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Full text of "Lettres de Catherine de Médicis, publiées par Hector de La Ferrière"

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V>).V  LETTRES 


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CATHERINE  DE  MÉDIGIS 


PUBLIEES 


•AR  M.  LE  G"  RAGUENAULT  DE  PUGHESSE 

MP.MBn.  DU  co,uT,::  .ES  riuvAUX  axsxon.of .s  ex  scentihooes 


TOME  SIXIÈME 

1578-1579 


PARIS 

IMPRIMERIE  NATIONALE 


M   DCCC  XGVll 


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COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS  INEDITS 

SUR  L'HISTOIRE  DE   FRANCE 


PUBLIES   PAR    LES   SOINS 


DU   MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION   PUBLIQUE 


Par  arrêté  du  ô  juin  1896,  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  sur  la  proposition 
de  la  Section  d'histoire  et  de  philologie  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques . 
a  charffé  M.  Bagienault  de  Puchesse  de  continuer  la  publication  des  Lettres  de  Catherine 
de  Médicis,  en  remplacement  de  M.  Hector  de  La  Fkrrière,  décédé. 

M.  G.  Ser\ois,  membre  du  Comité,  a  suivi  l'impression  de  cette  publication  en  qualité 
de  commissaire  responsable. 


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LETTRES 


DE 


CATHERINE  DE  MÉDICIS 


p  i:  n  L 1 K  E  s 


PAR  M.  LE  C^^  RAGUENALLT  DE  PICHESSE 


MEMBRE  DU  COMITE  DES  TRAVAUX   lIISTOlUni'ES  ET   SCIENTIFIIIUES. 


TOME   SIXIÈME 


1578-1579 


PARIS 


IMPRIMERIE  NATIONALE 


M   DCGG  XGVII 


IIS 


SOMMAIRE. 


»sn^-- 


Prkface.  n 

Pages. 

Introduction '  ^'  î^""' 

CoRnESrONDANCE    DE    (JATIlEItliNE    : 

Année  1678 1   «   19^ 

Année  1 679  (janvier  à  mai) >  99   ''   ^^^ 

Appendice.   Pièces  justificatives i'^^  ;*   ^9'' 

I.ETTHES   DE    1578    ET    l579    RETROUVEES  PENDANT  l'uIPRESSION   DE    CK   VOLUME Il[)^)     à     5oi 

Itinéiiaire  de  Catherine  de  Médicis  en  1678  et  1079 yO'>  cl  t)oG 

Table  chronologique  des  lettres  contenues  dans  le  sixième  volume 507   à   617 

Table  des  personnes  à  qui  sont  adrcsse'es  les  lettres  de  Catherine  de  Me'dicis.  .  5  19  et  620 

Table  de  l'Appendice  et  des  Pièces  justificatives 621   à   523 

Table  alphabétique  et  analytique  des  matières 025   a   563 

Errata 5C  '4 


PREFACE. 


•  Chargé  par  M.  le  Ministre  de  liiislruction  publique,  sur  la  proposition 
de  la  Section  d'histoire  et  de  philologie  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  de  continuer  la  publication  des  Lettres  de  Catherine  de  Mi'dicis, 
commencée  depuis  plus  de  dix-sept  ans  par  feu  M.  le  comte  Hector  de  la 
Ferrière  et  qui  comprend  déjà  cinq  volumes,  je  n'apporterai  que  de  légères 
modifications  au  plan  adopté  par  mon  laborieux  prédécesseur. 

M.  de  la  Ferrière  avait  consacré  à  fhistoire  du  xvi''  siècle  la  seconde  partie 
dune  longue  existence,  qu'il  avait  vécue  presque  autant  avec  les  personnages 
de  la  cour  des  Valois  qu'avec  ses  contemporains.  Il  avait  séjourné  dans  les 
grandes  capitales  de  l'Europe,  Saint-Pétersbourg  surtout  et  Londres,  pour 
y  rechercher,  avec  des  missions  oflicielles,  les  documents  concernant  la  France 
de  cette  époque  :  il  en  avait  rapporté  de  nombreuses  pièces  inédites,  (jui  ve- 
naient heureusement  compléter  les  collections  manuscrites  de  la  Bibliothèque 
nationale  et  de  nos  autres  dépôts  puljlics.  Choisi  au  commencement  de  187B 
pour  mener  à  bien  cette  grande  lâche,  qui  une  fois  déjà  avait  échoué,  il  tra- 
vailla près  de  cinq  années  à  la  conq)Osition  du  premier  volume,  paru  seule- 
ment en  1880.  Entre  temps,  il  publiait  sur  cette  époque,  qu'il  connaissait  si 
bien,  des  livres  d'une  érudition  facile,  d'un  style  alerte  et  piquant,  où  les 
portraits  des  principaux  personnages  ressortaient  avec  un  brillant  éclat,  non 
sans  laisser  parfois  apercevoir  des  faiblesses  que  l'auteur  ne  prétendait  [)oint 
cacher.  Cest  ainsi  qu'Elisabeth  d'Angleterre  et  ses  favoris,  Marguerite  de 
Valois.  Henri  III,  le  Béarnais,  les  complices  de  la  Saint-Barthélémy  furent 

()ATIIEni\F.    DE    NftBICIS.    VI.  A 


PRÉFACE, 
tour  a  tour  dessinés  par  sa  plume  légère.  Le  second  prix  Gobert  honora,  en 
1892,  l'ensemble  de  ces  travaux. 

Quant  à  la  mère  du  dernier  des  Valois,  il  lui  consacrait,  dans  les  longues 
introductions  de  chaque  volume  de  Lellrcs,  des  éludes  approfondies  qui 
étaient  destinées  à  préparer  une  grande  histoire  de  Catherine  de  Médicis  et 
de  son  temps,  dont  le  plan  général  était  achevé  déjà  dans  son  esprit. 

Pour  continuer  et  terminer  le  recueil  de  sa  correspondance,  il  avait  formé' 
des  dossiers  imparfaitement  classés ,  qui  resteront  la  base  de  notre  travail.  Il 
n'ignorait  pas  lui-même  combien  de  lettres  avaient  échappé  à  ses  recherches  : 
chacun  de  ses  volumes  contenait  des  additions  diverses  dans  lesquelles  il  est 
assez  difficile  de  se  reconnaître.  Catherine  de  Médicis  a  tant  écrit  qu'on  re- 
trouvera jusqu'au  bout  des  billets  autographes,  des  lettres  missives,  ou  des 
actes  publics,  comme  on  disait  alors,  portant  sa  signature;  et  il  faudra  bien 
se  résigner  à  faire,  comme  pour  la  correspondance  de  Henri  IV,  un  volume  de 
Supplément,  dans  lequel  seront  réunis  et  publiés  par  ordre  de  date  tous  les 
documents  qui  pourront  être  découverts.  Nous  en  avons  déjà  en  quelques 
mois  recueilli  un  grand  nombre. 

Le  tome  sixième,  qui  paraît  aujourd'hui,  avait  été  en  partie  préparé  par 
le  comte  de  la  Perrière,  et  quelques  feuilles  étaient  déjà  imprimées,  quand 
la  mort  est  venue  le  surprendre,  au  mois  de  mai  i8g6,  en  plein  travail  et 
dans  toute  une  activité  intellectuelle  que  quatre-vingt-cinq  ans  n'avaient 
point  ralentie.  Mais  il  manquait  l'annotation  et  la  collation  des  textes,  et  nous 
avons  dû  revoir  chaque  lettre,  la  mettre  à  sa  place,  la  faire  précéder  ou 
suivre  de  nombre  de  pièces  ouljliées,  identifier  autant  que  possible  les  noms 
de  personnes  et  de  beux,  dépouiller  des  recueils  entiers  du  Département  des 
manuscrits  qui  n'avaient  point  été  suffisamment  explorés. 

Commencé  avec  l'année  1  878  et  quelques  mois  avant  le  long  voyage  dans 
le  midi  entrepris  par  la  reine  mère  pour  pacifier  les  importantes  provinces 
de  Guyenne  et  Gascogne,  de  Languedoc,  de  Provence  et  de  Dauphiné,  le 
volume  n'aurait  dû  se  terminer  qu'au  retour  de  Catherine  à  Paris  au  mois  de 
novembre  1679;  mais  la  course  était  si  longue  que  nous  avons  été  obligés  de 
nous  arrêter  à  mi-chemin,  après  les  conférences  de  Nérac  et  avant  les  grands 
démêlés  avec  le  maréchal  de  Bellegarde  à  propos  du  marquisat  de  Sabices. 


PRÉFACE. 
11  est  vrai  ([ue  nous  avons  cru  devoir  faire  suivre  la  corres|)ondance  propre- 
ment dite  de  la  reine  d'un  Appendice  composé  presque  exclusivement  de  pièces 
inédites,  qui  nous  ont  semblé  indispensables  pour  éclairer  toute  cette  his- 
toire, étant  quelquefois  plus  curieuses  que  le  texte  lui-même  qu'elles  sont 
destinées  à-.^ompléter.  On  y  trouvera  des  lettres  de  plusieurs  grands  person- 
nages du  temps,  de  Henri  111,  du  roi  de  Navarre,  du  maréchal  de  Damville 
particulièrement,  des  discours  de  la  reine  mère,  des  instructions  signées  de 
sa  main,  des  observations  faites  par  elle  sur  les  griefs  et  les  doléances  que 
lui  présentaient  par  écrit  les  protestants,  un  journal  des  délibérations  de 
Nérac  rédigé  par  le  secrétaire  de  Damville,  le  procès-verbal  des  Etats  du 
Languedoc  tenus  à  Castelnaudary,  des  pièces  justificatives  en  un  mot,  qui 
aideront  singulièrement  à  comprendre  la  politique  du  temps  et  à  juger 
de  l'activité  extraordinaire  avec  laquelle  elle  était  menée.  Les  notes  et  les 
tables  rapprocheront  ces  divers  documents  et  permettront  de  s'y  reporter 
facilement. 

Mais  pour  réunir  ces  pièces  ainsi  que  les  lettres  de  la  reine  elle-même, 
disséminées  qu'elles  étaient  dans  les  archives  publiques  et  privées,  il  nous  a 
fallu  faire  appel  à  plus  d'un  érudit  et  solliciter  des  secours  et  des  renseigne- 
ments, particulièrement  dans  les  lieux  mêmes  où  Catherine  de  Médicis  sé- 
journa alors  de  longs  mois,  tout  entière  adonnée  aux  all'aires  du  pays.  Il  nous 
est  très  doux  de  dire  ici  que  partout  nous  avons  rencontré  le  plus  gracieux 
accueil;  et  la  liste  serait  longue  des  collaborateurs  désintéressés  qu'il  nous 
faudrait  remercier.  Nous  ne  saurions  pourtant  passer  sous  silence  notre  vieil 
ami,  M.  Tamizey  de  Larroque,  correspondant  de  l'Institut,  qui  connaît  si 
bien  par  le  menu  l'histoire  de  sa  province  et  dont  la  science  paléographique 
est  si  vaste  et  si  sûre,  M.  le  baron  de  Ruble,  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  qui  par  ses  grands  travaux  est  vraiment  devenu  l'historien  du 
xvi"'  siècle,  M.  J.  Roman,  le  savant  commentateur  de  ÏHistoirc  générale  de 
Languedoc,  M.  l'abbé  Douais  et  M.  labbé  Lestrade,  M.  Massip,  bibliothé- 
caire de  Toulouse,  M.  E.  Roschach,  archiviste  du  Capitole.  M.  Céleste,  biblio- 
thécaire de  Rordeaux,  M.  .1.  Weiss,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  la 
Société  de  l'histoire  du  Protestantisme  français ,  MM.  Deprez,  Omont,  Auvray,  de 
la  Roncière,  de  la  RibHothèque  nationale,  dont  l'expérience  est  si  obligeante 


PREFACE. 

et  si  précieuse,  et,  à  l'étranger,  M.  le  comte  Gais  de  Pierlas,  qui  a  bien  voulu 
vérifier  de  nouveau  aux  archives  de  Turin  les  lettres  si  nombreuses  de  Cathe- 
rine de  Médicis  qui  y  sont  conservées,  en  déterminer  la  date,  en  relever  les 
allusions,  en  découvrir  quelquefois  les  destinataires.  Et  comment  ne  join- 
(h-ions-nous  pas  à  ces  noms  celui  de  M.  G.  Servois,  directeur  des  Archives  na- 
lionales,  qui  a  été  le  plus  indulgent  et  le  meilleur  des  guides,  s'imposant 
pour  nous  venir  en  aide  un  travail  dont  nous  n'osons  mesurer  l'étendue!  Que 
tous  veuillent  bien  ici  recevoir  l'expression  d'une  gratitude  dont  il  me  sera 
(["autant  plus  difficile  de  m'acquitter  qu'elle  s'accroîtra  sans  doute  encore  dans 
l'avenir. 


I>iTR0DlCT10xN. 


Les  deux  oueri'es  civiles  qui  suivirent  de  si  près  ravèiiement  de  Henri  III 
lireiit  peu  d'honneur  à  la  royauté.  Dans  l'indécision  du  commandement,  dans  les 
concessions  excessives  faites  aux  mercenaires  étrangers  et  à  leurs  alliés  les  pro- 
testant, on  ne  retrouva  point  le  brillant  vainqueur  de  Jarnac  et  de  Moncontour. 
Il  sembla  que  l'aventure  de  la  Pologne  avait  usé  toutes  les  forces  du  duc  d'Anjou. 
La  courte  prise  d'armes,  suscitée  par  les  premiers  Etats  de  Blois  et  le  début  de  la 
Ligue,  lui  poui'  le  frère  révolté  du  roi,  le  duc  d'Alençon,  et  pour  le  prince  de 
Condé  l'occasion  de  s'assurer  des  avantages  peu  jusiiliés.  Puis,  au  mois  de  sep- 
tendire  1.^)77,  ledit  de  Poitiers  parut  établir  les  bases  d'une  paix  durable;  mais, 
comme  toujours,  cette  tentative  de  conciliation  assez  raisonnable  mécontenta  les 
deux  partis.  Le  royaume  resta  en  j)roie  à  une  sorte  d'anarchie,  que  des  troubles 
continuels  à  peine  réprimés  augmentaient  chaque  jour.  Dès  le  i3  novembre,  le 
maréchal  de  Damville,  gouverneur  du  Languedoc,  sincèrement  réconcilié  avec  la 
cour,  écrivait  à  la  reine  mère  : 

(T Madame,  il  m'a  semblé  nécessaire  de  vous  donner  advis  de  tout  ce  qui  s'est 
passé,  estans  ceux  de  la  religion  réformée  tousjours  en  opinion  de  ne  vouloir  dé- 
sarmer, ni  autrement  exécuter  l'édict  qu'ilz  ne  soient  les  plus  forts  aux  lieux  qu'ilz 
tiennent,  et  faisant  courir  un  bruit  que  l'on  les  veult  réassaillir  au  printemps. 
C'est  pourquoy,  Madame,  cognoissant  ceste  malladie  commune,  j'ay  dépesché  au 
roy  de  Navarre,  par  la  voye  de  Tholose,  pour  le  supplier  très  humblement  donner 
commissaires,  persoimages  de  qualité,  pour  l'établissement  de  la  paix  en  ceste 
province,  voyant  que  c'estoit  le  seul  moyen  pour  y  |)arvenir  plus  tost,  selon  l'in- 
tention  de  Votre  Majesté '.  a 

Piibliolhèqiie  de  Toulouse,  reff.  (h  1  ,  fol.  '11.  —  Voir  p.  465. 

•"irHERlSE    DE  MtDICIS.  ïl.  U 

l«PniM£PlE    SATIO^IALE. 


„  IINTRODUCTION. 

Nul  doute  que  ces  avertissements  réitérés  n'aient  contribué  à  décider  ie  roi, 
Catherine  de  Médicis  et  le  conseil  à  tenter  un  effort.  11  y  avait,  en  effet,  grand 
besoin  de  remettre  un  peu  d'ordre  dans  ladminislration  et  de  redonner  quelque 
prestige  au  pouvoir  royal.  La  Guyenne,  le  Languedoc,  la  Provence,  le  Dauphiné 
étaient  particulièrement  troublés.  Les  gouverneurs  suivaient  ou  méconnaissaient 
les  ordres  du  roi  selon  leur  intérêt  et  leur  fantaisie.  Les  commandants  particu- 
liers des  villes  placées  sous  l'autorité  des  gouverneurs  généraux  avaient  vis-à-vis 
d'eux  la  même  indépendance.  Les  bourgeois  n'obéissaient  pas  davantage.  Au 
moindre  prétexte,  on  prenait  les  armes,  on  rançonnait  les  habitants,  et  on  pillait 
les  recettes  publiques.  Les  comptables  fraudaient  ouvertement,  souvent  de  conni- 
vence avec  des  supérieurs  qui  partageaient  le  profit.  Chacun  se  soupçonnait  à 
l'envi,  d'autant  qu'on  changeait  de  parti  avec  une  facihté  qui  dénotait  une  sin- 
gulière absence  de  convictions.  Les  protestants  menaçaient  leurs  chefs  de  les  livrer 
au  roi,  et  les  catholiques  mécontents  étaient  tout  prêts  à  passer  aux  huguenots. 
Il  faut  avouer  que,  quatre  ou  cinq  ans  après  la  Saint-Barthélémy,  cette  situation 
avait  de  quoi  inquiéter  celle  dont  la  prétention  était  de  tenir  la  balance  égale 
entre  les  factions. 

C'est  dans  ces  circonstances  que  la  reine  mère,  laissant  Henri  III  seul  avec 
deux  ou  trois  ministres,  se  décida  à  entreprendre  un  grand  voyage  dans  le  midi 
de  la  France.  Elle  emmenait  avec  elle  les  principaux  conseillers  de  la  couronne, 
le  cardinal  de  Bourbon,  La  Motlie-Fénelon,  ancien  ambassadeur  en  Angleterre; 
Saint-Sulpice,  ancien  ambassadeur  en  Espagne;  Pibrac,  qui  venait  d'être  nommé 
président  du  parlement  de  Paris;  Paul  de  Foix,  conseiller  d'État,  qui  avait  été 
chargé  d'importantes  missions  à  Londres,  à  Venise  et  à  Rome;  Jean  de  Moulue, 
frère  du  maréchal,  évêque  de  Valence,  l'heureux  négociateur  de  l'élection  de 
Pologne;  Saint-Gelais  Lanssac,  son  secrétaire  de  confiance.  Le  but  principal  de 
cette  absence,  qui  devait  forcément  être  longue,  n'avait  d'ailleurs  rien  de  caché. 
Si  on  pouvait  mettre  en  avant  le  prétexte  de  conduire  à  Henri  de  Navarre  sa 
femme,  Marguerite  de  Valois  —  après  une  séparation  assez  volontaire  et  qui  n'avait 
pas  été  pour  les  deux  époux  sans  de  nombreuses  compensations,  —  la  raison  véri- 
table était  la  nécessité  de  pacifier  des  provinces  presque  séparées  delà  monarchie 
et  dans  lesquelles  l'édit  était  si  mal  observé  qu'on  se  serait  cru  encoie  en  pleine 


guerre  civile. 


On  doit  rendre  cette  justice  à  Catherine  de  Médicis  qu'elle  fut  toujours  sincère 
sur  deux  points  :  son  désir  de  maintenir  intactes  les  croyances  catholiques  et  sa 


INTRODUCTION.  m 

passion  de  la  |iai,\.  Qu'elle  ait  souvent  dépassé  la  limite  des  concessions  raison- 
nables, qu'elle  ait  employé  des  moyens  trop  italiens  de  ruse  et  de  dissimulalioii, 
(|u'elle  ait  eu  plus  de  loi  <[ue  de  scrupule  :  c'est  la  réputation  consacrée  })ar  Tliis- 
toire;  mais  la  peine  ([u'elle  se  doiniait  pour  calmer  les  esprits  est  vraiment  digne 
d'éloges.  Rien  n'est  curieux  comme  de  la  voir  à  l'œuvre  pendant  ces  longs  mois  de 
luttes  et  de  tergiversations  qui  aboutirent  aux  conl'érences  de  Nérac.  Les  lettres 
au  roi  son  fds,  heureusement  conservées  tout  entières,  nous  rendent  jour  par  jour 
témoins  de  ses  efforts,  en  même  tem])s  qu'elles  dénotent  un  travail  extraordi- 
naire. En  dehors  de  sa  correspondance  officielle,  si  nombreuse  et  dont  on  retrouve 
partout  les  traces,  la  reine  mère  écri\;iità  Henri  111  de  vrais  volumes  sur  tous  les 
incidents  de  son  voyage,  sur  ses  actes,  sur  ses  projets.  Peu  exigeante  en  fait  de 
confortable,  elle  logeait  dans  des  bourgades,  où,  en  dehors  des  couvents,  il 
n'y  avait  pas  toujours  d'auberge,  où  elle  éprouvait  de  grandes  difficultés  à  se 
nourrir,  elle  et  sa  suite,  même  à  trouver  une  pièce  pour  donner  des  audiences 
et  une  chambre  sortable  pour  coucher.  Là  elle  dictait,  sans  souci  de  l'élégance  ni 
de  la  correclion,  avec  ce  verbiage  un  peu  prolixe  qui  aurait  été  plutôt  de  mise 
dans  une  conversation  intime,  mais  aussi  ne  prenant  pas  la  peine  de  dissimuler  sa 
pensée  et  ajoutant  quelquefois  de  sa  main  de  petites  phrases  qui  ne  manquent 
pas  de  couleur. 

I 

Deux  grandes  préoccupations  dominent  l'esprit  de  Catherine  de  Médicis  pen- 
dant les  années  1678  et  1679  :  la  jiacification  définitive  de  la  France  et  l'avenir 
de  son  fds  le  duc  d'Anjou,  ballotté  entre  ses  expéditions  mal  combinées  dans  les 
Pays-Bas  et  ses  négociations  matrimoniales  avec  la  reine  d'Angleterre.  Autant  la 
mère  désire  l'union  de  son  dernier  enfant  avec  Elisabeth  Tudor,  autant  la  régente 
de  France  —  car  elle  se  considère  toujours  comme  telle  —  est  opposée  à  l'entre- 
prise de  Flandres,  qui  peut  la  brouiller  avec  les  puissances  étrangères  et  parti- 
culièrement avec  l'Espagne.  Avant  de  quitter  le  roi,  elle  fait  un  premier  voyage  h 
Alençon  pour  persuader  à  son  fils  de  refuser  toutes  les  offres  des  sujets  révoltés  de 
Philippe  II.  Elle  ne  réussit  pas  dans  sa  mission,  et  pourtant  elle  apportait  au 
prhice  des  propositions  fort  séduisantes.  Croirait-on  qu'elle  alla  jus([u'à  lui  faire 
miroiter  aux  yeux  le  projet  d'un  Etat  indépendant  qu'on  constituerait  à  son  profit 
dans  le  midi  de  la  France,  qui  se  composerait  du  marquisat  de  Salnces,  de  l'an- 


,v  INTRODUGTIOiN. 

ciea  l'oyaume  de  Pioveace  et  du  comtat  Venaissin,  que  l'on  forcerait  le  pape  à 
abandonner?, Et  ce  n'était  p;as  là  une  comliinaison  de  circonstance.  Henri  III  écri- 
vait à  la  même  époque  une  longue  lettre  à  son  ministre  favori  Mlleroy',  dans  la- 
quelle il  lui  révélait  tout  ce  plan.  Le  duc  d'Anjou,  sembla  écouter  la  proposition 
de  sa  mère  :  elle  le  vil  à  Bouigueil  et  au  Lude,  entouré  de  ses  amis;  elle  se  ren- 
dit à  Ghantilly  pour  demander  au  maréchal  de  Montmorency  d'user  sur  lui  de 
son  influence;  elle  retourna  à  Alençon  avec  sa  fille  Marguerite,  qui  avait  joué  un 
rôle  important  dans  la  première  agression  de  Flandres;  elle  essaya  de  persuader 
à  tous  que  c'était  folie  que  de  tenter  encore  une  aventure  aux  Pays-Bas  sans 
1  appui  du  roi  de  France;  elle  mérita  de  recevoir  les  remerciements  de  Henri  111, 
ipii  lui  écrivait  au  mois  de  juillet  :  cr.le  vous  asseure  que  vous  m'avez  fait  service 
très  agréable  d'avoir  iaict  qu'Us  se  départent  de  prendre  charge  pour  aller  en 
Flandres;  car  c'est  contre  -ma  volonté  que  aulcuns  de  mes  sujets  y  vont-,  n 

Tous  les  efl'orts  furent  inutiles  :  le  duc  d'Anjou  se  laissa  arracher  quelques 
vagues  promesses,  puis,  poussé  par  ses  fidèles,  Simier,  Bussi,  La  Cliastre, 
n'ayant  jamais  interrompu  ses  intrigues  avec  les  Etats  généraux,  il  partit  secrète- 
ment à  la  fin  de  juillet,  et  il  avait  déjà  passé  la  frontière  quand  le  roi  son  frère 
apprenait  sa  résolution.  Henri  III  n'avait  plus  que  la  ressource  de  le  faire  désa- 
vouer partout  par  ses  ambassadeurs,  et  d'envoyer  Bellièvre  dans  les  Flandres 
pour  détromper  sur  place  ceux  qui  auraient  pu  croire  qu'au  fond  la  France  n'était 
pas  fâchée  de  susciter  des  difficultés  au  roi  d'Espagne. 

Mais,  par  une  singulière  inconséquence,  tandis  que  Catherine  blâmait  si  ouver- 
tement son  fils,  elle  ne  cessait  de  lui  venir  en  aide  pour  les  négociations  de  son 
mariage  avec  la  reine  d'Angleterre,  qu'on  menait  de  front.  11  n'y  avait  pas  de 
démonstration  de  tendresse  que  la  reine  mère  ne  fit  à  Elisabeth,  presque  aussi 
vieille  qu'elle-même,  pour  la  décider  à  devenir  sa  belle-fdle.  Elle  la  suppliait  dans 
ses  lettres  de  atout  abréger  et  liastem  (car  il  n'y  a  eu  que  retrop  d'occasions 
jusques  à  cette  heure  qui  ont  tiré  les  choses  en  longueurs),  afin  qu'elle  ait, 
r  avant  de  mourir,  une  félicité  et  un  contentement  qui  seront  des  plus  grands  de 
sa  vie  15.  Elle  désire  tant  d'avoir  et  ce  bien  et  cet  honneur,  que  tous  les  jours  lui 
seront  bais  jusques  à  ce  qu'elle  voie  celui  qui  fera  content  et  limneux  Monsieur  le 
duc  d'Anjou^.  Puis,  s'avançant  plus  encore,  elle  demande  en  terminant  à  Elisa- 


'  Voir  Pièces  jmtijicnlives .  u°  II,  p.  386. 
'  Bibliothèque  nationnlo,  1'.  IV.  334 1,  fol.  Gi. 


INTRODUCTION.  v 

beth  do  l'appeler  riiia  bonne  lille.  au  lieu  de  sœum,  et  de  lui  permettre  d'espérer 
d'avoir  d'elle  proniptement  et  un  beau  Gis  a.  Bien  souvent,  durant  son  long  voyajje, 
elle  reviendra  sur  cette  préoccupation,  donnant  des  conseils  à  son  fils  sur  la  niii- 
nière  de  prendre  au  mot  une  femme  aussi  hésitante  et  aussi  fantasque,  et  regret- 
tant de  ne  pouvoir  aller  elle-même  en  Angleterre,  où,  avec  quelques-unes  de  ces 
flatleries  auxquelles  Elisabeth  était  fort  sensible,  elle  enlèverait  la  décision. 

Entre  temps,  elle  avait  dû,  en  etl'et,  partir  pour  sa  tournée  politique  dans  ce 
midi  qui  était  loin  d'èlre  tranquille,  et  où  la  résistance  des  protestants  de  Beau- 
caire  menaçait  de  créer  de  nouvelles  et  graves  dilficultés.  Elle  avait  quitté  la  cour 
le  9.  août  à  Ollain ville,  cette  jolie  résidence  tout  près  de  Paris,  achetée  par 
Henri  III  pour  sa  femme  et  où  il  passait  chaque  année  de  longs  mois.  Sans  s'ar- 
rêter ailleurs  qu'à  Cognac,  où  le  prince  de  Condé  se  garda  bien  de  venir  la  saluer, 
elle  arriva  à  Bordeaux  le  18  septembre,  où  elle  fut  reçue  avec  grande  ])ompe 
par  le  corps  de  ville.  C'est  le  maréchal  de  Biron,  en  sa  qualité  de  gouverneur  de 
la  province,  qui  avait  préparé  l'entrée  solennelle.  Ce  personnage,  qui  devait  jouer 
un  rôle  iuqjortant  dans  les  événements,  a\ait  été  envoyé  en  Guyenne  depuis  une 
année  à  peine,  et  sa  situation  était  délicate,  car,  ayant  tous  les  pouvoirs,  il  ne  les 
exerçait  qu'en  a  l'absence  du  roi  de  Navarre  n,  titulaire  de  ce  grand  gouvernemeni, 
si  peu  absent  de  la  pi-ovince  qu'il  ne  cessait  d'y  résider,  soit  à  Auch,  soit  à  Mon- 
tauban,  soit  à  Nérac,  mais  en  disgrâce  et  suspect  à  la  cour,  à  cause  de  ses  rap- 
ports avec  les  protestants  dont  il  s'était  déclaré  le  chef.  Il  eut  été  besoin  de 
beaucoup  de  souplesse  et  de  modération  poui'  se  tirer  d'une  tâche  aussi  délicate; 
or  ces  (pialités  manquaient  absolument  au  maréchal.  C'était  un  brave  soldat, 
fougueux  catholique,  toujours  disposé  aux  répressions  violentes,  d'un  caractère 
difficile,  tiès  soupçonneux,  et  jaloux  d'une  autorité  qu'il  aurait  fallu  faire  accepter 
au  lieu  de  l'imposer.  Le  roi  de  Navarre  le  détestait  d'autant  plus  qu'il  se  croyait  en 
droit  de  réclamer  sa  place.  La  reine  mère  le  ménageait  sans  l'aimer.  Elle  écrivait 
même  que  les  choses  allaient  assez  mal  dans  la  capitale  de  la  province,  qu'elle 
avait  dû  y  pourvoir,  faire  une  admonestation  publicjue  au  parlement  de  Bor- 
deaux, abolir  des  confréries  qui  entretenaient  inutilement  le  fanatisme  populaire, 
nommer  des  intendants  et  des  capitaines  pour  organiser  l'administration  et  la 
défense. 

Elle  en  partit  au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  ayant  vainement  attendu  Henri  de 
Bourbon,  cpii,  malgré  le  désir  sincère  qu'il  avait  de  revoir  sa  femme  et  sa  belle- 
mère,  n'avait  pas  voulu  venir  s'exposeï-  à  quehpie  surprise  dans  une  ville  où  peu 


„  INTRODUCTION. 


de  temjïs  auparavant  il  avait  été  fort  mal  reçu.  Catherine  lui  écrivit  par  Pibrac 
pour  le  rassurer,  et  il  promit  de  venir  trouver  ctles  reines  ti  entre  Saint-Macaire  et  la 
Réole,  dans  une  maison  qu'on  avait  disposée  pour  l'entrevue.  Cette  première  ren- 
contre eut  lieu  le  2  octobre  1678,  avec  une  certaine  solennité.  Le  roi  de  Navarre 
avait  battu  le  rappel  pai-mi  ses  partisans  pour  se  constituer  une  escorte  impo- 
sante; et,  de  son  côté,  la  reine  mère  s'était  fait  entourer  par  ioute  sa  suite.  On 
verra  comment  elle  raconte  elle-même  à  Henri  III  ses  impressions,  dans  ce  style 
embarrassé,  mais  parfois  imagé,  qui  se  retrouve  dans  ses  lettres  autographes  et 
même  dans  quelques  passages  des  dépêches  qu'elle  se  contentait  de  dictera 

Les  propos  portèrent  naturellement  sur  les  moyens  à  employer  pour  aider  à  la 
pacification  de  la  province.  Non  moins  conciliant  que  la  reine  mère,  le  Béarnais 
se  prêta  à  tout  :  il  ne  récrimina  que  dans  la  mesure  nécessaire  à  un  chef  de  parti 
qui  a  peur  de  mécontenter  ses  amis,  sauf  sur  l'attitude  à  son  égard  du  maréchal 
de  Biron,  dont  il  se  plaignit  amèrement.  On  voulait  lui  ménager  une  entrevue 
avec  le  gouverneur  de  la  Guyeime  :  il  n'y  consentit  que  sur  les  instances  de  sa 
femme,  qui  semble  avoir  dès  ce  premier  jour,  comme  dans  la  suite  des  négocia- 
tions, exercé  sur  lui  la  meilleure  inQuence.  Puis  on  convint  de  choisir  dans  chaque 
comté,  ou  dans  chaque  ville,  des  commissaires  spéciaux  qui,  tant  au  nom  du  roi 
que  des  protestants,  seraient  chargés  de  commenter  et  de  faire  exécuter  i'édit. 
On  leur  donna  des  pouvoirs,  que  l'on  accompagna  d'une  instruction,  le  tout  signé 
de  la  reine  mère  et  du  roi  de  Navarre.  Les  pièces  —  les  cr  articles  n,  comme  on 
disait  —  furent  préparées  par  les  membres  du  conseil  qui  accompagnaient  Cathe- 
rine de  Médicis,  MM.  de  Saint-Sulpice,  d'Escars,  de  La  Mothe-Fénelon,  de  Pi- 
brac, de  Foix  et  l'évêque  de  Valence,  et,  du  côté  protestant,  MM.  de  Turenne, 
Gratin,  le  frère  de  Pibrac,  Montguyon,  Quitry,  Lésignan  et  Ségur-Pardaillan. 
(Juant  aux  commissaires,  ils  furent  choisis  parmi  les  principaux  personnages  de  la 
région;  et  leurs  noms  sont  encore  aujourd'hui  presque  célèbres.  C'étaient,  pour  le 
roi,  Villemur,  seigneur  de  Pailhès;  Cornusson,  sénéchal  de  Toulouse;  le  seigneur 
de  la  Croisefte;  MM.  de  Mirepoix  et  de  Rieux;  et,  pour  le  roi  de  Navarre,  les 
sieurs  de  Soulé,  de  Montbartier,  de  la  Case,  de  Gremian.  Joyeuse,  le  père  du 
fameux  favori  de  Henri  III,  était  chargé  de  surveiller  et  d'activer  toutes  ces  dis- 
positions. 

L'affaire  arrangée,  la  reine  mère  partit  pour  Sainte-Bazeille,  où  devait  venir  le 

■  Voir,  p.  /iG,  la  lettre  du  a  octobre  iSyS. 


INTIIODUGTIOIN.  '  vii 

maréclial  de  Biroii.  La  reiicuiilre,  bien  qn'ayaiil  lieu  ilaiis  la  ciiainbre  mèiiic  de 
la  reine,  lui  loin  d'èlre  cui-diale,  K;  loi  de  Navarre  ayaid  parlé  aysez  brusquement, 
el  Biron,  selon  sa  coutume,  s'étant  rorleinenl  nn's  en  colère.  trJe  vous  assure, 
monsieur  mon  fds,  écrit  Catherine  le  9  octobre,  que  je  fus  en  peine  comment  je 
rabillerois  le  tout.  Mais  les  bons  oflîces  de^votre  sœur  et  de  mon  cousin  le  cardinal 
de  Bourbon  lurent  cause  de  les  accorder  tellement  quellement;  et  j'espère  qu'en 
continuant,  comme  nous  ferons,  ils  se  remettront  du  tout  au  bon  ménage  que  je 
désire  ])our  le  bien  de  votre  service,  n 

La  reine  mère,  assez  satisfaite  des  premiers  résultats  obtenus,  poursuivit  son 
voyage  parMarmande,  Tonneins,  Port-Sainte-Marie,  tandis  que  le  roi  de  Navarre 
rejoignait  tout  près  de  là  ses  amis  huguenots.  Le  1  1  octobre,  elle  faisait  son  entrée 
dans  Agen,la  seconde  ville  de  la  province  après  Bordeaux,  où  une  députation  du 
Parlement  de  Toulouse  l'attendait  pour  lui  présenter  ses  hommages.  Le  lendemain, 
les  consuls  offraient  à  Marguerite  de  Valois  une  réception  extraordinaire,  avec  des 
fêtes  et  réjouissances  sans  nombre  qui  avaient  été  préparées  par  le  maréchal  de 
Biron.  Aussi,  avant  de  quitter  la  ville,  Catherine  tint  à  faire  assembler  dans  la 
grande  salle  de  l'évôché,  où  elle  logeait,  toute  la  noblesse  catholique  de  Guyenne: 
dans  un  long  discours,  qui  nous  a  été  conservé',  elle  leur  explifjua  le  but  de  ses 
efforts  et  les  raisons  nombreuses  qui  militaient  en  faveur  de  la  tolérance  et  de  la 
réconciliation  sincère  avec  ceux  que  les  dissensions  religieuses  faisaient  à  tort  re- 
garder comme  des  ennemis,  a  Cela,  dit-elle,  me  donne  beaucoup  de  travail;  car 
quand  je  pense  avoir  fait  d'un  côté,  je  trouve  que  je  suis  tracassée  par  des  difli- 
cultés  imaginaires  et  sans  raison,  et  que  toutefois  je  ne  puis  vaincre  qu'avec  beau- 
coup de  patience  et  divers  comportements  envers  les  uns  et  les  autres,  et  prin- 
cipalement envers  ceux  qui  vous  sont  et  à  moi  les  plus  obligés-,  t 

En  partant  d'Agen,  elle  revit  près  de  Valence  le  roi  de  Navarre,  avec  le(jnel  elle 
continua  à  bien  s'entendre,  et  qui  lui  avoua  ([ue  son  partisari,  le  capitaine  Merle, 
était  et  un  larromi,  dont  il  n'hésiterait  pas  à  arrêter  les  brigandages;  puis  elle  poui-- 
suivit  par  Castel-Sarrasin  pour  aller  à  Toulouse.  Là  elle  devait  rencontrer  pour 
la  première  fois  le  maréchal  de  Damvilie,  avec  lequel  elle  entretenait  une  corres- 
pondance constante,  mais  au  milieu  de  défiances  réciproques  que  ne  justifiaient 
que  trop  et  les  velléités  de  révolte  du  puissant  gouverneur  du  Languedoc  et  les 


'   Voir  à  ï Appendice,  n°  XI,  p.  358. 

'  Lettre  de  ia  reine  mère  îi  Henri  III,  du  i5  octobre  lôyS. 


v„,  INTRODUCTION. 

représailles  que  la  cour  avait  essayé  d'exercer  contre  lui.  Ce  tils  du  connétable, 
frère  du  duc  de  Montmorency,  s'était  fait  dans  le  midi  de  la  France  une  sorte  de  vice- 
royauté  indépendante,  ménageant  les  huguenots,  restant  catholique,  préoccupé 
avant  tout  de  ses  intérêts  particuliers,  plein  de  déférence  apparente  pour  les  ordres 
du  roi  ou  de  sa  mère,  mais  en  réalité  très  décidé  à  agir  comme  il  l'entendrait 
et  à  ne  se  laisser  dépouiller  d'aucune  de  ses  prérogatives.  Tandis  que  les  lettre? 
que  lui  adresse  Catherine  se  rencontrent  en  originaux  dans  les  recueils  de  la  Bi- 
bliothèque nationale,  les  réponses  qu'il  faisait  sont  en  copies  parmi  les  collections 
manuscrites  de  la  bibliothèque  de  Toulouse,  si  bien  (jue  nous  jiouvons  avoir  sous 
les  yeux  toutes  les  pièces  du  procès.  La  diplomatie  cauteleuse  de  Catherine  n'a 
d'égale  que  la  finesse  un  peu  plus  brève  du  maréchal.  Mais  il  faut  reconnaître  que 
c'est  la  Florentine  qui  gagne  du  terrain  et  que,  très  inquiète  à  son  arrivée  de  l'at- 
titude que  prendra  le  hautain  grand  seigneur,  elle  finit  après  quelques  semaines 
par  s'en  faire  un  serviteur  fidèle  et  presque  un  docile  auxiliaire. 

Tout  d'abord  il  se  met  en  frais  pour  recevoir  dans  sa  grande  capitale  la  mère  et 
la  sœur  de  son  roi.  L'entrée  officielle  des  deux  reines  à  Toulouse  se  fitle  dimanche 
s 8  octobre.  Avec  le  plus  bel  appareil,  Damville  vint  au-devant  d'elles,  accom])a- 
gné  de  son  lieutenant  général,  le  vicomte  de  Joyeuse,  d'une  brillante  escorte  de 
seigneurs,  de  magistrats,  de  bourgeois  de  la  ville.  Une  procession  solennelle  eut 
lieu  également,  avec  tout  l'éclat  que  le  soleil  donne  à  ces  fêtes,  et  on  y  vit  figurer 
tous  les  grands  personnages  qui  suivaient  la  reine  mère  :  le  duc  et  la  duchesse  de 
Montpensier  et  leur  fils  le  prince  Dauphin;  la  ])rincesse  douairière  de  Condé  avec 
ses  deux  fils,  le  comte  de  Soissons  et  le  marquis  de  Conti;  le  maréchal  de  Biron, 
Lahssac,  d'Escai's,  Pibrac  et  les  autres  chevaliers  de  l'ordre.  L'accueil  de  la  po- 
pulation fut  enthousiaste.  Les  reines  logeaient  à  l'archevêché.  Damville,  pour 
sceller  sa  réconciliation,  oifrit  aux  princesses  une  fête  magnifique.  Et  Catherine 
se  borne  à  écrire  modestement  à  son  fils,  au  milieu  d'une  dépèche  :  rr  Je  ne  veux 
oublier  de  vous  avertir  que  le  maréchal  est,  à  ce  que  j'ai  entendu,  si  content  du 
bon  accueil  que  je  lui  ai  fait,  qu'il  est  résolu  à  faire  tout  ce  que  je  voudrai  et 
qu'il  pourra  pour  le  bien  de  votre  sei'vice,  dont  je  suis  très  aise.-n 

Il  avait  été  convenu,  après  les  entrevues  de  la  Réole,  que  l'on  tiendrait  à 
risle-Jourdain  une  assemblée  mixte,  dans  laquelle  les  protestants  pourraient 
exposer  leurs  griefs,  sorte  de  colloque  de  Poissy,  moins  dogmatique  et  plus  poli- 
tique, convenant  bien  aux  vues  de  la  reine  mère  :  elle  voulait  conférer  avec  le 
roi  de  Navarre  de  la  mise  ;\  exécution  de  ce  projet;  mais  son  gendre,  s'étant  trouvé 


INTRODUCTION.  n 

malade  riViui  riiroiiele  à  la  fesse,  pour  lequel  il  gardait  le  lit-),  lui  a\ail  envoyé 
son  fidèle  lieutenant  Turenne.  Le  vicomte,  neveu  par  sa  mère  des  Montmorencv, 
ayant  passé  toute  sa  jeunesse  à  la  cour  do  Charles  IX ,  s'était  un  peu  tardivement 
converti  au  protestantisme,  moins  par  conviction  religieuse  que  pour  se  faire  dans 
le  midi,  où  étaient  ses  possessions  héréditaires,  une  situai  ion  prépondérante.  Et 
de  fait,  il  était,  après  le  roi  de  Navarre,  dont  il  resta  longtemps  le  dévoué  com- 
pagnon, le  vrai  chef  du  parti.  II  avait  même  sur  les  ministres  huguenots  plus  d'in- 
fluence que  le  Béarnais  :  non  qu'il  fiit  beancoiq)  plus  rigide  de  mœurs,  mais  on 
ne  pouvait  suspecter  son  indépendance  vis-à-vis  de  la  cour,  et  il  n'était  pas  beau- 
frère  du  roi.  Ses  conversations  avec  Catherine  de  Médicis  sont  fort  piquantes  : 
elles  se  trouvent  presque  aussi  longuement  rajiportées  dans  l'histoire  de  sa  vie  par 
Marsollier,  —  suite  et  commentaires  de  ses  Mémoires,  —  que  dans  la  correspon- 
dance officielle  de  la  reine  mère;  seulement,  si  le  chanoine,  médiocre  écrivain 
du  wni"^  siècle,  insiste  plus  vivement  sur  les  plaintes  des  religionnaires  et  la  pré- 
tendue violation  des  sûretés  que  les  édits  leur  avaient  accordées,  en  revanche  il 
passe  sous  silence  les  reproches  que  la  reine  mère  adressait  justement  à  Turenne 
et  à  ses  amis  sur  leur  alliance  avec  les  prhices  protestants  d'Allemagne  et  leurs 
incessants  appels  au  tt  Casimir n,  comme  on  disait  d'ordinaire,  cet  avide  condottiere 
bavarois,  qui,  en  amenant  cliez  nous  des  bandes  mercenaires,  avait  deux  ans 
auparavant  causé  tant  de  maux  dans  l'est  et  dans  le  centre  de  la  France. 

Henri  de  Bourbon  cherchant  toujours  des  prétextes  pour  ne  pas  venir,  les  dis- 
cussions se  prolongèrent  à  Toulouse.  Catherine  n'en  partit  que  le  5  novembre 
pour  aller  à  quelques  lieues  seulement,  à  l'Isle-Jourdain,  en  Armagnac,  non  sans 
s'être  arrêtée  pour  coucher  à  Pibrac,  où  le  poète  des  Qualrains,  chancelier  de  la 
r^ine  de  Navarre,  la  reçut  splendidement.  Elle  demeura  quinze  jours  à  l'Isle-Jour- 
dain,  assez  mal  installée  sans  doute;  et  il  fallait  vraiment  n'être  pas  diflicile  pour 
s'y  loger  avec  toute  une  suite,  sans  parler  de  l'escadron  volant  de  jeunes  filles  et 
de  dames  d'honneur  qui  ne  l'abandonnait  jamais  et  secondait,  dit-on,  sa  politique 
conciliante.  Puis,  elle  se  rendit  à  Auch,  où  les  consuls  avaient  jtréparé  pour  les 
princesses  la  plus  splendide  réception.  C'est  le  jeudi  20  novembre  que  la  reine 
mère  y  fit  son  entrée,  avec  harangues,  processions,  Te  Deum  dans  l'église  Sainte- 
Marie.  Sa  fille  Marguerite  vint  la  retrouver  le  lendemain.  Le  roi  de  Navarre  ar- 
riva le  samedi,  s'installant  au  château  arcliiépiscopalel  se  faisant  traiter  en  maître 
et  souverain.  Le  séjour  de  cette  vraie  coui'  à  Auch  fut  mar(|ué  par  des  fêtes  perpé- 
tuelles, l'entourage  de  Catherine,  dit  Sully,  ne  s'occupant  d'autre  chose  que  de 

CUHERINE   DE   MÉDICIS.  VI.  ,. 


Itll-IIIULKll;     SATIOSâLE. 


s  INTRODUCTION. 

et  rire,  danser  et  courir  la  bague,  ii  Mais,  dès  les  premiers  jours,  un  grave  incident 
lailiit  compromettre  entièrement  tous  les  résultats  que  la  reine  mère  poursuivait 
par  ses  patientes  et  habiles  négociations.  Un  soir,  pendant  un  bal ,  le  roi  de  Na- 
varre apj)rit  secrètement  que  les  catholicjues  venaient  de  s'emparer  par  surprise 
de  la  Réolc,  qui  était  une  des  places  de  si^ireté  accordées  aux  protestants  par  le 
dernier  éditde  pacilication.  Aussitôt,  il  quitte  la  fête,  emmenant  avec  lui  quelques 
amis  seulement,  monte  à  cheval,  et  va  prendre  possession  par  les  armes  de  la 
petite  ville  de  Fleurance  qui  appartenait  au  roi,  puis  revient  tranquillement  à 
Audi  retrouver  la  cour.  Ce  hardi  coup  de  main,  qui  a  excité  l'enthousiasme  des 
historiens  huguenots,  eut  lieu  dans  la  nuit  du  92  au  28  novembre  lô^S.  La 
reine  mère  en  fut  un  instant  atterrée;  elle  essaya  de  désavouer  ses  gens  de  la 
Réole,  qui  avaient  eu  le  tort  de  comaiencer.  Mais  on  était  mal  informé  sur  les 
incidents  qui  s'étaient  passés  là  :  de  part  et  d'autre  les  récriminations  étaient  fa- 
ciles; on  ne  s'en  fit  pas  faute,  et  pendant  de  longs  jours  on  ne  parla  pas  d'autre 
chose,  à  en  juger  par  les  lettres  de  Catherine,  qui  sont  sur  ce  sujet  d'une  pro- 
lixité extraordinaire.  Elles  peuvent  cependant  servir  à  éclairer  un  petit  point  de 
l'histoire  que  beaucoup  d'écrivains,  et  d'Aubigné  en  particulier,  avaient  entière- 
ment obscurci.  On  accusait  un  vieux  gentilhomme  huguenot,  d'Ussac,  d'avoir 
trahi  son  parti  pour  se  venger  des  quolibets  dont  le  roi  de  Navarre  et  le  vicomte 
de  Turenne  l'avaient  accablé  à  l'occasion  d'une  passion  malheureuse  qui  lui  était 
venue  au  cœur  pour  une  des  plus  jolies  filles  de  la  reine  mère,  M"*^^  d'Atri.  Les 
documents  démontrent  que  l'anecdote  est  absolument  cuntrouvée;  et  la  meilleure 
et  plus  courte  preuve,  c'est  que,  six  mois  plus  tard,  quand  tout  semble  concilié 
entre  les  partis,  c'est  d'Ussac  que  Catherine  de  Médicis  et  le  roi  de  Navarre  choi- 
siront d'un  commun  accord  comme  gouverneur  de  la  Réole,  étant  par  sa  modé- 
ration et  sa  loyauté  l'homme  le  plus  propre  à  y  reuiettre  la  paix  entre  protestants 
et  catholiques. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  défiances  étaient  de  nouveau  excitées  de  part  et  d'autre, 
les  chances  de  réunir  la  conférence  s'éloignant  tous  les  jours.  Et  pourtant,  Cathe- 
rine —  c'était  là  sa  grande  force  —  ne  se  rebutait  jamais.  Quatre  jours  après 
l'événement,  elle  écrivait  au  maréchal  de  Damville  :  fcCe  qui  est  advenu  à  la 
Réole  est,  grâce  à  Dieu,  fort  aisé  à  raccommoder,  y  ayant  soudain  envoyé  mon 
cousin  le  maréchal  de  Biron,  qui  saura  bien  pourvoir  au  contentement  des  catho- 
liques et  de  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée,  et  nous  ne  cesserons  de  con- 
tinuer, mon  fils  le  roi  de  Navarre  et  moi,  à  nous  rassembler  et  à  faire  une  bonne 


INTRODUCTION.  .  x, 

et  promj3te  résolution  pour  le  ferme'  établissement  de  la  paix^n  Et  le  surlen- 
demain, 3o  novembre,  elle  ajoutait  :  ff>ious  nous  sommes  assemblés  à  Gigun, 
mon  fils  le  roi  de  Navarre  et  moi,  où  nous  avons  résolu,  avec  l'avis  de  mon  cousin 
le  cardinal  de  Bourbon,  le  prince  Daupbin  et  les  autres  du  conseil  privé  du  Roi 
qui  sont  près  de  moi,  que  nous  ferons  notre  conférence  le  lodn  mois  procbain,  à 
Nérac,  où  l'on  m'a  assurée  que  les  députés  de  la  religion  prétendue  réformée 
seront  tous,  sans  plus  user  de  remise  ou  retardement'-.  •» 

Il  est  certain  {jue,  le  U  décembre,  la  reine  mère  avait  signé  A  Auch,  avec 
Henri  de  Bourbon,  un  racte  public -i  qui  stipulait  la  reddition  de  la  Réole  au 
parti  protestant,  et  la  promesse  de  leur  part  de  rendre  simultanément  Fleurance. 
Mais  cet  heureux  accord  ne  terminait  pas  toutes  les  diflicultés,  et  surtout  ne  dé- 
cidait pas  les  ministres  et  les  députés  huguenots  à  se  rendre  à  l'appel  de  Cathe- 
rine, De  plus,  le  roi  de  Navarre  n'était  pas  tout  à  fait  étranger  aux  atermoiements 
perpétuels  dont  se  plaignait  avec  raison  la  reine  mère.  Sa  situation  était  des  plus 
délicates  :  roi  sans  royaume,  resserré  dans  un  coin  de  la  Guyenne  dont  il  n'était 
gouverneur  que  de  nom,  il  se  trouvait  fort  tiraillé  entre  ses  amis  catholiques,  les 
moins  nombreux,  et  ses  partisans  protestants,  qui  le  poussaient  à  la  résistance  et 
ne  jugeaient  jamais  suffisantes  les  concessions  qu'on  leur  faisait.  Ti-ès  désireux  de 
la  paix  et  la  regardant  comme  nécessaire  à  la  France,  avec  ce  bon  sens  naturel 
qui  a  été  pour  lui  aussi  précieux  tpie  sa  brillante  valeur,  il  était  entouré' de  gen- 
tilshommes, qu'il  ne  pouvait  entretenir  aussi  largement  qu'il  aurait  voulu,  et  (uii 
n'avaient  d'autres  ressources  pour  vivre  que  la  guerre.  Un  peu  suspect  aux  mi- 
nistres, qui  ne  pouvaient  avoir  dans  sa  foi  huguenote  une  confiance  très  complète, 
il  était  moins  maître  de  son  parti  qu'un  adepte  récent  comme  le  vicomte  de  Tu- 
renne,  et  il  était  obligé  de  subir  des  compromissions  avec  de  vrais  brigands  qui 
s'étaient  fait  de  la  religion  nouvelle  un  instrument  de  pillage  et  un  moyen  d'im- 
punité. Ajoutez  à  cela  un  respect  pour  la  reine  mère  qui  était  très  mêlé  de  dé- 
fiance; et  on  s'expliquera  les  retards  d'une  négociation  que  Catherine  menait  seule 
de  son  côté,  tandis  ijue  de  l'auti'e  elle  ne  trouvait  personne  à  qui  parler,  obh'oée 
de  multiplier  ses  eiïortsprès  de  chefs  qui  ne  savaient  ou  ne  voulaient  pas  se  faire 
obéir  de  leurs  amis. 

Evidemment,  il  piit  été  plus  simple  pour  Hein'i  de  Bourbon  de  se  faire  catlio- 


Voii-,  p.  i36,  la  lettre  du  aG  novembre  1078. 
Voir.  p.  1.S9,  la  lettre  du  3o  novembre  1578. 


s„  INTRODUCTION. 

Ii((iit',  luciiif  ci'tle  si'cuiidc  ou  troisième  conversion  lui  eùl  moins  <'OÙlé  à  cette 
éno(nie  iiiic  (|iii]ize  ;uis  plus  lard;  mais  la  succession  au  Irone  n'était  jias  ouverte 
alors  :  il  se  contenta  de  laisser  sa  iennne.  la  sœur  des  derniers  ^alois.  pratiquer 
lilii'enieui  la  vieille  relijjion,  rései'vant  poui'  lui  ra\cnii\ 

Après  (Hielcpies  jours  passés  à  Condom,  toujoiiis  à  discuter  et  à  atermoyer,  la 
reine  mère  se  rendait  à  Nérac,  où  elle  faisait  son  entrée,  avec  Mar<;iierile.  sa 
lilli'.  le  i3  décendjre.  Nérac  était  l'une  des  principales  villes  dépendant  de  la 
souveraineté  du  loi  de  Navarre  :  il  tinl  à  liouiieur  d  \  recevoir  avec  nui;niilicence 
sa  lenune  et  sa  belle-mère.  r-Mon  lils  le  roi  de  Navarre.  trè>  hien  accompagné, 
écril  (laliierine  à  Henri  111.  a  l'ait  t'aii'e  tout  ce  (piil  a  jm  de  bon  accueil  et  de 
l)oniii'  clière  envers  nous  et  ceux  de  notre  suite,  montrant  iidiniment  d'aise  i\ur 
nous  sovons  venus  ici  si  IVancliement '.  ••  Mais  elle  ajoutait  aussitôt  :  '•11  s  y 
connaît  déjà  bien  <pn!  aucuns  de  sa  religion,  principalement  ceux  qui  sont  autoui- 
de  lui.  veulent  eiicor(^  prolonger  notre  conl'érence.  n  En  ell'et.  ils  alléguaient  tou- 
jours, el  la  surprise  de  la  liéole,  et  une  autre  alVaire  survenue  à  Lauzerle,  et 
des  troubles  à  i*éiigueu\.  pour  prouver  (pie  les  di'qiuté's  ne  pouvaient  pas  avec 
sécurilé  se  mettre  en  roule.  Les  membres  du  conseil  privé  av;iient  beau  conférer 
avec  les  amis  du  roi  de  Navarre.  Turenne.  Cliauinont-(  hiilr\ .  Lésignan,  Gratin  : 
on  s'amusait  beaucoup  à  la  petite  cour  de  Nérac.  mais  b's  alfaires  n  avançaient  pas. 
A  la  fin  de  décembre,  Catberine  partit  avec  sa  lille  pour  aller  s  installer  dans  la 
jolie  ville  de  Port-Saiule-Marie.  sur  la  Garonne.  Elle  v  passa  de  longs  jours  d'at- 
tente. j)endant  lesquels  elle  faillit  dix  fois  perdre  patience.  La  reine  mère  était 
logée  dans  une  c(''lèlire  aldjave  tout  proclie  de  la  ville,  le  Paravis,  apjielée  com- 
muiié'inent.  jiar  ini  jeu  de  mois  ordinaire  au  |>euple  et  cette  lois  bien  naturel. 
"le  Paradis".  Elle  deiueina  dans  ce  lieu  six  semaines  entières,  et  bien  ([ue  le 
commerce  y  ait  toujours  été  assez  important,  on  ne  voit  pas  trop  ([uelles  res- 
sources elle  V  pouvait  trouver  avec  sa  nombreuse  suite.  Ginquante  lettres  ont  été 
écrites  de  ce  lieu,  sans  compter  celles  qui  ont  été  perdues.  Cbaque  jour  Gatberine 
recevait  le  roi  de  Navarre,  Turenne.  les  députés  protestants.  Les  négociations 
continuaient  sans  cesse,  les  catholiques,  représentés  par  le  marécbal  de  Biron 
el  le  vicnmie  de  Dui'as.  son  lieulenant.  ne  se  monirant  pas  plus  disposés  que 
les  huguenots  a  cédei'  sur  aucun  point.  Où  se  tiendrait  cette  malheureuse  conlé- 
reiice?  Les  (b'piilés  de  la  lîeligion  commençaient  bien  à  arriver,  munis  de  leurs 

'    -  \u  l!i)i  Miiii<i;'ui' MKiii  lilsr.  (lu  11)  (li''Cc'iiilii-e  107S.  p.   l--}.. 


INTRODUCTION.  xm 

pouvoirs  et  porteurs  de  longues  listes  de  griefs;  mais  ils  soupçonnaient  quelques 
pièges  de  la  cour  et  craignaient  toujours  une  nouvelle  Saint-Barthélémy. 
Irait-on  à  Montauban.  à  (lastel-Sarrasin,  parce  que  là  il  y  avait  deux  villes,  dont 
chaque  parti  aurait  l'ait  sa  citadelle;  ou  bien  les  séances  se  tiendraient-elles 
dans  une  abbaye  entre  Nérac  et  Port-Sainte-Marie,  terrain  neutre,  ([u'on  nabor- 
derait  ({u'avec  beaucoup  de  précautions,  en  gardant  les  allées  et  venues  de  loute 
surprise? 

Le  roi  de  Navarre  cherchait  à  louvoyer  entre  ses  fougueux  et  méfiants  hugue- 
nots, dont  il  ne  partageait  pas  les  craintes,  et  Catherine  de  Médicis,  qu'au  fond 
il  aimait  fort  peu,  redoutant  en  outre  de  subir  trop  ouvertement  son  influence, 
tout  en  approuvant  au  fond  ses  idées.  Aussi  s'abstint-il  de  paraître  lors  de  la 
première  entrevue  avec  les  délégués  protestants.  La  reine  mère  raconte  à 
Henri  III,  dans  sa  lettre  du  16  janvier  1579,  que  crson  fds  le  roi  de  Navarre n  ne 
la  rejoindra  que  dans  quelques  jours  à  Port-Sainte-Marie  a  ne  voulant  être  ici  le 
premier  coup  que  je  verrai  les  députés t);  et  elle  ajoute  que,  pour  dégager  sa  res- 
ponsabilité, ce  même  tcfilsn  a  bien  eu  soin  de  les  prévenir  rr  qu'ils  se  prépa- 
rassent hardiment,  et  qu'elle  les  rendroit  petits  comme  cirons. n  Ce  qui  compli- 
quait encore  les  choses,  c'était  l'animosilé  qui  éclatait  à  cha(pie  occasion  entre 
le  roi  de  Navarre  et  le  maréchal  de  Biron.  Le  gouverneur  de  Guyenne,  constam- 
ment en  gai-de  contre  le  désordre  et  l'hérésie,  qu'on  ménageait  beaucoup  trop  à 
son  gré,  étranger  à  toute  finesse,  doutait  de  la  bonne  foi  des  huguenots,  même 
de  celle  de  Henri  de  Bourbon.  Lue  scène  violente  éclata  encore  entre  eux  le 
a 7  janvier,  dans  la  propre  chambre  de  la  reine  mère,  qui  dut  intervenir  pour  les 
calmer  tous  les  deux. 

Enfin  Catherine  avait  eu  gain  de  cause  :  le  3  février,  elle  était  retournée  à 
Nérac,  où  les  conférences  s'étaient  ouvertes,  grâce  à  l'influence  de  Turenne,  qui 
s'était  prononcé  nettement  cette  fois  dans  le  sens  de  la  conciliation. 


II 


Tous  nos  grands  historiens  se  sont  très  peu  occupés  de  l'assemblée  de  Nérac  : 
de  Thou,  (|ui  néglige  volontiers  les  controverses  protestantes,  consacre  à  l'évé- 
nement, dans  sa  grande  histoire  du  \\f  siècle,  à  peine  une  dizaine  de  lignes; 
d'Aubigné,  plus  prolixe,  confond  la  conférence  de  Montauban,  qu'il  place  à  la  fin 


j,y  IiMRODUGTION. 

du  printemps  de  1078  et  qui  n'eut  qu'une  très  médiocre  importances  avec  la 
réunion  de  Nérac  du  mois  de  février  iByg.  11  dit  que  la  reine  mère  essaya  de 
séduire  les  gentilshommes  de  province,  trqui  n'avoyent  pas  de  place  de  seuretén, 
en  leur  w découplant  une  harangue  curieusement  élabourée  par  Pibrac,  auquel 
on  avoit  recommandé  l'éloquence  miraculeuse  de  Pologne  n.  Il  ajoute  que  de  son 
côté  Catherine  «avoit  appris  par  cœur  plusieurs  locutions  qu'elle  appeloit  consis- 
toriales  :  comme  d'approuver  le  conseil  de  Gamaliel,  dire  que  les  pieds  sont  beaux  de 
ceux  qui  portent  la  paix,  appeler  le  roi  Foinct  du  Seigneur,  l'image  du  Dieu  vivant, 
s'écrier  souvent  :  Dieu  soit  juge  entre  vous  et  nous;  j'atteste  l'Eternel  devant  Dieu  et  les 
anges!  Tout  ce  stile,  qu'ils  appeloient  entre  les  dames  le  langage  de  Canaan,  s'es- 
tudioit  le  soir  au  coucher  de  h  roine;  et,  non  sans  rire,  la  bouffonne  x4tri  prési- 
dente à  cette  leçon  -  n. 

Le  morceau  peut  être  spirituel;  il  lui  manque,  comme  souvent  chez  d'Aubigiié, 
l'exactitude,  voire  la  vraisemblance.  Il  est  même  curieux  d'observer  que  la  tirade 
n'est  point  à  sa  place,  dans  un  chapitre  différent  de  celui  qui  traite  du  voyage  de 
Guyenne  et  après  le  récit  du  duel  de  Turenne  et  de  Duras,  tandis  que  les  confé- 
rences de  la  reine  mère  avec  les  ministres  protestants  ont  précédé  la  fameuse  ren- 
contre sur  le  pré  du  pont  d'Agen,  qui  faillit  remettre  en  question  les  accords 
signés  depuis  trois  semaines. 

Le  P.  Daniel  néglige  absolument  l'événement.  Et,  chez  les  contemporains, 
c'est  à  peine  si  Henri  Martin  consacre  quelques  lignes  au  voyage  de  la  reine  dans 
le  midi;  et  encore  non  sans  erreurs ^  Ainsi,  il  dit  que  le  roi  de  Navarre  «ne 
montra  pas  beaucoup  d'empressement  à  recevoir  une  femme  dont  la  galanterie 
avait  jeté  du  l'idicule  sur  son  nom  15.  C'est  le  contraire  que  nous  voyons  dans  les 
documents.  Et  la  fameuse  lettre  de  Henri  HI  à  son  beau-frère  sur  Tinconduite  de 
sa  sœur  est  fort  postérieure.  Il  dit  encore,  sur  la  foi  des  écrivains  protestants, 
que  Catherine,  faisant  peur  à  son  gendre  des  rr entreprises  des  Guisardsn,  et  lui 
donnant  à  espérer  la  succession  de  ses  fils,  —  dont  deux  vivaient  encore, —  «s'ef- 
força de  ramener  le  roi  de  Navarre  au  catholicisme  r.  Il  fut  si  peu  question  de 
conversion  dans  toutes  leurs  négociations,  que  la  reine  mère  traita  sans  cesse 
avec  Henri  comme  avec  le  chef  des  protestants.  Les  leçons  de  «la  bouffonne 
Atrin,  sur  la  façon  de  «parodier  le  langage  biblique  n,  sont  aussi  une  sim])le  iu- 

'  Mémoires  de  Bouillon,  p.  a43  do  IVdit.  île  16GI). 

"  Hisioirc  universelle,  édit.  delà  Sociélé  île  l'histoire  de  France,  l.  V,  p.  369-363. 

■'  T.  IX,  p. -483  et  485. 


INTRODUCTION.  xv 

vention,  prise,  coiiiiuc  iiout;  venons  de  le  voir,  dans  d'Aubigiié.  Et  enfin,  les  ar- 
ticles de  Nérac,  signés  le  28  février,  ne  lurent  pas  tenus  secrets.  Tout  le  monde 
les  connaissait,  et  on  les  envoya  aussitôt  à  Paris  pour  les  soumettre  au  roi,  qui 
lès  ralifia  quinze  jours  plus  tard  ofîiciellemeut.  LHistoire  (rénévale  toute  récente 
de  MM.  Lavisse  et  Rambaud  ne  parle  ni  de  ledit  de  Poitiers,  ni  du  voyage  de  la 
reine  mère  en  Guyenne  et  en  Languedoc,  ni  partant  de  ses  négociations  avec 
les  huguenots.  Il  y  avait  là  pourtant  une  question  intéressante  à  étudier  :  c'était 
la  première  fois  que  les  deux  religions  se  trouvaient  en  présence,  avec  la  pré- 
tention de  traiter  d'égale  à  égale,  ne  s'occupant  pas  du  dogme,  qui  pour  les  mi- 
nistres ne  semble  pas  même  être  en  cause,  mais  réclamant  surtout  des  garanties 
d.'  liberté,  ou  plutôt  des  moyens  de  défense,  des  places  de  sûreté,  des  soldats  et 
d(;  l'argent.  La  reine  mère  discutait  de  son  mieux;  elle  marchandait  en  bonne 
Florentine,  elle  réduisait  le  nombre  des  villes,  la  somme  à  donner,  le  temps  que 
durerait  l'occupation;  elle  s'en  tenait  fermement  aux  bases,  qu'elle  croyait  solides, 
de  l'édit  du  17  septembre  1.^)77.  Elle  liiiil  ainsi  par  ranger  le  roi  de  Navarre  de 
son  côté;  elle  ne  céda  que  dans  la  mesure  nécessaire  pour  avoir  la  paix.  Finale- 
ment elle  fit,  un  peu  contrainte,  ce  que  Henri  IV  fera  plus  tard  de  son  plein  gré, 
en  promulguant  l'édit  de  Nantes. 

Nous  avons  cependant  sur  cet  intéressant  épisode  de  nos  discussions  religieuses 
des  sources  d'informations  fort  importantes.  Ce  sont  d'abord  les  ctremonslraiicesn 
des  ministres  huguenots,  telles  qu'elles  ont  été  communiquées  à  la  reine  mère, 
avec  la  réponse  qu'elle  y  fit;  c'est  la  correspondance  de  Catherine,  qui  raconte  à 
son  fils  par  le  menu  toutes  ses  négociations  et  résume  chaque  discussion  de  l'as- 
semblée; c'est  le  journal  manuscrit  du  secrétaire  du  maréchal  de  Damville,  assez 
naïvement  écrit,  mais  qui  semble  sur  les  moindres  faits  d'une  scrupuleuse  exacti- 
tude; c'est  enfin  un  autre  a  discours  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  conférence  de  Nérac -n, 
sorte  de  commentaire  ou  de  défense  des  décisions  prises  par  la  reine  mère  sur 
chacun  des  articles  '. 

Catherine  était  arrivée  à  Nérac  le  mardi  3  février;  le  mercredi,  les  députés  se 
présentèrent  et  commencèrent  «à  entrer  en  discours  n;  le  jeudi,  ils  donnèrent 
«leurs  cayezu.  Ces  cahiers  de  remonstrances  avaient  la  prétention  de  régler  à  leur 
profit  toutes  les  questions  pendantes,  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'étonner  si  la  reine 


'  Tous  ces  (locuiiieuls  se  Irouveroiit  aux  Pièces  pisiifcaiives  (Appendice,  n"  XXVI,  XXVIII,  XXIX  et 
XXXVI)  et  dans  les  lettres  de  la  reine  ellc-mémc. 


XVI  INTRODUCTION. 

trouva  leurs  propositious  excessives  et  dépassant  sur  beaucoup  de  points  le  mandat 
qu'on  leur  avait  donné.  Ainsi,  ils  demandaient  que  l'exercice  de  la  religion  fiit 
établi  par  toute  la  France  et  dans  chaque  bailliage;  ils  exigeaient  que  le  gouver- 
nement de  la  Picardie  fût  rendu  au  prince  de  Condé,  et  celui  de  la  Guyenne  au 
roi  de  Navarre  ;  que  la  justice  fût  partout  rr  my-partie  v  ;  que  tous  les  excès ,  pillages , 
crimes  commis  par  les  protestants  fussent  pardonnes  et  garantis  contre  toute  pour- 
suite; que  les  rebelles  ne  puissent  être  contraints  de  rendre  aucune  des  villes 
qu'ils  occupaient;  que  leurs  propres  garnisons  soient  payées  et  entretenues  aux 
dépens  du  roi. 

Scorbiac  ou  Escorbiac,  de  Montauban,  est  l'orateur  du  parti  protestant.  La 
reine  le  trouve  souvent  modéré  et  toujours  convenable.  Elle  lui  fait  répondre  par 
les  gens  de  son  conseil,  par  le  séduisant  prélat  Paul  de  Foix,  par  l'ancien  ambas- 
sadeur Saint-Sulpice,  par  Pibrac,  qui  semble  avoir  joué  surtout  le  rôle  de  média- 
teur, par  le  cardinal  de  Bourbon  lui-même,  qui,  en  dépit  de  ses  médiocres 
moyens,  est  parfois  bien  inspiré  et,  s'entcndant  un  jour  reprocher  de  gêner 
«l'exercice  de  la  religiom^  dans  son  diocèse,  se  souvient  qu'il  est  l'archevêque  du 
Havre  et  réplique  vertement  au  ministre  La])lace  trque  les  catholiques  de  Rouen 
sont  gens  de  bien  et  qu'ils  nont  pas  mis  les  Anglois  en  France,  tt  II  arrive  que  la 
reine,  découragée,  veut  se  retirer  à  l'abbaye  du  Paravis  près  de  Port-Sainte- 
Marie;  d'autre  part,  c'est  le  vicomte  de  Turenne  et  Chaumont-Quitry  qui,  n'ayant 
pas  confiance  dans  les  promesses  de  la  cour,  s'éloignent,  r disant  toujours  que 
cela  n'étoit  point  suffisant  pour  garder  qu'on  ne  les  tuast,  comme  on  a  fait  par 
cy-devant'.T) 

Parfois  les  arguments  em])loyés  étaient  assez  singuliers,  comme  la  réponse  que 
fit  le  futur  archevêque  de  Toulouse,  M.  de  Foix,  aux  ministres  protestants  qui, 
déplaçant  un  peu  le  débat,  voulaient  obtenir  la  liberté  de  prêcher  de  l'autre 
côté  de  la  Loire  :  cril  fust  longuement  débattu  et  remonstré  par  M.  de  Foix  que 
le  bon  médecin  n'ordonne  point  selon  le  goût  et  pour  plaire  au  malade,  mais 
plutôt  ce  qu'il  cognoit  lui  estre  nécessaire  pour  sa  santé;  que  le  roy  et  la  royne 
estoient  les  médecins  desdicts  de  la  religion  estans  malades,  ausquels  permettant 
l'exercice  de  la  Loire,  seroit  leur  ordonner  à  leur  appétit,  non  pour  leur  santé ^.n 

La  reine  elle-même  donne  souvent  de  sa  personne,  non  sans  verve  et  sans 


I^ellre  de  la  reiae  mère  au  roi  du  i3  février  iSyç),  p.  2G1. 
Juurnal  du  secrétaire  du  maréchal  de  Damville,  Appmdke,  p.  khh. 


IINTRODUGTIO.N.  xvii 

à-propos.  Un  jour  que  Gliauinont-Quitry,  (jui  avail  été  admis  à  la  conférence 
comme  représentant  de  l'Ile-de-France  et  qui,  tout  ])rotestant  qu'il  fût,  était  très 
dévoué  au\  Valois,  lui  affîrmait  qu'il  avait  bon  espoir  de  la  paix  et  qu'elle  pouvait 
se  fier  au  roi  de  Navarre  :  crOui,  dit-elle,  je  m'en  fie,  car  sans  cela  je  ne  serois 
pas  venue  à  Nérac,  comme  j'ai  fait,  avec  mon  conseil  în  Une  autre  fois,  elle  fit  à 
tous  les  députés  réunis  un  vrai  discours,  (jui  fut  approuvé  de  tous  ceux  qui  l'en- 
tendirent. Elle  avait  terminé  en  disant  que  rr  comme  mère  du  roi,  elle  se  vouloit 
aussi  montrer  mère  du  peuple,  qu'elle  avoit  dévotion  de  contenter  tous  ses  sub- 
jets et  de  s'eslargir  de  tout  ce  qui  seroit  possible  pour  le  renouvellement  des 
troubles  n,  ajoutant  (qu'elle  demandait  à  deux  ou  trois  déléjjués  de  venir  traiter 
avec  elle  les  questions  restées  en  suspens  dès  le  lendemain  matin,  mion  point 
par  escript,  ni  par  articles,  mais  de  parole,  comme  de  gré  à  gré,  pour  advancer 
plus  tôt  les  alTaires  '.  -n 

Son  babileté  joue  un  grand  rôle  dans  les  négociations.  Un  matin,  elle  se  pro- 
mène pendant  une  demi-lieure  au  jardin  avec  le  roi  de  Navarre  et  le  persuade 
si  bien  que,  le  soir,  c'est  lui  qui  cr pai'loit  à  tous  les  députés,  leur  faisant  entendre 
qu'il  désiroit  d'entretenir  l'édit  de  paix,  qu'il  l'avoit  juré,  que  s'ils  faisoient  les 
opiniastres  par  des  requestes  incivilles,  il  les  fairroit  battre  tout  leur  saoul  en 
Languedoc  et  ailleurs,  et  qu'ils  ne  s'attendissent  point  d'avoir  aucun  secours ii. 

Un  autre  jour,  le  mercredi  ii,  la  reine  fait  célébrer  la  messe,  entre  six  et 
sept  heures  du  matin;  fret,  parce  que  mons.  le  cardinal  de  Bourbon  et  mons.  le 
prince  Daulphin  ne  sont  encore  levés.  Sa  Majesté  envoya  trois  messagers  pour  les 
faire  haster,  ensemble  le  s'"  de  Pibrac,  qui  arriva  le  derniers. 

Puis,  mandant  les  députés,  elle  les  fait  attendre  en  l'antichambre  ttune  grosse 
heures,  pendant  qu'elle  prenait  avis  des  membres  de  son  conseil,  et  les  tenant 
ensuite  tous  ensemble  réunis,  sans  manger,  jusqu'à  onz(>  heures,  elle  expédie 
(tcinq  articles,  sui'  douze  qui  restoient,  sans  aucune  difficulté. n  Pendant  la  se- 
conde séance  de  la  journée,  reprise  à  une  heure  jusqu'à  cinq  heures,- l'évèque  de 
Valence  et  le  s""  de  Foix  se  trouvèrent  si  fatigués  cju'ils  lurent  obligés  de  sortir  et 
de  se  mettre  «dans  le  lict  incontinente. 

On  n'oubliait  pas  non  plus  les  plaisirs  :  le  vendredi  i3,  rr après  disnée,  la 
reine  de  Navarre  descendit  au  parc  pour  veoir  courre  la  bague  au  roy  son  inary 
et  aux  autres  seigneurs  de  sa  suitte,  cependant  que  la  reine-mère  estoit  à  vespres.  v 

'  Journal  du  secrélaiie  du  niaiéchal  de  Damville,  u.  'l'iO. 


(JAIHtRINE    DE    MtDICIS. W. 


D 

lui'niuLiML-    SATint.iir. 


xv„,  INTRODUCTION. 

Et  ce  qui  montre  bien  que  les  esprits  étaient  peu  apaisés  et  ne  perdaient  pas 
une  occasion  de  récrimination  :  crLe  s''  de  Fontenille,  ne  pouvant  donner  dedans 
la  bague,  dit  tout  hault  en  gascon  que  quelque  ministre  i'avoit  enchanté,  mais 
qu'il  ne  sçavoit  où  se  vouer,  parce  que  dedans  Nérac  n'y  avoit  aucun  saint  ni 
sainte,  les  églises  étant  toutes  abattues.  11 

Plus  d'une  fois,  du  ton  de  la  plaisanterie  on  passait  à  la  violence  :  les  députés 
protestants  ayant  menacé  de  se  retirer  et  de  recommencer  la  guerre,  cela  reyne 
leur  parla  royallement  et  très  hault,  jusques  à  leur  dii'e  qu'elle  les  feroit  tous 
pendre  comme  rebelles.  Sur  quoy  la  reyne  de  Navarre  se  mit  en  debvoir  dappaiser 
le  tout,  mesme  pleura,  suppliant  Sa  Majesté  de  ienr  donner  la  paixT». 

Le  lendemain  samedi  16,  c'est  Ghaumont-Quitry  qui  voulut  aborder  Catherine, 
après  son  diner,  pour  lui  dire  que  trceux  de  son  party  ne  demandoient  les  villes 
que  pour  la  defïiance  qu'ils  ont  que  les  cours  de  pai'lement  et  les  gouverneurs  de 
province  ne  soient  les  premiers  infracteurs  de  la  paix,  n  La  reine,  impatientée, 
lui  lit  «une  responce  émue  et  comme  par  collère,  disant  que  les  ministres  leur 
preschoient  la  deffiance  et  empeschoient  la  paix,  eux  qui  ne  vont  pas  à  la  guerre 
et  sont  cause  de  la  mort  de  la  noblesse  de  France,  qu'on  devi'oit  les  y  faire  aller 
et  les  mettre  au  premier  rang  comme  les  Suisses;  que  les  gentilshommes  font 
très  mal  de  les  croire  s'ils  pensent  s'agrandir  par  ce  bout  là ,  car  ils  demeureront 
le  cul  par  terre  entre  deux  selles :i. 

Quitry  fut  obligé  de  faire  des  excuses,  assurant  la  reine  mère  de  sa  fidélité  et 
de  celle  du  roi  de  Navarre  son  maître,  et  lui  promettant  d'employer  tous  ses 
efforts  pour  arriver  à  une  conciliation.  C'était,  en  effet,  cette  question  des  villes 
de  sûreté  qui  était  la  plus  importante  et  sur  laquelle  il  fut  le  moins  facile  de  se 
mettre  d'accord.  Le  lundi  1  6 ,  la  reine  communiqua  aux  députés  ses  dernières 
conditions,  dans  une  longue  séance  qui  dura  de  sept  heures  du  matin  à  midi, 
en  présence  du  roi  de  Navarre. 

La  nouvelle  de  la  prise  de  Beaucaire  par  le  maréchal  de  Damville  arriva  fort 
à  propos  pour  rabattre  un  peu  l'insolence  des  huguenots,  qui  espéraient  bien 
que  la  résistance  de  François  de  Ghàtiiloii  serait  plus  longue.  Deux  autres  villes 
du  Languedoc  se  rendant  aussi,  la  reine  mère  en  profite  et  fait  comprendre  au 
roi  de  Navarre,  un  peu  embarrassé  de  son  rôle,  que  la  liste  de  cinquante-neuf 
villes  réclamées  par  les  partisans  de  la  religion  prétendue  réformée  est  loin  de  la 
proportion  que  justifieraient  les  forces  catholiques  et  protestantes  comparées. 

On  s'observa  encore  quelque  jours;  finalement  l'accord  se  fit;  et  les  vingt-sept 


liNTP.ODUGTION.  mx 

articles  de  Nérac  furent  arrêtés  définitivement  le  98  février  iSyg.  Le  noinbic  des 
villes  accordées  par  l'article  17  était  .singulièrement  réduit,  puisqu'il  n'y  en  avait 
que  huit  pour  la  Guyenne  et  onze  pour  le  Languedoc. 

Il  est  curieux  de  voir  la  liste  des  mandataires  qui  signèrent  de  part  et  d'autre 
linstrument  ofliciel.  Ce  lurent,  en  dehors  de  la  reine  mère  et  du  roi  de  Navarre, 
Biron,  Joyeuse,  Lanssac,  Pibrac,  La  Molhe-Fénelon,  Clermont,  Duranti,  pour 
les  catlioli(pies;  et  pour  les  prolestants,  Bouchart,  représentant  du  prince  de 
Condé,  le  vicomte  de  Turenne,  Ghaumont-Quitry,  du  Faur,  chancelier  du  roi 
de  Navarre,  frère  de  Pibrac,  Scorbiac,  député  pour  la  généralité  de  Bordeaux, 
Yolet  et  de  Vaux  S  députés  pour  le  Rouergue. 

Il  fallait  maintenant  régler  l'exécution  des  conventions  signées,  et  c'est  la  tâche 
que  se  donna  la  reine  mère  pendant  quelques  jours,  désignant,  de  concert  avec 
le  roi  de  Navarre,  les  délégués  qui  seraient  chargés  d'aller  aussitôt  dans  les  villes 
commander  au  nom  des  deux  partis  naguère  hostiles,  exhorter  les  habitants  à  la 
paix  et  donner  par  leurs  communs  effoi'ts  la  preuve  du  bon  accord  qui  régnait 
chez  les  chefs.  Avec  un  large  esprit  de  conciliation  et  sans  amour-propre  inutile, 
Galherine  se  sert  des  protestants  connue  des  catholiques,  jusqu'à  mécontenter  ses 
plus  fidèles  serviteurs,  qui  croient  toujours  que  les  concessions  sont  excessives  et 
qu'on  ne  manquera  pas  d'en  abuser. 

Mais  elle  a  la  satisfaction  de  voir  que  sa  peine  n'est  pas  perdue.  On  lui  rend 
la  Réole,  d'assez  mauvaise  grâce,  sans  doute;  mais  elle  \  nomme  aussitôt  un 
gouverneur  qui,  bien  que  protestant,  est  fort  dévoué  au  roi,  le  fameux  d'Ussac, 
qui,  sans  doute,  il  y  a  six  mois,  n'avait  en  rien  été  mêlé  aux  événements-. 


'  Voir  Mi'zeray,  le  seul  historien  ([ui  ait  rendu 
compte  assez  exactement  des  résultais  de  la  con- 
fe'rcnce,  l.  III,  in-fol.,  ]).  h-jù;  Du  Mont,  Coc/w 
diplomatique,  t.  V,  p.  SSG-S.Sy;  et  La  France  pro- 
testante, des  frères  Haay,  t.  X.  p.  lôi). 

"  11  est  évident  que  si  les  hugiienols  avaient  cru 
à  la  trahison  de  d'Ussac,  ils  ne  l'auiaient  pas  ac- 
cepté comme  gouverneur.  C'est  plus  lard  cpie,  res- 
tant fidèle  au  roi,  tandis  qur  ses  coreligionnaires 
recommençaient  la  guerre  civile,  il  fut  accusé  par 
dAuJjigné  a\ec  sa  passion  ordinaire.  Au  reste,  un 
long  mémoire  justificatif  de  sa  comluile  se  trouve 
dans  un  manuscrit  de  la  Bibliothèque  nationale, 
peu   consulté  sans  doute  à  cause  de  son   litre  : 


trNoles  pour  M.  de  Mézeray.  n  (Ms.  fr.  2079/1, 
f"'  .573-584.)  Ce  document  dit  simplement  que  les 
catholiques  s'étaient  emparés  de  la  Réole  ])ar  sur- 
jii'ise  en  i.')78,  chassant  leur  gouverneur  Favas; 
rt  la  version  la  moins  romanesipic  est  assurément 
la  plus  vraisemldaltli'.  Les  haliilanls  oITrireiil  en- 
suite de  rendre  la  place,  pourvu  (ju'on  leui'  donnât 
un  antre  gouverneur  rrgenlilhonune  et  homme  de 
hienn;  d'Ussac  ajoute  (|u'ayant  élé  désigné  par  la 
l'eine  et  le  roi  ilt"  iNavaire,  il  se  résigna  par  devoir 
h  accepter  cette  charge  dillicile.  li'ouvant  la  Réole 
dans  un  état  di'plorahle,  r-estans  les  catholiques 
dans  le  ehasteau  et  la  ville  cnnunandés  par  l''a\az», 
el  (|ue  cependani  il  sellorca  d'v  remettre  la  paix. 


XX  INTRODUCTION. 

Les  dernières  instructions  données  aux  divers  délégués  envoyés  dans  ies  villes, 
la  reine  quitta  Nérac  au  commencement  de  mars.  Elle  se  rendit  à  Agen,  où  elle 
assembla  la  noblesse  catholique  et  lui  expliqua,  dans  un  discours  plein  d'habileté 
et  de  bon  sens ,  les  raisons  qui  l'avaient  déterminée  à  céder  aux  protestants  sur  un 
certain  nombre  de  points  auxquels  ils  tenaient  tellement,  que  les  refuser  c'était 
rompie  et  recommencer  la  guerre  civile. 

Brantôme  a  raison  de  dire  «t  qu'elle  parloit  fort  bien  en  françois,  et  répondoit 
fort  pertinemment  avec  une  fort  belle  grâce  et  majesté,  n  Le  discours  d'x\gen  est 
un  modèle  du  genre'.  Il  fit  grand  effet.  Le  maréchal  de  Biron,  au  nom  de  tous 
les  gentilshommes  présents,  remercia  la  reine,  qui  ajouta  encore  quelques  mots 
d'un  ton  plus  familier,  achevant  d'entraîner  l'assemblée,  dans  laquelle  il  y  avait 
d'avance  plus  d'un  hésitant. 

Tout  le  mois  d'avril  se  passa  en  séjours  rapides  dans  diverses  villes,  Beaumont, 
Valence,  Toulouse.  Après  Nérac  et  Agen,  la  reine  mère  se  rendit  dans  le  pays  de 
Foix,  où  le  roi  de  Navarre,  dit-on,  lui  oflVit  une  chasse  à  l'ours.  Puis  elle  vint  au 
comté  de  Lauraguais  et  s'arrêta  à  Saint-Michel-de-Lanès ,  à  deux  lieues  de  Castel- 
naudary.  C'est  dans  cette  dernière  ville  qu'elle  dit  adieu  à  sa  fille,  au  commence- 
ment de  mai  1679;  et  la  séparation  les  émut  toutes  deux  plus  qu'on  n'auroit  pu 
le  penser.  rcLa  reine  de  Navarre,  écrit-elle  à  Henri  III,  délibéroit  daller  trouver 
son  mary  à  Mazères,  et  moi  d'aller  disner  à  l'abbaye  de  la  Prouille,  où  j'entendis 
par  ceux  de  mes  gens  qui  étoient  demeurés  derrière,  que  ma  fille  est  infi- 
niment attristée,  s'étant  enfermée  seule  dans  une  chambre,  où  elle  a  fort  pleuré 
et  regretté  mou  partement'-.  n  Elle  n'avait  point  quitté  Marguerite  depuis  une 
année  entière;  elle  l'avait  employée  à  sa  politique;  elle  l'avait  réconciliée  avec  son 
mari;  elle  avait  joui  des  succès  que  sa  beauté  et  sa  bonne  grâce  lui  valaient  dans 
les  villes  qui  faisaient  partie  du  domainq  du  roi  de  Navarre.  Dans  ses  lettres 
autographes  à  son  amie  la  duchesse  d'Uzès,  elle  revient  plusieurs  fois  sur  ce 
sujet,  qui  lui  tenait  au  cœur;  car  c'était  un  des  buts  qu'elle  avait  assignés  à  son 
voyage. 

Mais,  avant  de  poursuivre  sa  route,  elle  avait  dû  assister  aux  Etats  du 
Languedoc  ([ui  se  réunirent  cette  année-là  à  Gastelnaudary.  Ils  avaient  d'abord 
été  convoqués  pour  le  10  janvier  à  Béziers,  puis  à  Garcassonne,  à  Narbonne,  à 


'  \ oit-  Appendice,  n"  XXX,  p.  ho-2. 

'  I^ollre  du  8  mai  1079.  — -  \oii'  ]).  ."iôy 


INTRODUCTION.  xxi 

Périgueux,  la  reine  relardant  leur  assemblée,  parce  qu'elle  n'avait  pas  terminé 
ses  conférences  de  Nérac.  Enfin  ils  s'ouvrirent  le  97  avril  à  Castelnaudary, 
dans  l'auditoire  du  siège  présidial.  Le  maréchal  de  Damville  y  assistait,  ainsi  que 
Jean  Philippi,  président  de  la  cour  des  aides  de  Montpellier,  commissaire  du  roi. 
Alexandre  deBardis,  évèque  de  Saint-Papoul,  présidait.  Les  États  connnencèrent 
par  députer  l'évèque  de  Mirepoix,  le  baron  de  Rieux  et  deux  membres  du  tiers 
état  pour  aller  complimenter  la  reine  mère,  qui  était  arrivée  à  Saint-Micliel-de- 
Lanès,  la  remercier  des  soins  qu'elle  avait  donnés  à  la  paix  et  l'avertir  que  les 
protestants  s'étaient  presque  tous  abstenus  de  se  rendre  à  la  réunion.  Catherine 
les  écouta  favorablement;  et,  dès  le  lendemain  28  avi'il,  elle  fit  donner  une  in- 
struction aux  gentilshommes  désignés  pour  aller  dans  les  villes  surveiller  l'exécu- 
tion des  résolutions  de  Nérac.  Elle  arriva  le  29  à  Castelnaudary,  et  se  mit  en  rap- 
port avec  les  députés,  qui  lui  demandèrent  d'envoyer  des  commissaires  pour 
apaiser  les  troubles  excités  par  les  religionnaires  du  côté  de  Lavaur  et  de  Narbonne. 
Damville  et  Paul  de  Foix  furent  chargés  de  requérir  les  subsides  nécessaires  à 
l'entretien  de  la  paix,  que  les  Etats  votèrent  pour  une  année.  Puis,  le  k  mai,  elle 
leur  adressa  une  lettre  du  roi,  datée  d'Ollainville,  le  2 A  avril,  qui  les  exhortait 
à  observer  exactement  l'édit  et  à  obéir  aux  ordres  de  sa  mère,  leur  réclamant  le 
vote  des  impôts  ordinaires,  qui  furent  accordés  le  8  mai'.  La  reine  était  partie  la 
veille  pour  prendre  la  route  du  bas  Languedoc,  vers  Narbonne,  où  elle  était  le 
1 5  avec  le  maréchal. 

En  passant  par  Narbonne,  elle  juge,  avec  l'avis  de  Damville,  devenu  depuis 
quelques  jours  duc  de  Montmorency  par  la  mort  de  son  frère  aîné,  un  différend 
qui  s'était  élevé  entre  le  baron  de  Piieux,  gouverneur,  et  les  consuls  de  la  ville. 
Elle  ne  séjourne  pas  à  Montpellier,  à  cause  de  la  peste  qui  y  faisait  alors  de  grands 
ravages;  mais  elle  traverse  la  ville  le  29  mai,  et  même  est  assez  mal  accueillie,  à 
son  passage,  par  les  huguenots  :  elle  tient  tête  hardiment  à  ces  demi-factieux,  qui 
sont  étonnés  de  sa  résolution  et  s'inclinent  devant  la  femme,  après  avoir  essayé 
d'insulter  la  reine"-. 

ffJ'ai  vu  tous  les  huguenots  du  Languedoc,  écrit-elle  à  la  duchesse  d'Uzès;  et 
Dieu,  qui  m'aide  toujours,  m'a  tant  favorisée  que  j'en  suis  venue  à  bout  aussi  bien 
(ju'en  Guyenne.  11 


■   Histoire  générale  de  Languedoc,  nouv.  édil.  in-i' ,  t.  XII,  |).  663-1!  OG. 
Letiro  au  Roi  du  28  mai.  —  Voir  p.  .875. 


XM,  IMTiîODUGTION. 

l'iiis  clic  aj()iil('  jtlais;nniii('iii  : 

rf.Ma  coiiimcic,  c'est  à  ce  coup  que  vous  me  verrez  dans  un  mois  et  saine  et 
sauve,  encore  ijue  j'aie  à  passer  on  la  mer,  ou  la  peste,  ou  les  Cévennes,  que  je 
Cl  ai  us  l)icn  autant  que  les  deux  premières.  Je  prie  Dieu  me  continuer  en  cet  heur, 
et  nous  conserver  jusqu'à  l'àoe  de  sept  vingt  ans,  que  nous  puissions  souper  en- 
seinMe  aux  Tuileries,  sans  cliajicaux  ni  bonnets.-^ 

Le  'jg  mai,  elle  couche  à  Auhais,  dans  ce  heau  château  qui  devait  être  plus 
lard  si  célèbre  par  sa  riche  bibliothèque  cl  ses  précieuses  archives.  Le  3o,  elle  est 
à  Beaucaire,  et  elle  en  l'epart  le  7  juin  pour  se  rendre  par  eau  à  Marseille,  où 
elle  arrivera  le  Ç) ,  rrsi  tourmentée  encore,  dit-elle,  des  querelles  de  Provence, 
qu'elle  n'a  plus  de  cervelle  que  pour  se  courroucei'.  •• 

Mais  en  quittant  délinitivement  le  Languedoc,  elle  pouvait  se  montrer  satislaite 
des  résultats  obtenus.  La  paix  semblait  rétaiilie  dans  ces  contrées;  et  si  elle  avait 
accordé  aux  protestants  beaucoup  de  choses,  elle  avait  trouvé  moyen  de  faire  vivre 
ensemble  le  roi  de  Navarre  et  le  maréchal  de  Biron;  elle  s'était  réconciliée  avec 
Damville,  iprelle  a\ail  toujours  traité  en  sujet  et  qui  n'aurait  pas  demandé  mieux 
ipie  de  négocier  de  puissance  à  puissance;  eu  un  mot.  elle  avait  conservé  A 
Henri  III  deux  des  jilus  belles  provinces  de  la  monarchie. 

Aussi  le  roi  qui.  en  dé[)itde  son  indolence.  ii"a\ait  cessé  de  suivre  et  d'ajtpnyer 
la  p(dili<pi(;  (pie  dii'igeait  si  Inen  sa  mère,  éciivail-il  le  1  (j  mai,  de  Paris,  à  un 
de  ses  plus  éclairés  et  plus  iidèles  soutiens,  l'ambassadeur  de  France  à  Venise, 
Arnaud  du  Ferrier  : 

rr(}uaut  à  la  Reyne,  Madame  et  mère,  elle  est  de  présent  en  Provence,  où 
j'espère  qu'elle  remettra  la  paix  et  union  entre  mes  sujets,  ainsi  qu'elle  a  fait  en 
Guyenne  et  Languedoc,  et  que,  passant  jiar  le  Dauphiné,  elle  y  pourra  faire  le 
semblable.  Par  ce  moyeu,  elle  ira  plantant  aux  cœurs  de  tous  mes  sujet.s  une  mé- 
moire et  recomiaissance  iunuorlelle  de  ses  bienfaits,  qui  les  rendra  élernellemeut 
ojtligés  à  prier  Dieu  avec  moy  pour  sa  prospérité  et  sa  santé,  n 

Sous  l'enflure  et  la  piéciosité  de  style  du  dernier  Valois,  il  y  a  un  jugement 
sensé  de  ce  ([ue  la  couronne  de\ail  à  la  laborieuse  campagne  de  la  reine  mève. 
La  moitié  de  sa  tâche  est  maintenant  accomplie,  peut-être  la  moins  dillicile.  Lais- 
sons-la passeï'  dans  une  autre  région  où  le  ])arti  huguenot  est  moins  puissant, 
mais  où  il  \  a  Irois  honnues  ([ui,  par  leui'S  inli'igues,  leur  habileté,  et  il  faut  ajou- 
ter leui'mauvaise  foi,  déjoueiout  encore  pendant  jilusieurs  mois  toutes  les  linesses 
de  la  ijcaude  Italienne  et  l'obligeronl  à  (■('■der,  (piand  elle  aura  tristement  constaté 


INTRODUCTION.      .  xxiit 

son  impuissance  :  iiuus  avons  désigné  le  duc  de  Savoie,  le  maréchal  de  Beiléjjarde 
et  Lesdiguières,  qui  s'essayait  déjà  au  rôle  qu'il  jouera  toute  sa  vie  et  dont 
Henri  IV  lui-même  aura  peine  à  ne  pas  être  dupe.  On  verra  sur  eux,  comme  sur 
Biron,  surDamvilleou  sur  le  vicomte  deTurenne,  le  jugement  des  contemporains. 
Ce  qui  fait,  d'ailleurs,  riiilérêt  de  ces  documents,  comme  de  ceux  qui  les 
suivront,  c'est  qu'on  peut  y  trouver  la  série  ininterrompue  des  impressions  et  des 
pensées  de  Catherine  de  Médicis.  Séparée  du  roi  son  (ils  plus  longtemps  qu'elle 
ne  l'a  jamais  été,  elle  lui  écrit  chaque  jour  tout  ce  qu'elle  voit,  tout  ce  qu'elle  fait, 
n  omettant  aucun  détail,  ne  laissant  ignorer  aucune  de  ses  combinaisons;  et  elle 
apparaît  ici  beaucoup  plus  naturelle,  beaucoup  moins  astucieuse  qu'on  ne  l'a  dit, 
sur  la  foi  de  pamphlets  contemporains,  qui  ne  se  lisent  plus,  mais  dont  l"('S[irit 
s'est  en  quelque  sorte  perpétué  chez  les  historiens.  Telle  est  la  conclusion  qui 
ressort  de  l'examen  de  toutes  les  pièces  de  cette  vaste  correspondance  :  on  nou 
pardonnera  de  l'avoir  répété  j)Ius  d'une  fois. 


LETTRES 


DE   CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1578.  —  7  janvier. 

Orig.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FILS 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  PIÉMONT. 

Mon  filz,  pour  ce  que  j'ay  entendu  que  Ton 
a  faict  courir  ung  bruit  par  delà  contre  Flion- 
neur  de  Tillon,  qui  estoit  à  feue  Madame  de 
Savoye  ma  seur,  lequel  pourroit  par  advanture 
tellement  altérer  la  bonne  réputation  en  la- 
quelle vous  l'avez  tousjours  eu  que  cela  luy 
seroit  de  grand  préjudice,  je  vous  ay  bien 
voullu  escripre  la  présente  pour  vous  asseurer 
que  je  n'ay  rien  trouvé  ne  congneu  que  d'un 
devez  bons  et  affectionnez  serviteurs,  et  comme 
tel  je  vous  le  recomande  et  vous  prye  le  re- 
congnoistre,  vous  souvenant  des  bons  ser- 
vices qu'il  a  faictz  à  feue  madicte  seur,  les- 
(juelz  en  mon  particullicr  je  recongnoistray 
tousjours  anvers  luy,  l'occasion  se  présentant, 
priant  Dieu,  mon  filz,  vous  tenir  en  sa  saincte 
garde. 

Escriptà  Paris,  le  vii'°' jour  de  janvier  1678. 

Votre  bonne  mère, 

Caterine. 


1578.  —  8  janvier. 
Coi'ie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  Dupuy,  ii"  ojo.  f*  57. 

A  MONSIEUR  D'ABAIN'. 

Monsieur  d'Abain,  j'ay  entendu  par  vostre 
lettre  du  xvi""  du  passé  le  bon  debvoir  que 
vous  avez  faict  envers  nostre  Saint  Père  lou- 
chant la  promotion  de  Charles  de  Lorraine-  au 

'  Cette  lettre  est  tirée  d'un  recueil  intitulé  :  Lettres 
du  [toi  et  de  la  Reine  sa  mère  a  Moi, sieur  d'Abain,  s'  de 
la  Roclie]>osai ,  leur  ambassadeur  à  Rome ,  depuis  l'an  lU^Ô 
juscjues  en  i58o.  C'est  une  copie,  du  commencement  du 
xvu°  siècle,  de  la  collection  P.  Dupuy,  vol.  35o.  La  date 
est  en  tèlc  des  dépécbos.  On  trouve  dans  le  même  volume , 
à  la  même  date  et  pour  la  même  affaire,  une  lettre  du 
Roi  et  une  de  la  Reine  régnante,  Louise,  f°'  56  et  37. 

-  Charles  de  Lorraine,  né  le  2  avril  i5(3i,  n'ayant 
par  conséquent  que  dix-sept  ans,  était  fds  de  Nicolas  de 
Lorraine,  comte  de  Vaiidemont,  duc  de  Mercœur  depuis 
iStjg,  par  lettres  vériliées  au  Parlement  seulement  en 
1 576,  et  de  Jeanne  de  Savoie,  fille  du  duc  de  Nemours, 
qu'il  avait  épousée  en  i555,  et  qui  lui  avait  déjà  donné 
un  fils,  celui  qui  fut  le  fameux  duc  de  Mercœur  et  dont 
l'héritière  épousa,  en  1609,  César,  duc  de  Vendôme. 
De  sa  première  femme,  Marguerite  d'Egmont,  le  comte 
de  Vaudemont  avait  eu  Louise  de  Lorraine,  femme  de 
Henri  lit,  qui  s'intéressait  vivement  au  succès  de  son 
frère.  Il  fut  promu  au  cardinalat  dans  cette  même  année 


CiTllBnI^B  DE  Mkdicts.  VI. 


lUPniUEIMB     SATIOniLE. 


I.F.TTP.ES   nr.  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


cardiiiallnl ,  cl  in'.i^sciiiv  liii'ii  ijui'  \ou>y;ivez 
luicl  cl  ferez  Iniijdiiis  loiil  ce  i|iie  vou^  pour- 
rez pour  le  désir  et  alïecliuii  que  vous  avez  de 
-;atisfaiie  à  la  volonle'  du  Rov  monsieur  mon 
lilz  el  an  coniinandemenf  qu'il  vou*;  en  a 
l'aiel  '.  e(  pareillenieul  en  l'alTaire  du  graU'' 
[irieuré  d'Auvergne  pour  mon  rousiu  l'abb 
de  Vendosnu';  en  quoy  je  vous  prie  encore, 
vous  emploier  de  lout  le  pouvoir  el  les  moyens 
(pie  vous  avez  par  dciii,  vous  asseurant  que. 
a\anl  ces  all'aircs  à  conir  el  en  singidièro  re- 
commandalion  comme  j'av,  vous  ni'  srauriez 
l'aire  sci'vice  à  présent  i|ui  me  soil  plus  agi'i''- 
able.  Je  scrav  bien  ayse  que  le  S'  (liusieilv 
soil  arrivi'  à  Rome  e(  qu'il  ail  commence'  à 
erilendre  le  discours  de  mon  |irocès,  car  je 
niasseure  qu'il  \  l'eia  bien  son  debvoir.  Je 
vous  prie,  de  vostre  coslé,  lenir  la  main  <|ue 
l'on  |inisse  avoir  une  bonne  el  promple  issue 
pendant  (\\io  l'abbi'  de  Plaiiqiied  esl  par  delà, 
auquel  vous  assisterez  de  \oslre  pouvoir  l'I  aulo- 
rilé  en  Idul  ce  qu'il  pourra  en  avoir  besoing 
pour  nmndici  pmccs,  comme  vous  avez  très 
bien  laid  ,  jiriant  hieu,  Monsieur-  d'Abain-,  etc. 
Escript  à  Paris,  elc. 

Si<nii''  :  (!\Tiii:Ri\r. 

/;'/  jjIks  Ihis  :  (iiiAMriiKu  . 


K'-'S.  j>i)f  (iir"jnin^  Mil,  (levinl  snrrcssivenient  évrqno 
di.'  l'ciil  et  de  VcnliiTi,  et  moiinit,  lo  3o  odoliie  1587. 
couimaiidiMir  de  i"ordi'e  du  Saint-Esjn'il. 

'  \nir  In  lettre  du  lioi.  (Mémo  volume,  p.  .^li.) 
-  I,e  lO  décendire  dernier,  M.  d'Aimin  ,iv,Tit  eurit  an 
Roi  ;  rDepuis  le  partenient  du  secnHaire  Berny,  par  ie- 
ipiel  je  inanday  à  \  iislre  Majesté  la  responre  que  j'avois 
eue  de  "Sa  Sainli'ti''  touchant  le  chapeau  de  Monsieur 
(Iharli'S  tie  Lorraine,  j'ai  laict  ce  que  j'ay  pou  pour  es- 
sayer d'y  taire  davanlajje;  mais  il  ne  in"a  pas  esté  pos- 
sible. Aussi  peu  ay-je  peu  ohtenir  cpie  Sadicle  .Sainteté 
se  vonlust  disposer  de  faire  cependant  ceux  dont  Vnslic 
Majesli'  luv  a  cy-dçvaiit  par  tant  de  l'ois  et  si  an'eclueu- 


I  j78.  —  17  jau^ie^. 

Oi-îy.  Arf!ii\..^  (le  'iuriu. 

A  viii.\  Fi'.Ér.i; 
LE   DK;   DE   SVVOYE. 

Mon  t'raire.  la  volve  el  eulans  du  feu 
conle  tic  Montafli(',  uagnicres  déccédé  en  ce 
ro\aume.  sont  fondez  de  tant  d'éqnih' à  re- 
ipicrir  réparalion  des  lorlz .  viollences  et  ou- 
traiges  que  la  contese  de  .Strojnane  sa  seur  a 
exercez  es  maisons  (pii  leur  ap])arliennent  en 
Nosire  |iaïs  de  rii'dmont .  a|irès  ledécez  dudici 
cmile  (s'ellorccans  de  les  eu  ex|iolier),  que 
avec  la  prière  que  le  Roy  monsieur  mon  blz 
vous  faict  de  les  assister  en  une  si  juste  occa- 
sion, comme  pci-sonnes  qui  luv  soiil  très  re- 
commandés, outre  la  protection  dont  il  leur 
est  tenu,  je  vous  ay  bien  cncoies  voulu  ri'ilé- 
rer  la  mesme  prière  pour  tenir  la  main  qu'ilz 
soient  re'integrez  en  leursdicles  maisons,  les 
laisanl  jonvr  d'icelles,  tous  aullres  empesche- 
inens  o.slez,  aveqnes  la  mesme  confiance  et 
asseurance  ipi'ilz  ont  en  vostre  légalité:  el . 
nuire  ipie  c  sera  œuvre  digne  de  vous  et 
siiigulièremenl  agréable  au  Roy  mondici  S'' 
el  filz.  je  l'auray,  de  ma  part,  à  biim  grande 
faveur,  pour  avoir  tonsjours  congneu  tanl  le- 
dicl  feu  comie  de  Mdnlallii'  que  ceidx  de  la 
maison  de  Lucé,  singulièrement  zellez  au  bien 
(le  cestc  couronne,  priant  sur  ce  le  Créatem' 

ment  escript,  ainsy  (pi'elle  ni'avoit  dict  qu'elle  l'eroil, 
en  attendant  que  lodict  Charles  de  Lorraine  eust  plus 
d'àee,  et  pensoit  que  ce  deust  eslieà  ces  Quatre-Tenips 
piuchains,  tpii  est  la  saison  que  l'on  a  accoustumé  d'en 
laiie,  mais  jusqnes  icy  il  y  a  peu  de  gens  qui  y  ayent 
■^pi-iauce.  Je  n'eu  a\  piii  tirer  aucune  certitude  que  ce 
que  je  inanda\  à  Vostre  Majesté  par  le  secrétaire  Berny.-' 
(  Copie,  Cinq  lents  Colbert,  n"  .Vi.3,  p.  806).  Voir  cga- 
li'iuenl  la  lettre  qii'd  adresse  le  même  jour  à  Catherine 
an  sujet  de  son  procès,  dont  il  espère  bonne  solution. 
[Ibid.,   p.  808.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


vous  avoir,  mon  frère,  en  sa  saiiicto  vA  (ligue 
garde. 

Escript  à  Dolinvilic\  le  xvii"  jour  de  jan- 
vier 1578.    ,   -I  . 

Votre  bonne  soeur, 

Caterine. 

De  sa  main  :  Monsieur,  je  ne  puis  que  je 
ne  vous  prie  bien  fort  d'avoyr  pour  reco- 
meudé  la  veve  el  les  enfans  de  feu  iMontafie', 
pour  avoyr  ayste'  tousjour,  lui  el  les  siens  cer- 
\ileur  de  cete  couronne,  et  aylle  nourie  en 
ma  compagnie;  je  vous  prie  qu'ele  conoyse 
que  mes  recomendation  lui  auron  servi  en  son 
bon  droyt  ver  vous. 


1578.  — •  19  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat. ,  ('in<i  cents  Colbert,  n^  367,  T  Utxb. 

A  MONSIEUR  DU  FERRIER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  Roy  mon  filz  vous 
fait  entendre  le  desplaisir  qu'il  a  d'avoir  sceu 
Tinconve'nient  advenu  naguères  au  palais  de 
la  Seigneurie'^,  pour  ne  participer  rien  moins 
à  ce  qui  luy  est  contraire  qu'à  tout  ce  qui  luv 
succède  favorablement,  comme  je  fais  aussi 
de  ma  part,  en  continuation  de  l'estroite  ami- 
tié qui  est  entre  ces  deux  Ëstats,  laquelle  je 
désire  tousjours  conforter  par  tous  les  moyens 


'  Ollainville,  d'où  sont  datées  les  trois  lettres  suivantes  , 
était  une  agréable  résidence  située  à  sept  ou  huit  lieues  de 
Paris,  sur  la  route  d'Orléans,  près  d'Arpajon.  Henri  III 
avait  acheté  celte  terre  60,000  livres,  l'avait  meublée 
luxueusement  et  donnée  à  sa  femme.  Le  château  était 
vaste;  le  Roi  y  venait  souvent  avec  sa  suite. 

^  C'est  le  feu  qui  avait  brûlé  une  partie  des  archives , 
et  notamment  les  dépèches  écrites  en  1679  par  les 
ambassadeurs  vénitiens  au  sujet  de  la  Saint-Barthé- 
lémy. 


(ju'il  me  sera  possible,  ce  que  je  vous  prie 
tcsmoigner  à  ces  Seigneurs,  avec  ralièction 
dont  ilz  lrou\eront  en  moy  l'effel  entièrement 
correspondant ,  et  aussi  Içur  faire  part  du  succez 
de  nos  affaires,  qui  leur  sera  bien  agréable, 
priant  Dieu,  Monsieur  du  Ferrier,  vous  avoir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Dolinvilie\  le  xix"  janvier  1578. 

(jATEKINE. 
FlZES. 


1578.  —  19  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.,  Fonds  Dupuy,  n*  35o ,  ^  58  v", 

\  MONSIEUR  D'ABAIN. 

Monsieur  d'.4bain,  j'ay  veu  ce  que  m'avez 
escript,  par  vos  ieltrcs  du  xxix'""  du  passé, 
de  i'acbemiiiemeul  qui  avoit  esté  donné  par 
vostre  moyen  et  la  poursuitte  de  labbé  de 
Plainpied  à  la  vuydange  de  mon  procès,  dont 
j'ay  esté  bien  ayse  pour  l'espérance  que  ceila 
me  donne  d'en  avoir  bieulost  une  fin,  m'as- 
seurant  que  ce  bon  commencement  sera  suivy 
de  toute  la  dilligence  qui  s'y  peult  désirer.  ,\u 
surplus  de  la  dépesche  qu'avez  faicte  au  Roy 
monsieur  mon  filz,  je  me  remettray  à  ce  qu'il 
vous  en  escript-,  sans  vous  faire  la  présente 
plus  longue  que  pour  prier  Dieu,  Monsieur 
d'Abain,  etc. 

Escript  à  Doiinville,  etc. 

Signé:  Catherine. 

Et  plus  bas  :  FlZES. 


'  C'est  toujours  Ollaiuvilie,  dont  l'orthographe  varie 
avec  les  scribes. 

'  Henri  III  l'entretenait  du  rappel  du  nonce  par  le 
Pape,  d'une  rconlagion  en  Italien,  qui  interrompait  les 
communications,  etc.  (Même  volume,  P  .^7,  v°.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1578.  —  -21  janvier. 

Aut.  Archives  de  Turin. 
A  MON  FILS 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  PIÉMONT. 

Mon  fils,  j'é  receu  un  grent  contentement, 
quant,  par  le  sieur  de  Bauregar  que  Mon- 
sieur de  Savoye  lia  envoyé  ver  le  Roy  mon  fils, 
j'é  entendu  si  particulièrement  de  vos  no- 
velles,  come  la  chause  de  cet  monde  qui  me 
donne  auttent  de  plésir,  quant  je  ann  entens 
etqu'ele  souint  bonnes,  coment.  Dieu  mersis, 
yl  m'anna  aseuré.  Je  lui  ay  prié  vous  dire 
quelque  chause  de  ma  part  que  ceré  cause 
que  ne  vous  fayré  la  présante  plus  longue, 
après  vous  avoyr  prié  de  me  volouir  tousiour 
aymer  come  mère  et  croyre  que  j'é  tent 
aymée  ay  honnorée  la  votre  que  le  plus  grent 
plésir  que  je  saroys  resevoyr,  ce  seroyst  que, 
en  quelque  aucasion ,  je  puise  par  efect  le  vous 
montrer  et  satisfayre  à  lent  d'aubligation  que 
je  lui  avoys,  lesquele  je  n'obliré  jeamès  ni  sa 
mémoyre,  ynsi  que,  en  toutes  aucasious  au 
je  aurès  moyen,  je  métré  pouine  le  vous  fayre 
paroystre  par  efect;  et,  me  remetent  sur  le- 
dist  de  Beaureguart,  je  ne  vous  feyré  la  pré- 
sante plus  longue,  prient  Dieu  vous  fayre 
crovtre  en  toutes  vertus  et  sagesse  et  grandeur. 

De  Doleynvile,  cet  xxi'""  de  janvier  1678. 

Votre  bonne  mère, 

Caterine. 


1578.  —  22  janvier. 
Orig.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  Faty  m'a  dit  qu'il  vous  a  pieu 
luy   fere  ordonnance  pour   estre   paiée  sur 


quelques  deniers  qui  restent  deubz  à  feue 
-Madame  ma  sœur,  mais  que  celluy  à  qui  vous 
l'avez  ordonné  veult  encore  une  ordonnance 
de  vous  et  désireroit  que  trovissiez  bon  qu'elle 
face  ses  dilligences  envers  le  Roy  monsieur 
mon  filz  pour  en  estre  paiée.  J'ay  pensé  que 
c'est  chose  que  lui  accorderez  bien  voluntiers: 
et  néanmoins,  pour  ce  que  je  désire  faire 
pour  elle,  je  vous  ay  bien  voullu  prier,  affiii 
que,  selon  ce  qu'il  vous  plaira  luy  accorder,  je 
m'emploie  à  la  fere  assigner,  de  sorte  qu'elle 
en  puisse  estre  paiée,  pi'iant  Dieu,  mon  frère, 
vous  tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xxii""'  jour  de  janvier 
1078. 

De  sa  main  :  Mon  frère,  pour  l'hauneur 
que  Faty  ha  eu  d'estre  hà  Madame,  je  vous 
prie  la  feyre  dépêcher;  car  elle  cet'  gouverne 
sasemeut  et  me  sert  bien. 


Votre  bonne  seur. 


jATERINE. 


1578.  —  a  8  janvier. 

Aut.  Bibl.  aal. ,  Fonds  français,  a°  3387  ,  f  5. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  D'UZÈS  l 

Ma  coumère ,  j'é  aysté  bien  ayse  d'avoyr  eu 
de  vos  letre  et  avoyr  veu  l'aseurense  que  me 
balle  du  maréchal  Danviiie,  que  certeynement 
nous  monstre  par  ses  action  la  bonne  résolu- 
tion qu'il  a  prise  d'estre  bon  serviteur  de  son 
Roy;  etausi  votre  résolution  m'a  beaucoup  plu 

'   Cet,  se. 

-  Louise  de  Clermont-Tallart,  veuve  de  François  du 
Bellay  et  remariée  à  Antoine  de  Crussol,  qui  fut  créé 
duc  d'Uzès  en  i565.  Elle  ét.iit  fille  de  Bernardin  de 
Clermonl,  vicomle  do  Tallart  el  d'Anne  Husson.  Voir: 
Les  deux  cours  de  France  et  d'Angleterre ,  par  Hector 
de  la  Perrière,  Paris,  Ollendorff,  i895,in-8°,p.  i  à  ii5. 


LETTRES  DE  CATH 

de  nous  en  revenir  trover,  come  le  bon  lièvre 
son  git,  pour  y  iayre  cet  que  fault  que  fasion 
tous  une  belle  fin  :  ce  seré  le  plus  tard  que 
nous  pouron  et  quant  yl  pleiré  à  Dieu.  (]et 
porteur  s'an  va  cbeii  lui  et  vous  voyre',  qui  vous 
conteré  si  au  long  toutes  nos  novelles,  que  je  ne 
vous  en  favré  la  présante  plus  longue;  et  priré 
Dieu,  en  faysant  fin,  que  rien  ne  vous  puise 
de'tourber  ni  de'torner  do  vous  en  venir  bien- 
tost  en  celé  bonne  ville  de  Paris  nous  trover'. 

Cet  le  xw!!!""  de  janvier  1678. 

Votre  bonne  cousine. 

Cateri.ne. 


ERINE  DE  MEDir.IS.  5 

remettant  à  ce  (|ue  vous  en  mande  et  du 
surplus  mondict  sieur  et  fils,  priant  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escri|it    à    Paris,    le    V    jour    de    lévrier 
.578. 


1578.  —  5  lévrier. 

Imprimé  dans  les  Adilitioits  aux  Mémoires  de  Castelnnu. 
l.  III,  p.  Ô4.. 

A  MOiVSIEUR  DE  MAUVISSIÈRE. 

Monsieur  de  Mauvissière,  pour  ce  que  le 
Kov  monsieur  mon  fils  vous  advertit  si  ample- 
ment (le  ce  qui  s'est  passé  en  l'audience 
qu'eut  jeudy  dernier  le  s'  Paulef-,  ambassa- 
deur de  la  reine  d'Angleterre,  nostre  bonne 
seur  et  cousine-*,  ce  petit  mot  sera  seulement 
pour  vous  dire  qu'il  fault  que  vous  poursui- 
viez diligemment  la  délivrance  des  navires 
appartenans  à  ses  sujets  arrestez  par  de  là  et 
des  hommes  qui  y  sont  aussi  retenus,  s'ils  ne 
sont  encore  eu  liberté  à  la  réception  de  la 
dépècbe,  que  ne  vous  feray  plus  longue,  me 

'  La  ducliesse  d'Lzès,  en  efTet,  vint  retrouver  la  Reine 
mère  el  l'accompagna  pendant  presque  tout  son  voyage 
dans  te  Midi. 

'   Il  resta  en  France  jusqu'à  la  fin  de  1079. 

'  Henri  lit  lui  faisait  part  des  réclamations  de  soji 
ambassadeur  au  sujet  des  déprédations  commises  sur  des 
Anglais;  c'est  lui  au  contraire,  dit-il,  qui  aurait  raison 
de  se  plaindre,  car  la  reine  Elisabetli  n'a  relàclié  ni  les 
vaisseaux  ni  les  hommes  qu'elle  retient  en  Angleterre. 
(Même  tome,  p.  Wiij  et  54o.) 


1  578.  —  8  février. 

Orig.  Dibl.  oat. ,  Fonfis  fi-aarais  ,  n*  o3Si  ,  1"  5o. 

A  MON  COL'SIX 

LE  S"  DE  DAxMVILLE, 

MAnÉCB^L    DE    FltiNCB,   GODTERIECR  BT  LIfcCTENtMT   CÉSBBjIL 
OU   BOÏ   MOSSIEUB    MON   FILS   EN   Li^CDEDOG  '. 

Mon  cousin,  le  sieur  de  Valence-  a  telle- 
ment asseuré  le  Roy  monsieur  mon  filz  du 
zèle  et  ad'eclion  (jue  vous  avez  à  ne  vous  es- 
pargner  pour  son  service  qu'il  en  a  grand 
contentement,  ayant  esl>  bien  aise  qu'il  luy 
ait  sur  ce  représenté  toutes  les  particularitez 
qui  estoient  passées  entre  vous  et  luy,  tant 
de  ce  qui  vous  concerne  que  de  ce  qui  est 
de  son  service;  à  quoy  il  vous  fait,  et  audict 
sieur  de  Valence,  si  ample  réponse  que  je 
n'y  pourrois  riens  adjouster,  sinon  vous  prier 

'  Henri  de  Montmorency-Damville ,  dont  il  s'agit  ici , 
était  né  à  Chantilly  en  i53i  ;  gouverneur  du  Languedoc 
depuis  i563,  il  était  devenu  suspect  à  Henri  III  par  ses 
complaisances  pour  les  huguenots  et  pour  le  roi  de  Na- 
varre. Dès  le  mois  d'avril  1677,  le  roi  lui  avait  envoyé 
\'illar3  pour  négocier  son  renoncement  au  gouvernement 
du  Languedoc  et  l'acceptation  en  échange  du  marquisat 
de  Saluées.  Le  duc  de  Savoie  favorisait  cette  combinaison, 
ainsi  que  le  maréchal  de  Bellegarde,  qui  serait  devenu 
gouverneur  du  Languedoc.  Damville  n'accepta  point  et 
resta  dans  sa  province  comme  dans  un  fief.  Le  6  mai 
1079,  il  devenait  duc  de  Montmorency  par  la  mort  de 
son  fi'ère  aine.  Voir  la  longue  notice  que  lui  a  consacrée 
M.  J.  Roman  dans  le  tome  XII  de  VHistoire  générale  de 
Languedoc,  p.  106  à  196,  et  Le  parti  des  politiques  au 
lendemain  de  la  Saint-Barthélémy,  par  M.  Francis  de  Crue , 
Paris,  Pion  el  Nourrit,  1892,  in-8°. 

'  Monluc,  évèque  de  Valence. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


croifoqui'  rinloiitioii  ot  lionne  voluiili-  du  Roy 
mondirt  scijjni'ur  cl  filz  est  lelle  en  vostre  eu- 
droit  que  je  vous  ay  cy-devanL  asseuré,  et  n'y 
avez  à  ciaindrc  aucune  traverse,  persëve'rnnt, 
roinnie  vous  faictes.  à  lui  donner  si  bon  tes- 
moigiiage  de  vostre  fide'lile  et  obéissance, 
priant  Dieu  vous  avoir,  mou  cousin,  en  sa 
saini'te  ;;ar(ie. 

Escript  à  Paris,   le  viii'"'  jour   de    février 


ib- 


\ostrc  Ijo  ine  cousine 


(Iaterine. 


I  578.  —  1  5  Ifvricr. 
Cojiie.  Bibl.  n,Tl.,  Foii-ls  Duiiu;.  u    .'Joo,  f  6i. 

V   MONSIEUR   DVB\1.\-. 

Monsieur  dAbain,  jescriptz  si  au  Ion;]  à 
l'abbé  de  Plainpied  et  au  S'  Ludovico  (!ius- 
telly  du  liiict  de  mon  procès,  et  ay  faict  l'aire 
si  ample  response  au  mémoire  (jue  m\i  en- 
voyé ledict  sieur  Giusteily,  qu'il  ne  me  reste 
plus  lon<j-  ar;junient  de  vous  faire  plus  longue 
lettre,  m'asseurant  bien  que  ledicl  abbé  de 
Plainpied  ne  fauldia,  suivant  mon  intention, 
de  vous  communicquer  fout  ce  que  je  lui 
escriptz;  et  pour  ce  que  je  voy  par  ce  ([u'il  me 
mande  qu'il  tient  mon  procès  pour  tout  perdu 
contre  les  cn-anciers  du  feu  cardinal  Hvppo- 
lile-*,  et  que  cella  me  donne  occasion  de  pen- 
ser que  mes  désirs  n'ont  pas  été  bien  enten- 
dus es  conférences  qui  ont  esté  faictes  par  delà 
depuis  son  arrivée  avec  les  gens  de  Madame 

'  .'signature  et  ces  trois  mots  de  son  écriture. 

^  Le  tilie  porte  :  t Lettre  de  la  Royne  du  xv"  feli' 
1078  ,  loncliant  son  procè>!. •■ 

'  Hippoljle  de  Médicis:  voir  sa  vie  par  Nestor  dans 
VHisloitr  (les  hfimmps  réli'lires  de  ta  maison  de  Médicis, 
Paris,  riiez  Cliarles  l'erier  (i56i),  p.  i^i  et  suiv. 


de  Parme,  je  vous  prie  faire  mettre  en  Lonue 
et  grande  considération  par  mon  Conseil  de 
delà  les  responces  qui  sont  au  [lied  dudict 
mémoire,  qui  sont  pleines  de  si  bonnes  et 
grandes  raisons  que,  je  m'asseuie,  si  elles 
sont  bien  considérées,  ledict  Plainpied  el 
autres  qui  seront  de  son  opinion  en  feront 
tout  autre  jugement  qu'il  n'est  faict  juscpies  à 
cette  heure;  et,  me  remectant  sur  lesilictes 
responces,  je  ferav  fin  à  la  présente,  priant 
Dieu,  etc.  '. 

Escript  à  Paris,  du  jour,  etc. 

(jATnERl\K. 

1:1  plus  bas  :  Chamerf.au. 


1578.  —  i5  lévrier. 
Orig.  Bil'i.  liai.,  Foiuls  français ,  ir3.j8i,  i'  '10. 

A  .M0\  COLSI.N 

LE   S"  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  tout  ce  à  quoy  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  tasche  principalement  est  de  faire 
exécuter  son  édict,  et  par  ce  moien  si  bien  as- 
seurer  la  paix  en  ce  royaume  que  nous  ne  puis- 
sions plus  revenir  aux  troubles  dont  il  a  esté 
si  longuement  affligé;  pour  cest  efléct  il  a  prins 

'  M.  d'Abain  avait  écrit  à  Catherine,  le  17  janiier 
précédeut  :  ff.\vec  la  faveur  dn  cardinal  d'Esté,  qui  est 
maintenant  en  ce  lieu,  nous  essaierons  tous  moyens 
d'obtenir  de  Sa  Sainteté  ce  que  Vostre  Majesté  désire;  et 
quant  à  son  procès,  le  sieur  de  Plainpied  taict  entendre 
à  Vostre  Majesté  ce  qui  s'y  estoit  acbeminé  depuis  le 
parlement  du  premier  ordinaire,  et  croy  que  jamais  le- 
dict procès  ne  fut  plus  diligemment  estudié  et  examiné 
qu'il  est  maintenant,  le  s'  Giusteily,  advocat  de  V.  M,, 
ne  faisant  autre  chose  que  de  cercher  avec  ledict  de 
Plainpied  les  moyens  d'y  mettre  bientost  fin.r  (Bibl. 
nal.,  Cinq  cents  de  Colberl,  n"  3i5,  f  8a5.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


la  résolution  qui!  vous  escript  prcsontemcut', 
espérant  que  cela  couppei'a  chemin  aux  lon- 


'  Voici  la  lellre  de  Henri  III  à  laquelle  Catherine  fait 
allusion  :  «J'ay  trouvé  bon  que  sur  le  peu  de  semblant 
que  lont  ceulx  de  la  religion  de  vostre  gouvernemeni  de 
voulloir  obéir  à  mon  édict,  nonobstant  que  vous  ayez 
licencié  vos  forces  suivant  ce  que  je  vous  avois  mandé, 
vous  ayez  dépesché  vers  le  roy  de  Navarre  à  ce  qu'il  en- 
voyé quelque  personnage  de  qualité  audict  pays,  pour 
s'employer  de  sa  part  à  l'exécution  de  mondict  édict ,  com- 
bien que  j'espère  que  il  l'aura  desjà  faict  sur  l'instance 
que  je  lui  en  avois  faicte ,  et  m'ayant  mandé  du  premier 
du  passé  qu'il  on  feroit  partir,  dans  trois  ou  quatre  jours 
après,  tant  pour  le  Languedoc  que  pour  le  Daupbiné. 
Toultefois  ayant  veu  ce  que  m'avez  escript  des  actions  de 
ceux.de  ladicte  religion,  je  lui  ay  encore  faict  une  re- 
charge mesmes  pour  respondre  aux  plaintes  qu'ilz  luy 
ont  faicles ,  comme  vous  verrez  par  la  copie  que  je  vous 
envoie  du  mémoire  que  m'a  esté  baillé  de  sa  part ,  vou- 
lant couvrir  leur  tort  et  le  rejeter  sur  autruy,  et  par  ce 
moyen  obtenir  plus  facilement  une  abolition  qu'ilz  se 
sont  promise  do  leurs  contraventions,  et  sur  l'espérance 
de  laquelle  il  est  croyable  qu'ilz  se  sont  licenciez  à  tels 
déportements,  de  quoy  j'ay  grande  occasion  d'estre  mal 
content,  veu  mesmement  que  la  principalle  faute  est 
tombée  sur  le  pauvre  peuple;  néanmoins  cognoissant 
que,  si  on  les  vouloit  rechercher,  il  en  pourroit  advenir 
pis,  j'ay  accordé  ladicte  abolition,  pour  ester  l'obstacle 
que  la  suite  de  leurs  malfaits  pourroit  apporter  à  l'exé- 
cution de  mon  édict,  et  vous  en  envoyé  à  présent  les 
lettres  pour  les  gens  de  vosire  gouvernement,  lesquelles 
sera  besoing  leur  faire  signifier  au  plus  tost,  pour  ar- 
rester  le  cours  d'icelles  contraventions,  ayant  au  surplus 
advisé  de  renvoyer  le  s'  de  Valence  audict  pays,  afBn  do 
vous  seconder  en  ce  qui  sera  à  faire  et  que  je  y  puisse 
veoir  autant  plus  tôt  ung  bon  estabhssement  de  ladicte 
paix ,  auquel  j'ay  donné  aussi  charge  de  se  trouver  avec 
vous  aux  Élals  qui  s'y  doibvent  s'assembler.T) 

Et,  en  terminant,  il  l'engage  à  se  rendre  maître  de 
Beaucaire  et  à  accorder  l'exercice  de  leur  religion  aux 
protestants  do  la  ville  de  Montignac  rrpour  n'avoir  pas 
adhéré  à  ceux  qui  ont  pris  les  armes  durant  laguerren. 
(Bibl.  nal.,  fonds  français,  n°  3333,  f"  7).) 

Voir  aussi  la  lettre  du  Roi  à  Damville  sur  tr  l'établis- 
sement de  la  paix  et  de  la  Chambre  de  l'édit»,  de  Paris, 
le  ai  février  1578,  publiée  dans  le  t.  XII  de  VHistoiie 
(ht  Languedoc,  éd.  in-4°,  Toulouse,  1889,  col.  laôi. 


[]ueurs  el  accroissements  qui  se  sont  jusques 
icy  trouvez  en  l'exe'cution  dudicf  e'dicl;  à  quoy 
je  m'asseure  que,  de  vostre  part,  vous  sçaurez 
donner  sy  bon  ordre  que  bientost  ses  subjectz 
jouyront  en  vostre  gouvernement  du  repos 
qu'il  leur  de'sire  soubz  l'obéissance  qu'ilz  luy 
doibvent,  el  qu'il  aura  de  plus  en  plus  occa- 
sion de  se  contenter  de  vosire  service,  pryant 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript    à  Paris,    le   xi""  jour   de   février 
1678. 

Vosire  bonne  cousine  \ 

Caterine. 


1578.  —  i3  niai~. 

Orig.  Archives  de  Tuiin. 

A  M0.\  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOYE. 

Mon  frère,  je  vous  ay  ci-de\ant  escript  sur 
la  saisie  faicte  des  terres  délaissées  par  le  feu 
conte  de  Montaflîé  à  sa  femme  et  filles,  à  la 
requeste  tant  des  officiers  de  noire  S'  Père 
le  pape  que  voslres,  affin  qu'il  vous  pleust 
la  faire  lever,  et  permettre  qu'ilz  peussent 
joyr  desdictes  terres  paisiblement,  suivant  la 
requeste  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
en  faisoit  de  sa  part,  el  parce  que  nous  avons 
sceu  qu'ilz  n'en  ont  encores  obtenu  l'expédi- 
tion de  vous  qu'ilz  attendoient,  le  Roy  mon- 
dict S'  et  filz  s'est  résolu  de  vous  en  faire 
|)ar  ce  porteur  une  recharge,  laquelle  j'accom- 
pagneray  de  la  présente,  à  vous  prier  encore 
bien  affectionnément,  mon  frère,  d'ordonner 
à  vosdicts  officiers  qu'ilz  ne  donnent  empê- 
chement à  la  confesse  du  dit  Montaffié  en  la 
joyssance  des  sesdictes  leiTes,  attendu  mesmes 

'  Autographe. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


qu'il  n'y  a  aucun  jugement  ou  sentence  sur 
les  droits  pre'tendus  contre  elle,  et  pareillement 
que  la  cause  soit  lermine'e  par  la  voie  ordi- 
naire de  justice ,  dont ,  en  ce  faisant ,  elle  ne  peut 
sinon  espérer  que  une  bien  bonne  yssue.  Cest 
requesie  ainsi  raisonnable,  avecque  les  mérites 
de  ceulx  en  faveur  de  qui  elle  procède,  me 
faicl  d'abondant  désirer  qu'il  y  soit  satisfait, 
comme  à  cliose  que  j'ay  bien  fort  recommandée 
et  dont  je  vous  prie  de  rechef,  et  ensemble  le 
Créateur  vous  avoir  en  sa  très  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  xui^  jour  du  mars  1678. 

De  sa  main  :  Mon  frère,  après  les  reco- 
mendations  du  Roy,  yl  n'i  en  fault  poynt 
ajouster  d'autre,  mes  l'envye  que  j'é  qu'il  co- 
noissent  que  volontier  je  m'employ  pour  leur 
fayre  plésyr,  qui  me  fest  vous  prier  Lien  fort 
le  voulauyr  feyre  jouyr  et  leur  donner  la  mayn 
levée. 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1578.  —  i3  mars. 

Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  Dupuy,  d°35o,  f'Ci  r^. 

A  MONSIEUR  D'ABAIN. 

Monsieur  d'.\bain,  j'ai  reçu  voz  lettres  des 
XI  et  .xxi"'"  du  passé  \  et  veu  ce  que  vous  mn 
mandez  touchant  mon  procès  que  j'ay  pen- 
dant à  Rome  et  l'espérance  que  vous  me  donnez 
qu'il  y  sera  mis  bicntost  une  bonne  fin;  mais 
pour  ce  que  l'abbé  de  Plainpied,  par  quelque 

'  M.  d'Abain  avait  écrit  à  Catlierine  le  21  février 
précédent  :  ffLe  s'  do  Plainpied  faict  la  plus  grande  dil- 
ligence  tiui  lui  est  possible  pour  avoir  bonne  lin  de  vostre 
procès,  et  le  s'  Giuslelly  y  faict  aussi  merveilleusement 
bien  son  debvoir.j)  (Cinq  cents Colbert,  n°  345,  p.  8.38.) 


dépesche  qu'il  ma  faicle,met  mon  bon  droict 
en  quelque  doubte  et  difficulté,j'ay  faict  dresser 
par  de  cà  ung  mémoire  bien  construict  de  mes 
droictz  que  je  lui  ay  envoyé  par  madicle  dé- 
pesche, lequel  je  vous  prie  vous  faire  com- 
municquer,  et  tenir  la  main  qu'il  soit  bien  veu 
et  considéré  par  mon  Conseil  de  delà,  car  je 
m'asseure  qu'il  changera  ])ientost  d'opinion. 
J'escriptz  présentement  au  s'  Lancelo!,  au- 
diteur de  Rotte,  qui  est  rapporteur  dudict 
procès,  à  ce  qu'il  ayt  mon  bon  droict  pour  re- 
commandé, et  à  Nosseigneurs  les  cardinaulx 
d'Esté,  Ursin  et  de  Sainte-Croix,  pour  les  prier 
de  continuer  les  bons  offices  qu'ilz  m'y  ont 
faict  et  tenir  la  main  qu'il  soit  bientost  jugé. 
Au  surplus,  j'ay  veu  ce  que  vous  me  mandez 
touchant  l'affaire  de  mon  cousin  l'abbé  de  Ven- 
dosme,  lequel  je  vous  recommande  lousjours, 
et  prie  Dieu,  etc. 

Escript  à  Paris,  etc. 

Signé  :  Cateriive. 

Et  plus  bas  :  Chamereau. 


1578. 


1.3  mars. 


Imprime  daos  les  Adititions  aux  Mémoires  lie  CasfcJiinuy 
L  lit,   p.  547, 

A  MONSIEUR  DE  MAUVISSIÈRE. 

Monsieur  de  Mauvissière,  le  Roy  monsieur 
mon  fils  m'avoit  donné  advis,  estant  sur  mon 
retour  d'Angers,  de  tout  ce  que  lui  aviez  escrit 
de  vostre  main  et  à  moy  aussi  par  le  capitaine 
Ley.  En  quoy  je  vois  des  choses  de  très-grande 
importance,  mais  il  ne  s'y  peut  à  présent 
donner  autre  meilleur  ordre,  que  celui  que 
mondict  sieur  et  fils  vous  esCrit^;  en  quoy  je 

'  Les  Étals  des  Pays-Bas  offraient  à  Elisabeth  de 
mettre  en  ses  mains  Gravelines,  N'ieuport,  Utrecht  et 
autres  places  :  tt .  .  .Je  ne  puis  croire,  écrivait  Henri  III 


LETTRl'S  DE  CATIll'RINE  DE  MEDICIS. 


massoure  (jiic  vous  n  ouIjIicii'z  iicn,  nins  y 
ferez  tout  ce  qui  se  peut  attondie  d'un  digne 
et  dextre  ministre  et  serviteur.  Me  remettant 
à  la  lettre  de  mondict  seigneur  et  fils,  je  n'es- 
lendrai  ce(to-cy  que  pour  asseur(>r  tousjours  la 
reine  d'Angleterre,  niadicle  bonne  sœur  et 
cousine,  (jue  je  l'aime  et  ainu'ray  lousjours 
d'afl'ection,  comme  si  c'estoit  ma  propre  lilie, 
m'asseurant  que,  sans  aucune  dissimulation, 
elle  m'aime  aussi  de  bon  cœur,  puisqu'elle  le 
vous  a  tant  de  fois  dit,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Mauvissière,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Kscri])t  à  Paris,  le  xiv"^  juars  1578. 


[,■378. 


1  S  iiiafs. 


Cojiie.  lîibl.  nat. ,  Cinq  ct-iils  Colbei-t ,  n"  ZG-^  P  li-j-j, 

A   MONSIEUR   DU   FERP.IER. 

Monsieur  du  Ferrier,  le  l'eu  comte  Marli- 
nengo,  se  voyant  blessé  à  moit,  disposa  par 
son  testament  et  ordonnance  de  dernière  vo- 
lonté de  tous  ses  biens,  et  entre  autres  donna 
aux  Célestins  de  ceste  ville  de  Paris,  où  il  a 
voulu  son  corps  esire  enterré,  la  somme  de 
mil  escus,  et  à  ses  pauvres  serviteurs  françois 
autres  mil  escus,  à  prendre  des  quatre   mil 

à  M.  de  Mauvissière,  qu'ils  soient  si  mal  conseillés  de  se 
confier  à  ladicte  Dame  dosdites  places,  veu  l'exemple 
([u'ils  ont  de  celle  du  Havre  de  Grâce,  que  le  feu  vidame 
de  Chartres  luy  avoit  baillée  aux  premiers  troubles  de 
ce  royaume,  à  la  charge  de  la  rendre,  la  guerre  finie, 
ce  qu'elle  rciusa  faire,  de  manière  qu'd  fallut,  comme 
vous  sçavez,  en  faire  sortir  ses  gens  avec  très  grand  effort, 
d'où  l'on  peut  recueillir  qu'elle  ne  demande  qu'à  prendre 
pied  où  il  lui  est  possible  en  terre  ferme  de  deçà,  et  s'y 
rendre  la  plus  forte,  sans  autre  respect  que  de  faire  ses 
affaires  aux  despcns  de  qui  que  ce  soit ...  Ce  fait  me 
concerne  beaucoup,  d'autant  que  lesdicles  places  sont 
non  guères  loin  de  ma  ville  de  Calais,  où  les  Anglois  ne 
demandent  qu'à  renlrer.rj  (Mémo  tome,  p.  546.) 

Catherine  de  MtDicis.  —  vi. 


esrus  (|ii'un  noninu'  le  s"'  Pie  Obizzi,  demeu- 
rant à  Padoiie,  avoit  à  luv;  et  pour  ce  que  le 
Roy  luonsirui-  mon  lilz  et  nioy  désirons  ipie 
sondict  testament  soit  entièrement  exécuté,  et 
que  desdiris  <pialre  mil  escus  il  en  soit  payé 
auv  susdicts  (lélestins  mil,  et  à  sesdicts  ser- 
viteurs IVançois  autres  mil,  je  vous  |)rie,  outre 
ce  que  ledict  sieur  Roy  vous  escript,  faire  en 
sorte  que  ledict  sieur  Pie  Obizzi  mette  in- 
continent et  sans  delay  ou  retardement  ies- 
dicts  deux  mil  escus  entre  vos  mains,  en  vertu 
des  procurations  (|ui  vous  sont  envoyées  par 
delà,  portans  pouvoir  de  les  recevoir  de  luy,  et 
où  il  en  seroit  refusant,  de  supplier,  de  nostre 
part,  ladicte  Seigneurie  de  Venise  de  faire 
oidonner  qu'il  vous  délivrera  lesdicles  deux 
sommes  de  mil  escus  chacune,  nonosbstant 
i'empeschement  que  les  parens  et  héritiers  du- 
dict  défunt  pourroient  avoir  faict  stir  lesdicts 
qualrc  mil  escus;  car  nous  désirons  cpie  son- 
dict testament  soit  entièrement  éxéculé;  et 
m'asseurant  que  vous  vous  employercz  fort 
volontiers  en  cet  alfaire,  je  prieray  Dieu, 
Monsieur  du  Ferrier,  vous  tenir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

De  Paris,  ce  wiu"  mars  1678. 

CvTKIilNK. 

Chantkreau. 


1578.  —  -îo  mari. 

Alll.  Ttll'l.   ll:it.  ,  toilils  IVanrais,  n°  loaio  ,  f"  'l5. 

A  MA  COCSINE 

MADAME  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  j'é  aysh;  l)ien  ayse  d'avoyr  de 
vos  novelles  :  aystoys  marrye  de  n'ann  avoyr 
plus  tost,  et  n'eusc  tent  atendeu  de  vous  men- 
der  dé  myennes  fasheuses,  san  que  j'é  aysté 
un  moys  hors  de  cete  court  pour  courir  après 


10 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


mon  fils  \  qui  sovent  me  donne  de  teie  poy nés , 

de  peur  qu'il  fist  encore  le  fou;  mes,  Dieu 

mersis,  je  i'ay  trove'  si  re'soleu  hà  ne  rien  fayre, 

à  cet  qu'il  m'a  dist.  qui  puise  déplayre  au  Roy 

sou  frère  et  altérer  le  repos  de  cet  royaume, 

que  ce'^  cets-*  ayfects  sont  cornent  le'  parole,  je 

auré  aucasion  aveques  tout  cet  royaume  d'en 

louer  Dyeu.  Yl  dist  de  volouir  demeurer  quelque 

temps  cheu  lui,  où  yl  pasere'  le  niieuk  qu'il 

pouré son  temps ,  mes  qui  n'i  fase  aultre  chause , 

je  croy  que  yl  n'i  auré  poynt  de  mal  pour  léser 

paser  ten  de  fiers  heumeurqui  sont  aujourdui 

en  cet''  royaume.  Le  Roy,  Dieu  mersi,  et  la 

Royne  sa  femme  sel^portent  mieulx  que  je  ne  lé 

vis  jeamès  porter  et  sont  aie  danser  en  la  ville, 

coment  yl  font  tous  les  dimanches  et  les  jeudis. 

Quant  à  moy,  j'espère  après  cet  Pâques  aler 

mener  la  royne  de  Navarre  à  son  mary.  Je 

seré  bien  marrye  cet*'  je  ne  vous  puis  voyr 

d'avant  partir;  et,  aystent  bien  lart,  je  fayré 

fin ,  vous  donnant  le  bonsouir  et  me  recomen- 

dent  lià^  Monsieur  de  Nemours,  prient  Dieu 

vous  conserver  tu  deus^. 

De  Paris,  cet  xx"""  de  mai's  1578. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 

'  Elle  fait  allusion  au  duc  d'Anjou,  qui  s'échappa  de 
la  cour  dans  la  nuit  du  l'i  février,  avec  la  complicité 
de  sa  sœur  la  reine  de  Navarre,  et  se  retira  dans  son 
apanage,  à  Angers.  La  reine  mère  courut  après  lui,  le 
rencontra  à  Bourgueil,  et  crut  avoir  obtenu  qu'il  re- 
nonçât à  ses  aventureux  projets.  Il  est  singulier  que  nous 
n'ayons  aucune  lettre  de  Catherine  datée  de  quelque 
ville  de  l'Anjou  et  rendant  compte  au  roi  de  ses  démar- 
ches. Celles  cpie  nous  publions  plus  loin  se  rapportent 
à  un  second  voyage  de  la  reine  on  mai  1578. 

-  Ce,  si. 

■'■■  Cets,  ces. 

'■  Cet,  ce. 

*  Sel,  se. 

'■  Cet,  si. 

'  Hà,  à. 

'   Tu  deus,  tous  deux. 


1578.  —  37  mars. 
Copie.  Arclïives  de  Bavouue.  série  AA,  registre  ai. 

A  MESSIEURS  LES  MAIRE,  ESCHEVINS 

ET  GENS  DE  CO.NSEIL 
DE  LA  VILLE  DE  BAÏOÎNPiE. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  fiiz  et  moy 
avons  avec  plaisir  entendu  par  le  jeune  Sor- 
hainde,  présent  porteur,  vos  fidelles  affections 
à  son  service  et  conservation  de  la  ville  de 
Rayonne,  ayant  aussi  receu  les  lettres  que 
m'avez  escriptes  par  luy,  sur  lesquelles,  pour 
responce,  je  me  remectray  à  ce  que  le  Roy 
mondict  S''  et  filz  vous  escript  de  son  inten- 
tion; seuHement  vous  asseureray  que  je  for- 
tilBeray  tousjoiirs  sa  bonne  vollonté  en  votre 
eudroict  de  la  mienne,  aultant  qu'il  me  sera 
possible,  pour  vous  en  faire  recevoir,  l'occa- 
sion s'oflfrant,  le  fruict  que  mérite  vostre  fidel- 
lité.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en 
sa  garde. 

Escript  de  Paris,  le  swii""  jour  de  mars 
1578. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1578.—  1"  avril. 
Copie.  Bilil.  nnt. ,  Fonds  Dupiiy,  n°  35o.  {°  5g  i'°. 

A   MONSIEUR  DABAIN. 

Mousieurd'Abain ,  j'ayreceu  plusieurs  lettres 
de  vous  1  par  ceux  que  Nostre  Saint  Père  a  en- 
voyez pour  apporter  les  bonnetz  des  cardinaux 
que  Sa  Saincteté  a  faictz  à  ceste  dernière  pro- 
motion, mesmes  par  celluy  qui  a  apporté  le 
bonnet  à  mon  cousin  Je  cardinal  de  Jainville; 

•  Voir  les  lettres  de  M.  d'Abain  à  Catherine  dans  le 
u"  345  du  fonds  Colbert,  p.  8/18  et  85o. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


M 


et  pareillomcnt  en  ay  recou  d'aulres  tle  vous, 
par  lesquelles  j'ay  veu  que  vous  n  espar<jncz 
aucune  peine  pour  parvenir  à  Texpéditioa  el 
vuydange  de  mon  [irocès,  dont  je  vous  renier- 
cye;  et  vous  prie  île  continuer  en  ceste  bonne 
volonté  et  tenir  la  main  que  j'en  puisse  jjien 
lost  avoir  une  boune  et  prompte  expédition  à 
mon  profil t,  et  que  les  mémoires  et  instruc- 
tions que  j'ay  faictes  dresser  par  deçà  à  mou 
Conseil  soient  bien  veuz  et  entendus  par  delà, 
affin  qu'il  ne  se  puisse  rien  oublier  pour  ce 
qui  est  nécessaire  pour  la  conservation  de  mon 
bon  droict,  comme  je  m'asseure  que  c'est 
voslre  intenlion  et  que  vous  en  avez  bonne 
volonté;  et  en  eest  endroict  je  prie  Dieu,  Mon- 
sieur d'Abain,  etc. 

Escript  à  Paris,  le  i"  jour,  etc.  '. 

Signé  :  Gatheblve. 
Et  plus  bas  :  Chantereau. 


1578.  —  1.3  avril. 

Orîg.  Archives  de  .Mauloue. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MANTOUE. 

Mon  cousin.  Don  Paule  Eraclio,  gentil- 
homme de  l'isle  Scio,  a  sa  mère,  ses  frères  et 
ses  seurs  deteuuz  esclaves  à  Constantinople 
entre  les  mains  des  Turcs ,  dont  il  n'a  moyen  do 
les  retirer  que  par  la  faveur  et  libéralité  des 
Princes  chrestiens  et  aulmosnos  des  gens  de 
bien,  qui  me  faictvous  prier  iuy  vouloir  aider 
et  user  de  libéralité  envers  Iuy,  affin  qu'il 
puisse  satisfaire  au  debvoir  qu'il  a  envers  les- 
ditz  prisonniers,  comme  filz  et  frère  et  comme 
chresticn,  les  tirant  hors  de  la  captivité  où  ils 
sont;  et  pour  ce  que  son  intention  est  si  bonne 
et  si  sainte  qu'elle  se  recommande  assez  d'elle 

'  La  date  est  toujours  en  lilre. 


mcsme,  je  ne  leray  la  présente  |)lus  lonjjue 

que  |)our  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir 

en  sa  sainte  garde. 

Escript  de  Paris,  le  xni' jour  d'apvril  1578. 

Voslre  bonne  cousine, 

Cateri.ne. 


1578.  —  28  avril. 

Impi'im-'  'Inlis  les  Aililitioits  au,r  Mémoires  de  Ctistehati, 
I.III,  |i.  ri5.. 

A   MONSIEUR   DE   MAU\  ISSIÈRE. 

Monsieur  de  Mauvissière,  nous  avons  receu 
ces  jours  icy  plusieurs  déposchos  de  vous, 
auxquelles  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
satisfait  amplement;  aussi  je  ne  vous  en  feray 
aucune  redite,  mais  reprendr[ay]  ce  que  m'es- 
crivez  des  honnestes  propos  que  la  reine 
d'Angleterre,  madame  ma  bonne  sœur  et 
cousine,  vous  a  tenus  de  moy,  que  je  sçay  qui 
partent  d'une  bonne  volonté  et  affection  qu'elle 
nio  porte  particulièrement,  fondée  sur  la  vraye 
amitié  qu'elle  s'asseure  que  j'ay  envers  elle, 
dont,  pour  lui  en  donner  confirmation,  je  dé- 
sire bien  que,  en  la  première  audience  que 
vous  aurez  d'elle,  vous  la  remerciez,  de  ma 
part,  de  ces  bonnes  démonstrations  qu'elle 
vous  a  faites  à  mon  advanlage,  louant  sa 
grande  prudence  et  sagesse  en  la  direction  el 
conduite  de  ses  affaires,  ce  qui  donne  assez 
à  connoistre  qu'elle  est  douée  de  Dieu  des 
dons  et  grâces  singulières,  lesquelles  je  désire 
lui  voir  croistre  à  pleine  perferlion;  et  l'as- 
seurcrez  au  demeurant  qu'en  prenant  jKMne 
de  conserver  l'union,  qui  est,  grâces  à  Dieu, 
entre  le  Roy  monsieur  mon  fils  et  son  frère,  mes 
enfans,  je  lesentretiendray  aussi  asec  tout  soin 
et  affection  en  l'amitié  (juc  comme  moy  ils  Iuy 
portent,  que  je  désire  estre  perpéluelleuient 
entre  ce  royaume  et  celuy  d'Angleterre.  Et 
comme  la  vérité  de  cela  est  plus  grande  que 


12  I,F.TTP.ES   DE   C  VTII 

mon  tlisi-(Uirs  n'en  ('^(  Inn;;,  vous  le  suivre/  (les 
niilres  iiu'illeiii's  |ini|)os  iloul  \ous  vous  ])Ourrez 
ii(l\iser.  (!('jieii(l<inl  je  vousdiniv  [lour  losponse 
h  ce  (|iie  iii'csorivez  |);ir  lii  premièi'c  voslre 
lellr.'.  el  sni-  ee  (jin^  Piiiarl  m'a  aussi  dit  de 
vosti'e  piul,  (|ui'  |e  veux  iiien  volduliers  et 
(le  1)011  f(piir  estre  avec  ma  belle  lille  la  reine 
(l'Ero.sse  uue  des  luarraines  de  la  (lelile  lille 
(|ue  Dieu  vous  a  deinièremenl  doiine'e,  <■! 
pour  parrain  le  lioi  monsieur  mon  lils  Ta  bien 
voulu,  à  ma  prière,  aussi  estre;  suivant  cela. 
il  escrij)!  au  sieur  alilii'  de  Cussi  voslre  IVèii' 
|)our  tenir  en  sou  iiiuii  voslrediclc  lille  sur 
les  saints  l'onls  de  baplesiue,  el  luov  je  prie 
la  dame  (iirald)  de  faire  le  semblable  en  mou 
nom  par  les  lellres  ([ue  je  vous  eiivove.  .Me 
reniellani  du  surplus  aux  lettres  du  lioy  inon- 
dicl  sei;;ueure(  lils.  je  prie  Dieu  vous  a\oir  en 
sa  saincle  et  di<jiie  jfarde.  j 

Escript  à  Paris,  le  .wviii'"  avril  lû^iS.  | 


Iâ78.  —  Mnl. 

(icipic.  liilil.  liai.,   Fotuls  iVanriiis ,  II"  oono .  I'  .'!i. 

I  VI    ^1  Milieu  VL  \)\L  COSSÉ'.] 

Mon  cousin,  nous  avons  sceu  depuis  voslri' 
parlement  par  le  s'  de  .SlalToit-,  eiuililliomiiie 
de  la  chambre  de  la  rovne  d'.Vngleterre, 
ipù'lle  a  d('pesclié  devers  le  Rov  monsieur 
mou  niz,  la  cliar;;e  ipi'il  a  de  la  l!o\  ne  sa 
luaislrcse  daller  aussi  trouver  mon  lilz  le  duc 
d.\njou  pour  le  divertir  de  son  voyaige  de 
hlaiulres,  ou  bien,  s'il  ne  s'en  d(:'parle,  Inv 

'  .Au  tûlio  prùcodcnl,  il  y  a  iiiio  Ipllre  du  roi  au  même 
i]iar(^fli.'il  de  Cossé,  ne  poitanl  d'auli-e  date  c{;aleinenl 
i|UL'  irMay  )  578'i. 

-'  Lord  Stnffoii!  riail  riioiuiiie  di'  coiitlaiice  d'Klisabi'lli 
l'I  !■■  i;rand  uç;;ociali'iu-  dr  ■un  iiiuriajje  |iroji'lé  aii'C  le 
duc  dWnjuu.  Kllc  l'envoya  en  France,  à  l'occa'iion  des 
affaires  de  Flandre,  en  juin  lâ-jH. 


EP.IM-:  DE   MEDICI.^. 

di'claror  qu'elle  niellia  peine  de  l'en  empêcher, 
delà  nous  a  sembk'  bien  à  propos  pour  lortillier 
la  charge  que  vous  avez  vei's  moiulicl  filz  le 
duc  d'Anjou ,  et  pour  ce  que  je  vous  prie,  mou 
cousin,  suivant  ce  (pie  le  Piov  mondict  filz 
vous  escript,  vous  seivir  de  cesie  occazion  pour 
lui  l'aire  cojjnoislre  ipie.  si  ronire  loutes  les 
raisonsdu  inonde,  il  \eull  l'aire  ledicl  vovaige, 
ipi'il  ne  lui  en  peut  ipie  mal  venir,  ce  qui  l'ail 
si  inslammeiil  désirer  au  Roy  son  frère  et  à 
inoy  qu'il  s'(>ii  di'siste  et  diqiarle;  et  m'asscu- 
lant  que  vous  n'oublierez  rien  de  ce  qui 
pourra  servir  à  l'en  dissuader,  je  ne  vous  en 
feray  |)liis  longue  lellre,  si  n'est  de  bien  con- 
sidérer le  coiilenu  de  l'iiislriiclion  ijue  vous 
emovons  pn'seulcmenl  pour  le  laid  du  ma- 
riage d'icelluv  mon  (ils  le  duc  d'.\njou,  envers 
le([iiel  je  m  asseure  (pie  vous  ii'(uiblierez  rien 
de  ce  qui  se  |)eull  en  cela  et  de  l'asseurer  (pie 
nous  u'avons  rien  en  |dus  grand  dc'sir  en  ce 
monde  que  de  veoir  sou  conlenlenienl,  sa 
graudi.'iir  el  nquilalion  lelles  ([ue  liiv-mesmes 
peult  souliailer;  el  oulre  ledicl  mémoire',  il  v 

'  Mi'llinlie  Cnvntjr  à  Mini:iii'llf  /('  Miiri'i-linl  tlt'  Cossê  : 
r  Le  Roy  el  la  lloyne  sa  mère  désirent  que  .Monsieur  le 
nnreclial  de  (iossé  ref;arde  an  plus  tosl,  estant  auprès  de 
M(]nseifjneur  le  duc  dWiijon,  de  remecire  en  avant,  le 
plus  à  pr(i])OS  cpi'il  ponii-.i,  les  discours  que  ladicle 
Dame  Pioyne  et  Monseigneur  eurent  ensemble  dernière- 
uient  à  lioni'jjueil.présenl  Monsieur  l'évesque  de  étende, 
p' in-  le  mai'iaijije  de  mondict  Si''i;;neur. 

'■Lequel  il  dira  que  icelle  t)ame  Royne  sa  mère,  estant 
de  reliiur  icv  auprès  du  Rov,  luv  eu  a  parlé  fort  ample- 
ment, comme  estant  In  cliose  qu'elle  désire  le  plus  de 
\eoir  au  contentement  de  mondict  Seij;neur;  en  (pioy 
elle  a  aussv  trouvé  le  Roy,  di"  sa  pari,  très  affectionné 
pour  le  liien,  grandeur  et  conli'ulement,  comme  pareil- 
leiuent  il  désire  à  mondict  Seigneur,  comme  estant 
non  seulement  son  frère  unicqne,  mais  tout  ainsy  que 
s'il  étoit  sou  filz,  ainsy  que  ledicl  sieur  inarcc'ual  sçaura 
léen  ajiq)lement  discourir  sur  ceste  occazion  à  mondict 
Seigneur,  auipiel  il  dira  que  Leiirsdiçtcs  Majestez  par- 
lant premièrement  de  la  lille  d'.Augnste  prince  de  Saxe, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

a  deux  letlre.s  que  le  s''  de  Mauvissière  nous 
a  escriptcs,  les(iuelles  vous  envoyons,  par  où 


elles  oui  coiisidéiv  le  làeii  que  poiirroit  causer  cesie 
alliance,  qui  serait  principalement  si  ce  mallieur  esloil 
si  grand  que  les  troubles  vinssent  à  recommencer  par 
ceiilx  de  ia  relijjiou  prétendue  réformée,  car  de  la  part 
du  lîo\  cela  n'adviendra  jamais:  loilirt  sieur  Eslecteur 
pourroit  ayder  et  empêcher  qu'ils  n'eussent  des  reisires 
et  autres  forces  et  assistances  des  princes  proteslatits  de 
la  (jermanic;  encores  n'y  auroit-il  en  cela  pas  grande 
certitude;  car  ceulx  qui  ont  accoustumé  de  venir  en 
France  au  secours  desdicis  de  la  religion  ne  sont  de  la 
confession  d'iceUiy  s'  Eslecteur,  mais  calvinistes;  et  oullre 
cela  iesdicts  princes  de  la  Germanie  sont  quasy  comme 
libres  en  telz  cas  et  n'obéissent  pas  mesmes  en  ce  à  l'Em- 
pereur, comme  chacun  a  veu  et  veoit-on  journellement. 
D'autre  espérance  ou  d'advanlaige  en  ce  mariaige,  il  n'y 
en  a  bien  peu  ou  poinci;  car  de  penser  qu'ave-,  le  temps, 
comme  il  feut  discouru,  niondicl  Seigneur  se  peiist 
faire  eslire  roy  des  Romains  par  le  nioicn  d'icclluy 
s'  pjslecteur,  c'est  chose  qu'il  ne  fault  nullement  espérer 
pour  infinies  raisons  que  ledicl  s'  mareschal,  selon  son 
bon  jugement  et  prudence,  sçaura  bien  représenter:  et 
davantaige,  il  y  a  encores  une  autre  chose  fort  impor- 
tante en  cela  à  considérer,  c'est  que  ledicl  s'  Eslecteur 
est  si  ulcéré  de  semblables  propos  que  le  feu  conte 
Reingraf  tint  de  luy  mesmes  sans  aulcune  charge  du 
mariaige  du  feu  Roy,  que  Dieu  absolve,  et  (]uand  l'on  en 
voulut  parler  du  Roy  à  présent  régnant,  il  n'en  voulut 
oyr  uug  seul  mot;  par  là  peult-on  bien  penser  que  dif- 
ficilement à  ceste  heure  en  vouldroit-il  oyr  parler  pour 
niondicl  Seigneur,  aussy  qu'il  y  a  quelque  chose  qui  se 
mène  pour  cela  en  faveur  de  l'Empereur,  et  ne  sçauroit- 
on  bonnement  penser  quel  moion  l'on  pourroit  honeste- 
ment  tenir  en  cela  pour  Iraicter  cesl  all'aire  honorable- 
ment, comme  il  est  reqnis,  pom-  que  icelluy  s'  Eslecteur, 
oullre  le  maulvais  traiclement  qu'il  feyt  au  président 
Fumé,  quand  il  fut  envoyé  vers  luy,  il  n'a  jamais  seu- 
lement depuis  voulu  veoir  ceulx  qui  luy  ont  esté  en- 
voyez de  la  part  du  feu  Roy,  quelques  honestes  moiens 
que  l'on  ayt  pu  penser,  et  personne  que  l'on  ayt  aussy 
peu  choisir,  voire  de  sa  nation  niesme,  pensant  qu'elles 
luy  feussent  bien  agréables;  voyià  qui  monstre  bien 
(avec  ce  que  l'on  a  congneu  depuis  de  luy  en  ces  dé- 
portemens)  qu'il  n'ayme  nullement  les  François,  mais 
au  contraire  a  une  hayne  mortelle  contre  eulx;  partant 
il  est  bien  certain  que,  si  l'on  luy  parle  encores  de 
mariaige  pour  mondict  Seigneur  et  de  sadicte  fille,  qu'il 


13 

vousveri'ez  comme  l'on  \eull  femeciro  en  avani 
le  niariaioe  d'entre  ladicte  dame  rovne  d'An- 


lora  (pielqnc  lasrheuze  responce.  qui  sera  peidt-estre 
cause  de  qnehjue  nouveau  mai. 

rtOuant  à  la  princesse  de  Cléves,  leursdicles  Majestez 
rousidèront  bien  ce  qui  s'est  auliresfois  discouru,  que 
(n'y  ayant  (pi'uu  filz  (|ni  n'est  pas  trop  sain  et  di'ux 
aultres  filles  qui  sont  déjà  mariées)  se  faisant  le  ma- 
riaige de  ladicte  princesse  avec  mondict  Seigni'ur,  Mon- 
sieur le  dnc  de  Clèves  son  père  luy  pourroit  bailler  en 
mariaige  le  pais  de  Gueldres,  mais  encore  ne  sçayl-ou 
s'il  le  voudroit  faire  à  présent;  et  davantaige,  il  y  a  en 
cela  beaucoup  d'incommoditez  et  d'aullres  choses  à  con- 
sidérer. Et  puis,  la  grande  distance  qu'il  y  a  d'icy  ésdict 
pays  de  Gueldres ,  de  sorte  qu'il  se  voici  bien  peu  d'avan- 
laige  eu  l'un  et  en  aultrc  party  pour  mondict  Seigneur. 
Toutesfois,  s'il  veull,  le  Roy  y  envoyera  volontiers,  et 
s'y  conduira  on  pour  l'un  et  pour  l'aultre  selon  et  ainsy 
qu'il  sera  advisé  pour  le  mieulx. 

rrD'aultre  party  pour  mondict  Seigneur  on  Allemaigne, 
il  y  en  a  poinci. 

trDu  cosié  d'Italie,  il  y  a  bieu  la  fille  du  duc  de  Flo- 
rence, mais  il  n'eu  pourroit  avoir  que  l'argent,  qui  ne 
seroil  pas  grand  advantaige  pour  ung  prince,  tel  qu'est 
à  présent  mondict  Seigneur. 

r-()uant  à  la  fille  du  duc  de  Mantoue,  elle  seroil  encores 
plus  à  propos,  tant  pourcequ'elle  eslforl belle  princesse, 
que  pour  ce  que  l'on  luy  j)Ourroit  donner  en  mariaige 
le  marquisat  de  Monlferrat,  et  le  Roy  bailleroit  à  mon- 
dict Seigneur,  au  lieu  de  ce  qu'il  a  autour  de  ceste  ville 
de  Paris,  le  marquisat  de  Saluées,  qui  en  est  près,  de 
sorte  que  mondict  Seigneur  auroit  ung  bel  Estât  de  ce 
costé-la,  avec  espérance,  par  le  moien  de  l'alliance  que 
ladicte  princesse  a  avec  tous  les  princes  et  potentats 
d'Italie,  de  s'y  accroistre  ung  jour  grandement,  principa- 
lement si  le  roy  d'Espaigne  venoit  à  déccdder. 

"W  y  a  aussi  l'espérance  que  chacun  discourt,  que 
mondict  Seigneur  le  duc  d'Anjou  doit  avoir,  qui  est  que 
le  roy  d'Espaigne  lui  bailleroit  en  mariaige  l'une  de 
Mesdames  les  Princesses  ses  filles  avec  grande  advantage 
pour  mondict  Seigneur,  si  l'on  en  faisoit  l'ouverture 
bien  à  propos,  comme  il  seroil  fort  aizé  de  faire  à  pré- 
sent que  le  Roy  se  délibère  d'envoyer  devers  ledicl 
s'  Roy  Calholicque  pour  le  bien  de  la  pais  avec  ses  sub- 
jeclz  des  Pais  Bas,  suivant  la  requeste  que  en  ont  l'aide 
à  Leursdicles  Majestez  Monsieur  le  prince  d'Aurenge 
et  ceulx  des  Estatz  desdiclz  Pais  Bas,  ainsy  que  mondict 
Seigneur  a  veu  par  leclres  escriptes  à  ceslo  fin,  que  luy 


n 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


gleterre  et  mon  fili!  le  duc  d'Anjou;  et  combien 
que  je  croye  qu'il  n'y  ayt  aulcune  affection, 

monstra  dernièrcraeul  à  Bourgueil  le  s'  de  Remboillet, 
qui  les  liiy  porta  de  Clienoiiceau  de  la  part  de  la  Hoyne 
sa  mère,  à  laquelle  il  semble  (comme  aussy  est-ce  l'opi- 
nion du  Roy)  que,  pour  la  grandeur  de  mondict  Sei- 
gneur il  n'y  a  poinct  de  mariaige  plus  à  propos  pour 
luy  que  cesluy-là,  pourveu  que  ledict  s'  roy  d'Espaigne 
vonlust,  en  faisant  ledict  mariaige ,  bailler  à  mondict  Sei- 
gneur la  Franche  Conte',  à  la  charge  qu'aussv  tost  qu'il 
auroit  des  enfans,  il  luy  donneroit  les  Pais  Bas  nu  le 
duché  de  Milan,  comme  il  avoit  esté  proposé  pour  feu 
Monseigneur  le  duc  d'Orléans,  oncle  de  mondict  Sei- 
gneur, qui  pourroit  espérer  et  attendre  encores  beau- 
coup plus  grand  advantaigo  de  ce  mariaige  selon  que 
les  choses  peuvent  advenir,  estant  desjà  ledict  S'  roy 
d'Espaigne  advancé  en  aage  et  moribond,  et  ses  filz  si 
jeunes  que  mondict  Seigneur,  estant  son  gendre,  pour- 
roit bien,  oultre  ses  prétentions,  honeslement  espérer,  si 
ledict  s' roy  déceddoit  bien  lost,  avoir  le  principal  gou- 
vernement et  administration  de  ses  Estats,  comme  ledict 
s"^  mareschal  luy  sçaurabien  aussy  représenter  ;  mais  est-ce 
besoing  que  ce  soit  à  part,  affin  que  ceste  particularité  ne 
puisse  estre  divulguée,  et  si  mondict  Seigneur  y  a  désir, 
comme  il  semble  que  ce  soit  le  lieu  où  il  fault  premiè- 
rement essaier,  non  seulement  pour  sa  grandeur,  mais 
aussy  pour  estre  le  mariaige  plus  convenable ,  et  duquel 
il  peult  plus  espérer,  il  sera  besoing  qu'il  en  escripve 
promptement  à  Leurs  Majestez,  ad  ce  qu'Elles  en  facent 
faire  les  ouvertures,  pour  en  avoir  bien  tost  une  bonne 
et  prompte  résolution ,  qui  se  peult  aussy  espérer  par  le 
moien  de  leur  intervention,  en  laquelle  il  ne  s'oubliera 
rien  de  tout  ce  qui  concernera  le  contentement,  bieu, 
honneur,  grandeur  et  réputation  de  mondict  Seigneur, 
ainsy  que  icelluy  s'  mareschal  l'asseurera  de  la  part  de 
Leursdictes  Majestez. 

fil  y  a  aussy  Madame  la  princesse  de  Navarre,  dont 
mondict  s'  le  maréchal  luy  parlera,  et  si  mondict  Sei- 
gneur déUbéroit  d'y  entendre,  Leursdictes  Majestez  em- 
brasseront cela  fort  volontiers,  ne  désirans  rien  plus  que 
de  le  veoir  content  et  de  faire  pour  luy,  ladicle  dame 
Royne  comme  une  mère  très-aQ'ectionnée  doibt,  et 
le  Roy  non  seulement  comme  son  frère,  mais  aussi  comme 
à  son  filz,  ainsi  que  Leursdictes  Majestez  donnent  charge 
à  icelluy  s'  mareschal  l'asscurer  à  mondict  Seigneur,  et 
qu'Elles  le  prient  de  bon  coeur  de  résouldre  sur  tout  le 
contenu  cy  dessus  et  bien  en  faire  response.»  (Copie, 
Bibl.  nat.,  fonds  franc.,  n°  33oo,  f  3i  v'.) 


touttefois  je  vous  prie  ne  luy  en  parler  uy 
faire  veoir  lesdictes  lettres  à  qui  que  ce  soit, 
que  après  que  icelluy  Staffort  sera  party  pour 
retourner  de  deçà,  et  mandez  moy  le  plus  tôt 
possible  que  vous  pourrez  de  vos  nouvelles, 
priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Paris,  le  .  .  .  jour  de  may  1678. 

Caterine. 


1578.  —  2  mai. 

Orig.  Bilil.  »al. ,  Fonds  français,  n"  lôgoô,  T  69. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVREi. 

Monsieur  de  Belièvre,  les  pauvres  ha  bilans 
de  ceste  ville  m'ont,  à  mon  arrivée  icy,  pre'- 
senté  une  requeste  que  j'envoye  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  et  le  suplie  de  faire  veoir  la- 
dicte  requeste  en  son  Conseil,  où  je  vous 
prie  en  oultre  que  vous  les  assistiez  autant 
que  pourrez,  et  pour  ce  qu'il  sera  reconnu  rai- 
sonable  pour  la  modération  qu'ils  requièrent 
de  la  taxe  qui  leur  a  esté  faicte  de  un"'  1., 
qu'ilz  avoient  accoustumé  de  porter  pour  la 
subvention  généralle,  à  vi"  1.,  à  quoy  on  les 
a  mis  aujourd'hui.  Dz  remontrent  qu'ils  ont 
beaucoup  d'autres  sommes  à  suporter;  voilà 
pourquoy  je  les  vous  recommande;  considéré 
qu'ilz  ont  toujours  esté  et  sont  très  affec- 
tionnez au  service  du  Roy  mondict  s''  et  filz; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Belièvre,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  ii"  may  1578. 

Caterine. 


'  Le  titre  exact  porte  :  r Monsieur  de  Belièvre,  con- 
seiller au  conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon  fils,  et 
superintendant  de  ses  finances -i. 


157S.  —  ()  mai. 
Copif,  Bibi.  iKil-,  Fonds  fraoçais,  n"  33ou,  C  a'S. 

[\U  ROY  MONSIEUR  MON  FILS^J 

Monsieur  mon  filz,  je  seray,  s'il  vous  piaist, 
excusée  de  vous  escripre  de  ma  main  ceste 
lettre,  d'auilant  qu'elle  sera  longue,  affin  que 
plus  amplement  vous  entendiez  aulcunes  par- 
ticullaritez  d'importance  que  j  ay  sceues  de- 
puis la  dépesche  que  vous  fis  hier  du  Mans'-. 
Et  commenceray  à  vous  dii'e  que  pour  certain 
la  royne  de  Navarre  voslre  seur  a  faict  telle- 
ment envers  le  s"'  de  Miosens  que,  quand  il  est 
arrive'  devers  mon  filz  le  roy  de  Navarre,  il 
l'a  asseuré  de  la  volonté  grande  qu'elle  a  de 
l'aller  trouver,  et  la  délibération  qu'il  a  con- 
gneue  que  j'ay,  de  ma  part,  de  la  luy  mener, 
affin  de  les  veoir  ensemble,  et  aussy  pour 
particullièrement  le  veoir,  dont  il  monstre 
avoii'  très  grand  désir  de  sa  part,  avec  fort 
bonne  délibération  de  laymer  parfaictement 
et  de  luy  faire  tout  le  bon  traictement  qui  se 
peut,  ainsy  que  cela  m'a  esté  confirmé  par  le 
s"'  de  Laverdin,  qui,  accompaignant  les  dames 
de  Lassay  et  de  Monlaffier,  me  vint  hier  au 
soir  après  mon  soupper  trouver  comme  je 
m'allois  promener,  dont  je  feuz  bien  aize.  Il 
commença  à  s'excuzer  de  son  partement,  et  en 
m'en  disant  quelques  petites  occazions,  et  me 
ramentevant  ses  services  et,  principallement 
les  grandes  blessures  qu'il  avoit  eues  pour 
vostre  service  après  la  mort  du  feu  Roy  vostre 
frère  ;  je  luy  feiz  bien  entendre ,  comme  aussy 
sçay-je  que  c'est  la  vérité,  (jue  vous  aviez 
aultant  de  bonne  estime  de  luy  que  de  nul 
autre  de  sa  qualité,  et  que,  s'il  eust  esté  bien 

'  En  marge  :  «Lettre  escripte  au  Roy  par  ta  Reyne  sa 
mère.  i 

-  Il  a  été  impossible  de  retrouver  cette  lettre  de  la 
reine  du  5  mai,  écrite  an  ilan». 


LETTRES  DE  C.4THER1\E  DE  MEDIGIS.  15 

sai;jo  et  tel  (ju'il  debvoit,  il  eust  lait  aullrr- 


ment  qu'il  ne  lict,  estant  raisonaliic  que  les 
Ijons  serviteurs  attendent  et  se  remettent  à  la 
discrétion  et  bonne  volonté  de  leur  maître 
pour  recueillir  le  i'ruict  de  leurs  sei'viccs,  cl 
(|U(' je  m'asseurois que  ne  l'eussiez  pas  oublié; 
mais  au  contraire  qu'il  eust  esté  dos  premiers 
pourveuz  auprès  de  vous,  qui  aviez  aussy  en- 
tendu qu'il  avoit  fort  bien  faict  (et  dont  lui 
sçaviez  fort  bon  gré)  pour  le  bien  de  la  pacilli- 
cation  des  troubles,  et  que  je  m'asseurois  aussy 
que,  ayant,  comme  je  sçavois  certainement  que 
aviez,  vostre  but  à  l'entrelénement  de  la  paix, 
il  vous  feroit  service  très  agréable  de  tenir  la 
main  envers  mon  fils  le  roy  de  Navarre,  ad 
ce  aussy  que,  de  sa  part,  il  y  procédast  fran- 
chement, ce  qu'il  m'a  asseuré  qu'il  ne  fauî- 
dra  de  faire,  se  délibérant,  à  ce  qu'il  m'a 
dict,  de  partir  lundi  prochain  ou  bientost 
après  pour  l'aller  retrouver;  et  est  entré  à  me 
dire  comme  il  estoit  venu  par  deçà  pour  re- 
garder à  ses  affaires;  il  ne  m'a  pas  nyé  qu'il 
n'ayt  esté  dernièrement  à  Paris,  et  luy  de- 
mandant pourquoy  au  moings  il  n'estoit  allé 
veoir  ma  fille  la  royne  de  Navarre,  il  m'a 
respondu  qu'il  n'avoit  auzé  pour  ce  qu'il  estoit 
quasy  seul,  et  mal  accommodé,  et  que,  sans 
cela,  il  l'eust  faict  volontiers  pour  asseurer 
madicte  fille  de  la  bonne  et  droicte  volonté 
du  roy  de  Navarre,  l'affection  duquel  il  sçavoit 
bien  estre  aussy  telle  envers  vous  qu'elle  no  se 
[)ouvoit  plus  grande,  et  (|u'il  luy  avoit  tous- 
jours  ouy  dire  que  c'estoit  vostre  naturel  de 
i'aymer,  et  moy  aussy,  que  le  lui  avions,  dès 
qu'il  estoit  petit,  faict  tousjours  congnoistre, 
et  qu'il  sçavoit  bien  aussy  que  l'occazion  pour 
laquelle  mondict  fils  le  roy  de  Navarre  avoit 
demandé,  en  faisant  la  paix,  une  ville  sm-  la 
rivière  de  Loire,  estoit  affin  de  n'estre  point 
si  loing  de  nous,  mais  pour  avoir  moicn  de 
nous  venir  veoir  quelquezfois,  et  puis  s'en  re- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


16 

tourner  sans  aiilcun    trouble  d'une  part   ny 
d'auitre. 

Et   de  propos  eu  autre  sommes   entrez  à 
parler  de    mon    fils   le    duc   d'Anjou,   et   si 
ledicl    Lavcrdin    avoit   pas   veu   le    sieur  de 
Bussyi,   et  aussy   s'ils  estoient  pas,  comme 
i'avois   entendu,   à  présent  bons   amys;   sur 
qnoy  il  m'a  respondu  que  ouy;  et  lui  deman- 
dant ce  que  disoit  ledict  Bussy  de  ces  enlre- 
prinsesde  Flandres,  il  m'a  faict  entendre  que 
iccluy  s'  de  Bussy  luy  en  parla  de  l'açon  qu'il 
tenoit  ladicte  entreprise  pour  estre  très  à  propos 
et  bonne,  mais  qu'il  luy  respondit  qu'il  n'esloit 
assez  expe'rimenté  pour  en  donner  son  advis  et 
que,  s'il  estoit  en  son  lieu,  il  se  garderoit  bien 
d'en  donner  conseil;  car,  s'il  en  advenoit  mal 
ou  que  les  choses  ne  succe'dassent  bien,  Ton 
s'en  prendroit  toujours  à  luy.  Ils  ont  couschc 
ensemble  deux  nuiots  en  la  maison  du  comte 
du  Lude,  comme  il  m'a  aussy  dict  que  aupa- 
ravant l'avois-je  bien  sçeu.  Il  m'est  venu,  ce 
matin,  conduire  depuis  le  Mans  jusques  assez 
près   du   villaige   de  Pont-Valin,  qui  est  au 
s'  de  Roche  Pouzé,  où  j'ay  disne';  mais,  avant 
que  finir  ma  lettre,  je  ne  veulx  faillir  de  vous 
dire  plus  au  long  ce  que  j'ay  apris  aussy,  de- 
puis que  le  sieur  de  Laverdin  est  départy  d'avec 
moy  :  c'est  que,  pour  certain,  madicte  fille 
la  royne  de  Navarre  faict  tout  ce  qu'elle  peut 
pour  mectre  bien  ensemble   mesdicts   filz  le 
duc  d'Anjou  et  le  roy  de  Navarre,  lesquelz  su 
doibvenl  veoir  le  pluslost  qu'ils  pourront,  dé- 
libe'rant  mondict  filz  s'acheminer  pour  ceste 
occazion  bientost  à  Bourges,  et  ledict  roy  de 
Navarre  de  ce  costé-là,  ne  s'obmettant  rien 
de  tout  ce  qui  peut  servir  pour  ladicte  récon- 
ciliation, ayant  este',  pour  plus  aizémenl  y 

'  Voir  Ijéon  Marlct,  Bussij  d'Amboise,  et  Branlômo, 
édit.  de  L.  Lalaiine,  pour  la  Société  de  l'Hisloire  de 
France.  C'est  Bussy  qui  avait  combiné  l'évasion  du  duc 
d'Anjou  de  Paris. 


parvenir,  lesdicts  sieurs  de  Bussy  et  de  La- 
verdin faictz   amys,  comme  il  est  cy-devaul 
dict;  et,  à  ce  que  j'ai  sceu,  les  sieurs  contes 
du  Lude  et  de  Maiicorne  furent  premièrement 
expressément  veoir  mondict  filz  le  duc  d'An- 
jou pendant  qu'il  estoit  à  Angers,  et  s'assem- 
blèrent depuis  pour  l'entreveue  desdicts  de 
Bussy  et  de  Laverdin  au  lieu  de  Ghanchevrier', 
maison   dudict  comte   du   Lude,  oii   ils   de- 
meurèrent pour   cest   elTect   quelques  jours. 
Aussy  icelluy  Laverdin  m'a  bien  dict  en  pas- 
sant que  Bussy  s'estoit  clairement  laissé  en- 
tendre, parlant  à  iuy  privément  et  d'alTection, 
qu'il  falloit  qu'ils  se  conduisissent  tous  deux 
de  façon  qu'ils  feussent  les  secondes  personnes 
auprès  de  mesdictz  filz  le  duc  d'Anjou  et  roy 
de  Navarre;  et,  le  veoyant  en  ce  propos,  je  le 
mys  encores  sur  le  faict  de  Flandres,  et  lui 
demanday  si  mondict  filz  le  roy  de  Navarre 
et  ceulx  de  la  prétendue  relligion   réformée 
en  estoient  poinct  :  il  me  respondit  que  non, 
et  que  ledict  Bussy  le  vouldroit  bien,  et  ([u'il 
s'estoit  laissé  entendre  qu'il  falloit  que,  pen- 
dant que  voslredict  frère  donneroit  du  costé 
de  Flandres,  que  ledict  roy  de  Navarre  deb- 
voit  donner  du  costé  de  son  royaume  do  Na- 
varre, et  qu'il  en  auroit  bon  marché  pendant 
que  le  Roy  Catholicque  seroit  empesché  ail- 
leurs, s'estant  davantaige  ledict  Bussy  ouvert 
audict  Laverdin  jusques  à  luy  dire  que  mon- 
dict fils  avoit  \f  M  I.  et  que  ceulx  des  Estatz 
lui  baiileroient  neuf  villes;  sur  quoy  je  luy 
dys  :  (f  Voire  en  papiers,  et  luy  respondit  qu'il 
le  croioit  ainsy  plustost  que  autrement;  mais  je 
ne  veulx  aussy  oublier  de  vous  dire  ce  que  j'ay 
aussy  entendu  que   l'on  tient  pour   certain, 
c'est  qu'il  n'y  a  que  Bussy  auprès  de  mondict 
fils  qui  soit  d' advis  de  ladicte  entreprise  de 

'  Le  château  de  Champclievrier,  près  de  (^inq-Mars, 
en  Touraine,  se  trouve  à  huit  ou  dix  lieues  du  Lude, 
d'oii  est  datée  celte  dépêche. 


LETTRES  DE  CATII 

Flandres.  La  Chastre  et  Siinyer  ont  à  présent 
bonne  intelligence  ensemble  et  ne  trouvent 
nullement  bon  ladicte  entreprise  de  Flandres. 
Ledict  Bussy  gourmande  tant  ledict  Symier, 
(|u"ii  a  esté  contrainct  se  commencer  à  ran- 
ger avec  ledict  La  Chastre,  qui  est  party  de- 
puis quelques  jours  d'auprès  vostredict  frère 
pour  aller  prendre  possession  de  sa  capitai- 
nerie de  Loches.  J'ay  aussy  certainement  sceu 
(}ue  ledict  Bussy  s'est  délibéré  d'entendre  fort 
exactement  à  faire  ses  affaires,  et,  au  lieu 
({u'il  avoit  accoustumé  de  faire  grande  des- 
pense, il  n'en  faict  comme  plus,  avant  donné 
quazy  tous  ses  gens  à  iiioiidict  fils,  n'en  ayant 
retenu  que  bien  peu  à  iuy,  et  espargne  tout 
ce  qu'il  peult,  tant  des  pensions  et  estats  qu'il 
a  et  d'autres  choses  qu'il  peut  attraper.  Il  a 
rauctoriti!  de  tous  les  alTaircs  de  vosiredict 
frère,  et  quand  il  veoid  quelque  chose  à  don- 
ner, il  le  demande  pour  quelqu'un,  s'il  ne  le 
veut  en  son  nom;  mais  il  en  prend  la  moitié 
de  celluv  à  qui  il  est  donné.  Je  vous  diray  aussy 
encores  une  autre  chose,  que  j'ay  sceu  certai- 
nement qui  est  véritable,  c'est  que  vostredict 
frère  a  reccommencé  à  se  fascher  de  la  pri- 
vaulté  et  façons  de  faire  dudict  Bussy,  le 
veoyant  par  trop  impérieux,  et  croy  certai- 
nement que,  avec  le  temps,  Dieu  lui  fera  la 
grâce  de  congnoistre,  comme  il  cougnoist 
desjà  bien,  en  quelles  mains  il  s'est  mis,  n'es- 
tant pas  son  naturel  de  demourer  ainsy.  J'ay 
sceu  aussy  que  mondict  fils  a  dit  à  part, 
quand  l'on  Iuy  a  parlé  que  voulez  faire  tailler 
eu  pièces  ces  gens  de  guerre  qu'il  faisoit 
lever  pour  Flandres,  que  aviez  raison  et  qu'il 
n'y  avoit  poinct  d'ordre  aux  exactions,  pille- 
ries  et  ransonnements  qu'ils  faisoient.  Cela 
me  donne  quelque  bonne  espérance  de  mon 
voyaige.  Voilà  tout  ce  qui  s'est  passé  jusques 
à  l'heure  que  mondict  fils  m'est  venu  trouver 
avec    très    grande   obéyssance    et    humilité, 

Gatucrike  de  Mkdiois.  —  VI. 


ERINE  DE  MEDICIS.  17 

entre  ledict  Ponl-Vallain,  où  j'ay  disné,  et 
ce  lieu  du  Lude.  Après  m'avoir  demandé  les 
bonnes  nouvelles  de  vostre  santé  et  de  la  Royne 
ma  fiUe,  et  aussy  de  la  royne  de  Navarre,  je 
l'ay  faict  entrer  avec  niov  en  mou  chariot,  où, 
après  m'avoir  aussy  très  humblement  remercié 
de  la  peine  que  j'avois  prise  de  venir,  nous 
sommes  entrés  en  propos  communs;  et  entre 
aultres  il  m'a  dict  que,  ces  jours-icy,  il  y  avoit 
eu  une  querelle  entre  Chamois  et  Fontenay, 
parent  de  La  Chastre,  qu'il  avoit  accordée  luv- 
mesmc,  mais  (jue  depuis  l'on  avoit  trouvé 
mnien  de  remectre  ladicte  querelle  au  mesme 
chemin  que  celle  d'entre  Quélus  et  Entraguet, 
où  avoit  esté  appelé  le  s'  de  La  Chastre,  au- 
quel Bussy,  à  qui  ledict  Chamois  est  fort  affec- 
tionné, avoil,  à  mon  advis,  faict  dresser  cesie 
mesnée.  Ledict  Bussy  alla  hier,  à  ce  que  me 
dict  mondict  filz,  à  Angers,  pour  ce  (pi'il  y 
esioit  advenu  quelque  désordre  entre  aulcuns 
liabitans  et  aulcuns  soldatz,  mais  j'estime  qu'il 
s'en  est  allé  expressément  quand  il  a  sceu  que 
je  venois.  J'ay  attendu  que  mon  fils  se  soit  mis 
de  luY  mesme  en  propos  de  i'occazion  de  mon 
voyaige,  que  je  Iuy  ay  dict  estre  pour  deux 
raisons  :  la  première  pour  ie  veoir,  et  l'autre 
sur  ces  hruiclz  qui  courent  qu'il  va  en  Flan- 
dres, où  je  craingnois  de  le  trouver  desjà  parti , 
puisque  ses  trouppes  estoienl  desjà  levées  c( 
s'advansent  sur  ce  chemin,  comme  j'avois  en- 
tendu, principallement  le  régiment  de  Com- 
beiles  et  celluy  du  cappitaine  Aymery,  qui 
pourroient  bien  avoir  sur  les  doiglz,  pour  ce 
que  vous  aviez  mandé  leur  faire  commande- 
ment de  se  séparer  et  retirer  en  leurs  maisons, 
et  à,  faulte  de  ce  faire,  leur  courre  sus;  sur 
quoy  mondict  fils  m'a  dict  et  asseuré  tout 
hault  en  ma  chambre,  qui  estoit  toute  plaine 
de  gentilshommes  qu'il  a  avec  lui,  (pi'il  ne 
faict  lever  que  celluy  de  Combelles,  et  quant 
à  celuy  dû  cappitaine  Aymery,  qu'il  ne  sçavoit 

;î 


18 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDIGIS. 


que  c'estoit  et  (ju'il  ne  faisoit  rien  lever  audict 
Aymery;  mais  qu'il  s'en  ieveroit  seullement 
encore  deux  mil  par  le  s''  de  LaRocbepnt  pour 
faire  jusques  au  nombre  quatre  mil  hommes 
de  pied,  pour  mectre  dedans  les  villes  que  l'on 
luy  veut  bailler.  Le  s'^de  Fervaques,  qui  estoit 
enmadicte  cbambre,adictaussy  tout  haultque 
c'estoit  mon  nepveu  le  duc  de  Guise,  et  qu'il 
faisoit  lever  cent  compaignies  de  gens  de  pied  et 
deux  mil  chevaux  et  qu'il  estoit  tout  commun 
partout ,  principallement  en  Normandie  d'où  il 
venoit,  que  c'estoit  vous  qui  l'aviez  commandé 
à  mondict  nepveu  le  duc  de  Guise,  ce  que  j'ai 
bien  dict  et  fort  expressément  asseuré  n'estre 
véritable;  et  sur  cela,  l'on  a  dict  que  c'esloient 
donc  les  ligues  el  associations,  et  mondict  fils 
a  dict  qu'il  le  pensoit  aussy,  et  mov  sur  ce 
j'ay  encore  réitéré  l'asseurance  que  j'avois  que 
n'en  sçaviez  rien,  et  au  contraire  que  j'avois 
eu  lettres  comme  vous  aviez  très  expressément 
mandé  aux  s"  de  Carrouge  et  de  la  Meilleraie 
assembler  la  noblesse  et  autres  forces  pour 
les  tailler  en  pièces,  s'ils  ne  se  séparoienl  à 
l'instant  qu'il  leur  seroit  commandé  de  par 
vous,  n'ayant  voullu  faillir  de  vous  en  ad- 
vertir  incontinent,  affinque  vous  sçachiez,  s'il 
vous  plaist,  qui  c'est  qui  faict  faire  cesdictes 
levées  autres  que  celles  desdicts  Combelies  el 
de  La  Rochepot;  car  cela  est  bien  à  craindre, 
et  fault  soubdain  y  remeddier.  Nous  avons 
commencé  mondict  fils  et  moy  à  parler  de 
ladicte  entreprise  de  Flandres,  et  l'avois  prié 
de  faire  assembler  ceulx  de  son  Conseil  qui  la 
luy  conseillent,  atfin  que  j'en  enlendise  les 
fondeinens  et  la  vérité  de  tout;  mais,  après 
plusieurs  propos  sur  cela,  lesquelz  il  me 
semble  que  le  Roy  mondict  fils  ne  rejelle  pas 
trop  loiiig,  mais  les  prend,  ce  me  semble,  en 
assez  bonne  part,  inoudict  lils  m'a  prié  de  lui 
donner  temps  de  trois  jours  seullement,  de- 
dans lesquels  il  espère  avoir  nouvelles  do  la 


résolution  qu'aura  eue  le  s"'  de  La  Rochepot 
de  ceulx  des  Estais ,  et  m'a  prié  que  nous 
allions  couscber  demain  à  Bourgueil',  où  il  a 
les  papiers  qui  en  font  mention,  lesquelz  il 
me  monstrera  et  tout  ce  qu'il  aura  pour  cela, 
ce  que  je  suis  bien  d'advis  d'accorder;  et  ce- 
pendant je  feray,  s'il  est  possible,  qu'il  fera 
venir  ledict  Bussy  pour  ouyr  ses  raisons, 
èsqueRes  il  n'est  guères  soutenu,  n'y  ayant, 
à  ce  que  j'entends,  que  luy  qui  l'opiniastre; 
car,  à  ce  que  je  voy,  peu  de  ceulx  du  Conseil 
de  mon  fils  sont  d'advis  de  ladicte  entreprise. 
Je  l'ay  aussy  prié  de  faire  pareillement  venir 
Monsieur  de  Mende;  et,  incontinent  que  je 
vous  en  pourray  escripre  des  nouvelles ,  je  ne 
fauldray  de  vous  en  advertir  aussy  soubdain. 
Je  prie  Dieu ,  mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  au  Lude- ,  le  vi"  jour  de  niay,  au  soir 
fort  tard,  1678. 


1578.  —  7  mai. 

Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  franrais,  n°  33oo,  i°  a5. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  pensois  vous  envoyer, 
avant  partir  du  Lude,  cestedépesche;  mais  je 
n'ay  eu  ce  malin  commodité  de  la  faire  para- 
chever, aussy  que  je  désirois  aprofoudir  en- 
cores  plus  avant  toutes  choses,  tant  envers 
mondict  filz  que  de  ceulx  qui  sont  avecques 
iuy,  dont  je  vous  feray  ung  sommaire  recueil. 
Et  vous  diray  premièrement  que  j'ay  sceu  de- 

'  C'est  de  Bourgueil  que  le  duc  d'Alençon  écrivait  ù 
l'agent  français  aux  Pays-Bas,  s  Monsieur  des  Pruneauxii. 
Voir  ses  lettres  des  a6  avril  et  1  1  mai  1678.  Ms.fr.  8277, 
fol.  i3  et  a>. 

^  Le  Lude,  près  de  la  Flèrlio,  si  célèbre  par  son  beau 
cbâteau  renaissance,  commeucé  par  Jean  de  Daillon,  sé- 
néchal d'Anjou. 


LETTRES  DE  CATHERli\E  DE  MEDICIS. 


19 


puis  mon  arrivée  en  ce  lieu  que  TotTazion 
pour  laquelle  mon  filz  me  pria  hier  au  soyr 
devenir  icy,  au  lieu  de  séjourner  au  Lude, 
comme  avions  advisé,  estoit  que  ion  luy  avoil 
faict  entendre  (|u'il  \enovt  après  moy  unjj  ré- 
giment de  dix  compagtiies  de  gens  de  pied  et 
des  compaignies  de  gens  d'armes  pour  l'in- 
vestir audict  Lude,  dont  il  verra  bien  le  con- 
travre,  el  que  Ton  ne  demande  ([u'à  le  troubler 
et  mecire  eu  peyne  et  defllence,  comme  je  luy 
ay  bien  dict.  Je  ne  veulx  aussy  oublier  à  vous 
advertir  que  le  sieur  de  iMalicorne,  parlant 
ce  matin  avec  Symier  encores  de  ces  entre- 
prises de  Flandres,  et  ledict  .Malicorne  luy 
faisant  entendre  lesdictes  raisons  qu'il  veoyoit 
au  contrayre,  ledict  Symier  luy  a  dict  qu'il 
n'y  avoyt  moyen  que  j'en  pusse  détourner 
moudict  iilz  que  en  luy  proposant  quelque 
mariaige,  et  que  mondict  filz  seroyt  pour  y 
entendre;  sui'  quoy  I  ung  et  l'aultre  se  deman- 
doient  à  quelle  princesse.  Enfin  icelluy  sieur 
de  Malicorne,  veoyant  que  Symier  ne  la  luy 
vouloyl  nommer,  luy  a  dict  :  tr  Je  vous  la  nom- 
meray  doncquesn,  el  a  parlé  de  ma  fille  la 
princesse  de  Navarre ,  que  Guitry  luy  avoil  dict , 
en  passant,  (jue  Bussy,  Symier  et  quelques 
autres  d'auprès  de  mondicl  Iilz  luv  en  avoient 
parlé,  ce  (|ue  ledict  Symier  n"a  pas  nyé,  et  luy 
a  dict  davanluige  qu'il  luy  sembioyt  que  cela 
ne  seroyt  que  très  à  propos.  Quand  ledict 
Malicorne  m'en  a  parlé,  je  luy  ay  monstre 
d'oyr  parler  de  cecy  volontiers  pour  ce  que  je 
sçay  bien  qu'il  a  affection  à  ceste  maison  pour 
la  considération  de  Laverdin,  son  nepveu,  el 
luy  ay  dict  que  c'estoyt  chose  que  je  m'as- 
seurois  que  désiriez  bien  fort.  Depuis,  me 
promenant  avecques  mondicl  filz,  je  i'ay  mis 
encores  en  propos  pour  ces  entreprises  de 
Flandres  oii  il  monslroit  toujours  estre  très 
affectionné,  et,  alliu  de  gai;;iier  quelque  chose 
sur  luy  ou  pour  le  moyus  luy  imprimer  toutes 


bonnes  raisons  pour  l'en  dissuader,  à  chascune 
foys  que  je  luy  en  parle,  veoyant  qu'il  s'est 
ouvert  à  nioy,  disant  qu'il  n'avoil  aulcune 
chose  par  escript  de  ceulx  des  Estats,  mais  qu'il 
me  ])ryoit  de  vouloyr  oyr  verbalement  ce  qu'il 
y  a  eu  cela  jusques  icy,  qu'il  h'  me  décla- 
reroil  et  l'eroil  déduire  tout  entièrement;  sur 
quoy  je  me  suis  premièrement  arrestée  et  ré- 
solue à  deux  choses  :  la  première,  que  je  dé- 
sirois  que  Bussy  y  feusl,  alfin  que  j'entendisse 
ses  raisons  par  sa  propre  bouche,  et  l'aultre, 
que,  quand  j'en  diroys  mon  opinion,  je  \ou- 
loys  qu'il  l'enlendist  et  qu'il  feust  aussv  pré- 
sent à  la  conclusion  et  résolution  qui  se  l'eroil 
en  cela,  allin  (pi'il  n'eust  cv  après  aulcune 
excuse,  s'il  changeoit  ou  faysoit  changer  ce 
qui  seroit  résolu.  Enfin  mondict  filz  m'a  pro- 
mis qu'il  l'envoyera  quérir  et  (ju'il  sera  de- 
mayn  icy.  Cependant  nous  sommes  encores 
entrez,  mondicl  fdz  el  moy,  bien  avant  au  l'aict 
desdites. entreprises  de  Flandres,  el  luy  ay  re- 
mis devant  les  yeux  plusieurs  grandes  raisons 
pour  lesquelles  je  ne  trouvois  aucun  fonde- 
ment à  icelles;  qu'il  falloit  considérer  le  temps 
oii  nous  estions  et  i'estat  de  voz  alfayres;  car 
il  s'estoyt  desjà  laissé  entendre  qu'il  ne  vouloit 
ni  ne  pouvoit  entreprendre  ny  espérer  aulcun 
IVuict  en  cecy,  si  ne  luy  estiez  aydant,  ce  que 
hanchement  je  luy  ay  dict  qu'il  n'estoil  rai- 
sonnable ny  à  propos  que  fissiez,  veu  les 
grandes  nécessitez  où  estiez  réduicl,  el  da- 
vantaige  que  desjà  l'ambassadeur  d'Espagne 
m'avoil  clairement  dernièrement  dict  sur  ces 
bruictz  icy  que,  si  vous  entriez  es  païs  de  son 
maistre,que  dès  l'heure  sondicl  maistre  nous 
déclareroil  et  léroit  la  guerre,  et  que  parlant 
il  ne  falloit,  s'il  ne  voulloit  troubler  tout  le 
royaume  et  faire  beaucoup  de  mal  à  vos  af- 
faires et  service,  ce  qui  debvoil  estre  consi- 
déré non  seulement  directement  contre  vous 
elle  joyaume,  mais  aussy  contre  luy  mesmes, 

3. 


20 


LETTIil-S  DE  G  AT  HE 


vous  cstaiil  lii'i'c  1-1  niiiiuic  iil/.  jusi]lli',^  i'i  ci' 
iiiiil  ;n  I  iik'ii  à  l)i(_'ii  \(iun  ihiiuiiT  i!es  ciil;ms; 
(lu  il  se  des|)i)rlàl  dosdiclcs  C'iitivjiriM'S.  qui  ne 
|)Oiivoi<'ril  ;i|i|)orl(r  (|iie  loul  mal,  au  lieu  que 
vinis  osles  eu  ;|raii(le  es|»ei'auce  e(  beau  eheuivu 
|)Our  leslablisseuieul  de  la  paix  cl  repu/,  de 
\o/.  sulijeolz,  el  (ju  il  lailoil,  avant  que  eulier 
si  avMiil  eu  ceey,  etuisidi'icr  jdusieurs  choses 
qui  I  eu  tlei)voieul  deuiouvoii'  du  tout,  les- 
(|U(dles  je  lu\  av  ilesiiuicles  le  plus  aiiiplenient 
(|ue  j'ay  peu,  iuy  reuioustraul  eulre  aullrcs 
(ju'il  rei;aidasl  l)ieu,  et  (|u'il  l'auldroj  t  |)reuiir- 
remeul  avoyr  quatre  ai'ni;'es,  assavovr  :  l'uue 
eu  l'iediiKuit,  l'aultre  eu  l'roveuce,  Faullre  eu 
Clunupaijjue.  et  laullre  eu  Picardie;  et  i|ue 
je  le  priois  de  croire  (jue  ceuK  ipii  le  iuv  cou- 
seilloieul,  pcincipaleuieut  l'u.ss\,  i|ue  c'estoit 
pour  sou  pai'liculier  seuleuieul  et  iiou  pour 
son  bien,  et  (|u"aussv  il  pouvoit  bien  croM'e 
(|ue  ces  entreprises,  n'aiscissant  mal,  coiunu' 
sans  doubte  elles  l'ei'oienl,  Ion  dira  tousp)urs 
que  c'aura  esté  |iar  l'aulle  de  prudence  et  de 
considération,  el  par  ainsy  qu'il  n'eu  |iouvoit 
raj)porter  que  desri'pulatioii  ;  e!  pour  ce  ipu'. 
nonobstanl  lnul  cela.  ils\  uionslioil  lou>p>ur> 
eulier,  je  Iuv  ay  dict  que  uon  pas  Iuv,  mavs 
ceuK  (jui  Iuv  |ier^uadoient  cecy  ressembloieut 
les  s'~  de  (iaudalle  el  de  la  Trimoille .  ipii  |iar 
loieiil  le  niM'idx  (|u'd  esloit  po-sible.  ijiiaud 
leurs  yens  leur  a\(ueul  mis  (|uel(]ue  chose  eu 
la  tesie,  mais  auss\  que  hoi's  de  là  ils  de- 
mouroieul  muet/,  pour  ce  (juilz  esloieut  |ier- 
souues  iuqii'iliueutes  el  (|ui  ne  sçavoieni  ru'u 
(pie  une  chose  seulement  ([ue  l'on  leur  avoil 
a]([)rise,  à  laquelle  ils  revenoient  lousjours,  et 
ijne  ainsy  sera-l-il  tie  ceulx  (|ui  luy  persuadent 
coc),  et  (ju'il  le  conyuoislra,  s'il  s'embai'qiie 
si  li'gî'renieul  eu  cas  si  sérieux  et  (]ui  nii'iile 
premièremeul  plus  de  considéraliou  (ju'il  n'eu 
a  eu.  lu  à  ce  [)ropos  je  suys  entrée  à  Iuv  parler 
du   mariaijje  d'une  des  tilles  diidicl  ruy  d'Es- 


KINE    DE   iMEDlCIS. 

|)ai|jue,  el  pareillruu'nl  fie  ladicle  princesse 
de  \a\arre,  Iuv  laisaut  clairement  entendre 
ipie,  avant  que  je  léusse  arrivée  auprès  du 
roy  de  .Aavarre,  il  s'en  pourroisl  l'avre  une 
ri'soluliou  bien  lost  avec  ladicle  princesse  de 
Aavarre,  ue  vonllant  à  ce  pro|)os  oublier  de 
vous  dire  que  j'a\  sceu  que  nn>n  cousin,  le 
duc  de  Moulpensier,  veoyant  passer  deux  l'oys 
(diouppe  |i(iur  aller  de  la  pari  di'  mou  lils  le 
roy  de  Navarri'  devers  inoudicl  Iil/  le  duc 
d.Aujou,  il  luy  avoyl  demanilé  l'occasion  de 
lanl  de  vojaijjes,  (pi'il  Iuv  avoyt  dict  (jue 
c'esloil  pour  ileinauiler  à  niondici  lilz  le  duc 
d'Anjou  si  c'estoyl  Iuv  qui  empescliasi  ou 
avoit  délibéré  deuipeschei'  racheniinenieul 
auprès  de  luy  de  madicte  fille  la  royne  de 
iNavari'e;  sur  (|uov  moudicl  lilz,  aussv  à 
ce  ([ue  j'ay  entendu,  a  bien  esclaircy  ledict 
Chonppe,  l'asseuranf  (|u'il  n'y  av(u'f  janiays 
pensé.  Je  ne  lèiz  pas  semblani  à  mondict 
lilz  de  sçavoir  rien  de  cida.  ne  voullant  aussy 
oublier  de  vous  dire  «juc  je  luy  ay  pareille- 
ment demandé  si  l'on  l'avoit  pas  recherché 
piiur  le  faict  des  lijjues  et  du  bien  publicq; 
il  uéa  trauchemenl  re>])ondu  que  ouy  et  que 
Ion  luy  en  avoyt  présenté  des  requestes, 
mais  (pi  il  avoit  renvoyi'  ceulx  (|ui  iuv  en 
avoient  parli'  et  faict  [larler,  et  qu  il  n(^  lui 
aïKiendroit  janiavs,  comme  il  leur  avoil  faict 
clairement  entendre  et  conjjnoislre,  de  fayre 
aulcune  chose  au  préjudice  de  voslre  service 
el  de  ce  royaume,  s'estanl  estendu  sur  cela, 
et  m'en  a  pailé,  ce  iiu'  semble,  fort  franche- 
ment, se  laissant  enleudre  avoir  bien  congneu 
qu'il  V  a  quelque  chose  de  Mcssieuçs  de  Guyse 
meslé  en  cecy;  et  m'a  dict  (jue  quasy  tous  les 
gouverneurs  et  lieutenans  géuéraulx  des  jiro- 
vinces  esloieut  mal  conliMis  el  qu'ilz  cstoient 
ou  la  jduspart  d'intelligence  en  cecy,  el  ([u'il 
estoil  d'advi»  que  leur  fissiez  quelque  bonne 
deunmsiralion  pour  les  asseurer  et  luaiiilenir 


LKTTIiES   DE  CATHERIN  H  DE  MEDICIS. 


21 


en  l'airerlion  qii'ilz  vous  (loibveiit.  l'^t  à  co 
propoz  je  ne  vciilx  oublier  de  vous  dire  que 
j'av  sceu  pour  cerlayn  que  ie  sieur  de  Car- 
rouges  s'est  fort  bieu  remis  avec  mou  fiiz,  et 
le  sieur  de  la  Mailleraie  aussy.  Je  vous  envoyé 
une  Icctn»  du  sieur  Sirossy  ',  allin  que  vous 
veoyez,  s'il  vous  piaict,  le  contenu  en  iceile. 
Escript  à  Bourgueil-,  ce  niercredy  au  soir 
vil"""' jour  de  may  ib-]8. 


1578.  —  8  ou  g  mai. 
Copie.  Bibl.  ual. ,  FonJs  franrais,  n"  33oo ,  f"  oG  \"  et  suiv. 

MÉMOIRE 

BAILLÉ  PAR   LA    BOYNE ,   JIÈKE   DU   ROY, 

À  MONSIEUR  DE  MAIiNTENON 

QC'ELLE   A   DÉPESCHÉ   VERS    LED.   SEIGNEDr'. 

Suivant  ce  que  la  Royne,  mère  du  Roy,  luy 
a  escript  à  son  arrive'e  en  ce  lieu  de  Bour- 
gueil, le  vu"  de  ce  mois  de  may,  Monseigneur 
avoit  donné  quelque  espérance  à  ladicte 
Dame  royne,  sa  mère,  de  mander  et  faire 
venir  d'Angers  icy  le  s"'  de  Bussy,  pour  dé- 
clarer luy  mesmes  ou  estre  présent  quand  le 
faict  de  l'entreprise  de  Flandres  se  déduiroil , 
et  que  l'on  monslreroit  à  ladicte  Dame  royne 
les  papiers  qu'eu  avoit  mondict  Seigneur,  et 
et  aussy  pour  entendre  les  raisons  que  sur 
cela  iceile  Dame  royne  avoit  à  dire  de  la  part 
du  Roy  et  selon  son  advis;  mais  depuis  mon- 
dict Seigneur  s'est  aulcunement  excuzé  sur 

'  Philippe  Strozzi,  colonel  de  l'infanlene  française, 
fils  du  niaréclial  Pierre  Strozzi,  cousin  ijermain  de 
Catherine  de  Médicis. 

'  Bourgueil,  ville  d'Anjou,  à  Irois  lieues  de  Saumur 
et  neuf  lieues  dWngers. 

'  Pour  lui  rendre  compte  de  son  entrevue  avec  le  duc 
d'.tejou  à  Bourgueil. 


(piel/.([ucs  jifl'aircs  qu  il  dict  qu'a  ledicl  s'  de 
Bussy,  et  oultre  cela,  qu'il  esloil  luallade;  de 
sorte  que  ladicte  Dame  royne  veoyani  ([ue 
toutes  les  prières  qu'elle  avoit  peu  faire,  el 
(ju'après  avoir  recherché  tous  les  moiens  dont 
l'on  s'est  peu  adviser  pour  faire  venir  ledicl 
Bussy,  n'y  avoieni  peu  de  riiui  servir,  elle  S(! 
seroil  résolue,  suivant  ce  qui  avoit  esté  ar- 
resté  entre  Sa  Majesté  et  Monseigneur,  présens 
Messeigneurs  les  duc  de  Montpensier  et  |)iinco 
Daulphin,  de  se  retirer  en  son  cabinet ,  comme 
elle  a  faict,  et  où  estoient,  avec  Sadicle  Majesté 
et  mondict  Seigneur,  mesdiclz  s"  les  Duc  de 
Montpensier  el  prince  Daulphin  ',  et  aussy 
Mess"  l'Evesque  de  Mande,  de  Rcmboillet  et 
de  Maintenon,  et,  après  avoir  ladicte  Dame 
rovne  plusieurs  fois  très  inslammeni  requis, 
voire  suplié  mondict  Seigneur  de  faire  venir 
ceulz  de  son  Conseil,  qui  avoieul  eu  commu- 
nicquation  du  faict  de  ladicte  eulreprise  de 
Flandres,  et  de  faire  aussy  apporter  les  pap- 
piers,  mémoires  et  instructions  (ju'il  en  avoit, 
veoyant  que  pour  tout  cela  elle  ne  pouvoil 
l'ieii  gaingner  sur  mondict  Seigneur,  quehjues 
instances  et  prières  par  plusieurs  fois  réité- 
rées qu'elle  eu  ayt  faictcs,  mondict  Seigneur 
n'auroit  voulu  faiie  venir  ceulz  de  sondict  Con- 
seil, et  aussy  peu  apporter  lesditz  pappiers, 
elle  a  commancé  à  remonstrer  à  mondict  Sei- 
gneur (pour  plus  aizément  sçavoir  de  luy  le 
fond  de  ladicte  eulreprise)  que  le  Roy  et  elle 
n'avoient  rien  en  plus  grand  désir  que  de 
ayder  à  sa  grandeur  el  ré[)ulation,  pour  beau- 
coup de  grandes  et  véritables  raisons,  (|ue  Sa- 
dicte  Majesté  a  fort  amplement  et  clairement 
desduictes,  qui  ne  peuvent  qu'elles  n'ayent 
touché  au  profond  du  coeur  de  mondict  Sei- 
gneur,   auquel   par  icelles   elle   a  faict  con- 

'  Le  prince  Dauphin  est,  comme  on  sail ,  François 
de  Bourhon,  fils  du  duc  de  Monipensier,  prince  des 
Dombes  et  dauphin  d'Auvergne. 


22 


LETTRES  DE  GATHERIiNE  DE  MÉDIGIS. 


gnoislre  qu'il  estoit  non  seulement  frère,  mais 
comme  filz  du  Roy,  et  que,  de  sa  part,  elle 
pensoit  incessamment  très  soingneusement 
aux  occazions  de  l'accroissement  de  cesle  co- 
ronne  et  de  chercher  les  moiens  pour  veoir 
empioier  mondict  Seigneur  en  cela  avec  la 
continuation  de  la  parfaicte  amytié  et  bonne 
intelligence  quelle  désiroit,  et  qu'il  failloit 
qui  feust  tousjours  entre  le  Roy  et  mondict 
Seigneur,  auquel  derechef  elle  a  requis  très 
instamment  de  luy  faii'e  veoir,  présens  les 
dessusdietz,  les  pappiers  qu'il  luy  avoit  dict 
avoir,  aflin  que  l'on  peust  en  cecy  asseoir  plus 
certain  jugement,  aultrement  qu'elle  pensoit 
qu'il  se  laisseroit  tromper,  pour  ce  qu'elle  avoit 
sceu  qu'il  n'y  avoit  que  le  conte  de  LuUin  et 
queizques  aultres  qui  ne  faisoient  qu'une  par- 
tie desdictz  Estatz,  qui  recherchoient  mondict 
Seigneur,  lequel  perse'vérant  tousjours  qu'il 
n'estoit  poinct  de  besoin^  d'en  veoir  aulcuns 
papiers,  a  dict  qu'il  n'en  avoit  que  des  lectres 
missives,  desquelles  Monsieur  de  Mande  au- 
roit  commancé  à  dire  la  substance;  sur  quoy 
mondict  Seigneur,  prenant  la  paroHe,  avoit 
faict  entendre  que  lesdictes  lectres  estoient 
escriptes  par  tous  ceulx  des  Estatz  des  Pays 
Ras,  mais  qu'elles  ne  portoient  aultre  chose, 
sinon  qu'il  envovast  de  delà,  comme  il  avoit 
faict,  les  s" de  La  Rochepot  et  des  Pruneaulx, 
desquelz  il  failloit  attendre  nouvelles  qu'il 
espéroit  avoir  dedans  peu  de  jours,  et  qu'il 
n'y  auroit  poinct  de  faulte  qu'il  n'en  ad- 
vertist  aussy  tost  le  Roy  et  ladicte  Dame 
rovne,  ne  vouilant  rien  entreprendre  en 
cela  que  ce  ne  soit  du  consentement  de  Leurs 
Majestez;  et  sur  cela  ladicte  Dame  royne, 
reprenant  son  premier  propos,  auroit  remon- 
stré  à  mondict  Seigneur  tant  de  si  grandes 
et  apparentes  raisons  les  unes  après  les  autres 
(par  où  elle  a  monstre  que  ladicte  entreprise 
de  Flandres  ne  se  pouvoit  à  présent  faire). 


qu'il  seroit  bien  difficile  de  les  pouvoir  en  si 
bons  termes,  si  à  propos  et  si  prudemment 
et  amplement  déduire  qu'elle  a  faict,  si  ce 
n'estoit  avec  ung  fort  long  discours,  duquel 
ce  mémoire  ne  sera  qu'ung  petit  sommaire, 
par  lequel  seront  seulement  cottez  les  chtffs 
d'icelles  remonstrances. 


PREMIEREMENT. 


Qu'il  estoil  impossible  de  pouvoir  exécuter 
ladicte  enti'eprise  sans  l'intelligence  et  ayde 
aparente  ou  secretle  du  Roy,  pour  ce  que 
mondict  Seigneur  ne  peult  ny  ne  doibt  faire 
aulcune  levée  dans  le  royaulme  sans  commis- 
sion ou  consentement  de  Sa  Majesté,  aussy 
qu'il  n'avoit  de  luy  mesmes  les  moiens  pour 
satisfaire  aux  dépenses  d'icelle  entreprise. 

Que  le  Rov  ne  les  avoit  aussy  à  présent, 
au  contraire  qu'il  estoit  beaucoup  en  arrière 
de  ses  affaires,  ayant  ladicte  Dame  royne 
franchement  dict  à  mondict  Seigneur  qu'il 
n'estoit  raisonable  ny  à  propos  que  Sa  Majesté 
interveint  en  cecy. 

Qu'il  failloit  considérer  le  temps  oii  nous 
estions  et  en  quel  estât  est  le  royaulme. 

Que  desjà  l'ambassadeur  d'Espaigne  avoit 
clairement  dict  sur  ces  bruictz  icy  que,  si 
mondict  Seigneur  entroit  es  pais  de  son 
maistre,  que  dès  l'heure  que  cela  seroit, 
sondict  maistre  déclareroit  et  feroit  la  guerre 
au  Roy. 

Ayant  ladicte  Dame  royne  sur  ce  faict  lire 
à  mondict  Seigneur  les  lectres  que  le  s'  Don 
Jouan  a  escriptes  à  elle  et  à  mondict  Seigneur, 
ensemble  le  déchiffrement  de  fadvis  que  Leurs 
Majestez  ont  dernièrement  receu  de  Flandres, 
par  oiJ  il  se  veoid  clairement  que  l'on  veult 
tromper  mondict  Seigneur,  et  que,  si  le  prince 
d'Orenge  consent  à  cecy  pour  mondict  Sei- 
gneur, ce  que  ne  se  peult  bonnement  croire 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


33 


qu'il  vueillc  faire,  a  vaut  flpsjà  appelle  el  faiol 
eslire  prolecteur  rAn-hicluc  Malliias,  il  l'ault 
croire  que  l'intention  dudict  prince  est  d'em- 
barquer seulement  mondict  Seigneur  en  la- 
dicte  entreprise,  affin  que  le  s"^  Don  Jouan 
s'ifllacquaut  à  luy,  icelluy  prince  ayt  cepen- 
dant plus  de  commodité'  de  s'establir  du  tout 
en  Holande  et  Zéiande  et  aussy  en  Gueldres, 
et  en  ce  qu'il  pourra  garder  au  païs  de  Breban, 
laissant  seulement  à  mondict  Seigneur  une 
partye  des  païs  de  Haynault  et  d'Artois  à  del- 
feudre;  en  quoy  ledict  Don  Jouan  aura  tous- 
jours  l'advanlaige,  estant,  comme  il  est  desjà, 
avec  une  grosse  armée  m.iistre  de  la  cam- 
paigne,  luy  ayant  aussy  ladicte  Dame  royne 
fort  expresse'ment  fait  congnoistre  que,  estans 
les  villes  que  l'on  luy  pourroit  bailler  fort 
peuple'es  et  mondict  Seigneur  n'ayant  que  ce 
petit  nombre  de  ii"  iiii'  bommes  pour  mectre 
en  toutes,  qu'il  fault  bien  qu'il  s'asseure  qu'il 
ne  sera  jamais  maistre  d'icelles;  et  si  y  avoit 
davanlaige  en  cela  à  coiiside'rer  que,  estant 
appelle  nouveau  Seigneur  et  conque'rant,  il 
ne  pourra,  s'il  ne  \ouloit  soubdain  peidre 
l'aflection  qu'il  se  persuade  que  ceulx  des 
Païs  Bas  luy  portent,  mectre  èsdictes  villes 
de  si  grandes  forces,  quand  il  en  auroit  le 
nioien  (ce  qu'il  n'a  pas)  qu'il  les  puisse  as- 
sèurer  à  luy  et  enipescberque  l'on  n'en  mecte 
dehors  ses  soldatz,  quand  ilz  vouidront;  ainsy 
que  mondict  Seigneur  pouvoit  par  là  claire- 
ment veoir  que  l'occazion  pour  laquelle  ceulx 
des  Estalz  appellent  mondict  Seigneur,  n'est 
que  pour  meilleure  occazion  de  faire  la  paix 
à  leur  advantaige,  et  (cela  estant),  comme  il 
adviendra  de  bref  sans  double,  mondict  Sei- 
gneur se  trouvera  grandement  décbeu  des  es- 
pe'rances  que  l'on  luy  donne  sur  de  mauvais 
foudemens. 

Et  oultre  cela,  elle  luy  auroit  faict  veoir 
comme  les  princes  prolestans  de  la  Germanie 


el  la  royne  d'Angleterre  joinctz  l'ont  une 
dictte  pour  n'souidre  do  contraindre  de  fiire 
la  paix  esdiclz  Pa'is  Bas,  estant  comme  résolu 
entre  eulx  (jue  pluslosl,  alliu  de  la  l'aire 
plustost,  le  duc  Auguste  s'y  transportera, 
comme  amyable  compositeur,  du  consente- 
ment et  à  la  prient  desdictz  autres  princes 
d'Allemaigno,  et  oultre  cela  que  la  royne 
d'Angleterre  a  faict  requérir  très  inslammeut 
le  Roy  de  vouloir  intervenir  avec  elle,  comme 
voisins  et  ayans  intérest  à  ceste  paix,  pour 
s'accorder  de  courre  sus  au  parly  (jui  ne  la 
vouldroit  accepter  et  tenir  raisonable;  tlavau- 
taige  que  ledict  ambassadeur  d'Espaigne  avoit 
requis  ladicte  Dame  royne,  [>eu  auparavant 
qu'elle  partist  de  Paris,  de  se  vouloir  et  le 
Roy  cntremectre  de  la  moienner  et  faire,  el 
que  le  Roy  Calbolicque  son  maistre  ne  les  en 
dédiroit  en  rien  de  ce  qu'ilz  seroient  d'advis, 
ains  qu'il  tiendroil  ce  qu'il  en  seroil  faict  par 
icelle  Dame  royne,  qui  a  dict  davanlaige  à 
mondict  Seigneur  tout  ce  que  se  peut  à  ce 
propos,  pour  luy  faire  veoir  que  bien  tost  il 
ne  peut  estre  aullrement  (|u'ilz  ne  facent  la 
paix  desdictz  Païs  Ras. 

Luy  remousirant  davanlaige  que,  s'il  per- 
sévéroit  en  ladicte  entreprise  de  Flandres,  il 
feroit  le  plus  grand  préjudice  qui  se  pourroit 
jamais  faire  aux  affaires  et  service  du  Roy;  car 
il  Iroubleroitsans  double  le  royaulme,  et  que, 
si  [leu  qu'il  a  desjà  faict  en  cecy,  a  engendré 
d'un  costé  très  grande  desfience  à  ceulx  de 
la  prétendue  religion  réformée;  et  d'aultre 
costé  il  faict  naistre  une  aultre  chose,  qui 
est  aussy  très  dangereuse  et  bien  à  craindre, 
et  en  (pioy  mondict  Seigneur  estant  frère  et, 
comme  lilz  du  Roy,  a  fort  grand  intérest  aussy 
bien  que  Sadicte  Majesté  mesme,  ainsy  (el 
comme  il  peult  doncques  facilement  veoir  el 
juger)  ce  qu'il  faict  est  contn?  luy  mesmes. 

Que  partant  il  f.iilloil  ([u'il  se  déportust  de 


2'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


lailicle  enlrcpiise  de  Flandres,  de  laquelle  ne 
pouvoit  à  présent  venir  que  tout  mal,  et  au 
lieu  que  l'on  est  en  grande  espérance  et  beau 
chemin  pour  l'establissement  de  la  paix  qu'il 
a  pieu  à  Dieu  nous  donner  en  ce  royauime; 
que  l'on  se  verroit  à  la  guerre  non  seulement 
dedans  ledict  royauime  peult  estre  de  diverses 
sortes,  mais  aussy  contre  le  roy  d'Espaigne, 
pour  laquelle  soustenir  seulement  conlre  ledict 
roy  d'Espaigne  fauldroil  avoir  quatre  arme'es, 
l'une  en  Piedmont ,  l'aultre  en  Provence ,  l'aultre 
en  Champaigne,  et  l'aultre  en  Picardie,  et  puis 
pour  le  moins  une  dedans  le  royauime;  car 
il  est  tout  certain  que  (oultre  ceulx  de  la  reli- 
gion, qui  sans  doubte  a'esmouveronl ,  peusans 
comme   ilz   font   desjà  que   le  Roy   et  mon- 
dict  Seigneur  font  Icsdictes  levées  par  intelli- 
gence ensemble  pour  leur  ruyne)  il  y  a  des 
catliolicques  poulsez  d'aulcuns  que  l'on  veoid 
bien   qui  ne  demandent  que  la  guerre,    les- 
quelz  ne  fauldront  ])as  aussy  de  se  soubzlever; 
avaut  ladicte  Dame  royne  sur  ce  requis  de- 
rechef mondict   Seigneur,   avec  fort  grandes 
prières   el   comme  supplications,  de  vouloir 
croire  que  reulx  qui  luy  conseilloient   telles 
légères  entreprises,  et  principalement  le  s''  de 
Bussy,  qui  n'estoit  pour  son  particulier  seule- 
ment et  non  pour  le  bien  de  moudict  Sei- 
gneur, lequel  aussy  pouvoit  bien  croire  que, 
ces  entreprises  réuscissans  mal  et  comme  sans 
doubte  elles  feront,   si  elles  sont  davantaige 
poursuivies,   que    l'on    l'attribuera    tousjours 
avoir  esté  par  faulte  de  prudence  et  de  con- 
sidération, et  par  ainsy  qu'il   n'en    pouvoit 
espérer  en  ce  temps  que  toute  défaveur,  des- 
pense et  bonté,  au  lieu  d'en  espérer  honneur, 
réputation  et  commodité. 

Et  ne  sera  par  ledict  s'  de  Maintenon  oublié 
de  dire  au  Roy  comme,  par  inlervales,  selon 
les  occasions  durant  ladicle  conférence,  Mon- 
seigneur  le   Duc   de  Montpensier  y    a   faict 


aussy  ce  qu'il  a  peu  pour  persuader  à  mondict 
Seigneur  de  croire  et  se  conformer  aux  bonnes 
et  sainctes  intentions  et  remonstrances  de  la- 
dicte Dame  royne,  et  comme  pareillement 
ledict  s'  de  Remboillet,  ayant  repris  le  som- 
maire et  substance  d'icelles  remonstrances, 
auroit  clairement  faict  congnoistre  à  mondict 
Seigneur  le  grand  tort  qu'il  se  faisoit,  s'il  ne 
croyoit  icelle  Dame  royne,  qui  a  esté  aussy  fort 
bien  assistée  en  cecy  par  ledict  s'  de  Main- 
tenon^  mesme,  qui  y  a  pareillement  beaucoup 
servy,  selon  la  bonne  et  droicte  intention  du 
■  Roy  et  de  ladicte  Dame  royne. 

Et  veoyant  icelle  Dame  royne  que  mondict 
Seigneur  monstroit  tousjours  de  ne  se  vouloir 
aizément  départir  de  ladicte  entreprise,  elle 
luy  a  faict  derechef  toutes  les  remonstrances 
qu'il  est  possible  de  faire  pour  l'en  dissuader, 
el  luy  a  dict  enfin  que  ceulz  qui  persuadoient 
cecy  ressembloient  deux  Seigneurs  qu'elle  a 
nommez,  qui  parloient  le  mieulx  qu'il  estoit 
possible  quand  leurs  gens  leur  avoient  mis 
quelque  ciiose  en  la  teste,  mais  aussy  que, 
hors  cela,  ilz  demouroient  muelz,  pour  ce 
qu'ilz  ne  sçavoient  que  ce  que  l'on  leur  avoit 
apris  dudict  affaire,  à  quoy  ilz  reveuoient 
tousjours,  et  qu'ainsy  en  est  de  ceulx  qui  luy 
persuadoient  telle  entreprise,  et  qu'il  le  con- 
gnoistra  s'il  s'y  embarque  plus  avant,  mais 
qu'en  telz  cas,  qui  sont  si  sérieux  et  impor- 
tans,  il  fault  avoir  plus  de  considération  qu'il 
n'en  a  eu. 

Sur  quoy  mondict  Seigneur  s'est  condes- 

'  Louis  d'Aiigennes,  marquis  dp  Mainfenon,  qui  fui 
ambassadeur  extraordinaire  en  Espagne,  l'un  des  neuf 
fils  de  Jacques  d'Angennes,  favori  de  François  !"•  Le 
cardiual  de  Rambouillet,  ambassadeur  à  Rome  sous 
Grégoire  Xlll,  était  son  frère,  et  aussi  Nicolas  d'An- 
gennes, marquis  de  Rambouillet,  capitaine  des  gardes, 
vidame  du  Mans,  qui  sans  doute  est  désigné  quelques 
lignes  plus  haut. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


25 


cendu  et  a  promis  de  suivre  et  satisfaire  le 
contenu  du  mémoire  qui  a  esté  à  l'instant,  et 
en  sa  présence  et  des  s"  dessusdictz,  escript, 
leu  et  releu,  dont  luy  a  esté  baillé  à  l'heure 
mesme  ung  double  semblable  à  celluy  que  la 
Royne,  mère  du  Roy,  a  baillé  présentement 
audict  s''  de  Maintenon  pour  le  présenter  de 
sa  part  à  Sa  Majesté  avec  une  lettre  de  la 
propre  main  de  mondict  Seigneur  à  Sadicte 
Majesté  '. 

A  laquelle  ledict  s''  de  Maintenon  n'ou- 
bliera aussy  de  dire  comme  ladicte  Dame 
royne  sa  mère  a  pareillement  faict  entendre 
à  mondict  Seigneur  le  bruict  qui  court  qu'il 
avoit  délibéré  d'empescber  le  voyaige  de  la 
rovne  de  Navarre  pour  aller  trouver  le  Roy 
de  Navarre  son  mary,  et  comme  elle  luy  a 
faict  sur  ce  de  très  grandes  et  bonnes  remons- 
Irances,  s'estant  mondict  Seigneur  fort  excusé, 
disant  et  asseurant  que  c'estoit  pure  calomnie, 

'  Voici  la  promesse  que  Catherine  obtint  de  son  6is 
le  duc  d'Anjou  : 

ffLa  Royne  mère  du  Roy,  estant  avec  Monseigneur,  où 
estoient  présens  Messeigneurs  les  Duc  de  Montpensier 
et  prince  Daulpliln,  et  anssy  Messieurs  l'Evesque  de 
Mande,  de  Ramboiliet  et  de  Maintenon,  a  amplement, 
et  avec  de  très  grandes  raisons,  faict  entendre  à  mondict 
Seigneur  que  le  plus  grand  désir  du  Roy  et  d'elle  est 
d'aviler  à  la  grandeur  et  réputation  de  mondict  Seigneur 
et  aussy  au  repos  du  royaume  et  bien  d'icelluy. 

rEt  ayant  mondict  Seigneur  déclaré  verbalement  ce 
qui  s'est  jusques  icy  faict  pour  l'entreprise  de  Flandres, 
a  esté  par  lui  résolu  et  promis  à  ladicte  Dame  royne 
sa  mère  que,  aussy  tost  qu'il  aura  nouvelles  du  s'  de  La 
Rochepot,  qu'il  a  dict  avoir  envoyé  devers  ceulx  des 
Estatz  dudict  Pais  Bas,  à  la  semonce  d'aulcuns  d'eulx, 
pour  venir  et  entendre  les  olfres  qu'ilz  feront  à  mondict 
Seigneur,  il  en  advertira  le  Roy  et  ladicte  Dame  royne 
sa  mère  et  leur  fera  veoir  clair  en  cela ,  aflin  que  si  tous 
les  Estatz  généralement  desdictz  Pais  Bas  veulent  faire 
mondict  Seigneur  leur  Prince  et  Seigneur,  et,  pour  cest 
effect,  remectre  entre  ses  mains  franchement  et  sans 
aulcune  fointise  les  principales  villes  et  places  d'icellui 
pais  qu'ilz  tiennent,  il  plaise  à  Leurs  Majesléz  ne  per- 

Catberlve  de  Méoicis.  —  n. 


et  au  contraire  a  asseuré  que,  suivant  le  bon 
conseil  de  ladicte  Dame  royne  sa  mère,  il  se 
trouvera  à  Tours  lorsque  lesdicles  Daines 
roynes  passeront  pour  alb'r  trouver  ledicl 
s''  Roy  de  Navarre,  allin  de  les  recepvoir  el 
leur  faire  tout  l'honneur  qu'il  pourra. 

Et  vers  la  fin  de  ceste  conférence,  ladicte 
Dame  royne,  remonslrant  à  mondict  Seigneur 
que  le  principal  fondement  de  sa  grandeur 
estoit  de  se  maintenir  en  la  bonne  grâce  du 
Roy,  en  quoy,  de  sa  part,  pour  l'y  conserver, 
elle  ne  vouloit  rien  espargner  de  tous  les 
moiens  qu'elle  pourroit  et  que  Dieu  luy  avoit 
donnez,  et  qu'elle  le  prioit  et  requéroit ,  comme 
sa  mère,  de  luy  dire  s'il  avoit  poinct  d'auitre 
délibération  que  l'entreprise  de  Flandres,  et 
si  lesdictes  levées  qu'il  avoit  faict  et  faisoit 
encores  faire  n'estoient  poinct  pour  entre- 
prendre ou  recommencer  la  guerre  en  ce 
royaume;  sur  quoy  il  a  respondu  à  ladicte 

mectre  que  mondict  Seigneur  soit  en  cela  traversé;  et 
au  cas  aussy  que  ceulx  desdilz  Estatz  ne  voulussent  faire 
que  une  partye  de  ce  que  dessus,  que  mondict  Seigneur 
se  désistera  entièrement  de  toutes  ces  négociations,  et 
suivra  le  conseil  de  Leursdictes  Majesléz  pour  dexlrement 
admortir  le  tout,  aflin  de  conserver  sa  réputation,  et  ad- 
viser  promptement  la  façon  que  l'on  tiendra  pour  faire 
séparer  les  deux  mil  quatre  cens  hommes  de  guerre, 
qu'il  a  dict  et  asseuré  à  ladicte  Dame  royne  avoir  seu- 
lement faict  lever,  assavoir  six  enseignes  soubz  Combelles, 
et  aullres  six  par  ledict  s' de  La  Rochepot,  de  deux  cens 
hommes  chacune  enseigne. 

rr  Ayant  mondict  Seigneur  requis  et  suplié  très-hum- 
blement icelle  Dame  royne  sa  mère  de  vouloir  inter- 
cedder  envers  le  Roy  que  l'on  souffre  lesdictz  ii^mi' 
hommes  de  guerre  à  la  frontière  de  Picardie,  jusques  à 
ce  qu'il  ayt  nouvelles  dudict  Seigneur  de  La  Rochepot, 
ayant  aussy  mondict  Seigneur  déclaré  qu'il  n'a  fait  ne 
donné  charge  de  faire  lever  aulcuns  aultres  gens  de 
guerre  que  icenlx  ii"  iiii'  hommes. 

rr  Faict  à  Bourgueil,  le  ix°  jour  de  may  1578. 

<t  Le  semblable  a  esté  baillé  à  mondict  Seigneur  par  la 
Royne  sa  mère  à  l'instant  mesme  qu'il  a  esté  faict.» 
(Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  33oo,  f  29  r°. 


uuLnii:    SATio:<iLe. 


26 

Dame  royne,  sa  mère,  préseus  tous  les  des- 
susdictz  s",  qu'il  asseuroit  fermement  et  pour 
certain  que  non,  au  contraire  qu'il  emploie- 
roit  fort  librement,  à' tontes  heures,  sa  vie  et 
tous  ses  moiens  pour  le  service  du  Roy  contre 
ceulx  qui  vouldroienl  troubler  le  repos  de 
cedict  royaume,  dont  ladicle  Dauie  royne 
louant,  fortilBant  et  faumentant  sa  bonne  et 
saincte  opinion  et  volonté',  luy  a  dict  de  re- 
chef que  c'est  comme  il  fault  tousjours  qu'il 
parle  et  face ,  et  qu'elle  ne  faudra  de  le  bien 
dire  et  asseurer  au  Roy,  envers  lequel  ledicl 
s'  de  Maintenon  s'estendra  sur  tous  les  chefs 
cy-devant  déclarez,  et  pareillement  sur  tous  les 
aultres  poinctz  dont  a  este'  depuis  parlé  entre 
la  Royne  et  mondict  Seigneur  jusques  à  leur 
départ,  oultre  tout  ce  que  dessus. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1578.  —  12  mai. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français ,  n"  i5go5,  (^72. 

A  MONSIEUR  DE  RELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Belièvre,  je  vous  prie,  sur 
tous  les  plaisirs  que  vous  désirez  me  faire, 
pourveoir  et  donner  ordre  dilligemment  que 
ce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  a  accordé 
pour  ce  qui  est  nécessaire  pour  le  partement 
et  voyaige  de  la  royne  de  Navarre,  ma  fille,  soit 
fourny  et  préparé  ^  et  que  cella  n'accroche  et 
retarde  ledict  partement,  mais  que,  à  mon 
retour  par  delà,  qui  sera  en  bref,  je  trouve 
toutes  choses  prestes,  pour,  selon  la  délibé- 

'  Ce  sont  sans  doiile  des  arrangements  financiers, 
qui  nous  sont  révélés  par  ia  pièce  suivante  :  tr  Lettres 
patentes  du  roi  Henri  III  donnant  à  sa  sœur,  la  reine  de 
Navarre,  l'Agenais.le  Rouergue,  le  Quercy,  etc.,  pour 
lui  tenirlieu  de  67,500  livres  de  rente  constituant  sa  dot; 

18  mars  1678,  enregistrées  au  Parlement  le  4  juillel.r 

Archive?  d'Agen,  BB-33,  f  3o. 


ration  que  j'ay  faicte,  mener  incontinent  ma- 
dicle  fille  au  roy  de  Navarre,  son  mary;  en 
quoy  faisant,  oultre  ce  que  vous  ferez  service 
agréable  au  Roy  mondict  seigneur  et  filz  et 
qui  me  tournera  à  singulier  contentement, 
vous  ferez  chose  qui  apportera  ung  grand 
bien  à  ce  royaume  ;  et  m'asseurant  de  la  grande 
affection  que  vous  y  aurez,  je  ne  vous  en  feray 
davantage  de  recommandation,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Belièvre,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Chenonceau,  le  xii"°  jour  de 
maj   1578. 

De  sa  main  :  Je  vous  prie  que  je  trove 
qu'eie  soint  satisfttyte,  afin  que  je  la  puise 
mener  au  roy  de  Navarre,  son  mary,  san  re- 
tardement. 

Caterine. 


1578.  —  3  1  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.,  FonJs  Dupuy,  n°  35o,  f"  69. 

A  MONSIEUR  D'ABAIN. 

Monsieur  d'Abain,  j'ay  receu  vostre  lettre 
du  xx!"""  du  passé',  par  laquelle  j'ay  veu  que 
la  meilleure  espérance  que  vous  ayez  par  delà 
est  que  je  ne  puis  gaigner  mon  procès,  et 
pour  le  moings  que  le  chasteau  de  S'  Ange 
me  demeurera.  J'ay  entendu,  par  toutes  les 
lettres  qui  m'ont  esté  escriptes  de  Rome,  de- 
puis que  l'abbé  de  Plainpied  est  par  delà, 
le  semblable;  et  auparavant  j'avois  tousjours 
heu  espérance  que  je  gagneroiz  ledict  procès, 
et  mon  Conseil  qui  est  par  delà,  et  celluy  qui 
est  près  de  moy,  estoient  en  ceste  opinion, 
comme  il  est  encores,  si  ma  cause  est  bien 

'  Voir  les  lettres  de  M.  d'Abain  à  la  reine  dans  le 
n°  345  des  Cinq  cents  de  Colberl,  t"  86a  et  874. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDICIS. 


