n'iiio ni'ri'. (loiniiio sMiipU'iiin' île i"in(|uiiHudi' qui y n_'-
;;n.iil. l'ii pi'iil lire l.i lellrc qii'i-criv.iil justi'iilonl à retli'
liiile iiii iMllinli(|ui' i|iii in.iil rorii la mission il'aM'rlir sis
cmniiatriolc?. Klle usl rrdii;.'o en outre li.iiis une hiiijjiie
et avec «ne oitluijjiviiiiie ([ni ne iiiniii|iieiit pas (rint^MvH :
Lattre flf M. lie (jtj)liin aux rnnsuh tlf Liiiiliotu' , h's arrr-
tisfuntt lit' tniil ce (jil'it X'iit fies ruti r^i-lHi'fi et i/n-p^sr::-
l.fi ,!,:■; P. H.
-Messienr:^ les con^iilz.
r^ Je \oiisa<l\ertis eoniiiie je ne' ^lu^ iiitoui nu- loncli.iiit
l.i eliaij;e que me aM'S liailiee <i uii|; eoiisui di' cesie \illi'
ijiii e..l feil inen aun. 11 le' .1 pa< Ir.né liuii i|Ui' jepar-
1I..-.I' an'i- luailame la prini'e^se, liiueli.nil los foiie;' .
pailles et al)i)\nes. Aussi je \ous adverti-. (pie n'e^I pa*
l'iicore besoin,'; de 1ère appoiirt'r lediet l'un;;, [luiir te
i|iie en ce>ti' \ille Ion murmure de jpiene a occasion qui'
l'uuk délia reli;;i"ii de Uazats ont prins tous les catlio-
llques dn[dirl] ftazals depuis le prinse de I.a Reulle ;
p"iu' [ce] je \"us prve \ous donner ;;arde d'eltre
ERINE DE MÉDIGIS.
I nedaullre (|ui ne soit l'ort lacile à r('parer; et
I j'espiTC que. Dieu avdant. nous ne laisserons
de continuer, mondict filz le rov de Navarre el
moy, à nous rassembler et faire une bonne
et prom[ile résolution pour le ferme esla-
blissement de la j>ai\, selon 1(> dernier ('dict
de pacifficalion, vous ayant liien voulu faire ce
mot de lettre pour vous donner advis de ce
(jiie dessus, afin aiis'sv que, de \ostre costé.
vous le laciez enleudre à \iui'^ cliascon ad ce
que l'on se contienne on |>ai\ et repos en
attendant la résolution do nostre a<send)lée.
ipii sera lelle (]ue Ions les ei'iis de bien
peuvent désirer, dépendant je ])rie Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincle el dijrne
jjarde.
EscripI à Auch. le \\m'' jour de novembre
\osti'e bonne cousine,
CiTKRIXK.
1578.
^ur[pinis]. !,■' ION de N'avarie est à Flurance. l.es qii.i-
tliidi([ues dudict Flurance se sont mis dedans ipielques
tours et n'en vuUeiil sourtic pour le roy de .Navarre: je
ne cliaj cessy reipie adviendra; je dcniciue niijouid'liny
ycv pour eiilendre coinnie les choses pa/eiit et vous
[envoie] le clieval à orrasion d>'lln despance, car les
roin|;s sont en cesIe ville à j;rands priz. Je pense estre
demain au soiier alla l'Iume et vous ap|iiiiiili'r nouvelles
des'' ipio pa^s''. l'oucez moii'.trer la preseule à nion.sieur
délia Salle. Ceiilz de cesIe \'i\\r lelient compaiuies d'ar-
caliuziei's avec tambourin balaut. Ils disent que vcillonl
pour le leculli dos reizins, mes je voui's qu'ils l<inl
toutes les nuitz garde, que me donne à panzer ipi'ilz
entendent quelque chosso, que ivii fyn en pryant Dieu,
Messieurs, en saute? vous donner ses grâces.
-De (Nijrac?), ce xicv"" jour de novembre i'>-^H.
- \ ostre alleclionné serviteur,
-De CvprAN.-î
Ce document, publié par les Arclin-vs ilc la Gifondc
fiS;)'i, t. \\l\, p. 169), a i^té trouvé, par M. 0. Fal-
lièros. dans les arcbives de Laplume. K, .J'20.
1578. — 37 no\ ombre.
Orig. Bibi. liât., Fomls françnis , n'^ Saoi, f" 91
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS. 137
(lo donner ordre que rien no s'esmeuve en
vosire gouvernement. Je fais responce au sieur
A MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE,
MAHESCIUL DE FIUNCE
ET LlBUTENiST CÉSER \L DO ROT UONSIUI'R MOS FILS EN HNCIBDOC.
Mon cousin, il ucsclict pour responce à
voz deux lettres des xx!!!' et x\v° de ce mois,
que je receus hier tout à un[f coup, que vous
dire que le faict de la RéoUe est ung peu plus
mal que nous ne pensions; car le capitaine
Favas y est rentré et s'est faict maislre des
trois villes; de l'autre costé les catbolicques,
qui sont dedans le chasteau, se renforcent et
auront aultant de gens qui leur plaira, pour
ce que tous ceulx des environs y accourent,
et qui est encore pis, les catholicques, qui
sont dedans ledict chasteau, ont blessé le gen-
tilhomme que mon lilz le roy de Navarre y
avoit envoie (comme je vous ay escript) avec
le s' de Beauron. Toutefibys, j'ay si bonne
espérance en Dieu que, cecy s'estant faict à
cause de la tirannie que recepvoient les habi-
tans de ladicte Réolle dudict capitaine Favas,
que ceulx de la Religion , qui sont assez adver-
tiz de ses mauvais déporlements envers Ics-
dicts habitans, ne laisseront pourtant le che-
min de l'acheminement de la paix, comme
mondict filz le roy de Navarre m'escript tou-
jours voulloir faire et n'en rien discontinuer;
aussy espéray-je, suivant cela, que nous nous
résouldrons bicntost du lieu où nous ferons
nostre conférence, et (|ue nous nous y assem-
blerons bientost, si j'en puis estre creue. Ce-
pendant mon cousin le mareschal de Biron,
que j'ay envoie à ladicte Réolle rabiliei'a, sil
plait à Dieu, la faulte (|ui y a esté faicte. Je
vous tiendray continuellement adverly de tout
ce qui se passera; mais aussy vous priay-je
(^ITIlEniNE DE MbDICIS. tl.
de Rieux telle que verrez par ma lettre, qui
sera à cachet voilant, et laquelle vous ferez
refermer pour la lui envoler par son homme
présent porteur, estant ce que je vous puis
dire pour cest heure, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Auch, le xxvn° novembre 1578.
Mon cousin, si d'advenlure il fault que
j'aille vers Ageu, pour m'aprocher de la
Réolle, il sera bon que vous vous mectiez de-
dans Casiel-Sarrazin, pour estre plus près de
moy, qui vous cscripra souvent, s'il s'en pré-
sente occasion qui lo mérite. Je vous envoie
plusieurs pacquelz adressants à ceulx qui
sont esté députés pour les réparations des in-
novations de l'édict, alBn qu'ils continuent
tousjours leurs commissions, lesquelles je vous
prie leur faire tenir.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — • 28 novembni.
Copie. Bill], nat. , Foûds français , n° 33oo . f" g'i v" '.
[AU ROY MONSIEUR MO!V FILS-]
Monsieur mon ii]/., je viens de recepvoir
une despesche du mareschal de Dampville,
ensemble du s"' de Saincle-Jaillo et des con-
suiz de Beaucaire, et aussy du mareschal de
Bellegarde, lescpielles je vous envoyé, atin
que vous voyez Testât en quoy est ce faict de
Beaucaire, pour lequel, pour ne laisser dimi-
nuer lo bien de vostre service, j'ay cy-devant
escript , comme aurez veu par la dépesche que je
vous en feiz, lorsque fou printsix mille escus
' En marge : -i Envoyée par M' Marlin, qui est à
JIoiis. de Cornissons, s"""' de Th'"".!)
18
iui>nnrEri£ SATiostLE,
138
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
de toutes natures de deniers en vostre receple
généralie de Be'ziers ou aux receptes parlicul-
lières pour les faire bailler os mains du tré-
sorier de l'extraordinaire, à la charge de les
remplacer de ses assignations; mais, ad ce que
puis entendre, ledict tre'sorier n'en a peu en-
cores recepvoir que ini", et voyant par les
susdictes lettres du mare'chal Dampville et de
Saincte-Jaille que, si les gens de guerre qui
sont devant Bcaucaire ne sont secouruz et
payez , il seroit bien à craindre qu'ils se dé-
bandassent, ce qui viendroit très mal à pro-
pos, estant à présent le chasleau deBeaucaire
réduit en telle nécessité, qu'il y a toutte espé-
rance de le réduire bienlosl en vostre obéis-
sance, comme vous verrez par lesdictes lettres,
qui font aussi mention d'une suspension
d'armes que Chastilion et ceulx de la relligiou
prétendue réformée jointz avec luy, lesquelz
se sont à présent déclarez pour le faict dudict
Beaucaire, ont voullu négocier avec le s'' de
Saincte Jaiile, auquel j'escriptz présentement
de s'en bien garder; car il est bien aizé à juger,
puisqu'ils la poursuivent si chaudement, que
c'est pour avoir moyen de secourir ledict chas-
teau de vivres et d'aullres choses. J'ay prins
la hardiesse, affin qu'une si belle occasion
ne se perde, d'escripre qu'on prenne encores
VI™ escus de vostre recepte générale ou des
receptes particullières et que l'on les mist
encores es mains dudict trésorier de l'extra-
ordinaire, pour les emploier au paiement et
entrèlenement des gens de guerre estans pour
vostre service audict Beaucaire, m'asseurant
que ceulx de vostre Conseil donneront incon-
tinent ordre d'en faire assigner ledict tréso-
rier, aflîn que les puissiez récompenser el
rendre quelque argent qui a esté prins à Beau-
caire du sel appartenant à aulcuns particu-
liers, que je crains bien que ce soit à quelques
Suisses; aussy, pour ceste occasion, en faiz-je
une bien expresse despesche , tant au mareschal
de Dampville que au s' de Saincte-Jaille \ à
ce qu'ils ne me brouillent en façon que ce
soit ce qui est du faict desdictz Suisses; estant
tout ce que je vous diray pour ceste heure,
remectant à vous escripre par le courrier, que
vous m'avez dernièrement envoyé, plus am-
plement, quand le s'' de Foix sera retourné icy
de la part du roy de Navarre^, comme je vous
l'escripvis hier soir par le s' de Beauregard , que
j'envoyai avec luy pour le faict de la Réolle.
Cependant je vous diray que Sery est présen-
tement arrivé, qui m'a donné très grand plaisir
d'avoir entendeu par lui que vous et la royne
ma fille vous portez si bien; il a esté détenu
prisonnier quatre jours à Castel Jaloux' par
' Sainte-Jaille, intrépide capitaine, qui, à ia lète
des catholiques et au service du roi , guerroyait depuis
i57'i dans le Vivarais et le Dauphiné. Il contribuera
beaucoup à la prise du château de Beaucaire et sera en-
suite nommé gouverneur de ia ville.
' Le roi de Navarre était à Jégun, et il écrivait en-
core, le 27 novembre, à son ami Bourouiilan :
0 Monsieur de Bouroilban ,
«Je suis bien ayse d'avoir entendu que vous soyez
arrivé à Tauze, m'asseurant que vous y tairez contenir
toutes choses avec doulceur et au contentement des ha-
bitants, comme je vous prie de faire et de telle sorte
qu'il u y puisse survenir aucun estrange accidani durant
ces remeurs, que j'espère de voir cesser dans cinq ou
six jours, la Roine, mère du Roy, mon seigneur, s' em-
ployant, à bon essiant, pour faire réparer ce qui est sur-
venu à la Reaulie. Je say que vous êtes si advisé que
les choses ne peuvent que se bien porter là oij vous estes;
et sur ce, je prie Dieu, monsieur de Bouroilban, vous
tenir en sa garde.
«De Gégun, le vendredy au soir sxvii novembre
1578.11
De la main du roi :
ir Votre bien bon et afectyoné amy,
«Henry.»
{Arcltivcs de la Gironde, t. Il, p. 3.)
' Casleljaloux, chef-Ueu de canton du Lot-et-Gnronne,
à 3a kilomètres au nord de Nérac.
LETTRES DE CATIII
ceulx de la relligion sur cosle novelle de la
RooUe : il bailla secrètement tous ses pacquelz
à un inaistie de poste, qui est catliolique, qui
ne les a poinct encores apportez; toutefibis
Sery m'a asseure' que je les nuray incontinent
et qu'ils ne sont pas perduz; priant Dieu, Alon-
sieur mon liiz, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escripl à Auch, le x.vviii'de novembre 1678,
RINE DE MED ICI S.
139
1578. — 28 novembre.
Orig. liibl. uat. , Fonds frnnçais, n^ Ssoi, f" 89.
A MON COUSIN
LE S"^ DE DAMVILLE.
Mon cousin, j'ay reccu ce matin les deux
dëpescbes que m'avez faictes, l'iuie pour le
faict de Beaucaire et l'aultre touchant la com-
mission des sieurs de la Croisette et de Mon-
bartier, ausquellesje vous diray premièrement
(jue, pour le regard dudict faict de Beaucaire,
j'ay à l'instant envoyé au Roy, monsieur mon
filz , ladicte lettre que m'en escripviez , ensemble
celles du sieur de Saincte-Jaille, des consulz
et de mon cousin le maresclial de Bellegarde,
luy ayant par mesme mojen escript vous avoir
envoyé, comme je lais premièrement, une or-
donnance pour faire encores prendre six mil
escus des deniers de sa receple générale de
Béziers, oultre les expéditions que j'ay, ces
jours icy, faictes pour semblable somme, le
priant m'excuser si j'avois entrepris d'en uzer
ainsy; mais que, pour éviter confusion, j'es-
tois d'advis qu'il l'eist veoir le tout en son
Conseil et feyt assigner le trésor de l'extraordi-
naire de semblable somme, aflîn (]u'il la pcust
remplacer. Je fais ung mot de response audict
sieur de Saincte-Jaille , et pareillement auxdictz
consulz, ensemble à mondict cousin lemares-
chal de Bellegarde, queje vous prie leur faire
teniret respondre audict sicurde Saincte-Jaille
au contenu de ses m(''moirL'S,lesquelz,pouiceste
occazion,jevous renvoyé; et surtout advertissez
le bien que l'on ne touche poinct au sel appar-
tenant aux Suisses et, s'il y avoil esté touché,
([u'il le répare incontinent; car cela seroil
pour troubler beaucoup les allaires du lioy
mondict sieur et filz. Je vous adverliray de ce
que j'auray résolu avec mon filz le loy de Na-
varre, que j'espère veoir demain, priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Auch, le xxviii" jour de novembre
1578.
Vostie bonne cousine,
Caterine.
1578. — 3o novembi'o.
Orig. Bibl. uat. , Fonds français, u" 338/t , f 60.
A MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE,
HABBSCBAL DB IIIAIVCE
ET LIEOTENAST GÉNÉRAL DU ROT MONSIEUR MON TILS EN LASGUBOOC.
Mon cousin, mon filz le roy de Navarre et
nioy, nous sommes assemblez à Gigun' où nous
avons résolu, avec l'advis de mes cousins les
cardinal de Bourbon et prince Daulphin et
aussy des sieurs du Conseil privé du Roy mon-
sieur mon lilz qui sont près de moy, que nous
ferons nosLie conférence, le x" du mois pro-
chain, à Nérac, où mondict filz le rov de Na-
varre et ceuix de la religion prétendue réfor-
mée qui sont avec luy m'ont asseuré que les
députés de leurdicte religion sei'ont tous et
que, sans plus uzer de remise ou retardement,
nous procedderons à nostre conférence, et ré-
souldrons avant (jue nous départir tout ce qui
' Jégun, petite ville à 17 kilomètres aii nonl d'.Vucli,
■ laiis la direction de Flmirance. Lns manuscrits portent
tantôt Gigun, tantôt Gigun ou Gégun.
18.
liO LETTUES DE CATH
sera iiécossaiip fie l'aire pour IVxt'CUlion de
rédict de paeilliratiou, suivant l"inlention du
Uov lumiisieur uioa filz, qui n'a lien eu plus
;'iand désir que cela, pour estre aussy le seul
rno\en de nielli'e fin à tant de niaulx (pir
cause la yuerre et de veoir tous ses suljjel/.
soubz son olx'issance eu paix, repos et union.
\ous avons pai'eilleinent résolu ipi d envoyera
le sii'ur de (luiir\, leipicl partira dès ce jour-
d'Iiuv <vi demain pour aller trouver mon cousin
II- maresclial de Biron, aflui de l'aire retirer
dune part et d'autre ceulxqui se pourroient in-
iji'rer de venir renl'inccr les nngs et les autres
qui sont dedans la iléolle, et faire en sorte que
la ville et idiasleau di' ladicie lii'dlle seront
mis es mains de nuuulict cousin le man'ciial
de iiirdU. piiiir ajirès, suivant Icdict édict. les
reliaiUer en jiarde à mondict lilz le ro\ de Na-
varre et auxdictz de la reli;;ion. comme il est
raisonable, estant la<licie la lîéolle l'un des
lieux de sùrcl(' (pii leur a esté accordé par
ledicl édict, lei[uel mondict lilz le roy de Na-
varre ma eiicores très-expressément asseui'é
voul!<iir. rt ceulx di' sadicle relijjiou. cnlière-
nient jjarder el observer, et qu'il remettra la
ville de Florence, où il s'estoit allé retirer
ajirès la surpiise dudict lien de la Piéolb', au
niesnie estai cpiil la trouva ipiand il v entra,
dont de tout je vous av bien voulu donner
advis, el comme je suis retournée en ce lieu,
délibérant mondict fil/ le roy de Navarre
(l'aller audit Nérac. eu attendant !<• jour de
iiostre aseemblée. en attendant la(pielle je
pourrav in'acbeminer jus(pies vers Agen,
pool' m'approcliei' de la Uéolle, alRn de l'aNo-
riser mondict cousin le marescbal de Biron
en la réduction d'icelle et aussy dudict Nérac,
pour V estre au jour pris pour nostre assem-
blée; vous priant, mon cousin, d'advertir un;;
cbascun de ce que dessus en l'estendue de
vostre ijouvei'uenient el mandi'r qu'on ^e con-
ERINE DE MEDICIS.
[ tienne en paix et union, sans (jueduue part
j ne d'autre il soit entrepris aulcune chose qui
puisse préjudicier au bieu de ladicte paix. Ce-
[ ]iendant je prie Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saiucte et digne garde.
Escript à Auch, le dernier jour do novembre
1578.
1
Dr SU miiin : .Mon cousin, nous avons tout
rabillé, comme voyré sis dcsus. Je m'enn iré
à Agen, mes que l'on me aye rendu Floreuse,
cornent l'on ma promis; mandé-moy de vos
j novelles, el je me rccommende à voslir
] femme.
Vostre l)onne cousine,
t Caterinf..
ijTS. — 3o novembre.
Copii^. lîihl. iliir. , ["miils français, n' o3oo , f™ 9J v" '.
[.\U ROY MONSIEUR MON FIES.]
Monsieur mon filz, d(M)uis la dépcscheque
je vous ay l'aide par La Molbe, qui ist au ma-
rescbal de Biron, ccluy des liabitans de la
\ Iléolle qu'ils avoienl dépesché devers mo\
pour ;ii'a|>porter la capitulation t'aide avec
ceulx de la relligiou, ipii sont encore reti'an-
chez au prieuré de ladicte \ille, est arrivé icy
avec ung des gens du sieur de La Molhe-
Montgoze, gentiliouime catholique, voisin de
ladicte Béolle, qu'il m'a envoyé avec ledid ha-
bitant, el m'a escript la lettre que je vous
envoyé, par laquelle vous verrez comme il s'est
mis dans ladicte ville du gré des ungs et des
aullres, ayant empesché par le moien de la-
dicte capitulation qu'il ne se soit faict phis
grand désordre et meurtre des soldatz de la
' Fm mai-ge : -Envoyée au Roy par Cliarles Luillier,
courrier qui esl de la maison Je Monsieur de \illoroy. -^
religion, comme m'ont dicl knlict habitanl el
ledict homme, lesquelz m'ont aussy l'aict en-
tendre (ju'il est desjà entré dedans le chastcau
de la Réoile grand nombre de soldatz des pe-
tites villes catholi(iiies de là autour, dont il
y en a accourt cncoros à toutes heures, ad ce
(ju'ilz en ont veu, sans que le cappitaineFavas,
qui n'est qu'à une lieue de là, s'en remeue,
(juelque chose que luy aient mandé ses sol-
datz : aussi soubsonne-t-on qu'il ayt esté con-
sentant à ladicfe surprinse, et qu'il en a luy-
mesme faict le march*? à huit mil livres, ce
que j'avois bien cy-devant oy dire que les ca-
Iholicques voisins iuy en avoient du premier
coup' faict secrètement offrir; ce qui me faict
craindre (ju'il y aura difficulté à en tirer les-
dictz soldatz desdictes villes voisines qui sont
entrez, ayant pour ceste occasion faict incon-
tinent une bien expresse de'pesche audict ma-
reschal de Biron pour sehaster d'y aller avant
qu'ilz aient plus de loisir de s'y renforcer et
establir, et pareillement au s' de La Molhe-
Mongoze et aultres de ladicte ville de la
Re'oll#, ensemble à uug conseiller de vostre
parlement de Bourdeaux nommé Damalse,
aussy leur voisin, qui est avec eux, affin qu'en
attendant l'arrivée dudict sieur mareschai , ils
soient plus disposez à le reccpvoir et obéyr à
ce que je leur ay mandé par Iuy, comme vous
avez veu en madirte dernière de'pesche par le
double do la lettre que je leur escripvis par
ledict sieur mareschai de Biron. J'ay aussy
faict sur cela une bonne dépesche à mon lîlz
leroy de Navarre et lui ay faict pareillement
escripre par ma fille sa femme, afin qu'il
mandast au cappiîaine Valèdar et soldatz de
ladicte relligion retranchés dans ledict prieuré
d'en sortir, ad ce que les soldatz catholiques
estrangers n'eussent aulcune excuse de sortir
dudict chasleau au commandement que leur
fera ledict mareschai de Biron, auquel, à ce
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
que m'a dit l'iuibilant de
la Réolle et ledict
homme du s'' de La iMothe-Moulgoze, tous les
catholicques de la ville et du chasteau ne faul-
dront pas d'obéir à tout ce qu'il leur comman-
dera, si ceulx de la Religion sortent, ainsy que
j'ay, comme dicl est, prié par raadiclc lettre
fort expressément le roy de Navarre de leur
escripre qu'ilz facent, et par mesme moien de
venir ce jourd'liuy disner icy ou cousolier, afin
que nous puissions parler ensemble, pour nous
résouldre du lieu de nostre conférence et du
jour que nous la pourrons commencer; car,
par ce que m'a rapporté le s' de Pibrac que
j'avois, comme je vous ay faict entendre, en-
voyé vers mondict filz le roy de Navarre pour
lui persuader de la fayre en ce lieu, il monstre
qu'il eût bien désiré que c'eust esté à Nérac,
comme nous avions advisé, auparavant ces
nouvelles de ladicte Réolle; mais, pour cer-
taines occasions, je serois contente que uostre-
dicte conférence et assemblée se feist icy, ou
en quelque ville catholicque, pour oster toutes
doubles, ou bien, si Iuy et ceulx de sa relli-
gion en faisoienl aussy de leurcosté difficulté,
nous regarderons quelque expédient en cela;
car il ne sera pas hors de propos, si ceulx de
la Relligion ont quelque défiance de leur coslé,
que nous en ayons aussy du nostre. Chastillon,
ad ce que j'entends, amène lesdiclz députés
du Languedoc et sera à ladicte conférence;
mais l'on m'a dict, sur ceste nouvelle de la
Réolle, qu'ils pourroient bien estrc rebroussez.
Toutelfois, ad ce que j'ay entendu dudict s'
de Pibrac, le roy de Navarre leur a envoyé le
double de la lettre que je Iuy escripvis , lorsque
nous eusmes ladicte nouvelle, par où je l'as-
seurois d'y remédier à son contentement et
de ceulx de sa relligion, et leur a mandé
qu'ilz nes'esmeussentaulcunemeut de cecy et
ne laissassent pas de venir à la conférence,
ce que l'on m'a asseuré qu'ilz suivront; mais
142
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que ledict Chastillon vouldra avoir ung pas-
seport de moy pour luy et iesdiels dépultez; je
le feray dépescher aussitost que ron m'en par-
lera, affin que nous puissions advanser ces
gens cy, qui me faschent fort de me mectre
ainsy les choses à la longue; je croy que ceulx
d'entre eux qui ne veuUent pas la paix, et
aussy aulcuns des catholiques qui sont de
mesme humeur, n'ont pas esté marryz de la-
dicte nouvelle de la RéoUe, pour l'espe'rance
qu'ils avoieut que cela nous feroit rompre du
tout nostre conférence, laquelle j'accéleray,
comme vous pouvez penser, tant qu'il me sera
possible, voyant hien qu'il n'y a rien sy pré-
judiciable à vostre service que de demeurer
ainsy comme nous sommes icy, ny tant néces-
saire que l'eslablissement de la paix.
Monsieur mon 61z, depuis ce que dessus
escript, Beauregard, guidon du mareschal
de Biron, que, vous avez veu par ma der-
nière dépesche, javois envoyé à la Réoile
avec un gentilhomme de mondicl filz le roy
de Navarre, aussitost que nous soeumes les
premières nouvelles de la surprise, en est
reveneu ce matin; il m'a faict entendre que,
lundy dernier qu'ils y arrivèrent, pour ce que
c'estoit sur le soir, ceulx du chasteau de la
RéoUe ne les voullurenl pas laisser entrer de-
dans, et n'y eut seullement que ledict s' de
La Molhe-Mongoze, qui fut parler à eulx et
leur dire la charge que ledict Beauregard avoit
de moy; sur quoy, à cause qu'il esloit tard, ils
ne feirent aulcune response: et cependant le-
dict gentilhomme du roy de Navarre qui estoit
allé avec luy, nommé Bregneu duDaulphiné,
eut une harquebouzade au bras, que lui ti-
rèrent ceulx dudict chasteau, pendant qu'il es-
toit au prieuré avec lesdictz soldats retranchez ;
et, la nuit mesme, ledict Favas, avec bien petit
nombre de soldatz, a reprins les trois villes de
ladicte Réoile; de sorte qu'il en est mainte-
nant maistre; et sur cela les cappilaines Peri-
net, La Rumbe, Le Bois et autres de ladicte
ville, de laquelle ils estoient banniz par la
malveillance et maulvais traictement dudict
Favas, et qui sont ceulx qui ont exécuté ladicte
entreprinse, sont daus le chasteau, aussy
fortz d'hommes qu'il leur plaira; car il leur
en viendra tant qu'ilz vouldront desdictes villes
catholiques voisines; et davantaige la noblesse
et les aultres voisins aussy catholiques se pré-
parent en tous les environs de là pour les sou-
tenir et secourir, ad ce que Beauregard m'a
dict, de sorte que je crains bien qu'ilz s'opi-
niastrent les ungs contre les aultres et que
le mareschal de Biron se trouve plus empesché
que je ne pensois en la chai-ge que je lui ay
donnée, pour laquelle faciliter davantaige,
j'ay aussitost advisé d'envoyer le s' de Foix\
mon cousin, et ledict Beauregard avec luy
devers mon filz le roy de Navarre, affin de
luy faire entendre au vray par icelluy Beau-
regard comme le tout s'est passé, et par le-
dict sieur de Foix le prier, de ma part, de
vouloir envoyer Laverdin- et quelque auitre
encore d'auctorité, qui soit de la relligion pré-
tendue réformée, pour se joindre avec ledict
mareschal de Biron ^ afin que les ungs et les
' Le sieur de Foix, dont ou a vu le rôle près du
Parlement, à Bordeaux, est le célèbre diplomate Paul
de Foix, archevêque de Toulouse. Il avait déjà été
chargé d'une mission particulière en 1676, pour réta-
blir la paix en Guienne; et bien qu'il fût désigné comme
ambassadeur à Itome, la relue mère tint à l'emmener
avec elle daus son voyage en Languedoc, comme l'homme
le plus propre ftà remédier aux maux et à 1 émettre les
affaires en bon estat.n II lui rendit, en effet, les plus
grands services, et Catherine ne voulut s'en séparer que
l'année suivante à Lyon , au moment de son retour.
' Jean de Beaumanoir, grand ami du roi de Navarre,
qui le fera plus tard marquis de Lavardin, chevalier du
Saint-Esprit et même mat'cchal de France.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
i/i3
aultres ayent plus de ci rance , et , par ce moven ,
parvenir jilus aizémciil à mon intention, qui
est de raccommoder le tout doulcement, ne
voullanl oublier de vous dire que, ad ce que
j'ay peu entendre, les pauvres habilans de la
RJoHe n'ont eu aucune ou que Lien peu d'in-
telligence et n'ont rien sceu de ladicte pra-
ticque, jusques ad ce qu'elle ayt esté exécute'e
assez facilement par le moyen de deux des
principaulx soldatz dudict Favas, nommez
l'ung Belleville el l'atdtre Le Bois, qui sont
aussy dans ledict cliasteau, es quelz on dict
avoir esté promis chascun mil escus par ung
général des finances à Bourdeaulx, nommé
Le Gast, qui a sa maison assez preste de la
RéoUe, et dil-on aussy que iedict Favas en
debvoit avoir six mil. Toutertbis, voyant qu'il
est vepeu reprendre ladicte ville, je n'en sçay
que penser, sinon que je vous puis asseurer
que c'est ung des plus mcsclians hommes qui
soit soubz le ciel, et que nécessairement il le
tendre les nouvelles que, à mou grand regret,
la'avoit rapportées ledicL Beauregard. Je luy
ay dict la charge que j'avois donnée au s' de
Foix, et sommes entrez en propos des def-
licnces oii je veoyois qu'il/, eiitioient sans au-
cune raison, el que cela, et les longueurs 011 ilz
m'avoient tenue depuis cinq sepniaines jusques
à ceste heure, avoit esté cause de ce qui estoit
adveneu à la Réolle, el que je craignois bien
que survînt encore d'aultres nouveaulx incon-
véniens. Toutefibis sommes arrestez beaucouj)
là dessus, et, en la présence du cardinal de
Bourbon et des seigneurs de vostre Conseil, je
luy ay représenté sommairement comment
toutes choses sont passées , la grande patience
que j'ay eue jusqu'à ceste heure et voullois
encores avoir pour ung bien si requis et si
nécessaire au royaulme, luy demandant quand
seroit prest mondict fiiz le roy de Navarre et si
leurs députtés viendroient bientosl; sur quoy
il m'a dict cela mesme qui est conteneu cy-
fault oster de là dedans, comme je vous es- j debvant, qui est que mondict filz le roy de
cripvis par ma dernière dépesche le mander
au roy de Navarre. Et, ceste après disner, m'est
venu trouver, de la part de mon filz le roy de
Navarre, le s"' de Segur, qui m"a faict entendre
que mondict filz le roy de Navarre ne pouvoit
venir icy, dont il estoit fort niarry, ot que ce
n'estoit crainte ny double qu'il eust de sa per-
sonne, mais qu'il voyoit bien que ceulx de sa
relligion feussent entrez en double qu'il eust
eu intelligence avec moy et les voulust trom-
per, et que, pour ceste occasion, il estoit ré-
solu de s'en aller demain couscher à Nérac,
me priant d'y aller, au moings si ce n'estoit
pour y séjourner, que j'y allasse disner; sur
quoy je n'ay faict aulcune responce, sinon que
je m'attendoys de le veoir, comme il estoit très
nécessaire, puisqu'il ne vfiuloit venir icy, que
s'il vouloil venir disner à Gigan, je m'y eny-
rois demain ou samedy, lui ayant faict en-
Navarre leur a escripl ne différer point de
venir pour l'enlrejjrinse de la Réolle et qu'il
s'asseure que je luy en feray faire la raison; ne
voullant oublier à vous dire que ledict de
Ségur m'a dicl, à part, que le roy de Navarre
avoit entendeu que je ne voullois aller audict
Nérac, pour la crainte que j'avois qu'il v re-
tinst ma fille, sa femme, et qu'il ne falloit point
que j'en eusse craincte, mais que je m'asseu-
rasse sur ce qu'il m'avoil dicl, qui est qu'il
ne feroit ny ne souli'riroil jamais estre faict
aulcune chose qui me deust desplaire. F.t de-
visant avec luy, et luy replicquant encores ce
qu'il m'avoit dit que ledict roy de Navarre
craignoit, s'il me feust venu trouver en ce lieu,
de donner soubson et de faire entrer coulx de
sa relligion en deffience, et par ce moyen
perdre son crédit avec eulx, je lui ay dict que
c'estoit luy qui me faisoit perdre le mien
Uà
LETTRES DE GATHE
parmy les catholiques, me tenant ainsy eu
grande longueur; et sur cela lui ay demandé
si, quand il parliroit dudict Florence \ il ne
la laisseroil pas en Testât mesrae qui lavoit
trouve'e, quand il y esl enlre', et qu'il me
l'avoit ainsv promis et encore hier mande' fort
expressément par le s' de Pibrac, qui estoit
présent et qui fa conflrmé audict de Ségur,
lequel, toutefois n'en faisant d'aultre responce ,
m'a laisse' en peine; et, pour ceste occasion,
incontinent qu'il a esté party d'avec moy, j'en
av escript une bien expresse lettre de ma
main au roy de Navarre, en laquelle je n'ay
l'ien oublvé des raisons qui le doibvent esmou-
voir à satisfaire à la promesse qu'il m'a si
expressément faicte de la laisser, quand il en
sortiroit, en Testât mesmes qu'il estoit, quand
il V est entré; j'en ay aussy faict de bonnes
lettres, une ans' de Foix, et ayant sceu, à son
retour de Florence, quemondict filz le roy de
Navarre estoit en résolution, quelques lettres
que je luy eusse escriptes et remontrances
que luy ayt faictes, de ma part, le s' de Foix,
de laisser garnison audict Florence, je me
suis résolue de venir en ce lieu de Gigan, où
j'ay amené mes cousins le cardinal de Bour-
bon, le prince Daulpbin et les susdictz sieurs
de vostre Conseil, ayant laissé ma fille la
Rovne mallade, comme je vous escripvis bier
de ma main, à Auch; et ayant commencé de
parler devant disner à part à mon filz le roy
de Navarre et au viconte de Turenne, je me
' Le roi de Navarre, coiiime nous l'avons vu, étail
entré daiis Fleuraiice le a3 novembre, ce qui esl encore
confirmé par une lettre dans laquelle il l'ait allusion à
ce hardi coup de main et qui est datée de la ville même.
{Archives de la Gironde, t. XV, p. 379.) Los négocia-
tions pour la reslilulion de la place traînèrent en lon-
gueur, et ce n'est que le 4 décembre, à Auch, qu'Henri
signa avec la reine mère un tr acte public jj , qui stipulait la
reddition de la Réole au parti protestant, avec promesse
de rendre Fleurance.
RINE DE MÉDIGIS.
suis rassemblois avec mesdicts cousins et les
s" de vostre Conseil, où après avoir résolu eii-
semblement des pointz dont j'auray à parler
à moudict lilz le roy de Navarre, il est eniré
avec nous, le vicomte de Turenne et Ségur le
suivant, nous ayant dict, quand je l'ai requis
de faire venir encores les aultres de son Con-
seil, que Guitry n'estoit en ce lieu, dont j'ay
esté bien aise, car il n'est pas sy affectionné
qu'il debvroit au bien de la paix, au contraire
c'est luy qui engendre le plus souvent les dif-
ficuitez et maulvaises résolutions qu'ils font,
desquelles je ne vous desduirav pour ceste
heure aultre chose, me remectant à quand
j'auray ce bien de vous veoir pour vous eu
discourir. Cependant je vous diray que pour
le commencement j'ay, en la présence des
dessusdictz de vostre Conseil, représenté à
mondict filz le roy do Navarre la longueur du
temps que nous avons perdu et qu'il ui'avoit
fait couller de jour à aultre, le grand et long
chemin qu'il m'avoit faict faire par une sy
maulvaise saison pour venir à Tlsle en Jour-
dain,qu'il avoit lui-mesme choisy pour noslre
conférence, les légères excuses dont il m'avoil
depuis peiné et le tort qu'il faisoit non seul-
lement à vous, à vostre service et à moy,
mais aussy àluy mesme et à tout le royaulme,
de remeclre ainsy les choses que luy et ceulx
de la Relligion debvroienl poursuivre et cher-
cher eulx mesmes, s'ils estoient tous tels qu'ilz
doibvent. Je lui ay aussy parlé de la garnison
qu'il avoit laissée audict Florence: sur quoy
je me suis pareillement bien estendeu, n'ayant
rien oublié de tout ce qui se peut dire et pen-
ser pour lui monstrer, comme j'ay clairement
faict, le tort qu'il avoit et qu'il me faisoit et
à luv mesmes aussy, l'ayant, sur les si cv-
presses asseurances qu'il m'avoit données,
faict entrer et sortir librement à toutes heures
et quand il avoit voullu dedans Agen, Vil-
LETTHES DE CATHEliiNE DE MÉDICIS.
leneufve et Fioroiico, ol ([ue iiiainleiianl y
laissant garnison, c'esloit à moy seule à <]ui
cela touchoit cl que les catholiques auroient
juste occasion de s'en doulloir, estant là le
vrav moyen par cest exemple do se faire fermer
les porti's partout; et, ajiivs plusieurs aullres
paroles et remonstrances, lui ay déclaré que
je ne partii'ois point de ces quartiers que le-
dict Florence ne feust remis en l'estat qu'il
m'avoit promis. Je luy ay aussy parlé de des-
pérher quelqu'un^ des siens de qualill(' pour
envoyer à la RéoUe, aflîn de faiie retirer
Favas, pour ce que je ne pensois pas que les-
(licts catholiques, qui sont dans le chasteau,
eu voulussent jamais sortir pendant que io-
dict Favas seroit en ladicte ville; il m'a res-
pondu et dict plusieurs raisons que je n'ay
nullement trouvé raisonnables sur les trois
points dessusdietz, lesquelz, pour ne vous en-
nuyer, je me tairay, et vous dirav (ju'après
beaucoup de grandes contestations parmy les-
quelles je me suis fort courroucée, nous avons
enfin résoUu, premièrement que, pour ledict
Florence, il en ostera la garnison et que je
mecteray dedans le s"^ de Savignac', qui le suit
quelquefois et qui est honneste genlilliomme
catholique et estimé d'ung chacun, fort franc
et homme de bien, lequel, comme j'estime,
fera ce que je lui commanderay pour la seu-
reté de ladicte ville; et à l'instant ay escripl
nudict sieur de Savignac, du(|uel la maison est
à Toulouse, s'en venir incontinent me trouver;
et, pour le faicl de la Réolle, mondict fiiz le
royde Navarre s'est condescendu, après aussy
' \oiis avions pensé que ce Savijjnac pouvait bien otru
Jean de Gontaud, baron de Salignac, ami du roi de Na-
varre, dont Catherine appréciait beaucoup la modération
et l'habileté; mais tes Gonlaud n'avaient pas de maison
à Toulouse. — Voir la lie du baron de Salignnc, par
M. le comte A. de Gontaul-Biron , précédant V Ambitssade
en Turquie {i6o5 à 1610) dans les Archives hiuoriques
de la Gascogne, 1888, in-8°.
ClTIlEIlIXE DE MtDIClS. TI.
1^5
plusieurs contestations dont je ne vous vnilx
point ennuier, qu'il mandcroit ledict Favas
venir à luy et eonvoyeroil le s'^ de Laverdin,
pour ce (lu'il commande à leurs gens de pied,
<l escriproit aux s" de La Launos et Rocque-
Hornard aller incontinent audict lieu de la
Réolle se joindre avec ledict sieur mareschal
de Riron, pour faire en sorte que ladicte ville
et le chasteau fussent remis entre voz mains el
les miennes, et que après je lui promettoys de
les remectre suivant vostre édict entre leurs
mains; mais que je ne permetterovs pas (pie
ledict Favas y commandasi plus : sur quoy
aussi nous avons encores disputé, et enfin nous
nous en sommes ainsy résoluz et avons promis
que ledict La Launes y commanderoit, dont je
serois très aise, car c'est bien honneste gcu-
tilhomme et qui, à mon advis, traietera et
contentera tous les habitans de ladicte Réolle,
desquelz et de ceuix dudici Florence, qui luy
ont blessé ses gens, le royde Navarre demande
tousjours justice, disant que ceux dudici Flo-
rence principallement lui ont faict une infi-
nité de gallanteries, jusques à lui battre ses
gens plusieurs fois depuis la paix ; sur quoy
j'ay assez eu de subjeci pourreplicquer, comme
j'ay faict et avec de si grandes raisons que
je m'asseure qu'il y pensera quelquefois;
et sommes aussy demourcz d'accord que le
dixiesme du mois prochain nous nous assem-
blerons à Nérac pour la conférence, sans (ju'il
y ayt plus aulcune longueur nv remise,
m'ayant aussy requise de lui bailler, comme
j'ay à l'instant faict faire, ung passeport pour
deux de leurs députtés du diocèse de Nismes,
nommés Aguilbommet et Caumont, et aussy
pour La Meaulde que bien congiioissez; ils on
ont aussy demandé ung pourChasIilion, iju ils
dient aussy se dcbvoir trouver en nostre con-
férence auquel l'ay princi|)alleiiienl faict expé-
dier. Et après tout ce que dessus faict , le roy
'9
ini-nr-rrnie s*tio\.u t.
U6
LETTltES DE CATHERLNE DE MEDICIS.
dt" Navarre, s'olani retiré eu son lo;;is, m'a
soubdain laid dire qu'il désiroit l'aire arto de
bon mary cl aller veoir la royne sa femme à
Aiifli. dont j'av este' l)icn aise, et est à l'instant
monté à tlieval. inv (|iiatre ciminieme soulle-
ment, et sv s'en sont allez au {jalop, massen-
rant qu'il sera demain matin de retour icy, où
il a laisse' Guitry et sou secrétaire, pour faire
l'aire toutes les dépesrhes qu'il l'alloit pour ce
que dessus prestes à signer.
Et sur ce, depuis son ]iartement, ayant
envoyé le s' de Foix deveis hiy pour faire de
sa [lart lesdirtes dépêches et aussy pour
escripre au\ députés de Langui'iloc(j de se
haster. le s" de Foix m'est venu diie. que
depuis le parleiiieni du rov il avoit reccu
lettres de Ni'iac, par lesquelles ou luy man-
doit que ledict Laveidin esloit fort malladc
d'une puraisie et que le roy de Navarre n'en
savoil rien, ce ipii \ieul tiès mal à propos
pour le faici de ladicle Uéolli>, car le mares-
chal de Bir(ui et luy eussent bien couveneu
ensemble. Toutelïois nous avons pensé de-
puis, si ainsv est que icelluN l.averilin n'y
puisse aller, il fauldra que ce soit le s"^ de
Lezignan, et auquel la dépesclie et l'insliuc-
tion sera donnée. J'adverty, de ma |)art, de
tout ce que dessus ledicl maresclial de Biron.
allln (ju'il embrasse, comme j'estime qu'il
fera, tout ce (pie dessus, et que parce moien
nous puissions remédier au mal qui pourroit
advenir si ron lai'doit à pourveoir audici l'airt
de la Ué(dle: car il est l)ien certain ijue, s'il
n V est bienlost reuKklié, les catholiques, de
leur coslé, et ceul\ de la relligiou de l'aultre,
se lemeurerout , quelque ordre que j'aye et
mondicl tilz h» rov de Navarre aussi donm»,
escript et réitéré par deux ou trois fois de
tous cùtés. vous priant de croire, Monsieur
mon filz, qu'il n'v a personne qui ayt tant
de regret et de desplaisir que moy de veoir
toutes ces longueurs icv, lesquelles sont cause
de ces incon\énieus dessusdiclz, et je crains
bien qu'il n'en advienne encore d'aultres;
mais, après avoir tenté tous les moiens que
jay peu penser pour accélérer et pour faire
prompteuient l'establissement de la paix, à
quoy je n'av peu jusques icy rien advancer
davanlaige, s'excusant ceulx à qui j'ay alïaire
sur les députiez qu'ilz attendent des provinces,
je me résoulz, pour le graud bien que je
cougnois que <-e sera à vostre service et à tout
vostre rovaulme, de patienter encores jusques
au dixième du mois ', esp('rant qu'entre cy el
là le faict de ladicte lléoUe sera léparé et (jue
Dieu nous fera la grâce (|u"il ne surviendia
poinct d'autres nouvelles brouilleries; et faut
que je vous dye qu'il semble qu'il y eu ayt
d'un costé et d'aultre beaucoup qui le dé-
sirent, tant ils sont maulvais et ennemis du
repos et de la paix: mais j'espère en Dieu
(pie, nonobstant toutes leurs maulvaises m»i-
ni'es et semences de divisions, il nous fera
la grâce que j'establiray la paix es provinces
de deçà.
Cependant je responderay par ceste-cy
;i la vostre du xv!' de ce pn'sent mois, que
m'avez envoyée ])ar Véry qui, comme je vous
maudav hier, l'avoit esgaiée, mais depuis.
René, mon porte-manteau, qui est ariivé icy
reste après-disner, me la apportée, ayant
laissé la sienne à \érac, (pii n'est ozé partir de
Bourdeaulx jus(jues ad ce ([ue je lui aie en-
vo\é, comme je laiz présenleuient, un passe-
port de mon fdz le rov de Navarre, atlin (ju'il
puisse venir seuremeiit. Par vostre dicle lettre
du xv% vous me donnez très grand contente-
ment de la satisfaction que vous avez du deb-
' La reine mère léelail pas au l)Oiil de ses peinns : les
conférences de Nérac ne conuiiencèrent que dans les
preiniiTs jonrs de février l'i-Ç), avec em-ore (hxix i;rands
mois lie relard.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
147
voir que je lais par deçà, eslaiil à mon très
grand regiect que je ne puisse faire davau-
taige pour le bien de vostre service, vous asseu-
lant qu'il ne lient pas au soing et diiligence
qui se peuvcnl que Ions voz affaires n'aillent
mieulx et que nous ne facions plus promple-
ment une bonne résolution avec mondict filz
le roy de Navarre; mais vous veoyez par mes-
dictes dépesches comme journellement, voire
d'heure en heure, je tente et faiz tout ce que
je puis pour accéle'rer les choses, afSn d'avoir
bientost ce bien et contentement de me revoir
auprèsde vous.Etqueje dirayque,pource faict
de 15eaucaire, j'ay encores cejourd'huy parlé
au roy de Navarre et luy en ay faict toute
l'instance que j'ay peu, suivant le conleneu
de vostredicte lettre, dont je luy ay fait veoir
l'endroict qui en parloit, pour ce qu'il estoit
avec moy lorsque l'on m'a apporté vostre
pacquet; sur quoy il ma répondeu que Con-
stans, que nous avons pour cest effect envoyé
en Languedoc et qui en est seulement cejour-
d'huy arrivé, me fera entendre et veoir par
escript comme il y a faict ce qu'il a peu, el
aussy que ledict Chastillon sera bientost par
deçà et que, de sa part, il y fera tout ce
qu'il pourra pour vostre service et vostre
contentement. Cependant je vous envoyé la
plaincte que m'a envoyée ie mareschal Dam-
viile de la façon qu'est bride' ledict Beau-
caire.
J'ay veu aussy par vostredicte ieltre comme
vous faictes encores chercher les moiens de
pouvoir négocier quelque chose de bien seur
avec le duc (iazimir, qui sera, je vous asseure,
très bien faict; et croy certainement que
l'occasion pour laquelle ces gens icy nous
traisnent en si grande longueur, c'est qu'ilz
attendent quelque chose de ce costé là pour
du tout ne rien faire pour le restablissemeut de
la paix, ou pour le moings, soubz ceste cou-
leui' et ombre dudict Cazimir, s'il s'aprorhoit
de vostre frontière, comme vous en avez bien
sceu quelque chose par l'advis que je vous
en envoyay il y a quelque temps, s'en pré-
valoir et essayer d'avoir (juelques meilleures
conditions en nosire assemblée. Louant Dieu
grandement de la bonne amitié que je veoy
entre vous et vostre frère le duc d'Anjou et
de la ferme résolution qu'avez tous deux de
la continuer tousjours, je vous envoyé la
lettre qu'il m'a escripte par René, afhn (|u'il
vous plaise la veoir et commander les expédi-
tions qu'il demande; car j'ay satisfaict à ce
qu'il désiroit de moy, par l'advis qu'ave/, veu
que je lui ay donné sur les articles qui hiy
ont esté proposés pour son mariaige d'Angle-
terre ; je lui escriplz bien expressément pour le
faict de cesle entreprinse de la Franche-(><)nté,
m'esbahissant bien qu'il n'a plus clairement
respondeu aux ambassadeurs que lui ont en-
voyé les seigneurs des cantons des Suisses; car,
comme vous dictes très saigement par vostre-
dicte lectre, il n'y a rien plus nécessaire que
d'entretenir l'amitié de ces gens là. J'ay esté
fort aize d'avoir veu ce que me mandez de la
résolution des Estats de Bourgogne, espérant
(]ue Dieu nous fera la grâce, considéré, la
bonne et grande amitié et affection que vous
portez à vostre peuple, que les malicieux des-
seings et entreprinses de ceulx qui ont voullu
troubler voz affaires ne réussiront pas; et je
vous prie. Monsieur mon filz, ne différer plus
longuement d'envoyer, comme vous avez ad-
visé, es provinces, principallement en celles
qui se gouvernent par Estats, pour y faire faire
les mesmes offices qu'a faicis eu Bourgogne
le procureur général : et, s'il vous plaist, con-
sidérez bien ce que je vous ay escript pour les
soulaiger de quelque chose, debvant qu'ilz
vous en requièrent, et me fiire aussy res-
ponce, s'il vous plaist, ad ce que je vous ay
19-
U8 LETTRES DE CATH
mandé pour le faict des traictes générales et
impositions nouvcHes : sur quoy est interve-
neu l'arrest, que je vous ay dernièrement
envoyé, donné par vostre parlement de Bour-
deaulx; car il y a beaucoup de gentilhommes
qui, comme je vous ay escript, n'ont aulcun
moyen de i'aire argent et joyr de leur revenu
que par la liberté de transporter leurs bleds
et vins; et, ad ce propos, je vous diray que je
me trouve icv bien assistée et de si boa cœur
par les s" de Lassegnan et de Barannau, que,
si j'avois quelque moyen de les grattiflier
chascun de quinze cents ou dedeux milescus,
je les leur donnerois en vostre nom ; car oultre
qu'ilz méritent beaucoup pour l'alTection et
fidéllité que je congnois quilz onl à vostre
service, ce seroit occasion à beaucoup d'aultres
d'en faire le semblable: et vous asseureque,
si vous avez départy de vous mesme, et sans
attendre qu'on vous requist, cinquante ou
soixante mil l'rancs à plusieurs qui le mé-
litent, croiez que vous ferez beaucoup jiour
vostre service et que cela vous eu espargneroit
beaucoup de fois auitant; mais quand je veoys
le peu de moyens que vous avez en voz
finances, je ne scay que dire. Quant ad ce que
m'escripvez pour le faict de Derdoy, quand le
maréchal de Biron sera arrivé auprès de moy,
nous en adviserons ensemble. Cependant j'es-
cripray au lieulenant du Chasteau Neuf me
venir trouver, comme ilmepromistqu'il feroit,
quand il fut dernièrement renvoyé de Bour-
deaulx, pour n'avoir esté trouvé chargé d'aul-
cune chose: je croy qu'il n'y faudra pas; car,
s'il se fut mal senly de la chose dont on le
chargeoit dernièrement audict Bourdeaulx,
il no fut pas à mon advis retourné et demeuré
toujours en sa charge, veoyaut ledict Derdoy
prisonnier. Quand il sera arrivé auprès de moy,
si ne se trouve point chargé, je ne iaisseray
de vous l'envoyer et vous escripray par lui.
ERINE DE MEDIGIS.
affin que vous lui fasciez faire quelque ré-
compense et que l'on le tire de là, pour en
estre du tout hors du soupson.
J'oubhois à vous dire aussy que j'ay en-
tendu que, combien qu'eussiez escript au s' de
Suze retirer ses forces, il est allé à Aix favorisé
de voz Corses et en assez bonne intelligence
avec le Grand Prieur, mais que Vins ^ est en
campaigne avec environ deux mil hommes de
pied et quelque cavalerye ; j'estime que les dé-
pesches que je lui ay faictes , ces jours icy, par
ung courrier exprès que je lui ay envoyé,
ayant aussy escript au s"' de Carces et à tous
ceulx que j'ay pensé que besoing estoit, servi-
ront pour les induire à s'accorder, et pense
que ledict Grand Prieur me viendra trouver
ceste fois sans excuse; car je lui escriplz fort
expressément.
Quant au faict de Menerve-, vous avez bien
entendu la composition qui y a esté faicte,
laquelle, à ce que je puis entendre, n'est en-
core exécutée; mais j'estime qu'elle réussira,
et affin que ce puisse estro bientost, j'espère
faire aujourd'hui que mon fiiz le roy de
Navarre escripra et mandera ([ue ceulx de la-
dicte relligion satisfacent à ladicte convention,
de leur part, sans qu'il y ait faulte, et feray
qu'il en envoira la dépesclie par celui qu'il
envoyé pourhaster Chastillon et leurs députez
de Languedoc, où le s' de .loyeuze a faict dif-
ficulté d'aller avec le s' de Terride pour exé-
cuter ce qui est contenu en l'instruction, dont
je vous ay envoyé, il y a trois ou quatre jours,
le double, s'excusant ledict s"^ de Joyeuze, di-
sant qu'il vaudroit mieuix attendre à envoyer
après que aurons faict la résolution de l'exé-
cution du gros de vostre édict de paciffication.
' yi. de Vins ctail un capilaine callioliqiie, lenani la
campagne entre Nîmes, Tarascun, Avignon. Un l'avait
surnommé tt ie Malinier. ji
- Voir sur Ménert)cs la note de la page gS..
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIClS.
U9
Cependant le niieiilx ijuc j'v veove, c'est (|iie
Chastillon, veoiant qu'il ne pouiroit faire ce
qu'il eust de'siré au chasteau de Beaucaire,
s'est retiré à Montpellier, et ce brigand de
Bacom cesse aussy les maulx qu'il i'aisoit, et
sont à présent ressez tous actes d'iioslillité de
ce costélà,ad ce que m'a escript le s'' de liieux,
selon la charge que luy et Grémian a\ oient,
suivant nostre résolution de la Réolle, pour le
faict de la réparation des innovations, surung
ordre fort exprès que je lui av, ces jours icv,
de nouveau faict sur cela; mais je crains bien
que la surprinse de la Réolle les esmeuve de
de nouveau, quelques depesches qu'ayons
faictés de part et d'aultre pour les einpes-
cher. Bacom demande que lui pardonniez les
choses qu'il a faictes, et qu'il se com[)ortera
doresnavant en bon subjet : je ne luy ay pas
voullu accorder ny aussy l'en esloigner d'es-
pérance, aiant mandé audict s"^ de Rieux que
je vous en escriprois, mais que, pour l'intérest
des particuliers, que vous ne le pouviez ny ne
le debviez ; mais que touttefois en nostre confé-
rence nous regarderions de composer cela
doulcement. Je disneray icy demain, atten-
dant le retour du roy de Navarre, alTin que
nous facions partir toutes nos depesches, et
m'en retourneray couscher à Auch, où je su-
journeray quelquesjours, attendant laguérison
de madicte fille la royne de Navarre, et pour
couler le temps jusques au dixième du mois
prochain, priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Gigun, le pénulliesme novembre
1578.
Monsieur mon filz, depuis cette lettre
escript(3 ', mondict filz le roy de Navarre est
' il y a en titre dans le manuscrit, f. 102 : rrPosIcripl
de iad. dépesclie envoiée au Roy par led. Luiilier,
courrier, n
retourné de veoir ma fille sa femme, qu'il eust
bien désiré que sa santé eust peu permettre de
partir bientost pour nous acheminer du
costé de Nérac; mais j'ay pensé qu'il soroit
l)lus à propos que je demeurasse encore de
deçà jusques à ce que le s' de Savignac l'eusl
arrivé et estably dans Flourance, sans tou-
lell'ois faire démonstration que ce i'eust poui'
cela; aussy, comme j'ay dict au roy de .Na-
varre, faut -il donner loisir à madicte fille
de se Ijien guérir, de peur des inconvéniens
quy adviennent ordinairement de telles mala-
dies. J'ay aussy parlé au roy de Navarre d'en-
voyer quelqu'un avec le mareschal de Riron
au lieu dudict Laverdin, qui, à la vérité, est
malade, et nous avons advisé,à l'instant, que
ce seroit Guitry, duquel les lettres et les in-
structions esloient prestes, eu blanc, qui ont
esté remplies de son nom, et oultre cela le
roy de Navarre lui a bien expressément recom-
mandé de faire en cecy sy bien son debvoir
avec ledict mareschal de Biron, que les choses
se puissent faire comme nous le désirons, qui
est de faire venir Favas parler au roy de Na-
varre, suivant ce qui lui escript, et cependant
que ledict mareschal et Guitry, suivant les
pouvoirs qu'ilz ont, facent sortir les gens de
guerre d'ung costé et de l'aulh-e, qui tiennent
lesvilli' et chasteau delà Uéolle,et demeurent
es mains dudict mareschal, pour remettre le
tout suivant vostre édict en celles desdictz de
la relligion, souhz la charge du cappitaine
Lalaune, qui est en ladicte ville de la i«(V)lle.
J'en faictz une despesche bien expresse audici
mareschal pour cest elfect, croiant que, de sa
part, qu'il y fera tout ce (ju'il pourra. Incon-
tinent que j'en auray de bonnes nouvelles, je
ne fauldray de vous en advertir.
Cej)endant je vous diray (jue le séneschal de
Beaucaire, lequel est arrivé eu ce lieu, où il
I m'a dict ce soir que les affaires de Provence
150
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
furent plus mal qu elles ne fuient oncques, le
s' de Suze s'estant acheminé à Aix lorsqu'ilz
estoient preslz de s'accorder, et estant party de
nuiclsansque personne en ayt rien seu, et les a
laissez à l'heure qu ilz estoient en bons termes
de leur appointement, et qu'à piésent tous ceulx
dudicl païs de Provence dient re'sollument
qu'ilz ne le recepvront pour gouverneur, et le
voyaige que je feys hier à Gégun me fera re-
venir à Florence; et si j'ay rasseuré et oslé
toutes les de'flîences qui s'estoient recom-
mencées et remises au cœur des ungs et des
aultres depuis la prise de la Réelle.
Escripl à Aucx, le dernier jour de no-
vembre iS-jS.
1578.-
décembre.
Orig. Bjbi. nal. , Fonds français, n" 338i , f 66.
A MON COUSIN
LE S' DE DAM VILLE.
Mon cousin, d'aultant que j'ay escript, pour
le faict d'Orange et pour les Espaignolz qui
ont esté arrestez à la frontière, à mon fils le
l'oy de Navarre, jattenderay à avoir sa réponce
premier que de vous faire la mienne, et aussy,
sur ce que m'avez escript par le jeune Lar-
tuisier, dépesché par le s' de la Croizette, et
le conseiller envoyé avec luy par le s'' de
Montbartier que j'ay envoyé trouver mondicl
filz le roy de Navarre; et, à leur retour, je
vous escripray par eulx et feray bien ample-
ment response à toutes voz lettres. Cependant
je vous diray que, par ce que m'a ce jourd'hui
escript mon cousin le niareschal de Biron,
j'espère que nous aurons bientost de bonnes
nouvelles de la RéoUe; car il me donne très
grande espérance. Quand il m'en viendra quel-
que chose de plus certain , je ne fauldray de
vous en donner advis, priant Dieu, mon cou-
sin, vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Auch, le premier jour de dé-
cembre 1678.
De sa main : Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 3 décembre.
Copie. Bibl. nat. , Foods français, n° 33oo, f* 102 r" '.
A MONSIEUR
LE DUC DE MONTPENSIER.
Mon cousin, le malheur qui nous est advenu
de la surprinse de la Réolle est cncores suivi
d'un aultre nouveau accident qui, j'en ay
grand peur, brouillera bien, ai-je grand peur,
noz affaires et sainctes intentions au bien de
la paix : c'est que aulcuns, pousez de maul-
vaise volunté, ont aussy surprins la ville de
Lauzerte, ad ce que le roy de Navarre m'a
escript par le s"' de Laverdin, qui vient d'aï'-
river icy, et qui m'a dict que ceulx qui ont
faict et exécuté ladicte surprinse ont tué
jusques aux femmes, filles et petitz enfans,
dont le roy de Navarre et ceulx de la relli-
gion prétendue réformée sont fort en alarmes;
à quoy désirant remédier le plus tost qu'il sera
possible,j'ayadvisé que vous estant à Moissac-,
qui n'est qu'à quatre lieues de Lauzerte, vostre
auctorité servira grandement à réparer ce mal ,
et, pour ce (|ue je pense bien que vostre santé
ne pourroit pas permettre d'y aller vous
mesmes, je vous prie me faire ce plaisir et ce
grand service au Roy monsieur mon fils de
vouUoir que mon cousin le prince Daulpliin,
vostre fils, y aille incontinent. Je l'en prie par
ceste cy de toute affection, et d'y donner
' En marge : r Envoyée au Roy avec la dépesché cy
après suivante, à iuy envoyée par Monsieur de la Roches.
^ Jtoissac (Tarn-et-Garonne).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
151
promptement tel ordre, que la ville puisse
estre remise en Testai qu'elle estoit aupara-
vant ladicte surprinse, et commander au s'" de
la Chappeliede Lozières\ quien est bien près
voisin, et qui sera, à mon advis, agn?able
aux unjjs et aux aullros, de se mectre dedans,
suivant ce que je lui escriptz présentement
faire, ou bien quelque autre des gentils-
iiommes qui en sont aussy voisins, à qui j'es-
criptz pareillement, ni'advertissant par mon
mondiet cousin, le plus tost qu'il pourra, de
l'ordre qu'il y aura donné, faisant prendre
prisonniers ceulx qui ont commis ce meschant
acte, lesqueiz je désire aussi qu'il fasse cbas-
tier promptement et exemplairement, comme
il fault faire, pour coupper le cbemin à telles
choses, qui se font expressément pour troubler
et empescher l'exécution de la paix et nostre
conférence que nous ne laisserons pourtant
de faire. Dieu aydant, au x° de ce mois, sui-
vant ce que m'a mandé mondiet filz le roy
de Navarre, et le s' de Laverdin, si nous lui
faisons faire justice de ce faict, comme je dé-
sire et j'espère aussi qu'elle se fera, aiaul est('
d'advis que iedict Laverdin ainenaslung gentil-
homme des siens, comme il faict, affin qu'il
puisse veoir et rapporter ce qui se fera, et
comme franchement nous marchons non seul-
lemenl pour faire remectre ladicte ville en
Testât qu'elle estoit, mais aussi pour le chas-
timent de ceulx qui ont commis Iedict acte ,
ainsy que vous et mondiet cousin, vostre filz,
entendrez du s'' de La Roche, présent poi[pur,
qui fera en cela ce que vous et vostre filz luy
commanderez. Je prie Dieu, mon cousin,
vous avoir on sa saincto et digne garde.
Escript à Aux, ledit in° jour de décem-
bre 1678.
' Pons do Lauzières-la-Capelie do Tliôminos, séné-
olial ot gouverneur de Quercy.
1578. — :j d.'conil)i-o.
Copii'. Bilil. liai. , Fonds fiiiiiciis , n" 33oo . f' io3 \ .
A CEULX DE LAUZERTE '.
Messieurs, je ne double pas qu'il n'y ait eu
quelque occazion qui vous ayt meuz de vous
saisir de Lauzerle , comme j'ai eu advis qu'avez
faict. Toutteffois vous ne le debviez pas en-
treprendre sans m'en adverlyr première-
ment, puisque vous sçaviez que j'estoys en
ce païs; car cella, avecques la surprinse qui
a esté ces jours icy faicte de la Réollo, m'a
mis en très grande peyne, ainsi que vous en-
tendrez de mon cousin le prince Daulpliin,
lequel j'ay prié prendre la peyne d'aller jus-
ques audict Lauzerte, afin d'entendre de vous
les occazions qui vous ont meu à ce fayre et, en
attendant que je les saiche au vray, mectre
ung gentilhomme de voz voisins avecques
vous qui vous commandera et auquel vous ne
fauldrez d'obéyr jusques ad ce que aultre-
ment j'aye advizé d'y pourveoir. Je feray in-
continent à vostre gré et soulaigement, comme
vous dira, de ma part, mondiet cousin le
prince Daulphin, lequel ne fauldrez pourceste
occazion de recepvoir audict Lauzerte et obéyr
à tout ce qu'il vous commandera de ma pari,
vous asseurant qu'en pourvoiant à Testablis-
sement de la paix, qui est la principalle oc-
cazion de mon voiaige par deçà et eu quov
je travaille pour y parvenir, comme j'espère
qu'elle sera de bref parloul, je n'oubliray de
fayre pour vous tout ce qu'il me sera possible,
en sorte que vous serez soulaigez, comme
c'est Tintencion du Roy monsieur mon filz,
vostre souverain seigneur, <jue soient tous ses
subjectz. Me remectant à mon cousin le prince
Daulphin de tout ce qu'il vous dira de ma
' Lauzerte (Taïu-el-Garoune), air. do .Moissac.
152
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
part dont le croirez comme moy mesmes, ■ Voyant et congnoissaut assez par vosdictes dé-
je ne vous ieray ceste-cy plus longue que j pesches que vous estes et tous voz lions ser-
pour vous dire au demeurant que, si vous j viteurs démon opinion, qui importe et à quov
faisiez quelque difficulté' d'obéyr à ce que | il fauit sur toutes choses travailler, cela est
dessus, je me délibère d'y aller moy mesmes
avecques les moiens requis et nécessaires et
qui seroient bien test prestz pour vous faire
senlirla faulte que feriez encella, priant Dieu,
Messieurs, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Aux, le m" jour de décembre
1578.
1578. — .'1 décembre.
Copie. Bibl. nat., Fonds français, n^SSco, (" i<i4 r"'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, parmy l'ennuy et ex-
tresme déplaisir que j'ay des longueurs oiî l'on
me lient par deçà sur nostre conférence et
résolucion des choses très requises pour Testa-
blissement de vostre édict de pacificacion, je
reçois beaucoup de consolation du contente-
ment que je veoy par toutes vos dépesches
que vous avez de mon labeur, que je ne plains
pas, combien qu'il soyt très grant, pourveu
qu'enfin je puisse parvenir ad ce que je con-
gnois estre de vostre intencion et aussy le
plus requis pour le bien de vostre service et
que nulle :iutre chose, qui est l'exécution et
eslablissement de vostre édict de pacifficacion.
' Entre ces deux lettres, il y a dans le manuscrit la
mention suivante ; rrll a esté aussi escript par lad. dame
Royne mère du Roy à Monsieur le prince Daulphin pour
aller aud. Lauzerte, suivant ce qui est convenu en la
susd. lettre de moud, sieur de Monpensier cy dessus
transcripte, et dont lad. dame luy a donné pouvoir par
lad. dépesclie, inscripte aud. Auch, ledit jour troi-
siesme de décembre 1578.!!
En marge : ttEnvoyée au Roy par Mons' de la Roche,
gentilhomme servant de la Royue mère du Roy. 71
cause que je demeure tousjours ferme et ré-
solue à poursuivre nionentreprinse, quelques
traverses et empeschemens que l'on me donne;
car je veoy bien qu'il ne fauldroit que bien
peu lascher la main pour revoir incontinent
le feu de la guerre allumé aussv fort qu'il feust
onrques par tout vostre royaulme, n'y avant
pas faulte de gens qui, par malice, ou ne con-
gnoissanspas combien il seroit dommaigeable
à eulx mesmes, mal aizé à esteindre et dange-
reux en Testât en quoy est à présent vostre
royauime, font tout ce qu'ilz peuvent, d'une
part et d'aultre, pour nous remcetre à la
guerre; mais crovez, Monsieur mon filz, que
je n'obmecltray rien de tout ce qui sera pos-
sible pour parvenir audict eslablissement de
la paix, et, combien que l'on me propose de
très grand dangers si je voys à Nérac pour
nostre conférence, d'aultant que je seray en
la puissance de tous ceulx de la religion et
desquelz peut-estre mon filz le roy de Na-
varre ne pourra pas estre le maistrc, toute-
ffoys, plus lost que de prolonger, à mon occa-
zion et de ma part, une seuUe heure de
temps nostredicte conférence, j'en prendray
le hazard; car je veoy bien que, si je monstre
estre en deffience avecques eulx, celle qu'ilz
ont desjà, qu'ils monstreul estre très grande,
croistroit de telle sorte que j'aurois grande
peur que cela nous ramenast au mal que je
crains, ou pour le moings en de nouvelles
longueurs, qui préjudicieroient quasi aultant
que si nous estions en guerre ouverte; car
i! seroit à craindre, .s'il se remuoit, que
Dieu ne veuille quelque chose en voz pro-
vinces de delà, ou que de Flandres il se rc-
versast en voz frontières des forces qui y sont,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
à Muso qu'elles ne pourront en ceste saison
153
demeurer audict pais de Flandres, que ces
gens icy, iesquelz sans double ont quelque
chose de caché dans le cœur, comme il se
congnoist assez par les remises quilz me
font, ne retournassent au mal que nous
debvons craiiidie, qui est l'occazion seule
qui me i'aicl tant patienter pour \ous em-
pescber d'y tomber; car je crains bien qu'il
seroil fort mal aizé de nous en relever ceste
l'ois parmy tant d'aultres accidens que je pré-
voy, ausquelz il me semble (jue vous avez,
grâces à Dieu, très grand moien de pourveoir,
s'il vous plaist de suivie ce que je vous en ay
escript de ma main, el oultre cela de regarder
à donner quelque contentement à vos subjectz
es provinces, leur diminuant ce i|ue vous
verrez estre à propos des choses dont ilz se
trouvent surchargez, principallement ce xv"^ de-
nier de la taille que je ne trouvay jamays
bon d'estre imposé : aussi, comme je \eoy par
tous les advis qui me viennent, c'est une des
choses sur laquelle ceuk qui ont envye de
mal faire et de troubler s'arresteront, et pa-
reillement sur le faict des traictes et commis-
sions extraordinaires, qui sont principullcment
en Normandye et en Bretaigne, où je nous
prye envoyer le sieur de Rembouillet et le
sieur de Bellièvre aussi, s'il vous est possible,
à la tenue des Estais dudicl pais ^; car je veoy
bien qu'il sera impossible que mon cousin le
duc de Montpensier, ny mon cousin le prince
Daulphin son filz, y puissent estre à cause de
la malladye survenue à mondict cousin le duc
de Montpensier, lequel depuis deux jours s'esl
' Voir, dans lc> n" logoô du i'onds français de la
Bibi. nat., T 926, les remontrances présenlées par les
délégués du cbaillage de Costenlin à Messeigneurs les
cotamissaires par le Roy pour tenir les Estatz de Nor-
mandie». Orig. suivi des signatures autographes. Plus
loin, p. 177, 178.
Catherine de Médicis. — vi.
excusé à moy dudicl voiage à cause de sa-
dicle malladye, comme aussy a faict aujour-
d'hui sondict fil/, qui ne le peult, ad ce qu'il
m'a dicl, abandonner en Testât e-i (piov il est;
et, pour ce que mondict cousiu le mareschal
de Biron m'a aujourd'hui escript vous avoyr
envoyé La Alotlie, qui est à luy, et faict iiii-
lendre par luy la bonne espérance qu'il n de
la liéolle, je m'en remettrav ad ce que vous en
entendrez par Icdict La Motbe. Cependant je
conliuueray toujours, avecques tout le soing,
diliigence et dextérité qu'il me sera possible,
pour fayre en sorle que le jour de nostre con-
lérence et assemblée ne puisse estre prolongé
et que nous venions à la résolucion de l'exé-
cution de vostredict édict, nonobslaut les
traverses que l'on me faict et peyne (jue l'on
me donne du danger que moy el ceulx qui
sont avecques moy y courrons.
Sur quoy je vous diray que le prolhonolaire
de Bois-Jourdain, estant icy il va deux jours, me
supplia qu'il peust, et son cousin le sieur de
Lassegnan, parler à' moy à part, ce que je luy
accorday voluuliers. Je les oys seulz, et, ])ar
ung long propoz que me feist ledict prolho-
nolaire de Bois -Jourdain, je congneuz qu'il
m'eust bien voullu persuader à recommencer
la guerre; mais je n'oubliay rien sur toul
cela de luy respondre el fnyre congnoislre
que par tant de fois le feu Roy vostre frère,
que Dieu absolve, el vous aviez essayé par les
armes d'en venir à bout, que néantmoiugs il
ne nous avoil esté possible, et que enfin , après
avoir bien considéré tout ce qui se peut,
vous aviez donne et faict la paix vous-mesmes,
que estiez bien délibi'ré d'entretenir el gar-
der, ce que m'aviez dicl et que je veovois
tous les jours par les dépesches que me
faisiez, n'ayant aussy rien oublié de tout ce qui
[se] peut penser pour le retenir tousjours, et
tous ceulx qui peuvent cstre de son oppinion,
20
'lUEnii: 5ATIO^,ll,£.
155
LETTRES DE CATHERINE DK MÉDICIS.
en leur deljvoir, el siirloul de iccungnoistre
tousjours leur Roy et non aultre; car c'estoil
le plus seur, sans s'arrester à aultres quelz
qu'ilz soient et lesquelz ne pouroient sub-
sister, mais que vous, qui estiez leur Roy, de-
tneuriez tousjours ferme. Il ne m'a respondii
chose du monde là dessus; mais ledict Lasse-
gnan, que j'estime estre fort homme de bien
et avoir du tout son cœur à vous, a pris la
paroUe et a dict que, quant à luy, il ne re-
congnoist et ne recongnoistia jamays que
vous, qui estes son Roy, et n'espargne oncques
ny n'espagnera jamays sa vye et tout ce qu'il a
de inoien pour vostre service. Il l'a dici de si
bonne faron qu'il m'a faict 1res grant plaisir, et
de là s'est ouvert à me dire que v('ritahiement
il V avoit à penser, allant aiidict Nérac faire
nostre conférence; mais leur ayant encores
sur rein di'clar(? que je suis résolue d'y aller,
ils m'ont proposé du commancement de (cnj r
leurs amys prestz en fort bon nombre, comme
aussi feront Barannau ^ le fr^re dudict abbé de
Bois-Jourdain, le sieur de Giscarof- et autres,
et, sans que personne desloige de sa maison
ny saiche rien pourquoy c'est, ilz seront tous-
jours pretz pour m'en servir, si je me trou-
vois pressée ou bien si iesdictz de la religion
me relenoient; qu'iiz s'en serviroient et non
seullement de cela, mais aussy qu'iiz mour-
roient tous et tous leurs amis, qui sont en très
grant nombre, plustost qu'iiz ne me veissent
en pleine liberté. Hz feront cela d'eux mesmes,
tout ainsy qu'iiz me l'ont proposé, sans que
toutesfois personne saiche qu'iiz m'en ayeut
' Une lettre du roi de Navarre , du s 'i novembre i .S76 .
est adressée à M. Barannau, k clievalier de l'ordre du Roy,
mon conseiller au séneschal de mon comité d'Armaignac.!i
Lettres Missices, t. VIII, p. io3.
- Le sieur de Giscaro ou Giuscaro était ce capitaine
Mathieu de la Barthe, l'ainé des trente-quatre fils de
Paul de la Barthe et de Marie de la Palu.
parlé; car ilz le mont sur leurfoy ei luiiincur.
i'ung après l'aultie, promis, de sorte qu'il n'y
aura personne vivante qui en saiche rien, et
ainsy vous congnoissez que la noblesse nous
ayme; aussy leur ay-je bien et faictz tous les
jours congnoistre, autant qu'il m'est possible,
que vous les aimez pareillement bien for! ,
vous priant. Monsieur mon filz, user de vostre
libéralité envers ledict Lassegnan; car il est
personnage de valeur, qui a beaucoup de
moien pariuy toute la noblesse de deçà et qui
vous laid de bon cueur service. 11 vous plaira
avoir aussi souvenance du sieur de Giscard,
qui a tousjours commandé en ceste ville et qui
est grandement affectionné à vostre service,
lequel je serois d'advis que missiez en vostre
estât, si les places ne sont point toutes rem-
plies ou aux premières qui vacqueront. H
vous a pieu de luv donner une pension de
m"" 1., qui n'a pas encores esté vériffîée en
vostre chambre des comptes et pour iaquelli'
je vous faiz ung mot de lectre à part, selon la
supplicacion qu'il m'en a faicle; et, pour le
regard dudict Barannau, j'ay veu la response
que m'avez faicte de la bonne volunté en quoy
vous estes de luy fayre du bien : je vous prye
doncques. s'il vacque abbaye, de l'en gratifier;
car ad ce quej'av sceu, il a beaucoup dépensé
pour vostre service et n'a pas grand moyen , qui
est cause que je reitère la recommandation que
je vous ay cy devant faicte. Et, à ce propos, je
vousrecommanderav aussv le sieur de Saussac ,
qui faict, ce me semble, maintenant assez bien.
S'il vous plaict luy iaire expédier son pouvoir
adressant au porteur, comme avoit faict Mont-
ferrant, el luy pourveoir de quelque honneste
entreténement, afin qu'il ait moien de vous y
faire service, je croy que sera bien faict.
Et pour ce que j'ay receu , quasi à mesme
heure et tout à ung coup, voz lectres des
XV, xvm, XIX, XXII, XXIII et xxiiii'^ du passé.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
155
je reprendray ])ar ceste-cy les poincls conte-
nus par icellcs èsquelz il eschet response, et
vous diray, Mousieur mou lilz, premièrement
quant aux Estais de Bretagne, que je viens
rie recepvoir présentement une lectre de mon
cousin, le duc de Monlpensier, par laquelle
il m'escript (ju'il est du toul impossible, à
cause de la nialladve qui luy est survenue,
que luy ny moudicl cousin, le prince Daul-
phin son filz, y puissent aller; par quoy il
vous plaira y pourveoyr, comme il est cv de-
vant dict ou aultrement, ainsy (jue vous
sçaurez bien adviser, comme il est très né-
cessaire que laciez promptement; car la tenue
desdietz Estais a eslo', comme je vous ay cy
devant escript, remise par mou cousin le
duc de Montpensier au xxn- de ce préseul
mois, ce que je pense que vous aurez trouvé
bon pour l'espérance quil avoit de se pouvoir
trouver, comme aussy feust il venu très à pro-
pos pour le bien de vostre service et pour
destouruer tant de mauvaises volunlez que je
veoy en aulcuns dudict païs, qui sont, à ce
que j'entends, ceulx qui vous sont les plus
obligez, comme il est advenu que, par l'ingra-
titude, mallice d'aulcuns, les cboses ne sont
pas passées, à la tenue des Estais de Nor-
mandie, comme j'eusse désiré. Toutefl'ois v
aura encores moien d'y pourvcoir, (itisant ce
que je vous ay conseillé au commencement
de ceste lectre pour ceste province là et pour
les aultres. J'escrips cependant au sieur de
Matignon' ce (pii m'en semble sur cela, et
m'asseure, qu'encores qu'il soit du pais des
plus lins, qu'il pensera plus d'une fois à ce
que je luy en mande.
' Matignon coinniandait toujours pour ie roi en
Normandie. — Voir, dam les volumes précédents, les
nombreuses lettres qui lui sont adressées. II devait
plus taid remplacer Binon comme lieutenant général
en Giivennn.
J'av veu aussy la response que me faictes
pour le l'aict des présidens et conseillers de la
chambre tripartie; sur quoy vous croirez, Mou-
sieurmon (ilz,que cela sera suilisant pour nous
accrocher en nostre conférence, s'il n'est pour-
vcu de les faire venir diligemment; car aussy
vous assuré-je que c'est très grande pitié et
charge de conscience de tau( de choses qui
demeurent impugnies par faulte de ladicte
chambre, en laquelle j'ay advertv mon filz le
roy de Navarre de vous nommer ung autre
conseiller au lieu d'Escarreaulx, qui est dé-
ceddé. Je pense bien aussy qu'eu nostredicte
conférence ilz se pourront arrcster sur les
lieulx qui leur doib\enl esire baillez pour
l'exercice de leur religion es gouvernemens
de ce royaulme; sur quoy je me serviray pour
risie de France de la lectre que m'avez en-
voyée de mon cousin le duc de Monlmoreucv.
.le vouldroys bien en avoyr de semblables de
tous les aultres gouvernemens, afin que l'on
leur peust monsirer, s'ilz n'ont lesdiclz pres-
ches et ne font l'exercice de leur religion,
qu'il ne tient qu'en eiil.x; mays encores auray-
je sur cela à leur respondre et dire le tort
qu'ilz font aux pauvres catholicques es villes
qu'ilz occupent encores et (|u'ilz doibvent
rendre suivant l'édict, èsquelles les pauvres
catlioliques n'ont pas, ad ce que j'entendz,
giaude liberté de fajre exercice de leur re-
ligion : en quoy ilz n'ont aucune replicque;
car il no fient auicunement ausdiclz calho-
licques, mais aux linguenofz, ([ui ne les veul-
ient souffrir es lieulx où ilz sont en plus grant
nombre; sur quoy nous aurons une aiilre
considéraciou et en (juoy je léray en sorte
que vostre édict sera suivy, comme il est plus
que raisonnable.
Et pour le regard de Provence, j'attendz
la response de la dernière bien expresse
d('j;esclu' que j'en ay faicte aux sieurs de
156
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Suzes\ de Garces-, de Vins et aultres, qui,
j'espère, v auront considéracion; mais je vous
diray, en passant, qu'il me semble que si le-
dict sieur de Suzes feust allé en sa mayson
pour quelque temps, comme le luy avez
escripl il n'y a guières^, les choses eussent
esté beaucoup plus facilles. Touteffois, en-
cores que j'en soys loing, croiez. Monsieur
mon filz, que j'y ferav ce (ju'ii me sera pos-
sible. Cependant je vous diray, pour le faict
de Beaucaire, dont toutes vos lectres font
mention, que j'y l'aictz tout ce qui se peut,
comme je vous escripvis dernièrement; mais
mondicl filz le roy de Navarre et ceulx qui
sont auprès de luy de sa religion me remectcnt
à pre'sent à Chastillon, pour lequel j'av baillé
ung passeport, comme ils m'ont requis, d'aul-
tanlqu'ilz dient qu'ilz viennent à nosiredicle
conférence : auquel lieu je vous asseure bien
que ce sera le premier poinct qui sera traicté,
car aussy n'y a-t-il poinct d'apparence de s'i
estre comportez comme ilz sont; mais, quelque
fréquente instance que j'en ay peu faire, il
n'a esté possible d'en pouvoir avoir autre rai-
son jusques icy.
Pour le regard de ce que me mandez de
Derdov, quand le sieur marescbal de Biron
sera auprès de moy, j'adviseray avec(|ues luy
comme on le pourra mener seurement hors de
Bordeaulx jusques à Beaugency, Paris ou ail-
' François de la lîaume, comte de Svize , avait été
sous Cliarles IX l'adversaire du baron des Adrets; le
marédiai de Retz lui céda pour un temps son gouver-
nement de Provence. 11 mourut, le no août 1587, an
siège du château de Montélimar.
- Jean de Pontevès, comte de Carces, qui sera plus
tard contre le roi l'allié du duc de Savoie, avait tenté,
au mois de juillet 1678, do surprendre Avignon; il
était lieutenant du roi en Provence et séuéclial , mais
c'était un homme de parti, de fidélité douteuse. Sa sœui
avait épousé Hubert de Vins.
^ Pour nagitcrcs.
leurs, pour procedder à l'encontre de luy sur
les papiers que voz secrétaires ont par delà
avecques les aultres pièces qu'a le conseiller
Mole.
Cependant j'ay escript pour fayre venir le
lieutenant du Chasteau neuf de Bayonne, qui,
je pense, ne fauldra pas de me venir trouver.
Je le vous renvoiray incontinant, afin que luy
faictes donner quelque récompense pour l'osier
bors de là, car il ne se trouva dernièrement à
Bordeaulx aucunement chargé. J'ay ])areille-
ment veu par vozdictes lectres le retardemenl
du sieur de Beauvais, n'y aianl point d'ordre
que voz affaires si importans comme sont ceulx
là demeurent pour l'argent d'un voiage, ayant
très grant regret de voir cela, aussy vous im-
porte-ii beaucoup, non seullement pour le bien
de vosdictes afiaiies et service, mais aussy
pour vostre réputacion.
Et sur ce que me respondez au désir que
j'avoys que vous envoyassiez quelque person-
naige de quallilé avec le sieur de Siniier en An-
gleterre, ne vous en ayant point encores requis
mon filz le duc d'Anjou, il vault mieulx en at-
tendre sa volunté, et cependant adverlir vostre
ambassadeur ad ce qu'il intervienne à tout ce
que fera ledict Simier pour vostre frère,
comme j'escrips à vostredicl ambassadeur et
qu'il vous plaira veoir par ma lectre que
j'adresse à Brulart, pour la vous lire; et, afin
de ne vous ennuyer davantaige de ceste cy
que je crains encores estre trop longue, je
prieray Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr
en sa saincte et digne garde.
Escript à Aux, le iiii"' jour de décembre
1578.
Monsieur mon filz \ depuis cesle leclre
escripte, vostre frère le roy de Navarre m'a
' En titre : trPosIcript d" ladicte dépesclic envoyée
par ledict La Roclien.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
157
escript par Lavcrdin que la ville de Laiizcrle
auroil esté surpriiise (limaiiclie dernier par
les catlioiiques avec telle NioUence, qu'ilz y
auroient tué tous cculx de la religion pré-
tendue réformée qui la tenoient, sans avoyr
pardonné aux l'einmes, lilles, pelitz enl'aas,
ce qui m'a merveilleiisemeut troublée; et aussi
tost ayant sceu que mondict cousin le duc de
Montpensier esloit à Moissac, qui est assez
près de ladicte ville de Lauzerle, je luv escrip-
viz et à mondict cousin le prince Daulphin
les lectres dont les doubles seront eucioz en
cestedépesche, ensemble de cellequej'escripvis
aussi parmesmes moien à ceulx ([ui avoientsur-
prins ladicte ville, pour la remmectre eu Testât
quelle estoit auparavant et laire faire justice
de ceulx qui ont commis ceste faulte; mais
par deux ou trois advis, que j'ay ce jourd'liuy
euz de divers lieux, il est bien vray que la-
dicte ville a esté reprinsj par les callio'i(jues;
mais ce sont ceulx qui ont esté chassez du-
rant les troubles de leurs maisons, lesquelz
y sont rentrez par escallade, la nuict d'entre
dimanche et lundy dernier, sans grande résis-
lance de ceulx (jui estoient dedans; aussy n'y
a-il esté tué que le ministre et ung aultre hu-
guenot qui faisoient les maulvais, lesquelz
tuèrent aussi ung pauvre catholique. Cela
sera, à mon advis, bien aizé à arcomoder; car
ladicte \ille de Lauzerte est une des villes que
lesdictz de la religion, suivant l'édict, doibvent
remeclre. Vray est que ceulx qui ont faict la-
dicte entreprinse ne la debvoient pns entre-
prendre, maisatlendie la résoliiciou de noslre-
dicte assemblée et conférence; et, afin que nous
ne puissions plus tomber, comme cy devant
en nostre conférence, en telz accidens, qui
pourroient beaucoup brouiller noz alfavres,
j'ay faict expédier ung acte publicq accordé
entre le roy de Navarre et moy, qui sera envoyé
par toutes les séneschaussées de deçà, duquel
je vous envoyé le double. Il servira non seulle-
mcnt pour empescher (juo telles choses n'ad-
viennent plus, mais aussy pour faire entendre
à ung chascun le jour que se fera nostrediete
assemblée et conférence et la bonne espérance
(jue nous avons de donner l'ordre requis et né-
cessaire, avant que nous séparer, pour l'exé-
cution et establissement de la paix, suivani
vostre intencion et désir; el pour davantaige
fortiflii'r un chascun en ceste bonne espéiance
et que cela puisse eslre cause de les contenir,
il est aussy faict mencion par iedict acte de la
bonne intelligence que nous avons, mondict
filz le roy de Navarre et moy, à cest elfect;
el, à ce propos, je vous diray qu'il me semble
qu'il seroit très bon que feissiez fayre une dé-
pesche généralle par tout vostre royaume ad ce
que touz baillifz et séneschaulx ayent à résider
à leurs charges et faire le deu de leurs oflices,
car cela ne pourra que beaucoup siMvir au bien
de voz alfayres,et principallenienten ce temps.
Escript à Aux, le \° joui- de décembre
1678.
Monsieur mon filz ', f on me vient de dire que
aulcuns catholiques ont aussy repris la ville
de Cossade- en Quercy. Cela ne peut qu'il ne
nous augmente encoresles difficultez; et desjà
ceulx de la religion, qui avoient oste' les gens
de guerre de féglise et ville de Lectoure, y en
ont remis, et trouvé mondict fdz le rov de
Navarre fort refroidy de rendre et remectre
la ville de Florence, comme il m'avoit promis
qu'il feroit en festat qu'il l'avoit trouvée:
toutesfoys j'ay faict et feray tout ce qu'il me
sera possible pour la ravoir. Je veov d'uni;
aultre costé qu'ilz ont remis des gens de
' En lilre : «Autre postscript di' lad. dcpesrlie en-
voyée au Roy par Icd. la Roche. 1
- Caussade, à sa kilomètres de Moiilsiiban, eut
beaucoup à souffrir des guerres do leli/pou.
158 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
guerre à Tartas et à MeiUaa^ et re'paré ies tours
et chasteau dAibret - du costé des Landes.
Il est vray que ce ne sont que petites places.
Il s'est aussy faicl deux meurtres à Limoges
et en Périgord, l'ung par les liuguenotz et
Taultre en revanche par lez catholiques,
dont sont venues jusques icy les plainctes;
à quoy j'ay soudain pourveu pour en faire
l'aire la justice et déllivrer ung nommé le
sieur de Bassignac, qui est de ladicte religion ,
et qui a esté prins et mené comme prisonnier
de guerre. Je crains bien que cela augmente,
d'une part et d'aultre, le mal que les grandes
prolongations, où mondict filz le roy de Na-
varre et ceulz de la religion m'ont remis et
remectent tous les jours, donnent encores
loisir et moien, à ceulx qui taschent à nous
empescher et traverser l'establissement de
vostredict édict, de fayre ce qu'ilz désirent-,
à quoy j'ay grande peur que quelques Espai-
gnolz, que l'on m'a dict estre à Toulouse, il
y a quelque temps, observant par deçà tout
ce que je l'aiz, y aident et de menées et de
moieus : ce que, si je puis, je descouvriray;
et cependant ne perderay une seuHe heure de
temps de tout ce qu'il se pourra avoir moien
de fayre pour entier en nostre conférence,
alin de conclure audict jour x° de ce mois, le
plus tôt que fayre se pourra, l'ordre qu'il
fauldra tenir et donner promptement pour
l'exécution de vostredict édict, estant ce seul
moien pour arrester le cours de ce mal qui
s'en va , à mon très grand regret, fort croissant,
et s'augmentera , say-je , tous les jours, qui n'y
pourveoira promptement, comme j'ay infinies
foys représenté à mondict filz le roy de Na-
' Tartas, arrondissement de Saint-Sever (Landes).
Moilhan, dans ie canton de Tartas, à ao kilomètres de
Saint-Sever.
^ Il était à Labrit, petite ville à 37 kilomètres de
Monlauban, qui fut le berceau de la maison d'Albret.
varre et depuis trois ou quatre jours escript
et mandé quasi à toutes heures, sur diverses
occazions de choses qui surviennent ou de
bruitz que l'on apporte, qui a esté cause que
desjà par deux foys il m'a faict prier hier par
Lavardin, et ce soir par Piijolz, que je m'ap-
prochasse de Nérac, afin que feussions plus
près et n'eussions plus la peyne d'envoyer de si
loing l'ung devers l'aultre; mais je luy monstre
tousjours, comme aussy est-il véritable, qu'il
me faschoit fort que je partisse d'icy sans
voir ledict Florence remis. Touteffoys, si je
cougnois que je n'y puisse rien gaigner, estant
si prochain du jour de nostredicte conférence,
il sera force que je parte d'icy.
Escript à Aux led. v°jour de décembre 1678.
1578. — 5 décembre.
O.I|;. Bibl. uat. , Fonds fran;ais , u° 338'i , f Sa.
A MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, je vous envoyé un acte publicq
que j'ay faict faire pour coupper le chemin
aux surprises et désordres qui pourroient en-
cores advenir en attendant le jour et durant
nostre conférence, vous priant de bailler tout
aussitost au premier président et gens du
Roy monsieur mou fils, de sa Court de Par-
lement de Thoulouse, aftin que soudain on le
face imprimer, publier et envoyer partout,
comme il est porté par les lettres que je leur
l'scriptz, lesquelles je vous prie aussy leur faire
bailler, affîn qu'ils satisfassent incontinant à
ce que je leur mande, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Auch, le v°jour de décembre 1 578.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
LETTRES UE CATHERIM! DE MÉDICIS.
159
1578. — 5 décembre.
Orij;. Bil.l. Dnt. .M>. Iranc;. n° i.'igoS. 1° -jio,
A MO^SIEUR DE BELLIÈVRE ,
C0,1ÇEILI,En DU R0\ S10\Slttl: U0\ F1I.7- BN SOH COSSBII. PBCVK D'ESTAT
ET PRKSinB\T EN SA COURT DE PiRLBHEM.
Monsieur de Boliî'vre, jo sçay bien que
vous avez l'aict tout ce (jui! vous a este' pos-
sible pour accellérer le fournissement de la
somme de cent mil livres de ma cousine la
duchesse de Moutjjonsier, el que la longueur
qui y a este' ne vient nullement de vous, ny
des autres ministres du Roy, monsieur mon
filz. Aussi ne vous f;uilt-il meclre en peine
de ce que en pensons, le Rov mondit S'
et filz, el moy, qui vous prie ayder à veoir el
pourveoir ad ce que les autres deux cens mil
soient lourniz, puis qu'ils ont esté promiz;
et que Ton y satisface le plus tost que l'on
pourra, suivant l'intention du Roy mondict S'
et filz, que je suis bien aize qu'il vous ait
envoyé à la tenue des eslalz de Normaadye;
car encores que les choses n'y soient passées
comme nous désirions, je pense qu'elles
feussent peult-estre plus mal allées. J'estime,
si les gouverneurs et piincipnuh du pais qui
ont tant d'obligation au Roy, mondit S' et
fils, veullent s'employer comme ilz doibvcnt
et faire, selon les grans moiens quilz y ont.
que, là et en Bretaigne aussi, ne s'y fera rien
qui puisse aporter graut inconvénient, si l'on
les conduict bien, conmic je m'asseure que
fera faire le Roy, tant pour parvenir à réparer
les choses aigryes, que pour aussi faire faire
doulcemenl les levées, selon la commission de
la tenue desditz estatz, en leur rabatant et
remettant ce que l'on pourra; et verra on
doulceuient que le Roy pouria faire. Toutes-
fois je me remectz à ce que mondict S' el filz
en advisera.
Cependant je pryc Dieu, Monsieur de
Belièvre, vous avoir en sa sai[icte el digne
ga.de.
Escripl à Aui-b, le v° décembre iSyS.
La bien voslie.
(lATiiniM;.
1578.
(Ii'd'iiibi'e.
Orig. Arcll. des Médicis ii Florence. daiUt liiza '173!!,
nuova nuincrazîone. p. A.'i-j.
.\ iMON COUSIN
LE SEIGNEUR DOM PETRE UE MÉDICLS.
.Mon cousin, je serois bien fort aize de
vous veoir, comme je congnois par voslir
lettre que vous estes en mesme désir, et de
prendre [tour ceste occazion la peine de venir
jusques icy, si n'y veoyiez trop de danger;
mais, comme vous dictes par vostre lettre,
je craindrois (juc sui' ces garbouges qui sont
advenues ces jours icy, ausquelles j'espère
néantmoins bientosi a\oir pourveu, il ne feist
pas à présent trop seur pour vous sur ces che-
mins d'entre cy et Bordeaul.x, el qu'il vous ad-
vint inconvénient; par quoy je vous conseille,
mon cousin , de prendre vostre chemin dudict
Bordeaulx, tomme j'ay entendu qu'aviez ad-
visé, sans vous détourner parmy ce danger
pour venir de deçà, \ous sçaicbant très bon
gré de vostre bonne volonté, et priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincle et digne
garde.
Escript à Aucli, le v' jour de décembre
1578.
Vostre bonne cousine,
CATF.niNE.
ir.n
LETTRES DE CVTHI'liLXE D!- MEDICIS.
I 57'^. — (i ili'cenilirc
Drii;. lliH. n^il. F"ii.h Ijaiiçais. ii" :i3'r7. S' 57.
A MON COUSIN
LE S' DE DVM VILLE.
(
Mon rnu>in. Nosti'P lotiro pst Mrrivôo lori ;i
|irn|i(is, cil' je roiivovois lo s' (lo Piijols ili'vors
mon lil/. II' lov ili' Xaviiri'r. aiuinfl j"av liii'ii
iiiaiiii(' i'\[iiTss('iiH'iil rc (|iic javois cntpudii
(II' (lliasl 111(111 cl (II' Racnii |ioiir le i'aii'l de j
l>(^aiii|iiaii-i'. cl (le [iliisiciir'; aiiitrcs jilaiiicics
(lui' j a\ii!s lie iliM'i's cihIidicIs des ruiniiii^ii-
rrmciis i[iii' ri'iiK lii^ la rclijjioii faizdii'iil l'ii
lous acli:'.siriiiislilil('', ayaiil, oiiilro nii^s ii'clrcs, |
(|ui sont iiii'ii liiil pxjii'psso.s et ])articiillii'rps
à rcslo fin, i'\|iri'S^i''iiii'iit cliaijn' IrsdirI/, di'-
])iili''s di' priiT iiioiidict lilz lo ro\ de Naviirrc,
de ma jiail. do iiroiivovor iiiio loolro palonlo
(lo di'saihoii |iiiiii' lo laiol do I}oaiii|iiairo. ol
liiv iiii'snio toiiir la main (.[iio son IVoio, ijii;
o 1 rlianoolior de mou lil/. '. la lace o\|iédier
pour uiij; si ipand liioii i|uo ceslui là. Il m'a
[iriMiiis et assoiiro do la pnursuivre; aussitiisl
i|iii' j'en aiiiav des nouvelles, je vous OU ad-
vorlirav. <ii'|)ondaill , je crov quil sera bon
aussi l'aire vons niosme advis (|iio vous allioi!
iusi|uos;i (laicasoiine. ol (|iie laciez passer les
lionmies darmes cl arrliers Ai' viislro l'oiiipai-
;;iiie à la lile dovors lo s' Sainio Jaille; mais
je vous plie quen y allani ilz irosiiieuveiil
l'icii ; étioliez, aiillaiil i]ii il vous sera possible,
loiiles cbiiscs en eslal. sans qu'il v' soil rien
do paît iiv d'aiillro remué entre cv ol nostre
procbaino asseinbliV et iioj;oi'ialioii . que nous
coin me 11 coron s, Dion avdani . au x' do t\' mois.
commi' avons advisi' cl accordi'. me di'libi'-
laiil do partir d'icv maidy procbain pour
cestc occazion. El pour ce (|ue vous ay laid
' Il s\i;;it fin ^il>^lr <\c (ilalcns nu Givilins, Ihto de l'i-
l>r;ii; fl du viour dr l'iijuN, 1 Imnccliçr du roi do Navarre.
responco à voz dornières di'pescbes, et on-
coros depuis escript ce que nons avons advisé
do tairo publier jiarloul pour faire contenir
los nniTS et les aullres on repos en atlondant
et durant noslro conl'ôronce, à quov je ni'a.s-
souro que vous tiendrez, de vnslie |)ail.
rorinollemoni la main en tout vosire ifoiivor-
neinent et afliii qu'il ne s'y innove ou trouble
lien, je ne vous lerav plus longue lectie,
priant Dieu, mon cousin, vous avoir on sa
saincio et dijjno ;;arde.
Escri|it à Audi, le vi" déccmliro i.">7''v.
Vostre bon
lie cousine
CvTKRI
1 378. — S di'Tcnil)r>>.
Copie. TîiM. Il;)l. , Komis Imnr.'iis , ll'3,)00. 1" io>)v'.
[.VI HUV MONSIEUR ■\D)\ FILS.]
Monsieur mon filz, le sieur d'' Piluac. con-
seiller d'Eslal ol de vostre Conseil privé ol
nussy [irésident en vosire (]ourl de ParlemenI
do Paris, m'a bien souvent remonstré, depuis
que nous sommes en ce voiaijje, (]iie son deb-
voir l'apiiollo et coiivye bien fort à s'en aller
à Paris pour y desservir sondict office de pié-
sideiit en voslredicl Parioinoiil, où il sijail que
sa présence est très rcqui-e, comme aussi je
:o pense bien, priiicipalloiiinil puisque le
sieur do Rellièvre est par vmis aussv occupé
et envové en divers lieux pour vostre service,
de sorte ()ne la Cbanibro de la Tournello en
vostredict Parlement, où ilz sont tous tleu.\
présidens, demourant sans que I uu[j ou
l'aullie y soit, n'est pas coniplelte nv en telle
dignité qu'il seroit requis, et [lour ceste occa-
sion, il m'a souvent suppliée Iny permectre
d'y aller; mais je me trouve si bien de son
bon conseil cl advis es grandes alVayres qui
sont par deçà piuir vostre service que je l'ay
lousjours retenu, comme je l'eray encores, ce
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
161
(|Uo je iirasscure (jifiiiircz Irùs agrt-able. Par-
lant aiissy vous plaiia-il l'excuser, Monsieur
mon iilz. de son service en voslredicl Parle-
ment cl en esciijtre de l'aeon (juc iedid Par-
leuienl cungnoisse qu'estant ulille de par deçà,
comme je vous asseure (|u"il esl, vous \ouiie/.
(ju'il soyl encores excusé pour (pielque temps
d'y aller sei'vir et que ne'anlnmings sesdiclz
gaiges iuy soient continuez, comme il esl rai-
sonnable, tout ainsy que s'il [y | estoit, attendu
qu'il esl par deçà par vosti-e commandenietil
et pour voz 1res grands et imporlans ali'aii'es,
Iuy escri|)vant aussy [)ar vous, s'il vous plaisl,
que vouliez et entendez ([u'il ilemeure auprès
de moy lant (|ue durera moiidict v(iiai|H' ou
jusques ad ce que je veoye que je m'en puisse
passer, ayant par vous son service très agre'a-
ble par deçà, priant Dieu, Monsieur mon lilz,
NOUS avoyr en sa saincte et digne garde.
Kscript à \ueh, le viii'''°"= de'ccmbre i57(S.
Monsieur mon fdz, j'ay oublie' de vous en-
voyer, par la dépesche ipie vous ay faicl par
La Roclie, une lectre que j'ay receue de ceulx
de Bayotiue, qui sei.i enclose avec(jues cesle-
cy, par laquelle vous verrez, et par celle que
m'escript aussy le sieur de La Hillière, comme
le boucault dudict Bayonne est fort avanse' cl
se trouve 1res bien de l'ouvraige qui y a esté
laict; mais ils ont encores besoing de quelque
somme d'argent pour le rendre du tout à
sa perleclion; et, pour ce que c(! sera ung des
plus beaux œuvres qui se feisl, il y a long-
temps, et de très grande nécessité et commo-
dité, il vous plaira leur pourveoir au contenu
de leursdictes leclres et escripie pai' mesme
moyen audict de La Hillière pour son rem-
boursement de ce ()u'ii advance ordinaire-
ment pour l'aire tenir voz dépesches en Es-
l)aigne.
(IaTIIERINE IIK Mllllll.ls -- VI.
1078. — s ilcv.'nijjiu'.
')rig. Al'cli. fie Hiyoïuu', séii*' W , leg. ■? ; .
\ MESSIEURS LES LIEUTENAÎNT,
ESCHliVINS, ClvVS 1)K CONSEIL,
IMinPS ET COMUUNAlLTli I)E Ll lILMi
l)L' jiWONMÎ.
Messieurs, j'ay receu la lellre ([ue m'avez
cscripte le xxvi' du mois passé, et av veu par
icelle comme le boucault' de Bayonne esl tort
advansé et très bien laict, dont je suis très
aize; mais, pource que vous avez enioics be-
soin;], ainsy que m'escripvez, de (|ueli|ue ar-
gent, albn de rendre ledicl boucaulldu loul
parlaici , j'en ay incontinaul escripi au lio\
monsieur mon lilz-, auquel j'ay envoyé volre-
dicte lettie, alliii ([uil Iuy |)laise n pourvoir,
ce que je m'asseure qu'il fera el que vous en
aurez bien tosl lesponce à votri! contentement.
Cependant je prie Dieu, Messieurs, vous avoir
en sa sainte el digne garde.
Escripi à Aucli, le viii" jour de décembre
1578.
Cateiune.
Pi\ MÎT.
1078. — () il.'i-oiiiliro.
Oriij. Bilil. nul.. Fonds franç^iis , 11° :i38/i , !• (38.
\ M0_\ COIJSIN
LE S' DE DWIVILLE.
Mon cousin, le s" de Parlhusie el le con-
ï^L'iller 3 estoient allés devers mou lil^
' Itoiiclie d'im lleiive : innl liayonnnis, le cln'ii.il du
poii; on dit encore: le vieux el le noii\eaii iHiiicaiil.
Bayonne est situé, comme on sait, à peu de dislame de
l'Ocdan, au confluent de la Nive et de l'Adour.
^ Voir la Un de la li'lli" précédenle.
' tjaissé en blanc.
31
îMciTiilinr. hat:o^.ii.e.
162
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGES.
ie roy de JNavarre, comme je vous ay escript,
pour regarder à ce qu'il seroit besoing de faire
pour pouiveoir aux s" de ia Groizette et de
Moulbarlier ' et leur donner moyen d'achever
d'exécuter ia charge qu'ils avoient de nous
pour les réparations des innovations à l'e'dit;
mais, à ce qu'ils m'ont rapporté, mondict fils
le roy de Navarre de'sire bien (comme aussv
fais-je) que lesdicts s" de la Groizette et de
Montbartier continuent à poursuivre et faire
leurdirte commission, sans toutelTois faire as-
semblée de gens de gueri-e pour remeclre les
villes d'Ourons et de S' Germa-, et par mesme
moyen faire chaslier ces voleurs qu'ils tien-
nent comme assiégés; et pour ce que cella est
de vostn; gouvernement et que. estant à Gar-
cassonne, vous n'en serez pas ioing, j'écriplz
auxdicts s" de la Groizette et de Montbartier
qu'ils vous fassent entendre Testât en quoy ils
en sont à présent et vous avertissent de l'es-
pérance qu'ils en auront, afin que vous leur
pourvoiez, comme verrez estre requis; mais il
ne lault pas, à mon avis, faire aucun amas
ny assemblée de gens de guerre qui mettent
les ungs ou les autres en soupson, comme il
y auroil danger qu'ils y entrassent incontinent,
à cause de ce qui est advenu à la RéoUe et à
Lauzerte; et m'en remettant à vous et aussy à
leur pourvoir pour la somme de deux cens
escus, lesquels disent qui ont desjà esté em-
i>loyez, et pour ce qui y pourra estre encore
besoing pour cest effet, dont, comme gouver-
neur et esiant sur les lieux, vous pouvez or-
donner et pourvoir, ainsi que verrez ([u'il sera
nécessaire pour le service du Roy monsieur
mon fils, je ne vous feray plus longue lettre
' Moubarlier est aujourd'hui une commune de Tarii-
et-Garonne, arrondissement de Castelsarrasin. Antoine
d'Astorg en était seigneur à cette époque.
- Nous n'avons pu identifier ces deux villes que le
copiste a sans doute niid écrites.
que pour vous dire que je partz présentement
de ce lieu, pour estre demain à Gondom, es-
pérant que, suivant la résolution qu'avons
prise, mon filz le roy de Navarre et moy,
ainsi que je vous ay ces jours icy escript,
nous procéderons promptement ànostre confé-
rence, pour eslablir du tout la paix et repos
en ce royaume; priant Dieu nous en faire la
grâce et qu'il vous ait, mon cousin, en sa
sainte et digne garde.
Escript à Auch, le ix" de décembre 1.578.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 9-11 décembre.
Copie. Bibi. nat. , Fonds français , n^ 33oo , f' 108 v".
[AU ROY MONSIEUR MON FILS'.]
Monsieur mon fils, je vous envoyé le des-
chiffrement de la despesche que j'ay receu du
sieur Morozini, avec le double de celle que
je luy ay faicte, et au s' de S'-Goard vostre
ambassadeur en Espaigne, affin que vous en-
tendiez comme les choses sont de ce costé-là et
ce (juc je leur ay escript, sauf vostre meilleur
advis, que j'attcndrav au retour de ce porteur.
Gependanl je vous diray que par celles
de l'abbé de Gadaigne-, qui arriva hier soir
de Nérac, où je l'avois envoyé devers le roy
de Navarre pour le faicl de Florence, je veoys
bien que mon fils et ceulx de sa relligion
qui sont auprès de lui n'ont pas grande vo-
lonté de la rendre, m'en remectant pour ce
qui a en sera advisé à nostre assemblée, pour
' En titre : s Envoyée au Roy par Le Moyneton , varlet
de chambre de ia Royne mère du Roy.»
2 Jean-Baptiste Guadagne.dit l'abbé de Gadagne , que
la reine mère emploie dans nombre de négociations.
Quelques-unes de ses lettres se trouvent dans le mann-
scrit français iSSôi de la Bibliothèque nationale.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
IC.3
laquelio je m'achemine à présent à Condom ,
qui n'est qu'à deux lieues de Néi'ae, espe'rant
y esire demain à eousclicr, d'oii je ne partiniy
que je ne saiciie que les ddputte's de leurs
('glises soient arrive's, lesquels, ad ce que j'ay
entendu au rclourdudict de Gadaigne, peuvent
avoir este' retarde's par ces nouvelles de la
Réelle et de Lauzerte. Toutteflbis ledict roy
de Navarre m'a escript et asseuré les avoir
envoyé haster et qu'il espère qu'ils seront tous
bienlost audict Nérac; mais je crains bien
qu'après qu'ils seront arrivez ils veullent s'as-
sembler et regarder aux choses quilz auront
à requérir avant que d'entrer en conférence.
Toutlefois, vous pouvez croire qu'estant près
comme je seray d'eulx, je les admonesteray
souvent de se haster, ayant délibéré, aussitost
que je seray arrivée à Condom, d'envoyer le
s"' de Pibrac devers le roy de Navarre, pour
luy lemonstrer le grand torique faict à vostre
service d'estrc si long en cecy, d'aultant que
ces longueurs sont cause de toutes les tra-
verses et inconvénients qui sont advenus non
seullement à la Réolie, mais aussi à Lauzerte;
et pour lui l'aire veoir d'où proceddent telles
menées qui pourroient amener encore d'aul-
très grands accidentz, auxquelz on peut aisé-
ment pourveoir en faisant promplement l'exé-
cution et estalilissemenl de vostredict édict
de paciffication, et, affin qu'il en congnoisse
l'importance, j(,' lui feray dire les advis que
j'ay, desquelz je vous envoyé le double, par
où vous verrez de quelle bouticque cela part
et le danger ([u'ii y a que cecy ne soit pas
seullement pour brouiller en ceste province,
mais aussi pour faire ung remeueuient cé-
néral aux autres, où vous verrez bien qu'ilz
ont, à mon très grand regrect, fort advansé
leurs pralicques : à quoy il fault que vous
donniez promptement l'ordi-e que sçaurez trop
mieux adviser qu'autre. Je crains que ce feu
s'allume incontinent partout, qui sera apiès
très malaisé à esleindre. Je sçay bien que le
principal remcilde dé])end de l'establissement
de la paix de deçà : aussy pouvez-vous croire
que j'y faictz et y feray tout ce qui est |)0s-
sible en ce monde pour accélérer les choses,
et que je n'oublieray rien de tout ce qu'il faul-
dra faire entendre sur rela par le s" de Pibrac
au roy de Navari'e et lui en dire, quand je le
verray, si expressément la conséquence <jui lui
tousche à luy-mesme de si près, estant ce qu'il
vous est, que je m'asseure qu'il y pensera ei fera
accellérer, s'il m'en croist. ce que nous a\ons
à faire pour l'exécution et l'establissement de
vostre édict, sans plus tirer les choses en si
grande longueur; car aussi n'y a-t-il que cela
qui ait tant enqiiré voz affaires ei jioité si
grand préjudice à vostre service.
Sur ce, ce porteur passera par le mares-
chal de Biron, que j'espère qui sera mainte-
nant à la Réolie et es villes et chasteaux à
ma dévotion; car, par une dépesche ijue
j'eus hier de iuy, il me donne grande espé-
rance que bienlost toutes choses y seront
composées selon mon désir; il vous mandera
amplement ce (|ui en est par ce porteur, qui
nie gardera de vous on dii-e davanlaige, si
n'est que j'attends aussi bienlost des nou-
velles des duc de Monlpensier et prince
Daulphin pour le faict de Lauzerte. Cepen-
dant je vous diray qu'il n'est rien de (Maussade,
et esloit seullement ung biuicl que ceux, qui
laschent par tous moyens à aigrir les choses
et nous empescher d'establir la paix, avoient
faict courir; à quoy toutlefois a\ons donné
l'ordre requis pour v pourv(M)ir.
Dng nommé le cappi laine Chauvet m'a a[)-
porté une lettre du roy de Navarre qui me
prioit lui donner ung passeport et une lellre à
vous adressante, pour aller faire la pouisuille
d'aulcunes expéditions pour quelques parties
164
l.ETTUES DE CATHERIISE DE MÉDICIS.
qu'ils debvoieiit à des estrangers, lesquelles
venant de la feue royne de Navarre: je luy ay
faict expédier ledict passeport et la lettre suivant
laquelle vous en ferez ce que verrez estre rai-
sonnable par i'advis de vostre Conseil. Cepen-
dant je vous diray que ledict Chauvet est homme
qui sçait beaucoup de leurs affaires, dont il m'a
amplenienL discouiu et faict entendre beau-
coup de choses que je croy qu'il vous dira,
s'il vous plaist parler à hiv à part. Comme
j'en cscriptz unjj mot au s' de Cheverny, vous
en prendrez le bon et laisserez le maulvais,
comme j'ay faict; car je croys qu'il seroit à
doubte : il m'a dict entre autres choses que
les voyaiges de Cassincourt ont esté pour le
doubte ((u'ils avoieni que la paix ne se peut
observer et l'envie que aucuns d'eulx mons-
troient de vouUoir confineuer la guerre, affin
de faire venir pour eulx cinq mil reistres, et
que Mony et Clervaut' conduisoient tout cecy,
et surloul que ledict Clervaut conduisoit prin-
cipallenient leur ne'goce, mais qu'à pre'sent il
semble qu'ils soient du tout disposez à la paix;
à quoy il ne se fault pas guières fler et con-
side'rer sur cela les longueurs où ils me tien-
nent il y a si longtemps, que sont les vrayes
conjectures que ce que dessus soit véritable.
Il m'a aussi dict une chose à quoy il est très
grand besoing que dextrement l'on pourveoie,
c'est qu'il dict qu'ils ont enireprinse pour sur-
prendre Bolongne, où ils voient que le s'd'Gs-
trées ne tient que bien peu de gens de guerre,
estant et ceuix qui sont avec lui audict Bo-
longne fort mal soigneux de leur debvoir, ils
estiment que ladicte enireprinse estoit fort
facille à exécuter en la haute ville, par une
petite poterne par laquelle le cuisinier du
s'' d'Estrées sortoit et entroit tous les jours
pour aller quérir des herbes en ung jardin;
' Claude-Anloine de Vienne, soifjiioiir de Clairvaiix,
liaioM de (lopet.
ilz en ont aussy une autre, à ce qu'il dit, sur
Abbeville; mais il ne dit point les particulla-
rités : bien asseure-t-il que c'estoit Gamaches
qui les a conduicles et debvoit exécuter, mais
qu'à présent il s'en est desparti et l'a baillé à
ung auitre, et dict aussi qu'il n'y a personne
qui comprenne et affectionne tant les affaires
que Clervaut principallemcnt, mais aussv
Mony et Argenliers. Je prie Dieu, Monsieur
mon fils, vous avoir en sa sainte garde.
Escript à Aucli. le ix"° jour de décembre
1678, au malin.
Depuis cette lettre escripteS j'ay recen une
despesche du mareschal de Biron (|ue je vous
envoyé, alfin que vous voiez plus particulliè-
rement, tant par les deux lettres qu'il m'escript ,
dont l'une est de sa main, que par la respouce
qu'ont faicte ceulx qui sont dans le chasieau
de la Réolle à celle que je leur escripvis par
le sieur mareschal de Biron, suivant son ndvis
et des princes et principaux de vostre Conseil
i|ui sont icy, de laquelle je vous envoie le
double, et aussi par la lettre qu'a escripte le
s'' de Duras audit mareschal de Biion, les tra-
verses que Ton nous donne pour le faict de la
Réolle et d'où tout cela part. Je vous envoyé
aussi le double de deux instructions que le
roy de Navarre a baillées, l'une à Frontenac
et l'autre à Miossens, qui vinrent hier de sa
part devers moy, par où aussi vous verrez
l'inquiétude où luy et ceuk de sa reiligion
sont et la résolution qu'il semble qu'ils aient
faicte de ne voulloir entrer en aulcune con-
férence que premièrement ledict chasteau de
la Réolle ne leur soit rendu et quant Lau-
zerte, premier que de restituer Florence. Je
verrav par le retour du voyaige du s'' de Pi-
brac devers mon lilz le roy de Xavaire ce ((ue
' Eu tilii' : ■' Postcrijit de lad. doposclio du iv' dé-
cenilire ) Ô7>i. n
LETTRKS DE CATHERINE DE MÉDICIS.
jepoiirray espp'rer principallemcnt pour entrer
en uoslre conférence, sans attendre tout cela.
Et cependant j'envoyc jn'ësenlement le s' de
La Mollie Fe'nelon de\ ers le niareschal de Biron,
pour regarder avec lui le nioien qu'il y aura,
soit par argent ou autre, de faire sortir ceulx
qui sont dans le cliasleau de la Réelle, sans
en venir à la force, el par mesuie uioven aussi
approfondir bien expressément doù vient
cecy, et ceulx qui s'en sont mesiés; car il y a
grande apparence (pie cela vienne de plus
loing. J'envoye aussi i'abbe' de Gadaigne avec
iuy, affin qu'il puisse veoir et entendre le tout
et vous en aille parlicullièreuient et bien au
long après rendre le compte. J'ay receu une
lettre du cardinal d'Armaignac, laquelle aussi
je vous envoyé, affin que vous veoyez eu
quels termes nous sommes de la Minerve, (|ue
je crains bien qui soit retardée à cause de ce
qui est advenu à la Réelle. Touttefois j'espère,
suivant la prière que j'ay faiete au roy de Na-
varre d'en escripre à ceulx de sa relligion et
la despesche que je fais aussi présentement
au cardinal d'Arniaignac, ijue l'exécution de
la dicte commission ne sera point dilférée.
Jaltenilz à toutes iieures response des des-
pescbes que j'ay faictes au s' de Suze, de Car-
ce.s, de Vins et aullres à ([ui il m'a semblé
estre nécessaire d'escripre, comme j'av faict
très expressément par courrier exprès, qui ne
peut plus guièrcs tarder à venir. Si ledict s'' de
Suze eust eu ung peu de patience, j'estime
que les cboses se l'eussent accommodées : il
fauit encores essayer d"y faire ce (jui sera pos-
sible, et vous prie. Monsieur mon fils, d'es-
cripre au cardinal d'Armaignac pour embrasser
encores cet amyable moyen de composition,
et, s'il vous plaist juissi. d'escriiire nu car-
dinal de Sainte-Croix el regarder le moyen
(pi'il y auroit de lui faire faire récompense de
son archevesché. Ce seroit ung grand moyen
pour procurer celte amiable composition. Je
vous recommande le faict d'iccHuv cardinal
d'Armaignac pour les choses dont il pari(^ par
ses lettres, et m'escripre/., sil vous plai-t.
ce que aurez faict en cela pour lui. iiiiipicl il
vous plair-1 m'en escripre au.ssy.
De Condom '. le xi" jour de décembre i 578.
Monsieur mon fils'-, je vous envoyé (rois
lettres, l'une de mon cousin le prince Daul-
pbin, une autre du s' de La Chapelle de Lau-
zières, et l'autre de voz advocat et ofliciers à
Lauzerte, par les(juelles vous veiicz que ledirl
Lauzerte est à pn'sent en mes mains, dont je
suis fort aise; car cela m'aideia fort pnur ac-
célérer nostre confér'ence.
157<S. - — 1 1 tiéccmiiro.
Oriif. Bil.l. liai. . Fonds français, n» S38'i. T -u.
A MOX COUSIN
LE S' DE DVMVILLE.
Mon cousin, je vous envoyé la lettre que
mon fils le roy de Navarre escript pour faire
délivrer ceulx que l'on vous a mandé avoir
esté pris prisonniers à la frontière, dont il
dit n'avoir point oy nouvelles; toutefois, vous
vous aiderez de ladicte lettre, ainsi que vous
adviserez pour le mieuix. CepenJant je vous
diray aussi ipie j'ay receu les deux lettres
' (lommencée le 9 à Aucli, celle leltre s'acliève le
11 (:li'ceiiil)ro ù (iondoin, où Catherine va rester jus-
qu'au 1/1. Condom n"es( qu'.i 'i.3 liiiomélres d'Aucli, el h
■3 1 tcilomètres de Nérac . où ins reines se rendront ensuite.
La ville était, comme on sait, le chef-lien d'une Election,
avec un présidial et un évéclié sulTiagant de boideaiiv.
Elle fut prise en lôCg par Gabriel de Moiifjommery.
chef des Calvinistes. La cathédrale fut pillé ^; piesi|ni'
toutes les églises et tous tes monastères furent brûlés.
- En litre : '■ Antre proscripl de lad. dépcsrhe du
IX* déc. lô^S.n
166 LETTRES DE (UTH
que m'avez escriptes : l'une faisant mention de
celle qu'avez receue du Roy monsieur mon filz
du contcutemeni qu'il a que vous me soyez
venu trouver à Thouiouse et du bon debvoir
que vous faictes pour son service : ce que
pouvez croire que je lui tesmoigneray tous-
jours, m'asseurant aussy de la bonne affection
(]ue vous y avez; et quant à l'aultre de vos-
dicles lettres en recommandation du sieur de
S' Paoul ' pour son office de pre'sident, je vous
diray qu'estant à Thouiouse dernièrement, j'en
parlay à ceulx du Parlement, qui feront ce
que verront en cela estre juste et raisonnable.
Je vous diray, pour la fin de cesle-cy, que
j'envoye présentement le sieur de l'iebrac vers
mon fils le roy de Navarre, afin de scavoir
quand nous pourrons commencer nostre con-
férence, pour la(|uelle je suis venue au jour
qui avoit esté accordé, craignant bien que
ceuk de ladicte religion trouvent encore
quelque excuse soubs coulleur de la Réolle
et de Lauzerle, combien que je face ce que
je puis pour les faire remectre en Testât
quelles estoient auparavant. Priant Dieu, mon
cousin , vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Condom , le xf jour de décembre
1 078.
De sa main : Je vous prie, mon cousin,
n'envoyer poynt voslre femme; car je seré
bientost à Carcnssone et seré bien ayse de la
Irover.
Vostre bonne cousine,
Caterink.
Mon cousin, j'ai eu advis, si la conférence
lie se faict, que ceulx de la religion ontenlre-
prinse sur Béziers, aiant intelligence dedans :
' C'est sans doule le président de Paulo, i'ennenii de
Durant!, qui se mit contre lui à la tête des ligueurs en
.089.
ERINE DE MÉDICIS.
par quoy je vous prie adviser d'y pourvoir;
mais que ce soit dextrement, car tous y vont
aller en attendant. Je viens présentement
d'avoir nouvelle du Roy monsieur mon fils,
de laquelle je vous envoie le double.
1578. — 12 décembre.
Aut. Bibl. nat. , nis. franc. iSgoS, f" aog.
\ MONSIEUR DE BELLIÈVRE,
COH8EILLBR Ti'ESTAT ET DO rOHSBlL PRIVÉ DU BOT MO^SIEUB MOS HiZ.
Monsieur de Bellièvre, je vous prie, sur
tous les plaisirs que désirez me faire, de tenir
la main à [ce que] ce qui a esté advisé pour
retirer le filz du s' d'Escars soit effectué; car
il est plus que raisonnable que chacun s'em-
ploie pour cella, où il va non seuliemcnl de
la réputation du Roy monsieur mon filz,
mais aussi du bien de son service. Et me
faictes ce bien de m'escrire ce qui aura esté
faict en cella ))ar ie Moineton. présent por-
teur, que j'envoye expressément par dellà,
pour cest effect, vous priant aussy de tenir
la main ad ce que ledict s' d'Escars soit paie
de ses pensions, ou pour le moings bien as-
signé, y ayant long temps quil est icy, où
il faict tout ce qu'il peult pour ie service du
Roy niondict S' et filz. dépendant je prie
Dieu, Monsieur de Bellièvre, vous avoir en
sa sainte et digne garde.
Escript à Condom, le xii' jour de décembre
1578.
De sa wain : Je vous prie que le fils de
Decars puise sortir, car c'est grent honte pour
le Roy; et ne troveré plus personne qui le
veuUe servir en cete eystat, si ie mancet ' à
' Le mancel. le manquait :\ faire.
LETTRES DE CATHERINE DE MKDICIS.
16-
fayre. Vous savôs comen( rola yniiorle; et ct't
bien que di-sircs qu'il eu soyut dehors.
La bien vostre,
Signé : CATEm^F..
Et plus bas : I'i.vart.
1378. — 12 décembre.
Copie. Bibl. nal. , Fonds français, n" 33yo , f" iii'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, je receuz, il y a quelques
jours, le me'moire des réponses faicles par
vostre Conseil aux requesles el articles de ceulx
du clergé des diocèzes de deçà; mais, pour te
que lesdictes responses sont jjene'ralement
faictes sans que par icelle iesdiclz du cierge'
soient de rien ou que bien peu gialtifiez, iiz
se sont derechef addressez à moy et m'ont
encores pre'senté une nouvelle requesle, et es-
cript les lettres que je vous envoyé, mesmcs
ceulx de la province.de Thouiouse, sur les-
quelles il vous plaira faire reveoir de nouveau
lesdictes requestes et mémoires que vous a\
cy-devant envoyez et leur faire faire quelque
plus favorable responce; car certainement ilz
sont fort travaillez des saisies que l'on a laictes
et qui tiennent sur leurs biens, tant pour les
alliéuatious permises parnostre Saint Père en
diverses années que pour les restes de leurs
de'cymes. Je say bien que, pour mieulx et avec
plus de fondement leur pourveoir, il seroit
requis que les commissaires par vous députez
pour vérilîîer leurs non -jouissances eussent
premièrement rapporté en vostredict Conseil
ce qu'ilz en ont trouvé; mais cela sera bien
long, et cependant l'on travaille fort Iesdiclz du
clergé par le moyeu desdicfes saisies qui mect
aulcuns d'eux comme au désespoir, d'aultaiit
' En iiiarjje : rEnvoyée au Roy par led. Moynelon. ■
que leur revenu se mange en fraiz de justice.
Je says bien que sur cela il y a response, qui
est ; qu'ils debveroient tenir la main el donner
moien ausdictz commissaires de vériffierléurs-
dicles non-jouissances; mais aussi aucuns y
a-t-il à excuse très léjjilinie, c'est (juil no s'est
peu depuis qu'ilz sont ])ar deçà , et malaizément
se pourra-il encores, jusqucs ad ce que la paix
soit bien establye; car il faict très dangereux à
présent , non seullement pour iesdiclz commis-
saires, mais aussi pour Iesdiclz eclésiaslicques
à aller par les champs. Cependant tout ce que
j'ay peu faire en cella, c'est d'avoir escript à
iceulx commissaires qu'ilz feyssent traictcr le
plus favorablenieiil qu ilz pourroienl ceulx
desdictz du clergé que se conguoisl uoloire-
menl n'avoir pas jouy, en attendant quilz \ous
puissent envoyer ou porter leurs procès-ver-
baulx, vous pliant , Monsieur mon filz, prendre
en bonne part la recharge ipie je vous faictz
par ceste lettre en faveur desdiclz du clergé
des diocèzes de deçà qu'ilz apjiellenl affligez,
el sur ce leur impartir ce que verrez et pourrez
faire poureulx, <(ue je vous prie derechef avoir
pour recommandé. Priant Dieu, Monsieuimon
filz, vous avoir en sa saiucle el digne garde.
Escript à Condom, le xii"" jour de (h--
cembre 1678.
Monsieur mon filz, ce qui m'a faict dili'i'rer
le parlement de Moinelon jusques à cesle
heure, c'est le désir que j'avois de vous man-
der de meilleures nouvelles de la Ri'olle que
celles que vous verrez, par ma première dé-
pesche, que j'en avois eue du mareschal de
Biron. Le sieur de Duras et le maistre des
comptes le Lieur^ viennent présentement d'ar-
river, lesquelz m'ont faict enleudi-e le> moieiis
' Jacques lo Lyeur, iioinnio inaîlio ilos coiiipd's en
lôyi. — Chambre des iMinptt'S fie Paris . par (jnistanl
(l'Yanville, p. 5o5.
168
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
tjuil y a (ie lelirer ledict chasteau de la RéoUe:
les conditions que ceulx (jui sont dedans de-
mandent sont telles que verrez par Tescript
([inlz m'ont apporte', dont je vous envoyé ie
double, ensemble des i-esponces (jue j'y ay
faictes;dont, ad ceque j'entendz,ilz se conten-
teront, quand on leur baillera mil ou douze
cens escuz, que Ton leur de'parlira et qu'il
l'aiidra taire advancer par quelqu'un de ceulx
(|ui ont aydé à nous faire ie mal, lesqueiz il
lault, jusques ad ce que ies cboses soient re-
mises, trai'-ler doulcement pour y parvenir;
et asseurez vous bien. Monsieur mou filz, que
je feray en sorte, m'aidant de toutes pièces,
que j'en viendray à bout avec l'ayde de Dieu,
si quelque aultre nouveau malheur ne me sur-
venoit d'auitro cosle', ce cpic toutesfois je ne
pense pas; car j'ay pourveu partout que chas-
cun se tienne sur ses gardes, sans touttelois
rien esmouvoir. Mon lilz le roy de Aavarre en
a t'aict d;' mesmes. Cependant je vous diray
que, comme il est porté par madicte première
lettre, j'av envoyé ce malin les sieursde Piebrac
et de La Mothe Fenélon vers mondict lilz le
rov de Navarre, pour Tadvertir de la bonne
espérance que j'avois de recouvrer ledict
cliasteau de la Réolle sans coup férir, leur
envoyant lesdictz articles et responces, afin
qui lesfeissent veoii', m'asseurant qu'ilz ajjrée-
ront il mondict lilz le roy de Navarre, ainsi
que s'est laissé entendre (iuitry. J'escriptz aussi
nusdictz sieurs de Piebrac el de La Mothe.
persuader bien à mondict fdz le roy de Na-
varre, puisque tous les de'putez sont arrivez,
ainsi que j'av entendu, excepté deux ou trois
du bas Languedoc, qu'il ne diffère plus nostre
conférence; cl par mesme moyen ay donné
charge ausdicfz sieurs de Piebrac et de La
Mothe, saichans bien que Nérac et les ëtPH-
ions ne pourroienl pas longuement su6Bre à la
nourriture de tant de gens et de chevaulx qui
y seroient, de regarder d'accorder ([uelque lieu
comme ceste ville, ou Agen, ou bien le Poi'l
Sainte Marie, qui n'est pas loing dudici Nérac.
pour faire nostredicte conférence, et (ju'ilz
asseurassent que demain, pour satisfaire à son
désir, j'vrois couscher audict Nérac et ma Elle
l;i royne de Navarre, sa femme, à une lieue
d'icy, qui en vault(]uatre de France, affin de
faire le lendemain, (pii sera dimanche, son
entrée audict Nérac, où nous demoiirerious
encores lundv, pour venir mardy couscbei- en
l'un des trois lieux dessusdictz, où nous fe-
l'ious nostredicte conférence. L'on me donne
grande espérauce(|u'dseradenostredictvoiaij;e
de Nérac tort content, pour satisfaire à ceulx
de sa religion, (|ui estoient tous en oppinion
que je l'eusse en deffience de luy et luy de moy,
de sorte que, quand Wv. verront que j'aura\ esté
audiit Nérac, et séjourné deux jours et deiny
et ma lille la rovne de Navarre aussi, ilz se
condescendront plus aizément à faire nostre-
dicte conféience ailleurs, comme, à vous dire
la vérité, je le désire bien : non que je craingne
les ndvis (|ue l'on me donne qu'il n'y fera pas
trop seur; car je pense que ce sont gens qui,
par leur artillico, voiddroient bien ineclre
les défïiences telles qu'ils peussent empescher
nostredicte conférence; aussi que la faisant
ailleurs, oultre la seureté, il ne se pourra
dire ung bruict qui court desjà, que, si elle
se faict à Nérac, moy et \oz conseillers se-
rons comme contrainclz, et y en aura (|ui
u'ozeront dire ce qu'il leur en semble sy
librement qu'ilz feroieut ailleurs. Et [lar ce
moyen je contenleray aussi, de ma paît,
toute la noblesse catholique de ces quartiers,
qui ne me conseillent pas d'aller faire ladicle
conférence audict Nérac, où je ne sçay en-
cores si j'y iray pour demain; car, ce soir, est
arrivé icy, au commencement de mon soupper,
ung nommé Boucbart, qui a esté longteiups
LETTRES DE CATH
prisonnier à Loclios. lequel ma fille la royne
de Navarre m'a amené', in'avant apporle' une
lettre et instruction de mondict lilz le roy de
Navarre, laquelle je vous envoyé; et si par
icelle il y a de la véhémence, celluy qui en es-
toit le porteur l'est encores davantaige, estant
passionné et avec cela, à mon advis, si mal
affectionné qu'il m'a toute fascliée, niexpo-
sant sa créance en laquelle il a entremeslé
plusieurs propos aigres et fascheux de def-
fiences où sont si fort entrez, sedisoit-il, sans
raison ceulx de sa religion; et partie desdictz
députez qui estoientarrivezà Nérac s'enestoieni
retournez sur le bruict, qui est veneu audici
Nérac, du peu d'espérance qu'il y avoit du
chasteau de la Réolle, et davantaige que les
catholiques avoient voullu attenter à Saincte
Foy et à Bergerac, me disant cela de façon
comme s'il m'eust voullu faire entendre que
allant audict Nérac et m'v advenant ou à ceulx
qui me suivent quelque inconvénient, que ce
que dessus en seroit cause. Je l'ay ainsy repré-
senté et escript par ma lettre ausdictz sieurs
de Pibrac et de La Mothe [pour] avoir sur ce
leurs advis et conseil, que j'attendray sur mon-
dict partement. Cependant je remectray Bou-
chart, avec responce à mondict filz le roy de
Navarre, par laquelle je luy responderay au
poinct de sadicte instruction , et vous en envoi-
ray le double, afîin que vous entendiez tous-
jours entièrement et par le menu comme
toutes choses se passent en voz affaires et
service de deçà , non sans grand peine et labeur
pour éviter et aller au devant du feu que
beaucoup ont grand de'sir d'allumer; maisj'es-
père en Dieu, qui congnoist vostre bonne vo-
lante et affection au bien et repos de tous
voz peuples et subjectz, qui nous fera la grâce
que, nonobstant tous ces empeschemens et
traverses, nous ferons bientost nostre confé-
rance et résoulderons les moiens pour l'esta-
CiTHEBISE DB MÉDICIS. TI.
ERINE DE MEDICIS. H'.i»
blissement de la |iai\ el exiVutidn de vo>lr('-
dict édict.
(jepcndaiil je vous diray, Monsieui' mon
filz, que, cesie après-disnée de ce jour, j'ay
receu vostre di-pesche du v™" présent mois par
le Courier Girauldet, estant venue fort à propos
la bonne lettre que m'avez escripte, laijuelle
j'ay faict lire devant tous ces seigneurs qui sont
icY, afin que chacun cognoisse vostre droicle
et sincère intention au bien de la paix. Je la
monstray moy-mesmes à mondict filz le roy
de Navarre et à ceulx qui sont auprès de
luv. pour m'en prévalloir et servir aussi vers
ceulx de sa religion. Les deux aultres courriers,
qu'escripvez m'avoir despeschez auparavant
Icdict (liraudet, l'un par Limoges et l'aultre
parMolins, no sont encores arrivez; mais j'es-
time qu'ilz ne sauroient plus guerres tarder,
s'ilz n'avoient esté arrestez, comme je le crains
bien fort, pource que lesdictes nouvelles de
la Réolle et de Lauzerte ont porté une grande
rumeur partout, à laquelle ni'antmoiugs j'ay usé
de toute diliigence pour y remédier, et créiez
que sans cela le feu eust esté allumé partout
et en très grand danger de nous remectre du
tout à la guerre. Priant Dieu, Monsieur mon
filz, vous avoir en 'sa saincte et digne garde.
Escript à Condom, le xn'jourde décembre
1578, au soir.
Monsieur mon filz, pource (]ue le courrier
que j'avois depescbé devers icsdietz sieurs de
Pibrac et de La Alothe, comme il est dict cy
devant, les a trouvez desjà partiz de Nérac, et
qu'ils sont venuz sans aller parler à mondict
filz le roy de Navarre de ce que j'avois accordé
et advisé pour la Réolle, aussi qu'il m'ont
dict qu'il n'y a personne qui le puisse si bien
faire condescendre à cela que moy. qui pour
ceste occasion me délibère de m'en aller hindy
couscher audici Nérac, et vostredicte sœur icy
33
iv.'-aivi.r.ic SATioxiLi:.
170
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
auprès, pourfaire son entréelelendemain. J'es-
père demain matin achever d'accomoder l'ordre
de la seureté de cesfe ville, où il estoit bien
bon besoing de mectre la main, car les que-
relles d'entre le lieutenant général et le lieu-
tenant parlicuUier ont tellement brouillé les
habilans qu'ilz sont tous divisez et,oultrecela,
soubz couileur de la confrairie saint Pierre,
qui y est il y a desja quelque temps, et d'ung
aiiltre de saint Arnault qui s'y commance, la
noljiesse catholique, au nioings une bonne
parfye y sont attirez, de sorte que la fin n'en
pourroit estre que préjudiciable à vostre service.
J'espère qu'avec le gré desdictz genliihommes
que j'ay aujourd'huy faict tous opiner devant
nioy, et ceulx de vostre Conseil qui sont auprès
de inoy, sur l'ordre qu'il seroit bon de laisser
et establir en ladicte ville, et puis ayant parlé,
comme j'ay faict, à part aux principaulx, j'es-
père que d'eux-mesmes ilz se départiront des-
dictes confrairies, congnoissans bien que ceulx
qui ont icv premièrement faict lesdictes con-
frairies ny proceddoient pas du zèlle qu'ilz
eussent de prier Dieu, comme par beaucoup de
raisons je leurs ay bien faict congnoistre, mais
pour faire des menées et s'en servir bien souvent
à de très maulvaises choses, comme ilz avoient
bien congneu par ces meurtres qui sont advenuz
en ceste ville, et la hayne si grande que l'ou veoit
entre lesdictz habitans tous catholiques; car
ceulx qui sont huguenotz ont leur aultre pas-
sion à part : et fault faire en sorte, comme
j'espère que feray, que la ville et tous les habi-
tans demeurent seurement soubz vostre obéys-
sance, et que vostre Parlement de Bourdeaulx
ou la Chambre d'Agen congnoisse de tous
lesdictz meurtres et querelles et en face la
justice. J'en feray, par Tadvis de ceulx de
vostre Conseil qui sont icy, une résolution
que je feray effectuer, et vous donneray après
advis de tout. Cependant, Monsieur monfilz,
il vous plaira m'envoyer une commission eu
forme patente pour faire exercer la justice en
cestedicte ville par ung conseiller dudict Parle-
ment de Bourdeaulx, duquel il faudra laisser
le nom en blanc et que je choisiray.
Il vous plaira aussy m'envoyer une aultre
letlre patente, suivant et au désir de l'article
par lequel je prometz à ceulx qui ont surprins
la RéoUe que ores ny à l'advenir ilz n'y seront
recherchez. Cependant je ne laisseray dele leur
permectre et de faire que, sur ma promesse,
ilz effectueront ce qui est porté par lesdictz
articles, si tant est que j'y puisse faire condes-
cendre mondict filz le roy de Navarre, que le
cappitaine Favas et les gens de guerre qui
sont es villes de la RéoUe sortiront les pre-
miers, aflin que j'aye moien de faire sortir
aussi ceulx qui sont dedans le rhasteau, comme
il est porté par lesdicts articles.
Escript à Condom, le xiii° décembre 1 578 ,
au soir.
Monsieur mon filz, depuis ceste lettre es-
cripte\ veoyant que tous ceulx qui sont par
deçà sont poulsez de quelque passion ou
pour les ungz ou pour les aullres, j'ay pensé
de vous prier, comme je faitz, de me vouloir
escripre une lettre que je puisse monstrer, par
laquelle vous me manderez avoir entendu,
sans dire que c'est moy qui le vous ay escript,
mais comme si vous l'aviez sceu d'ailleurs,
comme toutes choses se sont mal passées et
passent en ce faict de Condom, et que vous
vouliez que la Chambre tripartie d'Agen en
ayt la congnoissance, à laquelle, pour ceste
occasion , vous l'attribuerez par lettres patentes ,
et leur en escripverez particuUièremenl de
bonnes et expresses lettres clauses, et man-
derez, toutes choses cessantes, faire prompte
' En titre : tr Autre postscript de lad. dépesclie du
xu' décembre 1578.11
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
171
justice de tout. En ce faisant, vous coupporez
le chemin à ceulxqui ont iiitelligence avec la
confrairie de Bourdeaulx, où pour ceste occa
sion la justice ne s'en pourroit pas aizémenl
faire , et par mesme moyen interdirez aux lieu-
tenant général et parlicullier IVxorcicede leurs
oflices et l'entrée en ladicteville, jusques ad ce
que le procès soit jugé, et manderez à ladicte
Chambre d'envoyer ung des antiens conseillers
d'icelie catholique pour exercer la justice en
ceste dicte ville, auquel conseiller vous en-
voyrez pareillement commission , et vouldroiens
bien que vous Tussiez choisy vous mesmes
sur la liste que Villeroy en a, et surtout qu'il
ne soit |)oincl de la confrairie dudict Bour-
deaulx : il me semble que c'est le meilleur ex-
pédient que l'on puisse tenir.
1578. — 1.3 décembre.
Orig. Archives nationales, collection Sininncas, k i5.ïi. n° 8'i.
AU ROY DES ESP VIGNES
MONSIEUR MON FII.Z.
Monsieur mou filz, le s'' de («ondriu, gen-
tilhomme de illustre maison de ce païs icy, fort
catolique et très affectionné au service du Roy
monsieur mon filz, a perdu ces jours icy, par
fortune de feu qui est pris en sa maison, tous
ses grandz chevaulx qu'il avoit en bon nombre :
m'ayant requise de vous prier, comme je fais
bien affectueusement, de vouloir perniectre
qu'il puisse faire passer par deçà jus([ues à
une douzaine de chevaulx d'Espaigne, lesquelz
il y envoyé achepter, si vous m'accordez ceste
requeste en sa faveur, dont derechef je vous
prie de bien bon cœur, à la charge que sy voz
serviteurs et subjectz ont besoing de quelque
aultre commodité de ce royaulme, j'en feray
voluntiers la requeste pour eulx au R,oy mon
dict S' et fil/., que, je masseure, ne m'en escon-
duiray pas, pour le désir tjue je sça\ qu'il auroit
de gratiffier tout ce qui nous seroil recommandé
de vostre part. Priant Dieu, Monsieur mon
filz, vous avoir en sa saincte el digne garde.
Escripl à Condom, le xiii" jour de décembre
1578.
Voslre bonne seur et mère,
1578. — i3 (téromlire.
Orig. Bibl. nat. Fonds fiançais, nom. acq. fol. 'i3.
A MONSIEUR DE RAMBOUILLET'.
Monsieur de Rambouillet, je \iens de re-
cepvoir la lettre qu'il a pieu au Roy monsieur
mon filz m'escripre, et la vostre faisant men-
tion de l'abbaye de Thouars, de Uniuelle je
vous eusse très volontiers et de bon cœur gr/i-
tifllé; mais, dès le dixième de ce mois, je l'avois
accordée au cardinal de Birague pour aider
à la récompense d'Alby, comme vous pouirez
entendre par mon secrétaire Chantereau, au-
quel, dès ce jour- là, j'en escripvis de ma
main. Croyez , Monsieur de Rambouillet, (jue,
quelque aultre occasion se présentant, je vous
en gratiffieray aussy volontiers et de bon cœur
que genliihomme de ce royaulme et lion ser-
viteur du roy et de moy, comme vous en avez
par tant de fois fait preuve et coBtinuez en-
core tous les jours, et (jue vos grauds et re-
comroandables services le méritent, pi'iant
Dieu , Monsieur de Ramjjouillet, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à Condom, le xiii' jour de décembre
1678.
Caterine.
' L'un (les nombreux Gis do Jacques d'Angcnnes,
peut-être le cardinal, évèquedu Mans, plus probablement
172
LETTRES DE CATHER1^E DE iMEDIGIS.
l.')7S. — l'i di'ceniljri».
On;: l;ihl. lui. . Komis IVaniais. n" Sa/i;, f 66.
\ MON riirsiN
LE S" DE DVMVILLE.
Mon fou.'^iii, à ce que j'av veii par deux de
vos d('pesrlies des \iii et ix^'^dere mois et par
les advis que uimycz envoyez, ceuk de la rel-
ii;;iori ])retendue réformée, priucqi;dleiiieiil
en Ydsln^ gouvernement, et eiilre aulties ceux
(pii enlieprennent et assisleni l(> t'aici du rlias-
leaii (le Beauraire, nHul |ias grande envie de
la paix. Toullel'ois, il l'aull faire lon.sjours ce
([ue fou pourra pour parvenii' au désir du lioy
ceila ie niieuix qu'il pourra, espérant que,
par la résolution de noslri' conlérenoe, nous
pourveoyrons à toutes choses. Cependant je
vous diray aussy que, pour le regard de l'ar-
gent ordonni' pour ledict Beaucaire, voyant la
durelé des trésoriers généraux et recepveurs
gi'néraulx, tout ce ipie je |)uis faire en cela
est de vous envoyer encore ung il('ralif com-
mandement, alliu i|ue, sans excuse, ils satis-
fassent à ce que je leur ay ordonné, dont je
pensois que le Boy monsieur mon Clz vous
eust envoyé, connue je m'asseure qu'il fera,
ainsy que je lui ay escri|)l et prié faire, la
coulirnialiou des acquistz (jue j'en uy expé-
diez, les(|uelz sont adressez senllement sur
onsieur mon lilz. qui est d'exécuter et esta- | la recepte généralle (jui souloit estre à .Mont-
pellii'i-, tiausli'r(''e à Béziers, et non sur celle
de Tlioulouse, où niondict s'^ et lilz, ce nie
semble, a mandé par ses lettres patentes qu'on
foiirnist six mil escus sur mon lembourse-
ment de plu^ de cimpiante mil livres qu'il a
naguéres prins de mon revenu; et, combien
qu(^ cella retarde bien fort mes affaires . il ue
s'est eni'oïc rien pu recepvoir desdicts six
mil escM.> auilicl Tlioulnuse, à ce cpie mont
présentement dict le s' de Lanssac ' et ceulx
qui manient nu'S allaires, comme a bien veu
le sieur éves(jue de Yallence. par l'advis du-
(piel et dci aultres sieurs du (Àmsoil privé du
lîoy qui sont auprès de mov, je xous diray
que je suis d'advis (pie vous inecliez la tenue
des Estais de vostre gouvernement au xw"" du
mois de janvier; mais au lieu de \arbonne
m
blirsoii ('dict de pacilicaliou. aius\ (jii'il m'es-
cript |iar toutes b's lettre> (pie je re(;ois de
luv; aussv, pour reste occasion, m en vois-je
demain à \('rac, alliu de persuader à mon filz
ie rov de \avaire de ne dilférer de commen-
cer noslre ciiiif('rence. en altendantque la res-
titution .soit laicte de la l{('(iile, que l'on me
(buine espérance (|ui sera bientosi eu mes
mains, (iepeiidau! je vous prie, mon cousin,
de (-(Uitiuiier lousjours à mainteuir le ie|ios
eu vostre gouverneiueut et surtout enipesclier.
par le soing (pie manderez avoir partout . (pi il
ue s'y surprenne aulcune place, troinaut très
bon. comme je vous av nagu("'re escript, que
\(ms renforciez le s'^de Sainte-.Iaille, allin (pi'ii
puisse cmpescliei- ie nouveau ravitaillement
(juej'ay veu par vosdictes dé|iesclies (pie l'on
veult faire au cliasteau de Beaucaire. OuanI
au refus ipie l'on a faict au s'' de Mirepoix
d'obéir à la commission (jue nous avons mon
lilz le l'ov de Navarre et mov discernée, vous
lia escriprez, s'il vousjdaist, (]u"il face en
(itoKiio, roiisi'illiT-cicir an Parleni(>iit ilo Paris depuis
1. ")(')."). (ivr'(|iiL" (le Neviin en i.')77. ([l'i succijda à son
IrcTu >ui' te sii'jje ('[liscopdl du Mans en iy88.
' Louis de Saint-riclais, seigueiii- de Lanssac. que
nous avons d(;jà vu plus d'une fois, était chevalier
d'Iionneur de Catherine de Médicis; il semide avoir eu
plus particulièrement dans ses allribulions les affaires
linancière.s. Charles 1\ Tavait nommé ca])ilaine d'une
conipanjnie de cent ;;eulil3liommes. It y a de lui un heau
porlr.iil. attribué à Clouel, dans ta grande galerie du
Lou\ri'.
157S. — i6 décembre.
Copie. lîibl. nat. , Fonds français . n" 33oo , f' 1 13 >° '.
[Al ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, nous arrivasmes hier
d'assez boune heure en ce lieu, oiî vosire sœur
feit son cntre'e-, et y f'eiismes fort bien re-
ceus. Mon filz le roy de Navarre, qui s'est ac-
compagné le plus qu'il a peu, faicl et faict
taire tout ce qu'il se peull envers nous et ceuix
de nostre suilte de bon acueil et de bonne
chère, monstrant d'estre infiniment aize que
scions venu icy si l'ranchement que nousavons.
Mais il s'y congnoist desjà bien que aucuns
de sa religion, priucipallemenl ceuix qui sont
autour de luy, veullent encores prolonger
nostre conférence; car ilz dient que tous leurs
depputtez , mesmes ceuix de Languedoc , ne sont
' En marge : ttEnvoyée au Roy par Girauldet,
courrier, n
- Voir pour l'entrée de Marguerite de Valois à Nérac:
V illenetive , Histoire de Nérac et Les deux cnurs de France
cl d'Angleterre, par M. H. de la Perrière.
LETTRES DE CATHI
qu'avez résolu de les y tenir, il vauldra juieulx [
que ce soit en la ville de Béziers. J'espère
qu'entre cy et ledict xw" du mois prochain,
nous aurons conclud le bon œuvre de l'esta-
blissement de la paix, pour lequel je suis ve-
neue par deçà. Priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Condom . le xiiii' jourde décembre
1378.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Mon cousin , je vous renvoyé tous les advis
et papiers que vous m'aviez envoyez, suivant
le contenu de vostredicte lettre.
RliNE DE MEDICIS.
173
encores venuz, ce qui me mect en très grande
peyne, leurs ayant dèz hier, parlicullièremenl
à niondict filz le roy de Navarre et aussi au
•vicomte do Turenne et après à Guitry, assez
fairt congnoisire comme telle longeiire avoil
este' cause de ce qui nous esloit advenu à la
Réolle et à Lauzerte, et de ce qui estolt aussi
advenu à Périgeulx, où, ad ce (jue j'ay en-
tendu, Vivans\ a faict tuer à coup de dague
et puis jecter dans la rivière cin([ ou six ca-
tholiques et sans occasion : l'on en dict bien
plus grand nombre, mais le s"^ de Bourdeiiles
m'escript que ce nombre là, comme vous
verrez par sa lettre que je vous envove, de
laquelle j'ay faict incontinent responce, luy
ayant très expressément mandé d'en faire in-
former à la vérité et aussitost envoler les infor-
mations, afin de m'en pouvoir servir en nostre
conférence, comme je ne fauldray de faire
toutes les contraventions qu'llz ont faictes de-
puis que je suis de paB deçà et font encores
tous les jours, comme je vous ay cy devant es-
cript par le menu , de sorte que ce ne serolt
que vous ennuyer de vous en faire redicte :
aussy seulement vous dlray que Cliastillon et
ses voleurs de Bacom '- et Fournler, ad ce que
m'escript le mareschal de DaiiLpvilJe, se soni
remis en campaigne, avec forces gens tant de
cheval que de ]iied, et vont pour ravitailler le
chasteau de Beaucaire, s'ilz peuvent; à quoy
ledict mareschal de Dampvllle a pourveu,
comme 11 m'a escript, de renforcer le s"' de
Saincte Jaille de sa compalgnye de gendarmes
et de ce qu'il pourra de gens de guerre, que je
' Geoffroy de Vivans, l'auteur de mémoires publiés
en 1887, à Agen, par M. Magon sous le lilre do Faits
d'armes de G. de Vivons. — Voir aussi Lettres missives
de HennlV, t. I, p. 364.
' C'est toujours le capitaine Bacon, qui fui fait pri-
sonnier en i585 et tué dans sa prison le iG fcvriej
i586. — \oir Mémoires de Gâches.
luy ay mandé de l'aire passer à ia file, de peur
de rien esmouvoir, me délibérant bien de faire
icy tout l'instance qu'il me sera possible pour
faire mander audict Chastillon se départir de *
sadicte enlreprinse; mais je crains bien ne
pouvoir rien gaigncr envers eulx de cela ny
d'aultre chose; car je les trouve merveilleuse-
ment durs, prenant prétexte et excuze pour ne
rien faire de toutes choses raisonnables, dont
je les requiers, sur ce qui est advenu audict
lieu de la RéoUe et Lauzerte, qui veulent leur
estre premièrement restituez. Vous aurez veu ,
avant la réception de reste présente, ce que
j'ay respondu et accordé aux articles de ceulx
qui sont dedans ledict chasteau de la Réolie;
j'en parlé dès hier soir à mondict filz le Roy
de Navarre et ausdictz vicomte de Turenne
et Guitry, afin que ledict roy de Navarre
escripvît à Fa vas et au cappilaine Validos,
par ung des siens, expressément faire ce que
ledict Guitry, estant «avec le mareschal de
Biron, avoit accordé, qui est que lesdiclz
capitaine Favas et Validos et les aultres gens
de guerre de leur religion sortiroient les pre-
miers, affin que les villes et chasteau de la
Réolie feussent remis en mes mains, et que
je promeclois de les leur rendre incontinent
après; mais ilz monstrent à présent quelque
difficulté en cela: toutesfois ilz se doibvent as-
sembler aujourd'huy pour en faire une résolu-
tion, de laquelle je ne sçay encores qu'espé-
rer; car il semble qu'ilz soient refroidiz de
satisfaire à ce qui avoit en cela esté accordé.
Cependant je vous diray, Monsieur mon filz,
que mondict filz le roi de Navarre et ledict
vicomte de Turenne, parlant à eulx parlicul-
lièrement à part de ce faict icy, se sont
laissez entendre que ceulx qui veuillent
brouiller en voz provinces soubz couUeur du
liien public les ont faict rechercher et font
encores poursuivre de se joindre avec eulx.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
fort instamment, par gens qu'ilz ont envoyé du
deçà qui vont par les maisons pour induire ung
chacun à se ranger à leur party et troubles
qu'ilz veulent faire soubz le manteau dudict
bien publicq. Je crains bien qu'ilz se veuUent
ayder de ce prétexte en leurs mauvaises inten-
tions; toutesfois j'ay desjà si bien commancé,
envers toute la noblesse et les peuples de
deçà, à leur faire congnoistre à quoy tendent
telles pernicieuses meschancetéz et les men-
teries et impostures dont ilz usent, estant
venu fort à propos la vériffication que le s'' de
Bellièvre a faicte aux Estats de Normandye de
vingt deux édictz, qui leurs a monstre, à la
tenue desdictz Estats, estre faulcement pu-
bliez parmy le peuple pour décrier voz actions.
J'en feiz dès hier, aussitost que je l'eus receu,
une fort ample despesche à Thoulouze, en la-
quelle je n'ay rien oublyé envers les premiers
président et advocat Duranly, ausquelz je
suis d'advis que vous en faciez,de vosire part,
une bien ample et expresse despesche, et pa-
reillement à Bourdeaulx, où j'ny entendu que
l'entreprinse de la Réolie s'est fahricquée et
qu'encores ceulx qui ont faict reste méchan-
ceté font tout ce qu'ilz peuvent, et de conseil
et de moiens, pour empescher que ceulx qui
sont dans ledict chasteau de la Réolie ne le
me rendent, et, qui pis est, cherchent les
moiens de faire surprendre encores d'autres
I places, qui seroit pour me faire, et à tous
i ceulx qui sont icy avec moy, coupper la gorge,
j si cela advenoit, principallemenl pendant que
1 nous sommes en leurs puissances; par quoy,
i Monsieur mon filz, je vous prie de faire in-
1 continent une bonne despesche au sieur de
j Lanssac' et au premier président de Bour-
I 1 Cet autre Lansac, qu'il ne faut pas confomire avec
■ Louis de Saint-Gelais, était un ancien maire de Bor-
deaux, gouverneur de Blaye, qui avait commandé, lors
de la dernière guerre , une sorte de levée navale. Cathe-
LETTRES DE CATHE
deaulx. sans montrer que je vous en aie |
escript et leur commandiez, parlant qu'ilz
aiment vostre service, de vous esc.ripre à la
vérité' qui sont ceulx qui ont faict et font ces
menées de la Réolle et qui empeschent encore
la reddition d'ieelle, et (pi'ilz lacent envers
eulx en sorte qu'ils se départent aussi entière-
ment de toutes autres menées, et au contraire
qu'ils aydent et lacent en sorte que ceulx qui
sont dans ledict chasleau le remectent en mes
mains et se départent entièrement de toutes
aultres menées, vous priant, Monsieur mon
filz, qu'ils aient bientost vos dictes lettres; car
je craintz bien d'estre encores accrochée sur ce
faict de la Réolle longtemps , monstrant le roy
de Navarre et ceulx de la relligion ne vouloir
entrer en conférence que ladicte Réolle ne leur
soit rendue. Touttefois je ne laisseray pas de
faire tout ce qu'il sera au monde possible
pour la commencer; car, si Dieu nous faisoil
la grâce de pouvoir establir la paix par deçà,
tout le reste s'en yroit en fumée. J'ay icy le
députté du Daulpliiné, qui m'a dict ne voul-
loir point attendre les aultres et demande à
estre dépesclié; cela m'aidera beaucoup à les
presser sur ceste occasion, et pouvez croire,
Monsieur mon filz, que je n'oublieray nul
raoien qui se puisse excogiter pour faire
nostredicte conférence promptement et pren-
dre une bonne résolution pour l'eslablisse-
ment de vostre édict, connne je sçav bien
que voz peuples subjectz de deçà le désirent
et que c'est aussi le plus grand et plus néces-
saire bien que l'on peult souhaitter.
J'avois faict ceste lettre devant disner, après
avoir moy-mesme longuement débattu avec
mondict filz le roy de Navarre et ceulx qui
sont auprès de iuy,pour le faict de la Réolle;
et n'ayant peu nous en accorder, j'ay donné
rine de Mé<licis demandait déjà pour lui une récom-
pense dans sa dépêche du 2 g septembre. Voir p. 4i.
RINE DE MEDICIS. ITf,
charge à ceidx de vostre Conseil qui sont icv
et au secrétaire Pinarl, et de la part de mon-
dict filz le roy de Navarre, le viconle de Tu-
renne, Guitry, Lésignan, chancellier Gratin,
Ségur^ et son serviteur Pin, lesqiielz se sont
assemblés, ceste après-disner, en mon cabinet
oi'i, après avoir très longuement débattu, se
sont accordez d'en faire ce que vous verrez
par les promesses que nous nous faisons l'un
à l'autre pour le faict de la Réolle, dont les
doubles seront encloz avec la présente-, qui
est le mieulx que l'on y a peu faire, se mons-
trant ces gens-cy infiniment entiers et oppi-
niàtres à tout ce qu'ilz demandent, de sorte
([uc pour n'altérer rien davantaige, je ne lenr
ay pas voullu refuser la promesse qu'ilz m'ont
demandée, qui n'est que ce que avez veu ,
que j'ay respondu et accordé aux articles que
m'apportèrent les sieurs de Duras et le maistre
des comptes le Lieur, dont je vous ay envov.'
le double par la Moineton. En la longue et
grande contestation que nous avons eue, ce
matin, je vouUois que Guitry allast pour
achever d'effectuer tout ce que dessus avec le-
dict mareschal de Biron, pour ce qu'eulx deux
avoient ensemblement accordé tout ce qui en
avoit esté faict et négocié; mais ledict Guitry
n'y a voullu, en quelque façon que ce soit, re-
tourner, s'excusant sui- la charge (jiiil avoit
icy des affaires de la maison de mondicl filz
' Ségur, dout il est souvent question, est François de
Ségur-l'ardaillan , genliiliomme de la Cliambre du roi
de Navarre depuis 1576, plus tard surintendant de sa
maison. Parmi ses amis et serviteurs fidèles, le roi de
Navarre comptait des catholiques et des protestants, qui
n'élaient pas toujours d'accord entre eux. Les capitaines
catholiques étaient Lavardin, Miossens, Gratnonl, Duras,
Roquelaure, Bégoles; les huguenots, plus nombreux,
étaient Turenne, Guitry, Mongomery , Lusignan,
Favas, Ségur, tous ceux qui figurent ici.
' On trouvera la tr Promesse-' de Catherine à V. ap-
pendice.
176
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
!iî rov ili' XnvaiTC, a\;inl |iotir cpstr orrasion
noiiunii 11' simir ilc Ei'signan, ijiii y l'sloil aussi
j)n'seiit ul s'en esl loi-t dérciidu; et, à l'issue
(Irmou disner. ilz ont nonuiié lesienrde Roc-
ijui'buui de I5ii'ul. (|uilz v voiilloienl aussi
uiecti'c gouverneur; mais uie souvenant de|iuis.
qu'aux articles (jue j'ay signez et accordez à
Cfulx dudiil iliasloau de la Re'olle, il t'ault
que ce soit un;; gi'ulilli(unnie de leurs voi-
sins el(|iii leur soit agréable, comme ciiascuu
estime (|ue seia le sieur du Sac, que l'on
lient pour cstie fort honuesle gentilhomme,
pai'L'iil du sieur mai'esclial de Biron. lei|uel
pourceste occasion jesuis bien aise que mon-
dicl lilz le ro\ de Navarre envoje, non seul-
lenieid piiiir cvéculer le contenu cy-dessus,
el aii>si pdur di'uiourcr gouverneur en ladicte
lii''oll(! pour Irl temps que nous aviserons.
J'eslinu' (|oe, pai' ce moien, tout s'elVecluera de
l'O cosli' là; mais pour ie principal que je dé-
sirerois el q:ji esl Uiiil requis pour vostre ser-
vice, (jui esl le laid de la conli''rence, je ne
vo\ pa^ que je vous |uiis>e diri' le jour cer-
tainement cpie nous la couimeucerons. Et je
\ciiis asseure qu'il n'y a nulle sorte de |)ersua-
siiiiis el lemouslrauces de toutes choses (|ui
se jieinent dire el rejiri'senler, jiour loucher
au C(eur de iiiiuidict lilz le rov de Navarre' (>t
l'esmonvoir, el inciter à accélérer la résolution
de l'estahlisscmenl de la |iai\,queje n'en aie
' I^e roi lie N;i\arn' ii>> clnail |kin l'In.' liien (li'siieux
quo la conrcrcnco se réiiiiil sans rctaril à Nérac, cl il ne
pensait |ias |;arilri- h reine mère lun[;leni|)s pivs de lui,
si l'en en JM;;e ]iar la lellre qu'il l'ciivail le jour même
aux consuls de la ville d'Ajji'n :
f A Messieurs les Consuls île la ville d'A|;en,
itMessieurs li>s Consuls, je vous envoyé la letlre c|ue
ma femme la lîoyne el moy écrivons au [ioy, mon sei-
(;ncur, pour l'alïaire dont le sieur de Glattain, mon
chancelier, m'a part'. ■■! pom- l'sire descliargés de la suli-
usi' entre luv et moy, à jiart; mais pourtant
n'ay-je rien peu gaigner, s'excusant que leurs
députtés ne sont encore venus el qu'il les
faut attendre, n'ayant aucun pouvoir di^ rien
faire ipiilz n'y soient |)résens. ,1e vous asseuie.
Monsieur mon filz, ipien cela je congnois
bien qu'il a quelque chose de vérité; mais je
veoy bien aussy cpi'il est tellement enveloppé
el possédé par ceulx ipii sont autour de lui
et le tiennent en telle suhjei'lion et con-
Iraincle, qu'il ne veult nv ne peult rien l'aire
sans eulx, doiil la pluspart sont très mal al-
feclioniiez a la paix. Toiittefius, | essaierav
encores et ii cihmetlrav aulcuus nioicns pour
entrer en conlerence et par\enir an bien que
vous et moy et gens de bien doibvent désirer
pour la paix, iej)os el union de tous voz sub-
jetz, dont la pluspart de ceulx de deçà sont
do nostre niesme désir, si n'est ceulx qui
vnent de i-apines durant les troubles et ipicl-
ipies aultres poulsez de [tassions particul-
lièrcs, pour lesipudz nous ne laysserions pas
do parachever ce bon leuvre de l'eslablisse-
iiienl de la paix, si ceulx cpii sont aupri'S de
mondict lilz le rov de Navarre voulloicnt, sans
nous remédie à altendre leurs députiez, ,1e
di'sire bien l'arrivée du s' de Maintenon, al-
lin qu'il parle de vosire [laii à moiidicl liis
le roy di' Navarre et à ceulx ijiii sont auprès
de luy pour les l'aire avancer.
veulion que .Sa Majesh." a faicl sur la ville d\\<jeu , espé-
rant ipi'd vous en descliarijera , estant contre vos privi-
léj;es anciens. Au reste vous ne lauldrez de faire descendre
au l'ort-.Salucte-.\larie, luudy matin, quaire jjraiis lia-
teaulx pour ie passage de la fioyiie, mère du lioy, mon
seigneur, alTin que tant plus lost le Irain puis.se eslre
passé, à quoy je vous prie ne faillir, et me lerez ung
singullier plaisir.
''De Ni'rac, le vvi' de décembre lâ^S.»
I.a reine descendit en elïel la rivière pour aller à
l'orl-Sainte-Marie, le -j-j ou tiS décembre.
LKTTHI'S DE CATll
Cependant je vous diray que je leceuz iiier
.111 soir les deux lettres qu'il vous n pieu m'es-
cripre des xvviii et xxix du mois passé j)ar le
courrier qui avoit prins le iheniind'Auvergne,
ayant veu par la ])reuiière d'icelles ce que vous
me discourez delà tenue des Estalz de Norman-
die et la résolution, que vous espérez bien tost
prendre avec l'advis de vostre Conseil, des des-
pesches, que vous l'erez partout pour esclaircir
voz subjectz des impostures et inventions mal-
heureuses de ces perturbateurs qui veullent
troubler vos provinces; en quov j espère que
Dieu, qui conguoist ralTection et pariaicte
amitié que vous portez à vostre peuple et la
bonne et droicte et saincte intention qu'avez
de le meclre en paix et repos et soullager de
lout vostre pouvoir, vous aydera et assistera
à rencontre de telles meschancetés qu'il pu-
gnira de sa puissante main, vous priant,
comme je sçay que c'est vostre plus grand de'-
sir, regarder à |)Ourveoir aux renionstrances
(jue vous ont faicles vosditz subjects en l'as-
semblée des Estats généraux tenus à Blois,
selon la résolution que vous en aviez prise
lorsque je partis pour venir icy. Je suis infini-
ment marrye de la malladie survenue à Mon-
sieur le duc de Montpensier pour que son auc-
torité, grande afl'eclion qu'il a à vosire service
eussent beaucoup servi en la tenue des Estats
de vostre pays de Bretaigne; mais le voyaige
(ju'avez faict l'aiie au sieur de Ranii)ouillet y ser-
V ira beaucoup, tant pour sa sufEsance que pour
la dextérité dont il sçaura bien user au bien de
vostre service, ne voyant rien qui soit plus né-
cessaire, pour dissiper les susdictes malheu-
reuses menées cl entreprinses, que de laire en
sorte que ung chacun congnoisse que vous et
vostre frère estes très bien ensemble , car cela
contiendra beaucoup de gens et empescliera du
lout ces pernicieux desseings, avec l'ordre que
sçaurez donner de rendre vos subjectz capa-
C\TIIE111NF. DE \l^;r)K;I^. — vi.
EP.INE DE MÉDIGIS. 177
! blos d(! vos saincti's intentions, de leur faire
veoir clair à ces iMii)()stures et mescliaiicotés.
J'attends bieutost la résolution que devez
prendre en vostre Conseil, comme j'ay veu
par vostre lettre du .vxix""", sur le faict des
troubles pour les traictes, lesquelles je vous
diray, comme je vous ay desjà plusieurs fois
escript, que la noblesse de ce pays se sent
fort intéressée de la dépesche qu'en avez faict.
J'ay aussi bien sceu de quelques ungs que
cela les met en grande nécessité et incom-
modité en leurs affaires, d'aultant qu'ils ne
peuvent vendre leurs bleds, qui est le plus
grand revenu qu'ils aient en tout cedict pays
de deçà; de l'autre costé, il y en a qui tirent
grand argent de leurs vins, à quoy il vous
plaira aussi regarder; et aimerois mieulx, con-
sidéré le temps où nous sommes, permettre
la traicte généralle libre, que ce n'estoit (jue
je veoys bien que c'est le seul moien qu'avez
espéré pour satisfaire à ce (jue debvez aux
Suisses. Priant Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Nérac, le xvi° jour de décembre
1678.
1578. — 18 décembre.
Orig. liibl. liât. , Foiiils fr.Tiirais, n" 1 ôgoS , f" sis.
A MONSiEUll DE BELLIÈVRE.
CONSEILLER D'E^TAT ET DU CONS.IL TRIVÉ DU ROI, MONSIEUR U0\ FILS.
Monsieur de Belièvre, auparavant la ré-
ception de vostre lettre de ce mois, j'avois
bien entendu comme toutes choses se sont
passées à la tenue des Estats de !\ormaudie '
' Voici la requèle présentée par les délégués du
bailliage de Cotenlin aux commissaires du roi pour la
tenue des États de Normandie : wLes délégués du Ij.iil-
lage de Coslentin vous remontrent que à roccasiim des
troubles que fiirenl audit pays en l'an ï" soixante treize
a3
IVIT.lUEr.lC "«ATIOSIH:,
178
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
où je sçay que vostre pre'sence a bien servy à
retenir qu'il n'y soit encores pis advenu. J'ay
escript au s"' de Matignon ce qui me semble
des maulvais offices que aulcuns y ont faict/ au
préjudice du service du Roy monsieur mon
filz , l'admonestant de re'parer telles faultps, qui
sont si lourdes qu'ilz ne sauroit avoir faictz
de si graves sévices ou autres choses que tels
descornisseurs me fassent oublier la souve-
nance et quand la volonté' de les en faire
recognoistie. Je me suis bien servie de la ve'-
riffication qu'avez faicte du faux e'dict que
les lieux sainclz et sacrés ont esté ruinez, les maisons
des ecclésiastiques brusiées, celles de la noblesse gastées
et du Tiers Estât pillées, et si ilz supportèrent les deux
armées plus de six mois durant les sièges de S' Lo,
DomfronI . Oostenlin e( Vallognes, et encorcs furent con-
Iraincls fournir de munitions les villes frontières sans
leur en avoir esté payé aucune chose ny faict rabaiz sur
leurs charges, lesquelles ont depuis esté grandement
augmentées, de sorte qu'ilz sont réduits en telle néces-
sité qu'ilz n'ont aucun moyen de salisffaire aux demandes
de Sa Majesté , et à cause de la longueur de l'hiver et du
peu de fourrage qu'ils avoient recueilly l'an passé, leur
bestail, qui est le seul moyen qu'ilz ont de faire argent,
est mort, si bien que les moyens leur font défaut, et
d'autant que des cent mil livres qu'il plaist à Sa Ma-
jesté remeclre à cette province, il ne leur en pourroil
estre rabattu que x\ ou xxï" I., qui est petite somme eu
égard à leur pauvreté , mesmes que en ceste amiée les
ecclésiastiques ne pourront estre payez du pauvre
peuple : à ces causes, Messeigneurs , et pour leur donner
quelque moyen de respirer et augmenter la dévotion
qu'ilz oui au service de Sa Majesté, deschargez lesdicls
ecclésiastiques des décimes pour ceste année seulement,
et que de la somme de cent mil Uvres remise au peuple ,
il sera quicte aux cinq élections dudit baillage de la
somme de quarante mil livres.» (Même volume, I. lâgoS,
p. :î26.) — Presque partout les Étals provinciaux avaient
réclamé contre les charges nouvelles et demandé que les
impôts fussent rétablis comme au temps de Louis Xlt;
mais la iNormaniiie s'était signalée par son opposition.
Henri lit envoya même vainement des édits bursaux au
parlement de Rouen et à la (iour des aides, qui en re-
fusèrent l'enregislrement en novembre 1578. C'est ce
qui inquiétait la reine mère.
l'on publioit èsdicis Estais de Normandie;
comme l'on faict aussi de deçà avec pour le
moins aultant de véhémence : car, comme
sçavez, se sont gens plus chauds et colères;
mais j'espère que, selon la dépesche que j'en
ay faicte à Toulouse aux gens de la cour du
Parlement et à Bordeaux aussi avec, les bonnes
lettres que le Roy monsieur mon filz me mande
estre délibéré de leur en faire encores, et
aussi aux baillis et sergeants de son royaume,
serviront beaucoup pour effacer les bruictz et
mauvais feu que les malicieux qui veulient
troubler ce repos ont malicieuzement faict
publier et semer partout, vous priant de lenir
la main ad ce que, pour ces édictz des traites
généralles, l'on regarde au Conseil, comme
j'ay plusieurs fois desjà escript au Roy, mon-
dict sieur et filz, de modérer toutes clioses,
soit par lettres et proclamations expresses et
pleines de grandes raisons, que le Roy mon-
sieur mon filz en a eu avec le consentement ou
advis des Estats généraulx de la province. Et
surtout faictes ouvrir ladicte traite es provinces
de deçà ; car la noblesse se plaint fort de l'in-
terdiction qui est d'exporter les bleds et vins,
dont ilz ont accoustumé d'avoir l'argent comp-
tant des eslrangers : ils n'ont aucun moyen ni
revenu en ces pays que de leurs bleds princi-
pallement. Voilà pourquoy je vous prie tenir
la main, suivant ce que j'escriptz encores pré-
sentement au Roy mondict sieur et filz , ad ce
qu'il en soit pris une bonne et prompte réso-
lution et qui puisse en ce temps fascheux re-
tenir ceste noblesse principallement en l'affec-
tion et dévotion (ju'ils ont tousjours eue au
Roy, mondict sieur et filz.
Je vous prie aussi tenir la main ad ce que
l'on satisfasse et contente mon filz le duc
d'Anjou de ce qui lui a esté promis, et n'y a
rien si nécessaire que chascun cognoisse que
le Roy et luy sont bien ensemble, comme ils
LETTRES DE CATH
sont, jjràecs à Dieu, et laiilt que tous les bons
serviteurs tiennent la main ad ce que cella
continue et augmente plustôt que de diminuer.
J ay escript à mon filz le duc d'Anjou et à ses
principaulx niinisfros la considération qu'ilz
doibvent avoir de la nécessité et peu de moyen
qu'il y a aux finances du Roy, atlin que, avec
la discrétion qu'ilz doibvent, ilz se comportent
aux si fréquentes requesles ([u'ilz font, poui'
mondict filz, au Roy, auquel j'cscripz si am-
plement de Testât de ses affaires par deçà,
que me remectant à la dépesche que je lui en
faiz principallement pour Tordre qu'il doibt
donner pour des provinces, je n'estendray ces-
lecy davantage, priant Dieu, Monsieur de Be-
lièvre, vous avoir en sa sainete et digne garde.
Escript à Nérac, le xyiii""" décembre 1578.
La bien vostre,
Caterine.
1578. — 20 décembre.
Orig. Bibl. nat. , Ancien fonds fraiirais, n^ .'îaoS, f° i8.
A MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, nous avons aujourd'hui ac-
cordé et arresté tous les articles sur ce qu'il
est tesoing de faire en Daulpbiné ' pour Texé-
cution et eslablissement de la paix ; espérant
que, dès ie lendemain de Noël prochain ou bien
peu de temps après, selon que m'asseurc mon
' Le roi suivait de près les affaires que traitait au
loin sa mère : il en informait ses ambassadeurs près les
puissances étrangères. C'est ainsi que , le 1 8 janvier 1 079,
il écrivait à M. du Feirier, son représentant à Venise,
la dépêche suivante que nous trouvons dans ie recueil
des Cinq cenis île Colherl, vol. 867, p. 5']3 :
«... Mes provinces sont autant paisibles qu'il est
possible, si ce n'est qu'en Guienne, s'estant les catho-
liques de ma ville de la RéoUe saisis du chasteau du dit
heu, où il y avoit garnison de la part de ceux de la re-
ugion prétendue réformée, suivant mou édict de paci-
ERINE DE MÉDICIS. ]'[)
liiz le roy de Navarre et ceulx qui sont au[)rès
i de luy, nous ferons nostre conférence et ré-
j souldrons ce qu'il fauldra faire pour Texécu-
I tion et eslablissement dudict édict de pacilTi-
cation en foutes les autres provinces. Cepen-
dant je me délibère de partir. Dieu aydunt,
d'icy lundy prochain pour aller faire ma feste
à Ageu, vous ayant bien voulu faire ce mot
de lettre pour vous advertir de ce que des-
sus, et pour vous dire que, combien qui; je
sois très asseurée que , selon la grande alfec-
lion que je sçay qu'avez au service du Roy
monsieur mon liiz, el à moy particulière-
ment, vous ne fauldrez, suivant ce que vous
m'avez promis et la prière que je vous feis, de
faire contenir ung chascun en repos, sans
s'esmouvoir ni faire chose qui peust apporter
aulcun trouble ny donner occasion à ceulx de
la religion prétendue réformée d'entrer en
aulcun soupçon, aflin que chascun cognoisse
que vous, comme gouverneur et lieutenanl
général du Roy monsieur mon filz audict
pais, avez commandement de luy et de moy
de maintenir toutes choses eu tranquillit''.
Et, pour ce que j'ay esté advertie que delà
la Garonne, il y en a quelques'uns qui, soubs
ombre de ce qui est advenu à la Réolle, veu-
lent se réunir et entreprendre quelque chose
au préjudice du Roy monsieur mon filz, je
vous ay bien voulu faire ce mot de lettre sur
(•este occasion pour vous prier, suivant ce cjue
licalion, la négociation où la Reyne Madame et mère
l'sloil entrée pour l'entier eslablissement de la paix en
a esté quelque temps retardée. Mais elle y a sce» ])(nir-
voir et remédier, de façon que j'estime cela et tout ce
ipii en esloit ensuivy esire à présent accommocb', et
espère qu'en brief elle réduira tout le surplus, tant du-
dict pays qu'en Languedoc et Provence, en estât d'ime
asseurée tranquilité et repos, comme elle a jà réduit les
affaires de mon pays de Dauphiné en si bon chemin
que j'ay occasion de me promettre le voir dans peu de
jours paisible. u
180
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vous m'avez si expressément promis et en quoy
j"ay toute fiance sur vous, de donner ordre
qu'un chascun se contienne en paix et repos,
sans permettre que auicun remue, ne qu'il
soit faict aulcune chose au préjudice de ladicte
paix, pour l'establissemenl de laquelle je suis,
comme sçavez, par deçà suivant l'intention et
désir du Roy monsieur mon filz, et si, pendant
nostre négociation et conférence, il se faisoit
quelque trouble ou entreprise, ce seroit me
mettre en très grande peine et danger et tous
ceulx qui sont icy avec moy : par quoy je vous
prie y avoir très soigneusement l'œil ad ce
que ung chascun se contienne en repos, gar-
dant aussi que ceulx de la religion prétendue
réformée ne facent aulcune surprise, cependant
que je suis après à faire réparer celle qui a
esté faicte de ladicte Réolle, priant Dieu, mon
cousin , vous avoir en sa saincle etdignegarde.
Escript à Nérac, le xx" jour de décembre
1578.
Mon cousin , depuis ceste lettre escripte , j'ay
receu vostre dépesche par le syndic général de
Languedoc , que je suis bien aise qu'il soit venu
icy, je v-ous ay envoyé par l'adresse du sieur
de Valence l'ordonnance que demandez; tout-
tefois, afin qu'il n'en advienne aulcuu retar-
dement, je vous en ay dépesche encores une
aultre, qui sera enclose en ce pacquel, avec la
responsc que je fais aux consuls de Beaucaire,
que je vous prie leur faire tenir, et vous as-
seure que je feray tout ce que je pourray,
afin que mon filz le roy de Navarre pourvoie
à ce que le sieur de Chastillon se déporte
de l'entreprise qu'il faict pour l'advitaillement
du chasteau dudict Beaucaire, et je luy en ay
encores ce matin parlé en colère, et ne cesse-
ray jusqu'à ce que je voye qu'il y ait donné
ordre do telle façon que nous voyons iedict
effect de leur promesses. Je fais ce que je puis
pour faire que la Réolle puisse estre mise entre
les mains de mon cousin le marescbal de Bi-
ron,caraultrementces gens icy ne veulent pas
entrer en conférence.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — 3 1 décembre.
Orig. Bibl. Dat. , Fonds français , n" 338Û . f" 74.
A JlOiV C0USll\
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin , les chanoines de l'église cathé-
drale de Montpellier m'ont présenté requeste
pour les aider et assister à leur faire rendre
les maison et église de Maguelonnei,qui est oc-
cupée depuis les pénultièmes troubles jusques
à présent par un gentilhomme catholique ap-
pelé S' Brès soubs prétexte de quelque con-
trat passé entre eulx, ayant esté contraints
d'interrompre l'exercice du service divin et de
leurs charges , depuis qu'ilz sontsorlis de Mont-
pellier, pour n'avoir lieu, dans Iedict diocèse,
oi!i se pouvoir assembler; et, pour autant que
c'est une chose fort scandaleuse de veoir les
catholiques se faire mal et empeschement les
ungs les autres, j'ay bien voulu vous faire ceste
lectre, pour vous prier, mon cousin, aultant
que je puis, de faire remectre lesdicts cha-
moines en leur maison avec le raisonnable
consentement dudict s' de Brès; car il a assez
de lieu pour les loger tous. Et s'il y a difié-
rend entre eux pour quelque vente des fruits
de risle de Magueloune, il se peut terminer
par la voye de la justice, sans les priver de
leur habitation, qui est, comme chascun sçait,
' Ce bel éililice esl situé à 10 kilomètres de Moiil-
pellier, dans une presqu'île formée par l'étang de Thon :
il a été conserve grâce à la générosité d'un archéologue,
M. Fabrèges, qui en est à la fois le propriétaire et l'his-
torien.
LETTRES DE CATH
ainsi qu'ils m'ont fait enlrniiro, le lieu de l'an-
cien siège épiscopal de iadicte éylise cathe'-
draie. Et m'asseurant que vous tiendrez la main
à ce que dessus, faisant en sorte que la seu-
relé et service du Roy monsieur mon filz soit
audict lieu que j'ai entendu estro d'importance,
je ne vous feray ceste-cy plus longue que pour
prier Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincte et digue garde.
Escript à Ne'rac, le xxi"" jour de de'cembre
1578.
ERINE DE MEDIGIS.
181
Vostre bonne cousine.
iATERINE.
1578. — 9 3 décembre.
Copie, lîibi. Dat. , Fonds fraiiçui?, n'33oo, 1" lai '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, j'ay veu les articles et re-
monstrances que voz subjects de ia religion pré-
tendue reforme'e de vostre pais de Daulphiné
ont envoyées icy par le député le conseiller
Calignon -, présent porteur, qui a monstre,
pour ia bonne affection qu'ilz ont tous de ce
costé au bien de la paL\, tant de désir suivant
la cliarge qui luy a esté donnée, qu'il fauit que
je vous dye. Monsieur mon filz, que leur en dcb-
vez sçavoir très bon gre'et en particulier grat-
tifier ledict Calignon; car il a ouvert le clie-
min de nostre conférence et pris la plus courte
voye et le meilleur expédient, comme doibvent
faire gens qui ont désir de procedder fran-
.chement et d'aller promptement au devant
■ En marge : tr Envoyée au Roy par Monsieur le ba-
ron de Vaulsac. »
- SofTrey de Calignon, né à Sainl-Secoude de Voiron,
près Grenoble, en i55o, mort à Paris en septembre
1606; l'un d'S agents les plus actifs, les plus intel-
ligents de Henri IV, qui lui donna la place de chance-
lier de Kavarre. — La Bibl. Nat. possède une copie de
son livre sur les guerres du connétable de Lesdiguières.
du mal (jue la lonjfueur amène jjar fiiulle de
l'exécution do vostre édict de pacillication; el
n'a pu tenir à luv, mais au contraire a i'aict
tout ce qu'il a peu ad ce (jue l'on procédast
générallemcnt pour ce qui est à faire eu
toutes les autres provinces ensemblement; el
veoyant que mondicl lilz le roy ne Navarre
et ceul.x qui sont auprès de luy de sa reli-
gion le remectoient à iiuant le reste de leurs
députez seroient arrivez, icelluy Calignon
leur a francbement déclaré qu'il avoit cliarge
de ceul.\ qui l'avoienl depputé d'accelléier les
cboses, pour ce que la longueur nourrissoit
toujours le mal dont ils avoienl la guérison par
le moien de vostre édict de pacification, duquel
ilz se contentoient audict pais de Daulpliiné,
et qu'il ne falloit que l'e.vécuteret pourveoir à
aulcnnes particullarilez faciles et aisées, dont
il avoit cbarge de me faire remonstrances et
re(iuestes, par les mémoires et instructions sur
lesquelz ilz avoient dressé des articles que j'ay
trouvez assez raisonnables, lesaiant respondu
par l'advis de ceulx de vostre Conseil qui
sont icy, sauf toutesfoys ce qu'il \ous plaira
d'en ordonner; mais je pense que vous aurez
agréable ce que j'en ayfaictet verrez (|uej"en
ay signée vous priant sur cela en faire bail-
ler promptement les e.xpédicious audict Cali-
gnon et au sieur baron de Saulsac, que je
vous asseure qui vous y a dignement et de
très grande affection servy, en sorte (|u'il on
a mérité de fort bonne gratifficacion. il vous
plaira aussy luy fayre bailler les lectres
' Ces (tarticlesn nous sont conservés, avec les obser-
vations de la reine mère, dans le ms. l'r. 3.3i9, f' I2.3,
et nous les eussions donnés en Appendice, s'ils n'avaient
déjà été publiés par M. J. Roman dans ses Documents
sur lit Réforme et les guerres de religion en Dauphiné
(Grenoble, 1890, in-8°, p. 378-39Ù). Signés à Nérac
par Catherine le 19 décembre 1578. ils ftirent confir-
més par le roi le ao janvier 1579; mais Calignon fui
désavoué par la niajoriti!' dos protestants.
182
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
et commandemens de vostre volunté, affin
que luy et ledicl Calignon retournent en
dilipence ensemblement en Daulphiné re-
trouver le s' de Maugirou, pour taire exécuter
promptement le tout qui est entièrement con-
forme à vostredict édict, sans qu'il luy soyt
augmenté ny diminué : et, comme vous verrez,
tous vos subjectz audict païs joyront par ce
raoien bientost du bien de la paix; la restitu-
tion de vos villes sera promptement faicle;
vostre justice y régnera, et toutes choses se re-
mectront bientost. Dieu aydant, entièrement
soubz vostre auclorite' avec la dignité qui y
est requise. J'ay trouvé bon, comme aussy
ont lesditz sieurs de vostre Conseil , et croy que
vous l'aurez aussy très agréable , que ayons faict
pour ledict païs Daulphiné, espérant que fe-
rons aussy par les autres provinces la mesme
chose, que verrez qu'avons faict pour la con-
servation des ungs et des autres voz subjectz,
à Tentretenement de vostredict édict et à la
seurelé d'entre eulx. Quelques ungs de ceulx
qui sont icy ne pourroient bonnement consen-
tir que cela se feist ainsy, estimant que beau-
coup feront diCGculté de s'obliger de respondre
d'auUuv, principailement de leurs serviteurs;
mais pourtant a-il peusé qu'il se feroit ainsi;
et sera besoing qu'il vous plaise, affin qu'il
ne se forme aulcune difficulté en l'exécution ,
que vous en escripviez de bonnes lectres, non
seullemeut audict sieur de Maugiron, qui,
je m'asseure, y fera tout ce qu'il se peut pour
vostre service, mais à ceulx de la noblesse et
des villes dudict païs, affin que, suivant ce
que mesmes ils en ont proposé audict païs et
ce qui en est résolu et accordé par lesdictz
articles, chascun entre franchement en ceste
obligacion mutuelle, qui est le vray moien
pour réunir tous voz subjectz en la vraye
obéissance qu'ilz vous doibvent et en amitié
entre eulx. Je remectz le surplus audict sieur
baron de Saulsac, présent porteur, et audict
Calignon, priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Saincte Marye\ le xïii"°"
décembre 1578^.
1578. — 9.4 décembre.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, a° 3ao3, f* 36.
A MON COnSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, combien que je vous aye puis
naguères escript de faire contenir ung chacun
en paix el repos en l'estendue de vostre gouver-
nement, aiusy que je suis très asseurée que
vous ferez, toutesfois, pour le grant préjudice
que ce seroit s'il se faisoit ou enlreprenoit
quelque chose au préjudice de cella, à présent
que les deppulez de tous ceulx de la relliglon
prétendue réformée sont arrivez et que je suis
en espérance que Dieu nous fera la grâce qu'en
la conférence que nous commencerons bien-
tost nous y résouldi-ons ce qui est nécessaire
pour mectre ung chacun en parfaicte paix et
' Port-Sainle-Marie , où la reine mère, venant de
Nérac, passa presque tout le mois de janvier 1579, est
une petite \ille sur la Garonne, à a o kilomètres d'Agen,
à l'Est, el à peu près à même distance de Nérac, au Sud.
- Le même jour Pinart écrivait au Roi, de Port-
Sainte-Marie, une assez longue lettre, dont l'original se
trouve au n° 15560 du fonds fr. , fol. i5o, et qu'on ana-
lyse ainsi : rLe s' Pinait mande au Roi que la Reyne
sa mère et la Reyne de Navarre sont parties de Nérac el
sont arrivées au Port-Sainte-.Marie. Les articles du Dau-
phiné ont été arrêtés, mais non acceptés par le Roy de
Navarre ny les siens, quoique le député Calignon les
leur aist communiqués, disant que le Dauphiné est sé-
paré de luy et qu'il n'est question que de l'exécution de
i'édit de pacification. Les députés du Languedoc sont
attendus. Arrivée du s' de Maintenon à Nérac. Le s' de
Saussac et les députez de Dauphiné vont trouver le Roy.
Le maréchal, le s' de Duras et quelques autres sout ve-
nus rendre compte de la Réole. Le Roy de Navarre pro-
met l'exéculion de I'édit de pacification. -^
LETTRES DE CATIIKiilINE DE MÉDICIS.
18S
repos suivant IVdirl de parifliralion, je vous
ay bien voulu faire encores ce mot de lettre
pour vous prier, autant que je sçay que vous
aymez le bien du service du Roy monsieur
mon fîlz, vous veuilles tousjours rontinuer à si
bien tenir la main qu'un cliarun se contienne
en Testendue de vostredict g^onvornement, as-
seurant tons les peuples et subjets du Rov
mondict S' et fîlz qu'en peu de jours j'ay
ceste bonne espérance en Dieu que la susdicte
résolution sera faicte à son honneur et gloire,
au contentement d'un rhnscun et au repos et
union de tous, priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, lexxiiii'jour
de Décembre 1578.
Mon cousin, il y a desjà deux ou trois jours
que le gentilhomme que m'avez envoyé el
par lequel vous m'avez escript de vostre main
est arrivé; mais, pour ce que sa maison est
icy près, aussy que je désire premièrement
veoir ce qu'adviendra de la réduction de la
Rp'olle et ce que nous re'souldrons du jour
el lieu de nostre conférence que je vouldrois
bien faire hors de Ne'rac, j'ai retenu le gen-
tilhomme, pour le vous renvoyer avec plus de
résolution des choses susdicles.
Mon cousin, depuis ceste lectre escripte,
j'ay eu advis que les liabitans de Langon ont
tué La Pallu du Ciron , qui y estoit cappitai ne;
dont j'ay donné incontinant advis de faire
informer, et que la justice en sera prompte-
mentet exemplairement fairle, etd'y pourveoir
aussy pour la seureté de iadicte ville, vous
priant tenir la main que personne ne s'esmeuve
sur ceste occasion.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1578. — a/4-2(3 décembre.
Copie. Bibl. nal. , Fonds franrais. n" 33ou, f' 116 %".
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, depuis le parlement de
Giraudel, j'ay tousjours continuellement pour-
suivy el requis mon filz le roy de Navarre de
rommancer nostre conférence pour le faict de
la (iuienne,dont tous les dépuiez esloient icy,
et que cependant les trois députez de Lan-
guedoc qui restoient à venir arriveroienl, luv
aiant faicl avec assez de raisons congnoisire
que toutes ces remises et excuses ne me sa-
lisfaisoienl poincl : pourtant je n'y a y peu
rien gaigner; bien ay-je faict que le conseil-
ler Calignon, depputé de Daulphiné, m'a re-
quise de le dépescher pour ledict pais de Daul-
phiné, ce que j'ay faict; mais mondict filz le
roy de Navarre, ne pas ung de ceulx qui son!
avecques luy, n'onl vouUu y intervenir, disant
que ceulx de Daulphiné faisoient leurs allaires
à part et s'esloienl aucunement se'parez d'eulx.
Touteffoys, j'ay bien sceu que ledict Calignoii
leur a communicqué les mémoires et instiuc-
tions qu'il avoil el la charge que ceulx d'icel-
luy pais lui ont donnée, comme aussy le baron
de Saulsac eu esloil tesmoing pour avoii- as-
sisté à toutes leurs assemblées et résolutions,
de me présenter leurs articles et remons-
trances promplement el, sans attendre ny
me.sler leur faict avec les aultres, leur por-
ter incontinent les résolution et expédicions
pour l'exécution et eslablissemenl de l'édict
de paciflîcation, afin de redimer le pais des-
dictz maulx et calamitez qu'ilz souffrent en-
cores. Ce m'a esté ung grant plaisir que cela
soit ainsy advenu ; car j'ay, avec i'advis de mon
cousin le cardinal de Rourbon et des s" de
' En marge : tt Envoyée au Roy par Foucqiies Taii-
cret, chevaulclieur ordinaire de son esriirie.i
18^
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vostre Conseil qui sont ioy respondu et sa-
tisfaict an rontenu desdictz articles de Daiil-
phiné pour réxécution et establissement du-
diet édict, en sorte qu'ilz sont contents, et
m'asseure que vous aurez aussy très agréable
ce que ay faict; car il n'y a rien qui ne soyt
porté par vostredict édict, sinon des seuretez
et promesses que les catholicques et ceulx de
ladicte religion se donneront Tuug à l'aultre
pour leur conservacion, et, parmesme moien,
doibvent entièrement rendre toutes les villes,
qui est une très bonne chose et, par cela, le
chemin ouvert pour les aultres provinces de
deçà, tellement que j'espère qu'incontinent
après cesie teste de Noël, qui est le terme que
mondict filz le roy de Navarre et ceulx qui sont
avecques luy ont pris pour toutes préficlions
et délays de commencer nostre conférence,
nous aurons bien tost faict, s'ilz veuUent; mais
je crains tant leurs remises que je ne sçay en-
cores que vous en asseurer, aussy qu'ilz dient
résolument ne vouloir entrer en ladicte confé-
rence que la Réolle ne soit restituée, mepro-
mectans lors me rendre Florence. Je faictz ce
que je puis pour accélérer le faict de ladicte
Héolle. Vous avez veu ce que j'en ay accordé
premièrement avec le sieur de Duras et puis
après avecques mondict filz le roy de Navarre,
qui y a envoyé le sieur du Sac dont nous nous
sommes accordez pour l'exécuter de sa part,
et moy le sieur de La Mothe-Fénelon , pour
faire accélérer toutes choses, et aussy pour
faire relascher les basieaux, que ce maulvais
homme lecappitaineFavas' faisoitarrestersur
la rivière passant devant ladicte Réolle, et
' Ce Favas, que Catherine détestait à bon droit,
s'appelait Jean do Favas, seij;ueur de Castetz en Dorlbe;
il avait été d'abord ratholiiine. Il fut un des serviteurs
fidèles de Henri IV, et ne nioufut qu'on 1G18. Ses Mé-
moires incomplets ont été publiés par la Société des bi-
bliophiles de Guyenne.
y avoyt desjà mis uug nouveau subside qu'il
disoit estre pour entretenir les soldai/ eslran-
gers qu'il avoit faict venir audict lieu de la
Réelle. Je n'ay point eu encores de nouvelles de
mon cousin le mareschal de Biron depuis l'arri-
vée dudict du Sac; mais je pense que, luyesfant
iceliuy sieur de Sac parent et aulcunement
agréable aux catholicques des environs de la-
dicte Réolle, qu'il y fera plus que nul autre , et
que lesdictz catholiques de la Réolle, ceulx qui
eu sont voisins et aussy ceulx qui sont dans le
chasteau voyant que ledict du Sac, homme
fort paisible, est destiné pour entrer en ceste
charge au lieu dudict Favas, je crov, comme
ledict sieurde La Mothe m'a rapporté, que cella
facillitera bien les choses de la part desdiclz
catholicques, combien qu'à vous dire la vérité,
il se soit faict, comme sçay encores qu'il se
pourra faire par iceulx catholiques des environs
et qui avoient , ad ce que j'ay entendu , corres-
pondance avec aulcuns de Bourdeaulx, et quel-
ques gentilzhomnies que je vous nommeray une
aultre foys, qui sont demeurez durant ces trou-
bles en leurs maisons et qui n'ont pas estésy
pretz d'aller à la guerre et de s'employer pour
vostre service, quand il en a esté temps, que
de me traverser audict faict de la Réolle, dont
ilz n'ont pas seulement cuidé interrompre la
négociacion, pour laquelle je ne sav encores
bouncment qu'en penser; mais rallumer du
tout le feu de la guerre, s'estans assemblez cin-
(|uante ou soixante M** ^ résidans du costé de la
Garonne , qui , soubz umbre de venir veoir ledict
mareschal de Biron à Marmaude, luy mirent le
cerveau à partir; à mesmes temps il courut uug
bruict du costé de Périgort et de Quercy qu'il
s'en estoit assemblé d'autres qui marchoient
aussi; sur cela ledict sieur roy de Navarre et
' Cette abréviation veut-elle dire Ministres ou Maistres ,
dans le sens de gentilshommes? Nous n'osons nous pro-
noncer.
LETTRES DF, CATHERINE DE MEDICIS.
185
ceux qui snni aiiproz de luy, doiil iiucuii? de
leurfostc- ne veulleiit pas la paix, comme aussy
il n'y en a pas laulle de noslre costé qui ne
la désirent nullement, prindrent lallarme, de
telle sorte qu'ilz renforcèrent incontinant la
j]arnison de ladicle Réolle et des aultres lieux
qu'ilz occupent. CependanI Ton mect dans le-
dict chasteau de la Réolle des farines, du vin
et du poisson salle, que je croy qui viennent
de Bourdeaulx; daultre costé, Favas com-
mande aux catholiques de la basse ville de
la RéoU(! de porter leurs biens, sur peyne du
feu, eu la baulte ville (jui est la plus forte.
Tout cecy advint en ung moment et n'eusl
esté l'ordre que j'y donnay, escripvant à l'ins-
tant en toute dillijjeuce partout pour faire
contenir la noblesse du costé de deçà ladicte
Garonne , oij sont tous les plus braves gentilz-
hommes, et qu'il fault que je vous dye que j'ay
tellement ramenez, qu'au lieu (pi'ilz estoient
comme alliihiez de l'alfectioii qu'ilz doibveni
à vous et à vostre service, il n'y en a poinct
dans vostre royaulme qui soient mieuix en-
couraigez, ne de qui vous puissiez fayre plus
seur estât; car oultre qu'ilz ont la valleur, ils
ont les moiens. Et croiez que ceulx là ont pa-
reillement grand pouvoir d'assembler promp-
tenient beaucoup de noblesse et de vous faire
de bons services non seulement par deçà,
mais hors d'icv, en toi lieu que vostre service
le pourroit requérir; et pour ce je vous dl-
ray, en passant, qu'il est besoiug, comme
je vous ay faict entendre par mes préceddentes
.dépesclies, (|ue en fiiciez cas, comme je les ay
bien asseurez que faictes et les gratifiei'ez,
(juandles occasions se présenteront. J'escripvis
aussy à l'instant aux autres, qui estoient allé
trouver ledict sieur marescbal de Biron à
Marmande, ne pensant pas qu'ils l'eussent en-
cores partiz ny qu'ilz prissent ce chemin là,
et envoyé mes lectres en leurs maisons, es en-
Catiirhine de Médicis. — vi.
virons desquelh's j'avois sceu par niondict iilz
le roy de Navarre et le viconte de Turenne que;
se faisoit l'assemblée desdictz gentilzhommes;
mais le lendemain , avant que le couriier
feust de i-elour, ledict marescbal de Riron
m'escripvit comme ilz lestoienl allez veoir,
pour sçavoir de luy ce qu'ilz avoienl à l'aire,
d'aultanl qu'ilz veoyent leurs villaiges pleins
de gens de guerre de la religion, qui vivoient
à discrc'tion et conimençoient à fayre beau-
coup de maulx. Et tost après, icelluy niares-
clial de Rirou m'escripvit encores une aultre
lectre, par laquelle il me faict entendre que
lesdictz de la religion ont pris des prisonniers,
entr'aulres ung gentilhomme appelle Fargues
et ung aultre (pii faict et manie tous ses af-
faires, et davantaige qu'ilz ont surpris la ville
deRelleveue Montpazier', dont luy appartient
le revenu, et la ville de Villefrauche, pouj'sui-
vans encore d'en surprendre d'autres, ce que
je feiz à l'instant entendre et m'en plaigniz fort
instamment à mondictzfilz le roy de Navarre,
audict viconte de Turenne et aux aultres qui
sont avecques eulx, en la présence de Beau-
regard, que ledict marescbal de Riron avoit
envoyé, et depuis encores eu la présence du
sieur de La Motbe-Fénelon , après son retour
de devers ledict marescbal de Riron; sur
toutes ces choses, du premier coup, mondict
filz le roy de Navarre et les siens monstrèreut
de n'en rien croire, mais depuis, sur une re-
charge que m'en a faict icelluy marescbal de
Riron, il semble qu'il en soit quelque chose.
Aussi, pour y rénu'dier, veoyant que le sieur
d'Escars estoit sur le poinct de s'en aller en
sa maison , j'ay proposé à mondict Iilz le roy de
Navarre qu'aiant de mon costé donné ordre
que tous les catholiques demeureroient sans
rien entreprendre, et puisqu'il voit la peyne
' Montpazier, rhef-lieu de canton, à 44 kilomètres
de BcÊ-gerac, à 7 kilomètres du château de Biron.
2&
180
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
que je prenois pour ie faict de la Réoile, qu'en
attendant nostre conférence il commist, de sa
part, quelqu'un qui eust créance parmi ceulx de
sa relligion, lequel allast avec icelluy sieur d'Es-
cars pour faire cesser et empescher tous actes
d'hostillité des costez dessusdictz, qui estoient
sur le chemin d'icoUuy sieur d'Escars et jusques
en Périgort, suivant la commission que je
feiz à l'instant dresser, dont je vous envoyé le
double et sur laquelle ilz ont voullu depuis
délibérer, combien que hier sur l'heure ilz
l'eussent trouvé très bonne et nommé Se'gur
pour aller avecques ledict sieur d'Escars, y
vouUans fayre adjouster pouvoir de faire ren-
dre audict sieur roy de Navarre les chasteaux
de Montignac et Nontron ', dont ilz m'ont faict
ce malin très grande instance.
Je ne veulx oublier à vous dyre que, parmy
toutes ces choses, ledict jour d'hier, inconti-
nant après disner, arriva en ce lieu de Nérac
le sieur de Maintenon-, qui me donna une
très grande joye et rontentemont d'entendre
par luy si amplement de vos bonnes nouvelles.
Et après l'avoyr quelque temps ouy sur les
principalles choses dont il avoyl charge de
vostre part, je feys assembler mondict filz le
roy de Navarre en ma chambre, où ma tille,
la royne de Navarre, sa femme, mon cousin
le cardinal de Bourbon, les autres s" de
vostre Conseil et aussv ledict viconte de Tu-
' Ce sont les cliâteaux dont il a été parlé plus iiaul.
Voir p. 68 et la note.
^ Dans sa lettre du 5 décembre, que nous publions
en Appendice, et qui a trait piesque entièrement à la
Réole, le roi annonce pour le jour suivant le départ de
M. de Maintenon , qui arriva à Port Sainte-Marie ie 35,
mais dont nous n'avons pas la dépècbe. En revanche,
nous avons retrouvé la lettre de Henri III au marécbal
de Damville du lendemain 6 décembre. Nous la donnons
à la suite, car elle achève d'indiquer clairement la po-
litique royale, toute de concession au roi de Navarre et
aux protestants.
renne, Guitry, le chancelier Gratin, Lezignan,
Ségav et Le Pin estoient , pour oyr la charge
qu'avoit de vous ledict sieur de Maintenon,
qui avoit auparavant pre'senté toutes les lec-
tres qu'aviez escriptes de vostre main à mon-
dict filz le roy de Navarre et auxdictz autres
sieurs; et aiant en leur présence dict à mon
filz le roy de Navarre la délibéracion oij
j'estois de venir en ce lieu pour fayre ma feste,
et que je désirois sçavoir au vray quel jour
nous commencerions nostre conférence, et,
après avoir aussy débatu du grand préjudice
et inconvéniens qu'amenoient ces longueurs,
le priant qu'en attendant les aultres députez
nous feissions la Guienne, mon filz ie roy de
Navarre m'a dict, s'excusant qu'il n'avoit
tenu ny ne tenoit à luy ny à ceulx de sondict
party que ladicte conférence ne se feist plus
tost, mais qu'ilz estoient contrainctz d'atten-
dre leurs députez; qu'il falloit nécessairement
qu'ilz feussent tous ensemble pour faire une
chose bien soUide, n'y aiant de ri^n peu ser-
vir l'exemple de ceulx de Daulphiné et l'in-
stance que je leur dis que faisoit le député de
Lauraguais d'estre dépesché de mesmes; et
surtout mondict filz le roy de Navarre m'a
promis que depuis huict ou dix jours nostre-
dicte conférence se commenceroit et qu'il me
prioit qu'elle ne se feist poinct aultre part
qu'audict lieu de Nérac, estant tout ce que j'en
ay peu tirer de promesse. Vray est que j'ay
sceu depuis que les derniers députés de Lan-
guedoc qu'ilz attendoient sont à Thoulouse et
seront bientost audict Nérac, de sorte qu'ilz
n'auront plus aucune excuse; mais, si je puis,
je feray en sorte que, pour e'viter tous doubles
oij sont ceulx qui sont avecques moy, ladicte
conférence se fera ailleurs qu'audict Nérac, et
feray conduire cela avec mondict filz le roy
do Navarre durant ces quatre ou cinq jours
d'entre cy et Noël.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
187
Je reviendra) à vous dire qu'après tout
cela repronaul le propos de i'ariive'e dudict
sieur de Maintenon, je leys lire, en la présence
que dessus, rinslruction que luy aviez l'aict
bailler par escript; niais mondiel filz le roy
de Na\arre et ceulx de sa religion se sentirent
picquez de quelques parolles contenues en
icelle instruction, (|u"iis trouvèrent aigres, et
feireut sur l'heure déinonstracion d'en estre
l'oit fasehez; mais après y avoir par eulx bien
pensé, aussi qu'ilz ne se peuvent excuser
qu'ilz n'aient (ort desdictes longueurs et
qu'elles n'aient esté cause d'amener ces nou-
veaux inconvéniens, qu'ilz se sont depuis fort
modërez, m'aianl dicl mondict filz le roy de
Navarre, parlant ce matin dudict Nérac, qu'il
accellèrera ladicte conférence, mais qu'il vou-
droit bien n'assister poinct à icelle et en laisser
laire ausdictz députez. A'ous venons, selon \o
conseil qu'ils en pranderont avec ceulx qui
sont icy pour vosire service, d'y faire ce qui se
pourra; mais pour ce quepremièrement il faut
adviser pour le mieulx (et vous asseure. Mou-
sieur mon filz, que je n'y oublieray aucune
chose de ce qui sera pour vostre service), audict
faictde la Réolle,afrindcleur oster toute occa-
sion de diliation et obvier à tous les empescbe-
nicjis et traverses que je veoy bien ([ue l'on veult
l'ayre sur les résolucions qu'en avons prises, en
l'exécution desquelles il m'a semblé que d'une
part et d'autre l'on ne marche pas de si bon
pied que je vouldrois, j'ay faict venir eu ce
lieu ledict mareschal de Biron, le s' de Duras
et iedict sieur d'Ussac, ausquelz après avoir
parlé et disputé encores longuement avecques
eulx et le général Legast et aussy avecques les
conseillers Camiran etiMalain, que j'ay pareil-
lement fait venir icy, sur les difficultés qu'ilz
me proposoient, principallement ledict sieur
de Duras, des nouvelles doubles et craintes oi'i
estoient rentrez ceulx qui sont dans le chasteau
de ladicte La Réolle; enfin, après avoir sur-
monté toutes les difficullez, nous avons ré-
solu ([ue icelluy sieur de Duras et lesdicls gé-
néral Le Gas et conseillers Camiran et Malaiu '
s'en relourneroient à la lié(dle : et sont à l'ins-
tanl parliz, afFin de faire en sorte avec eulx
qu'ilz sntisfaceut à ce qui a esté promis et
qu'avez veu ])ar ma dernière despesche que
je leur ay baillée signée de ma main, leur
aiant, pour aucunement les contenter, promis
de faire ce que je pourrois pour faire accorder
par mondict filz le roy de Navarre ce que ver-
rez en ung mémoyre et doubles articles que
je luy ay envoyez par Guitry, que je luy escrip-
vis, à mon arrivée en ce lieu, l'ayre venir icy;
mais je ne pense pas qu'ilz accordent ledict
article faisant niencion (ju'en cas ijue nostre
conférence ne réussist, que mondict filz le roi
do Navarre et ceulx de sa religion rendent la-
dicte Réolle : aussi ledict sieur de Duras et
les aullres ne doibvent pas faire de dilficulté;
et en reste résolution sont-ilz partiz d'avec
moy de satisfaire au contenu de ce (jui a esté
cy devant accordé; pour quoy faire de la part
de ceulx de ladicte religion prétendue réfor-
mée, ledict sieur d'Ussac (jui est agn-able aux
catholiques, s'en va aussi audict lieu de la
Réolle, de sorte que j'espère dans cejourdhuy
eu avoyr bonnes nouvelles'-. Cependant ledict
Guitry s'en relourne trouver mondiel filz le
roy de Navarre, ijui a, comme j'ay bien sceu,
receu leclres de mon cousin le duc de Mont-
pensier, qu'il avoit envoyé visiter et qui se porte
bien, grâces à Dieu, à présent, par lesrpielles
il luy l'aict entendre et oultre cela a dict de
bouche au geulilhoiume qui l'estoil allé visiter
qu'il avoit aucunes particullari tez de très grande
importance à dire à mondict filz le roy de
' Ces trois personnages n'ont pn élre identifiés.