27 


entondiu'.  Moiidict  (lunscil  a  l'ail  ivsponse  à 
lous  les  mémoii'L's  et  ileci^^ious  qui  in'tnit  esté 
envoyez  par  ledict  Giustelly  et  ledict  Plaiii- 
piod,  iiue  j'cnvoye  présentement  par  delà;  et 
vous  prie  le  faire  bien  considérer  et  (lue  Ton 
s'en  serve  pour  la  direction  de  mes  all'aires, 
afiin  tpie  je  n'oublie  rien  de  remonstrer  de  la 
justice  de' ma  cause.  Je  vous  remercie  de  ce 
(|ue  vous  avez  faict,  et  vous  prie  de  tenir  la 
main  à  ce  que  je  sois  bien  conservée  en  mon 
bon  droict,  comme  vous  sçavez  qu'il  est  rai- 
sonnable. Cependant  je  prie  Dieu,  Alonsieur 
d'Abain,  vous  tenir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Paris,  xxf  mai  1578. 

Caterise. 


1J78.  —  28  mai. 

Iiiipriiiitï  dans  les  AiUîtiotis  aux  Mémoires  île  Castehinu, 
t.  ni,  p.  55i. 

A  MONSIEUR  DE  MAUVISSIÈRE. 

Monsieur  de  Mauvissière,  vous  verrez,  par 
la  lettre  du  Roy  monsieur  mon  fds,  si  ample 
réponse  à  vos  dernières  dépèches  qu'il  ne 
seroit  que  superflu  de  vous  en  faire  redite  par 
cette-cy;  aussi  ne  l'estendray-je  davantage  que 
pour  vous  asseurer  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  et  moi  aimons  parfaitement  la  reine  d'An- 
gleterre, Madame  ma  bonne  sœur  et  cousine, 
et  que  nous  continuerons  toujours  cette  bonne 
volonté  en  son  endroit,  aussi  franchement  et 
sincèrement  qu'elle  peut  désirer;  mais  qu'aussi 
faut-il  qu'elle  nous  corresponde  et  en  fasse 
le  semblable  en  uostre  endroit.  Nous  luy  es- 
crirons  et  ferons  response  de  nos  mains,  au 
retour  du  sieur  de  Stafford,  aux  lettres  qu'elle 
nous  a  dernièrement  escrites  de  la  sienne  par 
le  sieur  Jerônime  de  Gondy.  Cependant  asseu- 
rez-la  toujours  fermement  de  la  grande  affec- 
tion que  je  lui  porte  et  veux  toute  ma  vie 


porter,  comme  si  elle  estoit  ma  propre  fille, 
priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

Escril  à  Paris,  le  28  mai  1678. 


1578.  —  3  jiiin. 

Orig.  Arcli.  des  Méfiiris  ii  Florenco,  dalla  fîlza  4726, 
iHlova  nunicraziotii' ,  p.  i'i^. 

A  MON  COUSIN 

UONSEIGNEDB 

LE  GRAND  DUC   DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  par  vostre  lettre, 
avec  ung  exliènie  desplaisir  et  regret,  l'in- 
convénient de  mort  advenue  à  feue  ma  cou- 
sine la  Grande  Duchesse  de  Toscane i,  vostre 
bonne  espouze,  et  la  grande  perte  que  vous 
avez  faicte  de  la  mère  et  de  l'enfant  tout  à 
une  fois,  tant  pour  l'affection  et  bonne  vo- 
lonté que  je  vous  porte  et  à  toute  vostre  mai- 
son, que  pour  le  désir  que  j'ay  de  la  veoir 
accioistre  et  prospérer  et  vous  satisfaict  et 
content  par  le  moyen  de  quelque  postérité,  qui 
est  cause  que  j'envoye  par  devers  vous  Mon- 
seigneur l'Évêque  de  Béziers -,  présent  porteur, 
pour  vous  dire  à  bouche  et  porter  tesmoi- 
gnage  de  la  douleur  et  du  desplaisir  (jue  j'ay 
de  tel  accident  advenu,  et  vous  offrir  tout  ce 
que  je  puis  en  telle  occasion  pour  le  souUai- 

'  François  II  de  Médicis,  duc  de  Florence,  était 
marié  à  i'archiducliesse  Anna  d'Autriclie;  il  ne  dut  pas 
la  regretter  beaucoup,  car  il  avait  une  liaison  publique 
avec  la  belle  Vénitienne  Bianca  Capello,  qu'il  ne  tarda 
pas  à  épouser.  C'était  d'ailleurs  un  véritable  tyran,  cruel, 
prodigue ,  débaucbc ,  et  (jui  n'a  eu  que  le  faible  mérite 
d'avoir  été  le  père  de  Marie  de  Médicis,  sc^conde  femme 
de  Henri  IV.  Il  était  parent  éloigné  de  Catherine. 

'  L'évéque  de  Béziers  était  Thomas  de  Bonzi,  d'une 
famille  italienne  qui  donna  cinq  prélats  de  suite  à  ce 
diocèse. 

4. 


28  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS 

jjeiiiciil  (if  voslro  juste  douleur,  dont  jC  vous 
iiiie  le  ciuiie,  roiunie  vous  l'oiie/.  moy  niesmes; 
et,  me  leniei'lanl  sur  luy,  je  leiay  liu  à  la 
présente,  ]ui;inl  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir 
en  sa  saim-te  |f:ii-iie. 

Eseiijil  à  Paris,  le  m"  jour  de  juin;;  i57(S. 

Vo^lre  bonne  cousine, 

(iATEItnE. 


1578.  —  3  juin. 

('.u|ii.'.  Ril>l.  iKit. ,  Fonil-;  Dupuy,  n'  :ir)0.  T  GJ  \'. 

A  MONSIEir.   DAHMN. 

Monsieur  d'Abain,  vous  serez  si  anipiemenl 
informé  de  riulention  du  lloy  monsieur  mon 
IJls  par  la  lettre  (pi'il  vous  escii[it  jiar  le  s'  de 
Laubespine,  secrétaire  de  ses  linances  et  gref- 
lier  de  son  Conseil  privé,  présent  porteur,  (|ue 
je  ne  vous  en  l'eray  redicte  paria  présente.  Je 
vous  prie  tant  seulement  nous  renvoiei-  ledicl 
de  Laubespine  le  plus  tôt  que  vous  pourrez,  el 
par  lui  nous  mander  bien  particuUièremenl  la 
response  qui  vous  aura  esté  faicte,  mesmemeni 
sur  le  faicl  de  mon  cousin  le  sieur  de  Foi\. 
lequi'i  je  vous  prie  jpaadement  avoir  poui 
recommandé,  et  croire  que,  oultre  (pie  lerez 
service  très  a;[réable  au  Roy  mon  lils,  j'en  re- 
eepvray  en  mon  particullier  un;j  sinj'ullier 
contentement  pour  rairection  (pie  je  luy  porte. 
Quant  à  mes  alVaires  parlicullières,  (raultanl 
que  je  vous  en  faictz  une  aullre  lettre',  je  n'en 
estendray  davantaige  ia  présente,  priant  Dieu, 
Monsieur  d'Abain,  vous  avoir  en  sa  saincle  et 
digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  m""  juing  1678. 

Catebine. 
De  \eufville. 


l.jTS.  —  ()  juin. 

liiinrimé  dans  Ifs  A'Iriiliim.^  fi'z  Mémoires  àf  Castelnau. 
l.  III,  p.  S.Vi. 

A  MONSIEUR  DE   MAIVISSIÈRE. 


Celle  lellre  n'a  pu  rir  ■  relrouvee. 


.Monsieur  de  Mauvis.-iiire.  Comme  vous  ver- 
rez par  la  lettre  du  Rov  monsieur  mon  fils, 
le  duc  d'Anjou  est  content  d'entendre  au  ma- 
liaige  de  la  reine  d'Anjfleterre,  Madame  ma 
lionne  sœur  et  cousine ,  et  de  luy  :  dont  je  suis 
infiniment  aise,  pour  l'espérance  et  désir  que 
j'av.  il  V  a  longtemps,  plus  (pie  nulle  autre 
chose  du  monde,  suivant  la  parfaicte  amitié 
(pie  je  porte  à  ladicle  Dnme  reine,  de  luy  estre 
ce  que  j'es[)ère  cette  lois  (pie  je  seray,  et  que 
je  m'asseure  (]ui  apportera  à  icelle  Dame 
Reine  mesme,  pour  l'amitié  que  je  sçay  aussy 
(pi'elle  me  porte,  un  trî's  grand  contente- 
ment; et  outre  cela,  ce  sera  toujours  pour 
(■-Ireindre  davantaige  l'ainilié  entre  le  Roy 
mcindit  Seigneur  et  lils  et  elle  et  leurs  com- 
muns sujets.  Vous  priant,  jiour  cette  cause, 
de  faiie  doncques  en  sorte  que  nous  en  puis- 
sions voir  bien-tost  une  bonne  et  une  heureuse 
lin,  el  pour  le  plus  tard  dedans  six  semaines, 
comme  vous  a  dit  celuy  qui  vous  en  parla, 
tpiil  falloit  faire;  car  aussi  le  tarder  eu  cette 
alVaiie  ne  pourroit  qu'y  nuire  beaucoup,  aussi 
(|ue  je  suis  sur  le  point  de  partir,  pour  mener 
ma  tille  la  Reine  de  Navarre  à  mon  fils  le 
Roy  de  Navarre  son  mary,  et  je  ne  vouidrois, 
s'il  estoit  possible,  eu  estre  retardée,  pour  ce 
qu'il  importe  grandenu-nt,  ainsy  que  vous 
avez  vu  par  nostre  dernière  despèche,  au  bien 
de  ce  royaume  que  mailicte  fille  soit  auprès 
du  ruy  son  mary,  pour  y  faire  les  bons  offices 
(|ue  nous  sommes  très  asseurez  qu'elle  fera  à 
l'enlielenement  de  la  paix  que  nous  voulons 
inviolablement  garder  et  observer,  non  seule- 
ment en  cedit  lovaume,  mais  aussi  avec  tous 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


29 


les  princes  nos  voisins,  ainsi  quo  vous  asseu- 
rerez  de  delà,  estant  le  mieux  ijue  nous  sçau- 
rions  l'aire  et  le  plus  {jrand  bien  qui  pourra 
advenir  à  cedit  royaume.  Faites  tout  ce  que 
vous  pourrez  à  ce  que  ladite  dame  Reine  en- 
voyé derechef  incontinent  devers  niondit  lils, 
pour  le  divertir  de  ladite  entreprise,  si  elle 
désire  que  Icdict  mariaige  se  lasse,  et  ne 
faictes  pas  congnoistre  à  qui  que  ce  soit  par 
delà  ny  de  deçà,  quand  vous  escriprez  à  mou- 
dit  fils,  que  nous  avons  esté  d'advis  que  ladite 
Reine  envoyast  vers  luy  pour  le  divertir  de 
ladite  entreprise  de  Flandre,  mais  conduisez 
cela  dextrement,  sans  parler  du  Roy  mondit 
Seigneur  et  fils  ny  de  moy,  et  plutost  comme 
de  vous  mesme,  que  je  prie  Dieu,  etc. 
Escrit  à  Chantilly',  ce  G  juin  iS^S. 


1578.  —  8  juin. 

Aut.  Bibl.  oat.,  Foods  français,  n°  .33i5.  f"  i  r^. 

A  Mo.N  cocsm 
LE  S'  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  vous  renvoyant  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  le  sieur  de  Masparot ,  je  né  voleu 
fallir  vous  fayre  cet  mot  pour  vous  dire  que 
le  Roy  luy  a  comendé  de  vous  dire  la  vérité 
de  cet  que  dist  Parabel  -,  et  vous  conestré 
que  c'et  la  plus  grende  méchanseté  qui  fusl 
jeamès  inventée  pour  vous  ayder  fayre  cet 

'  Calherine  avait  emmené  le  roi  à  Chantilly  pour 
essayer  d'obtenir  la  médiation  du  maréchal  de  Monl- 
morency  dans  les  affaires  du  duc  d'Anjou.  De  là ,  elle  se 
rendit  à  Aiençon,  pour  tenter  son  fils,  en  lui  offrant  le 
marquisat  de  Saluées  et  la  perspective  de  reconstituer 
pour  lui  le  royaume  de  Provence,  avec  le  Comtat-Ve- 
naissin  que  lui  céderait  le  pape.  Voir  à  VAppendice  la 
curieuse  ieltre  de  Henri  JII  à  Viileroy,  qui  révèle  tout 
ce  plan. 

-  Pierre  de  Baudéan ,  sieur  de  Parabère. 


(|ue,  m'aseure,  fayrés  jeamès;  ausi  ne  vous 
fault  aseurer  que  vous  avez  un  Roy  très  véri- 
table, et  ne  vous  demanderé jeamès  une  parole 
pour  fayre  les  ayfects  au  confrère,  et  set  '  je 
le  voyois  en  ostre  -  volonté,  je  mentirès;  mes 
je  vous  prie  m'en  croyre,  et  ausi  que  je  ne 
vous  tromprè  jeamès.  Nous  sommes  ysi  cheu 
vostre  frère,  oiî  il  nous  fayt  bonne  chère,  et 
fault  que  le  croyès;  car  il  a  seu  du  Roy  la  vé- 
rité, et  vous  conétré  davantaige  la  méchanseté; 
et,  me  remetant  audist  de  Masparot,  je  fayré 
fin  à  la  présante,  priant  Dieu  vous  conserver-'. 

De  Chantilli,  ce  viii""  de  jouin  1078. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterink. 


'  Set,  si. 

'  Ostre,  autre. 

'  Voici  ce  que  Henri  III  écrivait  au  maréchal  Dam- 
ville,  le  a 0  juin  1578  :  trMon  cousin,  vous  ayant  na- 
guères  par  le  s'  de  llasparault  mandé  bien  clairement 
mon  intention  sur  tout  ce  qui  concerne  mon  service  en 
voslre  gouvernement,  spéciallement  sur  les  garnisons  du 
PonI  Saint  Esprit  et  Beaucaire ,  lesquelles  je  suis  convenu 
réduire  à  tel  nombre  qu'il  sera  adnsé,  quand  ceulx  delà 
religion  prétendue  réformée  feront  cognoislre  par  effect 
vouloir,  de  leur  part ,  poser  les  armes  et  observer  mon 
édict  de  paciffication ,  je  me  contenteray  par  la  présente 
vous  advertir  de  la  réception  de  vostre  dernière  du 
sïvi  du  mois  passé,  si  n'est  que  mon  cousin  le  s'  de 
Foix  m'ayant  mandé  estre  parfy  d'Agen,  après  la  réduc- 
tion de  ladicte  ville,  pour  s'acheminer  de  vostre  costé 
avecques  mon  cousin  le  visconle  de  Turenne,  il  vous 
fault  veoir  et  attendre  que!  effect  produira  leur  voyage 
sur  les  difBcultez  qui  se  présentent  audict  pavs  puur 
l'exécution  de  mon  intention,  devant  que  d'en  prendre 
aultre  résolution ,  et  aussi  que  j'espère  que  l'exemple  qu'a 
monstre  le  roy  de  Navarre  au  faict  d'Agen ,  où  la  chambre 
ray-parlie  pour  la  Guyenne  a  esté  establie ,  pourra  mou- 
voir et  induire  les  aultres  à  faire  ce  qu'ilz  doibvent, 
n'ayant  laissé  d'envoyer  au  s'  Masparault,  lequel  n'es- 
toit  encore  party  de  Paris ,  la  copie  des  deux  commissions 
que  vous  m'avez  envoyées,  pour  en  faire  plainte  à  mon- 
dict  frère,  passant  où  il  sera,  et  le  prier,  de  ma  part,  en 
iaire  une  bonne  dépesche  tant  audict  visconle  de  Tu- 
renne  qu'à  ceulx  qui  les  ont  descernées,  qui  est  tout  ce 


30 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1758.  —  8  juin. 

Im|ir.  ilans  les  Mém.  de  Caslelnau,  t.  III,  p.  555. 

A  LA  REINE   D'ANGLETERRE. 

Très  haule,  etc.  Nous  avons  vu  par  vos 
lettres  du  16  du  passé  et  entendu  parle  S'  de 
Stafford,  genlilhomme  de  vostre  Chambre, 
présent  porteur,  que  n'approuvez  le  voyage 
que  l'on  dit  nostre  très  cher  et  très  amé  fils 
le  Duc  d'Anjou  veut  faire  en  Flandre.  En  quoy 
vous  convenez  dli  tout  à  l'intention  du  Roy 
nostre  très  cher  Seigneur  et  fils  et  de  nous, 
qui  avons  jusques  icy  fait  tout  ce  qui  nous  a 
esté  possible  pour  divcriir  et  dissuader  nostre 
dit  fils  le  Duc  d'Anjou  de  ladite  entreprise,  ne 
de'sirant  rien  tant  que  de  demeurer  en  paix, 
amitié  et  bonne  voisinance  avec  tous  nos  voi- 
sins, ainsi  que  vous  entendrez  plus  particu- 
lièrement dudict  S"'  de  Stalïord,  sur  lequel 
nous  en  remettant,  nous  prierons  Dieu,  etc. 

Escrit  à  Chantilly,  le  8  juin  1578. 


1578.  —  9  juin. 
Copie.  Arch.  nat. ,  collect.  Simancas ,  K  i5^i4,  n*  52. 

A  L'AMBASSADEUR   JUAN   DE   VARGAS. 

Monsieur  l'ambassadeur  Hieronimo  Gondi 
m'a  faict  entendre  ce  que  vous  luy  avez  dict 
touchant  ce  personnage  duquel  vostre  lettre 
faict  mention.  Je  Tay  dict  au  Roy  monsieur 
mon  filz,   lequel  se  contente  grandement  de 

que  je  vous  puis  mander,  et  que  je  suis  venu  prendre 
l'air  en  ces  quartiers,  d'où  la  Reine  ma  mère  parlit 
hier  pour  aller  de  reclief  trouver  le  duc  d'Anjou ,  mon 
frère,  à  Alençon,  sur  l'occasion  de  ce  voyage  de  Flandres, 
duquel  je  vous  mandcray  plus  particuUièrement  des 
nouvelles,  i  —  Pierre  de  Ma'iparault ,  maître  des  requêtes , 
avait  été,  le  i  a  janvier  1578,  adjoint  par  le  roi  à  l'évèque 
de  Valence  pour  pacifier  le  Languedoc. 


vostre  façon  de  procéder,  en  vous  asseurant 
qu'il  n'a  rien  qui  lui  soit  plus  eher  que  l'en- 
treténement  de  la  bonne  paix  et  amitié  qui 
est  entre  le  Roy  Calholicque  mon  frère,  mon 
beau  filz  et  luy;  à  quoy  je  continueray  tous- 
jours  à  m'employer  et  tenir  la  main  en  tout 
ce  qu'il  me  sera  possible,  cognoissant  que  c'est 
le  bien  commun  de  leurs  affayres,  auquel  je 
recognois  aussi  avoyr  quelque  interest.  Pour 
le  regard  du  second  poinct  duquel  vostredicte 
lettre  faict  mention,  croyez  aussi,  je  vous  prie, 
et  le  faictes  ainsy  entendre  audict  Roy  Calho- 
licque, que  je  l'ay  plus  au  cœur  que  nul  aullre 
et  que  je  n'oublieray  aulcun  office  que  je  re- 
cognoistray  y  pouvoir  servir  et  v.dloir  quelque 
bon  effecl,  priant  Dieu,  vous  avoir.  Monsieur 
l'ambassadeur,  en  sa  saincte  garde  ^ 

Escript  à  Chantilli,  le  ix'jour  de  juing  1 578. 

Caterine. 
De  Neufville. 


1578.  —  a  a  juin. 
Orig.  Bibl.  nat..  Fond?  français,  n"  lôgoS,  f*  83. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Belièvre,  je  m'asseure  qu'il 
n'aura  rien  esté  oublié  pour  la  seureté  des 
v°  M  livres  destinées  pour  les  Suisses  de  la 
composition    des    receveurs    généraulx-,    et 

'  La  réponse  de  Vargas  à  Catherine  se  trouve  dans  le 
carton  i548,  n°  98,  de  la  collection  Simancas. 

2  Voir  à  ce  sujet  les  lettres  écrites  par  Henri  III  à 
M.  de  Bcllièvre  (même  volume,  f"  86  et  85).  La  pre- 
mière est  datée  de  Charleval,  le  18  juin. 

Il  écrivait  également,  le  18  juin,  à  M.  de  Humières  : 
tr  Quoyque  j'aye  pour  la  dernière  fois  peu  faire  remons- 
trer  et  déclarer  mon  intention  à  mon  frère  touchant  les 
forces  qu'il  propose  envoler  aux  Pays  Bas,  il  n'a  voulu 
changer  son  premier  dessein;  au  contraire,  l'ayant  faict 
adverlir  que  je  m'y  opposerois  par  tous  les  moyens  que 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


31 


aussi  pour  reteuir,  s-aus  diiïérer  eu  ceste 
cause,  le  quartier  de  leurs  gages  portés  par 
ladicte  composiliou.  Il  reste  donques  seuUc- 
mcul  à  vous  dire,  pour  responce  à  vostre  lettre 
que  m'a  rendue  Gaucliery,  présent  porteur, 
que,  si  j'esloys  auprès  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  quand  il  re'souldra  la  composition  qui  a 
esté  propose'e  par  les  gens  des  finances  de  la 
suite  de  la  cour,  je  le  prierois  la  destiner  an 
paiement  des  garnisons  de  l'ieduiout  et  Ytalie 
et  aussi  pour  les  citadelles  et  villes  et  forteresses 
de  deçà,  estant  bien  d'advis  que  Monsieur  le 
Chancelier  et  vous  luy  en  escripviez,  comme 
aussi  feray-je  de  ma  part,  à  la  première  oc- 
cazioji.  Cependant,  pour  me  remestre  à  ce  que 
j'en  escriptz  plus  amplement  audict  s'  Chan- 
celier et  à  la  suffisance  dudict  secrétaire  Gau- 
chery,  toutei'ois  je  n'estendray  ceste  cy  d'ad- 
vantage  que  pour  prier  Dieu,  Monsieur  de 
Belièvre,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Aleuçon\  le  xxii""'  juin  1678. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


je  pouiTois  et  que  j'avois  mandé  aux  gouverneurs  et 
lieutenants  généraulx  de  mes  provinces  d'assemJjler  des 
forces  et  courir  sus  à  celles  qui  se  lèvent  soubz  son  nom  , 
il  semble  qu'il  soit  résolu  faire  un  corps  et  amas  de 
toutes  lesdicles  forces  comme  à  Montereau-fault-Yonne 
ou  autre  lieu  commode,  pour  après  les  passer  toutes 
ensemble  audict  pays  ou  les  emploier  ailleurs,  ainsi  que 
bon  luy  semblera;  sur  quoy  j'ay  pensé  debvoir  au  plus 
tost  faire  aussi  de  mon  cosié  le  semblable,  aiïin  d'avoir 
de  quoy  faire  teste  auxdictes  forces,  quand  elles  seront 
ensemble,  et  empescber  l'exécution  de  leurs  desseins; 
et  au  moieu  de  quoy  je  vous  prie,  incontinent  la  pré- 
sente receue,  faire  assembler  les  forces  de  vostre  gou- 
vernement tant  de  cheval  que  de  pied  au  lieu  que  vous 
et  le  s'  de  Crèvecœur  adviserez  estre  plus  à  propos,  n 
(Voir  Bibl.  nal..  Fonds  français,  n°  334i,  f  3a.) 

'  Elle  était  alors  auprès  de  son  fils,  le  duc  d'Anjou, 
avec  la  reine  de  Navarre,  qui  avait  voulu  aller  voir  son 
frère  «avant  son  parlement  de  Flandres,  qui  eut  lieu  au 


1578.  —  Juin. 

Copie,  BILL  nal.,  Fùmls  français,  a"  33oi  ,  T  i-j^. 

AU   PRINCE   D'ESCOSSE, 

MOKSiEnn  MON  petit-fils'. 

Monsieur  mon  petit  filz,  le  Roy,  Monsieur 
mon  filz,  désirant  conserver  et  entretenir  la 
bonne  amityé  el  aliaiice  qui  a  tousiours  esté 
entre  ce  royaulnie  cl  celluy  d'Escosse,  a  ad- 
visé  d'y  envoyer  le  S'  de  Mondreville,  cheva- 
lier de  son  Ordre,  mon  conseiller  et  maistre 
d'hostel  ordinaire,  [irésent  porteur,  pour  estre 
quelques  jours  auprès  de  vous  et  juger  tous 
les  bons  offices  qu'il  pourra  pour  ung  si 
louable  et  proffictable  effect,  ayant  bien  vonllu 

iiiilleii  de  juillet  1 578.  (Mémoires  de  Marguerite  i/c  ]  tduis , 
édit.  Cabocbe,  p.  aoç).)  De  son  côlé  Henri  III  écrivait  à 
sa  mère  :  n  ie  vous  asseure  que  vous  m'avez  faict  service 
très  agréable  d'avoir  faict  envers  le  s'  de  Salcede  qu'il  se 
départe  de  prendre  charge  pour  aller  en  Flandres;  car 
c'est  contre  ma  volonté  ([ue  auicuns  de  mes  sujets  y 
vont.i  (Même  volume,  f  (5i.) 

'  A  la  veille  de  la  majorité  de  Jacques  VI,  au  mois 
(le  mai  ou  de  juin  1^78,  Henri  HI  voulut  avoir  en  Ecosse 
un  envoyé  extraordinaire,  qui  seconderait  Castelnau, 
son  ambassadeur  en  Angleterre.  II  lit  choix  Je  M.  de 
Mondreville,  qui  appartenait  à  la  maison  de  la  reine 
mère.  On  lui  donna  des  instructions  spéciales,  publiées 
par  M.Teulet,  dans  les  Relations  politiques  de  la  France 
et  de  l'Ecosse  an  xvi'  sièi-le,  t.  III,  p.  20.  On  prépara 
pour  lui  des  lettres  de  créance  adressées  au  jeune  prince, 
au  comte  de  Morton,  son  premier  ministre,  à  la  comtesse 
de  Mar,  sa  gouvernante,  à  lord  Erskine,  etc.  Mais  il 
n'est  pas  certain  que  M.  di>  Mondreville  soit  jamais  parti; 
et,  en  tous  cas,  il  n'y  a  pas  d'autre  trace  de  sa  mission  : 
encore  instructions  çt  lettres  ne  sont-elles  pas  datées  et 
une  note  en  marge  du  manuscrit  33o4  porte-t-elle  : 
T ceste  depesche  n'a  esté  envoyées.  Mais  toutes  les  pièces 
se  rencontrent  dans  une  superbe  copie  des  Mélanges  de 
Colbert,  t.  XI,  p.  52  1  el  suiv.  Nous  croyons  donc,  à 
titre  de  curiosité,  devoir  donner  cette  lettre,  qui  se 
trouve  dans  deux  inanusciiLs  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, tout  en  négligeant  les  autres  documents  sur  celte 
mission,  cjui  n'a  sans  doute  été  qu'un  projet. 


32  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

l'accompaigner  de  celte  lettre ,  pour  vous  prier 
de  le  croire  de  ce  qu'il  vous  fera  entendre 
de  ma  part  en  cest  endroict,  comme  vous  le 
feriez  moy-mesme,  qui  prie  Dieu,  monsieur 
mon  petit  filz,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  à  Paris,  le  .  .  .  jour  de  .  . .  1578. 


1578.  —  18  juillet. 
Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français  ,  n"  SSSg,  f°  65. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  j'estois  avec  le  Roy 
monsieur  mon  filz,  quand  il  a  veu  la  des- 
pesche  que  vous  nous  avez  faicte,  à  laquelle  il 
vous  faict  amplement  responce,  et  vousdiray, 
de  ma  part,  que,  comme  vous  avez  très  bien 
commence',  il  fault  tascher,  tant  que  vous 
pourrez,  à  refroidir  ceulx  qui  ne  sont  encores 
partys  et  qui  sont  en  quelque  opinion  de 
suivre  mon  filz  le  duc  d'Alençon  en  Flandres, 
les  asseurant  qu'il  y  fera  très  mal  ses  affaires 
et  qu'il  eust  beaucoup  mieulx  faict,  s'il  se  feust 
déporte'  de  son  entreprise,  suivant  l'instance 
et  prière  que  je  lui  en  ay  plusieurs  fois  faicte 
en  mes  deux  voyages  de  Bourgueil  et  d'AUen- 
çon.  J'espère  partir  d'icy  lundy  prochain  et 
mener  avec  moy  ma  fille  la  royne  de  Navarre 
pour  nostre  voyage  de  Guyenne.  Cependant 
le  vous  recommande  le  bien  des  affaires  et 
service  du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  suivant 
la  gi-ande  affection  que  vous  y  avez  toujours 
eue  et  avez,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Mati- 
gnon, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xviii°"  jour  de  juillet 
1578. 

Caterine. 

PiNART. 


1578.  —  2  1  juillet. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n'  lâgoS  ,  1*  g3. 

A  MON  COUSIN 

LE  COMTE  D'EGMONT. 


Mon  cousin,  s'en  allant  par  delà  le  «■■  de 
Belièvre^  conseiller  du  Roy  monsieur  mon  filz 
en  son  conseil  privé  et  président  en  sa  court 
de  Parlement  de  Paris,  pour  l'occasion  qu'il 
luy  a  donné  charge  vous  faire  entendre  de  sa 
part,  j'ay  bien  voulu  aussi  l'accompagner  de 
la  présente  pour  vous  prier  sur  ce  le  croire 
et  de  ce  qu'il  vous  dira  de  la  mienne  comme 
moy-mesme,  qui  prie  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde*. 

De  Paris,  ce  xxr°  jour  de  juillet  1578. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  3  3  juillet. 

Mém.  de  Casteïnau,  t.  III,  p.  569, 

A  LA  REINE   D'ANGLETERRE. 

Très  chère,  etc.  Le  Roy  nostre  très  cher 
seigneur  et  fils  envoyant  le  S' de  Rambouillet', 
chevalier  de  son  ordre,  conseiller  du  Conseil 
privé,  capitaine  de  ses  gardes  et  son  lieute- 

'  Henri  III  avait  choisi  Bellièvre  comme  le  plus  habile 
de  ses  conseillers,  pour  le  charger  d'une  mission  de  paci- 
fication aux  Pays-Bas.  Il  l'accrédita  près  des  Etats  gé- 
néraux par  une  lettre  du  21  juillet  1678. 

^  Catherine  écrit  le  même  jour  au  marquis  d'Havre  et 
dans  les  mêmes  termes,  le  priant  de  croire  M.  de  Bellièvre 
de  ce  qu'il  lui  dira  de  sa  part  (Ms.  fr.  iSgoS,  f°  96). 
Voir  dans  le  n°  33 i 2  du  Fonds  français,  f  42,  une 
lettre  de  la  comtesse  d'Egraont  à  Catherine ,  pour  l'avertir 
que  son  fils  le  comte  d'Egraont,  w contre  sa  volonté  et 
expresse  défense  1 ,  s'est  joint  à  ceux  des  Pays-Bas  pour 
délivrer  sa  patrie  des  étrangers;  et  plus  loin  la  lettre 
de  la  reine  à  Bellièvre,  du  18  septembre  1678. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


;î3 


nant  giinôral  an  Maine  devers  vous,  pour  vous 
l'aire  cnlendre  aucunes  choses  de  sa  pari, 
importanles  grandement,  non  seulement  pour 
la  conlinualion  de  la  boniie  paix  et  amilii: 
d'entre  nostre  dit  Seigneur  et  fils,  et  vous  et 
les  autres  Rois  et  Princes  nos  voisins  de  Tune 
et  l'autre  lîeligion,  mais  aussi  pour  le  bien  de 
toute  la  ("direstienté,  et  pour  vous  parler  aussi 
des  propos  qui  ont  est(i  naguère  remis  en 
avant,  dont  nous  désirons,  comme  avons  tou- 
jours fait  autant  que  fisnies  jamais  chose,  de 
voir  bien  losl  une  bonne  et  heureuse  fin. 
Ayant  pour  les  occasions  susdites  bien  voulu 
accompagner  par  niesnie  moyen  ledit  S"'  de 
Rambouillet-dé  la  présente,  pour  faire  sem- 
blable ofiice  de  nostre  part,  vous  priant  sur 
ce  croire  iceluy  S"'  de  Rambouillet  conim(>  à 
nous  niesmes,  qui  prions  Dieu,  etc. 
Escrit  à  Paris,  le  2.3  juillet  1578. 


1578.  —  ■?.  août. 

Orijj.  Arrli.  liât.,  collection  Simancas ,  k  i54c),  u"  -iv. 
A  MONSIEUR  MON  FILZ 

LE  ROY  CYTHOLIQIIE. 

Très  hault,  très  excellent  et  très  puissant 
prince,  nostre  très  cher  et  très  anié  bon  filz, 
nous  ne  faisons  aulcun  double  que  ne  soyez 
entièrement  satislTaict  de  la  droicte  intention 
du  Roy  nostre  très  honoré  seigneur  et  filz  au 
bien  et  prospérité  de  voz  affaires  en  ces  Pays 
Bas  de  l'^landres,  de  la  nostre  pareillement 
pour  la  satisfaction  de  Vos  deux  Majestez, 
estant  la  chose  si  notoire  qu'il  n'est  besoing 
de  plus  grande  justification.  Néanmoins,  pour 
de  tant  plus  vous  en  rendre  tesmoignage, 
ledict  sieur  Roy  mon  filz  envoyé  présentement 
devers  vous  le  s'  de  ^lainfenon,  chevalier  de 
son  ordre ,  conseiller  en  son  Conseil  privé ,  capi- 
taine de  cinquante  hommes  d'armes  et  grand 

CATHEr.lSE  DE  .VIÉDICLS, ïl. 


niareschal  rie  ses  logis,  vous  priant  de  le  croire 
(le  ce  (|u"il  vous  dira  de  nostre  part,  comme  si 
c.'estoit  nous  niesmes,  qui  sur  ce  suplierons  le 
(h'c'ji  leur  qu'il  voiisavt,  très  haut,  très  excellent 
el  très  puissant  [)rince,  nostre  très  cher  et 
liés  amé  bon  filz,  en  sa  très  saincte  et  digne 
garde  ^. 

Escript  à    Olviiville-,   le   11""  jour  d'aoust 

Vostre  bonne  seuretmère, 

Caterine. 

Dr.   N.'!UF\  ll.LE. 


tjTS.  —  '1  août. 

Oriff.  Ari'liives  Je  Maatoue. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MANTOUE. 

Mon  cousin,  il  ne  se  pourroit  exprimer  la 
satisfaction  (|ue  le  Roy  monsieur  mon  filz  el 
moy  avons  de  la  démonstration  ([u'avez  tou- 
jours faicte  d'aimer  cesie  couronne,  el  parti- 
culièrement ledict  sieur  Roy  mon  filz  et  moy, 
de  quoy  nous  vous  sommes  bien  redevables. 
Le  sieur  du  Ferrier  nous  a  encore  si  bien  re- 
présenté le  dernier  bon  office,  et  lavons  aussi 
congneu  par  vos  lettres,  de  manière  que  est 
toujours  accroissement  de  plus  ample  tesmoi- 
gnage de  vostre  bonne  volonté  el  amitié,  à 
laquelle  le  sieur  Roy  mon  filz  et  mov  n'obniet- 
Irons  de  correspondre  par  les  meilleurs  moyens 
et  plus  favorables  qu'il  nous  sera  possible  pour 
vostre  contentement,  ainsi  que  plus  au  long, 
tant  sur  ce  sujet  (|ue  sur  ce  que  ledit  du  Fer- 

'  Elle  écrit  dans  les  mêmes  termes  à  la  reine  d'Es- 
pagne (même  farlon,  n°  ai). 

-  C'est  à  Ollainville,  ce  même  jour,  que  la  ri'ine  mère 
dit  adieu  à  Henri  111,  avant  de  partir  pour  son  grand 
voyage  de  Guyenne.  { Mémoires-journaux  de  P.  de  TEs- 
Inile.  éd.  .lonansi ,  I.  I,  p.  263.) 


|}1Pnni£1\IE     HATIOMLt. 


34 


fier  aura  à  traiter  et  négotier,  vous  entendrez 
par  Iny  plus  particulièrement,  vous  priant  y 
adjouster  entière  Iby  et  cre'ance,  et  que  Nostre 
Seigneur  vous   ait,  mon    cousin,   en  sa  très 


saincle  garde. 


Escript  à  Paris,  le  un"  jour  d'aousl'  iSy 


■  "3. 


1578.-8  août. 

Aul.  Arch.  nat.,  coUcct.  Simancas,  K  ijig 
A  AIO'VSIEOR  MON  FILS 

LE  ROY  CATHOLIQUE. 

Monsieur  mon  fils,  envoiant  le  Roy  vosire 
frère  le  sieur  de  Maintenon,  présant  porteur, 
pour  visiter  Vostre  Majesté  el  lui  l'ayre  en- 
tendre de  ses  novelles,  je  né  voleu  fallir  de 
Taconpagner  délia  présante,  tent  pour  la  su- 
plier  de  me  tenir  tousjour  en  sa  bonne  grâse 
que  pour  lui  fayre  encore  de  rechef  entendre 
le  grent  regret  que  j'é  des  jeunèse  de  mon 
fils-,  ynsin  que  je   donne  cherge  à  cet  dist 

'  Il  est  possible  que  celte  ietlre  soit  mal  datée,  ou 
qu'elle  ait  été  signée  d'avance  ;  car  Catherine  dut  partir 
d'Ollainville  le  a  août,  sans  repasser  par  Paris;  c'est  ce 
qui  expliquerait  que,  sans  trop  se  hâter,  elle  ait  pu  être 
à  quarante  ou  cinquante  lieues  de  là ,  à  Chenonceaux,  le  8. 
—  Voir  la  lettre  de  Henri  lit  à  M.  de  ifauvissière  (Mém. 
de  Casfpf/iaH,  t.  Itl,  p.  56o),  dans  laquelle  il  lui  mande 
de  Paris,  le  6  août,  que  sa  mère  et  sa  sœur  sont  parties 
(tsamedy  dernier)i  ;  et,  cette  année,  le  a  aoùl  était  bien 
un  samedi. 

^  Le  roi  et  sa  mère  s'efforçaient  d'atténuer  auprès 
des  cours  étrangères  le  mauvais  elïet  produit  par  l'entre- 
prise du  duc  d'Anjou  et  son  arrivée  dans  les  Pays-Bas. 
Henri  m  ajoutait,  le  6  août  1.578,  à  Monsieur  d'Abain 
un  curieux  postscript ,  écnl  de  la  main  de  M.  de  ^'illeroy  : 
et  J'oubliois  à  vous  adverlir  comme  j'envoye  présentement 
en  AUemaigne,  Espaigne  et  Angleterre,  trois  des  sieurs 
de  Renibouillet ,  pour  taire  entendre  à  tous  ces  princes 
le  regret  et  desplaisir  que  j'ay  resenty  de  ceste  entreprise 
faicte  par  mon  frère  contre  ma  volonté;  les  priant  et 
exhortant   tenir  main   au   repos   do  la  chrestienté  el 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

jeantilhomme  de  dire  lia  Vostre  Majesté.  Je  la 
suplie  croyre  de  cet  qui  lui  dire,  de  ma  part, 
cornent  ce  s'étoyt  moy  mesme;  car  yl  m'est 
si  afectionné  que  je  me  fie  corne  à  personne; 
que  j'é  ayprouvé  sa  sufisanse  et  fidélité  au 
servise  du  Roy  mon  fils  et  le  mien  ;  et  ays- 
tenl  bien  ynstruit  de  tout  cet  que  je  pouré 
dire  bà  Votre  Majesté,  je  ne  l'annuiré  de  plus 
longue  letre  et  prie  Dieu  donner  bà  Votre 
Majesté  cet  que  désire. 

De    Chenonceau,    cet   mu"'    jour    d'aust 


Caterine. 


1578. 


Vostre  bonne  mère.el  seur, 


Caterine. 


1578.  —  8  aoùl. 

Aut.  .\rch.  nat.,  coltect.  Simaïu-as,  K  iS/ig,  n*  37. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLIQUE. 

Madame  ma  fille,  je  né  voleu  fallir,  par  le 
sieur  de  Maintenon,  présant  porteur,  que  le 
Roy  vostre  frère  envoy  visiter  le  Roy  vostre 
mai'v  et  Vostre  Majesté,  le  cberger  de  fere 
cet  ofise,  en  mon  non,  ver  elle,  et  ausi  lui 
dire,  encore  que  Vostre  Majesté  aye  des  no- 
velles délia  royne  sa  seur  sovent,  cornent 
depuis  peu  de  jours  elle  m'a  écript  depuys 
la  perte  quel  a  eue  dcssa  fille  qui,  pour 
le  grent  ennui  qu'ele  en  a  reseu,  que  je  cre- 
guoys  ynfiniment  que  sa  santé  enn  alàt  pis. 
que  néanmoyns  Dieu  lui  a  fayt  la  gràse  de 

m'ayder  à  retirer  mon  frère  de  ce  desseing.  .  .  Ce  que 
vous  pourrez  faire  entendre  à  nostre  Sainct  Père  le  Pape . 
après  en  avoir  conféré  avec  mon  oncle  le  cardinal  d'Est. 
Au  reste  la  Royne,  Madame  et  mère,  parlist  sabmedy 
d'Olinville  avec  ma  seur,  la  Royne  de  Navarre,  pour 
aller  en  Guiomie,  espérant  beaucoup  de  bien  en  mes 
affaires  dudit  voyage.»  (Cinq  cents  de  Colbert,  n"  345. 
p.  3a6.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


35 


cet  porter  bien  selon  son  ennui,  clianse  que 
j'é  panse'  que  Vostre  Majesté  auré  agréable 
d'entendre,  cet  que  né  voleu  fallir  de  lui 
mender,  et  ausi  prier  Vostre  .Majesté  de  volouir 
croyre  cet  que  cetdisf  jeantilbomme  lui  dire 
de  ma  part,  comme  fayré  moy  mesme  et,  me 
remetent  sur  sa  sufisanse,  je  ne  Tannuiré  de 
plus  long  discours  et  fayré  fin,  prient  Dieu 
donner  hà  Vostre  Majesté  cet  qu'elle  désire. 

DeCbenonceau,  cet  viii""'jour  d'aust  1578. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Catebine. 


1578.  —  1 1  août. 

Oriç.  Bibl.  de  Roueo,  FonJs  Lcljer,  n"  07^3 '. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON, 

COPVBRSECR  PODB   LE  BOY   EN    Lk    BASSK-NOEMASDIE. 

Monsieur  de  Matignon,  j  ay  esté  bien  aise 
d'avoir  le  présent  que  vous  m'avez  faict  d'un  si 
beau  lévrier  à  mon  gré,  et  vous  asseure  que  où 
il  s'offrira  moyen  de  vous  faire  quelque  plaisir 
en  aultre  chose ,  vous  congnoistrez  que  j'ay  pou r 
bien  agréable  ce  qui  vient  de  vostre  main ,  et 
vous  prie  continuer  toiisjours  en  ce  soing  et 
bonne  vollonté  et  croire  que  j'en  auray  soub- 
venance  en  tout  endroict.  Je  prie  Dieu  qu'il 
vous  donne  santé  et  sa  sainte  garde. 

A  Chenonceauk,  le  xi"  jour  d'aoust  1678. 

Je  m'en  vais  en  Guyenne,  où  l'on  dict  que 
tout  est  en  suspens:  je  seray  mercredy  à 
Champigny,  etmesembleque,n'estantbesoing 
en  vostre  gouvernement  de  vostre  présence, 
que  ferez  bien  d'aller  trouver  le  Roy.  J'espère 
y  estre  de  retour  dans  deux  mois  au  plus  tard. 
Et  vous  dire  encore  que  je  reçus  jamais  à  mon 

'  Une  copie  de  la  même  lettre  se  trouve  aux  Arcliives 
du  palais  de  Monaco,  Registre  I,  p.  2()5. 


gré  un  plus  beau  lévrier.  Il  conmience  desjà 
à  me  conguoistre  et  s'accorder  avec  Amadis, 
et  vous  en  mercie  bien  fort,  car  vous  m'avez 


l'airl  ung  gi'and  |)laisir. 


C 


ATF.RINE. 


1578.  —  Voùt  011  septemliro. 
Aiit.  Slale  papers,  France,  vol.  G5. 

\  LA  REYNE  D'ANGLETERRE', 

.MADAME  MA  SEDR. 

Madame  ma  bonne  seur,  je  ne  vous  saurois 
dire  ni  escripre  l'aise  que  j'ay  receu  de  avoir 
entendu  ce  que  avez  commendé  au  sieur  de 
Staffort,  présent  porteur,  me  dire  touchant 
la  chose  de  ce  monde  que  j'ai  autant  désirée 
et  désire  tant,  que  je  ne  pensois  pouvoir  tant 
vivre  que  je  eu  voy  l'cffect  et  consommation  : 
et  qui  vous  dira  ou  auroit  dit  le  contraire, 
vous  supplie  ne  les  croire,  mais  vous  asseurer 
que  ce  sont  personnes  qui  ne  désirent  point 
que  je  aye  avant  mourir  une  telle  félicité  et 
contentement,  qui  me  sera  des  plus  grans  que 
de  ma  vie  je  aye  eu,  quant  je  auray  cet  heur 
de  le  voir,  qui  me  faist  vous  supplier  que  si 
jusques  à  ceste  heure  il  y  a  eu  occasions  qui 
ont  tiré  les  choses  en  longueur,  que  doresna- 
vant  il  vous  plaise  le  tout  abréger  et  haster; 
car,  du  costé  de  vostre  serviteur,  je  m'asseure 
de  sa  volonté  qu'il  précipitera  non  seulement 

'  Nous  insérons  à  cette  place  une  lettre  originale, 
tirée  du  Record  office,  qui  ne  porte  d'indiailiou  ni  de 
lieu  ni  de  date;  mais  elle  a  été  é\idemment  écrite  à  cette 
époque,  peut-être  à  la  fin  de  juin  ou  au  commencement 
de  juillet,  puisque  c'est  Lord  Stafford  qui,  en  retour- 
nant en  Angleterre  après  son  petit  séjour  eu  France,  fut 
chargé  de  la  remettre  à  sa  souveraine.  Elle  est,  d'ail- 
leurs, très  curieuse  à  cause  de  toutes  les  démonstrations 
de  tendresse  que  Catherine  y  multiplie;  et  on  peut  la 
rapprocher  d'une  autre,  très  analogue,  du  g  novembre 
1678,  qu'on  lira  plus  loin. 

5. 


36 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


à  l'aire  loul  ce  que  dépendra  de  luy  et  du  Roy 
son  frère,  qui  lui  correspond  en  ses  dignes 
désirs,  pour  avoir  ce  bien  et  honneur  de  vous 
exposer  ce  que  de  ma  part  je  désire  tant,  que 
tous  les  jours  me  seront  haïs  jusques  à  ce  que 
je  voy  cehii  qui  fera  heureux  et  content  mon- 
sieur le  duc  d'Anjou,  et  non  pas  lui  seul,  mais 
le  Roy  son  frère  et  vostre,  et  moy  qui  les  y 
accompajjneray  en  ceste  félicité,  et  tout  ce 
royaume,  ou  madame  ma  bonne  fille  (en  ce 
vous  supplie  me  pardonner,  si  je  dis  ce  (jue 
j'ay  tant  désiré,  au  lieu  de  seur,  et  l'affection 
m'a  fait  équivoquer),  qu'il  nous  plaise  donc, 
puisque  les  choses  en  sont  si  avant,  c|ue  ne 
tiriez  plus  en  longueur  et  que  je  aye  ce  con- 
tentement, avant  mourir,  voir  de  vous  un  beau 
fils,  ce  que  je  m'asseure  que  Dieu  permettra, 
et  ne  le  puis  autrement  espe'rer,  avec  les  grâces 
qu'il  m'a  fait  par  le  passé,  qu'il  me  fera  avoir 
ceste  ci,  et  que  je  luy  supplie  et  vous,  ma- 
dame ma  bonne  sœur,  tenir  tousjours  en  vostre 
bonne  grâce. 

Vostre  bonne  sœur  et  cousine,  et  la  plus 
affectionnée  que  vous  eussiez  jamais. 

Signé  :  Catebine. 


1578.  —  3  septembre. 

Orig.  Archives  de  Turin. 
A  MON  FILZ 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  PIÉMONT'. 

Mon  filz,  m'ayant  le  sieur  Dalassin  faict 
prier  par  aucuns  de  mes  plus  spéciaux  ser- 

'  Nous  mainteiions  celle  lettre  à  son  rang  clironolo- 
gique,  bien  qu'il  soll  malérieilement  impossible  qu'elle 
soit  datée  de  Paris,  que  Catherine  avait  quitté  le  i"  août, 
pour  n'y  revenir  (|u'en  novembre  1679.  M.  Carlo 
d'Agliano  a  bien  voulu  la  collalionncr  lui-même  aux  ar- 
chives de  Turin  et  déclare  qu'il  ne  peut  y  avoir  aucun 
doute  sur  la  lecture  de  la  date.  M.  le  comte  Cais  de  Pierlas 


vileurs  vous  recommander  un  afaire  qu'il  a 
pendant  pardevant  vous  et  lequel  il  vous  fera 
particulièrement  entendre,  pour  ce  que  c'est 
chose  qui  luy  est  de  très  grande  importance 
et  en  laquelle,  tant  en  sa  considération  que 
des  siens,  j'auray  à  beaucoup  de  plaisir  de  luy 
ayder,  je  vous  ay  bien  voulu  escrire  la  pré- 
sente pour  vous  prier  vouloir,  en  contempla- 
tion de  la  bien  affectionnée  prière  que  je  vous 
en  fais,  l'avoir  en  voslre  l)onne  et  favorable 
recommandation,  luy  faisant  par  elïect  pa- 
roislre  combien  vous  affectionnez  tout  ce  qui 
vous  est  recommandé, de  ma  part,  avecque 
asseurance  qu'en  autre  occasion  qui  se  pourra 
ofrir  pour  la  vostre,  vous  me  trouverez  tous- 
jours  bien  disposée  à  vous  faire  pareffect  pa- 
roistre  l'amitié  que  je  vous  porte,  priant  Dieu, 
mon  filz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Paris,  le  m" septembre  1578. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1578.  —  l'i  septembre. 

Orig.  Record  ol£ce ,  Stale  papers,  France,  vol.  65. 

A  MONSIEUR  DE  WALSINGHAM, 

SECHBTAIBB    D'fcTAT    DE   Li   BBINB   D'iNGLETEBEE. 

Monsieur  de  Walsingatn,  j'ay  entendu  la 
bonne  volunté  en  laquelle  la  royne  d'Angle- 

crolt  la  lettre  de  i5G8.  Elle  est  d'ailleurs  de  peu  d'im- 
portance, et,  comme  beaucoup  de  celles  que  la  reine- 
mère  adressait  à  son  (cfilsn,  le  prince  de  Piémont,  elle 
traite  de  menus  faits  particuliers  qui  ne  donnent  guère 
(.y  point  de  repère.  Catherine  aimait  beaucoup  ce  jeune 
homme,  lils  de  la  belle-sœur  avec  laquelle  elle  avait 
longtemps  intimement  vécu,  .Marguerite  de  France, 
lille  (le  I^rançois  I",  mariée  en  lOSg  à  Emmanuel- 
l'iiiliberl,  morte  à  Turin  le  iG  septembre  1576,  lais- 
sant un  fils  unique,  qui  n'avait  que  quatorze  ans,  et 
qui  l'ut  plus  lard  Charles-Emmanuel  I",  duc  de  Savoie. 


LETTRES  DE  CATH 

terre  ma  bonne  seur  se  roli'oine  d  entrer  au 
mariage  d'elle  avec  mou  filz  le  duc  d'Anjou, 
qui  est  bien  la  plus  agre'able  nouvelle  qui 
m'eust  scen  cstre  aporte'e;  car  comme  je  u'ay 
jamais  souhaite  davantage  aucune  autre  chose 
de  ce  monde,  ainsy,  quant  je  la  verray  acom- 
piie,  auray-je  alaim  le  point  du  plus  grand 
contanlement(iueje  sçaurois  recevoir;  et  pour 
ce  que  j'av  sicu  (|ue  vous  avez  jusques  icy 
assez  affectionne  ung  tel  affaire,  selon  que  vous 
cognoissez  que  s'elTectuant  il  est  pour  eder 
au  bien  général  des  deux  royaumes  et  mai- 
sons de  France  et  d'Angleterre,  je  vous  ay 
vouUu  escripre  ce  mot,  pour  vous  prier  de 
vouHoir  en  tel  affaire  employer  toujours  voz 
bons  offices,  ainsi  que  en  serez  requis  par  le 
sieur  de  Mauvissière,  conseiller  et  ambassa- 
deur du  roy  monsieur  mon  filz  près  de  ma 
dite  bonne  seur,  que  je  vous  prie  de  croire 
comme  moy  mesmes  de  ce  qu'il  vous  dira  de 
ma  part  sur  ce  subject ,  suppliant  le  Créateur, 
monsieur  Walsiugham,  (ju'il  vous  aye  en  sa 
saincte  garde. 

EscriptàCoignac',  lexiii'^jourde  septembre 
1678. 

Signé  :  Caterine. 

Et  plus  bas  :  Brulvrt. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


•i/ 


'  A  l'occasion  du  passage  de  Catherine  à  Cognac,  on 
lit  dans  Brantôme  :  trJe  me  souviens  (car  j"y  estois) 
que,  lorsque  la  reyne,  mère  du  roy,  mena  ceste  reyne 
sa  fille  au  roy  de  Navarre  son  mary,  elle  passa  par  Coi- 
gnat,  où  elle  fist  quelque  séjour;  et  là,  plusieurs 
grandes,  belles  et  honnestes  dames  du  pays  les  viudrent 
voir,  et  leur  faire  la  révérence;  que  toutes  furent  ravies 
de  voir  la  beauté  de  ceste  reyne  de  Navarre,  et  ne  se 
pouvoient  saouler  de  la  louer  à  la  reyne  sa  mère,  qui 
en  esloit  perdue  de  joie.  .  .  ».  (Édit.  de  M.  L.  Lalanne 
pour  la  Société  de  l'histoire  de  France,  t.  VII[,  p.  3i.) 

Marguerite  de  Valois,  née  en  iô5i,  avait  alors  vingt- 
sept  ans  et  était  encore  dans  tout  son  éclat. 


1078.  —  iS  septemliro. 
Orij.  France,  Stnte  papers.  vol.  Gi. 

A  MONSIEUR   DE   W\LSli\(iHAM . 

SECRÉTAIRE    D'ESTAT    I>E    H   BEt.VE    D' ANCLETERRi; . 

Monsieur  de  Walsingham,  j'ecripts  présen- 
tement au  s'^de  Mauvissière',  conseiller  du  rov 
monsieur  mon  filz  eu  son  conseil  privé  et  sou 
ambassadeur  résident  près  de  la  royne  d'An- 
gleterre ma  bonne  sœur,  de  lui  mander  de  vous 
dire  et  faire  enlleudre  aucunes  choses  de  ma 
part,  desquelles  je  vous  prie  le  cioire  comme 
feriez  ma  propre  personne,  et  vous  employer 
de  toute  affection  que  ne  pourriez  jamais 
adressera  l'endroit  de  Prince  qui  vous  en  sache 
meilleur  gré  et  qui  le  recognoisse  plus  digne- 
ment, suppliant  sui'  ce  le  Créateur,  monsieur 
de  Walsingham,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle 
et  digne  garde. 

Escript  de  Coignac,  le  xiii'  jour  de  sep- 
tembre 1578. 


1578.  —  18  septembre. 
Aut.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  d°  ijgoj,  f'  i3g. 

A  MONSIEUR  DE   BELLIÈVRK. 

Monsieur  de  Belièvre'-,j'é  reseu  vostre  letre 
et  veu  cornent  mon  fils  vous  enn  a  aullent  l'est 


'  La  correspondance  du  roi  et  de  la  reine  avec  Mau- 
vissière, publiée  dans  le  t.  111  des  Mémoires  de  Oislel- 
nau,  s'arrête  au  commencement  d'août  1578. 

^  Cette  lettre  est  la  première  datée  de  Bordeaux. 
Entre  îe  11  août  et  le  18  septembre,  nous  nous  éton- 
nons de  ne  trouver  aucun  autre  document  que  le  pré- 
cédent sur  le  voyage  do  la  reine  et  les  villes  par  où  elle 
passa  et  s'arrêta,  Poitiers  par  exemple,  Mirambeau,  etc. 


38 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


qu'il  me   fis!   liaiengue.  Je  suis  bien  marrie 
que  ne  veulle  avoyr  auprès  de  lui  de  milleur 
consel  et  qu'il  en  renvoyé  ceulx  qui  l'émet  ^ 
mieuh  qu'il  ne  s'ayme  ;  et  ay  grent  peur  qu'en 
lieu  qu'il  vous  ha  -  dist  qu'il  ne  viendré  rien 
constre  cet  royaume  et  qu'il   monstre  avoyr 
teut  d'aseuranse  et  de  puisanse,  qu'il  cel^ 
trove  si  captif  entre  leur  mayns  qu'il  n'en 
sorte  pas  quant  yl  voldré,  et  qui  lay  menet 
au  y  leur  pleire*,  pour  leur  ynterest  et  non 
pour  son  bien  et  grendeur;  mes  je  croy  ausi 
que  ceulx  qui  l'ont  enbarqué  au  yl  est ^  cet 
qu'il  voyet  bien  qu'il  l'ont  tronpé  et  que  rien 
neréusit,  cornent  y  l'i  outfest  entendre,  qu'yl 
feront  tout  cet  qu'il  pouront  pour  l'onpêcher 
de  voyr  cler  et  que   yl   s'eu   retire;    car  yl 
voyant  bieu  qu'il  fauldroyt  au  qu'il  n'eult  neul 
santiment  au  qui  le'  fist  resantir  de  la  faulte 
qu'il  l'i  ont  feste;  par  insin  je  n'espère,  tout 
qu'il  seront  auprès  de  lui,  que  yl  se  départe 
de  cete  aupinion  et  qu  i  ne  le  faset  trover 
tous  aultres  consels  que  lé  leur  suspects;  et 
conoysant  cela  et  cregnant  le  mal  qui  nous  en 
peult  avenir,  je  désireroys  que  nous  aydisions 
par  aultre  moyen  pour  le  moyns  enpêcber 
que  Casimir,  s'en  retournent ,  n'entre  ysi ,  et , 
pour  cet  ayfect,  je  désirerès  que  l'on  ayseyàt 
de  le  contenter  de  quelque  somme  et ,  lui  bal- 
lant, négotier  aveques  lui  pour  ayséier  de  le 
adusir^.  Je  say  bien  que  vous  me  dire  qu'yl 
n'i  a  ncul  moyeu,  et  que  tent  plus  l'on  le  re- 
cherche et  pis  yl  fest.  Je  ne  me  voldrès  endor- 
mir en  cela,  mes,  en  fesant  l'eun,  fayre  ausi 
bien  renforser  de  forses  mes  frontières  que ,  s'il 


'  L'emel,  l'aimoieul. 
'  Ha,  a. 
'  Cet,  se. 

*   Qui  lay  menel  au  y  leur  pleiré,  qu'ils  ic  mènent  où 
il  leur  plaira. 

'  Au  yl  esl,  où  il  est. 
'  Adusir,  adoucir. 


i  venoyt ,  j'euse  de  quoy  l'enpescher  sudeine- 
ment  d'entrer  enn  atendent  plus  grent  armée. 
Vous  dire   qu'il  fault   et  pour  l'eun  et  pour 
Taultre  de  l'argent  :  ynsin,  comme  en  sera,  en 
fault-i  toujour  trover;  et  il  me  senble  que  l'on 
douit  léser  toutes  aultres  chauses  pour  ynvent- 
ter  et  panser  tous  les  moyens  pour  éviter  cet 
horage;  à  quoy  je  panse  qu'yl  cerviré^  ynfini- 
ment,  cet^  je  puis  aytablir  la  pays  et  léser  le 
roy  de  Navarre  et  ceulx  de  sa  religion  ors  de 
défiense  en  quoy  l'on  lé  met,  que  le  Roy  les 
veult  tous  ruyner;  et  velà  pourquoy  je  panse 
fayre  ysi  plus  de  service  au  Roy  et  au  royaume 
que  de  ne  lui  cervir  auprès  de  lui  que  de  dire 
un  mauves  avis;  et,  voyent  les  afayres  cornent 
yl  sont,  je  croy  fermement  que  l'état  de  cet 
royaume  dépant  de  l'enlreténement  de  l'édit ,  et 
que  c'et  le  plus  grent  cervise  que  l'on  puise 
aujourdi  fayre  et  que  le  Roy,  de  son  costé, 
facet^  coment  j'é  dist,  tout  cet  qu'il  pouré,  et 
cetpendant  de  donner  quelque  contentement 
audist  Casimyr,  car  quand  yl  voyré  que  per- 
sonne ne  l'appelle  ysi  de  dedans,  je  croy  que 
ceré"  plus  aysé  à  contenter  et  qu'il  n'e'seyre- 
roit  plus  de  entrer  sans  apuis.  Je  vous  prie  le 
dire  au  Roy  et  y  panser  sau  léser  les  chauses 
en  longueur.  Quant  au  coûté  de  desà,je  suis 
re'solue,  puisque  je  y  suis  reveneue,  ne  m'en 
retourner  que  je  n'i  voy  la  pays.  Je  playndré 
infiniment  ma  pouine^  d'estre  ysi  veneue  et 
m'an  retourner  come  un  navire  désanpare',  et 
set''  Dieu  me  fayst  la  gràse  de  fayre  cet  que 
je  désire,  j'espère  que  cet  royaume  cef  sautiré 
de  mon  traval  et  que  le  repos  y  dureré,  cet 

'  Centré,  servirait. 

-  Cet,  si. 

'  Facet,  fasse. 

''  Que  ceré,  qu'il  sera. 

*  Pouine,  peine. 

'  Set,  si. 

'  Cet,  se. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


39 


que  je  prie  à  Dieu  et  qif  i  vous   aye  en   sa 

saincte  guarde. 

De   Bouicleaux  \  ce  x\ lu""  de  sebtembre 

1578. 

Lu  bien  voslre, 

Caterinb. 


'  Quand  on  sut  à  Bordeaux  que  les  reines  étaient  sur 
le  point  d'arriver  ilans  la  ville,  on  envoya  à  leur  ren- 
contre des  bateaux  richement  pavoises  pour  les  conduire 
à  Blaye.  Dès  le  i"  septembre,  le  Purlemeut  avait  dési- 
gné toute  une  députation  pour  aller  au-devant  des  prin- 
cesses :  le  premier  président,  M.  de  Lagebaston,  MM.  Sar- 
rau do  Lalande,  Jean  Lange,  Geoffroy  de  Montaigne. 
La  première  entrevue  eut  lieu  i  Mirambeau.  Le  maré- 
cbal  de  Biron,  gouverneur  et  maire,  en  l'absence  du 
roi  de  Navarre,  n'avait  fait  son  entrée  que  le  16,  pré- 
cédant la  reine  mère  de  quarante-huit  heures  seule- 
ment. Catherine  fut  reçue  assez  froidement  par  le  Par- 
lement, avec  lequel  la  cour  était  en  lutte  depuis  quelque 
temps.  Les  jurais  lui  offrirent  nn  dauphin  de  huit  pieds 
de  long,  péché  dans  la  matinée,  et  «un  pentagone  d'or 
du  poids  de  deux  marcs-i.  Elle  alla  loger  chez  le  prési- 
dent de  Villeneuve;  et,  pendant  son  séjour,  ttlit  faire 
un  règlement  concernant  le  gouvernement  de  la  ville  et 
la  nomination  des  intendants  aux  juradesn.  Elle  adressa 
de  sévères  reraonirancos  à  la  cour,  qu'elle  (it  haranguer 
par  M.  de  Foix,  puis  quitta  Bordeaux  le  1"  octobre, 
pour  continuer  son  voyage.  Toujours  à  court  d'argent, 
elle  avait  dû  emprunter  ,3,000  écus  d'or  au  président 
François  Leconite,  baron  de  Latresne,  sous  la  caution 
solidaire  de  Lansac  et  de  d'Escars.  (Archives  hist.  du  dép. 
de  la  Gironde,  t.  VIII,  p.  3^5.) 

Voir  :  Histoire  complète  de  Bordeaux,  par  l'abbé  Pa- 
trice John  0'  Reilly,  première  partie,  t.  II,  p.  3o2, 
in-8",  Bordeaux,  i86.3;  ChroiMptc  lioiirdehise ,  par  Jean 
Darual,  Bordeaux,  1666,  in-/i°,  p.  91-93;  Chronique 
Bordelaise,  par  Jean  de  Gaufreteau ,  publiée  par  la  Société 
des  bibliophiles  de  Guyenne,  Bordeaux,  Gounouiihou, 
1876,  t.  I,  p.  ao'i  ;  Histoire  du  collège  de  Guyenne,  par 
Ernest  Gaullieur,  archiviste  de  la  ville  de  Bordeaux, 
Paris,  1874,  in-8°;  Histoire  du  Parlement  de  Bordeaux , 
par  M.  Boscheron  des  Portes,  Bordeaux,  in-8°,  1877, 
l.  I,  p.  a6();  Histoire  de  Bordeaux,  par  M.-C.  Jullian, 
Bordeaux,  1895,  in-4°,  p.  38i;  et,  aux  Archives  de  la 
ville.  BB.  Registres  de  la  jurade  en  1578. 


1578.  —  ••.8  seplendjre. 
Orij;.  Bilil.  n<it. ,  Fonda  frao^-ais,  u"  15905.  T  i^ir>. 

A  MONSIEUR   DE   BELLIÈVRE. 

.Monsieur  de  Belièvre,  vous  nravez  laid 
très  grand  piaisir  de  m'avoir  esrript  et  faiet 
entendre  parPinart,  selon  l'ordre  desrhapitres 
de  vostre  mémoire,  toutes  les  parlicularitez(|ui 
y  sont  notées,  tant  de  ce  qui  s'est  passé  sur 
vostre  voyage  de  Flandres  que  de  ce  qui  vous 
est  venu  du  s"  de  Haultefort  vostre  frère,  et 
aussi  du  bon  advis  et  expédient  que  vous  me 
donnez  selon  les  propos  qui  se  sont  passez 
entre  vous  et  le  c"  d'Egmont,  à  qui  j'en  sray 
très  bon  gré.  Je  faiz  une  bien  ample  dépesche 
au  Roy  monsieur  mon  Glz  de  toutes  cboses 
qui  concernent  son  service,  tant  sur  les  points 
que  m'a  rapportés  ledicl  Pinart,  de  sa  part, 
que  sur  Testât  des  cboses  de  deçà;  mais  ce 
qui  est  principallement  requis  est  l'establisse- 
ment  de  l'édict  de  paciffication  :  aussi  y  tra- 
vaillay-je  de  deçà  et  y  laictz  tout  ce  qui  se 
peult,  y  ayant  une  très  bonne  et  asseurée  es- 
pérance; mais  il  fault  faire  en  sorte  que  le 
duc  Casimir  ne  vienne  pas  yverner  ni  à  aultre 
intention  en  ce  royaume.  Vous  avez  beaucoup 
de  moyens  de  servir,  comme  je  m'asseure  que 
ferez  et  que  n'y  obmettrez  aulcune  chose  de 
ce  que  l'on  peult  attendre  d'un  affectionné 
et  bon  serviteur  que  vous  estes.  Et  aussi  ne 
vous  ferez  plus  longue  lettre,  me  lemeilanl  au 
s'  de  Maintenon  et  à  la  résolution  que  le  Roy 
mondict  sieur  et  filz  prendra,  après  l'avoir  oy, 
sur  tous  ses  affaires,  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Belièvre,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

De  Bordeaulx,  le  xxviu"  septembre  1578. 

La  bien  vostre  ', 

Catiîri.ne. 


Ces  trois  mots  et  la  signature  sont  autographes. 


/iO 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1578.  —  :!<)  spplembre. 
Orig.  BiW.  n.nl. ,  Fomls  français,  n"  3300,7°  Ai  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils-,  suivant  ce  que  je  vous 
escripvisdernièrement,j'ay  incessamment,  de- 
puis que  je  suis  arrivée  en  reste  ville,  conti- 
nuellement  travaillé  à   pourveoir  et  donner 
ordre  à  tant  de  choses  qui  y  estoienl,  je  vous 
asseure,  très  mal,  que  j'espère  que  doresna- 
vant,  estant  suivy  ce  que  j'ay  ordonné  par 
ladvis  du  cardinal  de  Bouibon,  du  niaresclial 
de  Biron  et  des  s"  de  vostre  Conseil   estans 
icy,  voslre  service  y  .sera  beaucoup  mieulx  foict 
qu'il  n'a  esté  par  le  passé,  nonseullement  par 
vos  officiers  et  ministres,  maisaussy  par  ceulx 
du  corps  de  ville,  et  que  vous  y  serez  dores- 
navant  bien  obéi  d'ealx  tous  et  du  peuple,  que 
j'ay  trouvé  eu  tous  ces  lieux  de  deçà  vous  cstre 
très  affectionné,  espérant  qu'il  le  sera  encore 
dadvantaige,   lui  estans  toutes   occasions  de 
divisions  el  tumultes  ostées,  comme  j'ay  laid 
le  plus  dextrement  qu'il  m'a  esté  possible, 
mesme  pour  le  faict  de  la  confrairie  •*,  et  beau- 
coup d'aultres  choses  qui  y  entretenoient  la 
division,  (jue  j'ay,  a\ec  l'advis  des  dessusdiclz 
de  vostre  Conseil,  changées  et  remises,  néan- 
moings  avec  le  gré  tacite  et   contentement 
de  tous,  à  ung  bon  ordre  el  reiglement  que 

'  CV'sl  la  première  dos  lettres  de  ce  rcnieil,  pré- 
cédée du  litre  inscrit  un  folio  4o  :  wDépesclies  faicle.s 
par  la  Royne  mère  dii  Roy  au  voiaige  faict  par  elle  eu 
Guienne.  Lan,^uedoc,  Provence  el  Daupliiné  pour  Texé- 
cution  de  l'édict  de  pacilication  lait  par  le  Roy  en  l'an 
H  \°  Lxxvu ,  ayant  esté  le  dicl  voiaige  de  celte  dame  Reyne 
depuis  le  moys  d'aoust  mflxxïiu  juques  en  novembre 
mv'lxxix.h  C'est  un  beau  manuscrit  de  la  collection 
Béthnne,  n°  88o3,  du  commencement  du  xvii"  siècle. 

'  En  marge  :  ttCesle  dépesclie  a  été  envoyée  au  Roy 
par  Monsieur  de  Maintenon.n 

'  C'est  de  celle  confrérie  qu'il  est  parlé  dans  Brantôme , 
t.  III,  p.  38a,  et  t.  VII,  p.  876,  de  l'édition  Lalanne. 


chascun   en   sa  charge   tiendra    et    gardera, 
comme  ils  m'ont  tous  promis.  Et  vous  diray. 
Monsieur  mon  fdz,  en  premier  lieu  que,  pour 
ce  qui  est  du  service  de  Dieu,  j'ay,  avec  l'ad- 
vis de  mondict  cousin  le  cardinal  de  Bourbon, 
du  s"'  niaieschal  de  Biron  et  desdictz  autres 
seigneurs  de  voslre  Conseil,  si  bien  faict  que 
Dieu  sera  dévotement  honoré  et  servy  pareulx 
tous  et  chacun  en  sa  parroisse.  Je  suis  bien 
aise  que  le  sieur  de  Maintenon  soit  arrivé  ce 
matin  en  ce  lieu,  et  qu'il  ait  oy  le  sermon  que 
sur  cela    M'  Hémou  Auger  en  a  faict,  où, 
comme  vous  sçaura  bien  discourir  Maintenon , 
chacun  a  prins   très   grand   plaisir  de  veoir 
que  le  grand  chemin  soit  ouvert  à  suivre  ce 
qui  est  du  service  de  Dieu  et  de  l'obéissance 
qui  vous  est  deue,    sans  y  plus  mesler  les 
choses  qui,  soubs  prétexte  de  bien ,  apportoient 
souvent  de  grands  désordres.  Le  livre  de  la- 
dicte  confrairie  m'a  esté  remis  entre  les  mains 
volontairement,  et  tout  ce  qui  en  resloil,  que 
je  vous  envoie   par  ledict  s'  de   Maintenon, 
oullre  ce  que  je  baillay  avant  hier  à  Madame 
de  Joyeuse.  Et  vous  diray  aussy  que,  ayant 
congneu  et  veu  à  l'œil,  es  lieulx  où  j'ai  passé 
du    ressort  de   ce  Parlement,  beaucoup   de 
j;rands  désordres  qui  se  faisoient  par  ceulx  de 
la  justice,  mesnics  paraulcuns  des  principaux 
dudict  Parlement ,  j'assemblay  hier  les  quatre 
présidens,  dix  conseillers,  vostre  procureur 
"énéral  et  l'advocat  aussy,  en  la  présence  de 
la  royne  de  Navarre  voslre  sœur,  de  mondict 
cousin   le  cardinal   de  Bourbon    et  desdicts 
autres  de  vostre  Conseil.  J'ay  faict  sommaire- 
ment entendre  le  mauvais  debvoir  qu'ils  fay- 
soient  en  la  justice,  lesplainctes  que  Ton  m'a- 
voit  faictes  à  l'encontre  d'eulx  des  désordres , 
abus,  grandes  malversations  et  concussions, 
qui  se   commetloient  journellement  par  aul- 
cuns  d'eux  en  sadicte  Court;  et  ayant  remis  à 
mon  cousin  le  s'  de  Foix  à  leur  déduire  plus 


M'.TTRF.S  DE  CATHERINE  DE  MÉDICFS. 


41 


amploment  ce  que  j'en  ;ivois  veu  et  appris, 
la  cliarjje  que  vous  m'avez  donnée  et  la  dëii- 
be'ratioa  où  vous  estiez  de  les  changer  et  sus- 
pendre, s'ils  ne  corrigeoient  et  pugnissoient 
tels  abus  et  nieschancelcz,  ic  s''  de  Foix  s'en 
est  si  dignement  et  si  éloqueminent  acquitte', 
leur  ayant  très  bien  représente'  ce  qui  est  de 
leur  debvoir  et  touché  particullièrement  et  si 
amplement  les  pointz  ipie  je  lui  avois  som- 
mairement déclarés,  que  je  vous  puis  dire  qu'il 
ne  le  pouvoit  mieuLx  et  que  j'espère  que  cela 
servira  grandement  à  vostre  service;  aussi, 
s'ils  ne  satisfaisoient  entièrement  à  tout  ce 
qui  leur  en  a  esté  dit  et  commandé,  qui  n'est 
enfin  que  ce  qu'ils  doibvent,  je  leur  ai  bien 
prorais  que  vous  ne  fauldriez  pas  de  le  leur 
faire  sentir,  comme  aussv  laut-il  l'aire  dire 
que,  s'ils  l'ont  leur  debvoir,  comme  ils  sont 
tenuz  à  la  descliarge  de  vostre  conscience  et 
de  la  leur,  vous  les  sçaurez  bien  maintenir  en 
la  dignité'  el  lieu  que  vous  leur  avez  donnés. 
Je  vous  diray  aussy  que,  pour  rendre  et  laisser 
du  tout  reste  ville  au  chemin  de  repos  et 
tranquillité,  j'ai  faict  l'aire  ung  reiglenient 
et  estably  ung  Conseil ,  par  i'advis  de  tous  les 
seigneurs  dessusdictz ,  tel  que  vous  verrez  par 
le  double  que  je  vous  en  envoie,  suivant  le- 
quel le  sieur  de  Lanssac  (qui  vous  a  très  fidel- 
lémenlservy.  depuis  qu'il  esticy)  et  les  maires 
et  juratz  sont  reiglez  en  sorte  que,  faisant, 
selon  icelluv,  chacun  ce  qu'il  doibl,  toultes 
choses  demeureront  à  repos,  et  ne  s'y  peult 
arriver  aulcun  trouble  ny  inconvénient  que 
souddain  il  n'y  soit  aisément  pourveu,  quand 
chacun  observera,  comme  j'espère,  ce  qui  est 
porté  par  ledict  reiglement;  mais,  si  vous 
m'en  croiez,  vous  en  retirerez,  d'icy  à  quelque 
temps,  le  s''  de  Lanssac  el  lui  donnerez  ailleurs 
quelque  honnesle  récompense  qu'il  mérite 
bien,  car  il  vous  est  très  hdèle  et  alfectionné; 
et  de  luy  mosme,  pour  le  désir  que  jav  con- 

'. iTiii:nnE  de  Médicis.  —  vi. 


gneu  qu'il  a  (jue  vostie  service  aille  bien,  il  a 
vouliu  remettre,  en  la  présence  des  seigneurs 
dessus  dirts  de  vostre  Conseil,  sa  charge  en 
mes  mains,  ce  ([ue  je  nay  vouliu  néanmoings 
accepter  jus(|ues  à  ce  que  je  vous  en  eusse 
adverty.  Au  contraire,  luy  ay  cominandi!  de 
continuer,  suivant  ledict  reiglement,  à  vous  y 
faire  service,  comme  il  m'a  asseuré  qu'il  fera 
jusques  à  ce  quej'ave,  sur  ce,  de  voz  nou- 
velles, vous  priant.  Monsieur  mou  fils,  d'ad- 
viser  à  la  récompense  honneste  que  vous  luy 
ferez,  luy  donnant  quelque  bonne  charge,  eu 
égard  aux  services  de  feu  son  père,  considéré 
aussy  qu'il  est  gendre  d'un  de  voz  vieulx  bons 
serviteurs  et  que,  de  lui-mesme,  il  est  très 
enclin  et  bien  affectionné  à  vostre  service,  esti- 
mant ,  quant  à  moy,  (|u'ilsera  beaucoup  meil- 
leur que  doresnavanl  le  séneschal  face  ce  qui 
est  entièrement  de  son  office  en  ceste  ville  et 
en  la  séneschaussée,  et  ce  sera,  comme  il  vous 
a  esté  quelquefois  proposé,  remettre  en  ces 
estats  l'ancienne  forme  :  aussy,  à  la  vérité,  n'y 
est-il  point  besoing  d'aultre  gouverneur  que 
ledict  séneschal;  estant  aussy  d'advis  que, 
pour  quelque  temps,  vous  faciez  en  sorte  que 
six  ou  sept  personnes  qui  sont,  ce  semble,  par 
trop  passionnées  les  ungs  à  ung  party,  les 
aultres  à  l'aultre  en  ladicte  ville,  s'en  absen- 
tent. Je  vous  envoyé  les  noms,  quy  sont  en 
ung  petit  mémoire  qui  sera  enclos  en  ceste 
lettre,  et  suis  d'avis  que  vous  leur  escripviez 
à  chacun  une  lettre.  Le  premier  nommé  au- 
dict  mémoire  doibt  partir  d'icy  mardy  pro- 
chain pour  aller  en  la  maison  de  son  nepveu , 
où  il  doibt  faire  quelque  séjour.  Celluy  qui 
est  suivamment  escript  audict  mémoire  voul- 
dra  bien,  à  mon  advis,  aller  jusques  à  la 
court  vous  ti'ouver  pour  vous  rendre  compte 
de  sa  charge  :  au  moiugs  me  souviens-je  qu'il 
vous  a,  il  y  a  ([uelipie  temps,  escript  qu'il  le 
désiroit,  cl,    s'il  avoit  changé  d'oppinion   et 


lumiucnic    FATIOHitt. 


42 

qu'il  ne  voullut  plus  partir  d'icy,  il  fault,  s'il 
vous  plaît,  que  par  vostre  lettre  il  cognoisse 
que  désirez  que  sans  excuse  il  vous  aille  trou- 
ver. Les  quatre  aultres  ne  seront  pas  beaucoup 
incommodés  d'aller  jusques  à  Fontainebleau 
et  à  Paris ,  oii  ils  vous  trouveront  et  pourront 
suivre  quelques  jours,  et  après,  parlant  à  eux 
séparément,  car  ils   sont,  à  ce  que  l'on  m'a 
dict,  de  diverses  humeurs,    leur  direz,  s'il 
vous  plaist,  le  désir  que  vous  avez  qu'ils  se 
conforment  à  vostre  intention  ,  qui  est  de  veoir 
vostre  ville  de  Bordeaux  en  parfaict  repos  et 
tranquillité,  et  que  voulez  aussy  que  vostre 
édict  depaciffication  soit  inviolablement  gardé 
par  tout  le  royaume,  ce  que  vous  avez  bien 
voullu  dire   de  vostre    propre   bouche,  affui 
qu'ils    ne  le  puissent   ignorer.  H  y   a   aussy 
Lange  que  congnoissez,  qui  désire  se  retirer 
de  cette  ville.  Je  vouldrois.  Monsieur  mon  filz , 
qu'il  eust  quelque  moien  ailleurs.   Il  parioit 
d'ung  des  oflSces  de  présidens  nouvellement 
érigés  à  Rouen;  mais  je  remets  à  vostre  pru- 
dent advis   d'en  faire  comme  il  vous  plaira; 
quanta  l'advocat  du  Sauit,  il  estsy  turbulent, 
comme  j'ai  certainement  sceu,  qu'il  ne  faut 
pas  qu'il  revienne  plus  en  cestedicte  ville,  si, 
tost  après,  l'on  ne  veult  y  veoir  recommen- 
cer les  mesnées  et  brigues  de  division.  Il  est 
en  commission  à  Rayonne,  d'où  je  suis  aussy 
d'advis  que  luy  escripviez  se  retirer,  car,  comme 
l'on  m'asseure,  il  commence  à  y  brouiller.  Je 
ne  veulx  aussy.  Monsieur  mon  fils,  oublier  de 
vous  advertir  comme  ung  nommé  frère  Jehan 
Darnais,  gardien  des  Cordelliers  de  ceste  ville  , 
qui  cy-debvant  fut  mis  prisonnier  par  le  nia- 
rescbal  Dampville  et  duquel  il  vous  fut  faicl 
rapport  en  ma  présence  que,  en  cette  ville, 
en  pleine  chaire  ,  il  avoit  faict  indiscrètement 
une  déduction  de  la  race  des  Roys  vos  prédé- 
cesseurs, et  debvant  moy  dict  plusieurs  atroces 
injures   contie  les  Juratz  et   principaux  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ceste  ville,  dont  ilz  ont  demandé  réparation 
et,  à  ceste  fin,  présenté  requeste,  quy  a  esté 
cause  que,  pour  ne  laisser  en  arrière  aulcune 
chose  qui  soit  pour  troubler  le  repos  de  ceste 
ville  ,  j'ay  prié  le  sieur  Archevesque  de  faire 
incontinent  sortir  de   cestedicte   ville  ledict 
cordellier,  et  en  ay  aussy  escript  au  général 
de  son  ordre.  Je  vous  envoyé  oultre  cela  ung 
mémoire,  qui  m'a  esté  baillé  par  des  per- 
sonnes d'honneur   et  véritables,  des  propos 
qu'il  a  tenuz  de  vous,  dont  il  mérite  pugni- 
tion.  Je  vous  diray  aussy  que  le  Parlement  de 
ceste  ville  m'a  faict  plusieurs  plainctes  et  re- 
monstrances  verbailes  et  par  escript  sur  cer- 
tain reiglement  par  vous  faict,  touschant  les 
chambres  de  l'Édict  :  ayant  sur  lesdictes  re- 
monstrances  faict  conférer  lesdictz  seigneurs 
de  vostre  Conseil  avec  les  présidens  d'icelle 
Court,  mais  ne  s'en  estant  peu  accorder  pour 
les  difficultés  qui  se  sont  trouvées,  aussy  que 
lesdicts  sieurs  de  vostre  Conseil  ne  voullans, 
comme  aussy  n'ay-je  voullu ,  qu'il  soit  tousché 
à  aulcune  chose  qui  puisse  contrevenir  à  vostre 
édict  de  paciffication,  pour  ne  donner  aul- 
cune occasion  à  ceux  de  la  religion  prétendue 
réformée  d'en  retarder  l'exécution ,  j'ay  advisé , 
avec   leur  advis,   de   vous  renvoyer  lesdictes 
plainctes  et  remonstrances,  que  le  président 
Nesmond  et  vostre  procureur  général  en  ladicte 
Court  vous  vont  représenter,  poury  pourveoir, 
et  qui  est  besoing  que  se  face  au  plus  tost, 
d'aultant  que  ce  différend  apporte  grand  em- 
peschement  à  la  justice,  et  travail  et  despence 
à  vos  subjectspour  le  conflit  desjurisdictions 
et  contrariété  des  arrestz  qui  interviennent; 
ne  voulant  aussy  oublier   de  vous  dire  que 
aulcuns    députiez   de  plusieurs   diocèzes    du 
clergé  de  ce  pays  de  Guyenne  m'ont  présenté 
quelques  remonstrances  et  excuses,  lesquelles 
aiant  bien  considéré,  j'ay  trouvé  estre  à  peu 
près  semblables  à  celles  qui  vous  ont  esté  cy- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


43 


devant  présentées  par  le  cierge  du  Lyoïmois; 
et  voyant  ia  conséquence  d'ycelles,  je  les  leur 
ay  iaict  rendre  sansaulcune  responce  et  sans 
m'estre  vouilu  charger  de  les  vous  envoler, 
monstrant  que  ledict  subjecl  m'en  déplaisoit. 
Touttei'ois,  j'en  ay  faict  retenir  une  eoppie  que 
je  vous  envoie,  affin  que  \ous  puissiez  veoir 
le  conteneu  d'icelles;  mais,  par  ce  que  jeu- 
tends  que  au  clergé  de  ce  pais  Ion  demande 
tout  à  ung  coup  de  fort  grandes  sommes,  et 
accumule  ou  plusieurs  années  et  de  diverse  na- 
ture de  deniers,  ensemble  qu'il  scroit  comme 
impossible  de  payer  et  satisfaire,  il  vous  plaira 
faire  adviser  comme  l'on  les  pourroit  souUagcr, 
et  par  ce  moien  retenir  d'eux  la  bonne  affec- 
tion que  je  désire  que  tous  vos  subjectz  vous 
rendent.  Il  m'a  esté  aussy  présenté  une  re- 
queste  par  ung  lieulenanl  de  Périgort,  nommé 
Pierre  Arnauld,  laquelle  je  vous  envoie,  dont 
le  contenu  m'a  esté  tesmoigné  estre  véritable 
par  personnes  d'honneur  et  qualité,  m'ayans 
asseuré  icelluy  lieutenant  estre  homme  de 
bien  et  affectionné  à  vostre  service,  et,  pour 
ce,  je  vous  prie  que,  advenant  quelque  vaca- 
tion d'office  ou  aultre  moien  de  le  récompen- 
ser, vous  vous  souveniez  de  la  prière  et  re- 
commandation que  je  vous  en  fais.  Les  maires 
et  juratz  de  ceste  ville  m'ont  aussy  présenté 
une  requeste  contenant  plusieurs  articles.  Sur 
aulcun  desquels  j'ay  faict  responco  pour  les 
satisfaire  et  contenter  aulcunement,  et  du 
reste  les  ay  remis  à  vous,  pour  leur  y  pour- 
veoir  et  faire  faire  réponce  promptement , 
quand  ils  vous  les  envoleront.  J'espère  partir 
demain  de  ceste  ville,  y  laissant  toutes  choses 
si  bien  ordonnées  que  j'estime,  comme  aussy 
font  tous  lesdicts  seigneurs,  ceux  de  vostre 
Conseil  qui  sont  icy  auprès  de  moy,  que  tout 
y  continuera  en  repos  et  union.  J'iray,  Dieu 
aidant,  ledict  jour  de  demain  coucher  à  Ca- 
daillac,  et  le  jour  d'après,  qui  sera  mardy,  j'iray 


(le bonne  heure  à  S'  Maquaire,  n'y  aiant  que 
la  rivière  de  la  Garonne  entre  ledict  S'  jMa- 
quaire  et  Langon,  où  se  doiht  trouver  le  l'oy 
de  Navarre  vostre  frère,  vers  lequel  j'ay  ren- 
voyé ce  matin  les  s"  de  Pibrac  et  de  la  Mothe 
Fénelon,  pour  luy  faire  entendre  ma  délibé- 
ration, afin  que  cejour  là  nous  nous  puissions 
veoir,  et,  dès  le  lendemain,  je  ne  fauldrai  de 
vous  faire  une  ample  despesche  du  tout. 

Cependant  je  vous  diray.  Monsieur  mon 
lils,  que  aiant  entendu  toutes  les  particuhi- 
ritez  (|ue  m'avez  escriptes  et  couimandé  à 
Pinart  me  faire  entendre,  de  vostre  part,  sur 
plusieurs  occurences  de  voz  affaires  et  service 
et  sur  ce  que  luy  a  aussy  communicqué  par 
vostre  commandement  les  s"  de  Chiverny, 
(leBellièvre,  et  de  Rambouillet,  dont  il  m'a 
fort  amplement  rendu  très  bon  compte ,  et 
considérant  aussy  le  résultat  de  ce  qui  a  esté 
advisé  sur  ce  par  vous,  je  trouve  que  ne  sau- 
riez mieulx  faire  que  d'ensuivre  et  effectuer 
ladicte  résolution,  ne  vous  en  pouvant  don- 
ner meilleur  conseil;  mais  bien  vous  diray-je 
que,  si  donnez  ordre  que,  après  la  paix  de 
Flandres,  si  la  y  font,  ou  que  durant  cest 
hivei'  que  ledict  pais  de  Flandres  est  fort  in- 
commode pour  les  gens  de  guerre ,  les  forces  du 
Cazimir  n'entrent  poincl  au  dedans  de  la  fron- 
.tière  de  vostre  royaume  pour  y  hyverner  ny 
aultrement,  croiez  que,  estant,  comme  j'espère 
(pie  sera,  que  Dieu  me  fera  la  grâce  de  bien- 
tost  mettre  toutes  choses  en  beaucoup  meilleur 
estât  par  deçà  que  ne  se  pouvoit  espérer  (|uand 
j'y  suis  arrivée,  et  dépeschant  aussi  par  vous 
des  personnes  bien  capables  par  les  provinces 
avec  amples  mémoiies  et  instructions  ,  comme 
m'a  déduict  ledict  Pinart,  et  monstre  ung  som- 
maire, aiant  tousjours,  comme  il  m'a  dict  que 
avez,  ung  très  grand  sousy  de  vos  affaires  et 
service,  j'espère  en  Dieu  que  les  mauvais  des- 
seings et  délibérations  de  ces  faiseurs  de  me- 

G. 


hk 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


nées  s'en  yront  en  fumée;  et  croiez  que  sur 
toutes  choses  il  fault  se  concerter  et  estaWir 
vostre  édiclde  pacifEcalion  par  toutes  les  pro- 
vinces de  vostre  royaulme.  Je  fais,  poui'  ceste 
occasion,  une  bien  ample  dépesclie  au  s''  ma- 
reschal  de  Cossé^,  afiBn  qu'il  y  procède  dilli- 
gemment  aux  lieux  que  vous  lui  avez  désignés , 
où,  comme  je  lui  escripls,  je  no  trouvay  pas 
qu'il  eust  faict  grande  chose,  quand  je  passay 
par  Poictiers  et  autres  lieuz  de  sondict  dépar- 
tement, où  je  trouvay  défaillir,  entre  autres 
choses,  desprestres  pour  y  restahlir  nostre 
religion  el  la  justice,  qui  ne  se  huct  du  tousl 
point.  Je  vous  prie  faire  encores  une  recharge 
aux  évesqiies  en  leur  résidence  et  les  admo- 
nester de  mestre  des  prestres  es  lieux  de  leurs 
diocèses  où  il  en  est  besoing,  et  faictes  aussy, 
s'il  vous  plaisl,  en  sorte  qu'il  aille  bientost 
tenir  une  chambre  de  Parlement  à  Poictiers  , 
en  forme  de  grands  jours,  et  vous  ferez  ung 
bien  incroiable  à  vos  subjects;  me  remeltaul 
au  surplus  au  s' deMaintenon,  je  u'estendray 
ceste  cy  davautaige,  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  filz,  vous  avoir  en  saincle  et  digne  garde. 
Escript  à  Bordeaux,  le  xxix""'  jour  de  sep- 
tembre 1578. 

Monsieur  mon  fil/,'-,  aiant  hier  soii-  eu  advis 
certain  de  la  part  du  s'  de  Joieuse^  que,  incon- 

'  Le  maréchal  de  Cossé  n'élail  pas  jeune  :  il  com- 
mandait déjà  la  place  de  Melz  durant  le  fameux  siège 
de  Chailes-Qiiint.  Il  était  gouverneur  des  duchés  d'Or- 
léans, Berry,  Maine,  Poitou,  et  venait  justement  de 
marier  sa  fille  trMagdelaine»  à  Jacques  de  l'Hospilal, 
futur  marquis  de  Choisi,  ami  fidèle  de  Henri  111. 

-  En  marge  :  trPostsc.ript  de  la  dépesche  du  \\i\'  sep- 
tembre 1578.)) 

^  Guillaume  de  Joyeuse,  père  du  fameux  Anne,  qui 
allait  devenir  beau-IVère  de  Henri  III,  avait  été  adjoint 
par  le  roi  à  l'administralion  du  Languedoc ,  pour  sur- 
veiller le  maréchal  de  Damville.  Il  avait  épousé  Marie 
de  Balarnay,  fille  de  René  sieur  du  Boui-hage,  auquel 
la  reine  écrit  fréquenimenl. 


tinant  après  la  mort  de  l'eu  Parabelle,  son 
lieutenant  à  Baucquaire,  qui  est  de  la  reli- 
gion prétendue  réformée,  s'est  retiré  dedans 
le  chasteau  avec  quelques  ungs  de  ses  soldatz 
et  a  escript  en  toute  dilligence  au  s'  de  Chas- 
tillon  assembler  incontinant  des  forces  et  aller 
audict  de  Bancaire,  qui  lui  promectoict  de 
mectre  entre  ses  mains,  et  que  ledict  s''  de 
CLastillon,  désirant  plus  que  ledict  lieutenant 
se  saisir  dudict  Baucaire,  pour  l'importance 
grande  dont  il  est  non  seuUement  pour  le 
Languedoc,  mais  aussy  pour  la  Provence  et 
Dauphiné,  auroit  incontinant  assemblé  des 
forces  de  ceulx  de  ladicte  religion  prétendue 
réformée  et  s'i  achemine  avec  des  trouppes 
qu'il  a  desja  mis  ensemble  et  qui  passèrent 
avant  hier  devant  Msmes,  et  qu'aiant  mon 
cousin  le  mareschal  de  Banville  sceu  la  mau- 
vaise délibération  dudict  lieutenant  de  Para- 
belle  et  dudict  s"'  de  Ghastillon,  auroit  faict 
ce  qu'il  auroit  peu  pour  empescher  leurdicte 
mauvaise  délibération,  estant,  comme  j'ay  en- 
tendu, la  ville  retranchée  contre  ledict  chas- 
teau; mais  que  icclluy  s'' de  Ghastillon,  assem- 
blant tousjours  des  forces,  sera  bientost  audict 
Baucaire,  si  desjà  il  n'y  est.  Et  pour  ce  que 
sans  double  cela  troublera  la  bonne  et  saincte 
délibération  que  nous  avons  pour  l'eslablisse- 
ment  de  l'édict  de  pacification,  s'il  n'y  est 
bien  tost  remédié,  j'ay  dépesche  sur  ceste  oc- 
casion l'abbé  de  Gadaigne  devers  mon  filz  le 
roy  de  Navarre,  alfin  qu'il  mande  audict  s' de 
Ghastillon  se  retirer,  séparer  lesdictes  forces 
par  luy  assemblées  et  se  départir  de  la  sus- 
dicte  délibération;  et,  si  desjà  elle  estoit  exé- 
cutée el  il  feust  dedans  ledict  Baucaire,  qu'il 
luv  commande  très  expressément  et  face  eu 
sorte  qu'il  se  retire  et  laisse  ledict  Baucaire 
en  Testai  qu'il  estoit  auparavant  es  mains  du 
sénéchal,  suivant  ce  que  vous  avez  advisé  et 
ordonné,  à  ce  que  m"a  dict  Pinart,  dès  que 


LETTllES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sccusles  la  mort  dudict  Parubcllo.  Et  affiii 
d'assister  cesl  affaire  envers  aïoiulicl  filz  le  roy 
de  Navarre  et  faire  en  sorte  qu'il  envoie  promp- 
lemeut  l'aire  ce  que  dessus  à  l'endroict  dudict 
s'  de  Cliastiilon,  j'en  escriptz  aussy  prëseiile- 
ment  aux  s"  de  Pibrac  et  de  la  Mothe,  par 
iedict  abbe'  de  Guadaigne,  à  ce  quilz  facenl 
envers  icelluy  roy  de  Navarre,  auprès  duquel 
j'espère  qu'il/,  seront  au  soir,  tout  ce  qui  sera 
possible  pour  envoyer  proinptemeut  devers  Ie- 
dict s'  de  Chaslillon  et  le  faire  retirer,  et  que 
aultrement  ce  désordre  retardera  sans  double 
le  bon  et  sainct  ouvre  <jue  nous  avons  à  l'es- 
tablisseuient  du  dernier  èdict  de  pacilHcation. 
Nous  ne  verrons  pas,  comme  je  pensois, 
eucores  pour  demain,  qui  sera  mardy,  mon- 
dicl  filz  le  roy  de  Navarre,  et  croy  que  ce  ne 
pourra  estre  que  mercredy  ou  jeudy,  à  ce  que 
m'a  dict  le  s'  de  la  Burte  qu'il  m'envoya  hier 
au  soir,  comme  vous  fera  entendre  Iedict  s"' 
de  Maintcnon,  et  le  de'sir  que  j'aurois  que 
nostre  entrevue  se  peust  faire  en  quelque 
lieu  où  il  n'y  eust  point  de  garnison,  comme 
il  y  a  à  la  RéoUe,  où  iedict  s'  de  la  Burte 
m'a  dict  que  mondict  fiiz  le  roy  de  Navarre 
se  veult  trouver.  J'ay  donne  cbarge  audict 
abbé  de  Gadaigne  et  mandé  auxdicts  s"  de 
Pibrac  et  la  Molbc  de  faire,  s'il  est  possible, 
que  ce  soit  ailleurs;  car  oultre  que  ladicte 
garnison  m'est  aucunement  suspecte,  le  capi- 
taine Fa\ns  en  est  capitaine,  (|ui  est  homme 
de  fort  mauvais  nom;  toutesfois  je  suis  ré- 
solue de  fermer  les  yeuk  à  tous  obstacles 
pour  vous  faire,  et  à  vostre  royaulme,  le  ser- 
vice que  je  voy  que  vous  est  plus  que  néces- 
saire, espérant  que,  estant  avec  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre  et  vostre  seur  et  luy  ensemble, 
que  Dieu  me  fera  la  grâce,  et  marchant  de  bon 
pied,  comme  nous  faisons,  que  toutes  noz 
bonnes  et  saintes  intentions  réussiront  à  son 
honneur  et  gloire  et  au  bien  et  repos  de  vous 


et  de  tous  voz  suhjecl/.,  ainsy  comme  j'ay  plus 
particulièrement  déclaré  audict  s'"  de  .Main- 
tenon  pour  vous  faire  entendre  de  ma  part. 


1578.  —  H  g  sei)louibrc. 

Oi-ig.   Arcli.  (le  lîayonne,  hi-rie  AA  ,  ri?(;i.slre  ao. 

A  MONSIEIR  DE  LA  HILLIÈRE, 

COlIVtB^ELI^    DE    LA    \ILLE    DE    B4ÏON:ïE. 

Monsieur  de  la  Hillière ,  je  renvoie  le  cap- 
pitaine  Lafougière  à  Bayonne ,  pour  y  servir  en 
sa  charge  selon  et  ainsi  qu'il  a  accoustumé, 
ne  i'aiant  trouvé  chargé  d'aucune  chose  par 
apparance  ou  autrement  qui  le  puisse  rendre 
coulpabie  de  quelque  faulte  au  service  d_u  Roy 
monsieur  mon  filz;  et  pour  ce  que  ce  seroicl 
acte  de  niauivais  e.vemple  faire  indignité  à 
ceux  qui  méritent  récompense  pour  avoir  bien 
servi,  je  vous  prie  qu'il  ne  se  passe  vien  par 
delà  qui  puisse  altérer  son  honneur  ou  amoin- 
drir laU'ection  qu'il  m'a  asseuré  avoir  de  fidel- 
lement  servir  le  Roy  mondict  S"^  et  filz.  N'es- 
tant la  présente  pour  autre  fin,  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  la  Hillière,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Bourdeaux,  le  xxix"  jour  de  sep- 
tembre 1678. 


Caterine. 


PlNA 


1578.  —  a 9  sepleiubie. 

Orig.  Arch.  de  Dayonne ,  série  AA ,  registre  ao. 
A  MESSIEURS 

LES  CONSEILLERS  ET  HABITANS 

DE    LA    VILLE 

DE    BAYONiSE. 

Messieurs,  renvoyant  le  cap""  Lafougère  à 
Bayonne  pour  continuer  à  seivir  fidollement 
en  sa  charge,  comme  il  s'est  trouvé  qu'il  a  faict 


46 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


jusques  à  pn'sent.  jo  l'ay  bien  voulu  aconipai- 
giier  Je  co  mot  de  lettre,  pour  vous  dire  ralTec- 
tion  qu'il  ma  asseuré  d"ea  avoir:  et  comme  il 
n'a  esté  lrouv(''  aucune  chose  contre  luy  que 
dhomme  de  bien  et  qui  a  bon  zelle  au  bien  du 
service  ilu  lîov  monsieur  mon  filz,  voilà  puur- 
quoy  je  le  vous  recommande  ;  et  prie  Dieu ,  Mes- 
sieurs, vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde. 
Escript  à  Bourdeaux,  ce  xxix""  jour  de  sep- 
tembre I  ')']^. 

CImerine. 

l'iNART. 


I.57S.  —  Soplenibre. 
Aiil.  HiM.  n;il.,  Dii|»iiy.  11    ait,  f'  J7  r\ 

Al    ROI   DE   \AVARRE\ 

MON  FILS. 

Mon  fils,  j'av  entendu  par  le  sieur  de  Pie- 
brac  ce  (|ue  lui  avez  dict  pour  response  à  ce 
que  par  luv  vous  avois  mandé  el  quant  je  lay 
tout  considéré  n'est  possible  de  prendre  neulc 
bonne  resolution  ([ue  jo  ne  parle  avec  vous  et 
vous  prie  sur  ma  parole,  el  fo\.  et  honneur 
vous  lier  de  vouloir  \enir  icy  disnei'  ou  lou- 
cher,  comme  il  vous  playra,  mes  que  je 
puisse  parler  seulement  une  heure  avecques 
vous,  pour  prendre  une  eutièri'  résolution  de 

'  La  ictdo  nV'St  point  datée,  mais  elle  est  é\-i(li?m- 
mont  de  la  fin  do  seplombie,  quelques  jours  avant  l'en- 
trevue que  la  reine  mère  raronle  dans  la  dépêche  >ui- 
vanle.  Le  roi  de  Navarre  était  resté  à  Montauban,  ne 
voulant  pas  veuir  trouver  la  reine  à  Bordeaux,  où  il  avait 
peur d'élro mai  reçu.  Il  éciivail  de  Montaubau,  le  ig  août, 
à  M.  de  Lardimalie,  gouverneur  du  comté  de  Périj.'oid  : 
(t  Deslibérant  partir  bientost  pour  aller  recueillir  la  lîoyne 
el  ma  femme  qui  s'en  vieiment  en  ce  pays,  j'ay  advisé 
de  vous  escrire  la  présente  par  le  désir  que  j'ay  d'estre 
accompajjué  de  mes  serviteurs  et  amvs,  au  nombre  des- 
quels je  vous  liens  pour  l'un  des  plus  alTectionnez.n  — 
{LeUres  tnissives  de  Ik'nri  IV,  t.  I,  i8'i3,  p.  191.) 


cet  ([ue  nous  avons  à  fayre  atiu  que  les  choses 
ne  |)reynent  plus  long  trect,  car  tant  plus  nous 
diU'érons  et  plus  les  mauvais  esprits  s'etl'orcet 
de  tormenterles  bons  et  altérer  toutes  choses, 
qui  me  faict  vous  prier  de  voulloir  que  je  parle 
à  vous  et  mestre  une  l'vn  à  tant  dallées  et  de 
venues;  et  je  prie  Dieu  cpiil  vous  assiste  et  à 
moy.  en  toutes  nos  bonnes  yntontious,  comme 
je  masseure  que  l'avez  et  aussv- 
\oslre  bonne  mère 

Caterine. 


I  57s.  —  2  octobre. 
Copie,  lîibl.  nal.,  Fonds  français,  n"  33oo ,  f'  /l'i  v". 

[AT    ROI   MONSIEUR  MON   FILS'.] 

Monsieur  iimn  filz,  suivant  ce  cpie  j.'  vous 
escri[)viz  mardy  dernier  par  le  s''  de  .Mainte- 
non,  je  vins  ce  jour-là  coucher  à  Cadaillac-  el 
hier  à  .Sainct  .Macaire,  oii  li's  s"  de  Pibrac  et 
de  la  Mothe  Féuelon,  que  j'avois  envoyi'S  de- 
vers mon  fils  le  roy  de  Navarre,  me  vindrent 
trouver  et  m'asseurer,  de  sa  part,  qu'il  nous 
vieiidroit  aujourd'huv  rencontrer,  entre  ledict 
Sainct  Macaire  et  ce  lieu  de  la  RéoUe,  en  une 
maison  seuUe,  ijuiestsur  le  chemin,  appellée 
(lastéras,  où  nous  sommes  desenduz  et  où  il 
nous  est  venu  trouver  avec,  je  vous  asseure, 
lort  belle  trouppe  de  gcntilzhorames,  qui  es- 
toient  au  nombre  d'environ  cent-cinquante 
maistres,  lort  en  ordre  et  bien  montez;  il  m'a 
trouvée  el  la  rovne  de  Navarre  vostre  soeur, 
vostre  nepveu  et  mes  cousines  les  princesses 
de  Condé  "  et  Moutpensier,  l'attendant  en  une 

'  En  marge  :  t  Envoyée  au  Roy  par  M.  l'audiencier 
Seguier.-' 

^  Cadillac,  sur  la  Garonne,  à  moitié  chemin  entre 
Bordeaux  et  la  Réole. 

'  Françoise -.Marie  d'Orléans- Longuevllle,  veuve  de 
Louis  de  Bourbon,  tué  à  Jarnac. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


salle  liauKe  de  ladicte  inaisou,  nous  ayanl 
lort  lioimestement  de  liés  bouue  yràce ,  et  ce 
semble,  de  très  grande  all'ection  et  avec  fort 
grand  aize  salué;  le  viconte  de  Tourenne  est 
entre'  avec  luv,  et  quelques  ungs  des  princi- 
paulx,  el,  après  le  bon  acceuil  que  vous  pou- 
vez bien  penser  que  nous  luy  avons  t'aicl  et 
nous  estans  entretenuz  ung  peu  de  temps  de 
propos  commungs,  nous  sommes  descenduz  de 
ladicte  salle  et  montez  eu  mou  chariot,  où  il 
est  aussi  entre'  et  venu  avec  nous  jusques  en 
ce  lieu,  faisant  tousjours,  et  nous  à  luy,  la 
plus  grande  de'monslration  d'aize  et  de  con- 
tentement qu'il  est  possible;  il  m'a  tousjours 
accompagnée  en  ma  chambre,  et  a  voulu  me- 
ner vostre  soeur  la  royne  de  Navarre^  en  son 
logis,  qui  est  de  l'autre  costé  de  la  rue,  où  ilz 
logeront  et  coucheront  ensemble;  mais,  de 
peur  de  luy  donner  peyne,  vostredicte  soeur 
n'a  poinct  esté  plus  loing  que  mondict  logis; 
et  luy,  qui  avoit  fort  grand  chauU,  et  pour  ce 
aussy  qu'il  a  faict  aujourd'huy  très  grande 
challeur,  s'est  allé  rafreschir  ;  et  madicte  fille 
et  luy  sontrevenuz  en  ma  chambre,  où  estoient 
mes  cousins  les  cardinal  de  Bourbon  et  duc  de 
Montpensier-,  avec  lesquelz  j'avois  commencé 
à  veoyr  une  dépesclie  de  mon  cousin  le  ma- 
réchal de  Dampville,  par  laquelle  il  m'escript 

'  La  roine  de  Navarre  écrit  dans  ses  Mémoires  :  «Dans 
peu  de  lemps  nous  fusmes  en  Guyenne,  où  dès  que  nous 
entrasmes  dans  le  gouvernement  du  Uoy  mon  raary,  l'on 
me  iîst  entrée  par  tout.  11  vint  au  devant  de  la  Royne 
ma  mèi:e  jusques  à  la  RéoUe,  ville  que  ceux  de  !a  Re- 
ligion tenoient  :  la  desfiance  qui  estoit  encore  alors  (la 
paix  n'estaut  encore  bien  establie)  ne  luy  ayant  peu  per- 
mettre de  venir  plus  oullre.  Il  y  estoit  très-bien  accom- 
paigné  de  tous  les  seigneurs  et  gentilshommes  de  la  Re- 
ligion en  Gascogne  et  de  quelques  catholiques.»  Edit.  de 
\a  Société  de  l'Histoire  de  France,  iSia,  p.  i58. 

'  Louis  de  Bourbon-Vendôme,  duc  de  Montpensier, 
qui  épousa  en  secondes  noces  Catherine  de  Lorraine  , 
fille  du  grand  François  de  Guise. 


/i7 

vous  avoir  aussi  faict  entendre  le  faict  de 
Beaucaire  ;  et ,  poursuivant  ce  propos  avec  mon- 
dict filz  le  roy  de  Navarre,  nous  avons  com- 
mencé à  parler  de  l'ocazion  de  noslre  voiage 
et  du  grand  et  ferme  désir  que  vous  avez  de 
l'entreténement  de  la  paix,  et  de  l'aymer  par- 
faictement,  comme  s'il  estoit  vostre  propre 
frère  et  comme  celuy  qui  est  non  seullemenl 
vostre  beau-frère,  mais  vostre  héritier  après 
vostre  frère,  monstranl,  de  sa  part,  avoir 
ung  grand  contentement  de  ces  bonnes  nou- 
velles, comme  estant  le  plus  grand  heur  qui 
luy  sçauroit  advenir  que  d'avoir  vostre  bonne 
grâce,  délibérant  bien,  à  ce  qu'il  nous  a  dict, 
de  s'y  maintenir  par  tous  les  bons  olhces  de 
très  humble  service  qu'il  vous  pourra  faire, 
en  se  conformant  à  toutes  vos  bonnes  et 
saincles  intentions,  ainsyquede  reclief  il  nous 
a  asseuré  de  bouche;  j'espère,  selon  ce  iiueje 
puisjuger  de  luy,  qu'il  servira  en  eft'ect  comme 
il  le  dict  de  parolle,  sy  ce  n'est  qu'il  soit  dé- 
tourné par  aucuns  de  la  religion  prétendue 
réformée,  qui  ont  tant  de  malice  au  coeur 
que  je  ne  sçay  encores  que  vous  en  asseurer. 
Aussy  n'est  ceste  dépesche  que  pour  vous 
donner  advis  de  nostre  première  entrevue  et 
arrivée.  J'ay  reprins  encores,  en  la  présence 
de  mesdicts  cousins  les  cardinal  de  Bourbon 
et  duc  de  Montpensier,  le  propos  du  faict  de 
Beaucaire,  et  luy  ay  dict  la  mauvaise  volunté 
dont  procédoit  le  s""  de  Chatillon,  quy  s'en  vou- 
loit  saisir,  comme  je  luy  avois  escripl  avant 
hier,  et  qu'il  verroit  encores  par  la  dépesche 
dudict  s' mareschal  Damville,  qu'il  a  ouy  lire. 
Je  luy  ay  aussy  parlé  d'une  aultre  dépesche 
que  j'ay  ce  matin  receue  du  s' de  Vezins,  séné- 
chal de  Quercy,  par  laquelle  il  a  veu  comme 
aulcuns,  qui  se  disent  de  ladicte  religion  pré- 
tendue réformée,  ont  surprins  par  escaillade 
et  se  sont  saisiz  du  chasteau  de  Mirabel  près 
Gossade,   lieu  de  grande  conséquance,   tant 


/iS 


pour  ce  'lu'il  u>l  fort  i|uc  pour  cstre  assiz,  a 
ce  que  j'av  cuteiuln,  nu  plus  fertile  pais  do  la- 
dicto  proviiu'p  di-  Quercy;  et  sy  luy  ay  repre'- 
sonté  par  iiiosine  moyen  ce  que  j'en  avois 
entendu,  qui  est  que  c'estoit  icdict  viconle  de 
Tliourcnne  qui  i'avoit  faict  faire,  ainsy  que 
cpuW  (jui  estoient  dedans  ledict  cliasleau  de 
Miraiiel  avoient  déclare'  à  ceulx  de  Mnntauban. 
(|ui  nionslroient  nestre  de  leur  intelligence, 
et  (jue,  sv  ce.  n'eust  esté  pour  la  crainte  que 
ledict  s'  de  Vezins  avoit  eue  do  contrevenir  à 
Fédicl  de  pacifficalion,  ([u'il  avoit  bien  moien 
de  mener  soiulain  le  canon  et  reprendre  le- 
dicl  cliasli'au,  mais  qu'il  avoit  seulleniont  as- 
sislé  les  pauvres  ,o[ens  de  ladiclo  ville,  qui  est 
distante  d'environ  cinquante  pas  dudict  clias- 
leau, pour  eulv  retirer  avec  leurs  biens  et 
vivres,  .le  Iny  av  aussy  parlé  du  cliasteau  de 
(laiilarjjuel  '  qui  avoit  esté  pris  par  force  ces 
jours  derniers,  par  ceulx  de  la  reli[;ion  pré- 
tendue réformée,  et  après  avoir  cruellement 
massacré  (([ui  sont  les  mesuies  ternies  que  l'on 
ni'escript)  le  s'  dudict  lieu  et  tout  enlièrement 
piilé.  Moudict  lilz  le  roy  de  Navarre  m'a  sur 
ce  respoudu  que,  pour  le  regard  de  Beaucaire, 
qu'il  a  bien  délibéré  de  faire  dez  demain 
malin  une  sy  bonne  despeschc  et  d'envoyer 
personnaige  de  lelle  créance  audicls  s"  de  Ver- 
el  de  Chastillou,  et  encores  à  quelques  autres 
de  la  religion  prétendue  réformée,  et  onltre 
cela  qu'il  escrira  aussy  aux  églises  de  Mont- 
pellier, Nismes  et  du  Hault-Languedor.  ad  ce 
que  cliascun  se  déparle  de  ladicte  enlreprinse, 
sy  tant  est  qu'il  y  enayl  quelque  une,  etqu'il 
s'asseure  (juil  sera  obéy,  ne  pensant  pas,  à 
ce  qu'il   nous  a   dict,   (]ue  les  choses  soient 

'  Sans  ilmih'  lu  château  ilo  Gailli  argués,  près  de 
Caylus  et  à  viiif;t  kilornèlros  île  Caussade,  Caylux  (Tarn- 
el-Garoniii'  ). 

-  Jacques  île  Rnçlie,  seijju.  de  Vers ,  lianm  des  Baux, 
séni.'clial  de  Beauiaire. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

telles  (jue  ion  les  m'a  faict  entendrt'.  et  a 
répliqué  deux  ou  trois  fois  au  s' de  Vallence. 
(jui   disoit    fcrnieinent  que    c'estoit,    comme 


aussy  le  pensay-je,  de  la  malice  dudict  s'  de 
Cbastillon;  et  sur  cela  ledict  s'  rov  de  Na- 
varre a  dict  (]u'il  estoit  si  jiauvre,  que  la  faim 
luv  pouvoit  faire  faire  beaucoup  de  choses; 
mais  que,  luy  faisant  quehjue  bien  et  donnant 
respict  de  .ses  debtes  payer,  pour  ce  t[ue  l'on 
lenoit  tout  son  bien  saisy,  qu'il  s'aseuroit  d'en 
faire  ce  que  l'on  vouldroict.  Il  m'a  aussy  dict 
(pie  celluy  qui  a  pris  ledict  chasteau  de  (ios- 
sade,  c'est  celluy  mesmes  qui  |)rint  naguerres 
ledict  chasteau  de  (iaillarguet,  el  que  c'est  un 
volleur  qu'il  faull  faire  chastier  exemplaire- 
ment; que,  de  sa  part,  il  escripvra  à  tous  ceulx 
des  églises  de  ce  costé  là  ,  pour  se  joindre  avec 
les  calholiipies  pour  le  prendre  et  en  faircï 
comme  l'on  a  faict  de  ce  ceulx  qu'il  avoit 
à  la  prise  dudict  chasteau  de  (laillargiiel , 
lesquelz  par  jugement  du  Parlement  de  Thou- 
louse  ont  esté  presque  tous  pcnduz.  J'ay  aussy 
commencé  à  luy  faire  congnoistre  (pi'il  fault 
(|u  il  oublve  ce  qui  pourroit  penser  avoir  esté 
contre  luv  faict  par  le  &"■  mareschal  de  Biron, 
sans  loulesfovs  luv  nommer;  car  il  fault  ([ue 
je  vous  dve,  .Monsieur  mon  lils,  que  je  ne 
penserois  pas  bien  faire  vostre  service  sy 
icelluy  mareschal  de  Biron,  (jui  est  demouré 
à  Bordeaulx  et  qui  s(;ait  mieulx  que  nul  autre 
eu  quel  estât  sont  demeurées  toutes  choses 
pour  l'exécution  de  l'édict  de  paciffication, 
nestoit  icy;  mais  il  m'a  bien  entendue  et  a 
commancé  à  dire  le  tort  qu'il  prétend  qui  luy 
a  faict;  toutesfoys  nous  n'avons  pas,  mesdicis 
cousins  les  cardinal  de  Bourbon  et  duc  de 
Montpensier  et  moy,  voulu  poulser  cela  plus 
avant,  mais  nous  délibérons  bien,  et  moy  en 
en  particullier  avec  vostredicte  soeur,  laire 
en  sorte  qu(>  cela  soit  appoincté;  aultrement 
vostre  dicl  service  ne  seroil  bien  faiit.  puisque 


LETTRES  UE  CATH 

lodicl  s''maresclial  csl  icv  Installé  vostre  lieu- 
tenant général,  où  ilf;iult  nécessairement  qu'il 
continue  pour  beaucoup  de  grandes  consi- 
dérations, que  je  m'asseure  que  sçaurez  très 
bien  considérer;  et  asseurez-vous  que  je  Ira- 
vailleray,  comme  aussy  l'eront  mestiicis  cou- 
sins les  cardinal  de  Bourbon  et  duc  de  Mont- 
pensier,  qui  le  m'ont  promis,  pour  le  renieclre 
bien  avec  mondict  filz  le  roy  de  Navarre, 
afEn  que  vostre  service  soit  mieulx  faict.  Nous 
avons  remis  à  demain  pour  recommancer  à 
regarder  à  ce  qu'il  fault  faire  pour  l'cstablis- 
sement  de  l'édict  de  pacillîcaîion;  en  quoy 
vous  pouvez  croire,  Monsieur  mon  filz,  que  je 
n'oublieray  rien  de  tout  ce  qu'il  me  sera  pos- 
sible, espérant  que  vous  y  serez  fort  fidclle- 
ment  servy,  etraoy  très  bien  assistée  par  mes- 
dicts  cousins,  et  aussy  par  les  aultrcs  s"  de 
vostre  Conseil  qui  sont  icy,  que  je  suis  bien 
d'advis  que  gratifiiez  souvent  de  lettres  qu'il 
vous  plaira  leur  escrire.  Je  serois  aussy  d'avis 
que,  par  mesme  moyen,  vous  eussiez  adverty 
ceulx  qui  doivent  aller  servir  en  vostre  Con- 
seil privé  et  d'Estat  du  temps  de  leurs  cpiar- 
tiers,  et  pareillement  aux  gentilzhommes  ser- 
vans  que  vous  avez  nouvellement  ordonnez 
pour  vous  servir  doresnavant;  car  leur  escrip- 
vant  et  les  adverlissant  de  leurs  quartiers, 
beaucoup  l'entenderont  et  ne  doubtcront  jilus, 
comme  ilz  font,  du  bel  oidre  que  vous  avez 
estably  et  du  bon  et  grand  nombre  de  no- 
blesse que  vous  hounorez  et  dont  vous  voulez 
doresnavant  vous  servir.  Croyez ,  Monsieur  mon 
fils ,  que  ces  dépêches  là  serviron  t  beau  coup  par 
les  provinces  du  royaulme,  mesme  en  ceste  ci , 
où  je  trouve  tant  et  si  grand  nombre  de  gen- 
tiizbommes,  et  tous  les  peuples,  avec  cela, in- 
finiment affectionnez  à  vous  leur  Roy,  me  fai- 
sans, pour  l'honneur  de  vous,  tant  d'honneur 
et  monstrant  de  vous  aymer  tant,  en  quoy  je 
les  fortiilîe  comme  je  dois,  en  sorte.  Monsieur 

ClTHEÎlI.NE    DE   MÉDICIS.    VI. 


£RI>iE  DE  MÉDICIS. 


.'i9 


mon  (ils,  t\uo  j'ay  très  grande  et  bonne  espé- 
rance que  mon  voiaige  sera  fort  ulille  pour  le 
bien  de  voslredict  service.  Cependant  je  vous 
envoyé  une  dépesche  que  j'ay  l'eceue  dudici 
s"'  de  S'  Gouard,  vostre  ambassadeur  en  Es- 
paigne,  (|ui  est  toute  en  chiffre,  la(|uelie  je 
vous  prie  faire  soudain  déchiffrer,  et,  après 
l'avoir  veue,  me  l'envoyer,  s'il  vous  plaist,  par 
courrier  exprès,  sy  la  chose  le  requiert,  comme 
je  le  pense,  à  voir  ce  que  ledict  s'  de  Gouard 
m'escript  et  au  s'  de  Villeroy,  comme  je  pense. 
Pour  le  personnaige  qui  est  arresti-  prisonnier 
à  Bordeaulx,  il  est  interrogé  parles''deLanssac. 
J'espère  de  faire  partir  dans  deux  jours  Roger 
et  envover  par  luy  l'interrogatoire  et  lettres 
qu'il  a  escriptes,  par  où  vous  verrez  de  grans 
indices,  voire  confession,  à  peu  près,  du  faict 
dont  il  est  chargé.  Je  ne  veux  aussy  oublier 
à  vous  dire  que  dès  hier  au  soir  à  Sainct 
Macaire,  où  me  \int  trouver  ma  cousine  la 
duchesse  de  Montpensier,  que  je  u'ay  poincl 
veue  depuis  Libourne  ,  pour  ce  qu'elle  s'estoit 
trouvée  mal  d'une  disenterye,  dont  elle  est  à 
présent  bien  guarye,  je  luy  parlny  des  ma- 
riages (jue  sçavez,  principaliement  de  celluy 
de  son  beauClz;  et  pouvez  croire.  Monsieur 
mou  filz,  que  je  n'y  obmecteray  rien  de  ce 
quy  s'y  pourra  faire,  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  filz,  vous  avoir  en  sa  sainole  et  digne 
garde. 

Esrript  à  la  Réolle,  le  jeudy  ii°  jour  d'oc- 


tobre 


78. 


Monsieur  mon  filz',  depuis  ceste  dépesche 
faicte  je  receuz  la  vostre  du  xxni°  du  passé 
par  Forget,  portant  grand  ennuy  du  mal  de 
dentz  qui  vous  continue,  et  me  semble  que 
vostre  résolution  est  très  bonne  de  n'en  plus 
faire  arracher,  mais  de  vous  purger  pour  di- 

'  En  titre  :  -rPosIscript  do  la  dppesctie  du  n' octobre 

1578. J) 

7 


50 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


vertir  et  oster  cesie  défluction.  Toutesfoys,  sy 
vous  m'en  croyez,  ce  sera  quelque  le'gière 
purgation,  comme  voz  me'decins  sçauront  très 
bien  adviser.  Je  remectois  à  vous  escriprececy 
de  ma  main,  mais  je  ne  sçay  encores  sy  je 
pourray  avoir  la  commodité  de  le  faire  ce 
soir  ou  demain  au  matin  sy  amplement  que 
je  voudrois.  Cependant  je  vous  mercye  aussi, 
Monsieur  mon  fils,  des  dépesches  que  m'avez 
envoyées  des  s"  de  Fontaines  et  de  Mauvis- 
sière,  par  lesquelles  il  y  a  grande  apparence 
que  la  paix  se  fera  en  Flandres  et  que,  sy 
vostre  frère  veult,  il  ne  tiendra  qu'à  luy  qu'il 
ne  prenne  l'occasion  (que  je  trouve  fort  à  pro- 
pos) de  se  retirer  avec  quelque  honnesie  cou- 
leur de  ces  païs-là  et  faire  eutreveue  d'entre 
la  Royne  d'Angleterre  et  luy,  s'il  a  sy  grand 
désir  au  mariage,  comme  il  a  tousjours  dict. 
Je  luy  en  escripviz  et  au  s''  de  Villeroy,  et 
bailiay  mes  lettres  au  s'  de  Mainlenon  pour 
les  vous  montrer,  et  après,  sy  le  trouvez  bon, 
les  leur  faire  tenir;  mais  c'est  le  principal. 
Monsieur  mon  filz,  que  de  faire  encore  de 
l'argent,  et  en  voz  aultres  grandz  et  impor- 
tantes affaires  ce  que  avez  sy  prudemment  ad- 
visé  et  résolu ,  comme  j'ay  veu  par  la  résolu- 
tion que  m'en  envoiastes  par  Pinart. 

Je  ne  pense  pas  que  mon  cousin  le  duc  de 
Monlpensier  puisse  aller  à  la  tenue  des  Estatz 
de  Bretaigne;  je  vous  en  ay  escript  et  des  pro- 
pos qu'en  avons  euz  pour  regarder  d'accom- 
moder le  différent  d'entre  les  s"  de  Fontaines 
et  de  la  Hunaudaye,  oiî  je  vous  prie  adviser, 
afin  que  cela  ne  préjudicie  à  voz  affaires, 
comme  sans  double  il  adviendroict,  sy  les- 
dicls  s"  de  la  Hunaudaye  et  de  Fontaines  ne 
sont  mis  d'accord. 


1578.  —  4-5  octobre. 

Copie.  Bibl.  nat.,  Fonds  français.  n'SSoo,  f^  i6  \'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS^] 

Monsieur  mon  fiiz,  depuis  la  lectre  que  je 
vous  ay  escripte  par  Seguier,  après  avoir  parlé 
à  part  dès  hier  et  aujourd'huy  à  mon  fils  le 
roy  de  Navarre  et  luy  avoyr  remonstré  et  en- 
cores faict  dire  par  ma  fille,  la  royne  de  Na- 
varre sa  femme,  tout  ce  que  j'ay  pensé  qui 
pouvoit  servir  pour  plus  aizément  l'amener 
auxdictes  choses  raisonnables,  requises  pour 
le  bien  delà  paix,  exécution  et  establissement 
de  vostre  édict  de  pacification,  et  après  avoir 
aussy  parlé  au  viscoute  de  Turenne  aux  ter- 
mes que  je  doibs  et  de  la  façon  qu'il  m'a  pa- 
reillement semblé  à  propos,  ayant  aussy  faict 
ce  que  l'on  a  peu  envers  Guitry,  sans  avoyr 
aussy  oublié  ce  qui  se  pouvoit  dire  au  sieur  de 
Grattin^,  affin  que  toutes  choses  feussent  mieulx 
disposées  pour  plus  facillement  parvenir  au 
grand  bien  que  vous  voulez  à  tous  vos  sub- 
jectz,  nous  nous  sommes,  ceste  après  disnée, 
assemblez  en  mon  cabinet,  oii  estoient  du 
commencement  mes  cousins  les  cardinal  de 
Bourbon,  duc  de  Montpensier  et  prince  Daul- 
phin,  et  aussy  les  seigneurs  de  vostre  Conseil 
qui  sont  par  deçà;  et  après  avoir  résolu  ensem- 
blement  de  parler  à  mondict  filz  le  roy  de  Na- 
varre du  s"^  mareschal  de  Biron  pour  le  recon- 
cilier avec  [lui],  nous  avons  advisé  aussy  à 

'  En  marge  :  tr Envoyé  au  Roy  par  Mons'  Roger,  valet 
de  chambre  du  dit  seigneur.?) 

2  Loiiis  du  Faur,  sieur  de  Glalteins  (quelquefois 
Gratins,  comme  dans  de  Thou),  chancelier  du  roi  de  Na- 
varre, l'rère  de  Guy  du  Faur  de  Pibrac,  récemment  nommé 
président  au  Parlement,  que  la  reine  avait  emmené 
avec  elle.  Il  y  avait  encore  trois  autres  frères  du  Faur  : 
Arnaud,  soigneur  de  Pujols;  Pierre,  abbé  de  Fayet, 
plus  lard  évèque  de  Lavaur;  Charles,  président  au  par- 
lement de  Toulouse ,  seigneur  de  Lucante ,  et  deux  sœurs. 


LETTRES  DE  GATH 

quoy  nous  commencerions  pouf  cntror  en 
Teffect  de  mon  voiai;;o  et  ostablissemenl  de 
vostre  édict  de  pacilTicalion.  Lors  est  entrée 
ma  fille  la  royne  de  Navarre,  qui  a  veu  prendre 
la  susdicle  n-solulion  entre  nous;  eu  quoy  elle 
a  monstre  désirer  vosli'e  volonté  et  la  mienne, 
comme  aussy  ne  doublè-je  pas  qu'elle  n'ayt 
faict  et  face  ce  qu'elle  a  peu  envers  sonmary 
pour  l'y  bien  disposer.  Toutesffoys  elle  faysoit 
difficulté' sur  le  désir  que  j'ay  que  ledict  sieur 
mareschal  de  Biron  vienne  icy  (d'aultant  que 
nul  de  tous  ceuk  qui  sont  pardeçà  ne  sont 
si  capables  à  beaucoup  près  tous  ensemble 
de  ce  qui  a  esté  faict  depuis  l'edict  de  pacif- 
ficalion,  pour  commancer  à  l'exécuter,  que 
des  choses  advenues  depuis  où  l'on  prétend 
contravencion,  et  aussy  les  particullaritez  de 
ce  qu'il  fault  et  est  besoing  de  fayre  suivant 
lediel  édict  pour  l'exécuter  et  establir  d'une 
part  et  d'aullre),  nous  disant  madicte  fille 
qu'elle  craignoil,  selon  ce  qu'elle  jugeoit  de 
ceulx  de  la  religion,  qu'il  n'y  eust  pas  seureté 
pour  luy;  mais  ayant  sur  cela  dicl  ce  qu'il 
me  sembloil  à  propos  et  que  pour  ledict  sieur 
de  Biron  qu'il  n'avoil  rien  faict,  à  ce  que  je 
pouvois  cognoistre,  qu'il  ne  deust  fayre  et  que 
c'estoit  pour  vostre  service,  dont  mondictfilz, 
le  rov  de  A'avarre  et  ceulx  de  la  religion  pré- 
tendue réformée  ne  luy  en  dévoient  sçavoir 
mauvais  gré,  elle  et  mesdictz  cousins  ont  esté 
tous  de  ceste  même  opinion.  Toutesffois,  estant 
entré  sur  cela  mondict  filz  le  roy  de  Navarre 
aveeques  nous,  et  après  l'avoyr  prié  fayre 
entrer' ceulx  de  son  Conseil  qu'il  vouldroil, 
aiant  appelle  avec  luy  ledict  sieur  de  Turenne, 
sondiet  chancellier,  Guitry  et  Segur,  je  luy 
ay,  en  la  compaignye  dessusdicts,  dict  que, 
pour  commancer  nostre  bon  œuvre,  j'estois 
d'advis  que  nous  accordassions  premièrement 
que  tout  ce  qui  avoil  esté  faict  pour  l'exécu- 
tion de  l'édict,  où  il  n'avoit  rien  esté  depuis 


ERINE  DE  MÉDICIS.  51 

innové,  demeureroit  foict;  et  passant  plus 
oultre,  que  le  second  article  que  nous  dcbvions 
faire,  suivantceque  nous  avions  si  longuement 
débatu  entre  luy  et  moy  hier  et  aujourd'hui 
malin,  estoit  de  faire  remectre  incontinent  les 
villes,  chasteaulz,  et  autres  places  où  il  avoit 
esté  innové  au  préjudice  de  l'édict  de  paciffi- 
cation,  ainsy  comme  elles  csloient  auparavant; 
et  qu'il  falloit  que  cela  se  l'eist  l'un  avec 
l'aullre  et,  comme  l'on  dict,  en  baillant,  pour 
osier  toutes  doubtes,  ayant  à  ce;  propos  re- 
monstré  comme  il  n'y  avoit  personne  qui  fut 
plus  capable  de  tout  que  ledict  sieur  mares- 
chal de  Biron,  et  que  partant  je  désirois  qu'il 
nous  vint  ayder;  sur  quoy  vostredict  frère, 
le  roy  de  iNavarre,  s'est  premièrement  mis, 
pour  le  regard  dudict  sieur  de  Biron,  aulcune- 
ment  en  colère,  disant  fort  asprement  le  tort 
qu'il  luy  avoit  faict,  ne  se  pouvant  garder  d'en 
parler  aigrement,  quelque  chose  que  je  luy 
disse  pour  l'aduulcir  des  considérations  qu'il 
debvoit  avoyr  et  de  l'asseurance  (jue  je  le 
priois  de  prendre  que,  tout  ainsy  qu'il  a  esté 
cy  devant  son  serviteur,  l'estant  premièrement 
(le  vous.,  il  le  seroit  encores  aussi  alfectionné 
(ju'il  fut  oncques,  avec  toutes  les  autres  choses 
que  jay  pensé  pouvoir  servir  pour  dès  à  ceste 
heure  nous  accorder  de  mander  et  fayre  venir 
ledict  sieur  de  Biron;  niays  je  n'ay  peu  en- 
cores du  tout  gaigner  cela  sur  luy,  qui  nous 
a  aussy  fort  opiniastré  qu'il  failloit  remectre 
principallemeni  Agen  et  les  aultres  villes  en  tel 
estât  qu'elles  estoient,  quand  l'exécution  de 
l'édict  a  esté  interrompeu ,  et  qu'il  y  peust  aller 
et  venir  seurement,  comme  il  y  vouloit  aller, 
et  puis  que,  de  sa  part,  il  feroyt  aussy  ce  qu'il 
debvoit  pour  ce  qui  estoit  de  ce  gouvernement 
(le  Guienne  seullement,  et  non  pour  Langue- 
doc et  les  autres  provinces;  car  en  chascune 
d'icelles  il  disoit  y  devoir  estrc  lenuz  divers 
moiens.  Je  luy  ay  replic(iué  sur  cela,  comme 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


52 

aussy  ont  [l'aict]  mesdiclz  cousins  les  cardinal 
de  Bourbon,   duc  de   Monipensier  et  prince 
Dauiphin,  et  aussy  chascun  desdictz  sieurs  de 
voslre  Conseil,  que  j'avoys  nommément  ad- 
vertvs  que  mon  intention  n'estoit  pas  de  fayre 
oster  la  garnison  d'Agenny  d'ailleurs,  ny  de  rien 
rendre  de  noslre  coste'  que  à  l'iuslaut  mesnies 
moudict  fiiz  le  roy  de  Navarre  ne  nous  fciist 
aussy  restituer  de  ce  que  ceulx  de  la  religion 
prétendue  réformée  avoyent  pris;  mais  voyant 
qu'il  demeuroit  tousjours  aucunement  entier 
en  la  résolution  que  je  croy  qu  il  avoit  prise 
avecques  les  siens,  dont,  à  mon  advis,  aulcuns 
d'eulx  ne  désirent  guères  la  paix,  nous  avons 
advisé  d'un  commun  accord   que  les  sieurs 
de  Vallence  et  de  Foix,  de  Pibrac,  de  Sainct 
Sulpice,  d'Escars  et  de  La   Mothe-Fénelon 
pour  vous,  et  les  sieurs  vicomte  de  Turenne, 
Gratin,  son   chancelier,  Montguion,  Guitry, 
Luzignan   et   Segur   Perdillan,    qui  sont  six 
d'une  part  et  d'aultre,  s'assembleront  dès  de- 
mayn  pour  dresser  les  mémoyres  et  articles 
de  ce  qui  se  debvra  fayre,  lesquelz  ilz  nous 
feront  après  veoyr  et  accorder  ce  que  verrons 
estre  raisonnable  pour  parvenir  au  bien  que 
nous  désirons;  en  quoy  vous  pouvez  estre  as- 
seuré.  Monsieur  mon  filz,  que  j'auray  si  soi- 
gneusement l'œil  que  vous  y  serez  scrvy  selon 
le  moien  qu'il  y  aura  le  plus  advautageuse- 
ment  au  bien  de  voz  affaires  qu'il  sera  po!^- 
sible,  etvous  donneray  advis  journellement  de 
ce  qui  se  fera.  Cependant  nous  avons  arresié 
que,  suivant  la  résolution  qui  fut  prinse  dès 
hier  avecques  mondict  filz  le  roy  de  Navarre, 
comme  je  vous  ay  escript  par  ledict  Seguier, 
le  sieur   de  Constans  partira  demain  matin 
sans  plus  de  retardement,  avec  lectres  fort  ex- 
presses aux  sieurs  de  Thoré  et  de  Chaslillon , 
pour  les  fayre  despartir  de  l'entreprinse  de 
Beaucaire;  et  par  mesme  moien  mondict  lilz 
le  roy  de  Navarre  escripra  et  mandera  par  le 


sieur  de  Constans  à  ceulx  de  Montauban  et 
aultres  de  leur  party  de  ce  costé  là  de  se  join- 
dre au  sieur  de  Vezins,  séneschal  de  Ouercy, 
pour  prendre  par  force  celuy  qui  a  surprins 
le  chasteau  de  Mirabel ,  qui  a  desjà  en  partie 
pris  et  pillé  le  chasteau  de  Cauquel  '  (sic)  et 
inhumainement  tué  le  seigneur  dudict  lieu. 
Mondict  filz  le  roy  de  Navarre  monstre  par  ses 
paroUes  de  désirer  la  pugnicion  de  telles  gens , 
qu'il  dict  estre  tous  volleurs,  et  qu'il  se  fault 
joindre   pour  les  chastier;  en  quoy,  comme 
vous  pouvez  penser,  je  le  seconde  et  fortiffye 
en  ceste  bonne  opignion  aultant  qu'il  m'est 
possible;  car  aussy  est-ce  une  des  choses  qu'il 
fault  aultant  exactement  fayre,    afin  de  re- 
mectre  la  dignité  de  vostre  justice,  par  le  moien 
de  laquelle  Dieu  nous  fera  la  grâce  que  vous 
serez  parfaictement  aymé,  honnoré  et  obéy. 
Je  me  délibéroys  d'aller  à  Thoulouse,  pour  y 
fayre  le  bon  effecl  que  je  vous  ay  escript  de 
ma  main  pour  voslre  service;  mais  encores 
que  voslredict  frère  le  roy  de   Navarre  eust 
bien  voulu  que  je  y  feusse  allée  premier  que 
rien   commanccr   de    noz   affayres   pour   luy 
donner  loysir  dépenser,  de  sa  part,  ausdictes 
choses  qu'il  a  à  reraonstrer,  sy  pouvez-vous 
estre  asseuré  que  je  ne  me  hasteray  pas  que 
je  ne  voye  icy  les  choses  au  train  que  je  dé- 
sire pour  le  bien  de  vostre  service  et  vostre 
contentement,  afiin  que  de  mesmes  je  puisse, 
s'il  est  possible,  fayre  fayre  par  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre  ce  qui  est  nécessaire  en 
Languedoc  et  aux  aultres  provinces  de  vostre 
royaume  pour  le  bien  de  la  paix,  exécution 
et  eslablissement  de  vostre  édict;  en  quoy  je 
prévoys  qu'il  y  aura   beaucoup  de  peynes, 
pour  plusieurs  raisons  que  je  réserve  à  vous 
dire,  quand  j'auray  ce   bien  de  vous  veoyr; 
mays  vous  pouvez  croyre,  Monsieur  mon  filz, 

'  Peul-oli-e  Cailliavcl. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


que  je  n'eu  obniectray  rien  de  ce  qu'il  a  pieu  à 
Dieu  me  donner  de  sens  el  de  jugement  et  de 
la  dilligence  qui  s,'  pourra.  Je  vous  asseure  que 
je  voy  bien  aussy,  pour  certaines  raisons  que 
je  réserve  aussi  à  vous  dire,  qu'elle  y  est  très 
requise  et  que,  si  on  laisse  tempnrizer  l'exe'cu- 
tion  de  vosliedict  édict,  il  adviendra  beaucoup 
degrandsinconveniensà  voz  alTaires  el  service, 
vous  priant,  Monsieur  mon  fiiz,  de  fayre  en 
sorte  que  vous  puissiez  bien  elFecluer  ce  que 
avez  advisé,  selon  que  j'ay  veu  par  le  som- 
maire re'sultat  que  m'envoiasLes  par  Piuarl.  Je 
m'asseure  qu'avec  l'ayde  de  Dieu,  qui  ne  nous 
a  jamays  délaissez  et  qui  vous  assistera,  s'il 
iuy  plaist,  tousjours  en  vos  bonnes  el  sainctes 
dellibéracions,  vous  surmonlerez  tous  les  ar- 
tiffices  dont  Ion  use  pour  vous  remcclre  à  la 
guerre  et  pour  troubler  voz  afl'ayres.  J'ay  veu 
et  bien  considéré  l'extraict  de  la  lectre  inter- 
ceptée, dont  esloyt  porteur  un;;  lacquais.  J'ad- 
jolncls  cela  avec  le  voiaige  de  Clervant,  et  vous 
asseure  qu'il  y  a  grande  aparence  que  les 
principaulx  de  la  religion,  mesmes  celluy  à 
qui  estoyt  adressante  ladiete  lectre,  adhèrent 
au  conseil  qui  leur  est  donné  par  icelle;  et, 
s'ilz  peuvent,  ilz  iéront  ce  qui  est  contenu  en 
ladiete  lectre;  mais  il  fault  que  mectiez  plus 
après  pour  destourner,  s'il  est  possible,  le 
Cazimir  de  ceste  délibéracion,  en  Iuy  faisant 
paier,  lorsqu'il  aura  licencié  ses  troupes,  la 
somme  qu'aviserez  sur  ce  qui  Iuy  est  deu, 
comme  ledict  Pinart  m'a  dict  aussy  qu'avez 
advisé  de  fayre;  mays,  si  du  premier  coup 
cela  Ile  s'est  négocié,  il  fault  persévérer  el 
chercher  divers  moien  envers  ledict  Cazimir 
ou  ses  colonels  et  reistres  mestres.  Je  n'ay 
pas  failly  aujourd'huv  de  fayre  bien  à  propos 
congnoistre  à  mondicl  filz  le  roy  de  Navai're 
que  nous  sçavions  bien  ce  que  s'estoit  du 
voiaige  dudict  Clervant,  et  les  poursuictes  et 
menées  qui  se  faisoient  pour  fayre  rentrer  les 


estrangers  en  ce  royaume,  et  (ju'il  sem])loyl 
qu'ilz  me  voulussent  mener  à  la  longue, 
comme  s'ilz  en  attendoient  nouvelles  de  leurs 
négociateurs,  mais  que  vous  aviez  si  bien 
pourveu  à  ce([ue,  si  lesdictz  estrangers  et  les 
François  de  ladiete  religion,  qui  sont  en  l'^lan- 
dres,  vouloient  entreprendre  de  rentrer  en  ce 
royaulme,  ilz  s'en  repentiroient;  iuy  ayant 
aussv  bien  faict  congnoistre,  en  présence  de 
la  compagnie  dessusdicte,  qu'il  scroit  le  pre- 
mier qu'ilz  priveroient  de  la  dignité  et  lieu 
qu'il  a  en  ce  royaulme,  s'ilz  y  avoient  mis  le 
pied  ferme,  comme  ilz  vouldroientbien.  Cela 
Iuy  fera,  à  mon  advis,  penser  comme  aussy 
doibt-il  fayre.  Je  ne  Iuy  ay  pas  encores  parlé 
de  la  leclie  qu'il  a  escripte  à  Don  Sancho  de 
Leyva,  viceroy  en  Navarre,  et  des  visi talions 
qu'a  envoyé  fayre  en  Espaigne;  [quand]  je  le 
trouveray  à  propos,  je  Iuy  en  diray  ce  que  j'ay 
bien  pensé  qu'il  Iuy  fault  dire,  et  puis  vous  en 
escripray  sadicte  réponse,  ayant  esté  cepen- 
dant très  bien  faict  à  vous  d'avoir  escrij)l  au 
sieur  de  Saioct  Gouard  ce  que  luv  avez  sur 
ce  mandé,  comme  j'avoys  desjà  faict  sur  la 
mesme  occasion  quej'étois  à  Bordeaulx  et  que 
je  sceu  cecy  par  le  sieur  de  Maintenon,  qui 
vous  aura  aussy  baillé  ung  mémoyre  touchant 
le  Portugal.  Quant  à  ce  que  m'avez  escript 
de  l'eslat  en  quoy  sont  à  présent  les  alfayres 
de  mon  filz ,  vostre frère ,  ducosté  de  Flandres, 
vous  sçavez  combien  me  touche  fort  au  cueur 
le  regret  que  j'ay  de  le  veoyrsi  mal  conseillé; 
mais  ce  Iuy  seroit  une  belle  occasion,  comme 
vous  dictes  très  saigeraent  par  la  lectre  que 
m'avez  escripte  du  xxvii'  du  passé,  qui  est 
la  dernière  que  j'av  receue  de  vous,  qu'il  s'en 
retirast  soulz  l'honueste  couUeur  des  propos 
de  mariaige  si  advancez  entre  la  royne  d'An- 
gleterre et  luv,  qui  néantmoings  doibt  bien 
penser,  avant  (jue  d'entreprendre  de  passer  en 
Angleterre,  le  danger  où  il  se  mecteroil  si 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


premièrement  les  asseurances  ne  vousesloient  1 
données  pour  luy  par  ladicte  royne.  J'en  ay  \ 
escript  à  Villoroy'  aSin  que,  le  persuadant 
audict  mariage  et  luy  faisant  ouverture  de  la- 
dicte belle  occasion,  il  fasse,  s'il  a  délibéré  de 
passer  en  Angleterre,  que  ce  soit  avecques 
seuretés  bonnes  et  honnorables.  Voylà,  Mon- 
sieur mon  Clz,  ce  que  j'ay  à  vous  dire  pour 
ceste  heure  et  qui  mérite  de  vous  escripre; 
aussy  n'estenderay-je  ceste-cy  que  pour  prier 
Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  la  RéoUe,  le  samedy  au  soyr 
jijjemc  octobre  1578. 

Monsieur  mon  filz,  depuis  ma  première 
lectre  escripte-,  ayant,  avant  mon  couscher, 
parlé  à  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  au  vi- 
conte  de  Turenne  des  mémoires  du  sieur  de 
Clervant,  et  aussy,  de  la  iectre  interceptée, 
prise  auprès  de  Parts  à  ung  lacquais,  de  la- 
quelle m'avez  envoyé  le  double,  et  leur  ayant 
aussy  dict  ce  qu'il  m'a  semblé  estre  à  propos 
pour  cest  effect,  pour  faire  congnoistre  à  mon- 
dicl  filz  le  roy  de  Navarre  que  la  mauvaise 
intention  du  duc  Cazimir'  et  de  ceulx  qui  luy 

'  La  letlre  de  la  reine  mère  à  Villeroy  ne  s"est  pas 
retrouve'e.  —  Voir  sur  les  négociations  avec  l'Angleterre, 
au  sujet  du  duc  d"Anjou ,  les  Mémoires  de  Casteinau  et  le 
livre  de  M.  H.  de  la  Perrière  :  Les  projets  de  mariage  de 
la  reine  Elisabeth,  18S3,  Calmann-Lévy,  in-19. 

-  C'est  une  sorte  de  post-scriptura ,  qui  porte  en  marge  : 
«Envoyée  au  Roy  par  ledit  Roger. 71 

'  La  reine  mère  se  souvenait  des  maux  qu'avait  causés 
en  France  l'invasion  des  Allemands,  commandés  par 
l'électeur  palatin  Jean-Casimir  de  Ravière  et  par  Cler- 
vant. Arrêtés  un  instant  à  Dormans  par  le  jeune  duc  de 
Guise,  ils  continuèrent  à  ravager  toute  la  Reauce,  le 
Gâtinais,  la  Champagne,  jusqu'à  ce  honteux  traité, signé 
avec  Casimir  à  Étigny,  le  6  mai  1676,  qui  imposait  tant 
de  sacrifices  à  la  royauté.  Voir  L'Expédition  des  Allemands 
en  France  au  mois  d'octobre  iSyS,  par  G.  Raguenault 
de  Puchesse.  Orléans,  H.  Herluison,  i886,  in-i°. 


adhèrent  en  ce  royaume  n'est  pas  seullement 
contre  vous  et  vostre  frère  le  duc  d'Anjou, 
mais  aussv,  estant  ce  qu'il  est,  contre  luy- 
mesme  et  les  autres  princes  du  sang,  et  aussy 
contre  la  principalle  noblesse  de  ce  royaulme, 
je  me  suys  estendue  à  luy  desduire,  princi- 
palletnent  audict  viconte  de  Turenne  pour  le 
fayre  entendre  audict  roy  de  Navarre  que,  par 
ce  que  je  veoys  du  contenu  en  ladicte  lectre 
interceptée,  ilz  faisoient,  sans  le  penser  formel- 
lement, contre  eulx  mesmes,  comme  désiroit 
ledict  duc  Cazimir.  Ledict  viconle  de  Turenne, 
dez  hier  au  soyr,  comme  je  lui  disois  ce  que 
j'estimois  à  propos  du  contenu  au  papier  du- 
dict  sieur  de  Clervant  et  de  icelle  lectre  in- 
terceptée, me  pria  les  luy  laysser  pour  les 
monstrer  à  mondict  filz  le  roy  de  Navarre; 
mays  je  pensay  qu'il  estoit  plus  à  propos  de 
différer  jusques  à  ce  matin  que  mondict  filz, 
le  roy  de  Navarre,  après  avoyr  dès  hier  soir, 
sur  son  coucher,  [sceu]  dudict  viconte  ce  que 
je  luy  avoys  faict  voyr  et   dict,    m'est  venu 
trouver  de  très  bon  matin,  comme  s'il  avoyt 
bien  la  puce  en  l'aureille  décela,  dont  je  luy 
ay  de  rechef  dict  la  substance  qui  l'a,  à  le 
veoir,  estonné,  disant  tousjours  qu'il  ne  pou- 
voit  penser  que  ledict  Clervant  eust  faict  telle 
négociacion,  et  que  ladicte  lectre  interceptée 
estoit  une  chose  faulce  et  que  l'on  avoit  par 
artifice  faict  tomber  en  voz  mains,  dont  je  ne 
le  veux,  croire,  l'estimanl  bien  assez  fin  pour 
me  prester  ceste-là  ;  et  m'a  fort  instamment 
prié  luy  bailler  le  double  de  ladicte  lectre  in- 
terceptée, ce  que  j'ay  faict,  après  en  avoyr 
toutesfoys  faict  oster,  sans  que  personne  s'en 
soit  aperçu,  ce  qui  parloit  de  la  négociation 
{    faicte  envers  le  Cazimir  et  le  sieur  de  Be- 
i    lièvre,  quand  il  a  esté  en  Flandres,  et  du  gou- 
î    vernement  de  mon  cousin  le  prince  de  Coudé  ^ 

i         '  Le  prince  de  Condé  ne  cessait  de  réclamer  le  gou- 
I     vernement  des  provinces  que  l'édit  de  paix   lui  avait 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


55 


pour  la  crainte  que  j'avoys  que  cela  feust 
cause  de  luy  ramentevoir  ce  que  desjà  il 
m'avoyl  dès  hier  dict  pour  le  gouvernement 
dudict  prince  de  Condé;  sur  quoy  je  l'eiz  la 
sourde  oreille,  vousasseurant,  Monsieur  mou 
filz,  que  cela,  avccques  ce  que  je  luy  ay  dict 
et  faict  dire  à  propos  des  préparatifs  qu'estiez 
contraiuct  de  fayre  pour  pourveoyr  et  donner 
si  bon  ordre  à  voz  affayres,  a  beaucoup  servy 
à  les  fayre  condescendre  et  venyr  au  chemyu 

assuré.  Voir  sa  lettre,  de  Saint-Jean-d'Angély,  à  ia  reine 
mère,  du  i3  novembre  1679  {Histoire  des  princes  de 
Condé,  par  M.  le  duc  d'Aumale,  t.  II,  p.  iig).  ConJé 
cependant  ne  profila  pas  de  l'occasion  qui  lui  était  offerte 
de  venir  saluer  la  reine  mère  au  passage.  11  n'ignorait 
pas  sa  venue  dans  le  midi;  car,  dès  le  4  janvier  1578, 
il  écrivait  au  roi,  de  la  Rochelle  :  tje  fais  très  humWe 
requeste  à  vostre  Jlaiesté  que  je  puisse  conférer  avecque 
le  Roy  de  iNavarre,  monsieur  le  cardinal,  mon  oncle,  et 
autres  de  messieurs  mes  parans,  pour  prendre  leur  avis, 
lequel  je  pourroy  recevoir  lorsque  la  Royne,  vostre  mère, 
fera  cest  honneur  au  Roy  de  Navarre  do  conduire  la 
Royne,  sa  femme,  de  deçà,  auquel  temps  je  me  trou- 
veray  pour  leur  baiser  ia  main,  elcn  Bihl.  imp.  de  Saint- 
Pétersbourg,  vol.  39,  cité  par  M.  J.  Loutchitzky  dans  ses 
Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de  la  Réforme 
et  de  la  Ligue,  Kiow,  1875,  in-8°,  p.  97. 

La  première  entrevue  de  la  reine  mère  avec  le  roi 
de  Navarre  avait  eu  lieu  à  Castéras,  près  la  Réole,  le 
a  octobre.  Elle  était  partie  de  Bordeaux  la  veille,  après 
avoir  fait  faire  à  sa  fille  une  entrée  solennelle,  que 
Brantôme  raconte  en  détail.  (Édition  de  la  Société  de 
l'histoire  de  Fra7ice,  t.  VIII,  p.  io.)  Catherine  avait  été, 
comme  l'on  voit  d'après  ses  lettres,  fort  satisfaite  de  ses 
conférences  avec  son  gendre,  et  Henri  de  Navarre  écri- 
vait de  son  côté,  à  la  date  du  i4  octobre  1578,  de 
Nérac,  au  baron  d'Huard,  en  Navarre  :  «Je  viens  de 
recueillir  la  Royne-mère  et  ma  femme  à  la  Réole,  où 
toutes  choses,  Dieu  merci,  se  sont  passées  au  désir  et 
contentemcnl  d'un  chascun.  J'ay  accompagné  ladite 
dame  Royne  jusqu'à  Marmaude,  et  m'en  suis  venu  de 
là  icy.  Elles  sont  à  présent  à  Agen,  sur  le  poioct  d'en 
partir  pour  aller  à  Lisle-en-Jourdain ,  et  là  y  séjourner. 
Et  moy  j'ay  deslibéré  de  les  y  aller  reirouver  et  partir 
dans  quelques  jours. Tj  {Lettres  missives  de  Henri  IV,  t.  I, 
p.  201.) 


de  la  paix  et  eslablissement  de  vostre  édiclde 
pacification,  comme  vous  verrez  par  le  me'- 
moire  qui  a  esté  résolu  ce  matin,  que  nous  en 
sommes,  grâces  à  Dieu,  en  très  bons  termes; 
estant  bien  d'advis,  .Monsieur  mon  filz,  que 
vous  preniez  la  peine  d'escrire  à  mondicl  lilz 
le  roy  de  Navarre  une  bonne  lectre  de  vostre 
main,  pour  tousjours  l'induyre  à  suivre  ce 
chemin  là  etaussy  à  mes  cousins  les  cardinal 
de  Bourbon  et  duc  de  Montpensier  et  parti- 
cullièremenl  aux  s"  de  vostre  Conseil  qui  sont 
icy;  car  chascun  faict  ce  qu'il  peuit  pour  le 
bien  de  vostre  service,  et  s'il  vous  plaist  aussy 
de  faire  signer  un  mot  audicl  viconte  de  Tu- 
renne  et  m'adresser  la  lectre  pour  la  luy 
bailler  moy  mesmes,  cela  servira  beaucoup 
pour  voz  affayres  et  service,  (jue  vous  voyez, 
grâces  à  Dieu,  jusques  icy  en  très  bon  train, 
pourveu  que  les  elïectz  suivent  les  paroles, 
et  ce  qui  a  esté  résolu  et  escript  ce  matin, 
dont  je  vous  envoyé  le  double,  priant  Dieu, 
Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  la  RéoUe,  le  dimanche,  v'  jour 
d'octobre  1578. 

Monsieur  mon  filz,  encores  depuis  cesic 
escriple',  nous  nous  sommes  assemblez  ceste 
après  disué  en  mon  cabinet,  oii,  après  avoyr 
faict  lire  ledict  mémoyre,  sur  lequel  il  y  a  eu 
encores  quelque  contestation  pour  le  Daul- 
phiné,  que  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et 
ceulx  qui  sont  averques  luy  font  diflîculté  de 
l'y  vouloir  comprendre,  pour  ce  qu'ilz  (lient 
que  vous  avez  accordé  quelque  chose  plus  que 
l'édict  ausdictz  du  Daulphiné.  Enfin  cela  s'est 
passé,  comme  verrez  que  l'article  dernier  est 
consceu  sur  ce  que  je  leur  av  replici|ué  que 
le  temps  qui  leur  avoyt  véritablement  esté 

'  En  titre  :  itPostcript  de  ladite  dépesche  portée  par 
ledit  Roger,  ji 


56 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


promis  en  Dauiphiné,  à  vostre  grand  regret 
par  le  sieur  de  Siège,  est  passé  ou  peu  s'en 
fault,  et  queje  leur ay  re'solument  dict  que  ne 
vouiez  augmenter  ny  diminuer  à  vostredict 
édict  de  pacificacion;  de  sorîe  que  je  ne  pense 
pas  avoyr  peu  faict  pour  le  bien  de  vostre  ser- 
vice et  vostre  contentement,  et  d'avoir  aussy 
faict  accorder  à  mondicl  filz  le  roy  de  Navarre 
qu'il  verra  et  embrassera  le  sieur  marescbal 
de  Biron  niardy  prochain  à  Saincte  Bazille, 
où  nous  allons  disner,  et  où  j'ay  escript  audict 
sieur  marescbal  se  trouver  ledict  jour  de  mardy 
de  bonne  heure;  car  je  veulx  aller  coucher  à 
Marmande,  où  je  feray  ce  qu'il  fault  fayre  pour 
l'e'dict,  si  je  puis,  avant  en  partir.  Je  ne  veulx 
aussy  oublier  à  vous  dire  que  vostre  soeur,  la 
royne  de  Navarre,  s'est  fort  employée  et  a 
bien  servy  envers  ledict  sieur  roy  de  Navarre, 
son  mary,  pour  ledict  sieur  de  Biron.  Je  ne 
veulx  pareillement  oublier  à  vous  dire  que, 
sur  toutes  choses  et  avant  toute  œuvre,  je  faiz 
reniectre  ce  qui  est  du  service  divin  pour  re- 
mectre  les  gens  d'esglise  en  leurs  maisons  et 
biens  par  tous  les  lieux  où  je  passe;  et  le  feray 
et  confinueray  tousjours  où  j'iray,  suivant 
vostre  édict  de  paciffication. 

Monsieur  mon  Clz  ',  afin  de  commencer  à 
l'aire  reniectre  ce  qui  a  esté  innové  à  vostre 
édict  de  pacifEcation,  nous  nous  sommes  en- 
cores ce  jourd'liuy  assemblez,  et  avons  choisy 
les  personnes  que  verrez  par  la  lectre  que  vous 
envoyé,  ausquelz  seront  dressez  mémoyres  et 
instructions  bien  amples  pour  faire  et  exécuter 
promptement  ce  qu'avons  résolu,  affin  que, 
incontinent  après,  l'on  continue  le  reste  de 
l'exéculion  entière  de  vostredict  édict;  en  quoy 
j'ay  bonne  espérance,  avant  partir  de  ces 
quartiers,   donner   très    grand   avancement; 

'  En  titra  :  rAutre  postcript  de  ladite  dépesclie  de 
Roger.  5) 


mais  cependant  je  vous  diray  que  parlant, 
ceste  après  disnée  au  viconte  de  Tourenne 
pour  l'exécution  et  establissement  de  vostre- 
dict édict,  il  m'a  dict  qu'il  seroyt  besoing 
pour  le  bien  de  vostre  service  de  desmolir  plu- 
sieurs petites  biquoques,  fortz  ou  chastelletz, 
dont  souvent  se  saisissent  ceulx  qui  ont  vo- 
iunté  de  mal  fayre,  qui  se  licencient  plus  har- 
diment, quand  ilz  s'en  sontsaisiz;  et,  pour  ce 
que  je  me  souviens  vous  avoyr  quelques  fois 
veu  en  ceste  oppinion,  je  vous  prye  me  man- 
der si  vous  aurez  agréable  qu'en  exécutant 
vostredict  édict  de  pacifEcation,  l'on  fasse 
fayre  lesdictes  desmolicions  es  lieux  que  l'on 
verra  qu'il  se  debvra  faire  pour  le  bien  de 
vostre  service;  et,  si  c'est  chose  qu'avez  agré- 
able, comme  je  croy  qu'il  sera  très  bon,  en- 
voyez en,  s'il  vous  plaist,  une  lettre  patente 
pour  la  descharge  de  ceulx  qui  y  seront  em- 
ployez. 

1578.  —  6  octobre. 
Orig.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  a°  03/17,  f"  60. 

A  MON  consi.\ 
LE  S'  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  vous  m'avez  faict  très  grand 
plaisir  de  m'avoir  si  amplement  faict  entendre 
comment  le  faict  de  Beaucaire  est  passé.  J'es- 
toist  asseurée  de  vostre  dépesche,  de  laquelle 
j'ay  faict  veoir  à  mon  fils  le  roy  de  Navarre 
ce  que  j'ay  pensé  à  propos,  luy  aiant  fait 
lire  la  lettre  que  iuy  escripviez  à  ceste  fin, 
et  si  luy  ay  fait  oyr  le  sieur  de  Valence  en 
la  présence  de  mes  cousins  les  cardinaux  de 
Bourbon  et  deMontpensier,  et  d'aulcuns  sieurs 
du  conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
de  sorte  qu'après  quelque  petite  contestation, 
dont  vous  escripra  plus  amplement  le  sieur 
de  Valence  et  ma  cousine  vostre  femme,  qui 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


57 


Min  fort  snlliritc'o  de  ccst  iifFaiiT,  mon  lilz  le 
roy  de  Navarre  a  résolu  de  l'aire,  comme  il 
faict  présentement,  une  fort  expresse  dépesche 
aiiv  sieins  de  Thoré  cl  de  Chaslillon  par  le 
sieur  de  (ionstans.  qui  dict  estre  bien  affec- 
tionné au  bien  de  la  paix  et  personnaigo  ca- 
pable poui'  l'aire  tout  incontinent  cesser  ces 
belles  entreprinses  des  sieurs  de  Tlioré  et  de 
Chastillon  principalement;  vous  priant  donc- 
ques,  mon  cousin,  de  l'aire,  de  vostre  part 
(comme  je  m'asseure  que  ferez  et  sçavez  aussy 
que  c'est  l'intention  du  Roy),  en  sorte  qu'il 
n'v  ait  aulcune  contravention  à  l'édict  de  pa- 
cification en  relia  par  vous  ni  par  les  catlio- 
licques.  Je  sçay  bien  ([ue  vous  avez  eu  assez 
d'occasion,  voiant  l'entreprinse  du  sieur  de 
Chaslillon  et  du  lieutenant  de  Parabelle'  que 
m'escripvez,  estre  dedans  ledict  chasteau  de 
Beaucaire,  et  là,  faire  l'opiniâtre  et  de  pour- 
suivre ses  mauvais  desportemens,  et  tout  ce 
qu'il  vous  a  esté  possible  pour  le  secourir, 
suivant  l'intention  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
qui  veut  conserver  ceste  ville  là  et  le  chas- 
teau aussy,  ainsy  que  le  secrétaire  Pinart  m'a 

'  On  lit  aussi  rtParabellei  dans  les  Mémoires  de  Jac- 
ques Gâches,  jjulitiés  par  Cli.  Pradol,  Paris,  1879, 
in-8°,  p.  260.  C'est  de  Paralière  qu'il  s'agit.  Ce  capi- 
taine, qui  avait  été  page  du  connétable  de  ^Montmorency. 
s'.était emparé  de  la  ville  el  du  château  de  Beaucaire,  à 
la  lin  d'août,  Iraliissanl  la  confiance  du  maréchal.  Au 
mois  de  septembre,  il  fut  massacré  dans  une  sédition 
populaire,  et  la  ville  remise  sous  Pautorité  de  Damville. 
Mais  le  lieutenant  de  Parabère,  Baudonnet ,  fit  appel 
aux  protestants,  qui  vinrent  à  son  secours,  conduits  par 
François  de  Cliàlillon,  un  dos  fils  de  l'amiral  de  Coli- 
gny,  et  s'enferma  dans  le  château.  Une  intéressante 
lettre  de  Bellegarde  au  roi ,  (pie  nous  avons  trouvée  dans 
la  collection  Godefroy,  rend  compte  de  ces  événements. 
iSous  la  publions  à  V Appendice.  Dès  le  mois  d'octobre, 
tienrilll  avait  nommé  de  Vers  comme  sénéchal  de  Beau- 
caire. —  Voir  d'Aubigné,  Histoire  universelle,  éd.  du 
baron  de  Ruble,  t.  V ,  p.  35i;  François  de  Chaslillon, 
par  le  comte  Jules  Delaborde,  1886,  in-8°; //i»(oiVe 
géné'ale  de  Languedoc,  nouvelle  édition,  t.  XI,  p.  O60. 

CATlIbRlKE   DE   .MtDICls         -    VI. 


dit  ([u'il  a  est/'  présent,  devant  partir  de  la 
Cour  pour  venir  icv,  comme  le  Rov  mou  dict 
seigneur  et  lllz  vous  a  escript.  Pour  ([uoy, 
mon  cousin,  me  remectant  à  ce  que  vous  en 
a  mandé  mondict  .S''  et  filz,  je  u'esleiuiray 
ceste-cy  davantaige  que  pour  prier  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à   La  Uéolle,  le  vi°jour  d'octobre! 


1  .^78. 


Mon  cousin,  je  vous  diray  encore  une  loys 
que  j'espère  que  mon  voyaige  sera  si  heureux 
que,    selon  que  je   compte  jusques    à    ceste 
heure  en  la  volunté  de  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre,  nous  establirons  la  paix  eu  tous  ces 
quartiers   de   deçà  et  par  mesme  moyen  en 
vostre  gouvernement,  comme  vous  entendrez 
dudict  .?"■  de  Constans,  lequel  a  charge  de  le 
dire  à  Ions  les  seigneurs  qui  soûl   de  la  rcli- 
[    gion  prétendue  réformée  et  à  toutes  les  églises 
I    de  delà.   Cella  me   réjouit  infiniment  et  me 
!    faict  croire  qu'avec  le  bon  ayde  des  bons  ser- 
1    viteurs  du  Rov,  dont   vous  estes  des  priuci- 
I    paulx,  j'auray  en  peu  de  jours  lairi  ce  (|ue 
!    nous  désirons,  qui  est  de  bien  establir  l'édict 
I    de  paciffication  et  faire  en  sorte  que  toutes 
difficultés  et  aultres  choses  qui  peuvent  eiii- 
pcscher  le    bien  el  fruict  de   la  paix,  soient 
ostées.  J'espère  estre  dedans  peu  de  jours  à 
Thoulouse,  oij  je  vous  jiric,  après  avoir  donné 
le  bon  ordre  reipiis  pour  le  service  du  Roy 
mon   dict  seigneur  et  filz  audicl  Beaucaire, 
vous  en  venir  et  que  ce  soit  le  plus  tost  (jue 
vous  pourrez,   alfin   que  nous   en   puissions 
faire   le  prompt  establissement  de   la  paix, 
ainsi  que  j'espère  que  nous  ferons  en  ce  gou- 
vernement, avant  que  j'aille  à  Toulouze.  Je 
vous  envoyé  une  lettre  que  le  s''  de  Barry' 

'  C'était  le  sieur  de  Barri  qui  était  capitaine  du 
château  de  Leucate;  son  lieutenant  était  le  sieur  de  Ne- 
grefeuille. 


58  LETTRES  DE  CATHE 

m'a  escripte  de  Laucatte^  pour  le  besoing 
qu'il  a  de  munitions,  d'armes  et  de  vivres; 
à  quov  je  vous  prie  adviser  le  mieulx  que 
pourrez  et  selon  la  commodité  que  en  avez, 
suivant  ce  que  je  me  pense  souvenir  que  vous 
en  avoit  escript  le  Roy  mon  filz  pour  cela 
mesme  ou  aultre  chose  semblable. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  ung  double  de 
ce  que  le  rov  de  Navarre  et  nioy  avons  ac- 
cordé icy,  espérant,  suivant  icelluy,  faire  en 
sorte  que  bientost  toutes  choses  soient  en  bon 
et  paisible  repos  suivant  l'édict  de  paciflSca- 
tion,  et  qu'ensemble  il  en  sera  fait  le  sem- 
blable eu  vostre  gouvernement.  Je  vous  en- 
verray  les  dépesches  que  nous  devons  faire 
suivant  nostre  résolution  ;  ou  bien,  vous  voiant 
à  Thoulouze,  vous  communicqueray  ce  que 
nous  aurons  faict  pour  vostre  gouvernement 
avec  Tadvis  du  s'  de  Valence,  qui  est  fort  ca- 
pable de  toutes  noz  bonnes  intentions  et  des 
particulières  choses  à  quov  il  fault  pourvoir 
en  vostre  gouvernement. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  6  octobre. 

Orig.  Bibi.  nal. .  Fonds  français,  n"  3aoi,  P  83 

A  MONSIEUR 

LE  SÉNÉCHAL  DE  TOULOUSE  '. 

Monsieur  le  Se'néchal,  sachant  très  bien 
que  le  Roy  monsieur  mon  fdz  n'a  rien  en 
plus  grand  désir  que  de  veoir  tous  ses  peuples 
et  subjetz  en   repos  et  son  édict  de  paciffica- 

'  Leucate  (Aude,. 

*  Le  sénéchal  de  Toulouse  en  1678  était  François  de 
la  Valelle.  seigneur  de  Coinusson  cl  do  Parisot,  (ils  de 
Guyot  de  la  Valette  et  d'Antoinette  deNogaret ,  neveu  du 
grand  niailre  de  Jlalle,  Jean  do  la  Valelle.  11  mourut  :i 
Toulouse,  en  décembre  1.Î86. 


RINE  DE  MEDIGIS. 

tion  bien  estably  en  toutes  les  provinces  de 
son  royaulme,  entre  lesquelles  estimant  que 
la  Guyenne  et  les  provinces  de  deçà  sont  les 
plus  importantes,  pour  reste  occasion,  avec  le 
grand  désir  que  j'ay  toujours  eu  de  veoir  le 
roy  et  la  royne  de  Navarre  mes  enffans  en- 
semble, j'ay,  sans  auscun  esgard  à  mon  viel 
ange  et  l'incommodité  du  temps  et  longueur 
du  ehemyn,  mais  pour  lamour  maternelle 
que  j'av  ausdicts  Roy  et  Royne  mes  enfans, 
joincte  à  la  grande  atfectiou  que  je  porte  au 
bien  et  grandeur  de  ce  rovaulme,  par  l'obli- 
gation et  parfaicte  amour  qu'aussi  je  ressens 
y  avoir,  j'ay  bien  voulu ,  par  le  consentement 
d'icelluv  Rov  monsieur  mon  filz,  vostre  sou- 
verain seigneur,  faire  ce  voyage  en  ce  pays  de 
(îuyenne,  m'asseurant  que  tous  ses  peuples 
et  subjectz  de  deçà,  considérans  sa  vraie 
bonté  et  affection  en  leur  endroit  et  Textréme 
désir  qu'il  a  de  les  conserver  et  maintenir  en 
paix,  repos,  et  sinon  les  amènera  et  réduyra 
non  seullement  à  l'entière  obéissance  qui  lui 
est  deue,  mais  aussi  en  toute  parfaicte  paix  et 
union  les  uns  avec  les  au I très,  selon  son  dict 
édict  de  paciffication  et  que  chascun  se  ran- 
gera à  l'exécution  et  eslablissement  d'icelluy, 
suivant  son  intention  et  de  mon  filz  le  roy  de 
Navarre,  que  j'ay  aussi  trouvé,  en  l'abouche- 
ment que  j'ay  ce  jourd'hui  eu  avec  lui  dans 
la  ville  de  la  Réelle,  bien  disposé,  très  affec- 
tionné et  du  tout  conforme  à  l'intention  du 
Roy  mondict  S''  et  filz,  vostre  souverain  sei- 
gneur, et  de  moy  au  bien  de  la  paix,  comme 
estant  le  plus  grand  de  tous  les  désirs  de 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  de  la  veoii- 
bien  establie,  et  pour  l'exécution  desquelles 
bonnes  et  sainctes  intentions  conformes  au- 
dict  édict  de  paciffication,  nous  avons  résolu 
et  arreste',  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et 
moy,  par  l'advis  des  princes  du  sang  et  sei- 
gneurs du  Conseil  privé  du  Roy  mondict  sieur 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


59 


et  filz,  vostro  souverain  scijjiipui',  qui  sont  les 
noms  que  vous  ferez  [inblier  à  son  de  trompe 
par  tout  voslre  ressort,  es  lieux  accoustuniez 
à  taire  i-riz  publique,  lobservation  duclict 
édict  de  paciftication,  avec  deircnces  à  toutes 
personnes,  de  quelque  qualité  et  conditiou 
qu  elles  soient,  de  ne  s'eutrenuire  uy  offenser, 
tenir  les  champs,  prendre  prisonniers  ny  faire 
aucuns  actes  d'bostillité,  aias  vivre  en  paix, 
repos,  en  union  les  uu(;s  avec  les  aultres, 
sur  |)eine  de  crime  capital  et  d'estre  pugniz 
comme  infracteurs  de  la  paix  qu'il  a  pieu  à 
Dieu  nous  donner  et  perturbateurs  du  repos 
public,  vous  mandant  et  ordonnant,  suivant 
le  pouvoir  à  moy  donné  ])ar  le  Roy  mondict 
S'  et  filz,  vostre  souverain  seijjneur,  et  à 
tous  ses  autres  officiers,  justiciers  etsubjectz, 
de  quelque  qualité  et  condition  qu'ilz  soient, 
de  garder  et  observer  le  contenu  cy  dessus; 
et,  oultre  que  c'est  voslre  debvoir  et  le  deu 
de  vostre  office,  vous  ferez  service  très  agréable 
au  Roy  mondict  S"'  et  fiiz,  vostre  souverain, 
et  à  moy,  qui  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

E.script  à   la  Réole,   le  vi''  jour    d'octobre 
1578. 


Caterine. 


PiNAnr. 


1578.  —  7  octobre. 
Orig.  Bibi.  imp.  de  Saint-Pélersbouig,  vol.  36,  f"  13. 

\  MONSIEUR  DE   VTLLEROY'. 

Monsieur  de  Villeroy,  j'ay  veu  vos  lettres 
et  les  deux  mémoires,  et  loue  Dieu  de  l'inspi- 

'  C'est  la  première  lettre  de  ce  volume ,  écrite  par 
la  reine  mère  au  principal  rsecrétaire  et  ministre  d'Elatr> 
de  Henri  III.  Nicolas  de  Neufville,  seigneur  de  Villeroi, 
le  chef  d'une  véritable  dynasli;  de  grands  ministres, 
était  fils  de  Nicolas,  prévôt  des  jnarcbands,  et  de  .Ma- 


ration  (jui  me  list  de  vous  prier  d'aller  trou- 
ver le  l{oy,  et  que  le  Roy  trovast  bon  ce  que 
je  avois  pensé  pour  son  service,  de  quoy  les 
choses  en  ont  réussi  si  heureusement.  Je 
voudrois,  comme  pouvez  penser,  estre  sans 
cesse  auprès  du  i\oy  :  car  c'est  tout  mon  bien 
el  heui'  que  de  le  veoir;  mais,  ([uaul  je  pense 
(jue  j'ay  espérance  de  luy  faire  un  lel  ser- 
vice, comme  il  me  semble  en  estre  plus  (jU(^ 
besoin,  je  m'estime  heureuse  d'estre  encore 
venue  et  que,  avant  mourir,  je  aye  ce  conten- 
tement de  avoir  servi  à  mettre  ce  royaume  au 
repos  que  le  Roy  luy  a  donné  par  son  e'dici, 
lequel  étant  effectué,  je  ne  double  point  que 
son  intention  n'ai!  lieu  de  voir  le  royaulme 
en  paix,  et  voy  bien  que  ne  ne  le  puis  asseu- 
rer  sans  peine  grande  et  longueur  de  temps; 
mais  aussi  je  seray  trop  heureuse  que  pour 
ma  dernière  heure  je  puisse  effectuer  un  tel 
bien  pour  ce  royaume,  de  quoy  le  Roy  que 
j'amois  tant  recevroil  honneur,  obéissance,  et 
recouvreroit  son  autorité.  Par  ainsi  me  fault 
excuser  si  je  me  opiniâtre  etque,  de  son  costé, 
il  fasse,  comme  il  fail,  de  travailler  à  conser- 
ver la  bonne  volonté  de  son  j'rère  que  lui  avez 
gaignée,  remédier  aux  aultres  choses  en  re- 
gardant ceulx  de  qui  il  se  peult  fier,  et  les 
envoyer  aux  principales  places,  et  les  autres 
les  retirer  auprès  de  luy,  s'il  estoit  assuré  du 
costé  de  Flandres  que  rien  ne  lui  vînt  sur 
les  bras,  faisant  semblant  de  courir,  jjien 
accompagné,  cela  s'entend,  un  cei-f  vers 
Veauluysant,  et  là  je  manderois  deux  ou  Iroys 

deleine  de  l'Aubespine,  el  proche  parent  du  prélat  Jean 
lie  Morvillier  el  de  Sébastien  de  l'Aubespine.  .Né  en  1 04  1 , 
il  succéda  à  son  beau-père  comme  secrétaire  d'Etat  en 
iSG^,  et  gagua  la  confiance  de  Charles  I\.  Il  était 
ardent  catholique  et  favorisa  la  Ligue  et  les  Guises,  ce 
j  qui,  en  i588,  motiva  sa  disgrâce.  Il  se  réconcilia  avec 
I  Henri  IV,  et  négocia  son  absolution  par  Clément  VIH. 
Ses  Mémoires  d'Etat  sont  souvent  cités. 

8. 


f)0 


Li;TTlii:s  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


(les  |iriuci|iniil\  l'iu-llciix .  \rt  rari'sspi'ois,  l'I 
les  rjuiiciii-niis  avof  iimv.  Ii'iu'  iaisaiit  bonne 
rlière,  sans  leiii'  laire  semblant,  sinon  <jue 
durr'iiavaril  je  veux  avoir  des  priiicipaulx  des 
province-,  aiipiès  de  niov,  pour  ieui-  l'aire 
(■(ignoisire  le  eonti'aii'p  de  ce  (pie  l'on  a  di>l. 
reniellre  (pieli[ue  rbose  au  jieuple,  surseoir 
(ous  ces  avdes  et  faire  couler  le  temps,  en 
cependant  establissant  la  paix:  si  la  puis-je 
laire.  sans  diMiionstiation  de  guerre,  je  luv 
inenero'.s  cini|  cens  jfentilzbommes  de  ces 
costc's,  tpii  soi-.t  tous  très  allectionnés.  Et  vovs 
que  Mauxissière  n'a  ])as  mis  hasle  de  s'eni- 
bar(]uer.  D'ailleurs  (|uant  à  l'argent.  Madame 
de  Montpensier  ma  dit  (juClle  a  eiivdMî  ini 
liomme  à  Ilicbelieu  avecques  tout  ce  qui  est 
nécessaire,  et  s'est  l'ait  informerdeRiclielieu  si 
c'est  viay:  cl  |)our  le  reste  de  la  somme,  Iticlie- 
lieu,  (pii  devoil  à  ce  Noël  ou  Toussaint,  .s'il 
nie  souvient ,  avoir  de  l'argent  pour  di'sengagei- 
ou  paier  des  dettes,  a  cette  n(''cessit(''  de  reculer 
les  paiements  et  s'en  aider  de  ce  (pi'il  laull 
de  plus  (|ne  les  cent  mille  livres.  VHilà  mon 
advis:  s'il  i\^t  mauvais,  jetiez  le  au  Imi  ;  s'il 
esl  bon,  mimli-ez  le  au  liov,  à  (pii  je  l'aurois 
escript,  mais,  voyant  vostre  mi'inoire.  je  vous 
y  lais  response  selon  mon  petit  jugement. 
Mandez  moy  tonjonrs  de  ses  nouvelles  et  de 
toutes  antre.-^  clioses.  .le  prie  Dieu   vous  avoir 


eu  sa  guaide. 


Ce  vu'  jour  d'octobre  i5-j8' 


C.VTERINF. 


'  (Iplln  li'llio,  qui  ne  porto  pas  di'  nom  de  limi,  a 
sans  doute  olé  écrite  à  Sainle-Bazeille,  gro.":  village  à 
six  liiioiiiètivs  de  Marniaiide,  sur  ta  roule  (pu  vieulde  la 
lieole  el  à  douze  Icilomètres  de  celle  dernière  ville. 


1  .")78.  —  S  ocfohre. 
('ri;;.  Arch.  parli<"ull'  r-jï  lic  M.  Eugôae  de  Serrp'. 

M    SIEl  U   DE   PVILHÈS-. 

LaRoNue,  ni(''re  du  Hov'',  scbaichanl  et 
congnoissant  tii/s-bien  que  le  plus  grand  de- 
sir  du  dit  S"'  Hoy,  son  fils,  a  tousjours  est(' 
et  esl  de  veoir  tons  ses  peuples  et  subjetz  eu 
repos  et  siin  ('dit  de  pacillicatioii  bien  establv 
en  loutes  les  provinces  de  son  royaulme,  entre 
lesipielles  la  dite  dame  Rovne,  inèi'e  du  Rov, 
a  estimé  que  la  (iuyeiine  et  les  autres  pro- 
vinces de  di'Cii  estoienl  des  plus  inijiortantes, 
el  pour  ceste  occazion,  avec  le  bon  désir 
(pielic  a  aussi  tous  jours  eu  de  veoir  le  Rov 
et  ia  Royne  de  Navarre  ses  enllans  ensemble, 
icelle  dame  Roviie,  sans  avoir  esgard  à  son 
aage,  ii  l'incommodilé  du  temps  el  la  lon- 
gueur du  cbeniin,  pour  l'amour  maternelle 
(|u'eHe  a  ans  dits  Roy  el  Rovne,  ses  enllans, 
jointe  à  la  grande  ail'ectiou  (pi'elle  porte  au 
bien  et  gi'andeur  de  ce  royaulme,  pour  l'obli- 
;;ali()n  et  parfaite  amour  ((u'aussv  elle  y  a,  a 
\oulu,  pour  le  contentement  dicelluv  S'' Roy, 
sou  fils,  laire  ce  vovajje  en  (ruveniie,  s'asseu- 
rant  que,  tous  les  |)euples  el  subjetz  de  deçà 
considéraiis   la    vraie   bonté    et    alleclion  de 

'  Pièce  comiiiiuii(piée  en  i  SHo  à  M.  K.  Pasquier, 
arcliivisle  à  Koix,  qui  l'a  soigneusement  collalionnée. 

-'  Ce  personnage  apparten.iil  à  ta  lamilte  de  Villemur; 
il  lut  gouverneur  du  comté  de  Foix.  Pailliès  est  aujour- 
d'hui nu''  bourgade  du  canton  du  Mas-d'\zil,  anun- 
dissenient  de  Païuiers,  Ariège.  — Voir  dans  les  .bT/iirc.'f 
liistmiiiues  de  la  Gascogiii'  l,i  hrochure  inlitulée  :  Lettres 
inédiles  de  Henri  IV  à  M.  de  Pnilhès,  publiées  par  AI.  le 
vicomte  Cil.  de  la  Hitte,  .\uch,  1886,  in-H". 

■  Le  tilie  exact  de  la  pièce  esl  :  -(commission  adres- 
sée par  la  Rein>  Mère  au  seigneur  do  Pailliès,  pour  le 
charger,  conjointement  avec  le  sieur  du  Soleil,  commis- 
sure déli'gné  par  le  roi  de  .Navarre,  de  ncltce  fin  aux 
Iroubles  qui  agitent  la  Guyenne  el  les  pnninces  voisines 
et  de  faire  exécuter  l'édit  de  pacification. •> 


LETTRKS  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


61 


leur  roy  en  leur  endroit  et  1  extrême  désir  (]u  il 
a  de  les  conserver  et  maintenir  tout  eu  paix, 
repos  et  union,  avec  le  grand  zèlle  conjoinct 
à  ceste  bonne  et  saincte  intention  de  la  dite 
damelloyne,  sa  mère  les  ;inu''nera  et  réduira 
tous  de  l'une  et  de  l'autre  religion,  non  seui- 
lement  en  son  entière  obéissance,  comme  iiz 
doivent,  mais  aussv  en  toute  parfaicte  paix  et 
union,  les  ungs  a\ec  les  autres,  selon  son  dit 
édit  de  pacillication,  et  que  chacun  se  confor- 
mera et  rangera  à  Texe'cution  et  establissement 
d'iceliuy,  en  suivant  les  sainctes  intentions 
de  leurs  dites  majestdz  et  relie  du  sieur  Roy 
de  JNavarre,  (|ue  icelle  dame  Uoyne,  mère  du 
Roy,  a  trouvé,  en  Tambouchement  qu'elle  a 
eu  avec  luy  en  la  ville  de  la  Re'olle,  bien  dis- 
pose', Irès-artectionné  et  du  tout  conforme  à 
rinlention  de  leurs  dites  majestés  et  au  bien 
de  ladite  paix;  comme  aussv  estant  le  plus 
grand  de  tous  ses  désirs  de  la  veoir  bien  esta- 
blie,  et  pour  l'exécution  descjnelies  bonnes  et 
saintes  intentions,  conformes  audit  Edit  de  pa- 
ciffication,  la  dite  dame  Royne,  mère  du  Roy, 
aiant  fout  pouvoir  du  dit  S"'  Roy,  nostre  sou- 
verain seigneur  son  filz,  a,  de  sa  part,  commis, 
ordonne'  et  depputé  le  sieur  de  Pailletz. 

Et  le  dit  sieur  Roy  de  Navarre,  tant  pour 
luy  que  pour  ceulx  de  la  Religion  Pre'tendue 
Réformée,  et  comme  gouverneur  et  lieutenant 
général  du  Roy  en  ce  pais  de  Guyenne,  a  aussi 
commis  et  depputé  le  sieur  du  Soleil,  pour, 
et  avec  le  dit  sieur  de  Pailletz,  inconlineul 
et  conjoinctement  faire  ce  qui  sera  cy-apréz 
déclaré,  affin  de  vacqueret  pourvoir  non  seul- 
lement  à  ce  qui  a  esté  interrompu,  innové  ou 
faicl  au  jjréjudire  dudit  édit  de  pacillication, 
mais  aussy  pour  tout  ce  qui  est  requis  et  néces- 
saire en  l'exécution  et  establissement  d'iceliuy 
es  places  et  lieux  occupés  depuis  l'édit. 

Premièrement  feront  publier,  à  son  de 
trompe  et  cry  publicq,  l'observation  de  l'édit 


de  pacillication,  avec  deffeiices  à  toutes  per- 
sonnes de  quelque  (|ualité  et  condition  qu'ilz 
soient,  de  no  s'enirenuyre  ny  offenser,  tenir  les 
champs,  prendre  prisonniers,  ny  fairi'  autres 
actes  d'hoslilit(';  ains  vivre  en  paix,  repos  et 
union  les  ungs  avec  les  autres. 

Hz  feront  aussy  eslargir  franclieuieut  et 
quictemeul  tous  |)risonniers  prins  par  ladite 
forme  d'hoslilité;  feront  cesser  toutes  autres 
innovations  contre  et  au  préjudice  de  l'éilit  de 
pacillication. 

Et  par  mesme  moieu,  es  lieux  où  les  dites 
innovations  ont  esté  faictes,  feront  entière- 
ment et  de  poinct  en  poiiicl  exécuter,  ojjser- 
ver  et  garder  ledit  édit  de  pacillication,  selon 
sa  forme  et  teneur. 

Hz  feront  vuider  ceulx  qui  occupent  aul- 
cunes  places  et  lieux  depuis  et  au  préjudice 
dudit  édit  de  pacillication,  les  faisan I  con- 
duire en  toute  seureté  en  leurs  maisons  ou  en 
teiz  autres  lieux  que  les  ditsoccupateursvoul- 
dront  eslire,  pourveu  que  ce  ne  soit  es  villes 
et  lieux  occupez  depuis  la  publication  de  ledit 
de  pacifficatiou,  sans  (jue  ceulx  d'icelles  villes 
et  lieux  qui  les  recepvront  en  puissent  estre 
aulcunement  recherchez   ors  ny  à   fadvenir. 

Et  en  cas  qu'il  y  en  eust  de  ceulx  qui  oc- 
cupent lesdites  places  et  lieux  qui  ne  \ou- 
lusseut  obéir  et  incontinant  en  vuider,  les  dits 
sieurs  de  Pailletz  et  du  Soleil  leur  noliffiront 
et  déclareront  d'une  paît  et  d'autre  qu'ilz  ont 
esté  et  sont  désavouez  et  pour  ceste  cause 
sera  proceddé  contre  eulx,  conjoinctement 
par  ceulx  de  l'une  et  de  l'autre  Religion, 
en  sorte  que  la  force  et  auctorité  en  demeure 
au  Roy,  eulx  pugniz  selon  leurs  démérites, 
et  l'intention  de  ce  que  dessus  suivie  et 
exécutée. 

Entendant  toutesfois  la  dite  dame  Royne, 
mère  du  Rov  et  le  dit  sieur  Roy  de  Navarre 
que,  suivant  ce  qui  a  esté  accordé  entre  eulx, 


6-2  LETTRES  DE  GATH 

les  dits  sieurs  de  Pailielz  eL  du  Soleil  exé- 
cutent ce  que  dessus  sur  les  villes  et  lieux 
occupez  par  ceuix  de  l'une  et  de  l'autre  Rcli- 
oion  et,  couime  l'on  dit,  en  faisant  faisant. 
FaitàSainle-Bazeille,  le  viii"  jour  d'octobre 
j  678. 

Catherine. 


1578.  —  8  octobre. 

Orig.  Arobives  de  Florence. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  GRAND  DUC  DE  TOSCANE. 

Mon  cousin,  ayant  entendu  la  difficulté 
(|uc  aucuns  ont  faite  de  vouloir,  sur  nostre 
parole,  prester  cinq  cents  mille  francs  pour 
le  service  du  Roy  mon  filz  à  dix  pour  cent 
et  estre  rembourse's  au  bout  de  cinq  ans,  et 
trouvant  cela  estrange  et  désirant  que  le  Roy 
mon  fils  connoisse  par  elfet  vostre  volonté 
telle  que  je  m'asseure  l'avez  pour  son  service, 
je  me  suis  délibéré  vous  envoyer  l'abbé  Gar- 
dagni,  présent  porteur,  pour,  de  ma  part,  vous 
prier  vouloir  faire  tout  pour  le  service  du  Roy 
que  vous  mesme  en  commandez,  ou  trouver 
marchands  qui  veuillent  faire  ce  parti;  et,  si 
vous  mesme  voulez  faire  ce  service  de  les 
prester,  tant  plus  le  Roy  mon  fils  et  moi  en 
particulier  nous  en  serons  atenus.  Et  pour  ce 
que  ledit  abbé  vous  dira  plus  au  long  ma  con- 
ception et  ce  qu'il  me  semble  que  devez  en  ce 
faire  faire,  je  ne  vous  en  ferai  la  présente 
plus  longue,  et  la  finirai  vous  priant  le  vou- 
loir croire  et  penser  de  ce  qu'il  vous  dira  que 
je  vous  mande  comme  celle,  pour  estre  coumie 
vous  estes  sortie  de  ma  maison,  qui  désire 
que  vous  gagniez  la  bonne  grâce  du  Roy  mon 
fils,  et  qu'il  connoisse  que  ressentez  l'honneur 
que  avez  de  ce  que  je  lui  suis  mère  et  ne 
voulez  rien  espargner  jusques  à  vous  incom- 


ERINE  DE  MEDICIS. 

moder  pour  le  servir  :  il  est  jeune  et,  avec 

l'aide  de  Dieu,  qui  l'a  toujours  aidé,  sortira 

de  ses  affaires  et  aura  avec  le  temps  moyen 

de  reconnoistre  ceux  qui  l'auront  servi  et  aidé 

en  ses  affaires  présentes,  et  n'est  prince  qui  en 

soit  ingrat  envers  ceux  qui  le  servent  et  lui 

monstrent  amitié;  et,  comme  celle  qui  vous 

aime  et  toute  la  maison,  je  vous  conseille  <|ue  î^ 

ce  coup  nous  lassiez  connoislre  combien  estimez 

nostre  amitié  et  appui,  et  je  prie  Dieu,  etc. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  9  octobre. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français ,  n°  10905,  i^  161. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE, 

CONSEILLER    AD    C0:4SBIL    PHIT^   DU    BOT    HORSIEOB    MON    FILZ 
ET   PBÉSIDERT  BS  SA  COUBT   DE  PiBLEMEM. 

Monsieur  de  Belièvre,  je  n'euz  loisir,  il  y 
a  deux  jours,  de  faire  responce  à  la  lettre  que 
m'escripvites  par  Dujardin.  J'ay  receu  ce  soii', 
et  est  bien  tard,  par  Moineton,  celle  que  vous 
m'avez  aussi  escripte,  etveu  et  bien  considéré 
tout  ce  que  m'escripvez  par  l'une  et  l'aultre 
de  vosdictes  lettres;  mais  je  vous  diray 
qu'aiant,  par  la  grâce  de  Dieu,  si  bien  com- 
mencé comme  icy  pour  le  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  en  ceste  province,  je  commence 
à  en  faire  de  mesme  pour  ce  lieu  oij  je  pense 
encore  faire,  comme  il  est  nécessaire,  ung 
1res  grand  service  et  si  important  qu'il  fault 
que  je  vous  dise  qu'il  ne  Test  pas  moins  que 
ce  que  je  pourrois  servir  par  delà,  auprès  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  aux  grands  et  impor- 
tans  affaires  qui  y  sont  et  s'y  ])réparent;  à  quoy 
fais-je  icy  ce  que  je  fais  et  qui  ne  se  feroit 
sans  ma  présence,  et  par  grand  soing  et  dex- 
térité des  bons  serviteurs  du  Roy,  monsieur 
mon  filz,  qui  sont  icy.  Je  sçay  comme  j'au- 
rois  plus  servi  que  je  ne    fcrois  par  de  là. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


f)3 


Toullofois  vous  pouvez  bien  penser  qu'il  n'y  a 
rien  ([ue  je  désire  lant  que  d'arriver  au  bien 
d'estre  de  retour  auprès  de  moudict  S"'  et 
filz.el  (|ue  je  feray  ce  qu'il  sera  possible  pour 
y  estre  bienlosi,  aiant  donné  tel  ordre  que  ce 
que  j'ay  si  lieureusement  commencé  se  puisse 
parachever  après  que  je  seray  partie,  et  con- 
tinue au  désir  et  bien  du  service  du  Roy 
monsieur  mondict  S''  et  filz.  Monsieur  de 
Belièvre,  je  vous  diray  que  ma  cousine  la 
duchesse  de  Montpensier  m'a  encores  aujour- 
d'huy  asseuré  qu'elle  a  faict  fournir  les  de- 
niers dont  avoit  charge  le  s'  prévost  de  Ri- 
chelieu', en  sorte  que  j'espère  que,  estant  cella 
satisfajct  par  elle,  Hz  auront  esté  baillez  où 
vous  sçavez,  dont  elle  me  prie  bien  que  ceul\ 
qui  sont  icy  ne  sachent;  je  vous  assure  bien 
sinon  que  c'est  pour  les  fournir  aux  Suisses 
et  du  cosié  de  Suisse.  Je  vous  prie  aussi  sin- 
gulièrement le  regarder;  car,  comme  vous 
sçavez,  avec  nos  autres  mauLx  celui  là  estoit 
bien  grief  et  important  au  sen'ice  du  Roy, 
monsieur  mon  filz;  et  m'asseurant  que,  de 
vostre  part,  vous  n'obmettrez  rien  de  tout  ce 
qui  sera  possible,  je  ne  vous  en  diray  davan- 
tage, priant  Dieu,  Monsieur  de  Belièvre,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Esci'ipl  à  Tonnins-,   le  i\'  jour  d'ortobre 
15-78. 

De  sa  main  : 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


'  François  du  Plessis,  seigneur  de  Richelieu,  qui  avait 
accompagné  Henri  III  en  Polojjne,  fut  employé  par  lui 
dans  SOS  noj;ociations  avec  les  rcitres  et  nommé  prévôt 
de  son  hôtel  et  enfin  grand  prévôt  de  Franre,  en  1078; 
ce  fut  le  père  du  cardinal. 

-  De  la  Réole,  la  reine  mère,  remontant  la  Garonne, 
se  rendit  à  Marmande ,  puis  à  Tonueins ,  où  elle  ne  resta 
qu'un  jour,  allant  de  là  à  Port-Sainic-Mnrie,  qui  est  à 
mi-chemin  d'Agen,  où  elle  arriva  le  11  octobre. 


1578.  —  9  octohre. 
Ccipie.  Bilt).  nal. ,  Fonds  frauçais,  11^  33oo  ,  f"  .Sa. 

|\L1   R0\    \IOi\SlEUR   M0\    FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  vous  aurez  iiieu  ample- 
ment veu  par  les  dépesches  que  je  vous  feys 
avnul  hier  |iarRoger,  vostre  varletde  chambre, 
tout  ce  que  j'ay  faict  par  deçà  pour  vostre  ser- 
vice jus(pies  à  l'heure  de  mon  parlement,  qui 
fusl  de  la  Réolle  le  mardv  vu"  de  ce  mois;  el 
de  là  je  veins  coucher  à  Saincte  Bazille. 
comme  aussy  feist  mon  filz  le  roy  de  Navarre, 
en  la  présence  duquel  et  de  ceidx  de  la  reli- 
gion prétendue  réformée  qui  sont  averques 
luy,  je  feys  hier,  qui  fut  jeudv,  remectre  le 
■service  divin  et  rentrer  les  ])rètres  et  les  autres 
habitans  catholi(jues  audici  lieu  de  Saincte 
Bazille  et  feiz  favre,  comme  à  la  Réolle,  iing 
acte  public,  par  lequel,  après  ledict  divin  ser- 
vice remis,  lesdicts  prêtres  et  catholi(jues  se- 
ront tous  mis  en  vostre  protection  et  sauve- 
garde, en  la  garde  les  ungs  desaulres,  avec  les 
submissions  de  vivre  tous  en  paix,  repos  el 
union,  suivant  vostre  édict  de  paciflîcation. 
L'après  disner  dudictjour  d'hier,  je  fiz  assem- 
bler ceulx  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy  avec 
le  viconte  de  Tourenne',  Guitry,  Lezignan-, 
et  Depinge',  son  secrétaire,  que  vostredirt 
frère  le  roy  de  Navarre  députa  pour  'regar- 
der à  dresser  les  instructions  et  leclres  qui 
.sei'oient   envolées    et  escriptes  par   moy,    de 

'  llenr-i  de  la  Tour,  vicomte  de  Turenne,  était  lieu- 
tenant général  du  roi  de  Navarre  en  Languedoc.  11  devint 
plus  tard  duc  de  Bouillon.  .Ses  Méinnires  sont  dans  toutes 
les  collections. 

-  Henri  deLusiguan,  capitaine  de  cinquante  liommets 
d'armes,  gouverneur  de  la  ville  et  château  de  l'uinnrol , 
homme  de  confiance  du  roi  de  Navarre,  qui  le  députa 
plusieurs  fois  vers  Henri  HI  ou  la  reine  mère. 

'  Ne  serait-ce  pas  le  Dupin  des  iVe(«"iVes  de  Marguerite? 


6/i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


vostre  part,  cl  par  moiidict  filz  le  roy  de 
Navarre,  tant  pour  luy  que  générallement 
pour  tous  ceulx  de  ladicte  religion  prétendue 
réformée  et  ceulx  que  vous  avez  veuz  pai'  le 
mémoyre  que  vous  ay  envoyé  par  lodict  Roger, 
qu'avions  députez  par  les  séneschaussées  et 
païs  tant  de  tout  le  gouvernement  de  Guienne 
que  de  ce  qui  est  le  plus  près  de  deçà  au 
gouvernement  de  Languedoc,  desquelles  in- 
structions je  vous  envoyé  un  double,  qui  est, 
comme  verrez,  conforme  aux  articles  entre 
nous  accordez,  y  ayant  faict  faire  par  Pinart 
un  mot  de  préanbule,  dont  je  suys  bien  as- 
seurée  que  vous  m'advouerez,  comme  faict 
vostredict  frère  le  roy  de  Navarre,  du  grand  et 
ferme  désir  que  vous  avez  au  bien  de  la  paix 
et  eslablissement  de  vostredict  édict  de  pacif- 
ficalion  conforme  sur  lesdictz  articles  entre 
nous  accordez,  dont  vous  ay  envoyé  le  double  ', 
et,  sur  ladicte  instruction,  toutes  lesdépesches 
qui  sont  pour  ce  nécessaires  tant  ausdictes 
personnes  par  nous  nommées  que  aux  bailiifz, 
sénescliaulx,  cappilaines  et  gouverneurs  de 
villes  et  cliasteauh,  ausquelz  par  lectres  par- 
ticullièrcs  j'escris  fort  clairement,  et  avecques 
toutes  les  persuasions  qui  se  peuvent,  loul  ce 
quilz  ont  à  favre,  m'ayant  vostredict  frère  le 
roy  de  Navarre  promis,  aussi  il  a  esté  accordé, 

'  On  trouvera  à  VAppendice  les  pièces  dont  il  est 
question  dans  la  lettre  de  la  reine,  deux  datées  de  La 
Réole,  une  de  Sainte-I5azoille,  et  deux  d'Agen;  elles 
étaient  lro[)  longues  pour  être  mises  en  note.  Ce  sont  : 
1°  les  Articles  accordez  à  La  Bcolle  entre  la  Royne, 
mère  ilu  I\oij  et  le  roy  de  !\avarre;  2°  la  Lellre  missive 
envoyée  à  tous  les  baillys  et  sénescliaulx ,  du  7  octobre; 
3**  Vlnstruclion  envoyée  à  chacun  des  seigneurs  cy-devnnl 
nommés  pour  aller  faire  exécuter  l'édict ,  du  8  octobre 
1578;  4°  la  Lettre  missive  accompagnant  ladicte  instruc- 
tion; 5°  une  Commission  au  S^  de  Fontenilles  pour  aller  à 
Lectoure,  pour  en  veoir  sortir  la  garnison  et  faire  ce  qui 
est  contenu  en  icelte  instruction,  datée  d'Agen,  le  i3  oc- 
tobre 1578.  Ces  cinq  documents  sont  tirés  du  ms.  fr. 
33oo. 


d'en  faire  de  mesmes,  et  qu'il  ine  fera  veoir 
et  envoyer  de  Nérac,  oii  il  doibt  aujourd'huy 
aller  couscher,  par  son  secrétaire  dedans  deux 
jours,  toutes  lesdictes  dépescbes  qu'il  faict  de 
sa  part,  afin  que  les  puissions  envoyer  à  tous 
ceulx  qu'il  appartiendra,  lesquelz  aussy  nous 
manderons  ensemblemenf  procedder  inconti- 
nant  et  dilligemment  à  ce  ([ui  leur  est  mandé 
et  m'en  advertir  journellement  pendant  que 
je  seray  par  deçà,  et  fayre  procès  verbal  de 
tout,  afin  que  vous  puissiez  veoir  comme  le 
tout  sera  passé  et  le  debvoyr  que  cbascun 
d'eulx  V  aura  faict,  dont  j'espère  les  admones- 
ter si  souvent  par  lectres,  et  pourveoir  avec 
toute  dilligence  aux  dilîicultez  qui  pourront 
survenir  à  l'endroict  de  beaucoup  qui  ne 
veuUent  pas  la  paix  que,  j'espère  avec  layde 
de  Dieu,  vostredict  édict  de  pacilïication  y 
sera  bien  estably  avant  que  je  parte  de  ces 
païs,  quelques  traverses  que  je  voye  que  l'on 
y  veuille  donner  d'une  part  et  d'aultre. 

Le  sieur  mareschal  de  Biron  arriva  hier,  sur 
l'après-disner,  comme  je  lui  nvois  expressé- 
ment escript  n'y  faillir, audict  Sainctc  Bazille, 
où  il  trouva  en  ma  chambre  mondict  fiiz  le 
roy  de  Navarre,  qui  luy  parla  plus  brusque- 
ment que  nous  ne  pensions,  vosire  sœur  la 
royne  de  Navarre  et  moy,  pour  ce  qui  s'est 
passé  entre  eulx,  dont  ledict  sieur  mareschal 
monstra  d'estre  fort  en  collère.  Et  vous  asseure. 
Monsieur  mon  filz,  que  je  feuz  aucunement 
en  peyne  comme  je  rabillerois  le  tout;  mais 
les  bons  offices  de  vostre  sœur  et  de  mon  cou- 
sin le  cardinal  de  Bourbon,  et  la  peyne  que 
j'y  prins  envers  l'ung  et  l'aultre  pour  le  bien 
de  vostre  service,  fut  cause  de  les  accorder  tel- 
lement quellement.  Toutefoys  j'espère  qu'en 
continuant  comme  nous  ferons,  ilz  se  remec- 
teront  du  tout  au  bon  mesnaige  que  je  désire 
pour  le  bien  de  vostredict  service. 

J'ay  ce  jourd'huy  disné  à  Marmande ,  oîi  j'ay 


LETTRES  DE  CATIIKniNE  DE  MEDiniS. 


65 


fait  premièremeni   entrer  \o.stredicl  l'rère  lo 
roy  de  Nnv.irre,  qui  y  a  esté  fort  bien  rcceu, 
suivant  ce  que  les  juratz  et  une  partye  des  prin- 
cipauli;  liabitans,  qui  me  viiidrent  hier  trouver 
aiidicliieu  de  SaiucteBazilie.  me  promisrent. 
et  aussy  à  vostredict  frère  le  roy  de  Navarre, 
qui  leur  jiromist  aussy,  de  sa  part,  d'ouhiier  ce 
qui  s'estoit  passé  durant  les  troubles,  puisque 
je   i'asseurois,    comme    aussv   firent -iiz.   de 
le  recovuoistre  tousjours.   suivant  vostredict 
édicl  de  paciffication  et  selon  aussy  vostre  in- 
tention, comme  gouverneur  et  vostre  lieute- 
nant   {fénérai  en   ce  pais;  di'  sorte  que,  ce 
matin,  y  estant  entré  devant  mov,  il  a,  comme 
dict  est,  esté  fort  bien  l'eceu  deulx  :  aussv  leurs 
a-il  faict  fort  bonne  chère;  et  leurs  ay  com- 
mandé (ju'ilz  eussent  à  y  recepvoir  et  laisser 
entrer  suivant    vostre    édict  de   pacifficacion 
ceul\  de  ia  religion  prétendue  réformée  qui  y 
avoienl  leurs  maisons  et  qui  avoient  accous- 
tunié  d'y  demeurer.  Je  suis  venue   couscher 
en  ce  lieu  de  Thonnins,  (jui  tenoit  pour  ceulx 
de  ladicte  religion,  oii  mondict  Clz  le  roy  de 
Navarre  est  venu  disner  et  fayre  pourveoyr  à 
ce   qui   estoit   nécessayre  pour   mon    arrivée 
en  cedici   lieu,  où  j'espère,  avant  en  partir, 
restablir  avant   toute   œuvre   nostre    religion 
calholicque  et  y  fayre  aussy  rentrer  les  gens 
d'église  et  les  catholicques,  et  fayre  fayre  par 
mesme  moyen,  corne  a  esté  faict  audict  lieu 
de  la  Réolle,  l'acte  public'  pour  la  seureté 
desdiclz  catholicques  et  pour  vivre   tous   les 
ungs  avecques  les  aultres  en  paix  et  union . 
ce  que  je  conlinuerav  par  tous  les  lieulx  où 
j'irav,    espérant    aller    demain    couscher    an 
Port  Saincte  Marie  et  samedy  à  Agen,  où  vous 
pouvez  bien  penser,  Monsieur  mon  filz,  que 
je  ne  perderay  pas  le  temps  et  que  j'y  feray, 

'  tZ-'arte  public»,  c'est   lo  lilre  iiii'me  de  ia  pièce 
importanlp  dunl  il  est  parlé  à  la  iiole  do  la  page  préci'- 


dente. 


avec  le  plus  de  dilligence  qui  me  sei-a  pos- 
sible, tout  ce  ([ue  je  pourray  pour  vostre  ser- 
vice, espérant  v  veoir  la  noblesse  d'Agenois, 
envers  !a(|nelli'  vous  |iou\çz  crovre  (jue  j(! 
n'obmecirav  rien  de  toul  ce  qu'il  est  requis  de 
leur  représenter,  pour  oster  les  mauvaises  im- 
pressions que  l'on  a  mis  en  plusieurs  de  Ions 
ces  quartiers  de  deçà,  pour,  comme  j'estime, 
les  ineclre  au  chemin  de  ceulx  des  provinces 
de  Bourgongne  et  d'ailleurs,  dont  congnois- 
sons  cela  depuis  (jue  je  suys  icy,  et  qu'ilz  y 
sont  faumentez  par  aucuns,  qui  vous  deb- 
vroient  estre  les  plus  fidelle.  Je  parle  en  par- 
ticullier  et  en  publicq,  et  pendant  que  je  suys 
à  table,  selon  que  je  vov  qu'il  est  à  |>ropos, 
de  sorte  que,  continuant,  comme  je  feray  en 
tous  les  lieux  où  j'irav,  j'espère  que  cela  raba- 
tera  beaucoup  des  mauvaises  délibéracions  où 
on  tâche  de  les  amener.  Voylà  pour([u(iy  je 
vous  prye.  Monsieur  mon  Clz,  envoyer  es 
provinces  de  delà  des  personnes  notables  bien 
capables  et  qui  vous  soient  très  affectionnez 
pour  y  fayre  ce  que  j'ay  veu,  par  le  résultat 
que  m'envoiastes  par  Pinart^  qu'avez  délibéré 
favre;  car  je  vous  asseure  qu'il  en  est  très 
grant  besoing  el  que  cela  vous  servira  beau- 
coup. Mon  cousin  le  duc  de  Montpensier  a 
esté  depuis  deux  jours  malade  de  la  coli([uc. 
mais  maintenant  il  se  porte  très  bien  ;  je  eusse 
bien  désiré  qu'il  luy  cust  pieu  aller  en  son 
gouvernement  à  la  tenue  de  ces  prochains 
Estatz,  mais  sa  pi'ésence  me  sert  de  beaucoup 
icv,  et  vovlà  pourquov.  Monsieur  mon  fdz,  je 
suis  d'advis  que  vous  envoyez  la  commission 
pour  ladicte  leneue  des  Eslafz  tout  droii't  en 
Bretaigne  et  que,  quelques  jours  auparavant 
ladicte  tenue  d'iceulx,  vous  y  envoyez  coninn^ 

'  Le  secrétaire  d't']t.it  Pinart  n'était  pas  parti  de  Paris 
avec  l;i  reine:  il  no  vint  la  rejoindre  qu'à  liordeaux  dans 
les  derniers  jours  de  «epleinbro  :  et  à  partir  de  celle 
époque,  il  conlresii^ne  beaucoup  de  ses  dépoches. 


C*TIIEni\E    DE   .MéDICI-^ 


66 


LETTRES  DE  GATHERIINE  DE  MÉDICIS. 


aux  aultres  proviucps  quelqu'un  bien  capable 
et  qui  vous  soyt  affectionné,  pour  ayder  à 
destourner  ces  mauvaises  impressions,  que  le 
sieur  de  la  Hunaudaye^  m'escript  qui  sont 
aussi  bien  audicl  pais  de  Bretaigne  que  aux 
autres  provinces ,  priant  Dieu ,  Monsieur  mou 
fiiz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Thonnins,  le  jx'  jour  d'octobre 


tb-ji 


Caterine. 


1578.  —  11  oc.lobrc. 

Orig.  Bibl.  nnt. ,   Fonds  franvaia,  n"  3ai7.  f"  63. 

A  MON  COUSIIV 

LE  S'  DE  DAMVILLE, 

M^nESCUAL  DE  FRANCE,  COOVBItKEUB   EN  LANGUEDOC. 

Mon  cousin,  je  m'estois  resjouie  d'avoir 
entendu  par  le  sieur  de  Vallence  et  ma  cou- 
sine vostre  l'emme  que  le  s''  de  Ghastillon  se 
fust  retire'  de  i'entreprinse  de  Beaucaire  ;  mais , 
à  ce  que  le  roy  de  Navarre  m'a  mandé  de  Né- 
rac,où  il  s'en  alla  avant  hier  pour  deux  ou 
trois  jours,  le  sieur  d'Andelol,  frère  dudict  s'' 
de  Ghastillon,  s'est  mis  dans  le  chasteau  du- 
dict Beaucaire ,  qui  ne  peult  estre  qu'à  très 
maulvaise  intention.  Toultefois  le  roy  de  Na- 
varre, m'en  ayant  advertie  par  le  sieur  viconte 
de  Turenne,  m'asseure  aussy  que  celuy  qu'il 
a  encore  par  delà,  comme  je  vous  ay  cy  de- 
vant escript  pour  le  faict  dudict  Beaucaire, 
en  fera  sortir  ledict  s'  d'Andelot  et  remectre 
ledict  chasteau  suivant  l'intention  du  Boy 
mon  iils,  comme  il  est  porté  par  son  édicl, 
vous  priant  doncques,  mon  cousin,  faire  se - 
moudre  le  sieur  de  Gonstans-,  qui  est  allé  par 

'  René  de  Touinemine ,  barou  de  la  liunaudaie, 
gentilhomme  breton,  allié  à  la  maison  de  Rohan. 

'  Augustin  deCoiistans,  seigneur  de  Rebecque,  dont 
nous  avons  déjà  vu  plusieurs  fois  le  nom,  était  un  des 


delà  pour  cest  effect,  de  satisfaire  à  la  charge 
qu'il  en  a  du  roy  de  Navarre  et  à  la  promesse 
qu'il  m'a  faicte,  partant  d'avec  nous,  de  si 
bien  exécuter  sa  charge  que  j'en  aurois  con- 
tentement, comme  a  veu  celiuy  de  vos  gens 
qui  vous  a  porté  ma  dépesche,  qui  y  estoit 
lors  du  partement   dudict  Constans. 

Cependant,  mon  cousin ,  je  vous  diray  aussy 
que,  suivant  ce  que  nous  avons  accordé,  le 
rov  de  Navarre  et  nioy,  j'envoye  à  Monsieur 
de  Joyeuse,  pour  ce  qu'il  est  le  plus  près 
d'icy,  et  pendant  que  vous  serez  occupé  audict 
Beaucaire,  les  commissions,  instructions  et 
dépescbes  nécessaires  que  j'ai  faites  de  la  part 
du  Roy,  à  sçavoir  :  en  Foix,  les"'  de  Pailletz; 
on  Albigeois,  le  s''  de  Cornusson;  es  contés  de 
Lauraguais.deGarmin;  diocezes  de  S'  Papoul 
et  de  Lavaur,  le  s"^  de  la  Groisette;  en  la 
seigneurie  de  Garcassonne,  le  s'  deMirepoix; 
et  es  diocèses  de  Narbonne,  Nismes,  Mont- 
pellier, Monsieur  de  Rieux;  et  de  la  part  du 
roy  de  Navarre  :  en  Foix,  le  s''  du  Soleil; 
Albigeois,  le  viconte  de  Paulin;  Lauraguais, 
Carmin;  S'  Papoul,  Lavaur,  Monbarttier  le 
père;  Garcassonne,  le  s''  de  la  Gaze;  Nar- 
bonne, Nismes  et  Montpellier  et  Uzès,  Gre- 
mian,  pour  se  joindre  ensemble,  afin  d'exé- 
cuter le  contenu  dans  les  articles  par  nous 
accordés,  suivant  lesdictes  instructions  qui 
leur  sont  faictes  et  signées  de  mon  fils  le  roy 
de  Navarre  et  de  moy,  lesquelles  leur  seront 
envoyée.s  par  le  s'  de  Joyeuse.  Je  vous  en  en- 
voyé la  coppie  d'une,  sur  laquelle  sont  for- 
mées toutes  les  aultres,  atin  que  vous  enten- 
diez tousjours  comme  nous  procédons  et  ce 
qui  se  doibt  faire  eu  vostre  gouvernement, 
vous  priant  de  tenir  la  main,  comme  je  suis 

plus  fidèles  serviteurs  du  Déarnais,  souvent  cbargé  par 
lui  de  négociations  importantes.  11  avait  accompagné 
Jeanne  d'Albret  à  Paris  en  157-3. 


LfiTTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


67 


très  asseurëe  que  ferez,  à  caque  ce  que  nous 
avons  re'solu  et  accordé  avec  le  roy  de  Na- 
varre par  ladvis  des  sieurs  qui  sont  par  deçà 
se  puisse  diligemment  exécuter  en  vostre  gou- 
vernement et,  en  ce  faisant,  y  remettre  toutes 
choses  en  paix  et  repos  suivant  ledict  édict 
de  pacitfication,  vous  priant  d'en  escripre,  de 
vostre  part,  aux  s"  de  Pailletz,  de  Cornusson, 
de  la  Croiselte,  de  Miiepoixet  de  Rieux,  et  à 
tous  ceux  que  vous  penserez  qui  pourront  servir 
en  cette  affaire;  vous  priant  aussy,  et  suivant 
l'intitulé  et  premier  article  desdictes  instruc- 
tions, que  vous  faictes  publier  partout  à  son 
de  trompe  nostre  résolution,  afin  que  chacun 
s'y  conforme,  faisant  par  mesme  moyen  tenir 
les  lettres  que  j'en  escripts  aux  séneschaux 
de  vostre  gouvernement,  dont  je  vous  envoie 
les  lettres,  que  je  vous  prie  de  faire  suscripre 
et  les  leur  faire  tenir,  afin  que, de  leur  part, 
ils  en  fassent  faire  les  publications  et  que 
chacun  se  dispose  à  l'establissemenl  de  l'édicl  ; 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincle  cl  digne  garde. 

Escript  au  Port  S''  Marie,  le  xi"""  jour 
d'octobre  1578. 

Mon  cousin,  de[)uis  ceste  lettre  faicte,  j'ay 
receu  la  vost  re  de  vostre  main ,  et  sceu  de 
vostre  femûie  et  du  sieur  de  Vallence,  comme 
toutes  choses  sont  en  très  maulvais  estât  par 
delà  pour  les  troubles  que  plusieurs  y  font, 
lesquels  ne  seront  advouez  de  mon  filz  le  roy 
de  Navarre;  par  ainsy,  suivant  la  dépesche 
que  nous  faisons  jirésentement,  il  sera  bon  que 
vous  donniez,  par  mesme  moyen,  ordre  que 
tels  gens  soient  chastiez,  comme  il  sera  aisé 
de  faire,  se  joingnant  avec  les  catholicques 
ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée ,  ainsy 
que  le  roy  de  Navarre  m'a  asseuré  avoir  es- 
cript et  mandé  par  delà  par  le  sieur  de  Con- 
stans  à  ceulx  de  la  religion  prétendue  réfor- 


mée. Je  ne  vous  puis  encore  dire  au  vray  le 
jour  que  j'arriveray  à  Thoulouse,pour  ce  que 
je  désirerois  bien  ne  point  partir  de  ces  quar- 
tiers que  je  n'y  veisse  le  bon  ordre,  que  je 
souhailte  et  espère  qui  y  sera  bientosi,  pour 
l'exécution  de  l'édict  de  paciihcation. 

De  sa  main  :  Je  veu  ])ar  voire   leire   cpie 

partes  pour  vous  en  venir  hà  Thoulouse  me 

trover,  de  quoy  je  suys  bien  ayse;  j'espère  y 

estre  den  peu  de  jours'. 

Voslre  jjonne  cousine, 

Catkiune. 


1578.  —  11-1 5  octobre. 

Copie.  Bibl.  nal. ,  Foiuls  friinçais  ,  n"  33oo  ,  f"*  55  v". 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS'^] 

Monsieur  mon  hlz,  désirant  vous  rendre 
journellement  compte  de  tout  ce  qui  se  pa.sse 
par  deçà  pour  vostre  service,  je  vous  diray 
que,  partant  hier  malin  de  Thonnins,-d'oii  je 
vous  despeschay  le  sieur  Jehan  Baptiste,  je 
vins  disner  à  Esguillon',  appartenant  à  mon 

'  De  son  coté  Henri  lit  écrivait  à  Dainvillo:  r  Je  vous 
ay  envoyé  une  lettre  que  j'ay  escripte  au  s'  de  Chasiillon, 
et  quatre  pour  l'aire  distribuer  à  telles  villes  que  vous 
adviserez  qui  tiennent  le  party  de  la  religion  prétondue 
réformée,  pour  les  exborter  de  ne  prestor  aucune  assis- 
lance  à  liaudonnet  dans  sa  désobéysance.Toutelois, ayant 
depuis  reçu  une  lettre  que  le  maréclial  de  Deileganle  m'a 
escriole  du  xxi  du  passé,  avec  la  copie  d'une  d'iceluy 
sieur  de  Chasiillon  audicl  Baudonnet,  par  laquelle  se  voit 
qu'ilz  sont  bien  en  avant  en  pratique  ensemble,  j'ay 
voulu  encores  faire  une  recharge  plus  expresse  tant  aux- 
dicles  villes  que  audict  s'  de  Chastilion  ,  telle  que  verrez 
que  jovous  envoie  ouverte  avecla  présente,  pour  vous  en 
ayder  ainsy  que  congnoistrez  estre  à  propos. n  (Bibl.nal., 
fonds  fr.  n°  3 3 /il,  f°  lo). 

'  En  titre  :  trEnvoyée  au  Roy  par  M.  Desjardinsn. 

'  Aiguillon,  une  des  plus  jolies  et  importantes  villes 
de  l'Agenais,  entre  Tonneins  et  Porl-Sainle-Marie. 


68 


LIiTTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


cousin  l'admirai  de  Villais  \  et  cousclier  au 
Port  Sainte  Marie ,  èsquelz  lieux  je  feys ,  comme 
aux aultres où  j'ay passé,  exe'cuter  vostre  édict 
par  actes  publicqs  enregistre's  au  registre  du 
grolFc  de  la  justice  de  cbascuu  d'iceuk  lieux. 
Hier,  peu  auparavant  mon  soupper,  ainsy 
que  je  me  promenoys,  arriva  le  sieur  viconte 
de  Thourenne,  qui  me  feyt  et  à  vostre  sœur 
les  recommandations  de  mou  filz  le  roy  de 
Navarre,  qui  nVstoit  pas  ioing  de  nous  de 
l'autre  costé  de  la  rivière  où  il  estoit  veneu 
à  la  chasse,  luy  ayans  commande'  m'advertir 
que  le  sieur  d'Andelot,  frère  du  s'^  de  Chas- 
lillon,  s'esioit  mis  dans  le  cliasteau  de  Beau- 
caire,mais  qu'il  avoit  escript  et  envoyé'  pour 
l'en  faire  sortir.  Je  luy  monstray  d'estre  fort 
marrye  de  ces  nouvelles  là,  comme  à  vous 
dire  la  vérité  aussy  suis-je,  pour  la  crainte 
que  j'ay  que  cela  apporte  grand  préjudice  à 
vostre  service;  je  luy  monstray  la  promesse 
que  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  avoit  si 
expressément  l'aicte  qu'il  empescheroit  l'en- 
treprinse  dudict  s''  de  Chastillon  sur  ledict 
Beaucaire,  cl  que,  s'il  ne  le  faisoit,  jen'aurois 
pas  grande  occasion  d'adjouster  foy  à  ses  pa- 
rolles  ;  sur  quoy  ledict  viconte  me  réitéra  encore 
la  dépesche  qu'il  en  avoit  faicle,  ninnslrant 
de  penser  que  ledict  d'Andelot  en  partiroit. 
Touttefois  n'en  veulx  croire  que  ce  que  je 
verray.  Après  ce  propos  là,  icelluy  viconte 
me  parla    des  chasteaux   de    Montaignac   et 

'  Honorai  tle  Savoie,  mari]uis  de  Villars,  comte  de 
Tende  et  de  Pommerive,  second  fils  de  René,  Ijàtardde 
Savoie,  ol  de  Anne  l,asc:iris,  dame  de  Tende;  il  était 
lieutenant  général  en  Guyenne  depuis  qu'il  avait  suc- 
cédé en  cette  charge  à  Biaise  de  Moniuc  en  1570,  maré- 
chal de  France  en  1571,  amiral  en  1.573.  Le  duc  de 
Mayenne  avait  épousé  sa  fdle  Henrie,  veuve  de  Melchior 
de  Prez,  seigno'ir  de  Monlp?zat,  et  succéda  à  sa  l'onc- 
tion d'amiral  de  France.  —  Voir  L?s  comtes  île  Tende  de 
la  tiiaison  de  Savoie,  par  M.  le  comte  de  Panisse-Passis. 
Paris,  Firniin  Didol,  i88g,  in-4",  p.  107-177. 


Nontroncq',  dont,  dès  que  nous  estions  à  la 
Réolle,  le  roy  de  Navarre,  ledict  viconte  et 
les  autres  qui  sont  auprès  de  luy  m'avoient 
fort  instamment  priée  de  les  faire  remettre 
en  ses  mains,  suivant  une  lettre  qu'ils  disoient 
qu'en  aviez  escripte  et  par  laquelle  le  pro- 
mettiez à  voslredict  frère  le  roy  de  Navarre, 
qui  me  feyt,  dèslors  que  nous  estions  audict 

!  lieu  de  la  Réolle ,  apporter  ladicte  lettre  et 
veoir  l'endroict  de  ce  qui  en  parloit  ;   mais 

j  pour  ce  quïl  v  avoit ,  suivant  que  vous  n'es- 
tant pas  de  pire  condition  que  les  aullres, 
vouliez  aussy  qu'on  vous  rendist  vos  villes, 
cela  m'aida  bien  à  m'en  deffeudre ,  et  leur  dictz 
qu'il  falloit  user  en  cecy  réciproquement  et, 
nommément  comme  il  est  porté  par  ce  que 
avons  accordé  et  signé  ensemble,  en  baillant 
baillani ,  et  que,  ce  faisant,  je  feroys  rendre 
lesdicts  cbasfeaulx  et  non  aullrement:  sur 
quov  ledicl  viconte  me  dict  qu'il  estoit  l)ien 
raisonnable,  et  qu'il  feroit  remettre  suivant 
vostre  édict  Yssideul-  et  Signac  qui  sont, 
comme  iesdictzdeux  chasteaux,  en  Périgord; 
mais  pour  ce  que  je  ne  congiioissois  pas  bien 
ces  lieux  là,  j'appelay  aulcuns  de  ceux  de 
vostre  Conseil  qui  estoient  avec  moy,  qui 
trouvèrent  cet   expédient  assez  bon;  loutte- 

'  .Montignac  et  Nontron  sont  deux  villes  périgour- 
dinos  oii  se  trouvaient  des  châteaux,  lieiix  de  réunion, 
d'assemblées  protestantes.  ilontignac-le-Comte  se  trouve 
sur  la  rive  gauche  de  la  Vézèro,  à  dix  lieues  de  Péri- 
gueux;  et  Nontron  est  aujoiird'lini  chef-lieu  d'arrondis- 
sement de  la  Dordognc.  On  y  voit  encore  le  reste  de 
l'ancienne  forteresse  qui  existait  an  temps  des  guerres 
do  religion.  D'ailleurs,  ces  deux  châteaux  dépendaient 
du  roi  de  Navarre  qui,  dès  le  6  juillet  1 078  ,  écrivait  au 
roi  pour  se  plaindre  de  se  voir  irpriver  de  la  joyssancc 
de  mes  maisons  et  chasteaux  de  Nontron  et  Montignacn  ; 
et  le  la  juin,  il  dis:dl  à  Henri  Ht  :  nMes  maisons  de 
Montignac  et  Xontrou  audict  pays  me  sont  toujours  des- 
tcnnes  et  occupées,  quelque  paix  et  exécution  d'édict 
qu'd  y  ait.D  {Lettres  missives,  t.  [,  p.  18a  et  383.) 

-  Kvideuil,  chef-lieu  d'arrondissement  de  Périgueux. 


fois,  iiii  lii'ii  (le  l'aire  par  io  roy  de  Navarre 
retnetlre  Icsdiclz  lieux  en  Périj[ord ,  ils  dirent 
qu'il  vanldroit  inienk  que  re  l'usl,  icy  que  le 
conlreschange  se  feist  desdicls  chasteau.x, 
pour  ce  que  re  (ju'il  nommoit  en  Périgord 
ii'estoit  l'ien,  et  nomme-t-on  divers  lieux 
comme  Cliaslillon  ,  (jui  est  à  .Monsieur  l'amiral 
ou  Figear  '  et  Puymiroi- ;  cela  demeura  ainsy 
indécis,  mais  je  |)ense  bien  (|u'à  la  première 
occasion  ils  m'en  parleront  encore,  et,  si 
ainsy  est,  je  l'eray  tout  ce  que  je  pourray,  aflîn 
que  ce  soit  Figeac  et  iedict  Cliaslillon  ou  bien 
ledict  Puymiroi. 

Ce  jour  d'iiuy  matin  vostredict  frère  le  roy 
de  Navarre  m'est  veneu  rencontrer,  comme  je 
venois  en  ce  lieu,  luy  sixiesme,  allant,  à  ce 
qu'il  m'a  dict,  à  la  cliasse  à  Lézignan^,  qui  est 
icy  auprès,  j'ay  e^tc  bien  aize  de  ce  que  ainsy 
librement  il  commence  à  se  comporter  envers 
moy;  il  m'a  parlé  du  jour  que  nous  nous 
debvons  trouver  à  l'isle  en  Jourdain,  qui  est 
le  XV""  de  ce  mois,  me  faisant  entendre  que 
luy  ny  moy  n'y  pourrions  pas  que  malaisé- 
ment arriver  ce  jour  là  :  aussy  voy-je  (|u'il  sera 
bien  dillicile,  pour  ce  qu'il  y  a  encore  bien 
loing  d'icy,  et  qu'il  faut  que  je  séjourne  icy  à 
cause  de  l'intérêt  de  vostre  service,  ce  qui  sera 
demain  jusques  à  mardy  procbain  xm™"  de  ce 
mois.  J'espère  en  partir  touttefois;  si  nous 
avons  à  prolonger  ledict  jour,  je  ferav  en  sorte 
que  cela  viendra  de  luy,  et  avec  l'advis  des 
princes  du  sang  et  de  ceulx  de  vostre  Conseil 
qui  sont  icy,  alliii  (|u'il  ne  puisse  après  dire 
avoir  esté  laict  aulcun  cliangement  eu  ce  que 
nous  avons  accordé  et  signé  ensemblement 
(dont  vous  avez  ung  double)  que  ce  n'ayt  esté 
à  sa  requeste. 

'  Figeac,  clief-li'Mi  (l'arrondissement,  à  G7  kil.  do 
Caliors. 

-  Puymiroi,   chel-lifn  de  canton,  à   17   kil.  d'.^gen. 
^  Lésignan-(jraiul .  à  1 1  kil.  d'Agen. 


LEÏTIIES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

Je 


69 


ne  veulx  aussy  oublier  à  \oiis  dire  ([iie 
le  s''  de  Bajaumonl,  sénécbal  de  ce  |)aïs,  me 
vint  liier  Irouver  au  Port  Sainte-Marie,  ayant 
avec  luy  environ  vingt-cinq  genlilzbommes, 
qui  s'cstoient  bien  promis,  où  ils  s'esloieiil 
assemblez,  à  ce  (]iie  j'ay  sceu,  de  me  faire 
congnoistre  les  doubles  où  ils  estoient  de  ceulx 
de  la  relligion  prélendue  réformée  et  mons- 
trer  doulcement  ([uelques  occasions  de  mes- 
conlenlement.  Après  qu'ils  m'eurent  faict  la 
révérence,  où  se  trouva  inconliiieni  ledict 
viconte  de  Turenne  (jui  me  vir.l  Irouver, 
comme  il  est  cy  devant  dict,  et  qu'ilz  m'eurent 
faict  d'bonnestes  offres  pour  vostre  service  et 
aussy  en  mon  particullier,  je  leur  commcnçay 
ma  response,  comme  s'ils  n'eussent  plus  eu 
rien  à  me  dire,  et  n'obmis  rien  de  tout  ce 
que  j'avois  auparavant  délibéré  de  leur  dire 
pour  leur  faire  entendre,  en  les  remerciant 
de  leurs  bonnes  volontés,  les  grandes  occa- 
sions que  vous  aviez  eu  de  faire  la  paix  ,  entre 
lesquelles  principallement  estoit  la  conserva- 
tion d'eulx,  dont  si  grand  nombre  estoit,  avec 
très  grasid  regret,  mort  par  ces  guerres,  leur 
faisant  aussy  congnoistre  la  grande  ad'ection 
que  vous  portez  à  toute  vostre  noblesse  et  à 
eulx  parlicuUièrement  qui  vous  estoient  tant 
alfeclionnés,  que,  continuant  comme  c'estoit 
leur  debvoir,  et  que  je  ni'asseurois  qu'aussy 
l'eroient-ils  que  vous  les  gratilfierez  tousjours 
fort  voluntiers,  et  en  général  et  en  particulier, 
d'honneurs  et  de  bienfaicls,  quant  les  occa- 
sions s'en  présenteront.  Aussy  n'oubliay-je 
pas,  comme  la  pluspart  deux  avoient  esté  avec 
vous  aux  armées  où  vous  les  aviez  emmenés, 
et,  en  passant,  leur  feys  congnoi.-lre  la  déli- 
bération où  vous  esliez  d'en  aprorber  le  [)lus 
grand  nombre  que  vous  pourriez  auprès  de 
vous  et  iceulx  mettre  en  vostre  Estât,  et  ([ue 
si  votre  prédécesseur  avoil  donné  conlenle- 
menl  à  toute  la  noblesse  de  ce  royaulme,  (]ue 


70 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


vous,  qui  aviez  tant  de  fois  combatu  avec  eulx 
et  qui  aviez,  oultre  cela,  de  grandes  expé- 
riences, pour  avoir  esté  et  dedans  et  dehors 
le  royauime  parniy  tant  d'estrangers,  qui  \ous 
avoient  si  fort  honoré  que  je  m'asseurois 
(ju'eulx,  qui  natureHemenl  vous  estinioient 
affectionnez,  le  feroient  tousjours  paroistre, 
ainsy  envers  vous  leur  roy,  que  faiziez  aussv 
tel  cas  d'eulx  que  vous  n'aviez  rien  si  cher  au 
monde  ny  en  sy  grande  amour  et  affection  que 
la  noblesse  de  vostredict  royaume,  et  qu  aussy 
n'aviez  vous  rien  plus  agréable  que  de  vous 
veoir  bien  accompaigné  d'elle,  comme  vous 
estiez  maiutenaiit,  en  faisant  tous  lionnestes 
exercices  où  elle  vous  accompagnoit  soit  à 
monter  à  cheval,  comme  vous  fesiez  fort  sou- 
vent, et  alliez  à  la  chasse,  pour  le  moins  deux 
ou  trois  fois  la  sepmaine,  et  que,  hors  les 
heures  ([ue  vous  emploiez  à  vostre  Conseil, 
estant,  comme  vous  estes,  chargé  de  beaucoup 
d'affaires,  ils  vous  veoyoient  le  reste  du  jour,  et 
vous  eulx ,  sans  que  vous  refusassiez  personne 
de  ceulx  qui  le  mérittent  d'aulcunes  choses 
dont  les  puissiez  gratiffier.  Il  en  est  encore 
ce  matin  venu  au  devant  de  moy  avec  le 
sieur  mareschalde  Biron,  auxquels  j'ay  sem- 
blablement  faict  et  continué  les  bonne  chère 
et  accueil  que  j'ay  peu  pour  tousjours  les  re- 
tenir, comme  il  est  très  nécessaire  de  faire, 
et  que  je  délibère  bien  de  continuer  par  tous 
les  lieux  où  je  passeray;  car,  vous  dire  le 
vray.  Monsieur  mon  filz,  il  en  est  très  grand 
besoing,  voyant  bien  qu'ils  sont  poulsés  et 
admonestés  et  poursuivis  de  maulvaises  et 
pernicieuses  choses;  mais  continuant  d'user, 
de  vostre  part,  des  moiens  cy-dessus,  créiez 
que  vous  les  détournerez  et  retiendrez  des 
dictes  maulvaises  persuasions,  pour  lesquelles 
il  y  en  a  qui  font  tout  ce  qu'ils  peuvent, 
m'ayant  esté  aujourd'huy  dict  par  ledict  sieur 
mareschal  de  Biron,  en  devisant  avec  luy, 


que  il  avoit  encore  esté  ces  jours-ci  escript 
plus  de  soixante  lettres  à  des  particulliers, 
pendant  que  j'estois  à  Bordeaulx,  niayant 
louttefois  priée  de  ne  luy  demander  point  de 
qui,  et  qu'aussy  ne  me  le  pourroil-il  dire. 
Touttefois  il  s'est  bien  à  peu  près  laissé  en- 
tendre d'où  cela  venoit,  et  vous  aussy  pour- 
riez vous  aussy  bien  penser  et  croire,  comme 
je  fais,  de  ma  part,  qu'il  s'en  est  bien  escript 
aux  aultres  provinces  de  semblables.  Je  n'ay 
peu  encores  sçavoir  ce  qu'elles  contenoient, 
ne  qui  en  a  esté  par  deçà  le  distributeur, 
mais  je  mectray  peyne  d'en  sçavoir  quelque 
chose,  pour  essayer  de  pénétrer  plus  avant  en 
cecy  et  vous  en  donner  incontinent  advis. 

Cependant  je  vous  diray  à  ce  propos 
qu'ayant  cette  après  disner  sceu  dudict  sieur 
mareschal  de  Biron  comme  il  avoit  satisfaict 
à  ce  que  nous  avons  promis  pour  la  garnison 
qui  estoit  icy,  je  l'ay  prié  de  faire  en  sorte  que 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  les  siens  s'en 
contentassent,  comme  j'espère  qu'ils  feront; 
car  oultre  que  ladicle  garnison  est  ostée, 
j'ai  dict  audict  sieur  Mareschal  qu'il  assem- 
blast  tous  ceulx  de  la  ville  et  leur  fist  en- 
tendre, comme  j'ay  faict  faire  partout,  (|ue 
vostre  intention  est  de  maintenir  tous  vos 
peuples  et  subjects  en  paix,  et  que  voulliez 
que  chacun  despouillast  toute  inimitié  et 
qu'ils  vescussent  en  union  suivant  vostre  édict 
de  pacifiication,  ce  qu'il  fera  faire  si  solemp- 
nellement,  que  tout  souhson  sera  en  cela 
osté;  et  en  ce  propos-là  ay  continué  à  luy 
faire  congnoistre  le  fond  de  vostre  désir,  sin- 
cère intention  au  bien  de  la  paix  et  entrete- 
nement  de  vostredict  édici ,  lui  nionstrant  une 
grande  confiance  que  vous  avez  et  moy  aussy 
de  luy,  auquel  j'ai  proposé  les  trois  poincts 
principaulx  de  vos  présentes  affaires  sur  les- 
quels je  luy  ay  demandé  advis,  après  les  luy 
avoir  discouruz  amplement  :  le  premier,  sur 


LETTRES  DE  CATH 

l'exéciiliou  et  restablissemcnl  de  voslre  édict 
de  pacillicalion,  le  second  pour  les  alïaiies  de 
Flandres  où  vostre  frère  s'esloit  si  légèrement 
embarqué,  et  le  tiers  sur  les  mauvaises  déli- 
béralions  d'aucuns  de  vos  provinces,  ayant 
prins  leurs  maulvaises  délibérations,  sur  ce 
qui  s'est  commencé  à  l'assemblée  qui  se  fit 
dernièrement  en  Bourgogne;  sur  quoy,  après 
m'avoir  monslré  la  grande  estime  qu'il  l'aisoit 
de  la  confiance  que  vous  et  moy  prenons  en 
luy  et  m'ayant  très  expressément  asseurée  de 
la  ferme  résolution  qu'il  a  de  vous  estre  à  ja- 
mais très  loyal,  il  a  conclud  pour  le  premier 
poinct  selon  vostre  désir  et  le  mien,  qui  est, 
à  monadvis,  le  meilleur  qu'on  vous  sçauroit 
jamais  donner,  c'est  d'establir  parfaitement 
vostre  édict  de  pacifBcation  en  toutes  les  pro- 
vinces de  vostre  royaulme;  et,  à  ce  propos,  je 
l'ay  bien  interpellé  de  m'y  ayder  de  deçà  et 
luy  ay  encores  faict  fort  expressément  con- 
gnoistre  la  confiance  et  asseurance  que  vous  cl 
moy  avons  en  luy,  ce  que  je  suis  bien  d'advis 
qu'à  la  première  occasion  vous  luy  en  escrip- 
viez  de  voslre  main  une  bonne  lettre;  et  créiez 
que  cela  servira  beaucoup  avec  les  raoiens  que 
je  tiens  et  tiendray  tousjours  en  cela  envers 
hiy  et  tous  aultres,  selon  les  bumeurs  que 
je  congnoistray  oij  il  seront  pour  les  faire  du 
tout  tourner  et  changer  à  vostre  dévotion. 
Sur  l'autre  poinct  il  m'a  faict  clairement 
congnoistre,  el  avec  de  grande?  raisons,  que 
vous  ne  sçauriez  plus  saigemenl  faire,  puisque 
vostredict  frère  est  sy  avant  enbarqué  en 
Flandres,  que  de  le  bien  entretenir  et  secou- 
rii',  aflSn  que  rien  de  ce  que  je  luy  avois  dis- 
couru sur  ce  poinct  là,  où  je  n'ay  pas  oublié 
le  Cazimir,  ne  vous  peust  tomber  sur  les  bras. 
Et  m'a  représenté  plusieurs  choses  que  le  roy 
d'Espaigne  a  faictes  pour  vous  entretenir  à 
la  guerre  et  ruiner  vostre  royaulme  et  entre 
aultres  la  pratique  qu'il  a  voullu  faire  avec 


ERINE  DE  MÉDIGIS. 