' En marge : trEscrit au Porl-S'°-Marie le xxn' dé-
cembre 1578.15
188 LKTTP.ES DE CATHl
\;iv:iri-e; iiiai-i qu'il no pouvciit lopasser la ri-
viôro de la flaioiine sans l'aire trop grand tori
à sa santé . cl sur cela l'admoneste par leclres ol
di' bouche de voulloir que nostre conl'e'rence se
fasse deçà la rivière de ladicte Garonne et qu'il
s'\ lrou\cra. Sur cela, dont j'avois desjà faict
([uêlque ouverture à niondict iilz le roy de
\avarre. sur une lettre que hiv diz à Nérac que
mon cousin le duc de Montpensier uiVn avoil
escripl. j'en av parli' icy audici (uiilry et es-
criptz à mondicl fîlz le roy de Navarre, pour
faire en sorte, s'il est possible, que puissions
faire en ce lieu nostredictc conférence, |iour
laquelle ilz ne sçauroient plus avoii' d'excuse:
cni' tous leurs depputez sont arrivez, ou pour
le plus lard ilz le seront d'icv à deux ou tmi-
jours. à ce ipie uia dicl l'ung des secrétaires
dudici sieur roy de Navarre, qui estoit allé,
comme je vous cscripvis d'Aucli, liasler ceulx
du Lanijuediic.
(lopendanl je vous diray aussi, .Monsieur
mou filz. (]u :■ connue je vous escripviz der-
nièrement poin- la ville de Gondom, qui es-
toit, ainsv ([n'avez veu par mesdictes leclres,
loute brouillée par les (|uorelles des lieule-
nans ijénéral et particuHier et autres qui soii>-
tiennenl leurs pailvz, je disposav si bien
les choses quand j'v feuz, et depuis v ay es-
cript si frr'i[iienleinenl pour les faiii' vivre en
paix, puisque les deux lieuteuans eu estoient
sorliz, (nie Icsdiclz liabilans se sont accordez
d'obse
du(iuel
ie le
double, (jue le sieur de S'-Oreins' (jue j'y ay
laissé, le chevalier de Moutluc et les aulti'es
;jentilzbonimeset habitans l'ont signé pour tout
!e reste de ceuh de ladict(> ville, et niov je l'av
' Franrois ili? Cas>;i;;iii.'t de Tilladel. seigneur de
Sainl-Oiirens, ou Saint-Oreiis, chevalier de Tordre dd
roi, rapitaino de oiiiquaiile liommes d'armes et sénéchal
de Bazadais, dont il es! plusieurs fois question dans
I tiisloiro de l!iindoui a celle époque.
P.IM- DE MEDICIS.
agréé soubz vostre bon plaisir et jus(pies ad ce
que autrement en soit par vous ordonni\ comme
il est porté par ledict double sur lecjuel il vous
plaira escripre vostre volunlé audict sieur de
S'-()reins, chevalier de Montluc et habitans
de ladicte ville, et par mesme nioien regarder
quel estât il vous plaist d'ordonner audici
sieur de S'-Oreins pour deuieurei en la-
diclo ville, et où et comment .s'en prendroient
les deniers. Il dicl (jue cv devant, ([uant il v
a esté, il avoil deus cens livres par mois et
autres commoditez (ju'il prenoil sur lesdiclz
liabilan-, lextpu'lz, ad ce i|ne je veovs, sont
maiutenaul foii pauvres cl endestez de grandes
sommes pour le^dictes charges et alTaircs qu'ilz
ont eues durant ces troubles, ad ce qu'ilz
m'ont faict entendre, ce qui mérite conside'-
racion.
Monsieur mon Iilz, aussi tost que j'euz
i-eceu par ledicl sieur de Mainlenon vostre
lectre faisant meucion des depputez de vostre
Paileraent de Bordeaulx, qui sont à vostre
suitle, j'escripviz incontinent à ceulx de la
Chamlue d' \gen envoyer diligemment ceulx
qu'ilz m'ont escript cy devant avoir d('j)u-
tez. pour aller devers vous et estre oyz sur
ce (jue ceulx dudict Parlement de Bourdeauix
[)oursuivent, Hz leussenl partvz, il y a long
temps, ad ce que j'ay sceu, n'eusl esté que
les catholicques, qui servent à présent en
ladicte chambre, pensoient s'en retourner au-
dict Bourdeauix. aiant servi sept mois comme
ilz oui, ce qu'ilz m'ont bien remonstré, et
voulloient que je les licenciasse; mais pour ce
que cela eust amené très grand désordre en
vos all'avres et principallement sur le poiuct
que nous sommes de nostredicte conférence,
je leur ay bien expressément mandé ne dés-
emparer ladicte chambre d'.\gen, jusques ad
ce (pie vous eussiez advisé les aullres qui de-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
189
vront les relever et y aller servir après eulx;
et, affin que vous y j)uissiez plus aizément
regarder, je vous envoyé la liste des pre'si-
dens et conseillers avecques les annotacions et
mémoires sur chascun d'iceulx, nfin que plus
aizément vous en puissiez choisir le nombre et
faire faire les dépeschcs pour ce nécessaires.
Cependant, affin que ceulx qui servent à pré-
sent continuassent, j'ay faict prendre en voz
receples généralles ce que Ton v a peu trouver
d'argent comptant, pour les fayre paier d'une
partyecequi leur est deu de leurs varquations
et des C. livres que leurs avez ordonnez, à la
charge de faire remplacer la somme que l'on
prandera en vozdictes rcceptes des deniers
que l'on lève pour l'entretènement de ladicte
chambre, priant Dieu, l\lonsiour mon filz, vous
avoyr en sa saincle et digne garde.
Escript au Port-Saincte-Marye, le wiin"""
jour de décembre 1678.
Monsieur mon filz', depuis ceste leclre es-
cripte, j'ay eu advis que les habitans de Lan-
gon-, qui sont tous ou peu s'en fîudt hugue-
notz, ont tué le cappitaine La Salle du Siron,
qui esloit catliolicque, et lequel mondict filz
le roy de Navarre avoit mis audict Langon^
pour leur commander; il leur faisoit, ad ce
que j'entends, beaucoup d'exactions, et avoit
aucunes conditions semblables à ce cappitaine
Favas de la Réolle. Toutesfois je ne sçay en-
' En titre : «Postscript de lad. dépesclie , envoyée par
Tancret.n
' Langon, ville fiir la live gauclie de la Garonne, à
trois lieues de Bazas et presque en face de la Réole. On
y voit encore les restes de deux enceintes fodilices; c'était
une place de guerre au temps de l'occupation anglaise
et des trouilles religieux du siècle suivant.
' Le même jour (26 décembre) le roi de Navarre,
écrivant au vicomte de Turennc et se plaignant de la
surprise de Langon par les ratlioliqncs, lui annonce qu'il
envoie le sieur de Bégole près de lui et près de la reine
cores pourquoy ny comme cela s'est passé;
mais à l'instant j'ay pourvou et donné ordre
d'advertir partout, allia (pie personne soubz
cette coulleur, ne prist occasion de se remuer;
et si ay aussy promptcnient donné ordre d'eu
envoyer incontinent iuformer par ceulx de la
chambre establye à Agen, afin d'en faire faire
justice exemplaire, aiant par mesme moien
escript à l'instant à mondict filz le roy de
Navarre d'y envoler pour quelques jours le
s" de Bégor, qui est à luy, et uéaiitmoings
calholicque, afin qu'il y puisse composer et
establir le repos, avecques le conseiller Alollé,
qui y ira passer et séjourner deux ou trois
jours ou aultant qu'il en sera besoing, jusques
ad ce que tout y soit bien remis en repos.
Je faiz passer ledict Molié jusques à Bour-
dcaulx, pour ce que je crains que ce qui est
advenu audict Langon y feist fayre quelque
remuement, comme il y en a grande appa-
rence et qu'il seuible qu'ilz en aycnt envye et
n'en cherchent que l'occasion, combien que
je leur escripve fort souvent, comme je feiz
encores le jourd'huy, pour les faire contenir;
mais il n'y a poinct de seureté qu'ilz le facent.
si ce n'est qu'ilz veoyent lousjours (jnelqu'un
qui soit après de ma part pour les en admo-
nester, aianl pour ce faire choisy ledict iMollé,
qui s'y est desjà cy devant fort dignement
comporté, estant audict Bourdeaulx pour la
commission qu'il vous a pieu luy envoyer pour
mère pour demander justice, ajoutant qu'il ne souhaite
que (rrestabiissement d'une bonne paix, pour couper
chemin aux maulx qui nons gaignentn. Lettres missives
de Henri IV, t. VIII, p. i3j.
Bégor et Bégole doivent être le même personnage.
Son vrai nom est Antoine, sieur de Bégoles, capitaine
au service du roi de Navarre.
Les lellres de la reine et do son gendre sont assez
contradictoires; mais sans doule, dans ces séditions per-
pétuelles, chacun rejetait la responsabilité sur le parti
opposé.
190
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
le faict du clergé, en laquelle il a encores assez
à s'y emploier. C'est mon filz le roi de Na-
varre qui m'a donné le premier cest advis
deLaiigon, et semble qu'il jugeoit par là que
ce seroit encores une nouvelle brouillerye pour
traverser nostre confe'rence.
Siir([uoy ^ dirt au viconte de Turenne, qu'il
avoiticy envoyé dès le matin vers moy et versma
fille, la royne de Navarre, sa femme, que toutes
ces choses icy advenoieut par la longueur où ilz
me tenoient il y a si long temps pour nostre
conférence, dont néantmoings ilz s'excusent
tousjours sur leurs députez qui ne pouvoient
venir plus tôt, et après plusieurs raisons que
vous aviez et moy pareillement avecquesgrande
occasion de nous en fascher, que je désirois,
puisque tous lesdictz députez estoient arrivez
ou que le reste arriveroit demayn, que lundy
prochain nous puissions commancer nostre-
dicte conférence , icy ou en quelque aulf re lieu ,
tel que l'on adviseroit, oiî chascun peust estre
librement, et que je désiroys pour tous ceulx
qui sont avecques moy, carde moy je ne m'en
souciois poinct, que ce ne feust pas à Nérac.
Il y a une petite abbaye de religieuses qui est
tout icy contre, mais de la rivière de la Ga-
ronne, où nous nous pourrions assembler, si
leurs depputez font difficulté de venir en ceste
ville : je pense en avoir responce avant disner,
et peut-estre que mondict filz le roi de Na-
varre, à ce que m'a dict madicle fille, pourra
venir icy à disner, afin que nous nous resoul-
dions du lieu et du jour, car ilz n'ont plus d'ex-
cuse et ne sçauroient avecques raisons davan-
taige prolonger, estant tous ieursdictz députez
arrivez, ou ce qui reste à venir sera icy de-
mayn.
Escript audict Port-Saincte-Marye, le ven-
dredy xxvi"""" décembre 1578, au matin.
' Eu marge : «Du jour de feste de Noël.»
Monsieur mon filz\ mondict filz, le roy de
Navarre est arrivé icy sur le disner; nous nous
sommes assemblez où estoient tous ceulx de
vostre conseil qui sont auprès de moy, et
avecques luy le viconte de Turenne, Guitry et
Ségur. Nous avons premièrement parlé et ar-
resté ce que feront à Langon lesdictz conseil-
lers MoUé et Beigors, aianl esté à l'instant faict
uug ample mémoyre de ce qu'ilz auront à faire
audict Langon, pour faire remectre les ville
et chasteau, suivant vostre édict, en paiz et en
repos, et ledict chasteau es main de François,
monsieur de Candalle'^. Nous avons, mondict
filz le roy de Navarre et moy, signé les iectres,
instruction et commission qui ont pour ce
esté expédiées, en sorte que je pense qu'il n'y
aura pas de ce rosté là grande difficulté; et,
affin que ceulx qui ont i'aict ceste faulte ue
s'opiniaslrent pas contre ceulx de la Réelle,
nous avons faict différer d'informer et pour-
suivre la justice de maléfice jusquesad ce que
ledict Langon soit en nostre puissance et toutes
choses bien reposées et les solda Iz estrangers
sortiz, et quelques autres, que l'on m'a asseu-
rez estre de iadicte religion, qui sont là au-
près en des villaiges qui s'estendent jusques
vers la RéoUe, soient séparez, comme mon-
dict filz le roy de Navarre m'a asseuré et pro-
mis que ledict Beigors fera fayre. Nous avons
aussi parlé d'envoyer partout pour faire cesser
tous actes d'hostillité, suivant la commission
que vous verrez en ceste dépesche, et ainsy
qu'il est cy devant déclairé, que j'avois faict
' En titre : «Aultre proscript de lad. dépesche, en-
voyée au Roy par led. Tancri'l.i
- François de Foix, de Candalte, qu'il ne faut pas
confoudre avec le savant évèque d'Aire, était, ainsi que
sa fenune, gouverneur de Langon. On leur remit la
place, et nous les voyons plus tard demander à ce
qu'elle ne soit pas démantelée. (Lettre du roi de Navarre
au maréchal de Biron, du 7 août 1579.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
191
dresser pour le sieur d'Escars et Se'gur pour
aller en Quercy, Périgort et Limousin; mais
ledict Se'gur s'en est excusé, car aussi a-t-ii
bien mal aux yeux: et avons arrosté que mon-
dict filz le roy de Navarre escripra à ceulx do
son parly en ces quartiers là pour cest effecl
et que ledict sieur d'Escars s'y emploira aussv.
Et puis, nous sommes venus à parler du lieu
et du jour de nostre conférence; sur quov je
les ay instamment requis, mais je nenavpeu
avoir aullre résolucion, sinon qu'il falloit at-
tendre que tous leursdictz députez feussent
arrivez à Ae'rac. où eulx mesmes disent qu'ilz
les attendent dedans demayu ou dimanche,
ni'aiant faict assez clairement entendre que, si
l'on parloit de changer ledict lieu de Nérac
avant que lesdictz députez y fussent arrivez,
qu'il y auroit danger entendant ces nouvelles
qu'ilz s'en retournassent : ce qui m'a faict taire,
et n'ay plus parle' que du jour que nous com-
mancerions nostredicte conférence; mais ilz
m'ont répondu et dict plusieurs foys, quel-
ques remonstrances que je leur aye peu faire
des inconvéniens qu'amenoient ces longueurs,
que ne'antmoings il leur failoit bien huict ou
dixjours pour communiquer ensemble. Créiez,
Monsieur mon filz, que j'ay oy ceste remise
fort mal voilontiers et que je n'ay rien oublié
à leur dire du tort qu'ilz faisoient à voslrc
service et à eulx mesmes; mais pourtant n\
puis-je faire aultre chose, prenans tousjours
leurs excuses sur la RéoUe. qu'ils veullent avoir
premier que commencer ladicte conférence.
Aussy leur ay-je bien dict que je veux de mesme
qu'ilz me rendent Florence, à quoy ilz s'accor-
dent; mais ilz parlent sur cela de Lauzerte,
pour laquelle néantmoings, après leur avoir
faict entendre que c'est une des villes qu'ilz
doibvent rendre suivant voslre édict, ilz s'y
condescendent, pourveu que l'on leur rende
ladicte Réolle, de laquelle le sieur de Duras,
par une lectre qu'il m'a ce matin escripte, me
donne bonne espérance en quoy. par la res-
ponse que je luy ay faicte : je l'admoneste de
ce qu'il se peut, et le général Gas, conseiller
Camiran et Mnlain, que j'ay envoyez avecques
luy, pour ce qu'ilz ont très grande accointance
avecque ceulx (|ui ont surprins et qui sont de-
dans le chasteau. Les bonnes nouvelles que
j'en espère demain ou bientost après vous se-
ront portées par ledict baron de Saulsac, que
je vous dépescheray aussy tost qu'il sera de
retour de Nérar. Cependant je vous dirav.
Monsieur mon filz. que mondict filz le roy
de Navarre me prie vous requérir luy accorder
unesurcéancc, jusques après nostredicte con-
férence, du procès que mon cousin le duc de
Nevers poursuict à présent contre luy pour
le conté d'Armaignac. Il vous plaira m'en es-
cripre vostre volunté, et si c'est chose qui soit
raisonnable la luy accorder.
Escript au Port- Sainte- Marie, le xxvi"""
de décembre 1678, au soir.
Mondict filz le roy de Navarre ^ dict qu'il ne
peut avoir les tiltres qui peuvent servir à son-
dict procès jusques ad ce que je luv aye faict
rendre le chasteau de Monlaignac, ce que je
ne me délibère pas fayre, jusqu'ad ce que nous
ayons résolu l'entière exécution de vostre édict.
Excusez-moy, je vous prye, si je ne vous es-
criptz pour ceste heure de ma mayn; car j"ay
mon mal de bras que m'avez veu quelquefois,
qui me descend jusques sur la main, que j'en
ay enflée; mais j'espère jiourtant d'en estre
bien tost du tout guérye.
' En titre : «Aullie po«lcripl de lad. déjieschc en-
voyée par ied. Taucret.i)
En même temps, Tancret portait au roi une irPro-
messen et un rMémoirei sur ia fiéole, deu\ jiièces que
l'on trouvera à VAppenitice.
192
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1578. — 27 iIcicemLro.
Oiig. llibl. ini]i. lie Snir.l-Pétoisbourg, \ol. X\ , f" 4S.
AU ROY
iVONSlEUR .MON FILZ.
Monsieur mon filz, suivant ce que j'avois
escript au capitaine La Fougère, lieutenant du
chasteau neuf de Baioune,il m'est venu trouver
en ce lieu, d'où j'ay advisé le vous envoyer,
suivant ce que je vous en ay cy-devant faict
entendre et que vous l'avez trouvé bon, comme
j'ay veu par ce qu'il vous a pieu me mander. Je
vous envoyé la lettre que le sieur de la Hillière
m'a escripte par luy, qui vous fera entendre
amplement le bel et me'morabie œuvre que c'est
que duBoucault dudict Bayonne ', pour lequel
il vous plaira aider encores aux pauvres habi-
tans,aflinqu'ilz puissent rendre, comme il sera
aisé , ledicl œuvre en toute perfection et hors de
lout danger d'en advenir inconve'nient. Je vous
envoyé aussi la lettre que m'en escripvent
lesdictz habitans, affin qu'il vous plaise en
prandre, sur icelle et ce que je vous escripviz
dernièrement, une bonne résolution. Cepen-
dant je prie Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, le xxvii'' de
décembre 1678.
De sa main : Je vous aseure, Monsieur
mon filz, que, quelque chause que l'on vous
(lie, (jue je le panse homme de bien, et aurés
plus tost aupinion que l'on l'eult acusé la
vostre enbasadeur pour le feire haulter, pour
le conestre trop fidèle, afin n'y aytant il uset
inilieur moyen de feyre cet qu'il désire; fête
iv quelque bien sy le pouvés.
Vostre bonne et affectionnée mère.
Caterinb.
Voir plus liant, p. 61, note 1, ol plus loin, p. a8i.
1578. — 39 décembre.
Copie. 13ibl. liai., Fonds français, n" 33oo , f^ i£j.
[AU ROY MONSIEUR M0> FILS^]
Monsieur mon filz, oultre la dépesche que
je vous faictz pour le faict de Daulphiné par
le baron de Saulsac et le conseiller Calignon,
qui revinrent seullement hier soir de Mérac,
je n'ay voulu laisser partir ledict baron de
Saulsac, qui est très affectionné à vostre ser-
vice, sans par luv vous faire encores ceste
dépesche et vous dire que, depuis celle que
je vous feiz avant hier, il se veoid encores plus
clairement comme aulcuns de l'une et de
l'aulfre religion qui ne veuUent la paix, font
leurs grandz effortz, non seullement pour nous
I empescher d'entrer en conférence, mais aussy,
par les maulvais déportemens dont ilz usent
et font user, nous remectre du tout à la guerre,
se congnoissaul bien que de ce qui s'est fïùct
à Langon, si ce n'a esté de la menée mesmes
d'aulcuns catholicques de la Béolle, pour le
moings y ont ils adhéré ou n'ont pas faict
semblant de s'apercoNoir de ce qui s'y debvoil
exécuter, estans bien aizes que ceulx de la
religion recommancassent quelque nouvelle
brouillerye comme ceste là, pour avoyr plus
d'occasion de faire remuer les catholicques, qui
n'out pas cessé de faire démonstration de leur
costé de s'en vouloir remuer, quel([ue dilli-
gence que j'aye peu fayre d'escripre partout,
mesmes à Bourdeaulx, et d'envoyer le con-
seiller Molle et le sieur de Bcigors, qui est au
Roy de Navarre, avec lectres et instructions,
comme je vous ay escript, pour faire apaiser
audict Langon ceste émotion et pour faire
' En marge : (r Envoyée au Roy par ledicl s' baron de
Saulsac. n — Les rtArticlesn que la reine mère avait si-
gnés pour les protestants du Daupbiné furent portés a
Paris par Saulsac, qui alla ensuile les remettre à Mau-
giron , à Grenoble, quand le roi les eut approuvés.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
193
séparer et retirer tous les gens de j;uerre, tant
cadiolicques que huguenots, qui estoicnt en
campaigne dans tous ces ([uartiers ià, où, s'il
est vray ce que l'on dict, ceulx de la religion
pre'Iendue réformée ont faict do grands dés-
ordres, dont les sieurs niaresclial de Biron et de
Duras m'ont baillé ung grant mémoire, escript
de la main dudict niareschal de Biion , (|ue j'av
baillé aux sieurs de Piebrac et de La Motbe-
Fénelou , pour le monstrer à mon fiiz le roy de
Navarre, vers lequel je les ay envoyez, affin
di^ luy fayre veovr parlicullièrenienl lesdictz
désordres que l'ont lesdictz gens de guerre de
la religion. Sur quoy je m'attends bien que,
de la part de ceulx de sadicte religion, il ne
fauldra pas, ainsy qu'il a desjà faict, de faire
beaucoup de plaintes: car, comme dict est, il
y en a beaucoup de leur costé, aussy bien que
du nostre, qui font tout ce qu'ilz peuvent pour
nous troubler. Toulesfois je persévère toujours
pour surmonter tout cela, et n'oublie aulcun
moien que je puisse penser pour remeddier
et aller au devant de toutes ces traverses,
poursuivant, il y a desjà quelques jours, avec-
(jues toute instance, moudict fdz le roy de
Navarre et ceulx qui sont auprès de luy de
sa religion, de nous résouldre ensemble d'en-
voyer en cbascune des séneschauisées de ce
païs deux gentilzhommes, l'ung catholicque,
et l'aultre de la dicte religion, avecques ex-
presse commission et instruction de nous
pour faire cesser du tout, en attendant nostre
dicte conférence, tous actes d'hostillité et ré-
parer et faire faire justice des désordres qui
sont advenuz, principallemcnl depuis la sur-
prinsc de la Réolle, et aussi pour arrcster le
mai , qui, sans cela, va tousjours augmentant,
et qui enfin nous mectroict à la guerre. Ils
dient bien lousjours qu'ilz le veulient, mais
pourtant iiz ne vienneni au poiucl de nommer
et députer gens de leur pari, et semble qu'il
ClTHEIllNE DE ^lÉDICIS. VI.
soit quebjue ciiose des entre|)riuses que les-
dictz mnresclial de Hiron et sieur de Duras
m'ont dict (|u'ilz avoient sur plusieurs villes,
comme il est porté par ledict mémoire, baillé
ansdidz sieurs de Piebrac et de La IMothe; el
crains bien qu'ilz les veulient tenter premier
que de donner l'ordre dessusdict, pour se re-
vancber, s'ils peuvent, plus qu'au double de
la surprinse de ladicte la Réolle. Toutesfoys
j'ay adverty, par tous les lieux où nous en
avons soubson, de se tenir sur ses gardes et
néantmoings n'esmouvoir rien qui puisse
altérer davanlaige les choses qui ue le sont
desjà, à mon très grand regret, que trop; et,
s'il n'y est promptement remédyé, comme
j'ay donné charge ausdiclz sieuis de Plel)rac
et de La Mothe-Fénelon de dire à mondict
lilz le roy de Navarre, je crains bien que le
feu se rallume si fort, qu'au lieu de procedder,
du commancement de nostiedicle conférence,
comme je désirois que feissions, à garder les
moiens de l'exécution de l'édict, il faudra
emploier beaucoup de temps pour r('parer les
maulx qui se feront et on arrester le cours et
maulvais commencement que j'y veois. Toutes-
fois, Monsieur mon lilz, croiez, s'il vous
plaist, que je n'obmecfray lien de tout ce qui
se peult penser pour le plus court chemin à
l'exécution de vostre dict édict, et faire ipie
nous puissions joyr du bien de la paix , (pielque
traverse que l'on m'y veuille donner.
Il est aussy advenu une nouvelle brouillerye
à Condom, comme vous verrez par les lectres
que je vous envoyé des sieurs de Sain(l-( Jreins
etclievalierdeMontluc',avantla réception des-
quelles aiant sceu ce {jarbouge-, je députay
incontinent le sieur de Bcaupuy et l'envoyav
' Jean de Monliic, chevalier de Malle, (ils du iiiani-
clial, d'aljord coionei des légionnaires de Guyenne, puis
évèque de Condom, de 1671 à i58t.
Garbuuge pour gratiig-e, comme plus Laut,p. lôg.
a5
niU£I\lC ^AT1I>
194
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
dès hier au matin avec lectres et instruction
bien expresse pour y fayre donner ordre et
remédier par l'advis desdictz sieurs chevalier
de Montluc, Saint -Oreins et autres gentiiz-
hommes qu'il trouvera eu iadicte ville de Con-
dom , oii j'ai sceu qu'il y en est accouru d'une
part et d'aultre, et favorisant les ungs la con-
frairie sainct Pierre, et les aultres celle de
sainct Arnauld, n'estanspoinct, à ce que j'en-
tends, meslez en cela les habitans de Iadicte
ville qui sont de Iadicte religion prétendue re-
formée; et procedde tout cecy encores de la
querelle des deux lieutenans. Je vous prie,
Monsieur mon fdz , m'envoyer les dépesches
dont je vous ay naguères escript pourypour-
veoir à bon escient. Cependant je vous diray
que le président de Saygis et ung des con-
seillers de la Chambre d'Agen sont venuz icy,
où je les ay oyz. Aiant veu que ceulx de Ia-
dicte Chambre n'avoient pas grant désir de
députer et envoyer quelqu'un d'eulx pour
respondre aux députez de la court de parle-
ment de Bourdeaulx sur les difficultez de leur
règlement, aussi qu'ilz n'eussent peu fayre
ledict voiaige sans fraiz et dépense pour vous,
dont on ne sçait où prendre l'argent, aussy
que ce seroit tousjours diminuer le nombre
de ceulx de la Chambre, qui n'est pas trop
grande pour tant d'affaires qui surviennent et
peuvent survenir tous les jours es divers en-
droictz où il en fault envoier, je leuray [fait],
par l'advis de ceux de vostre conseil qui sont
icv près de moy, vous envoyer par escript
tout ce que leurs depputez eussent peu dire
el remonstrer verballenient eu vostre conseil
sur cela. Leur dépesche sera encloze en ce
pacquet, et vous prye d'en faire faire promp-
temenl une résohicion; car, pendant que
Iadicte court de Parlement de Bourdeaulx el
Iadicte Chambre d'Agen seront aussy en dé-
bat et mal reiglez, vostre justice ne sera poinct
bien administrée, et y aura tousjours des
plainctes.
Monsieur mon filz, le lieutenant du Chas-
teau neuf de Bayonne m'est venu librement
trouver en ce lieu, suivant ce que je luy
avois escript. Je luy ay commandé vous aller
trouver, comme il m'a dict qu'il fera, vous
aiant par luy escript ung mot de lectre, par
lequel vous verrez l'opinion que j'ay de luy,
qui est que c'est ung simple homme et que
je ne pense pas que, s'il estoit tombé en
quelque faulte ou praticque, il veint si libre-
ment comme il a desjà l'aict par deux fois sur
une simple lectre. Toutesfoys je remectz en
vous de faire comme il vous plaira, et serois
bien d'advis, pour oster tout soubson, que
luy feissiez quelque récompense de la charge
qu'il a audict chasteau , où, à ce qu'il m'a dict,
il a laissé son frère en son lieu, comme il a
accoustumé de fayre quand il part dudict
Bayonne. Je ne sçay si ce seroit poinct celluy
là qui eust la praticque que vous sçavez. 11
sera besoing aussy, à toutes adventures, que
vous y pourveoyiez, escripvant incontinant
au sieur de la Hillière ce que vouliez qui soit
faict en cela. Quand je manday ledict lieu-
tenant, j'escripviz audict La Hillière mectre
quelqu'un en son lieu audict Chasteau neuf,
dL' qui il se fiast; et me suis trouvée aucune-
ment en peyne, depuis que j'ai dict audict
lieutenant qu'il vous allast trouver pour vous
rendre compte de Testât où est le Boucault
et ce qu'il faudroit encores pour le para-
chepver. Il me dict avoir laissé sondicl frère
audict Chasteau neuf pour y commander en
son lieu. Voyl.à pourquoy il sera bon que
promptement vous vous resouldiez de ce que
en vouldrez fayre; car je veoy bien qu'il y a
beaucoup de diverses praticques et moiens
de toutes parts, en ces costez de deçà, qui ne
tendent qu'à préjudicier vostre service. Quand
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
195
le sieur de Mainionon s'en retoiiriiei'a, je vous
en manderay de bien estranjji's, ausquelles
j'espère que, par vostre prudence, vous sçaurcz
bien remédier, Dieu aydant, auquel je prie vous
avoyr en sa saincte e( digne garde.
Escript au PorlSaincte-Marye, le xxix""' de'-
cembre 1678.
Monsieur mon filz S depuis ceste lectre
escripte, les sieurs de Piebrac et de La
Mothe-Fénelon sont ce soir arrivez de Nérac,
et afin que vous puissiez plus amplement
entendre la response que leur a f'aicte mon
dict filz le Roy de Navarre sur tout ce que
je leur avois donné charge luy dire de ma
part, je vous envoyé la lectre qu'il m'a es-
cripte par euix, avecques le double d'un
petit mémoyre des chefz et articles dont je
leur avois donné charge, sur lequel il a faict
apostiller sommairement ses responses; e( a
donne' charge audicis sieur de Piebrac et la
Mothe me dire davanlaige que [si] je veulx que
la conférence se fasse icy, qu'il y envoyra les-
dictz desputez, mais qu'il ne s'y trouvera
poinct, disant que tous iesdictz despuiez ont
charge de ceulx qui y sont envoyez de l'en
reque'rir, si ce n'estoit que nous feissions la-
dite conférence à Nérac ou à Lecloure, où il
dict qu'il seroit bien enipesché et honteux, si
j'y vouUois aller, pour ce qu'il n'a pas commo-
dité de m'y recepvoir comme il désirereait. Je
suis bien empeschée de ce que j'en lésoul-
deray, ^t taschcray de fayre encores avecques
. lesdiclz despuiez , s'ilz les m'envoyent icv comme
il me promect, qu'ilz le requièrent d'y venir.
Et alBn qu'il y ait moins de doubte, je feray,
s'il est possible, en sorte que mes cousins
les ducs de Montpensier et prince Daulpliin
y seront pour le moings au commanceiiieut
' F.u titre : ttPoslicripl.n
de nostredicte conférence. Ce pendant je ne
fauldruy, si Guilry est icy diimain de bonne
heure, comme il m'est promis par Icdict mé-
moyre, de fayre partir le mareschal de Biron,
le sieur de Duras et luy, jtour aller cnsle fois
du tout efiectucr le laid de la Kéolle, pour
laquelle l'on me promect qu'il ne se fera plus
aucunes difficultcz. Toulesfoys je veoy la con-
tenance et les parolles d'aucuns, quand je
parie de la paix, si contraires à cela, (]ue je
ne m'en puis asseurer que ne la veoye effec-
tuer. Je suys en merveilleuse perplexilé de
veoir tant de maulvaise volunté d'une part et
d'aullre. Toutesfois je m'esvertueray tellement
que j'espère, avecques l'aide de Dieu, (jui suc-
citera les gens de bien aymans vostre service
el le bien du Royaulme, que nous vien-
drons à bout d'ung si bon œuvre, que je sçay
bien que tous ces desputez désirent conformé-
ment à vostre édict, sur quoy ilz sont admo-
nestez de demander la garde d'aucunes villes
pour quelque temps, ce m'a-on dict. Et à ce
propos, je vous envoyé le double d'une lectre
et de deux mémoyres que l'on m'a faict veoir
avecques desseing, car ilz ont (>sté adressés à
quelqu'un qui esticy que l'on se dobloit bien
qui me les monstreroit : ce que toulesfoys je
n'ay ))as faict semblant de congnoisire.
1578. — 39 décembre.
Orig. Ililil. nal. , Foriils i'rainviis , ii" loslo, C /i5.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, à ce que j'ay veu
par les deux lettres que m'avez escriptes
le dernier jour du mois passé et du vu' de
cestuy-cy, les choses sont très mai passées
en Normandie en la tenue des Estats dudict
pays, n'estant pas croyable que le peuple,
de soy, ait fait les résolutions que m'avez
196
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
envoyées par escript, dont javois auparavant
eu advis du Roy, monsieur mon filz, sans qu'il
y ayt eu de la mesnée d'aulcuns qui de'sirent
troubler le repos et les affaires du Roy mon-
sieur mon filz, qui, je m'asseure, y sçaura
par sa prudence très bien renieddier, avec
l'ayde de Dieu et le debvoir de ses bons ser-
viteurs, comme vous estes, et que, suivant ce
que je vous en ay escript de ma main, vous
vous y emploierez comme vous y estes natu-
rellement oblige' et que c'est vostre debvoir,
ayant la charge que vous avez du Roy mon-
(iict S"' et filz, lequel je sçay bien qu'il
vous aime et estime, comme aussy méritent
vostre valeur et les services qu'avez faits à
luy et à ses prédécesseurs, dont il se soub-
viendra. Et, quant à moy, je n'oublieray les
lui ramentevoir, l'occasion se présentant pour
vostre advancement; mais aussy faut-il (jue
vous continuiez à faire ce que debvez pour
son service, et suis bien esbahie que vous et
les aultres gouverneurs n'ayez pourveu à des-
tourner ces résolutions, comme je ne double
pas qu'il n'ait esté aizé, estant l'intention du
Roy monsieur mon filz de luy-mesme, envers
ses peuples et ses subjects pour leur soulai-
gement, telle qu'il n'est point de besoing de
l'en admonester, car il y est assez enclin et
avoit bien délibéré (combien que la commis-
sion de la tenue desdits Estats portast ce qui
s'est levé l'année passée) d'en remettre né-
antmoings le plus qu'il pourroit à ses sub-
jects. Faictes donc. Monsieur de Matignon,
tous les bons ofiSces que vous pourrez en cecy,
et croiez que le Roy et moy particulièreuient
vous en sraurons le gré que vous mériterez.
Cependantje vousdiray que jeudy prochain,
premier jour de l'an, nous commencerons (à
bon jour, bon œuvre) nosire conférence pour
l'establissenient de la paix, espérans que
nous en ferons une bonne et heureuse résolu-
tion, aydant Dieu, lequel je prie. Monsieur
de Matignon, vous avoir en sa sainte garde.
Escript au Port-Saiute-Marie, le ixis^^^jour
de décenibre i 578.
De sa main : J'é bien veu par vos letres
que n'estes point fou ay batif ensemble et que
ne chengeréjeamès vostre afection, comme cet
que avés fect preuve de très Cdel suget et bon
serviteur de vostre Roy, de quoy je suys bien
ayse pour l'amitié que vous porte, etjem'aseure
que, cet voyés à bonne aysien qu'il y enn aye
qui faset ce feu, que ne fauldré à l'ayre, cet
pouvés, corne aivés fest à Mongomery^, et je
vous prie n'enn atendre le comendement,
mes fête le, et soyés le premier à rompre à set
que aurés moyen toutes ces entreprises; et
velà coment il vous fault vanger de vos enne-
mis, cet en avès, en bien servent vostre Roy.
(Iaterine.
1578. — 3o décenibre.
Copie. Bibl. nal. , Cini| cents Colberl , a' 3i5 , f° 358.
A MONSIEUR DABAIN,
SIEUR DE L.4 ROCHE-POZAY.
J'ay eu tant d'affaires, depuis mon parte-
ment de Paris, à pourveoir aux grandes et im-
portantes affaires qui sont en ce pays, que je
n'ay eu loisir de penser à ce que m'escripvites,
il V a desja assez longtemps, sur ce que vous
estoient allé dire aulcun.s du duché d'Urbain,
où j'ay tel droict que je puis dire que ce
duché m'appartient comme la conté d'Au-
vergne, qui est de mon propre et privé héri-
taige. Voilà pourquoy je vous prie de m'es^
' Malignon avait, sur l'ordre de Catherine, pris Mon-
gomery dans Donifront au mois de mai iS^i , quelques
jours avanl la mort de Charles IX. — Voir la curieuse
lettre du 3 juin i Û74 , dans laquelle elle Ini recommande
de ne pas le laisser échapper. Tome V, p. i.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
cripre clairement ce ([ue vous de'claièrcnt ceux
(jui parlèrenl à vous, et saicliez deux quels
197
moyens ils ont. et que c'est qu'ils désiroient
de moy, qui vous prie aussy approfondir cela
si bien avec eux, que m'en puissiez csclaircir
et repre'senter au viay tout ce qu'ils veulent
et désirent faire en cela pour moy, et ce ([ue
aussy ils vouldroient que je fisse pour eux,
avec lesquels il faut conduire le tout si secret-
tement que personne n'en ait le vent jusques
à ce que les choses sovent en estai. Je vous
en\oyeray par escripl mes droicls justifiés de
titres sy bons, qu'il n'y a neuile difliculte';
mais ce ne sera point jusqu'à ce que j'aye
eu de vos nouvelles. Cependant je vous diray
que si nous avons à nous aider en cela,
comme je crois qu'il fauldra faire, de N. S.
Père, je seray bien aise, qu'en estant assiste'e
de luy, comme il luy seia facile, car il ne
sera question que de confirmer i'inveslilure
que mes prédécesseurs et mov en avons,
je sçauray bien de ma part, et il y a de
quoy en ce Royaulme des biens que j'y ay
en propre, faire ung bon advantaige à son
fils bastard\ si nostre saint Père veut em-
brasser cette aftaire et y assister mon esqui-
table droict. Mnis je vous prie derechef que
personne du monde n'entende rien de tout
ce que je vous en escrips jusques à ce que
j'aye eu de vos nouvelles sur ce que dessus,
et que aurez entendu comme vous aurez à
vous y comporter, dont je vous adverliray aussy-
tost que j'auray eu response de vous à celte
lettre; pour fin de laquelle je vous diray que
' Grégoire XIII, de l'illiislre famille de Boncompa-
gni , enseigna 1res jeune encore la jurisprudence à Bo-
logne; c'est là sans doute qu'il eut un fds naturel, qu'il
nomma plus lard, lorsqu'il devint pape, gouvernenr du
château Saint-Auge, qu'il maria à une riche héritière,
ayant autorisé la république de Venise à l'inscrire sur
sou livre de noblesse et le roi d'Espagne à en faire un
général.
j'esjière, après beaucoup de travail (jue jav eu ,
que nous commencerons le premier jour de
l'an (bon jour, bon œuvre) nostre conférence
avec mon filz le roy de Navarre' et les députtés
de ceux de la relijjion prétendue reformée qui
sont tous arrivés; et espère <|ue la fin de
nostre conférence sera heureuse au bien et
repos de ce royaulme, paix et union de tous
les subjects du Roy monsieur mon fils; dont
je prie Dieu de tout mon cœur, et vous
avoir, Monsieur Dabain, en sa saincte et digne
garde.
Escript à -, le xxx' jour de dé-
cembre 1578.
CvTKKINE.
1578. — .3) décembre.
Copie. Bil)l. n.it. , Funils friiurais, ti° ;:.'îo<>, ^ lù'i v"-'.
[AU ROY MONSIEUR M0\ FILS.]
Monsieur mon fils, le sieur de Guilrv arriva
hier soir, avec charge de mon fils le Roy de
.Navarre d'aller effectuer de sa pari à laRéolle,
avec les sieurs maréchal de Riron et de Duras*,
ce qui avoit esté accordé. Premier que fust
entré ledict Guitry en ma chambre, où j'avois
faict assembler ceuvdu Conseil , je demanday
aux sieurs de Riron et de Duras ce qu'ils re-
quéroient pour aller exécuter ce quv avoit
esté accordé. Sur quoy, par ce qu'ils me
' On verra plus loin ce qu'écrivail M. d'Abain sur les
senliinenls du pape au sujet des négociations de la
reine mère.
' Le manuscrit porte un blanc; mais les dépêches se
suivent par ordre chronologique, et la lettre a été cer-
tainement écrite à Port-Saiute-Marie.
' En marge : tr Envoyée au Roy par lod. s' baron de
Saulsac. n
* Jean de Durforl, vicomte de Duras, chambellan du
roi de Navarre, auquel d'Llssac avait remis la Réole lor.s
de la surprise du 32 novembre.
J98
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
(lireiil l'unjj apivs riiiiltif. cl puis lous (Unix
tMiseiiilflr. il sr (•(iujineiit liicn qu'ils u avoieni
uculle envie d'entrer à aulcun expédient pour
|)iocedder en recv sinct-rement, mais, au cou-
traii-e, loruièreul nouvelles difficullés, repré-
seiit.iul Idusjouis, priueipallenienl le sieur de
Duras, i|u'il \alloil mieux jeter du tout hors
(le la Uéoile les huguenots, cpie de l'aire ainsy
sortir les ralliolirques du chasteau, et qu'il
ne veo\nil nul ino\en de le faire de cette fai-on,
qu'il leur voulloil tenir la proni(>sse (pi'il
leur avoit l'aiele, qui es! que jamais le capi-
taine Favas ne se trouveroil de\anl eux qu'ils
u'altenlasscnl à sa vie, et qu'il sa\oit bien
que les ralhidic(|ues qui sont dans le chasteau
se laisscroient plus lost foudroyer (]ue de veoir
seidiemcnt Faxas; mais que, si je voullois,
ils l'auiuient liieutost jette' hors la ville et
toute la garnison des huguenots i[ui y est,
me faisant, sur ce, toutes les dilliculte's du
monde sur l'inleipretation drs articles que je
lu\ avois accordés dès que j'estois à Auch et
dont je vous envoyay lors le double pour
ceu\ du chasteau. \'A le inareschal de Riron,
daullre cosié, adhérant à tout cela et tendant
tous deux à mesme oppiuioii, ni oui cuidé
faire [lerdre patience et fus coutraincte de
parlera eu\ (comme l'on dict), des grosses
dents, leur disant ciui'. puis(]u'ils nous \oul-
Idienl remettre à la guerre, ce (jue je sçavois
bien (jui estoit contre voslie intention et
l'occasion ])our laipielle je suis veneue, et
aussy(piecc seroit le plus grand mal qui pusl
jamais advenir en ceUovaulme; que, puisque
ainsy estoit qu'ils se rendoient tant difficiles
et faisoienl nom elles dinicullés où il n'en
falloit point faire, que j'irois moy-mesme
pour faire rendre la Uéoile, que je partirois
ce matin; mais ipie si j'y trouxois ditlirulté
contre ce qui ni'avoit esté promis, princi-
pallement par les conseillers Caniirau et
Malain et général Gas (comme ils savoienl
très bien), (jue je les fe rois pendre tous trois
sur le champ. Et comme ils me virent eu
cette résolution, ils se modérèrent aulcune-
ment: et fut ouvert l'expédient de la descharge
(jue je leur baiUeiois, qui fut à l'instant mise
[lar escript, et puis je lis entrer Guilrv. en la
présence duqu(d le sieur de Duras nous forma
encore une nouvelle difficulté, qui nous cuida
accrocher plus que devant, sur la forme de
faire sortir Favas, que le roy de Navarre dé-
^iroit que loslant du gouvernement de la
Réoll(N il V commandast pi'emièrement une
heure ou deux. Enfin, après bien des contes-
tations, cela ne s'est peu bien accorder, sinon
qu'ils m'ont promis tous de faire, cliacung de
son costé et par bonne intelligence, en sorte
qu'ils composeront ces choses, et elTecteuront
ce qui est porté par les mémoire et instruc-
tions baillés au mareschal de Biron. Et ils
partent ce matin pour cet elïect, dont je vous
av voulleu encore donner advis pur le sieur
de Saulsac, et vous dire cpu' le roy de Na-
varre m'a encore mandé i)ar Guitry, (jui m'a
aussv asseuré, que leurs deputtés seront ce-
jourd'huy ou demain à \érac, et qu'ils me
\ieudront trouver. .le suis délibérée, si nous
ne pouvons accorder que le Hoy de Navarre
vienne icy faire nostre conférence, de veoir
les cahiers de leurs d(>putt('s, et y respondre
par escript; et après nous nous assemiderons,
le roy de Navarre et moy, pour achever de
résouidre le tout. Nous venons de faire en
cela pour le mieux, dont je vous advertiray,
incontinent que nous auions commencé, par
le sieur de Alaintenon . que je retiens jusques à
cette heure là. Priant Dieu, Monsieur mon
fils, vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marye, le dernier
jour de l'an 1 678.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
199
1579. — /i janvli'r.
On'i;. Bibl. nal., Fonds franfais, n° 33.'ii, f as.
A .MON coism
LE S"^ DE DAMVILLE,
MARÉCHAL DS PnA.>CB, GOCTEHNEUB ET LTEUTEN4NT GÉSe'BaL
POUR LB BOT U0\!>1EUE MO.N FILS EN LANGrBDOCQ.
Mon cousin, ayant enlenrln (jne aulcuns
1res mal aircclionne/ au Roy monsieui- mon
filz et jiar conséquent au bien de re rovaulnie,
cherchans et tentans par l'aulx et malheureux
moyens d'aliéner l'obéissance deue au Rov
mondict S'' et filz, font courir en ces pro-
vinces de deçà les mesmes faulx l)ruictz qu'il/
feyreiit aussy naguères courir en Normandie
lors de la tenue des Rstatz particuliers dudici
pais, où ilz semèrent par leur grande malice
ungfaulx mémoire imprimé, dont je vous en-
voyé le double, de trente trois édiclz, qu'ilz en-
voyèrent par les foires et marchés et faisoienl
bailler de main en main secrettemenl,disans,
pour donner une maulvaise impression au
peuple, que le Roy mondict S'" et filz les
avoit l'aictz, combien que ce soit chose du
tout contraire à la vérité; aussy le s' de Bel-
lièvre, président de la court de Parlement de
Paris, conseiller d'Estat et du Conseil priv('
du Roy mondict S' et filz, estant au mois de
novembre dernier èsdiclz Estais particuliers
dudict païs de Normandie, ayant sceu caste
imposture, auroit trouvé moien de recouvrer
ung double de ladictc faulse impression, et
faictveoir aux principauk dudict païs de Nor-
mandie la meschanseté de ceulx qui l'avoient
' Ce trfaulx^i mémoire est conservé dans un exem-
plaire, peut-être unique, aux Archives nationales,
K loUj, pièce 169. li a pour titre : Déclaration du roy
contre un mémoire naguère donné au préjudice de la vérité
touchant l'érection de plusieurs prétendus édils de nouvelles
impositions. Paris, 7 décembre 1578, Fréd. Morol.
Signé Henri/ , et contresigné : Rrularl.
faicto et qui faisoient courir ce faulx et mes-
chanl bruict; etauroit ledicl sieurde Belliè\re,
en marge de chascun article de ladicte liste,
escript, et à la fin d'icelle la vérité, comme
verrez par Icdict double, par où il se cong-
noist que desdictz trente trois édictz, il n'y
en a que quatre véritables, et deux qui n'ont
eu lieu, lesquelz encoressont très utiles cl né-
cessaires, e( les vingt sept aultres tous faulx el
supposez. Et, pour ce que j'ay entendu que
l'on faict aussi à présent courir semblables
bruictz, listes et impressions desdiclz éditz
par deçà, je vous ay expresséraeni voulu en-
voyer ung double de la vérilEcation que ledict
sieur de Rellièvre feyt dès lors audict païs de
Normandie, de la pure faulseté et mescbanceté
de ladicte liste d'édictz, afin que tous les gens
de bienquienpourroienl oyrparleren saicbeni
la vérité et n'adjoutent aulcune fov à telles
malheureuses impressions, qui se font par
artifices et pour troubler le repos publicq.
Priant Dieu vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript au Port-Saincte-Marie , le 1111= jour
de janvier iSyg.
Vostre bonne cousine,
Signé : Gatehine.
Mon cousin, j'ay ce soir des nouvelles que
mon fils le duc d'Anjou s'en est venu trouver
le Roy son frère , à son mandement , avec ferm e
résolution de se conformer à toutes ses bonnes
et sainctes délibérations, et de luy faire tout le
très humble service qu'il pourra; dont je vous
ay bien voullu escripre el donner advis, sai-
chant bien que vous en serez fort aize. comme
tous gens de bien doibveut estre.
200
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1579. — 4 janvier.
Copîp. Bihl. nat. , Fonds français , n" 33oo , f^ ia4 v"'.
[AU ROY MONSIEUR M0> FILS.]
Monsieur mou filz, je pensois bien vous
renvoier plus losl le sieur de Maintenou que
je ne pourray pas fayre; car je me sers icy de
luy pour tousjours faire congnoistre à mon
filz le roy de Navarre et à ceulx qui sont
auprès de luy de sa religion, que l'aiant eu-
vové par vous devers eulx pour accellérer
nostre conléreuce, je ne le vous puys ny
doibz renvoyer que, pour le nioings, il ne
veoye cominancer nostre confe'rence, que je ne
sçay oncores au vray où nous forons ny aussi
le jour certain que la commencerons; car les
de'putez de ceulx de la religion pre'tendue ré-
formée doibvent seuUement arriver ce jour-
d'huv à Nérac, où ma fille la Royne de Na-
varre alla hier matin pour veoir son mary,
que l'on nous avoit dict esire mallade de la
migraine. Toutesfois elle le trouva tout icy
contre, la rivière seulement entre deux, et se
mit avecques elle au chariot, et s'en allèrent
ensemble audict Ne'rac, où madicte fille séjour-
nera encores aujourd'huy, et ne retournera
icy que demain. Cependant je luy ay donné
charge de remonslrer à son mary comme ce
lieu est mal sain, ainsi que de vray il est,
estant enfermé de fort près d'ung cosié de la
rivière et de i'aultre d'une haulte montaigne,
aussi n'y ay-je poinct esté à mon aise depuis
que j'y suis arrivée, et sur cela le persuader
que nous allions faire nostredicle conférence
à Villeneufve, où il y a deux villes, et que je
luy en baillerois une pour luy et les siens, et
nous aurions l'aultre. Je ne sçay encores qu'en
espérer, pour ce que le viconle de Turenne,
qui veint ledict jour d'hier de matin icy me
' En marge : n Envoyée au Roy par Monsieur Le-
(jeudre. v
visiter de la part de mondict filz le rov de
Navarre, ne m'a peu dire s'ilz accepteroient
ou non ledict Villeneufve; et estant en propos
avecques ledict viconle de Turenne, après
luy avoir faict entendre beaucoup de grandes
raisons qui seroienf trop longues à vous des-
duire et lesquelles je luy donnay charge de
bien représenter à mondict filz le roy de
Navarre, et à luy en particulier les bien con-
sidérer, aussi du grand tort qu'ilz font non
seuilement à vostre service, niiiis aussi à
eulx mesmes, de me tenir en si grande lon-
gueur avant que de venir au poinct de nostre
conférence et exécution de vosire édict de pa-
ciffication, que je savois bien que tous ceulx
des villes de Languedoc désiroieni, ayant esté
bien aize du bon chemin qu'ilz avoient sceu
qu'on avoit tenu pour le Daulphiné, dont ilz
estoient aussi dellibérez de se contenter, ainsi
que j'avois entendu; et sur cela je feys en-
cores particulièrement aucunes remonstrances
audict vieonte de Turenne, que je ne m'amu-
seray à vous discourir : seuilement vous diray.
Monsieur mon filz, qu'il me respondit qu'il
espéroit que bien tost je serois contente d'eulx.
Et vinsmes encores à parler desdictes villes
qu'ilz détiennent en Languedoc, desquelles je
luy dictz qu'il falloit qu'ilz fissent vuider les
garnisons estrangères, remissent la religion
catholique, y fissent rentrer les catholiques,
les laissassent joyr de leurs biens, souffrissent
fayre l'exercice de vostre justice et lever voz
deniers et exécuter au demeurant entièrement
vostre édict en icelles villes, et qu'il ne falloit
pas qu'ilz eussent peur qu'ilz n'y feussenl
tousjours les plus fortz, pour ce que le plus
grand nombre des habitans estoit de leur re-
ligion, n'ayant pas obmis à luy dire que, en
toutes les aultres provinces de vostre royaulme .
du costé où vous estiez, vous en aviez ainsi
faict envers ceulx de la religion, qui estoient
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
201
tous reiiirez ;ui\ villes eu leurs liiens et jouis-
sent entièrement de vosire édict. Sur quoy il
a monstre d'estre fort aize : de sorte que je
pense que cest article là, qui est le plus im-
portant |)our le Languedoc et pour aucuns
endroiclz de cesle Giiieune, passera ainsi, et
plustost y adjousiera-on pour plus grande
seurele', oulfrelos submissions qu'avons mises
aux articles du Daulpliiné, que Ton baillera
des hostaiges des villes les ungs aux autres.
Aussy bien y a il quelques ungs liabitans,
comme par comparaison de Bourdeauh, qui
en seront mietilx dehors pour quelque temps
que s'ilz y demouroienl jusques ad ce que
vostre' édict soit bien estably. Cela ne se pro-
posera poinct, s'il n'en est besoing; mais,
plustol que n'aiez toutes vosdictes villes en
liberté, il me semble que ce sera le moins
mal; cai- auitant de catliolicques qui yronl
aux villes où ilz sont les plus foriz, autant de
huguenotz viendra-il en leur lieu. Il est vrav
que l'exécution ne sera pas sans diflîculté,
mais aussi ne nous servirons jious de ce nioien
qu'à l'extrémité. J'attendz des nouvelles de ce
qu'auront faict le niarescbal de Biron, Duras
et Guitry pour la Réolle; car de là dépend
nostre résolution sur uostredicte conférence;
espérant aussi qu'aujourd'huy ou demain j'en
auray de bonnes nouvelles, et affin que ceulx
qui sont dans le chasteau de Langon ne feussenl
point cause de retenir et garder ceulx du chas-
teau de la Réolle de sortir, comme ilz ont pro-
mis, j'ay faict envers mondict filz le roy de
Navarre qu'il a escript à Guitry faire sortir ceulx
qui sont dans Icdict chasteau de Langon et le
remectrc, suivant l'édict, es mains de François
monsieur de Candalle, qui en est seigneur de
fief à cause de sa pupille. Cela évitera encoi'es
line grande longueur, (jui eust peu advenir.
Et pour ce. Monsieur mon filz, que par la
dépesche que vous m'avez faicte et ce que m'avez
CvTUEni.NE DE lltDIClS. ïl.
mandé de bourbe par le sieur de iMaintenon,
vous me faictes cest honneur de désirer avoir
mon advis sur ces dangereuses brouilieryes tjui
se l'ont par les provinces : en attendant que je
vous puisse renvoyer ledict sieur de Maintenon ,
j'ay faict escripre soubz moy par le petit Mon-
taigne, d'anltant que je ne puisencoresm'aider
de ma main, mondict advis que je vous envoyé
et vous prye le prendre en aussi bonne part
que de bon cœuret à honneet saincle inteneion
que je le donne, estant bien marrye que dès
que je vous escripviz que veissiez par le menu
toutes les sommes des deniers qui se levoient
sur vostre peuple èsdicles provinces, vous n'y
regardastes, et, auparavant la tenue des Estais
de Bourgougne et de Normandie et aussi de
ceulx de Bretaigne, vous ne les envoiastes
graliflGer, les deschargeant du plus que vous
eussiez peu , et principallement de tant de
petites parties qui se lèvent et qui ne viennent
en voz finances, mais au proflict de plusieurs
particulliers. Cela les eust aucunement con-
tentez; encores vault-ilmieulx tard que jamais,
et serois d'advis, soubz le vostre meilleur,
que feissiez parler avecs les depputez des-
diclz pais ceulx de vostre Conseil ou de voz
serviteurs fidelles que saurez leur estre
agréables, pour les rendre bien capables de
l'amour et grande affection qu'avez à vostre
peuple. Testât de voz affayres, et néanmoings
regarder avecs eulx doulcement les choses
dont les provinces se sentent grevées, et après
vous mesmes parier à eulx et gratiffieret des-
charger vosdictes provinces le plus que vous
pourrez pour ceste année, ainsi que je dictz
par mondict mémoire, ou aullrement, ainsi
que par vostre prudence vous saurez bien
adviser pour le inieulx, aflfin de l'aire en sorte
(|u'ilz s'en puissent bien tost relourner èsdictes
provinces bien édifiiez de la parfaicte amour
et affection qu'avez à vostre peuple et à son
a6
lUpniUCtllE TfATtO^ALC.
202 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
soullaigpmenl. Et, s'il se pouvoit aussy fayre
avec eulx, comme je pense qu'il seroit aizé,
que, eslans ceste année ainsi soullaigez, ilz
regardassent de quoy et combien et com-
ment chascune province vous pourroit aider
à sortir d'affaires et vous rcmectre en vostre
domayne et aydes, afiin que puissiez vivre
du vostie et entretenir vostre estât avec di-
gnité et ainsi qu'il appartient, ce seroit ung
très grand bien; et seroit bon qu'ilz empor-
tassent de bons mémoires et instructions sui-
vant ce qui fut propozé aux Estats Générauix.
Cependant je n'obmecteray rien de tout
ce qui se pourra es provinces de deçà pour
faire establir la paix et tenir en bonne dévo-
tion et affection en vostre endroict touz voz
peuples et subjeclz, que l'on est icy bien fort
après à praticquer et mener aux mesmes et
dangereuses résolutions que Bourgongne et
Normandye; mais, oullre ceulx à qui j'ay parlé
et parle tous les jours et continueray de
parler encores aux mesmes termes que je vous
ay cy devant mandé, j'escriptz fort souvent à
tous ceulx que je veoy en estre besoing pour
contenir ung chascun en l'obéissance et af-
fection qui vous est deue, espérant, avecques
l'ayde de Dieu, que mon voiaige vous appor-
tera une très grande utillité en diverses occa-
sions, vous priant me fayre ce plaisir que
j'ave le plus souvent que pourrez de voz
nouvelles, estant en très grande peyne de la
dépesche que m'avez faicte par le secrétaire du
sieur de Cornusson, qui est à Bourdeaulx, il y
a luiict ou neuf jours, où j'ay esté contraincte
d'envoyer un courrier pour m'apporter sadicle
dépesche, si d'aventure il estoit demouré mal-
lade; mais je n'en ay encores aucunes nou-
velles, combien que, ad ce que dient aucuns
de mes officiers qui sont aujourd'huy arrivez
pour servir leur quartier, le chemyn d'entre cy
et ledict Bourdeaulx ne soit plus aucunement
dangereux, pour ce que les gens de guerre
qui s'y estoient espanduz se sont retirez, espé-
rant, par ce moien, avoir plus souvent et plus
seurement doresnavant de voz nouvelles et vous
des miennes, priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Saincte-Marye, le iiii" jour
de janvier 1679.
1579. — 5 janvier.
Copie. Bibl. nat. , FonJs français, n° 33oo , P laS r".
[AU CAPITAINE FAVAS.]
CappitaineFavas^, ayant entendu de mon filz
le roy de IVavarre que luv avez faict, il y a desjà
quelque temps , instance pour estre déchargé du
gouvernement des villes etchasteau de la Réole,
me souvenant aussi de ce que m'en avez dict et
escript, je vous ay bien voulu faire ce mot de
lettre et vous dire que, moudict filz le roy de
.Navarre niant le service que vous y avez faict
très agréable, je suis asseuréc ([ue le Roy mon-
sieur mon filz sera bien content que vous remet-
tiez , suivant votre désir, ledict gouvernement es
mains du sieur du Sac^, comme mondict filz
' Le capitaine Jean Favas, que Calherine de Médicis
méprisait et redoutait à la fois (voir plus haut, p. 18^,
la dépèche du a6 décembre), était un vrai aventurier,
qu'aucun scrupule u'arrèlait. 11 avait commencé par guer-
royer contre les Turcs. Revenu à Bordeaux, après des
meurtres et attentats qui allaient le faire poursuivre, il
se déclare huguenot, surprend Bazas avec quelques par-
tisans, pille le chapitre et détruit la cathédrale. Amnistié
par l'édit de pacification, il s'empare, dans les derniers
jours de décembre iSyô, de la Réelle, qui resta aux
protestants jusqu'au mois de novembre 1578. C'est une
des affaires qui occupèrent le plus la reine mère dans ses
négociations avec Henri de Navarre et les réformés.
- Dans le manuscrit, dont nous avons respecté l'ortho-
graphe, le nom de M. d'Dssac est très souvent écrit ainsi.
— C'est ce même d'tJssac qui avait remis la Réole aux ca-
tholiques et qui avait été cause de tant de récriminations;
mais il était sans doute demeuré protestant : et , par un
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
203
le roy do Navarre et moy avons advise', vous
tenant pour cesle occasion bien deschargé
d'iceiiuy gouvernement, ensemble du serment
qu'en avez faict et presié au Roy mondict S'
et filz, es mains de mon cousin le s" de Biron,
mareschal de France. N'estant la pre'sente à
aultre fin, je prie Dieu, cappitaine Favas, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript du Port-S'"-Marie, le v" jour de
janvier 1 579'.
1579. — 5 janvier.
Copie. Bibl. nat., Fonds français, ii" 33oo, f 136 r° '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je loue Dieu grande-
ment de la re'solution prinse par mon filz, le
Duc d'Anjou, de s'en revenir en France^ avec-
ques ferme intention , comme il m'escript avoir,
de vous rendre l'oliéissaiice et faire le très
humble service qu'il vous doibt. Je luy envoyé
l'abbé de Gadaigne, présent porteur, et luy
escriptz de ma main la lectre (|u'il vous plaira
commnn accord , il resla goriverneur de la ville cl du clià-
teau au nom du roi. Nous verrons plus lard la reine mère
lui écrire à ce (ilre el lui donner des ordres.
' En marge : ttDescliargc du cap"° Favas pour le
gouvernement de la ville et chasleau de la Réoile.^
* En marge : c Envoyée au Roy par Monsieur l'abbé
de Gadaigne.»
' C'est à celte époque que le ihic d'Anjou reprit \ive-
ment ses négociations de mariage avec Elisabeth. On en
peut juger par la lettre suivante qu'il lui adressa le
4 janvier 1079 , aussitôt après avoir repassé la frontière:
A la Royiie d'Angleterre.
tr Madame, je ne saurois assez très humblement vous
remercier de la lettre dont y vous a pieu m'honorer par
ce petit porteur. Je regrette d'estre né sous tant d'infor-
tune, n'ayant pu jusques à présent satisfaire à la moindre
partie des affections que j'ay eu de vous fayre très humble
service, comme je reste en l'espoir que le temps ne nie
laissera si misérable que par de signalés effets je ne vous
rende preuve de ce qui sera à jamais inséparable de mon
de veoyr, pour le conforler el fortiffier en
ceste bonne el saincle délibéracion, l'exhor-
tant et admonestant de vous aller franchement
trouver premier que d'aller en ses maisons,
allîn que par cela l'on congnoisse la bonne
et droicte intelligence d'entre vous et luy; ce
qui servira grandement pour dissiper el dé-
tourner les mene'es etmaulvaises délibérations
de ces brouilleurs de province, dont j'en viz
des principaulx fort estonnez et faschez à
f heure de ces bonnes nouvelles, lesquelles,
j'espère aussy, m'ayderont beaucoup à accel-
lérer la résolution de voz afl'ayres et service
par deçà, combien que de prime face quand
mon filz le roy de Navarre et ceulx de sa re-
ligion ont sceu ces nouvelles, ilz soient entrez
en (juebjue double, comme vous sçavez que
ce sont gens soupçonneux. Mais pourtant se
commance-il desjà fort à congnoistre qu'ilz
reviennent à la droicte considéracion qu'ilz
doibvent avoir, principallemenl mondict filz
le roy de Navarre, m'estant bien apperçue
qu'il n'y aura tel qui ne loue la façon dont
ànie, ot me proumels que mettrez fin à cesle occasion
aux négociations depuis si longtemps commencées, qui
sera la chose du monde qui me rendra plus satisfait et
content : et ce faisant , gagnerez les œuvres de miséricorde ,
restaurant une vie languissante et qui n'est ni ne sera
que autant que je la penseray digne de faire chose qui
vous soit agi-éable, espérant que me ferez cet homieur
de me croire, et que prendrez l'affection telle comme elle
est, très fidèle en mon àme, et que ne l'égalerez à ce mau-
vais discours confus des passions mues de tant de beaux
sujets, et dignes de rendre la plus abondante plume empes-
chée en l'élection de tant de rares el belles vertus , qui fera ,
pour ne tomber davantage en erreur, cpie je vous supplie
de croire que en la seule contemplation de vous, Madame,
comme de la plus parfaite déesse des cieux, je vous bai-
seray très humblement les mains, priant Dieu, Madame,
qu'il vous donne entier accomplissement de vos désirs.
«De Condé, ce nii° janvier.
rVostre humble obéissant frère et serviteur,
frFliANfOVS.il
(Aut. Slate papers, vol. 66.)
a6.
204
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vous vous estes comporté envers vostredicl
frère el qui n'eslime très bonne ladicte re'so-
lucion qu'il a prinse, si à propos et sur si ap-
parente occasion, eu obéissant à vostre com-
mandement et se conformant à vostre désir,
comme il doibt faire en toutes choses, et si
cela luy servira d'honneste couverture et pour
demourer en beaucoup meilleure réputation
que s'il en eust faictaultrement, allans si mal
ses affaires, pour ne nous avoir pas voullu
croire. Cela le fera saige pour une aullrefoys,
congnoissant bien à présent que nous i'aynions
mieulx qu'il ne s'est avmé luy mesmes. Aussy
ne doubté-je pas (ju'il n'en soit maintenant
en ceste opinion et qu'il ne congnoisse la
grande faulle qu'il a faicte, et qui luy coule
bien cher, de ne vous avoyr ni moy aussy
vouUu croire. J'ay si bien instruict ledicl abbé
de Gadaigne sur cela qu'il luy saura bien
fayre entendre à propos tout ce que dessus,
avec ce qu'il vous plaira luy commander da-
vantaige, si vous le trouvez bon ainsy. Et en
cas qu'il suivist sa première résolution, qui
est d'aller eu sesdicfes maisons en IVormandie,
ledict abbé de Gadaigne est aussy instruict
pour le bien persuader de n'entendre à aul-
cune chose que l'on luy puisse propozer (car
je pense bien que ceulx qui veuHent brouiller
ne faudront pas de l'aller incontinent recher-
cher); ains, escoutant tout ce qu'ilz luy pour-
ront dire, vous enadvortyrbien amplement, et
néanlmoings demourer si joinct avecques vous
et eu si ferme oppinion, comme il y est natu-
rellement et par son devoir obligé et puis par
tant de biens que luy avez faictz, qu'ilz ne
puissent rien espérer de luy à vostre advan-
taige, ny pareillement ceulx de la religion
prétendue reformée, que je pense bien aussy
qui chercheront l'occasion pour le moings de
l'envoyer visiter à son retour; et comme vous
sçavez, il fault à ces commancemens-là pour-
veoir si bien à establir la bonne intelligence
d'entre vous deux, que la malice des ungs ne
des autres ne la puisse entamer, soit que
vostredict frère vienne droit où vous serez ou
qu'il aille en ses maisons. Et si! eust pieu à
Dieu permectre que j'eusse eu achevé icy, je
pense qu'estant auprès de vous j'eusse bien
tant faict; et, à ce que m'a dict le sieur d'In-
theville, mondict 61z s'est laissé entendre
qu'il y feust plus franchement venu, se jugeant
bien par là que ce n'est que les brouilleries
des choses qui sont mai passées entre ces
jeunes gens qui sont auprès devons et auprès
de luy (qu'il fault bien doresnavant qu'ilz
soient plus saiges), qui le retiennent en cesle
difficulté, par dessus laquelle le pourra l'ayre
passer la leclre que je luy escriptz et ce (|ue
luy dira l'abbé de Gadaigne; mais qu'il vous
playse aussy prendre lapeyne, comme je sçay
que ferez volunliers, de luy en escripre de
vostre mayn , avecques ce que je m'asseure bien
aussy que Villeroy en aura eu charge de
vous, que je prie prendre eu la bonne part ce
mien advis et croyre qu'il n'y a rien qui soit
tant nécessaire pour le bien de voz alfayres
et service que vostre bonne intelligence en-
semble, laquelle, j'espère en Dieu, aiant par
sa bonté ramené vostredicl frère à son deb-
voir, qu'il luy fera aussy la grâce de recon-
gnoistre les grandes obligacions qu'il vous a,
l'amour parfaicle que vous luy portez, et qu'il
sera aussy du tout obéissant et se conformera
entièrement doresnavant à toutes vos bonnes
et sainctes intencions. C'est ce que je prie à
Dieu tous les jours que je puisse estre si heu-
reuse de veoir, comme j'espère qu'il m'en fera .
la grâce, pour le plus grand bien et conten-
tement que je puisse recepvoir en ma vieillesse.
Cependant je vous diray. Monsieur mon
filz, que mon Glz le roy de Navarre et vostre
sœur revinrent hier matin de Nérac disner
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
205
icy, où niondict filz Je roy de Navarre a
cousché; dont je suis très ai/,e, car chascuii
congnoist par là la bonne intcncion que nous
avons à la paix, cl sera cela cause de faire
davanlaige contenir les iings et les aullres, à
qui les mains démangent et qui ne cherchent
qu'à troubler et empescher ce bon et sainct
œuvre. Je le pressay hier de se re'souldre du
jour de noire conférence et de la fayre à Vil-
leneufve, suivant la charge que j'avois donne'e
à madicle fille de gaigner cela avecques luy,
pendant qu'il seroyt audict JNérac, où il s'es-
toit laissé entendre qu'il accepteroit ledict
Villeneufve; mais il me supplia de n'en
parler poinct qu'il n'en eusl communicqué
avecques leursdictz députez, comme il feroit
dedans ung jour ou deux qu'ilz debvoient ar-
river, et que pour le regard du jour, il ne se
pouvoit dire, pour ce que leur re'solucion es-
toit de ne commancer aulcunement noslre-
dicte conférence jusques ad ce que la Réelle
fust rendue. Et sur cela, je iuy demanday
par escript la promesse qu'il m'avoit faicte de
me rendre Florence, laquelle à l'instant, par
l'advis de ceulx de vostre conseil qui sont icy,
je feys dresser; aussy la signa-il, comme vous
verrez par le double que je vous en envoyé',
ayant aussitost faict tenir l'original audict
mareschal de Biron, auquel peu auparavant
j'avoys envoyé deux descharges (ju'il m'avoit
escript que demandoit Favas, lesquelles je feiz
aussy inconfinant dresser, comme verrez par
les doubles d'icelles que vous envoyé-; ayant
encores ce matin si bien presché mondict filz
le roy de Navarre qu'il m'a accordé que, aussi
tost que Guitry luy aura escript la Réelle eslre
en ses mains, qu'il me fera à l'instant rendre
' On trouvera le texte de cette tt Promesse n à VAp-
pendice.
^ Ce sont les deux trdécliargesn du 5 janvier 1379,
qui étaient si(j'née5 de Callieriije, au nom du roi.
Florence; m'ayant aussy asseurée que leurs
diclz députez seront aujourd'hui ou demayn à
Nérac et qu'aussi lost il les m'envoira icy, pour
résouldre le jour de nostre dicle conférence.
Cependant j'av laict aussy avecques luy que
nous donnons enseniblement charge à d'Escars
et à Longs de Barrières, qui est fort bien
congncu, pour aller en Ouercy, Périgord et
Limousin, faire contenir ung' chascun et em-
pescher et faire cesser tous actes d'hostillité;
et si envoions semblables charges et commis-
sions au sieur de Quélus et de Broquières,
Arpajon et do Pannat, qui l'yront trouver et se
joindre avecques luy, pour en fayre layre aussy
le semblable en Rouergue. Nous en ferons
fayre de mesmes du costé d'Auvergne, où les
choses se commencent à brouiller; et sur ccste
occasion, j'ay faict encores une recharge au
mareschal deBiron, l'asseurant que si dedans
demayn je n'ay nouvelles que ceulx du chas-
leau de la RéoUe ayent satisfaict à ce qui a
esté advisé, j'y iray moy-mesmes, aiant pour
ceste occasion commandé, en la présence d'ung
chascun, au sieur de Lansac faire venir mes
chevaulx et trouver mon car prêt à partir iner-
credy; ayant bien asseuré ung chascun que
s'ilz me donnent la peyne d'y aller, je feray si
bien chastier le général Gas et les deux con-
seillers qui m'avoient promis que ceulx dudict
chasteau obéiroient, que c'en sera exemple à
tous ceulx qui me tiennent icy au bien de vostre
service; vous asseurant, Monsieur mon filz,
qu'il ne se passe une seulle ininutte d'heure
que je ne l'emploie entièrement à tout ce que
je pense qui peult servir pour accellérer le faict
de ladicte la Réolle, le jour et l'heure de
nostredicle conférence, et pareillement pour
faire contenir cependant les ungs et les aultres
et les garder de faire encores quelque nouvelle
brouillerye, qui nous puisse encores accrocher
ou retarder, dont j'ay extresmc crainte.
200
LETTllES DE CATHERINE DE MEDICIS.
\o voiilaiil ;ms>y oublier de vous dire (|ue,
estant iiy venu unff des gens du rolonel des
Corses, fdiln (]uej'escri|ivisse, conimej'ay l'aiet,
pour lesdieles assignacions que ieur aviez faict
bailler de leur paienienl sur la rece]ite géné-
ralle de Béziers, et. aussy pour sollVir à me
venir trouver si j a\ois besoin d'eux, j'ay veu
par les leelres (|u'il m'a apportées de Provence
i|ue les choses y sont en très niaulvais estât.
Et jjourccste occasion, je l'aiz une bien ani[)le
et expresse dépcsclie au sieur de Suze, à la
court de Parlement, au jirésident des Arches
l't à tous ceulx <pii peuvent si'rvird'un costé,
et jtareillenient a ceulx qui peuvent servir de
l'aullre, allîn que cliascun s'emploie à com-
jtoser amiablement les diflicultez et mauvaises
inlelligences (|ui sont causes de ce mal, n'ou-
bliant rien de tout ce qui se peultpour inciter
les unijs et les aullres à cela, attendant que je
puisse avoir laict icv ]muv m'y acheminer. Ce-
pendant je conlinueray tousjours à y l'ayrc par
lectres tout ce qui sera possible, comme aussy
Tault il, s'il vous plaisi, que lassiez do voslre
part et ([lie teniez ce niesme chemyn que je
l'aiz, pour composer amiablement et non pas
par la l'orce les diirérends d'entre ceulx ()ui
sont cause de tout cecy. (]ui à la lin vous
pourroit alliener la bonne vohmte que vous
doibvent et ([ue vous ont, comme j'ay con-
gneu , loujouis jiortée voz subjeclz en ceste |)ro-
vince-là, estant très niaul\ais que les soldatz de
la religion pre'lendue reformée qui estoient de-
dans Menerbe soient aile trouvère! joindre les
forces (pi'onl ledict sieur de Carces et de A ins;
sur ipioy je suis bien d'advis que leur faictes
pronqitemeni unedépesche, pour leur remons-
trer le tort qu'ilz se font d'apeler et atirer à eulx
telles gens , avec(jues les aullres bonnes parolles
et raisons qui se peuvent et seront fort à pro-
pos sur ce suhject, poui' les garder d'entrer en
ligne d'union avec(]iies b^sdictz de la religion.
Je pense (pie mon cousin le (irand Prieur
me viendra bien tost trouver, suivant ce que
je lui ay si expressément esciipt et que j'ay
veu par ses lectres qu'il eust laict, il y a long-
temps, s'il eust en le moien. mais il n'avoit
ung liard, comme encore esfim(>-je qu'il en est
très mal garny. Toulesfoys je le luy ay si ex-
pressément mandé (pu^ j'estime (ju'il n'y fanl-
diii |>as ceste loys. Priant Dieu, Monsieur mon
filz. vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Porl-S'^-Marie, le jour et feste
des Rovs.
1079. • — G j.u]\ior.
Copie, lïilii. liai., Fonds fnuivais , n^ ."îr.oo, 0' luS r^ '.
[AU CAPITAINE FVVVS.]
Cappitaine Favas, je vous prie ne faire
aucune difficulté d'elfectuer de vostre part les
choses que nous avons accordi'es, mon filz le
roy de Navarre- et uioy, pour le faict de la
Réolle pour le donbte où vous et tous autres
de vostre party pourriez estre d'estre recher-
chez de ce (pii est advenu en la reprinse
qu'avez l'aide des villes de ladicte Réolle,
depuis la surprinse du chasteau, ensemble des
levées de deniers, vivres, munitions et autres
contributions qui ont esté faites à ceste occa-
sion, et pareillement pour la levée de deniers
qui a esté aussi laide sur les basteaiiix et
marchandises passans sur la rivière, à quelque
pris et sonune que cela se j)uisse monter. Car
je vous asseure et proinedz par ceste lettre
que vous, ny ceulx qui estoient avec vous et
' Eu raar^'o : tr.Vulre dcsdiarye pour l(>(lil Favas.»
- Le iiR'mc jour, lo rui (te Navarre remcllail à la reine
nièie iMie piète aulli(?nlique, par iaiiiielle il s'nngageait,
aiissilôl la Revoie remise, de lui rendre Fleurrance; et il
deiiiandail en même temps qu'on lui rcsliluàl Lauzerle. —
Voir à VAiipciidicc : -rPromesse du roi de Navarre, elc.n
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
207
qui s'en sont entremis do vostrcdict parly,
n'en serez jamais recherciiez, mais demeurera
cela tout ainsi que si c'estoit des cas remis
par i'édict de paciffication et qu'il feust ad-
venu au paravant; et afEn que vous eteuixen
soiez encores plus asseure', ceste lettre sera
attachée soubz le placquart de mes armes au
vidimus des lettres patentes que le Roy
moudit S' et filz a faict expédier pour cest
efVect, dont j'envoye l'original à mon cousin
le maresclial de Biron.
Faict au Port-Sainle-Marye, le v' janvier
1079.
1579. — 5 janvier.
Orig. Bibl. iiol. . Fonds fronçais, n" 3a'i8, f 35.
A iMOi\ COLSm
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, \ostre lettre du xxix°"'du mois
passé me feust hier baillée, mais n'ay poinct
eu l'aultre précédente par laquelle vous dictes
m'avoir advertye de la surprinse faicte par
cculx de la Rellljjion prétendue reflbrmée de
la ville de Clermont de Laudève, où, comme
j'ay veu par voslredicte lettre du xxix^S ilz
n'out demeuré dedans que vingt-quatre heures
qu'ilz n'en ayent esté chassez, y estant mort
deux de leurs principaulx cappitaines et beau-
coup de ceulx qui avoient faict ladicte entre-
prinse, dont je suis fort ayze. Je l'ay dicl à
mon filz le roy de .\avarre et à mon cousin
.le vicomte de Turenne, qui m'ont dict qu'il
estoit bien employé, monstrans que toutes les
entreprinses qui se font en Languedoc par
ceulx de ladicte relligion ne se tentent aucu-
nement par leurs intelligence el; aussy qu'ilz
sont bien marrys de tous ces actes d'hostillité;
toutesfois j'en croiray ce que je vouldray, et
vous diray que j'arrivay mardy en ce lieu, où
nous convaucasmes hier nostre conférance,
espérant ([ue dans quatre ou cinq jours nous
prandrous quohjue bonne résolution, ne pou-
vant encores que vous en escrire, sinon (jue
je suis bien résolue de n'adjouster ny dimi-
nuer à r('dict; bien feray-je ce qui sera rai-
sonnable pour le regard dcsseiuetéz des ungz
et des aulties, et vous manderay souvent
comme les choses se passeront. Cependant ilz
dient qu'ilz envoiront ung des depputez de
Languedoc pour faiie cesser tous actes d'hos-
tillité, monstrans de voulloir que nous l'eis-
sions ceste dépesche là, ensembles que j'y
envolasse de ma pari; niais pour ce que j'ay
tou.sjours congneu que quand nous en avons
ainsy usé, il ne s'est rien effectué de leur
part, j'ay remis à eulx d'en faire faire de leur
costé les dilligences, et hmr ay asseuré que je
vous avois dernièrement faict sur cela une si
bonne dépesche et partout ailleurs, où il en
estoit besoing, que je m'asseurois (|ue de nostre
part il ne se feroit aucune chose au préjudice
de l'édit. Je vous diray aussy que je vous ay
faict ample responce à toutes voz dépesches
par l'homme du s' de Suze, priant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa saiiicte et digne garde.
Escript au Porl-Saincte-Marie, le v"' jour
de janvier 1079.
De sa main : Vostre bonne cousine,
CvTERIXE.
1579. — 6 janvier.
Orig. Bibl. uat. , Fonds français, n'' 33'i5, f" 38.
A MON CODSIN
LE S' DE DAMVILLE,
MARBCQAL DB FRANCE, GODVSHNSOR ET LIEUTENANT GKNFIBAL
POUR LE BOY UONe-ISDR MON FILS EN LANGUEDOCQ.
Mon cousin, j'ay receu la lettre ipie m'avez
escripte par ces porteurs, suivant laquelle,
après avoir veu Testât que m"a icy monstre le
208
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
s' évesque deVallence, tant de la recepte que
des assignations qui sont sur la générallité
de Be'ziers, je leur ay faict une ordonnance
par laquelle, après ce que j'ay ordonné pour
Beaucaire satisfaict, je mande aux tre'soriers
géne'raulx, contreroUeur et receveur ge'nérauk
faire rournir ce qui est assigne' sur ladicle re-
cepte pour les Corses, à qui je vous prie tenir
la main, suivant le contenu de l'ordonnance
que je leur en ay baillée pour lesdictz trésoriers
géne'raulx, conlrerolleur et receveur géné-
raulx; car je sçay Lien que c'est l'intention
du Roy mondict S' et filz que lesdictz Corses
soient paiez, ainsy qu'il est raisonnable,
ayans tousjours très bien et fidellement servv.
Et, en attendant que je vous renvoyé le gentil-
homme que m'avez icy dépesché,je vousdiray
que j'espère que dedans peu de jours la RéoUe
sera remise suivant l'édict, y ayant encores
renvoyé mon cousin le marescbal de Biron, et
mon filz le roy de Navarre le s'' de Guitry, pour
effectuer ce que nous en avons accordé. Et,
aussy tost que cella sera faict, nous comman-
cerons la conférence, laquelle, j'espère, ne du-
rera guères, et que bien tost nous aurons résolu
toutes clioses au bien de la paix; en quoy ce
que nous avons faict pour le Dauphiné nous
aydera beaucoup, pour ce que nous n'aurons
qu'à suivre cela, qui n'est autre chose que ce
qui est porté par l'édict, dont tous ceulx de
la Relligion se veullent bien contenter, à ce
que j'entendz, de sorte que je ne plaindray
pas mon voiage, ny mes peynes, puisque nous
en aurons si bonne ysseue. Pliant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Saincte-Marie, le vi"jour de
janvier 1579.
De sa main : Mou cousin, je ne veuk l'allé'
• Falle, faillir.
de vous mender que le Roy mon fils m'a
mendé par le sieur de Dinteville, qui vient de
Flandre devers mon fils d'Anjou, cornent yl
est retourné en cet royaume; ayspère que, à
présant, n'est pas louin de Paris. Je vous lèse
panser cet' je an suis ayse, veu mesmement
que, à cet- qu'il m'a dist, n'eust jeamès plus
d'afection et de volunlé de cet conformer à
tout cef^ qu'il pleirè au Roy. Yl ne me reste
reste plus sinon qu'il pleyse à Dieu que je
fase à cete conférense cet que je désire et que
nostre médesin, qui est aie à Paris, ne falle
poynt à cet qu'il ayspère. Je m'aseure que
m'aconpagnés à cet ayse et au suhayst' que je
foys; je vous prie feyre mes recomendalion
lia vostre femme. Monsieur de Monmorensis
ayst à Paris et ha esté à cet nevaulx * haurdrc
des comendes*.
Votre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 6 janvier.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, n^ iSgoS, P aho.
A MESSIEURS
DU CONSEIL D'ESTAT ET PRIVÉ
ET INTENDANS DES FINANCES
DU ROr MONSIEUR M0>' FILZ.
Messieurs, frères Anthoine Abelli et Michel
Fère, prédicateurs et confesseurs du Roy mon-
sieur mon filz, qui sont icy à ma suite et
service, m'ont faict entendre que leurs pen-
sions qu'ilz ont sur la recepte généralle de
Paris leur a , ces années passées , esté retranché ,
et pour ce que c'est le seul moien de leur en-.
' Cet, si.
^ Cet, ce.
■'' Suhuist, souhait.
* NevauLr, nouveaux.
^ Ainsi écrit.
LETTRES DE CATH
Ireténenicnt , servaiis, comme ilz fonl, au
Roy inoudict S' et filz et au publicq, vous
ay, à ceste occasion, bien voullu prier que,
lorsque ve'rifierez Testât des charges de la
receptegéne'ralle de Paris, vous laissiez tonds
au receveur d'icelie, aflîn (jue doresnavant il
ayt raoien, suivant l'entretien du lioy mondict
S' et filz, de satisHaire et bien paier lesdictz
Abelliet Fere, comme il est bien raisonnable.
Priant Dieu, Messieurs, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript au Port-S'^-Marie, le vi" jour de
•anvier i îj'jij.
\a\ bien vostre,
Caïerine.
ERINE DE MÉDICIS.
2()'J
1579. — G janvier.
Orig. Bibl. nat. , Ft>n'ls franvais, n" 15905, f" 256.
A MONSIEl K DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Belièvre, depuis la responce
que vous ay faicte aux lectres que m'escrip-
vites. il y a quelques jours, à vostre retour de
Norniandye, j ay reccu celles que m'avez aussi
escriptes du xvi et x.wi" du passé, aiant veu
par icelles comme vous n'avez peu rien faire
pour ces pauvres garsons (]ui sont en oslagc;
à quoy, comme vous dictes, tous les bons ser-
viteurs se doibvent employer. Je vous prie en
parler au Conseil et qu'il soit advisé de faire
quelque cbose pour les tirer bois du danger
et de ia niizère où ilz sont, il n'y a que troj)
long temps, pour l'honneur et re'pulation du
Roy monsieur mon lilz, que je m'asseure
trouvera bon ce que l'on prandra et destinera
pour culx es moieus plus promplz (jue l'on
pourra trouver dont il se verra pouvoir.
J'ay aussi veu comme vous estie's en déli-
bération de parler à mondict S'" et fils pour
le faict des traites pour la sortye. Je désire-
CiTHBniNE m: Médicis. — vi.
rois bien que l'on eusl pris une bonne réso-
lution, principaiit'iiient sur ce (pii est du blé
et du vin. (jui doibt estre transporté du
royaume; car ia noblesse de ce ])ai's se plainct
fort, et celle aussi de Languedoc, de ne se pou-
voir desfairc de leursdicts bledz et vins; car
ilz n'ont nul moyen d'avoii' argent ipie de
cella. J'en escripviz au s"^ Brularl, n'ainnt pas
encores lors veu ce que m'en déduisez en
vostre leclre; je vous prye en conférer en-
semble ; et regardez d'en parler au Roy mon-
dict S"' et fils, et faictes promptement que l'on
envoyé des lectres patentes pour contenter la-
dicte noblesse ad ce qu'elle puisse se desfaire
de sesdictz bledz principallemenl; je pense
avoir oy et entendu de plusieurs d'entre eulx,
qu'ilz sont contens de paier la dasse ', mais
je ne sçay si c'est poinct seullement ia vieille
coustume; car je y ai pensé, et me semble (jue
les ungs disoient ladicte vieille coustume, et les
aultres ce que porte le nouveau et dernier édil :
je n'en suis pas bien asseurée ; mais, en quelcpie
sorte que ce soit, en attendant que l'édit soit
vérifTié, envoyez lesdictes lectres patentes dont
j'escriptzaudicts'Brulart, ou (juelques aultres,
en sorte (pi'ilz ne soient poinct enipescliez de
vendre leursdiclz bleds principallement et
aussi leursdiclz vins. Cependant je vous diray
que, considérant bien ce que m'escripvez de
vostre advis sur les remèdes de ces brouilleryes
des provinces, je trouve que vostre oppinion
par la voye de la douceur est bien la meil-
leure; j'en escripvis, il y a deux jours, avant
que j'eusse receu vostre leclre et suis de vostre
niesme oppinion. Touteffois je remectz à la
prudence du Roy et des gens de bien (pii
sont auprès de luy clairvoians et capables,
' Dace e( dasse, imposition, sulisides. — Voir dic-
tionnaires Nicot, Vossius, Oudin, Alonet, La Curnp de
Sainte-l'aiayo. Le mol est très usilo an xvi° siècle. On
disait (lacer pour triniposer, taxein.
27
lycrniLniE 5atio\:1I.e.
210
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
de ce qu'il en advisera par la plus seure et
grande oppiniou. Et, pour ce que vous verrez,
par mes dépesches Testât en quoy sont les af-
faires de deçà, je ne m'estendray par ceste cy
que pour prier Dieu, Monsieur de Belièvre,
vous avoir en sa saincle et digne garde.
Escript au Port-S"-Marye, le vi' jour de
janvier 1679, au soir.
La bien vostre,
Cateriive.
1579. — 8 janvier.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, n° iSgoS , f° aij.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE^
Monsieur de Belièvre, mon cousin ie mar-
quis de Conti m'a faict entendre qu"il a pieu
au Roy monsieur mon filz luy accorder une
pension de six mil livres à prendre sur la re-
cepte généralie de Rouen, et pour ce qu'il
mérite en tout ce qui le tousche d'estre bien
et favorablement traicté, je vous faiz, à ceste
occasion, ce mol de lettre pour vous prier
tenir la main ad ce que, lors que l'on fera
Testât des finances et charges qui seront à
acquicter sur icelles pour la pressente anne'e,
ladicte pension y soit employe'e ensemble ce
qui est deu d'icelle, ayant pour ce donne'
charge au s' d'Escars, oultre ce que dessus,
vous en parler et prier encores de ma part.
N'estant la présente à aultre fin, prieray Dieu,
Monsieur de Belièvre, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, le viii'= jour
de janvier 1679.
La bien vostre,
Caterine.
' Bien que les manuscrits portent Belièvre, nous
écrivons Bellièvre dans ie titre; et c'est toujours ainsi
que signait le chancelier.
1579. — 10 janvier.
Orig. Bii)l. nat., Fonds français, n" 10905, f° 958.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Monsieur de Belièvre, je vous prie avoir le
sieur conte d'Escars en telle recommandation
pour le faict de son filz , et aussi pour son parti-
culier de luy mesnie,pour la somme qui luy a
esté accordée, et que vous savez qu'il le mérite,
et vous me ferez très grand plaisir; car j'ay
regret et ennuy de veoir son filz si longtemps
détenu et encores en danger, et luy, pour ceste
occasion , constitué en grans frais , comme il ne
peult estre aultrement, et que savez fort bien.
Priant Dieu, Monsieur de Belièvre, vous avoir
eu sa saincte et digne garde.
Au Port-S'^-Marie , le x' de janvier 1679.
De sa maiti : Je vous prie qu'il s'au viegne
content et pour son fils, car c'et justice.
La bien vostre,
Caterine.
1579. — 8- 10 janvier.
Copie. Bibi. nat.. Fonds français , d^33oo, (* n8v*'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, depuis l'arrivée du
sieur de Dintheville-, sur le voiaige duquel je
vous ay dépesché l'abbé de Gadaigne, j'ay
' En marge : <t Envoyée au Roy par M. de Maintenon. n
- Joachim, seigneur de Dintevilio, né à Cliaumont
en Bassigny vers i54o, s'attacha de bonne heure au
roi et lui rendit des services; il était capitaine de cin-
quante hommes d'armes; très bon catholique, il favo-
risa un iustiint , ainsi qu'Henri de (iuise, l'entreprise du
duc d'Anjou aux Pays-Bas. Il fut nommé, en 1579,
lieutenant général au gouvernement de Champagne et
continua à jouer un rôle important. — Voir la brochure de
M. Éd. de Barthélémy intitulée : Correspondance inédite
de M. de Dinleville, 1579-1086. Arcis-sur-Aube , 1880,
in-S".
LETTRES DE GATHI-
advisé de vous renvoyer le sieur do Maintenon ,
et retenir icy iedict Dinlhevilie jusques au
jour de nosire confe'rence, atfin (jiie par iuv
je vous puisse faire entendre quel sera nostre
commanremcnt et iVspëranco que nous en
aurons. Cependant Iedict sieur de Maintenon
vous rendra compte de toutes les particuila-
ritez des diverses affayres qu'il a veu traicter
journellement par deçà, ainsi et à toutes oc-
casions qui se sont pre'sente'es où je Tay tous-
jours faict assister, comme il estoit bien rai-
sonnable, tant pour ce qu'il est de vostre
Conseil que pour avoir son advis, comme des
aultres sieurs qui sont icy, sur les choses
qui le requerroient pour le bien de vostre ser-
vice; en <ltioy il s'est fort dignement com-
porte', et atlîn aussy qu'il vous peusl mieulx et
plus particulièrement faire entendre Ui tout,
ainsy que je m'asseure bien quil fera fort
amplement. Et m'en remettant à sa suffisance,
pour ce aussy qu'il n'est rien survenu depuis
les fre'quentes dépesches que vous ay faictes
tous ces jours icy, mesnies hier par Iedict
abbé de Gadaigne, je nestenderay cestc-cy
davantaige sur lesdictes affayres dont je vous
ay escript; mais vous prieray le croire et ad-
jouster foy à luy comme à moy mesmes de
tout ce qu'il vous dira de ma part sur les par-
ticuUaritez que me mandastes de bouche par
Juy et sur aulcunes que j'ay aussi commises
à sa fidéllité par vous tant de fois esprouvée,
lesquelles je m'asseure ipi'il vous saura aussi
bien représenter, comme si je vous escripvois
de ma main. Priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-S'°-Marie, le vni"°"' jour
de janvier 1679.
Monsieur mon filz ', despuis ceste lectre
' En titre : tt Postscript de la ilépesclie du s' de
Maintenon.B
RINE DE MÉDICIS. 211
escripte, j'ay sceu comme Clervanf-^, revenant
de Flandres, est passé par Champaigne et
Bourgongne et qu'il y a veu et coinuuinicqué
avec ceulx qui y sont, qui me l'ait penser
ce que mon filz le roy de Navarre et le vi-
conte de Turenne m'asseurèreni ces jours-icy,
qui est que ceulx qui veullent brouiller voz
pro\inces les avoient faict rechercher et leur
avoienl offert de grandz moiens et seuretez
pour se joindre avec eulx en l'exécution des
maulvaises voluntez qu'ils ont. Je tascheray,
tant (]u'il me sera possible, à pénétrer en cella,
où je veoy quelque aparence de V('rilé, pour
lesdictes offres et seuretez, qui sont, entre
autres, ({u'il leur seroit baillé des enffans,
qu'iiz envoieroienf et mecteroient es mains
de ([ui bon leur semlileroit dedans ou dehors
ce royaulme, et leur fourniroient de l'argent,
qui seroit mis en despos, comme j'ay déclaré
audict sieur de Maintenon pour le vous faire
plus amplement entendre. Cependant je vous
diray aussy que je pense que ce (pii a tant
faict tarder vostredict IVère le roy de Navarre
et Icsdictz de la Religion à entrer en confé-
rence avec moy, pour l'exécution de l'édict
de pacifficacion, a esté qu'iiz attendoient le
retour dudict Clervant ou de Chassincourt.
Aussi y a-il en cela grande apparence ; car hier,
aussitost que Iedict Clairvant (qui ne va que
de nuit) fut arrivé à Nérac, ilz envoyèrent
icy le cbancellier Gratin, qui n'est pas bien
avant de leur conseil secret, pour apporter les
^ Jean-Autotne de Vienue, seigneur de Clervajit,
dont il a été longuement question dans la lettre de la
reine mère des 4-5 octobre (voir plus haut, p. 5o et
3uiv.), était ungentilhommehnguenot, très dévoué au roi
de Navarre et envoyé souvent par lui comme négocia-
teur en Allemagne. 11 avait été battu par le duc de (îuise
à Dormans. Les bistoriens du temps impriment son nom
indilVéremment Clervant ou Clervaut; mais de Tliou l'ap-
pelle VJervantms , et les rares lettres qu'on possède de
lui sont signées : Cleirant.
212
LETTRES DE GATH
commissions et iectres que je vous ay escriples
par aw dernière de'pesclie que nous avions
accorde'es dVnvoier à Quercy, Rouergue, Au-
vergne, Périgort et Limosiu, pour faire cesser
tous actes dhostiiiité el re'parer les innova-
tions et contraventions qui ont esté faictes
à vostre e'dict, principaliement depuis la
Re'olle. Et cependant que Icdict chancellier
Gratin estoit icy, ilz oyreut ledict Clairvant et
tindrent conseil audict Ne'rac, oii j'ay envoie
aujourd'hui ledict sieur de Maiutenon prendre
congé de mondict filz le roy de Aavarre et le
prier, en vostre nom et de ma part, de ne
nous tenir plus en longueur, mais se résouldre
du lieu et du jour de ladicte conférence, l'en
presser suivant l'instruction et la charge que
lui aviez donnée, quand il est venu icv, et luy
remonstrer de rechef le grand préjudice que
c'est à vostre service de me tenir eu si grande
longueur et le tort qu'il se faict à luy-mesmes.
Ledict sieur de Maintenon vous dira ce qu'il
en a peu rapporter. Et cependant je vous diray
que ledict Ciervant s'est laissé entendre à quel-
qu'un qui luy est parent et famillier amy, et
de voz bons serviteurs et des miens et bien
affectionné à vostre service, que l'on avoit, de
vostre part, offert et promis au Cazimir, pour
empescher de tourner les reistres qu'il avoit
en Flandres en vostre royaulme, de le paier
au jour et leste de Noël dernier dune bonne
partye de ce qui luy est par vous deub et à ses
colonelz; mais qu'il s'en estoit mocqué, disant
qu'il savoit bien que vous n'en aviez pas le
moieu, mais qu'il vous donneroit termes jus-
ques à la festc de Pacques prochain et que, si
vousyfailliezàcejourlà, il assembleroit toutes
les bagues que vous luy avez baillées et à ses-
dictz coUonelz en gaige, iesvendroit, et de l'ar-
gent qu'ilz en pourroient recouvrer feroient une
grosse levée des reistres qu'iiz sont bien dé-
libérez d'amener à ce printemps en vostredict
ERINE DE MÉDICIS.
royaulme pour avoyr leur paiement, si vous
ne donnez ordre de les satisfaire et contenter
entre cy et ledict jour de Pasques; comme
ledict Ciervant s'est aussy laissé entendre qu'il
y auroit moien, dont je crois, aux termes qu'il
en parle, que l'ouverture en a esté faicte sur
ce que je vous ay cy devant prié de faire
tenter soubz main tous moiens pour arrester
le mal et préjudice que pourroit faire ledict
Cazimir à vostre service, me souvenant que
m'avez escript, dès lors que le sieur de Be-
lièvre estoit en Flandres, n'y avoir rien oublié,
qui a esté très bien faict; car je veoy bien
qu'il sera facille darrester le mai qui pourroit
venir dudict Cazimir par l'ung des trois moiens
dont ledict Ciervant a parlé : le premier,
que mon fiiz le roy de Navarre ayiant des
terres en Flandres, il s'asseure qu'en faisant
par vous récompense d'aultres terres en ce
royaulme à mondict filz, qui ne demande pas
mieulx, et baillant les siennes dudict païs de
Flandres audict Cazimir, vous le contenteriez.
Je ne suis pas d'advis de cela, car mondict
filz le roy de Navarre n'a que trop de terres
en vostre royaulme, et puis ce seroit trop ap-
procher dudict Cazimir et fortifSer d'aultant
le prince d'Orenge, qui peut-être le dési-
reroit. Voylà pourquoy je ne trouve celluy là
nullement bon. Il parle aussy du conté de
Neufchastel, qui est à Messieurs de Longue-
ville; à cestuy là y auroit-il plus d'aparence,
si ceulx de ladicte maison de Longueville le
vouUoienl, ne voyant personne qui soit pour
conduire cela plus à propos que ledict sieur
de Belièvre; car. en ce faisant, vous obligerez
ledict (jazimir et le tiendriez subject comme
soubz vostre alliance des Suisses. Il y en a
encores ung aultre, qui me semble qui sera
le plus aizé de tout, c'est de récompenser
ledict Schomberg de dix ou douze mil livres
de rente qu'il a en Allemagne, dont j'estime
LETTRI'S DE CATHERINE DE MEDICIS.
'2\'^
qu'il sera bioii ai/c dn son dt'll'airo et aizé
d'en ti'aictor avec luy, et los Laillor audiri
Caziiiiir; mais je ne sçav si cela seul dudirt
Schoinberg seroit sutBsant pour contenter
ledict (".azimir, car ledict de (Jlervaiit parloil
aussy dadjouster aux terres dudict Schoin-
berg Comniercy, appartenant à La Rochepot,
avec ieqnei il seroit peult-estre bien aizé
d'en convenir; mais je considère que mon
lilz de Lorrayne a la moictie' audicl flom-
mercv. Toutesfois je vous ay bien voullu re-
présenter toutes ces particullaritez, afin de
vous ouvrir les nioiens et à voz serviteurs et
ministres, et que vous faciez, s il vous plaict,
regarder ad ce qui se pourra en cela l'aire.
Cependant j'accuzeray la re'ceplion de voz
despesches des xxiii'' et xxiiii' du passe',
par lesquelles vous satisfaictes i'ort particu-
lièrement à toutes les miennes pre'ceddentes ;
aussY ne me reste-il à vous dire sur icelles
sinon (jue pleust à Dieu que je j)eusse aussv
tost advauser icv ce qui y est à faire poui-
vostre service, (jue de bon co'ur je le désire,
il y a longtemps, et y travaille avec tout
le soiiig et moiens que j'y puis j)enser, aflîu
d'avoyr ce bien de vous aller bien tost re-
trouver; mais comme vous pouvez assez clai-
rement veoir et juger par toutes mes dé-
pesches, il ne m'a esté possible de faire
mieulx, quelque peyne que j'ay prise, prières
et remonstrances que j'aye faictes à ces gens
icy, ainsi que vous fera bien amplement en-
tendre ledict sieur de Maintenou, et les
. grandes considéracions et patiences que j'ay
esté contraincte d'avoyr et ay encores en né-
gotianl avec eulx pour retenir les ungs et les
aultres de nous reprécipiter à la guerre. Et
pouvez croyre que, sans ma présence par deçà
et les moiens dont j'ay pour ce usé, tout y
alloit très mal, espérant, à présent que nous
sommes en si bons termes de la HéoUe que
l'on ne peuit ])hiN relarder noslre conférence,
en la(juelle j'ay bien délibe'ré du commance-
ment de parler ilu laid de Beaucaire, (jne je
veoy par vozdictes dernières dépeschcs que
vous aviez avec raison si à cœur. Toutesfois
je pense que, par l'ordre que j'y ay tousjours
donné, qui est prinripallemenl de mainlenii-
la ville la plus forte et le chasteau en très
grande subjection et hors la puissance de
Cbastillon de le pouvoir secourir, il vous sera
conservé du péril où ilz ont tasché et taschent
eucores tous les jours de le mectre, qui est
d'en rendre maistre Cbastillon el le luy baillei'
pour sa l'etraicte, allin de faire par noslre
conférence qu'il y demourast; mais, estant de
si grande importance qu'il est , et sur la rivière ,
je ne le vous conseillerovsjamays : aussy av-je
faict et feray encores tout ce ([ui se pourra pour
ravoir ledict chasteau en vostre obéissance et
garder qu'ilz ne s'en lacent maistres. Si j'eusse
esté en ce pais lors du trouble advenu audicl
Beaucaire, j'eusse bien pourveu que le lieute-
nant de Parabelle, (jui s'alla gecter dans le
chasteau et qui nous faict maintenant tant de
peyne, n'eust pas prins l'intelligence avec
ceulx de la Religion comme il a faict. J'ay
donné charge au sieur de Maintenou vous
faire là dessus entendre aucunes particula-
ritez , el vous dire aussi l'asseurance que mon-
dict filz le roy de Navarre m'a verballement
et par escript donnée de reniectre Florence
incontinent que la Réolle leur sera re-
baillée.
Il ne me reste plus qu'à vous parler de
Condom, oii je pensoys, ainsi que vous ay es-
cript, que l'ordre qui y avoil esté estably '
les deust maintenir en repos, comme il estoit
' Voir à V Appendice le (tReijjlement établi par la reine
mère pour la ville de Conilomn. Il ne fut sijfiié à Porl-
Saiiite-Marie que le sa janvier 1679.
^14
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
très sufEsant ; mais ilz sont si animez les ungs
contre les aultres que ilz y sont en plus grand
garbouge qu'Hz ne furent oncques. J'ay mandé
les sieurs de S'-Oreins et de Reberon, et
avecques eulx les deux plus anciens consuls,
niant cependant laissé la charge de la con-
servation de la ville au chevalier de Monluc
et aux aultres quatre consulz et magistratz de
ladicte ville. J'y feray, par l'advis des seigneurs
de vostre Conseil qui sont icy, tout ce qui se
pourra et en tous autres affayres qui se pré-
senteront pour vostre service, comme j'ay
donné charge audict sieur de Maintenon vous
faire aussy plus amplement entendre de ma
part. Priant Dieu, Monsieur mon lllz, vous
avoir eu sa saincte et digne garde.
Escript au Port-S'°-Marye , le x= janvier
1579.
1579. — 10 janvier.
Copie. Bibi. nat. , Fonds français, n^SBoo. f' i3o '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, depuis que le sieur de
Maintenon est party d'icy, ceste après-disne'e,
Longle'e, présent porteur, y est arrivé avec une
dépesche que le s'' de Saint-Gouard- me faict
par luy de la substance de celle que vous porte
Longlée, lequel, oultre cela, m'a fort parli-
cullièrement discouru et laissé par uug mé-
moire toutes les particullaritez et oecurences
que vous entendrez et verrez par ladicte dé-
pesche qu'il vous porte. Entre aullres choses,
il est faict mention du royaulme de Portugal,
oiî je désire bien qu'il vous plaise trouver bon
' En marge : «Euvoyé^ au Roy par Mons' de
Longlée. 1
' Jean de Vivoimc, seigneur de Saint -Gouard,
marquis de Pisany, ambassadeur de Henri III en
Espagne.
que j 'envoya l'évesque de Coinminges\ comme
je vous en ay escript et dont j'attendz bientosl
les despesches qu'il vous aura pieu en faire faire
et ni'envoyer;maisjedésireroisbien aussique,
avec ceste occasion, vous y dépeschassiez avec
luy ledicl Longlée, qui vous y a desjà faict
service, et qui y debvoit, ainsi qu'aviez résolu ,
estre incontinent renvoyé pour le faict des
grandes déprédations faictes sur voz subjectz ,
dont il fut dès lors faict ung mémoire, qui est
es mains du sieur de Villeroy, auquel je vous
prie commander faire son instruction et dé-
pesches et les renvoier incontinent, affin qu'il
puisse tout soudain partir pour aller avec le-
dict évesque de Gomminges; car estans là,
comme les occasions sont très à propos pour
les y envoyer, ils auront beaucoup de moien,
vous faisant service, de m'en faire aussi ung
très grand, s'il vous plaist qu'iiz y allent tous
deux ensemblement, aïant néantmoiugs cha-
cun sa cbarge séparée et occasions légitimes de
les y envoyer, et faire séjourner audict pais
ledict Longlée pour le faictz desdictes dépréda-
tions. Je vous supplie donques. Monsieur mon
filz, voulloir commander le paiement de sou
voiaige el séjour. Cependant, je vous dirayque,
me souvenant des bons offices que le s'' dom
Anthonio -, à présent prisonnier en Al-
fricque m'a par cy devant faictz el qu'il n'a pas
tenu à luy, tant il vous est et à moy affec-
tionné, qu'il n'ayt encores faict davantaige en
ce que vous savez , quand il n'y auroit que ceste
' L'évèque de Coraminges éloit , de iSôg à i58o,
(Iharies de Bourbon, fils bâtard d'Antoine, roi de Na-
varre. Il eut pour successeur (îrbain de Saint-Gelais.
que les nouveaux éditeurs de Y Histoire générale de Lan-
Ijiiedoc (I. IV, p. 877, in-i°, 1873), disaient avoir été
envoyé en Portugal par la reine mère eu i58o. L'évèché
du comté de Gomminges était, comme l'on sait, à Saint-
Bertrand, aujourd'hui ville de l'arrondissement de Saint-
Gaudens. ■
' Laissé en blanc.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
bonne voluiiU' qu'il m'a dt^iiionstree, cela me
donne occasion de vous sujtplier, comme je
faictz, de voulloir faire faire une bonne des-
pesche au roy de Feez pour sa délivrance et
215
escripre aussv, s'il vous pjjiit à
', qui est
aile' en ce pays là consul de voz subjectz, atïn
qu'il s'era ployé et poursuive ceste délivrance
dudict Anthonio, lequel aideroit et serviroit
grandement, s'il pouvoil retourner en Portugal
sur ces occasions icy. Je vous diray auss\ (jue
ledict Longlée m'a apporte une despesche du
sieur de la Ilillière et des liabitans de vostre
ville de Bavonne , lacjuelle je vous envoyé , aflin ,
s'il vous plaist, que vous commandiez que ion
pourvéoye au conteneu d'iceile, ad ce que ce
bel œuvre du Boucault de Bavonne, qui est
si utile et à propos, ne demeure point impar-
faict, et aussy que la seurreté soit en ladicte
ville, n'estant question que de faire rontineuer
la levée qui se faisoit pour la construction du-
dict Boucault encores pour quelque temps,
comme je vous ay, ces jours passez, escript
qu'il me sembloit estre le plus expédient de
faire; et me remectant du surplus audict Lon-
glée, je ne feray ceste lettre plus longue, sinon
pour vous prier encores une fois de le voulloir
faire dépescher promptement, affin que me
vienne incontinent trouver pour aller audict
voiage. Priant Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoir en sa saincle et digne garde.
Escript au Port-S'^-Marye, le x' jour de
janvier i57^.
Monsieur mon filz, je ne veulx aussi oublier
de vous dire que j'ay, ceste après-disiier, oy le
«■^ de Sainct-Oreins et après le s"' de Beaupuy
sur le faict de Condoin, oii les liabitans sont
fort divisez, et ladicte ville en très grand danger
qui n'y pourvoirn , comme j'espère faire, ay;iiit
' Laissé en blanc.
résollu que le s' de BajaumonI, au dedans de-
là surveillance duquel elle est, en yra demain,
comme verrez par le mémoire que je luy en
ay faicl liailler, estant veneues très à propos
les despescbes que m'avez envoyées pour y en-
voyer ung bomme de bien, conseiller super-
entendant de la justice, et pour faire faire par
la Chambre d'Agen le procès aux deux lieute-
nant général et particulier et à leurs adhérens;
car c'est la racine du niai qui y est. Ce soir
est retourné ung courrier que j'avois envoyé
en Provence devers les sieurs de Suze et de
Carces et de Vins, desquelz il m'a rapport('
responce, ensemble de la court de Parlenienl
dudict pays du cardinal d'Armaignac et des
autres à qui j'avois escript pour essayer de
composer araiablement leurs differens; mais,
comme vous verrez par les lettres que m'es-
cripvent ledict s' de Carces et de Vins, et que
vous avez entendu par une dépesclie que le s'
de Suze m'escript vous avoir faicte par Lon-
glée, les choses y sont très mal disposées
pour espérer de les composer amiablement.
Toutesfois il me semble qu'il faull encores
essayer de ce faire, et vous prye de faire une
bonne dépesche aux ungs et aux autres et à
tous ceulx qui y peuvent ayder, principallemeiil
au cardinal d'Armaignac, à ceulx de ladirle
Court de Parlement e( autres, afliii (ju'ilz re-
prennent les erres de ce qui avoil esté mis en
avant pour les accorder, comme je vous ay cv
devant escript. .le veoy bien qu'il faudra que
vous payez les estrennes de ceste partje, mais
il n'y a remède, car il ne fault [las penser que
les moiens de la force, oîi je veoy que les ungs
etlesaultres ne sont desjà que trop advancez,
puissent servir, sinon à la ruine dudict pais età
y empirer du tout noz affaires. Voylà pourquoy
il faull que farions tout ce que nous pourrons
pour aller au devant de ce mal là. Je leur en
ay faict, comme je vous ay escript, depuis trois
21G
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
ou (lualrc jours, encore une Lien expresse de'-
pesche, et continueray, en faisant icy ce que
je puis, de faire aussi pour ce pais là tout ce
que me sera possible.
1579. — i3 janvier.
Copio. Bibl. nat. , Foods Dupuy, n" 3.to, i° yô V.
A MONSIEUR DABAIN,
SIEIR DE LA ROCHE-POZAY.
Monsieur d'Abain, envoyant mon cousin
le cardinal de Bourbon ce gentilhomme, pré-
sent porteur, à Rome pour aucune affaire qu'il
a à négocier envers nostre Sainl-Père tous-
chant Menerbe et le Contât d'Avignon, je vous
ay bien voullu faire ce mot de lettre en faveur
de mondict cousin ad ce que, si vous pouvez le
servir en cella et en toute aultre chose dont il
vous pourra faire requérir par ledict présent
porteur, vous vous y employiez tout ainsy que
pour les propres atîaires du Roy, monsieur mon
fds, que je sçay qui vous en sçaura très hongre.
Je vous ay escript ces jours-cy que eussiez
à me faire entendre ce que aviez faict avec
ceulx qui vous parlèrent du duché d'Urbin,
il y a (juelqne temps, vous priant encore,
ni'escripre ce (pie en aurez depuis fait avec
eulx, el aussy ce qu'ils veulent faire en cella
et les moyens qu'ils ont.
J'espère que dedans deux ou trois jours
nous commencerons nostre conférence avec le
roy de \avarre, car les députés de ceulx de
la Religion prétendue réformée sont arrivez à
Nérac, et que la RéoUe sera remise en leurs
mains, comme il est parlé par l'édict de pacif-
firalion. Cela faict que j'espère que dedans
deux ou trois jours nous procéderons à nostre
conférence, estimant qu'en peu de jours après
nous aurons résolu tout ce qui sera nécessaire
pour l'exécution de l'édict de pacifBcation ^
et que, bientost après je m'en retourneray
trouver le Roy mondict S'' et fils. Je prie
Dieu vous avoir en sa saincte el digne garde.
Escript au Port-Saincte-Marie, le xin' jour
de janvier 1579.
1579. — i3 janvier.
Orig. Bibl. nal., Fonds français, n" 33oo , f ,38=.
[AL' ROY MONSIEUR MON FILS.]
.Monsieur mon filz, encores qu'il n'y ait que
trois jours que je vous ay escript bien ample-
ment par le s'' de Maintenon, et hier par Lon-
glée, louttefoy ayant sceu de mon cousin le
cardinal de Bourbon qu'il envoioit ung de ses
gens à Paris, je n'ay voullu laisser passer cesie
occasion sans vous faire ce mot de lettre el
' M. d'Abain écrivait de Rome à la reine mère,
le 3 novemhre 1678 :
«Madame, le dernier ordinaire nous a aporlé nou-
velles comme le roy de Navarre estoit venu trouver
vosire Magesté, et comme elle avoit désja comniancé
d'assoupir le tumulte et division qui avoyent cy devant
esté en Guyenne, et qu'elle déliberoyt d'aller à Tolose
et prendre son retour par la Provence et Daulpliiné
pour parachever d'eslablir une bonne paix partout, ce
que je n'ay failly de faire entendre à sa Sainteté, la-
quelle m'a dict en avoir eu semblable advis, et m'en a
monstre grand contentement pour la bonne espérance
qu'elle ha que vostre Magesté, par niesme moyen, pourra
aussy accommoder ses afTaires de Minerbe, comme elle
désire infiniment, ainsy que j'ay cy-devant escript à
vostre Magesté et semblablement au Roy. Il vous plaira
doncque. Madame, d'adviser s'il y aura moyen d'acco-
moder les affaires dudit Minerbe, et qu'il puisse eslre
rendu selon les articles de la paix. Et si peult assurer
vostredite Majesté qu'elle ne sçauroit faire chose qui
soit plus agréable à sndicte Saincteté.n (Cinq cens de
Colbert, 345, p. gio.) — Grégoire XIII tenait à Mé-
nerbes, parce que la ville, étant dans le Gomtat-Venaissin,
faisait partie des Étals de l'Eglise.
- En marge : «Envoyée au Roy par Mons' Couzel,
qui est à Monsieur le Cardinal de Bourbon.»
vous diri' (]iie mon filz le roy do Navarre, qui
estoit depuis deux jours à la chasse, est venu
ce soir soupper et cousclier icy, diMibérant de
s'en aller demain à \érac, où il lrou\cra les
deppule's de ceulx de sa rclligion arrivez, à
ce quil m'a dict ce soir. Je lui avois envoyé
cejourd'huv, pour toujours liaster nostre con-
férence, le s' de l'ibrac , lequel il m'a dict avoir
faicl aller devant audict Nérac, d'oij demain
il m'apportera nouvelles desditz députiez, es-
tant après à faire tout ce qu'il m'est possible
pour accélérer nosircdicte coniércnce et la faiie
icy, sans perdre le temps à aller ailleurs. Aussi
que, depuis nous avons parle' d'aller à Ville-
neuvvè d'Agenois,j'ay sceu que mon filz le roy
de Navarre, l'accordant, vouldroit avoir la ville
qui est de delà la rivière, laquelle est la meil-
leure et plus importante; et v inectant pour
leur seuretté des gardes, j'aurois quelque
doubtequ'ils s'en voulussentsaisir, si lescboses
ne réussissoient comme désirons par la fin de
nostre conférence, ou bien s'il advenoit encore
quelque désordre ; car ils en donnent a.«sez d'oc-
casions aux catholicques, ayant ces jours-icy
failli à surprendre All)y et auparavant Castel-
naudarv et tenté plusieurs autres entreprinses
eu diverses provinces, par où l'on congnoist
lousjours la leur mauvaise volunte'; mais pour
les mettre du tout eu leur tort, j'espère avoir
bientost de bonnes nouvelles du marescbal de
Biron pour le faict de la Uéolle, pour laquelle
envoyay encore hier des descharges particul-
iières que deniandoit Favas, alTindeles faire
sortir de la RéoUe, et qu'elle puisse esire bien-
tost, suivant ce qui a esté accordé, es mains
du mareschal de Biron, pour leur fermer la
bousclie, et qu'il n'y ail point d'excuse de re-
tardement pour nostre conférence, en laquelle
on me promect que. Dieu aidant, nous ferons
(juelque chose de bon et ([u'il ne se trouvei'a
pas grande difficulté sinon pour les seuretez;
Catherine de Médicis. — vi.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 217
car ils s'attendent (|ue ceulx qui doibvent venir
servir en la cliaMibr(^ mipartie du Languedocq
seront bientost par deçà, comme je leur ay
fait entendre que m'avez escript les principaul.x
estre partis pour venir. J'ay parlé aussi de nom-
mer ung autre conseiller de Court Souveraine
au lieu de Descarnecueh, qui est mort, et de
(ihefdebien, (|ui n'en est et qu'ilz avoient
choisy pour mectre en sa place; ils désirent
que l'on laisse le nom en blanc pour le rem-
plir de celui qu'ils me nommeront icy. Cepen-
dant , pour ce que je crains fort i|ue, les armes
se levans en Provence, comme vous avez vou
])ar les despesches que vous ay envoyées par le
s' Longlée, que tout s'y va bien brouiller, cela
seroit cause, n'y l'émédiant , d'enipescher l'exé-
cution de ce qu'avons accordé ])our le Daul-
phiné, et aussi pour ce que accorderons pour
le Languedocq ; j'ay encore faict des despesches
bien expresses, tant au comte de Garces et au
s' de \ ins par ung de leurs gens qu'ils m'a-
m'avoient envoyé, que au comte deSu/.e, par
la voie et adresse du cardinal d'Armaignac, au-
quel j'ay pareillement escript , ensemble à la
couit du Parlement dudict jiays, et aussy aux
sieurs de Montdragon et (irille, comme vous
verrez par les doubles que je vous envoyé, ès-
(juelz est aussy escript ce que j'y ay mis de ma
main, estant très nécessaire que vous en es-
cripviez de vostre part à eulx tous, alfin que
Whi puisse arrester le mal que je vooy qui va
bien fort croissant de ce coslé là , et qui seroit
])eult-estre cause que tout ce que pourrois faire
seroit inutille. Je prie Dieu, Monsieur mon
lilz, vous a\oir eu sa saiucle et digne garde.
Esrrijit au Port-Sainte-Marie, le xiiT Jan-
vier i57().
Monsieur mon filz', devant-hier le roy de
' l'^ii lilrp lie la copie (fol. i3i v") : ttO ([ui est es-
ciipt de la main de la tiojne au bas de lad. dépesclie. i>
tUMUlICniE SATIOflt-R.
218
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Navarre me viul trouver, comme je me pro-
menois ie long de la Garonne, et me pre'senta
Clervant, qui se commença à s'excuser de ce
que l'on avoil dicl de lui, disant qu'il n'en es-
toit rien, et qu'il seroit bien marry que vous
eussiez cette maulvaise oppiniou de lui et que
je la creusse. Je lui dis que n'en avois autre
opinion et n'en croyois que ce que en avions
veu par escript. Il ne me feist pas grande res-
ponse, ce que veoyant , et pensant qu'il n'esloit
point veneu sur le point de la conférence sans
quelqueoccasion,jene lui voulus fairenyhonne
ny mauvaise mine, et le mis en propos des
affaires de Flandres, qu'il me conta assez li-
brement , que Casimir et le prince d'Orenge es-
toient mal ensemble, et que Casimir s'en re-
lournoit et que les aultres veullent la paix, et
les belles offres qu'ils avoient faictes aux sei-
gneurs que vous avez entendu. Au reste, le roy
de Navarre me dist qu'il n'estoit venu que pour
parler du payement de Cazimir, et m'en parle-
ront, ad ce que j'ay peu entendre, à la confé-
rence, mettant en avant les moiens que vous
ay mandés. Il dict à quelques ungs de ceulx
qui sont icy, qui luy sont amis, que Cazimir
avoit escript au roy de Navarre qu'il entretint
la paix, et dict que luy, estant icy arrivé, trou-
voit fort estrange que l'on m'eust ainsy menée
en longueur et que ce n'est bien faict. Il deb-
voit venir demain. Je verray ce qu'il fera. Je
vouldrois bien sçavoir si vostre frère est en
France et oii; s'il vous plait me le mander, es-
tant ceste alarme de son retour, mais depuis
que Clervaut est arrivé, il semble qu'il ne le
croist pas, et si c'est, qu'il ne s'en soucie
plus. Tenez moi en vostre bonne grâce.
Vostre bonne, très affectionnée et obligée
mère.
1 579. — 1 i-'i 5 janvier.
Copie. Bibl. liât., Fonds français , n°33oo, f^iSa '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, ce matin mon filz le
roy de Navarre, avant que partir pour s'en
aller à Nérac, oij, comme je vous escripvis qu'il
m'avoit dict, ces députtés sont arrivés, m'est
venu remonstrer, en la présence de tous ces
s" qui sont icy de vostre Conseil, comme il
avoit advis de Bourdeaulxque l'on avoit prins
ung jeune garçon de l'aage de dix à onze ans,
qui avoit esté trouvé meseurant le fossé et la
muraille du chasteau du Ha-, et qu'il pensoit
que ce feust chose aportée, pour ce que l'on
avoit prins aussy ung pauvre homme, qui avoit
une jambe de bois-, qui estoit à l'hospital il y
a longtemps, et encore ung aultre, et que l'on
les avoit tellement gehennez que par force on
leur auroit faict dire ce qu'ils ne sçavoient pas,
et sur cela que l'on les avoit fait exécuter, et
prins, à l'instant, de ceulx delà Relligion ha-
bitons dudict Bourdeaulx prisonniers, dont il
m'a faict grande instance, disant qu'ils n'es-
toienl aucunement coupables, comme il s'as-
seure qu'on les trouvera ainsy, pourveu que
les poursuittes en fussent faictes par juges
non suspects, comme estoient ceux de Bour-
deaulx, auxquels par vostre édict la congnois-
sance de ceulx de la Relligion prétendue ré-
forméeleurest ostée; sur quoy, après plusieurs
contestations et qu'il luy a esté remonslré et
au viconte de Turenne, qui estoit avec luy, que
c'estoit un crime capital de lèze-Majesté, du-
quel, nonobstant vostre édirt, la court du
Parlement de Bourdeaulx pouvoitcongnoistre;
' En marge : irEnvoyée au Roy par l'ordinaire des
Postes, u
^ Le château du Hà était situé au milieu de la ville
de Bordeaux; il en reste une grosse tour qui sert de
prison pour les condamnés à mort.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
219
toutlefois enfin ii a este advisé que j'escripiois,
comme j'ay à l'instant l'aict, à iailite Cdurl et à
vos advocat et pioruicur, (ju'ilz continuassent
à informer et esdairer la vérité des choses,
surséans louttef'ois l'exdcution, et que par
mesme moyen j'escriprois aussi à la Chambre
d'Agen, comme j'ay pareillement faict dé-
putter ung conseiller catolicque et ung de la
Religion avec le conseiller Motte, qui a desjà
commission de vous, pour aller à Bourdeaulx
et reprendre les informations et tout ce qui a
este' faict en cela, informer de nouveau, si
besoing est, instruire ledict procès et le venir
juger en ladicte grande Chambre d'Ageii, oij
je vous asseure que j'escri[)rois si souvent que
la vérité de cela sera congneue et la justice
exemplaire faicte. Voilà ce que nous avons faict
pour ce regard, estant à l'instant ariivé Beau-
regard, guidon du mareschal de Biron, avec
la résolution dont luy, les s" de Duras, de
Guitry et le cappitaine Favas, après plusieurs
contestations, estoieiil néanmoings demeurés
d'accord, d'effecteuer ce qu'il avoit résolu pour
le faict de la Réolle, en leur baillant encore
quelques descharges que je leur ay inconti-
nent envoyées; de sorte que, selon ce ([uilz
me promettent, j'espère que le sieur de Duras
se mettra ceste nuict dedans le chasteau de la
Réolle, et le mareschal de Biron l'aura et les
villes aussy en sa puissance vendredy ou sa-
niedy. Cependant j'ay faict que mondictz hlz
le roy de Navarre a escript el donné charge à
Guitry d'aller à Langon pour le faire remectre,
comme ilz m'ont asseurée qu'il fera, suivant
vostre édicl, es mains de monsieui' François
de Candalle, qui en est seigneur de fief; et
m'a aussy vostre frère le roy de Navarre pro-
mis que, suivant l'escript qu'il m'a signé, dont
je vous ay envoyé le double, il fera à l'instant
remettre Florence en Testai qu'il estoit lors-
qu'il s'en est dernièrement saisy sur la nou-
velle de la surprinse de la Réolle. L'ayant , jiour
le principal de l'affaire (jue nous avons, qui est
nostre conférence, et instamment prié et ad-
monesté avec toutes les persuasions et renions-
trances qu'il m'a esté possible , que la puissions
promplement faire, ne pouvant plus prendre
aulcune excuse, puis(jue le faict de la Réolle
estoil si bien acheminé, et les députlés arri-
vez: il m'a promis de me satisfaire, selon le
grand désir qu'il dict en avoir, il y a long-
temps; et, afin de l'en ramentevoir et pour-
suivre fermement, j'ay fort ])arlicullièrenient
et expressément escript au s'' de l'ibrac, que
j'envoyeoy pour ce hier à Nérac, ad ce que luy
remanteust d'escrire et faire partir, en sa pre'-
sence, celluy qu'il envoyeroit audict Guitry
pour ledict faict de Langon, et parlast aussy
au^dictz de'pultez pour la résolution du lieu
et du jour de nostre conférence, allia que,
venans icy, ils fussent disposez à m'en donner
contentement, comme m'a promis le roy de
Navarre et aussi ledict vicomte de Tu renne.
Voilà ce qui s'est passé cejourd'huy, dont je
vous ay bien voullu donner advis par l'ordi-
jiaire des postes, en attendant que j'aye ce
bien d'avoir de vos nouvelles par les dernières
dépesches que je vous ay faictes tant par le
baron de Saulsac et depuis par le s"' de Main-
leuon et l'abbé Gadaigne, qui peuvent bien
estre à présent arrivez à vous, à qui je diray
aussy que j'ay escript à vostre court de Parle-
ment de Bourdeaulx pour renvoyer touttes les
informations et proceddures dont elle estoit
saisie pour ce qui est adveneu à Condom, à
ceulx de ladict Chambre d'Agen que voulez
qui en ayent la congnoissance. Je ne sçay s'ilz
le vouldront faire; mais pourtant il est bien
nécessaire, car les inimitiés et rancunes crois-
sent tous les jours entre ceulx des deux con-
frairies, assavoir: saint Pierre et saint Arnault,
et les aultres estans catolicques qui ne sont
28.
220
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
d'aulcuue coofrairie, et ceulx de la Relligion
prétendue réformée. J'attends à veoii- i ordre
qu'y aura donne' le s' de Bajaumont, que j'y ay
envoyé avec l'instruction dont vous avez veu
le double, et vous asseure qu'il seroit adveneu
et seroit encore pour advenir ung très grand
de'sordre en la ville, si j'en estois plus loing
et s'il n'y estoit promptement pourveu , comme
je feray du mieulx qu'il me sera possible. Ce-
pendant je prie Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoir en sa saincte et digne garde. Escript au
Port-S"'-Marye,le xiiu'jour de janvier 1579.
Monsieur mon filz', les sieurs niarescbal
de Dampville et de Rieulz- m'ont icy envoyé
deux requestes pour le laid des consulz de
Narbonne; en quoy il m'a semblé n'eslre à
propos de touscher pour ceste beure, aiant
mandé, comme j'ay faict, aux consulz dudict
Narbonne qui sont en exercice, conlincuei'
jusques ad ce que vous en ayez sur cela advisé,
comme il vous plaira faire et en mander vostre
résolution et volunté audict marescbal de
Dami)ville et au s'' de Rieulx , et aussy auxdictz
consulz, manans et babllans de Narbonne. Ce-
pendant je vous diray aussy. Monsieur mon
fils, que l'on m'a encore présentement donné
très bonne espérance que nous commence-
rons au commencement de la semaine pro-
chaine nostrc conférence et qu'elle ne durera
guères, mais qu'en peu de jours nous aurons
tout résolu, ce qui sera à mon contentement.
Dieu le veuille. Je vous despescheray et en-
verrav le s' de Dinlbeville dès le lendemain
qu'aura commencé nostre conférence, le rete-
nant icv pour qu'il vous puisse porter ces
bonnes nouvelles là. Escript au l'orl-S''"-Ma-
rye, le xv' jour de janvier 1Ô79.
' Kri tilr.' : fri'osicripti.
' Franrois de la Jurie. baron de Rieux.
1379. — li janvier.
Oriu. Ribl. nnt.. Fonds français, n" 3345, (' a6 r\
A MON COUSIN
LE S' DE DAMPVILLE',
MARÉCHAL DE FRANCE, COLTER>EUil
F.T LIEUTENANT GÉ\ÉRAL POUR LE ROV MONSIEUR MON FILZ EN LANGUEDOC.
Mon cousin, j'ay receu, ces jours icy, les
lettres que m'avez escriptes. Estant très marrie
des désordres qui se commettent par ceulx de
la Religion prétendue réformée sur les calbo-
licques, j'en ay faict toute l'instance que j'ay
peu à mon filz le roy de Navarre et à ceulx
qui sont auprès de luy; mais je n'y ay peu
encores rien gaigner, sinon qu'ilz dient bien
qu'ilz désirent que justice soit faicte de ceulx
de leurdicle religion et que l'on la face aussy
des catbolicques, dont pareillement ilz se
plaignent. J'eusse bien désiré que nous eus-
sions, de part et d'autre, depputédesgensd'au-
tborité pour faire cesser, de part et d'autre,
tous ces mauvais depportemenlz; mais cela a
esté remis en nostre conférence, que j'espère
que nous commancerons les premiers jours de
la sepmaine prochaine, ad ce que j'ay sceu tous
les depputez arrivez du jour d'hier à Nérac. J'ay
aussy eu nouvelles que la Réelle sera remise
dedans deux jours, m'ayant mon filz le roy
de Navarre promis et asseuré par escript, et
encores hier reitéré verballement, de remettre
aussy la ville de Florence en Testât qu'elle
estoit auparavant, quand il s'en est dernière-
menlsaisy, depuis la surprise de iadicte Réelle,
ayant pareillement pourveu de faire aussy re-
mettre, suivant l'édict de pacifiicalion, les
ville et chasteau de Langon es mains de mon-
sieur François de Candalle, qui en est seigneur
de fief, vous priant tenir la main ad ce que
' Sur la siiscription de ces dépêches originales, on lil
lanlot Dainville, lantot Dampville.
LETTRES DE GATH
iiiigchaspiiiise conll(Minc(>n|)aix, avani lU'ant-
inoings i'œil oiivort i[u'il ne so l'ace aucune
surprise par coulx qui no ileinandent qu'à
doubler le repos el enipescher le bon œuvre
de l'establissement de la paix, pour lequel je
suis par deçà, dont j'espère vous mander bien
tost de bonnes nouvelles de la résolution qu'en
auront prinse en uostredicte conl'éi ence. Pliant
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escripl au Port-S"-Marie. le xiiii' jour de
janvier i 079.
Notre bonne cousine',
(JATERINE.
ERINE DE MEDICIS.
n\
I571(. — là janvier.
Orig. Bibl. nal. , Fonds français, n" 33i5, S° 3o.
A M0>' COUSIN
LE S' DE DVMPVILLE
Mon cousin, après avoir bien considéré le
contenu de la lettre que m'avez escri[)te jjar
ce porteur, celle du sieur de Rieux et les deux
roquestes que m'avez ensembleaient envoyées,
j'ay re'solu, par l'advis des iirinces et sieurs
du Conseil privé du Roy monsieur mon filz
qui sont icy, d'escripre bien expresse'ment,
comme je fais aux consuls de Narbonne qui
sont à présent encore en exercice, conlinuer
leurs cbarges jusques ad ce que le Roy mon-
dict S'' et filz ayt veu et entendu le contenu
èsdictes requestes, lesquelles je iuy av, ceste
après-disnei-, envolées, et re(]uis par la dépesche
que je Iuy ay laicte sur cela, suivant l'advis
desditz princes et sieurs du (ionseil, vous
escripre etaudict sieur de Rieux aussy, et pa-
reillement auxdictz consuls, manans et linbi-
ta ns de iadicte ville de Narbonne, son intention,
' Ces (rois mots sont de la main do la reine.
(pie j'espère (juc nous aurez, si ce n'est de\anl
le jour de Chandeleur, que l'on procedde à
ladicle nouvelle eslection bientosi après. Ce-
pendant je vous |)rie tenir la main ad ce que
tous le.sdictz babilans d'icelle ville de Narbonne
se contiennent en bonne et parfaite |)aix, repos
et union, les ungs avec les aullres, et les as-
seurer que je seray, Dieuaydant, le plus tost
qu'il .sera possible, en ce pais là, pour y veoir
esliiblir la paix, espérant que dedans dimancbi'
ou lundi la Réolle sera remise et que un;;
jour ou deux après nous commancerons nostre
conférence, en laquelle, selon la bonne et
grande espérance que l'on me donne, conforme
à l'édict de pacillication , nous prendrons de-
dans peu de temps, avec layde de Dieu, une
bonne résolution de toutes choses. Je re-
tiens icy, par l'advis du sieur évesque de Val-
lence, le gentilhomme des vostres qui est
dernièrement arrivé, pour le vous renvoier
aussy tost que nous aurons résolu le jour de
nostredicle conférence. Cependantjevousdirav
que j'ay parlé à mon filz le roy de Navarre el
à ceulx qui sont auprès de luv de sa religion,
pour faire retirer les deux ou trois cens har-
quebuziers qui se sont saisis et retranchez,
comme m'avez escript, en ung villaige près
Beaucaii-e, faisans beaucoup de mal en tous
ces quartiers là, comme il se faict ailleurs en
di vers endroictz de vosire gouvernement^ ;mais
nous n'avons pas peu encores résouldre l'ordre
qui se donnera pour faire cesser iesdictz actes
d'hostilité, me remettant à en résouldre
lorsque nous ferons nostredicle conférence.
' l.a cour avait bien do la peine à taire obéir le ma-
récbal de Damville : il avait failli l'année précédente se
déclarer indépendant, et s'il était maintenant réconcilié
avec la reine mère, c'était au cardinal d'Armagnac que
l'on le devait. Archevêque de Toulouse depuis i565,
Georges d'Armagnac avait passé en 1577 au siège d'Avi-
gnon, oii il était en même temps ncollégati). Voici la
222
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Touttefois je serais d'advis, si aviez moiens de
forcer lesdictz harquebuziers et leur en prester
une (sic), que vous l'eisiez assembler et pré-
parer ce qu'il fauldroit pour cela et qu'estant
près d'euix leur envoyassiez mander qu'ilz
eussent à eulx séparer et retirer dedans vingt
quatre heures, sinon leur feissiez courir sus
comme perturbateurs du repos publicq et in-
fracleurs de l'édict. Priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-S'''-Marie , le xv' jour de
janvier 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
note que nous trouvons dans ie ms. fr. i556o, f° 189,
à la date du 1" décembre 15^8; elle a été évidemment
écrite par un secrétaire italien, peu lettré :
Mémoire du cardinal d'Armagnac, légat d'Avignon,
touchant les offres que le mareschal Damvillefaicl pour
rentrer aux bonnes grâces de Sa Majesté.
K Monsieur le mareschal Damville, avecques toutes les
assurances que faire se peult, il assure Sa Majesté de
toute fidélité à son servise, et que de ses comaudemans
il ne en laissera aucun en arrière, et que de point an
point seront oliservés, avoir reprins en amitié tous sous
que il a peu panser estre du contanlemant du Roy, sans
avoir aucune sovenanse des choses passées, ne voulant
que satisfere à Sa Majesté ; il se sont veu avecque Mons'
do Suxe ; et le segnieur de Sainte-Paylie , le conoissant
bon serviteur du Roy, l'a prié de comander à Beauquere,
et pour se faitt icy incontinant fist fornir xii™ livre
ampruntée en Avignon de ses amys, pour satisfera au
comansemans auls fraist pour la conservation délia ditle
ville. La esécusion de Parabelle fust faille, ne povant le
peuple se contenir en la fureur, car il estoit esté déli-
béré de le faire prizonier et mourir par guistise, et avérer
une infinité des chose importante au servise de Sa Ma-
geslé, comme il estoit bien nécessaire, et que il saura
treuver la Royne, faire pour la satisfere et ausy pour
satisfere au contantement que Sa Majesté pourroitt^icece-
voir de luy, et que dès le premier jour luy a ativoyé sa
fannic et i[icontinan que il a seu la arrivée délia royne
eu Guascogne. 1
Voir une pièce plus longue à ['Appendice.
1579. — 16 janvier.
Copie. Bibl. nat. , Fonds français, n" 33oo, î° i33 '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je vous escripvis liiei
par l'ordinaire des postes tout ce qui s'esl
passé par deçà jusques à hier soir; et par
ceste-cy je vous diray que le s' de Pibrac est
ce soir seullement retourné de Nérac, oii dès
hier tous les dépultés de ceulx de la Religion
prétendue réformée arrivèrent, s'estans seul-
lement pour ce jour là présentez au roy dt
Navarre , qui les a oys ce matin depuis six heures
jusques à une heure après midy, estant avec
luy seul le viconte de Turenne et le secrétaire
Pin -, qui est celuy qui mesne tout le prosnc
et qui n'est guères, à mon advis, affectionné
au bien de la paix. Lesdictz députtés ne sont
pas guères bien d'accord entre eux, aians di-
verses réquisitions à faire, et sont leurs cahiers
fort gros , à ce que m'a rapporté le s' de Pibrac ;
et comme mondict filz le roy de Navarre s'est
laissé entendre à luy qu'il eust bien désiré
que nostre conférence se feist icy, mais que
lesdictz députez ont gaigné par dessus luy
qu'il fault faire ladicle conférence en quelque
ville de seurelé, parlans de Montauban. Il en
doibt icy demain venir devers mpy en la cou-
duicte du viconte de Turenne deux depputez
des aultres. Je verray ce qu'ilz me diront; mais
je suis bien délibérée de faire en sorte que la-
dicte conférence se face, s'il est possible, en
ce lieu; et s'ils n'y veullent venir, je suis
d'advis qu'ilz demeurent à Nérac, et ne lais-
' En marge : «Envoyée au Roy par l'ordinaire des
postes, Tî
'^ Pin, Lepin ou Dupin, secrétaire du roi de Navarre,
■rlequel possédoit infiniment son maistre et avoit grande
auctorité en sa maison, maniant toutes les affaires do
ceux de la Religionn, dit Marguerite de Valois dans ses
Mémoires.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
2-2:5
seray pas de veoir icy avec les princes et
sieurs de vostre Conseil leui-s cahiers, et leur
y responderav par escript, comme je feys pour
le Dauipliiné, et puis les leur renverray; et
sur celia nous nous assemblerons pour pren-
dre la résolution du tout, qui sera, à mon
advis. bien aisée : car je suis résolue de leur
dire du premier coup que, ne vouilant nul-
lement adjouster ne diminuer à vostre édict
de pacciflication. aussi ne seroit-il pas rai-
sonnable. 11 faut seulienient regarder aux
choses requises pour l'exécution d'icelluv et
leur pourveoir, comme je feray en tout ce qui
sera raisonnable. .Mon filz le roy de Navarre
ne viendra icy que dimanche, à ce que m'a
dict le s' de Pibrac, ne vouilant pas estre
icy le premier coup que je verray lesdiclz
depputez, ausquels il a dict, ad ce que j"en-
teudz, qu'ils se préparassent hardiment, et
que je les rendrois petits comme cirons. Je
suis véritablement bien délibérée, selon ce
que je verray, de leur bien dire ce qu'il me
semble de la trop longue patience et attente,
allée et veneue de lieu en aultre qu'ils m'ont
faict faire, et n'obmecteray pas de parler dès
demain, s'ilz proposent de me requérir d'aller
audict Montauban, des mauvais déporlemens
du s' de Chastillon , quele mareschalDampviile
m'escript qui est en Rouergue, assemblant
des forces pour aller secourir le chasteau de
Beaucaire. Touteffois il seroit à craindre,
comme je ne leur celleray pas, que ce feust
aussi tost pour nous faire quelque déplaisir,
s'il pouvoit , ou pour nous desfourner de nostre-
dicte conférence; ce sera pour leur monstrer
que je n'ay pas occasion d'aller audict Mon-
tauban et pour les rangera venir icy, ou bien
de demeurer plustost à Nérac et nous icy, et
faire comme je l'ay cy-dessus déclaré. Je vous
advertiray de tout journellement et vous rcn-
voyeray le s' de Dinteville dès le lendemain
du premier joui- de noslre conférence. Priant
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript au Port-S'-Marye, le xvi" janvier
»579-
1579. — ig jauWer.
Copie, Bilil. nal., Fonds français, n° 33oo , f» i33 v" '.
[AL ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, suivant ce que je vous
ay escript dernièrement, mon filz U> rov de
Navarre ne faillit pas d'envoier icy sabmedy,
en la conduicte du viconte de Turenne- deux
des députtez, qui furent Causse et Vignolles
de Montpellier, qui parlèrent à moy parti-
cullièrement tout bas, combien que j'eusse
faict assembler mon cousin le cardinal de
Bourbon et ceulx de vostre Conseil qui sont
icy. Ledict Vignolles porta la parolle et me fevt
entendre l'arrivée desdictz députiez et la
bonne intention, avec laquelle ilz venoient,
au bien de la paix, s'excusant pour leur re-
tardement sur les peurs et difficultés qu'ilz
ont, et que ce (jui est adveneu à la Réolle les
avoit encore davantaige mis en craincte el
esté cause d'un grand retardement à leur ar-
rivée. Leur conclusion fut qu'ilz me sup-
plioient que nostre conférence se feist à Mon-
tauban; sur quoy, leur respondani particul-
lièrement à tous les poincis dont je ne vous
feray aultre discours pour ne vous ennuyer,
je leur dictz résolument que je ne bougeois
d'icy pour plusieurs raisons qui seroient aussi
trop longues à vous desduire. Je lescripvis
ainsi à mondict filz le roy de Navarre et le
priay par mes lettres de faire que luv et tous
' En marge : crEuvoyce au Roy par M' l'ajins, ser-
viteur de Monsieur de fibrar.i
■ On trouvera à VAppemlire une letlre inédite du roi
de Navarre à Turenne.
22/1
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
lesdiclz députez se consentissent à cela et
que j'en eusse responce le lendemain, qui fut
hier. Selon cela mondicl filz le roy de Navarre
envoya, en la conduite de \olet, deux autres
desdiclz députez qui s'appellent Pocquerais et
Lamer, lesquelz, parlant ledict Lamer, me
firent aussi de grandes excuses et me dirent,
comme les aultres, qu'ils venoient avec toute
la bonne volunté et affection, qui se pouvoit
désirer, au bien de la paix; mais qu'ilz me
supplioienl de voulloirque ladicte conférence
se feist entre Castelsarrazin et Montauban,
disans pour leurs plus apparentes raisons
qu'ilz estoienl en double des peuples de ces
(juartiers de deçà, aussi qu'ilz pensoient bien
(ju'ii faudroit souvent qu'ils envolassent du-
rant nostredicte conférence, sur les occasions
qui se pourroient présenter, devers ceulx qui
les ont députez, et qu'estans eulx audict Mon-
tauban, ils seroient beaucoup ])lus près de
leurs provinces que non pas icy. Ledict La-
mer parla assez longuement, comme entendit
mondict cousin le cardinal de Bourbon et
ceulx de vostre Conseil : je luy respondiz,
comme j'avois faict aux aultres le jour de
devant, et particullièrement lesdictz de vostre
Conseil, les ungs après les autres, les me-
nèrent comme il failloit, si bien que chacun
de ceulx de vostredict Conseil se meit en co-
lère contre iceulx députez, leur disans les
mesmes raisons que je leur avois dictes, du
toi 1 qu'ilz avoient de penser qu'ils ne fussent
icy aussi seurement qu'en tous les aultres
lieux où ils pourroient estre; mais qu'ils se
congnoissoit bienpar là qu'ilz avoient quelque
chose de caché au cœur, comme aussy cer-
tainement le pensé je, ou que c'est qu'ilz
attendent encores quelque chose, ou qu'ilz
veullent gaignerle temps; car, ainsy que très
bien leur feust représenté, les chemins et
passaiges sont à présent si malaysez et les eaus
si grandes que, quand je partirois à ceste
heure, je ne saurois estre où ilz vouldroient
que j'allasse en quinze jours, et crainderois
qu'entre cy et là, il advint encores quelque
destourbier, qui empeschast ce bon œuvre pour
lequel j'avois prins la peine de venir si loing
et en si dure saison, dont néantmoings je ne
me soucie uy me vouUois plaindre, pourveu
que les choses prissent de bon succedz, que je
dc'sirois et que tant de pauvres peuples atten-
doiont, il y avoit desjà si longtemps, dont la
faulte et retardement de ce bien là ne venoit
que par eulx, n'estant plus question que de
regarder les moiens d'exécuter l'édict de pa-
ciffication. ce qui debvroit estre faict, il y a
longtemps, etseroit bientost résolu, s'ilz voul-
loient y marcher de bon pied; mais, quelque
chose que je leur aie encores peu dire, et
particullièrement aussi ceulx de vostre Con-
seil, les ungs après les aultres, en quoy il n'a
esté rien obmis de tout ce qui se pouvoit leur
remonstrer, ils s'en sont pourtant retournez
sans qu'ilz aient jamais voullu résouldre
aultre chose, sinon qu'ils le diront encores à
mondict fdz le roy de Navarre et aux autres dé-
putiez; et, veoyanlcela, j'ay escript encores à
mondict filz le roy de Navarre, pai- ledict
Yolet et par eulx, pour le repersuader encores
défaire eu ce lieu nostredicte conférence, ou
bien qu'ils m'envoiassent leurs cahiers et de-
mourassent à Nérac, puisqu'ilz estoient en
double de venir icy; mais que premièrement
je désirois que mondicl fils le roy de Navarre
les amenast tous en une abaye' qui est de
delà la rivière, s'ilz ne voùlloient passer de
deçà, aflin ([ue je les veisse tous et qu'il/,
peussent , à leur aize , parler à moy, qui leur ay
aussi proposé de loger es maisons qui sont
' C'est l'abbaye du Paravis, ou Paradis, nionaslère
considérable de l'ordre de Fonlevraull, dans un joli site,
tout près de Porl-Sainte-Marie.
LETTRES DE GATHERLNE DE MËDICIS.
225
près de ladicte abaye, ou sinon et «ju'ilz ne so
vouHusseuf fier en la promesse que je leur
l'aisois, qu'iiz n'auroient aucun mal ne dé-
plaisir, qu'ilz me baillassent là, après que je
lesaurois ouys, leurs cabiers, et quej'yrespon-
derois par escript et qu ilz verroient lesdictes
responses, et après, s'il failloit vuider qvielque
difficulté, que nous nous assemblerions en-
çores, de sorte que ce seroit bien lost faici,
s'ils vouUoient. Ils n'ont pour tout cela autre
chose respondu, sinon qu'ilz feront le tout
entendre à mondict filz le roy de Navarre et
auxdictz autres de'putez, qui a esté occasion
que j"ay aussi faict mettre en niadicte lettre que
j'envoiroisencores aujourd'hui, conimej'av laid
ce matin , le s' de Pibrac andici -\érac, pour en
sçavoir nue résolution. Priant Dieu, Monsieur
mon filz , vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-S"-Marye, xix" janvier
1579. — :2i jaiuici'.
Orig. Archives âe Bayonin?. s<!'iie AA. legiïil. si.
\ >IESSIELRS LES OFFICIERS,
MANANS ET HABITAIVS
l)E LA HLI.E
DE HAYONNE.
Messieurs, j'ay esté pre'sentement adverlie
que ceiilx de la Religion j)rétendue l'éformée
ont entreprins sur vostre villo, et, à ceste
occasion , je vous prie ne faillir d'avoir soigneu-
sement l'œuil ouvert; car, à ce que j'entends,
ladicte entreprinse se doibt bicntost tenter et
exécuter. Voilà pour quoy il lault y prendre
garde de bien près , et m'asseurant qu'ainsi ferez
vous, je ne vous ferav ceste cy plus lojjgue, si
n'est pour vous dire que j'en escripis autre au
s' de La Ilillière, alFin (ju'il fasse, de sa part,
tout le devoir qui est requis et nécessaire pour
lousjours conserver vostre ville en seureté el
Catherixe de MÉDICIS. VI.
aussi en paiv et repos soubz l'obéissajHc du
Roymonsicurniiiri filz. PriautDieu, Messieurs,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript a\i Port-S"-Marie, le \\i' janviei'
1579.
PlNAIlT.
Caterine.
I.")7',l. il janvier.
Aul. UiJjl. Dut., Fonds Dupuy, n* 311, f^ 11.
A MONSIEUR MON FILS
LE ROY DE NAVARRE.
Mon fils, je ne vous fayré longue la pré-
santé, car j'escrips à vostre femme, et renie-
ment vouspryré me tenir promèse de remetic
Florense, suivent cet que enn' ay de vous par
escript et m'avés dyst. Je vous envoy pour cet
ayfest le sieur de Savignac, afin que lui en-
voyez a\eques quebjue eun des vosires qui
aubéiré, et ausy que fasiés remetre Laugon;
car autrement je voy ceulx de Bourdeau et
les catoliques ynfiniment altérés. Je ne fanis
poynt au promeses que le Roy vous feyt, el
nioy en son non. Je vous prie, soyés le nièlrc
et me lenés les \ostres, et je me remets à
vostre femme et au sieur de Sa\ignac, qui me
feyré fayre fin, prieiit Dieu vous donner aussi
bon ronsel que, je m'aseure, liavés la volunlé.
Du Port-Saiiite-Marie, cet wi'^ de janvier
1579.
Vostre bonne mère.
(-ATE1UNE.
I.")79. — al jaiivior.
Orig. Kibl. liai. , F.inils IhiDf. 11" iîaAS , f" 33.
A MON CODSIN
LE S'^ DE DAMVILLE.
Mon cousin, les habitans de la ville et dio-
cèse de Nismes ^à ce que m'a raportérévescjue
IIIITinttr.lE X.VTIONAI f ,
226
de Valience, et aussy ce que m'en avez ample-
ment escript) feurent les premiers de ceuk
de la relligion pre'tendiie refformée en vostre
gouvernement, qui receurent et féirent pu-
blier l'édict de paciffication, comme aussy
sont ilz les premiers, ou, pour mieulx dire,
seulz, qui ont envoie' par devers moy pour me
présenter la de'votion qu'ilz ont de vivre en
paix soubz robc'issance du Roy monsieur mon
fllz et de ses édictz, qui faict que je les estime
dignes d'estre bien et favorablement traictez
et gratifiiez en tout ce que le temps le per-
mectra, comme bons, loiaulx et fidoUes sul)-
jectz; et suis marrie que je n'ay peu les con-
tenter sur certains articles contenuz eu leur
requesie, sur lesquelz je n'ay rien peu ny
voullu ordonner, par ce que tout deppend de
la seuile auctorité du Roy, mondit S' et filz,
et aultre que luy n'y peult toucber. Mais j'es-
père les recommander de si bonne façon , qu'ilz
auront occasion de faii-e par cy après de bien
en mieulx et de bien servir et obéyr, comme
ilz ont commancé. Ce que je vous prie, mon
cousin, leur faire entendre et les graliffier en
ce que vous pourrez, et singuHièrement en co
qu'ilz demandent que le siège présidial rentre
en leur dicte ville de Nismes, suivant ce qui
est porte' en termes exprès par l'édict. Et si
ainsy est que de leur part ilz y aient satis-
faict (comme vous m'en escripvez bien ample-
ment, et qu'il appert aussy par les attestations
des eccle'siasticques, et des aultres qu'ilz m'ont
faict veoir), il me semble qu'on doibt accorder
leur dicte demande, attendu mesnies qu'ilz
doibvent bailler, comme ilz olîrent d'abon-
dant, toutes seurettez pour les juges et tous
aultres qui vouidront rentrer en leurs maisons,
si aucuns en y a qui n'y soient encores ren-
trez. A quoy vous pourrez mieulx que nul
aultre pourveoir, estant sur le lieu, comme je
vous prie de faire et retenir autant que vous
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
pourrez lesdits diocésins de Nismes en la dé-
votion qu'ilz démonstrent avoir à l'entretene-
ment de l'e'dict, qui est ce que le Roy, mon-
dit S'' et filz, dësire de ses bons et loyaulx
subjectz. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, le xxi* jour
de janvier 1&79-
De sa main : Vostre bonne cousine ,
Caterine.
La Réole ayst rendue; mes les députés sont
bien facheulx et ne se cet qu'il ont, mes je
voye bien qu'il ne veulet que prolonger, et
setpendent faut i prendre grant [sic) à tout
et de tous coûtez , sau rien altérer le repos s'il
et posible.
Copie
1579. — 31 -ai janvier.
Bibl. nat. , Fonds français, n" 33oo , f° i3i
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, incontinent après l'ar-
rivée du s' de Dintheville, je vous feys res-
ponce à la dépescbe qu'il m'apporta et vous en-
voyay l'abbé Gadaigne- avec celles que je feys
aussi à mon fils le duc d'Anjou , duquel j'at-
tendz les bonnes nouvelles que je désire pour
vostre contentement et son devoir, que j'espère
en Dieu qu'il fera, luy aiant par vous si frans-
chement mandé, comme le petit La Rocbe, qui
arriva hier icy sur le soir, m'a dict de vostre
part, l'asseurance qu'il doit prendre en vous
de la parfaicte amitié que lui portez; sur quoy
j'ay fait amplement entendre mon advis au s''
de Dintheville, saichant qu'il vous est très
' En marge : «Envoyée au Roy par Monsieur de Din-
Iheville.»
^ L'abbé de Gadaigne était porteur de la dépêche du
5 janvier. Voir plus haut, p. ao3.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
227
fidèle et affectioané serviteur : aussi iay-je
retenu jusques ad ceste heure, alin qu'il
vous puisse particullièremenl rendre compte,
comme je m'asseurc qu'il saura très bien faire,
de tout ce qui s'est passé icy journellement
pour vos affaires et service, combien que je
vous en aye toujours, à toutes les occasions,
escript jusques à la journe'e d'hier, que le vi-
conte de Turenne vint après disner icy et me
feyt entendre, de la part du roy de ^avar^e,
que suivant ce que je lui avois mandé avec
beaucoup de grandes raisons par le s"' de Pi-
brac, il avoit faict tout ce qui lui avoit esté
possible envers les députtez de ceulx de sa rel-
ligion pour les faire consentir à ce que feis-
sions nostre conférence en ce lieu (mais il ne
i'avoit peu obtenir) , et qu'ils estoient demeurés
fermes et entiers en ce que m'avoient requis
premièrement Decosse, Vignolles, et depuis
Pocquerais et Lauier, qui estoit qu'ils me sup-
plicient que j'allasse à Caste 1-Sarrazin et eulx
à Montauban, d'aultant qu'ils ne pensoient
point estre vu seureté ailleurs, pour les mesmes
foibles raisons que je vous ay, ces jours icy,
escript et qu'ilz m'avoient dictes, et qu'entre
cesdictes deux villes nous choisirions quelque
lieu pour nostre dicte conférence, ou que
plustost ils viendroient tous les jours à Cas-
tel-Sarrazin. J'ay eu aultant do desplaisir
d'entendre ceste belle harengue que j'euz
jamais en affaires que je traictasse; aussy
l'ay-je bien faict cougnoistre audicl viconte de
Turenne, comme vous dira ledict s' de Din-
theville', luy ayant premièrement dict que
' M. de Dinteville était arrivé depuis le commence-
ment de janvier, porteur des dépêclies du roi. La reine
mère l'avait rptenu près d'elle une quinzaine de jours.
C'était plus iju'un courrier ordinaire : il donnait son avis
sur tes événements et était chargé de les commenter de
vive voix, ajoutant ainsi aux lettres qu'il portait des dé-
tails qu'elles n'auraient pu contenir. Aussi, en même
j'avoys regret, pour estre ce qu'il estoit, qu'il
m'aportast ceste belle résolution, et puis, par-
temps que son paquet de correspondance oITicielle,
Callierine lui avait remis, comme à un amt>assadeur,
une ^Instruction». C'est celte pièce que nous donnons
en note. Elle se trouve dans le ms. fr. ao465, p. 383,
sous ce titre: rr Mémoire envoyé au s' de Dinteville, ve-
nant trouver le Roy de la part de la Revue sa mère, sur
ce qu'elle négotioit lors pour sadicte Majesté avec le roy
de Navarre»; et dans le ms. 33oo, f i38 v°, avec le
litre suivant :
Mémoire particulier baillé par ladite dame rnijne mère
du Roy aud. sieur de Diiithevitle.
trLa Royue mère du Roy n'eust peu recepvoir plus de
joye et de plaisir que d'entendre les bonnes nouvelles
que luy a rapportées, de la part du Roy et de Monsei-
gneur le duc d'Anjou, le s' de Dintheville, cappitaine de
cinquante hommes d'armes, lequel s'est envers ladicte
dame si dignement acquité de la charge qu'il avoit de
Sa Majesté et de mondict seigneur, et a si bien suivv icy
ce que ladicte dame Royne luy a commandé d'en dire
au roy de Navarre, princes et s" qui sont par deçà,
que icelle dame en a très grant contentement; etoultre
cela a fort bien servy ledict s' d'Iniheville pour tousjours,
selon que les occasions se sont présentées, admonester
ledict s' roy de Navarre à accellérer la conférence et sa-
tisfaire au désir du Roy et de ladicte dame Royni' pour
l'éxecution et estabhssemenl de la paix.
rVoulaut ladicte dame Royne qu'à ce propos ledict s' de
Dintheville face entendre au Roy comme, depuis le par-
lement dn sieur de Maintenon, icelle dame Royne conti-
nuant tousjours sans oublyer aucun moien qu'elle ayt
peu penser qui peust servir envers ledict sieur roy do
Navarre et ceulx qui sont auprès de luy pour accellérer
la conférence , elle n'a peu néantmoings jusques à cest
heui-e rien résouldre avec eulx, mais l'on se peult asseurer
qu'elle y fera encores tous les elTorls qu'elle pourra , ainsy
qu'elle escript amplement au Roy et que ledict sieur de
Dinteville pourra sur cella s'estendre soit à desduire à sa
-Majesté, quand il la verra à propos, ce qu'il en a veu
pendant qu'il a esté de deçà, et aussy faire entendre au
Roy ce que sur cella ladicte dame Royne lui a parli-
cullièremeut dict de bouche de la délibération où elle esl.
nN'oublira aussy de luy discourir à ce propos tout ce
qu'elle luy a ces jours icy dict des moieus qu'elle a tenuz
pour retenir fermement on toute dévotion et alîeclion au
service du Roy toute la noblesse de ces pais de deçà et
29-
:>:iS
I.HTTKES DE CAT
laiil (lesdicU tlépulés. je ir.-iy lirii oublié de
loiil ce (jui SI' peut pour faire cougnoistre la
nicschancetu et maulvaise volunlé qui esl en
fiilv et la rétribulion quils mériloient de
\oiilloir ainsi par leur malice et contre la
rliMrj;e (ju'ils a\oient de ci'ul\ qui les oui en-
voyez, de proloujfer et traverser ung si bon
ien\re; que je ne laisserois de faire exercer
\ostre édict suivant vostre droite el saincte in-
lenlioii,etque partant qu'il?, laissassent aller et
retourner lesdictz députés, et que je leur ferois
bailler des passeportz, non seullciuenl pour
(icià Cuironne et jusques en Laur.nj;iiais, nui o^l en 1res
jq;uil niiinlire, et ro que pareillenjent à ce propos la
(lirle dame lioque luy a commandé de dire et Iden re-
iin'senler à sadicif Majesté des jjrans uioiens ([ua envers
ladicli' uolilesse le perscmnaiye (|ui lu\ a este nommé . et
aussy le pouvoir qu'il a parmy les peuples des villes de
deçà et qu'en correspondance avec toutes les bonnes villes
di> ce ro\aume, en chacune desquelles il \ a tousjours
(luelciuesunyz qui vont et viennent pour se tenir advi'rtis
les unjjs les autres dr tout ce qui se passe.
-Henierlant au demeurant ladicte dame Royne audict
sieur de Dinllieville de représenter au lioy, comme elle
s'asseure (pi'il sranra très liirn faire, tout ce qu'il aveu
el entendu concenianl ses alTaires et service el lout ce
i|u'il verra et eulendra encores par oii il passera, d'où,
s'il \ei)ioit ou aprennit (pielque diose qui le méritast , il
escrira à ladicte dame lîoyne, qui lu\ en sçaura fort bon
j;ré. <()mme doilit faire le Roy de la lionne alïedion c|Ue
irelle Dame a tousjours coninneu que iedict s' irinllie-
ville a à son service et de la peine qu'il a soifjneusement
prinse en son voiage, en tout ce (jui estoit du s^M-vice de
leurs Majestés.
trFaict au Porl-Saincic-Maru'. le vvii' jour de janvier
i">7'.t"-
M. de Dinleville repailil ipour la l.ioiir le a'i ou le
a5 janvier. A peine arrive el dés ([u'il eut rempli sa mis-
sion, le roi le renvoya à sa mère à la lin de février, avec
des dépêches qui sont malheureusement perdues: mais
il élail porteur d'une lonî;ue r instruction-, que nous
avons r.'lroiivée dans le ms. fr. ao665, de la collerlion
Gaiimièies, et que nous publions tout entière en Appeii-
ilice. Elle esl datée de Paris, du 2O février iSyy, et
sj|;née par Henri 11! l'I pur son ministre \ illeroy.
HERINR DE MÉDICIS.
s'en retourner, mais pour les faire pendre,
comme ilz mériloient; qu'aussy bien estoienl-
ilz gens de peu, mal niVectionnez au bien di-
re royaulme. et qu'au lieu d'y désirer la paix,
comme font ceulx qui les ont depputlcz el
de me venir recliercher, ayant cesl honneur
d'estre vostre mère et d'estre venue icy, de
voslrc part, eu un si mauvais temps et che-
min, dont louUlVois, puisque c'esloil pour unj;
si bon et sainci (envie je ne me plaignois pas
mes pevnes et dont aussi ne ponvoient-ilz au
moins (jue me remercier, ils faisoient tout le
(diilraire, de leur propre malice, pour nourrir
la puei're et continuer toujours d'eulx enrichir
de la substance du pauvre peujile, estant bien
aizé à veoir qu'ilz avoient quelque délibération
el meschante chose cachée au cteur; mais que
j'espérois qu'ilz en seroient chastiez, ne déli-
bérant pas de faire ceste indignité à vous et
à moy d'aller hors d'icy, combien qu'eu mou
particulier j'aye bien monstri' ne voulloir
plaindre mes peynes, comme encores ne les
plaindrois-je, mais qu'il n'y auroit point de
propos, et (pie je m'asseurois qu'eu despit
d'eulx. suivant vostre di'sir id voslre inten-
tion , j'establirois la paix que Dieu avoit donnée
en ce rovaulme, el ipie tous les gens de bien
d'icelluy me suivroient et m'assisteroient eu
iing si bon et si saint (euvre, pour lequel je
me (iromeclois aussi (pie mondict filz le roy
de ^avarl•e, Iedict viconte de Turenne mesme
et leurs aultres seigneurs de leur religion se
joindroient avec moy et tant d'aultres gens
de bien, qui attendent, il \ a si longtemps,
et défirent, comme chacun doibt , le ferme
eslablissemenl de ladicte paix, el ({uc je man-
derois la noblesse de ces pays, que, je mas-
seure, seroit bienlost avec moy; ayant sur cela
renvoyé Iedict viconte de Turenne avec une
lellre de ma main à mondict fdz le roy de
\avnrre et une aultre à voslre sœur, (jui alla
LETTRES DE CATH
liiiT ti'omer sou iiiaiv à Xe'rac, où je reuvoyey
cncores iedict sieur de Pibrac, affin qu'il peust
entiî'reiiient l'aire ontendro le loul à vostre-
dicte sœur et qu'elle feisi dextremeul d'elle-
mesmc tout ce qu'elle pourroit pour faire
noslre dicte conférence icy, ou bien que iesdictz
dépputcz me baillassent leurs cahiers et de-
meurassent à ÎVerac, s'ilz avoienl si grande
peur qu'ilz disoient. Et Iedict jour d'hier, sur
le soir, arriva le petit La Roche, comme je
vous ay prédict, avec les dépeschcs qu'il vous
a [)lou me faire par luy, lesquelles m'ont in-
finiment resjouie : premièrement, pour avoir
vcu par icelles et sceu amplement par luy la
continuation de vostre bon portement, le bel
ordre qui est en vostre Court, dont il nfa
rendu compte, et puis la bonne espe'rance
que j'ay veu par vosdictes dépesches, et par
les lettres que m'escripvent aucuns de vos
serviteurs, du bon commencement qu'il v a
que voz affaires se ])orteront, Dieu aidant,
fort bien en vos provinces. Et aiant pareille-
ment veu vers la fin de vostre dicte dépesche,
escript de la main de Villeroy, que, oultre ce
que me mandez sur la requeste que je vous
avois l'aide pour mon fiiz le Roy de Navarre
louchant la surcéance du procès qu'il a contre
niondict cousin le duc de Nevers, vous dési-
riez aussy qu'il ne me tienne plus en lon-
gueur sur ladicte conférence, je couppey le
bas de ladicte lettre où est vostre seing, et
escripviz au doz à niadicte fille la royne de
Navarre dire à sondict mary ce que lui avez
accordé pour ledit procès ainsy qu'elle voioit,
et vostre désir que l'on ne me tinst plus en
longueur pour nostre conférence; en quoy je
l'admoneste encores de faire tout ce qu'elle
pourra envers sondict mary pour l'accellérer,
et n'oublie pas de lui mander aussi ladicte
continuation de vostre bonne santé ainsy et
lesdictes bonnes nouvelles qu'avez de voz pro-
ERINE DE MÉDICIS. ±2\)
vinces, luy aiani envoyé cela, ce malin, par
Iedict La Roche, que j'av aussy instruici de
plusieurs aultres particularitez, qu'il dira
comme de lui-mesme bien à proi)os quand ou
lui demandera des nouvelles, lui aiant d()nn('
charge de dire tout bas à madicle fille, la
royne de Navarre, que vostre delib('Mation
estoit, si dedans la fin de ce mois de febvrier
prochain je n'avois icy estably la paix, de
venir vous-mesme, et partir eu ce temps là.
Je suis contraiucte de m'ayder de toutes façons
pour faire venir ces gens icy à ce que, s'ils
estoient bien saiges, ilz debvroient recher-
cher d'eux-mesmes et m'en poursuivre instam-
ment; mais je veoy bien qu'ilz ont quelque
arrière-pensée en leur cœur, comme je leur
ay assez franchement plusieurs fois dict et que
j'estimois que c'estoit des enfreprinses qui
veuUent encores tenter sur voz villes, mais
que j'avoys fort bien adverty pailout. comme
aussy ai-je [fait], (|u'on s'en donnasl garde
tellement qu'ils en ont failly en divers en-
droictz, dont je les ay fort blasmez, ainsi
que de beaucoup d'aultres maulvaises choses,
en quoy je leur diclz tousjours leurs véritez;
mais ils avalent cela sans le gouster. Je pense
aussi que ce qui les l'aict retarder ladicte con-
férence est pour ce qu'ils désirent veoir plus
clair aux affaires de Flandres et retour de
vostre frère, et aussi ce qui réussira des pro-
pos du mariaige d'Angleterre, et pareillemenl
ce que deviendront ces remeuemens d'aucunes
de vos provinces. J'essayeray encores par tous
les moiens que je pourray à faire en sorte
que nous puissions résouidre, avec Iesdictz
députez ou sans eulx, l'exécution de vostre
édict de paciffication.
Ledict viconte de Turenne, estant prest à
s'en retourner avec mesdictes lettres, me l'eyl
une ouverture qu'il ne falloit laisser, encores
que Iesdictz députez s'en retournassent, d'en-
230
LETTRES DE CATH
voyer des personnes notables par les pro-
vinces pour arrester le mal et pourveoir à tout
ce que l'on pourrait, me voulant, à mon advis,
faire parier sur cela et veoir ce que je diroys;
mais je luy respondiz qu ilz feissent dresser
et mectre par escript iesdictes commissions et
instructions et que je les verroys après pour
y adviser. Je Tay ainsi expressément faict;
car par là je congnoistray peut-estre quelque
chose de leur délibération, qui est, à mon
advis, qu'ilz veullent attendre de veoir plus
clair les choses cy devant déclarées, et ce-
pendant tenir tout comme en surcéance. Peut-
estre aussy qu'ilz attendent le printemps, et
qu'ilz auront fait quelque sinistre résolution
sur le retour de (/iervant.Touttefois l'on m'as-
seure tousjours qu'ilz veullent la paix, et eulx-
mesmes le m'ont dict et faict dire fort franche-
ment et asseurément, et néantmoings ces lon-
gueurs icy et leur façon de faire y contrarient.
Quand je seray bien asseurée que le mares-
chal de Biron aura la RéoUe en sa puissance,
et après avoir entendeu ce que vostre sœur, qui
sera icy demain, me rapportera, je me résoul-
deray de ce qu'auray à faire, dont peult-estre
ledict s' de Dintheville, que je ne feray expres-
sément partir jusques à demain, vous portera
des nouvelles. Cependant je vous diray que,
comme vous avez veu par mes dernières dé-
pesches, je faictz tout ce que je puis, et par
tous les moyens et inventions, pour faire re-
mettre Langon et Florence. J'en ay les pro-
messes par escript de mondict fils ie roy de
Navarre, principalement pour ladicte Flo-
rence, dont je vous ay envoyé les doubles^,
n'oubliant pas de tenir ceux de Bourdeaulx
advertiz de ce que je fis pour Langon, en
sorte que je m'asseure qu'ils verroient bien
que l'on faict tout ce que l'on peut pour ester
' C'est la r Promesse» indiquée plus liaut.
ERINE DE MÉDIGIS,
l'espine et le mal qu'ilz craignent avec raison
dudict Langon, s'il demeuroit es mains de
ceulx de la Relligion, et que revinssions, ce
que Dieu ne veuille, aux troubles : et vous di
ray encores que je ne cesseray jusques à ce
que je voye Florence et Langon remis; mais
il eust esté bon, suivant ce que je vous ay
plusieurs foys escript, qu'eussiez derechef et
très expressément mandé à cinq ou six des
factieux de Bourdeaux d'en sortir, sous peine
de pugnition ; car jusques alors il y aura
tousjours des mesnées et des brouilleries pré-
judiciables à vostre service et à la ville, oiî
j'ay envoyé le conseiller Moié et deux conseil-
lers de la Chambre d'Agen, l'ung catolicque
et l'aultre de la Relligion, ainsy que je vous
escripvis la sepmaine passée, pour esclaircir
la vérité des entreprinses que l'on dit qui es-
toient sur ces chasteaux où sont de présent
les s" de Saillac et de Merville; mais, comme
vous dites par voz lettres, il se voit bien qu'ils
desdaignent à présent leurs charges, pour les
raisons mesmes que vous m'escripvez. El à ce
propos je vous diray que l'on ne s'aidera de
la commission que m'avez envoyée des trente
barquebuziers que l'on vous avoit demandés;
car oultre la despense, je crois qu'il n'en est
besoing maintenant.
Je vous e&voye ung mémoire de la résolu-
tion que je feis ledict jour d'hier pour le
faict de Condom, sur une dépesche du s"' de
Bajaulmont, que je vous escripvois dernière-
ment y avoir envoyé, espérant que ce sera le
dernier et meilleur remède que l'on y eust peu
trouver, et que doresnavant ceste ville là sera
en paix et repos par le moyen de l'ordre et de
la justice qui sera faite des meurtres qui y
sont cy devant advenus. Pleusl à Dieu que
l'on en put faire aultant de ceulx qui sont
en Périgueux, et que Vivans feust changé en
quelque honneste homme comme sera Favas à
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
i2;51
Oussac ' ! Le sieur d'Escars est aile' passer en tous
ces pays là , et le s' Longa des Barrières de la
part du roy de Navarra, pour exécuter la com-
mission dont je vous ay envoyé cy devant le
double. Le s' d'Escars, qui sera, à mon advis,
arrivé auprès de vous avant cette dépesche,
vous aura pu dire l'ordre qu'il y a donné. Ce
sera une des premières choses dont je parle-
ray en nostre conférence, si nous la faisons.
Cependant je vous diray, sur ce que m'es-
cripvez que avez retenu vostre procureur g('-
néral de Bourdeaux, attendant que quelques
ungs de la chambre d'Agen vous aillent trouver,
pour respondre sur le mémoire de ceulx du
Parlement dudict Bourdeaux et par la dé-
pesche que je vous ay dernièrement faicte
sur cela, ils vous ont escript tout ce qu'ils
pouvoient dire, s'en remectant à ce qu'il vous
plaira d'en ordonner : à quoy il est besoing
de bien penser et les advertir de vostre volunté
incontinent; car tous ceulx de ladicte Chambre
d'Agen ne cherchent que l'occasion de re-
tourner audict Bourdeaux, ce qui ne se pour-
roit faire sans que vostre frère le roy de
Navarre, et ceux de sa relligion s'en remuas-
sent; et il y auroit danger que cela feust cause
de quehjue grand désordre, y ayant assez de
gens du costé de ceulx de ladicte religion qui
ne cherchent que les occasions d'en faire.
Et pour ce que la levée du payement de
ceulx de la Chambre d'Agen est expiré pour
le temps que vous avez ordonné, je vous en-
voyé le double de la commission qui en avoit
esté expédiée, avec Testât de ce qu'il faut pour
la continuation, qu'il vous plaira faire renou-
veler et envoyer promptement; car, s'ilz ne
sont bien payés, il est très difficile de les re-
tenir à Agen.
' Cl- qui veut diro qu'on se trouvera bien à la Réole
d'avoir changé le capitaine Favas, qui tyrannisait la ville ,
pour M. d'Ussac, modéré et roncilianl.
Je suis fort aise de la résolution que j'ay \eu
par vostre lettre qu'avez prise de permettre à
ceulx du clergé de s'assembler à Paris, cinq se-
maines après Pasques, pour regarder à la conti-
nuation du payement des décimes; car j'estime
que cela leur donnera ung grand contente-
ment. J'en advertiray ceux des diocèses de
Guyenne et Languedocq, louant Dieu et me
résjouissant avec vous de l'espérance que vous
avez que voz affaires prospéreront en vos
provinces, es quelles il faut toujours avoir
soigneusement l'œil, et que voz bons servi-
teurs fassent si bien leur debvoir envers tous
voz subjectz, qu'ils congnoissent l'amour que
leur portez et le soing que vous avez d'eux
et de leur soulaigement, comme il faut aussy
(|u'ils le voyent et sentent par eflect, et ne
fault pas doubler que les responses que vous
ferez aux articles des cahiers des Estatz-gé-
néraux ne donnent ung très grand contente-
ment à tous voz subjectz.
Cependant il est très grand besoing que
pensiez à pourveoir bien à vostre pays de Pro-
vence; car, ainsy que je vous l'ay escript, les
divisions que j'y vois sont pour amener ung
grand inconvénient, non seulement en ceste
province là, mais aussy, si les armes se lèvent ,
pour empescher l'exécution de ce qu'avons
arresté pour le Daiilphiné, et pour tenir aussy
le Languedoc(| et les aultres pays adjacens en
alarme; par ainsy, Monsieur mou fils, consi-
dérant que le petit abbé d'Elbèno m'a dit icv
que son beau-frère, le s'' de Vers, lui a escript
vous avoir fait entendre de l'eslat et comme
toutes choses passent en Provence et ce que
les ungs et les aultres de ce pays disoient, qui
est de demeurer en paix et repos soubz vostre
obéissance, comme bons et loyaux subjectz,
ainsy que je les ay tousjours congneus, je
serois d'advis qu'il vous ])laise trouver bon
de renvoyer le mareschal de Retz en ce pays
232
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
el qu'il s'y acliemiiiast inconlinenl, à présent
qu'il est en bonne santé, et que, par le pou-
voir que luy donneriez, vous fissiez ample dé-
claration comme, lorsque vous avez commis
la charge qu'il avoit de gouverneur de Pro-
vence au comte de Suze, estoit pour la
grande indisposition où il estoit; mais qu'à
présent qu'il se porte mieuix, vous le renvoyez
et restablissez en cesie charge, et que de
faict vous voulez, comme aussv l'au(-il que
promptement il aille en Provence, pour vous
y faire le service requis et nécessaire. En ce
faisant, vous y apaiserez les divisions et ferez
cesser les armes, et les sieurs contes de Suze
et de Garces, nv aulruns aultres de ce pays,
ne auront plus aulcune occasion de débatz, ny
de rien esmouvoir dans ledict pays, pour le
salut duquel, et ])our éviter le mal qui en
pourroil advenir aux provinces voisines, je
ne veoy pour ceste heure meilleur el plus
prompt expédient, considérant principale-
ment ce que l'abbé d'Elbène m'a dict que
mon cousin le mareschal de Retz s'estoit
laissé entendre au s' de Vers, son beau-frère,
(ju'ii estoit tout prest d'y retourner, et que
son beau-frère s'asseuroit aussy que iedict
comte de Carces, de Vins et les ungs et les
aultres le désiroient ainsy, s'asseurant que
aussi lost on verroit tout en paix et repos au-
dict pays de Provence : vous priant donc,
Monsieur mon fils, considérer ce que dessus
et en prendre une bonne résolution; car je
crains bien que, quelque chose que j'y aye
mandé aux ungs et aux aultres, comme je
vous av escript , pour poser les armes, qu'ils n'en
facent rien si ce n'est par le moyen ci-dessus
dict; en ([uoy ledict comte de Suze ne sera,
comme il me semble, aulcunemeut intéressé,
se faisant ce que dessus par vostre volonté et
suivant la bonne intelligence au bien de
vostre service, entre mondict cousin le mares-
chal de Retz et luv, à qui il sera besoing d'en
expédier de bonnes et honorables lettres pour
sa descharge; el, en ce faisant, vous m'esvi-
terez une très grande longueur de chemin qu'il
fauldroit que je feisse pour y aller passer,
])riant Dieu, Monsieur mon filz, vous avoii'
en sa saincte et digne garde.
Escript au Port-S'^-Marye, le mercredy xxi'
de janvier iSyg.
Monsieur mon fils', depuis ma lettre de
hier, le mareschal de Riron m'a envoye'asseurer
par le sieur de Rorn que le cappitaine Favas
et tous les soldats estrangers qui estoient
dans les villes de la Réoile estoient sortis, et
qu'il estoit dans les dictes villes, ayant esté
asseuré par le s"^ de Duras qu'il estoit le plus
fort dans le chasteau de la Réoile, et qu'il le
remettroit entre ses mains incontinent, suivant
les accords qui en avoient esté faictz dès que
j'estois à Auch et à Nérac, m'ayant aussi le
maréchal de Riron faict entendre, parle sieur
de Rorn, que lesdictes villes et le chasteau de
la Réoile seroient par luy mis es mains du
s' d'Ussac demain matin, qui sera jeudy; et
aussitost que j'ay eu ces nouvelles, j'ay dé-
pcsché le s' de Savignac à Nérac, avec lettres
expresses à ma fille la royne de Navarre et au
s'' de Pibrac, de ce que mon filz le roy de
Navarre envoyast quelqu'ung de qualité, dès
ledict jour demain matin, avec le s"' de Savi-
gnac à Florence, pour faire vuider la garnison
estrangère qu'il y avoit mise, et remectre la
dicte ville, suivant vostre édict de paciffication,
comme elle estoit lorsque le dict sieur roy de
Navarre y entrast, partant d'Auch le soir que
nous sceutaes la surprinse du chasteau de la
Réoile, et afin que ce soit effectué, suivant sa
' En titre : tr Postscript de lad. dépesche envoyée au
Roy par le s' de Dintlieviile. n
LKTTRES DE CATHERINE DE MKDICIS.
•2X:>
promesse parescriiil. j ay cxpi^dié commission
au s' (le Savigiiac pour y assister, et après es-
labiir en ladicte ville la seureté requise pour
la c()iisei-valion (ricelle toujours en vostre
obe'issance, suivant votre éilict de paix, el
repos et l'uuion parniy les habilans qui sont la
pluspart calolicques : ce (|ue j'espère qui sera
faict. Je u'ay pas failly aussv d'escripre pour
presser le roy de Navarre de i.iire rendre
Langon, suivant vostre édict, es mains du
seigneur du fief à qui il appartient, comme il
me l'avoil expresse'ment promis qu'il feroit ; et,
depuis ce que dessus escripi, La Roche, que
j'avois envoyé', comme il est cy-devant dicl,
audict Nérac, est retourne' en ce lieu et aussy,
le s'' de Dintheville,quej'avois depuis pareil-
lement dcpesclii' pii'udre congé' de mon fil/,
le roy de Navarre, et auquel j'avois mandé
par luy que je vous le reuvoys. Ils m'ont tous
deux faict entendre les bons offices que faict
ma dicte fille envers son niary pour l'aire noslre
conférence en C(! lieu, mais ledicl rov de Na-
varre lui a dict, à ma fille, qu'il estoit bien
nuirry de ce que j'avois hier faict une si rude
response aux députez, parlaut audici \icomle
de Turenne, et (|u'il/, estoieni en délibération
de m'escripre et de prendre congé de luoy et
eulx s'en retourner, pour en l'aire venir d'au Itres
qui me l'eussent plus agréables; sur (juoy ma-
dicle fille et le s' de Pibrac n'ont pas failly luy
ilire le tort que les dictz députez avoient,
n'estant venus (|ue de bien près d'icy, de de-
mander si tost et sur si légère occasion des
passeports pour s'en retourner, sans vouloir
rien faire de la charge qu'ilz avoient de ceulx
qui les ont députez, monsti'anl par là le peu
de respeci et cousidéralioii qu'ilz oui de la
poyne que j'avois ])riuse de venir de si loing,
de sorte que ledict roy de Navarre n'a point eu
de replicque là dessus; el par ainsy je pense
Iqnej, quand il verra la nouvelle d(' la resti-
C^TIlfiRlNF. III. Ml'iDICIS. VI.
luliiiii de la liéolie. el (pi'il saura aussv l'arrivi'e
des juges de la (llianilire Irijiarlye du Lan-
guedoc, dont j'ay aiijomdliuy eu nouvelles,
estant arrive' le président Raillet en ce lieu , il
sera , et ceux de sa religion . du tout mis en leur
tort, s'ils ne viennent à conférence sui- l'exé-
cution de la paix; et il fauldra croire qu'ilz oui
quei(]ue mauvaise volunté. Je vous ay voulu
escripre toutes ciw choses, afin que les entendiez
comme si vous les veoyiez et estiez présent.
Escript au Port-S"-Marye le xxn™' janvier
1679.
Monsieur mou filz, depuis le contenu cy-
dessus, j'ay retenu le s' de Dintheville jus-
ques à cesie heure (jue mon filz le roy de
Navarre m'est venu trouver, et sur les diclz
propos qu'il m'a tenus, j'ay fait entendre au-
dict sieur de Dintheville aulcunes pailicula-
ritez', dont il vous plaira le croire et luy ad-
jousler foy coïnnie à nioy-niesme, snivaul la
lettre <|ue je vous ay escript de ma main.
Au Port-S'^-Marye, le samedy à midi,
xxiiii'' janvier 1 .579.
I 57'J. — 2;i janvier.
Ilrij-. Itilil. n.-il., KimkIs iVaiiiiiis , ii" i,">ç|o5, f' -jGa.
V MONSIEUR DE BELMÈVRE.
Monsieur de Belièvre. je diray pour res-
ponce à vosire lectre du viii'' de ce mois, que
j'es])ère qu'après beaucoup de traverses que
l'on m'a données par deçà, je viendray néanl-
inoings à bout de mes conférences, et croy
(|ue l'issue en .sei-a bonne. Je suys infiniment
aize des bonnes nouvelles que j'ay du Roy
monsieur mou filz, comme en Brelaigne les
' Uni' |iarlie du cns 'rporliniiariloz" sp Iroiive dans
('"Insliiirlifin'i pnlilii'i' en noie, p. 9a6.
3o
iiifiiE ^'AiintALt.
'2U
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
choses y sont passées assez doulcement, et de
l'espe'rance qu'il y a que les depputez de Bour-
{Jucgne, qui sont arrivez, et ceulx de Nor-
mandie, qui doibvent incontinant aller trouver
le Roy mondict S' et filz, se rendront plus
traictables que l'on ne pensoit il y a quelque
temps. Je m'asseure que vous ferez, de vostre
part, comme avez accoustumé, tout ce que
pourrez pour aider à adoulcir lesdictes choses
et à penser aux moiens que le Roy, mondict
S"' et filz, aura à tenir pour les renvoyer eu
bonne volunté et asseurance de composer et
apaizer les choses qui esloient troublées èsdictes
provinces. Cependant je vous prie que l'on
pourvoye par deçà au faict des traites des bledz
et des vins principallement; car, comme j'ay
escript plusieurs fois, la noblesse se plaint fort
de ne pouvoir transporter leurs bledz et vins,
et croy qu'il faudroit avoir des lettres patentes
particullières, comme j'ay cy-devant escript,
qui seroient adressées aux trésoriers de France
et généraulx des finances, pour faire recep\oir
les deniers des transportz qui se feront. J'en
faictz aussi ung mot au s' Brulart , priant Dieu ,
Monsieur de Beliè^Te, vous avoir en sa sainte
garde.
Escript auPort-Saincte-Maiie, le xxiii' jan-
vier 1579.
La bien vostre,
Caterine.
1579. — 23 janvier.
Orig. , Arcliives du Puy-de-Dôme , Série K.
A MONSIEDB
LE MARQUIS DE CAMLLAC,
CUBViLlEil DE L'ORDRE DU BOÏ MO^SlBUR MON Fll.Z ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE. GODTBUNECn ET SON LIEUTENANT
EN niDLT-AUTERGNE.
Mous" le marquis, j'ai receu la lettre que
m'avez escripte par ce porteur, à laquelle il
n'échet aultre response que celle que je vous
ay faite depuis deux jours par vostre laquais,
par lequel je vous escripvis bien au long. Et
pour ceste occasion n'estendray-je ceste-cy
daventaige que pour vous prier d'avoir tous-
jours l'oeil soigneusement ouvert ad ce qu'il
n'advienne aulcune chose es l'estendue de
vostre dite charge au préjudice du service
du Roy monsieur mon filz. Priant Dieu,
Monsieur le marquis, vous avoir en sa sainte
garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, le wiii" jan-
vier 1^79-
Signé : Caterine.
Et plus bas : Piwrt.
1579. — 24 janvier.
Orig. Bibl. nat. . Foods français, n" 3345 , f** 33.
A MON CODSIIV
LE S' DE DAMPVILLE,
MARÉCHAL DE FRANCS , GOOVEBNBUR
ET LIEUTENANT CÉNe'baL POUR LE ROT MONSIEUR MON FILZ EN LAHGUSDOCQ.
Mon cousin, mon filz le roy de Navarre est
venu ce jourd'huy en ce lieu; et après la ré-
solution que nous y avons faicte ensemblement
qu'il fera remectre Florence et Langon, sui-
vant rédict de paciffication, je luv ay promis
que je seray à Neirac mardi, de bonne heure,
et luy m'a aussy asseuré que mercredi pro-
chain, qui est le lendemain, leurs dépputez
seront presls et commencerons nostre confé-
rence ledict jour de mercredi, dont je vous ay
bien voulu incontinent donner advis, et vous
renvoyer ce porteur, qui vous dira au demou-
rant toutes les autres particularitez des allées
et des venues que nous avons faites, avant de
nous pouvoir résouldre du lieu et du jour de
ladicte conférence, en laquelle l'on me promect
que nous l'ésouldrons bien tost quelque chose
de bon pour le bien du service du Roy mon-
sieur mon filz, et repos de ce roiaulme. Dieu,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
par sa saincte grâce, le veuille, el nous donner,
235
mon cousin ce que désirez.
Du Porl-S^-Marie, le xxiiii'' joui- de jan-
vier 1579.
De sa main : Mon cousin, j'espère que alla
fin nous l'eyron ceste benoyste coul'érense, et
\ous prie que eu cet pendant, cet' S"-Gealle'-
ha l'aire de Torse ^, que l'an fasiés cecourir de
celles que avés dan vostre gouvernement, et
que y ayan donné le bon hordro que avés
tousjours fest, que Chalillon v perdre ses
pouynes" : cet^ que je prie à Dieu.
Voslre bonne cousine,
(Jatkrine.
1579. — 26 janvier.
(;o[]ie. Bibl. liai.. Fonds fraïuais, n" 33oo , f' ilig''.
[vu ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, je vous renvoyay sab-
medy xxiiii"" de ce mois le s' de Dinlheville,
par lequel je vous ay escript et l'aict entendre
loutes choses coucernans voz affaires par
deçà, et principallemeni la résolution qua-
vons prise d'aller demain à Aérac , pour y com-
mencer nostre conférence el la venir conclure,
et arrester tout ce qu'aurions advisé pour
l'exécution de vostre édict, en ce lieu ou ail-
leurs; mais les eaux sont si fort creues depuis
deux jours, qu'il est impossible de pouvoir
passer nos charriotz, cocheS et charroiz, et je
crains bien que les eaux ne s'escoulent pas
' Cet, si.
' S"-GeaUe, Sainle-Jaille.
' Ha faire deforse, a besoin de forces.
' Pouynes, peines.
' Cet, ce.
" En litre : jrEnvojée au fioy pai- Jacques Taacret,
chevaucbeur ordinaire de son escnrie.s
sitost (à ce que dient cculx de ce |>aïs): oc-
casion pourquoy j'ay ce matin escript à mon
filz le roy de Navarre une fort expresse lettre '
pour nionstrer aux députtés, pai- laquelle je
n'oublie rien pour l'exhorter, luv et eulx, à en-
voyer icy mon cousin le viconte de Turenue,
avec deux des ditz députiez, pourveus de leurs
cahiers, de ce qu'ilz requièrent pour l'exécu-
tion et l'establissement ferme de l'édit, affin
que nous puissions commencer à y regarder
icy, pendant que les eaux s'escouUeront, avec
assurance que je les feray bien loger en ce
lieu, el (ju'ii/. n'auront aulcun mal ny des-
plaisir non plus que moy mesme, qui leur
promeclzaussy, par ma lettre, qu'aussi tost que
les eaux seront escoullées, j'irav à -Xérac. Je
ne sçay ce qu'ils en \oudront faire, me déli-
bérant, s'ils ne veuUent venir, d'envoyer deux
ou trois de ceulx qui ont esté à la paix de\ers
le loy de Navarre, dès demain matin, affin
qu'ils puissent commencer, avec les députés
et ceulx que le roy de Navarre députtera de
sa part, à veoir lesdictz cahiers. Cela accellé-
rera ung peu le temps, et nous apprendra ce
que lesdictz députtés demandent; en quoy
vous pouvez croire. Monsieur mon filz, que
je procedderay et vacqueray moy mesme, sans
m'en remectre à personne pour les conclu-
sions et responses de leurs cahiers-, comme je
feiz au (léputté du Daulpliini?, lequel en une
après-disner je despeschai, comme avez veu,
et si ceulx cy veullent, nous en aurons bientost
l'aict de mesme. Vous serez journellement ad-
vei'ly <le tout ce que ferons.
Cependant je vous diray que Camille arriva
' On ne possède pas celle iellre.
^ Nous avons reirouvé ces rrcaliiersit, conleiiani les
réclamations des proleslanls l'I portaiiL en marge les
observations de la reine. Ils sont tort longs : en raison
de leur importance, nous les publions néanmoins dans
YAppendice.
3o.
•2-m; i.i;tti;es dk catiikhink de médicis.
liicr ;iprrs-(iisni'r l'n ce lieu, a\cc w iju il
vous a pieu mius onvovei' pour nos cstrennes.
loiil, (le me pari, je vous mcirie de très bon
(leur, ainsv ((ue je vous en oscriptz plus ample-
ment (le ma main. Le eourrier (|ue vous com-
uiaiidastes au s' de Villerov nie despescher,
a])ivs le parlement du dict Camille, arriva hier
malin avant ledict Camille, et coniliien (|ue je
delibi-re de renvoyer demain Dron. (|ui est icy
il \ a ([ualre jours, si ai-je advisi' de xous des-
pesrlierdevanl ie(li('lc(nirrier. sur la dcspesche
(pie Villeroy m'a l'aide par vostre commande-
luenl . à Idcca/ioii de reste Icllre impT-ime'e de
vosirc l'ii're, de lacjuelle il laiil eusevidir la ine-
moire et donner ordre, comme il vous plaira
veoir (|ue jesci'ipz à vosire {vryc et audici \il-
lerov, (pie l(nis les exemplaires (pii sVii |)(Uir-
i(Mit trouver soient bruslez secn'lemenl '. Je
vous assoiire (pie je suis fort marrie de ladicte
lettre, et \ous diray que je pense (|ue certaine-
menl il \ a plus (mi cclla de la vanili' de Biissy
(pio de mauvaise volonté' de \ostre frère.
Monsieur mon fils-, jenescrips à voslrefrère
(pie |)ar Dron, ce (pie vous uiaude par mon
aultre lettre.
Mons' mon lils ', j'a\ vayu la (l('S|ies(lie (|ue
m'avez laide le xv" de ce mois\ accusant la
' La pioci' n"a imitil iHi' di'lruile : r'.'^t uiii> altaquc
l'orl vivf contre la Oiif inlihilcp : I.rttiv tdiitenant
l'édaivàsxeiiunl des nrlimis et Ji'portfiiiens île Monsieur
fil: el fmeilii /(oi/, ilw il' Anjou , (/M/.>Hro«. iHc. ( [tnuen,
.1. '\socel, i."i7S. pelit iii-'i" (1p 70 |)a;;os.) Le duc d'Anjou
y (lésn\oiif liaii|i>nieiil l,i Sainl-liaillifliMiiv. défond ses
piojcis iI'iiiliTvciilion (laiK les Flandos, cl m- plaint de
la lacon ilojil on a liailc si; anii< liii-.s\. .simicr ,.( La
Cliasl.o.
- En titn- : rClu (jui est rsiiipl ilr la iii,iii] ,\o la
llovne.-
' En litir : "l'uis est i's,il|,|. et nun di> la main de
lad. Danie.i
' Les ^épl)Ilse^ du lui à sa méi-e niollaient on
niOM^niie de douze à (|iniize junrs a lui parvenir'. Nous
loceplion des miennes preceddenles. et mad-
vertissant par icelle de l'espérance (] n'avez de
renvoyer le de'puth* de Daulpliine' bien losl,
avec toutes les despesches qu'il fault. suivant
ce qu'avons iry résollu ; ce sera bien faid que le
baron de Saussao ' et iuv s'en retournent bien-
tost. aflin qu ilz commencent en Dauphin(' à
exécuter nostre ('dicl lors de nosire conlV-rence;
car c(da mavddera à les vaincre, et pour leur
moiislrer qu'ils se debviont contenter es aux
aullres provinces, comme ceulxdu Daulpbini'.
Priant Dieu xous avoir en sa saiiicte [jarde.
iiscripl au Port-S' -iMarie, le xxvi" jau-
\ ler 1 ■">~(|.
CiTBllIXK.
l.iTO. — -16 janvier.
Oriff. lîibl. nat. . Fonds IV-inçai^. 11 1 j()u") . f* 9G7.
V MONSIEI W DK BKM.IKVUi:.
Monsieur de Belièvre, je receuz hier vostre
lectie du XM' de ce pri'sent mois, vous sai-
(diaiit fort bon gré d'avoir tenu la main ad ce
ipie I (ui ait comniance' à |)oiir\oir jioiir ces
pauvres oenlilsliomnies (pii sont en aulage. Le
s' d'I^squars {sic) sera bien losl après vosire
lettre arrive' à la court, (|ui aura aidé et pour-
suivi pour le demeurant de ce (pii laudroit eii-
coies |)our les retirer; à qiiov je ni'asseure que
vous vous emploirez d'affeclion , comme je vous
en prie de bon cœm\ et (pi'il n'y auraaulcun
inoien (|ui se puisse que l'on ne le recberclie
pour pourveoii' aussi au laid des Suisses, inas-
voyons (pi'elles étaient Iréquenles. (Jiuî sont-elles de-
veiuies? Nous n'avons pu eu déronvrir (ju'une seule
dans les recueils de la BibliotliiMjue nationale. (]ui con-
lii'inient pourtani de nombreuses li'tires d' Henri III;
encore est-ce une copie. On la Irouvera à Wliipendice.
' C'est le baron do Sanisac, l'ami do Maiifjiron. dont
nous avons parlé pins haut.
LETTRES UE CATHERINE DE MEDICIS.
•2:57
seurant pareilieinonl bien que vous embrasserez
cest aflaire, coiiiiiii' uiig des plus impoiians
que le Roy moiisiour mou filz ail.
Et à ce propos je vous dirav (|ue j'eusse
bien désiré que Ion m'eust envoyé, dès que
j'escripviz de l"Isle-de-Jourdain, au mois de
novembre, les expéditions pour l'aire recepvoir
au retour les droii-tz de l'impozition sur les
bledz et vins qui sorleni hors du royaume,
nonobstant que l'édict des traités ne soit vé-
rifiîé aux Parlemons; car il y a beaucouj) de
gentilzliommes qui n'eussent laissé de j)aier
les droiclz ou ceulx qui eussent acbapté leurs
bledz et vins, qui est le plus grand revenu
quilz aient, encores que ledict édit n'eust esté
vérillié, si l'on leur eust promis, comme j'es-
cripvois que l'on un baillasl et envoiast les
expéditions et que l'on les adressast aux tré-
soriers de France et généraulx des finances,
ou bien que l'on iiaillast des traites particul-
iières soubz le nom de Castellas. Je ne sçay si
vous estiés encores de retour de Flandres lors
que je fiz ladicte despesche, à la prière et re-
queste de la noblesse de ce pais et par l'advis
des s"'" du Conseil qui sont icy au])rès de
moy,qui vous mercieau demeurant de la peyne
que prenez pour mes particuUieis all'aires
que je vous recommande tousjours, et croiez
que Chanlereau ne m'a antre chose escript
de vous, si n'est ({ue alTeftiounez tout ce qui
me concerne, aussi ne le croirois-je de luy ni
d'aultre; car je vous congnois trop de mes ser-
viteurs pour aussi en faire aultrement: parlant
n'en soiez en aulcune peine, mais croiez que
je seray toujours,
La bien vostre,
Caterine.
Escript au Port-Sainte-Marie, le xxvi" jan-
vier 1579.
1379. — -jS j.iiiïior.
Copie llilil. ityt. . Fonds friiiirais , n" 3Hoo , r* 1 '10 '.
[Al IlOY MONSIEIU MON FIES.]
Monsieur mon lilz, le sieur niaresclial de
Biron est arrivé hier avanl-disner icy, reve-
nant de la RéoHe, où il a installé le s' d'Ussac;
mais Favas a faict beaucoup de désordre aux
maisons des babitans de ladicte ville, comme
avez veu par mes dernières dépesches. Ceulx,
qui estoient dans le chasteau n'en ont pas
moiugs faict; car, au rapport mesme dudici
marescbal de Biron et du s' de Duras qui esl
venu avec luy icy, il n'est rien demouré que
les murailles dudict chasteau, si ce n'est deux
petites pièces d'artillerie, de vingt- une ou
vingt-deux qui y estoient, et demeuroit deux
milliers de pouidre, des pirques et aullres
armes, ensemble des farines, vins cl vic-
tuailles, le tout ayant été butiné et vendu par
lesdictz soldatz du chasteau, lesquelz, sur le
rapport dudict nutreschal de Biron, ont esté si
mal aisés à ranger, pour obéir ad ce que nous
avons fait mettre par escript, qui \ous a esté
cy devant envoyé, que le s' de Duras fut,
selon le discours qu'il m'en feyst ledict jour
d'hier, contrainct de les induire luy-mesine
à vendre les armes et munitions pour en
jouyi-, comme il dict, plus à sou aise; car sans
cela sur les adverlissemens qu'ilz avoient de
Bourdeaulx, par lesquelles on lesexhortoit de
tenir bon et ne rendre poini ledict chasteau,
ainsy que verrez par les icelles lettres que je
vous envoie, le s' de Duras dit que, quelques
chose (ju'ils eussent promis de luy obéir, ils
ue l'eussent point faict, et eust-ou esté con-
traint d'y aller par la force. Je n'av pas voulu
' En litre : -Kiivoyi'e au Ruy |.ai- llono Buiicliart pm-
liMir au service de laii. dame Revue sa mère. i>
238
LKTTUFS DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(lUc liiii ^iil |i;irlc' (II' cecj à nmii fil/, Ir roy
(le Naviini', ny ii ])ms uiijj de ceiik de iii Re-
lij|iiiii |ir(''k'nduc ivfoniie'c, sur la gr;iiid(i
iiislaiice (juf luoiidirt fdz le rov de Xavarre
ma cesle a|ii('s-(lisiier faicle puur faiie re-
luellre au cliasleau larlillerye, pouldie el
iiiu|;nitions (jui y esloieiil, suivant nostre dicl
csrript, par le(|uel il est aussi noujMKÎment
dicl (piil lie sera juis aulcuiie chose dans la
villt! des bieus des habitans dicelle, ce cjui
a esié bien reuionstrt' au roy de Aavarre
n'avoir pas esté gardi', et ijue la première
faulte csloil venue diiilirl Favas et des soldat/,
(ju'il avoit dans ladiclc ville, lesipielz, dejniis
nosire dict accord el arrivée de (luitry andicl
lieu de la Réolle, avoieni contre ce qui avoit
este priJiiiis lait désordre de jilus de soixaule
mil francs auxdicl/, habitans. Cela sest dé-
battu de part el daullre. en iiostie présence
et de ceiilx (le vo>tre Conseil, tort apreuienl,
sur le rajiporl (pie faisoil ledict Guili'v de
fexécution de la coniuiission audict lieu de
la Iléolle, le roy de .\a\arre prenant parfois
la |)arole, el le inareschal de Biioii pareille-
lueiil, \ estant aussi le s'' do Duras, qui en a
seniblableiiieni jiarlé. Et afiiu que les propos
lie saijji'issenl point da\aiitaige, j'ay pris la
parole el pai' deux lois pour en faire une ciin-
clii.sion, Il oubliant pas de dire à iiioiidicl filz
le r(i\ de Navarre, que le tort (jue ledict Favas
a\oil pieiiiièreiuent eu d'avoir pillé et soiil-
ferl jnller les habitans de ladicte ville, mesmes
\rs iiiais(uis de ceulx i[ui estoient dans le
cliasteau, les avoit occazioniiés d'en faire de
inesiiie audict chasteau, concluant iiéaiit-
moiiis, suivant ce (jue j'avois advisé ce matin
avec le niare.schal de Biron, de faire bailler,
|iour remettre dedans le chasteau, de la
piiiildre (le xosire munition de Bonrdeaiilx,
avec soixante picipies, (|iii e>toil à peu près le
noiulire de celles (lue lesdiclz soldatz avoieut
coiipi'es el ioin|Mies, et pour le re;;ar(l d'unjj
pii'-oiiiiier de la Religion ipii avoit esté lue de
sanj( froid dedans le chasiuau, comme ceulx
qui avoieut pris ledict chasteau estoient près
d en sortir et diint mou lilz le roy de Na-
varre m'avoit requis que l'on feisl justice :
i'estois d'advis que l'on le feis. Ils se sont sur
cela replicqués, Guitry et Duras, pour ung
catolicqiie que l'on disoit avoir esté tué en
unjf basteau d'une arquebuzade, et ([ui tout-
tefois ne s'estoit pas seulement trouvé blessé,
la halle estant demeurée entre la chair et la
chemise; mais, parlaus de faire restituer l'ar-
tillerie que je \ouiois qu'on racheslat, d'aul-
tanl qu'elle avoit esté vendeuc à vil (irlx à
(piehpies ungs (|ui l'ont portée en leurs mai-
>oiis el chasteaiilx de là autour, le roy de
Navarre et le niareschal de Biroii .se sont en-
core esmeus di? projios à l'occasion de ladict(!
artillerie, ayant icelluv le niareschal assez
mal à propos dit au roy de Navarre (aussy
en ay-je esté bien marrye) ([u'il rendit les huit
canons qu'il a à vous el puis qu'on lui baille-
roil ladicle artillerie de la Ri'olle, et (|ue l'on
ne piiu\oil jamais rien retirer de ceulx de la-
(lict(^ Ridigion et ipie luy mesme luy avoit dit
qii il ne reudroit jamais lesdiclz canons; sur
cela inondict lilz le rov de Navarre .s est aigry,
disant qu'ilz estoient es mains d ung de ceulx
de la Religion (pii estoil à luy et (|ui en len-
dioit bon compte, qu'il pensoit bien que vous
vous liez en luy de plus grande chose, et
qu'en mains de nul plus fidèle (|ue luy ne
pouvoient estre lesdiclz canons. Voyant cela,
j'ay reprins le propos, et ay dict que Ion
donneidit ordre pour laire recouvrer le.sdictes
pièces d'artillerie et remectre des pouidres et
])ic([ues audict chasteau; et si av résolu en
iiiov niesines, mais je n'en ay rien dict ny à
l'ung ni à l'aiiltre, de faire bailler, comme
j ay promis, six cents livres au s' d'Lssac, pour
LETTKKS DE CATH
iiriy (|iiar(ipr de IVsl.il de ii' livres par mois
que luy ay accoid(\ ol iiromis m' livros pour
l'entretenenicnl de dix soldatz, qu'il désire
avoir pour sa sourolé; car il no se fie pas fort
à ceuk (pie iiiondicl tilz le rov de Navarre
y mettra, et vous diray, en passant, qu'il sait
([ue ceulx do ladirtp Reliffion eslimenl qu'il
esl trop à ma dévolioii. Je revieudray à mon
propos el vous diray que. parmy ee que disi
est de la Ke'oUe, le roy de Navarre est venu
à me parler de Saincte-Bazille, qui est assez
prest de ladicte RéoUe, me disant que les ca-
tolicques de ladicte ville avoient faict des petilz
fortz à l'entour du chasteau, (pii est à luy,
et se plaignoit de quelques ungs qu'il/ \
avoient tuez; sur cela le maresclial de Biron
lui a l)ien représenté, (comme aussy ay-je
l'airt), (jue les huguenotz de Saincte-Bazille
avoient faict beaucoup de mal et en faisoienl
encores tous les jours aux catoiir(|ues, et dont
iiz en avoient desjà tué plusieurs et encores
de fresche mémoire et quelques ungs. Mon
filz le roy de Navarre et le maresclial de Biron
se sont encore ung peu picquez pour ce faicl
là, voulant ledict mareschal que l'on remist
à la conférence à en dérider. Toultefois j'ay
résolu pour éviter les meurtres, qui se pour-
Coient encores faire, aussy qu'il n'y a de ce
costé icy que ce lien là, où ils soient aux
armes les ungs contre les aullies, et que je y
enverray le lieutenant de vostre grand Pré-
vost, qui est icy pour faire faire justice des
ungs et des aultres qui auront failly, et ung
gentilhomme de ma part, et que mon filz le
roy de Navarre en enverra ung aussy de la
sienne, pour faire remettre Saincte-Bazille sui-
vant vostre édict, faisant sortir ceulx qui sont
dedans ledict chasteau et démolir les fortz, el
par niesme moyen regarder à faire accorder
les ungs et les aultres, en sortes que cesdiclz
désordres et actes d'hostilité cessent, et qu'il
ERINK DE MÉDICIS.
230
n'y ail iilusaulcMnc garnison audici chasteau.
ayant bien remonsli'é à iiiondict filz le roy
de Navarre qu'il ne fatloit plus que luy ne
personne eust aulcuni^ garnison en ses places
et chasteaux, et que l'édict le défendoit, aussv
que vous-mesnie n'en voiillicz |ioiii(t tenii- es
vostres.
Va sommes de là rentrez au premier pro-
pos que je luy ay tenu, (piaud il est arrivé
icy, où il m'a Irouvé'e an licl, ayant esté toute
ceste nuici loit travaillée de mon catarre el
mal de cuisse, pour lequel il falloit nécessai-
rement que je prisse, ceste nuict, des pileules
et me purger à bon essient, de sorte ([ue je
ne pouvois partir d'icy que niardy de la se|.-
maine prochaine pour aller à Néiac, dont
nous sommes demourés d'accord, et quand
que je luy envoierois devant les sieurs de Koix,
de S'-Suplice, de Pibrac et de La Mothe, pour
regarder ce pendant à commencera eshaucliej-
nostre conférence, afin de pourveoir bientosl à
l'exécution el establissement de vostredici édirt
de paciflicalion. Il m'a bien dict qu'il pensoit
qu'en ma présence il s'en feroit plus en ung
jour qu'il ne fera ainsy en huit, toultefois
qu'il leur fera monsirer les cahiers des dép-
putez et fera tout ce qu'il est possible. J'ay
advisé d'en faife ainsy, puisque lesdiclz dé-
putez n'ont voulu venir icy, et aussy que ce
mal m'est survenu; mais j'espère a|)rès m'estre
purgée, que cela se passera, el que cependant
lesdiclz de vostre (lonseil m'adveiliront de
ce qu'ilz auront entendu desdiriz di''|)ulez el
veu en leursdiclz cahiers, leur avant bien dict,
comme aussy ont ilz toujours veu que j'ay dé-
claré plusieurs fois et encore cest après disnei-
à vostre frère le roy de Navarre, que je ne suis
venue par deçà que pour deux cb.oses, dont
l'une estoil accom|)lve : c'esloil pour luy
amener ma fille, sa femme, qui y estoil pré-
sentement, etraulti-e p(uu l'exérution et esta-
240
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
blisseuient de rédict de paciflîration, etquo je
ne peulx ny ue veulx adjouster nv diminuer
audirt édict, bien ferav-je tout ce qu'il sera
iie'cessaire selon vostie désir pour le faire
garder et exécuter fermement toujours, et
pour pourveoir aux contraventions faictes à
iceiluy par les ungs et par les aultres depuis
la publication, ayant chargé lesdictz sieurs de
vostre Conseil de m'advertir, et ou vendredy
ou tous les jours, de ce qu'ils feront : aussv
ne faudray-je vous en donner soubdain advis.
Cependant je vous diray que je trouve le
mareschal de Biron plus estrange qu'il n'a
point encores esté, me semble; car dès hier
(ju'il arriva, je congneus bien qu'il estoit en
l'urye. Touttefois je luv feis la meilleure chère
que je peus, louant bien fort ce qu'il avoit
fait à la Réolle, et après luy avoir discouru ce
qui s'estoit passé entre les depputez et nioy
et la résolution qu'en t'eiz, j'avois pense d'aller
commencer nostre conférence à Nérac et la
venir achepver icv ou ailleurs, et pour ne ba-
zarder pas tout et affin aussv de faire contenir
tous les catolicques pendant que j'\ serois, et
davantaige pour tenir ceulx de la Religion en
crainte, s'ilz avoient quelque maulvaise vo-
lunté, que j'avois advisé qu'il valloil mieulx
(ju'il ne vint pas audict Nérac, et qu'il falloit
qu'il feisl le mallade . ou ainsi qu'il verroit estre
à propos. Cependant il me feist ung bien
ample mémoire de toutes les contraventions
et aultres choses, dont avons besoin pour
nous en servir, en attendant (]u"il revint me
trouver au lieu où concluerons ladicte confé-
rence, et que je vouUoys entièrement suivre
et faire ce qu'il meetra par ledict mémoire
pour les affaires de ce gouvernement. J'estois
preste d'aller à la messe, aussy ne lui en
dis-je pas davantaige; et, après-disner, estant
au Conseil, comme nous parlions du paye-
ment des soldatz des villes baillées en garde
à ceulx de la Religion, et du remboursement
de ce qu'il a emprunté pour le faict de la
Réolle. il se meit fort avant aux champs,
pour ce qu'il dict que l'on est venu prendre à
Bourdeaulx l'argent de sa compaignie, l'a-t-on
envoyé en .\ormandie pour celle du s' de
Maintenon, et n'espargna pas ledict Main-
tenon, ny d'O sur cela, dont je feuz bien
marrye, dès qu'il ne m'en avoit parlé à part.
Après souper, il me vint trouver. Je congneuz
bien qu'il estoit encore bien fort en colère.
Je le laissay dire tout ce qu'il voullust, oïl il
n'oublia pas de se plaindre grandement de
plusieurs choses en quov il disoit avoir esté
très mal traicté; mais je ne faillys pas aussv
le reprendre fort franschement sur ce qu'il
me disoit. Touttefois, pour ce que je veov bien
qu'il se veult faire tenir pour exécuter vostre
édict, selon la résolution que j'espère en Dieu
que en prendrons par la conclusion de nostre
dicte conférence, il vous plaira luv escripre
une forte et bonne lettre, par laquelle il cong-
noisse que vostre intention est qu'il le face
sans aulcune excuze, saichant par vous qu'il
n'y a personne qui le puisse si bien ny si di-
gnement faire, ny que vous v debviez em-
ployer que luy, luy coulant un petit mot en
ladicte lettre, qu'il ait le soing qu'il doibt
pour ma seureté et de ceulx qui sont avec moy,
pendant que je serav audict \érac,sans tout-
tefois en faire aultrement démonstration qui
peust esmouvoir, et l'asseurant de voz bonnes
grâces, et au demeurant que commanderiez à
ceulx de vostre Conseil et ferez faire tout ce
que l'on pourra pour qu'il soit satisfait de
deux années de ses estatz et pensions, et
aultres parties qu'il dict luy estre deues; mais
il fault, s'il vous plaist, que, le plus tost que
vous pourrez, il ayt lesdictes lettres; et si La
Mothe, son homme, estoit encores par delà,
il seroit bon qu'il les luy portast en sa maison
LETTRES DE CAT
(le Biron, où il s'en va dciuaiii. .lo luv av
cloiiiié charge très expresse d'advertir les
caloiicques de se contenir en paix et repos
durant nostre conIV'rence; j'ay aussy donnd
charge auxdiclz sieurs de voslre Conseil (|ui
yront demain à \erac de faire en sorte que
vostre frère, le roy de Navarre, y envoyé faire
de mesme de sa part, ayant esté trouve' plus
à propos par ceulx de vostredict Conseil d'en
faire ainsi, que si nous eussions, vostre dicl
frère le roy de Navarre et moy, envoyé enseni-
blement des hommes es provinces et sénes-
chaussées pour cesl elfect; car quand y eu-
voyasmes, selon nostre première résolution,
il y a trois mois passez, à la RéoUe, les hu-
guenot/, n'obéissoient et n'ont jamais, au
moings la pluspart, obéiz en telles choses. Le
tout est d'accélérer la résolution de nostre
conférence; à quoy vous pouvez croire que je
n'obmettray rien de ce que je pourray, tant
j'ay désir de voir ce pays en deçà bien en
repos, pour m'en retourner soubdain après
vous trouver.
Je vous diray aussi que je suis bien marrye
d'une chose advenue à Condom, de quoy je
ne sçais à quy m'en prendre, c'est que, sui-
vant ce qui avoit este' résolu, ce que vous
avez veu par le ini'inoire que vous en ay
dernièrement envoyé ', j'avois despesché ung
exempt de mes gardes pour m'amener trois
des cinq prisonniers qui avoient esté baillez
en garde au chevalier de Monluc; mais on
les a laissez évader, avant de les livrer audicl
exempt, de sorte qu'il en est encore advenu
une grande esmolion à Condom, à ce que m'a
escript le séneschal Bajaumont. .l'ay escript
à ceux de la Chambre d'Agen d'envoyer deux
' C'est sans doute la pièce du manuscrit fr. 33oii,
foi. i38, ([ue l'on trouvera à VAppendice : trReigle-
menlïi, otc. , et que la reine avait envoyée à Henri lit
par Dinleville.
(^ITIIERINK DE MtDIClS. Tl.
HERINE DE MÉDICIS.
2il
conseillers pour en informer et instruiri' tous
les procès de tous les meurtres et désordres
advenu/ audict Condom et les juger jiar la-
dicte Cliamlire d'Agen, nonobstant l'arrest
({ue verrez qu'en a donm- voslre court de Par-
lement de Bourdeaulx, à laquelle il est né-
cessaire que laciez très grande démonstration
de la faulte qu'il/ ont faict el du fort (|u'ilz
ont laict à vostre service, el à niov aussy, d'a-
voir tant mesprisé et contemné voz comman-
demens et les miens pour vostre service; vous
savez bien quelles gens ce sont la pluspart.
Si c'estoil en ung aulfre temps, vous feriez
bien de les suspendre sur cette occasion là el
plusieurs aultres, pour lesquelles ilz le méri-
tent; mais il suffira, pour ceste heure, de le
leur faire sentir par lettres, ainsy que advi-
serez; et envoyez rependant promplement une
lettre patente à ladicte Ciiambre d'Agen pour,
nonobstant ledict arrest, ne laisser et ne
faillir de bien diligemment proce'der à l'éxé-
culion (le vos lettres patentes octroiées pour
le laict de Condom. Je ne veulx à ce propos
oublier à vous dire que j'ay receu les com-
missions que m'avez envoyées pour changer
les conseillers catholirtjues de ladicte Chambre
d'Agen et en l'aire venir d'aullres dudici
Bourdeaulx, au lieu de ceulx (jui y ont servy ;
mais pour ce que je craignois que cela feus!
cause de retarder les jugemens des procès (jui
sont commencez par ceulx qui sont à présent
en ladicte chamhre ou que cela les délournast,
aussy que cela ne se peult faire sans beau-
coup d'argent qui faull pour l'ameublement
de ceulx qui viendroieni relever les aultres,
j'ay différé, et verray à ceste conférence s'il
sera bon de ce faire. Cependant je vous diray
qu il est couru ung bruict, quasy en toutes les
séneschaussées de ce gouvernement, que vous
avez faict ung l'dict pour diminuer encore
vos monnoyes, ce (jui a aporté grande lu-
3i
IwniHLniE NATION.Ut,
2.'i2
meur, comme vous verrez par les lettres que
l'oD m'en a escriples de Thoulouse, où j"ay es-
cript, comme aussy av-je escript à Bouv-
(leaulx. que l'on l'eist réitérer la publicalioii de
vostre dernier édict sur le faict des nionnoyes,
et, par mesme moien, qu'il soit enjoinct à ung
chacun le suivre sans aulcune augmentation
ne diminulion des pri\ portez par icelluv. Il
vous plaira m'escripre, si en avez advisé ou
liiict quelque chose au contraire; et cependant
je vous diray qu'il me semble qu'il fault
laisser le cours desdicles monnoyes ainsy qu'il
est à présent, suivant vostre édict. Le pre'si-
dent Baillet et aulcuns des conseillers cato-
licques ordonnez pour la Chambre tripartye
sont arrivés icy, les ayant fait acheminer à
Thoulouse; mais il est besoing que vous en
choisissiez encore tiois, l'ung au lieu de Des-
carteaux, qui est mort, et l'aultre au lieu
de ', qui a ung procès sur lequel il s'ex-
cuse, comme vous avez desjà entendu par de
là; et en la place de Callavv, il en fault aussv
ung aultre; car tous les catolicques le tien-
nent fort suspect pour avoir esté aultrefois
de ladicte religion, de sorte que j'ay résolu de
ne le point envoyer en ladicte Chambre. Il
fault aussv adviser à celuv qui sera vostre
procureur en icelle, car ceulx de ladicte reli-
gion n'y veuUent pas admettre ung, appelé
Bartier, que j'y avois nommé au lieu de Gla-
pissons, conseiller au Cliastelet de Paris, que
j'ay entendeu qui n'y veut pas venir. Ils n'ont
pas aussy agre'able Bigot, fils de vostre pro-
cureur au grand Conseil, pour advocat, disans
qu'il tient trop du catolicque, et qu'ils en
veulent ung qui soit du tout de la dicte reli-
gion. Il vous plaira pourvcoir à ces cinq per-
sonnes là, et les ferav partir le plus tost qu'il
sera possible, car aulti'emeut ladicte Chambre
' Laissé en blanc.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
ne sauroit tenir. Priant Dieu, Monsieur mon
filz, vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript au Port-S'^-Marve. le xxviii" janvier
1579.
1579. — 3i janvier.
Copie. Dil'I. nat. , Fonds français, u" 33oo, f^ i^ia v" '.
[.\l ROY MONSIEUR :\10\ FILS.]
Monsieur mon fils, le s'' de Bajauniont est
reveneu de Condom, où il a, à ce que j'av
veu, assez bien composé et accordé tous les
habitans de ladicte ville, leur ayant fait le
reiglement et jurer l'acte et soubmission
dont je vous envoyé le double, et quant et
quant installé le s"' de Mousseron pour y com-
mander, de sorte qu'il m'a donné grande
espérance que l'ordre qui y est ceste fois
mis, suivant le mémoire que je luy en avois
envoyé, maintiendra à tousjours ladicte ville
en seureté, y faisant faire justice des dés-
ordres et meurtres qui y sont advcnuz. Aussy
pour cesl effect la Chambre d'Agen y envoyé
ung ou deux conseillers, pour reprendre les,
informations qui on! esté cy debvant faictcs
et informer des nouveaux, et juger le foui
par ladicte Chambre, nonobztant l'arrest que
vous ay escript avoir esté donné par ceulx du
Parlement de Bourdcaulx sur les lettres pa-
tentes que m'en aviez faict envoyer, sur les-
quelles je ni'atteudz que vous en ferez expé-
dier encores d'aultres, pour casser ledit arres!
et déclarer que vostre intention estoit que
ladicte Chambre d'Agen en ayt la congnois-
sance. Cependant, je tieudray la main à ce
que, en attendant icelles lettres, ilz ne lais-
sent de procedder, comme il en est très grand
besoing, car s'il n'est faict exemplaire justice
' En marge : ttEmoyée nii Roy par îlonsieur de
Stoi'S)î.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
(If tiiiil de désordres et de meurtres advemiz
2i3
audict Condom, les habitans d'icello ville
seront tousjours en querelles et à se couper
la gorge les ungs aux aullres, dont peult-
estre il y en a quelques ungs qui ne seroieni
pas marris, pour l'espérance qu'ils auroient
(le se jeter entre deux et se saisir de ladicte
ville, qui est de grande importance au bien
de vostre service, et laquelle, j'espère, sera
conservée par le moyen de Tordre dessus dict ,
suivant lequel le s'' de Mousseron n'y doibt
(lemourer que le mois de febvrier, et après luy,
de mois en mois, les douze gentilzliommes
que verrez par la liste que je vous envoyé,
chacun en leur tour'; mais je vouldrois bien
pouvoir faire en sorte (|ue Icdict s"' de Mous-
seron, qui est ung bon vieil gentilhomme,
(jui y a cy- devant commandé, y veulent et
peust lousjours demourer au gré des autres;
car, à ce que j'entends , il ayme vostre service
et est homme de bien. Il sera bon que vous
luy escripviez une bonne lettre du gré que lui
sçavez du service qu'il vous y faict.
Cependant je vous envoyé une lettre que le
s'' de Savignac m'a escripte, par laquelle vouz
verrez comme Florence est remise, et comme
mon filz le roy de Navarre nous a joués d'une
subtillité, pour laquelle je parleray bien à
luy la première fois que je le verray; car il
la me debvoit rendre en Testât qu'elle estoit
quand il y entra, et touttefois il a fait ouvrir
les tours et rompre les planchers d'icelles. 11
est vray que peult-estre les habitans de ladicte
ville, qui sont aussy divisés, veoyant lesdictes
tours ouvertes par le dedans de ladicte ville
et qu'ilz ne s'en pourront saisir à Tadvantaige
des ungs sur les aultres, seront plus saiges
et plus retenuz. Quant à Langon, je veoy
bien que mon filz le roy de .\avarre et cculx
de sa religion se feront tirer Taureille pour
la remettre, quelque chose (pi'ils m'eussent
promis; car le s"^ de Gaulcliat, ucpveu du
s'' de La Mothe-Fénelon, que j'avois envoyé
pour assister et estre présent quand ung
nommé Laborde, que mon filz le roy de Na-
varre y a envoyé, exécuteroit ce qu'avons ad-
visé, qui est de faire vuider ceux qui sont
dans If cliastcau dudict Langon et le faire
remeclre, et la ville aussi, es mains de Mon-
sieur de Candalle, qui eu est seigneur du fief,
La Borde m'a rapporté hier soir comme,
:iu lieu de le venir trouver à la Réolle, dont
il avoit esté dit qu'il/, partiroient ensemble
pour aller audict Langon, y est allé tout
droict sans passer audict lieu de la Réolle; de
sorte que ledict Gaulchat, arrivant à Langon,
trouva qu'il en estoit desjà party et qu'il
n'avoil rien faict. Je pense qu'il avoit adverty
cculx du chasteau de Langon de demander
ung mesme pardon que ceulx du chasteau de
la Réolle, avant que d'en sortir; car ilz ont
déclaré au s"' de Gaulchat qu'ilz ne sorti-
roient point aultrement : et cependant ils
commencent à arrester les basteaux et exiger
des marchands fréqueutans et conimerçans
par la rivière, tout ainsy que faisoit Pavas à
ladite Réolle, dont du tout j'ay escript à Né-
rac à ceulx de vostre Conseil, par ledict Gaul-
chat, afiin d'en faire instance à mondict filz
le roy de Navarre, pour le semondre bien
expressément de la promesse qu'il m'a faite
de la restitution dudict Langon, sur celle que
je luy ay aussy faicte par escript, de la-
quelle je vous envoyé le double, que vous
])ardonnerez la surprinse dudict chasteau; et
aflin que nous ne demourions point pour
cela, il vous plaira m'envoyer le pardon.
Priant Dieu, Monsieur mon filz, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Saincle-Marye, le dernier
jour de janvier 1579.
3i.
^4/(
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1579. — i" février.
Orig. lîibt. nat. , Fonds français, n' 33o3, f" 38.
A MOIV COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, par les dépesclies que vous
m'avez faictes des xvi et .\xm" du mois passé,
j'ay veu, à mon très grand regret, les mau-
vais déportemens du s'' de Chastillon, dont je
suis infiniment marye\ ayant ce jourd'huy,
incontinant vostre dernière reçue, escripl aux
s" du Conseil privé du Roy monsieur mon
fil/., que j'ay envoye's despuis deux jours à
iNérac pour commencer nostre confe'rence, la
substance de vostredicte dernière lectre, pour
en l'aire instance à mon filz le roy de Navarre
et aux deppulez qui sont audict Nérac, les-
quelz, je pense bien, ne s'en soucieront non
plus (ju'ils ont accouslumé : aussy n'est-il que
bon que vous soyez monte' à cheval et les
seigneurs que m'escripvez qui vous accom-
paignent, pour empescher ledict Chastillon en
ses pernicieulx desseings; car la première
chose que je feray traicter en la conférence,
ce sera de pourveoir à sesdictz mauvais des-
portemens et aussi à ceulx de Bacom, Four-
nier et autres. Voyià pourquoy, mon cousin,
il est nécessaire qu'en repoulsant telles gens,
que j'estime que mondict filz le roy de Na-
varre et ceulx de la relligion protendue re'-
formée n'advoueront poinct, vous regardiez
de faire en sorte que ce soyt sans préjudicier
' Baiidonnet, grâce à l'assistance que iui prêtait Clias-
lillon, se maintenait dans le château de Beaucaire.
Henri 111 lui avait écrit le 28 janvier : ctAyantsceu que
vous aviez promis au sieur de Chastillon de iuy remectre
le chasteau de Beaucaire pourvu que je l'aje agréable,
j'ay estimé vous faire advertir sur cela de mon intention
qni est que je n'ay délibéré en aucune sorte d'accorder
ledict chasteau audict Chastillon. n ( Bibl. nat. , Fonds fr. ,
n° 33!i5, fol. 33).
à l'édict de paciffication, estant nécessaire de
les faire premièrement interpeller de pozer les
armes et observer ledict édict, encores que je
pense bien que pour cela ilz n'en facent rien;
mais au moings sera-ce mectre le droict de
nosire coslé et occasion de faire faire justice
exemplaire de ceulx (jue l'on pourra après
atlrapper. Quant aux compaignyes du s'' de
Joyeuse et du séneschal Cornusson, je croy
qu'elles ne sont pas encores prestes, pour ce
que les catholicques de Thoulouse et des en-
virons m'avoient laict requérir par le scindicq
général qu'elles fussent excusées de tenir gar-
nison, affin de souUaiger le païs; toutesfois je
leur en escriptz présentement, aifin qu'ilz
vous en secourent, s'ilz peuvent; mais je vous
prie de rechef regarder à vous comporter tel-
lement que, empeschant le secours audict
chasteau de Beaucaire et lesdicts pernicieuzes
entreprinsesdesdicts Chastillon, Bacom, Four-
nier et autres, se soit sans que pour cela nous
rentrions à la guerre; car, à vous dire vray,
je suis résolue de tenter tous les moiens qu'il
me sera possible pour establir la paix par la
doulceur, sinon, et après que j'auray faict ce
que j'auray deu suivant fintencion du Roy,
mondict S' et filz, adviser aux moiens qu'il
faudra tenir pour faire establir et observer
sondict édict : en quoy plusieurs villes et in-
finiz gens de bien, mesmes aucuns qui sont
de ladicte religion de vostre gouvernement et
d'ailleurs, se mecteront avec lesdictz catho-
licques pour ladicte exécution et bien de la
paix. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript au Port-Sainte-Marie, le premier
jour de Février 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
LETTUKS DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
2i5
1 579. — 9 février.
Co|>w. BiU. nal.. foDiis franrais, n° 33oo, f« i43 v" '.
[AU ROY MONSIEUR M0.\ FILS.]
Monsieur mon filz, je rerous av;uit-lii(>r qui
fut samedy, dcniiorjour du mois passe, depuis
la de'pesche que je vous fizs ce jour là,
lettres du mareschai de Dampviile par les-
quelles il m'escript que Ghastillon estoit sorty
de Montpellier avec ung canon et une grande
couleuvrine et ce qu'il avoil peu assembler de
forces des autres de la religion prétendue ré-
forme'e, pour aller secourir et advitailler le
chasteau de Beaucaire, et que pour se faire
redoubler davaulaige, passant par la ville de
de Bessoulz^ près Beaucaire, il avoit, après y
estre entré par composition, taillé en pièces
plus de cent pauvres paisans catholicques, et
seroit au parly de là retiré à .\ismes, où il au-
roit esté receu. Au mesme instant je receuz aussi
lettres du s'' de Maugiron, (jui m'escript que
ung nommé Delaprade s'est saisy et remis de-
dans la ville de Soyons ^ sur le Rhosne, qui
avoit esté démantellée et laquelle il a reforti-
fiéf, et y recommence à faire tous actes d'hos-
tillité, exigeant ung péaige sur tous les bas-
teauxqui passent par ladicte rivière du Rhône;
oultre cela j'ay aussy eu advis que Dusson s'est
saisy de Pons', et davantaige ay encore eu ad-
vis de divers endroictz que mou lilz le roy de
Navarre et ceulx de sa religion avoient envoyé à
Monlauban et Lérac\ Montflanquin*^ et auUres
lieux qu'ilz occupent, assembler des gens de
' En marge : fr Envoyée au Roy par le capif. Massonii.
° Besouce, canton de Margiieriltes, arr. de Nimes.
' Soyons, en face de Valence, arr. de 'i'ournoii (Ar-
dèclie).
* Pons, canton de Fumet, arr. de Vilieneuve-sur-Lol.
' Layrac, canton d'AstalToil , arr. d'Agon.
' Montflanquin , clief-lieu de canton, arr. de Ville-
neuve-sur-Lul.
guerre et qu'ilz avoient quelque grande enlre-
prinse à exécuter pendant que nous serions
à Nérac, où aulcuns m'advertissoient qu'ilz
avoient délibéré prendre revanche de la Saint-
Barthélémy. J'envoyay toutes lesdicles aux
sieurs de vostre Conseil à Nérac, pour l'aire en-
tendre toutes les ciioses dessusdictes à mon lilz
le roy de \avarre , auquel j'escripz aussy très e.v-
pressément ce qu'il me sembloit de tout cecy,
oultre ce que je donnois charge auxdictz sieurs
de vostre Conseil lui l'aire entendre de ma
part, qu'il se veoyoit clairement par lesdicles
lettres qu'ilz avoient reprins les armes et avoient
quelque mauvais desseing; davantaige que je
voyois bien aussy par ce que m'avoit rapporté
le s"^ de Gaulchat, uepveu du s'^ de La Mothe
Fénelon, qu'ils n'avoient pas grand désir de
rendre Langon, et aussy que je me trouvois
encores mal de mon calerre et que partant je
ne pouvois aller audict JNérac pour la conhî-
rence, non que je ne feusse très asseurée de
mondict fdz le roy de Navarre, qui ne vouidroit
nullement permettre qu'il me feust faicl, ni à
pas ung de ma suite, aulciin desplaisir, mais
peut estre qu'il adviendroit qu'il ne pourroit
estre maistre de ceulx de sa religion; aussy
que j'avois à contenter les catolicques et que
pour ces causes j'étois d'adviz, .s'ilz ne vouloient
venir icy taire ladicte conférence, que nous la
fissions à l'abbaye de religieuses qui est près
d'icy et de la rivière, du costé dudict Xérac,
où ils viendroient tous les jours et moy j'vrois
aussy, et eulx s'en retourneroient à Nérac et
moy en ce lieu. Toutes ces raisons là se sont
fort débattuez audict Nérac entre mondict lilz
le roy de Navarre el lesdictz sieurs de vostre
Conseil, présens les députés et ceux de vostre-
dict Conseil, qui n'oublièrent rien de tout ce
que je leur manday, de sorte que le roy de
Navarre, présents lesdictz députez, voyant la
résolution où j'estois, se trouvèrent estonnés, à
2/iG LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ce que me rappoitoit ledict Puibrac , qui re-
tourna hier en ce lieu , et mondict filz le roy de
\avarre avec lesdicts députe's, que le viconte
(le Turenne viendrait icy, comme il fil hier, pour
m'asseurer que ce que faisoit ledict Gbastillon
et tous les aultres se faisoit sans leur sceu,
et qu'ilz désiroient aultant que raoy que Ton
l'eist faire justice de telles contraventions à
vostre e'dict, avec une infinité d'aultres paroles
(le la confiance que je doibs prendre en eulx,
et de l'asseurance qu'ils me donnent qu'il ne
me sera faict aulcun tort ne desplaisir, ny à
pas ung de ma suite, et aussy qu'ils feroienl
rendre Langon , oij ils ont renvoyé et moy aussy,
me suppliant avec instance de ne laisser point
imparfaict ce bon œuvre que j'avois commence^ :
et se laissa aucunement entendre ledict viconte
de Turenne, pre'sens mes cousins le cardinal de
Bourbon et le prince Daulpbin devant iesquelz
je voullus qu'il parlast, que je serois bientost
contente d'eulx par la fin de ladicte conférence.
Veoyant cela et qu'il ne m'estoit possible de
rien gagner sur eulx , considérant aussi aulcunes
particullarités que ledict s'' de Pibrac m'avoit
fait auparavant entendre, lesquelles me donnen t
grande espérance de faire quelque chose de
bon , je promis audict vicomte de Turenne que
j'irois demain audict Nérac, comme j'en suis
résolue, espérant en Dieu, auquel j'ai toute
ma fiance qu'il me fera la grâce que nous y fe-
rons une bonne et heureuse fin, et bientost,
pour l'exécution et lestablissement de la paix.
Cependant j'ay escript partout qu'en faisant
contenir ung chacun en repos, l'on se tint
aussy si bien sur ses gardes que, si lesdictz
de la Religion avoient quelque mauvaise vo-
lonté, l'on les en peust empescher. Je ay
mandé audict marescbal de Dampville, lui
faisant responce, que, puisqu'il est allé lui
niesrae, combien que je lui eusse escript de
renforcer seulement Sainte Jaille, qu'il regarde
de faire en sorte que cela ne soit point cause
de nous remectre aux armes, mais que aul-
tant qu'il pourra attraper de ces volleurs, il
les face chaslier par justice. J'ay escript aussy
au s' de Maugiron se comporter de mesme fa-
çon, faisans et l'ung et l'aultre congnoistre à
un chascun comme vous voulez de vostre part in-
violablement entretenir vostre édict de paciffi-
cation : de sorte que je pense avoir pourveu
à tout au mieux que se pust faire, jusques à ce
que nous ayons pris quelque bonne résolution
pour nostre conférence.
J'ay aussy receu lettres du s'' de Suze, qui
est de retour en Avignon, y ayant incontinent
faict response, par laquelle je lui donne espé-
rance d'aller passer en Provence aussitost que
j'auray faict icy, et cependant je lui escripz, et
au cardinal d'Armaignac , conformément ad ce
que j'ay veu par la dépesche qu'avez faicte
par Truchaut audict pays de Provence, où je
crois qu'il sera très à propos que vous envoyez
celui dont j'ay faict mention par ma dernière
lettre. Le Grand Prieur me vient trouver, à ce
que l'homme du s'' de Suze m'asseure, et qu'il
estoildéjà passé à Arles, attendant le vent pro-
pre, tellement que de ce costé là, j'espère, avec
l'aide de Dieu, nous y ferons aussy quelque
chose de bon, si nostre conférence réussit.
Cependant je vous mercye de très bon
cœur. Monsieur mon filz, des honnestes lettres
qu'il vous a pieu m'escripre, tant par le nepveu
du s' de Joyeuse qui arriva hier matin icy,
que par La Mothe Gondrin , qui arriva aussy
hier soir avec toutes les dépesches que vous
m'avez envolées : ayant veu par icelles que vous
aviez très agréable ce que je faiz par deçà
pour vostre service, pour lequel aussi m'em-
ployé-je de cœur et d'àme, feray et conlinue-
ray toujours; car, oultre que c'est mon deb-
voir, il n'y a en ce monde rien que je désire
tant que de veoir vostre royaulme en paix et
LETTRES l)l<: CATHERINE DE MEDICIS.
i247
repos, vous avec le conlentement (|ir' je vous
désire et soubailte, et j'espc-re en Dieu que je
vous verray bienlosi, travaillant et faisant par
vous, comme je veoy que vous l'aictes, île si
grande et bonne atTecliou, tout ce que vous
pouvez pour le bien de voslre royaulme et af-
faires : aussy m'asseuré-je que Dieu vous av-
dera et ([ue vos peuples et subjectz, congnois-
sant voslre bontë, bonne volonté' et l'amour
que leur portez, la payne que vous prenez et
le grand soing que vous avez des affaires de
vostre royaume, vous béniront et aimeront,
comme ils doibvent, si bien que les pernicieux
desseings de ceulx qui veulent vous remettre
à la guerre tourneront à leur bonté et confu-
sion. Il n'y a rien oiî il esrbet response à vos
deux dépesches, sinon sur les lettres que vous
a escriples mon filz le roy de Navarre pour la
Chambre d'Agen; à quoy j'ay satisfaict à mon-
dict fdz le roy de Navarre, il y a longlemps,
comme je diz bier audict viconte deTurenne,
et que je m'esbahissois bien pourquoy mon-
dict filz le roy de Navarre vous avoit escripl
et La Rocque vous pressoit de cela; car pour le
regard du différend d'entre la Court de Par-
lement et ladicte Chambre, sa longueur venoit
d'eulx, d'aultant que le président de Saint-
Acquin avoit esté député parladicle Chambre,
longtemps y avoit, pour vous aller trouver
pour cet effet, et luy avois baillé les lettres que
je vous en cscripvois; mais que depuis il s'es-
toit ravisé et, au lieu d'y aller, ladicte Chambre
vous avoit escript ce qu'ilz avoientà respondre
aux remonstrances de ladicte Court; que, pour
le second poinct, qui estoit de changer les
conseillers catolicques, j'avoys résolu, comme
ils sçavent très bien, le leur ayant dict
moy-mesme, que je ferois continuer ceulx
qui y sont, combien qu'ilz se faschassent fort
et requissent, suivant l'édict, d'estre relevez
par leurs compaignons du Parlement de Bour-
deaulx; el (juaul au dernier poinct des dé-
sordres el scandales advenus à Agen, qu'ils
savoieiit bien comme il en avoit esté informé
et en seroil l'ail justice; mais qu'il falloil aussy
la faire d'une église que ceulx de ladicte re-
ligion avoient lors gastée près ledict Agen : de
sorte que ledict viconte de Turenne n'a sceu
que respondre sur cela, et croy qu'ils mande-
ront audict LaRocque ne vous plus importunei'
de ces choses là. J'ay veu aussy la dépesche
que vous a faicte mon cousin le prince de
Condé, et la saige responce que vous luy avez
sur ce envolée. Cela est venu bien à propos
sur une dépesche que je luy ay fait tenir ces
jours icy par le s"' d'Escoyeulx, qui est de la
mesme substance et intention que la responce
que luy avez faicte, et si avois auparavant es-
cript aux sieurs comte du Lude ^ et de Ruffec
l'esclaircir des doubles où il estoit et lui oster
l'opinion qu'il avoit des entreprinses dont ou
les soupçonnoit, auxquelles, quand tout est
bien considéré, il n'y avait point ou que bien
peu d'apparence; aussy m'ont lesdictz sieurs
du Lude etdeRufïec escript qu'ilz lui feroient
voir si clair en cela et en leurs aciions, qu'il
ii'auroit plus lieu de doubter que vous et tous
vos ministres ne tendissent au bien de la paix.
Mais je crains bien que ce soit par artifice
qu'il vous ayt faict ceste dépesche; car j'ay
veu pai' la fin de l'instruction qu'il a baillée
à Davenues quil se délibère repousser telles
entreprinses, au lieu d'en attendre la justice
de vous. Cela me faict aucunement doubter
qu'il y ait quelque chose de caché là dessous:
aussy vous diray-je à ce propos que l'on m'es-
cript que, quand bien nous résouldrions l'exé-
cution de la paix en nostre conférence, que
néanmoings reuix de ladicte religion sont ré-
solus de ne rien rendre, mais que leur desseing
' Gui (le DailloM. conilc du l.ude.
■248 LETTRES DE CATH
ost de se saisir do Beauvais, ri»ntrpr à ia gucrri'
el la laii'i' du cobté de Paris, on attendant
i|u iiz puissent appeler leurs reistrcs; ce que
je ne puis bonnement croire. Touttefois il laut
(lue cela, avec semblables considéralions que
je vous a\ plusieu}s i'ois i'e]ir('sentées par mes
depesebes précédentes, \eoyaut telles remises
et lonjjueurs en les jjeus icy, serve dadvertis-
sement, e! il sera bon de niandcj' incontinent .
sans rien esniouvoir, que Ton prenne j;arde
audict Reauvais et aussv à Soissous, et pareil-
lement aux aullres villes (|ui sont sur les ri-
vières, .l'av veu aussy par \os dépescliC' bi
pernicieuse rliarjjede ce mauvais jjai-ron Du-
bourj;, ei a estt' très bien adviséd'escripre pour
le l'aire j)ren(lre et arrester. et sera mieuk faict
de le l'aire bien cliastier. .l'ay aussv receu les
dépesches que m'avez envoyeurs jiour le laie!
des traii-tes d(\s bleds et vins, que je suis
biru ma;rve qui ne sont venus plus Inst; car.
di'puis l(> teuq)s (jiie je vous en a\ parlé, il s'en
l'usl retiré beaucoup d'ari;eiit, et la noblesse eu
enst esté fort aise. Toutesfois j'estime ipie cria
viendra imcore bien à propos, estant délibérée
de taire servir, des trois sortes d'expéditions
que m avi'z einovées. celle ipii porte de paver
les aultres droictz et la moictié de ce (jiii est
porté par vostre nouvel édict sur le l'aict des-
dictes traictes et impositions l'oraines, combien
(pie aulcuns jjeiitilslioninies m'eussent dici
(pi'ilz vonloieut bien paier tout; mais je cioy
qu'il \ eu a (piel(|M('s aullres (pii n'estoient ]ia-
de ceste opinion. Xoilà [)(iui(]uo\ . escripNanI
au s'' de Belièvre, ajirès que j eiiz laid laire
la lettre à IJnilart, je laissnv un peu cela en
ilouble (]ui ne se conirarioit néannioings pas;
mais ce a esté très bien laid de m'en avoir
envové lesdictes ex|)éditioHS, encore que ce soit
unjf peu tard, et croiez que j'y feray tout ce
(|u il se pourra pour le bien de vostre service.
Il Cstanl pas à bien considérer que vous n'avez
ERL\E DE MEDICIS.
aultre meilleur nioven, pour satisfaire aux
•Suisses, (]ue par celuv de cesdictes traites et
i impositions foraines, et d'aiiltre costé à penser
aussy qu'il fault principalement en ce temps
' aller retenu et avoir aussy beaucoup de con-
I sidérations avant (pie jiresser telles nouvelles
subventions. Je ferav et userav en cela du costi'
de deçà le plus dexlreinent et le mieulx que
me sera possible, priant Dieu, Monsieur mon
lilz, vous avoir en sa saincle et di[jiie garde.
Ksciipt au Port-.Saincte-.Marve, le jour et
leste de Cliaudeleur, ii' jour de lebvrier i 571).
I.'.T'.).
0 ll'VlilT.
\iil. Bibl. nat.. Fonils fran-.ais, n' lu-j.'io, f* j'ig.
1 MOV COUSIN
MONSIEl 1! I»E .\EMOrilS.
Mon cfuisin, (licoige, qui s'en vè vous
trover, vous diri' de mes novelles et du terme
eu qiiov nous sommes des afeyres, pourquoy
je >u\s ysi yl i n quatre bon nioys, ijui ccré
cause que ne vous en layré rediste par la
|irésante, et vous dvré ceulement le plésir
ipie j'é receu de vous savovr de retour en
France, pour vous désirer auprès du Uoymon
lils', lequel je di'sire avstre aconpagné de
tous les prinses, ses bon serviteur, corne
vous avstes, et que je say seré'- bien aysc de
vous avoyr près de lui. Je voldrès bien qu'il
pleut à Dyeu ipic je y puise aystre bien
tost et lui reporter d'isi cet (pi'il di'sire pour
' Voir la lettre ilu sieur Del.ing(.'sà \t. dr Bi41ièvre, lui
annoiiraiil le passa;;i' d(^ M. de Nemours à l^yon et le
prineiKuit (tes iltésordres qu'il redoute : rrNous sommes
sur nos gardes, car nous sommes menacez. 1 (Bibl. nat.,
fonds franc., 11° lâgoS, 1* ojih.) Ce Delanges était du
I)aupliiu(' et parent de Bellièvre. On renconlre Ijeaucoup
de lettres signées de lui dans les luainiscrils du temps.
- Sert', (tiré, pour : sera, dira.
LETTRES DE CATH
le bien cl repos de son Royaume; pour le
moyns je y auré l'est cet que je auré peu; el,
cet Dieu in en l'est la grase. yl l'auldrè teuir
cet bien de luy ceul, letpiel je suplie vous
donner cet (jue désirés.
De-i\e'rac, cet m"'"" jour de febvrier 1379.
Voire bonne cousine,
Caterine.
1579. — Il février.
Coïiie. BiLI. n.il. . Fonds français , n" 33oo , i° i6.t v" '.
[\l liOY MOiVSIEUR MON FILS.]
Monsieur mou tils, j'arrivay d'assez bonne
heure hier en ce lieu -, où mon fils le roy de
Navarre, (jui vint au devant de nous jusques
au Port Sainte Marie, lit très bien l'honneur
de sa maison, nous ayant receus et festoyés
de si bon cœur, que ceulx qui sont avec moy
commencent à perdre le double et la peur
qu'ils avoient, après qu'ils ont aussy oy parler
niondit lils le roy de Aavarre sur ce que je
luy dis des bruits qui couroient paitout et
' En Biai'(;e : tt Envoyée au Roy par Georges, huissier
de clianilire de la Royne mère du Roy-:.
. ^ Nérac, où la reine entra en effet le mardi 3 janvier
au soir. Le roi de Navarre l'installa dans le joli château
dont il reste malheureusement peu de chose. Sa femme
avait fait son entrée le mémo jonr avec une grande
pompe, recevant gracieusement les ovations et les ha-
rangues, écoutant les vers de Salluste du Bartas en trois
langues, el donnant le prix à la muse gasconne. La
chamiiie d'Henri de Bourljon el de Marguerite île Valois
était dans la partie méridionale du château, à la suite de
la salle des gardes. — Voir sur Nérac à cette époque :
Notice hutorique sur lu ville de Nérac, par le comte de
Villenenve-Bargemont, AgeJi, 1807; Trente années de la
vie d'Henri IV, son séjour et celui de sa cour à Nérac,
par M. Rougier de Labergerie, .\gi'n, 1826; Nérac et
Pau, par M. Samazenilh, Agen, i85'i; et la très élé-
gante et érudite brochure de M. Philippe Lauzun , Le
château de Nérac, Agen, 189G.
CiTiiKniNE DE MÉriicrs. — vi.
ERLNE DE MÉDICIS. 249
dontj'avoisadverlissement d'infinis endroicls,
que l'occasion pour laquelle ils nous avoient
si opiniastrenient altire's à Nerac estoit pour
nous y en prester une, mais que moy seule,
couside'rant que ces bruicts là pouvoient partir
de ceux qui vouloient empescher la paix,
j'avois advisé de me mettre librement en ses
mains: sur quoy je vous asseure, Monsieur
mon lilz, qu'il ma l'aict de si expresses pro-
messes, non seulement pour moy, mais aussy
pour tous ceux (jui me suivent, que toutes
doubles et soubsous sont maintenant levés ^ ; et
pour ce que j'avois entendeu que les députte's
nie debvoient faire de grandes et extraordi-
naires demandes et pour lesquelles ilsdisoienl
qu'il falloit envoyer devers vous, parlant à
mon cousin le viconte de Turenne, je luy diclz
hier soir([ue, partant d'avec vous, vous m'aviez
si clairement l'aict entendre vostre intention
estre de vouloir entièrement garder et obser-
ver vostre édict de paciilication sans y aug-
menter ny diinineuer en quelque façon que
ce feusl, m'ayanl donné si ample charge et
pouvoir pour cela, qu'il ne fauldroit point ren-
voyer vers vous et que ce ne seroit que temps
peidu, saicbant certainement que vous estiez
lernie là et ([u'aussy je ne pouvois ny ne
voullois faire aultre chose que ce qui est porté
par l'Edict, bien me laissay-je entendre que
pour les seuretlés je feioy toutes les choses
raisonnables que je pouriois conformément à
l'édict : et l'asseuray que ce que je ferois sui-
vant cela vous seroit agréable; et ce matin.
' Nous donnons sur la fameuse conférence de Nérac
<piatrc sources d'informations nouvelles. C'est d'abord la
rorrespondance de Catherine de Médicis, qui raconte à
son lils, par le menu, toutes ses négociations et résume
chaque discussion de l'assemblée; ce sont les rremons-
trancesi des ministres huguenots, telles qu'elles ont été
communiquées à la reine; c'est ensuite le jourjial manu-
scrit dn secrétaire du maréchal de Dauiville, (|ué M.Mas-
.3-!
250
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
suivant ce que javois re'soilu hier, j'ay assem-
blé en mon cabinet mes cousins , ie cardinal
de Bourbon et prince Dauphin , et les auitres
s" de vostre Conseil qui sont icy, où est veneu
mondit lils le roy de Navarre, suivy du viconte
de Turenne, Guitry, Se'gur et Gratin, et après
eux des députés, à sçavoir : Bouchard, pour
mon cousin le prince de Condé, de Meaupre,
Poucaires, de Causse, de Vignolles, Yolel,
Scorbiac, de La Place, Bérauld. de Lamer,
Gebealin et Dupont, ayant leditScorbiac porté
la parole pour tous, et vous asseure. Monsieur
mon (ilz, qu'il a fort honnestenient parlé,
déduisant par sa harangue la grande affection
et obéissance que doihvent tous bons subjecls
à leur Roy prince souverain, quiiz font el
sera toujours en eux, et la grande espérance
qu'ils ont aussy en vostre bonté. Taise que
tous vos subjects ont receue, saichant que
vous m'aviez envoyée de deçà pour le bien de la
paix, qu'aussitost que mondit fils le roy de
Navarn; en avoit adverty es province ceux de la
Religion, ils s'estoient assemblés, et qu'après
qu'ils ont esté députés, ils estoient veneus le
plus tost qu'il leur a esté possible avec les
mémoires et charges des choses nécessaires et
dont ils avoient à nie requérii'. Vray est (]u'il
a glissé quelques paroles, (lisant qu'aux lois
sip, bibliolbécaii-e de ia ville de Toulouse, a eu Tobli-
geancc de faire copier dans son riche dépôt et que uous
publions lout entier à VAppemUce; c'est enfin un trdis
cours de ce qui s'est passés, tiré de la (oUeclion Bé-
Ihune, et qui est une sorte de commentaire ou de
défense des décisions prises par la reine mère sur cha-
cun des articles discutés.
Ces pièces inédiles sont d'autant plus inléressanles à
consulter, que tous nos historiens ont à peine parlé de cet
acte si important pour le parti proleslani , aHi[uel le
futur Henri IV prit une grande paît et qui est comme la
préface de l'Editde Nantes. On sait que les vingt-sept ar-
ticles du traité lui-même sont imprimés dans Dumonl.
Coips diplomatique, t. V, p. 887, et dans In France pro-
testante, des frères Haag, t. X, p. 169.
les mieux establies, il s'y trouvoil encores
soubvent quelque chose à amender : et néan-
moings, comme il avoit bien commencé el
poursuivy sa harangue, il a fort honnestenient
et humblement conclu, et requis qu'il vous
pleust leur octroyer les réquisitions qu'ils vous
faisoient et avoient rédigées en l'escript qu'ils
m'ont présenté. Sur quoy je leur ay respondeu ,
adressant ma parole au roy de Navarre, qui
estoit assis auprès de moy, que je louois
beaucoup leur bonne volonté, et qu'ils se deb- _
voient aussy asseurerde l'aHéction que portiez
à tous vos subjects, et que pour le grand désir
que vous aviez de veoir vostre édict de pacifi-
cation, dont ils s'estoient contentés, bien exé-
cuté, comme ils l'avoient juré, vous aviez
désiré que je veinsse par deçà, m'ayant donné
toute charge et faict très clairement entendre
vostre intention, qui est qu'il soit observé et
gardé de poinct en poinct sans y augmenter
ou diminuer, comme aussy leur asseurois-je
qu'il seroit fait, et que je n'avois aulcun pou-
voir ni voulloir de passer oultre ny y diini-
neuer, saichant certainement que le vouliez
garder et entretenir entièrement; bien leur
voulois-je dire que, pour le regard des sœu-
rettes, je ferois toutes les choses que je pourroys
conformément à vostre édict, et ay, sur cela,
leceu leurs remonslrances et escript, dont je
vous envoyé le double, lequel après que mon-
dit filz le roY de Navarre et eux tous ont esté
partis, j'ay fait lire, présents les s" de vostre
Conseil, afin que chacun d'eux, les ayant bien
entendeus, pensast aux réponses que nous y
debvrions faire par escript; et pour cest effect,
dez celte après disnée, j'ay appelé mesditz
cousins et lesdits s" de vostre Conseil en
mon cabinet, oij nous avons encores fait relire
ledit escript' d'iceulx députiez, et ay résolu la
' C'est la longue pièce que nous publions à l'Appen-
dice, avec les réponses en marge.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
251
substance de la plus grand [lart des rcsponses
à tous leurs articles, lesquelles responses
seront rédijjées et estendues juxta vostre
édict, mais avec les raisons ne'cessaires pour
inonstrer que la pluspart de leurs demandes
sont hors l' édict, de'raisonnables; aussy ay-je
bonne espérance que, leur estant leursdites
responses baillées par cscript, comme j'ay
advisé de faire, sans entrer eh disputes ver-
bales et alterguations, ils se rangeront et
conde'senderont plustost à la raison et aux
moyens qui seront advisés pour l'exécution et
terme entretenement de vostre édict de paci-
fication, de sorte que par ce moyen et avec
toute doulceur je pense que nous conduirons
les choses à quelque bonne fin ; et ce qui
m'en donne l'espérance est que il m'a esté
toujours dict, par (pielques ungs qui hantent
les députés, qu'ils demanderoient beaucoup,
mais qu'ils se contenteroient de peu. Priant
Dieu, Monsieur mon fils, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Nérac, le mercredi iin° jour de
l'ebvrier 167 9.
Monsieur mon filz', depuis celle lettre
escripte, ainsy que je me voulois couschcr,
l'en.ay repceu une de mon cousin le mares-
cbal Dampville, par laquelle il m'escript que
ceux de la Relligion prétendue rél'orniée prin-
drent, il y eut lutidy dernier huit jours, la ville
deClermontde Lodesve', mais elle fut si soub-
dain secourue que, dedans vingt-quatre heures
après, ils furent contraincis de l'abandonner,
et qu'une centaine des entrepreneuisy sont de-
meurés morts sur la place, et presque tous les
' En titre : b l'ostcript île la dûpcsclic du 1111' l'év.
1579.B
^ Clermont-de-Lodève, sur la Lengue, ancienne
baronnie, aujourd'hui chef-iieu de canton de l'arron-
dissement de Lodève (Horault).
cappilaines ou principauK (jui conduisoient
l'entreprinse, dont entre aultres il y en a deux
qui se nomment, l'un le cappilaiue Alontaignac
et l'autre le cappitaine Tallechal. Soubdain
j'en ay faitadvertir mon filz le roy de Navarre
et le vicomte de Turenne, qui dient qu'il est
bien employé, mais pourtant si pensé-je qu'ilz
y ont regrect; et, oultre cela, je leur ay dict
aussy comme j'avois eu advis, ainsy que de
vray je i'ay pareillement eu d'aultre cosfé, que
ceux de leur religion du cosié de Languedoc,
entre aultres les volleurs Baconi et Fournieret
quelques aultres, avoient encores entreprinse
sur Alby et Castelnaudary, et que je m'asseu-
rois qu'ils n'y feroient rien, les ayans advertis
de se tenir sur leurs gardes, mais ils dient
qu'ils sont fort marris de telles meschancetés
el que ce sont ceux de Languedoc qui ne sont
pas si obéissants qu'ils debvroient. Il doibvent
demain résouldre d'envoyer uiig des députés
dudit pays de Languedoc, pour ce qu'ils y ont
plus de crédit que neuls aultres, alîîn de faire
cesser tous actes d'hostilité. Mondit cousin le
mareschal Dampville m'a pareillement escript
du xxix"^ du passé que Chastillon s'en va des-
cheoir de son entreprinse de Beaucaire et que
le chasteau dudict Beaucaire est en grande
nécessité, ce qui m'en faict bien espérer.
1579. — G février.
Archives de Bayonne, série AA , regisU'e ao.
A MESSIEURS
LES CONSEILLERS ET HABITANS
DE LA VILLE
DE BAYONiNE.
Messieurs, encores depuis ma dernière lettre
j'ay sceu que l'entreprinse que l'on veult faire
sur votre ville se continue à pratiquer, par
3a.
252
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(juoy ne fauldres, suyvant ce que j'escriptz au
s'' de la Hillière, d'avoir soigneusement l'œii
ouvert à ce que, si Ion voulloit traiter ladite
entreprinse, ceulx qui l'entreprandroient y
reçoibvent boute et confusion; et y faictes tout
le bon debvoir que y est requis, suyvant ce
que vous dira ledit s' de la Hillière. Priant
Dieu, Messieurs, vous avoir en sa saincte et
digue garde.
Escript à Ne'rac, le vi" jour de feb-
vrier 1579.
Catherine.
PlNART.
1579. — 6 févi'ier.
Copie. Bibl. rat. , Fonds français, n" 33oo. (^ i46 v* '.
[AU ROY MONSIEUR MOi\ FILS.]
Monsieur mon fils, j'acbevay hier de ré-
souldre la substance des responses que je
debvois faire par escript aux supplications et
remonsirances que m'ont présentées, comme
avez veu par ma dernière dépescbe, ceux de
la Religion prétendue réformée, avant advisé
depuis madite dernière dépescbe de faire ces
responses (dont je vous envoyé le double) les
plus briefves que l'on pourroit par escript, leur
l'espondant néanmoings clairement par icelles
à tous leurs articles, mais, les leur baillant,
leur faire entendre bien amplement de boucbe
le peu de fondement et de raison qu'il y a en
leurs requestes et remonstrances, ayant pour
ce commandé à mon cousin le s'' de Foix , pour
ce que le s"' de Valence qui est le plus ancien se
Irouvoit mal, de se préparer pour poursuivre le
propos , après que je i'auroy commencé et baillé
ces responses par escript à mondit fils le roy de
' En titre : t Envoyée au Roy par Monsieur de Lamed-
zan, lieulonant de compagnie des gens d'armes dus'
Alphonse d'Est n.
Navarre : ce que cette après disnée nous avons
fait en la mesme assemblée des personnes et
lieu que feusmes avant-hier, sinon ma fille la
royne de Navarre, qui y estoit cejourd'hu\
davantaige avec nous, et le a' de Clervaut avec
les députés, vous asseurant. Monsieur mon
filz, que le s' de Foix n'a rien oublié de tout
ce qui se peut dire pour faire congnoistre à
ces députés leifrs remonstrances estre dérai-
sonnables et le peu de fondement qu'ils avoient
en leurs recquisitions, ayant parlé fort longue-
ment en si beaux termes, sans rien oublverde
tout ce qu'avons résolu qu'il leur falloil re-
monstrer, et avec tant de raison si disertement
et par si bel ordre desduite , comme il se verra ,
car je luy ay dict qui la meist par escript , que
je vous asseure qu'il ne seroit possible de
mieux; de sorte que je pense certainement,
avec la bonne nouvelle que ung peu aupara-
vant j'avois eue par une lettre du s' de Villeroy
et que j'avois desjà dite à mon fils le rov de
Navarre, du retour de vostre frère en ce
Royaulme et de son arrivée à La Fère en
Picardie, que cela aidera grandement à faire
venir ces gens icy à la raison et que nous
prendrons bientost quelque bonne résolution
au bien de la pai\, vous asseurant. Monsieur
mon filz, que je n'y perdray une seule occa-
sion ny moyen qui se puisse tenter, congnois-
sant bien qu'il n'y a rien tant nécessaire pour
vostre service et bien de vostre royaulme que
cela. J'attends nujourd'buy ou demain l'abbé
Gadaigne, que j'ay veu par la lettre de Ville-
roy que m'avez dépescbe deux jours debvant
le courrier qui m'a cette après disnée apporté
sa lettre, espérant bien de veoir, par les dé-
pesches que me faictes par luy, responce à
toutes les particularités de ce que je vous
escripvis et que vous aura dit de ma part le
s' deMaintenon, et depuis le s' de Dintbeville,
estant, jusques ad ce que j'aye veu ce que me
LETTRKS DE CATHERINE DE MEDICIS.
253
manderez, toiil ce i|ue ji- puis (liiv, sinon quu
j'espère que le retour de vostre frère apportera
aussy ung grand bien à vos affaires et service
pour ropinion où je suis, ronjointe au ferme
désir que jay, qu'il se conformera à toutes vos
bonnes intentions, comme il est très obligé,
ainsi qu'avez veu que je iuv av escript et
mandé par l'abbé de Gadaigne; et s'il en fai-
soit aultrement je serois la plus affligée femme
qui feust jamais du grand tort qu'il se feroit,
priant à Dieu de bon cœur qu'il me veuille
tousjours croire; et oultre le bien et honneur
qu'il en recepvra. je m'asseure (jue vous en
aurez tout contentement. Aussitost que l'abbe'
Gadaigne sera arrivé, je le renverray ou
quelque autre vers vostre frère, afin de l'ad-
monester tousjours de son debvoir envers vous
sur toutes choses et le bien de ce royaulme.
Priant Dieu, ^Monsieur, mon fils, vous avoir
en sa sainte garde.
Escript à iVérac, le vendredv vi'^ joui- de
febvrier io-jf).
Monsieur mon filz', depuis celte lettre
escripte, celui <|ue mon fils le roy de iNavarre
avoit dépesché avec le ne[)veu du s' de La Mothe
Fénelon que j'avois envoyé avec luy pour
faire remettre Langon suivant l'édit, sont re-
tournés dudit Langon, ne voullantz pas laisser
ceux qui sont dedans le chasteau sortir jusques
à ce (juils aient leur pardon scellé, et ne s'en
veullent, ad ce qu'ils ont respondu, fier à la
promesse du roy de Navarre ny à la mienne;
par quov il vous plaira l'envoyer le plus tost
que faire se pourra. Cependant, Monsieur, mon
filz, je vous (iiray que le s'' de Lamezan, pré-
sent porteur, est celui pour lequel je vous ay
escript par le cappitaine Massez touschant la
compaignie du s'' Alphonse d'Est, qu'il sera
' En lilre : tt Poslcript de la dépesclie du ti' feb-
vrier 15791».
bon (|ue lui commandiez de garder, comme
j'ay fait icy de vostre part pour vostre service,
car il est et a tousjours esté fort affectionné à
voslredict service, el y a fait de la dépense à
ce (pie l'on m'a dit, estant bien aimé de la
noblesse : il n'est pas riche et a bien besoing
de vostre grâce et libéralité, estant d'advis
qu'oultre son voyaige dont il m'a recquise (de
quoy je ne l'ay pou refuser, m'ayant dit qu'il
ayoit très grand désirde vous veoir), que vous
luy donniez cinq cens escus. mais qu'il en
soit bien payé el de son voyaige; il s'en con-
lentera pour cette heure, attendant que luy
puissiez l'aire plus grand bien.
1579. — 7 février.
Orig. Bibl. nal.. Fonds français, n' 3365, f" 87.
A M0\ COLSIX
LE MARESCHAL DE DAMVILLE.
Mon cousin, nous nous assemblastnes en-
cores hier et feismes verballement et par
escript responce aux requestes et remons-
Irances, que je vous ay escript qui m'avoient
esté présentées le iiiT de ce mois, concluant
par rnesdictes responces que je me veulx tenir,
suivant l'inlenlion du Roy monsieur mon filz,
aux termes de l'édit , sans le vouloir en quelque
façon que se soit exéddcr. Vray est que le s'^
de Foy, auquel je donnay charge, après que
j'euz commancé à leui' dire comment lesdictes
demandes estoient bien extraordinaires, leur
déclaira, come il avoit esté advisé, qu'ilz se
monslroient très déraisonnables, et à ce que
j'cnteudz ilz .s'en sont, ou aulcuns d'eulx,
aulcunement picquez. Hz dépeschenl, comme
j'ay sceu, un courrier en Languedoc : j'estime
que c'est pour y advertir de tout ce que dessus
les leurs, et pour peult-estre avoir l'advis el
254
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
vouloir dculx, qui les eut deppuiez. Je vous
prie mectre peine de vous en enque'rir dilli-
gomment et faire en sorte que saichiez, s'il
est possible, TocGazion du voiage dudit cour-
rier pour m'en donner inconlinantadvis. Priant
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript àNeirac, le vu" jour de février 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 8 et g février.
Copie. Bibl. nal. , Fonds français, n° 33oo, f° i55 r''.
[AL ROY MO>SIELR MON FILS.]
Monsieur mon fils, pour ce que je pris
hier médecine afin de m'achever de purger,
je remis à aujourd'buy le roy de Navarre
mon filz et les députez, pour entendre d'eux
ce qu'ils auroient à replicquer sur les responses
que je leur ay faites par escript, et sur ce que
je leur dis de bousche et fis dire à leurs re-
monstrances et articles : aussy, celte après
disnée, ay-je fait assembler le cardinal de
Bourbon, le Prince Dauipbin et les aultres s"''
de vostre Conseil, estant ma fille la Royne de
Navarre auprès de moy audict Conseil, oiî le
Roy de Navarre, suivy comme les aultres fois
des siens, s'est aussy assis entre ma fille et
moy; et a Scorbiac fait leur harangue, reste
fois icy bien foible , comme gens qui parlent
contre la raison et leur conscience, ainsy que
je croy que i'avoit au cœur ledit Scorbiac, car
il n'a rien dit oïl il y eust apparence, pour les
excuser du long séjour que j'ay fait icy, si-
non qu'il a tousché ung mot des surprises de
la RéoUeet de Lauzerte, et, poursuivant son
' En titre : rtEnvoyée au Roy par Mons' de Manie-
quel, M' d'iioslel de la Rejne de Navarre, n
propos, a voulu prouver, mais avec raison peu
apparente, qu'ils avoient bien cause de dési-
rer l'exercice de leur religion partout et
aussy l'augmentation du nombre des juges et
chambres de i'édict, et que ces juges, au lieu
qu'ils sont tripartis, fussent égaux, et qu'ils
avoient aussy juste occasion de demander les
aultres choses pour leurs seuretés, et, allé-
guant l'exemple d'ung empereur qui avoit
condamné, estant endormy, celui qui fut à
l'instant mesme par lui absous, quand il
fut esveillé, conclu qu'il me plust, et à ceux
de vostre Conseil, revoir et bien considérer
leurs remonstrances et articles , ou sinon leur
donner congé de retourner en leurs pro-
vinces porter nos responses et demander plus
amples pouvoirs. J'ay prié le Roy de Navarre
et eux de se retirer, afin que j'advisasse sur ce
avec le Conseil, auquel, premier que les faire
opiner, j'ay fait cnlendre que je ne voulois,
en quelque façon que ce fut, augmenter ny
diminuer à vostre édict, saichant que vostre
intention estoit de l'observer de poinct en
en poinct, et que, comme ils scavoient, l'oc-
casion de mon voyaige estoit que, amenant
ma fille la royne de Navarre à son mary,
vous aviez désiré aussy que je fisse exécuter
I'édict, considérant que ma présence (ayant
l'honneur d'estre vostre mère) y aporteroit
beaucoup d'auctorité; que, puisque j'avois
tant fait, je désirois parachever ce bon œuvre,
et que partant je les priois de me conseiller
ce que nous aurions à faire j)our cela et
pour ne rompre point avec ces gens-cy; ils
ont opiné les ungs après les aultres, et sur la
harangue de Scorbiac sur ma proposition, et
ay conclu et arresté, comme la dernière opi-
nant, que en la response que je ferois au roy
de Navarre et aux députés, je reprendrais les
mesmes paroles de l'occasion de mon voyaige
par deçà, par le renvov de ma fille, et leur
LETTRES DE CATH
dirois aussy que, sans avoir esjjard à mon
aage iiy à la lonjjucur du cheniiu et à In
rude saison, mais pour le grand de'sir que
j'avois désire mère de tous vos subjectz, j'es-
tois venue en ce pays pour faire exécuter
l'Édiet, et, combien que j'y eusse trouvé
beaucoup de longueurs et d'indignités que
néanmoings je ne m'y voulois arrester, mais
qu'il falloit taire en sorte, selon vostre inten-
tion, que vostre édict, qu'ils avoienl conclu
avec le duc de Montpensier et si solennelle-
ment juré, l'ust exécuté et observé, et qu'ils
jouissent du bien que quelques ungs d'entre
eux rcl'usoieut, qui estoit d'establir la paix,
monstraut bien par là que les aimiez beau-
coup plus quaulcuns d'eux ne s'aimoient eux-
mesmes, car, grâces à Dieu, vous aviez des
moyens bien prompts pour l'aire exécuter
l'Ediet, en quoy ceux d'entre eux qui le dési-
rent se joindroienl à lencontre des aultres
qui le refuseroient, et que partant ils regar-
dassent à ce qu'ils désiroient pour cela et
que je leur accorderois, estant bien d'advis
suivant ce qu'il me venoieut du requérir, qu'ils
députassent aulcuns d'eulx pour y voir et ad-
viser demain matin plus particulièrement en-
core; et leur ay réitéré que pourtant je n'en-
lendois ny ne voulois augmenter ny diminuer
à l'Édiet. Sur ce, le roy de Navarre m'a prié
qu'ils pussent aussy aller délibérer ensemble
pour m'y faire response, comme ils ont fait
après y avoir esté longuement, et avons ar-
resté de commencer demain dès sept heures
du matin. Je ne sais encore que vous dire de
nostre conléreuce, sinon que je crains cjue
ces gens-cy ne veullent encore tirer les choses
à la longue, puisipi'ils ont cherché celle cou-
leur de vouloir retourner prendre plus amples
pouvoirs, car je sais bien que la plusparl
d'entre eux les ont amples et claires, pour
requérir l'exécution, et non aultre chose.
ERINE DE MÉDICIS. â.'K)
Aussy ui"a-t-on bien dict qu'on leur a l'ail
signer cl parh'r icv tout auilre iangaigc (ju'ils
ne vouloient, mesme que Bouchart, député du
Prince de (Jondé, l'a dit tout haut. Vray est, à
ce que j'entends, que sou maistre a jalousie
de la faveur et ciédit qu'a le viconte d(! Thu-
renne auprès du Uoy de Navarre, et de l'auc-
torité qu'il a aussy et prend fort grande
parmy ceux de la Religion. Nous verrons ce
qui se pourra l'aire avec eux, et je n'y perdray
temps, désirant infiniment venir à une bonne
résolution, afin de pourveoir après à l'exécu-
tion de ce qui sera résolu, et que je m'en
puisse (suivant ce que m'avez escripl par
l'abbé Guadaigne) retourner vous trouver,
comme je désire plus que je ne vous pourrois
dire, m'ennuyant d'eslre si longtemps sans
vous voir.
J'ay receu par Guadaigne vos deux lettres
de-; xxvi" et xxix' du mois passé, au\([uelles il
n'eschel aulcune response, si n'est pour le fait
du voyaige de Portugal; sur quoy je vous di-
rav, que puisque avez résolu d'y envoyer le
s' de Beauvais-Nangis, je vous prie de le faire
partir au plus tost, et qu'il vienne passer à
moy, pour prendre aussy mes mémoires et
instructions, car il est nécessaire que celui
qui aura charge de mes affaires particulières
aille en vostre nom et sous couleur de la Visi-
tation et conjouissance qu'envoyez faire au Roi
de ce pays; mais si le s'' de Beauvais esloil
retardé ou n'y pouvoit aller sitost qu'il est
besoing, comme il seroit recquis qu'il fusl
desjà là , je vous prie de m'envoyer vos lettres
et instructions pour y envoyer l'évesque de
Comminges , que j'avois choisi pour ce voyaige ,
estimant', veu Testai et condition du Roy de
' Voir plus linut, [i. i 17. noie 1. — Le successeur
de Don Sébastien clail le vieux cardinal Jlenri, oncle du
feu roi. qu'on avait jiresquc sorti de son couvent pour le
mettre sur le tronc. Et dej i chacun se disputait son hé-
i:>(3
I.I'TTHES DK C AT H H H I m; DE M El) ICI S.
l'orlii;{;il (jui csl h |ir('scnl . i]iic un;; pii'lal [
(lEi'lise et lioiiiiiic dr leltics j-oioil |ilus
]ii'0|iic |)uiir li'aicdT cl lU'jforiiM' hnit lui qui'
non pas lin;; lioinine de j'iiorrc, de i;rade el
de ii'[iiihitiiin . coniiiic psi le s' de lie.-invnis.
Iei{iii'l allani là jiniiiriiil a|iin'|i'i' i|iirii|iie !
(iinliie el |aliniMe. l'inilelins. Monsieur niiin
lils. |e leiiicis à \oii> loules ci's con^iih'ia-
liiili>. el s il \(nis plaisl i|iie ri'M-M|iie de
(à)iiiiiiiii;;es \ aille, il Mais plana lin i'iiMi\rr
|iniiii[ilenieiil \(is li'llres, a\ee un niandriiiriil
sur la ii'i-e|i|i' jjiun'rale d<' IfiiurdcaiiK piair
ri'rriiMii r lar;;eiil de son \o\ai;;i'. icipirl un
li'dincra [iliisldsl iii(i\cii t\v lui l.iiie aïKaiieer,
car', (■iiiiiiue miiis m ave/. \ou> llle^llll' escri|il,
i'assenihlée se lail a Li>liiinHr |i(nir dcVlarrr
le sureesseur à la (■(Uiriiunc, |MUidaiil lai|iielii'
a^seuiliire |e di'sireidis liicil inii' la (■liar;|e.
(|iie \(ius a\e/. \eii par les diuihles (|ue |e vniis
ai ruvo\i's, se lisl et ni';;(iciasl a\er I orcasinn
cl la dexlérili' iei|uise. Ce ne srriiil pas peu
si n-s elioses r('Ussissoienl . el ipii' je pusse
avoir eel lieiir ipie de niuii coslé el selon la
prelenlion (pie \\ ay ('pii n'esl, pas pelile).
l'eusse appoilr ce llo\aiilnie là au\ l'^aneois.
Je nrasseure liieii ipie \v S' de l!eau\ais s'ac-
(juillera di;;neineul de celle jioiirsuille el
^llarl;(^ s'il y piuniul arri\er à temps, ri
uesloil le douille ipie l'on aiiroil de lii\ piun'
les raisons CN-dessus. Toulelois p' me icniels I
à \oiis, el \oiis supplie (s'il NOUS plail ipie
riln;;i'. \hii^ il inir.iil i.illii i''liv ilimc iriiiic {[loiidc Imici' dr [
lnM-iM^iiiii |iiiiir l.iiifi \,iliiir !.■> iIimIIs ilr l.i n-iiir irirr.'.
Kllr |ilr!i'llil;iil (|li'a|.r.> 1,1 ilr-|insi|i,,n .If F). Nnil.jl.- Il,
Miii lièiT Al|iliimsi', nyaiil pris li- |i(>miiir. a\ail ic>|iiiilir
sn preiiiiiTr loniuir. Miilliililc il.' I!nu|fi;;iii' , |iip|ir l'jiuii- \
M'i 1m'ii1i-i\ . lill"' «lu lui (Ir CastiHi' . l'I ([U'- sos fiil.mls vr-
jjiinioiil ilo)iiii'4 |ilusiriiis (f/'iioralions sur ]>' l'nrlii;;al , au
iiH'pris (K's liU'i> seuls li'j[iliiiies de la posiérilé lii' M,i-
lliilde d.' Ii(.ul(ij;iiis doiil .'11,.., Calli.iinr de Mediris,
élail la pelile-fdle. — Voir de Tliini, cdil. Iraneaise,
iii-'r, I. VII, p. Cx'io.
lîeainais fasse ec vovai;;e) (pi'il se liasle de
venu, \oiis assriiranl ipie j'avois de luov-
inesnie clioisi le s'' de (iomminges, eonside-
ranl sa \ocation ipii eoiixient bien en ee ué-
;;oce. eslani oiillre cela lioiiinie d(,' bonnes
lellies (d ipii pouiroil lorl liien di'liallre mes
droiels. l'rianl Dieu. Monsieur mon lils, vous
avoir eu sa sainte id di;;ne ;;arde.
Escri[it à ÏNéiae, le dimaiiclie \iii- jour de
l'ehviier i ")7i).
.Monsieur mou lils ', depuis eellr lettre
esrripte cl Miivaul nostre ri'solution d hier,
nous nous sommes assembles ee matin on mou
eabinel, où le virunlc deTiireune, Botiebarl
cl les si\ députes. i|ui soûl \ i;;nolles, Scor-
biac. Delaplace. l-ainer. lieraiild (d L)u|ionl
s(uil xeneiis; cl, a[)rcs nue prtile liaranj;uo
(|u a laielc Vi;;noiles, pai' la(|uelle il persiste à
ce ipie l'on leur oclro\e les picsclies partout,
|e lui ay tait pai'oislre par ma i'es|)onse que,
ce (pi il rccpiii'icut estoit du liuil pri'pidiciable
à eu\ iiiesiues. s'ils le savoieut bien considé-
rer. |i(uir lieaiicoup de raisons vt'ritables cpu"
je leur a\ dites id des(|uelles ils ne se sont
pas esltii;;nés. Iia|)lace a parli' apivs assez
loii;;iieuieut . el aussy Scorliiac el Laiiier el
Ibdauld. Les s" de Valence, de F(u\ (d de
l'uibrac (d le s'' de Lanssac leur oui toujours
i-('pliciiiR', el moy encore par intervalles (|uel-
(juidois, (d aussy les S" de S' Sup|)lice el de
La Molbe et aussy le S' de (!lermoiil-Lo-
desve. Mais je ne veux pas oubher de vous
dire (pie le cardinal de iiourbon, se senlaiil
picipic de ce (pie La[)lace auroit dit de l'eni-
|)esciiemenl ipie l'on Tait à ceux de la lielli-
jifiou à liouen eu l'exercice de leur relli;;ion.
il leur eu a dil peu, mais je vous asseurc
(pi'il le leur a baille lion el liien à |M'opos,
' l",ii lilre : ^Poslseripl de la d.''pe«clie du viu' l'eb-
vner i J79.1
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
257
(lisant que les catoliecjues de son archevesché
vous estoient très obéissans et ne feroient ja-
mais rien contre vostre intention , ayant las-
ché en passant, aussy fort à propos, que les
catolicques de Rouen estoient gens de bien et
qu'ils n'avoient pas mis les Anglois en France.
Nous avons encore fort disputté sur cet ar-
ticle là, aussy est-ce le premier et le plus im-
portant; en6n ils virent bien qu'ils ne gagne-
roient rien à m'en presser, et sur cela sommes
allé disner : et après, incontinent, sommes
rentrés, et avons encore reparlé de l'article,
pour lequel il se voit bien qu'il s'en conten-
teront; touttefois ils ont remis à en parler au
rov de Navarre et à en communiquer avec
les aultres députés, monstrant bien de ne
vouloir plus insister sur cela : aussy leur
ay-je très bien dict que sur celuy-là, comme
sur pas ung des aultres, je ne pouvois ne deb-
vois ny voulois entamer en aulcune façon
vostre édict, mais que pour ies seuretés et
aultres choses qui seroient advisées confor-
mément à vostre édict, je les gratiffierois en
tout ce qui seroit trouvé raisonnable, aultaut
que je pourrois. Ainsy nous nous sommes re-
mis à revoir encore les articles et remons-
trances qui m'ont estes présentés et les res-
ponses que je leur ay faictes à chacun article :
sur quov ils m'ont exposé les difficultés quiis
trouvent en mesresponses, et moy et ceux de
vostre Conseil leur avons aussy fait entendre
nos raisons, de sorte que nous avons arresté
huit de ces articles, comme vous verrez par
le sommaire que je vous en envoyé, espérant
que demain nous continuerons, et que Dieu
nous fera la grâce que nous ferons quelque
chose de bon, et bien tost, au moings me le
promect-on ainsy, mais je ne veux rien croire
que je ne le voye par effecl.
Du i\' février 157g, au soir.
C4TI1EI11>F. DE MÉDICIS. VI.
1579. — 1 1 février.
Orig. Bibl. nal. , Fonds français, n° 33o3 , f 4o.
A MON CODSIX
LE S^ DE DAMVILLE.
Mon cousin , aussy tost que j'ay veu la lectre
que m'avez escripte par le s' de Convertis pré-
sent porteur, j'ay faict dresser l'ordonnance
que je vous envoyé pour faire encores prendre
six mil escuz sur la recepte générale de Bé-
ziers des deniers de l'année dernière, oultre
les douze mil qui ont desjà esté baillez pour
le payement des forces employées pour la ré-
duction du chasleau de Beaucaire, duquel
vous m'escripvez de si bonnes nouvelles, oultre
ce que m'a dict, de vostre part, ledict Con-
vertis , que je ne double poinct que ledict chas-
teau ne soit maintenant remis en obéyssance
du Roy monsieur mon fils, qui est, comme
vous dictes, ung très grand bien et en quoy
vostre bon debvoir, et aussy celluy du s' de
Saincte Jaille et des autres gens de bien qui
s'y sont emploiez, a grandement servy : aussy
m'asseuré-je que le Roy, niondict S'' et filz,
vous en sçaura et à eulx très bon gré. J'es-
père qu'en peu de jours, après que vous aurez
esté arrivé audict Beaucaire et ledict chasteau
remis, vous y aurez si bien pourveu à tout
qu'il ne sera plus besoing y tenir aultres forces
que ce qui est nécessaire pour la garde dudict
chasteau, et, pour reste occasion, vous prié-je
de faire séparer incontinent toutes celles qui
sont là; caril nepourroit estreaulti-ement que
ceulx de la religion prétendue réfoi'mée n'en
feussent en craincte et doubte , et pourroit estre
cela cause d'empescher le bon succedz que
j'espère par nostre conférence, de laquelle,
avec l'ayde de Dieu, nous venons bien tost
une bonne fin; car il y a desjà trois jours que
nous avons si bien commancé et tousjours
.•Î3
258
LETTRKS DE CATHERINE DE MÉDICIS.
continué, que dedans peu de temps j'espère
que nous aurons pris quelque bonne résolu-
tion et expédient pour l'exécution de l'édit de
paciffication , que je ne vculx en quelque façon
que ce soit augmenter ne diminuer, mais
faire exécuter de poinct en poiuct, selon sa
forme et teneur; aussi tost que nostre résolu-
tion sera prise, je ne fauldray de vous en
donner advis.
Cependant, pour ce que j'espère bien tost
m'en retourner pour passer par le Langue-
doc, je vous prye vous en venir à Carcas-
sonne attendre de mes nouvelles, et ayant
ià auprès ce que verrez de vostre compaignie
de gens d'armes qui sera utile et nécessaire
pour m'accompaignier; car aussy bien faut-il
nécessairement que vous vous trouviez bien
tost à la tenue des Estais dudict pays de Lan-
guedoc. Je vous diray aussy que mon filz
le roy de Navarre e( lesdicts de la Religion
ont, comme je vous ay dernièremement es-
cript, advisé de renvoyer en Languedoc ung
desdicts députez qui sont icy, pour faire , ainsy
qu'ilz m'ont promis, cesser incontinant tous
actes d'liostilit(f durant nostredicte conférence,
affin de commencer à modérer les maulx;
vous priant, mon cousin, que cela soit soin-
gneusemenl, observé, m'ayant esté asseurépar
lesdictz de la Religion qu'ilz ont desjà 1res ex-
pressément mandé, depuis que je suis en ce
lieu, estre ainsy faict de leur part. Priant
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte
et digue garde.
Escript à Nérac, le xi° jour de février 1 579.
Vostre bonne cousine,
(Iatkrine.
1579. — 13 février.
Copie. Bihi. uat. , fonds fi-aoçais. ii" 33oo . f° 167 r'' '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, j'ay roceu du mares-
chal Dampville la dépesche qui sera cy-en-
close, par latjuellc vous verrez l'extrémité oiî
estoit lors niduict le chasteau de Beaucaire;
oultre cela, il m'a mandé de bouche l'asseu-
rance qu'il avait de la composition dudit chas-
teau, et comme il se meltoit sur mer pour
l'aller recepvoir et remettre en vos mains, ne
laissant pourtant de faire acheminer ses trou-
pes pour aller combattre celles de Ghastillon.
Vous verrez aussy la response que je lui ay
faicte , et vous diray que , pour aulcunes grandes
raisons qui importent à vostre service et que
je me réserve de vous dire de bouche, je vois
bien qu'il est nécessaire que j'aille passer par
le Languedocq en m'en retournant vous trou-
ver, ce que je feray, si je vois que j'y puisse
aller seurement : je n'alongeray mon chemin
que de dix ou douze jours. Toultefois je ver-
ray comment les choses seront, quand j'auray
fait icy, qui sera à mon advis bien tost, car
nous achevasmes hier d'oyr les délégués des
députés sur leurs réplicques aux responses
que j'avois faictes à leurs articles, et demeu-
rasnies aulcunenient d'accord de ce qu'il fau-
dra changer et adjouster en mes responses,
ne restant plus que le faict des villes qu'ils
demandent, oultre celles qu'ils ont, pour leur
seureté mentionnée au xxvii" article : sur quoy
je vois bien qu'il y aura beaucoup de diffi-
cultés, car nous fusmes hier trois heures à en
débattre, et vous asseui-e qu'il y a fort long-
temps que je ne travaillay tant et si longue-
' En marge : «Envoyée au Roy par le s' de Talion-
ville, qui est à monsieur de Mainlcnon.»
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
259
intMit, pour quelque grande affaire qui ait
(iste traictée, en quoy nous fismes tout ce qui
nous fut pos.sil)lo; mais pourtant n'en pusmes
prendre aulrune lesoiulion, et reniiriuit le
viconte de Turcnne, Guilry et les délégués à
en communiquer, et aussy les aultres articles,
ce matin au roy de Navarre et aux députés,
me requérant de leur bailler ung double de
ce que j'avois fait escripre par Pinart sur
leurs réplirques; mais, voyant qu'ilz ne te-
uoieut pas cela pour arresté, je résolus avec
eux que le s"' de Puibrac, qui estoit fort ca-
pable de tout ce que nous avions discutté, se
trc/uveroit ce malin avec eux et porteroit l'es-
cript. Depuis cela, qui l'ut assez tard et avant
soupper, je parlay au Roy de Navarre et au
viconte de Turenne, que j'avois un peu mal
mesné l'après disner pour ce qu'il me sem-
bloit estre trop entier sur l'article des villes,
comme j'ay fait tout ce que j'ay pu afBn que
cet article là passe pour le regard des seu-
rettés, comme ont fait ceux de Daulpliiné,
sans qu'ils puissent espérer d'avoir aulcunes
aultres villes que les huit portées par l'Edict :
nous verrons ce qu'ils en résouidront. Je leur
ay dit que, s'ils ne se contentoient, je m'en re-
lournerois sans rien faire avec eux. H y a aussy
le premier article faisant mention de ia Reli-
gion, sur lequel nous débattismes longtemps
et très asprement : il demeura indécis, et ils
se laissèrent entendre que au moings leur deb-
vait-on bailler en ces provinces deçà l'exercice
de leur religion partout. Touttefois, je pense
qu'ils n'insisteront pas davantaige, et que en
résouldanl l'uug ils résouidront l'aultre, pour
se contenter de ce qui est porté par l'édicl,
comme ils doibvent faire, pour de grandes
raisons que je leur dis et où la pluspart d'eux
trouvèrent beaucoup d'apparence, excepte! les
deux ministres, Bérauld et Laplace, princi-
palement Bérauld, qui est ung grand maistre
fascboux et plein de mauvaise volunté, comme
il le faict assez paroistre en nos disputes.
Nous voilà prêts à fondre la cloche, et es-
père que dedans demain ou après nous ferons
enfin une bonne résolution du tout. J'ay es-
cript au mareschal de Biron me venir trouver
en ce lieu, et ay fait en sorte que le roy de
Navarre lui escripve et [le] prie d'y venir,
comme aussy fait ma fille, sa femme, telle-
ment que j'estime qu'il sera icy dimanche, et
que j'achepveray de rhabiller tout ce qu'il y a
de mauvaise intelligence entre eux deux. J'es-
père que nous retournerons lundy ou mardy
au Port Sainte-AIarie et que nous résouldrons
de ce qu'il fauldra faire pour l'exécution de
ce que nous aurons arresté. J'av voulu vous
faire cette dépesche avant que je vous renvoyé
( lam ille , qu i partira d'icy samedy ou di manche.
Je vous envoyé le double d'une re(|ucsle que
m'ont fait présenter ceux des habitans de
(londoni qui sont (Micore hors la ville, par
ung gentilhomme, le s"' de Meun, lequel j'ay
oy et oi'donué ce que verrez; suivant quov
j'ay escript au s'' de Bajaulmont, seneschal
d'Agenois, de retourner à Condom et meper
avec luy deux des conseillers, nommés pour
réprimer des désordres advenus à Condom,
où je crains bien, voyant cette façon de pour-
suille du s' de Meun, qui commence à entre-
prendre ces gens là, comme fit le s'' de Duras
ceux de la Réelle, qu'il n'y ait de la mesnée
de quelques ungs pour empescher le repos de
la ville. Touttefois j'y auray l'œil de si près,
sans faire semblant de m'apercevoir de la
niesnéc, (ju'ilzn'en viendront à bout: en quoy
il est bien aisé de voir qu'ils sont, sous main,
soutenus par aulcuns qui se debvroient com-
porter aultrement. Je ne veus oublier à vous
dire que le (Jrand Prieur esloit, il y a desjà
huit jours, à Narbonne; il doibt bientost
arriver au lieu où je seray. Priant Dieu, Mon-
33.
260
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
sieur iikhi llls, vous avoir en sa sainte et
(ligne garde.
Escripl à Nc'iac, le jeiirly xii' leviier i-J-g,
au matin.
Monsieur mon lilz', depuis ceste lettre es-
cripte, le s' de l'iebrac a este ce matin, et en-
cores après disner, avec mondict filz le roy de
.Navarre et ceulx qui sont auprès de iuv de sa
religion, avec tous les députiez, où ilz ont
fort lougui'uieul encores disputté sur tous les
arlicles, desquelz nèanlinoings ilz sont de tous
comme (iemourez d'accord, excepté des villes
(pi'iiz liennenl, les([uçllcs ilz ne \eullenl tous
rendre, disans que c'est leur ferme seurete',
et alle'guanl une seulle raison, qui leur a esté
pai- infiniz aullres solue, sur Toppinion quilz
oui que, sans la reiraicle iprilz eurent à la
linchelle hus de la Saincl nertlli'lemv. ilz es-
Inieut tous perduz. connue les iiultres qui
uiiunuienl ru ce lenqis là. Hz me doibvent
demain l'aire response : je verray quelle elli'
sera, mais dez cesie après disner, au retour di'
vespres, aiusy que je me jtromeuois, nnui lilz
le i-oy de \a\arrr m'est \euu trouver, iucon-
linrul apivs ledit s'' de l'iebrac, l't m'a dict
le uiesme (pn- j'avois entendu d'icellui s' de
l'iebrac. .le luy ay parlicullièrement dicl tout
<e ipii se |)eull poui- le l'aire condescendre à
se départir de l'enlière opinion où ilz me di-
soient qu'ilz estoienl pour le l'aict desdictes
villes; je m' sçay si les raisons (pie je luy ay
dictes, (]ui seroieiit tr(qi lon;;iies à vous dis-
coiu'ii'. et que je \ous asseure lu\ avoii- si au
long laid enlendre que je cuide qu'il y pen-
sera à bon essienl. serviront ii le l'aire con-
descentlre à ce ipie je di'sire; luais pour Ir
moings je p(>nse n"v avoir rien oubivé. Ne
' Eli lilio : r-Postcrijil Ji> ladicle duiiosclie liii vuMcli-
vrier i riyij.n
vouUant aussy faillir à vous dire que ceste
après-disner, ainsi qu'ilz parloient des articles,
mondict filz le roy de Navarre s'oppiniatroil
fort, à ce que m"a rapporté ledit s"' de Piebrac.
pour le faicl de son gouvernement, disani
qu'il y recep\oit toutes indignitez. Cela fut
bier entie nous fort longuement débattu el
ne fut rien oublyé pour faire congnoistre,
comme aussy est-il vray, que c'est parla faulte
mesme de mondit lilz le roy de Navarre : lodil
s'' de Piebrac le Iuv a bien nqirésenlé; mais,
|iour ce qu'il m'a dict (piil n'en pourra estre
aussy fait instance, j'en ay voullu avoir l'advis
des princes et s" de vostre Conseil, cpii es-
toient lors en conseil avec nH)y, à qui ledit
s' de Piebrac a faicl ouverture destablir pour
i]U(d(pie lemjis aucuns de vostre Conseil, lanl
de la noblesse <jue de la justice, et quelqu'un
de ceste jiroviiu^e du clergé, connue réves([ue
d'Agen, (;t <juelques aultres (pii demeureroieni
auprès du roy de Navarre el de ma lille, la
roynede Navarre, avec le marescbal de lîiroTi,
])ar l'advis des(jin'lz se feroient toutes cboses,
non seullemenl |)our ladicte éimnciation de
I édici de pacilication, mais aussy jtoui' les
alfaires du gouvernemenl. C'est cbose (|ui un'
sembb^ bonne, et regarderav si mondit lilz le
rov de Nav.irre m'en jiarlera ou fera parler,
et selon que je verray. si Dieu nous faict la
grâce de demeurer d'accord, aussy bien pour
lesdictcs villes (pi'ilz ont à restituer comme
pour le reste, d'en faire au niieulx que je
pouriay |)our le bien de vostre service; vous
en avant bien voullu cependant escripre ce(jui
en a esté mis en avant et trouvé bon, espé-
rant ung cbascun par là que ce (pii sera ainsi
l'aie! en cesIe jirovince, par l'advis de ceulx
qui seront appeliez audit Conseil, sera très
agréable aux calboliqnes et à ceulx de la Re-
ligion, el que cela sera cause de remettre la
conlience entre les ungs et les aullres et priii-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
261
eipalement à mondil fiiz le roy de Navarre,
et aussi aux villes.
A Nérac, le jeudy xii" febvrier 1 679 au soir,
bien tard.
1579. — 1.3-ii février.
Orij;. Bibl. liât. , Fonds français, n" 33oo, f' iSg '.
[\L ROY «OSIEIR M0> FILS.]
Monsieur mon fiiz, je vous ay représente'
en la dépesche que je vous ay l'aicte par ung
des gens du sieur de Main(enon, qui estoit de-
mouré inallade par deçà, tout ce qui s'est
passé en nostre confe'rence jusques à hier soir.
Ce matin, mon fiiz le roy de Navarre, ceuk
qui sont auprès de luv et les députez se sont
assemblez et ont encores releu ce que je vous
envovay Icdict jour d'hier, que j'avois faict
escripre par Pinart, estant au Conseil en leur
présence, sur leurs réplicques, jiiant trouvé
bon et laisonnable le toul. Toufeslois, ils
n'ont pas laissé de depputer le chancelier
Gratin et ks aultres députez, qui sont les
ungsde robbe longue et les aultres ministres,
dont je vous ay envoyé les noms, pour re-
garder à y changer ou ndjousler quelques
inots, qu'ilz dient y esire nécessaires, sans tou-
tesfois rien changer ny immuer à la substance ,
de laquelle, comme je vous escripviz hier, ilz
sont demeurez d'accord; mais après le disner,
ilz ont envoyé le viconte de Tureune, Guitry,
Clervaut, Yolet l'aisné, Porquerain el de
Meausse, qui sont leurs gens despée, -
m'apporter leur response par escript pour le
faict des villes, telle que vous verrez par le
double dudict escript que le viconte de Tu-
renne ma baillé; sur quoy, après l'avoir faict
' En marge : ^Envoyée au Roy par Aiiiljrelin, cour-
rier. "
- Le mol est surchargé et illisible.
lire, je leur ay respondu que je veoyois bien
qu'ilz se mocquoient de moy. Je leur ay re-
présenté fort |)arlicullièrement à peu près les
mesmes raisons que nous avons desbatues
avec les aultres desputez, n'aiant pas failly
de leur dire qu'ilz estimoient bien peu le
temps de quatre ou cinq moys qu'il y a que
ilz me tiennent avecques les traquasseries,
allées et venues qu'ilz m'ont faict faire, et que,
si dez nostre première entrevue à la Réolle, el
depuis par plusieurs foys, ilz ne m'eussent
asseurée qu'ilz procedderoient sincèrement à
l'exécution de l'édicl, et mesmes ledict viconte
de Turenne si expressément dicl dernière-
ment au Port Saincte-Marie qu'ilz me ren-
droienl contente, je m'en feusse retournée; el
leur ay sur cela donné charge au sieur de
Foix, mon cousin, leur desduire encores plus
parlicuUièrement les raisons que nous avions
ledict jour d'hier débatues et considérées,
(|uand lesdictz aultres députiez nous deman-
doient lesdicles villes, par oiî il leur a assez
faict congnoistre le tort qu'ilz avoieni el
comme leurdict escript est très captieux, pour
ce (|ue, ([uand bien que l'édict serait entière-
ment exécuté, ilz d isolent tousjour s que, estant
ainsy conceu (juil est, par ainsv quilz ne
cherchoient qu'à garder les villes soubz quelque
coulleur que ce feust; j'ay encores reprins le
])ropos, et, en parlant aucunement en collère
audict viconte de Turenne, que ce n'estoil pas
ladicte promesse (|u"ilz m'avoienl dernière-
ment faicle, m'asseurant qu'il me rendroil
contente. Je leur ay franchement dict que je
veoyois bien qu'ils voulloient ruiner vostrc
l'ovauluic; mais que vous y sçauricz bien
pourveoir et que je m'en voullois aller d'icy.
Hz se sont encores excusez sur les doubles et
craintes oii ilz sont, disant n'y avoyr seureté
pour eulx que en gardant lesdictes villes; et
veoyanl que nous ne pouvions rien gaigner
■262
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
sur eulx, après beaucoup de disputles, leuray
mis en avant comme, dez hier au soir, javoys
dict à mondict Giz le roy de Navarre qu'après
que j'auroys faict en ma présence comme je
feroys, s'il vouUoit exécuter l'édict en toutes
les villes de ce gouvernement, je feroys que
cent gentilshommes des plus appareus de ce
païs, à quelques uns desquelz j'avoys desjà
parle, s'obligeront envers eulx, en telle forme
probante qu'ilz adviseroieut, et encore des
principaulx des villes, pour faire garder et
observer ledict e'dict, et qu'eu cas qu'aulcuns
s'efforçassent de le rompre ou feissent aucune
entreprinse au prtjudice d'icelluv, qu'ilz se
joindroieut avecques mondict filz le roy de
Navarre et ausdictz de sa religion contre eulx,
et qu'encores leur remetlois-je à penser s'il
y avoit quelques autres moiens. de seuretez
honnestes qu'on leur peust accorder, Icsquelz
ne feussent point contre l'édict, et qu'ilz se
pouvoient asseurer que je m'y estenderois ou
tout ce qui seroit raisonnable. Sur cela ledict
viconte de Tureuue, Guitry et lesdictz dessus
nommez, disant tousjours que cela n'estoit
poinct suffisant pour garder qu'on ne les tuast,
comme a [esté] faict par cy devant, se sont
retirez; et pour ce que j'ay estimé que les
autres dépuiez u'avoienl peult-estre pas en-
tendu nosdictes ouvertures, j'ay esté d'advis
que les sieurs de Sainct Suplice, de Piebrac et
de La Mothe allassent demain trouver mondict
filz le roy de Navarre, ceulx qui sont auprès
de luy et lesdictz députtez ensemble, et leur
représentassent encores et persuadassent nos-
dictz moiens et de regarder s'il s'y eu pourroit
adjouster quelques aultres : cela se fera ledict
jour de demain au matin. Cependant je vous
diray qu'aiant trouvé Scorbiac, Lamer et \ï-
gnoUes, m'en allant promener, je leur en ay
faict l'ouverture. Hz n'en avoieut encores poinct
ouy parler, et m'a semblé que lezdicls Scorbiac
et Lamer 1 les ont aucunement goustez; mais
(juant audict Vignolles, il a faict comme il a
accoustumé en toutes aultres choses, qui est de
se rendre difficille et mal traictable. Depuis,
sur le soir, comme j'en devisois avecques ma
fille, la Roy ne de Navarre, qui est fort triste
et fascbée des difficultez qu'elle y voit, j'ay
envoyé prier mondict filz le Roy de Navarre
de venir en ma chambre, oiî nous estions,
et luy en ay parlé de tout l'affection que j'ay
peu, n'aiant rien obmis de toutes les raisons
qu'il se peut dire pour luy persuader. Mais
je i'ay trouvé fort entier au contenu de ieur-
dict escript. Toutesfois, comme j'essayois de
parler ou favre parler aux ungs et aux aultres,
pour mayder de tous les moiens que je puis
en ceste affayre, lesdictz Guitry et Clairvaut
se sont laissez entendre que, si on trouvoit
le terme dung an trop long, que l'on y meisL
seuUement six mois. Bouchard, député de
mon cousin le prince de Condé, a dict aussy
d'aultre costé que, ne désirans lesdictes villes
que pour la seureté, ilz seroieni contents que
fédict se peust entièrement exécuter en ung
mois, et de rendre lesdictes villes lors. Mais le-
dict Bouchard neparticippe pas, à mon advis,
à toutes leurs résolucions, pour les raisons
que je vous escripviz hier. L'on verra s'il y
aura poinct quelque autre moien; sinon je
me délibiTe de m'en aller d'icy lundy pro-
chain au Port Saincte Marye et de là à Agen,
sans toutesfois rompre du tout. Et vous diray
ce pendant que ce soyr j'ay eu fort à propos
en souppant les nouvelles de la réduction
en voz mains du chasteau de Beaucaire et
pareillement les villes de Sergnac et Meynes"^,
comme vous verrez par le double de la dé-
pesche du mareschal de Dampville, que je
' Jean de La Mer, syndic de Castres.
- Sernhac et Meyues, deux communes dépendant au-
jourd'liui du canton d'Aramon , arrondissement de Nîmes.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
26;î
vous envoyé avecques une du sieur de Joyeuse.
Je lay mandé à mondict lîlz le Roy de Na-
varre, (|iii souppoit, pour ce qu'il avoit ce
jourd'huy faict courir un bruiclque Chastilion
avoit pris le chasteaududict Beaucaire, et après
soupper luy ay faict veoyr l'original mesnies
desdictps leclres, aiant congneu à son visaige
que cela leur dépleust fort, et ne sçay si ceste
nouvelle les fera poinct changer d'advis et nous
pourra apporter quelque advancement; car il
est bien certain que s'ilz eussent peu prendre
ledict Beaucaire, ilz eussent encores bien parle'
plus hault. Priant Dieu, Monsieur mon filz,
vous avovr en sa saincte et digne garde.
Escript à Ne'rac, le vendredi xiii""" febvrier
1679.
Monsieur mon filz ', dospuis ceste lectre
escripte et comme il est contenu en icelle, ce
matin lesdiclz sieurs de Sainct Supplice, de
Piebrac et de La Mothe ont esté de ma part,
avecques mondict filz le Rov de Navarre,
ceulx qui sont auprès de luy de sa religion et
les députiez assemblez, pour veoyr s'il y
auroit moien de les faire condescendre à se
desparlir de retenir les villes, mais ilz n'y ont
peu rien gaigner. Ne voullant oublier de vous
dire que le sieur de Fontenilles et les aultres
catholicques, qui suivent ordinairement mon-
dict filz le Roy de Navarre, veoyant qu'ilz
demourenl si entiers, dient qu'ilz l'abandon-
neront; et, de l'aict, ledict sieur de Fontenilles
le luy dict hier soyi", dont il monstra eslre
fort marrv, voyant bien que tous les aultres
qui le suivent faisant profession d'estre bons
catholicques l'abandonneront.
Monsieur mon filz -, encores depuis ce post-
' En titre : «Poscript do ia ilile dépesche du 1 3 fé-
vrier 1379.^
- Eu titre: it Autre post-script de iadicte dépesche.^
scrij)lum. j"ay pensé à quelques autres expé-
diens et moiens, que je feray mectre en avant
pour le faicl desdictes villes, mesme pour les
huici qu'ilz demandent, assavoir: quatre en ce
gouvernement et quatre en Languedoc, oullre
celles que leur avez baillées par l'édict ; s'ilz
n'acceptent lesdictz moiens, ils seront du tout
en leur tort.
A Nérac, le samedy xiiii" février 1679.
1579. — i6 février.
Copie. Bibl. naU, Fonds français , n" 33oo, fol. 161 ^
[LA ROY.XE AU ROY.]
Le \vi° jour de ce présent mois de février
iî)79, Iadicte dame royne, mère du Rov,
estantaudit Nérac, a faict une ample dépesche
au Roy, par laquelle elle luv représente, avec
plusieurs raisons, la résolution en laquelle il
semble que soient le roy de Navarre et les
députez de vouloir (quelque persuasion que
l'on leur ayt peu faire) qu'on leur laisse les
villes qu'ilz tiennent, oulfre celles à eulx ac-
cordées pour leur seureté par l'édit, et sur
cela Iadicte dame Royne requiert le Rov de
luy en mander sa volonté"^.
Ladicte dépesche a esté envoyée par Louvet ,
courrier de ladicte dame royne.
Ledit jour, après le disner, icelle dame
royne a escript aussy au Roy, comme il a esté
mis en avant de consigner par ledit s'' roy en
dépost jusques à trois cens mil escuz, et que
' Le copiste n"a f;iil, dans le manusrril, quo résumoi-
la dépéclie de la Reino mère au Roi son lils, du 16 fé-
vrier i.'i7i), au lieu de la donner intégralement, comme
les autres lettres. Il a repris la suite, au 1 7 février, dans
la forme ordinaire.
- La réponse du roi se douve dans rTinsIriiclion pour
le s' de Dinleville- . que nous pulilious à V Appendice.
264
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
lesdicts de la Religion rendroient iesdicles
villes. Sur quoy ladicte dame royne, qui
trouva advanlaige en cela pour le Roy. agréa
ledit advis, si lesdits de la Religion voulioient
aussy rendre les hulct villes à eulx baillées
par l'édit de pacifScation, aussy fost que ledit
dépost seroit faicl. El sur cela, ladicle dame
royne discourt par sadicte lettre le moien
qu'il y a de faire ledit de'post es mains dos
Suisses, ayans le sel dePecquais, qui s'afFerme
par chascun an environ trois cens mil livres.
Ladicte dépesche a esté envoyée au roy
par ung des gens de Mons' l'évesque d'Agen,
qui s'en alloit en court.
1579. — 16 féviier
Orig. Bibl. uat. , Fonds frauçais, n* 3ao3, T 43.
A MON COL'SIN
LE S' DAMVILLE.
Mon cousin, nostre conférence prendra.
Dieu aydant, bien tost quelque bonne fin au
bien de la paix, repos et union de ce royaume,
dépendant, il ne fault laisser de se tenir bien
soingneusement sur ses gardes, sans toutes-
fois rien esmouvoir qui puisse préjudicier,
vous priant de le mander partout oij verrez
que besoing sera en l'estendue de vostre gou-
vernement, affin qu'il ne s'v puisse faire aul-
cune surprise, et aussy que les marchands
(]ui ont à faire leur commerce prennent
garde à eulx, allans et venans par les champs,
pour ce qu'il advient communément, quand
l'on est sur la résolution de telles choses, que
les brigandz et voUeurs, et telle autre manière
de gens qui ne désirent pas la paix, font du
pis qu'ilz peuvent. J'ay receu les lectres que
m'avez escriptes, de la réduction du chasteau
de Reaucaire et des villes de Sergnac et
Meynes, dont je suys infiniment aise; car
aussy est-ce un très grand bien pour le ser-
vice du Roy monsieur mon filz, auquel j'ay
incontinent envoyé vos lectres mesmes\ vous
voullant aussy bien advertir que mon filz le
duc d'Anjou est de retour à Allençon, se dé-
libérant de se conformer, comme aussy est-ce
son debvoir, à toutes les intentions et volon-
tés du Roy, mondict S' et filz, qui l'a soubdain
envoyé visiter par le s'' de La Chapelle des
Ursins, conseiller d'Estat et de son Conseil
privé, et se conjouyr avec luy de sondict re-
tour en ce royaume; priant Dieu, mon cou-
sin, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escriptà Nérac, le xvi'jourdefebvrier i 079.
De sa main :
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 16 février.
Orig. Arch. du Puy-de-Dôme, si^rîe E ^.
A MONSIEDR
LE MARQUIS DE CANILLAC,
COUVEBSEUR AU HAULT PAIS D'AUVBBCNE '.
Monsieur le marquis, nostre conférence
prendra. Dieu aydant, bien tost quelque
bonne fin '\ au bien de la paix, repos et
' Nous avons pu retrouver la réponse du roi, conle-
nant ses félicilalions à Damville poiu' la prise de Beau-
caire; on la lira à V Appendice.
^ Fonds de la famille Montboissier-Beaufort-Canillac.
^ La suscriplion exacte est : «k Monsieur le marquis
de Canillac. chanceliei' de l'ordre du Roy Monsieur mon
lilz, conseiller en son conseil privez, capitaine de cent
quarante hommes d'armes de ses ordonnances, gouver-
neur et son lieutenant au hault païs d'Auvergne, n
'' Nous donnons celte dépêche tirée des Archives du
Puy-de-Dôme, hien qu'elle soit à peu près identique à
la précédente. Et il ne serait pas étonnant qu'on trouvât
encoïc une ou deux autres circulaires semblables.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
265
unyon de tout et; royaume, (cependant, il ne
faut laisser de se tenir hieii soigneusement
sur ses(jardes, sans toutellois rien esmouvoir
qui puisse préjtidicier, vous priant [surveiller |
les villes el aultres lieulx que verrez que be-
soing sera en Testendue de vostre charge,
affin qu'il ne s'y puisse l'aire aucune surprinse,
et aussy que les marchansijui ont à faire leur
commerce prennent garde à eul\, alians et
venans par les champs, pour ce qu'il advient
communément que, quand Ton est sur la re'-
solution de telles choses, les brigans et voi-
leurs, el telle aultre manière de gens qui
ne désirent pas la paix fout du pis qu'ilz
peuvent : vous voullant aussy bien advertirque
mon filz le duc d'Anjou est de retour à Allen-
çon, se déii])erant bien se conformer, comme
aussy est-ce son debvoir, à toutes les inten-
sions et voiuntez du Roy monsieur mon filz,
qui l'a envoyé visiter par le sieur de la Chap-
pelle des Ursius, conseiller d'Estat et de son
Conseil privé, et se conjouyr de son retour à
cedict royoume; priant Dieu, Mons'^ le mar-
quis, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à NVrac, le xvi" jour de février
1679.
Signé : Caterink.
Et plus bas : Pin\rt.
1579. — 17-18 février.
Copie. Bibl. nat. , Fonds français , u^SSoo, f* iGi r" '.
[AU ROY MO-NSIEUU MON FILS.]
Monsieur mou filz, je vous lis, hier lundy,
entendre par deux dépesches, l'une du malin
à mon lever, que vous envoyay par courrier
' En marge : rr Envoyée au Roy par le s' do Voiizay,
gendlliomme servant de la Reyne.-?
Catherine de Médicis. — vi.
exprès, et l'aultre incontinent après disner,
par ung des gens de fcîvesque d'Agcn, (jui se
trouva prest à partir pour aller à Paris, tout
ce <jui s'est passé depuis mes lettres précé-
dentes. Depuis, mon lils le roy de Navarre
me bailla hier soir après souper, m'ayantfaict
et tous ceulx de vostre Conseil attendre toute
1 après disnée, une liste (dont je vous envoyé
le double) de cin(|uante neuf villes de celles
qu'ils occupent, et où il faut noter que les
habilans sont quasy tous, ou au moings les
deux tiers, catolic([ucs, esquellesvilles, suivant
leur respoiise à l'escript que je leur' avois
baillé, ils vouidroient déparlir les huit cents
hommes de guerre qu'ils demandent eucores
d'augmentation, oultre les huit cents qui leur
sont accordés par l'édict. Je me suis grande-
ment faschée, voyant bien par là, comme j'ay
fait clairement entendre à mondict filz le roy
de Navarre, qu'ils n'ont aulcune bonne vo-
lonlé, le faisant bien parc(>la paroisire, et que
leurs desseings ne tendent à aultre chose que
retenir nos villes; car les babitans de toutes
les aultres villes qu'ils tiennent revenant à
près de soixante, oultre les cinquante neuf (jui
sont nommés sur la liste, sont la plus grande
part de la relligion prétendue réformée, de
sorte (jue ce seroit leur asseurer toutes les
villes qu'ils tiennent, imn seulement pour les
six mois dont ils parlent, mais je crois que
leur intention seroil de les garder pour tou-
jours; aussy l'en rejelay-je bien loing, el ne
voulus pas, voyant cela, faire venir rcu\ de
vosire Conseil après souper, comme j'avois de-
libéré, i)ensant qu'ils du-sent nous apporter
quelques répliques ou nouveaux expédients
sur la conférence, que nous avions faite ledit
jour d'hier matin, sur mondit escript et leurs
responccs à icelluy. Mon fils le roy de Na-
varre dit à ma fille la rovne de Navarre, sa
femme qu'il craignoit bien de me bailler le-
3/1
lUcniuEnic fiatiomili:.
266
dit mémoire; s'asseurant que je le trouveiois
maulvais; aiissy s'eschappa-t-il de moy, incon-
tinent qu'il le m'eut mis en la main, et s'en
alla souper; d'oij après il revint en l'anti-
chambre oii nous estions, et, en la présence de
mafdle,jeluidis lout ce qu'il est possible pour
lui faire congnoisire le tort qu'il avoit et le
déraisonnable papier qu'il m'avoit baillé, avec
toutes les raisons cydevant déclarées; mais il
n'a , ny les aullres de sa religion , jamais aultre
chose pour réplicque, sinon qu'ilz cherclieul
leurs sureltés, et qu'encores ne les peuvent-
ils avoir telles qu'ils ne demeurent en crainte.
Veoyant cela et (ju'aussy bien il ne se peut
rien gaigner avec luy, quelque chose raison-
nable que Ton luy die, je iay remis sur ce
qui fut proposé, comme je vous escripvyz par
ma dernière lettre d'hier, de l'ouverture qui
avoit esté laite de faire uni; dépôt de trois
cents mil escus, remettant entièrement toutes
les villes, ensemble celles qui leur ont esté
baillées pour leurs sûretés. Et ay adjousté sur
cela tout ce qui se pouvoit dire poui' l'y faire
condescendre; mais il tient toujours ferme
(ju'ils veulent réserver les huit qui leur sont
baillées pour leur sûreté suivant Tédicl. Je
feray encore aujourd'huy ce qui s'y pourra
faire, et vous asseure que je n'y obmettray
rien; car si Dieu nous pouvoit faiie la grâce
qu'ilz consentissent à cela, vostre royaulme
seroit, et tous vos subjects, bien tost fort heu-
reux, pour ce que, n'y ayant plus d'armées eu
nul lieu, toutes inimitiés s'oublieroient beau-
coup plus tost, et vos subjects se reiiieltroient
bien plus aisément des calamités passées. Je
pense bien qu'aulcuns de vos financiers, qui
vont toujours lentement entelz affaires, diront
incontinent que, si cela estoit accordé (etpleust
à Dieu que desjà cela feust!), il seroit impos-
sible de pouvoir satisfaire au\ dépostz; et afin
de \ous en ouvrir ung expédient, oultre lequel
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vous ne laisserez pas d'en faire chercher
quelques aultres,je vous dirav que par ce
moyen de la réduction de toutes les places,
Pecquais^ ne seroit plus nulement occupé : je
vouldrois que l'on l'engaigeast aux Suisses
pour ce qui leur estdeu, et pour le dépost
des trois cents mil escus , dont ilz respondroient
comme s'ilz les avoient receus comptant; et
se fcroit par ce moyen icelluy depost entre
leurs mains, ce que je m'asseure (si vos ser-
viteurs et ministres s'y veulent employer et
vous servir comme ils doibvent) qui vous se-
roit bien aisé, vous priant, Mons' mon fils,
(combien que je ne saiche encores s'il s'en
fera aulcune chose par deçà, d'auitant que je
les veoy si opiniastres à garder les huit villes
sans lesquelles je ne vous vouldrois pas con-
seiller de ce faire), de ne laisser pourtant
d'en parler au s' de Belièvre et adviser quel
chemin et moyens il y auroit à tenir en cela.
On m'a dit icy que le reveneu ou fermes
et admodialions dudit Pecquais valent an-
nuellement de net, si elles son bien affermées
et que n'y soviez point dérobé, [dus de trois
centz mil livres; en peu d'année les Suisses
seroient payés de leur deu par prest, en-
semble seroient satisfaits du dépost, qui tous-
jours vous reviendroit et vous seroit aultant
de fonds; car je suis bien asseurée, comme
je l'ay dit à mondit fils le roy de Navarre,
que jamais de vostre part vous ne romprez la
paix, mais je vous asseure qu'il y a grande
crainte qu'il y ait quelque chose de maulvais
' Pecais ou Peccais, bourg du Bas-Languedoc, sui' la
bouclie occideatalo du lilione, à une lieue d'Aigues-
Morles. Ce lieu était depuis longtemps célèbre par
l'abondance de ses salines. C'est Philippe le Bel qui
acquit en lago la seigneurie de Pecais et commença à
eu tirer du sel; son fds, Louis le Hutin, acheta une
concession voisine et doubla l'exploitation, qui fut dès
lors un des gros revenus de la couronne.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Ml
au cœur (reiilre eux, voyauf les longueurs où
ils me lieuiu'ut, il y a si longtemps, et leur
l'açon de proretler.
Et à ce propos je vous diray que ion m'a
advertie qu'ils ont délibe'ré, si nous ne faisions
rien, de renvoyer Clervaul vers le duc Casimir
pour le préparer à revenir en France, ce
([u'il dit qu'il ne fera jusques à ce qu'il ait
quelque bonne ville en Picardie ou du costé
de la Cliampaigne. On m'a aussy assouré
qu'ils ont entreprinsesur Soissons, et le moyen
du prince de Condé y entretient tous ceux
de la Religion de ce costé là, et que par la
mene'e du bailly ou prévost, qui exerce la
justice dedans le chasleau de Soissons avec
bien peu d'hommes, ils le veulent surprendre
et la ville, où il vous plaira à cette occasion
pourveoir incontinent et advertir par mesme
moyen aussy à Chasteauthierry et Ahbcville,
où celui qui a donné l'advis de Soissons dit
(|u'ilz ont quelque intelligence, l'I encore à
Beauvais. Je crois qu'il est très nécessaire de
faire prendre garde, sans touteffois rien es-
mouvoir, aux aultres villes qui sont sur les
rivières de Seine, Oise, Marne et Yonne; car
si ces gens-cy veulent revenir à la gueire, je
crois que ce sera par là où ils commenceront,
[)our favoriser l'entrée des estrangers, et di-
vertir vos foi'ces qui sont telles, qu'où leur
donneroit beaucoup d'all'aires, s'il n'y avoit
qu'à regarder de ce costé, estant bien d'advis
que ce soit le plus tard que l'on vienne à cela,
et que l'on tente tous les aultres moyens pour
la paix.
Ayant entendeu ces jours icy qu'il v eu
avoit du costé de Thoulouse qui faisoient de
très maulvais odices et prestoient l'oreille à
ces brouilleurs de provinces, qui avoiont desjà
tant gaigné sur eux qu'ils avoient fait que
des environs de Thoulouse il avoit esté en-
voyé devers Paris quelqu'ung pour couimu-
ni((]uer avec les députés de Bourgogne et de
Noi'inandie, sur cela j'en escripvis bien expres-
sément à l'advocat Duranty, qui m'a fait sur
ce la response que verrez, avec une lettre que
m'en ont cscripte les Capiloulzet que je vous
envoyé, afin que vous entendiez comme cela
s'est passé. Ces choses-là sont, grâces à Dieu,
comme mortes en ce pays, par les moyens
que j'ay tenus pour empescher les praticques
de ceux qui oui tasché à y brouiller aussy
bien qu'aux provinces de delà. Il sera bon
que vous fassiez faire une lettre à l'advocat
Duranty, car en telles choses il vous peut faire
beaucoup de service.
Je vous envoyé la forme de la descharge
qui a esté promise au capitaine Favas' pour le
fait de la Réolle, vous priant de comman-
der que l'expédition en soit faite et me soit
incontinent renvoyée, et pareillement le par-
don dont je vous ay escript pour ceux qui ont
surprins le chasteau et ville de Langon; car
ceux qui sont dedans sont si opiniastros, qu'ils
n'en sortiront sans (|u'ils aient leur pardon;
et je voukhois que fut desjà icy pour éviter
aux iucoiivénientz (|ue je crains bien qui en
adviennent, avant les parents ou amis du feu
capitaine de Salles de Cyrou desjà tué ung
nommé Salignac et deux soldats, qu'ils dient
(jui estoiciit à la surprinse du chasteau de
Langou, dont la vengeance se commence à
faire par ceux de Langon, qui ont depuis deux
jours a'ussy tué ung postillon, qu'ils estimoient
avoir adverty les parens ou amis du feu cn|>i-
taine; et je crains bien (jue cela vienne en-
core plus avant, car ils menacent d'en faire
aultant à tous ceux qu'ils pourront rencon-
trer, allant d'icy à Bourdeaulx et venans de
Bourdeaulx irv; et quand il seroit hors du
' fies deux rrdescliarjjesi sijjiiées pai- la reine mère
figurent dans sa coriespondance. Voir plus liaul p. aoa
et 306.
3/1.
268
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
chasteau, cela nadviendroit plus, mais le
chemin seroit libre. Il vous plaira aussy faire
expe'dier ung pouvoir au s' dUssac pom' le
gouvernement de la Réolle, par lequel pou-
voir vous l'aslreindrez de vous rendre la ville
et chasteau au bout des six ans portez par
vostre édict, à compter du jour d'iceluy, de
sorte que en preslant le serment de gouver-
neur es mains du mareschal de Biron, il pro-
met de vous restituer la ville et chasteau de-
dans environ quatre ans et domy. Priant
Dieu, Mens"' mon fils, vous avoir eu sa saincte
garde.
Rscript à Nérac, le xvu'^ febvrier 1579.
Monsieur mon fils^ depuis cette lettre es-
cripte, nous nous sommes assemblés ce ma-
lin, le Caidinal de Bourbon, prince Daul-
phiu et ceux de vostre Conseil, et prie' le roy
de Navarre de nous venir trouver, ceux de sa
religion et tous les députés, pour entendre la
response que j'avois à leur faire sur le dérai-
sonnable nombre de villes quiis demandoient
pour six mois. Premier que ce faire, ils se
sont assemblés, et, après avoir bien consulté,
nous sont venuz trouver m'apportant deux
mouioires dont je vous envoyé le double,
lung de vingt-quatre villes, à quoy ils se
sont restreintz , et l'aultre de vingt-quatre
aultres, qu'ilz requerroient estre démantelées;
sur quov, après de gi-andes disputes de part et
d'aultre, je leur ay enfin dit que je vous en-
voyerois les deux mémoires, mais qu'il ne
falloit pas qu'ils s'attendyssent, comme je
m'en asseurois bien aussy et qu il n'estoit
pas raisonnable, que je leur bailliasse auitune
des villes, et qu'ilz se debvoient contenter des
huit qu'ilz ont par l'édict, que j'estois veneue
pour faire exécuter et non pour y rien chan-
' En titre : rPost-script de la dépescbe du ïvn" fé-
vrier 157g.11
ger, avec toutes les raisons qui se pouvoient
dire sur ce subject, où je ne pense pas avoir
rien oublié pour leur montrer le tort qu'ilz
avoient et les faire condescendre à leur deb-
voir; mais il n'a esté possible de rien gaigner
sur eux, de sorle que, bien faschée que j'es-
tois, je leur ai résolument dit que je m'en
irois demain à Agen, et que de là je vous fe-
rois une dépescbe de tout ce qui s'estoit passé.
Voilà comme nous nous sommes séparés de-
vant disner; mais à l'instant et avant que je
fusse sortie de mon cabinet, j"ai receu une
lettre du s"' de Joyeuse, que je vous envoyé,
laquelle je leur ay fait monstrer de la prise
de Saverdun^ en Foix, dont ils ont esté très
marris, car après Montauban c'est la meil-
leure ville qu'ilz eussent; ils en ont eu aussy
des nouvelles, et cette après-disner n(/Us
nous sommes encore rassemblés, et, après une
grande reraonstrance qu'ils m'ont fait faire
par Scorbiac, du malheur qu'ilz prévoyoient
si je parfois d'icy sans faire quelque bonne
conclusion, que sans doubte les armes se re-
prendroient partout, ils mont requise de de-
meurer encore icy quelques jours, et que
cependant quelques ungs d'eux iroient en
toute diligence en Lauguedocq, pour revenir
incontinent avec commission pour se res-
treindre encore à plus petit nombre de villes;
et, pour éviter ce pendant que l'on ne repris
les armes, ilz m'ont requise d'escripre et le
ro} de Navarre avec moy, par gentilshommes
que nous envoyerions exprèz, pour faire cesser
les armes partout à ceux qui les auroient re-
prinse, comme du costé de Languedocq, et em-
pescher que aux aultres lieux on ne les re-
prinl. Enfin des vingt-quatre villes, ils se
réduisent à vingt, et que toutefois il faut qu'ils
envoyent à leurs églises pour le consente-
' Sa\ordrin. à li liilomèlres de Pamiers (Allège).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
269
menl. Considérant donc, comme j'avais fait
meuremenl à part moy, ([ue si nous nous sé-
parions sans quelque tncilleure espérance ou
résolution, le feu de la guerre se raliumeroit
partout, ne vouians pas oublier de vous dire
que je pense certainement qu'iiz attendent , ou
qu'ilz ont quelque chose au cœur qui ne vaut
rien, et ne leur ay pas celé l'opinion que j'en
avois. sur quoy ils m'ont fait les plus belles
excuses du monde, et pour cette occasion je
n'ay voulu rompre; mais de peur de recom-
mencer les troubles où je congnois bien que
beaucoup, d'une part et d'aultre, nous veulent
remettre, je leur ay accordé de rester encore
icy jusques à lundy, pourveu qu'ils se vou-
lussent encore restreindre des villes, comme
je vouldrois, au nombre de six; mais notez
bien que ce n'est que pour six mois, entre cv
et lesquelz vostre édict s'exécutera entière-
ment comme il est porté, et selon l'esclaircis-
sement et response que j'av faite à leur re-
queste, dont je vous av envové le double et
dont nous sommes d'accord, bien qu'ils dé-
sirent y changer quelques mots. Nous nous
assemblerons demain matin, pour achever de
nous résouldre du reste et faire mettre par
escript ce que nous accorderons, et ferons
faire soubdain les dépesches partout : il/, me
pressent fort d'envoyer du costé de Langue-
docq. pour l'aire retirer les forces du mareschal
Dampville,qui a contiainrt Chastillon d'ajjan-
donner Besousses ' et se retirer dans iMont-
pellier. Je congnois bien qu'iiz se sentent fort
pressés de ce costé là, et que lefaict deBeau-
caire, qui a, grâces à Dieu, bien réussv, les a
lait venir, beaucoup plus tost qu'iiz n'eussent
fait, au peu de raison qu'ils offrent.
Escript à .\érac, ledit jour xvii' de febvrier
1679.
' Bcsouce, arr. de Nimes, avec une orlliOf[raplie
dirterente de celle de la page aliâ.
Monsieur mon fils\ j'ay ce matin assemblé
le cardinal de Bourbon et le prince Dauphin
avec tous ceux de vostre Conseil qui sont icy,
lesquels j'ay fait opiner sabvoir si je debvois
consentir à la résolution que prit hier soir le
roy de Navarre avec les députtés, quaulcun
d'eux retourneroient en diligence en Langue-
docq, pour avoir plus ample pouvoir sur la
reddition des villes qu'iiz occupent, ouitre les
huit qui leur sont accordées par fédict, et
sur le terme de vingt jours que le roy de Na-
varre me demandoil pour cela, ou si je debvois
rompre, considérant que je lui ay, et aux dé-
putés, tout au long et infinies fois dit et re-
présenté tout ce qui se peut des grandes et
apparentes raisons pour les induire à prendre
ung plus court chemin, affin d'accélérer et ré-
souldre au bien de la paix nostre conférence
proui|)tement, ou au moings beaucoup plus
tost que d'attendre ces vingt jours: chacun en
a fort amplement opiné, et enfin nous avons
résolu (ju'il ne faiioit nullement rompre, con-
sidéré lestât de vos affaires, mais que je par-
lerois encore au roy de Navarre, comme j'ay
fait. Je iuy ay remonstré ie peu d'apparence
qu'il y avoit de nous remettre encore auxdits
vingt jours, la crainte que j'avois et que je
tenois pour certaine qu'au bout de ces vingt
jours ils vouldroicnt encore prolonger, ainsy
qu'ils ont fait depuis <jue je suis par deçà, et
que je me doubtois que tout cecy estoit pour
m'amuser et ne pouvois croire qu'iiz n'eussent
quelque arrière pensée ou attendissent quelque
chose, et que cependant il adviendroil ung
grand inconvénient, que je vovois que ne
pourrions évister par cette longueur, qui est
que les armes se reprendraient partout ou
qu'il pourroit encore survenir quelque nou-
veau désordre, les choses estant indécises qui
' En litre : trAultre Postscripts, f° iCi, r".
270
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
nous brouilieroient derechef toute nostre né-
gociation; et, en fin de mes propos et remon-
strances, je l'ay prié, s'il ne vouloit desja à
cette heure se restreindre à six villes, oultre
les huit qu'ils ont par rédict, lesquelles six
ils garderoient, comme il esL cy-debvant dit,
seulement six mois pendant lesquelz on exé-
cuteroit Tédict, au moings qu'il me déclarast
par escript que, quant à lui, il trouvoit qu'il
estoit raisonnable [garder] les sk villes pour
les six mois seulement, et à la charge de les
rendre dès le lendemain des six mois, dont
nous regarderions après aux sûretés qu'ils vous
debvroient bailler de les rendre; mais le roy
de Navarre m'a respondeu qu'il ne pouvoist
accorder ny promettre ny l'ung ni l'autre, cl
qu'il falloit premièrement que quelques ungs
des députés allassent en Languedocq, disant
tousjours qu'ils seroient de retour dans vingt
jours, et qu'il estimoit qu'il n'y auroit point
de difficultés qu'ilz me rapportassent le pou-
voir du nombre des villes que nous accorde-
rions, mais que six villes c'estoit trop peu,
parlant encore de vingt; et il ne disoit aullre
raison, sinon que ce n'estoit que pour six
mois et pour voir plus seurement comme l'on
se comporteroit envers eux, de sorte que nous
n'avons peu faire aultre chose pour ce matin.
Bien ay-je résolu , estant au Conseil avec le Roy
de Navarre, que le s"^ de Puibrac iroit cette
après -disnée, quand les députés seroient
assemblés, leur remonstrer toutes les raisons
que j'avois dictes, auxquelles chacun a ad-
jousté de sa part tout ce qu'il a pu, et sur
quoy le s'' de Puibrac s'estendroit aussy pour
les faire consentir à ce que je désirois, et qui
nous sembloit non seulement estre raison-
nable, mais très nécessaire pour le bien de ce
royaulme. Et trouvant si grand nombre des villes
estre fort important, combien qu'ils ne leur
doibvent estre laissées plus de six mois, je
me suis résolu de mander aux s" de Joyeuse,
président Daphis et advocat Duranty, de se
trouver dimanche ou mardy prochain au Port
Sainte Marye, oii sera aussy le mareschal de
Biron et où je m'en iray, quand je n'y ferois
que disner, pour en consulter et adviser si
entre cy et là je ne puis attirer le roy de Na-
varre et les députtés à quelque bonne résolu-
tion selon mon désir. Cependant je vous diray
que, suivant nostre résolution , les'' de Puibrac
a esté trouver le roy de Navarre cette après-
disnée, estant assemblé avec les députés, et
qu'il n'a pu rien gaigner, sinon que des vingt
villes ils se sont réduits à quinze, et comme
s'ils eussent voulu venir à douze. Je verray
encore ce qui s'y pourra faire demain et leur
feray comme j'ay desjà commencé ce soir, re-
mettre par mesme moyen en avant de dé-
poser les trois cents mil escus. et qu'ilz ren-
dent dès à cette heure toutes les villes qu'ils
tiennent, et pareillement les huit à eux baillées
par l'édict pour leur seuretté, que plustosl
qu'ils ne le fissent, je serois d'advis, et en ay
fait f ouverture à la royne de Navarre, de me
contenter,-en remettant toutes les villes qu'ilz
tiennent, qu'ils remissent Périgueux, aflSn
qu'ils n'en eussent pas si avant du costé de
France, et Aiguesmortes, à ce que vous puis-
siez plus librement joyr du sel de Pecquais,
duquel vous feriez (comme on dit) de la terre
les fossés, car par le moyen de Pecquais, vous
feriez le plus pour vostre dépost sur le revenu
du sel; et atfin de rendre la rivière de Ga-
ronne libre aux catolicques, je désirerois, s'ils
ne voulloient bailler le Mas de Verdun \ qui est
une des villes de seureté par l'Edict, assise sur
cette rivière, au moings l'eschanger à l'en-
contre de Figeac qu'ils tiennent, et que j'ay
' Les villes que l'édit de Poitiers Tballloil en garden
aux proteslants étaient eu Gujenne : Périgueux, laRéole
et le Mas de Verdun. ( Arl. lu.)
seu que 1p vironte do Tiirennc a si grande
envie d'avoir, et rela est en partie cause de
les faire tenir si forme. Voilà ce qui s'est passé
aujourd'liuy, que j'ay voulu vous estre ainsy
déduit au long afin que vous entendiez jus-
ques aux moindres particularités ce que fai-
sons par chacun jour.
Escript à \érac, le mercredy xvin'' febvrier
1579.
Monsieur mon fils^ il y a quatre jours que
je suis à toute heure en espérance do conclure
quelque chose de bien en nostre conférence,
et je pensoisvous en envoyer la résolution par
Camille; mais voyant que cette résolution ne
se pourra peut estre faire jusques à ce que
j'aye conféré dos difficultés que j'y trouve,
j'ay advisé de vous envoyer cette longue de'-
pesche par Vouzay, qui s'en retourne, et je
retiondray encore Camille icy, jusques à ce
((ue nous ayons prins quelque certaine réso-
lution, pour laquelle vous pouvez croire que
je n'oublioray rien de ce qui se peut penser
pour y servir; mais en quelque sorte que ce
.soit, j'ay délibéré de regarder dès cette après
disnée à résouldro, avec le roy do Navarre et
les députés, l'ordre qu'il faut tenir et les dé-
pescbesque ferons dès demain ensemble, pour
envoyer partout faire cesser tous actes d'hos-
tilités; en quoy je n'obmettray à obliger si
bien lo roy de Navarre qu'il ne fora pas en
cecy comme il fit sur la première dépesche
queCsmes ensemble dès nostre première con-
férence à la RéoUe, pour les contraventions à
l'Edict : en quoy il s'est tousjours dojjuis ex-
cusé qu'il ne pouvoif commander aux voleurs
et brigands, comme pour la Guyenne ceux du
Mur de Barrois,et pour le Languodocq Bacom,
Fournier et quelques aultres, et Chaslillon
' En litre : trAullie Postscript-^.
LETTRES DE CATHEni\E DE MÉDICJS. 271
qu'il désadvouoit au oonimencomeiit , mais
pourtant je no sens jamais tirer par oscripl
ce désadveu : aussi ont-ils bien nionstri' qu'ils
advouoront tous ces gens là. Voilà j)ourquov
j'y foray romeddior cotte fois, si je puis, comme
desjà j'ay commandé à ceux do vostro Conseil
y penser pour ce faire.
Monsieur mon fils', premier que former
cette dépesche, je vous diray que tous les ar-
ticles concernant les demandes faites par les
députés ont esté résolus et arrestés, ainsy
que verrez par ce que je vous en escripray
cy-après, qui est conforme à peu près à ce que
vous on avez desja veu, n'y ayant plus que le
différend sur les articles concernant les su-
rettes, pour losquolz ils demandent à retenir
pour six mois dos villes. Sur quoy ils se sont
aujourd'huy plus clairement expliqués, et
dient que l'occasion pour laquelle ils re-
quièrent qu'on leur laisse desdictes villes, ce
n'est pour défiance qu'ils aient, mais pour
gaige et seuretté que vous ferez exécuter l'Edict
dedans les six mois; et pour ce que ce mot
d'exécution est fort général, et qu'il no peut
[estre] aultroment qu'il n'y ait long traici, et
partant pourroit ompescher après les six mois
la restitution des villes, ils se sont aussv
explicqués et dient entendre cette exécution
estre de ce qui dépend de vostre auctorité, et ,
la particularisant et déclarant encore plus
amplement, ont dit estre l'establissement de
leur religion es lieux accordés , l'establissement
des chambres de la justice, l'ontortonomont et
payement dos huit cents hommes qui leur ont
esté accordés par l'Edict, pour garnison des
huit villes qui leur sont baillées pour leur seu-
retté, offrant les députés à ce propos bailler
de leur part toute seuretté, (elle que jo re-
' En litre : cAnlIie Poslscriiil-.
272 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
quéreray, tant du roy de Navan-e et des s" et
gentiishommes, villes et communautés de leur
religion, et de rendre et restituer incontinent
les siï mois passés les villes qu'ils désirent
leur estre délaissées pour seureté de l'exécu-
tion de l'Édict. Je feray regarder quelles seu-
rettés l'on pourroit prendre d'eux, afGn que
nous accélérions cette affaire, et qu'aussi lost
que serons d'accord du nombre de villes qu'ils
désirent qu'on leur laisse, nous puissions in-
continent parachever et faire exécuter le tout,
qui seroit bientosi , si nous estions d'accord du
nombre des villes.
Monsieur mon fils', le maréchal de Danip-
\ille m'escript vous avoir, par iiomme exprès
qu'il vous a de'pesché , fait entendre les parficu-
lari tez de l'occupation et rendement du chasteau
de Beaucaire et comme le capitaine Baudonnet,
qui estoit lieutenant de feu ParabeMe,(jui est
celluy qui l'a occupée -
1579. — 18 février.
Orig. Bibl. nat.. Fonds franrais, 0^ i556i, P' i3.
AU ROY
MO.XSIEUR MON FILZ.
Monsieur mon filz, le s'' de Bajordan, qui
est gentilhomme bien affectionné à vostre ser-
vice, m'a faict entendre qu'il vous a pieu, en
la considération de des services, luv accorder
deux mil livres de pension, laquelle luy se-
' En titre : r-Auifre l'ostscript de ladite dépesche en-
voyée par ledit Voiizay.i
' Le leuillet suivant manque, et la phrase se trouve
interrompue. Avec cette dépêche se termine le ms. de
la collection Béthune, Fr. 33oo, qui nous n fourni tant
lie ti'ttrcs. La suite de la correspondance de Callicrine
de -Médicis avec Henri III se trouve dans un autre
volume de la même collection, portant aujourd'hui le
u° Fr. 3319.
roit du tout inutille, s'il ne vousplaisoit (con-
tinuant vostre bonne volonté en son endroict)
commander aux gens de voz comptes icelle
vériffier, y aiant faict difficulté, qui est cause
que je vous ay en sa faveur bien voullu l'aire
ce mot de lettre, pour vous prier (aflîn que
ledit Bajordan ne soit frustré de vostre grâce
et libérallité) ordonner ausdicls gens des
comptes de vériffier ladite pension sans au-
cune difficulté, et commander à cest effect
toutes les lettres et jussions estre expédiées.
N'estant la présente à autre fin, prieray Dieu,
Monsieur mon filz, vous avoir en sa très saincte
et digne garde.
Escript à ^Jérac, le xviri" jour de février
1679.
De sa main : Votre bonne 1res affectionnée
et hobligée mère,
Caterine.
1579. — 9 0 février.
Copie. Biti. Dat., Foods français , n" 3819, P' 1 r' '.
[LA REYNE AU DUC D'ANJOU.]
La royne mère du rov, faisant responce à
Monsieur de sa main sur le faict du mariage
d'Angletterre et advis qu'il luy demande sur
cela, mesmes pour son passaige en Anglet-
lerre, elle luy escript premièrement qu'il
faull que l'on face ce que l'on pourra pour
faire que les articles soient accordez premier
qu'il y aille, et qu'il n'y ayt rien, sinon si ne
ï^e trouvent agréables l'ung à l'autre, qu'il l'en
pourra revenir, et que s'il estoit ferme et ré-
solu de ne vouUoir rien accorder desdils ar-
ticles, mais les mectre jusques après qu'ilz se
' Cette lettre est donnée seulement en résumé par le
copiste; nous la publions néanmoins à sa date, comme
celle du 16 févner 1079.
LETTRES DE GATH
seroicnt veiiz, (jue pour cola ladicte dame
Royne est(l'a\is (ju'll iic laisse |ioiiitaiil (rac-
corder le voiaige, et que lors l'on congnoistra
incontinent si ladicte Royne vouldra ledit ma-
riage; et si elle laisse aller jusques là mondit
seigneur, qu'il l'ault croire qu'elle le de'sire;
mais premièrement qu'il l'aull i|ue ladicte
Royne donne sa foy au Roy et au royaume , tant
sur sa foy que par lettres scellées, telles que
le conseil du Roy avec celluy de mondit sei-
gneur adviseroni, et si l'on cougnoist que la-
dicte dame Rovne ne l'ace ces choses icy que à
desseing, sans vouiloir ledit mariage, ladicte
dame dict et escript par sadicte lettre à mon-
dit seigneur ([u'il fault se marier ailleurs,
pour avoir dos enfans, et qu'il l'ace et se porte
envers le Roy comme il doibt, et qu'il l'ayme
et la paix, et qu'elle sait que le Roy l'ayme, et
qu'il luy aidera en tout ce qu'il pourra à luy
mectre une couronne sur la teste.
EIUNE DE MKDK'.IS.
27:5
1579. — 9 1 lévrii'i'.
Copie. Uibl. liai.. Fonds frani'ais , ii°.'!3i9, f" i V '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, je receuz mercredy
au soir, xviu" de ce mois, la despesche qu'il
' Le ms. Fr. SSig.anc. Bélhiine 8829, porte, d'une
autre écriture que celle du copiste, sur la feuille de garde ,
au verso : r.^utre registre des despe.sches de la Reine
Catherine de Médicis, escriltes au Roy Henry 3° et à
monsieur te duc d'Anjou et d'.Uanzon, ses enlans, et au
roy de Navarre, son beau filz, sur plusieurs aflaires im-
portantes, quand elle a esté absente de la court et qu'elle
a l'aict divers voyages dans les provinces du Royaume
pour le bien de l'État, soit pour uietlre la paix entre ses
enfans ou apaiser les troubles causés par les souslevemens
des buguenots en divers endroids du Royaume. i Les
onze premiers feuillets manquent.
Le nis. commence ainsi : r s'est remis à vosire
(^ATIIERINE DE MÉDICIS. VI.
VOUS a pieu de me l'aire par le jeune Mauvi-
sière ' le vin° précédent. Ayant seu par icelle
comme vous debviez faire bien tost publier
les responcosaux cahiers des Eslatz géni'raulx
et les règlemens et ordonnances qu'ave/, faites
sur iceulx, qui est le mieux que vous eussiez
sceu faire, et vous asseure que cela conten-
tera fort voz peu|iles et subjertz, mesiiiement
quand l'on verra bien garder et observer le
tout, comme je say que c'est vostre intention :
aussy vous pi'yé-je ne permettre ny souffrir
qu'il y soit aulcuncment contreveneu, et sur-
tout que sur les règlemens de la justice et
aussv ceulx des gens de guerre, qui sont les
deux causes dont vosdits peuples et subjectz
ont esté les plus grevez, soient pareillement
soigneusement cntretenuz; il y a aussy la mul-
tiplicité' d'officiers ([ui leur est à vous à très
grande charge : il sera pareillement très bien
faict de l'aire inviolablement observer l'or-
donnance qu'en avez faite de suppression par
mort.
J'ay pareillement veu en vostredictc dé-
pesche comme vous avez respondu les articles
qui vous ont esté présentés par les députtés
service en intention ad ce qu'il dit de vous bien et fidcl-
lenient servir. Mais icelluy marescbal de Dampville
m'escript aussy vous avoir envoyé supplyer, et par mesme
moyen me prier de vous requérir en sa faveur, ce que j'ai
bien voullu faire, de luy vouiloir donner la capitainerye
et habitation du chasteau dudit Rnaucaire , pour s'y retirer
avec sa femme et ses enfans, d'aultaiit qu'il dit esire le
lieu de tout son gouvernement où il a esté et si^ourné
le plus pour le bien de vostre service.)!
Ce fragment fait partie d'une lettre de la reine mère
au roi, qui a été perdue; mais le fidèle serviteur dont il
est parlé ici, et que Catherine recommande pour le gou-
vernemenlde Beaucaire,doil être M.de Vers, déjà séné-
chal; car une lettre de Henri III à Damvilte, en date du
1 0 février 1.^79 , lui ordonne justement de le nommer à
celte charge. — (Bibl. nat., ras. fr. 33i5, fol. 39.)
' En titre : ^Envoyée au Roy par le sieur Mauvissièie,
gentilhomme servant de Monseigneur le duc d'Anjou. ^i
35,
nipni\ii:nic N.tïinwLr..
274
LETTRES 1»E CATHEIUNE Di: MEDICIS.
flo B(uir;;onj;nt' el <li' Normandie, et connue,
pour (loiiiiri contentement à vosdicts subjectz
desdifles provinces, vous vous estes contrainct
h beaucoup plus que voz adaircs ne l'eussent
i)erniis, des levées de deniers (jui seroient né-
cessaires pourl'entreteuenient de voslre estât :
c'a esté très bien faict, il n'y a remède; il
faudra regarder d'ailleurs les moiens les plus
douK (|ue l'tui pourra pour vous faire vivre et
entretenir vostre estât. J'ai \eu aussy la pro-
position qui a esté l'aicte auxdits députtez pour
essayer de les l'aire venir à ce que ces deux
provinces là se chargeassent, au prorata de
ce qu'elles pourroient porter, jiour racliapter
leur part des debtes et enjjaijjemens qui ont
esté faictz par vos prédécesseurs à roccasion
des "uerri's. et connue .sur cela il/ se sont
laissez entendre qu'il l'audroit faire une assem-
blée {;énérale desdictes provinces, dont il me
semble, comme anssy est-ce vostre oppinion,
(pi'il se fault à présent bien garder, pour beau-
coup de glandes raisons que vous mesmes
considi'rez assez, mais leur l'anll respondre
(uie ce ne seroit (pie nouveaulx fraiz et des-
iienses pour les jn-ovinces, et persister loujouis
doucement que ladicte assemblée a esté' so-
lein|iuelleiiient l'aide, comme a nss\ ot-il \ra\,
aux Estais jréniTaux tenus à lîlovs. et ledit
ra( bapi résolu eiiliv le- dépultezdc toutes les
provinces de ce lioyaume, ne restant qu à
faire le département de ce ([ue chacune pro-
vince en délivra porter, faismt parler à part
et aduumeslant les plus Iraictables desdits dé-
puttez de faire, pour le moings à leur retour
en leurs provinces, les bous offices (ju'ilz
doibveul. et regarder les moiens (lu'il y au-
roit de |iourveoir à cela, et sur ce. leur en
faire bailler de bonnes instructions, estimant
(jue pour le moings. si cela ne sert à reste
heure, il ne pourra de rien nnyre. au C(nitraiie
prolittera, [lour l'aire congnoistre auxlicles
provinces le peu de levenu que vous avez
trouvé à vostre advenement à la coronue. et
I qu'il n'est pas possible que lesdictes provinces
ne regardent à trouver les moiens de vous
1 remectre en vostre domaine et aides, (pie vous
puissiez vivre et entretenir à vostre estât, nv
eulx aussv estre soulaig('s. comme vous desi-
rez, des creues (pie vous estes contrainct
[ mectre sus, pour la conservation et entretene-
] ment du Royaume.
Vous avez très prudemnienl faict d'envoyer
j visiter vostre frère par le sieur de la (ihapelle
des Ursins, qui lui .saura bien représenter le
contenu au mémoire et inslriiction que luy
avez baillée, laquelle viendra bien à propos.
Aussy luy faisant responce aux lettres qu'il
m'a escriptes' et i)ue je vous ay envoyées par
' Un ])i"ii aiil(^riourciiu^ut , 11' duc il'Aujou a\ail cn-
\oyi' au iHi l'I à sa more un gciilillKunmc cliargé de
leur (.■xposer Vélul (le ses iK^goiialious matriuioniales
avpr Êlisalo'lli et tlp sollicil(>r tours Cduseils. La reine
ni>Tf iii(ll(|(ie dans sa leltre la ri'|innse ()u'elle a laile à
son lils.
Ninis (Iduimus. d'après le ma(ui>cril, i'BidsIrdclioui
ilu duc d'Aujou :
hislninlinn Au S' de l'alerne, consciltei- et maistre d'hoslel
onliii'iirc de Moiiseti;neiir, dépesché de la part de Son
Altesse vers les Majestés du fi'M/ et de la Boijne sa aièi-e.
rlioii]ouslrer.( au llny ipu'. Miivaul fadvls. délibéra-
tion et conuiianJemenI de .Sa Majesté, .Monseigneur a
dé'pesclié ledit s' de Patecne. et luy a coauuandé d'aller
Inniver la R(_iyne sa mère p"ur luy f;iire entendie le
pnigrez du voyaige du s' de .Siniyer en Angleterre, afTin
d'estre par ladicte dame conseillé de ce qu'il aura à
faire pour après, avec ta voinnté et permission du lîoy.
pouvoir faire du faict dont est ([ueslion une twmie el
absolue résoliiliou.
-Et d'autant que. non seulleniont en alTairesde telle
inqjorlance, mais en toutes ses aullres actions et dépor-
temens. Son Altesse ne veult y estre aucmiemeiil pro-
cède sans l'exprès advis et commandement de Sa .Majesté,
la siipplye très humblement voulloir accompaigner d'une
leltre addressant à la RoMie sa mère celle que Satlicte
Vouzay, je n'oublj e rien de tout ce qu'il m'a
sembid lui devoir escrire, pour se rendre tou-
jours tel en vostre endroit qu'il doibt, lui lai-
sant bien clairement conjjnoistre qu'il ne
doibt croire à ceulx qui Tavoient embarqué
dans ce beau voiage de Flandres et que je
le priois de nous croire en ses délibérations, le
conseillant pour le regard de son mariage
d'Angleterre, surl'advis qu'il m'en demande,
qu'il me semble que l'on doibt essayer et faire
tout ce (]ue l'on pouvoit ad ce que les articles
dudit mariage soient accordés et signés entre
luy et la Royne dudit pais premièrement que
de faire l'entreveue ; et qu'il falloit aussy ac-
corder entre eulx qu'en cas qu'ils ne feussent
agréables l'un à l'aultre, l'article de la Reli-
gion leur serviroict de colleur pour se sépa-
Altesse luy oscript à effect que dessus par ledit s' de
l^derne.
ttFera entendre à ladicte dame Royne que ledit s' de
Simyer estant en Angleterre, ayant remonsiré Pintenlion
tant du Fiov, de ladicte dame Hoyne sa mère, que de
Monseigneur, eslre sur toutes clioses de veoir laccom-
piissement du mariage d'entre Son Altesse et de ladicte
dame royne d'Angleterre, et que, avec consentement de
leurs Majestez et pouvoir suffisant de Son Altesse, il es-
loit pour cesl pHect dépesclié vers icelle dame Royne,
princes et estatz dudit royaume, lesquelz il requéroit y
adviser, et luy faire entendre linr voluiiti' avec responce
digne d'une telle et si recommandalile négotialion.
■ rLadicle dame royne d'Angleterre, après avoir en
brief repris ce qui s'estoit passé pour le fait dudit ma-
riage, tant au nom du Roy que de Monseigneur, et
comme en tout elle s'estoit trouvée abusée et mocquée ,
dit qu'elle craignoit que la venue dudit s' de Simyer
feust pour y faire de mesme, d'aultant qu'elle avoit en-
tendu qu'il se traictoit un mariage de Son Altesse avec
la fille d'Espaigne.
ttAiiroit enfin députez les s" grand trésorier, contes
de Lestre et de Succex et de Vualzingbam, pour conférer
par ledit s' de Simyer avec eulx, ce qu'il auroit fait et
sommairement discouru, fintention de Son Altesse estre
soubz le bon plaisir du Roy son très boimoré seigneur et
frère et de la Royne sa très bonnorée ,dame et mère ,
d'entendre audit mariaige, et que pour oster et eiïacer
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 275
rer; et si ladiclc dame Rcyne ne le voulloit
ainsy accorder et qu'elle feust entière en caste
résolution, (pic, la voyant ainsy ferme à cela,
je n'eslois pas d'advis qu'il dillérast d'accorder
ladicte entrevcue et d'y aller, après toutefois
les seuretez que vostre Conseil et le sien ad-
viseroient qu'il seroit besoing d'avoir premiè-
rement de ladicte Royne, qui est sa foy et
promesse qu'elle seroit à vous et à luy, non
seuUement verballement, mais par escript en
telle forme probante qu'il est requis, scellée
de son grand sceau et vérifEées par son Par-
lement, ou ainsy (ju'il apartiendra selon la
coutume d'Angleterre; et qu'estant tout cella
faict, pour la seurete' et déclaration ainsy
faicte d'y aller, l'on verra bien lors la volunté
d'icelle Royne; car sy elle désire cedit ma-
la sinistre inqiression que ladicte dame royne d'Angle-
terre avoit receue par faulx rapportz, il ne savoit rien
plus propre que les efl'eclz qu'il estoit prest de produire
et faire meciro en cest affaire, ayant sulTisant pouvoir
pour conclure, accorder et contracter ledit mariage,
voire s'il estoit trouvé à propos par parolles de présent.
trLes s" suz nommez dirent qu'ilz seroienl très aizes
de veoir la Royne leur souveraine maryée et qu'ilz sa-
voient qu'elle y estoit résolue, mais que lant de fois par
ry devant elle avoit esté déceue et mocquée soubz pareil
prétexte qu'elle avoit esté contraincle, pour ob\ier à
loute mocquerye, de faire solempnel serment et pro-
messe pubUcque et yrévocquable de ne parler jjIus ja-
mais de mariaige avec prince, quel qu'il feust, sans le
veoir; par quoy, premier que d'entrer au fait dudit ma-
riaige, ilz requerroient estre traité de l'entreveue des
persomies de sadicle Altesse et de ladicte dame royne;
et , après que ladicte enlreveue auroit esté arrestée, ilz ne
retl'usoient de négotier ouvertement le fait dudit ma-
jiage, lequel néantmoings ilz tenoient pour aciordé,
ne pensant que Monseigneur vouUust demander aidtre
cliose que ce qu'avoit esté accordé pour le Roy; toutef-
fois que en ces articles dudit accord y auroit qni'lque
chose rude ou dillicille, qu'ilz seroieut tous preslz de
l'adoucir ou interpréter ladicte entreveue accordée.
"Leur feusl remonstré bien amplement l'inconvénient
et danger [des] entreveues en toutes sortes, par infinies
raisons confirmées par auclorité et exemples tirés des
35.
276
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
riage, on s'en appercevcra à ceste beure )à;
aussy, sy elle ne le veult pas el qu'elle se soit
voullu servir de ceste négotiation à desseing,
elle Irouvera bienlosl le moyen d'acrocher
l'affaire, pour le faire départir de sa délibéra-
tion. Je luy esoript davantaige sur ce qu'il dé-
sire me voir quand je m'en retourueray vous
trouver et quel chemin je prenderay, aflQn
qu'il me vienne rencontrer; oullre cela j'ay dit
à celhiy qu'il m'a envoyé que je n'en savois
encores rien au vray, mais que je pense que
ce sera par le Languedoc et Lionnois, et que
je pensois qu'il seroit à propos qu'il veint
doncques à Moulins.
histoires les plus célèbres; mais pour tout cela ne feurent
esmeuz, ains pour conciuzioii dirent que c'estoit le but et
absolue résolution de iadicte dame royne, et qu'ilz n'y
pouvoient faire aultre chose.
«Ledit s' de Siniyer, [voyant] qu'ilz esloient là fermez,
el après en avoir parlé à Iadicte dame royne en cinq di-
verses audiences qu'il eust durant cinq jours consécutifz ,
ni' peult faire aultre chose sinon dire qu'il n'avoit pouvoir
pour traicler de l'enlroveue, ains seullement de la con-
cluzioM dudlt mariage, par ce, attendu que Iadicte lin
d'entreveue luy estoit oposée et que l'on s'y arrestoit,
qu'il en adverliroit Son Altesse, ce qu'il feist, luy faisant
entendre tout le discours bien au long.
trSon Altesse, congnoissant la gravité el sérieuze im-
portance d'un tel affaire, à l'instant qu'elle l'eust en-
tendu, délibère et conclud de n'en faire aucune aultre
résolution que celle qu'il plairoit an Roy et à la Royne sa
mère d'en faire et luy commander. Et à ceste fin dépes-
clia vers leurs Majestez pour les suplier très humblement
l'honorer de leurs advis et conseil, lequel, en cela el tout
aultre chose, il désire et proteste de suivre et observer
inviolablemeat.
ff.\'oublira ledit s' de Palerne d'estre résolu sur le fait
de l'entreveue, et sy Iadicte dame royue la trouve à
propos, qu'il luy plaise donner aussy son advis du lieu
et temps et de la forme; et surtout, (|ue c'est le plus
important, quelles seuretcz il debvra demander et avoir.
par ce que Iadicte dame royne d'.^ngleterre les offre
toutes telles que l'on trouvera luy estre possible de les
donner. 7)
(Bibl. nat., ms. fr. SSig, f 1= v°, copie.)
Ledit . . . . ' est de la Religion prétendue ré-
formée : aiant parlé à beaucoup de ceulx d'icelle
religion, principalement à Clervant, cela me
l'a faict aucunement observer, pour ce aussy
que c'est iuy qui a faict les principaulx voiages
d'entre mondit fils et ceulx des Estatz de
Flandres, dépendant fort de La ]\oue-, qu'il a
dit qu'il seroit bientost auprès de mon filz,
vers lequel il passeroit; mais que soudain il
seroit par deçà. Jenvoirai, incontinent après
que ledit sera parti de ce lieu, devers
mondit filz quelcung des miens, qui sera d'en-
tendement et à nous bienseuretfideile, lequel
l'yra veoir de ma part pour se rejoyr de son
retour de Flandres. Et, par mesme moyen, de
tout ce que je verray qui sera besoing et à
propos, je le prieray encores de toute affection ,
comme j'ay bien expressément fait par ma-
dicte lettre, qu'il me croye sur ses intérests
doresnavant, et il s'en trouvera bien (comme
aussy l'espère-je ) , s'il se veult ranger à cela,
et mieulx sans comparaison qu'il n'a fait du
conseil de ceulx qu'il a creuz jusques à ceste
heure. 11 fault que vous et moy l'envoyons
visiter souvent, et faire dexirement tout ce qui
se pourra pour empescher que ces brouilleurs
de province ne l'entreprennent : ils en font
desjà courir quelque bruit par deçà, où, ad ce
que j'enlendz, ils ont encores ces jours icy
envoyé des gens es maisons d'aucuns gentilz-
hommes, pour les attirer et faire joindre avec
eulx et forliffier leur nombre aux mescbants
et malheiireus desseings qu'ilz ont de troubler
' 11 y a là une ligne laissée en blanc dans le manuscrit.
- Ce doit être le célèbre François de La Noue, qui,
avant d'être le grand capitaine que l'on sait, négociait
à l'étranger pour le compte de ses coreligionnaires pro-
testants. — Voir la k thèse» de M. Henri Hauser, pro-
fesseur d'histoire au lycée de Poitiers, sur François de La
Noue (Paris, 189a, in-8°), et particulièrement le cha-
pitre IV relatif aux affaires de Flandres.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
277
le repos, soubs une l'auleo coiillour du bien
publicq, dont je ne double pas que niondit
fils le roy de Aavan-e n'ayt oy parler; car
à vous dire ie vray, Monsieur mon filz, tant
plus je voys en avant avec luy de ceulx de sa
religion (jui sont auprès de luy, tant plus je
fais mauvaise cslime de leur volunlé, voyant
leur façon de proceddor, pour ce que, quand je
pense avoir arresté quelque chose avec eulx,
à moings de tourner la main, je me trouve à
recommencer. Je me doublois que Icdict... .,
venant frescbement d'avec le prince d'Orenge,
ledit Cazimir et ceulz des Estatz de Flandres,
nous eust faict par deçà quelque mauvais of-
fice, qui l'pust cause de faire relarder les gens
icy; mais, ad ce qu'il m'a luy mesme dict et
asseure', encores qu'il soit ferme de la Reli-
gion et qu'il ayt tousjours esté employé pour
eul\, toutesl'oys il m'a asseure' avoir faict en-
vers ledicl Clervaut et autres tout ce qu'il a
peu pour le bien de la paix, et, s'il m'a dit
davanlaige, qu'il sait notamment que mon
filz le duc d'Anjou le désire en ce Royaume,
et qu'il le luy a oy dire fort souvent, qu'aussy,
oultre (pie c'est son devoir d'aimer le bien de
vostre service et estant bon serviteur de mou-
dit filz, il fera toujours tous bons ollices pour
vostre service et celluy de mondit fils, qu'il
m'a dict aussy savoir très bien estre fort ré-
solu de se conserver en voz bonnes grâces.
Je prye Dieu qu'il veille bien tousjours conti-
nuer en ceste oppinion; car, cela estant, vos
affaires s'en porteront mieulx, et verrez non
seuUement aller en fumée les desseings de
ceuLx qui veullent brouiller voz provinces;
mais aussy ceulx de ladicle relligion se con-
tiendront en paix.
Ce jourd'buy matin , sur le rapj)ort que m'a
faict le sieur de Piebrac, j'ay faict dresser
quatre articles, dont je vous envoyé le double,
de la résolution qu'il/, ont accordée, ensemble
d'une promesse parlicuUière, que je veulx
(ju'ilz me lacent, que Tore \ Chastillon, Ba-
coni, Fournier et aultres telles manières de
gens leur obéyront, comme vous verrez qu'il
est porté en ladicte promesse qu'ilz ont aussy
accordée. Mais mondit filz le roy de Navarre
m'est venu ce soir dire qu'ilz no pouvoient
commancer l'exécution de l'édit de vingt ou
trente jours, qu'il falloit à leurs députtezpour
aller en Languedoc affin de recouvrer pouvoir
pour consentir de retenir et garder seuUement
pour six mois les quinze villes, au nombre
desquelles ilz tiennent si ferme , qu'après avoir
sur cela fait ce matin derecbef opiner mou
cousin le cardinal do Bourbon et les aultres
s" de vostre Conseil qui sont icy, considérant
aussy que la longeur du temps est grande-
ment préjudiciable à voz affaires et service,
pour infinies raisons, et mesmement pour
garder qu'en ce commencement d'année ils
ne mettent point les doigtz à la ferme du sel
du Pecquais, dont ils tirent grand argent, ni
aussy à vos aultres finanses et revenu d'envi-
ron deux cens cinquante villes qu'ilz tiennent,
oultre les huict à eulx baillées par l'édit de
paciffication , comme vous verrez par la liste
que je vous en envoyé, je m'eslois condeseen-
due que, faisans dedans le premier jour de
mars prochain commancer et vacquer promp-
tement à l'exécution de tous les articles et
poinctz de voslredit édit de pacillication et
du contenu aux responses que j'ay laictes à
leurs remonstrances et réplicques, comme
vous avez veu que j'estois contente que èsdictes
quinze villes Ton dilférast à exécuter votredil
édit, pour le rojjard de la restilulion d'iielles
(juinze villes seuUement, escjuelles néant-
moings, ce pendant, il seroyl en tous les
' Tlioré, l'un (les Montmorency, frère du maréchal
de Dannille, ([ni lui constamment l'allié des proleslanls.
278
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
aultres poinclz exécuté comme il est porté
par iceUuy. Mais outre ladicte première diffi-
culté, qui est qu'ilz ne veullent poinct que
Ton commance à ladicte exécution jusques au
retour de leursdits députtez, oiî il couri-a
beaucoup de temps, ilz demandent encores
une chose trt's déraisonnable, qui est six cens
hommes qu'ils veullent qu'on leur paye pour
garder durant lesdits six mois lesdictes quinze
villes, sur quoy je me suis fort aigrye, comme
j'avois déjà ci-devant faict quand on m'es-
toit venu à parler de cela, contre mondit 6is
le roy de Navarre, le viconte de Tuienne et
Clervaut et aullres de sa religion qui estoient
avec luy, n'oubliant pas de leur représenter
que s'ilz mestoient des gens de guerre estran-
gers esdictes quinze villes, les catholicques
en vouldroient autant faire es lieux plus pro-
chains et ne vouldroient point rentrer en celles-
là avec raison, y voyant des gens de guerre,
et infinies aultres considérations que je leur
ay dictes du tort qu'ils se faisoienl; mais
voyant que l'on ne gaigne rien avec telles
gens, et après leur avoir remonstré plusieurs
raisons, qui seroient trop longues à vous dis-
courir icy, du tort qu'ilz faisoient non seule
ment à vostre service mais à eulx mesmes, et
que la longueur de la résolution de nostre
conférance vous est infiniment préjudiciable,
je leur ay, par l'advis de tous ceulx de vostre-
dit Conseil que j'ay ce matin pris, offert pre-
mièrement dix mil francz, et puis suis venue
jusques à douze; mais sur cela nous sommes
entrez en grande conversation, disant qu'ils
ont maintenant, oultro les vui" hommes que
leur avez accordés par vostredit édit, encores
pour le moings quatorze cens soldats estran-
giers et leurs capitaines, qui se paient à voz
despens des deniers de voz rentes qu'ils
prennent desdicles villes qu'ils occupent, et
aultres désordres qui se font en voz finances.
et me voulloient faire congnoistre une chose
(]ue je ne voy que trop bien à mon très grand
regret, qui est qu'ilz occupent et tiennent
quazy tout vostre revenu en beaucoup d'en-
droitz de ce gouvernement, et bien davantaige
et la plus part en celluy de Languedoc : ce qui
ne sera plus, rendant par eulx et exécutant
l'esdit en toutes lesdictes villes, comme il est
porté par ledit escript; de sorte qu'ilz de-
mandent pour lesdits six mois quarente deux
mil francqs, au lieu des douze que leur ay of-
lérts, disans qu'il leur fault sept mille francz
par mois pour le payement et entretenement
de ceulx qui garderont durant lesdits six mois
lesdictes quinze villes. Nous nous sommes sur
cela fort aigriz et n'en avons poinct faict de
résolution, car je pensois qu'ilz deussent ac-
cepter lesdits douze mille francs, aiant remis à
demain à nous assembler encore à sept heures
du matin pour faire une résolution du tout;
et sur une aultre difficulté, où nous sommes
encore accrochez, qui est que je ne veulx
(aussy n'est-il raisonnable) qu'au nombre
desdictes quinze villes qui leur seront délais-
sées seulement pour les six mois, il y soit
comprins aucunes des villes qu'ilz ont sur-
prinses depuis vostredit édit, mais ils insistent
fort là dessus à cause du Mur de Barrois en
Rouergue, qui est du nombre, et où Yolet
l'aisné est capitaine de beaucoup de brigans et
de meschans qui s'y retirent et font beaucoup
de mal. Hz tiennent si ferme à cela, que je ne
sçay encores qu'en espérer, et me pressent
d'aultre costé de faire envers vous qu'il vous
plaise le nombre des conseillers de leur relli-
[;ion estre esgal aux catholiques en la chambre
de la justice de Languedoc, que nous avons
advisé que se mettra à Lisle en Albygeois. Je
leur ay offert de vous en escripre, pourveu
qn'ilz rendissent ledit Mur de Barrois, et qu'au
lieu desdictes quinze villes, ilz se contentassent
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
279
par co iiioyon de quator/.p. Nous verrons ce
qui sVii pourra faire ledit jour de demain
matin, qu'il/ m'ont piomis d'estn^ à sept
heures en mon cabinet pour faire du tout une
finalle résolution, de laquelle je veux aller
communicquer, comme je vous ay escript, au
Port-Sainle-Maryo, où je faictz venir le s'' de
Joyeuze, président Dapliis et avocat Duranty;
le maréchal de Biron et aucuns des princi-
paulx gentilzhommes de ces pays y seront
aussy; mais j'ay peur qu'à cause du mariage
du s"' de Miossens et de la damoiselle du
Pont, qui se faict ledit jour de demain, je
ne puisse bien veoir mondit fils le roy de
Navarre; loulesfois je ne les laisseray pas en
repos.
Cependant je vous diray sur ce qu'il vous
plaistde m'escripre pour le faict de Provence,
que je me trouve bien empeschée à vous don-
ner sur ce conseil, jusques ad ce (]ue vous
ayez veu quel fruict on pourra recueillir de
la despesche qu'avez faicte par Truchenu. Le
sieur de Grillé s'en venoit devers raoy pour
me faire entendre les parlicuHaritez des
moiens que luy et les aultres qui s'estoient
entremis d'accorder les sieurs de Suze et de
Garces avoient tenuz, et Testât en quoy sont
toutes choses audit pais; mais il est demeuré
niallade en chemin, et d'auUre costé le grand
Prieur, (jue j'ay tant faict qu'il est sorti dudit
pais, est demeuré à Narhonne par faulle d'ar-
ijenl, me requérant continuellement par ses
lettres de luy voulloir donner quelque moyen
pour s'achever d'acheminer icy, mais n'en
ayant point, luy ay escript qu'il en emprun-
tast par le moyen du maréchal Dampville, et
((up je vous supplierois, comme je faictz bien
affectueusement, de luy voulloir faire don de
([uelque somme de deniers de laquelle il soit
asseuré pour le moings, s'il ne la reçoist
comptant, qu'il en sera bien payé, alïin que
sur reste espérance il ayt plus de moyen
d'emprunter : il vous plaira avoir souvenance
de me faire sur ce ung mot de responce, el
luy mander piirlicullièrenienl la requesle que
je vous en ay faicte et ce qu'il vous plaira
luy accorder. Priant Dieu, Mous' mon fils,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
l'îscript à Nérac, le samedy xxi" jour de feb-
vrier 1579.
1579. — 23 février.
Orig. D6p6l de ]a guerre, vol. VI , p. 33'i.
A MONSIEUR DE LISLE\
Monsieur de Lisle, voslre lettre du qua-
torzième de ce mois m'a esté rendeue , et vous
diray sur icelle que je scais assez vostre bonne
affection an service du Roy, monsieur mon fils ,
et à moy; aussy ne doubtay-je pas de vostre
bonne volunté. Ça a esté très bien faict à vous
de n'estre party de vostre maison, mais de
vous y estre teneu seurement , car certainement
il n'y a pas à présent grande seurreté à aller
par les champs en ce pays pour gens de vostre
qualité, mais demeurant de delà comme je
suis bien d'advis que faites, vous y pourrez
tousjours beaucoup faire pour tenir advertis
vos voisins de se garder des surprinses, sans
touttefois rien entreprendre quy puisse nous
troubler en nostre conférence, par la conclu-
sion de laquelle j'espère que bien tost la paix
sera estalilie suivant l'édict de parificalion,
ayant desjà bien commencé à résouidro les
' Le sieur de l'Isle était un des dix-neuf enfants de
Louis de Noailles et de Catherine de Pierre-Bus.siére.
Comme ses frères, François, évi'que de Dax, et Antoine
de Noailles, le niaiie de Bordeaux, il fut employé par
le roi à de nombreuses négociations. Catherine lui écri-
vait fréquemment. — Voir t. V des Leltrex, p. io6.
11/1, 1 i-T, etr.
280
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
moyens qu'il faudra tenir pour l'exe'cuter, de
sorte qu'ung chacun, avec l'aide de Dieu,
demeurera à repos. Je prie Dieu, monsieur de
Lisle, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à le xxiii° fe'vrier 1679.
Caterine.
1579. — 3 3 février.
Revue de Gascogne, t. IV. p. 'loo.
A MONSIEUR DE PANJAS\
Monsieur de Pangnias, nous avons, grâces
à Dieu, re'solu par la Gn de nostre conférence
toutes choses au bien de la paix et l'explication-
du dernier édit de pacification, comme je
désire nioy-niesme vous faire entendre et à
Messieurs gentilshomes d'ici autour, me déli-
be'rant daller pour cette occasion à Ageu, où
je vous pense trouver jeudy prochain, ainsy
que vous pourrez aussy estre auprès de mon
cousin le mareschal de Biron. Priant Dieu,
Monsieur de Pangnias, vous avoir en sa garde.
Escript à Ne'rac, le xxiu^ de febvrier 1679.
Signé : Caterine.
Et plus bas : Brulart.
1Ô79. — a5 février.
Orig. Bibl. oat. , Fonds français, n" 3ai8, t° ai.
AU S"^ DE DAMVILLE.
Alon cousin, j'avois envoyé' au Rov monsieur
mon filz, comme je vous ay cy devant escript,
la requeste qui vous fut présentée par aulcuns
(|ui se disoient consulz et conseillers ou prin-
' Ogier de Parclaiilan, clievalier de l'Ordre, seigneur
de Panjas, de Caslelnau, d'Eauze, baron de Pardaillan,
gouverneur de l'.Vgeuois.
- Vexplicatioii , sans doute : l'application.
cipaulx habitans de Narbonne pour changer
quelque forme de l'ordre que l'on tient à
l'eslection des consulz et conseillers de ladicte
ville; mais mondict S"^ et filz, considérant
l'importance de ce faict, n'y n voiillu toucher
sans premièrement oyr tout le corps de ville
et aussy le s' de Rieux, me mandant qu'il
désire qu'avec vostre bon advis nous com-
posions la difficulté, s'il y en a quelqu'une,
entre ledict s"' de Rieux et ceulx de la maison
consullaire dudict Narbonne, vous priant, mon
cousin, regarder ce qu'il fauldroit faire en
cella et préparer les choses , affin que quand
je seray par delà, qui sera, Dieu aydant, bien
tost, je puisse composer le tout. Cependant, je
prie Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Nérac, le xxv° jour de février
1679.
De sa main : La conférense ayst achevée.
Dieu mersis,et avons résolu l'ésécution entière
de l'édist. comme voyre's par la dépesche que
aurés si après.
Vostre bonne cousine,
GvTERINE.
1579. — a6 février,
archives de Rayonne, série AA, registre 90.
A MESSIEURS LES LIEUTENANT,
ESCHEVns ET GENS DD CONSEIL
DE LA VILLE
DE BAÏONNE.
Messieurs, jay receu la lettre que m'avez
escripte par le jurât Vulgaire, présont porteur,
et entendu de luv, selon l'instruction que vous
lui avez baillée par escript, tout ce qu'il m'a dict
de votre part pour les deniers qui vous seroyent
nécessaires pour parachever ce qu'il reste à
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
281
faire au Boueaull^ que aussi pour fermer et
fortiffier les deux coustés d'iceliuy, dont j'ay
ci devant cscript au Roy monsieur mon fiiz,
([uy m'a mande' vous y avoir pourveu , ayant
ordonne' que les levées que Ton a ci devant
faictes pour ledit Boucauit continueroient
jusques à tel lemps ot au prorata de ce qu'il
fauldroyt pour le parachever du tout, et aussi
pour bien fermer et fortiffier la ville de ce
couste' là. Quant à ce qu'il ma dict d'ung
nommé Bonifface . quy se eniremect des affaires
de l'Admiraulté de Guyenne sous mon filz le
roy de Navarre, j'espoire qu'il y sera pourveu
par ceulx qui yront exe'cuter l'édit de pacifi-
cation faict au mois de septembre mil cinq cens
soixante dix sept , lequel nous avons re'solu eu
notre conférance et sera exécuté de poinct en
poinct selon sa forme et theneur, et yront bien-
tosl par delà les commissaires qui sont pour
ce ordonnés. Cependant vous aurez l'reil ouvert
en votre conservation , suyvant ce que j'escriptz
au s'' de la Hillière . comme j'av dict aud' consul
Vulgaire, lequel vous fera aussi entendre la
volunté que je auroys d'aller jus(|ues en votre
ville, sy les affaires que j'ay en ce pais le re-
quèrent et le me peuvent permettie. Priant
Dieu, Messieurs, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript de Nérac, le xxvrjour de fév'' 1 679.
Caterine.
PlXABT.
' Voir, dans la Reme de Gascogne, f. IX (1868),
p. iSo, un article de M. Tamizey de Larroque sur Louis
de Foix, ingénieiir du roi, constructeur du trboucaun
de Bayonne dei578ài585, avec des lettres de Henri III
à ce sujet, et une étude beaucoup plus complète du
même auteui-, intitulée : Louis de Foix et la tour de Cor-
douan (.iuch et Bordeaux, i864, in-8°). — C'est en
1 579 que L. de Foix combla Tancien canal de l'Adour,
en creusa un nouveau , et aménagea le port de Bayonne.
Voir aussi les art. Adour et Foix [Louis de), dans la
(hande Encyclopédie , in-li°.
CiTUERIXE DE MÉDIClS. — VI.
1579.
26-38 février.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, n'* 33A5 , f" i6.
A MON CODSIN
LE MARÉCHAL DE DAMPVILLE.
Mon cousin, je n'eusse pas tant tardé à
vous faire rcsponce à vostrc dernière dépesche ,
n'eust esté que j'atendois tousjours que nous
eussions faict une résolution de nostre confé-
rence, laquelle, grâces à Dieu, nous avons
conclue, et arresté, conformément à l'édit der-
nier de paeiffication, les responces aux re-
in onstrances et requestes faites par les dépputez
de ceulx de la Relligion prétendue refformée,
et sommes résoluz de toutes choses, aiusy que
vous verrez par les articles secretz que nous
avons signez, desquelz je vous envoyé le
double, affin que vous saichiez tout ce que
nous avons faict, et que disposiez les choses
en vostre gouvernement pour ce faire observer
et garder, ainsy que je suis très asseurée que
vous ferez. Nous avons advisé (comme mon
fîlz le roy de Navarre et moy vous escripvons)
d'envoyer conjointement le s'' de Vérac^, de
ma part, ot le s' de Yolet, de celle démon dict
filz le roy de Navarre, pour faire publier la
cessassion de tous acles d'hostiililé, et taire
d'avantaige ce quilz pourront au bien de la
paix; j'ay particullièrement donné charge au-
dit de Vérac vous faire entendre de ma part
la délibération que j'ay d'aller passer en Lan-
guedoc, m'en retournant trouver le Boy mon-
sieur mon filz, affin qu'en passant je puisse
essayer de faire, s'il m'est possible, quelque
chose pour mectre en repos la Provence. Ce-
pendant, je vousdiray, mon cousin, cpie, sui-
vant vostredicte dernière lettre, j'escripviz au
Roy, mondit S"' et filz, et le requis vous gra-
' loacliim de Saint-Georges, seigneur de Vérac, d'une
vieille famille du Lyonnais, était un huguenot ami du
roi de Navarre. — Voir Lettres missives, I, p. 86.
.36
lU [-111111111 C ^.^ItlJ
aSâ LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
tifSer, ainsy que désirez, pour Beaucaire, du-
quel je m'asseure que vous aurez faict retirer
les troupes de gens de guerre et pourveu à
iceiles, comme je vous av dernièreuient
escript, qui me gardera vous faire ceste-cy
plus longue, si n'est pour vous prier encores
une fois de tenir la main ad ce q'ung chacun
en tout vostredit gouvernement obéisse au
contenu de la commission et instruction des-
dits de Vérac et aussy [de Yolet], qui vont
pour semblable effect du costé du bault Lan-
guedoc et de Lauraguais. Priant Dieu, mon
cousin , vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Nérac, le xxvi' jour de fé-
vrier 1579.
Mon cousin, depuis ceste lettre escripte, j'ay
receu les vostres par ce gentilhomme présent
porteur, qui est arrivé sur l'heure que je vous
faisois une dépesche pour le faict des requêtes
qui vous ont esté et à moy présentées, touchant
l'ellection des consulz et conseillers de Nar-
bonne, à quoy le Roy, moiiditS''et filz, désire,
selon ce qu'il m'escript, que vous et moy nous
employons à composer à l'amiable les différens,
lesquelz ne sont si malaise;! que n'en venyons à
bout. Dieu aydaul, comme je vous prie leur
dire à tous, et asseurer le s' de Rieux que le
Roy, mondit S' et fiiz, et moy, l'avons en tel
estime de bon et loyal serviteur et tel que
nous nous asseurons qu'il se conformera à
toutes choses raisonnables. Priant Dieu, mon
cousin , vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Nérac, le dernier jour de fé-
vrier 1679.
Mon cousin , j'ay, depuis ceste lettre escripte ,
reçeu la vosire du xxiiii" de ce moys par
fhomme du s"^ de S' Vidal, avecq l'autre qui
estoit dedans , de la perte du sel de Pequais , et
me suis servie de cella et des aultres parti-
cuilaritez de \ostredicle lettre sur nostre
résolution de conférance.
De sa main. — Nous avons tent fest que
nous avons achevé cete belle couférense', qui
m'a donné tant de pouine que je serès bien
marrye qu'ele feult ynutile, qui me fest vous
prier de tenir la meyn à l'exécution tent de
steure '-^ que de si à sis moys ^, cornent voyré
par les articles que je vous envoyré par celui
que je anvoy, pour fere ceser les armes.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
De la main du secrétaire. — J'ai retenu ce
gentilhomme présent porteur jusques à ce
jourd'huy 1111° mars, premier jour de Caresme;
encores ne vous puis je mander par luy ceulx
qui yront en Languedoc.
' Les articles de Nérac furent signés trie dernier jour
de février, l'an mil cinq cens soixante et dix-neuf» . Les si-
gnataires éUiient, en dehors de tr Catherine et Henrin , —
la reine mère et le roi de Navarre, — Boudiart, député
de Monseigneur te prince de Condé , Biron , Joyeuse , Lans-
sac, Pibrac, de La Mothe-Fénelon, Clermont, Duranli,
Turcniie, (îuitry, du Faur, chancelier du roi de Navarre,
Scorhiac, député de la généralité de Bordeaux, Yolet
et de Vaux, députés pour ie Rouergue, tous personnages
que nous avons vus figurer plus d'une fois dans la cor-
respondance de Catherhie de Médicis. Les vingt-sept
articles dont se composait cette sorte de traité furent
ratifiés par Henri tll à Paris, le i4 mars 157g. C'est
l'article xvii qui déterminait les villes de sûreté qui de-
vaient être laissées aux protestants ttd'ici à six mois".
Il y en avait trois en Guyenne et onze en l^anguedoc. Les
voici avec leurs indications géographiques modernes :
Bazas (Gironde), Puymirol (Lot-et-Garonne), Figeac
(Lot), Revcl (Haute-Garonne), Brialexte (Tarn), Alcl
(Aude), Saint-Agrève ( Ardèche), Bez (Gard), Bagnols
(Gard), Alais (Gard), Lunel (Hérault), Sommières (Gard),
Aimargues (Gard), Gignac (Hérault). Plusieurs de ces
villes ont depuis perdu beaucoup de leur importance.
- De steure, do celte heure.
' De si II SIS moys, d'ici à six mois.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
283
1579. — a8 février.
Orig. Archives de la viHe de Bcaueaire '.
AUX CONSULS, MANANS ET HABITAIS
DE Ll VILLE
DE BEAUCAIRE.
Messieurs, le s' de Convertis, ouUre ia
lettre que vous m'avez e'crite par lui, m'a faict
entendre amplement, comme aussi ay-je leu
par votre lettre, les grandes charges que vous
avés supportées, à l'occasion de ia surpriuse
et siège du chasteau de Beaucaire; à quoi je
m'asseuro que le Roy mon fils aura telle con-
sido'ration et estimera tant du bon debvoir
que vous lui avez faict en cela, qu'il vous en
faira telle gratification , que vous aurez grande
occasion de vous en louer. Vous asseurant,
(|up je vous on assisterai toujours envers lui
(le bien bon cœur. Cependant, puisque ledit
chasteau est, grâces à Dieu, maintenant ré-
duit en l'obéissance du Roy mondit sieur et
fils, j'escripts à mon cousin le maréchal
Dampville faire retirer et séparer les gens
de guerre, afin qu'ils ne soient plus à aucune
charge, et qu'il laisse seulement ce qui est
nécessaire pour la garde dudit chasteau , ayant
pour cet effect, mandé à la recepte générale de
Béziers de fournir, oultre les xii mille écus qui
ont esté déjà délivrés, encore vi mille écus,
espérant que ludille somme sutllra pour sa-
tisfaire auxdits gens de guerre, et aussi à ce
qui a esté faict par vous, ou en partie', à qui ,
' Registre des délibéralions, commencement de 1579.
- Le geiililhomme de Beaucaire, Roquefeuille de
Convertis, dont parle ia reine au commencemenl de
cette lettre, un des agents du marcclial de Damvilli'^
avait été le principal promoteur de l'émeute dans la-
quelle Parabère, gouverneur du château, lut tué le
7 septembre 1 678; Paul Baudunet ou Baudounet , lieu-
tenant du gouverneur, a\ait appelé les protestants à son
aide. (Voir plus haut, p. 07 et note 1.) La reine ainion-
jc dirai pour la lin de cette lettre, que de-
puis trois jours, nous avons commencé notre
conférence pour le faict de l'édict de pacifi-
cation, par laquelle nous prendrons bientost
une bonne résolution pour le bien de la paix
et repos des subjects du Roy mondit sieur et
fils, et je passerai bientost en Languedoc pour
la y voir établir. Priant Dieu, Messieurs, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
A Nérac, le dernier février 1679.
Signé : Caterine.
Et plus bas : PlNART.
1579. — ".S février.
Orig. Bibl. nat. , Fonds fraotais, n" 3.'U5, P ig.
A MON CODSIK
LE S' DE DAMPVILLE,
MARESCBAL DE FRANCB.
Mon cousin, comme avez veu par la dé-
pesche que vous ay faicte par le gentilhomme
que m'avez envoyé. Dieu m'a faict la grâce
(|ue j'ay conclud et arresté, conformément à
l'édit dernier de pacilEcatiou, les rcsponces
aux remonstrances et requestes que m'ont
présentées les depputez de ceulx de la Relli-
gion prétendue refformée, et sommes, mon
filz le roy de Navarre et moy, et eulx aussy,
résoluz de toutes choses, ainsy que vous
rait le i4 novembre à Convertis qu'elle envoyait à la
ïille 13,000 écus pour l'aider à se défendre et à pour-
suivre le siège du château, qui ne capitula que le 1 8 jan-
vier 1679. La ville avait été fort endommagée par le
canon de la citadelle : les pertes des habitants furent
estimées à 27,000 érus, que le roi, sur le conseil de
sa mère, ordonna aux États de Languedoc de rembomser
aux lîeaucairois; mais la somme ne fut jamais versée.
— Voir Nouvelles recherches pour servir à l'hisloire de
Beaucaire, par le chevalier de Forton. Avignou, ib36,
in-8°, p. 169 à 180.
36.
28^1
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
escripvous cns('inl)lempnt el <[iio venez par
la commission et inslriictioii i|u"en avons ex-
pédiée au s' deVénic, de ma part, et Taisne'
Yoiet, de relie de mon filz le roy de Navarre,
pour le bas Languedoc, re que je vous prie
l'aire garder el curienzenienf observer suivant
ledit édit de paciffication. Priant Dieu , mon
cousin, vous avoir en sa sainte et digne garde.
E.scripl à Nerac, le dernier jour de février
Vostre bonne cousine.
Caterine.
157'.). — "8 fi'ïiier.
r.opit' BiL'l. na(. . collection Dlipuv. ii" 3.'>ij . f' 77.
I A MONSIEUR IVVBAI\. I
L'abbé de Plain-Pied me a faict entendre la
grande all'ection de laquelle vous vous estes
employé' pour mes affaires et service ])articu-
lière de là. mesmes pour le procès d'entre
Madami» de Parme et moy, dont je vous sçay
infiniment i)on gré et vous prie de continuer,
ayant Id'il, par l'advis du s" auditeur Sera-
pliin, ([u'il ne s'y face à mon préjudice aucune
chose, et quand il sera besoing prendre conseil
el assistance, le s' cardinal Saincle-Croix m'est
tant affectionne' ([u'il y feia ce (|ui luy sera
possible, l'en remerciant et priant (piant et
quant de continuer par cesle lettre de bon
cœur, espérant ipie l'abbé de Plain-Pied s'en
retournera bientost par delà pour y achever de
poursuivre en ceila mes affaires', el ce ((ui
' M. d'Aliain ûorivait à la Heine, t.' '.'> mueiiilir'
1578 :
trLcs créditeurs commencenl désià à solliciter pour
continuer la poursuite du prieur de Votre Majesté. Mais
d'avdtant ipie je n"ay encores lieu aucune nouvelle de
son intention sur ce que i'alibé de l'Iain-pied lui en aura
pi-ii' faire entendre, je la supplie très innnMenient de
sera advisé parceidx de mon conseil, auxquels,
à vous dire vray , je m'en suis remise à v regarder
entre eux à Paris, oii ilz sont; car j'ay heu, de-
puis quelque temps, tant d'affaires pour ie bien
de la paix de ce royaulme, que mon esprit
n'Iia estétcntlu à aultre ciiose, pour estre aussv
ie plus grand bien que je puisse désirer, que
de voir ce royaulme paisible et à repos, comme
j'espère (]u'il sera doresnavanl, ayant, par la
grâce de Dieu, tant fait (jue l'édict de paciffi-
cation sera exécuté et la paix et repos establv
partout. Cependant, Mons' d'Albain, je vous
envoyé ung petit mémoire, sur lequel je vous
prie vous enquérir et regarder de me donner
advis le plus tost que vous pourrez de ce qu'en
apprendrez ; mais il est besoing que vous teniez
celia si secret que personne n'en puisse rien
entendre. Priant Dieu , monsieur d'Abain , vouï-
avoir, etc.
Escript à Nérac, le dernier jour de febvriiT
1679.
Sigiw : Caterine.
Et pluf: /'fls ; PiXART.
1570. — Février.
\ul. Bibl. nat. , Fuii'ls tran';ai-;. 11^ 33Si. f" 39.
A MA COUSIXE
LA DUCHESSE DUZÈS.
Ma comère, je suis à \érac très bien ve-
neue et reseue du meslre de la mayson, el
ver comensàmes à voyr les députés, que re-
ia me vouloir mander, allln cpie je puisse faire suisre ce
(|ui aura esté trouvé bon par son Conseil de par delà. Il
seroil tort à propos <|ue ledit abbé de Plain-pied relour-
nasl encore par deçà, pour parachever ladite poursnitte,
d'aidlanl qu'il e-t bien instruirt dudici faict, et de i'iiu-
nieurdes jurés ausquels l'on a allaire.-
(Ciiiq-n'iil^ de Cnlbert , o'iô, 11° ij'ii.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
sanble tous à des ministres ou à des osyeauix
que vous saves, car ysi je ne les auserès no-
mer par leur uou, mes vous mViitendés et je
vous entens, yl i a quarante iiaus de bonne
mémoyre; j'espère que tout yrè bien et au-
ront feyst dan sinr au sis jours : je vous men-
dere' lours que ce serè de tout. Je me trove
encore un peu mal de ma meyn, et prendre'
encore samedi prodjeyn médesine, que j'es-
père m'achèverè de guérir, je trove que tout
s'acomode ysi fort bien et ayst-on plus joyeuse
que quant vous eun alates, non que je ann
aye ceu d aventege de Taucasion non plus que
de la trystèse; je vous" prie, cervé vous de la
lelière et de tout cet que je ay, car je an seré
tous jour très ayse. Mendé moy ynconlinent
que aurés veu le Roy et la Royne de leur no-
\ elles : je vous porte grent envye que ayés plus
tost que moy cet byen. Je m'en voy achever
les caye's, adieu ma comère.
De Nérac^
Vous conesé la mayn de la plus seure amye
que aurés jeaniès.
1579. — 28 février.
Orig. Bibl. nat. , Fonds français, n' 33iâ , ^ 5i.
A MON COUSIN
LE S' DE DAMPVILLE,
UABBSCUIL DE FBA^CE.
Mon cousin, nous avons, grâces à Dieu,
résolu et arresté, par l'advis des princes et
s" du Conseil privé du Roy, après avoir aussy
ouy les remonstrances de ceulx de la Religion
prétendue réformée, les moyens qu'il faut
tenir, tant pour faire cesser tous actes d'Losti-
lité que pour l'entière exécution de l'édit de
paciflîcation faict et arresté au mois de sep-
' La lettre est sans date; mais elle a évidemment été
écrite à la fin de février, après l'ouverture des conférences.
tembre mV^lxwii. Et, en attendant que ceuix
qui sont députez pour ladicte entière exécution
de l'édit soient sur les lieux, nous avons advisé
d'envoyer conjoinctement cependant en Lan-
guedocq les s" de Vérac et de "Yolet , présens
porteurs, au bas-païs, et les s" de et
de au bault-païs, leur ayant faict ex-
pédier commission et iustruclion pour aller
dénoncer, advertir et faire publier partout
cette bonne résolution, et par mesme moien
faire incontinant cesser tous actes d'hostilité,
remettre en liberté tous prisonniers à l'occazion
des troubles, sans païer aulcune ranson, et
aultres particularitez portées par leurdicte
commission. Le contenu de laquelle vous
prions tenir la main ad ce qu'il soit incontinant
publié à son de trompe, en l'estendue de
vostre gouvernement, es lieux accoustumez à
faire cryz et proclamations, aCn que personne
n'en puisse pnîtcndre cause d'ignorance ', et
tenez la main à ce que chacun y obéysse et le
suive de poinct en poinct. Priant Dieu, mon
cousin . vous avoir eu sa saincte et digne garde.
Escript à Nérac, le dernier jour de febvrier
1579.
Vostre bonne cousine et cousin.
C\TERiNE. Henry.
1579. — 38 février-4 mars.
Copie. Bibl. nal.. Fonds français, n^ SSig, f* 5 r" '^
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, vous aurez, veu en la
dépesche que vous ay faicle par le jeune Mau-
visière les grandes contestations où nous avons
' C'est, comme on voit, une sorte de circulaire otli-
cielle, signée à la fois par la reine mère et par le roi de
Navarre.
- En lilro : ttKiivoyéc au Roy par le s' Camille Forré.n
286
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
esté durant nostre conférance, aussy bien vers
la fin qu'au commencement, et en quelz termes
nous en estions encores lundy dernier qu'il
partistd'icy; depuis nous n'avons quasy cessé,
au matin et après disner et jusques à la nuict,
de vacquer ensemblement et séparément selon
que les occazions et difficultez se sont pré-
sentées sans aucune intervalle durant ce
temps là. Nous nous sommes assez de fois
veu quazy communs d'accort, et, incontinant
après, il se présentoit quelque occasion nou-
velle qui nous remettoit en plus grande diiS-
culté et alterquacion qu'auparavant, de sorte
qu'il est advenu souvent, et quasy tous les
jours, qu'après avoir bien travaillé et contesté
avec grande peine et labeur et infinies crieryes
de part et d'aullre (dont j'avois la teste conti-
nuellement tant estourdye et rompue durant
ce long temps de nostredicte conférance que
je m'esbahys que n'en ay esté mallade), nous
nous trouvions sans avoir rien l'aict, se présen-
tans de nouvelles difficultez le lendemain sur
ce que je pensois estre arresté. Nous sommes
demeurez huict ou dix jours ainsy. Ce pen-
dant, estant le maresclial de Biron, suivant ce
que je luy avois escript, retourné au Port-
Saincte-Marye, oiî je l'a vois faict revenir, et y
estant aussy arrivez le sieur de Joyeuse et
l'advocat Duranty (je feyz que niondict Glz
le roy de Navarre leur escripvist et les pria
de venir icy au mercredy au matin), et après
disner, ilz vaquèrent avec nous à reveoir par-
ticulièrement tout ce qui avoit esté esbauché
et où nous en estions demeurez : sur quoy
chacun deulx donna son advis. Hz s'en re-
tournèrent ledict jour de mercredy couscher
audict Port-Saincte-Marye par ung fort mau-
vais temps, durant l'éclipsé qui se feif se jour-
là et une grande pluye (de sorte que ledict
sieur de Joyeuse en fut mallade la nuict), et
n'y eut que ledict uiareschal de Biron qui
veint jeudy et fut présent le matin et i'après
disnée en nostredicte conférance, dont il
veit l'opiniastreté des députez et comme mon-
(iict filz le roy de Navarre, le viconte de Tu-
renne, Guitry et Lezignan qui sont près de
luy ne suivent que ce que dient lesdictz dé-
putez, aussy ne fault-il pas doubler qu'ilz ne
se concertent bien, avant que venir avec nous.
Vendredy, lesdictz sieurs de Joyeuse etadvocat
Duranty sont encores venuz et ont esté pré-
sens à la lecture de tout ce qu'avions fait, et
après, suivant l'opinion de tous, avons, grâces
à Dieu , résolu et signé non seullement les ar-
ticles particuUiers , qui est ce qui nous a tenu
le plus, mais aussy les responces faictes à
leurs remonstrances et requestes, dont je vous
envoyé le double. Lesdictz députez ont vouUii
que mes responces sur leursdicles remon-
strances et requestes ayent esté à part en
forme de résultat, et requièrent voz lectres
patentes y estre attachées et ausdictz articles
particuUiers. affin que cela soit enregistré
aux parleniens es Chambre de la Justice : il
vous plaira doncques les envoyer. Je croy
qu'ilz veuUent ceste forme expressément affin
que l'on ne voye leurs requestes et demandes
esditz parlemens; car aussy sont elles trop
extraordinaires et voyant qu'ilz se sontrenduz
ainsy opiniastres à cela, aussy que vous n'y
avez poinct d'inteiest, je leur ay accordé que
l'on tiendra et suivra ladicte forme, comme
verrez qu'il est porté par lesdictz articles
particuUiers. Camille, présent porteur, vous
saura bien particuilièrement et au long re-
présentée infinies autres choses qu'il a veu
qui se sont passées d'une part et d'aultre du-
rant nostredicte conférance, qui seroient trop
longues à vous discourir; seulement vous diray
que nous avons aussy dépesché par tout pour
fayre cesser tous actes dhostillité, y aians
esté envoyez les personnes que verrez par le
LETTRES DE CATH
mémoire qui sera aussy cy enclos, a^ec uny
double de la forme de leurs coniinissions et
instructions. Je vous envoyé aussy les noms
de ceulx qui demoureroat dedans les quatorze
villes, et vous asseure que, en ma présence,
je feray commencer à exécuter, dez que les-
dictz articles seront signez, en ce gouvcrne-
nenient, vostre édit do paciiïicatiou. Ce pen-
dant, pour y préparer ung chascun, j'espère
aller le deuxiesme ou troisiesme de Caresme
oouscher à Agen, oiî j'ay mandé à la noblesse
des séneschauisées d'Agénois et de Couduni-
moys et aultres d'icy, autour des principaulx
qui ne sont desdictes séneschauisées, venir
audict Agen, affin que je puisse parler à eulx
tous et leur fayre entendre la résolution de
nostredicte conférance, qui est principallement
l'exécution de vostredict édict du pacillîcation,
et n'oublieray rien de ce qu'il leur faudra dire
à tous eu publicq et à quelques ungs en par-
licullier, afSn que chascun se dispose à cela,
comme j'espère que les ungs et les auUres
feront et que ceste fois icy nous aurons ung
grand fruict de noz labeurs, en sorte que
bien tost, au lieu que l'on tenoil tous ces païs
de deçà déplorez, quand j'y arrivay (comme
de faict ilz estoient et vous puis dire et as-
seurer, Monsieur mon fils, que sans ma pré-
sence el patience le feu de la guerre s'y allu-
inoit jilus que jamais), la paix, repos et union
s'y eslablira, et v veira-on de bref, Dieu av-
dant, tous vos subjectz vivre en repos et le-
dict païs bien remis, comme aussy en espé-
ray-je fayre le semblable en Languedoc, où
je maciiemineray et prenderay le ciicmin de
mon retour devers vous, après que j'auray
faict establir en ce gouvernement de Guyenne
tout ce que j'auray peu, mis et donné l'ordre
qui y restera à faire, affin que quand j'en
partiray, tout y soit bien comme j'espère le y
laisser, volant desjà fort bon commancemeni
ERINE DE MEDICIS. 287
en la réconciliation dudict mareschal de Biron
et de mondicl filz le roy de Navarre, qui le
pria el feil diner vendrcdy dernier avec luv,
([ui me donne bonne esjiérance qui se rabieu-
neronl '.
Cependant, Monsieur mon filz, j'accuseray
la récejition des deux despescbes qu'il vous
a plu de me fayre des xiii et wii"'"" de ce
mois, l'une par de Pauge, de Thoulouze,
qui arriva icy mardy, et l'aultre par Jacques
le courier, ayant suivant la première; envovay
vostre lectre au sieur de Mousseron, auquel
j'ay aussy escript affin de le persuader de con-
tinuer la charge qu'il a à Condom, mais je
ne seay encores s'il le vouldra fayre, ainsy
que lesdictz aultres geiitilzhomuies voisins
i|ui ont esté nommez comme luy, pour y eslre
chacun en leur rang et tour de mois en mois,
luy en pourroient porter jalouzie. Toutesfois
je verray (estans tous, comme je pense qu'ilz
feront, ledict jour de dimanche prochain au-
dict Agen) d'en fayre une résolution pour
mettre du tout bien à repos ladicte ville de
Condom. Je suis aussy après pour fayre osier
Dinans de Périgueulx; et vous asseure que je
feray tout ce qui me sera possible pour y
fayre mecire quelque homme de bien et
reigler les choses en ceste ville-là, de sorte
que les inimitiez ne soient plus cause, coriinie
elles ont esté, de nourir le mal (|ui y est, non
seuUenient entre la noblesse de l'une et de
l'aultre relligiou et les habitans, mais pariiiy
ceulx de la justice. J'en ay tant cryé que le
viconte de Turenne s'est rangea permectre,
comme il a faict, de fayre prandre ceulx ([ui
oui faict tant de maulx de leur cosié devers
Périgueulx. Je luy ay aussy permis de fayre
prandre ceulx ((ui sont du nostre poui' en
' ItabiéiuT, léinc'ltio dans le lion clicmiri, amélioicr.
[Dicl. de l'uncieiniL' liini'ue fraiinaise , p:ii- l''i'éili'ric Go-
d.-lroy, 1. VI, 1889.)
288
LETTRES DE CATH
fayre favi'c justice. \ous avons accorde cela
ajirès avoir eu lieauroujt de |)ririses ensemble;
car je me suis senlue (sic) jiicquée de la pro-
messe qu'il ni'avoit faicle au Port-Saincte-
Marve, et encores depuis en ce lieu, que je
serois bien tost contente; et néantmoings ils
m'ont tenu ung mois à ne cesser de me tour-
menter tous les jours. Je l'eray tout ce qu'il
me sera possible pour ledict Perigueulx. prin-
cipallement pour les Catliolicpies, affin (ju'il
y ayt ung aultre gouverneur homme de bien;
car je croy (jue tout de'pend de là.
.l'av rcceu les requestes (jue m'aM'z ren-
voyées touchant le consultât cl coiisedlerves
de Narhonne; sur quoy j"a\ laid au mares-
clial de Dampville, au sieur de Uieux. e! aux
consul/, dudict Narbonne une bien ample des-
pesche conforme à ce ipie me mandez; et ne
faudray envoyant devers mon lilz. le duc d An-
jou, comme je h'rav dedans deux jours, de lu\
cs(ri|ire bien expressément el si à jiropos
pour le lait de ce mauvais garçon du Boni;;.
(|ue je ne laiz double (piil ne suive en cela
vostre advis et le mien (|ui sont conformes,
.len av |)arlé à ma lille la rovne de Navarre,
ipii est aussv, à ce qu'elle m'a dit, bien déli-
bérée de luy Cil escripre de mesme. Ce pen-
ilant je vous dirav (jue j'avois desjà bien sceu
(aussv vous 1 av-je ces jours passez escri|)t)
les mauvais ollices (ju'avoit l'aitz à Bourdeaulz
le personnage que me nommez en vostredictc
lectre, dont je feuz infiniment esbahye et en
receuz extresinc di'|daisir. Je ne tardev piiinct
à V pourveoir et leiz à l'instant, qui fut le
premier jour de Icbvrier dernier passé, des
dépesclies audicl Bourdeaulx, au sieur de
Sanssac, à la court de l'arlement. aux jnialz
et piirticnllièrement à ceulx (pie je sça\ esire
all'ectionnez à vostre service, desquelles des-
pesches je vous envoyé ung double en forme,
et vous asseure ([uc cela servyl beaucoup à
ERINE DE MEDICIS.
destourner et oster les opinions de ceulx (jui
avoient esté imbuz de ces faulx bruictz, sur
lesquelz il y en a beaucoup d'aultres,niesmes
de ceulx (]ui vous sont les plus obligez, les-
quelz font encores de très mauvais et dange-
reux otTîces; mais j'es|)ère que lestablissement
de la paix et la bonne intelligence d'entre
vous et mondict filz le duc d'Anjou, el aussy
le i;rand soing que je veov qu'avez de voz
affaires au bien de vostre peuple feront que
tout cela s'en yra en fumée.
Ledict jour de jeudv au soir arriva le Cou-
rier Hambrelin, avec les lecfres qu il \ous a
pieu m'escripre de d'Olinville de vostre niain,
et aussv au inareschal de Biron, auquel je
n ay voullu bailler celle que luv adressiez, pour
ce que levoiant en bon train à m'aider à fayre
la résolution de nostredicle conférance, je crai-
gnois qu'il s'altérast. comme il y est assez aizé,
et pensast, pour ipielquc mot que estoit en
vostre dicte leclre. ([ue je la luy eusse faict
escri|)re. H se plainct lousjours du peu debien
que vous luv l'aides el du peu de moyen que
luy donnez de continuer les dépenses (ju il faict
pour vostre service. Il est, comme vous savez,
fort grand dépensier, et croy que, pour le
contenter, il vouidroif que luy feissiez don de
beaucoup plus grande somme ([ue je say que
voz all'avies ne le peuvent permectre. Toutes-
fois, je vous prie le gratiflier de ce ([ue vous
verrez que pourrez fayre jiour luy, affin (ju'il
ne se plaigne plus tant qu'il faict, et ([u'il n'ayt
poind dexcuze de vous bien servir en ladicle
exécution de vostre édict de paciUicatiou.
Et cependant je vous diray, pour le re-
gard des afi'ayres deProuvence, qu'elles sont
lousjours bien mal, et ne sçay si les despesches
qu'y avez faictes par Toucheau et par le sieur
de Grignan y serviront de quelque chose.
J'ay encores ces jours icy escript à tous, et au
cardinal dAiniaigiiac aussy, et encores prë-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
289
sentemeiit loiir niiz-je une despesche, par la-
quelle je les advertiz de la résolution de nostre
conférance au Men de la paix, les admones-
tant et exorlanl par toutes les raisons et per-
suasions que je puis pour y l'ayre cesser les
armes , et les asseure que bien tost je y yray
passer. Je ne say si cela y servira; et si ce
n'estoit qu'il fault nécessairement que j'at-
tende en ce gouvernement le retour des dé-
putez de Languedoc, qui parlent présentement
pour aller porter à ceulx qui les ont envoyez
ce (juavons résolu en nostredicte conférance,
affin de l'agréer, pour ce quilz dieut quilz
n'avoient aucune charge de rien conclure que
Ton ne leur jaissast toutes les villes qui re-
mettent, et aussy que je congnois qu'il est fort
nécessaire pour le Lien de vostre service que
je veove comniancer à bon essienl l'exécution
de voslredict édict et de tout ce que nous
avons faict en ces gouvernemens, je m'aclie-
minerois plus losl que je veoy bien que
ne pourrav pas l'ayre par ledict coslé de
Prouvence. Lesdiclz députez de Languedoc
prennent ternie deuviron ving-cinq jours
pour aller et pour venir, pendant lesquelz,
pour ce qu'il fauldra que je séjourne par deçà,
je suis en quelque opinion d'aller après que
j'auray veu cesle noblesse à Agen, jusques à
Bavonne, passant par le Mont de Mersans,
Tartans 1 et aultres lieux, où mon fils le roy
de Navarre et moy ferons exécuter l'édit,
pendant que ledict mareschal de Biron et le
viconte de Turenne avec luy, s'il est possible
(combien (juc ledict viconte en face grande
difficulté), yront faire exécuter vostredict édict
en tous les aultres endroictz de ce gouverne-
ment. Si je faiz ledict voiage de Bavonne, je
ne me retarderay guères, pour ce que de là
' Tartans, Tarlas, chef-lieu de canton de l'arrondis-
seuienl de Sainl-Sever (Landes).
Catiiebim. de Méoicis. Tl.
j'vray droit à Thoulouze. Ledict petit voiaige
de Bavonne ne seroil pas infructueux; car je
passerois à Dacqz et à Sainctc- Sévère, où
sans bruict Je pourrois, comme aussy audict
Bayonne, esclarcir les ]>raticques et menées
dont Sainct-Gouard vous a cv-devant cscript.
Escri|)t à -Xérac, le samedy dernier jour de
febvrier 1579.
Monsieur mon Clz', je pensois que dez
samedy dernier nous deussions signer noz ar-
ticles, comme il est déclaré en ceste despesche;
mais quand ce fut à faire la lecture d'iceulx
qui avoil esté mise au net, selon ce (|ui avoit
esté résolu pour la dernière fois, ils vouiloient
encores.y changer quelques motz; el pour
ceste occasion, lesditz articles furent eucores
remis en leurs mains, demeurant néantmoiugs
résolu quilz seroieiit signez dudicl jour de
samedy dernier, pour ce que les six mois com-
mencent pour les villes de Guyenne le pre-
mier jour de ce présent mois de mars. Ledict
jour de Dimanche, ilzfeirenl leur cène, de sorte
que nous ne peusmes nous assembler qu'après
soupper. Ils apportèrent le mémoire de ce
qu'ilz vouiloient changer sur iesdictz articles.
Sur quoy nous entrasmes en plus grandes et
aigres contestations que n'avions poinct en-
cores faict, et deraeurasmes jusques à minuict
passé avant que nous accorder desdiclz mois
qu'ilz vouiloient chauger; et hier, qui feut
lundy, au lieu que nous pensions que Iesdictz
articles deusscnl estre signez, ilz revindrent
à leur première opiniastreté, quilz ne pou-
voient rien qui soit layre, s'ilz n'avoient la
chambre mi-parlye en Languedoc, de façon
qu'après avoir eucores disputté trois heures
sur cela, nous feusmes de rechef près à
rompre. Il se feist là dessus, les jours précéd-
Eri lilro: - l'oslscripti (f° 7 v°).
S7
lUPntUEUlL KiTIQNALC.
290
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
dentz et ledicl jour d'hiei- qui fat lundy, di-
verses ouvertures et entre aultres que, s'ilz ne
se vouUoient contenter en ladicte chambre de
Languedoc de deux conseillers de ladicte relli-
gion , oultre le nombre porté par vostre édict ,
et qu'ilz voulkissent avoir ladicte chambre
mipartye, qu'il falloit doncques que vous pris-
siez les présidens et conseillers catholicques à
la court de Parlement de Thoulouze, disant
quelques uugs de vostre Conseil par ce moyen
que ce seroit, comme il est vray, beaucoup
d'espargne pour le pais de Languedoc, qui
aura à porter les fraitz de l'entretenement de
ladicte chambre, lesquels ne seroient pas à
beaucoup près si grandz, prenans des prési-
dens et conseillers catholicques eu ladicle
court de Parlement de Thoulouze, que les fai-
sans venir du Grand Conseil; mais cela na
servv que de nous mectre encores en plus
grande contestation, d'autant qu'ils ont ceulx
dudict Parlement de Thoulouze i'ortz suspectz:
en fin nous re'soiumes que cela demeureroit
indécis; mais lesdictz députez lors déclarèrent
qu'ilz avoient charge si expresse de ceulx qui
les ont députez de demander ladicte Chambre
estre mipartye, que si je ne le leur accordois,
iiz ne pou voient signer lesdictz articles et
qu'il falloit premièrement qu'ilz s'en retour-
nassent fayre entendre en leurs provinces la
difficulté que l'on leur faisoit et l'offre desdictz
deux conseillers, pour veoir s'il/, i'accepte-
roient; et cependant que mon Clz le roy de
Navarre et ceulx de sa relligion qui sont auprès
de luv, comme le viconte de Turenne, Guitry,
Lezignan et aultres, signeroient avec moy les-
dictz articles, et que l'on feroit cesser partout
tous actes d'hostilité et exécuter entièrement à
la Guyenne le contenu d'iceulx articles et de
vostredict édict de pacifficalion, et que je vous
escriprois non seuUement pour lesdictz deux
conseillers de leurdicte relligion, que leurs ay
accordez soubz \ostre bon plaisir, mais aussv
pour deux aultres qu'ils demandent encores,
affin de rendre le nombre de conseillers de
ladicte relligion égal aux catholicques, com-
bien que je leurs eusse tous ces jours icy bien
fait congnoistre que, s'ilz me pressoient tant
de vous escripre desdictz deux derniers, que
je le ferois par manière d'acquit et non pour
le vous conseiller. Lesdictz députez de Lan-
guedoc, principallement ung nommé Pignol-
let, sont demeurez opiniastre? et n'ont vouHu
signer lesdictz articles, pour ce qu'ilz dient
que leur charge et commission est expresse
pour demander ladicte chambre mi-partye,
m'ayans toutesfois dit de bouche qu'ilz feront
leur devoir de représenter à ceulx qui les ont
députez les ouvertures qui eut esté sur ce
faictes en nostredicle conférance, comme il est
cy devant déclairé, et qu'ilz en feront tout ce
qu'ilz pourront pour m'en donner contente-
ment, quand ilz me viendi'ont retrouver. Par
ainsy, Monsieur mon filz, je vous pi-je ne
laisser de fayre expédier, suivant le dernier
des articles qu'avons signez et dont je vous
envoyé le double coUationné, des iectres pa-
tentes en forme de déclaration, pour acellérer
et faciliter l'exécution de vostre dernier édit
de paciffication , lesquelles il vous plaira en-
voyer à voz parlemens pour les enregistrer
seuUement, puisque ce n'est que déclara-
tions; mais il faudra aussi les envoyer incon-
finent, fayre publier aux bailliages et sénes-
chaulsées, sur les exemplaires qu'il vous
plaira commander en estre imprimées. Ce-
pendant, j'ay faict ce jourd'huy publier en ce
lieu à son de trompe et ay envoyé publyer
partout le contenu du mémoire qui sera enclos
en ce pacquet.
Escript audict Nérac, le iir' mars 1079'.
' Nous avons trouvé dans un volume des Cin/j cents
de Colberl le texte de rnlnslructioni donnée par Catbe-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
291
Monsieur mon filz', enrores depuis reste
lectre escripte, nous nous sommes assemblez
ce matin, mon Glz le roy de Navarre et moy,
tous ceuix de vosfre Conseil qui sont icy et
les d(?putez présens, et avons l'aict le mémoire,
dont je vous envoyé le double, de tout ceuix
qu'avons ordonnez et qui partiront inconti-
nent, non seullement pour faire cesser tous
actes d'bostillité et fayre mectre en liberté tous
prisonniers de guerre, sans payer rançon,
mais aussy pour exécuter par niesme moyen
du tout vostredict édict de paciffication, el
avons encores fort et ferme debatu pour la-
dicte Chambre de Languedoc, laquelle je leur
ay accordée soubz vosfre bon plaisir mi-partye,
pourveu que de six conseillers catboliques les
quatre feussent du parlement de Thoulouze.
Ledict Vignolles opiniastrement n'a voullu
consentir (ju'à trois dudict parlement et trois
aultres du (irand Conseil. Il ne s'en est rien
résolu, estant demouré cela indécis, et suis
partye cesli; après-disnée dudict Nérac et ve-
nue coucher en ce lieu-, espérant estre demain
à Agen, avant toutesfois laissé le sieur de
Piebrac audict Nérac, pour ce que lesdict/,
députez de Languedoc se dévoient encores as-
sembler, sur cela qu'ilz tiennent que ceulx qui
les ont envoyez auront agréable et ne dillere-
ront plus ce pendant, à mon advis, de signer,
comme les aultres députez de Guyenne,
lesdictz articles, que pour cest effect Pinnrt
a laissez es mains d'un de ses gens, qui
est demeure' auprès dudict sieur de Piebrac;
et, quand ilz ne les vouidroient signer, il
ne fault laisser de fayre expédyer \osdicles
lectres patentes et de les envoyer partout
l'ine de Mwlicis, le 3 mars «îivg, aux jjenliUlionimes
chargés de faire exécuter les résolutions de la conférence
dans les diverses villes. — Voir à VAppmdice.
' En litre : f .\ullre poslscripln (fol. 8 v°).
^ Port-Sainle-Marie.
publier, car il n'y a plus aucune difficulté et
en sommes d'«ccord de paît et d'aultre; ainsy
que ce qu'il fauldra expédier pour fayre la-
dicte Chambre mi-|)artye au lieu qu'elle est
tripartye : ce sera pour une expédicion à part
([ui se fera sui' une requeste, que nous som-
mes d'accord que lesdictz de la Relligion de
Languedoc vous présentent. Je vous envoyé
les noms des gentilzhommes qui auront la
charge des un villes de Guyenne et des trois
du hault Languedoc. Mais quant aux huict
du Bas, ils ne les m'ont point baillées encore.
Il vous playra m'envoyer les vu commissions
remplyes des noms que verrez audict mémoire,
et les aultres huict en blanc, qui fault fayre
suivant le xix™' de noz aiticles, et le serment
que j'ay délibéré de leur fayre fayre selon le
mémoire que je vous en envoyé. Je vous en-
voyé aussy les noms des quatre conseillers de
la Relligion (|ui furent, il y a desjà quelque
temps, nommez par mondict filz le roy de
Navarre, et par vous agréez. Il vous plaira
aussy commander leurs lectres de provisions
et les me fayre aussy, s'il vous plaist, envoyer.
Escript au Port-Saincte-Marye, le mer-
credy au soir, iiii'"" mars i^Yg.
J'espère estre à Castelnaudarry le xxii^'de
ce mois, m'aians lesdictz députez de Langue-
doc aussy promis qu'il y seront de retour, de
sorte que, bien tost après, je prenderay mon
chemin par le Languedoc, pour m'en retour-
ner vous trouver. Il sera aussy besoing que
vous m'envoyiez, s'il vous plaist, les commis-
sions en blanc pour ceulx qui sont substituez
à tousjours de vos provinces et advocatz géné-
raulx en ladicte clianibre de Languedoc, et
pareillement des commissions en blanc pour
les conseillers ([ui se pourront prendre au Par-
lement de Thoulouze.
37.
292
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICÏS.
1579. — [3 mars].
.'\ut. Bibl. nat. , Fonds français. n° 3887. f' 18.
A MADAME LA DUCHESSE DUZÈS'.
Ma comère, je croy que vous aysteis arivée
alla bonne vyle en la mvHeur conpagnie que
sarie's aystre. Je voldrès bien y estre aveques
vous; mes j'espère que se sera bien test, car j'é
aclicvé et ay fayst mentir à mon avys beau-
coup de jeans, car j'é fayst cet que l'on ne
pensèt pas. Dieu en souèt loué, car saii lui je
n'en feusion jeamès veneu à but. Cet m'avés
veu tormente'e, je ne l'é pas aysté moyns de-
' Le litre exact est : A ma cousine lu duchesse d'Usés.