71 


le  roy  de  Navarre  pour  l'entretenir  el  conti- 
nuer à  vous  faire  la  guerre  jusques  à  voul- 
loir  liguer  et  d'aller  avec  lui,  comme  ledict 
sieur  Biron  ma  dicl  avoir  veu  par  phisieuis 
lettres  véritables,  escriples  el  signées  de  lu 
main  du  secrétaire  Gazes,  selon  lesquelles  se 
devoit  faire  leur  ligue  dès  ce  temps  là,  si 
vostredict  frère  le  roy  de  Navarre  y  eut  voullu 
entendre  pour  vous  faire  avec  le  roy  d'Es- 
pagne une  forte  guerre;  el  disoil  aiissy  le 
dict  Roy  Catholique  que  les  princes  do  la 
Jarmanie  se  joindroient  avec  eulx  contre  vous, 
leur  estant  le  Turcq  commun  ennemy,  pour 
vous  contraindre  de  vous  joindre  avec  euk  el 
vous  despartir  de  l'intelligence  que  vous  avez 
avec  ledict  Grand  Seigneur,  concluant  encore 
davantaige  ledict  sieur  de  Biron  qu'il  fauldroit 
faire  aussy  de  deçà  la  guerre  contre  ledict  roy 
d'Espaigne  et  qu'il  avoit  tous  les  dessins  de 
ses  places,  et  (]u'avant  qu'il  y  eus!  pensé, 
l'on  lui  auroil  pris,  avec  bien  peu  de  gens  el 
sans  l'aii'e  grande  despense,  des  lieux  (ju'il 
sçavoit  el  congnoissoit  de  très  grande  impor- 
tance, mais  que  rien  de  tout  cela  ne  se  pou- 
voit  faire  sans  le  ])arfaict  establissemenl  de 
la  paiv  el  union  en  voslre  royaulme,  el  qu'icelie 
estant  bien  establie,  il  ne  falloit  pas  qu'eussiez 
peur  de  rien;  car,  faisant  ce  que  dessus, 
vous  reteniez  vostredict  frère  occupé  el  en 
grande  obligation  pour  le  secourir,  puisque 
honnestemenl  il  ne  se  peut  à  présent  retirer, 
et  empeschiez  tant  de  ce  costé  là  ledict  Roy 
Catholicque  qu'il  ne  pouroit  qu'il  n'en  suc- 
combast,  et  que,  si  vous  pouviez  faire  que  Ic- 
ledicl  Grand  Seigneur  envoyast  quelque  petite 
armée  du  costé  de  la  Morée,  ce  seroit  pour 
le  destruire  du  tout,  comme  il  avoit  voullu 
faire  la  France.  Vous  prendrez  en  bonne  pari. 
Monsieur  mon  filz,  que  je  vous  représente 
mol  pour  mot  tout  ce  qui  s'est  passé  entre 
luy  et  moy,  et  m'excuserez  si  sur  tout  cela  je 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


ne  vous  donne  aulfun  arlvispour  oeste  lieure; 
car  il  y  a  infinies  considérations  qu'il  faut 
avoir  sur  ce  puinct  où  il  y  a  bien  à  penser; 
mais  cependant  je  vous  prieray  de  croire 
que  tout  ce  qui  sera  au  monde  possible  de 
faire  pour  vous  establir  la  paix  de  deçà  je  le 
feray,  et  pour  garder  que  vous  et  moy  ne 
soyons  trompés.  Sur  le  troisième  poinctledict 
sieur  de  Biron  ne  m'a  pas  particullièrement 
respondeu.  Vray  est  que  nous  avons  esté  ung 
peu  interrompus  par  une  plaincte  qu'on 
m'est  venu  faire  d'ung  mareschal  de  logis  et 
du  fourrier  qu'il  vous  a  pieu  commander  qui 
vinssent  à  ma  suitte,  lesquels,  oultre  qu'ils  ne 
sçavent  pas  bien  leur  mestier,  prennent  de 
l'argent  à  toutes  mains  et  vendent  les  logis; 
mais  encore  que,  tels  qu'ils  sont,  me  feroient 
faulte,  je  m'en  serviray  le  reste  de  ce  voyaige 
et,  à  mon  arrivée  près  de  vous,  s'ils  n'a- 
mendent leurs  faultes  en  cecy  et  là,  je  vous 
prieray  de  les  casser;  et  après  avoir  renvoyé 
lesdicls  mareschal  des  logis  et  dicl  fourrier, 
j'ai  encore  remis  ledict  sieur  mareschal  de 
Biron  sur  le  dernier  poinct  concernant  les- 
dictes  provinces;  sur  quoy  il  ne  m'a  aultre 
chose  respondeu  que  ce  qu'il  mavoit  dicl 
cy-devant,  qui  est  qu'establissant  bien  la  paix 
et  ce  mot  d'union  qu'il  m'a  encore  répété, 
il  ne  falloit  avoir  peur  de  rien.  Je  vous  prie. 
Monsieur  mon  filz,  faire  brasier  cette  lettre 
après  qu'elle  vous  aura  été  ieue  lecture. 

Cependant  je  vous  dii'ay  aussy  que,  hier 
au  malin,  à  l'heure  que  où  je  voulois  partir 
de  Thonneins,  les  capitouls  de  Thoulouse  me 
vinrent  trouver  avec  lettres  du  corps  de  ville, 
et  me  fit  [ung]  nomme  Lacroix  que  vous 
congnoissez,  qui  est  à  présent  cappitoul,  une 
fort  belle  harangue  de  leur  grande  affection , 
bonne  volunlé  et  fidellité  qu'ils  vous  ont  et 
auront  à  tousjourset  du  désir  qu'ils  ont  aussy 
de  la  paix.  Le  second  président,   avec   trois 


des  Conseillers  de  la  Cour  de  Parlement,  (jui 
estoient  icy  veneus  pour  mesme  occasion', 
il  va  desja  deux  ou  trois  jouj-s,  m'en  ontfaict 
de  mesme,  nionstrant  les  ungs  et  les  aultres 
ung  fort  grand  zèle  à  vostre  service  et  au  bien 
de  la  paix;  en  quoy  vous  pouvez  bien  penser 
que  je  les  ay  fortiffiés  de  telle  sorte  que  j'av 
espérance  que ,  de  ce  coslé  là  aussy  bien  que  de 
celluy-cy,  je  vous  y  feray  ung  très  bon  service. 

Je  suis  en  quelque  oppinion  d'aller  à  Thou- 
louse avant  que  de  me  rendre  à  l'Isle  en  Jour- 
dain. Touttefois  j'en  prendray  demain  advis 
de  mes  cousins  le  cardinal  de  Bourbon  et  du 
duc  de  Montpensier,  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  fils,  vous  avoir  en  sa  digne  et  saincte  gard  e. 

Escript  à  Agen-,  le  samedy  xi""  jour  d'oc- 
tobre 1678. 

Monsieur  mon  filz^,  je  m'asseure  que  vous 
serez  bien  aize  d'entendre  toutes  les  particul- 
laritez  de  ce  qui  se  passe  et  que  je  voy  par 

'  Une  dépulalion  du  Parlemenl  de  Toulouse  avail  été 
envoyée  pour  saluer  la  reine  mère  à  son  arrivée  à  Agen 
et  lui  offrir  ses  services.  Ils  étaient  même  déjà  arrivés 
le  dimanche  .5  octobre  et  durent  attendre  plus  de  huit 
joui-s,  jusqu'au  lundi  1.3  ,  pour  être  reçus.  Le  compte  des 
frais  de  ce  voyage  est  conservé  dans  un  manuscrit  de  la 
Bihi.  nat.  Nous  le  donnons  tout  entier  à  ï Appemlne ,  hieu 
qu'il  ait  déjà  été  publié  dans  les  tr  Preuves n  de  la  nouvelle 
éditiou  de  Vllistoiri'  générale  de  Languedoc.  Les  ma- 
gistrats étaient  rentrés  le  i5  octobre  ^de  disnéei  à 
Toulouse,  et  avaient  dépensé  «cent  quatre  viiigls  douze 
escus  deux  tiers,  quatorze  sols,  six  deniers  tournois^. 

-  On  lit  dans  les  ttMémoires  du  Consid  Trinque»  con- 
cernant la  ville  d'Agen  :  et  Le  la  octobre  1678  t'eust  faite 
l'enlrée  à  la  royne  de  Navarre,  Marguerite  de  Valois. 
Ou  lui  fist  une  maison  à  la  Porle-du-Pin,  on  lui  porta 
un  pavillon  de  damas  blanc.  La  mère  de  la  Reyne  estoit 
entrée  dans  Agen  le  samedy  devant,  accompagnée  du 
cardinal  de  Bourbon ,  de  M.  de  Montpensier  et  des  deux 
fières  du  prince  de  Condé.n  —  Revue  de  l'Agenais, 
i883,  p.  53i. 

^  Eu  titre  :  rrPostcript  de  ladicte  dépesrhe  du  \i  oc- 
tobre lh-]8.n 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDlCfS. 


73 


deçà,  qui  concerne  voslre  service,  voilà  pour- 
quoy  je  ne  veulx  rien  obmecire  que  je  ne 
vous  repr($sente  le  tout  fort  amplement  et  par 
le  menu',  voyant  bien  le  très  grand  besoin» 
qu'il  y  a  d'aller  au  devant  ot  de  pourveoir 
audictes  mauvaises  délibérations  et  praticques 
que  Ton  veult  semer  et  faire,  aussi  bien  en 
ce  pais  (ju"en  aucunes  aulfres  provinces  de 
voslre  rovaulme;  de  sorte  (ju'il  n'est  lieure 
de  jour  nv  de  la  nuict,  considérant  la  grande 
importance  dont  cela  vous  est,  que  je  ne  pense 

'  C'esl  le  I  I  oclolire  ([ue  lii  reiiio  mère  arriva  à 
Agen;  Marguerilo  cnlra  le  lendemain.  On  leur  fit  des 
fêles  et  des  réjouissances  sans  nombre.  Le  li  o  septembre , 
une  ordonnanre  du  maréchal  do  Biron  avait  prescrit  aux 
consuls  d'établir  un  magasin  de  vivres  en  prévision  du 
passage  des  princesses.  Voir  à  Y  Appendice  la  pièce  tirée 
des  archives  d'Agen  et  la  lettre  du  aG  seplembre.  Au 
reste,  loulos  les  lettres  du  maréchal  dénotent  In  pré- 
occupation du  lieutenant  général  de  Guiennede  préparer 
à  la  reine  mère  et  à  sa  fille  une  réception  convenable 
dans  la  seconde  ville  de  la  province.  Il  écrivait  de  Bor- 
deaux aux  consuls  d'Agen,  le  lO  septembre  : 

r Messieurs,  je  voy  bien  que  la  lîoyne  mère  du  Roy 
et  la  Royne  de  Navarre  s'en  yront  jusques  en  vostre  ville 
d'Agen,  el  pour  ce  advisés  bieu  de  tenir  toutes  chozes 
en  bon  estai  pour  les  bien  recevoir  et  acuellir,  ainsi 
qu'il  leur  appartient.  11  fauldra  l'aire  quelque  belle  en- 
trée à  la  Royne  de  Navarre,  comme  l'on  a  accouslumé 
de  faire  à  toutes  les  filles  de  l''rance ...  Je  n'ay  pas 
oblyé  de  faire  entandre  à  la  Royne  la  bonne  volonté  que 
vous  avez  au  service  du  Roy.  Je  vous  prie  n'estre  poinct 
nonchallans  à  bien  préparer  ceste  entrée  et  y  pourvoir,  n 

El  le  33,  il  ajoute  :  trEscripvant  comme  je  fay  à 
M.  de  B.njaumont,  vostre  sénesclial,  j'ay  bien  voullu 
adjousler  la  présente  pour  vous  recouunander  le  service 
du  Roy.  et  la  conservation  de  voslre  ville  en  son  obéis- 
sance. J'espèie  bientôt  cstre  vers  vous.  Aussy  les Roynes 
s'y  achemineront  incontinant,  et  lors  vous  serez  bien 
informez  par  la  Royne  mère  de  l'intpulion  du  Roy  et 
de  ce  qui  sera  doresnavaut  à  l'aire  pour  le  repos  d'un 
chacun. i 

IJocuineiits  inédits  pour  sei-vir  à  l'histoire  de  l'Agenais , 
publiés  par  M.  <J.  Tholin,  dans  le  Ueciieit  des  travaux 
de  ta  Société  d'agricidtnre ,  sciences  et  arts  d'Agen, 
a'  série,  t.  IX,  i885. 


au  moieiis  nécessaires  pour  y  remédier  doiil- 
ceinent.  (le  matin  le  député  du  clergé  de  l'ar- 
••hevesché  de Thoulouse  m'aiant  encores,  ainsy 
(|ue  ceuk  du  parlement  dudit  Thoulouse  avec 
lesquelz  il  est  venu  pienoient  congé  de  moy, 
de  rechef  remonstré  les  sévères  conlraiiictes 
(lesquelles  le  commis  de  Castille  faisoil  pio- 
cedder  contre  eulx.  Je  suis  entrée  en  propos 
luy  faisant  responce  sur  les  grandes  dénions- 
Irations  de  raffection  qu'il  m'a  asseunî  qu'ilz 
ont  à  vostre  service,  du  désir  que  vous  avez 
aussy  d'embrasser  et  souiaiger  tous  ceulx  du- 
dit clergé  autant  qu'il  vous  seroit  possible, 
comme  estant  le  premier  ordre  des  subjectz 
de  vostre  royaume,  et  ay  fait  en  sorte  avec  luy, 
sans  luy  monstrer  par  mes  propos  rien  de 
trop  affecté,  (ju'il  s'est  public(piement  départy 
en  ma  chambre,  où  lesdits  du  parlement  de 
Thoulouse  estoient,  aucuns  de  voslre  conseil 
et  bon  nombre  de  noblesse  de  ce  pais,  des 
requesfes  et  sinistres  intentions  que  aucuns 
dudit  clergé  des  aultres  provinces  de  vostre 
dit  royaulme  ont,  à  ce  que  l'on  dict,  délibéré 
de  présenter  et  poursuivre.  C'estant  départy 
d'avec  moy  en  ceste  résolution  en  la  présence 
des  dessusdits  et  (jue  unanimement  tous  les 
dits  du  clergé  d'icelie  dioceze  en  feront  dé- 
claration pul)lic([ue  el  vous  en  escripveront 
aniplenieut,  comme  estant  lesdictes  requesles 
chose  du  tout  contraire  au  devoir  de  bons  et 
loyaulx  subjectz,  que  ilz  vous  ont  tousjour.s 
esté  et  seront  toutes  leurs  vies,  ne  vous  vou- 
lans  rien  espargner  de  tous  les  moiens  qui 
leur  seront  possible,  j'espère  en  faire  de 
mesme  et  desja  ay  acheminé  cela  pour  les 
diocèses  de  ce  lieu  d'Agen,  Bourdeaulx.  Bazas, 
Cahors,  Condom  et  des  aultres  à  qui  je  parlay. 
Il  est  vray,  Monsieur  mon  filz,  que  ledit  de- 
|)uté  de  ceulx  dudit  clergé  de  Thoulouse  m'a 
prié  d'une  chose  que  j'ay  accordé  soubz  vostre 
bon  [daisir,  c'est  de  leur  donner  délav  et  sur- 


(yATUEHI\F.    DE  MtDIClS.    —    VI. 


lupniticTiii:    1I4TIOV 


74 


LI'TTliKS   DE   CATHK 


ceniK'c  >ur  ii's  \iol('iili>  iiuint^ini'los  i|iu'  tait 
ioilit  commis  de  Castille  à  IV'iicuiiti'i'  d'eiilz, 
poiii'  Icn  anfiaijjcs  iiifitz  |i(nivL'iil  devoir  de 
vieil.  Sur  'jUDy  il  ma  semblé  ne  les  devoir 
ret'ii/.er  d'esiripie  une  simple  lettre  comme 
j"a\  l'ail  au  comiiiis  dudit  Castillo  pour  ditlV- 
rer  lesdiclos  pouisuietes  à  rencontii'  d'culx, 
jus(|ues  ad  ce  que  les  coniiiiissaires.  pai-  vous 
députez  sur  les  deniers  cl  all'aires  dudit  clergi", 
soient  arrivez  audit  ïlunilnuse,  on  j'estime, 
s'ilz  ne  sont  desja,  (pi'ilz  arriveroni  bien  tosi. 
Aiusy  il  n'y  aura  poinci  ou  cpie  bien  peu  de 
retardemeul  en  cela,  (pie  je  suis  l)ien  aize 
que  avt  esté  laict  eu  sv  notable  eomjiaiijnie: 
car  estant  de  ce  pas  allée  ouyr  la  messe,  il 
m'est  venu  en  fantaisie,  (jue  je  tiens  esde  du 
conseil  de  Dieu,  de  dire  audil  sieur  Mares- 
cbal  de  lîiron.  (pi'en  faisant  l'aire  l'acle  pu- 
blicquc  pour  l'exécution  et  eslablissemeni  de 
vosire  ('dict  de  pacifficalion  eu  cesdietcs  ville, 
comme  j'ay  l'ail  en  Ions  les  lieux  ou  j'ay  pass('', 
dont  ji'  say  que  les  un;;s  et  les  aultres  se 
louent  grandement,  il  feist  comme  de  ln\- 
mesmes  et  suivant  les  propos  que  tous  ces 
jours  ic\  il  a  \eu  et  les  aultres  sieurs  (pii  soni 
icy  (uu' j'ay  teneuz  el  ouvei'tz,  comnn'  il  esi 
en  ma  lettre  dbier  amplement  dedairé  à  la 
noblesse  de  ces  pais,  en  sorte  que  d'elles 
mesiues,  et  demain  que  j'espère  enc(nes 
parler  a  eul\  en  publicq,  ilz  députent  i[uel- 
qii'un  d'entre  eulx  afBn  d'('viter  la  confusion 
pour  me  desduire  ce  (prilz  auront  encores  à 
me  (lire,  et  [lar  mesnie  moyen  (pi'ilz  faceni 
(b'claration  el  vous  escripvent  comme  lesdils 
du  clergé,  ce  que,  si  je  puis  obtenir,  comme 
il  y  en  a  desja  beaucoup  des  principaulx  (]u\ 
V  sont  bien  disposez,  je  suivray  à  l'aiie  le 
semblable  sil  m'est  possible  par  tous  les 
aultres  lieux  où  je  passeray.  (';ar  eslablissani 
l'édut  de  pacilHcation  avec  cela,  j'espère,  Mon- 
sieur mon  filz,  que  Dieu   vous  fera   la  grâce 


RIM-:    l)K   MEDir.lS. 

e!  à  nous  tous  (jue  les  mauvaises  délibi'r;.lions 
de  eeulx  ipii  font  des  menées  préjudiciables 
à  vostre  service  s'en  vront  en  fumée.  Mais  il 
faut  aussy  (jue  de  vosire  part  vousvmis  avdiez 
et  serviez  es  provinces  de  delà  de  ceulx  ([ui  y 
ont  créance  et  moyen,  comme  je  fais  par  deçà 
envers  quelques  uhgs  dont,  (piand  j'aurav  ce 
bien  destre  auprès  de  vous  je  vous  porteray 
tesnioignaige.  Ce|)endant  je  vous  diiay  de  re- 
cbef  qu'en  ces  quartiers  de  deçà,  à  ce  (pie  je 
voy  et  (jue  j'ay  sceu,  ilz  tiennent  lesdits  per- 
nicieuses enireprinses  fort  avancées  et  m  a  on 
dict  qu'il  se  doibi  pour  ce  faire  une  assem- 
blée en  ce  temps  icy,  à  (pioy  il  faut  bien  (|ue 
vous  pensiez  et  y  pourvoyez  plus  par  dexlerit(' 
(jue  par  force,  aflJn  (jue  vous  mesnies  jiuis- 
saul  {sic)  esliudie  ce  feu,  u'avdiez  à  ralluiiiei- 
en  vostre  rovaulm(>  où  il  cou\eroit  comme  les 
gens  la  veulent  l'aire  faire,  tesmoiugs  les  lettres 
qu'ilz  escripvent  par  ton!  pour  cest  effecl  à 
ceulx  avec  lesquelz  ilz  ont  intelligence  j)our 
faire  soulizlever  tous  \os  jjeujiles  et  subjeclz 
el  emj)escber  le  repos  de  tous  vosdils  subjetz, 
dont  la  jiluspart  se  jjouroient  laisser  aller  à 
telles  pratiques,  sy  il  n'y  estoit  j)arvous  pour- 
veu  es  provinces  de  delà,  comme  je  l'eray  tout 
ce  qu'il  me  sera  possible  pour  vostre  service  en 
celles  de  deçà.  Ne  voulant  oublier  de  vous  dire 
(|ue  j'ay  ce  jourd'huy  escript  à  vostredit  frère, 
le  ro\  de  Navarre,  par  l'advis  de  mes  cousins 
les  cardinal  de  Bourbon  .  duc  de  .Montpensier  ' 

'  Ce  jour  iiii'uif,  It^  <\nc  ili;  \tontpeiisi(^r  (ifrivail  à 
Henri  lit  pour  lui  douupr  des  nouvelles  du  voyage  de 
la  reine  mère.  La  letlre,  (|ui  est  ini'dite  et  tirée  des 
manuscrits  de  Saint-Pélersljourg,  esl  assez  intéressante 
poui-  (jue  nous  la  donnions  ici  : 

Louis  (/''  Boitrhon  ,  iîur  dr  Motilpeiisia',  au  lifij. 

'•Sire,  vous  entendrez  par  le  retour  de  ce  poileur 
cuiiinie,  Dieu  niercy,  le  \oiaij;e  de  la  royne  rostre  mère 
continue  à  se  faire  sy  heureusement  que  Vosire  Majesté 
ne  le  sçauroil  mieulx  désirer;  car  partout  où  nous  pas- 


et  s"  qui  sont  icy  de  vostre  conseil,  comme 
je  suis  re'solue  de  partir  d'icy  mardy  prochain 
et  estre  samedy  aussy  prochain  à  llsie  en 
Jourdan,  afin  que  de  sa  part  il  ne  faille  aussy 
de  s'y  trouver  et  que  nous  puissions  achever 
ce  qui  est  ne'cessaire,  suivant  ce  que  avons 
accordé  et  signé  ensemblenient  à  la  Re'olie. 

Monsieur  mon  filz,  voyant  icy  tant  de  no- 
blesse assemblée,  combien  que  j'eusse  parlé 
à  eulx  en  diverses  foyz  et  particullièremenl, 
toulesfoiz  je  feiz  assembler  tous  reulx  qui  es- 
toient  icy  dimanche  au  matin  à  ma  salle,  où 
ilz  se  trouvèrent  fort  grand  nombre  et  des  plus 
grands  de  toute  ceste  Guienne^.  Je  parlay  lon- 
guement à  eulx,  et  vousasseure  que  n'oubliay 

sons,  la  paix  s'estahiist  seloii  vosire  inlenlion,  à  !a  ma- 
nutention de  laquelle  il  semble  que  le  roy  de  Navarre 
et  toute  la  noblesse  de  par  deçà  se  disposent.  Et  suis 
bien  desplaisant,  Sire,  que  parle  moien  d'une  indispo- 
sition qui  m'est  survenue  je  ne  parlz  aujourd'huv  avecq 
ladicte  dame,  qui  s'achemine  vers  Thoulouze,  espérant 
néantmoings  dedans  deux  ou  trois  jours  la  suivre,  s'il 
m'est  possible,  et  cependant  donner  ordre  à  ce  qu'elle 
m'a  commandé  faire  pour  vostro  service  en  quelques 
\-illes  où  je  doibz  passer,  et  esquelles  il  est  besoing  de 
faire  quelque  chose  pour  Testablissement  d'icelle  paix ,  à 
laquelle  je  supplie  nostre  Seigneur  voulloyr  ranger  tous 
voz  subgectz ,  et  vous  donner.  Sire ,  en  très  parfaicte  santé 
très  bonne  et  très  longue  vye. 

trD'Agen,  ce  ïv°' jour  d'octobre  1678. d 
Ajouté  de  .sfl  matn  dans  Voriginal  :  ît Sire,  je  vous  su- 
plie  très  humblement  m'excuser  si  je  ne  vous  escrits  de 
ma  main,  à  quoy  je  n'eusse  failly  sans  mon  indisposition. 
trVoustre  très  humble  et  très  obéissant  subjet  et  ser- 
viteur, 

tLoïs  de  BotRBOS.n 

(Bibl.  nat.  Nouv.  acq.,  (ioio,  f  5^.  Copie.) 

'  .\vant  de  quitter  Agon,  la  relue  mère  réunit  dans 
une  grande  salle  de  l'évèché  les  principaux  représentants 
de  la  noblesse  de  Guyenne,  qui  se  trouvaient  dans  la 
ville,  et  elle  leur  adressa  un  discours  fort  habile,  que 
nous  donnons  en  Appendice,  d'après  le  texte  retrouvé 
dans  le  ma  uscrit  de  la  Bibliothèque  nationale. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS.  75 

l'ien  de  tout  ce  qu'il  m'a  semblé  leur  devoir 
dire  pour  le  bien  de  vostre  service,  dont  au- 


cuns des  priuci[)aulx  poinctz  sont  déclarés  cy 
devant,  en  sorte  que  tous,  tant  qu  ilz  estoient, 
denieurèreut  très  contents,  au  lieu  que  la  plus 
grande  part  estoienl  persuadez,  comme  je  voy 
bien  que  l'on  les  persuade  encores  soubz  main 
par  tous  les  moiens  que  l'on  peut ,  à  empesciier 
le  bien  de  la  paix  soubz  couleur  de  la  def- 
fiance  où  l'on  les  mecl  du  roy  de  Navarre  et 
de  ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée, 
ce  que,  je  vous  asseure,  me  donne  beaucoup 
de  travail;  car,  quand  je  pense  avoir  faict  d'un 
costé,  je  trouve  (jue  j'y  suis  traversée  par  des 
dilHcullez  imaginaires  et  sans  raison,  et  que 
toutesfoys  je  ne  puis  vaincre  quavecqiies 
beaucoup  de  patience  et  de  divers  compoite- 
mens  envers  les  ungs  et  envers  les  autres,  et 
principallemenl  envers  ceulx  qui  vous  sont  et 
à  moy  les  plus  obligez,  lesquelz  sont  poul.ssez, 
à  ce  qu'ilz  dient,de  crainte  de  veoir  mesadve- 
nir  à  vostre  service,  ce  que  je  veux  bien  croire. 
Toutesfoys  je  leur  repre'sente  tant  de  raisons 
si  apareutes  à  l'encontre  des  leurs,  qu'ilz  deb- 
vroieut  cedder  et  embrasser  vostre  volunté, 
dont  il  ne  tient  pas  que  je  ne  les  asseure  assez 
fermement;  mais  pourtant  je  congnois  bien 
qu'ilz  demeurent  tousjours  comme  entiers  en 
leur  opignion  et  toutesfois  se  condescendent 
aulcunement  à  ce  qu'il  faull  faire;  mais  au- 
paravant que  je  soys  parvenue  à  les  y  faire 
venir,  ces  façons  de  faire  ne  peuvent  qu'ilz  ne 
nuisent  beaucoup  à  vostre  service;  et  me  donne 
une  extrême  peine  que  je  ne  plains  pas,  pour- 
veu  que  tout  puisse  estre  icy  à  vostre  conten- 
tement cl  au  bien  de  vostre  service,  comme 
je  m'asseure  bien  que  vous  créiez  que  je  n'y 
perderay  une  seulle  occasion  ny  heure  de  jour 
ny  de  la  nuict. 

Je  suis  partye  ce  matin  d'Agen  et  m'en  vays 
droict  d'ici  à   Toulouse,  où  j'espère  arriver 


76 


LETTRES  UE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


dimanclie  prochain.  Je  passeray  par  Moissao, 
où  jetrouveray  la  noblesse  de  Quercy  et  de  ces 
quartiers  là,  envers  iesquelz  je  nobmeoteray 
rien,  non  plus  que  jay  faict  envers  ceulx  du 
coste' de  deçà,  de  ce  qu'il  leur  fault  dire  et 
repre'senter  pour  le  bien  de  vostre  service,  et, 
si  je  puis,  je  retireray  d'aulx  ung  semblable 
escript  que  celluy  que  j'ay  signé  du  sieur  de 
Bajaumont  pour  toute  ladicte  noblesse,  qui 
estoit  assemble'e  icy,  duquel  je  vous  envoyé 
ung  double.  Ledict  sieur  mareschal  de  Biron 
les  a  acheminez,  suivant  ce  que  je  luy  avols 
faict  entendre,  à  cela;  il  me  promet,  venant 
avec  moy,  comme  il  faict,  de  fayre  semblable 
office  envers  tous  les  autres. 

Pleust  à  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  que 
j'eusse  icy  cinquante  ou  soixante  milles  livres 
de  voz  deniers!  Je  penseroys,  les  distribuant 
secrètement  à  douze  ou  quinze,  qui  sont  icy, 
des  principaux  de  toute  la  Guienne,  vous  les 
acquérir  du  tout  parliculièrement,  sans  qu'ils 
seussent  rien  les  ungs  des  aultres,  avec  espé- 
rance que  je  leur  ay  desjà  donnée,  et  en  gé- 
néral et  en  particulier,  comme  j'ay  veu  à 
propos  qu'il  estoit,  que  les  gratiffiriez  et  d'hon- 
neurs et  de  bienfaictz,  comme  aussy  est-il  be- 
soing  que  vous  faictes  pour  le  bien  de  vostre- 
dict  service,  si  vous  voulez  conserver  à  vous  ce 
beau  et  grand  pais,  qui  est  sans  comparaison 
plus  estimé  que  je  ne  vous  sçaurois  dire,  tant 
pour  la  grande  estendue  et  bonté  d'icelluy  que 
de  la  noblesse  et  peuple  qui  v  sont  la  plus 
grande  ])art,  tous  calbolicques  et  tous  affec- 
tionnez à  leur  religion  et  à  vous  particullière- 
ment,  s'ilz  n'eu  estoyent  poinct  destournez; 
qu'iiz  méritent  d'estre  visitez  de  leur  Roy, 
principallement  de  vous,  duquel  ilz  ont  eu 
si  bonne  et  grande  estime  el  en  relligiou, 
vaillance  et  vertuz,  dont  il  n'a  pas  lenu  aux 
malins  que  beaucoup  d'entre  eulx  naient  esté 
détournez  par  beaucoup  de  mescbants  arti- 


fices dont  l'on  use  tous  les  jours;  mais  jes- 
père,  pendant  que  je  seray  par  deçà,  faire 
tellement  que  tous  vous  demeureront,  comme 
ilz  doibvent,  affectionnez  et  en  toute  dévo- 
tion. S'il  y  avoit  quelques  offices  ou  de  nou- 
velles créations  ou  aultres,  ou  quelques  béné- 
fices qui  fussent  vacquans  de  deçà ,  ce  seroyt 
bien  faict  d'en  grattiffier  quelques  ungs;  car, 
à  dire  le  vrai.  Monsieur  mon  filz,  ilz  ont 
faict  de  grandes  despenses  durant  ces  troubles, 
et  cela  les  contenteroit  beaucoup  de  veoyr 
que  leur  fissiez  des  présens  de  vous  mesnies, 
saus  qu'iiz  en  feissent  la  poursuicte;  ne  vou- 
lant oublier  pour  lafinde  ceste  leclre  de  vous 
dire  que,  combien  que  j'estime  [que]  vostre 
frèi'e  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  ladicte  reli- 
gion qui  sont  auprès  de  luy  ne  vouidroicnt  pas 
faire  aulcune  chose  au  préjudice  de  la  pro- 
messe qu'iiz  m'ont  faicte  de  marcher  droict 
en  ce  que  nous  avons  accordé  ensemblement, 
toutesfois  je  faiz  en  sorte,  pour  veoir  plus  de 
seureté  eu  ceste  ville,  à  Villeneufve  d'Agenois 
et  Florence,  oià  vostredict  frère  le  roy  de 
Navarre  va  venir  passer  et  couscher  dedans 
ung  jour  ou  deulx,  que  mon  cousin  le  duc 
de  Montpensier,  soubz  couHeur  de  sa  maladie 
qui  n'est  pas,  grâces  à  Dieu,  grande,  demeure 
en  ceste  ville  pour  y  estre,  afin  de  maintenir 
lousjours  par  sa  présence  les  calholicqges,  et 
que  toutes  choses  se  fassent  au  contentement 
dudict  roy  de  Navarre  et  aussy  pour  la  seureté 
de  vostre  service.  Ledict  sieur  de  Bajaumont 
yra  devant  audict  Villeneufve  d'Agenois  pour 
préparer  aussy  et  fayre  en  sorte  que  toutes 
choses  soient  dextrement  conduictes  en  la  seu- 
reté de  vostre  conscience  et  à  leur  contente- 
ment, et  aussy  dudict  roy  de  Navarre,  sans  faire 
aulcune  démonstration  que  ledict  sieur  roy 
de  Navarre  ou  les  siens  s'aperçoivent,  s'il  est 
possible,  que  cela  se  soit  fait  si  curieuse- 
ment, affiu  qu'iiz  n'entrent  poinct  en  opinion 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDFCIS. 
que  l'on  ne  faco  toutes  choses  franchement, 


77 


comme  aussy  je  les  veulx  acheminer  de  l'ayre, 
(le  leur  part,  et  lever  peu  à  peu  toutes  def- 
fiances  dune  part  et  d'aultre.  J'ay  advisé. 
après  heaucoup  de  diflîcultez,  d'en  user  ainsy  ; 
en  quoy  ledict  sieur  mareschal  de  Biron  me 
promect  de  l'avre  en  sorte  que  toutes  choses 
vront  Tort  bien  au  contentement  de  tous. 

Je  ne  seray  à  Thoulouze  qu'ung  jour  ou 
deux,  où  mon  cousin  ,  le  mareschal  de  Damp- 
vilie  me  doiht  venir  trouver;  j'y  verrayencores 
beaucoup  de  noblesse,  envers  laquelle  je  n'ob- 
mecteray  rien,  non  plus  que  j'ay  faict  par 
deçà,  de  tout  ce  qui  sera  pour  vostre  service;  et 
croyez  aussy,  Monsieur  mon  filz,  que  je  feray 
loutco  qui  sera  jiossible  pour  achever  la  paix 
en  Languedoc,  où  les  de'pescbesde  tout  ce  que 
nous  avons  accordé  à  la  Kéolle  sont  envoyées 
audict  sieur  mareschal  de  Dampville,  au  sieur 
de  Joyeuse  et  aux  aultres  s"  d'une  part  et 
d'aultre  qui  les  doibvent  exécuter.  J'ay  esciipt 
aussy  en  Provence  et  en  Daulphiné  pour  y 
l'ayre  fayre  aussy  ce  qu'il  sera  possible,  sui- 
vant nostredicte  résolution  de  la  RéoUe,  et 
n'obmecteray  aulcune  chose  de  tout  ce  que  je 
pourray  penser,  (jui  sera  à  propos  pour  le  bien 
de  vostre  service.  Nous  avons  arreslé,  vostre 
dict  frère  le  roy  de  Navarre  et  moy,  que  nous 
serons  mercredy  prochain  ensemble  à  l'isle  en 
Jourdan,  pour  continuer  ce  qui  est  nécessaire 
pour  le  reste  de  l'establissement  et  exécution 
de  vostre  édici  de  pacification;  et  ne  crains 
rien  tant  que  le  faict  du  gouvernement  de 
Picardye,  dont  j'ay  sceu  qu'ilz  veullent  fayre 
très  grande  instance. 

A  Agen,  le  xv' jour  d'octobre  1678. 

Monsieur  mon  filz',  comme  je  voulois  par- 


'   Kn  titre  :  trAultre  poslcript  de  ladite  dépesche  en- 
voyée au  Roy  par  ledit  Desjardins,  n 


tir  d'Agen,  l'homme  du  sieur  de  Cornusson  ' 
y  est  arrivé  avecques  la  dépesche  que  vous 
m'avez  faicte  par  luv,  le  ix"'""  de  ce  movs, 
par  laquelle  j'ay  esté  infiniiiiciU  aize  d'en- 
tendre si  amplement  de  voz  nouvelles,  et  bien 
marye  que  Seguier  n'a  faict  aussv  bonne  dili- 
gence que  La  Barte,  qui  a  le  preiniei'  dict  des 
nouvelles  de  noslre  entrevue  avec  niondict  filz 
le  roy  de  Navarre,  qui  continue  tousjours  à 
monstrer  de  désirer  bien  fort  l'exécution  et 
establissement  de  la  paix,  se  comportant  envers 
ma  fille  la  royne  de  Navarre,  et  elle  envers 
luy,  aussy  heureusement  et  bien  que  nous 
sçaurions  désirer;  madicte  fille  m'ayant  dict 
que  résolument  sondict  mary  veult  la  paix, 
mais  que  ceulx  ijui  sont  auprès  de  luy  ne  la 
désirent  pas  et  se  trouvent  fort  estonnez  de 
nous  veoyr  de  part  et  d'aultre  sy  bien  disposés 
à  i'establir.  A  cela  congnoissez  vous  que  d'une 
part  et  d'aultre  nous  sommes  bien  traversés, 
et  vous  puis  dire.  Monsieur  mon  filz,  en  vé- 
rité que,  si  Dieu  nenouseust  faict  la  grâce  que 
vous  eussiez  trouvé  bon  monvoiage  par  deçà, 
l'on  eust  repris  les  armes  partout  et  dune  part 
et  d'aultre,  et  nous  eust-on  remis  à  la  guerre 
sy  avant,  «ju'il  estoit  à  craindre  (|ue  ceste  foys 
il  se  l'eust  faict  des  choses  que  je  ne  double 
qu'aucuns  imaginent,  qui  nous  eussent  mis  en 
danger  d'apporter  la  ruine  de  vostre  Estai. 
Vosti'e  dict  frère  le  loy  de  Navarre  me  vint 

hier  trouver  à -,  en  la  maison  du 

sieur  de  Bajaumont,  où  je  disnay,  et  maccom- 
paigna  jusques  à  Vallence-',  où  il  a  cousché, 
combien  qu'il  eust  délibéré  de  s'en  retourner 
à  Nérac,  d'où  il  doibt  passer  à  Agen  et  à  Flo- 

'  (^ornusson,  c'est  La  Valette,  le  sénéchal  de  Toulouse. 

-  Il  y  a  un  blanc  dans  le  manuscrit;  mais  on  sait  que 
c'était  le  château  de  Lafot  (à  10  kit.  d'Agen,  dans  le 
canton  de  Puyniirol).  Monttuc  mentionne  rLa  Folz,  mai- 
son de  M.  de  Bajanniont»  (t.  11,  p.  .387,  éd.  de  llidile). 

'  Sans  doute  Valence  d'Agea 


78 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


rence ,  aiant  faict  envers  luy  que  de  luy  mesmes 
il  a  trouvé  bon  que  mon  cousin  le  duc  de 
Montpensier  et  le  sieur  de  Bajaumonf  sénes- 
chai  seront  tousjours  avecques  luy  es  dictes 
villes  d'Agen  et  de  Florence,  m'ayant  dict 
qu'il  n'yroit  poinct  à  Villeneufve  d'Agenoys'. 
Vovlà  comme  je  conduictz  vostre  frère  le  roy 
de  Navarre  en  ces  choses  icy,  où  l'on  me  faict 
beaucoup  de  difficultez,  ([ue  je  congnoissois 
bien  estre  sans  grande  raison  et  que  je  seroys 
bien  marrye  qu'il  eut  sceu,  car  cela  le  tien- 
droit  tousjours  en  defliance.  Je  luy  ay  faict 
entendre  les  maulx  que  continuoit  de  faire  ce 
Merle  d'Auvergne;  il  m'a  luy  mesmes  advoué 
que  c'estoyt  ung  laron-  :  et  do  faire  semblables 
dépesches  au  viconte  de  Lavedan-*  et  à  Chavai- 
gnac  pour  se  joindre  avecques  les  sieurs  de 
Sainct  He'ran  et  de  Canillac,  affinde  repurger 
le  païs  dudict  Merle  et  de  telle  sorte  de  gens 
que  luy,  et  par  mesme  moyen  faire  réparer 
les  innovacioDs  faictes  de  leur  part,  depuis 
la  publication  de  l'e'dict.  J'en  escripts  bien 
amplement  au  dict  sieur  de  Sainct  Héraii  et 
de  Canillac,  de  sorte  que  nous  verrons  bientost 
ce  costé  là  réduire  de  tant  de  maulx  que  l'on 
faisoit  à  vostre  pauvre  peuple. 

Je  vins  hier  disner  en  ce  lieu  de  Moissac*, 
où  je  trouvay  le  sieur  de  Vezins,  séneschal  de 
Quercy,  et  l'évesque  de  Cahors  avecques  la  no- 

'  Villeneuve  d'Agenais  est  plus  au  nord ,  sur  le  Loi. 

-  Le  capitaine  Mathieu  Merle  était  natif  d'Uzès;  il 
commença  par  porter  l'arquebuse  dans  la  garde  de 
M.  d'Acier,  depuis  duc  d'Uzès,  et  guerroya  en  Poitou, 
vers  i568.  En  1675,  il  se  rendit  maître  d'issoire  au 
nom  des  protestants  et  du  roi  de  Navarre,  et  prit  la 
ville  d'Ambert  en  1577.  11  devint  baron  de  Salavas,  eu 
Vivarais,  vers  i583.(Voirau  t.  lit  des  Pièces  fugitives  du 
marquis  d'Aubais  :  nLes  Exploits  de  M.  Merle»,  p.  4  et 
suiv.) 

^  Anne  de  Bourbon,  vicomte  de  Lavedan,  compa- 
gnon d'armes  de  Turenne. 

'  Moissac,  sur  la  rive  droite  du  Tarn,  presque  an 
confluent  de  la  Garonne. 


blesse  du  païs,  envers  lesquelz  je  feiz  le  mesme 
oflîce  qu'à  ceulx  d'Agenois  et  aultres  lieux  où 
j'ay  passé,  en  sorte  quejeles  veoys  très  disposés 
et  très  affectionnés  en  vostre  endroict  et  con- 
sentans  au  bien  de  la  paix  beaucoup  plus  fran- 
chement que  l'on  ne  ni'avoil  dict.  J'espère  que 
ledicl  sieur  mareschal  de  Biron  retirera  aussy 
d'euix  un  semblable  escript  que  celluy  qui  a  esté 
faict  par  les  aultres  d'Agenois  et  de  Gascongne. 
Je  me  trouvay  hier  mal  de  ma  collique,  mais, 
grâces  à  Dieu,  je  me  porte  à  présent  bien. 
Je  disneray  en  ce  lieu  et  j'iray  coucher  à  Cas- 
tel  Sarazin',  et  demayu,  Dieuaydant,  qui  est 
samedy,  je  seray  à  Thoulouze,  qui  est  oii  vostre 
sœur  fera  le  lendemain  son  entrée,  qui  sera 
dimanche. 

Nous  y  séjournerons  quatre  ou  cinq  jours; 
car  vosiredit  frère,  le  roy  de  Navarre,  ne  se 
peult,  quoique  prière  que  je  luy  ay  faicte,  re- 
tourner plus  tost  en  l'isie  en  Jourdan  que  de 
demain  ou  de  dimanche  en  huict  jours,  qui 
est  ung  grand  prolonguement,  que  je  suis  cer- 
tain qui  ne  vient  pas  de  luy,  mais  de  ceulx 
de  la  religion  qui  le  tiennent  ainsy  enveloppé. 
Cela  me  fait  encores  vous  suplier.  Monsieur 
mon  filz,  surtout  de  donner  ordre  envers  le 
Cazimir,  car  estant  à  la  fin  de  ce  mois  quicte 
du  service  qu'il  doibt  à  ceulz  des  estas,  je 
crains  bien,  selon  sa  mauvaise  nature,  que  luy 
mesine  s'offre  et  abandonne  avec  ses  trouppes 
à  ces  gens  icy,  et  qu'il  voulust  rentrer  dedasn 
vostre  royaulme,  cependant  qu'il  nous  ontre- 
tiendroict  icy  à  l'IsIe  en  Jourdan. 

Escript  à  Moissac,  le  vendredi  au  matin 
xvii'jour  d'octobre  iS^S. 

Monsieur  mon  filz  2,  je  vous  prie  escripre 

'  Castel-Sarrazin,  sur  la  rive  gauche  du  Tarn,  en 
face  de  Moissac. 

-  En  titre  :  rAultre  postcript  de  ladicte  dépesche  de 
M.  Desjardins. » 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


79 


à  tous  les  s"  que  jay  commis  de  vostre  part 
pour  aller  faire  réparer  les  innovations  à  vostre 
édict  de  paciflication,  depuis  la  publication 
d'iceiiuy,  desquelz  je  vous  ay  envoyé  les  noms 
par  Ro^er,  et  aiisquelz  il  me  faut  adjouster 
que  les  s"  de  Sainct  Heran  et  viconte  de  Ca- 
nillac,  leur  mandant  qu'ilz  vous  feront  service 
très  agréable  d'exécuter  ce  qui  est  porté  par 
les  lettres  et  instructions  que  leur  ay  adres- 
sées, desquelles  vous  ay  envoyé  ung  double 
par  ledit  Roger,  et  que  l'on  leur  face  tenir  in- 
continent vosdictes  lettres,  sans  les  envoyer 
icy,  affin  qu  ilz  les  ayent  plus  tosl. 


1578.  —  i3  octobre. 

Orig.  —  Arch.  de  M.  E.  tio  Serres  '. 

À  MONSIEUR  DE  PAILLETZ. 

Monsieur  de  Pailletz,  sçaichant  la  grande 
affection  que  vous  avez  au  bien  du  service  du 
Roy  monsieur  mon  fils,  et  au  repos  publicq 
de  ce  royaume,  je  vous  ay  choisy  pour  et  de 
la  part  du  Roy  mondit  S'  et  filz  exécuter  le 
contenu  es  instructions  qui  vous  sont  présentes 
ment  addressées  et  au  sieur  du  Soleil  pour  la 
part  de  mon  filz  le  roy  de  Navarre,  tant  en 
son  nom  que  de  tous  ceulz  de  la  religion  pré- 
tendue reformée,  comme  il  escript  par  les 
lettres  que  je  vous  envoie  qui  seront  encloses 
en  ceT)acquet  addressantes  audit  S'  du  Soleil, 
auquel  je  vous  prie  le  faire  venir  et  luy  com- 
miinicquer  lesdictes  instructions,  qui  seront 
aussy  avec  ceste-cy  encloses  en  ce  pacquet, 
suivant  lesquelles  je  vous  prie   de  très-bon 

'  Cette  lettre  est  imprimée  dans  la  brochure  intitu- 
lée :  Lellres  inédites  de  Henri  IV  à  M.  de  Pailhès ,  gou- 
verneur du  comté  de  Foix ,  publiées  pour  ta  Société  his- 
torique de  Gascogne  par  le  vicomte  Ch.  de  la  Hitle. 
Auch,  1886,  in-8°,  p.  a6. 


cœur  de  faire,  et  ledit  s'  du  Soleil  avec  vous 
coujoinclement  et  l'un  avec  l'autre,  en  sorte 
que  le  contenu  es  dites  instructions  soit 
promptemenf  par  vous  deux  enscmblemeni 
exécuté  à  Foix  et  par  ung  chascun  des  sub- 
iectz  du  Roy  mondit  S"'  et  filz,  ont  de  l'une 
ou  de  l'autre  religion  observé  et  gardé  de 
poinct  en  poinct  et  s'il  s'y  trouvoit  quelque 
empeschement,  qui  ne  sçauroit  estre  que  par 
gens  desadvouez  et  perturiialeurs  du  repos 
publicq,  qui  occupassent  quelzques  villes, 
chasteaulx  ou  lieux,  après  leur  avoir  faict  l'aire 
les  comniandeuiens  et  ce  qui  est  porté  par 
ladicte  instruction,  et  fault  suivant  icelle  les 
y  contraindre  et  pour  cest  effect  joindre  ceulx 
de  l'une  et  de  l'autre  religion,  et  faire  eu 
sorte  que  l'auctorité  en  demoure  au  Roy  nion- 
dicl  S"  et  filz  et  que  le  contenu  esdicles  in- 
structions soit  de  poinct  en  poinct  faict  et 
exécuté  promptement  sans  y  rien  obmettre, 
mais  y  faire  tout  ce  qui  y  est  requis,  et  que 
tous  les  gens  de  bien  doibvent  désirer,  comme 
aussy  suis-je  très  rasseuré  que  vous  faictes 
de  vostre  part  et  ledict  S'  du  Soleil  aussy  ' 
qui  me  gardera  de  vous  faire  ceste-cy  plus 
longue,  me  remectant  ausdicles  instructions 
signées  de  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et 
moy,  qui  vous  prie  de  rechéf  que  sans  tar- 
der vous  y  satisfaites  promptement  tous  deux 

'  Daus  beaucoup  de  vitles  et  de  comtés,  la  reine 
mère  et  le  roi  de  Navarre  choisirent  ainsi  deux  commis- 
saires pour  rétablir  la  paix,  l'un  calliolique,  comme  ici 
Biaise  de  Villemur,  baron  de  Pailhès,  l'autre  protes- 
tant, le  sieur  de  Soulé.  La  lettre  de  la  reine  à  Dam- 
vilte  du  1 1  octobre  donne  les  noms  de  quelques-uns 
d'entre  eux.  Il  est  probable  qu'ils  reçurent  des  lettres  et 
des  instructions  analogues,  qui  ne  nous  sont  point  parve- 
nues, mais  qui  devaient  ditlerer  très  peu  de  ce  modèle. 
La  lettre  de  Henri  IV  à  Pierre  de  Sieuras,  seigneur  de 
Soulé  et  de  Gaujac,  gontithorame  de  la  chambre  du  roi 
de  Navarre,  annoncée  par  Catherine  de  Médicis,  n'est 
point  au  recueil  des  Lettres  missives. 


80 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


et  m'advertisspz  incontinanl  après  de  tout  ce 
que  en  aurez  faift,  faisant  faire  ung  proces- 
verbal  de  tout  ce  qui  se  passera  en  cela,  et 
nous  ferez  très  grand  sei'vice  au  Roy  mondict 
S''  et  filz  et  à  moy  aussy  qui  luy  ay  mandé 
comme  estiez  députe'  pour  oest  effect  audict 
Foix,  où  je  sçay  que  vous  et  ledict  s''  du  So- 
leil avez  auclorité,  priant  Dieu,  Mous''  de 
Pailhelz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

EscriptàAgen,  lexin™' jour  d'octobre  1578. 
Signé  :  Catebine. 

Et  plus  bas  :  Pin  art. 

Mens'  de  Pailletz,  je  vous  prie  de  faire  seu- 
rement  tenir  au  s'  du  Soleil  la  dépesche  de 
mondil  filz  le  roy  de  Navarre,  et  regardez 
d'accorder  avec  luy  du  jour  et  lieu  que  vous 
pourrez  vous  trouver  ensemble  et  vacquer  à  la 
charge  qui  vous  est  à  vous  et  à  luy  donnée. 


1578.  —  ao  oclobi'p. 
Copie.  Bibl.  uat. ,  Fonds  français,  n"  33oo  ,  T  G'i  '.     • 

[AU   ROY   MONSIEUR   MON    FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  j'arrivay  liier  soir  en  ce 
lieu  -  où  j'ay  trouvé  ung  chascun  très  bien  dis- 
posé et  très  affectionné  à  m'assister  au  bien 
de  la  paix,  dont  je  vous  asseure  qu'ilz  ont  très 
grand  besoing;  car  il  ne  s'est  encore  rien 
faict  par  deçà  depuis  vosire  édict  de  paciffi- 
cation,  qui  leur  ayt  apporté  aulcun  ou  bien  peu 
de  soullaigemenl,  et  depuis  quelque  temps 
les  choses  y  sont  tellement  empirées  que,  au 
lieu  de  joyi'  de  la  paix,    la  guerre  se   faict 

'  En  marge  :  tf  Envoyée  an  Roy  par  René  Houcliart, 
porte-mantean  de  la  Royne  sa  mère,  r) 

''  Toulouse,  où  la  reine  n'arriva  que  lo  ig  octobre, 
et  qui  est  environ  à  quinze  lieues  de  Casiel-Sarrazin. 


jusques  aux  portes  de  ceste  ville;  mais  j'espère 
que  ma  présence  leuraportera  allégement  des 
raaulx  qu'ils  recepvoient,nonseullement  pour 
le  temps  que  je  seray  en  ces  quartiers,  mais 
par  durablement  et  à  tousjours,  comme  je 
leur  ay  bien  faict  entendre  que  c'est  vostre 
plus  grand  désir,  et  que  favois  entreprins 
ce  \oyaige,  selon  vostre  intention,  pour  ceste 
occasion ,  en  laquelle  je  feray  tout  ce  qui  se 
pourra  pour  y  parvenir,  espérant  que  Dieu 
m'assistera  pour  faire  selon  vostre  sainct  désir, 
en  sorte  que  nous  les  ferons  jovr  de  ce  bien  là, 
dont  je  voy  tous  vosdicts  peuples  et  subjects, 
de  touttes  quallités  et  conditions,  1res  réjouvs. 
J'ay  conféré  avec  le  s''  de  Joyeuse  des  moyens 
qu'il  y  a  d'y  parvenir;  sur  quoy  je  l'av  trouvé 
très  affectionné  pour  vostre  service,  et  faut  que 
je  vous  dise.  Monsieur  mon  filz,  qu'il  marche 
de  si  bon  pied  que  j'espère  beaucoup  de  l'as- 
sistance qu'il  me  donnera  et  du  service  ([u'il 
vous  fera  pour  cet  effect  en  tout  ce  gouverne- 
ment, m'ayant  franchement  déclaré,  devant  le 
sieui'  mareschal  de  Biron  et  les  aultres  sieurs 
de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  que  si  mon  filz 
le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  la  relligion  pré- 
tendue réformée  veuUent  marcher  de  bon  pied 
en  la  négociation  qu'avons  commencée  et  que 
nous  debvons  parachever  à  l'isle  en  Jourdain, 
il  s'asseure  et  promet  pour  tous  les  cato- 
licques  qu'ilz  obéyront,  au  premier  coup,  fran- 
chement et  entièrement  à  tout  ce  que  je  leur 
manderay  avec  une  simple  lettre  ou  mande- 
ment verbal,  dont  j'ay  esté  fort  ayse;  car  ccUa 
me  servira  grandement,  non  scuUement  en- 
vers ceulx  que  vous  avez  bien  veu  par  mes 
d(''pesches  préceddentes,  qui  ont  faicl  et  font 
tant  de  difficultés  pour  le  costé  de  la  Guyenne; 
mais  aussy  cela  m'aidera  beaucoup  envers  le 
roy  de  Navarre,  auquel  je  feray  que  le  s"'  de 
Joyeuse,  à  nostre  assemblée  de  l'isle  en  Jour- 
dain, dira  aussy  franchement  ce  qu'il  fait  icy. 


i>!:ttres  de  gatfU'Ri.nm-  de  medicis. 


81 


Cependant  pour  admonester  loiijours  le  loy 
de  Aavarre  de  satisfaire  à  ses  promesses  et 
pour  couper  le  chemin  aus  longueurs  que  je 
crains  bien  qu'il  veuille,  par  le  conseil  de  ceux 
(]ui  sont  auprès  de  luy,  tenir  en  cecy,  je  luy 
dépeschav  hier  ung  courrier  avec  la  lettre 
dont  je  vous  envoyé  le  double,  qui  a  esté  faicte 
pari'advisde  mon  cousin  le  cardinal  de  Bour- 
bon, du  mareschal  de  Biron  et  des  aullres 
de  vostre  Conseil  qui  sont  icy;  et  vostre  sœur 
luy  en  escript  aultant  de  la  plus  grande  affec- 
tion qu'il  est  possible,  pour  de  mesmes  le  luy 
persuader,  vous  asseurant  que  chascun  faict 
icy  ce  qu'il  peult  pour  vosire  service;  et  es- 
père, durant  les  quatre  ou  cinq  jours  que  je 
demeureray  en  ceste  ville,  de  faire,  envers 
ceulx  du  clergé  de  huit  ou  neuf  diocèses  dont 
les  e'vesques  sont  icy,  en  sorte  que  nous  n'y 
aurons  pas  perdeu  le  temps,  et  envers  la 
noblesse  de  tous  ces  quarlieis  je  n'obmetrav 
aussv  rien  de  tout  ce  que  je  verray  qui  sera 
nécessaire. 

J'attends  icy  le  mareschal  Dampville  de- 
main ou  niercredy,  ayant  esté  advisée  de  re- 
mectre  l'entrée  de  vostredicte  seur  en  ceste 
ville  après  son  arrivée,  pour  ce  (jue  c'est  de 
son  gouvernement.  Incontinent  après  que  je 
l'auray  veu,  je  vous  feray  encores  une  dé- 
pesche,  par  la(jueUe  je  vous  advertiray  aussy 
de  tout  ce  qui  sera  i'aict  pour  vostre  ser- 
vice. 

Cependant  je  vous  diray.  Monsieur  mon  fils, 
qu'ayant  receu  icy  une  lettre  du  Président 
Largebaston  ',  laquelle  je  vous  envoie,  j'ay  esté 
requise  de  luy  escripre  que,  jusques  à  ce  qu'il 
eust  encores  de  vos  nouvelles,  il  ne  partist  de 

'  Jacques -Benoit  de  Largebaston,  ou  mieux  I>age- 
tiaston,  premier  présideut  au  parlement  de  Bordeaux. 
Voirsur  ce  pei-sonnage:  Les  présidents  Lagebaton  etDaffis, 
par  il.  Fr.  Combes;  Lectures  historiques  l'i  la  Sorlonne 
et  à  l'Institut,  Paris- Bordeaux,  i88.5,  in-i°. 

ClTUKP.INE  DE  MÉnlClS.   VI. 


lîourdeaulx  ;  aussy  bien  neluv  es(oit-il  possible, 
ad  ce  (|ue  j'ay  i)eu  entendre,  tant  à  cause  de 
son  indisposition  que  pour  le  peu  de  moyen 
qu'il  a.  Je  Fay  |)ar  ma  lettre  admonesté  de 
faire  son  debvoir  eu  ce  qu'il  a  de  moyen,  en 
sorte  que  le  repos  et  la  ti'anquillilé  que  j'ay 
laissée  à  Bourdeaulx  se  puisse  à  tousjours 
continuer.  Je  croy  qu'il  sera  bon  que  luy  en 
escripviez,  s'il  vous  plaist,  aultant;  car  aussy 
ijien,  à  ce  que  j'entends,  pour  les  raisons 
déclarées  en  sadicte  lettre,  luy  est-il  impos- 
r.ible  de  sortir  de  ladicte  ville,  où  j'ay  aussy 
escript,  suivant  l'advis  du  mareschal  de  Biron 
el  la  pi'ière  (|u'il  en  a  faicte  à  La  Rivière 
maistre  de  l'hostel  d'icelle  ville,  demourer 
jusques  à  ce  que  aussy  il  ait  de  vos  nouvelles, 
et  sont  mesdictes  lettres  fondées  sur  ce  que 
j'ay  sceu  que  voicy  à  présent  le  temps  qu'il  a 
le  plus  d'occupations  et  d'affaires  pour  les 
ail'aires  de  ladicte  ville,  et  qu'il  n'en  pourroit  à 
l)résent  partir  sans  qu'il  v  feust  grand  besoing. 
Je  n'obmettray  pas,  par  ma  lettre,  de  l'admo- 
nester aussy  de  faire  son  debvoir  et  tenir  la 
main  à  la  continuation  du  bon  et  paisible 
repos  que  j'ay  laissé  en  ladicte  ville. 

Je  vous  diray  qu'ayant  entendu  aussy  d'aul- 
cuns  de  vos  bons  serviteurs,  qui  sont  icy  au- 
[irès  de  moy,  que  les  trésoriers  générauk  de  vos 
finances  en  Languedocq  voulloient  remectre 
à  Montpellier  le  bureau  de  vostre  recepte 
jjénéiaiie  que  vous  avez  establie  et  ordonnée 
à  Béziers,  il  y  a  desja  quelque  temps,  je  leur 
ay  mandé,  pour  beaucouj)  de  coudérations  que 
vous  pouvez  bien  penser,  qu'ils  eussent  à 
laisser  le  bureau  à  Béziers,  nonobstant  touttes 
les  lettres  qu'ils  en  pourroient  avoir  obtenues, 
leur  mandant  que  je  m'nsseurois  qu'auriez 
agréable  qu'ils  obéissent  à  ce  que  je  leur  ai 
ordonné;  car  aussy  est-ce  pour  le  plus  grand 
bien  de  vostre  service,  et  je  vous  puis  dire  que, 
si  la  recepte  généi'allc  se  faisoit  à  Montpellier, 


1 1 


82 


LKTTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


vous  no  (ii'Ci'iez  ini  ^cnl  iinitl  :  encoios  com- 
bien qu'elle  n'y  soit  pas,  il  y  en  n  qui  metlent 
fort  privément  les  mains  à  vos  deniers  aultant 
et  plus  que  c'estoit  aux  temps  rriioslillilés; 
cai-,  à  ce  que  j'entends,  on  vend  le  sel  et  prend- 
on  vos  droicis  sur  ycelluy  à  grandes  sommes 
el  on  beaucoup  jdus  grand  nombre  à  pre'sent 
pour  ce  que  le  débit  est  plus  grand.  11  vous 
plaira  me  mander  sy  avez  ordonné  lediet 
bureau  esire  transféré  à  Moulpellier,  ou  si 
avez  agréable  (|u'il  soit  à  Béziers,  comme  je 
ne  douille  point  qu'il  ne  soit  très  nécessaire 
pour  le  liien  de  vostre  service  en  escripre  aux 
trésoriers  géni'rauls,  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  lilz,  vous  a\oir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

EscrinI    à   Tboulouse.    le    xx"    jour    d'oc- 


l.scrq 
tobi'e  1  !î-8. 


1578.  —  '2  1  (iftolm'. 
Ccpit.-.  Bibl.  nat.,  Fonds  frauçflis ,  n"  33oo,  I*  6.")  '. 

Al    ROY   MONSIEUR   MON   FILS.l 


Alonsiêur  mon  lilz,  il  y  a  icy  ung  des  lieu- 
tenans  de  vosire  grand  prévosl  avec  liuil 
arcbers,  qui  font  assez  bien  leur  ilebvoir,  et  il 
a  pareillement  le  maresclial  des  logis  et  deux 
de  \oz  fourriers,  desquels  je  vous  ay  derniè- 
reuient  escript  le  mauvais  debvoir  (ju'ilz  ont 
faicl  du  commencement;  mais  à  présent  (|ue 
je  leuray  baillé  le  s'' de  Born  pour  avoir  l'œil 
sur  eulx,  ils  font  assez  bien.  Il  y  a  pareille- 
menl  icy  à  ma  suite  ung  commis  du  coutre- 
roleur  des  postes  et  cinq  courriers  que  je  fais 
promener  souvent;  ils  sont  icy  en  pays  fort 
cber  où  ils  ne  peuvent  qu'ils  ne  lacent  de  la 
dépense.  Voilà  pourquoy  je  vous  supplie  de 
commander  à  ceulx  de  vostre  Conseil  de  re- 

'   Kn  inarije  :  "Envoyée  au  Roy  par  ledit  René." 


garder  à  leur  ordonner  à  cbascun  quebpies 
deniers  par  mois  et  continuer  jusques  à  mon 
retour,  depuis  le  temps  qu'ils  sont  en  ce 
vovi.ige,  afin  qu'ils  aient  moyen  de  vivre  el 
mieulx  servir.  Il  vous  plaira  aussv  faire 
ordonner  quelque  argent  pour  les  voyaiges 
que  je  suis  contraincte  de  faire  faire  tous  les 
jours  icy  pour  vostre  sei-vice,  et  estre  asseuré 
qu'il  sera  bien  mesnaigé,  ne  se  faisant  un 
s(Hd  voyaige  qui  ne  soit  taxé  par  ceulx  de 
vostre  Conseil.  Il  en  a  esté  advancé  desjà 
à  quel({ues-ungs;  on  les  fera  rembourser  sur 
la  somme  qu'il  vous  plaira  ordonner  y  estre 
prinse  en  vostre  recepte  géuéralle  de  Thou- 
louse  ou  de  Bourdeaulx,  ausquelles  je  n'av 
pas  voullu,  en  quelque  laçon  que  ce  soit,  faire 
fousclier;  car  je  sçav  bien  de  «juelle  consé- 
(juence  cella  est,  et  ijue  c'est  cliose  réservée  à 
vous  seul,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  (\\<, 
vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  Tboulouse,  le  mardy  xxi'   d'oc- 
tobre 1578. 


1578.  —  ai  uriobre. 
Copie.  Bibl.  iial. .  Fonds  fraorais ,  n^  33ûo  ,  f  65  v"»  '• 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  vous  escripviz  avant 
bier  par  Bené,  mon  porte-manteau,  la  peine 
oîi  j'estoys  de  la  prolongation  (pie  faisoit  mon 
filz,  le  roy  de  Navarre,  pour  nostre  assemblée 
en  l'Isle  eu  Jourdain,  el  aussy  des  pilleries, 
larceins  et  vilaines  actes  (|ui  se  comniectoient 
cependant  sur  les  catboliipies,  el  vous  envoyay 
le  double  des  dépesches  que  je  luy  avois  sur 
ce  faictes  du  desplaisir  que  j'en  recepvois. 
Sur  quov  il  a  envoyé  vers  moy  le  viconte  de 


'  En  marge  :  (rEnvoyée  au  Roy  par  M.  du  Tillet, 
ffrelTicr.  71 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


83 


Turenne\  qui  arriva  liier  soir  assez  tard  en 
ceste  ville;  aussy  ne  l'ay-je  peu  voir  que  ce 
matin,  lequel  m'a  baillé  des  lectres  de  mon- 
dict  Giz  le  roy  de  Navarre  de  cre'ance  sur  luy, 
comme  vous  verrez  par  icelles  qui  seront  en- 
closes en  ce  pacquet.  M'ayanl  ledict  viconte 
fait  entendre  que  l'occasion  du  retardement 
dudict  s'  roy  de  Navarre  estoit  le  furoncle 
qu'il  avoit  eu  à  la  fesse,  pour  lequel  il  gardoit 
encores  le  lict,  le  jour  qu'il  partit  de  Nérac, 
mais  qu'il  yroit  demain  à  Agen  et  retourne- 
roit  après  audict  Nérac,  pour  tout  soudain 
partir  et  s'en  venir  passer  à  Florence  et  estre 
en  risle  en  Jourdain  mardy  ou  niercredy  pro- 

'  Il  est  très  piquant  de  rapprocher  le  témoignage  de 
la  reine  mère  et  le  récit  qu'elle  fait  dans  celte  dépêche 
et  les  suivantes  de  ses  conversations  avec  Tnrenne, 
des  propos  que  l'historien  olliciel  du  vicomte ,  plus  tard 
duc  de  Bouillon ,  met  dans  sa  bouche  d'une  façon  assez 
prolixe  et  singulièrement  emphatique.  Des  deux  côtés 
on  s'accuse  de  mauvaise  foi.  Le  vicomte  de  Tnrenne 
dit  (tqu'à  peine  les  deux  reines  étaient -elles  arrivées 
qu'on  apprit  que  les  catholiques  du  Dauphiné,  du  Lan- 
guedoc et  de  la  Guyenne  avoient  fait  diverses  entreprises 
sur  les  places  accordées  aux  calvinistesn ,  et  que  c'est 
alors  qu'il  fut  député  vers  la  reine  mère  à  Toulouse  pour 
lui  exposer  les  griefs  du  parti  réformé.  Suit  un  long  dis- 
cours dans  lequel  se  font  jour  toutes  les  méfiances  des 
protestants  à  l'égard  de  la  Cour,  jusqu'à  prétendre  que 
les  conférences  projetées  étaient  inutiles,  puisque  "on 
étoit  informé  que  le  pouvoir  que  la  reine  avoit  de  trai- 
ter étoit  limité  ù  des  conditions  dont  le  Roy  de  Navarre  et 
les  Eglises  calvinistes  ne  pourroient  jamais  se  contan- 
ter>!.  La  réponse  de  Catherine  diffère  sensiblement  de 
ce  qu'on  trouve  dans  ses  lettres  :  l'alliance  des  protes- 
tants avec  Casimir  n'est  pas  même  indiquée.  Après  une 
double  réplique,  la  reine  annonce  qu'elle  va  aller  à  Auch, 
où  elle  sera  heureuse  de  voir  le  roi  de  Navarre.  Et  l'au- 
teur ajoute  :  tr Après  cette  réponse,  le  vicomte  partit 
pour  Lecloure,  où  il  avoit  prié  le  Roy  de  Navarre  de 
se  rendre.  Il  lui  rendit  compte  de  sa  négociation,  et 
l'avertit  de  se  défier  des  artifices  de  la  reine  mère.»  — 
Histoire  de  Henry  de  ta  Tour  d'Auvergne,  duc  de  Bouil- 
lon, par  M.  Marsollier,  chanoine  de  l'église  cathédrale 
d'Uzès.  Paris,  1719,  -3  vol.  in-19.  T.  1,  p.  263-272. 


chain,  que  cependant  il  me  prioit  de  croire 
qu'il  ne  leur  avoit  esté  possible  de  pouvoir 
l'aire  plus  tost  leurs  préparatifz  pour  ladicte 
assemblée,  d'autant  qui  leur  estoit  besoing, 
pour  éviter  toule  occasion  de  lelardemeut  sur 
ce  que  nous  avions  remis  de  faire  en  icelle, 
demander  ceulx  de  leurs  églises  des  provinces 
de  deçà,  qui  seroient,  environ  ce  temps  là, 
arrivez  audicl  lieu  de  l'isle  en  Jourdain.  Sur 
quoy,  à  vous  dire  vray.  Monsieur  mon  (ilz, 
j'ay  francbemeni  dict  audicl  viconte,  présens 
aucuns  seigneurs  de  vostredict  Conseil ,  que  je 
voyoys  bien  que  toutes  ces  prolongations  icy 
estoient  pour  ce  qu'iiz  attendoyent  des  nou- 
velles de  Cazimir,  et  que  cependant  je  trouvois 
merveilleusement  eslrange  d'astre  menée  et 
traictée  de  ceste  façon,  et  que  ce  qui  me  fas- 
choit  encores  davantaige  estoit  de  veoir  tant 
d'exactions  et  de  nieschancetéz  que  ceulx  de 
leur  religion  faisoient  sur  les  catholiques, 
lesquelz  je  ne  pouvois  plus  garder  de  se 
revancher,  et  que  je  veoyois  aussy  une  aultre 
chose  qui  me  déplaisoit  infiniment,  qui  estoit 
([ue  ceulx  à  qui  ilz  avoient  adressé  leurs  com- 
missions, pour  procedder,  comme  avions  ré- 
solu à  la  Réolle,  aux  réparations  des  innova- 
tions faictes  depuis  la  publication  de  l'édict, 
me  faisoient  compte  d'y  vacqueretque  c'estoit 
ung  jargon  qu'iiz  avoient  de  ne  rien  fayre 
pour  leurs  premières  dépesches,  s'ilz  n'avoient 
sceu  de  bouche,  ou  qu'iiz  eussent  quelque 
seconde  lettre  soubz  mavn  d'eulx.  Sur  quoy 
icelluy  viconte,  après  m'avoir  asseurée  de  la 
ferme  résolution  oii  mondict  filz,  le  roy  de 
Navarre,  et  ceulx  de  ia  religion  sont  de  pro- 
céder sincèrement  avec  moy  à  l'establissement 
de  l'édict,  s'est  laissé  entendre,  en  discourant 
longuement  sur  ce  que  dessus,  que  ceulx  qui 
avoient  esté  députez  pour  faire  réparer  les- 
dictes  innovations  ne  pourroient  pas  beaucoup 
faire,  sans  toutesfois  en  dire  aucune  raison 


84 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


vallable,  sinon  que  ceulx  de  lourd icte religion 
estoient  encores  en  de'fiance,  mais  que  le 
temps  et  les  effects  de  ce  que  on  feroit  audict 
lieu  de  l'isle  en  Jourdain  pourveoyroient  à 
tout,  me  faisant  par  mesme  moyen  entendre 
que  chascun  estoit  en  cela  comme  pour  soy 
et  que  depuis  la  paix  faicte,  suivant  vostre 
intention  et  comme  il  est  bien  raisonnable, 
ilz  n'avoient  plus  que  vostre  protection,  et 
que  par  ce  moien ,  ledict  s''  roy  de  Navarre 
n'avoit  pas  tant  de  puissance  et  auctorité  sur 
eulv  que  lors  de  Tédict.  Vray  est  qu'il  estoit 
recongneu  par  lesdictz  de  la  religion  pour 
estre  le  plus  grand  d'entre  eulx.  Je  n'ay  pas 
failly  de  repi-endre  ce  propos  là  el  de  luy  faire 
congnoistre,  comme  aussy  est-ce  la  raison, 
qu'il  n'y  a  que  vous  souverain  de  tous  les 
peuples  de  vostre  royaulme,  et  que  ledict  roy 
de  Navarre  et  tout  tant  qu'ilz  sont,  estoient 
voz  subjeclz,  comme  moy  mesmes,  à  cause  des 
biens  que  j'ay  en  vostre  royaulme,  combien 
que  j'aye  cest  honneur  d'estre  vostre  mère, 
j'estois  ne'antmoings  vostre  subjecte;  mais 
que,  pour  luy  respondre  particullièrement  à 
ce  qu'il  disoit  (|ue  le  s'  roy  de  Navarre  n'avoit 
si  suffisamment  pouvoir  sur  lesdictz  de  la  reli- 
gion qu'il  peusl  faire  ce  que  nous  avons  rerais 
à  résouldre  audict  lieu  de  l'isle  en  Jourdain, 
que  cela  de'pendoit  du  pouvoir  qu'il  avoit  eu 
d'eulx  pour  l'aire  la  paix  et  qu'il  n'en  falloil 
poinct  de  nouveau,  pour  ce  que  nous  ne  vou- 
lions augmenter  ny  diminuer  audict  édict, 
lequel  ilz  estoient  tous  assez  obligez  de  tenir, 
par  la  foy  qu'ilz  avoient  jurée  et  promise,  que 
vous  aviez  aussy  faicte  de  vostre  part  et  vou- 
liez pareillement  fermement  et  sincèrement 
tenir.  Tout  ce  que  dessus,  avec  les  difficultez 
qu'il  m'a  dict,  qui  estoient  en  l'exe'cution 
d'iccliuy  e'dict  es  provinces  de  Bourgogne, 
Champaigne,  Picardie,  Normandye  et  autres 
de  delà,  a  esté  fort  longuement  de'batu  cntie 


nous;  et,  après  luy  avoir  bien  fait  congnoistre 
comme,  de  nostre  part,  nous  marchons  fran- 
chement, suivant  vostredicte  intention,  au  bien 
et  cstablissement  de  ladicte  paix,  et  fait  aussy 
entendre  comme  tous  les  presches  estoient 
establiz  en  chacun  des  lieux  des  bailliaiges  de 
vostredict  royaulme,  ou  qu'il  ne  tenoit  qu'en 
eulx,  pour  ce  que  vous  aviez  nommé  et  de'clairé 
lesdictz  lieux  en  chacun  d'iceulx  bailliaiges, 
nous  nous  sommez  séparez  avec  résolution 
que  j'auroys  encores  ceste  patience,  jusques 
audict  jour  de  mercredi,  pour  nous  trouver 
audict  lieu  de  l'isle  en  Jourdain,  et  que  les 
députez  de  leurs  églises  des  provinces  d'icy 
autour  y  seroient  ouyz,  si  besoing  estoit ,  pour 
leur  faire  faire  justice  des  tortz  qu'ilz  préten- 
doient  leur  avoir  esté  faictz;  mais  qu'aussy  il 
falloit  faire  la  justice  de  ceulx  qui  en  avoient 
tant  faict  et  faisoient  journellement  aux  ca- 
tholiques, et  joindre  les  forces  de  l'un  et  de 
i'aultre  costé  soubz  vostre  auctorité,  pour  faire 
obéir  et  chastier  ceulx  qui  avoient  délinqué; 
ce  que  ledict  vicomte  m'a  asseuré  pour  ledict 
roy  de  Navarre  qu'il  fera  tousjours  de  très 
bon  coeur,  et  y  mectera  non  seuUement  ses 
biens  et  moyens,  mais  aussy  sa  vie,  comme 
feront  pareillement  tous  les  principaulx  de 
ladicte  religion,  pour  faire  régner  vostre  jus- 
tice et  establir  la  paix  et  repos  en  vostredict 
royaulme.  Et  après  mon  disner  ledict  vicomte 
m'est  venu  retrouver  eu  madicte  chambre  et 
m'a  dict  à  part  de  fort  bonne  façon,  ce  me 
semble,  que  ledict  s''  roy  de  Navarre  et  tous 
tant  qu'ilz  estoient  ne  désiroient  rien  plus 
que  l'establissement  de  la  paix  en  ce  royaulme , 
et  qu'il  me  vouloit  bien  dire  sur  l'opinion 
que  j'avois  qu'ilz  attendissent  des  nouvelles 
dudict  Cazimir,  que  icelluy  s'  roy  de  Navarre 
avoit  depuis  trois  jours  fait  une  dépesche  au 
Plessis  et  à  Argenlieu,  pour  rompre  et  se  dé- 
partir de  tout  ce  qu'ilz  avoient  faict  avecq  le- 


LETTRES  DE  CATH 

dicl  Cazimir,  ot  qu'il  falloit  croire  el  s'asseurer 
qu'ilz  marchoient  de  l'oit  bon  pied  en  cecv, 
comme  nous  coffnoistrious  toujours,  m'asseu- 
ranl  ledicl  viconte  que,  s'il  y  avoit  eu  quelque 
chose  de  poursuivy  et  ne'gotié  avec  ledict 
(lazimir,  comme  ilz  avoient  veu  par  les  lettres 
interceptées  quilz  avoient  désiré  que  je  leur 
raonstrasse,  cela  n'esloit  aucunement  pro- 
ceddé  de  niondict  fiiz  le  roy  de  Navarre,  ains 
de  ceulx  de  Languedoc,  qui  avoient  peut  estre 
conduict  cela  tous  seuls,  et  que  ledict  roy  de 
.Navarre  et  les  principaulx  de  ladicte  religion 
avoient  toute  alTertion  au  bien  de  la  paix,  et 
qu'il  m'en  asseuroit  sur  sa  toy  et  honneur, 
comme  aussy  je  le  verrois  et  trouverois  par 
effect;  mais  hiy  monstrant  de  ne  vouloir 
croire  en  ses  parolles\  je  luy  ay  demande' 
quelle  seurelé  j  en  pouvois  avoir;  à  quoy  il 
m'a  respondu  que,  s'il  vous  plaisoit  les  bien 
asseurer  de  la  volunté  que  vous«ivez  d'entre- 
tenir vostre  édict  de  pacification  et  de  les 
conserver  comme  voz  aultres  subjectz,  que 
vous  trouverez  tousjours  eu  eulx  toute  la  fidel- 
lilé  et  affection  que  pouvez  désirer;  et,  à  ce 
propos,  je  luy  ay  dict  que  je  les  en  asseurois 
sur  mon  honneur  et  que  sans  doubte  vous 
vouliez  l'accomplissement  et  entretènement 
(le  vostredict  édict  de  pacilfication,  comme 
vous  l'aviez  promis  et  juré,  et  que  j'estois  icy 
pour  le  laiie  exécuter;  mais,  puisqu'iiz  en 
avoient  si  bonne  volunté  aussy  de  leur  part, 
(|ue  je  désirois  que  ledict  s'    roy  de  Navarre 

'  Catherine  avait  raison  de  se  métier.  Dans  l'année 
1578,  Turenne  ne  cessa  d'écrire  à  Périgueux,  à  M.  de 
Vivans  ;  à  Bergerac ,  aux  consuls  et  à  n  Messieurs  de  l'tiglise 
réformée  de  l^ergerao,  pour  les  encourager  à  la  résis- 
tance, crll  faut  être  diligent  et  soigneux,  surtout  à  ses 
affairesji,  leur  disait-il.  Des  lettres  de  M.  de  Bourdeilie 
et  de  M.  de  Saint-Geniès,  cbefs  protestants  amis  du  roi 
de  Navarre,  sont  aussi  conçues  dans  le  même  sens.  —  Voir 
à  la  ISibliolbèque  nationale  le  volume  48  de  la  collection 
Périgord,  T'  92  à  90. 


ERINE  DE  MEDICIS.  8.5 

vous  le  promist  et  asseurasl  piucillpuient  e! 
m'en  escripvist  une  bonne  lettre,  alin  que  je  la 
vous  peusse  en\oyer,  pour  vous  asseuicr,  non 
seullement  de  l'affection  (|uilz  ont  de  l'aire 
entièrement  eslablir  la  paix  de  leur  part  et 
de  garder  el  observer  inviolalilement  ledict 
édict  de  paciflication  de  poinct  en  jioinct  selon 
la  fonue  el  teneur,  mais  aussy  d'emploier  leurs 
vies  et  moiens  et  sans  prendre  aulcune  con- 
gnoissanre  de  cause,  quant  leurs  commanderez 
alleneonlre  de  ceulx  qui  \ouldroient  entre- 
prendre contre  vous  et  vostre  rovaulnie,  ce 
que  iceiluy  viconte  m'a  dict  ([u'il  se  faisoil 
fort  (jue  ledict  s"'  roy  de  Navarre  vous  pro- 
mecleroit  et  asseureroit,  pour  luy  et  pour  tous 
les  principaulx  de  leur  religion,  el  que  tous 
l'accompliroient  ainsy,  m'ayant  icelluv  viconte 
dict  qu'il  en  escripveroit  incontinent,  comme 
il  m'a  depuis  asseuré  avoir  faict,  à  mondict 
ûlz  le  rov  de  Navarre.  .le  manday  incontinent 
tout  cecy  à  ma  fille  la  royne  de  Navarre  par 
ledict  viconte  mesmes,  afin  qu'elle  en  escrip- 
vit  d'affection  à  sou  mary.  Ayant  aussv  sur 
cela  bien  fait  congnoislre  audict  viconte  de 
Turenne  tjue,  se  comportans  ceulx  de  ladicte 
religion  de  ceste  façon,  (jue  vous  leur  com- 
manderiez el  les  emploiriez  après  doresnavant 
tout  ainsy  que  voz  autres  subjectz.  Je  vous 
prie  doncq.  Monsieur  mon  filz,  m'euvoier 
incontinent  une  lettre  esiM'ipte  de  vostre  main 
pour  mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  et  qu'elle 
soit  de  ceste  substance,  pour  m'en  servir  au 
fait  de  ce  que  dessus,  qui  ne  sera  pas  peu 
pour  le  bien  de  vostre  service.  Mais  cepen- 
dant je  vous  prie  ne  laisser  pourtant  de 
donner  ordre  de  pourveoir  envers  ledict  Cazi- 
mir, par  les  moiens  que  m'avez  mandez  par 
Pinarl,  pour  empescher  qu'il  n'entre  en  vostre 
roiaulnie,  soit  à  la  faveur  desdiclz  de  la  reli- 
gion ou  d'autres,  ou  bien  pour  son  laid  par- 
licullier,   soubz  couUeur  des  debtes  qui  luy 


86 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sont  deues;  vous  priant  aussy  d'escripre  une 
autre  bonne  lettre  de  voslre  main  au  s' mares- 
chal  de  Biron,  par  laquelle  vous  luy  direz  le 
désir  que  vous  avez  à  i'exe'cution  et  establisse- 
ment  de  la  paix,  et  le  prierez  d'emploier,  sui- 
vant la  fiance  qu'avez  en  luy,  tous  les  moyens 
qu'il  a  pour  ladicte  exécution  et  establisse- 
ment  de  la  paix,  et  qu'il  vous  fera  très 
agréable  service.  Cependant  je  vous  prie  me 
faire  ce  plaisir  de  me  faire  entendre  de  voz 
nouvelles  plus  souvent,  car  j'en  suis  en  mer- 
veilleuse pevne,  y  avant  aujourd'huy  quinze 
jours  que  je  n'en  euz,  ce  qui  fiiit  très  grant 
préjudice  à  vos  affaires;  et  ne  puis  penser  qu'il 
n'y  avt  eu  quelques  ungz  de  voz  pacquetz 
détroussez  en  chemin,  ou  que  ceulz  qui  ont 
esté  dépeschez  pour  les  m'aporter  ne  soient 
demourez  malades  par  les  champs;  mais  en- 
cores  ne  puis-je  penser  qu'ilz  eussent  esté  si 
mal  advisez  de  garder  les  pacquetz.  Ne  vou- 
lant aussy  oublier  de  vous  dire,  Monsieur 
mon  filz,quej'ay  receu  cejourd'huy  une  lettre 
du  s''  mareschal  de  Dampville,  par  laquelle  je 
voy  qu'il  ne  pourra  estre  icy  que  samedy  pro- 
chain ,  pour  le  plus  tost.  S'il  y  arrive  ce  jour-là , 
il  y  sera  assez  à  temps  pour  l'entrée  de  voslre 
sœur  la  royne  de  Navarre,  qui  a  esté  remise 
à  dimanche  prochain.  Cependant  je  faiz  ce 
que  je  puis  pour  voz  affaires  et  services, 
ayant  ouy  les  ecclésiastiques  de  ceste  géné- 
rallité  de  Languedoc,  avec  lesquelz  l'on  a  desjà 
commancé  de  traicter  pour  les  grands  arré- 
raiges  qu'ils  doibvent  de  leurs  décimes  et  pour 
les  aullres  subventions  et  alliénations  du 
clergé.  Mais  je  me  trouve  bien  empeschée 
pour  la  difficulté  qu'ilz  font  de  continuer  à 
lever  et  paier  les  décimes  ordinaires  ceste 
année,  demandans,  comme  ontfaict  beaucoup 
d'aultres  diocèzes,  se  dit-il,  permission  de 
s'assembler  pour  y  adviser.  Sur  quoy  je  me 
garderay  bien  de  leur  fayre  aucune  response 


par  escript;  mais  ay  député  aucuns  de  vostre 
Conseil,  qui  sont  par  deçà,  pour  s'assembler 
avec  eulx,  afin  de  regarder  et  faire,  s'il  est 
possible,  en  sorte  que  lesdictz  décimes  ordi- 
naires de  ceste  année  se  lèvent;  car  ilz  n'en 
ont  encoresrien  paie,  et,  en  attendant  que  les 
commissaires  qu'avez  ordonnez  pour  vacquer 
au  fait  des  arréraiges  qu'ilz  doivent  arrivent 
icy  faire,  s'il  est  possible,  envers  lesdictz  du 
clergé,  qu'ilz  paient  quelque  chose  sur  lesdictz 
arréraiges  et  que  cependant  les  deniers  de 
l'alliénation  se  paient  aussi  ;  toutesfois  je  ne 
sçay  encores  quelle  résolution  vous  en  donner, 
sinon  que,  comme  vous  pouvez  penser,  je  feray 
tout  ce  qui  me  sera  possible  en  cela  et  en 
toutes  autres  choses  pour  le  bien  de  vostre 
service.  Vérac,  présent  porteur,  a  veu  et  en- 
tendu les  disputtes  qui  se  sont  faicles  en  la- 
dicte assemblée,  en  la  chambre  de  mon  cousin 
le  cardinal  de  Bourbon,  de  ceulx  de  vostre 
Conseil  et  dudict  clergé  de  deçà,  qui  semble 
demeurer  ung  peu  opiniastre.  Toutesfois  les- 
dictz du  clergé  se  doibvent  encores  demain 
assembler  et  me  faire  des  offres  sur  les  re- 
nionstrances  que  je  leur  ay  faictes,  et  feray 
encores  plus  amplement  en  ladicte  assemblée 
dont,  si  je  puis,  ledict  Vérac ^  vous  portera  la 
résolution ,  afin  de  la  faire  sur  ce  oyr  en  vostre 
Conseil,  si  voiez  que  bon  soit,  pour  y  adviser 
et  m'en  mander  après  vostre  résolution. 
Cependant  je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Thoulouze,  le  vendredi  xxiii'^jour 
d'octobre  1578. 

Monsieur  mon  filz-,  depuis  ceste  lectre 
escripte,  j'ay  receu  responce  de  mondict  filz 

'  Vérac  ne  put  sans  doute  pas  partir  ce  joui--là; 
mais  il  porta  au  roi  la  dépêche  du  39  octobre. 

'^  En  lilre  :  «Posicript  de  la  dépesrhe  chi  \xiiii°  oc- 
tobre 1078.11 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


87 


le  roy  de  Navarre  à  celles  que  je  luy  avois 
escriptes,  dont  vous  ay  envoyé'  les  doubles. 
Vous  verrez  par  icelle  le  de'sir  qu'il  dict  avoir 
au  bien  de  la  paix  et  de  ayderà  l'aire  chaslier 
ceulx  qui  font  ces  piUeries  et  meschancetez, 
dont  je  luy  avois  escript.  Vous  verrez  aussi 
par  icelle  comme  il  a  esté  à  Agen  avec  une 
lettre  del'Évesque^  dudict  Agen,  par  laquelle 
verrez  aussy  comme  il  s'y  est  bien  comporté 
et  les  habitans  envers  luy.  J'ay  donne'  ordre 
qu'il  en  sera  faict  de  mesme  par  les  habitans 
de  Villeneufve  et  Florence,  combien  que  mon 
cousin  le  duc  de  Montpensier  n'y  soit  pas  : 
c'est  ainsi  qu'avions  advisé  qu'il  i'eroit;  mais, 
estant,  party  depuis  deux  jours,  volant  le 
retardement  de  mondict  filz  le  roy  de  Navarre , 
j'ay  escript  et  donne'  si  bon  ordre  que  je  m'as- 
seure  que  l'on  ne  laissera  d'y  faire  envers  luy, 
comme  l'on  a  faict  à  Agen,  estimant  aussi 
qu'il  se  comportera,  de  sa  part,  comme  il  m'a 
promis,  et  que  tout  sera  au  contentement  de 
luy  et  des  habitans  desdictes  villes. 


1578.  —  a5  octobre. 
Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n"  33oo,  f*  68  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MO!V  FILS.] 

Monsieur  mon  Glz ,  il  m'a  esté  dict  et  asseuré 
que  les  huguenots  du  Languedocq  sont  résoluz 
à  la  paix,  mais  que  pour  les  doubtes  où  ils 
sont  eucores,  ilz  veuUenl  qu'on  leur  laisse  les 
villes  qu'ils  tiennent  à  présent  pour  trois  ou 
quatre  mois,  pendant  lesquels  ils  verront  si 

'  L'évêqiie  d'Agon  élait  alors  Jaiius  Frégose,  prélat 
modéré,  ami  de  la  reine  et  d'Henri  Itl,  dont  M.  Ta- 
mizey  de  I.arroque  a  publié  les  lettres  inédites,  précé- 
dées d'une  intéressante  notice.  Agen,  187.3,  in-8°. 

^  En  marge  :  it Envoyée  au  Roy  par  ledit  greffier  du 
TiUet.j. 


l'on  aura  tousjours  la  bonne  volunlc'  que  l'on 
leur  [iropose  au  bien  de  la  pai.'i,  s'oll'rant 
de  bailler  seureté  de  rendre  lesdictes  villes 
dedans  le  temps  qu'ils  promettront,  lesquelles 
ledict  personnaige  m'a  dicl  les  huguenots  ne 
vouloir  tenir  que  comme  font  les  catholicques 
des  aultres  villes;  il  ne  m'a  poinct  parlé  de 
Guyenne,  mais  seullement  de  Languedocq; 
et  combien  que  je  l'ay  rejette  fort  loing  de 
tout  cela,  touttefois  pour  n'obmettre  à  vous 
advertir  d'aulcune  chose,  je  vous  en  ay  bien 
voulu  faire  ce  petit  mot  et  vous  dire  que,  dès 
nostre  négociation  de  La  Réolle,  je  sentis  bien 
([uelque  chose  par  leurs  propos  de  la  façon 
qu'iiz  parloient  des  villes  du  Dauphiné  que 
l'on  leur  a  aussy  baillées,  combien  que  je 
n'obmisse  pas  lors,  comme  je  vous  l'ay  cy- 
devant  escript,  à  leur  dire  sur  cella  ce  qui  me 
semlila  à  propos;  ne  voulant  aussi  oublier  de 
vous  advertir  que  le  mareschal  Dampville, 
est,  à  ce  que  j'ay  entendeu,  si  content  du  bon 
accueil  que  je  luy  ay  faict',  qu'il  est  résolu  de 

'  La  reine  mère  ne  l'ait  pas  d'autre  allusion  dans  ses 
dépêches  aux  splendides  réceptions  qui  eurent  lieu  en 
son  honneur  dans  la  florissante  capitale  du  Languedoc. 
Nous  savons  par  dom  Vaissète  que  les  deux  reines  Tirent 
leur  entrée  officielle  à  Toulouse  le  dimanche  a  8  octobre; 
le  maréchal  de  Damville  vint  au-devant  d'elles  avec 
l'apparoil  qui  convenait  au  gouverneur  de  la  province, 
accompagné  de  son  lieutenant  général,  le  vicomte  de 
Joyeuse,  et  d'une  brillante  escorte  de  seigneurs,  de  ma- 
gistrats, de  bourgeois  de  la  ville.  Une  procession  solen- 
nelle eut  lieu  également,  avec  tout  l'éclat  que  ces  céré- 
monies avaient  alors  sous  le  ciel  du  Midi,  dans  laquelle 
figui-èrcnt  tous  les  grands  personnages  qui  suivaient  la 
reine  mère  :  le  duc  et  la  duchesse  de  Montpensier  et 
leur  fils  le  prince  Dauphin;  la  princesse  douairière  de 
Coudé,  avec  ses  deux  fils,  le  comte  de  Soissons  et  le 
marquis  de  Couti;  le  maréchal  de  Biron,  Lansac,  d'Es- 
cars,  Pibrac  et  les  autres  chevaliers  de  l'Ordre.  L'ac- 
cueil de  la  populalion  l'ut  enthousiaste.  Les  reines  lo- 
geaient à  l'archevêché.  Damville  offrit  aux  princesses  une 
fête  magnifique  pour  sceller  sa  réconciliation  avec  la 
cour.  Et  de  lait,  la  fréquente  correspondance  de  Cathe- 


88 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


l'îiire  tout  ce  que  je  vouldray  cl  qu'il  pourra 
pour  le  bien  de  vostre  service,  dont  je  suis  très 
aise.  Je  Irouve  (ousjours  le  viconte  de  Tiiienne 
continué  en  la  mesnie  volunle',  que  je  vous 
av  csci'ipt  que  le  roy  de  Navarre  luy  et  les 
aultrcs  de  la  relligion  ont  de  procéder  fran- 
chement et  de  marcher  de  bon  pied  en  nostre 
confe'rence  de  l'isle  en  Jourdain,  qui  ne  pourra 
eslre  que  de  lundy  prochain  en  huit  jours,  à 
cause  que  mon  filz  le  roy  de  Navarre  n'y  pour- 
roit  estre  que  mercredy  ou  jeudy;  conside'rant 
que,  deux  jours  après,  est  la  feste  de  la  Tous- 
saincls,  je  me  suis  résoHue  de  la  faire  en 
cetle  ville,  et  me  rendre  de  bonne  heure,  le 
lendemain  de  la  feste  des  Morts,  à  l'isle  en 
Jourdain,  oii  vostre  frère  le  roy  de  Navarre 
sera  sans  faulte.  Cependant  ledict  viconte  de 
Turenne  m'a  dict,  surl'instance  de  faire  chas- 
tier  les  brigands  et  volleurs  qui  IrouLlent  le 
repos  et  l'ont  actes  d'hostilite's,  que  le  roy  de 
Navarre  et  tous,  tant  qu'ils  estoient,  le  dési- 
roienlaullant  quemoy  mesmes;  il  m'a  adverty 
queceluv  qui  a  surprins  Mirabel'^,  qui  est  une 
petite  ville  en  Quercy,  a  esté  arresté  prisonnier 
par  ceux  de  Montauban;  vous  pouvez  croire 
que  je  ne  laisseray  pas  dormir  cela.  Ceux  de 
iMontauban  envovèrent  hier  cinq  ou  six  de 
leurs  coucitoiens  devers  moy,  et  le  lieutenant 
général  en  la  justice  dudict  lieu,  qui  est 
calholicque,  et  ung  aullre  avec  luy  aussy  est 
caiholicque,  m'a\ant  chascun  faict  entendre 
leurs  bonnes  et  grandes  affections  en  vostre 
obéissance,  et  croy  à  ce  que  disent;  et  ceulx 
de  vostre  Conseil,  qui  ont  plus  de  cougnois- 
sance  de  leur  humeur  que  moy,   m'ont  dict 

liiie  avec  lui  dénoie  le  plus  complet  accord.  —  Voir  l'His- 
toire générale  de  Languedoc,  I.  Kl,  p.  18;  Lafaille, 
Annales  de  la  ville  de  Toulouse;  archives  de  Toulouse, 
registre  du  <]onsisloire. 

'  Mirabel  dans  le  caiilon  de  Caussade,  arioudissement 
de  Montauhûii.  à  18  kilonièlies  de  ce  chef-lieu. 


que  cette  ville  sera  bien  aisée  à  régler  et  que, 
combien  qu'il  soient  (juasy  tous  huguenots, 
néantmoings  ilz  se  rendront  obéissans,  estans 
bien  conduictz,  à  tout  ce  qui  sera  de  vostre 
service,  et  y  aura  bien  peu  de  villes  qui  n'en 
lassent  de  même.  Le  mareschal  de  Biron  a  eu 
nouvelles  que  sa  femme  est  fort  mallade;  il  m'a 
demandé  congé  pour  l'aller  veoir  à  Biron', 
ce  que  je  luy  ay  accordé;  mais  à  la  charjfe 
qu'il  sera  à  l'isle  en  Jourdain  le  lundy  pro- 
chain d'apiès  la  Toussaint,  ce  qu'il  m'a  promis 
comme  aussy  le  lui  ay  faict  très  expressément 
promettre;  priant  Dieu,  Monsieur  mou  fils, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Thoulouse,  le  xxv'jour  d'octobre 


1578. 


1578. 


■)8  octobre. 


Imprimé  par  le  P.  Theiuer, 
Continuntwn  des  Annales  de  Baronius ,  t.  Il ,  p.  60S. 

A  NOSTRE  TRÈS  SAINCT  PÈRE 
LE  PAPE. 

Très  sainct  Père,  la  grande  doctrine,  sin- 
cérité de  vie  et  louables  vertuz  de  maistre 
Pierre  du  Faur^,  docteur  en  droict  canon, 
vicaire  général  de  mon  cousin  le  cardinal 
d'Armaignac  en  son  archevesché  de  ceste  ville, 
et  frère  du  s''  de  Pibrac,  conseiller  du  Roy 
monsieur  mon  GIzen  son  Conseil  privé,  [aiant] 
ineu  le  Roy  monsieur  mon  filz  de  le  vous 
nommer  et  présenter  pour  remplir  la  place  du 

'  La  seigueurie  de  Biron  élail  en  Périgord,  près 
Monpazier,  et  au  nord  de  Villeneuve-d'Agen. 

-  I^ierre  du  Faur,  proposé  poui-  i'épiscopat  en  1  077, 
ne  lui  nommé  à  l'évèché  de  Lavaur,  qu'en  i58i;  il 
en  toucha  le  revenu,  mais  mourui  avant  d'avoir  pris 
possession  de  son  siège.  {Gallia  christiana,  t.  XUl, 
p.  3'j7-348.)  Nous  avons  donné,  page  5o,  les  noms  de 
ses  cinq  frères,  tous  lils  de  Pierre,  seigneur  de  Pujols, 
premier  président  au  Parlement  de  Toulouse,  et  de 
Gauside  Douce,  dame  de  Pibrac. 


LETTRES   DE   CATHERINE  DE  MEDICIS. 


89 


fpii  évesque  de  Lavaur,  et  estant  à  pre'sent  par 
deçà,  où  il  m'a  este  lesmoigne',  avec  ce  que 
je  veoy  à  l'œil  du  debvoir  de  pasteur  (jue  l'aict 
iedict  du  Fnuf,  je  vous  av  bien  \oiillu,  Tivs 
Sainct  Père,  réitérer  la  prière  que  le  Roy  mon- 
sieur mou  filz  et  moy  avons  cy  devant  t'aicte 
de  le  vouloir  faire  gratillier  de  l'annate  ou  de 
quelque  partye  de  la  taxe  d'icellc  en  l'expé- 
dition de  ses  bulles,  ronside'ré  ses  lou.ibles 
vertuz,  et  aussy  qu'il  n'a  peu  encore  jouir  d'aul- 
cun  revenu  dudicl  évesché,  pour  avoir  este'  et 
estre  encores  le  temporel  d'icelluy  entre  les 
mains  des  liiiguenotz,  dont  fou lesl'ois  j'espère 
en  Dieu  que  le  voiage  que  j'ai  faicl  par  deçà, 
selon  le  désir  du  Roy  monsieur  mon  filz,  ser- 
vira grandement  à  faire  remettre  (comme  j'v 
travaille  en  lout  ce  qui  m'est  possible)  noire 
religion  catliolique,  le  service  divin  et  tout  ce 
qui  est  de  l'bonneur  de  Dieu,  jiarlout  où  il 
avoit  esté  osté,  à  notre  très  grand  regret,  par 
lesdirtz  buguenotz,  durant  les  troubles  qui  ont 
eu  cours  si  longuement  en  ce  royauline.  El 
n'estant  la  présente  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu, 
Très  Sainct  Père,  vous  préserver  et  maintenir 
au  bon  gouvernement  de  sa  saincte  Eglise. 

Escriptà  Tbolouse,  le  xxvm'  jour  d'octobre 
1678. 

Vosire  dévote  fille,  la  Royne,mère  du  Roy 
de  France  et  de  Polongne. 

Signé  :  CATErii>E. 

Et  plus   Ims  :   PiNART. 


1578.  —  ag  octoljre. 
Copie.  DiW.  nal.,  Fonds  franrais,  n-  33oo  ,  ('  68  V  '. 

[AU   ROY   MONSIEUR  M0\   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  les  deux  dépesches  que 
je    vous    pensois  envoier  pni"  Vérac,  présent 

'   En  marge  :  ff  Envoyé  an  Roy  par  Mous'  de  Vérac. -i 

C*TIIERI^E   DE   MÉDICIS. VI. 


|)orteur,  vous  auront  esté  rendeues  par  l(! 
greliier  du  Tiilet  avant  la  léception  de  ceste  cy, 
et  aurez  vou  par  icelle  tout  ci;  qui  s'est  passé 
pour  vos  affaires  cl  vostre  service  jiar  deçà 
jusqu'aux  dates  d'icelles,  depuis  lesquelles 
je  vous  diray  que  le  sieur  de  Fontenilles  a 
esté  présent  faire  sortir  la  garnison,  qui  avoit 
esté  nouvellement  mise  à  Lectoure'  par  mon 
filz  le  rov  de  Navarre,  (jui  a  aussv  làict  ou- 
vrir une  des  portes  de  ladicle  ville  qu'il  avoit 
tenue  fermée  depuis  quelque  temps;  mais, 
à  ce  (jMc  m'a  l'aict  entendre  le  duc  de  Mont- 
pensiei'  et  comme  j'ay  aussy  sceu  du  sieur  de 
Fontenilles-,  ceux  de  la  relligion  prétendue 
réformée  residans  audicl  Lectoure,  par  fadvis 
et  instigation  de  ce  procureur  opiniastre  dont 
Iedict  marescbal  de  Riron  vous  a  cv-devant 
escript,  que  le  roy  de  Navarre  y  a,  se  sont 
saisiz  de  l'église  de  l'Hostel-Dieu  où  ils  ont 
tousjours  l'aict  et  font  encore  leurs  presches, 
quy  est  directement  contre  vostre  édict  de  pa- 
cillicacion,  comme  leur  a  bien  l'aict  entendre 
le  duc  de  Montpensier,  y  passant  avant  liier. 
Touftefois  l'on  n'y  a  encore  rien  sceu  gaigner 
pour  leur  faire  rendre  ladicte  église;  j'en  es- 
crips  au  roi  de  Navarre,  et  icy  j'en  ay  parlé 
au  vicomte  de  Turenne',  afin  de  faire  res- 
tituer ladicte  ville,  et  satisfaire  entièrement, 
])Our  U'.  regard  de  ladicte  ville  de  Lectoure,  à 
ce  (|u'ils  sont  teneuz  par  nostre  résollution 
l'aide  à  la  Réelle',  comme  nous  avons  faict 
présentement  pour  Agen,  où,  comme  vous 
avez  veu  par  ma  dernière  dépesche,  le  roi  de 
Navarre  a  esté,  et  les  cboses  se  sont  passées 

'  Leclonrc,  entre  A{;en  et  Ancli ,  sur  une  petite  nion- 
lagnc  au  pied  de  laquelle  coûte  le  (lers. 

^  Pliilippe  de  La  Roche,  baron  de  Fonleuillcs. 

'  Turenne  était  |<;ouverneur  du  ilaut-Languedoc  pour 
le  roi  de  Xavarre.  (  Voir  les  Mémuircs  du  duc  de  Bnuilinn.) 

*  Voir  à  V Appendice  le  -^ premièrement ■;  des  articles 
accordés  à  la  Réole. 

t  i 


90 


LliTTHES  DE  CATHERINE  DE   MEDICLS. 


l'urt  bien,  mu  coud'iUeiiirnl  d'iiii;;  cliiicnii.  ic 
n  iiv  i)oinl  (Muoie  eu  imiivcllcs  de  smi  ;nri\('t' 
à  VilliMii'iir\c  (>l  à  Florence,  mais  jr  snis  rer- 
luiui'  i\w  louf  s'y  passeia  anssy,  conimp  je 
vous  a\  t'scii|i(.  à  son  rontentcnienl  et  dex- 
Ireniunl  cl  à  voslrc  .senrclle.  dépendant  je 
demeure  toujours  en  pevnede  \eoirque  ceulx 
qui  sout  deputtés  de  sa  pail  poui-  aller  avec 
les  sieurs  que  j"ay  aussy  députez  pour  laire 
cesseï'  Ions  actes  dliostillité  ri  ri'|iarcr  les 
iunovalious  faictes  depuis  la  publication  de 
vosireédict,  ne  s'aclieminentpoiact,  au  moin;;s 
la  ])lus  jfrande  part,  pour  aller  exécuter  ce  t|ui 
leur  est  ordonn(';  ceuK  (pii  sont  |ioui'  ce  m- 
donnés  de  ma  |)arl  en  \eullenl  iuen  l'airv  le 
debvoir.  mais  les  aniires  lircnl  à  la  loii;;ne, 
comme  c"('«l  leur  couslune',  el  s(^!iin  le  jargon 
qui!  soni  entre  eu\,  il  allendeiil ,  à  mon  ad\  is, 
qnel(]ne  mandemenl  on  aullre  dé[)escliP  parli- 
culiére  pour  y  vacqui'r. 

dépendant  le  sieur  de  Vé/.ins  '  a  laid  en 
sorte  quiinj;  n(nnm('  Labartlie,  qui  est  |[en- 
tilhomnie,  mais  qui  a  laid  iieancoup  de  maulx 
avec  >es  complices,  aiant  enccu'es  deniièri'- 
inrnt  |irins  1. 1  |)illé  .Mirabel,  duquel  sesdidz 
complices  gardent  encores  le  chasleau,  a  eslé 
conirainct  l'uir  el  se  retirer  à  (iaussade-,  où 
les  liabilans  l'iml  arresté.  J'av  incontinent  dé- 
pesclu',  avec  l'advis  des  sieurs  qui  sont  ic\. 
le  lieutezianl  du  grand  prévost,  qui  est  à  nia 
suitte,  el  lui  ay  laid  bailler  la  lettre  (jue  j  a\ 
peus(''  luy  estre  nécessaire,  alin  qu'il  soll  as- 
sisté |)Our  l'aire  exécuter,  commcje  m'asseure, 
incontinent  ledit  Labartbe  et  ses  com()lices, 
lesquelz  cependant  le  s'  de  Ye/.ins  tient  en- 
serrez dedans  le  chasteau  de  Mirabel  et  pro- 
niel    d'en   reniire  bon  compte.    Le    sieur    de 

'  Antninc  de  \i'2ins.  IriTe  aiiiô  de  Jean  de  \eziiis. 
sénéchal  de   Qneiry,   tué   à   la  défense  de  (!aliors, 

-  Caussadc,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  do  Tani- 
et-Garonne,  dans  l'arrondissement  de  Moutaubau. 


Turenne  consent  à  lexéculion  de  tout  cecy. 
Jeu  ay  aussy  escript  nu  rov  de  Navarre,  el 
eiiverray  demain  devers  luy  le  s'  de  La  Molbe 
Fénelon  pour  lui  l'aire  l'aire  encoie  une  res- 
ebarge  bien  exjiresse  à  sesdicis  dépullés,  tant 
du  costé  de  la  tuiyenne  que  de  ce  cosié  du 
Languedoc(i,  el  aussy  pour  luy  faire  entendre 
comme  la  noblesse  de  ce  pais  de  Languedocij, 
avec  aulcuns  particuUiers  des  deux  aullres 
ordres  et  e^lats,  me  léirenl  bier  dire  el  re- 
monslrer  par  le  s'  de  Joyeuse  comme  il  avoit 
esté  arresié,  à  la  dernière  tcuieue  des  l'islals 
de  lianguedocq,  que  tous  vos  bons  subjedz  de 
l'une  el  de  laullre  relligion  se  joindroient 
ensemble  pour  aller  à  Icucontre  de  ceulx 
qui  conlreviendroienl  à  vosire  édicl,  el  me 
prièrent  de  voulloir  envoyer  vers  toutes  les 
villes  et  cumiiiunauh's  de  cedid  g'ouverne- 
ment  pour  scavoir  à  quov  il  avoit  tenu  ([ue 
cela  ne  sex('culoil:  sur  tpiov  jaiLisav,  par 
l'advis  de  mes  cousins  les  cardinal  de  Bourbon  , 
dui-  de  \l(uil|iensier,  |u'ince  Daulpbin  et  des 
aulics  de  vosire  Conseil  (jui  sont  par  deçà, 
(pii',  )iremier  (|up  le  lain',  jeu  advertirois  le 
roy  de  Navarre  par  le  sieur  de  La  Molbe 
Fénelon,  allîn  (jue  lui  el  ceulx  di^  ladicle  rel- 
ligion ne  peussenl  dire  qu'on  eust  aulcune 
cbose  cbangé  ou  laid  au  contraire  de  ci;  que 
nous  avoii.^  accordé  à  l.i  Réolle;  el  pour  ce 
que  je  veois  d'aiillre  co-lé  que  le  s"^  de  (ibas- 
lillon  laid  (depuis  l'arrivée  auprès  de  luy  du 
s'  de  Constaiis,  ipie  mon  lilz  le  roy  de  Navarre 
lui  a  envoy(''  vers  luy,  ainsv  que  je  von.-,  ay 
escripi,  pour  le  déporter  de  renireprinse  el 
secours  du  cbasieau  d(^  Beaucaire),  beaucoup 
pis  contre  vostre  service  qu'auparavant,  c'est 
une  des  occasions  aussi  [lour  lesquelles  je  lui 
envoyé  ledict  s''  de  La  Mothe,  quiluiremons- 
Irera  bien  expressément  l'oppinion  en  la- 
ijuclle  je  suis  et  dont  j'ay  grande  occasion  de 
me  fascber,  de  \eoir  qu'au  lieu  que  je  peu- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


91 


sois  que  ledict  Constans  deiist  faire  déportor 
le  s'  de  Cliastiiion  do  celle  enireprinso,  au 
contraire  depuis  son  arrive'e  à  iuy,  il  s'est 
hasté  d'assembler  des  forces ,  en  quoy  Greinien , 
qui  est  ung  de  leurs  dépullés,  pour  réparer 
lesdictes  innovations  faictes  à  l'édict,  s'est  em- 
ployé avec  le  s"^  Chastillou,  et  ont  esté  secou- 
ruz  d'hommes  et  de  vivres  dans  le  chasteau  de 
Beaucaire^  où  ils  ont  perdu  bien  quatre-vingt 
hommes  et  beaucoup  d'aultres  blessés,  sans 
qu'il  y  ait  eu  qu'ung  seul  catolicque  blessé; 
mais  le  pis  que  je  veois  à  préseas,  c'est  que  io 
s"^  de  Chaslillon  et  les  aullres  de  la  rclligion, 
qui  sont  de  ce  costélà,  assemblent  encore  des 
forces  davantaige  en  délibération,  ainsy  que 
j'ay  entendeu  et  comme  je  mande  au  roy  do 
Navarre  par  le  s'  de  La  Mothe,  de  penser 
forcer  la  ville  de  Benucaire  et  s'en  faire  ainsy 
les  maisires  :  ce  qui  me  faict  pas  craindre  que 
advienne ,  ainsy  que  m'a  dict  le  maréchal  Dam- 
ville,  qui  a  laissé  le  s''  de  Sainte  Jaille  en  la 
ville  avec  six  compaignies  de  gens  de  pied  de 
voz  garnisons  deLanguedocq  et  un  bon  grand 
nombre  d'harquebuziers  et  de  gens  de  bien 
de  ladicfe  ville,  qui  sont  très  affectionnez  à  se 
conserver  soubz  voshe  obéissance,  aussy  que 
les  sieurs  cardinal  d'Armaignac  et  de  Suze 
leur  seront  secourables  etaydans,  suivant  ce 
que  je  leur  ay  expressément  escript,  avec  la 
bonne  affection  qu'ilz  y  ont  pour  vostre  ser- 
vice; j'ay  aussy  escript  aux  consulz  d'Avi- 
gnon, d'Arles,  de  Tarascon  pour  les  ayder  de 
ce  qu'ilz  pourront,  et  les  ay  asseuré  que  vous 
l'auriez  bien  agréable,  ayant  aussy  faict  une 
dépesche  pour  faire  prendre  à  Narbonne  des 
mains  des  recepveurs  particidliors  quelque 
argent  sur  et  en  moins  de  l'assignation  qu'a- 
vez   faict  bailler  au    trésorier  de  l'extraordi- 

'  Sur  les  événements  de  Beaucaire,  lire  à  VAppendke 
la  lettre  de  Roger  de  Beilegarde  au  roi,  écrite  de  Ta- 
rascon le  9  septembre  1578. 


nairo  sur  les  receptes  générales  de  ce  pays,  , 
aliin  (le  le  faire  porter  incontinent  à  Beau- 
caire et  faire  faire  monstre  de  paiement  aux 
gens  de  guerre.  Sy  ce  n'eust  esté  que  les- 
dictes assignations  par  vous  baillées  au  tréso- 
rier de  l'extraordinaire  sont  nommément  sur 
toutes  sortes  et  nature  des  deniers  desdictes 
receptes  générales,  et  que  je  veois  qu'il  est 
de  très  grand  besoing  pour  vostre  service  de 
faire  payer  lesdicls  soldalz  pour  les  retenir  et 
encouraiger  de  bien  faire,  je  me  feusse  bien 
gardée  de  ce  faire,  et  eut-on  altendeu  (pi'ils 
eussent  esté  portez  es  mains  de  vos  recepveurs 
généraux;  mais  puisqu'il  n'est  question  que 
d'une  formailité,  pour  accélérer  le  bien  de 
vostre  service,  et  aussi  qu'en  ce  faisant  il  n'y 
a  lien  de  changé  en  vostre  intention  pour  le 
l'airt  de  ladicle  assignation,  je  m'asseure  que 
vous  ne  trouverez  que  bon  que  j'en  aye  ainsy 
uzé;  et  vous  prie  croire  que  je  suis  en  telles 
choses  fort  reteneue,  pour  ce  aussy  que  cella 
doibt  estre  réservé  à  vous. 

Vous  me  ferez ,  s'il  vous  plaist,  responre  sur 
ce  que  je  vous  ay  dernièrement  escript  que 
vosire  service  r('(|uéroil  l'eslablissemenl  du 
bureau  de  vostre  recepte  générale  esire  conti- 
nué à  Beziers,  et  non  pas  à  Montpellier,  où 
aulcuns  de  voz  trésoriers  généraulz,  qui  sont 
de  la  relligion,  le  veullent  faire  reniectre; 
sur  quoy  j'ay  encores  aujourd'huy  faici  une 
dépesche  pour  i'empescher;  car  je  suis  asseu- 
rée  que  voz  deniers  y  seroient  fort  mal  admi- 
nistrez. Voilà  pourquoy  je  vous  prie  de  rechef 
me  faire  responre  ad  ce  que  je  vous  en  ay 
pour  ce  escript. 

Cependant  je  vous  mercie  des  honnestes  res- 
[)onses  qu'il  vous  plaist  me  faire  aux  dépesches 
que  je  vous  ay  faictes  par  Seguier  et  Roger, 
ayant  veu  par  icelles  que  vous  avez  agréable 
les  choses  que  je  fais  par  deçà  pour  vostre  ser- 
vice et  le  bien  de  vosire  royaulme;  en  quoy 

13  . 


92 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


aussi,  comme  je  veoy  que  vous  en  estes  satis- 
faict,  je  m'e'verteueray  et  continueray  tous- 
jours,  ainsi  que  j'ay  commencé,  avec  i'advis  des 
princes  et  seigneurs  qui  sont  par  deçà,  tout 
ce  qui  sera  au  monde  possible  pour  eslablir 
la  ])aix  et  repos  et  faire  que  vous  soyez  recou- 
gueu  et  obéi,  comme  vous  debvez,  ne  vous 
pouvant,  à  mon  grand  regrect,  dire  encore  le 
temps  qu'il  nie  fauidra  pour  cela,  jusques 
ad  ce  que  nous  ne  nous  soyons  rassemblés, 
le  roy  de  Navarre  et  moy,  qui  lui  ay  faict 
ce  matin  cscripre  par  mon  cousin  le  duc  de 
Monipensier,  suivant  ce  que  je  lui  manday 
hier,  ([ue  j'estois  en  grande  peine,  comme 
aussy,  à  vous  dire  vray,  suis-je ,  de  la  malladie 
survenue  à  vostre  seur  la  royne  de  Navarre, 
qui  depuis  deux  jours  a  eu  la  fiebvre,  et  crains 
bien  que  sadicte  malladie  nous  arrcste  icv 
plus  que  nous  ne  pensions.  Toultef'ois  j'ay 
toujours  l'aict  congnoistre  à  mon  lilz  le  roy  de 
Navarre  par  les  lettres  que  je  lui  ay  escriptes 
et  par  ce  que  j'ay  dict  icy  au  vicomte  de 
Turenne,  comme  encores  je  luy  mande  par 
le  s''  de  La  Mothe,  que  j'espère,  sans  faillir, 
estre  lundy  prochain  à  l'isle  en  Jourdain^; 
mais  mondict  cousin  le  duc  de  Montpensier, 
passant  oultrc  en  ses  terres,  l'admoneste  pour 
son  debvoir,  faire  congnoistre  tousjours  la 
bonne  amitié  qu'il  porte  à  sa  femme,  de  la 
venir  veoir  icy,  où  je  l'asseure  qu'il  n'v  a  neul 
danger  pour  luy  ny  pour  les  siens.  Aussy  ne 
doubtè-je  point,  pour  ma  part,  que,  s'il  y 
veut  venir,  il  n'y  soit  le  très  bien  veneu  et 
honoré  d'ung  chacun.  Nous  verrons  ce  qu'il 
en  \ouldra  faire,  et  plustost,  s'il  ne  vouUoit 
demeurer  dedans  la  ville,  nous  irions  loger 
à  ung  des  faubourgs,  qui  est  de  son  gouver- 
nement, affin   que  plus  commodément  nous 

'  Callierine  n'ai'riva  à  l'Ile-en-Joiii'tlain  que  le  6  no- 
vembre, laissant  à  Toulouse  sa  fille,  qui  n'était  pas  trùs 
malade  et  put  la  rejoindre  prompteuienl. 


puissions  vacquer  icy  et  faire  ce  que  nous 
avons  délibéré  de  traicter  audict  lieu  de  l'isle 
en  Jourdain,  où  il  se  trouve  peu  de  com- 
modité des  logis  et  daultres  choses.  Toutte- 
fois,  je  vous  asseure  que  cela  ne  me  gardera 
d'y  aller,  tant  j'ay  de  désir  d'accélérer  ce  bon 
œuvre  si  fort  requis  pour  le  bien  de  vostre 
service  en  ces  provinces  de  deçà,  èsquelles 
je  ne  faudray  de  m'informer  des  personnes, 
ainsy  que  vous  me  le  mandez,-  pour  vous 
emporter  les  rooles  des  noms,  louant  bien 
fort  la  bonne  résollution  et  délibération  où 
vous  estes,  comme  vous  m'escripvez,  d'en- 
voyer par  vos  provinces;  et  y  n'eussiez  sceu 
mieulx  choisir  que  ceux  qu'avez  esleus  pour 
cela;  car  sont  dignes  personnaiges,  connais- 
sant beaucoup  vos  affaires  et  grandement  af- 
fectionnez au  bien  de  vostre  service. 

J'ay  veu  aussy  ce  qu'il  vous  plait  de  m'es- 
cripre  pour  l'ordre  qui  a  esté  donné  touschant 
le  Casimir;  mais  il  n'est  point  spéciffîé  en  vos- 
t redicte  lettre  quel  est  cet  ordre  que  je  désire 
fort  d'entendre,  pour  avoir  ce  contentement  et 
aized'estre  asseurée  qu'il  ne  se  reversera  point 
en  ce  royaume,  ce  qui  me  pourra  beaucoup 
servii-  en  reste  négociation,  sans  touttefois  rien 
déclarer  ny  particullariser  dudict  ordre;  et,  à 
ce  propos,  je  vous  diray  que,  pour  bonne  et 
grande  occasion,  je  fis  veoir  au  roy  de  Navarre 
ung  double  des  lettres  interceptées,  qui  fai- 
soient  mention  des  pratiques  du  Plessis'  avec 
ledict  Casimir,  m'asseurant  que,  de  la  façon 
qu'estoit  le  double  que  je  luy  baillay,  cela  aura 
beaucoup  servy  à  les  induire  à  désirer  la  paix; 
en  quoy  ils  se  sont  tousjours  depuis  monstres 
mieulx  disposez;  mais  croyez  qu'il  ne  m'es- 
chappera  aulcun  projios  serieulx,  comme  sont 
ces  choses  là,  que  jen'aye  premièrement  pensé 

'  Sans  doute  Duplessis-Mornay,  qui  représentait  les 
protestants  français  près  les  princes  allemands. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


93 


à  quoy  il  debvoil  servir,  el  que  je  suis  en 
eflect  et  non  pas  en  apparence  fort  retenue 
avec  eulx,  no  les  congnoissant  avec  trop  d'ex- 
périence que  trop  fins,  ayant  esté  bien  aize 
d'avoir  veu  par  la  dernière  de  voz  deux  lettres 
que  vous  ou  le  s'  de  Maugiron  n'ayez  aulcune 
chose  accordé  à  ceulx  de  ladicte  relligion 
en  Dauiphiné;  car  il  sembloit,  à  les  voyr  par- 
ler dernièrement  à  la  Re'olle,  que  le  s''  de  Mau- 
giron leur  eut  laissé  pour  quelques  mois  les 
villes  qu'ils  occupoient,  oultre  celles  qui  leur 
sont  baillées  en  garde  audict  pays,  où,  à  ce 
que  j'ay  entendeu,  ilz  ont  aussy  escript  à 
ceuk  de  la  relligion  audict  pays  de  Dauiphiné 
pour  députer  quelqu'ung  d'entre  eux,  avec 
charge  de  ce  qu'ilz  auront  à  remonstrer  à 
nostre  conférence  de  l'Isle  eu  Jourdain.  J'ay 
entendeu  qui  c'est  qui  doict  venir  :  je  voul- 
drois  bien  qu'ils  l'eussent  changé  à  quelque 
aultre  ;  car  c'est  ung  très  mauvais  garçon  ;  aussy 
qu'il  ne  pourra,  ad  ce  que  j'ay  peu  entendre, 
arriver  de  longtemps.  Ce  sont  des  indices 
que  j'ay  tousiours  qu'ilz  ne  demandent  qu'à 
mectre  les  choses  à  la  longue.  Voilà  pourquoy 
je  vous  prie,  de  rechef  affectueusement.  Mon- 
sieur mon  fils,  de  donner  ordre  envers  le- 
dict  Cazimir  et  faire  partir  inccuilinant  ceulx 
que  vous  envoyez  à  voz  provinces;  car  de  cela 
dépend,  avec  l'entier  debvoir  que  je  feray  de 
delà  pour  vostre  service,  le  repos  de  vostre 
royaulme  et  le  bien  de  vos  affaires,  louant 
Dieu  grandement  de  la  bonne  volonté  de  vostre 
frère  le  duc  d'Anjou  et  de  la  résolution  et  af- 
iéction  qu'il  a  de  se  conformer  selon  vostre 
désir  et  tout  ce  que  lui  commanderez  de 
vostre  intention  et  service,  comme  vous  m'es- 
cripvez,  n'y  ayant  rien  en  ce  monde  qui  m'ap- 
porte plus  de  consolation  que,  quand  je  verray 
qu'il  se  comportera  envers  vous  comme  il 
doibt,  m'asseurant  aussy  que,  de  vostre  part, 
vous  userez  tousjours  de  vostre  bonté  et  fra- 


ternelle amitié,  et  louant  grandement  les 
bonnestes  et  vertueux  propos  que  vous  avez 
tenus  à  Marcbaumonl  et  à  son  nouveau  secré- 
taire, et  la  délibération  où  vous  estes  de  faire 
toute  bonne  chère  à  Siniier  et  assister  nu)ndicl 
filz,  selon  son  désir,  au  mariaige  d'Angle- 
terre. 

Cependant  je  vous  diray,  sur  ce  que  m'es- 
cripvez  de  voslie  main  touchant  Dardoy,  qu'il 
seroit  besoing  qu'il  vous  pleusl  m'advertir,  si 
vous  voulez  qu'on  luy  rclàce  son  procès,  et, 
sy  ainsy  est,  il  seroit  nécessaire  qu'envoias- 
siez  ung  pouvoir  suffisant  au  contrôleur  Mole, 
et  par  mesme  moyeu  les  papiers  et  lettres  qui 
font  mention  de  cecy  et  qui  ont  esté  cy  de- 
vant envoyez  tant  par  vostre  ambassadeur 
que  par  aultres,  s'il  y  en  a.  Je  ne  faudray  à 
parler  aussi  de  Grantmont,  s'il  me  vient  trou- 
ver, de  la  façon  que  m'escripvez;  mais  je 
vous  prie  de  m'excuser  sy  je  vous  ramentoy 
l'opinion  en  laquelle  j'ay  tousjours  esté  et 
suis,  qui  est  de  ne  permettre  que  les  cappi- 
taineries  et  gouvernemens  se  vendent;  car  il 
n'y  a  rien  qui  face  tant  de  tort  à  vostre  service. 

Monsieur  mon  fils,  j'ay  certainement  sceu 
que  les  sieurs  de  Haultefort  '  et  de  Gyersac  ont 
esté  et  sont  encore  en  Lymozinet  du  costéde 
Perigueux,  où  il  s'est  faict  et  continue  encores 
de  faire  detrès  mauvais  ollires,  qui  viennent  de 
la  source  de  ceux  de  Bourgogne.  Je  feray  d'icy 
ce  que  je  pourray  pou  r  en  sçavoir  des  nouvelles , 
et  y  remeddier  le  mieulx  qu'il  se'ra  possible. 
J'ay  aussi  sceu  que  bientost  se  doibvent  trouver 
les  sieurs  grand  escuyer,  de  Saincte  Bénigne, 
et  l'évesque  de  Troyes  avec  le  sieur  de  Leste- 

'  Jean  de  Beilièvre,  seigneur  de  Haulefort,  premier 
président  du  Parlement  de  Daupbiné,  était  le  frère  de 
Pomponne  de  Belliévxe,  conseiller  d'Klal  et  président 
au  Parlement  de  Paris,  au(|uel  Catherine  écrit  si  fré- 
quemment. 


9/1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


nay  et  quelques  aultres  parens  de  la  femme 
du  s''  d'Escars  et  plusieurs  gentilshommes  de 
divers  endroicts  de  ce  pais,  qui  s'assemblent 
en  la  maison  du  s''  d'Escars  pour  les  honneurs 
de  feue  sa  femme.  J'ay  aussy  sceu  que  la  plu- 
part de  tous  ces  gens  là ,  et  mesme  l'évesque  de 
Langres'  sont  très  mal  contens;  ledict  grand 
escuyer,  pour  avoir  esté  sollicité,  ainsy  qu'il 
en  est  bruict,  parmy  plusieurs  de  la  noblesse 
de  résigner  son  estât  de  grand  escuyer,  com- 
bien que  j'aye  tousjours  asseuré  du  contraire, 
quand  on  en  a  parlé;  le  s'  de  Lestenay  n'est 
pas  aussy  content,  comme  j'ay  sçeu,  mais  je 
n'ay  entendu  à  quelle  occasion  il  en  prend, 
et  veoyant  ainsy  ces  bruicts  courir,  j'ay  parlé 
au  s"'  d'Escars,  pour  vous  y  faire,  pendant 
qu'il  seroit  chez  lui,  ung  bon  service,  comme 
je  me  veux  promettre  qu'il  fera, combien  que 
je  l'aie  trouvé  froid  quand  je  lui  en  ay  parlé, 
me  remonstrant,  comme  chacun  dict,  ce  que 
dessus  et  que  son  frère  mesme  l'évesque  de 
Langres  n'estoit  aussi  content  pour  l'avoir  osté 
du  Conseil,  combien  qu'eussiez  promis  l'y 
remettre  à  la  première  vacquance.  Je  sçay 
bien  que  vous  vous  en  rirez  incontinent  ;  mais 
croyez  que  je  me  suis  bien  aperçeu  que  le 
s'  d'Escars  a  plus  de  moyen  que  vous  ne  pen- 
siez, et,  encore  qu'il  ne  soit  pas  souvent  en 
reste  ville,  s'y  congnois-je  bien  qu'il  y  manie 
les  prinr ipaulx  et  leur  faict  faire  ce  qu'il  veult. 
Je  veoy  bien  aussy  qu'il  a  des  lettres  et  sou- 
vent des  nouvelles  des  choses  qui  se  remeueut. 
Voylà  pourquoy  je  suis  d'advis  et  vous  prie 
de  luy  escripre  une  bonne  lettre,  sans  luy 
faire  congnoistre  que  je  vous  aye  rien  escript 
de  ce  que  dessus,  mais  seuliement  sur  l'occa- 
sion de  ceste  assemblée,  qui  se  doiht  faire  eu 

'  L'évèque  de  Langres  était  Charles  d'Escars  de  Pe- 
russe,  frère  de  François,  comte  d'Escars,  et  de  Anne 
d'Escars,  cardinal  de  Givri.  Henri  III  le  nomma,  en 
1679,  dans  son  ordre  nouveau  du  Saint-Esprit. 


sa  maison  pour  les  honneurs  de  feue  sadicte 
femme,  et  lui  donniez  quelque  bonne  espé- 
rance de  la  délivrance  et  retour  bref  de  son 
fils,  à  quoy  aussy  vous  commanderez  que  l'on 
regarde.  S'il  vous  plaist  m'adresser  ladicte 
lettre  et  me  mander  ce  que  je  sçauray  sur  les 
choses  cy-devant  déclarées  à  lui  dire,  l'y  satis- 
feray  incontinent  avant  qu'il  parte ,  ou  luy  en 
escripray,  s'il  n'estoit  plus  icy,  quand  j'auray 
vostre  dépesche. 

Aussy  ne  veux -je  oublier  à  vous  dire  que 
j'ay  sçeu  pour  certain  que  mon  cousin  le 
prince  de  Condé  ne  viendra  ny  n'enverra  aul- 
cunement  en  nostre  assemblée  de  l'Isle  en 
Jourdain,  mais  qu'il  doibt  attendre  pour  sa- 
voir de  moy,  lorsque  je  passeray  par  le  Poic- 
tou,  s'il  espousera  vostre  belle-sœur  Made- 
moiselle de  Vaudemont  ^   et  que  cependant 

'  Il  était  question  de  ce  projet  depuis  longtemps  déjà. 
On  peut  rapprocher  cette  phrase  d'une  lettre  écrite  par 
Henri  de  Bourhon  au  roi  le  h  janvier  1678  : 

«Sire, 
r  L'assenrance  que  j'ay  que  Monsieur  de  Richelieu  me 
fera  ce  bien  de  vous  tesraoigner  le  fidelle  devoir  et 
prompte  obéissance  que  j'ay  rendue  aux  conimandemens 
de  Vostre  Jlaiesté  en  tout  ce  (|uy  a  concerné  l'exécution 
du  t'  édit  de  passiffication,  me  gardera  vous  en  faire 
plus  long  discours,.  .  .  me  faisant  encore  maintenant 
tant  d'honneur  que  de  me  faire  parler  du  mariage  de 
madamoiselle  de  Vaudemont  et  de  moy.  quy  m'est  ung 
sy  grand  bien,  sans  l'avoir  aucunement  mérité,  que  je 
n'en  saurois assez  très  humblement  remercier  V"  Maiesté, 
à  laquelle  toutefois  je  fais  très  iuimble  requesle,  aupa- 
ravant que  de  luy  faire  responce,  me  penneclre  que 
j'en  puisse  conférer  avecques  le  Roy  de  Navarre,  mon- 
sieur le  cardinal,  mon  oncle,  et  aultres  de  messieurs 
mes  parens  pour  en  prendre  leur  avis,  lequel  je  pour- 
roy  recevoir  lors  que  la  Royne,  v"  mère,  fera  cest  hon- 
neur au  Roy  de  Navarre  de  conduire  la  Royne,  sa 
femme,  de  deçà.  Auquel  temps,  je  me  Irouveray  pour 
leur  baiser  les  mains,  si  je  ne  suis  employé  ou  tenu  pour 
votre  cervisce.B 

Cette  lettre,  publiée  par  M.  J.  Loutchistzky  dans  ses 
Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de  la  Réforme 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


95 


le  roy  de  Navarre  me  doibl  l'aire  grande  in- 
staure |)our  le  l'aire  reiiirer  en  son  gouverne- 
ment de  Picardie,  ou  sinon  que  nous  sommes 
en  danger  de  ne  rien  faire  en  nostre  négo- 
ciation, tant  ils  sont  résolus  à  cela,  pour  ce 
qu'il  est  dit  par  vostrc  édict  que  chascun  ren- 
trera en  sou  gouvernement.  Je  vous  supplie 
me  mander  ce  que  j'auray  à  faire  sur  cela,  et 
croyez  que  je  ne  fauldray  de  m'aider  cepen- 
dant et  aultaut  qu'il  me  sera  possible  de  celuy 
des  articles  seeretz,  qui  en  font  mention. 

Je  vous  diray  encores  une  aultre  chose, 
qui  est  bien  à  propos  que  vous  saichiez,  c'est 
que  le  s''  de  Sarlabos'  a  fort  grand  désir  de 
recouvrer  une  abbaye,  (jui  n'est  pas,  à  mou 
advis,  de  grande  valleur,  qu'a  Frange,  mon 
premier  escuyer.  Je  vous  prie  avoir  souve- 
nance, s'il  en  vacque  (juelque  une,  de  la  luy 
donner  pour  faire  ladicte  récompense;  car  il 
est  homme  qui  peut  beaucoup  en  ces  pays 
de  deçà  et  qui  monstre  de  vous  estre  bien 
affectionné.  Il  sera  bon  cependant  de  lui  es- 
cripre  une  bonne  lettre,  alHn  qu'il  congnoisse 
(|ue  vous  avez  souvenance  de  lui  et  que  l'on  a 
a  oublié  tout  le  passé. 

,  J'ay  une  aultre  requeste  à  vous  faire  pour 
le  bien  de  vostre  service,  c'est  qu'il  vous  plaise 
donner  au  mareschal  de  Biron  douze  cents 
livres  sur  les  plus  asseurés  deniers  que  pour- 
rez, eu  attendant  que  lui  puissiez  donner  da- 

ct  (le  la  Ligue,  1875,  in-8°,  p.  96,  est  tirée  de  la  Bi- 
l)liolbèque  impériale  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  89.  — 
Ou  sait  qu>j  les  ministres  huguenots  s'opposèrent  an 
mariage  de  Condé  avec  il""  do  Vaudemont,  qui  épousa 
bientôt  (i.tSi)  le  favori  de  Henri  III,  Anne  de  Joyeuse. 
Le  prince,  d'ailleurs,  se  garda  de  venir  saluer  les  reines 
au  passage,  bien  qu'il  fût  tout  près  de  Cognac,  à  la 
Rocbelle. 

'  Corboran  de  Cardaillac,  vicomte  de  Sarlabos  ou 
Sarlatous,  capitaine  catholique,  toujours  prêt  à  tirer 
l'épée,  dont  un  cartouche  de.  la  jolie  cour  carrée  du 
musée  de  Toulouse  conserve  la  mémoire. 


vanlaige;  car,  ce  soir,  il  m'a  dit  (ju'il  n'avoit 
pas  un  sol,  et  me  prioit  de  lui  donner  congé' 
d'aller  en  sa  maison  pour  faire  vendre  quelque 
chose  et  en  recouvrer.  Je  vous  prie  m'envoyer 
cedict  don  tout  expédié,  affin  que  je  le  lui 
puisse  faire  bailler;  et  lui  escripviez  comme 
vous  avez  reteueu  sou  hlz  aine'  poui  vous 
servir  en  Testât  de  gentilhomme  de  vostre 
Chambre,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  fiiz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Thoulouze,  le  xxix"  jour  d'octobre 
1578. 

Monsieur  mon  fils\  j'ay  eu  advis,  par  le 
moyen  du  s'  de  Joyeuse,  que  Minerbe-  a  esté 
rendeu,  à  la  charge  qu'ilz  sortiroienl  leurs 
bagues  saulves,  et  que  les  biens  seroieut 
renduz  aux  esirangers;  à  mon  advis,  vous  en 
aurez  esté  desjà  adverty,  et  aussv  de  la  des- 
couverte de  la  surprinse  que  ion  voulloit 
faire  d'Avignon;  il  y  en  a  des  pri.sonuiers  qui 
accuseront  les  choses  et  ceulx  (|ui  en  estoicnt. 


'   En  litre  :  tr  Postscript  de  ladite  dépescbe  du  wix" 

OCt.    1078. 5) 

-  Il  s'agit  de  la  petite  ville  de  Menerbes,  aux  pieds 
des  monts  de  Leberon,  dans  le  Comial  Venaissin,  enlre 
Avignon  et  Apt,  dont  le  capitaine  protestant  Saint- 
Auban,  s'était  emparé,  en  1677,  sur  son  coreligion- 
naire le  capitaine  Fauver,  pour  l'empêcher  de  la  rendre 
aux  catholiques.  Elle  fut  ensuite  commandée  par  René 
de  la  Tour-du-Pin-Gouvernet,  lieutenant  de  Lesdi- 
gnières,  qui,  assiégé  de  longs  mois  par  les  troupes  du 
cardinal  d'Armagnac,  et  mat  secondé  par  les  babilants. 
lit  une  capitulation  honorable,  le  8  novembre  1378. 
Il  n'est  pas  étonnant  que  Catherine  ait  devancé  de 
quelques  jours  la  nouvelle  de  la  reddition  de  la  place, 
car  on  ne  se  défendait  que  pour  la  forme,  en  faisant 
durer  les  négocialions.  —  Voir  de  Thou,  t.  VII,  |).  782, 
édit.  française,  in-4°,  et  le  chapitre  xiv,  liv.  IX,  de 
V Histoire  universelle  de  d'Auhigné,  t.  VI,  de  l'édition 
de  la  Société  de  l'histoire  de  France  :  k Surprise, 
siège  et  reprise  de  Menerbe." 


% 


LETTRES   DE  CATHV^RINE  DE   MÉDICIS. 


157S.  —  ■-•<i  cHliilu'''. 

CiH.'.  HiW.  mil.  ,   Fonds  fiançais,  ii'  33m«  ,  f»  7a'  . 

!.\r   K(A    VsO^SIKS  P,   M()\   FILS.] 

Monsieur  uioii  filz,  vous  aurez  vcu  piirnia 
di^i  iiièro  d('pesclie.  que  vous  a  portée  le  greî- 
fier  (lu  Tiliet,  les  teruws  eu  (]iioy  nous  estions 
]iour  les  all'aires  du  cleri^é  de  reste  générallilé 
de  Thoulouze;  depuis,  les  romniissaires  par 
vous  députe/,  ]iour  les  alïaires  dudirt  iler;;é 
en  hidicli'  jfi'ur'rallilo  sont  arrivez  iey,  irsi|L]elz 
ont  l'aict  (Milenflrr  ieiii'  pouvoir  vl  eliai'i[e  aus- 
diclz  du  eleriji',  qui  |)ourlanl  u'oul  laissé, 
roiilinuani  les  erres  de  la  première  re(|ueste 
(péiiz  nravoicni  falcle.  di'  uu'  pri'si'Utcr  le 
niénuiiii'  (]\u'  je  vous  envoyé  avec(pies  la  pre- 
niièie  rei|uesle  el  <'elle  que  le  commis  de  (bas- 
tille a  aussy,  de  sa  |iart,  pré'smli'.  J'ay  eu- 
rorcs  assenililé  les  princes  et  sri'|neiirs  de 
vostie  Conseil,  qui  sont  icy,  et  ay  laict  aussy 
veo\  r  au\dii-lz  C(uuniissnires  ledicl  nu>uiolre, 
sni-  lequel  Ions  oui  opiné  el  ont  esté  uiinni- 
nieiueiil  d'arcord  que.  sans  aucun  doulile, 
il  lalloil  tpie  les  deniei's  des  allié'naciuns  se 
paias^cnl  |)our  salislairi'  aux  esirangers,  et 
par,  illcmenl  les  deniers  des  arrcraijjes  des 
dé'cimes  jusques  à  la  conrnrrar.ce  de  ce  qui 
esl  di'u  à  riiosli'l  de  ville,  et  aussy  que  les 
deniers  oïdinaires,  (ant  de  l'année  présente 
ipn^  des  subsé(|uanles,  se  levassent  pour  conti- 
nuer loMsjonrslc  paii'nient  desdictes  renies  de 
riioslel  de  ville,  et  qu'encores  ([ue  ce  ne  l'enst 
à  beaucoup  pii's  ce  (péilz  doibvenl.  ijuc 
n('aniuiiuuj|s.  pour  ce  (|ui'  cela  ne  laissoil  de 
se  mouler  el  de  revenir  à  de  très  ^iiaiules 
sommes  de  deniers,  qu'il  sei'oyt  bon,  de  ]ienr 
d'eslonner  lesdiclz  du  clergé,  de  les  l'aire  dou- 
cement admonester  pai'  lestliclz  commissaires 


Kii 


rKiniiyé  au  Hoy  par  lodil  .s'  tlo  Véiacn 


de  satisfaire,  sans  leur  parler  encores  des 
autres  choses  par  eulx  deubz,  comme  les 
iestes  des  deniers  qui  se  debvoient  prandre 
^ur  les  Iruictz  des  be'néfices.  la  solde  de  (puilre 
mil  liomines  de  pied  et  mil  clie^aulx  accoi- 
dez  aux  listacts  (îénéraux  de  Blois,  et  autre- 
vielz  restes,  pour  lesquelz  ils  pourroieni .  sui- 
vant leur  pouvoir,  l'aire  dill'érer  leurs  pour- 
suicles  et  contraincles  jusques  ad  ce  que  nous 
ayons  de  voz  nouvelles  stir  le  contenu  dudict 
)U(''inoire,  qu'il  lault  considérer  m'avoir  esté 
pi'ésenté  |)ar  aucuns  évesques  eslans  icy,  «|ui 
ne  sont  que  une  partye  du  clergé  et  n'ont 
aulcun  pouvoir  des  autres.  Et  combien  ipie  je 
ne  leur  veuille  l'ayre  aucune  respouce  sur  cela 
))ai'  escrijit.  louteU'ovs  je  n'av  voullii  l'aillvr 
de  vous  représenter  ce  (|ui  .s'est  passé  en  cecy. 
el  vous  dire  que  les  ayant  trouvez  très  allec- 
tionnez  à  vosire  service  et  veu  C(uume  ilz  oui 
l'rancheuu'nt  rejecté  les  mauvarses  clioses  i\u(' 
l'on  leur  a  escriptes,  semblables  à  cell(>s  qui 
estoieni  ])ortées  par  ce<te  lectre  qu(>  aucuns 
nuilins  ont  [Hiblii'e  et  envoyi'e  pai-  loul,il  me 
semble  (ju'ilz  nié-rilent  (jue  les  gratilliez  eji 
loul  ce  (jue  vous  pourrez,  dont  je  vous  pi've 
alTeclueusement.  atlin  de  les  entrelenir  tous- 
jours  en  ceste  bonne  et  grande  alleclion  (|ue 
je  veov  (ju'ilz  vous  portent  el  en  la  boniu-  vo- 
lonté (pi'ilz  ont  de  satistl'aire,  comme  ilzdienl, 
à  ce  ((ui  leur  sera  possible,  aiusy  (|ue  Vi'rac. 
l'un  di^  mes  gentilzliommes  servans,  j}r(''seut 
porteur,  vous  l'era  entendre  de  ma  part,  et  à 
ceulx  de  vostre  Conseil  ausquelz  il  repre'sen- 
lera,  s'il  en  est  besoing,  ce  ([ui  a  esté  dis- 
putlé  et  les  raisons  (pii  ont  esté  desduicte.-. 
de  leur  part  et  pour  la  vostre.  à  diverses  foys 
que  l'on  s'est  assemblé  pour  cesl  eflect  en  la 
cbanibre  de  mon  cousin  ie  cardinal  de  Boni- 
bon ,  vous  priant  sur  le  tout  m'en  escri[U'e  (d 
à  vosdiclz  commissaires  vostre  linalle  résolu- 
cion.  allin   (|ue  l'on  la   suive   et  lace  ce  que 


LETTRES  DE  CATHE 

l'on  |>()iiiTa  pour  l;i  l'aii'i'  cxi'cuter  et  observer  ] 
pondant  que  lesdictz  commissaires  seront  par 
deçà;  car,  s'ilz  en  partent,  il  n'y  a  pas  grande 
anparence  ijiie  vos  aiïayTs  ci  c!::\:3S  sus- 
dictes  aillent  sy  bien  ijiie  je  d(?sire  pour 
vostre  service.  Lesdictz  commissaires  sont  gens 
bien  entenduz  et,  ce  me  semble,  fort  dignes 
et  à  vous  bien  affectionnez  pour  conduire  et 
acbeminer  dcxl rement  en  cela  vosdictes  af- 
faires; lesdictz  commissaires  vous  escripvent 
aussy  de  Testât  où  ilz  ont  trouvé  toutes 
clioses  es  autres  diocèzes  où  ilz  ont  desjà 
passé,  qui  est  quazy  une  semblable  chose  que 
le  cosiéde  deçà,  et  en  une  partie  de  la  Guieiine 
ce  sera  de  mesme;  priant  Uieu,  Monsieur 
mon  filz,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript    à  Toulouse,   le  xxix™"  jour  d'oc- 
tobre i5-j8. 

1578.  —  3i  odnl)re. 

Copie.  liibl.  nul.,  Fonds  franrnis,  n^  33oo,  f°  78  '. 

[AU   ROY  MONSIEUR   MON   FILS.] 

Monsieur  mon  fdz,  encores  que  je  vous 
ayc  ce  matin  bien  amjilement  escript  par 
.  Ve'rac,  accusant  aussy  par  mes  lectres  la  ré- 
ception des  vostres  par  Vouzay,  qui  arriva 
hier  icy,  je  ne  laisseray  pourtant  de  vous 
faire  encores  ceste-cy,  poui'  vous  dire  que  je 
voy  bien  qu'il  n'y  a  rien  tant  nécessaire,  pour 
mectre  ceulx  de  la  religion  pre'tendue  ré- 
formée du  tout  en  leur  tort,  (jue  de  faire 
acheminer  en  dilligence  les  présidons  et 
conseillers  que  vous  avez  ordonnez  pour  la 
<'hambre  tri  partie-  du  Languedoc;  car  j'ay 

'  En  marge  :  n  Envoyée  au  Roy  par  Pioclie.  1 
'  Voir  à  ['Appendice,  sur  la  cliambre  Iri- partie   de 
Giiienne  et  son  installation  à  Agen ,  au  mois  de  juin  1 578 , 
une  lettre  adressée  à  Ciilherine  de  Médicis  par  le  pré- 

Cathehi.ve  de  Médicis.  —  vi. 


RINE  DE  MEDICKS.  97 

sceu,  et  tous  reulx  do  vostre  Conseil  (jui  sont 
icy  auprès  de  moy  diont  aussy  l'avoyr  entendu , 
que  il  n'y  avoit  aultre  chose  à  dire  pour  les- 
dictz   de  la    religion   que  cela;  ils  sont  ré- 
soluz,  tant  ils  sont  durs,  opiniastres  et  plains 
de    mauvaise   volunté,   de    ne  rien  effectuer 
parfaictement  pour  l'exécution  et  establisse- 
niont  de  vostre  édict   de  paciilication,  (]u'ilz 
ne  voyent  ladicte  chambre  establye  en  Lan- 
guedoc :  ce  qui    me  fasclie  fort,  avec    beau- 
coup  d'aultres  dillicultez   que   je   voy    fayre 
d'aultre  costé,  lesquelles,  si  cha.scun  voulloit 
aller  de  Ijon  ])ied,  ne  seroient  rien;  et  con- 
giiois  bien  (|ue,  d(!  l'un  et  de  l'autre  parly  et 
soubz  diverses coulleurs,  qui  sont  plusalfeclées 
que  raisonnables,  Ton  me  fera  beaucoup  de 
traverses;  mais   croyez.    Monsieur  mon  lilz, 
(jue  je  feray  tout  ce  qui  se  pourra  au  monde 
poui'  surmonter   tout  cela,    afin    i[ue   vostre 
édict  soit  exécuté  selon  vostre  désir   et  (jue 
nous  puissions  estre  sy  heureux  que  de  veoyr 
que  soiez  obéy  de  voz  subjetz  comme  Dieu  le 
leur  commande  et  la  raison  le   veult,  ce  que 
je  pense  pas  pouvoir  jamays  bien  veoyr  par 
do  cà,  y  estant  les  choses  sy  mal  qu'elles  sont, 
quehjue  remède  que  l'on  y  peust   chercher, 
que  premièrement  vostre  édict  ne  soyt  estably 
et  bien  observé  et,  par  ce  moyen,  le  service 
divin,  l'honneur  et  la  crainte  de  Dieu  remis 
en  plusieurs  lieulx  par  de  cà  où  toutes  sortes 
de  maulx  s'exercent  sans  que  vostre  justice  y 
puisse   estre  administrée.   Parquov,  je  vous 
prye    de    l'echef,  Monsieur  mon    filz,  faictes 
advanser  et  dilligenter  lesditz  présidons   et 
conseillers;  car  sy  ces  gens  icy  sont  abeurtez 
à  cela,  je  me  retrouveroys  on  grande  poyue 
et  vos affayres  morvoillousemenl  refaidez.  .l'ay 
sceu  aussy,  Monsieur  mon  filz,  qu'ilz  vouUonl 

sident  de  Villeneuve.  Elle  contient  des  renseignements 
sur  le  bon  effet  produit  par  cette  institution.  La  chambre 
tri-parlie  de  Languedoc  siégeait  à  Castres. 

1.3 


98  LETTRES  DE  GATH 

accrocher  nostre  négociation  de  l'Isle  en  Jour- 
dayu  sur  ung  autre  poinct  qu'ilz  veuHent  aussy 
veoir  précéder,  et  qui  soit  bien  estabiy  avant 
que  de  rien  faire  de  deçà  à  l'exécution  dudict 
édict  :  c'est  que,  en  tous  les  lieulx  que  leur 
devez  bailler  pour  fayre  leurs  presches  par 
les  baillaiges  de  ce  royaulme ,  iesdictz  presches 
y  soient  establys.  Je  nay  pas  faulte  de  raisons 
à  leur  replicquer  là  dessus,  s'ilz  y  insistent. 
Touteffoys,  Monsieur  mon  filz,  afin  que  j'en 
sois  mieulx  inrormée,je  vous  prye  faire  faire 
par  vos  secrétaires,   chascun   en  sa    charge, 
ung  rooUe  des  noms  des  iieulx  qui  leur  ont 
esté   baillez   par   vous    pour  faire  leursdictz 
presches,    comme   j'ay   souvenance    qu'avez 
commandé  et  faict  envoyer  à  voz  lieutenans 
généraulz  pour  les  faire  establyr  par  tous  les 
baillaiges    de    vosiredict    royaulme,    lorsque 
Iesdictz  de  la  religion  le  demandcroient,  et 
qu'il  soit  cotté  par  ledict  rooUe,  s'il  est  pos- 
sible, les  lieulx  où  cela  est  estabiy,  et  aussy 
les  lieulx  où  il  ne  l'est  pas  el  à  quoy  il  a  tenu  ; 
car  je  pense  bien  qu'ilz  me  feront  beaucoup 
de  questions  là  dessus.  Sur  quoi  je  seray  bien 
ayse  de  savoir   la  vérité  des  choses  dessus- 
dictes  pour  la  leur  dire. 

Cependant  je  ne  veux  obmettre  de  vous  ad- 
vertir  que,  volant  les  actes  d'hostillité  qui  se 
font  encores  et  principalement  ceste  entreprise 
de  Ghastillon'  à  Beaucaire,  et  que,  quelques 
lectres  que  j'aye  peu  escripre  à  mon  filz  le  roy 

'  Le  fils  de  l'amiral  de  Coligny,  Châtiilou,  u'était  pas 
facile  à  tenir.  Furieux  de  la  mort  de  Parabère,  qu'il 
allribuail  à  Damville,  il  soutenait  Baudonnet  et  les  pro- 
lestants de  Beaucaire  de  tout  son  pouvoir,  en  dépit  des 
lettres  que  lui  envoyait  le  roi  et  même  des  représenta- 
tions plus  ou  moins  sincères  de  ses  amis.  Il  ne  se  déclara 
battu  qu'au  mois  de  février  1379,  après  la  reddition 
de  Beaucaire.  —  Voir  le  détail  de  toute  cette  affaire, 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  p.  67,  dans  François  de 
Chnstillon,  comte  de  Coliffuy,  par  le  comte  Jules  Dela- 
borde,  cliap.  v.  Paris,  188O,  in-8°. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

de  Navarre,  et  dire  icy  au  viconte  de  Turenne 
pour    les    faire    cesser,    qu'au   contraire    les 
choses  s'empirent  de  leur  costé  au  préjudice 
de  vostre  service  et  des  pauvres  catholicques , 
je  pris  à  part  hier  ledict  vicomte  de  Turenne 
et  luy  desclaray  francheinent  que,  puisqu'ilz 
souffroient  fayre  telz   desordres  en  ma  pré- 
sence, que  je  ne  pouvois  penser  qu'ilz  vou- 
lussent marcher  de  bon  pied  en  nostre  né- 
gociation de  l'isle  en  Jourdain,  que  encores 
deux  raisons,  oultre  ceste-là,  me  le  faisoient 
penser:  l'une,  le  temps  qu'ilz  m'avoient  faict 
ainsy  couler  d'un  mois  qu'il  y  avoit  lantost 
qu'ilz  m'entretenoient  de  belles  paroles  sans 
aulcun  elTet,  sinon  des   remises   de  jour    en 
jour;  et  l'aultre  raison,  qui  est  véritablement 
bien  grande,   esloit  que    les   gentilzhommes 
qu'ilz  avoient  députez  de  leur  part  pour  faire 
cesser  tous  actes  d'hostillité    et  réparer  les 
innovacions    faictes   depuis    l'édict    n'exécu- 
toient  rien;  que  cela  cstoit  ung  grand  indice 
de  leur  maulvaise  volunté,  luy  ayant  sur  cela 
bien    faict    congnoistre   particuilièrement    le 
grand  déplaisir  que  j'en  recepvois,  tant  pour 
le  préjudice  que  c'estoit  à  vostre  service  que 
pour  ce  que  cela  touchoit  à  ma  réputacion , 
ayant  despesché   les  commissions   et  donné 
espérance  par  lectres  à  voz  peuples  et  subjetz 
de  deçà  de  l'ordre  qui  avoit  esté  donné  pour 
leur  soullaigement,  en  attendant  la  paifaicte 
exécution  de  ledict  pour  les  mectre  tous  en 
repos,  à  quoy  je  veoyois  ung  très  maulvais 
commencement  ;  et  suis  venu  à  luy  dire, parlant 
à  luy  confideniment  comme  à  personne  qui, 
oultre  le  debvoir  naturel  de  subject,  estoit 
particuilièrement  plus  obligé  à  vous  et  à  moy 
que  à  personne  en  ce  monde ,  luy  ayant  bien 
faict    sentir   et  congnoistre  que,  sy  l'on   me 
trompoit,   je    m'en   prendrois  particuilière- 
ment à  luy  et  luy  ferois  sentir  amèrement  la 
faulte  qu'il  avoit  faicte,  et  que,  devant  que  je 


LETTRES  DE  GATH 

meuibarquasse  plus  avant  et  los  choses  cm- 
pirasseiit  davanfaige,  qu'il  m'en  parlast  fran- 
chement, et  que  vous  et  moy  luy  en  saurions 
à  toujours  bon  gré.  Il  m'a  asseuré  que  je 
n'eusse  nul  double  do  la  voluntu  de  mon  filz 
le  roy  de  Navarre  ny  des  principauh  de  leur 
relligion,  et  qu'ilz  voulloient  et  désiroiont 
l'estahlissement  de  vosire  édict  de  paciffica- 
cion,  s'asseuranl  que  nostre  assemblée  fera 
ung  grand  fruict;  mais  qu'ilz  n'eussent  peu 
plus  tost,  pour  bien  faire  les  choses,  qu'à  ceste 
heure  y  vacquer,  pour  ce  qu'il  a  fallu  qu'ilz 
ayent  adverty  leurs  églises,  escript  et  envové 
pour  ce  par  les  provinces,  d'où  ilz  auroient 
les  nouvelles  lors  de  nostredicte  assemble'e, 
et  qu'ilz  ne  les  eussent  peu  avoir  devant;  que 
quant  ausdictz  gentizhommes  qu'ilz  avoient 
dcpputez  do  leur  part  pour  faire  re'parer  les 
les  innovacions  falotes  depuis  l'e'dict,  que  le 
roy  de  Navarre,  qu'il  doibt  retourner  trouver 
demayn,  leur  escriproit  de  rechef  pour  s'em- 
ploier  dilligemmeut  au  faict  de  leurs  com- 
missions, mais  qu'à  me  dire  vray,  ils  auroient 
bien  pensé  qu'ilz  ne  feroient  pas  grand  chose, 
sinon  après  ladicte  assemblée  de  l'Isle  en  Jour- 
dain, auquel  lieu,  à  ce  que  luy  mesmcs  m'a 
dict,  nous  ne  trouverons  pas  grande  commo- 
dité de  vivres  et  de  logis.  Nous  avons  parle' 
d'un  chasteau,  qui  est  icy  auprès,  où  le  roy 
de  Navarre  pourroit  venir;  et  luy  m'a  aussy 
demande'  s'il  seroit  à  propos  de  retourner  à 
Castel  Sarrazin,  qui  est,  à  mon  advis,  ung 
aussi  maulvais  logis  que  l'Isle  en  Jourdain. 
Voylà  pourquoy  je  suis  tousjours  demeurée  en 
ceste  opignion  qu'il  falloit  aller  audict  lieu  de 
l'Isle  en  Jourdain ,  et  luy  asseure  que  j'y  seray , 
comme  aussy,  Dieu  aidant,  seray-je,  mer- 
credy  de  bonne  heure;  car  ma  fille  la  royne 
de  Navarre  ne  sauroit  faire  icy  son  entrée,  à 
cause  delà  fesle,  que  mardy,  et  ledict  viconte 
m'a  aussy  asseuré  que  mondict  filz  le  roy  de 


ERINE  DE  MÉDIGIS.  99 

Navarre  ne  fauldra  pareillement  poinct  de  s'y 
trouver.  Et  asseurez-vous.  Monsieur  mon  filz, 
que  je  n'y  perderay  pas  le  temps;  car  incon- 
tinent et  incessamment  nous  vac(]uerons  ad 
co  que  y  avons  remis.  Cependant  je  vous 
diray  aussy  que  ledict  viconte,  en  parlant 
des  moiens  qu'il  y  aui'oit  d'establir  le  repos 
es  villes  où  Ion  estimera  qu'il  y  auroit  danger 
de  (umulte  ou  combustion  après  l'édict  exé- 
cuté et  eslably,  m'a  dict  une  chose,  dont  j'av 
parlé  aux  princes,  mareschauk  et  s"  de  vostre 
Conseil  qui  sont  icy,  lesquelz  l'ont  trouvé 
bon,  comme  aussy  fays-je,  et  le  ferons,  si  en 
estes  d'advis,  c'est  de  mectre  en  chascune  de 
ces  villes  là  pour  quelques  mois  quelque 
gentilhomme  bien  affectionné  à  vostre  ser- 
vice, à  la  paix  et  au  bien  public,  pour,  et 
avec  l'asssisiance  de  vostre  justice,  faire  vivre 
les  habitans  en  paix  et  union  soubz  vosti'e 
obéyssance.  Je  veoy  en  cela  ung  inconvénient , 
qui  est  que  je  crains  que  ces  gentizhommes  là 
s'establissenf  èsdicles  villes,  et  qu'ilz  estiment 
cela  comme  capitaineries  ou  gouverneraens,  et 
puis  qu'il  soit  mal  aizé  de  les  en  oster  ;  aussy 
fiiull-il  bien  y  penser  avant  que  le  fayre,  et 
surtout  les  choisirgens  de  bien  et  bons  catho- 
licques.  Il  vous  plaira  m'en  écripre  vostre  vo- 
lunté  et  ce  que  vouidrez  que  je  face  en  cela, 
si  tant  estoit  qu'il  se  meist  en  avant.  J'ay  esté 
bien  aize,  en  proposant  les  choses  cy  devant 
déclairécs  en  vostre  Conseil,  de  fiure  sur  ce 
opiner  ceulx  mesuies  qui  ont  esté  employez 
à  fayre  l'édict;  et  voiant  qu'il  estoit  fort  à 
propos  que  je  parlasse,  je  leur  ay  faict  clai- 
rement entendre  que,  n'y  aiant  personne 
qui  vous  passe  en  piété  et  religion,  comme 
aussy  le  savent- ilz  bien,  que  vous  n'avez 
pas  faict  ceste  paix,  qui  se  peut  dire  la  vostre, 
sans  de  très  grandes  considéracions  que  eulx, 
encores  qu'ilz  ayent  beaucoup  d'intelligence 
de    voz    plus    grands    affaires,    ne    peuvent 

i3. 


100 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDlCiS. 


néanfnioings  pas  eongnoistre,  mais  qu  Hz  s'as- 
seiirassent  (jirclles  ostoient  fort  légitimes, 
puisqu'à  l'iicure  que  lavez  faiclc,  vous  aviez 
grand  avantaige  sur  lesdictz  ,  Huguenots.  Je 
leur  av  touché  ung  mot  de  i'espérience  qu'avez 
que  la  guerre  apporferoit  plus  de  dommaige 
à  nostre  religion  calliolicque  que  d'avantaige, 
et  que,  estant  estably  Tédict,  l'honneur  de 
Dieu  et  le  service  divin  seroit  remis  en  tant 
de  lieulx  où  il  esloit  délaissé,  leur  ayant  i-a- 
meué,  en  passant,  la  grande  perte  qui  s'esloit 
faicte  en  ladicte  guerre  des  cappitaines  et 
gens  de  valleur  qui  y  estoient  mortz  d'une 
part  et  d'aultre,  et  que  vous  vouUiez  conserver 
ce  qui  en  esloit,  congnoissant  assez  que  les 
armes  faisoient  plus  contre  vous  que  pour 
vous,  d'auitant  que  voz  subjectz  périssoient 
et  le  royaulme  se  ruinoit  ;  que  ponr  ces  rai- 
sons vous  m'aviez  envoyée  et  que,  de  ma  part, 
congnoissant  vostre  saincte  et  droicte  intencion , 
j'avoys  accepté  ccste  charge,  combien  qu'elle 
feusl  très  grande  à  mon  aage,  encesle  saison, 
et  difficille  à  supporter,  estant  sy  longuement 
sans  vous  veoir;  mais  que  pour  ung  si  bon 
œuvre  et  que  vous  avez  tant  à  coeur,  je  ne 
voulois  rien  espargner  pour  l'espérance  que 
j'avoys  que  Dieu  seroit  par  ce  moien  mieulx 
servy  et  vous  recongneu  et  obéy,  et  qu'il  falloit 
que  toutes  intelligences  cessassent,  estant  cela 
très  dangereux  et  dommaigeable  à  voslre  ser- 
vice, et  que  pour  ce  il  ne  les  i'alloit  plus  souf- 
frir, combien  que  aucunes  eussent  esté  à  très 
bonne  intencion  de  eeulx  qui  les  avoient  [esta- 
bli]  les  ungs  avecques  les  autres  principaulx 
des  villes  oui  il  s'en  trouvoit  qui  estoient  tenuz 
comme  principaulx  pilliers  do  l'église,  les- 
quelz  pensoient  bien  fayre,  comme  aussy  es- 
toicnl-ilz  à  louer  d'avoyr  bien  faict  en  certain 
temps;  mais  qu'à  présent  cela  nuyroit  beau- 
coup à  vostre  service,  s'il  se  continuoit;  et 
que  vous  vouliez  résolumnient,  ou  par  amour 


ou  par  force,  faire  exécuter  et  establir  voslre- 
dict  édict  de  pacifficacion,  sans  en  quelque 
façon  que  ce  soit  y  augmenter  ne  aussy  y 
diminuer,  voulant  que  tous  voz  bons  servi- 
leurs  et  subjectz  embrassassent  cela,  comme 
vous  sans  aucune  connivence.  Cela  se  dira,  et 
il  n'est  que  bien  à  propos,  à  aucuns  qui  sont 
icy,  ausquelz  eucores  le  feray-je  bien  à  pro- 
pos eongnoistre,  parlant  à  ceste  noblesse  qui 
est  icy,  à  laquelle  j'ay  tenu  desjà  et  tiens 
journellement,  comme  les  occazions  s'en  pré- 
sentent, le  mesme  langage  que  j'ay  tenu  à  la 
noblesse  des  aultres  lieulx  oii  j'ay  passé.  Et 
pouvez  croire.  Monsieur  mon  filz,  que  je  ne 
perdz  aucune  occasion  de  tout  ce  que  je  cuide 
qui  peult  servir  pour  vous  conserver  fous  voz 
bons  serviteurs  et  faire  que  nous  puissions 
aussy  joyr  de  la  paix,  comme  vous  désirez,  et 
que  c'est  aussy  1(;  mieulx  que  vous  sauriez 
fayre;  mais  après  avoir  faict  de  ce  costé  là 
tout  ce  que  dessus,  comme  il  falloit  que  je 
feysse  pour  le  bien  de  vostre  service,  j'ay 
lousjours  le  principal  poinct,  à  quoy  il  fault 
regarder,  au  cœur  et  devant  les  yeulx,  c'est 
que  lesdictz  Huguenotz  ne  nous  trompent 
poinct  aussy  soubz  coulleurdes  belles  paroles 
qu'ilz  nous  donnent  depuis  ung  mois,  qu'ilz 
me  dient  désirer  et  vouloir  la  paix,  et  tou- 
leffois  il  ne  se  faict  rien  pour  cela  par  eulx. 
A  ceste  occazion,  ce  soir,  après  vespres,  estant 
en  ma  chambre  le  viconte  de  Turenne,  ve- 
nant prendre  congé  de  moi  pour  ce  qu'il 
s'en  retourne  demain  trouver  ledi^i  sieur  roy 
de  Navarre,  je  l'ay  appelle,  présent  le  mares- 
chal  de  Biron,  et  luy  ay  franchement  et  ou- 
vertement dict  que  j'avois,  depuis  avoir  hier 
parlé  à  luy,  receu  ung  advis  de  la  court,  qui 
ne  venoit  pas  néanlmoings  de  vous,  que  ceulx 
de  leur  religion  deDaulphiné  avoient  naguères 
escript  au  roy  de  Navarre  envoyer  promple- 
ment  assembler  des  gens  aux  Cevennes,  en 


LETTRES  DE  CATH 

Vivarois  cl  aullrcs  lieiilx,  pour  l'a iio  prendre 
par  Cliasliilon  et  aiilfres  loiil  le  Languedoc 
el  s'en  asseiirer,  comiiic  ilz  disoient  qu  il 
lu  y  scroyt  aizé,  pendant  (pie  Ion  ni'entretien- 
droit  de  parolles  icy  et  en  noz  embouchenients 
et  assemble'es,  avec  d'aultres  très  maulvais 
conseiiz;  (pic  je  veoyois  leurs  de'poricinens 
et  tout  ce  (pie  faysoyt  iedict  Cliasliilon  tendre 
à  cela;  qu'il  uefalloit  pas  penser  que  je  feusse 
si  peu  clairvoyante,  quand  bien  je  n'auroys 
eu  cest  advis,  que  je  n'eu  eusse  de  très  gi-andz 
soubsons;  que  pourtant,  en  la  présence  dudict 
sieur  m.ireschal  de  Biion,  je  luy  voullois  bien 
dire,  aflin  qu'il  dict,  de  ma  part,  audict  sieur 
roy  de  Navarre  que,  de  nostre  cosli;',  je  mar- 
chois  franchement,  selon  vosire  ferme  désir, 
au  chemin  du  bien  de  la  paix,  et  que  j'avois 
volontiers  en  patience  faict  tout  ce  qu'il  estoit 
possible  de  nostre  part,  et  le  vouloys  eucores 
faire;  mais,  qu'au  lieu  que  je  suis  icy  venue 
pour  establir  la  paix,  aiant  faict,  de  inou- 
dict  part,  et  voulant  encores  fayre  tout  ce 
qui  s'est  trouvé  et  trouvera  raisonnable,  que 
je  ne  pourois  supporter  que  l'on  me  donnast 
ainsy  des  parolles,  et  que  j'estimois  que  leur 
résolucion  feust  seullement  de  m'entretcnir 
ainsv;  que  davantaige  je  ne  vouloys  pas  tant 
préjudicier  à  vostre  service  et  au  bien  des 
catholiques  que  l'on  me  vint  dire,  quand  je 
seroys  à  vingtz  lieues  d'icy  ou  plus  loing  : 
(T  Vous  avez  faict  ester  les  armes  et  faict  rentrer 
les  Huguenotz  dedans  les  villes,  les  voilà  sur- 
prinses,  et,  en  ce  faysant,  les  pauvres  catlio- 
licques  ruvnez  ou  en  proye.n  Et  pour  cesie 
cause,  que  je  vouldroys  bien  qu'il  m'en  dist 
franchement  ce  que  iceiluy  sieur  roy  de  Na- 
varre et  ceulx  de  sa  religion  en  avoient  au 
cœur,  et  qu'ilz  deraeuroient  en  moy  et  aux 
catholicques,  avec  grande  occasion,  de  très 
grandz  doubles,  veoyansce  que  nousveoyions. 
Il  m'a,  présent  iceiluy  raareschal,  asseuré  le- 


ERINE  DE  MÉDICIb.  101 

dict  sieur  roy  de  Navarre  et  eiilx  tous  eslrc 
du  tout  résoluz  à  l'exécucion  et  eslablisse- 
ment  de  la  paix,  me  remonsirant  ce  que  les 
plus  saiges  pourroient  dire  et  penser,  qui  est  : 
(ju'ii  n'y  a  personne  qui  eust  après  vous  aultaiit 
d'interest  à  la  conservacion  du  royauline  que 
ceulx  qui  y  sont  nez  et  qui  y  ont  leurs  biens; 
qu'il  ne  falloit  poiuct  s'imaginer  qu'ilz  eus- 
sent, nv  leur  peust  entrer  au  cœur  aullre 
volonté  que  de  demourer  soubz  vostre  obéis- 
sance; qu'aullrement  ce  seroyt  leur  ruyne,  et 
en  attendroient  quant  et  quant  le  chastiment 
de  la  main  de  Dieu,  et  qu'il  me  supplioit 
n'entrer  point  en  ces  opinions  là,  mais  m'as- 
seurer  que  le  roy  de  Navarre  et  tous,  tant 
qu'ilz  estoient  des  principaulx  de  la  religion, 
vouloient  la  paix,  et  qu'ilz  procedderoient 
avecques  moy  directement  et  franchement,  et 
qu'ilz  avoient  envoyé  de  rechef  devers  Iedict 
Chasiillon  pour  le  faire  départir  de  ladicte 
entreprisé  de  Beaucaire,  mais  qu'il  ne  vouloil 
pas  obéyr  et  que  le  roy  de  Navarre  n'avoit 
pas  pouvoir  sur  luy  tel  qu'il  seroyt  néces- 
saire; sur  quoy  je  n'ay  pas  failly  de  réplic- 
(jucr  que  j'entroys  en  grand  soubson  que  le- 
dilct  Yoiage  feust  plustost  pour  le  hasler 
que  pour  aultre  chose,  et  que  je  ue  le  pouvois 
penser  aultrement,  quand  je  me  souvenois 
(pi'au  lieu  que  Conslans,  qu'ilz  envoyèrent, 
à  ma  prière,  pour  fayre  cesser  Iedict  Ghas- 
tillon,  comme  ils  m'avoient  asseuré  qu'il  fe- 
roil,  l'avoit  encouragé  :  à  mon  advis,  au 
moings  l'on  en  voyoit  les  apparences,  car  de- 
puis l'arrivée  dudict  Conslans,  il  avoit  faict 
et  faisoit  pis  qu'auparavant;  que  quelque 
chose  qu'il  me  dist,  s'ilz  eussent  voulu  et 
voulloient  encores,  je  ne  doubtois  qu'il  y  eust 
bien  moyen  de  fayre  obéyr  Iedict  Chasiillon  . 
il  ne  falloit  que  iuy  oster  les  forces  qu'il 
avoyl,  et  se  séparer,  et  faire  séparer  de  luy 
ceulx  qui  y  estoient,  et  que,  demeurant  seul. 


102 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


comme  il  feroit,  s'ilz  voulloient,  il  ne  seroit 
pas  après  mal  aizé  de  le  fayre  aussy  obe'yr. 
Il  ne  m'a  sçeu  que  dire  sur  cela,  si  n'est  que 
lorsque  ledict  Conslans  arriva,  il  trouva  le- 
dict  Chasfillon  party.  A  quoy  je  l'ay  encores 
replicqué  qu'il  falloit  doncques  qu'il  le  feist 
retourner,  s'il  vouloist  que  l'on  creusL  ce  qu'il 
disoit;  mais  je  luy  promectois  et  jurois,  devant 
ledict  sieur  mareschal  de  Biron,  que,  si  le- 
dict roy  de  Navarre  et  ceulx  de  sa  religion 
me  trompoient,  que  quand  bien  que  je  serois 
à  dix  lieues  de  vous,  je  reviendrois  sans  vous 
veoyr  et  leur  ferois  bien  sentir  la  fatilte  qu'ilz 
auroieut  faicte,  les  asseurant  bien  d'avoir  si 
bonne  et  grande  part  envers  tous  les  catholic- 
ques  et  en  ameneroys  si  grant  nombre  que  j'en 
auroys  la  vengeance,  et  moy  mesmes  y  deussè-je 
mourir  :  ce  que  je  vous  supplie ,  Monsieur  mon 
filz,  me  permectre,  selon  la  promesse  que  j'en 
ayfaicte  ausdictz  catliolicques,  ausquelzje  vous 
asseure  que  je  ne  faudray  de  la  tenir.  Il  m'a 
encores  asseure',  présent  ledict  sieur  mareschal, 
qu'il  ne  falloit  pas  que  j'eusse  peur  qu'ilz  ne  me 
feissent  en  effect  congnoistre  le  grand  de'sir 
qu'ilz  ont  d'entretenir  et  garder  la  paix  qu'ilz 
ont  si  fermement  jurée,  et  que  personne  ne 
avoit  plus  d'affection  qu'eulx  à  la  garder.  Et, 
pour  concluzion,  je  luy  ay  dict  que,  s'ilz  font 
ce  qu'ilz  dienl  et  continuent,  qu'ilz  se  peuvent 
asseurer  qu'ilz  participeront  aux  bienfaictz 
que  vous  faictes  à  voz  subjectz,  et  que  vous 
leur  commanderez  et  employrez  tous  ainsy 
que  vos  aullres  subjectz,  sans  aucuhie  diffé- 
rence, ayaut  prié  icelluy  sieur  mai'csclial  de 
Biron  de  se  bien  souvenir  de  tout  ce  que 
dessus  et  de  le  faire  entendre  aux  s"  et  gentilz- 
hommes  catholiques  qui  sont  icy,  pour  le 
leur  fayre  congnoistre,  afiin  qu'ilz  soient  ca- 
pables de  noslre  façon  de  procedder  et  que, 
s'il  advenoit  que  lesdictz  Huguenotz  ne  voul- 
lussent,  de  leur  part,  procedder  franchement, 


lesdiclz  catholiques  soient  toujours  aussy  en- 
couragez et  deniourent  en  toute  bonne  affec- 
tion et  volunté  de  vous  bien  servir.  Je  u'obmec- 
teray  pas,  parlant  souvent  à  chacune  occasion, 
comme  je  faitz  ausdictz  s"  et  gentilzhommes 
catliolicques  qui  sont  icy,  de  les  bien  entre- 
tenir en  ces  termes,  affin  que  plus  seurement 
nous  facions  voz  affayres  et  service.  Cependant 
je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Toulouze,  le  vendredy,  dernier 
jour  d'octobre  1678. 


1578.  —  1"  novembre. 

Copie.  Biil.  nat.  ,  Fonds  français,  n*  33oo,  1*  76  r"  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  mon  cousin  le  duc  de 
Montpensier,  ce  jourd'huy,  a  receu  une  dé- 
pesche  que  luy  faict  de  Nantes  le  s' deSanzay  ■^, 
le  père,  laquelle  j'ay  esté  d'advis  qu'il  vous 
envoyast,  afïin  que  vous  veoyez  comme  voz 
affaires  sont  en  très  maulvais  estât  de  ce  costé 
là,  prenant  ceulx  qui  font  ces  maulvais  offices 
leur  coulleur  d'y  troubler  le  repos  et  traverser 
voz  affaires  sur  le  faict  de  la  nouvelle  im- 
position foraine,  pour  laquelle  je  vous  diray 
qu'après  avoir  oy  parler  mondict  cousin  le 
duc  de  Montpensier  du  murmure  que  l'on  en 
faisoit, comme  il  vous  escripvit, dès  qu'il  estoit, 
il  y  a  environ  ung  an,  enBrelaigne,  et  après 
avoir  aussy  entendu  ce  que  celuy  qui  luy  à 
apporté  la  dépesche  dudict  s'  de  Sanzay,  qui 
est  parent  de  son  trésorier  appelé  général 
Contour,  vostre  représentant  audict  pays, luy  a 
encores  refraischy  de  l'allarme  qu'en  prennent 

'  En  marge  :  <t  Envoyée  au  Roy  par  Pioclie.  n 
-  JI.  de  Sanzay,  gouverneur  de  Nantes,  dont  il  est 
souvent  question  dans  li's  volumes  précédents. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


103 


ceiilx  de  tout  ledict  pais  de  Bretaigne,  princi- 
pallement  la  noblesse,  se  dit  il,  je  suis  d'advis 
et  vous  fonscille  que  l'on  accepte  l'olTre  que 
moudici  cousin  le  duc  de  .Moniponsier  sentit  de 
ceuix  dudicl  pais,  desquelz  il  estoit,  ce  qu'ilz 
faisoient  pour  faire  cesser  ladicte  traicte;  et 
pour  ce  qu'il  y  a  parmi  cela  beaucoup  d'aultres 
menées  dont  je  croy  que  voz  serviteurs  et  mi- 
nistres, estans  dans  le  pais,  vous  en  auront 
adverty,  mon  cousin  le  duc  de  Moutpensier  et 
moy,  nous  souvenans  du  désir  que  vous  avez 
qu'il  s'y  peut  trouver,  estant  certain  comme  sans 
double  sa  pre'sence  retiendra  beaucoup  de  ces 
faiseurs  de  menées  et  turbulons  de  leur  maul- 
vaise  volunté,  avons  résollu  ensemble,  voyant 
cest  affaire  grandement  importer  à  vostre  ser- 
vice, pour  lequel  mondict  cousin  le  duc  de 
Montpensier  ne  veut  e'pai'gner  ny  plaindre  ses 
peynes,  défaire  tout  ce  qu'il  pourra,  selon  sa 
bonne  coustume  et  l'affection  de  vous  en  faire, 
encores  qu'il  ne  soit  pas  très  bien  de  sa  per- 
sonne, qu'il  partira  de  lundy  prochain  en  huict 
jours,  et  s'en  yra  droict  d'icy  audict  pais  de 
Bretaigne,  pour  y  assister  à  la  teneue  desdictz 
Estats,  que  pour  cette  occazion  je  suis  d'advis 
que  remettiez  à  la  fin  de  ce  présent  mois;  car 
je  croy  qu'ils  n'auront  pas  este'  tenuz  a  la  fin 
du  mois  d'octobre  dernier,  comme  aviez  advisé, 
pour  ce  que  j'ay  veu  par  ung  double  de  pu- 
blication (jue  le  s""  de  Sanzay  a  envoyé  à  mon 
cousin  le  duc  de  Montpensier,  comme  le  s"'  de 
la  Hunaudaye  les  a  remis  au  w"  de  ce  pré- 
sentmois,  et  pour  ceste  occasion  mondict  cou- 
sin luy  escript  présentement  que  nous  vous 
donnons  advis  de  les  mecfre  au  dernier, 
affin  qu'il  y  puisse  estre  à  temps,  comme  je 
say  bien  que  vous  le  désirez,  et  qu'il  est 
aussy  grandement  utille  pour  le  bien  de  vostre 
service;  car  sa  présence  et  son  auctorité  y  ser- 
viroit  grandement  pour  faciliter  voz  affaires  et 
dissiper  toutes  ces  maulvaises  menées  et  déli- 


bérations que  vous  voyez  bien,  qui  sont  cou- 
rues jusques  en  ceste  province  là,  à  laquelle 
on  veult  prendre  le  prétexte  de  ladicte  impo- 
sition foraine  et  (pielquos  aultres  édictz,  (jue 
l'on  dict  qui  sont  encore  à  vériffier  devers 
vostre  court  de  Parlement,  d'où  je  suis  aussy 
d'advis  que  vous  les  faictes  retirer;  car,  ad  ce 
que  j'entendz,  aulcuns  d'iceulx  touchent  plus 
les  parlicuUiers  que  vostredict  service.  Il  y  a 
aussy  ce  faict  de  la  vente  des  deux  feux  de 
fouaige  qui  ne  s'exécute  poinct,  à  ce  que  dict 
celluy  qui  est  vcneu  dudictpaïs  vers  mon  cousin 
leducde  Montpensier,  et  au  contraire  qu'il  s'en 
faict  pareillement  une  grande  crierie.  Je  vous 
prie  aussy  de  faire  regarder  si  en  eella  vous  sau- 
riez gratiffier  ledict  pais  de  Bretaigne,  et,  s'il 
y  a  lieu  de  le  faire,  je  vous  prie  que  ce  soit  le 
plus  lost  que  vous  pourrez.  Je  say  bien  qu'il 
y  a  beaucoup  d'assignations  dessus  pour  vostre 
maison  et  pour  voz  gardes,  mesmes  que  mon 
cousin  le  duc  de  Montpensier  et  ma  cousine  sa 
femme  sont  assignez  dessus;  mais  il  vauldroit 
mieulx  regarder  s'il  y  auroit  moyen  d'ailleurs 
de  contenter  ceste  province  là.  Je  say  bien  que 
voz  financiers  se  remueront  fort  de  cecy  ;  mais , 
si  vous  m'en  croyez,  vous  ne  laisserez  pourtant 
d'avoir  esgard  à  l'adxis  que  je  vous  donne, 
(|ui  est  le  plus  salutaire  que  je  pense  que  vous 
sauriez  recepvoir  au  temps  et  en  la  saison  oii 
nous  sommes,  et  considérées  beaucoup  de 
choses  que  je  veoyetqueje  say  que  vous  veoyez 
bien  aussy,  vous  priant  néantmoings  que,  si 
vous  faictes  quelque  chose  pour  ledict  fouaige, 
pour  contenter  vosdictz  subjectz  de  Bretaigne, 
ou  quand  bien  vous  laissei'ez  les  choses  ainsy 
qu'elles  sont  pour  ce  faict  là,  vous  vouliez 
commander  que  inesdictz  cousin  et  cousine 
de  Montpensier  soient  paiez  des  premiers, 
comme  il  est  raisonnable;  car,  ad  ce  qu'ilz 
m'ont  dict,  ils  n'ont  pas  esté  mis  sur  Testât 
que    vous   avez   envoyé   en    Bretaigne,    des 


104 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


parties  que  vouliez  estre  paiées  sur  la  vente 
desdiclz  deux  feux  de  fouaige,  quy  a  este' 
une  grande  faulle  à  ceulx  qui  l'ont  dressé. 
Mondict  cousin  sera  par  ce  moyen  trois  ou 
quatre  jours  avec  moy  au  commencement  de 
nostre  confe'rence  de  TYsle  en  Jourdain,  pour 
in  assister  au  bon  œuvre  que  nous  y  espérons 
faire,  et  puis  il  partira  ledict  jour  de  lundy 
et  fera  les  meilleures  journées  qu'il  pourra,  eu 
esgard  à  sa  santé,  pour  se  rendre  audicl  païs 
de  Bretaigne  \  où  cependant  je  suis  d'advis 
que  vous  faciez  de  bonnes  dépesclies  pour 
advertir  comme  il  s'i  en  va,  avec  les  auttres 
raisons  et  remonstrances  que  saurez  très  l)ien 
adviser  pour  retenir  et  empescher  le  mal, 
que  aultrement  je  prévoy  qui  y  adviendroit, 
priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Tlioulouze,  le  premier  jour  de 
novembre  1578. 

1578.  —  5  novembre. 
Copie.  Bibl.  nnt. ,  Fonds  frnnçais,  n"  3îoo,  V  79  v°  ^. 

[AU  ROY   MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  Qlz,  comme  vous  aurez  veu 
par  mes  trois  ou  quatre  dernières  dépesches, 
je  n'ay  rien  obniis  de  tout  ce  qui  se  peut 
pour  faire  accélérer  l'heure  de  l'assemblée  que 
devons  faire  en  i'Isle  en  Jourdain,  pour 
regarder  à  ce  qui  sera  nécessaire  de  faire 
pour  l'exécution  et  establissement  de  vostre 
édict  de  pacilBcation;  mais,  à  ce  que  je 
voys,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  retarde 
tant  qu'il  peut,  combien  que  par  tous  ceulx 

'  L'indisposilion  Jii  duc  île  Montponsier  persistant, 
il  ne  put  partir  pour  la  Bretagne. 

'  En  marge  :  tr  Envoyée  au  Roy  par  Mons'  Molle, 
trésorier  de  France  et  général  de  ses  finances  en  Cham- 
paigne.  n 


qu'il  envoyé  de  deçà  et  par  les  lettres  qui 
m'escript,  il  m'asseure  qu'il  n'y  ayt  rien  que 
luy  et  ceuk  de  sa  religion  désirent  plus 
que  l'exécution  et  l'establissement  dudict 
édict.  Touteffois  voyant  qu'il  estoit  encores  à 
Nérac,  je  dépeschay  hier  matin  le  sieur  de 
la  Mothe  Fénelon  pour  aller  vers  luy,  et  luy 
ay  amplement  escript  ce  qu'il  m'en  semble, 
encores  plus  fermement  que  ce  que  avez  veu 
que  je  dicfz  au  viconte  de  Turenne  en  la 
présence  du  mareschai  de  Birou  pour  le  luy 
dire;  car  je  luy  mande  résolument  que  je 
seray  demain  à  I'Isle  en  Jourdain,  comme 
aussy  espéray-je,  adîn  qu'un  chacun  con- 
gnoisso  qu'il  ne  tient  à  vous  ny  à  moy  qu'un 
si  bonne  œuvre,  pour  lequel  m'avez  en- 
voyée par  deçà,  ne  s'effectue  plus  prompte- 
ment,  et  que,  s'il  ne  salisfaict  à  ce  qu'il  m'a 
promis,  je  veoy  bien  qu'il  est  conseillé  de 
gens  qui  vous  voudroient  bien  oster  vostre 
couronne,  s'ilz  pouvoient;  mais  qu'aussitost 
que  j'auray  veu  vostre  volunté,  j'espère  que, 
tout  ainsy  que  les  catholiques  font  tout  ce 
que  leur  dictz  et  commande  selon  vostre  dé- 
sir pour  le  faict  et  establissement  de  la  paix, 
ilz  m'assisteront  de  même  affection  à  vous 
faire  obéir  et  observer  mieulz  ce  qu'ilz  ont 
promis  et  juré,  ayant  bien  chargé  le  s'  de  la 
Mothe  Fénelon  de  le  luy  représenter,  oultre 
ce  que  je  ne  doubte  pas  que  luy  aura  dict  le- 
dict viconte  de  Turenne,  et  aussy  pour  faire 
départir  Chastillon  de  son  entreprinse  de 
Beaucaire,  ou  bien  pour  le  faire  abandonner 
par  ceulx  de  la  religion  qui  sont  avec  luy,  que 
je  pense,  s'il  y  a  de  la  malice  ou  mauvaise  vo- 
lonté, que  nous  en  verrons  bientostles  appaT 
rences;  et  m'asseure  bien  que  la  noblesse  de  ces 
païs  de  Guienne  et  de  Languedoc,  dont  il  y  a 
à  présent  icy  grand  nombre,  ayans  au  moings 
les  principaux  oy  lire  mez  lettres,  et  saichant, 
comme  ils  savent  fort  bien ,  de  la  façon  que  je 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


105 


procède  en  cecy,  par  où  iiscongnoissent  assez, 
considërans  les  raisons  que  je  lui  ay  dictes  en 
public  et  en  particulier,  et  que  je  leur  dictzel 
diray  encores  tous  les  jours,  que  c'est  pour  le 
bien  de  vostre  service  et  d'eulxetdes  leurs,  et 
pour  leur  conlentement  et  conservation;  et  si 
le  malheur  estoit  que  lesdictz  de  la  religion 
nous  voulussent  tromper,  que  tous  lesdiclz 
gentilzliommescalholicques  et  aultres  voz  bons 
subjects  seroient  aultant  pretz  et  affectionnez 
à  faire  ce  que  je  leur  dirois  de  vostre  part, 
comme  ils  sont  la  plusparl  au  bien  de  la 
paix,  comme  j'ay  donné  charge  au  ge'ae'ral 
Mole  vous  faire  plus  amplement  entendre  de 
ma  part. 

Cependant  je  vous  diray  que  ie  syndic 
des  trois  Estatz  de  Languedocq,  assiste'  par 
aucuns  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du  tiers 
Estât,  me  présentèrent  hier  la  requeste  que  je 
vous  envoyé,  laquelle  a  este'  exposée  par 
l'évesque  de  Mirepoix,  parlant  pour  les  catho- 
liques, avec  beaucoup  d'affection  et  d'obe'is- 
sance  que  tous  lesdictz  exposans  ont  en  gé- 
néral et  en  particulier  à  vostre  service,  me 
requérans,  à  ceste  occasion,  en  substance  de 
tout  le  long  discours  dudict  évesque  de  Mi- 
repoix, de  faire  en  sorte  qu'ils  puissent  bien- 
tôst  estre  mis  en  repos  et  la  paix  bien  establye, 
selon  vostre  édict  de  paciffication;  à  quoy  je 
leur  ay  respondu  que  c'estoit  le  plus  grand  dé- 
sir que  vous  et  moy  eussions,  et  que  l'occa- 
sion principalle  de  mon  voiaige  en  ce  pais, 
ainsy  que  je  leur  avois  cy  devant  faict  en- 
tendre, comme  aussi  l'ont-il  veu  par  les 
lettres  qui  en  ont  esté  publiées  partout,  estoit 
pour  ce  faire,  n'y  ayant  rien  au  monde  que  vous 
désirassiez  davantage;  que  voyant  que  vous 
n'y  pouviez  venir  vous  mesme  pour  beaucoup 
d'affaires  qui  se  présentoient  par  delà,  j'avois 
prins  ceste  charge,  en  laquelle  j'avois  fait  ce 
qu'il  m'avoit  esté  possible  jusques  icy;  que  j'y 

Catdeiiinb  de  Méoicis.  —  11. 


avois  trouvé  le  roy  de  Navarre  bien  disposé; 
(jue  aussy  se  pouvoient-ils  asseurer  (jue  je  n'y 
obmetteroys  rien  de  tout  ce  qui  me  scroit 
possible,  et  que  je  me  délibérois  bien  de  ne 
partir  point  de  ces  païs  que  premièrement, 
par  une  façon  ou  aultre ,  je  n'y  eusse  mis  l'ordre 
(jui  seroit  requis  pour  le  bien  et  repos  d'un 
chacun;  sur  quoy  il  m'a  encores  replicqué  et 
faict  eu  substance  la  mesme  requeste  et  sup- 
plication, à  laquelle  je  luy  ay  aussy  inconti- 
nent de  ri'chef  encores  faict  la  mesme  res- 
[lonce,  dont  je  vous  ay  bien  voulu  donner  advis, 
ainsi  que  j'ay  accoustumé  de  toutes  autres 
choses  qui  se  passent  par  deçà;  ne  voulant 
aussy  oublier  de  vous  dire  que,  cet  après- 
disnée,  les  sieurs  mareschal  Dampville  et  do 
Valence  m'ont  renionstré  fort  expressément 
que  les  habitans  du  Pont  Saint-Esprit  estoient 
si  fort  chargez  de  gardes  depuis  quelque  temps 
et,  oultre  cela,  qu'ilz  estoient  sy  foibles  en 
ladicte  ville ,  qu'elle  estoit  en  très  grand  danger 
de  se  perdre,  sy  l'on  n'y  mectoit  incontinent 
soixante  harquebusiers  et  ungcappitainepour 
leur  commander,  m'ayant  baillé  ung  placel 
que  je  vous  envoyé,  par  lequel  ilz  vouloient 
que  impossasse  sur  chacune  mine  de  sel  deux 
sols  tournoys,  ce  que  je  n'ay  .oulu  nullement 
faire,  saichant  bien  que  c'est  à  vous  seul  que 
cela  appariient.  Encores  m'asseuray-je  que, 
considéré  le  temps  on  nous  sommes,  cela  estoit 
ung  nouveau  subside,  combien  qu'ils  disent 
qu'il  ne  se  prendera  (|ue  sur  les  esirangiers, 
comme  Savoisinsprincipallement;  que  néant- 
moingsvous  y  penseriez  bien  avant  que  de  le 
faire  lever;  mais  cependant,  aGn  qu'il  n'ad- 
vienne en  ladicte  ville  aulcun  préjudice  à 
vostre  service;  et,  après  que  Pinart  leur  a  dict 
qu'il  avoit  souvenance  qu'avez  dernièrement 
pourveu  à  cela ,  en  ordonnant  le  s'  de  Glan- 
days  pour  commander  en  ladicte  ville  pour 
quelque   temps,  j'ay    touteffois  advisé,    avec 


106 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


l'opinion  des  princes  et  seigneurs  de  vostre 
Conseil  qui  sont  icy  de  mander,  comme  j'ay 
faict,  au  recepveur  géne'ral  de  Languedoc,  es- 
tably  à  Beziers,  de  fournir  incontinent  au  tré- 
sorier de  l'extraordinaire  huit  cens  livres  pour 
le  payement  durant  ung  mois  desdictz  soixante 
soidatz  et  de  leurdict  cappitaine,  vous  priant 
commander  le  mandement  pour  ce  nécessaire 
estre  expédié  pour  valider  ce  que  j'ay  faict 
par  l'advis  de  vostre  Conseil  et  par  mesme 
moyen,  s'il  est  à  propos,  de  continuer  l'entre- 
ténement  de  cesdictz  soidatz,  ordonner  l'as- 
signation de  leur  payement  à  l'advenir  sur 
telle  nature  de  deniers  et  ainsy  qu'il  vous 
plaira  adviser,  affin  que  ceux  qui  commandent 
pour  vostre  service  par  delà  ne  se  licencient, 
à  touscher  et  ordonner  de  vos  finances,  sinon 
selon  les  estatz  que  vous  en  aurez  faict,  y  en 
aiant  qui  ne  demanderoient  pas  mieulx, 
comme  vous  entendrez,  s'il  voust  plaisl,  plus 
amplement  dudict  Mole,  lequel  je  vous  prie, 
s'il  vacque  quelque  place  en  vos  finances  ou  se 
présente  quelque  occasion  pour  vostre  service, 
de  le  vouloir  emploier;  car  je  m'asseure  que 
vous  vous  en  trouverez  fort  bien  servi,  priant 
Dieu,  Monsieur  mon  fiiz,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à   Thoulouse,  le  mercredy  \'  no- 
vembre 1678. 

1578.  —  C  novembre. 
Copie.  Bibi,  nat. ,  Fonds  fraoçals,  n^  33oo  ,  f^  57  v'  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  depuis  mon  aultre  lectre 
escripte,  je  suis  arrivée  en  ce  lieu"^,  oii  j'espère 


'  En  marge  :  r  Envoyée  au  Roy  par  ledict  trésorier 
MoUé.n 

'  L'Isle-Jourdain. 


que  mon  filz  le  roy  de  Navarre  sera  de- 
mayn,  qui  est  vendredy,  et  que  nous  nous 
emploirons  sy  bien  d'une  part  et  d'aultre 
qu'avant  en  partir  nous  donnerons  l'ordre  re- 
quis pour  l'e.Kécution  de  vostre  édict  de  pacif- 
fication,  selon  vostre  désir  et  intencion,  repos 
et  union  de  tous  vos  subjectz  soubz  vostre 
obéissance  ;  à  quoy  l'on  m'asseure  que  vostre- 
dict  frère  le  roy  de  Navarre  est  très  bien  dis- 
posé, comme  sont  pareillement  les  villes  et 
communaultez  que  ceulx  de  la  religion  occu- 
pent; mais  je  crains  bien,  aussy  en  vois -je 
beaucoup  d'apparence,  que  aulcuns  qui  sont 
auprès  de  vostrcdict  frère,  le  roy  de  Navarre, 
et  des  catholiques  aussi,  qui  ne  veullent  pas 
la  paix,  nous  facent  beaucoup  de  traverses; 
mais  croyez,  s'il  vous  plaist,  Monsieur  mon 
filz,  que  je  n'obmecleray  rien  de  tous  les 
moiens  que  je  pourray  penser  pour  les  vaincre 
dextrement  et  faire  en  sorte  que  vostredicte 
intencion  et  désir  soient  suiviz  au  bien  de  la 
paix  ;  car  aussy  n'y  a  il  rien  sy  nécessaire  pour 
vostre  service  que  cela,  estant  toutes  choses 
en  ces  provinces  de  deçà  sy  dépravées,  que  je 
vous  puis  dire  que  tout  s'y  en  alloit  perdre  ou 
pour  le  moings  mectre  en  telle  confusion  sans 
mon  arrivée,  qu'il  eust  esté  après  très  mal  aizé 
d'y  pourveoir,  n'y  ayant  pas  faulte  de  gens, 
d'une  part  et d'aultre, qui  ont  beaucoup  de  pou 
voir  et  très  maulvaise  volonté  quilz  emploient, 
chascun  de  leurs  costez,  pour  empescher  la- 
dicte  paix.  Je  ne  faudray  de  vous  tenir  conti- 
nuellement adverty  de  ce  que  par  chascun 
jour  nous  ferons  et  d'accélérer,  aultant  qu'il 
me  sera  possible,  la  résolution  de  noz  affayres , 
afin  qu'après  avoyr  bien  pourveu  à  tout,  si 
Dieu  nous  fera  la  grâce,  comme  je  l'en  sup- 
plie dévotement,  que  nous  puissions  par  voie 
douice  nous  accorder  pour  l'exécution  et  esta- 
blissement  de  vostre  édict,  je  me  puisse  ache- 
miner en  Provence  et  en  Daulphiné,  suivant 


ce  qu'il  vous  a  pieu  de  m'escripro,  pour  y  com- 
poser aussy  toutes  choses  au  bien  de  vostre- 
dict  service. 

Cependant  je  vous  diray  (jue  j'ay  cncores, 
ces  jours  icy,  faict  une  dépesciie  audict  pays 
de  Provence,  pour  les  inciter  aussy  au  bien 
de  la  paix,  et  ay  de  rechef  escript  très  expres- 
sément au  Grand  Prieur  me  venir  trouver 
en  ce  lieu.  Cela  a  esté  cause,  à  ce  que  je 
puis  entendre,  que  les  choses  se  modèrent 
ung  peu  audict  pais  de  Provence  :  lou- 
teftbys  je  n'en  ay  veu  encores  aulcunes  lectres. 
Vous  m'escripvez  par  voz  dernières  que  vous, 
ny  le  sieur  de  Maugirou,  n'avez  rien  offert 
à  ceuLx  de  Daulphiné;  mays  vostredict  frère 
le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  son  part  y 
disent  bien  que  sy,  m'asseurans  que  l'on 
leur  a  laissé  quelques  villes  en  Daulphiné, 
oultre  celles  que  leur  avez  baillez  en  garde 
par  vostre  édict  de  pacifEcation.  Je  vous  prie, 
Monsieur  mon  filz,  m'escripre  incontinent  ce 
qui  en  est  et  me  faire  aussy  responce  à  toutes 
les  aultres  particullaritez  que  vous  ay  escriptes, 
sur  lesquelles  il  fault  que  je  saiche  vostre  in- 
tencion  :  aullrement  je  seroys  en  peine  en 
nostredicte  assemblée  en  laquelle ,  comme  j'ay 
tousjours  assez  clairement  faict  entendre  à 
ung  chascun,  il  ne  fault  aulcuuement  aug- 
menter no  diminuer  à  vostredict  édict,  mais 
seullement  procurer  et  promptement  exécuter 
et  établir  la  paix  et  entier  repos  en  vostredict 
royaulme  selon  vostre  désir;  à  quoy  je  nob- 
mecteray  rien  de  tout  ce  qu'il  sera  possible  de 
pouvoir  fayre. 

Mais  créiez.  Monsieur  mon  filz,  qu'il  n'y 
a  rien  sy  nécessaire  que  de  pourveoir  envers 
le  Cazimir,  comme  je  veiz  par  la  résolucion 
que  m'envoiastes  par  Pinart  qu'avez  délibéré 
de  fayre,  et  me  semble  que  l'on  a  deu  es- 
sayer et  tenter  ce  négoce ,  dès  que  l'avisastes. 
Touteffoys,   s'il  n'avoyt   poinct  encores  esté 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS.  107 

faict,  je  vous  prie  regarder  ([uel  moyen  y 
aura,  et  que  ceulx  qui  y  seront  emploiez 
se  diligentent;  car  j'ay  sceu  bien  certaine- 
ment, mais  il  ne  fault  l'ien  descouvrir,  car 
cela  niiiroit  beaucoup  par  deçà  à  vostre  ser- 


vice, que  vostredict  frère  le  roy  do  Navarre 
envoyé  devers  icelluy  Cazimir  le  »"■  de  Chassin- 
court,  qui  doibt  passer  par  où  est  mon  cousin, 
le  prince  de  Condé,  et  que  ledict  Chassincourt 
a  ung  pouvoir  scellé  dudict  sieur  l'oy  de  Na- 
varre, qui  me  faict  doubler  que  ce  soit  pour 
traicter  avecques  ledict  Cazimir. 

Cependant  je  vous  diray  qu'aiant  receu  icy 
une  lectre  de  vostre  ambassadeur  en  Espaigne, 
je  l'ay  faicte  déchiffrer,  et  ay  vcii  par  icelle  que 
les  menées  et  entreprinses,  dont  il  vous  a  cy 
devant  donné  advis,  sont  bien  certaines,  ayant 
Dieu  par  sa  bonté  permis  qu'elles  ayent  esté 
descouverles;  car  sans  cela  les  villes  sur  les- 
quelles lesdictes  praticques  se  faisoient  seroient 
en  très  grant  danger.  Je  vous  ay  envoie  les  in- 
terrogatoires qui  en  ont  esté  faictz,  et  vous  ay 
escript  qu'il  estoit  très  nécessaire  d'avoir  les 
mémoires  et  papiers  faisant  mention  desdictes 
praticques  et  menées:  si  je  les  eusse  euz,  je 
n'eusse  pas  renvoyé,  comme  j'ay  faici,  le  lieu- 
tenant de  Chasteauneuf;  mais  ont  esté  plus 
avant  interrogez,  comme  vous  verrez  par  la- 
dicte  dépeschc  de  vostredict  ambassadeur 
(ju'il  est  besoing  de  fayre;  vous  priant  de  re- 
chef pour  ceste  occasion  m'advertir  inconti- 
nent de  vosire  volunté  et  m'envoier  par 
raesme  moien  tous  lesdictz  papiers  et  mé- 
moires qui  font  mention  desdictes  pra- 
ticques et  menées,  ainsi  que  je  vous  ay 
requis  par  mes  précédentes  dépesches,  aus- 
(juelles  je  m'attens  aussy  d'avoyr  bien  tost 
ample  response  de  vous  sur  toutes  les  aultres 
particullaritez  contenues  en  icelles,  non  seulle- 
ment pour  ce  qui  concerne  vosdictes  affayres 
et  service,  mais   aussy  pour  ce  que  je  vous 


108 


LETTRES  DE  C,  \THERINE  DE  MÉf>ICIS. 


ny  esrrij)!  en  J'jiM'ur  (raiicuns  jiarticulliers, 
([iii  sdiil  (11'  liera;  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  fiiz,  vous  avoyr  en  sa  saincle  et  di{;ne 
[farde. 

Esciipl  à  l'Isle  en  Jourdain',  le  vi'  de  no- 
vembre 1  578. 


1578. 


Cl  iiiHeiiiliri 


Aul.  ImI.I.  i^il..  Fonds  français,  n' .'îàSr. .  f  T. 
A  MA  eOUSI.NK 

\A    DICHESSE   DTZks. 

Ma  fonière,  jo  vou.s  e]ivov  d'I  la(jii('\  ;  en- 
vov!'  le  niiiv  dniiavn  el  lur  niendcvs  eomnieni 
rel  poilc  ma  liile,  dc|iui.s  (juc  ne  !'<'•  \riie'-.  .le 
ne  lui  (''eriiis  jiouil,  alin  de  nr  lui  donner 
[loync.  Fcte  l\  mes  reconiondalion,  et  leiié  la 
joyeulsi',  et  dlîsears  ausi,  et  me  la  rami/m''  lost 
et  .sayne.  \i  l'est  ysi  si  beau,  que  je  \oldrés 
(|ue  le  l'ov  di'  .\avarre  vl  volent  ne  avovfnon 
jdusdi'  |iein(|ue  mov.  el  (|uc  lisions  \si  la  coii- 
l'érense.  Ndus  en  sciions  tous  plus  savns,  el 
c'et-'  |iour  ifiiaijner  le  présant  que  le  bon  ay- 
vè(|uem'a  iesl,  cet  '  (jue  je  prie  à  Dieu  el  pour 

'  l.'I^lo-i'ii -.liini'dain,  aiijoiinriuii  l'iî-lo- Jourdain, 
(•(inilL'  l't  si'iiçcliaussi/e  en  Arma(;nn(',  à  six  liiniçs  de 
TouloMsp  cl  dix  lieups  an  sud  d'.Xndi ,  sur  la  Save  cl 
près  ranlii|nii  lorcl  de  Piouconç;  c'clail  une  ville  forli- 
liée  avec  un  ili.'ileau  lorl ,  dont  les  jjueiTes  civiles  ne 
laissèrent  (|ue  des  ruines,  ("allierine  quitta  Toulouse  le 
T)  novenjlire  107^,  alla  couclier  au  cliàtean  de  Pibrac, 
ijui  l'n  est  environ  à  oinq  lieues, où  le  chancelier  la  reçut 
splendidenieiit ,  et  vint  à  l'Islo-Jourdain  le  G.  Elle  y  sé- 
journa jusqu'au  mardi  1  <S  novemlire,  pour  se  rendre 
ensuite  à  Audi,  le  samedi  9.2,  où  elle  demeura  une 
vingtaine  de  jours,  allant  de  là  à  Condou], 

-  Marjpiei'ile,  timiliée  malade,  était  restée  à  Toulouse 
avec  la  diicliesse  d'Lzès,  et  Catherine  était  allée  au  châ- 
teau de  l'ilirac. 

'    Ccf,  (■■.■si. 

*   tel.  ce. 


vous  el  pour  moy  que  enn  aprochions,  cet  ' 
ni  arivons. 

De  Piebrae,  cet  vi"  de  novembre  iS^S. 

Voslre  bonne  cousine,  conière  et  meilleure 
aune, 

(i^TKlilNH. 


1  .j78.  —     7  novendire, 

Co|.ii'.  Bil)l.  liât.  ,  Fonds  fraiirais  ,  li'  .■i3ou  ,  f-  So  v°  '. 

[Ar  noY  M<t>sii:in  mo\  fils.] 

Monsieur  mon  fdz,  j'ay  présentement  receu 
des  leclres  de  Bourdeaulx  ipie  m'escripyonl 
les  sieurs  de  Sanssac,  le  premier  Président ■"', 
vostre  advocal  général  de  la  Rocbe,  el  les 
maires  et  jnratz  dudid  Bourdeaulx,  lesquelles 
je  vous  envoie,  aflin  que  vous  voyiez  comme 
loules  clioses  commencent  à  se  fort  bien  por- 
ter pour  le  re;;aid  de  Itinion  de  ceulx  de  la- 
dicte  ville,  dont  je  suis  très  aize,  estant  une 
des  choses  à  qnoyj'ay  [irins  le  plus  de  pevnc, 
lorsque  j'y  estois  dernièrement,  aussv  sera-ce 
unij  très  ||i'ant  bien  jiour  vostre  service.  Vous 
verrez  pai  icelle  comme  lesdictz  sieurs  de 
Sanssac'  et  |iremier  Président  sont  à  présent 
bien  ensemble.  Je  croy,  puisqu'ainsy  est, 
qu'il  sera  bon  de  les  laisser  en  ladicle  ville; 
mais  je  ne  suis  pas  d'advis,  ny  les  princes  el 
sieurs  de  vostre  Conseil  qui  sont  [)ar  deçà, 
que  vous  permettiez  à  ceulx  que  vous  avez 
mandez,  et  qui  sont  liors  ladicte  ville,  d'y  re 
venir;  car  je  eraindrois  ([u'ils  re])rissent  leurs 
premières  erres.  Ledict  sieur  de  Sanssac  m'a 
envoyé  ung  placet,  duquel  je  vous  avoys  en 
sa  laveur  cv  devant  escripi  et  prié,  comme  je 


(>'(■(,  si. 

Kn   marge  :   r  Envoyée 


L:i;;ebaston. 


au   roi    par 


ar    li'dit  trésorier 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


109 


faictz  de  rechef,  i'avoyr  pour  recommandé.  li 
voulovt  envoyer  un;;  lionime  exprès  à  la  court  ; 
mais  je  luy  ay  nuindé ,  pour  vous  espargner  les 
fraiz  d'un  volage ,  que  je  donneroys  charge  au 
tre'sorler  ge'ne'ral  MoUéde  le  vous  ramenlevoir, 
affin  qu'il  vous  plaise  commander  les  expe'di- 
tions  luy  en  estre  envoye'es. 

Cependant  je  vous  diray,  Monsieur  mon  filz, 
qu'il  est  très  nécessaire  que  vous  regardiez  et 
faictes  regarder  en  vostre  Conseil  à  ce  qu'il 
serovt  besoing  de  fayre  louchaut  le  faict  des 
traictes  géne'rales;  car,  comme  vous  verrez  par 
l'arrest  interlocutoiie  qu'en  a  donné  vostre 
court  de  Parlement  dudict  Bourdeaulx,  il  s'est 
trouvé  de  grandes  difficultez  sur  la  publication 
de  l'édict,  qui  demeure  acroché,  et  beaucoup 
de  voz  subjectz  intéressez  et  aulcunement  mal 
contents  pour  ce  qu'ilz  ne  peuvent  cependant, 
à  cause  des  deffenses,  transporter  leurs  bledz 
et  marchandises  hors  vostre  royaulmc,  pour 
continuer  le  traflicq  et  commerce  qu'ilz  ont 
accoustumé;  à  quoy  il  est  requis  pourveoyr 
dilligemment;  car,  comme  vous  sçavez,  cest 
affaire  vous  importe  beaucoup,  pour  ce  que  les 
deniers  qu'en  espérez  sont  destinez  pour  le 
payement  de  ce  qui  est  deu  aux  Suisses.  Aussy 
l'ay-je  cependant  escript  et  bien  faict  entendre 
à  vostredicte  court  de  Parlement,  aux  maires 
et  juratz  dudict  Bourdeaulx  et  à  tous  ceulx 
que  j'av  pensé  qu'il  estoit  besoing  d'en  rendre 
capables;  mais  considérant,  d'aultre  costé,  le 
temps  oi!i  nous  sommes,  je  vous  prye  fayre 
mecire  cesl  affaire  en  délibéracioa  en  vostre 
Cduseii,  pour  en  prendre  promplement  une 
bonne  résolucion  et  en  faire  de  bonnes  et  ex- 
presses dépesches  par  tous  les  portz  et  havres, 
et  à  ceulx  qui  ont  moyen  de  vous  y  servir  et 
aux  aultres  qui ,  par  aventure ,  pourroient  nuire 
au  faict  desdiclz  traictes;  remectant  audict 
Molle  à  vous  fayre  entendre  ce  qu'il  en  en- 
tendra plus  avant,  passant  audict  Bourdeaulx; 


priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr 
en  sa  sainctc  et  digne  garde. 

Escri[)t  à  llsle  en  Jourdan,  le  vu"""  no- 


vembre 1078. 


1578.  —  8  novembre. 
Cojtîp.  BiLl.  ual. ,  Fonds  français,  n  3îo9,  f'  81  v"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  coaime  je  voullois  hier 
faire  partir  le  trésorier  Molle,  présent  porteur, 
avec  les  dépesches  que  je  vous  ay  faictes  ces 
jours  icy  par  luy,  je  fcuz  advertye  que  le  s'  de 
Roquetaillade  estoit  entré  à  Bourdeaulx,  me 
venant  trouver  de  la  part  de  mon  filz; et,  esti- 
mant que,  sur  ce  qu'il  m'apporteroit,  j'aurois 
à  vous  escripre  par  personne  bien  confidente, 
j'ay  retenu  ledict  Mole,  par  lequel  je  vous  feray 
responce  à  la  dépesche  que  m'a  apportée  le 
courrier  que  m'avez  faict  dépescher  depuis  le 
parlement  dudict  Roquetaillade,  qui  est  ar- 
rivé ce  matin  ungpeu  avant  luy,  avec  les  deux 
lettres  qu'il  vous  a  pieu  m'escripre  du  xxix"°°° 
et  derniers  jours  du  mois  passé;  sur  lesquelles 
je  vous  dirav  en  premier  lieu,  Monsieur  mon 
filz,  que  je  suis  bien  fort  aize  du  contente- 
ment que  vous  avez,  comme  j'ay  veu  par  les- 
dictes  lectres,  de  ce  que  je  faictz  par  deçà, 
selon  vostre  intencion,  pour  vostre  service, 
ayant  faict  lire,  en  la  présence  des  princes  et 
seigneurs  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  du 
contenu  en  vosdictes  lettres  ce  que  jay  veu 
estre  à  propos  et  nécessaire  d'estre  entendu 
par  eulx  et  autres  qui  en  pourront  porter 
tesmoignage  à  ceulx  qui  viendront  en  ce  lieu 
pour  nostre  assemblée,  et  pour  le  dire  aussi 
à  vos  autres  subjectz  de  ce  pais,  principalle- 


En  marge  :  nEnvoyée   au   Roy  par  ledit   Irésoner 


Molle.- 


110 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


ment  à  ceulx  de  la  noblesse,  que  je  metz  le 
plus  de  peine  qu'il  m'est  possible  d'entretenir 
pour  les  attirer  toujours  à  raffection  qu'ilz 
vous  doivent  :  en  quoy  je  les  veoy  assez  bien 
disposez  ;  mais  le  contenu  de  vosdictes  lectres 
les  y  fortifira  encores  davantaige;  car,  par 
icelles,  vous  touchez  les  mesmes  poinctz  dont 
je  les  ay  toujours  asseurez  du  soing  que  vous 
avez  d'eulx,  de  l'amitié  que  vous  leur  portez  et 
de  la  grande  estime  en  laquelle  vous  les  tenez. 
Cela  aydera  bien  aussy,  à  mon  advis,  avec  la 
fermé  déclaration  que  vous  faictes  par  les- 
dictes  lettres  du  de'sir  que  vous  avez  à  l'enlre- 
tènement  de  vostre  édict,  à  disposer  ung 
chacun  de  l'une  et  l'aultre  relligion  à  i'eslablis- 
sement  d'icelluy.  Mais,  à  ce  propos,  il  fault 
que  je  vous  dye  que  je  suis  merveilleusement 
fasche'e  et  ennuye'e  d'avoir  esté  desjà  icy  trois 
jours  sans  avoir  eu  aucunes  nouvelles  de  mon 
filz  le  roy  de  Navarre^  ny  du  sieur  de  la  Mothe 
Fe'nelon,  que  j'ay  envoyé  vers  luy  pour  le 
haster  de  venir.  Je  leur  viens  encore  de  dé- 
pescher  ung  lacquais,  combien  que  l'on  me 
dye  que,  ce  soir,  mondiet  filz  le  roy  de  Navarre 

'  Le  roi  do  Navarre  était  à  Nérac.  Voici  la  lettre  qu'il 
écrivait,  le  6  novembre,  à  uu  de  ses  fidèles,  M.  de  Bou- 
rouillan;  elle  est  tirée  des  Arch.  hist.  de  la  Gironde, 
1860,  t.  II,  p.  3  : 

ttMonsieur  de  Borroilan, 

(tPuisque  l'assemblée  qui  se  doit  faire  à  l'Isle  en 
Jourdain  a  été  différée  pour  quelques  jours,  et  que  je 
ne  puis  être  à  Mauvoysin  plus  tôt  que  lundy  ou  mardy 
prochain,  je  vous  prieray  bien  fort  vous  y  rendre;  et 
d'autant  plus  <pie  je  fais  estât  qu'eu  telle  occasion  vous 
ne  vouldrez  faillir  de  m'y  accompaigner.  Dieu  me  gar- 
dera de  la  vous  faire  plus  longue  avec  ce  que  je  vous  en 
dis  dernièrement ,  et  le  grand  plaisir  que  me  ferez  en 
cest  endroit,  vous  asseurant  que  j'aurai  bonne  souve- 
nance de  le  vous  recognoistre  s'en  présentant  l'occasion , 
d'aussi  bon  cueur  que  je  prie  Dieu  vous  avoir.  Monsieur 
de  Borroilan ,  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

«A  Nérac,  le  vi  de  novembre  1578.» 

De  la  main  du  Roi  :  tt  Vostre  byeu  bon  amy 

tr  Henry.» 


vient  coucher  à  Mauveisin,  pour  estre  icy  de- 
main à  disner.  Si  cela  est,  j'espère  que  dans 
peu  de  jours  nous  verrons  quelle  sera  leur 
intention;  car  tous  les  de'putez  de  leurs  églises 
des  provinces  de  deçà  sont  conviez,  ainsy  que 
l'on  m'a  asseure',  eslans  hier  passez  les  der- 
nierz,  qui  sont  ceulx  du  hault  Languedoc,  de 
sorte  qu'ilz  n'auront  plus  aucune  excuse.  Et 
pouvez  croire.  Monsieur  mon  filz,  que  je  n'ob- 
mettray  aucune  chose  de  tout  ce  que  je  pourray 
penser  qui  servira  pour  le  bien  et  advantaige 
de  vostre  service  et  pour  accélérer  nostre  réso- 
lution. 

Cependant  je  vous  diray  aussi,  Monsieur 
mon  filz,  que  le  s''  de  Quelus  m'a  mandé 
que  luy  et  le  s"'  de  Brocquiers  n'ont  rien  peu 
faire  envers  ceulx  du  Mur  de  Barois',  lesquelz 
sont  opiniastres,  à  ce  que  m'escripvent  et  au 
s'  roy  de  Navarre  lesdictz  sieurs  de  QueluS  et 
de  Brocquiers,  qu'ilz  n'ont  vouUu  obéyr  et 
n'obéyront  aucunement  à  ce  qui  leur  a  esté 
commandé  pour  remectre  la  ville  en  Testât 
qu'elle  estoit,  lors  de  la  publication  de  vostre 
édict,  sy  ce  n'est  que  vostredict  frère  le 
roy  de  Navarre  y  envoie  quelqu'un  expressé- 
ment, comme  je  l'en  admoneste  de  faire  par 
le  s"'  de  la  Mothe  qui  est  auprès  de  luy  l'en 
sollicite,  afBn  qu'il  y  dépesche  quelqu'un  des 
siens  et  leur  escripve  bien  expressément.  Ce- 
pendant lesdictz  sieurs  de  Quelus  et  de  Broc- 
quiers vont  au  reste  de  leur  charge  pour  exé- 
cuter ce  que  leur  avons  commandé  pour  le 
faict  desdictes  innovations,  pour  lesquelles  le 
sieur  de  la  Groisettem'a  pareillement,  ce  jour- 
d'huy,  escript  que  luy  et  le  sieur  de  Monthar- 
tier  exécutent  aussy  leur  commission  du  costé 
de  Lauragais  et  du  hault  Languedoc,  dont  je 
suis  bien  aize;  car  il  en  estoit  grand  besoing, 
pour  ce  que ,  de  ce  costé  là ,  les  actes  d'hosti- 

'  Aujourd'hui  Mur-de-Barrez ,  dans  l'Aveyron,  chef- 
lieu  de  canton  de  l'arr.  d'Espalion. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


111 


lités  s'y  commoltoieat  cncores.  Vous  aurez 
aussY  veu,  par  la  di-pesclie  que  vous  a  portée 
Ve'rac,  comme  en  Quercy  ie  s''  de  Vezins  et  le 
viconte  de  Gourdon  ont  semblablement  faict 
cesser  les  actes  d'hostilités  et  commencé  à  faire 
réparer  Jesdictes  innovations.  Les  lettres  que 
vous  leur  avez  escriptes  sont  venues  fort  à  pro- 
pos. Je  les  leur  feray  tenir  et  les  admonesteray 
encores  de  procedder  diiligemment  à  rexécu- 
tion  de  leursdictes  commissions  pendant  nostre 
assemblée,  alFin  que  le  pauvre  peuple  com- 
mence à  sentir  le  bien  et  fruict  de  vostre  in- 
tencion  et  de  mon  voiaige  par  deçà,  oii  il  ne 
se  parle  encores  plus  de  mauvais  bruicts  que 
l'on-  y  avoit  faict  semer  contre  vous  ny  des 
préparatifz  qui  se  moyennoient  au  préjudice 
de  vostre  service.  Touteffois  c'est  bien  des 
choses  à  quoy  j'ay  l'œil  aultant  ouvert  qu'il 
m'est  possible,  et,  selon  ce  que  m'escripvez,  je 
vous  envoyray,  si  je  puis,  bien  des  lettres  qui 
ont  esté  icy  escriptes  et  distribuées  à  plusieurs 
pour  les  deslourner  du  debvoir  naturel  qu'ilz 
doibvent  à  vous  et  à  vostre  service.  Et  suis  de 
vostre  mesme  advis  que,  si  Dieu  nous  faict  la 
grâce  que  nous  puissions  bien  establir  la  paix, 
tout  cela  se  dissipera  de  soy  mesmes,  qui  est 
ce  qu'il  fault  tascher  doulcement  et  dextre- 
ment  de  faire  faire,  sans  grande  démonstra- 
tion et  effect  extérieur,  remectant  à  ung  aultre 
temps ,  et ,  comme  les  occasions  se  présenteront , 
de  le  faire  sentir  à  ceulx  qui  en  sont  les  au- 
theurs  et  coupables. 

J'ay  veu  aussy  le  discours  qu'il  vous  a  pieu 
faire  faire ,  par  vostre  aultre  et  dernière  lettre , 
sur  ce  que  vous  a  rapporté  et  requis  le  s"  de 
Simier,  de  la  part  de  mon  filz,  pour  les 
offres  qui  luy  sont  faictes;  en  quoy  il  ne  se 
pouvoit  mieulx  ni  plus  prudemment  et  à  pro- 
pos respondre  que  vous  avez  faict  pour  vostre 
dignité  et  pour  conserver  vostre  amytié  avec 
ie  roy   d'Espagne.   Cependant  le  temps  ap- 


portera, peult  estre,  quoique  nouvelle  oc- 
casion que  ceulx  qui  font  ces  offres  à  votre 
frère,  avec  la  déclaration  qu'ilz  désirent  de 
vous,  s'en  départiront,  ou  vostre  frère  mesmes, 
considérant  que  vous  avez  1res  saigement  faict 
congnoislre  audict  Simier  que  cela  pourroit 
nuire  au  mariage  d'Angleterre,  estant  le  prin- 
cipal, comme  je  veoy  aussi  par  vostre  lettre, 
que  vous  taschcz  de  détourner  le  marquis 
d'Auchy  d'entreprendre  le  voyage  qu'ilz  luy 
veuUent  faire  faire  pour  cest  effect  devers  vous , 
à  qui  je  diray,  de  rechef,  qu'il  n'y  a  per- 
sonne, au  moings  s'il  ayme  vostre  service  et 
réputation,  qui  en  ce  temps  vous  conseillast 
telle  chose  que  celle  dont  vous  estes  requis. 
Vray  est  qu'il  fault  que  je  vous  supplie,  pour 
le  bien  de  vostre  service,  de  gratifier  vostre- 
dict  frère  en  tout  ce  que  vous  pourez  honnes- 
tement  et  eu  esgard  aussi  à  voz  affaires  et 
service,  sans  toutlefois  en  faire  démonstration, 
comme  vous  avez  bien  dict  audict  Simier,  car 
cela  le  retiendra  toujours,  selon  ce  qu'il  vous 
a  aussy  promis.  Ledict  Rocquetailladc  m'a 
aussi  monstre  les  articles  proposez  pour  le 
mariaige  d'entre  la  royne  d'Angleterre  et  luy, 
qui  sont  tous  semblables  à  ce  qu'il  feust  aussi 
mis  en  avant  pour  vous;  à  quoy  vostre  frère 
ne  peult  rien,  à  mon  advis,  demander  davan- 
laige;  mais,  afin  que  la  chose  se  feisl  plus 
dignement,  et  aussi  pour  obliger  davantaige 
et  donner  toujours  plus  de  contentement  à 
voslredict  frère,  je  serois  d'advis  que  vous  en- 
volassiez quelque  aultre  avec  ledict  Simier  en 
Angleterre  et  fissiez  aussi,  par  mesme  moyen, 
une  très  expresse  dépesche  à  vostre  ambassa- 
deur, afin  que  toujours  traitassent  dudict  ma- 
riaige et  desdiclz  articles,  et  que  vostredict 
frère  congneust  par  effect  comme  de  toute 
bonne  grande  affection  vous  vous  eraploiez 
selon  son  désir  pour  luy  au  faict  dudict  ma- 
riaige. Cependant  je  vous  diray  que  je  suis 


112 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


en  très  grande  peine  de  Tentrevue  que  ladicle 
Royne  veut  qui  pre'eedde  ledict  mariaige;  car 
aussi  cela  est  il  trèsdangereuse  conséquence  ;  cl 
comme  j'écris  à  mondict  fiiz,  conformément 
à  ce  que  je  pense  lui  avoir  cydevant  mandé 
ou  dit  à  l'evesque  de  MendeS  il  faut,  premier 
qu'il  passe  en  Angleterre,  qu'il  ayt  les  seure- 
tez  requises,  et  que  les  promesses  qui  luy  sont 
faites  d'aller  et  revenir  librement,  vous  soient 
faites  et  envoyées,  signées  et  scellées  en  telle 
forme  et  si  aulentiques,  qu'il  n'en  puisse  ad- 
venir fauite;  car  il  y  a  de  grandes  considéra- 
tions sur  cela,  qui  importent  merveilleusement 
non  seullement  à  vostre  frère,  mais  aussi  à 
vous  et  à  vosire  royaume;  priant  Dieu,  Mon- 
sieur mon  fîlz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  l'Isle  en  Jourdain ,  le  vni°  novembre 
1578. 


1578.  —  9  novembre. 

Aut.  Record  oflîci' ,  State  papers,  France,  vol.  64. 

A  MADAME  MA  BONNE  SEDR 

LA  ROYINE  D'AiNGLETERRE. 

Madame  ma  bonne  seur,  m'ayant  fait  en- 
tendre mon  fîlz  le  duc  d'Anjou  qu'il  vous  en- 
voyoit  le  sieur  de  Simié-,  pour  une  occasion 
que  j'ay  tant  désirée  et  désire  plus  que  ja- 
mais d'en  voyr  l'effect,  tel  que  je  puisse  avoir 
ce  contentement  avant  mourir  de  voir  un  des 
enfans  du  Roy  Mon  Seigneur,  qui  vous  a  tant 

'  Reginald  de  Beaune,  évèque  de  Mende  de  i568  à 
1081. 

'  Après  sa  peu  glorieuse  expédition  dans  les  Flandres , 
eutreprise  qu'Elisabeth  avait  combattue  sous-main,  le 
duc  d'Anjou  se  décida  à  rappeler  Bussy,  assez  mauvais 
négociateur,  et  à  envoyer  en  Angleterre,  Jean  de  Si- 
mier,  le  grand- raaitre  de  sa  garde-robe,  beaucoup  plus 
séduisant  ambassadeur. 


aimée  et  affectionnée,  si  proche  de  vous,  qu'il 
vous  puisse  rendre  le  tesmoignage  pour  vous 
bien  servir  de  l'amilié  qu'il  vous  portoit  et  de 
celle  que  je  vous  porte  et  désir  que  j'ay  de 
la  vous  faire  paroisire  par  quelque  bon  ser- 
vice; et  l'ay  bien  voleu  accompagner  de  la 
présente,  pour  vous  tesmoigner  mon  affection, 
tant  en  ce  fait  que  à  voslro  personne,  et  vous 
prier  de  vouloir  à  ceste  fois  effectuer  ce  que 
tant  de  fois  j'ay  recherché,  et  n'ay  que  un 
seul  regret,  que  les  affaires  du  roy  mon  lilz, 
pourquoy  je  suis  icy  mesme,  ne  me  permet- 
tent d'estre  de  retour,  lorsque  mon  filz  vous 
ira  trouver,  pour  n'avoir  eu  de  plus  grand 
conlentement  que  je  saurois  avoir  que  vous 
voir  coucher  ensemble  ;  mais  espère  que  Dieu 
me  fera  la  grâce  que  je  elfectueray  ce  que  je 
suis  venue  faire  par  de  là,  qui  est  de  faire  es- 
tablir  l'édict  de  pacification,  que  le  roy  mon 
filz  a  donné  à  ses  sujets,  de  point  en  point, 
sans  rien  y  diminuer  ni  adjouster,  comme 
chose  faite  aveques  le  consentement  de  tous  et 
jurée  et  promise  par  le  roy  mon  dict  filz, 
comme  aussi  il  l'a  leur  veult  maintenir  et 
faire  observer;  et  pour  ceste  occasion  je  pers 
le  bien  que  j'ay  tant  désiré  de  vous  pouvoir 
voir,  ce  que  je  ne  veulx  désespérer,  que  es- 
tant de  retour  et  les  choses  comme  je  veulx 
croire,  puisque  voulez  le  voyr,  que  ce  ne  sera 
pour  nous  le  renvoyer,  mais  effectuer  un  si 
bon  œuvre;  ce  que  estant,  m'asseure  n'aurez 
désagréable  que  je  aye  le  contentement  de 
vous  voyr  :  ce  que  je  prie  à  Dieu  me  faire  la 
grâce  et  me  conserver  en  la  vostre,  non  comme 

L'historien  contemporain  Camden  dit  que  c'était  un 
courtisan  raffiné,  qui  avait  une  exquise  connaissance  des 
gaités  d'amour  :  il  plut  à  Elisabeth  en  lui  traduisant  les 
galants  compliments  de  son  maître;  et  Castelnau  écri- 
vait gravement  à  Catherine  que  «ses  propos  font  rajeu- 
nir la  reines.  Mais  Simier  trouva  de  redoutables  adver- 
saires dans  Leicester,  Susses  et  Ceci!. 


LETTRES  DE  GATI 

ce  jusques  icy  j'ay  esté,  mais  ayant  riiour  de 
*  vous  estre  nicTc. 

De  lisle  Fontaine',  ce  viiii''  de  novembre 
1578. 

Vostre  bonne  scur  et  cousine  cl  la  plus  sure 
et  allcctionnée  que  ayez  jamais, 

Cateki.ne. 


1578.  —  11  iimciiibre. 
Copie.  Bilil.  n:il. ,  Fonds  français ,  n"  33oo  ,  f»  83  v»  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  lilz,  le  sieur  de  la  Motlie 
Fénelon  retourna  bier  en  ce  lieu,  m'aiant 
asseuré  que  le  roy  de  IVavari-e  sera  ce  jour- 
d'buy  à  Mauvoisin^,  qui  n'est  pas  ioing  d'icy, 
en  intention  de  venir  faire  nostre  conférence 
en  ce  lieu,  combien  que  aucuns  de  ceulx 
estans  auprès  de  luy  et  quelques  aullres  de 
sa  religion,  qui  sont  seulement  ceuK  qui  ne 
veullent  pas  la  paix,  l'en  ayenl  voullu  des- 
lourner,  luy  disant,  à  ce  que  ledicl  la  Motbe 
Fénelon  a  entendu,  qu'il  n'yseroilpas  en.seu- 
relé  et  que  l'on  le  voulloit  ntti'apper,  comme  ilz 
luy  persuadoient  qu'il  seroil  Itien  aisé,  estans 
tous  ceulx  de  ceste  petite  ville  calboliques 
fil  sy  près  de  Tboulouze,  où  l'on  pourroil  à 
uug  instant  assembler  des  forces,  et  qu'il  y 
avoil  grande  apparence  qu'on  le  faisoit, 
jusques  à  parler  de  cinq  ou  siv  mil  liommes, 
et  que  pour  le  moings  il  falloit  qu'il  y  vint 
bien  accompaigné  ;  mais  avec  les  remonstrances 

'  kL'IsIc  Fontaine»!  est  assurément  une  erreur  de 
lecture,  car  la  date  et  les  faits  énoncés  dans  le  lexle 
indiquent  clairement  que  la  lettre  a  Ijien  été  écrite  à 
l'Isle-Jourdain,  et  d'ailleurs  L'ile-Foutaine  ne  se  trouve 
dans  aucun  dictionnaire  ^éo<jraj)liiqne. 

■  En  marge  :  ■'Envoyée  au  lîoy  par  Mons'  de  Roque 
Taillade. n 

'  Mauvezin  pelite  ville  de  lArmagnac,  à  28  kilomètres 
d'Aucli  et  non  loin  de  i'Isle-Jourdain. 

(.'iTiiKr.isE  n.";  MiîDici-i.  —  vi. 


EHINE  DE  MÉDICIS.  113 

dudicl  sieur  de  la  Motbe  Fénelon,  il  a,  de  luy 
inesnies,  passé  pardessus  toul  cela,  di.sant 
qu'il  s'asseuroit  (jiie  sa  femme  ne  le  trom- 
peroil  pas,  et  que  pour  le  nmings  ne  luy. 
falloil-il  poinct  d'escorte  pour  esire  avec  elle. 
J'espère  donc  qu'il  viendra  icy,  où  ma  (111e 
sera  aussy,  eslant  bier  partie  de  Tboulouze, 
se  portant  bien  et  veneue  cousclier  à  Pi- 
brac,  se  délibérant  de  venir  ce  jonrd'liuy 
cousclier  en  ce  lieu,  ce  qui  sera  cause,  à  mon 
advis,  ([ue  le  rov  de  Navarre  y  viendra  aussy 
plus  librement.  11  s'excuse  envers  moy,  par 
les  lettres  qu'il  m'a  escriples  par  le  sieur  de 
la  .Motbe,  que  son  relardeinenl  a  esté  pour 
attendre  les  députez  de  leurs  églises,  et  que. 
sans  communic([uer  les  ungs  avec  les  aullres, 
ils  n'eussent  ])cu  rien  faire,  ayant  bien  con- 
gneu  le  sieur  de  la  Motbe,  comme  aussy  est- 
il  bien  aizé  à  juger,  qu'il  n'a  pas  si  grande  auc- 
lorité  sur  euh  tous  qu'il  puisse  s'asseurer  de 
se  faire  obéir  en  toul  ce  qu'il  traitera,  si  leurs 
députez  n'y  apporicnt  particulièrement  leur 
consentement.  Et  je  crains  bien  que  cela 
allonge  nostre  négociation.  Toulelfois  je  suis 
résollue,  pour  uug  si  bon  œuvre  et  tant  néces- 
saire, d'avoir  palieuce,  et  néantmoingscberciier 
par  tous  moiens  d'accélérer  la  conclusion  pour 
l'exécution  de  vostre  édict,  sans  y  adjouster 
ny  diminuer  selon  vostre  désir  et  le  mien  et  au 
repoz  et  union  de  tous  vos  subjetez,  quelques 
traverses  et  menées  (pii  se  lacent,  de  part  et 
d'aultre,  pour  empeselier  ce  grand  et  sy  néces- 
saire bien,  auquel  j'espère  parvenir  avec  Tayde 
de  Dieu;  car,  ad  ce  que  j  av  aussy  sceu  dudicl 
sieur  de  laMolbe,  le  rov  de  Navarre,  pour  son 
regard,  et  beaucoup  des  députez  des  villes  le 
désirent.  11  est  vray  cpi'ilz  se  sont  laissez  en- 
tendre à  luy  (ju'il  y  aura  bien  de  la  dillicnlté 
pour  la  reslilulion  des  villes  qu'ilz  occu|)ent 
contre  celles  qui  leur  sont  baillées  en  garde; 
car  en  aulcuncs  d'elles  il  y  en  a  qui  n'obéis- 

i5 

tUl-MULMI:    SAtiosti.r. 


414 


LETTRES  DE  CATHElilNE  DE  MÉDICIS. 