De son côté, ia reine de Navarre écrivait à la duchesse
d'Uzès, qu'elle appelait toujours ma sibille :
trie vous diray que l'exlresme regret que j'ay de
voslre absence est plus tost par le temps augmenté que
diminué. La conférence est tort avancée; j'en espère
tout bien, pour ce que je le désire : dans trois ou quatre
jours vous en saurez l'entière résolution, qui est plus
tosl que l'on ne pensoit. Tenez -moy tousjours en la
bonne grâce du Roy et en celle de la Royne par vos
lettres; car je me suis bien aperçue des bons offices que
m'y aviez faicts, le lendemain que fusles partie. Je luy
parlay tout ainsy que l'avions résolu; et elle me fit
tant d'honneur, et me donna tant d'asseurance de sa
bonne grâce que je m'en estime très heureuse, et \ous
en ay toute obligation. Je suis résolue de luy faire tout
le service qui sera en ma puissance, en ce qui no con-
treviendra à la grandeur et conservation de mon mary,
car j'ay trop d'inlerest à son bien et à son mal; mais
pour luy conseiller et luy persuader la paix, et pour faire
qu'il se conforme aux volunlés du Roy et d'elle, en ce
qui sera pour le repos et tranquillité de cet estât, croyez
que je le feray et que je n'ay rien plus en afl'ectiou
que cela; car j'aimerois mieux la mort que la guerre. i
{Mémoires et lettres de Marguerite de Valois, édit. de
la Société de l'Histoire de France, 1862 , in-8°, p. 3o4).
La duchesse d'Uzès avait quitté la reine mère à Port-
Sainte-Marie, dans les premiers jours de janvier, pour
retourner à Paris avec son beau-frère d'Escars, celui que
Henri III détestait tant.
puys vostre parlement, et encore que aylabli-
sionla pays. Vos cheveauix ne sont pasrendeu
pour cela, et l'oiseau ' qui les a vole's s'an va
cheu luy en Normandve. Je croy qu'il enn
avovt afayre pour son voyage.
J'é grent envye d'avoyr de vos letres depuys
vostre arive'e alla court; je suys encore si es-
tourdie de cete confe'rense et d'avoyr teni
écript, que n'aurés plus longue lelre de moy
pour cet coup, sinon que vous dire que ma
fille avst demeurée aveques son mari, résolue
de n'an plus buger; je les revoyré encore à
Gastelnaulxdary, oià avons asignés aucore ces
beaulx députés, et l'avons chausé là le bas pour
voyr cet pourons aler plus ouitres : vous m'en-
tendes. Adieu, ma comère, bèsé les mayns au
Roy et alla Rovne de la pari do vostre vielle
comère, que toulesfoys ne lèseré ne vous ausy
encore de sinquanle ans.
[Cateri>'f,.]
1579. — 3 mars.
Aut. liibi. nal.. Fonds français, n" SaoS, f" 70.
A MA COUSINE
MADAME LA MARÉCHALLE DAMPVILLE -.
Ma cousine, je ne se cet aurés heu la lelre
que je vous aycrivys par le laquays qui feult
arèté, et feus bien marrye que l'on ly fist
cet tour; mes je vous aseure que jeusques à
st eure', nous avons aysté corne alla guerre;
mes, Dieu mersis, yer nous achevèmes la
confe'rense et l'aseurense de l'établisemenl de
' M. de la Ferrière croyait que cet Roiseaun était
Guitry. Les deux cours de France et d'Angleterre, 1896,
in-8°, p. 73.
^ Henri de Montmorency avait épousé, en i558,
Antoinette do La Marck, lille du duc de Bouillon, à la-
quelle Oalherino de Médicis écrivit plus d'une fois.
' A st eure, à cet lieurc.
LETTRES DE CATHEUINE DE MEDICIS.
293
levdist ; à iiiioy pour Icslectuer pjiilèt dès
anuit ' cciilx (jue le devès esécuter en cote
provinse et coulx qui devest t'eyre sesés ies
acte d'oslililé en Languedoc, corne je mende
plus au ioug à voshe mary. Je vous aseure
que se n'a esté sau pouine,et loue Dieu d'enn
estre voiieue ha bust. Je pars anuyt d'ysi et
m'en voy [à] Agens, et spère aystre bien tost
en vostre governement; en cetpendent je vous
prie que aseurie's tousjour vosire mary de ma
bonne volente' ver lui et vous, come en toutes
aucasions mestré pouine les vous l'ayres pa-
loystre par ayfesl; et en celé vérité fayré fin,
prient Dyeu vous conserver.
De Nérac, cet iif'^'jour
Vostre bonne cousine.
de mars ir>79-
Catebine.
1579. — 'i niar.^i.
Publiée par M. l'abbé J. iIp Carsal.iJc du Poul.
A MOXSIEIP. DE MOMBERViLT,
CBEVALIEB DE L'OBDP.E DC BOT ET LIECTENART DE LA COMPAICME
DE GE\S D-ABMES DUDICT MAnÉCHAL DE BELLEfiAIlDE.
Monsieur de .Aloalberault-, nous avons,
grâces à Dieu , résolu et arresté , par l'advis des
princes et s" et du conseil privé du Roy, après
avoir aussy ouy les remonstrances des députez
de ceulx de la Religion prétendue réformée,
les moiens qu'il fault tenir tant pour faire
cesser tous actes d'hostilité que pour l'entière
' Dès (inuil, dès aujourd'hui, comme on disait, cl
comme on dit encore en langue gasconn.?.
^ François de Tersac, baron de Montbeiaud, gentil-
homme gascon , engagé de bonne heure dans le parti
catholique , ancien gouverneur de la ville de Castres. —
Voir r£ssai biugraphiqiie que lui a consacré en 1871
M. l'abbé de Carsalade, dans la Retue de Gascogne. (Ti-
rage à part, Auch, 1871, a y p. in-8°. )
exécution de l'i'dil de paciffication, raict et ar-
resté au mois de septembre m. v" lxxvii. Et en
attendant que les s" qui sont députez pour
ladite entière exécution seront sur les lieux,
nous vous avons faict expédier la commission
ipie nous envoyons, pour taire publier cette
bonne résolution, et par mesme moien faire
inconlinant cesser tous actes d'iioslilité, re-
mettre en liberté tous prisonniers à l'occazion
des troubles sans faire aulcune ranson, et
autres particularités portées par ladite com-
mission, du contenu de laquelle vous prions
faire faire ladicte publicquafion eu tous et
chacun les endroictz et lieux accoustumez à
faire avvs et proclamations, afin que personne
n'en puisse prétendre cause d'ignorance, l'exé-
cutant et faisant si bien exécuter que chacun
y obéisse et le suive de poinct en poinct, se-
lon et suivant la teneur d'icelle commission.
l'iiaul Dieu, monsieur de Moniberault,
vous avoir eu sa saincte et digne garde.
Escript à Nérac, le nii' jour de mars i579-
Signé : Cateri^e et Henry '.
Monsieur de Montberault, le s' vicomte de
Polin et le depputé Lamet sont par nous or-
donnez, comme verrez par la commission et
instruction , pour exécuter avec vous le contenu
en icelies, lesquels vous prions d'advertir,
aflin que vous preniez lieu pour vous assem-
bler, et vous prions de bon cueur accepter
ceste commission pour aussi grand bien et
pour l'amour de nous, qui le recongnoistrons
de iiien bon cueur.
' Celte signature est celle du roi de Navarre, la pièce
étant, comme la lettre du 28 léviier au maréchal de
Damville (p. 980), une circulaire envoyée après les
conférences de Nérac.
29A
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1579. ■ — 7 mars.
Orip. Bibl. nat. , Fonds fraD^ais, n*3iao, f" 16.
A MON-CODSIN
LE MAR" DE DAMPVILLE\
eOCTEIlNEDn BT LlBrTEITiHT r.BNÉUiL POOIl LB BOT, MONSIEOB MON FILS,
£N LANGUEDOC,
Mon cousin, je pensois que rhomme du
s"' Vidal, pre'sent porteur, s'en deust retourner
avec le gentilhomme que m'avez envoyé et que
je vous de'pescliay de Nérac. Toutesfoiss'estant
encores trouvé icy, je vous ay bien voulu faire
par luy ce mot de lettre, combien que je vous
aye, depuis le parlement dudit gentilhomme
derechef escript par le s'' de Vérac, l'un de
mes gentilshommes servans, qui est allé au bas
Languedoc avec Yolet l'aisné, pour la cessa-
tion de tous actes d'hostilité. J'espère estre à
Castelnaudarry le xxi' ou xxii" de ce mois et
vous y veoir, qui me gardera d'estendre celle-cy
davantaige que pour prier Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Agen, le vu" jour do mars iS^g.
Mon cousin, j'espère estre le xxifdecemois
à Castelnaudary, où j'ay assigné les depputésde
Languedoc pour la raliËGcation de ce qu'avons
fait en nostre conférence, comme ils m'ont
promis. Je vous prie pour ceste occasion d'as-
signer la tenue des Estatz au xx\'' de ce mois
à Carcassonne, oià se trouveront beaucoup plus
tost ceux de la religion prétendue réformée qu'à
Narbonue, ville de frontière. Et si sera cella
fort à propos et très advantaigeux au bien du
' Deux lettres du roi, écrites de l'aris à la date du
(imars, félicitent le maréchal de Damville delà trédur-
lion de mon chasteau de Beaucaire». Ms. li-. .3365,
f" 53 et 55.
Nous publions à V Appendice la seconde, qui est parti-
culièrement intéressante.
service du Roy à cause des fermes qui se doib»
vent bailler ausditz Estatz. Par quoy menez
ceulx du costé oii vous estes à Carcassonne,
et le s'' de Joyeuse mènera ceux du costé de
deçà pour la tenue ditz Estais, où je pourray
par ce moyen estre.
De sa main :
Vostre bonne cousine.
Cateri
1579. — 8 mars.
Aul, Bibt, uat,. Fonds français, n" 8336, f' Sa r^.
A MON CODSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, j'é veu par vostre letre qu'il
i a déjeà dys ou douse jours qu'estes arivé
à Paris : je voldrès déjeà vous y pouvoyr voyr;
mes j'é grent peur que se ne sera pas sitost
que je désire, car j'é afaire à d'étrange cer-
veaulx, et monstret bien qu'il fest ysi plus
chault qu'en France; mes de moy, depuis dis
ans en sa, je ne veis un si chault ylver : je croy
que cet hair ayst bon pour les rumes, car je
ne feus yl i a lontemps plus sayne enn iver que
j'é aysté selui ysi. Je suys bien avse que Mon-
sieur le duc de Ferarre souit marié, et prie
Dieu (ju'il enn aye le contentement qu'il en
désire et à vous douin bonne santé.
De Nérac 1, ce vin'' jour de mars iSyg.
Vostre bonne cousine.
Caterink.
' Catherine était à Nérac trois jours auparavant; elle
se trouvait à Agen le 8 mars, et elle aura pareireur daté
sa lettre de Xérac. Il ne saurait y avoir de doutes sur la
lecture; et d'ailleurs la lettre suivante parle également
du mariage du duc de Ferraro.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
295
1579. — 8 mars.
Orig. ArchÎTos de Manloue.
A MON CODSIN
MOINSIELR LE DUC DE MANTOUE^
Mon cousin, je me resjouis avec vous de
Taise que ce vous est de la nouvelle alliance
d'entre mon cousin le duc de Ferrare et vous,
lui ayant donné ma cousine, vostre fille, en
mariage, lequel j'espère sera heureux, et dont
vous et luy, et aussi ma dite cousine, vous re-
cepvrez un grand contentement, ainsi que j"a\
prié vostre ambassadeur, présent porteur, vous
en faire entendre de ma part et croire que je
suis aussi aise de ceste alliance que nul autre
de ceux qui vous ayment et ceulx de vostre
maison. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa très saincte garde.
Escript à Agen le vm'' jour de mars 1079-
Vostre bonne cousine,
Caterine.
' En luèine temps, la reine de Navarre écrivait an
duc la lettre suivante :
itMon cousin, ayant entendu par vostre lettre que le
mariage d'entre mon oncle le duc de Ferrare et ma cou-
sine la princesse vostre fille estoit conclu et arresté, j'ai
eu les bonnes nouvelles ponr bien agréables et m'en
suis bien tort resjouie , comme je feray toujours aux autres
choses qui vous succéderont aussi heureusement que
j'espère que fera celle bonne alliance, en vous remerciant
de la bonne souvenance que vous avez eu de m'en faire
part. Je me recommanderai pour faire fin de la présente
de vostre bonne grâce, et priant Dieu vous donner, mon
cousin, ce que vous désirez. Escript à Nérac, ce m* jour
(le mars 1679.
rr Vostre affectionnée cousine,
ItMiRGlERITE.T'
(Archives de Mantone. )
1579. — S mars.-
Orig. Archives de Modènc.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FERRVRE.
Mon cousin, j'ay receu bien grande joye et
plaisir d'avoir entendu par vostre ambassa-
deur, présent porteur, et d'avoir veu par la
lettre que m'avez aussy escripte la nouvelle
alliance que vous avez faicte avec une si bon-
npste et vertueuse princesse que celle que vous
avez espouzép, dont je me resjouis avec vous
et prie Dieu que ce soit à longues années, et
toute la félicité que je pourrois désirer à mes
enfans propres, ainsy que j'av prié votredil
ambassadeur vous faire plus amplement en-
tendre de ma part et les autres particularitez
que je vous pourrois sur ce escrire, des({uelles.
pour m'en remetre à iuy, ne vous feray ceste
cy plus longue; mais vous diray que, grâce à
Dieu, après beaucoup de peynes, j'ay enfin
par une conférence (où tout les députez de
ceux de la prétendue refforme ont esté) faicl
une fort bonne résolution au bien de la paix
et exécution du dernier édit de pacifficalion
du Roy monsieur mon filz, sans que lesdicts
d'icelle prétendue y ayent riensceu gaigner. Au
contraire, suivant notre dite résolution, ilz ne
feront plus depresches en beaucoup des villes
qu'ilz rendent présentement, qui est beaucoup
gaingner sur eulx; mais aussi m'ont-il faicl
beaucoup de peyne avant que jeaye peu ranger
à celln, aiant rompu plusieurs fois pour ceste
occasion notre dite conférence. Enfin, grâces à
Dieu, suivant la volunté et désir du Roy mon
dit S'' el filz et son commandement exprès,
ilz se sont rangés à cella , qui n'est pas [leu.
Cependant, mon cousin, je n'oubliray, sui-
vant ce que m'avez mandé par vostre ambassa-
deur, estant de retour auprès du [{o\ iinui
296 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS
dit S'etfilz, d'y faire comme il est raisonnable,
ainsy que de'sirez, priant Dieu, mou cousin,
vous avoir eu sa saincte et digne garde.
EscripI à Agen le viii" jour de mars 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 8 mars.
Aut. Bibl. nat. , Fonds français, n" loa/io, f^yi.
A MA C0USI^E
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine , cet m'a esté grant pk^sir d'avoyr
entendu par le con(e Guido, présent porteur,
(|ue ayés mendé mesieus de Guise et que yl
seront bien tost auprès du Roy. Je m'aseure
(pi'il i reseveron tout contentement. Cet l'ami-
ral moret ^ je an serès bien inarrye: car je i'ay
tousjours bien aymé. Et vostre iils, le duc du
Mayne, ne perdre sa pouine d'aler àTente^, car
à cet que j'é lousjour oui dyre, c'et une belle
conté. Je m'en voy en ses quartier; car j'espère
aystre alla lin de cet carême ann Avignon, s'il
plest à Dieu, pour, bientost après avoyr aco-
modé les afayres de Provense, aler trover le
Roy mon fils et la Rdvne ma fille, que j'é ays-
trèmement envye de revoyr; car je ne feus
jeamès tent san avoyr cet bien depuis qu'il et
nay. Quand yl ala en Pologne, je ne feus que
ouit moys, etdéjeàyl i ann y a sept et demi, et
ne se cet deu deus^ je auré cet bien et de vous
voyr ausi, de quoy j'é grent envye, et suys
bien marrye du mal que m'a dist ledist conte
que avés au jeanbe, mes je croy quy court;
car yl i a Iroys cemaynes que je ann é une
([ui n'èl pas bien; mes cet je aytois en vos
' Cel l'amiral moret, si l'amiral mourait.
" Le comté de Temlo, (laii'i les Alpes, qui avait été
apporté au duc de Mayenne par sa femme.
' lit ne se cet den deut, et ne sais si dans deux.
alayes, je ne iairès de m'i promener; car je
an suis afemmée, n'ayent trové en cet péys
Heu oià l'on puyse fayre san pas de long.
Le sieur de Piebrac m'a dist que yl voyroit
cet la Royne de Navarre ma fille pouroyt gua-
gner son mary à écripre à sa cousine pour son
mariage'; car yl dist que une foys y l'avoit
prestque acordé, mes à présent y l'en trove
refroydi , et m'a dist qu'il ne pense qu'il souyt
vray de cet que vous ay mendé que m'avoyst
dist la priusese de Coudé. Vous saurés bien
s'il ayst vray, où vous aystes. Et pour cet coup
vous n'a'urés de moy plus longue letre; car je
m'endor si bien que j'é grent peur que vostre
mary ne sauré lyre ma letre. Je prie Dieu
qui vous veuUe bien guéryr.
De Agens, cet viii""' de mars 1679.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 10 mars.
Copie. Bibl. nat.. Fonds français , n*" SSig^ i° ii r''.
[AU ROY M_ONSIEUR MON FILS^]
Monsieur mon filz, j'ay trouvé en ceste
ville ung grand nombre de la noblesse, à la-
quelle j'ay fait entendre la résolution que
nous avons prise en nostre conférance au bien
de la paix, estant la pluspart fort bien dis-
posez à se conformer de l'entretenir, garder
et observer. Ils ont entendu les raisons que
je leur ay en public' (comme vous dira le con-
' La duchesse de Nemours, Anne d'Esté, veuve du
duc François de Guise, se trouvait fort intéressée au ma-
riage du duc de Ferrare avec la princesse de Mantoue.
- En titre : (t Envoyée au Roy par monsieur Doron.n
^ Voir à V Appendice le ttRecueilz des propos tenuz par
la Royne, mère du Roy, à la noblesse de G uyenne en la salle
de l'évêché d'Agen, le v' mars i57g'^. La reine s'ex-
cusait près des gentilshommes catholiques des concessions
qu'elle avait faites à Nérac auî protestants.
LETTRES DE CATH
sciiler Doron', présent porteur) Tort ample-
ment et pnrtifulièrenienl déclairécs : en quoy
je ne pense pas avoir lieu oublyé de tout ce
qui peult servir en ceia, et aussy à ies rendre
et tenir envers vous tousjours affectionnez et
fermes au debvoir de bons subjeetz, dont,
pour l'asscurance que j'ay que Icdict Doron
vous en saura très bien rendre compte et re-
présenter tout ce qu'il en a veu et aussy
comme les choses se sont passées en nostre
conférance à Nérac (où il a tousjours esté
depuis qu'il y arriva), je ne mestenderay à
vous en f'ayre plus lon[j discours; mais vous
diray que nulcuns de la noblesse estans pous-
sez, comme je présume, par ceulx qui n'ont
bougé de leurs maisons durant la guerre et
qui ont plus de malice que de valleur, s'as-
semblèrent samedy après disner, après m'avoir
dict quilz voullolent ensemble regarder pour
fayre mcctre par escript quelzques parlicul-
larilez qui pourroient beaucoup servir à l'es-
tablissemenl do la paix; mais, à ce que j'en-
' A celle lettre était jointe la pièce suivante, que nous
donnons d'après le ms. fr. .'iSig, t" i?> :
Mémoire baillé à M' Doron avec la dépesche c>i-dessus.
trLe conseiller Doron a très amplement et bien au long
raporté à la Royne, mère du Roy, la charge qu'il avoit de
Sa Majesté non seullemciil sur lo contenu du mémoire
• qu'elle luy en avoit taict bailler par escript , mais aussy
de toutes aultres choses dont Sadicte Majesté iuy avoit
verballement donné charge, de quoy ladicle dame Royne
a rcceu 1res grant plaisir, et y respondant, a chargé ledit
conseiller Doron de faire entendre au Roy ;
trQu'il n'eust seu faire chose qui donne plus de con-
tentement à ses peuples et subjeetz, comme ladicte dame
Royne luy a cy devant escript, que de faire publier les
ordonnances et responces faites sur les cahiers des Estalz
généraulx tenuz à Bloys, letjuelles elle s'asseure (comme
il luy a aussy pieu luy faire dire par ledit Doron) qu'il
est bien délibéré de faire fort expressément et exacte-
ment garde, comme estant une des choses plus requises
pour le bien de ses alTaires et service.
nll n'est pas mal à propos d'avoir permis aux députez
CiTIIEBlNE DE MÉDICIS. Vl,
ERINE DE MEDICIS.
^97
tendz incontinent , ilz y parlèrent de beaucoup
de choses qui ne vallent rieu et feirent dresser
une requeste eu forme d'articles pour me
présenter, de laciuelle jay eu le double. Et
avant que ceia allast plus avant, je feyz soubz
main que quelques ungs d'eulx, qui sont des
mieulx affectionnez , remonstrèrent aux aultres
qu'il n'estoit pas à propos de me présenter
ladicte requeste. En fin (à ce (jue jay sceuj,
ilz s'en remectent à ce qui leur sera conseillé
par le mareschal deBiron, lequel se rend fort
difiicille pour aller exécuter l'édict de pacif-
fication et ce qui a esté résolu en nostredicte
conférance en Querry, Rouergue, Périgord,
Lvmozin et par la lizière d'Auvergne, où est
le plus grand mal, combien qu'il eust esté
dès Nérac résolu avec son gré qu'il yroit et
avec lui le viconte de Turenne, qui arriva dès
ledict jour de samedy icy pour cest effect, et
feusmes toute laprès-disnée en conseil; et en-
cores hier, aiant veu et reveu les instructions
que j'av faict dresser pour l'exécution de
des Estatz de Normandye et Bourgongne de se rassem-
bler en chascun desdils gouverneniens, avec ceulx qui
les avoient députez pour leur faire entendre ce qu'ilz
rapportèrent du Roy; car chascun verra combien Sa
Majesté les Iraicte favorablement; mais il est très néces-
saire d'y envoyer, avant qu'ilz soient ensemble, ung S'
d'auctorité bien iiistruicl et alTectiiinné à sadicte Majesté,
pour ce que sa présence et le moyen qu'il aura lors d'y
faire ung bon service servira grandement pour empes-
cher à quelque mauvaise chose , s'il y en a quelques ungs
qui voullussent entreprendre de brouiller, comme il en
a esté quelque bruict et grande aparance : pour le moings
les esclairant de présent, il sera aizé de les descouvrir,
s'il y a quelque chose de mauvais dont il donnera advis,
et ce pendant y remédira le mieulx qu'il pourra poiu' le
faire deslourner. Il sera bon d'en laire semblable en Bre-
taigne, si les députez demandent aussy permission de s'y
rassembler.
ttQuand à la faulte de fons, ladicte dame Royne luy a
ouvert quelques moiens qu'elle pense que seroient aizés
à exécuter et qu'il s'en retireroit assez de moyen pour
couller et eschapper le reste de cestc année , mais ii fauit,
38
ItfCMMEIlIE T1AT10:^ALt.
298 LETTRES DE GATH
vostrediri édiri cl desdictes re'solutioiis de
nostre conlV-iance, elles lurent Irouve'es très
bonnes. Toutesl'ois ledict niaresrlial de Biron
ne savoil sur «jUDy satacqiier pour mener
cecy à la longue, atlin, à mon advis, de con-
tenter aucuns de la noblesse qui ne désirent
pas la ])aix. (iar encores ledict jour de sa-
niedv, à mon lousclier, et bier parlant à luy de
cecy, je le Irouvey merveilleuscuieni esgaré,
et nie teint les mesmes propos daulcunes
particularilez portées en ladicte requeste, au
contenu de laquelle vous avez de vostre [)arl
pourveu et donné le bon ordie (juilz sauroient
désirer; et, pour le reste, il \ est satislaict et
renieddvé par lesdictes instructions de l'exé-
cution de vostredict édicl et aiticles de ladicte
cont'érance. Je viendrny, selon mon opinion,
bien à bout de ladicte noblesse pour la con-
lenter, avant desjii parlé à ijucdques unjjs, qui
se sont relirez en leurs maisons bien conleu-
suiv;int ce qu'ollo a escripl h sadiilo Majesté, (|iie l'un
face toul ce <iup l'un [loiina ad cç qm' |i'< proxincs
soieni capalilps dos grandes raisons, qu'elle a dites et
encures i|iieli|ne fois escriptes à sadicle Majesté, ad ce
que lesdictes piovinces se cliargenl jiar aimées, cbascuue
au prorata de ce qu'elles peuvent porter, du rarliapt di's
délites du loyaurne, pour lenietire le l'io\ eu ses do-
maines, aydes et .uiltres revenu/, atliu qu'd --e puisse et
son eslat eMlre|i>nir et vivre du sien. A prissent cpie Dieu
nous a fait reste jpace (pie nous avons la pai\ liien con-
firmée, lesdictes provinces auront plus de commodité de
ce l'aire , et feroit taiie en cliasiune d'icelles propozer cela
par gens de liieu, ali'ectionnez au Uov el qui ajent crédit
et au( lorité en icelles provinces; et cpiand encores ilz
feroii'Ul ledit racquil en dix ou dunze ans, ce ne seroit
pas peu faiie. car par chascun an le lioy coiunianceroit à
rentrer et à joyr du sien.
«iVe voullant ladicle dame lloyno oulilier de luy ra-
mentevoir. faisant diesser les uienioiii'S et instructions
de ceulx qui auront este chargé il'eu parler aux
de n'oublier le faict des traicles et de liien déclairei'
comme les deniers d'icelles traicles sont destinez pour le
payement des délites deues aux Suisses, dont l'enlrete-
nemenl de l'alliénalion est tant requis et nécessaire à ce
ERINE DE MKDICIS.
tens, car aussy veoient-ils bien le bon zellr
que vous et moy avons à leur repos et an bien
de la paix, (jue la pliispart d entre eui.x con-
fessent estre le plus jjrand bien (|u"ilz sau-
roient avoir et que leur puissiez donner, et qui
leur est aussy le plus nécessaire. Toustefois,
je congnois (juil \ a bien eu de la menée
pour en em])esclier 1 exécution, etay esté con-
traincte de dire ouvertement que je voulois eu
ma présence veoir exécuter le tout en ces
quartiers de deçà, avant partir de reste ville,
et cpie, pour le regard du reste, j iroys aussy
plus tost moy mesmes jus(pies à l'érigueuk.
tant pour v lavic cstablir le baron de Salli-
gnac (qui est l'orl liomme de bien, à ce ({ue
Ion dit, et que j'av desjà tant faict que le vi-
coute de Turenne accorde qu'il soit mis au
lieu de Vivaus '), (pie pour fayre aussy en ma
présence exécuter vostredict édicl et tout ce
([ui est nécessaire de ces costez-là, |)Oiir après
royaulme,el i[ue l'ailiclequi [en] parlera soit lorteslendu,
comme il y a assez de suliject el de grandes raisons pour
y faire ranger et amener lesdicts des provinces.
r Quand ad ce qu'il a pieu a Sadicle Majesté mander
à lailicte dame lioyne de la cliarge donnée à Mons' de la
(diap|ielle di>s Ursins, envoyé devers Monseigneur son
frère, et aussy pour le mariage d'Angleterre, s.idicte
Majesté aura veu ce que ladicte dame Royne luy eu a
escript par le jeune i\lauvisière et encores le s' Camille;
se délibérant suivant cela ladicle dame Royne d'envoyer
devers luy incontinent quelqu'un des siens, mais elle
désireroit bien entendre et savoir premiei- ce ([ue auia
raporté mondit s' de la (lliappelle des Ursins.
rQuand au parlement du s' de Beauvais pour l'orlugal .
ladicte dame Royne craint bien que son retardement pre-
judicye audit affaire; toulesfois elle espère encores qu'il
y arrivera assez à temps, si de ceste heure il est party
de l'aris.
"Kaict à Agen, le x' mars 1079. n
' Ce Vivans avait été envoyé à Périgueux par le roi de
Navarre (|ui l'avait chargé de veiller à la sûreté des pro-
lestants. Turenne lui écrit fréquemment en 1678 pour
stimuler son zèle. — Bibl. uat., collection Périgord,
vol. 6S, r ya à gS.
LETTRES DE CATHERINE DE MKDIGIS.
me rendre à Castelnniidarv ou à Carrassonne,
299
où j'ay assigné les députez de Languedoc,
comme je vous ay escript par Camille, et pour
venir tenir les Estatz dudirt pais le xxv"°" de
ce présent mois, que j'espère y arrivei'; et m'y
achemine tout droit passans par Thoulouze,
ne parlant plus du voiaige qui avoit esté pro-
posé du costé de Bayonne, car je naurois pas
le temps; aussy que depuis jav bien congneu
qu'il ne seroit pas à propos que je laissasse
ces gens icy de si loing, et fault pour le bien
de vostre service que je face fayre en ma pré-
sence, au nioings avant que parlir d'icy, tout
ce qui est nécessaire pour ladicte exécution
de ledit, ce que vous pouvez eslrc asseuré
que je feray, quelque traverse que l'on m'y
ayt voulhi donner. Le viconle de Turenne est
à présent, ce me semble, autant bien alTec-
tionn(' à ladic(e exécution (]u"il a esté fascheux
et malaizé en nostre conférance ; cella me con-
solle fort et a esté à mon advis cause que
ledict mareschal de Biron, après toutes ces
bontc's cy-devant déclairées. me veint hier
avant souppcr dire qu'il me prioil de i'excuzer
des difficultez et collèrea qu'il avoit monstrées
en cecy, et que cela ne procédoit que de l'af-
feclion qu'il a à vostre service, mais qu'il
m'asseuroit qu'il feroit en sorle ({ue vous et
moy aurions grand contentement du voiage
qu'il va faire et pour lequel il partira demain,
estant dès ce matin ledict viconte de Turenne
acheminé devant à Puyn)urol, oii ie sénescbal
de ce lieu va, pour fa\Te fayre etesire présent
ad ce que ledirt Puymurol, qui importe beau-
coup à reste ville, soit remis, comme il a est<?
advisé. Aussy ay-je voullu que Ton ayt com-
mancé pour le costé de deçà en ce lieu. Les
aultres qui sont, en la lisle el iiHMiioyre que
NOUS ay en\oyé, nommez et choisiz pour aller
fayre ladicte exécution sont partys; je les ay
admonestez, de toute la plus grande affection
([ue j'ay pou, ad ce quilz lacent commencer
promptement le contenu en leurs commissions
et instructions : aultrement il est certain qu'ilz
nous reniettroient à la guerre et vous perdroient
tous ces païs de deçà, comme je vous puis
dire qu'ilz feussent desjà sans ma présence et
la patience grande que j'ay eue pour remed-
dier au mal que j'v av trouvé croissant par les
passions des ungs et des aultres et ies ini-
mitiez grandes qui sont entre eulx, que faull
que le temps par la paix rhabille, ainsy (jue
j'espère qu'il fera, si voz ministres se veulent
conduire comme ilz doibvent et tenir en ceste
affayre le chemyn que je leur ay monstre et
laisseray par bonnes instructions, premier que
partir pour vous aller trouver, qui ne sauroit
jamays estre si tost que je désire, pour l'ex-
tresme enwe que j'ay d'avoir ce bien de vous
veoir et estre auprès de vous; mais je say
bien que vous entendrez que j'aye si bien
pourveu par deçà, comme vous pouvez penser
que j'en prends toute la peine qu'il m'est pos-
sible, que tout y soict réduirt au bon estât que
désire le bien de vostre service, pour lequel
je feray aussi. Dieu aydant, de mesme, passant
à mon retour en Languedoc et en Prouvence.
Ce pendant j'ay parlicullièrement faict en-
tendre au conseiller dOron la lesponso sur
chasfuu des poiiiclz du mémoire (ju'il vous
pleust luy fayre bailler quand le dépeschastes
vers moy, qui vous prye à ceste occasion le
croire de tout ce qu'il vous dira de ',
de cest séneschal qui est fort mauvais gai'çou,
estant à présent à vostre suitte, comme jay
cy-devant escript à Villeroy. Priant Dieu,
monsieur mon filz, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Agen, le x' jour de mars 1679.
Laissé eu blanc.
.38.
300
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1579. -— ili mais.
Orig. Bibl. nal., ms. fr. 15905, f nS" '.
A MONSIEUR DE BELLIÈVRE.
Mons'^ de Beliévre, la lettre que m'avez
eseriple à vostre parlement pour aller en
Basse-Normandye, et, passant si près d'Aï-
lençon , aller veoir et visiter de la part du Roy,
monsieur mon filz, mon filz le duc d'Anjou,
m'a este' rendue, ayant esté très ayze que le
Roy, mondit S' et filz, \ous ayl commis
ceste charge, pour Tasseurance que j'ay que
vous vous en sçavez très dignement acquitter,
de'sirant bien fort entendre ce qui sera passe'
en vostre voiage. Car je tiens pour certain
que ce sont les deux plus importans affaires
que le Roy, mondit S"^ et filz, ayt main-
tenant, et les plus nécessaires, que de veoir
une bonne intelligence entre luy et mondit
filz le duc d'Anjou , et que ceulx de Normandye
soient mis en chemyu de bons et loyaulx sub-
jectz qu'ilz ont tousjours este'. Priant Dieu,
mons' de Beliévre, vous avoir en sa sainte et
digne garde.
Esrript à Agen , le xiiii'' jour de mars 1579-
De sa main : La bien vostre ,
C\TERINE.
1579. — i/j mars.
Autograpbtî.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE NEMOURS.
Ma cousine, je ne vous diray que ce mot,
qui est que je suis infiniment aise que vos
en fans sont à ceste heure à la Cour, à ce que
' La suscriplion exacli>, au dos, porlo : trA Mons' do
Believi-e , conseiller d'Eslat el du Conseil privé du Roy, el
président en sa court de Parlemenl.»
m'asseure Georges, par lequel vous feray plus
amplement response, et vous dirav seulement
que je suis prie' de l'e'vesque d'icy ' de vous re-
commander une affaire qu'il a avec le cardinal
d'Esté; et vous prie faire pour lui ce que vous
pourrez, car il est très bon serviteur du roy et
mérite beaucoup, et est pauvre; et monsieur
le cardinal c'est peu de chose pour luy, et
beaucoup pour celui-ci. Le sieur de Vimeulx
vous en dira ce que c'est; et je feray fin faisant
mes recommandations à Mous"' de Nemours,
et priant Dieu vous donner ce que désirez.
De Agen, le xiin" de mars iSyy.
Vostre bonne cousine,
Caterïne.
1579. — i4 niar.-.
Archives de Modène.
A MA COUSINE
MADAME DE NEMOURS.
Ma cousine j'ay cydevant escript h nion
cousin le cardinal d'Esté de se désister de la
prétension et poursuite qu'il faisoit contre le
s' évesque d'Agen, pour raison de l'abbaye de
Fondefreddi, de laquelle ledict s"' d'Agen juyt
long temps jà, et pour ce que, comme vous
sçavez, luy et ses prédécesseurs ont esté tou-
jours très affectionnez serviteurs de ceste Go-
ronne : qui est cause qu'eu ce qui le touche
l'ay en singullier recommandation; aussi vous
avje à ceste occasion bien voullu faire ceste
lettre pour vous prier à vous employer et l'aire,
])0ur l'amour de moy tant envers mondict
cousin, qu'il se désiste de ladicte poursuite et
' C'était Frégose, évoque d'Agen, qui écrivait souvent
à la reine mère et au roi. Voir ses lettres datées de
Nérac, en août et octobre iSyg, adressées à Henri lit
et à Catherine, publiées par M. Tamizey de Larroque
dans son opuscule sur Jaim/s Frégose, Bordeaux, tSy.î.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
301
prétension et qu'il la lomoltc audit s' d'Ageu,
comme je luy ay cy devant cscript et prié de
faire. Priant Dieu mon cousin vous avoir en
sa sainte et dijjne garde.
Escript à Afjen, le xiiii" jour de mars i 579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — i5 mars.
Copie. Bibi. nal. , Fonds fr»nçaii. u°33i9, f' i-l v" '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, quand le s" de Dinlhe-
vilie est arrivé par deçà, ii m'a Irouve'e en
cestè ville retournant de Nérac, après avoir
parachevé nostre oonférance, et estoient toutes
choses arrestées comme Camille les vous a
portées, de sorte qu'il n'y avoit plus de lieu
d'y rien changer, aussy que je pense certaine-
ment que nous n'eussions peu gaigner aultre
chose sur les trois poincts portez au mémoire^
<|u"il vous a pleust luv faire bailler; car pour
If premier, ((inceriKint le nombre des (juirizes
villes, je vous diray qu'elles ne sont pas dé-
laissées, mais seullement y est l'exécution de
vostre édit de pacillication difiérée jusques à
six mois, et ce jiendanl, pour seurete' de l'en-
tière exécution de vosiredil édit en icelles,
mon fils le roy de Navarre, vingt des prin-
cipaulx de ceulx de la Relligion |)rétendue
refl'ormée, ceulx qui commandent esdi<tes
villes et six des principaulx bourgeois de
' En lilie : (rl''nvoyi'(' -.m Boy par Monsieur de IJiii-
Iheviile.-
' Nous avons relronvo ce KinémoIrcT! , fait par le roi
en réponse aux préccdi^nlos dépèclios d« sa mère, Pt
nous le donnons à VAppcmlicp ; il est daté de Paris, du
36 janvier 1079, ''' '' '' '''"' l'intérêt d'une lettre do
Henri III lui-nu me, entrant dans de nombreux délails
etcn(;a(;eanl Catherine de Médicis à résislcr aux exigences
dos prolestanls.
chacune d'icelles, s'obligent de les délaisser
(lu tout, au bout desdits six mois; cependant
avec ceste condition, qui est tout le mieulx que
j'ay peu, le service divin est remis en icelles
et en plus de deux cens cinquante aultres
villes que par ce moyen ils vous restituent
promptement, chacun de voz subjects rentrant
en ses biens, vous de vostre domaine; voz
tailles et aultres deniers , dont n'aviez rien , vous
seront doresnavant payés par ceulx desdictes
villes, et oultre cela vous joyrez des salines
du Pecquais, qui sont de grandz revenuz,
lesquelz ils prenoienl et appli(|uoient à leur
cause; et leur est seullement baillé trente
six mil livres pour payer en chacune d'icelles
villes ung gentilhomme qui sera agréé par
vous, ou par moy, et quelques gens qui ne
sauroient estre en grand nombre pour si petite
somme, do sorte que cella ne se pcull appellcr
garnison : et a fallu trouver ce remède pour
donner loisir d'oster du tout le reste des
grandes deffiances qui sont en ces gens icy.
OuanI au dernier poinct, faisant meiilion de
la Chainbie de la justice de Languedocq, nous
avons rompu deux ou trois fois sur ceste occa-
sion, et ay veu l'heure que nous nous sépa-
rions sans en rien faire, comme je vous av
personnellemonl escript et que vous aura peu
dire (Camille, et n'y a eu moyen de pouvoir
mieulx faire que ce (jui a esté advisé sur cela,
dont j'attends bientosf responce de vous; et sv
vous trouvez bon ijue ladicle (iliambre de Lan-
guedoc soit seullemenl mi pnrtyo, prenant
(comme il a esté advisé) quatre des conseillers
catholicques au Parlement de Tlioulouse, je
croy certainement qu'il n'y a personne qui
n'estime cela à plus grand avanlnjre (|ue si
ladicle Chambre demouroit tripartye et les
deux tiers catholicques d'icellc pris à leur gré
de vostre (Jrand Conseil, oultre que ce soit
une glande espargne de la dépense au double
302
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que vous coustent ceulx dudit Grand Conseil.
L'advocat Duranty, qui, comme vous pouvez
penser, seroit le désir des cathoiicques de tous
les costez de deçà, m'a dit que seroit beaucoup
plus à ])ropos de faire ladicte Chambre de
Languedoc mi-partye de ceste façon , que si elle
demeuroit tripartyé, estans tous les conseillers
de vostredit Grand Conseil. Vray est qu'il dé-
sireroit aussy qu'au lieu du pre'sident Baiilet,
l'on en prist ung de ceulx de iadicte Court de
Parlement de Thoulouze. J'y ay faict ce que
j'ay peu , mais il n'a esté possible de pouvoir
gaigner cela sur ceulx de ladicte relligion.
En attendant réponce de tout ce que je vous
ay escript, et que vous aura faict entendre
ledit Camille, et, depuis d'Oron, que je vous
ay aussy renvoyé, crovez, Monsieur mon filz,
qu'il sera usé de toute dilligence à l'entière
exécution de vostre édit de pacifHcation et de
tout ce que nous avons résolu et arresté en
nostredirte conférance, pour ce gouvernomcnl
de Guyenne, ayant, oultre ceux qui sont or-
donnés pour faire ladicte exécution de ma
part et de celles de mondit fils le roy de Na-
varre, encores envoyé de mes gens à Puymirol,
Langon et Bazas, qui sont icy près, pour re-
garder que les choses y soient si bien faictes,
qu'il n'y ayt rien à redire; car faisant bien au
commencement , il est à croire que cela donnera
occasion aux aultres d'ensuivre et en faire de
mesmes.
Dès que je feuz arrivée en cestedicte ville,
je feis en sorte que le viconte de Turenne
alla luy-niesmes audit Puymirol, qui n'est
(ju'à deux lieues d'icy, d'où y feist tant que
ung nommé le capitaine Lestarneau, qui est
ung fort mauvais garçon, en sortit et ses sol-
dats aussy, excepté quelques-ungs qu'il laissa
dans le chasteau, attendant que le sénéchal
de Bajaumont et luy y retournent pour para-
chever d'exécuter ce qui y est à faire et en
bailler la charge au s'' de Lezignan ^, comme il
a esté advisé : ce qui eust esté faict dès ven-
dredy, mais le fait de la querelle d'entre ledit
vicomte de Turenne et le s'' de Duras, dont je
vous esczipviz du Port-S'^-Marye , se renouvella
encores, de sorte que tout ce jour là se passa
à les accorder, comme je feyz, ainsy que vous
dira ledit s' de Dintheville, et comme tout
cela s'est passé, et aussy comme j'ay moy-
mesmes exécuté vostredit édict et la résolution
de nostre conférance en ceste ville, suivant le
double que je vous envoyé de l'acte que j'en
av faift faire. Lesdits sénéchal de Bajaumont
et le viconle de Turenne sont allez pour
achever audit Puymirol, et aussy à VilleneulVe
d'Agenois pour faire ce qu'il y fault faire, et
s'acheminera de là icelluy viconte de Turenne
à Cahors, où le maréchal de Biron se doibt
aussy trouver, pour commancer à exécuter
vostredit édit et ladicte résolution de nostie
conférance pour la sénéchaussée de Quercy, et
de là yront en Roucrgue, et puis en Périgort
et Lymosin. Cependant, alfin que les maulx
y cessent, nous y avons fait les dépesches,
nécessaires, non seuHement pour y faire faire
semblable publication en la forme que vous ay
envoyée , mais aussy pour faire cesser tous actes
d'hostiliité et faire mectre en liberté tous pri-
sonniers de guerre sans payer rançon, de sorte
que lesdits maréchal de Biron et viconte de
Turenne trouveront les choses bien advancées
et auront beaucou|) plus tost faict. L'on pro-
cedde aussi à ladicte exécution par toutes les
aultres sénéchaucées de ce gouvernement,
espérant que dedans peu de jours les choses
y seront bien establyes; mais, comme vous
dira icelluy s'' Dintheville, je n'ay pas eu peu
' C'est Louis de Sainl-Gelais, àilde L\isignan, baron
de la Motte-Saint-Héraye, soigneur de Lanssac, que la
reine mère employa comme liomme de lOÊifiance pour ac-
commoder beaucoup de dilliciles affaires dans ces régions.
LETTUES UE ClATIl
(le peiue à y ranjjer beaucoup de gens et d'une
part et d'auitre, qui ne voulloieut pas la paix,
laquelle j'espè-re, avec l'ayde de Dieu, que,
nonobstant les traverses et mauvaises voluntés
de ces jjens-là, nous ne laisserons deslabiir, y
estant ledit maréchal de Biron, ce me semble,
mieulx disposé qu'il n'estoit ces jours icy, et
n'y a poinct de dilEculté qui ne demeure en
ce gouvernement, quand j'en partiray. Il s'en
est bien voullu excuser, mais j'estime que c'est
pour qu'il est court d'argent, et croy que se
sera bien l'ait, comme je vous ay ces jours icy
escript, que le gratilliicz de quelque chose
pour le contenter et luy donner moyen de
supporter la despense qu'il l'ait.
J'espère estre, Dieu aydant, sans faillyr, le
xxiiu' de ce mois à Castelnaudarv, oii je trou-
veray les députtés de Languedoc, avec iesquelz
j'auray bientost fait ce qu'il fault faire, après
que j'auray sceu vostre intention, et seront
aussy assemblés à Carcassonne, qui n'en est
pas loin , les Estatz dudit pais de Languedoc , où
j'espère que ma présence aportera ung grand
bien pour vostre service; car, oultre qu'en iceulx
je feray confirmer Tentretenement de vostredit
édit de paciffication, je m'asseure que l'équi-
valient et les aultres fermes qui se doivent
bailler augmenteront à vostre proffict de plus
de cent mil li\res de rente, car je remédiray
aiix monopoUes et larcins, ijue j'ay entendu
que l'on a accoustumé d'y fajre, et douneray
tel ordre que vous y serez Cdellement servy,
s'il m'est possible.
Je suis infiniment aize de la résolution
qu'avez prise de renvoyer le maréchal de
Retz' en Provence, et ce pendant qu'ayez
' Le maréclial de Retz, Albert de Gondi, était le fils
de la gouvernante des enfants de France, amenée
d'Italie par Catherine de Médicis. D'abord précepteur
lie Charles IX, il fut nommé, après la bataille de Mon-
contour, où il avait figuré lionorablement , capitaine de
EIU.NE DE MEDICIS. 303
advisé d'envoyer un pouvoir au cardinal d'Ar-
maignac et de le faire assister par le président
des Arches pour y faire poser les armes, ainsy
que je m'asseure (|ui leur sera aizé, car les
fréquentes dépesches que j'y av laides auront
disposé et préparé les ungs et les aultres à
cela. Le grand Prieur m'a encores ces jours
icy escript de Narbonne qu'il me viendra in-
continent trouver, comme il eusl fait il y a
desjà quelque temps, s'il eust eu de l'argent :
il vous plaira avoir souvenance de la prière que
vous ay faicte dernièrement de luy en donner.
Je verray, estant audit Castelnaudarry,
l'acheminement qui aura esté fait en l'exécu-
tion de vostredit édit en ce gouvernement de
Guyenne , et regarderay aussy à pourveoir pour
le Languedoc, afin de me résouldre, selon que
je verray les choses, à prendre le chemin de
mon retour, pour vous aller retrouver par les
lieu\ où ma présence pourra le plus servir
pour le bien de voz affaires. Cependant, Mon-
sieur mon filz, je loue bien fort qu'ayez de-
rechef renvoyé devers vostre frère et qu'ayez
clioisy le s' de Bellièvre; car je m'asseure
qu'il s'en acquitera dignement, ayant, comme
il a , grande congnoissance des affaires de vostre
royaume; et puisestans, ainsy qu'il est, ama-
teur du repos et si bon et affectionné serviteur,
je ne double pas qu'il n'y face beaucoup; mais
je ne laissay pourtant de craindre la folle
jeunesse de ceulx qu'il a auprès de luy : \oylà
pourquoy il sera toujours bien faict de per-
sévérer d'envoyer souvent vers luy et continuer
l'amityé que luy portez. Cependant, oultre la
lettre que luy escripviz et la charge que je
cent hommes d'armes. On sait la part active qu'il prit à
la Saint-Barihélomy. Il devint maréchal de France eu
1673 et gouverneur de la Provence, puis général des
galères en iS-g. Nous le retrouverons, en i58o, lieu-
tenant au marquisat de Saluées, après la mort du ma-
réchal de Bellegarde.
304
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
donnay au s"^ d'Estizon de Bourgongne, comme
je vous ay faict entendre, je iuy envoyé pre'-
sentement i'abbé Gadaigne, qui y demeurera
auprès de Iuy, auquel j'ay donné charge très
expresse, oullre les lettres que j'escripviz par
luv à mondit filz, de ne laisser passer une
seulie occasion, qui ne Iuy représente le con-
seil que je Iuy donné, et toutes les occasions
que je Iuy ay mandées, pour le retenir en son
debvoir envers vous, dont ledit Dinthevilie
vous discoura (sic) amplement , et pareillement
de ce que j'en ay dit à ma fille la royne de Na-
varre et de ce qu'elle m'a asseurée qu'elle Iuy
a escript et persuadé par le jeune Masseparet,
qu'elle renvoya vers vous. Si vostredit frère
crovoit mon conseil et ce que je Iuy escriptz
et mande par ledit abbé Gadaigne, il yroit
franchement vous trouver, pour demeurer troy
ou quatre jours seullement avec vous, et après
vous demander congé de venir au-devant de
nioy, pour delà s'en retourner en ses maisons;
cela aporteroit ung bien incroyable à vos af-
faires et aux siennes aussy, et, comme je Iuy
mande, ayderoit beaucoup au mariage d'An-
gleterre, que il ne fault pas espérer qui se face
jamais, si la royne dudit pays ne veoid que
il soit en vostre endroit comme il doibt, et
que vous et Iuy n'ayez la bonne et vraye amitié
et intelligence requise entre vous deux. J'en
ay fort amplement et bien souvent discouru
avec madicte fille, la royne de Navarre, aupa-
ravant mon parlement de Nérac, et depuis
qu'elle est icy avec moy, Iuy aiant aussy bien
expressément dit et chargé de faire, comme
elle m'a asseuré qu'elle fera en cecy et en
toutes auUres occasions envers mondit fils,
tout les bons oifices qu'elle doibt, ainsi que
j'ay pareillement donné charge audit s'' Din-
thevilie de vous dire.
Monsieur mon fils, veoyant que le s' de
Beauvais est si long à venir, je me délibère
d'envoyer l'évesque de Comminges en Por-
tugal, suivant ce que vous ay escript cy-
devant et que me mandez par vostre dernière
letlre, avec laquelle je receuz aussy le règle-
ment que m'envoiastes d'entre les parlemens
et les chambres de l'édit de pacillication, et
duquel, avant que de l'envoyer à ceulx de la
Chambre de ceste ville, j'ay envoyé le double
à mon filz le roy de Navarre, et en ay faict
ester par l'advis de ceulx de vostre Conseil qui
sont icy le dernier article faisant mention des
causes dont la congnoissance est attribeuée
aux Courtz des aydes, lequel ilz n'ont pas
estimé y devoir estre, pour ce qu'ilz dientque
par ledit édit de paciflication il est seullement
porté que ceulx de la Relligiou prétendue ref-
formée auront leurs causes, des parlemens et
non des généraulx, commises auxdiles cham-
bres ; lesdits de vostre Conseil n'ont pas aussy
esté d'advis que l'on parlast de la remonstrance
qu'ont baillée ceuk du Grand Conseil. Priant
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Escript à Agen, le X¥° jour de mars 1679.
1579. — i5 mar?.
Orig. Collection BagucnauU de Puchesse.
A MONSIEUR D'USSAC,
GOtrVEBSBOR DBS VILLBS ET CHiSTEAD DE L& BÉOLLE.
Monsieur d'Ussac, pour donner ordre à ce
que la compaiguie de gens de pied qui est en
garnison en la ville de la RéoUe soit tousiours
complecte du nombre d'hommes qui y doibt
estre, j'ay ordonné que doresnavant, et lors
que l'on fera la monstre et paiement d'icelle,
vous y assisterés et serés présent, pour avoir
l'œil et prendre garde à ce qu'il ne soit commis
LKTTRI-S DE CATl
aucun abus au noinbio desdicls hommes ny
auciict paiement, à quoy vous ne forez faulle '.
Faict à Agen, le xv^mars iSyg.
Caterine.
PiNARJ.
tô7'J. — 16 mais.
Aut. Arch. nat., collection Simaiicis, K i553 (It &8), piccc 7 -.
AL ROY CVTOLIQLE
MONSIELR MON FILS.
Monsieur mon fils, ayslent veneue eu cet
peys pour mener la royne de Navarre à son
mary et achever d'esiahlir le repos en cet
eouslés de deçà, n'é volou fallir, avent m'enn
élognier, envoyer Montegne veyr les ynfentes,
poursavoyr de leurs nouvelles et de celles de
V. M. et lui feyre entendre des mienes, conienl
lui ay donné chcrgede feyre et aussi prier \. M.
me feyre cet bien de lui permetre de m'au-
mener quatre chevaulx, encore que je sache
aystre chause que V. M. donne malaise'ment
congé' d'en lyrer, je m aseure tent de sa boune
volante pour Tafection que je lui porte, que
V. M. ne me refeusera cet congé, cet dont je lui
supplie, et à Nosire Seigneur Dieu, vouluoyr
conserver V. M. en bonne santé et prospérité.
De .\gens, cet .wi'"" de mars 1579.
Vostre bonne mère et seur,
(Iaterine.
' Tiirenne dit dans ses Mémoires : tf.\ Nt'rac, toute la
négociation fut en allées et venues pour avoir réparation
de la Réole; à la fin, il fut résolu qu'elle seroit remise
à ceux de la Religion, mais que le sieur d'Ussac en auroil
le gouvernement, et le sieur de Favas n'y rentreroil.71
— Voir plus haut, p. 280 et 283, la lettre de la reine
mère au roi , du 2 2 janvier.
* A côté se trouve la traduction en espagnol d'ime
lettre de Catherine à la reine d'Espagne, reproduisant
la première partie de celle qu'elle écrit au roi.
Catheiiine de MtDicrs. — vi.
lERlNE DE MÉDICIS. 305
1579. — 17 mars.
Copie. Bil)l. nat.. Fonds français, n'SSiQ, O" iG v"'.
[.\U ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur uioii (îlz, depuis dimanche malin
que partist le s"' de Dintheville, j'av tant fait
que le viconte de Turenno a salisfaict eiitièie-
uient à Puyniirol tout ce qui estoit nécessaire
de la part de ceulx de la Ueliigion préfendue
réformée pour l'exécution de vostredit édit
de paciffication et de la résolution de vostre
conférance, et que le sénéchal de Bajauiuont
et Itiy ont fort bien exécuté et estably audit
Puymirol tout ce qui y estoit requis, sans
qu'il y ait chose quelconque à dire, y estant
le S' de Lezignaii bien estably, après le ser-
ment et promesse qu'il a fait eu jnes mains de
remettre du tout ledict Puymirol dedans le pre-
mier jour du mois de septembre prochain, de
sorte que j'espère que ce bon commancement
là fera le chemin aux aultres de bien faire, .le
presse tant que je puis le s' de Guitry pour eu
faire de inesnies à Bazas, mais il y a de.sjà
quatre ou cini| jours (juilz y trouvent des
nouvelles difficultés et font des remises, et
aussy à Langon, s'excusans que ceulx de leur
relligion sont rentrez en grande défiance,
pour ce que la court de Parlement de Bour-
deaulx feyt exécuter lundy dernier, qui est
depuis la publication faicte, un capitaine et
ung soldat que ceulx de Langon avoient
baillé à Camille, à ce quilz dient, pour le
conduire, et que relournans, et ung aultie
capitaine avec eulx, feurent rencontrez par
des catholiques, qui tuèrent sur le chemin
ung desdits capitaine; et l'aultre et les soldats
furent menez parlesdits catholiques audit Bor-
' En titre : rEnvoyé au Roy par Jacques Tanciet,
courrier.»
lUIT.IlICKIC S.\IION.ltE,
306 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
deauix, où, couiine Ton dit, aussytost prins,
ils feurpnt aussytost penduz : ce qui nous trou-
bla beaucoup, comme vous avez entendu du-
dit a' de Dintheville et la charge que je luy
donnay, par les lettres que j'escripviz audit
Parlement de Bourdeaulx, de m'envoyer le
raporteur et ung de voz gens, avec le procès
faict conire iesdits exécutez, affin de mons-
trer à mon fils le roy de Navarre et ausdits
de la Relligion comme je suis bien marrye de
ces traverses et inconvéniens là. J'avois aupa-
ravant et ay encores depuis escript audit
Bourdeaulx, pour cest effect, par le s' de Bay,
que j'y ay envoyé' expressément, le faisant
passer audit Langon , avec lettres très expresses
aux s" de S -Oreins, sénéchal du Bazadois , et de
Guitry, qui sont audit Bazas, qui en est bien
près, affin qu'ilz veoyent Tordre que je donne
pour leur faire réparer cest atentat, et qu'ilz ne
laissent cependant de faire ce qu'ils doibvent
en iceiles villes de Bazas et de Langon, les
remettant comme il est porté par vostredit
édit et résolutions de nostre conférance. J'en
ay encores hier soir escript à mon fils le roy
de Navarre, qui m'avoit adverty des difficultés
que ledit Guitry luy raandoit trouver à l'oc-
casion de ladite exécution parmy les habitans
dudil Bazas, et que coulx dudit Langon n'es-
toient pas moins difficiles, l'ayant prié de
mander bien expressément à ceulx de sadicte
relligion qu'ils ne s'excuzent plus, mais satis-
fassent entièrement au contenu de nostredicte
résolution , et qu'aussy je les asseurois que, sy
ceulx de Bourdeaulx en avoient abusé, vous
leur en feriez telle réprimande que lesdils de
la Relligion auroient occasion de s'en conten-
ter; je ne cesseray point jusques ad ce que
cela fust fait, et feray tout ce que je pourray
pour \eoir, avant partir d'icy, parachever de
faire ce qu'il fault auxdits Bazas et Langon,
en sorte (|u'il n'y faille poinct retourner. J'es-
père que le maréchal de Biron et le viconte
de Turenne partiront cejourd'huy, ou pour
le plus tard demain, de ce lieu pour aller
aussy exécuter et faire tout ce qui est requis
selon leurs instructions, dont je vous ay en-
voyé le double, affin que bientost tout soit
bien estably en ceste Guyenne, procéddant
aussy à ladicte exécution les aultres sei-
gneurs et gentilzhommes que j'ay députez aux
aultres sénéchaucées de ce gouvernement,
dont je ne sçay encores que vous mander,
sinon que je m'attends qu'un chacun y faisant
son devoir, comme je les en admoneste et
admonesteray encores assez souvent, le tout
sera bientost fait et estably. Priant Dieu,
Monsieur mon fils, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Agen , le xvii° mars 1 679 , au matin ,
1579. — 17 mars.
Orig. Bibl. nal. , Fonds français, n" 3ao3, f* 44.
A MON COUSUV
LE MARÉCHAL DE DAMVILLE.
Mon cousin, il y a quelque temps que, pour
quelque léger propos que le s' viconte de Tu-
renne et le s'' de Rozan eurent ensemble, il
s'estoit meu aussy quelque débat entre le[,sj-
dict|s] viconte de Turenne et de Duras •, dont
je lesavois depuis deux jours mis d'accord, par
l'advis des princes et s" du Conseil privé du
Rov monsieur mon filz, et aultres s" et cap-
pitaines qui sont icy : toutesfoys, conire les
défenses que leur avois faictes, de la part du
Rov mondit S'' et filz, et de moy, de ne se de-
mander rien l'un à l'aultre, pour ce qui restoit
à accorder entre ledit s"' viconte de Turenne et
' Voir la note i de la p. 3o8.
LETTRES DE CATHEIUNE DE MÉDICIS.
307
le frère dudict s'' de Duras, qui n'estoit lors icy,
ilz se sont appeliez, sans que jiersonne en ayt
rien sceu, et combatuz cejourd'huy de jjrand
matin sur la grève de ceste ville; s'estans
blessez les un'fs les aullres. dont je lais in-
former par la Chambre du Parlement establie
en cestedicte ville, pour en faire faire la jus-
tice exemplaire à l'encoutre de ceulx qui se
trouveiTont avoir failly, estant ce que Ton doibl
désirer; mais, afin que chacun entende comme
le tout estpassé et ne soilcela cause ce pendant
ilinterrompre ou retarder l'éxecution de la
re'solution de nostre confe'rence tenue à Nérac
au bien de la paix, je vous en ay bien voulu
escripre ce mot de lectre, aflSn que vous sçai-
chiéz comme ce que dessus est advenu et le
faciez entendre à ceulx que verrez que besoing
sera, tenant la main que, pour cela, qui est
ung faici particulier et dont la justice se fera
sur ceulx qui l'auront mérité, le bon œuvre
de la paix et l'exécution d'icelle ne soi! aui-
cunement différé ny retardé. Priant Dieu,
mon cousiu, vous avoir en sasaincte et digne
garde.
Escript à Agen, le xvii'= jour de mars
1679.
De sa main : Mon cousin, je suis jnCuiment
marrye que, après tant de pouine', l'on me
donne de teles traverses, et ne sé^ cet sesi feré
plus mal ceur' mon voyage par le Languedoc.
Je vous prie m'en mender cet que vous en
saurés et conestrés au plus tost, afin que, celon
cela, je avise à cet que je feyré.
' Pouine, poiiie,
* Ne se cet sesi, ne sais si ceci.
' Ceur, SIU-.
1579. — 19 mars.
,0rij;. Uibl. nal. , Fonds français, n°.i345, f 67.
A MON COUSIN
LE S' DE DIMPVILLE.
Mon cousin, la lettre que vous m'avez es-
cripte, du xim'"" de ce ]>résent mois, m'a esté
rendue par ce porteur, qui m'a présenté aussi
requeste au nom d'aucuns habitans de la ville
de Montpellier, tant de la noblesse que offi-
ciers des courtz souveraines des aydes , chambre
des comptes, docteurs, advocatz et marclians,
faisans tous profession de la Relligion pré-
tendue refformée, pour avoir la justice de
l'appel quilz ont interjecté de l'ellection qui
s'est faicte depuis quelques jours des iioiiveaulx
consulz de ladicte ville, du tout contraire aux
statutz et privillciges d'icelle. Sur laquelle j'ay,
par l'advis des princes et s" du conseil privé
du Roy monsieur mon filz qui sont ici près
de moy, ordonné la responce que j'ay faict
mettre au pied de leurdicte requeste, qui est
ce qui s'est peu à présent faire pour mettre
ordre aux désordres advenuz en ladicte ville
tî l'occasion de ladicte eliection, avant par
mesme moven encores particullièreraent et bien
expressément escript aux juges et niagistralz
de ladicte ville de Montpellier de procedder
(toutes affaires cessantz) au jugement et dés-
cision dudit appel interjecté par devant eulx;
et espère que par ce moien il sera pourveu,
en sorte que les antiens privillciges de ladicte
ville de Montpellier seront observez et main-
teuuz. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincle et digne garde.
Escript à Agen, le xix° jour de mars
1679.
De sa main : Le visconte de Tureyne cet
porte bien et en mylleur volenté que jeamès
39.
308 LETTRES DE GATH
de feyre ayfectuer Tédisl, et le roy de Navarre
me l'è ausi promis anuyt. Festes mes reco-
mendation à vostre femme. ,
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 19 mars.
Copie. Bibl. nat.. Fonds français, n^SSig, Piyv"'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, depuis avant-hier que
je vous despeschey expresse'menl un courrier,
(]ui vous a porté doux de mes lettres, oultre
celle qui esloit de ma main, l'une par la-
quelle vous aurez veu le bon acheminement
que nous donnons pour l'exécution de vostre
édicl de paciffication, selon la résolution
nosire conférance teneuc à Ncrac, et l'aultre
l'aisant mention de ce qui estoit advenu entre
le viconte de Turenne et le s'' de Duras-, j'ay
escript partout (comme mon fils le Roy de
Navarre et le viconte de Turenne mesmes
m'ont asseuré avoir faict) afBn que cette que-
relle, qui est ung fait particuUier, ne soit point
cause de rien troubler, ny de retarder l'exé-
cution de nostredicte résolution au bien de
' En tète : «Envoyée au Roy par M. l'abbé d'Elbene. n
- Celle lettre trde sa main?i ne nous est point par-
venue. C'est ce qui explique que nous trouvions peu de
détails dans la correspondance de la reine mère sur le
fameux duel qui eut lieu le 17 mars 1679, sous les
murs d'Agen, entre Henri de la Tour, vicomte do Tu-
renne , et Jean de Durlort , vicomte de Duras et seigneur
do Rosan. Ils avaient pour seconds le baron de Salignac ,
chambellan du roi de Navarre, et Jacques de DurforI,
frère de Rosan. Turenne prétendit qu'il faillit être assas-
siné par des hommes apostés par son adversaire. Les
documents abondenl sur cet événement. Citons seulement
les Mémoires de Bouillon; de Thou, iiv. LXVItl; Bran-
tôme, t. \T, de l'édit. Lalanne, avec de nombreuses
notes, et une relation inédite d'un témoin dans la col-
lecl. Dupny, vol. yii, fol. 8a.
ERINE DE MEDIGIS.
la paix, n'oublians pas par mesdictes lettres
de bien admonester ceulx que nous avons dépu-
tez et envoyez es sénéchaucées de diligenter et
faire bien et sollidement tout ce qui est conte-
neu en leurs instructions, esquelles il n'a rien
esté oublyé, comme avez veu par les doubles
que vous en ay envoyé, et espère que pour le-
dit accident advenu de la querelle particulière
d'entre le viconte de Turenne et le s'' de
Duras, il n'adviendra aucun retardement à
vos affaires, si ce n'est es sénéchaucées de
Quercy, Rouergue, Périgortet Lymozin,oi!i le
maréchal de Biron et icelluy viconte de Tu-
renne dévoient aller exécuter du tout vostredit
édit et ladicle resolution de nostredicte con-
férence. Vray est qu'en attendant qu'ils .s'y
acheminassent, nous y avons envoyé, comme
je vous ay fait entendre, pour faire cesser tous
actes d'hoslillité et faire mettre en liberté
tous prisonniers de guerre, qui est une des
principalles choses qu'il fault faire. Et afiin
que ladicte querelle ne soit aussy cause d'au-
cun retardement en cela, j'en feiz incontinent
de ma pari , comme mon fils le roy de Na-
varre et le viconte de Turenne m'ont asseuré
avoir faict de la leur, de bonnes dépesches à
ceulx qui y sont allez et en ont la charge; de
sorte que j'espère qu'il n'y aura rien de dis-
continué en aucun endroil.
Il s'est trouvé quelque difficulté à Bazas, qui
fut cause que j'envoyay incontinant Saint-An,
enseigne de mes gardes, audit Bazas, lequel
m'a raporté y avoir veu rentier des ecclézias-
licques et des calholiqueschanter lamesse, et
mettre l'ordre porté en nos instructions par les
s" de Saincl-Oreins et de Guitry ; mais, quant à
Langon, oîi lesdits de S'-Oreins et de Guitry
doibvent aussy exécuter du tout et entièrement
ledit édit de paciffication , ledit Saint-An m'a
aussy raporté qu'il y aura bien affaire , à cause
de la dcIBence où sont entrez ceulx qui sont
LETTllKS DE CATH
dedans le chasteau do Laii;;on au mnion de
l'exécution, (jne ceulx du PaihMiicnt do Bor-
deaulx ont fait l'aire depuis la publication et
conlirmalion de paix, d'un capitaine et d'un
soldat dudit Langon, qui lurent prins pri-
sonniers revenans de conduire Camille, à ce
que l'on m'a dit, et exécutez deux jours après.
Toutosfois j'ay tant laid de dépesches ausdits
de Sainct-Oreins et de Guitry, et audit Langon
niesuie, y aiant derechef envoyé ledit Saint-
An , que jeu estime bonne yssue, en leur
bnillani le pardon (ju'avez accordé à ceulx c[ui
ont fait la surprinse du chasteau dudil Lan-
gon , lesquelz je voullois que se contentassent
de l'abolition généralle contenue en nostre-
diclie conférance, pour la crainte (jue j'ay de
la conséquance; aussy que je pense bien que
ledit Parlement fera de grandes diflScultez de
passer ledit pardon séparément; et puis le
père et la veufve et onfans du feu la Salle du
Ciron n'eussent pas tant eu d'occasion d'eulx
plaindre quilz auront, cl prévov bien ([u'ilz
m'importuneront icy beaucoup davanlaige
que si cela eust esté comprius au général.
Toutcsfois, considérant que ledit Langon em-
pesche le commerce par eaue et par terre, et
tient comme en subjection vostredicte ville de
Bourdeaulx, je bailleray, par l'advis de ceulx
de vostre Conseil qui sont icy, ladicte abolition
particullière que m'envoiasies, avec celle de la
Réolle.
Je laisseray ce propos et vous diray
que dès le jour mesmes du combat desdils
viconte de Turenne et de Duras, ilz se voul-
loient tous deux faire porter, assavoir ledit
viconte en la maison du s'' de Lezignan, et
ledit s' de Duras en la sienne; mais je ne le
voullois permeclre : au contraire j'envoyay de
mes gardes en chacun de leurs logis et com-
mandav à ceulx qui faisoient l'information
de la dilligenter, donnant bien à congnoistre
ERINE DE MEDIGIS.
309
à ung chacun que je voullois la justice estre
faicte do c(>lluy quy auroit failly, comme aussy
est-il raisonnable et nécessaire, pour l'offense
qu'ils vous ont faicte et à moy. Ce jour là,
qui fust mardy, se passa ainsy ; mais hier ledit
s"' de Duras de son costé faisoit advertir, ad
ce quej'entendz, ses parens et amis pour ve-
nir en ceste ville, et de faict queizques ungs
se présentèrent aux portes; mais javois donné
ordre n'y laisser entrer personne. Je fuz aussy
adverlye que Gramont est mandé de venir
avec bonne trouppe : aussvtosl que je le sceuz,
je iuy escripviz une expresse lettre, de vostre
part et de la mienne, suivant laquelle j'estime
qu'il n'oublira, ne me pouvant. Monsieur
mon fils, garder do vous dire qu'il y en a,
ainsy qu'il se congnoist bien aizément, les-
queiz font tout ce quilz peuvent (après avoir
essayé tous les moyens qu'ils ont peu, comme
ilz s'est clairement veu tant au faict de la
Réolle que encores en beaucoup d'aultres)
pour empescher non seulement la paix, mais
aussy pour nous remectre plus fort que ja-
mais à la guerre, qui eussent esté, à mon
advis, bien aizes qu'il feust advenu encores
quelque désordre en ceste ville, oîi le général
eust peu estre brouillé, car il y avoit assez
des ungs et des aultres, en cestedicte ville,
pour y voir un grand désordre, sans les def-
l'enses que feiz faire et l'ordre que je y ay
donney. Sur cela, ledit viconte de Turenne
me pressoit fort hier de Iuy permectre de
s'en aller dès ledit jour d'hier ou a\i moings
ce jour d'huy, et se vouiloit mectre par eaue
d'icv jusques au Poit-Sainte-Mar\e, et de là
en litière à \érae. Il arriva hier soir que, la
garde estant assize, l'on tira une pistoletade;
encores dit-on que se feust dedans le corps de
garde; du commancement l'on disoit que c'es-
loit ung de ceulx de la Relligion : je croy à
mon advis que cela est pour esmouvoir les
310 LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
calholiques contre ceulx de ladicfe reHigion,
car il se trouva que c'estoit un soldat catho-
lique qui avoit esté arresté prisonnier et bien-
tost mis en liberté, au lieu qui devoit estre
bien chaslio', comme je ne me suis peu garder
de dire au maréchal de Birou. Mondit fds le
roy de Navarre, qui veint couscherà une iioue
d'icy, m'a aujourd'huy, par Spalingues et de-
puis par le s' de Miossens, fort instamment
pryé que je permisse audit viconte de Tu-
renne de sortir de cestedicte ville pour se
faire porter audit Nc'rac; mais je m'en suis
tousjours excusée sur ce que les me'decins et
sirurgiens disoient qu'il se meciroit en dan-
ger, comme aussy se feust-il mis, car, ad ce
que disent iceuix sirurgiens et me'decins, cella
eust faict grand tort à ses playes et en danger
de luy faire donner la fiebvre; et ay envoyé
prier mondit fils le roy de Navarre, au lieu
que nous nous debvions trouver aujourd'huy
au Port-Saincte-Marye, que je le peus parier
à luy delà l'eau, au port de cestedicte ville,
oh il est soudain venu , et avons esté ensemble
près de trois heures, ayant fort remis et faict
en sorte que ceste querelle sera prinse, ainsv
qu'elle doibt aussy estre, comme faict par-
ticullier, sans porter préjudice au général.
Nous avons résolu que demain il se trouvera,
avec ceulx qui sont auprès de luy, au Port-
Sainte-Marye, oiî se faict porter le viconte
de Turenne, et oiî j'envoiray les s''^ de Lans-
sac et de Fois, comme je luy ay dit, pour
adviser qui il envoyra en Quercy et Rouergue,
où je luy ay proposé d'envoyer de vosire part
le s' de Saint-Suplice et le conseiller MoUa,
et, en Perigor et Lymosin, les s" de Bour-
deilles et de La Molhe-Fénelon, avec lesquelz
mondit Clz le roy de Navarre m'a dit qu'il
adviseroit, avec ledit viconte de Tui'enne elles
aultresdesa reliigion, de choisir aussy quelq'un
qui soit propre pour faire entièrement exé-
cuter vostredit édit de pacifEcation. Et oultre
cela, avons aussy arresté que, entre cy et
quelques jours que ledit viconte de Turenne
pourra aller par les champs, ledit maréchal
de Biron et luy yront eucores repasser, affin
que je puisse estre mieulx asseurée qu'en ces
quatre sénéchaucées, là oii je ne puis estendrc
mes yeulx ne y passer, la paix y soit aussy
bien establye, comme je fais tout ce que je
puis pour la veoir et laisser bien en tous ces
costez de deçà et es aullres lieux où je passe-
ray. Hz regarderont aussy, ledit jour de de-
main, audit Port-Sainte-Marye, quel jour il
foudra que je parte d'icy et celluy que nous
arriverons à Castelnaudary; mais, avant que
partir de ceste ville, je me délibère de parler
aux principaux consuls et habitans, aflin
que, pour quelque chose qui puisse advenir,
iiz ne regardent jamais à faire aultre chose
que ce qui sera de vostre propre commande-
ment et volunté, et non d'aullre quel qui soil.
Je pense qu'en faisant exécuter partout vostre
édit de paciffication, il n'y aura poinctde mal
de y comprendre ces propres parolles, car
s'il est vray ce que l'on m'a dit, il se com-
niance à faire en Daulphiné de très mauvais
remuemens, estans, selon ce qu'on m'a ra-
porté, toutes ces villes liguées, ayans con-
trainct tous gens de guerre, tant les voslres
que de ceulx de la Reliigion prétendue re-
formée, de sortir non seullement aux villes
qu'avez baillées pour seurelé par vostredit
édit de paciffication à ceulx de ladicte Relii-
gion , mais aussy des nultres villes de tout ledit
païs, aians achaplé les armes desdits soldats.
Hz dient bien qu'ilz ne veullent poinct d'aultre
Roy que vous, mais aussy qu'ils veullent joyr
de la paix, et ne veullent plus que voz tré-
soriers manient vos deniers, au contraire
les veullent eulx-mesmes l'aire recepvoir et
envoyer en voz coffres du Louvre à Paris;
LETTRES DE CATH
(|irilz vous veuHent remclro en vosfredoinayne
et revenus, mais toutefois ilz ne veulient jjIus
payer les tailles qu'à la raison qu'elles se
pavoient du règne du roy Loys douzièsme, et
si se veulient descharger du tout des garny-
sons do (|ui (jne se soit, il y a parmy eulx
quelques ungs do ceulx de iadictc Relligion
prétendue réformée, et dient qu'ils n'ont poinct
de chef aultre que lesdictes villes et commu-
nautcz. Ce sont choses (si elles sont véri-
tables) de grande importance et très dauge-
reuzes, comme vous pouvez penser. J'envoiray
demain en poste en ce pais là, soubz quelque
aultre coulleur, ung do mes gens qui a enten-
dement assez pour m'en raporter la vérité,
estant bien esbahye que n'en avez eu nou-
velles du s' de Maugiron. Celluy qui m'a dit
tout ce que dessus dit aussy que ces gens là
ont contrainct ledit s' de Maugiron de se re-
tirer en la ville de Grenoble, d'où il n'ozeroit
sortir; et il m'a dit davantaige ([u'il y avoit
ung gentilhomme qui s'estoit voullu oposer à
leurs desseings et leur faire remonstrance du
danger où ilz se mectoient, et que ne l'ayant
peu atraper en sa maison d'où il s'est saulvé,
ilz ont razé sadicte maison et l'ont poursuivy
tellement qu'il a esté contrainct fuyr, et qu'il
s'estoit voullu jetter dedans la maison du
s' de Tournon, mais que ledit s'' de Tournon
ne la ozé recepvoir. Hz ne font aucun mal à
ceulx qui vont et viennent par les champs,
au contraire ils les accompaignent en toutte
seureté, et dit-on davantaige que, quand ils
veulient aller faire quelque exploict, chacun
deuk porte ses vivres, et ne sont à aucune
charge ny fouUe es lieux par où ilz passent;
I on m'a aussy dit qu'il y a quelques villaiges
en Languedoc, au diocèse d'Uzès, qui com-
mancent à en faire de mesmo. Je n'ay voullu
faillir à vous advertir incontinent de tout ce
que dessus, non pour vous donner l'alarme.
ERINE DE MEDICIS.
311
car je ne say .s'il est bien vrav; mais c'est
ailin (juo vous advortissioz les s" maréchal
do Montmorancy, do Bellièvre en Normandie,
maréchal do Holz en Bretaigne, et vostre pro-
cureur général on Bourgongne, d'avoir l'œil
soigneusement ouvert à telles nouvelles ou
délibérations en ces provinces là, à celle fin
que, par promptes et vifves remonstrances et
tous aultres moyens dextres, ilz regardent
de les destourner. Priant Dieu, Monsieur
mon fils, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Esrript à Agen, le jeudy xix" jour do mars
1579.
J579. — ao mars.
Publiée par M. l'abbé de Carsaïade.
A MONSIEUR DE MONTBER\ULT,
CHEVALIER DE L'ORDrE DD ROT MONSIEDE MOS FILS , ETC.
Monsieur de Monlberault, j'ay roceu la
lettre que m'avez escripte par ce gentilhomme,
présent porteur, et entendu par icelle et par
ce qui m'a dict aussy de vostre part, l'indis-
position à laquelle vous estes, dont je suis
bien marry, tant pour vostre considération
particulière, que pour ce que je sçav que
vous vous feussiez dignement acquitté de la
charge qui vous estoit commise. Toutesfois,
puisqu'il ne s'est peu faire, je regarderay d'y
pourveoir d'ailleurs et advertiray le Roy mon-
sieur mon fils de la bonne volonté à laquelle
vous estiez, si vostre sancté l'eust peu per-
meclre'; priant Dieu, Monsieur de Mont-
' Monlberault se romit : il prit même part, dans les
rangs catholiques et ligueurs, à la guerre qui recom-
mença dans les provinces du Midi dès l'année sui-
vante; et Henri Ht lui érrivit à cette occasion trois
ou quatre lettres, retrouvées aussi par M. l'alilié de
Carsaïade.
312 LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
berault, vous avoir en sa sainte et digne
garde.
Escript à Agen, le xx" jour de mars
1679.
Caterine.
1579. — 9 1 mars.
Orig. Bibl. liât., Fonds français, n" 32o3, P* /16.
A MON cousit*
LE MARÉCHAL DE DAMVILLE.
Mon cousin , j'av receu les deux lectres que
m"avez escriptes par le secrétaire du s'deRieux
pour le faict du différend du consulat de Nar-
bonne, dont j'escriptz par luy au Roy mon-
sieur mon filz, suivant vostre désir et le sien;
et quant à vostre aultre lectre, je vous diray
qu'il n'a esté possible de pouvoir faire mieulx
que ce que nous avons faict en nostre confé-
rence; et fault croire que le Roy inondict
S"' et filz voullant entièrement garder et ob-
server sou édict de pacification, comme je
sçay que c'est sa droicte et sincère intention,
ceul.x de la religion pre'tendue réforme'e ne
peuvent avoir aulcune excuze qu'ilz ne re-
mettent du tout les unze villes au bout des six
mois, qui escherront le dernier jour de sep-
tembre prochain venant. Nous lismes tout ce
qui fut possible, à ce que celles où vous avez
inte'rest particulier n'y feussent comprises;
mais nous ne peusmes gaingner cela sur eulx,
qui nous asseurèrent (comme aussy est-ce l'in-
tention de la re'solution de nostredicte con-
férence) que vous y aurez toute auctorite' et
la jouyssance de ce qui vous y appartient,
ainsy qu'il est bien raisonnable et porte' par
ledict édict de pacification et ladicte re'solu-
tion de nostre conférence.
J'ay séjourné plus que je ne pensois en
ceste ville, et veoy bien qu'à cause de la feste
de Nostre-Dame,qui est si prochaine', je n'en
pourray pas partir que le landemain. Mon
filz le roy de Navarre et moy avons advisé et
résolu que nous arriverons. Dieu aydant, sans
faillir, le ii' du mois d'apvril prochain à Cas-
telnaudarry, où j'escriptz aux députez de Lan-
guedoc ne faire faulte de se trouver, vous
priant ou le s' de Joyeuse, auquel j'escriptz
pareillement, de leur faire tenir mes lectres,
et regarder s'il se pourra commodément faire
que les Estatz de Languedoc se tiennent à ce
temps là, ou après que nous aurons veu les-
dictz députez, ausquels je vous prie de rechef
donner ordre que mes lettres soient seure-
ment et incontinent baillées. Ce pendant je
prie Dieu , mon cousin , vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Agen, le xxi" jour de mars 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Mon cousin, je désire que vous sciez aussi,
ledict jour, 11° d'avril, audict Castelnaudary.
1579. — 32 mars.
Orig. CoHection Baguenauit de Puchesse.
A MONSIEUR D'USSAC,
CSEVALIBa DE L'OBDRE DU ROT M0?(S1ECR UON FILS
ET GODVERNEUn DE LA BÉOLLE.
Monsieur d'Ussac,j'ay receu les lettres que
vous m'avez escriptes et veu entièrement les
mémoires que m'avez envoyez pour le faict de
vostre charge, sur chacun article desquelz j'ay
résolu la response, et ay commandé à mon
cousin le mar"' de Biron la vous faire entendre ,
' C'est la fête de l'Annonciation, qui tombe le
a 5 mars.
LETTRES DE CATIIEIU.NE DE MÉDICIS.
3i;j
et m'asseure qu'en demeurerez satisfaict,
comme j'enteiulz <|ue vous soyez cl qu'il est
aussy raisounal)ie, marcliant de si bon pied
(|uo je veoy que vous faicles; ne me restant à
vous respondre sur tout le contenu à vosdictes
lettres, sinon sur la difficulté que vous faictes
d'aller avec le s' de S"-Oreins pour exécuter le
contenu en l'instruction que mon filz le roy
de Navarre et uioy avons faicte audict s'' de
S'-Oreins' et à vous, pourl'eNécutiondc l'édil
dernier de pacillicalion, selon la résolution
de nostre conférence tenue à Ne'rac. Et vous
asseure, pour la fin de ceste-cy, que je n'ay
pas oublie' ny n'oublirnv, quand j'auray ce
bien d'eslre auprès du Hoy mon S' et filz,
de luy faiie entendre la seicurité de laquelle
vous proceddez à vostre charge, m'asseurant
qu'il aura bien agréable et ne laissera passer
aulcune occasion de vous gratiffier qu'il ne le
lace volunliers. Priant Dieu, Mons"' d'Ussac,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Agen. le xxn'^jour de mars 1079.
(Iaterine.
Pin \m.
1579. — 9-3 mars.
Copie. Biiil. nat. , Fonds français, u^SSif), f'igv"-.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
.Monsieur mou lils, vous aurez veu par
les dernières despesclies que vous av faites,
comme l'ordre a esté donné partout pour
l'exécution de vostre dernier édit de paciffi-
cation et résolutions de nostre conférance.
Depuis, j'ay eu nouvelles de la pluspart de
' Sur le sieur de Saint^Orens, voir la note de la
p. 188.
* En tète : ctEnvoyée au Roy par Georges, huissier de
rliambre de la Rojne mère du Roy.?)
CillIERINE DE MÉDICIS. — ÏI.
ceux qui ont esté députez pourcel effecl qu'ilz
exécutent sans aucune coniradiction. Vray est
que la querelle des s" viconle de Turenne el
de Duras a\oit l'ait ung peu lever les aurcilies
à ceulx di' la Uelligion prétendui' réiormée;
mais l'ordre que soudain j'y donney d'ad-
verlir, et mesme de faire escripre le viconte de
Turenne partout, a esté cause que cela (qui
aussi à la vérité n'est (ju'un laid ])aiticuliier )
ne troublera point le général, dont je loue
Dieu grandement. Saint-An, enseigne de mes
gardes, que j'avais envoyé' à Langon, m'a rap-
porté avoir veu comme les s'' de Saint-Oreins
et de Guitry en ont faict sortir la garni-
son, et sont à présent les villes et cbasteau
de Langon remises suivant vostre dict édit,
qui y est au reste entièrement exe'cuté. Vray
est que pour l'animosité d'entre les liabilans
dudif Langon et François Mons'" de Candalle,
qui en est seigneur de fief, comme tuteur de
sa petite ' de Candalle, il a esié
advisé que ledit chasteau sera mis entre les
mains de quelque gentilhomme catholicque,
([ue je nommeray pour le gardi>r et mectre
es mains dudit François M" de Candalle, qui
s'obligera de n'y mectre qu'un consierge, avec
ses gens et serviteurs suivant vostre édict. J'ay
escript à mon fils le roy de Navarre que je
vouUois que ce feust le s"" de S'-An (ce que
je ne double pas qu'il m'accorde), et l'ay faict
expressément aliin de l'oster sans taider des
mains de ceulx de la Relligion prétendue ré-
formée, et que ceulx de Bourdeaulx n'ayent
plus d'occasion de se plaindre, comme ilz
n'auront; car, ad ce que m'a dit le s' de
S' Au, néantmoings les chemins y sont scurs
et libres, tant par terre que par eaue, y estant
tout en grand repos. J'y renvoiray demain
(aussilost que j'auray les lettres de mondit filz
' tn mot laisse en blanc, sans doule (tlille^ on
tr nièce».
4o
;il'i I.ETTHKS DE CATHEHINE !»E MEDIGIS.
le ro\ ilr \ii\inrr| Icdil S-'Aii. [iiiiir \ Mclii'vcr
(reffci'It'iiiT ce (jiir do.ssiis. Lo vicoille (le Tu-
rcillii', cniiiini' ]!' \oiis ;iv rsrripl . c<l l\ jiri'SPiil
i'i \Vr;ic, SI' purlaiit iissoz liii'ii. en es|)i''i'nni"('
(l'cslrc l)i('n((is( ;;ui'r\ , c[ d aller incoiilini'ut
;i\oi' le liiiiicM'Iiai ilo liiioiii'ii (jiici'i-y. Rduit-
"iic. Pi'TJjroi' cl Limd/.iii; (■cnciiilanl ne lai^-
sons dCuvdyri' des inslniclioiis do vnsli'f juirl
an s'' de S' Snlpii'i' [loiir- Rfiin'ijruc cl <jiiiTCv.
au\ s'" de (Jiirliis cl (h' \cziiis si''nc>rliaul\
a\cc lin , cl |i(iiii' l'i'riijor, le s' di' Hdiiidcillcs
cl le s' de L:i \lnlhc-l'"'i'ii(d()il eiiscnililcmciil .
daulaiil ijMê ledit s' de niiiirdeilles en esl si'-
néclial, cl Icdil >' lie La Miillc m'uI |inm li-
Liiiio/.iii ; a\anl aii>s\ mon fil/, le i'o\ de \a-
\arrc (h'pnllé de sa pail |ioiii' Koucryiie le s'
(le Rioiiniers el le s' de VauK, et |)iinr (jniTC)
|c \iciiii!i> de (l(Mii'doM cl le dc|iullc Scorbiai';
|ioiir l'i''ri;;or, les ^'^ di> (;iianipai;;nac el d"\ olcl
le jeune, cl poni' le L\ iinisin , les s" de lioclie-
Ibil el lediel ^ olcl. Ions lcsi|n(d/. ponrveoyc-
ronl ini'orilinenl , eoinme j'cslinic. à lonles
l'Iioscs, excepté à Pei'ijjncuU , d'où il ne l'anl
|)as penser faire soiiir vivans, sv le \ieonlc de
Tm'cnne n \ esl en personne : il \ sera à utim
advis liien losl . cl me seudilc cpi d a lo'l lionne
\olnnlc poi]|- l'eM'enlion de I l'dn't , de soric
ipic le niai-eselial de liiron el lu\ repasscroid
cnscmlilc |iai- ces hcii\-ià. el allans a l'i'ia-
j|nenl\ . ains\ ipi ils oui didilii'i'i'. d lanl iToir<'
(|ne.si anli'c chose ncsnivient ( ipio Dn'n ne
veuille, conune j'espère ipi'il ne ferai. IomI
scia liien losl à re[ios el l,i paix bien cslahhc
en loni ce jMuiverneinenl ; cl allin de la \
niainlunir, pour ce aussy que je nii'ni' icellu\
inai-esclial de lîiron avec ino\. j cscripi/, à Ions
les si''nes dianlx cl antres (jni oui cliar;;c dans
ce coineruenu'ul , la Ici Ire doni je \onsenvo\i'
le dcnible, espinanl |iarlir d'icy jcnd\ [iroidiain
el esire à (laslelnandary le dernier joui- de ce
nuiis. Mon liU le ro\ de Aaxarre v sera auss\.
el , sy je puis, ie viconte de Tureune y viendra
paieillenient, avant oscript ceste après-disnéo
à niondil fi\/. le ro\ de \a\ane alFin de Tv
aniiMier el fpieje luy presterois ma liclièro,s'il
en [cstoit] besoin;;. J'eslimc, s'il peut venir
audit Caslelnandary, <pn: nous ani-ons bean-
conp pins losl l'aict avec les dépnlli's du Lan-
<;nedoc([; et d^^ là il n'y a que ijuatrc ou cin(|
lieues jnsques en lloiier;|in', nù le niaresclial
de iîii'ou et luv s'en vroieiil conimancer leur
\o\ ai;;edessnsdil. (lependatil je \ousdiray que
i'a\ c,\ cesie après-disnee, estant en conseil, la
Iccinrcde rinfoiinalion de la(|uendle et com-
bat du \icinile di' Tnrenne ci duilil Duras;
mais ni'a\ant . comme je vinis a\ fait entendre.
ice!ln\ le viconli' de Tnrenne drst devant mon
nis le ro\ de \a\arre, iccllin niaresclial de
l!ir(Uiel unjjijrand nonibrcde nobl(^sse,lors<[ue
je parb'v à luv sur le gravier de ceste ville, m'y
venant de promener el Inv s'en allant mectre
dans iinji basteau pour aller audil N('rac .
qn il ne dcinandoil jioincl juslicc de ce qui
s'estoil pass('. mais (|ue s'il aMul quelque
(diosc à di'mandcr an s' de Duras, que <'e se-
roil ilc sa personne à la sienne, sans faire au-
ciiiics .isscmblec n\ amas d boninics. et le
ni'assciira el promist ainsy. Voylà |ioni-i|uo\
je suis di'libi'ri'c (d'aulanl ipi'il ne se jienll
bien \coir qui a laict l'ollciisc cn\ers vous el
mo\. cl après que 1 ou auia examine encorcs
quidi|nes Icsmoinjfs, ipii' le s' de Duras s'est
laisse cnlendre (|u d d(''Sire estre oy/.) de
prandre cesdicles informalioiis et remetti'c
le liuil à \ous. jionr Toirense cpii vous a esté
cl à iuo\ faictc. Sur quoy je vous diray que
le s' de Duras vcini hier, comme j'estois à
\esprcs aux (iordelliers de ceste ville, parler
à mo\ de ce cpu' dessus, el me dist assez. Iroi-
(lemenl que l'occasicm pour la(jnellc il estoit
venue par mo\ esloil pour me su[iplicr. s'il
m'a\oil oITenscée, de \u\ [laidouner; mais je
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
315
Tav très bion (lic( ci'^ic après-fiisnée au conseil
(levant tous. (|n(; (|iiand Ion \riit demander
iing pardon, ce n'est pas debout ny de ceste
l'açon, el ny aussi bien faici congnoistre que
je ue trouvois pas bon que l'on l'eist pour la-
dicte querelle des assemblées, ((uc; je voullois
(jue Je s' de Duras nie feist semblable pro-
messe que m'a l'ait ledit viconte de Turenne,
et que l'ung et l'autre me la baillassent par
escript pour la vous envoyer, comme je feray
aussylost que je i'auray retirée; et oultre cela
l'eray faire les détl'euses à leurs personnes
niesmes, et aussy aux s" de Rozan et baron de
Sallignac, si expresses et par escript, qu'il sera
bien difficile de leur pardonner après, s'ils
(onilioient en celte taule. Je croy qu'il faudra
d'icy à quelque temps, pour quececy ne pré-
judicie à vostre service, comme sans double
il seroit, que vous les mandiez les ungs et les
autres venir parler à vous, les faisant acconi-
paigner cbacun par ung gentilbomme^et que
vous regardiez s'il y aura moyen de les
apoinctcr, en leur pai'donnant, et non autre-
ment, la faulte qu'ils vous ont faicle; aultre-
ment, cela pourroit esire cause de troubler
celle province, en laquelle. Dieu aydani, la
pai.v seroit bientost establye, suivant vosiredit
éditde paciffication; mais je crains infiniment
qu'il y en ayt qui vcuUent troubler le repos;
car comme vous verrez par une letlre que les
jurais de Libourne ont escripte à vostre ad-
vocat en la court de Parlement de Bourdeaulx ,
La Rocbe, <ju"il m'a envoye'e, et_ laquelle sera
encloze en ce pacquet, auscuns des babitans
dudit Libourne, calholiequcs, ont voulu sur-
prendre la ville. Le s' de Lanssac y est aile' et
deux conseillers dudit Parlement, pour en in-
former et savoir à la vérité' d'où cela procedde,
et à quelle fin j'en ay incontinent si expres-
sément escript à vostre Parlement et audit s' do
Lanssac, que j'espèie ((ueje sauray (|ue c'est.
et vous en esclaircirav incontinent. Cependant
il sera bon que ^ous en escripviez à vostre
Parlement, au s' de Lanssac et à vostre advocat
La Roche. Priant Dieu, Monsieur mon fils,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Agen, le xxu' jour de mars 1679.
1570. — -lU mars.
Copie. Bib], nnl. , Fonds français, n" 33ig, i^ a't v".
A MON FILS ,
[LE DUC D'ANJOU.]
Mon fils, j'ay esté infiniment aize d'avoir,
par le s"^ Palerne , présent porteur ' , entendu sy
au long de voz nouvelles et de vostre bonne
et sincère intention de ne voulloir jamais faire
chose qui puisse altérer l'amilyé qui doibt
estre, par raison et nature, entre le Roy
vostre frère et vous, pour luy rendre l'obéis-
sance et service que devez, et ne \ouloir
aussy troubler ce royaume, qui a tant de be-
soing de se remettre, et que devez le désirer,
pour estre le seul fondement et le plus sein-
de vostre grandeur; car estant remise et à
vous conservée la bonne grâce du Roy vostre
frère, ne devez désespérer que n'ayez toute
telle grandeur (jue justement pouvez désirer,
car rien pour vostre avancement ne sepi-ésen-
tera qu'il ne vous ayde de tous ses moiens;
mais que lui donniez le loisir de pouvoir joïr
de la paix que par nouvelles conférences
avons asseurée, comme ce porteur vous pourra
dire plus au long; et en ce faisant, croyez,
mon fils, qu'aurez plus d'occasion de conten-
tement que n'avez eu par les autres estrava-
guans conseils que l'on vous a donnés, et à
' Le 3' de Palerne avait clé envoyé par le duc d'Anjou
vers le roi el la reine mère avec une rr Instruction ïî rela-
tive aux négocialions du mariage anglais. Voir p. 37/1.
4o.
316
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
la fln devez estrc asseuré que nous voulons
voslre conservation et grandeur; car vous n'en
pouvez avoir qu'il n'en retourne utillité au
Rov et à son service et conservation de son
royaume, et que tout ce qui vous est de près
en soit participant : qui est cause que ne s'en
présentant pour le présent une plus preste ni
plus grande que le mariage de la royne d'An-
giclerre, je demeure en mon opinion que,
ayant les seuretez nécessaires, ne devez diffé-
rer d'y aller, et m'asseure qu'elle ne sera si
mal conseillée de vous en laisser retourner
avec occasion d'estre mal content , car elle
sayt bien le tort qu'elle se feroit dabuzer le
frère d'ung si grand Roy, comme le grand
Roy de France; et le plustot que l'entreveue
se pourra faire, ce sera le meilleur, car les
choses qui traînent, principalement avec elle ',
' Qciand Calheriiie éci-ivait colle phrase, elle n'avait
pas encore reçu la lettre suivante, qui se trouve en
minute originale au Record office, dans les State papcrs,
vol. 06 :
Elisabeth à la Reine mère du Roi.
(9 mars 1579.)
r Madame ma bonne seur, la lettre qui^ m'avez en-
voyée par le s' Rocquelaillade " me lesmoigne assez la
continuation de vostre bonne amitié et affection en-
vers moy, demeurant, comme feutcs toujours, constante
au désir qu'elle se puisse d'autant mieux asseurer et
confirmer par les oeuvres les plus précieuses qu'on sau-
roit donner ; en quoy, s'il y a raison que méritiez
beaucoup on mon endroit , vous vous pourrez asseurer
que je ne demeure en mon cœur méconnaissante de
l'honneur que me faite et désirez, ains mesurant les
fruits de votre affection au pris de l'opinion que j'en
ay toujours eue, suis contrainte de vous aymer et ho-
norer davantage. Quant au fait mesme dont il est
question, je ne doute pas que vous n'ayez receu aver-
tissement de ce que s'est passé, par celui à qui il
touche de près et auquel avez intérest , et loullefois ne
" Le sieur de Roquetaillade ét;iit un courrier de la reine
mère, que nous avons déjà vu porter une dépiVlie au roi le
11 novembre 1578. — V. plus haut, p. ii3.
il n'en vient jamais rien de bien. Je m'assure
que le Roy vous aydera de ce qu'il pourra,
et fault considérer qu'il n'a pas tous les
moyens qu'il vouldroil pour vous faire aller
comme le sauriez désirer, veu mesmemenl
que les Estatz luy ont persuadé de se tant
restraindre, que pour les contenter il a remis
beaucoup de choses, à ce que je puis entendre,
et pour cesle raison je y vouldrois aller, à
demy en poste, avecq ung nombre de gens
choisiz et nécessaires, car de si grand, atirant
bien souvent fi ndiscrétion , fait tort au maistre.
Sy j'estois de retour assez à temps, je vous
y nicnerois, et cela excuseroit beaucoup de
choses; mais, sy pouvez avoir les seuretez né-
cessaires, lesquelles ne devez vous demander,
car vous luy devez monstrer toute confiance
et ne doubler de rien pour l'envye qu'avez de
voudrois obmettre de vous en particulariser aussi quel-
que chose moi mesme, pour satisfaire aux ofTices de
nostre affection réciproque, n'est-ce que ce porteur est
incertain du temps auquel il vous ira trouver, qui me
fait douter que ce que je vous en manderois vous se-
roit possible trop tard apporté, et pour ce me semble
mieux à vous remettre à ce que en entendrez plus frais-
chement d'ailleurs. Estant au reste 1res ayse d'entendre
qu'estes empressée à une si sainrie œuvre c|ue d'éteindre
le feu qui commençoit à se rallumer par delà, et eut
jeté une trop grande ffamme au préjudice de tout le
royaume, sans votre bonne prévoyance, ayant telle opi-
nion do votre sagesse, dextérité, et bonne adresse au
maniement des affaires, comme vous avez déjà plusieurs
fois montré l'expérience que le tout succède pour le ser-
vice du roy, le bien public et voiro honneur particulier
qui en rapporte les louanges. -
Le même jour, la reine Elisabeth écrivait au duc
d'Anjou :
triS'eust esté, Monsieur, que les récentes nouvelles
de vos grans préparalifs m'eussent tellement émeUe
que n'ny sceu garder la phune qu'elle ne vous escripvit,
je n'userois de hardiesse de si souvent vous importuner
de si grandes lettres; mais à confesser la vérité, la def-
fiance que j"av conceue en l'endroit de M' Simier qu'il
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
3i:
lui coni])lairp; mais liiiill ([iio ce soit le Ro\
qui Ips lui l'ace dcmaTidcr par son ambassa-
deur, aliu (|u"i'11p cognoissc le soinjj qu'il a de
vous, et que, conceruaut cest eunion, elle ayl
plus de respect à ne vous mal contenter. Car
enfin, lapuy qu'avez du Roy, et si elle con-
{jnoist que soie/, uiijj ensemble, j'espère que
cella lui fera plus tost vous désirer, et tout le
païs. Vous verrez, par le mémoire que je vous
envoyé, tout re que davantai|;e je pense : je ne
vous l'eray la présente plus loujjue; car dans
deux jours je vous envoiray uug de mes gens;
et cependant je prye Dieu qu'il vous conserve
en la bonne grâce du Rov et ijue tout le
royaume congnoisse <]ue n'avez autre volonté
que de luy obéyr et entretenir le repos.
D'Agen, le xmiii' mars 1079.
ne conseillp assoz clairement, mais avec des mots assez
gelés, me constraint vous supplier considérer que ceste
entrevue, tenant fondement incertain, ne requiert fon-
dement trop manifcsle, car si rien n'en snivoil qu'amitié
asseuréc, laiit plus jjrand vous penseriez le déshonneur;
et quant je prise ([ue l'arrivée voslre en Flandre pré-
venoit de longue main le bruit de vostre voyage, il me
semble que un aulie tel passage vous advanceroit la ré-
putalion (si j'ose le dire) une conliosme pailie plus que
tout ce qu'en avez reçu de leur pail, et me persuade
nul qui lient considération de nous vous condamnera
pour n'avoir fait avec rassis jugement et sage advis;
car du mal rien ne peut suivre de bien. Je me tairay
comme telle qui ne puis beaucoup promelire où je
cognois si peu de suffisance. Vous me pardonnerez.
Monsieur, si la jalousie que j'ay de voslre bien , avec le
regard de la perpétuité de vostre amitié m'advanco que
trop pour si librement vous écrire, supliant le Créateur
qu'il vous conseille le tout pour le mieux avec mes très
cordiales recommandations à vous. Monsieur, vostre as-
seurée seur et cousine,
Elisabeth.
{Stalepap., vol. 06, copie du temps; 9 mars 1579.1
157'.). — Mars'.
CopÎP Bil)l. liât. , Fonds fraoçais, n' 33i9, C" a5 r" et \".
I VU ROY MONSIEUR MON FILZ.]
Monsieur mon fiiz, le mareschal de Biron
et aulcuns des principeaux des villes de ce
gouvernement désirent estre eclaircyz si mon
filz le roy de Navarre, vouHaut aller de l'un
en aullre par ce gouvernement, se présente
à leurs portes pour entrer dedans lesdicles
villes, ils le laisseront entrer : sur quoy, estant
cela d'impnriance, j'ay advisé vous en escripre
et prier m'en mander vostre volunté. Mon
opinion seroit que l'on ne luy en feist point
de difficulté, car autrement ce ne seroit pas
la paix; mais je voudrois aussy qu'il n'y allast
si tost, estant encoresla mémoire des troubles
trop récente, et que, quand il vouldruit aller
esdicles villes, ce soit avec son train ordinaire
et son ancienne garde seullemenl, et que pour
le faire -de luy-mesmes venir à ceste résolu-
tion, vous escripvassiez une bonne lettre à
ma fille la royne de Navarre, aflin quelle
preigne l'occasion bien à propos, comme elle
saura bien cboisir l'beure, et luy remonstrast
qu'il doibt de luy-mesme désirer et cherclier
les moiens que lesdictes villes n'entrent en
aucune suspition de luy, comme elles ne fe-
ront quant il en vouidra user de ceste façon
modestement, ainsy qu'il fault qu'il face
jusques à quelque temps que toutes cboses
seront plus affermyes à la paix. Toutefois,
Monsieur mon filz, je remetz à vous de m'en
mander sur cela vostre volunté, ce que je vous
prye faire par vostre première dépesclie, car
je suis (orl pressi> par ledil inarosclial de
' Cette dépêche n'est point datée; mais on peut voir
qui" c'est plutôt une instruction demandée par la reine
mère pour un cas particulier, qu'une lettre propre-
monl (lile. écrite par elle.
318 LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
Biron et ceulx ilesdictes villes, de leur faire
responce sur cela, vous priant que personne
ne saiche rien du contenu en ceste lettre;
et m'en faictes faire les dépesches comme de
vous mesmes. Et pour ce, Monsieur mon filz,
que j'espère que le s' d' Arques partira jeudi
prochain pour s'en retourner, je vous envoiray
par luy les promesses desdits viconte de Tu-
renne, baron de Sallignac, s' de Duras et de
Rozan, lesquelles je veux si bien faire faire,
que leur querelle ne puisse préjudicier à voz
alFaires et service de deçà, comme sans double
elle eust desjàfaict et seroit qui n'y pourveoi-
roit bien.
1579. — îA mars.
Orij;. Bibl, liai., Fon.ls français, n" 3345, fMJ5.
A MON COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mon cousin, présentement est arrivé en ce
lieu le s'' d'Arqués, que le Roy monsieur mon
filz m'a en dilligence expressément envoyé pour
me tesmoingner le grand aize et contentement
qu'il a de la résolution de nostre conférence
au bien de la paix, et le grand désir qu'il a
aussy qu'elle s'cstablisse et effectue suivant
nostredicte résolution, me priant de com-
mander de sa part à tous ses subjectz de l'une
el de l'autre religion d'y obéyr et s'y conformer
entièrement, estant, comme c'est, le plus
grand heur et bien qui sçauroit advenir à ce
royaume. M'ayant aussy ledit s' d'Arqués ap-
porté par mesme moien les plus agréables
nouvelles que j'eusse peu entendre, qui sont
que mon filz le duc d'Anjou arriva le lundy
.xvi" de ce mois sur le soir à Paris, oii il est
venu trouver le Roy monditS'et filz, son frère,
accompaigué seulement de deux ou trois gen-
tilzhommes; et après s'estre embrassez et faict
toute la bonne chère qui se peult el que se
doibvent deux bons frères, ilz couchèrent ceste
nuict là ensemble, se délibérans de continuer
à tousjours la vraye et parfaicte amytié et
union qu'ilz se doibvent, dont je loue Dieu
grandement, vous en aiant bien voulu escripre
pour la joye qu'un chascun en doibt avoir el
le bien que c'est à ce royaume. Priant Dieu,
mon cousin , vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Agen, le xxnu^jour demars 1679.
De sa main : Mon cousin , je vous prie faire
tenir seurement et incontinant la dépescbe
que je faiz à mon cousin le cardinal d'Arma-
Vostre bonne cousine,
Signé : Caterine.
1579. — i!5 mars.
Copie. Bilil. nat. , Fonds français, n° SSig, i° as r» '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je ne doibz plaindre
mes peynes, comme aussy ne feyz-je oncques
en tout ce que j'ai congneu, ny ne feray ja-
mais en ce que je congnoistray estre du bien
de vostre service et de vostre royaulme, quand
il n'y auroit que le grand contentement que
j'ay veu par les lectres qu'il vous a pieu
m'escripre et entendu du sieur d'Arqués qu'en
avez, mesmement de ce qui a esté faict en
nostre conférence au bien de la paix et exé-
cution de vostre dernier édict de pacification;
aussy, à la vérité, y ay-je, et les princes et s"
qui m'ont assistée, faict (oui ce qui se peult.
Noz peynes, combien qu'elles ayent esté
' Kii tiHe : tcEnvoyée par Anibrelin.n
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
31'.)
«fraudes, nous ont a[)|i(iiti' iiiiss\ imjj loil
jjiuiul l)i('n cl conlc'iilciiii'nl . vcuxaus (jue
vous nous l'u sç-avi'z gré el avez a|[iTal)le iioslre
resolulion. Et ce qui augmente encores da-
vantaige ceste jove est le grand fruict que
nous en veoyons desjà; car croyez, Monsieur
mon fil/., (jue tous vos |>('uples et subjectz,ès
provinces de deçà, ne receurenl jamais chose
avec plus d"all»$gresse (ju ilz font ceste fois.
Aussy ay-je advis de toutes parlz que l'exécu-
tion et eslablisseinent de vostredict dernier
édict se taict fort aizénient et avec le gré des
ungs et des aullres , et n y a plus que quelzques
volleurs des costez de Périgort el Rouergue
qui font encores quelques courses. Mais jVs-
pèr.e que les dépesches que mon filz le roy de
Navarre, et nioy avons faictes de ces costez-là,
en attendant que les maresclial de Biron et
viconte de Turenne y aillent, comme ilz yront
bien tost, feront cesser tous ces désordres,
ainsy qu'ilz ont faict en Languedocq, comme
il vous plaira veoir par les lectres que j'en av
aussy receues, ayant pour ce en fort grande
espérance que la paix, repos et union, s'esta-
blira ceste fois si bien par tout vostre royaume,
qu'avec l'ayde de Dieu elle sera perdurable.
Et puis les bonnes et agréables nouvelles de
la venue et arrivée de mon filz le duc d'An-
jou auprès de vous, qui s'est faicle si à propos
et de si bonne façon, tesmoingnant par icelle
la perfaicte amylié et intelligence d'entre vous
et luy, comme je l'ay incontinant escript par-
tout, fortilBeront grandement ce bon œuvre
de la pai.\, avec le contentement que vous en
avez, dont je u'ay obmis aussy d'escripre pai-
inesme moien, en sorte ([ue je ne fais plus
de doute que vostredict royaulme ne de-
meure en repos, et raoy la plus contente que
je feuz oncques de la bonne résolution et deb-
voir de mondict filz le duc d'Anjou envers
vous, qui estes aussi tant à louei' de voz bons
cl \erlucu\ comporteniens envers luy. que
(|u,iniije pense à ceste si franche et l'raternele
visilalion, rorrespoudue de si bonne façon
par vous, j'en resens tel aize et joye que je
n'en cuz, il y a long temps, de plus grande,
estant cela si à propos advenu ([uc je double
poincl qu'il me soyl el à vous el à luy, avec
l'aide de Dieu, grandement heureux et prof-
fictable. Car, oultre la fermeté du bien de la
paix avec ceulx de voz subjectz faisans pi'o-
fession de la Religion prétendue réfornu'e.
crojez, Monsieur mon lilz, que s'il y eu avoit
d'aultres qui eussent délibération de troubler
soubz quelque aultre prétexte, ilz enseroient,
veoyaus ceste bonne et parfaicte union, par
ce uioien bien empeschez. Ce bien là en amè-
nera aussy ung aultre pour vostredict frère,
ainsy que je luy escriplz bien amplement; car
estant comme j'ay veu les choses en si bon
train pour le faict du mariaige d'Angleterre,
elles succedderont beaucoup plus aizément à
son désir, se compoilant envers vous comme
son debvoir el tant de grandes et particulières
obligations qu'il y a le veulent. Et oultre le
contenu des leclres que je lui avois escriptes,
auparavant que je sceusse ces bonnes el heu-
reuses nouvelles, el aussy de celles que je luy
ay encores depuis faictes, desquelles je vous
envoyé pareillement le double, j'ay si ample-
ment instruict Palerne de la façon qu'il l'ault
qu'il se gouverne doresnavant envers vous el
envers la royne d'Angleterre, que s'il me croid
(comme je n'en fais double), vos affaires el
service yronl lousjouis de bien en iiiieuK el
les siens aussy, vous \eoyans bien unvz ; [)rin-
cipallement n'oubliant pas de luy faire con-
gnoistre que sa grandeur dépend et ne peull
estre que de la voslre. Ma fille la royne de
Navarre luv en escripra aullant et continuera
comme je m'asseure (ainsv ijuc je vous puis
dire quelle a aussy faict) tous les bons ofiices
320 LETTRES DE CATH
qu'il est possible de désirer envers le roy
de Navarre, son mary, pour ledict bien de
la paix. J'ay envoya ce matin vers eux à
Nërac ledict sieur d'Arqués, pour leur porter
toutes ces bonnes nouvelles et les lectres
que vous leur escripvez. Vray est qu'il ne
porte pas à niondiii filz le roy de Navarre
la ratifEcation et aprobation qu'avez faicte
des articles et re'solutions de nostredicte con-
férence; car ledict sieur d'Arqués a trouvé si
peu de cbevaulx pour les postes, à ce qu'il
m'a dict, qu'il a esté contrai net de laisser unjj
bomme derrière qui apporte une malle plaine
de toutes les expéditions et commissions que
m'envoyez pour ce que dessus.
J'espère, Dieu aydant, partir demain malin
pour m'acbeminer à Thoulouze , et de là à Cas-
telnaudary, où doibvent venir mondict filz le
roy de Navarre et madicte fille, sa l'emme. Je
pourveoyray icy et là premièrement tout ce qui
est de voz alTayres et service le mieulx qu'il me
sera possible; puis je me résouldrai, comme je
verray les choses , de m'en retourner vous trou-
ver par le chemin que je congnoistray le plus
à propos pour le bien de vostre service; et
ferav la plus grande diligence qui me sera
possible, afhn que je puisse avoir ce bien
d'estre auprès de vous, estant le plus grand
désir et contantement que j'aye en ce monde
que de vous veoir et y demourer. Ce pendant
je vous diray, Monsieur mon filz, que le sieur
de Beauvais arriva avant hier icy, m'ayant
aussy fort amplement faict entendre de voz
bonnes nouvelles et comme vous avez fort
agréable tout ce que je fais pour vostre ser-
vice, dont je reçoips très grande joye et con-
tentement. Il m'a conimunicqué la charge
qu'il vous a pieu luy commettre, en laquelle,
comme j'ay bien veu parlant avec luy, il s'est
si bien préparé, conformément aux instructions
que luy en avez faict bailler, que je m'asseure
ERllNE DE MEDIGIS.
que son voyaige sera bien à propos pour vostre
service. Je luy ay monstre ce qui me concerne
et faict veoir la charge que j'av donnée au
sieur évesque de Comminges, convenable à sa
profession : ce que ledict sieur de Beauvais
approuve bien aussy, m'ayant promis que de
sa part il y interposera vostre auctorité et fera
tout ce qu'il pourra (comme je m'en asseure
bien), suivant l'affection que je sçay que parti-
culièrement il a de me fayre service et ce
qu'il vous a pieu aussy luy en commander;
dont, Monsieur mon filz, je vous meicie de
très boa cœur, estant ce que j'en faiz tousjom's
pour vostre bien et grandeur. Il en adviendra
de ce costé-là ce qu'il pourra; mais je vous
diray néantmoings (pie mon droict y est plus
grand et plus aparent que de pas ung de
ceulx qui y veullent prétendre à présent. Pour-
tant ne veulx-je pas fayre en cela chose qui
vous mette à la guerre avec voz voisins. Au
contraire, je veulxtascherpar tous les moiens
qui me seront possibles que ceci serve à es-
Ireindre davantaige vostre amytié avec eulx,
comme j'espère qu'il adviendra. Priant Dieu,
Monsieur mon filz, vous avoyr en sa saincle
et digne garde.
Escript à Agen, le xxv" jour de mars 1579,
jour de la Fesle Nostre Dame.
Monsieur mon filz\ depuis ceste lectre es-
eriple le sieur de Piebrac, auquel j'avois es-
cript à Nérac me venir trouver en ce lieu, y
est arrivé comme nous revenions de la pro-
cession généralle qu'avons faicte pour rendre
grâces à Dieu, tant delà confirmation du bien
de la paix que de l'arrivée de mon filz le duc
d'Anjou auprès de vous; la raison pourquoy
j'avois mandé ledict sieur de Piebrac estoit
affin que je peusse entendre au vray l'occa-
' En lêle : ir Postscript n, f 28 r°.
LETTRES DE GATH
sion pour laquelle l'on ni'.TVoit dit que iiion-
dict fdz le roy de \avaiTe et ma iille, sa
femme, ne partiroul demain pour allii' audict
Castelnaudaiy. Sur (jucy il m'a dit deux rai-
sons, Tune que niesdictz filz ol fille, les roy
et royne de Navarre, navoieut pas l'argent
qu'il leur lalloit pour ledirl voiaige, et qu'ils
csloicnt après à en chercher à quelque prix
que ce feust, et l'aultre que le vicoule de Tu-
renne n'estoit pas encore en estât de se pou-
voir niectre aux champs. Toulesfois, le jeune
Yollet ' est arrivé ce soir, qui m'a a])oi-t('' des
lectres escriptes de la main dudict vicoule
de Tu renne, et m'a asseuré qu'il se portoil
hien; aussv ay-je sceu (]u"il se promenoit
dans l(>s jardins el partout à iVérac, et m'a
pareillement dict de sa part qui luy sembloil
qne je ne devois ny ne pouvois partir d'icy
que ])remièrement je ne veisse tout ce que
nous avons faict pour le bien de la paix, l'er-
niement estably et effectué, piincipalleriicnt
au reste de cesie séneschaulsée du coste' de
Langon et en Bourdelois : ce qui m'a faict
doubter qu'il y a quelque délibératiou entre
eulx. prenans diverses couUeurs pour ce retar-
dement. Car, pour le regard de ceste sénes-
chaulsée, l'ordre y est donné à Puymirol, qui
estoit le principal; ce qui a retardé le reste des
aultres lieux de ladicte séneschaucée est que
le sieur de Pujolz, ordonné avec le séneschal
de Bajauniont, n'est point venu. Voyant cela,
ilz en ont à ma requeste donné la charge au
sieur de Lézignan : ilz n'auront pas grande
affaire au reste de la séneschaulsée; car
toutes les aultres villes sont tousjoursdemou-
rées es mains des catholiques. Pour Langon,
' Pierre de Malras, hsron d'Yolet, dont il ist parlé
déjà p. 285, envoyé en 1.178 à Castres pour y faire
observer la paix, cliargé de l'exécution des articles de
Nérar. par la reine mère et par le roi de Navarre, avait
un friTO cadet, que (ialherine employa éfjatcmenl.
Catfiehine ije Mtuir.is. — vi.
EUINE DE M EDI CI S. 321
vous verrez, par la lectre du sieur de Saiiicf-
Orens, séneschal de Ra/.adois, que je vous en-
voyé, comme de ce costé-là, et au reste de la
séneschaulsée, tout y est bien estably. Du
costé de Bourdelois, le sieur de Sanssac et
La Salle-Baphael y pourvoyeronl aussy bien
aizi'ment, cai' il n'y aura poinct de difficulté,
si ce n'est à Fronssac ', qui est uiig laid par-
licullier, lequel ne peult préjudicier. .le suis
demourée fout cest après-disnée en pensée de
ce que dessus, car nous avons expressément
faict nostre résolution de partir Icdict jour de
de demain , et eslois délibérée d'arriver le dei-
nier jour de ce mois audict Casteinaudarry,
affin que ces gens icy ne peussent prandre
aulcune occasion de retardement à la restitu-
tion des villes de Languedoc, à ce premier
jour du mois d'apvril que doibvent comman-
cer à courir l"s six mois des unze villes du-
dict pais de Languedoc. J'en ai touché (]uel-
que mot audict sieur de Piebrac et audict
Yolet, et ay tousjours persisté que je voulliis
partir ledict jour de demain, considérant bien
aussy que les députez seroient desjà arrivez
audict (lastelnaudarry, comme ilz avoient
promis; et de fait me retirant ce soir pour me
couscher avec madicte résolution de partir
demain pour aller couschei' à Vallcnce, j'ay
donné charge à iciilluy sieur de Piebrac le
leur dire et (pie je les priois de se haster de
partir et venir le plus tost ijuilz pourroient.
Mais un peu devant que me couscher, con-
férant de cecy avec ledict mareschal de Biron ,
qui me disoit aussy ne pouvoir encores par-
tir d'icy de deux jours par faulte d'argent,
d'aultre costé considérant la presse que me
faisoient mes médecins de me purger, pour me
guérir d'un grand ruhme (juil y a deux ou
' Fronsac, chef-lieu de canton de l'arrondissement de
Libourne (Gironde), sur la rive droite de la Dordogne,
à a5 kilomètres do Bordeaux.
lupnnitnie :fATio*i.Aii.
322
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Irois jours que j'ay en la moictyé de la teste
et sur ung œil, j'ay este' contraineto me ré-
souldre de demeurer jusques à lundy prochain
en ceste ville, pour me purger et les attendre
tous, Ce pendant j'av faict et envoyé en dii-
ligence une bien ample despescho au sieur
de Joyeuse, affin qu'il aille aussitost audict
Castelnaudarrv et pre'pare, suivant ce qu'il
sayt que nous résolûmes en nostre conférance
à Nérac, tout ce qu'il fault fayre pour l'entière
exécution de l'édict etdeladicte résolution de
nostre conférance, affin aussy d'éviter que
ces gens icy ne voullussent gaigner des jours
sur ledict mois d'apvril, ou tout ledirt mois
d'apvril mesme, pour la restitution desdicles
unze villes de Languedoc, estant le meilleur
ordre et remedde que j'ayepeu donner en cela.
Ne voullant pareillement oublier de vous
dire que, pour éviter aux assemblées qui se
pourroient l'ayre à cause de la querelle d'entre
ledict viconte de Turenno, baron de Sallignac,
Duras et Rozan, j'ay tant faict, que j'ay retiré
d'euk,surlesdé(rensesquejpleuravoisfaictes,
les promesses par escript, que je vous envoyé ,
de ne fayre aucunes assemblées de gens , comme
je veoiois bien que les ungs et les aultres se pré-
paroient, ce qui eust sans doubte brouillé ceste
province, et advieudroit que le faict parti-
cuUier se l'eroit général et préjudiciroil au
bien de la paix. Voylà encores une des rai-
sons pour lesquelles je demeure icy jusques à
lundy, affin que ledict viconte de Turenne
vienne audict Castelnaudarry et ne demeui-e
derrière. Je croy certainement, Monsieur mon
filz, que, selon ce que je vous ay dernièrement
escript, il fauldra, après que icelluy viconte de
Turenne aura exécuté et faict avec ledict ma-
rescbal de Biron ce qui est nécessaire, qu'ilz
faccnt eulx-mesmes pour PérigueuK, Figeac
et le Mur-de-Barrais, où ilz doibvent aller in-
continant que seront arrivez, et pendant que
séjournerons audict Castelnaudarry, que vous
vous résouldrez d'envoyer quérir et favre ve-
nir à vous iceulx viconte de Turenne, baron
de Sallignac, Duras et Rozan, pour regarder
s'il y aura moyen de les apointer, comme l'on
dict qu'il se peult fayre, sinon y pourveoyr,
comme vous aviserez, après que l'on aura tenté
ce moien-là ; m'ayant ledict viconte de Turenne
prouvé et asseuré sur sou bonneur, dès qu'il
partist d'icy dernièrement, que s'il a à deman-
der quelque chose audict Duras, que ce sera
sans fayre aulcun amas ny assemblée d'homme,
et seullement de sa personne à la sienne.
1579. — a 7 mars.
Aut. Arcli. liât.. Collection Simancas, K i553 (B /i8), pièce i5.
A LA ROY.NE CATOLIQUE
MADAME MA FILLE.
Madame ma fille, je n'é voleu léser aler le
sieur de Beauvès', présant porteur, que le Roy
mon fils envoy ver le Roy calolique, son
bon frère, san lui fayre cet mot, pour tous-
jour de plus en plus lui témonier ma bonne
volunté ver V. M., laquele je la prie s'aseurer
ayslre lele que ne sarè savoyr plus grant plésir
que s'il i avoit quelque cbause en cet Royaume
qui lui feult agréable et que je le peuse savoyr,
pour l'an satisfayre, et ayent donné cherge au-
dist de Beauvès de dire auceune chause de ma
part à V. M., qui seré cause que, me remeteni
sur sa suffisense, que fayrë fin, prient Dieu
donner bà V. M. ce qu'ele désire.
De Agens, le xxviC de mars «579.
Vostre bonne mère et seur.
Caterine.
' Nicolas de Brichanteau, s' de Beauvais-Nangis,
qui était ctiargé d'une ambassade extraordinaire en Es-
pagno et en Portugal. — Voir plus tiaut, p. 117.
LETTllKS UE CATHERINE DE Ml.DIClS.
;î23
1579. — 17 mars.
Aiit. Arch. liai., Collection Siiuanras, K iô53 (B 48), jûiH-ei'i.
AU ROY CATOLIQUE
MONSIEUR MON FILS.
Monsieur mou fils, vous onvoyenl le Roy
mou liis le sieur de Beauvès pour les aucasious
que V. M. entendre de lui, et pasent par isy,
n'é voleu failyr feyre la présante hà V. M.
pour lui (lire l'ayse que je a\ de cet que mon
lils le duc d'Anjou a creu alla fin le commen-
dement du Roy son frère et le myen et s'ann
est reveneu le Irover, chause qui m'a donné
plus de satisfaction, d'aulteant que V. M. co-
uestré par là rautièie volante du Roy mon
fils et la myenne, qui n'a jeamès ayste' aullre
que de lui fayre tous les bons auffises qui sont
requis el reysonuables entre prinses proches
et qui y vont aveque la sinsérité que y avons
tousjour aysté et serons, en tout cet qui pouré
fayre conoeistre lia V. M. l'amytié que ly vo-
lons continuer et de'sir que nous avons de
voyr prospérer vos alayres come les noslres
mesmes : cet que je prye à Dieu et à V. M. de
croyre, cet que de ma part vous dyrè ledisl de
Beauvès.
De Agens, cet xxvn™" de mars i 579.
Vostre bonne mère et seur.
(jATEBINE.
1379. — Ht mars.
Copie. Bibl. nal., Fonds français, n^Slhg, ï" a.T v°'.
[VU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je pensois partir hier
de caste ville pour m'en aller à Casteinau-
' En tète : KËnvoyécaiiRuy par uii(;j;oiitilliomnje(iui
suyt Monsieur de Pibrac.n
darry, comme je vous ay escript, il n'y a que
deux jours, par Hambrelin, et que mon filz
le roy de .Navarre et sa femme deussent aussy
partir pour me venir renroiilrer à deux jour-
nées d icy, ainsi (juavions résolu ; mais je suis
encores arrestée jusques à jeudy, pour ce que
mondicl filz le roy de Navarre m'escripvit
dimanche au soir bien tard, et me feist re-
moustrer par le sieur de Lezignan, que je ne
devois partir d'icy que premièrement la ville
de Saverdun en Foix, à lui apartenant et qui
est forte place, de laquelle les catholiques se
saisirent dui'ant et comme nous estions sur le
poinct de la re'solution de nostre confe'rance,
ne feust rendue, et que jusques à ceste heure
le iMartiac', qui n'est aussy pas loin d'icy et
qui est assez fort et bonne ville, que les Hu-
guenotz prindrent depuis, ne se pouvoit re-
mectre suivant l'odit que premier ledict Sa-
verdun ne le feust, et que si cela demeuroit
à fayre premier que nous esloigner, il y avoit
danger que les choses ne se portassent'pas si
hien que luy et moy désirions, selon vostre
voluuté au bien de la paix; et puisqu'il veoioit
bien que le viconte de Turenue n'estoit pas en
estât de se pouvoir mecire aux champs devant
ledict jour de jeudy et qu'il ne le voulloit pas
laisser derrière, pour ce qu'il y auroit danger
qu'à cause de la querelle d'entre luy et le
sieur de Duras, il adveint encores quelque
nouvel désordre qui pourroil peult-estre trou-
bler \oz alfayres el service. J'ay esté bien
faschée de ce second retardement, mais con-
.-^idérant que laissant aussy derrière mondict
filz le roy de Navarre, il en pourroit advenir
encore ung beaucoup plus grand que de trois
jours qu'il y a derrière audict jour de jeudy,
me souvenant bien (jue, lors de nostre pre-
mière enireveue à la Rc'oUe que je m'en allav
' Marciac (Gers), arroudissenipnl de \Iirainle.
4i.
324
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
à Thoiilouze, [si] je n'eusse poinct abandonne'
mondict filz le roy de Navarre, les change-
mcns et longueurs dont luy [ il ] a l'aict user de-
puis ne faussent advenuz , je me suis pour ceste
occasion ro'solue d'atendre encores jusques au-
dict jour de jeudy, el ay envoyé ce pendant
l'abbé Gadaijjne vers mondict filz le roy de
Navarre. J'ay aussy mandé à ma fille l'ordre
que j'avois donné, et encores ce jourdbuy pour
ledict Saverdun, ayant escript de recbef au
sieur de Joyeuse et pareiilemeut au sieur de
Corousson, au premier jirésident et advocat
Duranti, qui y ont à mon advis grande intelli-
gence et qui peuvent beaucoup, principalle-
menl lesdiclz de Cornusson et Duranti, en
sorte que j'espère qui sera bien tost rendu, et
aussy que, nous estant à Thoulouze, d'oiiilest
bien près, il y aura plus de moien de pour-
veoir; mais à vous dire la vérité, Monsieur
mon filz, il est fort à craindre que ceulx qui
m'ont traversée desjà tant de foys depuis que
jf suis par deçà, ayant délibéré de fayre du-
dict Saverdun qui est à ung bout, et de Frons-
sac qui est à l'aultre bout de ce gouverne-
ment, de semblables empeschemens que de la
Réolle, estant mon filz le roy de Navarre et
ceulx de sa relligion entrez en doubte, comme
j'en ay congneu quelque chose, et y a grande
apparence dez l'heure quilz seurent que mon
filz le duc d'Anjou vous estoit allé sy franche-
ment trouver : aussy incontinent après man-
di'ienl-ilz à (!uitry, qu'ilz euvoioient vers luv,
de revenir, comme il a ftuct, mais avec regret,
car il esloit desjà à Sainct-Jehan-d'Angéii.
J'ay sceu aussy que Chassincour est retourné
d'Allemaignect de Flandres, d'où il leur aura
aporté quelques nouvellesdu retour du voiaige
du Cazimir en Angleterre. 11 leur est pareil-
lement arrivé ung de leurs principaulx mi-
nistres du Daulpbiné, qui leur a aussy aporté
toules les nouvelles qui sont de ce costé-là.
Je pense certainement que l'occasion du re-
tardement de noslre partement vient de là
et qu'ilz veullent consulter sur ce trois choses,
ayant sceu que, dez hier, ceulx de ladicte rel-
ligion prétendue reflbrmée qui peuvent beau-
coup auprès do mondict filz le roy de Na-
varre et ledict viconte de Turenne n'y estoient
pas, mais les aullres seulement qui propozent
et concluent seulz communément. Je tascheray
d'en savoir quelque chose plus avant et vous
en escripray. Ce pendant je ne veulx faillyr
de vous dire que l'une des occasions princi-
pailes pour lesquelles j'ay envoyé ledict abbé
Gudaigne est pour poursuivre les expéditions
et lectres qu'il fault (pi'ilz escripvent en Lan-
guedoc, affin qu'à ce premier jour d'apvril
l'on ne laisse pourtarTt, si nous n'y sommes,
de remectre les villes et exécuter entièrement
l'édict, suiyant nostredicte résolution de la
conférauce, et que les six mois pour les unze
villes qui leur demourent ce temps là courent
dez le premier jour d'avril prochain. Ledict
sieur de Lezignan m'a dict, de la paît de mon-
dict filz le roy de Navarre, que pour le re-
gard desdiclz six mois, c'estoit chose qu'il
avoit charge de m'asseurer qu'ilz l'entendent
ainsy, et j'ay pareillement donné charge à
icelluy abbé de Guadaigne, suivant ce (jue
j'ay aussy escript à mondict filz le roy de
Navarre, de le poursuivre d'escrire encores de
nouveau et de bon encre, pour fayre remeclre
Luzerche' et Mussidan-, et y envoyer encores
expressément, oultre la charge que en ont de
ma part les sieurs de Bourdeilles et de La
Mothe-Fénelon, et de la leur les sieurs de Ro-
chelort et deCampaignac, allin de fayre cesser
du tout lous acies d'hostillité en Périgor et
' 11 l'aiit lire : Uzerclie, clief-lieii de canlon de l'arr.
do Tulle (Corrèzc).
- Mussidan, chcl'-iieu de canton de la Dordogne,
niTondisseraent de Ribérac.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
325
Lvmozin, connue il est bien nécessaire, ad ce
que ma dict le sieur d'Escars, qui arriva avant-
hier icy, où je vous asseure, Monsieur mou
Glz, qu'il a faicl de très bous rapportz de voz
vertueux coniporteniens et tous bons offices
selon cela envers ceulx qui y sont, pour les
alFectionner tousjours au bien de vostre ser-
vice. Il yra demain à Nérac, oii il m'a promis
de fort bien se comporter aussy et de presser
les dépescbes dudict Luzerche et dudict Mus-
sidan, et pareillement nosire partement pour
aller audict (^aslelnaudarry. C'est, Monsieur
mon Glz, ce qui s'est passé depuis ma der-
nière despesclie; et vous diray, pour la fin de
cesle-cy que jay receu voz lectres du '
. . . .• par Masson, (|ui est au sieur
de Joyeuse, aiant este' sy ayze de veoir par
icelles qu'ayez esté conduire vosire frère, et de
voz bons coniporteniens l'ung envers l'aultre
que je ne receuz, il y a fort long temps, plus
de joye. Priant Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoyr en sa saincte et digne garde.
Escript à. Agen, le dernier jour de mars 1579.
1 579. — Mnrs \
Aul. Bibl. nat.. Fonds frauçais, a" ;i38i. f' 27.
A .MA COUSINE
LA DUCHESSE DUZÈS.
Ma commère, j'é réseu de vos ielres par
Arque et le sieur d'Ecars, et asteurc un auitre
que l'on m'a ballée, sans savoyr (|ui la apor-
' Il n'y a sur le manuscrit qu'un Idiij; lilaiic au lieu
de dates.
' Celte lettre ne porte ni lieu ni date, mais elle a
été évidemment écrilo à la fin de mars 1379, après
l'arrivée de d'Escars de la cour et avant le second séjour
de Catherine à Toulouse et son dépai t pour Castelnau-
darv.
le'e, où me demandés une abbeye de femmes,
(juc vous en Iroverés ysi dedens le piaxel
atordé, et suys bien marrye que en plus
grende et myleur chause ne pouvés avsprover
famylié de vostre vielle comèrc, et vous prie
le croyre, come le vous dis. que n'en seré
tronpée : je laurë cete honnestete', car je say
que n'en douctés.
Et vous dire que je ne santi yl i a long-
temps une plus grent joye que avoyr ceu par
Arque le contentement que le Roy ha de mon
labeur et de la veueue de sou frère, aveques
l'afection qu'il ma aseuré qu'il a à fayre son
devoyr ver lui, cet que je prie Dieu (jui lui
fase la gràse de ne se léser plus aler aus
mauves consels et à ceulx qui ont plus d'en-
bition que de proudomye, car si le l'est plus,
veu là où y font couyde' fayr tomber, et qu'il
ne le conoyse et s'an resovyegiie, ce serèt
bien employé', qu'il y eun avoynt encore pvs
qu'il n'a fesl; et dornavent, yl me semble
qu'il douet eroyre à ceulx et celé qui désire
plus voir honneur que lui mesme et sa gren-
deur aveques le contentement qu'il saroyt
suhayster.
.l'é veu d'Ecars, (|ui ne me parle (jue des
faveurs qu'il a eu du lioy, mes pour sela yl
ne dist pas encore qu'il soiiit content; car
yl dist que le Roy lui volouil fayre mervelles,
mes qu'yl i cnn y a eu qui l'enn ont enpe-
ché, et fest (pielque peu le malcontent.
Quant à mes novelies, je ne vous puvs dire
sinon que je mCnn voys à Toulouse et (^as-
telnauxdari, pour achever cet que reste de cet
que avons acordé; et vous aseure qu'il n'i
fest pas plus pleysant que quant en parlites,
et les oiseauh ne vole plus, car la sevsou
ayst fort avensaye, car déjea les fèves sont en
flojr et les aumende dure, les serise groce;
nous sommes à l'esté, mes qu'il ne pleut pas
cornent yl fest. Le roy de Navarre vient jeus-
326
ques à Caslolneau^ el sa femme, et sont ysi
toudeus. Nous avons eu une grent bourasque
de la querele du visconte de Tureyne et de
Duras et une seconde mole; mes. Dieu mersi,
cela n'a pas ronipeu cet que, aveques ia pouine
é traval que save's, je fest; je vous aseure que
je l'eyre' de belles courve'e, mes que je achève
cet que j'e' à fayie à Castelnau. Et cet pen-
dent, mendé moy des novelles du Roy et délia
Royne ; car vous save's que cet - tout mon plésir,
pour changer de dis ans en dis ans^.
1579. — 3i mars.
Orig. Bibi. nat., ms. fr. 13905, f* 3ao.
A MONSIEUR DE BELLIÈYRE.
Mous'' de Bcliévre, s'en retournant Vergen-
nes, présent porteur, devers le Roy monsieur
mon filz, je vous ay bien voulu par luy faire
ce mot de lettre, afiîn que, suivant ce que
j'pscriptz au Roy, mondicl S' et filz, vous l'as-
sistiez eu ce que pourrez, pour iuy aider à
avoir quelque récompense, aflîn qu'il puisse
continuer à luy faire service; priant Dieu,
mons"^ de Beiièvre, vous avoir en sa sainte
et digne garde.
Escript à Agen, le dernier jour de mars
1579.
La bien vostre,
Caterixk.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
' Évidemment Castclnaudary.
2 Cet, c'est.
■' La lettre autographe ne porte point de signature^
mais seulement six ou sept lettres semblables, en forme
de deux grands 00 reliés ensenilile.
1579. — 3 avril.
Orig. Bibl. nal. , Fonds français , n^SaoS, f" 5o.
A MON CODSm
LE S' DE DAMVILLE,
MABBSCHAL DE FRANCE , GOUTBBNEDB ET LIEDTESAKT CE'hBEAL
POUB LE BOT HOSSIKDB MON flLZ EN LASGOEDOCQ.
Mon cousin, je receuz hier la leclre que
m'avez escripte par le s' de Rouzines, lequel
j'ay esté bien aize de veoir, pour le tes-
moingnaige que m'avez faict de sa valeur et
grande affection au bien du service du Roy
monsieur mon filz, et aussy du bon debvoir
qu'il a faict à Beaucaire, dont je luy ay bien
promis que le Roy, mondict S' et filz, aura
souvenance de luy faire la récompense con-
digne à ses mérites, quelque bonne occazion
se présentant pour son advancenient, luy
ayant pareillement asseuré qu'il ne sera rien
faict ny changé à Montaignac de ce qui est
porté par l'édict de paciflication et les articles
de nostre conférence, mais que le tout sera
suivi de poinct en poinct; car aussi ne s'y
peust-il adjouster ny diminuer, estant déjà
cela, comme il est, vérifié au Parlement, où
je seray. Dieu aydant, bientost à Castelnau-
darry, oii j'espère vous veoir. Mon filz le roy
de Navarre, qui m'est venu trouver en ce lieu ,
m'a promis qu'il y sera aussitost que moy,
pour achever de pourveoir à ce qui est inté-
ressant pour l'entière exécution dudict édict
et articles de nostre conférence; et sera venue
bien à propos la tenue des Etats de Langue-
doc qui. comme vous dictes, aydera aussy
pour le bien et entretenement de la paix; et
pour ce que j'espère, comme dict est, vous
veoir bientost, je n'estendray la présente da-
vantage, me remettant au sieur de Rouzines,
qui vous dira ce que je luy ay faict entendre
pour le faict dudict Montaignac; priant Dieu,
I.KTTRES DE C AT II E 111 NE DE MEDICl.S.
;!27
mon roiisiu, vous avoir un sa saincle et digne
jjarde.
Escripf à Valence ', le m' jour dapvi'il i 079.
Vostre bonne cousine ,
Caterink.
1579. — :> avril.
Orig. Bibl. tiat. , Foods français, n" 3ao3, f* 5't.
A MO.N COUSIN
LE S' DE DAMVILLE.
Mou cousin, je \ou.s ay, ces jours passez,
escript comme je désire que les Estais de
Languedoc se tieuneut à Carcassonne et non
à Narbonne. Aussi ai -je veu par une de vos
lectres que vous faisiez vostre possible à cela.
Toutesfois je viens de recevoir la voslre du
premier de ce mois, par où m'advertissez que
une partie de ceulx desdictz Estatz sont audict
Narbonne; d'où je suis d'advis, mon cousin,
que les fassiez venir audict Carcassonne, où je
mande pre'sentement au s' de Joyeuse faire
trouver les autres du hault pays de Languedoc ,
et estime qu'il sera bien à propos que lesdictz
Estais^ ne se tiennent pour le moings ni s'a-
cbèveut de conclure, (|u'a|)rè< nostre assembli^p
à Castelnaudary, allin que par iceuk Estatz
.nous facions approuver nostre résolution au
bien de la paix et ce que verrons et adviserons
enseinblemcnt qu'il sera besoing d'exe'cuter:
et vous verray samedy procbain audict Castel-
naudary, oii j'espère arriver ce soir là, ([ui
sera cause que je ne vous feray ceste-cy plus
longue, aussi que je vous fiiiz cestc lettre ung
' Valence d'Afjon , arroiidisscmenl de Moissac (Tarn-
el-Garonne).
- Les Etals de Ijngiiedor se tinrent relie année-là à
(lastelnaudary, la reine mère ayant cliangé davis, comme
011 peut voir par ses lettres au morne maréchal de Dam-
viiie des as et 2.3 avril 1579.
peu à la baste, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript à S' Nicolas Me v'jour d'avril 157;).
Voslre bonne cousine.
Caterine.
1579. — 6 avril.
Orig. Coilortiou Bagiipnauit <ip Purln's^e.
A MESSIEURS DE SAIM-ORENS,
SSIiECBiL DE BAZiDUIS,
ET D'USSAG,
CODVBBHBDB DE H RBOLLB.
Monsieur de S'-Orins, combien que je sois
très asseurée que vous p'roceddez diligcmenl,
suivant ce que je vous ay escript et les in-
slructious que je vous ai envoyées, à l'exécu-
tion du dernier édirt de pacifïïcation et les
articles de nostre conférence tenue à Nérac,
touteffois je vous ay bien voulu encore faire
ce mot de lettre, pour vous prier, comme je
fais, de faire si bien, et le s'' d'Ussac qui est
aussy commis avec vous, que toutes cboses
soient, selon ledit édict et instruction, bien
établies, et que chascun puisse jouir à tou-
siours du bien de la paix.
Et pour ce que nous ne ferons pas long sé-
jour en nostre assemblée de Castelnaudary, je
vous prie m'envoyer, le plus tost que vous
pourrez, le procès verbal bien ample de tout
ce que vous aurez fait, que je suis d'avis que
vous faciez par deux fois et qu'ils soient tous
deux signés, pource que j'en veulx emporter
ung avec moy, pour le faire veoir au Roy mon-
sieur mon fils, et laisser icy l'autre es mains
de mon cousin le mar°' de Biron, afin ([iic
l'on puisse bien entretenir ce que vous aurez
' Sainl-.Nic:olas-de-la-Graïe, entre Valence et lieaii-
mont, au conlluent de la (iaroniie el du Tarn, à 3a ki-
lomètres de Montauhan.
328
faict et qu'on ayt recours au procès verbal,
si quelque occazion s'en prësentoit, vous priant
de rechefque je puisse avoir icelluy procès ver-
bal dedans peu de jours audictCastelnaudary.
Cependant je prie Dieu , Mons' de S'-Orins ,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript de Beaumonl', le vi° jour d'apvril
1679.
Signé : Caterine.
Et plus bas : Pinakt.
Mous' de S'-Orins, j'ai rcccu la lettre que
m'avez escripte de l'ordre que vous avez
donne' à Langon, dont je suis bien fort aize.
Je vous prie aussy que cesie lettre soit au
s'' d Ussac, que j'apséure qu'il n'y aura plus
de difficulté pour les dix quintaulx de pouldre,
y ayant envoyé' expressément jusques devers
les' de Merville- en sa maison, luy faire
commandement de les délivrer.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1579. — 6 avril.
Copie. Bilil. nal. . Fomls fianrais , n-SSig. faSr"'.
f VU ROY MO-XSIELR MON FILS.]
Monsieur mon filz, je partyz jeudy d'Agen
et veins couscher à Valence, oii mon filz le
roy de Navarre me veint trouver et le viconte
de Turenne avec luy, lequel se porte bien et
est presque guéry. Ma fille la royne de Na-
varre veint ledict jour seullement coucher au-
dict Agen, où je luy eseripviz que je séjourne-
rois audict Valence vendredy dernier, comme
' Beaumont-de-I.omagne, cbef-lieu de canton de
Tarn-et-Garonne , arrondissement de Caslelsarrazin , à
9 0 Icilonièlres de Montauban.
- Ce Merville était de la famille d'Escars.
■^ En litre : « Envoyée au roy par Jacques d'Olive , som-
melier d'escliansonnerie de la Royne sa mère.»
je feyz, affin ([ue je peusse voir avant m' ache-
miner plus oultre, pour ce que mondict filz
le roy de Navarre ne se veult acheminer à
Castelnaudarry que Saverdun ne soit remis,
suivant vostre édict de pacifficalion et articles
résoluz en nosire conférance, et s'en va cepen-
dant à l'Isle-en-Jourdain, où il meyne madicte
fille et en ses aultres terres qui sont là à l'en-
tour; mais s'il me tient promesse, ilz n'y se-
ront pas long temps, car par vertuz des de'-
pescbes (|u'il veit que je feiz en sa présence,
ledict jour do vendredy à plusieurs personnes,
suivant son désir et ce qui avoit esté advisé
par moy avec ceulx de vostre Conseil pour le
faict dudict Saverdun, j'estime que le sieur
de Fontenilios, qui est porteur desdictes des-
pesches et que j'ay commis de vostre part pour
exécuter vostre édict de pacifficalion et ar-
ticles de nostre dicte conférance en ce païs-là,
fera incontinant remettre , comme avons résolu ,
ledict Saverdun des mains de ceulx qui le
tiennent en celles du sieur de Pailletz, gen-
tilhomme fort catholique, qui le gardera
jusques ad ce que nous aions vuidé deux dif-
ficultez qui se trouvent audict Saverdun :
l'un pour savoir à qui appartient ung temple,
qui a esté basty par les Huguenotz en une
place publicquedes matières de l'Église paro-
chialle dudict Saverdun : ce que je ne veulx
vuider qu'avec l'advis des présidons Daphis,
advocal Duranty, et plus grande compaignye
que celle que j'ay icy à présent de ceulx de
vostre Conseil-, l'aultre poinct est pour quel-
ques ungs de la relligion prétendue réformée
qui ont loué des maisons dedans ledict Saver-
dun. Mais cependant nous sommes d'accord,
mondict filz le roy de Navarre et moy ; et le-
dict sieur de Pailletz prenant la charge dudict
Saverdun, comme j'espère qu'il fera suivant
les lectres fort expresses et afi'ectionnées que
je luy en ay escriptes, et à ceulx qui ont pou-
LETTRES DE GATH
voir et sont dedans ledict Savordun, nous se-
rons, Dieu aydant, audicl Castelna\idarry
dedans trois ou (|ualie jours; car j'yray au-
jourd'huv cousciicr à Thoulouze, où ne séjour-
neray qu'un jour ou deux que je ne m'ache-
mine audirt Caslelnaudarry. Mondict fdz le
roy de Navarre s'y arhcmine aussv de sa
part, par le costd de Muret, et espère qu'en
bien peu de jours nous aurons donné l'ordre
nécessaire pour l'exécution de vostre édict et
articles de noslredicle confe'rance au Gouver-
nement de Languedoc; mais, Monsieur mon
filz, je vous diray ce pendant que, tout ainsv
que vous avez veu par les despesches que vous
ay journellement faictes que l'on m'a par tant
de fois Irnversée en la negociatinu do l'elFec-
lualion de la \tn\\ , avant qu'ayons peu nous
assembler et conclure nostre conférance à
Nérac, je veoy bien que ces gens là mesmos
qui sont si nialliciireuii de ne voulloir ladirle
paix el ([ui ont lant d'obligation particuHière
à vostre ser\ice, font plus de menées que ja-
mais pour garder que ce que nous avons ré-
solu après tant de peines et travaux s'exécute.
A quoy toulesfois, je metiray peine d'aller
au devant, et feray tout ce qu'il me sera pos-
sible pour passer par dessus et vaincre tous
leurs mauvais desseings, en poursuyvant
chose si saincte et salutaire pour vostre
royaulme et l'establissement de la j)aix. En
quoy aussy j'espère que Dieu, par sa bonté,
assistei'a vostre droicte et sincère intention et
la mienne et le bien de voz pauvres subjectz,
et nous fera la grâce qu'en viendrons à chef
avec son ayde. Cependant ayant en particul-
ier descouvert les commencements des menées
qui se font, suivant les maulvaises voluntez
d'aulcuns, afiîn de rendre vaine nostredicle
conférance et résolution au bien de la paix,
j'y ay pourveu par iecires et feray tout ce que
je pourray en eiïect pour euipescher telles
ClTHERIVK I)K MtDIClS. VI.
ERINE DE MKDICIS.
329
pernicieuses délibi'rnfions, ayant mon esprit
du tout lendu àfayre le plus dextrement qu'il
me sera possible en sorte que je puisse veoir
ladicte paix bien estiiblye es provinces de deçà.
Car je croy certainement (|u'il n'y a rien à
préseni tant nécessaire, pour infinies consi-
dérations, que cella pour le bien de vostre
service. J'ay entendu qu'aucuns de la noblesse
d'autour de Condom, qui sont de la confrai-
rye ou qui favorisent ceulx qui la sousliennenl ,
doibvent envoyer devers vous sur l'occasion
des divisions dudict Condom, comme s'ilz
doubtoient que vouUussiez la paix, car il y en
a (|uelques ungs en ces pais qui dieiil el font
courirbruict, à ce quej'aysceu, que vous estes
sy fort désireux de ladicte paix avec lesHiige-
notz. Il sera bon, s'ilz vont vers vous, (jue
begninement vous entendiez, comme je nie
promertz bien que n'avez garde de fayre, au-
cunement lout ce (ju'ilz auront avons diel, et
qu'après avoir veu ce que j'ai ordonin? pour
ledicl Condom, par l'advis de tous ceulx de
vostre Conseil, et ce que j'ay apris de ce qui
y a esté fait par lesdictz sieuis de Bajaulmont
et de Valence, que j'y av envoyé l'ung après
l'aultre, sy le trouvez bon, vous déclairiez
qu'il sortiroit son entier effoct, ensemble le
conlenu es instructions baillées à ceulx (pii
ont esté commis par moy pour l'exécution de
vostredict édict de pacilïicalion et aiticles
de nostredicte conférance; et en escrips à part
de bonnes lectres à ceulx de ladicte ville qui
y sont, et une aultre à ceulx qui en sont hors,
lesquelles vous adresserez, s'il vous plai,st,au
sieur de Mousseron, qui y est gouverneur, le-
quel les fera lire devant ceulx de ladicte ville,
el fera aussy porter les aultres à ceulx qui en
sont hors, qui n(;sonf loingde là. Cela servira
beaucoup pour destourner la ntauvaise im-
pression que l'on a mise en la teste d'aucuns.
Cependant je vous diray aussy, Monsieur mon
330
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Clz, que je suis en une auilre fjrande peine,
qui est que je crains bien fort que ceulx de
iadicle RoHigion prétendue réformée veullent
aussv diflerer i'exécution et estabiissement de
la paix : et est, à mon advis, pour les raisons
que je vous ay escriptes en ma dernière des-
peschc. Car, ainsy que vous aurez veu par
icelles, depuis le retour de Guitry, ilz ont tenu
de grandzconseilz, et semble qu'iiz cherchent
à accrocher et prolonger Teffect de ladicte paix ;
pour ce que, oultre les difïiculfez déduictes
par madicte dernière despesche, de peur de
vous ennuyer, je ne repranderay rien par
ceste-cy à ceste heure, voyant que j'ay donné
ordre et remède aux choses dont ilz se plai-
gnoienl en Bazadois et du cosié de Bourdel-
lois et aussy audict Saverduii. Il y a une
auilre difficulté qu'ilz font encores, qui avoit
esté résolu que le mareschnl de Biron et le-
dict viconte de Turenne partiront aussy tosl
que serions audict Castelnaudarry, pour aller
achever du tout l'exécution et estabiissement
de ladicte paix en Rouergue, Quercy, Périgor
et Lymosin; car mondict fils le roy de Na-
varre m'a dict qu'il n'estoit raisonnable que
ledict viconte allast avec ledirl mareschal de
Biron, pour le double qu'il y avoit (à cause
de ceste querelle d'entre luy et le sieur de
Duras) (]ue l'on luv en prestast une, durant
le voiaige, avant qu'il feust achevé de guérir,
et proposant le sieur de Terride pour aller
avec ledict sieur mareschal. C'est une excuse
que je trouve bien légère et qui me faict esti-
mer que ledict mareschal n'y vouldroit pas
aller, si ledict viconte de Turenne n'y va
avec luy; ainsy ce seroit accrocher l'elfect de
nostredicte œuvre. Sur quoy, je ne say encores
que vous dire, sinon que combien que j'aye
faict de recbef, depuis deux ou trois jours, de
bien amples despesches aux sieurs de Saincf
Supplice, de Vezins et de Quellus pour exé-
cuter ledict édict de paciffication et articles
de nostredicte eonférance en Quercy et
Rouergue, et aux sieurs de Bourdeilles et de
La Mothe-Fénelon , en Périgor et Lymosin ,
avec ceulx que mon filz le loy de Navarre y
a commis de sa part, en attendant que les-
dictz mareschal de Biron et vicomte de Tu-
renne y deussent aller, je leur escriray en-
cores et les admonesteray de ce fayre, aultant
qu'il me sera possible; et ce pendant mesme
j'insisteray en nostre première délibération
pour fayre aller esdict pays lesdicfz mareschal
de Biron et viconte de Turenne, ou, si ledict
viconte n'y peult aller, que ce soit ledict Gui-
try, qu'ilz ne parlent plus de renvoyer en Nor-
mnndye. A cela pouvez vous juger qu'il alloit
à quelque desseing trouver mon filz le duc
d'Anjou, vostre frère, vers lequel j'ay envoyé
l'abbé Gadaigne de demourer ' auprès de luy le
plus qu'il pourra , pour après vous allertrouver.
De Grenade-, le vi- jour d'avril iB^g.
Monsieur mon filz, j'oubliois à vous dire
que le sieur de Laffin arriva dimanche au soir
à Beaumont de Lomaigne,avec les lectresque
m'avez escriptes et celles de vostre frère, le
duc d'Anjou, dont je receuz encores une très
grande joye et n'euz oncques plus de plaisir
et de contentement que d'entendre (comme
j'ay faict), particulièrement dudicl Laffin, la
façon dont se résolust vostredict frère de vous
aller trouver et le grand contentement qu'il a
aussy, ainsy que me dicl ledict Laffin, du bon
acueil et bonne chère que luy avez faits; il
fault bien qu'il continue, car oultre que c'est
son devoir, il n'v a rien qui serve tant à voz
affayres, et parlicullièremenl aux siennes, que
' It y a sans doute quelque cliosp de passé comme
nie priant de demeurer. . . i
'■' Grenade-sur-Garonne, chef-lieu de canton, arron-
dissement do Toulouse. •
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
331
cela. Lcdict Laflia arriva penilaiit que j'estois
(lie/, la princesse de Navarre, qui s'est trouve'e
ung peu mal, mais ce ne sera rien. Mon filz
le roy de Navarre et ma fille, sa femme, y
estoient aussy, qui recevoient pareillement tous
très grande joye et plaisir de \eoirledict Laffin
avec ses bonnes nouvelles.
1571). — t) avril.
Orig. Arch. de M. E. de Serres de Jusliuiac'.
A MONSIEUR DE PAILLETZ.
Mons' de Pailletz, les sieurs sénescliai de
Tholose, de Fonteuilles et de Villambis s'en
vont par mon commandement à Saverduu-,
pour le l'aire mectre en voz mains, ainsi que
je vous ai escript et que en este advisé; vous
priant faire le service du Roy, monsieur mon
filz, et à moy d'accepter la charge desdictes
villes; cf ne sera que pour bien peu de temps,
ainsi que vous ay escript et que vous feront
encore plus amplement entendre lesdicts
sieurs séneschal, de Fonteuilles et Villambis ■*,
auxquelz et à cbascun me remectant, je n'es-
tendray cesic-cy ([ue pour prier Dieu, Mous'
de Pailletz, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Tholose, le m"' d'avril 1579.
Signé : Cateiii.ne.
Et plus bas : Pi.nart.
' Publiée dans les Lutines inédites de Henri IV à M. de
Pailhès, par le vicomte Gh. de la Hiltc.
* La reine logea en effet à Saverdun pendant son
séjour dans le comté de Foix (voir plus loin, p. 338
et 339). Saverdua avait élé surpris par les catholiques
le i3 février iSyg, grâce à irun gariiemenl de seirgenl
suborné par un preslre fugitif de la villen. Ihsl. du
comté de Foix , par Olhajjaray, p. 601.
' Paul de Soréac, seigneur de Villaml)its,à Bigorre,
un des quaianlc-cinq gascons de Henri 111.
1579. — fi avril.
Aul. Bibl. nat. . Tonds frauçaia, n" loaio, (' 33.
A VIA COL'SINE
MADAME L\ DICHKSSE DE NEMOIRS
Ma cousine, je n'é voleu que Arques s'an
souil rclourné, san vous fayre cet mot et vous
dire que, Dieu mersis, je suis en cete ville, et
en part demeyn pour m'en aler à Castelnau-
dari, et de là conlinuer mon chemin, pour le
plus tost que je pouré avoyr cet contentement
que de voyr le Roy, la Ruyne et sou frère, de
quoy je me resjuis aveques vous de cet qu'il
ci si sage que d'estre veneu trover le Roy. J'es-
père que Dieu me feyré la grasce , après tent de
travaul.x et anuis, me donner du bien et voyr
cet royaume en repos et les deus frères .si réu-
nis, qu'il le rcmetron comme l'avons veu d'aul-
trefoys, qui ayst tout cet que je demende le
plus à Dieu, et leur voyr des enfans, car cet
je voyès un fils au Roy mou fils, c'et tout
mon suhayst. Je say bien cornent vous resente's
tout le bien ay le mal de cete mayson , et que,
oultie cela, m'ayme's; ausi, je vous mende
toutes mes joyes el mes anuys, et cet que je
de'sire; en quoy m'aseure, ma compagne, d'eu
fayre prière à Dieu, laquelle je lui suplye de
vous ayxoser et vous donner cet que dësire's.
De Toulouse, le sii-ièine jour d'avril i^yg'-
Je vous suplie fayre mes recomeudulioa à
monsieur de Nemours.
Vostre bonne cousine,
Cateri.ne.
' Il semble que le morne jour, 6 avril, Catherine de
Médicis se soit arrêtée pour écrire à Beaumont, à Gre-
nade et à Toulouse. Ce n'est pas impossible, les distances
étant assez rapprochées; mais il faut qu'elle ail fait
diligence.
332
LETTRES DE CATHERIISE DE MEDICIS.
1579. — 7 avril.
Archives de la Lozère.
A MESSIEDBS
LES COMMIS, DEPPUTÉS ET SCINDIQS
DES DIOCÈSES DE GEÏArLDA> ET DE MENDE.
Messieurs, les iectres qu'avez escriptes du
dernier jour du mois passé m'ont esté rendues
par vostre depputé, qui m'a bien amplement
faict entendre, oultre le contenu de vosdictes
Iectres, les plaintes et doléances cpiil avoit à
me faire de vostre part, et le grand besoing
que vous avez que l'exécution de l'édit de pa-
cifficatiou et résolution de la cont'érance se face
incontinant en vos diocèses, atfin de plus tost
vous ressentir du bien de la paix. Sur quoyje
\ous diray que mon fils le roy de Navarre et
mov avons commis chacun ne nostre part ung
gentilhomme pour aller, suivant l'ample pou-
voir et instruction que leur avons baillé, fère
cesser tous actes d'hostiilité, restituer tous pri-
sonniers de guerre sans paier ransson, et
aussi fermement establir le dernier édit de pa-
ciffication, qui seront bien tost en vosdites dio-
cèses, lesquels vous pourvoiront, selon qu'ils
verront que besoing sera, à toutes vosdiles
plaintes et doléances, vous asseurans que je
n'ay autre plus grand désir, comme aussi est-
ce l'intention du Roy monsieur mon fils, que
de veoir tous ses subjects joyr plainement du
bien de la paix et mectre fin à tant de mi-
saires que la guerre et division apporte, à l'exé-
cution de laquelle je vous prie assister de
toute affection lesdils depputés, et lenez au
demeurant que chacun s'y conforme et à ce
qui ;\ esté résolu en iadicte conférance. Ce-
pendant j'ay esté bien ayse de veoir, par vos-
dictes Iectres, l'e.xécution et justice exemplaiie
qui s'est faicte de i'ung de ces volleurs, affiu
que cella retienne les autres de continuer au
mal qu'ils font. Priant Dieu, Messieurs, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Castelnaudary, le vu" jour d'avril
Messieurs, je vous envoyé une ordonnance,
que vous ferez publier et estroictemen t observer.
Caterine.
1 579. — 1 1 avril.
Copie. Bill. nat. , Fonds franeais , n" SSig , (^ ag v" ".
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, le sieur de Laffin,
présent porteui-, s'en retourne trouver mon
lilz le duc d'Anjou, avec l'advis que je luy
donne par escript, suivant la prière qu'il m'en
a envoyé fayre par ledict Laflin, du nombre
de gentilzhommes, équipaige et train qu'il me
semble qu'il doibt avoyr en son voiaige d'An-
gleterre, pour lequel je le veoy entièrement
résolu et, de l'aultre costé,la roynedudictpaïs,
à cequ'escript vostre ambassadeur, est fort bien
disposée au mariage, dont je suis infiniment
nize pour la grandeur et contentement de
vostredict frère, auquel il est bien raisonnable
d'aider, comme je sçay que l'avez tousjours
faict et vostre intention est encores de fayre
tout ce que vous pourrez pour luy, tout ainsy
que si c'estoit pour vous mesmes, non seuUe-
ment en cela suivant son désir, mais aussy le
secourir de quelque bonne somme, telle que
' 11 est probable qno la date est mal lue et doit être
reportée au 17 avril.
- En télé : k Envoyée au Roy par Jacques Tanrret,
coui'rier.n
^ Jacques de La Fin, dit La Xocle, fds de Jean, sei--
gueur de Beauvoir, cliaujbellan du duc d'.\njou. Une très
complète et trèi intéressante notice sur ce personnage
et sa famille a été publiée en 189G par M. Dumoulin,
conservateur de la bibliothèque de Roanne, 1 iia p. in-8°.
LETTRES DE CATII
voz affayres le pourront pcrtucttie, pour para-
chever lionnorableineul uiig si bon œuvre,
auquel je de'sirerois pouvoir bien estre, comme
vous verrez par le double des Icctres et me'-
moires que je luy escriptz de ma main et en-
voyé pour cest eflect par ledirt Laffiu; mais
n'y pouvant estre à temps, pour ce que voz
afl'ayres et service requièrent bien fort en ces
costez de deçà encores ma présence, ainsy que
ledict Laffin vous Fera entendre et à niondicl
filz le duc d'Anjou aussv, j'espère passer bien
tost après luy en Aufjleterre, ne luy conseillant
pas pourtant de rien différer audict mariage
pour ma |)i'ésence; mais pendant que; la bonne
volunte' el allertiou v est s\ grande, comme
l'on void de la part de ladicte Royne, il fault
le parachever du tout, affin que rien n'y puisse
plus nuire, comme j'ay bien amplement fait
entendre audict Laflin, par lequel je vous
diray aussy, pour le regard de voz alfayres de
deçà, que j'ai envoyé le sieur de Cornusson,
et avec luy le sieur de Villambiz, devers ceuix
de Saverdun, ausquelz j'ay aussy envoyé la
déclaration , dont il vous plaira veoir le double
qui est cncloz en ce pacquet avec ceste-cy,
alBn qu'ilz remettent les villes dudict Saver-
dun et y laissent et souffrent exécuter vostre
édict de pacitlication, suivant la résolution de
nostre conférance, espérant on avoyr aujour-
d^huy de bonnes nouvelles : aultrement mon
filz le roy de Navarre qui est, comme je vous
ay escript par ma dernière lectre, allé à l'isle-
en-Jourdain, n'en veult partir qu'il ne saiche
ledict Saverdun estre leinis. Il V a aussy une
petite ville appelle; Muret', qui est à trois
lieues d'icy sur la rivyère, par oiî il fault qu'il
passe nécessairement pour venir à Castelnau-
darry. (>eulx de ladicte villi; et auk uns de la-
dicte Kelligion prétendue réibrmée, principal-
lement des principaulx serviteurs en Foix de
' Muret, chef-lieu d'arr. de la Haute-Garonne.
ERINE DE MEDICIS.
333
iiHindict (îlz le roy de Navarre, se sont tant
l'aict la guerre el sont si fort ennemis les ungs
avec les aultres, que j'ay eu grande peine à
fayre consentir aux habitans dudirt Muret de
laisser passer mondict filz le rov de Navarre
par ladicte ville; encores crains-jo bien qu'il
y ayl du désordre, quelque peine que je mette
d'y obvier et l'éviler, ayant ung merveilleux
regret du temps qui se pert et du retarde-
ment que je veoy en nostre assemblée dudict
Casteinaudarrv, où les députez sont arrivez;
et si je veoy que le dict Saverdun feust pour
nous arrester (comme j'en ay grand peur),
d'aultant que mon dict filz le roy de Navarre
est résolu de ne passer oultre (|u'il ne soit
remis, je luy envoieray proposer dez demain
de mander de venir du coslé de deçà aux
députez de Languedoc, afïin de fayce ce qui
reste de noz afl'ayres, (jui est prinripallcment
pour la parfaite et entière exéculioii (ludicl édit
de pacifBcation et articles de la conférance
audict pays de Languedoc, et aussy pour la
chambre de la justice d'icelluy pais; et plus
tost retourneray-je à l'Isle-en-Jouniain, aflin
de gaigner temps. Cependant j'ay tant fait
que mondict filz le roy de Navarre et le vi-
conte de Turenne envoyeni le jeune Yolet en
Lymosin , pour fayre soudain remettre Uzerche ,
comme ilz m'asseurent qu'il sera faict incon-
tinent, ayant esté- conseillée de leur fayic une
semblable déclaration qu'à ceulx de Saverdun,
el oullre cela leur promettre de fayre cesser
tous actes d'hostillilé à Brive; et en ont esté
l'aides les dépesches de ma part et de la leur
si amples el si expresses, que j'espère (jue bien
tost le sieur de La Mothe-Fénelon, à qui j'en
ay donné charge de vostre part et qui ostdesjà
su rie lieu, vous en escripra et à moy de bonnes
nouvelles, et aussy de l'ordre que le s' de
Bourdeilles et luy auront donné en Périgor,
suivant les expéditions et instructions que je
33'i LETTRES DE CATH
leur ay pieçà envoyées. Le sieur de Sainct-Su-
plice accompaigné du sieur de Vezins. pour
Ouercy, et le sieur de Quélus, pour Rouergue,
vacqiiant aussy ceulx qui sout de'putez par
mondict fiiz le roy de Navarre avec eulx à
l'exécution dudicf édit et articles de ladicte
conférance; mais je pense bien que pour le
Mur-de-Rarrais, Figeac et Pe'rigeulx, il faul-
dra, pour y mettre parfaitement l'ordre qui
y est requis, que ledict viconte de Turenne y
aille, ou quelqu'aultre des principaulx de la-
dicte Relligion, avec le mareschal de Biron :
ce que nous avions remis à résouldre inconti-
nent que serions arrivez an dict Castelnau-
darry, mais je le feray iayre dez le premier
jour que nous serons ensemble, car il n'y a
rien plus nécessaire que cela pour la Guyenne.
Il sera fort à propos, Monsieur mon filz, que
vous escripviez une bonne lectre au marquis
de CanillacpourleHault-Auvergne,affinque,
suivant les instructions queje luy ay envoyées,
il y establissela paix; car, à ce que je veoy, il
y en a anssy de ce costé-là qui désirent beau-
coup plus la guerre que ladicte paix. J'espère
vous envoyer bien tost le sieur d'Arqués et
vous escripre et vous mander par luy encores
bien amplement Testât de vosdictes affayres
par deçà et tout ce qui y sera faict et passé
jusques à l'heure de son partemcnl. Cepen-
dant je prve Dieu. Monsieur mon filz. vous
avovr en sa saincte et digne garde.
Escript à Thoulouze, le xi" jour d'apvril
1679.
1579. — 13 avril.
Oiig. Bibl. nal., Fonds français, n° 3so3, f° dï "".
A MON COUSIJJ
LE MARÉCHAL DE DAMVILLE.
Mon cousin , j'ai receu la lectre que m'avez
escripte par vostre secrétaire Girard, présent
ERINE DE MÉDICIS.
porteur, aiaut esté bien fort aise d'avoir
entendu par icelle comme toutes choses se
dispozent très bien à la paix au bas pays de
Languedoc, suivant la résolution de nostre
conférence à Nérac, m'asseurant que le bon
ordre qu'v avez donné est cause de ce bien là,
pour lequel du tout parachever, j'espère que
mon filz le roy de Navarre et moy serons mer-
credy prochain à Castelnaudary, et regarderons
à l'ordre nécessaire pour le tout faire exécuter
et establir, non seulement audict Bas-Lan-
guedoc, mais aussy par tout le reste de vostre
gouvernement; et a esté très bien faict à vous
de faire venyr les députtez pour les Estais
dudici pays de ce costé là; car, comme vous
dictes par vostredicte lectre, et que m'a faict
aussi entendre, de vostre part, ledict Girard,
il sera bien à propos que le lieu où se tien-
dront iesdiclz Estats ne soit pas esloisgné de
celluy où nous serons. Me remeclant à icelluy
Girard, je ne vous feray plus longue lectre
que pour prier Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
Escriptà Toulouse, le xii° jour d'avril 1 679.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 13 avril.
Copie, Bibl. nat. . Fonds français , n* SSig, f" 3o y" '.
[AL ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, depuis mon aullre lectre
escripte, j'ay advizé de la vous envoyer, et
ceste-cy aussy, par ce courier expressément,
aftin que soiez plus lost adverty du contenu
en icelle, et pareillement des bonnes nouvelles
que le sieur de Piebrac (lequel est ce matin
retourné à l'Isle-en-Jourdain) m'a rapportée
' En tête : r Envoyée au Roy par Jacques Tancret,
courrier."
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ck' lu [liiil (If ma filîe, l;i royne de Navarre, et
(le son mari, (pii sont (|iu! mondict filz le roy
de Navarre s'en viendra avec moy, i|uand je
m'en relourneray vons Irouver. Ledict LafFin
est en parlye cause, (à ce (jue j'entendz) de
reste di'libcjration; car avant-hier (ju'il feust
prendre con{j(' de moud ici liiz le roy de Na-
varre, audici iiiMi de l'Isle-en-Jourdain, par-
lant à luy pour tousjonrs allirmer i'amityi?
d'entre mon fd/. le duc d'Anjou et luy, il iuy
dist (à ce (]ue ledict LalHn m'a luy-mesme
fait entendre) (jue mondict filz avoil Tort
grande envye de veoir ledict sieur roy de
\avarre : et sur cela enlrè-rent en propos de la
de'lib(îration (]ue mondict fdz le duc d'Anjou
avoit de venir au devant de moy. Sur (juoy
depuis deux jours (]ue ledict Laflîn est party
d'avec eulx, ilz ont encores, à ce (jue je veoy,
bien pensé à cela; car madicte fille la royne
de Navarre m'a esciipt et mande' ce matin par
ledict sieur de Piebrac (jue la re'solulion de
mondict filz le roy de Navarre, son mary, est
de s'en venir avec moy, quand je partiray de
ces pais, et que le viconte de Turenne estoit
content d'aller avec le mareschal de Biron
(ainsi qu'avions ces jours passez advis(3) en
Rouergue, Quercy, Périgor et Lymozin pour
y ex(?cuter l'édit, dont je suis infiniment aize.
Car crovcz. Monsieur mon filz, que c'estle plus
■ grand bien qui sauroit advenir à voz affayres
et service par deçà. Et sans double la paix s'y
cstablira, s'il advient que mondict filz le roy
de Navarre vienne avec moy (comme l'on m'as-
seure (|u'il l'eia), et qu'il y demeure seulle-
nient pour lieutenant ge'néral le mareschal
de Biron, lequel (selon que j'ay congneu de-
puis quebjues jours) avoit sans cela uug aultre
desseing en la leste, ou je suis bien trompée.
Le sieur d'Anjucs vous fera entendre (|ue
c'est; et cependant je vous diray que j'ai
parlé audict mareschal de Biron de la délibé-
ration de nuindict filz le roy de Navarre, et
comme je me résoudois de le laisser icy,
n'aiant pas failly de luy bien dire comme il
sera nécessaire (|u'il s'employe dilligemmenl
et d'an'ection à restablissemeut de la paix. Sur
(juoy il m'a l'aict démonstration d'en estrebien
aize, comme aussy estimay-je qu'il soit, de-
mourant seid par deçà; et m'a dict que sans
cesie résolution il avoit bien délii)('ré de me
remonstrer beaucoup de choses (devant que
je partisse), en la présence de mondict filz
le roy de \avarre et de madicte fille sa
femme, et prendre de moy une bien expresse
et ample instruction de ce qu'il auroità fayre;
mais qu'à reste heure, puisque ledict sieur
ro\ de Navarre s'en alloit, c'estoit une aultre
chose; et m'a requize et suplyée de laisser au-
piès de luy, i)Our (juelque temps et jusques à
ce que la paix feust establye, ledict sieur de
Piebrac, me disant ([ue c'est un personnaige
grandement obligé à vous et qu'il congnoist
bien affectionné à vostre service, et qu'il espé-
roil par ce moien fayre en sorte par deçà que
toutes choses yroient bien; et quand à moy je
l'espère ainsy, n'ayant pas failly de le fortif-
fier par toutes les raisons que j'ay peu en ceste
bonne opinion, combien qu'à vous dire vray,
je ne saicbe bonnement que penser de ces
soudaines mutations, .l'essayeray d'en fayre
profllct et découvrir s'il y auroit rien de caché
là dessoubz. Cependant je vous prye. Mon-
sieur mon filz, escrire une bonne et expresse
dépesehe au dict mareschal de Biron, pour
parachever dilligemment de bien establir la
paix et embrasser tellement voz affayres par
deçà, selon la "rande confiance que vous et
moy en avons en luy, que toutes choses y
puissent estre bien establyes et tousjonrs con-
tinuées en bon repos et au bien de vostre ser-
vice; et escri])viez aussy une bonne lectre au-
dict sieur de Piebrac, pour demeurer quelque
336
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
temps avec iedict mareschal de Biron pour
restablissement et exécution de vostre édit de
paciffication et articles de la conf(?rance, dont
après vous iuy envoierez pouvoir, comme ver-
rez qu'il sera besoin. Mais je ne suis pas
d advis que lesdictes lectres parlent de la dé-
libe'ralion do inondict filz le roy de Navarre.
Je désire pareillement qu'il vous plaise es-
cripre à la noblesse de ce pais le désir qu'avez
à Tentretenement de la paix, suivant voslre-
dict édit et articles de noslredicte conféra nce,
les exortant et admonestant très expressément
que, suivant ce que je leur ay dernièrement
faict entendre à Agen et encores depuis trois
jours en cestc ville, chacun d'eulx ayt à s'y
disposer entièrement et tenii' la main qu'on
puisse estre et demeurer en repos. Et faictes,
fayre pour cela une centaine desdictes lec-
tres, où les noms seront en blanc, que moy, si
je suis encores par deçà, ou Iedict mareschal
de Biron , ferons subscrire et leur envoyerons.
Et m'envoyez aussy, je vous prye, par ce
mesme courier, avec toutes lesdictes lectres
une aultre leclre que m'escriprez, s'il vous
plaist, du désir et affection que vous avez à
l'establissement de la paix, affin que je la
puysse fayre venir tant à mesdictz filz et fille,
les roy et royne de Navarre, que ausdictz
sieurs mareschal de Biron et de Piebrac. J'es-
père aller domain disner à xMuret, où se trou-
veront ledicl jour de demain mesdictz filz et
fille, les roy et reyno de Navarre. Mardy nous
yrons à Haulterive\qui est tout auprès de Sa-
verdun, où je fei'ay en ma présence exécuter
vostredict édict et tout ce qui est requis, pour,
dès le lendemain qui sera mercredy, aller
couscher à Casteinaudarry, qui n'est qu'à cinq
lieues delà, et où je me prometz, avec l'ayde
de Dieu, qu'en peu de jours nous aurons pa-
' Auterive, clief-lieu de canton, arr. de Murol.
rachevé de pourveoir à tout ce qui reste à
fayre pour le bien de vostre service en Guyenne
et en Languedocq; car j'ay donné ordre de
fayre tenir au mesme instant à Carcassonne,
ou à une petite ville qui est à deux lieues
dudict Casteinaudarry, les Estatz dudict païs
de Languedoq, où j'espère aussy que ma pré-
sence vous apportera beaucoup d'utiiiité; et
incontinant après, je poursuivray. Dieu ai-
dant, mon chemin au travers dudict Lan-
guedoc, où mon filz le roy de Navarre s'ac-
corde aussy de passer avec moy, qui ay bonne
espérance de nous mener pareillement le ma-
reschal de d'Ampville, et que Dieu nous fera
la grâce que cesle fois nous establirons la paix
et remettrons vostre auctorité par tout.
Je feyz hier une bien expresse despesche en
Prouvence au cardinal d'Armaignac et à tous
ceulx que j'ay pensé estre à propos, affin de
les provocquer et inciter tousjours, pour aussy
fayre en sorte que ce païs là puisse estre en
repos. Je passeray en Arles et en Avignon , et
y feray pareillement ce qu'il mo sera possible,
et aussy en Daulphiné. Cependant je vous
dépescheray dedans deux jours Iedict sieur
d'Arqués, à la suffisance duquel je me remet-
tray de toutes aultres parlicullaritez, priant
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
Escript à Thoulouze, le xii""' jour d'apvril
1579.
1579. — 12 avril.
Copie. Bibl. nal. , Fonds français, n** 33i9, f° 3a r°'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, j'ay esté infiniment aize
d'avoir particulièrement entendu, par le s'' de
' En téle : n Envoyée pai- Monsieur de Laflin.Ji
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS,
337
Lnfliti coinnie loiitcs clioses se sont passées
entre vous et mon llls le dur (r.Vnjoii, quand
il vous est dernièrement allé trouver, et aussy
sa délibération de retourner incontinent au-
près de vous, pour se résouldrc avec vostre
bon advis du parlement de son voyaijje d'An-
gleterre, pour lequel je lui ay desjà donné et
donne encores mon advis Tort clairement,
comme vous entendrez du s"' de Lafiîn, par le-
«[uel je luy envoyé uu;f mémoire du nombre
des personnes et Irain (juildolbl mener et de
la façon qu'il s'y doibt gouverner, luy man-
dant de vous monstrer ledit mémoire, estant
aveccjucs vous : qui sera cause que, me remet-
tant pour le surplus de ceste affaire à la suffi-
sance dudit LalFin, je n'estendray ceste cy
davantaige, si n'est pour vous pryer de vouloir
ayder et secourir vostre frère de la meilleure
somme de deniers qu'il vous sera possible
pour l'occasion dessusdite, qui ne sauroitestrc
meilleure.
dépendant je me remets aussy au s'' de
LalTin pour vous faire entendre la délibération
où je suis d'aller demain disner à Muret, où
mes lils et fille, les roy et royne de Navarre
seront; et le lendemain nous yrons à Saver-
dun, qui n'est qu'à trois lieues de là, où j'es-
père faire cesser toutes les difficultés qui se
l'ont pour l'exécution de vostre édil de pacifi-
cation, et estre le lendemain, qui sera mcr-
credy, à Caslelnaudarrv, où j'espère aussy
a\oir bientost fait, et partir incontinent après
pour m'en retourner devers vous, espérant
que mon fils le roy de Navarre viendra avec
moy, coniiae aussy vous entendre/, plus am-
plement dudit s' de Lafiin. Priant Dieu , Mou-
sieur mon fils, vous avoir en sa saincte et
digue garde.
Escript à Tiioulouse, le \i\' jour d'apvril
1579.
1579. — la avril.
Aul. Bibl. nat.. Fonds français, n° loaio, f^ 16*.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, je ne vous dire poynt l'aise
quej'é receu de voyr Lafin, pour les bonnes
novelles qu'il m'a aportée délia bonne vo-
lunté en laquele yl a lésé mon fils de conti-
nuer ce qu'il a si bien comensé; et, pour y
avoir rervi cet porteur cornent yl a, je vous
asenre que je lui désire beaucoup de bien,
et ne tiendrè à moy en ce que je auré de
moyen et de puisance de l'en reconeslre :
cornent je prie au Roy de fayre, encore qu'il
aie fest en bouneur, yl y faull de quoy entre-
tenir bonorablement l'honneur qui luy lia
fays, à quov je vous prie tenir la mayn, sa-
chant que le eymés et les sycns. Je ne vous
en dire davenlege, me remetent sur lui à
vous dire de nos novelles, et fayré fin, prient
Dieu vous donner ce que désirés.
De Toluse, cet xii""" d'avril 1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(lATIlKniNE ui; MÙDICIS. M.
1371). — l'i avril.
AuU Bil.l. iKil. , FonJs IVaiicais n" 338;. f" i.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE D'USES.
Ma comère, encore que nostre lieage soiet
])1ms pour set lepouser ijui; pourfeire voyage,
si èse que yl en fault encore feire un enn
Engietere; et lors les oyseauk d'empirre tâche-
ron leur proye amarés aus clievanlx, encore
qu'il m'envoye plus de novelles; mes j'espère
que tout s'aprocbera du coulé où vous aystes,
si les mauves ayspris n'ynlerompet cet que
'i.'i
iwi'niiiirjE ^iiioiAi.i:.
338
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(Ii'joà avsl l)ii'ii :irliominr; si cola avst, je m'en
letnuniere aveques racomplisenieiif (le mes
désirs, la pays ayslaljlie, mon fils remis en son
devoyr, el sens vsi bien près du chemin de si
mesirc. Jeserès (roplieureuise, ([ni me jjuarde
du Idul de le rrovie, simm que Dieu a leni
acotume de me monstrersa puisance et bém''-
volense. fomc l'on disl. que ce me loys ac-
ciovre que lout me doini sucséder corne je le
di'sire et me le promets. Je sere deme\n h
Casteinandaiiy, où je l'en' Pasques. et après,
le plus Icist que |)our('', dr(i\ t à Paris vovr
lout ccl que ji' avnie le plus en cet monde et
(pii me repii'saute maiv, eni'ans el ainv. -le
j)rie Dieu que je |iui-.si' cnii aus.^i bonne
sanlé el aussi coulent r[ue je prie Dii'u le
meynienir eucores en melleur heumeur que
au Porl-Saiucle-Maiie.
De tlaujac '. cet \iu"" d'avril iSyij.
Vosire bonne cousine, conière et eusieuc
compaijjne.
'liTKRINK.
1 5~y. — 1 'i avril.
Ilihl. ini|i. .1.- S.iinl-IVIoi.-.l...iic|;. vol. \\, f'5'i.
Al HOV
\io\su;i il MOV ]■■][,/_
M(Ulsieur niiHi lilz. euciu'es (lue je \()us
eusse, par c\ devant, par piusirurs luis escript
en l'aveiu' du sieur éves(pie d'Ajjen, que j'ay
d(qiuis (pie je suis de deçà C(in;;neu si aiï(>c-
tionni' à vostre service, je vous av-jc bien
voulu l'aire reste lettre, pour vous prier, comme
je lais de trJ'S bon -cieur, de vouloir, s'il vous
plaist, ccwnmander (pu' justice luv soit l'aicte
au trouble (pii luv est laid puni' raison de
' (\iiijai- se trouve entre Muret el Saverduri (Haute-
Garonne), arr. de Muret, canton de Cinleyalielle.
son abbaye de Font'rède' et par mesme movcii
ordonner qu'il soit maintenu et couservé en
la possession et jouissance dicelle, comme il
me semble (pi'il est raisonnable, attendu le
Ion;; tenq)s ([u'il y a (pi'il en jouit, et qued(3Jà
vous avez or(lonn('' (pi'il en (buneureroit pai-
sible possesseur. Priant Dieu, Monsieur mon
fiiz, vous avoir en sa sainclc el dijjne garde,
b'script de Saverdun, le xim' jour d'avril
lô-r,.
Dp sa main : Je vous supplie, Monsieur mou
lilz, avoir pour recomman(l(' cet evesque, et
à ce (pi'il vous dira de ma pari.
\ostre bonne el trc's alVectionnée et obligée
mi"'re,
Caterine.
1570.— i.'i avril.
Copi.'. ilibl. nat , Foods f"rani;ni9, ii" 3iîir) , f* 3a r'' -.
[M noV MO.NSIEl r. M0\ FILS.I
Mousieui' uu)u lilz, je ii'euz oncques,
comme je vous ay escript ces jours icv, plus de
jove el de plaisii- (jue d'entenfire par le sieur
d'.Vnjues les bonnes et heureuses nouvelles
qu'il m'apporta de l'arrivée de mon filz le duc
d'Anjou auprès de vous, non seullement pour
le [iraiid contentement i|U(' ce me fut de le
voir remettre en son debvoir, ruais aussy pour
le grand bien que c'est à voz all'aires et ser-
vice et au.\ siennes particuUièrement; etoullre
ce (jue je vous en av escript et à luv aussy, je
donne charge audict sieur d'Ar([ues vous en
entretenir de ma part et desduire et fayre en-
tendre beaucoup de particullaritez du fruict
' Kondfroide dans l'ancien diocèse de Narbonne.
Janiis Fiégose, èvè(]ue d'A(;en. en el.iil abbé. (Gallia
Chnslwna, t. H, p. gSo. E.)
■ En tète : (-Envoyée au Roy par Monsieur d'.\iqueSB.
LETTRES DE C ATH
(jue nous avons desjà commencé par deçà à
en recueillir et de la bonne espérance (jue j'ay
du grand bien qui en réussira, ainsy que je
m'asseure que ledict sieur d'Arqués fera très
saigement, et aussy àraondict filz le duc d'An-
jou, qui, j'espère, sera de retournuprèsdevous,
comme il vous a promis, et m'a pareillement
escript par le sieur de LafiSn, que je luy ren-
voiay avant hier, et vous escripviz aussy par
luy ce que je mandois à voslredict frère pour
ses affayres et tnariaigo d'Angleterre. Sur
quoy ledict sieur d'Arqués vous dira encores
de ma part aucunes aullres particullaritez, que
je prometz que vous saura aussy très bien et
saigement représenter, comme il a faict envers
moy tout ce que luy aviez commandé, dont
je suis bien satisfaite et fort aize de veoir
qu'il se rende sy discret et capable, comme je
voye qu'il est, en vosdictes affayres et service.
Et pour ceste occasion je me remettray à sa
suffisance de toutes les aultres choses et par-
ticullaritez que vous pourrois escrire, dont il
vous plaira le croyre et adjouster foy comme
à moy mesme, qui prie Dieu, Monsieur mon
fils, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Saverdun, le xiiii" jour d'avril
1579.
1579. — Avril.
Aut. Bibl. nal. , Fonds français, u" 338i, (° 19.
A MA COUSINE
MAD.^ME D'USÉS ^
Ma comère, je suys à eun car de iyeu près
de Toulouse et ne le peu aie voyr; car vous
aystes au plus venteulx peys et froyt; n'enn
fêle plus festedeu cliault de Languedoc, et non
moyns des jeans de Monpelier cornent sont
' Cette lettre ne porte ni lieu ni date, mais elle ne
pent être que du milieu d'aviil de i.")79.
ERINE DE MEDICIS. 339
maran'. Cet le peys le plus froyt, les jeans
de Monpelyer les plus revèches et mauves que
je vcis jeamès, et tent d'oyseaulx de rapine : yl
ne veulet ni la pays, ni rien de bien. J'é veu
d'Osone, à qui je me suyscoreusaye; caryl ne
volouet que leuse- éloigner et éviter la pays;
je ni ay trové homme de bien que Bacon : je
vous layse à panser que sont les aultres. Je
m'en voy demayn paser à Balareu-au-Bayns ^,
et de là par la peste et par tous les brigans;
et set je ann échappe, je pouré dire : guère,
peste, famyne et toutes méchanseté, que je
les auré pasé; cet que j'espèi-e fayre aveques
l'ayde deu bon Dyeu , qui ne m'a jamès haban-
donnée. Monsieur le cardinal vous sueyste,
pour lui faire compagnie : alla peur qu'yl a,
yl ne \è plus que an letyère : depuys son mal
yl set porte fort bien, mes yl a encor peur qu'il
y revyenne. Je suys bien ayse que governés le
Boy, la Boyne, son frère et le consel : tené moy
en leur bonne grases, et me mandés sovent de
leur novelles et de vosfres.
1579. — 16 avril.
Orig. Bibl. nal., Ancien fonds français, n° SaoS , f" ^i8.
A MON COUSIN
LE S'^ DE DAMPVILLE,
MARESCBIL DE FRANCE.
Mon cousin, j'ay rcceu la lectre que m'avez
escripte par le s' de Bombais, ayant esté bien
aize d'avoir veu par icelle que pendant
qu'estes allé faire ung tour à Pézenas, vous
' Marra», raarrane, est un mot injurieux tiré de
l'espagnol, signifiant pourceau, maudit, hérétique, etc.
— Dictionnaire de Fréd. Godefroy, et Lexique du Bran-
tôme lie Lud. Lalanne, l. X, p. loi.
^ Leuse, locution populaire, pour $e.
' Balaruc-les-Bains (Hérault), arr. de Montpellier,
canf. de Fronlignan.
i3.
340
avez envoyé devant tous les députez pour les
Estais de Languedocq à Carcassonne; et vous
diray que je suis d'advis que l'on face l'assem-
ble'e et tenue desdictz Estatz le plus près du
lieu où mon filz le roy de Navarre et moy nous
assemblerons, qui sera lundy prochain, Dyeu
avdant, icy auprès; car il faict difficulté', à
cause de ceulx de sa relligion, de venir en ceste
ville. Nous pourrons bien aller pour ceste oc-
casion à S' Michel , qui est au général Cheverry,
ainsy que vous fera entendre le s' d'Arqués,
pre'seut porteur, à la suffisance duquel nie re-
ijiettant, je n'estendray ceste-cy davantaige
que pour prier Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincle et digue garde.
Escript à Casteluaudary, le xvi'jour d'avril
1579.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — a a avril.
Orig. Bibl. nat. , Fonds franrois , n" 33i5 , f^ 71.
A MON COUSIN
LE S'^ DE DAMPVILLE.
Mon cousin, je suis en ce lieu, il y a trois
jours, nous y avons, mon filz le roy de Na-
varre et moy, commencé ce matin à adviser ce
qui reste à faire pour l'establissement de la
chambre de justice en ce pais de Languedoc,
et espère que aurons bientost parachevé à ré-
souldre ce qui fauit pour le bien de la paix.
Mais j'eusse bien désiré que eussiez esté icy
dès hier ou ce matin pour nous y aider; je
vous atendz bienlost suivant ce que m'avez cy-
devant escript. Cependant je vous diray que
j'ay advisé de faire tenir les Estatz de Langue-
doc à Castehiaudari : à ceste cause , je vous prie
y faire incontiTiant venir les députez, affin
que je ne sois point retardée, car j'espère bien
tost m'en retourner trouver le Roy monsieur
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
mon filz. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincte garde.
Escript à S' Michel de Lannès, en Laura-
guais, le xxii'jour d'avril 1079.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — 23 avril.
Copie. Bibl. oat. , Fonds français , n^ SSig , f* 3a v' '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, le s"' d'Arqués vous aura
amplement fait entendre toutes les particulla-
rités de ce qui s'est passé de deçà pour vostre
service, depuis son arrivée auprès de moy
jusques à l'heure de son parlement, oultre ce
que je vous ay escript pendant qu'il a esté
par deçà. Il vous aura aussy, comme je m'as-
seure, avant la réception de ceste-cy, discouru
de plusieurs autres particullarilés grandement
importantes au bien de vostre service, que
j'ay remises à sa suffisance et à la fidélité
(ju'il a à vostredict service. Aussv, ne sera
cette dépeschc que pour vous dire ce qui s'est
passé depuis son parlement, qui fut le ven-
dredy, au ray de Castclnaudarry, où j'ay faict
ma feslc et ma fille la royne de Navarre
aussy, cstans cependant mon fils le roy de
Navarre et la princesse sa sœur demeurés à
Mazères-, dont mondict fils le roy de \avarre
donuoit, de sa pari, ordre envers ceuk de sa
relligion, comme je faisois de la mienne en-
vers les catholiques, pour l'exécution de vostre
dernier édit de pacidication et articles de
nostre conférance, en toute la comté de Foix,
qui n'esl de nul gouvernement, et où il s'en
' «Envoyée au Roy par Longuet, secrétaire de la Royne
mère du Roy.^
- iMazères esl tout près de Saverdun. dans l'ancien
comté de Foix (Ariègo).
LETTRKS DE CATHERINE DE MEDICIS.
3/il
faict beaucoup plus noiro et osl bien davau-
taige crainct (pour ce que ladicle comte' est
entièrement à luy, touttefois soubs votre sou-
veraineté) qu'en ses autres terres, qui sont
au dedans dudit gouvernement. Ce que je vous
ay bien voullu dire, combien que je ne doubte
pas que ledit Arcpies ne le vous ayt repré-
senté, et comme pour ceste occasion, aflîn de
maintenir toujours davanlaige voslre aucto-
rilé, j'uzey à Saverdun en vostre nom, et en
Ions les autres iieulx où j'ay passé, de ladicte
comté de Foix, de puissance absolue, tout
ainsy qu'en tous les aultres iieulx et endroit/,
de vostre royaume, conmie aussy est-il raison-
nable, car vous estes autant roy de la comté
de Foix que du reste de vostredit royaume,
et a esté ung très grand mal que les gou-
verneurs de Guvenne ou de Languedocq y
ayenl pas commencé, comme ils ont négligé
les autres soubs vos prédécesseurs et vous.
Touttefois, le cliemin que j y ay tenu et les
mémoires que je laisseray, avant (|ue je parte
de ces pais, au maréchal de Biron et au
s' de Joyeuse, serviront à répaier ceste t'aulte;
car je donneray cbarge à celluy d'eulx que je
verrav estre le plus à propos de pourveoir à
ce qui est de voz all'aireset service audit comté,
comme au reste du gouvernement, et faudra
tousjours continuer cela, aflîn de l'annexer
par ce moyen audit gouvernement, estimant
qu'il sera bien à propos de le comprendre en
celuv de Guyenne, car il est bien raisonnable
que quelqu'un d'eux vous réponde de ce païs là ,
qui est grand et où il v a beaucoup de villes.
i\ous avions, comme avez veu par mes pré-
cédentes dépescbes, résolu, mon lils le roy de
Navarre et mov, par l'advis de tous ceux qui
estoient avec moy à Nérac lors de la conclu-
zion de nostre conférance, et suivant aussy
l'oppiniondes députtés,que no-lrc assemblée
se feioit à Casteluaudary, où aussy leurs logis
estoient faits; mais pourtant il ne m'a esté
possible de faire encores mondil lils le rov
de Navarre qu'il y soit venu, s'cslant mis en
la teste que quelques ungs de ses gens avoient
querelle avec les habitans, et a pris son excuse
sur cela, de sorte que je feuz contraincto de
venir dez lundy dernier en ce lieu, où (luy
estant logé en ung chasteau icy auprès) nous
nous sommes assemblés desjà trois fois. Les
deux premières se sont passées sans que soions
entrez bien avant en matière, ayant esté seul-
lement la première fois leu les lettres que
m'ont apportées les députés de Languedocq,
lesquelles je vous envoyé, et verrez par icelles,
comme ils ont approuvé tout ce (]ue nous
avons faict, et (jnc tous vos peuples et subjelz
désirent la paix. L'autre jour en ensuivant,
feut aussy ieu le mémoire qu'ilz m'ont pré-
senté, dont je vous envoyé le double, par
lequel vous verrez semblablenieni ce quib. de-
mandent, sur quoy, comme je leur ay desjà
faict entendre, il ne faut pas qu'ils s'attendent
(comme aussv veoy-je bien qu'ils ne font) que
je sorte en rien qui soit de l'édict et des ar-
ticles de nostre conférance, ny que j'y aug-
mente ou diminue en quelque façon que ce
soit. Hier, qui l'ut l.i troisième asscin])lée, nous
demeurasmes fort longtemps à disputer sur le
faict de la Chambre de la justice du Langue-
docq. Le jeune de Laubcspine, (]ue je vous
renverray bieniost, vous feraparliruilièrement
entendre de bouche une infinité de contesta-
tions qui se passèrent sur cela ; cependant je
vous diray que je feiz tant qu'il m'ont donné
espérance (dont ils nie doibvenl ce jourdiiuy
donner response) qu'il se prendra un des pré-
sidons et cinq ou six des conseillers du par-
lement de Thoulouse pour la Chambre du
Languedocq. Je vous asseure. Monsieur mon
lilz, que ce sera ung grand bien pour voslre
service; car, par ce moyen, oultre que ladicte
342
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
court (il' paiieiiKMit de Thuulousc sera contente
plus qu'elle n'a jamais esté en tous les autres
traiti's précédons, vos subjectz catholicques du
ressort d'icelle court en recepvront aussy très
grande conimodilc et en auront pareillement
fort grand contentement, et si vos finances et
le pais ne seront pas tant charges qu'ils eussent
est(; pour i'enterlenement d'ung président et
de tant de conseillers du Grand Conseil, car
ilz ont double sallaire. J'espère en faire et
prandrc aujourd'huy une re'solution, ensemble
dureiglement (juc m'a\ez dernièrement envoyé
d'entre les courtz de Parlement et les Chambres
de la justice, ayant pour cet efl'ect faict venir
icy le pri'sident Saint-Jehan et deux conseil-
lers du parlement de Tlioulouse. J'avois mandé
audit parlement (ju'il m'envoyast aussy ung
de vos gens, et a\ois suivant cela député
l'advocat Duranti, mais il s'en est excuzé. J'av
bonne espérance d'avoir ce contentement de
le vous donner pareillement, de vous advertir
du tout par uug post-script en ceste dépescbe,
que j'ay advisé do vous faire par ce courier
exprès, pour vous prier combien que vous
m'avez escript et Ions ceux qui sont auprès
de vous, (juo grâces à Dieu vous estes bien
guéry de la fiebvre (pi'avez eue, néanmoings
de no laisser pourtant de me renvovor incon-
tinent le Courier que je vous ay dernièrement
despesrli(', ailiii ipie je sois encnres mioulx
asseun'O de vosire bon portement.
Cependant je vous diray que le s' de Véti-
zou arriva icy il y a deux jours, avec les lettres
qu'il vous a |ilou de m'oscripre et colles que
m'a aussy cscri])les mou lilz, losquolles je vous
envoyé. Ledit Vélizon a ju.squcs icv, selon ce
(|ue j'ay peu congnoislrc, faict tous bons of-
fices envers mondici fils le roy do ^'avarre et
ceux de sa rolligion, do laquelle, comnie
savez, il est, et me donne, oultie ce que vous
verrez que mondict fils m'escript, très grande
et bonne espérance de la droicte et sincère
volunté de mondict filz à l'obéissance et affec-
tion qu'il vous doit et à tout ce qu'il pensera
estre et déciderez de luy pour vostre service,
estant, à ce qu'il m'a dit, du tout résolu à
cela, dont je suis infiniment aize, pour ce que
(oultro que c'est son devoir) vos affaires et
service et son bien particuUior s'en porteront
tousjours beaucoup mieulx. Mondit fils désire,
selon ce qu'il m'escript, de me veoir avant
partir pour aller on Angleterre; mais, s'il m'en
croit et suivant ce que je luy ay mandé par
Laffîn, il no différera point de partir; car,
comme Laffin luy dira do ma pari, il faut
prendre les occasions (|uand elles se pré-
sentent, et estant la royue d'Angleterre si
bien disposée, comme je veoy qu'elle est, du
mariaige, ot tous les articles, à ce que m'a dit
ledit Vi'tizon, par elle accoi'dés, et que mon
fils sera en faisant ledit mariaige, coronné roy
comme mary de la royne, s'il m'en croit, il
ne laissera passer ceste occasion, car le tem-
poriser en telles choses bien souvent est cause
de faire naistre des ditficulti's, ausquelles l'on
est après bien empescbé. Je ne sçay encores
((ue vous dire de ce que fera mon fils le roy
de Navarre, car il semble qu'il ayt quelque
volunté de s'en venir avec moy et m'en a faict
ouvrir les propos, il y a quelques jours,
comme vous avez peu entendre par le s'
d'Arqués; ol depuis la royne de \avarre, sa
femme, men a encores parlé, ot veoy bien
qu'elle désireroil aussy pouvoir veoir son
frère devant qu'il passast en Angleterre;
mais ils voudroient que j'allasse passer par
Lymoges: touslefois considérant (|ue ma pré-
sence pourra apporter, passant par le Lan-
guedocq, Provence otDnulphiné, beaucoup de
commodité à vos affaires et service, je leur ay
franchement déclaré que j'y veulx passer. Je
ne say encores ce qu'ilz feront sur cela; mais
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
343
croyez, Monsieur mon filz, qu'en quelque sorte
que ce soit, j'espère si bien pourveoir, et
laisser de si bons mémoires et instructions de
la façon que chacun aura à se gouverner, tant
on Guyenne qu'en Languedocq, qu'avec i'ayde
de Dieu, la paix, repos et union y sera parmy
tous vos subjectz, et que doresnavant, quand
je seray auprès de vous (congnoissant toutes
les particuUarite's , comme j'ai mis peine de
faire depuis que je suis en ce pais de deçà),
je vous esclairciray et soulageray beaucoup aux
affaires desdiclz pais, où il sera bien néces-
saire que veniez le plus tost que vous pourrez,
pour y veoir et entendre vous-mesmes vos-
dictes affaires, car c'est ung si grand et bon
pais et où vous avez tant de noblesse et si
grand imnibre d'aultres peu])les et subjectz,
que vous recepvrez, comme je m'asseure, ung
très grand contentement et le leur donnerez
aussy, y passant trois ou quatre mois de ceste
année ou de l'anne'e prochaine, comme j'es-
père vous dire, quand j'auray ce bien d'estre
de retour auprès de vous et en vous rendant
bon compte, ainsi que je feray. Dieu aydant,
de tout ce qu'y est passé pour vostre service
depuis que j'y suis. J'ay receu les lettres que
vous escripvez à ceux de vostre Conseil qui
sont par deçà, pour aller servir ce quartier
près de vous en vostre Conseil, ayant incon-
tinent i'aict tenir au s' d'Escars celle qui
s'adressoit à luy, et luy ay aussy mandé, sui-
vant vostre intention, qu'il vous aille trouver :
je ne sçais s'il le pourra faire, d'autant qu'il
a esté ces jours icy bien mallade et n'est pas
encores du tout guéry. J'ai baillé celle qui
s'adressoit au s' de Foix, mais désirant venir
avec moy par le Languedocq et Provence, pour
ce qu'il a affaire avec le cardinal d'Armaignac,
je ne le luy ay peu refuser, aussy que j'ay
pensé qu'il ne seroit pas mal à propos que
j'eusse quelqu'un de robbe longue de vostre
Conseil auprès de moy, passant par lesdils
pais de Languedoc, Provence et Daulphiné. Le
s' de Piebrac a eu pareillement la sienne, et
je croy qu'il vous yra bientost trouver. Quant
au s' de Vallence\ vous avez bien sceu qu'il
est déceddé dernièrement à Thoulouse. Le s'
de La Mothc-Fénolon est emplo\é à vostre ser-
vice, pour l'exécution de vostre édit et articles
de nostre conférence, eu Périgor et Lymosin,
d'où il ne faut pas qu'il parte maintenant,
pour ce qu'ils sont sur le point de composer
toutes choses, et espère que (suivant deux fort
et expresses despesches que nous avons ces
jours-icy faictes) Uzerches et Mussidan seront
remis. Je feiz tenir, il y a environ huict jours,
vostre lettre au capitaine Lussan, et suivant
vostre dernière dépesche, je lui ay encores
escript pour vous aller trouver; je ])ense bien
que c'est pour les affaires qui vous sont sur-
venues du costé du Piedmont, pour lesquelz
' Jean de Monliic, le célèbre évèque de Valence et
de Die, dont le nom s'est rencontré plus d'une fois dans
cette correspondance, mourut en effet à Toulouse, le
3 avril 1579. On ne peut s'empêcher de trouver que
la phrase de Catherine de Médicis est un peu sèche pour
un vieux serviteur, qui avait rendu tant de services à
Henri III, quand surtout les longs développements
coûtent si peu à la reine mère.
L'évèque de Valence avait été un des négociateurs de
Nérac; le secrétaire de Damville rapporte dans son
journal que le mercredi 1 1 février, à la séance de l'après-
midi, ffle s' de Valence s'y trouva mal cl luy foust ap-
porté du vin»; et de Thou dit qu'il mourut ttaccablé de
vieillesse ou de travaux». L'année précédente , il avait
été chargé de pacifier la Guyenne et le Languedoc. Ses
actes sont résumés dans une petite plaquette du temps
assez rare : Remonstrances faictes par le sieur de i al-
iénée aiuv Estais généraux de Languedoc , tenus à
Béliers au mois d'apvril mil cinq cens soixante dix-huit.
(Paris, 1678, pel. in-8° de 30 fol.) Il alla à Avignon, à
Nîmes, à Montpellier, fit un grand ttdiscours aux Estats
le i4 apvril'', sous la présidence de trdu Faur, viraire
général de Thoulouse», et enlln conclut un traccord»
qui sembla avantagous à tous.
344
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
affaires je suis bien en peine, et me délibère
bien, estant du costé de Provence et deDaul-
phine', d'y faire aussy tout ce qu'il me sera
possible pour le bien de vostre service, estant
merveilleuzement esbaliie de veoir tant de
perfidyes et de meschancettez en ceulx qui
ont tant d'obligation au contraire. Dieu les
pugnira , et vous fera , comme j'espère , la grâce
d'en venir au dessus. Jay envoyé, il y a desjà
quelque temps, es païs de Provence et Daul-
phiné, aiant par mesme moien escript pour
savoir des nouvelles de tout ce qui se faicl eu
Piedmont et des délibérations de ceulx qui y
ont les armes : j'atends à toutes heures le re-
tour de celuy que je ly av despescbé. Cepen-
dant je feiz cncores hier une dépesche au ma-
rescbal de Dampville,pour se haster de venir
et amener avec luy les députés du Bas-Lan-
guedoc, afïin de conclure les Eslatz dudit
païs à Castelnaudary, où je désire fort esire
lors, pour beaucoup de considérations au bien
de vostre service; et cela fait, qui sera en deux
ou trois jours, je m'achemineray aux meil-
leures journées que je pourray, selon les nou-
velles que j'auray par celuy que j'ay envoyé,
èsdict païs de Provence et Daulphiné. Priant
Dieu, Mons'' mon fils, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
Escript à Saint-Michel ^ en Lauraguay, le
xxiii'jour d'apvril iG^g.
Monsieur mon filz-, suivant le discours cy-
dessus escript, je pensois que nous deussions
mectre ce jourd'huy une fin à noz affaires;
mais mon filz le roy de Navari-e est venu ce
maliu fort tard, au lieu qu'il devoit estre icy
à sept ou huict heures, et n'a amené pas ung
' Saint-Micbel-de-Lanès (Aude), arr' de Castelnau-
dary, canton de Salies-sur-l'Hers.
- En lèle il y a : tt Postcript de ladicte dépesche du
xsni' avril 15797), fol. 34 v°.
des députés, disant pour son excuse que Vi-
gnolles, qui est le principal d'iceulx députez
et qui a tousjours porté, ces trois jours que
nous nous sommes assemblez, la parolle pour
les autres, est mallade d'une grosse fièvre,
qui le print hier soir parlant d'icy, mais que
les autres viendroient ceste après-disnée, et
son chancelier Gratins, pour regarder au règle-
ment qu'ilz dient qu'il fault relformer d'entre
les Parlemens et les Chambres de l'édit, à
quoy ils ont besongné cette après-disnée.
D'autre costé, il m'a dit que le viconle de
Turenne luy a demandé ce matin congé pour
aller en quelque lieu, sans que j'aye peu sça-
voir oiî, (combien (]ue je le luy aye demandé).
Cela me travaille fort et me faict penser,
voyant qu'à l'exécution de vostre ëdit de pa-
cifBcalion et des articles de nostre conférance
l'on ne les peult bien faire joindre, qu'ilz ne
veullent que gaigner et laisser couller le
temps, et ne puis en descouvrir l'occasion,
dont je suis en très grande peyne. Voilà pour-
quoy, et sur une plainte que me sont venus
faire icy aucuns des catholiques de Saverdun,
qui en l'eurent chassez avant-hier, depuis que
je l'ay fait remettre, et que le s' de Miossens
y a achevé d'y establir l'édit, j'ay dit aussy à
mon fils le roy de Navarre qu'il falloit faire
faire prompte justice de ceulx de sa relligion
qui avoieut ces jours icy surprins le chasteau
de Stafforti près Agen, pour ce que, combien
qu'ils l'eussent rendu incontinant et qu'il n'y
ayt esté tué ny blessé personne, que néant-
moings cela monstroit leur mauvaise volunté,
et avoit cuidé estre cause de retroubler tous
ces costés de delà, où, grâces à Dieu, l'establis-
sement de la paix se faict fort bien. Je luy ay
pareillement demandé pourquoy il faisoit
dilficulté de mander à ceulx de MoutQanquin
' Astaffort, à 19 kil. au sud d'Agen, sur le Gers.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
3^5
de laisser sorlir deux pièces de vosire artil-
lerye, qui y ont esté laissées, il y a (luelque
tempz, et lesquelles, suivant vostre édit de
paciflîcation , j'avois ordonné au sénéchal
d'Agenois et au s*^ de Pujolz, exécutant l'édit
de paciffîcation de ce costélà, faire mener par
terre jusques à la Garonne et par eaue jusques
à vostre niagazin de Bordeaulx; mais nous
sommes sur cela entrez luy et moy, en dis-
putte, et ay prins l'occasion, (|ui me semble
fort à propos, de luy remonslrer, comme j'ay
faict, tout ce qui se peult pour son grand
bien, n'oubliant rien de ce que j'ay peu pen-
ser pour l'esmouvoir et ranger à la considé-
ration qui! devoit avoir, et à faire, autrement
qu'il ne fait, son devoir en toutes ces choses
icy; mais, combien qu'il monstre de prendre
fort bien ce que je ditz, car aussy est-ce avec
toute raison , toutesfois en efl'ecl se laisse me-
ner par ceulx qui sont auprès de luy de sa
reiligion à leur vohinté, et y a beaucoup de
peine à faire faire les choses comme elles
doibvent. Il seroit bon, ce me semble, que
escripvissiez à mondict filz le roy de Navarre
qu'il souffrist que l'on remist toute vostre ar-
tillerie en vosire magazin de Hourdeaulx, aflin
qu'elle ne se perdist ou esgarast point; et
croy aussy qu'il seroit bon que, suivant ceste
lettre, le grand-maislre de vostre artillerie ou
son lieutenant général en feist faire les dilli-
gences, et feist présenter ladite lettre à mon-
dit fils le roy de Navarre.
Je vous envoyé le double d'une procuration
que l'on poursuit d'obtenir de ceulx du clergé
de ces pais de delà, pour l'assemblée qu'avez
accordé estre faicte à Paris desditz du clergé;
vous verrez par ladicle procuration ce qu'ils
veullent faire, ce qui mérite bien de prandre
conseil de ceulx que saurez bien choisir en
vosire Conseil.
1579. — a3 avril
Orig. Bibl. liai., Fonds français, n° 3345, f" ■jX.
A MO!V COUSIN
LE S' DE DAMPVILLE.
Mon cousin, je viens présentement de re-
cevoir vostre lettre par le greffier des Estatz
de Languedoc présent porteur, que j'ay advisé
vous renvoyer aussitost pour vous dire que,
suivant ce que je vous escripviz hier par
l'adresse du scindicq général, je désire que les
Estatz dudit pais de Languedoc se tiennent le
plus près que sera possible de ce lieu de
S'-Michel, estant d'advis et vous priant que ce
soit à Castelnaudari, où j'ay faict faire les logis
de vous et de tous ceulx qui s'y devront trouver,
estant nécessaire que, lundi prochain pour le
plus tard ou dès dimanche, s'il est possible,
la propozition desdils Estais se face. Car j'es-
père que j'auray dedans samedi parachevé icy
ce que nous y aurons à faire , et veulx partir
et m'acheminer le plus tost que je pourray,
après que aurons fait aprouver la paix par
lesdils Estatz; et prandré mon chemyn par
le Languedoc et Provence en Dauphiné, et
droict retourner trouver le Roy monsieur mon
filz, ainsi que j'espère vous dire, qui sera
cause que je n'estendray ceste-cy d'avantaige
que pour prier Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincte garde.
Escriptà S'-Michel-en-Lauraguais , le xxiii'
d'avril 1579, au soir.
Vosire bonne cousine,
Caterine.
ClTIIEIlINK DE MÉDICIS.
ht,
3&6
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1570. — a6 a\Tii.
Minule. Bibl. nat. , Fontls français, n" i556i, f* «a.
A MONSIEUR DE STROSSI^
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre du
xix"" de ce moys, el m'asseure, suivant ce que
m'escripvez , que vous ne fauldrez poinct de
faire bien vostre debvoir el que bien verres à
tout ce qui se pre'sente pour le service du Roy
monsieur monfiiz, et selon que mon cousin ie
maréchal de Cossé advisera et ferra debvoir
d'estre faict, et vous prie d'entretenir lous-
jours les capitaines et soldatz qui sont soubz
vostre charge en leur reconfortant, etde'mons-
trer et conter ce que on faict icy; et vous as-
seure que nous faisons tout ce qu'il nous est
possible pour recouvrei' ce qu'il leur est deub
pour leur payement de deulx moys, en atten-
dant que l'on puisse mieulx faire pour eulx,
qui est tout ce que je vous escripray pour le
présent, sinon pour prier le Créateur qu'il
vous ait en sa saincte garde.
Escript à le xxvi' jour d'apvril
1679.
1579. — a6 avril.
Copie. Bibl. nal,, Foods français, n" 3819, f° 35 r" ^.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, nous avons tant faict,
après avoir encores eu beaucoup de contesta-
tions en ce lieu, qu'à la fin nous sommes de-
meurez rJsoluz, mon fiiz le roy de Navarre et
moy et les députés de ceulx de la Relligiou
prétendue réforméedu Languedocq pour la
Chambre de la justice, que j'ay gaigné .sur eulx
' Pliilippe Strozzi, colonel général de l'inlanlerie.
- Eu tèle : (rEnvoyëe au Roy par ^lullet, cbevaulcheur
ordinaire de son escurie.n
qui sera composée d'ung président de la coarl
de parlement de Thoulouse; et nous sommes
d'accord que ce sera le président Saint-Jehan,
qui est très homme de bien et bon catholicque,
et cinq conseillers de ladicte court de parlement
de Thoulouse, que j'ay choisiz au tableau
d'icelle court, les plus eatholicques et les plus
gens de bien que j'ay peu, lesquelz, à ce que
m'a ce matin dict mon fils le roi de Navarre, il
estime que les députtés auront agréable , comme
aussy les trois du Grand Conseil qui avoient
desjà esté choisys par vous; je vous envoyé les
noms d'iceulx conseillers, avec le résultat de
ce que je respondys hier aux articles desdits
députez, outre le contenu desquelz Berauld,
ministre, qui est l'ung d'iceulx députez, m'a
faict une requeste verbale', qu'il raeyt peine de
me dire avec le plus d'artifice qu'il peull, pour
me persuader de faire envers vous que ceux
de la Relligion ne seroient aucunement recher-
chés d'avoir presché et faict faire exercice de
leur relligion eu secret, pourveu que ce feust
sans scandalle, es lieux où il ne leur estoit per-
mis; sur quoy je le rembarray de telle sorte
qu'il perdyt le cours de sa harangue, et luy feis
bien congnoistre, et à tous les aullres députtés
qui l'assistoient, que s'il leur advenoit d'ex-
cédder vostre édit de pacifEcalion, que la jus-
tice en seroit si exemplairement faicte que les
aultres n'auroient euvye d'y retourner, pariant
qu'ils se contentassent de ce que leur a\iez
accordé, pour le désir qu'avez de veoir vostre
royaume en repos. Il se passa sur cela plu-
sieurs propos, où chacun de ceulx de vostre
Conseil qui sont icy meyt aussy peine de m'as-
sister pour les rembarrer, de sorte qu'ils n'en
emportent autre chose qu'un pur refuz et très
' Michel Béraud , pasteur de Béziers , député du Haut-
Languedoc à ^"érac, eut à Saint-Michel une entrevue
particulière avec la reine, racontée dans les Mémoires de
Gâches, p. a6i.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 347
expresse deffense de tomber en ceste faulte,
s'ilz n'en vnnlloiont, et roulx qui la fcroienl,
le chastinicnt : louttefois le minislic Berauld
me réplicqua encores par forme de protesta-
lions que, selon sa proffession et ce qu'il trou-
voit en la paroi le de Dieu, il ne pouvoit re-
fuser de l'annonrer en quelque lieu qu'il se
trouvast; sur quoy je luy respondys encores
qu'ils n'avoient que trop de lieux pour faire
l'exercice de leur relligion , et qu'il se gardast
bien de tomber en faulte et en si grande de's-
obéissance, et qu'il se pourroit asseurer, s'il
le faisoit ou autres de sa profession, (ju'ilz en
seroient bien chastiez comme ilz mériteroient.
Ceste après-disnée nous devons vuider le dif-
fe'rend d'entre les s" de Mirepoix et de Seri-
gnac de Terride\ pour raison de la terre dudit
Terride, car qui laisseroit cela sans y pourveoir
et le juger, il est sans double que leurdit dif-
férend entretiendroit tousjours la guerre de
deçà. Nous résouldrons demain, ainsy que
mon fils le roy de Xavarre m'a promis ce ma-
tin, ceulx que nous de'puterons pour aller
exécuter du tout l'édit et les articles de nostre
conférance en Languedocq, et leur feray faire
leurs instructions, affin qu'ilz partent inconti-
nent.
Cependant le mareschal deDampville, que
j'attends cejourd'huy icy, fera demain la pro-
position aux Estats de Languedocq, que je
faiz tenir à Castelnaudarry, oij je retourneray
raardy, et après avoir faict une finaile re'solu-
tion et faict mettre par mémoire et bonnes et
amples instructions tout ce qui reste, il faudra
faire, tant pour la Guyenne que pour le Lan-
guedocq, affin d'v contenir toutes choses en
paix et repos et que vostre service y soit en-
tièrement bien fait, espérant avoir satisfait à
tout cela en deux ou trois jours, et vous faire
' Voir plus loin la lellre du 3 mai i ôyg à M. de
Montbrun.
une bien ample despescbe, en laquelle je vous
rendoray compte de tout, par le jeune Laubes-
pine que je vous renverray- Partant dudit
Casteinaudary, je m'acbemineray passant à
Narbonne et au reste du Languedocq, ('vitant
les lieux oià est la peste, et iray en Provence
et Daulphiné, pour y faire aussy sans y tarder
(que le moings que je pourray) tout ce qu'il
me sera possible pour le bien de vostre ser-
vice. Je ne sçay encores au vray si mon fils le
roy de Navarre viendra avec moy, car il semble
qu'il ayt quelque regret de me laisser et ma
fille la royne de Navarre aussy, touttel'ois leur
aiant résolu que je ne voullois en quelque façon
que ce feust repasser par la Guyenne , pour ce
que voz affaires et service m'appelloient fort
du coslé de Provence et de Daulpliini!, ilz
m'ont dit qu'ilz pourroient bien aller ca Béarn
pour regarder à leurs affaires, et aussy que
madicte fille désire aller aux bains, mais que
vers la fin de ceste année, mon fils le roy de
Navarre, à ce qu'il m'a dit, pourroit bien nous
venir veoir du costé de France, et qu' aussy
y a-t-il affaire pour ses biens et terres. Il dé-
sire, ce me semble, bien fort l'establissement
de la paix, et m'a promis de se bien et du
tout réconcillier avec le mareschal de Biron,
ce (jue j'espère moyenner et bien asseurer
entre eux, avant que les laisser, afin que vostre
service en soit mieulx faict, comme sansdoubte
il sera quand ilz seront bien ensemble, ce que
ledit s' roy de Navarre m'a luv-mesine dit ce
matin, et qu'estant cela, et le Conseil qu'avez
ordonné et establi près de luy pourveoiant
comme il fera tousjours, à tout, il se falloit
asseurer que toutes choses demeureioient en
bonne paix, et vos afl'aires en seroient mieux
faictes par deçà, ce qu'aussy certainement je
croy.
J'espère dépescher demain et renvoyer le
s' de Vétizon à vostre frère, et par ledict
44.
us
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Laubespine vous envoiray le double de la res-
ponse que luy feray. Cependant, Monsieur mon
fils, je vous diiay que je crains bien que la
duchesse de Bionchuicq face quelque chose
mal à propos en Espaigne, et qui nuize à
vostre frère, pour le faict du mariaige d'Angle-
terre; car, comme j'ay veu par la dépesche
que le s'' de Saint-Gouard vous a faicte le pre-
mier de ce mois, dont ledit Saiut-Gouard ma
envoyé le double que je receuz hier soir seul-
lement, il y a des mene'es qui se lont et de
rartilEcc , dont Ton use envers ladite duchesse
et elle envers vostre ambassadeur, qui sera
peult-estre cause de semer ung bruict, qui
pourroit bien traverser ledit mariaige d'An-
gleterre, estant bien aizé à veoir que le tout
se faict, non seuilement pour le rompre, mais
aussv pour exclure vostre frère de toute autre
espe'rance. Voilà pourquoy, s'il est vray, comme
m'a asseuré ledit Ve'tizon, que ladicte dame
royne d'Angleterre soit d'accord des articles
et qu'elle ayt promis de faire couronner roy
vostredit frère, il fault qu'il se liaste d'y aller
et d'effectuer ledit mariaige; car en telles
choses, comme je vous ay escript par ma der-
nière de'pesche, le temporiser n'y vault rien.
Priant Dieu, monsieur mon fils, vous avoir
0!i sa sainte et digne garde.
Escript à Saint Michel de Lannès, en Lau-
raguays, le xxvC d'avril iSyg-
Monsieur mon fils ^ depuis ceste lettre es-
oripte, j'ay regardé le chemin que j'espère
tenir et considéré le temps qu'il me fauldra
pour aller jusques en Avignon; selon le compte
que je faiz , j'espère y estre de demain en quinze
jours. S'il vous plaist que le grand Prieur de-
meure en ce pays là, il seroit besoing qu'il
vous pleust m'envoyer les expéditions et pou-
' En ItHe il y a : trPostcript de iadlcte despesclie du
xwi' avril 1579J1, (fol. 36 r°).
voir qui luv seroient nécessaires, affin que je
le feisse installer, comme l'on m'asseure qu'il
sera aizé, m'aiant le s' de Garces mandé, sans
savoir rien de cecy (car aussy n'en ay-je parlé
à personne), que chacun m'obéira et qu'ils fe-
ront tout ce que je vouldray, dont pourtant
ne vous assuré-je pas, et ne veux croire toutes
les paroles que quand j'en verray les effects,
et feray en cela et en voz aulres affaires de ce
pais là ce que je pourray, suivant ce que m'es-
criprez : ce que je vous prye faire le plus dil-
ligemment que vous pourrez, et s'il est pos-
sible qu'à mon arrivée audit Avignon, j'aye
response de ce que dessus, car j'espèrerois, en
quinze jours après ^, estre de retour auprès de
vous, dont j'ay extresme désir.
1579. — af) avril.
Copie. Bibi. nat. , Fouds fi-anrais, n" .33if), f* 36 v** ^.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, j'ay eu beaucoup de
traverses et d'enuyz (comme vous avez veu
par mes dépesches), avant que de pouvoir
parvenir à ce que je désirois pour le bien
de voz affayres et service et du repos de ce
Royaulnie. Mais enfin. Dieu m'a faict la grâce
que les choses sont à présent réduictes à tel
poinci, que j'espère avec l'ayde de Dieu que
nous joyrons de la paix, ayant, durant huict
jours que nous avons séjourné à Sainct-Mi-
chel, parachevé tout ce qui estoit nécessaire
' La Reine mère se faisait beaucoup d'illusion en espé-
rant être de retour à Paris r.u bout de quinze jours :
la Provence et le Daupbiné devaient encore la retenir
sept longs mois absente de la Cour.
- En tête il y a : «Envoyée au Roy par monsieur de
Laubespine le jeune. ti
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
349
pour l'exécution tant de vostre édil de pacif-
fication que des articles de la conférance, et
fait, mon filz le roy de Navarre et nioy, la dé-
putacion de ceulx qui feront ladicte exécution
en ce pais de Languedocq , selon la liste que
vous verrez des personnes qui y sont com-
misses de part et d'aullre, ausquelz nous
avons baillé de très amples commissions et
instructions pour y procedder, comme ilz vont
tous fayre du costé du Hault-Languedocq,
principallement où est le plus grand mal.
(^ar au Bas-Languedocq, grâces à Dieu,
toutes choses y sont paisibles, ainsy que mon
cousin ie maresclial de Dampville m"a as-
seuré et qu'aussy ceulx qui en viennent m'ont
raporté; et du costé de la Guyenne, Vérac, que
j'avois despescbé, comme je vous ay cy-devanl
escript, pour reveoir s'il demouroit rien à
exécuter ou s'il seroit survenu quelque chose
(le nouveau depuis que les commissaires y
ont passé, m'a rapoité que toutes choses y
sont assez bien, n'y aiant (|ue le iaict de
Fronssac, où ce mauvais garson de Labatut
demeure opiniastre et n'en veult sortir, disant
que la dame de Caumont l'y a mis; mais es-
tant seulement, à ce que j'entendz, une cou-
verture qu'il veult cliercher. J'espère que les
sieurs de Lanssac et de La Salle Raphaël, dé-
putez pour l'exécution dudici édit en Bour-
dellois, y allans y pourront pourveoir, ainsy
que j'ay escript audict sieur de Lanssac bien
expressément, comme quand je passey près
dudict Fronssac, il m'asseura que ledict La-
batut estoit tant fideile et afieclionné à vostre
service qu'il n'y feroit aucune faulte; et es-
time que cela qui est bien véritable luy iéra
chercher les moiens de tirer ledict Labatut
hors dudict Fronssac, et leur fayre mectre,»
suivant les instructions qui lui ont esté en-
voyées, et audict sieur de La Salle Raphaël,
tout entre les maius du sieur de La Vauguion,
tuteur des enffans de ladicte dame de Cau-
mont'. Quand à ce qui est advenu à Langon,
je ne say pas encorcs au vray comme il est
advenu, sinon que le courier Ambrelin y pas-
sant, et qui arriva avant hier à Sainct-Michel
avec la despesche que m'avez faicte par luy
du xvii"" de ce présent mois, nous a dit qu'il
n'y a voit eu personne de tué, si ce n'estoit
ung ou deux pour le plus : à ce que j'entendz,
il y a plus de querelle particullière que du
général. Car l'entreprinse a esté faicte, à ce
que l'on dit, par ung nommé Largemarye,
lieutenant du feu La Salle du Cyron, et ne s'y
sont les catholiques, comme j'estime, entre-
mis que pour prendre revanche de Staffbrt
près Agen, dont ceulx de la relligion préten-
due réftbrmée s'estoient saisyz depuis que le
seneschal d'Agénois et le sieur de Pujolz y
avoient passé et exécuté vostredict édict de
paciftication. Ledict Stalfort a esté incontinent
remis, ainsy (jue m'a raporté ledict Vérac, sui-
vant vostredict édit, et dès hier matin mondicl
' La dame de Caumont élait Margiierilc do Luslrac,
veuve , depuis la bataille de Dreux , du maréchal de Saint-
André. N'ayant pu é]iousor ie prince dcCondé, elle s'é-
lait remariéi' lardivcniont avec Geoffroy de Caumont,
qui mourut en i^>'/h, lui laissant une tille unique,
Anne, devenue eu iot)5 la touuiie du comte do Saint-
Paul, de la maison de Longueville. Elle possédait en
Guyenne de nombreux domaines, et entre autres le
cliàteau de Fronsac. Le tuteur de sa fille était Jean des
Cars, sieur de la Vauguion cousin germain de Geoffroy
de Caumont, qui convoita longtemps sa pupille pour son
fils Claude, prince de Carency; et riiérilii're était non
moins vivement poursuivie par le vicomte de Turenue
et le fils du maréchal de Biron, Charles de Gontaut. On
voit combien d'intrigues se nouaient autour de la ma-
réchale de Saint-André, (pu les recherchait d'ailleurs,
oscillant sans cesse entre les catholiques et les protestants.
Elle habitait alors avec sa fille au château de Castelnau-
sur-tiuépie, près Marmande. Elle écrivait souvent à
Calherine de Médicis, dont elle était contemporaine, et
qui lui rendit plus d'un service dans ses nombreux
procès et ses étranges aventures.
350
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
filz le roy de Navarre et moy envoyasmes
en diUigence aiidict Langon, assavoir, de
vostre part, La Mothe-Godin, et de celle de
mondict filz le roy de Navarre, Ranconnet,
avec commission et instruction très expresse
et lectres adressantes au sieur de Sainct-
Oreins et à tous ceulx que nous avons pensé y
pouvoir servir, pour y aller incontinent pour-
veoir; et ay pareillement escript à ceulx delà
Chambre d'Agen, pour fayre fayre la justice
de ceulx qui ontdélinqué, tant audict Staffort
que audict Langon, de sorte que j'espère que
les attentatz qui ont esté faictz en l'ung et
en l'aultre lieu seront incontinent réparez,
et veoy, ce me semble, ung chascun tout
dispozé à l'exécution et establissement de la
paix. Mais ce n'a pas esté sans très grande
peine, premier que de fayre venir et ranger
quelques ungs à ce bien là, lequel, j'espère
aussy, avec l'aydede Dieu, s'establira du tout.
Car hier, après disner, voyant que nous es-
tions sur nostre partement et près de nous sé-
parer, pour venir de deçà , et mondict filz le
roy de Navarre et ma fille, sa femme, pour
retourner du costé de la Guyenne, je les pris
tous deux à part, et mon cousin le mareschai
de Biron aussy, et après avoir longuement
parlé et remonstré à mondict filz le roy de
Navarre tout ce qui me sembla à propos,
comme s'il estoit mon propre filz, oiije n'ou-
bliayrien, ce me semble, tant pour les choses
passées que pour luy faire congnoistre le tort
qu'il se faisoit à luy mesmes de croire mau-
vais conseil, et la façon dont il se debvoit gou-
verner, et ne doubte poinct que Dieu, m'assis-
tant en ce bon œuvre et remonstrance, ne luy
ait tousché le cœur, pour doresnavant se com-
porter aultrement qu'il n'a faict. I! m'a, pré-
sente ma fille, sa femme, et mondict cousin
le mareschai de Biron, et Pinart, Ibrt humble-
ment remercyée et promis de se comporter
doresnavant si bien que nous aurons occasion
de contentement; et oultre cela, de fort bonne
façon promit aussy très franchement toute
bonne amityé audict mareschai de Biron ; car
en luy faisant madicte remonstrance, jen'ou-
bliay pas de parler fort expressément de leur
réconciliation et de ia bonne intelligence qui
debvoit estre entre eulx deux pour le bien de
vostre service. A quoy néantmoings avons
desjà, il y a quelques jours, donné très bon
commancement, de sorte que je vous puis
dire. Monsieur mon filz, que grâces à Dieu
nous nous sommes séparez avec si bonne ré-
solution que j'espère que voz affayres et ser-
vice, et surtout la paix et repos sera doresna-
vant maintenue, et toutes aultres choses soubz
vostre obéissance, en tous ces païs de deçà,
n'en aianl poinct, depuis que j'y suis, eu tant
d'espérance et d'asseurance que j'ay mainte-
nant, dont aussy je loue Dieu grandement et
ne plains plus mes peines; ne voulant pareil-
lement oublier de vous dire que, sur la fin
de l'acte dessusdict, pour ce que en ma dicte
remonstrance et ces jours icy j'avois aussy
parlé de l'establissement du Conseil auprès
de mondict fils et de madicte fille, le roy et
royne de Navan-e, j'ay faict lire la lectre
mesme que sur ce m'escripvez, ensemble la
lectre patente et Testât des personnes que y
avez ordonnez, ce qu'ils ont trouvé si bon,
(comme aussy est-il fort à propos et fort
bien considéré) que j'espère que cela faci-
litera et affermira encores beaucoup ledict
bien de la paix et de tous voz aultres affayres.
Ainsy mondict filz le roy de Navarre et
madicte fille, sa femme, s'en allèrent cous-
cher à Mazères, et moy en ce lieu, oii ma-
• dicte fille me viendra trouver demain, et sera
icy avec moy vendredy tout le long du jour,
pour me dire du tout adieu, espérant partir
samedy, pour m'acheminer et estre en quatre
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
3.-)!
joui"S après à Narbonne. Cependant je ne per-
deray aulciine occasion pour vostre service
en la tenue des Estatz de ce pais de Lan-
guedoc, que je faitz tenir icy et dont la pro-
position fut i'aicle lundy dernier par mondict
cousin lemareschalde D'Ampviile, quifaict, et
le sieur de Joyeuse pareillement, tout ce qui
se peult désirer et attendre de bons et affec-
tionnez ministres et serviteurs , non seuliement
pour l'establissement de ladicte paix, mais
aussv pour tous voz aultres affuyres et service ,
de sorte que j'espère vous remporter du toul
ung très grand contentement. Je m'achemine-
ray dilligerament, comme je vous escripviz
avant hier, en Prouveuce, où je feray, comme
je vous escripviz de ma main , tout ce qu'il me
sera possible pour y pacifficr les choses, et
aussy en Daulphiné, d'où celluy que j'y avois
envoyé retourna hier, qui m'a diet que ledict
sieur de Saincte-Marye vous est ailé reporter
comme toutes choses y sont et les lieux qui
en sont voisins, de sorte que, pour m'en re-
mettre à ce qu'il vous en dira, je ne m'esten-
tenderay sur cela davanlaige et me remettray
de plusieurs particullarilez au jeusne L'Au-
bespine, présent porteur, qui vous dira comme
nous avons esté contrainctz, pour contenter
non seuliement la court de Parlement, mais
aussy ceulx de la Relligion prétendue réfor-
mée, de refayre, par l'advis de ceulx de vostre
Conseil qui sont icy, le règlement d'entre la-
dicte court de Parlement et ladicte Chambre
de la justice en Languedocq. Il vous plaira le
fayre \eoir et, si l'avez agréable et trouvez
bon , l'aprouver et fayre despescher les lectres
patentes d'atache sur icelluy et l'envoyer à
vostredicte court de Parlement et à ladicte
Chambre. Ce pendant je vous diray aussi,
Monsieur mon filz, que j'ay pareillement ad-
visé, selon l'opinion de ceulx qui sont icy,
et toutesfoys soubz vostre volunté, que les
président ol liuict conseillers de ladicte relli-
gion dicelle Chambre de Languedocq seront
examinez par la Chambre de iadicle justice
à Agen et receuz après au service et installez
par les aultres présidens et conseillers qui
sont ordonnez jiour ladicte Chambre, Icsquelz
ne sont pas en nombre suilisant pour favre . . .
'; et puis considère qu'il/, n'eussent
peu aller en vostre Conseil, comme il est
porté par vostre édit, sans grande longeur de
temps. J'ay esté conseillée d'eu fayre ainsy;
et pour ce il vous plaira doncques d'envoyer
voz lectres patentes sur ce requises, avec les
quatre lectres en blanc, pour pourveoir quatre
personnes desdictz offices de conseillers de
ladicte Relligion prétendue réfformée; car,
comme je vous escripviz avant-hier, il leur a
esté promis que je les ferois bailler toutes
remplyes, comme je feray à mon filz le roy
de Navarre. 11 fault aussy envoyer (mcores
une commission en blanc pour ung des con-
seillers du Parlement de Thoulouze, qui yra
en icelle Chambre; car vous ne m'en avez
envoyé que quatre : et j'ay tant fait qu'il y en
aura cinq et un président catholique. J'es-
père, avant que je parte de ceste ville, que
tout ce qui est à exécuter pour i'édict et ar-
ticles de la conférance sera faict icy autour.
Cola donnera beaucoup de couraige à ceulx
qui y sont assemblez pour les Estatz de vous
accorder les levées de deniers que leur de-
mandez. Hz se sont desjà laissé entendre
qu'ils consentiront lever l'ordinaire , comme ilz
feircnt l'année passée; mais les cinq solz
pour livre sont encores en difficulté. Croiez,
Alonsieur mon filz, que je feray icy et en
Prouveuce, aussy en Daulphiné', tout ce
qu'il me sera possible pour l'advanccnient
de voz aflayres. Priant Dieu, Monsieur mon
' Ce blanc est dans le manuscrit.
352
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
en sa saincte et digne
filz, vous avoyr
garde.
Escripl à Castelnaudary, Je pénultième jour
d'avril 1679, au soir.
1579. — 3o avril.
Orig. Collection Baguenault de Ptichessc.
A MONSIEUR DUSSAC,
CHEVALIER DB L'ORDRE DD BOT UONSIBl'B UON nLS
ET CODVERNBDR DE LA REOLLE.
Mons'' d'Ussac, je suis bien fort niarrye de
ce qui est advenu à Langon, et croyez, comme
aussy vous prié-je, d'asseurer à tous ceulx de
vostre religion que la justice exemplaire en
sera l'aicte sur ceulx qui y ont déliuqué, ainsy
qu'il est très requis et nécessaire; car outre
que le Roy monsieur mon fds y est offensé,
y ayant esté publiée la paix et les articles de
nostre conférance et le tout exécuté par le
s"' de S'-Oreins et son commissaire à ce dé-
putez, c'est cliose qu'il ne fault pas souffrir.
Aussy m'asseuré-je que les officiers du Roy,
mondit S'' et filz, en auront facilement faicl
informer, et que ceulx de la Chambre d'Agen,
suivant ce que je leur ai escript par le s' de
la Mothe-Godin^ en feront faire le chastiment
tel qu'au cas appartiendra. Et affin que ce
puisse estre bien tost , j'en ay escript au s' de
S'-Oreins, sénéchal, et à vous aussy, et aux s"
qui en sont voisins, pour tenir la main à jus-
tice, comme je vous le prie de rechef. Et
quant à ce qu'escripvez à mon cousin le m°'
de Biron de vostre particulier, vous y aurez
esté satisffaict par ce que je vous aycesjours-
cy escript, et mesme encore bien par ledict
la Mothe-Godin, qui sera cause que je n'es-
' C'est saD9 doute La Mothe-Gondrin , fils du gouver-
neur du Daupliiné tué à Valence par les protestants en
1663.
lendray ceste-cy davantaige, si n'est pour vous
prier tenir tousjours toutes choses au plus
grand repos qu'il vous sera possible. Je prie
Dieu qu'il vous ayt en sa saincte et digne garde.
Escript à Castelnaudary, le dernier jour
1679.
d'avril
PiNART.
Caterine.
1579. — 3
Hevuc de Gascogne, t. II, p. i8s.
V MONSIEUR DE MONTBRUN.
Monsieur de Montbrun, vous verrez par
l'arrest que j'ai donné, par l'advis des princes
et s" du conseil privé du Roi monsieur mon
fils, qui sont icy auprès de raoy, et parla com-
mission que je vous envoyé, comme j'ay mis
le chasteau de Terride ez mains du roi mon S'
et fils, et de moi, jusques à ce que le procès
entre les sieurs de Mirepoix et de Serignac'
soit vuydé; et comme aussy ils m'ont promis
de leur honneur, et l'ung et l'autre, de n'at-
tenter ni de faire attenter sur ledit chasteau
ni au préjudice de mondit arrest; par quoy je
NOUS prie de continuer encore la garde dudit
chasteau suivant la commission que je vous
envoyé; et pour donner moyen de le garder,
j'ai advisé, par l'advis desdits princes et s"
dessusdits, de vous ordonner cent cinquante
livres par mois, qui est cent livres pour les dix
soldais à raison de x livres, et cinquante livres
pour celui qui les commandera, que le rece-
veur général de Bourdeaulx fournira des de-
niers du Roi nostre S' et fils, comme vous ver-
rez par l'ordonnance que je vous envoyé : par
ainsy vous serez constitué en aucuns frays et
vous ferez un vrai service bien agréable au Roy
' Peyre de Terride est plus souvent désigné dans les
mémoires du temps sous le nom de Serignac.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
353
mon S' et fils et à moy, qui vous en sauray
;;rë, comme aussi fais-je. Quant aux arrérages
qui sont dubs pour la garde dudil chasteau,
j'ai donné charge à mon cousiu le maresclial
de Biron de voir qui est tenu de les paver et
ordonner de les y faire contraindre.
Escript à Casteinaudary, ce m" de ce mois
de mai 1579.
Signé : Caterine.
Et plus bas : Pinart.
1579. — 3 mai.
Copie. Bibl. Dat. . Fonds français , u^'dSig, f'SSr"'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mou Clz, vous aurez vou par la
première dépesche que \ous ay faicfe par le
jeune de L'Aubespine comme, grâces à Dieu,
tous voz alTaires estoient i'ort bien ordonnez
et ung chascun très disposé à la continuation
et entretenement du bien de la paix et exé-
cution de vostre dernier édit de paciflication
et des articles de nostre conlérance, et aussy à
Tobéissance qui vous est deue; et sans ce qui
est advenu à Langou , croyez, Monsieur mon
filz, que tout cstoit au miouix que l'on cust
peu désirer et l'eussent toutes choses réussies
à la perfection du bien que nons en désirons.
Mais ce qui est advenu audict.Langon, dont
ledict de L'Aubespine, qui y est allé passer,
vous aura rej)orlé les particullarilez, que ne
savons encores ici au vray, attendant le retour
de troys courriers que dépescbay incoulinanl
pour savoir que c'est, a desjà bien commencé
à nous troubler et traverser l'œuvre que
j'avois avec tant de labeur conduicl au poinct
' En télé il y a : <t Envoyée au Roy par M' Aiuadon,
trésorier de la coinpnignic (Pliommes d'armes de Mon-
sieur le marescbal de Retz, n
r.ATHEf.INC DE MtDlCIS. VI.
de la perfection que eussions peu désirer,
comme aurez veu par niadicte première des-
pescbe que vous a portée ledict de TAubes-
pine; et pour remédier à ce mal, combien que
mon filz le roy de Navarre eust prins congé
de moi dès le jour que je partiz de Sainct-
Michel, comme le portoit madicte despesche,
toutesfois nous nous rassemblasmes hier en
une maison qui est à une deniye lieue d'icy,
où nous demourasmes toute l'après-disnée.
Je leur feiz premièrement entendre, et ilz en
ont assez de tesmoignage d'asseurance et de
congnoissance, (jue ledict faict de Langon,
combien que ne seussions pas encores la vé-
rité de ce qui s'y est passé, s'estoit faict contre
vostre intention et la mienne, et qu'il falloit
en fayre l'ayre justice exemplaire, et cepen-
dant ne différer continuer à l'entretenement
et exécution du bien de la paix, non seuile-
ment en Guyenne, mais aussy en ce gouver-
nement de Languedocq et en tous les aultres
lieux de deçà. Mais mondict filz le roy de
Navarre et ceulx de sa relligion (jui sont au-
près de luy se monstrent tellement altérez de
cecy, qu'ilz estoient comme résoluz de sur-
ceoir toutes choses jusques ad ce que la jus-
lice feust faicte de ce qui est advenu audicl
Langon; mais après plusieurs grandes con-
testations et renionstrances que je leur feiz
diverses foyz, leur représentant bien expres-
sément le regrect que j'avois que cecy feust
advenu, et comme dez l'heure que nous en
eusmes nouvelles, estant audict Sai net-Michel,
nous y envoiasnies enseniblemenl La Mothe-
(iodin et.Ranconnet, avec commission très ex-
presse et lectres qu'escripvismes pour en
favre fayre promplonient la justice, ainsy que
j'ay encores depuis escript bien cxpi'essément
(comme je leur manday et feiz veoir avant
hier) au sieur de Saincl-Oreins qui y a exécuté
l'édit, qui en est sénescbal, et qui aussy s'est
niprttucRii: siiiosAiE.
354
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
chargé du chasteau dudict Langon et m'en
doibt respoudre, et qu'ilz s'asseurassent sur
moy que la justice en seroit faicte et que desjà
ceulx de vostre court de Parleineut de Bour-
deauix, comme je luy avois ce matin envoyé
monstrer par le s' de Piebrac, avoient fort
bien commancé pour la fayre fayre, ce qu'ilz
se pouvoient attendre et s'asseuror que je fe-
roys poursuivre sans connivence auicune et y
aplicquer les remèdes nécessaires , confor-
mément à ce qui est porté par les xxiiu" et
xxv"* articles résoluz en nostredicte confé-
rance à Nérac ; et davantaige que jestois
résolue et délibérée d'y envoyer le mareschal
de Biron, avec des forces et de Tartillerye qui
seroient bien tost là, s'il en estoit besoing,
y ayant icy six cens bons soldats qui avoient
servy à Beaucaire, et que l'arlilierye et les
pouldres se prendroient à Tboulouze, oii
aussy elle seroit incontinent préparée, de sorte
qu'en deux jours, menant le fout par la rivière
de Garonne, ilz seroient devant ledict Lan-
gon; mais que je désirois que le sieur de
Guitry y allast avec ledict mareschal de Biron
et y menast de leurs gens de guerre, si l'on
voioit qu'il en feust besoing, et que nous esti-
mons, quand ceulx qui se sont saisy dudict
Langon sauroient tous ces préparatifs ne
tiendroient pas, ny ne se feroient si fortz , qu'il
n'y eust moyen de les avoir bien tost et en
fayre fayre prompte, sévère et exemplaire
justice, et qu'il n'y avoit personne qui y feust
plus intéressé que vous : mais, pour tout ce
que je leur pouvois dire, ilz ne se pouvoient
rasseurer et ne se pouvoient aukuneinent
condesendre que ceulx qu'avions députez con-
linuassent de procéder à l'exécution des com-
missions et instructions qu'avons baillées eu
Guyenne et en ce gouvernement de Langue-
docq. Je n'ay pas aussy failly de leur reinon-
strer à propos comme il estoil requis pour le
bien d'eux mesmes que, passant par la Prou-
vence etDaulphiné, je m'en retournasse vous
trouver et que, pour les contenter, j'avois assez
longuement demeuré par deçà. Ils se retirèrent
sur cela à part, pour adviser entre eulx ce
qu'ilz me debvroient respoudre, qui feut que,
pour le regard de Langon, ilz estoient bien
contens que les commissaires proceddassentà
l'exécution de leurs commissions et instruc-
tions , mais que , pour la Guyenne , oiî estoit ad-
venu ce désordre, qu'ilz ne pouvoient consentir
que l'on passast oultre. Sur quoy je leur re-
plicquay tout ce qui me feust possible, et par
prières et admonestemens, et feiz en sorte tou-
tesfois avec beaucoup de difficulté que je gai-
gnay sur eulx qu'ilz ne différeroient de fayre
rendre Martiac et pareillement Uzerche; et
oultre cela, disputasmes longuement pour le
faict de Mussidan, appartenant à Madame de
Gramont, que mondict filz le roy de Navarre
consentit à la fin qu'il seroyt aussy rendu et
se despartit de l'opiniastreté où je l'avois tous-
jours veu auparavant, qu'il ne se rendroit
poinct que l'on ne luy rendist aussy sou
chasteau de Montaignac; et sur l'heure feiz
fayre les despesches pour ledict Martiac, oîi
le s"' de Cornay s'en est retourné trouver le
sieur de jFontenille qui est dedans, affin de
le fayre parachever de le remettre du tout
selon vostredit édit, de sorte. Monsieur mon
filz, que j'espère surmonter encores ceste tra-
verse, et que Dieu nous fera la grâce que le
chastiment en sera faict et que cella pourra
estre cause, voyant la justice très exemplaire
qu'il en fault fayre, que de part et d'aultre
l'on craindra doresnavant de retomber en telle
faulte.
Ce pendant. Monsieur mon filz, les lectres
que m'a rendues l'abbé d'Elbène , qu'escripvez
à la noblesse, sont venues fort à propos pour
manifester vostre intention; aussy suivant
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
355
icelles j'ay escript à voz com-tz de Parleraens
de Thoiilnuze et de Roiudeaulx et gens en
icelles, pour les fayre imprimer et envoyer
par leurs adresses aux séneschaulx de leurs
ressortz, ausquelz néantmoings jenelaisseray
pas d'escripre parlieuUièrement, aflîn que ung
chascun soit capable de vostre voiunté et que
l'on s'y conforme, comme j'espère que se fera,
principallement quand l'on verra ledict ma-
resclial de Biron en bonne intelligence, pour
le bien de vostre service, auprès de mondict
filz le roy de Navarre, et le Conseil qu'y avez
ordonne bien estably. J'ai mandé ceulx qui
en sont pour ce quartier, espërant qu'ilz seront
bien lost icy, si ce n'est le sieur de La Vau-
guyon, qui est ung peu plus loing; mais je
luy ay escript une si bonne lectre, et de main
au pied d'icelle de telle affection, que j'estime
qu'il satisfera à vostre commandement et au
mien. Priant Dieu, Monsieur mon filz, vous
avoyr en sa saincte et digne garde.
Escript à Caslelnaudary, le m" jour de mai
1579.
1579. — 1) et 8 mai.
Copie. Bibl.nat., Fonds frantais , n°33i9, fSgv"'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, ce n'est pas de celte
heure que les ungs et les aultres ont usé d'ar-
tifices les plus couvertz qu'ils ont peu pour me
faire retarder et demeurer en Guyenne, aiant
faict naistre diverses occasions qui ont tous-
jours prolongé, à mon très grand regret, l'ac-
célération de voz affaires et service; et il y a
grande apparence que ce qui est advenu de
nouveau à Langon soit encores une partye
dressée pour reculler l'exécution et establisse-
• En lête : tt Envoyée au Roy par Dalfort, courrier.»
ment de vostre édit de paciffication et des ar-
ticles de nostre conféranre. Toutefois, comme
je vous ay escript par ma dernière dépesche,
combien que mon fils le roy de Navarre feust
résolu, et ceulx de sa relligion qui sont auprès
de luy, de faire arrester les commissaires dé-
putés pour ladicle exécution, néantmoings
samedy dernier, cjue nous nous assemblasmes
en la maison de la Plancbe qui est icy près,
nous résolusmes après beaucoup de disputes
que le maréchal de Biron iroit pour faire faire
justiceet réparer l'attentat qui a esté fait audit
Langon, et que cependant vostredit édit et ar-
ticles de cette conférance s'exécuteroit en
Languedocq, et que ce qui restoit à faire en
Guienne, pour cela, ne seroit retardé; car ilz
me promirent de faire remectre Martiac, et que
pour cet effect ils feroienl partir le lendemain,
qui estoit dimanche, le s' de Cornay, qui yroit
trouver le s' de Fontenilles, lequel l'y atten-
doit; mais pourtant ledict de Cornay ne partit
(ju'hier matin, à ce que mondict fils le roy
de Navarre me dist après disner audit lieu de
la Planche, où, voyant que j'estois encore ar-
restée en ceste ville pour deux ou trois jours,
attendant que la résolution des Eslats de ce
païs de Languedoc soit faicte, j'allay encores
et ceulx de vostre Conseil avec moy : moudit
fils le roy de Navarre et les siens s'y trouvè-
rent aussy, et feusmes à recommancer et lon-
guement à disputlcr pour les formes que le
maréchal de Biron feroit tenir, aflfin de faire
faire justice et réparation de l'attentat de
Langon : touttes fois enfin nous en prismes
résolution telle que verrez par le double du
résultat qui en fut faict avec culx, cl pour con-
tenter mondit fils le roy de Navarre et ceulx
de sa relligion, d'aultant qu'ils esloienl re-
tumbés en oppinion de faire différer par leurs
commissaires ladicte exécution et establisse-
ment de la paix en Guienne jusques à ce que
i3.
356
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
l'attentat de Langon feust répare', je leur ac-
corday d'aller demain couscher à une petite
viliette qui est à . . '. d'icy , oii mon
fils le roy de Navarre se doibt trouver. Cepen-
dant j'ay faict faire toutes les de'pesciies au
maréchal de Biron, et les feray partir inconti-
nent, suivant ia résolution qui en a esté prise
avec mondit fils le roy de Navarre, affin de
pourveoir par accord ou par force audict
Langon. lequel j'espère, suivant les lettres du
sieur de Duras enclozes en ce pacquel, que
nous raurons bientost, et vous prometz que
je feray desmanteller et raser tout ce qui y
sera de forteresses, comme jay dict à mon fils
le roy de Navarre, qui ne sait rien de la pra-
ticque desdictes lettres, lesquelles je receuz
estant avec eulx. Et à l'instant, me retirant
pour aller à mes affaires, je feiz ung mot de
ma main audit sieur de Duras par lequel j'ac-
cordois de vous requérir du pardon; mais ma
lettre est conceue de telle sorte que, sortant
ceukqui sont dans Langon comme par crainte,
et estant par ce moïen la place es mains du
sénéchal S'-Oreins que j'y ay envoyé, comme
vous ay cscript, je ne pourray estre recherchée
par eulx que du pardon nécessaire au filz de
La Salle du Cyron, jeune enfant de l'aage de
dix ou douze ans, qui a pris, avec la juste dou-
leur qu'il avoit de la mort de son père, ia
vengence sur ceulx qui l'avoient tué. Et si cela
se conduict ainsy, le voyaige du maréchal de
Biron sera bien racoursy, car aussy ay-je sceu
que Labatut, qui tenolt par force le chasteau
de Fronssac, a esté tué, ne saichant point en-
core au vray comment ça esté, et espère que
ceulx qui estoient avec luy ne tiendront plus
fort dedans ledicl Fronssac, lequel je suis
aussy d'avis qu'il soit desmantellé, ce que la
dame de Caumont accorde, de sorte qu'il n'y
aura plus rien qui accroche la paix; car comme
je vous ay escript, ce que m'asseurèrent en-
cores hier mon fils le roy de Navarre et le
viconte de Turenne, ils ont escript de telle
sorte pour Uzerche , qu'il sera remis inconti-
nent, si desjà il ne l'est, et Mussidan aussy. tel-
lement que tout sera bien accommodé en la
Guienne. Et pour le Languedoeq, les commis-
saires vont exécuter, espérant avec l'ayde de
Dieu , que nonobstant toutes ces traverses , nous
ne laisserons de joyr de la paix; et fais bien
mon compte, estant demain avec mon fils le
rov de Navarre, de luy dire et à ma fille, sa
femme, que vos affaires et service m'appellent
ailleurs et que je me délibère de m'en aller,
laissant toutes choses, grâces à Dieu, en bon
estât en Guienne et en Languedoeq, et les
chargeray bien tous et admonesterav de les
contineuer au bon ordre et chemin oiî je les
leur laisse. Le maréchal de Dampville est
fort bien dispozé, comme m'a semblé, à bien
faire, qui me donne très grande espérance
que toutes choses yront en son gouvernement
de bien en mieulx.
Je faiz mon compte de me rendre en Pro-
vence le plus tost que je pourray. Cependant
sur les despesches que j'ay receues du cardinal
d'Armaignac, par celluy que j'avois envoyé en
Dauphiné, et sur aultres despesches que j'ay
receues depuis trois jours de la court de Par-
lement d'Aix et du colonel Alfonce, je y des-
pescbe présentement Verac pour préparer,
comme il est porté vers la fin de la lettre
dudit cardinal, toutes choses à la paix, affin
que j'y séjourne moins; je vous envoie aucuns
mémoires des expéditions qui sont encores
nécessaires pour le faict de la Chambre du
Languedoeq, lesquelz il vous plaira comman-
der estre faites, et me faire envoyer, affin que
je les puisse mectre es mains du maréchal de
Damville ou du s' de Joyeuse, pour parachever
du tout l'estahlissement d'icelle Chambre, de
laquelle j'espère que les Estatz de Langue-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
357
docq' accorderont, ouitro Toctroy, i'entreteue-
ment, qui viendra par chacun an à environ six
mil escus, selon Testât que je vous en envoyé,
dont j'ay faict autant bailler à ceulx desdits
Estais, leur faisant faire la proposition de la
levée dudil enirelenement; et affîn de vous
descliarger de dépense , j"ay licencié le prési-
dent Baillet et trois des conseillers du grand
Conseil, aiant ordonné au recepveur général
de Toulouse leur bailler pour leur retour,
assavoir audit président Baillet, deux cens
escus, et à cbacun desdits conseillers, cent,
comme je vous ay escript par eulx; mais je ne
sav s'il V satisfera. Priant Dieu, Monsieur mon
filz, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Castelnaudary, le vi'jour de niay
1679.
Monsieur mon filz 2, voyant que nous estions,
mon filz le Roy de Navarre et moy, résolus et
d'accord de toutes choses, les expéditions
faictes et envoyées, et les commissaires pour le
Languèdocq partiz pour achever ce qui reste à
faire de l'exécution de voslre édit de pacification
et articles de noslre conférancc , et aussy que le
maréchal de Biron avoit pareillement toutes
les despesches et expéditions qui estoient néces-
saires pour forcer, s'il en estoit besoing, tant
Langon que Fronssac, et pareillement pour
faire faire justice des attentats et rébellions qui
V ont esté faictes, voyant aussy que vos autres
' Les États s'étaient réunis le 37 avril à Castelnau-
dary dans l'auditoire du siège présidiai : Alexandre de
Bardis , cvéque de Saint-Papoul, les présidait. Ils avaient
tenu dès le premier jour à complimenter la reine mère,
qui se mil aussitôt en rapport avec eux, et leur envoya
le maréchal de Damville et M. de Foix. Le 4 mai, elle
leur adressa une lettre du roi, datée d'OUainville du
au avril, réclamant le vole des impôts ordinaires. — V. à
VAppendice un extrait des procès-verbaux des États du
Languedoc en i57ç) et la lettre de Henri 111.
- En léte : s Postscript de ladicte dépescbe, C A 1 r°.j!
aflaires et service, tous pressés et importans,
m'a]qiellent du cosié de la Provence, comme il
est contenu par la lettre du cardinal d'Armai-
gnac, je me résoluz mercredy au soir, à l'heure
de mon couscher, d'envoyer dire à ma tille la
royne de Navarre, et d'escripre à son mary,
comme je fiz à l'instant, que pour les raisons
dessus dictes, je me délibérois, au lieu d'aller
à la petite ville cy dessus déclarée, comme
avions advisé, de prendre mon chemin à l'ab-
baye de la Prouille, où, .s'il vouUoit, il nous
verroit encores pour nous dire derechef adieu,
combien qu'eussions prins congé l'un de l'autre
desjà par deux fois. Ma fille saiclianl ces nou-
velles, que je luy envoyay dire par le s'' de Pie-
brac, estant au lict qu'elle gardoit ce jour là,
monsira d'en estre fort fasehée, el me veiut
hier trouver en ma chambre, sur l'heure de
mon parlement, aiant extresme regret de
nostre séparation : sur quoy je n'oubliay pas
de luy faire la remonstrance que luy devois
faire sur ceste occasion, et nous séparasmes
ainsy ; elle déliberoit d'aller trouver mon fils le
roy de Navarre, son mary, à Mazères', et moy
d'aller disner à ladicte abbaye, où j'entendiz
par ceulx de mes gens, qui estoient demeurés
derrière, que ma fille s'est infiniment attristée^,
s'estans enfermée toute seule en une chambre
oii elle a Ibrt pleuré et regretté mon parle-
ment. Bientost après que j'eus le jour d'hier
disné, des Chapelles qui est à moy, que j'avois
' Non loin de Castelnaudary, dans la commune de
Saint-Pons.
- Dans une lettre intime écrite à la duchesse d'Uzès,
Catherine s'étendra plus longuement sur le chagrin que
la séparation causa à sa fille. Marguerite de Valois dit
simplement dans ses Mémoires : trNous denieurasmes en
cette heureuse condition lunt que la Hoyne ma mère
fust en Gascongne, laquelle, après avoir eslahly la paix,
passant en Languedoc, nous la conduLslsmes jusque à
Castelnaudary, où prenants congé d'elle, nous nous en
revinsmes à Pau en Béarn.n
358
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
envoyé vers mon fils le roy de Navarre luy
porter les nouvelles de ma délibe'ration dessus
dicte, arriva, et puis Frontenac qui m'apporta
des lettres de mon fils le roy de Navarre, que
je vous envoyé, par lesquelles vous verrez qu'il
avoit aussy extresme regret de mon partement :
sur quoy je feiz incontinent dez le jour d'hier
une bien ample dépesche, non seuUement à
mon fils le roy de Navarre, mais aussy à ma
fille, et pareillement au maréchal de Biron et
au s' de Piebrac , contenant toutes les aparentes
et grandes raisons que je leur eusse sur ce
peu dire de bouche , leur ayant aussy envoyé
les lettres nécessaires pour haster ceulx qui
doivent servir au Conseil près d'eux; de sorte
que je m'asseure que tout y sera aussi bien
que sy j'y demeurois encores trois mois. Mon-
sieur mon fils, pour le dernier de ceste dé-
pesche je vous diray les meilleures nouvelles
qui se peuvent désirer et dont je loue Dieu dé-
votement et do tout mon cœur, c'est que mon
fils le roy de Navarre est venu au matin me
trouver à Faj ', m'aiant parlé à cœur
ouvert et avec toute sincérité, ou je suis la plus
trompée femme du monde, car je ne l'avois
point encores veu de cette façon ne en apro-
cher. Il m'a commencé à dire à son arrivée
qu'il n'eust poinct eu de bien si je feusse partie
sans qu'il m'eust encore veue, et de faict il
est veneu toute ceste nuict de six grandes
lieues de Gascongne, qui en vallent bien dix
ou douze de France : il print ceste résolution
de partir de Mazères, après que ma fille la
royne de Navarre et le maréchal de Biron y
feurent hier soir arrivés; et par là se doibt
juger que ma dicte fille, qui se comporte fort
bien pour le gouverner (comme elle doibt), a
faict tout ce bon office, comme aussy elle me
' La lin du mot manque. C'est sans doute Faujeaux,
entre Castelnaudary et Montréal, sur la route même
suivie par la reine mère.
l'a voit promis ; car mondit fils le roy de Na-
varre m'a dit qu'après qu'il eust entendu mon
intention par elle, il dépescha le viconte de
Turenne, qui s'en va en sa maison, et donna
charge très expresse de faire faire l'establisse-
ment de la paix eu tous les lieux circonvoi-
sins de sa maison , qui sont Quercy, Rouergue,
Périgord et Lymozin; espérant que Dieu nous
fera la grâce que ce sera ceste fois sans aucun
doubte que la paix s'y establira parfaictement,
puisque le viconte y va, m'ayant aussy mon
fils le roy de Navarre asseuré que ledit viconte
le feroit ainsy, et m'a pareillement dit de luy-
mesmes que ceulx qui avoient surprins Langon
en sont sortiz : et comme nous sommes entrés
sur cela en propos, je n'ay voulu perdre l'oc-
casion de luy parler du jeune aage du fils de
feu le capitaine La Salle du Cyron : aiant à mon
advis comme consenty qu'il falloit pardonner
à ce jeune garçon, bien désiré-je que l'on face
pugnir les aultres qui ont faict ceste contra-
vention et attentat à la paix. Il a sceu aussy la
mort de Labatut, qui tenoit par force Fronssac,
oii j'estime que les armes, et pareillement à
Libourne, cesseront parla mort dudit Labatut,
qui a esté tué, à ce que l'on m'a dit, par ceulx
dudit Libourne, en pensant les surprendre.
Voilà comme j'ay, grâces à Dieu , faict à propos
la délibération de mon soudain partement;
et m'estant mon fils le roy de Navarre venu
trouver de si bonne façon, ainsy que j'en avois
pryé ma fille, croiez que cela apportera ung
grand bien et une très grande asseurance aux
ungs et aux aultres, aussy, le m'a-t-il bien sceu
confesser, il estoit fort travaillé d'avoir faict
ceste longue traicte de nuict et s'en est allé
desjeuner, pendant que je m'achevois d'habiller
et que j'ay oy la messe, à l'isseue de laquelle
il est revenu me trouver, me conduire et ac-
compaigner à pied, depuis la porte de l'église
jusques hors la ville, oià il a prins congé de
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
359
moy de la plus honaeste et humble façoa que
j'eusse sceu désirer, et à mon advis avec sin-
cérité de cœur, m'asseuraut derechef que saus
doubte il fera estabiir la paix, et m'a volunlai-
rement donné ce que m'avoil refuzé, je croy
cent fois depuis que je suis par deçà, et permis
de couper nioy-mesmes le toupet de grans clie-
veuix qu'il avoit autour de l'oreille gauche,
lequel j'ay prinstrès voluntiers; et estime que
c'estoit ung signal entre ceulx de la Relligion
prétendue réformée qui ne sera plus, puisque
Dieu nous a donné la paix. Mon fils le roy de
Navarre ne m'a pas celle qu'il ne le guardast
pour quelque occasion, et ce qui me faicl
penser que c'estoit jusques à ce qu'ils l'eussent
résoluz du tout à ladicte paix , c'est qu'il s'est
retourné devers les siens et leur a dit : crll les
fault tous coupper et oster. n Quant je l'y {sic)
coupay l'aultre, qu'il avoit au costé droit, qui
feust dez que j'arrivay au commencement à la
Réelle, il ne voulu (jamais «pie je coupasse ces-
tuy-cy. Je croy qu'il attendoit jusques à ce que
tout feust résolu entièrement au bien de la paix.
Je ne veulx oublier de vous dire aussy qu'il m'a
promis de luy-mesmes que, sans aucune dif-
ficulté, les villes qu'ils doivent garder six mois
seront sans doubte rendues, comme il est porté
par les articles de la conférance. Je suis, après,
montée à cheval hors la porle de la ville et
luy aussy, et sommes venus jusques aux portes
de l'abbaye de la Prouille, où mon cousin le
cardinal de Bourbon a couché, et là suis des-
cendeue de cheval et montée en mon charriot :
il a encores prins congé de moy devant toute
la tourbe de gens qui y estoit, persévérant
toujours ceste grande et bonne démonstration ,
et est remonté à cheval, m'accompaignant
tousjours bien près de trois lieues françoises.
Estant passez, pendant qu'il estoit avec moy,
par une petite ville appelée Montréal, oi'i ils
sont tous catholieques, j'ay commandé aux
consul/., qui sont venuz au devant de nous,
luy ollVir les rlefz, ce qu'ils ont faicl; il a pris
cela en très bonne part. Je vous asscure. Mon-
sieur mon fils, que cest acte d'aujourd'huy
servira plus que tout ce que nous avons faict
pour le bien de la paix, non seuUement avec
ceux delà Relligion pr('lendue réformée, avec
lesquels pour la considération de mon fils le
roy de Navarre, il a fallu se conduire comme
avec prières; mais es lieulx oii je vois, en Pro-
vence et Dauphiné, je m'y comporteray autre-
ment et espère pareillement vous y faire un;;
bon service; car puisque, grâces à Dieu, la
paix y sera bien establye avec ceux de la Rel-
ligion prétendue léformée par deçà, j'estime
que les autres se renderont plus traictables,
vous priant néantnioings de ne vous reposer
pas tant sur moy, que vous ne faciez de vostre
costé tout ce que verrez et sçauriez trop mieulx
penser qu'il sera à propos pour le bien de
vostre service, pour la Provence etDaulphiné.
et m'avertissez, s'il vous plaist, de vostre vo-
lunté, pour la suivre avec toutte l'alTection qui
se peult désirer, tant pour vostre contentement
que pour le bien que je désire et doitz à ce
Royaulme. Parquoy je n'espargneray jamais
peyne et travail que je puisse suporter, jusques
au dernier jour de ma vye.
De Carcassonne, le vendredy au soir vin"
may 1579.
Monsieur mon fiiz^ il courut hier ung
bruict qui, je vous asseure, me teint en très
grande peine, car aussy, s'il eust esté vray, il
eust aporté très grand préjudice à vostre ser-
vice : c'est que l'on disoitquele s' de S'"-Jaille
s'estait saisy de Nismes, mais j'ay certaine-
ment sceu, par une lettre que le s' de Thoré a
luy-mesme escriptc, qu'il n'en est rien, et
' Eli télé : c-Aiilr.- iioslcript do ladiclo déposclien,
fol. li-2 \".
360
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
combien que ce soit une des villes que dez à
ceste heure, suivant l'édit de la paix et articles
de nostre conférance tenue à Nérac, ils doi-
vent rendre, touttesfois cela les eust faict ren-
trer en nouveaulx soubçons : et y en a d'une
part et d'aultre assez qui ne demanderoient
pas mieuix que de voir renaistre de nouveaulx
accidens pour nous remettre et faire conti-
neuer la guerre; mais j'espère les en bien
garder, et avois pourveu , s'il eust esté vray que
Nismes eust esté surprins , de faire réparer cela
incontinent, au contentement de tous les gens
de bien d'un costé et d'autre.
1579. — 8 mai.
Aul. Bibl. nat. , Fonds frain;ais, n° 3387. f" 3a.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE D'USÉS.
Ma comère, je ne vous ay fet plus tost ré-
ponse ha vos leires, car je vole atendre de
vous pouvoyr mender que je m'en retornes en
Frense, corne Dieu mersis je foys, ayent lésé
la Gui«nne en repos; et anuit le roy de Na-
varre, qui m'est veneu aconpagner jeusques
ha eune lieulx de sete ville, me rent aseurée
de l'entretenement de la pays, que je m'en
promest tout cet que en puys désirer deu repos
de ses provinses. Je dis yer au matin adieu à
ma fille, sa femme, laquele me fistgrent pitié;
mes quant je panses qui havoyst neuf moys
et demi que je n'avoys veu le Roy mon fils, je
vous aseure que cela me aydest à me recon-
forter de panser que dans un moys je aurés
cet bien; je l'ay lésée ayxtrémement bien
aveques son raary et en si bonne volonté de ne
avoyr que le servise du Roy son frère den le
cœur, et en tout ces actions et affères, que je
m'en voy vous retrover avesques grent conten-
tement. Et se se ^ n'étoyt la peste , je vous
aporterès des novelles de vos teres, mes Usès-
et tout à l'entour ayst pestiféré telement,
que les oyseaulx en pasant y meurent; qui me
fet prendre le chemin depuys Hade^, entres
les aystens'' et la mer, oià yl fauldra que cou-
chions deus nuytz dens des tantes, et cam-
peron pour le servise de mon Roy, que jégrant
envye de revoyr en bonne santé. Ouanl à moy,
je l'ay bonne, sinon que le Port-Saincte-Marye
m'a fect guagner le catère que me yrrytes ^,
et asteure c'et converti '' en nue siatique, qui
ne me guarde pas d'aler, mes non pas si bien
qu'il ne me falle avoyr un petit mulet pour me
promener aultent que je volés; je croy que
le Roy ryra, mes qu'il me voye promener
aveques lui corne le maréchal de Cosé; mes
qui vist yl fauit vyellir, encore aystre bien
heureulx de n'an n'avoyr d'aventage de santi-
ment : vous avés la chère'' et moy le mulet, car
je ayme myeulx aler louyng. Mendé moy cet
je suys la bien reveneue, et sovent de toute
novelle, du Roy surtout, et de la Royne, et set
mon fils c'el governé sagement. Cet tout cet
que je décire et que je luy voy des anfans,
cet que je prie à Dieu et que les voyons toute
deus marier.
Carcasonne, cet viu"" de may 1579.
Encore que je n'enn aye que faire pour
l'amour de vous.
' Et se se, et si ce n'était. . .
* Uzès esl, comme on sait, dans le Languedoc.
■' Hade , Agde.
' Aystens, étangs.
=■ Le catère que me yrrytes, le catarrhe qui m'irrite.
^ Asteure c'et converti, à cette heure s'est converti.
' Chère, chaire, dans le sens de chaise à porteur.
Llltré dit que du lomps de Vaugelas l'identité des mots
clittirc et cheire avec chaise était encore très ttprésente».
LETTRES DE GATH
1579. — 10 mai.
Copie. BiLI. n;il. , Foods français , ii" SSjg , f* 'i3 r' '.
[AL ROY MO>'SIELR MON FILS.]
Mousiuur mon filz, je vous ay amplement
rendu compte, par luiff courici- (|iie je vous
dépeschay hier, de tout ce qui s'est passe' à la
séparation d'entre mes fil/, et fille, le roy et
la royne de Navarre, et moy, mais aussy pour
tous \oi aullies all'ayres et service es pro-
vinces de deçà jusques audict jour d'hier, de
sorte que par ceste-cy je vous diray seulle-
ment qu'à la tenue des Eslats de ce païs de
Languedoc, l'octroy acoustumé et ce dont avez
requis ledict païs par voz lectres patentes vous
est octroyé, revenant à environ la somme de
cinq cens mil livres, comJDris le tailion et crues ;
et oultre cela a esté aussy accordé la levée du
paiement et entretenement des prësidens et
conseillers de la Chambre de la justice dudicl
païs de Languedocq, montant environ six mil
escuz, suivant Testât que je vous en ay envoyé;
mais quant aux vingt six mil livres , dont j'avois
faict aussy requérir lesdiclz Estatz pour l'en-
Iretenement de ceulx qui demourent en unze
places délaissées en ce gouvernement à ceulx
(le la Relligion prétendue relTormée pour six
mois, il n'y a eu ordre de le leur l'ayre accorder,
et l'auldra le prendre sur vostre receple géné-
ralle. J'eusse bien désiré que l'on eust prins
lesdictes xxvi mil livres sur les restes des
finances deues de l'année passée; mais je veoy
ung très mauvais ordre en ces gouvernemeus
de deçà pour le faict de vosdictcs finances, se
faisant de si grandes levées de deniers stir
vostre peuple, à ce que j'entendz, qu'il en est
fort grevé, et reviennent lesdictes levées à
' Eii lêle : «Envoyée au roy par Oiraid, qui est à
Monsieur le Alareschal de Damville.^
(>iTUEni>iE DE MÉDICIS. VI.
ERINE DE MEDICIS. 361
innumérables sommes. Je croy bien (|ue les
guerres en sont cause, el qu'il y eu a (]ui ay-
ment fort à pesclier en eau trouble. Voyià [)0ur-
quoy il luull , comme une des choses les plus
nécessaires et la meilleure que pouriez fayre
pour vostre service, ([ue vous envoyez quelque
homme de bien de iinancier jiour exactement
regarder aux levées (|ui se sont faictes les an-
nées passées, où les deniers ont esté employez ,
en descouvTir les abus et malversations , et tenir
la main que la justice en puisse eslre faicte et
(jue tel/, maulx tant préjudiciables au public([
et à vous puissent cesser. Il me semble que,
par le reiglemeut que vous avez faict en vostre
Conseil, il n'y a qu'ung ou deux des iutendans
de voz finances qui servent au coup, et que
vosire intention est que les mois qu'ilz ne ser-
vent poiuct auprès de vous, ilz doibvent aller
es provinces de leurs dépai'temens , pour fayre
leurs visites etveoir comme voz finances y ont
esté maniées. Ce seroit très bien faict (|uc
ceulx (jui ont eu h; département de Guienne
et de cedict gouvernement de Languedocq y
vinssent incontinent , et qu'aussy en envolassiez
ung aultre du costé de Prouvence et du Daul-
phiné, où, à ce que j'entendz, il en est pareil-
lement grand besoing. Et croyez. Monsieur
mon filz, que s'ilz en font leur debvoir, ils
vous y font ung merveilleux proffict et à vostre
peuple; et est sans double que, sy voz affayres
et service esloient maniez comme il appartient
])our le faict de vosdicles finances en icelles
provinces., vous eu tireriez aisément ung mer-
veilleux revenu, sans fouller ny charger vostre
peuple. A ce que j'entendz, l'on a baillé la
ferme du sel de ce païs, ces jours-icy, en vostre
Conseil ; et ceulx qui esloient assend)lez pour la
tenue desdictz Estatz de ce gouvernement
dient ([u'ilz feront monter ladicte ferme (jua-
raute mil escuz par an davantaige. C'est ung
grand denier de pure perle pour vous. VoyIà
iMPitiutniE s\:
362
pourquoy il iault aviser d'y remédier. Ce pen-
dant, pour ce que le sieur de Foix avoit ung
pouvoir que vous iuy aviez i'aict bailler pour
rexe'culion de l'édict en ce gouvernement, et
par mesme moyen pour prendie garde au faict
de vos finances, je iuy ay commandé de re-
garder ausdites finances, et, par la première
dépesclie que vous feray, vous entendrez l'ordre
que nous verrons que s'y debvra mettre. Ce
porteur est celuy que j'ai envoyé devers mon
fdz le roy de Navarre, pour l'advertir que le
bruict de la prise que l'on disoit de Nismes
est faulx, et l'ordre que j'avois donné pour
y pourveoir : ce qui a fort contenté mondict
filz le roy de Navarre et ceulx de sa relligiou
esl;ms près de Iuy, qui à Tinslant a révocqué
les gentilzhommes et commissions qu'il avoit
envoyées pour donner ordre à tolz alTayres,
pensant que nous feussions à recommancer les
troubles. Cedict porteur vous en fera le dis-
cours, et aussy du contentement qu'ilz ont tous
receu de ce que je leurs en avois mandi; et
asseuré de vostre droicte intencion au bien de
la paix. Je viens présentement d'avoir advis
comme Langon est remis es mains du sieur
François de Candalle et du jeune manjuis de
Trans, n'y aiant que sept hommes dedans le
chasteau. Le maresehai de Biron fera déman-
teller les murailles de la ville et dudict chas-
teau aussy, el pareillement de Fronssac, qui est
aussy, grâces à Dieu , à présent en vostre obéis-
sance. Ceulx qui ont faict l'entreprinse dudict
Langon et les soldatz qui estoient avec Labatut
dedans ledict chasteau de Fronssac deman-
dent abolicion : sur quoy je vous escriplz mon
avis de ma main; et n'estenderay ceste-cy da-
vantaige que pour vous dire que j'espère partir
demain d'icy, pour m'en aller à Narbonne,
d'où aussy je partiray jeudy, vendredy ou sa-
medy prochain, et m'achemineray en Prou-
vence le plus tost que je pourray. Priant
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
Dieu, Monsieur mon filz, vous avoyr en sa
saiucte el digne garde.
Escript à Carcassonne, le x' jour de may
1579.
1579. — 12 mai.
Aut. Bibi. nat. . Fonds français, n" 8208, f° 56.
A MA COUSINE
M'"= LA MARESGHALLE DE DAMVILLE.
Ma cousine, je vous ay bien voleu fayre cet
mot, pour vous dire que j'espère vous vojt
loundi prochain hà Pezenas, de quoy je seré
bien ayse ; et vostre bon mary ayst ysi aveques
moy \ continuant tous jour de plus en plus à l'af-
fection qu'il adeu servise du Roy mon fils, de
quoy j'é un extrême conteulemenl; et, sachant
le plésir que en resevés, n'épas voleu atendre
à le vous dire, come ausi de vous prier, veu
le Ion temps qu'il i a que Madame de Boullon^
ayst morte, que favré bien de léser le grent
deul et ne prendre que le nouyr aveques de
la sove, afin que, nous ann alant aveques l'ayse
de la pays, ne voyons rien qui nous et vous
atriste; et l'espérense que je ay de bien tost
vous voyr me feyra finyr la présante, prient
Dieu vous avoyr en sa digne guarde.
De Lesignac^, cet xii° de may 1679.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
' Daniville ne quittait plus la reiiie mère; il l'avait
accompagnée à Castelnaudary. C'est ce qui explique l'in-
torruption dans les lettres si fréquentes d'ordinaire que
lui adresse Catherine de Médicis.
Nous avons eu la bonne l'orluue do rencontrer à la
bibliothèque de Toulouse la correspondance du maréchal
avec la reine. On la trouvera à VAppendice.
'' La mère de la maréchale, Françoise de Brézé, du-
chesse de Bouillon, était morte depuis un an environ.
' Lésignan, arrondissement de Narbonne (Aude).
I.ETTliES DE CATH
1579. — i3 mai.
Copie. Bibl. nal. , Fonds fiançais, n" 33iij, T i'i l" '.
[AU UOY MONSIEUR M0\ FILS.]
Monsieur mon filz, pour le conteutoinenl
(|uc je say que vous recepvre/. d'cutendre la
léducliou eL remise des villes do Martiac et
d'Uzerche-, suivant vostree'dictdepaciflScation
et articles de nosiro confcrance, je n'ay voullu
faillir, aussy tost que j'en ay esté advertye par
mon filz et ma fille, les roy et royne de Na-
varre, de vous en donner advis parla voye de
la poste et vous dire que c'est ung très grand
bien pour voslre service et uno- vray signe el
lesmoingnaige de la paix, non seullenient es
environs de la Garonne, mais aussy par tout
le reste dudict gouvernement de Guyenne, où
par ce moien l'on \oid l'exécution de la paix
s'achever d'establir; car, aians les commissaires,
que mon filz le roy de iNavarre et moy avons
députe's par leurs séneschaulsees et provinces,
l'aict ce que leurs avons donné charjje, Langon
et Fronssac estant aussy remis, comme je vous
ay dernièrement escript par , je ne voy
plus, conside'rant la bonne \olunlé de mon
filz le roy de Navarre au bien de la paix et
la bonne délibéracion de ma fille, sa femme,
de l'y entrelenir fermement, (|u'il y nyt aucune
diflBculté que nous et voz peuples et subjectz
ne jouissions de ladicte paix, avec ung très
grand iieur et espérance que ce qu'il y a en
Prouvcnce et en Auvergne à composer el ac-
commoder ne se face beaucoup plus aizément.
Je m'y acliemineray en toute dilligence dedans
deux ou trois jours, après avoir pourveu eu
cestc ville aux difféiendz d'entre les gouver-
neur, consulz et habilans d'iceilc. tle pendant je
faiclz encores présentemeni inu! bien expresse
' En lêle : trEnvoyée au Roy par Taucrot, courrier.?i
- Marciac et Uzerche, voir plu-- liant, p. '12 3 et Sgi.
ERINE DE MÉDICIS. 363
dépesclie en l'rouvonce, oultre celle que j'y ay
faicle par Vérac, pour y préparer les choses,
affin qu'en plus brief temps j'y puisse avoir
pomveu.et aussy en Duulphiné, oîij'ay pareil-
lement e;i\oyé. .le vous ay ces jours- icy fait
entendre comme j'avois aussy escript en Picd-
monl, el, aiant rcceu la dépesche que m'avez
fail par George, mon huissier de chambre, et
bien considéré le contenu en icelle, je me dé-
iijtère d'v escripre encores, confoimémenl à
ma première dépesche, qui se trouve rapoiier
à vostre désir et à ce que me mandez par ie-
dict (Jeorge. Car j'ay mandé expressément au
mareschal do Bellegarde de me venir trouver
en Prouvence ou en Daulphiné, et faict une
honneste leclre à Monsieur de Savoye. Mais je
crains bien, si les nouvelles que le mareschal
Daniviile a eues sont véritables, comme ung de
ses gens qui est ariivé ce soir les asseure, ve-
nant pour ses affayres particullières de devers
ledict sieur de Savoye, que tout soit très mal
do ce costé-là. Car il dit que ledict mareschal
(le Bellegarde s'est saisy de ce qui vous restoit
en Piedmont, fors de Saluce, qu'il est allé as-
siéger, estant le sieur Caries de Birague dedans.
Je croy que le sieur de Saiucte-Marye ', qu'y
avez envoyé, y sera arrivé sur ces entrefaictes.
Je hiy escriptz aussy ad ce qu'il m'adverlisse
du loul pendant que je seray en Prouvcnce.
(k'pendanl, je vous asseure que je ne perdz
une seulle occasion ny minute d'heure et de
temps que je ne face tout ce que je puis
penser estre à propos pour le bien de vostre
service et surtout pour l'exécution de vos-tre
édict de paciffication on ce pais de Languedoc;
et, à vous dire le \ray, je voy que les cimses
' C'est sans tloiilc Fraiirois de Rivière, do Sainte-
Marie, qui avait eu boaiiroiip de rapports avec les chefs
protestants du Dauphiné, Mantlirun et Lesdi,';uii'TOS. —
V. Dncumeiils xiir la Réforme, etc. , par J. Rouian . p. aag
el 23 1.
364
i^ETTHES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
seioul l)e;!iicou|) jiliis uizri'b ol l'acilles à niaiii-
leiiiraii iiicn de la ]iai\, |)iiis{[u'('ii la (iiiioiuio
loiil y f'sl si liicn dispozi'. Priant Diou, Alon-
sieur mon filz, vous a\oir eu sa saincte et
dijjni' ijardc.
Estiipl à Narlioniic, le xiiT jour de iiiay
i-'79-
l 'tl'J. — 1 .'i iiini.
Coi>ii:'. nilil. tiiil-, Fonds franr.-Éi^ . irSoif), f' 'i.î r^'.
[\n 1!0Y MONSIEl n MOy FILS. I
Monsieiii' mon fils, depuis a\anl-liier ([ue
ji' \ous rcnvova\ le courier qu'il vous avoit
pieu lue depesiher sur la didibération ([n'avez
l'aide de l'aire uouri'if le pelil (lliailes- près de
vous, i'ay lanl l'aiei, cl n'a pas esU' sans peine,
([ue j'ay (■oui|)osë el n'soleu le dilli'i'eud denlre
le s' (le liieux , les constds el liabitans de celle
ville^, selon le nu'nioire ({ni sera enclos en celle
(li'pcsclie, par laipiellc je \ous dirav auss\ (pie,
' F,ii lèlo : rrEnvoji'O iiii liciy par Moii>' M:iiT(in, ()iii
ost i> Monsioiir df .lovonze.-'
- (:i);irlos (I.. Valnis, lil^ (!.• CIkiH.'s I\ cl de Marir
TcHiclii'l, <|iii ijcvail pliri lard cpinisiT Cliarldllc do i
.Moiilniorenoy, lllii' du uiaroclial do Danivillo. j
■ (lii lil dans rilisliiiic ijihirrnii' ilr [.(uijfueiloc , \
iiiiiM. r'ihl. iii-'i", i,SS(), I. \I. p. Cililj : r-La roiao
jii;;oa à Naclioiiiio, lo i ."> mai, im dilli'roiid , dont le roi
lui avait rouvoyo la di'i-isiuii, oniro io lianiu do Rioux, i
ffouvoruourdo i-olto ville, ol les consuls. . . Elle rontiuua '
sa roulo pac Boziors, Pi'ZoïKis ol A(;do; mais ollo uo
passa pas à Moalpollii'r-, parco (pio la poslo \ faisail du
ravage; et s'olant arrèlôo au diàlcau do la \oruno.(dle
y lil appeler los primipaux dos deux rolijjimis do llont-
pollier, et leur lil jurer, lo -iS mai, roiisorvatiou do la
paix. Elle uo pas^a pas non plus à ^inlo^, ville oj;aloniont,
a!llif;éo de la pi'sie, qui \ enleva sepi mille porsoimos-.
11. .1. liomaii, le savani annolaleur do la partie de ci'lte
liello pulilioatiun qui conoerno le xvi' siècle, dil ou note
(juo la reine travei-sa .Montpellier le 39 mai, où elle l'ut
nionje assez mal re(;uo ])ar los protestants, et alla rou-
clier le soir à liais ( A(dia)s), et le 3o à Boaucalre.
du cosh' de la Gnienne, il v a lanl de gens (pu
onl acousium(_' de vivre el (|ui d(?siieul demeurer
en la guerre plus tost (pi'en paix, [<iu']il estlueu
diiricile silosl de les raujfer à observer vosire
édit de pacillicalion. .le \ous a\ ces jours-ci
escript comme aucuns de ceulx de la llelligion
prétendue renu'iiK'e avoient vouUu surprendre
Castillonnois eu .Agenois'; maintenant je vous
envove le discours comme cela est passe', ainsv
f|ue le s' de Bajauinont, qui alla incontinent
sur le lieu, l'a l'ail meclre et le m'a envoyé
par escnjit. J'ay aussy sceu que l'on a encores,
depuis hieii jien de jours, (piand Ion m'a
veiie esloinguée, tenté une enlrepriuse à Sa-
verdun, el quelques ungs de ceux qui la vou-
loient exécuter sont demeurez mortz sur la
place, .s'y eslans trouvées les esclielles encores
toutes dressées : je ne say pas encores au vray
qui c'est, mais pensant bien que deux gentilz-
homnies nomuK's Urlambis et du Maure, ca-
tlioli<|nes, qui eu sont voisins, et uug nommé
(iaslelz, (|ui a esh' aulrelois capiloul à Thou-
louse, parlicipoienl à renlre|)rinse, comme
ilz a\()ienl laicl à la première, je leur eu ay
escripi ce qui m'en semble, el à l'advocat Du-
ranly pour leur l'aire tenir mes lellres. J'escriptz
aussy derecbel lort ex|iressémenl au marescbal
de lîiroii faire l'aire prompte el exemplaire
justice (le ceulx (|ui oui C(unmis ces derniers
attentais audit Langon et Castillonnois, etqu'il
tienne pareilleuienl la main ([ue l'on informe
ladicle dernii're enlrepriuse de .Saverdim pour
aussy en faire faire justice, comme j'escriptz
très expressément à l'advocat Duranty, pour ce
(jue Saverdun est du ressort du Parlement de
Tlioiilouse : je vous su[ilve. Monsieur mon lils,
leur en escripre à chacun une lettre, conli-
nuant tousjours à leur faire congnoistre comme
il n'y a rien que désirez et veilliez tant que
' (iasiilloiios, cliol-lu'u de canlon, arroudissonienl de
Villouenio (l,ot-el-(lar(inuo), à (la l^ilonii'lrcs d'A;;eu.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
365
restablisseinenl de la paix, suivant vostre
dernier édil et les articles de nostre conl'érance.
Mou lils le roy de Navarie s'en va, comme
je vous ay escript, en Be'arn pour ses affaires,
et ma fille pour aller au\ bains : cela vient
fort à propos, car s'esloiguant, par ce moien.
comme il fera pour quelque temps de la
Guienne, la paix s'y establira mieulxet heau-
coup plus aize'raeul, et les deffiances s'este-
ront plus facilement: comme aussy il vous
plaira escripre au mareschal de Biron \ et crois ,
Monsieur mon fiiz, que cela servira bien à voz
affaires, combien que je n'aye, ce me semble,
rien oublyé à luy dire et à luy soubvent
escripre, comme je feiz encores bier soir, sur
cela fort expressément , et au Parlement.
Jespère. Dieu aydant, partir demain et aller
couscber àBe'ziers, oùjesëjourneiay dimanche
pour y regarder à vos finances , qui sont très mal
manie'es et conduites par deçà , aussy bien qu'en
Guienne. J'iray lundy à Pezenas, où je de-
meureray, comme je croy, mardv, pour ce que
le mareschal de Montmorency le de'sire, et
mercredy j'iray à Agde, où je verray s'il sera
plus à propos que j'aille par mer ou par terre,
pour e'vister la peste, qui est plus forte qu'elle
n'a point encores esté devers Aiguesmortes
sur le grand chemin ; mais si je voys par terre ,
j'iray, sans mener que bien peu de Irain dudit
Agde, couscber à Beaucaire; il y a douze lieues
de ce païs, que je passeray dilligemment, et
éviteray par ce moyen le danger de la peste.
Il est vrav que je coustoiray les Sevennes, où
il n'y a pas faute de baudolliers'-; mais le ma-
reschal de Damville et les s" de Joyeuse et
de Bieux pourvoiront de quelque cavallerye,
sans faire bruict ny donner unibre à ceux de
la Relligion, en sorte que je passeray seure-
' Nous donnons à l'Appendice la letlre écrite par
Henri III au maréchal de Biron.
' BnndouHer, voleur de canipa(;no.
ment sans que personne s en remue, comme
ils m'ont promis, et envoiray tout le reste de
mon Irain ])ar mer, espérant estre bicntosten
Provence, où je feray et me conduiray pour
vostre service par ce que vous aura pieu me
mander par l'abbé Gadaigne, qui n'est point
encores arrivé, dont je suis bien esbabye, et
ay grand'peur qu'il luy soit advenu quelque
fortune. Voilà pourquoy je vous suplye me faire
envoyer ung double des despesches que m'avez
faictes par luv, et que m'escripviez, s'il vous
plait, ce que me mandiez par luy, et que mon
fils en face aussy de mesme; car je crains
bien qui luy soit advenu quelque inconvénient.
Priant Dieu, Monsieur mon fils, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
Escript à ^arbonne, le vendredy xv"' may
1579.
1579. — 17 mai.
Co[>!e. Bibi. iiat. , Fontls français, n" SSig, f" ^16 r'' '
[Al ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, j'arrivav hier à disner
en ceste ville-, où j'ay trouvé tous les peuples
fort affectionnés à l'obéissance qu'ils vous
doibvent et grandement resjoys de la paix, dé-
sirant bien fort la continuation d'ycelle, affîn
qu'ils puissent estre redmiz des grandes vexa-
tions et travaulx ([ue leur apporte la guerre;
et pour ce que ce volleur Bacom -* est leur fléau ,
lient et se relire ordinairement en deux petites
villes où il s'est grandement forliffyé, l'une ap-
peléeThézan' et qui n'esl qu'à une lieue et de-
' En télé : r-Envoyée au ISoy par (îeorges Berat,
porte-manteau Ju Roy et huissier de chanihre de la Royne
sa mère.ii
- Béziers (Hérault).
^ Le nom de ce clief de partisans est toujours écrit
dans le manuscril Bacom. 11 on est beaucoup parlé dans
la dépêche suivante.
* Thczan, caiil. di' Durlinn, arr. de Aarbonne.
366
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
mie d'icy, et l'autre Saint-Signan ' de la Corne,
qui est ung peu plus loing, j'ai , par l'advis de
mon cousin le mareschal de Montmorency -
et du s' de Joyeuze, envoyé' La Roche, qui est
àmoy,et ung conseiller du siège pre'sidial de
ceste ville, qui est de la Relligion, avec ledit
La Roche, porter une lettre à Racom pour
l'admonester de licentier environ quatre vingtz
chevaulx qu'il a avec luy, et quelques gens de
pied, qu'il renforce quand il veult de ces han-
dolliers des Sevennes en grand nombre, pour
faire des courses etpilleries, comme il a faict
encores depuis peu de jours, à quoy il seroit
très dangereux de pourveoyr par la force,
craingnant que cela nous remist aux armes,
pour ce que Bacom ne se pourroit forcer sans
atiraii de l'artillerye et beaucoup de gens de
guerre, aiant desjà ci -devant ledit Bacom
durant les troubles tenu fort et re'sisté dedans
ledit ^, où l'on lira huit centz ou mil
coups de canon, et à la fin encores se sauva-
l-il. Je feray tout ce qu'il sera possible pour
le tirer de là par aultre voye que parla force;
car il y auroit à craindre que tant de brigans
et volleurs qu'il y a en ces pais se nieissent
ensemble et empeschassent le fruict de la paix,
qu'il fault, le plus promptement que faire se
pourra, establir, affin que l'honneur et le ser-
vice de Dieu et voslre autorite' et justice se
puissent remectie par deçà et qu'il y ait plus de
moiens de séparer telles gens, car jusques ad
ce que cella soit, il ne fault poinct espe'rer par
deçà pouvoir chastier ces gens là. J'ay député
' Saint-Signan, c'est Saint-Cliignau , dans l'Hérauit ,
arr. de Sainl-Poiis.
- La reine a commencé, dans la dépèche précédenle,
à donner à Damville le nom de Montmorency. L'ainé de
ses frères, François, étant mort à Ecouen le 6 mai «579,
il hérita de sa pairie et de son litre ducal , et s'appela de ce
jour le maréchal de Montmorency, tandis que son frère,
Charles de Monlmorency-Méru , devenait duc de Damville.
' Le mot est en blanc dans le manuscrit.
le S'' de Lombais, et mon fils le roi de Navarre
les s" de Thoré ^ et de Chastillon , pour exécuter
l'édit et articles de nostre conférence en ces
diocèzes de deçà; mais pour ce que ledit Chas-
tillon est allé trouver mon fils le roy de Na-
varre, et de là , à ce que j'entendz . en Rouergue ,
pour se marier à l'héritière de la maison de
Peyre, l'exécution et establissement de vostre
édict et articles de nostre conférence ne se
sont peu encores faire du costé oîi est Bacom,
n'y aiant personne qui ait tant de moicn avec
luy que ledit Chastillon, que je serois bien
aise de n'y point employer; et essayeray par
tous dextres moiens de pouvoir faire envers
icelluy Bacom qu'il rende lesdits Thézan et
S'-Signan, et sépare ses forces. Il demandoit
trois mil escuz , qu'il dict qui sont deubs à ses
gens, et que sans cela il ne les peult licentier.
On a desjà gaigné sur luy qu'il se contentera
de deux mil ; je verray comme l'on en pourra
sortir, et plustost luy feray-je bailler secrète-
ment quelque argent, combien que ce soit
chose de très pernicieuse conséquance de paier
ung brigand pour avoir mal faict; mais aussy
de penser l'avoir aullrement, il ne se pourroit
faire sans trop grand péril, et pour les rai-
sons cy-dessus dictes : quand j'auray ce bien
d'estre de retour auprès de vous, je vous
en discoureray plus amplement.
Cependant, Monsieur mon filz, je vous di-
ray aussv que mon fils et ma fille, le roy et la
royne de Navarre, m'escripvirent encores hier
et m'envoièrent jusques icy le s'' de Frontenac,
pour savoir de mes nouvelles et me faire en-
tendre aussy des leurs. Vous verrez par la lettre
de mon fils le" roy de Navarre que je vous en
voye, comme il est toujours très disposé et faict
tout ce qui se peut désirer pour le bien et
' Thoré, frère de Damville, s'était réconcilié avec la
cour, après de nombreuses démarches laites près de lui
par la reine mère.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
367
establiiisenn'iil de la paix, que iiTest ung li'ès
grand conteiiteuienl, car parce moien j'espère
([ue nous recueillerons le fruict do mes labeurs,
que je ne plains plus, puisqu'il est en cette
bonne re'solufion. En quoy ma fille, sa femme,
fait tous les bons offices qu'elle peut. Vous
verrez aussy par ladicte lettre comme il se
piainct de ce qui est advenu à ia Ferté-sous-
Jouarre, vous priant de donner ordre, si cela
est vray, que la justice s'en face, car si cela de-
meuroit inipugny de delà, croiez qu ilz en pran-
deroient vengeance de deçà , et y auroit danger
que telles choses nous remissent aux troubles ;
n'ayant pas l'ailly d'escripre très expressément
au mareschal de Biron, pour faire faire ia jus-
tice des contraventions advenues à Langon
et à Castilionnois, et aussy aux autres lieux
du gouvernement de Guyenne oiî sont commis
les attentats. Priant Dieu, Monsieur mon fils,
vous avoir en sa sainte et très digne garde.
Escript à Béziers, le dimanche xvii° jour
de mav iSyf).
1570.
i8 mai.
Aut. Bibl. liai., Fonils fianrais, n» 338i, f" 3i.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE D'USES.
-Ma commère, c'et à cet coup que me
voyrés dans un moys et sayne et sauve, se
Dieu plest, encore que je aye à paser an la
peste, ou la mer, ou les Sevenes, que je creyns
bien auilant ([ue les deus prenijères; car sont
oyseau.s de rapine, corne ceulx qui ont eu
vos chevaulx'; mes je me fie en Dieu qu'il
me fayrè tous jour, se me semble, sortir de
tous périls, et ay cete favrme fiense en luv.
Je suys bien ayse de cet que niave's mendé
par fabbé d'Elbèue et Guadegni de mon
' Allusion renouvelée à re huguenot de Guitry, qui
lui avail volé ses chevaux.
lils'; je prii' Dieu (|ui le fase si sage que tout
cel royaume et le Roy en soynt contenis. Ma
fille ayst aveques son mary, enn eu yer des
novelles : c'et le melleur ménage que l'on sa-
trov désirer; je prie Dieu ie continuer (m cet
heur, et vous conserver jeusques en l'eag-e de
sept-vins bans-, (|ue puysion super ensemble
au Touylerie •* san chapeau ni bonnestes.
De Bésiés, cet xviii"' de may 1579.
00 OC) (T?).
.le vous envoy de cet que l'on appelle de la
santé en cet peys, en lieu do 0 0 *, car vous
cervey^ plus de feune que de l'autre.
1579. — iS-!!0 mai.
Copie. Bibl. liai., Fonds français, u" SSig, ^ li-j r".
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon fils, depuis ceste lettre es-
criple, l'abbé Gadaigne est airivé icy ce malin,
qui a cuidé courir une grande fortune sur la
mer à cause des grands vents qu'il a faicts ces
jours-cy: voilà qui l'a tant retardé. Il m'a rendu
vosire despesche du xxvii" du mois passé,
aiant esté infiniment consolée et resjoye d'avoir
veu par icelle le contentement que avez des
comportemens démon fils, vostre frère, auprès
de vous, et d'avoir aussy entendu par ledit
abbé Gadaigne la bonne chère et démonstra-
tion de parfaicte amityé que de si bon cœur
vous luy faictes, ipii est le plus grand bien et
le plus grand heur qui sauroit advenir; car,
' C'est ie duc d'Anjou, dont la soumission au Roi lui
donnait grande satisfaction.
- Srpl-viiis liaiis, cent quaiante ans. c'est hoaucoup:
mais le souhait est en forme de plaisanterie.
' Au Tonylei-ie, aux Tuileries.
" Les deux 00 réunis, reproduisant la signature,
semblent devoir se traduire par moi.
'' Voua cerveij, vous vous servez.
368
oultre que cest ainsy (ju'il faut que vous et
luy soyez fousjours ensemble bien unis, croyez
que vos affaires et services, et les siennes pa-
reillement, s'en trouveront beaucoup mieulx,
comme j'ay bien expressément donné cliarjje
au s' de Vétizon, présent porleur, vous faire
entendre et à vostre frère de ma part. J'ay
veu aussy par vostre lettre ce que me mandez
touschant les affaires de Provence, où les
choses ne sont pas, à mon ffrand regret, si
aizées et facilles que j'ay veu que les estimez;
car, à ce que je viens d'entendre par Vérac, qui
est arrivé pareillement ce matin, retournant
dudit pais oh je l'avois envoyé, e! par les
lettres que l'on m'en a escript par luy, les
ungs et les auUres sont fort irritez. Toullefois
ils me mandent qu'ils se conformeront à ce
que je leur commandcray; mais, veu qu'ils
n'ont point pozé les armes quand je le leuray
mandé, comme iiz m'a voient donné espérance
quilz feroient, je crains bien qu'il s'y trouve
des oppiniastres. Néanmoings, vous pouvez
croire, Monsieur mon fils, que je n'y ob-
mettrav aulcune chose qui se puisse penser y
estre propre pour le bien de vostre service.
Quant au Daulphiné, j'ay encores dernière-
ment escript au s" de Maugiron, et iuy mande
derechef présentement, par le s' de Vetizon
qui luv baillera mes lettres en passant (lequel,
je m'asseure, fera très bon office envers ceulx
de la Uelligion, comme il a fort bien faict
pendant qu'il a esté icy), ce qui me semble
qu'il doibt faire pour Texéculion de vostre édit
de paciffication et articles accordés, avec le
conseiller Calignon, aiant charge de ceulx de
la Relligiou prétendue réformée dudit pais de
Daulphiné; et sera la dépesche que m'escripvez
avoir faicte aux principaulx chefz desdits de
la Relligiou venue fort à propos. Pour le regard
du marquisat de Salluces, je me délibère, es-
tant en Provence, et croy que vous le trouverez
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
bon, selon la response que j'auray de Monsieur
de Savoye et du mareschal de Beliegarde, aus-
quelz j'ay escript, comme je vous ay dernière-
ment fait entendre de leur escripre encore, et
mesmes au marquis d'Apremont par l'abbé
Gadaigne, pour estre esclaircye dulout,affia
qu'il y ait plus de lieu, congnoissant au vray
d'où vient le mal, d'y remédier. J'ay pareil-
lement veu ce que m'escripvez touchant la
lettre extraordinaire de mon cousin le prince
de Coudé au s' de Ruil'ec, à quoy j'avois
pourveu par l'advis des princes et s'' qui sont
icv, comme il vous plaira voir par la dépesche
que leur en ay faicte et de laquelle je vous
envoyé les doubles, et estime que les lettres
que j'ay, sur ce, escriptes à mon cousin le
prince de Condé, et aussy au s' de Ruffec,
auront servi à les modérer, et que cela sera
peult-estre cause que les choses n'en passeront
pas plus avant, et que pour cela l'exécution et
establissemeut de l'édict de paciffication et
articles de la conférence n'auront esté retardés.
Car j'y ay depulté le s"' de Dars, au lieu dudit
s' de lluffec, et par son advis mesme : toutte-
fois c'a est élrès bien fait par vous de leur avoir
faict une bonne dépescbe, comme me man-
dez, sur cela.
Monsieur mon fils', La Roche est retourné
de devers Bacom qui s'est, en sa présence et
du conseiller que j'avois envoyé avec luy, as-
semblé avec tous ses satelites, qui ont esté,
ad ce que m'ont dit lesdils La Roche et conseil-
ler, en très grande contestation les ungs contre
les aultres, disant qu'iiz vouUoient estre paies
d'un mois de leur solde, avant que sortir et
permettre qu'on exécutast l'édit à Thézan et
S'-Signan ; louttefois , après avoir bien considéré
la lettre que je leurs escripvois, ils se sont
' A la marge : ttEscript audit Béziers IcJit jour.»
enfin accordez d'envoyor iin[j {jcntHliomnic de
leurs voisins, ijui est de la Relliffion, pour me
monslrer qui leur avoit eslé promis' qu'on les
paieroit devant qu'ils sortissent, et nie su-
plient de ce faire faire. Mais Bacoin, qui s'est
monstre plus honneste homme que je ne
pensois, a dict à part à La llociie que, à luy
escripvant une lettre encores plus rude que
celle que je luy feiz hier pour casser, licentier
et faire séparer ses gens et aussy jjour rendre
les deux places, il obt^yra promptcmeni, et
qu'au lieu de trois mil escuz que se feust bien
monté le payement de tous ses soldats, l'on
luy envoyé sept ou huit cents escus à part,
qu'il dira estre de son argent, cl qu'il n'v aura
point de faute qu'il ne face conlenter ces gens
de cela, et me viendra trouver après, pour re-
cepvoir plus amplement mes comniandemens,
ne voullanl plus estre, à ce qu'il dit, huguenot;
et a aussy dit à La Roche que, combien que
je saiche beaucoup de choses, qu'il en sayl
quelques unes de grande importance que je
ne say pas, lesquelles il me dira. Le s'' de
Joyeuze, qui est icy, demoure avec moy, pour
ce que le mareschal de Monlmorency s'en alla
hier-devant à Pézenas, estant après à donner
ordre de laire trouver, sans dire pourquoy
c'est, lesdits viii° écus qui seront dez aujour-
dhuy pretz, de sorte que j'espère les lui en-
voyer par La Roche dez demain, (jue je pensois
m'en aller à Pe'zenas; mais tous les habitans
de cette ville m'ont requise de demourer,
comme je leur ay accorde' faire, jusques ad ce
que Bacom ayt obe'y, comme j'estime qu'il
fera, et que par ce moien tous les habitans
de la ville seront délivrés de grande peine
et subjeetion, et demeureront tous contens, et
moy aussy bien fort aise de les voir joyr du
bien de la paix. Je vous diray aussy, Monsieur
' Pour : ttqu'il leur avait été prumis » Cette faute
est fréquente dans la copie.
ClTHEnUIE DE Médicis. — ÏI.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. :569
mon lil/, ([ue j'envoye Verac devers Fonniior,
autrement appelé Poltron, pour en faire de
mesmes. Et par ainsi j'espère que tout ce gou-
vernement sera du loul en paix et repos.
Escript à Béziers, encores ledit jour.
Monsieur mon (ilz ', avant que signer cesle
de'pesche, je vous diray que Bacom a cejour-
d'Iiuy licentyé tous les soldatz qui estoient
avec luv dedans The'zan; il est allé faire le
semblable à Saint-Signan de la Corne, qui
sont deux villes bien fortes qu'il occupoit; il
lenoit encores la Bastide, la Cabarelle et Ca-
brière-, qu'il a aussy readeues, et y sont, en
toules quatre, rentrés, comme j'estime, dez
ceste heure, les ecclésiastiques et catholicques,
ausquels j'ay commandé faire incontinent
abattre toutes les forlilhcations, à quov ils
n'ont garde de faillir, de sorte que j'espère
que doresnavant personne ne s'y nichera plus,
et qu'en tout le reste de ce gouvernement
vostre édict de pacillîcation et articles de la
conférance y seront bientost du tout exécutez
et establiz, ainsv que j'ay donné charge au
s'' de Vetizon vous discourir et faire plus am-
plement entendre de ma part.
Escript à Béziers, le xvin° jour do may
1679.
Monsieurmon filz^, comme je voullois signer
ceste lettre, Moineton arriva hier avec les dé-
pesches qu'il vous a pieu me laire et envoyer
par luy du xn° de ce mois, au contenu dcs-
([uelles vous serez à peu près satisfnict par
ceste-cy, s'estans vostre oppinion et la mienne
rencontrées quazy semblables pour les affaires
du marquisat de Salluces; et pour le regard
' A la marge : ttPoslri'i[>t de la dépesrlie envoyée par
Georges.» f liS r".
- La BasliJe et Cabrières, dans le Gard.
■' En tète : (tAulre poslcripln f ^8 r°.
''7
imphimehii: «.irioXALC.
370
de ceulx de Provence, je m'y achemine et vous
asseure que je n'y perderay une seule heure
de temps , et aussy pour celles de Daulphiiié.
Audit Béziers, ledit jour.
Monsieur mon fils\ j'arrivay hier en ce
lieu-, oîi aucuns de Montpellier me vindrent
trouver et présentèrent quelques articles au
nom, ce disoient-ils, des églises de ceuk de la
Relligion prétendue réformée du costéde deçà,
contenant principallement tous trois choses,
qu'il/ requerroient estre effectuées au préalable
que l'on procédas! es diocèses de ce Bas-Lan-
guedocq à l'exécution de Tédict de pacification
et articles de nostre conférance. C'estoit que
les forces qui sout encores en estre , restans de
Beaucaire, feussent licentyées, la Chambre de
la justice du Languedocq establye, et l'argent
des garnisons des unze villes fourny. A quoy,
présent le s'' de Thoré qui amena ceux qui me
présentèrent ceste requeste, je les salisfiz; car
pour le regard des forces, j'avois desjà avisé
avec mon cousin le mareschal de Montmo-
rency que nous les ferions iicentyer bientost;
pour l'establissement de ladicte Chambre, j'y
ay aussy pourveu à leur contentement, en at-
tendant les lettres patentes que vous escripviez
dernièrement qui estoient nécessaires, et que
j'espère que m'enverrez bientost; et quant à
l'argent des garnisons des unze villes, il sera
prest dedans la fin de ce mois; de sorte que
pour les trois points dessusdits , il ne se devoit
prendre aucune excuse ny faire aucun retar-
dement en l'exécution de l'édict, et dys au s'
de Thoré que dez aujourd'lmy il y procédast,
avec le s' de Lombais que j'avois députlé pour
cest effcct avec luy,et le s'' de Chastillon pour
l'absence duquel il ne falloit point que ce bon
' En tèle : tt Autre proscript, n
* Pézenas, qui n'est qu'à une très petite dislance de
Béziers, sur la route de Montpellier.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
œuvre retardas! : en quoy aussy le s' de Thoré
a promis de faire ce qu'il pourra, mais je
crains bien qu'il n'ayt, pour ce qu'il n'est pas
de la Relligion , tant de crédit parmy ceux de
ceste relligion que ledit Chastillon; touttofois
j'espère qu'estant icy sur les lieux, ma pré-
sence servira; et puis l'exemple qu'ilz ont
devant euh de l'obéissance qu'a rendeue
Bacom y aidera aussy beaucoup. Il y avoit
èsditz articles encores quelques autres pointz ,
mais il n'est point besoing de vous en en-
nuyer, pour ce que je les ay pareillement
résolus; aussy qu'à l'instant il est venu ung
autre troupe composée de catholiques et de
ceux de la Relligion dudit lieu mesme de
Montpellier, qui m'ont requise et suppliée très
instamment de l'exéculion entière de l'édict
et articles de nostre conférance, de sorte que
je ne doubte pas que nous ne facions effcc-
teuer le tout bientost, car, comme vous verrez
par les lettres que m'escript mon fils le roy
de Navarre, il est 1res résolu et ferme au bien
de la paix, dont je suis infiniment aize; et
vous supplie, aiant veu ses lettres, de luy en
faire une bonne dépesche. Je vous envoyé une
requeste que l'on luy a envoyée de Turenne
pour quelques désordres et contraventions
qui y sont advenues , afin que vous y faciez ,
s'il vous plaist , pourveoir ; car ces petites choses
là pourroient apporter préjudice et rallumer
ung feu qui seroit après mai aizé à estaindre.
Escript à Pézenas, le xx" may 1679.
1579. — ao mai.
Aul. Bibl. ual. , Fonds français, n° 3323, f g.
A MON cocsra
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin , je ne vous faire pas long dis-
cours, car je envoy cet porteur en diligense
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
371
qui vous saura rendre conte de toutes nos no-
velles; bien vous asseurè-je (|ue, Dieu mersis,
Te'dysl c'elleclue par tout cet carlier, de quoy
je loue Dieu, et ne playns plus ma pouine,
puysque j'an veoy sorlii- ausi bon fruytg.J'es-
père avoyr cet contentemeni de voyr dans un
nioys le Roy mon fils, et ce pandenl cet m'est
ung grand ple'sir de savoir de ses nouvelles
et des voslres, que je prie Dyeu aystre comme
le sorre's désirer.
De Pézenas, ce xx" may iS^g.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1579. — ao mai.
Copie. Bibi. nal. . Fonds français, n" 33if), f" -'19 v''.
[AU ROY MONSIEUR M0.\ FILS.]
Monsieur mon fils, je pensois vous envoyer
mon autre dépesclie par le s' de Velizon,
mais j'ay depuis pensé qu'il seroit plus à
propos qu'il me suivit encores demain en Agde
et jusques en Arles, ou autre lieu du gouver-
nement de Provence , au dedans , où j'espère
estre bienlost, comme verre/, par madicte
autre dépesclie, ayant advisé de renvoyer ce
pendant eu toute diiligence Georges, présent
porteur, avec ce pacquct, et vous prier .par
ung des courriers que je vous ay dernière-
ment despesché, après le jeune de Laubespine,
vous me faciez tenir en toute extresme diili-
gence les expéditions nécessaires pour instal-
ler le grand l'iicur au gouvernement de Pro-
vence-, et pour donner la charge des Gallères
' En lète : " Envoyée an I^oy pai- Georges n.
- La Provence était alors singulièrement di>isée en
deux factions rivales : les Garcistes, qui avaient pour
chef le comte de Garces, et les liazats, qui étaient le
parti populaire. Le comte de Suze avait été obligé de
donner sa démission de gouverneur. On lavait rem-
au s' de Suze, auquel, s'il vous plaist, vous
escriprez par mesme moien vous aller inron-
tincnl trouver, pour entendre Testai en quoy
à présent est la charge desdictes gallères et y
pourveoir, affiii (pi'il \ ait plus de moien et
vous y puisse niieulx faire service. Car si le
s' de Suze venoit si soudain à Marseille, com-
bien que Marseille soit plus paisible que les
autres villes dudit païs de Provence, croyez
touttefois que sa présence nous empescheroit
de composer les troubles d iceluy pais, tant il
y en a qui sont, à ce que j'entendz, animés
contre le s'' de Suze. Je vous prie derechef
douques, Monsieur mon fils, en user de ceste
façon, et, affin que je ne sois point retardée
par faulte de ces expéditions, de me les en-
voyer incontinent et en toute diiligence par
ung des courriers qui aille jour et nuict,aflîn
que je les aye dedans dix jours, s'il est pos-
sible. Priant Dieu, Monsieur mon fils, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Pézenas, le xx'' may i579-
1579. — 2 '4 mai.
Copie. Bibl. nat. , Fonds fr.inçais, n** SSig, f* ig '.
[Al ROY MONSIEUR M0> FILS.]
Monsieur mon filz, suivant ce que je vous
ay escript par Georges, j'arrivay en ce lieu-, oii
placi' momentanément par le vieux cardinal d'Arma-
gnac, qui avait fait son entrée à Aix le ao avril 1579;
mais la reine mère, avec raison, voulait nommer à ce
poste le comte d'Angouléme, tandis qu'on passerait sa
charge de général des galères au comte de Suze.
' En tête : tr Envoyée au Roy par Monsieur de Ban-
ville, escuier d'escurie de Monseigneur.»
* Agde, où il y avait alors un évéclié, aujourd'hui
simple chef-lieu de canton, est plus au sud, tout près
de la Méditerranée. La reine suivait le littoral pour
éviter la peste.
i7.
372
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
j'ay séjourné jusques à cejourd'huy, affia de
voir exécuter en ces diocèses de deçà par ie
s'' de Thoré (suivant la commission qu'il a de
mon fils le roy de Navarre), avec les s" de
Saint-Félix et de Lombais que j'y ay députez,
l'édict dernier de pacifficalion et les articles
de la confirmation d'icelluy, arrestés en nostre
conféi-ence de Nérac, m'ayant semblé estre
nécessaire de veoir cela fait, premier que
m'esloingner. Le s"^ de Thoré disoit ne pouvoir
consentir à vacquer à cette exécution au dio-
cèse de Montpellier, pour ce que c'est au s"^ de
Cliastillon, lequel véritablement est joinct
avec luy en celte commission; mais estant
Cliastillon absent et allé en Rouergue pour se
marier eu la maison de Peyre ' , je respondis
qu'il n'estoit pas raisonnable que les choses
différassent à se faire, comme je me suis bien
aperçue que quelques ungs de part et d'autre
en ont grande envye. Toutlefois j'espère que
Dieu me fera la grâce que le bon commence-
ment que j'ay laissé jusques icy s'y suivra et
establira comme en Guyenne et aux autres
lieux de Languedocq, y estant grâces à Dieu
ung chacun en bonne paix et repos, comme
vous avez veu par mes dernières despesches,
' François de Coiigny, seigneur de Cliastillon, fils de
l'amiral de Coiigny et de Cliarlotle de Laval, était né
en 1 557 : il avait donc alors vingt-deux ans. Il est pos-
sible qu'il ait pensé à épouser, en Rouergue, une fille
d"uu Gramont d'Aure, seigneur de l'eyre, d'autant que
la famille était à demi huguenote. (Le château de Peyre
est situé dans la commune de Compregnac, arr. de Mil-
lau, Aveyron). Mais il est certain que le mariage projeté
n'eut pas lieu, puisqu'on voit qu'en lâSi, le 18 mai,
il épousa , au château de Warty ou Ouarty, Marguerite
d'Ailly, fille aînée de Charles d'Ailly, seigneur de Pé-
quigny en Picardie, vidame d'Amiens. Sou historien,
M. le comte J. Delahorde, ne parle pas de cette première
union mauquée. Il dit seulement (p. 187) : nChastillou
s'attacha à assurer l'exécution du traité de Nérac en
Languedoc. ji {François de Chastillon , etc. , Paris, 1886,
in-8°.)
ausquelles me remettant, je ne vous ennuyeray
de redite, ny ne vous feray particuUièrement
le discours d'une infinité de requestes, diffé-
rends et protestations, que j'ay vuidées, pen-
dant qu'ay esté à Pézenas, entre les ungs et
les aultres de l'une et de l'aultre relligion,
tant de Pézenas que des autres villes et lieux
circonvoisins, dont entre aultres je vous diray
le sommaire de deux très importans : l'ung que
ceux de la Relligion prétendue réformée voul-
loient avoir le presche à Montaignac\ qui est
bien près de Pézenas, disant qu'il y avoit tou-
jours faict de leur relligion , mais il s'est trouvé
que non, et en ont esté déboutés; il y a eu
aussy ung grand débat, et qui a esté fort diffi-
cile à résouldre, entre les vieulx et nouveaulx
consuls de Montpellier, sur lequel à la fin j'ay
ordonné que les vieilz demeureront, en atten-
dant qu'il eust esté veu et jugé par la Chambre
de justice de Languedocq si l'eslection nouvelle
avoit été légitimement faicte ou non : cepen-
dant le temps de leur consulat couHera, et évi-
tera-ou par ce moieii la division et mal qui en
eust peu advenir. Je vous diray aussy que Vé-
rac, que j'avois envoyé devers cest homme de
bien de Fournier, qui est ung aultre Bacom,
avec commission expresse pour faire entière-
ment exécuter l'édit es lieux qu'il occupe, a à
l'instant faict sortir tous les estrangiers de Brii-
guéroUes'-, qui est un lieu bien fort qu'il oc-
cupe, et du bourg et chasteau de Fa^, qui est
là auprès; mais il n'a point voullu permettre
que Véracait faict desmanleller Bruguérolles,
comme je désirerois, jusques ad ce que mon
fils le roy de Navarre luy en ay escripl, comme
' Montagnac, sur l'Hérault, chef-lieu de canton de
r arr. de Béziers, à 26 kiloni. de celte ville.
* Brugairolles (Aude), arr. de Limoiix, à 18 kilo-
mètres de Carcassonne.
' Fa, sur la rivière de ce nom, canton de Quillan,
arr. de Limoux.
LETTRES DE CATHE
j'espiTi^ (lii'il fi't-a, cai' je lo luy ay pxpresso-
meiit inancli', el aussy à ma (illu |)oiir lo luy
faire fain!, et au s' de l'ibrac poui' y li-nir la
maiu; cl cependant, pour ci; (|iie ledit Fouiniei-
et le s'' d'Audoux, qui avoit esté deputté par
le roy de Navarre pour aller exécuter l'edit à
Bruguérollcs, ont cpiel(|ue inimityé ensemble,
j'ay escript au s'' de Couslanson s'y en aller,
espérant que, combien qu'il soit catliolicque,
ad ce que m'a dit Ve'rac, il iuy obc'yra, comme
je croy qu'il eust l'aict au reste du contenu
de la commission de Vérac, n'eust esté que
quelques ungs de ceuh de la Uelligion qui ne
veullent pas la paix luy ont esté dire depuis
peu de jours, comme aussy l'avoieut-il vouilu
persuader audit Bacom, que nous retournerions
à la guerre avant qu'il l'eust ung mois, pour
ce que ceux do la Relligion s'asseuroient bien
que l'on ne feroit point faire de justice de ce
qui est advenu à Laugon , et qu'eulx pour ceste
occasion voulloieut fous reprendre les armes,
aussy qu'ils s'asseuroient que le s'' de Clervant
leur amcneroit bientost deux mil reistres,
comme il leur avoit promis passant par icy,
quand il s'en alla de nostre conférence de
Nérac, et semble par leurs discours qu'il y ait
encores du levain de ceste belle menée et
proposition de protection du Cazimir. J'en ay
escript à mon fils le roy de \avarre, et aussy
de la difficulté que faisoit Tboré d'exécuter la
charge qu'il avoit par deçà, s'en voullant re-
mettre à Chastillou, (jui semble qui se soit
tout exprès [en] allé pour ne procéder à l'exé-
cution, aflin que, quand je serois passée,
ceila demouré à faire, ils feissent traisner les
choses et les menassent après comme ils vou-
droient; mais je ne passeray pas oultre que
je ne les voye comme il est requis pour le bien
de vostre service. Je suis ung peu retardée pour
ceste occasion; mais si j'en faisois autrement,
il y auroit danger que cela imus aportast ung
RINE DE MÉDICIS. :'.7:î
grand préjudice, à ([uoy je veiilx remédier,
comme il est très nécessaire, aviuil que je soi te
du Languedocq.
Il y a eu aussy un ministre qui a iaict
ung fort griind vacarme de ce qui est ad-
venu à Tours ', dont je vous escripvis der-
nièrement et envoyay la requeste que l'on en
avoil présentée à mon filz le roy de Navarre.
Ledit ministre faisoit bien les choses encores
plus grandes (ju'elles ne sont portées par la
requeste; mais j'en ay faict sur i'iicure une
fort expresse despesche au s' de Thoré, par
laquelle je diz les choses comme elles sont
passées, et l'asseurance (]uc j'ay que vous en
ferez faire justice promptement si desjà elle
ne l'est, et le ferme désir que vous avez à
l'exécution et entretenement de vostre édicl
de paciffication. J'en ay escript encores ex-
pressément par' Courier exprès à mon fils le
roy de Navarre, et à ma fille sa femme, el
aussy au s' de Pibrac, affin qu'il face sur cela
une bonne despesche au s'' de Thoré et aux
principaux de la Relligion de ce pais, et
quant et quant qu'il escripve audit ministre
et lui en face une bonne réprimande, ce que
j'espère qu'il fera, et m'asseure qu'avec la
dépesche que j'ay faicte au s' de Thoré, que
luy ay envoyée par ung gentilhomme des
miens, il admortira ce pendant ce mauvais
bruict et que. Dieu aidant, cella ne nous
troublera rien comme il a cuydé. Voilà pour-
quoy. Monsieur mon fils, je vous prie, ainsy
que je vous en ay escript dernièrement, d'en
faire telle desmontration et commander en
estre faict si bonne et ample justice, que ceulx
de la Relligion puissent veoir ce dont je les
a y asseurés.
Cependant je vous diray aussy, Monsieur
' Le mol est mal écrit: ce ne peut èlre qu'une j)lace
de Guyenne ou de Gascogne, sans doute Touars, cant.
de Ijavardac, arr. de Nérac.
374
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
mon flis, que dom Fernando, fils naturel du
ducd'Aibe, viee-roy en Catbelongne\ a avant-
hier icy envoyé vers moy me visiter, comme
il est acoustume', dom Martin de Gosseman,
gouverneur de Perpignan , qui n a esté en ce
lieu que deux ou trois heures et s'en est sou-
dain retourné avec d'honnestes parolles, res-
pondantes à celles qu'il m'a dites. Il m'a faict
instance de deux Espaignols que ceulx de la
Relligion prétendue re'formée ont arresté pri-
sonniers depuis peu de jours à Aletz-, où j'ay
incontinent escript pour les faire délivrer; et,
afiin qu'il n'y ayt point de difficulté, j'en ay
aussy faict une dépesche à mondit fils le roy
de Navarre, affin qu'il mande qu'où les mette
incontinent en liberté sans leur faire paier
aucune ranson. Priant Dieu, Monsieur mon
fils, vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Agde, le dimanche xxiiii" may
1679.
Monsieur mon fils, depuis ceste lettre
escripte, que je vous pensois envoyer par l'or-
dinaire des postes, Banville, que mon fils
m'a despesché pour le faict du mariaige d'An-
gleterre, est arrivé ce matin, aiant charge de
mondict fils du contenu au mémoire et in-
struction dont je vous envoyé le double, en-
semble de la response que j'y fais, lesquels il
vous plaira veoir^.
' Catalogne.
- Aletz; est-ce Alet (Aude) ou Alais (Gard)? — Sans
doute la première ville.
' iNous avons retrouvé dans le même manuscrit fr.
33 19 les trinstructionsn au s' de Banville et la réponse de
la reine mère. Nous les publions à l'Appendice; et voici,
sur l'état où se trouvaient alors les négociations du ma-
riage avec Elisabeth , une curieuse lettre de l'envoyé du
duc d'Anjou en Angleterre, Jean de Simier. Elle est
1579. — 26 mai.
Orig. Bibl.nat., Fonds irançais, n^aoSSg, f ôi.
A MONSIEUR DELBENNE.
S' d'Eibene, j'ay receu voz deuz semblables
lettres, ayant veu et bien considéré le con-
tenu en icelles, surquoy je vous diray que
Dieu m'aiant faist la grâce d'avoir remis en
adressée de Londres, le 12 avril 1579, au chambellan
du prince :
trMonsieur, Excusez moy si j'ai tant demeuré à fajTe
rcsponce à la vostre. Je vous supplye n'avovT pas opi-
guon que ce soit oblyence ny faulte de bonne volonté à
vostre service; mes vous savez que gens qui représen-
tent les affections pour autruy ne peuvent quasi avoyr
souvenanse d'eux mesmes. Vous pouvez entendre le
cheminement de ma négotiation et où j'en suis demeuré ,
ayant commencé à traiter sur les articles du mariage de
Monseigneur nostre mestre avec la Royne d'Angleterre ,
du 5 de ce mois. J'en ay toute bonne espérance; mes
d'en dire d'avantage, j'attandray que le rydeau soit tyré,
la chandelle esleinle et Monseigneur couché, et lors
j'en parleray avec bonne assurance. J'espère que Dieu
prendra la protection de cesle affaire pour la conduyre
à bon port , et disposer la volonté des partyes à tout ce
qui sera raisonnable pour mentenyr ruie bonne paix,
conserver et accroistre par le moyen de ceste alyence
l'unyon et l'amityé de ces deux Couronnes de France et
d'Angleterre pour le bien, proBt et tranquillité de leurs
subjects. Je ne suis point en double que n'ayez, où vous
estes, beaucoup de grandes affaires; mes je vous puis
assurer que je n'en suis pas exempt non plus, et qu'il
y a ysy de quoy s'excuser du péché de paresse. Tou-
tesfois jusques icy, Dyeu grasses, j'ay surmonté, pour le
service de Monseigneur nostre mestre, toutes les dif-
ficultés qui se sont présentées, dont Sa Majesté s'est
tenue pour satisfaicte. Je vous jure que c'est la plus
vertueuse et la plus honneste princesse du monde :
son esperitest amyrable, et tant d'aultres partyes qui se
remarquent en Sa Majesté, qu'il me faudroyt beaucoup
d'encre et de papyer pour les exprimer par le menu ;
pour conclusion je tiens nostre mestre très bereux si
Dyeu veut avancer ceste affayre. Mandez moy de vos
nouvelles, sur quoy je vous donne le bon soyr, saluyaiit
vos bonnes grasses de mes bien humbles recomanda-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
375
Guienno et en Lauguedocq loutes choses eu
repos, espérant en avoir bien tost laid de
mesme en Provence et Daulpliiné et d'cstrc
dans peu de jours de retour auprès du Roy
Monsieur mon filz, que lors nous pourrons
adviser aux choses dont m'cscripvez. Cepen-
dant je prye Dieu s' d'Elbene ' vous avoir en
sa saincte et dijjnc garde.
Escript à Agde, le xxni" jour de may
1579.
Caterine.
PiNART.
(ions, pryant Dyeu vous donner. Monsieur, en santé
très-lieureiise et longue vye.
te De Londres, ce xii d'avjyl.
rVoslre bien afl'ectionné amy à vous faire servisse.»
SVMIÉ.
(Orig. Biiliah Mus. F'rance, vol. 66.)
D'aulre part, l'ambassadeur de Toscane, Farciui,
écrivait de Paris au grand-duc François le 30 mars 1379 :
«La regina d'Ingbillerra persiste tuttavia nelia pratica
del marilaggio, ma non intendo che si concluda senza
rintero consenso del Re, desideraudo che questo matri-
monio di'bba essere una calena soldissima da tenere
sempre uniti qucsti due regni in buona e paciGca ia-
teliigenzia. n (Négociations diplomatiques de la France avec
la Toscane, t. IV, p. a53.)
On prenait donc au sérieux en Europe ce projet de
mariage avec lequel Elisabeth devait si longtemps amu-
ser la cour de France. Et pourtant, dès l'arrivée de Si-
mier, le a6 novembre 1678, elle avait envoyé une longue
instruction à son ambassadeur à Paris, dans laquelle elle
lui ordonnait de provenir le lioi et le duc d'Anjou cpi'elle
n'accorderait jamais les trois articles qu'on voulait lui
imposer, et même qu'elle trouvait trbien étrange n qu'ils
insistassent si opiniâtrement , ce qui ferait croire que <rie
but auquel ils prétendent est plus la fortune dont nous
jouissons et non pas notre personner. [State papers,
vol. 65. Minute originale.)
' Julian d'Elbène, gentilhomme servant do la du-
chesse de Savoie. — Le ms. aoSSt) du fonds français de
la Bibl. Nat. est presque uniquement rempli de lettres
adressées à ce personnage de 1068 à i6o4.
1579. — ;!8 mai.
Copio. Bilil. nal. , Fonds français, u" 33i9, C° Ho v' '.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Monsieur mon filz, veoyant bien, comme je
vous escripvi/. [)ar ma dernière despesche
d'Agde, que vous aura rendu Banville, qu'il y
en avoit et d'un coste' et d'aultre qui eussent
bien de'sirc que l'exécution et establissemcnt
de vostre e'dict de pacilhcutiou et des articles
de la confirmation d'icelle, résoluz et arrestez
en la conférance de Nérac, ne se fcusso du
tout faict, mais on laisser en arrière quelque
chose, pour rallumer le feu et s'en servir sellon
leurs passions quand ilz vouldroienl, je me
suis opiniastré, aiant demouré eu ce lieu
quatre jours au lieu que je pensois n'y cous-
cher qu'une nuict, et continuellement depuis
le matin jusqu'au soir ny vacque' à oyr les
ungs et les aultres de Montpellier, où reulx de
la Relligion ont tant accoustumé de gourman-
der les catholiques; elles catholiques sont en
sy grand crainte et deffience d'eulx, qu'il a
csli't Ibrt difficile de les ranger les ungs et les
aultres ad ce qu'il/, doibvent fayre pour l'esta-
blissemenl de la paix et entretenemeut d'i-
celle; car, après que le faict du consulat, dont
je vous ay par madicte dernière assez ample-
ment escript, a esté rendu, et les consulz de
l'année passée remis et réinstalez en vertu de
la sentence que j'ay pour ce donnée, de la-
quelle le sommaire sera encloz en cepacquet,
combien que vostredict édict et les articles de
la confirmation d'iceliuy ayent esté fort so-
Icmpnellemeut publiez, et tous les ecclezias-
tiques, ofliciers de justice et aultres catho-
licques soient rentrez en leurs maisons et biens
' En tête : «Envoyée au Roy par M' des Chappelles,
escuier d'escurie de la Royne, mère du Roy. 71
376 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
en icelle ville (de sorte que, après ladicte pu-
blication, l'exécution s'est assez doucement
faicte), loutesfoys lesdictz de la Reliigion
disoient que en ladicte ville de Montpellier,
pour estre une des huict villes de seureté qui
leur sont baillées par ledict édict de pacifli-
cation, il ne se devoit admectre aucun catbo-
lique au Conseil de ville, ny à aucune aultre
action de la police, garde ou seureté d'iceile
ville; mais, après beaucoup de longues dis-
putes et contestations des ungset des aultres,
nous avons en fin reiglé cela, et a esté dit
que l'on suivroit ung règlement particuUier
l'ait pour Périgeux. 11 s'est aussy l'aict parniy
cela une très grande contestation pour l'église
Nostre-Dame dudict Montpellier, seulle église
(jui y est demourée debout, en la nef de la-
quelle ceulx de ladicte reliigion font leur
prescbe et se servent de la tour d'iceile,
comme il est de tout temps accoustumé, pour
le guet, que l'on y faict tousjours fayre pour
veovr qui approche et arrive en ladicte ville,
iceulx de la Reliigion u'aians pas de raisons
de leur costé pour ne rendre ladicte église
non plus que ladicte tour, à cause qu'icelles
église et tour s'entretiennent et est fort pro-
chains del'Hostol-de-Ville, oiî ilz font tousjours
corps de garde, qu'ilz ont allégué qui leur
seroit inutille, et par conséquant qu'il n'y
auroit plus de seureté pour eulx en icelle
ville, d'aultant que les catholiques y sont en
trop plus grand nombre qu'eulx, lesqueiz
aians ladicte église, qui est le fort et com-
mande à tout le reste de la ville, tiendroieut
du tout en subjectiou ledict Hostei-de-Ville, où
sont toutes les munitions : pour ces raisons
lesdictz de la Reliigion ont dit qu'ilz ne pou-
voient consentir à rendre icelle église. Les
catholiques de l'aultre costé, avec juste occa-
sion, demandoient à y estre réintégrez du tout
et entièrement. Cecy a esté fort débafu entre
eulx audict Montpellier, où le sieur de Foix,
que j'y avois envoyé pour disposer de toutes
choses , a toujours esté avec les sieurs de Thoré
et de Sainct-Félix; mais ne s'en estons peu
accorder plusieurs fois qu'ilz se sont assemblez ,
ilz reveindrent, et les ungs et les aultres, en-
cores hier après -disner pour cela vers moy,
qui juge ladicte église devoir estre rendue,
comme aussy est-il raisonnable, auxdictz ca-
tholicques, mais que l'aultre tour, qui est à
ung bout d'iceile, et en laquelle on peult en-
trer par le dehors sans incommoder ny veoir
en quelque sorte que ce soict ceulx qui seroient
e» ladicte église, demoureroit auxdictz de la
Reliigion, pour fayre ledict guet, et y met-
troient, si bon leur sembloit, ung corps de
garde. Après ce jugement, iceulx de la Relii-
gion, qui sont certainement taquins, hargneux,
et opiniastres, mirent encoros une aultre diffi-
culté en avant, qui est qu'ilz ne pourroient
aller à l'orloge , où est ladicte cloche du guet,
(n'y aiant plus en toute ladicte ville aultre
cloche que celle-là) , sans passer par les voultes
et galleryes qui sont faictes par le dedans au
hault et pourtour de ladicte église, et requer-
roient avoyr ce chemin-là libre à eulx. Cela
m'a bien empeschée; car, comme lesdictz ca-
tholicques ont remonstré, ilz ne pourroient
estre au service divin sans que lesdictz de la
Reliigion les veissent allans et venans par ies-
dictes galleryes. Considérant aussy par moy
que c'estoit leur laisser tousjours une occasion
de sédition ou de tumulte, j'ay enfin résolu et
ordonné que ladicte église sera rendue aus-
dictz catholiques et que, dedans dimanche,
pour tous delays, lesdictz de la Reliigion os-
teront leurs chaires et ce qu'ilz ont eu icelle,
afiin que le service divin s'y puisse recom-
mancer à célébrer ce jour-là, que les huisse-
ries d'iceile tour, allans au dedans de ladicte
église, seront bouchées et que par ladicte
LETTRES M CATHE
tour l'orlofjer scnil entrera, (|iiaii(l il fauldroit
aller à ladicte orioge, et que ie Gouverneur
seul auroit les clefz de ladicte p(Jrte, pour
la fayre ouvrir audict orloger seul, quand
besoing seroil. Il me semble que c'est le meil-
leur expédient que Ton y eust peu trouver.
Aussy, en fin s'en sont -il/, contentez les
ungs et les aullres. Crai{];nanl qu'après que je
serovs esloignée d'icy, ilz prissent occasion
de quelque nouveau dillereiid parniy euk,
j'av fait obliger parlicuUièrement ung nombre
de ceulx de ladicte Ktlligion que les catho-
licques ont clioisvz et ung nombre aussy de
catbolic(|ues que lesdictz do la Itelligion ont
pareillement ciioisiz, qui promettent la seureté
les upgs aux aullres pour le reste des habitans
de ladicte ville et qui s'assembleront, quand il
naisli'a quelque dilîe'rend, pour le composer a
l'amiable entre eulx, et suivre ce qu'ilz advi-
seront par tout le reste desdictz habitans de
ladicte ville; ce qui a este trouve' très bien
par eulx tous, et ainsv le leur ay-je faict sol-
lempnellement jurer et promettre, de sorte.
Monsieur mon filz, que je laisse ledict Mont-
pellier en fort bon estât, et m'asseure que
cela sera cause que tout le reste du Bas-Lan-
guedoe(j demourera en paix et repos. Et aflîn
que vostredict e'dict et articles de ladicte ct)n-
férance y soient parfaictement e\»>culez et
establis, estant Ghaslillon absent, qui avoit
este pour ce député commissaire par mon filz
le roy de Navarre, avec le sieur de Thoré, j'ay
faict en sorte que tous ceulx de ladicte relli-
gion ont accordé que le sieur d'Audelot, as-
sisté d'un conseiller au siège Présidial, yra
avec le sieur de Lombais , qui sera aussy assisté
d'un nommé Le Roy, juge de Gignac', person-
naige fort entendu et très catbolicque, afin
' Gignac(Hérault) , une des places de siirelc accordées
aui protestants par rarlicle xvii des conférences de Nérac.
(Jatuerise de MtDIClS. VI.
RLNE IVE MÉDIGIS. 377
d'acbever tout ce (fui est nécessaire: eslini;iiil
n'avoir pas peu faict; car, par ce moien, tout
le Languedocq demeurera, Dieu aydani, en
très bonne paix et repos.
Ji' partiray. Dieu aydant, demain, et seray
samedi de bonne heure à Beaucaire, où je
n'obmettray rien non plus de ce (|ue je verray
qui sera nécessaire pour le bien de vostre ser-
vice, espérant esfre aussy lundi ou mardi à
Tarascon, oiî j'ay mandé le cardinal d'Armai-
gnac se trouver seul avec son train et le pré-
sident des Arches' seuUement; ayant envoyé
Vérac devers les uiigs et devers les aultres,
pour les advertirde ma prochaine arrivée au-
dict païs de Provence et leur commander à
tous, de vôstre part et de la mienne, qu'ilz
aient à mectre les armes bas et lever le siège
de devant le cbasteau de Tranc-, où les ra-
zats tiennent assiégi' le jeune marquis, gendre
du sieur de Garces; aiant considéré que s'il
advenoit que lesdictz razats prissent ledict
cbasteau et tuassent ledict jeune marquis de
Tianc, comme sans doubte ilz feroicnt, ce
seroil tousjours aigrir les choses davantaige,
et y auroit encores moingz de moien qu'il
n'y a d'accomoder et composer les différendz
d'entre eulx : en quoy je veoy beaucoup
plus de difficulté que l'on ne vous a faict
entendre; car les ungs et les aultres ont en-
cores toutes leurs forces, estant, ad ce (|ue
j'ay scèu. Vins venu pour servir ledict jeune
marquis, ayant failly à se noyer passant la ri-
vière de . . . .^, qui en est près : ilz s'y sont,
' Jean-Jacques de Mesmes, seigneur des Arches,
roailre des requêtes ordinaires de riiôtel du roi jusqu'à
lôyô, plus lard président au grand conseil, (ils de
Jean-Jacques de Mesmes et de Nicole Honnequin, daine
des Arches.
' Trans, dans le Var, à peu de distance de Dragni-
gnan. Le château fort avait été construit au moyen âge.
' Le mot est laissé en blanc dans le manuscrit.
i8
lUPniVLniE NATIONALE.
378
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ad ce que l'on m'a dit, batuz; mais je ne say
encores qui a eu du meilleur. Croiez, Mon-
sieur mon filz , qu'ilz sont fort animez les
ungs contre les aultres, et qui plus est, l'on
dict qu'il vient du renfort audict Vins, qui
descent de Piedmont. Je vous asseure, Mon-
sieur mon filz, que je n'obraectray aulcune
chose que je puisse penser pouvoir servir à
les composer et accorder tous, leur ayant faict
particuUièrement une fort expresse despesche
par ledict Ve'rac et mandé se tenir prestz pour
me venir trouver avec leurs trains seullement,
lors et au lieu que je leur manderay, comme
je ne suis pas encores bien re'solue. Vray est
que si aultre occasion ne survient, je me de'-
libère que ce sera à Marseille. J'ai envoyé
Montmorin, comme je vous escripviz avant-
hier de ma main, avec lectres devers le sieur
de Suze. J'en attendz bien tost response, dont
vous serez incontinent adverty. Priant Dieu,
Monsieur mon filz, vous avoyr en sa saincte
et digne garde.
Escript à La Vérunne ^ près Montpellier, le
jeudi xxvin""" may iS^g.
Monsieur mon filz-, depuis ceste lectre
escriple et durant toute ceste après-disnée,
depuis midy jusques à six heures sonnées,
j'ay encores prys la patience d'oyr ce tour-
ment ve'hément de ceulx de Montpelliei- : en
quoy je n'ay pas perdu mes peines. Car j'ay
' La Vérune, arrondissement, et ranton de Mont-
pellier. Il y avait dans cette petite ville une très belle
maison de campagne, appartenant aux évèques de Mont-
pellier, célèbre par ses plantes exotiques et sa végétation
luxuriante. C'est là, assurément, que logea la reine
mère." Le 27 mai, elle signe à la \érune une réponse au
Parlement de Toulouse qu'on trouvera à V Appendice; et
le 28, elle y donne quittance de la somme de trois cent
trente écus soleil, nécessaire pour solder sa dépense
personnelle de quinzaine. — V oir également l'Appenilice.
^ Entête : «Postscript de iadicle dépesche. F° Sa r'.v
tant faict que ceulx de la Relligion pre'tendue
réformée ont quicté les galleryes et voultes
qu'ilz vouHoienlàtoute force retenir, pour aller
de la tour du clocher en la tour de l'or-
loge , et s'est trouvé ung expédient, comme
vous verrez par la déclaration que j'en ay
faict mectre par escript, de laquelle je vous
envoyé le double; aiant parcemoieu contenté
les ungs et les aultres et surtout les ecclézias-
ticques et catholiques. Je vous envoyé une
lectre que mon filz le roy de Navarre ^
m'escript, et suivant laquelle je vous prye
d'escripre au marescbal de Biron qu'il donne
ordre pour fayre fayre la justice du faict de
Langon et des auUres contraventions à i'édit,
non seullement pour ceulx dudict Langon
qui sont catholiques, mais aussy de ceulx de
Castillonnois qui sont de la Relligion, comme
je luy ay encores ce jourd'hui escript; car si
on ne le faict et sur les ungs et sur les aultres,
je crains bien qu'il en adviendi-a du désordre.
Je vous envoyé aussy une lectre dudict niares-
chal de Biron, affin qu'il vous plaise luy fayre
envoyer une commission pour fayre venir de
Bordeaulx celluy des deux conseillers qui sont
nommez en sadicte lectre, et luy fayre aussy
responce sur l'augmentation de deux conseil-
lers catholicques et d'un président de la Rel-
ligion, qu'il seroit d'advis que l'on meist en la
Chambre d'Agen. Priant Dieu, Monsieur mon
filz, vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Du xxviif "■" may au soir, fort tard.
' Nous n'avons pas la lettre du roi de Navarre à la
reine mère. Mais quelques jours plus tard, le 12 juin
1579, il écrit de Pau au Roi, pour se plaindre de ce
qu'on n'a pas fait justice du n cruel fait de Langonn ,
qu'on ne lui a pas rendu ses châteaux de Montignac et
de Neutron, que <tla justice n'est point remise au siège
de Périgueulxn. — Lettres missives, t. I, p. 201.
1579. — 3o mai.
Copie. Bibl. nat. , Fomis fiançais, n'SSig, fô.'iV'.
[AU ROY MONSIEUR MON FILS.]
Mons"' mon filz, après que j'eus hier malin
dépesché les (Chapelles à Vérunne, je passay
loul au lonjf des murailles, el joignant la
porte de Montpellier, ([ui' je (rouvay fort bordée
d'harquebuziers, comme l'on m'avoit bien
dict; mais pour cela je ne laissay d'y aller
franchement, sans leur monstrer aucune
craincte ny delTiance, combien ([ue tous leurs
harquebu7.i(M-s feussent si près de mon chariot
(d'aullaul que le chemin y est estroil), que le
bout de leurs harqucbuzcs touchoit presque
à mon charriot. Les consulz, avec leurs robes
rouges el chapperons, accompaignés d'une
grande tourbe de peuple de l'une et l'aullre
relligion qui les suivoient, veindrent au devant
de moy avec toute humilité, vous olfrans et à
moy leurs biens et vyes avec toute la fidellité
que doibvent bons subjects, me promettant
et asseurant de vivre les ungs et les aultres,
selon ce que je leur ay ordonné et qu'il est
porté par vostre édict, en paix, union el con-
corde. Je trouvay, quand je l'euz plus avant vis-
à-vis de la porte, une aullre grande tourbe de
peuple qui estoit soitye de la ville, inoustrans
les ungs et les aultres quelque peu plus de
boaue volunlé que l'on ne m'avoit dict qu'ilz
avoient. La façon dont j'ay u/,é d'avoir esté
passer si librement parmi euix a , à ce que
j'entends, encores aydé à augmenter en eulx
la fiance et asseurance qu'ilz doibvent aussy
avoir de la paix et que nous voulions faire
envers eulx tout ainsy et comme envers vos
aultres subjects : j'espère que cela prolittera
beaucoup. Le s'' de Thoré veint aussy au de-
' lin léte : s Envoyée au Roy par Monsieur de Ve-
lizon. n
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS. 37'.)
vaut de moy, un peu après les consulz, et
m'acrompaigna tousjours tout le long des mu-
railles el de la porte do la ville, estant suivi
de Andelol el de plusieurs de la Relligion
prétendue réformée à cheval, el enire aultres
de Poiquerays, qui estoit uug de leurs dé-
putes à la conférance, lesquels, après avoir
passé assez loing de la ville, environ une
demye lieue, je renvoyay tous forts contents;
et vous puis asseurer que j'y laisse les choses
si bien, que j'espère en Dieu que la paix et
repos y demeurera.
Je pensois venir couscher dès hier en ce
lieu^ pour passer tout en ung jour le danger
de la i)este, el m'approcher d'aullant plus tost
de la Provence; mais je me trouvay ung jteu
lasse, aianlfaictparmy les rochers six grandes
lieues de ce pais avant disner, et pour ceste
occasion ay cousché au Bais-, oii le s" de So-
leillas, fds du s' d'Oraison 3, et ung nommé le
s" de Chasleaunenf, député de la part de la
court de Parlement de Provence, me sont
venuz trouver ce malin , m'ayanl apporté de la
part de ladicle court de Parlement et du
s" d'Oraison les lettres que je vous envoyé,
suivant lesquelles ilz m'ont exposé leur créance
de la mesme substance portée èsdites lettres;
el loullefois j'espère, selon la prévoyance que
j'en ay eue et l'ordre auquel j'ay commencé
à acheminer les choses, que Dieu me fera la
grâce que les ungz el les aultres obéyronl à
' Beaucaire.
- Sans doute Aiibais, vieux château et baronnie, à
égale distance enlic .Montpellier et Nîmes (18 kilo-
mètres), qui appartenait alors à Henri du Faur, fils de
Micliel du Faur, président au Parlement de Toulouse
de i5Gi à 1569. Henri du l'aur avait épousé Jacque-
line de Bouzainc, dame d'Aubais.
■■' Les barons et marquis d'Oraison sont originaires
de Provence; ils possédaient le château de Cadenet,
qui était leur principal domaine. Le lils aine s'appelait
le s' de Soleillas.
i8.
380
ce que je leur commanderay pour le bien de
vôstre service ; et affin qu'ils n'ayent aucunes
occasions de faire le contraire, j'ai oscript au
cardinal d'Armaignac qu'il ne laissast venir
vers moy personne qui n'eust charge du gé-
néral de l'ung ou de l'aultre party, ne voul-
lant que l'un ny l'aultre party estimast que
l'on me peust faire entendre à cachette aul-
cnne chose pour l'edyantaige des ungs au
désadvantaige des aultres. Je l'ay expressément
faict pour ce que l'on m'nvoit dict que la dame
de Garces s'advançoit d'clle-mesme pour me
venir trouver et que beaucoup du party de
son mary et de Vins estoient en Arles. Je cuide
que cela sera cause que la dame de Garces
et les aultres, qui eussent peu venir sans
charge et donner soubçon à ceuix de l'aultre
party, s'acheminant vers moy (après avoir en-
tendu que mon intention est, ainsy que je
leur ay par Vérac encoros depuis deux jours
mandé, que chacun poze les armes et puis
que je regarderay à faire faire justice aux
ungs et aux aultres), viendront avec plus de
résolution et que je découvriray plus aisément
leur volunlé, aiant cependant esté bien aize
que lesdicts Soleiilas et Ghasteauneuf, puis-
qu'ils avoient charge de la court de Parlement
et des Razatz, qui n'est qu un, soient veuus les
premiers avec charge; car quand je sauray
ce que les ungs et les aultres ont au cœur,
il me sera beaucoup plus aizé d'y remed-
dier.
Gependant la principale occasion pour la-
quelle je vous faiz ceste dépesche, après vous
avoir adverty de ce que dessus, c'est pour vous
prier comme je fais , pour beaucoup de consi-
dérations importans fort à vostre service, que
quand bien vous auriez disposé de toutte la
compaignyedufeu s'' de Montmorency, comme
j'ay entendu qu'avez faict, et si n'avez eu sou-
venance du sieur d'Oraison qui en estoit lieu-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
tenant, de voulloir contenter ledicl s'' d'Orai
son et luy donner la moicivé dicclle compai-
gnie; car aiant toujours bien servy, comme ila ,
et se présentans les occazions que vous veoyez
par deçà, c'est chose que devez faire, et luy
en envoyer les expéditions sans attendre qu'il
en parle, ny que l'on congnoisse que l'on le
vous ayt ramentu'; cela oblige toujours les
bons serviteurs à bien faire, et plustost donne-
roys-je une nouvelle compaignie à l'un deceulx
qu'auriez voullu grattiffier de celle du feu s'
de Montmorency.
J'oubliois vous dire que le conte de Gri-
gnan - et le s' de Montdragon ' sont venus au
devant de moy avec beaucoup de noblesse de
Provence, enclins au party du s'' de Garces;
j'av aussy trouvé la dame de Garces en ceste
ville, qui me laissent tous entendre que le
s'' de Garces, Vins et tous les aultres du
party obéyront à ce que je leur comman-
deray, et pour ceste occasion je me délibère
d'assembler demain au malin le cardinal
d'Armaignac, que j'ay pareillement trouvé
en ceste ville, les s" de Montmorency, Grand
Prieur, de Lanssac et de Foix, pour prendre
résolution de ce que je debvray faire, estant
en quelque opinion que le meilleur sera que
je renvoyé les s" de Soleiilas et de Ghas-
teauneuf devers la court- de Parlement de
Provence et les Razatz, et le conte de Gri-
gnan devers ceulx de l'aultre party, et leur
mander aux ungs et aux aultres bien expres-
sément qu'estant venuz pour mettre en paix
et repos le pais de- Provence, je n'y veulx
' Ramenlu , du vieux verbe ramentevoir, tr rappeler à
la mémoire , faire ressouvenir^.
" Louis- Adhémar de Monteil, comte de Grignau,
liaron d'Entrecasteaux , qui avait épousé , en iSôg, Isa-
belle de Pontevès.
' De la famille d'Albert, d'où sortaient les seigneurs
de Montdragon.
entrer que premièrement ils n'jiieut tous de
part ol d'aullrti pozé les armes, et en ce
faisant lève! le siège par les Hazalz de devant
le cliasteau de Trauc', et par le s'' de Garces
et ceulx de son parly, du tout cl librement
rendu S' Pol et le Puy es mains des proprié-
taires; car je pense bien qu'encorcs que je
leur ave aux ungs et aux aultrcs mandé ce
faire par Vérac, qu'ils ne le feront pas sitost,
si les dessusdicis ne vont chacun vers le party
où ils inclinent, leur faire bien expressément
entendre mon intention. Si je puis gaigner
cela sureulx, j'espère que Dieu me fera la
grâce que plus facilement et bientost je pa-
ciÛieray les choses par deçà. La Molle est ar-
rivé, qui dit que pour pourveoir promptement
au Dauphine' et en Pie'monf, il seroit besoing
que j'allasse, après avoir faict en Provence,
passer à Grenoble, et que les ungs et les
aultres y viendroient ou enverroient, et que
je pourrois aussy veoir Mons'' de Savoye : je
regarderay d"y faire tout le mieulx qui me
sera possible, pour le bien de vostrc service,
et vous advertirav journellement du succeds
de tout. Ce pendant je vous diray que j'avois
envoyé le s'" de Monlmorin, comme avez veu
par ma précédente dépesche , devers le conte
de Suze avec les bonnes lettres que avez pris
la peine de luy escripre, comme aussy ai-je
faict de ma part fort favorablement, ainsy que
verray par le double d'icelles que je vous en-
voyé, ensemble et la réponse qu'il m'y a faicte,
sur laquelle j'ay advisé de renvoyer son se-
crétaire, qui s'est trouvé icy, vers luy, pour
entendre les causes qu'il désire estre en la
déclaration (ju'il demande, affîn de les vous
pouveoir après envoyer, pour luy faire expé-
dier ladicle déclaration en la forme et ainsy
qu'il se trouvera raisonnable. Priant Dieu,
' Dans le manuscrit, on écrit toujours Tiane pour
Trans.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 381
Mons' mon fils, vous avoir en sa saincio et
digne garde.
Escript à Beaucaire, le sabuieily xxx'' jour
de mai 1679.
1579. — Mai'.
A«l. Bibl. ii.ll. , Fonds français, n° 3.i8i. t° l5.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE D'USÉS.
Ma cousine, vous avés envoyé ysi un bon
solisiteur que Bere, car quelos afayres que
je aye , yl me vient parler des vostres. Je ann
escrips au Roy; et le mareschal de Monmo-
rensis, yl fest cet qu'il peust ; et enn é ays-
cript à Tore que j'é veu et tous les huguenos
de Languedoc ; je suys si tormentée des que-
reles de Provense, que je n'é plus de cer-
velle que à me corouser. Et Dieu, qui m'eyde
tous jour, m'è lent favorysée, que je suys ve-
neu à bust ausi bien qu'en Guyenne; et n'i a
pas ysi faùlte de oyseaulx nuisans. Set avyés
encore de bons cheveaulx, y les ayment ausi
byen que ceulx qui vous peindre les vostres;
o reste fort jeans de bien et denset bien le
volte^. Je m'en vov den deus jours. Je ne se
cet en Daulphiné y seron myleur : si le pro-
verbe ayst véritable qu a la queue jeyst le
veleyn^, j'é grent peur que le troveré ynsin;
mes j'é tousjour mon espérense en Dieu , que
je prie vous conserver.
' La ilalo de fin mai 1379 est certaine. La reine
quitte le Languedoc et passe en Dauphine, où elle es-
père rétablir aussi la paix.
' Volte, ancienne danse d'origine italienne.
' itA la queue gît le venin». In cnuda veneuum. —
Catherine ne pouvait citer le proverbe plus à propos;
c'est dans celte seconde partie de son voyage qu'elle va
trouver les plus grandes diflicultés.
382 LETTRES DE CATH
1579. • — 1*"' juin.
Copie. Bibl. nal., Fouils fiançais, n-SSig, f" 55 v" '.
[AL ROY MONSIEUR MON FILS.]
Mons'' mon fiis, depuis mon autre lettre
escripte et suivant la résolution que j'ay prise
avec les s" de vostre Conseil qui sont icy, j'ay
oy et les ungs et les autres de Provence parti-
cuHièrement, et entendu d'eulx leurs raisons,
auxquelles touttefois je leur ay dëclaire' que
ne donnerois aucune response et satislactioa ,
ny n'entrerois dans ledit pays, jusques ad ce
qu'ils eussent tous d'une part et d'autre pozé
les armes et licenlie' tous leurs gens de guerre
et faict partir tous les estrangers des provinces
circonvoisioes hors du pais, et pareillement
qu'ilz n'eussent mis et restitue' toutes les places ,
chasteaux et villes es maius des propiie'taircs :
ce que les ungs et les autres m'ont donne'
bonne espérance de faire faire, et pour cest
effect ils se sont tous accorde's de partir ce
matin et d'aller la plusparl ensemble, iissa-
voir la dame de Garces, le conte de Grignan,
le s"' de Merargues et de Gliasteauneuf acces-
seur, pour faire entendre ce que dessus au s''
de Garces, affin de faire pozer les armes par
Vins et autres estans avec luy, et le s'' de So-
leillas, Ghasleauneuf , le Roux, La Molle, delà
Forest, consul de S' Paul, Ralamier, viguier de
Lorgnes, et Pena, consul de Fi'ejulz, tous de'-
puttés des Razatz, ensemble les s" de Senas el
de Ghasleauneuf qui ont bonne part avec eulx,
affin de persuader les Razats à ce que dessus
et à obéir à une déclaration et ordonnance
que j'envoye publier partout, dont le double
sera enclos en ce pacquet, du contenu de la-
quelle ils sont tous comme d'accord, espérant
que dimanche prochain, vu'' de ce mois, ils
' En tête : nEnvoyée au Roy par le S' de \ elizon.^
ERL^E DE MEDICIS.
poseront tous les armes de part et d'autre,
rendront les places, chasteaux, villes et lieux
qu'ils occupent es mains des propriétaires et
au demeurant satisferont et suivront le con-
tenu de madicte ordonnance et publication;
mais afin que cela soit bien conduit et effectué,
oullre tous les dessusdits auquelz j'ay bien
laict entendre mon intention, j'envoye avec
eulx le s' de Monlmorin avec toutes les lettres
que vous avez escriples par luy, et d'autres
bien expresses que j'escrips aussy pour les
accompaigner, y envoyant pareillement l'abbé
Gadaigue, ausqucls j'ay baillé de fort amples
instructions, afin que les ungs et les autres
posent les armes, et obéyssent au contenu de
madicte déclaration et publication, espérant
que Dieu me fera la grâce que cela sera suivy
de tous, et me délibérant de ne partyr d'icy
que je ne le voye effectué. Il m'a semblé
aussy estre l'opinion des s" qui sont icy au-
près de moy que j'en devois ainsy user, et si
les ungs et les autres me veullent croire, j'es-
time qu'ils seront tous bientost à repos. Je
croy bien qu'il faudra (aussy en ai-je desjà
senti quelque chose) faire servir le pardon
général qu'avez envoyé, ou en faire encores
ung autre pour servir jusques au jour qu'ils
poseront les armes ; mais il faut excepter par
icelluy (et chacun aussy y consent) les violences
et forcemens de femmes et de filles, et autres
cas exécrables qu'il n'est raisonnable de par-
donner. Quand les armes seront posées et les
gens de guerre séparés et retirés, j'entreray
en ladicte province et advcrlii-ay les ungs et
les autres du lieu où ils auront à me venir
trouver pour adviser à tout ce qui sera néces-
saire. Priant Dieu, Mons' mon fils, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
EscripI à Reaucaire , le premier jour de juin
1679.
LKTTRES DE CATHE
1579. — a juin.
Aut. Bibl.uat. , FonJs français , n^ioa/io, f* 57.
A MOM COUSIN
LE DUC DE NEMOURS.
Mon cousin, le sieur de Nenson vous con-
leré de nos nouvelles, pour y avcp lontemps
qu'il et avcque nioy, qui ceré cause que ne
vous faré la présanle longue, et ceulcment
vous dyré que, estent arive'e en cete vylle de
Beauqueyre, tous les Provenceaulx me sont
veneu trover, que je trove de si bonne volonté
de haube'yr au comendemenf du Roy. que j'es-
père qu'il ne m'arèteron guère, cl que bien lost
je aurë cet contentement de me revoyr auprès
du Roy mon fils, que je désire ynfiniment; et
me sanble pour moy que c'est la meilleure no-
velle que puys mender à niesamys, dont, mon
cousin, m'avez tousjours fayst parestre aystrc
dé mvleur ' ; et enn atendent que je ave cet
bien, je prve Dieu qu'y vous veuille conserver.
De Beauqueyre, cet 11°"° de jouin 1079.
Vostre bonne cousine,
Caterin'e.
1579. — a juin.
Aul. Bihl. nat., Fonds français, u' SSaS . f Si.
A MON COnSIN
MONSIEUR LE DUC DE NEVERS.
Mon cousin, je n'é voleu que Vctison s'an
sovt retourné san vous fayre cet mot et vous
dire coment. Dieu mersis, je suys hors de la
Guienne et deu Lenguedoc, ayent lésay cet'^
' Dé niyleur, des meilleurs.
' Aymt lésay <-el, ayant laissé ces.
RINE DE MÉDICIS. 38S
deux provinsc en pays et repos et en l'antière
aubéysansc deu Roy mon fils, de quoy je
loue Dieu m'avoyr fest la grase de lui avoyr
fest cet servise et set bien au Royaume, et
ayspère quele l'y demeureront, car ceuk qui
coniendes en (îuienne me l'ont ynsin promis
et aseuré, come ausy yle peuvcst ' aysénient
fayre; et de Languedoc, je y voys si disposé
couK qui comendet, que, je m'aseure, le Roy
enn aurè contentement. Je suys é st ourc- en la
Provence, encore que je sois à Bo(juayre, quy
est du Lenguedoc, car tout les Provinseaulx
sont yci veneus, quy m'onst tous proniys de
haubévr à tout ce que pour le servysc du Roy
leur pomenderé, qui me fest ayspérer que
Dieu me fayré la grase de m'en retourner
aveques cet contentement de avoyr m\s la pais
partout au je auré pasé, et l'auctorité et bau-
béisanse due au Roy mon fils. Ausi cela fest,
je ne veulx plus que jouyr du bien et conten-
tement de voyr le Roy mon fils et son frère
unis, come l'on m'aseure qu'il sont, et prier
Dieu et fayre bonne chère, san aultre susi,
aveques heulx et la Royne ma fylle, que, s'il
piest à Dyeu liiy donner un enfant bientost,
c'èt toust cet que je désire pour mouryr la
plus contente et heureuse prinsese quy feut
jeamès, et ne puys après plus souysté^ sinon
qu'il plesey à Dieu donner au Roy bonne
et longue vie et des enfans, et aussy cet que
je luy suplye vous conserver en sa grase.
Cet II"" de jouyn 1 579.
De Beauqueyre.
' Ylepeiivest, ils le pouvaient.
' A »( eure, à cette heure.
' Souyalé, souhaiter.
APPE>D1CE.
PIECES JUSTIFICATIVES.
MOItr DE L\ KILLE DE CHARLES I\ '. — EXVOI D'UN AMBASSADEUR EXTRAORDINAIRE.
MEMOIRE ET INSTRUCTION DE CE QUE LE S"' DE MONTMORI.N, PREMIER ESCUTTER DE LA ROYNE ,
\UR\ \ FAIRE ALLANT DE hK PART DU ROY ET DE LV ROYNE SA MERE TROUVER L'EMPEREUR,
L'IMPÉRATRIX SA MERE ET LA ROYNE ELIZABETH, DOUAIRIERE DE FRANCE, POUR SE CONDOULOIR
AVEC EULZ, DE LA PART DE LEURS MAJESTEZ , SUR LE TRESPAS DE FEUE MADAME MARIK-
ÉLIZABETH DE FRANCE, LEUR PETITE-FILLE ET NIEPCE '".
Ledict s'' de Montmorin présentera parti-
culièrement à chacun desdils S"" empereur,
daines impéralrix et royne douairière, les
lettres que leursdictes Majestez leur escripvent
ensemble leurs affectueuses recommandations
à leurs bonnes grâces, et leur dira qu'ayant
pieu à Dieu appelei' à luy et l'aire sa volonté
de feue madicte dame, leursdictes Majestez
' Bibl. nal.. Fonds français n" 33o'i , f 66 v", copie.
- Maiie-Élisabelh de France était née à Paris le 37 octobre 157a; elle monriil également à Paris, le mercredi
a avril 1378, et fut enterrée à Saint-Denis. On ne dit point par quelle maladie elle fut enlevée si jeune. Son caractère
semblait, comme celui de son père, être un peu irascible et opiniâtre; mais elle montrait de la gentillesse et de la bonté.
Elle avait pour gouvernante M°" de Crissé, parente de Brantôme : sa résidence était i'hotel d'Anjou. Sa mère, Elisa-
beth d'Autriche, seconde tille de l'empereur Maximiiien II, l'avait abandonnée le 6 décembre 157.5. pour se retirer
à Vienne; on ne voit pas qu'elle se soit depuis beaucoup inquiété de sa santé. Aussi ,1a mission assez tardive de M. de Mont-
morin semble-t-elle toute de convenance. L'ambassadeur emportait des lettres de Henri 111 pour l'Empereur, l'Impé-
ratrice mère, la Reine douairière de France et Messieurs les archiducs d'Autriche. Représentant aussi la Reine mère,
il devait avoir des lettres signées d'elle; mais nous ne les avons pas retrouvées, et la Correspondance de Catherine de
Médicis ne fait aucune mention de ces documents.
Catherine de Mkdicis. — vi.
ig
IMPmUCniC 5ATI0?tlLE.
386
LETTRES DE CATHERIINE DE MEDICIS.
pour i'extresme regret, dueil el de'plaisir
quelles en ont porté et portent, elles ont
expresse'ment dépesclie' ledict s' de Moutmorin
pour s'en condoloir avec eulx pour la parli-
cipation qu'ilz ont en ceste perte, laquelle
elles s'asseurent leur avoir causé beaucoup
d'affliction.
Que ce qu'a creu et croist Tennuy qu'en
sentent leursdictes Majestez, oultre la consi-
dération de la consanguinité, ce sont les
grandes et rares vertuz qu'elles ont congneues
en iadicte feue princesse, laquelle estant en-
cores en fort bas aage lorqu'elle est décédée,
a néantmoins monstre qu'elle avoit l'entende-
ment fortmeur et l'ame bien née, tenant plu-
sieurs louables propos dignes d'une grande
princesse, promectant beaucoup d'elle, s'il
eust pieu à Dieu la laisser croistre davan-
tage.
Mais puisque ce n'a pas esté son plaisir
qu'elle ayt laid plus long séjour icy bas et
que l'on ne peult aller à l'enconlre de ses di-
vines ordonnances, c'est ausdicts S'' empe-
reur et dame impératrixe et royne douairière
et pareillement à leursdictes Majestez de
porter vertueusement cest accident commun
à tous.
Et après que ledit s' de Moutmorin se sera
estendu sur telz ou semblables propos les plus
honestes qu'il pourra, comme de luv-mèsmes
discourir sur l'honorable pompe et cérémonie
funèbre que l'on a faicte à Iadicte feue prin-
cesse, comme ik le peuvent avoir jà entendu,
il leur dira aussy que leursdictes Majestez
seront très aizes d'entendre par luy l'estat de
leur bonne sauté et disposition el que ce sont
les plus agréables nouvelles qu'il leur sçau-
roit apporter, les asseurant que si jamais leurs-
dictes Majestez leur ont esté bons amys et alliez,
ilz le veulent demeurer à jamais fermes et per-
sévérer avec eulx en toute bonne et parfaicte
amytié, alliance et intelligence, comme aussy
se promecteut-elles le réciprocque desdicts S'
empereur, impéralrix et royne douairière.
Et n'obmectra icelluy s'' de Montmorin de
faire pareilz offices envers lesdicts S' empe-
reur, dames impéralrix et royne Elizabeth,
douairière de France, de la part de la Royne
qui a receu aultant d'ennuy de la mort de
feue madicte dame et en porte pareil regret
que si c'estoit sa propre fille.
Si messeigneurs les archiducz d'Autriche,
frères dudict S' empereur, sont en sa court,
ledict s' de Montmorin fera semblable office
envers eulx.
Faict à Paris, le premier jour de juin lôyS.
II
LETTRE DE HENRI III À M. DE VILLEROY
Saint-Germain-en-Layc , 2 juillet 1678.
Mons'^ de Villeroy, aiiu que mon frère le
duc d'Anjou cognoisse comme il n'y a rien
que je désire tant que sa grandeur et avance-
ment, et que le conseil que je luy donne de
se despartir de i'entreprinse de Flandres est ,
comme il apercevra bientost s'il me veiil
' Voir la note de la page ag. — Cette lettre, sans indication de provenance, se trouvait dans les papiers de M. de
La Ferrièro, qui l'aura sans doute tirée des manuscrits de la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg. Henri 111 entretint
longtemps avec Villeroy un commerce de grande intimité : il semble n'avoir pas eu de secrets pour lui. Fréquemment
LKTTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
387
croire, pour son bien ot contentement, nous
avons, la Rovuc ma niî'ie et nioy, advisé de
mettre en avant une ouverture dont il fut ad-
visé' (pre'seni l'évesque de Meude) dernière-
menl qu'elle estoit à Bourjjeuil. A cette cause
vous communicquerez à l'évesque de Mende
cette lettre pour la<|uelle je vous diray que,
pour faire paroistre à mon frère toute la bonne
volonté que j'ay envers luy, pour ce aussy
qu'il se monstre envers moy comme il doibt ,
j'aurav très agréable de luy bailler de cette
heure, au lieu de ÎMantes, Meuian, Pontoise,
Meaux, Cbasteau-Tbierry, Montereau, ^lont-
fort, et les aultres terres qu'il a autour de
Paris, le niar<]uisat de Saluées, et ferons, luy
et moy, envers N. S. le Pape tout ce qui sera
possible à ce qu'il lui de'Iaisse Avignon et le
Contât, afin qu'il puisse avoir tout ensemble
de ce coste' là uug bon et bel Estai, de grande
estendcue et qui seroil fort honorable, en in-
tention aussv de l'accroistre par le moyen du
inariaige d'une de mes niepces, fille du roy
d'Espaigne, pour laquelle il feroit aussy tout
ce qui seroit possible afin de tascher à a' par-
venir, et. s'il ne se pouvoit rien faire de ce
costélà, nous regarderons de parvenir à celuy
de la princesse de Mantoue, et que, en ce
faisant, on fîst que le duc de Mantoue lui
baillast le marquisat de Montfenat. qui est
joignant celuy de Salaces, qui seroit par ce
moyen à mon frère une grande occasion de
s'establir fort bien en ces pays là et le chemin
de l'Italie, pour y avoir une bonne et grande
espérance, en quoy je l'assisleray tousjours
de tout mon pouvoir, quand j'en auray les
moyens, non seulement en cela, mais aussy
en toutes aultres occasions, quand je vorray
que ce sera pour sa grandeur et advance-
ment, le priant le croire aiusy, et considérer
que m'estant ce qu'il est, frère unique et
comme lilz, je feiay tousjours pour luy non
seulement pour le voir allié en quel(|ue gi'and
lieu, mais aussy en ses bonnes entreprises,
tout ce que je doibs, sans y rien espargner.
Vous luy remettrez aussy debvant les yeux
que, advenant le décès du Roy catoliciiue,
qui est maladif et desjà âgé, soit que le nin-
riaige avec une de ses filles se fistou non, que,
estant mon frère estably de ce costé là, il y
aura fort grand moyen et belle occasion d'y
faire ses affaires, tie qui fait que la Royne ma
mère et moy avons pensé à cela, est pour ce
qu'il semble, par la dernière despesche que
nous avons eue d'Angleterre, et dont vous avez
porté la lettre qu'en oscript le s'' de Mauvis-
sière à mon frère, que la royne d'Angleterre
veuille tirer le mariaigc délie et de luy à la
longue , et s'en servir de l'occasion seulement
et sans aultre effect : touttefois direz à mon
frère que, pour voir plus clair à son intention ,
nous faisons une despesche au s' de Mauvis-
sière afin qu'il die au C(mte, qui est celuy qui
a recommencé le propos du mariaige et qui a
principalement conduict cette négociation, (jue
nous désirons d'ensçavoii' la résolution i[uinze
jours après qu'il aura receu nostre despesche,
de sorte qu'il ne se perde aulcun temps, et
que nous fassions pour mon frère en cecy et
en toute aultre chose ("e qui sera pour sa gran-
deur, comme derechef je vous prie l'asseurer
il lui écrivait de sa main, sur lus moindres incidents de cliaque jour, de petits billnts malheureusement sans date.
Il mettait dans cette correspondance particulière son esprit lin, soupronnenx, avec une pointe de méchancelé très
marquée. La Bibliothèque nationale en possède tout un volume fort curieut, le n° 3385 du fonds français, qui fai-
sait partie de la collection Béthune. Il y en a plus encore à Saint-Pétersbonrj;; la copie de ces précieux autographes
lait partie des r.Nouvelles acquLsilionsn de noire grand dépol el comprend quatre volumes, sous les n"' N. Arq. l'r.
lilii-t Ah-j, provenant des missions confiées à M. Gustave Bertrand.
'<[).
388 I.KTTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS
(le ma pail cl de relie de la Hoyue madame
ma mèip. Je prie Dieu, i\Ions''de Villeroy, vous
avoir en sa saincte |;aide.
Esnipf à SaincI 'ieiinain-ou-Lave.le irjour
de juillet i 578.
Depuis cette iellic, j'av pensé f(uo faisant
les ou\eitures cy-dessus à mon fri're, il sera
bon ([ue vous et Mons' de Mende jny parliez
auss\ de son mariai{[e avec la princesse de
\avaire, et l'asseuriez (|ue, aussytost que nous
S(;auions son intention pour celuy-là ou pour
aultres, en ferons-nous faire les ouvertures.
et, quand il voudra, en escri|Mons au ro\ de
Na\ arre , qui , je pense , sera bien content , ou lli-e
les droits et ce qui appartient à la princesse,
de lui quitter en mariaiire les pn-tentions et
droictz cju'il a au royaulnie d'Arajjon. Vous
direz aussy à mon fière, de la paitde la Royne
nostrc mère et di' ino\. que je suis dadvis
quil dcspescbe le plus tost qu'il pourra le gea-
tilliomine qu'il a délibeié d'en\oyer devers la
royne d'Angleterre, et que, le faisant passer
par où nous serons la Royne ma mère et moy,
nous cscriprons aussv par hiv selon son in-
tention.
III
MtTic.i.Ks \c.(:oKni:z "\ i,\ hédlle e\trk ia iio>\k vièise nu uo> et le imiy de wvvhre
Ln ili'dli', .") ocldlii-e iri78.
l'our parvenirà l'enlière exiTulion de l'édict
de pacilllcalion a esti' advisè ce qui sensuict :
PREMIÈRKMK.M' :
(juc Idutrs innovations faictes de part et
d'anlri' depuis Icdict édici de pacifficalion se-
ront n'parées; pour cesl effet, en premier
lieu, .-era mis hors la garnison (|ui est de pre'-
sent à Agen ; pour ce , ([u'après ladicte garnison
mise audit A|[en, le roy de Navarre auroitmis
nouvelle garnison en la \ille de Lectouro,
ladicte nouvelle garnison de Lecloure sera
aussi à l'instant ostèe. et lesdictes deuz villes
d'Agen el de Lectourc remises eu tel estât
(ju'elles esloieul lors (pie IWlict y a est('
e\('>cut(''.
l'.t. ce fait, sera procedd(î incontinent et à
mesme temps à la réparation de toutes les
autres innovations, comme aussi au surplus
de ce (|ui reste pour l'exécution entière dudit
édict.
Pour satisfaire à ce que dessus, le roy de
Navarre envolera ung gentilhomme des siens
audit Agen. (pii assistera èi ladicte exécution, el
la Royne, nii're du roy, envoira aussi ung gen-
tilliomme pour mesme elfect en la ville de
Lecloure.
l'jt pour le surplus des autres innovations,
sera incontinent apri'S dépesché de jiaTt el
d'autre des genlilhnmnies par tous les lieux
ou besoing sera poui' cest elfect, auxquelz se-
ront bailh's mémoire> el instructions con-
joincleinent; mesmes pour faire deflenses de
ne ne plus contrevenir audit (^'dict sur les
pevnes contenues en icidinv édicI . el auront
lesdits gentilshommes ciiaige de iaire di'livrer
' Co|iie liibl. nat., 1'"oik1s français, n° 33oo, (" Uo \". — Voir, pdiir crlic pioci^ el ii'S qiinlre siii\aiilrs. Irs Ictlres
(le la reine mère des 2 et 5 orlobre 1078, el la note \>. (Ui.
LKTTRES DE CATI
librement et franchement tous prisonniers
sans paier aucune rausun.
Va alïin défaire jjénrrnllt'nu'iit cl diliijjem-
ment proce'der à la continuation de l'entière
et parfaicte exe'cution dudil édici, ledit s' ro\
de Xavarre se trouvera à l'Isle-en-Jourdan
avec la Royne sa mère dedans le xV de ce
présent mois, pour nommer et députer de
part et d'autre personnaiges de qualité et auc-
lorité pour aller ensemblemcnt faire exécuter
es provinces de deçà ledit édict selon les mé-
moires et instructions qui leurs en seront
baillés par icelle dame Royne et ledit s'' roy
de .\avarre.
Faicl à la RéoUe, le diinauche \'^ jour d'oc-
tobre. .
La Royne mère du Roy, promectant et asseu-
rant que le Roy aura très agréable ce qu'elle
fera par deçà et ailleurs pour ses affaires, et
le roy de Navarre, tant pour luy que pour ceulz
de la RcUigion prétendue réformée, ont ac-
cordé ce que dessus et ont promis de le faire
exécuter, chacun en son regard, de poinct en
|)oinct selon qu'il est cy dessus déclairé; et
ad ce estoient présentz la royne de Navarre,
Messeigneurs le cardinal de Rourbon, duc de
Moutpensier et prince Daulphin, Mess" de
Valence, de Foix, de Laussac, d'Escars, de
Saihct-Suplice, de Piebrac et de La Mothe-
Fénelon, conseillers au privé conseil du Roy,
et les s" viconte de Tourenne, de Guitery, de
Gratin, rhancellier, de Lezignan et de Ségur,
estans auprès dudit s"^ roy de Navarre, ledit
jour, etc.
HERIiNL DE MÉDICIS. IW.)
Ce sont les noms des [)ersonnes choisies
tant de la part du Roy que du roy de Navarre
pour restablir ce qui a esté innovi' à l'exécu-
tion de l'édict de pacillication es costez de
deçà.
PRKMIKREMENT :
Mons' It; marcschal de Riron fera oster la
garnison (|ui est à Agen par celluy qu'il ad-
visera;
Mons"^ de Lezignan y ira de la part du roy
de Navarre pour y assister.
Au mesme temps et instant le roy de Na-
varre fera oster la garnison de Lectoure par
Mons'' de Cornay ';
Et Mons'' de Fontenilles ira de la part du
Roy pour voir ce faire et y assister;
Et seront les soldatz desdites garnisons
d'Agen et de Lectoure soudain licentiez et
iceulx renvoyez en leurs maisons, ou séparez,
sans qu'ilz soient à aucune charge, l'ouUe, ny
oppression au peuple.
Et pour satisfaire à l'exécution du second
article de ce qui a esté accordé, seront députez
assavoir : en Quercv, de la part du Ro\ le s'' de
Vezins, seneschal de Quercy, auquel sera es-
cript, et pour le roy de Navarre le viconte de
Gourdon'-, auquel il escripvera aussi;
En Rouergue, le s' do Quélus-', seneschal,
pour le Roy, et le s'' de Rrocquiers\ pour le roy
de Navarre;
Eu Périgor, pour le Roy le s'' de Rourdeille,
seneschal, en son absence Mons' de Caulx,
cy-devant lieutenant du s'' de Rourdeille, et
pour le roy de Navarre le s'^ de S'-Orens;
Voir 1.1 lettre qui lui esl
' C'est sans doute le sieur de Corné, gcnlilliomme de la maison dn roi de Navarre,
adressée le la octobre lâyS de Nérac, l.ellres missives de Henry II, t. VIII, p. lal.
^ Antoine, Ticomte de Gourdon et de (iaiflier, seigneur de Cenevières en Quercy, chevalier de l'Ordre.
' Antoine de Lévis, baron de Quélus, conseiller du Roi, capitaine de cinquanlc Imnnni's d'armes, père du laineux
favori de Henri III.
' Les Combrct étaient seigneurs de Broquiez , en Rouergue.
390
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
En Bouidelais, pour le Roy, Mons' de Mer-
ville, grand séneschal, et de la part du roy
de Navarre, le s'' de la Salle de Raphaël;
En Agenois, pour le Roy, le s' de Bajaumonl,
séneschal, et pour le roy de Navarre, le s' de
Pujols ' ;
En Armaignac et rivière Verdun-, le mares-
chal de Biron, le s' de Foutenilles pour le Roy
ou tel autre s'' qui sera advise' avec luy, et
pour le roy de Navarre, le s"' de Cornay, desjà
ordonné pour aller à Lectoure;
Aux. landes de Bourdeaulx, pour le Roy
Mons' de Poyanne^, et de la part du roy de Na-
varre Mous'' de Vallier;
En Lymozin , pour le Roy Mons"^ de Busset*,
celiuy qui sera advisé avec Mons"^ le niares-
ehal lie Biron, et de la part du roy de Na-
varre, Mons' de Rochefort;
En Xainctonge, pour le Roy Mons"' d'Es-
coyeux'', et de la part du roy de Navarre Mons"'
de Moniguion'';
En Poictou , Mons'' le mareschal de Cessé, et
de la part du roy de Navarre Mons'' de Verac;
En Augoulmois, Mons' de Ruffec", et de la
part du roy de Navarre Mons' de Nanteuil^;
En Foix, pour le Roy Mons' de Pailletz , et
de la part du roy de Navarre Mons'' de So-
leil;
Eu Albigeois, Mons' de Cornusson, séneschal
et de la part du roy de Navarre le vicomte de
Paulin ;
Es contez de Lauraguais et de Carmain'-',
diocèzes de Sainct-Papoul et de Lavaur, pour
le Roy, Mons' de la Croizette '" , et de la part
du roy de Navarre Mons' de Montbartier le
père;
En la sénéchaussée de Carcassonne, pour
le Roy Mons' de Mirepoix", séneschal, et
de la part du roy de Navarre Mons' de la
Gaze 1'- ;
Es diocèzes de" Narbonne, Nismes, Mont-
pellier et Uzès, pour le Roy, Mons'' de Rieux,
gouverneur de Narbonne et pour le roy de
Navarre Mons' de Gremain '■* ;
Pour le Hault-Auvergne, pour le Roy Mon-
sieur le marquis de Ganillac^', pour le roy de
Navarre le viconle Lavedan'^:
Pour le Bas-Auvergne, pour le Roy Mon-
sieur de Sainct-Heran , pour le roy de Navan-e
Mons' de Chavaignac^''.
' Aiiiaiicl du l'aui-, s' de Pujols en Agenois, gentUhoiiime de la chambre du roi de Navarre.
- Veidun, dans le pays de Gaurc en Armagnac, aujourd'hui canton des Cabannes, Ariège.
' Les Bavleiis, s" de Poyanne, étaient d'une ancienne maison de Béarn.
'' Claude de Busset, fils de Philippe de Bourbon, gouverneur du Limousin.
* Léon de Polignac, seigneur d'Escoyeux, chevalier de l'Ordre, gouverneur de Saintes et de Sainl-Jean-d'Angély.
» Sans doute un La Rochefoucauld, s' de Moutguyon, fils de Louis, le chef des protestants de i'Angoumois.
■' Philippe de Volvire, marquis de Ruffec, s' de Sainl-Brice, chevalier de l'Ordre, gouverneur de I'Angoumois.
« Probablement Gaspard de Schomberg, comte de Nanteuil, ami particulier du roi de Navarre.
' Carmain, château avec litre de comté dans le pays de Foix.
'" Jean de Nodal, seigneur de la Croizette, lieutenant du maréchal de Damville.
" Jean de Lévis, seigneur de Miiepoix, baron de la Garde et de Montségur, sénéchal de Carcassomie et de Béziers.
'- Sans doute un fils d'Antoine de (jliàlou, seigneur de La Case, doul la sœur Marie avait épousé le vicomte de La-
vedan , filleul du roi de Navarre.
'■^ Probablement Gaspard de Coursac, seigneur de Gremian.
" Canillac était gouverneur de la Haute-Auvergne.
'^ Anne de Bourbon, vicomte do Lavedan.
"> Cluistophe de Chavagnac, gouverneur d'issoire, qui soutint vaillamment, eu 1677, le siège do cette ville oonlie
le ducd'Alençon.
LETTRES DE CATHEHIiNE DE MEDIGIS.
;$'.)!
IV
LETTKE MISSIVE ENVOYÉE À TOUS LES lUIl.L^Z ET SÉNESCHAULS
7 octobre 1078.
Mous'' le sp'ncsrlial , saicliiuil 1res bien que
le Roy monsieur mon liiz n'a rien en plus
grand de'sir que de voir tous ses peuples et
subjectz en repos et son édict de paciffication
bien estably en toutes les provinces de son
royaume, entre lesquelles estimant que ia
Guienue et ces provinces de deçà sont les plus
importantes, pour ceste occasion , avec le de'sir
que j'ay tousjours eu de veoir le roy et la
rojue .de Navarre mes enfans ensemble, j'ay,
sans avoir esgard à mou vieil aage et l'incom-
modité du temps et longueur du chemin,
mais pour Taniour maternelle que j'ay aus-
dits seigneurs roy et royne mes enfans, joincfe
à la grande affection que je porte au bien et
grandeur de ce royaume, pour l'obligation et
parl'aicle amour qu'aussy je resens y avoir,
j'ay bien voullu,par le consentement d'icelluy
seigneur i\oy monsieur mon filz, vostre sou-
verain seigneur, l'aire ce voiage en ce pais de
Guiennc, masscurant que tous ses ptsuples et
subjectz de deçà, considcTanl la vraye bonté
et affection en leur endroict et l'extresme de'sir
qu'il a de les conserver et maintenir en paix,
repos et union, les amènera et réduira non
seulement en l'entière obéyssance qui luy est
deue, mais aussi eu toute parfaicte paix et
union les ungs avec les autres, selon son
édict de paciffication, et que chacun se ran-
gera à l'exécution et establissement d'icelluy,
suivant son intention et de mondict filz le roy
de Navarre, que j'ay aussy trouvé, à l'eiiibou-
chemeut que j'ay ce jourd'huy eu avec luy eu
la ville de la Héolle, bien disposé, très affec-
tionné et du tout conl'ormé à l'intention du
Roy monsieur mon lilz, vostre souverain sei-
gneur, et de moy au bien de la paix, comme
estant le plus grand de tous les désirs de
mondict filz le roy de Navarre, ainsi qu'il
m'a déclairé et asseuré de la veoir bien esta-
blye et, pour l'exécution desquelles bonnes et
saincles intentions conformes audict édict de
paciffication, nous avons résolu et arresté,
mondict filz le roy de Navarre et moy, par
l'advis des princes du sang et seigneurs du
conseil privé de mondict Seigneur et fil/., vos-
Iredict souverain seigneur, qui sont lez nous,
que vous ferez publier à son de trom|)e par
tout vostre ressort et lieux accoustumez à faire
criz publicqz, l'observation dudict édict de
pacifficalion, avec deffencesà toutes personnes
de quelque qualité et condition qu'elles soient
de ne s'entrenuire ny offenser, tenir les
champs, prendre prisonniers, ny faire ausires
actes d'hostilité, ains vivre en paix, repos et
union les ungs avec les autres sur peyne de
crime capital et d'esfre pugnis comme iufrac-
teurs de la paix qu'il a pieu à Dieu nous
donner et perturbateurs du repos pul)lic(| :
vous mandant et ordonnant, suivant le |)()u-
voir à moy donné par le roy mondit S' et
filz, vostre souverain seigneur, et à tous autres
ses officiers justiciers et subjectz de quelque
qualité et condition qu'ilz soient, de garder et
observer curieusemeul le contenu cy dessus;
et, oultre que c'est vostre devoir et le denb de
Copie. Bibl. nat.. Fonds français, n° 33oo, (* 53 v°.
392
LETTRES DE CATHERIiNE DE MEDICIS.
vostre office, vous ferez service très agréable
au Roy mondit S'' et fiiz, vostre souverain sei-
gneur, et à moy qui prie Dieu vous avoir eu sa
saincte et digne garde.
Escript à la RéoUe, le vii° jour d'octobre
1678.
[Caterine. ]
INSTRUCTION ENVOYEE A CHACUN DES SEIGNEURS CY-DEVA^T NOMMEZ
POUR ALLER FAIRE EXECUTER L'EDICT ^
8 octobre 1.578.
La Royne mère du Roy, sachant et congnois-
sant très bien que le plus grand désir dudit
S'' roy son fliz a tousjours esté et est de veoir
tous ses peuples et subjectz en repos et son
édict de paciffication bien eslably en toutes
les provinces de son royaume, entre lesquelles
ladicte dame Royne mère du Roy a estimé
que la Guienne et les autres provinces de deçà
estoient les plus impoitantes, pour ceste oc-
casion, avec le bon désir quelle a aussy tous-
jours eu de veoir ie roy et la royne de Na-
varre ses enfants ensemble; icelle dame, sans
avoir esgard à son aagc, à l'incommodité du
temps et la longueur du chemin , mais pour
l'amour maternelle qu elle a ausdits s" roy et
royne ses enfans, jointe à la grande affection
qu'elle porte au bien et grandeur de ce
royaume, pour l'obligation et parfaicte amour
qu'aussy elle y a, a voulu, par le consente-
ment d'iceiluy S' Roy son filz, faire ce voiage
en Guienne, s'asseurant que tous les peuples
et subjectz de deçà, considérant la vraye bonté
et affection de leur Roy en leur endroict et
l'extresme désir (|u'il a de les conserver et
maintenir en paiv, repos et union avec le
orand zelle conjoinct à ceste bonne et saincte
intention de ladicte dame Royne sa mère, les
amènera et réduira tous de l'une et de l'autre
religion, non seuUement en son entière obéys-
sance, comme ilz doivent, mais aussy en
toute parfaicte paix et union les ungs avec les
autres, selon sondit édict de paciffication, et
que chascun se conformera et rangera à l'exé-
cution et establissement d'icelle en suivant
les bonnes et sainctes intentions de leuisdictes
Majestés, et celle dudit s' roy de Navarre, que
icelle dame Royne mère du Roy a trouvé, en
l'embouchement qu'elle a eu avecq luy en la
ville de la Réoile, bien disposé, très affec-
tionné et tout conformé à l'intention de leurs-
dictes Majestés et au bien de la paix, comme
estant aussy le plus grand de tous ses désirs
de la veoir bien establye.
Et pour l'exécution descjuellcs bonnes et
sainctes intentions conformes audit édict de
paciffication , ladicte dame Royne mère du Roy,
ayant tout pouvoir dudit S'' Roy notre souverain
seigneur, son fdz, a de sa part commis, 01-
donné et député le s"' de Bourdeille. Et ledit
s'' roy de Navarre, tant pour luy que pour ceulz
de la Religion prétendue reformée, et comme
gouverneur lieutenant général du Roy en ce
païs de Guienne, a aussy commis et député
le S'' de Sainct-Oreins'- ])our et avec ledit S' dé
' Copie. Bibl. iiat., Foiid< français, 11° 33oo, P .j'i v".
' Celte tr instruction') s'appliquait au Périgord : il y en avait d'identiques pour les autres provinces
LETTRES DE CATH
Boui'deilles incontineul ot (•oiijoiiirU'inent faire
ce qui sera cy après de'oiiiirt; afin do vacquer
et pourvcoir non seiilioiiicnt à ce (jui a eslé
iuterroiujju, innové ou fait au préjudice du-
dit édict de pacilficalion, mais aussy pour toul
ce qui esl requis et nécessaire à l'exécution et
eslablissemenl d'icelhiy es places et lieux oc-
cupez depuis ledit édict.
PREMIÈREMENT.
Feront publier à son de trompe et cry pu-
blic l'observation de l'édict de paciiiication avec
doffenses à toutes personnes, de quelle qual-
iité et condition qu'elles soient, de ne s'eu-
trenuire, ny offenser, tenir les cliamps, prendre
prisonniers, ny faire autres actes d'hostilité,
ains vivre en paix, repos et union les ungs
avec les autres.
Hz feront aussy eslargir franchement et
quictement tous prisonniers pris par ladicte
forme d'hostillité , et feront cesser toutes autres
innovations contre et au préjudice de l'édict
de paciiiication.
Et par mesme moyen, es lieux oii lesdicles
innovations ont esté faicles, feront entièrement
et de poinct en poinct exécuter, observer et
y;arder ledit édict de pacKFicatiou selon sa
forme et teneur.
Hz feront vuidrr leuix qui occupent aucunes
ERINE DE MEDICIS. 3'j:!
places et lieux depuis et au préjudice dudil
l'diçl de paciiiication, les faisant conduin;
en foule scureté en leurs luaisons ou en telz
aullres (jue lesdits occupateurs vouidront es-
lire, [)Ourveu que ce ne soit es villes et lieux
ocuppez depuis la [)ublication de l'édict de
paciiiication, sans ([ue ceulx d'iceiles villes et
lieux (|ui les reccpveronl en puissent estre au-
cunement recherchez ores ny à l'advenir.
Et i-n cas qu'il v en eust de ceulx qui oc-
cupent lesdictes places et lieux qui ne voul-
lussent obéyr et incontinent en vuider, lesdits
s'" et leur déclareront et notiflie-
ront d'une part et d'autre qu'ilz ont esté et sont
désadvouez, et pour cestc cause sera proceddé
contre culx conjoictement par ceulx de l'une
et de l'autre relijjion, en sorte que la force et
auctorité en demeure au Roy, eulx puj[niz selon
leurs mérites et intentions de ce que dessus
suivre et exécuter.
Entendant toutesfois ladicte dame Rnyne
mère du Roy et ledit s"' roy de Navarre que,
suivant ce qui a esté accordé entre eulx, les-
dits s" et exécutent ce que dessus
sur les villes et lieux occuppés par ceulx de
l'une et de l'autre religion et, comme l'on dict,
en faisant faisant.
Faict à Saincte-Bazille, le vm° jour d'oc-
78-
VI
LETTRE MISSIVE ACCOMPAGNANT LADICTE INSTRUCTION ^
i3 octobre 1578.
Mous' de [Bourdeille]'-, saichant la grande
affection que vous avez au !)ien du service du
Roy monsieur mon filz et au repos public
de ce royaulme, je vous ay choisy pour et de
' Copie. Biljl. nal., I-"onds franwis, n" .'Î.Soo, f 54 v°.
' La lettre est adressée à André de liourdeilie, frère de Branlomo, sénécbal et goiivernour du P(!ri|';ord, qui nioanit
en janvier 1.582. D'autres circulaires semblables furent envoyées à chacun des commissaires; les noms seuls étaient
changés. — Voir rénuraération de ces personnages dans la pièce n° lit, p. 38g.
Gatueri-ne DE MÉDrcis. M. ' ••o
lUPniMEBIE SATIOSALE.
394
LETTRES DE CATHERIINE DE MEDICIS.
la part du Roy mondit S'' et filz exécuter le
contenu es instructions qui vous sont présen-
tement addressées, et au s"' de [Sainct-Oreins]
pour la part de mon filz le roy de Navarre,
tant en son nom que de tous ceuix de la Reli-
gion prétendue réformée, comme il escript
par les lettres que je vous envoyé qui seront
enclozes en ce paquet addressnntes audit s""
de , auquel je vous prye les faire tenir
et luy communicquer lesdictes instructions,
qui seront aussy avec ceste-cy encloze en ce
paquet, suivant lesquelles je vous prie de
très bon coeur de faire, et ledit s'' de
avec vous conjoinctement, et l'un avec l'autre,
en sorte que le contenu èsdictes instructions
soit promptement par vous deux ensemble-
ment exécuté en la sénéchaussée de et
par ung chacun des subjectz du Roy mondit
S' et filz, soit de l'une ou de l'autre religion,
observé et gardé de poinct en poinct; et s'il s'y
trouvoit quelque empeschement qui ne sauroit
estre que par gens désadvouez et perturbateurs
du repos publicq qui occupassent quelques
villes, cbasteaux ou lieux, après leurs avoir
fait faire les rommandemens et ce qui est
porté par ladicte instruction, il faut suivant
icelle les y contraindre, et pour cest elfect
joindre ceulx de l'une et de l'autre religion
et faire en sorte que l'auctorité en demeure
au Roy, mondit S' et filz, et que le contenu
èsdictes instructions soit de poinct en poinct
fait et exécuté promptement sans y rien ob-
mectre, mais y faire tout ce qui y est requis
et que tous les gens de bien doivent désirer,
comme aussy suis-je très asseurée que vous
faictes de vostre part et ledit s'' aussy,
qui me gardera vous faire ceste-cy plus longue,
me remectant ausdictes instructions signées
de mondit filz le roy de Navarre et de moy,
qui vous prie de rechef que sans tarder vous
y satisfaictes promptement tous deux et m'ad-
vertissiez incontinent après de tout ce que en
aurez ftiit, faisant faire ung procès-verbal de
tout ce qui se passera en cela, et vous ferez
très grand service au Roy mondit S' et filz et
à moy aussy, qui luy ay mandé comme estiez
députez pour cest effect en la sénéchaussée
de , où je say que vous et ledit s'' de
avez auctorité. Priant Dieu, Mous'. . . ., vous
tenir en sa saincte et digne garde.
Escript à Agen, le xin" octobre iB^S.
[Caterine.]
\II
COMMISSION BAILLEE AU S"' DE FOXTEMLLES POUH ALLER A LECTOURE
POUR EN VEOIR SORTIR LA GARNISON ET FAIRE CE QUI EST CONTENU EN ICELLE INSTRUCTION '.
i3 octobre 1578.
La Uoync, mère du Roy, en vertu du pou-
voir à elle donné par Sa Majesté pour venir
en ceste province de Guyenne et autres des
costez de delà, afin de déclairer à tous ses
peuples et subjectz le ferme désir et résolu-
tion de Sadicte Majesté et faire garder et ob-
server son édict de paciflScation et suivant la
conférance qu'elle a pour ce eue et résolution
par elle prise avec le roy de Navarre en la ville
de la Réolle, le v'' jour de ce mois, elle a com-
' Copie. Bilil. nat,, Fonds français, n" 33oo; I* 55 r°.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
395
mis, députe'' et ordonné, coniinet, ordonne et
députte par ces préseules le s' do Fonteuilles,
conseiller diidit S', chevalier de son ordre et
capitaine de cinquante hommes d'armes de
ses ordonnances, pour, et en ens^uivant les ar-
ticles accordez entre ladicte dame pour et au
nom du Koy, suivant i'advis des princes du
sang et autres seigneurs du Conseil privé qui
sont près d'elle et ledit s" roy de Navarre, tant
pour luy que pour ceulz de ladiclc Religion
prétendue rélonuéc, se transporter en la ville
de Lectoure pour veoir sortir la garnison qui
V a esté mise depuis la puhlication de Tédict
de pariflication. remectre ladicte ville en tel
estât qu'elle estoil lorsque ledit édict de pa-
ciffication y a esté exécuté, faisant rentrer
tous les gens d'église eu leurs biens et maisons ,
et faisant à l'inslanl remectre le service divin
en sorte ([u'il y puisse estre lousjours conti-
nué, ensemble tous les habitans catholiques
aussy eu leurs biens et maisons, et faisant au
demourant exécut(U' entièrement ledict édict de
paciffication, suivant la charge (ju'en a aussy,
de la part dudict s' roy de Navarre, le s"' de
Cornay par luy député pour ccst eiïecl; de ce
faire, ladicte dame Royne a donné et donne
plain pouvoir, puissance et auctorité, en vertu
de celluy quelle a dudit S'' Roy son filz. nostre
souverain seigneur, audit s"' de Fonteuilles,
qu elle prye accepter ceste charge pour le bien
et service de Sadicte Majesté et du publicq, et
du tout faire faire procès-verbal pour le re-
mectre en ses mains à son retour dudit Lec-
toure.
FaicI à Agen, le xiii" jour d'octobre 1578.
Mil
COMPTE DES FRAIS DE VOYAGE DE L\ DEPUTATION' DU PARLEMENT DE TOULOUSE
À LV REINE MÈRE ^
16 octobre 157H.
Déclaration des frais et fournitures falotes
par monsieur Jacques de Salvigardes, rece-
veur général des exploictz, amandes et con-
fiscations, de la court de parlement de Tho-
lose, au voiage et délégation ordonnée par
ladicte court estre faicte vers la Reyne mère du
Roy, roy et reyne de Navarre, la part ou leurs
Majestez seroient au pays d'Agenois, par mes-
sieurs maisires Nicolas Latomy, chevalier, con-
seiller du Roy et second président en ladicte
court, Vidal d'Ausono, Pierre de Saluste et
Pierre de Sabatier, aussi conseillers dudict sci-
' Bibi. nat. , Cabinet des litres, Pièces finjrinales , t. 1657
jTuedoc, t. Xtl, p. 1267, 1889, io-'i", et la note de ia page
- 11 faut lire sans doute : là pur nù.
gneur en ladicte court, pour, de la part d'iceile,
leur estre présentée la deue obéyssance à leur
heureux voiage au pays de Languedoc, et
autrement faire tout ainsi comme par les mé-
moires et instructions à eulx baillées par ladicte
court estoit porté.
Pour laquelle délégation fère, lesdicls sei-
gneurs seroient partis de ladicte ville de Tho-
lose le vendredi troysiesme jour d'octobre mil
v' LXXVH après disner, en nombre de vingt
ung à cheval et sept serviteurs à pied, pour
obvier au danger qui est aux champs à cause
, dossier 38,5.31, n' 27. — Voir Hisl. géim: de Lan-
7a du présent voKune.
5o.
39f. LETTRES DE r,ATH
des voulli'iir,-; : savoir Icdict sieur second pré-
sidrnl lin si^jitifsiup à clieval el trovs liomnics
de {lied, ledii't d' Aiisono ciiiqiiiesme à cheval
et iiiig hK|iiay, icdict de Saluste troysiesme à
cheval et iiii<; ]a([iiay. ledict de Sahalier iuv
cin(|iiiesiiie à cheval ri mi iaqiiay, et iedicl
receveur, [)Oiir l'aire les susdids Irais, aussi à
cheval et un;; hupiay.
Lequel jour seroient arrivez de souppi'e en
la ville de (Jrenade, dislani diidicl Th(dose
frovs lieues; pour laquelle souj)pée feusl paye?
par ledict receveur jîour chascuu à cheval, y
conipriiis lesdicls serviteurs, à laison deniy
escu, Iroys sols, icvenanl à la soniuii' de uii/.e
escuz el deniy, Iroys sols: jiour ce cy. \i esc.us
el demv III s. t.
Du sabiiiedy qualriesuie dudict iiiovs, les-
dicts seigneurs sont airivez de disnée en la
ville de Moulecli ', dislaiit dudici (îreuado
quatre lieiu's, j)our laquelle disnée leust payi;
par Iedicl receveur à raison de un|j tiers d escu ,
trovs s(ds, pour cliascnu à (dieval, inclus les-
dicls servileurs; revenant ladirte disnée à la
somme di; huici escus trovs sols; cv, vni escus
iif s. 1.
Lrdict jour sahmedy, lesdicls seigneurs se-
roient airiv('s de souppi-e en la ville de Moys-
sac, distant dudict Montecli trovs grandes
lieiM's; ]iour laquelle souppéc leusl payi' à
raison de deuiy escu, cinq sols, pour chas-
cun, comprins lesdicls serviteurs, revenant à
la somme de douze escus quinze sols tournois;
pour ce cy, xii escus xv s. t.
Du dimanche cinquiesnie, lesdicls seigneurs
seioient arrivez de disnée au lieu appelle de la
Magistère-, ou l'eus payé à raison de ung tiers
descu deux sols, siv deniers lournois pour
chascuu à cheval et comprins lesdicls servi-
ER]^E DE MEDICIS.
teurs; revenant ladicte disnée à la somme de
sept escuz deux tiers, (jualorze sols six deniers;
pour ce cy, vu escus ii t. xiii s. I. ii d.
Ledict jour dimenche lesdicls seigneurs se-
roient arrivez de souppée en la ville d"Ageri,
où auroieni demeuré atlendant la veueue de
leurs Majeslez ou à l'aire leur dicte délégation,
jusques au lundy xiii' dudict moys après
disnor, (pii sont huict jours entiers, pour
chascun desqmds jours el jkiui- homme à cheval
a esté payé à raison de deux tiers descu, el
pour chascun (lesdicls servileuis à raison de
sept solz aussi pour jour: revenant le tout à
la somme do |cenl dix liuicl escus et driny,
de'ux sols lournois; el pour ce cv, cxvii escuz
et demy ii s. t.
Dudici jour lundv xiii' dudict inoys, les-
dicls seigneurs soni partis de ladicte vilh;
d "Ageii après disnei- pour .^'eu retourner audict
Tholose, el venus faire collalion au lieu de
l'omevic el donné picolin davoyne aux clie-
vaulx, allîn d'arrivei- en la ville de Moyssac,
distant dudict Agen six lieues; pour laquelle
collalion el avoyne léust payé ung escu; et
])oui' cecv ladite somme de i escu sol.
Ledict jour de souppf'e audict Moyssac, pour
laquelle feust |)ayé par ledict receveur à rai-
son de demy escu cinij sols pour chascun à
clieval el comprins lesdils servileurs, revenant
à douze escus quinze sols lournois; et jjour ce
cv, XII escus XV s. t.
Du mardv quatorziesme, lesdicls seigneurs
sont venuz de disnée en la ville de Montech,
pour la([uelle feust payi' à raison de ung tiers
descu, trovs sols, pour chascun homme et
cheval, inclus lesdicls servileurs, cy que monte
la somme de huicl escus troys sols tournois;
et pour ce cv, viii escus m s. 1.
' !\loiil'M il, arroiidi'iseiiieiil do Castelsarrazia (Tam-el-Garonno).
' l.a .Maijisli^ro, arronilissoiiienl (le Moi^^sac (Tarn-el-Gaionnc).
LETTRES DE CATll
Diidid jour de souppée cii la villo de Gre-
nade, pour laiiuelle l'eust payé, pour chascun
à cheval, deiuy escu trois sols, revenant à la
somme de unze escus et demy Iroys sols, y
comprins lesdicls serviteurs; et pour ce cy,
XI escus et demy m s. t.
Si auroit convenu en la ville d' Agen acliapler
deux torches pour acconiiiaigner lesdicts sei-
gneurs au logis de la l'cyne de Navarre, allin
d'iceile saluer incontinent son arrive'e, qui
feust le sabmedi uuziesnie dudict moys heure
tarde, pour lesquelles feust paye' la somme de
deux tiers d'escu six sols t.; et pour ce cy,
Il t. d'escu VI sol.
Si auroit convenu ausdicts seigneurs, tant
en allant que retournant, passer l'eaue par
quatre fois, pourquoy auroit esté payé au pas-
saigers un escu sol; et pour ce cy ladicte
somme de i escu sol.
ERIiSE DE MEDICIS. ;597
Du niorcreili quinsiesnie dudict moys, les-
dicls seigneurs sont arrivez de disnée à Tho-
lose, etpour ce qui' ung chascun se seroit retiré
en sa maison est dict icy, néant.
^'ous susdicts l^atomy, conseiller et second
président eu ladicte court, d'Ausono, de Sa-
luste et Sahaticr, aussi conseillers en icelle,
souhs signés, certifiions à ladicte court et autres
([u'il appartiendra que les fraiz et fournitures
mentionnez ez douze articles cy-dessus con-
tenus ont esté l'aicts, fournis et frayés par
inaistre Jaques de Salvigardes, receveur des
amandes d'icelle, et pour les causes y déclai-
récs, monlans et revenans à la somme de cent
(juatre vingts douze escus deux tiers, (]ualorze
sols , six deniers tournois , témoing nostre seing
cy mis à Tholose le xvi' jour d'octobre mil
cin<] cens soixante dix huictM
Signé : Latomy, P. Saluste, de Ausono.
IX
ORDONNANCE DU MARECHAL DE BIHON PRESCRIVANT AL\ CONSULS D'AGEN D'ETABLIR UN MAGASIN
DE VIVRES EN PREVISION DU PASSAGE DE LA REINE MERE ET DE LA REINE DE NAVARRE ".
3o septembre i 578.
Armand de Gontault de Biron, mareschal
de France, aux consulz de la ville d'Agen,
salut.
D'auitant que pour l'arrivée des reynes mère
du Roy et de Navarre en vostre ville et à cause
de la grand' suyte qu'elles ont, il soit besoin
qu'il y ait grande quantité de toutes sortes de
vivres en icelle, mesmement de foin, pailles,
avoynes et autres fourrages;
A cesle cause, nous vous mandons et enjoi-
nions que vous aies à en fayre porter en icelle
vostre ville de deux lieues d'alentour d'icelle
tant deçà que de la rivière de Guaronùe, en
faysant faire ung bon et ample magazin à ce
([u'il n'y en puisse advenir nécessité, sur payne
de s'en prendre à vous; et parce qu'il y pour-
roit avoir aucunes personnes qui pourroyent
estre refuzantes d'obéir à ce que vous leur
ordonnerés, pour ce regard nous vous avons
' Ce document est suivi de l'ordre de payement délivré par le parlement de Toulouse.
' Archives d'Agen, AA 25. Original avec signature autographe et cachet , publié dans les Archives l.ist. du déi>.
de la Gironde, 1896, t. XXIX, p. 1G8. — Voir la note de la page 72.
398
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
donne et donnons plaiu pouvoir, puissance
et authorilé d'uzer de toutes voyes de con-
traintes envers eux, en les paiant toutesfois
raysonnableinent de ce qu'ilz vous délivre-
ront, selon le taux qui en sera justement
fait.
Fait à Bordeaulx, le dernier jour du mois
de septembre 1578.
BlRON.
Par mond. seigneurie mareschal,
Signé : DE BÉCH0^'.
X
LETTRE DU MARECHAL DE RIRON À MESSIEURS LES CONSULS D'AGEN ^
26 septembre 1578.
Messieurs, je suis bien marry que je ne
vous puisse faire réponce aux articles que vous
ave's envoyez si tost que désirez ; mais je vous
les envoyray au premier jour par quelqu'un
des miens.
Cependant, je suis d'advis que faciez ung
mémoire de ce que verrez estre nécessaire
pour la réception des Roynes et que vous
commenciés à préparer toutes choses pour cet
elfect; car j'espère qu'elles s'achemineront en
bref vers vous. Nous sommes tousjours après
pour remectre les afl'aires en bon estât, à quoy
la Royne mère du Roy travaille infiniment,
pour le désir que Sa Majesté a de veoir ce
royaume en repos, pour à quoy parvenir elle
ne crainct le travail de sa personne.
Et sur ce , je ne vous feray cesie plus longue
que pour me recommander affectueusement à
voz bonnes grâces, priant Dieu vous donner,
Messieurs, en sancté bonne et longue vye.
De Bourdeaulx, ce xxvi'^ septembre 1678.
Signé : Voslre affectionné amy,
BiROX.
XI
RECUEILZ DES PROPOS TEAUS PAR LA ROYNE MERE DU ROY À LA NOBLESSE DE GUYENNE,
AU MOIS D'OCTOBRE 1578, EN LA SALLE DE L'ÉVESCHE D'AGEN -.
Octobre 1578.
Messieurs, le Roy monsieur mon filz a
trouvé bon que je veinsse en ce pais pour deux
occasions : la première est pour faire entendre
à ung chacun le grand désir et singulière af-
fection qu'il a d'establir une bonne et asseurée
paix en ce Royaume, et par icelle avoir le
moien de le remectre en son antienne dignité
et splandeur, et pourveoyr à ce que dores-
' Orig. Aroh. comin. d'Agen, AA 26. Cette pièce a été publiée dans le Recueil des travaux de la Société d'agri-
culture, sciences et arts d'Agen, t. IX, i885, p. i46.
- Bibl. nat., ms. franc. n° 33oo, P G2 r°. — Voir ia note de la page 76.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS
uavaiit il 110 retombe aux l'uvnes et de'solacions
399
qui y ont eu cours par trop long temps à
cause des divisions et partiallitez qui s'y sont
introduictes et qui l'ont réduict en si mise'-
rable estât et dont vous estes tous ressentiz ,
qu'il ne peult penser que vous n'ayiez la mesme
volunté qu'il a de vous veoyr eu repos soubz
l'obéissance que devez à vostre Roy, que Dieu
vous a donné pour luy obéir et rendre tout
debvoir de fidelle subjection. Et d'aultant qu'il
vous a lousjours congneus bien affectionnez à
son service ot conservation do son estât et que
vous luv en avez faict preuve aux occasions
qui se sont offertes, il m'a donné charge de
vous en remercier, vous asseurer qu'il ne mec-
tra jamays on oubly les services que vous luy
avez faictz et que vous le trouverez tousjours
en volunté de les vous recognoisire. Aussy
Dieu luy avant faict la grâce d'a\oir mis fin à
la dernière guerre pour la paix qu'il a donnée
à ses subjectz et n'ayant rien en si grande
recommandation que de la faire garder et en-
tretenir, il vous prie par moy de vous confor-
mer à son désir et d'embrasser de cœur et
d'affection l'union à laquelle je vous appelle.
Si vous estes encores en quelque double de la
seureté de voz personnes pour les haynes et
inimitiez qui pourroient rester des choses pas-
sées, je vous prie estre certains qu'il sera tous-
jours aussi soigneulx de vostre conservation
que de la sienne propre et qu'il ne lairra
moien aucun pour vous fayre jouir de sa pro-
tection et de toutes les asseurances que vous
pourriez désirer. Il n'est poinct besoing que je
vous représente quel il est : vous ny voz pré-
décesseurs n'avez jamays eu et ne pourriez
avoyr ung roy plus calholicque zellateur de sa
relliglon, (jui plus ayme ses subjectz et qui
ayt plus de soing de les garder et maintenir.
Sa valleur vous est à tous congneue; vous
l'avez veu les armes à la mayn: il a vaillam-
ment combattu avecques vous et sera tousjours
prest de fayre le semblable, quand il sera
question de vous soustenir et deffendre. Il est
aussy tesmoing de vos valleurs et recongnoist
ceste noblesse de (iuienne pour esire géné-
reuse et l'une des principales forces de ce
Royaulme el de laquelle il fait aullant d'cstat
pour la conservation d'iceliuy Royaume, s'il
advient que quelqu'un y vueille entreprendre.
Mais comme vous avez volontairement et cou-
rageusement embrassé son sei'vice privé et
porté les armes quand il en a esti; besoing, il
vous prie que de mesme cœur vous embras-
siez la volunté qu'il a de maintenir la paix et
réserviez ces braves cœurs pour le souslien de
son estât, qui est le vostre.
L'autre occasion pour laquelle il a voullu
que je veinsse par deçà a esté pour mener sa
sœur, ma fille, au roy de Navarre, son raary,
lequel il ayme, tient et estime pour son proche
parent et allyé; il le vous a baillé pour son
lieutenant en ceste (Iuienne et vostro gouver-
neur, veult et entend que vous luy obéissiez
comme vous estant donné de luy, espérant
qu'il sera tousjours bien avecques luy, le le-
cognoistra pour son Roy et vous traictora
comme ses subjectz. H vous envoyé aussy sa
sœur, que j'ay chèrement nourrye et instruicle à
honnorer et recognoistre le Roy son frère et
entendre à tout ce qu'appartient à son ser-
vice, et singulièrement à avoyr soing du bien
et eonservacion de ses bons subjectz, comme
je m'asseure qu'elle aura de vous; et partant si
avez quelque doute vous [devrez] avoir recours à
elle, luy ferez entendre voz alFayres, et elle vous
y pourvoyra selon qu'elle sçait estre do la vol-
luntédu Roy son frère : que s'il advenoit (ce
que Dieu ne vonille et que je ne pourroys ja-
mays penser) qu'elle oust aultre iutencion, et
moy mesme, quand Dieu noubliroyt, tant (|ue
d'estre envers le Rov, qui est le vostre et le
'.00
inven , .•uiltre que je ne doiblz ', |0 vous prie ne
nous lonvr, no clic moy, |iour rc (|ue nous
sommes el inc (sir) pivIVrer le service de vostre
Roy à loules autres ronsicir'iacions. Touleslois
je masseure rpie Dieu iuy l'eia reste jfrare de
se conduire si sainement que pourrez mectre
vosire ealière ronliani'C eu elle. Ta- Rdv nous
a aussv liaille monsieur le niaresclud deiîirou,
personnaiffe duquel la \alleur bonne et droicte
nlTeetion à sou service es! assez. conj;neue,
|)our leiiii' la main el pourveou' à loul ce cpii
LETTP.ES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1
appartiendra au bien, repoz et conservation
de ceste province; [il] veult et (Mitend que vous
Iuy obéissiez comme à luv mesmes. Il ne reste
douques que d'establir la paix et cfTecluer
tout ce qui appartient à l'entière conservacion
d'iceile : à quoy je suys re'soiue de n'espar-
];uer moieu aulcun qui sovt eu moy, nv ma
|)ropre vye, mestimant bien beureus' de
rem|)loyer pour unjj si bon œuvre, si néces-
saire el si prollilable à ce Royaulme.
MI
LETThK i>i: M\r,i:(:ii\L iiK r,KLLE(aiii)K \L noi'-.
() soplemliiv I ."178.
.Sire, jay c\ devant ad\erlv Vosire .Majesté
de ce qui esloil advenu à lîeaucaire et ne
double pas (|ue le rajiitaine Gav, qui lut poin-
teur de lua lellie. ne vous ayt représeuh' [lar-
ticulièreiiienl ce qu'en esloil , aiin qnil vous
pleust d\ pourxoii'. Depuis, le s' de l'arabère,
obéissani au comniandemi'nt qu'il auroyl pieu
à Vostre Majesie' Un l'aii-e, auro\l l'i'duict ses
<{ens au noudjre <|ue vous. Sire, biy aviés or-
donné, ou à peu près; au luoveu de quoy
ceulz (]ui a\o\eut entrepris conlii' Iuy oui en
iiarlie eviViitè leur ib>seinj[. lellcuient i|ue
diiuancbe dernier, enviidii neuf heures du
malin , sortant de la messe, il l'ut massacri'
Iuy trenliesme, el la crnaullède ceux ijui l'exé-
culèrenl s'cslemlil jusijues aux l'eiumes, enire
aniires sur la veivedu leu s'' de Sainct-.Vndre',
qui lut aussi au mesnie inslant massacrée
dans i'('glise. Les exécuteurs sont le capitaine
' La iilii'as;' est peu ciair*^; mais oll'^ a été ain^i écrito
- Orl;;. fiilil. di- rin-lilul. coll. Goilefioy, n" a.jy, 1"
aMiir l'arriére-peii-^éo de trahir le roi; il lui rend comple
de la pajje () 1 .
Rogeon, venu soubz la conduicle d'un corde-
lier apostat qui preschoit en Ai|>uesmorles au
temps de i'unvon, el ceul ou six vin[jlz sol-
datz des (piarlieis d'Agde. Ledijjnan, premier
consul dudit Beaucaire, qui aultrefois a faicl
profession de la Relijjion prétendue, et (ion-
verliz, jadis cbanovne de \isnies,y amenèrent
cliascun nue Irtuipe de soldalz la |dnspart du-
dit IVisuies cl des environs; aussi y anroient
laict venir les capitaines Combes et Godable,
avec environ deux cens soldalz, tous bugue-
nauldz, de manière (pie. dans iadicle \ille de
Beancaiie, y a pour le moins de troys à quatre
cens huguenauldz. .l'euvoyay liier un consul
de reste ville vers lesdils Ledignan et Con-
verliz leur proposer les inconvénieus (pie je
prévoyois à vostre service el à leur vilb; d'y
recevoir telles gens, ilz respoudirent ([uilz
s'en asseurovent soubz la loy el jiarolie du
jiai' lo copiste.
137. — I^e marédial de Bellej;arde ne semMait pas alors
Hd'deinent de ce qui ■iO pas-e sous ses yeux. — Voir la noie
LETTRES ])E CATHERINE DE MEDICIS.
-'.01
s'' de Thoré, i]ii il leur avoyl doiméi'; il y en
vient de renfort à toutes heures el me \ieal
l'on de dire que ledit s'' de Tliore' mesnies y
doibt arriver aujourd'huy. S'il lefaict, je ne
fauldray d'en advertir Vostre Majesté : loutes-
fois que je pense que Monsieur le mareschal
Daaipville, qui v doibt aussi \enir, y prou-
voyrra si bien qu'il n'en adviendra plus |;rand
malheur.
Cependant le capitaine Baudonnet, lieu-
tenant dudit Parabère, s'est retire dans le
chasleau, où il a environ cent soldat/, de
reste, qui a commence' de jouer à pis faire;
il est muny de tout ce que luy est nécessaire
pour un an. Le frère dudit Parabère, de cas
fortuit, m'estoit venu voir à l'heure de ce dé-
sordre, et l'ay retenu, pour au besoing l'em-
|)lover selon que l'occasion s'offrira pour le
bien de vostre service, avant estimé qu'il
pourra estre nécessaire pour faire contenir
ceux du chasteau au debvoir qu'ilz vous ont,
si tant estoit qu'ilz fussent pratiquez par les
hugiienauldz, comme je n'en fais doubte,
bien que ledit Baudonnet el tous ceux qui
sontaveciuy se soyent tousjours monstres très
affectionnez à vostredict service, et tout ce
que je craindroys d'eulx seroit que, pour ne
lumber ez mains de leurs ennemis piirticuliers ,
ilz se laissassent aller avec le temps aux
aultres, si Vostre Majesté n'y pourvoyt. Sur
ce tumulte et avec l'occasion d'icelluy, ceulx
d'Arles vindrent audit Beaucaire saisir le ca-
pitaine Espiard qui s'y estoit retiré avec la
licence de mondit s' le mareschal Dampville,
et l'ont emmené audit Arles pour luy faire
son procès.