.sent  et  n'obéiront  pas  aisément  nu  roy  de  Na- 
varre pour  les  rendre,  de  sorte  cju'il  sera  mal 
aizé  de  les  eti  pouvoir  tirer,  et  fauldra  trouver 
<juelque  expédient  là  dessus,  car  je  veoy  bien 
que  c'est  le  principal  poinct  qui  nous  arres- 
lera.  Hz  ont  dict,  en  advisant  avec  le  sieur  de 
la  Mothc,  que,  sil  vous  plaisoit  en  bailler  en 
jyarde  aulcunes  à  quelques  unjfs  des  principaulx 
d'entre  eux ,  ils  s'obligeroient  de  les  rendre  de- 
dans deux  ou  trois  mois,  ou  tel  autre'tenips 
davanlaifjc  qu'il  seroit  arrêté,  et  que  ce  leur 
seroit  unif  moyen,  entrant  dedans  icelles  et 
y  prenant  cette  anctorilé,  de  vous  en  pouvoir 
rendre  meilleur  compte:  mais  je  pense  qu'ils 
ne  le  font  que  pour  avoir  commandement 
absolu  et  retenir  ;'i  eulx  par  ce  molen  l'auc- 
torite'  sur  plusieurs  villes  qu'ils  sentent  bien 
esbranlées  de  leur  party,  lesquelles  ne  de'- 
sircnt  lien  tant,  à  ce  que  j'av  sccu,  que  de 
sortir  de  la  grande  subjection  où  la  noblesse 
d'entre  eulx  les  veut  tenir,  et  croy,  quand  ils 
seront  bien  asseurés  de  la  paix ,  ils  ne  deman- 
deront pas  mieux,  comme  ils  debvroient  faire 
franchement  s'ils  estoient  saiges,  que  aultre 
que  vous  [njeust  à  leur  commander;  il  faut 
bien  penser  sur  cela,  qui  est  de  grande  im- 
portance, et  je  vous  supplie.  Monsieur  mon 
filz,  de  m'en  mander  vostre  intention.  Cepen- 
dant vous  asseureray-je  que  je  chercheray  tous 
moyens  qui  seront  possibles  pour  les  ranger 
à  rendre  et  remectre  toutes  les  villes,  comme 
elles  doibvent  estre  suivant  vostre  e'dict,  me 
délibérant,  si  je  congnois  que  le  roy  de  Na- 
varre n'ayt  si  grande  auclorité  parniv  aulcuns 
de  ces  oppiniastres  là,  de  faire  de  sorte  qu'il 
consentira  que  nous  négocions  avec  eux  parti- 
cullièrement;  car,  à  ce  que  m'a  dict  aussy  le 
s''  de  la  Moîbe,  le  roy  de  Navarre  s'est  clai- 
rement laissé  entendre  vouloir  l'establissement 
de  la  paix,  disant  davantaige  que,  quand  nous 
aurons  pris  la  conclusion  pour   cet  elïect,   il 


yra  luy-mème,  si  l'on  veut,  et  se  joindra  avefc 
ceulx  que  vous  commettrez  pour  faire  obévr 
les  réfractaires.  Pleust  à  Dieu  que  nous  en  fus- 
sions desjà  là,  car  j'aurois  bonne  espérance 
que,  dedans  peu  de  temps,  l'établissement  se- 
roit [faict].  Hier,  en  devisant  avec  mon  cousin  le 
duc  de  Montpensier  et  le  maresctial  de  Biron, 
je  leur  dictz  comme  j'avois  délibéré  qu'après 
que  nous  aurions  résollu  icy,  ainsy  que  j'es- 
pérois  que  nous  ferions  dedans  peu  de  jours, 
tout  ce  qu'il  fault  faire  pour  l'exécution  de 
lédict,  que  le  s'  marescbal,  ayant  desjà  com- 
mission et  charge  de  vous  pour  l'exécution 
d'ycelluy,  partiroit  incontinent,  et  1(>  s''  de 
Turenne  de  la  pari  de  ceulx  de  la  relligion, 
pour  procedder  diligemment  à  l'exécution  en 
toute  la  Guyenne,  et  le  s''  de  Joyeuse,  avec 
aussv  quelque  des  principaulx  de  leur  reli- 
gion, pour  en  faire  le  semblable  en  Langue- 
docq;  que  cependant  je  m'en  yrois  à  Nérac. 
où  je  demeurerois  quelques  jours  avec  mon 
fds  et  ma  fille,  le  roy  et  royne  de  Navarre, 
alfin  que  je  puisse  venir  exécuter  devant  mov 
en  Guvenne  et  Languedocq  uos  résolutions. 
et  que  s'il  y  a\oit  quelques  difficultés,  au 
moings  estans  le  roy  de  Navarre  et  moy  en- 
semble, nous  y  puissions  soudain  pourveoir 
et  remédier.  Cependant  le  chemin  s'ouvrira 
du  cosié  de  Languedocq  pour  me  laisser 
passer  seurement  en  Provence;  car  aussy  ne 
pourrois-je  pas,  ny  ne  seroit  raisonnable 
que  je  partisse  de  ce  pays  que  première- 
ment je  n'y  laisse  l'exécution  de  vosire  édict 
et  toutes  choses  bien  eslablies  pour  le  bien 
de  vostre  ser\ice.  .\ussy,  cela  estant  et  le 
chemin  ouvert  par  le  Languedocq  ,  je  m'ache- 
minerois  lors  par  la  Provence  et  Daulphiné, 
où  je  ne  laisseray  pas  de  rontineuer  lousjours 
à  escripre  et  faire  tout  ce  qu'il  me  sera  pos- 
sible, pour  composer  le  faict  d'entre  les  s"  de 
Suze  et  de  Carces,  dont  j'attends  bienlosl  des 


LETTRES  DE  CVTHEiUNE  DE  MEDICIS. 


15 


aoiivelles.  J'ay  (icsclarc  ma  délibération,  qur 
j'ay  pensé  que  trouverez  bonne,  debvant  le 
inarescbal  di-  liiron,  aflîn  qu"il  se  résoliul  à 
cela;  car  je  nie  doublois,  selon  (|iril  se  con- 
;>noissoit  par  ses  propos,  qu'il  cul  bien  voullu 
par  ses  paroles,  mais  je  ne  sçay  pas  si  cVs- 
toit  en  eflcct,  qu'un  anlfre  eust  eu  la  charge 
de  l'exécution  ih:  ce  que  j'espère  que  nous 
résouidrons.  El  comme  je  vous  ai  dit  souventes 
l'ois,  je  vous  prie  excusai-  mes  longues  lettres; 
car  je  ne  fais,  ny  ne  pense  rien  que  je  ne  vous 
représente,  affin  que  vous  entendiez  toutes 
choses,  comme  sy  vous  les  voyez  de  vos  yeux 
par  deçà,oij  je  m'asseureque  vous  congnoissez 
bien  que  sont  les  pins  grandes  affaires  que 
vous  ayez,  afliu  de  vous  y  conserver  lauclo- 
rité  que  Dieu  vous  y  a  donnée  et  gaigner 
l'affection  de  vos  subjeclz,  qui  estoient  et  sont 
encore  tant  divisés  que,  si  la  paix  ne  s'y  esla- 
blit,  toutes  choses  y  seront  tn  1res  mauvais 
estât  et  vous  en  danger  de  perdre  beaucoui). 

Je  vous  envoyé  un  advis  que  j'ay  faicl  rédi- 
ger par  osciipt  de  certaines  particullarilés,  (jui 
se  sont  recueillies  d'aulcuns  du  costé  du  roy  de 
Navarre,  par  où  vous  verrez  beaucoup  de  choses 
de  grande  considération,  dont  et  pour  me  re- 
mettre audicl  écrit,  je  ne  m'étendriii  pas  da- 
vantage. 

Je  vous  diray  aussy  que,  onltre  la  lettie 
que  j'escrips  à  vostre  frère  le  duc  d'Anjou  par 
Uoquetaillade,  de  laquelle  je  vous  ay  envoyé 
un  double  par  MoHé,  je  luy  envoyé  mon 
advis  par  escrlpt,  comme  il  m'a  recquis,  sur 
les  articles  proposés  qu'il  m'a  envoyés  du 
mariaige  entre  la  royne  d'Angleterre  et  luy, 
n'ayant  voullu  faillir  de  vous  en  envoyer  aussy 
autant,  qui  seront  enclos  en  ce  pacciuet,  alin 
qu'il  vous  plaise  les  veoir  et  commander  à 
vos  principaux  conseillers  apptiier  ceux  de 
mondit  (ils  les  veoir  encores,  afin  que  tout  se 
face  soubz  vostre  auetorité,  comme  il  est  rai- 


sonnable et  nécessaire,  ainsy  que  jesrrq)s  a 
num  lils  le  duc  d'Anjou,  (|ui  ne  lanldra  de 
solliciter  mon  opinion  et  suivre  mon  advis.  Je 
prie  Dieu,  Monsieur  mon  lils.  qu'il  vous  ait 
en  sa  saincte  garde. 

JïscriiiL  èi  ITsle  en  Joiuilain.  le  \i"  jour  de 
novembre  i  G^H. 


1578.  —  la  novciiibiT. 

Orig.  Bihl.   nul.,  l'omis  fraiiç.iis ,   ii'  :i:iQ'j,   f'   i-ii. 

\i   r.oY 

MdNSIKl  a  MON  FILZ. 

Monsieur  mon  filz,  mon  cousin  le  sieur 
abbé  de  Vendosme  m'a  faicl  entendre  (jue 
l'on  luy  demande  ung  fort  gros  eni|)runct, 
en  vostre  nom,  sur  ses  béneffices,  el  (pie 
l'on  a  desjà  faict  saisir  son  revenu  en  divers 
lieux,  de  sorte  (]ue  l'on  luy  a  coupé  les  vivres 
et  osté  le  moven  de  pouvoir  vivre,  s'il  ne 
vous  plai't  luy  faire  ccsle  laveur,  dont  je 
vous  supplie,  de  bien  bon  cœur,  de  comman- 
der qu'il  soit  exempt  diidict  emprunt  et  que 
main  lovée  luv  soit  baillée  de^dii'tz  bénellices. 
En  récompense  de  ce  bien  el  faveur  là  el  de 
tant  d'autres  qu'il  a  receuz  et  reçoit  journel- 
lement de  vostre  bonté  et  libérallilé,  il  prira 
Dieu  pour  vous  et  vous  fera  lou^jours  tout  !e 
service  qu'il  pourra,  pnur  avder  à  reslablir 
la  paix  en  ces  pais,  priant  Dieu,  Monsieur 
mon  fdz,  vous  avoir  en  sa  saincle  el  digne 
garde. 

Escript  à  flsle  eu  Jourdain,  le  mi"  uiiveiu- 
bre  15^8. 

De  sa   main  :  Monsieur  mon   fils,  je   vous 
suplie  considérer  qu'yl  el  \si'  nu-  \l  dépend. 


)/  et  ijsi ,  il  est  ici. 
.411,  où. 


116 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ci  nous  Icsl  l'Iioiuîciir  cl  .■-ervisc.  Je  le  vous 
ivroiiirmiic  cl  (pi'i  vous  plei-c  lui  lemecti'e 
(■cl  (]uc  i'iui  lui  lin  (Icincudc,  jiour  l'amour  de 
iiiov.  el  ne  vous  en  pi'iivj  plus  pour  auilre.  Je 
vous  iccouicuile  le  jjraul  Pi'vore  '. 

\(i>lrc  bonne,  afei'lioni''  et  liouhligé  mè'i'c, 

Catkrink. 


1578. 


1  !*  nn\<Mnljro. 


Or'n;.  Arcli.  il. s  Mc.liris  à  Florence,  .l.ill.i  lil/a  ipb, 
imova  nutiiera/iuiie,  J).  iâi. 

A   ^iO^   lOlSIN 

i.i:  seigm:i  R  PiKiiRE  i»k  :\iédi(:is. 

Mou  cousin,  j'ai  i-creu  la  Icllre  ijue  m'avez 
escripic,  snivanl  laquelle  je  vous  cuvdvi'  un;; 
passeport  ])our  vous  l'aire  passer  le  plus  seure- 
nujnl  i|u  il  sera  ])0S.sible,  e.srripvaiit  aussi  au\ 
jjouveineui-s  de  Bayonue  el  de  Bourdcaux  vous 
acoinpaifjncr  et  l'aiie  acomoder  de  ce  qui  vous 
sera  nécessaire.  Et  si  je  puis  scavoir  quel  che- 
min Vous  voiddrez  prendre,  v  envoirav  nussy 
par  la  u\esme  occasion;  cai- je  .sei'ois  bien 
uiari've  (|ue  eussiez  aulcun  eiupesclienient  uv 
deslourbier  eu  voslre  vo\age,  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  a\oii'  en  sa  saiiicte  et  digne 
ij.irde. 

Escript  à  risle  en  Jourdain,  le  mi''  no- 
vembre 1  r)-<s. 


Voslre  bonne  cousine. 


(Iaterine. 


'  Le  grand  Wij.re,  le  j;rari<l  Piioiii'  rie  l'ordre  de 
\lnlte,  Hi'iiii  d'AnijoiilèmP,  fils  naturel  du  roi  Henri  II, 
i;oiivonieup  de  Provence  et  anilnil  des  mers  du  Levant, 
dont  la  eolleclioii  ('lodefroy,  de  la  Iîildiolliè([ue  de  l'Iii- 
sliliit,  ronlieni  iiii  certain  nombre  de  lettres  au  roi,  de 
1.Ï78  .1  i.")8i),  lui  donnant  des  nouvelles  des  événeoienis 
de  si»n  jjouveineiiii.nl. 


1378.  —  i,")  novemlire. 
Cojtic.  BiLiI.  iiiit. ,  Fonds  fr-inçais .  n'  iîiîoo  ,  f'  iSi  v'  '. 

[W   ROY  MONSIEUR   MON   FILS.] 

Monsieur  mon  fdz,  cncores  (jue  je  vous  aye 
hier  escript  parle  s'"  de  Itoquelaillade  l'espé- 
rance que  le  s'  de  la  Alotlic  Fi'iielon,  à  sou 
retour,  s'en  venant  de  devers  Luon  fdz  le 
rov  de  Navarre  où  je  i'avois  envoyé,  qu'il  se- 
roil  icv  dès  d'avant  hier  avec  les  députez  de 
la  religion,  en  intention,  comme  il  avoit  ex- 
pressément chargé'  ledict  sieur  de  la  Mothe 
me  dire,  de  proredder  Irancheinenl  en  la  ré- 
solulion  de  ce  ipi'il  l'ault  faire  pour  l'exécution 
do  vostre  édict  de  pacitïïcation  dont  j'estois 
très  aize;  car,  comme  vous  aurez  veu  par  mes 
dépesclies  |)récédentes,  ilmelasclie  iufininient 
de  ces  remises  et  longueurs  si  préjudiciables 
an  bien  de  vostre  service  et  du  public,  comme 
j'av  lanl  de  fois  et  si  expressément  escript  à 
mondiel  lllz,  le  roy  de  Navarre.  Toulleroi;- 
voiant  (pie  qualre  ou  cin(j  jours  sont  passez 
depuis  le  retour  dudi't  s''  de  la  Alolhe  et  (pie 
(piebpies  uiig-,  (pii  sont  icy,  disent  (pie, 
quebpie  (  bose  que  iii'avt  mandi'  moiidict  lilz 
le  roy  de  Navarre, (jue  niianlmoings  il  ne  sera 
encores  icv  de  (juatre  ou  ciui|  jours,  (jui  l'ut 
eau^e  que  je  luv  escripvis  hier  (comme  bien 
laschéi;  (jue  je  suis,  et  avec  grande  raison  de 
ces  remises,  re  qu'il  m'en  semble),  où  je  n'ou- 
bliav  lieu  de  tout  ce  (pi'il  me  sembloit  estre 
à  |u'o|ios  de  luv  iiiauder  du  tort  (ju'il  se  l'ai- 
soit  et  à  mov,  et  ipiaud  et  quand  à  vostre  ser- 
vice, dont  je  m'asseurois  recepvoir  très  grand 
inalcontentement.et  ponrce,luy  iiianday  aussy 
(pie  résolument,  s'il  ne  vouloit  venir,  que  j'es- 
tovs  de'libér('e  de  l'aller  trouver,  ayant  com- 
mandé à  Saiigez,  que  je  luy  envoyay  cxpres- 

'   lin  lilie  :  -  lînvovee  au  lîov  par  tofa(ddct,  courrier.'' 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


\\1 


sèment  y  porter  madicle  lettre,  de  me  renvoyer 
incontinent  unjj  larqunis  qnc  je  luy  baillay, 
par  lequel  il  mescripra  ce  que  le  roy  mon- 
dict  s'  et  filz  luy  aura  dict,  aflin  que,  sielon 
cela,  je  me  résous,  comme  je  suis  bien  déli- 
bérde,  s'il  ne  vient,  de  l'aller  trouver,  ad  ce 
que  chascun  puisse  congnoistre  comme  il  ne 
lient  ni  à  vous  ni  à  moy  (jue  ce  bon  œuvre  de 
l'eséculion  de  la  paix,  que  tous  les  gens  de  bien 
et  principallement  tous  les  pauvres  peuples 
de'sirent  tant,  ne  soit  aoconipli  et  efteelué. 
AfBn,  Monsieur  mon  filz,  que  vosircdict  frère 
le  roy  de  Navarre  cognoisse  le  dé[)laisir  que 
vous  rccepvez  de  telles  longueurs,  je  vous  prie 
luy  dépescher  sur  ce  ipie  dessus  uug  gentil- 
homme, et  hiv  esrripvez  et  mandez  par  luy 
bien  fermement  combien  telles  longueurs  sont 
préjudiciables  à  vostre  service  et  au  bien  du 
royaulme  et  du  publicq  et  qu'il  ayt  esgard  à 
la  pevne  que  j'ay  prinse  d'estre  venue  en  cestc 
maulvaise  saison  faire  ungsi  long  voiage;  et, 
quand  il  n'y  auroit  que  cela  et  la  considé- 
ration de  ma  personne,  il  en  devroit  user 
aultrement  qu'il  ne  faict,  et  adjoustant  davan- 
taige  ce  que  vous  verrez  estre  à  propos  pour 
le  liaster  et  reuh  de  la  religion  à  l'aire  leur 
debvoir  mieukqu'ilz  ne  font  et  satisfaire  à  ce 
qu'ilz  ont  si  expressément  juré  et  promis  et 
qu'ilz  m'ont  depuis  que  suis  en  ce  pays  tous- 
jours  asseurée  qu'ilz  vouloicnL  entièrement 
observer  et  entretenir.  J'espère  que  le  voiage 
que  ferez  faire  par  ledict  genlilhouinie  des 
voslres,  que  je  vous  prie  choisir  capable  pour 
faire  cest  ofllce,  servira  grandement  pour 
accélérer  vostre  résolution  et  l'exécution  de 
vostre  édict.  Si  vous  donnez  aussi  charge  à 
ieelluy  gentilhomme  de  scavoir  aussi  de  vostre 
frère,  le  rov  de  Navarre,  s'il  veut  tenir  la 
paix  ou  non,  avec  ce  qu'il  sera  à  propos  de 
lui  dire,  je  crov  que  se  sera  très  bien  faict. 
Cependant,  pour  ce  que  j'ay  pensé,  bien  que 


le  s''  de  Beauvais  Nangy  '  ne  sera  encores  party, 
quand  vous  aurez  ceste  lettre,  j'ay  pensé 
qu'il  sera  très  à  propos,  pour  éviter  ung 
voia{;e,  i|ue  vous  luy  commandiez,  allant  en 
Porlu|fal,  de  passer  par  le  roy  d'Espagne  pour 
condoler  avec  luy  de  la  mort  de  son  filz-, 
de  ses  deux  uepveux  et  de  son  lière  bastard  ^, 
vous  priant  que  j'aye  de  voz  nouvelles  le  plus- 
tost  que  vous  pourrez;  car  c'est  le  plus  grand 
bien  que  je  puisse  recepvoir,  priant  Dieu,  Mon- 
sieur mon  filz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  l'Isle  en  Jourdain,  le  xiii'  de  no- 
vembre 1  578. 


1578.  —  i'i-i5  novembi-e. 
Copie.  Bibl.  tiat, ,  Fonds  friinrais,  n"  33oo ,  f"  83  *. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  lllz,  depuis  le  parlement  du 
courrier  Girauidet,  mon  Glz  le  roy  de  Navarre 
m'escripvit  ung  mot  de  lettre  de  créance  par 
le  sieur  de  Miossens^  venant  icy  veoir  Pons; 

'  Antoine  de  Be.Tiivais-Nangis,  colonel  du  réginiont 
des  gardes,  fut  envoyé  comme  aml)assadeiii'  exlraor- 
din;iire  en  Portugal,  trproche  caresme  prenant»  de  celle 
année,  pour  ucondoiiloir  le  roy  Henry  de  l'orlugal  de  la 
mort  du  roy  don  Sél)astienB,  tué  en  Afrique,  te  2  août 
i.')78,  dans  une  expédition  contre  les  Maures.  {Mémoires 
de  Beauvais-Nangis ,  édil.  de  la  Société  de  i'Ilixtoire  de 
Frariee,  1862,  in-8°,  p.  26.) 

-  L'infant  D.  Ferdinand,  fils  de  la  troisième  femme 
de  Philippe  II,  Anne  d'Autriche.  Elisabeth  de  Valois 
était  morte  en  i568,  ne  laissant  que  des  fdies. 

'  Don  Juan  d'Autriche,  mort  le  7  octobre  1578. 

*  En  marge  :  tr  Envoyée  au  Roy  par  Lal|aye,  courrier 
do  ladite  dame  Royne.  n 

'  Jean  d'Albrel,  liaron  de  Miossens  et  de  Coarrase,  fils 
de  Jean  d'Albrot  et  de  Suzanne  de  Bourbon,  camarade 
d'enfance  et  doublement  cousin  du  roi  de  Navarre,  qui 
l'avait  envoyé,  en  juin  157A,  saluer  Henri  lit  5  son  retour 
de  Pologne 


118 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sadicte  créance  fust  qu'il  esloit  arrivé  à  Mau- 
voisin  et  eut  bien  désiré,  quant  à  lui,  venir 
icy  pour  noslrc  conférence,  combien  que  l'on 
luy  eust  dit  qu'il  y  avoit  gens  de  cheval  et  de 
pied  desjà  assemblez  et  qui  s'assembloienten- 
cores  et  que  cela  mectoit  ceulx  de  sa  religion 
en  double,  inesme  leurs  députez;  et  combien 
que  je  scaiche  que  ledict  Miossens  ne  parti- 
cippe  point  en  leur  Conseil  des  choses  qui  sont 
du  faict  de  leur  religion,  touttefois  voyant 
telles  remises  etaussy  qu'ilz  luy  avoient  baillé 
ung  recordz  qui  estoit\  illandry',  je  parlay  au- 
dict  de  Miossens,  présent  ledict  Villandry,  de 
telle  façon  qu'culx  et  aussi  beaucoup  de  gens, 
qui  estoient  en  ma  chambre  congneurent  bien 
le  desplaisir  que  je  recepvois  de  telles  lon- 
gueurs et  remises,  que  je  répétav  les  ungs 
après  les  aultres,  nionstrant  la  conduite  et 
maulvaise  volunté  dont  j'ay  la  croyance  que 
ceulx,  qui  estoient  auprès  du  roy  de  Navarre, 
usoient  et  abusoient  soubz  son  nom,  leur  di- 
sant davantaige  que  je  me  doubtois  et  con- 
gnoissois  bien  par  là  leurs  pernicieux  des- 
seings;  mais  que  je  u'avois  pas  failly  de  vous 
en  advertir  et  admonester,  voyant  leurs  maul- 
vaises  voluntez,  de  regarder  à  pourveoir  à  voz 
affaires,  comme  je  m'asseurois  que  feriez  assez 
à  temps  pour  faire  rompre  la  traite  de  Casimir, 
s'ilz  avoient  délibéré,  comme  je  m'en  doub- 
tois, de  le  faire  enircr  en  vostro  royauline. 
Kt,  sur  le  soir,  arriva  Guitry-  aussy,  avec 
aussy  un  mot  de  lettre  que  in'escripvoit  de 
créance  le  roy  de  Navarre  par  luy,  de  la  part 
duquel  il  ine  feist  grandement  les  excuses  que 
avoit  faict  ledict  Miossens:  qu'il  ne  tenoitpasà 

'  Villandry  ou  Villandray,  capilaine  huguenot. 

-  Jean  de  Cliaumont,  seigneur  de  Guitry  ou  Qiiilry, 
chevalier  de  l'ordre,  chambellan  et  conseiller  du  duc 
d'Alenron,  plus  tard  lieutenant  général  des  armées  de 
Henri  IV,  lils  aine  d'Antoine  de  Chauuiont  et  de  Jeanne 
d'Assy. 


mondict  filz  qu'il  ne  vint  icy,  combien  qu'où 
luy  a  donné  advis  des  assemblées  de  gens 
de  pied  et  de  cheval  que  l'on  faisoit,  qui  es- 
toient entrez  eu  partie  à  Toulouse  pour  les 
investir  icy,  et  que  le  roy  de  Navarre  pour- 
tant n'eût  pas  laissé  d'y  venir,  sy  la  noblesse 
de  sa  religion  et  les  députez  qui  sont  avec  luy 
s'y  feussent  voullu  consentir;  mais  (jue  princi- 
pallement  ceulx  du  hault  Languedoc,  qui  sont 
ceulx  desquelz  on  a  le  plus  aflfaire,  avoient 
résolument  dict  qu'ilz  n'v  viendroient  pas,  et 
que,  pour  ceste  occasion,  ils  avoient  pensé 
qu'il  seroit  à  propos  d'aller  faire  nosire  con- 
férence en  la  ville  de  Pamiers,  et  que  se  se- 
roit mon  chemin,  puisque  j'avois  délibère  de 
passer  par  le  Languedoc  ,  m'en  retournant  en 
la  Court.  Sur  quoy,  si  j'ay  esté  en  colère, 
quand  le  sieur  de  Miossens  m'a  parlé  à  moy, 
croïez.  Monsieur  mon  filz,  que  je  l'ny  bien  esié 
encoredavanlaige,  quand  [vint]  lesieurdeGui- 
try,  auquel, oultre  ceque  j'avoisdit  à  Miossens, 
présent  ledict  de  Villandry,  j'ay  bien  fait  con- 
gnoistre  (jue  le  conseil  de  luy  et  de  ceulx  de  sa 
religion,  qui  .sont  auprès  de  mondict  fils,  es- 
toit  très  meschant  et  parloil  d'une  trîs  maul- 
vaise  volonté  de  brigands  et  aultres  gens  qui 
ne  demandoient  que  la  guerre  et  la  ruyne  du 
royaulme;  mais  que  j'espérois,  avec  l'ayde  de 
Dieu,  que  vous  y  sauriez  bien  remédier  et 
qu'aussv  vous  aviez  jà  advertie  de  pourveoir  à 
voz  affaires,  veoyant  bien  par  leurs  maulvais 
desseins  qu'ilz  n'avoient  au  cœur  rien  qui 
vaille,  et  que, d'aller  audict  Pamiers,  que  réso- 
lument je  n'irois  pas,  pour  ce,  premièrement 
que  je  savois  bien  quelle  ville  c'estoit  et  de 
quelle  sorte  de  gens  elle  esloit  habitée,  qui 
estoient  la  plus  part  bandolliers  et  gens  de 
très  maulvaitc  \ve,  estans  sans  respect  à 
prince  ni  à  qui  que  ce  soit,  et  que  le  roy  de 
.\avarie  l'avoit  lui-iiiesme  expérimenté,  pour 
ce  que  v  estant  une  fois  davant  ces  troubles, 


LETTRES  DE  CATHl 

cette  manière  de  gens  là  ealièrcnt  en  sa 
chambre,  ayaus  tous  leurs  poilriiiatz  et,  sans 
respect  ne  conside'ratiou ,  voulurciil  comme 
forcer  et  outraiger  ses  gardes,  qui  les  vou- 
loient  garder  d'entrer  en  cest  dquipage  en  sa- 
dictc  chambre;  et  que,  s'estant  lui  mcsme 
Irouvo'  en  ceste  peyne  là,  je  m'esbahissois 
comme  il  n'avoit  aultre  respect  et  affection  à 
mov,  et  aussy  que  c'estoil  une  ville  assise 
dans  les  niontaignes.  si  mal  saine  que  la  neige 
V  est  encore  au  mois  de  juing  et  que,  pis  est, 
les  chemins  entre  cy  et  là  sonl  si  maulvais, 
qu'il  ne  seroil  possible  d'y  pouvoir  incontinent 
maintenant  aller,  y  ayant  douze  grandes  lieues, 
et  estant  du  tout  esloigne'o  et  au  rebours  de 
mon  chemin  de  Languedoc;  mais  que,  si 
moudict  fiiz  le  roy  de  Navarre  vouloil,  nous 
yrions  à  Gondom ,  estant  mon  intention ,  après 
nostre  conférence,  d'aller  à  Ne'rac'  mener  la 
reyne  de  Navarre  ma  fille  en  son  mesnaige; 
sur  quoy  Guitiv,  fort  ostonne  de  ce  que  je  lui 
ay  dit,  m'a  respondu  que  se  seroit  incom- 
modité de  passer  la  rivière  de  la  Garonne, 
qui  est  maintenant  très  grande  et  desbordée, 
et  m'a  dict  quelque  chose  dudict  Nérac,  à 
quoy  j'ai  respondu  que  j'eaverrois  devers 
mondict  lilz  le  roy  de  Navarre   ce    malin   et 

'  La  reine  mère  alla,  en  effet,  à  .Nérac,  où  se  tinrent 
les  fameuses  conférences;  mais  passa-l-elle  par  la  petite 
ville  de  Laplume,  rlief-lieu  de  l'ancien  comté  de  Brui- 
bois?  On  pourrait  l'inférer  d'une  lettre  trouvée  par  M.G. 
Tholin  dans  les  archives  coiiimunalcs  de  Laplume  et  qui 
a  été  publiée  par  lui  dans  la  Revue  de  i'.lgeiinis  de 
l'année  1881,  p.  55i.  Elle  est  de  (iatlierine  de  Navarre, 
la  sœur  de  Henri  IV  : 

-Messieurs  les  consulz  de  La  l'iunie,  le  roi  Monsieur 
mou  frère  me  vient  d'escrire  présentement  que  les  roynes 
et  luy  seront  en  cesle  ville  dans  trois  ou  quatre  jours, 
avec  intention  d'y  faire  quelque  séjour,  et,  eslint  pour 
ceste  occasion  nécessaire  de  faire  provision  de  foings, 
pailles  et  avoynes,  je  vous  prie  bien  fort  de  vous  assem- 
bler,  incontinent  la  présente  receue,  et  donner  ordre 


■:R1NE  de  MEDIGIS.  119 

que  je  luv  nianderois  ce  qu'il  me  semble  de 
toutes  ces  choses-cy;  et  sur  cela  s'est  retiré 
ledict  Guitry,  après  touttefois  que  je  lui  ay 
bien  lavé  la  teste,  et  fait  sentir  combien  luy 
parti'.'ullièrcmenl  m'avoit  d'obligation,  voire 
de  sa  vie,  ce  qu'il  n'a  pas  nié,  et  qu'ilz  deb- 
voient  oster  toutes  ces  défiances,  puisque  je 
les  asseuroisde  vostre  franche  et  nette  volonté 
à  la  paix.  Je  luy  ay  aussy  dit  qu'ils  ne  pensas- 
sent pas  m'ennuyer  et  que  ma  résolution  es- 
toit  de  ne  partir  j:iu:ais  de  ce  pays  que  je  n'y 
eusse,  par  une  façon  ou  par  une  aullre,  esta- 
bly  la  paix  et  repos,  suivant  l'édict  de  pacif- 
fication  et  que  je  ne  croiois  pas  que  le  roy  de 
Navarre,  de  son  instinct  naturel,  m'en  voulust 
empescher,  estant,  comme  dit  est.  par  mesme 
moven ,  ma  lésolution  de  conduire  et  veoir 
ma  fille  la  royne  de  Navarre  en  son  ménaige 
à  Nérac  et,  devant  qu'en  partir,  veoir  exécutée 
et  establie  partout  la  paix.  Il  s'en  alla,  par- 
tant d'avec  nioy,  trouver  ma  fille  la  royne  de 
Navarre,  à  laquelle  j'envoyay  sur  le  soir  dire 
le  tout  par  Pinart  et  la  résolution  que  j'avois 
prise  d'envoyer  le  sieur  de  Pibrac ,  comme 
j'ay  faict  ce  matin,  devers  le  roy  de  Navarre, 
auquel  je  la  priois  de  bien  escripre  le  dé- 
plaisir que  je  recepvois  de  toutes  ces  choses 

d'envoier  icy  la  quantité  de  cent  quintalz  de  foing,  cin- 
quante de  paille  et  quarante  sacs  d'avojue  ez  main» 
d'ung  personnage  qui  a  esté  advisé  pour  les  recevoir  et 
en  faire  le  paiement  tel  et  si  raisonnable  que  vous  et 
ceux  à  qui  seront  Icsdicls  \ivres  en  recevront  contente- 
ment; et  vous  ferez  ung  grand  plaisij'  au  roy  mondicl 
sieur  et  frère  et  à  moy,  qui  n'oublierons  à  le  recon- 
gnoistre,  s'en  présentant  l'occasion.  Et,  m'asseiirant  de 
vos  bonnes  volonlez,  prieray  Dieu,  Messieurs  les  consuls 
de  La  Plume,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

itDe  Nérac,  ce  17'  jour  de  novembre  1578. 

r  Votre  bonne  amie , 

trCATHERl.VE   DE   NlVABRE.Jl 

Cependant,  quittant  l'Isle-Jourdain  ie  18  novembre, 
Catberine  fut  le  2  a  à  Aucb. 


120 

et  que  je  le  priois  de  résouldre  de  faire  nostre 
conférence,  puisqu'il  ne  vouloit  venir  icy,  au- 
dict  Condom,  ou  à  Aux,  ou  bien  en  Agenois;  et 
s'il  ne  voulloit  pas  unjj  de  ses  lieux  là,  puisque 
j'avois  aussi  délibéré  d'aller  et  passer  audict 
Ne'rac,  que  j'eslois  contente  que  nous  y  allas- 
sions. J'attends  la  response  dudict  Pibrac  ce 
soir,  pour  me  résoudre  selon  icelle;  et  pouvez 
croire  que  j'ay  ung  extresme  desplaisir,  voiant 
les  longueurs  et  connivences  dont  ces  gens  cy 
usent,  qui  me  fait  très  mal    penser  de  leur 
volunté,  combien  que  je  leur  ay  bien  dit  que 
leursdictes    remises    et    maulvaise    façon    de 
procéder  ne  m'intimideront  ny  me  garderont 
de  faire  ce  que  j'ay  délibéré,  qui  est  d'establir 
la  paix, par  doulceur  ou  aultrement,  et  que  je 
ne  partirois  jamais   de  ce  pais  que  cela   ne 
soit  faict,  m'asseurant  que  tous  les  gens  de 
bien  catboliques  m'accompagneront  et  assis- 
teront,   ainsy    que    tous    unanimement    me 
l'avoient  promis,  en  ce  bon  et  sainct  œuvre  et 
feront  tout  ce  que  je  vouldrois  et  avec  eulx  une 
grande  partye  de  ceulx  de  la  religion,  qui  dé- 
siroient  la  paix  et  qui  seroient  les  premiers  qui 
courroient  sus   aux  brigandz  et  aux  voUcurs 
qui  vouloient  faire  faire  la  guerre  par  force. 
Touttefoisje  me  délibère,  comme  je  says  que 
c'est  vosUe  volunté,  de  conduire  tout  par  la 
douceur  et  faire  que,  sans  cruaulté  ni  autres 
choses,    vostre    édict    puisse   eslre   exécuté, 
gardé  et  observé;  mais  pourtant  il  ne  fault 
laisser  de  pourveoir,  de  vostre  costé,  à  tout  ce 
que  verrez  nécessaire,  et  principalement  tjuil 
ne  vous  vienne  rien  sur  les  bras  du  costé  de 
Flandres;    et,  à    ce    propos,   je   vous    diray 
que  mon  cousin  le  mareschal  Dampville  me 
manda  hiei',  après  disner,  par  son  secrétaire, 
avoir  seu  comme  le  prince  d'Orenge  et  ceulx 
de  leur  religion,  qui  sont  en  Flandres,  voul- 
loient  bailler  l'admirauté  diidit  pays  à  Chas- 
lillon,  qui  en  estoil  fort  aize,  el  se  délibéroit 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


de  s'y  acheminer  bientost,  s'estanl  laissé  en- 
tendre que,  si  vous  et  moy  luy  escripvions 
quelque  bonne  lettre,  il  s'asseuroil  qu'il  re- 
metlroit  le  ciiasteau  de  Beaucaire   et  feroit 
sortir  tous  ceulx  qui  sont  dedans  de  l'une  et 
de  l'autre  religion,  qui  sont  tous  à  sa  dévo- 
tion. Je  luy  ay  fait  sur  cela  une  fort  bonne 
dépesche,  par  l'advis  des  princes  et  seigneurs 
qui  sont  icy,  laquelle  le  mareschal  Damp- 
ville a  pris  charge  de  luy  faire  tenir,   avec 
bonne  espérance  d'effectuer  cela;  il  dit  aussy 
qu'il  a  opinion  que  le  s'  de  Tore  viendra  de 
deçà.  Je  croy  que  se  sera  au   lieu  où   nous 
ferons  nostre  conférence, en  laquelle  vous  ver- 
rez, s'il  vous  plaist,  que  je  n'obmeltrav  rien 
de  ce  que  je  pourray  penser  qui  sera  à  propos 
de  dire  et  de  faire  avec  les  ungs  et  les  aultres 
pour  le  bien  de  vostre  service,  et  vous  tiendray 
journellement  adverty   de  tout;  mais  cepen- 
dant. Monsieur  mou  filz,  considérant  comme 
ces  gens  icy  procèdent,  ([ui  me  fait  croire  que 
ne  sont  sans  mauvaise  volunté,  je  vous  priede 
rechef  donner  ordre   sur  toutes  choses  que 
l'on   face  en   sorte  envers  le  Cazimir  qu'ilz 
puissent  eslre  hors  d'espérance  de  se  pouvoir 
aydor  el  prévaloir  de  luy  et  de  ses  forces;  car, 
si  cela  est  une  fois  fait,  croiez  qu'il  facilitera 
beaucoup  toutes  choses  selon  vosire  désir  pour 
l'exécution  et  ferme establissement  de  la  paix; 
et   jusques  cela    soit  fait,  j'auray    lousjours 
doubte  du  Cazimir,  m'estant  le  voyaige  dudict 
Chastillon  en  Flandres,  s'il  est  vray  qu'il  y 
aile  pour  cesie  occasion  là,    fort  doubteux. 
Touieffois  il  vauldroit  tousjouis  mieuh  que 
luy  et  ses  forces  fussent  dehors  que  dedans 
vostre  royaulme ,  car  telles  gens  n'y  font  que 
troubler  les  provinces. 

Je  vous  diray  aussy  qu'il  est  besoing  que 
vous  escripviez  en  Bretaigne  pour  faire  tenir 
les Estats,  sans  attendre  mon  cousin  le  duc  de 
.Montpensier;  car, quand  bien  il  partiioità  pré- 


LETTRES  DE  GATH 

sent,  à  «ji'and'peync  y  pourroyt-il  arriver  à 
temps;  aussy  que  de  luv-mesrae,  voiant  que 
nous  n'avons  eucores  rien  faict  avec  niondict 
Glz  le  roy  de  Navarre,  s'est  délibère' de  venir  et 
assister  avec  moy  à  nostre  confe'reuce,  comme 
il  me  semble  estre  bien  à  propos,  d'aultant 
qu'il  a  tousjours  vacqué  cl  esté  présent  à  la 
bastir;  vous  priant  don([  lui  vouloir  escripre  et 
aussi  à  mon  cousin  le  prince  Daulphin  que  vous 
avez  très  agréable  le  service  qu'ilz  vous  font 
par  deçà  auprès  de  moy. 

Ledict  s"'  de  Guitry  s'est  trouvé  au  com- 
mencement de  mon  disner  j)0ur  scavoir  si 
j'avois  à  luidemandcrquel([uechoseet  sij'avois 
ajjréable  qu'il  s'en  retournast  trouver  niondict 
filz  le  roy  de  Navarre;  à  quoy  je  luy  av  res- 
pondu  que  oy,  et  <|ue  pensois  bien  qu'il  ne 
me  l'eroit  point  de  responce  sur  ce  que  je  lui 
avois  mandé  par  le  sieur  de  Pibrac,  qu'il  ne 
feust  de  retour  auprès  de  luy  avec  les  aultres 
de  la  religion,  qui  avoient  accoustumé  de  luy 
donner  conseil;  et  suis  entré  à  luy  dire,  voiant 
qu'il  estoit  encores  tout  estonné  de  ce  que  je 
luy  avois  dit  bicr,  que  quand  il  se  porteroit, 
comme  il  debvoit,  envers  mondirt  filz  le  roy 
de  Navarre  et  que  les  aultres  de  la  religion 
feroient  aussy  leur  devoir  en  l'obéissance  qu'ilz 
vous  doibvent,  (jue  vous  les  ay nieriez  et  em- 
pioiriez  comme  vos  aultres  subjectz.  Cela  l'a 
ung  peu  remis  ;  et  il  est  party,  à  ce  que  j'ay 
sceu  depuis  de  ceux  à  qui  il  a  parié,  en  in- 
tention de  faire  si  bien  son  debvoir  pour  le 
faict  du  lieu  de  ladicte  assemblée,  et  aussi 
lorsque  nous  serons  en  nostre  conférence, 
qu'il  espère,  ainsi  qu'il  a  dict,  que  j'en  au- 
ray  contentement  :  ce  que  je  veulx  bien  croire 
<|uand  je  le  verray.  Ledict  s' de  Pibrac  n'estant 
poinct  ce  soir  arrivé,  je  croy  qu'il  sera  icy  de- 
main de  bonne  lieure  avec  quelque  bonne 
responce,  si  Guitry  lient  promesse;  et  pour 
ceste  occasion,  afin  de  vous  en  advertir,  je 

C.UUtni>E   DE   MÉDICIS.    —  VI. 


ERINE  DE   MEDICIS. 


121 


reniecteray  à  vous  envoyer  demain  ceste  dé- 
pcsche  par  l'ordinaire  des  postes,  pour  fin  de 
laquelle  jevousdiray  ipiejesuis  d'advis  et  vous 
prie  bien  fort  d'euxoyei',  le  plus  tostque  vous 
(lourrez,  le  gentilhomme  des  vostres,  par  le- 
quel vous  escriprez  au  roy  de  Navarre,  sui- 
viuil  la  contenance  de  la  despesche  que  je 
vous  feys  hier  par  Girauldet. 

Il  vous  plaira  aussy  commander  que  l'on 
l'ace  bailler  quelque  argent  par  forme  d'extra- 
ordinaire, suivant  requeste  ([ue  je  vous  ay 
cy  devant  faicte,  au  commis  du  contrerolleur 
dos  postes  à  (juatre  courriers,  qui  sont  icy 
a\ecnioy,  qui  font  beaucoup  de  courriers,  aux 
mareschal  des  logis  et  fourriers,  et  au  lieute- 
nant de  vostre  grand  pi'évost  et  à  ses  archers, 
(jui  sont  icy;  s'il  v  avoil  aussy  moien  de  pou- 
voir fiiire  bailler  quel([ue  argent  sur  ce  qui  est 
deu  aux  Maistres  des  postes,  qui  sont  depuis 
Paris  jusques  à  Bourdenulx  et  aux  aultres, 
qui  sont  à  la  traverse  depuis  ledicl  Bourdeaulx 
jusques  icy,  vostre  service  en  sera  beaucoup 
mieulx  faict,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  L'Isle  en  Jourdain,  le  xiiii'^  no- 
vembre ]  678. 

Monsieur  mou  filz',  jay  receu  vostre  dé- 
pesche  du  11"  de  ce  présent  mois  par  le  s''  de 
Saulsac^,  queje  suis  bien  aize  qui  sera  icy  en 
nostre  conférence;  car  il  y  aidera  beaucoup 
pour  les  affaires  du  Daulphiné.  Cependant  je 
vous  diray  aussi  pareillement  que  j'ay  reçeu 
les  letres  que  vous  escripvez  à  mes  cousins 
les  s"  d'Uzès  et  de  Foix  et  au  s''  de  Saint  Su- 

'  En  lilre  :  tt  Postscript  de  ladite  dépesche  du 
xm"  nov.  1  678.» 

-  La  baron  de  Saulsac  secondait  Mau;;ii-oii  dans  l'ad- 
ministration du  Daupliinë.  On  trouve  son  nom  men- 
tionné dans  le  registre  des  minutes  de  la  correspondance 
des  consuls  de  Lyon.  (^Arcliives  de  la  Villf,  série  AA ,  87.  ) 

16 


MtniE     ?<AItO\lLE. 


122 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


plice,  lesquelles  je  leur  feray  bailler  ;  quant  à 
celle  du  sieur  d'Uzès,  que  j'ay  entendu  qu'il 
est  allé  à  Paris  ou  en  ces  quartiers  là,  et  quant 
aux  s"  de  Foix  et  de  Saint  Suplice  S  il  vous 
plaira  en  choisir  d'aultres  pour  servir  en  vostre 
Conseil  les  premiers  mois  de  Tannée  pro- 
chaine; car,  comme  vous  savez  et  que  avez  veu 
par  ma  dernière  de'pesche ,  il  n'est  pas  à  propos 
pour  le  bien  de  vostre  service  qu'ils  m'aban- 
donnent à  présent. 

Monsieur  mon  filz,  depuis  ceste  lettre  es- 
cripte  les  s"  de  Pibrac  et  de  Fontenilles  sont 
arrivez,  revenant  de  trouver  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre,  et  est  aussy  venu  avec  euk  le  sieur 
vicomte  de  Turenne,  qui  m'ont  rapporté  que 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  désiroit  que  nous 
allassions  pour  nostre  conférence  à  Castel  Sar- 
razin ,  pourveu  que  je  luy  laissasse  le  cbasteau , 
pour  y  mettre  des  gens  de  guerre  pendant  que 
nous  ferions  nostre  conférence,  et  qu'à  la  fin 
d'icelleillerendroit  franchement  ainsi,  comme 
on  leluy  auroit  baillé ,  et  qu'il  désiroit  aussi  qu'il 
peut  mettre  ses  gardes  aux  portes  de  la  ville 
pendant  <jue  nous  serions  audict  Castel  Sa- 
razin  ;  mais,  après  avoir  mis  cellaen  délibéra- 
tion avec  les  princes  et  sieurs  de  vostre  Con- 
seil qui  sont  icy,  je  me  suis  résolue  d'aller  à 
Nérac,  comme  aussi  tost  j'ay  mandé  au  roy 
de  Navarre;  et  dès  lundy  prochain.  Dieu  ay- 
dant,  je  parliray  d'icy  pour  aller  coucher  à  Agi- 
mont^,  de. là,  à  Auch  et  à  Coridom,  où  je  me 
délibère  séjourner  tant  que  je  sçaiche  au  vray 
que  leurs  députés  soient  tous  ensemble  ar- 

•  Jean  d'Ebrard,  seigneur  de  Saint-Sulpice ,  ancien 
ambassadeur  en  Espagne,  avait  déjà  été  chargé  par  le 
roi  de  surveiller  la  conduite  de  Damville  en  1074.  11 
pouvait  être  très  utile  à  la  reine  dans  le  Languedoc. 

^  Le  copiste  a  voulu  mettre  à  Gimont.  Gimont  est  un 
important  chef- lieu  de  canton  à  a5  kilomètres  d'Auch, 
sur  la  route  qui  vient  justement  de  risle-Joiu-dain. 


rivés  audict  Nérac  ou  es  environs,  et  qui  se- 
ront pretz  à  commencer  nostredicte  confé- 
rence. Peult  estre  que  ce  pendant  je  pourray 
gaigner  sur  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  que 
ce  soit  à  Condom  que  nous  ferons  nostre  as- 
semblée; car,  ad  ce  que  j'entends,  il  n'y  a  pas 
des  vi\Tes  pour  longtemps  à  Nérac. 

Escript  à  LTsle  en  Jourdain,   le  samedy 
XV "  novembre  1678. 


1578.  —  1O  novembre. 

Orig.  Bibl.  Dat. ,  Fonds  franrais.  ii^  3aoi,  f"  85. 

A  .MON  COUSIN 

LE  S'  DE    DAMVILLE, 

UIBÉCQAL   DE  FRANGE, 

GODVBBNHUB   ET  LIEUTESAST   CÉSERAL   D0   ROT   UOSSIBCR   MOI!   FILS 

EN   LA>'GDEDOC. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  Sauger,  mon 
secrétaire,  présent  porteur,  que  je  vous  prie 
croire  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part  el  le 
ferez  aussi  avec  asseurance  sur  nioy  que  vous 
ferez  chose  qui  sera  fort  agréable  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  à  qui  j'ay  desjà  escript  que  je 
m'asseurois  que  ne  me  démentiriez  poinct, 
comme  je  vous  prie  de  rechef  ne  faire.  Ce- 
pendant je  vous  envoie  aussy  la  lettre  pour  le 
sieur  de  Chastillon,  laquelle  je  vous  prie  en- 
voyer par  quelque  exprès  qui  saiche  bien  s'ac- 
quitter de  ce  qui  fault  faire  en  cella;  n'estant 
la  présente  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript,  le  xvi°  jour  de  novembre  1678. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

De  sa  main:  Je  vous  prye,  mou  cousin,  ne 
léser  vostre  femme  et  famener,  et  je  vous  fayré 
bien  loger  et  n'auré  mal,  cet  je  n'enn  ay. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


123 


1578.  —  17  nov<Miiln'e. 
(Jopie.  Bibl.  nat.,  Fonds  fr.iofais.  n^  33oo ,  f"  88  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieui'  mon  fils  ,voslre  dëpesche  du  vu" 
de  ce  mois,  que  je  receuz  hier  au  soir,  et  le 
courrier  que  m'avez  envoyé,  m'ont  apporté 
très  grande  joye  du  contentement  que  avez  du 
bon  debvoir  que  nous  faisons  à  vostre  ser- 
vice; en  quoy  n'obmettons  nous  rien  aussy  de 
ce  que  nous  pensons  y  pouvoir  servir,  pour 
le  grand  désir  que  nous  avons  de  veoir  la  paix 
et  repos  et  union  parmi  tous  vos  peuples  et 
subjectz  bien  rétablis  en  ces  provinces  de  deçà  ; 
mais,  comme  vous  avez  veu  par  ma  dernière, 
il  s'est  trouvé  encore  des  difficultés  pour  le 
lieu  de  nostre  conférence  et  ne  vous  en  feray 
redicle;  mais  vous  respondray-je  seulement 
sur  vostre  dernière  dépescbe,  en  premier  lieu 
que,  comme  vous  estes  bien  ennuyé  de  ma 
si  longue  absence,  croiez.  Monsieur  mon  fils, 
que  n'y  ayant  rien  en  ce  monde  qui  me  donne 
plus  grand  contentement  que  d'estre  auprès 
de  vous,  je  m'ennuye  plus  que  je  ne  vous 
sçaurois  dire  de  veoir  mon  voyaige  si  long; 
mais  considéiant  que  la  plus  utile  et  néces- 
saire cbose  est  l'exécution  de  i'édict  et  l'esta- 
blissement  de  la  paix  et  union  de  tous  vos 
subjects,  je  supporte  plus  voluntiers  la  peyne 
de  cette  nouvelle  absence,  espérant  que, 
oultre  le  contentement  que  vous  aurez  du 
fruict  que  je  m'en  prometz ,  c'est  le  seul  moyen 
de  \ous  veoir  à  vostre  aize  et  moy  bien  con- 
tente pour  le  reste  de  mes  jours.  J'ay  faiet 
communicquer  de  vostre  lettre  ce  que  j'ay 
veu  estre  à  propos  aux  cardinal  de  Bourbon, 

'  En  marge  :  n  Envoyée  au  Roy  par  ung  homme  de 
bien,  venu  vers  la  Royne  mère  du  Roy  de  la  part  des 
habitans  de  ladite  ville  (le  Puy),  et  quis'en  alloit  trouver 
ledit  Seigneur,  n 


duc  de  Montpensier  et  prince  Daulpliiu,  et 
aussy  aux  marescbaux  de  Damville  et  de  Bi- 
ron  :  ce  qui  m'a  semblé  qu'il  esloit  bon  qu'ils 
veissent  l'expression  du  contentement  que  je 
veoy  que  vous  avez  de  la  peyne  r|ue  je  prends 
icy  pour  le  bien  de  vostre  service.  Je  m'as- 
seure  aussv  que  les  sieurs  de  vostre  Conseil 
qui  sont  auprès  de  moi,  ayant  veu  par  ycelle 
vostre  ferme  résolution,  embrasseront  d'au- 
tant plus  grande  affection  les  moiens  pour  y 
parvenir  bientost,  et  de  mettre  en  repos  vos- 
diclz  subjects,  ce  qui  sera  le  comble  de  mon 
contentement  et  le  vostre  aussi,  comme  je  m'as- 
seure  que  de  là  adviendra  aussy  ung  bien,  avec 
l'ayde  de  Dieu,  que,  avec  le  bon  ordre  qu'avez 
mis  et  mettrez  en  vos  aultres  provinces,  qu'un 
cbacunvousyrendra  aussi  l'obéissance  quivous 
est  due,  et  que  ceux  qui  vouUoient  brouiller, 
voiant  que  les  costés  de  deçà  qui  estoient  le  plus 
aliénez  sont  bien  remis,  se  despartiront  de 
leurs  maulvaises  entreprises;  et,  tout  ce  que 
dessus  estant,  vous  ferez  pareillement  régner 
vostre  justice,  comme  je  say  que  c'est  le  plus 
grand  désir  qu'aiez  :  aussy  fairez  vostre  deb- 
voir. Et,  si  vous  m'en  croyez,  vous  ferez  en 
vostre  présence ,  sans  vous  en  fier  à  personne , 
voir  par  le  menu  toutes  les  sommes  de  deniers 
qui  se  lèvent  es  cliacune  des  provinces  de 
vostre  royaulme ,  et  gratifierez ,  de  vous  mcsme , 
voz  pauvres  subjectz  et  provinces  de  delà,  sans 
qu'ils  vous  en  requièrent,  de  quelque  chose 
pour  les  soulaiger;  car  es  provinces  de  deçà 
il  y  en  a  grande  nécessité  pour  les  arréraiges 
que  l'on  prétend  qu'ils  doibvent  des  années 
dernières,  dont  ils  sont  fort  travaillez.  Sy 
vous  faites  cela  et  les  aultres  choses  dont  je 
vous  ay  escript,  croyez  que  Dieu  vous  fera  la 
grâce  que  vous  aurez  par  ces  moiens  l'affec- 
lion  de  tous  vos  subjectz.  Quant  à  Tadvis  que 
vous  désirez  que  le  cardinal  de  Bourbon  et 
moy  vous  donnions  sur  ce  que  m'avez  aussy 

16. 


i-i'i  li:ttui-s  de  Catherine  de  médicis 

(■^(■^i[ll    |)(iiir   Ju   l'aicl   «lu   i:lt'r[;(.' ,  vous  mirez 
\cii  ce  que    je  vous  ai  l'ait  eiilendre  par  \erae 


(!e  IVhial  en  (juov  ils  sont  par  deçà;  mais,  à 
vous  (lire  vrn\,  j'ay  l)ien  sceu  que,  depuis 
moi!  parlemeiil  de  Thoulouse,  ilz  ont  repçeu 
de  1res  maulvaises  persuasions,  mémoires  el 
formes  de  serment,  dont  on  les  poursuit  pour 
vous  desnier  ee  (pi'ils  on!  accoustumé  de 
payer,  si  ne  leur  permellez  Tassemble'c  géné- 
rale, dont  je  suis  de  vosiie  achis  qu'il  se  faull 
bien  garder,  prinripallemeut  en  ce  tenijis,  et 
croy  que  vous  vous  devez  contenter  de  faire 
proccdder  par  forme  d'i>inprunl  sur  ceulx  du 
cler;;é  ipii  n'auront  satisl'aiet  au  jiaymenl  de 
leurs  d('cimes,  afin  qiiilz  ne  puissent  plus  dire 
que  l'on  leur  ait  fait  tort  de  les  contraindre 
payer  lesdiclz  décimes,  estant  passé  le  temps 
pour  le(piel  ils  lesaxoloiit  accorde's,  combien 
qu  il  n'y  a  ])ersonne  sans  passion  qui  ne 
die  (pie  ceux  du  clergé  sont  tentez  ne  les 
continuer,  laiil  (jiie  les  renies  de  l'bostel  de 
ville  soient  rapchetées  ;  car  ils  s'v  sont 
obligez,  ne  pouvant  Nostrc  Saint  Vhiv  les 
excommunier,  satisfaisant  à  une  cbose  qu'ilz 
ont  promis(j.  Toutefois  je  demeure  tousjouis 
en  mon  opinion  qu'il  no  lault  user  envers 
eux,  jusques  ad  ce  que  toutes  ces  menées 
soient  pass('es,  que  par  forme  d'einpruntz 
aus(juels  ils  seront  C(uitiaigiiables.  comme 
Ton  laisoil  cy-devanl,  mais  il  lault  bien  causer 
les  eNjM'dilioriS  el  contrainctes  qui  se  feront 
pour  cela  sur  le  beau  subject  des  bonnes 
et  grandes  raisons  (|ui  \  sont,  el  (pie  c'est 
pour  satislfaiie  aux  rentes  de  l'iioslel  de  \ille 
de  Paris,  à  qiioy  ils  sont  obligez;  en  ce  faisant 
vous  formerez  la  bourbe  à  ceulx  qui  voul- 
droient  mal  jiarler.  Cependant  j'attenderav 
par  le  retour  de  Vérac  ce  (jue  aurez  reVolu 
pour  ceulx  du  clergé  des  général! lez  de  deçà, 
et  le  feiay  suivre  le  niieulx  (jue  l'on  pourra, 
tant  pour  les  arivraiges  (ju'ilz  doibvenl  pour 


cesti'  présente  année,  où  auicuiis  uOnI  encore 
rien  commencé  de  fournir,  juiucipallemenl 
du  costé  de  deçà  de  la  Guienne  et  du  Lan- 
guedoc, s'excusans  sur  leurs  nou-jouissaiices. 
Je  ne  scay  au  vray  comme  ils  eu  ont  fairt  en 
Daulpliiné  et  Provence,  où  vous  m'escriprez 
que  je  m'acbemiiie  et  passe  en  m'en  retour- 
nant, espérant  que  ma  présence  vous  y  pouria 
beaucoup  servir.  Croiez  que  je  ne  plaindrav 
jamais  mes  peynes  tant  ijue  je  penseray 
(ju'elles  vous  peuvent  servir,  et  selon  que  je 
verrav  que  y  seront  les  cboses,  lorsque  j'auray 
fait  ce  (pii  faudra,  je  y  passerav,  s'il  en  est 
besoing.  (le|)endant  je  contiuuerav  à  y  es- 
cripre  pour  pacifier  toutes  cboses,  dont  j'av 
b(Mine  espérance.  Il  est  vray,  que  ung  gentil- 
boiume  que  m'a  envoyé  le  s' de  Maugiron  '  m"a 
dict  cejourdbuy  que  tout  s'y  porte  bien  à 
présent,  et  que  ledict  s'  de  Maugiion  est  passé 
au  travers  de  tout  le  pays  de  Provence  avec 
seulement  soixante  cbevaulx  jusques  à  Aix, 
où  il  est  à  [irésenl;  mais  il  ma  dict  que  le 
s'  do  Carres  estoit  eiu'oi\' avec  (juelipies  forces 
en  Cbampaignve.  Cela  me  fait  doubler  qu'ilz 
ne  sont   pas   du    tout   accordez.  Toiittefois    il 

confirme  que  les  s"  de  ' estoient  encore 

après  pour  les  accorder,  comme  j'espère  qu'ils 
feront,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digue  garde. 

Kscript  à  L'isle  eu  Jourdain,  le  xvii''  no- 
vembre 1  ï)i>>. 


'  M.  de  iMaiigiron  ct;iil  lieutenant  géuiiral  au  gou- 
vernemont  de  Daii|iliiiié  dopiiis  pins  de  quinze  ans.  Les 
orcliives  de  la  ville  de  Lyon  (AA,  20)  contiennent  une 
douzaine  de  Içllres  à  lui  adi'esst'es  par  (Catherine  de 
Mi'dicis.  (Jueli|ues  auties  Fe  Irouvent  aux  arcliives  du 
Rln')ne,  cl  surtout  il  y  a  un  dossier  assez  considérable 
de  son  adininislralion. 

-   En  lilanc  dans  le  nianusci'il. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDICIS. 


l'io 


1578.  —  18  novemhre. 
(lopie.  Bilil.  nal.  .  Fnniis  fianç.iis ,  n"  3.ioo ,  PSgv'''. 

[AU  ROI  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  suivaiil  l;i  lellre  (juc> 
m'avez  particullièremenl  escriptc  pour  le  faict 
,de  Bretaigne,  nous  avons  avisé  mes  cousins 
le  duc  de  Monlpensier  et  prince  Daulpbiu  et 
moy,  que  le  meilleur  sera  de  mecire  la  pro- 
chaine tenue  des  Estats  dudict  païs  au  lundi 
XXII™'  du  mois  procliaiti,  qui  sera  trois  jours 
devant  la  leste  de  i\oël,  pendant  lesquels  Ton 
aura  assez  de  loisir  pour  re'souidre  les  affaires 
qui  se  debvront  traicter,  estiinl  le  duc  de 
Montpensier  de'libe'ré,  pour  la  grande  affec- 
tion qu'il  a  au  bien  de  vostre  service,  de  s'y 
acheminer  et  partir  d'icy  vers  le  premier  jour 
du  mois  prochain,  et  le  prince  Daulpbin  avec 
luy,  pour  arriver  à  Rennes  le  xx%  s'il  est  pos- 
sible; et  si  le  duc  de  Montpensier  veoyoitque 
sa  santé'  ne  peull  permettre,  pour  ce  qu'il  est 
à  présent  souvent  malade,  d'y  aller,  combien 
qu'il  se  délibère  en  cela  de  faire  tout  ce  qu'il 
pourra,  il  y  enverra  le  prince  Daulpbin,  bien 
instruict  de  toutes  choses  pour  le  bien  de 
vostre  service;  mais,  ainsi  qu'il  est  porté  par 
vostre  dicte  lettre,  je  suis  d'advis,  en  quelque 
sorte  que  ce  fust,  que  vous  envoyez,  pour  l'as- 
sister à  ladicte  tenue  des  Estais,  quelques  des 
s"  de  vostre  Conseil,  qui  sont  fort  capables  de 
vostre  intention  et  de  voz  affaires  et  de  ceul\ 
dudict  pais  de  Brelaigne,  principalleinentpour 
cesle  nouvelle  imposition  de  la  Iraicte  fo- 
raine; car,  ad  ce  que  j'ay  entendu,  ceulx  du- 
dict pais  ont  faict,  oultre  la  déclaration  dont 
ilz  s'accordèrent  dernièrement  à  Fougères,  que 
vous  avez  fort  bien  faict  de  déclarer  nulle,  telle 


'   En  marge  :  rrEnvovce  par  led.  Iiomnie,  venu  vers 
adite  dame  pour  lesdils  liabiUins  du  Puy.Ti 


résolution  entre  eulx  (|ue  la  delfense  (jue  vous 
faictes  de  ne  transporter  aucuns  blcdz  attirera 
après  soy,  si  vous  n'y  estes  bien  servi  par  quel- 
qu'un qui  leur  l'ace  de  bonnes  remonstrances, 
beaucoup  de  grands  mécontentemens,  qui 
pourroient  estre  cause,  avec  les  menées  et  mau- 
vais offices  (]ue  l'on  faict  aussi  bien  en  ces 
provinces  là  que  aux  aultres,  d'y  faire  faire 
(juelque  rumeur.  Voylà  pourquoy  je  vous  prie 
de  bien  considérer  ce  qui  sera  bon  de  faire 
en  cela;  et  que  celui  de  vostre  Conseil  qui 
ira  audicl  pays  de  Bretaigne  soit  fort  capable 
et  pourveu  de  bonnes  raisons  et  instructions, 
non  seulement  pour  respondre  et  satisfaire  aux 
difficultez  qui  se  trouveront,  mais  aussi  pour 
modérer  et  contenter  ceulx  dudict  païs,  aflin 
(jue,  comme  icelluy  païs  a  tousjours  esté  net 
de  troubles  et  divisions  par  le  grand  solng 
qu'en  avez  veu,  il  puisse  tousjours  demeurer 
ferme  en  l'affection  et  vraye  obéissance  qui 
vous  est  deue;  vous  vouUaut  dire  Lieu  aussi, 
à  ce  propos,  que  si  cedicl  faict  des  Iraicles  et 
impositions  nouvelles  a  donné  subject  en  Bre- 
taigne aux  malicieux  mal  affectionnez  à  vostre 
service,  pour  y  brouiller  et  traverser  voz  af- 
fiiires,  il  fault  que  je  vous  dise  qu'il  s'en  est 
faict  de  mesme  en  ce  gouvernement  de  Gu- 
yenne et  de  Languedoc,  où,  comme  vous  aurez 
veu  par  ladépesche  que  je  vousay  faicte,  il  y  a 
quelques  jours,  et  par  arrest  donné  sur  cela 
])ar  vostre  Parlement  de  Bourdeanlx;  enquoy 
je  vous  prie  prendre  une  bonne  résolution 
pour  les  eostez  de  deçà,  et  prendre  en  bonne 
part,  si  je  vous  dys  que  la  noblesse  principal- 
lement,  de  laquelle  je  scay  le  revenu  consister 
la  plus  part  en  bleds  et  en  vins,  m'en  faict 
tous  les  jouis  des  plainctes  et  remonstrances, 
disans  qu'ils  n'ont  aulcun  moyen  de  faire  ar- 
gent et  jovr  de  leur  revenu  que  par  le  débit 
de  leurs  bledz  et  vins,  qui  leur  est  enipes- 
ché  |)ar  le  moyen  de  ceste  imposition  nouvelle, 


126 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


laquelle,  combien  que  je  leur^  aye  reraonstré 
que  c'est  chose  qui  a  esté  ainsi  avisée  et  re'so- 
lue  aux  Estais  Géne'raux  tenuz  à  Blois,  que 
ce  qui  s'en  prend  n'est  que  sur  l'estranger  et 
que  les  deniers  sont  destinés  pour  le  paiement 
de  ce  qui  est  deu,  pour  les  guerres  passées, 
aux  Suisses,  dont  l'alliance  nous  est  si  néces- 
saire. Je  recommenceray,  avec  toutes  les  autres 
raisons  que  je  leurs  puis  dire  là  dessus,  ne 
laissant  pourtant  de  le  trouver  dur  et  difGcile, 
me  remonstrant  tousjours  que,  si  elle  a  lieu, 
que  c'est  enfreindre  les  privilèges  dudict  pais 
et  beaucoup  d'intérêts  pour  eux,  d'aultant  que 
n'en  vendent  pas  si  bien  leurs  bledz  et  vins. 
Vous  ayant  bien  voulu  représenter  ce  que 
dessus,  affin  que,  tout  ainsy  que  vous  y  pour- 
veoirez  pour  le  costé  de  Bretaigne,  vous  en 
résouldiez  aussi  pour  ce  costé  de  deçà  le  plus 
promptement  que  faire  se  pourra;  car  il  n'en 
est  pas  moins  besoing. 

Entre  cy  et  le  premier  jour  du  mois  pro- 
chain, j'espère  que  nous  aurons  bien  advancé 
avec  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  la  relli- 
gion  prétendue  réformée  en  la  conférence  que 
nous  devons  avoir  avec  eulx,  de  sorte  que  mes- 
dictz  cousins  le  duc  de  Montpensieretle  prince 
Daulpbin  pourront  partir,  à  peu  près  résoluz 
de  ce  qui  s'en  debvra  espérer,  afin  que,  selon 
cela,  ilz  se  puissent  conduire  pour  le  bien  de 
vos  affaires  et  service  au  gouvernement  de 
Bretaigne  1;  priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  l'Isle  en  Jourdain,  le  xviii"  no- 
vembre 1678. 


'  Voir  à  l'Appendice  une  sorte  de  mémoire  envoyé  à 
la  reine  mère  et  au  duc  de  Montpensier  sur  les  réclama- 
lions  des  Etats  de  Bretagne. 


1578.  —  18  novembre. 
Orig.  Bibl.  nal. .  Fonds  français,  n°  33îo,  ^  58. 

A  MONSIEUR  BRULART. 

Monsieur  Brulart^  vous  verrez  la  dépesche 
que  je  faitz  au  Roy  monsieur  mon  filz  sur 
celle  que  j"ay  reçue  dernièrement  de  iuy  pour, 
les  affaires  de  Bretaigne;  en  quoy  je  m'as- 
seure  que  vous  userez,  comme  vous  avez  ac- 
coustumé,  de  la  dilligence  requize  aux  choses 
que  le  Roy,  monsieur  mon  filz,  advisera  pour 
le  faict  de  l'imposition  foraine  principalle  : 
c'est  ung  affaire  très  important;  cependant  il 
fault  dilligemment  envoyer  les  lettres  et  ex- 
péditions nécessaires  pour  la  tenue  des  Estatz 
dudict  pais  de  Bretaigne,  le  xxii'  du  mois 
prochain.  Si  mondict  s''  et  filz  suit  l'advis  de 
mon  cousin  le  duc  de  Montpensier  et  de  moy, 
qui  suis  d'advis  (comme  verrez  que  je  lui 
escripts)  qu'il  y  envoie  quelqu'un  des  princi- 
paulx  de  son  conseil,  qui  soit  bien  instruict, 
et  ait  de  quoy  respondre  à  ceulx  dudict  pais 
sur  toutes  choses  dont  ilz  feront  instance, 
comme  principallement  de  ladicte  imposition 
foraine  et  aussi  de  la  vente  des  feux  de  fouaige, 
et  pareillement  des  éditz  qui  ont  esté  en- 
voyez au  Parlement  pour  vérilTier,  et  aussy  de 
levée  des  deniers.  Il  est  bon  de  prévoir  en 
toutes  ces  choses  là,  afin  que  chascun  entende 
les  raisons  et  occazions  sur  lesquelles  sont 
fondées  toutes  ces  choses  susdictes,  quand 
l'on  les  a  faitz,  et  que  celuy  qui  yra  audict 
pais  pour  assister  auxdits  Estatz,  avec  mesdits 
cousins  les  ducs  de  Montpensier  et  prince  Daul- 
pbin, aye  de  bonnes  et  amples  instructions 
de  tout.  Cependant  je  vous  prie  m'escripre  le 
plus  souvent  que  vous  pourrez  des  nouvelles 

'  Pierre  Bralart,  seigneur  de  Crosne  et  de  Genlis, 
d'abord  secrétaire  des  commandements  de  Calberine  de 
Médicis,  puis  secrétaire  d'Etat. 


LETTRES  DE  GATHEKINE  DE  MÉDICIS. 


du  Roy  monsieur  mon  (ilz,  car  c'est  le  plus 
forl  bien  et  aize  que  je  puisse  recevoir,  priant 
Dieu,  Monsieur  Brulart,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  l'Isie  eu  Jourdain,   le  xviii'  no- 
vembre 1578. 

CiTERIJiE. 


1578.  —  23  novembre. 

Orijj.  Bibi.  uat. ,  Komis  français,  n^Sigi,  f"  iSj. 

A  M0\  COUSIN 

LE  S'  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  je  suis  en  extresme  peyne  et 
ennuy  de  la  nouvelle  qui  est  ce  seoir  venue 
à  mon  fdz  le  roy  de  Navarre,  que  la  RëoUe  a 
este'  prinse  par  les  Catholicques  '.  C'est  une  des 
villes  qui  sont  par  l'esdict  baillées  en  garde  à 

'  La  Réole  était  une  des  places  de  sûreté  accordées 
aux  protestants  par  le  dernier  traité  de  paix  signé  à  Ber- 
gerac; elle  fut  reprise  par  les  catlioliques  vers  le  milieu 
de  novembre  1378,  grâce  à  la  trahison  du  sieur  d'Lîssac, 
gouverneur  de  la  ville.  Le  roi  de  Navarre  en  fut  foit 
mécontent  et  obtint  du  roi  la  promesse  de  restituer  la 
place.  —  Voir  la  lettre  de  Henri  111  du  G  décembre  1578  , 
dans  le  ms.  fr.  fîoSog,  1^237,  et  les  historiens  du  temps, 
P.  Mathieu,  in-fol.,  t.  1,  p.  iiC;  Les  Economies  royales, 
cliàp.  s;  Lettres  de  Henri  IV,  in-i°,  t.  I,  p.  aoa  ;  Histoire 
universcHe  de  d'AtM;riw,  cdit.  de  la  Société  de  l'Histoire 
de  France,  t.  V',  p.  356.  —  11  existe  toute  une  légende, 
que  la  reine  mère  ne  rapporte  pas ,  sur  les  causes  qui  pous- 
sèrent le  vieux  soldat  huguenot  d'Ussac  à  passer  subite- 
ment au  parti  catholique.  On  raconte  qu'il  avait  été  pris 
d'une  folle  passion  pour  la  belle  Anne  d'Atri ,  une  des  filles 
d'honneur  de  Catherine,  et  que,  blessé  daus  son  orgueil 
par  les  plaisanteries  que  s'étaient  permises  à  cette  occa- 
sion Henri  de  Bourbon,  Turenne  et  les  autres  religion- 
naires,  il  se  serait  décidé  à  leur  enlever  la  Réole.  C'est 
pendant  un  bal  de  la  cour,  à  Auch,  que  le  capitaine  Favas, 
zélé  protestant,  envoya  un  courrier  prévenir  le  roi  de 
Navarre  de  l'événement.  (  Histoire  de  Marguerite  de  Valois , 
par  le  comte  de  Saint-Poney,  Paris,  1887,  in- 12,  t.  ]I, 
p.  32.) 


127 

cculx  de  la  reiligion  prétendue  réforme'e  ',  et 
m'asseure  que,  s'il  est  vray  qu'elle  soit  prinse 
(ce  que  je  ne  puis  encores  bien  croire),  que 
le  Roy,  monsieur  mon  filz,  n'en  a  jamais  rien 
entendu  et  que  cella  est  faici  sans  luy,  ny 
d'aucun  consentement  de    pas   ung  de   tous 
ceulx  qui  sont  ity,  comme  j'ay  bien  asseure' 
à  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  à  ceuk 
qui  sont  avec  luy.  Il  est  parly  tout  soudan 
aller  coucber  à  Florence-,  se  délibérant,  à  ce 
que  j'ay  sceu,  de  s'acheminer  du  costé  de  la 
Réolle,  où  j'ay  si  tost  envoyé  Beauregard, 
guidon  de   la  compaignie  de  mon  cousin  le 
mareschal  de  Biron,  l'aiaut  fait   passer   par 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,   affîn  qu'il 
envoyé  ung  gentilhomme  des  siens  pour  luy 
en  rapporter  la  vérité,  dont  aussi  m'advertira 
Icdict  Beauregard  par  ung  courrier  que  j'ay 
en\oyé  avec  luy,  de  sorte  que  j'espère  avoir 
bicntost  des  nouvelles;  et  ne  veulx  oublier  de 
vous  dire  que  j'ay  donné  charge  audict  s'  de 
Beauregard  (si  ainsi  est  que  ladicte  ville  ayt 
esté  surprinse),  de  commander,  de  ma  part, 
à  ceulx  qui  seront  dedans  de  la  restituer  in- 
continent aux  mains  de  ceulx  de  la  reiligion 
prétendue  réformée,  afEn  que  cella  ne  puisse 
estre  cause  de  troubler  repos  et  empescher  de 
parachever    le    bon    œuvre   commancé   pour 
l'exécution  de  l'e-sdict  de  pacifïicaliou  et  esta- 
blissement  de  la  paix,  n'aiant  pas  oublié  de 
leur  mander  que,  s'ils  y  font  faulte,  je  leur 
feray  bien  sentir  la  peyne  et  le  danger  grand 
où  ils  m'ont  mis  et  tous  les  princes,  seigneurs 
et  autres  qui  sont  icy  avec  moy.  Que  tous  sça- 

'  L'article  lix  de  l'édit  signé  à  Poitiers  en  septembre 
1677  portait  :  ttNous  avons  baillé  en  garde  à  ceux  de 
ladicte  Religion  prétendue  reformée,  pour  le  temps  et 
terme  de  six  ans,  les  villes  qui  s'ensuyvcnl  :  en  (iuyenne, 
Périgueux,  la  Reolle  et  le  Mas  de  Verdun,  n 

-  Fleurance,  jolie  petite  ville,  sur  la  rive  gauche  du 
Gers,  à  1 1  kilomètres  de  Lectoure. 


128 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


chent,  mon  cousin,  i]ue  je  n'espargneray  rien 
pour  en  faire  la  justice,  y  aiant  (comme  j'ay 
sceu  (le  mondict  cousin  le  mareschal  do 
Biron)  bien  de  quoy,  s'ilz  ne  remectent  sou- 
dainement la  ville  par  doulceur,  la  forcer  et 
faire  battre  de  pièces  et  munitions  d'artiilerye, 
qui  n'en  sont  pas  loing,  et' ne  sera  malaizé 
d'assembler  bientost  des  forces  pour  y  aller;  et 
de'lib^rant,  ainsy  que  j'ay  dict  et  mandé  à 
mondict  filz  le  roy  de  Navare,  de  joindre  nos- 
dictes  forces  ensemble,  affin  qu'il  veoye  de 
quel  pied  nous  marcbons  pour  reprendre  la- 
dicte  ville,  ayant  aussy  prie'  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre  que  cella  ne  soit  pas  cause 
d'interompre  et  divertir  ledict  bon  et  sainct 
œuvre  pour  lequel  je  suis  venue  par  deçà  et 
lequel  est  si  bien  commancé  et  dont  nous  de- 
vons prendre  la  résolution  en  bref,  ainsy  que 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  ni'avoit  encores 
aujourd'buy  très  sérieusement  promis  que  luy 
et  ceulx  de  la  religion  avoient  délibéré  de 
faire,  et  m'en  donner  bon  contentement.  Je 
feray  tout  ce  que  je  pourray  pour  que  cella 
ne  soit  pas  cause,  soit  qu'il  soit  vray  ou  non, 
de  discontinuer  nostredict  chemin  et  de  l'exé- 
cution et  eslablissement  de  la  paix.  Nous 
avions  accordé,  avec  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre,  la  dépesche  des  s"  Joieuze  et  de  Ter- 
ride  pour  aller  en  Languedoc  faire  ce  que 
nous  avions" advisé,  et  en  estoient  les  dépesches 
toutes  prestes,  mais  je  crains  bien  que  cecy 
les  retarde.  Toutefois  je  feray  ce  qu'il  sera 
possible  pour  faire  en  sorte  qu'elles  ne  soient 
différées;  car  je  suis  bien  asseuré  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  veult  garder  et  observer 
son  esdict  de  paciffication  et  qu'il  mandera  in- 
continent que  l'on  face  chastier  ceulx  qui 
auront  faict  ce  désordre. 

Cependant  je  vous  envoyé  lettres  de  re- 
charge aux  trésoriers  généraulx  et  receveurs 
généraulx  de  Montpellier,  pour  mecire  incon- 


tinent et  aller  tenir  le  bureau  de  la  receple 
généralle  à  Béziers,  ainsy  que  je  leur  en  ay 
cy  devant  escript,  et  aussy  pour  y  rapporter 
anviron  nu"  escus,  que  le  sieur  évesque  de 
Béziers  m'a  dict  que  lesdictz  trésoriers  et  rece- 
veurs de  Montpellier  ont  prins  des  deniers  de 
la  recepte  généralle.  Priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Auch,  le  xxu'de  novembre  1678, 
au  soir. 

Mon  cousin,  je  crains  bien  que  ceste  nou- 
velle esmeuve  ceulx  de  la  religion  ou  qu'elle 
soyt  suivye  de  quelque  autre  chose  qui  peult- 
eslre  est  préveue  de  là;  à  cette  cause  je  vous 
prie  de  regarder  s'il  sera  pas  bon  que  vous 
vous  en  veniez  à  Castel  Sarrazin  pour  me  fa- 
voriser pendant  que  je  seray  en  ce  lieu,  d'oiî 
je  n'espère  pas  partir  que  je  ne  veoye  que  c'est 
que  1  produira  ceste  fascheuse  nouvelle.  Cepen- 
dant le  s' de  Joieuze  demeurera  àThoulouze, 
pour  y  contenir  toutes  choses  en  repos  et  union 
soubz  l'obéissance  du  Roy  mondit  seigneur. 

De  sa  main  :  Mou  cousin,  vous  diriés  que 
tout  ay  déchèné^  pour  enpescher  la  pays;  mes 
je  vous  aseure  bien,  s'il  est  vray  que  sesi  soint 
come  l'on  le  dist,  que  je  me  deslibère  d'en 
faire  tele  punision,  cet  ^  je  les  puys  avoir,  qu'il 
en  seré  à  jamès  mémoyre;  car  voyés  en  quel 
denger  yl  m'ont  cuidé  mettre*. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


'   Que  c'est  qne,  ce  que. 

-   Ay  déchèné  :  est  décliai'né. 

'  Cet,  si. 

'  Cette  lettre,  d'une  lecture  difficile,  a  déjà  été  pu- 
bliée par  courts  extraits  dans  VHistoire  de  ta  Réforme  et 
de  la  Ligue  de  CapeGgue,  in-8°,  i83i,  t.  IV,  p.  1^9. 
I^e  manuscrit  était  alors  coté  Béthune,  n°  8708. 


[,ETTIiES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


i-29 


1578.  —  3  3  novembre. 
r.o|iie.  Bibi.  iial. ,  Fonds  français ,  n"  3.300  .  f'  90  V  '. 

[Alj   ROY  MONSIEUR  M0>    FILS.] 

Monsieur  mon  lils,  je  say  bien  qu'il  no 
peult  esli'c  (jue  vous  ne  trouviez  estrange  et 
vous  ennuyé  fort  de  la  longueur  et  remises 
que  l'on  nie  faict  de  jour  à  autre,  sans  veoir 
encores  auicun  efleci  des  promesses  du  roy 
de  Navarre  et  de  ceulx  du  sa  relligion;  mais 
croyez,  s'il  vous  plait,  qu'il  m'en  fasche  aul- 
tanl  qu'à  vous,  et  si  ce  n'estoit  que  j'ay  tous- 
jours  bien  veu,  depuis  que  je  suis  parniy  eux, 
(jue  auicuns,  (jiii  ont  le  pins  de  nioiens  de 
brouiller,  ne  desiroient  rien  lanl  (jue  je  rom- 
pisse pour  nous  veoir  repriîcipiter  au  malheur 
de  la  guerre,  je  n'eusse  tant  patiente';  mais 
croiez  qu'il  a  fallu  eu  user  ainsv  pour  gaigner 
sur  eulx  le  |ioiut  où  j'eslime  qu'ils  sont  à  prc'- 
sent  résoluz  par  la  volunté  de  tous  ceul.v  de 
leurs  e'glises,  lesquels  sont  à  présent  arrivez, 
ou  dont  ilz  ont  eu  nouvelles  de  cestc  résolu- 
tion qu'ils  ont  faicte  entre  eulx  depuis  peu 
de  jours  seullement,  voyant  la  patience  que 
j'ay  eue  et  la  ferme  asseurance  que  je  leur 
ai  toujours  de'clarée  en  laquelle  vous  estes 
de  entrolenir  entièrement  vostre  édict  de 
paciflicalioii ,  et  que  ceulx  d'entre  euk  qui  ne 
demandent  que  la  guerre  leur  avoient  per- 
suadé au  contraire  et  les  entretenoient  en  telle 
déffiance,  qu'ils  n'eussent  jamais  creu  ce  que 
dessus,  n'eust  este'  la  perséve'rance  et  patience 
que  j'ay  eue  en  cola  ;  et  m'asscure  que,  sans  les 
déclarations  que  j'ay  faictes  de  bouche  aux 
ungs  et  aux  autres  de  l'une  et  l'autre  religion, 
par  tant  de  fois  répétées,  et  dans  tous  les  lieux 
oij  j'ay  passé,  et  que  oultre  cela  n'eusse  es- 


'  En  marge  :  r  Envoyée  par  M.  du  Saulger,  secrétaire 
lie  lu  Royne  mère  du  Roy.» 

Catueuinc  de  Médicis.  —  vi. 


cript  et  faict  publier,  comme  j'ay  faict  par- 
tout, vostre  droicte  et  ferme  intention,  la 
guerre  feust  en  tous  ces  quartiers  de  deçà  aussy 
grande  qu'elle  y  ait  point  encores  esté,  pour 
les  défiances  où  estoient  ceulx  de  la  relli- 
{{ion  prétendue  réformée,  lesquels,  à  ce  que 
j'en  puis  juger  par  les  advis  que  l'on  m'en  a 
donnés  de  divers  lieux  et  qui  parlent  de  gens 
qui  le  peuvent  bien  sçavoir,  pour  eslre  des 
principaulx  d'entre  eulx,  sont  en  l'ésolution 
de  procedder  franchement  à  l'oxécution  de 
vostre  édict  dedans  bien  peu  de  jours  :  ceste 
résolution  ayant  esté  faicte  sur  la  confiance 
qu'ils  voyent  que  je  prends  deulx,  allant  par- 
tout où  ils  veullont,  sans  rien  doubler  ny 
craindre.  Je  prie  à  Dieu  qu'ils  persévèrent 
sincèrement  et  fermement  en  cela,  et  que 
bientost  nous  puissions  nous  assembler,  comme 
ils  me  le  promettent  tous  les  jours  que  nous 
ferons  de  bref,  et  me  dient  que  eussions 
desjà  faict,  n'estoit  qu'ilz  attendent  encore 
auicuns  de  leurs  députiez,  qui  doivent  ar- 
river bientost,  me  promectant  et  m'asseurant 
le  roy  de  ÎVavarre  (jue  les  longueurs  et  le 
retardement  dont  ilz  ont  usé  sera  cause  d'un 
très  grand  bien,  et  me  priant  bien  fort  croire 
qu'ilz  me  contenteront. 

Voilà  ce  que  je  vous  en  puis  dire,  si  n'est 
que,  voyant  le  plus  grand  mal  estre  du  costé  de 
Languedoc,  où  voz  pauvres  subjecis  pastissent 
beaucoup  pour  les  oppressions,  pilierios  et 
rançonnemeus  qu'y  font  en  divers  lieux  entre 
nultres  ung  nommé  Bacom  ',  qui  est  suivy 
de  beaucoup  de  méchantz  gens,  et  ung  aultre 
nommé  Fournier  Poltron,  qui  n'en  a  pas  aussy 
faulte,  j'ay  tant  faict  envers  le  roy  do  Navarre 
qu'il  s'est  accordé  envoyer  en  Languedoc,  en 
attendant  nostredicte  et  ferme  résolution  que 


'  Bacon  ou  Racou ,  capilaine  jirotoslantdu  Narbonnais, 
dont  it  est  fait  mention  dans  les  Mémoires  de  Gâches. 


17 


130 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


nous  prendrons  pour  l'exécution  de  le'dict, 
le  s'  de  Terride,  qui  a  grande  auctorité 
parmv  eulx  du  côte'  de  Languedoc,  où  il  s'en 
va  avfic  le  s'  de  Joyeuse  pour  exe'cuter  en- 
semblement  le  contenu  de  la  commission, 
instruction  dans  laquelle  sera  avec  ceste  lettre 
encloz  ung  double  qu'il  vous  plaira  lire,  es- 
tiniaut  que  lesdits  sieurs,  faisaut  en  cela  leur 
devoir  comme  je  m'asseure  qu'ilz  feront,  y 
donneront  un  grand  acheminement  pour  l'es- 
lablissemont  de  la  paix;  car  s'ils  peuvent 
attraper  les  Bacom  et  Fournieri  et  quelques 
ungs  de  ceux  qui  sont  avec  eulx,  c'est  chose 
bien  asseurée  qu'ils  en  feront  faire  justice 
exemplaire,  le  roy  de  Navarre  l'ayant  ainsy 
très  expresse'ment  commandé  en  ma  pré- 
sence au  s''  de  Terride,  qui  m'a  aussi  pro- 
mis de  ne  s'y  faudre  pas,  comme  je  m'asseure 
que  me  fera  particulièrement  ledict  s'  de 
Joyeuse,  m'asseurant  aussy  que  cela  servira 
à  retenir  dans  ledict  pays'  de  Languedoc 
beaucoup  de  telles  manières  de  gens,  quand 
ils  verront  justice  estre  faicte  de  leurs  sem- 
blables, avani  grandement  servy  en  ce  gouver- 
nement de  Guienne  l'exécution  qui  a  esté 
faicte  du  capitaine  Laberte.  qui  est  mort  sans 
aucune  relligion,  le  plus  malheureux  homme 
du  monde,  comme  vous  aurez  veu  par  ma 
dernière   dépesche    que   je    feiz   bailler    par 

celui  qui  estoit  ici  venu  pour  les -,  par 

laquelle  je  vous  escripvis  si  amplement  de 
toutes  les  particularités  et  occurences  concer- 


'  Ce  capitaine  Foiirnier  était  une  sorte  de  brigand 
comme  le  capitaine  Merie.  Il  est  ainsi  désigné  dans  )a 
r-Remonstrance  des  Etats  de  Languedoc  à  la  reine  mère 
en  1578  :  «Un  nommé  le  cappitaine  Fournier,  dict 
Poultron,  qui  lient  ie  lieu  de  Brugnerolles,  faict  apper- 
tement  la  guerre,  ayant  faict  du  butin  despuys  la  paix 
pour  plus  de  cinquante  mit  escus  et  plusieurs  massacres,  v 
Ms.fr.  333  4,  f  93. 

'  Probablement  :  «les  habitans  de  Gicim. 


nant  voz  alfaires,  que  pour  éviter  vous  es- 
crire  des  redictes,  je  n'estenderay  ceste-cy 
davantaige,  si  n'est  pour  vous  dire  que  le  roy 
de  Xavarre,  dès  le  jour  mesme  que  je  party  de 
risle  en  Jourdain,  vint  au  devant  de  moy  et 
m'accompaigna  jusques  à  Gimont,  oii  il  cou- 
cha, et  vint  encore  le  lendemain  disner  avec 
nous  en  une  petite  ville  nommée  Biel'  (sic). 
qui  est  à  deux  lieues  d'icy,  dont  il  alla  cous- 
cher  à  my-chemin  de  Florence,  où  son  train 
et  la  plupart  de  ses  gens  l'attendoient:  mais, 
pour  ce  que  la  Royne  sa  femme  se  trouva  img 
peu  mal  au  Biet,  elle  y  coucha,  qui  fut 
cause  que  je  séjournay  hier  icy-,  l'attendant; 

'  L'erreur  du  copiste  est  évidente  :  c'est  Aubiel  i]u'il 
faut  lire ,  gros  bourg  à  1 7  kilomètres  d'Aucb ,  sur  la  route 
de  Toulon  et  à  moitié  chemin  de  Gimont. 

-  Le  16  novembre,  une  lettre  du  maréchal  de  Biron 
avertissait  les  consuls  dAucli  de  se  disposer  à  faire  une 
brillante  réception  aux  princesses;  et  d'ailleurs,  dès  le 
29  octobre,  ceux-ci  avaient  envoyé  à  Toulouse  une  dé- 
putation,  à  laquelle  s'étaient  joints  quelques  bourgeois 
pour  «baiser  les  mains  auxdites  lieynesn. 

Le  jeudi  ao  novembre,  la  reine  mère  entra  par  la 
porte  de  la  Treille;  et  les  consuls  la  haranguèrent  et  lui 
présentèrent  les  clés  de  la  \ille.  Elle  assista  à  un  Te  Deum 
dans  l'église  Sainte-Marie,  et  alla  loger  à  la  Mirandole 
de  la  Clianoinie.  Marguerite  de  Valois  ne  Wnt  la  retrouver 
que  le  lendemain.  Le  roi  de  Navarre  arriva  le  samedi, 
et  s'installa  au  palais  archiépiscopal  :  les  consuls  le  trai- 
tèrent en  souverain,  oubliant  qu'il  avait  récemment  en- 
voyé Roquelaure  pour  s'emparer  de  la  cité. 

Le  séjour  de  cette  petite  cour  à  Auch  se  prolongea 
jusqu'au  9  décembre  «après  disnén,  la  reine  devant  aller 
«droict  à  >'érac-  ;  mais  elle  s'arrêta  à  Condoni.  Il  y  avait 
eu.  pendant  ces  trois  semaines,  des  fêtes  perpétuelles; 
l'entourage  de  Catherine,  dit  Sully,  «ne  s'amusant  tous 
à  autre  chose  qu'à  rire,  dancer  et  courir  la  baguen.  C'est 
pendant  un  de  ces  bals,  comme  on  verra  plus  loin, 
que  le  roi  de  Navarre  fit  sou  expédition  sur  Fleurance.  Le 
maréchal  de  Biron  avait  promisà  la  ville  d'Aucb  que  toute 
la  dépense  occasionnée  par  le  passage  de  si  grands  per- 
sonnages serait  intégralement  pajée.  En  partant,  la  reine 
mère  recommanda  aux  consuls  de  «faire  bonne  guarde 
a\ix  fins  que  ladite  ville  ne  feut  surprinse  des  ennerays 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  Mi-DICIS. 


131 


et  considérant  qu'il  y  a  encore  deux  jourueps 
d'icy  à  Coudom,  je  me  suis  résolue,  pour  ue 
marcber  point  demain,  qui  sera  dinaanchc, 
de  ne  partir  de  ce  lieu  jusques  à  iundy,  oîi 
inondict  fils  le  roy  de  \avane  le  saicliaiil, 
nous  est  venu  ce  jour  d'huv  trouver. 

Je  vous  prie,  Monsieur  mon  Gis,  de  com- 
mander aux  sieurs  de  vostre  Conseil  et  au  b-é- 
sorier  de  vosli-e  Espargue  d'envoyerou  faire  en- 
voyer icy  argent  pour  les  voyaiges  que  je  suis 
contraincte  de  faire  faire,  dont  ceulx  qui  sont 
près  de  moy  ont  faict  fadvance  jusques  icv, 
car  toutes  choses  fussent  demeurées  :  ladicte 
advance  est  déjà  bien  près  de  quatre  mil  livres; 
mais',  quand  on  viendra  à  l'exécution  du  gros 
de  l'édict,  il  en  faudra  bien  davantaige;  car  il 
faudia  bailler  argent  à  ceulx  qui  sont  députez, 
car  aultrement  ils  n'iroient  pas,  siiz  seront 
gens  de  qualité,  et  ausquels  on  fera  la  taxe 
par  Tadvis  de  ceulx  de  vostre  Conseil  qui  sont 
par  deçà,  et  y  sera  faict  au  meilleur  mes- 
naige  que  l'on  pourra.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Auch,  le  samedi  xxir  novembre 


1078. 


Vostre  bonne  mère, 


1578.  —  ai  novembre, 
Aul.  Bibl,  nat. ,  Foods  Dupuy,  11"^  11,  ï*  i3. 

AU   ROY  DE  NAVARRE. 

Mou  fils,  quent  Alonsieur  de  Toureyne  ayst 
a  rivé,  je    venès   de    resevoyr  des    ietres  du 

du  roy  et  repos  public,  ains  la  maintenir  et  conserver 
en  l'obéyssance  du  roy,  comme  l'on  avait  faict  jusqu'ici». 
—  Voir  Histoire  de  la  ville  d'Auch  par  P.  Lall'orgue, 
Auch,  i85i,  a  vol.  in-8°,  t.  I,  p.  aoji;  Mémoires  de 
Sully,  etc. 


sifur  de  Duras',  par  lesquelles  me  mendoyt 
coaient  ceuLx  de  la  ville  de  la  Réolle  s'étovent 
mis  den  le  château  et  n'avoynt  tué  que  deus 
hommes,  et  que  Favas  n'i  aytoit  poyut.  C'et 
diause  qui  me  déplel  ynCuiraent,  do  peur 
que  cesi  aporte  quelque  remeumeut  sudevn-, 
avent  que  l'on  saiche  l'ordre  que  je  donne; 
mes  j'ème  mieulx  que  ce  soyt  ynsiu.  que 
ce  s'eust  aysté  par  (juelque  aultrcs  menées. 
Le  maréchal  de  Biron  part  demayn  au  matin 
pour  y  aler  et,  s'il  et  posible,  entrer  dedens, 
pour  après  la  vous  remectre  entre  lé  mavns, 
ynsin  que  le  Roy  la  vous  ha  ballaye;  et  moy 
je  mi  achemine  ausi,  afin  de  favoriser  falave 
dudist  maréchal,  ynsiu  que  le  vicomte  de 
Toureyne  vous  dire  et  le  sieur  de  Miosens, 
qui  ont  tou  deus  oui  cet  que  ennay  résolu.  Et 
pour  cet  ayfest  m'en  voy  demayn  coucher 
à  Gigun,  où  je  desirerès  ynfiniment  pouvoyr 
vous  voyr;  car  yl  est  plus  que  nésésayre, 
pour  contenir  un  chacun,  que  l'on  conoyse 
que  cesi  n'a  rien  altéré  de  nos  bonnes  vo- 
luntés;  car  tout  ynsin  que,  pour  cet  que  a 
fest  Chatillon,  nous  n'avons  lésé  de  contineuer 
à  voulouyr  ayfecluer  la  pays,  encore  par  plus 
forte  rayson,  puisque  ce  ne  sont  que  les  ha- 
bitans  pour  le  mauves  trètement  de  leur  go- 
verneur  qui  l'on  fest  cesi,  ne  fault-y  léser  de 
continuer  le  bon  heuvre;  et  vous  prie  haster 
les  desputés,  afin  que,  yncoutinentque  ladisle 
Réole  sera  remise,  que  achevions  etnedon- 
nyons  plus  lyeu  par  la  longueur,  à  ceulx  qui 
ne  \eulet  la  pays,  de  faire,  au  ^  de  vostre 
coûté  au  du  nostre,  quelqu'aulstre  algararete; 
car  croyés  que  c'et  leur  fayre  grent  plésir  de 
tent  diféréi'.  Je  annay  dist  audisl  viconte  set 

'  Jean  de  Durfort,  \icomte  de  Duras,  baron  de  Rosan, 
élait  fort  dévoué  à  la  Cour;  il  avait  contribué  à  brouiller 
le  roi  de  Navarre  avec  son  cousin  le  prince  de  Condé. 

^  Sadeyn  :  soudain. 

'  Au  :  ou. 


132 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  je  an  conoys,  qui  me  fest  vous  prier  de 
haster  tout,  afin  que  ne  perdions  plus  temps. 
Je  prie  à  Dieu  qu'il  vous  conserve. 

De  Hoch ',  le  xsnii""'  de  novembre  1678. 

Vostre  bonne  mère, 

Caierine. 


1578.  —  a5  novembre. 
Copie.  Bibl.  liât.,  Fonds  français,  n°  33oo  ,  f*  9a  ^. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0.\  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  vous  aurez  veu,  par  la 
de'pesclie  que  je  vous  ay  envoye'e  par  du  Sau- 
ger,  les  bons  termes  èsquels  nous  estions 
pour  nostre  ne'gociation  et  l'establissement  de 
la  paix,  quand  la  nouvelle  de  la  surprinse 
de  la  ville  et  chasteau  de  la  Réolle  est  arrivée  ; 
et  si  vous  aurez  aussy  entendu  par  du  Sauger 
comme  et  par  qui  ladicte  surprinse  a  esté 
laide;  car  je  le  feys  expressément  passer  par 
ce  coslé  là,  pour  vous  en  pouvoir  faire  en- 
tendre les  parlicullarilez,  lesquelles  sont,  à  ce 
que  j'en  ay  peu  sçavoir,  que  les  habita  ns  de 
ladicte  ville,  se  sentans  infiniment  oppressez 
et  mal  traiclez  du  cappitaine  Favas,  ayant 
sceu  qu'il  estoit  allé  en  une  maison  là  au- 
près, qu'il  a  acquise,  à  ce  que  je  puis  en- 
tendre, de  rapines,  seroient,  ou  aucunsd'eulx 
calliolicques,  saisy  dudict  lieu  et  chasteau  de 
la  Réolle  sans  qu'il  y  soit  mort  que  deux  ou 
trois  hommes  do  ceulx  qui  estoient  dedans. 
Voylà  ce  que  j'en  ay  peu  apprendre  par  une 
lettre  que  m'a  escripte  le  s'  de  Duras,  qui 
en  est  assez  près  voisin,  occasion  et  pourquov, 
e1  selon  l'advis  de  mon  cousin  le  cardinal  de 
Bourbon  et  des  s"  qui  sont  icy,  j'ay  advis 
d'envoyer  le  mareschal  de   Biron  devers  les- 

'   Hocli  ;  Auch,  écrit  aussi  Aux. 
"  En  inar(;c  :  r- Envoyée  au  Roy  par  M.  de  La  Moitié, 
qui  est  à  M.  le  maréchal  de  Biron. u 


dictz  habitans  de  la  Réolle  avec  une  bonne 
lettre  que  je  leur  escriptz,  suivant  la  résolu- 
tion dudict  Conseil,  pour  en  entendre  au  vrav 
qui  les  a  meuz  à  cela,  et  faire  envers  eulx  en 
sorte  par  ledict  mareschal  qu'il  puisse  entrer 
en  la  ville  et  icelle  remettre  en  tei  estât  que 
la  faulte  qu'ils  ont  faicte  ne  puisse  tant  préju- 
dicier  à  vostre  service  que  je  fusse  contraincte 
d'y  aller  nioy-mesme,  comme  j'ay  délibéré 
faire,  sy  tant  est  qu'ils  se  rendent  opiniastres, 
ce  que  je  ne  pense  pas  qu'ils  facent,  y  procé- 
dant le  mareschal ,  comme  je  m'asseure  qu'il 
fera ,  de  la  façon  que  nous  avons  advisé  et  qu'il 
est  porté  par  les  lettres  que  je  luv  ay  escriptes, 
desquelles  je  vous  envoyé  le  double,  ayant 
donne  charge  audict  mareschal  de  vous  faire 
entendre  par  ce  porteur,  qui  est  à  luy  el  qui 
va  passer  par  la  Réolle,  particulièrement  et 
au  vray  comme  le  faict  y  est  advenu  et  si 
lesdictz  habitans  n'y  ont  point  esté  poulsez 
de  quelques  aultres,  ce  que  jusques  à  ceste 
heure  je  ne  vov,  et  aussy  l'espérance  qu'il  y 
aura  de  les  remettre,  comme  il  fault  croire 
que  s'il  y  a  lieu  de  le  pouvoir  faire,  ii  le  fera, 
tant  par  le  moyen  de  rauctorite'  qu'il  y  a  que 
par  la  de.vtérité  dont  il  saura  bien  user,  selon 
la  bonne  et  grande  affection  de  laquelle  je 
voy  qu'il  s'emploie  à  toutes  choses  pour  vostre 
service.  Cependant  je  ne  veulx  oublier  de 
\ous  dire  que  dès  l'heure  que  nous  eusmes 
cet  advis,  je  donnay  l'ordre  requis  pour  la 
seuretté  de  vos  villes,  sans  toutefibis  y  rien 
émouvoir  :  je  fis  par  mesme  moyen  les  de- 
pesches  nécessaires  pour  faire  retenir  chacun 
en  son  debvoir,  comme  mon  fils  le  roy  de 
Navarre  feyt  de  sa  part  envers  ceulx  de  sa  reili- 
gion ,  ainsi  qu'il  me  manda  par  le  s''  de  Mio- 
sens  et  que  nous  avons  luy  et  moy  advisé  en- 
semble quand  il  partit  d'icy  et  qu'il  s'en  alla 
à  Florence,  oiî  il  est  encores,  envoyant  d'heure 
à  aullre  devers  moy  et  moy  devers  luy,  pour 


LETTRES  DE  CAT 

lousjoiirs  l"admone?tor  et  Inire  on  sorle  envers 
tous  ceulx  de  sa  relligion  qu'ils  se  contieuueut, 
comme  il  m'a  toiisjours  mandé  avoir  faict  :  et 
encores  hier  le  viconte  de  Turenne ,  qui ,  venant 
icy,  m'asseura  que,  par  le  moven  des  dépesches 
([u'ils  avoient  envoM-es  [)iirloul,  ceulx  de  leur- 
dicte  relligion  se  contiendroient;  mais  à  ce 
(|ue  j'ay  entendeu ,  ceulx  de  Mauvoisin ,  qui  est 
une  petite  ville  où  tous  les  habitants  ^ont  hu- 
guenots, ont  prins  les  armes,  estans  déjà 
quatre  ou  cinq  cens  ensemble;  et  les  catho- 
liques qui  en  sont  voisins  en  sont  aussi  en 
rumeur.  Touteffois  les  principaulx  de  la  no- 
blesse de  ces  quartiers  sont  icy,  qui  m'ont 
bien'oliert  de  me  secourir,  s'il  en  est  besoing; 
mais  vous  pouvez  croire.  Monsieur  mon  Cls, 
que  je  ne  tiendray  pas  ce  chemin  là,  si  je  le 
puis,  au  contraire  que  je  feray  tout  ce  qu'il 
sera  possible  pour  reprendre  les  erres  de 
nostre  ue'gociation.  Cependant,  alfiii  que  vous 
entendiez  toutes  choses,  comme  elles  sont 
passées  et  passent  icy,  je  ne  veux  oublier  de 
vous  dire  comme  le  roy  de  Navarre,  paitant 
d'iry  auprès  d'avec  moy,  comme  je  vous  ai 
escript  par  ie  s' du  Sauger,  s'en  alla,  sans 
toullelois  me  ie  dire,  droictaudict  Florence ^ 
et  combien  qu'il  feut  dix  heures  du  soir 
quand  il  y  arriva,  néantmoing  les  habitants 
de  la  ville  ne  refusèrent  de  le  laisser  entrer; 
mais  estant  dedans,  veoyant  qu'il  demanda 
incontinent  les  clefs  de  la  ville,  ce  qu'il 
n'avoit  pas  faict  les  autres  fois  qu'il  y  avoit 
dernièrement   passé,  et   qu'il  feyt   soubdaiu 

'  Il  est  intéressant  de  comparer  la  version  que  donne 
ici  Catherine  de  Médicis  de  la  surprise  nocturne  de  l'ieu- 
rance  avec  le  récit  enthousiaste  des  Economies  ritt/ales  et 
de  VHistoire  universelle  de  d'Aubigné,  et  le  rôle  hé- 
roïque Joué  dans  celte  aventure  par  Turenne,  Rosny, 
Salignac  el  le  roi  de  Navarre  lui-même.  D'après  les 
lellrt's  de  la  reine  mère,  ie  coup  de  main  semble  avoir 
eu  lieu  dans  la  nuit  du  23  au  28  novembre  iS^b. 


HERINE  DE   MEDIGIS. 


l.iS 


reprendre  les  armes  à  ceulx  des  habitants  de 
ladictc  ville  qui  sont  de  la  relligion,  seulle- 
ment  en   nombre  de  cinquante  ou  soixante, 
el  mis   les  gardes    en   icelle,    s'eslanl  aussv 
publié   en    ladicle    ville    la    surprinàe    de  la 
Réolle,  tout  cela  fui  occasion  que  auicuus  des 
habilans  de  Florence   se   retirèrent  dans  les 
tours  de  ladictc  ville,  qui  est,  ce  me  semble, 
le  moings  qui  pouvoient  faire,  voyant  ce  que 
faisoit  faire  le  roy  de  Navarre,  qui  touteffois 
priut  cela  en  très  maulvaisc  part  e(   l'evt  dé- 
monstration de  voulloir  faire  mettre  le  feu  es 
dictes  tours,  pource  (ju'un  des  soldalz  de  sa 
garde  avoit  eu  uue  hnrqucbouzade  à  la  jambe, 
que   luy   avoient  tiré   ceulx  de   ladicle  ville. 
Il  m'en  escripvit  dez  la  nuit  mesme  ])ar  le  s'' 
de  Miosens,  el  aussytost  je  dépeschay  le  cap- 
pitaine   Massis   avec    une   lettre   au    roy    de 
Navarre,    par    laquelle   je    luy    faisois    bien 
congnoislre  que  la  faulte  de  Florence  estoit 
advenue  principalleraent  par  luy  elles  siens, 
et  que  je  m'esbahissois  bien  comme,  à  heure 
si  indeue,  et  considéré  les  choses  passées,  les- 
dicU  habilans  l'avoient  receu,  qu'à  cela  con- 
gnoissoil-il  comme  les  catholiques  me  respec- 
toient  et  obéyssoienl  à   tout  ce  que  je   leur 
mandois  pour  voslre  service,  comme  encores 
je  m'asseurois  qu'ils  feroient  eu  la  charge  que 
je   donnois   audict  Massis  pour  faire  retirer 
ceulx  qui  s'estoient  mis  dans  lesdicles  tours, 
sur  i'asseurance  que  je  me  promettois  de  luy 
qu'il  se  comporteroit  aussi  en  la  ville  el  en 
useroil  comme  il  debvoit,  suivant  voslre  édicl 
de  pacification,  el  que,  pour  la  justice  (|u'il 
me  demaudoit  à  l'encontre  de  ceulx  qui  s'es- 
toient mis  dans  les  tours,  qu'ilz  se  peuvent 
asseurer  que  je  la  l'erois  faire  telle  qu'elle  y 
eschoilet  que  luy-mesme,  avec  l'advis  de  ceux 
de  voire  Conseil  qui  sont  par  deçà,  trouve- 
roil  raisonnable.    Je    vous  diray    en  passant 
sur  ce  propos  que,  à  l'heure  que  Massis  est 


\u 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


arrivé  auclict  Florence,  ceulx  qui  s'estoient 
mis  dans  les  tours  s'esloient  retirés.  Le  roy  de 
Navarre  ra'admoncstoit  aussy  par  le  s' de  Mios- 
sensque,  suivant  la  promesse  que  je  luy  avois 
faicte  quand  il  estoit  parti  d'avec  moy,  je  fisse 
faire  pareillement  justice  de  ceuixde  la  Réolle; 
sur  quoy  je  lui  respondis  que  c'estoit  chose 
bien  raisonnable,  mais  aussy  qu'il  t'alloit  que, 
de  son  coste',  ils  souflVissent  et  tinssent  la 
main  à  ce  que  ceulx  qui  avoient  secouru  le 
chasteau  de  Beaucaire  et  tenoient  encore  tous 
les  jours  les  champs,  faisans  (ous  actes  d'hosli- 
lité,  fussent  pugniz  et  chastiez,  le  priant  très 
instamment  par  ma  lettre,  et  comme  oultre 
cela  je  dictz  et  charge  très  expressément  le 
vicontede  Turenne,  qu'il  envoya  hier  sur  cette 
mesme  occasion  devers  moy,  que  toutes  ces 
choses  ne  feussent  point  cAuse  de  disconti- 
neuer  nostre  délibération  et  assemblée,  et  que 
cela  ne  debvoit  point  empescher  de  procedder 
à  l'exécution  et  establissement  de  vostre  édict 
de  paciCBcation,  le  priant  de  s'asseurer  que  je 
ferois  faire  justice  de  mon  costé,  et  qu'il  t'al- 
loit aussy  qu'il  souffrît  qu'elle  fut  faicte  du 
sien;  et  surtout  cependant  qu'il  donnât  tous- 
jours  ordre  de  son  costé,  comme  le  ferois  du 
uiien,  que  rien  ne  s'esmeùt  à  l'occasion  des 
choses  sus  dictes,  et  qu'il  n'y  avoit  rieu  qui  y 
peut  tant  servir  que  quand  on  verroit  que 
nous  serions  ensemble  et  conserverions  tou- 
jours nostre  saincte  et  bonne  intention  du 
bien  de  la  paix,  suivant  vostre  désir,  luy  of- 
frant d'aller  à  Gigun,  qui  est  mon  chemiu 
pour  aller  à  Condom,  où  aussy  bien  j'avois 
délibéré  d'aller  après  le  mareschal  de  Biron 
pour  m'aprocher,  au  cas  qu'il  en  feust  besoing , 
jusques  vers  la  Réolle;  et  ce  matin,  selon  ce 
que  je  pensay  hier  au  soir  en  moy  mesme  et  que 
j'ay  proposé  au  cardinal  de  Bourbon  et  aul- 
tres  de  vostre  Conseil,  veoyant  que  le  faict  de 
la  Réolle  se   pourroit  bien  racouster  par  le 


mareschal  sans  que  j'y  allasse,  et  aussy  que 
j'ay  pensé  qu'il  ne  falloit  pas  que  j'esloignasse 
le  roy  de  Navarre,  j'ay  dépesclié  le  s"^  de 
Pibrac  devers  luy  :  premièrement,  pour  le 
prier  de  faire  partir  le  s'  de  Torride  pour 
aller  en  Languedoc  avec  le  s'  de  Joyeuse 
pour  l'exécution  de  leur  commission,  de  la- 
quelle je  vous  ai  envoyé  le  double,  et  par 
mesme  moyen  pour  faire,  s'il  est  possible,  eu 
cela  envers  luy  que  nous  puissions  faire  en 
ce  lieu  nostre  assemblée  et  conférence.  Le  s'' 
de  Pibrac  est  party  si  bien  iustruict  du  tout, 
queje  m'asseure  que  son  voyaige  ne  sera  inu- 
tile, et  que,  pour  le  moings,  si  le  roy  de 
Navarre  ne  vient  en  ce  lieu,  il  nous  fera, 
sur  ce,  quelque  ouverture  pour  nous  main- 
tenir ensemble  et  continuer  en  bons  termes 
de  nostre  abouchement,  que  je  poursuivray 
tant  qu'il  me  sera  possible  jusques  à  ce  que 
Dieu  m'ait  fait  la  grâce  que  nous  en  ajons 
la  bonne  fin  et  résolution  que  je  désire  pour 
ung  contentement  et  bien  de  tout  vostre 
royaulme. 

Je  ne  vouleus  aussy  oublier  de  vous  dire, 
Monsieur  mon  fils,  que  ma  fille  la  royne  de 
Navarre  faict  lousjours  les  meilleurs  offices 
en  toutes  ces  affaires  pour  le  bien  de  vostre 
service,  comme  aussy  faict  le  cardinal  de 
Bourbon;  il  sera  à  propos  que  vous  leur  en 
escripviez  de  vostre  main  les  remercieniens, 
et  aussy  aux  duc  de  iAlontpensier  et  prince 
Daulphin,  qui  sont  demeurez  en  l'isle  en 
Jourdain  à  cause  de  la  maiadye  du  duc,  qui 
pourtant  ne  laissera,  à  mon  advis,  d'estre  de- 
main ou  après  demain  icy,  si  la  santé  le  peult 
permettre,  l'ayant  continuellement  adverly  de 
ce  qui  est  surveneu ,  et  prié  le  prince  Daulphin 
aussi  de  se  venir  joindre  avec  nous,  ayant  dé- 
libéré, s'il  faut  que  j'aille  moy-mesme  à  la 
Réolle,  de  le  prier  de  demeurer  auprès  du 
roy  de  Navarre,  aflîn  de  le  retenir  tousjours; 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


135 


car,  à  ce  que  je  m'aperçois  tous  les  jours,  il 
y  en  a  auprès  de  luy  de  sa  relligion  qui  nous 
font  beaucoup  de  traverses  et  qui  ne  veuHent 
nullement  la  paix  et  ne  cherchent  que  les  oc- 
casions pour  aigrir  el  altérer  les  afTaires, 
donnant  de  1res  maulvais  et  pernicieux  con- 
seils qui,  grâces  à  Dieu,  ne  sont  pas  du  tout 
suivis;  aussy  j'espère  que,  si  le  faict  de  la 
RéoHe  se  peult  réparer  promptement,  comme 
je  me  le  promets ,  par  ce  bon  debvoir  que  je 
m'asseure  qu'y  fera  le  maresdial  de  Biron,  si 
c'estoit  que  l'entreprinse  vînt  de  plus  loing  et 
qu'il  y  feust  entré  gens  de  faction,  à  quoy  il 
n'y  a  point  encore  touteffois  d'apparence,  que 
nous'establirons  la  paix  et  repos.  Je  vous  en 
escripray  plus  clairement  au  retour  du  s''  de 
Pibrac.  Cependant  je  vous  diray  que,  dès  le 
jour  que  nous  vint  l'advis  de  la  surprinse  de 
ladicte  Réolle,  j'escripvis  au  marcschal  Damp- 
ville,  pensant  qu'il  feust  desjà  arrivé  ù  Thon- 
louse,  que  ce  seroit  très  bien  faict  à  luy  de  se 
mectredans  Castei-Sarazin,qui  est  de  son  gou- 
vernement, et  place  que  ceux  de  la  Relligion 
ont  tousjours  infiniment  désirée,  et  manday  au 
s''  de  Joyeuse,  et  aussv  au  s'' de  Cornusson,  de 
demeurer  audict  Thoulouse,  et  escripviz  pa- 
reillement à  la  Court  du  Parlement  et  aux  Ca- 
pltouls  à  ce  que  loules  choses  y  demeurassent 
en  paix  et  repos  sous  vostre  obéissance.  Et,  à 
ce  que  j'ay  entendu  depuis,  le  s'  mareschal  de 
Dampville  estant,  puis  mon  parlement  de  l'Isle 
en  Jourdain,  demeuré  quelques  jours  en  la 
maison  du  s'  de  Savignac,  il  arriva  seuHc- 
nient  audict  Thoulouse  samedy  dernier  au  soir, 
oîi  il  fit  demander  beaucoup  de  logis  pour 
ceulx  qui  estoient  avec  luy,  qui  fut  cause  que 
ceulx  de  la  ville  redoublèrent  leurs  gardes, 
comme  je  croy  bien  qu'il  aura  sceu,  et  estime 
que  ma  lettre  pour  le  faire  venir  à  Castel- 
Sarrazin  sera  venue  bien  à  propos  pour  luy 
et  ceulx  de  la  ville.   Priant  Dieu,  Monsieur 


mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne 
garde. 

Escript  à  Auch,   le  lundy  xxv'  novembre 
1678. 

Monsieur  mon  fils',  depuis  cesle  iellrc 
escripte,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  m'a  en- 
voyé ung  soldat  de  la  Réolle,  ([ue  lesaullres  en- 
droictz-  qui  tenoient  garnison  en  la  haulfe 
ville  luy  ont  envoyé,  avec  la  capilulalion  dont 
je  vous  envoyé  le  double;  il  m'a  dist  que  les 
habitans  de  la  Réolle  envoyent  devers  moy 
ung  des  habitans  de  ladicte  ville,  avec  lequel 
il  est  veneu  jusques  à  Condom,  mais  pour- 
tant il  n'est  point  encore  arrivé  en  ce  iieu,  et 
que  ledict  habitant  a  mesme  charge  de  ceulx 
de  ladicte  ville  que  1  ung  des  soldatz  de  la  rel- 
ligion qui  est  de  sauvegarde  de  moy  et  de 
mon  fils  le  roy  de  Navarre,  ce  qu'il  nous 
plaît  qu'ils  sachent.  J'ay  incontinent  envoyé 
le  double  de  la  capitulation  au  mareschal  de 
Biron,  et  luy  ay  mandé  qu'il  se  diligenteast 
de  s'acheminer  à  la  Réolle,  el  (ju'il  mist  de- 
dans pour  y  commander  un  des  quatre  ou 
cinq  gentilhommes  de  la  Relligion  qu'il  m'a- 
voit  monstrez  par  escript  qu'il  seroit  agréable 
aux  ungs  et  aux  aultres,  en  attendant  que  le 
roy  de  Navarre  et  moy  eussinnsparlé  ensemble, 
et  qu'il  s'en  revins!  incontinent  me  trouver, 
ce  que  je  m'asseure  qu'il  fera,  et  que  de  ce 
costé  là  tout  sera  si  bien  racousté  qu'il  n'en 
adviendra  pas  plus  gi'and  inconvénient,  comme 
je  craignois  bien,  el  qu'il  est  aussi  fort  à  re- 
doubler sur  ce  hruict  de  rumeur  qu'il  Icusl. 


'  En  titre  :  trPostscript  de  lad.  dépescbe  arrivée  au 
Roy  par  ied.  s'  de  La  Mothe.  1 

-  Le  manuscrit  poile  bien  le  mot  endroictx,  que  nous 
respectons  malgré  son  peu  do  sens  dans  la  phrase. 


13G 


LETTRES  DE  CATH 


157S.  —  :  ij  niiv'iiiliri\ 

(iiH;.  Lilii.  ii.ll.  .  F"i,.ls  Ir^mv.iis,  i,'  3aoi,  f'  Sg. 

A   MON   COUSIN 

I.E   S'   1»E    DVMVILLE. 

Mon  cousin.  <"e  qui  est  advenu  à  ia  Réolle 
est,  i[racrs  à  Dieu,  fort  aizé  à  raccommoder, 
comme  j'espère  qu'il  sera  liientost,  y  avant 
soiibdaiii  ciiMnr  mon  cousin  le  maréchal  de 
Biron,  que  je  ni'asscnre  v  sçaura  bien  proniji- 
tement  pniirveoir.  selon  la  cliarjje  expresse  que 
je  iu\  en  av  donni'e.  au  contentement  des  ca- 
llioliiiues  el  (le  ceid\  de  la  l!eli;;ion  prétendue 
rél'ornii'e.  en  sorte  que  j'rspéi-i'  (pie  cela  ne 
Iroulileia  rien  pour  le  lion  ordre  ([ue  nous 
donnasmes  inconlinenl .  avant  soubdain  es- 
(■ri|il  |iarliuil.  ((imme  aiissv  Icvl  mon  lilz  le 
rii\  (le  Navarre.  (pi(>  cliascun  eust  à  se  contenir, 
comme  vous  veisles  jiar  les  dépesclies  i|ue  à 
vous  mesmes  j'en  l'evs;  aussy,  j;races  à  Dieu, 
il  ne  s'esl  laid,  au  moins  (pie  j'ave  scen, 
jiisipies  à  cesl  heure  anicun  (h'sordre'  de  part 

'  Le  p.ivs  n'i'Unil  p.i^  .uissi  tr;ini]inlli'  i|iii'  le  ili-i.iil  l.i 
n'iiio  ni'ri'.  (loiniiio  sMiipU'iiin'  île  i"in(|uiiHudi'  qui  y  n_'- 
;;n.iil.  l'ii  pi'iil  lire  l.i  lellrc  qii'i-criv.iil  justi'iilonl  à  retli' 
liiile  iiii  iMllinli(|ui'  i|iii  in.iil  rorii  la  mission  il'aM'rlir  sis 
cmniiatriolc?.  Klle  usl  rrdii;.'o  en  outre  li.iiis  une  hiiijjiie 
et  avec  «ne  oitluijjiviiiiie  ([ni  ne  iiiniii|iieiit  pas  (rint^MvH  : 

Lattre  flf  M.  lie  (jtj)liin  aux  rnnsuh  tlf  Liiiiliotu' ,  h's  arrr- 
tisfuntt  lit'  tniil  ce  (jil'it  X'iit  fies  ruti  r^i-lHi'fi  et  i/n-p^sr::- 
l.fi  ,!,:■;   P.  H. 

-Messienr:^  les  con^iilz. 
r^  Je  \oiisa<l\ertis  eoniiiie  je  ne'  ^lu^  iiitoui  nu-  loncli.iiit 
l.i  eliaij;e  que  me  aM'S  liailiee  <i  uii|;  eoiisui  di'  cesie  \illi' 
ijiii  e..l  feil  inen  aun.  11  le'  .1  pa<  Ir.né  liuii  i|Ui' jepar- 
1I..-.I'  an'i-  luailame  la  prini'e^se,  liiueli.nil  los  foiie;' . 
pailles  et  al)i)\nes.  Aussi  je  \ous  adverti-.  (pie  n'e^I  pa* 
l'iicore  besoin,';  de  1ère  appoiirt'r  lediet  l'un;;,  [luiir  te 
i|iie  en  ce>ti'  \ille  Ion  murmure  de  jpiene  a  occasion  qui' 
l'uuk  délia  reli;;i"ii  de  Uazats  ont  prins  tous  les  catlio- 
llques  dn[dirl]  ftazals  depuis  le  prinse  de  I.a  Reulle  ; 
p"iu'   [ce]    je    \"us    prve    \ous    donner    ;;arde    d'eltre 


ERINE  DE  MÉDIGIS. 

I  nedaullre  (|ui  ne  soit  l'ort  lacile  à  r('parer;  et 
I  j'espiTC  que.  Dieu  avdant.  nous  ne  laisserons 
de  continuer,  mondict  filz  le  rov  de  Navarre  el 
moy,  à  nous  rassembler  et  faire  une  bonne 
et  prom[ile  résolution  pour  le  ferme  esla- 
blissement  de  la  j>ai\,  selon  1(>  dernier  ('dict 
de  pacifficalion,  vous  ayant  liien  voulu  faire  ce 
mot  de  lettre  pour  vous  donner  advis  de  ce 
(jiie  dessus,  afin  aiis'sv  que,  de  \ostre  costé. 
vous  le  laciez  enleudre  à  \iui'^  cliascon  ad  ce 
que  l'on  se  contienne  on  |>ai\  et  repos  en 
attendant  la  résolution  do  nostre  a<send)lée. 
ipii  sera  lelle  (]ue  Ions  les  ei'iis  de  bien 
peuvent  désirer,  dépendant  je  ])rie  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle  el  dijrne 
jjarde. 

EscripI  à  Auch.  le  \\m''  jour  de  novembre 

\osti'e  bonne  cousine, 

CiTKRIXK. 


1578. 


^ur[pinis].  !,■'  ION  de  N'avarie  est  à  Flurance.  l.es  qii.i- 
tliidi([ues  dudict  Flurance  se  sont  mis  dedans  ipielques 
tours  et  n'en  vuUeiil  sourtic  pour  le  roy  de  .Navarre:  je 
ne  cliaj  cessy  reipie  adviendra;  je  dcniciue  niijouid'liny 
ycv  pour  eiilendre  coinnie  les  choses  pa/eiit  et  vous 
[envoie]  le  clieval  à  orrasion  d>'lln  despance,  car  les 
roin|;s  sont  en  cesIe  ville  à  j;rands  priz.  Je  pense  estre 
demain  au  soiier  alla  l'Iume  et  vous  ap|iiiiiili'r  nouvelles 
des''  ipio  pa^s''.  l'oucez  moii'.trer  la  preseule  à  nion.sieur 
délia  Salle.  Ceiilz  de  cesIe  \'i\\r  lelient  compaiuies  d'ar- 
caliuziei's  avec  tambourin  balaut.  Ils  disent  que  vcillonl 
pour  le  leculli  dos  reizins,  mes  je  voui's  qu'ils  l<inl 
toutes  les  nuitz  garde,  que  me  donne  à  panzer  ipi'ilz 
entendent  quelque  chosso,  que  ivii  fyn  en  pryant  Dieu, 
Messieurs,  en  saute?  vous  donner  ses  grâces. 

-De  (Nijrac?),  ce  xicv""  jour  de  novembre   i'>-^H. 

-  \  ostre  alleclionné  serviteur, 

-De  CvprAN.-î 

Ce  document,  publié  par  les  Arclin-vs  ilc  la  Gifondc 
fiS;)'i,  t.  \\l\,  p.  169),  a  i^té  trouvé,  par  M.  0.  Fal- 
lièros.  dans  les  arcbives  de  Laplume.  K,  .J'20. 


1578.  —  37  no\ ombre. 
Orig.  Bibi.  liât.,  Fomls  françnis ,  n'^  Saoi,  f"  91 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS.  137 

(lo  donner  ordre  que  rien   no  s'esmeuve  en 
vosire  gouvernement.  Je  fais  responce  au  sieur 


A  MON  COUSIN 

LE  S'  DE  DAMVILLE, 

MAHESCIUL   DE    FIUNCE 
ET   LlBUTENiST   CÉSER  \L   DO   ROT   UONSIUI'R   MOS   FILS   EN   HNCIBDOC. 

Mon  cousin,  il  ucsclict  pour  responce  à 
voz  deux  lettres  des  xx!!!'  et  x\v°  de  ce  mois, 
que  je  receus  hier  tout  à  un[f  coup,  que  vous 
dire  que  le  faict  de  la  RéoUe  est  ung  peu  plus 
mal  que  nous  ne  pensions;  car  le  capitaine 
Favas  y  est  rentré  et  s'est  faict  maislre  des 
trois  villes;  de  l'autre  costé  les  catbolicques, 
qui  sont  dedans  le  chasteau,  se  renforcent  et 
auront  aultant  de  gens  qui  leur  plaira,  pour 
ce  que  tous  ceulx  des  environs  y  accourent, 
et  qui  est  encore  pis,  les  catholicques,  qui 
sont  dedans  ledict  chasteau,  ont  blessé  le  gen- 
tilhomme que  mon  lilz  le  roy  de  Navarre  y 
avoit  envoie  (comme  je  vous  ay  escript)  avec 
le  s'  de  Beauron.  Toutefibys,  j'ay  si  bonne 
espérance  en  Dieu  que,  cecy  s'estant  faict  à 
cause  de  la  tirannie  que  recepvoient  les  habi- 
tans  de  ladicte  Réolle  dudict  capitaine  Favas, 
que  ceulx  de  la  Religion ,  qui  sont  assez  adver- 
tiz  de  ses  mauvais  déporlements  envers  Ics- 
dicts  habitans,  ne  laisseront  pourtant  le  che- 
min de  l'acheminement  de  la  paix,  comme 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  m'escript  tou- 
jours voulloir  faire  et  n'en  rien  discontinuer; 
aussy  espéray-je,  suivant  cela,  que  nous  nous 
résouldrons  bicntost  du  lieu  où  nous  ferons 
nostre  conférence,  et  (|ue  nous  nous  y  assem- 
blerons bientost,  si  j'en  puis  estre  creue.  Ce- 
pendant mon  cousin  le  mareschal  de  Biron, 
que  j'ay  envoie  à  ladicte  Réolle  rabiliei'a,  sil 
plait  à  Dieu,  la  faulte  (|ui  y  a  esté  faicte.  Je 
vous  tiendray  continuellement  adverly  de  tout 
ce  qui  se  passera;  mais  aussy  vous  priay-je 

(^ITIlEniNE    DE    MbDICIS.  tl. 


de  Rieux  telle  que  verrez  par  ma  lettre,  qui 
sera  à  cachet  voilant,  et  laquelle  vous  ferez 
refermer  pour  la  lui  envoler  par  son  homme 
présent  porteur,  estant  ce  que  je  vous  puis 
dire  pour  cest  heure,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Auch,  le  xxvn°  novembre  1578. 

Mon  cousin,  si  d'advenlure  il  fault  que 
j'aille  vers  Ageu,  pour  m'aprocher  de  la 
Réolle,  il  sera  bon  que  vous  vous  mectiez  de- 
dans Casiel-Sarrazin,  pour  estre  plus  près  de 
moy,  qui  vous  cscripra  souvent,  s'il  s'en  pré- 
sente occasion  qui  lo  mérite.  Je  vous  envoie 
plusieurs  pacquelz  adressants  à  ceulx  qui 
sont  esté  députés  pour  les  réparations  des  in- 
novations de  l'édict,  alBn  qu'ils  continuent 
tousjours  leurs  commissions,  lesquelles  je  vous 
prie  leur  faire  tenir. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  — •  28  novembni. 

Copie.  Bill],  nat. ,  Foûds  français  ,  n°  33oo  .  f"  g'i  v"  '. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MO!V  FILS-] 

Monsieur  mon  ii]/.,  je  viens  de  recepvoir 
une  despesche  du  mareschal  de  Dampville, 
ensemble  du  s"'  de  Saincle-Jaillo  et  des  con- 
suiz  de  Beaucaire,  et  aussy  du  mareschal  de 
Bellegarde,  lescpielles  je  vous  envoyé,  atin 
que  vous  voyez  Testât  en  quoy  est  ce  faict  de 
Beaucaire,  pour  lequel,  pour  ne  laisser  dimi- 
nuer lo  bien  de  vostre  service,  j'ay  cy-devant 
escript ,  comme  aurez  veu  par  la  dépesche  que  je 
vous  en  feiz,  lorsque  fou  printsix  mille  escus 

'  En  marge  :  -i Envoyée  par  M'  Marlin,  qui  est  à 
JIoiis.  de  Cornissons,  s"""'  de  Th'"".!) 

18 


iui>nnrEri£    SATiostLE, 


138 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


de  toutes  natures  de  deniers  en  vostre  receple 
généralie  de  Be'ziers  ou  aux  receptes  parlicul- 
lières  pour  les  faire  bailler  os  mains  du  tré- 
sorier de  l'extraordinaire,  à  la  charge  de  les 
remplacer  de  ses  assignations;  mais,  ad  ce  que 
puis  entendre,  ledict  tre'sorier  n'en  a  peu  en- 
cores  recepvoir  que  ini",  et  voyant  par  les 
susdictes  lettres  du  mare'chal  Dampville  et  de 
Saincte-Jaille  que,  si  les  gens  de  guerre  qui 
sont  devant  Bcaucaire  ne  sont  secouruz  et 
payez ,  il  seroit  bien  à  craindre  qu'ils  se  dé- 
bandassent, ce  qui  viendroit  très  mal  à  pro- 
pos, estant  à  présent  le  chasleau  deBeaucaire 
réduit  en  telle  nécessité,  qu'il  y  a  toutte  espé- 
rance de  le  réduire  bienlosl  en  vostre  obéis- 
sance, comme  vous  verrez  par  lesdictes  lettres, 
qui  font  aussi  mention  d'une  suspension 
d'armes  que  Chastilion  et  ceulx  de  la  relligiou 
prétendue  réformée  jointz  avec  luy,  lesquelz 
se  sont  à  présent  déclarez  pour  le  faict  dudict 
Beaucaire,  ont  voullu  négocier  avec  le  s''  de 
Saincte  Jaiile,  auquel  j'escriptz  présentement 
de  s'en  bien  garder;  car  il  est  bien  aizé  à  juger, 
puisqu'ils  la  poursuivent  si  chaudement,  que 
c'est  pour  avoir  moyen  de  secourir  ledict  chas- 
teau  de  vivres  et  d'aullres  choses.  J'ay  prins 
la  hardiesse,  affin  qu'une  si  belle  occasion 
ne  se  perde,  d'escripre  qu'on  prenne  encores 
VI™  escus  de  vostre  recepte  générale  ou  des 
receptes  particullières  et  que  l'on  les  mist 
encores  es  mains  dudict  trésorier  de  l'extra- 
ordinaire, pour  les  emploier  au  paiement  et 
entrèlenement  des  gens  de  guerre  estans  pour 
vostre  service  audict  Beaucaire,  m'asseurant 
que  ceulx  de  vostre  Conseil  donneront  incon- 
tinent ordre  d'en  faire  assigner  ledict  tréso- 
rier, aflîn  que  les  puissiez  récompenser  el 
rendre  quelque  argent  qui  a  esté  prins  à  Beau- 
caire du  sel  appartenant  à  aulcuns  particu- 
liers, que  je  crains  bien  que  ce  soit  à  quelques 
Suisses;  aussy,  pour  ceste  occasion,  en  faiz-je 


une  bien  expresse  despesche ,  tant  au  mareschal 
de  Dampville  que  au  s'  de  Saincte-Jaille \  à 
ce  qu'ils  ne  me  brouillent  en  façon  que  ce 
soit  ce  qui  est  du  faict  desdictz  Suisses;  estant 
tout  ce  que  je  vous  diray  pour  ceste  heure, 
remectant  à  vous  escripre  par  le  courrier,  que 
vous  m'avez  dernièrement  envoyé,  plus  am- 
plement, quand  le  s''  de  Foix  sera  retourné  icy 
de  la  part  du  roy  de  Navarre^,  comme  je  vous 
l'escripvis  hier  soir  par  le  s' de  Beauregard ,  que 
j'envoyai  avec  luy  pour  le  faict  de  la  Réolle. 
Cependant  je  vous  diray  que  Sery  est  présen- 
tement arrivé,  qui  m'a  donné  très  grand  plaisir 
d'avoir  entendeu  par  lui  que  vous  et  la  royne 
ma  fille  vous  portez  si  bien;  il  a  esté  détenu 
prisonnier  quatre  jours  à  Castel  Jaloux'  par 

'  Sainte-Jaille,  intrépide  capitaine,  qui,  à  ia  lète 
des  catholiques  et  au  service  du  roi ,  guerroyait  depuis 
i57'i  dans  le  Vivarais  et  le  Dauphiné.  Il  contribuera 
beaucoup  à  la  prise  du  château  de  Beaucaire  et  sera  en- 
suite nommé  gouverneur  de  ia  ville. 

'  Le  roi  de  Navarre  était  à  Jégun,  et  il  écrivait  en- 
core, le  27  novembre,  à  son  ami  Bourouiilan  : 

0  Monsieur  de  Bouroilban , 

«Je  suis  bien  ayse  d'avoir  entendu  que  vous  soyez 
arrivé  à  Tauze,  m'asseurant  que  vous  y  tairez  contenir 
toutes  choses  avec  doulceur  et  au  contentement  des  ha- 
bitants, comme  je  vous  prie  de  faire  et  de  telle  sorte 
qu'il  u  y  puisse  survenir  aucun  estrange  accidani  durant 
ces  remeurs,  que  j'espère  de  voir  cesser  dans  cinq  ou 
six  jours,  la  Roine,  mère  du  Roy,  mon  seigneur,  s' em- 
ployant, à  bon  essiant,  pour  faire  réparer  ce  qui  est  sur- 
venu à  la  Reaulie.  Je  say  que  vous  êtes  si  advisé  que 
les  choses  ne  peuvent  que  se  bien  porter  là  oij  vous  estes; 
et  sur  ce,  je  prie  Dieu,  monsieur  de  Bouroilban,  vous 
tenir  en  sa  garde. 

«De  Gégun,  le  vendredy  au  soir  sxvii  novembre 
1578.11 

De  la  main  du  roi  : 

ir Votre  bien  bon  et  afectyoné  amy, 

«Henry.» 

{Arcltivcs  de  la  Gironde,  t.  Il,  p.  3.) 

'  Casleljaloux,  chef-Ueu  de  canton  du  Lot-et-Gnronne, 
à  3a  kilomètres  au  nord  de  Nérac. 


LETTRES  DE  CATIII 

ceulx  de  la  relligion  sur  cosle  novelle  de  la 
RooUe  :  il  bailla  secrètement  tous  ses  pacquelz 
à  un  inaistie  de  poste,  qui  est  catliolique,  qui 
ne  les  a  poinct  encores  apportez;  toutefibis 
Sery  m'a  asseure'  que  je  les  nuray  incontinent 
et  qu'ils  ne  sont  pas  perduz;  priant  Dieu,  Alon- 
sieur  mon  liiz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  à  Auch,  le  x.vviii'de  novembre  1678, 


RINE  DE  MED  ICI  S. 


139 


1578.  —  28  novembre. 

Orig.  liibl.  uat. ,  Fonds  frnnçais,  n^  Ssoi,  f"  89. 
A  MON  COUSIN 

LE  S"^  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  j'ay  reccu  ce  matin  les  deux 
dëpescbes  que  m'avez  faictes,  l'iuie  pour  le 
faict  de  Beaucaire  et  l'aultre  touchant  la  com- 
mission des  sieurs  de  la  Croisette  et  de  Mon- 
bartier,  ausquellesje  vous  diray  premièrement 
(jue,  pour  le  regard dudict faict  de  Beaucaire, 
j'ay  à  l'instant  envoyé  au  Roy,  monsieur  mon 
filz ,  ladicte  lettre  que  m'en  escripviez ,  ensemble 
celles  du  sieur  de  Saincte-Jaille,  des  consulz 
et  de  mon  cousin  le  maresclial  de  Bellegarde, 
luy  ayant  par  mesme  mojen  escript  vous  avoir 
envoyé,  comme  je  lais  premièrement,  une  or- 
donnance pour  faire  encores  prendre  six  mil 
escus  des  deniers  de  sa  receple  générale  de 
Béziers,  oultre  les  expéditions  que  j'ay,  ces 
jours  icy,  faictes  pour  semblable  somme,  le 
priant  m'excuser  si  j'avois  entrepris  d'en  uzer 
ainsy;  mais  que,  pour  éviter  confusion,  j'es- 
tois  d'advis  qu'il  l'eist  veoir  le  tout  en  son 
Conseil  et  feyt  assigner  le  trésor  de  l'extraordi- 
naire de  semblable  somme,  aflîn  (]u'il  la  pcust 
remplacer.  Je  fais  ung  mot  de  response  audict 
sieur  de  Saincte-Jaille ,  et  pareillement  auxdictz 
consulz,  ensemble  à  mondict  cousin  lemares- 
chal  de  Bellegarde,  queje  vous  prie  leur  faire 


teniret  respondre  audict  sicurde  Saincte-Jaille 
au  contenu  de  ses  m(''moirL'S,lesquelz,pouiceste 
occazion,jevous  renvoyé; et  surtout  advertissez 
le  bien  que  l'on  ne  touche  poinct  au  sel  appar- 
tenant aux  Suisses  et,  s'il  y  avoil  esté  touché, 
([u'il  le  répare  incontinent;  car  cela  seroil 
pour  troubler  beaucoup  les  allaires  du  lioy 
mondict  sieur  et  filz.  Je  vous  adverliray  de  ce 
que  j'auray  résolu  avec  mon  filz  le  loy  de  Na- 
varre, que  j'espère  veoir  demain,  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Auch,  le  xxviii"  jour  de  novembre 
1578. 

Vostie  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  3o  novembi'o. 

Orig.  Bibl.  uat. ,  Fonds  français,  u"  338/t ,  f  60. 
A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE   DAMVILLE, 

HABBSCBAL   DB   IIIAIVCE 
ET    LIEOTENAST    GÉNÉRAL    DU    ROT    MONSIEUR    MON    TILS    EN    LASGUBOOC. 

Mon  cousin,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et 
nioy,  nous  sommes  assemblez  à  Gigun'  où  nous 
avons  résolu,  avec  l'advis  de  mes  cousins  les 
cardinal  de  Bourbon  et  prince  Daulphin  et 
aussy  des  sieurs  du  Conseil  privé  du  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  qui  sont  près  de  moy,  que  nous 
ferons  nosLie  conférence,  le  x"  du  mois  pro- 
chain, à  Nérac,  où  mondict  filz  le  rov  de  Na- 
varre et  ceuix  de  la  religion  prétendue  réfor- 
mée qui  sont  avec  luy  m'ont  asseuré  que  les 
députés  de  leurdicte  religion  sei'ont  tous  et 
que,  sans  plus  uzer  de  remise  ou  retardement, 
nous  procedderons  à  nostre  conférence,  et  ré- 
souldrons  avant  (jue  nous  départir  tout  ce  qui 

'  Jégun,  petite  ville  à  17  kilomètres  aii  nonl  d'.Vucli, 
■  laiis  la  direction  de  Flmirance.  Lns  manuscrits  portent 
tantôt  Gigun,  tantôt  Gigun  ou  Gégun. 

18. 


liO  LETTUES   DE   CATH 

sera  iiécossaiip  fie  l'aire  pour  IVxt'CUlion  de 
rédict  de  paeilliratiou,  suivant  l"inlention  du 
Uov  lumiisieur  uioa  filz,  qui  n'a  lien  eu  plus 
;'iand  désir  que  cela,  pour  estre  aussy  le  seul 
rno\en  de  nielli'e  fin  à  tant  de  niaulx  (pir 
cause  la  yuerre  et  de  veoir  tous  ses  suljjel/. 
soubz  son  olx'issance  eu  paix,  repos  et  union. 
\ous  avons  pai'eilleinent  résolu  ipi  d  envoyera 
le  sii'ur  de  (luiir\,  leipicl  partira  dès  ce  jour- 
d'Iiuv  <vi  demain  pour  aller  trouver  mon  cousin 
II-  maresclial  de  Biron,  aflui  de  l'aire  retirer 
dune  part  et  d'autre  ceulxqui  se  pourroient  in- 
iji'rer  de  venir  renl'inccr  les  nngs  et  les  autres 
qui  sont  dedans  la  iléolle,  et  faire  en  sorte  que 
la  ville  et  idiasleau  di'  ladicie  lii'dlle  seront 
mis  es  mains  de  nuuulict  cousin  le  man'ciial 
de  iiirdU.  piiiir  ajirès,  suivant  Icdict  édict.  les 
reliaiUer  en  jiarde  à  mondict  lilz  le  ro\  de  Na- 
varre et  auxdictz  de  la  reli;;ion.  comme  il  est 
raisonable,  estant  la<licie  la  lîéolle  l'un  des 
lieux  de  sùrcl('  (pii  leur  a  esté  accordé  par 
ledicl  édict,  lei[uel  mondict  lilz  le  roy  de  Na- 
varre ma  eiicores  très-expressément  asseui'é 
voul!<iir.  rt  ceulx  di'  sadicle  relijjiou.  cnlière- 
nient  jjarder  el  observer,  et  qu'il  remettra  la 
ville  de  Florence,  où  il  s'estoit  allé  retirer 
ajirès  la  surpiise  dudict  lien  de  la  Piéolb',  au 
niesnie  estai  cpiil  la  trouva  ipiand  il  v  entra, 
dont  de  tout  je  vous  av  bien  voulu  donner 
advis,  el  comme  je  suis  retournée  en  ce  lieu, 
délibérant  mondict  fil/  le  roy  de  Navarre 
(l'aller  audit  Nérac.  eu  attendant  !<•  jour  de 
iiostre  aseemblée.  en  attendant  la(pielle  je 
pourrav  in'acbeminer  jus(pies  vers  Agen, 
pool'  m'approcliei'  de  la  Uéolle,  alRn  de  l'aNo- 
riser  mondict  cousin  le  marescbal  de  Biron 
en  la  réduction  d'icelle  et  aussy  dudict  Nérac, 
pour  V  estre  au  jour  pris  pour  nostre  assem- 
blée; vous  priant,  mon  cousin,  d'advertir  un;; 
cbascun  de  ce  que  dessus  en  l'estendue  de 
vostre  ijouvei'uenient  el  mandi'r  qu'on  ^e  con- 


ERINE  DE  MEDICIS. 

[    tienne  en  paix  et  union,  sans  (jueduue  part 

j    ne  d'autre  il  soit  entrepris  aulcune  chose  qui 
puisse  préjudicier  au  bieu  de  ladicte  paix.  Ce- 

[    ]iendant  je  prie  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saiucte  et  digne  garde. 

Escript  à  Auch,  le  dernier  jour  do  novembre 
1578. 

1 

Dr  SU  miiin  :  .Mon  cousin,  nous  avons  tout 
rabillé,  comme  voyré  sis  dcsus.  Je  m'enn  iré 
à  Agen, mes  que  l'on  me  aye  rendu  Floreuse, 
cornent  l'on  ma  promis;   mandé-moy  de  vos 

j    novelles,    el    je    me    rccommende    à   voslir 

]     femme. 

Vostre  l)onne  cousine, 

t  Caterinf.. 


ijTS.  —  3o  novembre. 
Copii^.   lîihl.  iliir.  ,  ["miils  français,  n'  o3oo  ,  f™  9J  v"  '. 

[.\U   ROY  MONSIEUR  MON  FIES.] 

Monsieur  mon  filz,  d(M)uis  la  dépcscheque 
je  vous  ay  l'aide  par  La  Molbe,  qui  ist  au  ma- 
rescbal de  Biron,  ccluy  des  liabitans  de  la 
\  Iléolle  qu'ils  avoienl  dépesché  devers  mo\ 
pour  ;ii'a|>porter  la  capitulation  t'aide  avec 
ceulx  de  la  relligiou,  ipii  sont  encore  reti'an- 
chez  au  prieuré  de  ladicte  \ille,  est  arrivé  icy 
avec  ung  des  gens  du  sieur  de  La  Molhe- 
Montgoze,  gentiliouime  catholique,  voisin  de 
ladicte  Béolle,  qu'il  m'a  envoyé  avec  ledid  ha- 
bitant, el  m'a  escript  la  lettre  que  je  vous 
envoyé,  par  laquelle  vous  verrez  comme  il  s'est 
mis  dans  ladicte  ville  du  gré  des  ungs  et  des 
aullres,  ayant  empesché  par  le  moien  de  la- 
dicte capitulation  qu'il  ne  se  soit  faict  phis 
grand  désordre  et  meurtre  des  soldatz  de  la 

'   Fm  mai-ge  :  -Envoyée  au  Roy  par  Cliarles  Luillier, 
courrier  qui  esl  de  la  maison  Je  Monsieur  de  \illoroy. -^ 


religion,  comme  m'ont  dicl  knlict  habitanl  el 
ledict  homme,  lesquelz  m'ont  aussy  l'aict  en- 
tendre (ju'il  est  desjà  entré  dedans  le  chastcau 
de  la  Réoile  grand  nombre  de  soldatz  des  pe- 
tites villes  catholi(iiies  de  là  autour,  dont  il 
y  en  a  accourt  cncoros  à  toutes  heures,  ad  ce 
(ju'ilz  en  ont  veu,  sans  que  le  cappitaineFavas, 
qui  n'est  qu'à  une  lieue  de  là,  s'en  remeue, 
(juelque  chose  que  luy  aient  mandé  ses  sol- 
datz :  aussi  soubsonne-t-on qu'il  ayt  esté  con- 
sentant à  ladicfe  surprinse,  et  qu'il  en  a  luy- 
mesme  faict  le  march*?  à  huit  mil  livres,  ce 
que  j'avois  bien  cy-devant  oy  dire  que  les  ca- 
Iholicques  voisins  iuy  en  avoient  du  premier 
coup'  faict  secrètement  offrir;  ce  qui  me  faict 
craindre  (ju'il  y  aura  difficulté  à  en  tirer  les- 
dictz  soldatz  desdictes  villes  voisines  qui  sont 
entrez,  ayant  pour  ceste  occasion  faict  incon- 
tinent une  bien  expresse  de'pesche  audict  ma- 
reschal  de  Biron  pour  sehaster  d'y  aller  avant 
qu'ilz  aient  plus  de  loisir  de  s'y  renforcer  et 
establir,  et  pareillement  au  s'  de  La  Molhe- 
Mongoze   et  aultres  de   ladicte   ville    de   la 
Re'oll#,  ensemble  à  uug  conseiller  de  vostre 
parlement  de   Bourdeaux   nommé   Damalse, 
aussy  leur  voisin,  qui  est  avec  eux,  affin  qu'en 
attendant  l'arrivée  dudict  sieur  mareschai ,  ils 
soient  plus  disposez  à  le  reccpvoir  et  obéyr  à 
ce  que  je  leur  ay  mandé  par  Iuy,  comme  vous 
avez  veu  en  madirte  dernière  de'pesche  par  le 
double  do  la  lettre  que  je  leur  escripvis  par 
ledict  sieur   mareschai  de  Biron.  J'ay   aussy 
faict  sur  cela  une  bonne  dépesche  à  mon  lîlz 
leroy  de  Navarre  et  lui  ay  faict  pareillement 
escripre   par  ma   fille  sa   femme,   afin  qu'il 
mandast  au  cappiîaine  Valèdar  et  soldatz  de 
ladicte  relligion  retranchés  dans  ledict  prieuré 
d'en  sortir,  ad  ce  que  les  soldatz  catholiques 
estrangers  n'eussent  aulcune  excuse  de  sortir 
dudict  chasleau  au  commandement  que  leur 
fera  ledict  mareschai  de  Biron,  auquel,  à  ce 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 

que  m'a  dit  l'iuibilant  de 


la  Réolle  et  ledict 


homme  du  s''  de  La  iMothe-Moulgoze,  tous  les 
catholicques  de  la  ville  et  du  chasteau  ne  faul- 
dront  pas  d'obéir  à  tout  ce  qu'il  leur  comman- 
dera, si  ceulx  de  la  Religion  sortent,  ainsy  que 
j'ay,  comme  dicl  est,  prié  par  raadiclc  lettre 
fort  expressément  le  roy  de  Navarre  de  leur 
escripre  qu'ilz  facent,  et  par  mesme  moien  de 
venir  ce  jourd'liuy  disner  icy  ou  cousolier,  afin 
que  nous  puissions  parler  ensemble,  pour  nous 
résouldre  du  lieu  de  nostre  conférence  et  du 
jour  que  nous  la  pourrons  commencer;  car, 
par  ce  que  m'a  rapporté  le  s'  de  Pibrac  que 
j'avois,  comme  je  vous  ay  faict  entendre,  en- 
voyé vers  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  pour 
lui  persuader  de  la  fayre  en  ce  lieu,  il  monstre 
qu'il  eût  bien  désiré  que  c'eust  esté  à  Nérac, 
comme  nous   avions  advisé,   auparavant  ces 
nouvelles  de  ladicte  Réolle;  mais,  pour  cer- 
taines occasions,  je  serois  contente  que  uostre- 
dicte  conférence  et  assemblée  se  feist  icy,  ou 
en  quelque  ville  catholicque,  pour  oster  toutes 
doubles,  ou  bien,  si  Iuy  et  ceulx  de  sa  relli- 
gion en  faisoienl  aussy  de  leurcosté  difficulté, 
nous  regarderons  quelque  expédient  en  cela; 
car  il  ne  sera  pas  hors  de  propos,  si  ceulx  de 
la  Relligion  ont  quelque  défiance  de  leur  coslé, 
que  nous  en  ayons  aussy  du  nostre.  Chastillon, 
ad  ce  que  j'entends,  amène  lesdiclz  députés 
du  Languedoc  et  sera  à  ladicte  conférence; 
mais  l'on  m'a  dict,  sur  ceste  nouvelle  de  la 
Réolle,  qu'ils  pourroient  bien  estrc  rebroussez. 
Toutelfois,  ad  ce  que  j'ay  entendu  dudict  s' 
de  Pibrac,  le  roy  de  Navarre  leur  a  envoyé  le 
double  de  la  lettre  que  je  Iuy  escripvis ,  lorsque 
nous  eusmes  ladicte  nouvelle,  par  où  je  l'as- 
seurois  d'y  remédier  à  son  contentement  et 
de  ceulx  de   sa   relligion,  et  leur   a  mandé 
qu'ilz  nes'esmeussentaulcunemeut  de  cecy  et 
ne  laissassent  pas  de  venir  à  la  conférence, 
ce  que  l'on  m'a  asseuré  qu'ilz  suivront;  mais 


142 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  ledict  Chastillon  vouldra  avoir  ung  pas- 
seport de  moy  pour  luy  et  iesdiels  dépultez;  je 
le  feray  dépescher  aussitost  que  ron  m'en  par- 
lera, affin  que  nous  puissions  advanser  ces 
gens  cy,  qui  me  faschent  fort  de  me  mectre 
ainsy  les  choses  à  la  longue;  je  croy  que  ceulx 
d'entre  eux  qui  ne  veuUent  pas  la  paix,  et 
aussy  aulcuns  des  catholiques  qui  sont  de 
mesme  humeur,  n'ont  pas  esté  marryz  de  la- 
dicte  nouvelle  de  la  RéoUe,  pour  l'espe'rance 
qu'ils  avoieut  que  cela  nous  feroit  rompre  du 
tout  nostre  conférence,  laquelle  j'accéleray, 
comme  vous  pouvez  penser,  tant  qu'il  me  sera 
possible,  voyant  hien  qu'il  n'y  a  rien  sy  pré- 
judiciable à  vostre  service  que  de  demeurer 
ainsy  comme  nous  sommes  icy,  ny  tant  néces- 
saire que  l'eslablissement  de  la  paix. 

Monsieur  mon  61z,  depuis  ce  que  dessus 
escript,  Beauregard,  guidon  du  mareschal 
de  Biron,  que,  vous  avez  veu  par  ma  der- 
nière dépesche,  javois  envoyé  à  la  Réoile 
avec  un  gentilhomme  de  mondicl  filz  le  roy 
de  Navarre,  aussitost  que  nous  soeumes  les 
premières  nouvelles  de  la  surprise,  en  est 
reveneu  ce  matin;  il  m'a  faict  entendre  que, 
lundy  dernier  qu'ils  y  arrivèrent,  pour  ce  que 
c'estoit  sur  le  soir,  ceulx  du  chasteau  de  la 
RéoUe  ne  les  voullurenl  pas  laisser  entrer  de- 
dans, et  n'y  eut  seullement  que  ledict  s'  de 
La  Molhe-Mongoze,  qui  fut  parler  à  eulx  et 
leur  dire  la  charge  que  ledict  Beauregard  avoit 
de  moy;  sur  quoy,  à  cause  qu'il  esloit  tard,  ils 
ne  feirent  aulcune  response:  et  cependant  le- 
dict gentilhomme  du  roy  de  Navarre  qui  estoit 
allé  avec  luy,  nommé  Bregneu  duDaulphiné, 
eut  une  harquebouzade  au  bras,  que  lui  ti- 
rèrent ceulx  dudict  chasteau,  pendant  qu'il  es- 
toit  au  prieuré  avec  lesdictz  soldats  retranchez  ; 
et,  la  nuit  mesme,  ledict  Favas,  avec  bien  petit 
nombre  de  soldatz,  a  reprins  les  trois  villes  de 


ladicte  Réoile;  de  sorte  qu'il  en  est  mainte- 
nant maistre;  et  sur  cela  les  cappilaines  Peri- 
net,  La  Rumbe,  Le  Bois  et  autres  de  ladicte 
ville,  de  laquelle  ils  estoient  banniz  par  la 
malveillance  et  maulvais  traictement  dudict 
Favas,  et  qui  sont  ceulx  qui  ont  exécuté  ladicte 
entreprinse,  sont  daus  le  chasteau,  aussy 
fortz  d'hommes  qu'il  leur  plaira;  car  il  leur 
en  viendra  tant  qu'ilz  vouldront  desdictes  villes 
catholiques  voisines;  et  davantaige  la  noblesse 
et  les  aultres  voisins  aussy  catholiques  se  pré- 
parent en  tous  les  environs  de  là  pour  les  sou- 
tenir et  secourir,  ad  ce  que  Beauregard  m'a 
dict,  de  sorte  que  je  crains  bien  qu'ilz  s'opi- 
niastrent  les  ungs  contre  les  aultres  et  que 
le  mareschal  de  Biron  se  trouve  plus  empesché 
que  je  ne  pensois  en  la  chai-ge  que  je  lui  ay 
donnée,  pour  laquelle  faciliter  davantaige, 
j'ay  aussitost  advisé  d'envoyer  le  s'  de  Foix\ 
mon  cousin,  et  ledict  Beauregard  avec  luy 
devers  mon  filz  le  roy  de  Navarre,  affin  de 
luy  faire  entendre  au  vray  par  icelluy  Beau- 
regard  comme  le  tout  s'est  passé,  et  par  le- 
dict sieur  de  Foix  le  prier,  de  ma  part,  de 
vouloir  envoyer  Laverdin-  et  quelque  auitre 
encore  d'auctorité,  qui  soit  de  la  relligion  pré- 
tendue réformée,  pour  se  joindre  avec  ledict 
mareschal  de  Biron ^  afin  que  les  ungs  et  les 

'  Le  sieur  de  Foix,  dont  ou  a  vu  le  rôle  près  du 
Parlement,  à  Bordeaux,  est  le  célèbre  diplomate  Paul 
de  Foix,  archevêque  de  Toulouse.  Il  avait  déjà  été 
chargé  d'une  mission  particulière  en  1676,  pour  réta- 
blir la  paix  en  Guienne;  et  bien  qu'il  fût  désigné  comme 
ambassadeur  à  Itome,  la  relue  mère  tint  à  l'emmener 
avec  elle  daus  son  voyage  en  Languedoc,  comme  l'homme 
le  plus  propre  ftà  remédier  aux  maux  et  à  1  émettre  les 
affaires  en  bon  estat.n  II  lui  rendit,  en  effet,  les  plus 
grands  services,  et  Catherine  ne  voulut  s'en  séparer  que 
l'année  suivante  à  Lyon ,  au  moment  de  son  retour. 

'  Jean  de  Beaumanoir,  grand  ami  du  roi  de  Navarre, 
qui  le  fera  plus  tard  marquis  de  Lavardin,  chevalier  du 
Saint-Esprit  et  même  mat'cchal  de  France. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


i/i3 


aultres  ayent  plus  de  ci  rance ,  et ,  par  ce  moven , 
parvenir  jilus  aizémciil  à  mon  intention,  qui 
est  de  raccommoder  le  tout  doulcement,  ne 
voullanl  oublier  de  vous  dire  que,  ad  ce  que 
j'ay  peu  entendre,  les  pauvres  habilans  de  la 
RJoHe  n'ont  eu  aucune  ou  que  Lien  peu  d'in- 
telligence et  n'ont  rien  sceu  de  ladicte  pra- 
ticque,  jusques  ad  ce  qu'elle  ayt  esté  exécute'e 
assez  facilement  par  le  moyen  de  deux  des 
principaulx  soldatz  dudict  Favas,  nommez 
l'ung  Belleville  el  l'atdtre  Le  Bois,  qui  sont 
aussy  dans  ledict  cliasteau,  es  quelz  on  dict 
avoir  esté  promis  chascun  mil  escus  par  ung 
général  des  finances  à  Bourdeaulx,  nommé 
Le  Gast,  qui  a  sa  maison  assez  preste  de  la 
RéoUe,  et  dil-on  aussy  que  iedict  Favas  en 
debvoit  avoir  six  mil.  Toutertbis,  voyant  qu'il 
est  vepeu  reprendre  ladicte  ville,  je  n'en  sçay 
que  penser,  sinon  que  je  vous  puis  asseurer 
que  c'est  ung  des  plus  mcsclians  hommes  qui 
soit  soubz  le  ciel,  et  que  nécessairement  il  le 


tendre  les  nouvelles  que,  à  mou  grand  regret, 
la'avoit  rapportées  ledicL  Beauregard.  Je  luy 
ay  dict  la  charge  que  j'avois  donnée  au  s'  de 
Foix,  et  sommes  entrez  en  propos  des  def- 
licnces  oii  je  veoyois  qu'il/,  eiitioient  sans  au- 
cune raison,  el  que  cela,  et  les  longueurs  011  ilz 
m'avoient  tenue  depuis  cinq  sepniaines  jusques 
à  ceste  heure,  avoit  esté  cause  de  ce  qui  estoit 
adveneu  à  la  Réolle,  el  que  je  craignois  bien 
que  survînt  encore  d'aultres  nouveaulx  incon- 
véniens.  Toutefibis  sommes  arrestez  beaucouj) 
là  dessus,  et,  en  la  présence  du  cardinal  de 
Bourbon  et  des  seigneurs  de  vostre  Conseil,  je 
luy  ay  représenté  sommairement  comment 
toutes  choses  sont  passées ,  la  grande  patience 
que  j'ay  eue  jusqu'à  ceste  heure  et  voullois 
encores  avoir  pour  ung  bien  si  requis  et  si 
nécessaire  au  royaulme,  luy  demandant  quand 
seroit  prest  mondict  fiiz  le  roy  de  Navarre  et  si 
leurs  députtés  viendroient  bientosl;  sur  quoy 
il  m'a  dict  cela  mesme  qui  est  conteneu  cy- 


fault  oster  de  là  dedans,  comme  je  vous  es-    j    debvant,  qui  est  que  mondict  filz  le   roy  de 


cripvis  par  ma  dernière  dépesche  le  mander 
au  roy  de  Navarre.  Et,  ceste  après  disner,  m'est 
venu  trouver,  de  la  part  de  mon  filz  le  roy  de 
Navarre,  le  s"'  de  Segur,  qui  m"a  faict  entendre 
que  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  ne  pouvoit 
venir  icy,  dont  il  estoit  fort  niarry,  ot  que  ce 
n'estoit  crainte  ny  double  qu'il  eust  de  sa  per- 
sonne, mais  qu'il  voyoit  bien  que  ceulx  de  sa 
relligion  feussent  entrez  en  double  qu'il  eust 
eu  intelligence  avec  moy  et  les  voulust  trom- 
per, et  que,  pour  ceste  occasion,  il  estoit  ré- 
solu de  s'en  aller  demain  couscher  à  Nérac, 
me  priant  d'y  aller,  au  moings  si  ce  n'estoit 
pour  y  séjourner,  que  j'y  allasse  disner;  sur 
quoy  je  n'ay  faict  aulcune  responce,  sinon  que 
je  m'attendoys  de  le  veoir,  comme  il  estoit  très 
nécessaire,  puisqu'il  ne  vfiuloit  venir  icy,  que 
s'il  vouloil  venir  disner  à  Gigan,  je  m'y  eny- 
rois  demain  ou  samedy,  lui  ayant  faict  en- 


Navarre  leur  a  escripl  ne  différer  point  de 
venir  pour  l'enlrejjrinse  de  la  Réolle  et  qu'il 
s'asseure  que  je  luy  en  feray  faire  la  raison;  ne 
voullant  oublier  à  vous  dire  que  ledict  de 
Ségur  m'a  dicl,  à  part,  que  le  roy  de  Navarre 
avoit  entendeu  que  je  ne  voullois  aller  audict 
Nérac,  pour  la  crainte  que  j'avois  qu'il  v  re- 
tinst  ma  fille,  sa  femme,  et  qu'il  ne  falloit  point 
que  j'en  eusse  craincte,  mais  que  je  m'asseu- 
rasse  sur  ce  qu'il  m'avoil  dicl,  qui  est  qu'il 
ne  feroit  ny  ne  souli'riroil  jamais  estre  faict 
aulcune  chose  qui  me  deust  desplaire.  F.t  de- 
visant avec  luy,  et  luy  replicquant  encores  ce 
qu'il  m'avoit  dit  que  ledict  roy  de  Navarre 
craignoit,  s'il  me  feust  venu  trouver  en  ce  lieu, 
de  donner soubson  et  de  faire  entrer  coulx  de 
sa  relligion  en  deffience,  et  par  ce  moyen 
perdre  son  crédit  avec  eulx,  je  lui  ay  dict  que 
c'estoit  luy  qui  me   faisoit  perdre   le    mien 


Uà 


LETTRES  DE  GATHE 


parmy  les  catholiques,  me  tenant  ainsy  eu 
grande  longueur;  et  sur  cela  lui  ay  demandé 
si,  quand  il  parliroit  dudict  Florence  \  il  ne 
la  laisseroil  pas  en  Testât  mesrae  qui  lavoit 
trouve'e,  quand  il  y  esl  enlre',  et  qu'il  me 
l'avoit  ainsv  promis  et  encore  hier  mande'  fort 
expressément  par  le  s'  de  Pibrac,  qui  estoit 
présent  et  qui  fa  conflrmé  audict  de  Ségur, 
lequel,  toutefois  n'en  faisant  d'aultre  responce , 
m'a  laisse'  en  peine;  et,  pour  ceste  occasion, 
incontinent  qu'il  a  esté  party  d'avec  moy,  j'en 
av  escript  une  bien  expresse  lettre  de  ma 
main  au  roy  de  Navarre,  en  laquelle  je  n'ay 
l'ien  oublvé  des  raisons  qui  le  doibvent  esmou- 
voir  à  satisfaire  à  la  promesse  qu'il  m'a  si 
expressément  faicte  de  la  laisser,  quand  il  en 
sortiroit,  en  Testât  mesmes qu'il  estoit,  quand 
il  V  est  entré;  j'en  ay  aussy  faict  de  bonnes 
lettres,  une  ans'  de  Foix,  et  ayant  sceu,  à  son 
retour  de  Florence,  quemondict  filz  le  roy  de 
Navarre  estoit  en  résolution,  quelques  lettres 
que  je  luy  eusse  escriptes  et  remontrances 
que  luy  ayt  faictes,  de  ma  part,  le  s'  de  Foix, 
de  laisser  garnison  audict  Florence,  je  me 
suis  résolue  de  venir  en  ce  lieu  de  Gigan,  où 
j'ay  amené  mes  cousins  le  cardinal  de  Bour- 
bon, le  prince  Daulpbin  et  les  susdictz  sieurs 
de  vostre  Conseil,  ayant  laissé  ma  fille  la 
Rovne  mallade,  comme  je  vous  escripvis  bier 
de  ma  main,  à  Auch;  et  ayant  commencé  de 
parler  devant  disner  à  part  à  mon  filz  le  roy 
de  Navarre  et  au  viconte  de  Turenne,  je  me 

'  Le  roi  de  Navarre,  coiiime  nous  l'avons  vu,  étail 
entré  daiis  Fleuraiice  le  a3  novembre,  ce  qui  esl  encore 
confirmé  par  une  lettre  dans  laquelle  il  l'ait  allusion  à 
ce  hardi  coup  de  main  et  qui  est  datée  de  la  ville  même. 
{Archives  de  la  Gironde,  t.  XV,  p.  379.)  Los  négocia- 
tions pour  la  reslilulion  de  la  place  traînèrent  en  lon- 
gueur, et  ce  n'est  que  le  4  décembre,  à  Auch,  qu'Henri 
signa  avec  la  reine  mère  un  tr  acte  public  jj  ,  qui  stipulait  la 
reddition  de  la  Réole  au  parti  protestant,  avec  promesse 
de  rendre  Fleurance. 


RINE  DE  MÉDIGIS. 

suis  rassemblois  avec  mesdicts  cousins  et  les 
s"  de  vostre  Conseil,  où  après  avoir  résolu  eii- 
semblement  des  pointz  dont  j'auray  à  parler 
à  moudict  lilz  le  roy  de  Navarre,  il  est  eniré 
avec  nous,  le  vicomte  de  Turenne  et  Ségur  le 
suivant,  nous  ayant  dict,  quand  je  l'ai  requis 
de  faire  venir  encores  les  aultres  de  son  Con- 
seil, que  Guitry  n'estoit  en  ce  lieu,  dont  j'ay 
esté  bien  aise,  car  il  n'est  pas  sy  affectionné 
qu'il  debvroit  au  bien  de  la  paix,  au  contraire 
c'est  luy  qui  engendre  le  plus  souvent  les  dif- 
ficuitez  et  maulvaises  résolutions  qu'ils  font, 
desquelles  je  ne  vous  desduirav  pour  ceste 
heure  aultre  chose,  me  remectant  à  quand 
j'auray  ce  bien  de  vous  veoir  pour  vous  eu 
discourir.  Cependant  je  vous  diray  que  pour 
le  commencement  j'ay,  en  la  présence  des 
dessusdictz  de  vostre  Conseil,  représenté  à 
mondict  filz  le  roy  do  Navarre  la  longueur  du 
temps  que  nous  avons  perdu  et  qu'il  ui'avoit 
fait  couller  de  jour  à  aultre,  le  grand  et  long 
chemin  qu'il  m'avoit  faict  faire  par  une  sy 
maulvaise  saison  pour  venir  à  Tlsle  en  Jour- 
dain,qu'il  avoit  lui-mesme  choisy  pour  noslre 
conférence,  les  légères  excuses  dont  il  m'avoil 
depuis  peiné  et  le  tort  qu'il  faisoit  non  seul- 
lement  à  vous,  à  vostre  service  et  à  moy, 
mais  aussy  àluy  mesme  et  à  tout  le  royaulme, 
de  remeclre  ainsy  les  choses  que  luy  et  ceulx 
de  la  Relligion  debvroienl  poursuivre  et  cher- 
cher eulx mesmes,  s'ils  estoient  tous  tels  qu'ilz 
doibvent.  Je  lui  ay  aussy  parlé  de  la  garnison 
qu'il  avoit  laissée  audict  Florence:  sur  quoy 
je  me  suis  pareillement  bien  estendeu,  n'ayant 
rien  oublié  de  tout  ce  qui  se  peut  dire  et  pen- 
ser pour  lui  monstrer,  comme  j'ay  clairement 
faict,  le  tort  qu'il  avoit  et  qu'il  me  faisoit  et 
à  luv  mesmes  aussy,  l'ayant,  sur  les  si  cv- 
presses  asseurances  qu'il  m'avoit  données, 
faict  entrer  et  sortir  librement  à  toutes  heures 
et  quand  il  avoit  voullu  dedans  Agen,  Vil- 


LETTHES  DE  CATHEliiNE  DE  MÉDICIS. 


leneufve  et    Fioroiico,   ol  ([ue   iiiainleiianl  y 
laissant  garnison,  c'esloit  à  moy  seule  à  <]ui 
cela  touchoit  cl  que  les  catholiques  auroient 
juste  occasion  de  s'en  doulloir,  estant  là  le 
vrav  moyen  par  cest  exemple  do  se  faire  fermer 
les  porti's  partout;  et,  ajiivs  plusieurs  aullres 
paroles  et  remonstrances,  lui  ay  déclaré  que 
je  ne  partii'ois  point  de  ces  quartiers  que  le- 
dict  Florence  ne  feust  remis  en  l'estat  qu'il 
m'avoit  promis.  Je  luy  ay  aussy  parlé  de  des- 
pérher  quelqu'un^  des  siens  de  qualill('  pour 
envoyer   à  la   RéoUe,    aflîn   de   faiie   retirer 
Favas,  pour  ce  que  je  ne  pensois  pas  que  les- 
(licts  catholiques,  qui  sont  dans  le  chasteau, 
eu  voulussent  jamais  sortir  pendant  que  io- 
dict  Favas  seroit  en  ladicte  ville;  il  m'a  res- 
pondu   et  dict   plusieurs  raisons  que  je  n'ay 
nullement  trouvé   raisonnables  sur   les  trois 
points  dessusdietz,  lesquelz,  pour  ne  vous  en- 
nuyer, je    me   tairay,  et  vous  dirav  (ju'après 
beaucoup  de  grandes  contestations  parmy  les- 
quelles je  me  suis  fort  courroucée,  nous  avons 
enfin  résoUu,  premièrement  que,  pour  ledict 
Florence,  il  en  ostera   la  garnison  et  que  je 
mecteray  dedans  le  s"^  de  Savignac',  qui  le  suit 
quelquefois  et  qui  est  honneste  genlilliomme 
catholique  et  estimé  d'ung  chacun,  fort  franc 
et  homme  de  bien,  lequel,  comme  j'estime, 
fera  ce  que  je  lui  commanderay  pour  la  seu- 
reté  de  ladicte  ville;  et  à  l'instant  ay  escripl 
nudict  sieur  de  Savignac,  du(|uel  la  maison  est 
à  Toulouse, s'en  venir  incontinent  me  trouver; 
et,  pour  le  faicl  de  la  Réolle,  mondict  fiiz  le 
royde  Navarre  s'est  condescendu,  après  aussy 

'  \oiis  avions  pensé  que  ce  Savijjnac  pouvait  bien  otru 
Jean  de  Gontaud,  baron  de  Salignac,  ami  du  roi  de  Na- 
varre, dont  Catherine  appréciait  beaucoup  la  modération 
et  l'habileté;  mais  tes  Gonlaud  n'avaient  pas  de  maison 
à  Toulouse.  —  Voir  la  lie  du  baron  de  Salignnc,  par 
M.  le  comte  A.  de  Gontaul-Biron ,  précédant  V Ambitssade 
en  Turquie  {i6o5  à  1610)  dans  les  Archives  hiuoriques 
de  la  Gascogne,  1888,  in-8°. 

ClTIlEIlIXE    DE    MtDIClS.    TI. 


1^5 

plusieurs  contestations  dont  je  ne  vous  vnilx 
point  ennuier,  qu'il  mandcroit    ledict   Favas 
venir  à  luy  et  eonvoyeroil  le  s'^  de  Laverdin, 
pour  ce  (lu'il  commande  à  leurs  gens  de  pied, 
<l  escriproit  aux  s"  de  La  Launos  et  Rocque- 
Hornard  aller  incontinent  audict  lieu  de  la 
Réolle  se  joindre  avec  ledict  sieur  mareschal 
de  Riron,  pour  faire  en  sorte  que  ladicte  ville 
et  le  chasteau  fussent  remis  entre  voz  mains  el 
les  miennes,  et  que  après  je  lui  promettoys  de 
les  remectre  suivant  vostre  édict  entre  leurs 
mains;  mais  que  je  ne  permetterovs  pas  (pie 
ledict   Favas  y  commandasi  plus  :   sur  quoy 
aussi  nous  avons  encores  disputé,  et  enfin  nous 
nous  en  sommes  ainsy  résoluz  et  avons  promis 
que  ledict  La  Launes  y  commanderoit,  dont  je 
serois  très  aise,  car  c'est  bien  honneste  gcu- 
tilhomme  et  qui,  à   mon  advis,   traietera  et 
contentera  tous  les  habitans  de  ladicte  Réolle, 
desquelz  et  de  ceuix  dudici  Florence,  qui  luy 
ont  blessé  ses  gens,  le  royde  Navarre  demande 
tousjours  justice,  disant  que  ceux  dudici  Flo- 
rence principallement  lui  ont   faict  une  infi- 
nité de    gallanteries,  jusques  à  lui  battre  ses 
gens  plusieurs  fois  depuis  la  paix  ;  sur  quoy 
j'ay  assez  eu  de  subjeci  pourreplicquer,  comme 
j'ay  faict  et  avec  de  si  grandes  raisons  que 
je    m'asseure    qu'il    y    pensera    quelquefois; 
et  sommes  aussy  demourcz  d'accord  que  le 
dixiesme  du  mois  prochain  nous  nous  assem- 
blerons à  Nérac  pour  la  conférence,  sans (ju'il 
y    ayt    plus   aulcune    longueur    nv    remise, 
m'ayant  aussy  requise  de  lui  bailler,   comme 
j'ay  à  l'instant  faict  faire,  ung  passeport  pour 
deux  de  leurs  députtés  du  diocèse  de  Nismes, 
nommés  Aguilbommet  et  Caumont,  et  aussy 
pour  La  Meaulde  que  bien  congiioissez;  ils  on 
ont  aussy  demandé  ung  pourChasIilion,  iju  ils 
dient  aussy  se  dcbvoir  trouver  en  nostre  con- 
férence auquel  l'ay  princi|)alleiiienl  faict  expé- 
dier. Et  après  tout  ce  que  dessus  faict ,  le  roy 

'9 

ini-nr-rrnie    s*tio\.u  t. 


U6 


LETTltES  DE  CATHERLNE  DE  MEDICIS. 


dt"  Navarre,  s'olani  retiré  eu  son  lo;;is,  m'a 
soubdain  laid  dire  qu'il  désiroit  l'aire  arto  de 
bon  mary  cl  aller  veoir  la  royne  sa  femme  à 
Aiifli.  dont  j'av  este'  l)icn  aise,  et  est  à  l'instant 
monté  à  tlieval.  inv  (|iiatre  ciminieme  soulle- 
ment,  et  sv  s'en  sont  allez  au  {jalop,  massen- 
rant  qu'il  sera  demain  matin  de  retour  icy,  où 
il  a  laisse'  Guitry  et  sou  secrétaire,  pour  faire 
l'aire  toutes  les  dépesrhes  qu'il  l'alloit  pour  ce 
que  dessus  prestes  à  signer. 

Et  sur  ce,  depuis  son  ]iartement,  ayant 
envoyé  le  s'  de  Foix  deveis  hiy  pour  faire  de 
sa  [lart  lesdirtes  dépêches  et  aussy  pour 
escripre  au\  députés  de  Langui'iloc(j  de  se 
haster.  le  s"  de  Foix  m'est  venu  diie.  que 
depuis  le  parleiiieni  du  rov  il  avoit  reccu 
lettres  de  Ni'iac,  par  lesquelles  ou  luy  man- 
doit  que  ledict  Laveidin  esloit  fort  malladc 
d'une  puraisie  et  que  le  roy  de  Navarre  n'en 
savoil  rien,  ce  ipii  \ieul  tiès  mal  à  propos 
pour  le  faici  de  ladicle  Uéolli>,  car  le  mares- 
chal  de  Bir(ui  et  luy  eussent  bien  couveneu 
ensemble.  Toutelïois  nous  avons  pensé  de- 
puis, si  ainsv  est  que  icelluN  l.averilin  n'y 
puisse  aller,  il  fauldra  que  ce  soit  le  s"^  de 
Lezignan,  et  auquel  la  dépesclie  et  l'insliuc- 
tion  sera  donnée.  J'adverty,  de  ma  |)art,  de 
tout  ce  que  dessus  ledicl  maresclial  de  Biron. 
allln  (ju'il  embrasse,  comme  j'estime  qu'il 
fera,  tout  ce  (pie  dessus,  et  que  parce  moien 
nous  puissions  remédier  au  mal  qui  pourroit 
advenir  si  ron  lai'doit  à  pourveoir  audici  l'airt 
de  la  Ué(dle:  car  il  est  l)ien  certain  ijue,  s'il 
n  V  est  bienlost  reuKklié,  les  catholiques,  de 
leur  coslé,  et  ceul\  de  la  relligiou  de  l'aultre, 
se  lemeurerout ,  quelque  ordre  que  j'aye  et 
mondicl  tilz  h»  rov  de  Navarre  aussi  donm», 
escript  et  réitéré  par  deux  ou  trois  fois  de 
tous  cùtés.  vous  priant  de  croire,  Monsieur 
mon  filz,  qu'il  n'v  a  personne  qui  ayt  tant 
de  regret  et  de  desplaisir  que  moy  de  veoir 


toutes  ces  longueurs  icv,  lesquelles  sont  cause 
de  ces  incon\énieus  dessusdiclz,  et  je  crains 
bien  qu'il  n'en  advienne  encore  d'aultres; 
mais,  après  avoir  tenté  tous  les  moiens  que 
jay  peu  penser  pour  accélérer  et  pour  faire 
prompteuient  l'establissement  de  la  paix,  à 
quoy  je  n'av  peu  jusques  icy  rien  advancer 
davanlaige,  s'excusant  ceulx  à  qui  j'ay  alïaire 
sur  les  députiez  qu'ilz  attendent  des  provinces, 
je  me  résoulz,  pour  le  graud  bien  que  je 
cougnois  que  <-e  sera  à  vostre  service  et  à  tout 
vostre  rovaulme,  de  patienter  encores  jusques 
au  dixième  du  mois ',  esp('rant  qu'entre  cy  el 
là  le  faict  de  ladicte  lléoUe  sera  léparé  et  (jue 
Dieu  nous  fera  la  grâce  (|u"il  ne  surviendia 
poinct  d'autres  nouvelles  brouilleries;  et  faut 
que  je  vous  dye  qu'il  semble  qu'il  y  eu  ayt 
d'un  costé  et  d'aultre  beaucoup  qui  le  dé- 
sirent, tant  ils  sont  maulvais  et  ennemis  du 
repos  et  de  la  paix:  mais  j'espère  en  Dieu 
(pie,  nonobstant  toutes  leurs  maulvaises  m»i- 
ni'es  et  semences  de  divisions,  il  nous  fera 
la  grâce  que  j'establiray  la  paix  es  provinces 
de  deçà. 

Cependant  je  responderay  par  ceste-cy 
;i  la  vostre  du  xv!'  de  ce  pn'sent  mois,  que 
m'avez  envoyée  ])ar  Véry  qui,  comme  je  vous 
maudav  hier,  l'avoit  esgaiée,  mais  depuis. 
René,  mon  porte-manteau,  qui  est  ariivé  icy 
reste  après-disner,  me  la  apportée,  ayant 
laissé  la  sienne  à  \érac,  (pii  n'est  ozé  partir  de 
Bourdeaulx  jus(jues  ad  ce  ([ue  je  lui  aie  en- 
vo\é,  comme  je  laiz  présenleuient,  un  passe- 
port de  mon  fdz  le  rov  de  Navarre,  atlin  (ju'il 
puisse  venir  seuremeiit.  Par  vostre  dicle  lettre 
du  xv%  vous  me  donnez  très  grand  contente- 
ment de  la  satisfaction  que  vous  avez  du  deb- 

'  La  reine  mère  léelail  pas  au  l)Oiil  de  ses  peinns  :  les 
conférences  de  Nérac  ne  conuiiencèrent  que  dans  les 
preiniiTs  jonrs  de  février  l'i-Ç),  avec  em-ore  (hxix  i;rands 
mois  lie  relard. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


147 


voir  que  je  lais  par  deçà,  eslaiil  à  mon  très 
grand  regiect  que  je  ne  puisse  faire  davau- 
taige  pour  le  bien  de  vostre  service,  vous  asseu- 
lant  qu'il  ne  lient  pas  au  soing  et  diiligence 
qui  se  peuvcnl  que  Ions  voz  affaires  n'aillent 
mieulx  et  que  nous  ne  facions  plus  promple- 
ment  une  bonne  résolution  avec  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre;  mais  vous  veoyez  par  mes- 
dictes  dépesches  comme  journellement,  voire 
d'heure  en  heure,  je  tente  et  faiz  tout  ce  que 
je  puis  pour  accéle'rer  les  choses,  afSn  d'avoir 
bientost  ce  bien  et  contentement  de  me  revoir 
auprèsde  vous.Etqueje  dirayque,pource  faict 
de  15eaucaire,  j'ay  encores  cejourd'huy  parlé 
au  roy  de  Navarre  et  luy  en  ay  faict  toute 
l'instance  que  j'ay  peu,  suivant  le  conleneu 
de  vostredicte  lettre,  dont  je  luy  ay  fait  veoir 
l'endroict  qui  en  parloit,  pour  ce  qu'il  estoit 
avec  moy  lorsque  l'on  m'a  apporté  vostre 
pacquet;  sur  quoy  il  ma  répondeu  que  Con- 
stans,  que  nous  avons  pour  cest  effect  envoyé 
en  Languedoc  et  qui  en  est  seulement  cejour- 
d'huy arrivé,  me  fera  entendre  et  veoir  par 
escript  comme  il  y  a  faict  ce  qu'il  a  peu,  el 
aussy  que  ledict  Chastillon  sera  bientost  par 
deçà  et  que,  de  sa  part,  il  y  fera  tout  ce 
qu'il  pourra  pour  vostre  service  et  vostre 
contentement.  Cependant  je  vous  envoyé  la 
plaincte  que  m'a  envoyée  ie  mareschal  Dam- 
viile  de  la  façon  qu'est  bride'  ledict  Beau- 
caire. 

J'ay  veu  aussy  par  vostredicte  ieltre  comme 
vous  faictes  encores  chercher  les  moiens  de 
pouvoir  négocier  quelque  chose  de  bien  seur 
avec  le  duc  (iazimir,  qui  sera,  je  vous  asseure, 
très  bien  faict;  et  croy  certainement  que 
l'occasion  pour  laquelle  ces  gens  icy  nous 
traisnent  en  si  grande  longueur,  c'est  qu'ilz 
attendent  quelque  chose  de  ce  costé  là  pour 
du  tout  ne  rien  faire  pour  le  restablissemeut  de 
la  paix,  ou  pour  le  moings,  soubz  ceste  cou- 


leui'  et  ombre  dudict  Cazimir,  s'il  s'aprorhoit 
de  vostre  frontière,  comme  vous  en  avez  bien 
sceu  quelque  chose  par  l'advis  que  je  vous 
en  envoyay  il  y  a  quelque  temps,  s'en  pré- 
valoir et  essayer  d'avoir  (juelques  meilleures 
conditions  en  nosire  assemblée.  Louant  Dieu 
grandement  de  la  bonne  amitié  que  je  veoy 
entre  vous  et  vostre  frère  le  duc  d'Anjou  et 
de  la  ferme  résolution  qu'avez  tous  deux  de 
la  continuer  tousjours,  je  vous  envoyé  la 
lettre  qu'il  m'a  escripte  par  René,  afhn  (|u'il 
vous  plaise  la  veoir  et  commander  les  expédi- 
tions qu'il  demande;  car  j'ay  satisfaict  à  ce 
qu'il  désiroit  de  moy,  par  l'advis  qu'ave/,  veu 
que  je  lui  ay  donné  sur  les  articles  qui  hiy 
ont  esté  proposés  pour  son  mariaige  d'Angle- 
terre ;  je  lui  escriplz  bien  expressément  pour  le 
faict  de  cesle  entreprinse  de  la  Franche-(><)nté, 
m'esbahissant  bien  qu'il  n'a  plus  clairement 
respondeu  aux  ambassadeurs  que  lui  ont  en- 
voyé les  seigneurs  des  cantons  des  Suisses;  car, 
comme  vous  dictes  très  saigement  par  vostre- 
dicte lectre,  il  n'y  a  rien  plus  nécessaire  que 
d'entretenir  l'amitié  de  ces  gens  là.  J'ay  esté 
fort  aize  d'avoir  veu  ce  que  me  mandez  de  la 
résolution  des  Estats  de  Bourgogne,  espérant 
(]ue  Dieu  nous  fera  la  grâce,  considéré,  la 
bonne  et  grande  amitié  et  affection  que  vous 
portez  à  vostre  peuple,  que  les  malicieux  des- 
seings et  entreprinses  de  ceulx  qui  ont  voullu 
troubler  voz  affaires  ne  réussiront  pas;  et  je 
vous  prie.  Monsieur  mon  filz,  ne  différer  plus 
longuement  d'envoyer,  comme  vous  avez  ad- 
visé,  es  provinces,  principallement  en  celles 
qui  se  gouvernent  par  Estats,  pour  y  faire  faire 
les  mesmes  offices  qu'a  faicis  eu  Bourgogne 
le  procureur  général  :  et,  s'il  vous  plaist,  con- 
sidérez bien  ce  que  je  vous  ay  escript  pour  les 
soulaiger  de  quelque  chose,  debvant  qu'ilz 
vous  en  requièrent,  et  me  fiire  aussy  res- 
ponce,  s'il  vous  plaist,  ad  ce  que  je  vous  ay 


19- 


U8  LETTRES  DE  CATH 

mandé  pour  le  faict  des  traictes  générales  et 
impositions  nouvcHes  :  sur  quoy  est  interve- 
neu  l'arrest,  que  je  vous  ay  dernièrement 
envoyé,  donné  par  vostre  parlement  de  Bour- 
deaulx;  car  il  y  a  beaucoup  de  gentilhommes 
qui,  comme  je  vous  ay  escript,  n'ont  aulcun 
moyen  de  i'aire  argent  et  joyr  de  leur  revenu 
que  par  la  liberté  de  transporter  leurs  bleds 
et  vins;  et,  ad  ce  propos,  je  vous  diray  que  je 
me  trouve  icv  bien  assistée  et  de  si  boa  cœur 
par  les  s" de  Lassegnan  et  de  Barannau,  que, 
si  j'avois  quelque  moyen  de  les  grattiflier 
chascun  de  quinze  cents  ou  dedeux  milescus, 
je  les  leur  donnerois  en  vostre  nom  ;  car  oultre 
qu'ilz  méritent  beaucoup  pour  l'alTection  et 
fidéllité  que  je  congnois  quilz  onl  à  vostre 
service,  ce  seroit  occasion  à  beaucoup  d'aultres 
d'en  faire  le  semblable:  et  vous  asseureque, 
si  vous  avez  départy  de  vous  mesme,  et  sans 
attendre  qu'on  vous  requist,  cinquante  ou 
soixante  mil  l'rancs  à  plusieurs  qui  le  mé- 
litent,  croiez  que  vous  ferez  beaucoup  jiour 
vostre  service  et  que  cela  vous  eu  espargneroit 
beaucoup  de  fois  auitant;  mais  quand  je  veoys 
le  peu  de  moyens  que  vous  avez  en  voz 
finances,  je  ne  scay  que  dire.  Quant  ad  ce  que 
m'escripvez  pour  le  faict  de  Derdoy,  quand  le 
maréchal  de  Biron  sera  arrivé  auprès  de  moy, 
nous  en  adviserons  ensemble.  Cependant  j'es- 
cripray  au  lieulenant  du  Chasteau  Neuf  me 
venir  trouver,  comme  ilmepromistqu'il  feroit, 
quand  il  fut  dernièrement  renvoyé  de  Bour- 
deaulx,  pour  n'avoir  esté  trouvé  chargé  d'aul- 
cune  chose:  je  croy  qu'il  n'y  faudra  pas;  car, 
s'il  se  fut  mal  senly  de  la  chose  dont  on  le 
chargeoit  dernièrement  audict  Bourdeaulx, 
il  no  fut  pas  à  mon  advis  retourné  et  demeuré 
toujours  en  sa  charge,  veoyaut  ledict  Derdoy 
prisonnier.  Quand  il  sera  arrivé  auprès  de  moy, 
si  ne  se  trouve  point  chargé,  je  ne  iaisseray 
de  vous  l'envoyer  et  vous  escripray  par  lui. 


ERINE  DE  MEDIGIS. 

affin  que  vous  lui  fasciez  faire  quelque  ré- 
compense et  que  l'on  le  tire  de  là,  pour  en 
estre  du  tout  hors  du  soupson. 

J'oubhois  à  vous  dire  aussy  que  j'ay  en- 
tendu que,  combien  qu'eussiez  escript  au  s'  de 
Suze  retirer  ses  forces,  il  est  allé  à  Aix  favorisé 
de  voz  Corses  et  en  assez  bonne  intelligence 
avec  le  Grand  Prieur,  mais  que  Vins  ^  est  en 
campaigne  avec  environ  deux  mil  hommes  de 
pied  et  quelque  cavalerye  ;  j'estime  que  les  dé- 
pesches  que  je  lui  ay  faictes ,  ces  jours  icy,  par 
ung  courrier  exprès  que  je  lui  ay  envoyé, 
ayant  aussy  escript  au  s"'  de  Carces  et  à  tous 
ceulx  que  j'ay  pensé  que  besoing  estoit,  servi- 
ront pour  les  induire  à  s'accorder,  et  pense 
que  ledict  Grand  Prieur  me  viendra  trouver 
ceste  fois  sans  excuse;  car  je  lui  escriplz  fort 
expressément. 

Quant  au  faict  de  Menerve-,  vous  avez  bien 
entendu  la  composition  qui  y  a  esté  faicte, 
laquelle,  à  ce  que  je  puis  entendre,  n'est  en- 
core exécutée;  mais  j'estime  qu'elle  réussira, 
et  affin  que  ce  puisse  estro  bientost,  j'espère 
faire  aujourd'hui  que  mon  fiiz  le  roy  de 
Navarre  escripra  et  mandera  ([ue  ceulx  de  la- 
dicte  relligion  satisfacent  à  ladicte  convention, 
de  leur  part,  sans  qu'il  y  ait  faulte,  et  feray 
qu'il  en  envoira  la  dépesclie  par  celui  qu'il 
envoyé  pourhaster  Chastillon  et  leurs  députez 
de  Languedoc,  où  le  s'  de  .loyeuze  a  faict  dif- 
ficulté d'aller  avec  le  s'  de  Terride  pour  exé- 
cuter ce  qui  est  contenu  en  l'instruction,  dont 
je  vous  ay  envoyé,  il  y  a  trois  ou  quatre  jours, 
le  double,  s'excusant  ledict  s"^  de  Joyeuze,  di- 
sant qu'il  vaudroit  mieuix  attendre  à  envoyer 
après  que  aurons  faict  la  résolution  de  l'exé- 
cution du  gros  de  vostre  édict  de  paciffication. 

'  yi.  de  Vins  ctail  un  capilaine  callioliqiie,  lenani  la 
campagne  entre  Nîmes,  Tarascun,  Avignon.  Un  l'avait 
surnommé  tt  ie  Malinier.  ji 

-  Voir  sur  Ménert)cs  la  note  de  la  page  gS.. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIClS. 


U9 


Cependant  le  niieiilx  ijuc  j'v  veove,  c'est  (|iie 
Chastillon,  veoiant  qu'il  ne  pouiroit  faire  ce 
qu'il  eust  de'siré  au  chasteau  de  Beaucaire, 
s'est  retiré  à  Montpellier,  et  ce  brigand  de 
Bacom  cesse  aussy  les  maulx  qu'il  i'aisoit,  et 
sont  à  présent  ressez  tous  actes  d'iioslillité  de 
ce  costélà,ad  ce  que  m'a  escript  le  s'' de  liieux, 
selon  la  charge  que  luy  et  Grémian  a\ oient, 
suivant  nostre  résolution  de  la  Réolle,  pour  le 
faict  de  la  réparation  des  innovations,  surung 
ordre  fort  exprès  que  je  lui  av,  ces  jours  icv, 
de  nouveau  faict  sur  cela;  mais  je  crains  bien 
que  la  surprinse  de  la  Réolle  les  esmeuve  de 
de  nouveau,  quelques  depesches  qu'ayons 
faictés  de  part  et  d'aultre  pour  les  einpes- 
cher.  Bacom  demande  que  lui  pardonniez  les 
choses  qu'il  a  faictes,  et  qu'il  se  com[)ortera 
doresnavant  en  bon  subjet  :  je  ne  luy  ay  pas 
voullu  accorder  ny  aussy  l'en  esloigner  d'es- 
pérance, aiant  mandé  audict  s"^  de  Rieux  que 
je  vous  en  escriprois,  mais  que,  pour  l'intérest 
des  particuliers,  que  vous  ne  le  pouviez  ny  ne 
le  debviez  ;  mais  que  touttefois  en  nostre  confé- 
rence nous  regarderions  de  composer  cela 
doulcement.  Je  disneray  icy  demain,  atten- 
dant le  retour  du  roy  de  Navarre,  alTin  que 
nous  facions  partir  toutes  nos  depesches,  et 
m'en  retourneray  couscher  à  Auch,  où  je  su- 
journeray  quelquesjours,  attendant  laguérison 
de  madicte  fille  la  royne  de  Navarre,  et  pour 
couler  le  temps  jusques  au  dixième  du  mois 
prochain,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Gigun,  le  pénulliesme  novembre 
1578. 

Monsieur  mon  filz,  depuis  cette  lettre 
escript(3  ',  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  est 

'  il  y  a  en  titre  dans  le  manuscrit,  f.  102  :  rrPosIcripl 
de  iad.  dépesclie  envoiée  au  Roy  par  led.  Luiilier, 
courrier,  n 


retourné  de  veoir  ma  fille  sa  femme,  qu'il  eust 
bien  désiré  que  sa  santé  eust  peu  permettre  de 
partir    bientost    pour    nous    acheminer    du 
costé  de  Nérac;  mais  j'ay  pensé  qu'il   soroit 
l)lus  à  propos  que  je  demeurasse  encore  de 
deçà  jusques  à  ce  que  le  s'  de  Savignac  l'eusl 
arrivé  et  estably  dans  Flourance,  sans  tou- 
lell'ois  faire  démonstration  que  ce  i'eust  poui' 
cela;  aussy,  comme  j'ay  dict  au  roy  de  .Na- 
varre,  faut -il   donner    loisir  à  madicte   fille 
de  se  Ijien  guérir,  de  peur  des  inconvéniens 
quy  adviennent  ordinairement  de  telles  mala- 
dies. J'ay  aussy  parlé  au  roy  de  Navarre  d'en- 
voyer quelqu'un  avec  le  mareschal  de  Riron 
au  lieu  dudict  Laverdin,  qui,  à  la  vérité,  est 
malade,  et  nous  avons  advisé,à  l'instant,  que 
ce  seroit  Guitry,  duquel  les  lettres  et  les  in- 
structions esloient  prestes,  eu  blanc,  qui  ont 
esté  remplies  de  son   nom,  et  oultre  cela  le 
roy  de  Navarre  lui  a  bien  expressément  recom- 
mandé de  faire  en  cecy  sy  bien  son  debvoir 
avec  ledict  mareschal  de  Biron,  que  les  choses 
se  puissent  faire  comme  nous  le  désirons,  qui 
est  de  faire  venir  Favas  parler  au  roy  de  Na- 
varre, suivant  ce  qui  lui  escript,  et  cependant 
que    ledict  mareschal  et  Guitry,  suivant  les 
pouvoirs  qu'ilz  ont,  facent  sortir  les  gens  de 
guerre  d'ung  costé  et  de  l'aulh-e,  qui  tiennent 
lesvilli'  et  chasteau  delà  Uéolle,et  demeurent 
es  mains  dudict  mareschal,  pour  remettre  le 
tout  suivant  vostre  édict  en  celles  desdictz  de 
la  relligion,    souhz  la   charge   du  cappitaine 
Lalaune,  qui  est  en  ladicte  ville  de  la  i«(V)lle. 
J'en  faictz  une  despesche  bien  expresse  audici 
mareschal  pour  cest  elfect,  croiant  que,  de  sa 
part,  qu'il  y  fera  tout  ce  (ju'il  pourra.  Incon- 
tinent que  j'en  auray  de  bonnes  nouvelles,  je 
ne  fauldray  de  vous  en  advertir. 

Cej)endant  je  vous  diray  (jue  le  séneschal  de 
Beaucaire,  lequel  est  arrivé  eu  ce  lieu,  où  il 
I    m'a  dict  ce  soir  que  les  affaires  de  Provence 


150 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


furent  plus  mal  qu  elles  ne  fuient  oncques,  le 
s'  de  Suze  s'estant  acheminé  à  Aix  lorsqu'ilz 
estoient  preslz  de  s'accorder,  et  estant  party  de 
nuiclsansque  personne  en  ayt  rien  seu, et  les  a 
laissez  à  l'heure  qu  ilz  estoient  en  bons  termes 
de  leur appointement,  et  qu'à  piésent  tous  ceulx 
dudicl  païs  de  Provence  dient  re'sollument 
qu'ilz  ne  le  recepvront  pour  gouverneur,  et  le 
voyaige  que  je  feys  hier  à  Gégun  me  fera  re- 
venir à  Florence;  et  si  j'ay  rasseuré  et  oslé 
toutes  les  de'flîences  qui  s'estoient  recom- 
mencées et  remises  au  cœur  des  ungs  et  des 
aultres  depuis  la  prise  de  la  Réelle. 

Escripl    à  Aucx,  le    dernier  jour  de   no- 
vembre iS-jS. 


1578.- 


décembre. 


Orig.  Bjbi.  nal.  ,  Fonds  français,  n"  338i  ,  f  66. 
A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE   DAM  VILLE. 

Mon  cousin,  d'aultant  que  j'ay  escript,  pour 
le  faict  d'Orange  et  pour  les  Espaignolz  qui 
ont  esté  arrestez  à  la  frontière,  à  mon  fils  le 
l'oy  de  Navarre,  jattenderay  à  avoir  sa  réponce 
premier  que  de  vous  faire  la  mienne,  et  aussy, 
sur  ce  que  m'avez  escript  par  le  jeune  Lar- 
tuisier,  dépesché  par  le  s'  de  la  Croizette,  et 
le  conseiller  envoyé  avec  luy  par  le  s''  de 
Montbartier  que  j'ay  envoyé  trouver  mondicl 
filz  le  roy  de  Navarre;  et,  à  leur  retour,  je 
vous  escripray  par  eulx  et  feray  bien  ample- 
ment response  à  toutes  voz  lettres.  Cependant 
je  vous  diray  que,  par  ce  que  m'a  ce  jourd'hui 
escript  mon  cousin  le  niareschal  de  Biron, 
j'espère  que  nous  aurons  bientost  de  bonnes 
nouvelles  de  la  RéoUe;  car  il  me  donne  très 
grande  espérance.  Quand  il  m'en  viendra  quel- 
que chose  de  plus  certain ,  je  ne  fauldray  de 


vous  en  donner  advis,  priant  Dieu,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à   Auch,  le  premier  jour  de  dé- 
cembre 1678. 

De  sa  main  :  Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  3  décembre. 

Copie.  Bibl.  nat. ,  Foods  français,  n°  33oo,  f*  102  r"  '. 
A  MONSIEUR 

LE   DUC  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  le  malheur  qui  nous  est  advenu 
de  la  surprinse  de  la  Réolle  est  cncores  suivi 
d'un  aultre  nouveau  accident  qui,  j'en  ay 
grand  peur,  brouillera  bien,  ai-je  grand  peur, 
noz  affaires  et  sainctes  intentions  au  bien  de 
la  paix  :  c'est  que  aulcuns,  pousez  de  maul- 
vaise  volunté,  ont  aussy  surprins  la  ville  de 
Lauzerte,  ad  ce  que  le  roy  de  Navarre  m'a 
escript  par  le  s"'  de  Laverdin,  qui  vient  d'aï'- 
river  icy,  et  qui  m'a  dict  que  ceulx  qui  ont 
faict  et  exécuté  ladicte  surprinse  ont  tué 
jusques  aux  femmes,  filles  et  petitz  enfans, 
dont  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  la  relli- 
gion  prétendue  réformée  sont  fort  en  alarmes; 
à  quoy  désirant  remédier  le  plus  tost  qu'il  sera 
possible,j'ayadvisé  que  vous  estant  à  Moissac-, 
qui  n'est  qu'à  quatre  lieues  de  Lauzerte,  vostre 
auctorité  servira  grandement  à  réparer  ce  mal , 
et,  pour  ce  (|ue  je  pense  bien  que  vostre  santé 
ne  pourroit  pas  permettre  d'y  aller  vous 
mesmes,  je  vous  prie  me  faire  ce  plaisir  et  ce 
grand  service  au  Roy  monsieur  mon  fils  de 
vouUoir  que  mon  cousin  le  prince  Daulpliin, 
vostre  fils,  y  aille  incontinent.  Je  l'en  prie  par 
ceste  cy  de    toute    affection,    et  d'y   donner 

'  En  marge  :  r  Envoyée  au  Roy  avec  la  dépesché  cy 
après  suivante,  à  iuy  envoyée  par  Monsieur  de  la  Roches. 
^  Jtoissac  (Tarn-et-Garonne). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


151 


promptement  tel  ordre,  que  la  ville  puisse 
estre  remise  en  Testai  qu'elle  estoit  aupara- 
vant ladicte  surprinse,  et  commander  au  s'"  de 
la  Chappeliede  Lozières\  quien  est  bien  près 
voisin,  et  qui  sera,  à  mon  advis,  agn?able 
aux  unjjs  et  aux  aullros,  de  se  mectre  dedans, 
suivant  ce  que  je  lui  escriptz  présentement 
faire,  ou  bien  quelque  autre  des  gentils- 
iiommes  qui  en  sont  aussy  voisins,  à  qui  j'es- 
criptz  pareillement,  ni'advertissant  par  mon 
mondiet  cousin,  le  plus  tost  qu'il  pourra,  de 
l'ordre  qu'il  y  aura  donné,  faisant  prendre 
prisonniers  ceulx  qui  ont  commis  ce  meschant 
acte,  lesqueiz  je  désire  aussi  qu'il  fasse  cbas- 
tier  promptement  et  exemplairement,  comme 
il  fault  faire,  pour  coupper  le  cbemin  à  telles 
choses,  qui  se  font  expressément  pour  troubler 
et  empescher  l'exécution  de  la  paix  et  nostre 
conférence  que  nous  ne  laisserons  pourtant 
de  faire.  Dieu  aydant,  au  x°  de  ce  mois,  sui- 
vant ce  que  m'a  mandé  mondiet  filz  le  roy 
de  Navarre,  et  le  s'  de  Laverdin,  si  nous  lui 
faisons  faire  justice  de  ce  faict,  comme  je  dé- 
sire et  j'espère  aussi  qu'elle  se  fera,  aiaul  est(' 
d'advis  que  iedict  Laverdin  ainenaslung gentil- 
homme des  siens,  comme  il  faict,  affin  qu'il 
puisse  veoir  et  rapporter  ce  qui  se  fera,  et 
comme  franchement  nous  marchons  non  seul- 
lemenl  pour  faire  remectre  ladicte  ville  en 
Testât  qu'elle  estoit,  mais  aussi  pour  le  chas- 
timent  de  ceulx  qui  ont  commis  Iedict  acte , 
ainsy  que  vous  et  mondiet  cousin,  vostre  filz, 
entendrez  du  s'' de  La  Roche,  présent  poi[pur, 
qui  fera  en  cela  ce  que  vous  et  vostre  filz  luy 
commanderez.  Je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  on  sa  saincto  et  digne  garde. 

Escript  à  Aux,  ledit  in°  jour    de   décem- 
bre 1678. 


'   Pons  do  Lauzières-la-Capelie  do  Tliôminos,  séné- 
olial  ot  gouverneur  de  Quercy. 


1578.  —  :j  d.'conil)i-o. 

Copii'.  Bilil.  liai.  ,  Fonds  fiiiiiciis ,  n"  33oo  .  f'  io3  \  . 

A  CEULX   DE   LAUZERTE  '. 

Messieurs,  je  ne  double  pas  qu'il  n'y  ait  eu 
quelque  occazion  qui  vous  ayt  meuz  de  vous 
saisir  de  Lauzerle ,  comme  j'ai  eu  advis  qu'avez 
faict.  Toutteffois  vous  ne  le  debviez  pas  en- 
treprendre sans  m'en  adverlyr  première- 
ment, puisque  vous  sçaviez  que  j'estoys  en 
ce  païs;  car  cella,  avecques  la  surprinse  qui 
a  esté  ces  jours  icy  faicte  de  la  Réollo,  m'a 
mis  en  très  grande  peyne,  ainsi  que  vous  en- 
tendrez de  mon  cousin  le  prince  Daulpliin, 
lequel  j'ay  prié  prendre  la  peyne  d'aller  jus- 
ques  audict  Lauzerte,  afin  d'entendre  de  vous 
les  occazions  qui  vous  ont  meu  à  ce  fayre  et,  en 
attendant  que  je  les  saiche  au  vray,  mectre 
ung  gentilhomme  de  voz  voisins  avecques 
vous  qui  vous  commandera  et  auquel  vous  ne 
fauldrez  d'obéyr  jusques  ad  ce  que  aultre- 
ment  j'aye  advizé  d'y  pourveoir.  Je  feray  in- 
continent à  vostre  gré  et  soulaigement,  comme 
vous  dira,  de  ma  part,  mondiet  cousin  le 
prince  Daulphin,  lequel  ne  fauldrez  pourceste 
occazion  de  recepvoir  audict  Lauzerte  et  obéyr 
à  tout  ce  qu'il  vous  commandera  de  ma  pari, 
vous  asseurant  qu'en  pourvoiant  à  Testablis- 
sement  de  la  paix,  qui  est  la  principalle  oc- 
cazion de  mon  voiaige  par  deçà  et  eu  quov 
je  travaille  pour  y  parvenir,  comme  j'espère 
qu'elle  sera  de  bref  parloul,  je  n'oubliray  de 
fayre  pour  vous  tout  ce  qu'il  me  sera  possible, 
en  sorte  que  vous  serez  soulaigez,  comme 
c'est  Tintencion  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
vostre  souverain  seigneur,  <jue  soient  tous  ses 
subjectz.  Me  remectant  à  mon  cousin  le  prince 
Daulphin  de  tout  ce  qu'il  vous  dira    de  ma 

'  Lauzerte  (Taïu-el-Garoune),  air.  do  .Moissac. 


152 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


part   dont   le   croirez  comme   moy  mesmes,  ■  Voyant  et  congnoissaut  assez  par  vosdictes  dé- 

je  ne   vous  ieray  ceste-cy  plus  longue  que  j  pesches  que  vous  estes  et  tous  voz  lions  ser- 

pour  vous  dire  au  demeurant    que,  si  vous  j  viteurs  démon  opinion,  qui  importe  et  à  quov 

faisiez    quelque  difficulté'   d'obéyr  à    ce  que  |  il  fauit  sur  toutes  choses  travailler,  cela  est 


dessus,  je  me  délibère  d'y  aller  moy  mesmes 
avecques  les  moiens  requis  et  nécessaires  et 
qui  seroient  bien  test  prestz  pour  vous  faire 
senlirla  faulte  que  feriez  encella, priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Aux,    le  m"  jour  de    décembre 
1578. 

1578.  —  .'1  décembre. 
Copie.  Bibl.  nat.,  Fonds  français,  n^SSco,  ("  i<i4  r"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  parmy  l'ennuy  et  ex- 
tresme  déplaisir  que  j'ay  des  longueurs  oiî  l'on 
me  lient  par  deçà  sur  nostre  conférence  et 
résolucion  des  choses  très  requises  pour  Testa- 
blissement  de  vostre  édict  de  pacificacion,  je 
reçois  beaucoup  de  consolation  du  contente- 
ment que  je  veoy  par  toutes  vos  dépesches 
que  vous  avez  de  mon  labeur,  que  je  ne  plains 
pas,  combien  qu'il  soyt  très  grant,  pourveu 
qu'enfin  je  puisse  parvenir  ad  ce  que  je  con- 
gnois  estre  de  vostre  intencion  et  aussy  le 
plus  requis  pour  le  bien  de  vostre  service  et 
que  nulle  :iutre  chose,  qui  est  l'exécution  et 
eslablissement  de  vostre  édict  de  pacifficacion. 

'  Entre  ces  deux  lettres,  il  y  a  dans  le  manuscrit  la 
mention  suivante  ;  rrll  a  esté  aussi  escript  par  lad.  dame 
Royne  mère  du  Roy  à  Monsieur  le  prince  Daulphin  pour 
aller  aud.  Lauzerte,  suivant  ce  qui  est  convenu  en  la 
susd.  lettre  de  moud,  sieur  de  Monpensier  cy  dessus 
transcripte,  et  dont  lad.  dame  luy  a  donné  pouvoir  par 
lad.  dépesclie,  inscripte  aud.  Auch,  ledit  jour  troi- 
siesme  de  décembre  1578.!! 

En  marge  :  ttEnvoyée  au  Roy  par  Mons'  de  la  Roche, 
gentilhomme  servant  de  la  Royue  mère  du  Roy. 71 


cause  que  je  demeure  tousjours  ferme  et  ré- 
solue à  poursuivre  nionentreprinse,  quelques 
traverses  et  empeschemens  que  l'on  me  donne; 
car  je  veoy  bien  qu'il  ne  fauldroit  que  bien 
peu  lascher  la  main  pour  revoir  incontinent 
le  feu  de  la  guerre  allumé  aussv  fort  qu'il  feust 
onrques  par  tout  vostre  royaulme,  n'y  avant 
pas  faulte  de  gens  qui,  par  malice,  ou  ne  con- 
gnoissanspas  combien  il  seroit  dommaigeable 
à  eulx  mesmes,  mal  aizé  à  esteindre  et  dange- 
reux en  Testât  en  quoy  est  à  présent  vostre 
royauime,  font  tout  ce  qu'ilz  peuvent,  d'une 
part  et  d'aultre,  pour  nous  remcetre  à  la 
guerre;  mais  crovez,  Monsieur  mon  filz,  que 
je  n'obmecltray  rien  de  tout  ce  qui  sera  pos- 
sible pour  parvenir  audict  eslablissement  de 
la  paix,  et,  combien  que  l'on  me  propose  de 
très  grand  dangers  si  je  voys  à  Nérac  pour 
nostre  conférence,  d'aultant  que  je  seray  en 
la  puissance  de  tous  ceulx  de  la  religion  et 
desquelz  peut-estre  mon  filz  le  roy  de  Na- 
varre ne  pourra  pas  estre  le  maistrc,  toute- 
ffoys,  plus  lost  que  de  prolonger,  à  mon  occa- 
zion  et  de  ma  part,  une  seuUe  heure  de 
temps  nostredicte  conférence,  j'en  prendray 
le  hazard;  car  je  veoy  bien  que,  si  je  monstre 
estre  en  deffience  avecques  eulx,  celle  qu'ilz 
ont  desjà,  qu'ils  monstreul  estre  très  grande, 
croistroit  de  telle  sorte  que  j'aurois  grande 
peur  que  cela  nous  ramenast  au  mal  que  je 
crains,  ou  pour  le  moings  en  de  nouvelles 
longueurs,  qui  préjudicieroient  quasi  aultant 
que  si  nous  estions  en  guerre  ouverte;  car 
i!  seroit  à  craindre,  .s'il  se  remuoit,  que 
Dieu  ne  veuille  quelque  chose  en  voz  pro- 
vinces de  delà,  ou  que  de  Flandres  il  se  rc- 
versast  en  voz  frontières  des  forces  qui  y  sont, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 
à  Muso  qu'elles  ne  pourront  en  ceste  saison 


153 


demeurer  audict  pais  de  Flandres,  que  ces 
gens  icy,  iesquelz  sans  double  ont  quelque 
chose  de  caché  dans  le  cœur,  comme  il  se 
congnoist  assez  par  les  remises  quilz  me 
font,  ne  retournassent  au  mal  que  nous 
debvons  craiiidie,  qui  est  l'occazion  seule 
qui  me  i'aicl  tant  patienter  pour  \ous  em- 
pescber  d'y  tomber;  car  je  crains  bien  qu'il 
seroil  fort  mal  aizé  de  nous  en  relever  ceste 
l'ois  parmy  tant  d'aultres  accidens  que  je  pré- 
voy,  ausquelz  il  me  semble  (jue  vous  avez, 
grâces  à  Dieu,  très  grand  moien  de  pourveoir, 
s'il  vous  plaist  de  suivie  ce  que  je  vous  en  ay 
escript  de  ma  main,  el  oultre  cela  de  regarder 
à  donner  quelque  contentement  à  vos  subjectz 
es  provinces,  leur  diminuant  ce  i|ue  vous 
verrez  estre  à  propos  des  choses  dont  ilz  se 
trouvent  surchargez,  principallement  ce  xv"^  de- 
nier de  la  taille  que  je  ne  trouvay  jamays 
bon  d'estre  imposé  :  aussi,  comme  je  \eoy  par 
tous  les  advis  qui  me  viennent,  c'est  une  des 
choses  sur  laquelle  ceuk  qui  ont  envye  de 
mal  faire  et  de  troubler  s'arresteront,  et  pa- 
reillement sur  le  faict  des  traictes  et  commis- 
sions extraordinaires,  qui  sont  principullcment 
en  Normandye  et  en  Bretaigne,  où  je  nous 
prye  envoyer  le  sieur  de  Rembouillet  et  le 
sieur  de  Bellièvre  aussi,  s'il  vous  est  possible, 
à  la  tenue  des  Estais  dudicl  pais  ^;  car  je  veoy 
bien  qu'il  sera  impossible  que  mon  cousin  le 
duc  de  Montpensier,  ny  mon  cousin  le  prince 
Daulphin  son  filz,  y  puissent  estre  à  cause  de 
la  malladye  survenue  à  mondict  cousin  le  duc 
de  Montpensier,  lequel  depuis  deux  jours  s'esl 

'  Voir,  dans  lc>  n"  logoô  du  i'onds  français  de  la 
Bibi.  nat.,  T  926,  les  remontrances  présenlées  par  les 
délégués  du  cbaillage  de  Costenlin  à  Messeigneurs  les 
cotamissaires  par  le  Roy  pour  tenir  les  Estatz  de  Nor- 
mandie». Orig.  suivi  des  signatures  autographes.  Plus 
loin,  p.  177,  178. 

Catherine  de  Médicis.  —  vi. 


excusé  à  moy  dudicl  voiage  à  cause  de  sa- 
dicle  malladye,  comme  aussy  a  faict  aujour- 
d'hui sondict  fil/,  qui  ne  le  peult,  ad  ce  qu'il 
m'a  dicl,  abandonner  en  Testât  e-i  (piov  il  est; 
et,  pour  ce  que  mondict  cousiu  le  mareschal 
de  Biron  m'a  aujourd'hui  escript  vous  avoyr 
envoyé  La  Alotlie,  qui  est  à  luy,  et  faict  iiii- 
lendre  par  luy  la  bonne  espérance  qu'il  n  de 
la  liéolle,  je  m'en  remettrav  ad  ce  que  vous  en 
entendrez  par  Icdict  La  Motbe.  Cependant  je 
conliuueray  toujours,  avecques  tout  le  soing, 
diliigence  et  dextérité  qu'il  me  sera  possible, 
pour  fayre  en  sorle  que  le  jour  de  nostre  con- 
lérence  et  assemblée  ne  puisse  estre  prolongé 
et  que  nous  venions  à  la  résolucion  de  l'exé- 
cution de  vostredict  édict,  nonobslaut  les 
traverses  que  l'on  me  faict  et  peyne  (jue  l'on 
me  donne  du  danger  que  moy  el  ceulx  qui 
sont  avecques  moy  y  courrons. 

Sur  quoy  je  vous  diray  que  le  prolhonolaire 
de  Bois-Jourdain,  estant  icy  il  va  deux  jours,  me 
supplia  qu'il  peust,  et  son  cousin  le  sieur  de 
Lassegnan,  parler  à' moy  à  part,  ce  que  je  luy 
accorday  voluuliers.  Je  les  oys  seulz,  et,  ])ar 
ung  long  propoz  que  me  feist  ledict  prolho- 
nolaire de  Bois -Jourdain,  je  congneuz  qu'il 
m'eust  bien  voullu  persuader  à  recommencer 
la  guerre;  mais  je  n'oubliay  rien  sur  toul 
cela  de  luy  respondre  el  fnyre  congnoislre 
que  par  tant  de  fois  le  feu  Roy  vostre  frère, 
que  Dieu  absolve,  el  vous  aviez  essayé  par  les 
armes  d'en  venir  à  bout,  que  néantmoiugs  il 
ne  nous  avoil  esté  possible,  et  que  enfin ,  après 
avoir  bien  considéré  tout  ce  qui  se  peut, 
vous  aviez  donne  et  faict  la  paix  vous-mesmes, 
que  estiez  bien  délibi'ré  d'entretenir  el  gar- 
der, ce  que  m'aviez  dicl  et  que  je  veovois 
tous  les  jours  par  les  dépesches  que  me 
faisiez,  n'ayant  aussy  rien  oublié  de  tout  ce  qui 
[se]  peut  penser  pour  le  retenir  tousjours,  et 
tous  ceulx  qui  peuvent  cstre  de  son  oppinion, 


20 

'lUEnii:     5ATIO^,ll,£. 


155 


LETTRES  DE  CATHERINE  DK  MÉDICIS. 


en  leur  deljvoir,  el  siirloul  de  iccungnoistre 
tousjours  leur  Roy  et  non  aultre;  car  c'estoil 
le  plus  seur,  sans  s'arrester  à  aultres  quelz 
qu'ilz  soient  et  lesquelz  ne  pouroient  sub- 
sister, mais  que  vous,  qui  estiez  leur  Roy,  de- 
tneuriez  tousjours  ferme.  Il  ne  m'a  respondii 
chose  du  monde  là  dessus;  mais  ledict  Lasse- 
gnan,  que  j'estime  estre  fort  homme  de  bien 
et  avoir  du  tout  son  cœur  à  vous,  a  pris  la 
paroUe  et  a  dict  que,  quant  à  luy,  il  ne  re- 
congnoist  et  ne  recongnoistia  jamays  que 
vous,  qui  estes  son  Roy,  et  n'espargne  oncques 
ny  n'espagnera  jamays  sa  vye  et  tout  ce  qu'il  a 
de  inoien  pour  vostre  service.  Il  l'a  dici  de  si 
bonne  faron  qu'il  m'a  faict  1res  grant  plaisir,  et 
de  là  s'est  ouvert  à  me  dire  que  v('ritahiement 
il  V  avoit  à  penser,  allant  aiidict  Nérac  faire 
nostre  conférence;  mais  leur  ayant  encores 
sur  rein  di'clar(?  que  je  suis  résolue  d'y  aller, 
ils  m'ont  proposé  du  commancement  de  (cnj  r 
leurs  amys  prestz  en  fort  bon  nombre,  comme 
aussi  feront  Barannau  ^  le  fr^re  dudict  abbé  de 
Bois-Jourdain,  le  sieur  de  Giscarof-  et  autres, 
et,  sans  que  personne  desloige  de  sa  maison 
ny  saiche  rien  pourquoy  c'est,  ilz  seront  tous- 
jours  pretz  pour  m'en  servir,  si  je  me  trou- 
vois  pressée  ou  bien  si  iesdictz  de  la  religion 
me  relenoient;  qu'iiz  s'en  serviroient  et  non 
seullement  de  cela,  mais  aussy  qu'iiz  mour- 
roient  tous  et  tous  leurs  amis,  qui  sont  en  très 
grant  nombre,  plustost  qu'iiz  ne  me  veissent 
en  pleine  liberté.  Hz  feront  cela  d'eux  mesmes, 
tout  ainsy  qu'iiz  me  l'ont  proposé,  sans  que 
toutesfois  personne  saiche  qu'iiz  m'en  ayeut 

'  Une  lettre  du  roi  de  Navarre ,  du  s 'i  novembre  i  .S76 . 
est  adressée  à  M.  Barannau,  k clievalier  de  l'ordre  du  Roy, 
mon  conseiller  au  séneschal  de  mon  comité  d'Armaignac.!i 
Lettres  Missices,  t.  VIII,  p.  io3. 

-  Le  sieur  de  Giscaro  ou  Giuscaro  était  ce  capitaine 
Mathieu  de  la  Barthe,  l'ainé  des  trente-quatre  fils  de 
Paul  de  la  Barthe  et  de  Marie  de  la  Palu. 


parlé;  car  ilz  le  mont  sur  leurfoy  ei  luiiincur. 
i'ung  après  l'aultie,  promis,  de  sorte  qu'il  n'y 
aura  personne  vivante  qui  en  saiche  rien,  et 
ainsy  vous  congnoissez  que  la  noblesse  nous 
ayme;  aussy  leur  ay-je  bien  et  faictz  tous  les 
jours  congnoistre,  autant  qu'il  m'est  possible, 
que  vous  les  aimez  pareillement  bien  for! , 
vous  priant.  Monsieur  mon  filz,  user  de  vostre 
libéralité  envers  ledict  Lassegnan;  car  il  est 
personnage  de  valeur,  qui  a  beaucoup  de 
moien  pariuy  toute  la  noblesse  de  deçà  et  qui 
vous  laid  de  bon  cueur  service.  11  vous  plaira 
avoir  aussi  souvenance  du  sieur  de  Giscard, 
qui  a  tousjours  commandé  en  ceste  ville  et  qui 
est  grandement  affectionné  à  vostre  service, 
lequel  je  serois  d'advis  que  missiez  en  vostre 
estât,  si  les  places  ne  sont  point  toutes  rem- 
plies ou  aux  premières  qui  vacqueront.  H 
vous  a  pieu  de  luv  donner  une  pension  de 
m""  1.,  qui  n'a  pas  encores  esté  vériffîée  en 
vostre  chambre  des  comptes  et  pour  iaquelli' 
je  vous  faiz  ung  mot  de  lectre  à  part,  selon  la 
supplicacion  qu'il  m'en  a  faicle;  et,  pour  le 
regard  dudict  Barannau,  j'ay  veu  la  response 
que  m'avez  faicte  de  la  bonne  volunté  en  quoy 
vous  estes  de  luy  fayre  du  bien  :  je  vous  prye 
doncques.  s'il  vacque  abbaye,  de  l'en  gratifier; 
car  ad  ce  quej'av  sceu,  il  a  beaucoup  dépensé 
pour  vostre  service  et  n'a  pas  grand  moyen ,  qui 
est  cause  que  je  reitère  la  recommandation  que 
je  vous  ay  cy  devant  faicte.  Et,  à  ce  propos,  je 
vousrecommanderav  aussv  le  sieur  de  Saussac , 
qui  faict,  ce  me  semble,  maintenant  assez  bien. 
S'il  vous  plaict  luy  iaire  expédier  son  pouvoir 
adressant  au  porteur,  comme  avoit  faict  Mont- 
ferrant,  el  luy  pourveoir  de  quelque  honneste 
entreténement,  afin  qu'il  ait  moien  de  vous  y 
faire  service,  je  croy  que  sera  bien  faict. 

Et  pour  ce  que  j'ay  receu ,  quasi  à  mesme 
heure  et  tout  à  ung  coup,  voz  lectres  des 
XV,  xvm,  XIX,  XXII,  XXIII  et  xxiiii'^  du  passé. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


155 


je  reprendray  ])ar  ceste-cy  les  poincls  conte- 
nus par  icellcs  èsquelz  il  eschet  response,  et 
vous  diray,  Mousieur  mou  lilz,  premièrement 
quant  aux  Estais  de  Bretagne,  que  je  viens 
rie  recepvoir  présentement  une  lectre  de  mon 
cousin,  le  duc  de  Monlpensier,  par  laquelle 
il  m'escript  (ju'il  est  du  toul  impossible,  à 
cause  de  la  nialladve  qui  luy  est  survenue, 
que  luy  ny  moudicl  cousin,  le  prince  Daul- 
phin  son  filz,  y  puissent  aller;  par  quoy  il 
vous  plaira  y  pourveoyr,  comme  il  est  cv  de- 
vant dict  ou  aultrement,  ainsy  (jue  vous 
sçaurez  bien  adviser,  comme  il  est  très  né- 
cessaire que  laciez  promptement;  car  la  tenue 
desdietz  Estais  a  eslo',  comme  je  vous  ay  cy 
devant  escript,  remise  par  mou  cousin  le 
duc  de  Montpensier  au  xxn-  de  ce  préseul 
mois,  ce  que  je  pense  que  vous  aurez  trouvé 
bon  pour  l'espérance  quil  avoit  de  se  pouvoir 
trouver,  comme  aussy  feust  il  venu  très  à  pro- 
pos pour  le  bien  de  vostre  service  et  pour 
destouruer  tant  de  mauvaises  volunlez  que  je 
veoy  en  aulcuns  dudict  païs,  qui  sont,  à  ce 
que  j'entends,  ceulx  qui  vous  sont  les  plus 
obligez,  comme  il  est  advenu  que,  par  l'ingra- 
titude, mallice  d'aulcuns,  les  cboses  ne  sont 
pas  passées,  à  la  tenue  des  Estais  de  Nor- 
mandie, comme  j'eusse  désiré.  Toutefl'ois  v 
aura  encores  moien  d'y  pourvcoir,  (itisant  ce 
que  je  vous  ay  conseillé  au  commencement 
de  ceste  lectre  pour  ceste  province  là  et  pour 
les  aultres.  J'escrips  cependant  au  sieur  de 
Matignon'  ce  (pii  m'en  semble  sur  cela,  et 
m'asseure,  qu'encores  qu'il  soit  du  pais  des 
plus  lins,  qu'il  pensera  plus  d'une  fois  à  ce 
que  je  luy  en  mande. 

'  Matignon  coinniandait  toujours  pour  ie  roi  en 
Normandie.  —  Voir,  dam  les  volumes  précédents,  les 
nombreuses  lettres  qui  lui  sont  adressées.  II  devait 
plus  taid  remplacer  Binon  comme  lieutenant  général 
en  Giivennn. 


J'av  veu  aussy  la  response  que  me  faictes 
pour  le  l'aict  des  présidens  et  conseillers  de  la 
chambre  tripartie;  sur  quoy  vous  croirez,  Mou- 
sieurmon  (ilz,que  cela  sera  suilisant  pour  nous 
accrocher  en  nostre  conférence,  s'il  n'est  pour- 
vcu  de  les  faire  venir  diligemment;  car  aussy 
vous  assuré-je  que  c'est  très  grande  pitié  et 
charge  de  conscience  de  tau(  de  choses  qui 
demeurent  impugnies  par  faulte  de  ladicte 
chambre,  en  laquelle  j'ay  advertv  mon  filz  le 
roy  de  Navarre  de  vous  nommer  ung  autre 
conseiller  au  lieu  d'Escarreaulx,  qui  est  dé- 
ceddé.  Je  pense  bien  aussy  qu'eu  nostredicte 
conférence  ilz  se  pourront  arrcster  sur  les 
lieulx  qui  leur  doib\enl  esire  baillez  pour 
l'exercice  de  leur  religion  es  gouvernemens 
de  ce  royaulme;  sur  quoy  je  me  serviray  pour 
risie  de  France  de  la  lectre  que  m'avez  en- 
voyée de  mon  cousin  le  duc  de  Monlmoreucv. 
.le  vouldroys  bien  en  avoyr  de  semblables  de 
tous  les  aultres  gouvernemens,  afin  que  l'on 
leur  peust  monsirer,  s'ilz  n'ont  lesdiclz  pres- 
ches  et  ne  font  l'exercice  de  leur  religion, 
qu'il  ne  tient  qu'en  eiil.x;  mays  encores  auray- 
je  sur  cela  à  leur  respondre  et  dire  le  tort 
qu'ilz  font  aux  pauvres  catholicques  es  villes 
qu'ilz  occupent  encores  et  (|u'ilz  doibvent 
rendre  suivant  l'édict,  èsquelles  les  pauvres 
catlioliques  n'ont  pas,  ad  ce  que  j'entendz, 
giaude  liberté  de  fajre  exercice  de  leur  re- 
ligion :  en  quoy  ilz  n'ont  aucune  replicque; 
car  il  no  fient  auicunement  ausdiclz  calho- 
licques,  mais  aux  linguenofz,  ([ui  ne  les  veul- 
ient  souffrir  es  lieulx  où  ilz  sont  en  plus  grant 
nombre;  sur  quoy  nous  aurons  une  aiilre 
considéraciou  et  en  (juoy  je  léray  en  sorte 
que  vostre  édict  sera  suivy,  comme  il  est  plus 
que  raisonnable. 

Et  pour  le  regard  de  Provence,  j'attendz 
la  response  de  la  dernière  bien  expresse 
d('j;esclu'   que  j'en    ay    faicte    aux   sieurs   de 


156 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Suzes\  de  Garces-,  de  Vins  et  aultres,  qui, 
j'espère,  v  auront  considéracion;  mais  je  vous 
diray,  en  passant,  qu'il  me  semble  que  si  le- 
dict  sieur  de  Suzes  feust  allé  en  sa  mayson 
pour  quelque  temps,  comme  le  luy  avez 
escripl  il  n'y  a  guières^,  les  choses  eussent 
esté  beaucoup  plus  facilles.  Touteffois,  en- 
cores  que  j'en  soys  loing,  croiez.  Monsieur 
mon  filz,  que  j'y  ferav  ce  (ju'ii  me  sera  pos- 
sible. Cependant  je  vous  diray,  pour  le  faict 
de  Beaucaire,  dont  toutes  vos  lectres  font 
mention,  que  j'y  l'aictz  tout  ce  qui  se  peut, 
comme  je  vous  escripvis  dernièrement;  mais 
mondicl  filz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  qui 
sont  auprès  de  luy  de  sa  religion  me  remectcnt 
à  pre'sent  à  Chastillon,  pour  lequel  j'av  baillé 
ung  passeport,  comme  ils  m'ont  requis,  d'aul- 
tanlqu'ilz  dient  qu'ilz  viennent  à  nosiredicle 
conférence  :  auquel  lieu  je  vous  asseure  bien 
que  ce  sera  le  premier  poinct  qui  sera  traicté, 
car  aussy  n'y  a-t-il  poinct  d'apparence  de  s'i 
estre  comportez  comme  ilz  sont;  mais,  quelque 
fréquente  instance  que  j'en  ay  peu  faire,  il 
n'a  esté  possible  d'en  pouvoir  avoir  autre  rai- 
son jusques  icy. 

Pour  le  regard  de  ce  que  me  mandez  de 
Derdov,  quand  le  sieur  marescbal  de  Biron 
sera  auprès  de  moy,  j'adviseray  avec(|ues  luy 
comme  on  le  pourra  mener  seurement  hors  de 
Bordeaulx  jusques  à  Beaugency,  Paris  ou  ail- 

'  François  de  la  lîaume,  comte  de  Svize ,  avait  été 
sous  Cliarles  IX  l'adversaire  du  baron  des  Adrets;  le 
marédiai  de  Retz  lui  céda  pour  un  temps  son  gouver- 
nement de  Provence.  11  mourut,  le  no  août  1587,  an 
siège  du  château  de  Montélimar. 

-  Jean  de  Pontevès,  comte  de  Carces,  qui  sera  plus 
tard  contre  le  roi  l'allié  du  duc  de  Savoie,  avait  tenté, 
au  mois  de  juillet  1678,  do  surprendre  Avignon;  il 
était  lieutenant  du  roi  en  Provence  et  séuéclial ,  mais 
c'était  un  homme  de  parti,  de  fidélité  douteuse.  Sa  sœui 
avait  épousé  Hubert  de  Vins. 

^   Pour  nagitcrcs. 


leurs,  pour  procedder  à  l'encontre  de  luy  sur 
les  papiers  que  voz  secrétaires  ont  par  delà 
avecques  les  aultres  pièces  qu'a  le  conseiller 
Mole. 

Cependant  j'ay  escript  pour  fayre  venir  le 
lieutenant  du  Chasteau  neuf  de  Bayonne,  qui, 
je  pense,  ne  fauldra  pas  de  me  venir  trouver. 
Je  le  vous  renvoiray  incontinant,  afin  que  luy 
faictes  donner  quelque  récompense  pour  l'osier 
bors  de  là,  car  il  ne  se  trouva  dernièrement  à 
Bordeaulx  aucunement  chargé.  J'ay  ])areille- 
ment  veu  par  vozdictes  lectres  le  retardemenl 
du  sieur  de  Beauvais,  n'y  aianl  point  d'ordre 
que  voz  affaires  si  importans  comme  sont  ceulx 
là  demeurent  pour  l'argent  d'un  voiage,  ayant 
très  grant  regret  de  voir  cela,  aussy  vous  im- 
porte-ii  beaucoup,  non  seullement  pour  le  bien 
de  vosdictes  afiaiies  et  service,  mais  aussy 
pour  vostre  réputacion. 

Et  sur  ce  que  me  respondez  au  désir  que 
j'avoys  que  vous  envoyassiez  quelque  person- 
naige  de  quallilé  avec  le  sieur  de  Siniier  en  An- 
gleterre, ne  vous  en  ayant  point  encores  requis 
mon  filz  le  duc  d'Anjou,  il  vault  mieulx  en  at- 
tendre sa  volunté,  et  cependant  adverlir  vostre 
ambassadeur  ad  ce  qu'il  intervienne  à  tout  ce 
que  fera  ledict  Simier  pour  vostre  frère, 
comme  j'escrips  à  vostredicl  ambassadeur  et 
qu'il  vous  plaira  veoir  par  ma  lectre  que 
j'adresse  à  Brulart,  pour  la  vous  lire;  et,  afin 
de  ne  vous  ennuyer  davantaige  de  ceste  cy 
que  je  crains  encores  estre  trop  longue,  je 
prieray  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Aux,  le  iiii"'  jour  de  décembre 
1578. 

Monsieur  mon  filz  \  depuis  cesle  leclre 
escripte,  vostre  frère  le  roy  de  Navarre  m'a 

'  En  titre  :  trPosIcript  d"  ladicte  dépesclic  envoyée 
par  ledict  La  Roclien. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


157 


escript  par  Lavcrdin  que  la  ville  de  Laiizcrle 
auroil  esté  surpriiise  (limaiiclie  dernier  par 
les  catlioiiques  avec  telle  NioUence,  qu'ilz  y 
auroient  tué  tous  cculx  de  la  religion  pré- 
tendue réformée  qui  la  tenoient,  sans  avoyr 
pardonné  aux  l'einmes,  lilles,  pelitz  enl'aas, 
ce  qui  m'a  merveilleiisemeut  troublée;  et  aussi 
tost  ayant  sceu  que  mondict  cousin  le  duc  de 
Montpensier  esloit  à  Moissac,  qui  est  assez 
près  de  ladicte  ville  de  Lauzerle,  je  luv  escrip- 
viz  et  à  mondict  cousin  le  prince  Daulphin 
les  lectres  dont  les  doubles  seront  eucioz  en 
cestedépesche, ensemble  de  cellequej'escripvis 
aussi  parmesmes  moien  à  ceulx  ([ui  avoientsur- 
prins  ladicte  ville,  pour  la  remmectre  eu  Testât 
quelle  estoit  auparavant  et  laire  faire  justice 
de  ceulx  qui  ont  commis  ceste  faulte;  mais 
par  deux  ou  trois  advis,  que  j'ay  ce  jourd'liuy 
euz  de  divers  lieux,  il  est  bien  vray  que  la- 
dicte ville  a  esté  reprinsj  par  les  callio'i(jues; 
mais  ce  sont  ceulx  qui  ont  esté  chassez  du- 
rant les  troubles  de  leurs  maisons,  lesquelz 
y  sont  rentrez  par  escallade,  la  nuict  d'entre 
dimanche  et  lundy  dernier,  sans  grande  résis- 
lance  de  ceulx  (jui  estoient  dedans;  aussy  n'y 
a-il  esté  tué  que  le  ministre  et  ung  aultre  hu- 
guenot qui  faisoient  les  maulvais,  lesquelz 
tuèrent  aussi  ung  pauvre  catholique.  Cela 
sera,  à  mon  advis,  bien  aizé  à  arcomoder;  car 
ladicte  \ille  de  Lauzerte  est  une  des  villes  que 
lesdictz  de  la  religion,  suivant  l'édict,  doibvent 
remeclre.  Vray  est  que  ceulx  qui  ont  faict  la- 
dicte entreprinse  ne  la  debvoient  pns  entre- 
prendre, maisatlendie  la  résoliiciou  de  noslre- 
dicte  assemblée  et  conférence;  et,  afin  que  nous 
ne  puissions  plus  tomber,  comme  cy  devant 
en  nostre  conférence,  en  telz  accidens,  qui 
pourroient  beaucoup  brouiller  noz  alfavres, 
j'ay  faict  expédier  ung  acte  publicq  accordé 
entre  le  roy  de  Navarre  et  moy,  qui  sera  envoyé 
par  toutes  les  séneschaussées  de  deçà,  duquel 


je  vous  envoyé  le  double.  Il  servira  non  seulle- 
mcnt  pour  empescher  (juo  telles  choses  n'ad- 
viennent  plus,  mais  aussy  pour  faire  entendre 
à  ung  chascun  le  jour  que  se  fera  nostrediete 
assemblée  et  conférence  et  la  bonne  espérance 
(jue  nous  avons  de  donner  l'ordre  requis  et  né- 
cessaire, avant  que  nous  séparer,  pour  l'exé- 
cution et  establissement  de  la  paix,  suivani 
vostre  intencion  et  désir;  el  pour  davantaige 
fortiflii'r  un  chascun  en  ceste  bonne  espéiance 
et  que  cela  puisse  eslre  cause  de  les  contenir, 
il  est  aussy  faict  mencion  par  iedict  acte  de  la 
bonne  intelligence  que  nous  avons,  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  et  moy,  à  cest  elfect; 
el,  à  ce  propos,  je  vous  diray  qu'il  me  semble 
qu'il  seroit  très  bon  que  feissiez  fayre  une  dé- 
pesche  généralle  par  tout  vostre  royaume  ad  ce 
que  touz  baillifz  et  séneschaulx  ayent  à  résider 
à  leurs  charges  et  faire  le  deu  de  leurs  oflices, 
car  cela  ne  pourra  que  beaucoup  siMvir  au  bien 
de  voz  alfayres,et  principallenienten  ce  temps. 
Escript  à  Aux,  le  \°  joui-  de  décembre 
1678. 

Monsieur  mon  filz  ',  f  on  me  vient  de  dire  que 
aulcuns  catholiques  ont  aussy  repris  la  ville 
de  Cossade-  en  Quercy.  Cela  ne  peut  qu'il  ne 
nous  augmente  encoresles  difficultez;  et  desjà 
ceulx  de  la  religion,  qui  avoient  oste'  les  gens 
de  guerre  de  féglise  et  ville  de  Lectoure,  y  en 
ont  remis,  et  trouvé  mondict  fdz  le  rov  de 
Navarre  fort  refroidy  de  rendre  et  remectre 
la  ville  de  Florence,  comme  il  m'avoit  promis 
qu'il  feroit  en  festat  qu'il  l'avoit  trouvée: 
toutesfoys  j'ay  faict  et  feray  tout  ce  qu'il  me 
sera  possible  pour  la  ravoir.  Je  veov  d'uni; 
aultre    costé    qu'ilz   ont  remis    des   gens    de 

'  En  lilre  :  «Autre  postscript  di'  lad.  dcpesrlie  en- 
voyée au  Roy  par  Icd.  la  Roche.  1 

-  Caussade,  à  sa  kilomètres  de  Moiilsiiban,  eut 
beaucoup  à  souffrir  des  guerres  do  leli/pou. 