Vovlà, Sire, l'istoire de ce faict cpie je
n'ay voullu liiillir de vous représenter, en
estant ciairvovanl et si près que je suis, mé-
ritant (|u'il plaise à Vostre Majesté d'y inter-
venir promptemcut de ses commendemens,
de sorte que ceulx dudit chasteau ne soyent
pressez de se mectre au pouvoir de leursdits
ennemis particuliers, et qu'ilz ayent occasion
de se maintenir eu leur debvoir à vostredit
service, le seul respect duquel j'ose asseurer
à Vostre Majesté, qu'il cousta la vie audit
Parabère. Il est bien vray qu'il estoit un peu
agard et homme de despence, insuportable
au peuple; néantuioings celle qu'il a faicte est
peu de chose au regard de l'importance de ce
faict, qui tire à conséquence pour la felonnye
populaire, de laquelle on se veult couvrir le
plus souvent poui' se desfaire de voz serviteurs
et secouer le joug de l'obéissance qu'on vous
doibt. Et pour la lin je vous diray en passant,
sur la fidélité que je vous doibz, que d'aultant
que les huguenauldz n'ont nullement dé-
sarmé, ains qu'ilz ont de nouveau levé quinze
ou vingt enseignes de gens de pied, soubz le
prétexte du secours de Menerbe; la ville et
chasteau de Beaucaire vous importent de la
lotaile conservacion du païs-bas de Languedoc,
et l'estime une des bonnes places de vostre
royaulme. Priant en cest endroict le Créateur,
Sire, qu'il maintienne Vostre Majesté en par-
faicte santé, très heureuze et longue vie.
De Tarascon, ce ix° de septembre 1.578 '.
De sa main : Vostre très humble, très
obéissant et plus obligé suget et serviteur,
Roger dk Bellegarde.
' La noie suivaiilo a été ajoutée sur le uiaimscrit : trPar le mémoire que a baillé M' Piuarl , il a été pris résolution
surcesle despesclie, auquel il se fault régler. n — Le maréchal de Bellegarde était d'autant plus empressé à prévenir
le roi qu'on le soupçonnait de soutenir Parabore et Baudonnet contre Damville.
CATllEr.lNE DE MlCDrClS.
iiirniutcic 5AtI0S.iLE.
402
LETTRES Dl' IIATHEIUM': DE MEDICIS.
LI-TTHE Dl rnÉSIDKNT DE VILLENELVE \ CVTHERINE DE Me'dICIS.
20 juillet IJ7S'.
A lu Renie mère du Roi.
Madame, Vostre Majesté pourra voir par la
lollre ({lie j'écritz au Roy raccidenl survenu
par derà (lour raison du relus laid à monsieur
le niaresclial de Biron sur la reddition de
la ville de Fijjeac'-. Toutefois, il me semble
(|u'il n'y a encore rien qui soit advenu (jui ne
se puisse rabiller. (Juoyquil en soit, je loue
Dieu que celte ville est conservée en l'obéis-
sance du Roy, en (pio\ Je supplii' Irès-liiimbli'-
nieut Vostre Majesté croire que l'eslablisseuienl
d(! la Cour de Parlement en celle ville' y a
ser\i grandement, comme aussy je n'y ay
pas esté inutili'.
Ledicl sieui- mareschal alla hier trouver le
roy de Navarre', pendant ce qu'il luy a écrit
par le seigneur de Lavardin. Il in'a\oit pa-
reillenu'nt écrit de l'aller Iromer avecipie le-
dicl sieur marescbal, ainsi qu'il vous plaira
voir par la lettre dudicl sieur roy de Navarre
(pie je envoyé à Vos Majesté/.. Cependant le
sieur de Rajaumond, siMK'cbal d'Agenoys, est
demeuré en ceste \illi', pour pourvoira la scu-
i-el(' flicelle et contenir toutes choses soubz
l'obéissance de Vosdictes Majestés, ce qu'il
faict a\ecques doulceur et contentement d(^
tous, tant d'une religion que l'autre. A quoy
dl' ma |)arl, comme laicl aussv M. l'évesque
d'Ageu, nous y employons de tout nostre pou-
voir à ce ipi'il ne soit altéré aucune chose
contre vostre intention, laquelle je vous sup-
jilie très-humblenienl nous faire entendre au
plus tost, et pour l'exécution d'icelle je ne
faudray employer tout ce qui est en ma puis-
sance, voyre ma propre vie, d'aussy entière
et lidelle allVctiou que ji' [)rie très-humble-
ment Dieu. Madame, vous donner, en très
parfaite santé, très longue et très heureuse
vie.
D'.Agen, ce xxv' jour de judle! lô'^S.
Vostre très humide, très-obéis>ant et très-
lidelle serviteur et subject, le second piésideut^
en la cour de parlement de Bourdeaulx.
Siipil' : l>E \'lLLEXELFVE.
' Voir lu iiolo (Ir la |iaj;i? ()7 sur ifMlc pièce, publiée par M. Pli.Taïuizcy do Larroque dans le Recueil des travaux de In
Société d'iii^riciilliin'. xciencexcl (Vis (r.li;eii , t. tV, 187Ô, p. -3 9 13, el lirùf do la Bibl. ual. , Fonds franc. , i556o, fol. a3i .
' Celte ■ville, prise par les protostauls on 1576, fut recouvrée par les callioliquos en 1078.
"■ Une chambre mi-partie, à la suite do la paix de Bergerac, ([id l'ordnunait |>ar sou article •!■? , avait été établie
à Ajjon, mais non sans résistance de la pari du ParlemonI de Bordeau\.
'' 1^0 roi de ^faval■re était aloix à Monlaidiau, où il passa tout l'été de 1578, avant l'arrivée dos reines. Il écriv.iit
au maréchal de Damville le 18 juillet : «Mon cousin, vous av.'Z pou oulendre les beaux > i>mmeucementz qui avoienl
esté donnez on l'exécution de reslablissemont de la chandire. reuii.se de la ville d'Agens, en Testât (pi'elle doibt de-
ujeurer suivant icebiy odicl.- — Lettres Miss.. I, p. i85.
' (l'est le II jidu ir)7S (ju'en présence du maréchal de lîiron ot du président de Villeneuve, la chambre ini-parlie
d'A<;en, composée de -rlmit conseillers on robe ronge-% avait tenu sa première séance à la maison do vilb-.
LETTRES DE CATHERINE UE MEDICIS.
i03
\1\
MÉMOIIiE ET INSTRUCTION' QUE LE OONTROLLEUR GEFRON'NEAU FERA ENTENDRE À L\ ROYNE MERE
I)L ROY ET À MONSEIGNEUR LE DUC DE MONTPENCIER, PAIR DE FRANCE, «OUVEHNEUR ET
LIEUTENANT GENERAL POLH SA MAJESTE EN BRETAIGNE , DE LA PART DU S' DE LA HUNODAYE ^
'il octobre 1678.
PREMIEREMENT.
Que oulfiT les dépesches (|ii"il a failes à la-
dicle dame cl audit s' de Moiitpeiisier, ledit
s" de la Hunodaye est d'advis qu'estans les
su{jelz du roy de ceste province en alarme
pour les daces de l'imposition foraine, qu'il
est bien nécessaire d'y pourveoir par toutes les
plus douces voyes qu'il sera possible, pour ce
que, s'ilz ont tant soit peu d'aparence que
l'on les veille l'aire obéir par le moyen de
mettre garnisons dans les places fortes et
villes dudit pays, iiz ne fauldront à s'eslever.
D'avantage qu'il sçait que les villes sont
re'solues de ne soufrir aucunes garnisons, ne
mesmes tous les Estatz du pays ne permettront
jamais la levée des francz-archers.
Et pour ceste cause ledit s' do la Hunodaye
est d'advis qu'il n'est de bcsoing de faire lever
lesdits francz-archers ne mesmes envoyer au-
cunes forces audit pays, si tant est (juesa Ma-
jesté et Messieurs de son Conseil en fussent
en ceste intention.
Aussi si niondit seigneui- le duc de Monl-
pencier venoit en ceste province à la prochaine
tenue des Estatz de ceditpays, que ce soit sans
aucunes forces et peu accompagné, pour leur
lever les mauvaises impressions èsquelles ilz
sont tombez, q\ii sont que Sa Majesté veult par
force establir l'imposition foraine el autres
daces.
Dira aussi qu'ilz ont intelligence en aucunes
provinces de ce royaume, el mesmes du coslé
d'Angleterre, pour y avoir secours quant l'oc-
casion s'en présentera, et mesmes qu'ilz y ont
envoyé ung genlilhommc.
Qu'il est très nécessairi' de laisser atiédir
ceste fureur de peuple, s'estans les Estatz de
ce pays tous résoluz d'une vive voix de s'op-
poser que par voye de fait, s'ilz y sont con-
traintz,et d'y exposer vie et biens.
El diia que ledit s' de la Hunodaye a apris
que si ceste ocasion principalle n'est ostée,
qu'elle en fera naistre d'autres de beaucoup
plus pernicieuses au bien du service du lioy.
Ceste occasion estans diférée ou ostée, il
sera fort aysé de remettre les sugetz de la-
dicte Majesté et leur faire oster les mauvaises
opinions èsquelles ilz s'estoient laissez aler par
la persuasion et induction d'aulcuns malafec-
tionnez au service du Roy qui ne désirent qu'à
troubler ceste province, leur faisant par efect
cognoistre la bonté et saincte intention de Sa
Majesté, qui ne tend qu'à les maintenir en
paix et repoz et à leur solagement.
Que cognoissans tous les sugetz de Sadicte
Majesté sa bonne volonté, ilz lui surviendront
très-volontiers de leurs moyens pour satis-
Bilil. nat., ms. fr. .3320, f° 63. Orig. — Voir la lettre de Catlierine nu Roi du 1" movimuImp, p. 101; et
aussi une lettre du dur de Montpeiisier à Henri lit, de Limoges le 3i mars 1.579, lui luaiKliml qu'il ne pout, à
cause de sa santo, aller en Bretagne, mais qu'il oITre d'y envoyer sou lils, le i)riuce Dauphin, <pii, aidé de M. de [.a
Hunaudaye, f rai lera avec les États. — Rilil. nal., ms. fr., miuv. .ncii., u* i!a-, p. 120.
/lO'i LETTRES DE CATI
fiiiix" à la uoressité du ses al'ères , liiqiit'lle il/, co-
{[iioisseiit.
Qu'il ne l'anlt donner oca-inn l't moyen ;ui\
nialîd'eetionez au service de Sadicle Majesté'
pour jiouvoir persuader lieaurnup de sorles
de personnes, lant de l'une (|ue de i'aulre re-
lipion. à se laisser aler à de très-nianvaises et
peruiciruses n'solutions au [iiéjutlice du ser-
vice du Rov, encores qu'il/, n'eurent jamais vo-
lonté d'altérer le repos, mais v sont l'orcez par
raisons et persuasions du l)ii>ii publidj parles-
dits inslii'ateiirs, qui ne demandent < pi une cou-
verture ])our i^l'ectuer leurs mauvais desseings.
Il sera bien à propos de laisser la tenue des
K^lal/. eu la \ille de ISènes. pour ce ipi'ilz ont
sceu diie cpi ilz scavoieni bien que le Rov df>-
sirovt (|ue les Kstaiz se tinseni en lieu serré,
esirovt et non logeable, afin de s y trouver peu
de per.sonnes pour plus l'acillement l'aiit^ ce
que désire Sadicte Majesté, et n'a peu et ne
poura le lieu empeselier de s'y trouver plus
de nolilesse et autres personnes (pi il ne s'est
vcu de lienle ans.
Il s'est trouvé en l'assemblée de Fougères
bien liuit cens gentilzhonimes, oultre que la
EULXE DE MÉDICIS.
|)luspart de la Rasse-Bretaigne nestoient en-
cores arrivez, pour monstrer la résolution des
villes de ceste province et par conséquent de
tous ceux des trovs ordres et Estatz de cedit
pays. Ledit s'^ de la Huuodave a esté requis par
aucuns babitans de l'une des \illes que Sa
Majesté estoil résolue de mettre garnisons,
(jue ledit s' de la Ilunodaye n eust à mettre la
première garnison im la ville, (]ue ledit Ge-
IVoneau vous nommera, pour n'esire point la
première rebelle, comme elle seroit si cela
advenovt, s'eslans toutes les villes jurées et
lait promesse lune à l'autie de n'eu soufrir
aucune.
Pour ceste raison, ledit s' de la Hunodaye
a envové vers les villes |)our les prier de ne
s'obliger à ])ersonne et conserver eux rnesmes
leurs villes sans l'aidi'et secours d aucun, afin
qu'+'stant satisfaitz de la saincte et droite in-
tention de Sadicle Majestc', ilzluy conservent
leursdicles villes en .son obéissance, ce qu'ilz
ont promvs faire.
Fait à Rênes, le dernier jour d'octobre
mil \' soixante dix-buit.
Siirnr : L.v HuNonwE.
LETTIiE 1)1 RUl DE WVVISRE M VICOMTE DE TLRENNE
Ocliiluc ou iiDVonilirc IJ7S-.
Mon capitaine, je m'aime là où ou me dé- (péil n'y a point de danger, ipie je m acbe-
sire, (pii est cause, avec ce que vous pensez mine où me mandez. Dites à Lavardin^. à
' Bibl. nal., Fonds l'r. nom. aci|. .'i,r)3;i, fol. 50. — Cellp lettre, (|iii ne porte ni lien ni date, est accompagnée
de trente-deux antres, dont (jnelques-unes fort importâmes , adressées an même vicomte de Tureune, et (juiont toutes
ocliappé aux deux cdilems dos Lcllres missives de Henri 1\ .
- Tnrenne raconte dans ses Mémoires (p. aô'i de l'édit. de iti()(>) qu'il alla trouver la reine mère à Toulouse; et,
après le récit de son entrevue, il ajoute ; ir.^loi-s elle me dit qu'elle \ouloit venir à Ausdi , que si le roy de Xavai-re
s"en vùuloit approcher, qu'ils preiidrolent un lieu pour se voir.- — Ln letlre fait donc allusion à la piemièie ou à la
seconde rencontre du roi de .\avarre avec Catherine de Médici>.
' Le futur maréchal <le Lavardin. — Voir. p. 162. note ■>.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
/i05
Miossens' et à tous nos gens qui so trouvent
là, afin que je sois mieux accompagne'. Si
vous disiez à lu Reine que peut-être je me
trouverai là à son dîner, et que si toute cette
noblesse y e'toit, il y auroit danger qu'il ar-
rivast quelque scandale, parce (ju'il y en a
qui m'ont fort oITensé et aussi des miens
comme Gondrin-, Barannau-', Saint-Orens',
Bastre^. Faites de façon qu'il en vienne le
moins que pourrez. Mandez-moi ce qu'aurez
l'ail pour Méréglii^e'^, qui me trouvera à mon
camp, entre autre choses quels hommes y
\ iendront. Baisez la main de ma part à votre
maistresse et à la mienne.
Votre petit serviteur,
Henry.
XVI
ACTE PLBLIC ACCOUDÉ ENTRE LA ROVMC MÈHE DU ROY ET LE ROY DE NAVARRE".
û déceml)re 157!^.
Il s'est assez congneu par la publication qui
fust faict au mois d'octobre dernier sur la
conférence d'entre la Boyne mère du Boy, as-
siste'e de messeigneurs les cardinal de Bour-
bon, duc de Montpensier et prince Daulphin
et aultres seigneurs du conseil privé du Boy,
nostre souverain seigneur, et du roy de Na-
varre son beaufilz, assisté aussy d'aucuns s"
de la Beligion prétendue réformée, le grand
et singulier désir que ladicte dame Royne,
suivant la droicte et ferme intention dudit s"^
Roy nostre souverain seigneur, et dudit s"' roy
de Navarre aussy, ont au bien d(^ la paix exé-
cution et establissement de l'édict dernier de
paciflicalion , ayant esté publié cesser par tout
tous actes dhostillité sur les peynes portées
par ledit édicl de paciffication. Toutesfois il
seroit ces jours icy advenu (jue aucuns au
préjudice de ce que dessus se seroienl saisy
de la Réolle, qui est une des villes baillées en
garde par icelluy édict de paciffication à ceulx
de ladicte Religion prétendue réformée, occa-
zion pourquoy lesdits dame Boyne, mère du
Boy, et roy de Navarre se seroient assemblez ,
le xxix° jour du mois passé, à Gigan, non
seullement pour pourveoir à laire remectre
ladicte Béolle en l'estat qu'elle estoit aupara-
vant ladicte surprinse, mais aussy pour em-
pescber que cela ne troublast l'assemblée et
conférence qui se doibt faire lex" de ce mois,
en sorte que chascun pouvoit espérer que, se
réparant ledit faict de la Béolle, comme icelle
dame Boyne y a très bien pourveu au conten-
tement dudit s'' roy de Navarre, il ayt si
agréable la démonstration et pi'ière qui y feust
si promptement donné, ayant pour cest effect
' Jean d'Albret, liaron de Miossens. — Voir la note de la paj;e 117.
* Hector de Pardaillan, seigneur de Gondrin, catholique.
' Le sénéchal d'Armagnac que le roi de N'aiarre employa au maintien de la paix.
* Cassagnet, seigneur de Saint-Orens. — Voir la note de la page 188.
^ Baslre, sans doute Manaud de Balz, [Gouverneur d'Eauze (Gers), catholique, mais très dévoué au roi de Navarre.
* Simon, sieur de Mère-Église, chambellan du duc d'Alençon.
' Bibl. nat., Fonds français, 33oo, f io3, v°. Copie. trEnvoyé au Roy avec la dépesdie de La Roclie.n — Nous
publions ceUe pièce, quoique, selon l'ordre de la reine mère , elle ait été imprimée; mais, bien que M. le baron de Ruble
donne le nom d'un des imprimeurs, .\rnollet de Lyon, la rplaquette» est tellement rare que la Bibliothèque natio-
nale ne la possède pas cl que nous ne l'avons trouvée dans aucun catalogue.
406 LETTRES DE GATHE
envoyé le s'' mareschal de Biron avec toute
charge, qu'il esta aizément la deffence qu'il
avoit eue, à cause de ladicte surprinse de la
Réolle et veint veoir la royne de Navarre sa
femme en ceste ville et puis retourna le len-
demain matin trouver icelle dame Royne , mère
du Roy, audit Gigan, où ilz auroient ensem-
blement confirmé et re'solu de faire leurdicte
assemble'e et conférence ledit jour x' de ce
mois à Nérac, espe'rant ledit s' roy de Navarre
que les députez de ceulx de ladicte religion y
seroient tous arrivez ce jour la, de'clarant
qu'il ne les avoit peu plustost faire venir, de
sorte que lesdictes dame royne, mère du Roy,
et roy de Navarre se séparèrent en ceste
tonne et saincte intention, qu'ilz ont tous-
jours et en laquelle ilz persévèrent, de s'as-
sembler audit jour et faire promptement une
bonne et ferme résolution de tout ce qui sera
nécessaire de faire pour bientost exécuter et
fermement establir ledit édict, comme estant
le plus grand désir que ayent, conformément
à la volunté du Roy, lesdils dame royne et
roy de Navarre. Mais pour ce qu'il esfencores
depuis advenu que la ville de Lauzerte, qui
estoit es mains de ceulx de ladicte religion
et laquelle toutosfois doiht estre remise par
ledit édict, a été aussi surprinse contre au
préjudice des susdictes conventions : ce qui
pourrait estre cause de troubler le repos et
csmouvoir les ungs et les aultres subjectz du
Roy, nostredit souverain seigneur, au préju-
dice de la paix, ladicte dame royne, après y
avoir aussi promptement pourvcu et remédié
(au contentement dudit s' roy de Navarre et
de ceulx de sa religion estant près luy, avant
aussy prié mondit seigneur le prince Daulphin
d'aller audit lieu de Lauzerte pour réparer la
faulte qui a esté faicte), a advisé avec ledit
s' roy de Navarre, son beaufilz, de faire pu-
blier tout ce que dessus à son de trompe et
RINE DE MEDICIS.
cry publicq, et deffendre, comme il est par
ces présentes, de par ledit S' Roy, nostre sou-
verain seigneur, à toutes personnes de quelque
callité ou condition qu'elles soient, de se
mesl'aire ny mesdire en quelque sorte que ce
soit, faire ou commectre, consentir ny per-
mectre estre faict ou commis aulcuns actes
d'Iiostillité entreprinses ou aultre chose qui
puisse troubler le repos, sur peyne de la vie,
conformément audit dernier édict de paciffi-
cation; mais que, suivant le grand et singulier
désir que le Roy nostredit souverain seigneur
a de veoir tous ses peuples et subjectz en par-
faicte paix, repos et union les ungz avec les
aultres soubz son obéyssance, chascun se dis-
pose à suivre de poinct en poinct ce que des-
sus, selon la forme et teneur, despouillaut
toutes inimitiez etvivans doresnavant, comme
dict est, les ungs avec les autres, comme bons
subjectz, obéyssans à leur Roy, doivent et sont
tenuz faire. Et en attendant que la bonne ré-
solution que l'on doibt espérer de ladicte pro-
chaine assemblée et conférence, en cas que
survint aucune cliote qui requist provision,
s'addressant à ladicte dame royne, mère du
Roy, elle y pourveoira si promptement que
chacun aura occasion de contentement. Man-
dant cependant de par Sa Majesté à tous
gouverneurs, cappitaines, maires, capitoulz,
juratz, eschevins, consulz et à tous aultres of-
ficiers royaulx et aultres, tenir inviolablement
la main ad ce que dessus, faire pugnir et
chaslier promptement tous ceux qui y contre-
viendront comme perturbateurs du repos pu-
blic et ainsi qu'il est porté par icelluy édict,
et alïin que personne n'en puisse prétendre
cause d'ignorance, est aussi mandé à tous
ballifs et séneschaulx de faire incontinent im-
primer ces présentes et icelles comme dict est
publier et enregistrer, et d'avantaige faire at-
tacher à toutes les portes des églises et aux
LETTUES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
àU7
plus (îniinens iieuz des places publicque;
exortant ladicte dame royne mère du lioy tous
lus bailliz et séneschaulx des provinces de
deçà de résider on leurs charges, el, s'il/. n"y
sont, y aller incontinent, affin que pendant
ladicte conférancc ilz lacent en sorte, comme
c'est leur devoir, (|ue ce que dessus puisse
cslre gardé el observé.
Faict à Aucli, le iiii'jour de décembre 1578.
X\II
COPriE DE LA LETTHE DL: ROY ESCRITE \ LA ROYME, MERE DE SA MAJESTE,
ENVOYÉE PAR ELLE À MONSEIGNEUR LE MARESf.HAL ^
5 décembre 1078.
Madame, la première nouvelle de la sur-
priuse de la Réelle m'avoitmis en une cxtresme
peine, comme vous avez veu par la lettre que
je vous escripviz dimanche dernier par ung
courrier, auquel je l'eis preudi'e le chemin
d'Auvergne, ayant esté adverty que l'on avoit
retenu tous ceulx que je vous avois dépeschez
par le droict chemin. Depuis Sauger est
arrivé, par lequel j'ay sceu particuUièrement
et à la vérité comment le faicl est passé, et
combien que je le trouve très estrange et en
sois encores plus mal content et irrité que je
ne vous saurois exprimer, touteffois ce m'a
esté si grand plaisir d'estre asseuré de vostre
bonne santé que cela a aulcunement allégé
la peine en laquelle j'estois. Madame, je suis
très mary de ladicte entreprise , laquelle ne
pouvoit estre faicte en temps plus mal à
propos, selon ce que j'ay peu veoir par vostie
lettre du xxn" du passé et apprendre dudict
Sauger; mais il en fault faire ung si rigoreulx
et exemplaire chastiment, que, servant de
justifïication de ma droicte et sincère inten-
tion, il s'en ensuive tout le contraire de ce
(jue les auctheurs de telle désobéissance à
l'adventure se sont promis. Parlant, Madame,
je vous supplie très humblement vous y voulloir
empioier à bon essieni avec les princes, sei-
gneurs et tous mes aultres bons serviteurs qui
sont par delà, comme pour le plus agréable
et utille service que vous me puissiez faire es
occasions qui se présentent. Car si les autheurs
de ce trouble ontcuidé parce moien traverser
vostre négoliation et cmpescher du tout l'elfect
d'icelle, je me promectz qu'estant réparé
comme il appartient aux yeulx de tous les
depputez qui sont à présent assemblez par
delà pour la conférence, ce leur sera ung si
clair et notable tesmoignagc de la sincérité
de laquelle il procedde envers eulx, quilz
s'en rendront plus traictables que jamais.
Madame, j'ay estimé debvoir informer les gens
lenans ma court de parlement de Bordeaulx,
ceulz de la chambre d'Agen et les habifans
des priucipalles villes de par delà, de mon
intention sur ladicte entreprinse, afîin que
personne n'en prétende cause d'ignorance,
ains que chascun lionne main et s'efforce d'en
poursuivre la pugnition telle que je désire;
j'ay advisé aussi d'en escripre des leltros à
([uelques gentilzhonimes du païs, les(juellcs
je vous envoie en blanc pour les remplir et
Bibl. nat. , 111s. fr. , aoSog, (° a.S. — Voir la note de ta page i 86.
408
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
adresser à ceulx que vous congnoistrez estre
plus à propos, estimant que plus il y aura de
gens advertiz de mon intention sur caste oc-
casion, nioings s'en Irouvera-t-il cy-après ([ui
embrassent et favorisent semblables enlre-
prinses, dont, encores que Ton congnoist que
ceulz qui commandent èsdictes villes feussent
cause par le mauvais traictcment quilz au-
roient faict au\ habitans d'icelles, touleffois
ne faut-il pas laisser d'en faire punition, alEn
que les aultres par tel exemple soient ad-
monestez de se contenir en leur debvoir.
Madame, si pour la reprinse de ladicte place
vous avez besoing d'emploier le canon
et user de force, je vous prie de disposer
entièrement de toutes choses selon que vous
congnoistrez estre nécessaire, mesmes n'espar-
gner les deniers de mes receptes. Me promec-
(ant, s'il en fault venir là, que mon cousin le
mareschal de Biron m'y fera ung très -bon
service et toute ceste noblesse de par delà,
laquelle se monstra si affectionne'e à mon ser-
vice, ainsi que me mandez par toutes voz
lettres, que j'ay très-grande occasion d'en
demeurer content et le recongnoistre, ainsi
que j'ay bien délibéré de faire; et si vous es-
timez, Madame, que je doibve envoier quelque
aultre provision pour remédier à ce faict, je
vous supplie de m'en advertir incontinant,
afiSn que je y satisface au plus tost, et cepen-
dant respondre pour moy à mon frère le roy
de Navarre et à tous ceulz de la religion pré-
tendue réformée que tant s'en fault que je sois
aulcunement consentant ny parlicippant de
telle entreprise, que je ne seray content ny à
mon aize que les auctheurs d'icelle n'eu soient
puniz, comme le doibvent estre ])crturbateurs
du repos publicq, ainsy qu'ilz congnoistront
par ce que j'espère qu'il s'en ensuivra.
Madame, d'aultant que je me délibère faire
partir demain le s'' de Maintenon, j'ay remis
à escripre par luy à ceulz de la court de par-
lement et auz habitans des villes, touchant
le faict, tant par ce qu'il l'en pourra trop
mieulx faire entendre mon intention, que
d'aultant que je vous envoie ce porteur, plus
pour l'occasion que vous verrez par la lettre
que je vous escriptz de ma main, que pour
mes affaires. Priant Dieu, Madame, qu'il vous
conserve en parfaicte santé, me reconmiaudant
très-humblement à vostre bonne grâce.
De Paris, le v' jour de décembre 1678.
XVIII
LETTRE DE HENRI III AU MARECHAL DE DAMVILLE
6 décembre 1678.
Mon cousin, sur l'extrême desplaisir que
j'ay de voir ma sincère intention à l'establis-
sement de la ])aix , et la peine et prudence que
la royne, madame et mère et tant de bons
serviteurs de ceste coronne prennent pour la
faire exécuter soit tant traversée de remises
et difiicultez, aussi le désir que j'ay de m'es-
claircir de ce que j'en puis espérer, j'envoye
par delà le s'^ de Maintenon-, chevalier de
mon ordre, conseiller en mon conseil privé
et grand mareschal de mes logis, pour faire
entendre à la royne madame et mère, à mon
' Bil)l. nat., nis. fr., 3365, 1° i5. • — Se reporter à la note de ia page 186.
' Louis d'Angeniies, marquis de Maintenon, était baron de Meslay du chef de sa l'euime, Françoise d'O; il lut
plus lard ambassadeur exlraordinairc en Espagne.
LETTP.KS DE CATHERINE DE MÉDICIS.
'i09
frèro le roy de Xnvnrre, cl iuilips de son
pai'ty, mon inlnntioii en ccsl endroicl; et luy
ayant anssi donni' cliaiffe vous vcoir et faire
sur ce entendre de ma part l'occasion de son
voiage, je vous prie l'assister et nie servir en
icellc de toule la fideile afleclion que je sçay
vous ])ort('7, au bien et rcpoz de ce royaume
et le croire de ce qu'il vous dira comme nioy
inesmes, (]ui prie Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte garde.
Escrit à Paris, ce vi'jour de deceml^re i ïi-jS.
Signé : IIiînhy.
lit plus bas : De \iîi;fville.
Mon cousin, j'envoie à la loyne madame
el mère la déclaration nécessaire touchant
i'euireprise de Reauccpiairo, faide par le s'' de
Casiillou ', allîn de s'en aider et servir par delà ,
selon qu'elle cognoistra eslre à propos el ad-
viserez par ensemble.
XIX
RKl.VTION nu CARDINAL D'ARM.VGNAC TOUCHANT L'ACCOMODEMENT QU'IL A FAICT
AVKC LE MARESCMAL DAMVILLK , POUR LE REMETTRE AUX BONNES GRACES DE SA MAJESTE".
Décomhre i 578.
Comme Sa Magieslé aura seu, mons'' le
mareschial Banville et luy se virent à Valla-
breghe •', et pour ce faire il ne laissa passer
nulle hoccaxion jusque à ce que il fust faill
et accomply, et luy mesme se délibéra de sortir
d'Avignon et se rendre auditt lieu aufin de
traiter avecque ledict sieur mareschial parti-
culièrement, et pour en avoir la plus seure
serlilude que faire se pourroit, an ce que
concernoitt le service de Sa Majesté, et moi-
ner ausy de adoucir les affaires antre les
dcus marescbauls, le tout avec(pie intension
que eu pourroilt succéder quelque chose de
bon, comme il en est réuci, estant venu ledicL
s' marescbal depuis en Avignon, là où Ton a
trailté de plusieurs affaires importans, il a
reprins en amitié le s' de Sainte-Giaglie, mis
dans la ville de Beauquère poui' i comander
conme seluy quy est ung des bons et affessio-
nés serviteur de Sa Magiesté, sans vouloir ledilt
sieur mareschial se sovenir d'aucune ciiose
que louchiatt à son particulier, là où il ira
du service de Saditte Magiesté. Délibérasion
totale conme il est ansuivy de vouloir aller
Irover la royne mère du I$oy, nonobslant que
plusieurs jours auparavant illuyavoitt anvoyé
sa famme pour salisfère et rendre conlantc
laditte dame, conme Sa Magiesté le pourroit
désirer; et ledilt monsieur le cardinal désire
que Sa Magiesté en resoivet.tel contantement,
conme de sa part il s'est mis en tout devoir et
l'ailt tout ce (]ue il a peu |)anser et imaginer
aufin que les elfes se an ansuivistent. Et sur ce
faitt icy sous le bon plésir de saditte Magiesté,
il saura volontier le contantement que au
pourroit avoir receu, et ce que depuis pourroit
estre ansuivy, estant leditt sieur mareschial
auprès délia royne.
Délia tranquilité de Languedocb, et |)our
l'obéissance toute telle que le Hoy [)Ourroit
Châlillon.
Bilil. nal., iiis. Fonds fr. iSôCio, 1" 1 '11. — Voir jiajje ■î9i et la note de
Valalirègue, liannsiu du déparlenjcnl de Vaiicluso, canton do Cavaillon.
CATlIKItlNK DU MkDICIS. VI.
pajje
iMi'MMrnii> !(ATio\*ie.
lilO
LETTRES DE C \THE
di'sirt'r <lc son peuple, iing de^ melieurs spii-
diaiit soroiH fjue Sa Magicstô moycnast avecqiie
II' ro\ ilr Xavai re de appeler auprès de liiy le se-
gnieur di' Ciastiglion'. conune il en a (juelijue
intensioii, à ce que Monsieur le cardinal a este'
assure', el que sans le peu de moien que il a
de l'aire ledit voxagie, il se seroitt mis an
chemin et estant de |)ar dellà avec(jue le roy
dr Navarre luv ])aglier quelque moien pour
povoir vivre et antrctenir. (|U(' ce seroitt ung
suoiett de le assurer el le sortir de cesie pro-
vins!'; laquelle, par sa |)r(!sence, il la tient
en tf'lle su[)resion et crainte cpie il ne osent
prandre parti, nv se déclarer ser\iteur du
lidv; l't le pe!q)le en resevroilt tel contan-
leniant que il conoisiroiti |)ar là la souvenanse
(pie leui' liov auroitl d'culs. et par niesme
moven Saditle Magiesli' en resevroilt toute cl
telle obéissanse (]ue il pourroit désirer; estant
le pi'uple dévoet à Sa .Magieste' et allessioné
à son servise ce que il se peult; mais estans
alla supresion ijue ils sont, il ne le peuvent
l'aire. La renilision de iMinerve eu est ausuivie
graseà Dieu, laquelle demeure à nostre Saint-
l'ère le pape sous la protesi(ni particulière de
Sa Magieste, oultre la générale ipie alla pri-
niière pais demeuioitt à Mons' le niarescliial
Danville et alla segoude pais à Mous'' le grand-
prieur, et aurores que les affaires avoient esiés
espelusciés par le menu alla assemblT-e de
Nimes pour effecluei' libremanl la rendision
délia ditte ville; au depuis il est sorvenu tant
des hoccaxions importantes de plusieurs an-
drois pour anq)escliier telle rendision que les
affaires se sont lendus tort dificiles, et a beau-
coiqj servy que Monsieur Patris à conlinuel-
RINE DE MÉDICIS.
lement a esté' auprès de S'-Auban -, et les con-
tinuelles remonstranses l'aittes aus soldas (|ui
estoient dans ladilte ville, que se randoient
disficiles, et rompre les mene'es d'aucuns, que
avoient estes prati(juës pour em]>escliier une
si bonne beuvic ; et avoient ancores les mesmes
comodités des vivres pour \vi mois, que il
avoient eu jusque alors ; leijuel s'' Patris nioiena
avecque une deslérité grande de ne laisser
tomber en longuiur de Irovs jours la rendision
délia ditte ville que il faglioilt pour altandre
délia court de parlemaut d Ais la ratiQcasion
du perdon du Pioy, et se feust pour certains
provansals que i estoient, et Ireuva ungspédiant
pour gaguier le tams et elTétuer une si bonne
lieuvre, el luy mesine les conduis avecque le
s'' de Saint-Auban au lieu nomé.
En lailt de I3eau(pière, inconlinant (jue il
l'ust rc(piis d'aide et secours pour l'assurance
délia ville et comme il emporloit du servise
du Roy, avoir salist'ett à tout ce que luv a esté
demaiulé, dès le jiremier joui' il baglia une
comjjagnie de Italiens de Sa Senteté, poiés
et sodoyés des deniers du S'-Père, pour Pes-
passe de deus nioys, que a ser\i pour ayder à
rcunpre les desseins des annemis, (pie cuidanl
trouver la ville denu(''e de l'orses, et sous telle
spi'rance ils se mirent ansamble le plus grand
nombre (pie ils peuvent pour essayer, après
avoir avitlouaglié le chiasleau, de attaquer
ladilte ville, que pour lors esfoil aizé, sans la
provoiance que l'on y a eu : à quoy mous'' le
niarescliial Danville ne se espargnia an rien ;
et ceuls délia ville, sur le bruitt que texolenl
courir les ughenos des grans l'orses que ils
avoient et auiassoient, outre les gamizons que
' l'.\>>\ t'niin'uis ito (lliùliltoii. (Voir la nolu de la pajje (j8.) — L'i'criliire et !<> st\t(> de celte pièce ont une telle
couleur italienne, que rintolligeure ilu texte est souvent dillicile.
■' Jac(|nes l'ape. seigneur de Saint-Auliaii, serviteur dévoué de la maison de Colif;ny, dont les courts Mémoires
Sont réimprimés dans le tome XI de la collection Micliaud et l^unjoulat, p. 4g5 à 5i4.
LETTRES DE CATHE
ils ont continuelles nus villes ans anvirons,
corne Nimes, .\f()n|)elier, lùiueniorle et Ba-
gnian, lesquelles sont à toutes heures prestes
pour marcier, intimidés, ung grand nombre
desdis Iiabilans abandonareni la \illi', à (jiiov
Tayde et secour a servv à rompre tels dessoins
que ils avoieut de l'amportor, ne ayant jamais
peu panser que ils fusent su&xans pour les
ampeschier de ne se faire maistre délia ditle
ville, la(|uelle est an tel estât, grase à Dieu,
que malèzeinant peutt estre forsée, et de recieif
il a baglié au segnieur de Sainte-Giaglie deus
canons montés avecque balles et munisions,
que sont à Vostre Magiesié, et proveu à se
que estoiet de nécessaire pour les anmener; et
continuera de tout son povoir de satisfère à
ce que se pri^zentera du service de Vostre Ma-
giestc sans espargnier ses propres biens, ny
sa propre vie.
Avoir satisfett à Mons' de Suxe de tout ce
que il a este' requis de îuy, et à tout ce que
il a peu panser et imaginer estre du servise
de Sa Magiesté; primièreniant il anmena
avecque lui à Vallabrcgbe et moyena (jne
mons'' le niareschial le tr'euva bon que servi
de une réconsiliation, et a continue' de adoucir
les affaires de Provance et de tratter d'accord
à sa propre requeste et à très grande instanse
de Mons'' de Lisin, que les affaires estoieul
tellemanl anilambe's que il ne se povoitt randre
si soudain à Ays sans grand incovéniant. Il Iuy
baglia ung sien villagie par della Duranse,
appelé .\evia, duquel lieu leditt sieur cardinal
se en estoiti f'aitt maistre pour obvier ans des-
seins contraires pour ce faiti icy, que Iuy a
servy d'antrée et escorte pour faciliter son des-
sain et l'accomplir, conme ausv il a bien volu
soufrir cinq sans soldas vivans auls dépans
RINE DE MÉDIGIS.
à\l
du peuple xvi giours dnrnn, dans les terres
du Saint-Père le pape, et oultre à ce il leur
a faitt fournir plusieurs quantités de peins,
que jusque à présant il en est responsable et
payeur, ne voulant an rien, lanl sa propre vie
conme son propre bien, eu avoir aullre sugielt
que de les disposer pour le service de Sa Ma-
giesté.
Que il est nécessaire pour la conservation
della ville de Taraschon, tant importante au
servise de Sa Magiesté, que le plus pronlemant
que faire se pourra, que il vous rauvoye de
j)ar (Icssa devers moy, avecque lettres adres-
santes auls consuls della diltc ville, de teneur
à les persuader avecque le plus d'affection que
faire se pourra de se conserver sous l'autorité
de Saditte Magiesté, comme il ont faitt jusque
à présant, se prenant bien garde auls menées
que l'on faitt pour se servir della dilte ville
par ceuls que se sont distrès de son obéis-
sance ; avecques lesquelles il satisfera beaucoup
pour le service de Sa Magiesté et en attandant,
incontinant parti le niareschial Bollegarde,
pour satisfère à ce que sera nécessaire, il Iuy
anvoiera ung des siens pour emppscbier auls
mesciansetés que sont grandes, et Sa Magiesté
sest de quelle importance Iuy est laditte
ville.
Que continuellement comme il voiti estre
du service de Sa Magiesié, il persuade ceuls
du Saint-Espritt ' à satisfère alla volonté du
Roy, de recevoir ung gouverneur tant avecque
lettres conme ausy verbalement quand il vont
en Avignon, leur remonstrant que la moindre
levée que les ughenos fasent ils se serviront
della ditte ville à cause des parsialités qui sont
dans laditte ville, et «usy une partie d'eus
animés alla piglierie que ils ne pouroient re-
• Ponl-Saint-Esprit, chef-lioii de canton de l'arrondissement d'Uzès, ou plul6l Saiiil-Espril, hameau du dépar-
tement de Vaucluse, canton de Sault.
5a.
!i\-2
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
«fislcr cl satisl'èio sans un ciefi'. Une part dV'uls
coudisscnt cstie vérilable et rontinucra à les
l)ialij;uoi-, et les povans faire rondessandre à
uni' M liiiime beuvre. ne vimlani le sej'niciir
de (l!aii(la\ie, rcjiune il ne veulent jusque à
présani an nulle l'asou, (pie il plaise à Sa Ma-
<[iesle nonier (pielqiie aultlire, aufiu de ne
perdre l'occnzion, si Ton la peult efletuei',
connie [je seray sojjuieuls, estant une chose
si iniporlanlc à Sadille .Majjiesté, estant par
dessa ne nie serxiray de vous ]iour salislere
aveçque un[; des niii>ns, rnnine il est néces-
saire pour le servise du Uoy, aiils menés (]ue
rourcnl.
liKoi KTK i)i;s \(;kn\is à i,\ iii;i>E mèhi- rcur, oiitkmh hkti'.i: iiKcnMw.i's d'im; imi-ositiox
i)i; joiio Livr.Ks. — r.iirrnsi; dk (atiujunk m; aikmk.is i;> idioiK irui;n(i>>\>CK '.
•_>i) ilrc-i'ml>rc i .')->>.
.1 la Ho
loi/nfi iiirrr i
lu Uni/ -.
Madame ,
Les riiusul/,, nianaus et lialiitaiis de la villi'
d'Aifen \ous remoiislrenl liès-Ijiiiiihli'iueiil
c<uniuent, pendant les troubles derniers et au-
tres préci'deiis, ilsonct l'aicl pbissieiirs grandes
el à eulz insup<irlables drsjiaiicrs poui' con-
server lad. ville cil lobéissaiirc et service dn
Rov, coinuie bien Votre Majesté a peu coi-
gnoistre el enlandre despuis ipfelle e-t arrivé'e
en ce jiar-;. ipTcsl cause (pi il c-t ini|io<sibl('
ausd. sup|)li.ins lorinr à tant de (barges e\tra-
(U'dinaires (jue leur sont mises sus, niesiiies
la somme de deux mil livres que lad. ville a
esté colbi/.éc pour la subvi'nli(ui des villes
closes (pie a cslt' lanm'e deruii'ie impousée
sur le présent pais d'Agcuuis, laquelle ilz
doyvenl encore ]iour ne lavoir peu pavei' à
cause de la grand nécessité du peubli\
.\ c(>sle cause. Madame, et (jue la pouvrelé
desd. snpjiliaiis vous i si noiboirc. voz ]daira
à voz j;raccs. en cimsidéi'alion de la bonne
voloiiU' ipi'ilz onct an service du l'iov et des-
pances |iar eiilx raict(>s pour icelles. leur re-
nieclre ou laire renicclre au llov lad. somme
de diHix mille livres proveiiaiit de lad. sub-
veiilion; el les snp|)lians [iricr(uil pour voire
|irosp(''ril(' et sant('.
La Iiovue mère du lio\. avant ov la leclun^
du continu en ceste re(piesle. estant assistée
d'aucuns sieurs du Conseil privé du Itov es-
lans par deçà prî's elle. Sa Majesté a renvoyé
el renvoyé les supplians jiar devers le Roy son
lilz, ampiel elle escripra viduntiers les gra-
lillier, comme ses alïaires et la raison le peult
permectre.
FaicI au Port-Saincle-Marie, le .\xix'"' dé-
cembre i.'i-S.
Siir)ic ; Pin ART.
' .\iclii»i'S d'.A;;i'ii, liB n" '^'^, C 38. — .ircluves liisloriqiies île lu Ciroinlf. I. \\1\, p. 170.
- L'iiiloivenliim de la reine inére fdt ollic.ncc. l^ir letlies pateules da 20 juillet ir>78 ( Aicli. (r.\;;eii, ;\A 17), les
Ajreiiais liiiedi (li'('lKii-''es de celle coiilriLiilior.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
413
XXI
riiOMESSE FAICTK PAR H ROYNE MERE AU ROÏ DE NAVARRE, DONT IL A ESTE VULTANT ENVOYE
AU ROY AVEC LA SUSDICTE Dt'PESCIlE DU XVl*^ DECEMliRE 157,s '.
Le XVI'' jour de décembre iS^S, délibérant
et traictant la royno mère du Roy avec le roy
(le Navarre en la jjrésence de monseigneur le
cardinal de Bourbon et de messieurs de Va-
lence, de Lanssac, d'Escars, de Foiz, de S'-
Supplice, de Piebrac et de La Motbe-Fénelon,
tous conseillers au conseil privé du Roy, sur la
redition du cbasieau de la Réolle à ladicte
dame royne par l'advis et conseil des s" des-
susdits et suivant rédict de paciffication, pro-
mis et proniect par ces présentes audicl s'' roy
de Navarre ce qui s'eusuict : Assavoir, que
ledict chasteau de la Réolle dedans siz jours
sera remis es mains dung gentiiliomme que
ladicte dame royne nommera, lequel (s'estant
asseuré et rendu le plus fort dedans ledit
chasteau et autres, ce déclaré à Mons' le nia-
resrbal de Biron [xmr le faire entendre à uug
aultro genlillioiniiie que icelluy s' roy de Na-
varre envolera à ces fins dès demain audit lieu
dif t la Re'olle deux jours après que la garnison
qui est es villes de ladicte Re'olle sera vuidée
et iceile ville en plaine liberté) remeclera icel-
luy chasteau et villes en la charge et garde
d'un autre gentilhomme qui sera nommé par
ledit s' roy de Navarre et ladicte dame royne.
En lesmoing de quoy iceile dame royne a
signé la présente, ensemble ledit s'' cardinal de
Bourbon et aullres s" dessus, comme aussi
fera ledit mareschal de Biron, auquel ladicte
dame royne a commis et baillé la cbarge de
l'exécution de tout ce que dessus.
Faict à Nérac, les jour et an dessusdils.
XXII
PROMESSE DE LA ROÏNE , MERE DU ROY, DONT EN A ESTE ENVOYÉ AULTANT AU ROY
AVEC LA DÉPESCHE QU'ELLE LUY A ENVOYe'e PAR TANCRET, CY-APRÈS ENREGISTRe'e ".
a3 décembre i 578.
La royne mère du Roy, advisant a us moiens
de pourveoir au fait de la Réolle, a, oultre ce
qu'elle a respondu et accordé sur articles et
remonsirances quy luy ont esté présentez par
le s' de Duras dernièrement qu'il estoil à Auch ,
promis audit s' de Duras pour ceulx qui sont
dedans le chasteau de ladicte ville et aultres
babitans calhoUiques des villes d'icelle Réolle
que justice leur seroit ouverte par devant les
juges ausquelz la cognoissance en appartient,
allencontre de ceulx qui, au préjudice de l'é-
dict de paciffication et depuis la publication
' Bibl. nat., ms. fr. 33oo, (* 1 16 1".
' Bibl. nat., ms. fr. 33oo, (^ 116 r°.
p. 1 83 et suiv.
La dépêche dont il est fait mcnlion est du ai décembre 1^78. — Voir
àià
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
d'iceihiy, leur ont en leurs personnes et biens
faict tort et domaige, ayant ladicte dame
royne pour ceste occasion, et aussi qu'il est
très-raisonnable qu'il en soit ainsi faict, bien
vouHu signer cest article et icelluy mectre es
mains dudit s'' de Duras pour i'asseurer ausdits
habitans de la Réolle.
Faict au Port-Saincte-Marye , le xxiii' dé-
cembre 1578.
XXIII
MEMOIRE ET ARTICLES DONT EN A ESTE AUSSI ENVOIE AULTANT AU ROT,
AVEC LADICTE DEPESCHE QUE LUY A PORTEE LEDIT TANCRET
Que huict ou diz jours après que la garnison
de ceulx de la religion pre'tendue refformée
sera vuidée des villes de la Réolle, l'on désire
que lesdictes villes demeurent vidées de gar-
nison desdits de la Religion, afin que les ha-
bitans catholicques de ladicte Réolle ayent
moyen de rentrer en leurs maisons et s'i ra-
cominoder plus aizément.
Cependant la royne mère du Roy, assistée
des princes et s" du conseil privé de Sa Ma-
jesté qui sont icy, promecteront soubz la si-
gnature d'icelle dame royne et desdits s'''
princes, de monsieur le mareschal de Biron ot
autres susdits s" dudit conseil privé du Roy, de
remectre lesdieles villes et chasteau de la
Réolle , suivant l'édict de pacifBcation , es mains
du roy de Navarre et desdiis de la religion
prétendue réformée, y mcctant pour gouver-
neur le s'' du Sac et seulirmenl le nombre de
soldatz de garnison portez par ledit édict.
Mais aussi iceile dame royne désire , suivant
la prière que tous les catholicques luy font
(pour n'en courir poinct au danger qu'il y au-
roit et qu'ilz craignent, si la conférence ne
réussisoit, que Dieu ne veuille, au bien de la
paix, que l'on exerçast quelque vengeance sur
lesdits catholicques de la Réolle, à cause de
ce qui est naguères advenu), que ledit s' rov
de Navarre promecte à ladicte dame royne,
ne réussissant ladicte conférence, il sera tenu
de remectre promptement lesdictes villes et
chasteau de la Réolle es mains du Roy, et ce-
pendant sans dilation ou excuze bailler à la-
dicte dame royne lesdictes villes et chasteau
de la Réolle.
Ladicte dame royne, mère du Roy, s'attend
que le roy de Navarre son filz, suivant la pro-
messe qui lui a tousjours si expressément
faicte, qu'en faisant par ladicte dame royne
rendre ausdits de la religion prétendue reffor-
mée ladicte Réolle, ledit s' roy de Navarre
rende et remecte aussi à l'heure et en mesme
temps la ville de Florence en tel estât qu'elle
estoit quand ledit roy de Navarre y est der-
nièrement entré; et cependant elle désire que
ledit s'' roy de Navarre, luy confirmant sadicte
promesse , la luy baille par escript , afBn qu'elle
puisse satisfaire aux catholicques qui luy en
font avec raison et très grande instance.
Bibl. nat. , ins. fr. 33oo, f" 127 v°. Copie. — Voir la note de la page 2o3.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
415
XXIV
PROMESSE DU ROY DE NAVARRE À LA ROYNE DE FAIRE REMETTRE FLORENCE
5 janvier 1379.
Madame, je vous promeclz et asseure par
iii préscnlo qu'aussi tost quo les villes et clias-
leau de la Uéolle seront remises selon l'édict
de pacifEration, que je ne fauldray de vous
rendre et remectre la ville de Florence au
mesmc estai et tout ainsi qu'elle estoit, lors-
que j'y cntray le soir que nous eusines à Anch
la nouvelle de la surprinse de ladicte Réolle
j);u- les catholiques qui se saizirent dudit
cliasteau; ni'asseurant aussi que, suivant ce
qu'il vous a pieu me promectre, vous ferez
mectre la ville de Lauzerte selon et suivant
le contenu audit édict de pacifïîcation. En tes-
moing de vérité et d'asseurance de tout ce que
dessus, j'ay signé la présente, au Port-Saincte-
Marye, le cinquiesme jour de janvier 1579.
Vostre très-humble et très-obéissant servi-
Icur et fils,
Henrt.
XXV
REIGLEMENT TOUCHANT LA VILLE DE CONDOM,
ENVOYÉ AU ROY AVEC LADICTE DEPESCHE DUDIT SIEUR DE DINTHEVILLE '
Du 2i-a4 janvier 1079.
La Royne, mère du Roy, estant en conseil,
assistée des princes et seigneurs du conseil
privé du Roy estans icy près d'elle, après
avoir bien oy le s"' de Rocquepine dépesché
vers elle de la part du s"' de Bajaulmont, sé-
neschal d'Agenois et de Condommoys , envoyé
ces jours icy à Condom par Sa Majesté pour
y pourveoir à la seureté de la ville et donner
ordre à ce qui estoit nécessaire suivant la
charge et instruction qu'elle le luy en feit
bailler quand elle l'y envoia, après avoir oy
aussi par ladicte dame estant audit conseil
Jehan de Baix et Anthoine Touzin, depputlez
des habitans d'icelle ville, a, ladicte dame
royne, mère du Roy, ordonné ce qui s'ensuict,
assavoir :
Que ceulx des habilans de ladicte ville
qui en sont hors rentreront en icelle, et
que tous les aultres habitans, tant catholi-
ques (jue de la religion prétendue relTormée,
promecteront par acte publiq, qui sera enre-
gistré en i'hostel de ville, qu'il ne leur sera
faict aucun tort ny déplaisir en leur personnes
et biens, aussi lesdits qui rentreront en la-
dicte ville et promecteront de niesmes aux
aultres qui y sont à présent; et tous ensem-
blement se jureront amilyé, oubliant les choses
passées, dont ilz se remecteront à la justice
Bibl. nal., ins. fr. 33oo, P i iG v". — Voir p. 190.
Copie, ins.fr. 33oo, P i38 r". — Voir p. 2i3, sSo et 2/11 noie.
616
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que ladicte dame royne promect aux ungz et
aux aultrcs d'en faire faire. Et pour certaines
occasions etservans le bien et repos de ladicle
ville, ladicte dame royne veult et ordonne
audit s' de Bajaulmont se'neschal, qu'il ait à
faire signifiier et dcffendre au jeune Sarranon
chaussetier, Ballensin cabareticr, le jeune
Balgueries tesserier de laine, Capdeignet ven-
deur d'espingles, Bazeneria, le jeune Mariné
chaussetier, Bernardin violon et Marcavieilie
bonnetier de n'entrer ny aprocher ladicle ville
de Condom de troys lieues près, sur peine de
pugnilion , et ce de troys mois, ou jusques ad
ce que aultrement en soit ordonné, ordonnant
aussy icelle dame royne audit s''sénescbal de
faire mectre en liberté les cinq prisonniers
ou ostaiges qui sont es mains et en la charge
du s' chevalier de Monlluc, à leur caution ju-
ratoire de eulx représenter quand besoin sera,
comme il a esté advisé audit Condom. Et
quand aux trois aultres prisonniers ou ostai-
ges, ilz seront amenez seurement en ce lieu à
ladicte dame royne, pour en ordonner après
par elle, ainsi quelle verra bon esire; ledit
s'' chevalier les remectant pour cest efiect es
mains dudit s'' séneschal.
Et affîn que ladicle ville puisse demourer
en seureté, et tous les habilans d'icelle en paix ,
repos et union, les uiigs avec les aultres, soubz
rauctorité du Roy nosire Seigneur souverain,
ladicte dame royne, sa mère, a ordonné le s'
de Mousseron ' pour y estre gouverneur et y
commander jusques ad ce que par Sa Majesle
en soit aultrement ordonné, et qu'il y soit
appelé des aultres gentilzhommes voisins les
ungs après les aultres pour y servir le Rov et
y commander ainsi que Sadicte Majesté advi-
sera ; escripvant à ceste fin icelle dame royne
audit s' de Mousseron qu'il ail à aller prendre
la charge d'icelle ville, en laquelle ledit s''
séneschal l'installera et commandera, de la
part du Boy et de ladicte dame royne, sa
mère, aux magistratz tant de la justice que
de la pollice, manans et habilans d'icelle ville
luy obéyr.
VouUant aussi ladicte dame royne que
ledit s'' séneschal face assembler tous les ha-
bilans de ladicte ville en l'hostel d'icelle et
que là ilz promectent et s'obligent, comme
ilz ont faict dire à ladicte dame royne qu'llz
feroient, de bien et soigneusement garder et
conserver ladicte ville soubz l'auctorité et en
l'obéissance du Roy, sans qu'il y soit au-
cune chose entreprins au préjudice de son
service.
Deflandant derechef ladicte dame royne au
nom dudit Seigneur Roy, son filz, aux lieute-
nans général et particuUier de ne rentrer ny
approcher de ladicte ville, comme il leur a
esté inhibé, mais se retirer à Agen par devers
les gens tenans la chambre de la justice estu-
blye audit Agen, ausquelz le Roy a commis
et atribué la cognoissance des jugenians des
procès de tous les dilférens , querelles et
meurtres advenuz audit Condom.
Faicl au Porl-Sainte-Marye, le xx° jour de
janvier 1579.
' M. de Mousseron semlile avoir élé iin liomme modéré, ([ui fit lous ses efforts pour maintenir la paix ù
Condom.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. !i\l
XWI
MÉMOIRli PRÉSENTÉ PAR LES CIIEES DE LA REFORME À IlKNRl III SUR LES MOYENS D'ASSURER
LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIN, AVEC DES NOTES DE CATHERINE DE MÉDICIS EN RÉPONSE '.
6 février iS-g.
Au Iloij.
Sire, coinbion que vostre royaume, de longtemps agité par
les plus gnuides et périlleuses tempestes qui ayenl jamais
travaillé aulcun aultre estât, ne soitencores remis en la pre-
mière tranquillité, à cause de la continuation des dissentions
et discordes civilles proceddant des défiances que la malice
du temps et la passion et animosifé d'aucuns turbulans et
et faccieulx espritz ont entreprins et qui produisent encores
tous les jours les désordres, confusions et actentatz qui se
voyent en ])lusieurs endroitz, au grand regret de toutes gens
de bien et bons serviteurs de Vostre Majesté et de vostre
estât, prévoyans les grandz dangers ausquelz on est d'estre
replongez aux grandz malheurs dont on n'est encores bien
sorty, et finablement taire naufrage et périr inévitablement,
s'il n'y est promptement pourveu; ce néanlmoiugs, aussi tost
que la royue, mère de Votre Majesté, estant arrivée en ce
pais, a faict entendre au roy de Navarre le sainct désir et
très-louable alléction que vous avez de remectre entre vos
subjectz une bonne paix, réconciliation et réunion, et que
pour cest effect il luy a pieu trouver bon de faire une confé-
rance généralle, en laquelle les églises réformées de vostre
royaulme envoleront leurs députez vers ledit seigneur roy de
Navarre, pour tous ensemble adviser avec ladicle dame royne
les plus propres et convenables moyens pour establir entre
tous vosdicts subjotz tant de l'une que de l'aultre relligion
ung bon, asseuré et perdurable repos universel, chacun
fidelle subject de Vostre Majesté a espéré que par ce moyen
ou pourroit parvenir au port de salut tant désiré, et que
c'esloit le remède nécessaire pour préserver d'une rechente
' Bibl. nat., ms. fr. 33oo, f ih-. — Voir pa;;n 2/19 el note i, page aSo.
Catubrine de Méoicis. — VI. 53
tuPRiMrtiie ItATintAtc.
il8 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
mortelie ie corps général de vostre estât, abboly et attcuué
de plusieurs grandes et dangereuses maladies. A ceste
cause, ledit s'' roy de Xavarre, le prince de Condé et ceulx
de la noblesse et autres du commun estât de vostre royaume
faisans proffessioQ de la religion réfformée, voz très-humbles
et très-obéyssans subjectzet serviteurs, pre'sentent à Vos Ma-
jestez avec toute humilité ceste remoustrance et très-humble
supplication de ce qui leur a semblé estre nécessaire pour
avoir bon succès et heureuze yssue de ladicte conférance,
qui soit à Tlionneur de Dieu et conservation de son église,
au bien de vostre service, repos et tranquillité généralle et
soulaigement de tous voz subjectz.
Premièrement ilz protestent devant Dieu que jamais n'est
entré en leur cœur, tant peu que ce soit, se distraire de
Tobéyssance très-humble et fidélité qu'ilz doibveut à Vostre
Majesté, et moings de provocquer vostre indignation pour
quelque occasion que ce soit; recongnoissans que leur vocca-
tion ordonnée de Dieu est de vous rendre toute subjection,
et partant, sy Vosire Majesté trouve que par ceste leur sup-
plication ilz requièrent quelque chose par dessus le dernier
édict de paciffication, ilz la supplient très-humblement ne le
prendre en mauvaise part et l'imputer à la nécessité urgente
qui les a ad ce contrainctz, après que parles expériences du
passé ilz ont congneu la mauvaise volunté de plusieurs insi-
diateurs de leurs vies, honneurs et biens qui ont tousjours
uourrv leurs haynes et inimitiez et ne cessent encores de
vexer et molester lesdifs de la Religion par tous moyens et
artiiïices desquelz se peuvent adviser. Tellement qu'à ceste
occasion tous' les traictez de paix que par cy-devant ont esté
faictz ont demeuré sans effect, et on a veu par trop souvent
la paix rompue plutost qu'un seul article des édictz bien exé-
cuté.
Ce que ne procèdde d'ailleurs que de l'inégalité qui a esté
par cy-devant entre les subjectz de ceste couronne, non seul-
lenient en faictz politicques, mais encores plus au faict de la
religion. Car tout ainsy que le vray moieu d'une concorde
entre plusieurs de mesme obéyssance, concitoiens d'ung
royaume et compatriotes, est l'égalité mère et nourisse de
paix, aussy par le contraire de l'inégalité provient le mespris
de ceulx qui sont moings favoriz; et, outre ce mescontente-
ment qui leur en demeure, l'audace des autres, appuyée de
1°. C'est contre ledit et con-
tre la fin et intention d'iceluy,
qui est la paix et repos.
LETTRES DE CATIIEIU.NE DE MÉDICIS. fM
leur faveur, faict qu'ilz se licenlient à toutes choses pour se
prévalloir au de'sadvantaige et dommaige de l'autre party,
dont ilz sont en continuelle déffiance; laquelle ne peult ostre
longuement cacliée sans produire de nouveaulx elFectz, (|ui
le plus souvent causent de grandes dissentions. El d'aultanf
que sur toutes ciioses la relligion est le plus seur lien qui
peut conserver la société humaine et faii'e continuer chacun
en son devoir souhz la craincte de Dieu et l'obéissance de
son prince, exerçans mutuellement les oDQces de charité et
amilyé l'uiig envers l'autre, et que par le passé, lorsque
l'exercice de la religion refformée a esté limité et restrainct
à certains lieux, il est advenu que l'exécution des édictz a esté
non seuUement difficile ou impossible, mais aussy très-dan-
gereuse et qu'on a veu plusieurs ofFences, injures et autres
excès cruelz et inhumains avoir esté commis sur ceulx de
ladicle religion, lorsqu'iiz ailoient aux presches hors des villes
et lieux de leur demeure et habitation, ou qu'ilz s'en retoiu-
noient; et de là plusieurs ont prins occasion d'exécuter leurs
malices et vindictes particuliières, l'impunité desquelz for-
faictz a faict entrée à la recheute des troubles qui par si lon-
gues années ont eu cours en ce royaume. A quoy n'est pos-
sible d'obviei' tant que ladite inégualité au faict de la religion
sera entre les subjectz d'une mesme monarchie, veu niesme-
ment qu'en ce temps et depuis le dernier édict, semblables
inconvénientz sont advenuz en plusieurs endroictz oii lesdils
de la Religion ont esté non seulement empeschez de s'assem-
bler pour faire l'exercice de leur dicte religion, mais, qui
plus est, diversement offencez, injuriez et menacez de mort,
tant dans les villes que à l'entrée ou sortie d'icelles; en quoy
n'a esté rien espargné pour garder qu'ilz ne peussent jouir
aucunement du fruict et bénéfice dudict édict, et partant
qu'ilz n'estiment avoir chose plus chère et plus précieuze (jue
l'exercice libre de leur dicte religion, suppliant très-humble-
ment vostre dicte Majesté, considérant ce que dessus et qu'il
n'est raisonnable que dans son royaume entre ses subjectz
soit trouvé mauvais et prohibé de faire en une province, une
ville ou lieu, ce qu'est trouvé bon et permis en ung autre,
qu'il plaise de moustrer en tout une bonne et esgalle volunté
envers tous ses subjectz, tout ainsy que le requiert d'eux et
luy est deue pareille et esgalle obéissance, et ostant par ce
moyen toutes occasions de deffiances, comme sadicte Majesté
53.
A20
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
n'. La royne s'en remet à
ce qui est porté par i'édit.
m". La royne ne veult ny
ne peull leur accorder aulcune
chose des biens ecclésiastiques,
pour ce que c'est chose formel-
lement contraire aux articles m
et xviii" de l'e'dit : aussy n'en
ont ilz jamais demandé qu'à
cest'heure.
UII^ La royne ne veult ny
ne peult rien ordonner contre
a vouUu que les catholiques soient maintenus en la liberté
et exercice de leur religion par tout son royaume et en tous
lieux, luy plaise aussy, ampliant quant ad ce ledit dernier
édict, accorder et permectre l'exercice libre puhlicq et géné-
ral de la religion rélTormée par toutes les villes et lieux de
son royaume, terres et païs de son obéyssance et protection,
sans aucune restriction de temps, de personnes ny de lieux,
oii lesdicls de la Religion puissent, avec toute liberté etseu-
reté, faire tout ce qui appartient à l'exercice de ladicte reli-
gion, sans qu'ilz en puissent esire recherchez, molestez ny
empeschez en aucune manière.
Et que à ces lins soil permis faire édiffier et construire des
lieux pour faire ledit exercice, et ceulx qui ont esté desjà
édifiiez par eulx leur soient renduz en Testât qu'ilz sont. Et
où ils auroient, pour iceulx construire, prins quelques ma-
tières qui ayent appartenu aux ecclésiastiques ou autres ca-
tholiques, des ruines et desmolitions faictes, ilz ne puissent
pour raison de ce estre recherchez ne molestez.
Et pour ce que suivant les édictz lesdits de la Religion sans
aucune dilliculté ont payé aux bénéficiers ecdéziastiqnes
les dismes de leurs fruictz en la manière accoustumée, les-
quelle dismes par la disposition du droit doibvent estre des-
tinées à l'entretenemenl de ceulx qui servent en l'église,
attendu que les ministres de la parolle de Dieu font pour les-
dits de la Religion le service divin selon icelle, sans que lesdits
de la Religion reçoipvent aucun service desdits eccléziasticques ,
plaise à Voslre Majesté, eu considération des grandes ruines
et pertes des biens advenuz ausdits de la Religion parla con-
tinuation des guerres, les soulaiger de l'entretenemenl né-
cessaire de leurs pasteurs et ministres, et ce faisant , ordonner
que sur lesdits dismes soit baillée certaine portion annuelle
en chacun diocèze pour la nourriture et entretenement des-
dits ministres et autres servans de l'église, selon le nombre
qui y sera, laquelle portion ou pension leur sera par cha-
cune année fouruye et délivrée par les fermiers desdits béné-
fices ou autres qui prenderont et lèveront lesdites dismes,
lesquelz puissent estre ad ce contrainctz par toutes voyes et
remèdes de justice, demeurans les fruictz desdits dismes à
cest effect hypothecqucz.
.4ussy, par les ordonnances du feu roy faictes sur les plainctes
des tiers estatz assemblez à Orléans, le revenu d'une prébende
LETT
l'ordonnanfc faicle à Orléans
à la requcste des Estatz-géiié-
nuih (lu royaunn' et reifjle-
mens depuis l'aictz tant par le
Roy que par ses eourU de par-
lement.
RES DE CATHERIiNE DE MEDICIS.
hil
v^ Pour obvier à tous ces
inconvéniens sera pourvou par
le Roy d'un bon règlement en-
tre lesdits courtz de parlement
et lesdictes chambres , et tel que
ceulx de la religion prétendue
réibrmée jouyronl entièrement
pour ce regard de l'e'dit. Quant
au nombre, celluy qui est porté
par ledit édit est très-suffisant,
et l'augmenter ne serviroit que
de longueur à la justice et de
charge au Roy et à ses sub-
jeclz; aussy ne veult la royne
rentre la teneur de l'édit de
j)acifficalion rien cliangcr du-
dit article de l'édit. Pour le
regard des gens du Roy, gref-
Gers et huissiers, seront suivi/,
les articles secretz. Le Roy
commettra au plus anlien des
conseillers desdictes chambres
ungseau pour sceller les expé-
ditions nécessaires pour Injus-
tice, en l'absense d'un maistre
en chacune église cathédrale et collégiale doibt estre réservée
et destinée pour l'entretenement des précepteurs qui seront
pour instruire les jeunes enfans, laquelle ordonnance a de-
meuré sans aucun elTect en plusieurs villes, soubz prétexte
que l'eslection et destitution desdits précepteurs par ladicte
ordonnance a esté réservée aux archevesques ou évesques (jui
refusent comniectre et reccpvoir en ladicte charge ceux de
ladicte religion. A ceste cause , plaise à Vostre Majesté ordonner
que la .susdite ordonnance sera bien et diligemment effectuée;
et suivant icelle une prébende en chacune desdictes églises
soit affectée pour l'entretenement des précepteurs qui seront
commis par les consulz ou autres administrateurs des villes,
sans aucune différence de relligion et sans que soient con-
trainctz à autre eslection desdits archevesques ou esvesques,
desrogeans quanlt à ce à ladicte ordonnance, icelle néant-
moings demeurant au surplus en sa vertu.
Et comme la justice esgallement et bien administrée est
l'ung des principaulx moyens pour entretenir la paix, aussi
linégalle administration et distribution d'icelle et l'impunité
proposée aux maleings, qui sont par ce moyen enhardiz à
toutes sinistres actions, est grandement dangereuse et perni-
cieuze, de(|uoy lesdits de la Religion ont plusieurs expériences,
ayans congneu depuis la naissance des troubles qu'ilz n'ont
plus grand/, adversaires mal affectionnez à leur bien que la
pluspart des otficiers qui sont en courtz de parlemens, les-
quelz, pour l'auctorilé qu'ilz ont avec l'intelligence de plu-
sieurs villes des principalles de ce royaume, entreprennent
ordinairement sur les édictz et traictez de la paix, tant par
leurs registres secretz qu'aultrement, au préjudice desdits de
la Religion, et prennent cognoissance de leurs affaires, non-
obstant l'incompétence l'ondée sur lesdits édictz, usans de
plusieurs dissimulations, injustices et oppressions, oulti'e les
brigues (ju'un chascun saict avoir esté faictes pour empescher
l'establissement des chambres ordonnées par les deux der-
niers édictz, mesmes au ressort du parlement de ïhoulouse,
où, par faulte d'avoir la justice rendue par juges non pas-
sionnez, est advenu que plusieurs ont esté jugez et exécutez
à mort, et d'autres privez de leurs droictz par les jugemens
tant de ladicte court de parlement, que séneschal dudil Thou-
louse et d'autres officiers suspectz; tellement que lesdicts de
la Religion sont hors de toute autre espérance d'en avoir meil-
422
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
des requestes , et y fera re'sider
ung des notaires et secre'taires
de ladicte court ou bien ung
des secrétaires de la chancel-
lerie, pour signer les arrestz
de la chambre et autres expédi-
tions de ladicte chancellerie ; cl
quant aux procureurs postu-
lans , est permis aux procureurs
desdits parlements d'aller ser-
vir èsdictes chambres, et, en
cas que le nombre ne feust
suffisant, en sera érige' par le
Roy et pourveu gratuictement à
la nomination desdictes cham-
bres tel nombre qu'elles advi-
seront, pourveu qu'il n'exedde
diz, et dont elles envoyeront le
roolle sur lequel seront faictes
et scellées les provisions.
leur traictement pour l'advenir, prévoyans que tels ou sem-
blables inconvéniens adviendront s'il n'y avoit justice eslablye
en nombre esgal tant de l'une que de l'autre religion, comme
avoit esté arresté au traicté de paix faict en l'an v° soixante
seize. Pour ce que le plus grand nombre d'hommes tousjours
a surpassé le moindre, plus souvent par nombre d'hommes
que par raison, dont ne pourroit advenir qu'un mal inesti-
mable à ceulz qui auront à poursuivre l'expédition de leurs
affaires et un blasme continuel aux officiers qui seroient
mis et ordonnez èsdictes chambres, comme desjà il est par
plusieurs fois advenu en la chambre eslablye à Agen , où il
n'y a eu que confusion en la pluspart des jugemens qui y
ont esté donnez, et l'administration de la justice a esté di-
versement retardée ou empeschée, mesme par la court de
parlement de Bourdeaulx, laquelle n'a vouliu admectre les
déclinations desdits de la Religion fondées sur voz édlctz,
ains les a condampnez en diverses amendes, retenu la con-
gnoissance de leurs faictz, cassé les procédures et arrestz de
ladicte chambre d'Agen au grand préjudice de voz subjectz
et intérest du publicq. A ceste cause, plaize à Vostre Majesté
faire establyr les chambres mipartyes et composées de pareil
et esgal nombre d'officiers des deux religions au ressort de
voz cours de parlemens de Thoulouze et Bourdeaulx; et en
chascune d'icelles, du moings jusques au nombre de vingtz
présidens et conseillers, avec ung advocat et ung procureur
général, deux greffiers l'un civil et l'aultre criminel, huis-
siers, procureurs et tous aultres officiers nécessaires tant
pour lesdictes chambres que pour la chancellerye, qui y
sera par mesme moyen establye, à la nomination qui sera
faicte des officiers de ladicte religion par le roy de Navarre
avec l'advis des églises. Et quant aux huissiers et procureurs
à la nomination desdictes chambres, et que lesdictes cham-
bres ayent toute jurisdiction souveraine, privativement à tous
autres juges, des procès et différendz meuz et à mouvoir,
esquelz lesdits de la Religion auront intérestz, comme parties
principallesouguarandz, tant en demandant que defl'endant,
et en toutes matières civilles et criminelles, soit en instances
principalles attribuées aux courtz de parlemens en première
instance, ou par appel verballement ou par escript, et pour
la séance d'icelles soit pourveu des lieux propres et commodes
ausquelz avec toute seureté puissent estre tant les officiers
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
i23
vi'. Pour le rejT.ird des prn-
ceddurcs et jugomens aupara-
vant l'e'dit, y a cslë pourveu
par plusieurs articles d'icelluy
édit. Quant aux jugemens de-
puis donnez èsquclz les partyes
n'ont proceddé volontairement,
ilz seront censez et réputcz tout
ainsy et comme sont coulx qui
ont este' donnez auparavant Té-
dit. Et pour le regard des ar-
restz donnez contre ceulx de
ladicte Religion qui ont pro-
ceddé volontairement, iceulx
arrestz demeureront, et néant-
moins sans préjudice de l'exé-
cution d'iceulx se pourront, si
bon leur semble, pourveoir par
requeste civile devant lesdictes
chambres. Pour le regard du
pais Messin ne peult ostre aultre
chose ordonnée que ce qui est
porté par les articles sccretz de
l'an Mv'lxx. mentionnez es ar-
ticles secrelz de laa v'ixxvii.
servans èsdictes chambres comme tous aultres ([ui auront
affaires en icelles.
Que tous ju;;emens et arretz donnez par lesdictes cours
contre lesdits de la Religion avant et depuis la publicrjuation
(le l'édicl l'aiet audict an mil \° soixante seize, nonobstant
les déilinatoiros, fins de non procedder et renvoys requis ou
aultrement, soient déclarez nulz et pour non advenuz, les
parties remises en leur premier estât et les procès renvoyez
èsdictes chambres pour y estre jugez, et déffendu aux par-
ties de s'ayder desdits jugemens et arrestz, surpeyne de pri-
vation de leur droitz, cl à tous juges de permectru l'exécution
d'iceulx , à peyne de privation de leurs eslatz. El pareillement
tous arrestz et jugemens donnez contre ceulx de ladicte Reli-
gion, habitans de Metz et païs Messin, durant et depuis les
troubles, soient déclarez nuiz, ensemble l'exécution d'iceulx,
et tout ce qui s'en est ensuivy.
vu'. Il est raisonable
conforme à l'édit.
et
Tni". Au premier chef de
cest article est satisfaict par la
Et en attendant l'instalalion desdictes chambres, soit aussv
inhibé et déffendu à toutes courtz souverains et autres de ce
royaume de congnoistre et juger les procès et différendz ci-
vilz iet criminelz desdits de la Relligion et aultres qui ont
suivy leur parly, dont la congnoissance est attribuée aus-
dicles chambres, et que les appellations qui sont ou seront
interjectées de parolies ou par escript devant les juges et
greffiers, ou exécuteurs des jugemens, sentances et arrestz,
desquelz est ou sera appelle, auront pareille vertu comme si
elles avoient esté relevées es chancelleries pour suspendre
toutes exécutions.
Et pour ce que . à faulte de l'establissement desdicles cham-
bres, ceux de ladicte relligion ont esté contrainctz se pré::
hU
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
respoiise du vi° article. Pour ic
regard des procès non jugez
seront renvoyez enl'eslatqu'ilz
sont à la chambre du ressorl.
Et quant aux procès évocquez
tant es courtz de parlement,
grand conseil que ailleurs, en
cottant particulièrement lesdits
procès, leur sera particulière-
ment pourveu.
i\'. Cest article est contraire
à Te'dit.
x'. En exécutant l'édit de
paeifBcalion, seront restablies
les justices, comme il est porté
par icelluy.
senter et contester èsdites cours de parlemens et aultres sou-
veraines de vostredit royaulme, oii plusieurs procès ont esté
jugez et les aultres sont encores indéciz, plaize à Voslre Ma-
jesté promectre aux parties se pourveoir ausdictes chambres
par requeste civille et aultres voyes permises de droict. Et
pour le regard des procès non jugez, les renvoyer ausdictes
chambres, et mesniement ceulz que vos subjeclz du pais de
Languedoc ont pendans eu vostre cour de parlement do
Paris, au privé ou grand conseil, ou ailleurs, contre les pri-
vilèges anciens dudit pais soient renvoyez en la chambre
qui sera establye audit pais, et par mesme moyen ilz puis-
sent se pourveoir en icelle par requeste civille ou aultrement
pour y faire Iraicter et juger leursdicts procès, nonobstant
tous arrestz qui pourroient avoir esté obtenuz contre eulx,
iceuk déclarant pour non advenuz et de nul effect. Et que
à ces fins les greffiers desdites courtz de parlement, grand et
privé conseil, et tous les aultres deptempteurs desdits procès
seront tenuz expédier ou envoyer toutes pièces et proced-
dures, permectant ausdictes chambres, en cas de reffuz, user
de toutes contrainctes, mulctations et déclarations de peynes,
contre lesdits détempteurs.
I Et d'aultant que l'instruction des procès de ceulx de la
Religion qui est faicte par lesdits séneschaulx et juges prési-
diaulx de Thoulouse, Carcassonue, Lauragois et Rouergue,
cil tous les officiers sont catholiques et mal affectionnez, porte
ung préjudice irréparable en l'appel, quand mesmes tous les
juges souverains seroient de la Religion, plaise à Vostre Ma-
jesté ériger et establir ung siège de séncschal et présidial de
juges mi-partiz, en pareil et esgal nombre des deux religions,
en la ville de Castres pour lesdites séneschaucées de Thou-
louse, Carcassonne, Lauraguais et Rouergue, pour instruire
et juger les procès èsquelz Tune des parties sera de la Reli-
gion demandeur, déffendeur ou garrand, tant civillement
que criminellement.
Que tous sièges de justice et jurisdictions soient remis et
continuez es villes oiî ilz souUoient estre auparavant les
troubles, nonobstant les translations qui pourroient avoir
esté faictes durant ou depuis lesdits troubles, et les officiers
desdictes sièges qui s'en sont esloignez soient tenuz exercer
leurs estatz èsdictes villes, sur peine de nullité de tout ce qui
sera f'aict au contraire, mesmes les officiers de la court pré-
xt'. Le Roy peult establir 1(!
bureau de sa requeste ge'nérale
où bon iuy semble pour la com-
modité' de ses finances et soul-
laigementdesessubjectz:aussy
n'en est-il poinct particulière-
ment parle' par 1 édit.
\ii'. En exécutant l'édit de
pacifiication seront restablies
les justices audit Montauban
et ailleurs, ainsy qu'il est porté
par ledit e'dit.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. à-Ih
sidiale de Pe'rigort establye en la ville de Périgeux et ceuk
de la court des aydes de Montpellier, qui depuis la publira-
lion du dernier édict de pacilHcalion se sont séparez du corps
d'icelles et relirez : assavoir ceuk de Périgeux à S-'Astier' et
ceulx de Montpellier à Frontignan, où ilz tiennent contre-
séance, comme aussy parlye des olliciers du siège présidial
de Nvnies, qui se sont retirez à Villeneul've-d'Avignon-, et le
juge royal de Gignac^ retiré à Clermont*, de'clarant nulles
toutes les proce'ddures faictes par eulx contre ceulx de la Reli-
gion, avec délTence aux parties de s'en ayder ny se retirer
ailleurs que aux lieux et sièges anciens et ordinaires desdils
courlz et juridictions.
Soit aussy restitué en ladicte ville de Montpellier la re-
cepte générale des finances qui a esté remise en la ville de
Béziers, ensemble le bureau de nouvelle érection de messieurs
les trésoriers de France et généraulx des finances ordonné en
ladicte ville de Montpellier, pareillement aussi la nionnoye
establve de loute ancienneté audit Montpellier pour y fabri-
quer toutes espèces d'or et d'argent au niesnie coing, pied,
poiz, alloy, que les aultres nionnoyes de France, suivant les
ordonnances.
Semblabiement plaise à Vostre Majesté ordonner que le
siège de la sénécbaucéc de Quercy, de toute ancienneté estably
en la ville de Montauban par arrest de la court de parlement
de Thoulouse, durant ces troubles translaté en la ville de
Moyssac^, soit, suivant les édictz de pacifiication, remis en
ladite ville de Montauban, nonobstant ladicte translation et
toutes autres promesses sur ce obtenues, icelles tant que
seroit besoing révocquées et déclarées de nul eflecl , deffen-
dant par exprès aux officiers, advocatz, greffiers et autres
babitanls de Moyssac de faire aucun exercice de ladicte
justice pour ledit siège, ny usurper aucunement ce (|ui
appartient audit siège de Montauban, et que tout ce qui se
trouvera fait au contraire soit dès à présent cassé et déclaré
de nul effect, avec expresse deffence aux parties de s'en ayder
en aucune manière.
' Saint-Astier, Dordogne , arrondissement de Périgueiix.
* ViHeneuve-ès- Avignon, arrondissement d'Uzès.
' Gignac, Hérault, arrondissement do Lodève.
' Clermont-dc-rHéraull, Hérault, arrondissement de Lodève.
' Moissac, Tarn-el-Garonne, chef-lieu d"arroiidi?sement.
Catherine de Médicis. — vi.
iviTLiuinic 9iTiOMi.r..
426
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
siii°. Après la résolution de
ceste conférence , qui re'ussira,
Dieu aydant, au bien de la
paix , l'assemblée des Estatz d u-
dil païs se tenant, l'on pour-
veoyrra au contenu de cest ar-
ticle, et fera-t-on pour ladicte
rccepte ce qui sera advisé en
ladicte assemblée des Estatz
pour le bien du païs.
XI1II^ Le Roy ne veult aul-
cunement toucher aux privi-
leiges des païs qui ont liberté
d'eslire ceulx que bon leur
semble pour scindicqz, et sont
par l'édit lesdlts de la Religion
renduz capables d'estre esluz
èsdictes charges.
XV'; 11 a esté pourveu pour le
général par l'édit, articles xxvi ,
XXVII et xxviii", lesquelz seront
exactement gardez, et, pour le
regard des particuliers dénom-
mez en cest article , y sera pour-
veu, partyes oyes.
\\f. Pour le général, il y
est pourveu par l'édit; et pour
le regard diidit Ligonier, at-
tendu que le Roy ne peult
pourveoir audit office qu'à la
Plaise à Vostre Majesté restablir et remcctre en ladicte
ville de Montauban la recepte particulière de voz deniers au
païs de Quercy et ressort dudit Montauban, dès longtemps
establye et continuée en ladicte ville de Montauban, qui leur
est depuis peu de temps usurpée par les officiers et habitaus
de Gahors qui, pour la haine qu'ilz ont conceue contre la-
dicte ville de Montauban, se veullent approprier la totalle
recepte de voz deniers en ladicte sénéchaussée de Quercy
contre la coustume de toute ancienneté observée.
Et pour mieulx tenir la main à l'entretenement de la pa-
ciffication, il plaise à Vostre Majesté créer à cest effect pareil
nombre de scindicqz généraulx en chacune province de ceulx
de la Reiiigion, pour faire ensemblement et de commune
main la poursuicte contre ceulx qui troublent le repos pu-
blicq.
Que tous les officiers de justice de la Religion qui ont esté
privez de leurs estalz et offices à l'occasion de ladicte reli-
gion et troubles advenuz, et en espécial le s' de Sommartre,
prévost général du païs de Languedoc; m" Vallentin d'Alzau,
lieutenant du prévost des mareschaux es villes de Metz,
Thoul et Verdun, et m" Anthoine La Font, juge royal d'Alby,
soient pareillement remis en leursdits estatz et offices, et les
détempteurs et occupateurs d'iceulx ostez, mesmes INicoUas
Pezon qui, en récompense des exécutions par luy faictes à
la journée S'-Barthélemy, auroit esté pourveu de Testât dudit
S' de Sommartre, nonobstant l'arrest contre luy donné au
conseil privé du Roy en faveur dudit Pezon, ores que ledit
Sommartre y eusl respondu par procureur, iceliuy demeu-
rant cassé et de nul effect et valleur; et qu'il plaise à Vostre-
dicte Majesté faire jouir et user lesdits officiers de la Religion
de tous les droictz, gaiges, proffictz, revenuz et esmolumens
appartenans à leursdits estats et offices, tant pour le passé
que pour l'advenir.
Et néantmoings que ceulx qui ont esté pourveuz des estatz
soit de la justice, finances et aultres, et ont esté reffusez en
la réception d'iceulx pour estre de la Religion, soient incon-
tinent mis en possession desdits estatz, et mesmes M'' Jehan
de Ligonier, récepteur des décymes au diocèze de Castres,
iioulinalion ilc i"('ves([ue et du
cierge suivani le coiiliact l'aicl
avec eulx, est Ijosoing oiiyr le-
diet e'vesque et clergé de Cas-
tres, pour ce faict en estre or-
donné ainsy qu'il apartiendra.
xvii". Il y est suffisamment
pourveu par Tédit el aaticles
secretz d'icellu\, faictz en la
présence desdits s" roy de Na-
varre et prince de Condé, el de
leurs grez et cousentemens.
LETTRES DR CATHERINE DE MEDICIS. A27
enjoingnant an général de la cliargc de le rerepvoir inconti-
nent. noHolislaiU ([ii'il soil de la<ii(it' icligioii.
xviir. Le Roy entend (ju'il
soit conservé en ses eslatz , (ou t
ainsy que les aultres pourveuz
de semblables charges; et pour
le regard du surplus dudit ar-
ticle, en ce (jui fait mention
de la Molle el de Coconas, il a
esté déjà faict ainsy qu'il est
requis, au contentement de
ceuix qui y avoient intérest;
loutesfois s'il reste encores
quelque chose, le faisant en-
tendre au Roy, il y sera salis-
la ici.
xix°. Les coniporlemens du-
dit s' de Chastillon sont depuis
l'édit de pacillication lelz qu'il
ne donne aulcune occazion au
Roy de luy bien faire; toutes-
fois, quand il gardera ledit édit
de pacifiicalion et obéyra à sa
Majesté et à ses loix et éditz.
Elle advisera à départir à luy
et à ses frères ses grâces et
biensfaiclz.
Que le roy de Navarre et Monseigneur le prince de (^ondé,
el semblahlemenl Ions aultres seigneurs, chevalliers, genlilz-
liommes de la Religion et aultres, de (piei(pie estât et con-
dition qu'ilz soient, qui ont suivy le |)arty, rentrent et soient
elTertuellenient conservez en la jouissance de leurs gouverne-
raens, charges, estalz et offices royaulx, spéciallement ledit
seigneur rov de Navarre en la plaiue el entière jouissance
du gouvernement de Guyenne cl nioudit seigneur le prince
du gouvernement de Picardye, sans estre conlrainctz de
prendre nouvelles provisions.
Oue monseigneur de Thoré soit pareillement remis eu tous
ses eslatz, charges el offices, spéciallement des eslatz au colon-
nel de la cavallerye leigère de l'iedmont, capitaine de cin-
quante hommes d'armes des ordonnances et conseiller au con-
seil privé du roy, sa compaignie de gendarmes paies, assignés
et entrelenus au pais du Languedoc, comme des plus anciens,
lui estant deuz les arréraiges de sept années pour les subs-
dictz eslatz, nonobstant tous provisions, déclarations, arrestz
et jugcmens faictz et donnez au contraire, soit d'avanl i'édicl
Molxxvi ou depuis iceulx, demeurans cassez et de nul ell'ecl
et valleur, el en espccial toutes les proréddures laites, arrestz
et jugemens donnez au faict des s" de la Molle et Coconas,
ses circonstances et deppendances, contre ledit s' de Thoré,
lesquelz Sa Majesté fera osier et bifler des registres.
Et le mesme soit déclairé et ordonné pour le s" de Chas-
lillon et ses frères, et qu'il plaise à Sa Majesté, usant de sa
faveur, leur faire et conférer quelque libéralilé correspon-
dantes aux notables pertes et dommaiges qu'ilz ont soullèrtz,
mesme de la perte qu'ilz ont faicte de Testai d'admiral de
France, dont ilz ont souvent faict plaincte et très-humble
requeste, avec cassation des provisions, déclarahous et
commissions octroyées et exécutées sur leurs biens tant
meubles que immeubles, papiers et documens, restitution
de leurs biens saisiz, paiez des gaiges et pensions deues au
feu s' admirai jusques au joui' de son décedz et aultieuienl,
.-)A.
/i28
LEÏTR
xx'. Le contenu de cest ar-
ticle n est conforme à Tédit.
xxI^ Pour le regard de fous
restes deubz jusques au jour
du dernier édit de pacitfication ,
il y est suffisamment pourveu
par l'article xlvi° dudit édit.
Et quant aux impositions de-
puis faictes et exe'cutionsaussy
faictes sur icelles impositions,
se pourveoyront les suplians
ES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
comme plus à plein est porte' au cayer baillé par ledit s'' de
Chastillon.
Que messieurs de Thore' et de Chastillon, les sieurs gentilz-
liommes et aultres de ladicte relligion, mesmes les corps des
villes et communaultez, ne puissent esire recherchez ne mo-
lestez pour raison des assemblées de gens de guerre, esta-
blissemens des garnisons et aultres choses en deppendantes
qui ont esté faictes et exe'cutées depuis l'édict, tant pour leur
retraite, deffense et conservation, que pour résister aux inva-
sions et surprinses d'aucuns catholiques, qui ont essayé par
tous moyens de remectre le pais de Languedoc en troubles
et guerres contre tant d'expresses déclarations et prohibitions
de Vostredicte Majesté; néantmoings que lesdits s" de Thoré
et de Chastillon et corps des villes et communaultez soient
et demeurent quictes et deschargez de tous deniers qui ont
esté, par eulx et de leur ordonnance, tant dudit s'' de Thoré
que des assemblées générales oii leurs députez prins, levez
et envoyez suivant les délibérations et reiglemens des assem-
blées, pour l'entretenement desdits garnisons, voyages, né-
gotiations et aultres affaires desdictes églises, comme aussy
des péaiges qui se trouveront estre levez en Vivarais par or-
donnance dudit s' de Thoré, sur la rivière de Rhosne, et
aultrement par terre, mesmes pour la garde et avictuaille-
ment des villes et chasfeaux faictz jusques à présent audit
pais tans des finances, receptes du Roy, que des villes, com-
munaultez et particulliers, sans qu'eux ny ceulx qui ont esté
par eux commis et emploiez à la levée desdits deniers, et qui
les ont fourniz et baillez par ladicte ordonnance, en puissent
estre recherchez, ores ny à l'advenir, et que le mesme soit
dédairé et ordonné des deniers prins et emploiez en la ville
et diocèze de Montpellier du mandement dudit s' de Chas-
tillon pour les causes que dessus.
Depuis l'édict de paciffication dernier, en plusieurs villes
et lieux de vostre royaume, desdits de la Religion sont esté
recherchez et exécutez pour les restes des tailles et imposi-
tions faictes par les catholiques durant les troubles, et en
oulfre on les coctize en plusieurs villes et lieux pour l'en-
tretenement des garnisons, garde ou guet, qui se faict dans
Icsdictcs villes en l'esfendue du gouvernement de Cuyenne
et Languedoc; et pour le payement desdits impositions ont
esté faictes plusieurs rigoureuses exécutions contre lesdicts
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
A29
par devant ics juges ausquelz
la congnoissance en appartient ;
entendant le Rov (ju'ilz soient
traictez tout aiusy que ses aul-
tres subjectz.
\xn°. Sur la cassation des-
dils jugeiiiens se pourveoyront
lesdits supplians par les voyes
de droict es chambres de Tédit.
xxui'. Cette demande n'ap-
partient à l'e'dit de paciffica-
tion; mais se pourveoyront
ceuk desdits ysles devers le
Roy, et la royne sa mère les
accompaignera de favorables
lettres, comme elle leur pro-
mit, i estant dernièrement sur
les lieux, en sorte que iadide
(lame royne s'asseure que le
Hoy les souUaigera.
de la Religion jusijuesà leur ruiner leurs maisons et édifices
qu'il/, ont èsdictes villes, à ([uoy ils ne sont teiiuz, tant par
ce que l'entrée desdictes villes et habitation en leurs maisons
leur est deflendue, que d'autant que cela contrevient direc-
tement à l'édict : plaise à Vostre Majesté casser lesdictes im-
positions et les exe'cutions faictes pour ce regard es biens
desdits de la Religion, leur en ordonner la récréance et ré-
paration des ruines et dcsmolitions à ceste occasion t'aides
depuis ledit édici , avec toutes contraintes nécessaires contre
les détempteurs.
Les reccpveurs et particulliers qui ont compté des deniers
levez sur les deblcs des catholiques es derniers et précédentz
troubles sont recherchez pour la restitution d'iceulx, comme
aussy ceulx qui les ont payez. Et pour ce regard sont tirez en
instance es courtz des scneschauix, juges, présidiaulx et parle-
mens, où ilz sont condempnez, ores qu'ilz en soient des-
chargez par les éditez de pacilEcation, veu qu'ilz en ont
rendu compte en la forme portée par lesdits édictz. A ceste
cause plaira à Vostre Majesté déclarer nulz tous jugemens et
arrestz donnez tant contre lesdits comptables que contre les
particulliers qui ont esté contraintz au paiement desdits
debtes, et desquelz le compte a esté rendu suivant lesdits
édictz.
Et combien que par vosdits édictz de paciffication toutes
places, villes et !)ourgz de vostre royaulme doibvenl joyr et
user de mesmes privilèges, immunitiez et franchises, et que
le commerce et passaige tant par mer que par terre doivent
eslre libres par toutes lesdils villes, bourgz et bourgades,
ponts et passaiges de vostre royaume, tout ainsy qu'il estoit
auparavant les troubles, et tous nouveaulx péaiges et sub-
sides demeurent par ce moyen ostez : ce nonobstant aux isics
de Marepnes^ Olleron^, Alvert^, Soubize' et aultres du païs
de Xainctonge, aucuns soubz le nom et auctorilé de Vostre
Majesté, depuis la paix, ont prins et levé et encores prennent
' Maronnes, chef-lieu d'arrondissement de la Charenlo- Inférieure, sur la Seudre, près duquel on Irouve des
luarnis salants.
- L'ilu d'Oléron contient également des marais d"où l'on extrait le sel.
■" Arverl, canton de la Tremblade, arrondissement de Marennes, sur la Seudre.
' SoLibise, canlon de Saint-.^gniinl-les-Marais, arrondissement de Marennes. Toute cette région n'exploite guère
que le sel de foute nature que prodiiisent 11,000 hectares do marais, occupant i.ooo ouvriers; et cette industrie
est fort ancienne.
i30
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
xxiiu". Faisans apparoir de
leurs privilieiges et confirma-
tion du Roy, vériftîez es par-
lemens, et de leur légitime
usuige, le Roy les en fera joyr.
et lèvent sur les habitans desdits isles vingt -cinq solz de
nouveau subcide sur chacun niuid de sel qui se vend et en-
lève esdits isles, oultre et pardessus Tancien tribut de quatre
deniers pour livre, par lequel nouveau et insupportable
subside les meilleures sallines du royaulme sont en voye
d'une totalle ruine et les habitans et propriétaires d'icelles
déchassez de leurs anciens héritaiges, privez de leurs pri-
villèges, franchises et libertez, et le contract tant soliempnel
laict par le feu roy Henry avec les Estatz de Guyenne et les-
dits habitans des isles, enfrainct et cassé, qui ne se peut
faire, d'autant que par ledit contract et moyennant quatorze
cens mil livres que lesdits Estatz et habitans desdits isles
payeront lors pour l'estinction et abboiition du nouveau im-
post du quart et demy de sel. Sa Majesté promist et jura
en foy et parolle de roy, pour luy et pour ses successeurs, de
ne jamais prendre ne imposer, pour quelque occasion que ce
soit, aucun subside sur lesdits marrais saillans sel, com-
merce ou traficq d'icelluy, par luy ou autre, directement ou
indirectement; sans comprendre l'oppression et exaction que
font les officiers commis à levée dudit impost et garde des-
dits sallins sur lesdits habitans et marchantz, pour avoir
d'eux permission de vendre et enlever leursdits sels, dont
vient que le sel a esté annéanty à si vil pris pour les pro-
priétaires que ce qui auparavant ledit subcide valloit cin-
quante livres ne leur revient à présent à huict ou dix solz.
Et de ce que leurs voisins, qui ne payent le subcide, re-
çoivent ung escu, lesdits habitans n'en retirent une sixiesme
partye; oultre ce que la vente du sel estans par ce moyen
retardée, les aultres provinces l'acheptent plus cher à cause
dudit subside, au grand détriment de tout le publicq. A ceste
cause plaira à Vostre Majesté abbolir et faire cesser ledit
subcide extraordinaire de nouveau imposé, avec inhibition h.
toutes personnes de n'exiger sur lesdictes sallines, proprié-
taires d'icelles, ne aultres vendans ou achaptans ledit sel,
aultre subcide que lesdits quatre deniers pour livre, debvoir
ancien suivant fancienne coustume.
Par mesme moyen plaira à Vostre Majesté ordonner, sui-
vant vostredit édict, que les habitans de la ville de Montauban
joyronl plainement du privilleige à eux de long temps oc-
troyé par les feuz roys voz prédécesseurs, par lequel ilz sont
exentés de tout droit de péaige et leonde (sic) par tout vostre
xw'. La coiiffiioissaiice des
choses mentionnées au présent
article est renvoyée aux cham-
bres (le la justice establies jiar
l'édil pour pourveoir aux sup-
plians, suivant icelluy.
xxvi°. Sera observé pour ce
regard l'article Ivi" de l'édit de
pacifEcalion; et sur les injures
pre'tendues par les particuliers
se pourveoyront par devant les
juges; et néantmoins sera faict
deffenses aux advocafz et pro-
cureurs en escriptures et plai-
doyeries et tous aultres, en
quelque sorte que ce soit, de
faire aulcune distinclion de
personnes pour le regard de la
religion.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDiClS. 431
royaulme, comme par plusieurs arreslz de vo7. couriz sou-
veraines ilz onl esté contenuz en la joyssance de ladicte
exemption, et (jue tri!s-expresses de'lTcnces soient l'aictes à
tous que besoing sera de les y empescber, sans (|ue pour ce
soit besoiug d"cn avoir aucune plus ample provision, veu
que les privillèges de ladicte ville ont esté par vous con-
firmez.
Et de tant que contre vostredit édict plusieurs de voz
subjectz qui sont de ladicle religion ont este rechercliez pour
les ruines des temples et d'aultres maisons apparlenans aux
ecléziasticqucs ou aultres catbolicques et des fabricques qui
ont esté faicles, comme aussy des fruictz des biens desdits
écléziasticques par eux joyz et prins durant les troubles, pa-
reillement des prinses des meubles et marchandises et aul-
tres biens prins durant lesdits troubles, dont y a plusieurs
procès contre vosdits subjectz de la Religion, tant es courtz
de parlemens que présidialles , soubz prétexte des commis-
sions ou subrogations ou renvoyz qui leur ont esté faiclz par
les commissaires cy-devant ordonnez par Vostro Majesté sur
l'exécution des précédentz édictz, dont vosdits subjectz de-
meurent grandement oppressez et induement vexez, contre
vostre intention et traicté cy-devant l'aict : plaise à Vosire
Majesté révocquer et casser dès à présent toutes commissions
et procéddures sur ce faictes avec tous les jugemens (jui
peuvent estre ensuiviz et deflendre à tous juges et commis-
saires, et pareillement aux parties, de s'en ayder en aucune
manière, ny soubz ce prétexte vexer vosdi(s subjectz.
Aussy depuis ledit dernier édict et oultre les expresses
deffences contenues en icelluy, plusieurs ligues, conl'rairies
et associations ont esté faictes de nouveau et les aultres faictes
auparavant ont esté continuées entre les catholiques, soubz
prétexte de religion ou aultrement, ce qui préjudicie grande-
ment à la paix, comme faict pareillement ce qu'on a veu
en plusieurs villes et lieulx, lesdits de la relligion avoir esté
recherchez, outraigez et maltraictez et en aulcunes villes tuez
et massacrez, et mesmes qu'en hayne de ladicle religion,
ilz sont malvenuz en la pluspart des villes où sont voz courtz
de parlement et présidialles, les officiers desquelles les mal-
Iraictent et ne peuvent se contenir de monstrer leurs mau-
vaises voluntez contre eulx, tellement que aux plaideries pu-
blicques les advocatz, pour préoccuper les coeurs des juges
Zi32 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
c'I li's |)i-i''|i;ii'oi' à sp i-cikIii' mai nfrocliiiiiiioz envers lesilils de
la Heliijioii. disent snnvent que leurs parties ont aiïaires
avec des si'ditenrs de la nouvelle op|)inion et antres jKiroHes
semblables, pour les([nelles il/, sont riMiduz odieux, et par ces
seulles l'aisons a csti' con|jnen qnc la justice rendue par jn{i[es
passionnrz apporlo la ruine plnstost (pie la conservation du
droit dcsdils de la lîcdijpon : jionr ces causes plaise à Vosire
Majesté l'aire cesser li'sdictes ligues, conl'rairies, associations.
li'S ollences cl inpii'rs (pii se coniinectlciit ordinaireiuenl
contre lesdits de la Heligion, tant de purolle que de faict.et
enjoindre aux ofllelers de \oz cours, tant souverainnes que
subalternes et inl'érienres, et à tons aultres d"v tenir la main
ad ce qu'il ne soit désormais jdus contrevenu à vostredit
édicl. et ipn^ la juinition en soit faicte conli'e tous indilïé-
rrmmenl cl sans aucune exception de persiuine.
WVM'. I'a' seroit rompre Et avant esjjard aux jfiandes occasions de di-fliance que
iedil. les callioiii|iie> oui données, et lexjuelles renlorcent et mul-
tiplient de jour en p)ur ausdits de la l'ielij;iuu, tant pour les
conjurations et entnqjrinses (]ue lesdits catboliques ont desjà
exécutées (jne |iar cidles qu'ilz brassent et dressent ordinai-
rement, nallendans aniire occasion que de veoii- lesdils de
la lîelijfioii enlièremenl désarmez et sans aucune garde dans
les villes et lieux par eulx tennz |)Our les snr|iren(lre : jilaise
à \ostre Majesti' leur bailler et accordei-, oultre le> \illes de
seurelé' porté'es par {'('■dici de |)acillication . la garde entii'ie
de toutes et cbascune des villes et lieulx lortz, lescpielles ilz
mil gardi''es et gardeni encores du ]u'i''seiil, poui- leur cou-
ser\ation . avec garnison^ coni|ii'>lentes et i-aisonnal)li'> ]iour les
villes et heux qui ne se jionrrout garder deux niesmes et
par les seniz babitans de la Religion, paiez et enlietenuz sur
toute nature des denieis de linances du lîov, et ce pour le
mesnie temps et feiine accordé poui' les aultres villes de
seureté.
xxviii'. Il a de belles mai- Que, pour les mesnies raisons et occasions que dessus, soil
sons, où il se pourra retirer et bailli'i> et accordée une ville de seureté à Monsieur de Tbon;
V estre en toute seureté, et où pour >a relraicte, dell'ence et conservation . avec garnison de
Madame la concstable, sa mère, capitaines et soldatz de ladicte religion, entretenue comme
et Messieurs ses frères lasseu- dessus, jusipies ad ce que les aijpeurs et ininiitiez procéd-
reront toujours de la bonne dentés des choses passées soient estaiutes et ass(qties.
jjrace du Uov, (juanil il se com-
poitera comme il (biibl.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
â33
.wix'. CpsI arlirlo iiVsl siii-
vnnl l'i'dil, le l'ioy dcinoui'aiil,
assez cliarjfé de payer les <{ar-
nisons accordées par icclluy
édil.
\\\°. C'est aussy contre les
expresses parolles de Tédit,
article lix, qui porte que ies-
dictes six années commence-
ront à courir depuis le jour et
datte dudit édil.
xxxi'. C'est pareillement
contre l'édit, par lequel le Roy
n'est chargé de paier pour
toutes choses que la solde de
huictz cens hommes.
xxxii'. Il y est satisfaict par
les deux rcsponses aux pro-
chains articles précédens, es-
tant la jjarnison mise en ladicfe
ville très-su(iisante pour icelle
garder, quand le gouverneur
se comportera envers les habi-
tants de ladicte ville comme il
doibt.
xxxiii". Ledit édil sera ob-
servé et gardé.
xxxiiiT. Estant l'édit de pa-
ciflication exécuté et pouvans
le Roy et le royaulme joyr de
la paix, Sa Majesté aura plus
de moien de satisfaire, comme
elle désire, à ce qui est deu
aux estrangers ; ce que la royne
sa mère ne fauldra de remen-
Que lesdicles villes de seurelé accordées par ledicl édirl
de paciffication soieni pouivciies d'une bonne cl aiii|)li' iini-
nilion de ])ouldres el salpestres aux despens des linances du
Itoy, à la charge qu(; les gouverneurs et consulz desdicles
villes s'en chargeront, poui- la rendre souhz deub inventaire
à la fin du temps el terme de six ans.
Que le temps el terme desdils six ans ne sera compté que
du jour que ledit édict seia elFecKK' et la paix générallemeni
establye par tout ce royaulme de France.
Qu'il soit pourveu et ordonné eslat compétent et sufTisant
sur toutes natures de deniers des finances du Roy aux gou-
vernemens desdictes villes de seurelé, pour leur cntretene-
ment, mesmes au s'' de Chastillon, gouverneur pour Sa Ma-
jesté de la ville de Montpellier, ayant esgard à leurs (jualile/,
et mérites.
Et attendu que ladicte ville tle Montpellier, qui est fort
ample et <h' grant circuit de murailles, ne se penlt garder
avec moings de trois cens hommes de guerre, qu'il plaise à
Vostre Majesté augmenter et accroistre la garnison y estant,
jusques audit nombre.
Que toutes les forces et compaignies de gens de gueire,
tant de cheval que de pied, tenans les champs ou qui sont
en garnison dans les villes, soient congédiez, excepté celles
de seureté et aultres qui seront baillées en garde ausdits de
la Religion, et celles où il y avoit garnison do tout leinjis,
mesmes du règne du feu roy Henry.
Plaize aussy à Vosîre Majesté pourvcoir le plus tost que
faire ce pourra au paiement de ce qui est deub aux estran-
gers, suivant voz promesses faictes aux précédentz Iraictez de
paix.
CATIIEr;l>E I>K MtDÎCIS. VI.
rt\rio:tM.T..
434
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
tevoir et lenir la main de
choisir tous les moiens les
jiliis promplz qui se pourront,
pour satisfaire ausdits estran-
gers.
xxxv'. Le Roy veult et en-
tend que ledit article xivii° de
ledit soit garde' et exécute : par
lequel xlvii' article est entière-
ment satisfaict à ce qui est icy
demandé.
xxxvi'. En exécutant Tédit,
y sera si bien satisfaict que
ledit s' roy de Navarre en i-e-
cepvera tout contentement.
xxxvii". Sera suivy ce qui en
est porté par l'édit.
xxxviii". Ce qui est porté
par l'édit de pacillication et
articles secretz sur icelluy, et
et par les responses faictes à
ceste supplication et articles
d'icelle, sera exécuté, n'enten-
Et par ce que, nonobstant voz édictz de paciffication et
contre la teneur d'iceulx, plusieurs places, maisons et chas-
teaux apparlenans ausdits de la Religion, la jouissance des-
quelles leur a esté ostée durant les troubles, sont cncores
retenuz, sans qu'ilz en puissent jouir, comme ils soulloient
faire avant qu'ilz en feussent désaisiz, et la rectention d'iceulx
couverte et opiniastrement soubstenue soubz prétexte des
droictz que les occupateurs y prétendent, à ceste cause et
réitérant le contenu au quarentiesme article du dernier
édict, plaize à Vostre Majesté ordonner que toutes forces et
garnisons estans dans iesdictes places, maisons et chasteaux,
vuideront incontinent, et la possession d'iceulx laissée libre
et en Testât qu'estoit par avant pour en joyr entièrement,
nonobstant toutes prétentions de droit sur iesquelz les dé-
tempteurs se pourvoiront par justice, après avoir réellement
dellaisé ladicte possession.
Que le roy de Navarre rentre en toutes ses maisons et
cbasteaux qui luy soat occupez et détenuz, tant en son gou-
vernement que aultres provinces de ce royaulme, et qui ne
luy ont esté jusques à présent remis, quelque instance qu'il
en ait faicte.
Que ce qui est passé soubz le commandement , adveu et
descharge dudit seigneur roy de Navarre soit approuvé et
alloué, et raesmes ce qui a esté prins des ecléziasticques et
aultres partlcuiliers par le commandement dudit seigneur
roy durant les troubles; et qu'à ceste fui soit déffendu aux
courtz de parlement et chambres et à tous juges de ce
royaulme de ne donner aiTestz ne jugement à ce contraire,
et que ceulx qui ont esté donnez depuis lesdits troubles
soient cassez et révocqucz.
Suppliant très humblement Vostre Majesté, Sire, vouUoir
prendre en bonne part ceste leur présente supplication et
leur octroyer le contenu en icelle, comme leur estant très-
nécessaire pour le bien et repos commun des subjectz de
Vostre Majesté, et néantmoings ordonner et commander que
vostre dernier édict de pacifEcation, avec les articles secretz
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
Û35
dant Sa Majesté entrer on aul
cun nouveau traicté.
Fait à Nérar, le vendredy
m'' jour de fcbyrier 157;).
Sig-né : Caterink.
Et plus bas : Pi vaut.
et ce qu'iMi ce Iraictd leur sera accordé, soit, exécute par tout
et eu tous lieux que besoing sera, enjoignant à tous voz jus-
ticiers, officiers et aullrcs subjectz d'y obéir et tenir la main,
ad ce que désormais ne soit faicl ou attenté rien qui puisse
altérer la tranquillité publicque de vostre royaulnie; et ilz
feront prières continuelles à Dieu pour le bien et conserva-
tion de vostre estât.
Ainsy signet :
{Les signatures n'ont pas été ajoutées dans cette'copie.)
XXMI
INSTRUCTION POLR LE SEIGNEUR DE DINTEVILE , \LLANT DE LA PART DU ROÏ VERS LE ROY DE
NAVARRE ET LA ROÏNE, MERE DE SA MAJESTE TRES CHRESTIENNE, ET POUR EXECUTER LES
COMMANDEMENTZ DE LADICTE DAME ^
2G février 1 ^79^.
Sur ce que la royne, mère du Roy, a man-
dé à Sa Majesté par ses lettres du xn° et xiu'
de ce mois-* que le roy de Navarre et les de'-
putez de ses subjets faisant profession de la
religion pre'tendue j-éformoe faisoient diffi-
culté d'accorder la restitution des villes qu'ilz
détiennent, pour les remettre en Testât qu'il
est ordonné par le dernier traicté faict à Ber-
gerac pour la pacification des (roubles de ce
royaulme, encore que Sadicte Majesté sache
bien ne se pouvoir rien adjouster aux raisons
qui leur ont esté remonstrées sur ce subject
par ladicte royne sa mère, les princes et sei-
gneurs du conseil de Sadicte Majesté qui l'as-
sistent, toutesfois, elle a jugé ce faict estre de
tel poix et importance pour l'establissement
de la tranquillité publicque de ce royaulme,
qu'elle a voulu dépescher exprès par delà
le s' de Dinleville, capitaine de cinquante
hommes d'armes de ses ordonnances, pour
faire entendre et remonstrer de sa part audict
s'' roy de Navarre et ausdicts députez ce qui
est contenu en ce présent mémoire, après
néantmoings l'avoir communiqué à ladicte
dame et ausdicts s", pour s'y conduire par
leurs advis et selon qu'ilz jugeront estre plus
à propos pour servir à l'effect que Sadicte
Majesté désire.
' Bibl. nat., ms. fr. 2o465, T 275. — Voir la noie do la pa|;e 237.
' Le 21 février 1579, dans un de ses billots intimes à Vllleroy, Henri III écrivait d'Olainviile : rrVilleroy, suivant
ïostre advis et la dépesche de la Rojne ma mère, je lui ay dépesché Hambrelin, qui estoit encores icy, et luy ay
escript mon intention touchant ces villes, avec une lectre bien expresse que j'ay aussi escripte de ma main à M. le
maréclial de Biron suivant cela, qui est cause que je suis d'avis de sursoir la dépesche de Dinteville jusques à ce
que je sois de retour, si n'y voies quelque chose de plus pressé.» (Bibl. nat., ms. fr., nouv. acq., n° 1247,
p. ii5.)
^ Voii' plus liant les lettres des 12 et 1 3 février, p. 2.58 et suiv.
/i36
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
PREMIEREMENT.
Ledict s' de Dinleville remonstrera audict
s"' roy de Navarre et ausdicts de'putez qu'en-
cores que le debvoir d'un vray et loyal sub-
ject soit de rendre entière obéissance à'celuy
que Dieu lui a ordonné pour prince et souve-
rain seigneur, et recbercher seurcté pour ses
biens et sa personne plustost en la l'oy, bonté'
et justice d'iceluy qu'en la force de ses bras,
et que Sa Majesté n ayt donné aucune occa-
sion à ses subjecls depuis son advénemenl à
cesie couronne de révocquer en doute la sin-
cérité de laquelle elle a tousjours procédé en-
vers eulx; néantmoings, considérant Sadicle
Majesté que la longue suitte et continuation
des troubles n'avoit engendré au cœur de ses
subjects moins de liberté et licence de mal
faire que de haine et deffiance, auroit esté
contente, tant pour la seureté publicque que
pour rendre tesmoignage à ceulxqui font pro-
fession de ladicte religion du désir qu'elle
avoit de les maintenir et conserver soubz le
b(;néfice de ses édictz, leur délaisser et bailler
en garde pour certain temps en aucunes pro-
vinces de ce royaulme quelques villes, ès-
quelles leur seroit par Sadicte Majesté entre-
leiiu certain nombre de gens de guerre pour
la deffence et conservation d'icelles; espérant
Sadicte Majesté pouvoir par ce moyen dis-
poser et conduire ses subjects à une entière
réconciliation, et mesmeaient obtenir de ceulx
de ladicte religion qu'ils poseroient les armes
rt se conliendroient doresnavaot dedans les
bornes de la subjection et obéissance ({u'ilz
sont lenuz de luy rendre.
Toutesfois, tant s'en fault qu'il en soit ainsi
advenu que les catholiques en ont couceu telle
jalousie et envie contre ceulx de ladicte reli-
gion, et eulx en ont usé si indiscrètement que
cela a plustost accreu et augmenté la dellîance
et inimitié qui estoit entre eulx, qu'apporté
remède à ce que l'on désiroit.
De quoy encores que l'on puisse à bon droict
imputer la principalle faulle aux actions et
déporlciuents de ceulx qui ont esté commis et
employez aux gouvernemeus desdictes villes,
dont Sadicte Majesté s'est plainct maintes fois
audict s' roy de Navarre, néantmoings l'on a
peu congnoistre, par les entreprises qui ont
esté tentées et exécutées sur aucunes desdicles
\illes, avec quel regret et impatience les ha-
bitans calholiques d'icelles souffrent qu'elles
demeurent entre les mains de ceulx de ladicte
religion.
A qnoy il ne fault pas douter que n'ayt
grandementservy la rétention qu'ont faictceulx
de ladicte religion, depuis la publication dudict
édict de pacification, de toutes les autres villes
qu'ilz debvoient délaisser incontinent et re-
mectre en leur premier estât, les actes d'hosti-
lité qui se sont continuez et s'exercent tous les
jours en plusieurs provinces, sans avoir esgard
audict édict, ny aux déclarations et pour-
suittes qu'a souventefois faictes et réitérées
Sadicte Majesté pour l'entière exécution du
couteau en iceluy.
Pour à quoy remédier, comme plusieurs
eslimoient esire nécessaire, tant s'en fault
que Sadicte Majesté ayt voulu que l'on ayt usé
de force et rigueur, qu'elle y a faict procéder
tout autrement, comme cbascun a peu con-
gnoistre; ayant commis les officiers de sa cou-
ronne pour se transporter par les provinces de
son royaulme pour, avec les gouverneurs et
lieutenants généraulx d'icelles, accompaignez
d'aucuns des s" de son conseil et autres gens
de justice, faire exécuter ledict édict et rendre
tous ses subjecls paisibles, jouissans du béné-
fice d'iceluy, ayant mesmc député et envoyé
commissaires exprès sur les lieux pour infor-
mer et faire justice des entreprises faictes par
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
h-i:
lesdicts catholiques sur aucunes desdictes
villes baillées pour scureté à eeul\ de ladicte
religion, dont, s'il n'en est ensuivy aucune
exécution, Sadicte Majesté en a esté la plus
uiarrve; et s'en fault prendre à ceulx qui n'ont
voulu faire remectre entre les mains desdicts
commissaires ceulx qui esloient déteuuz pri-
sonniers à ceste occasion, aucuns desquels
ont depuis esté cruellement assasinez en la
prison.
Nonobstant toutes lesdicles contraventions,
les menées et intelligences qui se sont conti-
nuées par ceulx de ladicte religion, tant de-
dans le royaulme que dehors avec les étran-
gers, conire la foy promise et au préjudice
dudict édict, Sadicte Majesté, persévérant con-
stamment en sa première voliinté pour l'exé-
cution d'iceluy, sans s'arrester aux choses sus-
dictes, auroit, pour dernier lesnioignagc de sa
singulière bonté et paternelle allèclion envers
sesdicts subjects, supplié la royne sa mère,
n'y pouvant aller en personne, prendre la
peine d'aller conduire la royne de Navarre en
son mesnage et par mesme moyen s'assembler
avec ceulx de ladicte religion, oyr leurs
plainctes et doléances et y pourveoir par les
reglementz portez par ledicl édict.
Ladicte dame ayant accomply le premier
œuvre, qui l'avait faict acheminer par delà au
contentement dudict s' roy de Navarre et de
ladicte dame royne, sa femme, auroit depuis
domouré quatre mois entiers à solliciter et
poursuivre ceulx de ladicte religion, devant
qu'ilz se soient présentez pour entrer en con-
férence, ce qui a despieu à Sadicte Majesté au-
tant que chascun peut penser, tant pour les
entreprises et insolences qui se sont commises
durant telles remises et longueurs, à la foule
et oppression incroiable du pauvre peuple,
que pour le peu de respect et obéissance que
Ton a porté à ladicte dame, laquelle néanl-
iiioiiigs il eu laiil de patience pour le zèle
qu'idio porte au bien et repos de ce royaulme,
(ju'elle a postposé sa santé et toute autre chose
à l'advancement de ladicte conférence, pour
le fruict qu'elle en espéroit receuillir et dt'-
paitir à tous les subjects de cedict royaulme.
Mais ceulx de ladicte religion, au lieu de
reconguoislrc tant de notables tesmoignages
de la bonté do leuis Majestez et en ceste con-
férence se résoudre à suivre et observer le
contenu audict édict de pacification, duquel
s'estans cy-devant contentez, tant s'en fault
qu'il leur ayt depuis esté donné occasion d'en-
trer en plus grande desfiance et rechercher
plus grande seureté que ce qu'il leur' est ac-
cordé par irelle, qu'ilz ont esprouvé en maintes
sortes (juo Sadicte Majesté n'a rien tarrt à cœur
que de les pr-otéger, maintenir et consei-ver
soubz son obéissance comme ses aultr-es sub-
jects, ont proposé des articles et deiuandes
du tout coiitrair-es et esloignées du texte du-
dict édict, au grand desplaisir et méconleirte-
ment de Sadicte Majesté.
Mesmement,pour la difficulté qu'ilz font de
l'cmettre les villes et places qu'ilz détiennent
eu Testât qu'il est ordonné par ledict édicl de
pacification, lesquelles ilz avoient pi-omis de
rendre et restituer incontinent après la publi-
cation d'iceluy, qui a esté exécuté il y a dix-
sept mois; et combien qu'ilz remonsti-cnt rpr'ilz
quièi'eut et désii'ent que lesdictes villes leur
soient délaissées tant seulement poirr la seu-
reté de leurs pei-sonnes, veu les choses passées,
si est-ce que Sadicte Majesté a très grande oc-
casion de se desfier et cr-oire qu'ilz le forrt à
autre fin, mesmement voyant qu'ilz demandent
l'entreteuement d'un grand nombre de gorrs de
guerre et garnisons et que Sa Majesté n'en
puisse tenir d'auti-es es villes et places des-
dicles provinces que celles qu'y estoient entre-
tenues du temps du feu i-oy Henry; d'aultanl
/i:58
LETTRES DE CATHE
qup i-(^ leur seidil bailler pI laisser un moyeu
(i"eii(ie[iren(lre, (jiiaïui bon leur sembieroil,
sur les villes et sulijects de Sadicle Majesté,
au grand préjudice de sou aulhorité et ser-
vice, sans que Sadicle Alajeslé y peusl pré-
veuii' et donner remède, n'ayant auti'e asscu-
ranee qu'ilz observent ce i[u"ilz promettront et
sera accordé que leur seule l'oy et paroUe,
de laquelle aucuns de ceulz de leur parly
ont tenu si peu de compte depuis io règne
de Sa Majesté qu elle a bien peu doccasion de
s'y fier, mesmement ayant congnu et expéri-
menti' que les autlicurs de telles iulraclions.
au lieu d'estre désavouez et chastiez, n'ont eu
faulle d'a])puy en l'exécution de leurs des-
seings. ciMume il s'est naguerres veu pour le
cliasleau de Beaucaire;
Et n'esloit que Sadicte Majesté, estant
toute résolue de leur entretenir et garder ce
(ju'elle leur a accordé par ledicl édict, en cas
qu'ilz s'y veulent soubmectrent, se promect
i[u'on fin recongnoissans sa bonté, ilz se ran-
geront à ce qu'ilz doibvent, certainement ne
leur auroit jamais permis de letenir avec
garnison les buict villes qu'elle leur a di'-
laissées })ar ledict édict, desquelles ils ont très
grande occasion de se contenter, et mesme-
ment es provinces de Guyenne et de Lan-
guedoc;
Premièrement parce cpic ce sont les ]irin-
cipalles de celles qu'ilz déteuoieut qui leur ont
esté d('laissées avec suffisant nombre de gens
de guerre pour les delîendre et conserver;
Secondement qu'outre lesdictes villes il y
en a plusieurs autres èsdictes provinces, ès-
qnelles ilz sont quasi tous de ladicte religion
et entièrement à leur dévotion, èsqnelles ils
peuvent demeurer et se retirer en toute seu-
reté tant ({ue bon leur semblera;
Tiercement que Sadicte Majesté n'entre-
tient èsdicts pays aucunes garnisons qui leur
RI.^E DE MEDICIS.
doibvent donner jalousie, ayant longtemps
jà letrancbé toutes celles qui v estoieni au
nombie qu'il est ordonné par ledict édict;
Quartement quaudicl pays de Guyenne le-
dict s"' rov de Navarre, qui v est et demeure
gouverneur et lieutenant-général de Sadicte
Majesté, aura toujours soing et esgard qu'ilz y
soient mai ntenuz et conservez en toute scureté,
joinci (jn'il y tient et possède })lusieurs villes
et chasleaux de très grande importance, et y
sera tousjoursacconipaignédesgenliishommes
qui ont accoustuiné de le suivre, et des gardes
(]ue Sa Majesté entretient à la suitle de sa
personne;
En (]uov est à noter aussi la jouissance
que Sadicle Majesté a accordée à la royne de
Navarre de plusieurs terres et seigneuiies du-
dict gouvernement de Guyenne avec beaucoup
de droictz et prééminences qui sont de très-
grande considération :
Toutes lesquelles cboses, tout ainsi qu'elles
apportent avec raison beaucoup de force, ap-
puy et seureté à ceulx de ladictereligion, al-
i'oiblissent aussi grandement le party des ca-
tbolii|ues et b'ui' debvroient donner beaucoup
de crainte et jalousie, si, comme bons et
loyaux subjects, ilz ne s'appuyoient et fioienl
au soing qu'ilz se promettent que Sadicle
Majesté aura d'eulx;
Laquelle de son rosté. considérant combien
il est dangereux de permettre à sesdicts sub-
jects de demeurer armez et se fier en la l'oy
et parolle de ceulx qui ne se peuvent asseurer
de la sienne, auroil juste occasion de requé-
rir plustost le retrancbenient des premières
forces, ijui ont esté' accordées à ceulx de la-
dicte religion pour la garde desdictes buict
villes, et les faire contenter de moindre nombre
de villes, ainsi qu'ilz ont faicl aultrefois,
<[ue de leur souffrir d'en demander augmen-
tation;
LETTRES DE GATHE
Ton les fois Sadicle Majesté, leur voulant
gaifler ce qu'elle leur a accordé par ledict
édicl de pacificaliou, pourveu que de leur
costé ilz y satisi'aceut , est contente de ne s'ar-
resler à ce qui s'est faict et passé depuis la
publication dudict édict, tant sur la rétention
desdictes villes que pour toutes autres infrac-
tions par eulx laides, suivant ce (jue la royne
mère de Sadicte Majesté leur a offert.
Mais aussi ledict s"' de Dinleville leur dira
que Sadicle Majesté est toute résolue de ne
leur accorder plus grand nombre de villes
avec garnisons qu'il leur en est délaissé par
ledict édict, congnoissant, outre le dommage
et intérest que son autborité et réputation eu
recevroit, qu'au lieu d'apporter paix et seu-
reté à cculx de ladicte religion, mettroit ses
subjccts catholiques en tel desespoir qu'ilz
ne cesseroient d'entreprendre sur eulx, et
engeudreroit par toutes les provinces de ce
royaulme un niescontentement général à l'en-
contre d'eulz;
D'avautaige il faut considérer que Sadicte
Majesté a, pour satisfaire à la requeste des
Estats-généraulx de son royaulme, de nou-
veau reduict à 24 compaignies de gens de
pied de 5o hommes chasciine toutes celles qui
estoient entretenues auz frontières de son
royaulme, tant pour descharger son peuple,
que pour n'avoir moyen d'en soudoyer plus
grand nombre;
De sorte que si Sadicte Majesté accordoit à
ceulx de ladicte religion ce qu'ilz demandent,
il leur resteroit plus de forces payées par Sa-
dicte Majesté ou ses subjeclz qu'elle n'en en-
tretient par toutes ses provinces pour la garde
et considération de son estât : ce que ses
finances ne sçauroient porter, et encores
moings ses subjects, lesquels se retrouvent si
affligez et pauvres des oppressions et charges
cpi'ilz ont eu durant la guerre , qu'à grand peine
RINE DE MEDIGIS. /i39
peuvent-ilz payer les tailles et autres debvoirs
ordinaires qui a|)partiennent à Sadicte Ma-
jesté, comme chascun scayt, et sans Icsquelz
il est impossible que Sadicte Majesté puisse
vivre et entretenir son estât;
Que c'est fintention de Sadicle Majesté que
ledict s'" roy de Navarre soit et demeure gou-
verneur et son lieutenant-général audici pays
de Guyenne, qu'il y soit recongneu, obéy,
respecté d'un chascun, tant en ceste qualité
que pour la proximité de laquelle il attouche
à Sadicte Majesté et le lieu qu'il tient en ce
royaulme; mais (ju'il est nécessaire que hiy
mesme donne moyen à Sadicte Majesté de le
faire recongnoislre comme il désire, ce qui
ad\iendra alors qu'il aura faict exécuter l'édicl
de pacification ainsi qu'il appartient. Et es
choses qui se présenteront il traictera et favo-
risera esgalement les subjects dudict pays et
leur fera raison sur leurs plaincles et do-
léances sans acception de religion, comme il
est porté par ledict édict.
Sadicte Majesté ayant, à la requeste dudict
s'' rov de Navarre, retiré dudict pays M"' l'ad-
mirai, et commis au s' do Biron, mareschal
de France, l'exécution dudict édict de pacifi-
cation, comme à piu'sonnage qu'elle congnoist
estre très-affectionné et zélateur du repos de
ses subjects et de la conservation de son autbo-
rité, elle désire le continuer en ladicle charge,
en laquelle Sadicte Majesté promect et respond
audict s' roy de Navarre, pour ledict s' ma-
reschal de Biron, qu'il l'honorera et portera
le respect qu'il appartient; car c'est l'inten-
tion de Sadicte Majesté, à laquelle ledict s''
mareschal ne fera jamais faulte de se confor-
mer. Mais aussi Sadicle Majesté prie ledict s'
roy de Navarre de vouloir aynier ledict s' ma-
reschal , comme sa qualité et les vertus qui
sont en iuy le méritent, et avoir toule l)onne
intelligence ensemble pour l'exécution des
wo
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
choses ((ui seront arresfées, eu s'asseuraiit
qu'il s'en acquitera Irès-fidèlement el digne-
ment, comme il a faict de toutes les autres
charges qui iuy ont este' commises.
Et d'autant que ledict roy de Navarre,
estant occupé de diverses choses et biens, s'il
venlt aller en Béarn et s'esloignerdudict gou-
vernement, ne pourra vacquer aux alïaires
qui se présenteront si assiduellement qu'il se-
roit bien requis, ny aussi ledict s' mareschal
estre tonsjours auprès de luv, parce qu'il Iuy
conviendra aller de lieu en autre pour l'estn-
biissement et exécution des choses qui se pré-
senteront, Sadicte Majesté désire qu'il soit
créé et estably pour quelque temps, auprès
dudict s' roy et de la royne sa femme, un
conseil composé de certain nombre de gentils-
hommes du conseil privé de Sadicte Majesté
et autres qui seront choisiz des plus modérez
et zélateurs du repos public, avec quelqu'un
dudict pays du clergé, comme l'évesque d'Agen
ou autre, par l'advis et ordonnance duquel
conseil se l'eront et ordonneront doresnavant
toutes choses nécessaires, tant pour l'entière
et parfaicte exécution dudict édict que pour
les autres affaires ([ui se présenteront audict
gouvernement, dont il ne fault pas douter
que tous les subjects d'iceluy ne reçoivent
très grande consolation et soulagement.
Au moyen de quoy Sadicte Majesté a donné
charge audict s' de Dinteville d'en faire l'ou-
verture audict s'' roy de Navarre sur ce que la
royne mère de Sa Majesté Iuy en a jà pro-
posé, et prier l'un el l'autre de choisir et ac-
corder de ceulx qui entreront audict conseil
et de l'authorité qui leur sera attribuée, aflin
qu'il s'en puisse receuillir le fruict que Sadicte
Majest('' s'en promect, s'en remettant entière-
ment à eulx.
Ce que ledict s' de Dinteville fera aussi en-
tendre de sa part audict s' mareschal de
Biron en le priant vouloir, pour l'amour de
Iuy et pour couronner l'oeuvre de tous ses
services passez, embrasser l'exécution de ce
qui sera arresté pour l'établissement de la
paix audict pays de Guyenne, et pour ce faire,
s'accommoder avec ledict s'' roy de Navarre
et Iuy porter l'honneur que Sadicte Majesté
désire. Iuy disant ledict s' de Dinteville la
fiance que Sadicte Majesté a en iuy et l'affec-
tion qu'elle Iuy porte, de laquelle il sentira
les effects toutes et quantesfois que le subject
s'en présentera, comme elle Iuy a cy-devant
mandé, estant bien marrie de n'avoir peu en
rendre meilleur tesmoignage, ce qu'il doiht
imputer à la nécessité de ses affaires, plustost
qu'à manquement de bonne volonté.
Ledict s' de Dinteville visitera aussi de la
part de Sadicte Majesté la royne de Navarre
et Mess" les cardinaulx de Bourbon, duc de
Montpensier et prince Dauphin, tant pour les
asseurer de la continuation de l'amitié et bonne
grâce de Sadicte Majesté, que pour les remer-
cier de tant de peines qu'ilz continuent à
prendre en ceste négotiation, dont il n'est
jour que la royne sa mère ne leur rende tes-
moignage, les priant de vouloir persévérer,
atfin d'en rendre la fin plus heureuse que n'a
esté le commencement, comme il advient or-
dinairement des plus grandz affaires, quand
ilz sont conduictz et maniez par personnages
douez de tant de zèle et prudence.
Il verra aussi particulièrement tous les s"
qui assistent et sont auprès de ladicte dame
royne pour leur faire semblable remerciement
et les asseurerque Sadicte Majesté recougnois-
tra à jamais le service qu'ilz iuy font en ceste
occasion, les admonestant de ne se lasser et
n'habandonner ladicte dame jusques à ce
qu'elle ayt parachevé un si bou oeuvre.
Et si ladicte dame royne est de cest advis,
ledict s' de Dinteville ira veoir aussi le vicomte
LFTTRKS DE CATHERINE DE MEDICIS.
fi'i\
(le ïliiu-fiine, aïKjuel il lieiidra tel liiii{fa|[fi
quello liiy ordonnera et selon qu'il trouvera
les alïaii'es dispose'es, l'asscuiaiit en tout cas
que, si par son moyen les choses preignent le
chemin que Sadicte Majesté désire, qu'elle
l'en aymera et gratifiera davantaige, comme
aussi, s'il en advient autrement, sçachant le
pouvoir et crédit qu'il a envers ceulx de la-
dicte religion, elle luy en sçaura très-mauvais
gré.
Pour fin de ce mémoire, Sadicte Majesté a
donné charge audict s' de Dintevillede baiser
très-humblement les mains de sa part à ladicle
dame royne mère, luy représenter le regret
infini qu'elle ressent de sa trop longue ab-
sence, comme de tant de peines et Iravauk
que Ton luy donne par delà, ne se passant
jour ny heure que Sadicte Majesté ne se sou-
haitle auprès d'elle, tant pour la soulager que
pour avoir ce bien de jouyr de sa présence,
lequel elle ne recevra jamais si tost qu'elle
désii'e, comme elle luv a souventeslois mandé,
et encores freschement ])ur l'abbé de Gadai-
gnc, la suppliant Sadicte Majesté faire eu
sorte ([ue cesle coiil'érence ne soit inutile,
comme mesluiy ne peut-il advenir de son ache-
minement par delà, recongnoissaul que sans
sa présence, longtemps a que la guerre y l'ust
recommancée an ;;i'and préjudice de son ser-
vice, veu lestât au(juel se retrouvent à pré-
sent ses affaires; la priant de vouloir dire et
ordonner audict s'' de Dinteville ce quelle
sera d'advis et trouvera bon qu'il face du
contenu en ce présent mémoire, aflîn de s'y
conformer suivant le commandement très ex-
près que Sadicte Majesté luy en a faict, et à
son retour luy rapporter toutes nouvelles de
la santé de ladicle dame et de toute sa com-
paignie. • ■
Faict à Paris, le xwi' jour de febvrier 1 579.
Hkmiy.
De Neufville.
XXVIII
DISCOURS DE CE QUI S'EST PASSE A LV CONFERENCE DE NERAC,
REDIGE PUl 1.E SECRETAIRE DU MARECHAL DE DAMVILLE
Mardy troysiesme de febvrier, la Royne mère
du Rov partit du Port-Saincle-Marie après
disner et arriva à Nérac sur le soir, oii l'on
avoit préparé le chasteau dans lequel Sa Ma-
jesté M" les princes, le card '' de iJorbon, deux
frères du prince de Condé et le prince Daul-
phin sont logés avec les roy et reyne de Na-
varre. Ledict s"' roy de Navarre ala recuillir
la Reyne jus(|ues au port et s'embarqua sur le
poinct que la reyn(! passoit, sy bien qu'ils se
rencontrèrent au milieu de la rivière (h; ('•»-
rone.
Mess" de Valence, de Foix, de Pibrac, de
S''-Suplice de La Motle-Feunellon et de (]ler-
mont, qui sont du conseil, estoient arrivés
audict Nérac le judy auparavant.
Le mercredv, les depputés se présentèrent
à Sa Majesté et entrèrent en discours.
' Celle relation fort curieuse est tirée de ia Bibiiollièque de Toulouse, ms. Gia, P 80, P »8û ii 2()'i. — l.e
litre du volume porte la mention suivante : rDans ce livre sont plusieurs papiers de choses notaldes jjardez ])ar moy
pendant les années 1577, 1578 et 1079, que j'eslois secrétaire de mons' le maresclial de Dainpville, despiiis duc
de Monlmorency.n — Le maréchal était alors occupé à la reprise de Beaucaire. 11 est [irobahle que son secrétaire,
Mariou, assista comme scribe à la conférence, car il donne des détails qu'un témoin oculaire seul pnuvail relever.
Catiikhink de MtDlClS.
oO
niiT.iui.iti£ satio
442
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Le judy, lesdicts depputés portent leur
cayer, selon qu'ils disoient avoir charge, au-
quel sont des demandes qui excèdent l'ecdict
de la paix presque en tous les articles :
A ce que Texercisse leur soit estably en la
France par chascun bailliaige;
Que nions'' le prince de Condé soit rendu
jouyssant du gouvernement de Picardie;
Que ia justice soit my-partie;
Que l'ecdict de l'an m.v'lxxvi soit entre-
tenu;
Que les excès et tous piilaiges soient par-
donnés ;
Qu'ils ne soient constraincts de rendre aul-
cune des villes qu'ils tiennent;
Que les garnisons y soient entretenues aux
despens du Roy.
Le s'' J. Escorbiac', de Montauban, parla
au nom de tous les depputés.
Lendemain, M'' de Foix fit ung beau dis-
cours, qui continua envyron une heure et
demye; et de son propos lesdicts depputés ne
s'ofîencèrent auleunement, sy ce n'est qu'il
leur dict que la contravention à l'ecdict, avec
la requeste pour l'ampliffier et faire nouvelle
cappituiation, méritoit la corde.
La Reyne rendit auxdicts depputés leur
cay er -, respondu en chasque article , selon qu'il
est pourté par l'édict , afin d"y délibérer promp-
tement.
Le roy de Navarre est assis avec sa femme
près la Reyne, et tous les depputés demeurent
debouts et descouvers, comme faict aussy le
s"' de Gratin, chancellier dudict roy de Na-
varre.
Sabmedy, la Reyne print médecine, et n'y
eust poinct d'assemblée; mais seulement les s"
du privé conseil en particulier parlèrent aux-
dicts depputés pour les faire condescendre à la
délibération, en quoy le s'' de Pibrac print fort
grand peyne.
Le dimenche matin, feust tenu conseil en
la chambre de la Reyne, et à l'après-disnée le
roy de Navarre, suy\7 du visconte de Turene
et desdicts depputés, entra en l'assemblée, là
où ledict Escorbiac supplia la majesté de la
Reyne de s'eslargir es responces par elle faictes
en leur cayer, ou bien luy plaise les congé-
dier pour sen retourner par devers ceulx qui
les ont depputés afin d'entendre leur intention.
Cella dict, ils sortent du conseil pour at-
tendre ia responce. Envyron demy heure
après, le roy de Navarre mande rentrer avec
lesdicts depputés : la Reine harangua si bien
que tous lesdicts depputés et aultres ont loué
ses discours, qui prindrent fin par ces propos :
r Que comme mère du Roy Sa Majesté estoit-
elle, se vouloit aussy monstrer mère du puble,
qu'elle avoit dévotion de contenter tous ses
subjects et s'eslargir de tout ce qui luy seroit
possible pour empescher le renouvellement
des troubles, ce que leur feroit entendre len-
demain à sept heures, et que Sa Majesté trou-
veroit bon que deux ou trovs d'entr'eux fcus-
sent depputés pour le traicté du lendemain,
parce qu'ils sont vingt-cinq ou trente. 11
L'abbé de Gadaignes, qui avoit esté envoyé
par la Reyne devers le Roy et Monsieur, ar-
riva le sabmedy au soir, avec maudeuieiit du
Roy que Sa Majesté ne désire que la paix. Il
a laissé mondict s'' le duc à la Fère en Pi-
cardie, qui n'attend que le retour de la Reyne
pour aller treuver le Roy. Ledict abbé porte
nouvelle que le Roy, par veu et dévotion, est
' Escorbiac ou Scorbiac, syndic de Montauban en i56a, l'un des signataires, en 1577, du traité de Bergerac.
' Le ffcayerj!, c'est la longue pièce n° XXVI, que nous publions plus haut avec les réponses de la reine mises en
marge.
LETTRES DE CATH
allé à Notre-Dame de Chartres passer la leste
de la Chandeleur, et qu'en tous le pays de
France ne se parle aucounenient de troubles.
La Reyne, après le despari du roy de Na-
varre et desdicls depputes, ledict jour di-
menche après disuer, demeura encores au
conseil deux grosses heures, et le s'^deLansac
alla quérir le roi de Navarre, qui entra seul
sans les depputes; et feiist résolu que, le lundy
matin ensuyvani, le traicté se continueroil,
non poinct par escript ny par articles comme
cy-devant, mais de paroUc, comme de gré à
gré, pour advancer plustot les affaires.
Le lundy neufviesme, la Reyne mère, vou-
lant faire commencer la messe, manda quérir
le viscoute de Turene et luy (ist reproche qu'il
empèchoit la résolution de la conlérence,
que cuydant avoir Fijac et Brive pour soy, ce
ne luy seroit onques accordé qu'il recoigneusl
qu'il n'estoit poinct prince, et que le Roy le
fairoit recognoistre pour le rendre plus petit
que ung ver de terre. Ledict visconle fist res-
ponse qu'il estoil tout prest de s'en retourner
s'il plaisoil à Sa Majesté le congédier, et qu'on
luy avoit rappourté contre la vérité. Inconti-
nent apprès la messe , entre sept et huict
heures, la Reyne entrée au conseil , les depputes
feurent mandés et n'entrèrent que huict à la
conférence pour évicter confusion, desquels le
premier estoit ledict visconte de Turene.
Il feust longuement débatu sur l'article de
l'exercisse de leur religion prétendue par de là
la Loyre, et remoustré par M"^ de Poix que le
bon médecin n'ordonne poinct selon le goust
et pour plaire au malade, mais plustot ce qu'il
cognoissoit lui estre nécessaire pour sa santé;
que le Roy et la Reyne estoient les médecins
desdicts de la Religion estans malades, aus-
quels permectant l'exercisse de la Loire seroit
leur ordonner à leur appétit, non pour leur
santé.
ERINE DE MÉDICIS. 443
La Reyne incontinent après disner manda
lesdicts depputes, et derechef entrèrent pour
communiquer sur les douze heures.
Ledit visconte de Turene fust commandé
estre couvert et assis et se mit jogniaiit le s'
de Clermout, qui est le dernier. Lesdicts s"
conseillers tous assis d'ung cousté après la
Reyne.
Es dictes deux séances feurent débatus les
neuf premiers articles, y en y ayant xxxvi au
cayer. Et parce que sont les principanlx et
qu'à peu près feurent résolus et accordés, l'on
tient pour certain que ladicte assemblée réus-
sira et que l'on aura la paix.
Par lesdicts neuf articles l'on a traicté de
la reddition des villes, de l'asseurance que
Sa Majesté donnera à ceuix de la religion pré-
tendue de l'establissement de la justice, du
lieu pour la chambre, de la pugnition des
voleries et aultres délicls, comme despuy est
l'ecdict.
L'on pense que Sa Majesté leur laissera deux
villes oultre les réservées, et fera vuyder toutes
garuisons d'ung j)arty et d'aullre.
Us veulent la chambre à Réziers ou Lavaur,
et la Reyne la leur accorde à Nismes, Mon-
tauban ou Castres; et, sur le différent d'eslre
mi-parti , ont esté nommés deux conseillers de
ladicte religion prétendue, le s' de la Marce-
lière, jadis conseiller au grand conseil, et
ung conseiller de Paris : aiusin y auroit
huict catholicques et six conseillers de la
Religion,
Sur ce qu'ils ont demandé ung siège de sé-
néchal à Castres, pour intimer les procès cri-
minels, a esté faicte ouverture que èsdictes
sénéchaucées du ressort, ladicte instruction
se fera contre lesdicts de la Religion préve-
nus, prins ung adjoinct de leur party.
Ils demandoient que la chambre leur feust
perpétuelle; ce que ne leur a esté accordé.
• 56.
àlti
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
IjI's fli'iTclz m IVncntilrc dos pré\('uus el iii-
fr-nrlours de la [iai\ sfi'oul exécutés par les
consuls el aultres ayani charge de la police
des villes dans xxijii heures, aultrement ies-
dicts seront tenus d'en respondre en leur nom
propre.
Tous d'unf;- jiarty et d'aultre siutirent fort
ayses envyron les quatre heures, et s'arres-
tèrent sur l'article s'il seioit permis à cculx
de ladirte lielijjion d'édillier un lieu pour leur
exercisse es villes (|u"ils tiennent.
La Ueyne se promena au jardin envvidn
demv heure avec le ro\ de Navarre, el sur le
soir ledict s' |)arla à tous les dejiputés, leur
taisant entendre (|u il désiroit d'entretenir
l'i'dici de la paix (ju'il avoit jure, (|ue s'ils l'ai-
soient des oppiniastres par des reijnestes inci-
villes, il les larroil lialtre leur saoul en Lan-
jfuedoc et ailleurs, el qu'ils ne s'attendissent
poincl d'en avoir aulcunj; secours.
Lendemain dixiesuie, la Hevne list célébrer
la messe à se[)t heures, el incontinent entra au
Conseil : le s'' de Guitrv leusl adjousti' [lour
neul'viesme el entra avec lesdicls deji|)ulés.
Ils pourlèrent letlies i)alentes ([ue le lioy
leur avoit permis d'édillier ung lieu pour leur
exercisse; el continua lors le irsle des articles
par ordre.
Le premier concernoit l'inli'rest particulier
(les enl'ans de fi'u l'admirai, comme les articles
suyvants ne regardant poinct le général, mais
quelques particularités qu'on estime fort aysées
àappoinrter el (jui ue donneront tant dcpevne
(jue lesdicls neuf premiers articles, sur le
débat desquels l'on a faicl au tiie-poil dans le
conseil.
A douze heures précizement, la Revue
rentra avec lesdicts deppulés, destjuels ledict
s'' de Guitry est poui' l'Isle-de-France. Il en
y a ung de mons"' le prince de Coudé, el ung
ministre de Languedoc nommé Bérauld, qui
avoit parlé le lundy matin et dicl à la Rcyne
qu'ils ne luy ap[i()urloient poinct des décretz
par leur cnyer, mais des humbles supplica-
tions pour se maintenir en paix souhz l'obévs-
sancc du Roy.
La Reyne a l'aict parlii mous'' de Maniquet
sur les quatre heures, pour appourler les nou-
velles au Roy de lout ce qui se passe; el ce
soir là Icust traicté jusques au xxi'""' article.
Lendemain, mercredi, la Reyne eust faict
cellébier la messe entre six et sept heures; et
parce (|ue nions'' le card"' de Bourbon et
nions' le prince Daiilphin n'estoienl encores
lovés , 8a Majesté envoya troys messagers jiour
les l'aire liaster, ensemble au s' do Pibrac,
qui arriva le dernier pour les occupations
que la Reyne luy aM)il coiniiiaiuléc's.
Après que tous l'eurent entrés au conseil,
les deppulés niandi's venir demeurèrent à l'an-
licliambre une grosse heure, cependant que
la Revue |)ieiioit advis sur les articles (|ui ros-
loient à débatre; el ce feiist cause que la con-
l'éience tint jusipies à unze heures; el ceste
matiiii'e ne l'eurent débattis (|uc trois arti-
cles, qui siMll les deux tiers.
A une heure précisément, l'entrèrent pour
conférer; et parce que les cinq premiers ar-
ticles des douze reslans n'avoienl aulcune dif-
liiult(', il l'ouï-t mis lin au eayer, et ne sor-
tirent ]us(|ues à cinq heures.
Le s'' de Valence sy trouva mal, el luy leusl
appourlé du vin pour l'aire collation; mais le
s' de Foix leusl consirainct de sortir sur les
quatre heures, pour une dessente de rhume,
se mit dans le lict, incontinent qui leusl à
son logis.
A cesle assemblée feusl résolu l'impunité
de tous les crimes el excès despuis ledict, qui
ne pourront eslre poursuyvis civillemenl ne en
aultre manière que ce soil, pour ensepvellir
la mémoire de tout le passé : sur (pioy le s'' de
LETTRES DE CATH
Valence dict loul haiill à la Uuyiie que tous
(|ui consenliroiil à ladicto impunité estoient
tlauipnés, quoy qu'il l'eust de cest advis.
Pour le lieu de la Chambre, lesdicls dep-
piités ont demandé Lisle-d'Albigeois, là oîi
Texercisse leur est ])einiis par lédict. Et ny
a que la Reyne seulle qui y résiste, désirant
la mectre à une des villes qu'ils tiennent.
Toutesfois l'on croict que Sa Majesté s'accor-
dera.
L'on ne peut convenir sur l'article de la
reddition des villes : en quoy lesdicls dep-
pute's font fort les oppiniaslres, et l'on a
remis au lendemain pour adviser tous les
moiens possibles de s'en accorder : et à ceste
cause ne doibvent poinct s'assembler de toute
la matinée.
La Reyne avoit dict à l'issue de son disner
que, quoy (|u"il fcust, elle feuroit la paix, et
qu'il faisoit besoinjj que Sa Majesté eust plus
de soini; du pouvre publeque non pas lesdicts
depputés. Et ce propos feust dict tout bauit,
parlant à deux gentilshommes, comme Sa Ma-
jesté entroit à la chambre.
Judy xn", la Reyne, après la messe, des-
sendit au parc, parcequ'il faisoit beau temps
et y demeura jusques envyron neuf heures;
et après vint trouver les s" du Conseil , qui
esloieut assemblés pour traicter d'aulcunes af-
faires particulières, qui l'eurent interrompues
et remises à la venue de la Reyne, pour con-
tinuer le traicté des affaires publicques.
Dès que Sa Majesté entra audict Conseil, y
voiantles''de l'ibrac, luy dict : «Et quoy! ne
vous estes vous poinct assemblés en la Chambre
du roy de Navarre mon fils?» C'estoit pour la
résolution prinse le mecredy au soir que le
s' de Pibrac avec tous les depputés s'assemble-
roient ladicte matinée chez le roy de Navarre,
pour récapituler tous les articles du cayer et
faire entendre tout ce en quoy Sa Majesté en-
ERINE DE MEDICIS. 4-'i5
lendoit s'eslargir pour le repos public(]ue. Le-
dicl «"■ de Pibrac luy fist responce (|u il ii'at-
tendoil sinon qu'on le mandast (juérir; et,
parceque le roy de Navarre estoit coustumier
de veiller jus(]ues à une et deux heures après
minuict et de se lever tard, il ne feust rien
faict de ladicte matinée.
Après disner ledict s'' de Pibrac, avec tous
lesdicts depputés, entrèrent au cabinet dudict
roy de Navarre pour faire ladicte récappitu-
iation, et feust traicté de tous les articles fort
paysiblement et au contentement desdicls
depputés jusques à l'article de la reddition des
villes; en débatant lequel, l'on fist grande con-
testation et crierie; et tous lesdicts depputés
persévérèrent résolus en leurs oppinions, si
bien que, s'estans desparlis sans rien faire,
aulcuns d'entre eux admiroient la patience et
modération dudict s'' de Pibrac, et au con-
traire blasmoienl l'insolence de leurs compa-
gnons, disans que, sy au cabinet de la Reyne
Ion les eust ainsin traictés, ils se feussent in-
continent despartis pour s'en retourner eu
leurs maisons.
Ladicte après-disnée, la Reyne feust au
Conseil jusques à quatre heures, et advertie
que ledict s'' de Pibrac n'avoit peu gaigner la
reddition des villes, Sa Majesté dict se vou-
loir despartir de ladicte ville de Nérac, le
sabmedy de malin, pour retourner au Port-
Saincle-Marie. Toutesfois il feust advisé sur
le soir que le lendemain lesdicts depputés
rendroient responce à Sa Majesté de ce qu'ils
entendoient de faire sur ladicte contention.
La principalle occasion qui les meust à ne
rendre les villes, c'est qu'ils disent l'écdict
n'estre encores exécuté, singulièrement que le
roy de Navarre n'est rendu jouyssant de son
gouvernement de Guyenne. Et sur ce, ledict
s"' de Pibrac auroit proposé que ledict s' roy
print aulcuns conseillers catholicques, pour
446 LETTRES DE CATH
traicter avec leur advis les affaires de la
Guyenne; mais lesdicts n'en voulurent ouyr
parler.
Lendemain veudredy, la Reyue, estant de
retour de l'esbat au dedans le parc, entra au
Conseil; et le s' de Pibrac fist deux voiaiges
par devers le roy de Navarre, qui ne se leva
qu'envyron les dix heures.
Lorsque la Reyne sortoit de disner, ledict
s'^ roy de Navarre la vint treuver et entre-
tenir à Tanlichambre avec la reyne et prin-
cesse de Navarre, en attendant que les s" du
Conseil eussent disnë, lesquels revenus au
chasteau, comme la Reyne entroit en Conseil,
le roy de Navarre s'en ala disner; et, envy-
ron une heure après, le visconte de Turene
avec sept gentilhommes, sans qu'il y eust aul-
cung de robe longue, entra audicl Conseil pour
présenter à Sa Majesté par escript la résolu-
tion qu'ils avoient prinse sur l'article de la
i-eddition des villes.
Ils disoient que, sy le Roy leur vouloit as-
seurer leurs personnes par une bonne paix,
Sa Majesté ne les debvoit presser de quicter
aulcune ville, offrant de respondre de leurs
vies que les ecclésiasticques et les catbolic-
ques y seroient receus et traictés doulcement.
Le commerces eroit libre pour tous, et les tailles
et aultres debvoirs entièrement payés au Roy.
Que ce n'estoit pour les retenir six ans
comme les villes réformées, mais jusqu'à ce
que l'édict soit entièrement exécuté et la paix
establie au païs de Languedoc; que le passé
les faisoit sages à conserver leurs vies,mesme
qu'aulx Estats-généraulx tenus à Bloys, le
Roy avoit faict serment, en révocquant tous
les édicts de la paix, de ne faire plus aul-
cung traicté avec ceulx de la Religion. Et que
s'il advenoit qu'il en fist, il déclaroit n'en
avoyr voluaté ne intention de garder aulcung
serment qu'il fairoit pour cest effect.
ERINE DE MEDICIS.
Aussy lesdicts depputés ont proposé la
frairie du Sainct-Esprit, en laquelle l'on jure
solempnellement de prendre les armes contre
ceulx de ladicte Religion et de ne recepvoir
aulcung confrère dudict party.
Ladicte après-disnée a esté longuement dé-
batu de la reddition des villes et faict ouver-
ture de plusieurs moyens pour l'asseurance
desdicls de la religion prétendue, lesquels sor-
tirent fort aises de la responce de la Reyne.
Et ne parle-t-on plus de s'en aller, mais de ré-
souldre la paix.
La reyne de Navarre demeura au Conseil
ladicte après-disnée et au sortir dessendit au
parc, pour veoir courre la bague au roy son
mary et aux aultres s" de la suitte, cependant
que la Reyne mère estoit à vespres.
Le s'' de Fontenilles, ne pouvant donner
dedans la bague, dict tout hault en gascon
que quelque ministre l'avoit enchanté, qu'il
ne sçavoit oi^i se vouer, parce que dans Nérac
n'y avoit aulcung sainct ni saincte, les églizes
estant toutes abatues.
Surlesoir, aupoinctdusoupperdelaReyne,
les depputés se présentèrent à Sa Majesté
pour demander conger, faisant la mine d'eslrc
mal contens des moiens proposés pour leurs
asseurances, entre lesquels faist l'ung que
s'ils craignoient que les catholicques rentrés
dans les villes qu'ils tiennent y l'eussent les
plus forts pour les tirer dehors. Sa Majesté
commanderoit que lesdictes villes l'eussent
desmantellées pour leur ouster toute des-
fiance.
La Reyne mère feust indignée qu'on de-
mandast conged, et leur parla royallement et
bien hault, jusques à leur dire que les feroit
tous pendre comme rebelles; sur quoy la
reyne de Navarre se mist en debvoir d'ap-
paiser le tout, raesme plura, suppliant Sa Ma-
jesté de leur donner la paix.
LETTRES DE CATHE
Lendemain xiiii"", le roy de Navarre so
trouva au ilisner de la Reyne, et Icuroiil bien
en propos deux grosses heures, là où tous les
s" du privé Conseil feurent appelés avec le seul
viscoiitc de Turene de Taullre party. Et n'y
fpust rien résolu pour lesdictes asseurances.
La Reyne en disnant diot à un gentilhomme
que Ton ne faisoil rien de la coalérence, ains
quelle avoit perdu toute sa peyne et que l'on
s'estoit mocqué d'elle; (|ue lesdicts de la Reli-
gion sravoient très bien que le Roy ne leur
mectroit aulcunes garnisons pour le peu de
moien qu'il en avoit, et parloit de s'acheminer
en Languedoc.
La reyne de Navarre, à la fin de la messe
qui feust dicte eu la chappelle du parc, pria
mess" le card"' de Rourbon et prince Daul-
phin de tenir la uiain que le roy son mary
feust content : à quoy respondirent que l'é-
dict avoit esté juré d'une part et d'aultre, que
c'estoit au Roy seul de l'alteVer.
Le s' de Guytry parla avec la Reyne à son
disner que ceulx de son party ne demandoient
les villes que jusqu'à ce que l'exécution de
l'édict feust faicte, pour la detfiance qu'ils
ont que les cours de Parlemens et gouver-
neurs des Provinces soient les premiers in-
fracteurs de la paix, au premier advantaige qui
se présentera : à quoy la Reyne feist response
esmeue et comme par collère que les miuis-
ti-es leur preschoient ladicte deffiance et em-
peschoicnt la paix, eulx qui ne vont poinct à
la guerre, sont cause de la mort de la no-
blesse de France, qu'on les y devoit faire aller
et les mcctre au premier rang comme les
Suisses.
Que les gentilshommes font très mal de les
croyre s'ils pensent de s'agrandir par ce bout
là, car ils demeureront cul en terre entre
deux selles, comme l'on dici ; qu'il ne fault
prendre prétexte de ce que les courts de Par-
RINE DE MÉDICIS. M7
lemenls et gouverneurs ont faict durant la mi-
norité du Hov, (|ui n'est plus enfant, et s'en
fera croire à bon essianl.
Ledict s'' de Guytry qui, quoy (ju'il feust de
la religion prétendue, il estoit natural fran-
coys, très affectionné au service du Roy, et
encore plus pour avoir mesme intention que
son m" le roy de Navarre, duquel Sa Majesté
se pouvoit fier, que n'y avoit faulte de bonne
espérance de paix parceque tous les dcpputés
conféroient à ladicte heure avec le roy de
Navarre dans sa chambre, qu'il s'attendoit
que Sa Majesté dcmeureroit contente de leur
response.
La Reyne rcprint le mot de se fier au roy
de Navarre. rOuy, dict-elle, je m'en fie, car
sans cella je ne serois venue à Nérac, comme
j'ay faict, avec mon conseil; et feurent dictz
beaucoup d'aultres propos avec grande majesté
royalle. Le vendrcdy au soir, estant arrivé
un corrier que la ville de Reaucaire estoit à
la dévotion du Roy, ensemble le chasteau es
mains de monseigneur le mar"' de Dauipville,
et que mons"' le Grand Prieur de France s'en
venoit treuver la Reyne, lesdicts depputés
feurent longuement avec le roy de Navarjc,
qui ne se mist à table jusques à une heure
après midy. Sur les deux heures, vinrent
treuver la Reyne au Conseil en nombre de
six, oh estoient ceulx de robe longue et pas
ung geutilliomme.
Là feust longuement débatu sur les moiens
de la reddition des villes, et ne feust possible
esbranler lesdictz depputés de leur advis qu'ils
n'eussent toutes les villes qu'ils tiennent en
leur dévotion pour six moys, en attendant
l'entière exécution de l'édict, quoy que la
Reyne leur offrit de ne mectre poinct garnison
en aulcune des villes qu'ils rendroient; et là
où le nombre des catholicques seroit plus
grand, leur feroil bailler pour ostages six en-
vw
LETTRES DE CATH
fans (les plus riches liabilaiis iriccllc. iiipsiiips
(lui' la licyiio so coiilcnloil, de ieiir laisser
toutes les \iiles jiis([iies à in teste S'-Jeaii , (jue
Sa Majesté aiiroit i'aici eM'Culer l'édicl. IM .
aiirès loiijjiie allerqiialinn, se séparèieiit sans
liiMi r('s(niiilre, parce (|n"ils (leinaiidnient (|ii(>
le lii>v leur eiilrelinl la garnison de liiiicl cens
lioninies pniii' les des]iarlir es villes pins loi-
Ides. Eendeinain dimanche ipiin/iesiiie, ies-
dicls de la Uelijjion tindrenl conseil en la
chambre dn rov de \avarre cl le matin el
i'aprcs disner. l'J pai' i'('Solnli(iii Icust con-
clud de ne se des|iarlir des \illes (ju'a[)rès Ic-
dict temps de six niovs que riHlicI seroit exé-
cute. Suripioy dressèrent ronionslrances à la
Ik'Viie, niesnies qu'ils ne jxnivoient accepter
l'ollre des oslages, à cause (pii> les catli(dic-
(]ues en se saisissant de ceulx de leni' parly,
là où se tiouveroient plus forts, leroienl
rendre les oslages. Et environ lescin(| heiiivs
du soii-, ju-i'senlèreni en escii])t lesdictes re-
monslrances à la lieyne, déclarant (|u'ils se
contenloient de cinq cents hommes pour les
garnisons, (|ue le lîoy ni le pnhie ne paye-
ront poinci, mais (ju'on prendroit les deniers
des salins.
La iîevne avoil desjà commandé (rajires-
ter son disner lendemain aux religieuses du
Paradis ]U'ès le l'ort-S"- Marie, lonleslToys
manda qn('rir après soupper tous les consed-
lers de son (ionseil. pour faire la ilernière n--
solnlion, cl ce à fin^tanle pi lèri' de la reyne
de Navarre, (jui se |ièue heauconp pour veoir
les derniers accoids.
Lesdicts s" conseillers demeurèrenl )usques
enlic dix el nn/.e en la chambre de la Heyne,
ERINE DE MLDICIS.
où les rov et revue de Navarre l'eurent ]M('-
senls. El leusl advizé d'accorder lesdits six
movs, pourveu (jue la condition d'exécuter
l'édict ne feusl treuvée impossible, d'autant
que sur lailicte exécution ils faisoienl des de-
mandes ipie le l{o\ ne pouvoit effectner.
comme de rendre le gouvernement de Picardie
au ]irince de Condé el faire presches de la
Loyre. El pour le reg'ard ilu gouveruemeul de
(iuyenne pour le roy de Navarre, fenst laide
ouverture de plusieurs moyens; ce qui leusl
cause (pi'à luiuuicl la Reyne changea d'advis
pour ne se desjiarlir de Niuac le lendemain
malin, mais (|u"ou dilïéri'roil au mecredy siiy-
vanl.
Le luudv \vi"", apiès la messe, la Reyne
s'enferma an (louseil entre sept et huici
bénies, où le roy de Navarre fenst présent,
avec tous les dejiputi's et no sorlireut qu'en-
vvron les douze heures. Et lors l'arlii-le de la
reddiliim des villes feusl sy longuement dé-
balu, ([ue la Reyne ayant laid déclaration de
.ses dernières intenlions, lesdicls depputés
jirindreul délav jusques ii deux lieures jjour
luy faire respouse. El parce qu'ils sortirent
très contens, l'on tient pour asseuré (jue l'on
demeurera d'accord dudict ailicle, ne restant
des aullres arti(des aulcune chose sans avoyr
esti' accordé, au coutenlemeut d'ung parly et
d'à \d Ire.
La Revue dici à son disner (|ue Sa Ma-
jesté avoit grand asseurance de n'avoyi- |)ei-du
sa peyne el que l'on luy i-endroil fort bonne
response, sy bien (jue, ledict lundy au soir
ou au |)lus loing dans le lendemain. Ton sçust
le faici ne faillir.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
4ù9
XXIX
ALTUE DISCOURS DE CE QUI S'EST PASSE A LA CONFElil-NCE DE NEUAC
Depuis environ sept mois qu'il y a que la
royne, mère du Roy, est en ce pais, oii elle
est venue pour conduire et amener la royne
de Navarre sa fille en son mesnaige, elle n'a
obmis aucune chose qu'elle ayt pou penser
pouvoir servir et ayder à paciHier les troubles
et divisions qu'elle a trouvez en cedit païs
aussy grandz et beaucoup plus dangereux
qu'ils n'estoient durant le fort de la guerre,
ayant ladicto dame royne parlé en divers en-
droitz et sénéchaucëes à la noblesse qui l'est
venu Irouver à diverses l'ois; passant aussy
par les villes, elle n'a rien oublye' de fout ro
qui se peult pour induire tous les subjeclz du
Roy, tant de l'une que de l'aultre relligion, à
vivre en paix et union les ungs avec les aul-
tres suivant le dernier édit de pacilTication;
et avoit aussy ladicle dame royne, par la très
grande patience qu'elle a eue, tellement
remis par bonnes remonstrances et exorta-
tions le roy de Navarre et ceulxde la relligion
])rétendue rèforme'e sur les desfiances qu'ilz
disoient avoii-, (ju'elle les feit condescendre à
faire une conférance pour regarder aux moiens
de l'exe'cution de l'édit, et se devoit-on assem-
bler en i'Isle-en-Jourdain; mais, après que
lesdilsde la Relligion eurent faict longuement
attendre ladicle dame royne, ilz s'excuzèrent
(pie leurs députez ne voulloient aller audit
lieu de Tlsle-en-Jourdain et dévoient adviser
de quelque aullre lieu, à Auch, où ladicle
dame royne séjourna quelque temps, pendant
lequel ledit s"^ roy de Navarre la venoit veoir
de Gigun, oi'i il esloit logé, quazy tous les
jours; et sans la surprinse de la Réolle, ville
de seureté à eulx baillée par ledit édit, ladicte
dame royne avoit espérance qu'ilz eussent en-
trez beaucoup plus tost qu'ilz n'ont fait en
ladicle conférance, pour regarder aux moiens
de l'exécution de l'édit de paciffication; mais,
comme lesdits de la Relligion sont desfians et
aizés ;i prendre l'alarme, sur la nouvelle de
ladicte surprinse, il/, retardèrent à cesle occa-
sion les députez de ceulx de ladicte relligion
de venir Irouver ladicle dame royne et entrer
en conférance, pour adviser et résouidrc; les
moyens propres [)our l'exécution dudit édit :
de sorte que les choses ont Irainé jusques au
rommancenient du mois de febvrier dernier,
(pie ladicte conférance a esté commancée, et
en laquelle icelle dame royne, ne vouUanl
aucunement innovera ledit de pacilficalion,
a esté longtemps avant se résouldre sur les
demandes d'iceulx députez, qui esloient très
déraisonnables et du tout scandalleuzes, la-
dicte dame royne aiant veu que la dispute ne
servoit que de rendre lesditz dépuiez ])lus
obstinez en leur opinion, et que la romplure
nous aportoil dès le landemain une guerre es
provinces de Guyenne et de Languedoc, icelle
dame royne, considérant le danger du temps
et la malice d'aucuns, après avoir néant-
moings faict tout ce qui se peult pour adoucir
et modérer partye desdictes demandes, comme
ilz ont faict en fin, ainsy qu'il s'entendra cy-
après.
' Bibi. liai., nis. fr. 3.3 ly, T 9 r". — Voir p. a '19 et a5o, noio.
(JATIIKHINE IlE MtDlCIS. H.
IVI-r.tULMI
/i50
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Le principal différend estoit sur quatre ar-
ticles :
Le premier sur l'exercice de la Relligion,
(ju'ilz demandoient estre libre par tout le
royaume de France;
Le second sur la chambre de la justice,
qu'ilz vouloient aussy avoir mi-partye en Lan-
guedoc et Guyenne;
Le troisiesnie sur la rétention des villes et
places fortes en nombre de cinquante -neuf
pour six ans, avec garde de huict cens
hommes, qu'ilz voulloient que le Roy leur
païast;
Le quatriesmo sur l'abolition de tous crimes
et contraventions faictes depuis la publication
de l'édit dernier de paciflication.
Pour le premier, la royne n'y a oncques
voullu entendre, et feurent lesdits députez
prestz à demander leur congé; mais ilz ne
feurent pas en cela tout d'ung accord, qui fut
cause qu'ilz se départirent dudit article, après
toutesfois de très grandes contestations et re-
monstrances que leur feit icelle dame royne,
et protestations de n'y toucher aucunement.
Pour le second poinct qui est de la justice,
ilz ont tousjours protesté de ne passer plus
oultre, si on ne les asseuroit que la chambre
fut mi-partye, et maintenoient qu'elle estoit
nécessaire pour le Languedoc plus que pour
les aultres provinces pour le grant nombre
qu'il y a de ceulx de ladicte relligion et pour
l'inimityc qu'ilz dient estre plus que capitalle
entre eulx et les catholicques.
Cest article fut aussy encores disputté plu-
sieurs fois avec tant d'aigreur et de véhé-
mence par eulx et par nous, que l'on se dé-
partist pour ceste occasion avec rompture.
Le troisiesnie article, c'est la demande
qu'ilz fuirent de cinquante-neuf villes qu'ilz
voulloient retenir pour six ans; et encores que
telle demande fust si injuste et déraisonnable
qu'elle ne méritoit aucune responce, toutesfois
la royne, avec une grande patience et douce
remonstrance, essaya de rendre capables ces-
dits députez de l'injustice de leur cause; mais
elle ne sceust tant faire que la dispulte ne fusl
aussy aigre et violente qu'au précédent article;
et fut la conférance encores une aultre fois
rompue.
Le quatriesme article, c'est l'abolition de
tant de mauvais et infâmes actes, commis de-
puis l'édit de paciffication, laquelle ladicte
dame ne voullust en aucune façon accorder,
par ce qu'il est certain qu'une telle et si scan-
dalleuze impunité serviroit d'exemple à tous
les meschans et volleurs, qui pour leur avarice
vouldroient par cy-après troubler Testât et le
repos publicq, ne cellant pas ausdits de ia
Relligion que c'estoit aussy ung moyen d'eux
fortifîicr et attirer à eulx tous les volleurs de
ce royaume.
La royne doncq pour résouldre toutes diffi-
cultez, après avoir souvent oy les oppinions
des princes et s" et conseillers du Conseil
privé du Roy qui estoient près elle, considéra
saigement et ballanca le bien et le mal qui
pouvoit advenir des deux résolutions, que si
c'estoit à la guerre, qu'il estoit certain qu'elle
aportoit avec soy l'entière ruyne de ces deux
])rovinces et que peult estre le mal pénétreroit
jusques au fons de tout ce royaume. Ceulï
qui avoient desjà de part et d'aultre tant
iaict de mal s'accoustumeroient à désobéyr au
Roy, à prendre l'argent des tailles et droitz
et aussy les décimes avec les salins, qui re-
viennent ensemble à plus de \u' muidz par
chascun an. Les écléziasticques et les catlio-
licjues pour leurs personnes et pour leurs biens
demeureroient en proie, et tant de maulx
exécrables continueroient; et si bien l'on pou-
voit espérer quelque revanche sur lesdits de
la Relligion, ce n'estoit pas remédier au mal.
LETTRES DE CATHE
aucoulrairc ccsloitl'augmeulci' tous les jours,
par ce que le peuple serait mal traicté et ti-
rannizé des ungs et des aultres.
De Taultre cosle, ladicle daine royne et les-
dils princes et seigneurs du Conseil metoient
en conside'ration que reslablissement de paix,
encore qu'il se feist avec quelque longueur de
temps et rudes conditions, néanlmoings fai-
soit cesser les meurtres, les voleryes et tous
actes d'hostillité, remettroit le service divin
par tout selon l'e'glise catholique, apostolique
et romaine, le Roy en son auclorilé, ol sa jus-
tice requéroit par ce moien que la paix et repos
seroit, qui sont tous biens qu'on ne sauroit
estimer, rentreroit le Roy en la joyssance des-
dits xii" nuiidz par an, qu'il preudroit en
Languedoc sans la Guyenne, et ramonoit soubz
son obéissance plus de deux cens quarante
villes occupées, remettoil aussy en ce faisant
les écléziasticques en la joyssance de leurs
bénéfices, et par ce moyen pourront payer les
décymes, et davantaige les catholiques ren-
treront en leurs maisons et biens.
Toutes ces considérations du bien et du mai
bien examinées, la royne print résolution
d'accorder plustost que de rompre, et gaigna
sur les députez de se départir de l'article de
la religion.
Et quant à la chambre mi-partye de Lan-
guedoc, il n'a esté possible de les faire départir
de leur requeste, et a esté ladicte dame con-
traincle leur accorder qu'elle escriproit au Roy
son filz, pour entendre de Sa Majesté si elle
avoit agréable de leur accorder encores deux
conseillers de la Religion, qui seroient nom-
mez par le roy de Navarre et qui seroient
agréables au Roy, premier que faire pour-
veoir.
Et pour le regard des cinquante-neuf places
fortes qu'ilz voulloient retenir pour six ans,
elle les a faict contenter que en quinze seuUe-
UINE DE MEDICIS. 'i51
ment l'exécution de l'édit sera dilferé jus(pics
à six mois; et par ainsy l'on gaigne toutes les
villes, desquelles ilz en rcmecteiil présonte-
ni(>nl î's mains du Roy ([uan'nte-(]ualre des-
dictes cinquante-neuf, outre cela plus de cent
cinquante d'aultres par eulx détenues; et de
six ans, qu'ilz demandoient à les garder, elle
les a l'ail condesendre à six mois; (mcores est-
ce, à propreiueul parler, y dillérer seullemeut
l'exécution de l'édit.
Pour les huict cens hommes qu'ilz voulloient
aussy leurestre entretenuz, ladicle dame royne
leur a accordé trente-six mil livres une fois
payées pour toutes choses, qui reviendroit à
plus de soixante mil livres par mois, si les le-
voient encores par leurs mains; ayant esté
expressément accordé qu'ilz mectront èsdictes
villes pour lesdits six mois seullemeut des
gentilzhommes amateurs de la paix, et qui
seront agréables au Roy et à ladicte dame
royne, et s'obligeront de rendre icelles villes
dans ledit. temps de six mois, comme aussy s'i
obligera le roy de Navarre et vingt gentilz-
hommes principaulx de son party. Cest article
ne passa pas sans grande difficulté, par ce que
ladicte dame ne veult en rien qu'il soit louché
aux finances du Roy; mais il se trouva ung
serviteur de Leurs Majestés qui s'obligea de
faire trouver ladicte somme, sans aucunement
toucher ausdictes finances.
Et quant à l'article de l'abolition, pour ce
([u'il y a aussy des catholiques qui se sont licen-
tiez à mal comme les aultres, a esté accordé,
avec les exeptions et restrinctions contenues
en l'édit et aultres fort preignantes, niizes
à la fin des articles de ladicte conférance.
Par ce moyen ladicte dame n'a en v'wn qui
soit altéré l'édit, mais pourveu, pour en ac-
cellérer et facilliter l'exécution, laquelle ne se
pourroit faire en ces deux provinces si em-
brouillées en moings de six mois, et ce ipii
57.
Û52
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
vient à notter, c'est qu'elle n'a rien baillé qui
est en la puissance du Roy, mais elle permet
pour peu de jours l'usaige de ce que l'on ne
pourroit prendre par force qu'avec longueur de
temps, efl'uzLon de sang et ruine de pais. El
quand bien l'on auroit fout prest ce qui l'ault
pour forcer lesdictes villes et ennemis, et
qu'elle seroit asseure'e d'en venir à bout dans
ledit temps, encore vauldroit-il mieulx espar-
gner la mort, l'oppression et la ruyne de tant
de pauvres peuples et de beaucoup de gens de
bien, d'autant plus doncques doibt-on dire
que ladicte dame a fait beaucoup pour tout le
royaume d'en sortir à sy bon marcbe', et s'en
relouiuur s'il plaist à Dieu avec la béne'diction
du peuple, qui par sa prudence aura esté de-
livre' de la lyrannye des mescbantz, des vol-
leurs et de ceulx qui ne sauront vivre que de
sang et de la ruyne de ceulx qui n'ont moyen
de se défendre.
XXX
RECUEILZ DES PROPOS TENUZ PAU LA ROY^E MERE DU P.OY À LA NOBLESSE DE GUYENNE,
EN LA SALLE DE L'ÉVESCliÉ D'AGEN, LE V'^ DE MARS 1579'.
Messieurs, il y a cinq mois- qu'estant en
ce mesme lieu, je vous diz l'occasion pour la-
quelle le Roy mon fdz m'a envoyée en ce pais,
qui estoit pour vous faire entendre sa bonne
volonté envers vous, le désir qu'il a de raectre
son royaume en repos, et aussy pour mener
ma fille au roy de Navarre, son niary. Ce sera
la cause pour laquelle je ne vous rediray ce
que je vous dis lors, m'asseurant que vous ne
l'avez oublyé; mais je vous diray qu'après
avoir attendu seize mois l'exécution du dernier
édit de paciflication , en fin Dieu nous a faict
la grâce que par ceste conférance les dilli-
cultez, qui s'ostoient présentées à icelle exé-
cution , ont esté surmontées et toutes les choses
pour cest effect résolues; en quoy vous n'igno-
rez poinct la peyne que j'ay prinse, mais je
l'estime bien peu, au regard du fruict que
j'en espère et de l'affection que j'ay de servir
à vostre repos en général et particullièrement
à celluy d'un chascun de vous. Il s'est passé
beaucoup de choses qui m'ont laid grand
mal au coeur, et désirerois qu'il eusl pieu à
Dieu que ce mal feust tumbé sur moy seuUe,
loulesl'ois, puis que le Roy le souffre pour la
seulle considération de vostre bien, je vous
prye le souffrir avecq luy, et vous disposer
tous d'embrasser ceste paix, laquelle je vous
veux bien dire encores qu'il désire veoir tant
establye, et son édit de pacillîcation exécuté,
qu'il est résolu de n'y rien espaigner et si
bien chastier ceulx qui y contreviendront,
qu'aucun ne pourra demeurer en doubte de
sa volunté. Ce qu'il en fait n'est poinct pour
luy, ny pour ses plaisirs, mais c'est pour
vostre bien et repos. Ce n'est point aussy pour
n'avoir le coeur et les moiens de se faire
obéyr : c'est le mesme que vous avez veu et
congneu; estimez que s'il n'a point espargné
sa propre personne pour le service du feu Roy
son frère, en tant de batailles et hazardz de
la guerre, dont vous estes tesmoings, que.
' Bit)!, nat., nis. fr. SSig, 1^ a6 v°. — On peut se reporter à la lettre de Catherine au roi du 28 février 1579,
p. 287, et à la leUre du 10 mars, p. 396 et note 3.
^ Voir à VAppendice, p. 898, le discours prononcé par la reine dans la même salle en octobre 1578.
LKTTRES DE GATHK
mainlciiaiit qu'il est (juostion ilu ï-ieu et de
son cslat, qu'il u'ayt le luesmc couraige et
([uil lie s'asseure de la mcsnie affection que
vous avez lousjours inonirée avoir au bien de
cesle couroiuie; il est prince catholique autant
qu'il est possible de Testre, il veult conserver
Tauclorité que Dieu lu y a mise en main, il
vous avnie plus (pie soy-mcsnies. Si Thonncur
de Dieu, le bien de cesl eslat et vostre cou-
servalion reque'roient (ju'il j)rint la voye des
armes, il n'y reculleroit poinct; mais il a
congneu par expérience, et ung chascun l'a
aussi peu veoir, que les armes n'ont apporté
(|U(' mal.
Il y a plusieurs lieux oii il n'est faict aucune
mention de l'honneur de Dieu, où le Roy n'est
obéy ny recongneu, le repos de ses subjectz
est troublé : il y sera tellement pourveu par la
paix que toutes choses pourront estre remises
et restablyes. Puisqu'il a ceste vollunté, je
ni'asseure que vous vous y conformerez tous,
tout ainsy que vous l'avez suivy avecq les armes,
Il vous a ordonné ung gouverneur et lieu-
tenant-général qui pourvoierout à tout ce qui
sera nécessaire : vous leur obéyrez comme vous
savez qu'il apartient.
Ayant mis fin à ceste conférance, je m'en
retourne devers luy, je vous laisse le précieulx
gaige que j'aye, qui est ma fille, laquelle est
catholique, et m'asseure qu'elle ne sera jamais
aultre, m'ayant Dieu faict cesle grâce que tous
mes enfans l'ont esté et le sont. Elle sera tous-
jours protectrice des catholiques, prendra vos
affaires en main, et aura seing de vostre con-
servation ; adressez-vous à elle et asseurez-vous
quelle y apportera lout ce que vous pouriez
désirer. En l'endroit du roy de Navarre, son
marry, lequel nous avons laissé en bonne vo-
lunté à la paix et avecij tant de démonstration
de la garder et maintenir que m'asseurant qu'il
persévérera en cesle mesme volunté, je vous
lU.NE DE MEDICIS. 453
prve le recongnoistn; pour celluy ()u'il est,
et <|ue le lloy vous a ordonné. Je vous laisse
aussy monsieur le mareschal de Biron, qui
est lieutenant-général du Roy en Guyenne,
et pourvoira à tout ce qu'il sera requis pour
l'exécution de ledit de pacilTication, et parli-
culiièrement à vostre conservation. Il est de
telle valleur et congneu ])0ur si bon serviteur
(lu Hoy, que je m'asseure que vous lui rendrez
aussy l'obéissance ([ue vous devez.
Pour la fin, je vous diray que j'ay congneu
en vous tant de bonne volunté au bien de ce
royaulme et tant d'amityé envers moy, pen-
dant le bas aage de mes enfans et despuis,
que je ne vous oubliray jamais, et que je vous
serviray, en général et en parlicuUier, en (oui
ce que je pourray envers le lloy mon litz, m'as-
seurant que je ne luy saurois faire requesle
plus agréable que pour si bons serviteurs que
vous luy estes tous.
Monsieur h mareschal de Biron parlant jionr
la noblesse a responilu :
Madame, ces gentilzhommes, très-humbles,
très-obéissans et très-fidelles serviteurs et
subjectz du Roy et voslres, m'ont pryé et
chargé de vous dire (ju'ilz randent louenges à
Dieu de ce que luy a pieu avoir pityé de ce
royaume, de nous donner la paix, et aussy
(ju'ilz vous rendent très humbles grâces de la
grande peine qu'il vous a pieu prandre pour
parvenir au dessus de cesle entrcpriiisc, (pii
sembloit estre impossible; mais, par ce (jue
nous avons desjà veu deux paix sans exécu-
tion, ilz vous suplient très-humblement que
ceste-cy ne soit de mesmes. Vous avez tous-
jours bien et heureusement couduict cesle
barque francoize, et s'asseurant que Dieu
vous fera ceste grâce de continuer, en ([uoy
nous vous offrons tous noz vues et nos moiens
pour le très-humble service du Uoy et voslrc.
llbli
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
La roMic a ri_'[)li('ijuû ([110 li' roy de Na-
val ru avoil laiit uiouslré de bonne voliiDlé, et
eurures ce malin monsieur de Turenne avoit
laid de si bonnes ouvertures pour l'entière
execuliou de i'e'dit, que s'eslinioit qu'il n'en
falloit plus demeurer en double et qu'un
cbascun s'y devoil employer franehemenl et de
bon coeur.
XXXI
COPIE DE L'INSTULCTION AUX CENTILZHOMMES DEPUTEZ POUR L'EXÉCUTIOX
DE L'ÉDICT DE LA CONFERENCE '.
3 mars lâycj.
Ayant pieu à Dieu par sa saincle jjrare el
bonté que la résolution de la conférence laide
à i\i''rac enire la loyne, mère du Roy, assistée
d'aucuns ])rinces et seigneurs du Conseil privé
(lu Roy, el le Roy de Navaire, assisté d'aucuns
seijjneurs, genlllzliommes et des dépulez de
ceulx de la religion prétendue réformée, avi
esté' fuide au bien de la paix, exe'culion et
établissement du dernier édict de pacilication,
faict ]iar le io\ nostre souverain seigneur au
nioys de se|ileiiibie m \' lxvvii, et les articles
de ladidc résolulion, signez parladide dame
loyue, mère du Roy, ledit s"^ rov de Navarre
el les de.ssusdils, il est requis el nécessaire
(le di'puler de pari et d'autre [lersonnages de
(jualilé, alïeclionnez au bien du service du
Roy el de la paix, lesquelz feront observer
cbacun selon les de'partemens ijui leur seront
destinez, ce qui sera cy-après déclai-é, tant
pour faire promptement cesser tous actes
d'boslililé, remeltre en liberté Ions prison-
nier de guerre (jue pour exécuter entière-
ment ledid édid dernier de [lacilicalion, et
aussi ce (jui a eslé accordé en ladide confe'-
rence, ainsi qu'il s'ensuit :
Failli aile
PRKMIEREMENT.
à la principalle ville où est le
siège de la séneschaulcée el là assembler le
sénescbal, s'il y est, le lieulenanl-général de
la justice, aucuns des principaulx de la no-
blesse, les gens du Roy et les autres magistralz
ou consulz et juralz des villes, el en leur pr(3-
sence faire faire la lecture dudit dernier édict
de j)acificalion, leur faiie entendre que, par
ladicle conférence, l'exécution el eslablisse-
ment dudit édict a esté résolue et ordonne'e
el a eslé pourveu à toutes les diUicullez qui
ont jiis(|ues icv retarib- lailidc exi'culion el
eslablissement d'icelluy édict, et feront en-
tendre la bonne et louable intention que ladide
dame royne a trouvée audit s'' roy de Navarre
au s('r\ice du Rov el enlreteneiuent de la paix,
el parlant Sa Majesté veult qu'il soit recon-
gneu et obév comme gouverneur et son lieu-
lenant-ge'néral en Guyenne.
Leur sera aussi laid entendre (jue le Roy
leur commande bien expressément de gar-
der et l'aire garder icelluy édict et que des
contraventions que y seront faictes, s'il n'en
est faicle prompte pugnilion el chastiment,
Sa Majesté s'en prendra à eulx comme res-
ponsables du préjudice advenu et que pourra
advenir par négligence et connivence.
Feront poser les armes à ung cbacun, et en
leur présence feront aussi vuider tous cappi-
' liilil. ual. Ci'iij renis de Cnlhcrl, 11" 3ç)9, i" h!io. — Voir plus liaul, p. -290 el la note.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
/i55
laines, gouverneurs et garnisons de gens de
guerre, si aucuns en y a es villes, bourgs,
chastenux et maisons forlos, où iiz ont à
passer, et feront rosser du tout et en efïert
tous actes d'hostilité, apparence et marque
de guerre.
Informeront de Testât des ecclésiastiques
en chascune desdictes villes et lieux, mande-
ront lesdits ecclésiastiques, ou leurs vicaires
et recteurs, venir à eulx, entendront d'eulx
s'ilz sont empeschez en l'exercice du service
divin, et particulièrement par qui; s'ilz jouys-
sent de leurs maisons, biens e( revcnuz; et
s'il s'en Irouvoit qui fussent troublez en la
jouyssance de leursdils biens, lesdits s" com-
missaires sçauront par qui et depuis quand ilz
leur sont détenuz, et les y feront réintégrer,
comme il sera déclaré cy-après.
Admonesteront l'évesque et enjoindront à
tous les aultres ecclésiastiques qui sont chargez
de résidence, de venir incontinent demeurer
et faire par eulx ou leurs vicaires ledit service
divin et le reste du debvoir en leurs charges,
à faulte de ce faire enjoindront aux gens du
Roy de les poursuyvre et faire saisir leur tem-
porel, et fault expressément que ledit service
divin soit remis au lieu et en la forme qu'il
souloit estre, si les lieux sont en estât de le
pouvoir faire; et, oii lesdits lieux seront ruynez
et desmoliz, sera aussi admonesté l'évesque
de pourveoir de lieu convenable et ornemens
condécens pour faire ledit service divin, sans
que lesdits de la religion prétendue réformée
puissent retenir aucun desdits lieux, où ledit
service divin souloit estre faict : à quoy lesdits
magistratz, ofliciers, consulz, jiiratz et habi-
tans s'employeront aussi et tiendront la main
fort exactement.
Admonesteront aussy lesdits évesques de
pourvoir aux villaiges et parroisses particu-
lières de curez idoynes et suffisans, et procédder
contre les non résidents par la rigueur des
concilies et voyes de droict.
Va afin <\uo lesdits ecclésiasiicques ne se
puissent excuser sur le peu de sûreté qu'il y
a eu jusques icy en aucunes desdictes villes et
sur l'empeschemcnt de la joyssance de leurs
biens et revenus, seront par lesdits s" com-
missaires mis en la protection et sauvegarde
sp('ciaie du Roy et aussy eu la garde du séné
chai, des magislras, consuls, corps de villes
et conimunaultez pour estre responsables et
en général et en particulier des empesche-
mcns au reslahlissement du service dyvin,
ensemble des injures et offences faictes, soit
de parollesoude faict ausdits ecclésiastiques, et
pour le regard de leurs bi(!ns, les détempteurs
d'iceux seront conirainctz promptemcnt y ré-
intégrer lesdits eclésiastiques, et sera par les-
dits s" commissaires enjoinct de par h; Roy
il ses advocatz et procureurs d'en faire dili-
gemment poursuitte et contraincte , par la voye
de l'ordonnance faicte à Amboyse, les reffusans
de payer les dixmes et autres devoirs ecclé-
siastiques.
Et affin que les curez des paroisses des vil-
laiges puissent seurement et librement aller
résider en leurs cures, si le seigneur du vil-
iaige est de la religion prétendue relformée, il
respondra de la liberté et seurettédudit curé;
et où il seroit catholique, et la plupart des ha-
bitans de la Religion, ce seront iceux habilans
qui en respondront.
Es villes et lieux où l'exercice de ladicte
religion prétendue refformée est permis par
ledirt édict, lesdits s" commissaires le feront
eslablir, si estably n'y est, et enjoindront aux
magistrats, officiers, consuls et aultres liabi-
tans desdictes villes et lieux de ne troubler ny
donner empcschement quelconque audit exer-
cice d'icclle religion prétendue reffdrinc'c, et
s'il y en avoit une qui leur fust détenue, il
456
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
luv seroit promptement reslituée, et seront
tous ceux de la religion prétendue refibrniée,
de quelque estât, qualité' et condition qu'ilz
soyent, mis en la spécialle protection et sau-
vegarde du Roy et en la garde des magistrats,
ofBciers, consulz et communaulté des villes,
tout ainsy et en la mesme forme et manière
que les catholicqucs, comme dessus est dict;
et leur sera pourveu de lieux propres pour
faire leurs entretenemens, suyvant icelluy.
Tous les catholiques et aussy tous ceux de
ladicte religion refforme'e seront promptement
remis en leurs maisons et biens, soubz les
mesmes protections et deffences cy- devant
déclairées et portées par ledit e'dict et re'so-
lution de ladicte conférence.
Iceux s" commissaires feront partout re-
mectre le libre commerce par eau et par terre,
délivrer et relaxer promptement et sans aucun
retardement tous navires, basleaux, vaisseaux
et marchandises, avec inhibitions et deffences
très-expresses du Roy et à tous ses sugetz de
plus lever, ny exiger, en quelque sorte ou
manière que ce soit, aucuns nouveaux péages,
contributions, susbcides ny aultres levées de
deniers que par commission expresse du Roy,
faisant punir et châtier rigoureusement sur
les peines portées par ledit édict tous les
conlrevenans à ce que dessus et à la peine des
dommages et intérestz des intéressez.
Feront remettre et rentrer les ofliciers de
la justice èsdictes villes et lieux, et remectront
aussy la sénéchaussée de ladicte justice es
lieux otj ilz souloyent estre auparavant l'édict
suyvant icelluy.
Feront aussy jurer, suivant l'article soixante
m"" dudit édict, tous ceux qui sont nommez
par ledict article et seront retenus actes dudit
serment par les greffiers des lieux, dont les-
dits s" commissaires rapporteront ou envoy-
ront à ladicle dame royne copies désignées et
speciallement faisant ledit serment; se dep-
partiront les [uns] et les aultres du fout de
toutes ligues et associations, et renonceront à
icelles, suyvant le lvi"" article de lédict'.
Le semblable de ce que dessus se fera par
lesdits s" commissaires es principales villes
des séneschaucées et provinces où ilz sont
ordonnez aller; et, es villes et lieuz oii ilz ver-
ront pouvoir bien et aysément donner ordre
sans y aller, manderont aux principaux offi-
ciers et consulz desdictes villes, en leur en-
voyant copie de ladicte instruction, qu'ilz ayent
à entièrement l'effectuer en tous lesdits lieux
en ce qui leur concernera, tout ainsy que si
lesdits s" commissaires y estoient eux mesmes,
leur enjoignant de leur envoyer procès-verbal
de ce qu'ilz en ont faict, dont lesdits commis-
saires feront mention dans le leur.
Iceux s" commissaires par sur tout se trans-
porteront en toutes les villes, citadelles et
chasteaux et lieux détenus par ceux de ladicte
religion prétendue refformée, qu'ilz sont par
ledit édict et articles de ladicte conférence
tenus rendre et remettre, pour en iceux entiè-
rement exécuter tout ce que dessus, et le con-
tenu audit édict de paciÛication, et n'en partir
qu'ilz ne voyent le tout entièrement effectué
et notamment leur ferront deffences très
expresses de ne faire plus aucunes formes de
gardes, ains laisser les portes et entrées et
yssues desdictes villes et lieux en toute liberté,
suyvant le xxvii"" article de ladicte conl'érance,
duquel la teneur s'ensuit. A esté aussy accordé
' L'ttédilTj, c'est toujours l'édit de Poitiers, en soixante-quatre articles, donné par Henri III au mois de sep-
tembre 1577 et suivi de quarante-huit articles secrets, signés à Bergerac, le 17 septembre, par les représentants du
roi et les députés do la religion l'éformée. — Voir Corps diplomatique de Dumont, t. V, p. 3o9 à 3i i.
LETTRES DE C VTHEIUNE DE MÉDICIS.
!\:^l
par ladicte dame roync mère du Roy, ledit
s" roy de Navarre et tous les dessudits, que
loutos les villes et places gardées par iesdits
de la Religion seront remises au gouvernement
de Guyenne et de Languedoc au temps dé-
clairé par le préceddent aiticlc, et y sera l'édil
de paciffiration entièrement exécuté, comme
aussy, et par mesme moyen, les aultres villes
où les catolicques sont en plus grand nombre,
sans qu'il soit permis d'y mectre aucune gar-
nison de pari ne d'aultre; ains demeureront
les habitaus d'icello de Tune et de l'aultre
religion eu la spécialle sauvegarde du Roy
nostre souverain seigneur, sans qu'il soit loy-
sible, sur peine de mort, de leur mesfaire et
entreprendre aucune chose contre leur liberté
et sûreté desdictes villes.
Si ceux qui sont dans ces villes en moindre
nombre requièrent que quelzques-uns qui sont
en plus grand nombre leur promettent qu'il
ne leur sera mesfaict en leurs personnes ne
biens, seront à ceux qui en seront requis
tenus de ce faire et en respondre en leurs
propres et privez noms.
Es villes que iesdits de la relligion préten-
due refformée ont gardées depuis l'édict, ne
les ayant auparavant icelluy édit tenus, sera
redeffendu rexercice de ladicle religion, suy-
vanl icelluy édict, mais seront les habitans
d'icelle religion en la liberté, portée par ledit
édict, conservez et maintenus comme dict
est.
Et pour le regard des villes de Baxas,
Puimirol, Figeac et le Mur-dc-Barrèsi, qui
sont pour six mois laissées en garde au roy
de Navarre au gouvernement de Guyenne, s'y
transporteront aussy Iesdits s" commissaires
et V feront entièrement exécuter le contenu
en l'article xviii" de ladlcLc coiiférance , dont
la teneur aussy ensuict :
rtQue èsdiclos villes tous les ecclésiasticques
et aultres babitans catolicques y rentreront
sans difficulté et jouyront entièrement de tous
leurs biens et fruiclz en iceux, feront en icelle
le service divin selon l'église catolicque; la
justice y sera aussy librement administrée; les
deniers du Roy tant ordinaires que extraordi-
naires seront levez et cueillis; et y sera au
demeurant l'édict entièrement gardé et obser-
vé, comme ensemblement suyvant ledit édict
sera faict pour le regard de ceux de ladicte
religion prétendue refTormée es autres villes
oi'i les catolicques sont eu plus grand nombre.
Et est aussy résolu que les magistralz et offi-
ciers des villes tiendront la main, sur peine
de suspencion de leurs offices pour la première
fois, et de privation pour la seconde, à ce ijue
dessus, -n
Prendront iceux s" commissaires les scr-
mens particuliers de ceux qui auront la garde
desdictes villes durant Iesdits six mois qui
escherront le premier jour de septembre pro-
chain, et aussy de six des principaux habitans
desdictes villes estans de ladicte religion j)ré-
tendue relTormée, suivant les formes ({ui en
sont baillées ausdits s" commissaires, lesquelz
feront expédyer les actes autanticques de ce
que dessus, qu'il/, rapporteront incontinent à
ladicte dame ro\ne, mère du Roy.
Et pour le regard de Périgueux, la Réolle
et le Mas-de-Verdun-, qui ont esté en (Juyenne
baille/, par ledit édict en garde à ceulx de la
Relligion pour six ans, Iesdits s'" commissaires,
aussy chacun en leur regard, passans par
icelles villes, feront assembler tous les habitans
d'iceiles, auront et entendront les plainctes
vitt.'
Iij;nn
ilaiis les articli's do
' Bazas, Piiymiiol, Figeac et Miir-de-Bairez (.\veyrou); celte dernière
iNérac. — Voir p. 385, noie i.
2 Aujouid'lmi te Mas-Grenier (Tarn-el-Garonne), arrondissemcnl de Casleisanasin, jirès Vcrdun-sur-Garoiine.
58
Cathebine de MtDlClS. — n.
IVPniMEIIie XATIOtJLE.
A 58
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
des oppressions qu'ilz reçoyvent et des con-
travenlions à i'e'dict, y pourvoiront proinple-
ment, si possilile est, sinon en dresseront
procès-verbal comme de toutes aultres choses
qu'ilz feront, et renvoyront à ladicte dame
royne, mère du Roy, et n'oubliront de faire
réitirer aux capitaines et gouverneurs d'icelles
villes leur serment portez par l'article lxxu""'
dudit e'dict de pacifEcation, mesmes et par
exprès de n'arrester aucuns vaisseaux, batteaux
ne marchandises, ne chose qui puisse empes-
cher la navigation et commerce tant par eau
que par terre, comme il est cy-devant de'ciairé.
Et oii, à l'exécution de ce que dessus il
seroit donné empeschement ausdits commis-
saires de faiet ou de force, ladicte dame royne,
mère du Roy, leur donne pouvoir, commission
et mandement spécial, par ces présentes, de
déclairer ceux qui feront ou donneront lesdits
empeschemens, rebelles au Roy, criminelz de
lèze-majesté et avoir encouru les peines por-
tées et déclairées par le xxv"" article de ladicte
conférance dont la teneur ensuict :
crEl pour ce faire seront tenus les gentilz-
hommes et les habitans des villes, tant d'une
religion que d'aultre, d'accompagner les gou-
verneurs et lieutenans généraulx du Roy et les
ayder de leurs personnaiges et moyens, si be-
soing est, et en sont requis pour faire réparer
incontinent lesdits attentas; seront tenus les-
dits gouverneurs et lieulenans généraulx, en-
semble les baillifs et sénéchaux, s'y employer
vivement sans aucune remise , delay, ny excuse ,
et y aporter toute diliigonce et moyens à eux
possibles pour la réparation desdils attentas et
punition des coulpables par les peines portées
par l'édict ; et oultre a esté aussy résol u q ue ceux
qui feront aussy entreprises sur villes, places et
chasteaux, ou qui leur donneront aydc, assis-
tiince, faveur ou conseil, ou<jui commettront
aucun attentat contre et au préjudice de l'é-
dict et de tout ce que dessus, sont dès à pré-
sent déclairez criminelz de lèze-majesté, eux
et leurs postérité infâmes et inhabiles à jamais
de tous honneurs et dignitez et successions, et
encourus en toutes les peines portées par les
loiz contre les criminelz de lèze-majesté au
premier chief , déclarant en oultre Sa Majesté
qu'elle n'en donnera jamais grâce, deffendans
à ses secrétaires de les signer, à son chan-
cellier, au garde des sceaux d'en sceller, et
aux courtz de Parlement d'en avoir esgard à
l'advenir, quelques exprès et réitérez mande-
mens que leur en puisse estre faiclz.n
S'il y a aucunes querelles particulières entre
les s" genlilzhommes ou aultres, qui sont bien
souvent ou peuvent estre cause de troubler le
repos que chacun doibt désirer, lesdits com-
missaires, en passant par les lieux ovi ilz sont
envoyez, s'en acquiteront et feront en sorte,
s'il est possible, qu'ilz composeront à l'amyable
lesdits diflérens; sinon, advertiront ladicte
dame 'royne, mère du Roy, et luy escriront au
vray ceux qui ont lesdictes querelles, et ceux
aussy qui s'en entremetent, et pareillement leur
advis du moyen qu'il fauldra tenir pouracorder
telz différens.
D'aultant que les villes et chasteaux de
Saverdun et de Martiac^ ont esté naguères sur-
prises pendant ladicte conférance, lesdits s''
et commissaires sont très expressément chargez
par ces présentes de faire incontinant remettre
lesdictes villes et chasteaux en Testât qu'il est
porté parl'édict de paciflScation; et, si aucuns
les voulovent empescher ou tenir les choses
en longueur ou difficulté, oultre qu'ilz les dé-
clareront, comme dessus est dict, rebelles et
désobéissans au Roy et criminelz de lèze-
' Saverdun dans l'Arioge, cl Marciac dans le Gers.
LETTRES DE CATIIEIU.NE DE MEDICIS.
459
majesté, il/. ('iii|il()\roiit conjoinitiMiient toutes
les forces et moyens qu'il/, pourront assem-
bler, et feront en sorle (|u il/ les couli'Jii'j'nenL
promptement (robéyr.
Et pour faire et exécuter ce que dessus au
Hauit- Armagnac, Slarae', Rivière-Verdun,
conté de l'Isle-, Comminges, ronlé de Foi.\
et ville de Pamyers, le s'' Fon(enilles, che-
valier de Tordre du Roy et cappitaine de cin-
quante hommes d'armes de ses ordonnances,
est commis, ordonné et deppulé par ces pré-
senles. Et pouc aussy l'aire et exécuter le.
contenu en cesdictes présentes, avec iuy seront
aussy commis, oidonne/ et depputez : assavoir
le s' de Corney pour ledit Hault-.\nnaj;nac,
Starac et Rivière-Verdun ', ie s' de Foiitenilles
pour ledit conté de l'Isle, et le s' du Soleil
poui' lesdits (lomminges, conté de Foix et
ville de Pamyers.
Faict à Néi-ar, Ic^ iiii' jour de mars i •>"/[)■
Signé : Cateiunk.
Et plus bas : Pinaiit.
\X\II
COMMISSION DE CATHERINE DE MEDICIS ET DE IlE.Mll, KOI DE NAV.\RRE,
\ BERTRAND DE PARDAILLA.N , BAHO.N DE lAMOTIlE-GONDRIN , ET AL SIEUR DE BOURROUILLAN '.
1 a février 1579.
De par la roijne mère ihi
Comme il ayt plu à Dieu donner si bonne
et heureuse issue et succès à la conférence
qui a esté faite pour parvenir à l'entière exé-
cution de l'édit dernier de pacification, conclu
au mois de septembre i577, entre la Royne
mère du Roy notre souverain seigneur, assistée
des princes et s" de son conseil privé estants
près elle, ie roy de Navarre, assisté du député
de monsieur le prince de Condé, d'aucuns
s" et gentilshommes de ia religion prétendue
réformée, des députés de ceux de ladite reli-
gion prétendue réformée des provinces de
Guyenne et Languedoc, que toutes choses sont
à présent résolues pour le bien de la paix.
I\mj et le roy de iS'avarrc.
ladite dame Royne et ledit s' roy de Navarre
ont ensemble advisé que, cependant et atten-
dant l'arrivée des s" commissaires ordonnés
pour lesdites provinces, pour y exécuter entiè-
rement ledit édit et ce qui a esté arresté dans
ladicte conférence, à quoi ils commencerout
dès les premiers jours du mois de mars pro-
chain , ii estoit nécessaire de couper prompte-
ment chemin aux désordres, excès et attentats
qui se rommelleut jouinellement au grand
intérest et mépris de l'autorité du Roy notre
souverain seigneur, foules et oppressions de
ses subjects. Pour cet effet, ayant esté fait
élection de d'aucunes personnes paisibles et
' Aftarar, petit comli' siliir' piilre rArma,'»iiac , le Bijjorre (M la G.-iscogne.
' C'est le comté de ftle-Jourdain, en Armagnac.
^ Le pays de Rivière-Verdun était aussi un district de l'Armagnac.
'' Publié par la Revue de Gascugne, t. VII, p. 336. — C'est évidemment llorulh/m qu'il faut écrire. Le sieur <le
Borolliaii est appelé par le roi de Navarre rrgouvernenr en mon Ijas-conilé d'ArmagiiacTj; il était gentilhomme de sa
Chambre. — Voir Lettres missives de Henri IV, t. 1, p. 65a.
58.
460
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
affectionnées au bien des affaires et service
d'icelluy S' Roy, notre souverain seigneur,
et au repos commun, ladite dame Royne a
nommé, commis et député de sa part le s'' de
La Mothe-Gondrin, chevalier de Tordre du
Roy; et ledit s' roy de Navarre, le s' de Boro-
Ihan, auxquels ils ont donné et donnent plein
pouvoir, commission et mandement , spéciale-
ment par ces présentes, pour sous l'autorité
du Roy notre souverain seigneur eux trans-
porter et aller à Eauze ' et au jjas-pays d'Ar-
maignac, et passant par les villes faire en-
tendre aux conseils d'icelles ladite résolution
do l'exécution dudit édit de pacification, prise
à ladite conférence, et faire publier, aux res-
sorts de juridictions de ladicte sénéchaussée,
es lieux accoutumés à faire avis et proclama-
tions publiques, ce que dessus; commander
de par le Roy, notre souverain seigneur, à
tous les subjects de vivre ensemble désormais
en bonne paix, union et concorde les uns
avec les autres sous l'observation de ses édits,
et par ce moyen faire cesser tous actes d'hos-
tilité; assembler devant eux les capitaines
gouverneurs de ville, officiers de la justice,
maires, consuls, jurats, écbevins et autres
qu'il appartiendra, pour entendre Testât des-
diles villes et faire faire promptement ladite
publication, afin d'aller au devant du mal;
enjoindre de la part du Roy notre souverain
seigneur et de ladite dame Royne et dudit s'
roy de Navarre [à] tous gens de guerre estant
aux champs, tant d'une part que de l'autre,
de se retirer incontinent sans aucune foule du
peuple; faire remettre le commerce libre, et
surtout mettre en pleine liberté tous les pri-
sonniers prins à Toccasion des troubles, tant
d'une pari que d'autre, sans exiger d'eux au-
cune rançon, avec inhibitions et deffenses de
commettre désormais tels ranconnemeuts, pil-
leries, meurtres, attentats, sur peine d'estre
tenus pour infracteurs de la paix et seureté
publique, sans espérance d'eu pouvoir à Tad-
venir obtenir aucune grâce ou pardon, ni par-
ticiper au fruit de ladicte conférence ; com-
mander de par le Roy, notre souverain seigneur,
il tous les juges des lieux, prévôts, vi-séné-
chaux et autres officiers de justice, où ils
passeront, diligemment et soigneusement in-
former des larcins et pilleries et autres maux
qui se commettront ci-après de part ou d'autre
pour en faire promptement rigoureuse et
exemplaire justice, sans aucune connivence
ou dissimulation, sur peine de privation de
leurs offices; et de tout ce qui aura esté fait
sur ce que dessus certifier incontinent ladite
dame Royne et ledit s"^ roy de Navarre, aux-
quels lesdits s" de La _AIolhe-Gondrin et Boro-
Ihan enverront pareillement procès-verbal de
ce qu'ils auront fait, et escriront ensemble-
ment Testât auquel ils trouveront toutes choses
et Tordre qu'ils y auront donné.
Fait à Nérac, le xii' jour de février 1579.
Catherine.
Hkxry.
Depuis a esté advisé et résolu que les sieurs
de La Mothe-Gondrin et Borolhan exécuteront
du tout Tédit de pacification es lieux où ils sont
ordonnés, ensemble la résolution qui a esté
prinse en la conférence tenue à Nérac, suivant
l'instruction qui leur en a esté expédiée-.
' Eauze (Gers), arrondissement de Comloni.
^ L'orifîinal de celle pière apparlieiit à M. 0. Mailin-Laniollic, de Pny-Lauiens.
On trouve à la Bibliothèque de Toulouse une pièce analogue sous ce litre :
ttMënioire de ce que le s' de Vérao, gentilhomme seivant de la Royne mère du Roy, depputc par ladite dame, et
le s' d'Yollet, aussy depputo par le roy de Navarre, auroieut à fère pour fère cesser promptement en Languedoc
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
àU
XXXIII
LETTRE DE IlENBI III AU MAllÉCllAL DE DAMI'VILLK
6 mars i r)7g.
sel te et de Uouziiis qui eu oui eu loule la
l'aligue, d que jauiay à jamais souvenance
(lu (lebvoir qu'ilz y ont faict, et (ju'il ne se
présentera occasion de leur en rendre lesnioi-
gnage qu'ilz ne reçoyvent les efl'eclz de la sa-
tisfaction qu'il m'en demeure; et avez très
bien l'aict d'avoir oncores, depuis ladicle l'é-
ductiou, conlraincl Cliaslillon de ([uillei- les
lieux dont il s'estoil emparé; ceulz de leui-
religion ne se pouvant justement plaindre de
ceste poursuicle, ny (jue vous me laciez obéyr
pour l'eiilière exécusion de mon écdit de pa-
cillication, suivant ce qu'il en sera ariesié à
ladicle conférance. En quoy m'ani moins je
vous prie vous conduire selon ce que la Uoyne
madicte dame et mère vous mandera. El pour
le regard de la requeste que vous me l'aides
de vous accorder ledit chasteau de Beauquairc
pour vostre demeure, je vous prie, mon cou-
sin, croire que je veulx non seulement en
cela, mais en toutes autres choses (ju'il me
sera possible, vous gratiffier et laire cognoistre
par eirecl la bonne volunte'que je vous porte.
Mais d'autant que j'estime, suivant ce que je
vous ay cy-devant escrit, que le s' de Vers,
comme sénéchal de Beauquaire et genlil-
lionime d'honneui' el valeur, seroil fort propre
[)our demeurer et commander en ladicle place
en vostre absence, je vous prie, mon cousin,
trouver bon que je luy en donne la charge,
tous ados (l'iiostililé, suivant la coinniission quy leur en a esté baillée par ladite dame lioyne et ledil s' roy de Na-
varre conjoincleraent, en allendant que les commissaires, depputez pour l'entière exécution de l'édid de parlfliiatlmi
laid et conclud le xvn février iSyg, y aillent.,, (Reg. 61 a, fol. 348-3/.9.) - Voir les lettres que la reine mère
écrit à ce sujet à Damville le aC juin 1079, p. a8i, el le a8 février, p. a85.