158  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


guerre  à  Tartas  et  à  MeiUaa^  et  re'paré  ies  tours 
et  chasteau  dAibret  -  du  costé  des  Landes. 
Il  est  vray  que  ce  ne  sont  que  petites  places. 
Il  s'est  aussy  faicl  deux  meurtres  à  Limoges 
et  en  Périgord,  l'ung  par  les  liuguenotz  et 
Taultre  en  revanche  par  lez  catholiques, 
dont  sont  venues  jusques  icy  les  plainctes; 
à  quoy  j'ay  soudain  pourveu  pour  en  faire 
l'aire  la  justice  et  déllivrer  ung  nommé  le 
sieur  de  Bassignac,  qui  est  de  ladicte  religion , 
et  qui  a  esté  prins  et  mené  comme  prisonnier 
de  guerre.  Je  crains  bien  que  cela  augmente, 
d'une  part  et  d'aultre,  le  mal  que  les  grandes 
prolongations,  où  mondict  filz  le  roy  de  Na- 
varre et  ceulz  de  la  religion  m'ont  remis  et 
remectent  tous  les  jours,  donnent  encores 
loisir  et  moien,  à  ceulx  qui  taschent  à  nous 
empescher  et  traverser  l'establissement  de 
vostredict  édict,  de  fayre  ce  qu'ilz  désirent-, 
à  quoy  j'ay  grande  peur  que  quelques  Espai- 
gnolz,  que  l'on  m'a  dict  estre  à  Toulouse,  il 
y  a  quelque  temps,  observant  par  deçà  tout 
ce  que  je  l'aiz,  y  aident  et  de  menées  et  de 
moieus  :  ce  que,  si  je  puis,  je  descouvriray; 
et  cependant  ne  perderay  une  seuHe  heure  de 
temps  de  tout  ce  qu'il  se  pourra  avoir  moien 
de  fayre  pour  entier  en  nostre  conférence, 
alin  de  conclure  audict  jour  x°  de  ce  mois,  le 
plus  tôt  que  fayre  se  pourra,  l'ordre  qu'il 
fauldra  tenir  et  donner  promptement  pour 
l'exécution  de  vostredict  édict,  estant  ce  seul 
moien  pour  arrester  le  cours  de  ce  mal  qui 
s'en  va ,  à  mon  très  grand  regret,  fort  croissant, 
et  s'augmentera ,  say-je ,  tous  les  jours,  qui  n'y 
pourveoira  promptement,  comme  j'ay  infinies 
foys  représenté  à  mondict  filz  le  roy  de  Na- 

'  Tartas,  arrondissement  de  Saint-Sever  (Landes). 
Moilhan,  dans  ie  canton  de  Tartas,  à  ao  kilomètres  de 
Saint-Sever. 

^  Il  était  à  Labrit,  petite  ville  à  37  kilomètres  de 
Monlauban,  qui  fut  le  berceau  de  la  maison  d'Albret. 


varre  et  depuis  trois  ou  quatre  jours  escript 
et  mandé  quasi  à  toutes  heures,  sur  diverses 
occazions  de  choses  qui  surviennent  ou  de 
bruitz  que  l'on  apporte,  qui  a  esté  cause  que 
desjà  par  deux  foys  il  m'a  faict  prier  hier  par 
Lavardin,  et  ce  soir  par  Piijolz,  que  je  m'ap- 
prochasse de  Nérac,  afin  que  feussions  plus 
près  et  n'eussions  plus  la  peyne  d'envoyer  de  si 
loing  l'ung  devers  l'aultre;  mais  je  luy  monstre 
tousjours,  comme  aussy  est-il  véritable,  qu'il 
me  faschoit  fort  que  je  partisse  d'icy  sans 
voir  ledict  Florence  remis.  Touteffoys,  si  je 
cougnois  que  je  n'y  puisse  rien  gaigner,  estant 
si  prochain  du  jour  de  nostredicte  conférence, 
il  sera  force  que  je  parte  d'icy. 

Escript  à  Aux  led.  v°jour  de  décembre  1678. 


1578.  —  5  décembre. 

O.I|;.  Bibl.  uat. ,  Fonds  fran;ais ,  u°  338'i ,  f  Sa. 

A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  un  acte  publicq 
que  j'ay  faict  faire  pour  coupper  le  chemin 
aux  surprises  et  désordres  qui  pourroient  en- 
cores advenir  en  attendant  le  jour  et  durant 
nostre  conférence,  vous  priant  de  bailler  tout 
aussitost  au  premier  président  et  gens  du 
Roy  monsieur  mou  fils,  de  sa  Court  de  Par- 
lement de  Thoulouse,  aftin  que  soudain  on  le 
face  imprimer,  publier  et  envoyer  partout, 
comme  il  est  porté  par  les  lettres  que  je  leur 
l'scriptz,  lesquelles  je  vous  prie  aussy  leur  faire 
bailler,  affîn  qu'ils  satisfassent  incontinant  à 
ce  que  je  leur  mande,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Auch,  le  v°jour  de  décembre  1 578. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


LETTRES  UE  CATHERIM!  DE  MÉDICIS. 


159 


1578.  —  5  décembre. 

Orij;.  Bil.l.  Dnt.  .M>.   Iranc;.  n°  i.'igoS.  1°  -jio, 

A  MO^SIEUR  DE  BELLIÈVRE , 

C0,1ÇEILI,En    DU    R0\    S10\Slttl:    U0\    F1I.7-    BN    SOH    COSSBII.    PBCVK    D'ESTAT 
ET   PRKSinB\T   EN   SA   COURT   DE  PiRLBHEM. 

Monsieur  de  Boliî'vre,  jo  sçay  bien  que 
vous  avez  l'aict  tout  ce  (jui!  vous  a  este'  pos- 
sible pour  accellérer  le  fournissement  de  la 
somme  de  cent  mil  livres  de  ma  cousine  la 
duchesse  de  Moutjjonsier,  el  que  la  longueur 
qui  y  a  este'  ne  vient  nullement  de  vous,  ny 
des  autres  ministres  du  Roy,  monsieur  mon 
filz.  Aussi  ne  vous  f;uilt-il  meclre  en  peine 
de  ce  que  en  pensons,  le  Rov  mondit  S' 
et  filz,  el  moy,  qui  vous  prie  ayder  à  veoir  el 
pourveoir  ad  ce  que  les  autres  deux  cens  mil 
soient  lourniz,  puis  qu'ils  ont  esté  promiz; 
et  que  Ton  y  satisface  le  plus  tost  que  l'on 
pourra,  suivant  l'intention  du  Roy  mondict  S' 
et  filz,  que  je  suis  bien  aize  qu'il  vous  ait 
envoyé  à  la  tenue  des  eslalz  de  Normaadye; 
car  encores  que  les  choses  n'y  soient  passées 
comme  nous  désirions,  je  pense  qu'elles 
feussent  peult-estre  plus  mal  allées.  J'estime, 
si  les  gouverneurs  et  piincipnuh  du  pais  qui 
ont  tant  d'obligation  au  Roy,  mondit  S'  et 
fils,  veullent  s'employer  comme  ilz  doibvcnt 
et  faire,  selon  les  grans  moiens  quilz  y  ont. 
que,  là  et  en  Bretaigne  aussi,  ne  s'y  fera  rien 
qui  puisse  aporter  graut  inconvénient,  si  l'on 
les  conduict  bien,  conmic  je  m'asseure  que 
fera  faire  le  Roy,  tant  pour  parvenir  à  réparer 
les  choses  aigryes,  que  pour  aussi  faire  faire 
doulcemenl  les  levées,  selon  la  commission  de 
la  tenue  desditz  estatz,  en  leur  rabatant  et 
remettant  ce  que  l'on  pourra;  et  verra  on 
doulceuient  que  le  Roy  pouria  faire.  Toutes- 
fois  je  me  remectz  à  ce  que  mondict  S'  el  filz 
en  advisera. 


Cependant  je  pryc  Dieu,  Monsieur  de 
Belièvre,  vous  avoir  en  sa  sai[icte  el  digne 
ga.de. 

Escripl  à  Aui-b,  le  v°  décembre  iSyS. 

La  bien  voslie. 

(lATiiniM;. 


1578. 


(Ii'd'iiibi'e. 


Orig.  Arcll.  des  Médicis  ii  Florence.  daiUt  liiza  '173!!, 
nuova  nuincrazîone.  p.  A.'i-j. 

.\  iMON  COUSIN 

LE  SEIGNEUR  DOM  PETRE  UE  MÉDICLS. 

.Mon  cousin,  je  serois  bien  fort  aize  de 
vous  veoir,  comme  je  congnois  par  voslir 
lettre  que  vous  estes  en  mesme  désir,  et  de 
prendre  [tour  ceste  occazion  la  peine  de  venir 
jusques  icy,  si  n'y  veoyiez  trop  de  danger; 
mais,  comme  vous  dictes  par  vostre  lettre, 
je  craindrois  (juc  sui'  ces  garbouges  qui  sont 
advenues  ces  jours  icy,  ausquelles  j'espère 
néantmoins  bientosi  a\oir  pourveu,  il  ne  feist 
pas  à  présent  trop  seur  pour  vous  sur  ces  che- 
mins d'entre  cy  et  Bordeaul.x,  el  qu'il  vous  ad- 
vint inconvénient;  par  quoy  je  vous  conseille, 
mon  cousin ,  de  prendre  vostre  chemin  dudict 
Bordeaulx,  tomme  j'ay  entendu  qu'aviez  ad- 
visé,  sans  vous  détourner  parmy  ce  danger 
pour  venir  de  deçà,  \ous  sçaicbant  très  bon 
gré  de  vostre  bonne  volonté,  et  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne 
garde. 

Escript  à  Aucli,  le  v'  jour  de  décembre 
1578. 

Vostre  bonne  cousine, 

CATF.niNE. 


ir.n 


LETTRES  DE  CVTHI'liLXE  D!-    MEDICIS. 


I  57'^.  —  (i  ili'cenilirc 

Drii;.  lliH.  n^il.     F"ii.h  Ijaiiçais.   ii"  :i3'r7.  S'  57. 
A   MON   COUSIN 

LE   S'   DE   DVM VILLE. 

( 

Mon  rnu>in.  Nosti'P  lotiro  pst  Mrrivôo  lori  ;i 
|irn|i(is,  cil'  je  roiivovois  lo  s'  (lo  Piijols  ili'vors 
mon  lil/.  II'  lov  ili'  Xaviiri'r.  aiuinfl  j"av  liii'ii 
iiiaiiii('  i'\[iiTss('iiH'iil  rc  (|iic  javois  cntpudii 
(II'  (lliasl  111(111  cl  (II'  Racnii  |ioiir  le  i'aii'l  de  j 
l>(^aiii|iiaii-i'.  cl  (le  [iliisiciir';  aiiitrcs  jilaiiicics 
(lui'  j  a\ii!s  lie  iliM'i's  cihIidicIs  des  ruiniiii^ii- 
rrmciis  i[iii'  ri'iiK  lii^  la  rclijjioii  faizdii'iil  l'ii 
lous  acli:'.siriiiislilil('',  ayaiil,  oiiilro  nii^s  ii'clrcs,  | 
(|ui  sont  iiii'ii  liiil  pxjii'psso.s  et  ])articiillii'rps 
à  rcslo  fin,  i'\|iri'S^i''iiii'iit  cliaijn'  IrsdirI/,  di'- 
])iili''s  di'  priiT  iiioiidict  lilz  lo  ro\  de  Naviirrc, 
de  ma  jiail.  do  iiroiivovor  iiiio  loolro  palonlo 
(lo  di'saihoii  |iiiiii'  lo  laiol  do  I}oaiii|iiairo.  ol 
liiv  iiii'snio  toiiir  la  main  (.[iio  son  IVoio,  ijii; 
o  1  rlianoolior  de  mou  lil/.  '.  la  lace  o\|iédier 
pour  uiij;  si  ipand  liioii  i|uo  ceslui  là.  Il  m'a 
[iriMiiis  et  assoiiro  do  la  pnursuivre;  aussitiisl 
i|iii'  j'en  aiiiav  des  nouvelles,  je  vous  OU  ad- 
vorlirav.  <ii'|)ondaill ,  je  crov  quil  sera  bon 
aussi  l'aire  vons  niosme  advis  (|iio  vous  allioi! 
iusi|uos;i  (laicasoiine.  ol  (|iie  laciez  passer  les 
lionmies  darmes  cl  arrliers  Ai'  viislro  l'oiiipai- 
;;iiie  à  la  lile  dovors  lo  s'  Sainio  Jaille;  mais 
je  vous  plie  quen  y  allani  ilz  irosiiieuveiil 
l'icii  ;  étioliez,  aiillaiil  i]ii  il  vous  sera  possible, 
loiiles  cbiiscs  en  eslal.  sans  qu'il  v'  soil  rien 
do  paît  iiv  d'aiillro  remué  entre  cv  ol  nostre 
procbaino  asseinbliV  et  iioj;oi'ialioii .  que  nous 
coin  me  11  coron  s,  Dion  avdani .  au  x'  do  t\'  mois. 
commi'  avons  advisi'  cl  accordi'.  me  di'libi'- 
laiil  do  partir  d'icv  maidy  procbain  pour 
cestc  occazion.  El  pour  ce  (|ue  vous  ay  laid 

'   Il  s\i;;it  fin  ^il>^lr  <\c  (ilalcns  nu  Givilins,  Ihto  de  l'i- 
l>r;ii;  fl  du  viour  dr  l'iijuN,  1  Imnccliçr  du  roi  do  Navarre. 


responco  à  voz  dornières  di'pescbes,  et  on- 
coros  depuis  escript  ce  que  nons  avons  advisé 
do  tairo  publier  jiarloul  pour  faire  contenir 
los  nniTS  et  les  aullres  on  repos  en  atlondant 
et  durant  noslro  conl'ôronce,  à  quov  je  ni'a.s- 
souro  que  vous  tiendrez,  de  vnslie  |)ail. 
rorinollemoni  la  main  en  tout  vosire  ifoiivor- 
neinent  et  afliii  qu'il  ne  s'y  innove  ou  trouble 
lien,  je  ne  vous  lerav  plus  longue  lectie, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  on  sa 
saincio  et  dijjno  ;;arde. 

Escri|it  à  Audi,  le  vi"  déccmliro  i.">7''v. 


Vostre  bon 


lie  cousine 


CvTKRI 


1  378.  —  S  di'Tcnil)r>>. 

Copie.   TîiM.  Il;)l.  ,  Komis  Imnr.'iis  ,  ll'3,)00.  1"   io>)v'. 

[.VI    HUV   MONSIEUR   ■\D)\    FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  le  sieur  d''  Piluac.  con- 
seiller d'Eslal  ol  de  vostre  Conseil  privé  ol 
nussy  [irésident  en  vosire  (]ourl  de  ParlemenI 
do  Paris,  m'a  bien  souvent  remonstré,  depuis 
que  nous  sommes  en  ce  voiaijje,  (]iie  son  deb- 
voir  l'apiiollo  et  coiivye  bien  fort  à  s'en  aller 
à  Paris  pour  y  desservir  sondict  office  de  pié- 
sideiit  en  voslredicl  Parioinoiil,  où  il  sijail  que 
sa  présence  est  très  rcqui-e,  comme  aussi  je 
:o  pense  bien,  priiicipalloiiinil  puisque  le 
sieur  do  Rellièvre  est  par  vmis  aussv  occupé 
et  envové  en  divers  lieux  pour  vostre  service, 
de  sorte  ()ne  la  Cbanibro  de  la  Tournello  en 
vostredict  Parlement,  où  ilz  sont  tous  tleu.\ 
présidens,  demourant  sans  que  I  uu[j  ou 
l'aullie  y  soit,  n'est  pas  coniplelte  nv  en  telle 
dignité  qu'il  seroit  requis,  et  [lour  ceste  occa- 
sion, il  m'a  souvent  suppliée  Iny  permectre 
d'y  aller;  mais  je  me  trouve  si  bien  de  son 
bon  conseil  cl  advis  es  grandes  alVayres  qui 
sont  par  deçà  piuir  vostre  service  que  je  l'ay 
lousjours  retenu,  comme  je  l'eray  encores,  ce 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


161 


(|Uo  je  iirasscure  (jifiiiircz  Irùs  agrt-able.  Par- 
lant aiissy  vous  plaiia-il  l'excuser,  Monsieur 
mon  iilz.  de  son  service  en  voslredicl  Parle- 
ment cl  en  esciijtre  de  l'aeon  (juc  iedid  Par- 
leuienl  cungnoisse  qu'estant  ulille  de  par  deçà, 
comme  je  vous  asseure  (|u"il  esl,  vous  \ouiie/. 
(ju'il  soyl  encores  excusé  pour  (pielque  temps 
d'y  aller  sei'vir  et  que  ne'anlnmings  sesdiclz 
gaiges  iuy  soient  continuez,  comme  il  esl  rai- 
sonnable, tout  ainsy  que  s'il  [y  |  estoit,  attendu 
qu'il  esl  par  deçà  par  vosti-e  commandenietil 
et  pour  voz  1res  grands  et  imporlans  ali'aii'es, 
Iuy  escri|)vant  aussy  [)ar  vous,  s'il  vous  plaisl, 
que  vouliez  et  entendez  ([u'il  ilemeure  auprès 
de  moy  lant  (|ue  durera  moiidict  v(iiai|H'  ou 
jusques  ad  ce  que  je  veoye  que  je  m'en  puisse 
passer,  ayant  par  vous  son  service  très  agre'a- 
ble  par  deçà,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  lilz, 
NOUS  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Kscript  à  \ueh,  le  viii'''°"=  de'ccmbre  i57(S. 

Monsieur  mon  fdz,  j'ay  oublie'  de  vous  en- 
voyer, par  la  dépesche  ipie  vous  ay  faicl  par 
La  Roclie,  une  lectre  que  j'ay  receue  de  ceulx 
de  Bayotiue,  qui  sei.i  enclose  avec(jues  cesle- 
cy,  par  laquelle  vous  verrez,  et  par  celle  que 
m'escript  aussy  le  sieur  de  La  Hillière,  comme 
le  boucault  dudict  Bayonne  est  fort  avanse'  cl 
se  trouve  1res  bien  de  l'ouvraige  qui  y  a  esté 
laict;  mais  ils  ont  encores  besoing  de  quelque 
somme  d'argent  pour  le  rendre  du  tout  à 
sa  perleclion;  et,  pour  ce  que  c(!  sera  ung  des 
plus  beaux  œuvres  qui  se  feisl,  il  y  a  long- 
temps, et  de  très  grande  nécessité  et  commo- 
dité, il  vous  plaira  leur  pourveoir  au  contenu 
de  leursdictes  leclres  et  escripie  pai'  mesme 
moyen  audict  de  La  Hillière  pour  son  rem- 
boursement de  ce  ()u'ii  advance  ordinaire- 
ment pour  l'aire  tenir  voz  dépesches  en  Es- 
l)aigne. 

(IaTIIERINE    IIK    Mllllll.ls     --    VI. 


1078.  —   s  ilcv.'nijjiu'. 
')rig.   Al'cli.  fie  Hiyoïuu',  séii*'  W  ,   leg.  ■?  ; . 

\   MESSIEURS   LES   LIEUTENAÎNT, 

ESCHliVINS,  ClvVS  1)K  CONSEIL, 

IMinPS     ET    COMUUNAlLTli     I)E    Ll     lILMi 

l)L'    jiWONMÎ. 

Messieurs,  j'ay  receu  la  lellre  ([ue  m'avez 
cscripte  le  xxvi'  du  mois  passé,  et  av  veu  par 
icelle  comme  le  boucault'  de  Bayonne  esl  tort 
advansé  et  très  bien  laict,  dont  je  suis  très 
aize;  mais,  pource  que  vous  avez  enioics  be- 
soin;], ainsy  que  m'escripvez,  de  (|ueli|ue  ar- 
gent, albn  de  rendre  ledicl  boucaulldu  loul 
parlaici ,  j'en  ay  incontinaul  escripi  au  lio\ 
monsieur  mon  lilz-,  auquel  j'ay  envoyé  volre- 
dicte  lettie,  alliii  ([uil  Iuy  |)laise  n  pourvoir, 
ce  que  je  m'asseure  qu'il  fera  el  que  vous  en 
aurez  bien  tosl  lesponce  à  votri!  contentement. 
Cependant  je  prie  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir 
en  sa  sainte  el  digne  garde. 

Escripi  à  Aucli,  le  viii"  jour  de  décembre 
1578. 

Cateiune. 

Pi\  MÎT. 


1078.  —  ()  il.'i-oiiiliro. 

Oriij.  Bilil.  nul..  Fonds  franç^iis ,  11°  :i38/i ,  !•  (38. 
\    M0_\  COIJSIN 

LE   S'    DE    DWIVILLE. 

Mon  cousin,  le  s"  de  Parlhusie  el   le  con- 
ï^L'iller  3 estoient  allés  devers  mou  lil^ 

'  Itoiiclie  d'im  lleiive  :  innl  liayonnnis,  le  cln'ii.il  du 
poii;  on  dit  encore:  le  vieux  el  le  noii\eaii  iHiiicaiil. 
Bayonne  est  situé,  comme  on  sait,  à  peu  de  dislame  de 
l'Ocdan,  au  confluent  de  la  Nive  et  de  l'Adour. 

^  Voir  la  Un  de  la  li'lli"  précédenle. 

'  tjaissé  en  blanc. 

31 

îMciTiilinr.   hat:o^.ii.e. 


162 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGES. 


ie  roy  de  JNavarre,  comme  je  vous  ay  escript, 
pour  regarder  à  ce  qu'il  seroit  besoing  de  faire 
pour  pouiveoir  aux  s"  de  ia  Groizette  et  de 
Moulbarlier  '  et  leur  donner  moyen  d'achever 
d'exécuter  ia  charge  qu'ils  avoient  de  nous 
pour  les  réparations  des  innovations  à  l'e'dit; 
mais,  à  ce  qu'ils  m'ont  rapporté,  mondict  fils 
le  roy  de  Navarre  de'sire  bien  (comme  aussv 
fais-je)  que  lesdicts  s"  de  la  Groizette  et  de 
Montbartier  continuent  à  poursuivre  et  faire 
leurdirte  commission,  sans  toutelTois  faire  as- 
semblée de  gens  de  gueri-e  pour  remeclre  les 
villes  d'Ourons  et  de  S'  Germa-,  et  par  mesme 
moyen  faire  chaslier  ces  voleurs  qu'ils  tien- 
nent comme  assiégés;  et  pour  ce  que  cella  est 
de  vostn;  gouvernement  et  que.  estant  à  Gar- 
cassonne,  vous  n'en  serez  pas  ioing,  j'écriplz 
auxdicts  s"  de  la  Groizette  et  de  Montbartier 
qu'ils  vous  fassent  entendre  Testât  en  quoy  ils 
en  sont  à  présent  et  vous  avertissent  de  l'es- 
pérance qu'ils  en  auront,  afin  que  vous  leur 
pourvoiez,  comme  verrez  estre  requis;  mais  il 
ne  lault  pas,  à  mon  avis,  faire  aucun  amas 
ny  assemblée  de  gens  de  guerre  qui  mettent 
les  ungs  ou  les  autres  en  soupson,  comme  il 
y  auroil  danger  qu'ils  y  entrassent  incontinent, 
à  cause  de  ce  qui  est  advenu  à  la  RéoUe  et  à 
Lauzerte;  et  m'en  remettant  à  vous  et  aussy  à 
leur  pourvoir  pour  la  somme  de  deux  cens 
escus,  lesquels  disent  qui  ont  desjà  esté  em- 
i>loyez,  et  pour  ce  qui  y  pourra  estre  encore 
besoing  pour  cest  effet,  dont,  comme  gouver- 
neur et  esiant  sur  les  lieux,  vous  pouvez  or- 
donner et  pourvoir,  ainsi  que  verrez  ([u'il  sera 
nécessaire  pour  le  service  du  Roy  monsieur 
mon  fils,  je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre 

'  Moubarlier  est  aujourd'hui  une  commune  de  Tarii- 
et-Garonne,  arrondissement  de  Castelsarrasin.  Antoine 
d'Astorg  en  était  seigneur  à  cette  époque. 

-  Nous  n'avons  pu  identifier  ces  deux  villes  que  le 
copiste  a  sans  doute  niid  écrites. 


que  pour  vous  dire  que  je  partz  présentement 
de  ce  lieu,  pour  estre  demain  à  Gondom,  es- 
pérant que,  suivant  la  résolution  qu'avons 
prise,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  moy, 
ainsi  que  je  vous  ay  ces  jours  icy  escript, 
nous  procéderons  promptement  ànostre  confé- 
rence, pour  eslablir  du  tout  la  paix  et  repos 
en  ce  royaume;  priant  Dieu  nous  en  faire  la 
grâce  et  qu'il  vous  ait,  mon  cousin,  en  sa 
sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Auch,  le  ix"  de  décembre  1.578. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  9-11  décembre. 

Copie.  Bibi.  nat. ,  Fonds  français ,  n^  33oo  ,  f'  108  v". 

[AU  ROY  MONSIEUR    MON   FILS'.] 

Monsieur  mon  fils,  je  vous  envoyé  le  des- 
chiffrement de  la  despesche  que  j'ay  receu  du 
sieur  Morozini,  avec  le  double  de  celle  que 
je  luy  ay  faicte,  et  au  s'  de  S'-Goard  vostre 
ambassadeur  en  Espaigne,  affin  que  vous  en- 
tendiez comme  les  choses  sont  de  ce  costé-là  et 
ce  (juc  je  leur  ay  escript,  sauf  vostre  meilleur 
advis,  que  j'attcndrav  au  retour  de  ce  porteur. 

Gependanl  je  vous  diray  que  par  celles 
de  l'abbé  de  Gadaigne-,  qui  arriva  hier  soir 
de  Nérac,  où  je  l'avois  envoyé  devers  le  roy 
de  Navarre  pour  le  faicl  de  Florence,  je  veoys 
bien  que  mon  fils  et  ceulx  de  sa  relligion 
qui  sont  auprès  de  lui  n'ont  pas  grande  vo- 
lonté de  la  rendre,  m'en  remectant  pour  ce 
qui  a  en  sera  advisé  à  nostre  assemblée,  pour 

'  En  titre  :  s  Envoyée  au  Roy  par  Le  Moyneton ,  varlet 
de  chambre  de  ia  Royne  mère  du  Roy.» 

2  Jean-Baptiste  Guadagne.dit  l'abbé  de  Gadagne ,  que 
la  reine  mère  emploie  dans  nombre  de  négociations. 
Quelques-unes  de  ses  lettres  se  trouvent  dans  le  mann- 
scrit  français  iSSôi  de  la  Bibliothèque  nationale. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


IC.3 


laquelio  je  m'achemine  à  présent  à  Condom , 
qui  n'est  qu'à  deux  lieues  de  Néi'ae,  espe'rant 
y  esire  demain  à  eousclicr,  d'oii  je  ne  partiniy 
que  je  ne   saiciie   que  les  ddputte's  de  leurs 
('glises  soient  arrive's,  lesquels,  ad  ce  que  j'ay 
entendu  au  rclourdudict  de  Gadaigne,  peuvent 
avoir  este'  retarde's   par  ces   nouvelles  de  la 
Réelle  et  de  Lauzerte.   Toutteflbis  ledict  roy 
de  Navarre  m'a  escript  et  asseuré  les  avoir 
envoyé  haster  et  qu'il  espère  qu'ils  seront  tous 
bienlost   audict  Nérac;   mais  je   crains  bien 
qu'après  qu'ils  seront  arrivez  ils  veullent  s'as- 
sembler et  regarder  aux  choses  quilz  auront 
à  requérir  avant  que  d'entrer  en  conférence. 
Toutlefois,  vous  pouvez  croire  qu'estant  près 
comme  je  seray  d'eulx,  je  les  admonesteray 
souvent  de  se  haster,  ayant  délibéré,  aussitost 
que  je  seray  arrivée  à  Condom,  d'envoyer  le 
s"'  de  Pibrac  devers  le  roy  de  Navarre,  pour 
luy  lemonstrer  le  grand  torique  faict  à  vostre 
service  d'estrc  si  long  en  cecy,  d'aultant  que 
ces  longueurs  sont  cause   de  toutes  les  tra- 
verses et  inconvénients  qui  sont  advenus  non 
seullement  à  la  Réolie,  mais  aussi  à  Lauzerte; 
et  pour  lui  l'aire  veoir  d'où  proceddent  telles 
menées  qui  pourroient  amener  encore  d'aul- 
très  grands  accidentz,  auxquelz  on  peut  aisé- 
ment pourveoir  en  faisant  promplement  l'exé- 
cution et  estalilissemenl    de   vostredict   édict 
de  paciffication,  et,  affin  qu'il  en  congnoisse 
l'importance,  j(,'  lui   feray  dire  les  advis  que 
j'ay,  desquelz  je  vous  envoyé  le  double,  par 
où  vous  verrez  de  quelle  bouticque  cela  part 
et  le  danger  ([u'ii  y  a  que  cecy  ne  soit  pas 
seullement  pour  brouiller  en  ceste  province, 
mais  aussi  pour  faire  ung  remeueuient  cé- 
néral  aux  autres,  où  vous  verrez  bien  qu'ilz 
ont,  à  mon  très  grand  regrect,  fort  advansé 
leurs   pralicques  :    à  quoy   il  fault  que  vous 
donniez  promptement  l'ordi-e  que  sçaurez  trop 
mieux  adviser  qu'autre.  Je  crains  que  ce  feu 


s'allume  incontinent  partout,  qui  sera  apiès 
très  malaisé  à  esleindre.  Je  sçay  bien  que  le 
principal  remcilde  dé])end  de  l'establissement 
de  la  paix  de  deçà  :  aussy  pouvez-vous  croire 
que  j'y  faictz  et  y  feray  tout  ce  qui  est  |)0s- 
sible  en  ce  monde  pour  accélérer  les  choses, 
et  que  je  n'oublieray  rien  de  tout  ce  qu'il  faul- 
dra  faire  entendre  sur  rela  par  le  s"  de  Pibrac 
au  roy  de  Navari'e  et  lui  en  dire,  quand  je  le 
verray,  si  expressément  la  conséquence  <jui  lui 
tousche  à  luy-mesme  de  si  près,  estant  ce  qu'il 
vous  est,  que  je  m'asseure  qu'il  y  pensera  ei  fera 
accellérer,  s'il  m'en  croist.  ce  que  nous  a\ons 
à  faire  pour  l'exécution  et  l'establissement  de 
vostre  édict,  sans  plus  tirer  les  choses  en  si 
grande  longueur;  car  aussi  n'y  a-t-il  que  cela 
qui  ait  tant  enqiiré  voz  affaires  ei  jioité  si 
grand  préjudice  à  vostre  service. 

Sur  ce,  ce  porteur  passera  par  le  mares- 
chal  de  Biron,  que  j'espère  qui  sera  mainte- 
nant à  la  Réolie  et  es  villes  et  chasteaux  à 
ma  dévotion;  car,  par  une  dépesche  ijue 
j'eus  hier  de  iuy,  il  me  donne  grande  espé- 
rance que  bienlost  toutes  choses  y  seront 
composées  selon  mon  désir;  il  vous  mandera 
amplement  ce  (|ui  en  est  par  ce  porteur,  qui 
nie  gardera  de  vous  on  dii-e  davanlaige,  si 
n'est  que  j'attends  aussi  bienlost  des  nou- 
velles des  duc  de  Monlpensier  et  prince 
Daulphin  pour  le  faict  de  Lauzerte.  Cepen- 
dant je  vous  diray  qu'il  n'est  rien  de  (Maussade, 
et  esloit  seullement  ung  biuicl  que  ceux,  qui 
laschent  par  tous  moyens  à  aigrir  les  choses 
et  nous  empescher  d'establir  la  paix,  avoient 
faict  courir;  à  quoy  toutlefois  a\ons  donné 
l'ordre  requis  pour  v  pourv(M)ir. 

Dng  nommé  le  cappi laine  Chauvet  m'a  a[)- 
porté  une  lettre  du  roy  de  Navarre  qui  me 
prioit  lui  donner  ung  passeport  et  une  lellre  à 
vous  adressante,  pour  aller  faire  la  pouisuille 
d'aulcunes  expéditions  pour  quelques  parties 


164 


l.ETTUES  DE  CATHERIISE  DE  MÉDICIS. 


qu'ils  debvoieiit  à  des  estrangers,  lesquelles 
venant  de  la  feue  royne  de  Navarre:  je  luy  ay 
faict  expédier  ledict  passeport  et  la  lettre  suivant 
laquelle  vous  en  ferez  ce  que  verrez  estre  rai- 
sonnable par  i'advis  de  vostre  Conseil.  Cepen- 
dant je  vous  diray  que  ledict  Chauvet  est  homme 
qui  sçait  beaucoup  de  leurs  affaires,  dont  il  m'a 
amplenienL  discouiu  et  faict  entendre  beau- 
coup de  choses  que  je  croy  qu'il  vous  dira, 
s'il  vous  plaist  parler  à  hiv  à  part.  Comme 
j'en  cscriptz  unjj  mot  au  s'  de  Cheverny,  vous 
en  prendrez  le  bon  et  laisserez  le  maulvais, 
comme  j'ay  faict;  car  je  croys  qu'il  seroit  à 
doubte  :  il  m'a  dict  entre  autres  choses  que 
les  voyaiges  de  Cassincourt  ont  esté  pour  le 
doubte  ((u'ils  avoieni  que  la  paix  ne  se  peut 
observer  et  l'envie  que  aucuns  d'eulx  mons- 
troient  de  vouUoir  confineuer  la  guerre,  affin 
de  faire  venir  pour  eulx  cinq  mil  reistres,  et 
que  Mony  et  Clervaut'  conduisoient  tout  cecy, 
et  surloul  que  ledict  Clervaut  conduisoit  prin- 
cipallenient  leur  ne'goce,  mais  qu'à  pre'sent  il 
semble  qu'ils  soient  du  tout  disposez  à  la  paix; 
à  quoy  il  ne  se  fault  pas  guières  fler  et  con- 
side'rer  sur  cela  les  longueurs  où  ils  me  tien- 
nent il  y  a  si  longtemps,  que  sont  les  vrayes 
conjectures  que  ce  que  dessus  soit  véritable. 
Il  m'a  aussi  dict  une  chose  à  quoy  il  est  très 
grand  besoing  que  dextrement  l'on  pourveoie, 
c'est  qu'il  dict  qu'ils  ont  enireprinse  pour  sur- 
prendre Bolongne,  où  ils  voient  que  le  s'd'Gs- 
trées  ne  tient  que  bien  peu  de  gens  de  guerre, 
estant  et  ceuix  qui  sont  avec  lui  audict  Bo- 
longne fort  mal  soigneux  de  leur  debvoir,  ils 
estiment  que  ladicte  enireprinse  estoit  fort 
facille  à  exécuter  en  la  haute  ville,  par  une 
petite  poterne  par  laquelle  le  cuisinier  du 
s''  d'Estrées  sortoit  et  entroit  tous  les  jours 
pour  aller  quérir  des  herbes  en  ung  jardin; 

'  Claude-Anloine  de  Vienne,  soifjiioiir  de  Clairvaiix, 
liaioM  de  (lopet. 


ilz  en  ont  aussy  une  autre,  à  ce  qu'il  dit,  sur 
Abbeville;  mais  il  ne  dit  point  les  particulla- 
rités  :  bien  asseure-t-il  que  c'estoit  Gamaches 
qui  les  a  conduicles  et  debvoit  exécuter,  mais 
qu'à  présent  il  s'en  est  desparti  et  l'a  baillé  à 
ung  auitre,  et  dict  aussi  qu'il  n'y  a  personne 
qui  comprenne  et  affectionne  tant  les  affaires 
que  Clervaut  principallemcnt,  mais  aussv 
Mony  et  Argenliers.  Je  prie  Dieu,  Monsieur 
mon  fils,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Aucli.  le  ix"°  jour  de  décembre 
1678,  au  malin. 

Depuis  cette  lettre  escripteS  j'ay  recen  une 
despesche  du  mareschal  de  Biron  (|ue  je  vous 
envoyé,  alfin  que  vous  voiez  plus  particulliè- 
rement,  tant  par  les  deux  lettres  qu'il  m'escript , 
dont  l'une  est  de  sa  main,  que  par  la  respouce 
qu'ont  faicte  ceulx  qui  sont  dans  le  chasieau 
de  la  Réolle  à  celle  que  je  leur  escripvis  par 
le  sieur  mareschal  de  Biron,  suivant  son  ndvis 
et  des  princes  et  principaux  de  vostre  Conseil 
i|ui  sont  icy,  de  laquelle  je  vous  envoie  le 
double,  et  aussi  par  la  lettre  qu'a  escripte  le 
s''  de  Duras  audit  mareschal  de  Biion,  les  tra- 
verses que  Ton  nous  donne  pour  le  faict  de  la 
Réolle  et  d'où  tout  cela  part.  Je  vous  envoyé 
aussi  le  double  de  deux  instructions  que  le 
roy  de  Navarre  a  baillées,  l'une  à  Frontenac 
et  l'autre  à  Miossens,  qui  vinrent  hier  de  sa 
part  devers  moy,  par  où  aussi  vous  verrez 
l'inquiétude  où  luy  et  ceuk  de  sa  reiligion 
sont  et  la  résolution  qu'il  semble  qu'ils  aient 
faicte  de  ne  voulloir  entrer  en  aulcune  con- 
férence que  premièrement  ledict  chasteau  de 
la  Réolle  ne  leur  soit  rendu  et  quant  Lau- 
zerte,  premier  que  de  restituer  Florence.  Je 
verrav  par  le  retour  du  voyaige  du  s''  de  Pi- 
brac  devers  mon  lilz  le  roy  de  Xavaire  ce  ((ue 

'   Eu  tilii'  :  ■'  Postcrijit  de  lad.  doposclio  du  iv'  dé- 
cenilire   )  Ô7>i.  n 


LETTRKS  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


jepoiirray  espp'rer  principallemcnt  pour  entrer 
en  uoslre  conférence,  sans  attendre  tout  cela. 
Et  cependant  j'envoyc  jn'ësenlement  le  s'  de 
La  Mollie  Fe'nelon  de\  ers  le  niareschal  de  Biron, 
pour  regarder  avec  lui  le  nioien  qu'il  y  aura, 
soit  par  argent  ou  autre,  de  faire  sortir  ceulx 
qui  sont  dans  le  cliasleau  de  la  Réelle,  sans 
en  venir  à  la  force,  el  par  mesuie  uioven  aussi 
approfondir  bien  expressément  doù  vient 
cecy,  et  ceulx  qui  s'en  sont  mesiés;  car  il  y  a 
grande  apparence  (pie  cela  vienne  de  plus 
loing.  J'envoye  aussi  i'abbe'  de  Gadaigne  avec 
iuy,  affin  qu'il  puisse  veoir  et  entendre  le  tout 
et  vous  en  aille  parlicullièreuient  et  bien  au 
long  après  rendre  le  compte.  J'ay  receu  une 
lettre  du  cardinal  d'Armaignac,  laquelle  aussi 
je  vous  envoyé,  affin  que  vous  veoyez  eu 
quels  termes  nous  sommes  de  la  Minerve,  (|ue 
je  crains  bien  qui  soit  retardée  à  cause  de  ce 
qui  est  advenu  à  la  Réelle.  Touttefois  j'espère, 
suivant  la  prière  que  j'ay  faiete  au  roy  de  Na- 
varre d'en  escripre  à  ceulx  de  sa  relligion  et 
la  despesche  que  je  fais  aussi  présentement 
au  cardinal  d'Arniaignac,  ijue  l'exécution  de 
la  dicte  commission  ne  sera  point  dilférée. 
Jaltenilz  à  toutes  iieures  response  des  des- 
pescbes  que  j'ay  faictes  au  s'  de  Suze,  de  Car- 
ce.s,  de  Vins  et  aullres  à  ([ui  il  m'a  semblé 
estre  nécessaire  d'escripre,  comme  j'av  faict 
très  expressément  par  courrier  exprès,  qui  ne 
peut  plus  guièrcs  tarder  à  venir.  Si  ledict  s'' de 
Suze  eust  eu  ung  peu  de  patience,  j'estime 
que  les  cboses  se  l'eussent  accommodées  :  il 
fauit  encores  essayer  d"y  faire  ce  (jui  sera  pos- 
sible, et  vous  prie.  Monsieur  mon  fils,  d'es- 
cripre au  cardinal  d'Armaignac  pour  embrasser 
encores  cet  amyable  moyen  de  composition, 
et,  s'il  vous  plaist  juissi.  d'escriiire  nu  car- 
dinal de  Sainte-Croix  el  regarder  le  moyen 
(pi'il  y  auroit  de  lui  faire  faire  récompense  de 
son  archevesché.  Ce  seroit  ung  grand  moyen 


pour  procurer  celte  amiable  composition.  Je 
vous  recommande  le  faict  d'iccHuv  cardinal 
d'Armaignac  pour  les  choses  dont  il  pari(^  par 
ses  lettres,  et  m'escripre/.,  sil  vous  plai-t. 
ce  que  aurez  faict  en  cela  pour  lui.  iiiiipicl  il 
vous  plair-1  m'en  escripre  au.ssy. 

De  Condom  '.  le  xi"  jour  de  décembre  i  578. 

Monsieur  mon  fils'-,  je  vous  envoyé  (rois 
lettres,  l'une  de  mon  cousin  le  prince  Daul- 
pbin,  une  autre  du  s'  de  La  Chapelle  de  Lau- 
zières,  et  l'autre  de  voz  advocat  et  ofliciers  à 
Lauzerte,  par  les(juelles  vous  veiicz  que  ledirl 
Lauzerte  est  à  pn'sent  en  mes  mains,  dont  je 
suis  fort  aise;  car  cela  m'aideia  fort  pnur  ac- 
célérer nostre  confér'ence. 


157<S.  -  —  1  1  tiéccmiiro. 

Oriif.  Bil.l.  liai. .  Fonds  français,  n»  S38'i.  T  -u. 

A  MOX  COUSIN 

LE   S'    DE   DVMVILLE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  la  lettre  que 
mon  fils  le  roy  de  Navarre  escript  pour  faire 
délivrer  ceulx  que  l'on  vous  a  mandé  avoir 
esté  pris  prisonniers  à  la  frontière,  dont  il 
dit  n'avoir  point  oy  nouvelles;  toutefois,  vous 
vous  aiderez  de  ladicte  lettre,  ainsi  que  vous 
adviserez  pour  le  mieuix.  CepenJant  je  vous 
diray   aussi   ipie  j'ay   receu    les  deux   lettres 

'  (lommencée  le  9  à  Aucli,  celle  leltre  s'acliève  le 
11  (:li'ceiiil)ro  ù  (iondoin,  où  Catherine  va  rester  jus- 
qu'au 1/1.  Condom  n"es(  qu'.i  'i.3  liiiomélres  d'Aucli,  el  h 
■3 1  tcilomètres  de  Nérac .  où  ins  reines  se  rendront  ensuite. 
La  ville  était, comme  on  sait,  le  chef-lien  d'une  Election, 
avec  un  présidial  et  un  évéclié  sulTiagant  de  boideaiiv. 
Elle  fut  prise  en  lôCg  par  Gabriel  de  Moiifjommery. 
chef  des  Calvinistes.  La  cathédrale  fut  pillé ^;  piesi|ni' 
toutes  les  églises  et  tous  tes  monastères  furent  brûlés. 

-  En  litre  :  '■  Antre  proscripl  de  lad.  dépcsrhe  du 
IX*  déc.  lô^S.n 


166  LETTRES  DE  (UTH 

que  m'avez  escriptes  :  l'une  faisant  mention  de 
celle  qu'avez  receue  du  Roy  monsieur  mon  filz 
du  contcutemeni  qu'il  a  que  vous  me  soyez 
venu  trouver  à  Thouiouse  et  du  bon  debvoir 
que  vous  faictes  pour  son  service  :  ce  que 
pouvez  croire  que  je  lui  tesmoigneray  tous- 
jours,  m'asseurant  aussy  de  la  bonne  affection 
(]ue  vous  y  avez;  et  quant  à  l'aultre  de  vos- 
dicles  lettres  en  recommandation  du  sieur  de 
S'  Paoul  '  pour  son  office  de  pre'sident,  je  vous 
diray  qu'estant  à  Thouiouse  dernièrement,  j'en 
parlay  à  ceulx  du  Parlement,  qui  feront  ce 
que  verront  en  cela  estre  juste  et  raisonnable. 

Je  vous  diray,  pour  la  fin  de  cesle-cy,  que 
j'envoye  présentement  le  sieur  de  l'iebrac  vers 
mon  fils  le  roy  de  Navarre,  afin  de  scavoir 
quand  nous  pourrons  commencer  nostre  con- 
férence, pour  la(|uelle  je  suis  venue  au  jour 
qui  avoit  esté  accordé,  craignant  bien  que 
ceuk  de  ladicte  religion  trouvent  encore 
quelque  excuse  soubs  coulleur  de  la  Réolle 
et  de  Lauzerle,  combien  que  je  face  ce  que 
je  puis  pour  les  faire  remectre  en  Testât 
quelles  estoient  auparavant.  Priant  Dieu,  mon 
cousin ,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Condom  ,  le  xf  jour  de  décembre 
1  078. 

De  sa  main  :  Je  vous  prie,  mon  cousin, 
n'envoyer  poynt  voslre  femme;  car  je  seré 
bientost  à  Carcnssone  et  seré  bien  ayse  de  la 
Irover. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterink. 

Mon  cousin,  j'ai  eu  advis,  si  la  conférence 
lie  se  faict,  que  ceulx  de  la  religion  ontenlre- 
prinse  sur  Béziers,  aiant  intelligence  dedans  : 

'  C'est  sans  doule  le  président  de  Paulo,  i'ennenii  de 
Durant!,  qui  se  mit  contre  lui  à  la  tête  des  ligueurs  en 
.089. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

par  quoy  je  vous  prie  adviser  d'y  pourvoir; 
mais  que  ce  soit  dextrement,  car  tous  y  vont 
aller  en  attendant.  Je  viens  présentement 
d'avoir  nouvelle  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
de  laquelle  je  vous  envoie  le  double. 


1578.  —  12  décembre. 
Aut.  Bibl.  nat. ,  nis.  franc.  iSgoS,  f"  aog. 

\  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE, 

COH8EILLBR   Ti'ESTAT  ET  DO  rOHSBlL   PRIVÉ   DU   BOT   MO^SIEUB  MOS    HiZ. 

Monsieur  de  Bellièvre,  je  vous  prie,  sur 
tous  les  plaisirs  que  désirez  me  faire,  de  tenir 
la  main  à  [ce  que]  ce  qui  a  esté  advisé  pour 
retirer  le  filz  du  s'  d'Escars  soit  effectué;  car 
il  est  plus  que  raisonnable  que  chacun  s'em- 
ploie pour  cella,  où  il  va  non  seuliemcnl  de 
la  réputation  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
mais  aussi  du  bien  de  son  service.  Et  me 
faictes  ce  bien  de  m'escrire  ce  qui  aura  esté 
faict  en  cella  ))ar  ie  Moineton.  présent  por- 
teur, que  j'envoye  expressément  par  dellà, 
pour  cest  effect,  vous  priant  aussy  de  tenir 
la  main  ad  ce  que  ledict  s'  d'Escars  soit  paie 
de  ses  pensions,  ou  pour  le  moings  bien  as- 
signé, y  ayant  long  temps  quil  est  icy,  où 
il  faict  tout  ce  qu'il  peult  pour  ie  service  du 
Roy  niondict  S'  et  filz.  dépendant  je  prie 
Dieu,  Monsieur  de  Bellièvre,  vous  avoir  en 
sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Condom,  le  xii'  jour  de  décembre 
1578. 

De  sa  wain  :  Je  vous  prie  que  le  fils  de 
Decars  puise  sortir,  car  c'est  grent  honte  pour 
le  Roy;  et  ne  troveré  plus  personne  qui  le 
veuUe  servir  en  cete  eystat,  si  ie  mancet  '  à 

'   Le  mancel.  le  manquait  :\  faire. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDICIS. 


16- 


fayre.  Vous  savôs  comen(  rola  yniiorle;  et  ct't 
bien  que  di-sircs  qu'il  eu  soyut  dehors. 

La  bien  vostre, 

Signé  :  CATEm^F.. 

Et  plus  bas  :  I'i.vart. 


1378.  —  12  décembre. 
Copie.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n"  33yo ,  f"  iii'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  je  receuz,  il  y  a  quelques 
jours,  le  me'moire  des  réponses  faicles  par 
vostre  Conseil  aux  requesles  el  articles  de  ceulx 
du  clergé  des  diocèzes  de  deçà;  mais,  pour  te 
que  lesdictes  responses  sont  jjene'ralement 
faictes  sans  que  par  icelle  iesdiclz  du  cierge' 
soient  de  rien  ou  que  bien  peu  gialtifiez,  iiz 
se  sont  derechef  addressez  à  moy  et  m'ont 
encores  pre'senté  une  nouvelle  requesle,  et  es- 
cript  les  lettres  que  je  vous  envoyé,  mesmcs 
ceulx  de  la  province.de  Thouiouse,  sur  les- 
quelles il  vous  plaira  faire  reveoir  de  nouveau 
lesdictes  requestes  et  mémoires  que  vous  a\ 
cy-devant  envoyez  et  leur  faire  faire  quelque 
plus  favorable  responce;  car  certainement  ilz 
sont  fort  travaillez  des  saisies  que  l'on  a  laictes 
et  qui  tiennent  sur  leurs  biens,  tant  pour  les 
alliéuatious  permises  parnostre  Saint  Père  en 
diverses  années  que  pour  les  restes  de  leurs 
de'cymes.  Je  say  bien  que,  pour  mieulx  et  avec 
plus  de  fondement  leur  pourveoir,  il  seroit 
requis  que  les  commissaires  par  vous  députez 
pour  vérilîîer  leurs  non -jouissances  eussent 
premièrement  rapporté  en  vostredict  Conseil 
ce  qu'ilz  en  ont  trouvé;  mais  cela  sera  bien 
long,  et  cependant  l'on  travaille  fort  Iesdiclz  du 
clergé  par  le  moyeu  desdicfes  saisies  qui  mect 
aulcuns  d'eux  comme  au  désespoir,  d'aultaiit 

'   En  iiiarjje  :  rEnvoyée  au  Roy  par  led.  Moynelon.  ■ 


que  leur  revenu  se  mange  en  fraiz  de  justice. 
Je  says  bien  que  sur  cela  il  y  a  response,  qui 
est  ;  qu'ils  debveroient  tenir  la  main  el  donner 
moien  ausdictz  commissaires  de  vériffierléurs- 
dicles  non-jouissances;  mais  aussi  aucuns  y 
a-t-il  à  excuse  très  léjjilinie,  c'est  (juil  no  s'est 
peu  depuis  qu'ilz  sont  ])ar  deçà ,  et  malaizément 
se  pourra-il  encores,  jusqucs  ad  ce  que  la  paix 
soit  bien  establye;  car  il  faict  très  dangereux  à 
présent ,  non  seullement  pour  iesdiclz  commis- 
saires, mais  aussi  pour  Iesdiclz  eclésiaslicques 
à  aller  par  les  champs.  Cependant  tout  ce  que 
j'ay  peu  faire  en  cella,  c'est  d'avoir  escript  à 
iceulx  commissaires  qu'ilz  feyssent  traictcr  le 
plus  favorablenieiil  qu  ilz  pourroienl  ceulx 
desdictz  du  clergé  que  se  conguoisl  uoloire- 
menl  n'avoir  pas  jouy,  en  attendant  quilz  \ous 
puissent  envoyer  ou  porter  leurs  procès-ver- 
baulx,  vous  pliant ,  Monsieur  mon  filz,  prendre 
en  bonne  part  la  recharge  ipie  je  vous  faictz 
par  ceste  lettre  en  faveur  desdiclz  du  clergé 
des  diocèzes  de  deçà  qu'ilz  apjiellenl  affligez, 
el  sur  ce  leur  impartir  ce  que  verrez  et  pourrez 
faire  poureulx,  <(ue  je  vous  prie  derechef  avoir 
pour  recommandé.  Priant  Dieu,  Monsieuimon 
filz,  vous  avoir  en  sa  saiucle  el  digne  garde. 

Escript  à  Condom,  le  xii""  jour  de  (h-- 
cembre  1678. 

Monsieur  mon  filz,  ce  qui  m'a  faict  dili'i'rer 
le  parlement  de  Moinelon  jusques  à  cesle 
heure,  c'est  le  désir  que  j'avois  de  vous  man- 
der de  meilleures  nouvelles  de  la  Ri'olle  que 
celles  que  vous  verrez,  par  ma  première  dé- 
pesche,  que  j'en  avois  eue  du  mareschal  de 
Biron.  Le  sieur  de  Duras  et  le  maistre  des 
comptes  le  Lieur^  viennent  présentement  d'ar- 
river, lesquelz  m'ont  faict  enleudi-e  le>  moieiis 

'  Jacques  lo  Lyeur,  iioinnio  inaîlio  ilos  coiiipd's  en 
lôyi.  —  Chambre  des  iMinptt'S  fie  Paris .  par  (jnistanl 
(l'Yanville,  p.  5o5. 


168 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


tjuil  y  a  (ie  lelirer  ledict  chasteau  de  la  RéoUe: 
les  conditions  que  ceulx  (jui  sont  dedans  de- 
mandent sont  telles  que  verrez  par  Tescript 
([inlz  m'ont  apporte',  dont  je  vous  envoyé  ie 
double,  ensemble  des  i-esponces   (jue  j'y  ay 
faictes;dont,  ad  ceque  j'entendz,ilz  se  conten- 
teront, quand  on  leur  baillera  mil  ou  douze 
cens  escuz,   que  Ton   leur  de'parlira  et  qu'il 
l'aiidra  taire  advancer  par  quelqu'un  de  ceulx 
(|ui  ont  aydé  à  nous  faire  ie  mal,  lesqueiz  il 
lault,  jusques  ad  ce  que  ies  cboses  soient  re- 
mises, trai'-ler  doulcement  pour  y  parvenir; 
et  asseurez  vous  bien.  Monsieur  mou  filz,  que 
je  feray  en  sorte,  m'aidant  de  toutes  pièces, 
que  j'en  viendray  à  bout  avec  l'ayde  de  Dieu, 
si  quelque  aultre  nouveau  malheur  ne  me  sur- 
venoit  d'auitro  cosle',  ce  cpic  toutesfois  je  ne 
pense  pas;  car  j'ay  pourveu  partout  que  chas- 
cun  se  tienne  sur  ses  gardes,  sans  touttelois 
rien  esmouvoir.  Mon  lilz  le  roy  de  Aavarre  en 
a  t'aict  d;'  mesmes.  Cependant  je  vous  diray 
que,  comme  il  est  porté  par  madicte  première 
lettre,  j'av  envoyé  ce  malin  les  sieursde  Piebrac 
et  de  La  Mothe  Fenélon  vers  mondict  lilz  le 
rov  de  Navarre,  pour  Tadvertir  de  la  bonne 
espérance    que    j'avois    de    recouvrer    ledict 
cliasteau  de  la  Réolle  sans  coup  férir,  leur 
envoyant  lesdictz  articles  et  responces,  afin 
qui  lesfeissent  veoii',  m'asseurant  qu'ilz  ajjrée- 
ront  il  mondict  lilz  le  roy  de  Navarre,  ainsi 
que  s'est  laissé  entendre  (iuitry.  J'escriptz  aussi 
nusdictz  sieurs  de  Piebrac  el  de  La   Mothe. 
persuader  bien  à  mondict  fdz  le  roy  de  Na- 
varre, puisque  tous  les  de'putez  sont  arrivez, 
ainsi  que  j'av  entendu,  excepté  deux  ou  trois 
du  bas  Languedoc,  qu'il  ne  diffère  plus  nostre 
conférence;  cl   par  mesme  moyen  ay    donné 
charge  ausdicfz  sieurs   de  Piebrac  et  de  La 
Mothe,  saichans  bien  que  Nérac  et  les  ëtPH- 
ions  ne  pourroienl  pas  longuement  su6Bre  à  la 
nourriture  de  tant  de  gens  et  de  chevaulx  qui 


y  seroient,  de  regarder  d'accorder  ([uelque  lieu 
comme  ceste  ville,  ou  Agen,  ou  bien  le  Poi'l 
Sainte  Marie,  qui  n'est  pas  loing  dudici  Nérac. 
pour   faire    nostredicte  conférence,  et   (ju'ilz 
asseurassent  que  demain,  pour  satisfaire  à  son 
désir,  j'vrois  couscher  audict  Nérac  et  ma  Elle 
l;i  royne  de  Navarre,  sa  femme,  à  une  lieue 
d'icy,  qui  en  vault(]uatre  de  France,  affin  de 
faire  le  lendemain,   (pii  sera  dimanche,  son 
entrée  audict  Nérac,  où  nous  demoiirerious 
encores  lundv,  pour  venir  mardy  couscbei-  en 
l'un  des  trois  lieux  dessusdictz,  où  nous  fe- 
l'ious  nostredicte  conférence.  L'on  me  donne 
grande  espérauce(|u'dseradenostredictvoiaij;e 
de  Nérac  tort  content,  pour  satisfaire  à  ceulx 
de  sa  religion,  (|ui  estoient  tous  en  oppinion 
que  je  l'eusse  en  deffience  de  luy  et  luy  de  moy, 
de  sorte  que,  quand  Wv.  verront  que  j'aura\  esté 
audiit  Nérac,  et  séjourné  deux  jours  et  deiny 
et  ma   lille  la   rovne  de  Navarre  aussi,  ilz  se 
condescendront  plus  aizément  à  faire  nostre- 
dicte conféience  ailleurs,  comme,  à  vous  dire 
la  vérité,  je  le  désire  bien  :  non  que  je  craingne 
les  ndvis  (|ue  l'on  me  donne  qu'il  n'y  fera  pas 
trop  seur;  car  je  pense  que  ce  sont  gens  qui, 
par  leur    artillico,    voiddroient   bien    ineclre 
les  défïiences  telles  qu'ils  peussent  empescher 
nostredicte  conférence;  aussi  que   la  faisant 
ailleurs,   oultre    la    seureté,  il  ne   se  pourra 
dire  ung  bruict  qui  court  desjà,  que,  si  elle 
se  faict  à  Nérac,    moy  et  \oz  conseillers  se- 
rons comme   contrainclz,   et  y  en  aura    (|ui 
u'ozeront   dire   ce   qu'il    leur    en    semble    sy 
librement  qu'ilz  feroieut   ailleurs.  Et  [lar  ce 
moyen  je    contenleray  aussi,   de    ma    paît, 
toute  la  noblesse  catholique  de  ces  quartiers, 
qui  ne  me  conseillent  pas  d'aller  faire  ladicle 
conférence  audict   Nérac,  où  je   ne  sçay  en- 
cores si  j'y  iray  pour  demain;  car,  ce  soir,  est 
arrivé  icy,  au  commencement  de  mon  soupper, 
ung  nommé  Boucbart,  qui  a  esté  longteiups 


LETTRES  DE  CATH 

prisonnier  à  Loclios.  lequel  ma  fille  la  royne 
de  Navarre  m'a  amené',  in'avant  apporle'  une 
lettre  et  instruction  de  mondict  lilz  le  roy  de 
Navarre,  laquelle  je  vous  envoyé;  et  si  par 
icelle  il  y  a  de  la  véhémence,  celluy  qui  en  es- 
toit  le  porteur  l'est  encores  davantaige,  estant 
passionné  et  avec  cela,  à  mon  advis,  si  mal 
affectionné  qu'il  m'a  toute  fascliée,  niexpo- 
sant  sa  créance  en  laquelle  il  a  entremeslé 
plusieurs  propos  aigres  et  fascheux  de  def- 
fiences  où  sont  si  fort  entrez,  sedisoit-il,  sans 
raison  ceulx  de  sa  religion;  et  partie  desdictz 
députez  qui  estoientarrivezà  Nérac  s'enestoieni 
retournez  sur  le  bruict,  qui  est  veneu  audici 
Nérac,  du  peu  d'espérance  qu'il  y  avoit  du 
chasteau  de  la  Réolle,  et  davantaige  que  les 
catholiques  avoient  voullu  attenter  à  Saincte 
Foy  et  à  Bergerac,  me  disant  cela  de  façon 
comme  s'il  m'eust  voullu  faire  entendre  que 
allant  audict  Nérac  et  m'v  advenant  ou  à  ceulx 
qui  me  suivent  quelque  inconvénient,  que  ce 
que  dessus  en  seroit  cause.  Je  l'ay  ainsy  repré- 
senté et  escript  par  ma  lettre  ausdictz  sieurs 
de  Pibrac  et  de  La  Mothe  [pour]  avoir  sur  ce 
leurs  advis  et  conseil,  que  j'attendray  sur  mon- 
dict partement.  Cependant  je  remectray  Bou- 
chart,  avec  responce  à  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre,  par  laquelle  je  luy  responderay  au 
poinct  de  sadicte  instruction ,  et  vous  en  envoi- 
ray  le  double,  afîin  que  vous  entendiez  tous- 
jours  entièrement  et  par  le  menu  comme 
toutes  choses  se  passent  en  voz  affaires  et 
service  de  deçà ,  non  sans  grand  peine  et  labeur 
pour  éviter  et  aller  au  devant  du  feu  que 
beaucoup  ont  grand  de'sir  d'allumer;  maisj'es- 
père  en  Dieu,  qui  congnoist  vostre  bonne  vo- 
lante et  affection  au  bien  et  repos  de  tous 
voz  peuples  et  subjectz,  qui  nous  fera  la  grâce 
que,  nonobstant  tous  ces  empeschemens  et 
traverses,  nous  ferons  bientost  nostre  confé- 
rance  et  résoulderons  les  moiens  pour  l'esta- 

CiTHEBISE  DB  MÉDICIS.   TI. 


ERINE  DE  MEDICIS.  H'.i» 

blissement  de  la  |iai\  el  exiVutidn  de  vo>lr('- 
dict  édict. 

(jepcndaiil  je  vous  diray,  Monsieui'  mon 
filz,  que,  cesie  après-disnée  de  ce  jour,  j'ay 
receu  vostre  di-pesche  du  v™"  présent  mois  par 
le  Courier  Girauldet,  estant  venue  fort  à  propos 
la  bonne  lettre  que  m'avez  escripte,  laijuelle 
j'ay  faict  lire  devant  tous  ces  seigneurs  qui  sont 
icY,  afin  que  chacun  cognoisse  vostre  droicle 
et  sincère  intention  au  bien  de  la  paix.  Je  la 
monstray  moy-mesmes  à  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre  et  à  ceulx  qui  sont  auprès  de 
luv.  pour  m'en  prévalloir  et  servir  aussi  vers 
ceulx  de  sa  religion.  Les  deux  aultres  courriers, 
qu'escripvez  m'avoir  despeschez  auparavant 
Icdict  (liraudet,  l'un  par  Limoges  et  l'aultre 
parMolins,  no  sont  encores  arrivez;  mais  j'es- 
time qu'ilz  ne  sauroient  plus  guerres  tarder, 
s'ilz  n'avoient  esté  arrestez,  comme  je  le  crains 
bien  fort,  pource  que  lesdictes  nouvelles  de 
la  Réolle  et  de  Lauzerte  ont  porté  une  grande 
rumeur  partout,  à  laquelle  ni'antmoiugs  j'ay  usé 
de  toute  diliigence  pour  y  remédier,  et  créiez 
que  sans  cela  le  feu  eust  esté  allumé  partout 
et  en  très  grand  danger  de  nous  remectre  du 
tout  à  la  guerre.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz,  vous  avoir  en 'sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Condom,  le  xn'jourde  décembre 
1578,  au  soir. 

Monsieur  mon  filz,  pource  (]ue  le  courrier 
que  j'avois  depescbé  devers  icsdietz  sieurs  de 
Pibrac  et  de  La  Alothe,  comme  il  est  dict  cy 
devant,  les  a  trouvez  desjà  partiz  de  Nérac,  et 
qu'ils  sont  venuz  sans  aller  parler  à  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  de  ce  que  j'avois  accordé 
et  advisé  pour  la  Réolle,  aussi  qu'il  m'ont 
dict  qu'il  n'y  a  personne  qui  le  puisse  si  bien 
faire  condescendre  à  cela  que  moy.  qui  pour 
ceste  occasion  me  délibère  de  m'en  aller  hindy 
couscher  audici  Nérac,  et  vostredicte  sœur  icy 

33 

iv.'-aivi.r.ic    SATioxiLi:. 


170 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


auprès, pourfaire  son  entréelelendemain.  J'es- 
père demain  matin  achever  d'accomoder  l'ordre 
de  la  seureté  de  cesfe  ville,  où  il  estoit  bien 
bon  besoing  de  mectre  la  main,  car  les  que- 
relles d'entre  le  lieutenant  général  et  le  lieu- 
tenant parlicuUier  ont  tellement  brouillé  les 
habilans  qu'ilz  sont  tous  divisez  et,oultrecela, 
soubz  couileur  de  la  confrairie  saint  Pierre, 
qui  y  est  il  y  a  desja  quelque  temps,  et  d'ung 
aiiltre  de  saint  Arnault  qui  s'y  commance,  la 
noljiesse  catholique,  au  nioings  une  bonne 
parfye  y  sont  attirez,  de  sorte  que  la  fin  n'en 
pourroit  estre  que  préjudiciable  à  vostre  service. 
J'espère  qu'avec  le  gré  desdictz  genliihommes 
que  j'ay  aujourd'huy  faict  tous  opiner  devant 
nioy,  et  ceulx  de  vostre  Conseil  qui  sont  auprès 
de  inoy,  sur  l'ordre  qu'il  seroit  bon  de  laisser 
et  establir  en  ladicte  ville,  et  puis  ayant  parlé, 
comme  j'ay  faict,  à  part  aux  principaulx,  j'es- 
père que  d'eux-mesmes  ilz  se  départiront  des- 
dictes confrairies,  congnoissans  bien  que  ceulx 
qui  ont  icv  premièrement  faict  lesdictes  con- 
frairies ny  proceddoient  pas  du  zèlle  qu'ilz 
eussent  de  prier  Dieu,  comme  par  beaucoup  de 
raisons  je  leurs  ay  bien  faict  congnoistre,  mais 
pour  faire  des  menées  et  s'en  servir  bien  souvent 
à  de  très  maulvaises  choses,  comme  ilz  avoient 
bien  congneu  par  ces  meurtres  qui  sont  advenuz 
en  ceste  ville,  et  la  hayne  si  grande  que  l'ou  veoit 
entre  lesdictz  habitans  tous  catholiques;  car 
ceulx  qui  sont  huguenotz  ont  leur  aultre  pas- 
sion à  part  :  et  fault  faire  en  sorte,  comme 
j'espère  que  feray,  que  la  ville  et  tous  les  habi- 
tans demeurent  seurement  soubz  vostre  obéys- 
sance,  et  que  vostre  Parlement  de  Bourdeaulx 
ou  la  Chambre  d'Agen  congnoisse  de  tous 
lesdictz  meurtres  et  querelles  et  en  face  la 
justice.  J'en  feray,  par  Tadvis  de  ceulx  de 
vostre  Conseil  qui  sont  icy,  une  résolution 
que  je  feray  effectuer,  et  vous  donneray  après 
advis  de  tout.  Cependant,  Monsieur  monfilz, 


il  vous  plaira  m'envoyer  une  commission  eu 
forme  patente  pour  faire  exercer  la  justice  en 
cestedicte  ville  par  ung  conseiller  dudict  Parle- 
ment de  Bourdeaulx,  duquel  il  faudra  laisser 
le  nom  en  blanc  et  que  je  choisiray. 

Il  vous  plaira  aussy  m'envoyer  une  aultre 
letlre  patente,  suivant  et  au  désir  de  l'article 
par  lequel  je  prometz  à  ceulx  qui  ont  surprins 
la  RéoUe  que  ores  ny  à  l'advenir  ilz  n'y  seront 
recherchez.  Cependant  je  ne  laisseray  dele  leur 
permectre  et  de  faire  que,  sur  ma  promesse, 
ilz  effectueront  ce  qui  est  porté  par  lesdictz 
articles,  si  tant  est  que  j'y  puisse  faire  condes- 
cendre mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  que  le 
cappitaine  Favas  et  les  gens  de  guerre  qui 
sont  es  villes  de  la  RéoUe  sortiront  les  pre- 
miers, aflin  que  j'aye  moien  de  faire  sortir 
aussi  ceulx  qui  sont  dedans  le  rhasteau,  comme 
il  est  porté  par  lesdicts  articles. 

Escript  à  Condom,  le  xiii°  décembre  1 578 , 
au  soir. 

Monsieur  mon  filz,  depuis  ceste  lettre  es- 
cripte\  veoyant  que  tous  ceulx  qui  sont  par 
deçà  sont  poulsez  de  quelque  passion  ou 
pour  les  ungz  ou  pour  les  aullres,  j'ay  pensé 
de  vous  prier,  comme  je  faitz,  de  me  vouloir 
escripre  une  lettre  que  je  puisse  monstrer,  par 
laquelle  vous  me  manderez  avoir  entendu, 
sans  dire  que  c'est  moy  qui  le  vous  ay  escript, 
mais  comme  si  vous  l'aviez  sceu  d'ailleurs, 
comme  toutes  choses  se  sont  mal  passées  et 
passent  en  ce  faict  de  Condom,  et  que  vous 
vouliez  que  la  Chambre  tripartie  d'Agen  en 
ayt  la  congnoissance,  à  laquelle,  pour  ceste 
occasion ,  vous  l'attribuerez  par  lettres  patentes , 
et  leur  en  escripverez  particuUièremenl  de 
bonnes  et  expresses  lettres  clauses,  et  man- 
derez, toutes  choses  cessantes,  faire  prompte 

'  En  titre  :  tr  Autre  postscript  de  lad.  dépesclie  du 
xu' décembre  1578.11 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


171 


justice  de  tout.  En  ce  faisant,  vous  coupporez 
le  chemin  à  ceulxqui  ont  iiitelligence  avec  la 
confrairie  de  Bourdeaulx,  où  pour  ceste  occa 
sion  la  justice  ne  s'en  pourroit  pas  aizémenl 
faire ,  et  par  mesme  moyen  interdirez  aux  lieu- 
tenant général  et  parlicullier  IVxorcicede  leurs 
oflices  et  l'entrée  en  ladicteville,  jusques  ad  ce 
que  le  procès  soit  jugé,  et  manderez  à  ladicte 
Chambre  d'envoyer  ung  des  antiens  conseillers 
d'icelie  catholique  pour  exercer  la  justice  en 
ceste  dicte  ville,  auquel  conseiller  vous  en- 
voyrez  pareillement  commission ,  et  vouldroiens 
bien  que  vous  Tussiez  choisy  vous  mesmes 
sur  la  liste  que  Villeroy  en  a,  et  surtout  qu'il 
ne  soit  |)oincl  de  la  confrairie  dudict  Bour- 
deaulx :  il  me  semble  que  c'est  le  meilleur  ex- 
pédient que  l'on  puisse  tenir. 


1578.  —  1.3  décembre. 

Orig.  Archives  nationales,  collection  Sininncas,  k  i5.ïi.  n°  8'i. 

AU   ROY   DES  ESP  VIGNES 

MONSIEUR  MON  FII.Z. 

Monsieur  mou  filz,  le  s''  de  («ondriu,  gen- 
tilhomme de  illustre  maison  de  ce  païs  icy,  fort 
catolique  et  très  affectionné  au  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  a  perdu  ces  jours  icy,  par 
fortune  de  feu  qui  est  pris  en  sa  maison,  tous 
ses  grandz  chevaulx  qu'il  avoit  en  bon  nombre  : 
m'ayant  requise  de  vous  prier,  comme  je  fais 
bien  affectueusement,  de  vouloir  perniectre 
qu'il  puisse  faire  passer  par  deçà  jus([ues  à 
une  douzaine  de  chevaulx  d'Espaigne,  lesquelz 
il  y  envoyé  achepter,  si  vous  m'accordez  ceste 
requeste  en  sa  faveur,  dont  derechef  je  vous 
prie  de  bien  bon  cœur,  à  la  charge  que  sy  voz 
serviteurs  et  subjectz  ont  besoing  de  quelque 
aultre  commodité  de  ce  royaulme,  j'en  feray 
voluntiers  la  requeste  pour  eulx  au  R,oy  mon 


dict  S' et  fil/.,  que,  je  masseure,  ne  m'en  escon- 
duiray  pas,  pour  le  désir  tjue  je  sça\  qu'il  auroit 
de  gratiffier  tout  ce  qui  nous  seroil  recommandé 
de  vostre  part.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz,  vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde. 

Escripl  à  Condom,  le  xiii"  jour  de  décembre 
1578. 

Voslre  bonne  seur  et  mère, 


1578.  —  i3  (téromlire. 
Orig.  Bibl.  nat.  Fonds  fiançais,  nom.  acq.  fol.  'i3. 

A   MONSIEUR  DE  RAMBOUILLET'. 

Monsieur  de  Rambouillet,  je  \iens  de  re- 
cepvoir  la  lettre  qu'il  a  pieu  au  Roy  monsieur 
mon  filz  m'escripre,  et  la  vostre  faisant  men- 
tion de  l'abbaye  de  Thouars,  de  Uniuelle  je 
vous  eusse  très  volontiers  et  de  bon  cœur  gr/i- 
tifllé;  mais,  dès  le  dixième  de  ce  mois,  je  l'avois 
accordée  au  cardinal  de  Birague  pour  aider 
à  la  récompense  d'Alby,  comme  vous  pouirez 
entendre  par  mon  secrétaire  Chantereau,  au- 
quel, dès  ce  jour- là,  j'en  escripvis  de  ma 
main.  Croyez  ,  Monsieur  de  Rambouillet,  (jue, 
quelque  aultre  occasion  se  présentant,  je  vous 
en  gratiffieray  aussy  volontiers  et  de  bon  cœur 
que  genliihomme  de  ce  royaulme  et  lion  ser- 
viteur du  roy  et  de  moy,  comme  vous  en  avez 
par  tant  de  fois  fait  preuve  et  coBtinuez  en- 
core tous  les  jours,  et  (jue  vos  grauds  et  re- 
comroandables  services  le  méritent,  pi'iant 
Dieu ,  Monsieur  de  Ramjjouillet,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Condom,  le  xiii' jour  de  décembre 
1678. 

Caterine. 


'  L'un  (les   nombreux   Gis  do  Jacques  d'Angcnnes, 
peut-être  le  cardinal,  évèquedu  Mans,  plus  probablement 


172 


LETTRES  DE  CATHER1^E  DE  iMEDIGIS. 


l.')7S.  —   l'i  di'ceniljri». 
On;:   l;ihl.  lui.  .  Komis  IVaniais.  n"  Sa/i;,  f  66. 

\  MON  riirsiN 

LE   S"   DE   DVMVILLE. 

Mon  fou.'^iii,  à  ce  que  j'av  veii  par  deux  de 
vos  d('pesrlies  des  \iii  et  ix^'^dere  mois  et  par 
les  advis  que  uimycz  envoyez,  ceuk  de  la  rel- 
ii;;iori  ])retendue  réformée,  priucqi;dleiiieiil 
en  Ydsln^  gouvernement,  et  eiilre  aulties  ceux 
(pii  enlieprennent  et  assisleni  l(>  t'aici  du  rlias- 
leaii  (le  Beauraire,  nHul  |ias  grande  envie  de 
la  paix.  Toullel'ois,  il  l'aull  faire  lon.sjours  ce 
([ue  fou  pourra  pour  parvenii'  au  désir  du  lioy 


ceila  ie  niieuix  qu'il  pourra,  espérant  que, 
par  la  résolution  de  noslri'  conlérenoe,  nous 
pourveoyrons  à  toutes  choses.  Cependant  je 
vous  diray  aussy  que,  pour  le  regard  de  l'ar- 
gent ordonni'  pour  ledict  Beaucaire,  voyant  la 
durelé  des  trésoriers  généraux  et  recepveurs 
gi'néraulx,  tout  ce  ipie  je  |)uis  faire  en  cela 
est  de  vous  envoyer  encore  ung  il('ralif  com- 
mandement, alliu  i|ue,  sans  excuse,  ils  satis- 
fassent à  ce  que  je  leur  ay  ordonné,  dont  je 
pensois  que  le  Boy  monsieur  mon  Clz  vous 
eust  envoyé,  connue  je  m'asseure  qu'il  fera, 
ainsy  que  je  lui  ay  escri|)l  et  prié  faire,  la 
coulirnialiou  des  acquistz  (jue  j'en  uy  expé- 
diez, les(|uelz   sont  adressez   senllement  sur 


onsieur  mon  lilz.  qui  est  d'exécuter  et  esta-    |    la  recepte  généralle  (jui  souloit  estre  à  .Mont- 

pellii'i-,  tiausli'r(''e  à  Béziers,  et  non  sur  celle 
de  Tlioulouse,  où  niondict  s'^  et  lilz,  ce  nie 
semble,  a  mandé  par  ses  lettres  patentes  qu'on 
foiirnist  six  mil  escus  sur  mon  lembourse- 
ment  de  plu^  de  cimpiante  mil  livres  qu'il  a 
naguéres  prins  de  mon  revenu;  et,  combien 
qu(^  cella  retarde  bien  fort  mes  affaires .  il  ue 
s'est  eni'oïc  rien  pu  recepvoir  desdicts  six 
mil  escM.>  auilicl  Tlioulnuse,  à  ce  cpie  mont 
présentement  dict  le  s'  de  Lanssac  '  et  ceulx 
qui  manient  nu'S  allaires,  comme  a  bien  veu 
le  sieur  éves(jue  de  Yallence.  par  l'advis  du- 
(piel  et  dci  aultres  sieurs  du  (Àmsoil  privé  du 
lîoy  qui  sont  auprès  de  mov,  je  xous  diray 
que  je  suis  d'advis  (pie  vous  inecliez  la  tenue 
des  Estais  de  vostre  gouvernement  au  xw""  du 
mois  de  janvier;   mais  au  lieu  de   \arbonne 


m 

blirsoii  ('dict  de  pacilicaliou.  aius\  (jii'il  m'es- 
cript  |iar  toutes  b's  lettre>  (pie  je  re(;ois  de 
luv;  aussv,  pour  reste  occasion,  m  en  vois-je 
demain  à  \('rac,  alliu  de  persuader  à  mon  filz 
ie  rov  de  \avaire  de  ne  dilférer  de  commen- 
cer noslre  ciiiif('rence.  en  altendantque  la  res- 
titution .soit  laicte  de  la  l{('(iile,  que  l'on  me 
(buine  espérance  (|ui  sera  bientosi  eu  mes 
mains,  (iepeiidau!  je  vous  prie,  mon  cousin, 
de  (-(Uitiuiier  lousjours  à  mainteuir  le  ie|ios 
eu  vostre  gouverneiueut  et  surtout  enipesclier. 
par  le  soing  (pie  manderez  avoir  partout .  (pi  il 
ue  s'y  surprenne  aulcune  place,  troinaut  très 
bon.  comme  je  vous  av  nagu("'re  escript,  que 
\(ms  renforciez  le  s'^de  Sainte-.Iaille,  allin  (pi'ii 
puisse  cmpescliei-  ie  nouveau  ravitaillement 
(juej'ay  veu  par  vosdictes  dé|iesclies  (pie  l'on 
veult  faire  au  cliasteau  de  Beaucaire.  OuanI 
au  refus  ipie  l'on  a  faict  au  s''  de  Mirepoix 
d'obéir  à  la  commission  (jue  nous  avons  mon 
lilz  le  l'ov  de  Navarre  et  mov  discernée,  vous 
lia    escriprez,   s'il   vousjdaist,  (]u"il    face   en 

(itoKiio,  roiisi'illiT-cicir  an  Parleni(>iit  ilo  Paris  depuis 
1. ")(').").  (ivr'(|iiL"  (le  Neviin  en  i.')77.  ([l'i  succijda  à  son 
IrcTu  >ui'  te  sii'jje  ('[liscopdl  du  Mans  en  iy88. 


'  Louis  de  Saint-riclais,  seigueiii-  de  Lanssac.  que 
nous  avons  d(;jà  vu  plus  d'une  fois,  était  chevalier 
d'Iionneur  de  Catherine  de  Médicis;  il  semide  avoir  eu 
plus  particulièrement  dans  ses  allribulions  les  affaires 
linancière.s.  Charles  1\  Tavait  nommé  ca])ilaine  d'une 
conipanjnie  de  cent  ;;eulil3liommes.  It  y  a  de  lui  un  heau 
porlr.iil.  attribué  à  Clouel,  dans  ta  grande  galerie  du 
Lou\ri'. 


157S.  —  i6  décembre. 

Copie.  lîibl.  nat. ,  Fonds  français  .  n"  33oo  ,  f'  1 13  >°  '. 

[Al    ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  nous  arrivasmes  hier 
d'assez boune  heure  en  ce  lieu,  oiî  vosire  sœur 
feit  son  cntre'e-,  et  y  f'eiismes  fort  bien  re- 
ceus.  Mon  filz  le  roy  de  Navarre,  qui  s'est  ac- 
compagné le  plus  qu'il  a  peu,  faicl  et  faict 
taire  tout  ce  qu'il  se  peull  envers  nous  et  ceuix 
de  nostre  suilte  de  bon  acueil  et  de  bonne 
chère,  monstrant  d'estre  infiniment  aize  que 
scions  venu  icy  si  l'ranchement  que  nousavons. 
Mais  il  s'y  congnoist  desjà  bien  que  aucuns 
de  sa  religion,  priucipallemenl  ceuix  qui  sont 
autour  de  luy,  veullent  encores  prolonger 
nostre  conférence;  car  ilz  dient  que  tous  leurs 
depputtez ,  mesmes  ceuix  de  Languedoc ,  ne  sont 

'  En  marge  :  ttEnvoyée  au  Roy  par  Girauldet, 
courrier,  n 

-  Voir  pour  l'entrée  de  Marguerite  de  Valois  à  Nérac: 
V  illenetive ,  Histoire  de  Nérac  et  Les  deux  cnurs  de  France 
cl  d'Angleterre,  par  M.  H.  de  la  Perrière. 


LETTRES  DE  CATHI 

qu'avez  résolu  de  les  y  tenir,  il  vauldra  juieulx  [ 
que  ce  soit  en  la  ville  de  Béziers.  J'espère 
qu'entre  cy  et  ledict  xw"  du  mois  prochain, 
nous  aurons  conclud  le  bon  œuvre  de  l'esta- 
blissement  de  la  paix,  pour  lequel  je  suis  ve- 
neue  par  deçà.  Priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Condom .  le  xiiii' jourde  décembre 
1378. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

Mon  cousin ,  je  vous  renvoyé  tous  les  advis 
et  papiers  que  vous  m'aviez  envoyez,  suivant 
le  contenu  de  vostredicte  lettre. 


RliNE  DE  MEDICIS. 


173 


encores  venuz,  ce  qui  me  mect  en  très  grande 
peyne,  leurs  ayant  dèz  hier,  parlicullièremenl 
à  niondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  aussi  au 
•vicomte  do  Turenne  et  après  à  Guitry,  assez 
fairt  congnoisire  comme  telle  longeiire  avoil 
este'  cause  de  ce  qui  nous  esloit  advenu  à  la 
Réolle  et  à  Lauzerte,  et  de  ce  qui  estolt  aussi 
advenu  à  Périgeulx,  où,  ad  ce  (jue  j'ay  en- 
tendu, Vivans\  a  faict  tuer  à  coup  de  dague 
et  puis  jecter  dans  la  rivière  cin([  ou  six  ca- 
tholiques et  sans  occasion  :  l'on  en  dict  bien 
plus  grand  nombre,  mais  le  s"^  de  Bourdeiiles 
m'escript  que  ce  nombre  là,  comme  vous 
verrez  par  sa  lettre  que  je  vous  envove,  de 
laquelle  j'ay  faict  incontinent  responce,  luy 
ayant  très  expressément  mandé  d'en  faire  in- 
former à  la  vérité  et  aussitost  envoler  les  infor- 
mations, afin  de  m'en  pouvoir  servir  en  nostre 
conférence,  comme  je  ne  fauldray  de  faire 
toutes  les  contraventions  qu'llz  ont  faictes  de- 
puis que  je  suis  de  paB  deçà  et  font  encores 
tous  les  jours,  comme  je  vous  ay  cy  devant  es- 
cript par  le  menu ,  de  sorte  que  ce  ne  serolt 
que  vous  ennuyer  de  vous  en  faire  redicte  : 
aussy  seulement  vous  dlray  que  Cliastillon  et 
ses  voleurs  de  Bacom  '-  et  Fournler,  ad  ce  que 
m'escript  le  mareschal  de  DaiiLpvilJe,  se  soni 
remis  en  campaigne,  avec  forces  gens  tant  de 
cheval  que  de  ]iied,  et  vont  pour  ravitailler  le 
chasteau  de  Beaucaire,  s'ilz  peuvent;  à  quoy 
ledict  mareschal  de  Dampvllle  a  pourveu, 
comme  11  m'a  escript,  de  renforcer  le  s"'  de 
Saincte  Jaille  de  sa  compalgnye  de  gendarmes 
et  de  ce  qu'il  pourra  de  gens  de  guerre,  que  je 

'  Geoffroy  de  Vivans,  l'auteur  de  mémoires  publiés 
en  1887,  à  Agen,  par  M.  Magon  sous  le  lilre  do  Faits 
d'armes  de  G.  de  Vivons.  —  Voir  aussi  Lettres  missives 
de  HennlV,  t.  I,  p.  364. 

'  C'est  toujours  le  capitaine  Bacon,  qui  fui  fait  pri- 
sonnier en  i585  et  tué  dans  sa  prison  le  iG  fcvriej 
i586.  —  \oir  Mémoires  de  Gâches. 


luy  ay  mandé  de  l'aire  passer  à  ia  file,  de  peur 
de  rien  esmouvoir,  me  délibérant  bien  de  faire 
icy  tout  l'instance  qu'il  me  sera  possible  pour 
faire  mander  audict  Chastillon  se  départir  de  * 
sadicte  enlreprinse;   mais  je  crains  bien  ne 
pouvoir  rien  gaigncr  envers  eulx  de  cela  ny 
d'aultre  chose;  car  je  les  trouve  merveilleuse- 
ment durs,  prenant  prétexte  et  excuze  pour  ne 
rien  faire  de  toutes  choses  raisonnables,  dont 
je  les  requiers,  sur  ce  qui  est  advenu  audict 
lieu  de  la  RéoUe  et  Lauzerte,  qui  veulent  leur 
estre  premièrement  restituez.  Vous  aurez  veu , 
avant  la  réception  de  reste  présente,  ce  que 
j'ay  respondu  et  accordé  aux  articles  de  ceulx 
qui  sont  dedans  ledict  chasteau  de  la  Réolie; 
j'en  parlé  dès  hier  soir  à  mondict  filz  le  Roy 
de  Navarre  et  ausdictz  vicomte  de  Turenne 
et  Guitry,   afin    que    ledict  roy    de  Navarre 
escripvît  à   Fa  vas  et  au  cappilaine  Validos, 
par  ung  des  siens,  expressément  faire  ce  que 
ledict   Guitry,  estant  «avec   le  mareschal    de 
Biron,   avoit   accordé,    qui   est  que   lesdiclz 
capitaine  Favas  et  Validos  et  les  aultres  gens 
de  guerre  de  leur  religion  sortiroient  les  pre- 
miers, affin  que  les  villes  et  chasteau  de  la 
Réolie  feussent  remis  en  mes  mains,  et  que 
je  promeclois  de  les  leur  rendre  incontinent 
après;  mais  ilz  monstrent  à  présent  quelque 
difficulté  en  cela:  toutesfois ilz  se  doibvent  as- 
sembler aujourd'huy  pour  en  faire  une  résolu- 
tion, de  laquelle  je  ne  sçay  encores  qu'espé- 
rer; car  il  semble  qu'ilz  soient  refroidiz  de 
satisfaire  à  ce  qui  avoit  en  cela  esté  accordé. 
Cependant  je  vous  diray,  Monsieur  mon  filz, 
que  mondict  filz  le  roi  de  Navarre  et  ledict 
vicomte  de  Turenne,  parlant  à  eulx  parlicul- 
lièrement   à    part   de   ce   faict    icy,    se   sont 
laissez    entendre    que    ceulx    qui    veuillent 
brouiller  en  voz  provinces  soubz  couUeur  du 
liien  public  les  ont  faict  rechercher  et  font 
encores  poursuivre  de  se  joindre  avec  eulx. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


fort  instamment,  par  gens  qu'ilz  ont  envoyé  du 
deçà  qui  vont  par  les  maisons  pour  induire  ung 
chacun  à  se  ranger  à  leur  party  et  troubles 
qu'ilz  veulent  faire  soubz  le  manteau  dudict 
bien  publicq.  Je  crains  bien  qu'ilz  se  veuUent 
ayder  de  ce  prétexte  en  leurs  mauvaises  inten- 
tions; toutesfois  j'ay  desjà  si  bien  commancé, 
envers   toute    la    noblesse  et  les  peuples  de 
deçà,  à  leur  faire  congnoistre  à  quoy  tendent 
telles  pernicieuses  meschancetéz  et  les  men- 
teries    et  impostures    dont  ilz  usent,  estant 
venu  fort  à  propos  la  vériffication  que  le  s''  de 
Bellièvre  a  faicte  aux  Estats  de  Normandye  de 
vingt  deux  édictz,  qui  leurs  a  monstre,  à  la 
tenue  desdictz  Estats,  estre  faulcement  pu- 
bliez parmy  le  peuple  pour  décrier  voz  actions. 
J'en  feiz  dès  hier,  aussitost  que  je  l'eus  receu, 
une  fort  ample  despesche  à  Thoulouze,  en  la- 
quelle je  n'ay  rien  oublyé  envers  les  premiers 
président  et  advocat  Duranly,    ausquelz   je 
suis  d'advis  que  vous  en  faciez,de  vosire  part, 
une  bien  ample  et  expresse  despesche,  et  pa- 
reillement à  Bourdeaulx,  où  j'ny  entendu  que 
l'entreprinse  de  la  Réolie  s'est  fahricquée  et 
qu'encores  ceulx  qui  ont  faict  reste  méchan- 
ceté font  tout  ce  qu'ilz  peuvent,  et  de  conseil 
et  de  moiens,  pour  empescher  que  ceulx  qui 
sont  dans  ledict  chasteau  de  la  Réolie  ne  le 
me  rendent,   et,  qui  pis  est,   cherchent  les 
moiens  de  faire  surprendre  encores  d'autres 
I    places,  qui  seroit  pour  me  faire,  et  à  tous 
i    ceulx  qui  sont  icy  avec  moy,  coupper  la  gorge, 
j    si  cela  advenoit,  principallemenl  pendant  que 
1    nous  sommes  en  leurs  puissances;  par  quoy, 
i    Monsieur  mon  filz,  je  vous  prie  de  faire  in- 
1    continent  une  bonne  despesche  au  sieur  de 
j    Lanssac'  et  au  premier  président  de  Bour- 

I         1  Cet  autre  Lansac,  qu'il  ne  faut  pas  confomire  avec 
■     Louis  de  Saint-Gelais,  était  un  ancien  maire  de  Bor- 
deaux, gouverneur  de  Blaye,  qui  avait  commandé,  lors 
de  la  dernière  guerre ,  une  sorte  de  levée  navale.  Cathe- 


LETTRES  DE  CATHE 

deaulx.  sans  montrer  que  je  vous  en  aie  | 
escript  et  leur  commandiez,  parlant  qu'ilz 
aiment  vostre  service,  de  vous  esc.ripre  à  la 
vérité'  qui  sont  ceulx  qui  ont  faict  et  font  ces 
menées  de  la  Réolle  et  qui  empeschent  encore 
la  reddition  d'ieelle,  et  (pi'ilz  lacent  envers 
eulx  en  sorte  qu'ils  se  départent  aussi  entière- 
ment de  toutes  autres  menées,  et  au  contraire 
qu'ils  aydent  et  lacent  en  sorte  que  ceulx  qui 
sont  dans  ledict  chasleau  le  remectent  en  mes 
mains  et  se  départent  entièrement  de  toutes 
aultres  menées,  vous  priant,  Monsieur  mon 
filz,  qu'ils  aient  bientost  vos  dictes  lettres;  car 
je  craintz  bien  d'estre  encores  accrochée  sur  ce 
faict  de  la  Réolle  longtemps ,  monstrant  le  roy 
de  Navarre  et  ceulx  de  la  relligion  ne  vouloir 
entrer  en  conférence  que  ladicte  Réolle  ne  leur 
soit  rendue.  Touttefois  je  ne  laisseray  pas  de 
faire  tout  ce  qu'il  sera  au  monde  possible 
pour  la  commencer;  car,  si  Dieu  nous  faisoil 
la  grâce  de  pouvoir  establir  la  paix  par  deçà, 
tout  le  reste  s'en  yroit  en  fumée.  J'ay  icy  le 
députté  du  Daulpliiné,  qui  m'a  dict  ne  voul- 
loir  point  attendre  les  aultres  et  demande  à 
estre  dépesclié;  cela  m'aidera  beaucoup  à  les 
presser  sur  ceste  occasion,  et  pouvez  croire, 
Monsieur  mon  filz,  que  je  n'oublieray  nul 
raoien  qui  se  puisse  excogiter  pour  faire 
nostredicte  conférence  promptement  et  pren- 
dre une  bonne  résolution  pour  l'eslablisse- 
ment  de  vostre  édict,  connne  je  sçav  bien 
que  voz  peuples  subjectz  de  deçà  le  désirent 
et  que  c'est  aussi  le  plus  grand  et  plus  néces- 
saire bien  que  l'on  peult  souhaitter. 

J'avois  faict  ceste  lettre  devant  disner,  après 
avoir  moy-mesme  longuement  débattu  avec 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  qui 
sont  auprès  de  iuy,pour  le  faict  de  la  Réolle; 
et  n'ayant  peu  nous  en  accorder,  j'ay  donné 

rine  de  Mé<licis  demandait  déjà  pour  lui  une  récom- 
pense dans  sa  dépêche  du  2 g  septembre.  Voir  p.  4i. 


RINE  DE  MEDICIS.  ITf, 

charge  à  ceidx  de  vostre  Conseil  qui  sont  icv 
et  au  secrétaire  Pinarl,  et  de  la  part  de  mon- 
dict filz  le  roy  de  Navarre,  le  viconle  de  Tu- 
renne,  Guitry,  Lésignan,  chancellier  Gratin, 
Ségur^  et  son  serviteur  Pin,  lesqiielz  se  sont 
assemblés,  ceste  après-disner,  en  mon  cabinet 
oi'i,  après  avoir  très  longuement  débattu,  se 
sont  accordez  d'en  faire  ce  que  vous  verrez 
par  les  promesses  que  nous  nous  faisons  l'un 
à  l'autre  pour  le  faict  de  la  Réolle,  dont  les 
doubles  seront  encloz  avec  la  présente-,  qui 
est  le  mieulx  que  l'on  y  a  peu  faire,  se  mons- 
trant ces  gens-cy  infiniment  entiers  et  oppi- 
niàtres  à  tout  ce  qu'ilz  demandent,  de  sorte 
([uc  pour  n'altérer  rien  davantaige,  je  ne  lenr 
ay  pas  voullu  refuser  la  promesse  qu'ilz  m'ont 
demandée,  qui  n'est  que  ce  que  avez  veu , 
que  j'ay  respondu  et  accordé  aux  articles  que 
m'apportèrent  les  sieurs  de  Duras  et  le  maistre 
des  comptes  le  Lieur,  dont  je  vous  ay  envov.' 
le  double  par  la  Moineton.  En  la  longue  et 
grande  contestation  que  nous  avons  eue,  ce 
matin,  je  vouUois  que  Guitry  allast  pour 
achever  d'effectuer  tout  ce  que  dessus  avec  le- 
dict mareschal  de  Biron,  pour  ce  qu'eulx  deux 
avoient  ensemblement  accordé  tout  ce  qui  en 
avoit  esté  faict  et  négocié;  mais  ledict  Guitry 
n'y  a  voullu,  en  quelque  façon  que  ce  soit,  re- 
tourner, s'excusant  sui-  la  charge  (jiiil  avoit 
icy  des  affaires  de  la  maison  de  mondicl  filz 

'  Ségur,  dout  il  est  souvent  question,  est  François  de 
Ségur-l'ardaillan ,  genliiliomme  de  la  Cliambre  du  roi 
de  Navarre  depuis  1576,  plus  tard  surintendant  de  sa 
maison.  Parmi  ses  amis  et  serviteurs  fidèles,  le  roi  de 
Navarre  comptait  des  catholiques  et  des  protestants,  qui 
n'élaient  pas  toujours  d'accord  entre  eux.  Les  capitaines 
catholiques  étaient  Lavardin,  Miossens,  Gratnonl,  Duras, 
Roquelaure,  Bégoles;  les  huguenots,  plus  nombreux, 
étaient  Turenne,  Guitry,  Mongomery ,  Lusignan, 
Favas,  Ségur,  tous  ceux  qui  figurent  ici. 

'  On  trouvera  la  tr Promesse-'  de  Catherine  à  V. ap- 
pendice. 


176 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


!iî  rov  ili'  XnvaiTC,  a\;inl  |iotir  cpstr  orrasion 
noiiunii  11'  simir  ilc  Ei'signan,  ijiii  y  l'sloil  aussi 
j)n'seiit  ul  s'en  esl  loi-t  dérciidu;  et,  à  l'issue 
(Irmou  disner.  ilz  ont  nonuiié  lesienrde  Roc- 
ijui'buui  de  I5ii'ul.  (|uilz  v  voiilloienl  aussi 
uiecti'c  gouverneur;  mais  uie  souvenant  de|iuis. 
qu'aux  articles  (jue  j'ay  signez  et  accordez  à 
Cfulx  dudiil  iliasloau  de  la  Re'olle,  il  t'ault 
que  ce  soit  un;;  gi'ulilli(unnie  de  leurs  voi- 
sins el(|iii  leur  soit  agréable,  comme  ciiascuu 
estime  (|ue  seia  le  sieur  du  Sac,  que  l'on 
lient  pour  cstie  fort  honuesle  gentilhomme, 
pai'L'iil  du  sieur  mai'esclial  de  Biron.  lei|uel 
pourceste  occasion  jesuis  bien  aise  que  mon- 
dicl  lilz  le  ro\  de  Navarre  envoje,  non  seul- 
lenieid  piiiir  cvéculer  le  contenu  cy-dessus, 
el  aii>si  pdur  di'uiourcr  gouverneur  en  ladicte 
lii''oll(!  pour  Irl  temps  que  nous  aviserons. 
J'eslinu' (|oe,  pai'  ce  moien,  tout  s'elVecluera  de 
l'O  cosli'  là;  mais  pour  ie  principal  que  je  dé- 
sirerois  el  q:ji  esl  Uiiil  requis  pour  vostre  ser- 
vice, (jui  esl  le  laid  de  la  conli''rence,  je  ne 
vo\  pa^  que  je  vous  |uiis>e  diri'  le  jour  cer- 
tainement cpie  nous  la  couimeucerons.  Et  je 
\ciiis  asseure  qu'il  n'y  a  nulle  sorte  de  |)ersua- 
siiiiis  el  lemouslrauces  de  toutes  choses  (|ui 
se  jieinent  dire  el  rejiri'senler,  jiour  loucher 
au  C(eur  de  iiiiuidict  lilz  le  rov  de  Navarre'  (>t 
l'esmonvoir,  el  inciter  à  accélérer  la  résolution 
de  l'estahlisscmenl  de  la  |iai\,queje  n'en  aie 

'  I^e  roi  lie  N;i\arn'  ii>>  clnail  |kin  l'In.'  liien  (li'siieux 
quo  la  conrcrcnco  se  réiiiiil  sans  rctaril  à  Nérac,  cl  il  ne 
pensait  |ias  |;arilri-  h  reine  mère  lun[;leni|)s  pivs  de  lui, 
si  l'en  en  JM;;e  ]iar  la  lellre  qu'il  l'ciivail  le  jour  même 
aux  consuls  de  la  ville  d'Ajji'n  : 

f  A  Messieurs  les  Consuls  île  la  ville  d'A|;en, 

itMessieurs  li>s  Consuls,  je  vous  envoyé  la  letlre  c|ue 
ma  femme  la  lîoyne  el  moy  écrivons  au  [ioy,  mon  sei- 
(;ncur,  pour  l'alïaire  dont  le  sieur  de  Glattain,  mon 
chancelier,  m'a  part'.  ■■!  pom-  l'sire  descliargés  de  la  suli- 


usi'  entre  luv  et  moy,  à  jiart;  mais  pourtant 
n'ay-je  rien  peu  gaigner,  s'excusant  que  leurs 
députtés  ne  sont  encore  venus  el  qu'il  les 
faut  attendre,  n'ayant  aucun  pouvoir  di^  rien 
faire  ipiilz  n'y  soient  |)résens.  ,1e  vous  asseuie. 
Monsieur  mon  filz,  ipien  cela  je  congnois 
bien  qu'il  a  quelque  chose  de  vérité;  mais  je 
veoy  bien  aussy  cpi'il  est  tellement  enveloppé 
el  possédé  par  ceulx  ipii  sont  autour  de  lui 
et  le  tiennent  en  telle  suhjei'lion  et  con- 
Iraincle,  qu'il  ne  veult  nv  ne  peult  rien  l'aire 
sans  eulx,  doiil  la  pluspart  sont  très  mal  al- 
feclioniiez  a  la  paix.  Toiittefius,  |  essaierav 
encores  et  ii  cihmetlrav  aulcuus  nioicns  pour 
entrer  en  conlerence  et  par\enir  an  bien  que 
vous  et  moy  et  gens  de  bien  doibvent  désirer 
pour  la  paix,  iej)os  el  union  de  tous  voz  sub- 
jetz,  dont  la  pluspart  de  ceulx  de  deçà  sont 
do  nostre  niesme  désir,  si  n'est  ceulx  qui 
vnent  de  i-apines  durant  les  troubles  et  ipicl- 
ipies  aultres  poulsez  de  [tassions  particul- 
lièrcs,  pour  lesipudz  nous  ne  laysserions  pas 
do  parachever  ce  bon  leuvre  de  l'eslablisse- 
iiienl  de  la  paix,  si  ceulx  cpii  sont  aupri'S  de 
mondict  lilz  le  rov  de  Navarre  voulloicnt,  sans 
nous  remédie  à  altendre  leurs  députiez,  ,1e 
di'sire  bien  l'arrivée  du  s'  de  Maintenon,  al- 
lin  qu'il  parle  de  vosire  [laii  à  moiidicl  liis 
le  roy  di'  Navarre  et  à  ceulx  ijiii  sont  auprès 
de  luy  pour  les  l'aire  avancer. 

veulion  que  .Sa  Majesh."  a  faicl  sur  la  ville  d\\<jeu ,  espé- 
rant ipi'd  vous  en  descliarijera ,  estant  contre  vos  privi- 
léj;es  anciens.  Au  reste  vous  ne  lauldrez  de  faire  descendre 
au  l'ort-.Salucte-.\larie,  luudy  matin,  quaire  jjraiis  lia- 
teaulx  pour  ie  passage  de  la  fioyiie,  mère  du  lioy,  mon 
seigneur,  alTin  que  tant  plus  lost  le  Irain  puis.se  eslre 
passé,  à  quoy  je  vous  prie  ne  faillir,  et  me  lerez  ung 
singullier  plaisir. 

''De  Ni'rac,  le  vvi'  de  décembre  lâ^S.» 

I.a   reine  descendit  en    elïel   la   rivière  pour   aller   à 
l'orl-Sainte-Marie,  le  -j-j  ou  tiS  décembre. 


LKTTHI'S   DE  CATll 

Cependant  je  vous  diray  que  je  leceuz  iiier 
.111  soir  les  deux  lettres  qu'il  vous  n  pieu  m'es- 
cripre  des  xvviii  et  xxix  du  mois  passé  j)ar  le 
courrier  qui  avoit  prins  le  iheniind'Auvergne, 
ayant  veu  par  la  ])reuiière  d'icelles  ce  que  vous 
me  discourez  delà  tenue  des  Estalz  de  Norman- 
die et  la  résolution,  que  vous  espérez  bien  tost 
prendre  avec  l'advis  de  vostre  Conseil,  des  des- 
pesches,  que  vous  l'erez  partout  pour  esclaircir 
voz  subjectz  des  impostures  et  inventions  mal- 
heureuses de  ces  perturbateurs  qui  veullent 
troubler  vos  provinces;  en  quov  j  espère  que 
Dieu,  qui  conguoist  ralTection  et  pariaicte 
amitié  que  vous  portez  à  vostre  peuple  et  la 
bonne  et  droicte  et  saincte  intention  qu'avez 
de  le  meclre  en  paix  et  repos  et  soullager  de 
lout  vostre  pouvoir,  vous  aydera  et  assistera 
à  rencontre  de  telles  meschancetés  qu'il  pu- 
gnira  de  sa  puissante  main,  vous  priant, 
comme  je  sçay  que  c'est  vostre  plus  grand  de'- 
sir,  regarder  à  |)Ourveoir  aux  renionstrances 
(jue  vous  ont  faicles  vosditz  subjects  en  l'as- 
semblée des  Estats  généraux  tenus  à  Blois, 
selon  la  résolution  que  vous  en  aviez  prise 
lorsque  je  partis  pour  venir  icy.  Je  suis  infini- 
ment marrye  de  la  malladie  survenue  à  Mon- 
sieur le  duc  de  Montpensier  pour  que  son  auc- 
torité,  grande  afl'eclion  qu'il  a  à  vosire  service 
eussent  beaucoup  servi  en  la  tenue  des  Estats 
de  vostre  pays  de  Bretaigne;  mais  le  voyaige 
(ju'avez  faict  l'aiie  au  sieur  de  Ranii)ouillet y ser- 
V  ira  beaucoup,  tant  pour  sa  sufEsance  que  pour 
la  dextérité  dont  il  sçaura  bien  user  au  bien  de 
vostre  service,  ne  voyant  rien  qui  soit  plus  né- 
cessaire, pour  dissiper  les  susdictes  malheu- 
reuses menées  cl  entreprinses,  que  de  laire  en 
sorte  que  ung  chacun  congnoisse  que  vous  et 
vostre  frère  estes  très  bien  ensemble ,  car  cela 
contiendra  beaucoup  de  gens  et  empescliera  du 
lout  ces  pernicieux  desseings,  avec  l'ordre  que 
sçaurez  donner  de  rendre  vos  subjectz  capa- 

C\TIIE111NF.  DE   \l^;r)K;I^.   —  vi. 


EP.INE  DE  MÉDIGIS.  177 

!  blos  d(!  vos  saincti's  intentions,  de  leur  faire 
veoir  clair  à  ces  iMii)()stures  et  mescliaiicotés. 
J'attends  bieutost  la  résolution  que  devez 
prendre  en  vostre  Conseil,  comme  j'ay  veu 
par  vostre  lettre  du  .vxix""",  sur  le  faict  des 
troubles  pour  les  traictes,  lesquelles  je  vous 
diray,  comme  je  vous  ay  desjà  plusieurs  fois 
escript,  que  la  noblesse  de  ce  pays  se  sent 
fort  intéressée  de  la  dépesche  qu'en  avez  faict. 
J'ay  aussi  bien  sceu  de  quelques  ungs  que 
cela  les  met  en  grande  nécessité  et  incom- 
modité en  leurs  affaires,  d'aultant  qu'ils  ne 
peuvent  vendre  leurs  bleds,  qui  est  le  plus 
grand  revenu  qu'ils  aient  en  tout  cedict  pays 
de  deçà;  de  l'autre  costé,  il  y  en  a  qui  tirent 
grand  argent  de  leurs  vins,  à  quoy  il  vous 
plaira  aussi  regarder;  et  aimerois  mieulx,  con- 
sidéré le  temps  où  nous  sommes,  permettre 
la  traicte  généralle  libre,  que  ce  n'estoit  (jue 
je  veoys  bien  que  c'est  le  seul  moien  qu'avez 
espéré  pour  satisfaire  à  ce  (jue  debvez  aux 
Suisses.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  xvi°  jour  de  décembre 
1678. 


1578. —  18  décembre. 

Orig.  liibl.  liât. ,  Foiiils  fr.Tiirais,  n"  1  ôgoS  ,  f"  sis. 

A  MONSiEUll  DE   BELLIÈVRE. 

CONSEILLER    D'E^TAT  ET    DU    CONS.IL    TRIVÉ    DU   ROI,    MONSIEUR   U0\   FILS. 

Monsieur  de  Belièvre,  auparavant  la  ré- 
ception de  vostre  lettre  de  ce  mois,  j'avois 
bien  entendu  comme  toutes  choses  se  sont 
passées  à  la  tenue  des  Estats  de  !\ormaudie  ' 

'  Voici  la  requèle  présentée  par  les  délégués  du 
bailliage  de  Cotenlin  aux  commissaires  du  roi  pour  la 
tenue  des  États  de  Normandie  :  wLes  délégués  du  Ij.iil- 
lage  de  Coslentin  vous  remontrent  que  à  roccasiim  des 
troubles  que  fiirenl  audit  pays  en  l'an  ï"  soixante  treize 

a3 


IVIT.lUEr.lC     "«ATIOSIH:, 


178 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


où  je  sçay  que  vostre  pre'sence  a  bien  servy  à 
retenir  qu'il  n'y  soit  encores  pis  advenu.  J'ay 
escript  au  s"'  de  Matignon  ce  qui  me  semble 
des  maulvais  offices  que  aulcuns  y  ont  faict/  au 
préjudice  du  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz ,  l'admonestant  de  re'parer  telles  faultps,  qui 
sont  si  lourdes  qu'ilz  ne  sauroit  avoir  faictz 
de  si  graves  sévices  ou  autres  choses  que  tels 
descornisseurs  me  fassent  oublier  la  souve- 
nance et  quand  la  volonté'  de  les  en  faire 
recognoistie.  Je  me  suis  bien  servie  de  la  ve'- 
riffication   qu'avez  faicte  du   faux   e'dict   que 

les  lieux  sainclz  et  sacrés  ont  esté  ruinez,  les  maisons 
des  ecclésiastiques  brusiées,  celles  de  la  noblesse  gastées 
et  du  Tiers  Estât  pillées,  et  si  ilz  supportèrent  les  deux 
armées  plus  de  six  mois  durant  les  sièges  de  S'  Lo, 
DomfronI .  Oostenlin  e(  Vallognes,  et  encorcs  furent  con- 
Iraincls  fournir  de  munitions  les  villes  frontières  sans 
leur  en  avoir  esté  payé  aucune  chose  ny  faict  rabaiz  sur 
leurs  charges,  lesquelles  ont  depuis  esté  grandement 
augmentées,  de  sorte  qu'ilz  sont  réduits  en  telle  néces- 
sité qu'ilz  n'ont  aucun  moyen  de  salisffaire  aux  demandes 
de  Sa  Majesté  ,  et  à  cause  de  la  longueur  de  l'hiver  et  du 
peu  de  fourrage  qu'ils  avoient  recueilly  l'an  passé,  leur 
bestail,  qui  est  le  seul  moyen  qu'ilz  ont  de  faire  argent, 
est  mort,  si  bien  que  les  moyens  leur  font  défaut,  et 
d'autant  que  des  cent  mil  livres  qu'il  plaist  à  Sa  Ma- 
jesté remeclre  à  cette  province,  il  ne  leur  en  pourroil 
estre  rabattu  que  x\  ou  xxï"  I.,  qui  est  petite  somme  eu 
égard  à  leur  pauvreté ,  mesmes  que  en  ceste  amiée  les 
ecclésiastiques  ne  pourront  estre  payez  du  pauvre 
peuple  :  à  ces  causes,  Messeigneurs ,  et  pour  leur  donner 
quelque  moyen  de  respirer  et  augmenter  la  dévotion 
qu'ilz  oui  au  service  de  Sa  Majesté,  deschargez  lesdicls 
ecclésiastiques  des  décimes  pour  ceste  année  seulement, 
et  que  de  la  somme  de  cent  mil  Uvres  remise  au  peuple , 
il  sera  quicte  aux  cinq  élections  dudit  baillage  de  la 
somme  de  quarante  mil  livres.»  (Même  volume,  I.  lâgoS, 
p.  :î26.)  —  Presque  partout  les  Étals  provinciaux  avaient 
réclamé  contre  les  charges  nouvelles  et  demandé  que  les 
impôts  fussent  rétablis  comme  au  temps  de  Louis  Xlt; 
mais  la  iNormaniiie  s'était  signalée  par  son  opposition. 
Henri  lit  envoya  même  vainement  des  édits  bursaux  au 
parlement  de  Rouen  et  à  la  (iour  des  aides,  qui  en  re- 
fusèrent l'enregislrement  en  novembre  1578.  C'est  ce 
qui  inquiétait  la  reine  mère. 


l'on  publioit  èsdicis  Estais  de  Normandie; 
comme  l'on  faict  aussi  de  deçà  avec  pour  le 
moins  aultant  de  véhémence  :  car,  comme 
sçavez,  se  sont  gens  plus  chauds  et  colères; 
mais  j'espère  que,  selon  la  dépesche  que  j'en 
ay  faicte  à  Toulouse  aux  gens  de  la  cour  du 
Parlement  et  à  Bordeaux  aussi  avec,  les  bonnes 
lettres  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  me  mande 
estre  délibéré  de  leur  en  faire  encores,  et 
aussi  aux  baillis  et  sergeants  de  son  royaume, 
serviront  beaucoup  pour  effacer  les  bruictz  et 
mauvais  feu  que  les  malicieux  qui  veulient 
troubler  ce  repos  ont  malicieuzement  faict 
publier  et  semer  partout,  vous  priant  de  lenir 
la  main  ad  ce  que,  pour  ces  édictz  des  traites 
généralles,  l'on  regarde  au  Conseil,  comme 
j'ay  plusieurs  fois  desjà  escript  au  Roy,  mon- 
dict  sieur  et  filz,  de  modérer  toutes  clioses, 
soit  par  lettres  et  proclamations  expresses  et 
pleines  de  grandes  raisons,  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  en  a  eu  avec  le  consentement  ou 
advis  des  Estats  généraulx  de  la  province.  Et 
surtout  faictes  ouvrir  ladicte  traite  es  provinces 
de  deçà  ;  car  la  noblesse  se  plaint  fort  de  l'in- 
terdiction qui  est  d'exporter  les  bleds  et  vins, 
dont  ilz  ont  accoustumé  d'avoir  l'argent  comp- 
tant des  eslrangers  :  ils  n'ont  aucun  moyen  ni 
revenu  en  ces  pays  que  de  leurs  bleds  princi- 
pallement.  Voilà  pourquoy  je  vous  prie  tenir 
la  main,  suivant  ce  que  j'escriptz  encores  pré- 
sentement au  Roy  mondict  sieur  et  filz ,  ad  ce 
qu'il  en  soit  pris  une  bonne  et  prompte  réso- 
lution et  qui  puisse  en  ce  temps  fascheux  re- 
tenir ceste  noblesse  principallement  en  l'affec- 
tion et  dévotion  (ju'ils  ont  tousjours  eue  au 
Roy,  mondict  sieur  et  filz. 

Je  vous  prie  aussi  tenir  la  main  ad  ce  que 
l'on  satisfasse  et  contente  mon  filz  le  duc 
d'Anjou  de  ce  qui  lui  a  esté  promis,  et  n'y  a 
rien  si  nécessaire  que  chascun  cognoisse  que 
le  Roy  et  luy  sont  bien  ensemble,  comme  ils 


LETTRES  DE  CATH 

sont,  jjràecs  à  Dieu,  et  laiilt  que  tous  les  bons 
serviteurs  tiennent  la  main  ad  ce  que  cella 
continue  et  augmente  plustôt  que  de  diminuer. 
J  ay  escript  à  mon  filz  le  duc  d'Anjou  et  à  ses 
principaulx  niinisfros  la  considération  qu'ilz 
doibvent  avoir  de  la  nécessité  et  peu  de  moyen 
qu'il  y  a  aux  finances  du  Roy,  atlin  que,  avec 
la  discrétion  qu'ilz  doibvent,  ilz  se  comportent 
aux  si  fréquentes  requesles  ([u'ilz  font,  poui' 
mondict  filz,  au  Roy,  auquel  j'cscripz  si  am- 
plement de  Testât  de  ses  affaires  par  deçà, 
que  me  remectant  à  la  dépesche  que  je  lui  en 
faiz  principallement  pour  Tordre  qu'il  doibt 
donner  pour  des  provinces,  je  n'estendray  ces- 
lecy  davantage,  priant  Dieu,  Monsieur  de  Be- 
lièvre,  vous  avoir  en  sa  sainete  et  digne  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  xyiii"""  décembre  1578. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1578.  —  20  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat. ,   Ancien  fonds  fraiirais,  n^  .'îaoS,  f°  i8. 
A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  nous  avons  aujourd'hui  ac- 
cordé et  arresté  tous  les  articles  sur  ce  qu'il 
est  tesoing  de  faire  en  Daulpbiné  '  pour  Texé- 
cution  et  eslablissement  de  la  paix  ;  espérant 
que,  dès  ie lendemain  de  Noël  prochain  ou  bien 
peu  de  temps  après,  selon  que  m'asseurc  mon 

'  Le  roi  suivait  de  près  les  affaires  que  traitait  au 
loin  sa  mère  :  il  en  informait  ses  ambassadeurs  près  les 
puissances  étrangères.  C'est  ainsi  que ,  le  1 8  janvier  1 079, 
il  écrivait  à  M.  du  Feirier,  son  représentant  à  Venise, 
la  dépêche  suivante  que  nous  trouvons  dans  ie  recueil 
des  Cinq  cenis  île  Colherl,  vol.  867,  p.  5']3  : 

«...  Mes  provinces  sont  autant  paisibles  qu'il  est 
possible,  si  ce  n'est  qu'en  Guienne,  s'estant  les  catho- 
liques de  ma  ville  de  la  RéoUe  saisis  du  chasteau  du  dit 
heu,  où  il  y  avoit  garnison  de  la  part  de  ceux  de  la  re- 
ugion  prétendue  réformée,  suivant  mou  édict  de  paci- 


ERINE  DE  MÉDICIS.  ]'[) 

liiz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  qui  sont  au[)rès 
i  de  luy,  nous  ferons  nostre  conférence  et  ré- 
j  souldrons  ce  qu'il  fauldra  faire  pour  Texécu- 
I  tion  et  eslablissement  dudict  édict  de  pacilTi- 
cation  en  foutes  les  autres  provinces.  Cepen- 
dant je  me  délibère  de  partir.  Dieu  aydunt, 
d'icy  lundy  prochain  pour  aller  faire  ma  feste 
à  Ageu,  vous  ayant  bien  voulu  faire  ce  mot 
de  lettre  pour  vous  advertir  de  ce  que  des- 
sus, et  pour  vous  dire  que,  combien  qui;  je 
sois  très  asseurée  que ,  selon  la  grande  alfec- 
lion  que  je  sçay  qu'avez  au  service  du  Roy 
monsieur  mon  liiz,  el  à  moy  particulière- 
ment, vous  ne  fauldrez,  suivant  ce  que  vous 
m'avez  promis  et  la  prière  que  je  vous  feis,  de 
faire  contenir  ung  chascun  en  repos,  sans 
s'esmouvoir  ni  faire  chose  qui  peust  apporter 
aulcun  trouble  ny  donner  occasion  à  ceulx  de 
la  religion  prétendue  réformée  d'entrer  en 
aulcun  soupçon,  aflin  que  chascun  cognoisse 
que  vous,  comme  gouverneur  et  lieutenanl 
général  du  Roy  monsieur  mon  filz  audict 
pais,  avez  commandement  de  luy  et  de  moy 
de  maintenir  toutes  choses  eu  tranquillit''. 

Et,  pour  ce  que  j'ay  esté  advertie  que  delà 
la  Garonne,  il  y  en  a  quelques'uns  qui,  soubs 
ombre  de  ce  qui  est  advenu  à  la  Réolle,  veu- 
lent se  réunir  et  entreprendre  quelque  chose 
au  préjudice  du  Roy  monsieur  mon  filz,  je 
vous  ay  bien  voulu  faire  ce  mot  de  lettre  sur 
(•este  occasion  pour  vous  prier,  suivant  ce  cjue 

licalion,  la  négociation  où  la  Reyne  Madame  et  mère 
l'sloil  entrée  pour  l'entier  eslablissement  de  la  paix  en 
a  esté  quelque  temps  retardée.  Mais  elle  y  a  sce»  ])(nir- 
voir  et  remédier,  de  façon  que  j'estime  cela  et  tout  ce 
ipii  en  esloit  ensuivy  esire  à  présent  accommocb',  et 
espère  qu'en  brief  elle  réduira  tout  le  surplus,  tant  du- 
dict pays  qu'en  Languedoc  et  Provence,  en  estât  d'ime 
asseurée  tranquilité  et  repos,  comme  elle  a  jà  réduit  les 
affaires  de  mon  pays  de  Dauphiné  en  si  bon  chemin 
que  j'ay  occasion  de  me  promettre  le  voir  dans  peu  de 
jours  paisible. u 


180 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


vous  m'avez  si  expressément  promis  et  en  quoy 
j"ay  toute  fiance  sur  vous,  de  donner  ordre 
qu'un  chascun  se  contienne  en  paix  et  repos, 
sans  permettre  que  auicun  remue,  ne  qu'il 
soit  faict  aulcune  chose  au  préjudice  de  ladicte 
paix,  pour  l'establissemenl  de  laquelle  je  suis, 
comme  sçavez,  par  deçà  suivant  l'intention  et 
désir  du  Roy  monsieur  mon  filz,  et  si,  pendant 
nostre  négociation  et  conférence,  il  se  faisoit 
quelque  trouble  ou  entreprise,  ce  seroit  me 
mettre  en  très  grande  peine  et  danger  et  tous 
ceulx  qui  sont  icy  avec  moy  :  par  quoy  je  vous 
prie  y  avoir  très  soigneusement  l'œil  ad  ce 
que  ung  chascun  se  contienne  en  repos,  gar- 
dant aussi  que  ceulx  de  la  religion  prétendue 
réformée  ne  facent  aulcune  surprise,  cependant 
que  je  suis  après  à  faire  réparer  celle  qui  a 
esté  faicte  de  ladicte  Réolle,  priant  Dieu,  mon 
cousin ,  vous  avoir  en  sa  saincle  etdignegarde. 
Escript  à  Nérac,  le  xx"  jour  de  décembre 
1578. 

Mon  cousin ,  depuis  ceste  lettre  escripte ,  j'ay 
receu  vostre  dépesche  par  le  syndic  général  de 
Languedoc ,  que  je  suis  bien  aise  qu'il  soit  venu 
icy,  je  v-ous  ay  envoyé  par  l'adresse  du  sieur 
de  Valence  l'ordonnance  que  demandez;  tout- 
tefois,  afin  qu'il  n'en  advienne  aulcuu  retar- 
dement, je  vous  en  ay  dépesche  encores  une 
aultre,  qui  sera  enclose  en  ce  pacquel,  avec  la 
responsc  que  je  fais  aux  consuls  de  Beaucaire, 
que  je  vous  prie  leur  faire  tenir,  et  vous  as- 
seure  que  je  feray  tout  ce  que  je  pourray, 
afin  que  mon  filz  le  roy  de  Navarre  pourvoie 
à  ce  que  le  sieur  de  Chastillon  se  déporte 
de  l'entreprise  qu'il  faict  pour  l'advitaillement 
du  chasteau  dudict  Beaucaire,  et  je  luy  en  ay 
encores  ce  matin  parlé  en  colère,  et  ne  cesse- 
ray  jusqu'à  ce  que  je  voye  qu'il  y  ait  donné 
ordre  do  telle  façon  que  nous  voyons  iedict 
effect  de  leur  promesses.  Je  fais  ce  que  je  puis 


pour  faire  que  la  Réolle  puisse  estre  mise  entre 
les  mains  de  mon  cousin  le  marescbal  de  Bi- 
ron,caraultrementces  gens  icy  ne  veulent  pas 
entrer  en  conférence. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  3  1  décembre. 

Orig.  Bibl.  Dat. ,  Fonds  français ,  n"  338Û  .  f"  74. 

A  JlOiV  C0USll\ 

LE   S'  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  les  chanoines  de  l'église  cathé- 
drale de  Montpellier  m'ont  présenté  requeste 
pour  les  aider  et  assister  à  leur  faire  rendre 
les  maison  et  église  de  Maguelonnei,qui  est  oc- 
cupée depuis  les  pénultièmes  troubles  jusques 
à  présent  par  un  gentilhomme  catholique  ap- 
pelé S'  Brès  soubs  prétexte  de  quelque  con- 
trat passé  entre  eulx,  ayant  esté  contraints 
d'interrompre  l'exercice  du  service  divin  et  de 
leurs  charges ,  depuis  qu'ilz  sontsorlis  de  Mont- 
pellier, pour  n'avoir  lieu,  dans  Iedict  diocèse, 
oi!i  se  pouvoir  assembler;  et,  pour  autant  que 
c'est  une  chose  fort  scandaleuse  de  veoir  les 
catholiques  se  faire  mal  et  empeschement  les 
ungs  les  autres,  j'ay  bien  voulu  vous  faire  ceste 
lectre,  pour  vous  prier,  mon  cousin,  aultant 
que  je  puis,  de  faire  remectre  lesdicts  cha- 
moines  en  leur  maison  avec  le  raisonnable 
consentement  dudict  s'  de  Brès;  car  il  a  assez 
de  lieu  pour  les  loger  tous.  Et  s'il  y  a  difié- 
rend  entre  eux  pour  quelque  vente  des  fruits 
de  risle  de  Magueloune,  il  se  peut  terminer 
par  la  voye  de  la  justice,  sans  les  priver  de 
leur  habitation,  qui  est,  comme  chascun  sçait, 

'  Ce  bel  éililice  esl  situé  à  10  kilomètres  de  Moiil- 
pellier,  dans  une  presqu'île  formée  par  l'étang  de  Thon  : 
il  a  été  conserve  grâce  à  la  générosité  d'un  archéologue, 
M.  Fabrèges,  qui  en  est  à  la  fois  le  propriétaire  et  l'his- 
torien. 


LETTRES  DE  CATH 

ainsi  qu'ils  m'ont  fait  enlrniiro,  le  lieu  de  l'an- 
cien siège  épiscopal  de  iadicte  éylise  cathe'- 
draie.  Et  m'asseurant  que  vous  tiendrez  la  main 
à  ce  que  dessus,  faisant  en  sorte  que  la  seu- 
relé  et  service  du  Roy  monsieur  mon  filz  soit 
audict  lieu  que  j'ai  entendu  estro  d'importance, 
je  ne  vous  feray  ceste-cy  plus  longue  que  pour 
prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digue  garde. 

Escript  à  Ne'rac,  le  xxi""  jour  de  de'cembre 
1578. 


ERINE  DE  MEDIGIS. 


181 


Vostre  bonne  cousine. 


iATERINE. 


1578.  —  9  3  décembre. 
Copie,  lîibi.  Dat.  ,  Fonds  fraiiçui?,  n'33oo,  1"  lai  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  j'ay  veu  les  articles  et  re- 
monstrances  que  voz  subjects  de  ia  religion  pré- 
tendue reforme'e  de  vostre  pais  de  Daulphiné 
ont  envoyées  icy  par  le  député  le  conseiller 
Calignon -,  présent  porteur,  qui  a  monstre, 
pour  ia  bonne  affection  qu'ilz  ont  tous  de  ce 
costé  au  bien  de  la  paL\,  tant  de  désir  suivant 
la  cliarge  qui  luy  a  esté  donnée,  qu'il  fauit  que 
je  vous  dye.  Monsieur  mon  filz,  que  leur  en  dcb- 
vez  sçavoir  très  bon  gre'et  en  particulier  grat- 
tifier  ledict  Calignon;  car  il  a  ouvert  le  clie- 
min  de  nostre  conférence  et  pris  la  plus  courte 
voye  et  le  meilleur  expédient,  comme  doibvent 
faire  gens  qui  ont  désir  de  procedder  fran- 
.chement  et   d'aller   promptement  au   devant 

■  En  marge  :  tr Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  le  ba- 
ron de  Vaulsac.  » 

-  SofTrey  de  Calignon,  né  à  Sainl-Secoude  de  Voiron, 
près  Grenoble,  en  i55o,  mort  à  Paris  en  septembre 
1606;  l'un  d'S  agents  les  plus  actifs,  les  plus  intel- 
ligents de  Henri  IV,  qui  lui  donna  la  place  de  chance- 
lier de  Kavarre.  —  La  Bibl.  Nat.  possède  une  copie  de 
son  livre  sur  les  guerres  du  connétable  de  Lesdiguières. 


du  mal  (jue  la  lonjfueur  amène  jjar  fiiulle  de 
l'exécution  do  vostre  édict  de  pacillication;  el 
n'a  pu  tenir  à  luv,  mais  au  contraire  a  i'aict 
tout  ce  qu'il  a  peu  ad  ce  (jue  l'on  procédast 
générallemcnt  pour  ce  qui  est  à  faire  eu 
toutes  les  autres  provinces  ensemblement;  el 
veoyant  que  mondicl  lilz  le  roy  ne  Navarre 
et  ceul.x  qui  sont  auprès  de  luy  de  sa  reli- 
gion le  remectoient  à  iiuant  le  reste  de  leurs 
députez  seroient  arrivez,  icelluy  Calignon 
leur  a  francbement  déclaré  qu'il  avoit  cliarge 
de  ceul.\  qui  l'avoienl  depputé  d'accelléier  les 
cboses,  pour  ce  que  la  longueur  nourrissoit 
toujours  le  mal  dont  ils  avoienl  la  guérison  par 
le  moien  de  vostre  édict  de  pacification,  duquel 
ilz  se  contentoient  audict  pais  de  Daulpliiné, 
et  qu'il  ne  falloit  que  l'e.vécuteret  pourveoir  à 
aulcnnes  particullarilez  faciles  et  aisées,  dont 
il  avoit  cbarge  de  me  faire  remonstrances  et 
re(iuestes,  par  les  mémoires  et  instructions  sur 
lesquelz  ilz  avoient  dressé  des  articles  que  j'ay 
trouvez  assez  raisonnables,  lesaiant  respondu 
par  l'advis  de  ceulx  de  vostre  Conseil  qui 
sont  icy,  sauf  toutesfoys  ce  qu'il  \ous  plaira 
d'en  ordonner;  mais  je  pense  que  vous  aurez 
agréable  ce  que  j'en  ayfaictet  verrez  (|uej"en 
ay  signée  vous  priant  sur  cela  en  faire  bail- 
ler promptement  les  e.xpédicious  audict  Cali- 
gnon et  au  sieur  baron  de  Saulsac,  que  je 
vous  asseure  qui  vous  y  a  dignement  et  de 
très  grande  affection  servy,  en  sorte  (|u'il  on 
a  mérité  de  fort  bonne  gratifficacion.  il  vous 
plaira    aussy    luy    fayre    bailler    les    lectres 

'  Ces  (tarticlesn  nous  sont  conservés,  avec  les  obser- 
vations de  la  reine  mère,  dans  le  ms.  l'r.  3.3i9,  f'  I2.3, 
et  nous  les  eussions  donnés  en  Appendice,  s'ils  n'avaient 
déjà  été  publiés  par  M.  J.  Roman  dans  ses  Documents 
sur  lit  Réforme  et  les  guerres  de  religion  en  Dauphiné 
(Grenoble,  1890,  in-8°,  p.  378-39Ù).  Signés  à  Nérac 
par  Catherine  le  19  décembre  1578.  ils  ftirent  confir- 
més par  le  roi  le  ao  janvier  1579;  mais  Calignon  fui 
désavoué  par  la  niajoriti!'  dos  protestants. 


182 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


et   commandemens   de   vostre   volunté,  affin 
que   luy    et    ledicl   Calignon   retournent    en 
dilipence    ensemblement    en   Daulphiné   re- 
trouver le  s'  de  Maugirou,  pour  taire  exécuter 
promptement  le  tout  qui  est  entièrement  con- 
forme à  vostredict  édict,  sans  qu'il  luy  soyt 
augmenté  ny  diminué  :  et,  comme  vous  verrez, 
tous  vos  subjectz  audict  païs  joyront  par  ce 
raoien  bientost  du  bien  de  la  paix;  la  restitu- 
tion de  vos  villes  sera    promptement   faicle; 
vostre  justice  y  régnera,  et  toutes  choses  se  re- 
mectront  bientost.  Dieu  aydant,  entièrement 
soubz  vostre  auclorite'  avec  la  dignité  qui  y 
est  requise.  J'ay    trouvé  bon,  comme  aussy 
ont  lesditz  sieurs  de  vostre  Conseil ,  et  croy  que 
vous  l'aurez  aussy  très  agréable ,  que  ayons  faict 
pour  ledict  païs  Daulphiné,  espérant  que  fe- 
rons aussy  par  les  autres  provinces  la  mesme 
chose,  que  verrez  qu'avons  faict  pour  la  con- 
servation des  ungs  et  des  autres  voz  subjectz, 
à  Tentretenement  de  vostredict  édict  et  à  la 
seurelé  d'entre  eulx.  Quelques  ungs  de  ceulx 
qui  sont  icy  ne  pourroient  bonnement  consen- 
tir que  cela  se  feist  ainsy,  estimant  que  beau- 
coup feront  diCGculté  de  s'obliger  de  respondre 
d'auUuv,  principailement  de  leurs  serviteurs; 
mais  pourtant  a-il  peusé  qu'il  se  feroit  ainsi; 
et  sera  besoing  qu'il  vous  plaise,  affin  qu'il 
ne  se  forme  aulcune  difficulté  en  l'exécution , 
que  vous  en  escripviez  de  bonnes  lectres,  non 
seullemeut  audict  sieur  de   Maugiron,   qui, 
je  m'asseure,  y  fera  tout  ce  qu'il  se  peut  pour 
vostre  service,  mais  à  ceulx  de  la  noblesse  et 
des  villes  dudict  païs,  affin  que,  suivant  ce 
que  mesmes  ils  en  ont  proposé  audict  païs  et 
ce  qui  en  est   résolu  et  accordé  par  lesdictz 
articles,  chascun  entre  franchement  en  ceste 
obligacion  mutuelle,  qui  est    le  vray  moien 
pour  réunir  tous  voz  subjectz    en    la   vraye 
obéissance  qu'ilz  vous  doibvent  et  en  amitié 
entre  eulx.  Je  remectz  le  surplus  audict  sieur 


baron  de  Saulsac,  présent  porteur,  et  audict 
Calignon,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Saincte  Marye\  le  xïii"°" 
décembre  1578^. 

1578.  —  9.4  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  a°  3ao3,  f*  36. 

A  MON  COnSIN 

LE  S'  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  combien  que  je  vous  aye  puis 
naguères  escript  de  faire  contenir  ung  chacun 
en  paix  el  repos  en  l'estendue  de  vostre  gouver- 
nement, aiusy  que  je  suis  très  asseurée  que 
vous  ferez,  toutesfois,  pour  le  grant  préjudice 
que  ce  seroit  s'il  se  faisoit  ou  enlreprenoit 
quelque  chose  au  préjudice  de  cella,  à  présent 
que  les  deppulez  de  tous  ceulx  de  la  relliglon 
prétendue  réformée  sont  arrivez  et  que  je  suis 
en  espérance  que  Dieu  nous  fera  la  grâce  qu'en 
la  conférence  que  nous  commencerons  bien- 
tost nous  y  résouldi-ons  ce  qui  est  nécessaire 
pour  mectre  ung  chacun  en  parfaicte  paix  et 

'  Port-Sainle-Marie ,  où  la  reine  mère,  venant  de 
Nérac,  passa  presque  tout  le  mois  de  janvier  1579,  est 
une  petite  \ille  sur  la  Garonne,  à  a o  kilomètres  d'Agen, 
à  l'Est,  el  à  peu  près  à  même  distance  de  Nérac,  au  Sud. 

-  Le  même  jour  Pinart  écrivait  au  Roi,  de  Port- 
Sainte-Marie,  une  assez  longue  lettre,  dont  l'original  se 
trouve  au  n°  15560  du  fonds  fr. ,  fol.  i5o,  et  qu'on  ana- 
lyse ainsi  :  rLe  s'  Pinait  mande  au  Roi  que  la  Reyne 
sa  mère  et  la  Reyne  de  Navarre  sont  parties  de  Nérac  el 
sont  arrivées  au  Port-Sainte-.Marie.  Les  articles  du  Dau- 
phiné  ont  été  arrêtés,  mais  non  acceptés  par  le  Roy  de 
Navarre  ny  les  siens,  quoique  le  député  Calignon  les 
leur  aist  communiqués,  disant  que  le  Dauphiné  est  sé- 
paré de  luy  et  qu'il  n'est  question  que  de  l'exécution  de 
i'édit  de  pacification.  Les  députés  du  Languedoc  sont 
attendus.  Arrivée  du  s'  de  Maintenon  à  Nérac.  Le  s'  de 
Saussac  et  les  députez  de  Dauphiné  vont  trouver  le  Roy. 
Le  maréchal,  le  s'  de  Duras  et  quelques  autres  sout  ve- 
nus rendre  compte  de  la  Réole.  Le  Roy  de  Navarre  pro- 
met l'exéculion  de  I'édit  de  pacification. -^ 


LETTRES  DE  CATIIKiilINE  DE  MÉDICIS. 


18S 


repos  suivant  IVdirl  de  parifliralion,  je  vous 
ay  bien  voulu  faire  encores  ce  mot  de  lettre 
pour  vous  prier,  autant  que  je  sçay  que  vous 
aymez  le  bien  du  service  du  Roy  monsieur 
mon  fîlz,  vous  veuilles  tousjours  rontinuer  à  si 
bien  tenir  la  main  qu'un  cliarun  se  contienne 
en  Testendue  de  vostredict  g^onvornement,  as- 
seurant  tons  les  peuples  et  subjets  du  Rov 
mondict  S'  et  fîlz  qu'en  peu  de  jours  j'ay 
ceste  bonne  espérance  en  Dieu  que  la  susdicte 
résolution  sera  faicte  à  son  honneur  et  gloire, 
au  contentement  d'un  rhnscun  et  au  repos  et 
union  de  tous,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  lexxiiii'jour 
de  Décembre  1578. 

Mon  cousin,  il  y  a  desjà  deux  ou  trois  jours 
que  le  gentilhomme  que  m'avez  envoyé  el 
par  lequel  vous  m'avez  escript  de  vostre  main 
est  arrivé;  mais,  pour  ce  que  sa  maison  est 
icy  près,  aussy  que  je  désire  premièrement 
veoir  ce  qu'adviendra  de  la  réduction  de  la 
Rp'olle  et  ce  que  nous  re'souldrons  du  jour 
el  lieu  de  nostre  conférence  que  je  vouldrois 
bien  faire  hors  de  Ne'rac,  j'ai  retenu  le  gen- 
tilhomme, pour  le  vous  renvoyer  avec  plus  de 
résolution  des  choses  susdicles. 

Mon  cousin,  depuis  ceste  lectre  escripte, 
j'ay  eu  advis  que  les  liabitans  de  Langon  ont 
tué  La  Pallu  du  Ciron ,  qui  y  estoit  cappitai  ne; 
dont  j'ay  donné  incontinant  advis  de  faire 
informer,  et  que  la  justice  en  sera  prompte- 
mentet  exemplairement  fairle,  etd'y  pourveoir 
aussy  pour  la  seureté  de  iadicte  ville,  vous 
priant  tenir  la  main  que  personne  ne  s'esmeuve 
sur  ceste  occasion. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1578.  —  a/4-2(3  décembre. 

Copie.  Bibl.  nal. ,  Fonds  franrais.  n"  33ou,  f'  116  %". 

[AU   ROY   MONSIEUR  MON   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  depuis  le  parlement  de 
Giraudel,  j'ay  tousjours  continuellement  pour- 
suivy  el  requis  mon  filz  le  roy  de  Navarre  de 
rommancer  nostre  conférence  pour  le  faict  de 
la  (iuienne,dont  tous  les  dépuiez  esloient  icy, 
et  que  cependant  les  trois  députez  de  Lan- 
guedoc qui  restoient  à  venir  arriveroienl,  luv 
aiant  faicl  avec  assez  de  raisons  congnoisire 
que  toutes  ces  remises  et  excuses  ne  me  sa- 
lisfaisoienl  poincl  :  pourtant  je  n'y  a  y  peu 
rien  gaigner;  bien  ay-je  faict  que  le  conseil- 
ler Calignon,  depputé  de  Daulphiné,  m'a  re- 
quise de  le  dépescher  pour  ledict  pais  de  Daul- 
phiné, ce  que  j'ay  faict;  mais  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre,  ne  pas  ung  de  ceulx  qui  son! 
avecques  luy,  n'onl  vouUu  y  intervenir,  disant 
que  ceulx  de  Daulphiné  faisoient  leurs  allaires 
à  part  et  s'esloienl  aucunement  se'parez  d'eulx. 
Touteffoys,  j'ay  bien  sceu  que  ledict  Calignoii 
leur  a  communicqué  les  mémoires  et  instiuc- 
tions  qu'il  avoil  el  la  charge  que  ceulx  d'icel- 
luy  pais  lui  ont  donnée,  comme  aussy  le  baron 
de  Saulsac  eu  esloil  tesmoing  pour  avoii-  as- 
sisté à  toutes  leurs  assemblées  et  résolutions, 
de  me  présenter  leurs  articles  et  remons- 
trances  promplement  el,  sans  attendre  ny 
me.sler  leur  faict  avec  les  aultres,  leur  por- 
ter incontinent  les  résolution  et  expédicions 
pour  l'exécution  et  eslablissemenl  de  l'édict 
de  paciflîcation,  afin  de  redimer  le  pais  des- 
dictz  maulx  et  calamitez  qu'ilz  souffrent  en- 
cores. Ce  m'a  esté  ung  grant  plaisir  que  cela 
soit  ainsy  advenu  ;  car  j'ay,  avec  i'advis  de  mon 
cousin  le  cardinal  de  Rourbon  et  des  s"  de 

'  En  marge  :  tt Envoyée  au  Roy  par  Foucqiies  Taii- 
cret,  chevaulclieur  ordinaire  de  son  esriirie.i 


18^ 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE  MEDICIS. 


vostre  Conseil  qui  sont  ioy  respondu  et  sa- 
tisfaict  an  rontenu  desdictz  articles  de  Daiil- 
phiné  pour  réxécution  et  establissement  du- 
diet  édict,  en  sorte  qu'ilz  sont  contents,  et 
m'asseure  que  vous  aurez  aussy  très  agréable 
ce  que  ay  faict;  car  il  n'y  a  rien  qui  ne  soyt 
porté  par  vostredict  édict,  sinon  des  seuretez 
et  promesses  que  les  catholicques  et  ceulx  de 
ladicte  religion  se  donneront  Tuug  à  l'aultre 
pour  leur  conservacion,  et,  parmesme  moien, 
doibvent  entièrement  rendre  toutes  les  villes, 
qui  est  une  très  bonne  chose  et,  par  cela,  le 
chemin  ouvert  pour  les  aultres  provinces  de 
deçà,  tellement  que  j'espère  qu'incontinent 
après  cesie  teste  de  Noël,  qui  est  le  terme  que 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  qui  sont 
avecques  luy  ont  pris  pour  toutes  préficlions 
et  délays  de  commencer  nostre  conférence, 
nous  aurons  bien  tost  faict,  s'ilz  veuUent;  mais 
je  crains  tant  leurs  remises  que  je  ne  sçay  en- 
cores  que  vous  en  asseurer,  aussy  qu'ilz  dient 
résolument  ne  vouloir  entrer  en  ladicte  confé- 
rence que  la  Réolle  ne  soit  restituée,  mepro- 
mectans  lors  me  rendre  Florence.  Je  faictz  ce 
que  je  puis  pour  accélérer  le  faict  de  ladicte 
Héolle.  Vous  avez  veu  ce  que  j'en  ay  accordé 
premièrement  avec  le  sieur  de  Duras  et  puis 
après  avecques  mondict  filz  le  roy  de  Navarre, 
qui  y  a  envoyé  le  sieur  du  Sac  dont  nous  nous 
sommes  accordez  pour  l'exécuter  de  sa  part, 
et  moy  le  sieur  de  La  Mothe-Fénelon ,  pour 
faire  accélérer  toutes  choses,  et  aussy  pour 
faire  relascher  les  basieaux,  que  ce  maulvais 
homme  lecappitaineFavas'  faisoitarrestersur 
la  rivière  passant  devant  ladicte  Réolle,  et 

'  Ce  Favas,  que  Catherine  détestait  à  bon  droit, 
s'appelait  Jean  do  Favas,  seij;ueur  de  Castetz  en  Dorlbe; 
il  avait  été  d'abord  ratholiiine.  Il  fut  un  des  serviteurs 
fidèles  de  Henri  IV,  et  ne  nioufut  qu'on  1G18.  Ses  Mé- 
moires incomplets  ont  été  publiés  par  la  Société  des  bi- 
bliophiles de  Guyenne. 


y  avoyt  desjà  mis  uug  nouveau  subside  qu'il 
disoit  estre  pour  entretenir  les  soldai/  eslran- 
gers  qu'il  avoit  faict  venir  audict  lieu  de  la 
Réelle.  Je  n'ay  point  eu  encores  de  nouvelles  de 
mon  cousin  le  mareschal  de  Biron  depuis  l'arri- 
vée dudict  du  Sac;  mais  je  pense  que,  luyesfant 
iceliuy  sieur  de  Sac  parent  et  aulcunement 
agréable  aux  catholicques  des  environs  de  la- 
dicte Réolle,  qu'il  y  fera  plus  que  nul  autre ,  et 
que  lesdictz  catholiques  de  la  Réolle,  ceulx  qui 
eu  sont  voisins  et  aussy  ceulx  qui  sont  dans  le 
chasteau  voyant  que  ledict  du  Sac,  homme 
fort  paisible,  est  destiné  pour  entrer  en  ceste 
charge  au  lieu  dudict  Favas,  je  crov,  comme 
ledict  sieurde  La  Mothe  m'a  rapporté,  que  cella 
facillitera  bien  les  choses  de  la  part  desdiclz 
catholicques,  combien  qu'à  vous  dire  la  vérité, 
il  se  soit  faict,  comme  sçay  encores  qu'il  se 
pourra  faire  par  iceulx  catholiques  des  environs 
et  qui  avoient ,  ad  ce  que  j'ay  entendu ,  corres- 
pondance avec  aulcuns  de  Bourdeaulx,  et  quel- 
ques gentilzhomnies  que  je  vous  nommeray  une 
aultre  foys,  qui  sont  demeurez  durant  ces  trou- 
bles en  leurs  maisons  et  qui  n'ont  pas  estésy 
pretz  d'aller  à  la  guerre  et  de  s'employer  pour 
vostre  service,  quand  il  en  a  esté  temps,  que 
de  me  traverser  audict  faict  de  la  Réolle,  dont 
ilz  n'ont  pas  seulement  cuidé  interrompre  la 
négociacion,  pour  laquelle  je  ne  sav  encores 
bouncment  qu'en  penser;  mais  rallumer  du 
tout  le  feu  de  la  guerre,  s'estans  assemblez  cin- 
(|uante  ou  soixante  M**  ^  résidans  du  costé  de  la 
Garonne ,  qui ,  soubz  umbre  de  venir  veoir  ledict 
mareschal  de  Biron  à  Marmaude,  luy  mirent  le 
cerveau  à  partir;  à  mesmes  temps  il  courut  uug 
bruict  du  costé  de  Périgort  et  de  Quercy  qu'il 
s'en  estoit  assemblé  d'autres  qui  marchoient 
aussi;  sur  cela  ledict  sieur  roy  de  Navarre  et 

'  Cette  abréviation  veut-elle  dire  Ministres  ou  Maistres , 
dans  le  sens  de  gentilshommes?  Nous  n'osons  nous  pro- 
noncer. 


LETTRES   DF,  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


185 


ceux  qui  snni  aiiproz  de  luy,  doiil  iiucuii?  de 
leurfostc-  ne  veulleiit  pas  la  paix,  comme  aussy 
il  n'y  en  a  pas  laulle  de  noslre  costé  qui  ne 
la  désirent  nullement,  prindrent  lallarme,  de 
telle  sorte  qu'ilz  renforcèrent  incontinant  la 
j]arnison  de  ladicle  Réolle  et  des  aultres  lieux 
qu'ilz  occupent.  CependanI  Ton  mect  dans  le- 
dict  chasteau  de  la  Réolle  des  farines,  du  vin 
et  du  poisson  salle,  que  je  croy  qui  viennent 
de  Bourdeaulx;  daultre  costé,  Favas  com- 
mande aux  catholiques  de  la  basse  ville  de 
la  RéoU(!  de  porter  leurs  biens,  sur  peyne  du 
feu,  eu  la  baulte  ville  (jui  est  la  plus  forte. 
Tout  cecy  advint  en  ung  moment  et  n'eusl 
esté  l'ordre  que  j'y  donnay,  escripvant  à  l'ins- 
tant en  toute  dillijjeuce  partout  pour  faire 
contenir  la  noblesse  du  costé  de  deçà  ladicte 
Garonne ,  oij  sont  tous  les  plus  braves  gentilz- 
hommes,  et  qu'il  fault  que  je  vous  dye  que  j'ay 
tellement  ramenez,  qu'au  lieu  (pi'ilz  estoient 
comme  alliihiez  de  l'alfectioii  qu'ilz  doibveni 
à  vous  et  à  vostre  service,  il  n'y  en  a  poinct 
dans  vostre  royaulme  qui  soient  mieuix  en- 
couraigez,  ne  de  qui  vous  puissiez  fayre  plus 
seur  estât;  car  oultre  qu'ilz  ont  la  valleur,  ils 
ont  les  moiens.  Et  croiez  que  ceulx  là  ont  pa- 
reillement grand  pouvoir  d'assembler  promp- 
tenient  beaucoup  de  noblesse  et  de  vous  faire 
de  bons  services  non  seulement  par  deçà, 
mais  hors  d'icv,  en  toi  lieu  que  vostre  service 
le  pourroit  requérir;  et  pour  ce  je  vous  dl- 
ray,  en  passant,  qu'il  est  besoiug,  comme 
je  vous  ay  faict  entendre  par  mes  préceddentes 
.dépesclies,  (|ue  en  fiiciez  cas,  comme  je  les  ay 
bien  asseurez  que  faictes  et  les  gratifiei'ez, 
(juandles  occasions  se  présenteront.  J'escripvis 
aussy  à  l'instant  aux  autres,  qui  estoient  allé 
trouver  ledict  sieur  marescbal  de  Biron  à 
Marmande,  ne  pensant  pas  qu'ils  l'eussent  en- 
cores  partiz  ny  qu'ilz  prissent  ce  chemin  là, 
et  envoyé  mes  lectres  en  leurs  maisons,  es  en- 

Catiirhine  de  Médicis.  —  vi. 


virons  desquelh's  j'avois  sceu  par  niondict  iilz 
le  roy  de  Navarre  et  le  viconte  de  Turenne  que; 
se  faisoit  l'assemblée  desdictz  gentilzhommes; 
mais  le  lendemain ,  avant  que  le  couriier 
feust  de  i-elour,  ledict  marescbal  de  Riron 
m'escripvit  comme  ilz  lestoienl  allez  veoir, 
pour  sçavoir  de  luy  ce  qu'ilz  avoienl  à  l'aire, 
d'aultanl  qu'ilz  veoyent  leurs  villaiges  pleins 
de  gens  de  guerre  de  la  religion,  qui  vivoient 
à  discrc'tion  et  conimençoient  à  fayre  beau- 
coup de  maulx.  Et  tost  après,  icelluy  niares- 
clial  de  Rirou  m'escripvit  encores  une  aultre 
lectre,  par  laquelle  il  me  faict  entendre  que 
lesdictz  de  la  religion  ont  pris  des  prisonniers, 
entr'aulres  ung  gentilhomme  appelle  Fargues 
et  ung  aultre  (pii  faict  et  manie  tous  ses  af- 
faires, et  davantaige  qu'ilz  ont  surpris  la  ville 
deRelleveue  Montpazier',  dont  luy  appartient 
le  revenu,  et  la  ville  de  Villefrauche,  pouj'sui- 
vans  encore  d'en  surprendre  d'autres,  ce  que 
je  feiz  à  l'instant  entendre  et  m'en  plaigniz  fort 
instamment  à  mondictzfilz  le  roy  de  Navarre, 
audict  viconte  de  Turenne  et  aux  aultres  qui 
sont  avecques  eulx,  en  la  présence  de  Beau- 
regard,  que  ledict  marescbal  de  Riron  avoit 
envoyé,  et  depuis  encores  eu  la  présence  du 
sieur  de  La  Motbe-Fénelon ,  après  son  retour 
de  devers  ledict  marescbal  de  Riron;  sur 
toutes  ces  choses,  du  premier  coup,  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  et  les  siens  monstrèreut 
de  n'en  rien  croire,  mais  depuis,  sur  une  re- 
charge que  m'en  a  faict  icelluy  marescbal  de 
Riron,  il  semble  qu'il  en  soit  quelque  chose. 
Aussi,  pour  y  rénu'dier,  veoyant  que  le  sieur 
d'Escars  estoit  sur  le  poinct  de  s'en  aller  en 
sa  maison ,  j'ay  proposé  à  mondict  Iilz  le  roy  de 
Navarre  qu'aiant  de  mon  costé  donné  ordre 
que  tous  les  catholiques  demeureroient  sans 
rien  entreprendre,  et  puisqu'il  voit  la  peyne 

'  Montpazier,  rhef-lieu  de  canton,  à  44  kilomètres 
de  BcÊ-gerac,  à  7  kilomètres  du  château  de  Biron. 

2& 


180 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


que  je  prenois  pour  ie  faict  de  la  Réoile,  qu'en 
attendant  nostre  conférence  il  commist,  de  sa 
part,  quelqu'un  qui  eust  créance  parmi  ceulx  de 
sa relligion, lequel  allast avec icelluy  sieur d'Es- 
cars  pour  faire  cesser  et  empescher  tous  actes 
d'hostillité  des  costez  dessusdictz,  qui  estoient 
sur  le  chemin  d'icoUuy  sieur  d'Escars  et  jusques 
en  Périgort,  suivant  la  commission  que  je 
feiz  à  l'instant  dresser,  dont  je  vous  envoyé  le 
double  et  sur  laquelle  ilz  ont  voullu  depuis 
délibérer,  combien  que  hier  sur  l'heure  ilz 
l'eussent  trouvé  très  bonne  et  nommé  Se'gur 
pour  aller  avecques  ledict  sieur  d'Escars,  y 
vouUans  fayre  adjouster  pouvoir  de  faire  ren- 
dre audict  sieur  roy  de  Navarre  les  chasteaux 
de  Montignac  et  Nontron  ',  dont  ilz  m'ont  faict 
ce  malin  très  grande  instance. 

Je  ne  veulx  oublier  à  vous  dyre  que,  parmy 
toutes  ces  choses,  ledict  jour  d'hier,  inconti- 
nant  après  disner,  arriva  en  ce  lieu  de  Nérac 
le  sieur  de  Maintenon-,  qui  me  donna  une 
très  grande  joye  et  rontentemont  d'entendre 
par  luy  si  amplement  de  vos  bonnes  nouvelles. 
Et  après  l'avoyr  quelque  temps  ouy  sur  les 
principalles  choses  dont  il  avoyl  charge  de 
vostre  part,  je  feys  assembler  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre  en  ma  chambre,  où  ma  tille, 
la  royne  de  Navarre,  sa  femme,  mon  cousin 
le  cardinal  de  Bourbon,  les  autres  s"  de 
vostre  Conseil  et  aussv  ledict  viconte  de  Tu- 

'  Ce  sont  les  cliâteaux  dont  il  a  été  parlé  plus  iiaul. 
Voir  p.  68  et  la  note. 

^  Dans  sa  lettre  du  5  décembre,  que  nous  publions 
en  Appendice,  et  qui  a  trait  piesque  entièrement  à  la 
Réole,  le  roi  annonce  pour  le  jour  suivant  le  départ  de 
M.  de  Maintenon ,  qui  arriva  à  Port  Sainte-Marie  ie  35, 
mais  dont  nous  n'avons  pas  la  dépècbe.  En  revanche, 
nous  avons  retrouvé  la  lettre  de  Henri  III  au  marécbal 
de  Damville  du  lendemain  6  décembre.  Nous  la  donnons 
à  la  suite,  car  elle  achève  d'indiquer  clairement  la  po- 
litique royale,  toute  de  concession  au  roi  de  Navarre  et 
aux  protestants. 


renne, Guitry,  le  chancelier  Gratin,  Lezignan, 
Ségav  et  Le  Pin  estoient ,  pour  oyr  la  charge 
qu'avoit  de  vous  ledict  sieur  de  Maintenon, 
qui  avoit  auparavant  pre'senté  toutes  les  lec- 
tres  qu'aviez  escriptes  de  vostre  main  à  mon- 
dict filz  le  roy  de  Navarre  et  auxdictz  autres 
sieurs;  et  aiant  en  leur  présence  dict  à  mon 
filz  le  roy  de  Navarre  la  délibéracion  oij 
j'estois  de  venir  en  ce  lieu  pour  fayre  ma  feste, 
et  que  je  désirois  sçavoir  au  vray  quel  jour 
nous  commencerions  nostre  conférence,  et, 
après  avoir  aussy  débatu  du  grand  préjudice 
et  inconvéniens  qu'amenoient  ces  longueurs, 
le  priant  qu'en  attendant  les  aultres  députez 
nous  feissions  la  Guienne,  mon  filz  ie  roy  de 
Navarre  m'a  dict,  s'excusant  qu'il  n'avoit 
tenu  ny  ne  tenoit  à  luy  ny  à  ceulx  de  sondict 
party  que  ladicte  conférence  ne  se  feist  plus 
tost,  mais  qu'ilz  estoient  contrainctz  d'atten- 
dre leurs  députez;  qu'il  falloit  nécessairement 
qu'ilz  feussent  tous  ensemble  pour  faire  une 
chose  bien  soUide,  n'y  aiant  de  ri^n  peu  ser- 
vir l'exemple  de  ceulx  de  Daulphiné  et  l'in- 
stance que  je  leur  dis  que  faisoit  le  député  de 
Lauraguais  d'estre  dépesché  de  mesmes;  et 
surtout  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  m'a 
promis  que  depuis  huict  ou  dix  jours  nostre- 
dicte  conférence  se  commenceroit  et  qu'il  me 
prioit  qu'elle  ne  se  feist  poinct  aultre  part 
qu'audict  lieu  de  Nérac,  estant  tout  ce  que  j'en 
ay  peu  tirer  de  promesse.  Vray  est  que  j'ay 
sceu  depuis  que  les  derniers  députés  de  Lan- 
guedoc qu'ilz  attendoient  sont  à  Thoulouse  et 
seront  bientost  audict  Nérac,  de  sorte  qu'ilz 
n'auront  plus  aucune  excuse;  mais,  si  je  puis, 
je  feray  en  sorte  que,  pour  e'viter  tous  doubles 
oij  sont  ceulx  qui  sont  avecques  moy,  ladicte 
conférence  se  fera  ailleurs  qu'audict  Nérac,  et 
feray  conduire  cela  avec  mondict  filz  le  roy 
do  Navarre  durant  ces  quatre  ou  cinq  jours 
d'entre  cy  et  Noël. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


187 


Je  reviendra)  à  vous  dire  qu'après  tout 
cela  repronaul  le  propos  de  i'ariive'e  dudict 
sieur  de  Maintenon,  je  leys  lire,  en  la  présence 
que  dessus,  rinslruction  que  luy  aviez  l'aict 
bailler  par  escript;  niais  mondiel  filz  le  roy 
de  Na\arre  et  ceulx  de  sa  religion  se  sentirent 
picquez  de  quelques  parolles  contenues  en 
icelle  instruction,  (|u"iis  trouvèrent  aigres,  et 
feireut  sur  l'heure  déinonstracion  d'en  estre 
l'oit  fasehez;  mais  après  y  avoir  par  eulx  bien 
pensé,  aussi  qu'ilz  ne  se  peuvent  excuser 
qu'ilz  n'aient  (ort  desdictes  longueurs  et 
qu'elles  n'aient  esté  cause  d'amener  ces  nou- 
veaux inconvéniens,  qu'ilz  se  sont  depuis  fort 
modërez,  m'aianl  dicl  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre,  parlant  ce  matin  dudict  Nérac,  qu'il 
accellèrera  ladicte  conférence,  mais  qu'il  vou- 
droit  bien  n'assister  poinct  à  icelle  et  en  laisser 
laire  ausdictz  députez.  A'ous  venons,  selon  \o 
conseil  qu'ils  en  pranderont  avec  ceulx  qui 
sont  icy  pour  vosire  service,  d'y  faire  ce  qui  se 
pourra;  mais  pour  ce  quepremièrement  il  faut 
adviser  pour  le  mieulx  (et  vous  asseure.  Mou- 
sieur  mon  filz,  que  je  n'y  oublieray  aucune 
chose  de  ce  qui  sera  pour  vostre  service),  audict 
faictde  la  Réolle,afrindcleur  oster  toute  occa- 
sion de  diliation  et  obvier  à  tous  les  empescbe- 
nicjis  et  traverses  que  je  veoy  bien  ([ue  l'on  veult 
l'ayre  sur  les  résolucions  qu'en  avons  prises,  en 
l'exécution  desquelles  il  m'a  semblé  que  d'une 
part  et  d'autre  l'on  ne  marche  pas  de  si  bon 
pied  que  je  vouldrois,  j'ay  faict  venir  eu  ce 
lieu  ledict  mareschal  de  Biron,  le  s'  de  Duras 
et  iedict  sieur  d'Ussac,  ausquelz  après  avoir 
parlé  et  disputé  encores  longuement  avecques 
eulx  et  le  général  Legast  et  aussy  avecques  les 
conseillers  Camiran  etiMalain,  que  j'ay  pareil- 
lement fait  venir  icy,  sur  les  difficultés  qu'ilz 
me  proposoient,  principallement  ledict  sieur 
de  Duras,  des  nouvelles  doubles  et  craintes  oi'i 
estoient  rentrez  ceulx  qui  sont  dans  le  chasteau 


de  ladicte  La  Réolle;  enfin,  après  avoir  sur- 
monté toutes  les  difficullez,  nous  avons  ré- 
solu ([ue  icelluy  sieur  de  Duras  et  lesdicls  gé- 
néral Le  Gas  et  conseillers  Camiran  et  Malaiu  ' 
s'en  relourneroient  à  la  lié(dle  :  et  sont  à  l'ins- 
tanl  parliz,  afFin  de  faire  en  sorte  avec  eulx 
qu'ilz  sntisfaceut  à  ce  qui  a  esté  promis  et 
qu'avez  veu  ])ar  ma  dernière  despesche  que 
je  leur  ay  baillée  signée  de  ma  main,  leur 
aiant,  pour  aucunement  les  contenter,  promis 
de  faire  ce  que  je  pourrois  pour  faire  accorder 
par  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  ce  que  ver- 
rez en  ung  mémoyre  et  doubles  articles  que 
je  luy  ay  envoyez  par  Guitry,  que  je  luy  escrip- 
vis,  à  mon  arrivée  en  ce  lieu,  l'ayre  venir  icy; 
mais  je  ne  pense  pas  qu'ilz  accordent  ledict 
article  faisant  niencion  (ju'en  cas  ijue  nostre 
conférence  ne  réussist,  que  mondict  filz  le  roi 
do  Navarre  et  ceulx  de  sa  religion  rendent  la- 
dicte Réolle  :  aussi  ledict  sieur  de  Duras  et 
les  aullres  ne  doibvent  pas  faire  de  dilficulté; 
et  en  reste  résolution  sont-ilz  partiz  d'avec 
moy  de  satisfaire  au  contenu  de  ce  (jui  a  esté 
cy  devant  accordé;  pour  quoy  faire  de  la  part 
de  ceulx  de  ladicte  religion  prétendue  réfor- 
mée, ledict  sieur  d'Ussac  (jui  est  agn-able  aux 
catholiques,  s'en  va  aussi  audict  lieu  de  la 
Réolle,  de  sorte  que  j'espère  dans  cejourdhuy 
eu  avoyr  bonnes  nouvelles'-.  Cependant  ledict 
Guitry  s'en  relourne  trouver  mondiel  filz  le 
roy  de  Navarre,  ijui  a,  comme  j'ay  bien  sceu, 
receu  leclres  de  mon  cousin  le  duc  de  Mont- 
pensier,  qu'il  avoit  envoyé  visiter  et  qui  se  porte 
bien,  grâces  à  Dieu,  à  présent,  par  lesrpielles 
il  luy  l'aict  entendre  et  oultre  cela  a  dict  de 
bouche  au  geulilhoiume  qui  l'estoil  allé  visiter 
qu'il  avoit  aucunes  particullari  tez  de  très  grande 
importance  à  dire  à  mondict  filz  le  roy  de 

'  Ces  trois  personnages  n'ont  pn  élre  identifiés. 
'  En  marge  :  trEscrit  au  Porl-S'°-Marie  le  xxn'  dé- 
cembre 1578.15 


188  LKTTP.ES  DE  CATHl 

\;iv:iri-e;  iiiai-i  qu'il  no  pouvciit  lopasser  la  ri- 
viôro  de  la  flaioiine  sans  l'aire  trop  grand  tori 
à  sa  santé .  cl  sur  cela  l'admoneste  par  leclres  ol 
di'  bouche  de  voulloir  que  nostre  conl'e'rence  se 
fasse  deçà  la  rivière  de  ladicte  Garonne  et  qu'il 
s'\  lrou\cra.  Sur  cela,  dont  j'avois  desjà  faict 
([uêlque  ouverture  à  niondict  iilz  le  roy  de 
\avarre.  sur  une  lettre  que  hiv  diz  à  Nérac  que 
mon  cousin  le  duc  de  Montpensier  uiVn  avoil 
escripl.  j'en  av  parli'  icy  audici  (uiilry  et  es- 
criptz  à  mondicl  fîlz  le  roy  de  Navarre,  pour 
faire  en  sorte,  s'il  est  possible,  que  puissions 
faire  en  ce  lieu  nostredictc  conférence,  |iour 
laquelle  ilz  ne  sçauroient  plus  avoii'  d'excuse: 
cni'  tous  leurs  depputez  sont  arrivez,  ou  pour 
le  plus  lard  ilz  le  seront  d'icv  à  deux  ou  tmi- 
jours.  à  ce  ipie  uia  dicl  l'ung  des  secrétaires 
dudici  sieur  roy  de  Navarre,  qui  estoit  allé, 
comme  je  vous  cscripvis  d'Aucli,  liasler  ceulx 
du  Lanijuediic. 

(lopendanl  je  vous  diray  aussi,  .Monsieur 
mou  filz.  (]u :■  connue  je  vous  escripviz  der- 
nièrement poin-  la  ville  de  Gondom,  qui  es- 
toit,  ainsv  ([n'avez  veu  par  mesdictes  leclres, 
loute  brouillée  par  les  (|uorelles  des  lieule- 
nans  ijénéral  et  particuHier  et  autres  qui  soii>- 
tiennenl  leurs  pailvz,  je  disposav  si  bien 
les  choses  quand  j'v  feuz,  et  depuis  v  ay  es- 
cript  si  frr'i[iienleinenl  pour  les  faiii'  vivre  en 
paix,  puisque  les  deux  lieuteuans  eu  estoient 
sorliz,  (nie  Icsdiclz  liabilans  se  sont  accordez 


d'obse 


du(iuel 


ie  le 


double,  (jue  le  sieur  de  S'-Oreins'  (jue  j'y  ay 
laissé,  le  chevalier  de  Moutluc  et  les  aulti'es 
;jentilzbonimeset  habitans  l'ont  signé  pour  tout 
!e  reste  de  ceuh  de  ladict(>  ville,  et  niov  je  l'av 

'  Franrois  ili?  Cas>;i;;iii.'t  de  Tilladel.  seigneur  de 
Sainl-Oiirens,  ou  Saint-Oreiis,  chevalier  de  Tordre  dd 
roi,  rapitaino  de  oiiiquaiile  liommes  d'armes  et  sénéchal 
de  Bazadais,  dont  il  es!  plusieurs  fois  question  dans 
I  tiisloiro  de  l!iindoui  a  celle  époque. 


P.IM-  DE  MEDICIS. 

agréé  soubz  vostre  bon  plaisir  et  jus(pies  ad  ce 
que  autrement  en  soit  par  vous  ordonni\  comme 
il  est  porté  par  ledict  double  sur  lecjuel  il  vous 
plaira  escripre  vostre  volunlé  audict  sieur  de 
S'-()reins,  chevalier  de  Montluc  et  habitans 
de  ladicte  ville,  et  par  mesme  nioien  regarder 
quel  estât  il  vous  plaist  d'ordonner  audici 
sieur  de  S'-Oreins  pour  deuieurei  en  la- 
diclo  ville,  et  où  et  comment  .s'en  prendroient 
les  deniers.  Il  dicl  (jue  cv  devant,  ([uant  il  v 
a  esté,  il  avoil  deus  cens  livres  par  mois  et 
autres  commoditez  (ju'il  prenoil  sur  lesdiclz 
liabilan-,  lextpu'lz,  ad  ce  i|ne  je  veovs,  sont 
maiutenaul  foii  pauvres  cl  endestez  de  grandes 
sommes  pour  le^dictes  charges  et  alTaircs  qu'ilz 
ont  eues  durant  ces  troubles,  ad  ce  qu'ilz 
m'ont  faict  entendre,  ce  qui  mérite  conside'- 
racion. 

Monsieur  mon  Iilz,  aussi  tost  que  j'euz 
i-eceu  par  ledicl  sieur  de  Mainlenon  vostre 
lectre  faisant  meucion  des  depputez  de  vostre 
Paileraent  de  Bordeaulx,  qui  sont  à  vostre 
suitle,  j'escripviz  incontinent  à  ceulx  de  la 
Chamlue  d' \gen  envoyer  diligemment  ceulx 
qu'ilz  m'ont  escript  cy  devant  avoir  d('j)u- 
tez.  pour  aller  devers  vous  et  estre  oyz  sur 
ce  (jue  ceulx  dudict  Parlement  de  Bourdeauix 
[)oursuivent,  Hz  leussenl  partvz,  il  y  a  long 
temps,  ad  ce  que  j'ay  sceu,  n'eusl  esté  que 
les  catholicques,  qui  servent  à  présent  en 
ladicte  chambre,  pensoient  s'en  retourner  au- 
dict Bourdeauix.  aiant  servi  sept  mois  comme 
ilz  oui,  ce  qu'ilz  m'ont  bien  remonstré,  et 
voulloient  que  je  les  licenciasse;  mais  pour  ce 
que  cela  eust  amené  très  grand  désordre  en 
vos  all'avres  et  principallement  sur  le  poiuct 
que  nous  sommes  de  nostredicte  conférence, 
je  leur  ay  bien  expressément  mandé  ne  dés- 
emparer ladicte  chambre  d'.\gen,  jusques  ad 
ce  (pie  vous  eussiez  advisé  les  aullres  qui  de- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


189 


vront  les  relever  et  y  aller  servir  après  eulx; 
et,  affin  que  vous  y  j)uissiez  plus  aizément 
regarder,  je  vous  envoyé  la  liste  des  pre'si- 
dens  et  conseillers  avecques  les  annotacions  et 
mémoires  sur  chascun  d'iceulx,  nfin  que  plus 
aizément  vous  en  puissiez  choisir  le  nombre  et 
faire  faire  les  dépeschcs  pour  ce  nécessaires. 
Cependant,  affin  que  ceulx  qui  servent  à  pré- 
sent continuassent,  j'ay  faict  prendre  en  voz 
receples  généralles  ce  que  Ton  v  a  peu  trouver 
d'argent  comptant,  pour  les  fayre  paier  d'une 
partyecequi  leur  est  deu  de  leurs  varquations 
et  des  C.  livres  que  leurs  avez  ordonnez,  à  la 
charge  de  faire  remplacer  la  somme  que  l'on 
prandera  en  vozdictes  rcceptes  des  deniers 
que  l'on  lève  pour  l'entretènement  de  ladicte 
chambre,  priant  Dieu,  l\lonsiour  mon  filz,  vous 
avoyr  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Saincte-Marye,  le  wiin""" 
jour  de  décembre  1678. 

Monsieur  mon  filz',  depuis  ceste  leclre  es- 
cripte,  j'ay  eu  advis  que  les  habitans  de  Lan- 
gon-,  qui  sont  tous  ou  peu  s'en  fîudt  hugue- 
notz,  ont  tué  le  cappitaine  La  Salle  du  Siron, 
qui  esloit  catliolicque,  et  lequel  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre  avoit  mis  audict  Langon^ 
pour  leur  commander;  il  leur  faisoit,  ad  ce 
que  j'entends,  beaucoup  d'exactions,  et  avoit 
aucunes  conditions  semblables  à  ce  cappitaine 
Favas  de  la  Réolle.  Toutesfois  je  ne  sçay  en- 

'  En  titre  :  «Postscript de  lad.  dépesclie ,  envoyée  par 
Tancret.n 

'  Langon,  ville  fiir  la  live  gauclie  de  la  Garonne,  à 
trois  lieues  de  Bazas  et  presque  en  face  de  la  Réole.  On 
y  voit  encore  les  restes  de  deux  enceintes  fodilices;  c'était 
une  place  de  guerre  au  temps  de  l'occupation  anglaise 
et  des  trouilles  religieux  du  siècle  suivant. 

'  Le  même  jour  (26  décembre)  le  roi  de  Navarre, 
écrivant  au  vicomte  de  Turennc  et  se  plaignant  de  la 
surprise  de  Langon  par  les  ratlioliqncs,  lui  annonce  qu'il 
envoie  le  sieur  de  Bégole  près  de  lui  et  près  de  la  reine 


cores  pourquoy  ny  comme  cela  s'est  passé; 
mais  à  l'instant  j'ay  pourvou  et  donné  ordre 
d'advertir  partout,  allia  (pie  personne  soubz 
cette  coulleur,  ne  prist  occasion  de  se  remuer; 
et  si  ay  aussy  promptcnient  donné  ordre  d'eu 
envoyer  incontinent  iuformer  par  ceulx  de  la 
chambre  establye  à  Agen,  afin  d'en  faire  faire 
justice  exemplaire,  aiant  par  mesme  moien 
escript  à  l'instant  à  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre  d'y  envoler  pour  quelques  jours  le 
s"  de  Bégor,  qui  est  à  luy,  et  uéaiitmoings 
calholicque,  afin  qu'il  y  puisse  composer  et 
establir  le  repos,  avecques  le  conseiller  Alollé, 
qui  y  ira  passer  et  séjourner  deux  ou  trois 
jours  ou  aultant  qu'il  en  sera  besoing,  jusques 
ad  ce  que  tout  y  soit  bien  remis  en  repos. 
Je  faiz  passer  ledict  Molié  jusques  à  Bour- 
dcaulx,  pour  ce  que  je  crains  que  ce  qui  est 
advenu  audict  Langon  y  feist  fayre  quelque 
remuement,  comme  il  y  en  a  grande  appa- 
rence et  qu'il  seuible  qu'ilz  en  aycnt  envye  et 
n'en  cherchent  que  l'occasion,  combien  que 
je  leur  escripve  fort  souvent,  comme  je  feiz 
encores  le  jourd'huy,  pour  les  faire  contenir; 
mais  il  n'y  a  poinct  de  seureté  qu'ilz  le  facent. 
si  ce  n'est  qu'ilz  veoyent  lousjours  (jnelqu'un 
qui  soit  après  de  ma  part  pour  les  en  admo- 
nester, aianl  pour  ce  faire  choisy  ledict  iMollé, 
qui  s'y  est  desjà  cy  devant  fort  dignement 
comporté,  estant  audict  Bourdeaulx  pour  la 
commission  qu'il  vous  a  pieu  luy  envoyer  pour 

mère  pour  demander  justice,  ajoutant  qu'il  ne  souhaite 
que  (rrestabiissement  d'une  bonne  paix,  pour  couper 
chemin  aux  maulx  qui  nons  gaignentn.  Lettres  missives 
de  Henri  IV,  t.  VIII,  p.  i3j. 

Bégor  et  Bégole  doivent  être  le  même  personnage. 
Son  vrai  nom  est  Antoine,  sieur  de  Bégoles,  capitaine 
au  service  du  roi  de  Navarre. 

Les  lellres  de  la  reine  et  do  son  gendre  sont  assez 
contradictoires;  mais  sans  doule,  dans  ces  séditions  per- 
pétuelles, chacun  rejetait  la  responsabilité  sur  le  parti 
opposé. 


190 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


le  faict  du  clergé,  en  laquelle  il  a  encores  assez 
à  s'y  emploier.  C'est  mon  filz  le  roi  de  Na- 
varre qui  m'a  donné  le  premier  cest  advis 
deLaiigon,  et  semble  qu'il  jugeoit  par  là  que 
ce  seroit  encores  une  nouvelle  brouillerye  pour 
traverser  nostre  confe'rence. 

Siir([uoy  ^  dirt  au  viconte  de  Turenne,  qu'il 
avoiticy  envoyé  dès  le  matin  vers  moy  et  versma 
fille, la royne  de  Navarre,  sa  femme,  que  toutes 
ces  choses  icy  advenoieut  par  la  longueur  où  ilz 
me  tenoient  il  y  a  si  long  temps  pour  nostre 
conférence,  dont  néantmoings  ilz  s'excusent 
tousjours  sur  leurs  députez  qui  ne  pouvoient 
venir  plus  tôt,  et  après  plusieurs  raisons  que 
vous  aviez  et  moy  pareillement  avecquesgrande 
occasion  de  nous  en  fascher,  que  je  désirois, 
puisque  tous  lesdictz  députez  estoient  arrivez 
ou  que  le  reste  arriveroit  demayn,  que  lundy 
prochain  nous  puissions  commancer  nostre- 
dicte  conférence ,  icy  ou  en  quelque  aulf re  lieu , 
tel  que  l'on  adviseroit,  oiî  chascun  peust  estre 
librement,  et  que  je  désiroys  pour  tous  ceulx 
qui  sont  avecques  moy,  carde  moy  je  ne  m'en 
souciois  poinct,  que  ce  ne  feust  pas  à  Nérac. 
Il  y  a  une  petite  abbaye  de  religieuses  qui  est 
tout  icy  contre,  mais  de  la  rivière  de  la  Ga- 
ronne, où  nous  nous  pourrions  assembler,  si 
leurs  depputez  font  difficulté  de  venir  en  ceste 
ville  :  je  pense  en  avoir  responce  avant  disner, 
et  peut-estre  que  mondict  filz  le  roi  de  Na- 
varre, à  ce  que  m'a  dict  madicle  fille,  pourra 
venir  icy  à  disner,  afin  que  nous  nous  resoul- 
dions  du  lieu  et  du  jour,  car  ilz  n'ont  plus  d'ex- 
cuse et  ne  sçauroient  avecques  raisons  davan- 
taige  prolonger,  estant  tous  ieursdictz  députez 
arrivez,  ou  ce  qui  reste  à  venir  sera  icy  de- 
mayn. 

Escript  audict  Port-Saincte-Marye,  le  ven- 
dredy  xxvi""""  décembre  1578,  au  matin. 

'  Eu  marge  :  «Du  jour  de  feste  de  Noël.» 


Monsieur  mon  filz\  mondict  filz,  le  roy  de 
Navarre  est  arrivé  icy  sur  le  disner;  nous  nous 
sommes  assemblez  où  estoient  tous  ceulx  de 
vostre  conseil  qui  sont  auprès  de  moy,  et 
avecques  luy  le  viconte  de  Turenne,  Guitry  et 
Ségur.  Nous  avons  premièrement  parlé  et  ar- 
resté  ce  que  feront  à  Langon  lesdictz  conseil- 
lers MoUé  et  Beigors,  aianl  esté  à  l'instant  faict 
uug  ample  mémoyre  de  ce  qu'ilz  auront  à  faire 
audict  Langon,  pour  faire  remectre  les  ville 
et  chasteau,  suivant  vostre  édict,  en  paiz  et  en 
repos,  et  ledict  chasteau  es  main  de  François, 
monsieur  de  Candalle'^.  Nous  avons,  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  et  moy,  signé  les  iectres, 
instruction  et  commission  qui  ont  pour  ce 
esté  expédiées,  en  sorte  que  je  pense  qu'il  n'y 
aura  pas  de  ce  rosté  là  grande  difficulté;  et, 
affin  que  ceulx  qui  ont  i'aict  ceste  faulte  ue 
s'opiniaslrent  pas  contre  ceulx  de  la  Réelle, 
nous  avons  faict  différer  d'informer  et  pour- 
suivre la  justice  de  maléfice  jusquesad  ce  que 
ledict  Langon  soit  en  nostre  puissance  et  toutes 
choses  bien  reposées  et  les  solda Iz  estrangers 
sortiz,  et  quelques  autres,  que  l'on  m'a  asseu- 
rez  estre  de  iadicte  religion,  qui  sont  là  au- 
près en  des  villaiges  qui  s'estendent  jusques 
vers  la  RéoUe,  soient  séparez,  comme  mon- 
dict filz  le  roy  de  Navarre  m'a  asseuré  et  pro- 
mis que  ledict  Beigors  fera  fayre.  Nous  avons 
aussi  parlé  d'envoyer  partout  pour  faire  cesser 
tous  actes  d'hostillité,  suivant  la  commission 
que  vous  verrez  en  ceste  dépesche,  et  ainsy 
qu'il  est  cy  devant  déclairé,  que  j'avois  faict 

'  En  titre  :  «Aultre  proscript  de  lad.  dépesche,  en- 
voyée au  Roy  par  led.  Tancri'l.i 

-  François  de  Foix,  de  Candalte,  qu'il  ne  faut  pas 
confoudre  avec  le  savant  évèque  d'Aire,  était,  ainsi  que 
sa  fenune,  gouverneur  de  Langon.  On  leur  remit  la 
place,  et  nous  les  voyons  plus  tard  demander  à  ce 
qu'elle  ne  soit  pas  démantelée.  (Lettre  du  roi  de  Navarre 
au  maréchal  de  Biron,  du  7  août  1579.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


191 


dresser  pour  le  sieur  d'Escars  et  Se'gur  pour 
aller  en  Quercy,  Périgort  et  Limousin;  mais 
ledict  Se'gur  s'en  est  excusé,  car  aussi  a-t-ii 
bien  mal  aux  yeux:  et  avons  arrosté  que  mon- 
dict  filz  le  roy  de  Navarre  escripra  à  ceulx  do 
son  parly  en  ces  quartiers  là  pour  cest  effecl 
et  que  ledict  sieur  d'Escars  s'y  emploira  aussv. 
Et  puis,  nous  sommes  venus  à  parler  du  lieu 
et  du  jour  de  nostre  conférence;  sur  quov  je 
les  ay  instamment  requis,  mais  je  nenavpeu 
avoir  aullre  résolucion,  sinon  qu'il  falloit  at- 
tendre que  tous  leursdictz  députez  feussent 
arrivez  à  Ae'rac.  où  eulx  mesmes  disent  qu'ilz 
les  attendent  dedans  demayu  ou  dimanche, 
ni'aiant  faict  assez  clairement  entendre  que,  si 
l'on  parloit  de  changer  ledict  lieu  de  Nérac 
avant  que  lesdictz  députez  y  fussent  arrivez, 
qu'il  y  auroit  danger  entendant  ces  nouvelles 
qu'ilz  s'en  retournassent  :  ce  qui  m'a  faict  taire, 
et  n'ay  plus  parle'  que  du  jour  que  nous  com- 
mancerions  nostredicte  conférence;  mais  ilz 
m'ont  répondu  et  dict  plusieurs  foys,  quel- 
ques remonstrances  que  je  leur  aye  peu  faire 
des  inconvéniens  qu'amenoient  ces  longueurs, 
que  ne'antmoings  il  leur  failoit  bien  huict  ou 
dixjours  pour  communiquer  ensemble.  Créiez, 
Monsieur  mon  filz,  que  j'ay  oy  ceste  remise 
fort  mal  voilontiers  et  que  je  n'ay  rien  oublié 
à  leur  dire  du  tort  qu'ilz  faisoient  à  voslrc 
service  et  à  eulx  mesmes;  mais  pourtant  n\ 
puis-je  faire  aultre  chose,  prenans  tousjours 
leurs  excuses  sur  la  RéoUe.  qu'ils  veullent  avoir 
premier  que  commencer  ladicte  conférence. 
Aussy  leur  ay-je  bien  dict  que  je  veux  de  mesme 
qu'ilz  me  rendent  Florence,  à  quoy  ilz  s'accor- 
dent; mais  ilz  parlent  sur  cela  de  Lauzerte, 
pour  laquelle  néantmoings,  après  leur  avoir 
faict  entendre  que  c'est  une  des  villes  qu'ilz 
doibvent  rendre  suivant  voslre  édict,  ilz  s'y 
condescendent,  pourveu  que  l'on  leur  rende 
ladicte  Réolle,  de  laquelle  le  sieur  de  Duras, 


par  une  lectre  qu'il  m'a  ce  matin  escripte,  me 
donne  bonne  espérance  en  quoy.  par  la  res- 
ponse  que  je  luy  ay  faicte  :  je  l'admoneste  de 
ce  qu'il  se  peut,  et  le  général  Gas,  conseiller 
Camiran  et  Mnlain,  que  j'ay  envoyez  avecques 
luy,  pour  ce  qu'ilz  ont  très  grande  accointance 
avecque  ceulx  (|ui  ont  surprins  et  qui  sont  de- 
dans le  chasteau.  Les  bonnes  nouvelles  que 
j'en  espère  demain  ou  bientost  après  vous  se- 
ront portées  par  ledict  baron  de  Saulsac,  que 
je  vous  dépescheray  aussy  tost  qu'il  sera  de 
retour  de  Nérar.  Cependant  je  vous  dirav. 
Monsieur  mon  filz.  que  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre  me  prie  vous  requérir  luy  accorder 
unesurcéancc,  jusques  après  nostredicte  con- 
férence, du  procès  que  mon  cousin  le  duc  de 
Nevers  poursuict  à  présent  contre  luy  pour 
le  conté  d'Armaignac.  Il  vous  plaira  m'en  es- 
cripre  vostre  volunté,  et  si  c'est  chose  qui  soit 
raisonnable  la  luy  accorder. 

Escript  au  Port- Sainte- Marie,  le  xxvi""" 
de  décembre  1678,  au  soir. 

Mondict  filz  le  roy  de  Navarre  ^  dict  qu'il  ne 
peut  avoir  les  tiltres  qui  peuvent  servir  à  son- 
dict  procès  jusques  ad  ce  que  je  luv  aye  faict 
rendre  le  chasteau  de  Monlaignac,  ce  que  je 
ne  me  délibère  pas  fayre,  jusqu'ad  ce  que  nous 
ayons  résolu  l'entière  exécution  de  vostre  édict. 
Excusez-moy,  je  vous  prye,  si  je  ne  vous  es- 
criptz  pour  ceste  heure  de  ma  mayn;  car  j"ay 
mon  mal  de  bras  que  m'avez  veu  quelquefois, 
qui  me  descend  jusques  sur  la  main,  que  j'en 
ay  enflée;  mais  j'espère  jiourtant  d'en  estre 
bien  tost  du  tout  guérye. 


'  En  titre  :  «Aullie  po«lcripl  de  lad.  déjieschc  en- 
voyée par  ied.  Taucret.i) 

En  même  temps,  Tancret  portait  au  roi  une  irPro- 
messen  et  un  rMémoirei  sur  ia  fiéole,  deu\  jiièces  que 
l'on  trouvera  à  VAppenitice. 


192 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1578.  —  27  iIcicemLro. 

Oiig.  llibl.  ini]i.  lie  Snir.l-Pétoisbourg,  \ol.  X\  ,  f"  4S. 

AU  ROY 

iVONSlEUR  .MON  FILZ. 

Monsieur  mon  filz,  suivant  ce  que  j'avois 
escript  au  capitaine  La  Fougère,  lieutenant  du 
chasteau  neuf  de  Baioune,il  m'est  venu  trouver 
en  ce  lieu,  d'où  j'ay  advisé  le  vous  envoyer, 
suivant  ce  que  je  vous  en  ay  cy-devant  faict 
entendre  et  que  vous  l'avez  trouvé  bon,  comme 
j'ay  veu  par  ce  qu'il  vous  a  pieu  me  mander.  Je 
vous  envoyé  la  lettre  que  le  sieur  de  la  Hillière 
m'a  escripte  par  luy,  qui  vous  fera  entendre 
amplement  le  bel  et  me'morabie  œuvre  que  c'est 
que  duBoucault  dudict  Bayonne  ',  pour  lequel 
il  vous  plaira  aider  encores  aux  pauvres  habi- 
tans,aflinqu'ilz  puissent  rendre,  comme  il  sera 
aisé ,  ledicl  œuvre  en  toute  perfection  et  hors  de 
lout  danger  d'en  advenir  inconve'nient.  Je  vous 
envoyé  aussi  la  lettre  que  m'en  escripvent 
lesdictz  habitans,  affin  qu'il  vous  plaise  en 
prandre,  sur  icelle  et  ce  que  je  vous  escripviz 
dernièrement,  une  bonne  résolution.  Cepen- 
dant je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  xxvii''  de 
décembre  1678. 

De  sa  main  :  Je  vous  aseure,  Monsieur 
mon  filz,  que,  quelque  chause  que  l'on  vous 
(lie,  (jue  je  le  panse  homme  de  bien,  et  aurés 
plus  tost  aupinion  que  l'on  l'eult  acusé  la 
vostre  enbasadeur  pour  le  feire  haulter,  pour 
le  conestre  trop  fidèle,  afin  n'y  aytant  il  uset 
inilieur  moyen  de  feyre  cet  qu'il  désire;  fête 
iv  quelque  bien  sy  le  pouvés. 

Vostre  bonne  et  affectionnée  mère. 

Caterinb. 


Voir  plus  liant,  p.  61,  note  1,  ol  plus  loin,  p.  a8i. 


1578.  —  39  décembre. 

Copie.  13ibl.  liai.,  Fonds  français,  n"  33oo  ,  f^  i£j. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0>   FILS^] 

Monsieur  mon  filz,  oultre  la  dépesche  que 
je  vous  faictz  pour  le  faict  de  Daulphiné  par 
le  baron  de  Saulsac  et  le  conseiller  Calignon, 
qui  revinrent  seullement  hier  soir  de  Mérac, 
je  n'ay  voulu  laisser  partir  ledict  baron  de 
Saulsac,  qui  est  très  affectionné  à  vostre  ser- 
vice, sans  par  luv  vous  faire  encores  ceste 
dépesche  et  vous  dire  que,  depuis  celle  que 
je  vous  feiz  avant  hier,  il  se  veoid  encores  plus 
clairement  comme  aulcuns  de  l'une  et  de 
l'aulfre  religion  qui  ne  veuUent  la  paix,  font 
leurs  grandz  effortz,  non  seullement  pour  nous 
I  empescher  d'entrer  en  conférence,  mais  aussy, 
par  les  maulvais  déportemens  dont  ilz  usent 
et  font  user,  nous  remectre  du  tout  à  la  guerre, 
se  congnoissaul  bien  que  de  ce  qui  s'est  fïùct 
à  Langon,  si  ce  n'a  esté  de  la  menée  mesmes 
d'aulcuns  catholicques  de  la  Béolle,  pour  le 
moings  y  ont  ils  adhéré  ou  n'ont  pas  faict 
semblant  de  s'apercoNoir  de  ce  qui  s'y  debvoil 
exécuter,  estans  bien  aizes  que  ceulx  de  la 
religion  recommancassent  quelque  nouvelle 
brouillerye  comme  ceste  là,  pour  avoyr  plus 
d'occasion  de  faire  remuer  les  catholicques,  qui 
n'out  pas  cessé  de  faire  démonstration  de  leur 
costé  de  s'en  vouloir  remuer,  quel([ue  dilli- 
gence  que  j'aye  peu  fayre  d'escripre  partout, 
mesmes  à  Bourdeaulx,  et  d'envoyer  le  con- 
seiller Molle  et  le  sieur  de  Bcigors,  qui  est  au 
Roy  de  Navarre,  avec  lectres  et  instructions, 
comme  je  vous  ay  escript,  pour  faire  apaiser 
audict  Langon  ceste   émotion    et  pour   faire 

'  En  marge  :  (r  Envoyée  au  Roy  par  ledicl  s'  baron  de 
Saulsac. n  —  Les  rtArticlesn  que  la  reine  mère  avait  si- 
gnés pour  les  protestants  du  Daupbiné  furent  portés  a 
Paris  par  Saulsac,  qui  alla  ensuile  les  remettre  à  Mau- 
giron ,  à  Grenoble,  quand  le  roi  les  eut  approuvés. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


193 


séparer  et  retirer  tous  les  gens  de  j;uerre,  tant 
cadiolicques  que  huguenots,  qui  estoicnt  en 
campaigne  dans  tous  ces  ([uartiers  ià,  où,  s'il 
est  vray  ce  que  l'on  dict,  ceulx  de  la  religion 
pre'Iendue  réformée  ont  faict  do  grands  dés- 
ordres, dont  les  sieurs  niaresclial  de  Biron  et  de 
Duras  m'ont  baillé  ung  grant  mémoire,  escript 
de  la  main  dudict  niareschal  de  Biion ,  (|ue  j'av 
baillé  aux  sieurs  de  Piebrac  et  de  La  Motbe- 
Fénelou ,  pour  le  monstrer  à  mon  fiiz  le  roy  de 
Navarre,  vers  lequel  je  les  ay  envoyez,  affin 
di^  luy  fayre  veovr  parlicullièrenienl  lesdictz 
désordres  que  l'ont  lesdictz  gens  de  guerre  de 
la  religion.  Sur  quoy  je  m'attends  bien  que, 
de  la  part  de  ceulx  de  sadicte  religion,  il  ne 
fauldra  pas,  ainsy  qu'il  a  desjà  faict,  de  faire 
beaucoup  de  plaintes:  car,  comme  dict  est,  il 
y  en  a  beaucoup  de  leur  costé,  aussy  bien  que 
du  nostre,  qui  font  tout  ce  qu'ilz  peuvent  pour 
nous  troubler.  Toulesfois  je  persévère  toujours 
pour  surmonter  tout  cela,  et  n'oublie  aulcun 
moien  que  je  puisse  penser  pour  remeddier 
et  aller  au  devant  de  toutes  ces  traverses, 
poursuivant,  il  y  a  desjà  quelques  jours,  avec- 
(jues  toute  instance,  moudict  fdz  le  roy  de 
Navarre  et  ceulx  qui  sont  auprès  de  luy  de 
sa  religion,  de  nous  résouldre  ensemble  d'en- 
voyer en  cbascune  des  séneschauisées  de  ce 
païs  deux  gentilzhommes,  l'ung  catholicque, 
et  l'aultre  de  la  dicte  religion,  avecques  ex- 
presse commission  et  instruction  de  nous 
pour  faire  cesser  du  tout,  en  attendant  nostre 
dicte  conférence,  tous  actes  d'hostillité  et  ré- 
parer et  faire  faire  justice  des  désordres  qui 
sont  advenuz,  principallemcnl  depuis  la  sur- 
prinsc  de  la  Réolle,  et  aussi  pour  arrcster  le 
mai ,  qui,  sans  cela,  va  tousjours  augmentant, 
et  qui  enfin  nous  mectroict  à  la  guerre.  Ils 
dient  bien  lousjours  qu'ilz  le  veulient,  mais 
pourtant  iiz  ne  vienneni  au  poiucl  de  nommer 
et  députer  gens  de  leur  pari,  et  semble  qu'il 

ClTHEIllNE    DE   ^lÉDICIS.    VI. 


soit  quebjue  ciiose  des  entre|)riuses  que  les- 
dictz mnresclial  de  Hiron  et  sieur  de  Duras 
m'ont  dict  (|u'ilz  avoient  sur  plusieurs  villes, 
comme  il  est  porté  par  ledict  mémoire,  baillé 
ansdidz  sieurs  de  Piebrac  et  de  La  IMothe;  el 
crains  bien  qu'ilz  les  veulient  tenter  premier 
que  de  donner  l'ordre  dessusdict,  pour  se  re- 
vancber,  s'ils  peuvent,  plus  qu'au  double  de 
la  surprinse  de  ladicte  la  Réolle.  Toutesfoys 
j'ay  adverty,  par  tous  les  lieux  où  nous  en 
avons  soubson,  de  se  tenir  sur  ses  gardes  et 
néantmoings  n'esmouvoir  rien  qui  puisse 
altérer  davanlaige  les  choses  qui  ue  le  sont 
desjà,  à  mon  très  grand  regret,  que  trop;  et, 
s'il  n'y  est  promptement  remédyé,  comme 
j'ay  donné  charge  ausdiclz  sieuis  de  Plel)rac 
et  de  La  Mothe-Fénelon  de  dire  à  mondict 
lilz  le  roy  de  Navarre,  je  crains  bien  que  le 
feu  se  rallume  si  fort,  qu'au  lieu  de  procedder, 
du  commancement  de  nostiedicle  conférence, 
comme  je  désirois  que  feissions,  à  garder  les 
moiens  de  l'exécution  de  l'édict,  il  faudra 
emploier  beaucoup  de  temps  pour  r('parer  les 
maulx  qui  se  feront  et  on  arrester  le  cours  et 
maulvais  commencement  que  j'y  veois.  Toutes- 
fois,  Monsieur  mon  lilz,  croiez,  s'il  vous 
plaist,  que  je  n'obmecfray  lien  de  tout  ce  qui 
se  peult  penser  pour  le  plus  court  chemin  à 
l'exécution  de  vostre  dict  édict,  et  faire  ipie 
nous  puissions joyr  du  bien  de  la  paix ,  (pielque 
traverse  que  l'on  m'y  veuille  donner. 

Il  est  aussy  advenu  une  nouvelle  brouillerye 
à  Condom,  comme  vous  verrez  par  les  lectres 
que  je  vous  envoyé  des  sieurs  de  Sain(l-(  Jreins 
etclievalierdeMontluc',avantla  réception  des- 
quelles aiant  sceu  ce  {jarbouge-,  je  députay 
incontinent  le  sieur  de  Bcaupuy  et  l'envoyav 

'  Jean  de  Monliic,  chevalier  de  Malle,  (ils  du  iiiani- 
clial,  d'aljord  coionei  des  légionnaires  de  Guyenne,  puis 
évèque  de  Condom,  de  1671  à  i58t. 

Garbuuge  pour  gratiig-e,  comme  plus  Laut,p.  lôg. 

a5 


niU£I\lC     ^AT1I> 


194 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


dès  hier  au  matin  avec  lectres  et  instruction 
bien  expresse  pour  y  fayre  donner  ordre  et 
remédier  par  l'advis  desdictz  sieurs  chevalier 
de  Montluc,  Saint -Oreins  et  autres  gentiiz- 
hommes  qu'il  trouvera  eu  iadicte  ville  de  Con- 
dom ,  oii  j'ai  sceu  qu'il  y  en  est  accouru  d'une 
part  et  d'aultre,  et  favorisant  les  ungs  la  con- 
frairie  sainct  Pierre,  et  les  aultres  celle  de 
sainct  Arnauld,  n'estanspoinct,  à  ce  que  j'en- 
tends, meslez  en  cela  les  habitans  de  Iadicte 
ville  qui  sont  de  Iadicte  religion  prétendue  re- 
formée; et  procedde  tout  cecy  encores  de  la 
querelle  des  deux  lieutenans.  Je  vous  prie, 
Monsieur  mon  fdz ,  m'envoyer  les  dépesches 
dont  je  vous  ay  naguères  escript  pourypour- 
veoir  à  bon  escient.  Cependant  je  vous  diray 
que  le  président  de  Saygis  et  ung  des  con- 
seillers de  la  Chambre  d'Agen  sont  venuz  icy, 
où  je  les  ay  oyz.  Aiant  veu  que  ceulx  de  Ia- 
dicte Chambre  n'avoient  pas  grant  désir  de 
députer  et  envoyer  quelqu'un  d'eulx  pour 
respondre  aux  députez  de  la  court  de  parle- 
ment de  Bourdeaulx  sur  les  difficultez  de  leur 
règlement,  aussi  qu'ilz  n'eussent  peu  fayre 
ledict  voiaige  sans  fraiz  et  dépense  pour  vous, 
dont  on  ne  sçait  où  prendre  l'argent,  aussy 
que  ce  seroit  tousjours  diminuer  le  nombre 
de  ceulx  de  la  Chambre,  qui  n'est  pas  trop 
grande  pour  tant  d'affaires  qui  surviennent  et 
peuvent  survenir  tous  les  jours  es  divers  en- 
droictz  où  il  en  fault  envoier,  je  leuray  [fait], 
par  l'advis  de  ceux  de  vostre  conseil  qui  sont 
icv  près  de  moy,  vous  envoyer  par  escript 
tout  ce  que  leurs  depputez  eussent  peu  dire 
el  remonstrer  verballenient  eu  vostre  conseil 
sur  cela.  Leur  dépesche  sera  encloze  en  ce 
pacquet,  et  vous  prye  d'en  faire  faire  promp- 
temenl  une  résohicion;  car,  pendant  que 
Iadicte  court  de  Parlement  de  Bourdeaulx  el 
Iadicte  Chambre  d'Agen  seront  aussy  en  dé- 
bat et  mal  reiglez,  vostre  justice  ne  sera  poinct 


bien    administrée,  et  y   aura   tousjours  des 
plainctes. 

Monsieur  mon  filz,  le  lieutenant  du  Chas- 
teau  neuf  de  Bayonne  m'est  venu  librement 
trouver  en  ce  lieu,  suivant  ce  que  je  luy 
avois  escript.  Je  luy  ay  commandé  vous  aller 
trouver,  comme  il  m'a  dict  qu'il  fera,  vous 
aiant  par  luy  escript  ung  mot  de  lectre,  par 
lequel  vous  verrez  l'opinion  que  j'ay  de  luy, 
qui  est  que  c'est  ung  simple  homme  et  que 
je  ne  pense  pas  que,  s'il  estoit  tombé  en 
quelque  faulte  ou  praticque,  il  veint  si  libre- 
ment comme  il  a  desjà  l'aict  par  deux  fois  sur 
une  simple  lectre.  Toutesfoys  je  remectz  en 
vous  de  faire  comme  il  vous  plaira,  et  serois 
bien  d'advis,  pour  oster  tout  soubson,  que 
luy  feissiez  quelque  récompense  de  la  charge 
qu'il  a  audict  chasteau ,  où,  à  ce  qu'il  m'a  dict, 
il  a  laissé  son  frère  en  son  lieu,  comme  il  a 
accoustumé  de  fayre  quand  il  part  dudict 
Bayonne.  Je  ne  sçay  si  ce  seroit  poinct  celluy 
là  qui  eust  la  praticque  que  vous  sçavez.  11 
sera  besoing  aussy,  à  toutes  adventures,  que 
vous  y  pourveoyiez,  escripvant  incontinant 
au  sieur  de  la  Hillière  ce  que  vouliez  qui  soit 
faict  en  cela.  Quand  je  manday  ledict  lieu- 
tenant, j'escripviz  audict  La  Hillière  mectre 
quelqu'un  en  son  lieu  audict  Chasteau  neuf, 
dL'  qui  il  se  fiast;  et  me  suis  trouvée  aucune- 
ment en  peyne,  depuis  que  j'ai  dict  audict 
lieutenant  qu'il  vous  allast  trouver  pour  vous 
rendre  compte  de  Testât  où  est  le  Boucault 
et  ce  qu'il  faudroit  encores  pour  le  para- 
chepver.  Il  me  dict  avoir  laissé  sondicl  frère 
audict  Chasteau  neuf  pour  y  commander  en 
son  lieu.  Voyl.à  pourquoy  il  sera  bon  que 
promptement  vous  vous  resouldiez  de  ce  que 
en  vouldrez  fayre;  car  je  veoy  bien  qu'il  y  a 
beaucoup  de  diverses  praticques  et  moiens 
de  toutes  parts,  en  ces  costez  de  deçà,  qui  ne 
tendent  qu'à  préjudicier  vostre  service.  Quand 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


195 


le  sieur  de  Mainionon  s'en  retoiiriiei'a,  je  vous 
en  manderay  de  bien  estranjji's,  ausquelles 
j'espère  que,  par  vostre  prudence,  vous  sçaurcz 
bien  remédier,  Dieu  aydant,  auquel  je  prie  vous 
avoyr  en  sa  saincte  e(  digne  garde. 

Escript  au  PorlSaincte-Marye,  le  xxix""' de'- 
cembre  1678. 

Monsieur  mon  filz  S  depuis  ceste  lectre 
escripte,  les  sieurs  de  Piebrac  et  de  La 
Mothe-Fénelon  sont  ce  soir  arrivez  de  Nérac, 
et  afin  que  vous  puissiez  plus  amplement 
entendre  la  response  que  leur  a  f'aicte  mon 
dict  filz  le  Roy  de  Navarre  sur  tout  ce  que 
je  leur  avois  donné  charge  luy  dire  de  ma 
part,  je  vous  envoyé  la  lectre  qu'il  m'a  es- 
cripte par  euix,  avecques  le  double  d'un 
petit  mémoyre  des  chefz  et  articles  dont  je 
leur  avois  donné  charge,  sur  lequel  il  a  faict 
apostiller  sommairement  ses  responses;  e(  a 
donne'  charge  audicis  sieur  de  Piebrac  et  la 
Mothe  me  dire  davanlaige  que  [si]  je  veulx  que 
la  conférence  se  fasse  icy,  qu'il  y  envoyra  les- 
dictz  desputez,  mais  qu'il  ne  s'y  trouvera 
poinct,  disant  que  tous  iesdictz  despuiez  ont 
charge  de  ceulx  qui  y  sont  envoyez  de  l'en 
reque'rir,  si  ce  n'estoit  que  nous  feissions  la- 
dite conférence  à  Nérac  ou  à  Lecloure,  où  il 
dict  qu'il  seroit  bien  enipesché  et  honteux,  si 
j'y  vouUois  aller,  pour  ce  qu'il  n'a  pas  commo- 
dité de  m'y  recepvoir  comme  il  désirereait.  Je 
suis  bien  empeschée  de  ce  que  j'en  lésoul- 
deray,  ^t  taschcray  de  fayre  encores  avecques 
.  lesdiclz  despuiez ,  s'ilz  les  m'envoyent  icv  comme 
il  me  promect,  qu'ilz  le  requièrent  d'y  venir. 
Et  alBn  qu'il  y  ait  moins  de  doubte,  je  feray, 
s'il  est  possible,  en  sorte  que  mes  cousins 
les  ducs  de  Montpensier  et  prince  Daulpliin 
y  seront  pour  le  moings  au  commanceiiieut 

'    F.u  titre  :  ttPoslicripl.n 


de  nostredicte  conférence.  Ce  pendant  je  ne 
fauldruy,  si  Guilry  est  icy  diimain  de  bonne 
heure,  comme  il  m'est  promis  par  Icdict  mé- 
moyre, de  fayre  partir  le  mareschal  de  Biron, 
le  sieur  de  Duras  et  luy,  jtour  aller  cnsle  fois 
du  tout  efiectucr  le  laid  de  la  Kéolle,  pour 
laquelle  l'on  me  promect  qu'il  ne  se  fera  plus 
aucunes  difficultcz.  Toulesfoys  je  veoy  la  con- 
tenance et  les  parolles  d'aucuns,  quand  je 
parie  de  la  paix,  si  contraires  à  cela,  (]ue  je 
ne  m'en  puis  asseurer  que  ne  la  veoye  effec- 
tuer. Je  suys  en  merveilleuse  perplexilé  de 
veoir  tant  de  maulvaise  volunté  d'une  part  et 
d'aullre.  Toutesfois  je  m'esvertueray  tellement 
que  j'espère,  avecques  l'aide  de  Dieu,  (jui  suc- 
citera  les  gens  de  bien  aymans  vostre  service 
el  le  bien  du  Royaulme,  que  nous  vien- 
drons à  bout  d'ung  si  bon  œuvre,  que  je  sçay 
bien  que  tous  ces  desputez  désirent  conformé- 
ment à  vostre  édict,  sur  quoy  ilz  sont  admo- 
nestez de  demander  la  garde  d'aucunes  villes 
pour  quelque  temps,  ce  m'a-on  dict.  Et  à  ce 
propos,  je  vous  envoyé  le  double  d'une  lectre 
et  de  deux  mémoyres  que  l'on  m'a  faict  veoir 
avecques  desseing,  car  ilz  ont  (>sté  adressés  à 
quelqu'un  qui  esticy  que  l'on  se  dobloit  bien 
qui  me  les  monstreroit  :  ce  que  toulesfoys  je 
n'ay  ))as  faict  semblant  de  congnoisire. 


1578.  —  39  décembre. 

Orig.  Ililil.  nal.  ,  Foriils  i'rainviis ,  ii"  loslo,  C  /i5. 

A  MONSIEUR  DE   MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  à  ce  que  j'ay  veu 
par  les  deux  lettres  que  m'avez  escriptes 
le  dernier  jour  du  mois  passé  et  du  vu'  de 
cestuy-cy,  les  choses  sont  très  mai  passées 
en  Normandie  en  la  tenue  des  Estats  dudict 
pays,  n'estant  pas  croyable  que  le  peuple, 
de  soy,  ait  fait    les   résolutions  que    m'avez 


196 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


envoyées  par  escript,  dont  javois  auparavant 
eu  advis  du  Roy,  monsieur  mon  filz,  sans  qu'il 
y  ayt  eu  de  la  mesnée  d'aulcuns  qui  de'sirent 
troubler  le  repos  et  les  affaires  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  qui,  je  m'asseure,  y  sçaura 
par  sa  prudence  très  bien  renieddier,  avec 
l'ayde  de  Dieu  et  le  debvoir  de  ses  bons  ser- 
viteurs, comme  vous  estes,  et  que,  suivant  ce 
que  je  vous  en  ay  escript  de  ma  main,  vous 
vous  y  emploierez  comme  vous  y  estes  natu- 
rellement oblige'  et  que  c'est  vostre  debvoir, 
ayant  la  charge  que  vous  avez  du  Roy  mon- 
(iict  S"'  et  filz,  lequel  je  sçay  bien  qu'il 
vous  aime  et  estime,  comme  aussy  méritent 
vostre  valeur  et  les  services  qu'avez  faits  à 
luy  et  à  ses  prédécesseurs,  dont  il  se  soub- 
viendra.  Et,  quant  à  moy,  je  n'oublieray  les 
lui  ramentevoir,  l'occasion  se  présentant  pour 
vostre  advancement;  mais  aussy  faut-il  (jue 
vous  continuiez  à  faire  ce  que  debvez  pour 
son  service,  et  suis  bien  esbahie  que  vous  et 
les  aultres  gouverneurs  n'ayez  pourveu  à  des- 
tourner ces  résolutions,  comme  je  ne  double 
pas  qu'il  n'ait  esté  aizé,  estant  l'intention  du 
Roy  monsieur  mon  filz  de  luy-mesme,  envers 
ses  peuples  et  ses  subjects  pour  leur  soulai- 
gement,  telle  qu'il  n'est  point  de  besoing  de 
l'en  admonester,  car  il  y  est  assez  enclin  et 
avoit  bien  délibéré  (combien  que  la  commis- 
sion de  la  tenue  desdits  Estats  portast  ce  qui 
s'est  levé  l'année  passée)  d'en  remettre  né- 
antmoings  le  plus  qu'il  pourroit  à  ses  sub- 
jects. Faictes  donc.  Monsieur  de  Matignon, 
tous  les  bons  ofiSces  que  vous  pourrez  en  cecy, 
et  croiez  que  le  Roy  et  moy  particulièreuient 
vous  en  sraurons  le  gré  que  vous  mériterez. 
Cependantje  vousdiray que  jeudy  prochain, 
premier  jour  de  l'an,  nous  commencerons  (à 
bon  jour,  bon  œuvre)  nosire  conférence  pour 
l'establissenient  de  la  paix,  espérans  que 
nous  en  ferons  une  bonne  et  heureuse  résolu- 


tion, aydant  Dieu,  lequel  je  prie.  Monsieur 

de  Matignon,  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escript  au  Port-Saiute-Marie,  le  ixis^^^jour 


de  décenibre  i  578. 


De  sa  main  :  J'é  bien  veu  par  vos  letres 
que  n'estes  point  fou  ay  batif  ensemble  et  que 
ne  chengeréjeamès  vostre  afection,  comme  cet 
que  avés  fect  preuve  de  très  Cdel  suget  et  bon 
serviteur  de  vostre  Roy,  de  quoy  je  suys  bien 
ayse  pour  l'amitié  que  vous  porte,  etjem'aseure 
que,  cet  voyés  à  bonne  aysien  qu'il  y  enn  aye 
qui  faset  ce  feu,  que  ne  fauldré  à  l'ayre,  cet 
pouvés,  corne  aivés  fest  à  Mongomery^,  et  je 
vous  prie  n'enn  atendre  le  comendement, 
mes  fête  le,  et  soyés  le  premier  à  rompre  à  set 
que  aurés  moyen  toutes  ces  entreprises;  et 
velà  coment  il  vous  fault  vanger  de  vos  enne- 
mis, cet  en  avès,  en  bien  servent  vostre  Roy. 

(Iaterine. 


1578.  —  3o  décenibre. 

Copie.  Bibl.  nal. ,  Cini|  cents  Colberl ,  a'  3i5  ,  f°  358. 

A  MONSIEUR  DABAIN, 

SIEUR  DE  L.4  ROCHE-POZAY. 

J'ay  eu  tant  d'affaires,  depuis  mon  parte- 
ment  de  Paris,  à  pourveoir  aux  grandes  et  im- 
portantes affaires  qui  sont  en  ce  pays,  que  je 
n'ay  eu  loisir  de  penser  à  ce  que  m'escripvites, 
il  V  a  desja  assez  longtemps,  sur  ce  que  vous 
estoient  allé  dire  aulcun.s  du  duché  d'Urbain, 
où  j'ay  tel  droict  que  je  puis  dire  que  ce 
duché  m'appartient  comme  la  conté  d'Au- 
vergne, qui  est  de  mon  propre  et  privé  héri- 
taige.  Voilà  pourquoy  je   vous  prie  de  m'es^ 

'  Malignon  avait,  sur  l'ordre  de  Catherine,  pris  Mon- 
gomery  dans  Donifront  au  mois  de  mai  iS^i  ,  quelques 
jours  avanl  la  mort  de  Charles  IX.  —  Voir  la  curieuse 
lettre  du  3  juin  i  Û74 ,  dans  laquelle  elle  Ini  recommande 
de  ne  pas  le  laisser  échapper.  Tome  V,  p.  i. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 

cripre  clairement  ce  ([ue  vous  de'claièrcnt  ceux 
(jui  parlèrenl  à  vous,  et  saicliez  deux  quels 


197 


moyens  ils  ont.  et  que  c'est  qu'ils  désiroient 
de  moy,  qui  vous  prie  aussy  approfondir  cela 
si  bien  avec  eux,  que  m'en  puissiez  csclaircir 
et  repre'senter  au  viay  tout  ce  qu'ils  veulent 
et  désirent  faire  en  cela  pour  moy,  et  ce  ([ue 
aussy  ils  vouldroient  que  je  fisse  pour  eux, 
avec  lesquels  il  faut  conduire  le  tout  si  secret- 
tement  que  personne  n'en  ait  le  vent  jusques 
à  ce  que  les  choses  sovent  en  estai.  Je  vous 
en\oyeray  par  escripl  mes  droicls  justifiés  de 
titres  sy  bons,  qu'il  n'y  a  neuile  difliculte'; 
mais  ce  ne  sera  point  jusqu'à  ce  que  j'aye 
eu  de  vos  nouvelles.  Cependant  je  vous  diray 
que  si  nous  avons  à  nous  aider  en  cela, 
comme  je  crois  qu'il  fauldra  faire,  de  N.  S. 
Père,  je  seray  bien  aise,  qu'en  estant  assiste'e 
de  luy,  comme  il  luy  seia  facile,  car  il  ne 
sera  question  que  de  confirmer  i'inveslilure 
que  mes  prédécesseurs  et  mov  en  avons, 
je  sçauray  bien  de  ma  part,  et  il  y  a  de 
quoy  en  ce  Royaulme  des  biens  que  j'y  ay 
en  propre,  faire  ung  bon  advantaige  à  son 
fils  bastard\  si  nostre  saint  Père  veut  em- 
brasser cette  aftaire  et  y  assister  mon  esqui- 
table  droict.  Mnis  je  vous  prie  derechef  que 
personne  du  monde  n'entende  rien  de  tout 
ce  que  je  vous  en  escrips  jusques  à  ce  que 
j'aye  eu  de  vos  nouvelles  sur  ce  que  dessus, 
et  que  aurez  entendu  comme  vous  aurez  à 
vous  y  comporter,  dont  je  vous  adverliray  aussy- 
tost  que  j'auray  eu  response  de  vous  à  celte 
lettre;  pour  fin  de  laquelle  je  vous  diray  que 

'  Grégoire  XIII,  de  l'illiislre  famille  de  Boncompa- 
gni ,  enseigna  1res  jeune  encore  la  jurisprudence  à  Bo- 
logne; c'est  là  sans  doute  qu'il  eut  un  fds  naturel,  qu'il 
nomma  plus  lard,  lorsqu'il  devint  pape,  gouvernenr  du 
château  Saint-Auge,  qu'il  maria  à  une  riche  héritière, 
ayant  autorisé  la  république  de  Venise  à  l'inscrire  sur 
sou  livre  de  noblesse  et  le  roi  d'Espagne  à  en  faire  un 
général. 


j'esjière,  après  beaucoup  de  travail  (jue  jav  eu , 
que  nous  commencerons  le  premier  jour  de 
l'an  (bon  jour,  bon  œuvre)  nostre  conférence 
avec  mon  filz  le  roy  de  Navarre'  et  les  députtés 
de  ceux  de  la  relijjion  prétendue  reformée  qui 
sont  tous  arrivés;  et  espère  <|ue  la  fin  de 
nostre  conférence  sera  heureuse  au  bien  et 
repos  de  ce  royaulme,  paix  et  union  de  tous 
les  subjects  du  Roy  monsieur  mon  fils;  dont 
je  prie  Dieu  de  tout  mon  cœur,  et  vous 
avoir,  Monsieur  Dabain,  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript   à -,    le    xxx'    jour    de    dé- 
cembre 1578. 

CvTKKINE. 


1578.  —  .3)  décembre. 

Copie.  Bil)l.  n.it.  ,  Funils  friiurais,  ti°  ;:.'îo<>,  ^  lù'i  v"-'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0\    FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  le  sieur  de  Guilrv  arriva 
hier  soir,  avec  charge  de  mon  fils  le  Roy  de 
.Navarre  d'aller  effectuer  de  sa  pari  à  laRéolle, 
avec  les  sieurs  maréchal  de  Riron  et  de  Duras*, 
ce  qui  avoit  esté  accordé.  Premier  que  fust 
entré  ledict  Guitry  en  ma  chambre,  où  j'avois 
faict  assembler  ceuvdu  Conseil ,  je  demanday 
aux  sieurs  de  Riron  et  de  Duras  ce  qu'ils  re- 
quéroient  pour  aller  exécuter  ce  quv  avoit 
esté    accordé.   Sur    quoy,    par   ce   qu'ils   me 

'  On  verra  plus  loin  ce  qu'écrivail  M.  d'Abain  sur  les 
senliinenls  du  pape  au  sujet  des  négociations  de  la 
reine  mère. 

'  Le  manuscrit  porte  un  blanc;  mais  les  dépêches  se 
suivent  par  ordre  chronologique,  et  la  lettre  a  été  cer- 
tainement écrite  à  Port-Saiute-Marie. 

'  En  marge  :  tr Envoyée  au  Roy  par  lod.  s'  baron  de 
Saulsac.  n 

*  Jean  de  Durforl,  vicomte  de  Duras,  chambellan  du 
roi  de  Navarre,  auquel  d'Llssac  avait  remis  la  Réole  lor.s 
de  la  surprise  du  32  novembre. 


J98 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


(lireiil  l'unjj  apivs  riiiiltif.  cl  puis  lous  (Unix 
tMiseiiilflr.  il  sr  (•(iujineiit  liicn  qu'ils  u  avoieni 
uculle  envie  d'entrer  à  aulcun  expédient  pour 
|)iocedder  en  recv  sinct-rement,  mais,  au  cou- 
traii-e,  loruièreul  nouvelles  difficullés,  repré- 
seiit.iul  Idusjouis,  priueipallenienl  le  sieur  de 
Duras,  i|u'il  \alloil  mieux  jeter  du  tout  hors 
(le  la  Uéoile  les  huguenots,  cpie  de  l'aire  ainsy 
sortir  les  ralliolirques  du  chasteau,  et  qu'il 
ne  veo\nil  nul  ino\en  de  le  faire  de  cette  fai-on, 
qu'il  leur  voulloil  tenir  la  proni(>sse  (pi'il 
leur  avoit  l'aiele,  qui  es!  que  jamais  le  capi- 
taine Favas  ne  se  trouveroil  de\anl  eux  qu'ils 
u'altenlasscnl  à  sa  vie,  et  qu'il  sa\oit  bien 
que  les  ralhidic(|ues  qui  sont  dans  le  chasteau 
se  laisscroient  plus  lost  foudroyer  (]ue  de  veoir 
seidiemcnt  Faxas;  mais  que,  si  je  voullois, 
ils  l'auiuient  liieutost  jette'  hors  la  ville  et 
toute  la  garnison  des  huguenots  i[ui  y  est, 
me  faisant,  sur  ce,  toutes  les  dilliculte's  du 
monde  sur  l'inleipretation  drs  articles  que  je 
lu\  avois  accordés  dès  que  j'estois  à  Auch  et 
dont  je  vous  envoyay  lors  le  double  pour 
ceu\  du  chasteau.  \'A  le  inareschal  de  Riron, 
daullre  cosié,  adhérant  à  tout  cela  et  tendant 
tous  deux  à  mesme  oppiuioii,  ni  oui  cuidé 
faire  [lerdre  patience  et  fus  coutraincte  de 
parlera  eu\  (comme  l'on  dict),  des  grosses 
dents,  leur  disant  ciui'.  puis(]u'ils  nous  \oul- 
Idienl  remettre  à  la  guerre,  ce  (jue  je  sçavois 
bien  (jui  estoit  contre  voslie  intention  et 
l'occasion  ])our  laipielle  je  suis  veneue,  et 
aussy(piecc  seroit  le  plus  grand  mal  qui  pusl 
jamais  advenir  en  ceUovaulme;  que,  puisque 
ainsy  estoit  qu'ils  se  rendoient  tant  difficiles 
et  faisoienl  nom  elles  dinicullés  où  il  n'en 
falloit  point  faire,  que  j'irois  moy-mesme 
pour  faire  rendre  la  Uéoile,  que  je  partirois 
ce  matin;  mais  ipie  si  j'y  trouxois  ditlirulté 
contre  ce  qui  ni'avoit  esté  promis,  princi- 
pallement    par    les    conseillers    Caniirau    et 


Malain  et  général  Gas  (comme  ils  savoienl 
très  bien),  (jue  je  les  fe rois  pendre  tous  trois 
sur  le  champ.  Et  comme  ils  me  virent  eu 
cette  résolution,  ils  se  modérèrent  aulcune- 
ment:  et  fut  ouvert  l'expédient  de  la  descharge 
(jue  je  leur  baiUeiois,  qui  fut  à  l'instant  mise 
[lar  escript,  et  puis  je  lis  entrer  Guilrv.  en  la 
présence  duqu(d  le  sieur  de  Duras  nous  forma 
encore  une  nouvelle  difficulté,  qui  nous  cuida 
accrocher  plus  que  devant,  sur  la  forme  de 
faire  sortir  Favas,  que  le  roy  de  Navarre  dé- 
^iroit  que  loslant  du  gouvernement  de  la 
Réoll(N  il  V  commandast  pi'emièrement  une 
heure  ou  deux.  Enfin,  après  bien  des  contes- 
tations, cela  ne  s'est  peu  bien  accorder,  sinon 
qu'ils  m'ont  promis  tous  de  faire,  cliacung  de 
son  costé  et  par  bonne  intelligence,  en  sorte 
qu'ils  composeront  ces  choses,  et  elTecteuront 
ce  qui  est  porté  par  les  mémoire  et  instruc- 
tions baillés  au  mareschal  de  Biron.  Et  ils 
partent  ce  matin  pour  cet  elïect,  dont  je  vous 
av  voulleu  encore  donner  advis  pur  le  sieur 
de  Saulsac,  et  vous  dire  cpu'  le  roy  de  Na- 
varre m'a  encore  mandé  i)ar  Guitry,  (jui  m'a 
aussv  asseuré,  que  leurs  deputtés  seront  ce- 
jourd'huy  ou  demain  à  \érac,  et  qu'ils  me 
\ieudront  trouver.  .le  suis  délibérée,  si  nous 
ne  pouvons  accorder  que  le  Hoy  de  Navarre 
vienne  icy  faire  nostre  conférence,  de  veoir 
les  cahiers  de  leurs  d(>putt('s,  et  y  respondre 
par  escript;  et  après  nous  nous  assemiderons, 
le  roy  de  Navarre  et  moy,  pour  achever  de 
résouidre  le  tout.  Nous  venons  de  faire  en 
cela  pour  le  mieux,  dont  je  vous  advertiray, 
incontinent  que  nous  auions  commencé,  par 
le  sieur  de  Alaintenon .  que  je  retiens  jusques  à 
cette  heure  là.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
fils,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript   au  Port-Sainte-Marye,  le   dernier 
jour  de  l'an  1 678. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


199 


1579.  —  /i  janvli'r. 
On'i;.  Bibl.  nal.,  Fonds  franfais,  n°  33.'ii,  f  as. 

A  .MON  coism 
LE   S"^  DE   DAMVILLE, 

MARÉCHAL    DS    PnA.>CB,    GOCTEHNEUB    ET    LTEUTEN4NT    GÉSe'BaL 
POUR    LB    BOT    U0\!>1EUE    MO.N    FILS    EN    LANGrBDOCQ. 

Mon  cousin,  ayant   enlenrln  (jne   aulcuns 
1res  mal  aircclionne/  au  Roy  monsieui-  mon 
filz  et  jiar  conséquent  au  bien  de  re  rovaulnie, 
cherchans  et  tentans  par  l'aulx  et  malheureux 
moyens  d'aliéner  l'obéissance   deue   au    Rov 
mondict  S''  et  filz,  font  courir  en  ces   pro- 
vinces de  deçà  les  mesmes  faulx  l)ruictz  qu'il/ 
feyreiit  aussy  naguères  courir  en  Normandie 
lors  de  la  tenue  des  Rstatz  particuliers  dudici 
pais,  où  ilz  semèrent  par  leur  grande  malice 
ungfaulx  mémoire  imprimé,  dont  je  vous  en- 
voyé le  double,  de  trente  trois  édiclz,  qu'ilz  en- 
voyèrent par  les  foires  et  marchés  et  faisoienl 
bailler  de  main  en  main  secrettemenl,disans, 
pour  donner  une  maulvaise   impression    au 
peuple,   que    le  Roy   mondict  S'"   et  filz   les 
avoit   l'aictz,   combien  que   ce  soit  chose  du 
tout  contraire  à  la  vérité;  aussy  le  s'  de  Bel- 
lièvre,  président  de  la  court  de  Parlement  de 
Paris,  conseiller  d'Estat  et  du  Conseil  priv(' 
du  Roy  mondict  S'  et  filz,  estant  au  mois  de 
novembre  dernier  èsdiclz  Estais  particuliers 
dudict  païs  de  Normandie,  ayant  sceu  caste 
imposture,  auroit  trouvé  moien  de  recouvrer 
ung  double  de  ladictc  faulse  impression,  et 
faictveoir  aux  principauk  dudict  païs  de  Nor- 
mandie la  meschanseté  de  ceulx  qui  l'avoient 

'  Ce  trfaulx^i  mémoire  est  conservé  dans  un  exem- 
plaire, peut-être  unique,  aux  Archives  nationales, 
K  loUj,  pièce  169.  li  a  pour  titre  :  Déclaration  du  roy 
contre  un  mémoire  naguère  donné  au  préjudice  de  la  vérité 
touchant  l'érection  de  plusieurs  prétendus  édils  de  nouvelles 
impositions.  Paris,  7  décembre  1578,  Fréd.  Morol. 
Signé  Henri/ ,  et  contresigné  :  Rrularl. 


faicto  et  qui  faisoient  courir  ce  faulx  et  mes- 
chanl  bruict;  etauroit  ledicl  sieurde  Belliè\re, 
en  marge  de  chascun  article  de  ladicte  liste, 
escript,  et  à  la  fin  d'icelle  la  vérité,  comme 
verrez  par  Icdict  double,  par  où  il  se  cong- 
noist  que  desdictz  trente  trois  édictz,  il  n'y 
en  a  que  quatre  véritables,  et  deux  qui  n'ont 
eu  lieu,  lesquelz  encoressont  très  utiles  cl  né- 
cessaires, e(  les  vingt  sept  aultres  tous  faulx  el 
supposez.  Et,  pour  ce  que  j'ay  entendu  que 
l'on  faict  aussi  à  présent  courir  semblables 
bruictz,  listes  et  impressions  desdiclz  éditz 
par  deçà,  je  vous  ay  expresséraeni  voulu  en- 
voyer ung  double  de  la  vérilEcation  que  ledict 
sieur  de  Rellièvre  feyt  dès  lors  audict  païs  de 
Normandie,  de  la  pure  faulseté  et  mescbanceté 
de  ladicte  liste  d'édictz,  afin  que  tous  les  gens 
de  bienquienpourroienl  oyrparleren  saicbeni 
la  vérité  et  n'adjoutent  aulcune  fov  à  telles 
malheureuses  impressions,  qui  se  font  par 
artifices  et  pour  troubler  le  repos  publicq. 
Priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  au  Port-Saincte-Marie ,  le  1111=  jour 
de  janvier  iSyg. 

Vostre  bonne  cousine, 

Signé  :  Gatehine. 

Mon  cousin,  j'ay  ce  soir  des  nouvelles  que 
mon  fils  le  duc  d'Anjou  s'en  est  venu  trouver 
le  Roy  son  frère ,  à  son  mandement ,  avec  ferm  e 
résolution  de  se  conformer  à  toutes  ses  bonnes 
et  sainctes  délibérations,  et  de  luy  faire  tout  le 
très  humble  service  qu'il  pourra;  dont  je  vous 
ay  bien  voullu  escripre  el  donner  advis,  sai- 
chant  bien  que  vous  en  serez  fort  aize.  comme 
tous  gens  de  bien  doibveut  estre. 


200 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1579.  —  4  janvier. 

Copîp.  Bihl.  nat. ,  Fonds  français ,  n"  33oo  ,  f^  ia4  v"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0>   FILS.] 

Monsieur  mou   filz,  je  pensois  bien  vous 
renvoier  plus  losl  le  sieur  de  Maintenou  que 
je  ne  pourray  pas  fayre;  car  je  me  sers  icy  de 
luy  pour  tousjours  faire  congnoistre  à  mon 
filz   le  roy  de  Navarre   et  à  ceulx  qui  sont 
auprès  de  luy  de  sa  religion,  que  l'aiant  eu- 
vové   par  vous   devers  eulx    pour   accellérer 
nostre    conléreuce,    je   ne  le  vous  puys    ny 
doibz  renvoyer  que,  pour  le  nioings,  il   ne 
veoye  cominancer  nostre  confe'rence,  que  je  ne 
sçay  oncores  au  vray  où  nous  forons  ny  aussi 
le  jour  certain  que  la  commencerons;  car  les 
de'putez  de  ceulx  de  la  religion  pre'tendue  ré- 
formée doibvent  seuUement  arriver  ce  jour- 
d'huv  à  Nérac,  où  ma  fille  la  Royne  de  Na- 
varre  alla  hier  matin  pour  veoir  son  mary, 
que  l'on  nous  avoit  dict  esire  mallade  de  la 
migraine.  Toutesfois  elle  le   trouva  tout  icy 
contre,  la  rivière  seulement  entre  deux,  et  se 
mit  avecques  elle  au  chariot,  et  s'en  allèrent 
ensemble  audict  Ne'rac,  où  madicte  fille  séjour- 
nera  encores  aujourd'huy,  et  ne  retournera 
icy  que  demain.  Cependant  je  luy  ay  donné 
charge  de  remonslrer  à  son  mary  comme  ce 
lieu  est  mal  sain,  ainsi  que  de  vray  il  est, 
estant  enfermé  de  fort  près  d'ung  cosié  de  la 
rivière  et  de  i'aultre  d'une  haulte  montaigne, 
aussi  n'y  ay-je  poinct  esté  à  mon  aise  depuis 
que  j'y  suis  arrivée,  et  sur  cela  le  persuader 
que  nous  allions  faire  nostredicle  conférence 
à  Villeneufve,  où  il  y  a  deux  villes,  et  que  je 
luy  en  baillerois  une  pour  luy  et  les  siens,  et 
nous  aurions  l'aultre.  Je  ne  sçay  encores  qu'en 
espérer,  pour  ce  que  le  viconle  de  Turenne, 
qui  veint  ledict  jour  d'hier  de  matin  icy  me 

'  En  marge  :  n  Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  Le- 
(jeudre.  v 


visiter  de  la  part  de  mondict  filz  le  rov  de 
Navarre,  ne  m'a  peu  dire  s'ilz  accepteroient 
ou  non  ledict  Villeneufve;  et  estant  en  propos 
avecques    ledict  viconle   de   Turenne,   après 
luy  avoir  faict  entendre  beaucoup  de  grandes 
raisons  qui  seroienf  trop  longues  à  vous  des- 
duire  et  lesquelles  je  luy  donnay  charge  de 
bien  représenter  à   mondict    filz    le   roy   de 
Navarre,  et  à  luy  en  particulier  les  bien  con- 
sidérer, aussi  du  grand  tort  qu'ilz  font  non 
seuilement    à    vostre    service,    niiiis   aussi  à 
eulx  mesmes,  de  me  tenir  en  si  grande  lon- 
gueur avant  que  de  venir  au  poinct  de  nostre 
conférence  et  exécution  de  vosire  édict  de  pa- 
ciffication,  que  je  savois  bien  que  tous  ceulx 
des  villes  de  Languedoc  désiroieni,  ayant  esté 
bien  aize  du  bon  chemin  qu'ilz  avoient  sceu 
qu'on  avoit  tenu  pour  le  Daulphiné,  dont  ilz 
estoient  aussi  dellibérez  de  se  contenter,  ainsi 
que  j'avois  entendu;  et  sur  cela  je  feys  en- 
cores particulièrement  aucunes  remonstrances 
audict  vieonte  de  Turenne,  que  je  ne  m'amu- 
seray  à  vous  discourir  :  seuilement  vous  diray. 
Monsieur  mon  filz,  qu'il  me  respondit  qu'il 
espéroit  que  bien  tost  je  serois  contente  d'eulx. 
Et  vinsmes  encores  à  parler  desdictes  villes 
qu'ilz  détiennent  en  Languedoc,  desquelles  je 
luy  dictz  qu'il  falloit  qu'ilz  fissent  vuider  les 
garnisons  estrangères,  remissent  la  religion 
catholique,  y  fissent  rentrer  les  catholiques, 
les  laissassent  joyr  de  leurs  biens,  souffrissent 
fayre  l'exercice  de  vostre  justice  et  lever  voz 
deniers  et  exécuter  au  demeurant  entièrement 
vostre  édict  en  icelles  villes,  et  qu'il  ne  falloit 
pas   qu'ilz   eussent  peur  qu'ilz   n'y   feussenl 
tousjours  les  plus  fortz,  pour  ce  que  le  plus 
grand  nombre  des  habitans  estoit  de  leur  re- 
ligion, n'ayant  pas  obmis  à  luy  dire  que,  en 
toutes  les  aultres  provinces  de  vostre  royaulme . 
du  costé  où  vous  estiez,  vous  en  aviez  ainsi 
faict  envers  ceulx  de  la  religion,  qui  estoient 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


201 


tous  reiiirez  ;ui\  villes  eu  leurs  liiens  et  jouis- 
sent entièrement  de  vosire  édict.  Sur  quoy  il 
a  monstre  d'estre  fort  aize  :  de  sorte  que  je 
pense  que  cest  article  là,  qui  est  le  plus  im- 
portant |)our  le  Languedoc  et  pour   aucuns 
endroiclz  de  cesle  Giiieune,  passera  ainsi,  et 
plustost  y   adjousiera-on    pour  plus  grande 
seurele',  oulfrelos  submissions  qu'avons  mises 
aux  articles  du  Daulpliiné,  que  Ton  baillera 
des  hostaiges  des  villes  les  ungs  aux  autres. 
Aussy  bien  y  a   il  quelques  ungs  liabitans, 
comme  par  comparaison  de  Bourdeauh,  qui 
en  seront  mietilx  dehors  pour  quelque  temps 
que  s'ilz  y   demouroienl  jusques  ad  ce  que 
vostre'  édict  soit  bien  estably.  Cela  ne  se  pro- 
posera  poinct,   s'il   n'en  est  besoing;   mais, 
plustol  que  n'aiez  toutes   vosdictes  villes  en 
liberté,  il  me  semble  que  ce  sera  le  moins 
mal;   cai-   auitant  de  catliolicques    qui  yronl 
aux  villes  où  ilz  sont  les  plus  foriz,  autant  de 
huguenotz  viendra-il  en  leur  lieu.  Il  est  vrav 
que  l'exécution   ne   sera   pas  sans   diflîculté, 
mais  aussi  ne  nous  servirons  jious  de  ce  nioien 
qu'à  l'extrémité.  J'attendz  des  nouvelles  de  ce 
qu'auront  faict  le  niarescbal  de  Biron,  Duras 
et  Guitry  pour  la  Réolle;  car  de  là  dépend 
nostre  résolution  sur  uostredicte  conférence; 
espérant  aussi  qu'aujourd'huy  ou  demain  j'en 
auray  de  bonnes  nouvelles,  et  affin  que  ceulx 
qui  sont  dans  le  chasteau  de  Langon  ne  feussenl 
point  cause  de  retenir  et  garder  ceulx  du  chas- 
teau de  la  Réolle  de  sortir,  comme  ilz  ont  pro- 
mis, j'ay  faict  envers  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre  qu'il  a  escript  à  Guitry  faire  sortir  ceulx 
qui  sont  dans  Icdict  chasteau  de  Langon  et  le 
remectrc,  suivant  l'édict,  es  mains  de  François 
monsieur  de  Candalle,  qui  en  est  seigneur  de 
fief  à  cause  de  sa  pupille.  Cela  évitera  encoi'es 
line  grande  longueur,  (jui  eust  peu  advenir. 

Et  pour  ce.  Monsieur  mon  filz,  que  par  la 
dépesche  que  vous  m'avez  faicte  et  ce  que  m'avez 

CvTUEni.NE    DE    lltDIClS.   ïl. 


mandé  de  bourbe  par  le  sieur  de  iMaintenon, 
vous  me  faictes  cest  honneur  de  désirer  avoir 
mon  advis  sur  ces  dangereuses  brouilieryes  tjui 
se  l'ont  par  les  provinces  :  en  attendant  que  je 
vous  puisse  renvoyer  ledict  sieur  de  Maintenon , 
j'ay  faict  escripre  soubz  moy  par  le  petit  Mon- 
taigne, d'anltant  que  je  ne  puisencoresm'aider 
de  ma  main,  mondict  advis  que  je  vous  envoyé 
et  vous  prye  le  prendre  en  aussi  bonne  part 
que  de  bon  cœuret  à  honneet  saincle  inteneion 
que  je  le  donne,  estant  bien  marrye  que  dès 
que  je  vous  escripviz  que  veissiez  par  le  menu 
toutes  les  sommes  des  deniers  qui  se  levoient 
sur  vostre  peuple  èsdicles  provinces,  vous  n'y 
regardastes,  et,  auparavant  la  tenue  des  Estais 
de  Bourgougne  et  de  Normandie  et  aussi  de 
ceulx  de  Bretaigne,  vous  ne  les  envoiastes 
graliflGer,  les  deschargeant  du  plus  que  vous 
eussiez  peu ,  et  principallement  de  tant  de 
petites  parties  qui  se  lèvent  et  qui  ne  viennent 
en  voz  finances,  mais  au  proflict  de  plusieurs 
particulliers.  Cela  les  eust  aucunement  con- 
tentez; encores  vault-ilmieulx  tard  que  jamais, 
et  serois  d'advis,  soubz  le  vostre  meilleur, 
que  feissiez  parler  avecs  les  depputez  des- 
diclz  pais  ceulx  de  vostre  Conseil  ou  de  voz 
serviteurs  fidelles  que  saurez  leur  estre 
agréables,  pour  les  rendre  bien  capables  de 
l'amour  et  grande  affection  qu'avez  à  vostre 
peuple.  Testât  de  voz  affayres,  et  néanmoings 
regarder  avecs  eulx  doulcement  les  choses 
dont  les  provinces  se  sentent  grevées,  et  après 
vous  mesmes  parier  à  eulx  et  gratiffieret  des- 
charger vosdictes  provinces  le  plus  que  vous 
pourrez  pour  ceste  année,  ainsi  que  je  dictz 
par  mondict  mémoire,  ou  aullrement,  ainsi 
que  par  vostre  prudence  vous  saurez  bien 
adviser  pour  le  inieulx,  aflfin  de  l'aire  en  sorte 
(|u'ilz  s'en  puissent  bien  tost  relourner  èsdictes 
provinces  bien  édifiiez  de  la  parfaicte  amour 
et  affection  qu'avez  à  vostre  peuple  et  à  son 


a6 

lUpniUCtllE     TfATtO^ALC. 


202  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


soullaigpmenl.  Et,  s'il  se  pouvoit  aussy  fayre 
avec  eulx,  comme  je  pense  qu'il  seroit  aizé, 
que,  eslans  ceste  année  ainsi  soullaigez,  ilz 
regardassent  de  quoy  et  combien  et  com- 
ment chascune  province  vous  pourroit  aider 
à  sortir  d'affaires  et  vous  rcmectre  en  vostre 
domayne  et  aydes,  afiin  que  puissiez  vivre 
du  vostie  et  entretenir  vostre  estât  avec  di- 
gnité et  ainsi  qu'il  appartient,  ce  seroit  ung 
très  grand  bien;  et  seroit  bon  qu'ilz  empor- 
tassent de  bons  mémoires  et  instructions  sui- 
vant ce  qui  fut  propozé  aux  Estats  Générauix. 
Cependant  je  n'obmecteray  rien  de  tout 
ce  qui  se  pourra  es  provinces  de  deçà  pour 
faire  establir  la  paix  et  tenir  en  bonne  dévo- 
tion et  affection  en  vostre  endroict  touz  voz 
peuples  et  subjeclz,  que  l'on  est  icy  bien  fort 
après  à  praticquer  et  mener  aux  mesmes  et 
dangereuses  résolutions  que  Bourgongne  et 
Normandye;  mais,  oullre  ceulx  à  qui  j'ay  parlé 
et  parle  tous  les  jours  et  continueray  de 
parler  encores  aux  mesmes  termes  que  je  vous 
ay  cy  devant  mandé,  j'escriptz  fort  souvent  à 
tous  ceulx  que  je  veoy  en  estre  besoing  pour 
contenir  ung  chascun  en  l'obéissance  et  af- 
fection qui  vous  est  deue,  espérant,  avecques 
l'ayde  de  Dieu,  que  mon  voiaige  vous  appor- 
tera une  très  grande  utillité  en  diverses  occa- 
sions, vous  priant  me  fayre  ce  plaisir  que 
j'ave  le  plus  souvent  que  pourrez  de  voz 
nouvelles,  estant  en  très  grande  peyne  de  la 
dépesche  que  m'avez  faicte  par  le  secrétaire  du 
sieur  de  Cornusson,  qui  est  à  Bourdeaulx,  il  y 
a  luiict  ou  neuf  jours,  où  j'ay  esté  contraincte 
d'envoyer  un  courrier  pour  m'apporter  sadicle 
dépesche,  si  d'aventure  il  estoit  demouré  mal- 
lade;  mais  je  n'en  ay  encores  aucunes  nou- 
velles, combien  que,  ad  ce  que  dient  aucuns 
de  mes  officiers  qui  sont  aujourd'huy  arrivez 
pour  servir  leur  quartier,  le  chemyn  d'entre  cy 
et  ledict  Bourdeaulx  ne  soit  plus  aucunement 


dangereux,  pour  ce  que  les  gens  de  guerre 
qui  s'y  estoient  espanduz  se  sont  retirez,  espé- 
rant, par  ce  moien,  avoir  plus  souvent  et  plus 
seurement  doresnavant  de  voz  nouvelles  et  vous 
des  miennes,  priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Saincte-Marye,  le  iiii"  jour 
de  janvier  1679. 

1579.  —  5  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat. ,  FonJs  français,  n°  33oo ,  P  laS  r". 

[AU  CAPITAINE  FAVAS.] 

CappitaineFavas^,  ayant  entendu  de  mon  filz 
le  roy  de  IVavarre  que  luv  avez  faict,  il  y  a  desjà 
quelque  temps ,  instance  pour  estre  déchargé  du 
gouvernement  des  villes  etchasteau  de  la  Réole, 
me  souvenant  aussi  de  ce  que  m'en  avez  dict  et 
escript,  je  vous  ay  bien  voulu  faire  ce  mot  de 
lettre  et  vous  dire  que,  moudict  filz  le  roy  de 
.Navarre  niant  le  service  que  vous  y  avez  faict 
très  agréable,  je  suis  asseuréc  ([ue  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  sera  bien  content  que  vous  remet- 
tiez ,  suivant  votre  désir,  ledict  gouvernement  es 
mains  du  sieur  du  Sac^,  comme  mondict  filz 

'  Le  capitaine  Jean  Favas,  que  Calherine  de  Médicis 
méprisait  et  redoutait  à  la  fois  (voir  plus  haut,  p.  18^, 
la  dépèche  du  a6  décembre),  était  un  vrai  aventurier, 
qu'aucun  scrupule  u'arrèlait.  11  avait  commencé  par  guer- 
royer contre  les  Turcs.  Revenu  à  Bordeaux,  après  des 
meurtres  et  attentats  qui  allaient  le  faire  poursuivre,  il 
se  déclare  huguenot,  surprend  Bazas  avec  quelques  par- 
tisans, pille  le  chapitre  et  détruit  la  cathédrale.  Amnistié 
par  l'édit  de  pacification,  il  s'empare,  dans  les  derniers 
jours  de  décembre  iSyô,  de  la  Réelle,  qui  resta  aux 
protestants  jusqu'au  mois  de  novembre  1578.  C'est  une 
des  affaires  qui  occupèrent  le  plus  la  reine  mère  dans  ses 
négociations  avec  Henri  de  Navarre  et  les  réformés. 

-  Dans  le  manuscrit,  dont  nous  avons  respecté  l'ortho- 
graphe, le  nom  de  M.  d'Dssac  est  très  souvent  écrit  ainsi. 
—  C'est  ce  même  d'tJssac  qui  avait  remis  la  Réole  aux  ca- 
tholiques et  qui  avait  été  cause  de  tant  de  récriminations; 
mais  il  était  sans  doute  demeuré  protestant  :  et ,  par  un 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


203 


le  roy  do  Navarre  et  moy  avons  advise',  vous 
tenant  pour  cesle  occasion  bien  deschargé 
d'iceiiuy  gouvernement,  ensemble  du  serment 
qu'en  avez  faict  et  presié  au  Roy  mondict  S' 
et  filz,  es  mains  de  mon  cousin  le  s" de  Biron, 
mareschal  de  France.  N'estant  la  pre'sente  à 
aultre  fin, je  prie  Dieu,  cappitaine  Favas,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  du  Port-S'"-Marie,  le  v"  jour  de 
janvier  1 579'. 


1579.  —  5  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.,  Fonds  français,  ii"  33oo,  f  136  r° '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  loue  Dieu  grande- 
ment de  la  re'solution  prinse  par  mon  filz,  le 
Duc  d'Anjou,  de  s'en  revenir  en  France^  avec- 
ques  ferme  intention ,  comme  il  m'escript  avoir, 
de  vous  rendre  l'oliéissaiice  et  faire  le  très 
humble  service  qu'il  vous  doibt.  Je  luy  envoyé 
l'abbé  de  Gadaigne,  présent  porteur,  et  luy 
escriptz  de  ma  main  la  lectre  (|u'il  vous  plaira 

commnn  accord ,  il  resla  goriverneur  de  la  ville  cl  du  clià- 
teau  au  nom  du  roi.  Nous  verrons  plus  lard  la  reine  mère 
lui  écrire  à  ce  (ilre  el  lui  donner  des  ordres. 

'  En  marge  :  ttDescliargc  du  cap"°  Favas  pour  le 
gouvernement  de  la  ville  et  chasleau  de  la  Réoile.^ 

*  En  marge  :  c Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  l'abbé 
de  Gadaigne.» 

'  C'est  à  celte  époque  que  le  ihic  d'Anjou  reprit  \ive- 
ment  ses  négociations  de  mariage  avec  Elisabeth.  On  en 
peut  juger  par  la  lettre  suivante  qu'il  lui  adressa  le 
4  janvier  1079 ,  aussitôt  après  avoir  repassé  la  frontière: 

A  la  Royiie  d'Angleterre. 

tr Madame,  je  ne  saurois  assez  très  humblement  vous 
remercier  de  la  lettre  dont  y  vous  a  pieu  m'honorer  par 
ce  petit  porteur.  Je  regrette  d'estre  né  sous  tant  d'infor- 
tune, n'ayant  pu  jusques  à  présent  satisfaire  à  la  moindre 
partie  des  affections  que  j'ay  eu  de  vous  fayre  très  humble 
service,  comme  je  reste  en  l'espoir  que  le  temps  ne  nie 
laissera  si  misérable  que  par  de  signalés  effets  je  ne  vous 
rende  preuve  de  ce  qui  sera  à  jamais  inséparable  de  mon 


de  veoyr,  pour  le  conforler  el  fortiffier  en 
ceste  bonne  el  saincle  délibéracion,  l'exhor- 
tant et  admonestant  de  vous  aller  franchement 
trouver  premier  que  d'aller  en  ses  maisons, 
allîn  que  par  cela  l'on  congnoisse  la  bonne 
et  droicte  intelligence  d'entre  vous  et  luy;  ce 
qui  servira  grandement  pour  dissiper  el  dé- 
tourner les  mene'es  etmaulvaises  délibérations 
de  ces  brouilleurs  de  province,  dont  j'en  viz 
des  principaulx  fort  estonnez  et  faschez  à 
f heure  de  ces  bonnes  nouvelles,  lesquelles, 
j'espère  aussy,  m'ayderont  beaucoup  à  accel- 
lérer  la  résolution  de  voz  afl'ayres  et  service 
par  deçà,  combien  que  de  prime  face  quand 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  sa  re- 
ligion ont  sceu  ces  nouvelles,  ilz  soient  entrez 
en  (juebjue  double,  comme  vous  sçavez  que 
ce  sont  gens  soupçonneux.  Mais  pourtant  se 
commance-il  desjà  fort  à  congnoistre  qu'ilz 
reviennent  à  la  droicte  considéracion  qu'ilz 
doibvent  avoir,  principallemenl  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre,  m'estant  bien  apperçue 
qu'il  n'y   aura  tel  qui  ne  loue  la  façon  dont 

ànie,  ot  me  proumels  que  mettrez  fin  à  cesle  occasion 
aux  négociations  depuis  si  longtemps  commencées,  qui 
sera  la  chose  du  monde  qui  me  rendra  plus  satisfait  et 
content  :  et  ce  faisant ,  gagnerez  les  œuvres  de  miséricorde , 
restaurant  une  vie  languissante  et  qui  n'est  ni  ne  sera 
que  autant  que  je  la  penseray  digne  de  faire  chose  qui 
vous  soit  agi-éable,  espérant  que  me  ferez  cet  homieur 
de  me  croire,  et  que  prendrez  l'affection  telle  comme  elle 
est,  très  fidèle  en  mon  àme,  et  que  ne  l'égalerez  à  ce  mau- 
vais discours  confus  des  passions  mues  de  tant  de  beaux 
sujets, et  dignes  de  rendre  la  plus  abondante  plume  empes- 
chée  en  l'élection  de  tant  de  rares  el  belles  vertus ,  qui  fera , 
pour  ne  tomber  davantage  en  erreur,  cpie  je  vous  supplie 
de  croire  que  en  la  seule  contemplation  de  vous,  Madame, 
comme  de  la  plus  parfaite  déesse  des  cieux,  je  vous  bai- 
seray  très  humblement  les  mains,  priant  Dieu,  Madame, 
qu'il  vous  donne  entier  accomplissement  de  vos  désirs. 

«De  Condé,  ce  nii°  janvier. 

rVostre  humble  obéissant  frère  et  serviteur, 

frFliANfOVS.il 

(Aut.  Slate  papers,  vol.  66.) 

a6. 


204 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


vous  vous  estes  comporté  envers  vostredicl 
frère  el  qui  n'eslime  très  bonne  ladicte  re'so- 
lucion  qu'il  a  prinse,  si  à  propos  et  sur  si  ap- 
parente occasion,  eu  obéissant  à  vostre  com- 
mandement et  se  conformant  à  vostre  désir, 
comme  il  doibt  faire  en  toutes  choses,  et  si 
cela  luy  servira  d'honneste  couverture  et  pour 
demourer  en  beaucoup  meilleure  réputation 
que  s'il  en  eust  faictaultrement,  allans  si  mal 
ses  affaires,  pour  ne  nous  avoir  pas  voullu 
croire.  Cela  le  fera  saige  pour  une  aullrefoys, 
congnoissant  bien  à  présent  que  nous  i'aynions 
mieulx  qu'il  ne  s'est  avmé  luy  mesmes.  Aussy 
ne  doubté-je  pas  (ju'il  n'en  soit  maintenant 
en  ceste  opinion  et  qu'il  ne  congnoisse  la 
grande  faulle  qu'il  a  faicte,  et  qui  luy  coule 
bien  cher,  de  ne  vous  avoyr  ni  moy  aussy 
vouUu  croire.  J'ay  si  bien  instruict  ledicl  abbé 
de  Gadaigne  sur  cela  qu'il  luy  saura  bien 
fayre  entendre  à  propos  tout  ce  que  dessus, 
avec  ce  qu'il  vous  plaira  luy  commander  da- 
vantaige,  si  vous  le  trouvez  bon  ainsy.  Et  en 
cas  qu'il  suivist  sa  première  résolution,  qui 
est  d'aller  eu  sesdicfes  maisons  en  IVormandie, 
ledict  abbé  de  Gadaigne  est  aussy  instruict 
pour  le  bien  persuader  de  n'entendre  à  aul- 
cune  chose  que  l'on  luy  puisse  propozer  (car 
je  pense  bien  que  ceulx  qui  veuHent  brouiller 
ne  faudront  pas  de  l'aller  incontinent  recher- 
cher); ains,  escoutant  tout  ce  qu'ilz  luy  pour- 
ront dire,  vous  enadvortyrbien  amplement,  et 
néanlmoings  demourer  si  joinct  avecques  vous 
et  eu  si  ferme  oppinion,  comme  il  y  est  natu- 
rellement et  par  son  devoir  obligé  et  puis  par 
tant  de  biens  que  luy  avez  faictz,  qu'ilz  ne 
puissent  rien  espérer  de  luy  à  vostre  advan- 
taige,  ny  pareillement  ceulx  de  la  religion 
prétendue  reformée,  que  je  pense  bien  aussy 
qui  chercheront  l'occasion  pour  le  moings  de 
l'envoyer  visiter  à  son  retour;  et  comme  vous 
sçavez,  il  fault  à  ces  commancemens-là  pour- 


veoir  si  bien  à  establir  la  bonne  intelligence 
d'entre  vous  deux,  que  la  malice  des  ungs  ne 
des  autres  ne  la  puisse  entamer,  soit  que 
vostredict  frère  vienne  droit  où  vous  serez  ou 
qu'il  aille  en  ses  maisons.  Et  si!  eust  pieu  à 
Dieu  permectre  que  j'eusse  eu  achevé  icy,  je 
pense  qu'estant  auprès  de  vous  j'eusse  bien 
tant  faict;  et,  à  ce  que  m'a  dict  le  sieur  d'In- 
theville,  mondict  61z  s'est  laissé  entendre 
qu'il  y  feust  plus  franchement  venu,  se  jugeant 
bien  par  là  que  ce  n'est  que  les  brouilleries 
des  choses  qui  sont  mai  passées  entre  ces 
jeunes  gens  qui  sont  auprès  devons  et  auprès 
de  luy  (qu'il  fault  bien  doresnavant  qu'ilz 
soient  plus  saiges),  qui  le  retiennent  en  cesle 
difficulté,  par  dessus  laquelle  le  pourra  l'ayre 
passer  la  leclre  que  je  luy  escriptz  et  ce  (|ue 
luy  dira  l'abbé  de  Gadaigne;  mais  qu'il  vous 
playse  aussy  prendre  lapeyne,  comme  je  sçay 
que  ferez  volunliers,  de  luy  en  escripre  de 
vostre  mayn ,  avecques  ce  que  je  m'asseure  bien 
aussy  que  Villeroy  en  aura  eu  charge  de 
vous,  que  je  prie  prendre  eu  la  bonne  part  ce 
mien  advis  et  croyre  qu'il  n'y  a  rien  qui  soit 
tant  nécessaire  pour  le  bien  de  voz  alfayres 
et  service  que  vostre  bonne  intelligence  en- 
semble, laquelle,  j'espère  en  Dieu,  aiant  par 
sa  bonté  ramené  vostredicl  frère  à  son  deb- 
voir,  qu'il  luy  fera  aussy  la  grâce  de  recon- 
gnoistre  les  grandes  obligacions  qu'il  vous  a, 
l'amour  parfaicle  que  vous  luy  portez,  et  qu'il 
sera  aussy  du  tout  obéissant  et  se  conformera 
entièrement  doresnavant  à  toutes  vos  bonnes 
et  sainctes  intencions.  C'est  ce  que  je  prie  à 
Dieu  tous  les  jours  que  je  puisse  estre  si  heu- 
reuse de  veoir,  comme  j'espère  qu'il  m'en  fera  . 
la  grâce,  pour  le  plus  grand  bien  et  conten- 
tement que  je  puisse  recepvoir  en  ma  vieillesse. 
Cependant  je  vous  diray.  Monsieur  mon 
filz,  que  mon  Glz  le  roy  de  Navarre  et  vostre 
sœur  revinrent  hier  matin  de  Nérac  disner 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


205 


icy,  où  niondict  filz  Je  roy  de  Navarre  a 
cousché;  dont  je  suis  très  ai/,e,  car  chascuii 
congnoist  par  là  la  bonne  intcncion  que  nous 
avons  à  la  paix,  cl  sera  cela  cause  de  faire 
davanlaige  contenir  les  iings  et  les  aullres,  à 
qui  les  mains  démangent  et  qui  ne  cherchent 
qu'à  troubler  et  empescher  ce  bon  et  sainct 
œuvre.  Je  le  pressay  hier  de  se  re'souldre  du 
jour  de  noire  conférence  et  de  la  fayre  à  Vil- 
leneufve,  suivant  la  charge  que  j'avois  donne'e 
à  madicle  fille  de  gaigner  cela  avecques  luy, 
pendant  qu'il  seroyt  audict  JNérac,  où  il  s'es- 
toit  laissé  entendre  qu'il  accepteroit  ledict 
Villeneufve;  mais  il  me  supplia  de  n'en 
parler  poinct  qu'il  n'en  eusl  communicqué 
avecques  leursdictz  députez,  comme  il  feroit 
dedans  ung  jour  ou  deux  qu'ilz  debvoient  ar- 
river, et  que  pour  le  regard  du  jour,  il  ne  se 
pouvoit  dire,  pour  ce  que  leur  re'solucion  es- 
toit  de  ne  commancer  aulcunement  noslre- 
dicte  conférence  jusques  ad  ce  que  la  Réelle 
fust  rendue.  Et  sur  cela,  je  iuy  demanday 
par  escript  la  promesse  qu'il  m'avoit  faicte  de 
me  rendre  Florence,  laquelle  à  l'instant,  par 
l'advis  de  ceulx  de  vostre  conseil  qui  sont  icy, 
je  feys  dresser;  aussy  la  signa-il,  comme  vous 
verrez  par  le  double  que  je  vous  en  envoyé', 
ayant  aussitost  faict  tenir  l'original  audict 
mareschal  de  Biron,  auquel  peu  auparavant 
j'avoys  envoyé  deux  descharges  (ju'il  m'avoit 
escript  que  demandoit  Favas,  lesquelles  je  feiz 
aussy  inconfinant  dresser,  comme  verrez  par 
les  doubles  d'icelles  que  vous  envoyé-;  ayant 
encores  ce  matin  si  bien  presché  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre  qu'il  m'a  accordé  que,  aussi 
tost  que  Guitry  luy  aura  escript  la  Réelle  eslre 
en  ses  mains,  qu'il  me  fera  à  l'instant  rendre 

'  On  trouvera  le  texte  de  cette  tt  Promesse  n  à  VAp- 
pendice. 

^  Ce  sont  les  deux  trdécliargesn  du  5  janvier  1379, 
qui  étaient  si(j'née5  de  Callieriije,  au  nom  du  roi. 


Florence;  m'ayant  aussy  asseurée  que  leurs 
diclz  députez  seront  aujourd'hui  ou  demayn  à 
Nérac  et  qu'aussi  lost  il  les  m'envoira  icy,  pour 
résouldre  le  jour  de  nostre  dicle  conférence. 
Cependant  j'av  laict  aussy  avecques  luy  que 
nous  donnons  enseniblement  charge  à  d'Escars 
et  à  Longs  de  Barrières,  qui  est  fort  bien 
congncu,  pour  aller  en  Ouercy,  Périgord  et 
Limousin,  faire  contenir  ung'  chascun  et  em- 
pescher et  faire  cesser  tous  actes  d'hostillité; 
et  si  envoions  semblables  charges  et  commis- 
sions au  sieur  de  Quélus  et  de  Broquières, 
Arpajon  et  do  Pannat,  qui  l'yront  trouver  et  se 
joindre  avecques  luy,  pour  en  fayre  layre  aussy 
le  semblable  en  Rouergue.  Nous  en  ferons 
fayre  de  mesmes  du  costé  d'Auvergne,  où  les 
choses  se  commencent  à  brouiller;  et  sur  ccste 
occasion,  j'ay  faict  encores  une  recharge  au 
mareschal  deBiron,  l'asseurant  que  si  dedans 
demayn  je  n'ay  nouvelles  que  ceulx  du  chas- 
leau  de  la  RéoUe  ayent  satisfaict  à  ce  qui  a 
esté  advisé,  j'y  iray  moy-mesmes,  aiant  pour 
ceste  occasion  commandé,  en  la  présence  d'ung 
chascun,  au  sieur  de  Lansac  faire  venir  mes 
chevaulx  et  trouver  mon  car  prêt  à  partir  iner- 
credy;  ayant  bien  asseuré  ung  chascun  que 
s'ilz  me  donnent  la  peyne  d'y  aller,  je  feray  si 
bien  chastier  le  général  Gas  et  les  deux  con- 
seillers qui  m'avoient  promis  que  ceulx  dudict 
chasteau  obéiroient,  que  c'en  sera  exemple  à 
tous  ceulx  qui  me  tiennent  icy  au  bien  de  vostre 
service;  vous  asseurant,  Monsieur  mon  filz, 
qu'il  ne  se  passe  une  seulle  ininutte  d'heure 
que  je  ne  l'emploie  entièrement  à  tout  ce  que 
je  pense  qui  peult  servir  pour  accellérer  le  faict 
de  ladicte  la  Réolle,  le  jour  et  l'heure  de 
nostredicle  conférence,  et  pareillement  pour 
faire  contenir  cependant  les  ungs  et  les  aultres 
et  les  garder  de  faire  encores  quelque  nouvelle 
brouillerye,  qui  nous  puisse  encores  accrocher 
ou  retarder,  dont  j'ay  extresmc  crainte. 


200 


LETTllES  DE  CATHERINE   DE  MEDICIS. 


\o  voiilaiil  ;ms>y  oublier  de  vous  dire  (|ue, 
estant  iiy  venu  unff  des  gens  du  rolonel  des 
Corses,  fdiln  (]uej'escri|ivisse,  conimej'ay  l'aiet, 
pour  lesdieles  assignacions  que  ieur  aviez  faict 
bailler  de  leur  paienienl  sur  la  rece]ite  géné- 
ralle  de  Béziers,  et.  aussy  pour  sollVir  à  me 
venir  trouver  si  j  a\ois  besoin  d'eux,  j'ay  veu 
par  les  leelres  (|u'il  m'a  apportées  de  Provence 
i|ue  les  choses  y  sont  en  très  niaulvais  estât. 
Et  jjourccste  occasion,  je  l'aiz  une  bien  ani[)le 
et  expresse  dépcsclie  au  sieur  de  Suze,  à  la 
court  de  Parlement,  au  jirésident  des  Arches 
l't  à  tous  ceulx  <pii  peuvent  si'rvird'un  costé, 
et  jtareillenient  a  ceulx  qui  peuvent  servir  de 
l'aullre,  allîn  que  cliascun  s'emploie  à  com- 
jtoser  amiablement  les  diflicultez  et  mauvaises 
inlelligences  (|ui  sont  causes  de  ce  mal,  n'ou- 
bliant rien  de  tout  ce  qui  se  peultpour  inciter 
les  unijs  et  les  aullres  à  cela,  attendant  que  je 
puisse  avoir  laict  icv  ]muv  m'y  acheminer.  Ce- 
pendant je  conlinueray  tousjours  à  y  l'ayrc  par 
lectres  tout  ce  qui  sera  possible,  comme  aussy 
Tault  il,  s'il  vous  plaisi,  que  lassiez  do  voslre 
part  et  ([lie  teniez  ce  niesme  chemyn  que  je 
l'aiz,  pour  composer  amiablement  et  non  pas 
par  la  l'orce  les  diirérends  d'entre  ceulx  ()ui 
sont  cause  de  tout  cecy.  (]ui  à  la  lin  vous 
pourroit  alliener  la  bonne  vohmte  que  vous 
doibvent  et  ([ue  vous  ont,  comme  j'ay  con- 
gneu ,  loujouis  jiortée  voz  subjeclz  en  ceste  |)ro- 
vince-là,  estant  très  niaul\ais  que  les  soldatz  de 
la  religion  pre'lendue  reformée  qui  estoient  de- 
dans Menerbe  soient  aile  trouvère!  joindre  les 
forces  (pi'onl  ledict  sieur  de  Carces  et  de  A  ins; 
sur  ipioy  je  suis  bien  d'advis  que  leur  faictes 
pronqitemeni  unedépesche,  pour  leur  remons- 
trer  le  tort  qu'ilz  se  font  d'apeler  et  atirer  à  eulx 
telles  gens ,  avec(jues  les  aullres  bonnes  parolles 
et  raisons  qui  se  peuvent  et  seront  fort  à  pro- 
pos sur  ce  suhject,  poui' les  garder  d'entrer  en 
ligne  d'union  avec(]iies  b^sdictz  de  la  religion. 


Je  pense  (pie  mon  cousin  le  (irand  Prieur 
me  viendra  bien  tost  trouver,  suivant  ce  que 
je  lui  ay  si  expressément  esciipt  et  que  j'ay 
veu  par  ses  lectres  qu'il  eust  laict,  il  y  a  long- 
temps, s'il  eust  en  le  moien.  mais  il  n'avoit 
ung  liard,  comme  encore  esfim(>-je  qu'il  en  est 
très  mal  garny.  Toulesfoys  je  le  luy  ay  si  ex- 
pressément mandé  (pu^  j'estime  (ju'il  n'y  fanl- 
diii  |>as  ceste  loys.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz.  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Porl-S'^-Marie,  le  jour  et  feste 
des  Rovs. 


1079.  • —  G  j.u]\ior. 
Copie,  lïilii.  liai.,  Fonds  fnuivais ,  n^  ."îr.oo,  0'  luS  r^ '. 

[AU   CAPITAINE   FVVVS.] 

Cappitaine  Favas,  je  vous  prie  ne  faire 
aucune  difficulté  d'elfectuer  de  vostre  part  les 
choses  que  nous  avons  accordi'es,  mon  filz  le 
roy  de  Navarre-  et  uioy,  pour  le  faict  de  la 
Réolle  pour  le  donbte  où  vous  et  tous  autres 
de  vostre  party  pourriez  estre  d'estre  recher- 
chez de  ce  (pii  est  advenu  en  la  reprinse 
qu'avez  l'aide  des  villes  de  ladicte  Réolle, 
depuis  la  surprinse  du  chasteau,  ensemble  des 
levées  de  deniers,  vivres,  munitions  et  autres 
contributions  qui  ont  esté  faites  à  ceste  occa- 
sion, et  pareillement  pour  la  levée  de  deniers 
qui  a  esté  aussi  laide  sur  les  basteaiiix  et 
marchandises  passans  sur  la  rivière,  à  quelque 
pris  et  sonune  que  cela  se  j)uisse  monter.  Car 
je  vous  asseure  et  proinedz  par  ceste  lettre 
que  vous,  ny  ceulx  qui  estoient  avec  vous  et 

'  Eu  raar^'o  :  tr.Vulre  dcsdiarye  pour  l(>(lil  Favas.» 
-  Le  iiR'mc  jour,  lo  rui  (te  Navarre  remcllail  à  la  reine 
nièie  iMie  piète  aulli(?nlique,  par  iaiiiielle  il  s'nngageait, 
aiissilôl  la  Revoie  remise,  de  lui  rendre  Fleurrance;  et  il 
deiiiandail  en  même  temps  qu'on  lui  rcsliluàl  Lauzerle. — 
Voir  à  VAiipciidicc  :  -rPromesse  du  roi  de  Navarre,  elc.n 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


207 


qui  s'en  sont  entremis  do  vostrcdict  parly, 
n'en  serez  jamais  recherciiez,  mais  demeurera 
cela  tout  ainsi  que  si  c'estoit  des  cas  remis 
par  i'édict  de  paciffication  et  qu'il  feust  ad- 
venu au  paravant;  et  afEn  que  vous  eteuixen 
soiez  encores  plus  asseure',  ceste  lettre  sera 
attachée  soubz  le  placquart  de  mes  armes  au 
vidimus  des  lettres  patentes  que  le  Roy 
moudit  S'  et  filz  a  faict  expédier  pour  cest 
efVect,  dont  j'envoye  l'original  à  mon  cousin 
le  maresclial  de  Biron. 

Faict  au  Port-Sainle-Marye,  le  v' janvier 
1079. 


1579.  —  5  janvier. 

Orig.  Bibl.  iiol. .  Fonds  fronçais,  n"  3a'i8,  f  35. 

A  iMOi\  COLSm 

LE   S'  DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  \ostre  lettre  du  xxix°"'du  mois 
passé  me  feust  hier  baillée,  mais  n'ay  poinct 
eu  l'aultre  précédente  par  laquelle  vous  dictes 
m'avoir  advertye  de  la  surprinse  faicte  par 
cculx  de  la  Rellljjion  prétendue  reflbrmée  de 
la  ville  de  Clermont  de  Laudève,  où,  comme 
j'ay  veu  par  voslredicte  lettre  du  xxix^S  ilz 
n'out  demeuré  dedans  que  vingt-quatre  heures 
qu'ilz  n'en  ayent  esté  chassez,  y  estant  mort 
deux  de  leurs  principaulx  cappitaines  et  beau- 
coup de  ceulx  qui  avoient  faict  ladicte  entre- 
prinse,  dont  je  suis  fort  ayze.  Je  l'ay  dicl  à 
mon  filz  le  roy  de  .\avarre  et  à  mon  cousin 
.le  vicomte  de  Turenne,  qui  m'ont  dict  qu'il 
estoit  bien  employé,  monstrans  que  toutes  les 
entreprinses  qui  se  font  en  Languedoc  par 
ceulx  de  ladicte  relligion  ne  se  tentent  aucu- 
nement par  leurs  intelligence  el;  aussy  qu'ilz 
sont  bien  marrys  de  tous  ces  actes  d'hostillité; 
toutesfois  j'en  croiray  ce  que  je  vouldray,  et 
vous  diray  que  j'arrivay  mardy  en  ce  lieu,  où 


nous  convaucasmes  hier  nostre  conférance, 
espérant  ([ue  dans  quatre  ou  cinq  jours  nous 
prandrous  quohjue  bonne  résolution,  ne  pou- 
vant encores  que  vous  en  escrire,  sinon  (jue 
je  suis  bien  résolue  de  n'adjouster  ny  dimi- 
nuer à  r('dict;  bien  feray-je  ce  qui  sera  rai- 
sonnable pour  le  regard  dcsseiuetéz  des  ungz 
et  des  aulties,  et  vous  manderay  souvent 
comme  les  choses  se  passeront.  Cependant  ilz 
dient  qu'ilz  envoiront  ung  des  depputez  de 
Languedoc  pour  faiie  cesser  tous  actes  d'hos- 
tillité, monstrans  de  voulloir  que  nous  l'eis- 
sions  ceste  dépesche  là,  ensembles  que  j'y 
envolasse  de  ma  pari;  niais  pour  ce  que  j'ay 
tou.sjours  congneu  que  quand  nous  en  avons 
ainsy  usé,  il  ne  s'est  rien  effectué  de  leur 
part,  j'ay  remis  à  eulx  d'en  faire  faire  de  leur 
costé  les  dilligences,  et  hmr  ay  asseuré  que  je 
vous  avois  dernièrement  faict  sur  cela  une  si 
bonne  dépesche  et  partout  ailleurs,  où  il  en 
estoit  besoing,  que  je  m'asseurois  (|ue  de  nostre 
part  il  ne  se  feroit  aucune  chose  au  préjudice 
de  l'édit.  Je  vous  diray  aussy  que  je  vous  ay 
faict  ample  responce  à  toutes  voz  dépesches 
par  l'homme  du  s'  de  Suze,  priant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saiiicte  et  digne  garde. 

Escript  au  Porl-Saincte-Marie,  le  v"'  jour 
de  janvier  1079. 

De  sa  main  :  Vostre  bonne  cousine, 

CvTERIXE. 


1579.  —  6  janvier. 

Orig.  Bibl.  uat. ,  Fonds  français,  n''  33'i5,  f"  38. 

A  MON  CODSIN 

LE   S'  DE  DAMVILLE, 

MARBCQAL   DB    FRANCE,    GODVSHNSOR    ET    LIEUTENANT   GKNFIBAL 
POUR  LE   BOY   UONe-ISDR  MON   FILS  EN  LANGUEDOCQ. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  la  lettre  ipie  m'avez 
escripte  par  ces  porteurs,  suivant  laquelle, 
après  avoir  veu  Testât  que  m"a  icy  monstre  le 


208 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


s'  évesque  deVallence,  tant  de  la  recepte  que 
des  assignations  qui  sont  sur  la  générallité 
de  Be'ziers,  je  leur  ay  faict  une  ordonnance 
par  laquelle,  après  ce  que  j'ay  ordonné  pour 
Beaucaire  satisfaict,  je  mande  aux  tre'soriers 
géne'raulx,  contreroUeur  et  receveur  ge'nérauk 
faire  rournir  ce  qui  est  assigne'  sur  ladicle  re- 
cepte pour  les  Corses,  à  qui  je  vous  prie  tenir 
la  main,  suivant  le  contenu  de  l'ordonnance 
que  je  leur  en  ay  baillée  pour  lesdictz  trésoriers 
géne'raulx,  conlrerolleur  et  receveur  géné- 
raulx;  car  je  sçay  Lien  que  c'est  l'intention 
du  Roy  mondict  S'  et  filz  que  lesdictz  Corses 
soient  paiez,  ainsy  qu'il  est  raisonnable, 
ayans  tousjours  très  bien  et  fidellement  servv. 
Et,  en  attendant  que  je  vous  renvoyé  le  gentil- 
homme que  m'avez  icy  dépesché,je  vousdiray 
que  j'espère  que  dedans  peu  de  jours  la  RéoUe 
sera  remise  suivant  l'édict,  y  ayant  encores 
renvoyé  mon  cousin  le  marescbal  de  Biron,  et 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  le  s''  de  Guitry,  pour 
effectuer  ce  que  nous  en  avons  accordé.  Et, 
aussy  tost  que  cella  sera  faict,  nous  comman- 
cerons  la  conférence,  laquelle,  j'espère,  ne  du- 
rera guères,  et  que  bien  tost  nous  aurons  résolu 
toutes  clioses  au  bien  de  la  paix;  en  quoy  ce 
que  nous  avons  faict  pour  le  Dauphiné  nous 
aydera  beaucoup,  pour  ce  que  nous  n'aurons 
qu'à  suivre  cela,  qui  n'est  autre  chose  que  ce 
qui  est  porté  par  l'édict,  dont  tous  ceulx  de 
la  Relligion  se  veullent  bien  contenter,  à  ce 
que  j'entendz,  de  sorte  que  je  ne  plaindray 
pas  mon  voiage,  ny  mes  peynes,  puisque  nous 
en  aurons  si  bonne  ysseue.  Pliant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  au  Port-Saincte-Marie,  le  vi"jour  de 
janvier  1579. 

De  sa  main  :  Mou  cousin,  je  ne  veuk  l'allé' 

•  Falle,  faillir. 


de  vous  mender  que  le  Roy  mon  fils  m'a 
mendé  par  le  sieur  de  Dinteville,  qui  vient  de 
Flandre  devers  mon  fils  d'Anjou,  cornent  yl 
est  retourné  en  cet  royaume;  ayspère  que,  à 
présant,  n'est  pas  louin  de  Paris.  Je  vous  lèse 
panser  cet'  je  an  suis  ayse,  veu  mesmement 
que,  à  cet-  qu'il  m'a  dist,  n'eust  jeamès  plus 
d'afection  et  de  volunlé  de  cet  conformer  à 
tout  cef^  qu'il  pleirè  au  Roy.  Yl  ne  me  reste 
reste  plus  sinon  qu'il  pleyse  à  Dieu  que  je 
fase  à  cete  conférense  cet  que  je  désire  et  que 
nostre  médesin,  qui  est  aie  à  Paris,  ne  falle 
poynt  à  cet  qu'il  ayspère.  Je  m'aseure  que 
m'aconpagnés  à  cet  ayse  et  au  suhayst'  que  je 
foys;  je  vous  prie  feyre  mes  recomendalion 
lia  vostre  femme.  Monsieur  de  Monmorensis 
ayst  à  Paris  et  ha  esté  à  cet  nevaulx  *  haurdrc 
des  comendes*. 

Votre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  6  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n^  iSgoS,  P  aho. 

A  MESSIEURS 

DU  CONSEIL  D'ESTAT  ET  PRIVÉ 

ET  INTENDANS  DES  FINANCES 

DU  ROr   MONSIEUR   M0>'    FILZ. 

Messieurs,  frères  Anthoine  Abelli  et  Michel 
Fère, prédicateurs  et  confesseurs  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  qui  sont  icy  à  ma  suite  et 
service,  m'ont  faict  entendre  que  leurs  pen- 
sions qu'ilz  ont  sur  la  recepte  généralle  de 
Paris  leur  a ,  ces  années  passées ,  esté  retranché , 
et  pour  ce  que  c'est  le  seul  moien  de  leur  en-. 

'  Cet,  si. 

^  Cet,  ce. 

■''  Suhuist,  souhait. 

*  NevauLr,  nouveaux. 

^  Ainsi  écrit. 


LETTRES  DE  CATH 

Ireténenicnt ,  servaiis,  comme  ilz  fonl,  au 
Roy  inoudict  S'  et  filz  et  au  publicq,  vous 
ay,  à  ceste  occasion,  bien  voullu  prier  que, 
lorsque  ve'rifierez  Testât  des  charges  de  la 
receptegéne'ralle  de  Paris,  vous  laissiez  tonds 
au  receveur  d'icelie,  aflîn  (jue  doresnavant  il 
ayt  raoien,  suivant  l'entretien  du  lioy  mondict 
S'  et  filz,  de  satisHaire  et  bien  paier  lesdictz 
Abelliet  Fere,  comme  il  est  bien  raisonnable. 
Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript   au   Port-S'^-Marie,    le  vi"  jour  de 
•anvier  i  îj'jij. 

\a\  bien  vostre, 

Caïerine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


2()'J 


1579.  —  G  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat. ,  Ft>n'ls  franvais,  n"  15905,  f"  256. 

A   MONSIEl  K   DE   BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Belièvre,  depuis  la  responce 
que  vous  ay  faicte  aux  lectres  que  m'escrip- 
vites.  il  y  a  quelques  jours,  à  vostre  retour  de 
Norniandye,  j  ay  reccu  celles  que  m'avez  aussi 
escriptes  du  xvi  et  x.wi"  du  passé,  aiant  veu 
par  icelles  comme  vous  n'avez  peu  rien  faire 
pour  ces  pauvres  garsons  (]ui  sont  en  oslagc; 
à  quoy,  comme  vous  dictes,  tous  les  bons  ser- 
viteurs se  doibvent  employer.  Je  vous  prie  en 
parler  au  Conseil  et  qu'il  soit  advisé  de  faire 
quelque  cbose  pour  les  tirer  bois  du  danger 
et  de  ia  niizère  où  ilz  sont,  il  n'y  a  que  troj) 
long  temps,  pour  l'honneur  et  re'pulation  du 
Roy  monsieur  mon  lilz,  que  je  m'asseure 
trouvera  bon  ce  que  l'on  prandra  et  destinera 
pour  culx  es  moieus  plus  promplz  (jue  l'on 
pourra  trouver  dont  il  se  verra  pouvoir. 

J'ay  aussi  veu  comme  vous  estie's  en  déli- 
bération de  parler  à  mondict  S'"  et  fils  pour 
le  faict  des  traites  pour  la  sortye.  Je  désire- 
CiTHBniNE  m:  Médicis.  —  vi. 


rois  bien  que  l'on  eusl  pris  une  bonne  réso- 
lution, principaiit'iiient  sur  ce  (pii  est  du  blé 
et  du  vin.  (jui  doibt  estre  transporté  du 
royaume;  car  ia  noblesse  de  ce  ])ai's  se  plainct 
fort,  et  celle  aussi  de  Languedoc,  de  ne  se  pou- 
voir desfairc  de  leursdicts  bledz  et  vins;  car 
ilz  n'ont  nul  moyen  d'avoii'  argent  ipie  de 
cella.  J'en  escripviz  au  s"^  Brularl,  n'ainnt  pas 
encores  lors  veu  ce  que  m'en  déduisez  en 
vostre  leclre;  je  vous  prye  en  conférer  en- 
semble ;  et  regardez  d'en  parler  au  Roy  mon- 
dict S"'  et  fils,  et  faictes  promptement  que  l'on 
envoyé  des  lectres  patentes  pour  contenter  la- 
dicte  noblesse  ad  ce  qu'elle  puisse  se  desfaire 
de  sesdictz  bledz  principallemenl;  je  pense 
avoir  oy  et  entendu  de  plusieurs  d'entre  eulx, 
qu'ilz  sont  contens  de  paier  la  dasse  ',  mais 
je  ne  sçay  si  c'est  poinct  seullement  ia  vieille 
coustume;  car  je  y  ai  pensé,  et  me  semble  (jue 
les ungs  disoient  ladicte  vieille  coustume,  et  les 
aultres  ce  que  porte  le  nouveau  et  dernier  édil  : 
je  n'en  suis  pas  bien  asseurée  ;  mais,  en  quelcpie 
sorte  que  ce  soit,  en  attendant  que  l'édit  soit 
vérifTié,  envoyez  lesdictes  lectres  patentes  dont 
j'escriptzaudicts'Brulart,  ou  (juelques  aultres, 
en  sorte  (pi'ilz  ne  soient  poinct  enipescliez  de 
vendre  leursdiclz  bleds  principallement  et 
aussi  leursdiclz  vins.  Cependant  je  vous  diray 
que,  considérant  bien  ce  que  m'escripvez  de 
vostre  advis  sur  les  remèdes  de  ces  brouilleryes 
des  provinces,  je  trouve  que  vostre  oppinion 
par  la  voye  de  la  douceur  est  bien  la  meil- 
leure; j'en  escripvis,  il  y  a  deux  jours,  avant 
que  j'eusse  receu  vostre  leclre  et  suis  de  vostre 
niesme  oppinion.  Touteffois  je  remectz  à  la 
prudence  du  Roy  et  des  gens  de  bien  (pii 
sont  auprès  de   luy  clairvoians  et  capables, 

'  Dace  e(  dasse,  imposition,  sulisides.  —  Voir  dic- 
tionnaires Nicot,  Vossius,  Oudin,  Alonet,  La  Curnp  de 
Sainte-l'aiayo.  Le  mol  est  très  usilo  an  xvi°  siècle.  On 
disait  (lacer  pour  triniposer,  taxein. 

27 

lycrniLniE   5atio\:1I.e. 


210 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


de  ce  qu'il  en  advisera  par  la  plus  seure  et 
grande  oppiniou.  Et,  pour  ce  que  vous  verrez, 
par  mes  dépesches  Testât  en  quoy  sont  les  af- 
faires de  deçà,  je  ne  m'estendray  par  ceste  cy 
que  pour  prier  Dieu,  Monsieur  de  Belièvre, 
vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  au   Port-S"-Marye,  le  vi'  jour  de 
janvier  1679,  au  soir. 

La  bien  vostre, 

Cateriive. 


1579.  —  8  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n°  iSgoS  ,  f°  aij. 

A  MONSIEUR  DE   BELLIÈVRE^ 

Monsieur  de  Belièvre,  mon  cousin  ie  mar- 
quis de  Conti  m'a  faict  entendre  qu"il  a  pieu 
au  Roy  monsieur  mon  filz  luy  accorder  une 
pension  de  six  mil  livres  à  prendre  sur  la  re- 
cepte  généralie  de  Rouen,  et  pour  ce  qu'il 
mérite  en  tout  ce  qui  le  tousche  d'estre  bien 
et  favorablement  traicté,  je  vous  faiz,  à  ceste 
occasion,  ce  mol  de  lettre  pour  vous  prier 
tenir  la  main  ad  ce  que,  lors  que  l'on  fera 
Testât  des  finances  et  charges  qui  seront  à 
acquicter  sur  icelles  pour  la  pressente  anne'e, 
ladicte  pension  y  soit  employe'e  ensemble  ce 
qui  est  deu  d'icelle,  ayant  pour  ce  donne' 
charge  au  s'  d'Escars,  oultre  ce  que  dessus, 
vous  en  parler  et  prier  encores  de  ma  part. 
N'estant  la  présente  à  aultre  fin,  prieray  Dieu, 
Monsieur  de  Belièvre,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  viii'=  jour 

de  janvier  1679. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


'  Bien  que  les  manuscrits  portent  Belièvre,  nous 
écrivons  Bellièvre  dans  ie  titre;  et  c'est  toujours  ainsi 
que  signait  le  chancelier. 


1579.  —  10  janvier. 

Orig.  Bii)l.  nat.,  Fonds  français,  n"  10905,  f°  958. 

A  MONSIEUR  DE  BELLIÈVRE. 

Monsieur  de  Belièvre,  je  vous  prie  avoir  le 
sieur  conte  d'Escars  en  telle  recommandation 
pour  le  faict  de  son  filz ,  et  aussi  pour  son  parti- 
culier de  luy  mesnie,pour  la  somme  qui  luy  a 
esté  accordée,  et  que  vous  savez  qu'il  le  mérite, 
et  vous  me  ferez  très  grand  plaisir;  car  j'ay 
regret  et  ennuy  de  veoir  son  filz  si  longtemps 
détenu  et  encores  en  danger,  et  luy,  pour  ceste 
occasion ,  constitué  en  grans  frais ,  comme  il  ne 
peult  estre  aultrement,  et  que  savez  fort  bien. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Belièvre,  vous  avoir 
eu  sa  saincte  et  digne  garde. 

Au  Port-S'^-Marie ,  le  x'  de  janvier  1679. 

De  sa  maiti  :  Je  vous  prie  qu'il  s'au  viegne 

content  et  pour  son  fils,  car  c'et  justice. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1579.  —  8- 10  janvier. 
Copie.  Bibi.  nat..  Fonds  français ,  d^33oo,  (*  n8v*'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  depuis  l'arrivée  du 
sieur  de  Dintheville-,  sur  le  voiaige  duquel  je 
vous  ay  dépesché  l'abbé  de  Gadaigne,  j'ay 

'  En  marge  :  <t  Envoyée  au  Roy  par  M.  de  Maintenon.  n 
-  Joachim,  seigneur  de  Dintevilio,  né  à  Cliaumont 
en  Bassigny  vers  i54o,  s'attacha  de  bonne  heure  au 
roi  et  lui  rendit  des  services;  il  était  capitaine  de  cin- 
quante hommes  d'armes;  très  bon  catholique,  il  favo- 
risa un  iustiint ,  ainsi  qu'Henri  de  (iuise,  l'entreprise  du 
duc  d'Anjou  aux  Pays-Bas.  Il  fut  nommé,  en  1579, 
lieutenant  général  au  gouvernement  de  Champagne  et 
continua  à  jouer  un  rôle  important.  —  Voir  la  brochure  de 
M.  Éd.  de  Barthélémy  intitulée  :  Correspondance  inédite 
de  M.  de  Dinleville,  1579-1086.  Arcis-sur-Aube ,  1880, 
in-S". 


LETTRES  DE  GATHI- 

advisé  de  vous  renvoyer  le  sieur  do  Maintenon , 
et   retenir   icy   iedict  Dinlhevilie  jusques  au 
jour  de  nosire  confe'rence,  atfin  (jiie  par  iuv 
je  vous  puisse  faire  entendre  quel  sera  nostre 
commanremcnt   et   iVspëranco   que   nous  en 
aurons.  Cependant  Iedict  sieur  de  Maintenon 
vous  rendra  compte  de  toutes  les  particuila- 
ritez  des  diverses  affayres  qu'il  a  veu  traicter 
journellement  par  deçà,  ainsi  et  à  toutes  oc- 
casions qui  se  sont  pre'sente'es  où  je  Tay  tous- 
jours  faict  assister,  comme  il  estoit  bien  rai- 
sonnable,  tant  pour   ce  qu'il    est   de  vostre 
Conseil  que  pour  avoir  son  advis,  comme  des 
aultres  sieurs  qui  sont   icy,  sur   les   choses 
qui  le  requerroient  pour  le  bien  de  vostre  ser- 
vice;  en  <ltioy   il  s'est  fort  dignement  com- 
porte', et  atlîn  aussy  qu'il  vous  peusl  mieulx  et 
plus  particulièrement  faire  entendre  Ui  tout, 
ainsy  que  je   m'asseure  bien  quil  fera  fort 
amplement.  Et  m'en  remettant  à  sa  suffisance, 
pour  ce  aussy  qu'il  n'est  rien  survenu  depuis 
les  fre'quentes  dépesches  que  vous  ay  faictes 
tous   ces  jours  icy,  mesnies   hier  par  Iedict 
abbé  de  Gadaigne,  je  nestenderay   cestc-cy 
davantaige  sur  lesdictes  affayres  dont  je  vous 
ay  escript;  mais  vous  prieray  le  croire  et  ad- 
jouster  foy  à  luy  comme  à  moy  mesmes  de 
tout  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part  sur  les  par- 
ticuUaritez  que  me  mandastes  de  bouche  par 
Juy  et  sur  aulcunes  que  j'ay  aussi  commises 
à  sa  fidéllité  par  vous  tant  de  fois  esprouvée, 
lesquelles  je  m'asseure  ipi'il  vous  saura  aussi 
bien  représenter,  comme  si  je  vous  escripvois 
de  ma  main.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-S'°-Marie,  le  vni"°"'  jour 
de  janvier  1679. 

Monsieur  mon  filz  ',   despuis   ceste  lectre 

'  En  titre  :   tt  Postscript   de    la    ilépesclie  du  s'  de 
Maintenon.B 


RINE  DE  MÉDICIS.  211 

escripte,  j'ay  sceu  comme  Clervanf-^,  revenant 
de  Flandres,   est  passé    par  Champaigne  et 
Bourgongne  et  qu'il  y  a  veu  et  coinuuinicqué 
avec  ceulx  qui   y  sont,  qui   me   l'ait   penser 
ce  que  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  le  vi- 
conte  de  Turenne  m'asseurèreni  ces  jours-icy, 
qui  est  que  ceulx  qui  veullent  brouiller  voz 
pro\inces  les  avoient  faict  rechercher  et  leur 
avoienl  offert  de  grandz  moiens  et  seuretez 
pour  se  joindre  avec  eulx  en  l'exécution  des 
maulvaises  voluntez  qu'ils  ont.  Je  tascheray, 
tant  (]u'il  me  sera  possible,  à  pénétrer  en  cella, 
où  je  veoy  quelque  aparence  de  V('rilé,  pour 
lesdictes   offres   et   seuretez,  qui  sont,  entre 
autres,   ({u'il  leur  seroit  baillé  des   enffans, 
qu'iiz  envoieroienf    et  mecteroient  es   mains 
de  ([ui  bon  leur  semlileroit  dedans  ou  dehors 
ce  royaulme,  et  leur  fourniroient  de  l'argent, 
qui  seroit  mis  en  despos,  comme  j'ay  déclaré 
audict  sieur  de  Maintenon  pour  le  vous  faire 
plus  amplement  entendre.  Cependant  je  vous 
diray  aussy  que  je  pense  que  ce  (pii  a  tant 
faict  tarder  vostredict  IVère  le  roy  de  Navarre 
et  Icsdictz  de  la  Religion  à  entrer  en  confé- 
rence avec  moy,  pour  l'exécution   de   l'édict 
de  pacifficacion,  a  esté  qu'iiz  attendoient  le 
retour  dudict  Clervant  ou  de   Chassincourt. 
Aussi  y  a-il  en  cela  grande  apparence  ;  car  hier, 
aussitost  que  Iedict  Clairvant  (qui  ne  va  que 
de   nuit)   fut  arrivé  à  Nérac,  ilz  envoyèrent 
icy  le  cbancellier  Gratin,  qui  n'est  pas  bien 
avant  de  leur  conseil  secret,  pour  apporter  les 

^  Jean-Autotne  de  Vienue,  seigneur  de  Clervajit, 
dont  il  a  été  longuement  question  dans  la  lettre  de  la 
reine  mère  des  4-5  octobre  (voir  plus  haut,  p.  5o  et 
3uiv.),  était  ungentilhommehnguenot,  très  dévoué  au  roi 
de  Navarre  et  envoyé  souvent  par  lui  comme  négocia- 
teur en  Allemagne.  11  avait  été  battu  par  le  duc  de  (îuise 
à  Dormans.  Les  bistoriens  du  temps  impriment  son  nom 
indilVéremment  Clervant  ou  Clervaut;  mais  de  Tliou  l'ap- 
pelle VJervantms ,  et  les  rares  lettres  qu'on  possède  de 
lui  sont  signées  :  Cleirant. 


212 


LETTRES  DE  GATH 


commissions  et  iectres  que  je  vous  ay  escriples 
par  aw  dernière  de'pesclie  que  nous  avions 
accorde'es  dVnvoier  à  Quercy,  Rouergue,  Au- 
vergne, Périgort  et  Limosiu,  pour  faire  cesser 
tous  actes  dhostiiiité  el  re'parer  les  innova- 
tions et  contraventions  qui  ont  esté  faictes 
à  vostre  e'dict,  principaliement  depuis  la 
Re'olle.  Et  cependant  que  Icdict  chancellier 
Gratin  estoit  icy,  ilz  oyreut  ledict  Clairvant  et 
tindrent  conseil  audict  Ne'rac,  oii  j'ay  envoie 
aujourd'hui  ledict  sieur  de  Maiutenon  prendre 
congé  de  mondict  filz  le  roy  de  Aavarre  et  le 
prier,  en  vostre  nom  et  de  ma  part,  de  ne 
nous  tenir  plus  en  longueur,  mais  se  résouldre 
du  lieu  et  du  jour  de  ladicte  conférence,  l'en 
presser  suivant  l'instruction  et  la  charge  que 
lui  aviez  donnée,  quand  il  est  venu  icv,  et  luy 
remonstrer  de  rechef  le  grand  préjudice  que 
c'est  à  vostre  service  de  me  tenir  eu  si  grande 
longueur  et  le  tort  qu'il  se  faict  à  luy-mesmes. 
Ledict  sieur  de  Maintenon  vous  dira  ce  qu'il 
en  a  peu  rapporter.  Et  cependant  je  vous  diray 
que  ledict  Ciervant  s'est  laissé  entendre  à  quel- 
qu'un qui  luy  est  parent  et  famillier  amy,  et 
de  voz  bons  serviteurs  et  des  miens  et  bien 
affectionné  à  vostre  service,  que  l'on  avoit,  de 
vostre  part,  offert  et  promis  au  Cazimir,  pour 
empescher  de  tourner  les  reistres  qu'il  avoit 
en  Flandres  en  vostre  royaulme,  de  le  paier 
au  jour  et  leste  de  Noël  dernier  dune  bonne 
partye  de  ce  qui  luy  est  par  vous  deub  et  à  ses 
colonelz;  mais  qu'il  s'en  estoit  mocqué,  disant 
qu'il  savoit  bien  que  vous  n'en  aviez  pas  le 
moieu,  mais  qu'il  vous  donneroit  termes  jus- 
ques  à  la  festc  de  Pacques  prochain  et  que,  si 
vousyfailliezàcejourlà,  il  assembleroit  toutes 
les  bagues  que  vous  luy  avez  baillées  et  à  ses- 
dictz  coUonelz  en  gaige,  iesvendroit,  et  de  l'ar- 
gent qu'ilz  en  pourroient  recouvrer  feroient  une 
grosse  levée  des  reistres  qu'iiz  sont  bien  dé- 
libérez d'amener  à  ce  printemps  en  vostredict 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

royaulme  pour  avoyr  leur  paiement,  si  vous 
ne  donnez  ordre  de  les  satisfaire  et  contenter 
entre  cy  et  ledict  jour  de  Pasques;  comme 
ledict  Ciervant  s'est  aussy  laissé  entendre  qu'il 
y  auroit  moien,  dont  je  crois,  aux  termes  qu'il 
en  parle,  que  l'ouverture  en  a  esté  faicte  sur 
ce  que  je  vous  ay  cy  devant  prié  de  faire 
tenter  soubz  main  tous  moiens  pour  arrester 
le  mal  et  préjudice  que  pourroit  faire  ledict 
Cazimir  à  vostre  service,  me  souvenant  que 
m'avez  escript,  dès  lors  que  le  sieur  de  Be- 
lièvre  estoit  en  Flandres,  n'y  avoir  rien  oublié, 
qui  a  esté  très  bien  faict;  car  je  veoy  bien 
qu'il  sera  facille  darrester  le  mai  qui  pourroit 
venir  dudict  Cazimir  par  l'ung  des  trois  moiens 
dont  ledict  Ciervant  a  parlé  :  le  premier, 
que  mon  fiiz  le  roy  de  Navarre  ayiant  des 
terres  en  Flandres,  il  s'asseure  qu'en  faisant 
par  vous  récompense  d'aultres  terres  en  ce 
royaulme  à  mondict  filz,  qui  ne  demande  pas 
mieulx,  et  baillant  les  siennes  dudict  païs  de 
Flandres  audict  Cazimir,  vous  le  contenteriez. 
Je  ne  suis  pas  d'advis  de  cela,  car  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  n'a  que  trop  de  terres 
en  vostre  royaulme,  et  puis  ce  seroit  trop  ap- 
procher dudict  Cazimir  et  fortifSer  d'aultant 
le  prince  d'Orenge,  qui  peut-être  le  dési- 
reroit.  Voylà  pourquoy  je  ne  trouve  celluy  là 
nullement  bon.  Il  parle  aussy  du  conté  de 
Neufchastel,  qui  est  à  Messieurs  de  Longue- 
ville;  à  cestuy  là  y  auroit-il  plus  d'aparence, 
si  ceulx  de  ladicte  maison  de  Longueville  le 
vouUoienl,  ne  voyant  personne  qui  soit  pour 
conduire  cela  plus  à  propos  que  ledict  sieur 
de  Belièvre;  car.  en  ce  faisant,  vous  obligerez 
ledict  (jazimir  et  le  tiendriez  subject  comme 
soubz  vostre  alliance  des  Suisses.  Il  y  en  a 
encores  ung  aultre,  qui  me  semble  qui  sera 
le  plus  aizé  de  tout,  c'est  de  récompenser 
ledict  Schomberg  de  dix  ou  douze  mil  livres 
de  rente  qu'il  a  en  Allemagne,  dont  j'estime 


LETTRI'S  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


'2\'^ 


qu'il  sera  bioii  ai/c  dn  son  dt'll'airo  et  aizé 
d'en  ti'aictor  avec  luy,  et  los  Laillor  audiri 
Caziiiiir;  mais  je  ne  sçav  si  cela  seul  dudirt 
Schoinberg  seroit  sutBsant  pour  contenter 
ledict  (".azimir,  car  ledict  de  (Jlervaiit  parloil 
aussy  dadjouster  aux  terres  dudict  Schoin- 
berg Comniercy,  appartenant  à  La  Rochepot, 
avec  ieqnei  il  seroit  peult-estre  bien  aizé 
d'en  convenir;  mais  je  considère  que  mon 
lilz  de  Lorrayne  a  la  moictie'  audicl  flom- 
mercv.  Toutesfois  je  vous  ay  bien  voullu  re- 
présenter toutes  ces  particullaritez,  afin  de 
vous  ouvrir  les  nioiens  et  à  voz  serviteurs  et 
ministres,  et  que  vous  faciez,  s  il  vous  plaict, 
regarder  ad  ce  qui  se  pourra  en  cela  l'aire. 
Cependant  j'accuzeray  la  re'ceplion  de  voz 
despesches  des  xxiii''  et  xxiiii'  du  passe', 
par  lesquelles  vous  satisfaictes  i'ort  particu- 
lièrement à  toutes  les  miennes  pre'ceddentes ; 
aussY  ne  me  reste-il  à  vous  dire  sur  icelles 
sinon  (jue  pleust  à  Dieu  que  je  j)eusse  aussv 
tost  advauser  icv  ce  qui  y  est  à  faire  poui- 
vostre  service,  (jue  de  bon  co'ur  je  le  désire, 
il  y  a  longtemps,  et  y  travaille  avec  tout 
le  soiiig  et  moiens  que  j'y  puis  j)enser,  aflîu 
d'avoyr  ce  bien  de  vous  aller  bien  tost  re- 
trouver; mais  comme  vous  pouvez  assez  clai- 
rement veoir  et  juger  par  toutes  mes  dé- 
pesches,  il  ne  m'a  esté  possible  de  faire 
mieulx,  quelque  peyne  que  j'ay  prise,  prières 
et  remonstrances  que  j'aye  faictes  à  ces  gens 
icy,  ainsi  que  vous  fera  bien  amplement  en- 
tendre ledict  sieur  de  Maintenou,  et  les 
.  grandes  considéracions  et  patiences  que  j'ay 
esté  contraincte  d'avoyr  et  ay  encores  en  né- 
gotianl  avec  eulx  pour  retenir  les  ungs  et  les 
aultres  de  nous  reprécipiter  à  la  guerre.  Et 
pouvez  croyre  que,  sans  ma  présence  par  deçà 
et  les  moiens  dont  j'ay  pour  ce  usé,  tout  y 
alloit  très  mal,  espérant,  à  présent  que  nous 
sommes  en  si  bons  termes  de  la  HéoUe  que 


l'on  ne  peuit  ])hiN  relarder  noslre  conférence, 
en  la(juelle  j'ay  bien  délibe'ré  du  commance- 
ment  de  parler  ilu  laid  de  Beaucaire,  (jne  je 
veoy  par  vozdictes  dernières  dépeschcs  que 
vous  aviez  avec  raison  si  à  cœur.  Toutesfois 
je  pense  que,  par  l'ordre  que  j'y  ay  tousjours 
donné,  qui  est  prinripallemenl  de  mainlenii- 
la  ville  la  plus  forte  et  le  chasteau  en  très 
grande  subjection  et  hors  la  puissance  de 
Cbastillon  de  le  pouvoir  secourir,  il  vous  sera 
conservé  du  péril  où  ilz  ont  tasché  et  taschent 
eucores  tous  les  jours  de  le  mectre,  qui  est 
d'en  rendre  maistre  Cbastillon  el  le  luy  baillei' 
pour  sa  l'etraicte,  allin  de  faire  par  noslre 
conférence  qu'il  y  demourast;  mais,  estant  de 
si  grande  importance  qu'il  est ,  et  sur  la  rivière , 
je  ne  le  vous  conseillerovsjamays  :  aussy  av-je 
faict  et  feray  encores  tout  ce  ([ui  se  pourra  pour 
ravoir  ledict  chasteau  en  vostre  obéissance  et 
garder  qu'ilz  ne  s'en  lacent  maistres.  Si  j'eusse 
esté  en  ce  pais  lors  du  trouble  advenu  audicl 
Beaucaire,  j'eusse  bien  pourveu  que  le  lieute- 
nant de  Parabelle,  (jui  s'alla  gecter  dans  le 
chasteau  et  qui  nous  faict  maintenant  tant  de 
peyne,  n'eust  pas  prins  l'intelligence  avec 
ceulx  de  la  Religion  comme  il  a  faict.  J'ay 
donné  charge  au  sieur  de  Maintenou  vous 
faire  là  dessus  entendre  aucunes  particula- 
ritez ,  el  vous  dire  aussi  l'asseurance  que  mon- 
dict  filz  le  roy  de  Navarre  m'a  verballement 
et  par  escript  donnée  de  reniectre  Florence 
incontinent  que  la  Réolle  leur  sera  re- 
baillée. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  vous  parler  de 
Condom,  oii  je  pensoys,  ainsi  que  vous  ay  es- 
cript, que  l'ordre  qui  y  avoil  esté  estably  ' 
les  deust  maintenir  en  repos,  comme  il  estoit 


'  Voir  à  V Appendice  le  (tReijjlement  établi  par  la  reine 
mère  pour  la  ville  de  Conilomn.  Il  ne  fut  sijfiié  à  Porl- 
Saiiite-Marie  que  le  sa  janvier  1679. 


^14 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


très  sufEsant  ;  mais  ilz  sont  si  animez  les  ungs 
contre  les  aultres  que  ilz  y  sont  en  plus  grand 
garbouge  qu'Hz  ne  furent  oncques.  J'ay  mandé 
les  sieurs  de  S'-Oreins  et  de  Reberon,  et 
avecques  eulx  les  deux  plus  anciens  consuls, 
niant  cependant  laissé  la  charge  de  la  con- 
servation de  la  ville  au  chevalier  de  Monluc 
et  aux  aultres  quatre  consulz  et  magistratz  de 
ladicte  ville.  J'y  feray,  par  l'advis  des  seigneurs 
de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  tout  ce  qui  se 
pourra  et  en  tous  autres  affayres  qui  se  pré- 
senteront pour  vostre  service,  comme  j'ay 
donné  charge  audict  sieur  de  Maintenon  vous 
faire  aussy  plus  amplement  entendre  de  ma 
part.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  lllz,  vous 
avoir  eu  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au   Port-S'°-Marye ,  le  x=  janvier 
1579. 


1579.  —  10  janvier. 

Copie.  Bibi.   nat. ,  Fonds  français,  n^SBoo.  f' i3o '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  depuis  que  le  sieur  de 
Maintenon  est  party  d'icy,  ceste  après-disne'e, 
Longle'e,  présent  porteur,  y  est  arrivé  avec  une 
dépesche  que  le  s''  de  Saint-Gouard- me  faict 
par  luy  de  la  substance  de  celle  que  vous  porte 
Longlée,  lequel,  oultre  cela,  m'a  fort  parli- 
cullièrement  discouru  et  laissé  par  uug  mé- 
moire toutes  les  particullaritez  et  oecurences 
que  vous  entendrez  et  verrez  par  ladicte  dé- 
pesche qu'il  vous  porte.  Entre  aullres  choses, 
il  est  faict  mention  du  royaulme  de  Portugal, 
oiî  je  désire  bien  qu'il  vous  plaise  trouver  bon 

'  En  marge  :  «Euvoyé^  au  Roy  par  Mons'  de 
Longlée.  1 

'  Jean  de  Vivoimc,  seigneur  de  Saint -Gouard, 
marquis  de  Pisany,  ambassadeur  de  Henri  III  en 
Espagne. 


que  j 'envoya  l'évesque  de  Coinminges\  comme 
je  vous  en  ay  escript  et  dont  j'attendz  bientosl 
les  despesches  qu'il  vous  aura  pieu  en  faire  faire 
et  ni'envoyer;maisjedésireroisbien  aussique, 
avec  ceste  occasion,  vous  y  dépeschassiez  avec 
luy  ledicl  Longlée,  qui  vous  y  a  desjà  faict 
service,  et  qui  y  debvoit,  ainsi  qu'aviez  résolu , 
estre  incontinent  renvoyé  pour  le  faict  des 
grandes  déprédations  faictes  sur  voz  subjectz , 
dont  il  fut  dès  lors  faict  ung  mémoire,  qui  est 
es  mains  du  sieur  de  Villeroy,  auquel  je  vous 
prie  commander  faire  son  instruction  et  dé- 
pesches  et  les  renvoier  incontinent,  affin  qu'il 
puisse  tout  soudain  partir  pour  aller  avec  le- 
dict  évesque  de  Gomminges;  car  estans  là, 
comme  les  occasions  sont  très  à  propos  pour 
les  y  envoyer,  ils  auront  beaucoup  de  moien, 
vous  faisant  service,  de  m'en  faire  aussi  ung 
très  grand,  s'il  vous  plaist  qu'iiz  y  allent  tous 
deux  ensemblement,  aïant  néantmoiugs  cha- 
cun sa  cbarge  séparée  et  occasions  légitimes  de 
les  y  envoyer,  et  faire  séjourner  audict  pais 
ledict  Longlée  pour  le  faictz  desdictes  dépréda- 
tions. Je  vous  supplie  donques.  Monsieur  mon 
filz,  voulloir  commander  le  paiement  de  sou 
voiaige  el séjour.  Cependant,  je  vous  dirayque, 
me  souvenant  des  bons  offices  que  le  s''  dom 

Anthonio -,  à  présent  prisonnier  en  Al- 

fricque  m'a  par  cy  devant  faictz  el  qu'il  n'a  pas 
tenu  à  luy,  tant  il  vous  est  et  à  moy  affec- 
tionné, qu'il  n'ayt  encores  faict  davantaige  en 
ce  que  vous  savez ,  quand  il  n'y  auroit  que  ceste 

'  L'évèque  de  Coraminges  éloit ,  de  iSôg  à  i58o, 
(Iharies  de  Bourbon,  fils  bâtard  d'Antoine,  roi  de  Na- 
varre. Il  eut  pour  successeur  (îrbain  de  Saint-Gelais. 
que  les  nouveaux  éditeurs  de  Y  Histoire  générale  de  Lan- 
Ijiiedoc  (I.  IV,  p.  877,  in-i°,  1873),  disaient  avoir  été 
envoyé  en  Portugal  par  la  reine  mère  eu  i58o.  L'évèché 
du  comté  de  Gomminges  était,  comme  l'on  sait,  à  Saint- 
Bertrand,  aujourd'hui  ville  de  l'arrondissement  de  Saint- 
Gaudens.  ■ 

'  Laissé  en  blanc. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

bonne  voluiiU'  qu'il  m'a  dt^iiionstree,  cela  me 
donne  occasion  de  vous  sujtplier,  comme  je 
faictz,  de  voulloir  faire  faire  une  bonne  des- 
pesche  au  roy  de  Feez  pour  sa  délivrance  et 


215 


escripre  aussv,  s'il  vous  pjjiit  à 


',  qui  est 


aile'  en  ce  pays  là  consul  de  voz  subjectz,  atïn 
qu'il  s'era ployé  et  poursuive  ceste  délivrance 
dudict  Anthonio,  lequel  aideroit  et  serviroit 
grandement,  s'il  pouvoil  retourner  en  Portugal 
sur  ces  occasions  icy.  Je  vous  diray  auss\  (jue 
ledict  Longlée  m'a  apporte  une  despesche  du 
sieur  de  la  Ilillière  et  des  liabitans  de  vostre 
ville  de  Bavonne ,  lacjuelle  je  vous  envoyé ,  aflin , 
s'il  vous  plaist,  que  vous  commandiez  que  ion 
pourvéoye  au  conteneu  d'iceile,  ad  ce  que  ce 
bel  œuvre  du  Boucault  de  Bavonne,  qui  est 
si  utile  et  à  propos,  ne  demeure  point  impar- 
faict,  et  aussy  que  la  seurreté  soit  en  ladicte 
ville,  n'estant  question  que  de  faire  rontineuer 
la  levée  qui  se  faisoit  pour  la  construction  du- 
dict Boucault  encores  pour  quelque  temps, 
comme  je  vous  ay,  ces  jours  passez,  escript 
qu'il  me  sembloit  estre  le  plus  expédient  de 
faire;  et  me  remectant  du  surplus  audict  Lon- 
glée, je  ne  feray  ceste  lettre  plus  longue,  sinon 
pour  vous  prier  encores  une  fois  de  le  voulloir 
faire  dépescher  promptement,  affin  que  me 
vienne  incontinent  trouver  pour  aller  audict 
voiage.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-S'^-Marye,  le  x'  jour  de 
janvier  i57^. 

Monsieur  mon  filz,  je  ne  veulx  aussi  oublier 
de  vous  dire  que  j'ay,  ceste  après-disiier,  oy  le 
«■^  de  Sainct-Oreins  et  après  le  s"'  de  Beaupuy 
sur  le  faict  de  Condoin,  oii  les  liabitans  sont 
fort  divisez,  et  ladicte  ville  en  très  grand  danger 
qui  n'y  pourvoirn  ,  comme  j'espère  faire,  ay;iiit 

'   Laissé  en  blanc. 


résollu  que  le  s' de  BajaumonI,  au  dedans  de- 
là surveillance  duquel  elle  est,  en  yra  demain, 
comme  verrez  par  le  mémoire  que  je  luy  en 
ay  faicl  liailler,  estant  veneues  très  à  propos 
les  despescbes  que  m'avez  envoyées  pour  y  en- 
voyer ung  bomme  de  bien,  conseiller  super- 
entendant de  la  justice,  et  pour  faire  faire  par 
la  Chambre  d'Agen  le  procès  aux  deux  lieute- 
nant général  et  particulier  et  à  leurs  adhérens; 
car  c'est  la  racine  du  niai  qui  y  est.  Ce  soir 
est  retourné  ung  courrier  que  j'avois  envoyé 
en  Provence  devers  les  sieurs  de  Suze  et  de 
Carces  et  de  Vins,  desquelz  il  m'a  rapport(' 
responce,  ensemble  de  la  court  de  Parlenienl 
dudict  pays  du  cardinal  d'Armaignac  et  des 
autres  à  qui  j'avois  escript  pour  essayer  de 
composer  araiablement  leurs  differens;  mais, 
comme  vous  verrez  par  les  lettres  que  m'es- 
cripvent  ledict  s'  de  Carces  et  de  Vins,  et  que 
vous  avez  entendu  par  une  dépesclie  que  le  s' 
de  Suze  m'escript  vous  avoir  faicte  par  Lon- 
glée, les  choses  y  sont  très  mal  disposées 
pour  espérer  de  les  composer  amiablement. 
Toutesfois  il  me  semble  qu'il  faull  encores 
essayer  de  ce  faire,  et  vous  prye  de  faire  une 
bonne  dépesche  aux  ungs  et  aux  autres  et  à 
tous  ceulx  qui  y  peuvent  ayder,  principallemeiil 
au  cardinal  d'Armaignac,  à  ceulx  de  ladirle 
Court  de  Parlement  e(  autres,  afliii  (ju'ilz  re- 
prennent les  erres  de  ce  qui  avoil  esté  mis  en 
avant  pour  les  accorder,  comme  je  vous  ay  cv 
devant  escript.  .le  veoy  bien  qu'il  faudra  que 
vous  payez  les  estrennes  de  ceste  partje,  mais 
il  n'y  a  remède,  car  il  ne  fault  [las  penser  que 
les  moiens  de  la  force,  oîi  je  veoy  que  les  ungs 
etlesaultres  ne  sont  desjà  que  trop  advancez, 
puissent  servir,  sinon  à  la  ruine  dudict  pais  età 
y  empirer  du  tout  noz  affaires.  Voylà  pourquoy 
il  faull  que  farions  tout  ce  que  nous  pourrons 
pour  aller  au  devant  de  ce  mal  là.  Je  leur  en 
ay  faict,  comme  je  vous  ay  escript,  depuis  trois 


21G 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


ou  (lualrc  jours,  encore  une  Lien  expresse  de'- 
pesche,  et  continueray,  en  faisant  icy  ce  que 
je  puis,  de  faire  aussi  pour  ce  pais  là  tout  ce 
que  me  sera  possible. 


1579.  —  i3  janvier. 
Copio.  Bibl.  nat. ,  Foods  Dupuy,  n"  3.to,  i°  yô  V. 

A  MONSIEUR  DABAIN, 

SIEIR  DE  LA  ROCHE-POZAY. 

Monsieur  d'Abain,  envoyant  mon  cousin 
le  cardinal  de  Bourbon  ce  gentilhomme,  pré- 
sent porteur,  à  Rome  pour  aucune  affaire  qu'il 
a  à  négocier  envers  nostre  Sainl-Père  tous- 
chant  Menerbe  et  le  Contât  d'Avignon,  je  vous 
ay  bien  voullu  faire  ce  mot  de  lettre  en  faveur 
de  mondict  cousin  ad  ce  que,  si  vous  pouvez  le 
servir  en  cella  et  en  toute  aultre  chose  dont  il 
vous  pourra  faire  requérir  par  ledict  présent 
porteur,  vous  vous  y  employiez  tout  ainsy  que 
pour  les  propres  atîaires  du  Roy,  monsieur  mon 
fds,  que  je  sçay  qui  vous  en  sçaura  très  hongre. 

Je  vous  ay  escript  ces  jours-cy  que  eussiez 
à  me  faire  entendre  ce  que  aviez  faict  avec 
ceulx  qui  vous  parlèrent  du  duché  d'Urbin, 
il  y  a  (juelqne  temps,  vous  priant  encore, 
ni'escripre  ce  (pie  en  aurez  depuis  fait  avec 
eulx,  el  aussy  ce  qu'ils  veulent  faire  en  cella 
et  les  moyens  qu'ils  ont. 

J'espère  que  dedans  deux  ou  trois  jours 
nous  commencerons  nostre  conférence  avec  le 
roy  de  \avarre,  car  les  députés  de  ceulx  de 
la  Religion  prétendue  réformée  sont  arrivez  à 
Nérac,  et  que  la  RéoUe  sera  remise  en  leurs 
mains,  comme  il  est  parlé  par  l'édict  de  pacif- 
firalion.  Cela  faict  que  j'espère  que  dedans 
deux  ou  trois  jours  nous  procéderons  à  nostre 
conférence,  estimant  qu'en  peu  de  jours  après 
nous  aurons  résolu  tout  ce  qui  sera  nécessaire 


pour  l'exécution  de  l'édict  de  pacifBcation  ^ 
et  que,  bientost  après  je  m'en  retourneray 
trouver  le  Roy  mondict  S''  et  fils.  Je  prie 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde. 
Escript  au  Port-Saincte-Marie,  le  xin' jour 
de  janvier  1579. 


1579.  —  i3  janvier. 

Orig.  Bibl.  nal.,  Fonds  français,  n"  33oo ,  f  ,38=. 

[AL'    ROY   MONSIEUR   MON   FILS.] 

.Monsieur  mon  filz,  encores  qu'il  n'y  ait  que 
trois  jours  que  je  vous  ay  escript  bien  ample- 
ment par  le  s''  de  Maintenon,  et  hier  par  Lon- 
glée,  louttefoy  ayant  sceu  de  mon  cousin  le 
cardinal  de  Bourbon  qu'il  envoioit  ung  de  ses 
gens  à  Paris,  je  n'ay  voullu  laisser  passer  cesie 
occasion  sans  vous  faire  ce  mot  de  lettre  el 

'  M.  d'Abain  écrivait  de  Rome  à  la  reine  mère, 
le  3  novemhre  1678  : 

«Madame,  le  dernier  ordinaire  nous  a  aporlé  nou- 
velles comme  le  roy  de  Navarre  estoit  venu  trouver 
vosire  Magesté,  et  comme  elle  avoit  désja  comniancé 
d'assoupir  le  tumulte  et  division  qui  avoyent  cy  devant 
esté  en  Guyenne,  et  qu'elle  déliberoyt  d'aller  à  Tolose 
et  prendre  son  retour  par  la  Provence  et  Daulpliiné 
pour  parachever  d'eslablir  une  bonne  paix  partout,  ce 
que  je  n'ay  failly  de  faire  entendre  à  sa  Sainteté,  la- 
quelle m'a  dict  en  avoir  eu  semblable  advis,  et  m'en  a 
monstre  grand  contentement  pour  la  bonne  espérance 
qu'elle  ha  que  vostre  Magesté, par  niesme  moyen,  pourra 
aussy  accommoder  ses  afTaires  de  Minerbe,  comme  elle 
désire  infiniment,  ainsy  que  j'ay  cy-devant  escript  à 
vostre  Magesté  et  semblablement  au  Roy.  Il  vous  plaira 
doncque.  Madame,  d'adviser  s'il  y  aura  moyen  d'acco- 
moder  les  affaires  dudit  Minerbe,  et  qu'il  puisse  eslre 
rendu  selon  les  articles  de  la  paix.  Et  si  peult  assurer 
vostredite  Majesté  qu'elle  ne  sçauroit  faire  chose  qui 
soit  plus  agréable  à  sndicte  Saincteté.n  (Cinq  cens  de 
Colbert,  345,  p.  gio.)  —  Grégoire  XIII  tenait  à  Mé- 
nerbes,  parce  que  la  ville,  étant  dans  le  Gomtat-Venaissin, 
faisait  partie  des  Étals  de  l'Eglise. 

-  En  marge  :  «Envoyée  au  Roy  par  Mons'  Couzel, 
qui  est  à  Monsieur  le  Cardinal  de  Bourbon.» 


vous  diri'  (]iie  mon  filz  le  roy  do  Navarre,  qui 
estoit  depuis  deux  jours  à  la  chasse,  est  venu 
ce  soir  soupper  et  cousclier  icy,  diMibérant  de 
s'en  aller  demain  à  \érac,  où  il  lrou\cra  les 
deppule's  de  ceulx  de  sa  rclligion  arrivez,  à 
ce  quil  m'a  dict  ce  soir.  Je  lui  avois  envoyé 
cejourd'huv,  pour  toujours  liaster  nostre  con- 
férence, le  s'  de  l'ibrac ,  lequel  il  m'a  dict  avoir 
faicl  aller  devant  audict  Nérac,  d'oij  demain 
il  m'apportera  nouvelles  desditz  députiez,  es- 
tant après  à  faire  tout  ce  qu'il  m'est  possible 
pour  accélérer  nosircdicte  coniércnce et  la  faiie 
icy,  sans  perdre  le  temps  à  aller  ailleurs.  Aussi 
que,  depuis  nous  avons  parle'  d'aller  à  Ville- 
neuvvè  d'Agenois,j'ay  sceu  que  mon  filz  le  roy 
de  Navarre,  l'accordant,  vouldroit  avoir  la  ville 
qui  est  de  delà  la  rivière,  laquelle  est  la  meil- 
leure et  plus  importante;  et  v  inectant  pour 
leur  seuretté  des  gardes,  j'aurois  quelque 
doubtequ'ils  s'en  voulussentsaisir,  si  lescboses 
ne  réussissoient  comme  désirons  par  la  fin  de 
nostre  conférence,  ou  bien  s'il  advenoit  encore 
quelque  désordre  ;  car  ils  en  donnent  a.«sez  d'oc- 
casions aux  catholicques,  ayant  ces  jours-icy 
failli  à  surprendre  All)y  et  auparavant  Castel- 
naudarv  et  tenté  plusieurs  autres  entreprinses 
eu  diverses  provinces,  par  où  l'on  congnoist 
lousjours  la  leur  mauvaise  volunte';  mais  pour 
les  mettre  du  tout  eu  leur  tort,  j'espère  avoir 
bientost  de  bonnes  nouvelles  du  marescbal  de 
Biron  pour  le  faict  de  la  Uéolle,  pour  laquelle 
envoyay  encore  hier  des  descharges  particul- 
iières  que  deniandoit  Favas,  alTindeles  faire 
sortir  de  la  RéoUe,  et  qu'elle  puisse  esire  bien- 
tost, suivant  ce  qui  a  esté  accordé,  es  mains 
du  mareschal  de  Biron,  pour  leur  fermer  la 
bousclie,  et  qu'il  n'y  ail  point  d'excuse  de  re- 
tardement pour  nostre  conférence,  en  laquelle 
on  me  promect  que.  Dieu  aidant,  nous  ferons 
(juelque  chose  de  bon  et  ([u'il  ne  se  trouvei'a 
pas  grande  difficulté  sinon  pour  les  seuretez; 

Catherine  de  Médicis.  —  vi. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  217 

car  ils  s'attendent  (|ue  ceulx  qui  doibvent  venir 
servir  en  la  cliaMibr(^  mipartie  du  Languedocq 


seront  bientost  par  deçà,  comme  je  leur  ay 
fait  entendre  que  m'avez  escript  les  principaul.x 
estre  partis  pour  venir.  J'ay  parlé  aussi  de  nom- 
mer ung  autre  conseiller  de  Court  Souveraine 
au  lieu  de  Descarnecueh,  qui  est  mort,  et  de 
(ihefdebien,  (|ui  n'en  est  et  qu'ilz  avoient 
choisy  pour  mectre  en  sa  place;  ils  désirent 
que  l'on  laisse  le  nom  en  blanc  pour  le  rem- 
plir de  celui  qu'ils  me  nommeront  icy.  Cepen- 
dant ,  pour  ce  que  je  crains  fort  i|ue,  les  armes 
se  levans  en  Provence,  comme  vous  avez  vou 
])ar  les  despesches  que  vous  ay  envoyées  par  le 
s'  Longlée,  que  tout  s'y  va  bien  brouiller,  cela 
seroit  cause,  n'y  l'émédiant ,  d'enipescher  l'exé- 
cution de  ce  qu'avons  accordé  ])our  le  Daul- 
phiné,  et  aussi  pour  ce  que  accorderons  pour 
le  Languedocq  ;  j'ay  encore  faict  des  despesches 
bien  expresses,  tant  au  comte  de  Garces  et  au 
s'  de  \  ins  par  ung  de  leurs  gens  qu'ils  m'a- 
m'avoient  envoyé,  que  au  comte  deSu/.e,  par 
la  voie  et  adresse  du  cardinal  d'Armaignac,  au- 
quel j'ay  pareillement  escript ,  ensemble  à  la 
couit  du  Parlement  dudict  jiays,  et  aussy  aux 
sieurs  de  Montdragon  et  (irille,  comme  vous 
verrez  par  les  doubles  que  je  vous  envoyé,  ès- 
(juelz  est  aussy  escript  ce  que  j'y  ay  mis  de  ma 
main,  estant  très  nécessaire  que  vous  en  es- 
cripviez  de  vostre  part  à  eulx  tous,  alfin  que 
Whi  puisse  arrester  le  mal  que  je  vooy  qui  va 
bien  fort  croissant  de  ce  coslé  là ,  et  qui  seroit 
])eult-estre  cause  que  tout  ce  que  pourrois  faire 
seroit  inutille.  Je  prie  Dieu,  Monsieur  mon 
lilz,  vous  a\oir  eu  sa  saiucle  et  digne  garde. 
Esrrijit  au  Port-Sainte-Marie,  le  xiiT  Jan- 
vier i57(). 

Monsieur  mon  filz',  devant-hier  le  roy  de 

'   l'^ii  lilrp  lie  la  copie  (fol.  i3i   v")  :  ttO  ([ui  est  es- 
ciipt  de  la  main  de  la  tiojne  au  bas  de  lad.  dépesclie. i> 

tUMUlICniE     SATIOflt-R. 


218 


LETTRES  DE    CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Navarre  me  viul  trouver,  comme  je  me  pro- 
menois  ie  long  de  la  Garonne,  et  me  pre'senta 
Clervant,  qui  se  commença  à  s'excuser  de  ce 
que  l'on  avoil  dicl  de  lui,  disant  qu'il  n'en  es- 
toit  rien,  et  qu'il  seroit  bien  marry  que  vous 
eussiez  cette  maulvaise  oppiniou  de  lui  et  que 
je  la  creusse.  Je  lui  dis  que  n'en  avois  autre 
opinion  et  n'en  croyois  que  ce  que  en  avions 
veu  par  escript.  Il  ne  me  feist  pas  grande  res- 
ponse,  ce  que  veoyant ,  et  pensant  qu'il  n'esloit 
point  veneu  sur  le  point  de  la  conférence  sans 
quelqueoccasion,jene  lui  voulus fairenyhonne 
ny  mauvaise  mine,  et  le  mis  en  propos  des 
affaires  de  Flandres,  qu'il  me  conta  assez  li- 
brement ,  que  Casimir  et  le  prince  d'Orenge  es- 
toient  mal  ensemble,  et  que  Casimir  s'en  re- 
lournoit  et  que  les  aultres  veullent  la  paix,  et 
les  belles  offres  qu'ils  avoient  faictes  aux  sei- 
gneurs que  vous  avez  entendu.  Au  reste,  le  roy 
de  Navarre  me  dist  qu'il  n'estoit  venu  que  pour 
parler  du  payement  de  Cazimir,  et  m'en  parle- 
ront, ad  ce  que  j'ay  peu  entendre,  à  la  confé- 
rence, mettant  en  avant  les  moiens  que  vous 
ay  mandés.  Il  dict  à  quelques  ungs  de  ceulx 
qui  sont  icy,  qui  luy  sont  amis,  que  Cazimir 
avoit  escript  au  roy  de  Navarre  qu'il  entretint 
la  paix,  et  dict  que  luy,  estant  icy  arrivé,  trou- 
voit  fort  estrange  que  l'on  m'eust  ainsy  menée 
en  longueur  et  que  ce  n'est  bien  faict.  Il  deb- 
voit  venir  demain.  Je  verray  ce  qu'il  fera.  Je 
vouldrois  bien  sçavoir  si  vostre  frère  est  en 
France  et  oii;  s'il  vous  plait  me  le  mander,  es- 
tant ceste  alarme  de  son  retour,  mais  depuis 
que  Clervaut  est  arrivé,  il  semble  qu'il  ne  le 
croist  pas,  et  si  c'est,  qu'il  ne  s'en  soucie 
plus.  Tenez  moi  en  vostre  bonne  grâce. 

Vostre  bonne,  très  affectionnée  et  obligée 
mère. 


1 579.  —  1  i-'i  5  janvier. 
Copie.  Bibl.  liât.,  Fonds  français ,  n°33oo,  f^iSa  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  ce  matin  mon  filz  le 
roy  de  Navarre,  avant  que  partir  pour  s'en 
aller  à  Nérac,  oij,  comme  je  vous  escripvis  qu'il 
m'avoit  dict,  ces  députtés  sont  arrivés,  m'est 
venu  remonstrer,  en  la  présence  de  tous  ces 
s"  qui  sont  icy  de  vostre  Conseil,  comme  il 
avoit  advis  de  Bourdeaulxque  l'on  avoit  prins 
ung  jeune  garçon  de  l'aage  de  dix  à  onze  ans, 
qui  avoit  esté  trouvé  meseurant  le  fossé  et  la 
muraille  du  chasteau  du  Ha-,  et  qu'il  pensoit 
que  ce  feust  chose  aportée,  pour  ce  que  l'on 
avoit  prins  aussy  ung  pauvre  homme,  qui  avoit 
une  jambe  de  bois-,  qui  estoit  à  l'hospital  il  y 
a  longtemps,  et  encore  ung  aultre,  et  que  l'on 
les  avoit  tellement  gehennez  que  par  force  on 
leur  auroit  faict  dire  ce  qu'ils  ne  sçavoient  pas, 
et  sur  cela  que  l'on  les  avoit  fait  exécuter,  et 
prins,  à  l'instant,  de  ceulx  delà  Relligion  ha- 
bitons dudict  Bourdeaulx  prisonniers,  dont  il 
m'a  faict  grande  instance,  disant  qu'ils  n'es- 
toienl  aucunement  coupables,  comme  il  s'as- 
seure  qu'on  les  trouvera  ainsy,  pourveu  que 
les  poursuittes  en  fussent  faictes  par  juges 
non  suspects,  comme  estoient  ceux  de  Bour- 
deaulx, auxquels  par  vostre  édict  la  congnois- 
sance  de  ceulx  de  la  Relligion  prétendue  ré- 
forméeleurest  ostée;  sur  quoy,  après  plusieurs 
contestations  et  qu'il  luy  a  esté  remonslré  et 
au  viconte  de  Turenne,  qui  estoit  avec  luy,  que 
c'estoit  un  crime  capital  de  lèze-Majesté,  du- 
quel, nonobstant  vostre  édirt,  la  court  du 
Parlement  de  Bourdeaulx  pouvoitcongnoistre; 

'  En  marge  :  irEnvoyée  au  Roy  par  l'ordinaire  des 
Postes,  u 

^  Le  château  du  Hà  était  situé  au  milieu  de  la  ville 
de  Bordeaux;  il  en  reste  une  grosse  tour  qui  sert  de 
prison  pour  les  condamnés  à  mort. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


219 


toutlefois  enfin  ii  a  este advisé que  j'escripiois, 
comme  j'ay  à  l'instant  l'aict,  à  iailite  Cdurl  et  à 
vos  advocat  et  pioruicur,  (ju'ilz  continuassent 
à  informer  et  esdairer  la  vérité  des  choses, 
surséans  louttef'ois  l'exdcution,  et  que  par 
mesme  moyen  j'escriprois  aussi  à  la  Chambre 
d'Agen,  comme  j'ay  pareillement  faict  dé- 
putter  ung  conseiller  catolicque  et  ung  de  la 
Religion  avec  le  conseiller  Motte,  qui  a  desjà 
commission  de  vous,  pour  aller  à  Bourdeaulx 
et  reprendre  les  informations  et  tout  ce  qui  a 
este'  faict  en  cela,  informer  de  nouveau,  si 
besoing  est,  instruire  ledict  procès  et  le  venir 
juger  en  ladicte  grande  Chambre  d'Ageii,  oij 
je  vous  asseure  que  j'escri[)rois  si  souvent  que 
la  vérité  de  cela  sera  congneue  et  la  justice 
exemplaire  faicte.  Voilà  ce  que  nous  avons  faict 
pour  ce  regard,  estant  à  l'instant  ariivé  Beau- 
regard,  guidon  du  mareschal  de  Biron,  avec 
la  résolution  dont  luy,  les  s"  de  Duras,  de 
Guitry  et  le  cappitaine  Favas,  après  plusieurs 
contestations,  estoieiil  néanmoings  demeurés 
d'accord,  d'effecteuer  ce  qu'il  avoit  résolu  pour 
le  faict  de  la  Réolle,  en  leur  baillant  encore 
quelques  descharges  que  je  leur  ay  inconti- 
nent envoyées;  de  sorte  que,  selon  ce  ([uilz 
me  promettent,  j'espère  que  le  sieur  de  Duras 
se  mettra  ceste  nuict  dedans  le  chasteau  de  la 
Réolle,  et  le  mareschal  de  Biron  l'aura  et  les 
villes  aussy  en  sa  puissance  vendredy  ou  sa- 
niedy.  Cependant  j'ay  faict  que  mondictz  hlz 
le  roy  de  Navarre  a  escript  el  donné  charge  à 
Guitry  d'aller  à  Langon  pour  le  faire  remectre, 
comme  ilz  m'ont  asseurée  qu'il  fera,  suivant 
vostre  édicl,  es  mains  de  monsieui'  François 
de  Candalle,  qui  en  est  seigneur  de  fief;  et 
m'a  aussy  vostre  frère  le  roy  de  Navarre  pro- 
mis que,  suivant  l'escript  qu'il  m'a  signé,  dont 
je  vous  ay  envoyé  le  double,  il  fera  à  l'instant 
remettre  Florence  en  Testai  qu'il  estoit  lors- 
qu'il s'en  est  dernièrement  saisy  sur  la  nou- 


velle de  la  surprinse  de  la  Réolle.  L'ayant ,  jiour 
le  principal  de  l'affaire  (jue  nous  avons,  qui  est 
nostre  conférence,  et  instamment  prié  et  ad- 
monesté avec  toutes  les  persuasions  et  renions- 
trances  qu'il  m'a  esté  possible ,  que  la  puissions 
promplement  faire,  ne  pouvant  plus  prendre 
aulcune  excuse,  puis(jue  le  faict  de  la  Réolle 
estoil  si  bien  acheminé,  et  les  députlés  arri- 
vez: il  m'a  promis  de  me  satisfaire,  selon  le 
grand  désir  qu'il  dict  en  avoir,  il  y  a  long- 
temps; et,  afin  de  l'en  ramentevoir  et  pour- 
suivre fermement,  j'ay  fort  ])arlicullièrenient 
et  expressément  escript  au  s''  de  l'ibrac,  que 
j'envoyeoy  pour  ce  hier  à  Nérac,  ad  ce  que  luy 
remanteust  d'escrire  et  faire  partir,  en  sa  pre'- 
sence,  celluy  qu'il  envoyeroit  audict  Guitry 
pour  ledict  faict  de  Langon,  et  parlast  aussy 
au^dictz  de'pultez  pour  la  résolution  du  lieu 
et  du  jour  de  nostre  conférence,  allia  que, 
venans  icy,  ils  fussent  disposez  à  m'en  donner 
contentement,  comme  m'a  promis  le  roy  de 
Navarre  et  aussi  ledict  vicomte  de  Tu  renne. 
Voilà  ce  qui  s'est  passé  cejourd'huy,  dont  je 
vous  ay  bien  voullu  donner  advis  par  l'ordi- 
jiaire  des  postes,  en  attendant  que  j'aye  ce 
bien  d'avoir  de  vos  nouvelles  par  les  dernières 
dépesches  que  je  vous  ay  faictes  tant  par  le 
baron  de  Saulsac  et  depuis  par  le  s"'  de  Main- 
leuon  et  l'abbé  Gadaigne,  qui  peuvent  bien 
estre  à  présent  arrivez  à  vous,  à  qui  je  diray 
aussy  que  j'ay  escript  à  vostre  court  de  Parle- 
ment de  Bourdeaulx  pour  renvoyer  touttes  les 
informations  et  proceddures  dont  elle  estoit 
saisie  pour  ce  qui  est  adveneu  à  Condom,  à 
ceulx  de  ladict  Chambre  d'Agen  que  voulez 
qui  en  ayent  la  congnoissance.  Je  ne  sçay  s'ilz 
le  vouldront  faire;  mais  pourtant  il  est  bien 
nécessaire,  car  les  inimitiés  et  rancunes  crois- 
sent tous  les  jours  entre  ceulx  des  deux  con- 
frairies,  assavoir:  saint  Pierre  et  saint  Arnault, 
et  les  aultres  estans  catolicques  qui  ne  sont 

28. 


220 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


d'aulcuue  coofrairie,  et  ceulx  de  la  Relligion 
prétendue  réformée.  J'attends  à  veoii-  i  ordre 
qu'y  aura  donne'  le  s' de  Bajaumont,  que  j'y  ay 
envoyé  avec  l'instruction  dont  vous  avez  veu 
le  double,  et  vous  asseure  qu'il  seroit  adveneu 
et  seroit  encore  pour  advenir  ung  très  grand 
de'sordre  en  la  ville,  si  j'en  estois  plus  loing 
et  s'il  n'y  estoit  promptement  pourveu ,  comme 
je  feray  du  mieulx  qu'il  me  sera  possible.  Ce- 
pendant je  prie  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde.  Escript  au 
Port-S"'-Marye,le  xiiu'jour  de  janvier  1579. 

Monsieur  mon  filz',  les  sieurs  niarescbal 
de  Dampville  et  de  Rieulz-  m'ont  icy  envoyé 
deux  requestes  pour  le  laid  des  consulz  de 
Narbonne;  en  quoy  il  m'a  semblé  n'eslre  à 
propos  de  touscher  pour  ceste  beure,  aiant 
mandé,  comme  j'ay  faict,  aux  consulz  dudict 
Narbonne  qui  sont  en  exercice,  conlincuei' 
jusques  ad  ce  que  vous  en  ayez  sur  cela  advisé, 
comme  il  vous  plaira  faire  et  en  mander  vostre 
résolution  et  volunté  audict  marescbal  de 
Dami)ville  et  au  s''  de  Rieulx ,  et  aussy  auxdictz 
consulz,  manans  et  babllans  de  Narbonne.  Ce- 
pendant je  vous  diray  aussy.  Monsieur  mon 
fils,  que  l'on  m'a  encore  présentement  donné 
très  bonne  espérance  que  nous  commence- 
rons au  commencement  de  la  semaine  pro- 
chaine nostrc  conférence  et  qu'elle  ne  durera 
guères,  mais  qu'en  peu  de  jours  nous  aurons 
tout  résolu,  ce  qui  sera  à  mon  contentement. 
Dieu  le  veuille.  Je  vous  despescheray  et  en- 
verrav  le  s'  de  Dinlbeville  dès  le  lendemain 
qu'aura  commencé  nostre  conférence,  le  rete- 
nant icv  pour  qu'il  vous  puisse  porter  ces 
bonnes  nouvelles  là.  Escript  au  l'orl-S''"-Ma- 
rye,  le  xv' jour  de  janvier  1Ô79. 


'   Kri  tilr.'  :  fri'osicripti. 

'  Franrois  de  la  Jurie.  baron  de  Rieux. 


1379.  —  li  janvier. 
Oriu.  Ribl.  nnt..  Fonds  français,  n"  3345,  ('  a6  r\ 

A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE  DAMPVILLE', 

MARÉCHAL    DE    FRANCE,    COLTER>EUil 
F.T  LIEUTENANT  GÉ\ÉRAL   POUR  LE  ROV  MONSIEUR  MON  FILZ    EN   LANGUEDOC. 

Mon  cousin,  j'ay  receu,  ces  jours  icy,  les 
lettres  que  m'avez  escriptes.  Estant  très  marrie 
des  désordres  qui  se  commettent  par  ceulx  de 
la  Religion  prétendue  réformée  sur  les  calbo- 
licques,  j'en  ay  faict  toute  l'instance  que  j'ay 
peu  à  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  à  ceulx 
qui  sont  auprès  de  luy;  mais  je  n'y  ay  peu 
encores  rien  gaigner,  sinon  qu'ilz  dient  bien 
qu'ilz  désirent  que  justice  soit  faicte  de  ceulx 
de  leurdicle  religion  et  que  l'on  la  face  aussy 
des  catbolicques,  dont  pareillement  ilz  se 
plaignent.  J'eusse  bien  désiré  que  nous  eus- 
sions, de  part  et  d'autre,  depputédesgensd'au- 
tborité  pour  faire  cesser,  de  part  et  d'autre, 
tous  ces  mauvais  depportemenlz;  mais  cela  a 
esté  remis  en  nostre  conférence,  que  j'espère 
que  nous  commancerons  les  premiers  jours  de 
la  sepmaine  prochaine,  ad  ce  que  j'ay  sceu  tous 
les  depputez  arrivez  du  jour  d'hier  à  Nérac.  J'ay 
aussy  eu  nouvelles  que  la  Réelle  sera  remise 
dedans  deux  jours,  m'ayant  mon  filz  le  roy 
de  Navarre  promis  et  asseuré  par  escript,  et 
encores  hier  reitéré  verballement,  de  remettre 
aussy  la  ville  de  Florence  en  Testât  qu'elle 
estoit  auparavant,  quand  il  s'en  est  dernière- 
menlsaisy, depuis  la  surprise  de  iadicte  Réelle, 
ayant  pareillement  pourveu  de  faire  aussy  re- 
mettre, suivant  l'édict  de  pacifiicalion,  les 
ville  et  chasteau  de  Langon  es  mains  de  mon- 
sieur François  de  Candalle,  qui  en  est  seigneur 
de  fief,  vous  priant  tenir  la  main  ad  ce  que 

'  Sur  la  siiscription  de  ces  dépêches  originales,  on  lil 
lanlot  Dainville,  lantot  Dampville. 


LETTRES  DE  GATH 

iiiigchaspiiiise  conll(Minc(>n|)aix,  avani  lU'ant- 
inoings  i'œil  oiivort  i[u'il  ne  so  l'ace  aucune 
surprise  par  coulx  qui  no  ileinandent  qu'à 
doubler  le  repos  el  enipescher  le  bon  œuvre 
de  l'establissement  de  la  paix,  pour  lequel  je 
suis  par  deçà,  dont  j'espère  vous  mander  bien 
tost  de  bonnes  nouvelles  de  la  résolution  qu'en 
auront  prinse en  uostredicte  conl'éi ence. Pliant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  au  Port-S"-Marie.  le  xiiii'  jour  de 
janvier  i  079. 

Notre  bonne  cousine', 

(JATERINE. 


ERINE  DE  MEDICIS. 


n\ 


I571(.  —  là  janvier. 

Orig.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n"  33i5,  S°  3o. 
A  M0>'  COUSIN 

LE   S'  DE   DVMPVILLE 

Mon  cousin,  après  avoir  bien  considéré  le 
contenu  de  la  lettre  que  m'avez  escri[)te  jjar 
ce  porteur,  celle  du  sieur  de  Rieux  et  les  deux 
roquestes  que  m'avez  ensembleaient  envoyées, 
j'ay  re'solu,  par  l'advis  des  iirinces  et  sieurs 
du  Conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon  filz 
qui  sont  icy,  d'escripre  bien  expresse'ment, 
comme  je  fais  aux  consuls  de  Narbonne  qui 
sont  à  présent  encore  en  exercice,  conlinuer 
leurs  cbarges  jusques  ad  ce  que  le  Roy  mon- 
dict  S''  et  filz  ayt  veu  et  entendu  le  contenu 
èsdictes  requestes,  lesquelles  je  iuy  av,  ceste 
après-disnei-,  envolées,  et re(]uis  par  la  dépesche 
que  je  Iuy  ay  laicte  sur  cela,  suivant  l'advis 
desditz  princes  et  sieurs  du  (ionseil,  vous 
escripre  etaudict  sieur  de  Rieux  aussy,  et  pa- 
reillement auxdictz  consuls,  manans  et  linbi- 
ta  ns  de  iadicte  ville  de  Narbonne,  son  intention, 

'  Ces  (rois  mots  sont  de  la  main  do  la  reine. 


(pie  j'espère  (juc  nous  aurez,  si  ce  n'est  de\anl 
le  jour  de  Chandeleur,  que  l'on  procedde  à 
ladicle  nouvelle  eslection  bientosi  après.  Ce- 
pendant je  vous  |)rie  tenir  la  main  ad  ce  que 
tous  le.sdictz  babilans  d'icelle  ville  de  Narbonne 
se  contiennent  en  bonne  et  parfaite  |)aix,  repos 
et  union,  les  ungs  avec  les  aullres,  et  les  as- 
seurer  que  je  seray,  Dieuaydant,  le  plus  tost 
qu'il  .sera  possible,  en  ce  pais  là,  pour  y  veoir 
esliiblir  la  paix,  espérant  que  dedans  dimancbi' 
ou   lundi    la   Réolle   sera   remise  et  que  un;; 
jour  ou  deux  après  nous  commancerons  nostre 
conférence,  en  laquelle,  selon   la   bonne  et 
grande  espérance  que  l'on  me  donne,  conforme 
à  l'édict  de  pacillication ,  nous  prendrons  de- 
dans peu  de  temps,  avec  layde  de  Dieu,  une 
bonne    résolution    de   toutes    choses.   Je    re- 
tiens icy,  par  l'advis  du  sieur  évesque  de  Val- 
lence,   le   gentilhomme   des   vostres   qui    est 
dernièrement  arrivé,   pour  le  vous   renvoier 
aussy  tost  que  nous  aurons  résolu  le  jour  de 
nostredicle  conférence.  Cependantjevousdirav 
que  j'ay  parlé  à  mon  filz  le  roy  de  Navarre  el 
à  ceulx  qui  sont  auprès  de  luv  de  sa  religion, 
pour  faire  retirer  les  deux  ou  trois  cens  har- 
quebuziers   qui  se  sont  saisis  et  retranchez, 
comme  m'avez  escript,  en  ung  villaige  près 
Beaucaii-e,  faisans  beaucoup  de  mal  en  tous 
ces  quartiers  là,  comme  il  se  faict  ailleurs  en 
di vers endroictz de vosire gouvernement^  ;mais 
nous  n'avons  pas  peu  encores  résouldre  l'ordre 
qui  se  donnera  pour  faire  cesser  iesdictz  actes 
d'hostilité,    me    remettant    à    en    résouldre 
lorsque   nous  ferons  nostredicle  conférence. 

'  l.a  cour  avait  bien  do  la  peine  à  taire  obéir  le  ma- 
récbal  de  Damville  :  il  avait  failli  l'année  précédente  se 
déclarer  indépendant,  et  s'il  était  maintenant  réconcilié 
avec  la  reine  mère,  c'était  au  cardinal  d'Armagnac  que 
l'on  le  devait.  Archevêque  de  Toulouse  depuis  i565, 
Georges  d'Armagnac  avait  passé  en  1577  au  siège  d'Avi- 
gnon, oii  il  était  en  même  temps  ncollégati).  Voici  la 


222 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Touttefois  je  serais  d'advis,  si  aviez  moiens  de 
forcer  lesdictz  harquebuziers  et  leur  en  prester 
une  (sic),  que  vous  l'eisiez  assembler  et  pré- 
parer ce  qu'il  fauldroit  pour  cela  et  qu'estant 
près  d'euix  leur  envoyassiez  mander  qu'ilz 
eussent  à  eulx  séparer  et  retirer  dedans  vingt 
quatre  heures,  sinon  leur  feissiez  courir  sus 
comme  perturbateurs  du  repos  publicq  et  in- 
fracleurs  de  l'édict.  Priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-S'''-Marie ,  le  xv'  jour  de 
janvier  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


note  que  nous  trouvons  dans  ie  ms.  fr.  i556o,  f°  189, 
à  la  date  du  1"  décembre  15^8;  elle  a  été  évidemment 
écrite  par  un  secrétaire  italien,  peu  lettré  : 

Mémoire  du  cardinal  d'Armagnac,  légat  d'Avignon, 
touchant  les  offres  que  le  mareschal  Damvillefaicl  pour 
rentrer  aux  bonnes  grâces  de  Sa  Majesté. 

K  Monsieur  le  mareschal  Damville,  avecques  toutes  les 
assurances  que  faire  se  peult,  il  assure  Sa  Majesté  de 
toute  fidélité  à  son  servise,  et  que  de  ses  comaudemans 
il  ne  en  laissera  aucun  en  arrière,  et  que  de  point  an 
point  seront  oliservés,  avoir  reprins  en  amitié  tous  sous 
que  il  a  peu  panser  estre  du  contanlemant  du  Roy,  sans 
avoir  aucune  sovenanse  des  choses  passées,  ne  voulant 
que  satisfere  à  Sa  Majesté  ;  il  se  sont  veu  avecque  Mons' 
do  Suxe  ;  et  le  segnieur  de  Sainte-Paylie ,  le  conoissant 
bon  serviteur  du  Roy,  l'a  prié  de  comander  à  Beauquere, 
et  pour  se  faitt  icy  incontinant  fist  fornir  xii™  livre 
ampruntée  en  Avignon  de  ses  amys,  pour  satisfera  au 
comansemans  auls  fraist  pour  la  conservation  délia  ditle 
ville.  La  esécusion  de  Parabelle  fust  faille,  ne  povant  le 
peuple  se  contenir  en  la  fureur,  car  il  estoit  esté  déli- 
béré de  le  faire  prizonier  et  mourir  par  guistise,  et  avérer 
une  infinité  des  chose  importante  au  servise  de  Sa  Ma- 
geslé,  comme  il  estoit  bien  nécessaire,  et  que  il  saura 
treuver  la  Royne,  faire  pour  la  satisfere  et  ausy  pour 
satisfere  au  contantement  que  Sa  Majesté  pourroitt^icece- 
voir  de  luy,  et  que  dès  le  premier  jour  luy  a  ativoyé  sa 
fannic  et  i[icontinan  que  il  a  seu  la  arrivée  délia  royne 
eu  Guascogne.  1 

Voir  une  pièce  plus  longue  à  ['Appendice. 


1579.  —  16  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n"  33oo,  î°  i33  '. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  vous  escripvis  liiei 
par  l'ordinaire  des  postes  tout  ce  qui  s'esl 
passé  par  deçà  jusques  à  hier  soir;  et  par 
ceste-cy  je  vous  diray  que  le  s'  de  Pibrac  est 
ce  soir  seullement  retourné  de  Nérac,  oii  dès 
hier  tous  les  dépultés  de  ceulx  de  la  Religion 
prétendue  réformée  arrivèrent,  s'estans  seul- 
lement pour  ce  jour  là  présentez  au  roy  dt 
Navarre ,  qui  les  a  oys  ce  matin  depuis  six  heures 
jusques  à  une  heure  après  midy,  estant  avec 
luy  seul  le  viconte  de  Turenne  et  le  secrétaire 
Pin  -,  qui  est  celuy  qui  mesne  tout  le  prosnc 
et  qui  n'est  guères,  à  mon  advis,  affectionné 
au  bien  de  la  paix.  Lesdictz  députtés  ne  sont 
pas  guères  bien  d'accord  entre  eux,  aians  di- 
verses réquisitions  à  faire,  et  sont  leurs  cahiers 
fort  gros ,  à  ce  que  m'a  rapporté  le  s' de  Pibrac  ; 
et  comme  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  s'est 
laissé  entendre  à  luy  qu'il  eust  bien  désiré 
que  nostre  conférence  se  feist  icy,  mais  que 
lesdictz  députez  ont  gaigné  par  dessus  luy 
qu'il  fault  faire  ladicle  conférence  en  quelque 
ville  de  seurelé,  parlans  de  Montauban.  Il  en 
doibt  icy  demain  venir  devers  mpy  en  la  cou- 
duicte  du  viconte  de  Turenne  deux  depputez 
des  aultres.  Je  verray  ce  qu'ilz  me  diront;  mais 
je  suis  bien  délibérée  de  faire  en  sorte  que  la- 
dicte  conférence  se  face,  s'il  est  possible,  en 
ce  lieu;  et  s'ils  n'y  veullent  venir,  je  suis 
d'advis  qu'ilz  demeurent  à  Nérac,  et  ne  lais- 

'  En  marge  :  «Envoyée  au  Roy  par  l'ordinaire  des 
postes,  Tî 

'^  Pin,  Lepin  ou  Dupin,  secrétaire  du  roi  de  Navarre, 
■rlequel  possédoit  infiniment  son  maistre  et  avoit  grande 
auctorité  en  sa  maison,  maniant  toutes  les  affaires  do 
ceux  de  la  Religionn,  dit  Marguerite  de  Valois  dans  ses 
Mémoires. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


2-2:5 


seray  pas  de  veoir  icy  avec  les  princes  et 
sieurs  de  vostre  Conseil  leui-s  cahiers,  et  leur 
y  responderav  par  escript,  comme  je  feys  pour 
le  Dauipliiné,  et  puis  les  leur  renverray;  et 
sur  celia  nous  nous  assemblerons  pour  pren- 
dre la  résolution  du  tout,  qui  sera,  à  mon 
advis.  bien  aisée  :  car  je  suis  résolue  de  leur 
dire  du  premier  coup  que,  ne  vouilant  nul- 
lement adjouster  ne  diminuer  à  vostre  édict 
de  pacciflication.  aussi  ne  seroit-il  pas  rai- 
sonnable. 11  faut  seulienient  regarder  aux 
choses  requises  pour  l'exécution  d'icelluv  et 
leur  pourveoir,  comme  je  feray  en  tout  ce  qui 
sera  raisonnable.  .Mon  filz  le  roy  de  Navarre 
ne  viendra  icy  que  dimanche,  à  ce  que  m'a 
dict  le  s'  de  Pibrac,  ne  vouilant  pas  estre 
icy  le  premier  coup  que  je  verray  lesdiclz 
depputez,  ausquels  il  a  dict,  ad  ce  que  j"en- 
teudz,  qu'ils  se  préparassent  hardiment,  et 
que  je  les  rendrois  petits  comme  cirons.  Je 
suis  véritablement  bien  délibérée,  selon  ce 
que  je  verray,  de  leur  bien  dire  ce  qu'il  me 
semble  de  la  trop  longue  patience  et  attente, 
allée  et  veneue  de  lieu  en  aultre  qu'ils  m'ont 
faict  faire,  et  n'obmecteray  pas  de  parler  dès 
demain,  s'ilz  proposent  de  me  requérir  d'aller 
audict  Montauban,  des  mauvais  déporlemens 
du  s' de  Chastillon ,  quele  mareschalDampviile 
m'escript  qui  est  en  Rouergue,  assemblant 
des  forces  pour  aller  secourir  le  chasteau  de 
Beaucaire.  Touteffois  il  seroit  à  craindre, 
comme  je  ne  leur  celleray  pas,  que  ce  feust 
aussi  tost  pour  nous  faire  quelque  déplaisir, 
s'il  pouvoit ,  ou  pour  nous  desfourner  de  nostre- 
dicte  conférence;  ce  sera  pour  leur  monstrer 
que  je  n'ay  pas  occasion  d'aller  audict  Mon- 
tauban et  pour  les  rangera  venir  icy,  ou  bien 
de  demeurer  plustost  à  Nérac  et  nous  icy,  et 
faire  comme  je  l'ay  cy-dessus  déclaré.  Je  vous 
advertiray  de  tout  journellement  et  vous  rcn- 
voyeray  le  s'  de  Dinteville  dès  le  lendemain 


du  premier  joui-  de  noslre  conférence.  Priant 
Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-S'-Marye,  le  xvi"  janvier 
»579-  

1579.  —  ig  jauWer. 

Copie,  Bilil.  nal.,  Fonds  français,  n°  33oo ,  f»  i33  v"  '. 

[AL  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 
Monsieur  mon  filz,  suivant  ce  que  je  vous 
ay  escript  dernièrement,  mon  filz  U>  rov  de 
Navarre  ne  faillit  pas  d'envoier  icy  sabmedy, 
en  la  conduicte  du  viconte  de  Turenne-  deux 
des  députtez,  qui  furent  Causse  et  Vignolles 
de  Montpellier,  qui  parlèrent  à  moy  parti- 
cullièrement  tout  bas,  combien  que  j'eusse 
faict  assembler  mon  cousin  le  cardinal  de 
Bourbon  et  ceulx  de  vostre  Conseil  qui  sont 
icy.  Ledict  Vignolles  porta  la  parolle  et  me  fevt 
entendre  l'arrivée  desdictz  députiez  et  la 
bonne  intention,  avec  laquelle  ilz  venoient, 
au  bien  de  la  paix,  s'excusant  pour  leur  re- 
tardement sur  les  peurs  et  difficultés  qu'ilz 
ont,  et  que  ce  (jui  est  adveneu  à  la  Réolle  les 
avoit  encore  davantaige  mis  en  craincte  el 
esté  cause  d'un  grand  retardement  à  leur  ar- 
rivée. Leur  conclusion  fut  qu'ilz  me  sup- 
plioient  que  nostre  conférence  se  feist  à  Mon- 
tauban; sur  quoy,  leur  respondani  particul- 
lièrement  à  tous  les  poincis  dont  je  ne  vous 
feray  aultre  discours  pour  ne  vous  ennuyer, 
je  leur  dictz  résolument  que  je  ne  bougeois 
d'icy  pour  plusieurs  raisons  qui  seroient  aussi 
trop  longues  à  vous  desduire.  Je  lescripvis 
ainsi  à  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  le 
priay  par  mes  lettres  de  faire  que  luv  et  tous 

'  En  marge  :  crEuvoyce  au  Roy  par  M'  l'ajins,  ser- 
viteur de  Monsieur  de  fibrar.i 

■  On  trouvera  à  VAppemlire  une  letlre  inédite  du  roi 
de  Navarre  à  Turenne. 


22/1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


lesdiclz  députez  se  consentissent  à  cela  et 
que  j'en  eusse  responce  le  lendemain,  qui  fut 
hier.  Selon  cela  mondicl  filz  le  roy  de  Navarre 
envoya,  en  la  conduite  de  \olet,  deux  autres 
desdiclz  députez  qui  s'appellent  Pocquerais  et 
Lamer,  lesquelz,  parlant  ledict  Lamer,  me 
firent  aussi  de  grandes  excuses  et  me  dirent, 
comme  les  aultres,  qu'ils  venoient  avec  toute 
la  bonne  volunté  et  affection,  qui  se  pouvoit 
désirer,  au  bien  de  la  paix;  mais  qu'ilz  me 
supplioienl  de  voulloirque  ladicte  conférence 
se  feist  entre  Castelsarrazin  et  Montauban, 
disans  pour  leurs  plus  apparentes  raisons 
qu'ilz  estoienl  en  double  des  peuples  de  ces 
(juartiers  de  deçà,  aussi  qu'ilz  pensoient  bien 
(ju'ii  faudroit  souvent  qu'ils  envolassent  du- 
rant nostredicte  conférence,  sur  les  occasions 
qui  se  pourroient  présenter,  devers  ceulx  qui 
les  ont  députez,  et  qu'estans  eulx  audict  Mon- 
tauban, ils  seroient  beaucoup  ])lus  près  de 
leurs  provinces  que  non  pas  icy.  Ledict  La- 
mer parla  assez  longuement,  comme  entendit 
mondict  cousin  le  cardinal  de  Bourbon  et 
ceulx  de  vostre  Conseil  :  je  luy  respondiz, 
comme  j'avois  faict  aux  aultres  le  jour  de 
devant,  et  particullièrement  lesdictz  de  vostre 
Conseil,  les  ungs  après  les  autres,  les  me- 
nèrent comme  il  failloit,  si  bien  que  chacun 
de  ceulx  de  vostredict  Conseil  se  meit  en  co- 
lère contre  iceulx  députez,  leur  disans  les 
mesmes  raisons  que  je  leur  avois  dictes,  du 
toi  1  qu'ilz  avoient  de  penser  qu'ils  ne  fussent 
icy  aussi  seurement  qu'en  tous  les  aultres 
lieux  où  ils  pourroient  estre;  mais  qu'ils  se 
congnoissoit  bienpar  là  qu'ilz  avoient  quelque 
chose  de  caché  au  cœur,  comme  aussy  cer- 
tainement le  pensé  je,  ou  que  c'est  qu'ilz 
attendent  encores  quelque  chose,  ou  qu'ilz 
veullent  gaignerle  temps;  car,  ainsy  que  très 
bien  leur  feust  représenté,  les  chemins  et 
passaiges  sont  à  présent  si  malaysez  et  les  eaus 


si  grandes  que,  quand  je  partirois  à  ceste 
heure,  je  ne  saurois  estre  où  ilz  vouldroient 
que  j'allasse  en  quinze  jours,  et  crainderois 
qu'entre  cy  et  là,  il  advint  encores  quelque 
destourbier,  qui  empeschast  ce  bon  œuvre  pour 
lequel  j'avois  prins  la  peine  de  venir  si  loing 
et  en  si  dure  saison,  dont  néantmoings  je  ne 
me  soucie  uy  me  vouUois  plaindre,  pourveu 
que  les  choses  prissent  de  bon  succedz,  que  je 
dc'sirois  et  que  tant  de  pauvres  peuples  atten- 
doiont,  il  y  avoit  desjà  si  longtemps,  dont  la 
faulte  et  retardement  de  ce  bien  là  ne  venoit 
que  par  eulx,  n'estant  plus  question  que  de 
regarder  les  moiens  d'exécuter  l'édict  de  pa- 
ciffication.  ce  qui  debvroit  estre  faict,  il  y  a 
longtemps,  etseroit  bientost  résolu,  s'ilz  voul- 
loient  y  marcher  de  bon  pied;  mais,  quelque 
chose  que  je  leur  aie  encores  peu  dire,  et 
particullièrement  aussi  ceulx  de  vostre  Con- 
seil, les  ungs  après  les  aultres,  en  quoy  il  n'a 
esté  rien  obmis  de  tout  ce  qui  se  pouvoit  leur 
remonstrer,  ils  s'en  sont  pourtant  retournez 
sans  qu'ilz  aient  jamais  voullu  résouldre 
aultre  chose,  sinon  qu'ils  le  diront  encores  à 
mondict  fdz  le  roy  de  Navarre  et  aux  autres  dé- 
putiez; et,  veoyanlcela,  j'ay  escript  encores  à 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  pai-  ledict 
Yolet  et  par  eulx,  pour  le  repersuader  encores 
défaire  eu  ce  lieu  nostredicte  conférence,  ou 
bien  qu'ils  m'envoiassent  leurs  cahiers  et  de- 
mourassent  à  Nérac,  puisqu'ilz  estoient  en 
double  de  venir  icy;  mais  que  premièrement 
je  désirois  que  mondicl  fils  le  roy  de  Navarre 
les  amenast  tous  en  une  abaye'  qui  est  de 
delà  la  rivière,  s'ilz  ne  voùlloient  passer  de 
deçà,  aflin  ([ue  je  les  veisse  tous  et  qu'il/, 
peussent ,  à  leur  aize ,  parler  à  moy,  qui  leur  ay 
aussi  proposé  de  loger  es  maisons  qui  sont 

'  C'est  l'abbaye  du  Paravis,  ou  Paradis,  nionaslère 
considérable  de  l'ordre  de  Fonlevraull,  dans  un  joli  site, 
tout  près  de  Porl-Sainte-Marie. 


LETTRES  DE  GATHERLNE  DE  MËDICIS. 


225 


près  de  ladicte  abaye,  ou  sinon  et  «ju'ilz  ne  so 
vouHusseuf  fier  en  la  promesse  que  je  leur 
l'aisois,  qu'iiz  n'auroient  aucun  mal  ne  dé- 
plaisir, qu'ilz  me  baillassent  là,  après  que  je 
lesaurois  ouys,  leurs  cabiers,  et  quej'yrespon- 
derois  par  escript  et  qu  ilz  verroient  lesdictes 
responses,  et  après,  s'il  failloit  vuider  qvielque 
difficulté,  que  nous  nous  assemblerions  en- 
çores,  de  sorte  que  ce  seroit  bien  lost  faici, 
s'ils  vouUoient.  Ils  n'ont  pour  tout  cela  autre 
chose  respondu,  sinon  qu'ilz  feront  le  tout 
entendre  à  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et 
auxdictz  autres  de'putez,  qui  a  esté  occasion 
que  j"ay  aussi  faict  mettre  en  niadicte  lettre  que 
j'envoiroisencores  aujourd'hui,  conimej'av  laid 
ce  matin ,  le  s'  de  Pibrac  andici  -\érac,  pour  en 
sçavoir  nue  résolution.  Priant  Dieu,  Monsieur 
mon  filz ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  au    Port-S"-Marye,   xix"  janvier 

1579.  —  :2i  jaiuici'. 

Orig.  Archives  âe  Bayonin?.  s<!'iie  AA.  legiïil.  si. 

\  >IESSIELRS  LES   OFFICIERS, 

MANANS  ET  HABITAIVS 

l)E     LA     HLI.E 

DE    HAYONNE. 

Messieurs,  j'ay  esté  pre'sentement  adverlie 
que  ceiilx  de  la  Religion  j)rétendue  l'éformée 
ont  entreprins  sur  vostre  villo,  et,  à  ceste 
occasion ,  je  vous  prie  ne  faillir  d'avoir  soigneu- 
sement l'œuil  ouvert;  car,  à  ce  que  j'entends, 
ladicte  entreprinse  se  doibt  bicntost  tenter  et 
exécuter.  Voilà  pour  quoy  il  lault  y  prendre 
garde  de  bien  près ,  et  m'asseurant  qu'ainsi  ferez 
vous,  je  ne  vous  ferav  ceste  cy  plus  lojjgue,  si 
n'est  pour  vous  dire  que  j'en  escripis  autre  au 
s'  de  La  Ilillière,  alFin  (ju'il  fasse,  de  sa  part, 
tout  le  devoir  qui  est  requis  et  nécessaire  pour 
lousjours  conserver  vostre  ville  en  seureté  el 

Catherixe  de  MÉDICIS.  VI. 


aussi  en  paiv  et  repos  soubz  l'obéissajHc  du 
Roymonsicurniiiri  filz.  PriautDieu, Messieurs, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  a\i   Port-S"-Marie,  le  \\i'  janviei' 


1579. 


PlNAIlT. 


Caterine. 


I.")7',l.  il  janvier. 

Aul.  UiJjl.  Dut.,  Fonds  Dupuy,  n*  311,  f^  11. 

A  MONSIEUR  MON  FILS 

LE   ROY   DE   NAVARRE. 

Mon  fils,  je  ne  vous  fayré  longue  la  pré- 
santé,  car  j'escrips  à  vostre  femme,  et  renie- 
ment vouspryré  me  tenir  promèse  de  remetic 
Florense,  suivent  cet  que  enn'  ay  de  vous  par 
escript  et  m'avés  dyst.  Je  vous  envoy  pour  cet 
ayfest  le  sieur  de  Savignac,  afin  que  lui  en- 
voyez a\eques  quebjue  eun  des  vosires  qui 
aubéiré,  et  ausy  que  fasiés  remetre  Laugon; 
car  autrement  je  voy  ceulx  de  Bourdeau  et 
les  catoliques  ynfiniment  altérés.  Je  ne  fanis 
poynt  au  promeses  que  le  Roy  vous  feyt,  el 
nioy  en  son  non.  Je  vous  prie,  soyés  le  nièlrc 
et  me  lenés  les  \ostres,  et  je  me  remets  à 
vostre  femme  et  au  sieur  de  Sa\ignac,  qui  me 
feyré  fayre  fin,  prieiit  Dieu  vous  donner  aussi 
bon  ronsel  que,  je  m'aseure,  liavés  la  volunlé. 

Du  Port-Saiiite-Marie,  cet  wi'^  de  janvier 
1579. 


Vostre  bonne  mère. 


(-ATE1UNE. 


I.")79.  —  al  jaiivior. 

Orig.  Kibl.  liai.  ,  F.inils  IhiDf.  11"  iîaAS  ,  f"  33. 
A  MON  CODSIN 

LE   S'^  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  les  habitans  de  la  ville  et  dio- 
cèse de  Nismes  ^à  ce  que  m'a  raportérévescjue 

IIIITinttr.lE     X.VTIONAI  f , 


226 

de  Valience,  et  aussy  ce  que  m'en  avez  ample- 
ment escript)  feurent  les  premiers  de  ceuk 
de  la  relligion  pre'tendiie  refformée  en  vostre 
gouvernement,  qui  receurent  et  féirent  pu- 
blier  l'édict  de   paciffication,  comme    aussy 
sont  ilz  les  premiers,  ou,  pour  mieulx  dire, 
seulz,  qui  ont  envoie'  par  devers  moy  pour  me 
présenter  la  de'votion  qu'ilz  ont  de  vivre  en 
paix  soubz  robc'issance  du  Roy  monsieur  mon 
fllz  et  de  ses  édictz,  qui  faict  que  je  les  estime 
dignes  d'estre  bien  et  favorablement  traictez 
et  gratifiiez  en  tout  ce  que  le  temps  le  per- 
mectra,  comme  bons,  loiaulx  et  fidoUes  sul)- 
jectz;  et  suis  marrie  que  je  n'ay  peu  les  con- 
tenter sur  certains  articles  contenuz  eu  leur 
requesie,   sur  lesquelz  je   n'ay   rien  peu  ny 
voullu  ordonner,  par  ce  que  tout  deppend  de 
la  seuile  auctorité  du  Roy,  mondit  S'  et  filz, 
et  aultre  que  luy  n'y  peult  toucber.  Mais  j'es- 
père les  recommander  de  si  bonne  façon ,  qu'ilz 
auront  occasion  de  faii-e  par  cy  après  de  bien 
en  mieulx  et  de  bien  servir  et  obéyr,  comme 
ilz  ont  commancé.  Ce  que  je  vous  prie,  mon 
cousin,  leur  faire  entendre  et  les  graliffier  en 
ce  que  vous  pourrez,  et  singuHièrement  en  co 
qu'ilz  demandent  que  le  siège  présidial  rentre 
en  leur  dicte  ville  de  Nismes,  suivant  ce  qui 
est  porte'  en  termes  exprès  par  l'édict.  Et  si 
ainsy  est  que  de  leur  part  ilz  y  aient  satis- 
faict  (comme  vous  m'en  escripvez  bien  ample- 
ment, et  qu'il  appert  aussy  par  les  attestations 
des  eccle'siasticques,  et  des  aultres  qu'ilz  m'ont 
faict  veoir),  il  me  semble  qu'on  doibt  accorder 
leur  dicte   demande,  attendu  mesnies  qu'ilz 
doibvent  bailler,  comme  ilz  olîrent  d'abon- 
dant, toutes  seurettez  pour  les  juges  et  tous 
aultres  qui  vouidront  rentrer  en  leurs  maisons, 
si  aucuns  en  y  a  qui  n'y  soient  encores  ren- 
trez.  A  quoy  vous  pourrez  mieulx  que   nul 
aultre  pourveoir,  estant  sur  le  lieu,  comme  je 
vous  prie  de  faire    et  retenir  autant  que  vous 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


pourrez  lesdits  diocésins  de  Nismes  en  la  dé- 
votion qu'ilz  démonstrent  avoir  à  l'entretene- 
ment  de  l'e'dict,  qui  est  ce  que  le  Roy,  mon- 
dit S''  et  filz,  dësire  de  ses  bons  et  loyaulx 
subjectz.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  xxi*  jour 
de  janvier  1&79- 

De  sa  main  :  Vostre  bonne  cousine , 

Caterine. 

La  Réole  ayst  rendue;  mes  les  députés  sont 
bien  facheulx  et  ne  se  cet  qu'il  ont,  mes  je 
voye  bien  qu'il  ne  veulet  que  prolonger,  et 
setpendent  faut  i  prendre  grant  [sic)  à  tout 
et  de  tous  coûtez ,  sau  rien  altérer  le  repos  s'il 
et  posible. 


Copie 


1579.  —  31 -ai  janvier. 

Bibl.   nat.  ,  Fonds  français,  n"  33oo ,  f°  i3i 


[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  incontinent  après  l'ar- 
rivée du  s'  de  Dintheville,  je  vous  feys  res- 
ponce  à  la  dépescbe  qu'il  m'apporta  et  vous  en- 
voyay  l'abbé  Gadaigne-  avec  celles  que  je  feys 
aussi  à  mon  fils  le  duc  d'Anjou ,  duquel  j'at- 
tendz  les  bonnes  nouvelles  que  je  désire  pour 
vostre  contentement  et  son  devoir,  que  j'espère 
en  Dieu  qu'il  fera,  luy  aiant  par  vous  si  frans- 
chement  mandé,  comme  le  petit  La  Rocbe,  qui 
arriva  hier  icy  sur  le  soir,  m'a  dict  de  vostre 
part,  l'asseurance  qu'il  doit  prendre  en  vous 
de  la  parfaicte  amitié  que  lui  portez;  sur  quoy 
j'ay  fait  amplement  entendre  mon  advis  au  s'' 
de  Dintheville,  saichant  qu'il  vous  est  très 

'  En  marge  :  «Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  de  Din- 
Iheville.» 

^  L'abbé  de  Gadaigne  était  porteur  de  la  dépêche  du 
5  janvier.  Voir  plus  haut,  p.  ao3. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


227 


fidèle  et  affectioané  serviteur  :  aussi  iay-je 
retenu  jusques  ad  ceste  heure,  alin  qu'il 
vous  puisse  particullièremenl  rendre  compte, 
comme  je  m'asseurc  qu'il  saura  très  bien  faire, 
de  tout  ce  qui  s'est  passé  icy  journellement 
pour  vos  affaires  et  service,  combien  que  je 
vous  en  aye  toujours,  à  toutes  les  occasions, 
escript  jusques  à  la  journe'e  d'hier,  que  le  vi- 
conte  de  Turenne  vint  après  disner  icy  et  me 
feyt  entendre,  de  la  part  du  roy  de  ^avar^e, 
que  suivant  ce  que  je  lui  avois  mandé  avec 
beaucoup  de  grandes  raisons  par  le  s"'  de  Pi- 
brac,  il  avoit  faict  tout  ce  qui  lui  avoit  esté 
possible  envers  les  députtez  de  ceulx  de  sa  rel- 
ligion  pour  les  faire  consentir  à  ce  que  feis- 
sions  nostre  conférence  en  ce  lieu  (mais  il  ne 
i'avoit  peu  obtenir) ,  et  qu'ils  estoient  demeurés 
fermes  et  entiers  en  ce  que  m'avoient  requis 
premièrement  Decosse,  Vignolles,  et  depuis 
Pocquerais  et  Lauier,  qui  estoit  qu'ils  me  sup- 
plicient que  j'allasse  à  Caste  1-Sarrazin  et  eulx 
à  Montauban,  d'aultant  qu'ils  ne  pensoient 
point  estre  vu  seureté  ailleurs,  pour  les  mesmes 
foibles  raisons  que  je  vous  ay,  ces  jours  icy, 
escript  et  qu'ilz  m'avoient  dictes,  et  qu'entre 
cesdictes  deux  villes  nous  choisirions  quelque 
lieu  pour  nostre  dicte  conférence,  ou  que 
plustost  ils  viendroient  tous  les  jours  à  Cas- 
tel-Sarrazin.  J'ay  eu  aultant  do  desplaisir 
d'entendre  ceste  belle  harengue  que  j'euz 
jamais  en  affaires  que  je  traictasse;  aussy 
l'ay-je  bien  faict  cougnoistre  audicl  viconte  de 
Turenne,  comme  vous  dira  ledict  s'  de  Din- 
theville',  luy  ayant   premièrement   dict  que 

'  M.  de  Dinteville  était  arrivé  depuis  le  commence- 
ment de  janvier,  porteur  des  dépêclies  du  roi.  La  reine 
mère  l'avait  rptenu  près  d'elle  une  quinzaine  de  jours. 
C'était  plus  iju'un  courrier  ordinaire  :  il  donnait  son  avis 
sur  tes  événements  et  était  chargé  de  les  commenter  de 
vive  voix,  ajoutant  ainsi  aux  lettres  qu'il  portait  des  dé- 
tails qu'elles  n'auraient  pu  contenir.  Aussi,  en  même 


j'avoys  regret,  pour  estre  ce  qu'il  estoit,  qu'il 
m'aportast  ceste  belle  résolution,  et  puis,  par- 
temps  que  son  paquet  de  correspondance  oITicielle, 
Callierine  lui  avait  remis,  comme  à  un  amt>assadeur, 
une  ^Instruction».  C'est  celte  pièce  que  nous  donnons 
en  note.  Elle  se  trouve  dans  le  ms.  fr.  ao465,  p.  383, 
sous  ce  titre:  rr Mémoire  envoyé  au  s'  de  Dinteville,  ve- 
nant trouver  le  Roy  de  la  part  de  la  Revue  sa  mère,  sur 
ce  qu'elle  négotioit  lors  pour  sadicte  Majesté  avec  le  roy 
de  Navarre»;  et  dans  le  ms.  33oo,  f  i38  v°,  avec  le 
litre  suivant  : 

Mémoire  particulier  baillé  par  ladite  dame  rnijne  mère 
du  Roy  aud.  sieur  de  Diiithevitle. 

trLa  Royue  mère  du  Roy  n'eust  peu  recepvoir  plus  de 
joye  et  de  plaisir  que  d'entendre  les  bonnes  nouvelles 
que  luy  a  rapportées,  de  la  part  du  Roy  et  de  Monsei- 
gneur le  duc  d'Anjou,  le  s'  de  Dintheville,  cappitaine  de 
cinquante  hommes  d'armes,  lequel  s'est  envers  ladicte 
dame  si  dignement  acquité  de  la  charge  qu'il  avoit  de 
Sa  Majesté  et  de  mondict  seigneur,  et  a  si  bien  suivv  icy 
ce  que  ladicte  dame  Royne  luy  a  commandé  d'en  dire 
au  roy  de  Navarre,  princes  et  s"  qui  sont  par  deçà, 
que  icelle  dame  en  a  très  grant  contentement;  etoultre 
cela  a  fort  bien  servy  ledict  s'  d'Iniheville  pour  tousjours, 
selon  que  les  occasions  se  sont  présentées,  admonester 
ledict  s'  roy  de  Navarre  à  accellérer  la  conférence  et  sa- 
tisfaire au  désir  du  Roy  et  de  ladicte  dame  Royni'  pour 
l'éxecution  et  estabhssemenl  de  la  paix. 

rVoulaut  ladicte  dame  Royne  qu'à  ce  propos  ledict  s' de 
Dintheville  face  entendre  au  Roy  comme,  depuis  le  par- 
lement dn  sieur  de  Maintenon,  icelle  dame  Royne  conti- 
nuant tousjours  sans  oublyer  aucun  moien  qu'elle  ayt 
peu  penser  qui  peust  servir  envers  ledict  sieur  roy  do 
Navarre  et  ceulx  qui  sont  auprès  de  luy  pour  accellérer 
la  conférence ,  elle  n'a  peu  néantmoings  jusques  à  cest 
heui-e  rien  résouldre  avec  eulx,  mais  l'on  se  peult  asseurer 
qu'elle  y  fera  encores  tous  les  elTorls  qu'elle  pourra ,  ainsy 
qu'elle  escript  amplement  au  Roy  et  que  ledict  sieur  de 
Dinteville  pourra  sur  cella  s'estendre  soit  à  desduire  à  sa 
-Majesté,  quand  il  la  verra  à  propos,  ce  qu'il  en  a  veu 
pendant  qu'il  a  esté  de  deçà,  et  aussy  faire  entendre  au 
Roy  ce  que  sur  cella  ladicte  dame  Royne  lui  a  parli- 
cullièremeut  dict  de  bouche  de  la  délibération  où  elle  esl. 

nN'oublira  aussy  de  luy  discourir  à  ce  propos  tout  ce 
qu'elle  luy  a  ces  jours  icy  dict  des  moieus  qu'elle  a  tenuz 
pour  retenir  fermement  on  toute  dévotion  et  alîeclion  au 
service  du  Roy  toute  la  noblesse  de  ces  pais  de  deçà  et 


29- 


:>:iS 


I.HTTKES   DE   CAT 


laiil  (lesdicU  tlépulés.  je  ir.-iy  lirii  oublié  de 
loiil  ce  (jui  SI'  peut  pour  faire  cougnoistre  la 
nicschancetu  et  maulvaise  volunlé  qui  esl  en 
fiilv  et  la  rétribulion  quils  mériloient  de 
\oiilloir  ainsi  par  leur  malice  et  contre  la 
rliMrj;e  (ju'ils  a\oient  de  ci'ul\  qui  les  oui  en- 
voyez, de  proloujfer  et  traverser  ung  si  bon 
ien\re;  que  je  ne  laisserois  de  faire  exercer 
\ostre  édict  suivant  vostre  droite  el  saincte  in- 
lenlioii,etque  partant  qu'il?,  laissassent  aller  et 
retourner  lesdictz  députés,  et  que  je  leur  ferois 
bailler  des  passeportz,  non  seullciuenl   pour 

(icià  Cuironne  et  jusques  en  Laur.nj;iiais,  nui  o^l  en  1res 
jq;uil  niiinlire,  et  ro  que  pareillenjent  à  ce  propos  la 
(lirle  dame  lioque  luy  a  commandé  de  dire  et  Iden  re- 
iin'senler  à  sadicif  Majesté  des  jjrans  uioiens  ([ua  envers 
ladicli'  uolilesse  le  perscmnaiye  (|ui  lu\  a  este  nommé  .  et 
aussy  le  pouvoir  qu'il  a  parmy  les  peuples  des  villes  de 
deçà  et  qu'en  correspondance  avec  toutes  les  bonnes  villes 
di>  ce  ro\aume,  en  chacune  desquelles  il  \  a  tousjours 
(luelciuesunyz  qui  vont  et  viennent  pour  se  tenir  advi'rtis 
les  unjjs  les  autres  dr  tout  ce  qui  se  passe. 

-Henierlant  au  demeurant  ladicte  dame  Royne  audict 
sieur  de  Dinllieville  de  représenter  au  lioy,  comme  elle 
s'asseure  (pi'il  sranra  très  liirn  faire,  tout  ce  qu'il  aveu 
el  entendu  concenianl  ses  alTaires  et  service  el  lout  ce 
i|u'il  verra  et  eulendra  encores  par  oii  il  passera,  d'où, 
s'il  \ei)ioit  ou  aprennit  (pielque  diose  qui  le  méritast ,  il 
escrira  à  ladicte  dame  lîoyne,  qui  lu\  en  sçaura  fort  bon 
j;ré.  <()mme  doilit  faire  le  Roy  de  la  lionne  alïedion  c|Ue 
irelle  Dame  a  tousjours  coninneu  que  iedict  s'  irinllie- 
ville  a  à  son  service  et  de  la  peine  qu'il  a  soifjneusement 
prinse  en  son  voiage,  en  tout  ce  (jui  estoit  du  s^M-vice  de 
leurs  Majestés. 

trFaict  au  Porl-Saincic-Maru'.  le  vvii'  jour  de  janvier 

i">7'.t"- 


M.  de  Dinleville  repailil  ipour  la  l.ioiir  le  a'i  ou  le 
a5  janvier.  A  peine  arrive  el  dés  ([u'il  eut  rempli  sa  mis- 
sion, le  roi  le  renvoya  à  sa  mère  à  la  lin  de  février,  avec 
des  dépêches  qui  sont  malheureusement  perdues:  mais 
il  élail  porteur  d'une  lonî;ue  r instruction-,  que  nous 
avons  r.'lroiivée  dans  le  ms.  fr.  ao665,  de  la  collerlion 
Gaiimièies,  et  que  nous  publions  tout  entière  en  Appeii- 
ilice.  Elle  esl  datée  de  Paris,  du  2O  février  iSyy,  et 
sj|;née  par  Henri  11!  l'I  pur  son  ministre  \  illeroy. 


HERINR  DE  MÉDICIS. 

s'en  retourner,   mais  pour  les  faire  pendre, 
comme  ilz  mériloient;  qu'aussy  bien  estoienl- 
ilz  gens  de  peu,  mal  niVectionnez  au  bien  di- 
re royaulme.  et  qu'au  lieu  d'y  désirer  la  paix, 
comme  font  ceulx  qui   les  ont   depputlcz  el 
de  me  venir  recliercher,  ayant  cesl  honneur 
d'estre   vostre  mère   et  d'estre  venue  icy,  de 
voslrc  part,  eu  un  si  mauvais  temps  et  che- 
min, dont  louUlVois,  puisque  c'esloil  pour  unj; 
si  bon  et  sainci  (envie  je  ne  me  plaignois  pas 
mes  pevnes  et  dont  aussi  ne  ponvoient-ilz  au 
moins  (jue  me  remercier,  ils  faisoient  tout  le 
(diilraire,  de  leur  propre  malice,  pour  nourrir 
la  puei're  et  continuer  toujours  d'eulx  enrichir 
de  la  substance  du  pauvre  peujile,  estant  bien 
aizé  à  veoir  qu'ilz  avoient  quelque  délibération 
el  meschante  chose  cachée  au  cteur;  mais  que 
j'espérois  qu'ilz  en  seroient  chastiez,  ne  déli- 
bérant pas  de  faire  ceste  indignité  à  vous  et 
à  moy  d'aller  hors  d'icy,  combien  qu'eu  mou 
particulier    j'aye    bien    monstri'    ne    voulloir 
plaindre  mes  peynes,  comme  encores  ne  les 
plaindrois-je,  mais  qu'il  n'y  auroit  point  de 
propos,    et   (pie   je    m'asseurois  qu'eu  despit 
d'eulx.  suivant  vostre  di'sir  id    voslre   inten- 
tion ,  j'establirois  la  paix  que  Dieu  avoit  donnée 
en  ce  rovaulme,  el  ipie  tous  les  gens  de  bien 
d'icelluy  me  suivroient   et  m'assisteroient  eu 
iing  si  bon  et  si  saint  (euvre,  pour  lequel  je 
me  (iromeclois  aussi  (pie  mondict  filz  le  roy 
de  ^avarl•e,  Iedict  viconte  de  Turenne  mesme 
et  leurs  aultres  seigneurs  de  leur  religion  se 
joindroient    avec  moy   et   tant  d'aultres  gens 
de  bien,  qui  attendent,  il  \  a  si  longtemps, 
et  défirent,  comme  chacun  doibt ,  le   ferme 
eslablissemenl  de  ladicte  paix,  el  ({uc  je  man- 
derois  la  noblesse  de  ces  pays,  que,  je  mas- 
seure,  seroit  bienlost  avec  moy;  ayant  sur  cela 
renvoyé  Iedict  viconte  de  Turenne  avec  une 
lellre  de  ma  main  à  mondict   fdz  le  roy  de 
\avnrre  et  une  aultre  à  voslre  sœur,  (jui  alla 


LETTRES  DE  CATH 

liiiT  ti'omer  sou  iiiaiv  à  Xe'rac,  où  je  reuvoyey 
cncores  iedict  sieur  de  Pibrac,  affin  qu'il  peust 
entiî'reiiient  l'aire  ontendro   le  loul  à  vostre- 
dicte  sœur  et  qu'elle  feisi  dextremeul  d'elle- 
mesmc  tout  ce    qu'elle    pourroit   pour  faire 
noslre  dicte  conférence  icy,  ou  bien  que  iesdictz 
dépputcz  me  baillassent  leurs  cahiers  et  de- 
meurassent à  ÎVerac,  s'ilz  avoienl  si  grande 
peur  qu'ilz  disoient.  Et  Iedict  jour  d'hier,  sur 
le  soir,  arriva  le  petit  La  Roche,  comme  je 
vous  ay  prédict,  avec  les  dépeschcs  qu'il  vous 
a  [)lou  me  faire  par  luy,  lesquelles  m'ont  in- 
finiment resjouie  :  premièrement,  pour  avoir 
vcu  par  icelles  et  sceu  amplement  par  luy  la 
continuation  de  vostre  bon  portement,  le  bel 
ordre  qui  est  en   vostre  Court,  dont  il   nfa 
rendu  compte,  et  puis   la   bonne   espe'rance 
que  j'ay  veu  par  vosdictes  dépesches,  et  par 
les  lettres   que   m'escripvent   aucuns  de    vos 
serviteurs,  du  bon  commencement  qu'il  v  a 
que  voz  affaires  se  ])orteront,  Dieu    aidant, 
fort  bien  en  vos  provinces.  Et  aiant  pareille- 
ment veu  vers  la  fin  de  vostre  dicte  dépesche, 
escript  de  la  main  de  Villeroy,  que,  oultre  ce 
que  me  mandez  sur  la  requeste  que  je  vous 
avois  l'aide  pour  mon  fiiz  le  Roy  de  Navarre 
louchant  la  surcéance  du  procès  qu'il  a  contre 
niondict  cousin  le  duc  de  Nevers,  vous  dési- 
riez  aussy  qu'il  ne   me  tienne  plus  en   lon- 
gueur sur  ladicte  conférence,  je   couppey  le 
bas  de  ladicte  lettre  où  est  vostre  seing,  et 
escripviz  au  doz  à  niadicte  fille  la  royne  de 
Navarre  dire  à  sondict  mary  ce  que  lui  avez 
accordé  pour  ledit  procès  ainsy  qu'elle  voioit, 
et  vostre  désir  que  l'on  ne  me  tinst  plus  en 
longueur  pour  nostre  conférence;  en  quoy  je 
l'admoneste  encores  de  faire  tout  ce  qu'elle 
pourra  envers  sondict  mary  pour  l'accellérer, 
et  n'oublie  pas  de  lui  mander  aussi  ladicte 
continuation  de  vostre  bonne  santé  ainsy  et 
lesdictes  bonnes  nouvelles  qu'avez  de  voz  pro- 


ERINE   DE  MÉDICIS.  ±2\) 

vinces,  luy  aiani  envoyé  cela,  ce  malin,  par 
Iedict  La  Roche,  que  j'av  aussy   instruici   de 
plusieurs    aultres    particularitez,    qu'il    dira 
comme  de  lui-mesme  bien  à  proi)os  quand  ou 
lui  demandera  des  nouvelles,  lui  aiant  d()nn(' 
charge  de   dire  tout  bas   à   madicle  fille,  la 
royne    de  Navarre,   que    vostre    delib('Mation 
estoit,  si  dedans  la  fin  de  ce  mois  de  febvrier 
prochain  je  n'avois  icy  estably  la   paix,  de 
venir  vous-mesme,  et  partir  eu  ce  temps  là. 
Je  suis  contraiucte  de  m'ayder  de  toutes  façons 
pour  faire  venir  ces  gens  icy  à  ce  que,  s'ils 
estoient  bien  saiges,   ilz   debvroient  recher- 
cher d'eux-mesmes  et  m'en  poursuivre  instam- 
ment; mais  je  veoy  bien  qu'ilz  ont  quelque 
arrière-pensée  en  leur  cœur,  comme  je  leur 
ay  assez  franchement  plusieurs  fois  dict  et  que 
j'estimois   que   c'estoit    des   enfreprinses   qui 
veuUent  encores  tenter  sur  voz  villes,  mais 
que  j'avoys  fort  bien  adverty  pailout.  comme 
aussy  ai-je  [fait],  (|u'on  s'en   donnasl  garde 
tellement  qu'ils  en  ont  failly   en  divers  en- 
droictz,   dont   je  les    ay  fort  blasmez,  ainsi 
que  de  beaucoup  d'aultres  maulvaises  choses, 
en  quoy  je  leur  diclz  tousjours  leurs  véritez; 
mais  ils  avalent  cela  sans  le  gouster.  Je  pense 
aussi  que  ce  qui  les  l'aict  retarder  ladicte  con- 
férence est  pour  ce  qu'ils  désirent  veoir  plus 
clair   aux  affaires  de  Flandres  et  retour  de 
vostre  frère,  et  aussi  ce  qui  réussira  des  pro- 
pos du  mariaige  d'Angleterre,  et  pareillemenl 
ce  que  deviendront  ces  remeuemens  d'aucunes 
de  vos  provinces.  J'essayeray  encores  par  tous 
les  moiens  que  je  pourray  à  faire  en   sorte 
que   nous  puissions  résouidre,  avec    Iesdictz 
députez   ou  sans  eulx,  l'exécution  de  vostre 
édict  de  paciffication. 

Ledict  viconte  de  Turenne,  estant  prest  à 
s'en  retourner  avec  mesdictes  lettres,  me  l'eyl 
une  ouverture  qu'il  ne  falloit  laisser,  encores 
que  Iesdictz  députez  s'en  retournassent,  d'en- 


230 


LETTRES  DE  CATH 


voyer  des  personnes  notables  par  les  pro- 
vinces pour  arrester  le  mal  et  pourveoir  à  tout 
ce  que  l'on  pourrait,  me  voulant,  à  mon  advis, 
faire  parier  sur  cela  et  veoir  ce  que  je  diroys; 
mais  je  luy  respondiz  qu  ilz  feissent  dresser 
et  mectre  par  escript  iesdictes  commissions  et 
instructions  et  que  je  les  verroys  après  pour 
y  adviser.  Je  Tay  ainsi  expressément  faict; 
car  par  là  je  congnoistray  peut-estre  quelque 
chose  de  leur  délibération,  qui  est,  à  mon 
advis,  qu'ilz  veullent  attendre  de  veoir  plus 
clair  les  choses  cy  devant  déclarées,  et  ce- 
pendant tenir  tout  comme  en  surcéance.  Peut- 
estre  aussy  qu'ilz  attendent  le  printemps,  et 
qu'ilz  auront  fait  quelque  sinistre  résolution 
sur  le  retour  de  (/iervant.Touttefois  l'on  m'as- 
seure  tousjours  qu'ilz  veullent  la  paix,  et  eulx- 
mesmes  le  m'ont  dict  et  faict  dire  fort  franche- 
ment et  asseurément,  et  néantmoings  ces  lon- 
gueurs icy  et  leur  façon  de  faire  y  contrarient. 
Quand  je  seray  bien  asseurée  que  le  mares- 
chal  de  Biron  aura  la  RéoUe  en  sa  puissance, 
et  après  avoir  entendeu  ce  que  vostre  sœur,  qui 
sera  icy  demain,  me  rapportera,  je  me  résoul- 
deray  de  ce  qu'auray  à  faire,  dont  peult-estre 
ledict  s' de  Dintheville,  que  je  ne  feray  expres- 
sément partir  jusques  à  demain,  vous  portera 
des  nouvelles.  Cependant  je  vous  diray  que, 
comme  vous  avez  veu  par  mes  dernières  dé- 
pesches,  je  faictz  tout  ce  que  je  puis,  et  par 
tous  les  moyens  et  inventions,  pour  faire  re- 
mettre Langon  et  Florence.  J'en  ay  les  pro- 
messes par  escript  de  mondict  fils  ie  roy  de 
Navarre,  principalement  pour  ladicte  Flo- 
rence, dont  je  vous  ay  envoyé  les  doubles^, 
n'oubliant  pas  de  tenir  ceux  de  Bourdeaulx 
advertiz  de  ce  que  je  fis  pour  Langon,  en 
sorte  que  je  m'asseure  qu'ils  verroient  bien 
que  l'on  faict  tout  ce  que  l'on  peut  pour  ester 

'  C'est  la  r  Promesse»  indiquée  plus  liaut. 


ERINE  DE  MÉDIGIS, 

l'espine  et  le  mal  qu'ilz  craignent  avec  raison 
dudict  Langon,  s'il  demeuroit  es  mains  de 
ceulx  de  la  Relligion,  et  que  revinssions,  ce 
que  Dieu  ne  veuille,  aux  troubles  :  et  vous  di 
ray  encores  que  je  ne  cesseray  jusques  à  ce 
que  je  voye  Florence  et  Langon  remis;  mais 
il  eust  esté  bon,  suivant  ce  que  je  vous  ay 
plusieurs  foys  escript,  qu'eussiez  derechef  et 
très  expressément  mandé  à  cinq  ou  six  des 
factieux  de  Bourdeaux  d'en  sortir,  sous  peine 
de  pugnition  ;  car  jusques  alors  il  y  aura 
tousjours  des  mesnées  et  des  brouilleries  pré- 
judiciables à  vostre  service  et  à  la  ville,  oiî 
j'ay  envoyé  le  conseiller  Moié  et  deux  conseil- 
lers de  la  Chambre  d'Agen,  l'ung  catolicque 
et  l'aultre  de  la  Relligion,  ainsy  que  je  vous 
escripvis  la  sepmaine  passée,  pour  esclaircir 
la  vérité  des  entreprinses  que  l'on  dit  qui  es- 
toient  sur  ces  chasteaux  où  sont  de  présent 
les  s"  de  Saillac  et  de  Merville;  mais,  comme 
vous  dites  par  voz  lettres,  il  se  voit  bien  qu'ils 
desdaignent  à  présent  leurs  charges,  pour  les 
raisons  mesmes  que  vous  m'escripvez.  El  à  ce 
propos  je  vous  diray  que  l'on  ne  s'aidera  de 
la  commission  que  m'avez  envoyée  des  trente 
barquebuziers  que  l'on  vous  avoit  demandés; 
car  oultre  la  despense,  je  crois  qu'il  n'en  est 
besoing  maintenant. 

Je  vous  e&voye  ung  mémoire  de  la  résolu- 
tion que  je  feis  ledict  jour  d'hier  pour  le 
faict  de  Condom,  sur  une  dépesche  du  s"'  de 
Bajaulmont,  que  je  vous  escripvois  dernière- 
ment y  avoir  envoyé,  espérant  que  ce  sera  le 
dernier  et  meilleur  remède  que  l'on  y  eust  peu 
trouver,  et  que  doresnavant  ceste  ville  là  sera 
en  paix  et  repos  par  le  moyen  de  l'ordre  et  de 
la  justice  qui  sera  faite  des  meurtres  qui  y 
sont  cy  devant  advenus.  Pleusl  à  Dieu  que 
l'on  en  put  faire  aultant  de  ceulx  qui  sont 
en  Périgueux,  et  que  Vivans  feust  changé  en 
quelque  honneste  homme  comme  sera  Favas  à 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


i2;51 


Oussac  '  !  Le  sieur  d'Escars  est  aile'  passer  en  tous 
ces  pays  là ,  et  le  s'  Longa  des  Barrières  de  la 
part  du  roy  de  Navarra,  pour  exécuter  la  com- 
mission dont  je  vous  ay  envoyé  cy  devant  le 
double.  Le  s'  d'Escars,  qui  sera,  à  mon  advis, 
arrivé  auprès  de  vous  avant  cette  dépesche, 
vous  aura  pu  dire  l'ordre  qu'il  y  a  donné.  Ce 
sera  une  des  premières  choses  dont  je  parle- 
ray  en  nostre  conférence,  si  nous  la  faisons. 

Cependant  je  vous  diray,  sur  ce  que  m'es- 
cripvez  que  avez  retenu  vostre  procureur  g('- 
néral  de  Bourdeaux,  attendant  que  quelques 
ungs  de  la  chambre  d'Agen  vous  aillent  trouver, 
pour  respondre  sur  le  mémoire  de  ceulx  du 
Parlement  dudict  Bourdeaux  et  par  la  dé- 
pesche que  je  vous  ay  dernièrement  faicte 
sur  cela,  ils  vous  ont  escript  tout  ce  qu'ils 
pouvoient  dire,  s'en  remectant  à  ce  qu'il  vous 
plaira  d'en  ordonner  :  à  quoy  il  est  besoing 
de  bien  penser  et  les  advertir  de  vostre  volunté 
incontinent;  car  tous  ceulx  de  ladicte  Chambre 
d'Agen  ne  cherchent  que  l'occasion  de  re- 
tourner audict  Bourdeaux,  ce  qui  ne  se  pour- 
roit  faire  sans  que  vostre  frère  le  roy  de 
Navarre,  et  ceux  de  sa  relligion  s'en  remuas- 
sent; et  il  y  auroit  danger  que  cela  feust  cause 
de  quehjue  grand  désordre,  y  ayant  assez  de 
gens  du  costé  de  ceulx  de  ladicte  religion  qui 
ne  cherchent  que  les  occasions  d'en  faire. 

Et  pour  ce  que  la  levée  du  payement  de 
ceulx  de  la  Chambre  d'Agen  est  expiré  pour 
le  temps  que  vous  avez  ordonné,  je  vous  en- 
voyé le  double  de  la  commission  qui  en  avoit 
esté  expédiée,  avec  Testât  de  ce  qu'il  faut  pour 
la  continuation,  qu'il  vous  plaira  faire  renou- 
veler et  envoyer  promptement;  car,  s'ilz  ne 
sont  bien  payés,  il  est  très  difficile  de  les  re- 
tenir à  Agen. 

'  Cl-  qui  veut  diro  qu'on  se  trouvera  bien  à  la  Réole 
d'avoir  changé  le  capitaine  Favas,  qui  tyrannisait  la  ville , 
pour  M.  d'Ussac,  modéré  et  roncilianl. 


Je  suis  fort  aise  de  la  résolution  que  j'ay  \eu 
par  vostre  lettre  qu'avez  prise  de  permettre  à 
ceulx  du  clergé  de  s'assembler  à  Paris,  cinq  se- 
maines après  Pasques,  pour  regarder  à  la  conti- 
nuation du  payement  des  décimes;  car  j'estime 
que  cela  leur  donnera  ung  grand  contente- 
ment. J'en  advertiray  ceux  des  diocèses  de 
Guyenne  et  Languedocq,  louant  Dieu  et  me 
résjouissant  avec  vous  de  l'espérance  que  vous 
avez  que  voz  affaires  prospéreront  en  vos 
provinces,  es  quelles  il  faut  toujours  avoir 
soigneusement  l'œil,  et  que  voz  bons  servi- 
teurs fassent  si  bien  leur  debvoir  envers  tous 
voz  subjectz,  qu'ils  congnoissent  l'amour  que 
leur  portez  et  le  soing  que  vous  avez  d'eux 
et  de  leur  soulaigement,  comme  il  faut  aussy 
(|u'ils  le  voyent  et  sentent  par  eflect,  et  ne 
fault  pas  doubler  que  les  responses  que  vous 
ferez  aux  articles  des  cahiers  des  Estatz-gé- 
néraux  ne  donnent  ung  très  grand  contente- 
ment à  tous  voz  subjectz. 

Cependant  il  est  très  grand  besoing  que 
pensiez  à  pourveoir  bien  à  vostre  pays  de  Pro- 
vence; car,  ainsy  que  je  vous  l'ay  escript,  les 
divisions  que  j'y  vois  sont  pour  amener  ung 
grand  inconvénient,  non  seulement  en  ceste 
province  là,  mais  aussy,  si  les  armes  se  lèvent , 
pour  empescher  l'exécution    de   ce   qu'avons 
arresté  pour  le  Daiilphiné,  et  pour  tenir  aussy 
le  Languedoc(|  et  les  aultres  pays  adjacens  en 
alarme;  par  ainsy,  Monsieur  mou  fils,  consi- 
dérant que  le  petit  abbé  d'Elbèno  m'a  dit  icv 
que  son  beau-frère,  le  s''  de  Vers,  lui  a  escript 
vous  avoir  fait  entendre  de  l'eslat  et  comme 
toutes  choses  passent  en  Provence  et  ce  que 
les  ungs  et  les  aultres  de  ce  pays  disoient,  qui 
est  de  demeurer  en  paix  et  repos  soubz  vostre 
obéissance,  comme  bons  et  loyaux  subjectz, 
ainsy  que  je  les  ay  tousjours   congneus,  je 
serois  d'advis  qu'il  vous   ])laise  trouver  bon 
de  renvoyer  le  mareschal  de  Retz  en  ce  pays 


232 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


el  qu'il  s'y  acliemiiiast  inconlinenl,  à  présent 
qu'il  est  en  bonne  santé,  et  que,  par  le  pou- 
voir que  luy  donneriez,  vous  fissiez  ample  dé- 
claration comme,  lorsque  vous  avez  commis 
la  charge  qu'il  avoit  de  gouverneur  de  Pro- 
vence au  comte  de  Suze,  estoit  pour  la 
grande  indisposition  où  il  estoit;  mais  qu'à 
présent  qu'il  se  porte  mieuix,  vous  le  renvoyez 
et  restablissez  en  cesie  charge,  et  que  de 
faict  vous  voulez,  comme  aussv  l'au(-il  que 
promptement  il  aille  en  Provence,  pour  vous 
y  faire  le  service  requis  et  nécessaire.  En  ce 
faisant,  vous  y  apaiserez  les  divisions  et  ferez 
cesser  les  armes,  et  les  sieurs  contes  de  Suze 
et  de  Garces,  nv  aulruns  aultres  de  ce  pays, 
ne  auront  plus  aulcune  occasion  de  débatz,  ny 
de  rien  esmouvoir  dans  ledict  pays,  pour  le 
salut  duquel,  et  ])our  éviter  le  mal  qui  en 
pourroil  advenir  aux  provinces  voisines,  je 
ne  veoy  pour  ceste  heure  meilleur  el  plus 
prompt  expédient,  considérant  principale- 
ment ce  que  l'abbé  d'Elbène  m'a  dict  que 
mon  cousin  le  mareschal  de  Retz  s'estoit 
laissé  entendre  au  s'  de  Vers,  son  beau-frère, 
(ju'ii  estoit  tout  prest  d'y  retourner,  et  que 
son  beau-frère  s'asseuroit  aussy  que  iedict 
comte  de  Carces,  de  Vins  et  les  ungs  et  les 
aultres  le  désiroient  ainsy,  s'asseurant  que 
aussi  lost  on  verroit  tout  en  paix  et  repos  au- 
dict  pays  de  Provence  :  vous  priant  donc, 
Monsieur  mon  fils,  considérer  ce  que  dessus 
et  en  prendre  une  bonne  résolution;  car  je 
crains  bien  que,  quelque  chose  que  j'y  aye 
mandé  aux  ungs  et  aux  aultres,  comme  je 
vous  av  escript ,  pour  poser  les  armes,  qu'ils  n'en 
facent  rien  si  ce  n'est  par  le  moyen  ci-dessus 
dict;  en  ([uoy  ledict  comte  de  Suze  ne  sera, 
comme  il  me  semble,  aulcunemeut  intéressé, 
se  faisant  ce  que  dessus  par  vostre  volonté  et 
suivant  la  bonne  intelligence  au  bien  de 
vostre  service,  entre  mondict  cousin  le  mares- 


chal de  Retz  et  luv,  à  qui  il  sera  besoing  d'en 
expédier  de  bonnes  et  honorables  lettres  pour 
sa  descharge;  el,  en  ce  faisant,  vous  m'esvi- 
terez  une  très  grande  longueur  de  chemin  qu'il 
fauldroit  que  je  feisse  pour  y  aller  passer, 
])riant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoii' 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-S'^-Marye,  le  mercredy  xxi' 
de  janvier  iSyg. 

Monsieur  mon  fils',  depuis  ma  lettre  de 
hier,  le  mareschal  de  Riron  m'a  envoye'asseurer 
par  le  sieur  de  Rorn  que  le  cappitaine  Favas 
et  tous  les  soldats  estrangers  qui  estoient 
dans  les  villes  de  la  Réoile  estoient  sortis,  et 
qu'il  estoit  dans  les  dictes  villes,  ayant  esté 
asseuré  par  le  s"^  de  Duras  qu'il  estoit  le  plus 
fort  dans  le  chasteau  de  la  Réoile,  et  qu'il  le 
remettroit  entre  ses  mains  incontinent,  suivant 
les  accords  qui  en  avoient  esté  faictz  dès  que 
j'estois  à  Auch  et  à  Nérac,  m'ayant  aussi  le 
maréchal  de  Riron  faict  entendre,  parle  sieur 
de  Rorn,  que  lesdictes  villes  et  le  chasteau  de 
la  Réoile  seroient  par  luy  mis  es  mains  du 
s'  d'Ussac  demain  matin,  qui  sera  jeudy;  et 
aussitost  que  j'ay  eu  ces  nouvelles,  j'ay  dé- 
pcsché  le  s'  de  Savignac  à  Nérac,  avec  lettres 
expresses  à  ma  fille  la  royne  de  Navarre  et  au 
s''  de  Pibrac,  de  ce  que  mon  filz  le  roy  de 
Navarre  envoyast  quelqu'ung  de  qualité,  dès 
ledict  jour  demain  matin,  avec  le  s"'  de  Savi- 
gnac à  Florence,  pour  faire  vuider  la  garnison 
estrangère  qu'il  y  avoit  mise,  et  remectre  la 
dicte  ville,  suivant  vostre  édict  de  paciffication, 
comme  elle  estoit  lorsque  le  dict  sieur  roy  de 
Navarre  y  entrast,  partant  d'Auch  le  soir  que 
nous  sceutaes  la  surprinse  du  chasteau  de  la 
Réoile,  et  afin  que  ce  soit  effectué,  suivant  sa 

'  En  titre  :  tr  Postscript  de  lad.  dépesche  envoyée  au 
Roy  par  le  s' de  Dintlieviile.  n 


LKTTRES  DE  CATHERINE   DE   MKDICIS. 


•2X:> 


promesse  parescriiil.  j  ay  cxpi^dié  commission 
au  s'  (le  Savigiiac  pour  y  assister,  et  après  es- 
labiir  en  ladicte  ville  la  seureté  requise  pour 
la  c()iisei-valion  (ricelle  toujours  en  vostre 
obe'issance,  suivant  votre  éilict  de  paix,  el 
repos  et  l'uuion  parniy  les  habilans  qui  sont  la 
pluspart  calolicques  :  ce  (|ue  j'espère  qui  sera 
faict.  Je  u'ay  pas  failly  aussv  d'escripre  pour 
presser  le  roy  de  Navarre  de  i.iire  rendre 
Langon,  suivant  vostre  édict,  es  mains  du 
seigneur  du  fief  à  qui  il  appartient,  comme  il 
me  l'avoil  expresse'ment  promis  qu'il  feroit  ;  et, 
depuis  ce  que  dessus  escripi,  La  Roche,  que 
j'avois  envoyé',  comme  il  est  cy-devant  dicl, 
audict  Nérac,  est  retourne'  en  ce  lieu  et  aussy, 
le  s''  de  Dintheville,quej'avois  depuis  pareil- 
lement dcpesclii'  pii'udre  congé'  de  mon  fil/, 
le  roy  de  Navarre,  et  auquel  j'avois  mandé 
par  luy  que  je  vous  le  reuvoys.  Ils  m'ont  tous 
deux  faict  entendre  les  bons  offices  que  faict 
ma  dicte  fille  envers  son  niary  pour  l'aire  noslre 
conférence  en  C(!  lieu,  mais  ledicl  rov  de  Na- 
varre lui  a  dict,  à  ma  fille,  qu'il  estoit  bien 
nuirry  de  ce  que  j'avois  hier  faict  une  si  rude 
response  aux  députez,  parlaut  audici  \icomle 
de  Turenne,  et  (|u'il/,  estoieni  en  délibération 
de  m'escripre  et  de  prendre  congé  de  luoy  et 
eulx  s'en  retourner,  pour  en  l'aire  venir  d'au Itres 
qui  me  l'eussent  plus  agréables;  sur  (juoy  ma- 
dicle  fille  et  le  s'  de  Pibrac  n'ont  pas  failly  luy 
ilire  le  tort  que  les  dictz  députez  avoient, 
n'estant  venus  (|ue  de  bien  près  d'icy,  de  de- 
mander si  tost  et  sur  si  légère  occasion  des 
passeports  pour  s'en  retourner,  sans  vouloir 
rien  faire  de  la  charge  qu'ilz  avoient  de  ceulx 
qui  les  ont  députez,  monsti'anl  par  là  le  peu 
de  respeci  et  cousidéralioii  qu'ilz  oui  de  la 
poyne  que  j'avois  ])riuse  de  venir  de  si  loing, 
de  sorte  que  ledict  roy  de  Navarre  n'a  point  eu 
de  replicque  là  dessus;  el  par  ainsy  je  pense 
Iqnej,  quand  il  verra  la  nouvelle  d('  la  resti- 

C^TIlfiRlNF.    III.    Ml'iDICIS.    VI. 


luliiiii  de  la  liéolie.  el  (pi'il  saura  aussv  l'arrivi'e 
des  juges  de  la  (llianilire  Irijiarlye  du  Lan- 
guedoc, dont  j'ay  aiijomdliuy  eu  nouvelles, 
estant  arrive'  le  président  Raillet  en  ce  lieu  ,  il 
sera ,  et  ceux  de  sa  religion .  du  tout  mis  en  leur 
tort,  s'ils  ne  viennent  à  conférence  sui-  l'exé- 
cution de  la  paix;  et  il  fauldra  croire  qu'ilz  oui 
quei(]ue  mauvaise  volunté.  Je  vous  ay  voulu 
escripre  toutes  ciw  choses,  afin  que  les  entendiez 
comme  si  vous  les  veoyiez  et  estiez  présent. 

Escript  au  Port-S"-Marye  le  xxn™' janvier 
1679. 

Monsieur  mou  filz,  depuis  le  contenu  cy- 
dessus,  j'ay  retenu  le  s'  de  Dintheville  jus- 
ques  à  cesie  heure  (jue  mon  filz  le  roy  de 
Navarre  m'est  venu  trouver,  et  sur  les  diclz 
propos  qu'il  m'a  tenus,  j'ay  fait  entendre  au- 
dict sieur  de  Dintheville  aulcunes  pailicula- 
ritez',  dont  il  vous  plaira  le  croire  et  luy  ad- 
jousler  foy  coïnnie  à  nioy-niesme,  snivaul  la 
lettre  <|ue  je  vous  ay  escript  de  ma  main. 

Au  Port-S'^-Marye,  le  samedy  à  midi, 
xxiiii''  janvier  1 .579. 


I  57'J.    —  2;i  janvier. 

Ilrij-.    Itilil.    n.-il.,   KimkIs  iVaiiiiiis ,   ii"   i,">ç|o5,  f'  -jGa. 

V    MONSIEUR   DE   BELMÈVRE. 

Monsieur  de  Belièvre.  je  diray  pour  res- 
ponce  à  vosire  lectre  du  viii''  de  ce  mois,  que 
j'es])ère  qu'après  beaucoup  de  traverses  que 
l'on  m'a  données  par  deçà,  je  viendray  néanl- 
inoings  à  bout  de  mes  conférences,  et  croy 
(|ue  l'issue  en  .sei-a  bonne.  Je  suys  infiniment 
aize  des  bonnes  nouvelles  que  j'ay  du  Roy 
monsieur  mou   filz,  comme  en  Brelaigne  les 

'    Uni'  |iarlie  du  cns  'rporliniiariloz"   sp  Iroiive  dans 
('"Insliiirlifin'i  pnlilii'i'  en  noie,  p.  9a6. 

3o 


iiifiiE    ^'AiintALt. 


'2U 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


choses  y  sont  passées  assez  doulcement,  et  de 
l'espe'rance  qu'il  y  a  que  les  depputez  de  Bour- 
{Jucgne,  qui  sont  arrivez,  et  ceulx  de  Nor- 
mandie, qui  doibvent  incontinant  aller  trouver 
le  Roy  mondict  S'  et  filz,  se  rendront  plus 
traictables  que  l'on  ne  pensoit  il  y  a  quelque 
temps.  Je  m'asseure  que  vous  ferez,  de  vostre 
part,  comme  avez  accoustumé,  tout  ce  que 
pourrez  pour  aider  à  adoulcir  lesdictes  choses 
et  à  penser  aux  moiens  que  le  Roy,  mondict 
S"'  et  filz,  aura  à  tenir  pour  les  renvoyer  eu 
bonne  volunté  et  asseurance  de  composer  et 
apaizer  les  choses  qui  esloient  troublées  èsdictes 
provinces.  Cependant  je  vous  prie  que  l'on 
pourvoye  par  deçà  au  faict  des  traites  des  bledz 
et  des  vins  principallement;  car,  comme  j'ay 
escript  plusieurs  fois,  la  noblesse  se  plaint  fort 
de  ne  pouvoir  transporter  leurs  bledz  et  vins, 
et  croy  qu'il  faudroit  avoir  des  lettres  patentes 
particullières,  comme  j'ay  cy-devant  escript, 
qui  seroient  adressées  aux  trésoriers  de  France 
et  généraulx  des  finances,  pour  faire  recep\oir 
les  deniers  des  transportz  qui  se  feront.  J'en 
faictz  aussi  ung  mot  au  s' Brulart ,  priant  Dieu , 
Monsieur  de  Beliè^Te,  vous  avoir  en  sa  sainte 
garde. 

Escript  auPort-Saincte-Maiie,  le  xxiii' jan- 
vier 1579. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1579.  —  23  janvier. 

Orig. ,  Arcliives  du  Puy-de-Dôme  ,  Série  K. 

A  MONSIEDB 

LE   MARQUIS  DE   CAMLLAC, 

CUBViLlEil   DE   L'ORDRE    DU  BOÏ    MO^SlBUR    MON    Fll.Z  , 

CONSEILLER   EN  SON   CONSEIL  PRIVE.  GODTBUNECn  ET   SON  LIEUTENANT 

EN  niDLT-AUTERGNE. 

Mous"  le  marquis,  j'ai  receu  la  lettre  que 
m'avez  escripte  par  ce  porteur,  à  laquelle  il 
n'échet  aultre  response  que  celle  que  je  vous 


ay  faite  depuis  deux  jours  par  vostre  laquais, 
par  lequel  je  vous  escripvis  bien  au  long.  Et 
pour  ceste  occasion  n'estendray-je  ceste-cy 
daventaige  que  pour  vous  prier  d'avoir  tous- 
jours  l'oeil  soigneusement  ouvert  ad  ce  qu'il 
n'advienne  aulcune  chose  es  l'estendue  de 
vostre  dite  charge  au  préjudice  du  service 
du  Roy  monsieur  mon  filz.  Priant  Dieu, 
Monsieur  le  marquis,  vous  avoir  en  sa  sainte 
garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  wiii"  jan- 
vier 1^79- 

Signé  :  Caterine. 

Et  plus  bas  :  Piwrt. 


1579.  —  24  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat. .  Foods  français,  n"  3345  ,  f**  33. 

A  MON  CODSIIV 

LE   S'  DE   DAMPVILLE, 

MARÉCHAL  DE  FRANCS  ,    GOOVEBNBUR 
ET  LIEUTENANT  CÉNe'baL   POUR  LE  ROT  MONSIEUR  MON   FILZ  EN  LAHGUSDOCQ. 

Mon  cousin,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  est 
venu  ce  jourd'huy  en  ce  lieu;  et  après  la  ré- 
solution que  nous  y  avons  faicte  ensemblement 
qu'il  fera  remectre  Florence  et  Langon,  sui- 
vant rédict  de  paciffication,  je  luv  ay  promis 
que  je  seray  à  Neirac  mardi,  de  bonne  heure, 
et  luy  m'a  aussy  asseuré  que  mercredi  pro- 
chain, qui  est  le  lendemain,  leurs  dépputez 
seront  presls  et  commencerons  nostre  confé- 
rence ledict  jour  de  mercredi,  dont  je  vous  ay 
bien  voulu  incontinent  donner  advis,  et  vous 
renvoyer  ce  porteur,  qui  vous  dira  au  demou- 
rant  toutes  les  autres  particularitez  des  allées 
et  des  venues  que  nous  avons  faites,  avant  de 
nous  pouvoir  résouldre  du  lieu  et  du  jour  de 
ladicte  conférence,  en  laquelle  l'on  me  promect 
que  nous  l'ésouldrons  bien  tost  quelque  chose 
de  bon  pour  le  bien  du  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  et  repos  de  ce  roiaulme.  Dieu, 


LETTRES   DE   CATHERINE   DE   MÉDICIS 
par  sa  saincte  grâce,  le  veuille,  el  nous  donner, 


235 


mon  cousin  ce  que  désirez. 

Du  Porl-S^-Marie,  le  xxiiii'' joui-  de  jan- 
vier 1579. 

De  sa  main  :  Mon  cousin,  j'espère  que  alla 
fin  nous  l'eyron  ceste  benoyste  coul'érense,  et 
\ous  prie  que  eu  cet  pendant,  cet'  S"-Gealle'- 
ha  l'aire  de  Torse  ^,  que  l'an  fasiés  cecourir  de 
celles  que  avés  dan  vostre  gouvernement,  et 
que  y  ayan  donné  le  bon  hordro  que  avés 
tousjours  fest,  que  Chalillon  v  perdre  ses 
pouynes"  :  cet^  que  je  prie  à  Dieu. 

Voslre  bonne  cousine, 

(Jatkrine. 


1579.  —  26  janvier. 

(;o[]ie.  Bibl.  liai..  Fonds  fraïuais,  n"  33oo  ,  f'  ilig''. 

[vu  ROY  MONSIEUR   MON   FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  je  vous  renvoyay  sab- 
medy  xxiiii""  de  ce  mois  le  s'  de  Dinlheville, 
par  lequel  je  vous  ay  escript  et  l'aict  entendre 
loutes  choses  coucernans  voz  affaires  par 
deçà,  et  principallemeni  la  résolution  qua- 
vons  prise  d'aller  demain  à  Aérac ,  pour  y  com- 
mencer nostre  conférence  el  la  venir  conclure, 
et  arrester  tout  ce  qu'aurions  advisé  pour 
l'exécution  de  vostre  édict,  en  ce  lieu  ou  ail- 
leurs; mais  les  eaux  sont  si  fort  creues  depuis 
deux  jours,  qu'il  est  impossible  de  pouvoir 
passer  nos  charriotz,  cocheS  et  charroiz,  et  je 
crains  bien   que  les  eaux  ne  s'escoulent  pas 

'  Cet,  si. 

'  S"-GeaUe,  Sainle-Jaille. 

'  Ha  faire  deforse,  a  besoin  de  forces. 

'  Pouynes,  peines. 

'  Cet,  ce. 

"  En  litre  :  jrEnvojée  au   fioy  pai-  Jacques  Taacret, 
chevaucbeur  ordinaire  de  son  escnrie.s 


sitost  (à  ce  que  dient  cculx  de  ce  |>aïs):  oc- 
casion pourquoy  j'ay  ce  matin  escript  à  mon 
filz  le  roy  de  Navarre  une  fort  expresse  lettre  ' 
pour  nionstrer  aux  députtés,  pai-  laquelle  je 
n'oublie  rien  pour  l'exhorter,  luv  et  eulx,  à  en- 
voyer icy  mon  cousin  le  viconte  de  Turenue, 
avec  deux  des  ditz  députiez,  pourveus  de  leurs 
cahiers,  de  ce  qu'ilz  requièrent  pour  l'exécu- 
tion et  l'establissement  ferme  de  l'édit,  affin 
que  nous  puissions  commencer  à  y  regarder 
icy,  pendant  que  les  eaux  s'escouUeront,  avec 
assurance  que  je  les  feray  bien  loger  en  ce 
lieu,  el  (ju'ii/.  n'auront  aulcun  mal  ny  des- 
plaisir non  plus  que  moy  mesme,  qui  leur 
promeclzaussy,  par  ma  lettre,  qu'aussi  tost  que 
les  eaux  seront  escoullées,  j'irav  à  -Xérac.  Je 
ne  sçay  ce  qu'ils  en  \oudront  faire,  me  déli- 
bérant, s'ils  ne  veuUent  venir,  d'envoyer  deux 
ou  trois  de  ceulx  qui  ont  esté  à  la  paix  de\ers 
le  loy  de  Navarre,  dès  demain  matin,  affin 
qu'ils  puissent  commencer,  avec  les  députés 
et  ceulx  que  le  roy  de  Navarre  députtera  de 
sa  part,  à  veoir  lesdictz  cahiers.  Cela  accellé- 
rera  ung  peu  le  temps,  et  nous  apprendra  ce 
que  lesdictz  députtés  demandent;  en  quoy 
vous  pouvez  croire.  Monsieur  mon  filz,  que 
je  procedderay  et  vacqueray  moy  mesme,  sans 
m'en  remectre  à  personne  pour  les  conclu- 
sions et  responses  de  leurs  cahiers-,  comme  je 
feiz  au  (léputté  du  Daulpliini?,  lequel  en  une 
après-disner  je  despeschai,  comme  avez  veu, 
et  si  ceulx  cy  veullent,  nous  en  aurons  bientost 
l'aict  de  mesme.  Vous  serez  journellement  ad- 
vei'ly  <le  tout  ce  que  ferons. 

Cependant  je  vous  diray  que  Camille  arriva 

'  On  ne  possède  pas  celle  iellre. 

^  Nous  avons  reirouvé  ces  rrcaliiersit,  conleiiani  les 
réclamations  des  proleslanls  l'I  portaiiL  en  marge  les 
observations  de  la  reine.  Ils  sont  tort  longs  :  en  raison 
de  leur  importance,  nous  les  publions  néanmoins  dans 
YAppendice. 

3o. 


•2-m;  i.i;tti;es  dk  catiikhink  de  médicis. 

liicr  ;iprrs-(iisni'r  l'n   ce   lieu,  a\cc   w   iju  il 
vous  a  pieu  mius  onvovei'  pour  nos  cstrennes. 


loiil,  (le  me  pari,  je  vous  mcirie  de  très  bon 
(leur,  ainsv  ((ue  je  vous  en  oscriptz  plus  ample- 
ment (le  ma  main.  Le  eourrier  (|ue  vous  com- 
uiaiidastes  au  s'  de  Villerov  nie  despescher, 
a])ivs  le  parlement  du  dict  Camille,  arriva  hier 
malin  avant  ledict  Camille,  et  coniliien  (|ue  je 
delibi-re  de  renvoyer  demain  Dron.  (|ui  est  icy 
il  \  a  ([ualre  jours,  si  ai-je  advisi'  de  xous  des- 
pesrlierdevanl  ie(li('lc(nirrier.  sur  la  dcspesche 
(pie  Villeroy  m'a  l'aide  par  vostre  commande- 
luenl  .  à  Idcca/ioii  de  reste  Icllre  impT-ime'e  de 
vosirc  l'ii're,  de  lacjuelle  il  laiil  eusevidir  la  ine- 
moire  et  donner  ordre,  comme  il  vous  plaira 
veoir  (|ue  jesci'ipz  à  vosire  {vryc  et  audici  \il- 
lerov,  (pie  l(nis  les  exemplaires  (pii  sVii  |)(Uir- 
i(Mit  trouver  soient  bruslez  secn'lemenl  '.  Je 
vous  assoiire  (pie  je  suis  fort  marrie  de  ladicte 
lettre,  et  \ous  diray  que  je  pense  (|ue  certaine- 
menl  il  \  a  plus  (mi  cclla  de  la  vanili'  de  Biissy 
(pio  de  mauvaise  volonté'  de  \ostre  frère. 

Monsieur  mon  fils-,  jenescrips  à  voslrefrère 
(pie  |)ar  Dron,  ce  (pie  vous  uiaude  par  mon 
aultre  lettre. 

Mons'  mon  lils ',  j'a\  vayu  la  (l('S|ies(lie  (|ue 
m'avez  laide  le  xv"  de  ce  mois\  accusant  la 

'  La  pioci'  n"a  imitil  iHi'  di'lruile  :  r'.'^t  uiii>  altaquc 
l'orl  vivf  contre  la  Oiif  inlihilcp  :  I.rttiv  tdiitenant 
l'édaivàsxeiiunl  des  nrlimis  et  Ji'portfiiiens  île  Monsieur 
fil:  el  fmeilii  /(oi/,  ilw  il' Anjou ,  (/M/.>Hro«.  iHc.  (  [tnuen, 
.1.  '\socel,  i."i7S.  pelit  iii-'i"  (1p  70  |)a;;os.)  Le  duc  d'Anjou 
y  (lésn\oiif  liaii|i>nieiil  l,i  Sainl-liaillifliMiiv.  défond  ses 
piojcis  iI'iiiliTvciilion  (laiK  les  Flandos,  cl  m-  plaint  de 
la  lacon  ilojil  on  a  liailc  si;  anii<  liii-.s\.  .simicr  ,.(  La 
Cliasl.o. 

-  En  titn-  :  rClu  (jui  est  rsiiipl  ilr  la  iii,iii]  ,\o  la 
llovne.- 

'  En  litir  :  "l'uis  est  i's,il|,|.  et  nun  di>  la  main  de 
lad.  Danie.i 

'  Les  ^épl)Ilse^  du  lui  à  sa  méi-e  niollaient  on 
niOM^niie  de  douze  à  (|iniize  junrs  a   lui  parvenir'.  Nous 


loceplion  des  miennes  preceddenles.  et  mad- 
vertissant  par  icelle  de  l'espérance  (]  n'avez  de 
renvoyer  le  de'puth*  de  Daulpliine'  bien  losl, 
avec  toutes  les  despesches  qu'il  fault.  suivant 
ce  qu'avons  iry  résollu  ;  ce  sera  bien  faid  que  le 
baron  de  Saussao  '  et  iuv  s'en  retournent  bien- 
tost.  aflin  qu  ilz  commencent  en  Dauphin('  à 
exécuter  nostre  ('dicl  lors  de  nosire  conlV-rence; 
car  c(da  mavddera  à  les  vaincre,  et  pour  leur 
moiislrer  qu'ils  se  debviont  contenter  es  aux 
aullres  provinces,  comme  ceulxdu  Daulpbini'. 
Priant  Dieu  xous  avoir  en  sa  saiiicte  [jarde. 

iiscripl    au    Port-S' -iMarie,   le    xxvi"  jau- 
\  ler  1  ■">~(|. 

CiTBllIXK. 


l.iTO.  —  -16  janvier. 

Oriff.  lîibl.  nat.  .  Fonds  IV-inçai^.  11     1  j()u")  .  f*  9G7. 

V    MONSIEI  W   DK   BKM.IKVUi:. 

Monsieur  de  Belièvre,  je  receuz  hier  vostre 
lectie  du  XM'  de  ce  pri'sent  mois,  vous  sai- 
(diaiit  fort  bon  gré  d'avoir  tenu  la  main  ad  ce 
ipie  I  (ui  ait  comniance'  à  |)oiir\oir  jioiir  ces 
pauvres  oenlilsliomnies  (pii  sont  en  aulage.  Le 
s'  d'I^squars  {sic)  sera  bien  losl  après  vosire 
lettre  arrive'  à  la  court,  (|ui  aura  aidé  et  pour- 
suivi pour  le  demeurant  de  ce  (pii  laudroit  eii- 
coies  |)our  les  retirer;  à  qiiov  je  ni'asseure  que 
vous  vous  emploirez  d'affeclion  ,  comme  je  vous 
en  prie  de  bon  cœm\  et  (pi'il  n'y  auraaulcun 
inoien  (|ui  se  puisse  que  l'on  ne  le  recberclie 
pour  pourveoii'  aussi  au  laid  des  Suisses,  inas- 

voyons  (pi'elles  étaient  Iréquenles.  (Jiuî  sont-elles  de- 
veiuies?  Nous  n'avons  pu  eu  déronvrir  (ju'une  seule 
dans  les  recueils  de  la  BibliotliiMjue  nationale.  (]ui  con- 
lii'inient  pourtani  de  nombreuses  li'tires  d'  Henri  III; 
encore  est-ce  une  copie.  On  la  Irouvera  à  Wliipendice. 

'  C'est  le  baron  do  Sanisac,  l'ami  do  Maiifjiron.  dont 
nous  avons  parlé  pins  haut. 


LETTRES  UE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


•2:57 


seurant  pareilieinonl  bien  que  vous  embrasserez 
cest  aflaire,  coiiiiiii'  uiig  des  plus  impoiians 
que  le  Roy  moiisiour  mou  filz  ail. 

Et  à  ce  propos  je  vous  dirav  (|ue  j'eusse 
bien  désiré  que  Ion  m'eust  envoyé,  dès  que 
j'escripviz  de  l"Isle-de-Jourdain,  au  mois  de 
novembre,  les  expéditions  pour  l'aire  recepvoir 
au  retour  les  droii-tz  de  l'impozition  sur  les 
bledz  et  vins  qui  sorleni  hors  du  royaume, 
nonobstant  que  l'édict  des  traités  ne  soit  vé- 
rifiîé  aux  Parlemons;  car  il  y  a  beaucouj)  de 
gentilzliommes  qui  n'eussent  laissé  de  j)aier 
les  droiclz  ou  ceulx  qui  eussent  acbapté  leurs 
bledz  et  vins,  qui  est  le  plus  grand  revenu 
quilz  aient,  encores  que  ledict  édit  n'eust  esté 
vérillié,  si  l'on  leur  eust  promis,  comme  j'es- 
cripvois  que  l'on  un  baillasl  et  envoiast  les 
expéditions  et  que  l'on  les  adressast  aux  tré- 
soriers de  France  et  généraulx  des  finances, 
ou  bien  que  l'on  iiaillast  des  traites  particul- 
iières  soubz  le  nom  de  Castellas.  Je  ne  sçay  si 
vous  estiés  encores  de  retour  de  Flandres  lors 
que  je  fiz  ladicte  despesche,  à  la  prière  et  re- 
queste  de  la  noblesse  de  ce  pais  et  par  l'advis 
des  s"'"  du  Conseil  qui  sont  icy  au])rès  de 
moy,qui  vous  mercieau  demeurant  de  la  peyne 
que  prenez  pour  mes  particuUieis  all'aires 
que  je  vous  recommande  tousjours,  et  croiez 
que  Chanlereau  ne  m'a  antre  chose  escript 
de  vous,  si  n'est  ({ue  alTeftiounez  tout  ce  qui 
me  concerne,  aussi  ne  le  croirois-je  de  luy  ni 
d'aultre;  car  je  vous  congnois  trop  de  mes  ser- 
viteurs pour  aussi  en  faire  aultrement:  parlant 
n'en  soiez  en  aulcune  peine,  mais  croiez  que 
je  seray  toujours, 
La  bien  vostre, 

Caterine. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  xxvi"  jan- 
vier 1579. 


1379.  —  -jS  j.iiiïior. 

Copie  llilil.   ityt.  .  Fonds  friiiirais  ,  n"  3Hoo  ,  r*  1 '10 '. 

[Al    IlOY    MONSIEIU   MON   FIES.] 

Monsieur  mon  lilz,  le  sieur  niaresclial  de 
Biron  est  arrivé  hier  avanl-disner  icy,  reve- 
nant de  la  RéoHe,  où  il  a  installé  le  s'  d'Ussac; 
mais  Favas  a  faict  beaucoup  de  désordre  aux 
maisons  des  babitans  de  ladicte  ville,  comme 
avez  veu  par  mes  dernières  dépesches.  Ceulx, 
qui  estoient  dans  le  chasteau  n'en  ont  pas 
moiugs  faict;  car,  au  rapport  mesme  dudici 
marescbal  de  Biron  et  du  s'  de  Duras  qui  esl 
venu  avec  luy  icy,  il  n'est  rien  demouré  que 
les  murailles  dudict  chasteau,  si  ce  n'est  deux 
petites  pièces  d'artillerie,  de  vingt- une  ou 
vingt-deux  qui  y  estoient,  et  demeuroit  deux 
milliers  de  pouidre,  des  pirques  et  aullres 
armes,  ensemble  des  farines,  vins  cl  vic- 
tuailles, le  tout  ayant  été  butiné  et  vendu  par 
lesdictz  soldatz  du  chasteau,  lesquelz,  sur  le 
rapport  dudict  nutreschal  de  Biron,  ont  esté  si 
mal  aisés  à  ranger,  pour  obéir  ad  ce  que  nous 
avons  fait  mettre  par  escript,  qui  \ous  a  esté 
cy  devant  envoyé,  que  le  s'  de  Duras  fut, 
selon  le  discours  qu'il  m'en  feyst  ledict  jour 
d'hier,  contrainct  de  les  induire  luy-mesine 
à  vendre  les  armes  et  munitions  pour  en 
jouyi-,  comme  il  dict,  plus  à  sou  aise;  car  sans 
cela  sur  les  adverlissemens  qu'ilz  avoient  de 
Bourdeaulx,  par  lesquelles  on  lesexhortoit  de 
tenir  bon  et  ne  rendre  poini  ledict  chasteau, 
ainsy  que  verrez  par  les  icelles  lettres  que  je 
vous  envoie,  le  s'  de  Duras  dit  que,  quelques 
chose  (ju'ils  eussent  promis  de  luy  obéir,  ils 
ue  l'eussent  point  faict,  et  eust-ou  esté  con- 
traint d'y  aller  par  la  force.  Je  n'av  pas  voulu 


'  En  litre  :  -Kiivoyi'e  au  Ruy  |.ai-  llono  Buiicliart  pm- 
liMir  au  service  de  laii.  dame  Revue  sa  mère. i> 


238 


LKTTUFS  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


(lUc  liiii  ^iil  |i;irlc'  (II'  cecj  à  nmii  fil/,  Ir  roy 
(le  Naviini',  ny  ii  ])ms  uiijj  de  ceiik  de  iii  Re- 
lij|iiiii  |ir(''k'nduc  ivfoniie'c,  sur  la  gr;iiid(i 
iiislaiice  (juf  luoiidirt  fdz  le  rov  de  Xavarre 
ma  cesle  a|ii('s-(lisiier  faicle  puur  faiie  re- 
luellre  au  cliasleau  larlillerye,  pouldie  el 
iiiu|;nitions  (jui  y  esloieiil,  suivant  nostre  dicl 
csrript,  par  le(|uel  il  est  aussi  noujMKÎment 
dicl  (piil  lie  sera  juis  aulcuiie  chose  dans  la 
villt!  des  bieus  des  habitans  dicelle,  ce  cjui 
a  esié  bien  reuionstrt'  au  roy  de  Aavarre 
n'avoir  pas  esté  gardi',  et  ijue  la  première 
faulte  csloil  venue  diiilirl  Favas  et  des  soldat/, 
(ju'il  avoit  dans  ladiclc  ville,  lesipielz,  dejniis 
nosire  dict  accord  el  arrivée  de  (luitry  andicl 
lieu  de  la  Réolle,  avoieni  contre  ce  qui  avoit 
este  priJiiiis  lait  désordre  de  jilus  de  soixaule 
mil  francs  auxdicl/,  habitans.  Cela  sest  dé- 
battu de  part  el  daullre.  en  iiostie  présence 
et  de  ceiilx  (le  vo>tre  Conseil,  tort  apreuienl, 
sur  le  rajiporl  (pie  faisoil  ledict  Guili'v  de 
fexécution  de  la  coniuiission  audict  lieu  de 
la  Iléolle,  le  roy  de  .\a\arre  prenant  parfois 
la  |)arole,  el  le  inareschal  de  Biioii  pareille- 
lueiil,  \  estant  aussi  le  s''  do  Duras,  qui  en  a 
seniblableiiieni  jiarlé.  Et  afiiu  que  les  propos 
lie  saijji'issenl  point  da\aiitaige,  j'ay  pris  la 
parole  el  pai'  deux  lois  pour  en  faire  une  ciin- 
clii.sion,  Il  oubliant  pas  de  dire  à  iiioiidicl  filz 
le  r(i\  de  Navarre,  que  le  tort  (jue  ledict  Favas 
a\oil  pieiiiièreiuent  eu  d'avoir  pillé  et  soiil- 
ferl  jnller  les  habitans  de  ladicte  ville,  mesmes 
\rs  iiiais(uis  de  ceulx  i[ui  estoient  dans  le 
cliasteau,  les  avoit  occazioniiés  d'en  faire  de 
inesiiie  audict  chasteau,  concluant  iiéaiit- 
moiiis,  suivant  ce  (jue  j'avois  advisé  ce  matin 
avec  le  niare.schal  de  Biron,  de  faire  bailler, 
|iour  remettre  dedans  le  chasteau,  de  la 
piiiildre  (le  xosire  munition  de  Bonrdeaiilx, 
avec  soixante  picipies,  (|iii  e>toil  à  peu  près  le 
noiulire  de  celles  (lue  lesdiclz  soldatz  avoieut 


coiipi'es  el  ioin|Mies,  et  pour  le  re;;ar(l  d'unjj 
pii'-oiiiiier  de  la  Religion  ipii  avoit  esté  lue  de 
sanj(  froid  dedans  le  chasiuau,  comme  ceulx 
qui  avoieut  pris  ledict  chasteau  estoient  près 
d  en  sortir  et  diint  mou  lilz  le  roy  de  Na- 
varre m'avoit  requis  que  l'on  feisl  justice  : 
i'estois  d'advis  que  l'on  le  feis.  Ils  se  sont  sur 
cela  replicqués,  Guitry  et  Duras,  pour  ung 
catolicqiie  que  l'on  disoit  avoir  esté  tué  en 
unjf  basteau  d'une  arquebuzade,  et  ([ui  tout- 
tefois  ne  s'estoit  pas  seulement  trouvé  blessé, 
la  halle  estant  demeurée  entre  la  chair  et  la 
chemise;  mais,  parlaus  de  faire  restituer  l'ar- 
tillerie que  je  \ouiois  qu'on  racheslat,  d'aul- 
tanl  qu'elle  avoit  esté  vendeuc  à  vil  (irlx  à 
(piehpies  ungs  (|ui  l'ont  portée  en  leurs  mai- 
>oiis  el  chasteaiilx  de  là  autour,  le  roy  de 
Navarre  et  le  niareschal  de  Biroii  .se  sont  en- 
core esmeus  di?  projios  à  l'occasion  de  ladict(! 
artillerie,  ayant  icelluv  le  niareschal  assez 
mal  à  propos  dit  au  roy  de  Navarre  (aussy 
en  ay-je  esté  bien  marrye)  ([u'il  rendit  les  huit 
canons  qu'il  a  à  vous  el  puis  qu'on  lui  baille- 
roil  ladicle  artillerie  de  la  Ri'olle,  et  (|ue  l'on 
ne  piiu\oil  jamais  rien  retirer  de  ceulx  de  la- 
(lict(^  Ridigion  et  ipie  luy  mesme  luy  avoit  dit 
qii  il  ne  reudroit  jamais  lesdiclz  canons;  sur 
cela  inondict  lilz  le  rov  de  Navarre  .s  est  aigry, 
disant  qu'ilz  estoient  es  mains  d  ung  de  ceulx 
de  la  Religion  (pii  estoil  à  luy  et  (|ui  en  len- 
dioit  bon  compte,  qu'il  pensoit  bien  que  vous 
vous  liez  en  luy  de  plus  grande  chose,  et 
qu'en  mains  de  nul  plus  fidèle  (|ue  luy  ne 
pouvoient  estre  lesdiclz  canons.  Voyant  cela, 
j'ay  reprins  le  propos,  et  ay  dict  que  Ion 
donneidit  ordre  pour  laire  recouvrer  le.sdictes 
pièces  d'artillerie  et  remectre  des  pouidres  et 
])ic([ues  audict  chasteau;  et  si  av  résolu  en 
iiiov  niesines,  mais  je  n'en  ay  rien  dict  ny  à 
l'ung  ni  à  l'aiiltre,  de  faire  bailler,  comme 
j  ay  promis,  six  cents  livres  au  s'  d'Lssac,  pour 


LETTKKS  DE  CATH 

iiriy  (|iiar(ipr  de  IVsl.il  de  ii'  livres  par  mois 
que  luy  ay  accoid(\  ol  iiromis  m' livros  pour 
l'entretenenicnl  de  dix  soldatz,  qu'il  désire 
avoir  pour  sa  sourolé;  car  il  no  se  fie  pas  fort 
à  ceuk  (pie  iiiondicl  tilz  le  rov  de  Navarre 
y  mettra,  et  vous  diray,  en  passant,  qu'il  sait 
([ue  ceulx  do  ladirtp  Reliffion  eslimenl  qu'il 
esl  trop  à  ma  dévolioii.  Je  revieudray  à  mon 
propos  el  vous  diray  que.  parmy  ee  que  disi 
est  de  la  Ke'oUe,  le  roy  de  Navarre  est  venu 
à  me  parler  de  Saincte-Bazille,  qui  est  assez 
prest  de  ladicte  RéoUe,  me  disant  que  les  ca- 
tolicques  de  ladicte  ville  avoient  faict  des  petilz 
fortz  à  l'entour  du  chasteau,  (pii  est  à  luy, 
et  se  plaignoit  de  quelques  ungs  qu'il/  \ 
avoient  tuez;  sur  cela  le  maresclial  de  Biron 
lui  a  l)ien  représenté,  (comme  aussy  ay-je 
l'airt),  (jue  les  huguenotz  de  Saincte-Bazille 
avoient  faict  beaucoup  de  mal  et  en  faisoienl 
encores  tous  les  jours  aux  catoiir(|ues,  et  dont 
iiz  en  avoient  desjà  tué  plusieurs  et  encores 
de  fresche  mémoire  et  quelques  ungs.  Mon 
filz  le  roy  de  Navarre  et  le  maresclial  de  Biron 
se  sont  encore  ung  peu  picquez  pour  ce  faicl 
là,  voulant  ledict  mareschal  que  l'on  remist 
à  la  conférence  à  en  dérider.  Toultefois  j'ay 
résolu  pour  éviter  les  meurtres,  qui  se  pour- 
Coient  encores  faire,  aussy  qu'il  n'y  a  de  ce 
costé  icy  que  ce  lien  là,  où  ils  soient  aux 
armes  les  ungs  contre  les  aullies,  et  que  je  y 
enverray  le  lieutenant  de  vostre  grand  Pré- 
vost, qui  est  icy  pour  faire  faire  justice  des 
ungs  et  des  aultres  qui  auront  failly,  et  ung 
gentilhomme  de  ma  part,  et  que  mon  filz  le 
roy  de  Navarre  en  enverra  ung  aussy  de  la 
sienne,  pour  faire  remettre  Saincte-Bazille  sui- 
vant vostre  édict,  faisant  sortir  ceulx  qui  sont 
dedans  ledict  chasteau  et  démolir  les  fortz,  el 
par  niesme  moyen  regarder  à  faire  accorder 
les  ungs  et  les  aultres,  en  sortes  que  cesdiclz 
désordres  et  actes  d'hostilité  cessent,  et  qu'il 


ERINK  DE  MÉDICIS. 


230 


n'y  ail  iilusaulcMnc  garnison  audici  chasteau. 
ayant  bien  remonsli'é  à  iiiondict  filz  le  roy 
de  Navarre  qu'il  ne  fatloit  plus  que  luy  ne 
personne  eust  aulcuni^  garnison  en  ses  places 
et  chasteaux,  et  que  l'édict  le  défendoit,  aussv 
que  vous-mesnie  n'en  voiillicz  |ioiii(t  tenii-  es 
vostres. 

Va  sommes  de  là  rentrez  au  premier  pro- 
pos que  je  luy  ay  tenu,  (piaud  il  est  arrivé 
icy,  où  il  m'a  Irouvé'e  an  licl,  ayant  esté  toute 
ceste  nuici  loit  travaillée  de  mon  catarre  el 
mal  de  cuisse,  pour  lequel  il  falloit  nécessai- 
rement que  je  prisse,  ceste  nuict,  des  pileules 
et  me  purger  à  bon  essient,  de  sorte  ([ue  je 
ne  pouvois  partir  d'icy  que  niardy  de  la  se|.- 
maine  prochaine  pour  aller  à  Néiac,  dont 
nous  sommes  demourés  d'accord,  et  quand 
que  je  luy  envoierois  devant  les  sieurs  de  Koix, 
de  S'-Suplice,  de  Pibrac  et  de  La  Mothe,  pour 
regarder  ce  pendant  à  commencera  eshaucliej- 
nostre  conférence,  afin  de  pourveoir  bientosl  à 
l'exécution  el  establissement  de  vostredici  édirt 
de  paciflicalion.  Il  m'a  bien  dict  qu'il  pensoit 
qu'en  ma  présence  il  s'en  feroit  plus  en  ung 
jour  qu'il  ne  fera  ainsy  en  huit,  toultefois 
qu'il  leur  fera  monsirer  les  cahiers  des  dép- 
putez  et  fera  tout  ce  qu'il  est  possible.  J'ay 
advisé  d'en  faife  ainsy,  puisque  lesdiclz  dé- 
putez n'ont  voulu  venir  icy,  et  aussy  que  ce 
mal  m'est  survenu;  mais  j'espère  a|)rès  m'estre 
purgée,  que  cela  se  passera,  el  que  cependant 
lesdiclz  de  vostre  (lonseil  m'adveiliront  de 
ce  qu'ilz  auront  entendu  desdiriz  di''|)ulez  el 
veu  en  leursdiclz  cahiers,  leur  avant  bien  dict, 
comme  aussy  ont  ilz  toujours  veu  que  j'ay  dé- 
claré plusieurs  fois  et  encore  cest  après  disnei- 
à  vostre  frère  le  roy  de  Navarre,  que  je  ne  suis 
venue  par  deçà  que  pour  deux  cb.oses,  dont 
l'une  estoil  accom|)lve  :  c'esloil  pour  luy 
amener  ma  fille,  sa  femme,  qui  y  estoil  pré- 
sentement, etraulti-e  p(uu  l'exérution  et  esta- 


240 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


blisseuient  de  rédict  de  paciflîration,  etquo  je 
ne  peulx  ny  ue  veulx  adjouster  nv  diminuer 
audirt  édict,  bien  ferav-je  tout  ce  qu'il  sera 
iie'cessaire  selon  vostie  désir  pour  le  faire 
garder  et  exécuter  fermement  toujours,  et 
pour  pourveoir  aux  contraventions  faictes  à 
iceiluy  par  les  ungs  et  par  les  aultres  depuis 
la  publication,  ayant  chargé  lesdictz  sieurs  de 
vostre  Conseil  de  m'advertir,  et  ou  vendredy 
ou  tous  les  jours,  de  ce  qu'ils  feront  :  aussv 
ne  faudray-je  vous  en  donner  soubdain  advis. 
Cependant  je  vous  diray  que  je  trouve  le 
mareschal  de  Biron  plus  estrange  qu'il  n'a 
point  encores  esté,  me  semble;  car  dès  hier 
(ju'il  arriva,  je  congneus  bien  qu'il  estoit  en 
l'urye.  Touttefois  je  luv  feis  la  meilleure  chère 
que  je  peus,  louant  bien  fort  ce  qu'il  avoit 
fait  à  la  Réolle,  et  après  luy  avoir  discouru  ce 
qui  s'estoit  passé  entre  les  depputez  et  nioy 
et  la  résolution  qu'en  t'eiz,  j'avois  pense  d'aller 
commencer  nostre  conférence  à  Nérac  et  la 
venir  achepver  icv  ou  ailleurs,  et  pour  ne  ba- 
zarder pas  tout  et  affin  aussv  de  faire  contenir 
tous  les  catolicques  pendant  que  j'\  serois,  et 
davantaige  pour  tenir  ceulx  de  la  Religion  en 
crainte,  s'ilz  avoient  quelque  maulvaise  vo- 
lunté,  que  j'avois  advisé  qu'il  valloil  mieulx 
(ju'il  ne  vint  pas  audict  Nérac,  et  qu'il  falloit 
qu'il  feisl  le  mallade .  ou  ainsi  qu'il  verroit  estre 
à  propos.  Cependant  il  me  feist  ung  bien 
ample  mémoire  de  toutes  les  contraventions 
et  aultres  choses,  dont  avons  besoin  pour 
nous  en  servir,  en  attendant  (]u"il  revint  me 
trouver  au  lieu  où  concluerons  ladicte  confé- 
rence, et  que  je  vouUoys  entièrement  suivre 
et  faire  ce  qu'il  meetra  par  ledict  mémoire 
pour  les  affaires  de  ce  gouvernement.  J'estois 
preste  d'aller  à  la  messe,  aussy  ne  lui  en 
dis-je  pas  davantaige;  et,  après-disner,  estant 
au  Conseil,  comme  nous  parlions  du  paye- 
ment des  soldatz  des  villes  baillées  en  garde 


à  ceulx  de  la  Religion,  et  du  remboursement 
de  ce  qu'il  a  emprunté  pour  le  faict  de  la 
Réolle.  il  se  meit  fort  avant  aux  champs, 
pour  ce  qu'il  dict  que  l'on  est  venu  prendre  à 
Bourdeaulx  l'argent  de  sa  compaignie,  l'a-t-on 
envoyé  en  .\ormandie  pour  celle  du  s'  de 
Maintenon,  et  n'espargna  pas  ledict  Main- 
tenon,  ny  d'O  sur  cela,  dont  je  feuz  bien 
marrye,  dès  qu'il  ne  m'en  avoit  parlé  à  part. 
Après  souper,  il  me  vint  trouver.  Je  congneuz 
bien  qu'il  estoit  encore  bien  fort  en  colère. 
Je  le  laissay  dire  tout  ce  qu'il  voullust,  oïl  il 
n'oublia  pas  de  se  plaindre  grandement  de 
plusieurs  choses  en  quov  il  disoit  avoir  esté 
très  mal  traicté;  mais  je  ne  faillys  pas  aussv 
le  reprendre  fort  franschement  sur  ce  qu'il 
me  disoit.  Touttefois,  pour  ce  que  je  veov  bien 
qu'il  se  veult  faire  tenir  pour  exécuter  vostre 
édict,  selon  la  résolution  que  j'espère  en  Dieu 
que  en  prendrons  par  la  conclusion  de  nostre 
dicte  conférence,  il  vous  plaira  luv  escripre 
une  forte  et  bonne  lettre,  par  laquelle  il  cong- 
noisse  que  vostre  intention  est  qu'il  le  face 
sans  aulcune  excuze,  saichant  par  vous  qu'il 
n'y  a  personne  qui  le  puisse  si  bien  ny  si  di- 
gnement faire,  ny  que  vous  v  debviez  em- 
ployer que  luy,  luy  coulant  un  petit  mot  en 
ladicte  lettre,  qu'il  ait  le  soing  qu'il  doibt 
pour  ma  seureté  et  de  ceulx  qui  sont  avec  moy, 
pendant  que  je  serav  audict  \érac,sans  tout- 
tefois en  faire  aultrement  démonstration  qui 
peust  esmouvoir,  et  l'asseurant  de  voz  bonnes 
grâces,  et  au  demeurant  que  commanderiez  à 
ceulx  de  vostre  Conseil  et  ferez  faire  tout  ce 
que  l'on  pourra  pour  qu'il  soit  satisfait  de 
deux  années  de  ses  estatz  et  pensions,  et 
aultres  parties  qu'il  dict  luy  estre  deues;  mais 
il  fault,  s'il  vous  plaist,  que,  le  plus  tost  que 
vous  pourrez,  il  ayt  lesdictes  lettres;  et  si  La 
Mothe,  son  homme,  estoit  encores  par  delà, 
il  seroit  bon  qu'il  les  luy  portast  en  sa  maison 


LETTRES  DE  CAT 

(le  Biron,  où  il  s'en  va  dciuaiii.  .lo  luv  av 
cloiiiié  charge  très  expresse  d'advertir  les 
caloiicques  de  se  contenir  en  paix  et  repos 
durant  nostre  conIV'rence;  j'ay  aussy  donnd 
charge  auxdiclz  sieurs  de  voslre  Conseil  (|ui 
yront  demain  à  \erac  de  faire  en  sorte  que 
vostre frère,  le  roy  de  Navarre,  y  envoyé  faire 
de  mesme  de  sa  part,  ayant  esté  trouve'  plus 
à  propos  par  ceulx  de  vostredict  Conseil  d'en 
faire  ainsi,  que  si  nous  eussions,  vostre  dicl 
frère  le  roy  de  Navarre  et  moy,  envoyé  enseni- 
blement  des  hommes  es  provinces  et  sénes- 
chaussées  pour  cesl  elfect;  car  quand  y  eu- 
voyasmes,  selon  nostre  première  résolution, 
il  y  a  trois  mois  passez,  à  la  RéoUe,  les  hu- 
guenot/, n'obéissoient  et  n'ont  jamais,  au 
moings  la  pluspart,  obéiz  en  telles  choses.  Le 
tout  est  d'accélérer  la  résolution  de  nostre 
conférence;  à  quoy  vous  pouvez  croire  que  je 
n'obmettray  rien  de  ce  que  je  pourray,  tant 
j'ay  désir  de  voir  ce  pays  en  deçà  bien  en 
repos,  pour  m'en  retourner  soubdain  après 
vous  trouver. 

Je  vous  diray  aussi  que  je  suis  bien  marrye 
d'une  chose  advenue  à  Condom,  de  quoy  je 
ne  sçais  à  quy  m'en  prendre,  c'est  que,  sui- 
vant ce  qui  avoit  este'  résolu,  ce  que  vous 
avez  veu  par  le  ini'inoire  que  vous  en  ay 
dernièrement  envoyé  ',  j'avois  despesché  ung 
exempt  de  mes  gardes  pour  m'amener  trois 
des  cinq  prisonniers  qui  avoient  esté  baillez 
en  garde  au  chevalier  de  Monluc;  mais  on 
les  a  laissez  évader,  avant  de  les  livrer  audicl 
exempt,  de  sorte  qu'il  en  est  encore  advenu 
une  grande  esmolion  à  Condom,  à  ce  que  m'a 
escript  le  séneschal  Bajaumont.  .l'ay  escript 
à  ceux  de  la  Chambre  d'Agen  d'envoyer  deux 

'  C'est  sans  doute  la  pièce  du  manuscrit  fr.  33oii, 
foi.  i38,  ([ue  l'on  trouvera  à  VAppendice  :  trReigle- 
menlïi,  otc. ,  et  que  la  reine  avait  envoyée  à  Henri  lit 
par  Dinleville. 

(^ITIIERINK    DE    MtDIClS.  Tl. 


HERINE  DE  MÉDICIS. 


2il 

conseillers  pour  en  informer  et  instruiri'  tous 
les  procès  de  tous  les  meurtres  et  désordres 
advenu/  audict  Condom  et  les  juger  jiar  la- 
dicte  Cliamlire  d'Agen,  nonobstant  l'arrest 
({ue  verrez  qu'en  a  donm- voslre  court  de  Par- 
lement de  Bourdeaulx,  à  laquelle  il  est  né- 
cessaire que  laciez  très  grande  démonstration 
de  la  faulte  qu'il/  ont  faict  el  du  fort  (|u'ilz 
ont  laict  à  vostre  service,  el  à  niov  aussy,  d'a- 
voir tant  mesprisé  et  contemné  voz  comman- 
demens  et  les  miens  pour  vostre  service;  vous 
savez  bien  quelles  gens  ce  sont  la  pluspart. 
Si  c'estoil  en  ung  aulfre  temps,  vous  feriez 
bien  de  les  suspendre  sur  cette  occasion  là  el 
plusieurs  aultres,  pour  lesquelles  ilz  le  méri- 
tent; mais  il  suffira,  pour  ceste  heure,  de  le 
leur  faire  sentir  par  lettres,  ainsy  que  advi- 
serez;  et  envoyez  rependant  promplement  une 
lettre  patente  à  ladicte  Ciiambre  d'Agen  pour, 
nonobstant  ledict  arrest,  ne  laisser  et  ne 
faillir  de  bien  diligemment  proce'der  à  l'éxé- 
culion  (le  vos  lettres  patentes  octroiées  pour 
le  laict  de  Condom.  Je  ne  veulx  à  ce  propos 
oublier  à  vous  dire  que  j'ay  receu  les  com- 
missions que  m'avez  envoyées  pour  changer 
les  conseillers  catholirtjues  de  ladicte  Chambre 
d'Agen  et  en  l'aire  venir  d'aullres  dudici 
Bourdeaulx,  au  lieu  de  ceulx  (jui  y  ont  servy  ; 
mais  pour  ce  que  je  craignois  que  cela  feus! 
cause  de  retarder  les  jugemens  des  procès  (jui 
sont  commencez  par  ceulx  qui  sont  à  présent 
en  ladicte  chamhre  ou  que  cela  les  délournast, 
aussy  que  cela  ne  se  peult  faire  sans  beau- 
coup d'argent  qui  faull  pour  l'ameublement 
de  ceulx  qui  viendroieni  relever  les  aultres, 
j'ay  différé,  et  verray  à  ceste  conférence  s'il 
sera  bon  de  ce  faire.  Cependant  je  vous  diray 
qu  il  est  couru  ung  bruict,  quasy  en  toutes  les 
séneschaussées  de  ce  gouvernement,  que  vous 
avez  faict  ung  l'dict  pour  diminuer  encore 
vos  monnoyes,  ce  (jui  a  aporté  grande    lu- 

3i 


IwniHLniE    NATION.Ut, 


2.'i2 


meur,  comme  vous  verrez  par  les  lettres  que 
l'oD  m'en  a  escriples  de  Thoulouse,  où  j"ay  es- 
cript,  comme  aussy  av-je  escript  à  Bouv- 
(leaulx.  que  l'on  l'eist  réitérer  la  publicalioii  de 
vostre  dernier  édict  sur  le  faict  des  nionnoyes, 
et,  par  mesme  moien,  qu'il  soit  enjoinct  à  ung 
chacun  le  suivre  sans  aulcune  augmentation 
ne  diminulion  des  pri\  portez  par  icelluv.  Il 
vous  plaira  m'escripre,  si  en  avez  advisé  ou 
liiict  quelque  chose  au  contraire;  et  cependant 
je  vous  diray  qu'il  me  semble  qu'il  fault 
laisser  le  cours  desdicles  monnoyes  ainsy  qu'il 
est  à  présent,  suivant  vostre  édict.  Le  pre'si- 
dent  Baillet  et  aulcuns  des  conseillers  cato- 
licques  ordonnez  pour  la  Chambre  tripartye 
sont  arrivés  icy,  les  ayant  fait  acheminer  à 
Thoulouse;  mais  il  est  besoing  que  vous  en 
choisissiez  encore  tiois,  l'ung  au  lieu  de  Des- 
carteaux,  qui  est  mort,  et  l'aultre  au  lieu 
de ',  qui  a  ung  procès  sur  lequel  il  s'ex- 
cuse, comme  vous  avez  desjà  entendu  par  de 
là;  et  en  la  place  de  Callavv,  il  en  fault  aussv 
ung  aultre;  car  tous  les  catolicques  le  tien- 
nent fort  suspect  pour  avoir  esté  aultrefois 
de  ladicte  religion,  de  sorte  que  j'ay  résolu  de 
ne  le  point  envoyer  en  ladicte  Chambre.  Il 
fault  aussv  adviser  à  celuv  qui  sera  vostre 
procureur  en  icelle,  car  ceulx  de  ladicte  reli- 
gion n'y  veuUent  pas  admettre  ung,  appelé 
Bartier,  que  j'y  avois  nommé  au  lieu  de  Gla- 
pissons,  conseiller  au  Cliastelet  de  Paris,  que 
j'ay  entendeu  qui  n'y  veut  pas  venir.  Ils  n'ont 
pas  aussy  agre'able  Bigot,  fils  de  vostre  pro- 
cureur au  grand  Conseil,  pour  advocat,  disans 
qu'il  tient  trop  du  catolicque,  et  qu'ils  en 
veulent  ung  qui  soit  du  tout  de  la  dicte  reli- 
gion. Il  vous  plaira  pourvcoir  à  ces  cinq  per- 
sonnes là,  et  les  ferav  partir  le  plus  tost  qu'il 
sera  possible,  car  aulti'emeut  ladicte  Chambre 

'  Laissé  en  blanc. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

ne  sauroit  tenir.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 
Escript  au  Port-S'^-Marve.  le  xxviii"  janvier 
1579. 


1579.  —  3i  janvier. 
Copie.  Dil'I.  nat. ,  Fonds  français,  u"  33oo,  f^  i^ia  v" '. 

[.\l    ROY  MONSIEUR   :\10\   FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  le  s''  de  Bajauniont  est 
reveneu  de  Condom,  où  il  a,  à  ce  que  j'av 
veu,  assez  bien  composé  et  accordé  tous  les 
habitans  de  ladicte  ville,  leur  ayant  fait  le 
reiglement  et  jurer  l'acte  et  soubmission 
dont  je  vous  envoyé  le  double,  et  quant  et 
quant  installé  le  s"'  de  Mousseron  pour  y  com- 
mander, de  sorte  qu'il  m'a  donné  grande 
espérance  que  l'ordre  qui  y  est  ceste  fois 
mis,  suivant  le  mémoire  que  je  luy  en  avois 
envoyé,  maintiendra  à  tousjours  ladicte  ville 
en  seureté,  y  faisant  faire  justice  des  dés- 
ordres et  meurtres  qui  y  sont  advcnuz.  Aussy 
pour  cesl  effect  la  Chambre  d'Agen  y  envoyé 
ung  ou  deux  conseillers,  pour  reprendre  les, 
informations  qui  on!  esté  cy  debvant  faictcs 
et  informer  des  nouveaux,  et  juger  le  foui 
par  ladicte  Chambre,  nonobztant  l'arrest  que 
vous  ay  escript  avoir  esté  donné  par  ceulx  du 
Parlement  de  Bourdcaulx  sur  les  lettres  pa- 
tentes que  m'en  aviez  faict  envoyer,  sur  les- 
quelles je  ni'atteudz  que  vous  en  ferez  expé- 
dier encores  d'aultres,  pour  casser  ledit  arres! 
et  déclarer  que  vostre  intention  estoit  que 
ladicte  Chambre  d'Agen  en  ayt  la  congnois- 
sance.  Cependant,  je  tieudray  la  main  à  ce 
que,  en  attendant  icelles  lettres,  ilz  ne  lais- 
sent de  procedder,  comme  il  en  est  très  grand 
besoing,  car  s'il  n'est  faict  exemplaire  justice 

'  En   marge  :   ttEmoyée  nii   Roy  par  îlonsieur  de 
Stoi'S)î. 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MÉDICIS 
(If  tiiiil  de  désordres  et  de  meurtres  advemiz 


2i3 


audict  Condom,  les  habitans  d'icello  ville 
seront  tousjours  en  querelles  et  à  se  couper 
la  gorge  les  ungs  aux  aullres,  dont  peult- 
estre  il  y  en  a  quelques  ungs  qui  ne  seroieni 
pas  marris,  pour  l'espérance  qu'ils  auroient 
(le  se  jeter  entre  deux  et  se  saisir  de  ladicte 
ville,  qui  est  de  grande  importance  au  bien 
de  vostre  service,  et  laquelle,  j'espère,  sera 
conservée  par  le  moyen  de  Tordre  dessus  dict , 
suivant  lequel  le  s''  de  Mousseron  n'y  doibt 
(lemourer  que  le  mois  de  febvrier,  et  après  luy, 
de  mois  en  mois,  les  douze  gentilzliommes 
que  verrez  par  la  liste  que  je  vous  envoyé, 
chacun  en  leur  tour';  mais  je  vouldrois  bien 
pouvoir  faire  en  sorte  (|ue  Icdict  s"'  de  Mous- 
seron, qui  est  ung  bon  vieil  gentilhomme, 
(jui  y  a  cy- devant  commandé,  y  veulent  et 
peust  lousjours  demourer  au  gré  des  autres; 
car,  à  ce  que  j'entends ,  il  ayme  vostre  service 
et  est  homme  de  bien.  Il  sera  bon  que  vous 
luy  escripviez  une  bonne  lettre  du  gré  que  lui 
sçavez  du  service  qu'il  vous  y  faict. 

Cependant  je  vous  envoyé  une  lettre  que  le 
s''  de  Savignac  m'a  escripte,  par  laquelle  vouz 
verrez  comme  Florence  est  remise,  et  comme 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  nous  a  joués  d'une 
subtillité,  pour  laquelle  je  parleray  bien  à 
luy  la  première  fois  que  je  le  verray;  car  il 
la  me  debvoit  rendre  en  Testât  qu'elle  estoit 
quand  il  y  entra,  et  touttefois  il  a  fait  ouvrir 
les  tours  et  rompre  les  planchers  d'icelles.  11 
est  vray  que  peult-estre  les  habitans  de  ladicte 
ville,  qui  sont  aussy  divisés,  veoyant  lesdictes 
tours  ouvertes  par  le  dedans  de  ladicte  ville 
et  qu'ilz  ne  s'en  pourront  saisir  à  Tadvantaige 
des  ungs  sur  les  aultres,  seront  plus  saiges 
et  plus  retenuz.  Quant  à  Langon,  je  veoy 
bien  que  mon  filz  le  roy  de  .\avarre  et  cculx 
de  sa  religion  se  feront  tirer  Taureille  pour 
la  remettre,  quelque  chose   (pi'ils  m'eussent 


promis;  car  le  s"^  de  Gaulcliat,  ucpveu  du 
s''  de  La  Mothe-Fénelon,  que  j'avois  envoyé 
pour  assister  et  estre  présent  quand  ung 
nommé  Laborde,  que  mon  filz  le  roy  de  Na- 
varre y  a  envoyé,  exécuteroit  ce  qu'avons  ad- 
visé,  qui  est  de  faire  vuider  ceux  qui  sont 
dans  If  cliastcau  dudict  Langon  et  le  faire 
remeclre,  et  la  ville  aussi,  es  mains  de  Mon- 
sieur de  Candalle,  qui  eu  est  seigneur  du  fief, 
La  Borde  m'a  rapporté  hier  soir  comme, 
:iu  lieu  de  le  venir  trouver  à  la  Réolle,  dont 
il  avoit  esté  dit  qu'il/,  partiroient  ensemble 
pour  aller  audict  Langon,  y  est  allé  tout 
droict  sans  passer  audict  lieu  de  la  Réolle;  de 
sorte  que  ledict  Gaulchat,  arrivant  à  Langon, 
trouva  qu'il  en  estoit  desjà  party  et  qu'il 
n'avoil  rien  faict.  Je  pense  qu'il  avoit  adverty 
cculx  du  chasteau  de  Langon  de  demander 
ung  mesme  pardon  que  ceulx  du  chasteau  de 
la  Réolle,  avant  que  d'en  sortir;  car  ilz  ont 
déclaré  au  s"'  de  Gaulchat  qu'ilz  ne  sorti- 
roient  point  aultrement  :  et  cependant  ils 
commencent  à  arrester  les  basteaux  et  exiger 
des  marchands  fréqueutans  et  conimerçans 
par  la  rivière,  tout  ainsy  que  faisoit  Pavas  à 
ladite  Réolle,  dont  du  tout  j'ay  escript  à  Né- 
rac  à  ceulx  de  vostre  Conseil,  par  ledict  Gaul- 
chat, afiin  d'en  faire  instance  à  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre,  pour  le  semondre  bien 
expressément  de  la  promesse  qu'il  m'a  faite 
de  la  restitution  dudict  Langon,  sur  celle  que 
je  luy  ay  aussy  faicte  par  escript,  de  la- 
quelle je  vous  envoyé  le  double,  que  vous 
])ardonnerez  la  surprinse  dudict  chasteau;  et 
aflin  que  nous  ne  demourions  point  pour 
cela,  il  vous  plaira  m'envoyer  le  pardon. 
Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Saincle-Marye,  le  dernier 
jour  de  janvier  1579. 


3i. 


^4/( 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1579.  —  i"  février. 

Orig.  lîibt.  nat. ,  Fonds  français,  n'  33o3,  f"  38. 

A  MOIV  COUSIN 

LE   S'  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  par  les  dépesclies  que  vous 
m'avez  faictes  des  xvi  et  .\xm"  du  mois  passé, 
j'ay  veu,  à  mon  très  grand  regret,  les  mau- 
vais déportemens  du  s''  de  Chastillon,  dont  je 
suis  infiniment  marye\  ayant  ce  jourd'huy, 
incontinant  vostre  dernière  reçue,  escripl  aux 
s"  du  Conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon 
fil/.,  que  j'ay  envoye's  despuis  deux  jours  à 
iNérac  pour  commencer  nostre  confe'rence,  la 
substance  de  vostredicte  dernière  lectre,  pour 
en  l'aire  instance  à  mon  filz  le  roy  de  Navarre 
et  aux  deppulez  qui  sont  audict  Nérac,  les- 
quelz,  je  pense  bien,  ne  s'en  soucieront  non 
plus  (ju'ils  ont  accouslumé  :  aussy  n'est-il  que 
bon  que  vous  soyez  monte'  à  cheval  et  les 
seigneurs  que  m'escripvez  qui  vous  accom- 
paignent,  pour  empescher  ledict  Chastillon  en 
ses  pernicieulx  desseings;  car  la  première 
chose  que  je  feray  traicter  en  la  conférence, 
ce  sera  de  pourveoir  à  sesdictz  mauvais  des- 
portemens  et  aussi  à  ceulx  de  Bacom,  Four- 
nier  et  autres.  Voyià  pourquoy,  mon  cousin, 
il  est  nécessaire  qu'en  repoulsant  telles  gens, 
que  j'estime  que  mondict  filz  le  roy  de  Na- 
varre et  ceulx  de  la  relligion  protendue  re'- 
formée  n'advoueront  poinct,  vous  regardiez 
de  faire  en  sorte  que  ce  soyt  sans  préjudicier 

'  Baiidonnet,  grâce  à  l'assistance  que  iui  prêtait  Clias- 
lillon,  se  maintenait  dans  le  château  de  Beaucaire. 
Henri  111  lui  avait  écrit  le  28  janvier  :  ctAyantsceu  que 
vous  aviez  promis  au  sieur  de  Chastillon  de  iuy  remectre 
le  chasteau  de  Beaucaire  pourvu  que  je  l'aje  agréable, 
j'ay  estimé  vous  faire  advertir  sur  cela  de  mon  intention 
qni  est  que  je  n'ay  délibéré  en  aucune  sorte  d'accorder 
ledict  chasteau  audict  Chastillon.  n  (  Bibl.  nat. ,  Fonds  fr. , 
n°  33!i5,  fol.  33). 


à  l'édict  de  paciffication,  estant  nécessaire  de 
les  faire  premièrement  interpeller  de  pozer  les 
armes  et  observer  ledict  édict,  encores  que  je 
pense  bien  que  pour  cela  ilz  n'en  facent  rien; 
mais  au  moings  sera-ce  mectre  le  droict  de 
nosire  coslé  et  occasion  de  faire  faire  justice 
exemplaire  de  ceulx  (jue  l'on  pourra  après 
atlrapper.  Quant  aux  compaignyes  du  s''  de 
Joyeuse  et  du  séneschal  Cornusson,  je  croy 
qu'elles  ne  sont  pas  encores  prestes,  pour  ce 
que  les  catholicques  de  Thoulouse  et  des  en- 
virons m'avoient  laict  requérir  par  le  scindicq 
général  qu'elles  fussent  excusées  de  tenir  gar- 
nison, affin  de  souUaiger  le  païs;  toutesfois  je 
leur  en  escriptz  présentement,  aifin  qu'ilz 
vous  en  secourent,  s'ilz  peuvent;  mais  je  vous 
prie  de  rechef  regarder  à  vous  comporter  tel- 
lement que,  empeschant  le  secours  audict 
chasteau  de  Beaucaire  et  lesdicts  pernicieuzes 
entreprinsesdesdicts  Chastillon,  Bacom,  Four- 
nier  et  autres,  se  soit  sans  que  pour  cela  nous 
rentrions  à  la  guerre;  car,  à  vous  dire  vray, 
je  suis  résolue  de  tenter  tous  les  moiens  qu'il 
me  sera  possible  pour  establir  la  paix  par  la 
doulceur,  sinon,  et  après  que  j'auray  faict  ce 
que  j'auray  deu  suivant  fintencion  du  Roy, 
mondict  S'  et  filz,  adviser  aux  moiens  qu'il 
faudra  tenir  pour  faire  establir  et  observer 
sondict  édict  :  en  quoy  plusieurs  villes  et  in- 
finiz  gens  de  bien,  mesmes  aucuns  qui  sont 
de  ladicte  religion  de  vostre  gouvernement  et 
d'ailleurs,  se  mecteront  avec  lesdictz  catho- 
licques pour  ladicte  exécution  et  bien  de  la 
paix.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  Port-Sainte-Marie,  le  premier 
jour  de  Février  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


LETTUKS  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


2i5 


1 579.  —    9  février. 

Co|>w.  BiU.  nal..  foDiis  franrais,  n°  33oo,  f«  i43  v"  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0.\  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  rerous  av;uit-lii(>r  qui 
fut  samedy,  dcniiorjour  du  mois  passe,  depuis 
la  de'pesche  que  je  vous  fizs  ce  jour  là, 
lettres  du  mareschai  de  Dampviile  par  les- 
quelles il  m'escript  que  Ghastillon  estoit  sorty 
de  Montpellier  avec  ung  canon  et  une  grande 
couleuvrine  et  ce  qu'il  avoil  peu  assembler  de 
forces  des  autres  de  la  religion  prétendue  ré- 
forme'e,  pour  aller  secourir  et  advitailler  le 
chasteau  de  Beaucaire,  et  que  pour  se  faire 
redoubler  davaulaige,  passant  par  la  ville  de 
de  Bessoulz^  près  Beaucaire,  il  avoit,  après  y 
estre  entré  par  composition,  taillé  en  pièces 
plus  de  cent  pauvres  paisans  catholicques,  et 
seroit  au  parly  de  là  retiré  à  .\ismes,  où  il  au- 
roit  esté  receu.  Au  mesme  instant  je  receuz  aussi 
lettres  du  s''  de  Maugiron,  (jui  m'escript  que 
ung  nommé  Delaprade  s'est  saisy  et  remis  de- 
dans la  ville  de  Soyons  ^  sur  le  Rhosne,  qui 
avoit  esté  démantellée  et  laquelle  il  a  reforti- 
fiéf,  et  y  recommence  à  faire  tous  actes  d'hos- 
tillité,  exigeant  ung  péaige  sur  tous  les  bas- 
teauxqui  passent  par ladicte rivière  du  Rhône; 
oultre  cela  j'ay  aussy  eu  advis  que  Dusson  s'est 
saisy  de  Pons',  et  davantaige  ay  encore  eu  ad- 
vis de  divers  endroictz  que  mou  lilz  le  roy  de 
Navarre  et  ceulx  de  sa  religion  avoient  envoyé  à 
Monlauban  et  Lérac\  Montflanquin*^  et  auUres 
lieux  qu'ilz  occupent,  assembler  des  gens  de 

'  En  marge  :  fr Envoyée  au  Roy  par  le  capif.  Massonii. 

°  Besouce,  canton   de  Margiieriltes,  arr.  de  Nimes. 

'  Soyons,  en  face  de  Valence,  arr.  de  'i'ournoii  (Ar- 
dèclie). 

*  Pons,  canton  de  Fumet, arr.  de  Vilieneuve-sur-Lol. 

'  Layrac,  canton  d'AstalToil ,  arr.  d'Agon. 