' Orig., Bibl. nal., ms. franc. ;!3i5, (° ô."). — Voir, p. 29^, la note 1.
Mon cousin, j'ay esté merveilleusement
avse d'avoir eu assourance de la réduction de
mon chasteau de Beau([uaire, par les ieltres
que vous m'avez escrites du xi'du mois passé,
qui ne m'ont esté rendues que le xxvii"' d'icel-
liiy; ayant à la vérité très grande occasion de
me louer et contenter de la dilligence et deb-
voir que vous y avez l'aict, semblablement
tous ces .s" et capitaines que vous y avez em-
ployé, dont je vous remertye de très bon
cœur, en vous priant croire que je n'oubliray
jamais le service que vous m'avez faict el le
colloqucray au ranc de ceulx que cesie coronne
et moy avons receu de vostre fidellilé, pru-
dence el valeur, pour eu avoir mémoire et le
recognoistre en temps et lieu; l'estimant d'au-
tant plus, qu'il a esté exécuté en saison propre
|)Our faire cognoistre à tout le monde que je
ne suis encores, grâces à Dieu, si despourveu
de bons serviteurs et subjeclz en ceste pro-
vince là qu'aucuns oui voulu faire croire,
principalement pour s'en prévaloir et advan-
tager en ceste conférence où est la Royne ma
dame et mère. Je vous envoyé des lettres
pour tous lesdils s" et cappitaiues desquelz
vous m'avez rendu tesmoignage par la vostre,
lesquelles je vous prie leur faire tenir, en les
asseurant du bon gré que je leur sçay du suc-
cez de ladicle réduction, el nomément vous le
ferez entendre aux s" de S'^'-Iaille, de la Croi-
àm
LETTRES DE CATH
m'asseurant qu'il s'en acquittera très digne-
ment et à voslre contentement, lequel je dé-
sire toulesfois préférer à toute autre conside'-
ration. Au reste, j'ay veu les lettres que vous
et le s' de Ryeux m'avez escrites touchant le
faict de ma ville de Narbonne, lequel j'ay
renvoyé à la Royne madicte dame et mère,
pour en ordonner ce que par vostre advis
elle cognoistra estre plus utille et raisonnable
pour le repoz de ladicte ville et la conserva-
tion de mon auctorilé '; en quoy je désiie
grandement que ledit s'' de Ryeux, que je co-
gnoys plain de zolle et d'alTection à mon ser-
ERINE DE MEDICIS.
vice, se conduise avec la douceur et modestie
qu'il convient pour entretenir les habitans de
ladicte ville en leur antienne Cdellilé et dé-
votion : ce que je juge estre d'autant plus né-
cessaire d'eslre faict en ce temps que nous
voyons que le désespoir ou la passion des
hommes leur font entreprendre, contre mon
auctorité, beaucoup de choses contre la rai-
son et leur debvoir. Je prie Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
Escrit à Paris, le vi° jour de mars 1579.
Signé : Henri.
Et plus bas : De Neufville.
XXXIV
PROCÈS-VERBAL DE LA PRESTATION DE SERMENT FAITE PAR LES NOTABLES D'AGEN , SUR L'ORDRE
ET EN PRÉSENCE DE LA REINE MERE, TOUCHANT L'EXECUTION DU DERNIER EDIT DE PACIFI-
CATION ET DES ARTICLES DE LA CONFERENCE DE NERAC^.
i3-i6 mars iSyg.
La Royne mère du Roy nostre souverain
seigneur, estant en ceste ville d'Agen, a faict
venir devant elle, en la grande salle de l'éves-
ché, les sieurs de Bajaumonl, séneschal,
maistres Anfhoine de Nort, président et juge-
mage, et Françoys de Gortete, Florimond de
Redon, lieuctenans, Robbert Raymond et
Anthoine de Boria, conseliers au siège prési-
dial, Félix et Capraisi Delas, advocat et pro-
cureur du Roy, et autres officiers dud. siège
présidial, Pierre de Nort, Begon, Cornier.
Pierre Pelicier, Pierre du Perier et Menauld
Verdun, tous consulz, Jehan Bergon, Jehan
Corne [suivent 85 noms), juratz, bourgeois et
habitans de lad. ville, tant catholicques que
de la religion prétendeue reformée, et, adres-
sant sa parolle ausd. séneschal, ofliciers, con-
sulz et juratz, en la présence de monsieur
l'Évesque d'Agen et plusieurs du clergé,
maistre Geraud^ Lalane et Jehan Ghauvin,
présidons, Françoys Alesme et Françoys do
Gasq, conseliers en la court de parlement de
Bourdeaux, servant à présent en la chambre
dud. parlement establie en ceste ville, leur a
enjoinct de par ied. sieur Roy son filz et suy-
vant la publication qui a esté faicte à son de
tromppe par ceste ville, a faict jurer de gar-
der et observer et de faire garder et observer
entièrement, chascun en son endroict, l'édict
dernier de paciffication faict au moys de sep-
' Voir, plus loin, le ttRèglccuent faict par la Rejue mère du Roj pour le faict de Narbounei:.
^ Arcliives d'Agen, BB 33, f" 44-65. — Archives historiques de la Gironde, 1896, t. -il), p. 171.
•' Le prénom du président Laianue élait Sarran et non Geraud.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS
loi!il)r(' mil cinq cens soixante-dix-sept, cn-
/i63
SL'ml)ic ce qui a esté dernièrement advisé et
résoicii en la conl'érance teneue à Nérac, le
tout de poinct en poinct selon leur forme et
teneur; et, lesd. sermens prestes, lad. dame
Royne, adressant de rechef la paroHe ausd.
présidens, conseliers et autres officiers de
justice, ensemble ausd. consulz et juratz et
puys à tout le reste de lad. compagnie desd.
habitans, tant catholicques que de lad. religion
prétendeue réformée, leur a déclaré de par le
Roy, son filz, nostred. souverain seigneur,
quelle les mectoict, ensemble tous les autres
habitans de lad. ville d'Agen, tant eclésias-
ticques, nobles et gens de justice, bourgeois,
marchaus et autres personnes, de quelque
estât et condition qu'elles soient, et tous ceulx
qui yroient et viendroient en icelles villes pour
leurs affaires ou pour le commerce, en la pro-
tection et sauvegarde d'icelluy sieur Roy, et
les ungs en la garde des autres, et qu'elle les
ehargeoit respectivement de respondre des
contraventions qui seroienten lad. ville faictes
aud. édict, ensemble ausd. articles d'icelle
conférance, ou bien de représenter et mectre
ez mains de justice lesd. contravenans, char-
geant en particulier lesd. consulz, jurutz et
autres dessus nommés de respondre l'u leuis
propres et |)rivez ikiiiis, en cas de droict, des
domaiges el maul\ que lesd. habitans s'oflTri-
roient en leurs personnes et biens, leur avant
icelle dame Royne très expressément com-
mandé que pour la tranquillité, bien et repoz
de lad. ville ilz ayent aussi à suyvre le règle-
ment que leur en sera baillé par monsieur de
Riron, mareschal de France, quy l'a |)our
cest efl'ect mys ez mains desd. sieur de Rajau-
mont, séneschal, ensemble lesd. consul/, et
principaulx bourgeois et habitans de lad. ville,
pour iceUuy garder et observer soigneusement ,
sans l'outrepasser en quelque sorte que ce
soyt, ayant icelle dame commandé à icelluy
sieur séneschal et officier de la justice de lad.
séneschaussée, ensemble lesd. consulz, enre-
gistrer en leurs registres chascun [)articulière-
ment ce présent acte, ensemble led. règle-
ment dud. sieur mareschal de Riron, pour le
tout ainsi soigneusement garder et observer.
Faict à Agen, le trizesme • de mars mil
cinq cens septante-neuf, et seziesme dud.
moys.
Signé : Gaterine.
Et pins bus : Pin art.
xxx\
LETTRE DL DLC D'ANJOl \ LV REINE MERE.
21! mars i57f) -.
Madame, j'é entandu par l'abé Gadagne-'
tout ce (jiril a eu charge me dire de vostre
part, dont je voys que le plus de vostre alfec-
tion tourne sur l'exécusion du maryage d'An-
' L'éditeur de re doriiinoiil liésilo entre troisième et treizii-me. La dernière date est plus probaliie; car le rRèfïIe-
ment rédigé par le maréclial de Biriiii, et contresigné par Callicriiie de Médicis, pour assuror l'exécution de cet enga
gementn, publié dans le même volume, p. 178, est du iG mars, c'est-à-dire trois jours plus tard.
- Copie. Bil)l. nat., Nouv. Acq. fr. )>5o, P ait. nA la lînvne, madame et mère»
Sur la mission de i'abbé de Gadagne près le duc d'Anjou, voir la lettre de la reine mère ;> Henri III, du
i5 mars 1079. p. 3o-'i.
464
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
glelerre, pour la crainte que vous avés qu'elle
ne demeure mal contante et que cela ne puisse
nuyre au repos de cest estât. Mes je vous puis
assurer qu'il ne peut arriver aucun inconvé-
nient de ce costé, encores qu'il y cust rupture
de l'afTère, l'ayant remise à tel point qu'elle
trouvera toujours bon ce que vous désirés
pour la conservation de l'amytié de ces deux
royaumes, comme par eOFect je le feré co-
gnoystre au Roy et à vous, en ce que vous
jugerés que je me doyve enployer envers elle.
Quant à ce que je vous ay mandé par Lafin,
je demeure toujours en ce mesme désir aulx
condisions et advantages dont vous m'avés
plusieurs fois convoyé, lesquels estant en la
puissance du Roy, je ne les puis espérer que
par son otorité, n'y ayent aultre moyen ou
pouvoyr que ceUiy qu'il m'y vosdra donner,
suivant ce que j'é plus enplement déduit pour
ce regard et pour toutes autres chozes à l'abé
de Gadagne, présent porteur. La suffisense et
fidélité me gardera vous en dire d'avantage,
si ce n'est pour vous suplier me commander
tout ce qui sera de vostre servise. Prient Dieu,
Madame, qui vous doint l'antier aconplise-
ment de vos désirs.
D'Engiers, ce xxii' de mars.
Vostre très humble et très hobëisant filz et
serviteur,
François.
XXXVI
LETTRES DU MARECHAL DE DAMVILLE À CATHERINE DE MEDICIS '.
Pézenas-, 3i octobre 1577.
Madame, je supplie très humblement Votre
Majesté de me continuer sa bonne grâce et
celle du Roy-', à laquelle seule j'espère, sans
aultre récompense de mes services, remerciant
Votre Majesté du bien qu'EHe a voulu me
moienner et dont je me sens yndigne, et la
suplye croire que je suis plus content avec
voz bonnes grâces que avec toutes les choses
du monde, comme ma seulle dame et mais-
tresse.
' Après avoir relevé dans les flivers recueils tic la Bililiolliéquc nalionale les leltres de la reine mère adressées à
Dainville, nous avons eu l'heurouse forluiie de trouver à la Bibliothèque de Toulouse la correspondance inédite du
maréchal avec Catherine de Médicis. Un crudit languedocien, M. l'abbé Lcsirade, a bien voulu en faire pour nous
la collation très exacte. Il nous est ainsi loisible do compléter les informations que nous avons données déjà sur
l'attilude, beaucoup plus loyale qu'on ne l'a dit, de Henri de Montmorency. On comprendra seulement qu'il eût été
impossible de publier en entier toute cette série de pièces : de nombreux extraits suffiront, et nous renverrons pour
le reste aux registres 611 et 617 de Toulouse, qui n'avalent point été jusqu'ici consultés.
- Pézenas était, à celte époque, un conilé dépendant de la maison de Montmorency; le connétable avait fait
bâtir sur le bord de l'Hérault, tout près do la ville, une jolie maison de plaisance, appelée la Grange-des-Prés, on
Damville résidait presque constamment et où il mourut en 1616.
' Damville n'était ofTiciellement réconcilié avec la cour que depuis le mois de mai 1577. ^'*'* Henri HI conservait
encore quelques doutes sur sa fidélité; il écrivait le ni mai à Charles de Birague : rrLe maréchal de Dampvillc m'a
Taict entendre qu'il s'est du tout résolu d'embrasser mon service, comme je désirois, dont je me veulx tellement
asseurer, que aussy tost j'ay résolu de luy bailler forces et autres moiens pour essaier de ranger à mon obéissance
ceulx de la nouvelle opinion, comme l'occasion s'en présente fort à propos sur cesie révolte qu'il espère leur empes-
cher.» (Bibl. nal., ms. fr. 3.'Î33, f" 53.) Aussi te maréchal, sentant le peu de confiance que le roi avait en lui, fai-
sait tous ses efforis pour bien disposer la reine mère en sa faveur.
Pézeiias, i3 iiovcmlu'e 1577.
Madame, il ma semblé nécessaire fie vous
donner advis do tout ee qui s'est passé eu ceslc
province, esUns ceus de la religion prétendue
rélormée tousjours eu (ipiuiou de ne vouloir
désarmer, ni aulreiuent exéeulter l'édict, qu'il/,
ne soient les [)kis loris au\ lieu\ qu'il/, tien-
nent, et faisant courir un hniit (pie l'on les
veult réassaillir ce printemps. C'est pourquoy,
Madame, cojfnoissant ceste malladio com-
mune, j'ai dépesché au roi de Navarre, par la
voye de Tholo/.e, pour le supplier très hum-
blement d'envoyer commissaires, personnages
de qualité, pour l'establissement de la paix
en ceste province, croyant que c'estoit le seul
moyen pour y parvenir plus tost, selon l'in-
tention de Vostre Majesté. . .
J'av esté aussy adverly que l'on a mandé
à Vostre Majesté que, tant que je serois en mon
gouvernement , la paix ne sera jamais establie.
Je ne dirav aultre cliose à Votre Majesté sur
cela. Madame, sinon que cellui qui vous peuU
avoir advancé telz propos ne nie surpassera
jamais de fidellité, d'aiïectiou, de /.elle et de
movens au très humble service que je doibtz
à Vos Majestez : n'estant pas une chose parti-
culière pour ce pais; mais ces difficultez et
subterfuges se font par lesdits de la Religion
en toutes les provinces, comme, s'il luy plaist,
elle verra par la lettre de messieurs le cardinal
d'Armaignac, grand prieur de France, pre-
mier président de Tholose et sénéchal de Cor-
missoii, que j'envoye eu original à Vostre
.Majesté, pour juger, Madame, combien telles
inventions sont remplies de passions particu-
LETTRES DE CATHERIINE DE MÉDICIS. 'i65
Hères ; mais j'ay confiance que par vostre l)onl('
je serav préserve'.
Je sçays, Madame, que l'on a faict courir
bruict ([ue j'eslois rcllégué hors du royaume
et banny de vos bonnes grâces, que je liens
plus chères que ma propre vie; mais. Madame,
j'ay ma seule fiance en Voz Majestez, (jui sçavez
la sincérité de mon cœur en toutes choses.
J'ay tousjours miiiclii- ouvertement, sans vou-
loir mcsdire d'aultruy, me confiant de l'assu-
rance ([u'il a pieu à Vostre Majesté me don-
ner, me réservant tousjours une oreille; ce que
je vous supplie m' accorder, et ue croire rien
de nioy que vv. (|ue ou peull dire d'un très
fidelle et très obéissant serviteur et sujet, tel
que par le sacrifice de ma vie je désire en
faire paroislre les effets en ce que Vosire Ma-
jesté daignera me commander.
Beaucaire, ao novembre 1.^)77.
Madame, je ne veux doulter que l'on ne
déguise au Roy et à Vosire .Majesté Testât de
mon voyage de deçà pour les bruiclz que mes
ennemis en font courir eu ce cartier inesuK^;
mais je sçay que Vos Majestez ne croii-ont rieu
au préjudice de ma fidélité à leur service et
.s'en rapporteront tousjours à la vérité de mes
actions, qui porteni telle preuve combien telles
inventions soni mensongères que je ne désire
aucun bouclier pour ma défense. C'est l'occa-
sion que j'ay voullu tout au.s-silostdépescher vers
Voire .Majesté Valernod, mon serviteur, bien
instruict de toules choses, afiin de vous rendre
compte tant de l'estat des affaires que de mes
déportemens en particulier, auquel il plaira à
Vostre Majesté voulloir donner audience-. . . r>
' Ou n'auiail jamais cru le mai'échal si soucieux de j;arder les faveurs Je la cour, ni si liunible à solliciter la prolec-
lion de la reine mère. A coup sur, sa réconciliation était sincère et sans doute nécessaire i sa fortune , car il était l.roudhi
avec les hufîuenots comme avec les callioliqucs, et toute influence dans son propre gouvernement allait lui échapper.
2 Suit .■«Inslruclion à Valernod, serviteur de M^' le maréchal de Dampville, de ce qu'il a à fère enlandre au Koy...n
— Biblioth. de Toulouse, Reg. On. fol. Vi.
CiTHERIXE DE MtDICIS. VI. ''"
/i66
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Beziers, 2/1 décembre 1577.
Madame , j'ay tousjours tant d'occasions de
louer les bonle's du Roy et de Vostre Majesté
en mon endroict pour la continuation de leurs
bonnes grâces, qu'il n'y a subject en votre
royaulme qui soict davantage obligé à Vos
Majestez que moy, et à vous, Madame, parti-
culièrement qui avez tousjours esté ma protec-
tion et soidtien, ainsy que par Marion, mon
serviteur, ay particulièrement entendu, lequel
m'ayant apporté la volonté du Roy en l'exécu-
tion de l'édit, il y a esté tout aussytost par
moy satisfait , et licencié générallement toutes
les garnisons qui estoient en ceste province,
affin de donner occasion à ceulx de la Reli-
gion de rendre plus prompte obéissance par la
démonstration que Sa Majesté leur faict de
l'intérieur de sou cœur à l'observation de l'édit.
Ils n'ont pour encore obéy de leur part ; mais j'ay
dépesché un gentilhomme pour les en sommer
et leur faire entendre ce qui est de leur devoir.
Cependant, Madame, je supplieray très
humblement Vostre Majesté de recevoir le té-
moignage de mon obéissance par le s'' Dave-
ranne, scindic général de Languedoc, présent
porteur, qui a veu ledit licenciement; et, par
le moyen d'icelluy, l'une des occasions de son
voyage se trouve vuydée.
Pézenas, 17 janvier 1078.
Madame, je joins une dépesché au Roy de
tout ce qui s'est passé en ce gouvernement de
l'exécution entière de sa volonté, y amenant
le tesmoignage de monsieur de Valence \ qu'il
a pieu à Sa Majesté m'envoyor, dont je me
sens très honoré, pour avoir un si digne per-
sonnaige qui représentein avec moi à Vos
Majestez la désobéissance de ceus de la Reli-
gion, lesquels n'ont encore satisfaict à leur
debvoir. Les moyens que nous avons tenus
pour les y induire. Madame, sont contenus
par madite dépesché, sur laquelle je supplie-
ray très humblement Votre Majesté avoir
agréable que je me remecte, pour ne l'ennuyer
de répétitions'-. . .
Pézenas, 18 janvier 1578.
Je supplieray très humblement Vostre Ma-
jesté avoir agréable que je requière vostre fa-
veur et auctorité pour fiiire obtenir au capp"'
Parabère la cappitainerye de Beaucaire, où il
est de présent, et qu'il a pieu au Roy lui faire
offrir en recognoissance des services qu'il a
faictz à Voz Majestsz et que moy et ceus qui
les ont veus peuvent tesmoigner, affin. Ma-
dame, qu'il soit encouragé de les continuer et
sacrifier sa vie pour le très humble service de
Vos J\Lij estez-'.
Pézenas, a4 janvier 1678.
Madame, je cognois bien que la protection
de Vostre Majesté me sert grandement pour
me tenir aux bonnes grâces du Roy et me ven-
ger des calomnies qu'on pourroit jecler sur
moy, d'aultant qu'il a pieu à Sa Majesté, me
réservant une oreille, m'advertir de certaines
lettres acceptées par monsieur de Thoré, mon
frère, qui me sont fort désadvantageuses; et
à cela je respondis à Sa Majesté que je la su-
plie très humblement s'asseurer de ma fidel-
lité et ne croire qu'il y ait frère ny homme
' C'est à cette lettre qne répond la reine mère de Paris, le 8 février 1578. — Voir plus haut, p. 6 et note 1.
^ Les deux lettres suivantes, écrites de Pézenas les 16 et 17 janvier, n'ont d'autre but que de recommander à la
reine mère les s" de la Mousson et de Saincte-Jaille comme de bons serviteurs qui méritent d'être récompensés.
' Damville ne croyait pas dire si juste. Quelques mois plus tard, en septembre 1678, ce malheureux Parabère
trouvait la mort à Beaucaire, massacré dans une émeute.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
/.f)7
du monde quy m'osast parler de varier, ayant
trop longtemps de'siré et recerché ce bien
d'estre en ses bonnes grâces poui- le perdre à
présent, n'ayant parlé ni communiqué avec
ledit s'' de Tlioré mon frère depuis qu'il est
entre les mains de ceulx de la religion pré-
tendue rélormée, de la boutique desquelz
sorlent les lettres dont Sa Majesté m'escript.
11 vous a pieu, Madame, estre lousjours mon
seul soutien : je vous suplie me continuer ce
bien par vostre bonté et qu'il vous plaise con-
firmer le Roy en Tasseurance qu'il peuit prendre
de moi comme d'un très fidèle serviteur. . .
Pézenas, !i mars 1378.
Madame, je faictz une dépesche si ample
au Roy sur tout ce qui s'est passé par deçà,
par Marron , secrétaire de monsieur de Joyeuse ,
que je penseroys ennuyer Vostre Majesté si je
luy en foisoys répétition par la présente, la su-
pliant me faire cest honneur de me continuer
sa bonne grâce . . .
Pézenas, 8 mars 1578.
Je fauldroy S, grandement à mon devoir si,
aïant sceu que Vostre Majesté est à Angiers,
où le s'' de Hallot, mon cousin', qui m'a esté
dépesche par Monseigneur, s'en retourne, je
ne disois à Vostre Majesté que l'occasion qu'il
a publyéc de son voïage, tant vers ceux de la
religion prétendue réformée que vers moy,
n'étoit que pour la confirmation de la volonté
que mondict seigneur a de veoir la continua-
tion du repos ordonné en ce royaume, lequel
il ne vouldroit à son occasion estre aulcune-
uient troublé-. . . , estant très mairy. Madame,
(jue j'aye veu ledict s' de Hallot arriver vers
moy sans voltre sceu et celluy du Roy, auquel
j'ai faict une dé|)esclie pour lui faire entendre
l'occasion qu'il m'a dicte de son voïage . . .
Pézenas, 9 avril 1578.
Madame, je faictz une petite dépesche au
Roy sur la longueui' dont on use à envoier par
deçà le s'' vicomte de Tureyne pour l'exécution
de l'édict, et le jugement que j'en faictz. . .
Béziers, 20 avril 1578.
Madame, l'occasion du retour de M. de
Masparault vous sera par luy déclarée à
bouche, s'il plaist à Vostre Majesté luy faire
cest honneur de l'entendre, dont je la supplie
très humblement, et me tenir tousiours en
vostre protection, .Madame, comme celluy qui
vit soubz ce seul appuy, prenant tant d'asseu-
rance en ce qu'il vous a pieu m'escrire, mesme
par ledit s"' de Masparault, que j'estime , Ma-
dame, ([ue je dcmeureroy par son retour de
plus eu pliis satisfaict et content . . .
Pézenas, 6 mai 1578.
Ce seroyt superfluilé si je faisoys reditte à
Vostre Majesté du contenu des dépescbes que
Valernod, mon secrétaire, porte au Roy sur
ce qui est advenu depuis le parlement de
monsieur de Masparault, d'aultaut que je sçay
que Vostre Majesté les verra. Donc je la su])-
plie ensemble oyr ledit Valernod en son parti-
culier sur ce qui me louche et que j'ay plus à
coHir que chose qui me soict jamais advenue,
et dont je me promccis. Madame, que ledit
Masparault vous aura jà parlé. . .
■ ' Sans doute François de Monlmoreucy, seigneur de Hallot, cjui lïit plus lanl lir'ulenanl jjénéral en Normandie e
mourut en i Sgs.
- Il est peu prolialile que la mission donnée par le duc d'Anjou à M. de Hallol ail clé uniquemenf pacifique : le
prince clierchait alors partout des renforts pour son expédition de Flandres; il aura voulu entraîner les prolestants du
midi à le suivre.
39.
468
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Béziers, i3 juin 1078.
Madiime, je faiz une dépesclie au Roy^ sur
larrive'e de Valcrnod, mon secrétaire, qui m'a
trouve' nfacheminant à Narbonne et aultres
lieux de la frontière, pour veoir comme tout
y est dispose', d'auitant que les Espaignolz
parlent de quelque allercation. Voslre Majesté
verra, s'il luy plaist, ladisle dépesche, ne iuy
en osant faire la répétition; mais bien la re-
mercye de la continuation de sa bonne volonté
à mon endroict, laquelle m'a tesmoigné mon-
dit secrétaire, et dont j'espère veoir de plus
amples effectz par le retour du s"" de Maspa-
rault-, que j'attends de jour en jour, affin,
Madame, que, oultre ce qu'il a pieu à Vostre
Majesté me mander, je puisse faire cognoistre
à tout le monde la fiance que Vos Majestez
prennent de moy . . .
Pézenas, ai juillet 1678.
Madame, je sçay que la supplication de
monsieur de Valence et la remonstrance qu'il
vous fera de Testât auquel se trouve le s' de
Ballagny'* seront bien receues et prisées de
Vostre Majesté, le cognoissant, comme vous
faites, vostre très humble et très fidelle ser-
viteur, et ledit s' de Ballagny le gentilhomme
de France qui appuyé le plus sa fortune soubz
voslre auctorité; toutefois. Madame, représen-
tant au Roy sa perplexité pour se veoir d'un
costé interdict de faire le voiage de Flandres
pour la défense de Sa Majesté, et .de l'autre
engagé de sa parolle envers Monseigneur'' et
ses amys, pensant avec l'erreur commune
que Vos Majestez l'auroient agréable, je n'ay
pensé faillir de joindre ma très humble sup-
plication avec celle dudict s' de Vallence, à ce
qu'il vous plaise, prenant ledit s' de Ballagny
en vostre protection. Madame, luy maintenir
son honneur et réputation par le moïen de
quelque charge qu'il pleira à Sa Majesté luy
donner, affin qu'il ne demeure seul oisif en
cesle saison, ains employé sa vie et ses moyens
pour le très humble service de Sa Majesté et
le vostre, comme je m'asseure qu'il fera avec
la mesme vertu qu'il a produicte partout où
il s'est trouvé et dont la renommée vole par
tout le royaume. Ce sera. Madame, ung cœur
digne de vous. . .
Pézenas, i août 1578^.
Madame, par ce porteur qui est à mou-
sieur de Rieux je faictz deux dépesches au
Roy, l'une sur Testât des affaires de ce gou-
vernement, tant en ce qui concerne Texécu-
tion de Tédict de pacification que pour les
places de frontière, l'autre sur une rumeur
qui estoit advenue ces jours passés de Nar-
bonne'' contre Tauclorité du s' de Rieux el
' Le uianuscril porle que cette lellrc est trde la main de Dainville». — Reg. ()i 1, loi. ia8.
^ Sur le voyage de M. de Masparault à la cour et sur sou retour en Languedoc, voir la lettre de Catlierine de
Médicis au maréclial du 8 juin 1578 (plus haut, p. 399) et la longue note contenant une lettre de Henri III.
'' C'est le lils natin-el de Jean de Jlniduc, évêque de Valence, Jean, seigneur de Balagny, qui fut gouverneur de
Cambrai, maréchal de France el mourut en i(io3.
' Le dur d'Anjou , f|ui ne cessait d'enrôler des volontaires pour son entreprise aux Pays-Bas.
' A partir de cette date, il y a dans le manuscrit de Toulouse une lacune considérable, la lettre suivante étant du
3 janvier i.')79. Il est peu probable que la taule vienne de Marion, secrétaire du maréchal de Damville, qui avait
fait cette copie avec le plus grand soin; comme le registre 611 n'était pas ])aginé, les feuilles' contenant ces cinq
mois de correspondance auront disparu avant la reliure.
" Voir le post-scripitim de la lettre de la reine mère du i5 janvier 1379, p. 319, et la suite de cette affaire de
Naibonne, qui ne se termina que le i5 mai.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
469
loidre (|u"il V a donné. Je siipplieray Sa Ma-
jesté de croire (ju'il a esté bon besoin que le
s'' de Rieux se soyt servy de sa prudence el
sagesse accoustumécs pour vaincre la témérité
des babitans dndict Narbonne, qui veulent
prendre une desbordée licence, .le y ay aussy
apporté toute la tempérance et modération que
y a laict besoin;', tellement, Madame, que
tout demeure en un très bon estai; mais il est
ne'cessaire que Vos Majestez leur facenl sentir
leur faulto par une bonne n^primande, ce que
le s' de llicux se promet de voir, Madame,
comme je t'aictz . . .
Bézirrs, 3 janvier 1679.
Madame, estant arrivé en ceste ville, j'ay
apris, par plusieurs advis qui me sont venuz,
que le s' de CbastillonS cpii a passé es quar-
tier de deçà, faict amas de l'orces es Rouerjjue
et es Sevennes, sous prétexte de ravitaille-
ment du chasteau de Beaucaire, et cependant
par artifice et menées trame une surprise en
ceste ville de Narbonne, estant luy niesme
passé en habit dissimulé près d'icelle. Cela
m'a occasionné de réveiller par exhortation le
{jouveineiir et habilans, ensemble les lieux
circonvoisins, pour les rendre plus soigneux
que paravant, me restant une seulle crainte,
qui est que si ledit s'' de Chaslillon faict effort
en quel<iue lieu où qu'il passe à main armée,
que les catholiques qui se sentent assez pillez
et ruynez ne s'y opposent. Ceila, Madame, se
peult ("viter par la deffence que luy pourra
faire le roy de Navarre, lequel, y marchant
de bon pied, surprendra les sinistres effeclz
quy en pourroient advenir, encore que un
chascun soyt bien adverly, el que les s" de
Sainclc-Jaille et de Rouynes soient bien réso-
lu/, et délibérez de recevoir de bonne façon
ceuix ([ui vouldroicut l'aire ravitaillement du-
dit lieaucaire. Mon passaige par ce ([uailier.
Madame, y proflitera grandement, et ne lais-
seray de me tenir prest pour estre de retour
quand Vostre Majesté me le commandera. . .
Pézeiias, iG jomipi- 157g.
Madame, j'ay receu la lettre qu'il a pieu à
Vostre Majesté ni'escrire du un" du présent -
sur le faux bruit (|u'on a faict courir de plu-
sieurs édiclz contenuz eu la lettre (jue vous
avez eu agréable de m'envoyer, avec la vérilc'
de ce qui en est. Cela estoit desja venu aux
oreilles de plusieurs, non que en ce gouver-
nement aucun ayt faict démonstration d'y vou-
loir adjouster foy, ny, à l'occasion de ce, attirer
(juelque remuement, estant ceste pauvre pro-
vince si fort troublée par les infractions de
l'édict que j'estime n'y avoir personne ijui
feust si malheureux de vouloir susciter ung
nouveau mal; toutelfoys, Madame, j'y tien-
drai tellement la main que Vostre Majesté
cognoistra que, au lieu oii j'ai auclorité, il ne
sera rien altéré de la fidélité, sujétion et obéis-
sance qui est deue au Roy . . .
Le s' de Chastillon se gouverne si insolem-
ment envers les catholiques de Montpellier
(]ue, se trouvant banniz et chassez de leurs
maisons, ils demeurent comme désespérez,
errants et vagabonds, m'cstaiit venuz iei|uérii'
de leur donner riiabitation de ce qui apar-
tient à ceux de la Religion par les villes de
l'obéissance du Roy. A quoy, Madame, je n'ay
voulu toucher, parce ([ue je sçay ceste ouver-
ture estre fort contraii-e à ce qui est de vostre
' Catherine de Médicis, dans une lettre du 10 janvier, avertissait Henri tildes précautions prises contre les entre-
prises de Cliàlillon. — Voir p. tii.'i.
2 Le '1 janvier 1679, la reine mère écrivait de l'ort-Sainle-'Marie au niaréclial (p. 198) qu'on répandait h- In-uit
en Normandie de nouveaux édils au nombre de Irente-trois , mais (pi'il n'y en avait rque quatre de vérilaliles».
'i70 LETTRES DE CATH
intention, les aïaut seullement exoitez de
prendre encore patience jusques à la fin de la
confe'rence, par l'issue de laquelle ils doib-
vent espérer l'heureux fruict de vostre labeur,
ce que je me promect qu'ilz feront; mais,
Madame, à leur supplication j'ay esté con-
trainct de vous en toucher ce mot, et vous
dire que l'occasion de leur sortye dudit Mont-
pellier est ravitaillement que ledit s"' de Chas-
tillon veult laire au chasteau de Beaucaire,
auquel il a mené les pièces et les hommes de
ladite ville \ s'estant servi d'aucuns desdits
catholiques pour pionniers. . .
Cependant je vous diray. Madame, que j'ay
taiet suivre iedict s' de Chastillon par ma
compagnie et me prépare d'y aller moi mesme
avec les bons serviteui's du Roy pour rompre
son ambitieux dessaing, aiant d'ailleurs pour-
veu à tout ce que j'ay peu pour renforcer ceux
de Beaucaire . . .
Pézenas, a3 janvier 1579-.
Madame, il me déplaist infiniment que
Voti-e Majesté soyt si souvent ennuyée des fas-
cheux discours dont toutes mes lettres sont
pleines sur les déportemens de ceux de la
religion prétendue refformée et spéciallement
dudit de Chastillon; mais, Madame, me re-
souvenant du mal que j'ay prédict, il y a plus
d'un an, voïant ceste licence s'agrandir et s'a-
cioistre, j'ay estimé, pour le debvoir de la
charge que j'ay en ce gouvernement, pour le
service du Roy et le vostre, que je vous en
doibtz parler fort ouvertement et dire à Vostre
Majesté que ledit s'' de Chastillon, asisté de
tous les infracteurs de l'édict ennemys de la
paix, a pris et continué de prendre si grande
ERINE DE MÉDICIS.
hardiesse, qu'il fera perdre ou afoiblira, en
tout ce qu'il pourra, l'obéissance quy est deue
au Roy et à ceux qui ont mandement en son
absence, avant desjà levé les armes, ainsi que
je vous ay mandé, sorly le canon pour aller
à ravitaillement du chasteau de Reaucaire,
assemblé forces et marché de telle façon que,
après sestre présenté à ung petit lieu nommé
Besousse près Nismes et sommé les pauvres
habitans qui estoient dedans, enfin s'estans
renduz à l'amiable, il a faict massacrer cent
et ung pauvres païsans catholiques pour
rendre le lieu à la dévotion desdits rebelles.
Je vous ay de long temps faict ces discours.
Madame, et supplié très humblement d'y re-
médier, sans estimer que la conférance que
Vostre Majesté veult tenir, et qu'on vous dé-
laye depuis tant de moys, puysse remédier à
ces inconvéniens. Je ne le diz pas. Madame,
pour vous ouvrir le chemin de la guerre, et
Dieu me soit tesmoin s'il y a homme en ce
royaume qui acheptast par le pris de son
sang plus chèrement la paix perpétuelle que
moy; mais. Madame, afin qu'il vous plaise
faire l'un et l'autre à leur imitation, qui est
parler de la paix et s'opposer avec forces à
leurs desportemens, ce que jusques icy je n'ay
peu ny osé entreprendre, tant parce que cella
m'est interdict que parce que les compaignies
des s" de Joyeuse et de Cornusson, qui es-
toient ordonnées pour faire monstre et dont
on se feust peu servir, ont esté par Vostre
Majesté commandées de ne s'assembler sur
l'artifice desdits de la Religion. Il ne m'a esté
possible, quelque prière et mandement que
j'aye faict, de les avoir, ne m'estant demeuré
que la mienne, laquelle est depuis à Reau-
' Il ne faut pas oublier que Cliàtillon étail gouverneur de Montpellier pour le roi, ce qui rendait son altitude plus
(jrave encore.
' La réponse de la reine à cette lettre est du 1" février, et se trouve p. ai4.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
hli
caiio, où il y a aussi dautios l'orces du (îom-
tal et dt' Provence (ju'espère, Madame, que
led. s'' de Cliastiiton sera privé de son des-
seing pour l'nvitaillement du chasleau. Mais,
Madame, les maulx qu'il faict et les villaiges
qu'il surprent me'rilent bien que on se mette
en eainpaigne sur la delYensive; ce que les
s" de Saincte-Jaille, de la Croiselte et ceulx
qui sont de delà sont délibérez. Je me pro-
metz que Vostre Majesté ne le trouvera mau-
vais, car la loi de nature aprend aux pauvres
gens de requérir qu'on repoulse la vioUance
par la force. El moy. Madame, je monte à
cheval avec les s" de Rieux, de Lombez, de
Saint-Félix et autres bons serviteurs du Roy,
pour m'aprocber dudit Beaucaire et y ayder
de ma propre vye. S'il plaist à Vostre Ma-
jesté, elle commandera ausd. s" de Joyeuse
et de Cornussou de faire marcher leurs com-
paignies; et pour en sortir de meilleure
façon, si vous aviez agréable d'en mander aul-
tant aux s'^de Mirepoix et comte deSarmen,
il se pourroit faire ung beau service au Roy ;
car, Madame, ces gens icy ne se gouvernent
nv par conférance ny par députations : et
l'ont bien monstre et le monstrent tous les
jours, nous prédisant plustot ung comman-
dement de guerre que ung assemblenient de
paix. J'allendray surtout la volunté de Vostre
Majesté, luy faisant ce discours pour veoir
les affaires en très périlleux estât, afin qu'il
luy plaise y aporter sa prudence et sagesse
acoustumée.
Villeneuve-Ies-Monlppllier, 25 janvior 1579.
Madame, il naist d'heure en heure nou-
veau suject d'ennuier Vostre Majesté, mais je
suis contraiiict de luy dire que depuis hier
que le luy escrivis, estant prest à suivre mon
chemin pour aller à Beaucaire, j'ay esté ad-
verty que ceulx de la religion prétendue ref-
i'orinée infracteurs de l'édict, ont à main iu-
mée et par un artifice de poudres surprins la
ville de Clermont-de-Lodcsve, lieu de très
grande importance et (jui borne tellcuieni le
passaige de la montaigne et de la plaine que
cette perte est inestimable. Il est vray, Ma-
dame, que le chasleau et l'église sont de-
meurez pour encore es mains des catholiques .
au secours desquelz j'ay envoyé M. de Lom-
bez avec le plus de forces qu'il pourra as-
sembler, n'y aïanl peu aller moy mesmes, à
l'occasion du faicl dud. Beaucaire, où je pour-
ray eslre constrainct de passer. Vous voïez.
Madame, quels sont leurs déportemens, et
si la guerre ouverte est pas moins dommai-
geable que reste malheureuse saison où ilz
exercent toute hostillité, sortent le canon,
surprennent les villes, les forcent par force
du pis qu'ilz ptîuvent, ce quy leur est facile,
n'aiant à faire que aux simples habitans,
qui, quelques exemples qu'ilz voient, ne peu-
vent encores eslre induictz à faire leur devoir,
ne m'estant demeuré ny moïen ny puis-
sance d'y pourveoir d'ailleurs. Je le vous dis
librement. Madame, en réitérant mes précé-
dentes dépesches, et supplie très-humble-
menl Vostre Majesté de ne point présumer
que ce soit pour ouvrir le chemin de la guerre;
car il n'y a homme en ce royaume ([ui
souhaicte plus la paix que moy, et qui l'a-
chcptast plus chèrement, mais c'est pour
veoir ung si déplorable estât de reste pro-
vince, que je crains que l'affection des catho-
Hipies se perdra, et ne sçay s'il y aura, puis
a])rès, moïen d'y remédier. Les longueurs
dont on vous use, Madaïue, font assez con-
gnoistre qu'il y a quelipie chose de caché,
estans, depuis le comniancemcnt des |)ourpai'-
1ers de cestc conférance, tous les déhorde-
mens agrandiz de la moictié. Touteffois, Ma-
dame, par les deux lettres qu'il vous a pieu
Z.72
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
m'escrire des xiiii'' etxv' du présent raoys\ il
me reste une très grande espe'rance, laquelle
on attendroit allègrement, sy on doineuroyt
en estât toHe'rable et que toutes hostiilitéz
cessassent; mais personne n'y remédye, et
pensent les catholiques qu'ilz sont destinez,
pour la proye de ceux de ladite Religion.
Pour le regard du faict de Narbonne et
l'élection consulaire, j'estime que vostre in-
tention sera suivye et en ay escrit aux offi-
ciers, consulz et habilans, estant bon besoin
que Votre Majesté y mette la main, en son
passaige, pour le service du Roy et bien de la
ville et pour infimes œconomieâ que monsieur
de Rieux, qui esl près de moy, me repre'sente
tous les jours et que j'ay moy mesme veues :
ce que je me proraetz qui adviendra pour
rendre à jamais ccstc ville florissante et obli-
gée à Vostre Majesté, de laquelle elle tiendra
ce bien.
Villeneuve-les-Montpellier, 3 février 1579-.
Madame, je m'en voys à Beaucaire avec ce
peu que j'ay icy. Je espère que je y trouverai
les affaires si bien disposées qu'il ne restera
que de recevoir le chasteau des mains des oc-
cupateurs d'icelluy, iesquelz se voyent telle-
ment désespérez de secours et réduictz en si
grande nécessité qu'ilz sont entrez en parle-
ment et quasi accordé la restitution, si le
s' de Ghastillon ne les avitailloyt dans cer-
tains jours désjà passez. Il luy est bien ma-
laisé de faire cest expioict et se veoit en plus
grand dangier d'êlre assiégé, au lieu où sont
ses forces, que de désassicger les autres. Les
parlicullaritez en seront discoureus à Vostre
Majesté par le s'' de Convertis, présent por-
teur, sv Elle luv faict ces! honneur de rouyr,
dont je la supplie très-humblement. L'occa-
sion principalle de son voïage. Madame, est
pour remonstrer à Vostre Majesté que le
nombre d'hommes qui est en ladite ville est
tel et si grand, tant de cheval que de pied,
et les despences pour les fortifications et mu-
remens si excessives, depuis v mois passés,
que les assignations qu'il a pieu à Vostre Ma-
jesté leur donner, et sans lesquelles la ville
estoit perdeue, n'y peuvent basier, à beau-
coup près : tellement que si la bonté de Vostre
Majesté n'a esgard à la misère de ceste pauvre
ville, il n'est possible qu'elle puisse plus lon-
guement supporter ceste immense despense,
ny les forces auxillières et ordinères qui sont
en lad. ville y demeurer davantage. Vous
estes à la veille. Madame, de recueillir le
fruict inestimable de ceste entreprise, ron-
duicte à une si heureuse fin et de laquelle
dépend la plus grande bastonnade que ceux
de la Religion ayent eu de tous ces derniers
troubles, tellement. Madame, que je vous
supplie très humblement ordonner encore au
trésorier de [l'épargne] jusques à vi'" escus,
outre les précédentes assignations, et mander
aux trésoriers généraulx de France en la gé-
nérallité de Montpellier, establiz à Réziers,
toutes autres assignations postposées, les ac-
quitter incontinent, afin qu'avec ce moïen on
puisse donner contantement aux gens de
guerre et essayer de faire uug beau et signalé
service à Vos Majestez, comme l'occasion s'en
prépare d'heure à autre, estant led. de Cdias-
tillon foible et dans des lieux qu'il a surprins,
Iesquelz il ne peult garder ny deffendre, s'il
est bien assailly. Les parlicullaritez vous en
seront représentées par led. s' de Convertis
jusques à ce que je mande à Voire Majesté,
' Les lellres du 1 '1 el i5 janvier, écrites par la reine mère de Port-Saitile-Marie, se trouvent p. Q50 à 321.
■' Catherine répond à Daniville le 1 1 février par le s' de Convertis, qu'elle lui renvoyé. — Voir p. 357.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
'i73
lors do mon iiniM'c, riKMirciisc nouvelle de
la restiliiliiiii. I>l rependant je vous coulimic-
rav, Madame, l'estrillade (jue out eu ceux
qui avoient surprins la ville de Cleinionl,
estant leur pari plus «fraude que je n'avoys
escrit à Vosfie Majesté; car il y en est demeuré
vi", et huict des meilleurs cappitaiues quilz
eussent, et si, en suitte de ce bonheur, ceux
des uostres qui estoient allez secourir la ville
ont en leur retour saisy ung fort nommé Sa-
lellez, occupé par losd. infracleurs, où il en est
demeurd xxvn dedans, de manière. Madame,
que es cartiers de delà ceux qui causoient le
mal en ont porté la peyne. Dieu veuille quil
on advienne le sembabie aud. Beaucaire, pour
faire flprir puis après, avec plus de facillité,
la bien heureuse paix que les gens de bien
espèrent du labeur de Vostre Majesté.
Villeneuve, G lévrier 1579'.
Madame, j'ay esté retenu plus longuement
que je ne pensovs en ce lieu de Villeneufve,
tant pour in osloigner de ces cartiers pour les
entreprises que Bacom avoyt sur la ville d'Agde
et autres lieux maritimes oii il s'est essayé de
donner, se tenant encores es environs d'iceux,
que pour le desbordenient des rivières qui
m'ont clos le passaige de Beaucaire; mais.
Madame, le bon ordre i]ue je y ai donné et
l'impossibilité que ceux du chasteau ont con-
gneue au secours que on leur faisoil espérer
les ont à la fin contrainctz de venir à raison
par une composition que on a faicte avec eux,
tellement, Madame, que hier v"' du présent,
ung nommée Bernadie, lieutenant du s"' de
Chastillon, qui estoit audit chasteau, en est
sorty avec xxxv soldatz, que le s' de la Croi-
sette, mon lieutenant, a faict conduire jusques
' La réponse de la reine esl du 1 6 février 1 579. Voir p. 23.'i. — l.e roi l'éliriln aussi le mar^rhal par une lettre i\<U'.
nous piil)lior.s (u" XWll de Y Appendice).
- Seruliac, Movnes, Besoucc, petites villes du départemenl du Gud.
fliTIIEni.XE DE MtDICiS. VI. ""
nfPRIHCUE SAT105ALE.
à Moiil|)ellier. Et a ostr- mis es mains du s"'
de Saiuiio-.hiille la redoulo et la principalle
lour (lud. chasloau; tellement. Madame, que
à présent la place esl eu lobéissance du Boy,
dont je loue Dieu, el qu'il m'a faict la grâce
(le cueillir le fruicl de tant do labeurs qui ne
sont rien au prix de fimportauco du lieu,
lello qu'on ne la ])eult quasi exprimer. Vous
congnoistrez. Madame, si Voz Majestez y ont
esté bien servies et mis en voyc pour parachever
ce qui reste et |)ourvooir à tout ce qu'il convien-
dra pour ta garde d'icoUuy, dont je vous dou-
nerav advis particulièrement, vous suppliant
très-liumblement, Madame, ne laisser pour
cela do déposchor favorablement et avec bonne
assignation le s'' de Convertis, d'au liant qu'il
sera nécessaire de contanter les compaignies
qui ont si bien faict, et fournir à infinis autres
fraiz pour renvoyer les occupateurs, comme il
leur a esté promis. Je vous diray aussy. Ma-
dame, ([ue le lieu de Sergnac, que le s' do
(Ibastillon avoyt pris, a esté semblablement
remis en l'obévssance de Vos Majestez, en-
semble celluy de Meynes-, tellement qu'il
demeure seuUement à Besousse, dont j'espère
le faire bientost desloger, sy de luy mesmes il
ne veult recongnoistre son debvoir, aiant ma
présence plus servy en ce lieu pour inthimider
ceux de Montpellier et des environs que si
j'eusse esté audit Beaucaire.
Au surplus. Madame, l'interdiction (|u'il a
pieu à Votre Majesté de faire aux consulz de
Narbonne pour l'élection de leurs successeurs
eu ceste charge, lour a esté signilliée avec
une lettre que je leur ay escrite, les exorlant
d'y obévr; et encores que veissent vostre vo-
lunté el la douceur i\o laquelle Vostre Ma-
jesté y use, attendant la response du Boy, si
474
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
est-ce que la discursetë d'aucuns ne. la pou-
voit gouster, aiant faict plusieurs démonstra-
tions de ne s'y vouloir ranger : touteffoys enfin
ilz ont envoyé vers Vostre Majesté, la pensant
surprendre soubz le nom des consulz. J'estime
que Votre Majesté en aura désjà eu advis,
afin de demeurer ferme en vostre première
délibération; néantmoins, Madame, mon de-
voir me constrainct de vous dire que, pour le
bien du service de Voz Majeslez, vous les devez
renvoyer jusques à vostre passaige par leur
ville et continuer vostre interdiction; car je
feray congnoistre à Vostre Majesté combien
la domination de ceux qui se veulent impa-
troner de cette administration publicque est
périlleuse au service du Roy et à ceux qui y
commandent soubz son nom. J'ay icy mon-
sieur de Rieux avec moy, à qui j'ay veu user
d'une si grande patience que si ces turbuians
obtenoient ce qu'ilz demandent, vostre bonté,
Madame, leur hausseroit tellement le cœur
qu'ilz demeurei'oient insuportables. J'estime,
Madame, que vous prendrez mes advis en
bonne part, comme venant de celluy qui con-
gnoist les personnes et qui n'en use qu'au
seul service de Voz Majestez, comme je feray
toute ma vye.
Villeneuve, ii février 1379.
Madame, je confirme à présent à Vostre
Majesté avec assurance la restitution du chas-
teau de Beaucaire, qui est en l'obéissance du
Roy par la capitulation faicte avec les occu-
pateurs, le principal desquelz nommé le cap-
pitaiiic Baudonnet, lieutenant du cappitaine
Parabère, s'est réuni au service du Roi et y
veult vivre et mourir, s'estant monstre assez
volontaire et traictable , et La Bernardie, lieu-
tenant du s'' de Cliastiilon , s'est retiré à Mont-
pellier. Led. s'' de Cliastiilon a esté aussi con-
trainct d'abandonner le lieu de Besousse,
tellement que de sa conqueste, il ne luy reste
que la vengeance, que le sang innocent de
de ceux qui ont esté meurtris aud. Besousse
demande à Dieu. Il est à Montpellier; et me
sont les compagnies de cheval et de pied ve-
nues trouver, ainsi que j'estois en chemin de
passer audit Beaucaire, de manière que, pour
ne reculer plus longuement la tenue des Estais
et pour veoir ce costé de delà délivré de l'o-
pression où il estoit, j'ay esté conseillé de n'y
point aller, pour le présent seullement. Jay
pourveu à la seureté de la place et y ay en-
voyé des miens, pour oster toute jalousie, et
laissé le s' de Saincte-Jaille avec la compai-
gnie de son fils en la ville attendre que, aussi
tost que les Estats seront achevez, si Vostre
Majesté l'a agréable, je y puisse aller pour y
establir ung ordre solide. Je faiz cependant
aprocber les compaignies que j'ay en lieux
plus nécessaires, et en laisseray en ce quar-
tier pour s'opposer à l'audace des infracteurs
de l'édicl et leur faire, pareffect et non de
paroUe, désirer la paix, le moïen de laquelle
consiste à leur résister et ne les laisser seuiz,
comme j'estime que Vostre Majesté aura
agréable comme nécessaire au service du Roy
et à l'avancement de vostre labeur, dont jat-
tendz journellement des nouvelles pour faire
ce qu'il plairra à Vostre Majesté, me comman-
der, ayant adverty le Roy de ce que dessus
par un courrier exprès, m'assuranl que ceste
nouvelle réjouira Sa Majesté, laquelle je sup-
plie très-humblement, en me continuant ses
bonnes grâces, m'ordonner led. chasteau pour
ma demeure et de ma femme et mes enfans,
comme le lieu auquel il fault que je passe
une paitie de l'année ^ J'estime, Madame,
La demande de Damvilli' lui fui acconlée par Henri III. La reiue mère Tavail appuyée. — \oir p. 378, note.
LETTRES DE CATHERIAE DE MKDIGIS.
/i75
que, me (laiil une si grande province, Elle me
commettra bien la garde de ceste place, de
laquelle je luy respondz de ma vye et de mon
honneur. 11 luy a de'sjà pieu me Tacorder dès
le vivant de feu Parabère, tellement qu'il ne
me restera que supplier très-humblement
Vostre Majesté', Madame, me y esfre aidant,
comme celle seuUe en laquelle je fonde tout
mon secours et espoir.
Pczenas, 18 février 1679.
Madame, lorsque j'ay receu les lettres qu'il
a pieu à Vostre Majesté' m'escrirc, par le s' de
Convertis, j'av bien cogneu que n'aviez encore
eu les advis (jue je vous ay mandez de la res-
titution du chasteau de Beaucaire et des lieux
que le s"' de Cliastillon avoit occupez dans le
circuit de Nismes, ensemble Testât auquel
se trouvent réduiltes les afleres de deçà, car.
Madame, elles sont en tel terme que Vostre
Majesté ne se doibt laisser aller aux imperti-
nentes demandes que font les de'putez des-
dictz de la Religion, qui ne cherchent que les
moïens de temporiser et faire naistre de jour
enjournouvelles difficultez, pourattendre, s'il
leur est possible, la prochaine re'colle ; et, après
icelle Vostre Majesté doibt considérer s'ilz ne
seront pas de beaucoup plus insupportables
que à présent. Il y a long temps, Madame,
que j'ay prédict à Vostre Majesté que la dou-
ceur ne proffiteroit en leur endroict : vous
l'avez congneu et le voïez encores à présent,
tellement, Madame, que je supplieray très
humblement Vostre Majesté prandre résolu-
tion sur ce qui sera de la volunté du Roy et
vostre en l'exécution dud. édict, afln que
soudainement on puisse r ongnoistre par effect
s'ils la veulient ou non. (À!ux de Aismes,
quand il/, ont esté chatouillez, me sont venu/,
les mains ouvertes, à Villeneufve, demander
l'exécution de l'édicl, se repentant de l'assi-
stance ([u'Ilz a\ oient donnée au s' d(! Cliastil-
lon. Hz ont trouvé en moy le mesme désir
que je sçay eslie de Vostre Majesté. Je les y ai
renvoyez contans, faisant cesser toute hostil-
lili! de part et d'autre. Quant à Montpellier, je
les ay uug peu picquez, pendant mon séjour à
Villeneufve, pour leur faire rapeller les forces
et canons qu ilz avoient donnés audit s' de
ChastiiloQ, lequel, après l'anéantissement de
son dessein, est retourné en lad. ville avec la
bouche pleine de paix. Mais je n'ay trouvé en
luy ny en ceux de ladite ville une si grande
rondeur qu'il eust esté besoin pour y eslablir
ung bon ordre, parce que ceste ville est régie
par quelques factieux et ennemis du repos.
Toulellois, pour leur faire de tant plus con-
gnoistre l'intention de Votre Majesté, j'ay
seulement pourveu à la seureté des lieux ca-
tholiques, qui sont dans le diocèse dudit Monl-
[)eliier, el laissé quelques ungs de ma compa-
gnie pour empescher les courses dont il/,
ostoient menasses, faisant cesser au reste toute
hostillité, et retii-er les compagnies d(^ gens
de pied quy m'estoienl venus trouver de Beau-
caire, lesquelles j'ay proches enlie Montai-
gnac et (iignac', pour tenir en crainte ceux
qui ont acoustumé de ruyner le peuple, et
empescher les intelligences el entreprises (jui'
les infracteuis de l'édicl ont sur plusieurs des
meilleures villes de ces quartiers. J'ay con;;ncn ,
Madame, et tout le pais avec moy, combien a
esté préjudiciable au service du Roy le désar-
mement que iéiz l'année passée après la pu-
blication de fédict, et dès lors je préveuz le
mal qui en adviendroit; mais. Madame, es-
tant obéissant comme je suis, je satisfcz à la
Montagiiac cl (iignac, deux cliefs-lieiu de canloti de l'Héiaull.
60.
/,70 LETTUES DE CATHERINE DE MEDICIS.
\(iliiiilr l'I iiu\ (•(iiiiiii,iii(li'mens t\c \(is i\lii-
jolc/. i'i)soiiil)le iui di'sir lU's calliolii|ut's i|ui.
siiMS roiisidi'-riT l'Iiiiiiieur desdil^ de In licli-
<;iuii, s'i'sldicnl laissez fjaijfuur souhs ces doux
iiKils di' >oidMi<;rmi'nl el ne veoieiil jiiis leurs
(Miiieiii)s iirmez, ijui depuis re leiiip^ iiont
eessé de [trendre el l'aii'e, sans eoiu|>aiais()ii ,
plus de iiiaiilx i|ue la plaine gin'rre. (Cepen-
dant, Mi'.danie, les m'" eseus dont il \(>ns a
pieu <l()nner assijjnation sei'\ironl pour les
ConipasMiies et p<nii' cq qui reste <à paier de la
despence l'airte en eeste pauvre ville di' lieau-
cnlre. de laipiellr j'espère que \(i>tie Maicslè
juiM'ra les rnvnes el IVass insujxirlaldes,
lor>(|iie passerez en ee gouvernement, dont
nio\. Madame, ri t(Uit !<■ paï^ vous supplions
tirs-liumlilemenl , alin (pie j'a) eest lionneur
(jui'soiez juge des aetioLis de ma eliarjfo et (|ue
donniez les remèdes (•on\enable> à la misère
de cesle pi'ovince. .Te m'en \o\s à .Naibonne
piinr V tenir les Kstatz', ainsy (]u'il a pieu à
Voslre Majesté me commander, où j'eusse bien
drsirè (pie vous eussiez assisti''; mais, Ma-
ilame. ji' vous dimneiav advis de licnn' a
autre de ce qui s'\ passera el me treiiveray
mes! pour aller à (iarcasoniie, ainsi (|ue me
cdiiiniandez, pour l'aire tout ce cpii' \i)lie Ma-
jcsli- aura agréable, comme cellu\ qui ne v;i-
rira jamais à unj; seul poinct de \os coniman-
demens, et qui ne souhaite rien plus que de
m'aprocher de \otre Majesté pdur lui l'aire
très-hiiinblemeiil service de I aicom|iae|ier en
son passaijje, avec ceux de ma conq^aignie et
la noblesse de ce ijinivernemenl . qui recc\ra
beaiiciMip d'iioiuieur désire maïub'e à uiij; si
biili ellect.
l'f/c'iins. 'j'! Iinrier ij-()-.
Madame, m'aiant le s' de .SaiiKi-\ idal' di
|ies(dié ce gentillionime présent porteur, pour
rinrormer de Testât des alïaires du pais de Gc-
vaudau el Vellay , èscpndz il a eu cliarj;e en l'exé-
cution de l'édict et pendant la yuerre, voyani
ipie ceux de la relijjion ])i-étendue réformée
(les(l.([uartiers soûl semblables ou pires que du
coslé de de(j-à, et que d'ailleurs c'est vous seule.
Madame, tle laquelle ou en espère le remède
et i|ui peult prescrire à muy et and. s' de
Saincl-Vidal les moïens de s'y opposer, j'ay
esliuu'. Madame, (pie ced. porteur deb\oit
passer \ers Vostre Majesli' pour à Elle inesme
eu l'aire les plainctes, ipii sont telles ipie
si les catlioli(pies n(; sont sousienus a\ec la
lorce, ilz deinenreul d('ses|)érez, p(uir les
courses et \iolauces (|ue on exerce sur eux, a
(pio\ led. s' de Saiiict-\ idal n'ose remédier
pour a\oir les mains hées. Je supplie livs
luniiblement Voslre Majesié remonstier cesl
acte au ro\ de \a\arre et aux dep|)utez de la
conréiaiice . alin (pi'il/v icmédieut pour éviter
la cons(''(piauce, estant les priville'ges de ceux
(pii \ieuncnt aux Estalz de Languedoc plus
"laud/, (pie les leurs. Au surplus, Madame,
p(uirce (pii toucb(> tes (piarliers de deçà,j'ad-
joiisteiay à la dépesclie (pie j'ay faicte à
\oslre Majesté par le s' de Seiidal, (pie le s'
de Chasiillon, in'aiani senty esloigm' de Mont-
pellier. s'elTorce de ravaigcr la campagne et
a l'aict desniolir la tour du lieu de l'endz ', a(i-
parteuanl aux ('■cclésiasti(|ues dud. Montpel-
lier, de mani<'re (pie. |iour le tenir eu garde,
j'ay est(' contrainct d'y einoier pailie de ma
' Los Kt.ils Je t,.iijj;iie(lec, irdlmrd cniiviiiidijs à Nailmiino, se lliiri'iil celte aimée à Cusleliiaint.iry. el le iiiarerhal
(!.■ Daiiivilte y vint ivil'oioer tii r ■iii>'.
■ l.,i lepiiiise à rrllc lellrc est des -îli-jS lr\rirc. — \ oie p. !^Si.
Le sieiic «le L.i Tiiui', de Sa'i(it-\ idal , l'Iail ;;i:iii\ ei iieur du \ elav.
" l'cii.ls (ll(?iaiill), caïUeii de Monqi.'lliei'.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
hll
compagnio pour seullemcnt s'opposer à ses dé-
portemeus, s'il les continue, roniiue il sei'oict
nécessaire que je ieisse à ceulx de Baron, qui
ruvuc le peuple; mais il fauldroit que j'eusse
davanlaijje de cavallerye et des moïens pour
reulrelenir. Touleffoys, Madame, je y feray
loul ce qui me sera possible, alendant l'issue
de la conférance et ce qu'il plaira à Vostre
Majesté rae commander. Je mon voyz dans
deux jours à iXarbonne pour y tenir les Eslatz,
que je y ay prorogez au \xv du présent, après
lesquelz je me avanceray ou l'eray ce que \ ostre
Majesté aura agréable.
Madame, j'ay oblié dadvorlir par mes pré-
cédentes Vostre Majesté que le dcsbordement
du Rosne a noyé tous les selz de Peccais, tel-
lement que le principal nerf et soustien de
ceux de la Religion est perdu '.
Pézenas, 12 mars 1579-.
Madame, ceste particullière lettre sera seul-
lement pour dire à Vostre Majesté que j'ay
receu la dépescbe qu'il luy a pieu m'envoier
pour le dilTérent qui est en la ville de Nar-
bonne, entre aucuns des principaulx liabitans
d'icelle et les consulz à présent en charge, sur
la prochaine élection consulaire. Et encores.
Madame, que ceste despesche me l'ace pro-
mcctre vostre prochaine arrivée en ce pais
pour vous estre réservé d'acoumoder leur dil-
l'erent lorsque serez en lad. ville, sy est-ce que
aiant sceu par le s' baron de Rieux que iceux
consulz, contrc'rement au lenvoy (|ue le Roy a
faict à Vostre Majesté de tout leur dill'érent,
n'ont laissé de députer et envoler quelques
uns d'entre eux à la court pour en faire
quelque poursuittc, j'ay estimé devoir faire
ce mot à Vostre Majtisté, pour la suppliei' 1res
humblement, auparaxanl que le mal s'apan-
disse davantaige.d'en couper laracuie, et con-
sidérer combien est pernilieuse la licence qu'à
commencé de prendre le peuple des villes de
ce royaume. Led. s'' de Rieux m'a fort pressé
de Irouver bon le vo'iage qu'il vouiluit fair(! vers
le Roy sur ceste occasion. Mais, eu esgard au
temps où nous sommes et au besoing que on
poiirruil avoir' de sa personne en l'exécution
de l'édicl, je l'en ay dissuadé, avec aseu-
rance que Vostre Majesté ne perinecte plus
louguement la division qui est en ladicte ville,
dont je la supplye Irès-humblement, comme
en une des choses de ce gouvernement qu'esl
di' la |)liis grande iinj)orlance. J'escriptz le
semblable au Rov, et ne feray aucune chose,
sur le renvoy qu'il a pieu à Vostre Majesté
me faire, que je n'aveplus ouvertement sa vo-
lonté; seullement jiî liendray la main (jue rien
ne s'en aigrisse davantaige, ce qui sera lort
laoille du costé dud. s' de Rieux, qui a tous-
jours esté très retenu et qui ne fera «(ue ce
(|ui luy sera ordonné par Vostre Majesté, ainsi
qu'il vous escript par ce porteur qu'il (envoyé
exprès, lequel j'ay bien voulu acompai|[iier de
cesluy mon lesmoi|;na{je, que \'ostre Majesté,
aura, s'il iuy plaisi, agréable.
IVztMias, 1;! mars I T)-)).
Madame, N'ostre Majesli; a mis lin à son
travail par l'issue de la coiilérencc (]ui a esié
tenue avec ceux de la religion pr(''ten(lue rel-
foruu'e, du(]uel il en es! réussy le bien de la
paix que chacun a espéré, tellemeut, Madame,
(jue veux estre des premiers à en louer Dieu
et me conjouyr avec Vostre Majesié de l'aise
et contentement ipii luy reste. Mais, Madame,
' Sur les salines de Peccais, so rt^férer la iiulo de la page 266.
2 I.a réponse à relie lellre est du ai mai-s 1.Î79. Voir p. .3i3. — On pcul se reporter aussi à la Un >V' la lettre
de f)ani\ille du (S février 1079 et an comniencenient de celle du '1 aoiil i-t-fH.
478
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sans vouiloir eiilrer aux particulières remons-
trances qui pounoient estre faictes à Vostre
Majesté sur i'avantaige que cesle résolution a
porte'e ausd. de la Religion, ny vous dire
combien de pauvres catholiques demeurent
de'sespérez pour se veoirbanniz de leurs mai-
sons à l'occasion des villes qui leur ont esté
accordées, et la crainte qu'ilz ont que la fin
de dix moys ne les remecte en leur liberté ',
je me contanteray de vous supplier très-hum-
blement qu'il vous plaise n'abandonner ceste
désolée province qu'elle n'ait senty quelque
fruict du bien qu'elle s'est promis de la [venue]
de Vostre Majesté. Aussy, Madame, j'ay ferme
créance que c'est ung oeuvre digne de Vostre
Majesté que de planter en vostre passaige les
fondemens de ceste exécution, afin que le
peuple vous comble de bénédictions et co-
gnoisse que vous estes la vraye mère du Roy
et du royaume. Quant à moy. Madame, je
travailloray en tout ce qui me sera possible à
l'avancement d'un si grand bien et n'attendz
que les commissions [quej Vostre Majesté me
doibt envoler pour y apporter commancement;
mais il fault que le principal vienne de ceulx
de la Religion, qui seuls ont commis et com-
mectent les infractions et désobéissances; à
laquelle je diray aussy que je ne trouvcray
jamais rien mauvais de ce qui sera de sa vo-
lunté, d'aultant qu'estant obéissant et confes-
sant que Voz Majestez ont puissance sur ma
vye. Elles peuvent bien disposer de mes mai-
sons et biens, ainsy qu'il a pieu à Vostre Ma-
jesté faire, par Tacord des villes de Baignoz-,
et Salles •', qui sont les deux lieux seuls que
j'ay en ce gouvernement: et pensoys. Madame,
que ceulx de la Religion ne me voudroieut
faire de pù-e condition que le moindre gentil-
homme de France, auquel il est permis la
restitution de sa maison; mais puisque c'est
vostre volunté. Madame, je seray le premier
à y obéir, et s'il y convient de mon sang et
de fout le reste de ce qui m'apartient, je ne
l'espargneray pour ung si grand bien que
celluy de la paix, estimant que Vostre Majesté
aura prins de si bonnes assurances pour la
restitution des places acordées, que, le temps
passé, elles seront randues. J'atlendray donc
la volonté de Vostre Majesté et lesd. commis-
sions pour aporter commancement à ce bon
œuvre jusqu'à à la venue de Vostre Majesié.
Pézenas, i4 mars 1Ô79.
Madame, Vostre Majesté entendra par ce
porteur la division qui est en la ville de
Montpellier'' entre ceulx de le religion pré-
tendue réformée, pour l'occasion des nou-
veaulx consulz, où les principaulx et le peuple
se sont tellement boudez qu'ilz ont esté prelz
de venir aux armes, voulant les factieux, et
qui n'ont rien à perdre, admettre [à] cesle
administration des gens de leur honneur,
qui ne demandent que la continuation du
mauvais gouvernement qui a esté en lad.
ville; et, à ce, ont esté et sont supportez par
le s' de Chasiillon, lequel, pour les main-
' Damville, qui avait été longtemps l'ami el l'allié des protestants, se fait ici l'organe des plaintes des catholiques
du Languedoc, qui, comme ceux de la Guyenne, trouvaient que la reine avait fait trop de concessions.
- C'est sans doute Bagnois (Gard), une des villes laissées par les articles de Nérac aux prolestanls, à condition de
la rendre dans lés six mois. — Voir p. aSa, note 1.
' H y a l)eaucoup de Salles dans le Languedoc; et nous n'osons indiquer la ville qui appartenait au maréchal de
Damville.
' Sur les affaires de Montpellier et la manière dont la roine les arrangea, voir les lettres des a8 et 3o mai 1579,
p. 37.3 et 376.
tenir et inlliiniidcr les bons, a iizé de voys
de faict avec armes ouvertes : et encores.
Madame, que, comme repriîsentant la per-
sonne du Roy en ce gouvernemont, les syn-
dicant/, et plaiuclil'z deussent recourir à moy,
principalleraent en ceste sayson de paix, sy
est-ce que, estans tous de la Relijjion, ilz ont
voulu l'aire leurs remonstrances au roy de
Navarre par cedit porteur qu'il/, y dépeschenl
exprès, lequel est chargé de vous pre'senter
requeste pour avoir justice sur ces indues
nouveaultez. Vostre Majesté y mettra, s'il luy
plaist, la main à bon escient, afin d'empescher
l'élection de ceulx qu'on veull introduire contre
l'antienne coustume, et essaier si le gouver-
nement des paeiffiques pourra ouvrir le che-
min d'une meilleure voye et plus seure pour
les catholiques. C'est à vous. Madame, à y
toucher et non au roy de Navarre
Pézenas, 17 mars i&7g.
Madame, les s" de Vérac et d'Yolet^ sont
passez vers moy et m'ont rendu celles qu'il
a pieu à Vostre Majesté de m'escrire sur Texé-
cution de leur pouvoir pour la cessation de
l'hostilité. En quoy, Madame, je leur ay donné
tout [ce] qu'il a convenu pour rendre le pau-
vre peuple soulaigé des maux et misères qu'il
a paty; mais il semble qu'ilz précipitent trop
leur passaige pour vous faire cueillir le fruict
qu'on en espéroil, d'aultant qu'il eust esté de
besoing qu'ilz se feussent eux mesmes trans-
portez en lieux occupez par ceulx de la reli-
gion prétendue réformée pour, de la part de
Vostre Majesté et du roy de Navarre, leur in-
terdire la continuation de leurs desportemens;
mais ilz dyeni navoii- charge (|ue de parler
aux chefz et qu'estant près d'euix ilz feront
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS. 'i7".)
dépeschcr par tout; et à ceste fin j'ay donné
uug mémoire aud. s' de Vérac des lieux où
il convient cscrire. Baron, depuis leur pas-
saige, faict contenance de changer sa façon de
vivre, mais il ne se veult poinct déporter de
lever ses contributions, qui par leur cxcessi-
veté espuisent entièrement la subsistance du
pauvre peuple. Pour le regard des catholiques ,
il n'a esté besoing de faire grande publication ,
car ilz ont esté d'eux mesmes assez relenuz
je m'asseure que de leur costé il n'adviendra
aucune contravention à vostre volunté, vivans
chacun avec si grande espérance de veoir
l'exécution de l'édict, puisqu'ilz se promcc-
ient le passaige de Vostre Majesté par ce gou-
vernement, joinct que en ces Estalz il se
pourra traicter des moiens de la facilliter. Et
afin qu'ilz ne soient plus longuement retardez,
je m'achemine pour y eslre au jour assigné,
aïantconvocqué tous les députez, tous lesqueiz,
selon que Vostre Majesté aura agréable, je
eu\eray de Narbonne à Carcassonne-, pour
estre plus près de vous et faire tout ce que
Vostre Majesté me commandera, laquelle aura
agréable, s'il luy plaist , que je luy dye que on
m'a adverty que ceulx de Montaignac ■" veulent
envoïer quelques députez pour supplier Vostre
Majesté de leur accorder l'exercice de leur re-
ligion. Monsieur de Valence sçait bien que le
Hoy vous avoit remis d'y pourveoir, selon
l'obéissance qu'ilz rendroient; mais, au lieu de
recongnoistre ceste extresme faveur, ilz feirent
l'année passée une rébellion si insigne ([u'elle
les rend indignes d'y estre jamais oys.
D'ailleurs, .Madame, que ceste concession
tireroyl une grandissime conséquance, telle-
ment que je supplie très-humblement Vostre
Majesté le bien considérer cl leur faire cong-
I Sur la mission de Vérac et d'Yolet, voir les deux lettres de Ciitlierine du «8 février 1&79, p. •.'.^'■i et 385.
'■' Se reporter à la lettre de la reine mère à Damville du 5 avril 1Ô71J, p. •'î:!? et a la noie a.
■'' Montagnac (Hérault), arrondissement de Béîiers.
'iSO
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
noistre combien leur est préjudiciable lad.
rébellion, sans laquelle ilz feussent jouyssans
de lad. grâce. Aussy, Madame, ilz ont assez
de lieux fort proches èsquelz ilz peuvent faire
l'exercice de leui- religion, sans désespérer les
catholiques. Led. s' de Valence en informera
Vostre Majesté, ensemble monsieur de Joioiise,
si vous avez agréable de leur en communiquer,
vous suppliant très-humblement prendre en
bonne part cest advis, comme le seul moi en
pour conserver led. lieu de Monlaignac en
l'obéissance de Voz Majeslez.
Pézeuas, aZ mars 1579.
Madame, le porteur de la présente est le s"
de Rouzines.qui a eu commandement pendaot
le siège du chasteau de Beaucaire sur les com-
pagnies d'infanteryes qui y ont esté employées,
le([uel a uzé d'ung si grand devoir et diligence
au faict de sa charge qu'il luy demeure une
des meilleures parties de l'honneur de la res-
tilution de la place. Et supplie très-humlile-
ment Vostre Majesté, Madame, luy faire cong-
noistre le contantement qui vous en reste,
afin que cella l'encouraige, et tous les autres
bons serviteurs du Roy, de continuer avec plus
d'alfectiou en leur devoir. L'occasion princi-
palle de son voiage, Madame, est pour re-
monstrer à Vostre Majesté, au nom des ca-
tholiques de la ville de Monlaignac, le déses-
poir auquel ilz seroient réduictz, sy on accor-
doit à ceulx de la religion prétendue réformée
l'evercice d'icelle dans ladite ville, dont ilz se
sont rendus si indignes par la rébellion qu'ilz
fcirent l'année passée; et s"ilz obtenoient cest
advantaige, ce seroil ung chemin ouvert à in-
liiiips aullres villes, qui se distraieroieni de
l'obéissance de Voz Majestez.
Lesdits catiioliques, Madame, ont encore
une autre crainte, (jui est que on veuille im-
portuner Vostre Majesté pour faire change de
la ville d'Avmargues^ à celle dud. Monlai-
gnac, soubz raison que riufection de peste
est si grave aud. Aymargues que personne n'y
ose habiter. Ceste concession. Madame, seroit
très-préjudiciable au service de Voz Majestez;
et demeureroit ausdits de la Religion l'une et
l'autre ville, d'aultant que led. lieu d'Aymar-
gues est assiz au meilleu de ce qu'ilz tiennent
et où les catholiques n'oseroient habilei'; et
leur donnant ledit Monlaignac, ce seroit leur
eslendre d'aultant leurs lymites et estendre
le lieu entièrement à leur dévotion, ce que je
supplie très-humblement Vostre Majesté de
considérer, et prandre en bonne part la très
humble supplication que vous en font les ca-
tholiques par la bouche dudit sieur de Rou-
zines, cpii est à reste fin depputé par eux.
Je m'ascliemine aux Estats pour y estre le
x\v' du présent, ausquelz il se traiclera de
l'achèvement de l'exécution de l'édict, espé-
lant que Vostre Majesté en sera fort proche,
pour estre advertye à toutes heures de ce c[ui
s'y passera , attendant que je me puisse rendre
près de Vostre Majesté, qui sera tout aussi lost
qu'Elle me fera ceste honneur de me le com-
mander.
Pézenas, ai mars 1079 %
Madame, ainsy que le s^de Vérac relour-
noyt de l'exécution de la commission, j"ay
receu celle qu'jl a pieu à Vostre Majesté m'es-
le combat qui est advenu entre les
crire-* sur
' Aimargiios (Gard), une des villes comprises dans t'arlidc 17 de Nérac.
^ Il n'est pas étonnant qu'il y ait ici ime interruption dans la correspondance jusqu'au aG septembre 1679
(Ikjj. 611, fol. 1 71) : Damville rejoignit la reine mère au commencement d'avril, et il l'accompagna dans la srnie de
son voyage.
' La lettre de la reine à Damville sur le duel de Tureune et Duras est du 17 mars 1 079. — Voir p. .3o6.
s" visconite ilc TIhii'cn ne cl de Duras, iloiil j'ay
esté extresmcMiicnl iiiairy, laiil |iniir If Iravail
d'esniici (juc reste (jccurance |ieiill apoiier à
Voslie Majesté («JiK"! j)Our la |)iii\iiiiili' du
sang dont ied. s'' visconite nrapailienl.
Touteffojs, Madame, jVsliiiie <]ue re l'aicl,
comme particulier, ne vous aportera aucune
nouveaulté; et pour en rendre capable m\g
chascun, j'ay tout aussytost dépesché aud. s"
deTliore'etdeChastillon, leurenvoiaul coppie
de ce ([u'il a pieu à Vosire Majesté' de m'en
escrire, île nianii'^re (jue je demeure à une très
bonne espérance, sur le report du s'' de Vérac,
que les aiïaires de rexe'cution de fédict s'ac-
commoderont; mais, Madame, je continue
aussy .en ma première opinion, que le pas-
saige de Vostre Majesté |)ar ce gouvernement
V est très-nécessaire, en aiant particuUière-
l>I'TTI!ES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 'iSl
rneiil discouru avec led. s"^ de Vérac, le(|uel.
comme sei\ ileiirdomesliipie de Vostre Majesté,
ne liiy cèlern rien de ce <pi"il eu a veu . ouy
el apris par uioy, dont je vous supjdie 1res
liuiubleiuent h' voulloir interroger. Et cepen-
dant je m'en v:i\s lenii- les Estât/, au jour (pie
je les ay assi|fnez, ausquelz je suis très aize
(pie Vostre Majesté ait eu agréable d'envoier
monsieur de Valence. De ce qui se Iraicteru
en iceulx, Vostre Majesté aura advis d'heure à
autre, et espère que lors il se plantera les
vrais fondements d(! l'e.xéculion dud. édict et
des moïens qu'il y aura de re'primer l'audace
de ceux ([ui le voudroient enfreindre : en 'pioy
tous les gens de bien demeurent trî's disposez.
et y servira infiniment le commancement ([u'on
verra avoir esté donné eu Guyenne.
WXVII
EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX DES ETATS DE LANGUEDOC, TENUS À CASTELNAUDAUÏ
DU 27 AVRIL AU 'i MAI 1579'.
27 avril. — Le lundi 97 avril 1579,
réunion des Étais de Languedoc à Gastelnau-
darv, président Alexandre de Bardis, évêque
de Saint-Papoul, présent le maréchal de
Damville, etc.
Le maréchal de Damville expose fie man-
dement et intention du lUiy et le bien et
honneur que la Royue sa mère faisoient à ce
pais de se treuver si prez de ceste assemblée,
(jue Sa Majesté vouloit lionnorer de sa pré-
sence, et les grandes fatigues el grands tra-
vaux qu'elle a soufferts pour y establir la paix
et ung asseuré repoz ... «
Les gens des Etats, ttsçaichaus la Reyne
mère du Roy estre si proche de ce lieu comme
elle est à présent, (pii est à Sainct-Michel de
Lanez, avant que de Iraicter d'aulcunsall'aires,
ont a(l\isé d'envoyer devers Sa Majesté, tant
pour luj faire la révérence et recepvoii- ses
commandemens, la remerciant de tant de
peynes (pie luy a pieu prendre pour l'estahli.s-
semcnt de la paix, (]iie pour la supplier li(''s
humblement de ne bouger de ce pais, (piVlle
ne le fasse joinr du l'ruicl de ses labeurs et
du bien désiré de la paix, et que lui plaize (h;
voulloir faire interpréter l'article concernant
le paiement des arri'iaiges des garnisons des
villes que ceulx de la relligion prétendue ré-
formée tiennent, et autres (jue concerneront
le soulaigement dud. pais, qu'aussi pour luy
Bill!. An Toiiloiiso. Ms. Rej;islre (ii 1, 1' ikjo à 3o8. — Voir h ji-ilre «le In reine mère du (i mai, p. :f57, noie i.
C.ITHEBINE DE MÉDICIS. Tl. "
iwiTiKiiMi; ^,riosAi,r
.Û82
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
faire entendre que, suivant le mandement de
Leurs Maiestés, qu'on a eonimance' ce joui-
d'huy la tenue des Estalz, oij loulesfois les
consulz des villes de Montpellier, Nisnies et
Uzès et autres de ladicle reliigion ne s'y sont
trouve's, bien qu'ilz aient este adverlis de la
convocation d'iceulx Estatz, et pour faire ce
dessus Mons' l'Evesque de Mirepoix et Mon-
sieur le baron de Rieux ont esté priés d'aller
de la part desd. Estatz devers la Maiesté de
lad. Reyne, accompaignés de Messieurs les
cappitols de Tholose, consulz de Carcassonne
et M' Mariet Daveranne, scindic dud. pais,
qu'on a commis et depputés. n
ù8 avril. — Monsieur l'Evesque de Mire-
poix 1 a dict r qu'il, avec Monsieur le baron de
Rieux et autres que les Estatz avoient dep-
putez, furent le jour d'hier devers la Reyne
mère du Roy, la Majesté de laquelle ilz saluè-
rent humblement de la part des Estatz et re-
mercièrent des paynes et fravaulx qu'elle a
prins pour ledit païs, sans luy faire entendre
et représenter certains articles dont ils avoient
esté chargés par ceste assemblée, parce qu'ilz
feurenf advertis par Monsieur de Joyeuse que
Sa Majesté y avoit eu partie porveu et qu'elle
s'acheminoit en ceste ville, comme elle feist,
où plus facilement on aura moyen de luy faire
requeslos et explications, n
2^ avril. — Désirant la Reyne mère du
Roy que ces Estatz vissent avant son départ
de ce païs l'establisscinent de la paix, auroit
commandé à Monsieur Pinart, secrétaire
d'Estat, de communiquer à ceste assemblée
l'instruction que Sa Majesté a faict aux com-
missairns depputés pour l'exécution de la paix ,
et pour cest eflect baillée à M' Mariet Dave-
rane, scindic dudit pais, qui l'auroit repré-
sentée aux Estais, de laquelle avant estéfaicte
lecture, ontesté commis et depputés pour veoir
exactement les articles de lad. instruction et
remarquer les difficultés et empeschemens
que y pourroient estre faictz, pour après les
rapporter à l'Assemblée, t Monsieur l'Evesque
de Mirepoix et Messieurs les vicaires de Tho-
loze^ et Rieux, Monsieur le vicomte de Mire-
poix, Messieurs les barons de Rieux et Cam-
pendu, les cappitols de Tholoze, consulz de
Carcassonne, le Puy, le diocézain de Mont-
pellier et le consul de la présente ville de
Castelnaudary.n
3o avril. — Le jeudy, dernier jour dudict
moys d'apvril, ayant les Estatz entendu le
rapport que leur a esté faict par Monsieur
l'évesque de Mirepoix et les autres sieurs que
feurent depputés pour veoir l'instruction des
commissaires, qui exécuteront l'édict de pacif-
fication et résolution de la conférence de
Nayrac, ont esté d'advis que M' Mariet Dave-
rane, scindic dud. païs, en remerciant l'hon-
neur qu'il auroict pieu à Sad. Majesté faire
aux Estatz, de leur faire veoir lad. instruc-
tion, icelle rendre à Monsieur Pinart, secré-
taire des commandemens du Roy, auquel sieur
Pinart demandera l'esclaircissement des
doubles que pourront sourdre et procéder de
certains articles de lad. instruction, mesmes
du troysiesme article sur ces motz : trque les
(festrangers vuideront des villes...'» et du
septiesme article, fpour raison de la réinlé-
grande des fruictz et reveneus ecclésiastiques,
de l'année soixante-dix sept, ordonnée par
l'édict de paciffication . . . "
' Claiirle de Villars.
' Pierre du Faur, évêque de I^avaur, ablié do la Caze-Diea el vicaire générai du caiilinal d' Armagnac , arche-
vêque de Toulouse.
LETTRES DE GATH
ff Aussi sera faictp liumble supplicalinn à
Sad. Miijpsté, que les magistratz et officiers
<1(' justice soient en niesnie liberté que les au-
tres officiers de ses finances, de n'entrer et
demeurer dans la ville de Montpellier et au-
tres villes, sans que, pour raison de ct\ ilz
soient privés de leurs offices et gaiges, ne
constraiuctz d'y rentrer, comme est porté par
rarticle unziesme de lad. instruction, sans,
pour raison de ce, enfraindre l'édict de pacif-
fication el ([ue l'exercisse de la justice ne
pourra estre laid par lesd. officiers ailleurs
que es villes où les cours et sièges sont d'an-
cienneté, -n
^Et pour niectre un aux pilleries, saccai-
gemens et bruslemens que ceulx de ladite
relligion prétendue réformée continuent tous-
jours tant du quartier de Lavaur que de Nar-
bonue, dont on reçoit journellement plainctes,
ladite Majesté sera humblement suppliée de
vouHoir envoyer promptement les commis-
saires qu'Elle a commis pour l'exécution el
establissement de lad. paix et conférance,
et leur commande d'y procéder le plus dil-
ligemment qu'ilz pourront, el que luy plaise
de ne partir de ce pais qu'elle ne voye le fruict
à quoy Sa Majesté a tant travaillé, qu'est l'es-
tablissement de la paix, pour faire laquelle
requeste et supplication, onl esté d'advis
d'aller tous en corps devers la Majesté de lad.
reyne: ce qu'ilz ont faict.'n
2"- mai. — Les États choisissent des députés
-pour dresser les articles des lenioustrances
el doléances qu'il conviendra faire au Roy et
à la Royne sa mère . . . i Vers ces députés :
rt ung chascun pourra se remectre el apporter
ERINE DE MEDICIS. 'ib3
les plainctes qu'on aura à faire, pour apiès
les rapjiorler à l'assemblée, t»
û mai. — f Monseigneur le niareschal de
Dampville et Monsieui- de Foix, conseiller du
conseil privé du, Roy, sont venus à l'assembléi'
à laquelle led. s' de Foix a faicl entendre
avoir mandement de la Reyne mère du Roy.
leur dire l'affection et bonne vollonté (|u'Elle
a au bien el soulaigemeul de ce pais, ayant
soubstenu des peynes el travaulz qu'un diascuu
a peu veoir durant ce voyaige et conHirance
qu'Elle espéroit ([u'ilz ne seroieut infructueux,
et que dans peu de jours on y verroil i'esta-
blissement d'ung repoz asseuré, ayant des-
pesché commissaire pour l'exécution de l'édict
de paix, qu'a esté lellement acheminé en
Guienne qu'il n'y a sembla nce que ne s'en
ressente, désirant la mesure estre faict en
ceste province, en quoy Sa Majesté s'y em-
ploiera entièrement. Ti
Suit une demande de 25,ooo li\res pour
entretenir garnisons aux villes baillées à ceux
delà religion piélendue réformée, plus, 19, 000
livres pour l'établissement de la chambre mi-
partie.
/j mai. — Le baron de Rieux a présenté
la lettre que le Roy escripvoit auxdits Estatz,
à luy baillée ce jourd'hui par la Reyne mère
du Roy, contenant exhortation de garder et
entretenir l'édict de paix et ce (juavoil esté
traicté par la Majesté de la Reyne à la confé-
rence de Neyrac, r de laquelle ayant esté faicte
la lectun^ ont nrdoiuié au greffier d'en expé-
dier coppie aux diocèzes.»
()i .
/i84
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
XXXVIII
LETTRE DE HEiVRl III AUX ETATS DE LANGUEDOC
Ollainville, 26 avril 1579.
Messieurs, nous sçavons que vous esles si
;ilfectiouiie's à nostre service et désireus de i;i
conservatiou et tranquillité de noslre patiie
(jue nous nous assurons que vous préférere's
lousjours noz commandeineus et ce qui pourra
servir à l'eslablissement de la paix publique
de nostre royaume à toule autre considération ,
et que les scrupules et difficultés que vous
pourrés faire en ces deux poinctz procéderont
piustot d'abondance de zelle et dévotion (jue
de nianquemenls de bonne voiionté : aussi
pouvés-vous esire certains que de nostre p:irt
noiis n avons rien tant à cœur ny recommandé,
après l'honneur de Dieu, que le seul bien,
repoz et seurelé de noz bons et loyaulx sub-
jectz. singulièrement de ceulx qui sont du
corps de la noblesse, desquelz nous avons es-
|irouvé la générosité, valleur et bonté en
maintes occasions, vous priant croire que
pour cola nous serons tousjours prestz d'em-
ployer jusques à nostre propre vye, aussi li-
brement que nous avons cy-devaut faict, toutes
et quantes i'oys que nous cognoistrons qu'il en
sera besoing. Mais l'expériance des choses
passées nous ayant apprins, beaucoup plus
chèrement que nous n'eussions désiré, que la
continuation des guerres intestines a pluslost
advancé l'affoiblissement et ruyne de cest
ordre, qui est si conjoinct avecques nostre
aucthorité qu'il s'en doibt extimer inséparable,
despuis nous avons l'aict tout ce quil nous a
esté possible, comme avons deslibéré et con-
stamment persévéré, pour pacifier les divi-
sions et troubles de uostre royaulnie, en quoy
nous avons esté si bien et vertueusement as-
sisté, ne plus ne moings qu'en toutes noz
aultres bonnes fortunes, de la prudence et
aucthorité de la Reyne nostre très honorée
dame et mère, que vous et nous luy en de-
meurerons à jamais très tenus , ayant comme
\ous sçavés peiné et travaillé aultremenl que
l'on sçauroit exprimer pour surmontei' les
obstacles et vuyder les difficultés qui vous em-
peschoient la jouyssance du bénéfice de nostre
édict, fait pour la pacifficatiou desdits trou-
bles : sur quoy, encores qu'elle vous ait 1res
bien représanté noslre intention et le motif de
la poursuicte qu'il luy a pieu en entreprendre
pour vostre bien et noslre conlantement , tou-
lesfoys nous avons bien voulu derechef vous
en faire déclaration par la présante, tant pour
l'estime que nous faisons de vostre dévotion ,
fidellilé et prudence, que pour vous admo-
nester de vous conformer en cela à nostre
vollontc; el comme il est très certain que nous
avons plus dintérest en la conservation et
desfence généralle de noz bons subjectz que
tout autre, noslre dicte aucthorité royalle ne
pouvant subsister sans eulx , aussi debvés
vous penser que nous avons plus de seing,
voire que cognoissons mieulx ce qui leur est
plus u tille et salutaire, ayans les veulx per-
pétuellement estendus sur toutes les parties
de ce corps, pour le garantir d'injure et op-
pression, comme estant le joyau de nostre co-
ronne que nous extimons le plus précieulx;
' Arctiives de ia Haute-Gaionne, série C, registie 3383. — Le lilre exact est : «Aux j;i'iis des Kslalz de nostre pais
(io Languedoc et aux,seigiieurs et {[enlitzliommes du ressort du Parlement de Tlioloze."
LKTTRES \)K CATHERINK DK MEDICIS.
'i85
iiï posant ce fondement, ainsi (|iie nous vous
prions et admoueslons de taire, comme très
certain et véritable, vous aurés occazion de
vous rendre tant plus faciles et diiijens en
i'exe'culion et observation de uoz intentions et
comniandemens, (luoy faisant, oultre que
vous advancerés la moisson du bien que nous
vous procurons , vous nous augmenterés ie
contantenient que nous avons de vosire obéis-
sance et loyaulte', vous priant croire, selon que
vous l'avés jà entendu par la bouche de la
Reyne nostre dame et mère, que vous debvés
extimer comme la vosire propre, <iue nous ne
désirons rien tant en ce monde que de faire
entièrement exécuter et inviolablement ob-
server les reigleniens contenus en nostre édict
de paciffication, et aultres despuis accordés
par nostre commandement en la conférance
naguères faicteà Nérac, entre la Reyne nostre
dame et mère et nostre très cher et très amé
frère le roy de Navarre, et les depputés de
noz subjectz, faisans profession de la religion
prétendeue réformée, pour faire vivre tous
nosdits subjectz par ensemble en une union,
concorde et amitié, et que ne sçauriés faire
chose qui nous soict si agréable, nv qui plus
nous oblige à vous aimer et chérir, tant en
général (ju'en particulier, (|ue d embrasser
lidellement l'e.xacte observation d'iceulx, et
dont aussi vous recepvrés à la fin plus de bien
et repoz et contentement: partant, nous vous
prions et exortons, aultant qu'il nous est pos-
sible, voire vous conjurons par le debvoir et
obéissance de bons et loyaulx subjectz,
l'amour que vous portés à vostre patrie et le
soing que vous debvés avoir de vous mesmes,
de voz femmes et enfans, de suivre et vous
conformer entièrement à nostre susdicte in-
tention et vollonté et ne vous en desmouvoir
par la trop longue continuation et entresuicte
des despances, traverses et difficultés qu'ont
duré jusques à présent et pourroient cy après
v intervenir, aultant par les artiffices et inven-
tions d'aucungs envieulx de vostre salut et
prolKcl que de mille autre origine, vouscon-
lians et asseurans que la fin vous en sera très
heureuse, moyennant la grâce de Dieu, lequel
nous prions, messieurs, vous tenirensasaincte
garde.
Escript à Olinville, le xxiv* jour d'apvril
1579.
Signé : Hf.>ri.
1:1 plus hns : bk \eufvili,k.
WXIX
r.ÈGLEMENT FAICT PAU L\ UOVNE MERE DL KOV, l'dLR LE KMÇT OE NABBONNE '
10 may 1079.
La Royne mère du Roy, avant ieu les lettres
patentes du Roy données à Paris le vii'd'apvril
1579, par lesquelles led. Seigneur Roy luy a
renvoyé le procès et différend pendant en son
conseil d'entre le s' baron de Rieux, clievalier
de son ordre, et gouverneur de la ville de
\arboi\ne d'une part, et les consulz ou parli-
eiiiliers habitans de lad. ville de Narbonne
d'aultre, concernant le reiglemeni dont est
(|uestion entre eulx pour, estant lad. dame
Rovne sur les lieux, et après avoir sur ce
pris l'advis de monsieur le mar'' de Damp-
' Ribliullièque de Toulouse, ins., reg. tiia, fol. 36fi el 3(>7. — Voii- la Ipllrc di! Callicrino do MédirU du iTi mars
i.T^;), p. 3()'i el la noie .3.
/i8()
LETTliKS DE CATHERINE DE MEDICIS.
lui- ili' )[oiiliiioroiicv. gouvi'i- ' vssni' dos passans. dépend la seuielé dicello
ville, a présnil ilui- ili
neiir et son lieiilenaiil au pais de Languedoc
el ovs lesd. hahilans, ioelluy ditl'éienl juger,
(léciiier et terminer, ou aultrement y pour-
veoir ainsi (|ueile \en(iit eslie aiïaire par
raison, ayant aussi lad. dame l{oyne taici
veovr et ouvr tout ce (|ue lesd. parties ont
voullu produire et dire, d'une part et d'aultrr,
sur led. diflërenl el enoores sur certains ar-
ticles contenant les causes et occasions de
plainctes que lesd. consulz et hahitans ont
dici avoir contre led. s' de Rieux, gouverninir
de lad. ville, entendu plavnement el au Knig
le rapport (jui luy en a esté faict et oy en-
cores les parties, elle mcsnie en personne, et
eu sur ce ladvis non seullenient dtid. s' ma-
resclial (conu' il est porté par lesd. lettres
patentes de renvov ), mais aussi des princes el
seigneurs du Conseil du Rov eslans près d'elle ,
a lad. dame Rovne mère du iio\. par ladvis
(]ue dessus, dédain'' (ju'il ne \ avoil aucun
lieu d'appel sur ce ipic icelluy s' uiar' avoit
ordonné, et a icelle dame Royue ordonm'' et
ordonne que :
Les ordonnances dud. s' mar' Danipville
des XXX"" niav el xxvi""'juing 1578, portant
rèjjlerueni d'entre led. s' de Rieux, gouver-
neur de lad. \ille de Narbonne, et les con-
sulz el Iialiitans d'icelle, sur le faict de la
garde de lad. ville, soicl pour le regard des
mortepaves ou aultres habitans et déparle-
mens des lieux où cliascun se doibt rendre
le ras échéant, seront entièrement gardés el
observés.
Sera aussi lemplv le nombre de trois cens
lioinmes (pii doibt eslie pavé par ceuK de lad.
villi', sans (piaïuiin, soubz (juel([ue prétexte
que ce soit, puisse tenir plus dune place, nv
jovr (jue de< gaiges d'un seul.
Et bien ipie le gouverneur tient les clelz
des [lorles de la \ille. et que de l'entrée el
que led. gouverneur ordonnera de lad. entive
et yssue; luy est néanmoingz enjoinct d'en uzer
selon le deub de sa charge et le plus au soul-
lagemenl des subjeclz du Roy pour faire ce
([ue pourra.
Les deux portiers demenreroni en jouis-
sance, tout ainsi qu'ilz ont aceuslumé, pour la
carde des portes, faisant le registre de ceuK
ipii entrent et soi-tent en lad. ville, porteront
led. registre chascun jour aud. gouverneur, et
("aideront les armes qui entrent en lad. ville :
le tout comme ilz ont acoustunu-; mais au-
l'ont lesd. cou.sulz communicalion sur le li^'ii.
si bon leui' semble, dud. registre; et affin de
donner plus de nioveii ausd. deux portiers de
xivre et faire leur debvoir. considéré qu'ilz ne
peuvent autre chose faire que la garde desd.
portes, et oîi ilz sont constrainctz tenir assi-
duité, est ordonné que doresnavent ilz aur(nit
rentretènement chascun de deux places fie
mortepaves; qui' si lesd. portiers commettoient
quelipie faulte ou abbus, ilz seront destitués
par led. gouvermnir et non par aultre.
IceuK consulz et habitans de lad. ville
pourront, si Irorr leur semble, aussi nietti'e
d'ardti'es portiers à leirr's desperrs. rjui ne fe-
r(mt airlcun registre, rrrais auront seullemeiil
seing des frulctz et aultres choses concernarrt
le faici i^arlicirllier d'iceulx eir lad. vilb'.
Les deux parles sei'orrt ouvertes doresnavani
air soleil levant, et fernrées au stdeil couchant,
s il ne survient ipielque nouvelle nécessité pour
laquelle feust besoing les ouvrir tai'dou fer-mer
plus tost.
Est enjoinct au gouverneur l'aire |irompte-
meiit ouvrir le-^ chevues et ralleariK. pour fî're
passer les batteaulx de marchandises, sans que
ceulx (]ui vront taire lad. ouverture puisserrt
exiger- n\ prendre aiiciirie chose, (juelle ([u'elle
soict, sur pevrre de contra\ention: et est en-
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
^87
joinit au ju{;e d'en iiiforaipr el procéder, et
au gouverneur de luy tenir la main forte pour
en estre laide pugnition exemplaire, et faict
aussi inhibitions et deffences à toutes per-
sonnes, de quelle qualité ou condition quils
• soyent, de ne prendre aucune quantité, pe-
tite ou grande, de sel des batteauk ou char-
rettes portant led. sel en lad. ville, surpeyne
de contravenliou et de péculat : néantmoings
en sera donné au s' gouverneur pour la pro-
vision de sa maison.
i\e se fera corps de garde qu'au lieu que
sera ordonné par led. s' gouverneur.
Est cnjoinct audict s'' gouverneur de se
comporter modestement, sans injurier de pa-
roUes jiy de faict les consulz et habitans, et
ne aussi endurer ([u'ilz soyent injuriés par les
hallebardiers ou aultres, entendant le Roy
qu'il/, soyent traictés comme lions et loyaux
subjeclz, qu'en ont esté tousiours el sont, et
où lesd. hallebardiers commettroyent quelque
excès ou crime non millitaire et subject à la
justice, la congnolssance en appartiendra à
lad. justice ordinaire, à laquelle est enjoinct
aud. gouverneur prester la main forte, suivant
t'ordonnance.
Et pour le regard de l'élection des consulz,
iiz se feront lousjours sellon l'ordre et en la
mesme forme et liberté que les a acouslunié,
estant l'intention du Roy de maintenir et con-
server entièrement lesd. habitans dnd. Nar-
bonue à leurs privilléges, franchises ei iiu-
munytez, sans que leur en soict rien diminué,
mais plus tost les leur voudroil Sad. Majesté
augmenler, pour la bonne exlimc (|u'Elle a de
leur lideilité, et dont lad. Royne sa mère,
voyant icy leur bonne affection, l'asseurera
encores, lorsquelle sera de retour auprès de
luy, et tiendra la main (ju'ilz soyent gratifïiés
en toutes les occasions qui se présenteront en
général, pour lad. ville et en particuUier pour
lesd. habitans, s'asseurant aussi lad. dame
Rovne qu'ilz continueront lousjouis en leur
debvoir et se conq)orteront comme ilz doibvenl
et ainsi qu'Elle leur a dit bien amplement de
bouche, pour le service el obéissance du Roy,
s'aimantz les ungs les autres, oublians les in-
imitiés et rancunes passées et vivant ensemble
en bons et paisibles subjeclz et concytoiens,
comme ilzdoibvcnt, respectant et honorant leur
gouverneur, comme ayant du Roy la |)rincip-
[lalle charge el garde de lad. ville.
Faict à Narbonne, le xv' jour de may
1579.
Signé : Caterine.
Et pins bas : Pin a ut.
XL
LETTRE DE HENRI 111 VL MAUECIIVI. DE lill\()\.
i5 mai 1^79 '-
Mon cousin, par Laubespine el la Chevalle-
r\e j'ay receu voz lettres du xxx' el dernier
du moys d'avril et, depuis, celle du mi' du
présent, par lesquelles, et ce que m'en a aussi
escript la Reyne ma dame et mère, j'ay esté
merveilleusenn;nt ajse d'entendre que vous
vous soyez si bien remys el réconcilié avecques
mon frère le roy de Navarre; car j'espère que
cela sera cause de l'eslablissement de la paix
en ce gouvernement de (niienne, que je vous
' Bibl. liai. f. fr. S.Sig, f" i5o r°. — En litre : t-Du xV may à mous' le inaresdial .le Bironn. V.I en marge :
«Ce fust Verdaillan qni fust porteur de ceste dépesclie.»
488
LETTRES DE CATHERINE DÉ MÉDICIS.
prie et conjure, mon cousin, sur la fide'lité
(jue vous me portez, l'amour de vostre patrye
et mou contnutement, vouloir embrasser
avecques tel soin que vous avez cy-devant f'aict
tout co qu'avez congneu estre de mon inten-
tion et appartenir au bien publicq de mon
royaume, en quoy vous n'avez acquiz moins
d'honneur que de gré et mérite envers mov,
qui mectray peine de vous faire paroistre par
elTeet tost ou tard combien j'estime vostre
vertu et me confie en vostre prudence et
loyaulté. Geste dernière exécution doibt estre
le couronnement et la fin de l'œuvre que nous
voions si bien achemine par vostre labeur et
industrie. Je vous prie qu'il ne demeure im-
parfaict, comme je me promectz qu'il n'ad-
viendra, si vous y voulez emploier les moiens
et crédit que vostre vertu vous ont acquiz
entre messubjectz; ne me pouvant persuader
que j'en aye de si malheureux et ennemys de
leur propre bien et repoz, (jue, s'ilz con-
gnoissent quelque constance en la poursuilto
de l'establissement de la paix, ilz ne se dos-
pouillent des passions et deffiances qui les
ont renduz jusques à présent si réfractaircs
et malaisez à se ranger au poinct de leur deb-
voir. (Je sont malladies qui se veullent guérir
plustost par patience et dextérité que autre-
ment , ainsy que nous n'avons que trop expé-
rimenté; et n'y a personne en mon royaume-
qui en ayt plus de congnoissance que vous
avez'. Mectez y doncques la main, je vous
prie, mon cousin, et, après avoir entendu par
ce porteur l'occasion de sa despescbe, laquelle
je luy ay commandé vous communicquer,
l'instruire de ce qu'il aura à faire pour facil-
liter l'exécution de mesdictes intentions; et au
demeurant vous assurer que pour le rembour-
sement des quatre mil escuz que vous avez
empruntez pour subvenir à mes affaires, j'ay
commande' iceulx de mes finances d'v pour-
voir, et pareillement à ce qui concerne vostre
entretenenient, dont vous n'auriez occasion
de m'escrire si souvent, si la nécessité de mes
affaires ne m'eust jusques à présent empesché
d'y pourveoir selon mon désir. Priant Dieu,
nmn cousin, vous maintenir en sa saincte
garde.
INSTRUCTION DU S' DE BANVILLE, ESCUYER D'ESCURYE DE MONSEIGNEUR,
De'pESCHÉ VERS LA HOYNE SA MERE, ET RESPONSE DE LADICTE DAME ROTNE, MERE DU ROY".
23 mai 1579.
Remonstrera que Monseigneur, aiant par
^e s' du Vray, secrétaire de ses finances, receu
advis du s"' de Simyer, contenant que la
royne d'Angleterre et gens de son Conseil se
seroieiit arrestez, et n'ont vouUu accorder en-
tièrement les articles du mariage (IVulre
' Henri III, par cette dépêche oflirielle, lait au niaréclial de Biron beaiiroiiji de compliments que très ceilaiue-
Qieiit il ne pensait pas. Dans une lettre intime à Villeroy, qui doit être à peu près de la même époque, il écrit, non
sans malice : !tVilleroy, je me suis échappé du maréchal de Biron et de sa cohorte importune, et, sans besoing pour
mon servyce, je sçay mieulx évader telles importunitez que la Roine ma mère, Dyeu mercy. Mais faites qu'à l'avenir
il n"a plus de charge en tel cas et que je n'y veux de son conseil.» — Ms. fr. , 3.'Î85 , P ion.
^ Bibl. nat., Ms. fr., .SSig, f 03 v°. — Voir le post-scriptum de la lettre de Catherine de Médicis du a?i mai
1679, page 374, et la note I.
I.KÏTIIHS DR C.VTII
moiidict Scijjiiour ot liidiclc daiiic Uoyiic,
connue poi'Inil, hidiclc (■iiiiiiiiis.sidii baillcc
audit s' de Siinvcr, avant qu'il fousl pro-
ceddé à rexérution de renliovoue de leurs
personnes, et siffnamment ceulx du rouron-
ncmonl. di' la roniniunaulli' cl du douaire,
lesquelz trois arlicles il/. rei|uièrenl deinou-
rer indécis, avec celluy do la relli{[iou,
jusques au temps de ladicte entrevouc.
Et d'auilant que ledit s'' de Siiuycr avoit
estroicteiuenl persisté à raccordement des-
dicts articles, il/, auroient i'aict démonstra-
tion d'avoir soubçon qu'il le faisoil pou.-
rompre, tant que les choses auroient esté eu
danger d'cstre {{randemenl esbinnlées el du
tout de'scspérées.
Aumoiende quoy,auroit ledicts'de Siiuyer
esté contrainct s'excuzer et dire ne pouvoir
faire la remize et surcéance desdicts articles,
ne traicter de i'entreveue jusques que icouLx
articles, avec tous les aultres dudil mariage,
sauf celluv de la relligion, feussent re'soluz,
concluz et arrestez et sans aultre nouveau et
plus exprès mandement, lequel il reque'roit.
Sur ce mondit Seigneur, ne voullant traic-
ter d'affaire si important .sans l'advis, conseil
et commandement du Roy et de ladicle dame
Royne sa mère, eust grandement désiré pou-
voir conférer du tout ce que dessus à ladicte
dame et ne faire aucune chose sans son pru-
dent advis.
Toutosibys, estant rccordz de ce (lu'il a
pieu à icelle dame luy en escripre cy-devant,
raesmes qu'elle n'es^oit d'advis de s'arrester
au corounement et qui luy sembloit I'entre-
veue se pouvoir librement accorder, puisque la
rovne d'Angleterre la requerroit, joiiict ()ue
par les lettres dudict sieur de Siuiycr uion-
dict Seigneur a entendu que, si l'on dilfé-
roit à faire responce, les choses estoient en
danger d'estre rompues, niondict Seigneur a
GAriicniM: DE MtDicis. — vi.
EIUNE DE MI'DKMS. " - ft89
dépe.sclni ledit Vra\ avec puissance de traicter
(|ue li's articles cy-devant propozez jjour le
Roy soient et demeurent accordés, comme ilz
sont respondus par le conseil d'Angleterre,
sans soy départir des trois articles coiitro-
versez : assavoir le cour(umi'Mieut , l'association
ou comuninaullé, et le douaire de i.x'" livres
sterlins, bien toutesl'ois suspendre la décizicni
el coucluzioii d'iceuU avec celluy de la(lict(!
relligion jus([ues au teiu|)s de ladicte entre-
veue, pour le I'aict de laquelle mondit Sei-
gneur, pour faire démonstration de sa bonne
voluuté, mande audit s'' de Siuiyer de lac-
corderet remetli'i! le lieu, le temps el la lortiie
;i la voluuté de ladicle diime royne d'Anglelei'rc.
Et de la part du Roy est faict dépesclu; au
s'' de Mauvissière, son ambassadeur, conte-
nant d'accorder la suspension desdils arlicles
el l'entrevue, et aussy délerer le lieu el le
temps à ladicle dame royne d'Angleterre,
mais (|u'il désireroit gramlemeut entendre la
forme el quelles seuretez seront oll'ertes pour
la personne de Monseigneur, qu'il a chère et
recommandée sur toutes choses; et cela se
laid affin de gaigner le temps cl osier aux
Anglois tous moiens do soubçon, el aussy
pour, pendant ce temps, pouvoir avoir de la-
dicte dame Royne mère du Roy son advis et
conseil sur le laid de ladicte cutreveue el seu-
relez qui sont nécessaires pour icelle laire;
hujuellc Monseigneur suplye très huud)lenu;nl
le luy vouUoir iiu[)arlir et odioyer.
Ainsy signé : FiiANÇ.ois.
Ht j)uis est cscript :
Monseigneur eusl envoyé à ladicle dame
Royne sa mère les articles, responces et ré-
pliques qui ont esté faictcs, mais les a baillées
et mizes en la dépesclie faite par le Roy et
cnvovée présenleuiiMil à ladicle dame.
Signé : \ n.vY.
/,f)0 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
La Royne iiièie du Roy ayant veu la lettre
que nionseif;nei)r son filz luy escript de sa
main et l'instruction qu'il a faict bailler au
s' de Banville, de'pesche' par luy vers ladicte
dame Rovne sa mère pour le faict du ma-
riaiged'Anjjleterre, Sa Majesté, désirant satis-
foire mondict Seigneur son filz. Elle a à
l'instant confe'ré de cest affaire avec les
princes et seigneurs du Conseil privé du Roy
estans icy près elle, ausquelz elle a faict lire
ladicte instruction, par laquelle il se veoid
comme mondict Seigneur, suivant l'advis que
Sadicte Majesté luy a cy-devant donné, a dé-
pesché le secrétaire Vray au s' de Simyer
avec charge-et pouvoir de traicter que les ar-
ticles cy-devant proposez pour le Roy soient
et demeurent accordez pour mondict Seigneur,
comme ilz sont responduz par le conseil d'An-
gleterre, sans soy départir des trois articles
controversez , assavoir le coronnement de mon-
dit Seigneur en solempnizant le mariaige,
l'association ou communaulté, et le douaire
de soixante mil livres sterlins, bien toutesfois
suspendre la descision et conclusion d'iceulx,
avec celuy de la relligion, jusques au temps
de l'entreveue; ce que ladicte dame Royne
trouve très bon et n'eust-on sceu, à son advis
et desdits princes et seigneurs qui sont par
deçà, mieulx faire que d'en user ainsy que l'on
a faict , et aussy de la charge que l'on a faict
audit s'' de Simyer d'accorder l'entreveue et
de remettre le lieu, le temps el la l'orme à la
volunté de la royne d'Angleterre, aiant esté
aussv fort bien et prudemment advizé que le
Roy ayt sur reste occasion dépescbé à son am-
bassadeur pour accorder de sa part ladicte
entreveue et pareillement la suspension des-
dits articles, et même de déférer le lieu et le
temps d'icelle entreveue à ladicte dame royne
d'Angleterre, el a esté aussy très saigement
faict de luy avoir néantmoings fait dire que
Sa Majesté, aiant la personne de mondict
Seigneur en telle recommandation qu'elle
doibt, Elle désireroit pour ceste occasion bien
entendre la forme de ladicte entreveue et
quelles seuretez l'on baillera pour la personne
de mondict Seigneur; car par ce moien l'on
verra, suivant l'oppinion qu'a tousjours eue
ladicte dame Royne mère du Roy, bientost
après clair en l'intention de ladicte dame royne
d'Angleterre.
Et affin de satisfaire au reste du contenu
en l'instruction dudit s' de Banville, pour le
regard desdictes seuretez de la personne de
mondict Seigneur, combien que ladicte dame
Royne mère du Roy en ayt jà donné et en-
voyé son advis par escript au Roy et à mon-
dit Seigneur, toutesfois aiant encores à pré-
sent sur ce pris l'advis d'iceulx princes et
seigneurs du Conseil privé du Roy qui sont
par deçà, ilz sont tous demeurez d'une mesme
opinion, comme aussy est-ce celle de ladicte
dame Royne mère du Rov, qu'il fault monstrer
en cecy toute fiance à la dicte dame royne
d'Angleterre et se contenter que, pour l'asseu-
rance de mondit Seigneur d'aller en Angle-
terre, y séjourner et retourner quand bon luy
semblera et ceulx qui l'accompaigueront , aussy
icelle dame royne d'Angleterre assemble les
principaulx seigneurs de son royaume et de
son Conseil et qu'avec leur advis elle face
expédier lettres patentes en la bonne forme
pour ce requize, qui seront vériffyées et
esmologuées au parlement ou Estatz d'An-
gleterre, s'ils sont lors assemblez, sinon, par
les présidens et conseillers qui sont ordi-
nairement résidons pour le faict de la justice;
et oultre cela que ladicte dame royne d'Angle-
terre en escripve une lettre bien expresse de
sa propre main au Roy, qui contiendra la
mesme promesse. Et pour ce que ladicte dame
Royne mère du Roy pense bien aussy que
LETTRES DE CATHERINE DT. MKIMCIS.
im
ifclk- dame royne d'Aiigletorre voudra ;ivoir
du Roy et de moudict Sei{jneur asseurance
qu'il uc sera rien entrepris soûl)/, conileur
diidit voiage à reneonlre d'elle et de snn ro-
yauline, icelle dame Royne mère du liny
est aussy d'advis que l'on ne liiy doibi pas
rei'uzer, mais lui en bailler pareilleinenl
lettres eu telle et si bonne lornic qu'elle les
voudra, ])0ur luy monstrer la sincérité de la-
quelle \\m procedde eu ce fait.
Fairt à A^fjde, le wiii'-' jour de niay lo-ji).
XLII
QllTTANCE 1)E I.\ SOMME NECESSAIRE PAR QUINZAINE POUR SOLDER LA DEPENSE PERSONNELLE
DE L\ REINE MERE PENDANT SON VOYAGE '.
Nous Caterine, parla grâce de Dieu Royne
de France, nu-re du Roy, confessons avoir re-
ceu comptant de ]\rGuichard Faure, par nous
commis à la receple de noz partyes casuelles,
la somme de Iroys cens trente escuz soleil et
ung tiers, laquelle il nous a advancee pour
pareille somme qu'il nous doibt fournir au
commencement du prochain moys de juing,
suivant le contrat que nous avons faict avec
luv. pour le faict et maniement de nosdites
partyes casuelles, de iaipieile somme de
m' xwiii escuz i t. pour ledit mois de juing
prochain, nous nous contenions et eu quic-
tons led. Faure par la présente , (pie nous avons
pour ce signée de uoslre main.
A la Ve'rune, le xxviii" jour de may l'an
mil cinq cens soi.\le et dix-ueul.
Signé: f]\Ti;RiNK.
El plus hllS : PlNAIlT.
XLIII
REMONSTRANCES DU PARLEMENT DE TOULOUSE AU SUJET DE L'ETABLISSEMENT
DE LA CHAMBRE MI-PARTIE, AVEC LES REPONSES DE LA REINE'".
La dicte dame Royne leur
sait très bon gré de l'afFection
qu'ils monstrentpar ce moyen
avoir au service du Roy son fils,
auquel elle n'oubliera de le
tesmoigner.
•1 ht Boijnc mère (ht Boy.
Madame, vos très-humbles et très-obéissans, les présidens
et conseillers de la cour de parlement de Tholosc qu'il vous
a pieu nommer à la dernière conférence tenue à Saincl-
Michcl-de-Lanès pour rendre la justice aux subjels du Roy en
la chambre par Sa Majesté établie en Laujfuedoc et \ille de
l'Isle-d'Albigeoys, vous rcmonstrent très humblement que,
' Orijjinat sur parchemin. — Collodion B<n(;uenault de Puchesse.
= Orif|. IiiL.1. de Toulouse, Ms. C. lo. (Puijiit' par M. Pnulcl dans los Menwim de Jaapies Gm-hes, p. ôga.)
Ca.
^9:2 I.F.TTlîES DE (nTUF.niNE DE MÉDICIS.
a\;uit rccou le-; Irllros pateules du Uii\ ^ >uivan[ vos intention
et commanciriiiont, ils ont piesciiti' icolies en ladicte cour
[loiir estre <"oni;rdii''e? et sont prost d'obéir à Voslre Majesté.
L.oiili' d.iinc liiivnf fsrii|it I{enion>ti'cnt aussi qu'il auroil pl'u au [io\ oidonufr la
aiiv trésiiriiTS «M'néraux et re- somme di' i'iiii[ coûts escus pour meuhler le lieu où la jus-
<i'p\i'ur iji'uéral de Tholose m' lire doilit otro rendue et à ci's fins envoyer la rescription de
l.iillir dr louriiir IcsdiU âoo sou trésorier de l'espargne au rerejiveur gfi'uéral de la re-
c-cus. (le.-(|ncls ledit -iear pré- cepto de Tholose iiour icelle lournir par les ordonnances de
-.idenl di' Saiuel-Jelian sera monsieur Baillel. leur c iUiniis, pour présider on ladicte
iiidonnaté. cliambre : à pré-ent ledit receveur dilïère d'exécuter ledit
commandement, puisque ledit sieui- liaillet a esté conjfédié.
Ils demaiuleiil cpéil plni?e à \oslre Majesti- ordonner (|ue la
despense d'icelle .'■onime soit l'aictc par ordonnance de M'" de
S'-.!elian, conseiller du iioy et président en ladicte cour,
comme cinnuiis par sa Majesté pour pr<'sider à ladicte
ch imhre et accusant les pi-ovisions néci'ssaires.
Icell.MhnneriovneaordouMi' l-^l ipie en ladicte ville de l'isie- n'a maison (]ui soil com-
'i mil li^res, dont a c't ■ en- nnule pour v di-esseï' le consistoire de l'audience sans y faire
\ové l'cudonnance par le sieur de ;pandes ri'paralions. que ])our ce il tant construire dos
I)and)aume adressante aux -u^- [jri-ous ]'our la jjarde des criuiineu/.. allendiMpiil n'y en a
dits trésorier'- j;('nérauix et re- |ioint en ladicte ville, sera le bon plai-ir de \ostre Majesté
ce\eur;;éui''ial, lesipiels il l'ault ordonm'r aucune somme telle (pi'il nous plaii-a, pour Mibvenii'
suivant icelle s(dliciter d'y sa- aux irais sur ladicte lecejite jjéni'rale, mander an receveur
llj,f;iji-ii. •réni'red d'icelle luurnir >ans aucun dél.iv par les ordonnances
dudit >' président.
11 a este' a.lvis ■ que, en a!- Pour exécuter le nianilement de ju-lice et laiie rendre
iendaut iiue le dillérent de l'cdiéissance au l'iov, Madame, il convient que en ladicte ville
.'^onimarlre et de Pezou soit il \ ail certains officiers avec main forte, connue il est
vuidé par le Roy où ral1'air<' a observe' en toutes villes où il y a parlement ou ciiaudire.
est(' reuvovi'e, que trois des A reste cause, Madame, vous plaira conimnmler au sénéchal
lieutenants de l,i pré\qsté de de Tbulose, dans la sénéchaussée duquel e^t ladicte ville, de
I.an;;u<tloc exerceioicnt la créer un lieutenant lay avec famille suffisante auxdiles lins,
' On ti-euvo à la liibl. uni. claii> !.■ iii>. IVanr. 'ii./|-, fnl. K- à ij-j, les pières siiivnnles :
-Iic;;l"iiieiil fa'ni par le Ilov ]»'iir l'ailiiiii)islralieii J..- la jusle-e eiilic les Coiirlz ilr l'aile ni ri les Ctianiliios es-
laliUos siii\anl l'fcdict de [lacillicalioii et articles accordés à la coiiforaiice loiine à Néiac, leipul Sa Maj" veiill et
entend estrc doresnavanl oliservé. i'aris, ■- mai i57i|.''
- Lettres patéfiles (hi Ro\ [lonr l"oli-er\atieii el rentreleneinent du regleineiit laid par Sa Majesté entriî la (loiir de
l'arlenieiil de Tlioulouse et la Cliandire an lessort dielil l'arlenviit, suivant ^e^ eedicl de pncillicatiou estalilye à l'Ide
eu .\lliigeois. Paris, 8 mai 1579.-
- l.'tsle-d'Allii , aujourd'lmi cliel-lieii de caulun du Tain, ne d-nait pas, an \\i' siècle, olîrir lieanconp de res-
sources.
I.KTTRKS UE CATHERINK DK MÉDICIS.
493
charge et aiiroienl par lierce
poiiiou ies aifliiers de ladicte
prévosté, ayant la i{oyno des-
tiné et ordonné l'un d'iceulx
avec lesdits airhiers pour ré-
sider audit lieu de l'Isle-en-Al-
bigeois.
Le Roy et la Royne sa mère
entendent, comme il est bien
raisonnaiile, qu'ils soient paies
de leurs jfagcs, non seulement
de ce ([ui leur est deu, mais
aussi cjue leursdits paicmens
soient continuez, tout ainsi
comme ils seroient audit par-
lement, et qu'ils soient pour
cela paie/, de lestât [des de-
niers] qu'il leur est accordé,
suivant Testât qu'en a l'aict Sa
Majesté.
La Royne a ordonné 200 es-
cus audit s' président de Saincl-
Jehan, et auxdits cinq conseil-
lers catholiques dudit parle-
ment de Bourdeaulx qui vont
audit lieu de llisie-en-Albi-
gèoys, à chascun cent escus,
dont l'ordonnance leur est. . .
pour eslre pris des
deniers de la receple générale.
Le Roy, en faveur de l'in-
stance que luy a faicte le roy de
Navarre, a accordé au conseiller
VignoUes l'office de garde des
sceaulx; mais il n'en aura ([ue
le nom et les gaiges, et veult
et entend Sa Majesté, comme
la Royne luy a dict icy. que le
l't pour soldover et |)aïer, ordonner tidle sotnme des deniers
sur ladicle receple que Voslrc Majesti; advisera.
La(liel(! ville de l'Isie est notoirement ruynée à cause des
troubles, et pour ce lesdlls présidens et conseillei-s iw \)ca-
vent .s'y loger sans entrer eu grands frais ou les aulres incom-
modités et dangers qu'il leur conviendra soulfrir et les perles
sur leurs biens qu ils ont soulïertes et n'ont reeeu aucuns
gaiges jiour ung an : vous plaii-a, Madame, ordonner ipiils
seront paies d'iceulx et néautmoins que ceux continuant le
service en ladicle chambre de Languedoc audit lieu seront
paies pour l'advenir des gaiges ordinaires en vertu des de-
ventures (|Uft la cour a acoustuinc! faire d('|>escher au gref-
fier d'icelle, comme s'ils esloient aclnellemcnit présens en
ladicte cour, sans leur estrc desdits gaiges ordinaires rien
retranche', au moyeu des pensions que V'ostre Majesté a
voulu leur cstre accordées par le pays; et à rendre la jus-
tice à toute intégrité, moyennant la grâce de Dieu et pour le
service de Vos Majestés, ils s'emploieront de tout leur pouvoir.
Et de tant qu'il est certain qu'ils ne peuvent faire le re-
muement de leur mesnaige sans grands frais, sera le bon
plaisir de Vostre Majesté leur ordonner telle somme que
Vostre Majesté jugera pouvoir sullire pour faire leur nouveau
niesnage et les osier des pertes sur ladicte receptc générale
de Tholose, ensemble le paiement de ce (ju'il leur reste de
leursdits gaiges.
Par le cinquiesnie arlich' de la conférence tenue à \érac
est dict que tries expéditions de ciiaucelleries de la (Ihambre
se feront en présence de deux conseillers d'icelle, (iont 1 un
sera de la religion prétendue relforméen. En l'absence des
maistres des requesles de l'hostel, sera vostre bon plaisirque
les sceaulx seront mis en ung cofl're, la garde duquel appar-
tiendra au plus ancien desdits conseillers, el qu il y se-
ront faictes deux clefs, dont le conseiller catholi(iue tiendra
49/, LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
sceau demeure en ung coffre qui
fermera à deux diverses clefs,
dout le plus ancien conseil-
ler catholique gardera Tune,
et l'autre ledit VignoUes, le-
quel sera tenu aller en la mai-
son dudit conseiller catholique
quand il faudra sceller.
lune, et l'autre celui delà Religion, pour osier tout soupçon
et différent qui en pourroit soudre.
Faicl à La Verrune, le \xvii"'° mai 1579.
Signe : Gaterine.
PiN'lRT.
XLIV
DEFFENCES AUX S''' VICONTE DE TUREWE ET DE DURAS
DE SE FAIRE ACCOMPAIGNER POIR LEUR QUERELLE ^
20 juin 1579.
De
par
Estant Sa Majesté advertye qu'en son pays
et duché de Guyenne et es environs, souhz
coulleur et prétexte du différent et querelle
d'entre les s"vicoate de Turenne et de Duras,
plusieurs gentilshommes et autres sont mon-
tez à cheval avec armes, dont ne peult pro-
venir aucun bien, et affin que de cela n'ad-
vienne quoique grand désordre, avec trouble
et altération au repoz de ses subjectz et esta-
blissement de la paix que Sa Majesté veult
conserver sur toutes choses et pour laquelle
la Royne sa mère a freschenient prise tant de
peine, Sadicte Majesté faict par ces présentes
très-exprès commandement ausdits gentilz-
hommes et autres de se séparer et au plu-
tost retourner chacun en leurs maisons, sur
peine d'encourir son indignation et d'estre
désobéissans à ses intentions et commande-
mens. Leur sont aussi faict déffenses très ex-
presses, sur les peines susdictes, que soubz le-
dict prétexte de querelle d'entre lesdits s"
viconle de Turenne et de Duras, ny autre
quelconque coulleur que ce puisse estre, ilz
n'ayeut à eulx assembler ny accompagner les
ungs et les autres des parties, ains se con-
tiennent comme doibvent faire bons et loiaux
subjectz, désireux du service de leur prince
et repoz de leur patrie, sans estre cause di-
rectement ou indirectement qu'il y advienne
quelque altération ou changement; voulant
sadicte Majesté que ceste sienne intention et
ordonnance soit leue et publiée par tous les
lieux et eudroictz qu'il appartiendra, à ce que
aucuns n'en prétende cause d'iguorance.
Donné à Paris, lexxiii'jourdejuing 1079.
' Fonds français SSig, f. 1 63 r', copie. — Voir, p. 3o8, la lettre de la reine mère du 19 mars 1679 et ta note
sur ie duel de Turenne et de Duias.
I.ETTUES DE CATHERINE DE MEDICIS.
h95
LETTRES DE 15 7 8 ET 10 79
RETROUVEES PENDANT L'IMPRESS1()> i)E CE NOLUME.
lÔTiS. — 5 jaiiviei".
Copie. Bihl. nat. , Fonds français, n" i-Slia, f^ oGG v°,
A MONSIEUR BALTAZART DE CRESSIER'.
S' Balthazart-, je vous diray, avec la h^llrc
que vous faict présenteinont le Roy monsieur
mon filz , que j'ay beauroup de regret de ce (jue
le party d'argent qui doit estre rendu en Suisse
dedans. . . de ce moys n'a pu estre plustost
couclud et foict de plus grande somme; mais
nous sommes contrainctz de céder à la neVes-
silé du temps, de laquelle nous espérons sor-
tir par la coulinuation de la j)aix et avoir par
cy-après moyen de mieux conlanter les s" des
Ligues que n'avons eu par le passé, qui est
bien l'affaire que nous avons en plus grande
' Balltiasard do (iressier, de Soloure, valel de chambre
du Roi, serrétaira ot ttlriichemoiitn du I^oi aux Ligues de
Suisse. De nombreuses lettres de ce personnage à Bei-
lièvre et à Hautefort se trouvent dans ies niss fr. de la
Bibl.nal., iSgoy, iSgoget i6oa6. — Inventaire smnmaire
des documents relalijs à l'hisluire de Suisse, cniilenus dans
les archives et bihUotlièques de Ptiris, etc., par M. Kd. liott,
1883. In-8°, t. I, p. 335.
- Henri III écrivait à M. de Hautefort (Jean de Bel-
lièvre, s' do Hautefort) d'Olainville, le .3 1 janvier 1.^79 :
«J'ai esté bien aise de ce que m'avez dépesrhé le tru-
chement Balthazar, pour avoir entendu do luy fort par-
ticulièrement l'estat de mes affaires de par delà , (juo je
regrette beaucoup n' estre en si bons termes que je dési-
rerois bien et que ce soit par laulle d'avoir esté satisfaict
recommandation, auquel vous vous pouvez as-
seurer que je tiendray la bonne main. Priant
Dieu, etc.
1378. — Janvier ou février.
Copie. Bibl. nat.. Colleii. Dupiiy, 11° 745, f" 984 r°.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE MONTMORENCY'.
Mon cousin, je m'assure que la nouvelle (pie
vous entendrez par Marion présent porteur, de
la j)arl de vostre frère le marescbal Dam-
ville, ne vous sera moins agréable qu'elle a
esté au Roy monsieur mon filz et à mov, es-
pérant que deceste bonne résolution s'ensuivra
le fruit que nous avons toujours espéré, avec
aux sommes que j'ay ci-do\,int promises aux s" dos Li-
gues. . ., faisant conq)t(' ijue pour tout le mois de lévrier
prochain, vous aurez audirt pays do Suysse la somme
de deux mil escuz. . . Et ayant considéré qu'il esloit bien
requis de retenir encore qui'lqucs gens de ceste nation,
j'ay voullu avoir une enseigne de laquelle j'ay donné
charge au cappitaino Itadezourde et audit Balthazar, qui
la tiendront de moictié, ayant voulu favoriser le canton
de Lucerne et celluy de Soleure, duquel est conbourgeois
ledit Balthazar.^ (Fr. Nouv. Acq. 12/17, P- ^°^-)
' Cette lettre sans date est évidemment dos premiers
mois de 1578. A cette époque, le maréchal de Damville,
après beaucoup d'hésitations, fit sa paix avec Henri II!
et lui promit ses loyaux services. — Voir ses lettres,
p. /iCiti.
496
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
les ))ons moiens que le Roy mondit S' et filz
s'est résolu de luy bailler, prenant entière
confiance de luy, qui le debvra d'autant plus
mouvoir à s'esvcrtuer de luy faire un bon ser-
vice, comme à présent il en a l'occasion en
main; nous désirons bien fort de veoir aussy
vostre frère le sieur de Thoré hors de là oiî
il estencores, dont à cette occasion je vous prie
luy escrire de si bonne façon qu'il connoisse
le tort qu'il se fera d'y demeurer d'avantage;
et me remettant à ce que ledit Marion vous
dira plus amplement sur le tout, je ne vous
feray la présente plus longue que pour prier
Dieu, etc.
1578. — Janvier ou février.
Copie. Bilil. nal., Cdlccl. Dupuï, n° 745, f» aS'i r°.
A MA CODSINE
MADAME
LA CONNESTABLE DE MONTMORENCY'.
Ma cousine, j'ay esté autant plus aise de la
résolution de mon cousin le mareschal de
Damville vostrefilz que ,oultrelecontentemeiit
que le Roy monsieur mon filz en a eu, je say
le plaisir que vous en recepvrez, sachant mes-
mement la part qu'il se peut promettre en la
bonne grâce du Roy mon S' et filz, comme
Marion vous sçaura bien représenter; mais je
seray encores plus joieuse quant je verray
aussy le s'' de Thoré vostie filz retiré par deçà ,
à quov j'espère que l'exemple de sondit frère
l'aura tellement dispozé (jue le commandement
et l'exortalion que vous luy en ferez à présent
auront plus de lieu qu'il n'ont peu avoir cy-
devant, et ne doute que ce n'est l'un de voz
plus grans souhaitz, de sorte que j'estime
' Madeleine de Savoye, veuve du connétable, qui
mourut en i586, à l'âge de soixante-seize ans.
n'estre besoin vous persuader d'y emploier la
puissance qu'avez sur luy. Je me remetteray de
tout ce que je vous en pourois dire d'avantage
sur ce que vous entendrez plus amplement
par ledit Marion, etc.
I57<S. — 1 5 février.
A MON COUSIN
LE VICOMTE DE TURENNE ^
Lettre de Catherine de Médicis, reine de
France, datée de Paris le i5 février i5-8 à
son cousin le vicomte de Turenue, Henry de
la Tour, par laquelle elle lui marque la satis-
faction qu'elle a de voir par ses dernières
lettres le désir de AI. le vicomte d'aider à
établir la paix que Dieu a donnée à son fils,
etc.; et avec promesse d'embrasser toutes les
occasions qui se présenteront pour lui faire
plaisir, ainsi qu'elle a prié M. de Tournon de
lui faire plus amplement entendre.
Signé : Vostre bonne cousine,
Catherine.
Lettre de Catherine de Médicis dud. jour,
i5 février iS'jS, à mond. s', par laquelle
elle lui marque qu'elle ne fait pas de doute
qu'il ne soit bien averti du parlement de son
fils d'Anjou , et qu'il ne soit convenu de l'aller
trouver; mais pour ce qu'elle veuille toujours
être soigneuse de son bien, comme de per-
sonne qui la touche et qu'elle aime grande-
ment, elle lui fait ce mot de lettre pour le
prier de se contenir en son service envers
' Ces indications sont prises dans un volum*; de la
BiL)l. nat. coté : Nouv. Acq. 4533 et intitulé : (rCollection
de lettres des rois, reines, princes, etc., auï princes et
princesses de la maison d'Auvergne et ducs souverains de
Bouillon.!!
LETTRES DE CATHEIUNE DK Ml'DICIS.
le Roy et ne jneiKlir ni ilomipi' iuiciins inaii-
\ais conseils, elc.
Si^rné : Vostre hrmiie cousine,
(IvTIlKRlXK.
/i97
1578. — 28 septembre.
Bibi. nal. , ms. français, n" lâgoS , f ihh'.
A MONSIEUR DE RELLIÈVRE,
CO\SEaLEn AD COSSEIÏ, DC BOT MO.SSIBUR MO^ FILS
ET PHÉSIDKNT ES Si CODRT DE PAni.EME\T.
Mons'' de Belièvre, vous m'avez faict Irès
jjraud plaisir de m'avoir escript el faicl en-
tendre par Pinart, selon l'ordre des chapilies
de vostre ménioyre, toutes les parliculiarilcz
qui y sont notées, tant de ce qui s'est passe
durant vostre voiage en Flandres que de ce
qui vous est venu du s' de Haultefort vostre
frère, et aussi du bon advis et expédiant que
me donnez selon les propos qui se sont passez
entre vous et le Aiinero Mendoça ,àqui j'en sçay
très bon gré. Je faiz une bien ample de'pesche
au Roy monsieur mon fiiz de toutes choses
<jui concernent sou service , tant sur les poinrtz
que m'a rapoitez ledit Pinart de sa part que
sur Pestât des choses de deçà. Mais ce qui est
principallement requis, est l'estabiissement de
l'édit de paciffiration : aussi y travaillay-jc de
deçà et y foictz tout ce qui se peult, y aiant
une très bonne et asseure'e espérance; mais il
fault faire en sorte que le duc Caziniir ne
vienne pour yverner ny à aultre intention en
ce roiaulme. Vous avez beaucoup de moyen
d'y servir, comme je m'asseure tjue ferez et
que n'y obmcttrez aulcune chose de ce que
l'on peult entendre d'ung affectionné et bon
serviteur que vous estes; aussi ne vous feray-
je plus longue lettre, me remcctant au s' de
Maintenon et à la résolution (|ue le Roy
CiTURniNE DE MÉBICIS. ïl.
iiiiHidicl seigneur et lilz praudra, après
l'avoir ouy sur Imites ses all'aires. Priant
Dieu, mons' de Uelièvre, vous avoir en sa
sainte garde.
Escript à Bordcaulv, le xxviu' septembre
1078'.
La bien vostre,
Caterine.
1578.
C> (iiidtipo.
Cnpii'. llibl. n<T[. , liouv. ncq. , u" G007, f" 9.
(D'nprcs r.Tut<ijjr.nplie de la collection Dubrowsty,
h la Hibliolht'qne de Sainl-P»'-lersbourjj. )
A MONSIEUR DE VILLEllOV.
Monsieur de Viileroy, j'é veu vos leties et
les deux mémoyres, et loue Dieu de l'inspira-
tion qui me fist de vous prier d'aler trover le
Roy, et que le Roy trovét lion cet ipie je avoys
pansé pour son service, de quoy les cliauses
en sont réusies si heureusement. Je voldrès,
comc pouvés panser, aystre set eure auprès du
Roy, car c'et toul mon bien et heur que de le
voyr; mes quant je panse cpie je spérance de
lui fayre un tel servise, coine yl me sembh;
en estre plus que besouin, je m'estvnie lieu-
reuse d'estre encore en vie et que , avent niouii r,
je aye cet contentement de avoyr cervi de
mestre cet royaume au repos que le Hoy luy
ha donné par zon hédist, lequel aysteut éfec-
' .\ celtp IcUrc est annexé nn billel île Pinarl, adressé
é(;aleiiient à lielliévre, cl ainsi conçu (f" i 'l'i) :
r Monsieur, je vous assonre i|ue je n"ay rien ol.niis
(le toutes les parlii iillarilez i|ue m'avez dicles el bail-
lées par voz (leppesclies. Kt vous asseure ipie la Royne
vous en a sceu très bon gré et à monsieur vostre frère.
Je suis tant chargé (l'alTaires el suis si las, que je vous
snpiie hunibleEueut ni'cxcnser île plus longue leUre.
tVotre hiiiuble el obéissant siTvileur,
l'iNAllT.n
G."!
i98
LETTRES DE CATH
tué, je ne doucte point que son yntentiou
n'ave lyeu de voir le royaume en pays : je
Yoy bien que ne le puys aysément et sans
pouine et grende et longueur de tamps, mes
aussi je seré trop heureuse que pour mon der-
nier cuvre je puisse ayfectuor un tel bien
pour cet royaume, de quoy le Roy que j'émey
lent réservera honneur, haubéissaace et re-
couvrera son hauUoiite'. Pour ynsin me fault
ayscuser cet je me haupyniatre, et que de son
coulé yl fase cornent yl lest de travaller à con-
server la bonne volante de sou frère, que lui
avés guagnée, remédier a us aultres cliauses en
reguaulent ceuk de qui yl set peuU lier et les
envoyer au principale plase, et les aultres les
retirer auprès de lui. S'il étoyt aseuré du conté
de Flandre que rien ne lui vint sur les bras,
je yroys l'eairre sanblant de courre (bien acon-
pagné, cela santend) un serf ver Vauluy-
sant , et là je menderès deux ou troys des prin-
sipaulz faclieulz, les careserès et les ramenerès
aveques nioy, leur fesant bonne chère, san leur
fayre samblant, sinon que dornavant je veulz
avoir de prinsipaulx des provinses auprès de
nioy pour leur fayre conestre le contrère de
cet que Ion a dist, remetre quelque chause au
peuple, sursouyr tous ces aydes, et faire cou-
ler le tamps, eu cet pendent aystablisant la
pays, si la apuyré san démostration de guerre,
et lui meneré sin sans jeantishommes de ces
coûtés qui li sont tous très afectionés, et croy
que ma veneue ni a pas nuys à les désanbar-
quer d'aileur. Quant à l'argent, madame de
Monpansier me dist qu'el a envoyé un homme
à Richelieu aveques tout cet qui ayst nése-
sayre; et set fault ynformer de Richelieu s'il et
vray, et le reste de la somme à Ruchelay, qui
devoyt à cet novel, au Tousayns, s'il me so-
vient, avoyr de l'argent, pour désengager ou
payer de debtes, à cete nésésité reculer cet
paymens et s'annuyder de cet qu'yl fault de
ERINE DE MÉDICIS.
plus que le sant mile livres i. Velà mou avis :
s'yl et mauves, jeyté le au feu; s'il et bon,
monstre le au Roy, à qui je l'aurès aycript;
mes, voyent vostre mémoyre, je vous y foys ré-
ponse celon mon petit jeugement. IMendé moy
tousjours de ses novelles et de celés de mou
fils et de tout aultres chauses, et je prie Dieu
vous avoyr en sa guarde.
De la Réaule, ce m"" d'octobre iB-S-.
Caterine.
1578.
f>- oclolire.
AUX CONSULS, MANANS ET HABITANS
DE LA VILLE
DE BEAUCAIRE'.
Messieurs, encore que j'aye bien entendu
le bon et grand debvoir que vous avez fait
pour la conservation de votre ville soubz
l'obéissance du Roi monsieur mon fils, et vous
garder de la surprinse de ceuk qui ne las-
chent, par leurs pernicieulx desseings, qu'à
troubler le repos de ce royaume, au préjudice
de l'autorité du roi moudit sieur fils, tou-
tefois, je vous ai bien voullu faire ce mot de
' La copie moderne (i883) de celle pièce et de beau-
coup d'autres des «Autographes de Saint-Pétersbourg»
est assez mauvaise; et, en l'absence du texte, on ne peut
y suppléer. Force est donc de se contenter du sens gé-
néral.
- Une autre lettre de Catherine de Médlcis, autogra-
phe et signée, écrite au même Villeroy en date du
3 1 octobre 1578, a passé le 8 mars 1886 dans une
vente publique de documents historiques, faite à la salle
Drouot par M. Eugène Charavay. Nous ignorons ce
qu'elle est devenue. La reine- mère mandait au secrétaire
d'État qu'elle avait été poursuivie par les émeutes jus-
qu'aux portes de Toulouse, et elle ajoutait qu'elle n'es-
pérait plus que ttdans la conférence qui va s'ouvrirr
pour maiiitenir la paix du royaume.
' Archives de la ville, registre des délibérations, à la
lin de 1078.
LETTRES DE CATHl
lellre, j)oiir vous asspiiror ([iie Kï Roy inondit
s' el fils vous snict rt saura loiijourz très l)on
gré du bon debvoir que vous avez l'aict, aiusi
que m'a feict (nitendre icy mou cousiu \o ma-
lôchal Daui|)villo, ot (]ue je m'asseure <jue
vous conlinuerés toujours comme bons el
loyaulx sujects : aussi vous pouvez vous bieu
assurer que mondit s' et fils vous soulagera
aultant qu'il lui sera possible. Et cependant
je n'obmettrai de l'avertir de voti'c bon deb-
voir, el de vous aecister et intercéder pour
vous, quand l'occasion s'en présentera, d'aussi
bon cœur, et que je prie Dieu, Messieurs, vous
avoir en sa sainte et digne garde.
A Toulouse, le xxvii octobre 1578.
Si/jné : Caterine.
Et plus bas : I'ixart.
1578.
'inlno.
Iinprinié dans les Docuiiietils liixtcnijucs el géiiénlnguiucs ttu rmtcrjruc,
imlili^s par M. de Rarrau , l. H , [t. lo/i , i859-i86o , in-fi".
A MONSIEliR DE YEZINS,
CIIKVAI.IEn DR L-oni)llE Dt. tH)\ MONSIElll MOS ¥l\.^ ,
CA?ITAINt; lie C[\0IJA\T8 IIOMMKK 1>-ARMRS I)B SES URD()N\A>CES
BT SK>ES(;ilAL lit; (.HiEIlf.V.
Monsieur de Vezins'. j'ay veu par la lettre
que vous m'avés escritc le bon devoir que
vous et le vicomte de Gourdon avés déjà com-
mencé de faire pour l'exécution de la cliarge
que je vous ay commise, dont je vous sais et
à luv infiniment bon gré. vous priant de con-
' Jean Le Vezou de Vezins, sénécbal et gouverneiir
lie Qiieicy, surnommé ttle Brave Vesins-i , un des plus
intrépides et tiabiles capitaines du xvi" siècle. Il se dis-
tinguera plus parlicnlièremcnt en défendant Cahors contre
Henri de Navarre. El s'il n'existait plusieurs lettres de
Henri 111 adressées à lui après ((e siè(;e, on pourrait
croire les mémoires du temps qui le disent tué au mo-
ment de l'attaque de cette ville. Le château de Vezins
est dans rA\eyron, arrondi.ssenient de Millau.
RINE DE MEDICIS. 499
linuer ce ipie vous avés si bien commencé,
tant pour faire rbastier exemplairement le
capitaine Laberte et ses aultres com|)lices «jue
vous avés fait prendre prisonniers, que pour
ces aultres clioses ijui sont de votre charge et
commission; estant très bien fait de faire des-
molir, comme j'ay veu que vous faites, les
cboses qui ont esté fortifiées contre l'intention
de l'i'dit; car je sçais bien ([iie le Roy mon-
sieur mon fils en sera bien ayse, m'ayant
escrit qu il tiouvoit bon (]ue tous les lieux où
se retiroientet poiirroieiil retirer ceux (|ui fai-
soient ces maux fussent desmolis et rayés par
fadvis de ses lieutenans généraux, (pii con-
noissent s'il est à projios de le faire.
Mais je vous dira\ encore, pour le regard
dudit Laberte, qu'il fault s'il est possible, faire
en sorte que si le prévost de Quercy ne le
peut faire exécuter, que ce soit le lieutenant
(lu grand prévost, que je vous ay envoyé, ou,
s'il trouvoit encore dilficultés qu'il ne se peut
faire non plus que l'aultre, je seroys de mesme
advis que vous que l'on fist amener icy ledit
Laberte, comme je vous prie, si vous reron-
noissés qu'il se puisse suresmenl faiVe, afin
que Ion le fist dépescher par deçà; et si ce
mauvais ministre , qui a provo([ué ceux de Caus-
sade à sédition et empescln; la justice, y estoit
aussi, croyés qu'on luy fairoit faire le sault,
car il le mérite bien, estant un crime capital
que celiiy (jifil a commis, d'empescber l'exé-
cution de justice et exciter le peuple à tu-
multe.
Je m'asseure que s'il y a moien d'y pour-
voir, vous le saurés digniMuent faire. Aussy
vous en prié-je de bon cœur, et ledit vicomte
de Gourdon aussy, auquel j'escris une lettre,
que je prie lui faire tenir pour responsc à ce
que vous m'avi's envoie de luy, rcnielanl le
surplus de tout ce que je vous |)ourrois man-
der à ce que vous écrira, faisant response à
63.
500 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
nos Icltif*, mon ronsin le mnrc'clinl do Riixin.
Priant Dion, Monsii-nr de \cziii.s, vons avoir
L>n sa ;;ardo.
Esrrit à Tlionlonso, le m' jour de novembre
1 [> 7 8 .
Siipi''' : Caterine.
Et jihis Ii(i6 : Pinai;t.
! '}1{K 1 ~ J.'IIIVK.T.
Cn|i.'. rilbl. Il.ll. , FollJs Ir.lIlÇ.lLS, II* KK.Ôl, T 3.
AL ROY JIE NVVVUUE.
Mon (il/., je vous piie, suivant la [ironiesse
i|ne vous avez (onsjours l'aide, do donnoi'
proniptenient ordre i|ue, sans pins aurnne
lonfpieur, Langon ' soit remis snivani l'r'diet
(le ])arifficalion, et vous asseurer sur niov que
ii'onlx qui ont dornii'reniout surprins le rlias-
teau dudil Lan||on ne seroni jamais roclionliez
de ladicle surprinsc; mais feray que le Uoy,
monsieur mou fils, en anvoyra inconlinenl les
lettres patantos. Cependant, pour soiirelo de
re ipio dessus, j'av sijjne la pri'senle, jiri'senfs
les jirincos et seijinenrs du Conseil |iriv(' du
lioy monsieur mon filz eslans icv.
Xu Poi'l-S' -Marve. le samedv xvir jour de
janviei' 1079.
Esirii>l (U( ilcssoiih: tic In main dr la Ihupic :
Vosli'o lionne mère,
C.\Tin;riiNE.
/;( () a'itc : trAii mv do .Navarre mon filzri,
(.■îis.s-// di' .sf/ uinpve iiiaiii.
- Sii!' r;ilTaîio ilo Laii;jnii, vnir lis Ïa-Uvi!^ missins de
lliiin l\, I.!, [i. ■•;!!, •.!70. Ole, l'I I. WiliSiippInmiit],
l.'iT'.'. — I) mars.
Oriij. An-li. nnl., k i:."..3 (1! AS), pi^re 4.
kl P,OY C^TIIOLICQÎ E DES ESP VIGNES,
\;ii>sii;iii vioN FU.Z'.-
Mimsieui- mon lllz, j'av este ro(]uizo par
aucuns (les bous servilonrs du lîoy monsieur
mou lilz, ;;randomenl alTortionm's à noire re-
li;;ion (■alboiii"(jno, apostolirque et romaine,
du mosmo ordre di' Rertliolonie (iortoz, rom-
mandeur di' ('.'>nj;oulbe, de vous requérir et
prier, commo je faiz de bien bon cncur, de
voniloii' faire jji'ace, comme desjà, à ce que
j onlonds. vous on este eu bimne volunté, de
(pioiques recheri'lies et poursuittes que Ion
l'aicl conire luv; en quoy, à ce que l'on m'a
l'aict entemlre, il n"a |ien>e' faire offonce. C'est
pouripiiiv jo vou> requiers voulloircominander
à C(Md\ do voz minisires eloÛici<'rs (pii le pour-
suivent do modérer les poursuites et liaiilor
main levée des saisies ipi'ilz oui faiclos l'unlre
Inv et le pou de movon (ju il a. Pliant Dieu,
Monsieur mou filz, vous avoir eu sa sainclo
et dijjne <;arde.
Esci'ipl à Aoon, le i\"' j
1079.
De sa mai II :
\ostrc lionne niire l'I seur.
mars
C.vti;hi>e.
' La lollre l'st arcnmpaijin'C liNno tradiidion en es-
pagnol el (lim billet do l'ambassadeur do Franco à Phi-
lippe II, du 10 avril 1679, traduit aussi en espagnol,
deiiiandani, au nom do la reiiio, la oràcodu fCavallero
Xavarro Celles, cumaiid'" de Cogulla.n
LETTRKS I)K CATII
1j7'J. — 38 avril.
Archives du cliâlcau de Xnintraiilrs,
impritué datis les Arehires de la Gironde , t. \"III , p. 3iâ.
A MONSIEUR DE LALGNAC',
CilETAMEU I)B L'ORDRE DO nOT
ET CAPlTAmS DE (:l%QUA>TE BOHUES D'ARUES US 5ES OltDOVN A^CK!i,
Monsieur de Longnac , pour le dépir ot nfTcc-
tioii que le Rov monsieur mon lilz a (|ue ses
.illaires et sci-vices soient, par meure délibé-
ralion, conduiclz et dirigez au gouvernement
de Guyenne, il a estably ung conseil auprez
de mon fdz et fille, le roy et rovne de Na-
varre, qui sera compozé daulrunz prelatz.
Seigneurs et aultres personnniges notables,
qu'il a nommez, ordonnez et departiz, pour
y servir jusques à ce que tontes choses soient
en bon et paisible estât; et pour ce que vous
estes du nombre de ceulx qui y doibvent estre
et vacquer les trois premiers moiz, je vous
prie, suivant ce que le Roy mondit seigneur
et filz vouscscript, venir trouver mesdictz filz
et fille, les roy et la royne de Navarre, et y
estre ie premier jour du nioisdemay procbain,
ou ie plus tost que pourrez incontinent après
iedict jour, pour y demeurer troiz moiz con-
se'cutifz. Mon cousin le maresclial de Byron y
sera ordinairement. Les sieurs de la Vauguyon ,
évesque d'.4gen, et la Chappelle deLauzière-,
' François de Monlpezat, seigneur Je Laugnac, selon
les Archives de la Gironde.
- En etlet, dans une lettre écrile de Monlauban te
a5 juillet 157g, ie roi de Navarre, annonçant qu'il va
revenir à Nérac, demande la réunion du Conseil qui doit
l'aider à rélablir la paix; et il nomme parmi ceux dont
il est rompiisé l'évèque d'Agen, La Vauguyon, La Cha-
pelle, le président Lathomy et itLauniacJi. (V. Lettres
missives de Henri IV, v. Vtll, p. 187.) Ce dernier nom
est dilTéremment écrit; mais c'est le même personnage.
L'éditeur des Archives de la Gironde l'a-l-il bien idenlilié,
et ne s'agirail-it pas plutôt de Charles de Montpezal,
baron de Loignac, qui épousa Perrine de Durfort, fille
d Ileclor Regnaud de Durforl. baion de Bajaumont?
KRINE DE MÉDICIS. 501
le président Nesmonl, du parleiiicnt de
liourdeauix, et ie second président de icliiiv
de Tlioioze v seront aussv jioiir ledicl (juar-
tier, suivant ie département (|u"en a l'aict le
l'ioy niondiit seigneur et filz, à (|ui je vous
asseure que ferez très grand et aggréable ser-
vice d'y estre et vous tenir ce temps-là; pour
lequel il vous a ordonné, comme il est bien
raisonnable pour les l'raiz que ferez diirant
Iedict temps, argent (jui vous sera bailbi par
le recepveur général des finances à Buurdeauix,
en vertu de vostre simple quictance.
Et me promettant (jnevous ne voubiicz |)as
faillir en une si bonne et importante occasion
au bien du service du Hoy mondit seigneur
et filz et de ladicte promesse, je ne vous en
feray plus longue lettre; mais pour la fin vous
diray que j'espère partir à la fin de reste sep-
uiaine pour m'en retourner retrouver le Roy
mondit seigneur et filz, passant par le Lan-
guedoc, Provence et Daulpbiné, oir j'espère
accommoder en peu de jours les afiêres qui y
sont; en sorte que j'estime estre bientost auprez
du Roy mondict seigneur et lilz, au(]uel je
ne fauldray de tesmoigner le bon debvoir que
je vous ay toujours veu fère par deçà pour
son service depuis que j'y suis. Cependant je
prie Dieu, Monsieur de Longnac, vous avoir
en sa saincte et dijjne garde.
Escripl à Sainct-.Michel-de-Lanès, le xxvm''
jour d'apvrii 1579.
(ÎATEllINK.
Monsieur de Longnac, je vous prie me
venir trouver à Castelnaudary vers la fin de
ceste sepmaine, affin que je vous puisse veoir
avani que je parle, que j'espère fère bientost
pour m'en retournera la court, et que je vous
veoyz auprez de mon filz le roy de Navarre,
pour le conseil dessus.
)02
I.ETTiiKS DE r.ATHE
1570.
(i mai.
Arrlin.'S du rli;il..nii .le \:iiiilriiillf- .
ili.piiiiu' dans i.-, -Irr/.in, ,1e la Gimml,'. I. Mil, p. S'io.
A -MONSIEl r, DE L VI GNAC.
Monsieur de Lonynac, ji^ vous ;iy ce/, joiir.s-
c\ ciivoxe une lettre du Uoy monsieur mon
lilz. cl [i^ir il' uio>nie moyeu \oiis uy escripi
comme il vous a, [lour le Itieu de son service,
cliois\ et esleu auprez de mon lilz et de ma
lille. le loy et royne de Navarre, au conseil
ijiiii a eslabh auprès d'eulx, comme vous
aurez \eii |iar nos susdih's lettres; el pom-
ce que je désire vcoir ietlil conseil estabh
a\ant que je parle de ces (]u:\rlieis, je vous
prie 1ère ce service au lîov mouseieneur et
fil/, et à uioy aussy, el \enir iucontinant et
estre icv ou à (Jarcassonne dans la lin de ceste
sepmairie; mais je vous [irie ipie ce soit sans
excuse et nonobstant la à .lullre fin, je
prie Dieu, \l(uisieur de Lon;;nac, vous avoir
en sa saiucle et digne gaide.
Escript à Castres', le vi' jour de maj
( AÏEIUNE.
l,')7'.l. — '6 mai.
\i.lnvis du rliàtoau île Xîiiiitridlles .
iiiHuilué iliin- les Archives de tel Gironde. I. \I1I, p. ^'âu.
V MONSIEUR DE LAKiNVC.
Monsieur de Lonenac, je vous ay ces jours
cv par deux l'ois escript ([ifeussiez à me venir
trouver pour assister et servir au ciuiseil ipril
a pieu au Uov monsieur mon fdz establir
pour ses all'aires, et servir au {;ou\erneuient de
' Il (liiil j iivoii' erreur <lu oopiste. Lu 6 mai 1571)
Cilhciuii' esl h C.astelnaïut.iry (voir plus liant, p. 3â.'>);
pl elle éciil ipi'elle rpreiiil «m (lieiiiiii i^ir l'abbaye de
de la l'roiiille'i, sans (jii'il soit i|iieslioii de nCaslreMi.
RHE DE MÉDICIS.
Gnvenne prez mou lilz et ma fille, le roy et
la royne de Navarre, où aussy mon cousin le
marescbal de Biron sera le plus souveni, cl
pour ce que les autres alTaires du lîoy mon
seigneur, et principallenient en Provence et
iJanpbiué, m'aïq^dleui et dt'sireni bien ma
présence, ayant par la grâce de Dieu résolu
cl ordonné avec mon lilz le roy de Navarre et
ceulx de la rellig'ion prétendue réformée toutes
choses au lieu de la paix, comme vous sçavez,
suivant noslre edulerence à Nérac, el j en
iiarlis piéseiilemenl |Kiur m"acliemiiier auxdils
jiais de Provence, occasion pourquoy j'ay ad-
visé vous escrire cesie lettre poui' vous prier
(comme je fais) que, toutes diiricultc's et al-
faiics cessantes, vous 110 faille/ d'aller Irouver
mesdicls fils et lille, le roy et la royne de
Navarre, à Nérac, au lieu de vous en venir à
Caslelnaudary ou Carcassonne, comme diM iiiè-
rement je vous a\ois escripi, pour donner voz
bons adviz et soins aux all'aires qui se pri'sen-
leront au conseil prez d'eulx, et \ demeurerez
trois mois, suivant la letlre que luy el moy
vous en avons depuis icy escripte, el asseurez-
\ons, monsieur de Lougnac,que vous me ferez
service très agréable. C'est poui' une si bonne
et .saincte cause. princi|iallemenl pour la cou-
linuatiou et eslabiissemcnl de la paix, à quoy
cliacun doibl travailler, et je in'asseure que
vous et les anties gens de bien (]ui sont ap-
pelles audici conseil, >elon la bonne el ;;rande
alïeclion (ju"a\e/ tousjoiirs. vous et eu Ix, portez
à ung si bon oeuvre el aux alïaires et service
du Uoy monseigneur el filz,vous y emiiloirez
lidiemeni, que mon labeur de neuf mois ipéil
> a que je suis en ce jiaïs pour exécution et
.■slablissement de la paix ne demeurera poinct
inl'ruclueulx, vous asseurani pourla fin d'aoust
que le Uov monseigneur et filz vous sçaura
autant de bon gré du service i[ue luy lerez
auprès de mondici filz et fille, le roy el
LETTRES DE CATH
loyiic lie Navarre, comme si estiez aiiprez de
luy-mesmes. Priant Dieu, Monsieur de Lon-
gnac, vous avoir en sa saiucte et digne
garde.
EscripI à fa l'rouille, le viir jour de
niay i-J7'j-
Catebixe.
npn
1570. — iT) mai.
Art:lii*ps tlu cliâteau il'^ Xaiiilraillrs ,
iiiié dans les Archives rie la Gtroiule. l. \ ill
. 541.
A MONSIEIR DE r.VUGIVAC,
C0N^Bli.LF.ii , chevalieh de L'onniiF. DU noT.
Monsieur de Longnac, je vous sray infini-
ment bon gré de la délibération où vous estes,
suivant re 'joeje vous ay escripl, d'aller trou-
ver mon lilz et ma fille, le roy el la royne de
Navarre, Ce sera très bien i'aict que ce soit le
plus tost que vous pourrez, car je le leur ay
ainsy promis et asseure'; mais il neserapoincl
de besoing que vous vous aobeminiez jusqu'à
ce qu'il le vous mande, pour ce (ju il/, s'en vont
en Be'arn, comme ils en estoient en quelque
oppiniou; je croy qu'il suffira que vous et les
autres seigneurs appeliez audicl Conseil vous
rendiez auprès d'euk à leur retour. Cependant
je ne veux oublier de vous dire que, comme
vous pouvez avoir entendu, mondict fdz le roy
de Na\arre et moy, nous sommes séparez et
très contenlz cl satislaictz l'un dfe l'autre, et luy
si bien dispozé de fère, comme il m'a promis,
eslablir parlaictemenl la paix , que je ne double
poinct qu'il ne le face de sa part; je loue Dieu
infiniment de l'honneste façon, grande bunii-
iité et bonne volonté que je congnuz en luy
lorsque nous nous soparasmes. Cela fut les-
moigné parla veue de tant de gens, que je ne
faiz à présent nul double (]u'il ne soit plain
de toute bonne volonté el grande allection au
ERINE DE MÉDICIS. 503
bien el repoz de ce royauime. Aussi est-ce le
mieulx qu'il puisse fère; et, pour ce (|ue je
sçay (pie vous en porterez une grande joye et
conlantement, comme aussy font tous les gens
de bien, je vous a\ bien voullu escripre el
asseurer ([ue jay envoyé vos lettres au lloy
monsieur mon filz : je n'ay pas failly de luy
mander que combien que vous eussiez déli-
béré par l'aviz des rni;decins d'aller aux beingz,
que néanlmoiu/. vous avez voulu pr('f'rer son
service à vostre santé, vous délibt'iaiil de bien
faire vostre debvoir audict Conseil où il vous
a appelle, et pouvez croire que, quand j'auray
ce bien d'eslre de retour auprez de luy, je
ne fauldray pas d(^ luy tesmoigner encorres
d'avnnlaige la bonne volonté el affrclion (]ue
j'ay cogneu en vous pour son service. Priant
Dieu, monsieur de Longnac, vous avoir en sa
saincte el digne garde.
Escript à Carcassonne, le xV joui' de
may i579.
Cateri>k.
1579. — 1 2 mars.
Co|iic. Ril>I. nat. , fijnils I). Housseau . 1. XI, n° /iC'ci.
Ini|)rimi; dans les Archives du Poitou, t. \l\\ |). nh.
A MONSIEUR LE COMTE DU LUDE',
CODÏEnNEltl KT LIKITENANT CÉ\KRAL BV POITOU.
Monsieur le coule, par la l'ésolulion de
nostre conférence nous avons, grâces à Dieu,
confirmé toutes choses au bien de la paix.
' Cette lellre l'ait pai-lie d'une série de corre.s|)on-
danccs de la cour avec le comte du Lude, recueillies au
siècle dernier par D. Housseau, et qui se trouvent au
tome XI de la collection de Touraine, à la Bibliothèque
nationale. Elles ont été |Mil)lié('s par M. 15. 1.oilain dans les
Arcliives histoi-iqiiCH (lu l'oilou (l.Xil etXIV, i88a-i883,
10-8"). La période qui correspond au présent volume
comprend six lettres do Callierinc do Modicis à Guy de
504
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
suivnnt le dernier ôdit de pacification et la
piibiicquation qui en a esté faicte. ÎVous vous
envoyons présentement commission et inslruc-
tion, pour faire non seuliement cesser tous
actes d'hostilité', mais aussy pour exécuter
entièrement ledit dernier édit de pacification,
vous priant de vous y employer diligement,
selon le contenu en ladite instruction; et outre
le service que vous ferez au Roy et au publicq ,
vous ferez aussy chose qui nous sera très
agréable, nous adverlissant journellement de
tout ce que ferez, outre le procès- verbal qu'il
fault que en faciez, lequel, après, vous nous
Dailion, comie du Lu(!e, lioiileiiaiil général en l'oilou,
avec les dates et les numéros suivants :
Aui-h, C.6 novembr? 1678, n'iSay;
Auch, 3o iiovemlire 1678, n'iCsâ;
Nérac, 20 décembre 1578, n°/i63/i;
Port-Sainle-Marie, ai décembre 1678, n° iOa/i ;
Port-Sainte-Marie, 4 janvier 1079, n'iô'ig;
Agen, 13 mars 1579, n° iGii.
Toutes, sauf la dernière, sont de simples circulaires
adressées à des jjouverneurs de province et dont les
orijjinaux semblent être les lettres de Catherine au
maréchal de Damville, portant les mêmes dates et que
nous avons publiées plus haut, p. 187, 189, 179, 183,
199. 11 eût donc été inutile de les reproduire ici. Deux
cependant ont un post-scriplum que nous ne devons pas
omettre. A la suite de la lettre du 20 décembre 1678,
on lit :
trMonsieur le conte, depuis cette lettre escripte, ung
nommé Bouchard, qui est icy pour mon cousin le prince
de Condé, m'est venu faire une grande plaincte du
soupson où il est entré de voir, pour ce qu'il dit, que
depuis peu de jours vous avés assemblé grand nombre
de gentilshommes en une de ses maisons où vous estes
à présent, qui n'est pas loing de Saint-Jean-d'Angély
(dont le prince de Condé avait le gouvernement). 11 dit
aussi que le sieur de \ieilleville en a fait de mesme près
de Pons (arrondissement de Saintes), soubs couleur de
envoyere's. Priant Dieu, Monsieur le twnte,
vous avoir en sa sainte et digne garde.
Escript à Agen, le xii" jour de mars 1579.
Monsieur le conle, depuis ceste lettre es-
cripte, mon fils le roy de Navarre a advise' de
remettre à mon cousiu le prince de Condé
à choisir celuv qui ira avec vous pour exécuter
le contenu es dites commission et instruction '.
Signe : Caterine.
El plus 'bas : Pinart.
(juelque mariage, et qu'ils ont voulu surprendre ledit
Pons; ce qui le met en très grande delTiance. Je vous
prie de m'advertir au vray de ce que c'est et en écrire
la vérité à mon dit cousin, alTm qu'il soit ecclairci de
la droicte intention du Roy monsieur mon fîlz, et de la
vostre, que je sais bien qui ne tend qu'à tenir toutes
choses en pai\ et repos, comme aussy fault-yl faire; car
j'espère l'establir par deçà avant en partir.»
Signé : Caterine.
El plus bas : PiN\nT.
Aussitôt après la signature de la letire du ai dé-
cembre, il y a :
^Monsieur le conle, j'ay receu la lettre que vous
m'avés escrilte, estant bien aise que toutes choses soient
si paisibles en l'estendue de vostre charge, comme
m'esoripvés; mais je demeure en quelque peine de ce
qui est à la fin de vostre lettre, faisant mention de
l'oppression que reçoit le peuple de tant de deniers qui
se lèvent, dont je ne double pas que n'ayez adverty le
Roy monsieur mon fils, comme il fault faire tousjours
en telles choses, de la plainte que en avez cue.n
' Parmi cens qui furent choisis pour faire exécuter,
de concert avec du Lude , l'édit de pacification en Poitou ,
on trouve Philippe de Saint-Georges, sieur du Plessis-
Sénéchal. Ils étaient ensemble à Sainl-Maixenl, le 18 mai
1679, pour l'accomplissement de leur mission.
LETTRES l)K ('. ATIIEIMM'; DE MEDICIS.
505
ITINERVIRK l)K CVTHKUI\E DE MEDICIS
EN 1578 ET lôTi).
1578.
7 et (S janvier. — Paris.
1---11 janvier. — OliainviUe', ])rès Paris.
2 3-28 janvier. — Paris.
5-1 1 lévrier. — Paris.
i3-2 7 mars. — Paris.
i'"'-98 avril. — Paris.
9 mai. — Charlres.
5 mai. — Le Mans.
0 mai. — Le Lude.
■j mai. — Bourgueil.
12 mai. — Chenonceaux.
21-28 mai. — Paris.
ii juin. — Paris.
()-() juin. — Chantilly.
22 juin. — Aleuçon.
18-2.3 juillet. — Paris.
2 août. — Oilainville.
8-19 août. — Chenonceaux.
1 3 septembre. — Cognac.
18-29 septembre. — Bordeaux.
29 septembre. — Cadillac, poui' .oiiclici'.
1" octobre. — Saint-Macaire.
2-(i octobre. — La Réole.
7-8 octobre. — Sainte-Razeillc.
9 octobre. — Tonncins.
9 octobre. — Marmaiule, poui' dînci'.
10 octobre. — Pcrt-Saiale-Mario.
1 1 - 1 5 octobre. — Agen.
il)- 17 octobre. — iMoissac.
1 9-IJ 1 octobre. — Toulouse.
i'"'-5 novembre. — Toulouse.
6 novembre. — Pibrac.
618 novembre. — L'Is!e-.)ounlaiu.
22-3o novembre. - \iirb.
r'-9 de'cembre. — \iich.
1 1-1 'i de'cembre. — Coiidom.
i5-2i décembre. — Nérac.
2 2-3i décembre. — Port-Sainte-.Marie.
1579.
i'"-3i janvier. — Porl-Sainte-Marie.
i'''"-2 lévrier. — Port-Sainte-.Marie.
3-28 lévrier. — Aérac.
i"-8 mars. — Nérac.
8-3 1 mars. — Agen.
3 avril. — Valeuce-d'Agen.
5 aviil. — Saint-Nicolas-de-la-Grave.
5 avril. — Beaumont-de-Lomagnc.
5 avril. — Grenade-sur-Garonne.
6-12 avril. — Toulouse.
i3 avril. — Caujac.
i4 avril. — Saverdun.
1 0 avril. — (lasteiiiaudary.
Nous lie donnons pas ici cfindicalions géograpliiqiies plus précises; on les Ironvera dans les notes du
texte.
C»THEniNE DE MkOICIS. — VI.
1UIM1IU1.KIU MATIOfALI
506
LETTRES DE CATHEiil.NE DE MEDICIS.
•>3--!8 ;nril. — Saint-Miclii'i-('n-L:uiiii;;iiai~
2()-iio a\ril. — Castelnau(lai-\ .
i"-6 mai. — Casteinaïulary.
iS mai. — La Prouille, près Caslelnaiidaix.
<S-io mai. — (iarrassoriiie.
i 2 mai. — L(îsigiiaii.
i){-ij mai. — i\arl)0[ine.
ifi-iS mai. — Bézier.-i.
ir)-20 mai. — Pézi'iia-.
9 3-3 0 mai. — -^ÎJ'I''-
28 mai. — La Vérunni', près Montpellier.
2c) mai. — \ubais. puiir loiirliiT.
3(1 mai. — BiMucaii 1'.
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES LETTRES
CONTENUES DANS LE SIXIÈME VOLUME.
X U M K K O S
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
Mil.
I\.
X.
XI.
XII.
Mil.
XIV.
W.
XVI.
XVII.
XVIII.
'xix.
XX.
XXI.
DATES.
.") janvier ih-jH.
7 janvier 1078.
8 janvier 1.578.
17 janvier 1078.
19 janvier 1678.
1 9 janvier 1678.
ai janvier 1 578.
33 janvier 1378.
■',8 janvier 1578.
Janvier ou lévrier 1 .178.
Janvier ou févTier 1678.
.") février 1578.
8 février 1578.
i5 février 1.J78.
i5 février i.")78.
ih février 1 578.
i3 mars 1078.
I 3 mars 1678.
i3 mars 1678.
18 mars 1578.
30 mars 1.578.
DKSTIiS ll'AlIins.
A M. Ballazarl (l(' (]rcssier
\ M. le prince de PiéiiioMl
A M. d'Aliain
An dnc do Savoie . . .
A .\I. du Firrier
A M. d'Aliain .•
A M. le prince de Piémont
Au dnc de Savoie
A M""' la duchesse d'Uzès
A M. de Montmorency
V M"" la connétable de Montmorency.
A M. de MauvLssière
A M. le marérlial de Dnmville
A M. d'Aliain
A M. le maréchal de Daniville
A M. le vicomte de Tnrenne
Au duc de Savoie
A M. d'AhaIn
A M. de Mauvissière
A M. du Ferrier
A M°" de Nemotns
PAGl':s.
'19.5
.'19.)
'19(1
6/1.
508
TABLK CmiUNOLOGIQl E.
Mj M K U * » S
n VTKs.
D-onruif. ,
Wll.
^7 ii.iM. i:.7s.
Wlll.
l" :iviii 1 'i-X.
\\i\.
1 :i iUiil 1 Ô^N.
\\\.
•îS an ii 1 .'17 s.
\\\i.
M.-ii ,.-.7. S.
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■> riiiii I ')-^.
XWIII.
(\ iii;ii 1 07.^.
\\i\.
7 iiKii 1 .")7S.
\\\.
K nini I .")7S.
\\\i.
I ■> iii.'ii 1 '>'J^.
\\\ii.
■> t IJKli 1 'i-K.
\\\iii.
■>S iii:ii 1 .')7,S.
\\\i\.
ii juid 1 .17^.
\\\\
'A jiuii 1 .'17S.
\\\M.
Cl juin 1 5715.
WWII.
•N juin i.")7,S.
WWIII.
N jinn 1 .'17S. (
\\\i\
1
i| )Min 1 .'>7.S.
\
\i,.
•i-i {iini I 't-j>>.
\L1.
Juin 1 .■>7.S.
\l.ll
1 S jniliiM 1 ^i->>.
\l.lll.
•! I jnilifl i-)7S.
\I.IV.
-:i juilh'l 1:17s.
\L\.
■î OHl'll 1 '>~>^.
\l,\l.
'1 a(ni( 1 '•)~^.
XI.MI.
S umil 1:17s.
\l,\lll.
S iimil i:)7,S.
.\l.l\.
1 1 iHMll 1 "l-S.
insi IN \TAIRES.
p.\Gi:s.
A MM. ]■■< Main. ,1 KrlicnliK de Cnvnnnc
A .M. «I'AIkhii
An (ini (|i; Manldiir
A M. A- Maïui.M.T'
A M. Ir iiLinVIiiil <l.' Cn^si'.
\ M. .1- ll.HiéMV
\n n.i ll.'iii'i III
An lini
MiMiiDiri' liailli' .1 M. il.' M. mil. '111111
A M. do Bollii'ire
\ M. d'\lMill
A M. di' MauMs^iiTt'
\ii giand-dni' de Tiisi-.ini'
\ M. d'Al.ain
A M. ,l' MainlsMir.'
A M. !■■ inaiv.lial d.> Daimill.'
A la iviii ■ d"\ii;;I.I.Tr.'
A Dnii Juan d.. \ar;;a.
A M. d.. Ii.dliéviv
A \]. le |irini'i' d'KiosM»
A M. ,\r Mali;;n.Mi
\ M. !■■ cninl.' irK.;iii,.ii|
\ la rein.. dAn;;|..|. m'
An Uni (^ailloli. |n..
An ilnc .II' Manlnne
Au !!..i (:alli..li.|n..
A la Ii. •!.!.■ Calli.ili.in..
\ M. .1.. Mi,ll"n..n
iS
•J 1
al)
■'t\
■!.S
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.■f'i
.•i'i
TABLE CHRONOLOGIQUE.
509
AUMÉKOS
DATES.
D'OBDnK.
!..
Août ou septembre 1 578.
Ll.
3 septembre 1578.
I.ll.
i3 septembre 1678.
LUI.
i3 seplenibro 1.578.
I.IV.
tô septembre 1078.
I.V.
]8 septembre 1,578.
LVI.
a 8 septembre 1.578.
L\ll.
ag sepleralire 1 078.
L\lll.
39 septembre 1678.
LIX.
29 septembre 1078.
LX.
Septembre 1Û78.
LXI.
a octobre 1 Ô78.
LXII.
li-â octobre 1578.
LXlll.
6 octobre 1 078.
LXIV.
0 octobre 1Ô7S.
LX\.
ti octoltre 1078.
LX\K
7 octobre 1.578.
LXVII.
8 octobre 1078.
LXVIIL
8 octobre 1078.
LXIX.
i) octobre 1578.
LXX.
g octobre 1578.
LXXL
1 1 octobre 1578.
LXXIl.
1 i-i 5 octobre 1 078.
LXXIII.
i.'l oc(ol)re 1578.
LXXIV.
ao octobre 1578.
LXW.
ai octobre 1578.
lAXVL
a 4 octobre 1078.
LXX VU.
a5 octobre 1078.
IIKSTINATAIRKS.
A la reine d'Aiijjleterre
A M. le prince de Pi(''moiil
A M. lie Walsinjjbam
Au même
A M. de Bellièvre
Au même
Au même
Au Roi
A M. de h. Hillière
A MM. les conseillers et habitants de Bajonne
Au roi de Navarre
Au Roi
Au même
A M. le maréchal de Dairuille
A M. de Villeroy
A M. le sénccbal de Toulouse
A M. do \ille.o_v. .
A M. (le l'ailliès
Au {;iand-duc de Tosciuie
A M. de li.llièvre
Au Roi
A M. le niarécbal de Damville
Au Roi
A M. d.' Pailliés
.^u Roi
Au même
Au même
Au même
l'AGi;s.
3.5
3.5
3li
37
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5]0
TABLE CHRONOLOGIQUE.
.NUMEROS
D'ORDBE.
LXXVIII.
LXXIX.
LXXX.
LXXXL
LXXXIl.
LXXXIII.
LXXXIV.
LXXXV.
LXXXVI.
LXXXVII.
LXXXVIII.
LXXXIX.
XC.
XCI.
XCII.
XCIII.
XCIV.
XGV.
XCVl.
XCVII.
XCVIII.
XCIX.
G.
CI.
cil.
cm.
CIV.
cv.
DATES.
37 octobre 1578.
28 octobre 1578.
39 octobre 1578.
3i octobre 1678.
1" novembre 1578.
3 novembre 1578.
5 novembre 1578,
6 novembre 1578
6 novembre 1578.
7 novembre 1578.
8 novembre 1678
9 novembre 1578.
1 1 novembre 1578.
12 novembre 1578.
1-1 novembre i.')78.
i3 novembre 1578.
1 h-io novembre 1 578.
16 novembre 1578.
17 novembre 1678.
I 8 novembre 1578.
1 S novembre 1678.
a a novembre 1578.
a a novembre 1578.
2 4 novembre 1678.
a 5 novembre 1078.
2(5 novembre 1578.
27 novembre 1678.
28 novembre 157S.
DESTIN.\TAIRKS.
-4ux consuls et habitants de Beaucaire
A Notre Saint-Père le Pape
kn Roi
.\u même
Au. même ~
A M. de Vezins
Au Roi
Au même
K M"" la duchesse d'L zès
Au Roi
Au même
A la reine d'Angleterre ■
.Au Roi
Au même
.Au seigneur Pierre de Médicis
Au Roi
-Au même
A M. le maréchal de Damviile
Au Roi
\a même
A M. Brulart
A M. le maréchal de Damviile
Au Roi
Au roi de Navarre
Au Roi
A M. le maréchal de Damviile
Au même
.\u Roi
PAGES.
498
88
89
97
103
loi
loO
108
108
I 01)
I I a
ii3
ii5
116
ti6
117
133
ia3
ia5
136
127
129
i3i
182
i36
■ 37
187
TABLE CHRONOLOGIQUE.
311
NUAIEROS
CM.
CVII.
CVIII.
CIX.
ex.
CXI.
CXII.
CXllI.
CXIV.
cxv.
CWI.
cwu.
CXVIII.
CXIX.
CXX.
CXXI.
CXXII.
CXXIII.
CXXIV.
cxxv.
CXXVI.
CXXVII.
CXX VIII.
CXXIX.
cxxx.
CXXXI.
CXXXII.
CXXXIII.
DATKS.
98 novembiv i 578.
;jo jioveml>ro 1 57N,
3o novpinlii'i' i Tj'jS.
i" déceiiihre 1578.
3 décembre 1678.
3 décembre 1678.
!i décembre 1378.
5 décembre 1678.
5 décembre 1 578.
5 décembre 1578.
6 décembre 1578.
8 décembre ir)78.
8 décembre 1678.
9 décembre 1578.
9-11 décembre 1578.
1 1 décembre 1578.
13 décembre 1578.
1 3 décembre 1578.
i3 décembre 1678.
i3 décembre 1578.
là décembre 1678.
16 décembre 1678.
18 décembre 1678.
20 décembre 1578.
ai décembre 1378.
93 décembre 1678.
9/1 décembre 1078.
fl-'i décembre 1678.
l)KSTI\ATAliaiS.
A M. le maréchal de Damville. . .
Au même
Au Roi
A M. le maréchal «le Damville . . .
A M. le duc de Moiilpensier
A MM. de Lauierte
Au Roi
A M. le maréchal de Damvilli'. . .
A M. de Bellièvre
Au seigneur Pii^rro fh' Médicis. . .
A M. le maréchal de Daravillo. . .
Au Roi
A MM. les échevins de Bayonne. .
A -M. le maréchal de Damville. . .
Au Roi
A M. le maréchal de Damville. . ,
A M. de Bellièvre
Au Roi
Au roi des Ëspagues
A M. de Ranihouillul
A M. le maréchal de Damville . .
Au Roi
A .M. de Bellièvre
A M. le maréchal de Damville . .
Au même
Au Roi
A M. le maréchal di' Damvillp. .
Au Roi
PAGES.
.39
189
1/10
l3l
i5a
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TABLE CHRONOLOGIQUE.
NLIMEBOS
D'OnDBE.
CXXXIV.
cxxxv.
CXXWl.
CXXXVIl.
cxxxvm.
CXXXIX.
CXL.
CXLI.
CXLII.
CXLllI.
CXLIV.
CXLV.
CXLVI.
CXLVII.
CXLVIIL
CXLIX.
CL.
CLI.
CLII.
CLIII.
CLIV.
CLV.
CLVl.
CLVII.
CLVIK.
CLIX.
CLX.
CLXI.
DATKS.
27 iloceinbie 1 578.
3g déceiiibro 1578.
29 décembre 1 678.
30 décembre i.")78.
3i décembre 1 678.
4 janvier i 079.
4 janvier i.'>79.
5 janvier 1579.
5 janvier 1579.
5 jamier 1679.
6 janvier 1079.
6 janvier 1079.
6 janvier 1679.
8 janvier 1579.
8-10 janvier 1 57g.
10 janvier i579.
1 3 janvier 1^79.
i3 janvier 1679.
)/i-i 5 janvier 1579.
I '1 janvier 1579.
i5 janvier 1679.
16 janvier 1579.
17 janvier 1679.
19 janvier 1379.
31 janvier 157g.
31 janvier 1679.
ai janvier 1679.
21-2^ janvier 1679.
DKSTINATAIRES.
P \GES.
An lloi
Au même
A M. de Matignoii
A M. d'Abain
Au Roi
A M. le maréchal de Damville
Au Rni
Au lapilaine Kavas
Au Roi
A M. le maréchal de Damville
Au même
A MM. du Conseil d'État , etc
A M. de Bellièvi-e
Au même
Au Roi
Au même
A M. d'Abain
Au Roi
Au même
A M. le maréchal de Damville
Au même
\u Roi
Au roi de Navarre
Au Roi
A MM. les officiers et habitants de Rayonne
Au roi de Navarre
A M. le n)aréchal de Damville
Au Roi
192
19-2
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216
210
318
230
22 1
222
5oo
228
325
33.5
325
33O
TABLE CHRONOLOGIQUE.
ÎAi
NUMEROS
D'OHDBK.
DATES.
DESTIVVTAinES.
CLXII. 33 jamier 1579.
CLXUl. -.i.S janvier 1679.
CLXIV. a4 jamier 1 579.
CLXV. :!() janvier 1079.
CLXVI. :3G janvier 1079.
ClAVll. 28 jamier 1679.
CLX\ III. 81 janvier ir)79.
CLXIX. 1" lévrier 1679.
CLXX. a février 1579.
CLXXl. -i lévrier 1079-
CLXXll. '1 lévrier 1079.
CLXXIII. i; lévrier 1.J79.
CLXXIV. (i février i.")79.
CLXW. 7 fé'vrier 1579.
CLXX\ L 8-9 février 1 579.
CLXX\ II. 11 lévrier i.")7 9.
CLXXVIII. I a février 1679.
CLXXIX. i:S-i'i février ) 579.
CLXXX. 1 (3 février 1579.
CLXXXI. lO février i.")79.
CLXXXII. i(j février ir)79.
CLXXXIII. i7-i« lévrier i.'.79.
CLXXXIV. 1 S lévrier 1 .579.
CLXXXV. 30 février I i)79.
CLXXXVI. 31 février 1379.
CLXXXVII. o3 février ir.79.
CLXXXV III. 23 février 1 079.
CLXWIX. 3 5 février 1579.
CATUEKIMi DK MbDIOIS. M.
A M. de liellièvrc
.\ M. le niari|ilis di; llaiiiliac
A M. le maréchal de Uaniville
Au Roi
A M. de Bellièvre
Au Roi
Au nièuie
A M. le maréclial de Daniviile •. . . .
Au Roi
A M. de X'emours
An Roi
A AIM. les conseillers cl haliilanls de ISavonni'
Au Roi
A M. le maréchal de I)aui\ille
Au Roi
A M. le maréchal de Danjville
Au Roi
Au même
Au même
A M. le maréchal de Uamville
A M. le marquis de Canillac
Au Roi
Au même
Au duc d'Anjou
Au Roi
A M. de risie
A M. de Paiijas
A M. le maréchal de Dirunille
PAGES.
3.H:f
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2 3.'l
3 35
2 3(1
337
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272
273
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280
280
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«ehie îfATioxiir.
51i
TABLE CHRONOLOGIQUE.
INU.MEROS
cxc.
CXCl.
CXCII.
CXCIII.
CXCIV.
cxcv.
CXCVI.
CXCVII.
CXCVIII.
CXCIX.
ce.
CCI.
CCII.
CClIl.
CCIV.
ccv.
ce VI.
CCVIl.
eevui.
CCIX.
ccx.
ecxi.
CCXII.
CCXlll.
CCXIV.
ecxv.
ccxvi.
CCXVI!.
DATES.
26 février 1679.
26-28 février 1579.
38 février 1579.
38 février 1079.
28 février 1579.
Février 1579.
a8 févi'ier 1579.
98 février-û mars i")79.
3 mars 1579.
3 mars 1579,
4 mars i57y
7 mars 1579.
8 mars 1679
8 mars 1679.
8 mars 1579,
8 mars 1379
9 mais 1679,
10 mars 1579.
13 mars 1579.
16 mars 157g-
lA mars 1579,
i4 mars 1679
i5 mars 1579.
i5 mars 1579
i(i mars 1.579.
17 mars i.')79.
1 7 mars i.'579
19 mars 1 J79
DESTINATAIRES.
A MM. les lieutenant, échevins, etc., de Bayonne
A M. le maréchal de Damville
Aux consuls et habitants de Beaucaire
A M. le maréchal de Damville
A M. d'Abain
A M'°' la duchesse d'Lzès
A M. le maréchal de Damville
Au Roi
A M°' la duchesse d'Uïès
A M"'" la maréchale de Damville
A M. de Montberault
A M. le maréchal de Damville
A M. le duc de Nemours
Au duc de Mantoue
A M. le duc de Ferrare
A M"" la duchesse de Nemours
Au Roi catholique des Espagnes
Au Roi
A M. le comte du Lude
A M. de Bellièvre
A M"' la duchesse de Nemours
A la même
Au Roi
A M. d'Ussac
Au Roi Catholique
Au Roi
A M. le maréchal de Damville
Au même
PAGES.
280
281
283
283
384
384
985
385
392
392
293
294
294
agD
395
296
5oo
996
5o3
3oo
3oo
3oo
3oi
3o4
3o5
3o5
3oC
307
TABLE CHRONOLOGIQUE.
515
.NUMEROS
D-OBDnB.
CGXVIU.
CCXIX.
(X\X.
CCXXI.
ccxxn.
CCXXllI.
CCXXIV.
CCXXV.
CCXXVI.
CCXXVII.
CCXXVIU.
CCXXIX.
CCXXX.
CCXXXL
CCXXXII.
CCXXXIIL
CCXXXIV.
ccxxxv.
CCXXXVL
ccxxxvn.
CCXXXVIIL
CCXXXIX.
CCXL.
CCXLL
CCXLU.
CCXLIIL
CCXLIV.
CCXLV.
DATES.
■>o mars loyg.
ai mars iSyg.
aa mars i .')7<j.
23 mars i ^>']<j.
a'i mars 1579.
Mars 1079.
3/1 mars i57g.
25 mai's 1579.
37 mars 1.179.
27 mars 1 579.
.3i mars 1Ô79.
Mars 1679.
.'{1 mars 1579.
■i avril 1.579.
5 avril 1079.
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(1 avril i.">79.
(i avril 1079.
6 avril 1 579.
7 avril 1579.
1 1 avril ir)79.
I 2 avril 1579.
I 3 avril 1 .")79.
1 3 avril 1 .579.
12 avril 1 r)79.
i/i avril 1 .">79.
1 4 avril 1.579.
DESTINATAIIiE.S.
Au Rci
A M. de Montberaiill
.\ M. le inari'chal dp Dainvillc
A M. il'Llssaf
\ii lioi
A M. le duc d'Anjou
Au Roi
A M. le marcflial île Damville
Au lioi
\ la lîi'ine Catholique
\u Roi Calholii|ue
Ail Roi
A M"" la duchesse d'Lizès
A M. de Bellièvre
A M. lo inaréohal de Damvilli'
Au iiième
A MM. de Sainl-Orons el d'Ussac
Au Roi
A M. de Pailhès
A M""' la duchesse de Nemours
A MM. les députés du diocèse de Gévaudan el de Meiide.
Au Roi
A M. Il' maréchal di- Damville
ka Roi
Au même
A M. le diic de Nevers
A M"" la duchesse d'Uzès
Au Roi
I' \C,KS.
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33 3
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338
33 1
33 1
332
333
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336
337
337
338
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516
'ABLE GHRONOLOr.lQUE.
ni;. M KliOS
D OtlIlllK.
DATE. s.
llKSTINATAlRIiS.
PAGKS.
i,C\LVI.
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CCM.IX.
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CCI.VI.
CCLMI.
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CC\.\U.
CCI, Mil.
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CCIAV.
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' CCLWIll.
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A M la (llicllr>si. .rUzi'S
A M. Ii> mari'rlial ili> Oamvillr ,
Au Uni
A M. la mar.Mli,il ila Damvilli
A M. Slniz/i
Au l!oi
A M. lia l.auauai-
Au lîiii
\ M il'l ssar
A M. lia Miinlliniu
Au Riii
A AI lia 1 aiiailai-
Au lloi
\ M la (l,irll,ssa ll"l /as
\ M. lia I.auailaa
\ii Uni
A M' la marviliala il- Damvilla
Au Uni
Au liui
\ \I"" la illiillassa (ITzàs
\u lllll
Au liai
'\il IllOllia
TABLE CHROiNOl.OGlQUE.
517
M mi; nos
ccLxxn.
CCLXXV.
CCLWVI.
CCLXXVII.
CCLXXVllI.
CCLXXIX.
CCLXXX.
i)ATi;s.
2-'i mal la^i).
■iS mai 1 '>-]().
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Mai lô-ji).
r' juin ir>7(,.
•j juin ir)7(|.
•' juin 1 r)ïi(.
Di;.STI\ ATAIIIKS.
A .M.d'KIbenm.
Au lic.i
An inc'Mji'
A M"" la ilurlii'^sc iTlzos. . . .
An li.il
A M. Ii> clnc rli' Ni'mours . . .
A M. le duc lio iXovcrs
l'ACJES.
;t74
37r,
:is3
rt
TABLE DES PEUSONÎSES
A QUI SONT ADRESSÉES LES LKTTHES DE CATHEIUNE DE MÉDIGIS.
AiiUN (M. 1)'), I. H, 0, H, ICI, a6,
38, ]()(), ai(), a8'i.
ANGLETERRE (La reiiie d'), .'fo, -Sa,
30, 113.
Anjoi (Le duc d'), 37a, ^if).
Anuf.. rpiiic d'Espagm.', 36 , .'ia3.
B
BiLTAZillT l)E ChESSIER (M.), igS.
Baïonne (Les maire et écheviiis de),
10, 'i5, lOi, aaS, a5i, aSo.
Beaicaibe (Les consuls de), a83,
Ih)H.
Bellièïre (M. de), lû, a6, 3o, 37,
39, 6a, iSg, 166, 177, 309,
910, 333, 236, 3oo, 3a6, 497.
BooRBos (Henri de), roi de Navarre,
.'lO, i3i, aa5, 5oo.
Brllart (M.), 136.
CiîsiLLAC (Le manniis de). a3/i,
a64.
CossEiL d'Ktat (,\BL du), 30«.
Cosst (.Maréclial de), la.
Cressier (M. Ballazart de), '195.
D
Damville (Maréclial de), â, 6, 39,
56. 66, 12a, 137, i36. 137,
139, i5o, i58, 161), 161, 165,
172, 179, 180, 18a, 199, 307,
330, 221, asS, 23Ù, 344, 353,
367, 264, 380, 281, a83, a85,
294, 3o6, 307, 3ia, 3i8, Safi,
327, 334, 339. 34o. :Ui.').
Damville (M™ de), 39-^ ■ -i*)'-
K
Ecosse (Lu prim-o 11'). 3i.
Kgmomt (Lo couilo I)'). 3->.
El.BENSE (M. d'), 374.
Elisabeth, reine d'Angleterre. 3o.
32, 35, lia.
Espagne (Le roi d'), 33, 34, 171,
3o5, 323, 5oo.
Espagne (La reine d'), 34 , 332.
Favas (Capitaine), aoa, ao6.
Ferrare (Le duc de), 390.
Ferrier (M. du), 3, 9.
Gevaldan et Menue (Les députés de),
333.
Grégoire Xlll, pape, 88.
H
Henri H1, i5, 18, 4o, 46, 5o, 63.
67, 80, 82, 87, 89. 96, 97. 102.
1 0 4 ,
106,
108,
109,
Il 3 ,
11.^
lit).
117.
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139,
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1 4o .
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160,
163.
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181,
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303,
3 10,
3.4,
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218,
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-.33,
226,
235,
a37.
a43.
a45
a 49,
a5a.
254,
358,
a6i ,
363
:l65.
27a,
273,
a85.
396,
3oj
3o5,
3o8,
3i3,
317.
3i8
323
338,
33a,
334,
336,
338.
339
34o,
346
348,
353,
355
36i
363,
364
365
367
.371
.375
379
38 1.
I.I.IÈRE (M.
DE r.A
), 45
ISLE (M. DE I.'), 379.
L
Laugnac (M. ue), 5oi, 5o2. 5o3.
Lmjzebte (Les habitants de), i5i.
LuDE (Le comte nu), 5o3.
M
Mantoie (Le duc de), 11, 33,
39',.
Matignon (M. de), 33, 35, igS.
Mauvissière (M. de), 5, 8, 11, 27,
a8.
Médicis (Pierre de), 116, i59.
MONTIIERAILT (M. DE ) , 393, 3ll.
MONTBRUN (M. de). 35'!.
520
TABLE DES PERSONNES.
MoNTMonE>cï (La connétable de),
^.96.
MoNTMOBENCï (Le uiaiéclial be), /i<)5.
MoNTPEXsiEK (Le duc de), i5().
.N
Mavaiike (Le roi île), .'lO, i.*)!, ;>.-j.5,
.')00.
NEMOims (Le dur de), a?i8, •Jil'i,
383.
Nemouks (La duchesse de), 9. agO,
3oo, 33 1.
NEVRns (Le duc de), 337, 3/0, 3iS3.
I'ailuès (M. de), (jo, 79, 33 1.
Panjas (M. de), a8o.
Pbilu'pe II, 33. 3i , 171. 3o."),
3a3. .5oo.
Piémont (Le prince de), 1, '1,. 31).
R
Rambolillet (M. de), 171.
s
Saim-Obens (M. de), 327.
Savoie (Le duc de), 3, 'j, 7.
Siiiozzi (M. de), 346.
SitiAiiT ( .Iilrque^), 3i.
ToscA^E (Le j;rand-diic de). 27.
Todlodse (Le sénéchal de), 58.
Tobenne (Le vicomte de), 496.
1)
UssAC (M. d'). 3o'i, 3i3, 337,
353.
UzÈs ( La duchesse n" ) , '1 , 1 oM , 384 ,
39a, 325. 337, 339, 3lin, 3(17.
3Si.
Vabgas (Juan iie), 3o.
Vksiks(M. de), iyg.
VlLLKROI (M. de), 5, 9, 497.
w
Walsixcham (M. de), 3I), 37.
TABLE DE L'APPENDICE
ET DES PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Pages.
I. Mon (le la lille de Cliarles IX. — Knvoi d'un ambassadeur extraordinaire (juin 1578) 385
II. Lettre de Henri 111 k M. de \ illeroy (2 juillet i:>78) :i8t)
m. Articles accordez à la Héolle entre la lîovne nn're du Hoy et le roy de Navarre (5 octobre iSyS) -'WS
IV. Lettre missive envoyée à tous les bailiyz et sénescliaidx (7 octobre 1578) tO'
V. Instruction envoyée à chacun des seigneurs ry-de\anl nommez pour aller faire exécuter rédicl
( 8 octobre 1 078) ■''.)•■!
\ I. Lettre missive accompagnant ladite instruction (i3 octobre 1 i>78). .• '<)•'
Vil. (]omiuission baillée au s' de Fonlenilles pour aller à Lecloure, pour l'u veoir sortir la gannson et
laire ce qui O'^t contenu en icelle instruction (i3 octobre 1078) 3()^i
VIII. (Compte de frais de xoja;;e d.' la dépulalion du l'arli'uienl di' Toulouse à la reine mère (16 octobre
.^7^) • -'«^
IX. Ordoiniance du maréchal de Biron prescrivant aux consuls d'Ageu d'cUablir un magasin de vivres eu
prévision du passage de la reine mère et de la reine de Navarre (3o septembre 1 378) 3f)7
X. Lettre du maréchal de Biron à Messieurs les consuls d'Agen (aO septembre i.'J78) 3f)8
XI. Recueilz des propos tenus par la Boyne mère du Boy à la in.blesse de (iuyonne. au mois d'octobre
1078, eu la salle de l'evesché d'Agen •*!)*<
XII. Lettre du maréchal de Bellegarde an Boi (9 septembre 1 .J78) 'loo
XIII. Lettre du président de \ illeneuve à Catherine de Médicis {3.") juillet 1 578) 'io>
XIV. Mémoire et instruction que le conirolleur Gefroneau fera entendre à la lioyiio mère du Boy et à Mon-
seigneur le duc de Montpensier, pair de France, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majest.;
en Bretaigne, de la part du s' de la Hunodaye ( 3 i octobre 1 ."178 ) 'lO''
XV. Lettre du roi de Navarre au vicomte de Turenne (octobre ou novembre 1578) ''O'i
XVI. Acte public accordé entr.^ la lloyne mère du Boy et le roy de Mavarre (-'i décembre 1578) '«>■■>
(Catherine de Médicis. — vi.
522 TABLE DE L'APPENDICE.
XVII. Coppic de la letlro du Roy escrite à la Royne, mère de Sa Majesté, envoyée par Elle à Monseigneur
le mareschal (5 décembre 1S78.) '107
XVIII. Leilre de Henri 111 au maréchal do Damville (6 décembre 1 678) 'loH
XIX. Relalion du cardinal d'Armagnac touchant l'accomodemeut qu'il a faict avec le mareschal de Damville,
pour le remettre auv bonnes grâces de Sa Majesté (décembre 1 578) '109
XX. Requête des Agenais à la reine mère pour obtenir d'être déchargés d'une imposition de 2,000 livres.
■ — Réponse de Catherine de Médicis en forme d'ordormance (29 décembre 1578) 4i3
XXI. Promesse faicte par la Royne mère du Roy au roy de Navarre, dont il a esté aultant envoyé au
Roy avec la susdicle dépesche du xvi décembre 1678 i'-^
XXII. Promesse de la Royne mère du Roy, dont en a esté envoyé aultant au Roy avec la dépesche qu'elle
luy a envoyée par Tancret, cy-après enregistrée (38 décembre 1678) 'ii.S
XXIII. Mémoire et articles dont en a esté aussi envoie aultant au Roy, avec ladicte dépesche que luy a
portée ledit Tancret "^''
XXIV. Promesse du roy de Navarre de faire remettre Florence (5 janvier 1579) '11 5
XXV. Règlement touchant la ville de Condom, envoyé au Roy avec ladicte dépesche dudit s' de Dintho\ilU'
(21-34 janvier 1579) "5
XXVI. Mémoire présenté par les chefs de la Réforme à Henri III sur les moyen; d'assurer le réiahlissement
de la paix, avec les notes de Catherine de Médicis en réponse (6 février 1579) '117
XXVII. Instructions pour le seigneur de Diniheville, allant de la part du Roy vers le roy de Kavarre et la
Royne, mère de Sa Majesté très chrestienne, et pour exécuter les commandeminlz de ladicte dame
(26 février 1079) "^''
XX\ 111. Discours de ce qui s'est passé à la conférence de Nérac, rédigé par le secrétaire du maréchal de
Damville '''' '
XXIX. Autre discours de ce qui s'est passé à la conférence de Nérac '169
XXX. Recueilz des propos tenuz par la Royne mère du Roy à la noblesse de Guyenne, en la salle de
l'évesché d'Agen, le v° de mars 1679 ''^2
XXXI. Copie de l'instruction aux geulilzhommcs députez pour l'exécution de l'édict de la conférence.
(3 mars 1579) ''•''''
XXXII. Commission de Catherine de Médicis et de Henri, roi de Navarre, à Bertrauil de Pardaillan, baron
de Lamolhe-Gondiin , et au sieur de Bourouillan (12 février 1679) bb()
XXXIII. Lettre de Henri 111 au maréchal de Danwille (6 mars 1 679) 'l'î'
XXXIV. Procès-verbal de la prestation de serment faite par les notables d'Agen, sur l'ordre et en présence
de la reine mère, portant l'exécution du dernier élit de pacification et des articles de la confé-
rence de Nérac (i3-i6 mars 1079) ''*'-
XXXV. Lettre du duc d'Anjou à la reine mère (23 mars 1079) ''S-*
XXXVI. Lettres du maréchal de Damville à Catherine de Médicis (3i octobre 1577-26 mars 1579) 'i(j4
XXXVIl Extrait des procès-verbaux des États de Languedoc, tenus à Castclnaudary du 27 avril au li mai
.579 "''
TABLE DE I/APPENDICK. ^2^^
WWIII. Li'llre de ll.'ini 111 :iiix Klals do Languedoc (OlUiiiiville. ■^'l a\nl i.")7<j) '18/1
XXXIX. Ri'gleniont l'aict pai- la liouio mire du \\w pour lo laid do Narboiinc (lô mai 1 Tj^y) '180
\L. L.'llie dii Ueuri III au niaréclial de Biron (ut mai i^t'Ç)) '^7
\LI. Inslruoliou du s' de lîanvillo. cscuyi'i- d'oscuryc de Mouseigneur, dépesclié vers la Uoyne sa uiéro.
et response de ladictc dame lioyue. mère du Roy (-..'S uiai i-">79) ''*'**
XLII. Quillanre de la somme nécessaire par quinzaine pour solder les dépenses personnelles île la reuie
pendant son voyage ' 9 '
XLlll. Remonstrances du Parlement de Toulouse au sujel de l"étal)lissomenl .le la eliamlire mi-parlie. avec
les réponses de la reine (37 moi i57g) "■•'
XLIV. Dénonces aux s" viconle de Turenne et de Duras de se faire acoompaigner pour leur querelle
,,■•-1 'lo'i
( a.1 juin ! 0711 ) •'
TABLE DES MATIERES.
A
Ab\i.\ (Louis CuAsiEiGNER d'), sicur
de la Roche -Posay, atabassadcur
de France à Rome. Catherine lui
recommande Cliarles de Lorraine
pour le cardinalat et l'abbé de
Vendôme pour le prieuré d'Au-
vergne, a. — Sa lettre au roi, n,
note. — La reine lui écrit pour
son procès, 3,6. — Sa lettre à la
reine, 6, note. — Lettres sur le
même sujet , 8 et note ; i o , 1 6. —
Lettre de la reine pour son procès,
a 6 et note. — Sur le fait de M. de
Foix. — Lettre du roi, .34, note.
— La reine lui écrit au sujet du
duclié d'Lrl)ain, 196; — lui re-
commande les allaires du cardinal
de Bourbon , 2 1 (i. — Sa lettre à la
reine ,316, note. — Elle lui re-
commande encore ses affaires, a84.
■ — Ce qu'il lui avait écrit de Rome,
38 /i, note.
Abbetille {Somme), i6i. — 967.
Abelli (Antoine), prédicateur et con-
fesseur du roi. Catlierine écrit au
Conseil d'Ktat pour lui faire payer
ce qui lui est dû, -JoS.
Agde, (Hérault), 36o, 3Ci, note,
865. — La reine y est arrivée ,871
et note.
Ages (L'évèque d"). Voir Frégosb
(Janus).
(La ville d'), 39, note; ai,
52, 55, note; 65. — Les reines
y sont arrivées, 72, note. — Leur
réception , 7 3 , note ; 7 3 , 7 5 , note ;
75, 77, 78, 87, 89, 120, 187,
i4o, i/ii, 168, 176, 179, 267,
269, 268, 980, 387, 288, 991,
293. — La reine est à Agen, 994 ,
note; 296. — La reine l'a quitté,
398, 388, 389, 396, 397, 398,
IlO-i, 4l2, 'l52.
(Les consuls d'). Lettre que le
roi de Navarre leur écrit , 78, note;
176, note; 3 10.
(La chamlire tripartie d'), 29,
note; 170, 188, 189, 196, 2i5,
219, 381, aài, sli3, nlf], 35o,
35i, 859, 378.
Agdilhommet, député de Nimes, i45.
AiGUESMORTES {Gard), 970. — La
peste y est très violente, 365.
Aiguillon (Lof -et -Garonne), 67 et
note.
AiLLT (Marguerite d'), femme de
François de Chatillon, 879, note.
AiMARGUES {Gard), 982, note; i8o,
note.
A IX {Bouches-dii-Iihviie) , 19 4.
(La cour du l'aileoienl d'),
357.
Alais (Garrf), 289, note.
Alassis (Le sieur d'). La reine le re-
commande au prince de Piémont,
36.
Albi {Tarn), 217, 95l.
Albigeois (L'), 66.
Albret (Jeanne d') , veuve d'Antoine
de Bourbon, roi de Navarre, 66,
note, i64.
. (D')i château, i48 et note.
Alenço.x (Duc d'). Voir Anjov.
(Ville d'), 99, note; 82. —
964.
\l!.t (Aude), 989, note. — 876,
note.
Aljiero Mendo^a. La reine lui sait
gré de ce dont il est convenu avec
M. de Bellièvre, 497.
Alphonse, colonel en Provence,
356.
Alphonse IIl (Dom), roi de l'orlugal,
956.
Amadon, courrier, trésorier de la com-
])agnie du maréchal de Retz, 353,
note.
Ambrelin, courrier, a6i, 988, 3i8,
898. — A passé à Langon et en
rapporte des nouvelles, 84g.
Amlrat III (Le Grand seigneur),
sultan de Constanlinople. Ce qu'il
faudrait lui proposer, 71.
Andelot (Le sieur d'). Est entre dans
le château de Beaucuire, 66, 68.
— Remplacera le sieur de Cha-
tillon pour l'exécution de l'édit au
Bas-Languedoc, 877, 879.
Angbnnes (Louis d'). — Voir Mais-
tenon.
Angers (La ville d'), 10, noie; 16,
17, 91.
526
AngoulÈhe (Hoiiri d'), grand-prieur
de l'ordre de Malte , (ils naturel de
Henri II. La reine l'a prié de se
rendre à risle-Jouidain. 107. —
Elle le recommande au roi, iiO
et note. — Il doit venir trouver
la reine, ii8, a 06. — Il est en
route et a passé par Arles, 2/16, —
par Narbonne, aSg. — Reste à
Narbonnc faute d'argent pour con-
tinuer son voyage, 379. — La
reine prie le roi de lui en donner.
3o3. • — Elle veut l'installer comme
gouverneur à Avignon, 3'i8, 870,
38o.
Anjou (François de Valois, duc d'),
/K)(i. — La reine se plaint de lui.
9. — n s'éloigne de la Cour, i o ,
note. — Elisabeth veut l'empêcher
de faire son voyage en Flandres,
12. — Sa mère charge le maréchal
de Cossé d'user de son influence,
19. — 11 lui proposera différentes
princesses de la pai-t du roi et de
sa mère, pour faire un mariage à
son gré , 12, note. — Il ira à
Bourges pour se réconcilier avec le
roi de Navarre, 16. — M. de
Bussy encourage beaucoup l'entre-
prise dès Flandres, 16. — Il est
trop impérieux et on finira par
le connaître tel qu'il est, 17. —
Est venu trouver Catherine, 17.
— II a assuré n'avoir l'ait lever
que les troupes de M. de Com-
belles, 17, — et fera encore lever
celles de la Bochepot, 18. — Il
prie la reine de voir à Bourgueil
les papiers qui concernent son
voyage en Flandres, 18. — Mais
n'a d'autre but que de quitter le
Lude , où il craint d'être investi ,
ig. — A la prière de la reine, il
veut faire quérir M. de Bussy, 19.
— Sa mère l'engage à épouser
une prmcesse d'Espagne ou la prin-
cesse de Navarre, 20. — A re-
poussé ceux qui \enaient de la paît
des Ligues, 20. — La reine lui
TABLE DES MATIERES.
démontre tous les désavantages de
l'entreprise de Flandres, 21. —
Il s'engage à ne rien faire contre
la volonté du roi et de sa mère,
22. — Sa promesse à ce sujet, 25,
note. — Ne veut pas empêcher la
reine de Navarre d'aller voir son
mari, 26. — Il consent à épouser
la reine d'Angleterre, 28, 99,
note. — Catherine de Médicis et
Elisabeth sont d'accord pour le
dissuader du voyage de Flandres,
3o. — Le roi ne lui permettra pas
de sortir de France avec des
troupes, 3i, note. — Est parti
malgré la reine, 3a. — Le roi dé-
savoue celte entreprise auprès des
cours étrangères, 34 ,nole; 35, 36.
— La reine veut cju'il se retire de
Flandres, 5o, — et qu'il ait une
entrevue avec Elisabeth, 5o. — Ce
mariage serait pour lui une bonne
raison de se retirer, 53, 54, 59.
— Le maiécbal de Biron conseille
de le secourir, 71 -g a. — Il a en-
voyé M. de Simier vers le roi,
111. — Elisabeth désire avoir une
entrevue avec lui avant le mariage,
lia. — Envoie M. de Simier en
Angleterre cl en rappelle M. de
Bussy, lia, et note. — La reine
mère lui répondra au sujet des
articles du mariage qu'il lui a en-
voyés, 11 5. — Est très bien avec
le roi, 147, i56. — La reine veut
qu'il soit satisfait de ce qu'on lui a
promis, et que chacun contribue à
augmenter la bonne harmonie
entre le roi et lui, 178. — Est
venu voir le roi, 1 gg. — Reviendra
en France, 2o3. — Sa lettre à
Elisabeth, 2o3, note; 208, a 10,
note; ai8, 226, 227, note. —
Son mariage, aag. — Sa lettre de
justillcalion que la reine désire voir
brûlée secrètement, a36 et note.