'  Montflanquin ,  clief-lieu  de  canton,  arr.  de  Ville- 
neuve-sur-Lul. 


guerre  et  qu'ilz  avoient  quelque  grande  enlre- 
prinse  à  exécuter  pendant  que  nous  serions 
à  Nérac,  où  aulcuns  m'advertissoient  qu'ilz 
avoient  délibéré  prendre  revanche  de  la  Saint- 
Barthélémy.  J'envoyay  toutes  lesdicles  aux 
sieurs  de  vostre  Conseil  à  Nérac,  pour  l'aire  en- 
tendre toutes  les  ciioses  dessusdictes  à  mon  lilz 
le  roy  de  \avarre ,  auquel  j'escripz  aussy  très  e.v- 
pressément  ce  qu'il  me  sembloit  de  tout  cecy, 
oultre  ce  que  je  donnois  charge  auxdictz  sieurs 
de  vostre  Conseil  lui  l'aire  entendre  de  ma 
part,  qu'il  se  veoyoit  clairement  par  lesdicles 
lettres  qu'ilz  avoient  reprins  les  armes  et  avoient 
quelque  mauvais  desseing;  davantaige  que  je 
voyois  bien  aussy  par  ce  que  m'avoit  rapporté 
le  s"^  de  Gaulchat,  uepveu  du  s'^  de  La  Mothe 
Fénelon,  qu'ils  n'avoient  pas  grand  désir  de 
rendre  Langon,  et  aussy  que  je  me  trouvois 
encores  mal  de  mon  calerre  et  que  partant  je 
ne  pouvois  aller  audict  JNérac  pour  la  conhî- 
rence,  non  que  je  ne  feusse  très  asseurée  de 
mondict  fdz  le  roy  de  Navarre,  qui  ne  vouidroit 
nullement  permettre  qu'il  me  feust  faicl,  ni  à 
pas  ung  de  ma  suite,  aulciin  desplaisir,  mais 
peut  estre  qu'il  adviendroit  qu'il  ne  pourroit 
estre  maistre  de  ceulx  de  sa  religion;  aussy 
que  j'avois  à  contenter  les  catolicques  et  que 
pour  ces  causes  j'étois  d'adviz,  .s'ilz  ne  vouloient 
venir  icy  taire  ladicte  conférence,  que  nous  la 
fissions  à  l'abbaye  de  religieuses  qui  est  près 
d'icy  et  de  la  rivière,  du  costé  dudict  Xérac, 
où  ils  viendroient  tous  les  jours  et  moy  j'vrois 
aussy,  et  eulx  s'en  retourneroient  à  Nérac  et 
moy  en  ce  lieu.  Toutes  ces  raisons  là  se  sont 
fort  débattuez  audict  Nérac  entre  mondict  lilz 
le  roy  de  Navarre  el  lesdictz  sieurs  de  vostre 
Conseil,  présens  les  députés  et  ceux  de  vostre- 
dict  Conseil,  qui  n'oublièrent  rien  de  tout  ce 
que  je  leur  manday,  de  sorte  que  le  roy  de 
Navarre,  présents  lesdictz  députez,  voyant  la 
résolution  où  j'estois,  se  trouvèrent  estonnés,  à 


2/iG  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ce  que  me  rappoitoit  ledict  Puibrac ,  qui  re- 
tourna hier  en  ce  lieu ,  et  mondict  filz  le  roy  de 
\avarre  avec  lesdicts  députe's,  que  le  viconte 
(le  Turenne  viendrait  icy,  comme  il  fil  hier,  pour 
m'asseurer  que  ce  que  faisoit  ledict  Gbastillon 
et  tous  les  aultres  se  faisoit  sans  leur  sceu, 
et  qu'ilz  désiroient  aultant  que  raoy  que  Ton 
l'eist  faire  justice  de  telles  contraventions  à 
vostre  e'dict,  avec  une  infinité  d'aultres  paroles 
(le  la  confiance  que  je  doibs  prendre  en  eulx, 
et  de  l'asseurance  qu'ils  me  donnent  qu'il  ne 
me  sera  faict  aulcun  tort  ne  desplaisir,  ny  à 
pas  ung  de  ma  suite,  et  aussy  qu'ils  feroienl 
rendre  Langon ,  oij  ils  ont  renvoyé  et  moy  aussy, 
me  suppliant  avec  instance  de  ne  laisser  point 
imparfaict  ce  bon  œuvre  que  j'avois  commence^  : 
et  se  laissa  aucunement  entendre  ledict  viconte 
de  Turenne,  pre'sens  mes  cousins  le  cardinal  de 
Bourbon  et  le  prince  Daulpbin  devant  iesquelz 
je  voullus  qu'il  parlast,  que  je  serois  bientost 
contente  d'eulx  par  la  fin  de  ladicte  conférence. 
Veoyant  cela  et  qu'il  ne  m'estoit  possible  de 
rien  gagner  sur  eulx ,  considérant  aussi  aulcunes 
particullarités  que  ledict  s''  de  Pibrac  m'avoit 
fait  auparavant  entendre,  lesquelles  me  donnen  t 
grande  espérance  de  faire  quelque  chose  de 
bon ,  je  promis  audict  vicomte  de  Turenne  que 
j'irois  demain  audict  Nérac,  comme  j'en  suis 
résolue,  espérant  en  Dieu,  auquel  j'ai  toute 
ma  fiance  qu'il  me  fera  la  grâce  que  nous  y  fe- 
rons une  bonne  et  heureuse  fin,  et  bientost, 
pour  l'exécution  et  lestablissement  de  la  paix. 
Cependant  j'ay  escript  partout  qu'en  faisant 
contenir  ung  chacun  en  repos,  l'on  se  tint 
aussy  si  bien  sur  ses  gardes  que,  si  lesdictz 
de  la  Religion  avoient  quelque  mauvaise  vo- 
lonté, l'on  les  en  peust  empescher.  Je  ay 
mandé  audict  marescbal  de  Dampville,  lui 
faisant  responce,  que,  puisqu'il  est  allé  lui 
niesrae,  combien  que  je  lui  eusse  escript  de 
renforcer  seulement  Sainte  Jaille,  qu'il  regarde 


de  faire  en  sorte  que  cela  ne  soit  point  cause 
de  nous  remectre  aux  armes,  mais  que  aul- 
tant qu'il  pourra  attraper  de  ces  volleurs,  il 
les  face  chaslier  par  justice.  J'ay  escript  aussy 
au  s'  de  Maugiron  se  comporter  de  mesme  fa- 
çon, faisans  et  l'ung  et  l'aultre  congnoistre  à 
un  chascun  comme  vous  voulez  de  vostre  part  in- 
violablement  entretenir  vostre  édict  de  paciffi- 
cation  :  de  sorte  que  je  pense  avoir  pourveu 
à  tout  au  mieux  que  se  pust  faire,  jusques  à  ce 
que  nous  ayons  pris  quelque  bonne  résolution 
pour  nostre  conférence. 

J'ay  aussy  receu  lettres  du  s''  de  Suze,  qui 
est  de  retour  en  Avignon,  y  ayant  incontinent 
faict  response,  par  laquelle  je  lui  donne  espé- 
rance d'aller  passer  en  Provence  aussitost  que 
j'auray  faict  icy,  et  cependant  je  lui  escripz,  et 
au  cardinal  d'Armaignac ,  conformément  ad  ce 
que  j'ay  veu  par  la  dépesche  qu'avez  faicte 
par  Truchaut  audict  pays  de  Provence,  où  je 
crois  qu'il  sera  très  à  propos  que  vous  envoyez 
celui  dont  j'ay  faict  mention  par  ma  dernière 
lettre.  Le  Grand  Prieur  me  vient  trouver,  à  ce 
que  l'homme  du  s''  de  Suze  m'asseure,  et  qu'il 
estoildéjà  passé  à  Arles,  attendant  le  vent  pro- 
pre, tellement  que  de  ce  costé  là,  j'espère,  avec 
l'aide  de  Dieu,  nous  y  ferons  aussy  quelque 
chose  de  bon,  si   nostre  conférence  réussit. 

Cependant  je  vous  mercye  de  très  bon 
cœur.  Monsieur  mon  filz,  des  honnestes  lettres 
qu'il  vous  a  pieu  m'escripre,  tant  par  le  nepveu 
du  s'  de  Joyeuse  qui  arriva  hier  matin  icy, 
que  par  La  Mothe  Gondrin ,  qui  arriva  aussy 
hier  soir  avec  toutes  les  dépesches  que  vous 
m'avez  envolées  :  ayant  veu  par  icelles  que  vous 
aviez  très  agréable  ce  que  je  faiz  par  deçà 
pour  vostre  service,  pour  lequel  aussi  m'em- 
ployé-je  de  cœur  et  d'àme,  feray  et  conlinue- 
ray  toujours;  car,  oultre  que  c'est  mon  deb- 
voir,  il  n'y  a  en  ce  monde  rien  que  je  désire 
tant  que  de  veoir  vostre  royaulme  en  paix  et 


LETTRES   l)l<:  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


i247 


repos,  vous  avec  le  conlentement  (|ir'  je  vous 
désire  et  soubailte,  et  j'espc-re  en  Dieu  que  je 
vous  verray  bienlosi,  travaillant  et  faisant  par 
vous,  comme  je  veoy  que  vous  l'aictes,  île  si 
grande  et  bonne  atTecliou,  tout  ce  que  vous 
pouvez  pour  le  bien  de  voslre  royaulme  et  af- 
faires :  aussy  m'asseuré-je  que  Dieu  vous  av- 
dera  et  ([ue  vos  peuples  et  subjectz,  congnois- 
sant  voslre  bontë,  bonne  volonté'  et  l'amour 
que  leur  portez,  la  payne  que  vous  prenez  et 
le  grand  soing  que  vous  avez  des  affaires  de 
vostre  royaume,   vous  béniront  et  aimeront, 
comme  ils  doibvent,  si  bien  que  les  pernicieux 
desseings  de  ceulx  qui  veulent  vous  remettre 
à  la  guerre  tourneront  à  leur  bonté  et  confu- 
sion. Il  n'y  a  rien  oiî  il  esrbet  response  à  vos 
deux  dépesches,  sinon  sur  les  lettres  que  vous 
a  escriples  mon  filz  le  roy  de  Navarre  pour  la 
Chambre  d'Agen;  à  quoy  j'ay  satisfaict  à  mon- 
dict  fdz  le  roy  de  Navarre,  il  y  a  longlemps, 
comme  je  diz  bier  audict  viconte  deTurenne, 
et  que  je  m'esbahissois  bien  pourquoy  mon- 
dict  filz  le  roy  de  Navarre  vous  avoit  escripl 
et  La  Rocque  vous  pressoit  de  cela;  car  pour  le 
regard  du  différend  d'entre  la  Court  de  Par- 
lement et  ladicte  Chambre,  sa  longueur  venoit 
d'eulx,  d'aultant  que  le  président  de  Saint- 
Acquin  avoit  esté  député  parladicle  Chambre, 
longtemps  y  avoit,   pour  vous  aller  trouver 
pour  cet  effet,  et  luy  avois  baillé  les  lettres  que 
je  vous  en  cscripvois;  mais  que  depuis  il  s'es- 
toit  ravisé  et,  au  lieu  d'y  aller,  ladicte  Chambre 
vous  avoit  escript  ce  qu'ilz  avoientà  respondre 
aux  remonstrances  de  ladicte  Court;  que,  pour 
le  second  poinct,  qui  estoit  de  changer   les 
conseillers  catolicques,  j'avoys  résolu,  comme 
ils    sçavent    très    bien,    le    leur    ayant    dict 
moy-mesme,   que  je  ferois   continuer   ceulx 
qui  y  sont,  combien  qu'ilz  se  faschassent  fort 
et  requissent,  suivant  l'édict,  d'estre  relevez 
par  leurs  compaignons  du  Parlement  de  Bour- 


deaulx;  el  (juaul   au  dernier  poinct  des  dé- 
sordres el  scandales  advenus  à  Agen,  qu'ils 
savoieiit  bien  comme  il  en  avoit  esté  informé 
et  en  seroil  l'ail  justice;  mais  qu'il  falloil  aussy 
la  faire  d'une  église  que  ceulx  de  ladicte  re- 
ligion avoient  lors  gastée  près  ledict  Agen  :  de 
sorte  que  ledict  viconte  de  Turenne  n'a  sceu 
que  respondre  sur  cela,  et  croy  qu'ils  mande- 
ront audict  LaRocque  ne  vous  plus  importunei' 
de  ces  choses  là.  J'ay  veu  aussy  la  dépesche 
que  vous  a  faicte  mon  cousin   le  prince  de 
Condé,  et  la  saige  responce  que  vous  luy  avez 
sur  ce  envolée.  Cela  est  venu  bien  à  propos 
sur  une  dépesche  que  je  luy  ay  fait  tenir  ces 
jours  icy  par  le  s"'  d'Escoyeulx,  qui  est  de  la 
mesme  substance  et  intention  que  la  responce 
que  luy  avez  faicte,  et  si  avois  auparavant  es- 
cript aux  sieurs  comte  du  Lude  ^  et  de  Ruffec 
l'esclaircir  des  doubles  où  il  estoit  et  lui  oster 
l'opinion  qu'il  avoit  des  entreprinses  dont  ou 
les  soupçonnoit,  auxquelles,  quand  tout  est 
bien  considéré,  il  n'y  avait  point  ou  que  bien 
peu  d'apparence;  aussy  m'ont  lesdictz  sieurs 
du  Lude  etdeRufïec  escript  qu'ilz  lui  feroient 
voir  si  clair  en  cela  et  en  leurs  aciions,  qu'il 
ii'auroit  plus  lieu  de  doubter  que  vous  et  tous 
vos  ministres  ne  tendissent  au  bien  de  la  paix. 
Mais  je  crains  bien  que  ce  soit  par  artifice 
qu'il  vous  ayt  faict  ceste  dépesche;  car  j'ay 
veu  pai'  la  fin  de  l'instruction  qu'il  a  baillée 
à  Davenues  quil  se  délibère  repousser  telles 
entreprinses,  au  lieu  d'en  attendre  la  justice 
de  vous.  Cela  me  faict  aucunement  doubter 
qu'il  y  ait  quelque  chose  de  caché  là  dessous: 
aussy  vous  diray-je  à  ce  propos  que  l'on  m'es- 
cript  que,  quand  bien  nous  résouldrions  l'exé- 
cution de  la  paix  en  nostre  conférence,  que 
néanmoings  reuix  de  ladicte  religion  sont  ré- 
solus de  ne  rien  rendre,  mais  que  leur  desseing 

'  Gui  (le  DailloM.  conilc  du  l.ude. 


■248  LETTRES   DE   CATH 

ost  de  se  saisir  do  Beauvais,  ri»ntrpr  à  ia  gucrri' 
el  la  laii'i'  du  cobté  de  Paris,  on  attendant 
i|u  iiz  puissent  appeler  leurs  reistrcs;  ce  que 
je  ne  puis  bonnement  croire.  Touttefois  il  laut 
(lue  cela,  avec  semblables  considéralions  que 
je  vous  a\  plusieu}s  i'ois  i'e]ir('sentées  par  mes 
depesebes  précédentes,  \eoyaut  telles  remises 
et  lonjjueurs  en  les  jjeus  icy,  serve  dadvertis- 
sement,  e!  il  sera  bon  de  niandcj' incontinent . 
sans  rien  esniouvoir,  que  Ton  prenne  j;arde 
audict  Reauvais  et  aussv  à  Soissous,  et  pareil- 
lement aux  aullres  villes  (|ui  sont  sur  les  ri- 
vières, .l'av  veu  aussy  par  \os  dépescliC'  bi 
pernicieuse  rliarjjede  ce  mauvais  jjai-ron  Du- 
bourj;,  ei  a  estt'  très  bien  adviséd'escripre  pour 
le  l'aire  j)ren(lre  et  arrester.  et  sera  mieuk  faict 
de  le  l'aire  bien  cliastier.  .l'ay  aussv  receu  les 
dépesches  que  m'avez  envoyeurs  jiour  le  laie! 
des  traii-tes  d(\s  bleds  et  vins,  que  je  suis 
biru  ma;rve  qui  ne  sont  venus  plus  Inst;  car. 
di'puis  l(>  teuq)s  (jiie  je  vous  en  a\  parlé,  il  s'en 
l'usl  retiré  beaucoup  d'ari;eiit,  et  la  noblesse  eu 
enst  esté  fort  aise.  Toutesfois  j'estime  ipie  cria 
viendra  imcore  bien  à  propos,  estant  délibérée 
de  taire  servir,  des  trois  sortes  d'expéditions 
que  m  avi'z  einovées.  celle  ipii  porte  de  paver 
les  aultres  droictz  et  la  moictié  de  ce  (jiii  est 
porté  par  vostre  nouvel  édict  sur  le  l'aict  des- 
dictes traictes  et  impositions  l'oraines,  combien 
(pie  aulcuns  jjeiitilslioninies  m'eussent  dici 
(pi'ilz  vonloieut  bien  paier  tout;  mais  je  cioy 
qu'il  \  eu  a  (piel(|M('s  aullres  (pii  n'estoient  ]ia- 
de  ceste  opinion.  Xoilà  [)(iui(]uo\ .  escripNanI 
au  s''  de  Belièvre,  ajirès  que  j  eiiz  laid  laire 
la  lettre  à  IJnilart,  je  laissnv  un  peu  cela  en 
ilouble  (]ui  ne  se  conirarioit  néannioings  pas; 
mais  ce  a  esté  très  bien  laid  de  m'en  avoir 
envové  lesdictes  ex|)éditioHS,  encore  que  ce  soit 
unjf  peu  tard,  et  croiez  que  j'y  feray  tout  ce 
(|u  il  se  pourra  pour  le  bien  de  vostre  service. 
Il Cstanl  pas  à  bien  considérer  que  vous  n'avez 


ERL\E    DE   MEDICIS. 

aultre  meilleur   nioven,    pour   satisfaire    aux 

•Suisses,  (]ue  par  celuv  de  cesdictes  traites  et 

i    impositions  foraines,  et  d'aiiltre  costé  à  penser 

aussy  qu'il  fault  principalement  en  ce  temps 

'    aller  retenu  et  avoir  aussy  beaucoup  de  con- 

I    sidérations  avant  (pie  jiresser  telles  nouvelles 

subventions.  Je  ferav  et  userav  en  cela  du  costi' 

de  deçà  le  plus  dexlreinent  et  le  mieulx  que 

me  sera  possible,  priant  Dieu,  Monsieur  mon 

lilz,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  di[jiie  garde. 

Ksciipt  au  Port-.Saincte-.Marve,  le  jour  et 

leste  de  Cliaudeleur,  ii'  jour  de  lebvrier  i  571). 


I.'.T'.). 


0    ll'VlilT. 


\iil.  Bibl.  nat..  Fonils  fran-.ais,  n'  lu-j.'io,  f*  j'ig. 
1   MOV   COUSIN 

MONSIEl  1!   I»E   .\EMOrilS. 

Mon  cfuisin,  (licoige,  qui  s'en  vè  vous 
trover,  vous  diri'  de  mes  novelles  et  du  terme 
eu  qiiov  nous  sommes  des  afeyres,  pourquoy 
je  >u\s  ysi  yl  i  n  quatre  bon  nioys,  ijui  ccré 
cause  que  ne  vous  en  layré  rediste  par  la 
|irésante,  et  vous  dvré  ceulement  le  plésir 
ipie  j'é  receu  de  vous  savovr  de  retour  en 
France,  pour  vous  désirer  auprès  du  Uoymon 
lils',  lequel  je  di'sire  avstre  aconpagné  de 
tous  les  prinses,  ses  bon  serviteur,  corne 
vous  avstes,  et  que  je  say  seré'-  bien  aysc  de 
vous  avoyr  près  de  lui.  Je  voldrès  bien  qu'il 
pleut  à  Dyeu  ipic  je  y  puise  aystre  bien 
tost  et  lui  reporter  d'isi  cet  (pi'il  di'sire  pour 

'  Voir  la  lettre  ilu  sieur  Del.ing(.'sà  \t.  dr  Bi41ièvre,  lui 
annoiiraiil  le  passa;;i'  d(^  M.  de  Nemours  à  l^yon  et  le 
prineiKuit  (tes  iltésordres  qu'il  redoute  :  rrNous  sommes 
sur  nos  gardes,  car  nous  sommes  menacez. 1  (Bibl.  nat., 
fonds  franc.,  11°  lâgoS,  1*  ojih.)  Ce  Delanges  était  du 
I)aupliiu(' et  parent  de  Bellièvre.  On  renconlre  Ijeaucoup 
de  lettres  signées  de  lui  dans  les  luainiscrils  du  temps. 

-   Sert',  (tiré,  pour  :  sera,  dira. 


LETTRES  DE  CATH 

le  bien  cl  repos  de  son  Royaume;  pour  le 
moyns  je  y  auré  l'est  cet  que  je  auré  peu;  el, 
cet  Dieu  in  en  l'est  la  grase.  yl  l'auldrè  teuir 
cet  bien  de  luy  ceul,  letpiel  je  suplie  vous 
donner  cet  (jue  désirés. 

De-i\e'rac,  cet  m"'""  jour  de  febvrier  1379. 

Voire  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  Il  février. 
Coïiie.  BiLI.  n.il. .  Fonds  français  ,  n"  33oo  ,  i°  i6.t  v"  '. 

[\l    liOY    MOiVSIEUR  MON   FILS.] 

Monsieur  mou  tils,  j'arrivay  d'assez  bonne 
heure  hier  en  ce  lieu  -,  où  mon  fils  le  roy  de 
Navarre,  (jui  vint  au  devant  de  nous  jusques 
au  Port  Sainte  Marie,  lit  très  bien  l'honneur 
de  sa  maison,  nous  ayant  receus  et  festoyés 
de  si  bon  cœur,  que  ceulx  qui  sont  avec  moy 
commencent  à  perdre  le  double  et  la  peur 
qu'ils  avoient,  après  qu'ils  ont  aussy  oy  parler 
niondit  lils  le  roy  de  Aavarre  sur  ce  que  je 
luy   dis  des  bruits  qui  couroient  paitout  et 


'  En  Biai'(;e  :  tt  Envoyée  au  Roy  par  Georges,  huissier 
de  clianilire  de  la  Royne  mère  du  Roy-:. 
.  ^  Nérac,  où  la  reine  entra  en  effet  le  mardi  3  janvier 
au  soir.  Le  roi  de  Navarre  l'installa  dans  le  joli  château 
dont  il  reste  malheureusement  peu  de  chose.  Sa  femme 
avait  fait  son  entrée  le  mémo  jonr  avec  une  grande 
pompe,  recevant  gracieusement  les  ovations  et  les  ha- 
rangues, écoutant  les  vers  de  Salluste  du  Bartas  en  trois 
langues,  el  donnant  le  prix  à  la  muse  gasconne.  La 
chamiiie  d'Henri  de  Bourljon  el  de  Marguerite  île  Valois 
était  dans  la  partie  méridionale  du  château,  à  la  suite  de 
la  salle  des  gardes.  —  Voir  sur  Nérac  à  cette  époque  : 
Notice  hutorique  sur  lu  ville  de  Nérac,  par  le  comte  de 
Villenenve-Bargemont,  AgeJi,  1807;  Trente  années  de  la 
vie  d'Henri  IV,  son  séjour  et  celui  de  sa  cour  à  Nérac, 
par  M.  Rougier  de  Labergerie,  .\gi'n,  1826;  Nérac  et 
Pau,  par  M.  Samazenilh,  Agen,  i85'i;  et  la  très  élé- 
gante et  érudite  brochure  de  M.  Philippe  Lauzun ,  Le 
château  de  Nérac,  Agen,  189G. 

CiTiiKniNE  DE  MÉriicrs.  —  vi. 


ERLNE  DE  MÉDICIS.  249 

dontj'avoisadverlissement  d'infinis  endroicls, 
que  l'occasion  pour  laquelle  ils  nous  avoient 
si  opiniastrenient  altire's  à  Nerac  estoit  pour 
nous  y  en  prester  une,  mais  que  moy  seule, 
couside'rant  que  ces  bruicts  là  pouvoient  partir 
de  ceux  qui  vouloient  empescher  la  paix, 
j'avois  advisé  de  me  mettre  librement  en  ses 
mains:  sur  quoy  je  vous  asseure,  Monsieur 
mon  lilz,  qu'il  ma  l'aict  de  si  expresses  pro- 
messes, non  seulement  pour  moy,  mais  aussy 
pour  tous  ceux  (jui  me  suivent,  que  toutes 
doubles  et  soubsous  sont  maintenant  levés  ^  ;  et 
pour  ce  que  j'avois  entendeu  que  les  députte's 
nie  debvoient  faire  de  grandes  et  extraordi- 
naires demandes  et  pour  lesquelles  ilsdisoienl 
qu'il  falloit  envoyer  devers  vous,  parlant  à 
mon  cousin  le  viconte  de  Turenne,  je  luy  diclz 
hier  soir([ue,  partant  d'avec  vous,  vous  m'aviez 
si  clairement  l'aict  entendre  vostre  intention 
estre  de  vouloir  entièrement  garder  et  obser- 
ver vostre  édict  de  paciilication  sans  y  aug- 
menter ny  diinineuer  en  quelque  façon  que 
ce  feusl,  m'ayanl  donné  si  ample  charge  et 
pouvoir  pour  cela,  qu'il  ne  fauldroit  point  ren- 
voyer vers  vous  et  que  ce  ne  seroit  que  temps 
peidu,  saicbant  certainement  que  vous  estiez 
lernie  là  et  ([u'aussy  je  ne  pouvois  ny  ne 
voullois  faire  aultre  chose  que  ce  qui  est  porté 
par  l'Edict,  bien  me  laissay-je  entendre  que 
pour  les  seuretlés  je  feioy  toutes  les  choses 
raisonnables  que  je  pouriois  conformément  à 
l'édict  :  et  l'asseuray  que  ce  que  je  ferois  sui- 
vant cela  vous  seroit  agréable;  et  ce  matin. 


'  Nous  donnons  sur  la  fameuse  conférence  de  Nérac 
<piatrc  sources  d'informations  nouvelles.  C'est  d'abord  la 
rorrespondance  de  Catherine  de  Médicis,  qui  raconte  à 
son  lils,  par  le  menu,  toutes  ses  négociations  et  résume 
chaque  discussion  de  l'assemblée;  ce  sont  les  rremons- 
trancesi  des  ministres  huguenots,  telles  qu'elles  ont  été 
communiquées  à  la  reine;  c'est  ensuite  le  jourjial  manu- 
scrit dn  secrétaire  du  maréchal  de  Dauiville,  (|ué  M.Mas- 

.3-! 


250 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


suivant  ce  que  javois  re'soilu  hier,  j'ay  assem- 
blé en  mon  cabinet  mes  cousins ,  ie  cardinal 
de  Bourbon  et  prince  Dauphin ,  et  les  auitres 
s"  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  où  est  veneu 
mondit  lils  le  roy  de  Navarre,  suivy  du  viconte 
de  Turenne,  Guitry,  Se'gur  et  Gratin,  et  après 
eux  des  députés,  à  sçavoir  :  Bouchard,  pour 
mon  cousin  le  prince  de  Condé,  de  Meaupre, 
Poucaires,  de  Causse,  de  Vignolles,  Yolel, 
Scorbiac,  de  La  Place,  Bérauld.  de  Lamer, 
Gebealin  et  Dupont,  ayant  leditScorbiac  porté 
la  parole  pour  tous,  et  vous  asseure.  Monsieur 
mon  (ilz,  qu'il  a  fort  honnestenient  parlé, 
déduisant  par  sa  harangue  la  grande  affection 
et  obéissance  que  doihvent  tous  bons  subjecls 
à  leur  Roy  prince  souverain,  quiiz  font  el 
sera  toujours  en  eux,  et  la  grande  espérance 
qu'ils  ont  aussy  en  vostre  bonté.  Taise  que 
tous  vos  subjects  ont  receue,  saichant  que 
vous  m'aviez  envoyée  de  deçà  pour  le  bien  de  la 
paix,  qu'aussitost  que  mondit  fils  le  roy  de 
Navarn;  en  avoit  adverty  es  province  ceux  de  la 
Religion,  ils  s'estoient  assemblés,  et  qu'après 
qu'ils  ont  esté  députés,  ils  estoient  veneus  le 
plus  tost  qu'il  leur  a  esté  possible  avec  les 
mémoires  et  charges  des  choses  nécessaires  et 
dont  ils  avoient  à  nie  requérii'.  Vray  est  (]u'il 
a  glissé  quelques  paroles,  (lisant  qu'aux  lois 

sip,  bibliolbécaii-e  de  ia  ville  de  Toulouse,  a  eu  Tobli- 
geancc  de  faire  copier  dans  son  riche  dépôt  et  que  uous 
publions  lout  entier  à  VAppemUce;  c'est  enfin  un  trdis 
cours  de  ce  qui  s'est  passés,  tiré  de  la  (oUeclion  Bé- 
Ihune,  et  qui  est  une  sorte  de  commentaire  ou  de 
défense  des  décisions  prises  par  la  reine  mère  sur  cha- 
cun des  articles  discutés. 

Ces  pièces  inédiles  sont  d'autant  plus  inléressanles  à 
consulter,  que  tous  nos  historiens  ont  à  peine  parlé  de  cet 
acte  si  important  pour  le  parti  proleslani ,  aHi[uel  le 
futur  Henri  IV  prit  une  grande  paît  et  qui  est  comme  la 
préface  de  l'Editde  Nantes.  On  sait  que  les  vingt-sept  ar- 
ticles du  traité  lui-même  sont  imprimés  dans  Dumonl. 
Coips  diplomatique,  t.  V,  p.  887,  et  dans  In  France  pro- 
testante, des  frères  Haag,  t.  X,  p.  169. 


les  mieux  establies,  il  s'y  trouvoil  encores 
soubvent  quelque  chose  à  amender  :  et  néan- 
moings,  comme  il  avoit  bien  commencé  el 
poursuivy  sa  harangue,  il  a  fort  honnestenient 
et  humblement  conclu,  et  requis  qu'il  vous 
pleust  leur  octroyer  les  réquisitions  qu'ils  vous 
faisoient  et  avoient  rédigées  en  l'escript  qu'ils 
m'ont  présenté.  Sur  quoy  je  leur  ay  respondeu , 
adressant  ma  parole  au  roy  de  Navarre,  qui 
estoit  assis  auprès  de  moy,  que  je  louois 
beaucoup  leur  bonne  volonté,  et  qu'ils  se  deb-  _ 
voient  aussy  asseurerde  l'aHéction  que  portiez 
à  tous  vos  subjects,  et  que  pour  le  grand  désir 
que  vous  aviez  de  veoir  vostre  édict  de  pacifi- 
cation, dont  ils  s'estoient  contentés,  bien  exé- 
cuté, comme  ils  l'avoient  juré,  vous  aviez 
désiré  que  je  veinsse  par  deçà,  m'ayant donné 
toute  charge  et  faict  très  clairement  entendre 
vostre  intention,  qui  est  qu'il  soit  observé  et 
gardé  de  poinct  en  poinct  sans  y  augmenter 
ou  diminuer,  comme  aussy  leur  asseurois-je 
qu'il  seroit  fait,  et  que  je  n'avois  aulcun  pou- 
voir ni  voulloir  de  passer  oultre  ny  y  diini- 
neuer,  saichant  certainement  que  le  vouliez 
garder  et  entretenir  entièrement;  bien  leur 
voulois-je  dire  que,  pour  le  regard  des  sœu- 
rettes, je  ferois  toutes  les  choses  que  je  pourroys 
conformément  à  vostre  édict,  et  ay,  sur  cela, 
leceu  leurs  remonslrances  et  escript,  dont  je 
vous  envoyé  le  double,  lequel  après  que  mon- 
dit filz  le  roY  de  Navarre  et  eux  tous  ont  esté 
partis,  j'ay  fait  lire,  présents  les  s"  de  vostre 
Conseil,  afin  que  chacun  d'eux,  les  ayant  bien 
entendeus,  pensast  aux  réponses  que  nous  y 
debvrions  faire  par  escript;  et  pour  cest  effect, 
dez  celte  après  disnée,  j'ay  appelé  mesditz 
cousins  et  lesdits  s"  de  vostre  Conseil  en 
mon  cabinet,  oij  nous  avons  encores  fait  relire 
ledit  escript'  d'iceulx  députiez,  et  ay  résolu  la 

'   C'est  la  longue  pièce  que  nous  publions  à  l'Appen- 
dice, avec  les  réponses  en  marge. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


251 


substance  de  la  plus  grand  [lart  des  rcsponses 
à  tous  leurs  articles,  lesquelles  responses 
seront  rédijjées  et  estendues  juxta  vostre 
édict,  mais  avec  les  raisons  ne'cessaires  pour 
inonstrer  que  la  pluspart  de  leurs  demandes 
sont  hors  l' édict,  de'raisonnables;  aussy  ay-je 
bonne  espérance  que,  leur  estant  leursdites 
responses  baillées  par  cscript,  comme  j'ay 
advisé  de  faire,  sans  entrer  eh  disputes  ver- 
bales et  alterguations,  ils  se  rangeront  et 
conde'senderont  plustost  à  la  raison  et  aux 
moyens  qui  seront  advisés  pour  l'exécution  et 
terme  entretenement  de  vostre  édict  de  paci- 
fication, de  sorte  que  par  ce  moyen  et  avec 
toute  doulceur  je  pense  que  nous  conduirons 
les  choses  à  quelque  bonne  fin  ;  et  ce  qui 
m'en  donne  l'espérance  est  que  il  m'a  esté 
toujours  dict,  par  (pielques  ungs  qui  hantent 
les  députés,  qu'ils  demanderoient  beaucoup, 
mais  qu'ils  se  contenteroient  de  peu.  Priant 
Dieu,  Monsieur  mon  fils,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  mercredi  iin°  jour  de 
l'ebvrier  167  9. 

Monsieur  mon  filz',  depuis  celle  lettre 
escripte,  ainsy  que  je  me  voulois  couschcr, 
l'en.ay  repceu  une  de  mon  cousin  le  mares- 
cbal  Dampville,  par  laquelle  il  m'escript  que 
ceux  de  la  Relligion  prétendue  rél'orniée  prin- 
drent,  il  y  eut  lutidy  dernier  huit  jours,  la  ville 
deClermontde Lodesve',  mais  elle  fut  si  soub- 
dain  secourue  que,  dedans  vingt-quatre  heures 
après,  ils  furent  contraincis  de  l'abandonner, 
et  qu'une  centaine  des  entrepreneuisy  sont  de- 
meurés morts  sur  la  place,  et  presque  tous  les 

'  En  titre  :  b  l'ostcript  île  la  dûpcsclic  du  1111'  l'év. 
1579.B 

^  Clermont-de-Lodève,  sur  la  Lengue,  ancienne 
baronnie,  aujourd'hui  chef-iieu  de  canton  de  l'arron- 
dissement de  Lodève  (Horault). 


cappilaines  ou  principauK  (jui  conduisoient 
l'entreprinse,  dont  entre  aultres  il  y  en  a  deux 
qui  se  nomment,  l'un  le  cappilaiue  Alontaignac 
et  l'autre  le  cappitaine  Tallechal.  Soubdain 
j'en  ay  faitadvertir  mon  filz  le  roy  de  Navarre 
et  le  vicomte  de  Turenne,  qui  dient  qu'il  est 
bien  employé,  mais  pourtant  si  pensé-je  qu'ilz 
y  ont  regrect;  et,  oultre  cela,  je  leur  ay  dict 
aussy  comme  j'avois  eu  advis,  ainsy  que  de 
vray  je  i'ay  pareillement  eu  d'aultre  cosfé,  que 
ceux  de  leur  religion  du  cosié  de  Languedoc, 
entre  aultres  les  volleurs  Baconi  et  Fournieret 
quelques  aultres,  avoient  encores  entreprinse 
sur  Alby  et  Castelnaudary,  et  que  je  m'asseu- 
rois  qu'ils  n'y  feroient  rien,  les  ayans  advertis 
de  se  tenir  sur  leurs  gardes,  mais  ils  dient 
qu'ils  sont  fort  marris  de  telles  meschancetés 
el  que  ce  sont  ceux  de  Languedoc  qui  ne  sont 
pas  si  obéissants  qu'ils  debvroient.  Il  doibvent 
demain  résouldre  d'envoyer  uiig  des  députés 
dudit  pays  de  Languedoc,  pour  ce  qu'ils  y  ont 
plus  de  crédit  que  neuls  aultres,  alîîn  de  faire 
cesser  tous  actes  d'hostilité.  Mondit  cousin  le 
mareschal  Dampville  m'a  pareillement  escript 
du  xxix"^  du  passé  que  Chastillon  s'en  va  des- 
cheoir  de  son  entreprinse  de  Beaucaire  et  que 
le  chasteau  dudict  Beaucaire  est  en  grande 
nécessité,  ce  qui  m'en  faict  bien  espérer. 


1579.  —  G  février. 

Archives  de  Bayonne,  série  AA  ,  regisU'e  ao. 

A  MESSIEURS 

LES  CONSEILLERS  ET  HABITANS 

DE    LA    VILLE 

DE  BAYONiNE. 

Messieurs,  encores  depuis  ma  dernière  lettre 
j'ay  sceu  que  l'entreprinse  que  l'on  veult  faire 
sur  votre  ville  se  continue  à  pratiquer,   par 

3a. 


252 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


(juoy  ne  fauldres,  suyvant  ce  que  j'escriptz  au 
s''  de  la  Hillière,  d'avoir  soigneusement  l'œii 
ouvert  à  ce  que,  si  Ion  voulloit  traiter  ladite 
entreprinse,  ceulx  qui  l'entreprandroient  y 
reçoibvent  boute  et  confusion;  et  y  faictes  tout 
le  bon  debvoir  que  y  est  requis,  suyvant  ce 
que  vous  dira  ledit  s'  de  la  Hillière.  Priant 
Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digue  garde. 

Escript    à    Ne'rac,    le    vi"    jour    de    feb- 
vrier  1579. 

Catherine. 

PlNART. 


1579.  —  6  févi'ier. 

Copie.  Bibl.  rat. ,  Fonds  français,  n"  33oo.  (^  i46  v*  '. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MOi\    FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  j'acbevay  hier  de  ré- 
souldre  la  substance  des  responses  que  je 
debvois  faire  par  escript  aux  supplications  et 
remonsirances  que  m'ont  présentées,  comme 
avez  veu  par  ma  dernière  dépescbe,  ceux  de 
la  Religion  prétendue  réformée,  avant  advisé 
depuis  madite  dernière  dépescbe  de  faire  ces 
responses  (dont  je  vous  envoyé  le  double)  les 
plus  briefves  que  l'on  pourroit  par  escript,  leur 
l'espondant  néanmoings  clairement  par  icelles 
à  tous  leurs  articles,  mais,  les  leur  baillant, 
leur  faire  entendre  bien  amplement  de  boucbe 
le  peu  de  fondement  et  de  raison  qu'il  y  a  en 
leurs  requestes  et  remonstrances,  ayant  pour 
ce  commandé  à  mon  cousin  le  s''  de  Foix ,  pour 
ce  que  le  s"'  de  Valence  qui  est  le  plus  ancien  se 
Irouvoit  mal,  de  se  préparer  pour  poursuivre  le 
propos ,  après  que  je  i'auroy  commencé  et  baillé 
ces  responses  par  escript  à  mondit  fils  le  roy  de 

'  En  titre  :  t  Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  de  Lamed- 
zan,  lieulonant  de  compagnie  des  gens  d'armes  dus' 
Alphonse  d'Est  n. 


Navarre  :  ce  que  cette  après  disnée  nous  avons 
fait  en  la  mesme  assemblée  des  personnes  et 
lieu  que  feusmes  avant-hier,  sinon  ma  fille  la 
royne  de  Navarre,  qui  y  estoit  cejourd'hu\ 
davantaige  avec  nous,  et  le  a'  de  Clervaut  avec 
les  députés,  vous  asseurant.  Monsieur  mon 
filz,  que  le  s'  de  Foix  n'a  rien  oublié  de  tout 
ce  qui  se  peut  dire  pour  faire  congnoistre  à 
ces  députés  leifrs  remonstrances  estre  dérai- 
sonnables et  le  peu  de  fondement  qu'ils  avoient 
en  leurs  recquisitions,  ayant  parlé  fort  longue- 
ment en  si  beaux  termes,  sans  rien  oublverde 
tout  ce  qu'avons  résolu  qu'il  leur  falloil  re- 
monstrer,  et  avec  tant  de  raison  si  disertement 
et  par  si  bel  ordre  desduite ,  comme  il  se  verra , 
car  je  luy  ay  dict  qui  la  meist  par  escript ,  que 
je  vous  asseure  qu'il  ne  seroit  possible  de 
mieux;  de  sorte  que  je  pense  certainement, 
avec  la  bonne  nouvelle  que  ung  peu  aupara- 
vant j'avois  eue  par  une  lettre  du  s' de  Villeroy 
et  que  j'avois  desjà  dite  à  mon  fils  le  rov  de 
Navarre,  du  retour  de  vostre  frère  en  ce 
Royaulme  et  de  son  arrivée  à  La  Fère  en 
Picardie,  que  cela  aidera  grandement  à  faire 
venir  ces  gens  icy  à  la  raison  et  que  nous 
prendrons  bientost  quelque  bonne  résolution 
au  bien  de  la  pai\,  vous  asseurant.  Monsieur 
mon  filz,  que  je  n'y  perdray  une  seule  occa- 
sion ny  moyen  qui  se  puisse  tenter,  congnois- 
sant  bien  qu'il  n'y  a  rien  tant  nécessaire  pour 
vostre  service  et  bien  de  vostre  royaulme  que 
cela.  J'attends  nujourd'buy  ou  demain  l'abbé 
Gadaigne,  que  j'ay  veu  par  la  lettre  de  Ville- 
roy que  m'avez  dépescbe  deux  jours  debvant 
le  courrier  qui  m'a  cette  après  disnée  apporté 
sa  lettre,  espérant  bien  de  veoir,  par  les  dé- 
pesches  que  me  faictes  par  luy,  responce  à 
toutes  les  particularités  de  ce  que  je  vous 
escripvis  et  que  vous  aura  dit  de  ma  part  le 
s'  deMaintenon,  et  depuis  le  s'  de  Dintbeville, 
estant,  jusques  ad  ce  que  j'aye  veu  ce  que  me 


LETTRKS  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


253 


manderez,  toiil  ce  i|ue  ji-  puis  (liiv,  sinon  quu 
j'espère  que  le  retour  de  vostre  frère  apportera 
aussy  ung  grand  bien  à  vos  affaires  et  service 
pour  ropinion  où  je  suis,  ronjointe  au  ferme 
désir  que  jay,  qu'il  se  conformera  à  toutes  vos 
bonnes  intentions,  comme  il  est  très  obligé, 
ainsi  qu'avez  veu  que  je  iuv  av  escript  et 
mandé  par  l'abbé  de  Gadaigne;  et  s'il  en  fai- 
soit  aultrement  je  serois  la  plus  affligée  femme 
qui  feust  jamais  du  grand  tort  qu'il  se  feroit, 
priant  à  Dieu  de  bon  cœur  qu'il  me  veuille 
tousjours  croire;  et  oultre  le  bien  et  honneur 
qu'il  en  recepvra.  je  m'asseure  (jue  vous  en 
aurez  tout  contentement.  Aussitost  que  l'abbe' 
Gadaigne  sera  arrivé,  je  le  renverray  ou 
quelque  autre  vers  vostre  frère,  afin  de  l'ad- 
monester tousjours  de  son  debvoir  envers  vous 
sur  toutes  choses  et  le  bien  de  ce  royaulme. 
Priant  Dieu,  ^Monsieur,  mon  fils,  vous  avoir 
en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  iVérac,  le  vendredv  vi'^  joui-  de 
febvrier  io-jf). 

Monsieur  mon  filz',  depuis  celte  lettre 
escripte,  celui  <|ue  mon  fils  le  roy  de  iNavarre 
avoit  dépesché  avec  le  ne[)veu  du  s' de  La  Mothe 
Fénelon  que  j'avois  envoyé  avec  luy  pour 
faire  remettre  Langon  suivant  l'édit,  sont  re- 
tournés dudit  Langon,  ne  voullantz  pas  laisser 
ceux  qui  sont  dedans  le  chasteau  sortir  jusques 
à  ce  (juils  aient  leur  pardon  scellé,  et  ne  s'en 
veullent,  ad  ce  qu'ils  ont  respondu,  fier  à  la 
promesse  du  roy  de  Navarre  ny  à  la  mienne; 
par  quov  il  vous  plaira  l'envoyer  le  plus  tost 
que  faire  se  pourra.  Cependant,  Monsieur,  mon 
filz,  je  vous  (iiray  que  le  s''  de  Lamezan,  pré- 
sent porteur,  est  celui  pour  lequel  je  vous  ay 
escript  par  le  cappitaine  Massez  touschant  la 
compaignie  du  s''  Alphonse  d'Est,  qu'il  sera 

'  En  lilre  :  tt  Poslcript   de  la  dépesclie  du  ti'  feb- 
vrier 15791». 


bon  (|ue  lui  commandiez  de  garder,  comme 
j'ay  fait  icy  de  vostre  part  pour  vostre  service, 
car  il  est  et  a  tousjours  esté  fort  affectionné  à 
voslredict  service,  el  y  a  fait  de  la  dépense  à 
ce  (pie  l'on  m'a  dit,  estant  bien  aimé  de  la 
noblesse  :  il  n'est  pas  riche  et  a  bien  besoing 
de  vostre  grâce  et  libéralité,  estant  d'advis 
qu'oultre  son  voyaige  dont  il  m'a  recquise  (de 
quoy  je  ne  l'ay  pou  refuser,  m'ayant  dit  qu'il 
ayoit  très  grand  désirde  vous  veoir),  que  vous 
luy  donniez  cinq  cens  escus.  mais  qu'il  en 
soit  bien  payé  el  de  son  voyaige;  il  s'en  con- 
lentera  pour  cette  heure,  attendant  que  luy 
puissiez  l'aire  plus  grand  bien. 


1579.  —  7  février. 

Orig.  Bibl.  nal..  Fonds  français,  n'  3365,  f"  87. 

A  M0\  COLSIX 

LE   MARESCHAL   DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  nous  nous  assemblastnes  en- 
cores  hier  et  feismes  verballement  et  par 
escript  responce  aux  requestes  et  remons- 
Irances,  que  je  vous  ay  escript  qui  m'avoient 
esté  présentées  le  iiiT  de  ce  mois,  concluant 
par  rnesdictes  responces  que  je  me  veulx  tenir, 
suivant  l'inlenlion  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
aux  termes  de  l'édit ,  sans  le  vouloir  en  quelque 
façon  que  se  soit  exéddcr.  Vray  est  que  le  s'^ 
de  Foy,  auquel  je  donnay  charge,  après  que 
j'euz  commancé  à  leui'  dire  comment  lesdictes 
demandes  estoient  bien  extraordinaires,  leur 
déclaira,  come  il  avoit  esté  advisé,  qu'ilz  se 
monslroient  très  déraisonnables,  et  à  ce  que 
j'cnteudz  ilz  .s'en  sont,  ou  aulcuns  d'eulx, 
aulcunement  picquez.  Hz  dépeschenl,  comme 
j'ay  sceu,  un  courrier  en  Languedoc  :  j'estime 
que  c'est  pour  y  advertir  de  tout  ce  que  dessus 
les  leurs,  et  pour  peult-estre  avoir  l'advis  el 


254 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


vouloir  dculx,  qui  les  eut  deppuiez.  Je  vous 
prie  mectre  peine  de  vous  en  enque'rir  dilli- 
gomment  et  faire  en  sorte  que  saichiez,  s'il 
est  possible,  TocGazion  du  voiage  dudit  cour- 
rier pour  m'en  donner  inconlinantadvis.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  àNeirac,  le  vu"  jour  de  février  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  8  et  g  février. 
Copie.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n°  33oo,  f°  i55  r''. 

[AL   ROY   MO>SIELR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  pour  ce  que  je  pris 
hier  médecine  afin  de  m'achever  de  purger, 
je  remis  à  aujourd'buy  le  roy  de  Navarre 
mon  filz  et  les  députez,  pour  entendre  d'eux 
ce  qu'ils  auroient  à  replicquer  sur  les  responses 
que  je  leur  ay  faites  par  escript,  et  sur  ce  que 
je  leur  dis  de  bousche  et  fis  dire  à  leurs  re- 
monstrances  et  articles  :  aussy,  celte  après 
disnée,  ay-je  fait  assembler  le  cardinal  de 
Bourbon,  le  Prince  Dauipbin  et  les  aultres  s"'' 
de  vostre  Conseil,  estant  ma  fille  la  Royne  de 
Navarre  auprès  de  moy  audict  Conseil,  oiî  le 
Roy  de  Navarre,  suivy  comme  les  aultres  fois 
des  siens,  s'est  aussy  assis  entre  ma  fille  et 
moy;  et  a  Scorbiac  fait  leur  harangue,  reste 
fois  icy  bien  foible ,  comme  gens  qui  parlent 
contre  la  raison  et  leur  conscience,  ainsy  que 
je  croy  que  i'avoit  au  cœur  ledit  Scorbiac,  car 
il  n'a  rien  dit  oïl  il  y  eust  apparence,  pour  les 
excuser  du  long  séjour  que  j'ay  fait  icy,  si- 
non qu'il  a  tousché  ung  mot  des  surprises  de 
la  RéoUeet  de  Lauzerte,  et,  poursuivant  son 

'  En  titre  :  rtEnvoyée  au  Roy  par  Mons'  de  Manie- 
quel,  M'  d'iioslel  de  la  Rejne  de  Navarre,  n 


propos,  a  voulu  prouver,  mais  avec  raison  peu 
apparente,  qu'ils  avoient  bien  cause  de  dési- 
rer l'exercice  de  leur  religion  partout  et 
aussy  l'augmentation  du  nombre  des  juges  et 
chambres  de  i'édict,  et  que  ces  juges,  au  lieu 
qu'ils  sont  tripartis,  fussent  égaux,  et  qu'ils 
avoient  aussy  juste  occasion  de  demander  les 
aultres  choses  pour  leurs  seuretés,  et,  allé- 
guant l'exemple  d'ung  empereur  qui  avoit 
condamné,  estant  endormy,  celui  qui  fut  à 
l'instant  mesme  par  lui  absous,  quand  il 
fut  esveillé,  conclu  qu'il  me  plust,  et  à  ceux 
de  vostre  Conseil,  revoir  et  bien  considérer 
leurs  remonstrances  et  articles ,  ou  sinon  leur 
donner  congé  de  retourner  en  leurs  pro- 
vinces porter  nos  responses  et  demander  plus 
amples  pouvoirs.  J'ay  prié  le  Roy  de  Navarre 
et  eux  de  se  retirer,  afin  que  j'advisasse  sur  ce 
avec  le  Conseil,  auquel,  premier  que  les  faire 
opiner,  j'ay  fait  cnlendre  que  je  ne  voulois, 
en  quelque  façon  que  ce  fut,  augmenter  ny 
diminuer  à  vostre  édict,  saichant  que  vostre 
intention  estoit  de  l'observer  de  poinct  en 
en  poinct,  et  que,  comme  ils  scavoient,  l'oc- 
casion de  mon  voyaige  estoit  que,  amenant 
ma  fille  la  royne  de  Navarre  à  son  mary, 
vous  aviez  désiré  aussy  que  je  fisse  exécuter 
I'édict,  considérant  que  ma  présence  (ayant 
l'honneur  d'estre  vostre  mère)  y  aporteroit 
beaucoup  d'auctorité;  que,  puisque  j'avois 
tant  fait,  je  désirois  parachever  ce  bon  œuvre, 
et  que  partant  je  les  priois  de  me  conseiller 
ce  que  nous  aurions  à  faire  j)our  cela  et 
pour  ne  rompre  point  avec  ces  gens-cy;  ils 
ont  opiné  les  ungs  après  les  aultres,  et  sur  la 
harangue  de  Scorbiac  sur  ma  proposition,  et 
ay  conclu  et  arresté,  comme  la  dernière  opi- 
nant, que  en  la  response  que  je  ferois  au  roy 
de  Navarre  et  aux  députés,  je  reprendrais  les 
mesmes  paroles  de  l'occasion  de  mon  voyaige 
par  deçà,  par  le  renvov  de  ma  fille,  et  leur 


LETTRES  DE  CATH 

dirois  aussy  que,  sans  avoir  esjjard  à  mon 
aage  iiy  à  la  lonjjucur  du  cheniiu  et  à  In 
rude  saison,  mais  pour  le  grand  de'sir  que 
j'avois  désire  mère  de  tous  vos  subjectz,  j'es- 
tois  venue  en  ce  pays  pour  faire  exécuter 
l'Édiet,  et,  combien  que  j'y  eusse  trouvé 
beaucoup  de  longueurs  et  d'indignités  que 
néanmoings  je  ne  m'y  voulois  arrester,  mais 
qu'il  falloit  taire  en  sorte,  selon  vostre  inten- 
tion, que  vostre  édict,  qu'ils  avoienl  conclu 
avec  le  duc  de  Montpensier  et  si  solennelle- 
ment juré,  l'ust  exécuté  et  observé,  et  qu'ils 
jouissent  du  bien  que  quelques  ungs  d'entre 
eux  rcl'usoieut,  qui  estoit  d'establir  la  paix, 
monstraut  bien  par  là  que  les  aimiez  beau- 
coup plus  quaulcuns  d'eux  ne  s'aimoient  eux- 
mesmes,  car,  grâces  à  Dieu,  vous  aviez  des 
moyens  bien  prompts  pour  l'aire  exécuter 
l'Ediet,  en  quoy  ceux  d'entre  eux  qui  le  dési- 
rent se  joindroienl  à  lencontre  des  aultres 
qui  le  refuseroient,  et  que  partant  ils  regar- 
dassent à  ce  qu'ils  désiroient  pour  cela  et 
que  je  leur  accorderois,  estant  bien  d'advis 
suivant  ce  qu'il  me  venoieut  du  requérir,  qu'ils 
députassent  aulcuns  d'eulx  pour  y  voir  et  ad- 
viser  demain  matin  plus  particulièrement  en- 
core; et  leur  ay  réitéré  que  pourtant  je  n'en- 
lendois  ny  ne  voulois  augmenter  ny  diminuer 
à  l'Édiet.  Sur  ce,  le  roy  de  Navarre  m'a  prié 
qu'ils  pussent  aussy  aller  délibérer  ensemble 
pour  m'y  faire  response,  comme  ils  ont  fait 
après  y  avoir  esté  longuement,  et  avons  ar- 
resté  de  commencer  demain  dès  sept  heures 
du  matin.  Je  ne  sais  encore  que  vous  dire  de 
nostre  conléreuce,  sinon  que  je  crains  cjue 
ces  gens-cy  ne  veullent  encore  tirer  les  choses 
à  la  longue,  puisipi'ils  ont  cherché  celle  cou- 
leur de  vouloir  retourner  prendre  plus  amples 
pouvoirs,  car  je  sais  bien  que  la  plusparl 
d'entre  eux  les  ont  amples  et  claires,  pour 
requérir  l'exécution,    et  non    aultre    chose. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  â.'K) 

Aussy  ui"a-t-on  bien  dict  qu'on  leur  a  l'ail 
signer  cl  parh'r  icv  tout  auilre  iangaigc  (ju'ils 
ne  vouloient,  mesme  que  Bouchart,  député  du 
Prince  de  (Jondé,  l'a  dit  tout  haut.  Vray  est,  à 
ce  que  j'entends,  que  sou  maistre  a  jalousie 
de  la  faveur  et  ciédit  qu'a  le  viconte  d(!  Thu- 
renne  auprès  du  Uoy  de  Navarre,  et  de  l'auc- 
torité  qu'il  a  aussy  et  prend  fort  grande 
parmy  ceux  de  la  Religion.  Nous  verrons  ce 
qui  se  pourra  l'aire  avec  eux,  et  je  n'y  perdray 
temps,  désirant  infiniment  venir  à  une  bonne 
résolution,  afin  de  pourveoir  après  à  l'exécu- 
tion de  ce  qui  sera  résolu,  et  que  je  m'en 
puisse  (suivant  ce  que  m'avez  escripl  par 
l'abbé  Guadaigne)  retourner  vous  trouver, 
comme  je  désire  plus  que  je  ne  vous  pourrois 
dire,  m'ennuyant  d'eslre  si  longtemps  sans 
vous  voir. 

J'ay  receu  par  Guadaigne  vos  deux  lettres 
de-;  xxvi"  et  xxix'  du  mois  passé,  au\([uelles  il 
n'eschel  aulcune  response,  si  n'est  pour  le  fait 
du  voyaige  de  Portugal;  sur  quoy  je  vous  di- 
rav,  que  puisque  avez  résolu  d'y  envoyer  le 
s'  de  Beauvais-Nangis,  je  vous  prie  de  le  faire 
partir  au  plus  tost,  et  qu'il  vienne  passer  à 
moy,  pour  prendre  aussy  mes  mémoires  et 
instructions,  car  il  est  nécessaire  que  celui 
qui  aura  charge  de  mes  affaires  particulières 
aille  en  vostre  nom  et  sous  couleur  de  la  Visi- 
tation et  conjouissance  qu'envoyez  faire  au  Roi 
de  ce  pays;  mais  si  le  s''  de  Beauvais  esloil 
retardé  ou  n'y  pouvoit  aller  sitost  qu'il  est 
besoing,  comme  il  seroit  recquis  qu'il  fusl 
desjà  là ,  je  vous  prie  de  m'envoyer  vos  lettres 
et  instructions  pour  y  envoyer  l'évesque  de 
Comminges ,  que  j'avois  choisi  pour  ce  voyaige , 
estimant',  veu  Testai  et  condition  du  Roy  de 

'  Voir  plus  linut,  [i.  i  17.  noie  1.  —  Le  successeur 
de  Don  Sébastien  clail  le  vieux  cardinal  Jlenri,  oncle  du 
feu  roi.  qu'on  avait  jiresquc  sorti  de  son  couvent  pour  le 
mettre  sur  le  tronc.  Et  dej  i  chacun  se  disputait  son  hé- 


i:>(3 


I.I'TTHES   DK   C  AT  H  H  H I  m;    DE    M  El)  ICI  S. 


l'orlii;{;il  (jui  csl  h  |ir('scnl .  i]iic  un;;  pii'lal  [ 
(lEi'lise  et  lioiiiiiic  dr  leltics  j-oioil  |ilus 
]ii'0|iic  |)uiir  li'aicdT  cl  lU'jforiiM' hnit  lui  qui' 
non  pas  lin;;  lioinine  de  j'iiorrc,  de  i;rade  el 
de  ii'[iiihitiiin .  coniiiic  psi  le  s'  de  lie.-invnis. 
Iei{iii'l  allani  là  jiniiiriiil  a|iin'|i'i'  i|iirii|iie  ! 
(iinliie  el  |aliniMe.  l'inilelins.  Monsieur  niiin 
lils.  |e  leiiicis  à  \oii>  loules  ci's  con^iih'ia- 
liiili>.  el  s  il  \(nis  plaisl  i|iie  ri'M-M|iie  de 
(à)iiiiiiiii;;es  \  aille,  il  Mais  plana  lin  i'iiMi\rr 
|iniiii[ilenieiil  \(is  li'llres,  a\ee  un  niandriiiriil 
sur  la  ii'i-e|i|i'  jjiun'rale  d<'  IfiiurdcaiiK  piair 
ri'rriiMii  r  lar;;eiil  de  son  \o\ai;;i'.  icipirl  un 
li'dincra  [iliisldsl  iii(i\cii  t\v  lui  l.iiie  aïKaiieer, 
car',  (■iiiiiiue  miiis  m  ave/.  \ou>  llle^llll'  escri|il, 
i'assenihlée  se  lail  a  Li>liiinHr  |i(nir  dcVlarrr 
le  sureesseur  à  la  (■(Uiriiunc,  |MUidaiil  lai|iielii' 
a^seuiliire  |e  di'sireidis  liicil  inii'  la  (■liar;|e. 
(|iie  \(ius  a\e/.  \eii  par  les  diuihles  (|ue  |e  vniis 
ai  ruvo\i's,  se  lisl  et  ni';;(iciasl  a\er  I  orcasinn 
cl  la  dexlérili'  iei|uise.  Ce  ne  srriiil  pas  peu 
si  n-s  elioses  r('Ussissoienl  .  el  ipii'  je  pusse 
avoir  eel  lieiir  ipie  de  niuii  coslé  el  selon  la 
prelenlion  (pie  \\  ay  ('pii  n'esl,  pas  pelile). 
l'eusse  appoilr  ce  llo\aiilnie  là  au\  l'^aneois. 
Je  nrasseure  liieii  ipie  \v  S'  de  l!eau\ais  s'ac- 
(juillera  di;;neineul  de  celle  jioiirsuille  el 
^llarl;(^  s'il  y  piuniul  arri\er  à  temps,  ri 
uesloil  le  douille  ipie  l'on  aiiroil  de  lii\  piun' 
les  raisons  CN-dessus.  Toulelois  p'  me  icniels  I 
à  \oiis,  el   \oiis   supplie    (s'il    NOUS    plail    ipie 

riln;;i'.  \hii^  il  inir.iil  i.illii  i''liv  ilimc  iriiiic  {[loiidc  Imici'  dr     [ 
lnM-iM^iiiii  |iiiiir  l.iiifi  \,iliiir  !.■>  iIimIIs  ilr  l.i  n-iiir  irirr.'. 

Kllr    |ilr!i'llil;iil   (|li'a|.r.>   1,1    ilr-|insi|i,,n    .If   F).    Nnil.jl.-   Il, 

Miii  lièiT  Al|iliimsi',  nyaiil  pris  li-  |i(>miiir.  a\ail  ic>|iiiilir 
sn  preiiiiiTr  loniuir.  Miilliililc  il.'  I!nu|fi;;iii' ,  |iip|ir  l'jiuii-  \ 
M'i  1m'ii1i-i\  .  lill"'  «lu  lui  (Ir  CastiHi' .  l'I  ([U'-  sos  fiil.mls  vr- 
jjiinioiil  ilo)iiii'4  |ilusiriiis  (f/'iioralions  sur  ]>'  l'nrlii;;al ,  au 
iiH'pris  (K's  liU'i>  seuls  li'j[iliiiies  de  la  posiérilé  lii'  M,i- 
lliilde  d.'  Ii(.ul(ij;iiis  doiil  .'11,..,  Calli.iinr  de  Mediris, 
élail  la  pelile-fdle.  —  Voir  de  Tliini,  cdil.  Iraneaise, 
iii-'r,  I.  VII,  p.  Cx'io. 


lîeainais  fasse  ec  vovai;;e)  (pi'il  se  liasle  de 
venu,  \oiis  assriiranl  ipie  j'avois  de  luov- 
inesnie  clioisi  le  s''  de  (iomminges,  eonside- 
ranl  sa  \ocation  ipii  eoiixient  bien  en  ee  ué- 
;;oce.  eslani  oiillre  cela  lioiiinie  d(,'  bonnes 
lellies  (d  ipii  pouiroil  lorl  liien  di'liallre  mes 
droiels.  l'rianl  Dieu.  Monsieur  mon  lils,  vous 
avoir  eu   sa   sainte  id  di;;ne  ;;arde. 

Escri[it  à  ÏNéiae,  le  dimaiiclie  \iii-  jour  de 
l'ehviier  i  ")7i). 

.Monsieur  mou  lils  ',  depuis  eellr  lettre 
esrripte  cl  Miivaul  nostre  ri'solution  d  hier, 
nous  nous  sommes  assembles  ee  matin  on  mou 
eabinel,  où  le  virunlc  deTiireune,  Botiebarl 
cl  les  si\  députes.  i|ui  soûl  \  i;;nolles,  Scor- 
biac.  Delaplace.  l-ainer.  lieraiild  (d  L)u|ionl 
s(uil  xeneiis;  cl,  a[)rcs  nue  prtile  liaranj;uo 
(|u  a  laielc  Vi;;noiles,  pai'  la(|uelle  il  persiste  à 
ce  ipie  l'on  leur  oclro\e  les  picsclies  partout, 
|e  lui  ay  tait  pai'oislre  par  ma  i'es|)onse  que, 
ce  (pi  il  rccpiii'icut  estoit  du  liuil  pri'pidiciable 
à  eu\  iiiesiues.  s'ils  le  savoieut  bien  considé- 
rer. |i(uir  lieaiicoup  de  raisons  vt'ritables  cpu" 
je  leur  a\  dites  id  des(|uelles  ils  ne  se  sont 
pas  esltii;;nés.  Iia|)lace  a  parli'  apivs  assez 
loii;;iieuieut .  el  aussy  Scorliiac  el  Laiiier  el 
Ibdauld.  Les  s"  de  Valence,  de  F(u\  (d  de 
l'uibrac  (d  le  s''  de  Lanssac  leur  oui  toujours 
i-('pliciiiR',  el  moy  encore  par  intervalles  (|uel- 
(juidois,  (d  aussy  les  S"  de  S'  Sup|)lice  el  de 
La  Molbe  et  aussy  le  S'  de  (!lermoiil-Lo- 
desve.  Mais  je  ne  veux  pas  oubher  de  vous 
dire  (pie  le  cardinal  de  iiourbon,  se  senlaiil 
picipic  de  ce  (pie  La[)lace  auroit  dit  de  l'eni- 
|)esciiemenl  ipie  l'on  Tait  à  ceux  de  la  lielli- 
jifiou  à  liouen  eu  l'exercice  de  leur  relli;;ion. 
il  leur  eu  a  dil  peu,  mais  je  vous  asseurc 
(pi'il  le  leur  a  baille  lion  el  liien  à   |M'opos, 

'  l",ii  lilre  :  ^Poslseripl  de  la  d.''pe«clie  du  viu'  l'eb- 
vner  i  J79.1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


257 


(lisant  que  les  catoliecjues  de  son  archevesché 
vous  estoient  très  obéissans  et  ne  feroient  ja- 
mais rien  contre  vostre  intention ,  ayant  las- 
ché  en  passant,  aussy  fort  à  propos,  que  les 
catolicques  de  Rouen  estoient  gens  de  bien  et 
qu'ils  n'avoient  pas  mis  les  Anglois  en  France. 
Nous  avons  encore  fort  disputté  sur  cet  ar- 
ticle là,  aussy  est-ce  le  premier  et  le  plus  im- 
portant; en6n  ils  virent  bien  qu'ils  ne  gagne- 
roient  rien  à  m'en  presser,  et  sur  cela  sommes 
allé  disner  :  et  après,   incontinent,  sommes 
rentrés,  et  avons  encore  reparlé  de  l'article, 
pour  lequel  il  se  voit  bien  qu'il  s'en  conten- 
teront; touttefois  ils  ont  remis  à  en  parler  au 
rov  de   Navarre  et  à   en   communiquer  avec 
les   aultres  députés,   monstrant  bien   de   ne 
vouloir    plus   insister    sur  cela  :   aussy  leur 
ay-je  très  bien  dict  que  sur  celuy-là,  comme 
sur  pas  ung  des  aultres,  je  ne  pouvois  ne  deb- 
vois    ny   voulois  entamer   en   aulcune  façon 
vostre  édict,  mais  que  pour  ies  seuretés  et 
aultres  choses  qui  seroient  advisées  confor- 
mément à  vostre  édict,  je  les  gratiffierois  en 
tout  ce  qui  seroit  trouvé  raisonnable,  aultaut 
que  je  pourrois.  Ainsy  nous  nous  sommes  re- 
mis à  revoir  encore  les  articles  et  remons- 
trances  qui  m'ont  estes  présentés  et  les  res- 
ponses  que  je  leur  ay  faictes  à  chacun  article  : 
sur  quov  ils  m'ont  exposé  les  difficultés  quiis 
trouvent  en  mesresponses,  et  moy  et  ceux  de 
vostre  Conseil  leur  avons  aussy  fait  entendre 
nos  raisons,  de  sorte  que  nous  avons  arresté 
huit  de  ces  articles,  comme  vous  verrez  par 
le  sommaire  que  je  vous  en  envoyé,  espérant 
que  demain  nous  continuerons,  et  que  Dieu 
nous  fera  la  grâce  que  nous  ferons  quelque 
chose  de  bon,  et  bien  tost,  au  moings  me  le 
promect-on  ainsy,  mais  je  ne  veux  rien  croire 
que  je  ne  le  voye  par  effecl. 
Du  i\'  février  157g,  au  soir. 


C4TI1EI11>F.   DE  MÉDICIS.  VI. 


1579.  —   1 1  février. 

Orig.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n°  33o3 ,  f  4o. 

A  MON  CODSIX 

LE   S^  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  aussy  tost  que  j'ay  veu  la  lectre 
que  m'avez  escripte  par  le  s'  de  Convertis  pré- 
sent porteur,  j'ay  faict  dresser  l'ordonnance 
que  je  vous  envoyé  pour  faire  encores  prendre 
six  mil  escuz  sur  la  recepte  générale  de  Bé- 
ziers  des  deniers  de  l'année  dernière,  oultre 
les  douze  mil  qui  ont  desjà  esté  baillez  pour 
le  payement  des  forces  employées  pour  la  ré- 
duction du  chasleau  de  Beaucaire,  duquel 
vous  m'escripvez  de  si  bonnes  nouvelles,  oultre 
ce  que  m'a  dict,  de  vostre  part,  ledict  Con- 
vertis ,  que  je  ne  double  poinct  que  ledict  chas- 
teau  ne  soit  maintenant  remis  en  obéyssance 
du  Roy  monsieur  mon  fils,  qui  est,  comme 
vous  dictes,  ung  très  grand  bien  et  en  quoy 
vostre  bon  debvoir,  et  aussy  celluy  du  s'  de 
Saincte  Jaille  et  des  autres  gens  de  bien  qui 
s'y  sont  emploiez,  a  grandement  servy  :  aussy 
m'asseuré-je  que  le  Roy,  niondict  S''  et  filz, 
vous  en  sçaura  et  à  eulx  très  bon  gré.  J'es- 
père qu'en  peu  de  jours,  après  que  vous  aurez 
esté  arrivé  audict  Beaucaire  et  ledict  chasteau 
remis,  vous  y  aurez  si  bien  pourveu  à  tout 
qu'il  ne  sera  plus  besoing  y  tenir  aultres  forces 
que  ce  qui  est  nécessaire  pour  la  garde  dudict 
chasteau,  et,  pour  reste  occasion,  vous  prié-je 
de  faire  séparer  incontinent  toutes  celles  qui 
sont  là;  caril  nepourroit  estreaulti-ement  que 
ceulx  de  la  religion  prétendue  réfoi'mée  n'en 
feussent  en  craincte  et  doubte ,  et  pourroit  estre 
cela  cause  d'empescher  le  bon  succedz  que 
j'espère  par  nostre  conférence,  de  laquelle, 
avec  l'ayde  de  Dieu,  nous  venons  bien  tost 
une  bonne  fin;  car  il  y  a  desjà  trois  jours  que 
nous  avons  si  bien  commancé  et   tousjours 

.•Î3 


258 


LETTRKS  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


continué,  que  dedans  peu  de  temps  j'espère 
que  nous  aurons  pris  quelque  bonne  résolu- 
tion et  expédient  pour  l'exécution  de  l'édit  de 
paciffication ,  que  je  ne  vculx  en  quelque  façon 
que  ce  soit  augmenter  ne  diminuer,  mais 
faire  exécuter  de  poinct  en  poiuct,  selon  sa 
forme  et  teneur;  aussi  tost  que  nostre  résolu- 
tion sera  prise,  je  ne  fauldray  de  vous  en 
donner  advis. 

Cependant,  pour  ce  que  j'espère  bien  tost 
m'en  retourner  pour  passer  par  le  Langue- 
doc, je  vous  prye  vous  en  venir  à  Carcas- 
sonne  attendre  de  mes  nouvelles,  et  ayant 
ià  auprès  ce  que  verrez  de  vostre  compaignie 
de  gens  d'armes  qui  sera  utile  et  nécessaire 
pour  m'accompaignier;  car  aussy  bien  faut-il 
nécessairement  que  vous  vous  trouviez  bien 
tost  à  la  tenue  des  Estais  dudict  pays  de  Lan- 
guedoc. Je  vous  diray  aussy  que  mon  filz 
le  roy  de  Navarre  e(  lesdicts  de  la  Religion 
ont,  comme  je  vous  ay  dernièremement  es- 
cript,  advisé  de  renvoyer  en  Languedoc  ung 
desdicts  députez  qui  sont  icy,  pour  faire ,  ainsy 
qu'ilz  m'ont  promis,  cesser  incontinant  tous 
actes  d'liostilit(f  durant  nostredicte  conférence, 
affin  de  commencer  à  modérer  les  maulx; 
vous  priant,  mon  cousin,  que  cela  soit  soin- 
gneusemenl,  observé,  m'ayant  esté  asseurépar 
lesdictz  de  la  Religion  qu'ilz  ont  desjà  1res  ex- 
pressément mandé,  depuis  que  je  suis  en  ce 
lieu,  estre  ainsy  faict  de  leur  part.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digue  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  xi°  jour  de  février  1 579. 

Vostre  bonne  cousine, 

(Iatkrine. 


1579.  —  13  février. 
Copie.  Bihi.  uat. ,  fonds  fi-aoçais.  ii"  33oo  .  f°  167  r''  '. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  j'ay  roceu  du  mares- 
chal  Dampville  la  dépesche  qui  sera  cy-en- 
close,  par  latjuellc  vous  verrez  l'extrémité  oiî 
estoit  lors  niduict  le  chasteau  de  Beaucaire; 
oultre  cela,  il  m'a  mandé  de  bouche  l'asseu- 
rance  qu'il  avait  de  la  composition  dudit  chas- 
teau, et  comme  il  se  meltoit  sur  mer  pour 
l'aller  recepvoir  et  remettre  en  vos  mains,  ne 
laissant  pourtant  de  faire  acheminer  ses  trou- 
pes pour  aller  combattre  celles  de  Ghastillon. 
Vous  verrez  aussy  la  response  que  je  lui  ay 
faicte ,  et  vous  diray  que ,  pour  aulcunes  grandes 
raisons  qui  importent  à  vostre  service  et  que 
je  me  réserve  de  vous  dire  de  bouche,  je  vois 
bien  qu'il  est  nécessaire  que  j'aille  passer  par 
le  Languedocq  en  m'en  retournant  vous  trou- 
ver, ce  que  je  feray,  si  je  vois  que  j'y  puisse 
aller  seurement  :  je  n'alongeray  mon  chemin 
que  de  dix  ou  douze  jours.  Toultefois  je  ver- 
ray  comment  les  choses  seront,  quand  j'auray 
fait  icy,  qui  sera  à  mon  advis  bien  tost,  car 
nous  achevasmes  hier  d'oyr  les  délégués  des 
députés  sur  leurs  réplicques  aux  responses 
que  j'avois  faictes  à  leurs  articles,  et  demeu- 
rasnies  aulcunenient  d'accord  de  ce  qu'il  fau- 
dra changer  et  adjouster  en  mes  responses, 
ne  restant  plus  que  le  faict  des  villes  qu'ils 
demandent,  oultre  celles  qu'ils  ont,  pour  leur 
seureté  mentionnée  au  xxvii"  article  :  sur  quoy 
je  vois  bien  qu'il  y  aura  beaucoup  de  diffi- 
cultés, car  nous  fusmes  hier  trois  heures  à  en 
débattre,  et  vous  asseui-e  qu'il  y  a  fort  long- 
temps que  je  ne  travaillay  tant  et  si  longue- 

'  En  marge  :  «Envoyée  au  Roy  par  le  s'  de  Talion- 
ville,  qui  est  à  monsieur  de  Mainlcnon.» 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


259 


intMit,  pour  quelque  grande  affaire  qui  ait 
(iste  traictée,  en  quoy  nous  fismes  tout  ce  qui 
nous  fut  pos.sil)lo;  mais  pourtant  n'en  pusmes 
prendre  aulrune  lesoiulion,  et  reniiriuit  le 
viconte  de  Turcnne,  Guilry  et  les  délégués  à 
en  communiquer,  et  aussy  les  aultres  articles, 
ce  matin  au  roy  de  Navarre  et  aux  députés, 
me  requérant  de  leur  bailler  ung  double  de 
ce  que  j'avois  fait  escripre  par  Pinart  sur 
leurs  réplirques;  mais,  voyant  qu'ilz  ne  te- 
uoieut  pas  cela  pour  arresté,  je  résolus  avec 
eux  que  le  s"'  de  Puibrac,  qui  estoit  fort  ca- 
pable de  tout  ce  que  nous  avions  discutté,  se 
trc/uveroit  ce  malin  avec  eux  et  porteroit  l'es- 
cript.  Depuis  cela,  qui  l'ut  assez  tard  et  avant 
soupper,  je  parlay  au  Roy  de  Navarre  et  au 
viconte  de  Turenne,  que  j'avois  un  peu  mal 
mesné  l'après  disner  pour  ce  qu'il  me  sem- 
bloit  estre  trop  entier  sur  l'article  des  villes, 
comme  j'ay  fait  tout  ce  que  j'ay  pu  afBn  que 
cet  article  là  passe  pour  le  regard  des  seu- 
rettés,  comme  ont  fait  ceux  de  Daulpliiné, 
sans  qu'ils  puissent  espérer  d'avoir  aulcunes 
aultres  villes  que  les  huit  portées  par  l'Edict  : 
nous  verrons  ce  qu'ils  en  résouidront.  Je  leur 
ay  dit  que,  s'ils  ne  se  contentoient,  je  m'en  re- 
lournerois  sans  rien  faire  avec  eux.  H  y  a  aussy 
le  premier  article  faisant  mention  de  ia  Reli- 
gion, sur  lequel  nous  débattismes  longtemps 
et  très  asprement  :  il  demeura  indécis,  et  ils 
se  laissèrent  entendre  que  au  moings  leur  deb- 
vait-on  bailler  en  ces  provinces  deçà  l'exercice 
de  leur  religion  partout.  Touttefois,  je  pense 
qu'ils  n'insisteront  pas  davantaige,  et  que  en 
résouldanl  l'uug  ils  résouidront  l'aultre,  pour 
se  contenter  de  ce  qui  est  porté  par  l'édicl, 
comme  ils  doibvent  faire,  pour  de  grandes 
raisons  que  je  leur  dis  et  où  la  pluspart  d'eux 
trouvèrent  beaucoup  d'apparence,  excepte!  les 
deux  ministres,  Bérauld  et  Laplace,  princi- 
palement Bérauld,  qui  est  ung  grand  maistre 


fascboux  et  plein  de  mauvaise  volunté,  comme 
il  le  faict  assez  paroistre  en  nos  disputes. 

Nous  voilà  prêts  à  fondre  la  cloche,  et  es- 
père que  dedans  demain  ou  après  nous  ferons 
enfin  une  bonne  résolution  du  tout.  J'ay  es- 
cript  au  mareschal  de  Biron  me  venir  trouver 
en  ce  lieu,  et  ay  fait  en  sorte  que  le  roy  de 
Navarre  lui  escripve  et  [le]  prie  d'y  venir, 
comme  aussy  fait  ma  fille,  sa  femme,  telle- 
ment que  j'estime  qu'il  sera  icy  dimanche,  et 
que  j'achepveray  de  rhabiller  tout  ce  qu'il  y  a 
de  mauvaise  intelligence  entre  eux  deux.  J'es- 
père que  nous  retournerons  lundy  ou  mardy 
au  Port  Sainte-AIarie  et  que  nous  résouldrons 
de  ce  qu'il  fauldra  faire  pour  l'exécution  de 
ce  que  nous  aurons  arresté.  J'av  voulu  vous 
faire  cette  dépesche  avant  que  je  vous  renvoyé 
(  lam  ille ,  qu i  partira  d'icy  samedy  ou  di manche. 
Je  vous  envoyé  le  double  d'une  re(|ucsle  que 
m'ont  fait  présenter  ceux  des  habitans  de 
(londoni  qui  sont  (Micore  hors  la  ville,  par 
ung  gentilhomme,  le  s"'  de  Meun,  lequel  j'ay 
oy  et  oi'donué  ce  que  verrez;  suivant  quov 
j'ay  escript  au  s''  de  Bajaulmont,  seneschal 
d'Agenois,  de  retourner  à  Condom  et  meper 
avec  luy  deux  des  conseillers,  nommés  pour 
réprimer  des  désordres  advenus  à  Condom, 
où  je  crains  bien,  voyant  cette  façon  de  pour- 
suille  du  s'  de  Meun,  qui  commence  à  entre- 
prendre ces  gens  là,  comme  fit  le  s''  de  Duras 
ceux  de  la  Réelle,  qu'il  n'y  ait  de  la  mesnée 
de  quelques  ungs  pour  empescher  le  repos  de 
la  ville.  Touttefois  j'y  auray  l'œil  de  si  près, 
sans  faire  semblant  de  m'apercevoir  de  la 
niesnéc,  (ju'ilzn'en  viendront  à  bout:  en  quoy 
il  est  bien  aisé  de  voir  qu'ils  sont,  sous  main, 
soutenus  par  aulcuns  qui  se  debvroient  com- 
porter aultrement.  Je  ne  veus  oublier  à  vous 
dire  que  le  (Jrand  Prieur  esloit,  il  y  a  desjà 
huit  jours,  à  Narbonne;  il  doibt  bientost 
arriver  au  lieu  où  je  seray.  Priant  Dieu,  Mon- 

33. 


260 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


sieur  iikhi   llls,   vous  avoir   en  sa   sainte   et 
(ligne  garde. 

Escripl  à  Nc'iac,  le  jeiirly  xii'  leviier  i-J-g, 
au  matin. 

Monsieur  mon  lilz',  depuis  ceste  lettre  es- 
cripte,  le  s'  de  l'iebrac  a  este  ce  matin,  et  en- 
cores  après  disner,  avec  mondict  filz  le  roy  de 
.Navarre  et  ceulx  qui  sont  auprès  de  iuv  de  sa 
religion,  avec  tous  les  députiez,  où  ilz  ont 
fort  lougui'uieul  encores  disputté  sur  tous  les 
arlicles,  desquelz  nèanlinoings  ilz  sont  de  tous 
comme  (iemourez  d'accord,  excepté  des  villes 
(pi'iiz  liennenl,  les([uçllcs  ilz  ne  \eullenl  tous 
rendre,  disans  que  c'est  leur  ferme  seurete', 
et  alle'guanl  une  seulle  raison,  qui  leur  a  esté 
pai-  infiniz  aullres  solue,  sur  Toppinion  quilz 
oui  que,  sans  la  reiraicle  iprilz  eurent  à  la 
linchelle  hus  de  la  Saincl  nertlli'lemv.  ilz  es- 
Inieut  tous  perduz.  connue  les  iiultres  qui 
uiiunuienl  ru  ce  lenqis  là.  Hz  me  doibvent 
demain  l'aire  response  :  je  verray  quelle  elli' 
sera,  mais  dez  cesie  après  disner,  au  retour  di' 
vespres,  aiusy  que  je  me  jtromeuois,  nnui  lilz 
le  i-oy  de  \a\arrr  m'est  \euu  trouver,  iucon- 
linrul  apivs  ledit  s''  de  l'iebrac,  l't  m'a  dict 
le  uiesme  (pn-  j'avois  entendu  d'icellui  s'  de 
l'iebrac.  .le  luy  ay  parlicullièrement  dicl  tout 
<e  ipii  se  |)eull  poui-  le  l'aire  condescendre  à 
se  départir  de  l'enlière  opinion  où  ilz  me  di- 
soient  qu'ilz  estoienl  pour  le  l'aict  desdictes 
villes;  je  m'  sçay  si  les  raisons  (pie  je  luy  ay 
dictes,  (]ui  seroieiit  tr(qi  lon;;iies  à  vous  dis- 
coiu'ii'.  et  que  je  \ous  asseure  lu\  avoii-  si  au 
long  laid  enlendre  que  je  cuide  qu'il  y  pen- 
sera à  bon  essienl.  serviront  ii  le  l'aire  con- 
descentlre  à  ce  ipie  je  di'sire;  luais  pour  Ir 
moings  je   p(>nse   n"v    avoir  rien    oubivé.    Ne 


'    Eli  lilio  :  r-Postcrijil  Ji>  ladicle  duiiosclie  liii  vuMcli- 
vrier  i  riyij.n 


vouUant  aussy  faillir  à  vous  dire  que  ceste 
après-disner,  ainsi  qu'ilz  parloient  des  articles, 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  s'oppiniatroil 
fort,  à  ce  que  m"a  rapporté  ledit  s"'  de  Piebrac. 
pour  le  faicl  de  son  gouvernement,  disani 
qu'il  y  recep\oit  toutes  indignitez.  Cela  fut 
bier  entie  nous  fort  longuement  débattu  el 
ne  fut  rien  oublyé  pour  faire  congnoistre, 
comme  aussy  est-il  vray,  que  c'est  parla  faulte 
mesme  de  mondit  lilz  le  roy  de  Navarre  :  lodil 
s'' de  Piebrac  le  Iuv  a  bien  nqirésenlé;  mais, 
|iour  ce  qu'il  m'a  dict  (piil  n'en  pourra  estre 
aussy  fait  instance,  j'en  ay  voullu  avoir  l'advis 
des  princes  et  s"  de  vostre  Conseil,  cpii  es- 
toient  lors  en  conseil  avec  nH)y,  à  qui  ledit 
s'  de  Piebrac  a  faicl  ouverture  destablir  pour 
i]U(d(pie  lemjis  aucuns  de  vostre  Conseil,  lanl 
de  la  noblesse  <jue  de  la  justice,  et  quelqu'un 
de  ceste  jiroviiu^e  du  clergé,  connue  réves([ue 
d'Agen,  (;t  <juelques  aultres  (pii  demeureroieni 
auprès  du  roy  de  Navarre  el  de  ma  lille,  la 
roynede  Navarre,  avec  le  marescbal  de  lîiroTi, 
])ar  l'advis  des(jin'lz  se  feroient  toutes  cboses, 
non  seullemenl  |)our  ladicte  éimnciation  de 
I  édici  de  pacilication,  mais  aussy  jtoui'  les 
alfaires  du  gouvernemenl.  C'est  cbose  (|ui  un' 
sembb^  bonne,  et  regarderav  si  mondit  lilz  le 
rov  de  Nav.irre  m'en  jiarlera  ou  fera  parler, 
et  selon  que  je  verray.  si  Dieu  nous  faict  la 
grâce  de  demeurer  d'accord,  aussy  bien  pour 
lesdictcs  villes  (pi'ilz  ont  à  restituer  comme 
pour  le  reste,  d'en  faire  au  niieulx  que  je 
pouriay  |)our  le  bien  de  vostre  service;  vous 
en  avant  bien  voullu  cependant  escripre  ce(jui 
en  a  esté  mis  en  avant  et  trouvé  bon,  espé- 
rant ung  cbascun  par  là  que  ce  (pii  sera  ainsi 
l'aie!  en  cesIe  jirovince,  par  l'advis  de  ceulx 
qui  seront  appeliez  audit  Conseil,  sera  très 
agréable  aux  calboliqnes  et  à  ceulx  de  la  Re- 
ligion, el  que  cela  sera  cause  de  remettre  la 
conlience  entre  les  ungs  et  les  aullres  et  priii- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


261 


eipalement  à  mondil  fiiz  le  roy  de  Navarre, 
et  aussi  aux  villes. 

A  Nérac,  le  jeudy  xii"  febvrier  1 679  au  soir, 
bien  tard. 


1579.  —  1.3-ii  février. 
Orij;.  Bibl.  liât. ,  Fonds  français,  n"  33oo,  f'  iSg  '. 

[\L    ROY  «OSIEIR   M0>    FILS.] 

Monsieur  mon  fiiz,  je  vous  ay  représente' 
en  la  dépesche  que  je  vous  ay  l'aicte  par  ung 
des  gens  du  sieur  de  Main(enon,  qui  estoit  de- 
mouré  inallade  par  deçà,  tout  ce  qui  s'est 
passé  en  nostre  confe'rence  jusques  à  hier  soir. 
Ce  matin,  mon  fiiz  le  roy  de  Navarre,  ceuk 
qui  sont  auprès  de  luv  et  les  députez  se  sont 
assemblez  et  ont  encores  releu  ce  que  je  vous 
envovay  Icdict  jour  d'hier,  que  j'avois  faict 
escripre  par  Pinart,  estant  au  Conseil  en  leur 
présence,  sur  leurs  réplicques,  jiiant  trouvé 
bon  et  laisonnable  le  toul.  Toufeslois,  ils 
n'ont  pas  laissé  de  depputer  le  chancelier 
Gratin  et  ks  aultres  députez,  qui  sont  les 
ungsde  robbe  longue  et  les  aultres  ministres, 
dont  je  vous  ay  envoyé  les  noms,  pour  re- 
garder à  y  changer  ou  ndjousler  quelques 
inots,  qu'ilz  dient  y  esire  nécessaires,  sans  tou- 
tesfois  rien  changer  ny  immuer  à  la  substance , 
de  laquelle,  comme  je  vous  escripviz  hier,  ilz 
sont  demeurez  d'accord;  mais  après  le  disner, 
ilz  ont  envoyé  le  viconte  de  Tureune,  Guitry, 
Clervaut,    Yolet   l'aisné,    Porquerain   el    de 

Meausse,  qui  sont  leurs  gens  despée, - 

m'apporter  leur  response  par  escript  pour  le 
faict  des  villes,  telle  que  vous  verrez  par  le 
double  dudict  escript  que  le  viconte  de  Tu- 
renne  ma  baillé;  sur  quoy,  après  l'avoir  faict 

'  En  marge  :  ^Envoyée  au  Roy  par  Aiiiljrelin,  cour- 
rier. " 

-  Le  mol  est  surchargé  et  illisible. 


lire,  je  leur  ay  respondu  que  je  veoyois  bien 
qu'ilz  se  mocquoient  de  moy.  Je  leur  ay  re- 
présenté fort  |)arlicullièrement  à  peu  près  les 
mesmes  raisons  que  nous  avons  desbatues 
avec  les  aultres  desputez,  n'aiant  pas  failly 
de  leur  dire  qu'ilz  estimoient  bien  peu  le 
temps  de  quatre  ou  cinq  moys  qu'il  y  a  que 
ilz  me  tiennent  avecques  les  traquasseries, 
allées  et  venues  qu'ilz  m'ont  faict  faire,  et  que, 
si  dez  nostre  première  entrevue  à  la  Réolle,  el 
depuis  par  plusieurs  foys,  ilz  ne  m'eussent 
asseurée  qu'ilz  procedderoient  sincèrement  à 
l'exécution  de  l'édicl,  et  mesmes  ledict  viconte 
de  Turenne  si  expressément  dicl  dernière- 
ment au  Port  Saincte-Marie  qu'ilz  me  ren- 
droienl  contente,  je  m'en  feusse  retournée;  el 
leur  ay  sur  cela  donné  charge  au  sieur  de 
Foix,  mon  cousin,  leur  desduire  encores  plus 
parlicuUièrement  les  raisons  que  nous  avions 
ledict  jour  d'hier  débatues  et  considérées, 
(|uand  lesdictz  aultres  députiez  nous  deman- 
doient  lesdicles  villes,  par  oiî  il  leur  a  assez 
faict  congnoistre  le  tort  qu'ilz  avoieni  el 
comme  leurdict  escript  est  très  captieux,  pour 
ce  (|ue,  ([uand  bien  que  l'édict  serait  entière- 
ment exécuté,  ilz  d isolent  tousjour  s  que,  estant 
ainsy  conceu  (juil  est,  par  ainsv  quilz  ne 
cherchoient  qu'à  garder  les  villes  soubz  quelque 
coulleur  que  ce  feust;  j'ay  encores  reprins  le 
])ropos,  et,  en  parlant  aucunement  en  collère 
audict  viconte  de  Turenne,  que  ce  n'estoil  pas 
ladicte  promesse  (|u"ilz  m'avoienl  dernière- 
ment faicle,  m'asseurant  qu'il  me  rendroil 
contente.  Je  leur  ay  franchement  dict  que  je 
veoyois  bien  qu'ils  voulloient  ruiner  vostrc 
l'ovauluic;  mais  que  vous  y  sçauricz  bien 
pourveoir  et  que  je  m'en  voullois  aller  d'icy. 
Hz  se  sont  encores  excusez  sur  les  doubles  et 
craintes  oii  ilz  sont,  disant  n'y  avoyr  seureté 
pour  eulx  que  en  gardant  lesdictes  villes;  et 
veoyanl  que  nous  ne  pouvions  rien  gaigner 


■262 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


sur  eulx,  après  beaucoup  de  disputles,  leuray 
mis  en  avant  comme,  dez  hier  au  soir,  javoys 
dict  à  mondict  Giz  le  roy  de  Navarre  qu'après 
que  j'auroys  faict  en  ma  présence  comme  je 
feroys,  s'il  vouUoit  exécuter  l'édict  en  toutes 
les  villes  de  ce  gouvernement,  je  feroys  que 
cent  gentilshommes  des  plus  appareus  de  ce 
païs,  à  quelques  uns  desquelz  j'avoys  desjà 
parle,  s'obligeront  envers  eulx,  en  telle  forme 
probante  qu'ilz  adviseroieut,  et  encore  des 
principaulx  des  villes,  pour  faire  garder  et 
observer  ledict  e'dict,  et  qu'eu  cas  qu'aulcuns 
s'efforçassent  de  le  rompre  ou  feissent  aucune 
entreprinse  au  prtjudice  d'icelluv,  qu'ilz  se 
joindroieut  avecques  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre  et  ausdictz  de  sa  religion  contre  eulx, 
et  qu'encores  leur  remetlois-je  à  penser  s'il 
y  avoit  quelques  autres  moiens.  de  seuretez 
honnestes  qu'on  leur  peust  accorder,  Icsquelz 
ne  feussent  point  contre  l'édict,  et  qu'ilz  se 
pouvoient  asseurer  que  je  m'y  estenderois  ou 
tout  ce  qui  seroit  raisonnable.  Sur  cela  ledict 
viconte  de  Tureuue,  Guitry  et  lesdictz  dessus 
nommez,  disant  tousjours  que  cela  n'estoit 
poinct  suffisant  pour  garder  qu'on  ne  les  tuast, 
comme  a  [esté]  faict  par  cy  devant,  se  sont 
retirez;  et  pour  ce  que  j'ay  estimé  que  les 
autres  dépuiez  u'avoienl  peult-estre  pas  en- 
tendu nosdictes  ouvertures,  j'ay  esté  d'advis 
que  les  sieurs  de  Sainct  Suplice,  de  Piebrac  et 
de  La  Mothe  allassent  demain  trouver  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre,  ceulx  qui  sont  auprès 
de  luy  et  lesdictz  députtez  ensemble,  et  leur 
représentassent  encores  et  persuadassent  nos- 
dictz  moiens  et  de  regarder  s'il  s'y  eu  pourroit 
adjouster  quelques  aultres  :  cela  se  fera  ledict 
jour  de  demain  au  matin.  Cependant  je  vous 
diray  qu'aiant  trouvé  Scorbiac,  Lamer  et  \ï- 
gnoUes,  m'en  allant  promener,  je  leur  en  ay 
faict  l'ouverture.  Hz  n'en  avoieut  encores  poinct 
ouy  parler,  et  m'a  semblé  que  lezdicls  Scorbiac 


et  Lamer  1  les  ont  aucunement  goustez;  mais 
(juant  audict  Vignolles,  il  a  faict  comme  il  a 
accoustumé  en  toutes  aultres  choses,  qui  est  de 
se  rendre  difficille  et  mal  traictable.  Depuis, 
sur  le  soir,  comme  j'en  devisois  avecques  ma 
fille,  la  Roy  ne  de  Navarre,  qui  est  fort  triste 
et  fascbée  des  difficultez  qu'elle  y  voit,  j'ay 
envoyé  prier  mondict  filz  le  Roy  de  Navarre 
de  venir  en  ma  chambre,  oiî  nous  estions, 
et  luy  en  ay  parlé  de  tout  l'affection  que  j'ay 
peu,  n'aiant  rien  obmis  de  toutes  les  raisons 
qu'il  se  peut  dire  pour  luy  persuader.  Mais 
je  i'ay  trouvé  fort  entier  au  contenu  de  ieur- 
dict  escript.  Toutesfois,  comme  j'essayois  de 
parler  ou  favre  parler  aux  ungs  et  aux  aultres, 
pour  mayder  de  tous  les  moiens  que  je  puis 
en  ceste  affayre,  lesdictz  Guitry  et  Clairvaut 
se  sont  laissez  entendre  que,  si  on  trouvoit 
le  terme  dung  an  trop  long,  que  l'on  y  meisL 
seuUement  six  mois.  Bouchard,  député  de 
mon  cousin  le  prince  de  Condé,  a  dict  aussy 
d'aultre  costé  que,  ne  désirans  lesdictes  villes 
que  pour  la  seureté,  ilz  seroieni  contents  que 
fédict  se  peust  entièrement  exécuter  en  ung 
mois,  et  de  rendre  lesdictes  villes  lors.  Mais  le- 
dict Bouchard  neparticippe  pas,  à  mon  advis, 
à  toutes  leurs  résolucions,  pour  les  raisons 
que  je  vous  escripviz  hier.  L'on  verra  s'il  y 
aura  poinct  quelque  autre  moien;  sinon  je 
me  délibiTe  de  m'en  aller  d'icy  lundy  pro- 
chain au  Port  Saincte  Marye  et  de  là  à  Agen, 
sans  toutesfois  rompre  du  tout.  Et  vous  diray 
ce  pendant  que  ce  soyr  j'ay  eu  fort  à  propos 
en  souppant  les  nouvelles  de  la  réduction 
en  voz  mains  du  chasteau  de  Beaucaire  et 
pareillement  les  villes  de  Sergnac  et  Meynes"^, 
comme  vous  verrez  par  le  double  de  la  dé- 
pesche  du  mareschal  de  Dampville,  que  je 

'  Jean  de  La  Mer,  syndic  de  Castres. 
-  Sernhac  et  Meyues,  deux  communes  dépendant  au- 
jourd'liui  du  canton  d'Aramon ,  arrondissement  de  Nîmes. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


26;î 


vous  envoyé  avecques  une  du  sieur  de  Joyeuse. 
Je  lay  mandé  à  mondict  lîlz  le  Roy  de  Na- 
varre, (|iii  souppoit,  pour  ce  qu'il  avoit  ce 
jourd'huy  faict  courir  un  bruiclque  Chastilion 
avoit  pris  le  chasteaududict  Beaucaire,  et  après 
soupper  luy  ay  faict  veoyr  l'original  mesnies 
desdictps  leclres,  aiant  congneu  à  son  visaige 
que  cela  leur  dépleust  fort,  et  ne  sçay  si  ceste 
nouvelle  les  fera  poinct  changer  d'advis  et  nous 
pourra  apporter  quelque  advancement;  car  il 
est  bien  certain  que  s'ilz  eussent  peu  prendre 
ledict  Beaucaire,  ilz  eussent  encores  bien  parle' 
plus  hault.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz, 
vous  avovr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Ne'rac,  le  vendredi  xiii"""  febvrier 
1679. 

Monsieur  mon  filz  ',  dospuis  ceste  lectre 
escripte  et  comme  il  est  contenu  en  icelle,  ce 
matin  lesdiclz  sieurs  de  Sainct  Supplice,  de 
Piebrac  et  de  La  Mothe  ont  esté  de  ma  part, 
avecques  mondict  filz  le  Rov  de  Navarre, 
ceulx  qui  sont  auprès  de  luy  de  sa  religion  et 
les  députiez  assemblez,  pour  veoyr  s'il  y 
auroit  moien  de  les  faire  condescendre  à  se 
desparlir  de  retenir  les  villes,  mais  ilz  n'y  ont 
peu  rien  gaigner.  Ne  voullant  oublier  de  vous 
dire  que  le  sieur  de  Fontenilles  et  les  aultres 
catholicques,  qui  suivent  ordinairement  mon- 
dict filz  le  Roy  de  Navarre,  veoyant  qu'ilz 
demourenl  si  entiers,  dient  qu'ilz  l'abandon- 
neront; et,  de  l'aict,  ledict  sieur  de  Fontenilles 
le  luy  dict  hier  soyi",  dont  il  monstra  eslre 
fort  marrv,  voyant  bien  que  tous  les  aultres 
qui  le  suivent  faisant  profession  d'estre  bons 
catholicques  l'abandonneront. 

Monsieur  mon  filz  -,  encores  depuis  ce  post- 

'  En  titre  :  «Poscript  do  ia  ilile  dépesche  du  1 3  fé- 
vrier 1379.^ 

-  Eu  titre:  it Autre  post-script  de  iadicte  dépesche.^ 


scrij)lum.  j"ay  pensé  à  quelques  autres  expé- 
diens  et  moiens,  que  je  feray  mectre  en  avant 
pour  le  faicl  desdictes  villes,  mesme  pour  les 
huici  qu'ilz  demandent,  assavoir:  quatre  en  ce 
gouvernement  et  quatre  en  Languedoc,  oullre 
celles  que  leur  avez  baillées  par  l'édict  ;  s'ilz 
n'acceptent  lesdictz  moiens,  ils  seront  du  tout 
en  leur  tort. 

A  Nérac,  le  samedy  xiiii"  février  1679. 


1579.  —  i6  février. 

Copie.  Bibl.  naU,  Fonds  français ,  n"  33oo,  fol.  161  ^ 

[LA  ROY.XE  AU   ROY.] 

Le  \vi°  jour  de  ce  présent  mois  de  février 
iî)79,  Iadicte  dame  royne,  mère  du  Rov, 
estantaudit  Nérac,  a  faict  une  ample  dépesche 
au  Roy,  par  laquelle  elle  luv  représente,  avec 
plusieurs  raisons,  la  résolution  en  laquelle  il 
semble  que  soient  le  roy  de  Navarre  et  les 
députez  de  vouloir  (quelque  persuasion  que 
l'on  leur  ayt  peu  faire)  qu'on  leur  laisse  les 
villes  qu'ilz  tiennent,  oulfre  celles  à  eulx  ac- 
cordées pour  leur  seureté  par  l'édit,  et  sur 
cela  Iadicte  dame  Royne  requiert  le  Rov  de 
luy  en  mander  sa  volonté"^. 

Ladicte  dépesche  a  esté  envoyée  par  Louvet , 
courrier  de  ladicte  dame  royne. 

Ledit  jour,  après  le  disner,  icelle  dame 
royne  a  escript  aussy  au  Roy,  comme  il  a  esté 
mis  en  avant  de  consigner  par  ledit  s''  roy  en 
dépost  jusques  à  trois  cens  mil  escuz,  et  que 

'  Le  copiste  n"a  f;iil,  dans  le  manusrril,  quo  résumoi- 
la  dépéclie  de  la  Reino  mère  au  Roi  son  lils,  du  16  fé- 
vrier i.'i7i),  au  lieu  de  la  donner  intégralement,  comme 
les  autres  lettres.  Il  a  repris  la  suite,  au  1  7  février,  dans 
la  forme  ordinaire. 

-  La  réponse  du  roi  se  douve  dans  rTinsIriiclion  pour 
le  s'   de  Dinleville- .  que  nous   pulilious  à  V Appendice. 


264 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


lesdicts  de  la  Religion  rendroient  iesdicles 
villes.  Sur  quoy  ladicte  dame  royne,  qui 
trouva  advanlaige  en  cela  pour  le  Roy.  agréa 
ledit  advis,  si  lesdits  de  la  Religion  voulioient 
aussy  rendre  les  hulct  villes  à  eulx  baillées 
par  l'édit  de  pacifScation,  aussy  fost  que  ledit 
dépost  seroit  faicl.  El  sur  cela,  ladicle  dame 
royne  discourt  par  sadicte  lettre  le  moien 
qu'il  y  a  de  faire  ledit  de'post  es  mains  dos 
Suisses,  ayans  le  sel  dePecquais,  qui  s'afFerme 
par  chascun  an  environ  trois  cens  mil  livres. 
Ladicte  dépesche  a  esté  envoyée  au  roy 
par  ung  des  gens  de  Mons'  l'évesque  d'Agen, 
qui  s'en  alloit  en  court. 


1579.  —  16  féviier 

Orig.  Bibl.  uat. ,  Fonds  frauçais,  n*  3ao3,  T  43. 

A  MON  COL'SIN 

LE  S'  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  nostre  conférence  prendra. 
Dieu  aydant,  bien  tost  quelque  bonne  fin  au 
bien  de  la  paix,  repos  et  union  de  ce  royaume, 
dépendant,  il  ne  fault  laisser  de  se  tenir  bien 
soingneusement  sur  ses  gardes,  sans  toutes- 
fois  rien  esmouvoir  qui  puisse  préjudicier, 
vous  priant  de  le  mander  partout  oij  verrez 
que  besoing  sera  en  l'estendue  de  vostre  gou- 
vernement, affin  qu'il  ne  s'v  puisse  faire  aul- 
cune  surprise,  et  aussy  que  les  marchands 
(]ui  ont  à  faire  leur  commerce  prennent 
garde  à  eulx,  allans  et  venans  par  les  champs, 
pour  ce  qu'il  advient  communément,  quand 
l'on  est  sur  la  résolution  de  telles  choses,  que 
les  brigandz  et  voUeurs,  et  telle  autre  manière 
de  gens  qui  ne  désirent  pas  la  paix,  font  du 
pis  qu'ilz  peuvent.  J'ay  receu  les  lectres  que 
m'avez  escriptes,  de  la  réduction  du  chasteau 
de   Reaucaire  et  des   villes   de    Sergnac    et 


Meynes,  dont  je  suys  infiniment  aise;  car 
aussy  est-ce  un  très  grand  bien  pour  le  ser- 
vice du  Roy  monsieur  mon  filz,  auquel  j'ay 
incontinent  envoyé  vos  lectres  mesmes\  vous 
voullant  aussy  bien  advertir  que  mon  filz  le 
duc  d'Anjou  est  de  retour  à  Allençon,  se  dé- 
libérant de  se  conformer,  comme  aussy  est-ce 
son  debvoir,  à  toutes  les  intentions  et  volon- 
tés du  Roy,  mondict  S'  et  filz,  qui  l'a  soubdain 
envoyé  visiter  par  le  s''  de  La  Chapelle  des 
Ursins,  conseiller  d'Estat  et  de  son  Conseil 
privé,  et  se  conjouyr  avec  luy  de  sondict  re- 
tour en  ce  royaume;  priant  Dieu,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escriptà  Nérac,  le  xvi'jourdefebvrier  i  079. 

De  sa  main  : 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  16  février. 

Orig.   Arch.  du  Puy-de-Dôme,  si^rîe  E  ^. 
A  MONSIEDR 

LE  MARQUIS  DE  CANILLAC, 

COUVEBSEUR   AU   HAULT  PAIS   D'AUVBBCNE  '. 

Monsieur  le  marquis,  nostre  conférence 
prendra.  Dieu  aydant,  bien  tost  quelque 
bonne   fin  '\   au   bien    de  la    paix,   repos   et 

'  Nous  avons  pu  retrouver  la  réponse  du  roi,  conle- 
nant  ses  félicilalions  à  Damville  poiu'  la  prise  de  Beau- 
caire;  on  la  lira  à  V Appendice. 

^  Fonds  de  la  famille  Montboissier-Beaufort-Canillac. 

^  La  suscriplion  exacte  est  :  «k  Monsieur  le  marquis 
de  Canillac.  chanceliei'  de  l'ordre  du  Roy  Monsieur  mon 
lilz,  conseiller  en  son  conseil  privez,  capitaine  de  cent 
quarante  hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  gouver- 
neur et  son  lieutenant  au  hault  païs  d'Auvergne,  n 

''  Nous  donnons  celte  dépêche  tirée  des  Archives  du 
Puy-de-Dôme,  hien  qu'elle  soit  à  peu  près  identique  à 
la  précédente.  Et  il  ne  serait  pas  étonnant  qu'on  trouvât 
encoïc  une  ou  deux  autres  circulaires  semblables. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


265 


unyon  de  tout  et;  royaume,  (cependant,  il  ne 
faut  laisser  de  se  tenir  hieii  soigneusement 
sur  ses(jardes,  sans  toutellois  rien  esmouvoir 
qui  puisse  préjtidicier,  vous  priant  [surveiller  | 
les  villes  el  aultres  lieulx  que  verrez  que  be- 
soing  sera  en  Testendue  de  vostre  charge, 
affin  qu'il  ne  s'y  puisse  l'aire  aucune  surprinse, 
et  aussy  que  les  marchansijui  ont  à  faire  leur 
commerce  prennent  garde  à  eul\,  alians  et 
venans  par  les  champs,  pour  ce  qu'il  advient 
communément  que,  quand  Ton  est  sur  la  re'- 
solution  de  telles  choses,  les  brigans  et  voi- 
leurs,  el  telle  aultre  manière  de  gens  qui 
ne  désirent  pas  la  paix  fout  du  pis  qu'ilz 
peuvent  :  vous  voullant  aussy  bien  advertirque 
mon  filz  le  duc  d'Anjou  est  de  retour  à  Allen- 
çon,  se  déii])erant  bien  se  conformer,  comme 
aussy  est-ce  son  debvoir,  à  toutes  les  inten- 
sions et  voiuntez  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
qui  l'a  envoyé  visiter  par  le  sieur  de  la  Chap- 
pelle  des  Ursius,  conseiller  d'Estat  et  de  son 
Conseil  privé,  et  se  conjouyr  de  son  retour  à 
cedict  royoume;  priant  Dieu,  Mons'^  le  mar- 
quis, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à   NVrac,    le   xvi"  jour   de    février 
1679. 

Signé  :  Caterink. 

Et  plus  bas  :  Pin\rt. 


1579.  —  17-18  février. 
Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français ,  u^SSoo,  f*  iGi  r"  '. 

[AU   ROY  MO-NSIEUU   MON  FILS.] 

Monsieur  mou  filz,  je  vous  lis,  hier  lundy, 
entendre  par  deux  dépesches,  l'une  du  malin 
à  mon  lever,  que  vous  envoyay  par  courrier 


'  En  marge  :  rr  Envoyée  au  Roy  par  le  s'  do  Voiizay, 
gendlliomme  servant  de  la  Reyne.-? 

Catherine  de  Médicis.  —  vi. 


exprès,  et  l'aultre  incontinent  après  disner, 
par  ung  des  gens  de  fcîvesque  d'Agcn,  (jui  se 
trouva  prest  à  partir  pour  aller  à  Paris,  tout 
ce  <jui  s'est  passé  depuis  mes  lettres  précé- 
dentes. Depuis,  mon  lils  le  roy  de  Navarre 
me  bailla  hier  soir  après  souper,  m'ayantfaict 
et  tous  ceulx  de  vostre  Conseil  attendre  toute 
1  après  disnée,  une  liste  (dont  je  vous  envoyé 
le  double)  de  cin(|uante  neuf  villes  de  celles 
qu'ils  occupent,  et  où  il  faut  noter  que  les 
habilans  sont  quasy  tous,  ou  au  moings  les 
deux  tiers,  catolic([ucs,  esquellesvilles,  suivant 
leur  respoiise  à  l'escript  que  je  leur'  avois 
baillé,  ils  vouidroient  déparlir  les  huit  cents 
hommes  de  guerre  qu'ils  demandent  eucores 
d'augmentation,  oultre  les  huit  cents  qui  leur 
sont  accordés  par  l'édict.  Je  me  suis  grande- 
ment faschée,  voyant  bien  par  là,  comme  j'ay 
fait  clairement  entendre  à  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre,  qu'ils  n'ont  aulcune  bonne  vo- 
lonlé,  le  faisant  bien  parc(>la  paroisire,  et  que 
leurs  desseings  ne  tendent  à  aultre  chose  que 
retenir  nos  villes;  car  les  babitans  de  toutes 
les  aultres  villes  qu'ils  tiennent  revenant  à 
près  de  soixante, oultre  les  cinquante  neuf  (jui 
sont  nommés  sur  la  liste,  sont  la  plus  grande 
part  de  la  relligion  prétendue  réformée,  de 
sorte  (jue  ce  seroit  leur  asseurer  toutes  les 
villes  qu'ils  tiennent,  imn  seulement  pour  les 
six  mois  dont  ils  parlent,  mais  je  crois  que 
leur  intention  seroil  de  les  garder  pour  tou- 
jours; aussy  l'en  rejelay-je  bien  loing,  el  ne 
voulus  pas,  voyant  cela,  faire  venir  rcu\  de 
vosire  Conseil  après  souper,  comme  j'avois  de- 
libéré,  i)ensant  qu'ils  du-sent  nous  apporter 
quelques  répliques  ou  nouveaux  expédients 
sur  la  conférence,  que  nous  avions  faite  ledit 
jour  d'hier  matin,  sur  mondit  escript  et  leurs 
responccs  à  icelluy.  Mon  fils  le  roy  de  Na- 
varre dit  à  ma  fille  la  rovne  de  Navarre,  sa 
femme  qu'il  craignoit  bien  de  me  bailler  le- 

3/1 


lUcniuEnic    fiatiomili:. 


266 


dit  mémoire;  s'asseurant  que  je  le  trouveiois 
maulvais;  aiissy  s'eschappa-t-il  de  moy,  incon- 
tinent qu'il  le  m'eut  mis  en  la  main,  et  s'en 
alla  souper;  d'oij  après  il  revint  en  l'anti- 
chambre oii  nous  estions,  et,  en  la  présence  de 
mafdle,jeluidis  lout  ce  qu'il  est  possible  pour 
lui  faire  congnoisire  le  tort  qu'il  avoit  et  le 
déraisonnable  papier  qu'il  m'avoit  baillé,  avec 
toutes  les  raisons  cydevant  déclarées;  mais  il 
n'a ,  ny  les  aullres  de  sa  religion ,  jamais  aultre 
chose  pour  réplicque,  sinon  qu'ilz  cherclieul 
leurs  sureltés,  et  qu'encores  ne  les  peuvent- 
ils  avoir  telles  qu'ils  ne  demeurent  en  crainte. 
Veoyant  cela  et  (ju'aussy  bien  il  ne  se  peut 
rien  gaigner  avec  luy,  quelque  chose  raison- 
nable que  Ton  luy  die,  je  iay  remis  sur  ce 
qui  fut  proposé,  comme  je  vous  escripvyz  par 
ma  dernière  lettre  d'hier,  de  l'ouverture  qui 
avoit  esté  laite  de  faire  uni;  dépôt  de  trois 
cents  mil  escus,  remettant  entièrement  toutes 
les  villes,  ensemble  celles  qui  leur  ont  esté 
baillées  pour  leurs  sûretés.  Et  ay  adjousté  sur 
cela  tout  ce  qui  se  pouvoit  dire  poui'  l'y  faire 
condescendre;  mais  il  tient  toujours  ferme 
(ju'ils  veulent  réserver  les  huit  qui  leur  sont 
baillées  pour  leur  sûreté  suivant  Tédicl.  Je 
feray  encore  aujourd'huy  ce  qui  s'y  pourra 
faire,  et  vous  asseure  que  je  n'y  obmettray 
rien;  car  si  Dieu  nous  pouvoit  faiie  la  grâce 
qu'ilz  consentissent  à  cela,  vostre  royaulme 
seroit,  et  tous  vos  subjects,  bien  tost  fort  heu- 
reux, pour  ce  que,  n'y  ayant  plus  d'armées  eu 
nul  lieu,  toutes  inimitiés  s'oublieroient  beau- 
coup plus  tost,  et  vos  subjects  se  reiiieltroient 
bien  plus  aisément  des  calamités  passées.  Je 
pense  bien  qu'aulcuns  de  vos  financiers,  qui 
vont  toujours  lentement  entelz  affaires,  diront 
incontinent  que,  si  cela  estoit  accordé  (etpleust 
à  Dieu  que  desjà  cela  feust!),  il  seroit  impos- 
sible de  pouvoir  satisfaire  au\  dépostz;  et  afin 
de  \ous  en  ouvrir  ung expédient,  oultre lequel 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

vous    ne    laisserez    pas    d'en    faire   chercher 


quelques  aultres,je  vous  dirav  que  par  ce 
moyen  de  la  réduction  de  toutes  les  places, 
Pecquais^  ne  seroit  plus  nulement  occupé  :  je 
vouldrois  que  l'on  l'engaigeast  aux  Suisses 
pour  ce  qui  leur  estdeu,  et  pour  le  dépost 
des  trois  cents  mil  escus ,  dont  ilz  respondroient 
comme  s'ilz  les  avoient  receus  comptant;  et 
se  fcroit  par  ce  moyen  icelluy  depost  entre 
leurs  mains,  ce  que  je  m'asseure  (si  vos  ser- 
viteurs et  ministres  s'y  veulent  employer  et 
vous  servir  comme  ils  doibvent)  qui  vous  se- 
roit bien  aisé,  vous  priant,  Mons'  mon  fils, 
(combien  que  je  ne  saiche  encores  s'il  s'en 
fera  aulcune  chose  par  deçà,  d'auitant  que  je 
les  veoy  si  opiniastres  à  garder  les  huit  villes 
sans  lesquelles  je  ne  vous  vouldrois  pas  con- 
seiller de  ce  faire),  de  ne  laisser  pourtant 
d'en  parler  au  s'  de  Belièvre  et  adviser  quel 
chemin  et  moyens  il  y  auroit  à  tenir  en  cela. 
On  m'a  dit  icy  que  le  reveneu  ou  fermes 
et  admodialions  dudit  Pecquais  valent  an- 
nuellement de  net,  si  elles  son  bien  affermées 
et  que  n'y  soviez  point  dérobé,  [dus  de  trois 
centz  mil  livres;  en  peu  d'année  les  Suisses 
seroient  payés  de  leur  deu  par  prest,  en- 
semble seroient  satisfaits  du  dépost,  qui  tous- 
jours  vous  reviendroit  et  vous  seroit  aultant 
de  fonds;  car  je  suis  bien  asseurée,  comme 
je  l'ay  dit  à  mondit  fils  le  roy  de  Navarre, 
que  jamais  de  vostre  part  vous  ne  romprez  la 
paix,  mais  je  vous  asseure  qu'il  y  a  grande 
crainte  qu'il  y  ait  quelque  chose  de  maulvais 

'  Pecais  ou  Peccais,  bourg  du  Bas-Languedoc,  sui'  la 
bouclie  occideatalo  du  lilione,  à  une  lieue  d'Aigues- 
Morles.  Ce  lieu  était  depuis  longtemps  célèbre  par 
l'abondance  de  ses  salines.  C'est  Philippe  le  Bel  qui 
acquit  en  lago  la  seigneurie  de  Pecais  et  commença  à 
eu  tirer  du  sel;  son  fds,  Louis  le  Hutin,  acheta  une 
concession  voisine  et  doubla  l'exploitation,  qui  fut  dès 
lors  un  des  gros  revenus  de  la  couronne. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Ml 


au  cœur  (reiilre  eux,  voyauf  les  longueurs  où 
ils  me  lieuiu'ut,  il  y  a  si  longtemps,  et  leur 
l'açon  de  proretler. 

Et  à  ce  propos  je  vous  diray  que  ion  m'a 
advertie  qu'ils  ont  délibe'ré,  si  nous  ne  faisions 
rien,  de  renvoyer  Clervaul  vers  le  duc  Casimir 
pour  le  préparer  à  revenir  en  France,  ce 
([u'il  dit  qu'il  ne  fera  jusques  à  ce  qu'il  ait 
quelque  bonne  ville  en  Picardie  ou  du  costé 
de  la  Cliampaigne.  On  m'a  aussy  assouré 
qu'ils  ont  entreprinsesur  Soissons,  et  le  moyen 
du  prince  de  Condé  y  entretient  tous  ceux 
de  la  Religion  de  ce  costé  là,  et  que  par  la 
mene'e  du  bailly  ou  prévost,  qui  exerce  la 
justice  dedans  le  chasleau  de  Soissons  avec 
bien  peu  d'hommes,  ils  le  veulent  surprendre 
et  la  ville,  où  il  vous  plaira  à  cette  occasion 
pourveoir  incontinent  et  advertir  par  mesme 
moyen  aussy  à  Chasteauthierry  et  Ahbcville, 
où  celui  qui  a  donné  l'advis  de  Soissons  dit 
(|u'ilz  ont  quelque  intelligence,  l'I  encore  à 
Beauvais.  Je  crois  qu'il  est  très  nécessaire  de 
faire  prendre  garde,  sans  touteffois  rien  es- 
mouvoir,  aux  aultres  villes  qui  sont  sur  les 
rivières  de  Seine,  Oise,  Marne  et  Yonne;  car 
si  ces  gens-cy  veulent  revenir  à  la  gueire,  je 
crois  que  ce  sera  par  là  où  ils  commenceront, 
[)our  favoriser  l'entrée  des  estrangers,  et  di- 
vertir vos  foi'ces  qui  sont  telles,  qu'où  leur 
donneroit  beaucoup  d'all'aires,  s'il  n'y  avoit 
qu'à  regarder  de  ce  costé,  estant  bien  d'advis 
que  ce  soit  le  plus  tard  que  l'on  vienne  à  cela, 
et  que  l'on  tente  tous  les  aultres  moyens  pour 
la  paix. 

Ayant  entendeu  ces  jours  icy  qu'il  v  eu 
avoit  du  costé  de  Thoulouse  qui  faisoient  de 
très  maulvais  odices  et  prestoient  l'oreille  à 
ces  brouilleurs  de  provinces,  qui  avoiont  desjà 
tant  gaigné  sur  eux  qu'ils  avoient  fait  que 
des  environs  de  Thoulouse  il  avoit  esté  en- 
voyé devers  Paris  quelqu'ung   pour  couimu- 


ni((]uer  avec  les  députés  de  Bourgogne  et  de 
Noi'inandie,  sur  cela  j'en  escripvis  bien  expres- 
sément à  l'advocat  Duranty,  qui  m'a  fait  sur 
ce  la  response  que  verrez,  avec  une  lettre  que 
m'en  ont  cscripte  les  Capiloulzet  que  je  vous 
envoyé,  afin  que  vous  entendiez  comme  cela 
s'est  passé.  Ces  choses-là  sont,  grâces  à  Dieu, 
comme  mortes  en  ce  pays,  par  les  moyens 
que  j'ay  tenus  pour  empescher  les  praticques 
de  ceux  qui  oui  tasché  à  y  brouiller  aussy 
bien  qu'aux  provinces  de  delà.  Il  sera  bon 
que  vous  fassiez  faire  une  lettre  à  l'advocat 
Duranty,  car  en  telles  choses  il  vous  peut  faire 
beaucoup  de  service. 

Je  vous  envoyé  la  forme  de  la  descharge 
qui  a  esté  promise  au  capitaine  Favas'  pour  le 
fait  de  la  Réolle,  vous  priant  de  comman- 
der que  l'expédition  en  soit  faite  et  me  soit 
incontinent  renvoyée,  et  pareillement  le  par- 
don dont  je  vous  ay  escript  pour  ceux  qui  ont 
surprins  le  chasteau  et  ville  de  Langon;  car 
ceux  qui  sont  dedans  sont  si  opiniastros,  qu'ils 
n'en  sortiront  sans  (|u'ils  aient  leur  pardon; 
et  je  voukhois  que  fut  desjà  icy  pour  éviter 
aux  iucoiivénientz  (|ue  je  crains  bien  qui  en 
adviennent,  avant  les  parents  ou  amis  du  feu 
capitaine  de  Salles  de  Cyrou  desjà  tué  ung 
nommé  Salignac  et  deux  soldats,  qu'ils  dient 
(jui  estoiciit  à  la  surprinse  du  chasteau  de 
Langou,  dont  la  vengeance  se  commence  à 
faire  par  ceux  de  Langon,  qui  ont  depuis  deux 
jours  a'ussy  tué  ung  postillon,  qu'ils  estimoient 
avoir  adverty  les  parens  ou  amis  du  feu  cn|>i- 
taine;  et  je  crains  bien  (jue  cela  vienne  en- 
core plus  avant,  car  ils  menacent  d'en  faire 
aultant  à  tous  ceux  qu'ils  pourront  rencon- 
trer, allant  d'icy  à  Bourdeaulx  et  venans  de 
Bourdeaulx  irv;  et   quand  il   seroit   hors  du 

'  fies  deux  rrdescliarjjesi  sijjiiées  pai-  la  reine  mère 
figurent  dans  sa  coriespondance.  Voir  plus  liaul  p.  aoa 
et  306. 


3/1. 


268 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


chasteau,  cela  nadviendroit  plus,  mais  le 
chemin  seroit  libre.  Il  vous  plaira  aussy  faire 
expe'dier  ung  pouvoir  au  s'  dUssac  pom'  le 
gouvernement  de  la  Réolle,  par  lequel  pou- 
voir vous  l'aslreindrez  de  vous  rendre  la  ville 
et  chasteau  au  bout  des  six  ans  portez  par 
vostre  édict,  à  compter  du  jour  d'iceluy,  de 
sorte  que  en  preslant  le  serment  de  gouver- 
neur es  mains  du  mareschal  de  Biron,  il  pro- 
met de  vous  restituer  la  ville  et  chasteau  de- 
dans environ  quatre  ans  et  domy.  Priant 
Dieu,  Mens"'  mon  fils,  vous  avoir  eu  sa  saincte 
garde. 

Rscript  à  Nérac,  le  xvu'^  febvrier  1579. 

Monsieur  mon  fils^  depuis  cette  lettre  es- 
cripte,  nous  nous  sommes  assemblés  ce  ma- 
lin, le  Caidinal  de  Bourbon,  prince  Daul- 
phiu  et  ceux  de  vostre  Conseil,  et  prie'  le  roy 
de  Navarre  de  nous  venir  trouver,  ceux  de  sa 
religion  et  tous  les  députés,  pour  entendre  la 
response  que  j'avois  à  leur  faire  sur  le  dérai- 
sonnable nombre  de  villes  quiis  demandoient 
pour  six  mois.  Premier  que  ce  faire,  ils  se 
sont  assemblés,  et,  après  avoir  bien  consulté, 
nous  sont  venuz  trouver  m'apportant  deux 
mouioires  dont  je  vous  envoyé  le  double, 
lung  de  vingt-quatre  villes,  à  quoy  ils  se 
sont  restreintz ,  et  l'aultre  de  vingt-quatre 
aultres,  qu'ilz  requerroient  estre  démantelées; 
sur  quov,  après  de  gi-andes  disputes  de  part  et 
d'aultre,  je  leur  ay  enfin  dit  que  je  vous  en- 
voyerois  les  deux  mémoires,  mais  qu'il  ne 
falloit  pas  qu'ils  s'attendyssent,  comme  je 
m'en  asseurois  bien  aussy  et  qu  il  n'estoit 
pas  raisonnable,  que  je  leur  bailliasse  auitune 
des  villes,  et  qu'ilz  se  debvoient  contenter  des 
huit  qu'ilz  ont  par  l'édict,  que  j'estois  veneue 
pour  faire  exécuter  et  non  pour  y  rien  chan- 

'  En  titre  :  rPost-script  de  la  dépescbe  du  ïvn"  fé- 
vrier 157g.11 


ger,  avec  toutes  les  raisons  qui  se  pouvoient 
dire  sur  ce  subject,  où  je  ne  pense  pas  avoir 
rien  oublié  pour  leur  montrer  le  tort  qu'ilz 
avoient  et  les  faire  condescendre  à  leur  deb- 
voir;  mais  il  n'a  esté  possible  de  rien  gaigner 
sur  eux,  de  sorle  que,  bien  faschée  que  j'es- 
tois, je  leur  ai  résolument  dit  que  je  m'en 
irois  demain  à  Agen,  et  que  de  là  je  vous  fe- 
rois  une  dépescbe  de  tout  ce  qui  s'estoit  passé. 
Voilà  comme  nous  nous  sommes  séparés  de- 
vant disner;  mais  à  l'instant  et  avant  que  je 
fusse  sortie  de  mon  cabinet,  j"ai  receu  une 
lettre  du  s"'  de  Joyeuse,  que  je  vous  envoyé, 
laquelle  je  leur  ay  fait  monstrer  de  la  prise 
de  Saverdun^  en  Foix,  dont  ils  ont  esté  très 
marris,  car  après  Montauban  c'est  la  meil- 
leure ville  qu'ilz  eussent;  ils  en  ont  eu  aussy 
des  nouvelles,  et  cette  après-disner  n(/Us 
nous  sommes  encore  rassemblés,  et,  après  une 
grande  reraonstrance  qu'ils  m'ont  fait  faire 
par  Scorbiac,  du  malheur  qu'ilz  prévoyoient 
si  je  parfois  d'icy  sans  faire  quelque  bonne 
conclusion,  que  sans  doubte  les  armes  se  re- 
prendroient  partout,  ils  mont  requise  de  de- 
meurer encore  icy  quelques  jours,  et  que 
cependant  quelques  ungs  d'eux  iroient  en 
toute  diligence  en  Lauguedocq,  pour  revenir 
incontinent  avec  commission  pour  se  res- 
treindre encore  à  plus  petit  nombre  de  villes; 
et,  pour  éviter  ce  pendant  que  l'on  ne  repris 
les  armes,  ilz  m'ont  requise  d'escripre  et  le 
ro}  de  Navarre  avec  moy,  par  gentilshommes 
que  nous  envoyerions  exprèz,  pour  faire  cesser 
les  armes  partout  à  ceux  qui  les  auroient  re- 
prinse,  comme  du  costé  de  Languedocq,  et  em- 
pescher  que  aux  aultres  lieux  on  ne  les  re- 
prinl.  Enfin  des  vingt-quatre  villes,  ils  se 
réduisent  à  vingt,  et  que  toutefois  il  faut  qu'ils 
envoyent  à  leurs   églises    pour  le    consente- 

'  Sa\ordrin.  à  li  liilomèlres  de  Pamiers  (Allège). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


269 


menl.  Considérant  donc,  comme  j'avais  fait 
meuremenl  à  part  moy,  ([ue  si  nous  nous  sé- 
parions sans  quelque  tncilleure  espérance  ou 
résolution,  le  feu  de  la  guerre  se  raliumeroit 
partout,  ne  vouians  pas  oublier  de  vous  dire 
que  je  pense  certainement  qu'iiz  attendent ,  ou 
qu'ilz  ont  quelque  chose  au  cœur  qui  ne  vaut 
rien,  et  ne  leur  ay  pas  celé  l'opinion  que  j'en 
avois.  sur  quoy  ils  m'ont  fait  les  plus  belles 
excuses  du  monde,  et  pour  cette  occasion  je 
n'ay  voulu  rompre;  mais  de  peur  de  recom- 
mencer les  troubles  où  je  congnois  bien  que 
beaucoup,  d'une  part  et  d'aultre,  nous  veulent 
remettre,  je  leur  ay  accordé  de  rester  encore 
icy  jusques  à  lundy,  pourveu  qu'ils  se  vou- 
lussent encore  restreindre  des  villes,  comme 
je  vouldrois,  au  nombre  de  six;  mais  notez 
bien  que  ce  n'est  que  pour  six  mois,  entre  cv 
et  lesquelz  vostre  édict  s'exécutera  entière- 
ment comme  il  est  porté,  et  selon  l'esclaircis- 
sement  et  response  que  j'av  faite  à  leur  re- 
queste,  dont  je  vous  av  envové  le  double  et 
dont  nous  sommes  d'accord,  bien  qu'ils  dé- 
sirent y  changer  quelques  mots.  Nous  nous 
assemblerons  demain  matin,  pour  achever  de 
nous  résouldre  du  reste  et  faire  mettre  par 
escript  ce  que  nous  accorderons,  et  ferons 
faire  soubdain  les  dépesches  partout  :  il/,  me 
pressent  fort  d'envoyer  du  costé  de  Langue- 
docq.  pour  l'aire  retirer  les  forces  du  mareschal 
Dampville,qui  a  contiainrt  Chastillon  d'ajjan- 
donner  Besousses  '  et  se  retirer  dans  iMont- 
pellier.  Je  congnois  bien  qu'iiz  se  sentent  fort 
pressés  de  ce  costé  là,  et  que  lefaict  deBeau- 
caire,  qui  a,  grâces  à  Dieu,  bien  réussv,  les  a 
lait  venir,  beaucoup  plus  tost  qu'iiz  n'eussent 
fait,  au  peu  de  raison  qu'ils  offrent. 

Escript  à  .\érac,  ledit  jour  xvii'  de  febvrier 
1679. 

'   Bcsouce,   arr.   de   Nimes,   avec    une  orlliOf[raplie 
dirterente  de  celle  de  la  page  aliâ. 


Monsieur  mon  fils\  j'ay  ce  matin  assemblé 
le  cardinal  de  Bourbon  et  le  prince  Dauphin 
avec  tous  ceux  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy, 
lesquels  j'ay  fait  opiner  sabvoir  si  je  debvois 
consentir  à  la  résolution  que  prit  hier  soir  le 
roy  de  Navarre  avec  les  députtés,  quaulcun 
d'eux  retourneroient  en  diligence  en  Langue- 
docq,  pour  avoir  plus  ample  pouvoir  sur  la 
reddition  des  villes  qu'iiz  occupent,  ouitre  les 
huit  qui  leur  sont  accordées  par  fédict,  et 
sur  le  terme  de  vingt  jours  que  le  roy  de  Na- 
varre me  demandoil  pour  cela,  ou  si  je  debvois 
rompre,  considérant  que  je  lui  ay,  et  aux  dé- 
putés, tout  au  long  et  infinies  fois  dit  et  re- 
présenté tout  ce  qui  se  peut  des  grandes  et 
apparentes  raisons  pour  les  induire  à  prendre 
ung  plus  court  chemin,  affin  d'accélérer  et  ré- 
souldre au  bien  de  la  paix  nostre  conférence 
proui|)tement,  ou  au  moings  beaucoup  plus 
tost  que  d'attendre  ces  vingt  jours:  chacun  en 
a  fort  amplement  opiné,  et  enfin  nous  avons 
résolu  (ju'il  ne  faiioit  nullement  rompre,  con- 
sidéré lestât  de  vos  affaires,  mais  que  je  par- 
lerois  encore  au  roy  de  Navarre,  comme  j'ay 
fait.  Je  iuy  ay  remonstré  ie  peu  d'apparence 
qu'il  y  avoit  de  nous  remettre  encore  auxdits 
vingt  jours,  la  crainte  que  j'avois  et  que  je 
tenois  pour  certaine  qu'au  bout  de  ces  vingt 
jours  ils  vouldroicnt  encore  prolonger,  ainsy 
qu'ils  ont  fait  depuis  <jue  je  suis  par  deçà,  et 
que  je  me  doubtois  que  tout  cecy  estoit  pour 
m'amuser  et  ne  pouvois  croire  qu'iiz  n'eussent 
quelque  arrière  pensée  ou  attendissent  quelque 
chose,  et  que  cependant  il  adviendroil  ung 
grand  inconvénient,  que  je  vovois  que  ne 
pourrions  évister  par  cette  longueur,  qui  est 
que  les  armes  se  reprendraient  partout  ou 
qu'il  pourroit  encore  survenir  quelque  nou- 
veau désordre,  les  choses  estant  indécises  qui 

'  En  litre  :  trAultre  Postscripts,  f°  iCi,  r". 


270 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


nous  brouilieroient  derechef  toute  nostre  né- 
gociation; et,  en  fin  de  mes  propos  et  remon- 
strances,  je  l'ay  prié,  s'il  ne  vouloit  desja  à 
cette  heure  se  restreindre  à  six  villes,  oultre 
les  huit  qu'ils  ont  par  rédict,  lesquelles  six 
ils  garderoient,  comme  il  esL  cy-debvant  dit, 
seulement  six  mois  pendant  lesquelz  on  exé- 
cuteroit  Tédict,  au  moings  qu'il  me  déclarast 
par  escript  que,  quant  à  lui,  il  trouvoit  qu'il 
estoit  raisonnable  [garder]  les  sk  villes  pour 
les  six  mois  seulement,  et  à  la  charge  de  les 
rendre  dès  le  lendemain  des  six  mois,  dont 
nous  regarderions  après  aux  sûretés  qu'ils  vous 
debvroient  bailler  de  les  rendre;  mais  le  roy 
de  Navarre  m'a  respondeu  qu'il  ne  pouvoist 
accorder  ny  promettre  ny  l'ung  ni  l'autre,  cl 
qu'il  falloit  premièrement  que  quelques  ungs 
des  députés  allassent  en  Languedocq,  disant 
tousjours  qu'ils  seroient  de  retour  dans  vingt 
jours,  et  qu'il  estimoit  qu'il  n'y  auroit  point 
de  difficultés  qu'ilz  me  rapportassent  le  pou- 
voir du  nombre  des  villes  que  nous  accorde- 
rions, mais  que  six  villes  c'estoit  trop  peu, 
parlant  encore  de  vingt;  et  il  ne  disoit  aullre 
raison,  sinon  que  ce  n'estoit  que  pour  six 
mois  et  pour  voir  plus  seurement  comme  l'on 
se  comporteroit  envers  eux,  de  sorte  que  nous 
n'avons  peu  faire  aultre  chose  pour  ce  matin. 
Bien  ay-je  résolu ,  estant  au  Conseil  avec  le  Roy 
de  Navarre,  que  le  s"^  de  Puibrac  iroit  cette 
après -disnée,  quand  les  députés  seroient 
assemblés,  leur  remonstrer  toutes  les  raisons 
que  j'avois  dictes,  auxquelles  chacun  a  ad- 
jousté  de  sa  part  tout  ce  qu'il  a  pu,  et  sur 
quoy  le  s''  de  Puibrac  s'estendroit  aussy  pour 
les  faire  consentir  à  ce  que  je  désirois,  et  qui 
nous  sembloit  non  seulement  estre  raison- 
nable, mais  très  nécessaire  pour  le  bien  de  ce 
royaulme.  Et  trouvant  si  grand  nombre  des  villes 
estre  fort  important,  combien  qu'ils  ne  leur 
doibvent  estre  laissées  plus  de  six   mois,  je 


me  suis  résolu  de  mander  aux  s"  de  Joyeuse, 
président  Daphis  et  advocat  Duranty,  de  se 
trouver  dimanche  ou  mardy  prochain  au  Port 
Sainte  Marye,  oii  sera  aussy  le  mareschal  de 
Biron  et  où  je  m'en  iray,  quand  je  n'y  ferois 
que  disner,  pour  en  consulter  et  adviser  si 
entre  cy  et  là  je  ne  puis  attirer  le  roy  de  Na- 
varre et  les  députtés  à  quelque  bonne  résolu- 
tion selon  mon  désir.  Cependant  je  vous  diray 
que,  suivant  nostre  résolution ,  les''  de  Puibrac 
a  esté  trouver  le  roy  de  Navarre  cette  après- 
disnée,  estant  assemblé  avec  les  députés,  et 
qu'il  n'a  pu  rien  gaigner,  sinon  que  des  vingt 
villes  ils  se  sont  réduits  à  quinze,  et  comme 
s'ils  eussent  voulu  venir  à  douze.  Je  verray 
encore  ce  qui  s'y  pourra  faire  demain  et  leur 
feray  comme  j'ay  desjà  commencé  ce  soir,  re- 
mettre par  mesme  moyen  en  avant  de  dé- 
poser les  trois  cents  mil  escus.  et  qu'ilz  ren- 
dent dès  à  cette  heure  toutes  les  villes  qu'ils 
tiennent,  et  pareillement  les  huit  à  eux  baillées 
par  l'édict  pour  leur  seuretté,  que  plustosl 
qu'ils  ne  le  fissent, je  serois  d'advis,  et  en  ay 
fait  f ouverture  à  la  royne  de  Navarre,  de  me 
contenter,-en  remettant  toutes  les  villes  qu'ilz 
tiennent,  qu'ils  remissent  Périgueux,  aflSn 
qu'ils  n'en  eussent  pas  si  avant  du  costé  de 
France,  et  Aiguesmortes,  à  ce  que  vous  puis- 
siez plus  librement  joyr  du  sel  de  Pecquais, 
duquel  vous  feriez  (comme  on  dit)  de  la  terre 
les  fossés,  car  par  le  moyen  de  Pecquais,  vous 
feriez  le  plus  pour  vostre  dépost  sur  le  revenu 
du  sel;  et  atfin  de  rendre  la  rivière  de  Ga- 
ronne libre  aux  catolicques,  je désirerois,  s'ils 
ne  voulloient  bailler  le  Mas  de  Verdun  \  qui  est 
une  des  villes  de  seureté  par  l'Edict,  assise  sur 
cette  rivière,  au  moings  l'eschanger  à  l'en- 
contre  de  Figeac  qu'ils  tiennent,  et  que  j'ay 

'  Les  villes  que  l'édit  de  Poitiers  Tballloil  en  garden 
aux  proteslants  étaient  eu  Gujenne  :  Périgueux,  laRéole 
et  le  Mas  de  Verdun.  (  Arl.  lu.) 


seu  que  1p  vironte  do  Tiirennc  a  si  grande 
envie  d'avoir,  et  rela  est  en  partie  cause  de 
les  faire  tenir  si  forme.  Voilà  ce  qui  s'est  passé 
aujourd'liuy,  que  j'ay  voulu  vous  estre  ainsy 
déduit  au  long  afin  que  vous  entendiez  jus- 
ques  aux  moindres  particularités  ce  que  fai- 
sons par  chacun  jour. 

Escript  à  \érac,  le  mercredy  xvin''  febvrier 
1579. 

Monsieur  mon  fils^  il  y  a  quatre  jours  que 
je  suis  à  toute  heure  en  espérance  do  conclure 
quelque  chose  de  bien  en  nostre  conférence, 
et  je  pensoisvous  en  envoyer  la  résolution  par 
Camille;  mais  voyant  que  cette  résolution  ne 
se  pourra  peut  estre  faire  jusques  à  ce  que 
j'aye  conféré  dos  difficultés  que  j'y  trouve, 
j'ay  advisé  de  vous  envoyer  cette  longue  de'- 
pesche  par  Vouzay,  qui  s'en  retourne,  et  je 
retiondray  encore  Camille  icy,  jusques  à  ce 
((ue  nous  ayons  prins  quelque  certaine  réso- 
lution, pour  laquelle  vous  pouvez  croire  que 
je  n'oublioray  rien  de  ce  qui  se  peut  penser 
pour  y  servir;  mais  en  quelque  sorte  que  ce 
.soit,  j'ay  délibéré  de  regarder  dès  cette  après 
disnée  à  résouldro,  avec  le  roy  do  Navarre  et 
les  députés,  l'ordre  qu'il  faut  tenir  et  les  dé- 
pescbesque  ferons  dès  demain  ensemble,  pour 
envoyer  partout  faire  cesser  tous  actes  d'hos- 
tilités; en  quoy  je  n'obmettray  à  obliger  si 
bien  lo  roy  de  Navarre  qu'il  ne  fora  pas  en 
cecy  comme  il  fit  sur  la  première  dépesche 
queCsmes  ensemble  dès  nostre  première  con- 
férence à  la  RéoUe,  pour  les  contraventions  à 
l'Edict  :  en  quoy  il  s'est  tousjours  dojjuis  ex- 
cusé qu'il  ne  pouvoif  commander  aux  voleurs 
et  brigands,  comme  pour  la  Guyenne  ceux  du 
Mur  de  Barrois,et  pour  le  Languodocq  Bacom, 
Fournier  et  quelques  aultres,   et    Chaslillon 

'  En  litre  :  trAullie  Postscript-^. 


LETTRES  DE  CATHEni\E  DE  MÉDICJS.  271 

qu'il  désadvouoit  au  oonimencomeiit ,  mais 
pourtant  je  no  sens  jamais  tirer  par  oscripl 
ce  désadveu  :  aussi  ont-ils  bien  nionstri'  qu'ils 
advouoront  tous  ces  gens  là.  Voilà  j)ourquov 
j'y  foray  romeddior  cotte  fois,  si  je  puis,  comme 
desjà  j'ay  commandé  à  ceux  do  vostro  Conseil 
y  penser  pour  ce  faire. 

Monsieur  mon  fils',  premier  que  former 
cette  dépesche,  je  vous  diray  que  tous  les  ar- 
ticles concernant  les  demandes  faites  par  les 
députés  ont  esté  résolus  et  arrestés,  ainsy 
que  verrez  par  ce  que  je  vous  en  escripray 
cy-après,  qui  est  conforme  à  peu  près  à  ce  que 
vous  on  avez  desja  veu,  n'y  ayant  plus  que  le 
différend  sur  les  articles  concernant  les  su- 
rettes, pour  losquolz  ils  demandent  à  retenir 
pour  six  mois  dos  villes.  Sur  quoy  ils  se  sont 
aujourd'huy  plus  clairement  expliqués,  et 
dient  que  l'occasion  pour  laquelle  ils  re- 
quièrent qu'on  leur  laisse  desdictes  villes,  ce 
n'est  pour  défiance  qu'ils  aient,  mais  pour 
gaige  et  seuretté  que  vous  ferez  exécuter  l'Edict 
dedans  les  six  mois;  et  pour  ce  que  ce  mot 
d'exécution  est  fort  général,  et  qu'il  no  peut 
[estre]  aultroment  qu'il  n'y  ait  long  traici,  et 
partant  pourroit  ompescher  après  les  six  mois 
la  restitution  des  villes,  ils  se  sont  aussv 
explicqués  et  dient  entendre  cette  exécution 
estre  de  ce  qui  dépend  de  vostre  auctorité,  et , 
la  particularisant  et  déclarant  encore  plus 
amplement,  ont  dit  estre  l'establissement  de 
leur  religion  es  lieux  accordés ,  l'establissement 
des  chambres  de  la  justice,  l'ontortonomont  et 
payement  dos  huit  cents  hommes  qui  leur  ont 
esté  accordés  par  l'Edict,  pour  garnison  des 
huit  villes  qui  leur  sont  baillées  pour  leur  seu- 
retté, offrant  les  députés  à  ce  propos  bailler 
de  leur  part  toute  seuretté,   (elle  que  jo  re- 

'  En  litre  :  cAnlIie  Poslscriiil-. 


272  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


quéreray,  tant  du  roy  de  Navan-e  et  des  s"  et 
gentiishommes,  villes  et  communautés  de  leur 
religion,  et  de  rendre  et  restituer  incontinent 
les  siï  mois  passés  les  villes  qu'ils  désirent 
leur  estre  délaissées  pour  seureté  de  l'exécu- 
tion de  l'Édict.  Je  feray  regarder  quelles  seu- 
rettés  l'on  pourroit  prendre  d'eux,  afGn  que 
nous  accélérions  cette  affaire,  et  qu'aussi  lost 
que  serons  d'accord  du  nombre  de  villes  qu'ils 
désirent  qu'on  leur  laisse,  nous  puissions  in- 
continent parachever  et  faire  exécuter  le  tout, 
qui  seroit  bientosi ,  si  nous  estions  d'accord  du 
nombre  des  villes. 

Monsieur  mon  fils',  le  maréchal  de  Danip- 
\ille  m'escript  vous  avoir,  par  iiomme  exprès 
qu'il  vous  a  de'pesché ,  fait  entendre  les  parficu- 
lari  tez  de  l'occupation  et  rendement  du  chasteau 
de  Beaucaire  et  comme  le  capitaine  Baudonnet, 
qui  estoit  lieutenant  de  feu  ParabeMe,(jui  est 
celluy  qui  l'a  occupée - 


1579.  —  18  février. 

Orig.  Bibl.  nat..  Fonds  franrais,  0^  i556i,  P'  i3. 

AU  ROY 

MO.XSIEUR  MON  FILZ. 

Monsieur  mon  filz,  le  s''  de  Bajordan,  qui 
est  gentilhomme  bien  affectionné  à  vostre  ser- 
vice, m'a  faict  entendre  qu'il  vous  a  pieu,  en 
la  considération  de  des  services,  luv  accorder 
deux  mil  livres  de  pension,  laquelle  luy  se- 

'  En  titre  :  r-Auifre  l'ostscript  de  ladite  dépesche  en- 
voyée par  ledit  Voiizay.i 

'  Le  leuillet  suivant  manque,  et  la  phrase  se  trouve 
interrompue.  Avec  cette  dépêche  se  termine  le  ms.  de 
la  collection  Béthune,  Fr.  33oo,  qui  nous  n  fourni  tant 
lie  ti'ttrcs.  La  suite  de  la  correspondance  de  Callicrine 
de  -Médicis  avec  Henri  III  se  trouve  dans  un  autre 
volume  de  la  même  collection,  portant  aujourd'hui  le 
u°  Fr.  3319. 


roit  du  tout  inutille,  s'il  ne  vousplaisoit  (con- 
tinuant vostre  bonne  volonté  en  son  endroict) 
commander  aux  gens  de  voz  comptes  icelle 
vériffier,  y  aiant  faict  difficulté,  qui  est  cause 
que  je  vous  ay  en  sa  faveur  bien  voullu  l'aire 
ce  mot  de  lettre,  pour  vous  prier  (aflîn  que 
ledit  Bajordan  ne  soit  frustré  de  vostre  grâce 
et  libérallité)  ordonner  ausdicls  gens  des 
comptes  de  vériffier  ladite  pension  sans  au- 
cune difficulté,  et  commander  à  cest  effect 
toutes  les  lettres  et  jussions  estre  expédiées. 
N'estant  la  présente  à  autre  fin,  prieray  Dieu, 
Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  sa  très  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  ^Jérac,  le  xviri"  jour  de  février 
1679. 

De  sa  main  :  Votre  bonne  1res  affectionnée 
et  hobligée  mère, 

Caterine. 


1579.  —  9  0  février. 
Copie.  Biti.  Dat.,  Foods  français ,  n"  3819,  P'  1  r' '. 

[LA  REYNE  AU  DUC  D'ANJOU.] 

La  royne  mère  du  rov,  faisant  responce  à 
Monsieur  de  sa  main  sur  le  faict  du  mariage 
d'Angletterre  et  advis  qu'il  luy  demande  sur 
cela,  mesmes  pour  son  passaige  en  Anglet- 
lerre,  elle  luy  escript  premièrement  qu'il 
faull  que  l'on  face  ce  que  l'on  pourra  pour 
faire  que  les  articles  soient  accordez  premier 
qu'il  y  aille,  et  qu'il  n'y  ayt  rien,  sinon  si  ne 
ï^e  trouvent  agréables  l'ung  à  l'autre,  qu'il  l'en 
pourra  revenir,  et  que  s'il  estoit  ferme  et  ré- 
solu de  ne  vouUoir  rien  accorder  desdils  ar- 
ticles, mais  les  mectre  jusques  après  qu'ilz  se 

'  Cette  lettre  est  donnée  seulement  en  résumé  par  le 
copiste;  nous  la  publions  néanmoins  à  sa  date,  comme 
celle  du  16  févner  1079. 


LETTRES  DE  GATH 

seroicnt  veiiz,  (jue  pour  cola  ladicte  dame 
Royne  est(l'a\is  (ju'll  iic  laisse  |ioiiitaiil  (rac- 
corder le  voiaige,  et  que  lors  l'on  congnoistra 
incontinent  si  ladicte  Royne  vouldra  ledit  ma- 
riage; et  si  elle  laisse  aller  jusques  là  mondit 
seigneur,  qu'il  l'ault  croire  qu'elle  le  de'sire; 
mais  premièrement  qu'il  l'aull  i|ue  ladicte 
Royne  donne  sa  foy  au  Roy  et  au  royaume ,  tant 
sur  sa  foy  que  par  lettres  scellées,  telles  que 
le  conseil  du  Roy  avec  celluy  de  mondit  sei- 
gneur adviseroni,  et  si  l'on  cougnoist  que  la- 
dicte dame  Rovne  ne  l'ace  ces  choses  icy  que  à 
desseing,  sans  vouiloir  ledit  mariage,  ladicte 
dame  dict  et  escript  par  sadicte  lettre  à  mon- 
dit seigneur  ([u'il  fault  se  marier  ailleurs, 
pour  avoir  dos  enfans,  et  qu'il  l'ace  et  se  porte 
envers  le  Roy  comme  il  doibt,  et  qu'il  l'ayme 
et  la  paix,  et  qu'elle  sait  que  le  Roy  l'ayme,  et 
qu'il  luy  aidera  en  tout  ce  qu'il  pourra  à  luy 
mectre  une  couronne  sur  la  teste. 


EIUNE  DE   MKDK'.IS. 


27:5 


1579.  —  9  1  lévrii'i'. 

Copie.   Uibl.  liai..  Fonds  frani'ais  ,  ii°.'!3i9,  f"  i  V '. 

[AU   ROY  MONSIEUR   MON   FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  je  receuz  mercredy 
au  soir,  xviu"  de  ce  mois,  la  despesche  qu'il 

'  Le  ms.  Fr.  SSig.anc.  Bélhiine  8829,  porte,  d'une 
autre  écriture  que  celle  du  copiste,  sur  la  feuille  de  garde , 
au  verso  :  r.^utre  registre  des  despe.sches  de  la  Reine 
Catherine  de  Médicis,  escriltes  au  Roy  Henry  3°  et  à 
monsieur  te  duc  d'Anjou  et  d'.Uanzon,  ses  enlans,  et  au 
roy  de  Navarre,  son  beau  filz,  sur  plusieurs  aflaires  im- 
portantes, quand  elle  a  esté  absente  de  la  court  et  qu'elle 
a  l'aict  divers  voyages  dans  les  provinces  du  Royaume 
pour  le  bien  de  l'État,  soit  pour  uietlre  la  paix  entre  ses 
enfans  ou  apaiser  les  troubles  causés  par  les  souslevemens 
des  buguenots  en  divers  endroids  du  Royaume.  i  Les 
onze  premiers  feuillets  manquent. 

Le  nis.  commence  ainsi  :  r s'est  remis  à  vosire 

(^ATIIERINE    DE   MÉDICIS. VI. 


VOUS  a  pieu  de  me  l'aire  par  le  jeune  Mauvi- 
sière  '  le  vin°  précédent.  Ayant  seu  par  icelle 
comme  vous  debviez  faire  bien  tost  publier 
les  responcosaux  cahiers  des  Eslatz  géni'raulx 
et  les  règlemens  et  ordonnances  qu'ave/,  faites 
sur  iceulx,  qui  est  le  mieux  que  vous  eussiez 
sceu  faire,  et  vous  asseure  que  cela  conten- 
tera fort  voz  peu|iles  et  subjertz,  mesiiiement 
quand  l'on  verra  bien  garder  et  observer  le 
tout,  comme  je  say  que  c'est  vostre  intention  : 
aussy  vous  pi'yé-je  ne  permettre  ny  souffrir 
qu'il  y  soit  aulcuncment  contreveneu,  et  sur- 
tout que  sur  les  règlemens  de  la  justice  et 
aussv  ceulx  des  gens  de  guerre,  qui  sont  les 
deux  causes  dont  vosdits  peuples  et  subjectz 
ont  esté  les  plus  grevez,  soient  pareillement 
soigneusement  cntretenuz;  il  y  a  aussy  la  mul- 
tiplicité' d'officiers  ([ui  leur  est  à  vous  à  très 
grande  charge  :  il  sera  pareillement  très  bien 
faict  de  l'aire  inviolablement  observer  l'or- 
donnance qu'en  avez  faite  de  suppression  par 
mort. 

J'ay  pareillement  veu  en  vostredictc  dé- 
pesche  comme  vous  avez  respondu  les  articles 
qui   vous  ont  esté  présentés  par  les  députtés 

service  en  intention  ad  ce  qu'il  dit  de  vous  bien  et  fidcl- 
lenient  servir.  Mais  icelluy  marescbal  de  Dampville 
m'escript  aussy  vous  avoir  envoyé  supplyer,  et  par  mesme 
moyen  me  prier  de  vous  requérir  en  sa  faveur,  ce  que  j'ai 
bien  voullu  faire,  de  luy  vouiloir  donner  la  capitainerye 
et  habitation  du  chasteau  dudit  Rnaucaire ,  pour  s'y  retirer 
avec  sa  femme  et  ses  enfans,  d'aultaiit  qu'il  dit  esire  le 
lieu  de  tout  son  gouvernement  où  il  a  esté  et  si^ourné 
le  plus  pour  le  bien  de  vostre  service.)! 

Ce  fragment  fait  partie  d'une  lettre  de  la  reine  mère 
au  roi,  qui  a  été  perdue;  mais  le  fidèle  serviteur  dont  il 
est  parlé  ici,  et  que  Catherine  recommande  pour  le  gou- 
vernemenlde  Beaucaire,doil  être  M.de  Vers,  déjà  séné- 
chal; car  une  lettre  de  Henri  III  à  Damvilte,  en  date  du 
1  0  février  1.^79 ,  lui  ordonne  justement  de  le  nommer  à 
celte  charge.  —  (Bibl.  nat.,  ras.  fr.  33i5,  fol. 39.) 

'  En  titre  :  ^Envoyée  au  Roy  par  le  sieur  Mauvissièie, 
gentilhomme  servant  de  Monseigneur  le  duc  d'Anjou. ^i 

35, 

nipni\ii:nic   N.tïinwLr.. 


274 


LETTRES  1»E  CATHEIUNE  Di:  MEDICIS. 


flo  B(uir;;onj;nt'  el  <li'  Normandie,  et  connue, 
pour  (loiiiiri  contentement  à  vosdicts  subjectz 
desdifles  provinces,  vous  vous  estes  contrainct 
h  beaucoup  plus  que  voz  adaircs  ne  l'eussent 
i)erniis,  des  levées  de  deniers  (jui  seroient  né- 
cessaires pourl'entreteuenient  de  voslre  estât  : 
c'a  esté  très   bien    faict,  il  n'y  a  remède;  il 
faudra  regarder  d'ailleurs  les  moiens  les  plus 
douK  (|ue  l'tui  pourra  pour  vous  faire  vivre  et 
entretenir  vostre  estât.  J'ai  \eu  aussy  la  pro- 
position qui  a  esté  l'aicte  auxdits  députtez  pour 
essayer  de   les  l'aire  venir  à  ce  que  ces  deux 
provinces  là   se   chargeassent,  au  prorata  de 
ce  qu'elles  pourroient  porter,  jiour  racliapter 
leur  part  des  debtes  et  enjjaijjemens  qui  ont 
esté  faictz  par  vos  prédécesseurs  à  roccasion 
des  "uerri's.  et    connue  .sur  cela   il/  se  sont 
laissez  entendre  qu'il  l'audroit  faire  une  assem- 
blée {;énérale  desdictes  provinces,  dont  il  me 
semble,  comme  anssy  est-ce  vostre  oppinion, 
(pi'il  se  fault  à  présent  bien  garder,  pour  beau- 
coup de  glandes   raisons  que  vous   mesmes 
considi'rez   assez,  mais   leur    l'anll    respondre 
(uie  ce  ne  seroit  (pie  nouveaulx   fraiz  et   des- 
iienses  pour  les  jn-ovinces,  et  persister  loujouis 
doucement  que  ladicte  assemblée  a   esté'  so- 
lein|iuelleiiient  l'aide,  comme  a nss\  ot-il  \ra\, 
aux   Estais  jréniTaux  tenus  à   lîlovs.  et   ledit 
ra(  bapi  résolu  eiiliv  le-  dépultezdc  toutes  les 
provinces  de   ce    lioyaume,   ne    restant    qu  à 
faire  le  département  de  ce  ([ue  chacune  pro- 
vince en  délivra  porter,  faismt  parler  à   part 
et  aduumeslant  les  plus  Iraictables  desdits  dé- 
puttez de  faire,  pour  le  moings  à  leur  retour 
en   leurs   provinces,    les    bous    offices    (ju'ilz 
doibveul.  et   regarder   les    moiens  (lu'il  y  au- 
roit   de   |iourveoir  à  cela,  et   sur  ce.  leur  en 
faire  bailler  de  bonnes  instructions,  estimant 
(jue  pour  le  moings.  si  cela   ne  sert  à  reste 
heure,  il  ne  pourra  de  rien  nnyre.  au  C(nitraiie 
prolittera,  [lour    l'aire    congnoistre    auxlicles 


provinces    le   peu   de  levenu  que  vous  avez 
trouvé  à  vostre  advenement  à  la  coronue.  et 

I  qu'il  n'est  pas  possible  que  lesdictes  provinces 
ne  regardent  à  trouver  les  moiens   de    vous 

1  remectre  en  vostre  domaine  et  aides,  (pie  vous 
puissiez  vivre  et  entretenir  à  vostre  estât,  nv 
eulx  aussv  estre  soulaig('s.  comme  vous  desi- 
rez,   des    creues    (pie    vous    estes    contrainct 

[    mectre  sus,  pour  la  conservation  et  entretene- 

]    ment  du  Royaume. 

Vous  avez  très  prudemnienl  faict  d'envoyer 

j  visiter  vostre  frère  par  le  sieur  de  la  (ihapelle 
des  Ursins,  qui  lui  .saura  bien  représenter  le 
contenu  au  mémoire  et  inslriiction  que  luy 
avez  baillée,  laquelle  viendra  bien  à  propos. 
Aussy  luy  faisant  responce  aux  lettres  qu'il 
m'a  escriptes'  et  i)ue  je  vous  ay  envoyées  par 

'  Un  ])i"ii  aiil(^riourciiu^ut ,  11'  duc  il'Aujou  a\ail  cn- 
\oyi'  au  iHi  l'I  à  sa  more  un  gciilillKunmc  cliargé  de 
leur  (.■xposer  Vélul  (le  ses  iK^goiialious  matriuioniales 
avpr  Êlisalo'lli  et  tlp  sollicil(>r  tours  Cduseils.  La  reine 
ni>Tf  iii(ll(|(ie  dans  sa  leltre  la  ri'|innse  ()u'elle  a  laile  à 
son  lils. 

Ninis  (Iduimus.  d'après  le  ma(ui>cril,  i'BidsIrdclioui 
ilu  duc  d'Aujou  : 

hislninlinn  Au  S'  de  l'alerne,  consciltei- et  maistre  d'hoslel 
onliii'iirc  de  Moiiseti;neiir,  dépesché  de  la  part  de  Son 
Altesse  vers  les  Majestés  du  fi'M/  et  de  la  Boijne  sa  aièi-e. 

rlioii]ouslrer.(  au  llny  ipu'.  Miivaul  fadvls.  délibéra- 
tion et  conuiianJemenI  de  .Sa  Majesté,  .Monseigneur  a 
dé'pesclié  ledit  s'  de  Patecne.  et  luy  a  coauuandé  d'aller 
Inniver  la  R(_iyne  sa  mère  p"ur  luy  f;iire  entendie  le 
pnigrez  du  voyaige  du  s'  de  .Siniyer  en  Angleterre,  afTin 
d'estre  par  ladicte  dame  conseillé  de  ce  qu'il  aura  à 
faire  pour  après,  avec  ta  voinnté  et  permission  du  lîoy. 
pouvoir  faire  du  faict  dont  est  ([ueslion  une  twmie  el 
absolue  résoliiliou. 

-Et  d'autant  que.  non  seulleniont  en  alTairesde  telle 
inqjorlance,  mais  en  toutes  ses  aullres  actions  et  dépor- 
temens.  Son  Altesse  ne  veult  y  estre  aucmiemeiil  pro- 
cède sans  l'exprès  advis  et  commandement  de  Sa  .Majesté, 
la  siipplye  très  humblement  voulloir  accompaigner  d'une 
leltre  addressant  à  la  RoMie  sa  mère  celle  que  Satlicte 


Vouzay,  je  n'oublj  e  rien  de  tout  ce  qu'il  m'a 
sembid  lui  devoir  escrire,  pour  se  rendre  tou- 
jours tel  en  vostre  endroit  qu'il  doibt,  lui  lai- 
sant  bien  clairement  conjjnoistre  qu'il  ne 
doibt  croire  à  ceulx  qui  Tavoient  embarqué 
dans  ce  beau  voiage  de  Flandres  et  que  je 
le  priois  de  nous  croire  en  ses  délibérations,  le 
conseillant  pour  le  regard  de  son  mariage 
d'Angleterre,  surl'advis  qu'il  m'en  demande, 
qu'il  me  semble  que  l'on  doibt  essayer  et  faire 
tout  ce  (]ue  l'on  pouvoit  ad  ce  que  les  articles 
dudit  mariage  soient  accordés  et  signés  entre 
luy  et  la  Royne  dudit  pais  premièrement  que 
de  faire  l'entreveue  ;  et  qu'il  falloit  aussy  ac- 
corder entre  eulx  qu'en  cas  qu'ils  ne  feussent 
agréables  l'un  à  l'aultre,  l'article  de  la  Reli- 
gion leur  serviroict  de  colleur  pour  se  sépa- 

Altesse  luy  oscript  à  effect  que  dessus  par  ledit  s'  de 
l^derne. 

ttFera  entendre  à  ladicte  dame  Royne  que  ledit  s'  de 
Simyer  estant  en  Angleterre,  ayant  remonsiré  Pintenlion 
tant  du  Fiov,  de  ladicte  dame  Hoyne  sa  mère,  que  de 
Monseigneur,  eslre  sur  toutes  clioses  de  veoir  laccom- 
piissement  du  mariage  d'entre  Son  Altesse  et  de  ladicte 
dame  royne  d'Angleterre,  et  que,  avec  consentement  de 
leurs  Majestez  et  pouvoir  suffisant  de  Son  Altesse,  il  es- 
loit  pour  cesl  pHect  dépesclié  vers  icelle  dame  Royne, 
princes  et  estatz  dudit  royaume,  lesquelz  il  requéroit  y 
adviser,  et  luy  faire  entendre  linr  voluiiti'  avec  responce 
digne  d'une  telle  et  si  recommandalile  négotialion. 
■  rLadicle  dame  royne  d'Angleterre,  après  avoir  en 
brief  repris  ce  qui  s'estoit  passé  pour  le  fait  dudit  ma- 
riage, tant  au  nom  du  Roy  que  de  Monseigneur,  et 
comme  en  tout  elle  s'estoit  trouvée  abusée  et  mocquée , 
dit  qu'elle  craignoit  que  la  venue  dudit  s'  de  Simyer 
feust  pour  y  faire  de  mesme,  d'aultant  qu'elle  avoit  en- 
tendu qu'il  se  traictoit  un  mariage  de  Son  Altesse  avec 
la  fille  d'Espaigne. 

ttAiiroit  enfin  députez  les  s"  grand  trésorier,  contes 
de  Lestre  et  de  Succex  et  de  Vualzingbam,  pour  conférer 
par  ledit  s'  de  Simyer  avec  eulx,  ce  qu'il  auroit  fait  et 
sommairement  discouru,  fintention  de  Son  Altesse  estre 
soubz  le  bon  plaisir  du  Roy  son  très  boimoré  seigneur  et 
frère  et  de  la  Royne  sa  très  bonnorée  ,dame  et  mère , 
d'entendre  audit  mariaige,  et  que  pour  oster  et  eiïacer 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS.  275 

rer;  et  si  ladiclc  dame  Rcyne  ne   le  voulloit 


ainsy  accorder  et  qu'elle  feust  entière  en  caste 
résolution,  (pic,  la  voyant  ainsy  ferme  à  cela, 
je  n'eslois  pas  d'advis  qu'il  dillérast  d'accorder 
ladicte  entrevcue  et  d'y  aller,  après  toutefois 
les  seuretez  que  vostre  Conseil  et  le  sien  ad- 
viseroient  qu'il  seroit  besoing  d'avoir  premiè- 
rement de  ladicte  Royne,  qui  est  sa  foy  et 
promesse  qu'elle  seroit  à  vous  et  à  luy,  non 
seuUement  verballement,  mais  par  escript  en 
telle  forme  probante  qu'il  est  requis,  scellée 
de  son  grand  sceau  et  vérifEées  par  son  Par- 
lement, ou  ainsy  (ju'il  apartiendra  selon  la 
coutume  d'Angleterre;  et  qu'estant  tout  cella 
faict,  pour  la  seurete'  et  déclaration  ainsy 
faicte  d'y  aller,  l'on  verra  bien  lors  la  volunté 
d'icelle  Royne;  car  sy  elle  désire  cedit  ma- 

la  sinistre  inqiression  que  ladicte  dame  royne  d'Angle- 
terre avoit  receue  par  faulx  rapportz,  il  ne  savoit  rien 
plus  propre  que  les  efl'eclz  qu'il  estoit  prest  de  produire 
et  faire  meciro  en  cest  affaire,  ayant  sulTisant  pouvoir 
pour  conclure,  accorder  et  contracter  ledit  mariage, 
voire  s'il  estoit  trouvé  à  propos  par  parolles  de  présent. 

trLes  s"  suz  nommez  dirent  qu'ilz  seroienl  très  aizes 
de  veoir  la  Royne  leur  souveraine  maryée  et  qu'ilz  sa- 
voient  qu'elle  y  estoit  résolue,  mais  que  lant  de  fois  par 
ry  devant  elle  avoit  esté  déceue  et  mocquée  soubz  pareil 
prétexte  qu'elle  avoit  esté  contraincle,  pour  ob\ier  à 
loute  mocquerye,  de  faire  solempnel  serment  et  pro- 
messe pubUcque  et  yrévocquable  de  ne  parler  jjIus  ja- 
mais de  mariaige  avec  prince,  quel  qu'il  feust,  sans  le 
veoir;  par  quoy,  premier  que  d'entrer  au  fait  dudit  ma- 
riaige, ilz  requerroient  estre  traité  de  l'entreveue  des 
persomies  de  sadicle  Altesse  et  de  ladicte  dame  royne; 
et ,  après  que  ladicte  enlreveue  auroit  esté  arrestée,  ilz  ne 
retl'usoient  de  négotier  ouvertement  le  fait  dudit  ma- 
jiage,  lequel  néantmoings  ilz  tenoient  pour  aciordé, 
ne  pensant  que  Monseigneur  vouUust  demander  aidtre 
cliose  que  ce  qu'avoit  esté  accordé  pour  le  Roy;  toutef- 
fois  que  en  ces  articles  dudit  accord  y  auroit  qni'lque 
chose  rude  ou  dillicille,  qu'ilz  seroieut  tous  preslz  de 
l'adoucir  ou  interpréter  ladicte  entreveue  accordée. 

"Leur  feusl  remonstré  bien  amplement  l'inconvénient 
et  danger  [des]  entreveues  en  toutes  sortes,  par  infinies 
raisons  confirmées  par  auclorité  et  exemples  tirés  des 

35. 


276 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


riage,  on  s'en  appercevcra  à  ceste  beure  )à; 
aussy,  sy  elle  ne  le  veult  pas  el  qu'elle  se  soit 
voullu  servir  de  ceste  négotiation  à  desseing, 
elle  Irouvera  bienlosl  le  moyen  d'acrocher 
l'affaire,  pour  le  faire  départir  de  sa  délibéra- 
tion. Je  luy  esoript  davantaige  sur  ce  qu'il  dé- 
sire me  voir  quand  je  m'en  retourueray  vous 
trouver  et  quel  chemin  je  prenderay,  aflQn 
qu'il  me  vienne  rencontrer;  oullre  cela  j'ay  dit 
à  celhiy  qu'il  m'a  envoyé  que  je  n'en  savois 
encores  rien  au  vray,  mais  que  je  pense  que 
ce  sera  par  le  Languedoc  et  Lionnois,  et  que 
je  pensois  qu'il  seroit  à  propos  qu'il  veint 
doncques  à  Moulins. 

histoires  les  plus  célèbres;  mais  pour  tout  cela  ne  feurent 
esmeuz,  ains  pour  conciuzioii  dirent  que  c'estoit  le  but  et 
absolue  résolution  de  iadicte  dame  royne,  et  qu'ilz  n'y 
pouvoient  faire  aultre  chose. 

«Ledit  s'  de  Siniyer,  [voyant]  qu'ilz  esloient  là  fermez, 
el  après  en  avoir  parlé  à  Iadicte  dame  royne  en  cinq  di- 
verses audiences  qu'il  eust  durant  cinq  jours  consécutifz , 
ni'  peult  faire  aultre  chose  sinon  dire  qu'il  n'avoit  pouvoir 
pour  traicler  de  l'enlroveue,  ains  seullement  de  la  con- 
cluzioM  dudlt  mariage,  par  ce,  attendu  que  Iadicte  lin 
d'entreveue  luy  estoit  oposée  et  que  l'on  s'y  arrestoit, 
qu'il  en  adverliroit  Son  Altesse,  ce  qu'il  feist,  luy  faisant 
entendre  tout  le  discours  bien  au  long. 

trSon  Altesse,  congnoissant  la  gravité  el  sérieuze  im- 
portance d'un  tel  affaire,  à  l'instant  qu'elle  l'eust  en- 
tendu, délibère  et  conclud  de  n'en  faire  aucune  aultre 
résolution  que  celle  qu'il  plairoit  an  Roy  et  à  la  Royne  sa 
mère  d'en  faire  et  luy  commander.  Et  à  ceste  fin  dépes- 
clia  vers  leurs  Majestez  pour  les  suplier  très  humblement 
l'honorer  de  leurs  advis  et  conseil, lequel,  en  cela  el  tout 
aultre  chose,  il  désire  et  proteste  de  suivre  et  observer 
inviolablemeat. 

ff.\'oublira  ledit  s' de  Palerne  d'estre  résolu  sur  le  fait 
de  l'entreveue,  et  sy  Iadicte  dame  royue  la  trouve  à 
propos,  qu'il  luy  plaise  donner  aussy  son  advis  du  lieu 
et  temps  et  de  la  forme;  et  surtout,  (|ue  c'est  le  plus 
important,  quelles  seuretcz  il  debvra  demander  et  avoir. 
par  ce  que  Iadicte  dame  royne  d'.^ngleterre  les  offre 
toutes  telles  que  l'on  trouvera  luy  estre  possible  de  les 
donner.  7) 

(Bibl.  nat.,  ms.  fr.  SSig,  f  1=  v°,  copie.) 


Ledit .  .  .  .  '  est  de  la  Religion  prétendue  ré- 
formée :  aiant  parlé  à  beaucoup  de  ceulx  d'icelle 
religion,  principalement  à  Clervant,  cela  me 
l'a  faict  aucunement  observer,  pour  ce  aussy 
que  c'est  iuy  qui  a  faict  les  principaulx  voiages 
d'entre  mondit  fils  et  ceulx  des  Estatz  de 
Flandres,  dépendant  fort  de  La  ]\oue-,  qu'il  a 
dit  qu'il  seroit  bientost  auprès  de  mon  filz, 
vers  lequel  il  passeroit;  mais  que  soudain  il 
seroit  par  deçà.  Jenvoirai,  incontinent  après 

que  ledit sera  parti  de  ce  lieu,  devers 

mondit  filz  quelcung  des  miens,  qui  sera  d'en- 
tendement et  à  nous  bienseuretfideile,  lequel 
l'yra  veoir  de  ma  part  pour  se  rejoyr  de  son 
retour  de  Flandres.  Et,  par  mesme  moyen,  de 
tout  ce  que  je  verray  qui  sera  besoing  et  à 
propos,  je  le  prieray  encores  de  toute  affection , 
comme  j'ay  bien  expressément  fait  par  ma- 
dicte  lettre,  qu'il  me  croye  sur  ses  intérests 
doresnavant,  et  il  s'en  trouvera  bien  (comme 
aussy  l'espère-je ) ,  s'il  se  veult  ranger  à  cela, 
et  mieulx  sans  comparaison  qu'il  n'a  fait  du 
conseil  de  ceulx  qu'il  a  creuz  jusques  à  ceste 
heure.  11  fault  que  vous  et  moy  l'envoyons 
visiter  souvent,  et  faire  dexirement  tout  ce  qui 
se  pourra  pour  empescher  que  ces  brouilleurs 
de  province  ne  l'entreprennent  :  ils  en  font 
desjà  courir  quelque  bruit  par  deçà,  où,  ad  ce 
que  j'enlendz,  ils  ont  encores  ces  jours  icy 
envoyé  des  gens  es  maisons  d'aucuns  gentilz- 
hommes,  pour  les  attirer  et  faire  joindre  avec 
eulx  et  forliffier  leur  nombre  aux  mescbants 
et  malheiireus  desseings  qu'ilz  ont  de  troubler 

'  11  y  a  là  une  ligne  laissée  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

-  Ce  doit  être  le  célèbre  François  de  La  Noue,  qui, 
avant  d'être  le  grand  capitaine  que  l'on  sait,  négociait 
à  l'étranger  pour  le  compte  de  ses  coreligionnaires  pro- 
testants. —  Voir  la  k thèse»  de  M.  Henri  Hauser,  pro- 
fesseur d'histoire  au  lycée  de  Poitiers,  sur  François  de  La 
Noue  (Paris,  189a,  in-8°),  et  particulièrement  le  cha- 
pitre IV  relatif  aux  affaires  de  Flandres. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


277 


le  repos,  soubs  une  l'auleo  coiillour  du  bien 
publicq,  dont  je  ne  double   pas  que  niondit 
fils  le  roy  de   Aavan-e   n'ayt  oy  parler;   car 
à  vous  dire  ie  vray,  Monsieur  mon  filz,  tant 
plus  je  voys  en  avant  avec  luy  de  ceulx  de  sa 
religion  (jui  sont  auprès  de  luy,  tant  plus  je 
fais  mauvaise  cslime  de  leur  volunlé,  voyant 
leur  façon  de  proceddor,  pour  ce  que,  quand  je 
pense  avoir  arresté  quelque  chose  avec  eulx, 
à  moings  de  tourner  la  main,  je  me  trouve  à 
recommencer.  Je  me  doublois  que  Icdict...  ., 
venant  frescbement  d'avec  le  prince  d'Orenge, 
ledit  Cazimir  et  ceulz  des  Estatz  de  Flandres, 
nous  eust  faict  par  deçà  quelque  mauvais  of- 
fice, qui  l'pust  cause  de  faire  relarder  les  gens 
icy;  mais,  ad  ce  qu'il  m'a  luy  mesme  dict  et 
asseure',  encores  qu'il  soit  ferme  de  la  Reli- 
gion et  qu'il  ayt  tousjours  esté  employé  pour 
eul\,  toutesl'oys  il  m'a  asseure'  avoir  faict  en- 
vers ledicl  Clervaut  et  autres  tout  ce  qu'il  a 
peu  pour  le  bien  de  la  paix,  et,  s'il  m'a  dit 
davanlaige,  qu'il   sait  notamment  que   mon 
filz  le  duc  d'Anjou  le  désire  en  ce  Royaume, 
et  qu'il  le  luy  a  oy  dire  fort  souvent,  qu'aussy, 
oultre  (pie  c'est  son  devoir  d'aimer  le  bien  de 
vostre  service  et  estant  bon  serviteur  de  mou- 
dit  filz,  il  fera  toujours  tous  bons  ollices  pour 
vostre  service  et  celluy  de  mondit  fils,  qu'il 
m'a  dict  aussy  savoir  très  bien  estre  fort  ré- 
solu de  se  conserver  en   voz  bonnes  grâces. 
Je  prye  Dieu  qu'il  veille  bien  tousjours  conti- 
nuer en  ceste  oppinion;  car,  cela  estant,  vos 
affaires  s'en  porteront  mieulx,  et  verrez  non 
seuUement   aller  en   fumée   les  desseings   de 
ceuLx  qui  veullent   brouiller   voz   provinces; 
mais  aussy  ceulx  de  ladicle  relligion  se  con- 
tiendront en  paix. 

Ce  jourd'buy  matin ,  sur  le  rapj)ort  que  m'a 
faict  le  sieur  de  Piebrac,  j'ay  faict  dresser 
quatre  articles,  dont  je  vous  envoyé  le  double, 
de  la  résolution  qu'il/,  ont  accordée,  ensemble 


d'une    promesse   parlicuUière,   que  je   veulx 
(ju'ilz  me  lacent,  que  Tore  \  Chastillon,  Ba- 
coni,  Fournier  et  aultres  telles  manières  de 
gens  leur  obéyront,  comme  vous  verrez  qu'il 
est  porté  en  ladicte  promesse  qu'ilz  ont  aussy 
accordée.  Mais  mondit  filz  le  roy  de  Navarre 
m'est  venu  ce  soir  dire  qu'ilz  no  pouvoient 
commancer  l'exécution  de   l'édit  de  vingt  ou 
trente  jours,  qu'il  falloit  à  leurs  députtezpour 
aller  en  Languedoc  affin  de  recouvrer  pouvoir 
pour  consentir  de  retenir  et  garder  seuUement 
pour  six  mois  les  quinze  villes,  au  nombre 
desquelles  ilz  tiennent  si  ferme ,  qu'après  avoir 
sur  cela  fait  ce  matin  derecbef  opiner  mou 
cousin  le  cardinal  do  Bourbon  et  les  aultres 
s"  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  considérant 
aussy  que  la  longeur  du   temps   est  grande- 
ment préjudiciable  à  voz  affaires  et  service, 
pour   infinies   raisons,   et   mesmement   pour 
garder  qu'en  ce  commencement  d'année  ils 
ne  mettent  point  les  doigtz  à  la  ferme  du  sel 
du  Pecquais,  dont  ils  tirent  grand  argent,  ni 
aussy  à  vos  aultres  finanses  et  revenu  d'envi- 
ron deux  cens  cinquante  villes  qu'ilz  tiennent, 
oultre  les  huict  à   eulx  baillées  par  l'édit  de 
paciffication ,  comme  vous  verrez  par  la  liste 
que  je  vous  en  envoyé,  je  m'eslois  condeseen- 
due  que,  faisans  dedans  le  premier  jour  de 
mars  prochain  commancer  et  vacquer  promp- 
tement  à  l'exécution   de  tous  les  articles  et 
poinctz  de  voslredit   édit  de  pacillication  et 
du  contenu  aux  responses  que  j'ay   laictes  à 
leurs   remonstrances    et   réplicques,    comme 
vous  avez  veu  que  j'estois  contente  que  èsdictes 
quinze  villes  Ton  dilférast  à  exécuter  votredil 
édit,  pour  le  rojjard  de  la  restilulion  d'iielles 
(juinze    villes    seuUement,    escjuelles    néant- 
moings,   ce  pendant,   il   seroyl    en    tous   les 

'  Tlioré,  l'un  (les  Montmorency,  frère  du  maréchal 
de  Dannille,  ([ni  lui  constamment  l'allié  des  proleslanls. 


278 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


aultres  poinclz  exécuté  comme  il  est  porté 
par  iceUuy.  Mais  outre  ladicte  première  diffi- 
culté, qui  est  qu'ilz  ne  veullent  poinct  que 
Ton  commance  à  ladicte  exécution  jusques  au 
retour  de  leursdits  députtez,  oiî  il  couri-a 
beaucoup  de  temps,  ilz  demandent  encores 
une  chose  trt's  déraisonnable,  qui  est  six  cens 
hommes  qu'ils  veullent  qu'on  leur  paye  pour 
garder  durant  lesdits  six  mois  lesdictes  quinze 
villes,  sur  quoy  je  me  suis  fort  aigrye,  comme 
j'avois  déjà  ci-devant  faict  quand  on  m'es- 
toit  venu  à  parler  de  cela,  contre  mondit  6is 
le  roy  de  Navarre,  le  viconte  de  Tuienne  et 
Clervaut  et  aullres  de  sa  religion  qui  estoient 
avec  luy,  n'oubliant  pas  de  leur  représenter 
que  s'ilz  mestoient  des  gens  de  guerre  estran- 
gers  esdictes  quinze  villes,  les  catholicques 
en  vouldroient  autant  faire  es  lieux  plus  pro- 
chains et  ne  vouldroient  point  rentrer  en  celles- 
là  avec  raison,  y  voyant  des  gens  de  guerre, 
et  infinies  aultres  considérations  que  je  leur 
ay  dictes  du  tort  qu'ils  se  faisoienl;  mais 
voyant  que  l'on  ne  gaigne  rien  avec  telles 
gens,  et  après  leur  avoir  remonstré  plusieurs 
raisons,  qui  seroient  trop  longues  à  vous  dis- 
courir icy,  du  tort  qu'ilz  faisoient  non  seule 
ment  à  vostre  service  mais  à  eulx  mesmes,  et 
que  la  longueur  de  la  résolution  de  nostre 
conférance  vous  est  infiniment  préjudiciable, 
je  leur  ay,  par  l'advis  de  tous  ceulx  de  vostre- 
dit  Conseil  que  j'ay  ce  matin  pris,  offert  pre- 
mièrement dix  mil  francz,  et  puis  suis  venue 
jusques  à  douze;  mais  sur  cela  nous  sommes 
entrez  en  grande  conversation,  disant  qu'ils 
ont  maintenant,  oultro  les  vui"  hommes  que 
leur  avez  accordés  par  vostredit  édit,  encores 
pour  le  moings  quatorze  cens  soldats  estran- 
giers  et  leurs  capitaines,  qui  se  paient  à  voz 
despens  des  deniers  de  voz  rentes  qu'ils 
prennent  desdicles  villes  qu'ils  occupent,  et 
aultres  désordres  qui  se  font  en  voz  finances. 


et  me  voulloient  faire  congnoistre  une  chose 
(]ue  je  ne  voy  que  trop  bien  à  mon  très  grand 
regret,  qui  est  qu'ilz  occupent  et  tiennent 
quazy  tout  vostre  revenu  en  beaucoup  d'en- 
droitz  de  ce  gouvernement,  et  bien  davantaige 
et  la  plus  part  en  celluy  de  Languedoc  :  ce  qui 
ne  sera  plus,  rendant  par  eulx  et  exécutant 
l'esdit  en  toutes  lesdictes  villes,  comme  il  est 
porté  par  ledit  escript;  de  sorte  qu'ilz  de- 
mandent pour  lesdits  six  mois  quarente  deux 
mil  francqs,  au  lieu  des  douze  que  leur  ay  of- 
lérts,  disans  qu'il  leur  fault  sept  mille  francz 
par  mois  pour  le  payement  et  entretenement 
de  ceulx  qui  garderont  durant  lesdits  six  mois 
lesdictes  quinze  villes.  Nous  nous  sommes  sur 
cela  fort  aigriz  et  n'en  avons  poinct  faict  de 
résolution,  car  je  pensois  qu'ilz  deussent  ac- 
cepter lesdits  douze  mille  francs,  aiant  remis  à 
demain  à  nous  assembler  encore  à  sept  heures 
du  matin  pour  faire  une  résolution  du  tout; 
et  sur  une  aultre  difficulté,  où  nous  sommes 
encore  accrochez,  qui  est  que  je  ne  veulx 
(aussy  n'est-il  raisonnable)  qu'au  nombre 
desdictes  quinze  villes  qui  leur  seront  délais- 
sées seulement  pour  les  six  mois,  il  y  soit 
comprins  aucunes  des  villes  qu'ilz  ont  sur- 
prinses  depuis  vostredit  édit,  mais  ils  insistent 
fort  là  dessus  à  cause  du  Mur  de  Barrois  en 
Rouergue,  qui  est  du  nombre,  et  où  Yolet 
l'aisné  est  capitaine  de  beaucoup  de  brigans  et 
de  meschans  qui  s'y  retirent  et  font  beaucoup 
de  mal.  Hz  tiennent  si  ferme  à  cela,  que  je  ne 
sçay  encores  qu'en  espérer,  et  me  pressent 
d'aultre  costé  de  faire  envers  vous  qu'il  vous 
plaise  le  nombre  des  conseillers  de  leur  relli- 
[;ion  estre  esgal  aux  catholiques  en  la  chambre 
de  la  justice  de  Languedoc,  que  nous  avons 
advisé  que  se  mettra  à  Lisle  en  Albygeois.  Je 
leur  ay  offert  de  vous  en  escripre,  pourveu 
qn'ilz  rendissent  ledit  Mur  de  Barrois,  et  qu'au 
lieu  desdictes  quinze  villes,  ilz  se  contentassent 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


279 


par  co  iiioyon  de  quator/.p.  Nous  verrons  ce 
qui  sVii  pourra  faire  ledit  jour  de  demain 
matin,  qu'il/  m'ont  piomis  d'estn^  à  sept 
heures  en  mon  cabinet  pour  faire  du  tout  une 
finalle  résolution,  de  laquelle  je  veux  aller 
communicquer,  comme  je  vous  ay  escript,  au 
Port-Sainle-Maryo,  où  je  faictz  venir  le  s''  de 
Joyeuze,  président  Dapliis  et  avocat  Duranty; 
le  maréchal  de  Biron  et  aucuns  des  princi- 
paulx  gentilzhommes  de  ces  pays  y  seront 
aussy;  mais  j'ay  peur  qu'à  cause  du  mariage 
du  s"'  de  Miossens  et  de  la  damoiselle  du 
Pont,  qui  se  faict  ledit  jour  de  demain,  je 
ne  puisse  bien  veoir  mondit  fils  le  roy  de 
Navarre;  loulesfois  je  ne  les  laisseray  pas  en 
repos. 

Cependant  je  vous  diray  sur  ce  qu'il  vous 
plaistde  m'escripre  pour  le  faict  de  Provence, 
que  je  me  trouve  bien  empeschée  à  vous  don- 
ner sur  ce  conseil,  jusques  ad  ce  (]ue  vous 
ayez  veu  quel  fruict  on  pourra  recueillir  de 
la  despesche  qu'avez  faicte  par  Truchenu.  Le 
sieur  de  Grillé  s'en  venoit  devers  raoy  pour 
me  faire  entendre  les  parlicuHaritez  des 
moiens  que  luy  et  les  aultres  qui  s'estoient 
entremis  d'accorder  les  sieurs  de  Suze  et  de 
Garces  avoient  tenuz,  et  Testât  en  quoy  sont 
toutes  choses  audit  pais;  mais  il  est  demeuré 
niallade  en  chemin,  et  d'auUre  costé  le  grand 
Prieur,  (jue  j'ay  tant  faict  qu'il  est  sorti  dudit 
pais,  est  demeuré  à  Narhonne  par  faulle  d'ar- 
ijenl,  me  requérant  continuellement  par  ses 
lettres  de  luy  voulloir  donner  quelque  moyen 
pour  s'achever  d'acheminer  icy,  mais  n'en 
ayant  point,  luy  ay  escript  qu'il  en  emprun- 
tast  par  le  moyen  du  maréchal  Dampville,  et 
((up  je  vous  supplierois,  comme  je  faictz  bien 
affectueusement,  de  luy  voulloir  faire  don  de 
([uelque  somme  de  deniers  de  laquelle  il  soit 
asseuré  pour  le  moings,  s'il  ne  la  reçoist 
comptant,  qu'il  en  sera  bien  payé,  alïin  que 


sur  reste  espérance  il  ayt  plus  de  moyen 
d'emprunter  :  il  vous  plaira  avoir  souvenance 
de  me  faire  sur  ce  ung  mot  de  responce,  el 
luy  mander  piirlicullièrenienl  la  requesle  que 
je  vous  en  ay  faicte  et  ce  qu'il  vous  plaira 
luy  accorder.  Priant  Dieu,  Mous'  mon  fils, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

l'îscript  à  Nérac,  le  samedy  xxi"  jour  de  feb- 
vrier  1579. 


1579.  —  23  février. 

Orig.  D6p6l  de  ]a  guerre,  vol.  VI ,  p.  33'i. 

A  MONSIEUR  DE  LISLE\ 

Monsieur  de  Lisle,  voslre  lettre  du  qua- 
torzième de  ce  mois  m'a  esté  rendeue ,  et  vous 
diray  sur  icelle  que  je  scais  assez  vostre  bonne 
affection  an  service  du  Roy,  monsieur  mon  fils , 
et  à  moy;  aussy  ne  doubtay-je  pas  de  vostre 
bonne  volunté.  Ça  a  esté  très  bien  faict  à  vous 
de  n'estre  party  de  vostre  maison,  mais  de 
vous  y  estre  teneu  seurement ,  car  certainement 
il  n'y  a  pas  à  présent  grande  seurreté  à  aller 
par  les  champs  en  ce  pays  pour  gens  de  vostre 
qualité,  mais  demeurant  de  delà  comme  je 
suis  bien  d'advis  que  faites,  vous  y  pourrez 
tousjours  beaucoup  faire  pour  tenir  advertis 
vos  voisins  de  se  garder  des  surprinses,  sans 
touttefois  rien  entreprendre  quy  puisse  nous 
troubler  en  nostre  conférence,  par  la  conclu- 
sion de  laquelle  j'espère  que  bien  tost  la  paix 
sera  estalilie  suivant  l'édict  de  parificalion, 
ayant  desjà  bien  commencé  à   résouidro  les 

'  Le  sieur  de  l'Isle  était  un  des  dix-neuf  enfants  de 
Louis  de  Noailles  et  de  Catherine  de  Pierre-Bus.siére. 
Comme  ses  frères,  François,  évi'que  de  Dax,  et  Antoine 
de  Noailles,  le  niaiie  de  Bordeaux,  il  fut  employé  par 
le  roi  à  de  nombreuses  négociations.  Catherine  lui  écri- 
vait fréquemment.  —  Voir  t.  V  des  Leltrex,  p.  io6. 
11/1,   1  i-T,  etr. 


280 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


moyens  qu'il  faudra  tenir  pour  l'exe'cuter,  de 
sorte  qu'ung  chacun,  avec  l'aide  de  Dieu, 
demeurera  à  repos.  Je  prie  Dieu,  monsieur  de 
Lisle,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à le  xxiii°  fe'vrier  1679. 

Caterine. 


1579.  —  3  3  février. 
Revue  de  Gascogne,  t.  IV.  p.  'loo. 

A   MONSIEUR  DE   PANJAS\ 

Monsieur  de  Pangnias,  nous  avons,  grâces 
à  Dieu,  re'solu  par  la  Gn  de  nostre  conférence 
toutes  choses  au  bien  de  la  paix  et  l'explication- 
du  dernier  édit  de  pacification,  comme  je 
désire  nioy-niesme  vous  faire  entendre  et  à 
Messieurs  gentilshomes  d'ici  autour,  me  déli- 
be'rant  daller  pour  cette  occasion  à  Ageu,  où 
je  vous  pense  trouver  jeudy  prochain,  ainsy 
que  vous  pourrez  aussy  estre  auprès  de  mon 
cousin  le  mareschal  de  Biron.  Priant  Dieu, 
Monsieur  de  Pangnias,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Ne'rac,  le  xxiu^  de  febvrier  1679. 

Signé  :  Caterine. 
Et  plus  bas  :  Brulart. 


1Ô79.  —  a5  février. 
Orig.  Bibl.  oat. ,  Fonds  français,  n"  3ai8,  t°  ai. 

AU   S"^  DE   DAMVILLE. 

Alon  cousin,  j'avois  envoyé'  au  Rov  monsieur 
mon  filz,  comme  je  vous  ay  cy  devant  escript, 
la  requeste  qui  vous  fut  présentée  par  aulcuns 
(|ui  se  disoient  consulz  et  conseillers  ou  prin- 

'  Ogier  de  Parclaiilan,  clievalier  de  l'Ordre,  seigneur 
de  Panjas,  de  Caslelnau,  d'Eauze,  baron  de  Pardaillan, 
gouverneur  de  l'.Vgeuois. 

-  Vexplicatioii ,  sans  doute  :  l'application. 


cipaulx  habitans  de  Narbonne  pour  changer 
quelque  forme  de  l'ordre  que  l'on  tient  à 
l'eslection  des  consulz  et  conseillers  de  ladicte 
ville;  mais  mondict  S"^  et  filz,  considérant 
l'importance  de  ce  faict,  n'y  n  voiillu  toucher 
sans  premièrement  oyr  tout  le  corps  de  ville 
et  aussy  le  s'  de  Rieux,  me  mandant  qu'il 
désire  qu'avec  vostre  bon  advis  nous  com- 
posions la  difficulté,  s'il  y  en  a  quelqu'une, 
entre  ledict  s"'  de  Rieux  et  ceulx  de  la  maison 
consullaire  dudict  Narbonne,  vous  priant,  mon 
cousin,  regarder  ce  qu'il  fauldroit  faire  en 
cella  et  préparer  les  choses ,  affin  que  quand 
je  seray  par  delà,  qui  sera,  Dieu  aydant,  bien 
tost,  je  puisse  composer  le  tout.  Cependant,  je 
prie  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  xxv°  jour  de  février 
1679. 

De  sa  main  :  La  conférense  ayst  achevée. 
Dieu  mersis,et  avons  résolu  l'ésécution entière 
de  l'édist.  comme  voyre's  par  la  dépesche  que 
aurés  si  après. 

Vostre  bonne  cousine, 

GvTERINE. 


1579.  —  a6  février, 
archives  de  Rayonne,  série  AA,  registre  90. 

A  MESSIEURS  LES  LIEUTENANT, 

ESCHEVns  ET  GENS  DD  CONSEIL 

DE    LA    VILLE 

DE  BAÏONNE. 

Messieurs,  jay  receu  la  lettre  que  m'avez 
escripte  par  le  jurât  Vulgaire,  présont  porteur, 
et  entendu  de  luv,  selon  l'instruction  que  vous 
lui  avez  baillée  par  escript,  tout  ce  qu'il  m'a  dict 
de  votre  part  pour  les  deniers  qui  vous  seroyent 
nécessaires  pour  parachever  ce  qu'il  reste  à 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


281 


faire  au  Boueaull^  que  aussi  pour  fermer  et 
fortiffier  les  deux  coustés  d'iceliuy,  dont  j'ay 
ci  devant  cscript  au  Roy  monsieur  mon  fiiz, 
([uy  m'a  mande'  vous  y  avoir  pourveu ,  ayant 
ordonne'  que  les  levées  que  Ton  a  ci  devant 
faictes  pour  ledit  Boucauit  continueroient 
jusques  à  tel  lemps  ot  au  prorata  de  ce  qu'il 
fauldroyt  pour  le  parachever  du  tout,  et  aussi 
pour  bien  fermer  et  fortiffier  la  ville  de  ce 
couste'  là.  Quant  à  ce  qu'il  ma  dict  d'ung 
nommé  Bonifface .  quy  se  eniremect  des  affaires 
de  l'Admiraulté  de  Guyenne  sous  mon  filz  le 
roy  de  Navarre,  j'espoire  qu'il  y  sera  pourveu 
par  ceulx  qui  yront  exe'cuter  l'édit  de  pacifi- 
cation faict  au  mois  de  septembre  mil  cinq  cens 
soixante  dix  sept ,  lequel  nous  avons  re'solu  eu 
notre  conférance  et  sera  exécuté  de  poinct  en 
poinct  selon  sa  forme  et  theneur,  et  yront  bien- 
tosl  par  delà  les  commissaires  qui  sont  pour 
ce  ordonnés.  Cependant  vous  aurez  l'reil  ouvert 
en  votre  conservation ,  suyvant  ce  que  j'escriptz 
au  s''  de  la  Hillière .  comme  j'av  dict  aud'  consul 
Vulgaire,  lequel  vous  fera  aussi  entendre  la 
volunté  que  je  auroys  d'aller  jus(|ues  en  votre 
ville,  sy  les  affaires  que  j'ay  en  ce  pais  le  re- 
quèrent  et  le  me  peuvent  permettie.  Priant 
Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  de  Nérac,  le  xxvrjour  de  fév''  1 679. 

Caterine. 

PlXABT. 


'  Voir,  dans  la  Reme  de  Gascogne,  f.  IX  (1868), 
p.  iSo,  un  article  de  M.  Tamizey  de  Larroque  sur  Louis 
de  Foix,  ingénieiir  du  roi,  constructeur  du  trboucaun 
de  Bayonne  dei578ài585,  avec  des  lettres  de  Henri  III 
à  ce  sujet,  et  une  étude  beaucoup  plus  complète  du 
même  auteui-,  intitulée  :  Louis  de  Foix  et  la  tour  de  Cor- 
douan  (.iuch  et  Bordeaux,  i864,  in-8°).  —  C'est  en 
1 579  que  L.  de  Foix  combla  Tancien  canal  de  l'Adour, 
en  creusa  un  nouveau ,  et  aménagea  le  port  de  Bayonne. 
Voir  aussi  les  art.  Adour  et  Foix  [Louis  de),  dans  la 
(hande  Encyclopédie ,  in-li°. 

CiTUERIXE   DE   MÉDIClS.   —    VI. 


1579. 


26-38  février. 


Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n'*  33A5  ,  f"  i6. 
A  MON  CODSIN 

LE  MARÉCHAL  DE  DAMPVILLE. 

Mon  cousin,  je  n'eusse  pas  tant  tardé  à 
vous  faire  rcsponce  à  vostrc  dernière  dépesche , 
n'eust  esté  que  j'atendois  tousjours  que  nous 
eussions  faict  une  résolution  de  nostre  confé- 
rence, laquelle,  grâces  à  Dieu,  nous  avons 
conclue,  et  arresté,  conformément  à  l'édit  der- 
nier de  paeiffication,  les  responces  aux  re- 
in onstrances  et  requestes  faites  par  les  dépputez 
de  ceulx  de  la  Relligion  prétendue  refformée, 
et  sommes  résoluz  de  toutes  choses,  aiusy  que 
vous  verrez  par  les  articles  secretz  que  nous 
avons  signez,  desquelz  je  vous  envoyé  le 
double,  affin  que  vous  saichiez  tout  ce  que 
nous  avons  faict,  et  que  disposiez  les  choses 
en  vostre  gouvernement  pour  ce  faire  observer 
et  garder,  ainsy  que  je  suis  très  asseurée  que 
vous  ferez.  Nous  avons  advisé  (comme  mon 
fîlz  le  roy  de  Navarre  et  moy  vous  escripvons) 
d'envoyer  conjointement  le  s''  de  Vérac^,  de 
ma  part,  ot  le  s' de  Yolet,  de  celle  démon  dict 
filz  le  roy  de  Navarre,  pour  faire  publier  la 
cessassion  de  tous  acles  d'hostiililé,  et  taire 
d'avantaige  ce  quilz  pourront  au  bien  de  la 
paix;  j'ay  particullièrement  donné  charge  au- 
dit de  Vérac  vous  faire  entendre  de  ma  part 
la  délibération  que  j'ay  d'aller  passer  en  Lan- 
guedoc, m'en  retournant  trouver  le  Boy  mon- 
sieur mon  filz,  affin  qu'en  passant  je  puisse 
essayer  de  faire,  s'il  m'est  possible,  quelque 
chose  pour  mectre  en  repos  la  Provence.  Ce- 
pendant, je  vousdiray,  mon  cousin,  cpie,  sui- 
vant vostredicte  dernière  lettre,  j'escripviz  au 
Roy,  mondit  S"'  et  filz,  et  le  requis  vous  gra- 

'  loacliim  de  Saint-Georges,  seigneur  de  Vérac,  d'une 
vieille  famille  du  Lyonnais,  était  un  huguenot  ami  du 
roi  de  Navarre.  —  Voir  Lettres  missives,  I,  p.  86. 

.36 


lU  [-111111111  C    ^.^ItlJ 


aSâ  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


tifSer,  ainsy  que  désirez,  pour  Beaucaire,  du- 
quel je  m'asseure  que  vous  aurez  faict  retirer 
les  troupes  de  gens  de  guerre  et  pourveu  à 
iceiles,  comme  je  vous  av  dernièreuient 
escript,  qui  me  gardera  vous  faire  ceste-cy 
plus  longue,  si  n'est  pour  vous  prier  encores 
une  fois  de  tenir  la  main  ad  ce  q'ung  chacun 
en  tout  vostredit  gouvernement  obéisse  au 
contenu  de  la  commission  et  instruction  des- 
dits de  Vérac  et  aussy  [de  Yolet],  qui  vont 
pour  semblable  effect  du  costé  du  bault  Lan- 
guedoc et  de  Lauraguais.  Priant  Dieu,  mon 
cousin ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Nérac,  le  xxvi'  jour  de  fé- 
vrier 1579. 

Mon  cousin,  depuis ceste lettre  escripte,  j'ay 
receu  les  vostres  par  ce  gentilhomme  présent 
porteur,  qui  est  arrivé  sur  l'heure  que  je  vous 
faisois  une  dépesche  pour  le  faict  des  requêtes 
qui  vous  ont  esté  et  à  moy  présentées,  touchant 
l'ellection  des  consulz  et  conseillers  de  Nar- 
bonne,  à  quoy  le  Roy,  moiiditS''et  filz,  désire, 
selon  ce  qu'il  m'escript,  que  vous  et  moy  nous 
employons  à  composer  à  l'amiable  les  différens, 
lesquelz  ne  sont  si  malaise;!  que  n'en  venyons  à 
bout.  Dieu  aydaul,  comme  je  vous  prie  leur 
dire  à  tous, et  asseurer  le  s'  de  Rieux  que  le 
Roy,  mondit  S'  et  fiiz,  et  moy,  l'avons  en  tel 
estime  de  bon  et  loyal  serviteur  et  tel  que 
nous  nous  asseurons  qu'il  se  conformera  à 
toutes  choses  raisonnables.  Priant  Dieu,  mon 
cousin ,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  dernier  jour  de  fé- 
vrier 1679. 

Mon  cousin ,  j'ay,  depuis  ceste  lettre  escripte , 
reçeu  la  vosire  du  xxiiii"  de  ce  moys  par 
fhomme  du  s"^  de  S'  Vidal,  avecq  l'autre  qui 
estoit  dedans ,  de  la  perte  du  sel  de  Pequais ,  et 
me  suis  servie  de  cella  et  des  aultres  parti- 


cuilaritez    de    \ostredicle    lettre    sur    nostre 
résolution  de  conférance. 

De  sa  main.  —  Nous  avons  tent  fest  que 
nous  avons  achevé  cete  belle  couférense',  qui 
m'a  donné  tant  de  pouine  que  je  serès  bien 
marrye  qu'ele  feult  ynutile,  qui  me  fest  vous 
prier  de  tenir  la  meyn  à  l'exécution  tent  de 
steure  '-^  que  de  si  à  sis  moys  ^,  cornent  voyré 
par  les  articles  que  je  vous  envoyré  par  celui 
que  je  anvoy,  pour  fere  ceser  les  armes. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

De  la  main  du  secrétaire.  —  J'ai  retenu  ce 
gentilhomme  présent  porteur  jusques  à  ce 
jourd'huy  1111°  mars,  premier  jour  de  Caresme; 
encores  ne  vous  puis  je  mander  par  luy  ceulx 
qui  yront  en  Languedoc. 


'  Les  articles  de  Nérac  furent  signés  trie  dernier  jour 
de  février,  l'an  mil  cinq  cens  soixante  et  dix-neuf» .  Les  si- 
gnataires éUiient,  en  dehors  de  tr Catherine  et  Henrin ,  — 
la  reine  mère  et  le  roi  de  Navarre,  —  Boudiart,  député 
de  Monseigneur  te  prince  de  Condé ,  Biron ,  Joyeuse ,  Lans- 
sac,  Pibrac,  de  La  Mothe-Fénelon,  Clermont,  Duranli, 
Turcniie,  (îuitry,  du  Faur,  chancelier  du  roi  de  Navarre, 
Scorhiac,  député  de  la  généralité  de  Bordeaux,  Yolet 
et  de  Vaux,  députés  pour  ie  Rouergue,  tous  personnages 
que  nous  avons  vus  figurer  plus  d'une  fois  dans  la  cor- 
respondance de  Catherhie  de  Médicis.  Les  vingt-sept 
articles  dont  se  composait  cette  sorte  de  traité  furent 
ratifiés  par  Henri  tll  à  Paris,  le  i4  mars  157g.  C'est 
l'article  xvii  qui  déterminait  les  villes  de  sûreté  qui  de- 
vaient être  laissées  aux  protestants  ttd'ici  à  six  mois". 
Il  y  en  avait  trois  en  Guyenne  et  onze  en  l^anguedoc.  Les 
voici  avec  leurs  indications  géographiques  modernes  : 
Bazas  (Gironde),  Puymirol  (Lot-et-Garonne),  Figeac 
(Lot),  Revcl  (Haute-Garonne),  Brialexte  (Tarn),  Alcl 
(Aude),  Saint-Agrève  ( Ardèche),  Bez  (Gard),  Bagnols 
(Gard),  Alais  (Gard),  Lunel (Hérault),  Sommières  (Gard), 
Aimargues  (Gard),  Gignac  (Hérault).  Plusieurs  de  ces 
villes  ont  depuis  perdu  beaucoup  de  leur  importance. 

-  De  steure,  do  celte  heure. 

'  De  si  II  SIS  moys,  d'ici  à  six  mois. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


283 


1579.  —  a8  février. 

Orig.  Archives  de  la  viHe  de  Bcaueaire  '. 

AUX  CONSULS,  MANANS  ET  HABITAIS 

DE    Ll    VILLE 

DE   BEAUCAIRE. 

Messieurs,  le  s'  de  Convertis,  ouUre  ia 
lettre  que  vous  m'avez  e'crite  par  lui,  m'a  faict 
entendre  amplement,  comme  aussi  ay-je  leu 
par  votre  lettre,  les  grandes  charges  que  vous 
avés  supportées,  à  l'occasion  de  ia  surpriuse 
et  siège  du  chasteau  de  Beaucaire;  à  quoi  je 
m'asseuro  que  le  Roy  mon  fils  aura  telle  con- 
sido'ration  et  estimera  tant  du  bon  debvoir 
que  vous  lui  avez  faict  en  cela,  qu'il  vous  en 
faira  telle  gratification ,  que  vous  aurez  grande 
occasion  de  vous  en  louer.  Vous  asseurant, 
(|up  je  vous  on  assisterai  toujours  envers  lui 
(le  bien  bon  cœur.  Cependant,  puisque  ledit 
chasteau  est,  grâces  à  Dieu,  maintenant  ré- 
duit en  l'obéissance  du  Roy  mondit  sieur  et 
fils,  j'escripts  à  mon  cousin  le  maréchal 
Dampville  faire  retirer  et  séparer  les  gens 
de  guerre,  afin  qu'ils  ne  soient  plus  à  aucune 
charge,  et  qu'il  laisse  seulement  ce  qui  est 
nécessaire  pour  la  garde  dudit  chasteau ,  ayant 
pour  cet  effect,  mandé  à  la  recepte  générale  de 
Béziers  de  fournir,  oultre  les  xii  mille  écus  qui 
ont  esté  déjà  délivrés,  encore  vi  mille  écus, 
espérant  que  ludille  somme  sutllra  pour  sa- 
tisfaire auxdits  gens  de  guerre,  et  aussi  à  ce 
qui  a  esté  faict  par  vous,  ou  en  partie',  à  qui , 

'  Registre  des  délibéralions,  commencement  de  1579. 

-  Le  geiililhomme  de  Beaucaire,  Roquefeuille  de 
Convertis,  dont  parle  ia  reine  au  commencemenl  de 
cette  lettre,  un  des  agents  du  marcclial  de  Damvilli'^ 
avait  été  le  principal  promoteur  de  l'émeute  dans  la- 
quelle Parabère,  gouverneur  du  château,  lut  tué  le 
7  septembre  1  678;  Paul  Baudunet  ou  Baudounet ,  lieu- 
tenant du  gouverneur,  a\ait  appelé  les  protestants  à  son 
aide.  (Voir  plus  haut,  p.  07  et  note  1.)  La  reine ainion- 


jc  dirai  pour  la  lin  de  cette  lettre,  que  de- 
puis trois  jours,  nous  avons  commencé  notre 
conférence  pour  le  faict  de  l'édict  de  pacifi- 
cation, par  laquelle  nous  prendrons  bientost 
une  bonne  résolution  pour  le  bien  de  la  paix 
et  repos  des  subjects  du  Roy  mondit  sieur  et 
fils,  et  je  passerai  bientost  en  Languedoc  pour 
la  y  voir  établir.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 
A  Nérac,  le  dernier  février  1679. 

Signé  :  Caterine. 

Et  plus   bas   :    PlNART. 


1579.  —  ".S  février. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  fraotais,  n"  3.'U5,  P  ig. 

A  MON  CODSIK 

LE   S'  DE  DAMPVILLE, 

MARESCBAL   DE   FRANCB. 

Mon  cousin,  comme  avez  veu  par  la  dé- 
pesche  que  vous  ay  faicte  par  le  gentilhomme 
que  m'avez  envoyé.  Dieu  m'a  faict  la  grâce 
(|ue  j'ay  conclud  et  arresté,  conformément  à 
l'édit  dernier  de  pacilEcatiou,  les  rcsponces 
aux  remonstrances  et  requestes  que  m'ont 
présentées  les  depputez  de  ceulx  de  la  Relli- 
gion  prétendue  refformée,  et  sommes,  mon 
filz  le  roy  de  Navarre  et  moy,  et  eulx  aussy, 
résoluz    de   toutes  choses,    ainsy    que    vous 

rait  le  i4  novembre  à  Convertis  qu'elle  envoyait  à  la 
ïille  13,000  écus  pour  l'aider  à  se  défendre  et  à  pour- 
suivre le  siège  du  château,  qui  ne  capitula  que  le  1 8  jan- 
vier 1679.  La  ville  avait  été  fort  endommagée  par  le 
canon  de  la  citadelle  :  les  pertes  des  habitants  furent 
estimées  à  27,000  érus,  que  le  roi,  sur  le  conseil  de 
sa  mère,  ordonna  aux  États  de  Languedoc  de  rembomser 
aux  lîeaucairois;  mais  la  somme  ne  fut  jamais  versée. 
—  Voir  Nouvelles  recherches  pour  servir  à  l'hisloire  de 
Beaucaire,  par  le  chevalier  de  Forton.  Avignou,  ib36, 
in-8°,  p.  169  à  180. 

36. 


28^1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


escripvous  cns('inl)lempnt  el  <[iio  venez  par 
la  commission  et  inslriictioii  i|u"en  avons  ex- 
pédiée au  s'  deVénic,  de  ma  part,  et  Taisne' 
Yoiet,  de  relie  de  mon  filz  le  roy  de  Navarre, 
pour  le  bas  Languedoc,  re  que  je  vous  prie 
l'aire  garder  el  curienzenienf  observer  suivant 
ledit  édit  de  paciffication.  Priant  Dieu ,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 
E.scripl  à  Nerac,  le  dernier  jour  de  février 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


157'.).  —  "8  fi'ïiier. 
r.opit'  BiL'l.   na(. .  collection   Dlipuv.  ii"  3.'>ij  .  f'  77. 

I  A   MONSIEUR   IVVBAI\.  I 

L'abbé  de  Plain-Pied  me  a  faict  entendre  la 
grande  all'ection  de  laquelle  vous  vous  estes 
employé'  pour  mes  affaires  et  service  ])articu- 
lière  de  là.  mesmes  pour  le  procès  d'entre 
Madami»  de  Parme  et  moy,  dont  je  vous  sçay 
infiniment  i)on  gré  et  vous  prie  de  continuer, 
ayant  Id'il,  par  l'advis  du  s"  auditeur  Sera- 
pliin,  ([u'il  ne  s'y  face  à  mon  préjudice  aucune 
chose,  et  quand  il  sera  besoing  prendre  conseil 
el  assistance,  le  s'  cardinal  Saincle-Croix  m'est 
tant  affectionne'  ([u'il  y  feia  ce  (|ui  luy  sera 
possible,  l'en  remerciant  et  priant  (piant  et 
quant  de  continuer  par  cesle  lettre  de  bon 
cœur,  espérant  ipie  l'abbé  de  Plain-Pied  s'en 
retournera  bientost  par  delà  pour  y  achever  de 
poursuivre  en  ceila   mes  affaires',  el  ce  ((ui 

'  M.  d'Aliain  ûorivait  à  la  Heine,  t.'  '.'>  mueiiilir' 
1578  : 

trLcs  créditeurs  commencenl  désià  à  solliciter  pour 
continuer  la  poursuite  du  prieur  de  Votre  Majesté.  Mais 
d'avdtant  ipie  je  n"ay  encores  lieu  aucune  nouvelle  de 
son  intention  sur  ce  que  i'alibé  de  l'Iain-pied  lui  en  aura 
pi-ii'  faire  entendre,  je  la  supplie  très  innnMenient  de 


sera  advisé  parceidx  de  mon  conseil,  auxquels, 
à  vous  dire  vray ,  je  m'en  suis  remise  à  v  regarder 
entre  eux  à  Paris,  oii  ilz  sont;  car  j'ay  heu,  de- 
puis quelque  temps,  tant  d'affaires  pour  ie  bien 
de  la  paix  de  ce  royaulme,  que  mon  esprit 
n'Iia  estétcntlu  à  aultre  ciiose,  pour  estre  aussv 
ie  plus  grand  bien  que  je  puisse  désirer,  que 
de  voir  ce  royaulme  paisible  et  à  repos,  comme 
j'espère  (]u'il  sera  doresnavanl,  ayant,  par  la 
grâce  de  Dieu,  tant  fait  (jue  l'édict  de  paciffi- 
cation sera  exécuté  et  la  paix  et  repos  establv 
partout.  Cependant,  Mons'  d'Albain,  je  vous 
envoyé  ung  petit  mémoire,  sur  lequel  je  vous 
prie  vous  enquérir  et  regarder  de  me  donner 
advis  le  plus  tost  que  vous  pourrez  de  ce  qu'en 
apprendrez  ;  mais  il  est  besoing  que  vous  teniez 
celia  si  secret  que  personne  n'en  puisse  rien 
entendre.  Priant  Dieu ,  monsieur  d'Abain ,  vouï- 
avoir,  etc. 

Escript  à  Nérac,  le  dernier  jour  de  febvriiT 

1679. 

Sigiw  :  Caterine. 

Et  pluf:  /'fls  ;  PiXART. 


1570.  —  Février. 

\ul.  Bibl.  nat. ,  Fuii'ls  tran';ai-;.  11^  33Si.  f"  39. 

A  MA  COUSIXE 

LA   DUCHESSE   DUZÈS. 

Ma  comère,  je  suis  à  \érac  très  bien  ve- 
neue  et  reseue  du  meslre  de  la  mayson,  el 
ver  comensàmes  à  voyr  les  députés,  que  re- 

ia  me  vouloir  mander,  allln  cpie  je  puisse  faire  suisre  ce 
(|ui  aura  esté  trouvé  bon  par  son  Conseil  de  par  delà.  Il 
seroil  tort  à  propos  <|ue  ledit  abbé  de  Plain-pied  relour- 
nasl  encore  par  deçà,  pour  parachever  ladite  poursnitte, 
d'aidlanl  qu'il  e-t  bien  instruirt  dudici  faict,  et  de  i'iiu- 
nieurdes  jurés  ausquels  l'on  a  allaire.- 

(Ciiiq-n'iil^  de  Cnlbert ,  o'iô,  11°  ij'ii.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


sanble  tous  à  des  ministres  ou  à  des  osyeauix 
que  vous  saves,  car  ysi  je  ne  les  auserès  no- 
mer  par  leur  uou,  mes  vous  mViitendés  et  je 
vous  entens,  yl  i  a  quarante  iiaus  de  bonne 
mémoyre;  j'espère  que  tout  yrè  bien  et  au- 
ront feyst  dan  sinr  au  sis  jours  :  je  vous  men- 
dere'  lours  que  ce  serè  de  tout.  Je  me  trove 
encore  un  peu  mal  de  ma  meyn,  et  prendre' 
encore  samedi  prodjeyn  médesine,  que  j'es- 
père m'achèverè  de  guérir,  je  trove  que  tout 
s'acomode  ysi  fort  bien  et  ayst-on  plus  joyeuse 
que  quant  vous  eun  alates,  non  que  je  ann 
aye  ceu  d  aventege  de  Taucasion  non  plus  que 
de  la  trystèse;  je  vous" prie,  cervé  vous  de  la 
lelière  et  de  tout  cet  que  je  ay,  car  je  an  seré 
tous  jour  très  ayse.  Mendé  moy  ynconlinent 
que  aurés  veu  le  Roy  et  la  Royne  de  leur  no- 
\  elles  :  je  vous  porte  grent  envye  que  ayés  plus 
tost  que  moy  cet  byen.  Je  m'en  voy  achever 
les  caye's,  adieu  ma  comère. 

De  Nérac^ 

Vous  conesé  la  mayn  de  la  plus  seure  amye 
que  aurés  jeaniès. 


1579.  —  28  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  ,  Fonds  français,  n'  33iâ  ,  ^  5i. 

A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE   DAMPVILLE, 

UABBSCUIL   DE   FBA^CE. 

Mon  cousin,  nous  avons,  grâces  à  Dieu, 
résolu  et  arresté,  par  l'advis  des  princes  et 
s"  du  Conseil  privé  du  Roy,  après  avoir  aussy 
ouy  les  remonstrances  de  ceulx  de  la  Religion 
prétendue  réformée,  les  moyens  qu'il  faut 
tenir,  tant  pour  faire  cesser  tous  actes  d'Losti- 
lité  que  pour  l'entière  exécution  de  l'édit  de 
paciflîcation  faict  et  arresté  au  mois  de  sep- 

'  La  lettre  est  sans  date;  mais  elle  a  évidemment  été 
écrite  à  la  fin  de  février,  après  l'ouverture  des  conférences. 


tembre  mV^lxwii.  Et,  en  attendant  que  ceuix 
qui  sont  députez  pour  ladicte  entière  exécution 
de  l'édit  soient  sur  les  lieux,  nous  avons  advisé 
d'envoyer  conjoinctement  cependant  en  Lan- 
guedocq  les  s"  de  Vérac  et  de  "Yolet ,  présens 

porteurs,  au  bas-païs,  et  les  s"  de et 

de au  bault-païs,  leur  ayant  faict  ex- 
pédier commission  et  iustruclion  pour  aller 
dénoncer,  advertir  et  faire  publier  partout 
cette  bonne  résolution,  et  par  mesme  moien 
faire  incontinant  cesser  tous  actes  d'hostilité, 
remettre  en  liberté  tous  prisonniers  à  l'occazion 
des  troubles,  sans  païer  aulcune  ranson,  et 
aultres  particularitez  portées  par  leurdicte 
commission.  Le  contenu  de  laquelle  vous 
prions  tenir  la  main  ad  ce  qu'il  soit  incontinant 
publié  à  son  de  trompe,  en  l'estendue  de 
vostre  gouvernement,  es  lieux  accoustumez  à 
faire  cryz  et  proclamations,  aCn  que  personne 
n'en  puisse  pnîtcndre  cause  d'ignorance  ',  et 
tenez  la  main  à  ce  que  chacun  y  obéysse  et  le 
suive  de  poinct  en  poinct.  Priant  Dieu,  mon 
cousin .  vous  avoir  eu  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Nérac,  le  dernier  jour  de  febvrier 


1579. 


Vostre  bonne  cousine  et  cousin. 
C\TERiNE.  Henry. 


1579.  —  38  février-4  mars. 

Copie.  Bibl.  nal..  Fonds  français,  n^  SSig,   f*  5  r" '^ 

[AU    ROY   MONSIEUR   MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  vous  aurez,  veu  en  la 
dépesche  que  vous  ay  faicle  par  le  jeune  Mau- 
visière  les  grandes  contestations  où  nous  avons 

'  C'est,  comme  on  voit,  une  sorte  de  circulaire  otli- 
cielle,  signée  à  la  fois  par  la  reine  mère  et  par  le  roi  de 
Navarre. 

-  En  lilro  :  ttKiivoyéc  au  Roy  par  le  s'  Camille  Forré.n 


286 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


esté  durant  nostre  conférance,  aussy  bien  vers 
la  fin  qu'au  commencement,  et  en  quelz  termes 
nous  en  estions  encores  lundy  dernier  qu'il 
partistd'icy;  depuis  nous  n'avons  quasy  cessé, 
au  matin  et  après  disner  et  jusques  à  la  nuict, 
de  vacquer  ensemblement  et  séparément  selon 
que  les  occazions  et  difficultez  se  sont  pré- 
sentées sans  aucune  intervalle  durant  ce 
temps  là.  Nous  nous  sommes  assez  de  fois 
veu  quazy  communs  d'accort,  et,  incontinant 
après,  il  se  présentoit  quelque  occasion  nou- 
velle qui  nous  remettoit  en  plus  grande  diiS- 
culté  et  alterquacion  qu'auparavant,  de  sorte 
qu'il  est  advenu  souvent,  et  quasy  tous  les 
jours,  qu'après  avoir  bien  travaillé  et  contesté 
avec  grande  peine  et  labeur  et  infinies  crieryes 
de  part  et  d'aullre  (dont  j'avois  la  teste  conti- 
nuellement tant  estourdye  et  rompue  durant 
ce  long  temps  de  nostredicte  conférance  que 
je  m'esbahys  que  n'en  ay  esté  mallade),  nous 
nous  trouvions  sans  avoir  rien  l'aict,  se  présen- 
tans  de  nouvelles  difficultez  le  lendemain  sur 
ce  que  je  pensois  estre  arresté.  Nous  sommes 
demeurez  huict  ou  dix  jours  ainsy.  Ce  pen- 
dant, estant  le  maresclial  de  Biron,  suivant  ce 
que  je  luy  avois  escript,  retourné  au  Port- 
Saincte-Marye,  oiî  je  l'a  vois  faict  revenir,  et  y 
estant  aussy  arrivez  le  sieur  de  Joyeuse  et 
l'advocat  Duranty  (je  feyz  que  niondict  Glz 
le  roy  de  Navarre  leur  escripvist  et  les  pria 
de  venir  icy  au  mercredy  au  matin),  et  après 
disner,  ilz  vaquèrent  avec  nous  à  reveoir  par- 
ticulièrement tout  ce  qui  avoit  esté  esbauché 
et  où  nous  en  estions  demeurez  :  sur  quoy 
chacun  deulx  donna  son  advis.  Hz  s'en  re- 
tournèrent ledict  jour  de  mercredy  couscher 
audict  Port-Saincte-Marye  par  ung  fort  mau- 
vais temps,  durant  l'éclipsé  qui  se  feif  se  jour- 
là  et  une  grande  pluye  (de  sorte  que  ledict 
sieur  de  Joyeuse  en  fut  mallade  la  nuict),  et 
n'y   eut  que  ledict  uiareschal  de  Biron  qui 


veint  jeudy  et  fut  présent  le  matin  et  i'après 
disnée  en  nostredicte  conférance,  dont  il 
veit  l'opiniastreté  des  députez  et  comme  mon- 
(iict  filz  le  roy  de  Navarre,  le  viconte  de  Tu- 
renne,  Guitry  et  Lezignan  qui  sont  près  de 
luy  ne  suivent  que  ce  que  dient  lesdictz  dé- 
putez, aussy  ne  fault-il  pas  doubler  qu'ilz  ne 
se  concertent  bien,  avant  que  venir  avec  nous. 
Vendredy,  lesdictz  sieurs  de  Joyeuse  etadvocat 
Duranty  sont  encores  venuz  et  ont  esté  pré- 
sens à  la  lecture  de  tout  ce  qu'avions  fait,  et 
après,  suivant  l'opinion  de  tous,  avons,  grâces 
à  Dieu ,  résolu  et  signé  non  seullement  les  ar- 
ticles particuUiers ,  qui  est  ce  qui  nous  a  tenu 
le  plus,  mais  aussy  les  responces  faictes  à 
leurs  remonstrances  et  requestes,  dont  je  vous 
envoyé  le  double.  Lesdictz  députez  ont  vouUii 
que  mes  responces  sur  leursdicles  remon- 
strances et  requestes  ayent  esté  à  part  en 
forme  de  résultat,  et  requièrent  voz  lectres 
patentes  y  estre  attachées  et  ausdictz  articles 
particuUiers.  affin  que  cela  soit  enregistré 
aux  parleniens  es  Chambre  de  la  Justice  :  il 
vous  plaira  doncques  les  envoyer.  Je  croy 
qu'ilz  veuUent  ceste  forme  expressément  affin 
que  l'on  ne  voye  leurs  requestes  et  demandes 
esditz  parlemens;  car  aussy  sont  elles  trop 
extraordinaires  et  voyant  qu'ilz  se  sontrenduz 
ainsy  opiniastres  à  cela,  aussy  que  vous  n'y 
avez  poinct  d'inteiest,  je  leur  ay  accordé  que 
l'on  tiendra  et  suivra  ladicte  forme,  comme 
verrez  qu'il  est  porté  par  lesdictz  articles 
particuUiers.  Camille,  présent  porteur,  vous 
saura  bien  particuilièrement  et  au  long  re- 
présentée infinies  autres  choses  qu'il  a  veu 
qui  se  sont  passées  d'une  part  et  d'aultre  du- 
rant nostredicte  conférance,  qui  seroient  trop 
longues  à  vous  discourir;  seulement  vous diray 
que  nous  avons  aussy  dépesché  par  tout  pour 
fayre  cesser  tous  actes  dhostillité,  y  aians 
esté  envoyez  les  personnes  que  verrez  par  le 


LETTRES  DE  CATH 

mémoire  qui  sera  aussy  cy  enclos,  a^ec  uny 
double  de  la  forme  de  leurs  coniinissions  et 
instructions.  Je  vous  envoyé  aussy  les  noms 
de  ceulx  qui  demoureroat  dedans  les  quatorze 
villes,  et  vous  asseure  que,  en  ma  présence, 
je  feray  commencer  à  exécuter,  dez  que  les- 
dictz  articles  seront  signez,  en  ce  gouvcrne- 
nenient,  vostre  édit  do  paciiïicatiou.  Ce  pen- 
dant, pour  y  préparer  ung  chascun,  j'espère 
aller  le  deuxiesme  ou  troisiesme  de  Caresme 
oouscher  à  Agen,  oiî  j'ay  mandé  à  la  noblesse 
des  séneschauisées  d'Agénois  et  de  Couduni- 
moys  et  aultres  d'icy,  autour  des  principaulx 
qui  ne  sont  desdictes  séneschauisées,  venir 
audict  Agen,  affin  que  je  puisse  parler  à  eulx 
tous  et  leur  fayre  entendre  la  résolution  de 
nostredicte  conférance,  qui  est  principallement 
l'exécution  de  vostredict  édict  du  pacillîcation, 
et  n'oublieray  rien  de  ce  qu'il  leur  faudra  dire 
à  tous  eu  publicq  et  à  quelques  ungs  en  par- 
licullier,  afSn  que  chascun  se  dispose  à  cela, 
comme  j'espère  que  les  ungs  et  les  auUres 
feront  et  que  ceste  fois  icy  nous  aurons  ung 
grand  fruict  de  noz  labeurs,  en  sorte  que 
bien  tost,  au  lieu  que  l'on  tenoil  tous  ces  païs 
de  deçà  déplorez,  quand  j'y  arrivay  (comme 
de  faict  ilz  estoient  et  vous  puis  dire  et  as- 
seurer,  Monsieur  mon  fils,  que  sans  ma  pré- 
sence el  patience  le  feu  de  la  guerre  s'y  allu- 
inoit  jilus  que  jamais),  la  paix,  repos  et  union 
s'y  eslablira,  et  v  veira-on  de  bref,  Dieu  av- 
dant,  tous  vos  subjectz  vivre  en  repos  et  le- 
dict  païs  bien  remis,  comme  aussy  en  espé- 
ray-je  fayre  le  semblable  en  Languedoc,  où 
je  maciiemineray  et  prenderay  le  ciicmin  de 
mon  retour  devers  vous,  après  que  j'auray 
faict  establir  en  ce  gouvernement  de  Guyenne 
tout  ce  que  j'auray  peu,  mis  et  donné  l'ordre 
qui  y  restera  à  faire,  affin  que  quand  j'en 
partiray,  tout  y  soit  bien  comme  j'espère  le  y 
laisser,  volant  desjà  fort   bon  commancemeni 


ERINE  DE  MEDICIS.  287 

en  la  réconciliation  dudict  mareschal  de  Biron 
et  de  mondicl  filz  le  roy  de  Navarre,  qui  le 
pria  el  feil  diner  vendrcdy  dernier  avec  luv, 
([ui  me  donne  bonne  esjiérance  qui  se  rabieu- 
neronl  '. 

Cependant,  Monsieur  mon  filz,  j'accuseray 
la  récejition  des  deux  despescbes  qu'il  vous 
a  plu  de  me  fayre  des  xiii  et  wii"'""  de  ce 
mois,  l'une  par  de  Pauge,  de  Thoulouze, 
qui  arriva  icy  mardy,  et  l'aultre  par  Jacques 
le  courier,  ayant  suivant  la  première;  envovay 
vostre  lectre  au  sieur  de  Mousseron,  auquel 
j'ay  aussy  escript  affin  de  le  persuader  de  con- 
tinuer la  charge  qu'il  a  à  Condom,  mais  je 
ne  seay  encores  s'il  le  vouldra  fayre,  ainsy 
que  lesdictz  aultres  geiitilzhomuies  voisins 
i|ui  ont  esté  nommez  comme  luy,  pour  y  eslre 
chacun  en  leur  rang  et  tour  de  mois  en  mois, 
luy  en  pourroient  porter  jalouzie.  Toutesfois 
je  verray  (estans  tous,  comme  je  pense  qu'ilz 
feront,  ledict  jour  de  dimanche  prochain  au- 
dict Agen)  d'en  fayre  une  résolution  pour 
mettre  du  tout  bien  à  repos  ladicte  ville  de 
Condom.  Je  suis  aussy  après  pour  fayre  osier 
Dinans  de  Périgueulx;  et  vous  asseure  que  je 
feray  tout  ce  qui  me  sera  possible  pour  y 
fayre  mecire  quelque  homme  de  bien  et 
reigler  les  choses  en  ceste  ville-là,  de  sorte 
que  les  inimitiez  ne  soient  plus  cause,  coriinie 
elles  ont  esté,  de  nourir  le  mal  (|ui  y  est,  non 
seuUenient  entre  la  noblesse  de  l'une  et  de 
l'aultre  relligiou  et  les  habitans,  mais  pariiiy 
ceulx  de  la  justice.  J'en  ay  tant  cryé  que  le 
viconte  de  Turenne  s'est  rangea  permectre, 
comme  il  a  faict,  de  fayre  prandre  ceulx  ([ui 
oui  faict  tant  de  maulx  de  leur  cosié  devers 
Périgueulx.  Je  luy  ay  aussy  permis  de  fayre 
prandre  ceulx    ((ui   sont  du   nostre  poui'  en 

'  ItabiéiuT,  léinc'ltio  dans  le  lion  clicmiri,  amélioicr. 
[Dicl.  de  l'uncieiniL'  liini'ue  fraiinaise ,  p:ii-  l''i'éili'ric  Go- 
d.-lroy,  1.  VI,  1889.) 


288 


LETTRES  DE  CATH 


fayre  favi'c  justice.  \ous  avons  accorde  cela 
ajirès  avoir  eu  lieauroujt  de  |)ririses  ensemble; 
car  je  me  suis  senlue  (sic)  jiicquée  de  la  pro- 
messe qu'il  ni'avoit  faicle  au  Port-Saincte- 
Marve,  et  encores  depuis  en  ce  lieu,  que  je 
serois  bien  tost  contente;  et  néantmoings  ils 
m'ont  tenu  ung  mois  à  ne  cesser  de  me  tour- 
menter tous  les  jours.  Je  l'eray  tout  ce  qu'il 
me  sera  possible  pour  ledict  Perigueulx.  prin- 
cipallement  pour  les  Catliolicpies,  affin  (ju'il 
y  ayt  ung  aultre  gouverneur  homme  de  bien; 
car  je  croy  (jue  tout  de'pend  de  là. 

.l'av  rcceu  les  requestes  (jue  m'aM'z  ren- 
voyées touchant  le  consultât  cl  coiisedlerves 
de  Narhonne;  sur  quoy  j"a\  laid  au  mares- 
clial  de  Dampville,  au  sieur  de  Uieux.  e!  aux 
consul/,  dudict  Narbonne  une  bien  ample  des- 
pesche  conforme  à  ce  ipie  me  mandez;  et  ne 
faudray  envoyant  devers  mon  lilz.  le  duc  d  An- 
jou, comme  je  h'rav  dedans  deux  jours,  de  lu\ 
cs(ri|ire  bien  expressément  el  si  à  jiropos 
pour  le  lait  de  ce  mauvais  garçon  du  Boni;;. 
(|ue  je  ne  laiz  double  (piil  ne  suive  en  cela 
vostre  advis  et  le  mien  (|ui  sont  conformes, 
.len  av  |)arlé  à  ma  lille  la  rovne  de  Navarre, 
ipii  est  aussv,  à  ce  qu'elle  m'a  dit,  bien  déli- 
bérée de  luy  Cil  escripre  de  mesme.  Ce  pen- 
ilant  je  vous  dirav  (jue  j'avois  desjà  bien  sceu 
(aussv  vous  1  av-je  ces  jours  passez  escri|)t) 
les  mauvais  ollices  (ju'avoit  l'aitz  à  Bourdeaulz 
le  personnage  que  me  nommez  en  vostredictc 
lectre,  dont  je  feuz  infiniment  esbahye  et  en 
receuz  extresinc  di'|daisir.  Je  ne  tardev  piiinct 
à  V  pourveoir  et  leiz  à  l'instant,  qui  fut  le 
premier  jour  de  Icbvrier  dernier  passé,  des 
dépesclies  audicl  Bourdeaulx,  au  sieur  de 
Sanssac,  à  la  court  de  l'arlement.  aux  jnialz 
et  piirticnllièrement  à  ceulx  (pie  je  sça\  esire 
all'ectionnez  à  vostre  service,  desquelles  des- 
pesches  je  vous  envoyé  ung  double  en  forme, 
et  vous  asseure  ([uc   cela  servyl  beaucoup  à 


ERINE   DE  MEDICIS. 

destourner  et  oster  les  opinions  de  ceulx  (jui 
avoient  esté  imbuz  de  ces  faulx  bruictz,  sur 
lesquelz  il  y  en  a  beaucoup  d'aultres,niesmes 
de  ceulx  (]ui  vous  sont  les  plus  obligez,  les- 
quelz font  encores  de  très  mauvais  et  dange- 
reux otTîces;  mais  j'es|)ère  que  lestablissement 
de  la  paix  et  la  bonne  intelligence  d'entre 
vous  et  mondict  filz  le  duc  d'Anjou,  el  aussy 
le  i;rand  soing  que  je  veov  qu'avez  de  voz 
affaires  au  bien  de  vostre  peuple  feront  que 
tout  cela  s'en  yra  en  fumée. 

Ledict  jour  de  jeudv  au  soir  arriva  le  Cou- 
rier Hambrelin,  avec  les  lecfres  qu  il  \ous  a 
pieu  m'escripre  de  d'Olinville  de  vostre  niain, 
et  aussv  au  inareschal  de  Biron,  auquel  je 
n  ay  voullu  bailler  celle  que  luv  adressiez,  pour 
ce  que  levoiant  en  bon  train  à  m'aider  à  fayre 
la  résolution  de  nostredicle  conférance,  je  crai- 
gnois  qu'il  s'altérast.  comme  il  y  est  assez  aizé, 
et  pensast,  pour  ipielquc  mot  que  estoit  en 
vostre  dicte  leclre.  ([ue  je  la  luy  eusse  faict 
escri|)re.  H  se  plainct  lousjours  du  peu  debien 
que  vous  luv  l'aides  el  du  peu  de  moyen  que 
luy  donnez  de  continuer  les  dépenses  (ju  il  faict 
pour  vostre  service.  Il  est,  comme  vous  savez, 
fort  grand  dépensier,  et  croy  que,  pour  le 
contenter,  il  vouidroif  que  luy  feissiez  don  de 
beaucoup  plus  grande  somme  ([ue  je  say  que 
voz  all'avies  ne  le  peuvent  permectre.  Toutes- 
fois,  je  vous  prie  le  gratiflier  de  ce  ([ue  vous 
verrez  que  pourrez  fayre  jiour  luy,  affin  (ju'il 
ne  se  plaigne  plus  tant  qu'il  faict,  et  ([u'il  n'ayt 
poind  dexcuze  de  vous  bien  servir  en  ladicle 
exécution  de  vostre  édict  de  paciUicatiou. 

Et  cependant  je  vous  diray,  pour  le  re- 
gard des  afi'ayres  deProuvence,  qu'elles  sont 
lousjours  bien  mal,  et  ne  sçay  si  les  despesches 
qu'y  avez  faictes  par  Toucheau  et  par  le  sieur 
de  Grignan  y  serviront  de  quelque  chose. 
J'ay  encores  ces  jours  icy  escript  à  tous,  et  au 
cardinal  dAiniaigiiac  aussy,  et  encores   prë- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


289 


sentemeiit  loiir  niiz-je  une  despesche,  par  la- 
quelle je  les  advertiz  de  la  résolution  de  nostre 
conférance  au  Men  de  la  paix,  les  admones- 
tant et  exorlanl  par  toutes  les  raisons  et  per- 
suasions que  je  puis  pour  y  l'ayre  cesser  les 
armes ,  et  les  asseure  que  bien  tost  je  y  yray 
passer.  Je  ne  say  si  cela  y  servira;  et  si  ce 
n'estoit  qu'il   fault   nécessairement  que  j'at- 
tende en  ce  gouvernement  le  retour  des  dé- 
putez de  Languedoc,  qui  parlent  présentement 
pour  aller  porter  à  ceulx  qui  les  ont  envoyez 
ce  (juavons  résolu  en  nostredicte  conférance, 
affin  de  l'agréer,  pour  ce  quilz  dieut  quilz 
n'avoient  aucune  charge  de  rien  conclure  que 
Ton  ne  leur  jaissast  toutes  les  villes  qui  re- 
mettent, et  aussy  que  je  congnois  qu'il  est  fort 
nécessaire  pour  le  Lien  de  vostre  service  que 
je  veove  comniancer  à  bon  essienl  l'exécution 
de  voslredict   édict   et   de   tout  ce  que  nous 
avons  faict  en  ces  gouvernemens,  je  m'aclie- 
minerois    plus    losl  que   je   veoy   bien   que 
ne    pourrav    pas   l'ayre    par    ledict    coslé    de 
Prouvence.    Lesdiclz    députez   de  Languedoc 
prennent    ternie    deuviron    ving-cinq    jours 
pour  aller  et   pour  venir,  pendant  lesquelz, 
pour  ce  qu'il  fauldra  que  je  séjourne  par  deçà, 
je  suis  en  quelque  opinion  d'aller  après  que 
j'auray  veu  cesle  noblesse  à  Agen,  jusques  à 
Bavonne,  passant  par  le   Mont  de  Mersans, 
Tartans  1  et  aultres  lieux,  où  mon  fils  le  roy 
de   Navarre    et  moy   ferons    exécuter   l'édit, 
pendant  que  ledict  mareschal  de  Biron  et  le 
viconte  de  Turenne  avec  luy,  s'il  est  possible 
(combien  (juc  ledict  viconte  en  face  grande 
difficulté),  yront  faire  exécuter  vostredict  édict 
en  tous  les  aultres  endroictz  de  ce  gouverne- 
ment. Si  je  faiz  ledict  voiage  de  Bavonne,  je 
ne  me  retarderay  guères,  pour  ce  que  de  là 

'   Tartans,  Tarlas,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondis- 
seuienl  de  Sainl-Sever  (Landes). 

Catiiebim.  de  Méoicis.  Tl. 


j'vray  droit  à  Thoulouze.  Ledict  petit  voiaige 
de  Bavonne  ne  seroil  pas  infructueux;  car  je 
passerois  à  Dacqz  et  à  Sainctc- Sévère,  où 
sans  bruict  Je  pourrois,  comme  aussy  audict 
Bayonne,  esclarcir  les  ]>raticques  et  menées 
dont  Sainct-Gouard  vous  a  cv-devant  cscript. 
Escri|)t  à  -Xérac,  le  samedy  dernier  jour  de 
febvrier  1579. 

Monsieur  mon  Clz',  je  pensois  que  dez 
samedy  dernier  nous  deussions  signer  noz  ar- 
ticles, comme  il  est  déclaré  en  ceste  despesche; 
mais  quand  ce  fut  à  faire  la  lecture  d'iceulx 
qui  avoil  esté  mise  au  net,  selon  ce  (|ui  avoit 
esté  résolu  pour  la  dernière  fois,  ils  vouiloient 
encores.y  changer  quelques  motz;  el  pour 
ceste  occasion,  lesditz  articles  furent  eucores 
remis  en  leurs  mains,  demeurant néantmoiugs 
résolu  quilz  seroieiit  signez  dudicl  jour  de 
samedy  dernier,  pour  ce  que  les  six  mois  com- 
mencent pour  les  villes  de  Guyenne  le  pre- 
mier jour  de  ce  présent  mois  de  mars.  Ledict 
jour  de  Dimanche,  ilzfeirenl  leur  cène,  de  sorte 
que  nous  ne  peusmes  nous  assembler  qu'après 
soupper.  Ils  apportèrent  le  mémoire  de  ce 
qu'ilz  vouiloient  changer  sur  iesdictz  articles. 
Sur  quoy  nous  entrasmes  en  plus  grandes  et 
aigres  contestations  que  n'avions  poinct  en- 
cores  faict,  et  deraeurasmes  jusques  à  minuict 
passé  avant  que  nous  accorder  desdiclz  mois 
qu'ilz  vouiloient  chauger;  et  hier,  qui  feut 
lundy,  au  lieu  que  nous  pensions  que  Iesdictz 
articles  deusscnl  estre  signez,  ilz  revindrent 
à  leur  première  opiniastreté,  quilz  ne  pou- 
voient  rien  qui  soit  layre,  s'ilz  n'avoient  la 
chambre  mi-parlye  en  Languedoc,  de  façon 
qu'après  avoir  eucores  disputté  trois  heures 
sur  cela,  nous  feusmes  de  rechef  près  à 
rompre.  Il  se  feist  là  dessus,  les  jours  précéd- 


Eri  lilro:  - l'oslscripti   (f°  7  v°). 


S7 


lUPntUEUlL     KiTIQNALC. 