— Est revenu et arrivé à la Fère,
aSa, 353. — Est à Alençonoù le
sieur de la Chapelle des Ursins va
le complimenter de la part du roi,
264 , a65. — Sa mère lui donne
des conseils au sujet de son voyage
en Angleterre, 272. — L'instruc-
tion qu'il remet au sieur de Pa-
terne en l'envoyant à la reine mère
et au roi, 374, note; 374, 275.
— La reine veut le rencontrer à
Moulins, 276. — Il faut que le
roi et la reine aient quelqu'un de
dévoué auprès de lui pour déjouer
toutes les intrigues, 176, 288,
298, note; 3oo. — La reine craint
toujours la folle jeunesse de ceux
qui l'entourent, 3o3. ' — Elle a
chargé l'abbé de Gadaigne de rester
près de lui , 3o4. — Lui écrit pour
l'engager à aller en Angleterre
avec une petite suite, 3i5. —
Lettre d'Elisabeth, 3i6, note. —
Est venu à Paris, 3i8, Sig, 3a o,
323, 334, 325, 33o. — M. de
Laflin a apporté sa lettre à la reine,
33o. — La reine mère lui donne
son aris sur le train qu'il doit avoir
pour aller eu Angleterre, 339. —
Prie le roi de l'aider, 333, 335,
337, 338, 33g. — La reine trouve
qu'il doit se presser d'aller en An-
gleterre, 34a. — D'autant que le
mariage pourrait devenir impos-
sible, 348. — La reine est très
heureuse de sa conduite, 067. —
A envoyé le sieur de Banville vers
sa mère avec une instruction et
un mémoire au sujet de son ma-
riage, 374, 383, 498 — Sa lettre
à la reine mère du aa mars 157g,
463. — Ses enrôlements pour les
Pays-Bas, 468 et note 4. — In-
struction qu'il donne au sieur de
Banville en l'envoyant vers la reine
mère, 488-48g.
AsNE d'Autiuche, grande-duchesse de
Toscane. La reine a appris sa mort
avec regret, 27.
AsTONio (Dom), prisonnier eu Afrique.
Catherine demande au roi de tâ-
cher de le faire délivrer, ai 5.
TABLE DES MATIERES.
;^)>l
ApBEMOM (Lo marquis d'). La reine
veut lui écrire an sujiH do Saluées,
368.
Abcbbs (Jean-Jacques de Mbsmes cl
des), président au parlement ilo
Provence, 3o3. — Doit se trouver
à Bcaucaire pour rencontrer la
reine, 877 et noie.
Abi.es (La ville d'), 336, 871,
3So.
(Les consuls d'), 91.
ABMiGMAC (Le comte d'), tgi.
A BMAGNAC (Georges, cardinal u'), yi.
95, note. — La reine envoie sa
lettre au roi, 160, ai5, 217. —
Son intervention pour réconcilier
lo maréchal de Uamvillc avec la
reine, 221, 223, note; 246,
a88, 3o3. — Catlicrine prie le
maréchal do Damville de lui l'aire
tenir sa dépêche, 3 18, 336. —
Ne va plus qu'en litière, 339, "^'''^-
— La reine a reçu sa dépikhe,
356,357. — U remplace momen-
tanément le comte de Suze comme
gouverneur de Provence, 871,
note. — La reine l'a prié de se
trouver à Beaucaire, 877, 38o.
— Sa relation louchant l'accom-
modenu'iil ([u'il a l'ait avec le ma-
réchal de Dannillo, iog-'iia.
AnsAULD (Pierre), lieutenant de Pc-
rigord. X présenté une requête à la
reine , qui le rcconunandc au roi ,43.
Abques (Le sieur d'), 3i8. — • Était
venu de la part du roi vers la reine
mère, 3 18. — Est allé trouver
le roi et la reine de Navarre, 820.
— Etait porteur d'une lollro de la
duchesse d'IIzos à la reine, 325.
— Va repartir, 33 1, 334. — Est
persoime de confiance, 335. —
Chargé de rapporter beaucoup de
particularités au roi, 33c). —
Discret et capahlo, 389, 34o, 84i.
Arvebt (Charentc-Infé-iettre), 4 29 fi
note.
AsTAFFOBT (Lot-ct - Çaioiuie), 844,
34g, 85o.
AsTABAC (Le comte d'), 459 et note.
Ami (Anne d'), fillo d'honneur de
Catherine, 127, note
AuBAis (Le château d'), 364, note.
— La reine y couche, 879 et note.
Aobespisf. (Sébastien ot l'), secré-
taire des finances du roi. Est en-
voyé à M. d'Ahain, 28. — Est
charge de raconter beaucoup de dé-
tails au roi, 34 1, 347, 348 el noie;
35 1, 858, 871.
AuBBspiNE (Le sieur de l'), le jeune.
Sera chargé de raconter beaucoup
do choses au roi, 3 '11, 347, 348
et note; 85i, 353 ,871.
At'BiET (Gers), 180 note.
Aiiou (la ville), 83, note; 108, noie;
iig,note; 120, 122, 137, noie;
i3o, note; i44 , 149.
AucuY (Le marquis n'). Il faudra le
détourner do son voyage vers le
roi . 111.
Audoux (Lo sieur d'). Adversaire do
[•"ournier, 878.
Ai'GER. Voir Uksiow Aiger.
Auguste, électeur de Saxe. Il n'y au-
rait pas grand avantage dans lal-
liance du duc d'Anjou avec sa fille,
1 a , note. — Il a manqué d'égards
envers le président Fiuné, i3,
note. — A une haine niorlelle contre
les Français, 18, noie; v.'.i.
Ai.TEBivE (Huute-Garomii:), 330.
Auvergne (Comté »'), 196.
Avignon (la ville d'), 90, i48, note;
223, note; 296, 336, 348.
(Los consuls d'), 91.
AïMERï, capitaine, 17.
B
Bagou ou Bacon , capitaine protestant.
Ses oppressions et pillages, 129 et
note; i3o. — Se tient tranquille
et demande pardon, 149, 160. —
S'est remis en campagne avec Chà-
tillon et Eournier, 178 et note;
244, a5i, 271, 277. — Il est le
seul homme de bien qu'ait vu Ca-
therine; jugez comment sont les
autres! — Est le fiéan des gens de
Béziers, 365. — La reine lui en-
voie une leltre et tâche de le pren-
dre sans employer la force, 366.
— Elle songe à le payer pour qu'il
se tienne Iranqiiillo, 866. — M. de
la Roche et un conseiller de Béziers
ont eu une entrevue avec lui, 368.
— Il se montre plus raisonnable
qu'on ne croyait ,369. — .\ licencié
ses soldais et rendu quatre villes,
36g. — A donné un bon exemple
par son obéissance ,.870, 878, 478,
477.
Bagnols {Hérault), 282, note.
Baillet, président de la Chambre de
Languedoc. Est arrivé à Porl-Sainte-
Marie, 933, 242,802. — La reine
l'a renvoyé, 357.
Bajahmont (Le s' de Dubfobt, baron
de), sénéchal d'Agenois. Vient avec
vingt -cinq gentilshommes pour
l'aire quelques remontrances à la
reine, qui les accueille très bien
sans leur laisser le temps de parler,
6g. — Recommandations du maré-
chal do Biron, 78, 76. — Accom-
pagnera le roi de Navarre, 78 , a 1 5.
— Doit remettre l'ordre en Condoni,
220, 280, a4i. — Est revenu de
Condoni , où il a bien arrangi- les
all'aires, 242. — La reine le prie
d'y retourner encore, a59, 29g,
,■)(,.,. — A très bien étabh l'édit à
Puymirol, 3o5, 829, 345, 34g.
— A écrit .4 la reine ce qui s'est
passé à Castillonnès, 364.
Balagnï (Le s' de), Jean de Monluc ,
fils de l'ovéque de Valence. Recom-
528
mnmlé ,'i lii ii'iiii' mère p;ir 1<' inn-
ri'chal lie Daiiiville, 468 et noio.
lîinr,LC-LES-B.uss (Uétniill). 'i-ii.) et
Ilote.
f!t\viLLE (Lesieur r>K ), éiiivi'i- d'écurie
.lu lîiic irAiijdu, ;i7i, niile. — Est
arrivé i\c h\ pnri du duc d'Aujou,
37^1 et niile; 3-o. — Dépêché à la
rciiie niiMc avrr une iuslruitiou, ou
mai 1 579, /18K.
liiPTisTE (Jelian), courrier, G7.
BinANNAi (Jean de Monlezuu, sieur
de), sénéchal et {jouveruonr d'Ar-
magnac, l'iS, i5A, uole 1. —
('atheriue demande pour lui ime
ahbave, i56, lio') et note.
Cvudis (Alexandre df,), évéque de
Sainl-l'aponl. Préside les Etats de
Lan<;uedoc, 867, note; 857.
Baiiri (Le sieur de), capilaine de
Leucate, ^yj.
Bjiinii:nEs ( I.on.:a des), flo5. 281.
Baiitas (.Salliiste du), aig, note.
Baute (La) , courrier, 77.
BiRTiER, procureur à Toulouse, 9/12.
Bassickac, protestant. Piisonnier, i58.
BATAll^AY (Marie de). Voir Joyeuse
( Vicomtesse de ).
lÎACDONNET, lieutenant de l'arahèrc.
Est enjri' dans le rliàleau de Boau-
caire, 'lA, /j."). — Fait Popiniàlre,
.■)7 el note; G7, note; 98, note;
m 8. — Le Boi l'a prévenu f|u'il
ne veut point que la place soit re-
mise au sieur de Chàlillou, shh.
uole; tî79, 988, note; lioi, 'i7'4.
Bat (Le sieur de). Est envoyé au par-
lement de Bordeaux avec une lettre
de la reine, 8o().
linLEis (Berirand de). Voir Poïanne.
Il vio\_\E (\illcde),42 , 45, 1 i(i, 1 56,
161. 193, 381, 288, 989, 399.
(Les maire et échevius de).
Lettre (pie la reine leur écrit, 10.
— Becommandalions do la reine,
45. — Réponse au sujet du Bou-
cault, 161, 9i5. — Leitre de Ca-
therine leur disant d'èlre sur leurs
gardes contre les proleslanls, 995.
TABLE DES MATIERES.
— Seconde lettre dans le même
but, 301. — La reine leur annonce
qu'il sera pourvu ;i l'argent néces-
saire pour le Boiicaull , ti8i.
Bazadois (Le), 33o.
Bazas (Gironde), 78 , 1 86, nole;909 ,
note; 283, noie; 802, 3o5,3o8.
BAzonnAx (Le sieur de), beau-frère de
Paul de la Barllie. s' de Termes et
de Giscaio. (lalherine prie le roi
de taire vi'rilier sa pension, 973.
Beaucaibe (Le sénéchal de). Porteur
de mauvaises nouvelles, lAg.
(La ville de), 7, noie; 99,
noie. — Le lieulenant Baiidonnel
s'est retiré dans le cliàteaii, 44. —
(jhàlillon lui vient eu aide, 44, 47.
4S, 53. 57. — M. d'AndeloI v
esl eniré, 66, 67, note: 68, 90,
91 cl noie; 98 et uole; 101, io4,
190, i84. 187, i38. 189, 147,
149, i56, 160, 173, 178, 180,
908, 918, 99 1, 999, uole; 398,
94 4, 345, 946, a5o, 357, 958.
— Le château est rendu au roi,
362, 268, 36'i, 379, 378, noie;
9S9, 288 et noie; 8-6, 854,
364 , note; 365, 869, 877. — La
reine v est arrivée, 38 1 , 4oo , 4 1 o ,
488, 46i, 460. '170, 473.
(Les consuls de), 18". —
Lettre de la reine <pii leur promet
de les di'domiiiager des dégàls oc-
casionnés par la surprise du châ-
teau, 388. — Aulre lellro, 498.
Beuffiiemont (Claude de), évikjue
lie Troyes, 98,
Bea1-MOnt-de-Lomac,>e ( Tarn-et-(îa-
ruiine). La reine s'y est arrêtée,
838, 38o, 33i, noie.
l'iEAiNE (Renaud de), évéque de
Mende, 13, noie; 18. — Est pré-
senta l'enlrevue de Bourgueil, 91,
39 , 119, note.
Beaupet (Le sieur de), est en\oyé à
Condom , ii|4. — Les nouvelles
(pi'il en rapporte, 91 5.
BEAir.EGAiiD. guidon de la compagnie
du maiéchal de Bil'on. Est euvové
à la Béole pour faire rendre la
ville aux protestants, 137, i38. —
Rapporte des nouvelles de la Réole
à la reine, i43, i48, i85. —
Revient de la Réole, 219.
courrier.
Beaubon (Le sieur de), 187.
Beauvais, courrier, i56.
(La ville de), 248, 267.
Beauïais La Nocle. Voir J. de La FiiiiE.
BE^rvAIs-^'A^GIS ( Le sieur de) . colonel
du régiment des gardes. Est envoyé
comme amhassadeur exiraordinaire
en Porlugal, 117 et note. — A été
désigui' par le roi pour aller com-
plimenter le roi de Portugal, eSô,
998. — Est long à venir, 3o4. —
Esl arrivé à Agen, promet de se-
conder l'eiêque de (ioiuininges,
qui ilereiidrn les droits de la reine
;i Lisbonne, 890. — Porteur d'une
li'llre et de nouvelles jionr la reine
d'Espagne, 89a.
Bécoles (Antoine de), ca|)ilaine ra-
Iholique, 17, noie. — Esl eiivo\é
vers la reine par le roi de Navarre
pour demander justice de l'assas-
sinat du capilaine La Salle du
Ciron, >à Laugon, 189, note. —
La reine prie le roi de Mavaire de
l'envmer à Laugon pour réialilir la
[jaix, 189, 1 90 , 1 93.
Bei.i.euakde (Le maréchal de). Au
sujet de Saluées , 5 , noie ; 67. note.
— Il a c'cril à la reine, 187, 188,
808, noie. — La reine lui a donné
ordre de veuir la voir en Provence
on en Dauphiné, 363. — A assiégé
.Saluces, 363. — Calheriiie alleiid
sa réponse, 868. — Sa lettre au roi
du 9 septembre 1078, 4oo et note.
Beeleville, soldat de Favas, i43.
Bellièvue (Pomponne de), conseiller
au conseil privé du roi. Catherine
le prie d'iiilercéder pour les pauvres
habilanls de Chartres, qui ne peu-
vent supporter la laxe trop élevée,
I 4 et note. — La reine le presse
pour les alVaires de la reine de Na-
TABLE DES MATIERES.
529
varro, -16. — Kllc lui l'crit |ioui'
i'arffciit (]('Sliii(i aux troupes, 3o.
— Est envoyé par le roi aux Pays-
Bas, 3a et note. — Lettre de la
reine, 87. — Klle le reinereie de
ses nouvelles, 3g, 'i3, 5'i. —
Lettre que Catherine lui écrit , 63 ,
93, note; i53. — La reine lui
rcconuuande de lournir l'argent
promis, et est satisfaite de ce qu'il
ira aux Etats de iNonnaudie, lâg,
1 60. — Elle s'informe auprès de lui
de ce qui a clé fait pour le lils du
sieur d'Escars , 1 66. — A vérifié un
faux édil aux États de Normandie,
174. — Il reçoit une lettre de la
reine au sujet des Etals de Nor-
mandie et autres alTfiires d'argent,
178, lyy. — Elle lui demande
des lettres patentes pour faciliter
la vente des blés et vins en Dau-
pliiné et Languedoc, aog. — El
de tenir la main au payement de
la pension du marquis de Conli,
310. — Lui recommande le comte
d'Escars et son fils, aïo, 213. —
Nouvelle lettre de la reine, a33.
— Elle apprécie beaucoup ses ser-
vices, 337, a48, note, 266. — Elle
lui demande des nouvelles de sa
visite au duc d'Anjou, 3oo, 3o3,
3o4, 3ii. — Catherine lui re-
commande M. de Vergeunes, 3a6.
— Lettre de la reine en réponse à
des nouvelles qu'il a envoyées,
497. — UneaulrequeM. l'inart y
a ajoutée, /197, note.
(Jean de). — Voir Hacte-
FORT.
BÉBAT (Georges), huissier de la reine
mère, a44, 248, a4g, note; 3oo,
3i3, 363, 365, note; 369, note;
BÉHAUD (Michel), ministre protestant
à Béziers, député. Est présent à
la conférence, i5o, a56. — Ca-
therine ie trouve bien désagréable,
aSg. — Est fort mal reçu par la
reine, quand il se permet di! faire
CAlHEniSE DE MtBICIS. 1
une ri'(piète verbale, 340, note;
4'i'i.
Rkhe, ou liEnnK, capitaine des galères
du Roi, envoyé comme solliciteur
par la duchesse d'Uzès, p. 38 1.
Bebcerac (Da)(/(n'ne), lOg.
(Les consuls de), 8."), note.
(MM. do l'église reformée de),
8.5, note.
Bkrnï, secrétaire, a.
Besouce {G(ird), 34.J et note; aCg.
Bez (Gard), 382, note.
Béziers (L'évèqiie de). Voir Bonzi
(Thomas de).
(La ville de), 81,83,91, ia8,
17a, 173. — La reine y (lasse,
364, note; 365, 369.
Ru.NCA Capello. Sa liaison avec Kraii-
çois de Médicis, 37, note.
Bigot (Le .sieur), a42.
BiRAoïiK (Charles de). Est assiégé
(hms Salures par le maréchal de
Bellegarde, 363.
(René, cardinal de), 3i. —
La reine lui a donné l'abbaye de
Tbouars, 171.
Binoîv (Armand DE Gostait, baron de),
maréchal de France. Arrive à Bor-
deaux pour la réception de Cathe-
rine, 39, note. — Donne son avis
sur les allaires, 4o. — Le roi de
Navarre est mécontent de lui, 48.
— La reine désire les réconcilier,
5o. — Elle le loue beaucoup, 5i.
— Le roi de Navarre ne veut pas
qu'il vienne à la Réole, 5i. —
Doit se trouver à Sainte-Bazeille,
56. — ■ Sa rencontre avec le roi de
Navarre, 64. — Catherine lui
montre une grande confiaïuc, 70.
— Les conseils qu'il donne, 71,
72. — Sa lettre au consul d'.Agcn,
73, note; 74, 76, 77, 78, So,
81. — Catherine prie le roi de lui
écrire pour l'exécution de l'édit,
86, 87, note. — Il va voir sa
femme qui est malade, 88. — Ce
qu'il a écrit au roi de Lectoure,
89. — 11 faut que le roi lui envoie
de l'argent, gS, 100, 101, loa.
— Devra, aussitôt après la confé-
rence de l'Isle-Jourdaiu, partir pour
faire exécuter l'édil en Guyenne,
ii4, 12 3. — Dit (pi'il sera facile
de forcer la Héole à obéir, 138. —
A écrit aux consuls d'Audi pour la
réception des reines, i3o, note. —
Partira pour la Réole, i3l, i33.
— llsuflira de peu de choses poury
mettre bon ordre, i34, i35, i3 6,
187, i4o. — Doit se dépécher
d'aller à la Réole, i4i. — Il aura
beaucoup de peine à y réussir,
i43, i45, i46. — Catherine a
confiance en lui, 149. — Elle lui
a donné bon espoir, lôo, i53,
lO.'i. — Dillicullés, i04, 174. —
A reçu à Marmaiide de cinquante à
soixante gentilshommes des envi-
rons de la Garonne, i84. — La
reine dit avoir reçu deux de ses
lettres, i85. — Est venu près de
la reine, 187. — A envoyé un
mémoire sur les désordres dans les
environs de la Réole, ig3, 190. —
Après bien des diflicultés, il a été
décidé qu'on en finirait avec la
Réole, 198, aoi, 3o3, 3o5, ao7,
a 08, 217, a 19, a3o, 333. — Est
revenu de la Réole, 337. — A eu
une vive discussion avec le roi de
Navarre à propos des munitions,
388, — et au sujet de Sainte-Ba-
zeiilc, 379. — La reine le trouve
étrange, a'io. — Pour le contenter
le roi devra lui écrire une bonne
lettre , et lui recommander de veiller
à la siirelé de la reine, a4o, a4i.
— Catherine, le roi de Navarre et
sa femme le prient de venir à Né-
rac, a5g, a6o, a68. — Ira à Port-
Sainte-Marie, 370 , 37g. — Asigné
les articles de Nérac, 38a, note;
a 86. — A dîné avec le roi de Na-
varre, 387. — Est fort dépensier
et se plaint du peu d'argent qu'il
reçoit, a 88. — Ira avec le vicomte
de Turenne pour faire exécuter
lUI'ItlUinrC KATIO^ALE.
530
l'édit, 2S9. — Fait des difficullcs
pour partir, 297, 398. — Est venu
faire ses excuses à la reine , et par-
tira enfin, 399, 3o2. — Il restera
en Guyenne après le départ de la
reine ; elle insiste pour que le roi le
gratifie de quelque argent, 3o3,
3o6, 3o8, 309, 3io, 3 12, 3 1/1.
— A demandé à la reine si le roi
de Navarre peut librement enircr
dans les villes, 817, 819, 39 1.
322, 327, 33o, 334. — Il vaut
mieux qu'il reste seul, dans ces
pays, sans le roi de Navarre, 335.
— Mais il prie la reine de lui
laisser le sieur de Pibrac, 33.^. —
Elle s'étonne de son changement
d'humeur, 335, 3/ii, 367, 349,
note. — Le roi de Navarre lui a
promis une bonne amitié, 35o,
35 1, 353. — Ira à Langon avec de
l'artillerie, 356, 355, 356, 307,
358. — Fera démanteler Langon
et Fronsac, 862. — Doit lairc
justice, 364, 365, 867, 878. —
La reine envoie sa lettre au roi,
878, 389, 5oi, 5o2. — Son or-
domiance concernant les vivres pour
le passage de la reine mère, 897.
— Sa lettre aux consuls d'Agen,
duao septembre 1578, 898, 4o8,
439. — Réponse qu'il fait à Agcn
au discours de la reine mère, 453.
— Lettre que lui écrit Henri 111,
487.
(Jeanne d'Ornezas, femme du
maréchal de). Est malade, 88.
(Fils du maréchal de), gentil-
homme de la chambre du roi, 95.
(La seigneurie de), 88, note.
Blaïe (GiVonrfe), 89, noie.
Bois (Le), capitaine, i42, i43.
Bois-JoDRDAiN (L'abbé de), protono-
taire à Auch. Son entretien avec la
reine mère, i53. — Voudrait
qu'on recommençât la guerre contre
les prolestants, i54.
BoissEcciN (Jean Jaï, sieur de), gou-
verneur de Poitiers. Les circu-
TABLE DES MATIERES.
laires que la reine mère envoyé à
M. du Lude lui sont communes,
5o4.
Boszi (Thomas de), évèquc de Bé-
ziers. Porte les condoléances de Ca-
therine au grand-duc de Toscane ,
27 et note ; 128.
BonDEADX (L'archevêque de). La reine
mère le prie de renvoyer un cor-
(lelier qui avait tenu des propos
injurieux en chaire, 43. — Voir
Sansac.
(La ville de). Réception des
reines, 89, note. — Détails sur le
séjour de la reine, 4o, 46, 49,
78, 81, 82, 108, 109, 116, 131,
i48, 159, 178, 174, i85, 189,
J92, 201, ai8, 225, 280, 387,
a4o, 242, 267, 288, 3i3.
(Lacourdu Parlement de), 42,
178, 188, 194, 219, 281, 24l,
242, 247, 288, 3o5. — La reino
lui a écrit au sujet d'un procùs
concernant une exécution arbi-
traire, 3o6, 3o8,3i5,354,355.
Bordelais (Le), 821, 83o.
BoBN (Le sieur de), 82, 282.
BoROLBAN- (Le sieur de), gouverneur
d'Armagnac. Lettre que lui écrit le
roi de Navarre, 1 10, note. — Com-
mission donnée par la reine mère
pour l'exécution de la paix, 469
et noie.
BocCHART (Le sieur de), délégué du
prince de Condé. Est arrivé avec
mie lettre et instruction du roi de
Navarre ; il est aigre et plein de
défiance, 169. — Prend part à la
conférence, 25o, 255, 356. —
N'est pas bien renseigné sur ce
que veulent les autres députés,
269. — A signé les articles de
Nérac, 282, note. — se plaint
des gentilshommes que rassemble
le comte du Lude à Saint-Jean
d'Angély, 5o4, note.
(René), porto-manteau de la
reine mère, 80, note; 84, note;
Sa, i46, 167, 287, note.
BouiHON (Françoise de Brézé, du-
chesse de), mère de la maréchale
de Damville, sa mort; deuil rigou-
reux de sa fille, 862 et note.
Boulogne (Mathilde de), femme ré-
pudiée d'Alphonse 111, roi de Por-
tugal. Catherine, comme son ar-
rièro-pelite-fiUe, prétend au trône
de Portugal, 366, note.
(La iillede), i65.
Bourbon (Le cardinal de). Donne son
avis à la reine, 4o. — Assiste à
l'entrevue de la reine avec le roi
de Navarre, 47, 48, 49, 5o, 53.
— Catherine prie le roi de lui
écrire, 55, note; 56, 64, 73 et
note; 7Û, 81, 86, 90, 96, note.
— Le roi veut savoir son avis sur
le fait du clergé, 128, i3a. — La
reine le loue, i34, 189, i43,
i44, 188, 186, 316, 2a3, 334,
a46, a5o, 254. — A pris feu
quand M. de la Place a attaqué les
catholiques de Rouen et a très bien
répondu, 256, 957, 968, 2G9,
977, 359.
(François de), prince dauphin,
assiste à une entrevue entre la
reine et Monseigneur, 2 1, 5o, 52 ,
87, note; 90. — Catherine prie le
roi de le complimenter sur le bon
service qu'il fait, lai, laS. —
Accompagnera le duc de Montpen-
sier en Bretagne, i25, 126, j34.
189, i44. • — Se rendra à Lau-
zerte, i5o, i5i, i53, note;
i53, i55, 157. — Donnera des
nouvelles de Lauzerte, 168. —
La reine envoie sa lettre au roi,
166, 195, 246, 25o, 254, 268,
369.
(Charles de), évèque de Com-
niinges. La reine voudrait l'envoyer
en Portugal, 3i4 et note. — Elle
le préfère pour défendre ses droits à
M. de Beauvais-Nangis, 255, a56.
— Elle songe à l'y envoyer, 3o4.
— La charge qu'elle lui a donnée ,
890.
TABLE DES MATIERES.
531
• (Catlioriiio de), |iiiiicesso de
Xaïarre. Seiail une alliance sor-
lable pour le duc d'Anjou, i4,
note; ao. — Sa lettre aux consuls
(le Laplumc ,119, note ; 1 30 , note ;
.'<;îi. — Est restée avec son Irére
le roi de Navarre à Mazèrcs, 3/io.
(Henri de). Voir Condé.
BoDnBON-VE>DOME ( l.ouis de). Voir
MOKTPESSIEK.
Bourdeille (André de), sénéchal et
gouverneur du Périgord, 85, note.
— La reine envoie au roi sa lettre
sur les affaires de Périgueux, 178.
— La reine veut l'envoyer pour le
roi en Périgord et Limousin , 3 1 o ,
3iû, 39/1, 33o, 338, 389, 393
et note.
Bourges (La ville de), 16.
BoiiRGOGKE (Les Etats de), 167, 301.
BoBHGUEiL (Indre-et-Loire) ,10, note ;
1:'., note; 18, note; ai, note; ai,
33.
BnEONEU, gentilhomme du roi de Na-
varre, blessé d'un coup d'arque-
buse, 1Û3.
Bretagne (Les Étals de), lao, 125,
laG, i55, 159, 177, 301.
Bbézé (Françoise de). Voir Bodillon
(Duchesse de).
Bbiatexte (Tant), a8a, note.
Brive {Om-èze), 333.
BnOQClEZ (COMBRET, s' De), 110,
3o5, 3i4, 389, note.
Bbugairolles {Aude), i3o, note;
372, note.
Bbulabt (Pierre), secrétaire d'Élal.
Lettre que la reine lui écrit au
sujet des Etats de Bretagne, laU,
i5(5, 209, 2?i8.
Bm ssMiCk (La duchesse de). Ses in-
trigues en Espagne, 318.
BuRTB (Le s' de la). Envoyé par le
ici de Navarre à la reine mère,
Bussv d'Amboise. Juge l'entreprise de
h'iandrcs très à propos, 16, note.
— Est très bien avec M. Laverdin,
16. — II se montre très intéressé
en affaires, sans faire grande dé-
pense, 17. — Est allé à Angers,
probablement pour éviter Cathe-
rine, 17. — 11 n'y a que lui pom'
s'o|)iniàtrer dans l'entreprise de
l'Iandres : la reine aimerait le voir,
18,19. — Le duc d'Anjou excuse
son absence, le dit malade, 21,
24. — Il est rappelé d'Angleterre
par le duc d'Anjou , 1 1 a , note ;
a36 , note. ''
c
Cadiilac (Gironde), 43, 46, note.
Cahors (L'évèque de). Voir Ebrard
(Antoine).
(La ville de), 78, 3oa.
Caildavel (Aude), Sa, note.
Calais (La ville de), 9.
Caligjon (SaffreyDE), conseiller, dé-
puté de Dauphiné. La reine le
loue beaucoup : il a ouvert le che-
min de la conférence, 181. —
Après avoir reçu des instructions
du roi, il devra retourner en Dau-
phiné, 182, i83, 368.
Callavï, conseiller de la Chambre
tripartie de Toulouse, a43.
Camiran , conseiller, 187, 191, 198.
Candallk (François de Fou de), 20.
— Le château de Langon doit être
remis entre ses mains, igo, note;
201. — Guitry va à Langon pour
lui faire remettre le château ,919,
290, 943, 3i3. — Le château
lui est rendu, 862.
(M°" DE Foix de), 190, noie.
Caniluc (Le marquis de), gouver-
neur de Haute-Auvergne. La reine
veut lui écrire, 78, 79. — Une
petite lettre de la reine, qui lui
avait écrit deux jours plus tôt, 234.
— (jalherine le prie d'être sur ses
gardes dans son gouvei-noment,
904. — Recevra une lettre du roi,
334, 390, note.
Cai'TAn (Le s' de). Lettre qu'il écrit
aux consuls de Laplume, i30,
note.
Carcassonne (La ville de), 160, a58,
994, 999, 337, 330, 34o. — La
reine y est arrivée, 359.
(La seigneurie de), 00.
Carces (Jean de Postevès, comte de),
lieutenant en Provence , 1 1 4 , 1 a 4 ,
1 48. — La reine attend sa. ré-
ponse, i56, i65, ao6, 21 5,
217, a32, a79, 348, 877. —
Promet d'obéir à la reine, 38o.
— Doit rendre Saint -Pol et le
Puv, 38i, 382.
(La comtesse de). A l'inten-
lion d'aller trouver la reine, 38o.
— L'a rencontrée à Beaucaire,
38o. — Retourne en Provence,
38a.
Carcistes( Les), partisans du comte de
Carces en Provence, 871, note. —
Beaucoup d'entre eux sont à Arles,
880, 38i.
Cardaillac (Corboran de). Voir Sar-
LIBOS.
Carmain, château dans le pays de
Foix, 890, note.
Cabmin ou Cabmain (Le s' de). Ira
pour le roi et pour le roi de Na-
varre en Lauraguais faire exécuter
l'édit , 66.
Carrouges (Le s' de), 18, 91.
Casimir (Jean-) de Bavière. La reine
veut qu'on l'empêche d'entrer en
France, 38. — Elle craint qu'il
ne vienne y passer l'hiver, 8g,
43, 09. — Ses mauvaises iotcii-
lions, 54, 71, 78, 83, note; 83.
67.
532
Le roi fie Navarre prétend ne pas
être en relation avec lui, 85. —
Ne doit sous aucun prétexte entrer
en France, 85. — Ses pratiques
avec du Plessis, oa, note. — La
reine prie le roi de donner des
ordres pour ie tenir éloif»né, ()3.
— Elle craint que ie roi de Na-
varre veuille traiter avec lui, 107,
118. — La reine insiste pour que
lui et ses forces ne profilent pas
aux protestants, lao, 147. — Ses
projets, 2ia. — Comment le sa-
tisfaire. 311, 213, 918, 267,
977, Ssi, 878, 497.
CASTEUALorx (Lol-et-Garonne), i38,
noie.
Castellas (Le s'' de), 287.
Castelnau (Lbs'de). VoirMicvissiÈBE.
CASiELSACDARï(.4«(ic), 317, aSijSgi,
299, 99/4, 299, 3o3, 3io, 3i3,
3i'i, 330, 323, 325, 827, note;
329, 33i, 333, 334, 33G. —
La reine y est, 34o, 34i, 344,
346, 347. — Les états du Lan-
guedoc s'y tiennent, 48 1 et suiv.
CASTEL-SARnAzi\ ( Tarn-el-Gardiiiie) ,
78, note; 99, 199, 128, i35,
187, 224 , 327.
Castelz (Le s'), ancien capitoul de
Toulouse. A pris part à la sur-
prise de Saverdun, 364.
Castéras, maison entre Saint-Macaire
et la Réolc, 46.
CiSTiLLE (Béatrlx de), seconde femme
d'Alphonse III de Portugal. Ses
enfants régnent sur le Portugal,
356, noie.
(De), commis, 78, 74.
Castillonès (Lot-et-Garonne), 365,
note; 867, 878.
Castbes {Tarn), 97, note.
Caujac {Haute-Garnime). La reine y
passe, 838.
Caumont (Marguerite de Lustuac,
dame de), propriétaire du château
de Fronsac, 349. — Veuve du
maréchal de Saint-André, et con-
tcmporame de la reine mère, 849,
TABLE DES MATIERES.
note. — Permet que Fronsac soit
démantelé, 856.
(Anne de), sa fille. Riche parti
convoité par plusieurs personnes,
349.
député de Nimes, i45.
Cacssade (Tarn-et-Garonne) , 48, 90,
note; 157, note; j63, 499.
Causse (Jacques be), député protes-
tant de Montpellier, 998, 227. —
Est présent à la conférence, 25o.
Caze (M. de Chàlon, sieuroELA). Ira
de la part du roi de Navarre à
Carcassonne, pour l'exécution do
la paix, 66, 896, note.
Cazes, secrétaire du roi d'Espagne,
7'-
Cecil (Lord), lia, note.
CÉVE.\nEs(Les). Sont peusùres, 868,
867.
Chamois, ami de Bussy.
CriAsiPAGNiEii, ancien diocèse du Dau-
pliiné, 124.
Champaigsac (Le sieur de). Ira pour
le roi de Navarre en Périgord , 8 1 4 ,
324.
GnAsircHEvniEJi. Chàleau du comte du
Lude, 16, note.
Champignt ( Vien>ie), 35.
Chahtehead, secrétaire de la rein'
mère, 171, 287.
Chantillt (Oise), 29, note.
Chapelle des Uasns (Le s' de la),
conseiller d'État. Va complimenter
le duc d'Anjou de la part du roi,
264, a65, 974, 298, noie.
Chapelle de Thémises (Le s' de la).
Voir Pons.
Chapelles (Le sieur des), gentil-
homme de la reine mère, 867,
870, note; 879.
CnAr.LES-QoiNT, 44, note.
CuAninEs (Le Vidame de), 9, note.
(Les habitants de). Ont pré-
senté une requête à la reine pour
la diminution de leur taxe, i4.
Chassincociit (Le sieur de). Le roi de
de INavarre l'a envoyé vers le duc
Casimir, 107, i64, 211. — A
apporté des nouvelles d'Allemagne
el de Flandres au roi de Navarre ,
834.
Chastre( Le sieur de La), 17. — Parti
pour sa capitainerie de Loches, 17,
286, note.
Chàteausel'f (Le sieur de), député du
parlement de Provence, du parti
des Carcites, 882. — Vient trou-
ver la reine à Aubais, 879, 880.
— La reine le renvoie au Parle-
ment, 38o. — Retourne en Pro-
vence, 383.
(Le lieutenanl de), 107, i48,
i56.
(jBÀteac-Thiebrï (Aisne), 325, 267.
CiiÂTiLLON (François de Colignï, sieur
de), gouverneur de Montpellier.
Veut s'emparer du château de Beau-
calre, 44,45. — La reine se plaint
de ses procédés, 47, 48. — - Le
roi de Navarre rejet le lout sur
sa pauvreté, 48, 53, 57, 66.
— Le roi de Navarre lui défend
de prêter secours au lieutenant
Baudonnel, 67, note; 68. • — Agit
contre l'intérêt du roi, 90. —
Est aidé par Grenier et ras-
semble des forces, 91. — En dé-
pit des ordres du roi, il soutient
Baudonnel, 98, note; 101, 102,
]o4. — On dit que le priuce
d'Orange voudrait le faire amiral
de Flandres, 120. — Calherine
désire qu'il aille hors de France,
120, 133, i3i. — Veut négocier
une suspension d'armes, 188. —
A l'intention d'assister à la con-
férence, i4i, i49, i45, 147,
i48. — ■ S'est retiré à Montpellier,
149, 106, 160. — Tâche de ra-
vitailler le château de Beaucaire,
178,174. — La reine demande que
le roi de Navarre intervienne, 180.
— La reine ne veut absolument
pas qu'il se rende niailre de Beau-
caire, 3 18. — Est en Rouergue
pour assembler des forces, 2 23,
985. — Irrilo beaucouji la reine
TABLE DES MATIÈRES.
i33
par sa conduite, a4i, noie. —
Autres méfaits, a 45. — Lo parti
du roi de iSavarre le désavoue,
ii46. — 11 renonce à son entre-
prise de Beaucaire, 2 01. — Les
troupes du maréchal Damville ont
ordre de combattre les siennes,
358, 363. — .\ été forcé d'a-
bandonner Bcsouce, s'est retiré à
Montpellier, a6g. 271, 977. —
Est chargé par le roi de Navarre
d'exécuter l'édil, mais il est parli
pour le Rouergue dans l'intention
de se marier, 366, 870, 373,
note; 873, 877, 4io, ^27, 42«,
433, 4oi. — ■ Sa conduite à Mont-
pellier, 459, 47a, 48i.
CuAKïEr.capitaineprotestant. Ira pour
afl'aires à Paris, i63. — Est bien
au courant de la situation, i64. —
Ce qu'il a dit, i64.
Chaïagsac (Christophe de), gouver-
neur d'Issoire, 78, Sgo, note.
ChbfdebiBn, conseiller, 317.
Chesoncead (Indre-et-Loire), 34,
note.
Chbverbï, général des finances, 34o.
CaivERNT (Le sieur de), 43, i64.
Chodppe, courrier, ao.
Glapissons, conseiller au Chàtelet de
Paris, a4a.
Clermost-de-Lobève (llérauh). Sur-
prise de la ville, 207, a5i.
Clebmosi-Lodève (Le sieur de). Est
présent à la conférence de Nérac,
2'56. — 11 signe les articles, 283,
note.
CtERMONT-TiLLART ( Louise de). Voir
UzÈs (duchesse d').
Clervast (Jean de Vienne, sieur de).
Son voyage, 53. — Ses mémoires,
54 , note. — Ce que Chauvet ra-
conte de ses dispositions, i64,
noie. — 11 est revenu de Flandres,
310. — Ce qu'il dit au sujet
de Casimir, 31 a, ai 3. — 11 est
présenté à la reine, 218, a3o. —
Assiste à la conférence, aSa, 261,
363, 367, 376, 378. — Ceux
([ui veulent la guerre assurent
qu'il viendra avec 2,000 rcilros,
373.
Clèïes (La princesse de). Parti assez
convenable pour le duc d'Anjou,
1 3 , noie.
CoGSAC [Charente), 37.
CoMREi,LES, capitaine, 17, a5, noie.
Cou«EBCï (Meuse), 3i3.
CoMMiNGEs ( L'évéque de). Voir Bour-
bon (Charles de).
CoMTAT d' .AVIGNON (Le), 31 6.
CoMTAI VeNAISSIX (Lc), 29, UOlo.
CoxDÉ( Henri de Bourbon, prince de).
Réclame son gouvernement, 54. —
Sa lettre à la reine et au roi, 55,
note. — Sa lettre au roi , 94 , note.
— Fait instance |)Our rentrer dans
sou gouvernement de Picardie,
95, 107, 197, note; i3i, note;
247. — On dit qu'il est jaloux
du vicomte de Turenne, a55,
967. — Sa lettre à M. de RuITec :
Catherine tâche de les calmer, 368 ,
437, 448.
(Françoise -Marie d'Orléans-
Longueville, prmcesse de), 4-6,
note; 87, note; 996.
Cosdom (Gers), 73, 108, note; 119,
120, 139, i3o, note; i3i, j34,
i35, 162, i63, i65, noie; 168.
— La querelle entre le heutenani
général et le lieutenant particulier
a brouillé les liabitants , 170, 188.
193, 194, 2l3, 2l5, 319, 330,
23o, 24i, 943, 243, 259, 287,
339, 4i5.
GoKSEiL d'Etat et privé (MM. du).
Lettre de Catherine, soS.
CoNSTAXs (Augustin de), seigneur de
Rebecque. Sera envoyé à MM. de
Thoré et de Chàtillon , Sa , 67. —
N'exécute pas bien sa charge, 66,
67, 90, gi, 101, 103. — Est re-
venu de Beaucaire, 147.
CoNTi (Le marquis de), 87, noie;
310.
Contour (Le général), trésorier des
finances, 102.
Convertis ( Lo sieur Roquefeuille de ) ,
porteur de lettres et de nouvelles
de Beaucaire, 307, aSS et note;
479 et note; h-j'i.
Corné (Le sieur de), genlilliomnie
du roi de Navarre. Est envoyé à
Monlaignac vers le sieur de Fon-
lenillcs, 354. — Et à Marciac,
355, 389.
CoRNDssoN (François de La \ai.etie,
sieur de), sénéchal de Toulouse.
Catherine lui donne des ordres
pour l'observation de rédit,58. —
lia pour le roi exécuter la paix,
66, 67, 77, note; i35, 203, 244,
324. — Va à Saverdun, 33i, 333.
Corses (Les). Offrent ieurs services,
306, 908.
Coûtez (Le chevalier Berlholomc),
commandeur de Congoulhe. La
reine prie le roi d'Espagne de faire
cesser les poursuites qu'on dirijjcait
contre lui, 5oo et noie.
CossÉ (Le maréchal de). La reine le
prie di^ détourner le duc d'Anjou
de son voyage on Flancb-e, 19. —
Le roi et la reine mère lui envoient
une inslrucliou sur les dilïérenls
mariages que pourrait faire le duc ,
1 3 , note. — Catherine lui <lil
d'attendre le départ de Slafford
avant de reparler de raillancc avec
Elisabeth, i4. — La reine veut
l'exhorter à procéder avec dihgence
i l'établissement de l'édit dans les
villes de son gouvernement, 44 et
note; 346, 36o.
CoTENTis (Les délégués du). La re-
quête qu'ils présentent aux com-
missaires du roi pour une diminu-
tion de taxe, 177, note.
CousTANSON (Le sieur de). Va rejoindre
le sieur de Vérac pour l'exécution
de l'édit, 373.
CoBZEi, (Le sieur), serviteur du car-
dinal de Bourbon, 916, note.
CRESsiER(Baltbasard de), de Soleure,
valet de chambre du roi. La reine
lui écrit au sujet du payement des
534
Suisses, /igS. — Ses lettres aux
sieurs deBellièvre et de Hautefort,
âgS, note. — Le roi veut le favo-
riser, igS, note.
TABLE DES MATIERES.
Croisetie (Jean de Nodal, sieur de
La), lieutenant du maréchal de
Damville. Ira poiu' le roi à Saint-
Papoul et à Lavaur presser l'exécu-
tion de la paix, 66, 67. — Rem-
plit sa mission, 110, 187, toc,
162, Sgo et note; ^171.
Cissi (L'abbé de), la.
D
Dalfobt, courrier, 355, note.
Damalse, conseiller au parlement de
Bordeaux , 1 4 1 .
Damville (Henri de Mostmorescï,
maréchal de). Se montre bon ser-
viteur, 4. — Catherine le compli-
iiienle à ce sujet, 5 et note. — Elle
parle de lui au maréchal de Montmo-
rency, ùg5. — La reine le prie de
faire exécuter promptement l'édit
en Languedoc, 6. — Lettre du roi
sur le même sujet, 7, note; 49. —
Veut empêcher M. de Chàtillon de
s'emparer de Beaucaire, 44. —
La reine a reçu de ses nouvelles,
47. — • Lui recommande l'aHaire
de Beaucaire, 67. — Compte le
voir à Toulouse, 58. — Le charge
de faire publier ce qui a été dé-
cidé pour l'exécution de l'édit, 66,
— et de faire châtier les personnes
qui sont cause des troubles en Lan-
guedoc, 67. — Lettre du roi de
.\avarre, 67, note; 77, 7g, note.
— Est attendu à Toulouse, 81. —
Il ne pourra y être que le a4 oc-
tobre 1578, 86. — La magniBque
réception qu'il ofl're aux reines, 87,
noie. — Il est très satisfait de l'ac-
cueil que lui a fait la reine, 87. —
A fait de bons rapports sur ceux de
Beaucaire, 4gg. — Ne craint pas
do perdre la ville de Beaucaire,
gi, g8, note. — Demande à la
reine de mettre des arquebusiers
à Pont-Saint-Esprit, io5. — Ses
nouvelles à la reine, et ce qu'il
faudrait faire pour Beaucaire, 1 ao ,
132, note. — Reçoit un mot de
Catherine, 122. — Lettre que la
reine lui écrit pour déplorer la sur-
prise de la Réole, 127. — Son
arrivée à Toulouse, i35. — Ca-
therine lui annonce que l'affaire de
la Réole sera bientôt réparée, i36.
— Ce sera moins facile qu'elle ne
le pensait, 187. — Sa lettre à la
reine, 187, i38. — Catherine lui
accuse réception de ses dépêches,
i3g. — Lui envoie des nouvelles
de la Réole et de Fleurance ,18g,
147. — ■ Lettre de la reine, i5o.
— Reçoit vra mot de la reine avec
un acte public, i58. — La reine
le prie d'aller jusqu'à Carcassonne ,
160. — Lui recommande , en étant à
Carcassonne, de s'informer près des
sieurs de iMonbarlier et de la Croi-
settc où en sont les affaires de delà,
16a. — 11 reçoit par la reine une
lettre dans laquelle le roi de Na-
varre intercède pour la déliirance
de quelques prisonniers, i65. —
Il doit prévenir la surprise de Bé-
ziers, qu'ont projetée les hugue-
nots, 166. — Catherine répond à
deux de ses dépêches et l'entretient
d'affaires d'argent, 172, 173. —
Elle lui lecomraande de veiller à
ce qu'aucune nouvelle entreprise
ne se fasse, mais sans éveiller de
soupçons, 17g. — Elle le prie de
remettre l'église de Maguelonne
aux chanoines et d'arranger l'af-
faire, 180. — Elle lui écrit encore
pour lui recommander de main-
tenir la paix dans son gouverne-
ment, 182. — L'informe que les
habitants de Langon ont tué leur
capitaine, i83. — Doit, à la prière
de la reine, empêcher que de
faux édils ne soient publiés dans
son gou\ernement, igg. — Ré-
ponse de la reine au sujet de la
surprise de Clermont-de-Lodève ,
207. — Autre lettre de la reine
pour faire payer les Corses, 207.
— (Catherine a reçu sa lettre et
l'informe des progrès de l'affaire
de la Réole, 220. — Lui ordonne
de maintenir la tranquillité dans
les villages des environs de Beau-
caire, 22 2. — Intervention du
cardinal d'Armagnac pour le faire
rentrer dans les bonnes grâces
du roi, 299, note; 228. — Reçoit
une recommandation de la reine
relati\e à la ville de Nimes, 335.
^ Elle lui annonce qu'enfin la
conférence va commencer, a34.
— Elle l'engage à prendre des
mesures contre Chàtillon et ses par-
tisans, mais en observant l'édit,
244. — Est allé lui-même à
Beaucaire, 346, 34g, note; 20t.
— La reine lui demande pour-
quoi les députés protestants ont
envoyé un courrier en Languedoc,
933. — Donne de bonnes nou-
velles de Beaucaire, dont la reine
se déclare très contente, 257. —
Elle le prie de venir à sa rencontre
à Carcassonne, 258. — Le double
de sa dépêche est envoyé au roi,
962. — La reine lui recommande
de veiller à la paix dans son gou-
vernement, et que les marchands
soient sur leui's gardes, 964. —
Le remercie des nouvelles de Beau-
caire, 264. — Lettre du roi sur le
même sujet, 264, note. — Les
protestants veulent que ses forces
se retirent, 26g, 272. 278, note;
TABLE DES MATIERES.
•(■jy. — La roini' lo prie d'arraiigiM'
une difficullé à Narbonne et lui
annouce que la conférence est ache-
vée, 280. — Elle lui annonce que
les sieurs de Vérac et Yoiet vien-
dront eu Languedoc pour faire
cesser lotis actes d'hostilité, 380,
■>88, ag'i. — Catherine lui raconte
le duel du vicomte de Turennc cl
du sieur de Duras, qui ne devra
pas Iroublei' les autres aÛaircs,
807. — Lettre de la reine, 3i3.
— Autre lettre, SaG. — Cathe-
rine lui écrit encore au sujet des
états de Languedoc qui doivent se
tenir à Carcassonne, 837. — Ré-
ponse de la reine à luie lellre
qu'il lui a envoyée, S'ili. — Elle
espère l'emmener à Paris, 33(3.
— Autre réponse au sujet des
états, 339. — Le prie de venir
bientôt à Saint-Michel-de-Lanès,
SUo, 3'i'4. — Elle insiste pour <jih'
les états se tiennent à Castelnau-
dary, 345, 367, 349. — La reine
fait son éloge au roi , 35 1. — En-
core, 356 el note. — Est auprès
de la reine, 3Ca. — Ses lettres,
363 , note. — A eu de mauvaises
nouvelles de Savoie et Piémont,
363. — Lettre que lui écrit
Henri III, le 6 décembre i578,/io8.
— Ses négociations avec le car-
dinal d'Armagnac, 4o9-4i3, 44i.
— Lettre que lui écrit le roi,
le 6 mars 1579, 46i. — Lellre
qu'il adresse à la reine mère, 464 ,
48 1. — Son rôle au.\ étals de
Languedoc tenus à Casteinaudary,
48 1 et suiv. — Inlervicnl dans le
règlement des affaires de Narbonne ,
486. — Par la mort de son frère,
il a hérité du fiire ducal et s'appelle
maréchal de Montmorency, 366,
note. — Voir .Montmohency.
Damïille (Antoinette de La Marck,
femme du maréchal de), 56, 66,
67. — La reine prl; le maréchal
de lui amener sa femme, I39. —
Uenconliera Catherine à Carcas-
sonne, 166, ;>,o8, 99a, noie. —
licfoit une petite lettre de la reine,
993. — Catherine lui écrit qu'elle
espère la voir à Pézcnas, el la prie
lie ([uitler le grand deuil avant de
venir, 863.
Dapims, président au parlement de
Toulouse. — Doit se trouver à
l'ort-Saintc-Marie, 370, 379, 334 ,
328.
Dardoï ou Deudoï (Le sieur). — Son
procès, 93. — Est prisonnier,
i48, i56.
Darnais (Frère Jeau), gardien des
Cordeliers de Bordeaux. Les projjos
qu'il a tenus en chaire; il doil
sortir de la ville, 49.
Dars (Le s' de). Remplacera le s' de
RuITec pour l'exécution do l'édil .
368.
Dadphiné (Les protestanis du). Leur
remonlrance, 181.
DivEXNEs (Le s'). Sou inslruclion,
347.
Dateranne (Le s'), syndic général du
Languedoc. — Présente une re-
quête, io4. — Catherine est con-
tente qu'il soit venu, 180, 344,
345.
Dax (L'évèque de). Voir Noailles
(François de).
(La ville de), 989.
Dehisges (Le s' de). Sa lettre à M. de
Bellièvre, 3 48, note.
Delapraoe (Le capitaine). S'est mis
dans la ville de Soyons, 345.
DiNAKS (Le s' de), gouverneur en
Périgord. La reine veut le faire
partir de Périgueux, 987.
DiNTETiLiE (Joachini, s' de), capi-
taine, ao4, 908, 310 et note;
aao, aa3, 226 et noie. — La
bonne opinion qu'on a de lui,
927, noie. — Instructions que lui
donne la reine pour aller trouver
le roi, 327, note. — Il sera bientôt
renvoyé à la reine, 9 28, note;
33o, 932, note; a33, 353. —
Revenu à Nérac, la reine l'i'uvoi"-
avec une lellre vere le roi, 3oi.
3o9 , 3o4 , 3o8. — Son instruction
pour aller voir la reine mère, 435 .
Vil.
Doiio.v, conseiller, 936, 296, note.
— 11 rendra compte aîi roi de toul
ce qui s'est passé à Nérac, 997.
— Son instruction, 997, noie;
999, 309.
DcBoiRG (Le s'). Doit être chiilié,
2 48. . — Catherine en écrira au duc
d'Anjou, 988.
DiJARDiN, courrier, 69, 67, noie;
77, note.
l)tipi,ESsis-MoRNAT (Le s'), ga el
note.
DuRANTi, avocat à Toulouse, adver-
saire du président l'aulo, 166,
174. — La reine lui a écril au
sujet de menées à Toulouse et en-
voie sa réponse au roi, 267. —
Il peut èlre très utile, 967, 970,
379. — A signé les articles de
Nérac, 982, note; 386, 3o2.
328, 342, 364.
Duras (Jean de DoRroRT, viconili-
de), capitaine calliolique et cham-
bellan du roi de Navarre. H a écril
à la reine sur la surprise de la
Réole cl a apporté les conditions
<|ue font ceux qui y sont ,167,175,
note; 189, note; i84. — Arrive
de la Réole, 187, 191, 198, igS.
— Comment il voudrait procéder
envers les huguenots de la Réole,
198, 3 01, 919. — Est niaitre de
la Réole, aSa. — Est revenu avecle
maréchal de Biron , a eu beaucoup
de peine à faire quitter le cliiileau
par ceux de Favas, 387, aSg, sSg.
— Sa querelle avec le vicomlc de
Turennc , 3o3. — Leur duel , 3o6 ,
307, 3o8 el note. — A averli jja-
renls el amis , mais personne n'ose
entrer dans la ville, 809, 3i3.
— La reine n'est pas satisfaite de
sa manière do demander pardon,
3i4, 3i5, 3i8, 393, 828, 836,
536
'A'^o. — (^nllifTJiic lui a i''cril un
MInl ili- ^a llKtlIl à |1I'0JI0S *li'
Liiii;;"ii. -i-H., 'm.'!. — liijiiiM'-
lirm i|iif lui oiivi.il? ]<• nii lui
TABLE DKS MATIERES.
Mi|i^l dp *n i|iii';i'llf <n\i:'c Tnreniie,
',,1',.
DlRFORT (.hlIljlllS UF.). .'(07, 008,
nul.'.
(.Ii\nn m:). Voir DlRi^.
Dis^nin ( I.p s'). ^"i"-l rendu niailro
de l'ons, '''lô.
E
Ki;inr.ii ( Aiiloino), i^vèqui' ili> (jalmr-.
Sf liiMHi' à Moivsac avec la ri'im'.
Ei;miint (Le ronite b"). Lollre tle la
l'fini'. '-^i. — Ello est liien dis|iu
sée i.'n\ors Ini, .'iç).
(La cnnili'ssr' d'). Sa l.'llr.' à
CallnTine, Am . noir.
Ki.ia'.M, ( L'alilii' n'I, -j:'.!. -i'.i-: . 008,
.3.'..). ;!(;7.
Kl.llK^^K (.Inlian 11'), i;.nilillii>nuni' il'
la dni-lirssse de Savoie. Leilie (\n'i\
ii'çoit de la reine. '■^']!{, noie.
Ki.isviaiiu m. FinMi;. lille de (.hal-
les l\, sa iiiiiit : envoi d'un ain-
liassadenr' e\lraoiilinaire à lelh'
01 e.isioii, .'ÎS.'i , noie.
Klisuiktii, leiiie il' \nj;lelem'. I.'- roi
SI' plaiiil d'elle, ."), noie. — Il s'i'-
loiiiie i|n'iin ait coiiliance en elle,
.S, noie; 11. — Elle envoie lord
•Slaliiad polir di'Oiiadi'r le dni'
d"An|oii de laire son vo\a;;e on
Llandre, it>. — Désire la pai\
dan> les Pa\s-lias, !>3, 157. — l.o
duc ir.Anjon vent IVponser, 38. —
( latlieiiiie désire ipi'elle le dé'lonrne
de rciili'e|iriso de Klandre, 29. —
l^ellre ipie la reine lui éciil , iio.
— t^allieriiie Un reparle de son
niaria);e, Au. — Reçoit nue lellre
très ollerlneii.se sur le inèim' snjel ,
y.'i, ol'i, .'10, 53, 111. — Avaiil
de SI' décider, elle désire avoir nno
enlrevne avec le duc irAiijoii, 1 1 ■>.
— Noiividli' lellre ipie Catherine
lui écrit ponr exprimer son coii-
li'nlenienl du projel de mariage,
113. — Lelln- ipie lui ailresse le
duc il'\iijou, -o.'i, mile. — Il -e
propose d'aller en Aiifjlelerie, 27e.
— L'enirevne qu'elle exif;e . 27'! .
"7''- ■■"''• iiolo: -MjS, noie; 3o'i.
— Ilallierino eiii;a;;e le dur d'Aii-
|on à aller la trouver, ^ifi. — Ses
lellros a la roine el au dur d'Aii-
|ou, .'iili, noie: ■Ui). — Est bien
ilisposi'epoiir le mariaj;e,3.3i'. 3.')3.
— (lallierine se propose d'aller
aussi en Anjjlelerre, 3.'i7, 33(). —
Il tant ipie lodui d'Anjou parle vile, j
.i'i', 3'|S. — A l'veillé l'adnii- [
raliou du s' de Siinior. 37 '1, noie.
— (lu parle beaucoup en Europe
di> co mariage, pourlant la reine
ne |iarait ]ias y 'Ire bien décidée,
37.'!.
Entimi.i et ( François de lialzar, s' ii") .
1 7.
Er.Aci.lo (Don l'aiilo), ijenlillionime I
do nie de (.hio-^. La reine inlcr-
vionl pour qu'il puisse retirer sa
inèro et ses frères el sieiirs de l'es-
cbuago à Conslaulinople, 1 1.
ICsciiiii.u i.v (I)'), ou lits (JABiurLX,
conseiller. Est inort, i.'i"). "17,
•l'i-i.
Escuis ((.Iharles d'), on hf.s (ans,
1 l'vèque de Langr-es, q'i. noie.
( François , comte n' ) , 3i) , noie.
Est de la coiniiiissioii pour le roi,
1 Tie , 87, noie. — .\ pordu sa lemnie,
(i'i. — Esl mé'conleiit el trop in-
\ lliioul pour ne pas être ménagé.
i)'i, lo^-. — La reine s'intéresse
.1 son (ils e! au payoïuenl de sa
pension : elle en écril au maréchal
de Uollièvre, i()(). — l'arlira ponr
sa lei-re, i8.">, 181;, i (j 1 , 2oâ,
•jio. — l'assera par l'Agenais et
ira Iroiuer le roi . .>!îo , e3(ï, -192 .
noie. — Apporlo de lionnes nou-
velles du roi ol une lellre de la
ducliesse d'I zos, o"."). — Fail le
inécoiilonl, 32.'i. — Doit rolourner
auprès du roi; a élé malade,
3'|3.
(La comlosse n"). Ses funé-
railles, ()'i.
(Leiil- du comioii'). La reine
prie le niari'cliat ib' KollieMe de
s'om|ilo\ei- pour le faiie retirer
d'esclavage, iliO, 210.
(Anne n'). Voirduin.
EscoiiEiAC. Voir Scoiinm .
Esi:iivF,r\ (Leiiii i)K l'oLii.\\i:, s' d'),
2 '17, 3(|o , iiolo.
EsPAi.NE i^Anm: uAi triche, reine d ).
La reine lui envoie des nouvelles.
3'i, 3oô, note. — Lellre de Ca-
llierine, 322.
Este (Le cardinal d'), 8. — l-a reine
ilemande qu'il se désiste de .sa pour-
suile contre l'évéqiie d'Agen à pro-
pos de l'abbaye de F'onfrède, 3oo.
(Anne d"). Voir Xemoibs (Uii-
cliesse de).
EsTizoN (Le s' d'), 3o6.
EsTp,ÉEs(Le s' d'I Esl peu soucieux
de son devoir, lO.'i.
EiiDErii. {(Jiiirciilc), ()8, noie.
TABLE DES MATIÈRES.
537
Fa (Le château de), à Bonleaux,
872, note.
Farcixi (Les'), ambassadeur de Tos-
cane à Paiis. Sa lettre à François
de Médicis, 370, note.
Fabgces (Le s'). A été fait prisonnier
à la Réole par les protestants, iSS.
Faty, ancienne femme de chambre de
Catherine. Elle la recommande au
duc de Savoie, '1.
Facjeaux {Aude), 358, note.
Facr (Pierre du), abbé de Fayet,
5o , note. La reine le recommande
au Pape pour l'évèché de Lavaur,
88. — Vicaire général de Toulouse,
313, note.
(Henri du). Propriétaire, par
sa lemme, du château d'Aubais, où
la reine vient coucher, 879, note.
(Louis dd). Voir Glatteins.
(Guy dd). Voir PiEHAC.
(Arnaud dit). Voir Pdjols.
(Charles du). VoirLuciSTE.
Favas (Jean de), baron d'.Vuros, capi-
taine protestant, gouverneur de la
Réole, 45, 197, note; i3i. — Il
oppresse les habitants de la Réole,
182. — Y est revenu, 187. — Esl
soupçonné de s'être fait acheter,
i4i, i43. — S'est rendu maître
de nouveau de la Réole, lia. — 11
faudra lui ôter le commandement,
ii3, i4/i, i45, 169. — Il doit
sortir le premier avec ses gens do
la ville, 170, 174, 175, note. —
Continue à irriter la reine, 18A,
noie; iS5, 18g. — Les catholiques
de la Réole ne le verront plus sans
le tvier, 1 98. — La manière dont il
quittera la ville, 198. — La reine
lui écrit pour le décharger du gou-
vernement de la Réole, aoa , noie;
ao5, 917,919. — Joie que cause
son départ, 980, noie; 989. —
Il avait fait beaucoup de dégâts
CATIIEni.VE DE MkDICIS. V
aux maisons et aux cfiàteaux, 987,
988, 243, 967, 3o5.
Faïet (Abbé de). Voir Fabb (Pierre du).
Féez (Le roi africain de), 91 5.
Ferdinand (Don), infant d'Espagne.
Sa mort, 117, note.
FÈiiK (Michel), prédira teiu- et con-
fesseur du roi. La reine intervient
pour qu'il soit payé, a 08.
(La), 95 a.
Fernando (Dom), vice roi de Cata-
logne. A fait complimenter la reine
mère, 876.
Ferrare (Le duc de). Son mariage,
994. — Les félicitations de la
reine, 296 , 996.
Ferré (Camille). Porte des étrennes
à la reine mère, 985, 986, 959,
371, 9 85, note. — Il est chargé
de dire au roi tous les détails de
ce qui s'est passé à la conférence,
986, 998, note; 3oi, 802, 3o5.
Ferrier (Arnaud du), ambassadeur
à Venise. Catherine lui parle de
l'incendie des archives de Venise,
3. — Elle lui écrit pour l'exécu-
tion du testament du comte Mai-
linengo , 9 , 38. — Lettre du roi ,
179, note.
FEBTÉ-sois-JouAnnE (La) [Séne-et-
Marne], 867.
Fervaodes ( Le s' de), 1 8.
FiOEAC {Lot), 69, note; 970, 989,
note; 329, 834.
Fin (Jacques ne. L\) dit La Nocle.
Porteur de bonnes nouvelles, 33o.
Retourne auprès du duc d'Anjou,
382. — Fils de Jean de Beauvoir,
chambellan du duc d'Anjou, 83a,
note; 333. — Fait de bons of-
fices, 335, 336. — Porteur d'une
lettre au roi et d'un mémoire au
duc d'Anjou, 887. — La reine le
recommande au duc de Nevers,
887, 389, 349.
Fundbes (Les), i5, iC, 17, 18, 19,
9 1 et suiv. ; 99, 3o, note; 82:
89, 43, 5o, 53, 54, 59, 71,
111, 112, note; lao, iSa, 908.
910, note ; 911, 9 1 a , 918, 219,
a36, 987, 375, 976, note; 277,
81G, note; 394, 497, 498.
Fleurance {Gers), 76, 77, 78, 87,
go, 197, note; i3o, note; i3a,
— Surprise nocturne de la ville par
les protestants, i83, note; i34,
186 , note; 1 4o, i44 , noie; i45,
149, iDO, 157, i58, 16a, i64,
t84, igi, 2o5, 206, note; 218,
919, 225, 980, 289, 984. —
A été rendue aux cathoHques, 943 ,
4i5.
Florence (Duc de). Sa fille ne serait
pas un parti sulTisnnt pour le dur
d'Anjou, i3. note.
Foix (Paul de), archevêque de Tou-
louse. La reine le recommande à
M. d'Abain, 38. — Est parti
d'Agen, 29, note; 89, note. —
A harangué la cour de Bordeaux
avec beaucoup d'éloquence, 44. —
— Est dans la commission pour
11" roi, 59. — Catherine désire
qu'il reste pour la conférence,
199, 188, i42, note. — • Sera à
Nérac avant la reine pour préparer
la conférence, aSg. — A été chargé
par la reine de prendre la parole
et s'en est acquitté à son entière
satisfaction, 959, 953, a5G, 961,
3 10. — Est rappelé à Paris, mais
désire accompagner la reine en
Languedoc, Provence et Dauphiné,
843, 856, note. — Doit veiller
aux finances du roi, 869. — Est
allé à Montpellier pour arranger
un différend entre les catholiques
et protestants, 876, 38o. — Son
rôle aux états de Languedoc ,
483.
68
UIPniUrAIX lATIOKltC.
538
Foix (Louis de), ingénieur du roi,
281, noie.
(François de). Voir Ciroalle.
(Comlé de), 66, 79, 34o,
3ii.
FoNDFROiDE (L'abbaye de),. 3oo, 338,
noie.
Fontaines (Le s' de). Sa dépêche au
roi, 5o.
FoNTENAT (Le s'), 17.
FoMEMLLEs (Philippe de La Roche,
baron de). Est présent à la sortie
de la garnison de Lecloure , 8y,
122. — Quitte ie parti du roi de
Navarre, 263. — Porteur de dépê-
ches, 3a8. — Fera remettre La-
verdun, 328, 33 1. — Est dans le
château de Monlaignac, 354 , 355 ,
389, 394.
FoREST(Le s' DE La), consul de Saint-
Pol. Retourne en Provence, 383.
TABLE DES MATIÈRES.
FoncEi, courrier, liç).
FoDf.ÈRES (Ille-et-Vilaine), ia5.
FouGiÈRE (La), capitaine au château
de Bayonno. Catherine désire que
rien n'altère son honneur, 45. —
La reine lui avait écrit de venir la
trouver et l'envoie au roi, 193,
194. — Elle le défend auprès du
roi, 194.
(La), son frère. La reine le
soupçonne plutôt que le lieute-
nant, 194.
FotinsiEK, surnommé Poltron, capi-
taine protestant , 129. — Les Eta Is
de Languedoc se plaignent de lui ,
i3o, note: 173, 344, 201, 271,
277. — La reine lui envoie le s'
de Vérac, 369. — Est un autre
Bacom, 372. — Attend que ie roi
de Navarre lui écrive avant de dé-
manteler BrugairoHes, 872, 873.
Fbasge (Les'), premier écuyer de la
reine mère, gS.
FnÉGOSE (Janus), évéque d'Agen, 87,
note; 260. — La reine recom-
mande chaudement à la duchesse
de Nemours une affaire qu'il a avec
le cardinal d'Esté, 3oo. — Ses let-
tres à la reine, 3oo, note. — Elle
recommande encore son affaire de
l'abbaye de Fondfroide au roi,
838. — Fera partie du conseil qui
assistera le roi de Navarre, aoi,
note.
Fronsac (Gironde), 3ai, note; 324,
849,356, 867, 358, 862, 363.
Froxtenac (Le s' de), i64. — Por-
teur de lettres du roi de Navarre,
358. — Le roi de Navarre l'en-
voie à la reine mère pour avoir de
ses nouvelles, 366.
Fumé (Le président), i3, note.
Gadagne (L'Abbé de). Voir Gbadagke.
Gailhargdès, château, 48, note.
Gamacues, capitaine, i64.
(jAROFiNE (Les gentilshommes de la)
sont venus voir le maréchal de
Biron à Jlarniande, i84. — Se
sont plaint des soldais huguenots
dans leurs villages, i85. — La
reine les dit être dévoués au roi ,
186.
Gast (Le), général des finances à
Bordeaux, i43, 187, 191, 198,
2o5.
Gaiciierï, courrier, 3i.
Gadlchat (Le s' de). Est allé en vain
à Langon pour assister à la resti-
tution, 248, 245, a53.
Gebeaun, député protestant. Est pré-
sent à la conférence, 25o.
Gefronsead (Le s'), envoyé à la reine
mère et au duc de Montpensier en
octobre 1578, 4o3.
Georges, huissier de la reine mère.
Voir BÉRAT.
Germanie ( Les princes protestants de ).
Veulent la paix dans les Pays-Bas,
28.
Gevauldan et Mende (Commis et syn-
dics de). Réponse de la reine à
leur demande de faire immédiate-
ment exécuter l'édit en leurs dio-
cèses, 882.
GiEN [Loiret), i3o, note.
GiGNAc (Lot), 28a, note; 877,
note.
GiMONT (Gers), 132, note; i3o.
GiRiLDi (M'"'), marraine de la fille
de Castelnau, 12.
Girard, secrétaire du maréchal de
Damville. Porteur de nouvelles,
884. — Ses mémoires, 343 , note.
— Porte une lettre au roi, 36 1.
GiRAULDET, courrier, 116, note; 169 ,
.78.
GiscARO (Mathieu de La Bartbe, s'
de), capitaine catholique, dévoué à
la reine qui le recommande an
roi, 154, note.
GiDSTELLï (Ludovic), avocat de la
reine à Rome, 2. — Au sujet du
procès de la reine, 6, note. —
M. d'Albain est content de lui,
8, note; 37.
GiïBï (Anne d'Escars, cardinal de),
94, note.
Glandeïs (De), capitaine. Ira com-
mander à Pont-Saint-Esprit, io5.
Glatteiss (Louis do Faur, s' de) ou
Gratins , chancelier du roi de
Navarre, 5o, note. — Est présent
à l'entrevue avec la reine, 5i. —
Est dans la commission pour le roi
de Navarre, 62, 160, 176, 176,
note; 186, 911. — Prend part à
la conférence, 260, 261. — A si-
gné les articles de Nérac, 282,
note; 844.
GosDBiN (Le s' de). La reine prie
Philippe 11 de permettre qu'il
fasse venir des chevaux de l'Es-
pagne, ayant perdu les siens par
un incendie, 171.
TABLE DES MATIERES.
539
GoNDï (Jéronime de), 37, 3o.
GossEMAN (Uoin MailiuDE), jjoiiver-
neur de Perpignan, Sy'i.
GocRDOs (Anioine de). Exécute sa
connnissiun dans le Quercy, 110,
81 4. — La reine le loue et dit lui
avoir écrit, 499, 889, note.
Gramout, capitaine catholique, 176,
note; 809.
(M"'°nE). Propriétaire du châ-
teau de Mussignan, 8.')4.
Gbatins. Voir Glatteins.
GnÉGoiiiB XIII, pape. La reine lin'
fait reconunander la promotion au
cardinalat de Charles de Lorraine,
1. — M. d'Ahain espère obtenir
de lui ce que la reine désire pour
son procès, 6, note; 39, note;
36, note. — Catherine le ])rie de
nommer Pierre du Faur à i'évê-
ché de Lavaur, 88. — Elle vou-
drait qu'il la favorisât dans ses af-
faires du duché d'Urbain, 197,
note. — Le cardinal de Bourbon
lui envoie un gentilhomme pour
négocier des affaires, a 16. — Son
contentement du voyage delà reine
et des mesures qu'elle prend pour
Menerhes , 216, note.
Gkémion (Gaspard de Coursag, s' de).
Ira pour le roi de Navarre à Nîmes,
Montpellier et Uzès presser l'exécu-
tion de la paix, 66, 91, 1/1 g, 890,
note.
Grenade - sur - Garonn e ( Hautn -Ga-
ronne). La reine y a passé, 33o,
33 1, noie.
Grenoble (La ville de), 38i.
Grignan ( Louis -Adhémar de Mon-
teil, comte de), a 8 8. — Est venu
avec la noblesse de Provence au-
devant de la reine à Beaucaire,
38o, note. — ■ La reine l'envoie
vers les Carcistes, 880. — Re-
tourne en Provence, SSa.
Grillé (Le s' de). S'entremet dans les
affaires de Provence, ■'17, a79.
Guadagne ou Gadatgne (Jeau-Baptisie
de), fils de Philippe de (iadagne,
d'une famille originaire d'Italie,
fixée à Lyon. Kst dépêché vers le
roi de Navarre, hh, /i5. — Doit
aller trouver le grand-duc de; Tos-
cane, 62. — A vu le roi de Navarre
pour le fait de Fleujance, 163,
note ; 1 63. — Passera par la Réole,
pour aller rendre compte de la si-
tuation au roi, i65, ao3. — A
charge de s'entretenir avec le duc
d'Anjou, aoi, aie, 319,236. —
Est attendu, 35a, a53, a55. — A
charge de la reine de rester auprès
du duc d'Anjou, 3o4, Sai, 33o.
— La reine s'inquiète qu'il ne soit
pas encore arrivé, 3(iâ, 867. —
Est arrivé après uu mauvais voyage,
367, 368. — Va en Provence avec
des instructions pour faire poser
les armes, 883, ûia, 468.
Gdido (Le comte). A porté uue lettre
et des nouvelles de la part de la
duchesse de Nemours, 396.
Guise (Henri de Lorraine, duc de).
Fait lever des troupes, 18, ao,
310, note. — La duchesse de
^'enlours l'a prié de venir à Pa-
ris, 376.
(Messieurs de). La duchesse
de Nemours les a mandés à Paris,
296, 3oo.
Guitry (Jean de CiruiuoNT, seigneur
de) ou QuiTRï, capitaine proteslaut,
19, 5o. — Assiste à l'entrevue de
la reine avec le roi de Nav.irrc,
.^>i. — Est dans la comniisslun
pour le roi de Navarre, Sa, 68.
— Est fort mal reçu par Cathe-
rine pour le compte du roi de Na-
varre ,118, note ; 1 1 g. — Tâchera
de conleriter la reine, lai. -— Ira
trouver le maréchal de Biron à la
Héole, i4o. — La reine est con-
tente qu'il soit absent et se plaint
(le lui, i44, i46. — Il est en-
voyé à la Réole pour seconder le
maréchal de Biron, 149, 168,
178, 174, 175, note; 186, 187,
188, 190, 195. - — Est arrivé,
197. — - Ce qui a été décidé poiu'
la restitution de la Réole, 198,
aoi, 3o5, 208. — Ira à Langon,
219, 388. — Prend part à la
conférence, aSo, 35g, 3O1, 362.
— S. signé les articles de Nérac.
383, note; 386, ago. — La reine
le presse d'achever d'établir l'édit
à Razas et Langon, où il rencontri'
des dillicultés, 3o5, 806, 3o8,
809. — A fait sortir la garnison
de Langon, qui est remis au roi,
818, 8a4, 33o. — Accompagnera
le maréchal de Biron à Langon,
354, 444, 446.
Guïbnne (Le Parlement de), 365.
(La noblesse de). Son entre-
vue avec la reine, agfi, note. —
Elle veut présenter une requête,
3g7. — Tous ne sont pas bien dis-
poses, mais la reine compte en
venir à bout, 398.
Guzman (Martin de), gouverm'iir di,'
Perpignan. Est venu de la part de
doin Fernando pour couipllnieiiler
la reine, 874.
GïïERSAc (Jean de Cognac, s' de),
beau-frère de HauteforI, 98.
H
Ha (Le château du), à Bonleanx,
ai8 , note.
HiLLOT (Le s' de), 467, noie.
Hautefori (Jean de BELLif;vnt, sei-
gneur de), premier pn'sideni du
Parlement de Dauphiné, 5, 89.
— Est en Limousin, 98, note.
— Lettre du roi, 498, note;
''97-
68.
540
TABLE DES MATIERES.
ll.nr.K {\.c mnrciiiis dk). La n-iiie lui
l'tril, ;i-j , nnic.
Iliïiu:-i)E-GnÀni: (Le) [Seine- Iiijë-
rierire 1 . (| , nulr,
IIkmiix Aii.Kii, |in'ilic.ileiir. La roino
Idiie son seinioTi, An.
Iltsni m. roi de Franco. Kcril à
M. ilo MiuiïissiiTO, f) , unie. —
.S'adrosp au uiatvclial du Dauivillr
pour l'oxéiutinn de l'edit, 7, noie.
— S'élOMUC de la cunlianre qu'ont
les Klals des Pays-Bas dans Klisa-
lielli , note. — Se porle bien el
danse, 10. — Il sera le parrain
de la fdle di' M. de Manvissière,
1",. — Il enioie rtmjointemenl à
sa njèro une insliuclinn au niare-
ilial de flossé, 12, noie. — Leitre
(|ue lui éeiit sa mère, principale-
ment sur ce qui concerne le duc
d'Anjou et l'eulreprise des Flan-
dres, 10. — Il n'a pas cliarjjé li'
duc de Guise de le\er des troupes,
iX. — (latlierine lui consi'ille d'y
donnei' lion ordre, i!^. — Anire
lellre de la reine sur les Flandi'es,
1 S. — La reine lui dépêche le s'
lie ilainlenon, 21, 30. — Dol qu'il
a consliluée à sa sœur, a(j, note.
— fia lellre au m.irériial de Dani-
ville, 09 , note. — Ecrit à .M. d'Hu-
mières, 3o, note. — Il s'opjiose à
la levée des troupes que veut faire
le duc d'Anjou, .3i, note. — Il
M'iit envoyer M. de Mondreville en
Kcosse, .'il, note. — Envoie M. de
Bellièvre aux Pays-Bas, 3i!, note.
— Sa mère lui donne des nou-
velles de llordeaux , hit. — Lui écrit
de l.i lié-oie, 011 elle a mi le roi de
Navarre, 'lO. — Lui raconte ce qui
a été dit dans l'entrevue, ,to. —
File lui rend compte de son voyajje,
(>'■''. — Lui conseille d'envoyer
des SOI viteurs alleclionnés dans les
provinces, (i.^. — Lui raconte
jour par jour ce qui se passe, (iy.
L"enn[af[e à faire beaucoup pour
(;a<;ner les personni'S les plus in-
llenles dans les provinces, C7.
— Lui écrit après son arrivée à
Toulouse, 80. — Lui demande de
l"ar{;enl, 82. — Lui donne des
nouvelles de son entretien avec le
\icomle de Tiu'enne. 82. — Les
liuffuenols du Languedoc désirent
la paix, 87. — Nouvelle lellre de
la reine ou elle racoiile divers
é\énemenls, 8ij. — Elli' lui écrit
pour les affaires d'argent du clergé
de Toulouse, 96. — Reçoit des
nouvelles de la reine, 97. — File
lui demande la permission de re-
lourner en Languedoc si les Imgu.'-
nols, dont elle esl fort mécontente,
recommencent les IrouMes après
son départ, in;'. — Lui écrit pour
les aflaires de Bretagne, 1112. —
Lui conseille de conlenler celle
province, io.3. — File lui demande
ce qu'il faudra laire |ionr Poiit-
Sainl-Esprit, io5. — La reine in-
siste pour avoir des réponses sur
divers sujets, 107. — Elle recom-
mande les inlérèls de la ville de
Bordeaux, loS. — La reine Irome
qu'il a très liieii répondu pour les
alTaires de Flandre, 111. — Elle
lui demande sa volonlé au sujet des
villes retenues par les protestants,
ii.'i. — Lui recommande l'ahbé
de Vendôme, 11"). — Elle l'invite
à écrire une lettre bien ferme au
roi de .Navarre, 117. — Elle lui
témoigne son indignation des len-
teurs i\u roi de Navarri', 117. —
La reine a reçu sa lellre: cniunie
lui, elle est ennuyée d'é'Ire si long-
temps absente, i2.-i. — File lui
écrit au sujet des étals de Bre-
tagne, où il devra envoyer (|uel-
ques personnes très capable?, 120.
— Prouiel au roi rie Navarre de
lui rendre la Reole. 127, note.
— Nouvelle lellre de Catherine,
129. — Elle lui donne des nou-
velles de la Béole et de Fleurance,
i:i-!. — Autre lellre aNec des nou-
velles de Beaucaire, 137. — Reçoit
une longue lettre sur la lîéole et
autres affaires, i4o. — La reine
lui mande la surprise de plusieurs
petites places, lôa. — Reçoit des
nouvelles de la reine, 1(37, 173.
— La reine a reçu deux de ses
lettres, 177. — Il suit avec inté-
rêt la marche des alTaires et en
écrit à M. du Ferrier, 17g, note.
— La reine lui rend compte de
tout ce qui se passe, i83. — Il a
envoyé le s' de Mainlenon vers la
reine avec plusieurs dépêches,
iKO. — La reine lui donne des
conseils sur sa conduite à l'égard
des provinces, 201. — Le prie
d écrire au duc il'Arijou el de bien
le recevoir, ao'i. — H a envoyé
des réponses à toutes les dépirbes
de la reine. 21 3. — Sa mère est
heureuse des bonnes nouvelles qu'il
lui a envoyées, 229. — Elle con-
tinue de lui adresser de longues
letlres sur loiil ce qui se jiasse,
2 20. — Il lui répond régulière-
ment, 2 30, noie. — Elle le prie
décrire au maréchal de lîiron,
aio. — Il faudra nommer plusieurs
autres conseillers à la Chandu'e de
Toulouse, 2.'i2. — Sa lettre au
lieutenant Baudoimet, 26 '1, note.
— La reine le tient au courant de
ce i|ui se passe entre elle el les
proleslanls; la conférence avance
bien, 205. — Le s' de Palerne
lui est envoyé par le duc d'Anjou
pour savoir son avis sur le voyage
en Augfeterre, 27J1, noie. — Sa
mère lui annonce la lin de la con-
férence, lui adresse le texte des
articles, le prie de les faire enre-
gistrer el d'en\oyer les letlres pa-
tentes et autres papiers nécessaires
pour l'exéculion de l'édit, 285,
291. — .Mémoire qu'il adre.sse à
la reine, 3o3, note. — A envoyé
le s' de Bellièvre vi.siter son frère,
3o3. — Le duc d'Anjou esl venu
TABLE DES MATIERES.
jâl
à Paris et il l'a liés hien reru,
3i8. ^ — Le s' d'Escars fait de fort
bons rapports à la reine snr la ma-
nière dont il coniluil les on'ains,
3a5 — Le roi di' Navarre veut
venir le trouver, 335. — La reine le
prie d'aider son frère pour le voyage
en Angleterre, 333, 337. — Il a
eu la fièvre, 34a. — Sa mère lui
demanda d'éi rire au roi de Navarre
pour lui dire de rendre les muni-
tions et de les faire porter à Bor-
deaux, 345. — Il devrait envoyer
les intendants de finances, qui ne
sont pas de service au Conseil, daiLs
les provinces du Midi, 36 1. — Est
réconcilié avec son frère, 367. —
Plaintes que lui adresse le roi de
Navarre, 878, noie. — A écrit
des lettres aux deux partis en Pro-
vence, 382. — Sa lettre à M. de
\ illeroy, au sujet d'un tf Estai» à
constituer au duc d'Anjou dans le
Midi de la France, 386. — Lettre
que lui adresse le niaréclial de Bel-
le(;arde, 4oo. — Sa lettre à la
reine mère du 5 décembre 1078,
/107. — Sa lettre au marécbal de
Damville du C décembre 1378,
4o8. — Mémoire <pie lui adres-
sent les cliefs de la iiéforme, 4 17,
435. — Sa lettre au marédial de
Damville du fi mars 1579, 40 1.
— Sa lettre aux étals du Langue-
doc, 484. — Sa lettre au maréchal
de Biron, 487. — Son injonction à
Turenne et à Duras, 494.
Hemii (Le cardinal), roi de Portugal.
Le Roi lui envoie M. de Beauvais-
Nangis,ii7, t>.")."), note.
HlLLiKne (Le s' de La), gouverneur
de Bayonne. Reçoit une leltjc d(!
la reine, 45. — Elle envoie au
roi une lettre qu'il avail écrite au
sujet du Boucault, qu'il veut amé-
liorer, iGi, 192. — Catherine
demande au roi de lui écrire, 194.
— Et de l'aider, 2i5,aa5, aSa,
981.
HoscrrAL (Jacques de l'), plus lard
marquis de t^hoisy, 44, noie.
HiABD (Le s' de la Noë, baron »').
La lettre que le roi de Navarre lui
écrit, 55, note.
HtMitBES (Le s' d'). Lettre que lui
écrit le roi , 3o , note.
llltlAUDAlE (René DE TOURMEMISE,
baron DE n), 5o, 06, io3. —
Son rôle aux élats de Bretagne,
4o3.
1
ISLE (Giles DE NoAlLLES, s' DE L' ). La
reine a reçu sa lettre et le prie
d'engager les personnes de son voi-
sinage à se garder de faire des
surprises, 379.
Isle-d'Albi (L') (Tarn), 445, 491,
49-3, note, 493.
IsLE-JouRDAiN ( L' ) (Gers), ho,
note; 69, 73, 75, 77, 78,
80, 83, 83, 88, 93, 98, 99,
io4. — La reine y est arrivée,
106, 108, note; 119, noie;
i34, i35, i44, 333, 447, 459,
noie.
Jacqijes, courrier, 387.
JÉGOx(Gm), )3i, i34, i38, noie;
139, note; i43, i44, 149.
JoisvaLE (Le cardinal de), 10.
JoïEUSK (Guillaume, vicomte de).
A averti la reine que Chàtillon
veut s'emparer de Beaucaire , 4 4 ,
note. — Doit envoyer les instruc-
tions aux commissaires, 66, 77.
— La ri'ine se loue beaucoup de
son concours, 80. — Il répond
pour les catholiques de Guyenne,
80, 87. — Est venu vers la reine,
de la part de la noblesse de Gu-
yenne et de Languedoc, 90, 96.
— Travaillera à l'exécution de
i'édit en Languedoc, ii4, 138.
— Doit faire justice de Bacom et
doFournier, i3o, j34, i35, i48,
344, 963. — A envoyé la nou-
velle de la prise de Saverdun, 368.
— La reine le prie de se trouver à
Port-Sainte-Marie, 970, 979. —
A signé les articles de Nérac,
98a, note; 286, 294, 3i9. —
Catherine l'a prié de se rendre à
Castelnaudary et d'y préparer l'exé-
cution de I'édit, 3aa, 394, 397,
34 1. — Dans une lettre au roi,
la reine s'applaudit de sa conduite,
35 1, 35G, 365, 366.
(Marie de Batarnaï, vicom-
tesse de), 4o, 44, note.
Jui» (Don) D'ADTnicaE. A écrit à la
reine, «a, a3. — Sa mort, 117,
note.
5i2
TABLE DES MATIERES.
Labaethe ou Laberte, capitaine hu-
guenot. S'est retiré à Caussaile, où
il a été arrêté, 90. — Son exé-
cution, i3o, 499.
Labatlt (Le s'). Ne veut pas sortir
de Fronsac, 3^9. — A été tué,
356, 358.
Labokde (Le s'). Se rend à Langon,
2i3.
Labrit ( Tarn-et-Garonne) , 1 58 , note.
Lacbois, capiloui de Toulouse. Fait
une belle harangue à la reine, 73.
Lafot, maison de M. de Rojaumont,
près Agen, 77, note.
Lagebastos (Jacques-Benoît de), pre-
mier président à Bordeaux, Sy,
note. — La reine lui écrira, 81.
— Il faut qu'il reste à Bordeaux,
81. — La reine a reçu une lettre
de lui, )o8. — La reine prie le
roi de lui envoyer une trhonne»
dépèche pour lui rappeler son de-
voir, 174.
Lalaih (Le Comte de), 32.
Lamer, député protestant. Voir Mer
(Jean DE La).
Lamevan (Le s' de), lieutenant du
s' Alphonse d'Est, 253, note. — La
reine le recommande au roi, a53.
Lancelot, auditeur de Rolte, rappor-
teur du procès de la reine à Rome , 8.
Lange (Jean), 39, note. — Désire
quitter Bordeaux et avoir un autre
oOîce, Un.
Lakgon (Giroïirfe), 43. — Les habi-
tants ont tué le capitaine qui y était,
i83, i89etnote; 190,192,201,
219, 220, 2a5, 280, 233, 234,
243, aû5, 246, a53, 267, 3o3,
3o5,3o6,3o8 , 3og. — La ville et
le château sont remis au roi, 3i3,
321, 328, 349, 35o, 352, 353,
354, 355, 356, 35?, 358, 862,
363 , 364 , 367, 373 , 378 et note;
5oo et note.
La.ngres (L'évêque de). Voir Escars
(Charles d').
Languedoc (Les députés de). Doivent
se hâter de venir, i36, i48, 182,
note; i83, 186, 198, 322. — A
Nérac, 349. — La première en-
vue, 25o, a52, 253, a54, 257,
358, 261, 363 et suiv. , 280, 299,
3o3, 3i2.
(Les états de), 294,299,827
et note; 3o3, 3i2, 826, 34o,
845, 347, 807, note. — Convo-
qués à Narbonue puis à Castelnau-
dary, 476 et note. — Procès-ver-
baux des séances du 37 avril au
4 mai 1079, 48i, 483. — Lettre
que leur écrit Henri 111, 484.
(La chambre de), 278, 3ai,
34o, 34i, 346, 35i, 856, 36 ,
870, 37a.
Lansac (le sieur de), maire de Bor-
deaux. La reine est contente de lui
et veut que le roi le récompense,
4 1 . — Est gendre d'un vieux bon
serviteur, 4i, 49. — -A écrit à la
reine, 108. — Le roi devra lui
écrire pour l'affaire de la Réole,
174. — Catherine le recommande
au roi, i54, 288, 821.
Lanssac ( Louis de Saint-Gelais , s' de ),
dit de Litzignan, 8g; note; 87,
note; 173 et note; 3o5, 356. —
A signé les articles de Nérac, 383 ,
note : 3i 0. — Est allé à Libourne,
3 1 5. — La reine dit lui avoir écrit
au sujet de Fronsac, 34g. — Est
en Bordelais pour l'exécution de
la paix, 34g, 38o.
Laplu ME (Lot-et-Garonne), 119, note.
( Les consuls de ). Lettre de Ca-
therine de Navarre, 119, note. —
Lettre de M. de Chaptan, i36,
note.
Lardimalie (De), gouverneur du Pé-
rigord. Le roi de Navarre le tient
pour un de ses plus affectionnés
serviteurs, 46, note.
Largemarïe, lieutenant de feu la Salle
du Siron. A surpris Langon ,
349.
Lartoissieb, dépêché par le s' de La
Croizette, i5o.
Lassegan de la Barihe, s' de Carbon,
maréchal de camp des troupes du
roi en Guyenne, i48. — A un en-
tretien avec la reine mère, i53.
— Son dévouement au roi, i54.
Lathomï, président à Toulouse, 5oi,
note.
Ladgsac (François ou Charles de
MoNiPEZiT, s' de), capitaine. Doit
faire partie du conseil qui assistera
le roi de Navarre, et reçoit quatre
lettres à ce sujet delà reine mère,
5oi, 5o2 , 5o3.
Laine (De La), capitaine. Aura le
commandement de la Réole, i45,
149.
Labbagcais (Le comte de), 66, 186.
Lauzebte [Tam-et-Garoiine). Surprise
de la ville, i5o. — Lettrede la reine
aux habitants, i5i, 157, i63, iC4.
— La ville est rendue à la reine,
i65, 178,174, 191, note; "54.
Lavardin (Jean de Beaumanoir, sei-
gneur de), capitaine catholique.
Est venu trouver Catherine, i5. — ■
S'est bien conduit pour la pacifica-
tion des troupes, i5. — Est en
bons termes avec M. de Bussy, 1 6.
— La reine désire qu'il aille à la
Réole pour seconder le maréchal de
Biron, i43 et note. — Est fort
malade à Nérac, i46, 149, i5o,
i5i, 157, i58, 175, note.
Laïabr (L'évèché de), 8g.
(La ville de), 66.
Lavedan (Anne de Bourbon, vicomte
de), 78 et note; Sgo et note.
Laïrac (Lor-ff-Garon/ip), 245.
TABLE DES MATIERES.
r>'i3
Lecomte (Fraiiçiiis), baron (li> La-
tresiie, président à Bordeaux. Prêle
3,000 ('Ciis d"or à la reine, .39,
noie.
I.ECTOCRF. {Gers), 8.3, note; 89 et
note; 107, igS, .388, Sg'i.
l.EGtNDBE (Le s'), 300.
Leiceister (Robert Dudi.ev, comte
de), lis, note. — Son entrevue
avec Siniier, 375, note.
Lésignax (Atule). La reine y passe,
,S6a.
LÉsiGN.iN-GRiND (Lot-el-daroiiite), 6(j
et note.
Lestibneau, capitaine. Le vicomte de
Turenne le fait sortir de Puymiroi ,
309.
Lestenat (Le s' de), (j'i.
Lbucaie, château de, 7."), note.
Lei, capitaine anglais, 8.
Levva (Don Sanclio de), vice-roi de
Navarre. Le roi de Navarre lui a
écrit, 53.
LiBODBNE (Gironde), 4g, 3i,t, 358.
(Les jurais de), 3i5.
Ligues \vallo>es (Les), 18. Le duc
d'Anjou a repoussé leurs requêtes,
30.
Limoges (La ville de), id8, 343.
Lisbonne (La ville de), a.")G.
LoMBAis (Le s' de). Est chargé de l'exé-
cution de l'édil, 360, 370, 37a,
377.
Lo.vGLÉ (Le s' de). La reine voudrait
l'envoyer en Portugal, ai 4 et noie;
ai."), 3 16, 217.
LoNGi ET, secrétaire di' la reine mère,
34 0, note.
LoBCHEVILLE (MM. De), 313.
Lorraine ( Louise de ), reine de France ,
i38, 33 1. — Catherine espère
qu'elle donnera bientôt un fils au
roi, 383.
(Charles de), frère de la reine
Louise, nommé cardinal en 1678,
1 et note; a, noie; ai 3.
(Calherine de). Voir Montpes-
siER (duche.sse de).
LocvET, courrier, a63.
LccASTE (Charles du Faur, s' de),
président au parlement de Toulouse,
5o, note.
LiiDE (Guy DE Daillos, comte du),
gouverneur et lieutenant général
en Poitou. Le duc d'Anjou couche
chez lui, 16, 347, note. — Lettre
que lui écrit la reine mère relative-
ment à la mission dont il est chargé
près du roi de Navaire, fioS et
noie. — Elle lui recommande de
bien faire exécuter l'édil, .503. —
Se rend à Saint-Maixeiit pour ac-
couqdir sa mission, r)o4, note.
(Le château du), 18, note;
17, 18.
Luii.i.iBn, courrier, i4o, noie.
LuNEi. [Hérault), a8a, note.
LusicNAN ou LÉziGNAs (HeuH de), ca-
pitaine huguenot, homme de con-
fiance du roi de Navarre. Fait partie
de la commission pouria paix, 5a,
63 et noie; i46, 175 et note; 176.
— Est présent à la conférence de
Nérac, 986, 990, 3o3. — A la
charge du châleau de Puymiroi,
305, 309, 321. — Vient trouver
la reine de la part du roi de Na-
varre, 3a3, 3a4, 389.
LussAN, capitaine. A reçu une lellre
du roi, et la reine lui a écrit qu'il
aille le trouver, 343.
Lv El R (Jacques Le), maîtredes comptes.
Est venu avec le s' de Duras de la
UiMde pour apporter les conditions
ipie demandent ceux qui sont dans
la ville, 1C7, 175.
M
MïGUELONNE (MaisoD et église de),
180 et noie.
MÀiNTENON (Louis d'Angennes, mar-
quis de). Est dépéché vers le roi,
31. — A bien servi dans la confé-
rence entre la reine et le duc d'An-
jou, 3 4. — Est envoyé par le roi
à Philippe II, 33, 34, note; 39.
— • Porteur d'une dépêche au roi,
4o, note; 44, 45, 46, 5o, 52.
— La reine désire son retour, 176.
— Est arrivé à Nérac, 183, noie.
— Porteur de bonnes nouvelles et
chargé par le roi de plusieurs dé-
pèches, 186. — Son insiruclion,
187-195, 198, 200, 301, 310,
note. — La reine le loue beaucoup
en l'envoyant au roi, 311, 319,
ai3, 9i4, ai6, 319, 997, noie,
34o, 353 , 497, 4o8 et noie.
Malain, conseiller, 187, 191, 198.
Mai.icorne (Le comte de), 16, 119.
Mamquet, courrier, 954, note.
Mans (Le) [Sarihc], i5, 16.
Mautoue (Le duc de). La reine lui
demande d'aider don Paule Eraclio
pour pouvoir racheter sa famille à
Conslantinople, 11. — Sa fille
serait très acceptable comme femme
du duc d'Anjou, i3, note. — La
reine lé complimenle, 33. — Lettre
de Catlieriiie à l'orcasion du ma-
riage de sa lillc avec le duc de Fer-
rare, agS. — Une autre lettre de
la reine de Navarre, agS, note;
ag6.
Marciiaumont (Pierre Clausse, s' de),
chambellan et surintendant de la
maison du duc d'Anjou, g3.
Marciac (Gers), 3a3 et noie, 354,
355, 363.
Mahenses (Charente-Inférieure), 499
et noie.
Marie Stuart, reine d'Krosse, 19.
Marion. Porte des lettres au maré-
chal de Montmorency, et est chargé
de lui dire les détails, 498, 496,
4oo.
5Zi&
Mabkande (Loi-e(-Gnronne) , 55 , note ;
56, 63, note; 6i, i84.
Mabbok (Le s'), serviteur du duc de
Joyeuse, 36i , note.
Marseille (Ville de), 871, 878.
Martin, courrier de M.deCormisson,
187, note.
MiRTiNENGo(Le comte). Ses dernières
volontés, 9.
Mas-de-Verdus (Le) [Tarn-et-Garonue] ,
1 27, noie; 370 et note.
Mas-Gbemer (Le) [Tarn-ct-Garoniie],
457 et note.
Masparault (Pierre de), maître des
requêtes. Envoyé au maréclial de
Daniviile parle roi et Catherine, 39
et note; 80, note. — Son voyage à
la cour, 468 et note.
Massepabet le jeune, 3o4.
Massis, capitaine. Est envoyé à Fleu-
rance vers le roi de Navarre, i33,
258.
Massos (Le s'), serviteur de M. de
Joyeuse, 345, 3 3 5.
Mathias, archiduc d'Autriche, gou-
verneur des Pays-Bas, 28.
Matignor (Le s' de), gouverneur en
Basse-Normandie. La reine le re-
mercie d'un beau lévrier, 35. —
Lui dit d'aller trouver le roi, 35,
i55 et note. . — 11 a reçu l'ordre
de la reine de réparer les fautes
commises aux étals de Normandie,
178. — La reine lui écrit à ce
- sujet, 195. — Elle s'étoime que
lui et les autres gouverneurs
n'aient pu prévenir ces résolutions,
196.
Maugiron (Le s' de), lieutenant gé-
néral en Dauphiué, 98, 107, 121,
note. — Donne de bonnes nouvelles
du Danphiné, 194 et note; 181!,
192, note. — Retournera en Dau-
phiué, accompagné du baron de
Sauisac, 286. — A envoyé des
nouvelles des environs de Beau-
caire, 245, a46. — Est contraint
de se retirer à Grenoble, 3i i. —
La reine lui enverra son avis sur ce
TABLE DES MATIERES.
qu'il faudra faire pour l'établisse-
ment de la paix, 868.
Macre (Le s' du), gentilhomme ca-
tholique. Voisin de Saverdiin, a
participé à l'entreprise, 364.
Mauvezib (Gers), 110 et note; 118,
118, i33.
Mauvissière ( C*STELSAU , seigneur DE ) ,
ambassadeur en Angleterre. Doit
activer la délivrance des hommes
et navires retenus en Angleterre,
5. — Le roi lui écrit à ce sujet, 5,
note. — Lettres de la reine et du
roi, 8 et note. — Est chargé par
la reine de complimenter Élisabelli ,
II. — ■ Catherine veut être, avec la
reine d'Ecosse, la marraine de sa
tille, 12. — 11 a écrit deux lettres
à propos du mariage du dnc d'An-
jou, i3. — Lettre de Catherine.
27. — La reine lui annonce que
le duc d'Anjou épousera la reine
d'Angleterre, 98, 3i, note; 36. —
Sa dépèche au roi, 5 0, 60. — Le
roi doit lui écrire pour le mariage
du duc d'Anjou, 111, i56, 3i6,
882.
(Le s' de), sou fils, gentil-
homme servant du duc d'Anjou,
278 et note; a85, 298, note.
Matesne (Charles de Lorraine, duc
de), 68, note; 996.
Mazères (Ariège) , 34o, 857, note.
Meaulde (Le s' la), i45.
Meadssk (De), député protestant- Est
présent à la conférence, aSo, 261.
Médicis (Catherine de). Exprime à
M. de Cressier son regret de n'avoir
pu payer une plus forte somme aux
Suisses, 495. — Recommande
Tillon au prince de Piémont, 1.
— Prie M. d'Abain de favoriser 'le
cardinalat de Charles de Lorraine,
1 . — Lui recommande l'abbé de
Vendôme pour le prieuré d'Au-
vergne, 2. — Elle espère beaucoup
du s' Giustelly et de l'abbé de
Plainpied pour son procès, 2. —
Demande au duc de Savoie de s'in-
téresser à la veuve et aux enfants
du comte de MontalTié, 2,8. —
Témoigne à M. du Ferrier son dé-
plaisir de l'incendie des archives de
Venise, 3. — Parle de son procès
à M. d'Abain, 3. — Remercie le
prince de Piémont de ses nou-
velles, 4. — Demande au duc de
Savoie de faire payer l'arriéré de
Faty, 4. — Exprime à la duchesse
d'Uzès son plaisir de la revoir, 5.
— Manifeste sa satisfaction de la
conduite du maréchal Damville, 4.
— Voudrait que Thoré suivit le
même exemple , et prie sa mère et
son frère aine d'agir sur lui en ce
sens, 495, 496. — Ecrità M. d'A-
bain pour son procès contre les
créanciers du feu cardinal Hippo-
lyte, 6. — Prie encore le duc de
Savoie de rendre leurs terres à la
veuve et aux enfants du comte de
MontafTié, 7. — Elle a reçu des
nouvelles de son procès et en écrit
encore à M. d'Abain, 8. — De-
mande à M. du Ferrier de faire
exécuter le testament du comte
Martinengo, 9. — Se plaint à
M"" de Nemours des folies du duc
d'Anjou; elle a couru après lui jus-
qu'à Bourgueil ,9,10, note. — Elle
écrit au maire et aux échevins de
Bayonne, 10. — Recommande son
procès à M. d'Abain, 10. — Prie
le duc de Mantoue de secourir don
Paule Eraclio , 1 1 . — Charge M. de
Mauvissière de complimenter Elisa-
beth, II. — Elle sera la marraine
de l'enfant de l'ambassadeur, 12.
— Veut faire renoncer le duc d'An-
jou à son projet de voyage en
Flandre, 19. — En écrit au ma-
réchal de Cossé, 12. — Lui re-
commande de bien suivre l'instruc-
tion qu'elle et le roi lui envoient au
sujet du mariage du duc d'Anjou,
i3, note. — Ne croit pas que le
duc désire épouser la reine d'Angle-
terre, i4. — Félicite le vicomte de
Tuicane de son désir de mainlcnir
ia paix et lui demande de ne point
s'associer à l'enlreprise du duc d'An-
jou, igG. — Prie M. de Bellicvre
de faire accorder aux habitants de
Chartres une modération de taxe,
1 !i. — Enirclient le roi des honnes
dispositions où est la reine de Na-
varre envers son mari, aS. — Dit
que M. de Bussy n'ose répondnr
du succès de l'entreprise de Flan-
dre; cependant, il est le seul à la
croire bonne, 16. — Le roi de
Navarre et le duc d'Anjou auront
une entrevue à Bourges pour se ré-
concilier, i6. — Le duc d'Anjou
est venu ia trouver entre Ponl-
vallain et le Lude ; elle l'a entre-
tenu de l'expédition des Flandres,
i-j. — Le duc de Guise fait lever
des troupes, 18. — Elle écrit au
roi, de Bonrgueil, où le duc d'An-
jou l'avait accompagnée, craignant
d'être investi au Lude, 18. — Elle
reparle des Flandres à son fils et fait
tout pour l'en détourner, ig. —
Désire qu'il se décide pour un des
mariages proposés, 20. — - Envoie
M. de Maintenon vers le roi avec un
mémoire de ce qui s'est dit au sujet
des Flandres entre elle et le duc
d'Anjou ,21. — Presse M. de Bid-
jièvre au sujet des affaires de la
reine de Mavarre, aô. — Elle a
reçu de mauvaises nouvelles de son
procès et le recommande encore à
M. d'Abain, 96. — Assure M. de
Mauvissière de ses bons sentiments
pour la reine d'Angleterre, 37. —
Evprime au grand-duc de Toscane
son regret de la mort de la du-
chesse, 97. — Ecrit à M. d'Abain
pour le fait de M. de Foix, 28. —
Annonce h M. de ilauvissièrc que
le ducd'Anjou s'est décidé à épouser
ia reine d'Angleterre; elle désire
que le mariage se fasse dans six
semaines, 28. — Envoie Maspa-
rault informer le maréchal de Dam-
CATIlEnlNE DE MÉDICIS. VI.
TABLE DES MATIERES.
ville des propos de Parabère, 2g.
— • Propose au duc d'Anjou de lui
constituer un royaume en Provence ,
39, note. — Écrit à Elisabeth
qu'elle partage son opinion sur le
voyage du duc d'Anjou eu Flandre,
3o. — S'adresse à M. de Bellièvre
pour le payement des garnisons
suisses, 3o. — Invite M. de Mali-
gnon à arrèler les lrnu[ii'S ipii vou-
draient suivre le duc d'Anjou, .32.
— Écrit au roi d'Espagne pour se
justifier de l'anfaire de Flandre,
33. — Elle part d'Ollainville pour
son voyage, 33, note; 34, note.
— Exprime encore ses regrets au
roi d'Espagne, 34. — Donne des
nouvelles de la cour à la reine
d'Espagne, 34. • — • Bemercie M. de
Matignon d'un lévrier, 35. — Part
pour la Guyenne, 35. — Insiste
auprès d'Elisabeth pour presser son
mariafjo, avec grand témoignage
d'affection, 35. — Prie .M. de
Walsiugham de s'y employer, 3(5.
— Est heureuse do l'admiration
que la reine de Navarre excite à
Cognac, 36, note. — Informe
M. de Bellièvre que le roi doit, à
force d'argent, empêcher Casimir
d'entrer en France, 87. — Son
séjour ù Bordeaux, 89, note. —
Remercie M. de Bellièvre des nou-
velles de son voyage en Flandre,
3i). — Ecrit de Bordeaux au roi,
le peuple de celte ville est fort
alTeclionué à son service, 4o. —
Elle a mis de l'ordre dans les
affaires et établi un conseil, 4i.
— Voudrait éloigner rertaines per-
sonnes de la ville, 4:1, 43. — A
eu des nouvelles de Beaucaire , 4 4 .
— Le roi de Navarre veut venir à
sa rencontre à la Réole, 45. —
Écrit au roi d'Espagne pour le prier
de faire cesser les poursuites contre
le chevalier Cortez, 5oo. — Insiste
pour voir le roi de Navarre cl l'in-
vite à diiier avec elle à Bordeaux,
545
.'iG. — Écrit de la Itéole au roi,
40. — • Le roi de Navarre est venu
la trouver à Castéras avec une suite
brillante, 4G. — H l'a accompagnée
à la Réole, 47. — Délibération
sur Beaucaire, 48. — On reniel
au leudeinain pour conférer sur
l'édit de pacification, 4g. — Es-
père que le duc d'Anjou se retirera
des Flandres, 5o. — Insiste pour
(pie le maréchal de Binm puisse
venir à la Béole, 5i. — Désire
([ue de part et d'autre les villes
occupées soient échangées. Sa. —
Remercie Bellièvre de ses nouvelles
et lui recommande de s'opposer
aux entreprises du duc Casimir,
497. — Nomme, |)Our dresser les
articles de la conférence, de la part
du roi, MM. de Valence, de Foix,
de Pibrac, de Saint-Sulpice, d'Es-
cars et de la Molhe-Fénelon , 5-j.
— Craint la lenteur des députés
du roi do Navarre, 53. — Est sa-
tisfait du progrès des affaires et
prie le roi d'écrire quelques lettres
d'encouragement à ceux de son
parti, i55. — S'efforce de re-
met lie les gens d'éjîlise en posses-
sion de leurs biens, 5(j. — Re-
mercie le maréchal do Damvillc
des nouvelles de Beaucaire, 56.
— Est heureux du hou début de
son voyage, 67. — Ecrit au séné-
chal de Toulouse, 58. — Donne
son avis à M. de Villeroi , sur dif-
férentes affaires, ôg, 497, 498 et
note. — Ses instructions au sieur
de Pailhès pour l'exéculionde l'édit,
Go. — Prie le grand-duc de Tos-
cane de procurer de l'argent au
roi, 6a. — Rend compte de son
voyage au roi, 63. — Charge le
maréchal de Damvillc de publier
ce qui a été conclu pour l'éxecution
de l'édit, 66. — Lui rccoiuiiiande
de remettre l'ordre en Languedoc,
67. — Écrit une longue lettre au
roi, 67. — Veut écliangcr les chi-
'>'.l
tVrCIVtKIt TÂTtOKAtt.
5^6
TABLE DES MATIERES.
teaux de Moiilignac et Noiilron
coutre Cbàliiloii, Figeac ou Puy-
mirol, que le roi de Navarre dé-
tient, 6(). — La noblesse de l'Agenais
est venu la trouver, 69. — • Rap-
porte au roi les conseils qu'a donnes
le maréchal de Biron ,71. — Diffi-
cultés qu'elle rencontre, yi, 75.
— Conseille au roi d'envoyer des
gratiBcalions à plusieurs personnes ,
76. ' — Sa lettre à M. de Faillies,
7Ç). — Ecrit au roi, de Toulouse,
qu'elle espère consolider la paix,
80. — Avertit le roi de ne pas faire
Irausporler le bureau de sa recette
générale de Bcziers à Montpellier,
81, 8a. — Demande au roi d'or-
donner qu'on lui envoie de l'argent
pour son voyage, 8a. — Rend
compte au roi de son entretien
avec le vicomte de Turcnne, Sa.
— Elle se méfie du roi de Navarre
et des protestants, 83. — Craint
qu'ils ne négocient avec Casimir,
85. — Se plaint de ce que le
clergé du Languedoc refuse de
payer les décimes ordinaires, 80.
— Ecrit au roi que les liuguenots
voudraient garder quelques places
pendant trois ou quatre mois, 87.
— Montauban , quoique huguenot ,
sera facile à soumettre, 88. —
Écrit au Pape pour recommander
Pierre du Faur pour l'évêché de
Lavaur, 88. — Rend compte au
roi de diiers événements, 8g. —
La noblesse du Languedoc main-
tiendra l'édit, 90. — Chàtillon
rassemble encore des forces pour
rester maître de Beaucaire ,9t. —
Elle redoute toujours l'intervention
de Casimir, en dépit des précau-
tions prises par le roi, g3. — 11
faut que le roi réconcilie d'Escars
et les autres mécontents, gi. —
Ménerbes a été rendu , go. — Ecrit
au roi ce que le clergé de Toulouse
réclame et ce qu'elle est d'avis d'ac-
corder, 96. — Se plaint au roi des
difficultés qu'elle éprouve du côté
dos huguenots, 97. — A fait des
reproches au vicomte deTureime,
98. — Lui dit qu'elle a appris qu'on
voulait la retenir à Toulouse pour
que pendant ce temps là Chàtillon et
autres s'emparent du Languedoc,
loi. — Menace le vicomte de Tu-
renne de revenir si , après son dé-
part, la paix est troublée par les
huguenots, loa. — • Ecrit au roi
au sujet des ail'aires de Bretagne,
10a. — Le duc de Montpensier
doit y aller pour prévenir les dés-
ordres, loli. — Annonce au roi
qu'elle partira pour l'Isle- Jourdain ,
lois. — Le roi de Navarre prétend
désirer l'exécution de l'édit, io4.
— Elle a fait mettre une garnison
à Pont-Saint-Espî-it, loC. — Est
arrivée à l'Isle-Jourdaiu, 106. — -
S'attend à être gênée par ceux qui
ne désirent pas la paix, 106. —
H faudra se hâter pour négocier
avec le duc Casimir, de crainte que
le roi de Navarre ne traite avec lui ,
107. — Demande à la duchesse
d'Uzès des nouvelles de la santé de
la reine de Navarre, 1 08. — Prie le
roi de s'occuper eu conseil des traites
générales , particulièrement pom- ce
qui intéresse Bordeaux, log. —
Insiste auprès de M. de Vezins
pour qu'il fasse cxécnlor Laberte,
igg. — Est indignée de ne plus
entendre parler du roi de Navarre,
110. — Encore l'entreprise de
Flandre, 111. — Le mariage
d'Angleterre, et les précautions
qu'il faudra prendre avant que le
duc d'Anjou n'aille voir Elisabeth,
lia. — Exprime à Elisabeth le
grand contentement qu'elle aura
de cette union, 113. — Annonce
an roi que le roi de Navarre arri-
vera à risle-Jourdain, 1 13. — Ce
([u'il faudra faire pour les villes re-
tenues par les protestants, ii3.
Il 4. — Intervient auprès du roi
en faveur de l'abbé de Vendôme,
11 5. — Envoie un passeport à
Pierre de Médicis, 116. — Ex-
prime au roi son grand méconten-
tement des lenteurs du roi de Na-
varre, 1 16. ■ — Elle ira le trouver
s'il ne vient pas, 117. — Nouvelle
lettre sur ce sujet, 117. — A fort
mal reçu les sieurs de Jliossens et
de Guitry, qui venaient faire des
excuses de la part de leur maître,
118,11g. — Se plaint de la mau-
vaise volonté de ceux qui entourent
le roi de Navarre, i!0. — La
conférence sera enliu réunie à
Nérac , 1 a 1 . — Remercie le roi de
sa lettre et est heureuse de son
approbation, ia3. — Parle de
l'affaire du clergé, laà. — Écrit
au roi à propos des états de Bre-
tagne, 125, — et de l'imposition
sur le vin et le blé, ia5. — Re-
commande ces mêmes affaires à
M. Brulart, 136. — Sa lettre au
maréchal de Damville sur la surprise
de la Réole, 127. — Reparle au
roi des longueurs et remises des
protestants, 129. — S'est joint au
roi de Navarre pour combattre Ba-
com, Fournier et leurs brigands,
1 3o. — Promet au roi de Navarre
que la Réole lui sera rendue, i3i.
— Donne des nouvelles au roi sur
la surprise de la Réole, iSa , — et
sur l'entreprise du roi de Navarre
sur Fleurance, i33. — • Prend des
mesures pour que les autres villes
restent tranquilles, i3i, i35. —
Annonce au maréchal de Damville
que les désordres seront bientôt ré-
parés, i3G. — Lui dit, dans une
autre lettre, qu'on aura quelque
peine à y arriver, 1 37. — Envoie des
nouvelles de Beaucaire au roi, 1 87.
— Adresse deux lettres au maréchal
de Daniv ille , 1 3g. — Ira à Nérac ,
1/10. — Rend compte des affaires
dans une longue lettre au roi, lie.
— La situation à la Réole est de-
TABLE DES MATIERES.
i'i7
venue plus difficile, i-'ia. — Reri-
coutre le roi de Na\arre à Jégiin,
iSg, i4'i. — S'est indignée des
raisons iju'il donne de sa conduite,
i4â. — Esl euGn tomliéc d'accord
avec lui, i4g. — Prie le dur de
-Montpensier de réparer le mal causé
par la surprise de Lauzerle, dont
elle est fort alarmée, i5o. — Ecrit
aussi à Lauzerte, 1 5 1 . — Rend
compte au roi de ce qui se passe,
lôa. — On sera prêt à lui porter
secours, si quelque chose survient
lors de son séjour à Mérac, lô'i.
— ■ S'inquiète des troubles de plu-
sieurs villes, 167. — \oit avec
plaisir que M. de Bellièvre ira en
Normandie, iSg. — Prie le maré-
chal de Daraville d'aller jusqu'à
Carcassonne, 160. — Écrit au roi
et désire qu'il lui laisse le sieur de
Pibrac, iCo. — S'intéresse aux
travaux du Boucault de Bayomie,
161. — Demande au maréchal de
Damville de s'occuper des sieurs de
la Croisetle et de Monbartier, iG-î.
— Ecrit au roi, iCa. — A inter-
rogé le capitaine Chauvet sur les
intentions des huguenots, i6i. —
11 v a quelques ditlicultés pour re-
mettre la Réole en état, i6â. —
Écrit au maréchal de Damville,
i65. — Lui annonce une entre-
prise sur Béziers qu'il devra préve-
nir, 1 66. — Recommande chaleu-
reusement au maréchal de Bellièvre
les intérêts du comte d'Escars et de
son fils, 166. — Informe le roi
que ceux de la Réole ont envoyé
leurs conditions, 168. — Elle dé-
sirerait faire la conférence ailleurs
qu'à Nérac, 168. — Les défiances
du roi de Navarre et de Ijourhart,
169. — Brouilles entre les catho-
liques de Condom, 170. — Ecrit
au maréchal de Damville au sujet
de certaines places, 17a. — Dit
au roi que thàtillon et Bacom re-
commencent à se remuer, 178. —
A signé avec le roi de Navarre des
promesses relatives à la restitution
de la Réole, 175. — Fait part au
maréchal des craintes ([u'elle a au
sujet des états de Normandie, 177.
— Recommande au maréchal de
Damville de veiller à ce qu'aucune
nouvelle entreprise ne se lasse, 171).
— Prie d'intervenir en faveur des
chanoinesde Montpellier pour qu'on
leur rende l'église de Maguelonm',
180. — Parle au roi des protes-
tants de Daupln'ué, 181. — A signé
les articles qui les concernaient,
181. — Dans une longue lettre, elle
écrit au roi tout ce qui se passe,
i83. — Le roi de Navarre et les
siens se tiennent en dehors des af-
faires du Dauphiné, i83. — Le
roi peut compter sur le dévoue-
ment de ceux d'au delà de la Ga-
ronne, i85. — Surprise de plu-
sieurs places, i85. — Assassinat à
Langon, 189. — N'a pas encore
réussi à faire fixer la date de la
conférence, 1 g 1 . — Reparle au roi
du Boucault de Bayonne et le prie
d'aider à la dépense, 192. — Se
plaint des mauvaises volontés de
plusieurs et des surprises qui conti-
nuent, iQ-3. — S'étonne que le s'
do Matignon n'ait pu prévenir ce
qui est arrivé aux étals de Nor-
mandie, et lui écrit, ig6. — Écrit
à M. d'Ahain au sujet du duché
d'Urbain, ig6. — Raconte au roi
qu'elle a menacé les s" de Biron
et de Duras d'aller elle-même à
la Réole, ig7. — Charge le ma-
réchal de Damville de veiller à ce
qu'on ne publie pas dans son gou- I
vernement de faux édits, comme
en Normandie, igg. — Donne
son avis au roi sur la manière de
se conduire avec les provinces, 301.
— Décharge le capitaine Favas du
gouvernement de la Réole, aO!>.
— Est heureuse que le duc d'Anjou
soit revenu en France, 3o3. —
l'ario au roi des mesures qu'elle a
prises pour la paix, 2o5. — En-
voie deux lettres en réponse au
maréchal de Damville, 307. —
Écrit au conseil d'Etal pour faire
payer deux serviteurs, s 08. —
Demande à M. de Bellièvre d'en-
voyer des lettres patentes, riog. —
El lui recommande divers paye-
ments, 310. — En députant le s"^
de Maintenon au roi, elle fait dif-
férentes propositions pour satisfaire
Casimir, 312. — Reparle du Bou-
cault de Bayonne, 21 5. — Divi-
sions à Condom , 3 1 5. — Elle s'at-
tend à des difficultés avec le parti
do Carces, 31 5. — Demande à
M. d'Ahain dos nouvelles du duché
d'Urbain, 216. — Reparle an roi
de Casimir; ollo a vu Clervaut <pii
a apporté des nouvelles de Flandro,
2 1 8. — La Réole va être rendue
aux prolostants ,219. — Écrit deux
lettres au maréchal de Damville.
332, 321. — S'inquiète des
troubles des environs de Beaiicaire,
221. — Infornio le roi que le vi-
comte de Turenne viendra, avec
deux députés protestants, pour fixer
le lieu de la conférence, 332. —
Prie le roi de Navarre de faire re-
mettre Langon, 5oo. — Ils sont
venus quatre, et tout le Conseil (pii
l'assiste s'est rais en colère contre
eux, 23/1. — Recommande Nimes
au maréchal de Damville, 336. —
A verse sur le vicomte de Turenne
tout son mécontentement des pro-
positions dos députés, qu'elle vou-
drait faire pendre, 238. — Condom
devient tranquille, 23o. — Désire
faire revenir le maréchal de Relz
en Provence, 382. — La Réole étant
rendue au roi de Navarre, elle fait
demander la restitution de Fleu-
rance et de Langon, 333. — Les
dépulés menacent de s'en retourner,
3 33. — I^ crue des eaux l'em-
pêche de se rendre à Nérac pour
6g.
568
TABLE DES MATIÈRES.
rencontrer les dépulés. — Accuse
M. Biissy des extravagances du duc
d'Anjou, 336. — Reparle à M. de
Bellièvre de l'exportation du vin et
du blé, 336. — Dans une longue
lettre au roi elle lui raconte les
difTicullés qu'on a eues pour se faire
obéir à la Réole, 387. — Ce qu'elle
a décillé pour remettre des muni-
lions dans le cbàteau, a38. — Ses
résolutions concernant Sainte-Ba-
zeiile, 289. — Elle est souffrante:
les s" de Pibrac, de la -Mothe-Fé-
nelon, de Candale et de Saint-
Sulpice la précéderont à iNérac pour
préparer la conférence, fiSg. —
S'étonne du maréchal de Biron qui
paraît être fort en colère, aSo. —
Fleurance a élé remise aux catho-
liques, mais ceux de Langon ne
veulent rendre le château qu'avec
un pardon général, 268. — Se
plaint au maréchal de Damville de
la conduite de Cbàtilloii et des
siens, contre lesquels il faudra agir
en observant l'cdit, a/i.'i. — Se
plaint au roi de Chàtiilon et autres
qui ont pris des places, a-'iô. ■ — On
l'a averti que pendant la conférence
les protestants prendraient leur re-
vanche de la Saint-Barthélémy,
2i.5. — Se méfie du roi de Na-
varre, a 47. — -A quitté Port-Sainto-
Marie pour Nérac, a4g. — Le roi
de Navarre lui a fait une gracieuse
réception et a fait évanouir tout
ses soupçons, aig. — Sa première
entrevue avec les dépulés, aSo. —
Leurs remontrances sont déraison-
nables, aSa. — Prie le maréchal
do Damville de s'informer du sujet
du voyage du courrier des députés
protestants, 3 5 3. — Raconte au
roi ce qui se passe entre les députés
prolestants, elle, et son conseil,
2 54. — Huit articles sont arrêtés,
367. — Remercie le maréchal de
Damville des bonnes nouvelles de
Beaucaire, 357. — Compte re-
passer par le Languedoc eu re-
tournant à Paris, 358. — Il y î"
beaui'oup de diflicultés avec les
députés, 258, — surtout à cause
du grand nombre de villes qu'ils
veulent avoir pour leur sûreté,
a6i, 36a. — Beaucaire est rendu,
268. — Demande l'avis du roi
au sujet des villes que les protes-
lanls exigent, 268. — Il est ques-
tion d'un dépôt de 800,000 écus
par le roi en échange des villes,
264. — Recommande aux gouver-
neurs de Languedoc et d'Auvergne
d'èlre sur leurs gardes, a (3 4. —
Met le roi au courant de ce qui se
passe entre elle, le roi de Navarre
et les députés, a65. — lis deman-
dent cinquante-neuf villes, 26». —
A la place des villes on pourrait leur
donner de l'argent à prendre sur le
sel du Peccais, a66. — lis mena-
cent de faire venir Casimir, 3(17. —
Elle, de son colé, menace de partir
pour Agen, 268. — La prise de Sa-
Verdun fait un bon effet, 268. —
Enfin , peu à peu , ils se sont réduils
à quinze villes pour six mois, outre
les huit villes de l'édit, 270. • —
Les conseils qu'elle donne au duc
d'Anjou au sujet de son voyage en
Angleterre, 272. — -En parle au
roi, 374, 375. — L'argent que
demandent les protestants pour l'en-
tretien de leurs troupes, 378. —
Elle veut qu'ils rendent Mur-de-
Barrez, 278. — Prévient le s' de
Panjas qu'elle viendra à Agen ,280.
— Annonce au maréchal do Dam-
ville que la conféronco est achevée,
a8o. — Lui écrit que less"de Vérac
et d'Yolet viendronl en Languedoc,
281. — Dit aux habitants de Beau-
caire qu'ils seront dédommagés des
dégâts qu'a causés la prise du châ-
teau, 383. — Parle de son procès
à M. d'Abain, 284. — Prie la du-
chesse d'Uzès de lui envoyer des
nouvelles du roi et de la reine.
284. — Annonce au roi que les
articles ont été signés après mainte
discussion, a 86. — Elle a envoyé
partout pour faire cesser les actes
d'hostilité, 287, agi. — Rencon-
trera à Agen la noblesse des en-
virons, 287. — A dû consentir à
faire la chambre de Languedoc mi-
partie, a8g, ago. — Demande
des nouvelles de la cour à la du-
chesse d'Uzès, 2g2. — Prie le ma-
réchal de DamWlle de réunir les
Etals, le 2 5 mars, à Carcassonne et
non à Narbonne, 394. — Envoie
ses compliments de mariage au duc
de Ferrare, ag'i. — Écrit à la du-
chesse de Nemours qu'elle désire
vivement revoir le roi, 396. —
Envoie le conseiller Doron au roi
avec une instruction et une lettre,
297. — Son entrevue avec la no-
blesse d'Agcn, 397. — Est heu-
reuse que le ^icomte de Turenne et
le maréchal de Biron se montrent
plus affectionnés au service du roi,
399. — Recommande une affaire
de l'évéque d'Agen à la duchesse
de Nemours, 800. — Ecrit au roi
pour se défendre dos articles de
Nérac et des concessions qu'elle a
été obligée de faire aux prolestants,
3oi. — Désirerait que le duc d'An-
jou aille à la cour pour quelques
jours, 3o4. — Envoie le s' de
Montaigne chercher quatre che-
vaux en Espagne, en demandant la
permission à Philippe II, 3o5. —
Ecrit au roi. Le parlement a fait
exécuter un capitaine et deux sol-
dats qui avaient conduit Camille :
un autre capitaine a été tué en
route, 3o5, 3o6. — Est fort mé-
contente de la rencontre qui a eu
lieu entre les s" de Turenne et de
Duras, 807. — En écrit au roi,
3o8. — Les troubles en Dauphiné,
810, 3 1 1 . — Langon est reniis au
roi, 3 1 3. — Engage le duc d'Anjou
à aller en Angleterre, 81 5. — Il
TABLE DES MATIERES.
549
faudra que ie s' ilo Miju\ir!-ii'ie ilc-
mande ies sûretés nécessaires pour
lui, 817. — Est conlenle qu'il soit
allé à Paris, comme elle raconte
au maréclial de Damville, .'J18. —
Le roi de Navarre et les siens veu-
lent relarder leur arrivée à Castel-
naudary, 3a i. — Klle remet son
dépari, 323. — Elle propose au
roi, dès que le vicomte de Turenne
aura été avec le maréclial de Biron
en Périjjord , de le mander près de
lui, avec le s' de Duras et ies té-
moins, pour les mettre d'accord,
3aa. ■ — Le roi de Navarre ne veut
pas partir avant que Saverdun ne
lui soit rendu contre Marciac, 333.
— Les bons rapports entre le roi
et le dur d'Anjou ne font pas im-
pression sur le parti du roi de Na-
varre, 3 3 3. — Ecrit à la duchesse
d'Lzès, 3a5. — Au maréchal do
Damville , de Valence , et ensuite de
Saint-Nicolas, pour la tenue des
Étals de Languedoc à Carcassonno,
337. — Change d'avis et les fail
venir à Caslelnaudary, 337, note.
— Dit au roi qu'elle rencontre
encore des difficultés de la part de
ceux qui ne veulent pas la paix,
3a 9. — Affaires de Condom,
829. — Laffin apporte de bonnes
nouvelles, 33o. — Elle a passé par
Beaumont et Grenade pour arriver
à Toulouse, d'oii elle écrit à la du-
chesse de Nemours, 33 1. — Prie
le roi d'aider le duc d'Anjou pour
son voyage en Angleterre, 333. —
Annonce au roi que le roi de Na-
varre l'accompagnera à la cour,
335. — Le maréchal de Biron res-
tera seul pour veiller à l'établis-
sement de la paix, ce qui vaudra
mieux, 335. — Le prie de nouveau
de favoriser le voyagedu duc d'.\njou
en Angleterre, 337- — Écrit à
la duchesse d'Uzès qu'elle devra
encore faire un voyage en Angle-
terre, 338. — Autre lettre pour
se moquer du pays et des gens
qu'elle y rencontre, 339. — Est
à Sainl-Michel-dc-Lanès, où elle
prie le maréchal de Damville de
venir, 34o. — Dans une lettre au
roi, elle voudrait joindre le comté
di! Fois au gouvernement de
Tiuyeune et de Languedoc, 3'ii.
— S'est retrouvée avec les députés,
'iUi, 3ia. — A intimidé le mi-
nislre Béraud, 346. — Le roi de
Navarre ne l'accompagnera pas,
3 '17. — Elle craint des dillicullcs
pour le mariage d'Angleterre, 3i8.
— Écrit à Langnac, 5oi. — Elle
a fait remédier à la surprise de
Langon, 34y,3âo. — A réconcilié
le roi de Navarre et le maréchal
de Biron, 35o. — Exprime son
déplaisir de l'affaire de Langon au
s' d'Lssac, 3âa. — Prie le s' de
Monibrun de continuer la garde de
Terride, 353. — Ennui que lui
cause celte nouvelle surprise <le
Langon, qu'elle fera sévèrement
punir, 353, 354. — Ses mesures
pour reprendre Langon, 356. —
Son départ de la Guyenne et la
tristesse de sa fille, 357. — La
manière charmante dont le roi de
Navarre a pris congé d'elle, 358,
359. — Écrit à Laugnac, 5o5. —
Lettre du roi sur des affaires de
finances, 862. — A de mauvaises
nouvelles de Savoie, Piémont et
Saluées; a mandé le maréchal de
Bellegarde près d'elle, 363. —
Nouvelles agilalinns en Guyenne,
où la paix est difficile à établir en-
tièrement, 364. — Écrit à Lau-
gnac, 5o3. — La peste en Langue-
doc, 365. — Bacom et les brigands
des Cévennes, 366. — Préfère ne
pas se servir de Cbàtillon pour faire
entendre raison à Bacom, 366. —
Espère être dans un mois à la cour,
3O7. — Bacom s'est très bien con-
duit et a rendu qualre villes, 369.
— A Pézenas, quelques prolestanls
et catholiques de Montpellier sont
venus lui piéseuter une requête à
biquelle elle a satisfait, 870. — Prie
le roi de lui envoyer les expéditions
pour installer le grand-prieur
comme gouverneur de Provence,
et le comte de Suze comme général
des galères, 871. — Le s' de Tlioré
veut remelire sa mission dans le
diocèse de Montpellier, à cause de
l'absence de M. de Chàtillon, 372.
— ■ Le s' de Banville est arrivé de
la part du duc d'Anjou, 874. —
Elle a rendu un jugement dans un
différend entre les protestants et
calholiques de Montpellier, au sujet
de l'église de Notre-Dame, 876,
877. — il y aura beaucoup à faire
|iour calmer les Carcisles et les
Razats en Provence, 878. — Ces
derniers ont assiégé le jimne mar-
quis de Trans dans son château,
877. — .\ passé à côté de Mont-
pellier, où son courage a fait une
bonne impression, 879. — A
Bcaucaire, les envoyés des Car-
cistes et des Razats sont venus la
trouver, 38o. — Donne ordre
aux uns de lever le siège de Trans
et aux autres de rendre le Puy et
Saint-Pol, 38 1. — Exprime dans
une petite lettre à la duchesse
d'Uzès tout l'ennui que lui causent
ces querelles, 38i. — Dit au roi
qu'elle a refusé d'entrer en Pro-
vence avant que les armes ne fussent
posées de part et d'autre, 882. —
Dans une lettre au duc de Nevers,
elle est contente du succès de son
voyage en Guyenne et Languedoc,
et sur ie point d'entrer en Pro-
vence, 383. — Articles accordés
entre elle et le roi de Navarre à la
liéole, 888. — Sa lettre missive
aux baillis et sénéchaux, du 7 oc-
tobre 1678, 891. — Son instruc-
tion pour faire exécuter l'cdit,
892. — Sa lettre missive du i3 oc-
tobre 1078, 398. — Commission
550
TABLE DES MATIERES.
qu'elle donne au s' de Fonlenilles,
pour aller à Lecloure, Sgi. —
Propos qu'elle tient à la nolilesse
d'Agen en octobre 1578, SgS. —
Lettre que lui adresse le président
de Villeneuve, ioa. — Mémoire
qu'elle reçoit de La Hunaudaye sur
les étals de Bretagne, 4o3. —
Son acte public avec le roi de Na-
varre à Auch, le 4 décembre 1 778 ,
io5 et note. — Lettre que lui écrit
Henri III le 5 décembre, ^07. —
Requête que lui adressent les Age-
nais et sa réponse, 4i2 et note 2.
— Promesse qu'elle lait au roi de
Navarre de rendre la Réole, 4i3,
4i4. — Promesse que lui fait le
roi de Navarre de rendre Flcu-
rance, 4i5. — Son règlement tou-
chant la ville de Condom, il 5. —
Ses notes sur le mémoire envoyé
au roi par les chefs de la réforme ,
417, 435. — Instruction que lui
envoie le roi par le s' de Dinte-
ville, 435, 44 1. — Discours sur
son rôle aux conférences de Nérac,
44 1, 448. — Autre discours, 449,
452. — Son discours à la noblesse
de Guyenne, le 5 mars 157g, 4Ô2.
— Son instruction aux gentils-
hommes pour l'exécution des ar-
ticles de la conférence, 4.î4-45g.
— Commission qu'elle donne aux
s" de Pardaillan et de Borolhan,
45g. — Reçoit à Agen le serment
des notables, p. 463. — Lettres
que lui adresse le maréchal de
Damville, 464-48 1. — Sou règle-
ment relatif à Narbonne, p. 485.
— Sa réponse à l'instruction de
Banville, écuyer du duc d'Anjou,
p. 48g. — Pépense personnelle
de son voyage, quittance qu'elle en
donne, 491. — Ses réponses aux
remontrances du parlement de
Toulouse, 4gi-4g4. — Témoi-
gnage que lui rend le roi, 4g4.
MÉDicis (Hippolyte, cardinal de), 6
et note.
(Pierre de). Catherine lui an-
nonce l'envoi dun passeport, et
fera tout pour faciliter son voyage,
1 1 G. — Lui conseille cependant
de ne pas venir jusqu'en Guyenne
pour la voir, à cause des troubles,
i5g.
(François de). Voir Toscane
(Grand-duc de).
Mkilhan {Landes), i58 et note;
549.
Meilledaie (Le sieur de), 18, ai.
Mende (L'évéque de). Voir Beaune
(Renaud de).
Menerbes (VattcUise), gô et note;
i48, i65, 906, 216 et note.
Mer (Jean de La) ou Laher, syndic
de Castres, député protestant. Vient
trouver la reine, 224, 327. — Est
présent à la conférence, aSo, 356,
362. — Se joindra à M. de Mont-
berault pour l'exécution de l'édit,
agS.
Mébabgces (Le sieur de). Retourne
en Provence, 882.
Mère-Eglise (Le sieur de), 4o5 et
note.
Merle (Mathieu), capitaine, 78 et
note; i3o, note.
Merville (Le sieur de), sénéchal du
Bordelais, 93o. — Doit délivrer
les poudres, 3a8, note, 3go.
Metz (La ville de), 44, note.
Meun (Le sieur de), gentilhomme de
Condom, 2 5g.
Meynes (Gard), 36a et note; 364.
MiossEss (Jean d'Albret, baron de),
capitaine catholique. Est allé trouver
le roi de Navarre de la part de sa
femme , 1 5 , 117, note. — La reine
e.«t fort mécontente de ce qu'il vient
dire de la part du roi de Navarre,
it8, i3i, i32, i33, i34, i64,
170, note. — Il épouse la fille
du sieur du Pont, 27g, 3io, 344,
4o5 et note.
MiRABEL (Le château de), 47, 48,
Ô2 , 88 et note; 90.
MiRAMBEAn {Vienne), Sg, note.
MiBEPOix (Jean de Lehs, sieur de),
sénéchal de Ciircassonne et de lié-
ziers. Ira pour le roi à Carcassonne
pour l'exécution de la paix. 60,
67. — Il éprouve quelque difficulté
à se faire obéir, 172. — Différend
entre lui et le sieur de Terrido,
347, 353, 890 et note.
(L'évêcpie de). Voir Villars
(Pierre de).
MoiiVETO», courrier, 62, 16a, 166,
167, 36g.
MoissAC (Tam-et-Garonne), 76, 78
et note; i5o, 42 5.
MoLÉ (La), député des Ragats. Ar-
rivé à Beaucaire auprès de la reine,
il lui donne son avis sur la route à ,.
suivre par elle, 38i. — Retourne
en Provence, 882.
MoLLÉ , trésorier de France et général
des finances en Champagne, 98.
— Est envoyé vers le roi, io4,
note; i56. — Ira à Langon pour
y rétablir la paix, et passera par
Bordeaux, 189, iga, 219, 980.
La reine voudrait l'envoyer pour
le roi en Quercy et en Rouergue,
3 10. — La reine le recommande
comme bon serviteur, 106, 108,
log.
MoxBARTiER (Antoine d'Astorg, sieur
de). Ira pour le roi de Navarre à
S'-Papoui et Lavaur pour l'exécu-
tion de la paix, 66. — S'occupe
de sa charge, 110, 189, i5o, 162,
8go.
MoxDBEviLLE (Lc sicur de), conseiller
de la reine mère, 81, note.
MoNFLAXQDiN {Lot-et-Garonne), 945,
844.
M0NGOMERÏ, capitaine protestant ,175,
note; 196 et note.
MoxLEZDx (Jean de). Voir Baranneau.
MoNLDC (Jean de), évéque de Valence.
\ fait de bous rapports sur le ma-
réchal de Damville, 5. — Le roi
veut le renvoyer en Languedoc, 7,
note; 48. — Sera dans la com-
mission pour le roi, Sa, 56. —
TABLE DES MATlEllES.
551
Se iiiontro très cajialile, 58, 173,
180,308. — Etant malade, le sieur
de Folx porte la parole à sa place,
aSa, a56, .'iag. — Son mal aiij;-
niente à NtH-ac, Mil). — Eiivoyn
aux états de Lanjjuedoc, /181. —
Meurt à Toulouse, 363 et noie.
(Jean de), chevalier de Malle,
évoque de Condom. — La reine
envoie sa lettre au lioi, 19.3 el
note; igi, a'ii.
.MosiAFFiK (Louis, comte de), en Pié-
mont, clievalier de l'ordre du Roi.
La reine ri'coniniande sa veuve et
ses enfants au duc do Savoie, a , 'i.
— Et encore plus expressément, 7.
MoNTAroNAC, capitaine protestant. A
été lue à la surprise de Cleruioiil-
de-Lndève, aiii.
(Le château de), 3a6, 35'i,
37a.
Montaigne (Geoffroy de), aoi. Est
envoyé complimenter le roi et la
reine d'Espagne, d'où il doit rap-
porter quatre chevaux, 3o5.
Mostadban {Tarn-et-Garonne), 46,
note; 1)8, ."la , 88, aaa, aa3,
234, 337, a'iS, a68, 4a5.
MoNTBERAiJD ( François deTersac , sieur
de), lieutenant du maréchal de
Bellegarde. Catherine et le roi de
Navarre lui annoncent que le \i-
comte de Polin et M. Lamet vien-
dront se joindre à lui pour l'exécu-
liou de l'édit, 398. — La reine
ayant su qu'il est malade , l'en dé-
charge, 3i 1. — Les lettres du roi,
3 1 1 , note.
MoNTonuN (Le s' de), capitaine. La
reine lui écrit pour le faire conti-
nuer la garde du château de Ter-
ride, 352.
Most-de-Marsan (Landes), 389.
MOSTDBAGON (D'AlBERT De), 2 1 7.
Est venu rendre hommage à la reine
avec la noblesse de Provence , 38o
et note.
MosTïnEAu-FADLT-Yo.-ixE ( Yonne), 3 1 ,
note.
MoMKERHAXT ( Lo sieur de), i54.
MoMGUio» (La Rochefoucauld, sieur
de). Est dans la commission pour
le roi de Navarre ,5a, 390 et noie.
MoNTlGSAC-LE-CoMTE { Dovdoffne) , 7,
noti»; 08 et note; 18O, igi, 878,
note.
Montmorency (François, maréchal de
France, de), fils aine du conné-
table. Lettre de la reine (jui lui
exprime son contentement de la
résolution du maréchal de Damville
et le prie d'exhorter le sieur de
Thoré à suivre son exemple, igS,
3 1 1 . — Est mort à Ecouen , en
mai 1579, 366, noie.
(Henri de), second lils du
connétable, maréchal de Dam-
ville, duc de Montmorency après
la mort de son frère aine, 365,
360, 3O9, 870, 38o, 38i. —
Voir Damville.
(Charles de), sieur de Méru,
troisième fils du connétable, de-
vient duc de Damville après la mort
de Henri, maréchal de Damville,
300, note.
(Guillaume de), seigneur de
Thoré. Voir Tuoré.
(Madeleine de Savoie, veuve
du connétable de). La reine lui
écrit au sujet de la réconciliation
du maréchal de Damville avec la
Cour, exemple ([u'elle voudrait
voir suivre par le sieur de Thoré,
-'196.
MoNTMORiN (Le s' de), sieur de Saint-
Hérem ou Sainl-Hérau, premier
écuyer de la reine. Envoyé vers le
sieur de Suze, 378, 38 1. — Va
en Provence avec des lettres du roi
et de la reine, 883. — Envoyé
comme ambassadeur extraordinaire
à la cour de Vienne, à l'occasion
de la mort d'Elisabeth de Franco,
385 et note.
MoNTPAZiER (Dordo^ne), près du châ-
teau de Rirou. A été surjiris par les
huguenots, i85 et notes.
MoNTi'ELLiEB (La ville île), 48, 60,
8i, 83, 91, 138, 179, a45, aOg,
807, 889. — Est alUigéc de la
peste, 304, note; 872, 875, 876.
- La reine passe près de la porte,
879, 4a5, 438, 433, 469, 475.
( Les consuls de ). Leur élection ,
807. — Différend entre les anciens
et nouveaux consuls, 873, 876. — ■
\ iennent au-devant de la reine,
^79-
(Les chanoines de l'église ca-
thédrale de). Oui présenté une
requête à la reine au sujet de l'église
de Maguclonne, 180.
(Les proteslanis de). Ont pré-
senté une requête, 807, 870, 875,
876, 877, 878, 379.
(Lescatholiquesde), 870, 876,
876,377,878.
MoNTPENSlIR (Louis DE BoUBROS-VeN-
iioME, duc de), gouverneur de Bre-
tagne, 20. — Est présent à une
entrevue de la reine avec le duc
d'Anjou, 31, 34. — Assiste à la
rencontre de la reine avec le roi de
Navarre, 67, 48, 49, 5o, Sa. —
Catherine prie le roi de lui écrire,
55, 56. • — .V été malade, 60. —
La reine désire le garder avec elle,
65, 73 , note. — Sa lettre au roi,
7'i, note; 76. — Accompagnera
le riii de Navarre, 78, 87. — S'est
opposé aux prik'hes qui se font à
l'église de Lectoure, 89, 90, 9a.
Partira pour être présent aux états
de Bretagne, io3. — Une indis-
position l'en empêche, io4, note.
— La reine le consulte toujours,
ii4. — N'ira pas en Brelagnc,
120. — Catherine désire que le
roi le complimente sur ses bons
ollices près d'elle, lai, 133. —
Souvint malade; espère pouvoir
aller aux étals de Bretagne, ia5,
136, note. — Est resté malade à
risle-Jourdain, i3'i. —Catherine
lui apprend la surprise de Lauzerle,
et le prie de réparer le mal, i5o
552
TABLE DES MATIERES.
— Est fort malade, i53, i55,
167. — La reine attend des nou-
velles, i63, 177. — A écrit au
roi de Navarre, a des particula-
rités importantes à lui dire, 187.
- — Voudrait que la conférence se
fit en deçà de la Garonne pour
pouvoir y assister, 188, igS, a55.
io3, note; lilio.
(Catherine de Lobkaine, du-
chesse de), 46, 47, note. — A été
malade, ig, 60, 63, 87, note-,
io3, iSg. — A envoyé de l'argent
à M. de Richelieu, 4g8.
MoNTPEZAT (François de). Voir Lau-
GNAC.
Montréal {Aude), 3,5g.
(Les consuls de), 35g.
MoNV, compagnon de Clervant,
i6.'i.
MoHoziM (Le s'). La reine envoie au
roi le déchiffrement de sa dépêche,
)6a.
MoTHE (Le s' DE La), cousin du ma-
réchal de Biron, 182, note;
i53.
MoTHE-FÉNELON (Le s' de.La). En-
voyé vers le roi de Navarre, i3,
45, 46. — Est de ia commission
pour le roi, 52. — Sera envoyé
au roi de Navarre, yo, gi, ga,
io4. — La reine attend de ses
nouvelles, 110. — Il a persuadé
le roi de Navarre de venir à l'Islc-
Jourdain et d'avoir confiance, 1 1 3 ,
ii4, 116. — Va se joindre au
maréchal de Biron pour avoir rai-
son de ia Réole, i65, 168, 16g.
— Le s' d'Ussac continuera avec
lui pour arranger les affaires de la
néole, i84, i85, ig3. — Est
revenu de Nérac, ig5. • — Précé-
dera la reine à Nérac pour prépa-
rer la conférence, 38g, 256, 262,
263. — \ signé les articles de
Nérac, 282, note. — La reine vou-
droit l'envoyer pour le roi en Péri-
gord et Limousin , 3io,3i4, 334,
33o, 333, 343.
MoTUE-Go^DRl^ (Bertrand de Par-
daillan, s' de La) apporte des
lettres du roi, a46. — Est en-
voyé à Langon, 35o, 353, 353.
— Commission que la reine lui
donne pour l'exécution de la paix ,
45g et suiv.
MOTHE-MONIGOZE OU MoTBE-MoSGAOZV
(Le s' DE La), fils du capitaine ca-
tholique surpris et lue en i56g
dans le chàleau de Lévignac. S'est
mis dans la Réole, )4o. — La
reine lui a écrit, j4i, i42.
Moulins (La ville de), 376.
MoDssBBON (Le s' de). Est inslallé
comme gouverneur à Condom,
243. — Catherine l'apprécie beau-
coup et désirerait qu'il pût y res-
ter, 343. — Lui a envoyé une lettre
du roi, et l'a elle-même engagé à
continuer sa charge, 287, 32g.
MuLLET, chevaucheur du roi, 346,
note.
Mun-DE-BAnBEZ (/lue^/ron), 110, noie;
271, 278, 333, 334.
Muret (Hatile-Gnronne) , 333, 336,
337.
Mussidax {Dordojjne), 324, 325,
343, 354, 356.
N
Nantes (La ville de), 103.
NisTEuiL (Le comte de), 3go,
note.
Nareonne (Aude), 66, 173, 3g4,
337, 347, 35o, 363. — La reine
y passe, 363, 364, note; 4o3,
468 et suiv. — Règlement par la
reine mère des affaires de la ville,
485.
(Les consuls de), 330, 221,
380, 382, 388, 3i3, 363, 364,
note.
Navarre (Henri de Bourbon, roi de),
7, note. — Recevra très bien sa
femme, i5. — Ne désire, d'après
M. de Laverdin, une ville sur la
Loire que pour venir voir souvent
le roi et sa mère , i5. — N'est pas
de l'entreprbe de Flandre , 1 6 , 2 5 ,
28. — A donné le bon exemple,
ag, note; 3o, 87. — Catherine
désire qu'il soit sans défiance,
38. — Doit rencontrer les reines
<i Langon, 43, 44. — La reine
l'a fait prier de retirer M. de
Chàtillon de Beaucaire, 44, 45.
— Voudrait avoir une entrevue
avec la reine à la Réole, 45. —
La reine le prie de venir diner à
Bordeaux, 46. — Sa lettre à M. de
Lardimalie, 46, note. — Son en-
trevue avec la reine à Castéras,
46. — Il fera une bonue dépèche
aux s" de Vers et de Chàtillon, 48.
— Se met en colère au sujet du
maréchal de Biron, 5i. — Il dé-
sire que les villes soient remises
dans l'état d'autrefois et qu'il puisse
voyager en sûreté , 5i . — Il nomme
des commissaires pour dresser les
articles de l'accord de la Réole,
52. — Catherine prie le roi de lui
écrire pour qu'il continue dans le
bon chemin, 55. — Sa lettre au
baron d'Huard , 55 , note. — A pro-
mis de se réconcilier avec le maré-
chal de Biron, 56, 67, 58. —
Envoie, de concert avec la reine,
des instructions pour l'exécution
de l'édit, 60. — S'est trouvé avec
le maréchal de Biron, 64. . — Se
réunit à la reine pour l'affaire de
Beaucaire, 66. — Envoie des in-
structions à ses commissaires , 66.
— Sa lettre au maréchal de Dam-
ville au sujet de Beaucaire, 67,
note. — Veut que le roi lui rende
TABLE DES MATIEUES.
553
les cliàteaiu de Monlignac et de
Nontron, 68. — 11 ne faut pas qu'il
y ait de défiance, 77. — Montre
son désir d'exécuter l'édit, 77.
— 11 a écrit à M. de Soidé, 79,
note, 80. — La reiue lui fera tenir
ses promesses, 81. — 11 a dépêché
le vicomte deTurenne vers la reine,
83. — Ses méfiances et prolesla-
tions, 85. — Désire cbàtier les
brigands qui troublent le pays,
88. — Remet toujours la confé-
rence, go. — Leduc de Monlpen-
sier lui a écrit que sa femme était
malade, ga. — Intervient pour que
le (jouvernement de Picardie soil
rendu au prince de Coudé, gô.
— Catherine est fort mécontente
du relard de la conférence, de ce
qu'on n'envoie pas les commis-
saires pour l'exécution de i'édit et
de la désobéissance de Chàtillon,
qu'elle pense qu'il a encouragé,
g8 et suiv. — La reine lui a
écrit pour lui reprocher sa con-
duite, io4. — 11 a envoyé vers le
duc Casimir, 107. — Catherine
n'entend plus parler de lui, 110.
— Sa lettre à M. de Borolhan,
110, note. — Il faut qu'il envoie
quelqu'un à Mur-de-Barrès, 110.
— Une fois que tout sera conclu , il
se joindra à la reine pour punir
les rélVactaires, ii'i. — Il n'ar-
rive pas encore à l'isle- Jourdain;
la reine en est fort mécontente,
lit), 117. — Remet encore la
conférence, rejetlant la faute sur
les députés du Haut-Languedoc.
118. — Propose Caslel-Sarrazin
comme lieu de réunion, 192, laG.
— Est fort courroucé de la sur-
prise de la Réole ,127, note. — La
reine lui propose de réunir leurs
forces pour la reprendre, ia8. —
11 envoie M. de Terrlde en Lan-
guedoc, 1 ag. — Est Irailé en sou-
verain à Auch, i3o, note. —
Lettre que la reine lui écrit, i3i.
CATUEniXi; DE Médicis. —
— Son expédition nocturne sur
Fleurance, i33, note; i36. —
A promis de remettre Fleurance
dans l'état où elle était, contre la
restitution de la Réole, i.'io. —
Catherine l'a prié de faire sortir
^'aieda^ et autres du prieuré de la
Réole, i4i. — Tombe d'accord
avec la reine après une longue dis-
cussion, i4g, i5o. — ■ Envoie, de
concert avec la reine , une instruction
aux sénéchaussées pour empêcher
la surprise des villes, il^-]. — La
reine lui demande une lettre de
désaveu pour le fait de Beaucaire,
160. — Prétend amener les dé-
putés à la conférence, i()3. — Il
est plein de défiance, 16g. —
A bien reçu les reines à Nérac,
173. — Est recherché par ceux qui
veulent brouiller les provinces, 176.
— Sa lettre aux consuls d'Agen ,
176, note; 180. — Prétend
que la conférence ne peut com-
mencer qu'après la restitution de
la Réole, i84, 187, 191. — Veut
qu'on lui rende les châteaux de
Montignacet de Nontron, 186. —
Sa lettre àTurenne, 18g, note. —
Se venge de la surprise de la Roule ,
1 g3. — 11 ne viendra pas à Port-
Sainte-.Marie pour la conférence,
I gô. — Est venu à la rencontre do
Marguerite à Nérac, 200. — Veut
bien faire la conférence à Villeneuve,
2o5. — Tient conseil à Nérac pour
prendre une décision, a 12. — Est
venu à Port-Sainte-Maria; s'inté-
resse au payement de Casimir, 217,
318. — Il a dit aux députés de bien
se préparer à lutter contre les at-
taques de Catherine, 2 2 3. — Lettre
de la reine, 2 2.5. — Il a envoyé
ses députés et n'est pas content de
la manière dont la reine a parlé au
vicomte de Turenne, 233. — \ ré-
pondu d'un Ion aigre au maréchal
de Biron, aSS. — S'est disputé
encore avec lui au sujet de Saintc-
Bazeille, a3g. — Est soupçonné
d'avoir de mauvais desseins relati-
vement au séjour à Nérac, 346. —
.\ fort bien reçu Catherine à Nérac
et dissipé toutes ses craintes, a4g.
— Il se plaint du peu d'égards
qu'on a pour lui, 260. — Résiste
au sujet des villes que les protes-
tants veulent garder, 262. — Pa-
raît contrarié que Beaucaire se soit
rendu au roi, a63. — Se montre
de plus en plus exigeant, 963. —
Ses amis se contenteront de quinze
villes outre celles de l'édit, 370.
— Il ne désavoue ni Chàtillon, ni
Bacom, ni Fournier, 271. — Dé-
fend les intérêts protestants, 377.
— Veut remettre à plus tard l'exé-
cution des articles de la conférence,
977. — Ira ju.squ'à Rayonne avec
la reine pour faire respecter l'édit,
a 8g. — On veut qu'il écrive à la
fille du duc de Manloue, ng6. —
A eu une entrevue de trois heures
avec la reine au sujet de la querelle
des s" de Turenno et de Duras,
3 10. — Désigne des députés pour
aller en Quercy, Rouergue, Péri-
gord et Limousin , 3 1 4. — La reine
l'autorise à entrer dans les villes de
son gouvernement, mais avec son
train ordinaire seulement, 317. —
Manque d'argent pour faire le
voyage de Caslelnaudary, Sai. —
Attend que Saverdun soit rendu
par les catholiques en échange de
Marciac, 393. — Est venu à Va-
lence, 828. — Tient absolument
à ce qu'on lui remette Saverdun,
333. — Accompagnera la reine
mère h la cour, 33.Î. — Le maré-
chal de Biron est toujours mal avec
lui, 335. — Fait des dilhciiltés
pour venir à Castelnaudary, 3 '10.
— Rencontre la reine 4 Saint-
Michel-de-Lanès, 34 1. — Ne vien-
dra à Paris que vers la lin de
l'année, 347
Veut bien se
réconcilier entièrement avec Biron ,
70
lUPRIUCtlB BiXIOSALE.
55i
TABLE DES MATIÈRES.
el parait désirer la paix, 3^7.
— A promis son ami lié au ma-
réchal, 3r>o. — S'est départi de
ton opiniâtreté et tombe d'accord
avec Catherine, 354. — La reine
est charmée de la façon dont il est
venu prendre congé d'elle, 358,
35(). — Elle est contente qu'il
aille en Béarn, 365. — Doit donner
des ordres à Fournier pour laisser
démanteler Brugairolles, 370. —
Se plaint au roi qu'on n'ait pas fait
justice à Langon, 878, note. —
Articles accordés à la Réole entre
lui et la reine mire, 388. —
Sa lettre à Damville, io:!, note /i.
— Lettre que lui écrit le vicomte
de Turenne, lioti, note 3. — Acte
qu'il passe avec la reine mère le
l> décembre 1078 à Auch , io5,
noie 5. — Promesse que lui fait
la reine mère de rendre la Réole,
/ii3, ii/i. • — Promesse qu'il fait
à la reine de remettre Flcurance,
il 5, 627, li'ili. — Instruction que
lui envoie le roi par le s' de Din-
Icville, 435, 4/11, 445. — Son
attitude à Nérac, 444 et siiiv. .
449 et suiv. , 453. — Commission
qu'il donne aux s" do Pardaillan
et de Borolhan, 45g, 46o. —
Lettre de la reine, 5oo. — Con-
seil qui sera établi auprès de lui,
5oi. — Le baron de Laugnac l'ail
partie de ce Conseil avec i'évêque
d'Agen, La Vauguyon, etc., Soi,
note. — On se rassemblera aiis-
silôt que le roi et la reine de Na-
varre seront revenus de Béarn,
5o3.
(La reine de). Voir Valois
(Marguerite de).
(La princesse de). Voir Bocn-
Bos (Catherine de).
Négbefedille, lieutenant , 67, note.
Nemochs (Le duc de). Petite lettre
dans laquelle la reine exprime son
contentement qu'il soit de retour
à Paris, 368. — Autres lettres,
9f)4, sgG, 33i. — Lettre de la
reine, sur les dispositions des Pro-
vençaux, 383.
(Anne d'Esté, duchesse de).
Lettre de la reine, 9. — Une autre
lettre en réponse aux nouvelles
qu'elle avait envoyées à Catherine ,
396. — Elle est intéressée au ma-
riage du duc de Ferrare, 39(1,
note. • — • La reine lui recommande
dans deux lettres une affaire que
I'évêque d'Agen avait avec le car-
dinal d'Esté, 3oo. — Lettre de
Catherine, 33 1.
Nenson (Le s' de). Est chargé de
porter des nouvelles au duc de Ne-
mours, 383.
NÉB.ic (La ville de), 64, 06, 77,
114,119, note; 120, 133, i3o,
note; i36, note; 189, i4o, i4i,
i43, i45, i53, i54,i63,iGS,
1G9, 173. — Arrivée des reines,
178. — La reine a quitté Nérac,
182, note; i8fi, 196, 9o4, 2o5,
3)3, 333,233, 335, 334, 235,
389, 34o, a4i, 345, a46. —
Gracieuse réception que le roi de
Navarre y fait à la relue mère ,349,
note; 384. — Elle a quitté Nérac
après la conférence conclue, 391.
(Conférence de). Mémoire des
chefs de la Réforme envoyé au roi ,
4i5, 435. — Discours de ce qui
s'est passé à la conférence, rédigé
par le secrétaire du maréchal de
Damville, 44i, 448. — Autre dis-
cours, 449, 452. — Serment des
notables d'Agen relatif à l'exécution
des articles de cette conférence,
4o2.
Nesmo^d, président au Parlement de
Bordeaux, 42 , 5o.
Neofchastel (Comté de), 313.
Nevebs (Louis DE GoszAGCE, duc de).
Son procès avec le roi de Navarre,
191, 329. — Lettre de Catherine
pour lui recommander le s' dp
La Fin, 387. — Petit mot de la
reine, 870. — La reine lui écrit
qu'elle a lais.sé la Guyenne et le
Languedoc en repos et qu'elle es-
père bientôt revenir à Paris, 383.
NiMEs (La ville de), 44, 48, 66,
i48, note; 3 3 5. — Catherine est
très contente de la conduite des
habitants, 336, 345, 359,860,
363. — La peste y règne, 364,
note.
NoAiLLEs (Antoine de), maire de Bor-
deaux, 379, note.
(François de), évêque de Dax,
37g , noie.
NocLE (La). Voir Fin (Jacques de
La).
NoNTRON [Dordognc), 68, note; 186,
878, note.
Normandie (Les états de), i55, i5g,
174, 177, 197, 199, 301.
NoCe (François de La), 376, note.
Noïos (L'évèque de). Voir Rambouil-
let (Claude de).
0
0 (Le s' d'), seigneur de Mesiay, 94o.
Obizzi (Pie), à Padoue. Débiteur du
feu comte Martinengo, 9.
Olive (Jacques d'), sommelier de la
reine mère, 838, note.
Ollu.nville, près Arpajon {Seine-ei-
Oise). château acheté par Henri III ,
3, noie; 33, note; 484.
OnAisos (Le s"' d'). A envoyé son fils
vers la reine à Aubais, 879, noie.
— La reine prie le roi de lui don-
ner la moilié de la compagnie du
feu maréchal de Montmorency, 38o.
Orange (Guillaume de Nassau, prince
d' ) , 18, note. — Ce n'est que pour
TABLE DES MATIERES.
555
son propre iiilérèl qu'il veut en-
gager ie duc d'Anjou dans l'enlre-
prise do Flandre, aS. — Ce que
le maréchal Daniville sait de ses
intentions, lao, 312. • — • Il est
mal avec Casimir, a 18, •.Î77.
Obnbgvn (Jeanne n'). Voir BinoN
(Femme du maréchal de).
OsONE (J. de Buisson s' d'), ou d'Aïs-
soxsE, près Toulouse. La reine est
méconlenlc de sa conduite, 33g.
Padoue, ville d'Italie, 9.
Pailuès (Biaise de Villemub, baron
de), gouverneur du comté de
Foix. Reçoit des instructions pour
l'exécution de l'édit, 60. — Ira
pour le roi à Foix assurer la paix,
66, 67. — La reine lui recom-
mande de suivre exactement les
instructions quelle lui envoie,
79. — Le s' de Foutenilles doit
taire, remettre Saverdun entre ses
mains, 828. — La reine lui écrit
à ce sujet, 33 1.
Palebse (Le s' de), conseiller du duc
d'Anjou. L'instruction qu'il reçoit
pour aller vers ie roi et la reine
mère, 37.'!, note; 3i5, 819.
PiMiEns {Ariège), 118.
Paxat (Le s' de), 2o5.
Panjas (Ogier de Pabdaihas, s' de),
gouverneur de l'Agenais. La reine
lui annonce son intention d'aller
à Agen, 280.
Papcs (Le s'), serviteur de JI. de
Pibrac, 2 23, note.
PABABiiBE (Pierre de Baidéas, s' de),
gouverneur de Beaucaire, 5, 29,
note. — Chàlillon est furieux de
sa mort, 98, note; 222, note;
383, note; /loi, i66.
frère du gouverneur de Beau-
caire, retenu par le maréchal de
Bellegarde , '101.
Pabaïis (L'abhaje du), près de Port-
Sainte-Marie, 22i, noie; 2/16,
itiS.
Pardaillax (Bertrand de), baron de
La MoIHE-Go^DBI^. Voir La Mothe-
GONDRIS.
(Hector de), s' de Gondbis et
de Montespax. Fils d'Antoine, s' de
La Molhe-Gondrin, ami du roi
de Navarre, 4o5, note.
(Ogier de). Voir Pasjas.
Pabme (La duchesse de). Son procès
avec la reine, aSi.
Pabtmisie (Le .s' de), 1G2.
pAiGE (Le s' de), 287.
I'aulet, ambassadeur d'Angleterre.
Au sujet de vaisseaux retenus, 5.
Paulis ou Poli!» (Le vicomte de). Ira
pour le roi de Navarre en Albi-
geois presser l'exécution de la paix,
66, 2g3.
Pailo (De), président au Parlement
de Toulouse. Le maréchal de Dam-
ville ie recommande à la reine,
166, noie; 17?!.
PaïS-BaS (ElATS-GÉNÉBAlX DEs), 8,
i3, note; )8, 23, 23, 3o, note;
32 , note; 3.'i, note.
Peccais (Les salines de), 264, 266,
note; 270, 3oi, /177, note.
Pena, consul de Fréjus. Retourne en
Provence, 382.
PÉRIGUEUX (La ville de), 127, note;
i58, 173, 270, note; 287, a88,
298, 323, 33/1,376, 378, note.
PÉnixET, capitaine catholique, ilta.
PEïRE(Gramonl d'Aube, s' de), 366,
372, note.
(La maison de). On dit que
Chàtillon va épouser l'héritière de
cette maison, 366.
(Château de), 879, note.
Pézeras (Le comté de), 369, 364,
note; 266, 369. — La reine y est
arrivée, 870, 872, 4o4,nole.
Philippe II, roi d'Espagne. Les avan-
tages que présenterait l'alliance du
duc d'Anjou avec une de ses lilles,
1 3 , note. — Déclarera la guerre
à la France, si le duc d'.Vnjou
entre en F'iandre, 19. — Le
mariage de sa fille, ao, 22. —
Est d'accord avec la reine d'An-
gleterre pour la paix dans les Pays-
Bas, 23, 24, 3o. — Lettre de
la reine, 33. — Le roi lui envoie
M. de Maintenon pour justifier sa
conduite à l'égard des Pays-Bas,
33. — La reine lui exprime encore
ses regrets, 34. — Ses intentions
hostiles, 71. — Calberine conseille
au roi do ménager son amitié, 111..
— 11 a perdu son fils et son frère
bâtard , 117. — Lettre de la reine ,
171, 275, note. — Catherine prie
le roi d'Espagne de permettre que
le s' de Montaigne ramène des
clievaux de son pays, 3o5. — Ca-
therine lui envoie une lettre par le
s' de Beauvai.s-N'angis et lui apprend
la bonne amitié qui existe entre
le roi et le duc d'Anjou, 323. —
Catherine intervient auprès de lui
en faveur du chevalier Bertholome
Cortez, 5oo. — L'ambassadeur de
Franco le voit à ce sujet, .'ioo,
note.
PiBBAC (Guy DU Facr, s' de), prési-
dent au Parlement. Envoyé vers le
roi de Navarre, 43, 4.'), 46, 5o,
note. — Est dans la commission
pour le roi, 52, 87, note; 88. —
Reçoit la reine à son château de
Pibrac, 108, note. — Va trouver
le roi de Navarre, 119. — Doit
rapporter sa réponse, 120, 121.
— Est arrivé, 129, i34, )3.'>,
i4i, i44. ■ — Il croit de son de-
voir de retourner à Paris pour le
Parlement; mais la reine )irie le
556
TABLE DES MATIERES.
roi de ie laisser auprès d'elle, car
elle a besoin de ses conseils, 160.
]63, 16/1. — Est envoyé' pour
s'informer auprès du roi de Na-
varre quand commencera le confé-
rence, 166. — Est cliarjjc de lui
proposer un autre endroit que A'c-
rac, 168, 169, if)3. — Est re-
venu de Nérac avec la réponse du
roi de Navarre , 1 gS , 217, a 1 9. —
Est arrivé de Nérac avec des nou-
velles des députés protestants, aaa ,
233. — Y retourne, aaS, 227,
339, 233. — Précédera la reine
à Nérac pour préparer la confé-
rence, aog.
i-/, 35C.
Cathe-
rine le trouve fort capable, aSg,
260, 263, 263, 370, 277. —
A signé les articles de Nérac, 382,
note; agi, 396. — Est arrivé à
Agen, 330, 831, 334, 335. • — -Le
maréchal de Biron fait son éloge,
335. — Retournera à Paris, 343,
354, 357, 358,37-j, 445.
— (Le chàleau de), 108, note;
ii3.
Piémont (Charles-Emmanuel, prince
de). La ruine lui recommande Til-
lon, 1. — Reçoit des nouvelles par
Beauregard, 4. — Catherine le prie
de s'intéresser au s' Dalas^in.
Pi\- ou Le PiM (Jacques Lallieh,
b' Dc), secrétaire du roi de Na-
varre, G3, 170, 186, 222, note.
PijiAiiT, secrétaire d'Etat, 13, 39. —
A rendu compte à la reine de ce
dont l'avait chargé le roi, 43, 44,
5o, Sa, 57, 6'j, 65, note; 85,
io5, 107, 119. — Lui et les
autres conseillers de la reine se
sont assemblés avec ceux du roi de
Navarre, 178. — Sa iellre au roi,
18a, note; aSg, a6i, agi, 3ôo,
497. — Sa lettre à M. de Belliè-
vre, 497, note.
Pioche, courrier, 97, note, 102,
note.
Place (Le s' de La), député protes-
tant. Est présent à la conférence,
35o, a56, 259.
Plainpied (L'abbé de). Défend les in-
térêts do la reine à Rome, a, 3.
— Elle lui a écrit pour son procès,
6, note. — Il doute du bon droit
de la reine, 8, a6. — Il doit re-
tourner n Rome; est bien au cou-
rant des afl'aires, 284, noie.
Planche (Maison de la), près de Cas-
telnaudary, 355.
Plessis-Sénéchal (Le sieur du). Voir
SAINT-GKOnCES.
P0CQUERAIS, député protestant, 324,
237. — Est présent à la confé-
rence, 25o, a6i. — Accompagne
la reine lorsqu'elle passe près de
Montpellier, 879.
PoiiiEBs (La ville de), 43.
P0LTH0X. Voir FoDRîiiEn.
PoNS (Cliarente-Iiiférieuri;), 345.
Pons de LAlZItnE-LA-CllAPELLE-DE-THÉ-
jiiNES, sénéchal de Quorcy, 117.
— Devra se mettre dansLauzerte,
i5i. — La reine envoie sa lettre
au roi, i65. — Fera partie du
conseil qui devra assister le roi de
Navarre, 5oi, note.
Pont (Le s' dd), protestant. Est pré-
sent à la conférence, 35o, aSC.
Pont-Saint-Espiiit ( Gnro!), ag, noie;
io5.
Pont-Valin, village du s' de La Rochc-
Posay, 16.
PoTANKE (Bcriranddo Baylens, baron
de), sénéchal des Landes, Sgo et
note.
Pobt-Sainte-Mai\ir {Lot-et-Garonne),
03, note; 05, G8, 6g, 168,176,
note. — La reine y passe presque
tout ie mois de janvier 1079, 182,
noie. — Voudrait que la confé-
rence se fit là, aaa, aaS. — La
reine l'a quitté pour Nérac, 34g,
35g, 2O3. — Y est revenue,
3gi, 3io, 44i, 445, 448.
PonrcGAL, 3i4, ai5, 255 et note;
3o4.
Proiille (L'abbaye de la), 357,
359.
Provence (Le Parlement de), 379. —
Ne fait qu'un avec le parti des Ra-
zals, 38o.
(La noblesse de), 38o.
Pruneaex (Le s' des). Le duc d'Anjou
attend de ses nouvelles, a a.
Pdjols( Arnaud du Fadr, seigneur de),
gentilhomme du roi de Navarre,
5o, note; i58. — Est envoyé vers
le roi de Navarre, iCo. — N'est
pas venu pour se joindre au séné-
chal d'Agenais, Sst, 345, 349,
390 et note.
PuVMiROL (Lot-et-Garonne), 63, noie;
69 et noie; 282 , note; 299, 3o2 ,
3o5, 3ai.
Q
QuÉLUs (Anioine de Lévis, s' de),
conseiller du roi, sénéchal en
Piouergue, 17. — Se plaint à la
reine de la désobéissance des ha-
bilants de Mur -de -Barrez, 110,
2o5, 3i4, 33o, 333, 389 et note.
QuiTnv. Voir Guitry (Jean de Chau-
mont s' de).
TABLE DES MATIEliES.
557
R
R.vDEZouRDE, capitaine. Aura avec le
s' (le Cressier la charge d'une en-
seigne suisse, 'igâ, noie.
Rahmikr, vigiiicr (le Lorgnes. Re-
lourne en Provence, 3S2.
Hamuoiiu.et (Le cardinal de), nli,
note.
(Nicolas d'Angesnes, marquis
de), 1 A, note; 21, ai et note. — •
Est envoyé vers la reine d'Angle-
terre, 3i!, 'i3, 1Ô3. — (iatlierino
loue sa dextérité, qui lui sera utile
aux état» de Normandie, 177.
(Claude de), évèque de Noyon.
(latjierine lui écrit qu'elle ne peut
le gratifier de l'abbaye de Tbouars
(|ui a déje'i été donnée, 171.
Ranco.wet (Le s'). Est envoyé à Lan-
çon par le roi de Navarre, 35o,
3.53.
Razats (Les), parti populaire eu Pro-
vence, 371, note. — Ont assiégé
le château de Trans, 377, 38o. —
Doivent lever le siège, 38 1, 389.
Reiieiion (Le s' de), mil.
RÉFORME (Ménioiic que les cliefs de
la) adressent nu roi et notes de la
reine mère sur leurs demandes,
617,435.
René, porte -manteau de la reine
mère, voir Roucuabt (René).
Réole (La) [Gironde], 65, !i6, 55,
note ; 63. — Prise par les catho-
liques, 127 et note; i3i, i33,
i33, i3.'i, i35, )36, 187, i4o,
1/11, lia, i43, ilili, i'i5, i46,
i63, i64, i65, 167, 168, 169,
170, 173, 174 , J75, 179 et note;
i83, iS4, i85, 186, lyi, 19a,
198, 201, 903, 9o5, 306 et note;
208, 2l3, al6, 217, 230, 921.
— ■ Est rendue aux protestants,
326, 23o, 23i, note. — Le
s' d'Ussac y est Installé, 237, a38,
289, a4o, ail, aiS, 254, 258,
267, aG8, 270, noti';3o4, 388,
394 , 4i3, 3oi , 4ii , il 5.
Retz (Albert de Goxdi, maréchal de).
Catherine voudrait qu'il revint
comme gouverneur en Provence,
23 1. — Charges dont il est pour-
vu, 3o3 et note. — Ce qu'il doit
l'aire eu Rrelagne, 3i 1.
Revei. (llaule-Gnronnc), aSa.uote.
Richelieu (François du Plessis, sei-
gneur de), grand jirévol. Doit lour-
nir de l'argent, 60, (i-i, 94, note,
— La duchesse île Alontpeiisier
dit lui avoir en\nyé de l'argent,
498.
RiEL'X (François de i,a Jiiiue, biU'uu
de), gonverneur de Narbomie, GG,
G7. — La reine lui a écrit, 137, 149.
— Ira de la part du roi à Narbonne ,
Nîmes, Montpellier pour l'exécu-
tion de la paix, GG, G7. — La
reine lui a écrit, 187, 169, aao
et note; aai, 380. — Compli-
ments à son adresse, 282, 988.
— Dillérend entre lui et la ville
de Narbonne, 363. — La reine
juge celle alTairo, 364 et note;
365. — Ses démêlés avec ia ville
de Narbonne, 468 et 'Suiv. —
Son rôle aux états de Languedoc,
428 et suiv. — Règlement de la
reine mère pour les alVaires de
Narbonne, 485 et suiv.
RiviÈiiE (La), maitre de l'Iiotid di'
la ville de Rordeaux, 81.
Rivièbe-Veudus, en Armagnac, 459
et note.
RocuE (De L\),gentilhonnne servant
de la reine mère, i5o, note; i5i,
iSa , 296, 229, 333. — La reine
l'envoie avec une lettre à Bacom,
366, 368. — Il l'a trouvé plus
traitablo que la reine ne pensait,
3G9.
(De La), avocat général à Bor-
deaux. A écrit à la reine, loS. —
A envoyé à Catherine une lettre
(pi'il avait reçue des jurais de Li-
bûurne, 3i5.
RociiEFonT (Le s' de). Ira pour le roi
de Navarre en Limousin , 3 1 4 , 3 3 '1 .
Ro iiELLE (La ville de la), 260.
liocuE-PosAY (De la). Voir d'Acain,
733.
RociiEPOT (Antoine de La), comte de
.Silly, baron de Moiitniirail-en-Brie,
18. • — Envoyé par le duc d'Anjou
aux Pays-Ras, a:!. — On attend de
ses nouvelles, 25, note.
RooEK, valel de chambre du roi, 5o,
5i, note; 63, 6i, 79.
Roi (Le), juge à Gignac. Sera joint
au s' de Lombais pour l'exécution
de l'édit au Bas-Languedoc, 377.
RoMDAis (Le s' de), 33g.
Roque (Le s' La), 2i7.
RoiiuEBiAUT DE BiAiiT (Le s'), i'i5,
>7G.
RooLELACRE, capitaine catholique,
i3o, note; 175, note.
ROQUETAILLADE (Le s' De), 1 09 , 111,
1 1 3 , 1 1 5 , 3 1 6 , note.
RosNï (Le s' de), i33, noie. Voir
SuLLT.
Rouen (La ville de), ia, 906.
Roux (Le), député des Razats. Re-
tourne en Provence, 38a.
RorzisEs (Le s' de). Le maréchal de
Damville fait de bons rapports sur
sa valeur, 326, i8o. — Services
(pi'il a rendus à Beaucaire, i6i.
RozA> (Duras, s' de). Sa dispute avec
le vicomte de Tnrenne , 3o6 , 3 1 5 ,
3 18, 33 9.
RuFiEi; (Philippe de Voi.virk, baron,
puis marquis de), gouverneur de
l'Angoumois, ai?. — Lettre extra-
ordinaire que lui a écrit le prince
de Condé, 368. — La reine lâche
de le calmer, 308, 390 cl note.
558
TABLE DES MATIERES.
Saigis, président de la chambre
d'Agen. — Est venu à Port-Sainte-
Marie, 194.
S.iiLLAc (Le s' be), capitaine, a3o.
Saist-Acqdin (De), président de la
chambre d'Agen , 267.
SiiNT-AcKÈvE (/lr(ièc/ie), aSa, note.
Saint-An (Le s' de), enseigne. A été
à Bazas et à Langon, dont il rap-
porte des nonvelles, 3o8, 3oç),
3i3. — Callierine voudrait qu'il
eût la garde du château de Langon ,
3i3.
Saint-Ange (Le château de), 36, 197.
Saint-Adban (Le s' de), 4io.
Saint-Bertband {Haute-Garonne), 21/1,
note.
SAiNT-Bniis, capitaine catholique. Oc-
cupe l'église de Maguelonne, 180.
Saint-Chigran (Uéraidt), 366, 368,
369.
Saiïte-Bazeille (Lot-et-Garonne). La
reine y dînera, 56, 60, note; 63,
339.
Sainte -BÉNIGNE (Le s' de), grand
écuyer, 98.
SAiNTE-Cnoix (Le Cardinal de), 8. La
reine prie le roi de lui écrire et
de le récompenser, i65. — Il est
très dévoué à la cour, a84.
Sainte-Foï (Gironde), lOg.
Sainte-Jaille (Le s' de), capitaine. Est
resté pour la défense de Beaucaire,
gi. — La reine a reçu sa lettre,
187, i38 et note; iSg, 160. —
On lui envoie du renfort, 17a,
173, aaa, note; a35, 2/16. — A
bien fait son devoir, ce dont le
roi lui saura gré, 257, 35g, ^iog,
iii, '166 et note; 471, lf]S.
Saime-Mahie (François de Rivière,
s' de). Est allé vers le roi pour lui
donner des nouvelles du Dauphiné,
85i. — Doit s'y rendre, 363,
noie.
Saint-Gelais (Urbain de). Plus tard,
évêque de Comniinges , 9 1 4 , note.
Saint-Gelin (Le s' de). Est chargé de
l'exécution de i'édit, 872. — A
été envoyé à Montpellier.
Saini-Geniès (Le s' de), 85, note.
Saint- Georges (Philippe de), s' du
Plessis-Sénéchal, adjoint au comte
du Lude pour faire exécuter I'édit
en Poitou, 5o4, note.
Saist-Goijard( JeanDE Vivonne, s' de),
marquis de Pisaxi , ambassadeur en
Espagne, 19, 2a. — A envoyé une
dépèche importante, 4g. — Le roi
lui écrit, .ô3. — A informé la reine
des entreprises de Pliilippe 11,
107. — Catherine lui écrit, 163.
— Sa dépêche à la reine, 2i4 et
note; 289. — Ses nouvelles d'Es-
pagne, 348, 5oo, note.
Saint-Héran (Le s' de). La reine a
l'intention de lui écrire, 78, 7g,
3go.
Saint- Jean- d'Angélï ( Charente -In-
férieure). Rassemblement de gen-
tilshommes qu'y fait le comte du
Lude, 5o4, note.
Saint-Jeha.n , président au parlement
de Toulouse, 342. — Fera partie
de la chambre de justice de Lan-
guedoc, 846.
Saint-Macaire (Gironde), 43, 46,
48.
Saint-Maixent (Vendée), 5o4, note.
Saim-Micuel-de-Lanès (Aude). La
reine y est arrivée, 34o , 345, 346.
— Elle en est partie, 348.
Saint-Nicolas-de-la-Grave ( Tarn-et-
Garonne). La reine y passe, 827.
Saint-Orexs (François de Cassagnet
de Tilladet, &' de), capitaine et sé-
néchal de Bazadais. Devra rester
dans Condom, 188, ig8, note;
1 g4 , 2 1 4. — Apporte de mauvaises
nouvelles de Condom, ai5, 3o6,
3o8, 809, 3i3. — A fait sorlir la
garnison du château, qui est remis
au roi, 3i3, 821. — La reine la
prie de lui envoyer, avec le s' d'Us-
sac, ie procès-verbal de ce qu'il
aura fait, 827. — Doit rétablir
l'ordre à Langon, 35o, 352 , 858,
356.
Saint- Papoul (L'évêque de). Voir
Bardis (Alexandre de).
(La ville de) [.^urfe], 66.
Saint-Sclpice (Jean d'Ebrard, sei-
gneur de). Est dans la commission
pour le roi, 52. — La reine veut
le retenir près d'elle, lai, laa et
note. — Ira à Nérac pour préparer
ia conférence, aog, a56, 26a,
a63. — La reine voudrait l'en-
voyer pour le roi en Quercy et eu
Rouergue, 3io, 3i4, 33o, 383.
Salcède (Le s' de), 81, note.
Salignac (Jean de Gontaud, baron
DE), chambellan du roi de Navarre,
1 83 , note. — A ia demande do la
reine, il remplacera le s' de Vivans
à Périgueux, 298. — A été témoin
dans le duel de Turenne et de
Duras, 808, note; 3i8, 823.
Salle dd Sibon (La), capitaine catho-
lique, i36, note. — A été tué par
les habitants de Langon, i83,
189, 367. — Sa veuve et ses en-
fants, 3og.
(La), son fils. Sera épargné,
856. — Catherine désire qu'on
lui pardonne, 358.
Salle-Raphaël (Le s' La), 821. —
Est en Bordelais pour l'exécution
de la paix, 84g.
Saluces (Le marquisat de), ag, note;
3og, note; 363, 36g.
Sanche II (Don), roi de Portugal,
a 5 6.
Sansac (Anl. Prévôt de), archevêque
de Bordeaux, 4a.
TABLE DES MATIÈIIES.
)59
SvNZAï (Le s' de), gouverneur de
Nantes, loa cl note; io3.
S.iBLABOs ((àirboran ttr. Cabdaii.lac,
vicomte nr,). — Demande une ali-
haye au roi, gô et noie.
Sabras de Lai.a>de, 89, note.
Saiger (Le s' du), secrétaire de la
reine. Est envoyé au roi de Navarre ,
116. — Puis an maréchal de Dam-
ville, 133, l 'jg, I 3".
Saulsic (Le baron de). Porteur d'une
lettre au roi, 181, note. — A di-
gnement servi, 181. — Devra re-
tourner aussitôt en Dauphiné, 182,
i83, 198, 213, a36.
Saelt (Le s' Di ), avocat. Doit rester
éloigné de Bordeaux. Il commence
à troubler aussi les alTaires à
liayonnc, 4a.
.Saverdcx (Ariège), 968, 323, 324,
328, 339, 33o, 33i, note; 333,
336, 337. — La reine y est ar-
rivée, 338, 3/11, 344, 364, 458
et note.
Savignac (Jean -François de Gaiî-
TUiER, s' be), i35. — Catherine
fait sou éloge et voudrait l'envoyer
à Fleurance, ]45, 149. — Est dé-
puté par la reine au roi de Na-
varre, a a 5. — ■ Devra assister à la
restitution de Fleurance, 282, 3 33.
— A écrit une lettre à la reine à
ce sujet, 9 43.
Savoie (Emmanuel-Philibert, duc de).
La reine lui recommande les inté-
rêts de la veuve et des enfants du
comte de Montaflié, 9 , 3. — Elle lui
parle en faveur de Faty, 4 , cité ."> ,
note. — Catherine le prie encore
d'intervenir en faveur de la veuve
et des enfants du comte de Mon-
tafBé, 7. — La reine dit lui avoir
écrit, 363. — Et attend sa réponse,
368, 38i.
Savoisiexs (Les), io5.
Scuombebg (Gaspard de), 219.
ScoREUC, syndic de Montauban, dé-
puté protestant, prend part à la
conférence de Nérar et porte la pa-
role à la première séance, 300. —
Fait une mauvaise harangue, 3.")'i ,
256, 369, 368. — Signe les ar-
ticles de Nérac, 98a et note; 3i 4 ,
442 et note.
SÉBASTiEM (Don), roi de Portugal. Tué
en Afrique, 117, note; a55, note.
Seguier, courrier, 5o, 53. 77.
Séocr-Pardaillan (François de), pro-
lestant, gentilhomme du roi de
Navarre. Est présent à l'entrevue
de la reine avec le roi de Navarre,
5i. — ■ Est dans la commission
pour ce dernier, 53. — Vient de
la part de celui-ci vers la reine,
i'43, i44, 170 et note. — Sera
envoyé par le roi de Navarre pour
empêcher les entreprises dans les
environs de la Réole, 186, 190,
1 y 1 . — Prend pari à la conférence ,
95o.
Senas (Le s' de). Retourne en Pro-
vence.
SÉRAPHIN, auditeur, 984.
Sershac (Ciiu-d), 96a, note: 264.
Serï (Le s'). Envoyé par le Hoi à la
reine mère, i38, 139.
Siège (Le s' dr), 56.
SiGMC (Haule-Gnrnnne), 68.
SiLLï. Voir RociiEPOT.
SiMiER (Jean de). Voir Sïmier.
SoissONS (Le comte de), 87, note.
(La ville de), 948, 267.
SoLEiLiAs (Le s' de). Vient trouver
la reine à Aubais de la part du s'
d'Oraison, son père, 879, note;
38o. — Retourne en Provence,
382.
SoMMiÈRES (Garrf), 389, noIA
SoBiiAisDK, courrier, 10.
SooBiSE (Charente-Inférieure) y 499 et
note 4.
SouLÉ (Pierre de Siboras, seigneur
de), gouverneur en Guyenne. In-
struction pour l'exécution de l'édil,
60. — Ira pour le roi de Navarie
en Foix pour hàler la paix , 66, 79
et note.
Sovoss (Arièchc), 9 45.
Srii-iscuEs (Le s'). Est envoyé par le
roi de Navarre vera In reine, 3 10.
STArrnRD (Lord), de l'illustre maison
Howard. Est chaiijé par Elisabeth
d'aller trouver le duc d'Anjou, 12 ,
note; 37. — A porté des nouvelles,
3o, 375, note.
Stors (Le s' de). Porteur de lelhe,
a46, note.
Strozzi (Philippe), colonel de l'iufui-
lerie. Sa lettre, 91 et note. -- La
reine lui écrit au sujet du payement
de ses soldais, 346.
Stuart (Jacques), prince d'Ecosse.
Lettre que Catherine lui écrit, 3i.
Suisses (Les), 3o, 63, 109. — Leur
alliance est nécessaire à la Fiance,
196, i38, i3g. — Il faut entre-
tenir leur amitié, 1 h-j, 21a, 936,
964 , 966. — Deniei"s qui serviront
à les payer, 998. — La reine re-
grette de n'avoir pu leur verser
une plus grosse somme, AgS. —
Le roi . désirant avoir une enseigne,
veut favoriser Lucerne et Soleiire,
495, note.
SiiLLï (Maximilien de Bétiiune), i3o.
note.
ScssEï (Le comte de), ii9,note. —
Son entrevue avec Simier, 275,
note.
StzE (François de la Badme, conilc
de), 91, ii4, i48, i5o. — La
reine attend sa réponse, j56, note;
i65, 906, 9i5, 917, 923, note;
333. — Catherine lui a écrit, 946,
279. — Aura la charge de général
des galères, 371. — A donné sa
démission de gouverneur de Pro-
vence, 371, note. — La reine lui
a demandé une réponse, qu'elle
attend, 878. — Henri III aussi
lui a écrit; et sa réponse est en-
voyée au roi par la reine, 38 1.
SïHiRR (Jean de), baron de Sainl-
.Maïc, chevalier de l'ordre, grand-
inaitrc de la garde-robe <lu duc
d'Anjou, 17. — Veut détourner le
duc d'Anjou de son entreprise de
560
TABLE DES MATIERES.
Flandre, en le mariant, 19. — Le
roi est bien disposé pour lui, f)3.
— A été envoyé au roi par le duc
d'Anjou, 111. — 11 va en Angle-
terre pour négocier le mariage du
duc d'Anjou, 113, noie; i56,
3 3 G , note. — Progrès de sa né-
gociation en Angleterre, 37^ , noie.
— Son entrevue avec les comtes
de Sussex , de Leicesler et Walsin-
gliam, 375, note; 3 16, note. —
Dans une lettre au chanihellan du
duc d'Anjou il fait l'éloge de la
reine d'Angleterre ; mais ne sera sûr
du mariage qu'après son accom-
plissement, 874, note; 875, note.
— Envoyé par le duc d'Anjou en
Angleterre, iSg.
Tjllechat, capitaine protestant. A é!é
tué à la surprise de Clcrmont-de-
Lodève, 261.
Tallonville, serviteur du s' de Main-
tenon, 2 58, a(5i.
Tanchet (Jacques), courrier, i83,
note; 191, note; 3o5, note; 33a,
noie; 334, note; 363, noie; 4i4.
TiRAscoN (llouclies-ila-Rhône), 877,
Uilt.
(Les consuls de), 91.
Tartas [Lmides), i58, noie; 289,
note.
Tesde (Le comté de), 296, note.
Terride (Peyre de), dit Sérignac de
Terride. Ira en Languedoc, 128.
— Agira contre Bacom et Four-
nier, i3o, i34, i48, 33o. —
Son différend avec l'évéque de
Mirepoix au sujet du château de
Terride, Sli-j.
(Château de). Les s" de Mire-
poix et de Terride se le disputent,
347, 352.
Tersac (François de). Voir Mo.vt-
BERAID.
TnÉzASD(/lWe), 365, 366, 368, 869.
Tiioré (Guillaume de Montmorency,
seigneur de), cinquième fils du
connétahle. La reine voudrait lui
voir suivre l'exemple de son frère
le maréchal de Damville, igG,
5a, 57, 120. — Reste dans le
parti protestant, 277, note; 869.
— Fait exécuter l'édit au nom du
roi de Navarre, 366. — Retarde
sou départ pour le Bas-Languedoc,
072, 878. — Va à Montpellier
avec le s' de Foix, 876, 877. —
Va au devant de la reine mère,
879, 38i, Ù27, 4a8, 43a, 48i.
TrLiET (Dd), gretTier, 82, 87, 8g,
g6.
TiLLON, ancien serviteur de la duchesse
de Savoie. La reine le recommande
au prince de Piémont, 1.
TosNEiNS {Lot-et-Garonne), 63, note;
65, 67, 72.
ToscAJE (François de Médicis, grand-
duc de). La reine lui envoie l'évéque
de Béziers avec une lettre de con-
doléance pour la mort de la grande-
duchesse, 27, note. — Elle lui de-
mande son intervention pour qu'on
prête de l'argent au roi , ou bien
d'en prêter lui-même, 6a. —
Lettre de son ambassadeur à Paris,
au sujet du mariage du duc d'An-
jou, 875, note.
ToEkKS (Lot-et-Garonne), 878, note.
Toulouse (L'archevêque de). Voir
Foix (Paul de).
(La ville de), 5a, 57, 67, 70,
note; 77, 78. — La reine y est
arrivée. Se, note; 82, 88, note.
— Réception des deux reines, 87,
note; io8, note; ii3, iiS, ia8,
i3o*, note; i35, 172, 267, 28g,
299, 820, 824, SaS, 326, 828,
33 1, 34 1, 498, note.
(Les Capilouls de). Présentent
leurs hommages à la reine, 73,
242, 267.
(Le Parlement de), 48. —
Complimente la reine, 72, note;
166, 178, 3oa, 343, 35], 355.
— Frais de la députation envoyée
à Agen en octobre 1078, Sgo. —
Ses remontrances au sujet de la
chambre mi-partie, avec les ré-
ponses de la reine mère, 491 à
494.
(Le clergé de), 78, 74, g6.
— La reine intervient pour lui
auprès du roi, 167.
ToDiisOi\ (Le s' de). Envoyé vers le
vicomte de Turenne, 496, 3oi.
Todrs (Indre-et-Loire), aS.
ÏBANs (Le marquis de), 36a. — Est
assiégé dans son château de Trans,
877.
(Le château de), 877, noie. —
.assiégé par les Razats : la reine
veut qu'ils lèvent le siège, 8S1.
TnÉMOiLLE (Le s' de la), 20.
Troves (L'évéque de). Voir Beacf-
FREMONT (Claude de).
Truchend (Le s'), 246, 279, a88.
TuRENSE (Henri de la Tour, vitomie
de), gouverneur du Haut-Langue-
doc, 29, note. — Se trouve dans
la suite du roi de Navarre à Cas-
téras, 47. — Est accusé d'avoir
inspiré la prise de Mirabel, 48,
5o. — Prend part à l'entrevue de
la reine avec le roi de Navarre,
5i. — Est dans la commission
pour le roi de Navarre, .Sa. — La
reine est contente de lui, 54. —
Elle prie le roi de lui écrire, 55,
56, 66, 68, 69. — La reine et
lui s'accusent de part et d'autre de
mauvaise foi, 83 , note. — 11 pro-
teste des bonnes intentions qu'a le
roi de Navarre pour l'entretien de
la paix, 85, 88, 89, 90, 92, g8.
— La reine lui fait des reproches
TABLE DES MATIERES.
561
et lui on Vdudra personnellement
si elle est trompée par les proles-
tants, giS. — La reine l'atUKpie
vivement ainsi que les luigiienols,
100, 101, 103, loi. — Ira pour
les protestants exécuter l'édit en
Guyenne, ni. — Vient de la part
du roi de Navarre, 1 33 , 137, note;
i3i, 1 33, noie; i34, i4i, lyS,
174, 175, note; i85, 18G. —
Ce que le roi de Navarre lui écrit ,
189, note; 190, soo, 307, 311,
218, 919, aaa. — Est arrivé avec
deux députés protestants, aa3. —
La reine est mécontente des pro-
positions qu'il apporte au sujet de
la conférence, 337, 238, 33o,
333. — Catherine a demandé qu'il
re>icnne avec deux députés pour
préparer la conférence, 235. —
Désavoue Chàlillon au nom des
chefs protestants, sîiO, 2^7, a'ig.
95o, 301. — Excite, dit-on, la
jalousie par sa position auprès du
roi de Navarre, 255, a56. —
La reine l'a un peu malmené,
359, 261, 362. — A grand désir
d'avoir Figeac, 271, 378. — A
signé les articles de Nérac, 38a,
noie; 386, 2 S 7. — Ira avec le
maréchal de Biron pour faire exé-
cuter l'édit, 98g, 390. — Est
arrivé à Agen ,397. — Il a changé
de conduite et travaille à l'exécu-
tion de l'édit, agg. — Est parti
pour Puyniirol, 3g9, 3o3. — Sa
querelle avec le s' de Duras, 3oa,
3o5, note. — A très-hien établi
l'édit à Puymirol, 3o5, 3o6. —
Son duel avec le s' de Duras, 3o6,
307. — Ses blessures sont peu
graves, 807, 3o8,note. — Insiste
pour pouvoir aller à Nérac, Sog.
— • La reine ne le permet pas sur
l'avis du médecin , 3 1 0 , 3 1 3 , 3 1 4.
— La reine lui prêtera sa litière
pour venir à Castelnaudary, 3i'i,
3i8, 3ig, 391, 399, 323, 3aC.
— Est venu i\ Valence et est
presque guéri, 328. 33o, 333,
33?!.- — Partira avec le maréchal
de Biron, 335. — Catherine est
intriguée de savoir où il est allé
après avoir demandé un congé au
roi de Navarre, 364, 34g, note;
356. — Va à sa maison de Tu-
renuo et doit s'occuper de rétablir
la paix dans les lieux circonvoi-
sins, 368. — Deux lettres que
la reine lui adresse, igti. — Ecrit
au roi de Navarre, 4o4 , note; 44 1,
443. — Son rôle aux conférences
de Nérac, 447 et sulv., 467. —
Injonction que lui envoie le roi à
l'ocrasion de sa querelle avec Duras,
49'..
u
Ubbiin (Le duché d). Les droits que
la reine mère y a et ce (jue les
habitants veulent, 196, 197, 216.
Ublambis (Le sieur d'), gentilhomme
catholique, voisin de Saverdun. A
pris part à l'attaque, 364.
Unsiï (Le cardinal), 8.
UssAc (Le s' d'), gouverneur de la
Réole. Sa prétendue trahison, 137,
note. — Est désigné pour être gou-
verneur de la Réole, 176. — Y est
envoyé par le roi de Navarre, i84.
— Est venu parler à la reine, 187.
— Le capitaine Favas doit lui re-
mettre le gouvernement de la Réole,
303 , 33o, note; 383. — Est in-
stallé dans le château, 387. — La
reine lui fait bailler 600 livres,
338. — Les protestants le consi-
dèrent comme trop dévoué à la
reine, 33g. — Catherine demande
au roi un pouvoir pour lui comme
gouverneur de la Réole, 368. —
Un mot de la reine au sujet de la
revue dos troupi^s à la Réole, 3o5.
Lettre de la reine, 3i3. — Elle le
prie de lui envoyer, d'accord avec le
s' de Saint-Orens, le procès-verbal
de ce qu'il aura fait, 827. — Lettre
de la reine au sujet de Langon,
353.
VzKRcuEs (Corrhe) , 334, 335,333,
334, 354, 356, 363.
UzÈs (Louise de (/lermont-Tallart, du-
chesse d'). Catherine est satisfaite
du maréchal de Damville, 4; —
Elle se réjouit de la revoir, 4, note;
5, note. — Catherine lui écrit de
Toulouse où elle est restée avec la
reine de Navarre, 108. — Re-
tournée à Paris: la reine la prie de
lui envoyer des nouvelles du roi et
de la reine, -jS'i. — Aulreletlre de
Catherine, 993; — Marguerite
de Valois lui écrit, 993, noie. —
La reine a reçu trois de ses lettres
et lui répond, 3a5. — ,\utre lettre
de la reine, 387. — Catherine se
moque de son pays cl des gens
qu'on y trouve, 389. — Elle se
déclare heureuse de retourner i
Paris, 36o. — Elle pense y être
dans un mois, et remercie la du-
chesse des bonnes nouvelles de la
cour et du duc d'Anjou, 867. —
Autre lettre dans laquelle la reine
déplore les querelles de Provence,
38i.
(Le sieur d"), Jacques de
Crussol. Est allé à Paris, lai, laa.
(Le duché d'), 66; — Dés-
ordres qui s'y passent, 3ii, 36o.
CiTUEniSE IIE MÉDICIS.
71
IMI'BlMtltlC SATIOSALt.
■>rr2
TADLE DES MATIERES.
V.il.ilîRÈcCE (Vaiirt'isf), 'ui().
V\Lbi>\R, ca[i!t.iîii(' [irntrslnnL Doit
sorlir tlii |)rieiiré de la Itéole, lii.
VALtNCE-u'A<.K> ( Tarii-el-Gnrjine),
77, noir: .'!-2i. — La roine s'y ost
arrêtée, 327, 3a!S.
Valence (L'évoque de). Voir Monhc
(Jean ut).
Valernod, secrétaire du ninréclial de
Daniville, /167, Ad.S.
Valet lE (François de la). \oir Con-
Nrss(j>.
\aliii»s, rnpiUiine luigueuot , 17Î1.
Valois (.\lar;jucrite de), reine de Na-
varre. La reine veut la reconduire
auprès (!<■ sou mari, 10. — Elle a
aidé le duc d"\iijou à s'ecliapper,
10, note. — l'aiait l'trr bien dis-
posée potu' le roi tle Na\aiTe, 1 5.
— Elle travaille à la réroncilialion
de son mari aver le du'.' d'Anjou,
i(i, aT). — La roin ■ voudrai! la
mener sans retard au roi de .\a-
varre, aG, note; aS. — \a voir
son frère avant qu'il ne parle pour
les Elaudri'S, .'il, note: 3a. — Est
partie d'iHIainville, 3'i, note. —
On admire sa beauté, 37, '10. —
Sa rencontre a\ec le roi de Navarre
à Castéras, 46. 47, note; i8, So.
— Elle disposera bien son ujari
à servir le roi, ôi. — \ travaillé
à sa réconciliation avec le maréchal
de Biron, oti, ÔS, G'i, 08, 7a,
note; 73, note; 77, 78, 81, 85.
— Est prise de la lièvre, ija, noie;
i)(j. — Reste malade à Toidouse,
108, note. — Viendra à l'isle-
Juurdain aussitôt rétablie, ii3,
iii. — Catherine l'accouipagne à
Nérac, 118, i3o, noie. — Elle
seconde bien la reine mère, i3'i,
i4i, i43. — Est malade à Auch,
1/1 4. — Le roi de Navarre va l'y
trouver, lilj, 1''iq, 1C8.
Son
entrée à Nérac, 173, note; i8("),
aoo, ao4, aa.j, 2a8, !3o, 233,
339, a4i), note. — Assiste à la
ronlérence, aôa, a.")!, 25q. —
Elle se plaint des dilliculles que
rencontre sa mère, aOa, aGô, 270,
288. — Sa lettre à la duchesse
d'Uzès, açia, note. — Ses compli-
ments pour le maria;;e de la lilie
du duo de Mantouc, a<|.^), noie;
ajjC», 3o.'), 317, 3ao, 3ai, 3a3,
Sai, 3a(i, 3a8, 33i, 334. —
Ecrit à sa mère que le roi de Na-
varre l'accompagnera à l'aris, 33,S,
330, 34o, 34a, 347, 35o, 35C).
— 8e désole du dé|iart de sa mère ,
357. 358, 3Go, 3(;f>, 3G7, 373.
— Son rôle aiix conférences de
Nérac, 4'iO et siiiv.; 44c) et suiv.;
453.
((Charles de), lils de Charles IX
et de Marie Touchel. Le roi le fait
élever à la Cour, 304, note.
Vaiigas (Juan de), ambassadeur d'Es-
pagne à Paris. Lettre que la reine
lui écrit, 3o , note.
Vaudémunt (M"' de). Son mariage,
c)4, (jj, noli'.
Vabgiïos (Jean PÉnussE o'EscAns ou
DES Caiis, s' de La). On doit lui re-
mettre le château Je Fronsac,
connne tuteur îles enfants de la
dame de CaumonI, 3 '19, note.
— La reine lui a écrit une letlre
très alïectueuse, 355. — Fera
partie du Conseil qui assistera le
roi de Navarre, 5o!, note.
Vaillisant {Yonne), foret apparte-
nant à une abbaye de l'ordre de
Cileaus, dans laquelle le roi chas-
sait, 59, 498.
Vacx (Le s' de), député protestant de
lîouergue. A signé les articles de
Nérac, 28a, note; 3i4.
Vendôme (L'abbé de). Recommandé
pour le prieuré d'Auvergne, 3,
80. — La reine intervient auprès
du roi pour qu'on ne lui enlève
pas ses bénétices, 1 15.
\enise (Les seigneurs de), 3.
\tnAC (Joncliim de Saint- Georges,
s' de), gentilhonnne servant de Ca-
therine, >iO, 89, 9O, 124 , 1 40. —
Ira de la part de la reine en Lan-
guedoc et en Lauragnais, 281,
note; 282, 284, 285, ag4. —
Est revenu avec d'assez bonnes
nou\elles de Guyenne, 349. — La
reine l'envoie en Uauphiné, 3ôli;
— et en Provence, 303; — Il
en revient avec de mauvais rap-
ports, 30s. — Va Noir Fournier,
30(). — 11 fait sorlir les étrangers
de BrugairoUes et de Fa, 372,
373. — Prépare l'arrivée de la
reine en Provence, 377, 378,
38o, 38i, 40o, note; 479, 4So.
Vergenses ( Le s' de ). Est recommandé
au roi et à la reine; prie M. de
Bellièvre de l'assister, 3a0.
Veiis (Jac([uesDE Boche, seigneur de),
sénéchal de Beaucalre, 48, note;
57, note; 281, 278, note.
VÉnLSE (Le château de la). La reine s'y
est arrêtée, 304, note; 378, note.
Vei\ï, courrier, i46.
Vetizon (Le s' de). Porlem- de nou-
velles, 342. — Sera renvoyé au
duc d'Anjou, 347, 348. — Va voir
le roi et le duc d'Anjou; fait de
bons oUices, 308. — La reine
veut encore le garder près d'elle,
371. — Porteur d'une lettre au
roi, 379, noie; 882, note; 383.
Vezins (Jean de Vezou de), sénéchal
de Quercy. A envoyé des nouvelles
à la reine sur la prise de Mirabel,
47, 48. — Devra prendre de
force celui qui a surpris le château,
52. — Rencontre la reine à Mois-
TABLE DES MATlEllES.
363
sac, 78. — Kait fuir le s' <lo La-
berte du cliàleau de Mirabel, 90.
— S'occupe de sa commission en
Quercy, m, 3i4, 33o, 333. —
La reine lui écril au sujet de l'exé-
cution de Laberle, ^99.
ViBNSE (Jean de). Voir Clehvant.
ViGNOLLEs (Le s' de), député protes-
tant de Monlpellier. Vient trouver
la reine, 323, aay. — Est présent
à la conférence, a5o, 266. — Est
intraitable comme toujours, 2f)a.
— Très opiniâtre au sujet de la
chambre mi-])arlie de Languedoc,
290, 391. — Est malade d'une
grosse fièvre, 346. — ■ Aura une des
clés des sceaux, 493.
ViLLAMBITS (Paul DE SoRÉAC, S' DE ).
Va à Saverdun, 33 1, note, 333.
ViLLAXDRY, capitaine huguenot ,118.
ViLLARs (Honorât de .Savoie, marquis
de), amiral et lieulenant général
en Guyenne. Avait élé chargé d'une
négociation auprès du maréchal
de Damville, 5 , noie; 68, noie.
(Pierre de), évoque de Mire-
poix. A exposé la requête des trois
onlres à Caslelnaudary, io5. —
Son rôle aux étals de Languciloc,
lt«S, noie.
VlLLEFnAXCIlE(/yO<-('(-GorOIIH('). A élé
surprise par les huguenots, 18.").
Villeneuve (De), président au Parle-
ment de Bordeaux. La reine est
logée dans .son liolel, 39, noio;
97, noie. — Sa lettre à Calheriue
du a5 juillet iSyS. 4oa.
Villeneuve, près Monlpellier, 473,
^ 475.
Villesedve d'Agex (Lol-et-Garuime),
76, 78, note; 87, 90, i 44 , 200,
20.5, 317, 3o2.
V1LLER0Y (Nicolas DE Neurville, sei-
gneur de), secrétaire d'Etat, 49,
5o, 54. — Lettres que la reine lui
écrit, 09, 3o4, 2i4, 229, 336,
aSa, 399. — Catherine lui parle
de son voyage et d'autres affaires,
4g, 4 98, noie. — Sa correspondance
avec Henri 111 ; lettre cpie le roi hn
écril le a juillet 1578, 386, note.
— A rédigé rinstrnclion du roi
envoyée par le s' de Dinleville à la
reine mère, 435, noie a; 44i. —
Lettre intime que le roi lui écril,
488, noie t. — Catherine lui parle
encore de son voyage et d'autres
clio<es, 497, 498, note.
Vins (Hubert de), capitaine ratho-
lique, i?i8,note; i56,nole; lOT),
aofi, 21 5, 317, 3 3a. — Est venu
pour secourir le marquis de Trans,
377. — Reçoit du renfort, 378.
— Obéira à la reine, 38o, 38a.
VivANS ((jeoffroy de), 85, note. ■ —
A fait tuer cinq ou six catholicpies,
173, note. — La reine voudrait le
l'aire changer contre im honnête
honmie, 2 3o. — Il sera remplacé,
398. — Est dans les bonnes gnices
du roi de Navarre et du vioomte
de Turenne, 998, note.
VouzAT ( Le s' DE ) , gentilhomme servnn t
de la reine, 97, 260, note; ■171.
Vray (Le s' du), secrétaire des linanres
du duc d'Anjou, 488.
Vulgaire, jurât de Rayonne. A été
envoyé vers la reine, 280, 381.
w
Walsingiiam, secrétaire d'Etat de la
reine d',\ngleterre. Lettre que Ca-
therine lui écrit au sujet du ma-
riage d'Elisabeth avec le duc d'An-
jou, 36. — Recevra dos nouvelles
par iM. de Mauvissière, 87. —
Son entrevue avec le s' de Symier,
3 7(), noie.
YoLET (Pierre de Malras, baron d'),
capitaine de Murr-de-Barrez, député
proleslaiit, 324. — Prend part ;i
la conférence, 35o, 361, 378. —
Ira pour le roi de Navarre en Lan-
guedoc et eu Lauraguais,a8i, 282.
• — A signé les articles de Nérac,
282, note; 384, 285, 294, 33i,
note.
YoLET, le jeune. Ira pour le roi de
Navarie en Périgord et on Limou-
sin, 3i4. — Apporte des lettres
du vicomte de Turenne, 33 1. —
Va faire remettre Uzerche en dés-
ohéisr-ance du roi, 333.
ERRATA.
Page 108, ail lieu de : Saiissac, lisez : Lansac.
Pajjo i.'io, iiu lieu de : Lalii'ies, lisez : Liberté.
Page i5'i, iiok' 1. uu lien i!e : coQiilé d'Armaignac, lisez : coiiilé.
Page iC'i cl noie i, nu lien de : (MiT\imx, lisez : Clervaiit.
Page 181 , noie, au lien île ; \aiilsac, lisez : Saulsac.
Page i83, un lieu de : La Paliu ilu Ciruii, lisez : La Salle.
Page -lo.'), fli( lieu de : Longs des Barrières, lisez : Longa.
Page 207, an lieu de : v jiinvier, lisez : v février.
Page 311, au lieu de : .Molle, lisez : Mullé.
Page 217, un lieu de : Dtcarnecneli, lisez : Descarnaulx.
Page 2-25, uole, uu lieu de ; Sainte- Pav lie, lisez : Sainte-Giaglie.
Page 23i. nu lieu de : Pecqiierais, lisez : Pocquerel.
Page 2-17, nu lien de : Lanier, lisez : Lanier.
Page 2->8, note, «(( lieu de : la dame Pioqne, lisez : la dame Royne.
Page a.")0, uu lic'i de : Munpro, Usez : ^lans.se.
Page 272, II» lieu de : ISajordiin, lisez : lîazordan.
Page 288, au lieu de : Sans5ac, lisez ; Lansac.
Paj;e 3<)o, au lieu de : Pignollet, lisez : Vignolles.
Page 'SCi'j cl siiiv., au lieu de : Tliézard, lisez : Thézari.
Pa"e i(Ji, nu lien de : Piouzins, lisez : Piou/iiics.
A^
DC Catherine de Médicis, r; en sort
119 of Henry II, Kin^ of France
•9 Lettres
H
1380
t. 6
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