290 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


dentz  et  ledicl  jour  d'hiei-  qui  fat  lundy,  di- 
verses ouvertures  et  entre  aultres  que,  s'ilz  ne 
se  vouUoient  contenter  en  ladicte  chambre  de 
Languedoc  de  deux  conseillers  de  ladicte  relli- 
gion ,  oultre  le  nombre  porté  par  vostre  édict , 
et  qu'ilz  voulkissent  avoir  ladicte  chambre 
mipartye,  qu'il  falloit  doncques  que  vous  pris- 
siez les  présidens  et  conseillers  catholicques  à 
la  court  de  Parlement  de  Thoulouze,  disant 
quelques  uugs  de  vostre  Conseil  par  ce  moyen 
que  ce  seroit,  comme  il  est  vray,  beaucoup 
d'espargne  pour  le  pais  de  Languedoc,  qui 
aura  à  porter  les  fraitz  de  l'entretenement  de 
ladicte  chambre,  lesquels  ne  seroient  pas  à 
beaucoup  près  si  grandz,  prenans  des  prési- 
dens et  conseillers  catholicques  eu  ladicle 
court  de  Parlement  de  Thoulouze,  que  les  fai- 
sans venir  du  Grand  Conseil;  mais  cela  na 
servv  que  de  nous  mectre  encores  en  plus 
grande  contestation,  d'autant  qu'ils  ont  ceulx 
dudict  Parlement  de  Thoulouze  i'ortz  suspectz: 
en  fin  nous  re'soiumes  que  cela  demeureroit 
indécis;  mais  lesdictz députez  lors  déclarèrent 
qu'ilz  avoient  charge  si  expresse  de  ceulx  qui 
les  ont  députez  de  demander  ladicte  Chambre 
estre  mipartye,  que  si  je  ne  le  leur  accordois, 
iiz  ne  pou  voient  signer  lesdictz  articles  et 
qu'il  falloit  premièrement  qu'ilz  s'en  retour- 
nassent fayre  entendre  en  leurs  provinces  la 
difficulté  que  l'on  leur  faisoit  et  l'offre  desdictz 
deux  conseillers,  pour  veoir  s'il/,  i'accepte- 
roient;  et  cependant  que  mon  Clz  le  roy  de 
Navarre  et  ceulx  de  sa  relligion  qui  sont  auprès 
de  luv,  comme  le  viconte  de  Turenne,  Guitry, 
Lezignan  et  aultres,  signeroient  avec  moy  les- 
dictz  articles,  et  que  l'on  feroit  cesser  partout 
tous  actes  d'hostilité  et  exécuter  entièrement  à 
la  Guyenne  le  contenu  d'iceulx  articles  et  de 
vostredict  édict  de  pacifficalion,  et  que  je  vous 
escriprois  non  seuUement  pour  lesdictz  deux 
conseillers  de  leurdicte  relligion,  que  leurs  ay 


accordez  soubz  \ostre  bon  plaisir,  mais  aussv 
pour  deux  aultres  qu'ils  demandent  encores, 
affin  de  rendre  le  nombre  de  conseillers  de 
ladicte  relligion  égal  aux  catholicques,  com- 
bien que  je  leurs  eusse  tous  ces  jours  icy  bien 
fait  congnoistre  que,  s'ilz  me  pressoient  tant 
de  vous  escripre  desdictz  deux  derniers,  que 
je  le  ferois  par  manière  d'acquit  et  non  pour 
le  vous  conseiller.  Lesdictz  députez  de  Lan- 
guedoc, principallement  ung  nommé  Pignol- 
let,  sont  demeurez  opiniastre?  et  n'ont  vouHu 
signer  lesdictz  articles,  pour  ce  qu'ilz  dient 
que  leur  charge  et  commission  est  expresse 
pour  demander  ladicte  chambre  mi-partye, 
m'ayans  toutesfois  dit  de  bouche  qu'ilz  feront 
leur  devoir  de  représenter  à  ceulx  qui  les  ont 
députez  les  ouvertures  qui  eut  esté  sur  ce 
faictes  en  nostredicle  conférance,  comme  il  est 
cy  devant  déclairé,  et  qu'ilz  en  feront  tout  ce 
qu'ilz  pourront  pour  m'en  donner  contente- 
ment, quand  ilz  me  viendi'ont  retrouver.  Par 
ainsy,  Monsieur  mon  filz,  je  vous  pi-je  ne 
laisser  de  fayre  expédier,  suivant  le  dernier 
des  articles  qu'avons  signez  et  dont  je  vous 
envoyé  le  double  coUationné,  des  iectres  pa- 
tentes en  forme  de  déclaration,  pour  acellérer 
et  faciliter  l'exécution  de  vostre  dernier  édit 
de  paciffication ,  lesquelles  il  vous  plaira  en- 
voyer à  voz  parlemens  pour  les  enregistrer 
seuUement,  puisque  ce  n'est  que  déclara- 
tions; mais  il  faudra  aussi  les  envoyer  incon- 
finent, fayre  publier  aux  bailliages  et  sénes- 
chaulsées,  sur  les  exemplaires  qu'il  vous 
plaira  commander  en  estre  imprimées.  Ce- 
pendant, j'ay  faict  ce  jourd'huy  publier  en  ce 
lieu  à  son  de  trompe  et  ay  envoyé  publyer 
partout  le  contenu  du  mémoire  qui  sera  enclos 
en  ce  pacquet. 

Escript  audict  Nérac,  le  iir'  mars  1079'. 

'   Nous  avons  trouvé  dans  un  volume  des  Cin/j  cents 
de  Colberl  le  texte  de  rnlnslructioni  donnée  par  Catbe- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


291 


Monsieur  mon  filz',  enrores   depuis  reste 
lectre  escripte,  nous  nous  sommes  assemblez 
ce  matin,  mon  Glz  le  roy  de  Navarre  et  moy, 
tous  ceuix  de  vosfre  Conseil  qui  sont  icy  et 
les  d(?putez  présens,  et  avons  l'aict  le  mémoire, 
dont  je  vous  envoyé  le  double,  de  tout  ceuix 
qu'avons  ordonnez   et  qui  partiront  inconti- 
nent, non  seullement  pour  faire  cesser  tous 
actes  d'bostillité  et  fayre  mectre  en  liberté  tous 
prisonniers    de  guerre,   sans   payer  rançon, 
mais  aussy  pour  exécuter  par  niesme  moyen 
du  tout  vostredict  édict   de   paciffication,  el 
avons  encores  fort  et  ferme  debatu  pour  la- 
dicte  Chambre  de  Languedoc,  laquelle  je  leur 
ay  accordée  soubz  vosfre  bon  plaisir  mi-partye, 
pourveu  que  de  six  conseillers  catboliques  les 
quatre  feussent  du  parlement  de  Thoulouze. 
Ledict    Vignolles    opiniastrement   n'a   voullu 
consentir  (ju'à  trois  dudict  parlement  et  trois 
aultres  du  (irand  Conseil.  Il  ne  s'en  est  rien 
résolu,  estant  demouré  cela  indécis,   et  suis 
partye  cesli;  après-disnée  dudict  Nérac  et  ve- 
nue coucher  en  ce  lieu-,  espérant  estre  demain 
à    Agen,  avant  toutesfois   laissé   le  sieur  de 
Piebrac  audict  Nérac,  pour  ce  que   lesdict/, 
députez  de  Languedoc  se  dévoient  encores  as- 
sembler, sur  cela  qu'ilz  tiennent  que  ceulx  qui 
les  ont  envoyez  auront  agréable  et  ne  dillere- 
ront  plus  ce  pendant,  à  mon  advis,  de  signer, 
comme    les    aultres    députez    de    Guyenne, 
lesdictz  articles,  que  pour  cest  effect  Pinnrt 
a    laissez   es   mains    d'un  de   ses    gens,   qui 
est  demeure'  auprès  dudict  sieur  de  Piebrac; 
et,  quand  ilz   ne   les   vouidroient  signer,  il 
ne  fault  laisser  de  fayre  expédyer  \osdicles 
lectres   patentes    et  de   les  envoyer  partout 

l'ine  de  Mwlicis,  le  3  mars  «îivg,  aux  jjenliUlionimes 
chargés  de  faire  exécuter  les  résolutions  de  la  conférence 
dans  les  diverses  villes.   —  Voir  à  VAppmdice. 

'    En  litre  :  f  .\ullre  poslscripln   (fol.  8  v°). 

^  Port-Sainle-Marie. 


publier,  car  il  n'y  a  plus  aucune  difficulté  et 
en  sommes  d'«ccord  de  paît  et  d'aultre;  ainsy 
que  ce  qu'il  fauldra  expédier  pour  fayre  la- 
dicte  Chambre  mi-|)artye  au  lieu  qu'elle  est 
tripartye  :  ce  sera  pour  une  expédicion  à  part 
([ui  se  fera  sui'  une  requeste,  que  nous  som- 
mes d'accord  que  lesdictz  de  la  Relligion  de 
Languedoc  vous  présentent.  Je  vous  envoyé 
les  noms  des  gentilzhommes   qui    auront  la 
charge  des  un  villes  de  Guyenne  et  des  trois 
du    hault  Languedoc.  Mais  quant  aux   huict 
du  Bas,  ils  ne  les  m'ont  point  baillées  encore. 
Il  vous  playra  m'envoyer  les  vu  commissions 
remplyes  des  noms  que  verrez  audict  mémoire, 
et  les  aultres  huict  en  blanc,  qui  fault  fayre 
suivant  le  xix™'  de  noz  aiticles,  et  le  serment 
que  j'ay  délibéré  de  leur  fayre  fayre  selon  le 
mémoire  que  je  vous  en  envoyé.  Je  vous  en- 
voyé aussy  les  noms  des  quatre  conseillers  de 
la  Relligion  (|ui  furent,  il  y  a  desjà  quelque 
temps,  nommez   par  mondict  filz  le  roy   de 
Navarre,  et  par  vous  agréez.  Il  vous   plaira 
aussy  commander  leurs  lectres  de  provisions 
et  les  me  fayre  aussy,  s'il  vous  plaist,  envoyer. 
Escript  au   Port-Saincte-Marye,  le  mer- 
credy  au  soir,  iiii'""  mars  i^Yg. 

J'espère  estre  à  Castelnaudarry  le  xxii^'de 
ce  mois,  m'aians  lesdictz  députez  de  Langue- 
doc aussy  promis  qu'il  y  seront  de  retour,  de 
sorte  que,  bien  tost  après,  je  prenderay  mon 
chemin  par  le  Languedoc,  pour  m'en  retour- 
ner vous  trouver.  Il  sera  aussy  besoing  que 
vous  m'envoyiez,  s'il  vous  plaist,  les  commis- 
sions en  blanc  pour  ceulx  qui  sont  substituez 
à  tousjours  de  vos  provinces  et  advocatz  géné- 
raulx  en  ladicte  clianibre  de  Languedoc,  et 
pareillement  des  commissions  en  blanc  pour 
les  conseillers  ([ui  se  pourront  prendre  au  Par- 
lement de  Thoulouze. 


37. 


292 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICÏS. 


1579.  —  [3  mars]. 

.'\ut.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français.  n°  3887.  f'  18. 

A  MADAME  LA  DUCHESSE  DUZÈS'. 

Ma  comère,  je  croy  que  vous  aysteis  arivée 
alla  bonne  vyle  en  la  mvHeur  conpagnie  que 
sarie's  aystre.  Je  voldrès  bien  y  estre  aveques 
vous;  mes  j'espère  que  se  sera  bien  test,  car  j'é 
aclicvé  et  ay  fayst  mentir  à  mon  avys  beau- 
coup de  jeans,  car  j'é  fayst  cet  que  l'on  ne 
pensèt  pas.  Dieu  en  souèt  loué,  car  saii  lui  je 
n'en  feusion  jeamès  veneu  à  but.  Cet  m'avés 
veu  tormente'e,  je  ne  l'é  pas  aysté  moyns  de- 

'  Le  litre  exact  est  :  A  ma  cousine  lu  duchesse  d'Usés. 
De  son  côté,  ia  reine  de  Navarre  écrivait  à  la  duchesse 
d'Uzès,  qu'elle  appelait  toujours  ma  sibille  : 

trie  vous  diray  que  l'exlresme  regret  que  j'ay  de 
voslre  absence  est  plus  tost  par  le  temps  augmenté  que 
diminué.  La  conférence  est  tort  avancée;  j'en  espère 
tout  bien,  pour  ce  que  je  le  désire  :  dans  trois  ou  quatre 
jours  vous  en  saurez  l'entière  résolution,  qui  est  plus 
tosl  que  l'on  ne  pensoit.  Tenez -moy  tousjours  en  la 
bonne  grâce  du  Roy  et  en  celle  de  la  Royne  par  vos 
lettres;  car  je  me  suis  bien  aperçue  des  bons  offices  que 
m'y  aviez  faicts,  le  lendemain  que  fusles  partie.  Je  luy 
parlay  tout  ainsy  que  l'avions  résolu;  et  elle  me  fit 
tant  d'honneur,  et  me  donna  tant  d'asseurance  de  sa 
bonne  grâce  que  je  m'en  estime  très  heureuse,  et  \ous 
en  ay  toute  obligation.  Je  suis  résolue  de  luy  faire  tout 
le  service  qui  sera  en  ma  puissance,  en  ce  qui  no  con- 
treviendra à  la  grandeur  et  conservation  de  mon  mary, 
car  j'ay  trop  d'inlerest  à  son  bien  et  à  son  mal;  mais 
pour  luy  conseiller  et  luy  persuader  la  paix,  et  pour  faire 
qu'il  se  conforme  aux  volunlés  du  Roy  et  d'elle,  en  ce 
qui  sera  pour  le  repos  et  tranquillité  de  cet  estât,  croyez 
que  je  le  feray  et  que  je  n'ay  rien  plus  en  afl'ectiou 
que  cela;  car  j'aimerois  mieux  la  mort  que  la  guerre. i 

{Mémoires  et  lettres  de  Marguerite  de  Valois,  édit.  de 
la  Société  de  l'Histoire  de  France,  1862  ,  in-8°,  p.  3o4). 

La  duchesse  d'Uzès  avait  quitté  la  reine  mère  à  Port- 
Sainte-Marie,  dans  les  premiers  jours  de  janvier,  pour 
retourner  à  Paris  avec  son  beau-frère  d'Escars,  celui  que 
Henri  III  détestait  tant. 


puys  vostre  parlement,  et  encore  que  aylabli- 
sionla  pays.  Vos  cheveauix  ne  sont  pasrendeu 
pour  cela,  et  l'oiseau  '  qui  les  a  vole's  s'an  va 
cheu  luy  en  Normandve.  Je  croy  qu'il  enn 
avovt  afayre  pour  son  voyage. 

J'é  grent  envye  d'avoyr  de  vos  letres  depuys 
vostre  arive'e  alla  court;  je  suys  encore  si  es- 
tourdie  de  cete  confe'rense  et  d'avoyr  teni 
écript,  que  n'aurés  plus  longue  lelre  de  moy 
pour  cet  coup,  sinon  que  vous  dire  que  ma 
fille  avst  demeurée  aveques  son  mari,  résolue 
de  n'an  plus  buger;  je  les  revoyré  encore  à 
Gastelnaulxdary,  oià  avons  asignés  aucore  ces 
beaulx  députés,  et  l'avons  chausé  là  le  bas  pour 
voyr  cet  pourons  aler  plus  ouitres  :  vous  m'en- 
tendes. Adieu,  ma  comère,  bèsé  les  mayns  au 
Roy  et  alla  Rovne  de  la  pari  do  vostre  vielle 
comère,  que  toulesfoys  ne  lèseré  ne  vous  ausy 

encore  de  sinquanle  ans. 

[Cateri>'f,.] 


1579.   —  3  mars. 

Aut.  liibi.  nal..  Fonds  français,  n"  SaoS,  f"  70. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  MARÉCHALLE  DAMPVILLE  -. 

Ma  cousine,  je  ne  se  cet  aurés  heu  la  lelre 
que  je  vous  aycrivys  par  le  laquays  qui  feult 
arèté,  et  feus  bien  marrye  que  l'on  ly  fist 
cet  tour;  mes  je  vous  aseure  que  jeusques  à 
st  eure',  nous  avons  aysté  corne  alla  guerre; 
mes,  Dieu  mersis,  yer  nous  achevèmes  la 
confe'rense  et  l'aseurense  de  l'établisemenl  de 

'  M.  de  la  Ferrière  croyait  que  cet  Roiseaun  était 
Guitry.  Les  deux  cours  de  France  et  d'Angleterre,  1896, 
in-8°,  p.  73. 

^  Henri  de  Montmorency  avait  épousé,  en  i558, 
Antoinette  do  La  Marck,  lille  du  duc  de  Bouillon,  à  la- 
quelle Oalherino  de  Médicis  écrivit  plus  d'une  fois. 

'  A  st  eure,  à  cet  lieurc. 


LETTRES  DE  CATHEUINE  DE  MEDICIS. 


293 


levdist  ;  à  iiiioy  pour  Icslectuer  pjiilèt  dès 
anuit  '  cciilx  (jue  le  devès  esécuter  en  cote 
provinse  et  coulx  qui  devest  t'eyre  sesés  ies 
acte  d'oslililé  en  Languedoc,  corne  je  mende 
plus  au  ioug  à  voshe  mary.  Je  vous  aseure 
que  se  n'a  esté  sau  pouine,et  loue  Dieu  d'enn 
estre  voiieue  ha  bust.  Je  pars  anuyt  d'ysi  et 
m'en  voy  [à]  Agens,  et  spère  aystre  bien  tost 
en  vostre  governement;  en  cetpendent  je  vous 
prie  que  aseurie's  tousjour  vosire  mary  de  ma 
bonne  volente'  ver  lui  et  vous,  come  en  toutes 
aucasions  mestré  pouine  les  vous  l'ayres  pa- 
loystre  par  ayfesl;  et  en  celé  vérité  fayré  fin, 
prient  Dyeu  vous  conserver. 

De  Nérac,  cet  iif'^'jour 

Vostre  bonne  cousine. 


de  mars  ir>79- 


Catebine. 


1579.  —    'i  niar.^i. 

Publiée  par  M.  l'abbé  J.  iIp  Carsal.iJc  du  Poul. 

A   MOXSIEIP.  DE   MOMBERViLT, 

CBEVALIEB   DE   L'OBDP.E   DC   BOT   ET    LIECTENART   DE  LA   COMPAICME 
DE   GE\S   D-ABMES   DUDICT   MAnÉCHAL  DE   BELLEfiAIlDE. 

Monsieur  de  .Aloalberault-,  nous  avons, 
grâces  à  Dieu ,  résolu  et  arresté ,  par  l'advis  des 
princes  et  s"  et  du  conseil  privé  du  Roy,  après 
avoir  aussy  ouy  les  remonstrances  des  députez 
de  ceulx  de  la  Religion  prétendue  réformée, 
les  moiens  qu'il  fault  tenir  tant  pour  faire 
cesser  tous  actes  d'hostilité  que  pour  l'entière 


'  Dès  (inuil,  dès  aujourd'hui,  comme  on  disait,  cl 
comme  on  dit  encore  en  langue  gasconn.?. 

^  François  de  Tersac,  baron  de  Montbeiaud,  gentil- 
homme gascon ,  engagé  de  bonne  heure  dans  le  parti 
catholique ,  ancien  gouverneur  de  la  ville  de  Castres.  — 
Voir  r£ssai  biugraphiqiie  que  lui  a  consacré  en  1871 
M.  l'abbé  de  Carsalade,  dans  la  Retue  de  Gascogne.  (Ti- 
rage à  part,  Auch,  1871,  a  y  p.  in-8°.  ) 


exécution  de  l'i'dil  de  paciffication,  raict  et  ar- 
resté au  mois  de  septembre  m.  v"  lxxvii.  Et  en 
attendant  que  les  s"  qui  sont  députez  pour 
ladite  entière  exécution  seront  sur  les  lieux, 
nous  vous  avons  faict  expédier  la  commission 
ipie  nous  envoyons,  pour  taire  publier  cette 
bonne  résolution,  et  par  mesme  moien  faire 
inconlinant  cesser  tous  actes  d'iioslilité,  re- 
mettre en  liberté  tous  prisonniers  à  l'occazion 
des  troubles  sans  faire  aulcune  ranson,  et 
autres  particularités  portées  par  ladite  com- 
mission, du  contenu  de  laquelle  vous  prions 
faire  faire  ladicte  publicquafion  eu  tous  et 
chacun  les  endroictz  et  lieux  accoustumez  à 
faire  avvs  et  proclamations,  afin  que  personne 
n'en  puisse  prétendre  cause  d'ignorance,  l'exé- 
cutant et  faisant  si  bien  exécuter  que  chacun 
y  obéisse  et  le  suive  de  poinct  en  poinct,  se- 
lon et  suivant  la  teneur  d'icelle  commission. 

l'iiaul  Dieu,  monsieur  de  Moniberault, 
vous  avoir  eu  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Nérac,  le  nii'  jour  de  mars  i579- 
Signé  :  Cateri^e  et  Henry  '. 

Monsieur  de  Montberault,  le  s'  vicomte  de 
Polin  et  le  depputé  Lamet  sont  par  nous  or- 
donnez, comme  verrez  par  la  commission  et 
instruction ,  pour  exécuter  avec  vous  le  contenu 
en  icelies,  lesquels  vous  prions  d'advertir, 
aflin  que  vous  preniez  lieu  pour  vous  assem- 
bler, et  vous  prions  de  bon  cueur  accepter 
ceste  commission  pour  aussi  grand  bien  et 
pour  l'amour  de  nous,  qui  le  recongnoistrons 
de  iiien  bon  cueur. 


'  Celte  signature  est  celle  du  roi  de  Navarre,  la  pièce 
étant,  comme  la  lettre  du  28  léviier  au  maréchal  de 
Damville  (p.  980),  une  circulaire  envoyée  après  les 
conférences  de  Nérac. 


29A 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1579.  ■ —  7  mars. 

Orip.  Bibl.  nat. ,  Fonds  fraD^ais,  n*3iao,  f"  16. 
A  MON-CODSIN 

LE  MAR"  DE  DAMPVILLE\ 

eOCTEIlNEDn   BT   LlBrTEITiHT  r.BNÉUiL   POOIl   LB  BOT,    MONSIEOB    MON   FILS, 
£N  LANGUEDOC, 

Mon  cousin,  je  pensois  que  rhomme  du 
s"'  Vidal,  pre'sent  porteur,  s'en  deust  retourner 
avec  le  gentilhomme  que  m'avez  envoyé  et  que 
je  vous  de'pescliay  de  Nérac.  Toutesfoiss'estant 
encores  trouvé  icy,  je  vous  ay  bien  voulu  faire 
par  luy  ce  mot  de  lettre,  combien  que  je  vous 
aye,  depuis  le  parlement  dudit  gentilhomme 
derechef  escript  par  le  s''  de  Vérac,  l'un  de 
mes  gentilshommes  servans,  qui  est  allé  au  bas 
Languedoc  avec  Yolet  l'aisné,  pour  la  cessa- 
tion de  tous  actes  d'hostilité.  J'espère  estre  à 
Castelnaudarry  le  xxi'  ou  xxii"  de  ce  mois  et 
vous  y  veoir,  qui  me  gardera  d'estendre  celle-cy 
davantaige  que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  vu"  jour  do  mars  iS^g. 

Mon  cousin,  j'espère  estre  le  xxifdecemois 
à  Castelnaudary,  où  j'ay  assigné  les  depputésde 
Languedoc  pour  la  raliËGcation  de  ce  qu'avons 
fait  en  nostre  conférence,  comme  ils  m'ont 
promis.  Je  vous  prie  pour  ceste  occasion  d'as- 
signer la  tenue  des  Estatz  au  xx\''  de  ce  mois 
à  Carcassonne,  oià  se  trouveront  beaucoup  plus 
tost  ceux  de  la  religion  prétendue  réformée  qu'à 
Narbonue,  ville  de  frontière.  Et  si  sera  cella 
fort  à  propos  et  très  advantaigeux  au  bien  du 

'  Deux  lettres  du  roi,  écrites  de  l'aris  à  la  date  du 
(imars,  félicitent  le  maréchal  de  Damville  delà  trédur- 
lion  de  mon  chasteau  de  Beaucaire».  Ms.  li-.  .3365, 
f"  53  et  55. 

Nous  publions  à  V Appendice  la  seconde,  qui  est  parti- 
culièrement intéressante. 


service  du  Roy  à  cause  des  fermes  qui  se  doib» 
vent  bailler  ausditz  Estatz.  Par  quoy  menez 
ceulx  du  costé  oii  vous  estes  à  Carcassonne, 
et  le  s''  de  Joyeuse  mènera  ceux  du  costé  de 
deçà  pour  la  tenue  ditz  Estais,  où  je  pourray 
par  ce  moyen  estre. 


De  sa  main  : 

Vostre  bonne  cousine. 


Cateri 


1579.  —  8  mars. 

Aul,  Bibt,  uat,.  Fonds  français,  n"  8336,  f'  Sa  r^. 

A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  j'é  veu  par  vostre  letre  qu'il 
i  a  déjeà  dys  ou  douse  jours  qu'estes  arivé 
à  Paris  :  je  voldrès  déjeà  vous  y  pouvoyr  voyr; 
mes  j'é  grent  peur  que  se  ne  sera  pas  sitost 
que  je  désire,  car  j'é  afaire  à  d'étrange  cer- 
veaulx,  et  monstret  bien  qu'il  fest  ysi  plus 
chault  qu'en  France;  mes  de  moy,  depuis  dis 
ans  en  sa,  je  ne  veis  un  si  chault  ylver  :  je  croy 
que  cet  hair  ayst  bon  pour  les  rumes,  car  je 
ne  feus  yl  i  a  lontemps  plus  sayne  enn  iver  que 
j'é  aysté  selui  ysi.  Je  suys  bien  avse  que  Mon- 
sieur le  duc  de  Ferarre  souit  marié,  et  prie 
Dieu  (ju'il  enn  aye  le  contentement  qu'il  en 
désire  et  à  vous  douin  bonne  santé. 

De  Nérac  1,  ce  vin''  jour  de  mars  iSyg. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterink. 


'  Catherine  était  à  Nérac  trois  jours  auparavant;  elle 
se  trouvait  à  Agen  le  8  mars,  et  elle  aura  pareireur  daté 
sa  lettre  de  Xérac.  Il  ne  saurait  y  avoir  de  doutes  sur  la 
lecture;  et  d'ailleurs  la  lettre  suivante  parle  également 
du  mariage  du  duc  de  Ferraro. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


295 


1579.  —  8  mars. 

Orig.  ArchÎTos  de  Manloue. 

A  MON  CODSIN 

MOINSIELR  LE   DUC  DE   MANTOUE^ 

Mon  cousin,  je  me  resjouis  avec  vous  de 
Taise  que  ce  vous  est  de  la  nouvelle  alliance 
d'entre  mon  cousin  le  duc  de  Ferrare  et  vous, 
lui  ayant  donné  ma  cousine,  vostre  fille,  en 
mariage,  lequel  j'espère  sera  heureux,  et  dont 
vous  et  luy,  et  aussi  ma  dite  cousine,  vous  re- 
cepvrez  un  grand  contentement,  ainsi  que  j"a\ 
prié  vostre  ambassadeur,  présent  porteur,  vous 
en  faire  entendre  de  ma  part  et  croire  que  je 
suis  aussi  aise  de  ceste  alliance  que  nul  autre 
de  ceux  qui  vous  ayment  et  ceulx  de  vostre 
maison.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  très  saincte  garde. 

Escript  à  Agen  le  vm'' jour  de  mars  1079- 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


'  En  luèine  temps,  la  reine  de  Navarre  écrivait  an 
duc  la  lettre  suivante  : 

itMon  cousin,  ayant  entendu  par  vostre  lettre  que  le 
mariage  d'entre  mon  oncle  le  duc  de  Ferrare  et  ma  cou- 
sine la  princesse  vostre  fille  estoit  conclu  et  arresté,  j'ai 
eu  les  bonnes  nouvelles  ponr  bien  agréables  et  m'en 
suis  bien  tort  resjouie ,  comme  je  feray  toujours  aux  autres 
choses  qui  vous  succéderont  aussi  heureusement  que 
j'espère  que  fera  celle  bonne  alliance,  en  vous  remerciant 
de  la  bonne  souvenance  que  vous  avez  eu  de  m'en  faire 
part.  Je  me  recommanderai  pour  faire  fin  de  la  présente 
de  vostre  bonne  grâce,  et  priant  Dieu  vous  donner,  mon 
cousin,  ce  que  vous  désirez.  Escript  à  Nérac,  ce  m*  jour 
(le  mars  1679. 

rr Vostre  affectionnée  cousine, 

ItMiRGlERITE.T' 

(Archives  de  Mantone. ) 


1579.  —  S  mars.- 

Orig.    Archives  de  Modènc. 

A  MON   COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE   FERRVRE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  bien  grande  joye  et 
plaisir  d'avoir  entendu  par  vostre  ambassa- 
deur, présent  porteur,  et  d'avoir  veu  par  la 
lettre  que  m'avez  aussy  escripte  la  nouvelle 
alliance  que  vous  avez  faicte  avec  une  si  bon- 
npste  et  vertueuse  princesse  que  celle  que  vous 
avez  espouzép,  dont  je  me  resjouis  avec  vous 
et  prie  Dieu  que  ce  soit  à  longues  années,  et 
toute  la  félicité  que  je  pourrois  désirer  à  mes 
enfans  propres,  ainsy  que  j'av  prié  votredil 
ambassadeur  vous  faire  plus  amplement  en- 
tendre de  ma  part  et  les  autres  particularitez 
que  je  vous  pourrois  sur  ce  escrire,  des({uelles. 
pour  m'en  remetre  à  iuy,  ne  vous  feray  ceste 
cy  plus  longue;  mais  vous  diray  que,  grâce  à 
Dieu,  après  beaucoup  de  peynes,  j'ay  enfin 
par  une  conférence  (où  tout  les  députez  de 
ceux  de  la  prétendue  refforme  ont  esté)  faicl 
une  fort  bonne  résolution  au  bien  de  la  paix 
et  exécution  du  dernier  édit  de  pacifficalion 
du  Roy  monsieur  mon  filz,  sans  que  lesdicts 
d'icelle  prétendue  y  ayent  riensceu  gaigner.  Au 
contraire,  suivant  notre  dite  résolution,  ilz  ne 
feront  plus  depresches  en  beaucoup  des  villes 
qu'ilz  rendent  présentement,  qui  est  beaucoup 
gaingner  sur  eulx;  mais  aussi  m'ont-il  faicl 
beaucoup  de  peyne  avant  que  jeaye  peu  ranger 
à  celln,  aiant  rompu  plusieurs  fois  pour  ceste 
occasion  notre  dite  conférence.  Enfin,  grâces  à 
Dieu,  suivant  la  volunté  et  désir  du  Roy  mon 
dit  S''  el  filz  et  son  commandement  exprès, 
ilz  se  sont  rangés  à  cella ,  qui  n'est  pas  [leu. 

Cependant,  mon  cousin,  je  n'oubliray,  sui- 
vant ce  que  m'avez  mandé  par  vostre  ambassa- 
deur, estant  de   retour  auprès   du    [{o\   iinui 


296  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS 

dit  S'etfilz,  d'y  faire  comme  il  est  raisonnable, 
ainsy  que  de'sirez,  priant  Dieu,  mou  cousin, 
vous  avoir  eu  sa  saincte  et  digne  garde. 

EscripI  à  Agen  le  viii"  jour  de  mars  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  8  mars. 

Aut.  Bibl.  nat. ,  Fonds  français,  n"  loa/io,  f^yi. 

A  MA  C0USI^E 

MADAME   LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine ,  cet  m'a  esté  grant  pk^sir  d'avoyr 
entendu  par  le  con(e  Guido,  présent  porteur, 
(|ue  ayés  mendé  mesieus  de  Guise  et  que  yl 
seront  bien  tost  auprès  du  Roy.  Je  m'aseure 
(pi'il  i  reseveron  tout  contentement.  Cet  l'ami- 
ral moret  ^  je  an  serès  bien  inarrye:  car  je  i'ay 
tousjours  bien  aymé.  Et  vostre  iils,  le  duc  du 
Mayne,  ne  perdre  sa  pouine  d'aler  àTente^,  car 
à  cet  que  j'é  lousjour  oui  dyre,  c'et  une  belle 
conté.  Je  m'en  voy  en  ses  quartier;  car  j'espère 
aystre  alla  lin  de  cet  carême  ann  Avignon,  s'il 
plest  à  Dieu,  pour,  bientost  après  avoyr  aco- 
modé  les  afayres  de  Provense,  aler  trover  le 
Roy  mon  fils  et  la  Rdvne  ma  fille,  que  j'é  ays- 
trèmement  envye  de  revoyr;  car  je  ne  feus 
jeamès  tent  san  avoyr  cet  bien  depuis  qu'il  et 
nay.  Quand  yl  ala  en  Pologne,  je  ne  feus  que 
ouit  moys,  etdéjeàyl  i  ann  y  a  sept  et  demi,  et 
ne  se  cet  deu  deus^  je  auré  cet  bien  et  de  vous 
voyr  ausi,  de  quoy  j'é  grent  envye,  et  suys 
bien  marrye  du  mal  que  m'a  dist  ledist  conte 
que  avés  au  jeanbe,  mes  je  croy  quy  court; 
car  yl  i  a  Iroys  cemaynes  que  je  ann  é  une 
([ui  n'èl   pas  bien;   mes  cet  je  aytois  en  vos 

'    Cel  l'amiral  moret,  si  l'amiral  mourait. 
"  Le  comté  de  Temlo,  (laii'i  les  Alpes,  qui  avait  été 
apporté  au  duc  de  Mayenne  par  sa  femme. 

'   lit  ne  se  cet  den  deut,  et  ne  sais  si  dans  deux. 


alayes,  je  ne  iairès  de  m'i  promener;  car  je 
an  suis  afemmée,  n'ayent  trové  en  cet  péys 
Heu  oià  l'on  puyse  fayre  san  pas  de  long. 

Le  sieur  de  Piebrac  m'a  dist  que  yl  voyroit 
cet  la  Royne  de  Navarre  ma  fille  pouroyt  gua- 
gner  son  mary  à  écripre  à  sa  cousine  pour  son 
mariage';  car  yl  dist  que  une  foys  y  l'avoit 
prestque  acordé,  mes  à  présent  y  l'en  trove 
refroydi ,  et  m'a  dist  qu'il  ne  pense  qu'il  souyt 
vray  de  cet  que  vous  ay  mendé  que  m'avoyst 
dist  la  priusese  de  Coudé.  Vous  saurés  bien 
s'il  ayst  vray,  où  vous  aystes.  Et  pour  cet  coup 
vous  n'a'urés  de  moy  plus  longue  letre;  car  je 
m'endor  si  bien  que  j'é  grent  peur  que  vostre 
mary  ne  sauré  lyre  ma  letre.  Je  prie  Dieu 
qui  vous  veuUe  bien  guéryr. 

De  Agens,  cet  viii""'  de  mars  1679. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  10  mars. 
Copie.  Bibl.  nat..  Fonds  français ,  n*"  SSig^  i°  ii  r''. 

[AU  ROY  M_ONSIEUR  MON  FILS^] 

Monsieur  mon  filz,  j'ay  trouvé  en  ceste 
ville  ung  grand  nombre  de  la  noblesse,  à  la- 
quelle j'ay  fait  entendre  la  résolution  que 
nous  avons  prise  en  nostre  conférance  au  bien 
de  la  paix,  estant  la  pluspart  fort  bien  dis- 
posez à  se  conformer  de  l'entretenir,  garder 
et  observer.  Ils  ont  entendu  les  raisons  que 
je  leur  ay  en  public'  (comme  vous  dira  le  con- 

'  La  duchesse  de  Nemours,  Anne  d'Esté,  veuve  du 
duc  François  de  Guise,  se  trouvait  fort  intéressée  au  ma- 
riage du  duc  de  Ferrare  avec  la  princesse  de  Mantoue. 
-  En  titre  :  (t  Envoyée  au  Roy  par  monsieur  Doron.n 
^  Voir  à  V Appendice  le  ttRecueilz  des  propos  tenuz  par 
la  Royne,  mère  du  Roy,  à  la  noblesse  de  G  uyenne  en  la  salle 
de  l'évêché  d'Agen,  le  v'  mars  i57g'^.  La  reine  s'ex- 
cusait près  des  gentilshommes  catholiques  des  concessions 
qu'elle  avait  faites  à  Nérac  auî  protestants. 


LETTRES  DE  CATH 

sciiler  Doron',  présent  porteur)  Tort  ample- 
ment et  pnrtifulièrenienl  déclairécs  :  en  quoy 
je  ne  pense  pas  avoir  lieu  oublyé  de  tout  ce 
qui  peult  servir  en  ceia,  et  aussy  à  ies  rendre 
et  tenir  envers  vous  tousjours  affectionnez  et 
fermes  au  debvoir  de  bons  subjeetz,  dont, 
pour  l'asscurance  que  j'ay  que  Icdict  Doron 
vous  en  saura  très  bien  rendre  compte  et  re- 
présenter tout  ce  qu'il  en  a  veu  et  aussy 
comme  les  choses  se  sont  passées  en  nostre 
conférance  à  Nérac  (où  il  a  tousjours  esté 
depuis  qu'il  y  arriva),  je  ne  mestenderay  à 
vous  en  f'ayre  plus  lon[j  discours;  mais  vous 
diray  que  nulcuns  de  la  noblesse  estans  pous- 
sez, comme  je  présume,  par  ceulx  qui  n'ont 
bougé  de  leurs  maisons  durant  la  guerre  et 
qui  ont  plus  de  malice  que  de  valleur,  s'as- 
semblèrent samedy  après  disner,  après  m'avoir 
dict  quilz  voullolent  ensemble  regarder  pour 
fayre  mcctre  par  escript  quelzques  parlicul- 
larilez  qui  pourroient  beaucoup  servir  à  l'es- 
tablissemenl  do  la  paix;  mais,  à  ce  que  j'en- 

'  A  celle  lettre  était  jointe  la  pièce  suivante,  que  nous 
donnons  d'après  le  ms.  fr.  .'iSig,  t"  i?>  : 

Mémoire  baillé  à  M'  Doron  avec  la  dépesche  c>i-dessus. 

trLe  conseiller  Doron  a  très  amplement  et  bien  au  long 
raporté  à  la  Royne,  mère  du  Roy,  la  charge  qu'il  avoit  de 
Sa  Majesté  non  seullemciil  sur  lo  contenu  du  mémoire 
•  qu'elle  luy  en  avoit  taict  bailler  par  escript ,  mais  aussy 
de  toutes  aultres  choses  dont  Sadicte  Majesté  iuy  avoit 
verballement  donné  charge,  de  quoy  ladicle  dame  Royne 
a  rcceu  1res  grant  plaisir,  et  y  respondant,  a  chargé  ledit 
conseiller  Doron  de  faire  entendre  au  Roy  ; 

trQu'il  n'eust  seu  faire  chose  qui  donne  plus  de  con- 
tentement à  ses  peuples  et  subjeetz,  comme  ladicte  dame 
Royne  luy  a  cy  devant  escript,  que  de  faire  publier  les 
ordonnances  et  responces  faites  sur  les  cahiers  des  Estalz 
généraulx  tenuz  à  Bloys,  letjuelles  elle  s'asseure  (comme 
il  luy  a  aussy  pieu  luy  faire  dire  par  ledit  Doron)  qu'il 
est  bien  délibéré  de  faire  fort  expressément  et  exacte- 
ment garde,  comme  estant  une  des  choses  plus  requises 
pour  le  bien  de  ses  alTaires  et  service. 

nll  n'est  pas  mal  à  propos  d'avoir  permis  aux  députez 

CiTIIEBlNE    DE    MÉDICIS.    Vl, 


ERINE  DE  MEDICIS. 


^97 


tendz  incontinent ,  ilz  y  parlèrent  de  beaucoup 
de  choses  qui  ne  vallent  rieu  et  feirent  dresser 
une  requeste  eu  forme  d'articles  pour  me 
présenter,  de  laciuelle  jay  eu  le  double.  Et 
avant  que  ceia  allast  plus  avant,  je  feyz  soubz 
main  que  quelques  ungs  d'eulx,  qui  sont  des 
mieulx  affectionnez ,  remonstrèrent  aux  aultres 
qu'il  n'estoit  pas  à  propos  de  me  présenter 
ladicte  requeste.  En  fin  (à  ce  (jue  jay  sceuj, 
ilz  s'en  remectent  à  ce  qui  leur  sera  conseillé 
par  le  mareschal  deBiron,  lequel  se  rend  fort 
difiicille  pour  aller  exécuter  l'édict  de  pacif- 
fication  et  ce  qui  a  esté  résolu  en  nostredicte 
conférance  en  Querry,  Rouergue,  Périgord, 
Lvmozin  et  par  la  lizière  d'Auvergne,  où  est 
le  plus  grand  mal,  combien  qu'il  eust  esté 
dès  Nérac  résolu  avec  son  gré  qu'il  yroit  et 
avec  lui  le  viconte  de  Turenne,  qui  arriva  dès 
ledict  jour  de  samedy  icy  pour  cest  effect,  et 
feusmes  toute  laprès-disnée  en  conseil;  et  en- 
cores  hier,  aiant  veu  et  reveu  les  instructions 
que  j'av    faict    dresser   pour    l'exécution    de 

des  Estatz  de  Normandye  et  Bourgongne  de  se  rassem- 
bler en  chascun  desdils  gouverneniens,  avec  ceulx  qui 
les  avoient  députez  pour  leur  faire  entendre  ce  qu'ilz 
rapportèrent  du  Roy;  car  chascun  verra  combien  Sa 
Majesté  les  Iraicte  favorablement;  mais  il  est  très  néces- 
saire d'y  envoyer,  avant  qu'ilz  soient  ensemble,  ung  S' 
d'auctorité  bien  iiistruicl  et  alTectiiinné  à  sadicte  Majesté, 
pour  ce  que  sa  présence  et  le  moyen  qu'il  aura  lors  d'y 
faire  ung  bon  service  servira  grandement  pour  empes- 
cher  à  quelque  mauvaise  chose ,  s'il  y  en  a  quelques  ungs 
qui  voullussent  entreprendre  de  brouiller,  comme  il  en 
a  esté  quelque  bruict  et  grande  aparance  :  pour  le  moings 
les  esclairant  de  présent,  il  sera  aizé  de  les  descouvrir, 
s'il  y  a  quelque  chose  de  mauvais  dont  il  donnera  advis, 
et  ce  pendant  y  remédira  le  mieulx  qu'il  pourra  poiu'  le 
faire  deslourner.  Il  sera  bon  d'en  laire  semblable  en  Bre- 
taigne,  si  les  députez  demandent  aussy  permission  de  s'y 
rassembler. 

ttQuand  à  la  faulte  de  fons,  ladicte  dame  Royne  luy  a 
ouvert  quelques  moiens  qu'elle  pense  que  seroient  aizés 
à  exécuter  et  qu'il  s'en  retireroit  assez  de  moyen  pour 
couller  et  eschapper  le  reste  de  cestc  année ,  mais  ii  fauit, 

38 


ItfCMMEIlIE     T1AT10:^ALt. 


298  LETTRES  DE  GATH 

vostrediri  édiri  cl  desdictes  re'solutioiis  de 
nostre  conlV-iance,  elles  lurent  Irouve'es  très 
bonnes.  Toutesl'ois  ledict  niaresrlial  de  Biron 
ne  savoil  sur  «jUDy  satacqiier  pour  mener 
cecy  à  la  longue,  atlin,  à  mon  advis,  de  con- 
tenter aucuns  de  la  noblesse  qui  ne  désirent 
pas  la  ])aix.  (iar  encores  ledict  jour  de  sa- 
niedv,  à  mon  lousclier,  et  bier  parlant  à  luy  de 
cecy,  je  le  Irouvey  merveilleuscuieni  esgaré, 
et  nie  teint  les  mesmes  propos  daulcunes 
particularilez  portées  en  ladicte  requeste,  au 
contenu  de  laquelle  vous  avez  de  vostre  [)arl 
pourveu  et  donné  le  bon  ordie  (juilz  sauroient 
désirer;  et,  pour  le  reste,  il  \  est  satislaict  et 
renieddvé  par  lesdictes  instructions  de  l'exé- 
cution de  vostredict  édicl  et  aiticles  de  ladicte 
cont'érance.  Je  viendrny,  selon  mon  opinion, 
bien  à  bout  de  ladicte  noblesse  pour  la  con- 
lenter,  avant  desjii  parlé  à  ijucdques  unjjs,  qui 
se  sont  relirez  en  leurs  maisons  bien  conleu- 

suiv;int  ce  qu'ollo  a  escripl  h  sadiilo  Majesté,  (|iie  l'un 
face  toul  ce  <iup  l'un  [loiina  ad  cç  qm'  |i'<  proxincs 
soieni  capalilps  dos  grandes  raisons,  qu'elle  a  dites  et 
encures  i|iieli|ne  fois  escriptes  à  sadicle  Majesté,  ad  ce 
que  lesdictes  piovinces  se  cliargenl  jiar  aimées,  cbascuue 
au  prorata  de  ce  qu'elles  peuvent  porter,  du  rarliapt  di's 
délites  du  loyaurne,  pour  lenietire  le  l'io\  eu  ses  do- 
maines, aydes  et  .uiltres  revenu/,  atliu  qu'd  --e  puisse  et 
son  eslat  eMlre|i>nir  et  vivre  du  sien.  A  prissent  cpie  Dieu 
nous  a  fait  reste  jpace  (pie  nous  avons  la  pai\  liien  con- 
firmée, lesdictes  provinces  auront  plus  de  commodité  de 
ce  l'aire ,  et  feroit  taiie  en  cliasiune  d'icelles  propozer  cela 
par  gens  de  liieu,  ali'ectionnez  au  Uov  el  qui  ajent  crédit 
et  au(  lorité  en  icelles  provinces;  et  cpiand  encores  ilz 
feroii'Ul  ledit  racquil  en  dix  ou  dunze  ans,  ce  ne  seroit 
pas  peu  faiie.  car  par  chascun  an  le  lioy  coiunianceroit  à 
rentrer  et  à  joyr  du  sien. 

«iVe  voullant  ladicle  dame  lloyno  oulilier  de  luy  ra- 
mentevoir.  faisant  diesser  les  uienioiii'S  et   instructions 

de  ceulx  qui  auront  este  chargé  il'eu  parler  aux 

de  n'oublier  le  faict  des  traicles  et  de  liien  déclairei' 
comme  les  deniers  d'icelles  traicles  sont  destinez  pour  le 
payement  des  délites  deues  aux  Suisses,  dont  l'enlrete- 
nemenl  de  l'alliénalion  est  tant  requis  et  nécessaire  à  ce 


ERINE  DE  MKDICIS. 

tens,  car  aussy  veoient-ils  bien  le  bon  zellr 
que  vous  et  moy  avons  à  leur  repos  et  an  bien 
de  la  paix,  (jue  la  pliispart  d  entre  eui.x  con- 
fessent estre  le  plus  jjrand  bien  (|u"ilz  sau- 
roient avoir  et  que  leur  puissiez  donner,  et  qui 
leur  est  aussy  le  plus  nécessaire.  Toustefois, 
je  congnois  (juil  \  a  bien  eu  de  la  menée 
pour  en  em])esclier  1  exécution,  etay  esté  con- 
traincte  de  dire  ouvertement  que  je  voulois  eu 
ma  présence  veoir  exécuter  le  tout  en  ces 
quartiers  de  deçà,  avant  partir  de  reste  ville, 
et  cpie,  pour  le  regard  du  reste,  j  iroys  aussy 
plus  tost  moy  mesmes  jus(pies  à  l'érigueuk. 
tant  pour  v  lavic  cstablir  le  baron  de  Salli- 
gnac  (qui  est  l'orl  liomme  de  bien,  à  ce  ({ue 
Ion  dit,  et  que  j'av  desjà  tant  faict  que  le  vi- 
coute  de  Turenne  accorde  qu'il  soit  mis  au 
lieu  de  Vivaus  '),  (pie  pour  fayre  aussy  en  ma 
présence  exécuter  vostredict  édicl  et  tout  ce 
([ui  est  nécessaire  de  ces  costez-là,  |)Oiir  après 

royaulme,el  i[ue  l'ailiclequi  [en]  parlera  soit  lorteslendu, 
comme  il  y  a  assez  de  suliject  el  de  grandes  raisons  pour 
y  faire  ranger  et  amener  lesdicts  des  provinces. 

r Quand  ad  ce  qu'il  a  pieu  a  Sadicle  Majesté  mander 
à  lailicte  dame  lioyne  de  la  cliarge  donnée  à  Mons'  de  la 
(diap|ielle  di>s  Ursins,  envoyé  devers  Monseigneur  son 
frère,  et  aussy  pour  le  mariage  d'Angleterre,  s.idicte 
Majesté  aura  veu  ce  que  ladicte  dame  Royne  luy  eu  a 
escript  par  le  jeune  i\lauvisière  et  encores  le  s'  Camille; 
se  délibérant  suivant  cela  ladicle  dame  Royne  d'envoyer 
devers  luy  incontinent  quelqu'un  des  siens,  mais  elle 
désireroit  bien  entendre  et  savoir  premiei-  ce  ([ue  auia 
raporté  mondit  s'  de  la  (lliappelle  des  Ursins. 

rQuand  au  parlement  du  s'  de  Beauvais  pour  l'orlugal . 
ladicte  dame  Royne  craint  bien  que  son  retardement  pre- 
judicye  audit  affaire;  toulesfois  elle  espère  encores  qu'il 
y  arrivera  assez  à  temps,  si  de  ceste  heure  il  est  party 
de  l'aris. 

"Kaict  à  Agen,  le  x' mars  1079. n 

'  Ce  Vivans  avait  été  envoyé  à  Périgueux  par  le  roi  de 
Navarre  (|ui  l'avait  chargé  de  veiller  à  la  sûreté  des  pro- 
lestants. Turenne  lui  écrit  fréquemment  en  1678  pour 
stimuler  son  zèle.  —  Bibl.  uat.,  collection  Périgord, 
vol.  6S,  r  ya  à  gS. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDIGIS. 
me  rendre  à  Castelnniidarv  ou  à  Carrassonne, 


299 


où  j'ay  assigné  les  députez  de  Languedoc, 
comme  je  vous  ay  escript  par  Camille,  et  pour 
venir  tenir  les  Estatz  dudirt  pais  le  xxv"°"  de 
ce  présent  mois,  que  j'espère  y  arrivei';  et  m'y 
achemine  tout  droit  passans  par  Thoulouze, 
ne  parlant  plus  du  voiaige  qui  avoit  esté  pro- 
posé du  costé  de  Bayonne,  car  je  naurois  pas 
le  temps;  aussy  que  depuis  jav  bien  congneu 
qu'il  ne  seroit  pas  à  propos  que  je  laissasse 
ces  gens  icy  de  si  loing,  et  fault  pour  le  bien 
de  vostre  service  que  je  face  fayre  en  ma  pré- 
sence, au  nioings  avant  que  parlir  d'icy,  tout 
ce  qui  est  nécessaire  pour  ladicte  exécution 
de  ledit,  ce  que  vous  pouvez  eslrc  asseuré 
que  je  feray,  quelque  traverse  que  l'on  m'y 
ayt  voulhi  donner.  Le  viconle  de  Turenne  est 
à  présent,  ce  me  semble,  autant  bien  alTec- 
tionn('  à  ladic(e  exécution  (]u"il  a  esté  fascheux 
et  malaizé  en  nostre  conférance  ;  cella  me  con- 
solle  fort  et  a  esté  à  mon  advis  cause  que 
ledict  mareschal  de  Biron,  après  toutes  ces 
bontc's  cy-devant  déclairées.  me  veint  hier 
avant  souppcr  dire  qu'il  me  prioil  de  i'excuzer 
des  difficultez  et  collèrea  qu'il  avoit  monstrées 
en  cecy,  et  que  cela  ne  procédoit  que  de  l'af- 
feclion  qu'il  a  à  vostre  service,  mais  qu'il 
m'asseuroit  qu'il  feroit  en  sorle  ({ue  vous  et 
moy  aurions  grand  contentement  du  voiage 
qu'il  va  faire  et  pour  lequel  il  partira  demain, 
estant  dès  ce  matin  ledict  viconte  de  Turenne 
acheminé  devant  à  Puyn)urol,  oii  ie  sénescbal 
de  ce  lieu  va,  pour  fa\Te  fayre  etesire  présent 
ad  ce  que  ledirt  Puymurol,  qui  importe  beau- 
coup à  reste  ville,  soit  remis,  comme  il  a  est<? 
advisé.  Aussy  ay-je  voullu  que  Ton  ayt  com- 
mancé  pour  le  costé  de  deçà  en  ce  lieu.  Les 
aultres  qui  sont,  en  la  lisle  el  iiHMiioyre  que 
NOUS  ay  en\oyé,  nommez  et  choisiz  pour  aller 
fayre  ladicte  exécution  sont  partys;  je  les  ay 
admonestez,  de  toute  la  plus  grande  affection 


([ue  j'ay  pou,  ad  ce  quilz  lacent  commencer 
promptement  le  contenu  en  leurs  commissions 
et  instructions  :  aultrement  il  est  certain  qu'ilz 
nous  reniettroient  à  la  guerre  et  vous  perdroient 
tous  ces  païs  de  deçà,  comme  je  vous  puis 
dire  qu'ilz  feussent  desjà  sans  ma  présence  et 
la  patience  grande  que  j'ay  eue  pour  remed- 
dier  au  mal  que  j'v  av  trouvé  croissant  par  les 
passions  des  ungs  et  des  aultres  et  ies  ini- 
mitiez grandes  qui  sont  entre  eulx,  que  faull 
que  le  temps  par  la  paix  rhabille,  ainsy  (jue 
j'espère  qu'il  fera,  si  voz  ministres  se  veulent 
conduire  comme  ilz  doibvent  et  tenir  en  ceste 
affayre  le  chemyn  que  je  leur  ay  monstre  et 
laisseray  par  bonnes  instructions,  premier  que 
partir  pour  vous  aller  trouver,  qui  ne  sauroit 
jamays  estre  si  tost  que  je  désire,  pour  l'ex- 
tresme  enwe  que  j'ay  d'avoir  ce  bien  de  vous 
veoir  et  estre  auprès  de  vous;  mais  je  say 
bien  que  vous  entendrez  que  j'aye  si  bien 
pourveu  par  deçà,  comme  vous  pouvez  penser 
que  j'en  prends  toute  la  peine  qu'il  m'est  pos- 
sible, que  tout  y  soict  réduirt  au  bon  estât  que 
désire  le  bien  de  vostre  service,  pour  lequel 
je  feray  aussi.  Dieu  aydant,  de  mesme,  passant 
à  mon  retour  en  Languedoc  et  en  Prouvence. 
Ce  pendant  j'ay  parlicullièrement  faict  en- 
tendre au  conseiller  dOron  la  lesponso  sur 
chasfuu  des  poiiiclz  du  mémoire  (ju'il  vous 
pleust  luy  fayre  bailler  quand  le  dépeschastes 
vers  moy,  qui  vous  prye  à  ceste  occasion  le 

croire  de  tout  ce  qu'il  vous  dira  de ', 

de  cest  séneschal  qui  est  fort  mauvais  gai'çou, 
estant  à  présent  à  vostre  suitte,  comme  jay 
cy-devant  escript  à  Villeroy.  Priant  Dieu, 
monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  x'  jour  de  mars  1679. 


Laissé  eu  blanc. 


.38. 


300 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1579.  -—  ili  mais. 
Orig.  Bibl.  nal.,  ms.  fr.  15905,  f  nS"  '. 

A  MONSIEUR  DE   BELLIÈVRE. 

Mons'^  de  Beliévre,  la  lettre  que  m'avez 
eseriple  à  vostre  parlement  pour  aller  en 
Basse-Normandye,  et,  passant  si  près  d'Aï- 
lençon ,  aller  veoir  et  visiter  de  la  part  du  Roy, 
monsieur  mon  filz,  mon  filz  le  duc  d'Anjou, 
m'a  este'  rendue,  ayant  esté  très  ayze  que  le 
Roy,  mondit  S'  et  filz,  \ous  ayl  commis 
ceste  charge,  pour  Tasseurance  que  j'ay  que 
vous  vous  en  sçavez  très  dignement  acquitter, 
de'sirant  bien  fort  entendre  ce  qui  sera  passe' 
en  vostre  voiage.  Car  je  tiens  pour  certain 
que  ce  sont  les  deux  plus  importans  affaires 
que  le  Roy,  mondit  S"^  et  filz,  ayt  main- 
tenant, et  les  plus  nécessaires,  que  de  veoir 
une  bonne  intelligence  entre  luy  et  mondit 
filz  le  duc  d'Anjou ,  et  que  ceulx  de  Normandye 
soient  mis  en  chemyu  de  bons  et  loyaulx  sub- 
jectz  qu'ilz  ont  tousjours  este'.  Priant  Dieu, 
mons'  de  Beliévre,  vous  avoir  en  sa  sainte  et 
digne  garde. 

Esrript  à  Agen ,  le  xiiii''  jour  de  mars  1579- 

De  sa  main  :  La  bien  vostre , 

C\TERINE. 


1579.  —  i/j  mars. 

Autograpbtî. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine,  je  ne  vous  diray  que  ce  mot, 
qui  est  que  je  suis  infiniment  aise  que  vos 
en  fans  sont  à  ceste  heure  à  la  Cour,  à  ce  que 

'  La  suscriplion  exacli>,  au  dos,  porlo  :  trA  Mons'  do 
Believi-e ,  conseiller  d'Eslat  el  du  Conseil  privé  du  Roy,  el 
président  en  sa  court  de  Parlemenl.» 


m'asseure  Georges,  par  lequel  vous  feray  plus 
amplement  response,  et  vous  dirav  seulement 
que  je  suis  prie'  de  l'e'vesque  d'icy  '  de  vous  re- 
commander une  affaire  qu'il  a  avec  le  cardinal 
d'Esté;  et  vous  prie  faire  pour  lui  ce  que  vous 
pourrez,  car  il  est  très  bon  serviteur  du  roy  et 
mérite  beaucoup,  et  est  pauvre;  et  monsieur 
le  cardinal  c'est  peu  de  chose  pour  luy,  et 
beaucoup  pour  celui-ci.  Le  sieur  de  Vimeulx 
vous  en  dira  ce  que  c'est;  et  je  feray  fin  faisant 
mes  recommandations  à  Mous"'  de  Nemours, 
et  priant  Dieu  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Agen,  le  xiin"  de  mars  iSyy. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterïne. 


1579.  —  i4  niar.-. 

Archives  de  Modène. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  DE  NEMOURS. 

Ma  cousine  j'ay  cydevant  escript  h  nion 
cousin  le  cardinal  d'Esté  de  se  désister  de  la 
prétension  et  poursuite  qu'il  faisoit  contre  le 
s'  évesque  d'Agen,  pour  raison  de  l'abbaye  de 
Fondefreddi,  de  laquelle  ledict  s"'  d'Agen  juyt 
long  temps  jà,  et  pour  ce  que,  comme  vous 
sçavez,  luy  et  ses  prédécesseurs  ont  esté  tou- 
jours très  affectionnez  serviteurs  de  ceste  Go- 
ronne  :  qui  est  cause  qu'eu  ce  qui  le  touche 
l'ay  en  singullier  recommandation;  aussi  vous 
avje  à  ceste  occasion  bien  voullu  faire  ceste 
lettre  pour  vous  prier  à  vous  employer  et  l'aire, 
])0ur  l'amour  de  moy  tant  envers  mondict 
cousin,  qu'il  se  désiste  de  ladicte  poursuite  et 

'  C'était  Frégose,  évoque  d'Agen,  qui  écrivait  souvent 
à  la  reine  mère  et  au  roi.  Voir  ses  lettres  datées  de 
Nérac,  en  août  et  octobre  iSyg,  adressées  à  Henri  lit 
et  à  Catherine,  publiées  par  M.  Tamizey  de  Larroque 
dans  son  opuscule  sur  Jaim/s  Frégose,  Bordeaux,  tSy.î. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


301 


prétension  et  qu'il  la  lomoltc  audit  s'  d'Ageu, 
comme  je  luy  ay  cy  devant  cscript  et  prié  de 
faire.  Priant  Dieu  mon  cousin  vous  avoir  en 
sa  sainte  et  dijjne  garde. 

Escript  à  Afjen,  le  xiiii"  jour  de  mars  i  579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  i5  mars. 

Copie.  Bibi.  nal. ,  Fonds  fr»nçaii.  u°33i9,  f'  i-l  v" '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  quand  le  s"  de  Dinlhe- 
vilie  est  arrivé  par  deçà,  ii  m'a  Irouve'e  en 
cestè  ville  retournant  de  Nérac,  après  avoir 
parachevé  nostre  oonférance,  et  estoient  toutes 
choses  arrestées  comme  Camille  les  vous  a 
portées,  de  sorte  qu'il  n'y  avoit  plus  de  lieu 
d'y  rien  changer,  aussy  que  je  pense  certaine- 
ment que  nous  n'eussions  peu  gaigner  aultre 
chose  sur  les  trois  poincts  portez  au  mémoire^ 
<|u"il  vous  a  pleust  luv  faire  bailler;  car  pour 
If  premier,  ((inceriKint  le  nombre  des  (juirizes 
villes,  je  vous  diray  qu'elles  ne  sont  pas  dé- 
laissées, mais  seullement  y  est  l'exécution  de 
vostre  édit  de  pacillication  difiérée  jusques  à 
six  mois,  et  ce  jiendanl,  pour  seurete'  de  l'en- 
tière exécution  de  vosiredil  édit  en  icelles, 
mon  fils  le  roy  de  Navarre,  vingt  des  prin- 
cipaulx  de  ceulx  de  la  Relligion  |)rétendue 
refl'ormée,  ceulx  qui  commandent  esdi<tes 
villes   et    six  des    principaulx    bourgeois   de 

'  En  lilie  :  (rl''nvoyi'('  -.m  Boy  par  Monsieur  de  IJiii- 
Iheviile.- 

'  Nous  avons  relronvo  ce  KinémoIrcT! ,  fait  par  le  roi 
en  réponse  aux  préccdi^nlos  dépèclios  d«  sa  mère,  Pt 
nous  le  donnons  à  VAppcmlicp ;  il  est  daté  de  Paris,  du 
36  janvier  1079,  '''  ''  ''  '''"'  l'intérêt  d'une  lettre  do 
Henri  III  lui-nu  me,  entrant  dans  de  nombreux  délails 
etcn(;a(;eanl  Catherine  de  Médicis  à  résislcr  aux  exigences 
dos  prolestanls. 


chacune  d'icelles,  s'obligent  de  les  délaisser 
(lu  tout,  au  bout  desdits  six  mois;  cependant 
avec  ceste  condition,  qui  est  tout  le  mieulx  que 
j'ay  peu,  le  service  divin  est  remis  en  icelles 
et  en  plus  de  deux  cens  cinquante  aultres 
villes  que  par  ce  moyen  ils  vous  restituent 
promptement,  chacun  de  voz  subjects  rentrant 
en  ses  biens,  vous  de  vostre  domaine;  voz 
tailles  et  aultres  deniers ,  dont  n'aviez  rien ,  vous 
seront  doresnavant  payés  par  ceulx  desdictes 
villes,  et  oultre  cela  vous  joyrez  des  salines 
du  Pecquais,  qui  sont  de  grandz  revenuz, 
lesquelz  ils  prenoienl  et  appli(|uoient  à  leur 
cause;  et  leur  est  seullement  baillé  trente 
six  mil  livres  pour  payer  en  chacune  d'icelles 
villes  ung  gentilhomme  qui  sera  agréé  par 
vous,  ou  par  moy,  et  quelques  gens  qui  ne 
sauroient  estre  en  grand  nombre  pour  si  petite 
somme,  do  sorte  que  cella  ne  se  pcull  appellcr 
garnison  :  et  a  fallu  trouver  ce  remède  pour 
donner  loisir  d'oster  du  tout  le  reste  des 
grandes  deffiances  qui  sont  en  ces  gens  icy. 
OuanI  au  dernier  poinct,  faisant  meiilion  de 
la  Chainbie  de  la  justice  de  Languedocq,  nous 
avons  rompu  deux  ou  trois  fois  sur  ceste  occa- 
sion, et  ay  veu  l'heure  que  nous  nous  sépa- 
rions sans  en  rien  faire,  comme  je  vous  av 
personnellemonl  escript  et  que  vous  aura  peu 
dire  (Camille,  et  n'y  a  eu  moyen  de  pouvoir 
mieulx  faire  que  ce  (jui  a  esté  advisé  sur  cela, 
dont  j'attends  bientosf  responce  de  vous;  et  sv 
vous  trouvez  bon  ijue  ladicle  (iliambre  de  Lan- 
guedoc soit  seullemenl  mi  pnrtyo,  prenant 
(comme  il  a  esté  advisé)  quatre  des  conseillers 
catholicques  au  Parlement  de  Tlioulouse,  je 
croy  certainement  qu'il  n'y  a  personne  qui 
n'estime  cela  à  plus  grand  avanlnjre  (|ue  si 
ladicle  Chambre  demouroit  tripartye  et  les 
deux  tiers  catholicques  d'icellc  pris  à  leur  gré 
de  vostre  (Jrand  Conseil,  oultre  que  ce  soit 
une  glande  espargne  de  la  dépense  au  double 


302 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  vous  coustent  ceulx  dudit  Grand  Conseil. 
L'advocat  Duranty,  qui,  comme  vous  pouvez 
penser,  seroit  le  désir  des  cathoiicques  de  tous 
les  costez  de  deçà,  m'a  dit  que  seroit  beaucoup 
plus  à  ])ropos  de  faire  ladicte  Chambre  de 
Languedoc  mi-partye  de  ceste  façon ,  que  si  elle 
demeuroit  tripartyé,  estans  tous  les  conseillers 
de  vostredit  Grand  Conseil.  Vray  est  qu'il  dé- 
sireroit  aussy  qu'au  lieu  du  pre'sident  Baiilet, 
l'on  en  prist  ung  de  ceulx  de  iadicte  Court  de 
Parlement  de  Thoulouze.  J'y  ay  faict  ce  que 
j'ay  peu ,  mais  il  n'a  esté  possible  de  pouvoir 
gaigner  cela  sur  ceulx  de  ladicte  relligion. 
En  attendant  réponce  de  tout  ce  que  je  vous 
ay  escript,  et  que  vous  aura  faict  entendre 
ledit  Camille,  et,  depuis  d'Oron,  que  je  vous 
ay  aussy  renvoyé,  crovez,  Monsieur  mon  filz, 
qu'il  sera  usé  de  toute  dilligence  à  l'entière 
exécution  de  vostre  édit  de  pacifHcation  et  de 
tout  ce  que  nous  avons  résolu  et  arresté  en 
nostredirte  conférance,  pour  ce  gouvernomcnl 
de  Guyenne,  ayant,  oultre  ceux  qui  sont  or- 
donnés pour  faire  ladicte  exécution  de  ma 
part  et  de  celles  de  mondit  fils  le  roy  de  Na- 
varre, encores  envoyé  de  mes  gens  à  Puymirol, 
Langon  et  Bazas,  qui  sont  icy  près,  pour  re- 
garder que  les  choses  y  soient  si  bien  faictes, 
qu'il  n'y  ayt  rien  à  redire;  car  faisant  bien  au 
commencement ,  il  est  à  croire  que  cela  donnera 
occasion  aux  aultres  d'ensuivre  et  en  faire  de 
mesmes. 

Dès  que  je  feuz  arrivée  en  cestedicte  ville, 
je  feis  en  sorte  que  le  viconte  de  Turenne 
alla  luy-niesmes  audit  Puymirol,  qui  n'est 
(ju'à  deux  lieues  d'icy,  d'où  y  feist  tant  que 
ung  nommé  le  capitaine  Lestarneau,  qui  est 
ung  fort  mauvais  garçon,  en  sortit  et  ses  sol- 
dats aussy,  excepté  quelques-ungs  qu'il  laissa 
dans  le  chasteau,  attendant  que  le  sénéchal 
de  Bajaumont  et  luy  y  retournent  pour  para- 
chever d'exécuter  ce  qui  y  est  à  faire  et  en 


bailler  la  charge  au  s''  de  Lezignan  ^,  comme  il 
a  esté  advisé  :  ce  qui  eust  esté  faict  dès  ven- 
dredy,  mais  le  fait  de  la  querelle  d'entre  ledit 
vicomte  de  Turenne  et  le  s''  de  Duras,  dont  je 
vous  esczipviz  du  Port-S'^-Marye ,  se  renouvella 
encores,  de  sorte  que  tout  ce  jour  là  se  passa 
à  les  accorder,  comme  je  feyz,  ainsy  que  vous 
dira  ledit  s'  de  Dintheville,  et  comme  tout 
cela  s'est  passé,  et  aussy  comme  j'ay  moy- 
mesmes  exécuté  vostredit  édict  et  la  résolution 
de  nostre  conférance  en  ceste  ville,  suivant  le 
double  que  je  vous  envoyé  de  l'acte  que  j'en 
av  faift  faire.  Lesdits  sénéchal  de  Bajaumont 
et  le  viconle  de  Turenne  sont  allez  pour 
achever  audit  Puymirol,  et  aussy  à  VilleneulVe 
d'Agenois  pour  faire  ce  qu'il  y  fault  faire,  et 
s'acheminera  de  là  icelluy  viconte  de  Turenne 
à  Cahors,  où  le  maréchal  de  Biron  se  doibt 
aussy  trouver,  pour  commancer  à  exécuter 
vostredit  édit  et  ladicte  résolution  de  nostie 
conférance  pour  la  sénéchaussée  de  Quercy,  et 
de  là  yront  en  Roucrgue,  et  puis  en  Périgort 
et  Lymosin.  Cependant,  alfin  que  les  maulx 
y  cessent,  nous  y  avons  fait  les  dépesches, 
nécessaires,  non  seuHement  pour  y  faire  faire 
semblable  publication  en  la  forme  que  vous  ay 
envoyée ,  mais  aussy  pour  faire  cesser  tous  actes 
d'hostiliité  et  faire  mectre  en  liberté  tous  pri- 
sonniers de  guerre  sans  payer  rançon,  de  sorte 
que  lesdits  maréchal  de  Biron  et  viconte  de 
Turenne  trouveront  les  choses  bien  advancées 
et  auront  beaucou|)  plus  tost  faict.  L'on  pro- 
cedde  aussi  à  ladicte  exécution  par  toutes  les 
aultres  sénéchaucées  de  ce  gouvernement, 
espérant  que  dedans  peu  de  jours  les  choses 
y  seront  bien  establyes;  mais,  comme  vous 
dira  icelluy  s''  Dintheville,  je  n'ay  pas  eu  peu 

'  C'est  Louis  de  Sainl-Gelais,  àilde  L\isignan,  baron 
de  la  Motte-Saint-Héraye,  soigneur  de  Lanssac,  que  la 
reine  mère  employa  comme  liomme  de  lOÊifiance  pour  ac- 
commoder beaucoup  de  dilliciles  affaires  dans  ces  régions. 


LETTUES  UE  ClATIl 

(le  peiue  à  y  ranjjer  beaucoup  de  gens  et  d'une 
part  et  d'auitre,  qui  ne  voulloieut  pas  la  paix, 
laquelle  j'espè-re,  avec  l'ayde  de  Dieu,  que, 
nonobstant  les  traverses  et  mauvaises  voluntés 
de  ces  jjens-là,  nous  ne  laisserons  deslabiir,  y 
estant  ledit  maréchal  de  Biron,  ce  me  semble, 
mieulx  disposé  qu'il  n'estoit  ces  jours  icy,  et 
n'y  a  poinct  de  dilEculté  qui  ne  demeure  en 
ce  gouvernement,  quand  j'en  partiray.  Il  s'en 
est  bien  voullu  excuser,  mais  j'estime  que  c'est 
pour  qu'il  est  court  d'argent,  et  croy  que  se 
sera  bien  l'ait,  comme  je  vous  ay  ces  jours  icy 
escript,  que  le  gratilliicz  de  quelque  chose 
pour  le  contenter  et  luy  donner  moyen  de 
supporter  la  despense  qu'il  l'ait. 

J'espère  estre,  Dieu  aydant,  sans  faillyr,  le 
xxiiu'  de  ce  mois  à  Castelnaudarv,  oii  je  trou- 
veray  les  députtés  de  Languedoc,  avec  iesquelz 
j'auray  bientost  fait  ce  qu'il  fault  faire,  après 
que  j'auray  sceu  vostre  intention,  et  seront 
aussy  assemblés  à  Carcassonne,  qui  n'en  est 
pas  loin ,  les  Estatz  dudit  pais  de  Languedoc ,  où 
j'espère  que  ma  présence  aportera  ung  grand 
bien  pour  vostre  service;  car,  oultre  qu'en  iceulx 
je  feray  confirmer  Tentretenement  de  vostredit 
édit  de  paciffication,  je  m'asseure  que  l'équi- 
valient  et  les  aultres  fermes  qui  se  doivent 
bailler  augmenteront  à  vostre  proffict  de  plus 
de  cent  mil  li\res  de  rente,  car  je  remédiray 
aiix  monopoUes  et  larcins,  ijue  j'ay  entendu 
que  l'on  a  accoustumé  d'y  fajre,  et  douneray 
tel  ordre  que  vous  y  serez  Cdellement  servy, 
s'il  m'est  possible. 

Je  suis  infiniment  aize  de  la  résolution 
qu'avez  prise  de  renvoyer  le  maréchal  de 
Retz'    en   Provence,  et   ce  pendant  qu'ayez 

'  Le  maréclial  de  Retz,  Albert  de  Gondi,  était  le  fils 
de  la  gouvernante  des  enfants  de  France,  amenée 
d'Italie  par  Catherine  de  Médicis.  D'abord  précepteur 
lie  Charles  IX,  il  fut  nommé,  après  la  bataille  de  Mon- 
contour,  où  il  avait  figuré  lionorablement ,  capitaine  de 


EIU.NE  DE  MEDICIS.  303 

advisé  d'envoyer  un  pouvoir  au  cardinal  d'Ar- 
maignac  et  de  le  faire  assister  par  le  président 
des  Arches  pour  y  faire  poser  les  armes,  ainsy 
que  je  m'asseure  (|ui  leur  sera  aizé,  car  les 
fréquentes  dépesches  que  j'y  av  laides  auront 
disposé  et  préparé  les  ungs  et  les  aultres  à 
cela.  Le  grand  Prieur  m'a  encores  ces  jours 
icy  escript  de  Narbonne  qu'il  me  viendra  in- 
continent trouver,  comme  il  eusl  fait  il  y  a 
desjà  quelque  temps,  s'il  eust  eu  de  l'argent  : 
il  vous  plaira  avoir  souvenance  de  la  prière  que 
vous  ay  faicte  dernièrement  de  luy  en  donner. 
Je  verray,  estant  audit  Castelnaudarry, 
l'acheminement  qui  aura  esté  fait  en  l'exécu- 
tion de  vostredit  édit  en  ce  gouvernement  de 
Guyenne ,  et  regarderay  aussy  à  pourveoir  pour 
le  Languedoc,  afin  de  me  résouldre,  selon  que 
je  verray  les  choses,  à  prendre  le  chemin  de 
mon  retour,  pour  vous  aller  retrouver  par  les 
lieu\  où  ma  présence  pourra  le  plus  servir 
pour  le  bien  de  voz  affaires.  Cependant,  Mon- 
sieur mon  filz,  je  loue  bien  fort  qu'ayez  de- 
rechef renvoyé  devers  vostre  frère  et  qu'ayez 
clioisy  le  s'  de  Bellièvre;  car  je  m'asseure 
qu'il  s'en  acquitera  dignement,  ayant,  comme 
il  a ,  grande  congnoissance  des  affaires  de  vostre 
royaume;  et  puisestans,  ainsy  qu'il  est,  ama- 
teur du  repos  et  si  bon  et  affectionné  serviteur, 
je  ne  double  pas  qu'il  n'y  face  beaucoup;  mais 
je  ne  laissay  pourtant  de  craindre  la  folle 
jeunesse  de  ceulx  qu'il  a  auprès  de  luy  :  \oylà 
pourquoy  il  sera  toujours  bien  faict  de  per- 
sévérer d'envoyer  souvent  vers  luy  et  continuer 
l'amityé  que  luy  portez.  Cependant,  oultre  la 
lettre  que  luy   escripviz  et  la  charge  que  je 

cent  hommes  d'armes.  On  sait  la  part  active  qu'il  prit  à 
la  Saint-Barihélomy.  Il  devint  maréchal  de  France  eu 
1673  et  gouverneur  de  la  Provence,  puis  général  des 
galères  en  iS-g.  Nous  le  retrouverons,  en  i58o,  lieu- 
tenant au  marquisat  de  Saluées,  après  la  mort  du  ma- 
réchal de  Bellegarde. 


304 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


donnay  au  s"^  d'Estizon  de  Bourgongne,  comme 
je  vous  ay  faict  entendre,  je  iuy  envoyé  pre'- 
sentement  i'abbé  Gadaigne,  qui  y  demeurera 
auprès  de  Iuy,  auquel  j'ay  donné  charge  très 
expresse,  oullre  les  lettres  que  j'escripviz  par 
luv  à  mondit  filz,  de  ne  laisser  passer  une 
seulie  occasion,  qui  ne  Iuy  représente  le  con- 
seil que  je  Iuy  donné,  et  toutes  les  occasions 
que  je  Iuy  ay  mandées,  pour  le  retenir  en  son 
debvoir  envers  vous,  dont  ledit  Dinthevilie 
vous  discoura  (sic)  amplement ,  et  pareillement 
de  ce  que  j'en  ay  dit  à  ma  fille  la  royne  de  Na- 
varre et  de  ce  qu'elle  m'a  asseurée  qu'elle  Iuy 
a  escript  et  persuadé  par  le  jeune  Masseparet, 
qu'elle  renvoya  vers  vous.  Si  vostredit  frère 
crovoit  mon  conseil  et  ce  que  je  Iuy  escriptz 
et  mande  par  ledit  abbé  Gadaigne,  il  yroit 
franchement  vous  trouver,  pour  demeurer  troy 
ou  quatre  jours  seullement  avec  vous,  et  après 
vous  demander  congé  de  venir  au-devant  de 
nioy,  pour  delà  s'en  retourner  en  ses  maisons; 
cela  aporteroit  ung  bien  incroyable  à  vos  af- 
faires et  aux  siennes  aussy,  et,  comme  je  Iuy 
mande,  ayderoit  beaucoup  au  mariage  d'An- 
gleterre, que  il  ne  fault  pas  espérer  qui  se  face 
jamais,  si  la  royne  dudit  pays  ne  veoid  que 
il  soit  en  vostre  endroit  comme  il  doibt,  et 
que  vous  et  Iuy  n'ayez  la  bonne  et  vraye  amitié 
et  intelligence  requise  entre  vous  deux.  J'en 
ay  fort  amplement  et  bien  souvent  discouru 
avec  madicte  fille,  la  royne  de  Navarre,  aupa- 
ravant mon  parlement  de  Nérac,  et  depuis 
qu'elle  est  icy  avec  moy,  Iuy  aiant  aussy  bien 
expressément  dit  et  chargé  de  faire,  comme 
elle  m'a  asseuré  qu'elle  fera  en  cecy  et  en 
toutes  auUres  occasions  envers  mondit  fils, 
tout  les  bons  oifices  qu'elle  doibt,  ainsi  que 
j'ay  pareillement  donné  charge  audit  s''  Din- 
thevilie de  vous  dire. 

Monsieur  mon  fils,  veoyant  que  le  s'  de 


Beauvais  est  si  long  à  venir,  je  me  délibère 
d'envoyer  l'évesque  de  Comminges  en  Por- 
tugal, suivant  ce  que  vous  ay  escript  cy- 
devant  et  que  me  mandez  par  vostre  dernière 
letlre,  avec  laquelle  je  receuz  aussy  le  règle- 
ment que  m'envoiastes  d'entre  les  parlemens 
et  les  chambres  de  l'édit  de  pacillication,  et 
duquel,  avant  que  de  l'envoyer  à  ceulx  de  la 
Chambre  de  ceste  ville,  j'ay  envoyé  le  double 
à  mon  filz  le  roy  de  Navarre,  et  en  ay  faict 
ester  par  l'advis  de  ceulx  de  vostre  Conseil  qui 
sont  icy  le  dernier  article  faisant  mention  des 
causes  dont  la  congnoissance  est  attribeuée 
aux  Courtz  des  aydes,  lequel  ilz  n'ont  pas 
estimé  y  devoir  estre,  pour  ce  qu'ilz  dientque 
par  ledit  édit  de  paciflication  il  est  seullement 
porté  que  ceulx  de  la  Relligiou  prétendue  ref- 
formée  auront  leurs  causes,  des  parlemens  et 
non  des  généraulx,  commises  auxdiles  cham- 
bres ;  lesdits  de  vostre  Conseil  n'ont  pas  aussy 
esté  d'advis  que  l'on  parlast  de  la  remonstrance 
qu'ont  baillée  ceuk  du  Grand  Conseil.  Priant 
Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  X¥°  jour  de  mars  1679. 


1579.  —  i5  mar?. 
Orig.  Collection  BagucnauU  de  Puchesse. 

A  MONSIEUR  D'USSAC, 

GOtrVEBSBOR  DBS   VILLBS   ET   CHiSTEAD   DE   L&   BÉOLLE. 

Monsieur  d'Ussac,  pour  donner  ordre  à  ce 
que  la  compaiguie  de  gens  de  pied  qui  est  en 
garnison  en  la  ville  de  la  RéoUe  soit  tousiours 
complecte  du  nombre  d'hommes  qui  y  doibt 
estre,  j'ay  ordonné  que  doresnavant,  et  lors 
que  l'on  fera  la  monstre  et  paiement  d'icelle, 
vous  y  assisterés  et  serés  présent,  pour  avoir 
l'œil  et  prendre  garde  à  ce  qu'il  ne  soit  commis 


LKTTRI-S   DE   CATl 

aucun  abus  au  noinbio  desdicls  hommes  ny 
auciict  paiement,  à  quoy  vous  ne  forez  faulle  '. 
Faict  à  Agen,  le  xv^mars  iSyg. 

Caterine. 

PiNARJ. 


tô7'J.  —  16  mais. 
Aut.  Arch.  nat.,  collection  Simaiicis,  K  i553  (It  &8),  piccc  7  -. 

AL    ROY   CVTOLIQLE 

MONSIELR  MON  FILS. 

Monsieur  mon  fils,  ayslent  veneue  eu  cet 
peys  pour  mener  la  royne  de  Navarre  à  son 
mary  et  achever  d'esiahlir  le  repos  en  cet 
eouslés  de  deçà,  n'é  volou  fallir,  avent  m'enn 
élognier,  envoyer  Montegne  veyr  les  ynfentes, 
poursavoyr  de  leurs  nouvelles  et  de  celles  de 
V.  M.  et  lui  feyre  entendre  des  mienes,  conienl 
lui  ay  donné  chcrgede  feyre  et  aussi  prier  \.  M. 
me  feyre  cet  bien  de  lui  permetre  de  m'au- 
mener  quatre  chevaulx,  encore  que  je  sache 
aystre  chause  que  V.  M.  donne  malaise'ment 
congé'  d'en  lyrer,  je  m  aseure  tent  de  sa  boune 
volante  pour  Tafection  que  je  lui  porte,  que 
V.  M.  ne  me  refeusera  cet  congé,  cet  dont  je  lui 
supplie,  et  à  Nosire  Seigneur  Dieu,  vouluoyr 
conserver  V.  M.  en  bonne  santé  et  prospérité. 

De  .\gens,  cet  .wi'""  de  mars  1579. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

(Iaterine. 


'  Tiirenne  dit  dans  ses  Mémoires  :  tf.\  Nt'rac,  toute  la 
négociation  fut  en  allées  et  venues  pour  avoir  réparation 
de  la  Réole;  à  la  fin,  il  fut  résolu  qu'elle  seroit  remise 
à  ceux  de  la  Religion,  mais  que  le  sieur  d'Ussac  en  auroil 
le  gouvernement,  et  le  sieur  de  Favas  n'y  rentreroil.71 
—  Voir  plus  haut,  p.  280  et  283,  la  lettre  de  la  reine 
mère  au  roi ,  du  2  2  janvier. 

*  A  côté  se  trouve  la  traduction  en  espagnol  d'ime 
lettre  de  Catherine  à  la  reine  d'Espagne,  reproduisant 
la  première  partie  de  celle  qu'elle  écrit  au  roi. 

Catheiiine  de  MtDicrs.  —  vi. 


lERlNE  DE  MÉDICIS.  305 

1579.  —   17  mars. 
Copie.  Bil)l.  nat..  Fonds  français,  n'SSiQ,  O"  iG  v"'. 

[.\U  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  uioii  (îlz,  depuis  dimanche  malin 
que  partist  le  s"'  de  Dintheville,  j'av  tant  fait 
que  le  viconte  de  Turenno  a  salisfaict  eiitièie- 
uient  à  Puyniirol  tout  ce  qui  estoit  nécessaire 
de  la  part  de  ceulx  de  la  Ueliigion  préfendue 
réformée  pour  l'exécution  de  vostredit  édit 
de  paciffication  et  de  la  résolution  de  vostre 
conférance,  et  que  le  sénéchal  de  Bajauiuont 
et  Itiy  ont  fort  bien  exécuté  et  estably  audit 
Puymirol  tout  ce  qui  y  estoit  requis,  sans 
qu'il  y  ait  chose  quelconque  à  dire,  y  estant 
le  S'  de  Lezignaii  bien  estably,  après  le  ser- 
ment et  promesse  qu'il  a  fait  eu  jnes  mains  de 
remettre  du  tout  ledict  Puymirol  dedans  le  pre- 
mier jour  du  mois  de  septembre  prochain,  de 
sorte  que  j'espère  que  ce  bon  commancement 
là  fera  le  chemin  aux  aultres  de  bien  faire,  .le 
presse  tant  que  je  puis  le  s' de  Guitry  pour  eu 
faire  de  inesnies  à  Bazas,  mais  il  y  a  de.sjà 
quatre  ou  cini|  jours  (juilz  y  trouvent  des 
nouvelles  difficultés  et  font  des  remises,  et 
aussy  à  Langon,  s'excusans  que  ceulx  de  leur 
relligion  sont  rentrez  en  grande  défiance, 
pour  ce  que  la  court  de  Parlement  de  Bour- 
deaulx  feyt  exécuter  lundy  dernier,  qui  est 
depuis  la  publication  faicte,  un  capitaine  et 
ung  soldat  que  ceulx  de  Langon  avoient 
baillé  à  Camille,  à  ce  quilz  dient,  pour  le 
conduire,  et  que  relournans,  et  ung  aultie 
capitaine  avec  eulx,  feurent  rencontrez  par 
des  catholiques,  qui  tuèrent  sur  le  chemin 
ung  desdits  capitaine;  et  l'aultre  et  les  soldats 
furent  menez  parlesdits  catholiques  audit  Bor- 

'  En  titre  :  rEnvoyé  au   Roy  par  Jacques  Tanciet, 
courrier.» 

lUIT.IlICKIC     S.\IION.ltE, 


306  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


deauix,  où,  couiine  Ton  dit,  aussytost  prins, 
ils  feurpnt  aussytost  penduz  :  ce  qui  nous  trou- 
bla beaucoup,  comme  vous  avez  entendu  du- 
dit  a'  de  Dintheville  et  la  charge  que  je  luy 
donnay,  par  les  lettres  que  j'escripviz  audit 
Parlement  de  Bourdeaulx,  de  m'envoyer  le 
raporteur  et  ung  de  voz  gens,  avec  le  procès 
faict  conire  iesdits  exécutez,  affin  de  mons- 
trer  à  mon  fils  le  roy  de  Navarre  et  ausdits 
de  la  Relligion  comme  je  suis  bien  marrye  de 
ces  traverses  et  inconvéniens  là.  J'avois  aupa- 
ravant et  ay  encores  depuis  escript  audit 
Bourdeaulx,  pour  cest  effect,  par  le  s'  de  Bay, 
que  j'y  ay  envoyé'  expressément,  le  faisant 
passer  audit  Langon ,  avec  lettres  très  expresses 
aux  s"  de  S -Oreins,  sénéchal  du  Bazadois ,  et  de 
Guitry,  qui  sont  audit  Bazas,  qui  en  est  bien 
près,  affin  qu'ilz  veoyent  Tordre  que  je  donne 
pour  leur  faire  réparer  cest  atentat,  et  qu'ilz  ne 
laissent  cependant  de  faire  ce  qu'ils  doibvent 
en  iceiles  villes  de  Bazas  et  de  Langon,  les 
remettant  comme  il  est  porté  par  vostredit 
édit  et  résolutions  de  nostre  conférance.  J'en 
ay  encores  hier  soir  escript  à  mon  fils  le  roy 
de  Navarre,  qui  m'avoit  adverty  des  difficultés 
que  ledit  Guitry  luy  raandoit  trouver  à  l'oc- 
casion de  ladite  exécution  parmy  les  habitans 
dudil  Bazas,  et  que  coulx  dudit  Langon  n'es- 
toient  pas  moins  difficiles,  l'ayant  prié  de 
mander  bien  expressément  à  ceulx  de  sadicte 
relligion  qu'ils  ne  s'excuzent  plus,  mais  satis- 
fassent entièrement  au  contenu  de  nostredicte 
résolution ,  et  qu'aussy  je  les  asseurois  que,  sy 
ceulx  de  Bourdeaulx  en  avoient  abusé,  vous 
leur  en  feriez  telle  réprimande  que  lesdils  de 
la  Relligion  auroient  occasion  de  s'en  conten- 
ter; je  ne  cesseray  point  jusques  ad  ce  que 
cela  fust  fait,  et  feray  tout  ce  que  je  pourray 
pour  \eoir,  avant  partir  d'icy,  parachever  de 
faire  ce  qu'il  fault  auxdits  Bazas  et  Langon, 
en  sorte  (|u'il  n'y  faille  poinct  retourner.  J'es- 


père que  le  maréchal  de  Biron  et  le  viconte 
de  Turenne  partiront  cejourd'huy,  ou  pour 
le  plus  tard  demain,  de  ce  lieu  pour  aller 
aussy  exécuter  et  faire  tout  ce  qui  est  requis 
selon  leurs  instructions,  dont  je  vous  ay  en- 
voyé le  double,  affin  que  bientost  tout  soit 
bien  estably  en  ceste  Guyenne,  procéddant 
aussy  à  ladicte  exécution  les  aultres  sei- 
gneurs et  gentilzhommes  que  j'ay  députez  aux 
aultres  sénéchaucées  de  ce  gouvernement, 
dont  je  ne  sçay  encores  que  vous  mander, 
sinon  que  je  m'attends  qu'un  chacun  y  faisant 
son  devoir,  comme  je  les  en  admoneste  et 
admonesteray  encores  assez  souvent,  le  tout 
sera  bientost  fait  et  estably.  Priant  Dieu, 
Monsieur  mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Agen ,  le  xvii°  mars  1 679 ,  au  matin , 


1579.  —  17  mars. 

Orig.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n"  3ao3,  f*  44. 
A  MON  COUSUV 

LE   MARÉCHAL   DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin,  il  y  a  quelque  temps  que,  pour 
quelque  léger  propos  que  le  s'  viconte  de  Tu- 
renne  et  le  s''  de  Rozan  eurent  ensemble,  il 
s'estoit  meu  aussy  quelque  débat  entre  le[,sj- 
dict|s]  viconte  de  Turenne  et  de  Duras  •,  dont 
je  lesavois  depuis  deux  jours  mis  d'accord,  par 
l'advis  des  princes  et  s"  du  Conseil  privé  du 
Rov  monsieur  mon  filz,  et  aultres  s"  et  cap- 
pitaines  qui  sont  icy  :  toutesfoys,  conire  les 
défenses  que  leur  avois  faictes,  de  la  part  du 
Rov  mondit  S''  et  filz,  et  de  moy,  de  ne  se  de- 
mander rien  l'un  à  l'aultre,  pour  ce  qui  restoit 
à  accorder  entre  ledit  s"'  viconte  de  Turenne  et 

'  Voir  la  note  i  de  la  p.  3o8. 


LETTRES  DE  CATHEIUNE  DE  MÉDICIS. 


307 


le  frère  dudict  s''  de  Duras,  qui  n'estoit  lors  icy, 
ilz  se  sont  appeliez,  sans  que  jiersonne  en  ayt 
rien  sceu,  et  combatuz  cejourd'huy  de  jjrand 
matin  sur  la  grève  de  ceste  ville;  s'estans 
blessez  les  un'fs  les  aullres.  dont  je  lais  in- 
former par  la  Chambre  du  Parlement  establie 
en  cestedicte  ville,  pour  en  faire  faire  la  jus- 
tice exemplaire  à  l'encoutre  de  ceulx  qui  se 
trouveiTont  avoir  failly,  estant  ce  que  Ton  doibl 
désirer;  mais,  afin  que  chacun  entende  comme 
le  tout  estpassé  et  ne  soilcela  cause  ce  pendant 
ilinterrompre  ou  retarder  l'éxecution  de  la 
re'solution  de  nostre  confe'rence  tenue  à  Nérac 
au  bien  de  la  paix,  je  vous  en  ay  bien  voulu 
escripre  ce  mot  de  lectre,  aflSn  que  vous  sçai- 
chiéz  comme  ce  que  dessus  est  advenu  et  le 
faciez  entendre  à  ceulx  que  verrez  que  besoing 
sera,  tenant  la  main  que,  pour  cela,  qui  est 
ung  faici  particulier  et  dont  la  justice  se  fera 
sur  ceulx  qui  l'auront  mérité,  le  bon  œuvre 
de  la  paix  et  l'exécution  d'icelle  ne  soi!  aui- 
cunement  différé  ny  retardé.  Priant  Dieu, 
mon  cousiu,  vous  avoir  en  sasaincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Agen,  le  xvii'=  jour  de  mars 
1679. 

De  sa  main  :  Mon  cousin,  je  suis  jnCuiment 
marrye  que,  après  tant  de  pouine',  l'on  me 
donne  de  teles  traverses,  et  ne  sé^  cet  sesi  feré 
plus  mal  ceur'  mon  voyage  par  le  Languedoc. 
Je  vous  prie  m'en  mender  cet  que  vous  en 
saurés  et  conestrés  au  plus  tost,  afin  que,  celon 
cela,  je  avise  à  cet  que  je  feyré. 


'  Pouine,  poiiie, 

*  Ne  se  cet  sesi,  ne  sais  si  ceci. 

'  Ceur,  SIU-. 


1579.  —  19  mars. 

,0rij;.  Uibl.  nal. ,  Fonds  français,  n°.i345,  f  67. 

A  MON  COUSIN 

LE   S'  DE   DIMPVILLE. 

Mon  cousin,  la  lettre  que  vous  m'avez  es- 
cripte,  du  xim'""  de  ce  ]>résent  mois,  m'a  esté 
rendue  par  ce  porteur,  qui  m'a  présenté  aussi 
requeste  au  nom  d'aucuns  habitans  de  la  ville 
de  Montpellier,  tant  de  la  noblesse  que  offi- 
ciers des  courtz  souveraines  des  aydes ,  chambre 
des  comptes,  docteurs,  advocatz  et  marclians, 
faisans  tous  profession  de  la  Relligion  pré- 
tendue refformée,  pour  avoir  la  justice  de 
l'appel  quilz  ont  interjecté  de  l'ellection  qui 
s'est  faicte  depuis  quelques  jours  des  iioiiveaulx 
consulz  de  ladicte  ville,  du  tout  contraire  aux 
statutz  et  privillciges  d'icelle.  Sur  laquelle  j'ay, 
par  l'advis  des  princes  et  s"  du  conseil  privé 
du  Roy  monsieur  mon  filz  qui  sont  ici  près 
de  moy,  ordonné  la  responce  que  j'ay  faict 
mettre  au  pied  de  leurdicte  requeste,  qui  est 
ce  qui  s'est  peu  à  présent  faire  pour  mettre 
ordre  aux  désordres  advenuz  en  ladicte  ville 
tî  l'occasion  de  ladicte  eliection,  avant  par 
mesme  moven  encores  particullièreraent  et  bien 
expressément  escript  aux  juges  et  niagistralz 
de  ladicte  ville  de  Montpellier  de  procedder 
(toutes  affaires  cessantz)  au  jugement  et  dés- 
cision  dudit  appel  interjecté  par  devant  eulx; 
et  espère  que  par  ce  moien  il  sera  pourveu, 
en  sorte  que  les  antiens  privillciges  de  ladicte 
ville  de  Montpellier  seront  observez  et  main- 
teuuz.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  xix°  jour  de  mars 
1679. 

De  sa  main  :  Le  visconte  de  Tureyne  cet 
porte  bien  et  en  mylleur  volenté  que  jeamès 

39. 


308  LETTRES  DE  GATH 

de  feyre  ayfectuer  Tédisl,  et  le  roy  de  Navarre 
me  l'è  ausi  promis  anuyt.  Festes  mes  reco- 
mendation  à  vostre  femme.  , 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  19  mars. 
Copie.  Bibl.  nat..  Fonds  français,  n^SSig,  Piyv"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  depuis  avant-hier  que 
je  vous  despeschey  expresse'menl  un  courrier, 
(]ui  vous  a  porté  doux  de  mes  lettres,  oultre 
celle  qui  esloit  de  ma  main,  l'une  par  la- 
quelle vous  aurez  veu  le  bon  acheminement 
que  nous  donnons  pour  l'exécution  de  vostre 
édicl  de  paciffication,  selon  la  résolution 
nosire  conférance  teneuc  à  Ncrac,  et  l'aultre 
l'aisant  mention  de  ce  qui  estoit  advenu  entre 
le  viconte  de  Turenne  et  le  s''  de  Duras-,  j'ay 
escript  partout  (comme  mon  fils  le  Roy  de 
Navarre  et  le  viconte  de  Turenne  mesmes 
m'ont  asseuré  avoir  faict)  afBn  que  cette  que- 
relle, qui  est  ung  fait  particuUier,  ne  soit  point 
cause  de  rien  troubler,  ny  de  retarder  l'exé- 
cution de  nostredicte   résolution  au  bien  de 

'  En  tète  :  «Envoyée  au  Roy  par  M.  l'abbé  d'Elbene.  n 
-  Celle  lettre  trde  sa  main?i  ne  nous  est  point  par- 
venue. C'est  ce  qui  explique  que  nous  trouvions  peu  de 
détails  dans  la  correspondance  de  la  reine  mère  sur  le 
fameux  duel  qui  eut  lieu  le  17  mars  1679,  sous  les 
murs  d'Agen,  entre  Henri  de  la  Tour,  vicomte  do  Tu- 
renne ,  et  Jean  de  Durlort ,  vicomte  de  Duras  et  seigneur 
do  Rosan.  Ils  avaient  pour  seconds  le  baron  de  Salignac , 
chambellan  du  roi  de  Navarre,  et  Jacques  de  DurforI, 
frère  de  Rosan.  Turenne  prétendit  qu'il  faillit  être  assas- 
siné par  des  hommes  apostés  par  son  adversaire.  Les 
documents  abondenl  sur  cet  événement.  Citons  seulement 
les  Mémoires  de  Bouillon;  de  Thou,  iiv.  LXVItl;  Bran- 
tôme, t.  \T,  de  l'édit.  Lalanne,  avec  de  nombreuses 
notes,  et  une  relation  inédite  d'un  témoin  dans  la  col- 
lecl.  Dupny,  vol.  yii,  fol.  8a. 


ERINE  DE  MEDIGIS. 

la  paix,  n'oublians  pas  par  mesdictes  lettres 
de  bien  admonester  ceulx  que  nous  avons  dépu- 
tez et  envoyez  es  sénéchaucées  de  diligenter  et 
faire  bien  et  sollidement  tout  ce  qui  est  conte- 
neu  en  leurs  instructions,  esquelles  il  n'a  rien 
esté  oublyé,  comme  avez  veu  par  les  doubles 
que  vous  en  ay  envoyé,  et  espère  que  pour  le- 
dit accident  advenu  de  la  querelle  particulière 
d'entre  le  viconte  de  Turenne  et  le  s''  de 
Duras,  il  n'adviendra  aucun  retardement  à 
vos  affaires,  si  ce  n'est  es  sénéchaucées  de 
Quercy,  Rouergue,  Périgortet  Lymozin,oi!i  le 
maréchal  de  Biron  et  icelluy  viconte  de  Tu- 
renne dévoient  aller  exécuter  du  tout  vostredit 
édit  et  ladicle  resolution  de  nostredicte  con- 
férence. Vray  est  qu'en  attendant  qu'ils  .s'y 
acheminassent,  nous  y  avons  envoyé,  comme 
je  vous  ay  fait  entendre,  pour  faire  cesser  tous 
actes  d'hoslillité  et  faire  mettre  en  liberté 
tous  prisonniers  de  guerre,  qui  est  une  des 
principalles  choses  qu'il  fault  faire.  Et  afiin 
que  ladicte  querelle  ne  soit  aussy  cause  d'au- 
cun retardement  en  cela,  j'en  feiz  incontinent 
de  ma  pari ,  comme  mon  fils  le  roy  de  Na- 
varre et  le  viconte  de  Turenne  m'ont  asseuré 
avoir  faict  de  la  leur,  de  bonnes  dépesches  à 
ceulx  qui  y  sont  allez  et  en  ont  la  charge;  de 
sorte  que  j'espère  qu'il  n'y  aura  rien  de  dis- 
continué en  aucun  endroil. 

Il  s'est  trouvé  quelque  difficulté  à  Bazas,  qui 
fut  cause  que  j'envoyay  incontinant  Saint-An, 
enseigne  de  mes  gardes,  audit  Bazas,  lequel 
m'a  raporté  y  avoir  veu  rentier  des  ecclézias- 
licques  et  des  calholiqueschanter  lamesse,  et 
mettre  l'ordre  porté  en  nos  instructions  par  les 
s"  de  Saincl-Oreins  et  de  Guitry  ;  mais,  quant  à 
Langon,  oîi  lesdits  de  S'-Oreins  et  de  Guitry 
doibvent  aussy  exécuter  du  tout  et  entièrement 
ledit  édit  de  paciffication ,  ledit  Saint-An  m'a 
aussy  raporté  qu'il  y  aura  bien  affaire ,  à  cause 
de  la  dcIBence  où  sont  entrez  ceulx  qui  sont 


LETTllKS  DE  CATH 

dedans  le  chasteau  do  Laii;;on  au  mnion  de 
l'exécution,  (jne  ceulx  du  PaihMiicnt  do  Bor- 
deaulx  ont  fait  l'aire  depuis  la  publication  et 
conlirmalion  de  paix,  d'un  capitaine  et  d'un 
soldat  dudit  Langon,  qui  lurent  prins  pri- 
sonniers revenans  de  conduire  Camille,  à  ce 
que  l'on  m'a  dit,  et  exécutez  deux  jours  après. 
Toutosfois  j'ay  tant  laid  de  dépesches  ausdits 
de  Sainct-Oreins  et  de  Guitry,  et  audit  Langon 
niesuie,  y  aiant  derechef  envoyé  ledit  Saint- 
An  ,  que  jeu  estime  bonne  yssue,  en  leur 
bnillani  le  pardon  (ju'avez  accordé  à  ceulx  c[ui 
ont  fait  la  surprinse  du  chasteau  dudil  Lan- 
gon ,  lesquelz  je  voullois  que  se  contentassent 
de  l'abolition  généralle  contenue  en  nostre- 
diclie  conférance,  pour  la  crainte  (jue  j'ay  de 
la  conséquance;  aussy  que  je  pense  bien  que 
ledit  Parlement  fera  de  grandes  diflScultez  de 
passer  ledit  pardon  séparément;  et  puis  le 
père  et  la  veufve  et  onfans  du  feu  la  Salle  du 
Ciron  n'eussent  pas  tant  eu  d'occasion  d'eulx 
plaindre  quilz  auront,  cl  prévov  bien  ([u'ilz 
m'importuneront  icy  beaucoup  davanlaige 
que  si  cela  eust  esté  comprius  au  général. 
Toutcsfois,  considérant  que  ledit  Langon  em- 
pesche  le  commerce  par  eaue  et  par  terre,  et 
tient  comme  en  subjection  vostredicte  ville  de 
Bourdeaulx,  je  bailleray,  par  l'advis  de  ceulx 
de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  ladicte  abolition 
particullière  que  m'envoiasies,  avec  celle  de  la 
Réolle. 

Je  laisseray  ce  propos  et  vous  diray 
que  dès  le  jour  mesmes  du  combat  desdils 
viconte  de  Turenne  et  de  Duras,  ilz  se  voul- 
loient  tous  deux  faire  porter,  assavoir  ledit 
viconte  en  la  maison  du  s''  de  Lezignan,  et 
ledit  s'  de  Duras  en  la  sienne;  mais  je  ne  le 
voullois  permeclre  :  au  contraire  j'envoyay  de 
mes  gardes  en  chacun  de  leurs  logis  et  com- 
mandav  à  ceulx  qui  faisoient  l'information 
de  la  dilligenter,  donnant  bien  à  congnoistre 


ERINE  DE  MEDIGIS. 


309 


à  ung  chacun  que  je  voullois  la  justice  estre 
faicte  do  c(>lluy  quy  auroit  failly,  comme  aussy 
est-il  raisonnable  et  nécessaire,  pour  l'offense 
qu'ils  vous  ont  faicte  et  à  moy.  Ce  jour  là, 
qui  fust  mardy,  se  passa  ainsy  ;  mais  hier  ledit 
s"'  de  Duras  de  son  costé  faisoit  advertir,  ad 
ce  quej'entendz,  ses  parens  et  amis  pour  ve- 
nir en  ceste  ville,  et  de  faict  queizques  ungs 
se  présentèrent  aux  portes;  mais  javois  donné 
ordre  n'y  laisser  entrer  personne.  Je  fuz  aussy 
adverlye  que  Gramont  est  mandé  de  venir 
avec  bonne  trouppe  :  aussvtosl  que  je  le  sceuz, 
je  iuy  escripviz  une  expresse  lettre,  de  vostre 
part  et  de  la  mienne,  suivant  laquelle  j'estime 
qu'il  n'oublira,  ne  me  pouvant.  Monsieur 
mon  fils,  garder  do  vous  dire  qu'il  y  en  a, 
ainsy  qu'il  se  congnoist  bien  aizément,  les- 
queiz  font  tout  ce  quilz  peuvent  (après  avoir 
essayé  tous  les  moyens  qu'ils  ont  peu,  comme 
ilz  s'est  clairement  veu  tant  au  faict  de  la 
Réolle  que  encores  en  beaucoup  d'aultres) 
pour  empescher  non  seulement  la  paix,  mais 
aussy  pour  nous  remectre  plus  fort  que  ja- 
mais à  la  guerre,  qui  eussent  esté,  à  mon 
advis,  bien  aizes  qu'il  feust  advenu  encores 
quelque  désordre  en  ceste  ville,  oîi  le  général 
eust  peu  estre  brouillé,  car  il  y  avoit  assez 
des  ungs  et  des  aultres,  en  cestedicte  ville, 
pour  y  voir  un  grand  désordre,  sans  les  def- 
l'enses  que  feiz  faire  et  l'ordre  que  je  y  ay 
donney.  Sur  cela,  ledit  viconte  de  Turenne 
me  pressoit  fort  hier  de  Iuy  permectre  de 
s'en  aller  dès  ledit  jour  d'hier  ou  a\i  moings 
ce  jour  d'huy,  et  se  vouiloit  mectre  par  eaue 
d'icv  jusques  au  Poit-Sainte-Mar\e,  et  de  là 
en  litière  à  \érae.  Il  arriva  hier  soir  que,  la 
garde  estant  assize,  l'on  tira  une  pistoletade; 
encores  dit-on  que  se  feust  dedans  le  corps  de 
garde;  du  commancement  l'on  disoit  que  c'es- 
loit  ung  de  ceulx  de  la  Relligion  :  je  croy  à 
mon   advis  que  cela  est   pour  esmouvoir  les 


310  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


calholiques  contre  ceulx  de  ladicfe  reHigion, 
car  il  se  trouva  que  c'estoit  un  soldat  catho- 
lique qui  avoit  esté  arresté  prisonnier  et  bien- 
tost  mis  en  liberté,  au  lieu  qui  devoit  estre 
bien  chaslio',  comme  je  ne  me  suis  peu  garder 
de  dire  au  maréchal  de  Birou.  Mondit  fds  le 
roy  de  Navarre,  qui  veint  couscherà  une  iioue 
d'icy,  m'a  aujourd'huy,  par  Spalingues  et  de- 
puis par  le  s'  de  Miossens,  fort  instamment 
pryé  que  je  permisse  audit  viconte  de  Tu- 
renne  de  sortir  de  cestedicte  ville  pour  se 
faire  porter  audit  Nc'rac;  mais  je  m'en  suis 
tousjours  excusée  sur  ce  que  les  me'decins  et 
sirurgiens  disoient  qu'il  se  meciroit  en  dan- 
ger, comme  aussy  se  feust-il  mis,  car,  ad  ce 
que  disent  iceuix  sirurgiens  et  me'decins,  cella 
eust  faict  grand  tort  à  ses  playes  et  en  danger 
de  luy  faire  donner  la  fiebvre;  et  ay  envoyé 
prier  mondit  fils  le  roy  de  Navarre,  au  lieu 
que  nous  nous  debvions  trouver  aujourd'huy 
au  Port-Saincte-Marye,  que  je  le  peus  parier 
à  luy  delà  l'eau,  au  port  de  cestedicte  ville, 
oh  il  est  soudain  venu ,  et  avons  esté  ensemble 
près  de  trois  heures,  ayant  fort  remis  et  faict 
en  sorte  que  ceste  querelle  sera  prinse,  ainsv 
qu'elle  doibt  aussy  estre,  comme  faict  par- 
ticullier,  sans  porter  préjudice  au  général. 
Nous  avons  résolu  que  demain  il  se  trouvera, 
avec  ceulx  qui  sont  auprès  de  luy,  au  Port- 
Sainte-Marye,  oiî  se  faict  porter  le  viconte 
de  Turenne,  et  oiî  j'envoiray  les  s''^  de  Lans- 
sac  et  de  Fois,  comme  je  luy  ay  dit,  pour 
adviser  qui  il  envoyra  en  Quercy  et  Rouergue, 
où  je  luy  ay  proposé  d'envoyer  de  vosire  part 
le  s'  de  Saint-Suplice  et  le  conseiller  MoUa, 
et,  en  Perigor  et  Lymosin,  les  s"  de  Bour- 
deilles  et  de  La  Molhe-Fénelon,  avec  lesquelz 
mondit  Clz  le  roy  de  Navarre  m'a  dit  qu'il 
adviseroit,  avec  ledit  viconte  de  Tui'enne  elles 
aultresdesa  reliigion,  de  choisir  aussy  quelq'un 
qui  soit  propre  pour  faire  entièrement  exé- 


cuter vostredit  édit  de  pacifEcation.  Et  oultre 
cela,  avons  aussy  arresté  que,  entre  cy  et 
quelques  jours  que  ledit  viconte  de  Turenne 
pourra  aller  par  les  champs,  ledit  maréchal 
de  Biron  et  luy  yront  eucores  repasser,  affin 
que  je  puisse  estre  mieulx  asseurée  qu'en  ces 
quatre  sénéchaucées,  là  oii  je  ne  puis  estendrc 
mes  yeulx  ne  y  passer,  la  paix  y  soit  aussy 
bien  establye,  comme  je  fais  tout  ce  que  je 
puis  pour  la  veoir  et  laisser  bien  en  tous  ces 
costez  de  deçà  et  es  aullres  lieux  où  je  passe- 
ray.  Hz  regarderont  aussy,  ledit  jour  de  de- 
main, audit  Port-Sainte-Marye,  quel  jour  il 
foudra  que  je  parte  d'icy  et  celluy  que  nous 
arriverons  à  Castelnaudary;  mais,  avant  que 
partir  de  ceste  ville,  je  me  délibère  de  parler 
aux  principaux  consuls  et  habitans,  aflin 
que,  pour  quelque  chose  qui  puisse  advenir, 
iiz  ne  regardent  jamais  à  faire  aultre  chose 
que  ce  qui  sera  de  vostre  propre  commande- 
ment et  volunté,  et  non  d'aullre  quel  qui  soil. 
Je  pense  qu'en  faisant  exécuter  partout  vostre 
édit  de  paciffication,  il  n'y  aura  poinctde  mal 
de  y  comprendre  ces  propres  parolles,  car 
s'il  est  vray  ce  que  l'on  m'a  dit,  il  se  com- 
niance  à  faire  en  Daulphiné  de  très  mauvais 
remuemens,  estans,  selon  ce  qu'on  m'a  ra- 
porté,  toutes  ces  villes  liguées,  ayans  con- 
trainct  tous  gens  de  guerre,  tant  les  voslres 
que  de  ceulx  de  la  Reliigion  prétendue  re- 
formée, de  sortir  non  seullement  aux  villes 
qu'avez  baillées  pour  seurelé  par  vostredit 
édit  de  paciffication  à  ceulx  de  ladicte  Relii- 
gion ,  mais  aussy  des  nultres  villes  de  tout  ledit 
païs,  aians  achaplé  les  armes  desdits  soldats. 
Hz  dient  bien  qu'ilz  ne  veullent  poinct  d'aultre 
Roy  que  vous,  mais  aussy  qu'ils  veullent  joyr 
de  la  paix,  et  ne  veullent  plus  que  voz  tré- 
soriers manient  vos  deniers,  au  contraire 
les  veullent  eulx-mesmes  l'aire  recepvoir  et 
envoyer  en  voz  coffres  du  Louvre  à  Paris; 


LETTRES  DE  CATH 

(|irilz  vous  veuHent  remclro  en  vosfredoinayne 
et  revenus,  mais  toutefois  ilz  ne  veulient  jjIus 
payer   les   tailles  qu'à  la   raison   qu'elles  se 
pavoient  du  règne  du  roy  Loys  douzièsme,  et 
si  se  veulient  descharger  du  tout  des  garny- 
sons  do  (|ui  (jne  se  soit,   il  y  a  parmy  eulx 
quelques  ungs  do  ceulx  de  iadictc  Relligion 
prétendue  réformée,  et  dient  qu'ils  n'ont  poinct 
de  chef  aultre  que  lesdictes  villes  et  commu- 
nautcz.  Ce   sont   choses   (si  elles  sont   véri- 
tables) de  grande  importance  et  très  dauge- 
reuzes,  comme  vous  pouvez  penser.  J'envoiray 
demain  en  poste  en  ce  pais  là,  soubz  quelque 
aultre  coulleur,  ung  do  mes  gens  qui  a  enten- 
dement assez  pour  m'en  raporter  la   vérité, 
estant  bien  esbahye  que  n'en  avez    eu   nou- 
velles du  s'  de  Maugiron.  Celluy  qui  m'a  dit 
tout  ce  que  dessus  dit  aussy  que  ces  gens  là 
ont  contrainct  ledit  s'  de  Maugiron  de  se  re- 
tirer en  la  ville  de  Grenoble,  d'où  il  n'ozeroit 
sortir;  et  il  m'a  dit  davantaige  ([u'il   y  avoit 
ung  gentilhomme  qui  s'estoit  voullu  oposer  à 
leurs  desseings  et  leur  faire  remonstrance  du 
danger  où  ilz  se  mectoient,  et  que  ne  l'ayant 
peu  atraper  en  sa  maison  d'où  il  s'est  saulvé, 
ilz  ont  razé  sadicte  maison  et  l'ont  poursuivy 
tellement  qu'il  a  esté  contrainct  fuyr,  et  qu'il 
s'estoit   voullu  jetter   dedans    la   maison    du 
s'  de  Tournon,  mais  que  ledit  s''  de  Tournon 
ne  la  ozé  recepvoir.  Hz  ne  font  aucun  mal  à 
ceulx  qui  vont  et  viennent   par  les  champs, 
au  contraire  ils  les  accompaignent  en  toutte 
seureté,  et  dit-on  davantaige  que,  quand  ils 
veulient  aller  faire  quelque  exploict,  chacun 
deuk  porte  ses  vivres,  et  ne  sont  à  aucune 
charge  ny  fouUe  es  lieux  par  où  ilz  passent; 
I  on  m'a  aussy  dit  qu'il  y  a  quelques  villaiges 
en  Languedoc,  au  diocèse  d'Uzès,  qui  com- 
mancent  à  en  faire  de  mesmo.  Je  n'ay  voullu 
faillir  à  vous  advertir  incontinent  de  tout  ce 
que  dessus,  non  pour  vous  donner  l'alarme. 


ERINE  DE  MEDICIS. 


311 


car  je  ne  say  .s'il  est  bien  vrav;  mais  c'est 
ailin  (juo  vous  advortissioz  les  s"  maréchal 
do  Montmorancy,  do  Bellièvre  en  Normandie, 
maréchal  do  Holz  en  Bretaigne,  et  vostre  pro- 
cureur général  on  Bourgongne,  d'avoir  l'œil 
soigneusement  ouvert  à  telles  nouvelles  ou 
délibérations  en  ces  provinces  là,  à  celle  fin 
que,  par  promptes  et  vifves  remonstrances  et 
tous  aultres  moyens  dextres,  ilz  regardent 
de  les  destourner.  Priant  Dieu,  Monsieur 
mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Esrript  à  Agen,  le  jeudy  xix"  jour  do  mars 
1579. 


J579.  —  ao  mars. 
Publiée  par  M.  l'abbé  de  Carsaïade. 

A  MONSIEUR  DE   MONTBER\ULT, 

CHEVALIER   DE   L'ORDrE   DD   ROT  MONSIEDE   MOS   FILS  ,    ETC. 

Monsieur  de  Monlberault,  j'ay  roceu  la 
lettre  que  m'avez  escripte  par  ce  gentilhomme, 
présent  porteur,  et  entendu  par  icelle  et  par 
ce  qui  m'a  dict  aussy  de  vostre  part,  l'indis- 
position à  laquelle  vous  estes,  dont  je  suis 
bien  marry,  tant  pour  vostre  considération 
particulière,  que  pour  ce  que  je  sçav  que 
vous  vous  feussiez  dignement  acquitté  de  la 
charge  qui  vous  estoit  commise.  Toutesfois, 
puisqu'il  ne  s'est  peu  faire,  je  regarderay  d'y 
pourveoir  d'ailleurs  et  advertiray  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  de  la  bonne  volonté  à  laquelle 
vous  estiez,  si  vostre  sancté  l'eust  peu  per- 
meclre';    priant   Dieu,  Monsieur   de   Mont- 

'  Monlberault  se  romit  :  il  prit  même  part,  dans  les 
rangs  catholiques  et  ligueurs,  à  la  guerre  qui  recom- 
mença dans  les  provinces  du  Midi  dès  l'année  sui- 
vante; et  Henri  Ht  lui  érrivit  à  cette  occasion  trois 
ou  quatre  lettres,  retrouvées  aussi  par  M.  l'alilié  de 
Carsaïade. 


312  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

berault,    vous    avoir   en   sa   sainte   et   digne 
garde. 

Escript    à    Agen,    le    xx"   jour    de    mars 
1679. 


Caterine. 


1579.  —  9  1  mars. 

Orig.  Bibl.  liât.,  Fonds  français,  n"  32o3,  P*  /16. 
A  MON  cousit* 

LE   MARÉCHAL  DE   DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  j'av  receu  les  deux  lectres  que 
m"avez  escriptes  par  le  secrétaire  du  s'deRieux 
pour  le  faict  du  différend  du  consulat  de  Nar- 
bonne,  dont  j'escriptz  par  luy  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  suivant  vostre  désir  et  le  sien; 
et  quant  à  vostre  aultre  lectre,  je  vous  diray 
qu'il  n'a  esté  possible  de  pouvoir  faire  mieulx 
que  ce  que  nous  avons  faict  en  nostre  confé- 
rence; et  fault  croire  que  le  Roy  inondict 
S"'  et  filz  voullant  entièrement  garder  et  ob- 
server sou  édict  de  pacification,  comme  je 
sçay  que  c'est  sa  droicte  et  sincère  intention, 
ceul.x  de  la  religion  pre'tendue  réforme'e  ne 
peuvent  avoir  aulcune  excuze  qu'ilz  ne  re- 
mettent du  tout  les  unze  villes  au  bout  des  six 
mois,  qui  escherront  le  dernier  jour  de  sep- 
tembre prochain  venant.  Nous  lismes  tout  ce 
qui  fut  possible,  à  ce  que  celles  où  vous  avez 
inte'rest  particulier  n'y  feussent  comprises; 
mais  nous  ne  peusmes  gaingner  cela  sur  eulx, 
qui  nous  asseurèrent  (comme  aussy  est-ce  l'in- 
tention de  la  re'solution  de  nostredicte  con- 
férence) que  vous  y  aurez  toute  auctorite'  et 
la  jouyssance  de  ce  qui  vous  y  appartient, 
ainsy  qu'il  est  bien  raisonnable  et  porte'  par 
ledict  édict  de  pacification  et  ladicte  re'solu- 
tion de  nostre  conférence. 

J'ay  séjourné  plus  que  je  ne  pensois  en 
ceste  ville,  et  veoy  bien  qu'à  cause  de  la  feste 


de  Nostre-Dame,qui  est  si  prochaine',  je  n'en 
pourray  pas  partir  que  le  landemain.  Mon 
filz  le  roy  de  Navarre  et  moy  avons  advisé  et 
résolu  que  nous  arriverons.  Dieu  aydant,  sans 
faillir,  le  ii'  du  mois  d'apvril  prochain  à  Cas- 
telnaudarry,  où  j'escriptz  aux  députez  de  Lan- 
guedoc ne  faire  faulte  de  se  trouver,  vous 
priant  ou  le  s'  de  Joyeuse,  auquel  j'escriptz 
pareillement,  de  leur  faire  tenir  mes  lectres, 
et  regarder  s'il  se  pourra  commodément  faire 
que  les  Estatz  de  Languedoc  se  tiennent  à  ce 
temps  là,  ou  après  que  nous  aurons  veu  les- 
dictz  députez,  ausquels  je  vous  prie  de  rechef 
donner  ordre  que  mes  lettres  soient  seure- 
ment  et  incontinent  baillées.  Ce  pendant  je 
prie  Dieu ,  mon  cousin ,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  xxi"  jour  de  mars  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

Mon  cousin,  je  désire  que  vous  sciez  aussi, 
ledict  jour,  11°  d'avril,  audict  Castelnaudary. 


1579.  —  32  mars. 
Orig.  CoHection  Baguenauit  de  Puchesse. 

A  MONSIEUR  D'USSAC, 

CSEVALIBa  DE  L'OBDRE  DU  ROT    M0?(S1ECR  UON   FILS 
ET  GODVERNEUn  DE  LA  BÉOLLE. 

Monsieur  d'Ussac,j'ay  receu  les  lettres  que 
vous  m'avez  escriptes  et  veu  entièrement  les 
mémoires  que  m'avez  envoyez  pour  le  faict  de 
vostre  charge,  sur  chacun  article  desquelz  j'ay 
résolu  la  response,  et  ay  commandé  à  mon 
cousin  le  mar"'  de  Biron  la  vous  faire  entendre , 


'  C'est  la   fête   de  l'Annonciation,    qui    tombe    le 
a  5  mars. 


LETTRES  DE  CATIIEIU.NE  DE   MÉDICIS. 


3i;j 


et  m'asseure  qu'en  demeurerez  satisfaict, 
comme  j'enteiulz  <|ue  vous  soyez  cl  qu'il  est 
aussy  raisounal)ie,  marcliant  de  si  bon  pied 
(|uo  je  veoy  que  vous  faicles;  ne  me  restant  à 
vous  respondre  sur  tout  le  contenu  à  vosdictes 
lettres,  sinon  sur  la  difficulté  que  vous  faictes 
d'aller  avec  le  s'  de  S"-Oreins  pour  exécuter  le 
contenu  en  l'instruction  que  mon  filz  le  roy 
de  Navarre  et  uioy  avons  faicte  audict  s''  de 
S'-Oreins'  et  à  vous,  pourl'eNécutiondc  l'édil 
dernier  de  pacillicalion,  selon  la  résolution 
de  nostre  conférence  tenue  à  Ne'rac.  Et  vous 
asseure,  pour  la  fin  de  ceste-cy,  que  je  n'ay 
pas  oublie'  ny  n'oublirnv,  quand  j'auray  ce 
bien  d'eslre  auprès  du  Hoy  mon  S'  et  filz, 
de  luy  faiie  entendre  la  seicurité  de  laquelle 
vous  proceddez  à  vostre  charge,  m'asseurant 
qu'il  aura  bien  agréable  et  ne  laissera  passer 
aulcune  occasion  de  vous  gratiffier  qu'il  ne  le 
lace  volunliers.  Priant  Dieu,  Mons"'  d'Ussac, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Agen.  le  xxn'^jour  de  mars  1079. 

(Iaterine. 
Pin  \m. 


1579.  —  9-3  mars. 

Copie.  Biiil.  nat.  ,  Fonds  français,  u^SSif),  f'igv"-. 

[AU   ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

.Monsieur  mou  lils,  vous  aurez  veu  par 
les  dernières  despesclies  que  vous  av  faites, 
comme  l'ordre  a  esté  donné  partout  pour 
l'exécution  de  vostre  dernier  édit  de  paciffi- 
cation  et  résolutions  de  nostre  conférance. 
Depuis,  j'ay  eu  nouvelles  de  la  pluspart  de 

'  Sur  le  sieur  de  Saint^Orens,  voir  la  note  de  la 
p.  188. 

*  En  tète  :  ctEnvoyée  au  Roy  par  Georges,  huissier  de 
rliambre  de  la  Rojne  mère  du  Roy.?) 

CillIERINE   DE   MÉDICIS.   —   ÏI. 


ceux  qui  ont  esté  députez  pourcel  effecl  qu'ilz 
exécutent  sans  aucune  coniradiction.  Vray  est 
que  la  querelle  des  s"  viconle  de  Turenne  el 
de  Duras  a\oit  l'ait  ung  peu  lever  les  aurcilies 
à  ceulx  di'  la  Uelligion  prétendui'  réiormée; 
mais  l'ordre  que  soudain  j'y  donney  d'ad- 
verlir,  et  mesme  de  faire  escripre  le  viconte  de 
Turenne  partout,  a  esté  cause  que  cela  (qui 
aussi  à  la  vérité  n'est  (ju'un  laid  ])aiticuliier ) 
ne  troublera  point  le  général,  dont  je  loue 
Dieu  grandement.  Saint-An,  enseigne  de  mes 
gardes,  que  j'avais  envoyé'  à  Langon,  m'a  rap- 
porté avoir  veu  comme  les  s''  de  Saint-Oreins 
et  de  Guitry  en  ont  faict  sortir  la  garni- 
son, et  sont  à  présent  les  villes  et  cbasteau 
de  Langon  remises  suivant  vostre  dict  édit, 
qui  y  est  au  reste  entièrement  exe'cuté.  Vray 
est  que  pour  l'animosité  d'entre  les  liabilans 
dudif  Langon  et  François  Mons'"  de  Candalle, 
qui  en  est  seigneur  de  fief,  comme  tuteur  de 

sa  petite  ' de  Candalle,  il  a  esié 

advisé  que  ledit  chasteau  sera  mis  entre  les 
mains  de  quelque  gentilhomme  catholicque, 
([ue  je  nommeray  pour  le  gardi>r  et  mectre 
es  mains  dudit  François  M"  de  Candalle,  qui 
s'obligera  de  n'y  mectre  qu'un  consierge,  avec 
ses  gens  et  serviteurs  suivant  vostre  édict.  J'ay 
escript  à  mon  fils  le  roy  de  Navarre  que  je 
vouUois  que  ce  feust  le  s""  de  S'-An  (ce  que 
je  ne  double  pas  qu'il  m'accorde),  et  l'ay  faict 
expressément  aliin  de  l'oster  sans  taider  des 
mains  de  ceulx  de  la  Relligion  prétendue  ré- 
formée, et  que  ceulx  de  Bourdeaulx  n'ayent 
plus  d'occasion  de  se  plaindre,  comme  ilz 
n'auront;  car,  ad  ce  que  m'a  dit  le  s'  de 
S'  Au,  néantmoings  les  chemins  y  sont  scurs 
et  libres,  tant  par  terre  que  par  eaue,  y  estant 
tout  en  grand  repos.  J'y  renvoiray  demain 
(aussilost  que  j'auray  les  lettres  de  mondit  filz 

'   tn   mot  laisse   en   blanc,   sans   doule   (tlille^    on 
tr  nièce». 

4o 


;il'i  I.ETTHKS    DE   CATHEHINE    !»E   MEDIGIS. 

le  ro\  ilr  \ii\inrr|  Icdil  S-'Aii.  [iiiiir  \  Mclii'vcr 
(reffci'It'iiiT  ce  (jiir  do.ssiis.  Lo  vicoille  (le  Tu- 
rcillii',  cniiiini'  ]!'  \oiis  ;iv  rsrripl .  c<l  l\  jiri'SPiil 
i'i  \Vr;ic,  SI'  purlaiit  iissoz  liii'ii.  en  es|)i''i'nni"(' 


(l'cslrc  l)i('n((is(  ;;ui'r\ ,  c[  d  aller  incoiilini'ut 
;i\oi'  le  liiiiicM'Iiai  ilo  liiioiii'ii  (jiici'i-y.  Rduit- 
"iic.  Pi'TJjroi'  cl  Limd/.iii;  (■cnciiilanl  ne  lai^- 
sons  dCuvdyri'  des  inslniclioiis  do  vnsli'f  juirl 
an  s''  de  S'  Snlpii'i'  [loiir-  Rfiin'ijruc  cl  <jiiiTCv. 
au\  s'"  de  (Jiirliis  cl  (h'  \cziiis  si''nc>rliaul\ 
a\cc  lin  ,  cl  |i(iiii'  l'i'riijor,  le  s'  di'  Hdiiidcillcs 
cl  le  s'  de  L:i  \lnlhc-l'"'i'ii(d()il  eiiscnililcmciil  . 
daulaiil  ijMê  ledit  s'  de  niiiirdeilles  en  esl  si'- 
néclial,  cl  Icdil  >'  lie  La  Miillc  m'uI  |inm  li- 
Liiiio/.iii  ;  a\anl  aii>s\  mon  fil/,  le  i'o\  de  \a- 
\arrc  (h'pnllé  de  sa  pail  |ioiii'  Koucryiie  le  s' 
(le  Rioiiniers  el  le  s'  de  VauK,  et  |)iinr  (jniTC) 
|c  \iciiii!i>  de  (l(Mii'doM  cl  le  dc|iullc  Scorbiai'; 
|ioiir  l'i''ri;;or,  les  ^'^  di>  (;iianipai;;nac  el  d"\  olcl 
le  jeune,  cl  poni'  le  L\  iinisin ,  les  s"  de  lioclie- 
Ibil  el  lediel  ^  olcl.  Ions  lcsi|n(d/.  ponrveoyc- 
ronl  ini'orilinenl ,  eoinme  j'cslinic.  à  lonles 
l'Iioscs,  excepté  à  Pei'ijjncuU ,  d'où  il  ne  l'anl 
|)as  penser  faire  soiiir  vivans,  sv  le  \ieonlc  de 
Tm'cnne  n  \  esl  en  personne  :  il  \  sera  à  utim 
advis  liien  losl .  cl  me  seudilc  cpi  d  a  lo'l  lionne 
\olnnlc  poi]|-  l'eM'enlion  de  I  l'dn't  ,  de  soric 
ipic  le  niai-eselial  de  liiron  el  lu\  repasscroid 
cnscmlilc  |iai-  ces  hcii\-ià.  el  allans  a  l'i'ia- 
j|nenl\  .  ains\  ipi  ils  oui  didilii'i'i'.  d  lanl  iToir<' 
(|ne.si  anli'c  chose  ncsnivient  (  ipio  Dn'n  ne 
veuille,  conune  j'espère  ipi'il  ne  ferai.  IomI 
scia  liien  losl  à  re[ios  el  l,i  paix  bien  cslahhc 
en  loni  ce  jMuiverneinenl  ;  cl  allin  de  la  \ 
niainlunir,  pour  ce  aussy  que  je  nii'ni'  icellu\ 
inai-esclial  de  lîiron  avec  ino\.  j  cscripi/,  à  Ions 
les  si''nes  dianlx  cl  antres  (jni  oui  cliar;;c  dans 
ce  coineruenu'ul ,  la  Ici  Ire  doni  je  \onsenvo\i' 
le  dcnible,  espinanl  |iarlir  d'icy  jcnd\  [iroidiain 
el  esire  à  (laslelnandary  le  dernier  joui-  de  ce 
nuiis.  Mon  liU  le  ro\  de  Aaxarre  v  sera  auss\. 


el ,  sy  je  puis,  ie  viconte  de  Tureune  y  viendra 
paieillenient,  avant  oscript  ceste  après-disnéo 
à  niondil  fi\/.  le  ro\  de  \a\ane  alFin  de  Tv 
aniiMier  el  fpieje  luy  presterois  ma  liclièro,s'il 
en  [cstoit]  besoin;;.  J'eslimc,  s'il  peut  venir 
audit  Caslelnandary,  <pn:  nous  ani-ons  bean- 
conp  pins  losl  l'aict  avec  les  dépnlli's  du  Lan- 
<;nedoc([;  et  d^^  là  il  n'y  a  que  ijuatrc  ou  cin(| 
lieues  jnsques  en  lloiier;|in',  nù  le  niaresclial 
de  iîii'ou  et  luv  s'en  vroieiil  conimancer  leur 
\o\  ai;;edessnsdil.  (lependatil  je  \ousdiray  que 
i'a\  c,\  cesie  après-disnee,  estant  en  conseil,  la 
Iccinrcde  rinfoiinalion  de  la(|uendle  et  com- 
bat du  \icinile  di'  Tnrenne  ci  duilil  Duras; 
mais  ni'a\ant .  comme  je  vinis  a\  fait  entendre. 
ice!ln\  le  viconli'  de  Tnrenne  drst  devant  mon 
nis  le  ro\  de  \a\arre,  iccllin  niaresclial  de 
l!ir(Uiel  unjjijrand  nonibrcde  nobl(^sse,lors<[ue 
je  parb'v  à  luv  sur  le  gravier  de  ceste  ville,  m'y 
venant  de  promener  el  Inv  s'en  allant  mectre 
dans  iinji  basteau  pour  aller  audil  N('rac . 
qn  il  ne  dcinandoil  jioincl  juslicc  de  ce  qui 
s'estoil  pass('.  mais  (|ue  s'il  aMul  quelque 
(diosc  à  di'mandcr  an  s'  de  Duras,  que  <'e  se- 
roil  ilc  sa  personne  à  la  sienne,  sans  faire  au- 
ciiiics  .isscmblec  n\  amas  d  boninics.  et  le 
ni'assciira  el  promist  ainsy.  Voylà  |ioni-i|uo\ 
je  suis  di'libi'ri'c  (d'aulanl  ipi'il  ne  se  jienll 
bien  \coir  qui  a  laict  l'ollciisc  cn\ers  vous  el 
mo\.  cl  après  que  1  ou  auia  examine  encorcs 
quidi|nes  Icsmoinjfs,  ipii'  le  s'  de  Duras  s'est 
laisse  cnlendre  (|u  d  d(''Sire  estre  oy/.)  de 
prandre  cesdicles  informalioiis  et  remetti'c 
le  liuil  à  \ous.  jionr  Toirense  cpii  vous  a  esté 
cl  à  iuo\  faictc.  Sur  quoy  je  vous  diray  que 
le  s'  de  Duras  vcini  hier,  comme  j'estois  à 
\esprcs  aux  (iordelliers  de  ceste  ville,  parler 
à  mo\  de  ce  cpu'  dessus,  el  me  dist  assez.  Iroi- 
(lemenl  que  l'occasicm  pour  la(jnellc  il  estoit 
venue  par  mo\  esloil  pour  me  su[iplicr.  s'il 
m'a\oil  oITenscée,  de  \u\   [laidouner;  mais  je 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


315 


Tav  très  bion  (lic(  ci'^ic  après-fiisnée  au  conseil 
(levant  tous.  (|n(;  (|iiand  Ion  \riit  demander 
iing  pardon,  ce  n'est  pas  debout  ny  de  ceste 
l'açon,  el  ny  aussi  bien  faici  congnoistre  que 
je  ue  trouvois  pas  bon  que  l'on  l'eist  pour  la- 
dicte  querelle  des  assemblées,  ((uc;  je  voullois 
(jue  Je  s'  de  Duras  nie  feist  semblable  pro- 
messe que  m'a  l'ait  ledit  viconte  de  Turenne, 
et  que  l'ung  et  l'autre  me  la  baillassent  par 
escript  pour  la  vous  envoyer,  comme  je  feray 
aussylost  que  je  i'auray  retirée;  et  oultre  cela 
l'eray  faire  les  détl'euses   à    leurs  personnes 
niesmes,  et  aussy  aux  s"  de  Rozan  et  baron  de 
Sallignac,  si  expresses  et  par  escript,  qu'il  sera 
bien  difficile  de  leur  pardonner  après,  s'ils 
(onilioient  en  celte  taule.  Je  croy  qu'il  faudra 
d'icy  à  quelque  temps,  pour  quececy  ne  pré- 
judicie  à  vostre  service,  comme  sans  double 
il  seroit,  que  vous  les  mandiez  les  ungs  et  les 
autres  venir  parler  à  vous,  les  faisant  acconi- 
paigner  cbacun  par  ung  gentilbomme^et  que 
vous    regardiez    s'il    y    aura    moyen    de    les 
apoinctcr,  en  leur  pai'donnant,  et  non  autre- 
ment, la  faulte  qu'ils  vous  ont  faicle;  aultre- 
ment,  cela  pourroit  esire  cause  de  troubler 
celle  province,  en  laquelle.  Dieu  aydani,  la 
pai.v  seroit  bientost  establye,  suivant  vosiredit 
éditde  paciffication;  mais  je  crains  infiniment 
qu'il  y  en  ayt  qui  vcuUent  troubler  le  repos; 
car  comme  vous  verrez  par  une  letlre  que  les 
jurais  de  Libourne  ont  escripte  à  vostre  ad- 
vocat  en  la  court  de  Parlement  de  Bourdeaulx , 
La  Rocbe,  <ju"il  m'a  envoye'e,  et_ laquelle  sera 
encloze  en  ce  pacquet,  auscuns  des  babitans 
dudit  Libourne,  calholiequcs,  ont  voulu  sur- 
prendre la  ville.  Le  s'  de  Lanssac  y  est  aile'  et 
deux  conseillers  dudit  Parlement,  pour  en  in- 
former et  savoir  à  la  vérité'  d'où  cela  procedde, 
et  à  quelle  fin  j'en  ay  incontinent  si  expres- 
sément escript  à  vostre  Parlement  et  audit  s' do 
Lanssac,  que  j'espèie  ((ueje  sauray  (|ue c'est. 


et  vous  en  esclaircirav  incontinent.  Cependant 
il  sera  bon  que  ^ous  en  escripviez  à  vostre 
Parlement,  au  s' de  Lanssac  et  à  vostre  advocat 
La  Roche.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  xxu'  jour  de  mars  1679. 


1570.  —  -lU  mars. 

Copie.  Bib],  nnl. ,  Fonds  français,  n"  33ig,  i^  a't  v". 

A  MON  FILS , 

[LE   DUC  D'ANJOU.] 

Mon  fils,  j'ay  esté  infiniment  aize  d'avoir, 
par  le  s"^  Palerne ,  présent  porteur  ' ,  entendu  sy 
au  long  de  voz  nouvelles  et  de  vostre  bonne 
et  sincère  intention  de  ne  voulloir  jamais  faire 
chose  qui  puisse  altérer  l'amilyé  qui  doibt 
estre,  par  raison  et  nature,  entre  le  Roy 
vostre  frère  et  vous,  pour  luy  rendre  l'obéis- 
sance et  service  que  devez,  et  ne  \ouloir 
aussy  troubler  ce  royaume,  qui  a  tant  de  be- 
soing  de  se  remettre,  et  que  devez  le  désirer, 
pour  estre  le  seul  fondement  et  le  plus  sein- 
de  vostre  grandeur;  car  estant  remise  et  à 
vous  conservée  la  bonne  grâce  du  Roy  vostre 
frère,  ne  devez  désespérer  que  n'ayez  toute 
telle  grandeur  (jue  justement  pouvez  désirer, 
car  rien  pour  vostre  avancement  ne  sepi-ésen- 
tera  qu'il  ne  vous  ayde  de  tous  ses  moiens; 
mais  que  lui  donniez  le  loisir  de  pouvoir  joïr 
de  la  paix  que  par  nouvelles  conférences 
avons  asseurée,  comme  ce  porteur  vous  pourra 
dire  plus  au  long;  et  en  ce  faisant,  croyez, 
mon  fils,  qu'aurez  plus  d'occasion  de  conten- 
tement que  n'avez  eu  par  les  autres  estrava- 
guans  conseils  que  l'on  vous  a  donnés,  et  à 

'  Le  3'  de  Palerne  avait  clé  envoyé  par  le  duc  d'Anjou 
vers  le  roi  el  la  reine  mère  avec  une  rr  Instruction  ïî  rela- 
tive aux  négocialions  du  mariage  anglais.  Voir  p.  37/1. 

4o. 


316 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


la  fln  devez  estrc  asseuré  que  nous  voulons 
voslre  conservation  et  grandeur;  car  vous  n'en 
pouvez  avoir  qu'il  n'en  retourne  utillité  au 
Rov  et  à  son  service  et  conservation  de  son 
royaume,  et  que  tout  ce  qui  vous  est  de  près 
en  soit  participant  :  qui  est  cause  que  ne  s'en 
présentant  pour  le  présent  une  plus  preste  ni 
plus  grande  que  le  mariage  de  la  royne  d'An- 
giclerre,  je  demeure  en  mon  opinion  que, 
ayant  les  seuretez  nécessaires,  ne  devez  diffé- 
rer d'y  aller,  et  m'asseure  qu'elle  ne  sera  si 
mal  conseillée  de  vous  en  laisser  retourner 
avec  occasion  d'estre  mal  content ,  car  elle 
sayt  bien  le  tort  qu'elle  se  feroit  dabuzer  le 
frère  d'ung  si  grand  Roy,  comme  le  grand 
Roy  de  France;  et  le  plustot  que  l'entreveue 
se  pourra  faire,  ce  sera  le  meilleur,  car  les 
choses  qui  traînent,  principalement  avec  elle  ', 

'  Qciand  Calheriiie  éci-ivait  colle  phrase,  elle  n'avait 
pas  encore  reçu  la  lettre  suivante,  qui  se  trouve  en 
minute  originale  au  Record  office,  dans  les  State  papcrs, 
vol.  06  : 

Elisabeth  à  la  Reine  mère  du  Roi. 
(9  mars  1579.) 

r  Madame  ma  bonne  seur,  la  lettre  qui^  m'avez  en- 
voyée par  le  s'  Rocquelaillade  "  me  lesmoigne  assez  la 
continuation  de  vostre  bonne  amitié  et  affection  en- 
vers moy,  demeurant,  comme  feutcs  toujours,  constante 
au  désir  qu'elle  se  puisse  d'autant  mieux  asseurer  et 
confirmer  par  les  oeuvres  les  plus  précieuses  qu'on  sau- 
roit  donner  ;  en  quoy,  s'il  y  a  raison  que  méritiez 
beaucoup  on  mon  endroit ,  vous  vous  pourrez  asseurer 
que  je  ne  demeure  en  mon  cœur  méconnaissante  de 
l'honneur  que  me  faite  et  désirez,  ains  mesurant  les 
fruits  de  votre  affection  au  pris  de  l'opinion  que  j'en 
ay  toujours  eue,  suis  contrainte  de  vous  aymer  et  ho- 
norer davantage.  Quant  au  fait  mesme  dont  il  est 
question,  je  ne  doute  pas  que  vous  n'ayez  receu  aver- 
tissement de  ce  que  s'est  passé,  par  celui  à  qui  il 
touche  de  près  et  auquel  avez  intérest ,  et  loullefois  ne 

"  Le  sieur  de  Roquetaillade  ét;iit  un  courrier  de  la  reine 
mère,  que  nous  avons  déjà  vu  porter  une  dépiVlie  au  roi  le 
11  novembre  1578. —  V.  plus  haut,  p.  ii3. 


il  n'en  vient  jamais  rien  de  bien.  Je  m'assure 
que  le  Roy  vous  aydera  de  ce  qu'il  pourra, 
et  fault  considérer  qu'il  n'a  pas  tous  les 
moyens  qu'il  vouldroil  pour  vous  faire  aller 
comme  le  sauriez  désirer,  veu  mesmemenl 
que  les  Estatz  luy  ont  persuadé  de  se  tant 
restraindre,  que  pour  les  contenter  il  a  remis 
beaucoup  de  choses,  à  ce  que  je  puis  entendre, 
et  pour  cesle  raison  je  y  vouldrois  aller,  à 
demy  en  poste,  avecq  ung  nombre  de  gens 
choisiz  et  nécessaires,  car  de  si  grand,  atirant 
bien  souvent  fi  ndiscrétion ,  fait  tort  au  maistre. 
Sy  j'estois  de  retour  assez  à  temps,  je  vous 
y  nicnerois,  et  cela  excuseroit  beaucoup  de 
choses;  mais,  sy  pouvez  avoir  les  seuretez  né- 
cessaires, lesquelles  ne  devez  vous  demander, 
car  vous  luy  devez  monstrer  toute  confiance 
et  ne  doubler  de  rien  pour  l'envye  qu'avez  de 

voudrois  obmettre  de  vous  en  particulariser  aussi  quel- 
que chose  moi  mesme,  pour  satisfaire  aux  ofTices  de 
nostre  affection  réciproque,  n'est-ce  que  ce  porteur  est 
incertain  du  temps  auquel  il  vous  ira  trouver,  qui  me 
fait  douter  que  ce  que  je  vous  en  manderois  vous  se- 
roit  possible  trop  tard  apporté,  et  pour  ce  me  semble 
mieux  à  vous  remettre  à  ce  que  en  entendrez  plus  frais- 
chement  d'ailleurs.  Estant  au  reste  1res  ayse  d'entendre 
qu'estes  empressée  à  une  si  sainrie  œuvre  c|ue  d'éteindre 
le  feu  qui  commençoit  à  se  rallumer  par  delà,  et  eut 
jeté  une  trop  grande  ffamme  au  préjudice  de  tout  le 
royaume,  sans  votre  bonne  prévoyance,  ayant  telle  opi- 
nion do  votre  sagesse,  dextérité,  et  bonne  adresse  au 
maniement  des  affaires,  comme  vous  avez  déjà  plusieurs 
fois  montré  l'expérience  que  le  tout  succède  pour  le  ser- 
vice du  roy,  le  bien  public  et  voiro  honneur  particulier 
qui  en  rapporte  les  louanges. - 

Le  même  jour,  la  reine  Elisabeth  écrivait  au  duc 
d'Anjou  : 

triS'eust  esté,  Monsieur,  que  les  récentes  nouvelles 
de  vos  grans  préparalifs  m'eussent  tellement  émeUe 
que  n'ny  sceu  garder  la  phune  qu'elle  ne  vous  escripvit, 
je  n'userois  de  hardiesse  de  si  souvent  vous  importuner 
de  si  grandes  lettres;  mais  à  confesser  la  vérité,  la  def- 
fiance  que  j"av  conceue  en  l'endroit  de  M'  Simier  qu'il 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


3i: 


lui  coni])lairp;  mais  liiiill  ([iio  ce  soit  le  Ro\ 
qui  Ips  lui  l'ace  dcmaTidcr  par  son  ambassa- 
deur, aliu  (|u"i'11p  cognoissc  le  soinjj  qu'il  a  de 
vous,  et  que,  conceruaut  cest  eunion,  elle  ayl 
plus  de  respect  à  ne  vous  mal  contenter.  Car 
enfin,  lapuy  qu'avez  du  Roy,  et  si  elle  con- 
{jnoist  que  soie/,  uiijj  ensemble,  j'espère  que 
cella  lui  fera  plus  tost  vous  désirer,  et  tout  le 
païs.  Vous  verrez,  par  le  mémoire  que  je  vous 
envoyé,  tout  re  que  davantai|;e  je  pense  :  je  ne 
vous  l'eray  la  présente  plus  loujjue;  car  dans 
deux  jours  je  vous  envoiray  uug  de  mes  gens; 
et  cependant  je  prye  Dieu  qu'il  vous  conserve 
en  la  bonne  grâce  du  Rov  et  ijue  tout  le 
royaume  congnoisse  <]ue  n'avez  autre  volonté 
que  de  luy  obéyr  et  entretenir  le  repos. 
D'Agen,  le  xmiii'  mars  1079. 


ne  conseillp  assoz  clairement,  mais  avec  des  mots  assez 
gelés,  me  constraint  vous  supplier  considérer  que  ceste 
entrevue,  tenant  fondement  incertain,  ne  requiert  fon- 
dement trop  manifcsle,  car  si  rien  n'en  snivoil  qu'amitié 
asseuréc,  laiit  plus  jjrand  vous  penseriez  le  déshonneur; 
et  quant  je  prise  ([ue  l'arrivée  voslre  en  Flandre  pré- 
venoit  de  longue  main  le  bruit  de  vostre  voyage,  il  me 
semble  que  un  aulie  tel  passage  vous  advanceroit  la  ré- 
putalion  (si  j'ose  le  dire)  une  conliosme  pailie  plus  que 
tout  ce  qu'en  avez  reçu  de  leur  pail,  et  me  persuade 
nul  qui  lient  considération  de  nous  vous  condamnera 
pour  n'avoir  fait  avec  rassis  jugement  et  sage  advis; 
car  du  mal  rien  ne  peut  suivre  de  bien.  Je  me  tairay 
comme  telle  qui  ne  puis  beaucoup  promelire  où  je 
cognois  si  peu  de  suffisance.  Vous  me  pardonnerez. 
Monsieur,  si  la  jalousie  que  j'ay  de  voslre  bien ,  avec  le 
regard  de  la  perpétuité  de  vostre  amitié  m'advanco  que 
trop  pour  si  librement  vous  écrire,  supliant  le  Créateur 
qu'il  vous  conseille  le  tout  pour  le  mieux  avec  mes  très 
cordiales  recommandations  à  vous.  Monsieur,  vostre  as- 
seurée  seur  et  cousine, 

Elisabeth. 

{Stalepap.,  vol.  06,  copie  du  temps;  9  mars  1579.1 


157'.).  —  Mars'. 

CopÎP    Bil)l.  liât. ,  Fonds  fraoçais,  n'  33i9,  C"  a5  r"  et  \". 

I  VU   ROY   MONSIEUR  MON  FILZ.] 

Monsieur  mon  fiiz,  le  mareschal  de  Biron 
et  aulcuns  des  principeaux  des  villes  de  ce 
gouvernement  désirent  estre  eclaircyz  si  mon 
filz  le  roy  de  Navarre,  vouHaut  aller  de  l'un 
en  aullre  par  ce  gouvernement,  se  présente 
à  leurs  portes  pour  entrer  dedans  lesdicles 
villes,  ils  le  laisseront  entrer  :  sur  quoy,  estant 
cela  d'impnriance,  j'ay  advisé  vous  en  escripre 
et  prier  m'en  mander  vostre  volunté.  Mon 
opinion  seroit  que  l'on  ne  luy  en  feist  point 
de  difficulté,  car  autrement  ce  ne  seroit  pas 
la  paix;  mais  je  voudrois  aussy  qu'il  n'y  allast 
si  tost,  estant  encoresla  mémoire  des  troubles 
trop  récente,  et  que,  quand  il  vouldruit  aller 
esdicles  villes,  ce  soit  avec  son  train  ordinaire 
et  son  ancienne  garde  seullemenl,  et  que  pour 
le  faire -de  luy-mesmes  venir  à  ceste  résolu- 
tion, vous  escripvassiez  une  bonne  lettre  à 
ma  fille  la  royne  de  Navarre,  aflin  quelle 
preigne  l'occasion  bien  à  propos,  comme  elle 
saura  bien  cboisir  l'beure,  et  luy  remonstrast 
qu'il  doibt  de  luy-mesme  désirer  et  cherclier 
les  moiens  que  lesdictes  villes  n'entrent  en 
aucune  suspition  de  luy,  comme  elles  ne  fe- 
ront quant  il  en  vouidra  user  de  ceste  façon 
modestement,  ainsy  qu'il  fault  qu'il  face 
jusques  à  quelque  temps  que  toutes  cboses 
seront  plus  affermyes  à  la  paix.  Toutefois, 
Monsieur  mon  filz,  je  remetz  à  vous  de  m'en 
mander  sur  cela  vostre  volunté,  ce  que  je  vous 
prye  faire  par  vostre  première  dépesclie,  car 
je  suis    (orl    pressi>    par  ledil    inarosclial    de 

'  Cette  dépêche  n'est  point  datée;  mais  on  peut  voir 
qui"  c'est  plutôt  une  instruction  demandée  par  la  reine 
mère  pour  un  cas  particulier,  qu'une  lettre  propre- 
monl  (lile.  écrite  par  elle. 


318  LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


Biron  et  ceulx  ilesdictes  villes,  de  leur  faire 
responce  sur  cela,  vous  priant  que  personne 
ne  saiche  rien  du  contenu  en  ceste  lettre; 
et  m'en  faictes  faire  les  dépesches  comme  de 
vous  mesmes.  Et  pour  ce,  Monsieur  mon  filz, 
que  j'espère  que  le  s'  d' Arques  partira  jeudi 
prochain  pour  s'en  retourner,  je  vous  envoiray 
par  luy  les  promesses  desdits  viconte  de  Tu- 
renne,  baron  de  Sallignac,  s' de  Duras  et  de 
Rozan,  lesquelles  je  veux  si  bien  faire  faire, 
que  leur  querelle  ne  puisse  préjudicier  à  voz 
alFaires  et  service  de  deçà,  comme  sans  double 
elle  eust  desjàfaict  et  seroit  qui  n'y  pourveoi- 
roit  bien. 


1579.  —   îA  mars. 

Orij;.  Bibl,  liai.,  Fon.ls  français,  n"  3345,  fMJ5. 

A  MON  COUSIN 

LE  S'   DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin,  présentement  est  arrivé  en  ce 
lieu  le  s''  d'Arqués,  que  le  Roy  monsieur  mon 
filz  m'a  en  dilligence  expressément  envoyé  pour 
me  tesmoingner  le  grand  aize  et  contentement 
qu'il  a  de  la  résolution  de  nostre  conférence 
au  bien  de  la  paix,  et  le  grand  désir  qu'il  a 
aussy  qu'elle  s'cstablisse  et  effectue  suivant 
nostredicte  résolution,  me  priant  de  com- 
mander de  sa  part  à  tous  ses  subjectz  de  l'une 
el  de  l'autre  religion  d'y  obéyr  et  s'y  conformer 
entièrement,  estant,  comme  c'est,  le  plus 
grand  heur  et  bien  qui  sçauroit  advenir  à  ce 
royaume.  M'ayant  aussy  ledit  s'  d'Arqués  ap- 
porté par  mesme  moien  les  plus  agréables 
nouvelles  que  j'eusse  peu  entendre,  qui  sont 
que  mon  filz  le  duc  d'Anjou  arriva  le  lundy 
.xvi"  de  ce  mois  sur  le  soir  à  Paris,  oii  il  est 
venu  trouver  le  Roy  monditS'et  filz,  son  frère, 
accompaigué  seulement  de  deux  ou  trois  gen- 
tilzhommes;  et  après  s'estre  embrassez  et  faict 


toute  la  bonne  chère  qui  se  peult  el  que  se 
doibvent  deux  bons  frères,  ilz  couchèrent  ceste 
nuict  là  ensemble,  se  délibérans  de  continuer 
à  tousjours  la  vraye  et  parfaicte  amytié  et 
union  qu'ilz  se  doibvent,  dont  je  loue  Dieu 
grandement,  vous  en  aiant  bien  voulu  escripre 
pour  la  joye  qu'un  chascun  en  doibt  avoir  el 
le  bien  que  c'est  à  ce  royaume.  Priant  Dieu, 
mon  cousin ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Agen,  le  xxnu^jour  demars  1679. 

De  sa  main  :  Mon  cousin ,  je  vous  prie  faire 
tenir  seurement  et  incontinant  la  dépescbe 
que  je  faiz  à  mon  cousin  le  cardinal  d'Arma- 


Vostre  bonne  cousine, 


Signé  :  Caterine. 


1579.  —  i!5  mars. 

Copie.  Bilil.  nat. ,  Fonds  français,  n°  SSig,  i°  as  r»  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  ne  doibz  plaindre 
mes  peynes,  comme  aussy  ne  feyz-je  oncques 
en  tout  ce  que  j'ai  congneu,  ny  ne  feray  ja- 
mais en  ce  que  je  congnoistray  estre  du  bien 
de  vostre  service  et  de  vostre  royaulme,  quand 
il  n'y  auroit  que  le  grand  contentement  que 
j'ay  veu  par  les  lectres  qu'il  vous  a  pieu 
m'escripre  et  entendu  du  sieur  d'Arqués  qu'en 
avez,  mesmement  de  ce  qui  a  esté  faict  en 
nostre  conférence  au  bien  de  la  paix  et  exé- 
cution de  vostre  dernier  édict  de  pacification; 
aussy,  à  la  vérité,  y  ay-je,  et  les  princes  et  s" 
qui  m'ont  assistée,  faict  (oui  ce  qui  se  peult. 
Noz    peynes,    combien    qu'elles    ayent    esté 

'  Kii  tiHe  :  tcEnvoyée  par  Anibrelin.n 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


31'.) 


«fraudes,  nous  ont  a[)|i(iiti'  iiiiss\  imjj  loil 
jjiuiul  l)i('n  cl  conlc'iilciiii'nl .  vcuxaus  (jue 
vous  nous  l'u  sç-avi'z  gré  el  avez  a|[iTal)le  iioslre 
resolulion.  Et  ce  qui  augmente  encores  da- 
vantaige  ceste  jove  est  le  grand  fruict  que 
nous  en  veoyons  desjà;  car  croyez,  Monsieur 
mon  fil/.,  (jue  tous  vos  |>('uples  et  subjectz,ès 
provinces  de  deçà,  ne  receurenl  jamais  chose 
avec  plus  d"all»$gresse  (ju  ilz  font  ceste  fois. 
Aussy  ay-je  advis  de  toutes  parlz  que  l'exécu- 
tion et  eslablisseinent  de  vostredict  dernier 
édict  se  taict  fort  aizénient  et  avec  le  gré  des 
ungs  et  des  aullres ,  et  n  y  a  plus  que  quelzques 
volleurs  des  costez  de  Périgort  el  Rouergue 
qui  font  encores  quelques  courses.  Mais  jVs- 
pèr.e  que  les  dépesches  que  mon  filz  le  roy  de 
Navarre,  et  nioy  avons  faictes  de  ces  costez-là, 
en  attendant  que  les  maresclial  de  Biron  et 
viconte  de  Turenne  y  aillent,  comme  ilz  yront 
bien  tost,  feront  cesser  tous  ces  désordres, 
ainsy  qu'ilz  ont  faict  en  Languedocq,  comme 
il  vous  plaira  veoir  par  les  lectres  que  j'en  av 
aussy  receues,  ayant  pour  ce  en  fort  grande 
espérance  que  la  paix,  repos  et  union,  s'esta- 
blira  ceste  fois  si  bien  par  tout  vostre  royaume, 
qu'avec  l'ayde  de  Dieu  elle  sera  perdurable. 
Et  puis  les  bonnes  et  agréables  nouvelles  de 
la  venue  et  arrivée  de  mon  filz  le  duc  d'An- 
jou auprès  de  vous,  qui  s'est  faicle  si  à  propos 
et  de  si  bonne  façon,  tesmoingnant  par  icelle 
la  perfaicte  amylié  et  intelligence  d'entre  vous 
et  luy,  comme  je  l'ay  incontinant  escript  par- 
tout, fortilBeront  grandement  ce  bon  œuvre 
de  la  pai.\,  avec  le  contentement  que  vous  en 
avez,  dont  je  u'ay  obmis  aussy  d'escripre  pai- 
inesme  moien,  en  sorte  ([ue  je  ne  fais  plus 
de  doute  que  vostredict  royaulme  ne  de- 
meure en  repos,  et  raoy  la  plus  contente  que 
je  feuz  oncques  de  la  bonne  résolution  et  deb- 
voir  de  mondict  filz  le  duc  d'Anjou  envers 
vous,  qui  estes  aussi  tant  à  louei'  de  voz  bons 


cl  \erlucu\  comporteniens  envers  luy.  que 
(|u,iniije  pense  à  ceste  si  franche  et  l'raternele 
visilalion,  rorrespoudue  de  si  bonne  façon 
par  vous,  j'en  resens  tel  aize  et  joye  que  je 
n'en  cuz,  il  y  a  long  temps,  de  plus  grande, 
estant  cela  si  à  propos  advenu  ([uc  je  double 
poincl  qu'il  me  soyl  el  à  vous  el  à  luy,  avec 
l'aide  de  Dieu,  grandement  heureux  et  prof- 
fictable.  Car,  oultre  la  fermeté  du  bien  de  la 
paix  avec  ceulx  de  voz  subjectz  faisans  pi'o- 
fession  de  la  Religion  prétendue  réfornu'e. 
crojez,  Monsieur  mon  lilz,  que  s'il  y  eu  avoit 
d'aultres  qui  eussent  délibération  de  troubler 
soubz  quelque  aultre  prétexte,  ilz  enseroient, 
veoyaus  ceste  bonne  et  parfaicte  union,  par 
ce  uioien  bien  empeschez.  Ce  bien  là  en  amè- 
nera aussy  ung  aultre  pour  vostredict  frère, 
ainsy  que  je  luy  escriplz  bien  amplement;  car 
estant  comme  j'ay  veu  les  choses  en  si  bon 
train  pour  le  faict  du  mariaige  d'Angleterre, 
elles  succedderont  beaucoup  plus  aizément  à 
son  désir,  se  compoilant  envers  vous  comme 
son  debvoir  el  tant  de  grandes  et  particulières 
obligations  qu'il  y  a  le  veulent.  Et  oultre  le 
contenu  des  leclres  que  je  lui  avois  escriptes, 
auparavant  que  je  sceusse  ces  bonnes  el  heu- 
reuses nouvelles,  el  aussy  de  celles  que  je  luy 
ay  encores  depuis  faictes,  desquelles  je  vous 
envoyé  pareillement  le  double,  j'ay  si  ample- 
ment instruict  Palerne  de  la  façon  qu'il  l'ault 
qu'il  se  gouverne  doresnavant  envers  vous  el 
envers  la  royne  d'Angleterre,  que  s'il  me  croid 
(comme  je  n'en  fais  double),  vos  affaires  el 
service  yronl  lousjouis  de  bien  en  iiiieuK  el 
les  siens  aussy,  vous  \eoyans  bien  unvz  ;  [)rin- 
cipallement  n'oubliant  pas  de  luy  faire  con- 
gnoistre  que  sa  grandeur  dépend  et  ne  peull 
estre  que  de  la  voslre.  Ma  fille  la  royne  de 
Navarre  luv  en  escripra  aullant  et  continuera 
comme  je  m'asseure  (ainsv  ijuc  je  vous  puis 
dire  quelle  a  aussy  faict)  tous  les  bons  ofiices 


320  LETTRES  DE   CATH 

qu'il  est  possible  de  désirer  envers  le  roy 
de  Navarre,  son  mary,  pour  ledict  bien  de 
la  paix.  J'ay  envoya  ce  matin  vers  eux  à 
Nërac  ledict  sieur  d'Arqués,  pour  leur  porter 
toutes  ces  bonnes  nouvelles  et  les  lectres 
que  vous  leur  escripvez.  Vray  est  qu'il  ne 
porte  pas  à  niondiii  filz  le  roy  de  Navarre 
la  ratifEcation  et  aprobation  qu'avez  faicte 
des  articles  et  re'solutions  de  nostredicte  con- 
férence; car  ledict  sieur  d'Arqués  a  trouvé  si 
peu  de  cbevaulx  pour  les  postes,  à  ce  qu'il 
m'a  dict,  qu'il  a  esté  contrai  net  de  laisser  unjj 
bomme  derrière  qui  apporte  une  malle  plaine 
de  toutes  les  expéditions  et  commissions  que 
m'envoyez  pour  ce  que  dessus. 

J'espère,  Dieu  aydant,  partir  demain  malin 
pour  m'acbeminer  à  Thoulouze ,  et  de  là  à  Cas- 
telnaudary,  où  doibvent  venir  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre  et  madicte  fille,  sa  l'emme.  Je 
pourveoyray  icy  et  là  premièrement  tout  ce  qui 
est  de  voz  alTayres  et  service  le  mieulx  qu'il  me 
sera  possible;  puis  je  me  résouldrai,  comme  je 
verray  les  choses ,  de  m'en  retourner  vous  trou- 
ver par  le  chemin  que  je  congnoistray  le  plus 
à  propos  pour  le  bien  de  vostre  service;  et 
ferav  la  plus  grande  diligence  qui  me  sera 
possible,  afhn  que  je  puisse  avoir  ce  bien 
d'estre  auprès  de  vous,  estant  le  plus  grand 
désir  et  contantement  que  j'aye  en  ce  monde 
que  de  vous  veoir  et  y  demourer.  Ce  pendant 
je  vous  diray,  Monsieur  mon  filz,  que  le  sieur 
de  Beauvais  arriva  avant  hier  icy,  m'ayant 
aussy  fort  amplement  faict  entendre  de  voz 
bonnes  nouvelles  et  comme  vous  avez  fort 
agréable  tout  ce  que  je  fais  pour  vostre  ser- 
vice, dont  je  reçoips  très  grande  joye  et  con- 
tentement. Il  m'a  conimunicqué  la  charge 
qu'il  vous  a  pieu  luy  commettre,  en  laquelle, 
comme  j'ay  bien  veu  parlant  avec  luy,  il  s'est 
si  bien  préparé,  conformément  aux  instructions 
que  luy  en  avez  faict  bailler,  que  je  m'asseure 


ERllNE  DE  MEDIGIS. 

que  son  voyaige  sera  bien  à  propos  pour  vostre 
service.  Je  luy  ay  monstre  ce  qui  me  concerne 
et  faict  veoir  la  charge  que  j'av  donnée  au 
sieur  évesque  de  Comminges,  convenable  à  sa 
profession  :  ce  que  ledict  sieur  de  Beauvais 
approuve  bien  aussy,  m'ayant  promis  que  de 
sa  part  il  y  interposera  vostre  auctorité  et  fera 
tout  ce  qu'il  pourra  (comme  je  m'en  asseure 
bien),  suivant  l'affection  que  je  sçay  que  parti- 
culièrement il  a  de  me  fayre  service  et  ce 
qu'il  vous  a  pieu  aussy  luy  en  commander; 
dont,  Monsieur  mon  filz,  je  vous  meicie  de 
très  boa  cœur,  estant  ce  que  j'en  faiz  tousjom's 
pour  vostre  bien  et  grandeur.  Il  en  adviendra 
de  ce  costé-là  ce  qu'il  pourra;  mais  je  vous 
diray  néantmoings  (pie  mon  droict  y  est  plus 
grand  et  plus  aparent  que  de  pas  ung  de 
ceulx  qui  y  veullent  prétendre  à  présent.  Pour- 
tant ne  veulx-je  pas  fayre  en  cela  chose  qui 
vous  mette  à  la  guerre  avec  voz  voisins.  Au 
contraire,  je  veulxtascherpar  tous  les  moiens 
qui  me  seront  possibles  que  ceci  serve  à  es- 
Ireindre  davantaige  vostre  amytié  avec  eulx, 
comme  j'espère  qu'il  adviendra.  Priant  Dieu, 
Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr  en  sa  saincle 
et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  xxv"  jour  de  mars  1579, 
jour  de  la  Fesle  Nostre  Dame. 

Monsieur  mon  filz\  depuis  ceste  lectre  es- 
eriple  le  sieur  de  Piebrac,  auquel  j'avois  es- 
cript à  Nérac  me  venir  trouver  en  ce  lieu,  y 
est  arrivé  comme  nous  revenions  de  la  pro- 
cession généralle  qu'avons  faicte  pour  rendre 
grâces  à  Dieu,  tant  delà  confirmation  du  bien 
de  la  paix  que  de  l'arrivée  de  mon  filz  le  duc 
d'Anjou  auprès  de  vous;  la  raison  pourquoy 
j'avois  mandé  ledict  sieur  de  Piebrac  estoit 
affin  que  je  peusse  entendre  au  vray  l'occa- 

'  En  lêle  :  ir  Postscript  n,  f  28  r°. 


LETTRES  DE  GATH 

sion  pour  laquelle  l'on  ni'.TVoit  dit  que  iiion- 
dict  fdz  le  roy  de  \avaiTe  et  ma  iille,  sa 
femme,  ne  partiroul  demain  pour  allii'  audict 
Castelnaudaiy.  Sur  (jucy  il  m'a  dit  deux  rai- 
sons, Tune  que  niesdictz  filz  ol  fille,  les  roy 
et  royne  de  Navarre,  navoieut  pas  l'argent 
qu'il  leur  lalloit  pour  ledirl  voiaige,  et  qu'ils 
csloicnt  après  à  en  chercher  à  quelque  prix 
que  ce  feust,  et  l'aultre  que  le  vicoule  de  Tu- 
renne  n'estoit  pas  encore  en  estât  de  se  pou- 
voir niectre  aux  champs.  Toulesfois,  le  jeune 
Yollet  '  est  arrivé  ce  soir,  qui  m'a  a])oi-t(''  des 
lectres  escriptes  de  la  main  dudict  vicoule 
de  Tu  renne,  et  m'a  asseuré  qu'il  se  portoil 
hien;  aussv  ay-je  sceu  (]u"il  se  promenoit 
dans  l(>s  jardins  el  partout  à  iVérac,  et  m'a 
pareillement  dict  de  sa  part  qui  luy  sembloil 
qne  je  ne  devois  ny  ne  pouvois  partir  d'icy 
que  ])remièrement  je  ne  veisse  tout  ce  que 
nous  avons  faict  pour  le  bien  de  la  paix,  l'er- 
niement  estably  et  effectué,  piincipalleriicnt 
au  reste  de  cesie  séneschaulsée  du  coste'  de 
Langon  et  en  Bourdelois  :  ce  qui  m'a  faict 
doubter  qu'il  y  a  quelque  délibératiou  entre 
eulx.  prenans  diverses  couUeurs  pour  ce  retar- 
dement. Car,  pour  le  regard  de  ceste  sénes- 
chaulsée, l'ordre  y  est  donné  à  Puymirol,  qui 
estoit  le  principal;  ce  qui  a  retardé  le  reste  des 
aultres  lieux  de  ladicte  séneschaucée  est  que 
le  sieur  de  Pujolz,  ordonné  avec  le  séneschal 
de  Bajauniont,  n'est  point  venu.  Voyant  cela, 
ilz  en  ont  à  ma  requeste  donné  la  charge  au 
sieur  de  Lézignan  :  ilz  n'auront  pas  grande 
affaire  au  reste  de  la  séneschaulsée;  car 
toutes  les  aultres  villes  sont  tousjoursdemou- 
rées  es  mains  des  catholiques.  Pour  Langon, 

'  Pierre  de  Malras,  hsron  d'Yolet,  dont  il  ist  parlé 
déjà  p.  285,  envoyé  en  1.178  à  Castres  pour  y  faire 
observer  la  paix,  cliargé  de  l'exécution  des  articles  de 
Nérar.  par  la  reine  mère  et  par  le  roi  de  Navarre,  avait 
un  friTO  cadet,  que  (ialherine  employa  éfjatcmenl. 

Catfiehine  ije  Mtuir.is.  —  vi. 


EUINE  DE  M  EDI  CI  S.  321 

vous  verrez,  par  la  lectre  du  sieur  de  Saiiicf- 
Orens,  séneschal  de  Ra/.adois,  que  je  vous  en- 
voyé, comme  de  ce  costé-là,  et  au  reste  de  la 
séneschaulsée,  tout  y  est  bien  estably.  Du 
costé  de  Bourdelois,  le  sieur  de  Sanssac  et 
La  Salle-Baphael  y  pourvoyeronl  aussy  bien 
aizi'ment,  cai'  il  n'y  aura  poinct  de  difficulté, 
si  ce  n'est  à  Fronssac  ',  qui  est  uiig  laid  par- 
licullier,  lequel  ne  peult  préjudicier.  .le  suis 
demourée  fout  cest  après-disnée  en  pensée  de 
ce  que  dessus,  car  nous  avons  expressément 
faict  nostre  résolution  de  partir  Icdict  jour  de 
de  demain  ,  et  eslois  délibérée  d'arriver  le  dei- 
nier  jour  de  ce  mois  audict  Casteinaudarry, 
affin  que  ces  gens  icy  ne  peussent  prandre 
aulcune  occasion  de  retardement  à  la  restitu- 
tion des  villes  de  Languedoc,  à  ce  premier 
jour  du  mois  d'apvril  que  doibvent  comman- 
cer  à  courir  l"s  six  mois  des  unze  villes  du- 
dict pais  de  Languedoc.  J'en  ai  touché  (]uel- 
que  mot  audict  sieur  de  Piebrac  et  audict 
Yolet,  et  ay  tousjours  persisté  que  je  voulliis 
partir  ledict  jour  de  demain,  considérant  bien 
aussy  que  les  députez  seroient  desjà  arrivez 
audict  (lastelnaudarry,  comme  ilz  avoient 
promis;  et  de  fait  me  retirant  ce  soir  pour  me 
couscher  avec  madicte  résolution  de  partir 
demain  pour  aller  couschei'  à  Vallcnce,  j'ay 
donné  charge  à  iciilluy  sieur  de  Piebrac  le 
leur  dire  et  (pie  je  les  priois  de  se  haster  de 
partir  et  venir  le  plus  tost  ijuilz  pourroient. 
Mais  un  peu  devant  que  me  couscher,  con- 
férant de  cecy  avec  ledict  mareschal  de  Biron , 
qui  me  disoit  aussy  ne  pouvoir  encores  par- 
tir d'icy  de  deux  jours  par  faulte  d'argent, 
d'aultre  costé  considérant  la  presse  que  me 
faisoient  mes  médecins  de  me  purger,  pour  me 
guérir  d'un  grand  ruhme  (juil  y  a  deux  ou 

'  Fronsac,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Libourne  (Gironde),  sur  la  rive  droite  de  la  Dordogne, 
à  a5  kilomètres  do  Bordeaux. 

lupnnitnie   :fATio*i.Aii. 


322 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Irois  jours  que  j'ay  en  la  moictyé  de  la  teste 
et  sur  ung  œil,  j'ay  este'  contraineto  me  ré- 
souldre  de  demeurer  jusques  à  lundy  prochain 
en  ceste  ville,  pour  me  purger  et  les  attendre 
tous,  Ce  pendant  j'av  faict  et  envoyé  en  dii- 
ligence  une  bien  ample  despescho  au  sieur 
de  Joyeuse,  affin  qu'il  aille  aussitost  audict 
Castelnaudarrv  et  pre'pare,  suivant  ce  qu'il 
sayt  que  nous  résolûmes  en  nostre  conférance 
à  Nérac,  tout  ce  qu'il  fault  fayre  pour  l'entière 
exécution  de  l'édict  etdeladicte  résolution  de 
nostre  conférance,  affin  aussy  d'éviter  que 
ces  gens  icy  ne  voullussent  gaigner  des  jours 
sur  ledict  mois  d'apvril,  ou  tout  ledirt  mois 
d'apvril  mesme,  pour  la  restitution  desdicles 
unze  villes  de  Languedoc,  estant  le  meilleur 
ordre  et  remedde  que  j'ayepeu  donner  en  cela. 
Ne  voullant  pareillement  oublier  de  vous 
dire  que,  pour  éviter  aux  assemblées  qui  se 
pourroient  l'ayre  à  cause  de  la  querelle  d'entre 
ledict  viconte  de  Turenno,  baron  de  Sallignac, 
Duras  et  Rozan,  j'ay  tant  faict,  que  j'ay  retiré 
d'euk,surlesdé(rensesquejpleuravoisfaictes, 
les  promesses  par  escript,  que  je  vous  envoyé , 
de  ne  fayre  aucunes  assemblées  de  gens ,  comme 
je  veoiois  bien  que  les  ungs  et  les  aultres  se  pré- 
paroient,  ce  qui  eust  sans  doubte  brouillé  ceste 
province,  et  advieudroit  que  le  faict  parti- 
cuUier  se  l'eroit  général  et  préjudiciroil  au 
bien  de  la  paix.  Voylà  encores  une  des  rai- 
sons pour  lesquelles  je  demeure  icy  jusques  à 
lundy,  affin  que  ledict  viconte  de  Turenne 
vienne  audict  Castelnaudarry  et  ne  demeui-e 
derrière.  Je  croy  certainement,  Monsieur  mon 
filz,  que,  selon  ce  que  je  vous  ay  dernièrement 
escript,  il  fauldra,  après  que  icelluy  viconte  de 
Turenne  aura  exécuté  et  faict  avec  ledict  ma- 
rescbal  de  Biron  ce  qui  est  nécessaire,  qu'ilz 
faccnt  eulx-mesmes  pour  PérigueuK,  Figeac 
et  le  Mur-de-Barrais,  où  ilz  doibvent  aller  in- 
continant  que  seront  arrivez,  et  pendant  que 


séjournerons  audict  Castelnaudarry,  que  vous 
vous  résouldrez  d'envoyer  quérir  et  favre  ve- 
nir à  vous  iceulx  viconte  de  Turenne,  baron 
de  Sallignac,  Duras  et  Rozan,  pour  regarder 
s'il  y  aura  moyen  de  les  apointer,  comme  l'on 
dict  qu'il  se  peult  fayre,  sinon  y  pourveoyr, 
comme  vous  aviserez,  après  que  l'on  aura  tenté 
ce  moien-là  ;  m'ayant  ledict  viconte  de  Turenne 
prouvé  et  asseuré  sur  sou  bonneur,  dès  qu'il 
partist  d'icy  dernièrement,  que  s'il  a  à  deman- 
der quelque  chose  audict  Duras,  que  ce  sera 
sans  fayre  aulcun  amas  ny  assemblée  d'homme, 
et  seullement  de  sa  personne  à  la  sienne. 


1579.  —  a  7  mars. 
Aut.  Arcli.  liât..  Collection  Simancas,  K  i553  (B  /i8),  pièce  i5. 

A  LA  ROY.NE  CATOLIQUE 

MADAME  MA  FILLE. 

Madame  ma  fille,  je  n'é  voleu  léser  aler  le 
sieur  de  Beauvès',  présant  porteur,  que  le  Roy 
mon  fils  envoy  ver  le  Roy  calolique,  son 
bon  frère,  san  lui  fayre  cet  mot,  pour  tous- 
jour  de  plus  en  plus  lui  témonier  ma  bonne 
volunté  ver  V.  M.,  laquele  je  la  prie  s'aseurer 
ayslre  lele  que  ne  sarè  savoyr  plus  grant  plésir 
que  s'il  i  avoit  quelque  cbause  en  cet  Royaume 
qui  lui  feult  agréable  et  que  je  le  peuse  savoyr, 
pour  l'an  satisfayre,  et  ayent  donné  cherge  au- 
dist  de  Beauvès  de  dire  auceune  chause  de  ma 
part  à  V.  M.,  qui  seré  cause  que,  me  remeteni 
sur  sa  suffisense,  que  fayrë  fin,  prient  Dieu 
donner  bà  V.  M.  ce  qu'ele  désire. 

De  Agens,  le  xxviC  de  mars  «579. 

Vostre  bonne  mère  et  seur. 

Caterine. 


'  Nicolas  de  Brichanteau,  s'  de  Beauvais-Nangis, 
qui  était  ctiargé  d'une  ambassade  extraordinaire  en  Es- 
pagno  et  en  Portugal.  —  Voir  plus  tiaut,  p.  117. 


LETTllKS  UE  CATHERINE  DE  Ml.DIClS. 


;î23 


1579.  —    17  mars. 
Aiit.   Arch.  liai.,  Collection  Siiuanras,  K  iô53  (B  48),  jûiH-ei'i. 

AU  ROY  CATOLIQUE 

MONSIEUR  MON  FILS. 

Monsieur  mou  fils,  vous  onvoyenl  le  Roy 
mou  liis  le  sieur  de  Beauvès  pour  les  aucasious 
que  V.  M.  entendre  de  lui,  et  pasent  par  isy, 
n'é  voleu  failyr  feyre  la  présante  hà  V.  M. 
pour  lui  (lire  l'ayse  que  je  a\  de  cet  que  mon 
lils  le  duc  d'Anjou  a  creu  alla  fin  le  commen- 
dement  du  Roy  son  frère  et  le  myen  et  s'ann 
est  reveneu  le  Irover,  chause  qui  m'a  donné 
plus  de  satisfaction,  d'aulteant  que  V.  M.  co- 
uestré  par  là  rautièie  volante  du  Roy  mon 
fils  et  la  myenne,  qui  n'a  jeamès  ayste' aullre 
que  de  lui  fayre  tous  les  bons  auffises  qui  sont 
requis  el  reysonuables  entre  prinses  proches 
et  qui  y  vont  aveque  la  sinsérité  que  y  avons 
tousjour  aysté  et  serons,  en  tout  cet  qui  pouré 
fayre  conoeistre  lia  V.  M.  l'amytié  que  ly  vo- 
lons continuer  et  de'sir  que  nous  avons  de 
voyr  prospérer  vos  alayres  come  les  noslres 
mesmes  :  cet  que  je  prye  à  Dieu  et  à  V.  M.  de 
croyre,  cet  que  de  ma  part  vous  dyrè  ledisl  de 
Beauvès. 

De  Agens,  cet  xxvn™"  de  mars  i  579. 
Vostre  bonne  mère  et  seur. 

(jATEBINE. 


1379.  —  Ht  mars. 
Copie.  Bibl.  nal.,   Fonds  français,  n^Slhg,  ï"  a.T  v°'. 

[VU    ROY    MONSIEUR    MON    FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  pensois  partir  hier 
de  caste  ville  pour  m'en   aller  à   Casteinau- 


'   En  tète  :  KËnvoyécaiiRuy  par  uii(;j;oiitilliomnje(iui 
suyt  Monsieur  de  Pibrac.n 


darry,  comme  je  vous  ay  escript,  il  n'y  a  que 
deux  jours,  par  Hambrelin,  et  que  mon  filz 
le  roy  de  .Navarre  et  sa  femme  deussent  aussy 
partir  pour  me  venir  renroiilrer  à  deux  jour- 
nées d  icy,  ainsi  (juavions  résolu  ;  mais  je  suis 
encores  arrestée  jusques  à  jeudy,  pour  ce  que 
mondicl  filz  le  roy  de  Navarre  m'escripvit 
dimanche  au  soir  bien  tard,  et  me  feist  re- 
moustrer  par  le  sieur  de  Lezignan,  que  je  ne 
devois  partir  d'icy  que  premièrement  la  ville 
de  Saverdun  en  Foix,  à  lui  apartenant  et  qui 
est  forte  place,  de  laquelle  les  catholiques  se 
saisirent  dui'ant  et  comme  nous  estions  sur  le 
poinct  de  la  re'solution  de  nostre  confe'rance, 
ne  feust  rendue,  et  que  jusques  à  ceste  heure 
le  iMartiac',  qui  n'est  aussy  pas  loin  d'icy  et 
qui  est  assez  fort  et  bonne  ville,  que  les  Hu- 
guenotz  prindrent  depuis,  ne  se  pouvoit  re- 
mectre  suivant  l'odit  que  premier  ledict  Sa- 
verdun ne  le  feust,  et  que  si  cela  demeuroit 
à  fayre  premier  que  nous  esloigner,  il  y  avoit 
danger  que  les  choses  ne  se  portassent'pas  si 
hien  que  luy  et  moy  désirions,  selon  vostre 
voluuté  au  bien  de  la  paix;  et  puisqu'il  veoioit 
bien  que  le  viconte  de  Turenue  n'estoit  pas  en 
estât  de  se  pouvoir  mecire  aux  champs  devant 
ledict  jour  de  jeudy  et  qu'il  ne  le  voulloit  pas 
laisser  derrière,  pour  ce  qu'il  y  auroit  danger 
qu'à  cause  de  la  querelle  d'entre  luy  et  le 
sieur  de  Duras,  il  adveint  encores  quelque 
nouvel  désordre  qui  pourroil  peult-estre  trou- 
bler \oz  alfayres  el  service.  J'ay  esté  bien 
faschée  de  ce  second  retardement,  mais  con- 
.-^idérant  que  laissant  aussy  derrière  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre,  il  en  pourroit  advenir 
encore  ung  beaucoup  plus  grand  que  de  trois 
jours  qu'il  y  a  derrière  audict  jour  de  jeudy, 
me  souvenant  bien  (jue,  lors  de  nostre  pre- 
mière enireveue  à  la  Rc'oUe  que  je  m'en  allav 

'  Marciac  (Gers),  arroudissenipnl  de  \Iirainle. 

4i. 


324 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


à  Thoiilouze,  [si]  je  n'eusse  poinct  abandonne' 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  les  change- 
mcns  et  longueurs  dont  luy  [  il  ]  a  l'aict  user  de- 
puis ne  faussent  advenuz ,  je  me  suis  pour  ceste 
occasion  ro'solue  d'atendre  encores  jusques  au- 
dict  jour  de  jeudy,  el  ay  envoyé  ce  pendant 
l'abbé  Gadaijjne  vers  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre.  J'ay  aussy  mandé  à  ma  fille  l'ordre 
que  j'avois  donné,  et  encores  ce  jourdbuy  pour 
ledict  Saverdun,  ayant  escript  de  recbef  au 
sieur  de  Joyeuse  et  pareiilemeut  au  sieur  de 
Corousson,  au  premier  jirésident  et  advocat 
Duranti,  qui  y  ont  à  mon  advis  grande  intelli- 
gence et  qui  peuvent  beaucoup,  principalle- 
menl  lesdiclz  de  Cornusson  et  Duranti,  en 
sorte  que  j'espère  qui  sera  bien  tost  rendu,  et 
aussy  que,  nous  estant  à  Thoulouze,  d'oiiilest 
bien  près,  il  y  aura  plus  de  moien  de  pour- 
veoir;  mais  à  vous  dire  la  vérité,  Monsieur 
mon  filz,  il  est  fort  à  craindre  que  ceulx  qui 
m'ont  traversée  desjà  tant  de  foys  depuis  que 
jf  suis  par  deçà,  ayant  délibéré  de  fayre  du- 
dict  Saverdun  qui  est  à  ung  bout,  et  de  Frons- 
sac  qui  est  à  l'aultre  bout  de  ce  gouverne- 
ment, de  semblables  empeschemens  que  de  la 
Réolle,  estant  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et 
ceulx  de  sa  relligion  entrez  en  doubte,  comme 
j'en  ay  congneu  quelque  chose,  et  y  a  grande 
apparence  dez  l'heure  quilz  seurent  que  mon 
filz  le  duc  d'Anjou  vous  estoit  allé  sy  franche- 
ment trouver  :  aussy  incontinent  après  man- 
di'ienl-ilz  à  (!uitry,  qu'ilz  euvoioient  vers  luv, 
de  revenir,  comme  il  a  ftuct,  mais  avec  regret, 
car  il  esloit  desjà  à  Sainct-Jehan-d'Angéii. 
J'ay  sceu  aussy  que  Chassincour  est  retourné 
d'Allemaignect  de  Flandres,  d'où  il  leur  aura 
aporté  quelques  nouvellesdu  retour  du  voiaige 
du  Cazimir  en  Angleterre.  11  leur  est  pareil- 
lement arrivé  ung  de  leurs  principaulx  mi- 
nistres du  Daulpbiné,  qui  leur  a  aussy  aporté 
toules  les  nouvelles  qui  sont  de  ce  costé-là. 


Je  pense  certainement  que  l'occasion  du  re- 
tardement de  noslre  partement  vient  de  là 
et  qu'ilz  veullent  consulter  sur  ce  trois  choses, 
ayant  sceu  que,  dez  hier,  ceulx  de  ladicte  rel- 
ligion prétendue  reflbrmée  qui  peuvent  beau- 
coup auprès  do  mondict  filz  le  roy  de  Na- 
varre et  ledict  viconte  de  Turenne  n'y  estoient 
pas,  mais  les  aullres  seulement  qui  propozent 
et  concluent  seulz  communément.  Je  tascheray 
d'en  savoir  quelque  chose  plus  avant  et  vous 
en  escripray.  Ce  pendant  je  ne  veulx  faillyr 
de  vous  dire  que  l'une  des  occasions  princi- 
pailes  pour  lesquelles  j'ay  envoyé  ledict  abbé 
Gudaigne  est  pour  poursuivre  les  expéditions 
et  lectres  qu'il  fault  (pi'ilz  escripvent  en  Lan- 
guedoc, affin  qu'à  ce  premier  jour  d'apvril 
l'on  ne  laisse  pourtarTt,  si  nous  n'y  sommes, 
de  remectre  les  villes  et  exécuter  entièrement 
l'édict,  suiyant  nostredicte  résolution  de  la 
conférauce,  et  que  les  six  mois  pour  les  unze 
villes  qui  leur  demourent  ce  temps  là  courent 
dez  le  premier  jour  d'avril  prochain.  Ledict 
sieur  de  Lezignan  m'a  dict,  de  la  paît  de  mon- 
dict filz  le  roy  de  Navarre,  que  pour  le  re- 
gard desdiclz  six  mois,  c'estoit  chose  qu'il 
avoit  charge  de  m'asseurer  qu'ilz  l'entendent 
ainsy,  et  j'ay  pareillement  donné  charge  à 
icelluy  abbé  de  Guadaigne,  suivant  ce  (jue 
j'ay  aussy  escript  à  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre,  de  le  poursuivre  d'escrire  encores  de 
nouveau  et  de  bon  encre,  pour  fayre  remeclre 
Luzerche'  et  Mussidan-,  et  y  envoyer  encores 
expressément,  oultre  la  charge  que  en  ont  de 
ma  part  les  sieurs  de  Bourdeilles  et  de  La 
Mothe-Fénelon,  et  de  la  leur  les  sieurs  de  Ro- 
chelort  et  deCampaignac,  allin  de  fayre  cesser 
du   tout    lous  acies   d'hostillité  en  Périgor  et 

'  11  l'aiit  lire  :  Uzerclie,  clief-lieii  de  canlon  de  l'arr. 
do  Tulle  (Corrèzc). 

-  Mussidan,  chcl'-iieu  de  canton  de  la  Dordogne, 
niTondisseraent  de  Ribérac. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


325 


Lvmozin,  connue  il  est  bien  nécessaire,  ad  ce 
que  ma  dict le  sieur d'Escars, qui  arriva  avant- 
hier  icy,  où  je  vous  asseure,  Monsieur  mou 
Glz,  qu'il  a  faicl  de  très  bous  rapportz  de  voz 
vertueux  coniporteniens  et  tous  bons  offices 
selon  cela  envers  ceulx  qui  y  sont,  pour  les 
alFectionner  tousjours  au  bien  de  vostre  ser- 
vice. Il  yra  demain  à  Nérac,  oii  il  m'a  promis 
de  fort  bien  se  comporter  aussy  et  de  presser 
les  dépescbes  dudict  Luzerche  et  dudict  Mus- 
sidan,  et  pareillement  nosire  partement  pour 
aller  audict  (^aslelnaudarry.  C'est,  Monsieur 
mon  Glz,  ce  qui  s'est  passé  depuis  ma  der- 
nière despesclie;  et  vous  diray,  pour  la  fin  de 

cesle-cy  que  jay  receu  voz  lectres  du  ' 

.  .  .  .• par  Masson,  (|ui  est  au  sieur 

de  Joyeuse,  aiant  este'  sy  ayze  de  veoir  par 
icelles  qu'ayez  esté  conduire  vosire  frère,  et  de 
voz  bons  coniporteniens  l'ung  envers  l'aultre 
que  je  ne  receuz,  il  y  a  fort  long  temps,  plus 
de  joye.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à. Agen,  le  dernier  jour  de  mars  1579. 


1  579.  —  Mnrs  \ 

Aul.  Bibl.  nat..  Fonds  frauçais,  a"  ;i38i.  f'  27. 

A  .MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE  DUZÈS. 

Ma  commère,  j'é  réseu  de  vos  ielres  par 
Arque  et  le  sieur  d'Ecars,  et  asteurc  un  auitre 
que  l'on  m'a  ballée,  sans  savoyr  (|ui  la  apor- 

'  Il  n'y  a  sur  le  manuscrit  qu'un  Idiij;  lilaiic  au  lieu 
de  dates. 

'  Celte  lettre  ne  porte  ni  lieu  ni  date,  mais  elle  a 
été  évidemment  écrilo  à  la  fin  de  mars  1379,  après 
l'arrivée  de  d'Escars  de  la  cour  et  avant  le  second  séjour 
de  Catherine  à  Toulouse  et  son  dépai  t  pour  Castelnau- 
darv. 


le'e,  où  me  demandés  une  abbeye  de  femmes, 
(juc  vous  en  Iroverés  ysi  dedens  le  piaxel 
atordé,  et  suys  bien  marrye  que  en  plus 
grende  et  myleur  chause  ne  pouvés  avsprover 
famylié  de  vostre  vielle  comèrc,  et  vous  prie 
le  croyre,  come  le  vous  dis.  que  n'en  seré 
tronpée  :  je  laurë  cete  honnestete',  car  je  say 
que  n'en  douctés. 

Et  vous  dire  que  je  ne  santi  yl  i  a  long- 
temps une  plus  grent  joye  que  avoyr  ceu  par 
Arque  le  contentement  que  le  Roy  ha  de  mon 
labeur  et  de  la  veueue  de  sou  frère,  aveques 
l'afection  qu'il  ma  aseuré  qu'il  a  à  fayre  son 
devoyr  ver  lui,  cet  que  je  prie  Dieu  (jui  lui 
fase  la  gràse  de  ne  se  léser  plus  aler  aus 
mauves  consels  et  à  ceulx  qui  ont  plus  d'en- 
bition  que  de  proudomye,  car  si  le  l'est  plus, 
veu  là  où  y  font  couyde'  fayr  tomber,  et  qu'il 
ne  le  conoyse  et  s'an  resovyegiie,  ce  serèt 
bien  employé',  qu'il  y  eun  avoynt  encore  pvs 
qu'il  n'a  fesl;  et  dornavent,  yl  me  semble 
qu'il  douet  eroyre  à  ceulx  et  celé  qui  désire 
plus  voir  honneur  que  lui  mesme  et  sa  gren- 
deur  aveques  le  contentement  qu'il  saroyt 
suhayster. 

.l'é  veu  d'Ecars,  (|ui  ne  me  parle  (jue  des 
faveurs  qu'il  a  eu  du  lioy,  mes  pour  sela  yl 
ne  dist  pas  encore  qu'il  soiiit  content;  car 
yl  dist  que  le  Roy  lui  volouil  fayre  mervelles, 
mes  qu'yl  i  cnn  y  a  eu  qui  l'enn  ont  enpe- 
ché,  et  fest  (pielque  peu  le  malcontent. 

Quant  à  mes  novelies,  je  ne  vous  puvs  dire 
sinon  que  je  mCnn  voys  à  Toulouse  et  (^as- 
telnauxdari,  pour  achever  cet  que  reste  de  cet 
que  avons  acordé;  et  vous  aseure  qu'il  n'i 
fest  pas  plus  pleysant  que  quant  en  parlites, 
et  les  oiseauh  ne  vole  plus,  car  la  sevsou 
ayst  fort  avensaye,  car  déjea  les  fèves  sont  en 
flojr  et  les  aumende  dure,  les  serise  groce; 
nous  sommes  à  l'esté,  mes  qu'il  ne  pleut  pas 
cornent  yl  fest.  Le  roy  de  Navarre  vient  jeus- 


326 

ques  à  Caslolneau^  el  sa  femme,  et  sont  ysi 
toudeus.  Nous  avons  eu  une  grent  bourasque 
de  la  querele  du  visconte  de  Tureyne  et  de 
Duras  et  une  seconde  mole;  mes.  Dieu  mersi, 
cela  n'a  pas  ronipeu  cet  que,  aveques  ia  pouine 
é  traval  que  save's,  je  fest;  je  vous  aseure  que 
je  l'eyre'  de  belles  courve'e,  mes  que  je  achève 
cet  que  j'e'  à  fayie  à  Castelnau.  Et  cet  pen- 
dent, mendé  moy  des  novelles  du  Roy  et  délia 
Royne  ;  car  vous  save's  que  cet  -  tout  mon  plésir, 
pour  changer  de  dis  ans  en  dis  ans^. 


1579.  —  3i  mars. 
Orig.  Bibi.  nat.,  ms.  fr.  13905,  f*  3ao. 

A  MONSIEUR  DE   BELLIÈYRE. 

Mous'' de  Bcliévre,  s'en  retournant Vergen- 
nes,  présent  porteur,  devers  le  Roy  monsieur 
mon  filz,  je  vous  ay  bien  voulu  par  luy  faire 
ce  mot  de  lettre,  afiîn  que,  suivant  ce  que 
j'pscriptz  au  Roy,  mondicl  S'  et  filz,  vous  l'as- 
sistiez eu  ce  que  pourrez,  pour  iuy  aider  à 
avoir  quelque  récompense,  aflîn  qu'il  puisse 
continuer  à  luy  faire  service;  priant  Dieu, 
mons"^  de  Beiièvre,  vous  avoir  en  sa  sainte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  dernier  jour  de  mars 
1579. 

La  bien  vostre, 

Caterixk. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


'  Évidemment  Castclnaudary. 

2  Cet,  c'est. 

■'  La  lettre  autographe  ne  porte  point  de  signature^ 
mais  seulement  six  ou  sept  lettres  semblables,  en  forme 
de  deux  grands  00  reliés  ensenilile. 


1579. —  3  avril. 

Orig.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français  ,  n^SaoS,  f"  5o. 
A  MON  CODSm 

LE  S'  DE  DAMVILLE, 

MABBSCHAL   DE   FRANCE ,    GOUTBBNEDB    ET   LIEDTESAKT    CE'hBEAL 
POUB   LE    BOT   HOSSIKDB   MON   flLZ   EN  LASGOEDOCQ. 

Mon  cousin,  je  receuz  hier  la  leclre  que 
m'avez  escripte  par  le  s'  de  Rouzines,  lequel 
j'ay   esté   bien    aize    de   veoir,    pour  le    tes- 
moingnaige  que  m'avez  faict  de  sa  valeur  et 
grande  affection  au  bien  du  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  et  aussy  du  bon  debvoir 
qu'il  a  faict  à  Beaucaire,  dont  je  luy  ay  bien 
promis  que  le  Roy,  mondict  S'  et  filz,  aura 
souvenance  de  luy  faire  la  récompense  con- 
digne  à  ses  mérites,  quelque  bonne  occazion 
se    présentant    pour  son   advancenient,    luy 
ayant  pareillement  asseuré  qu'il  ne  sera  rien 
faict  ny  changé  à  Montaignac  de  ce  qui  est 
porté  par  l'édict  de  paciflication  et  les  articles 
de  nostre  conférence,  mais  que  le  tout  sera 
suivi  de  poinct  en  poinct;   car  aussi  ne  s'y 
peust-il   adjouster  ny  diminuer,  estant  déjà 
cela,  comme  il  est,  vérifié  au  Parlement,  où 
je  seray.  Dieu  aydant,  bientost  à  Castelnau- 
darry,  oii  j'espère  vous  veoir.  Mon  filz  le  roy 
de  Navarre,  qui  m'est  venu  trouver  en  ce  lieu , 
m'a   promis   qu'il  y  sera  aussitost  que  moy, 
pour  achever  de  pourveoir  à  ce  qui  est  inté- 
ressant pour  l'entière  exécution  dudict  édict 
et  articles  de  nostre  conférence;  et  sera  venue 
bien  à  propos  la  tenue  des  Etats  de  Langue- 
doc qui.  comme  vous   dictes,    aydera  aussy 
pour  le  bien  et  entretenement  de  la  paix;  et 
pour  ce  que  j'espère,  comme  dict  est,  vous 
veoir  bientost,  je  n'estendray  la  présente  da- 
vantage, me  remettant  au  sieur  de  Rouzines, 
qui  vous  dira  ce  que  je  luy  ay  faict  entendre 
pour  le  faict  dudict  Montaignac;  priant  Dieu, 


I.KTTRES  DE  C AT II E 111  NE   DE  MEDICl.S. 


;!27 


mon  roiisiu,  vous  avoir  un  sa  saincle  et  digne 
jjarde. 

Escripf  à  Valence  ',  le  m' jour  dapvi'il  i  079. 

Vostre  bonne  cousine , 

Caterink. 


1579.  —  :>  avril. 

Orig.  Bibl.  tiat. ,  Foods  français,  n"  3ao3,  f*  5't. 

A  MO.N  COUSIN 

LE   S'  DE  DAMVILLE. 

Mou  cousin,  je  \ou.s  ay,  ces  jours  passez, 
escript  comme  je  désire  que  les  Estais  de 
Languedoc  se  tieuneut  à  Carcassonne  et  non 
à  Narbonne.  Aussi  ai -je  veu  par  une  de  vos 
lectres  que  vous  faisiez  vostre  possible  à  cela. 
Toutesfois  je  viens  de  recevoir  la  voslre  du 
premier  de  ce  mois,  par  où  m'advertissez  que 
une  partie  de  ceulx  desdictz  Estatz  sont  audict 
Narbonne;  d'où  je  suis  d'advis,  mon  cousin, 
que  les  fassiez  venir  audict  Carcassonne,  où  je 
mande  pre'sentement  au  s'  de  Joyeuse  faire 
trouver  les  autres  du  hault  pays  de  Languedoc , 
et  estime  qu'il  sera  bien  à  propos  que  lesdictz 
Estais^  ne  se  tiennent  pour  le  moings  ni  s'a- 
cbèveut  de  conclure,  (|u'a|)rè<  nostre  assembli^p 
à  Castelnaudary,  allin  que  par  iceuk  Estatz 
.nous  facions  approuver  nostre  résolution  au 
bien  de  la  paix  et  ce  que  verrons  et  adviserons 
enseinblemcnt  qu'il  sera  besoing  d'exe'cuter: 
et  vous  verray  samedy  procbain  audict  Castel- 
naudary, oii  j'espère  arriver  ce  soir  là,  ([ui 
sera  cause  que  je  ne  vous  feray  ceste-cy  plus 
longue,  aussi  que  je  vous  fiiiz  cestc  lettre  ung 

'  Valence  d'Afjon ,  arroiidisscmenl  de  Moissac  (Tarn- 
el-Garonne). 

-  Les  Etals  de  Ijngiiedor  se  tinrent  relie  année-là  à 
(lastelnaudary,  la  reine  mère  ayant  cliangé  davis,  comme 
011  peut  voir  par  ses  lettres  au  morne  maréchal  de  Dam- 
viiie  des  as  et  2.3  avril  1579. 


peu  à   la    baste,   priant    Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  S'  Nicolas  Me  v'jour  d'avril  157;). 

Voslre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1579.  —  6  avril. 

Orig.  Coilortiou  Bagiipnauit  <ip  Purln's^e. 

A  MESSIEURS  DE  SAIM-ORENS, 

SSIiECBiL    DE    BAZiDUIS, 

ET  D'USSAG, 

CODVBBHBDB   DE   H   RBOLLB. 

Monsieur  de  S'-Orins,  combien  que  je  sois 
très  asseurée  que  vous  p'roceddez  diligcmenl, 
suivant  ce  que  je  vous  ay  escript  et  les  in- 
slructious  que  je  vous  ai  envoyées,  à  l'exécu- 
tion du  dernier  édirt  de  pacifïïcation  et  les 
articles  de  nostre  conférence  tenue  à  Nérac, 
touteffois  je  vous  ay  bien  voulu  encore  faire 
ce  mot  de  lettre,  pour  vous  prier,  comme  je 
fais,  de  faire  si  bien,  et  le  s''  d'Ussac  qui  est 
aussy  commis  avec  vous,  que  toutes  cboses 
soient,  selon  ledit  édict  et  instruction,  bien 
établies,  et  que  chascun  puisse  jouir  à  tou- 
siours  du  bien  de  la  paix. 

Et  pour  ce  que  nous  ne  ferons  pas  long  sé- 
jour en  nostre  assemblée  de  Castelnaudary,  je 
vous  prie  m'envoyer,  le  plus  tost  que  vous 
pourrez,  le  procès  verbal  bien  ample  de  tout 
ce  que  vous  aurez  fait,  que  je  suis  d'avis  que 
vous  faciez  par  deux  fois  et  qu'ils  soient  tous 
deux  signés,  pource  que  j'en  veulx  emporter 
ung  avec  moy,  pour  le  faire  veoir  au  Roy  mon- 
sieur mon  fils,  et  laisser  icy  l'autre  es  mains 
de  mon  cousin  le  mar°'  de  Biron,  afin  ([iic 
l'on  puisse  bien  entretenir  ce  que  vous  aurez 

'  Sainl-.Nic:olas-de-la-Graïe,  entre  Valence  et  lieaii- 
mont,  au  conlluent  de  la  (iaroniie  el  du  Tarn,  à  3a  ki- 
lomètres de  Montauhan. 


328 

faict  et  qu'on  ayt  recours  au  procès  verbal, 
si  quelque  occazion  s'en  prësentoit,  vous  priant 
de  rechefque  je  puisse  avoir  icelluy  procès  ver- 
bal dedans  peu  de  jours  audictCastelnaudary. 

Cependant  je  prie  Dieu ,  Mons'  de  S'-Orins , 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  Beaumonl',  le  vi°  jour  d'apvril 

1679. 

Signé  :  Caterine. 

Et  plus  bas  :  Pinakt. 

Mous'  de  S'-Orins,  j'ai  rcccu  la  lettre  que 
m'avez  escripte  de  l'ordre  que  vous  avez 
donne'  à  Langon,  dont  je  suis  bien  fort  aize. 
Je  vous  prie  aussy  que  cesie  lettre  soit  au 
s''  d  Ussac,  que  j'apséure  qu'il  n'y  aura  plus 
de  difficulté  pour  les  dix  quintaulx  de  pouldre, 
y  ayant  envoyé'  expressément  jusques  devers 
les'  de  Merville-  en  sa  maison,  luy  faire 
commandement  de  les  délivrer. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1579.  —  6  avril. 

Copie.  Bilil.  nal.  .  Fomls  fianrais ,   n-SSig.  faSr"'. 

f  VU   ROY  MO-XSIELR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  je  partyz  jeudy  d'Agen 
et  veins  couscher  à  Valence,  oii  mon  filz  le 
roy  de  Navarre  me  veint  trouver  et  le  viconte 
de  Turenne  avec  luy,  lequel  se  porte  bien  et 
est  presque  guéry.  Ma  fille  la  royne  de  Na- 
varre veint  ledict  jour  seullement  coucher  au- 
dict  Agen,  où  je  luy  eseripviz  que  je  séjourne- 
rois  audict  Valence  vendredy  dernier,  comme 

'  Beaumont-de-I.omagne,  cbef-lieu  de  canton  de 
Tarn-et-Garonne ,  arrondissement  de  Caslelsarrazin ,  à 
9  0  Icilonièlres  de  Montauban. 

-  Ce  Merville  était  de  la  famille  d'Escars. 

■^  En  litre  :  «  Envoyée  au  roy  par  Jacques  d'Olive ,  som- 
melier d'escliansonnerie  de  la  Royne  sa  mère.» 


je  feyz,  affin  ([ue  je  peusse  voir  avant  m' ache- 
miner plus  oultre,  pour  ce  que  mondict  filz 
le  roy  de  Navarre  ne  se  veult  acheminer  à 
Castelnaudarry  que  Saverdun  ne  soit  remis, 
suivant  vostre  édict  de  pacifficalion  et  articles 
résoluz  en  nosire  conférance,  et  s'en  va  cepen- 
dant à  l'Isle-en-Jourdain,  où  il  meyne  madicte 
fille  et  en  ses  aultres  terres  qui  sont  là  à  l'en- 
tour;  mais  s'il  me  tient  promesse,  ilz  n'y  se- 
ront pas  long  temps,  car  par  vertuz  des  de'- 
pescbes  (|u'il  veit  que  je  feiz  en  sa  présence, 
ledict  jour  do  vendredy  à  plusieurs  personnes, 
suivant  son  désir  et  ce   qui  avoit  esté  advisé 
par  moy  avec  ceulx  de  vostre  Conseil  pour  le 
faict  dudict  Saverdun,  j'estime  que  le  sieur 
de  Fontenilios,  qui  est  porteur  desdictes  des- 
pesches  et  que  j'ay  commis  de  vostre  part  pour 
exécuter  vostre  édict  de  pacifficalion  et  ar- 
ticles de  nostre  dicte  conférance  en  ce  païs-là, 
fera  incontinant  remettre ,  comme  avons  résolu , 
ledict  Saverdun   des  mains  de  ceulx   qui   le 
tiennent  en  celles  du  sieur  de  Pailletz,  gen- 
tilhomme   fort    catholique,    qui    le    gardera 
jusques  ad  ce  que  nous  aions  vuidé  deux  dif- 
ficultez  qui    se    trouvent   audict  Saverdun   : 
l'un  pour  savoir  à  qui  appartient  ung  temple, 
qui  a  esté  basty  par  les  Huguenotz  en   une 
place  publicquedes  matières  de  l'Église  paro- 
chialle  dudict  Saverdun  :  ce  que  je  ne  veulx 
vuider  qu'avec  l'advis  des  présidons  Daphis, 
advocal  Duranty,  et  plus  grande  compaignye 
que  celle  que  j'ay  icy  à  présent  de  ceulx  de 
vostre  Conseil-,  l'aultre  poinct  est  pour  quel- 
ques ungs  de  la  relligion  prétendue  réformée 
qui  ont  loué  des  maisons  dedans  ledict  Saver- 
dun. Mais  cependant  nous  sommes  d'accord, 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  moy  ;  et  le- 
dict sieur  de  Pailletz  prenant  la  charge  dudict 
Saverdun,  comme  j'espère  qu'il  fera  suivant 
les  lectres  fort  expresses  et  afi'ectionnées  que 
je  luy  en  ay  escriptes,  et  à  ceulx  qui  ont  pou- 


LETTRES   DE  GATH 

voir  et  sont  dedans  ledict  Savordun,  nous  se- 
rons, Dieu  aydant,  audicl  Castelna\idarry 
dedans  trois  ou  (|ualie  jours;  car  j'yray  au- 
jourd'huv  cousciicr  à  Thoulouze,  où  ne  séjour- 
neray  qu'un  jour  ou  deux  que  je  ne  m'ache- 
mine audirt  Caslelnaudarry.  Mondict  fdz  le 
roy  de  Navarre  s'y  arhcmine  aussv  de  sa 
part,  par  le  costd  de  Muret,  et  espère  qu'en 
bien  peu  de  jours  nous  aurons  donné  l'ordre 
nécessaire  pour  l'exécution  de  vostre  édict  et 
articles  de  noslredicle  confe'rance  au  Gouver- 
nement de  Languedoc;  mais,  Monsieur  mon 
filz,  je  vous  diray  ce  pendant  que,  tout  ainsv 
que  vous  avez  veu  par  les  despesches  que  vous 
ay  journellement  faictes  que  l'on  m'a  par  tant 
de  fois  Irnversée  en  la  negociatinu  do  l'elFec- 
lualion  de  la  \tn\\ ,  avant  qu'ayons  peu  nous 
assembler  et  conclure  nostre  conférance  à 
Nérac,  je  veoy  bien  que  ces  gens  là  mesmos 
qui  sont  si  nialliciireuii  de  ne  voulloir  ladirle 
paix  el  ([ui  ont  lant  d'obligation  particuHière 
à  vostre  ser\ice,  font  plus  de  menées  que  ja- 
mais pour  garder  que  ce  que  nous  avons  ré- 
solu après  tant  de  peines  et  travaux  s'exécute. 
A  quoy  toulesfois,  je  metiray  peine  d'aller 
au  devant,  et  feray  tout  ce  qu'il  me  sera  pos- 
sible pour  passer  par  dessus  et  vaincre  tous 
leurs  mauvais  desseings,  en  poursuyvant 
chose  si  saincte  et  salutaire  pour  vostre 
royaulme  et  l'establissement  de  la  j)aix.  En 
quoy  aussy  j'espère  que  Dieu,  par  sa  bonté, 
assistei'a  vostre  droicte  et  sincère  intention  et 
la  mienne  et  le  bien  de  voz  pauvres  subjectz, 
et  nous  fera  la  grâce  qu'en  viendrons  à  chef 
avec  son  ayde.  Cependant  ayant  en  particul- 
ier descouvert  les  commencements  des  menées 
qui  se  font,  suivant  les  maulvaises  voluntez 
d'aulcuns,  afiîn  de  rendre  vaine  nostredicle 
conférance  et  résolution  au  bien  de  la  paix, 
j'y  ay  pourveu  par  iecires  et  feray  tout  ce  que 
je   pourray    en  eiïect  pour  euipescher   telles 

ClTHERIVK    I)K    MtDIClS.    VI. 


ERINE  DE  MKDICIS. 


329 


pernicieuses  délibi'rnfions,  ayant  mon  esprit 
du  tout  lendu  àfayre  le  plus  dextrement  qu'il 
me  sera  possible  en  sorte  que  je  puisse  veoir 
ladicte  paix  bien  estiiblye  es  provinces  de  deçà. 
Car  je  croy  certainement  (|u'il  n'y  a  rien  à 
préseni  tant  nécessaire,  pour  infinies  consi- 
dérations, que  cella  pour  le  bien  de  vostre 
service.  J'ay  entendu  qu'aucuns  de  la  noblesse 
d'autour  de  Condom,  qui  sont  de  la  confrai- 
rye  ou  qui  favorisent  ceulx  qui  la  sousliennenl , 
doibvent  envoyer  devers  vous  sur  l'occasion 
des  divisions  dudict  Condom,  comme  s'ilz 
doubtoient  que  vouUussiez  la  paix,  car  il  y  en 
a  (|uelques  ungs  en  ces  pais  qui  dieiil  el  font 
courirbruict,  à  ce  quej'aysceu,  que  vous  estes 
sy  fort  désireux  de  ladicte  paix  avec  lesHiige- 
notz.  Il  sera  bon,  s'ilz  vont  vers  vous,  (jue 
begninement  vous  entendiez,  comme  je  nie 
promertz  bien  que  n'avez  garde  de  fayre,  au- 
cunement lout  ce  (ju'ilz  auront  avons  diel,  et 
qu'après  avoir  veu  ce  que  j'ai  ordonin?  pour 
ledicl  Condom,  par  l'advis  de  tous  ceulx  de 
vostre  Conseil,  et  ce  que  j'ay  apris  de  ce  qui 
y  a  esté  fait  par  lesdictz  sieuis  de  Bajaulmont 
et  de  Valence,  que  j'y  av  envoyé  l'ung  après 
l'aultre,  sy  le  trouvez  bon,  vous  déclairiez 
qu'il  sortiroit  son  entier  effoct,  ensemble  le 
conlenu  es  instructions  baillées  à  ceulx  (pii 
ont  esté  commis  par  moy  pour  l'exécution  de 
vostredict  édict  de  pacilïicalion  et  aiticles 
de  nostredicte  conférance;  et  en  escrips  à  part 
de  bonnes  lectres  à  ceulx  de  ladicte  ville  qui 
y  sont,  et  une  aultre  à  ceulx  qui  en  sont  hors, 
lesquelles  vous  adresserez,  s'il  vous  plai,st,au 
sieur  de  Mousseron, qui  y  est  gouverneur,  le- 
quel les  fera  lire  devant  ceulx  de  ladicte  ville, 
el  fera  aussy  porter  les  aultres  à  ceulx  qui  en 
sont  hors, qui  n(;sonf  loingde  là.  Cela  servira 
beaucoup  pour  destourner  la  ntauvaise  im- 
pression que  l'on  a  mise  en  la  teste  d'aucuns. 
Cependant  je  vous  diray  aussy,  Monsieur  mon 


330 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Clz,  que  je  suis  en  une  auilre  fjrande  peine, 
qui  est  que  je  crains  bien  fort  que  ceulx  de 
iadicle  RoHigion  prétendue  réformée  veullent 
aussv  diflerer  i'exécution  et  estabiissement  de 
la  paix  :  et  est,  à  mon  advis,  pour  les  raisons 
que  je  vous  ay  escriptes  en  ma  dernière  des- 
peschc.  Car,  ainsy  que  vous  aurez  veu  par 
icelles,  depuis  le  retour  de  Guitry,  ilz  ont  tenu 
de  grandzconseilz,  et  semble  qu'iiz  cherchent 
à  accrocher  et  prolonger  Teffect  de  ladicte  paix  ; 
pour  ce  que,  oultre  les  difïiculfez  déduictes 
par  madicte  dernière  despesche,  de  peur  de 
vous  ennuyer,  je  ne  repranderay  rien  par 
ceste-cy  à  ceste  heure,  voyant  que  j'ay  donné 
ordre  et  remède  aux  choses  dont  ilz  se  plai- 
gnoienl  en  Bazadois  et  du  cosié  de  Bourdel- 
lois  et  aussy  audict  Saverduii.  Il  y  a  une 
auilre  difficulté  qu'ilz  font  encores,  qui  avoit 
esté  résolu  que  le  mareschnl  de  Biron  et  le- 
dict  viconte  de  Turenne  partiront  aussy  tosl 
que  serions  audict  Castelnaudarry,  pour  aller 
achever  du  tout  l'exécution  et  estabiissement 
de  ladicte  paix  en  Rouergue,  Quercy,  Périgor 
et  Lymosin;  car  mondict  fils  le  roy  de  Na- 
varre m'a  dict  qu'il  n'estoit  raisonnable  que 
ledict  viconte  allast  avec  ledirl  mareschal  de 
Biron,  pour  le  double  qu'il  y  avoit  (à  cause 
de  ceste  querelle  d'entre  luy  et  le  sieur  de 
Duras)  (]ue  l'on  luv  en  prestast  une,  durant 
le  voiaige,  avant  qu'il  feust  achevé  de  guérir, 
et  proposant  le  sieur  de  Terride  pour  aller 
avec  ledict  sieur  mareschal.  C'est  une  excuse 
que  je  trouve  bien  légère  et  qui  me  faict  esti- 
mer que  ledict  mareschal  n'y  vouldroit  pas 
aller,  si  ledict  viconte  de  Turenne  n'y  va 
avec  luy;  ainsy  ce  seroit  accrocher  l'elfect  de 
nostredicte  œuvre.  Sur  quoy,  je  ne  say  encores 
que  vous  dire,  sinon  que  combien  que  j'aye 
faict  de  recbef,  depuis  deux  ou  trois  jours,  de 
bien  amples  despesches  aux  sieurs  de  Saincf 
Supplice,  de  Vezins  et  de  Quellus  pour  exé- 


cuter ledict  édict  de  paciffication  et  articles 
de  nostredicte  eonférance  en  Quercy  et 
Rouergue,  et  aux  sieurs  de  Bourdeilles  et  de 
La  Mothe-Fénelon ,  en  Périgor  et  Lymosin , 
avec  ceulx  que  mon  filz  le  loy  de  Navarre  y 
a  commis  de  sa  part,  en  attendant  que  les- 
dictz  mareschal  de  Biron  et  vicomte  de  Tu- 
renne y  deussent  aller,  je  leur  escriray  en- 
cores et  les  admonesteray  de  ce  fayre,  aultant 
qu'il  me  sera  possible;  et  ce  pendant  mesme 
j'insisteray  en  nostre  première  délibération 
pour  fayre  aller  esdict  pays  lesdicfz  mareschal 
de  Biron  et  viconte  de  Turenne,  ou,  si  ledict 
viconte  n'y  peult  aller,  que  ce  soit  ledict  Gui- 
try, qu'ilz  ne  parlent  plus  de  renvoyer  en  Nor- 
mnndye.  A  cela  pouvez  vous  juger  qu'il  alloit 
à  quelque  desseing  trouver  mon  filz  le  duc 
d'Anjou,  vostre  frère,  vers  lequel  j'ay  envoyé 
l'abbé  Gadaigne  de  demourer  '  auprès  de  luy  le 
plus  qu'il  pourra  ,  pour  après  vous  allertrouver. 
De  Grenade-,  le  vi-  jour  d'avril  iB^g. 

Monsieur  mon  filz,  j'oubliois  à  vous  dire 
que  le  sieur  de  Laffin  arriva  dimanche  au  soir 
à  Beaumont  de  Lomaigne,avec  les  lectresque 
m'avez  escriptes  et  celles  de  vostre  frère,  le 
duc  d'Anjou,  dont  je  receuz  encores  une  très 
grande  joye  et  n'euz  oncques  plus  de  plaisir 
et  de  contentement  que  d'entendre  (comme 
j'ay  faict),  particulièrement  dudicl  Laffin,  la 
façon  dont  se  résolust  vostredict  frère  de  vous 
aller  trouver  et  le  grand  contentement  qu'il  a 
aussy,  ainsy  que  me  dicl  ledict  Laffin,  du  bon 
acueil  et  bonne  chère  que  luy  avez  faits;  il 
fault  bien  qu'il  continue,  car  oultre  que  c'est 
son  devoir,  il  n'v  a  rien  qui  serve  tant  à  voz 
affayres,  et  parlicullièremenl  aux  siennes,  que 

'   It  y  a  sans  doute  quelque  cliosp  de  passé  comme 
nie  priant  de  demeurer.  .  .  i 

'■'  Grenade-sur-Garonne,  chef-lieu  de  canton,  arron- 
dissement do  Toulouse.  • 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


331 


cela.  Lcdict  Laflia  arriva  penilaiit  que  j'estois 
(lie/,  la  princesse  de  Navarre, qui  s'est  trouve'e 
ung  peu  mal,  mais  ce  ne  sera  rien.  Mon  filz 
le  roy  de  Navarre  et  ma  fille,  sa  femme,  y 
estoient  aussy,  qui  recevoient  pareillement  tous 
très  grande  joye  et  plaisir  de  \eoirledict  Laffin 
avec  ses  bonnes  nouvelles. 


1571).  —  t)  avril. 
Orig.  Arch.  de  M.  E.  de  Serres  de  Jusliuiac'. 

A   MONSIEUR  DE   PAILLETZ. 

Mons'  de  Pailletz,  les  sieurs  sénescliai  de 
Tholose,  de  Fonteuilles  et  de  Villambis  s'en 
vont  par  mon  commandement  à  Saverduu-, 
pour  le  l'aire  mectre  en  voz  mains,  ainsi  que 
je  vous  ai  escript  et  que  en  este  advisé;  vous 
priant  faire  le  service  du  Roy,  monsieur  mon 
filz,  et  à  moy  d'accepter  la  charge  desdictes 
villes;  cf  ne  sera  que  pour  bien  peu  de  temps, 
ainsi  que  vous  ay  escript  et  que  vous  feront 
encore  plus  amplement  entendre  lesdicts 
sieurs  séneschal,  de  Fonteuilles  et  Villambis  ■*, 
auxquelz  et  à  cbascun  me  remectant,  je  n'es- 
tendray  cesic-cy  ([ue  pour  prier  Dieu,  Mous' 
de  Pailletz,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Tholose,  le  m"' d'avril  1579. 
Signé  :  Cateiii.ne. 

Et  plus  bas  :  Pi.nart. 


'  Publiée  dans  les  Lutines  inédites  de  Henri  IV  à  M.  de 
Pailhès,  par  le  vicomte  Gh.  de  la  Hiltc. 

*  La  reine  logea  en  effet  à  Saverdun  pendant  son 
séjour  dans  le  comté  de  Foix  (voir  plus  loin,  p.  338 
et  339).  Saverdua  avait  élé  surpris  par  les  catholiques 
le  i3  février  iSyg,  grâce  à  irun  gariiemenl  de  seirgenl 
suborné  par  un  preslre  fugitif  de  la  villen.  Ihsl.  du 
comté  de  Foix ,  par  Olhajjaray,  p.  601. 

'  Paul  de  Soréac,  seigneur  de  Villaml)its,à  Bigorre, 
un  des  quaianlc-cinq  gascons  de  Henri  111. 


1579.  —  fi  avril. 

Aul.  Bibl.  nat. .  Tonds  frauçaia,  n"  loaio,  ('  33. 

A  VIA  COL'SINE 

MADAME   L\   DICHKSSE   DE  NEMOIRS 

Ma  cousine,  je  n'é  voleu  que  Arques  s'an 
souil  rclourné,  san  vous  fayre  cet  mot  et  vous 
dire  que,  Dieu  mersis,  je  suis  en  cete  ville,  et 
en  part  demeyn  pour  m'en  aler  à  Castelnau- 
dari,  et  de  là  conlinuer  mon  chemin,  pour  le 
plus  tost  que  je  pouré  avoyr  cet  contentement 
que  de  voyr  le  Roy,  la  Ruyne  et  sou  frère,  de 
quoy  je  me  resjuis  aveques  vous  de  cet  qu'il 
ci  si  sage  que  d'estre  veneu  trover  le  Roy.  J'es- 
père que  Dieu  me  feyré  la  grasce ,  après  tent  de 
travaul.x  et  anuis,  me  donner  du  bien  et  voyr 
cet  royaume  en  repos  et  les  deus  frères  .si  réu- 
nis, qu'il  le  rcmetron  comme  l'avons  veu  d'aul- 
trefoys,  qui  ayst  tout  cet  que  je  demende  le 
plus  à  Dieu,  et  leur  voyr  des  enfans,  car  cet 
je  voyès  un  fils  au  Roy  mou  fils,  c'et  tout 
mon  suhayst.  Je  say  bien  cornent  vous  resente's 
tout  le  bien  ay  le  mal  de  cete  mayson ,  et  que, 
oultie  cela,  m'ayme's;  ausi,  je  vous  mende 
toutes  mes  joyes  el  mes  anuys,  et  cet  que  je 
de'sire;  en  quoy  m'aseure,  ma  compagne,  d'eu 
fayre  prière  à  Dieu,  laquelle  je  lui  suplye  de 
vous  ayxoser  et  vous  donner  cet  que  dësire's. 

De  Toulouse,  le  sii-ièine  jour  d'avril  i^yg'- 

Je  vous  suplie  fayre  mes  recomeudulioa  à 
monsieur  de  Nemours. 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateri.ne. 


'  Il  semble  que  le  morne  jour,  6  avril,  Catherine  de 
Médicis  se  soit  arrêtée  pour  écrire  à  Beaumont,  à  Gre- 
nade et  à  Toulouse.  Ce  n'est  pas  impossible,  les  distances 
étant  assez  rapprochées;  mais  il  faut  qu'elle  ail  fait 
diligence. 


332 


LETTRES  DE  CATHERIISE  DE  MEDICIS. 


1579.  —  7  avril. 

Archives  de  la  Lozère. 

A  MESSIEDBS 

LES  COMMIS,  DEPPUTÉS  ET  SCINDIQS 

DES  DIOCÈSES  DE   GEÏArLDA>    ET   DE   MENDE. 

Messieurs,  les  iectres  qu'avez  escriptes  du 
dernier  jour  du  mois  passé  m'ont  esté  rendues 
par  vostre  depputé,  qui  m'a  bien  amplement 
faict  entendre,  oultre  le  contenu  de  vosdictes 
Iectres,  les  plaintes  et  doléances  cpiil  avoit  à 
me  faire  de  vostre  part,  et  le  grand  besoing 
que  vous  avez  que  l'exécution  de  l'édit  de  pa- 
cifficatiou  et  résolution  de  la  cont'érance  se  face 
incontinant  en  vos  diocèses,  atfin  de  plus  tost 
vous  ressentir  du  bien  de  la  paix.  Sur  quoyje 
\ous  diray  que  mon  fils  le  roy  de  Navarre  et 
mov  avons  commis  chacun  ne  nostre  part  ung 
gentilhomme  pour  aller,  suivant  l'ample  pou- 
voir et  instruction  que  leur  avons  baillé,  fère 
cesser  tous  actes  d'hostiilité,  restituer  tous  pri- 
sonniers de  guerre  sans  paier  ransson,  et 
aussi  fermement  establir  le  dernier  édit  de  pa- 
ciffication,  qui  seront  bien  tost  en  vosdites  dio- 
cèses, lesquels  vous  pourvoiront,  selon  qu'ils 
verront  que  besoing  sera,  à  toutes  vosdiles 
plaintes  et  doléances,  vous  asseurans  que  je 
n'ay  autre  plus  grand  désir,  comme  aussi  est- 
ce  l'intention  du  Roy  monsieur  mon  fils,  que 
de  veoir  tous  ses  subjects  joyr  plainement  du 
bien  de  la  paix  et  mectre  fin  à  tant  de  mi- 
saires  que  la  guerre  et  division  apporte,  à  l'exé- 
cution de  laquelle  je  vous  prie  assister  de 
toute  affection  lesdils  depputés,  et  lenez  au 
demeurant  que  chacun  s'y  conforme  et  à  ce 
qui  ;\  esté  résolu  en  iadicte  conférance.  Ce- 
pendant j'ay  esté  bien  ayse  de  veoir,  par  vos- 
dictes Iectres,  l'e.xécution  et  justice  exemplaiie 
qui  s'est  faicte  de  i'ung  de  ces  volleurs,  affiu 
que  cella  retienne  les  autres  de  continuer  au 


mal  qu'ils  font.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Castelnaudary,  le  vu"  jour  d'avril 

Messieurs,  je  vous  envoyé  une  ordonnance, 
que  vous  ferez  publier  et  estroictemen  t  observer. 

Caterine. 


1 579.  —  1 1  avril. 
Copie.  Bill.  nat. ,  Fonds  franeais  ,  n"  SSig  ,  (^  ag  v"  ". 

[AU   ROY  MONSIEUR  MON   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  le  sieur  de  Laffin, 
présent  porteui-,  s'en  retourne  trouver  mon 
lilz  le  duc  d'Anjou,  avec  l'advis  que  je  luy 
donne  par  escript,  suivant  la  prière  qu'il  m'en 
a  envoyé  fayre  par  ledict  Laflin,  du  nombre 
de  gentilzhommes,  équipaige  et  train  qu'il  me 
semble  qu'il  doibt  avoyr  en  son  voiaige  d'An- 
gleterre, pour  lequel  je  le  veoy  entièrement 
résolu  et,  de  l'aultre  costé,la  roynedudictpaïs, 
à  cequ'escript  vostre  ambassadeur,  est  fort  bien 
disposée  au  mariage,  dont  je  suis  infiniment 
nize  pour  la  grandeur  et  contentement  de 
vostredict  frère,  auquel  il  est  bien  raisonnable 
d'aider,  comme  je  sçay  que  l'avez  tousjours 
faict  et  vostre  intention  est  encores  de  fayre 
tout  ce  que  vous  pourrez  pour  luy,  tout  ainsy 
que  si  c'estoit  pour  vous  mesmes,  non  seuUe- 
ment  en  cela  suivant  son  désir,  mais  aussy  le 
secourir  de  quelque  bonne  somme,  telle  que 

'  11  est  probable  qno  la  date  est  mal  lue  et  doit  être 
reportée  au  17  avril. 

-  En  télé  :  k  Envoyée  au  Roy  par  Jacques  Tanrret, 
coui'rier.n 

^  Jacques  de  La  Fin,  dit  La  Xocle,  fds  de  Jean,  sei-- 
gueur  de  Beauvoir,  cliaujbellan  du  duc  d'.\njou.  Une  très 
complète  et  trèi  intéressante  notice  sur  ce  personnage 
et  sa  famille  a  été  publiée  en  189G  par  M.  Dumoulin, 
conservateur  de  la  bibliothèque  de  Roanne,  1  iia  p.  in-8°. 


LETTRES  DE  CATII 

voz  affayres  le  pourront  pcrtucttie,  pour  para- 
chever lionnorableineul  uiig  si  bon  œuvre, 
auquel  je  de'sirerois  pouvoir  bien  estre,  comme 
vous  verrez  par  le  double  des  Icctres  et  me'- 
moires  que  je  luy  escriptz  de  ma  main  et  en- 
voyé pour  cest  eflect  par  ledirt  Laffiu;  mais 
n'y  pouvant  estre  à  temps,  pour  ce  que  voz 
afl'ayres  et  service  requièrent  bien  fort  en  ces 
costez  de  deçà  encores  ma  présence,  ainsy  que 
ledict  Laffin  vous  Fera  entendre  et  à  niondicl 
filz  le  duc  d'Anjou  aussv,  j'espère  passer  bien 
tost  après  luy  en  Aufjleterre,  ne  luy  conseillant 
pas  pourtant  de  rien  différer  audict  mariage 
pour  ma  |)i'ésence;  mais  pendant  que;  la  bonne 
volunte'  el  allertiou  v  est  s\  grande,  comme 
l'on  void  de  la  part  de  ladicte  Royne,  il  fault 
le  parachever  du  tout,  affin  que  rien  n'y  puisse 
plus  nuire,  comme  j'ay  bien  amplement  fait 
entendre  audict  Laflin,  par  lequel  je  vous 
diray  aussy,  pour  le  regard  de  voz  alfayres  de 
deçà,  que  j'ai  envoyé  le  sieur  de  Cornusson, 
et  avec  luy  le  sieur  de  Villambiz,  devers  ceuix 
de  Saverdun,  ausquelz  j'ay  aussy  envoyé  la 
déclaration ,  dont  il  vous  plaira  veoir  le  double 
qui  est  cncloz  en  ce  pacquet  avec  ceste-cy, 
alBn  qu'ilz  remettent  les  villes  dudict  Saver- 
dun et  y  laissent  et  souffrent  exécuter  vostre 
édict  de  pacitlication,  suivant  la  résolution  de 
nostre  conférance,  espérant  on  avoyr  aujour- 
d^huy  de  bonnes  nouvelles  :  aultrement  mon 
filz  le  roy  de  Navarre  qui  est,  comme  je  vous 
ay  escript  par  ma  dernière  lectre,  allé  à  l'isle- 
en-Jourdain,  n'en  veult  partir  qu'il  ne  saiche 
ledict  Saverdun  estre  leinis.  Il  V  a  aussy  une 
petite  ville  appelle;  Muret',  qui  est  à  trois 
lieues  d'icy  sur  la  rivyère,  par  oiî  il  fault  qu'il 
passe  nécessairement  pour  venir  à  Castelnau- 
darry.  (>eulx  de  ladicte  villi;  et  auk uns  de  la- 
dicte Kelligion  prétendue  réibrmée,  principal- 
lement  des  principaulx  serviteurs  en  Foix  de 
'  Muret,  chef-lieu  d'arr.  de  la  Haute-Garonne. 


ERINE  DE  MEDICIS. 


333 


iiHindict  (îlz  le  roy  de  Navarre,  se  sont  tant 
l'aict  la  guerre  el  sont  si  fort  ennemis  les  ungs 
avec  les  aultres,  que  j'ay  eu  grande  peine  à 
fayre  consentir  aux  habitans  dudirt  Muret  de 
laisser  passer  mondict  filz  le  rov  de  Navarre 
par  ladicte  ville;  encores  crains-jo  bien  qu'il 
y  ayl  du  désordre,  quelque  peine  que  je  mette 
d'y  obvier  et  l'éviler,  ayant  ung  merveilleux 
regret  du  temps  qui  se  pert  et  du  retarde- 
ment que  je  veoy  en  nostre  assemblée  dudict 
Casteinaudarrv,  où  les  députez  sont  arrivez; 
et  si  je  veoy  que  le  dict  Saverdun  feust  pour 
nous  arrester  (comme  j'en  ay  grand  peur), 
d'aultant  que  mon  dict  filz  le  roy  de  Navarre 
est  résolu  de  ne  passer  oultre  (|u'il  ne  soit 
remis,  je  luy  envoieray  proposer  dez  demain 
de  mander  de  venir  du  coslé  de  deçà  aux 
députez  de  Languedoc,  afïin  de  fayce  ce  qui 
reste  de  noz  afl'ayres,  (jui  est  prinripallcment 
pour  la  parfaite  et  entière  exéculioii  (ludicl  édit 
de  pacifBcation  et  articles  de  la  conférance 
audict  pays  de  Languedoc,  et  aussy  pour  la 
chambre  de  la  justice  d'icelluy  pais;  et  plus 
tost  retourneray-je  à  l'Isle-en-Jouniain,  aflin 
de  gaigner  temps.  Cependant  j'ay  tant  fait 
que  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  le  vi- 
conte  de  Turenne  envoyeni  le  jeune  Yolet  en 
Lymosin ,  pour  fayre  soudain  remettre  Uzerche , 
comme  ilz  m'asseurent  qu'il  sera  faict  incon- 
tinent, ayant  esté-  conseillée  de  leur  fayic  une 
semblable  déclaration  qu'à  ceulx  de  Saverdun, 
el  oullre  cela  leur  promettre  de  fayre  cesser 
tous  actes  d'hostillilé  à  Brive;  et  en  ont  esté 
l'aides  les  dépesches  de  ma  part  et  de  la  leur 
si  amples  el  si  expresses,  que  j'espère  (jue  bien 
tost  le  sieur  de  La  Mothe-Fénelon,  à  qui  j'en 
ay  donné  charge  de  vostre  part  et  qui  ostdesjà 
su  rie  lieu,  vous  en  escripra  et  à  moy  de  bonnes 
nouvelles,  et  aussy  de  l'ordre  que  le  s'  de 
Bourdeilles  et  luy  auront  donné  en  Périgor, 
suivant  les  expéditions  et  instructions  que  je 


33'i  LETTRES  DE  CATH 

leur  ay  pieçà  envoyées.  Le  sieur  de  Sainct-Su- 
plice  accompaigné  du  sieur  de  Vezins.  pour 
Ouercy,  et  le  sieur  de  Quélus,  pour  Rouergue, 
vacqiiant  aussy  ceulx  qui  sout   de'putez  par 
mondict  fiiz  le  roy  de  Navarre  avec  eulx  à 
l'exécution   dudicf  édit  et  articles  de  ladicte 
conférance;  mais  je  pense  bien  que  pour  le 
Mur-de-Rarrais,  Figeac  et  Pe'rigeulx,  il  faul- 
dra,  pour  y  mettre  parfaitement  l'ordre  qui 
y  est  requis,  que  ledict  viconte  de  Turenne  y 
aille,  ou  quelqu'aultre  des  principaulx  de  la- 
dicte Relligion,  avec  le  mareschal  de  Biron  : 
ce  que  nous  avions  remis  à  résouldre  inconti- 
nent que  serions  arrivez  an  dict  Castelnau- 
darry,  mais  je  le  feray  iayre  dez  le  premier 
jour  que  nous  serons  ensemble,  car  il  n'y  a 
rien  plus  nécessaire  que  cela  pour  la  Guyenne. 
Il  sera  fort  à  propos,  Monsieur  mon  filz,  que 
vous  escripviez  une  bonne  lectre  au  marquis 
de  CanillacpourleHault-Auvergne,affinque, 
suivant  les  instructions  queje  luy  ay  envoyées, 
il  y  establissela  paix;  car,  à  ce  que  je  veoy,  il 
y  en  a  anssy  de  ce  costé-là  qui  désirent  beau- 
coup plus  la  guerre  que  ladicte  paix.  J'espère 
vous  envoyer  bien  tost  le  sieur  d'Arqués  et 
vous  escripre  et  vous  mander  par  luy  encores 
bien  amplement  Testât  de  vosdictes  affayres 
par  deçà  et  tout  ce  qui  y  sera  faict  et  passé 
jusques  à  l'heure  de  son  partemcnl.  Cepen- 
dant je  prve  Dieu.  Monsieur  mon  filz.  vous 
avovr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à   Thoulouze,  le  xi"  jour  d'apvril 
1679. 

1579.  —  13  avril. 

Oiig.  Bibl.  nal.,  Fonds  français,  n°  3so3,  f°  dï  "". 
A  MON  COUSIJJ 

LE   MARÉCHAL   DE  DAMVILLE. 

Mon  cousin ,  j'ai  receu  la  lectre  que  m'avez 
escripte  par  vostre  secrétaire  Girard,  présent 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

porteur,  aiaut  esté  bien  fort  aise  d'avoir 
entendu  par  icelle  comme  toutes  choses  se 
dispozent  très  bien  à  la  paix  au  bas  pays  de 
Languedoc,  suivant  la  résolution  de  nostre 
conférence  à  Nérac,  m'asseurant  que  le  bon 
ordre  qu'v  avez  donné  est  cause  de  ce  bien  là, 
pour  lequel  du  tout  parachever,  j'espère  que 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  moy  serons  mer- 
credy  prochain  à  Castelnaudary,  et  regarderons 
à  l'ordre  nécessaire  pour  le  tout  faire  exécuter 
et  establir,  non  seulement  audict  Bas-Lan- 
guedoc, mais  aussy  par  tout  le  reste  de  vostre 
gouvernement;  et  a  esté  très  bien  faict  à  vous 
de  faire  venyr  les  députtez  pour  les  Estais 
dudici  pays  de  ce  costé  là;  car,  comme  vous 
dictes  par  vostredicte  lectre,  et  que  m'a  faict 
aussi  entendre,  de  vostre  part,  ledict  Girard, 
il  sera  bien  à  propos  que  le  lieu  où  se  tien- 
dront iesdiclz  Estats  ne  soit  pas  esloisgné  de 
celluy  où  nous  serons.  Me  remeclant  à  icelluy 
Girard,  je  ne  vous  feray  plus  longue  lectre 
que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escriptà  Toulouse,  le  xii°  jour  d'avril  1  679. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  13  avril. 

Copie,  Bibl.  nat. .  Fonds  français  ,  n*  SSig,  f"  3o  y"  '. 

[AL    ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  depuis  mon  aullre  lectre 
escripte,  j'ay  advizé  de  la  vous  envoyer,  et 
ceste-cy  aussy,  par  ce  courier  expressément, 
aftin  que  soiez  plus  lost  adverty  du  contenu 
en  icelle,  et  pareillement  des  bonnes  nouvelles 
que  le  sieur  de  Piebrac  (lequel  est  ce  matin 
retourné  à  l'Isle-en-Jourdain)  m'a  rapportée 

'  En  tête  :  r Envoyée  au  Roy  par  Jacques  Tancret, 
courrier." 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ck'  lu  [liiil  (If  ma  filîe,  l;i  royne  de  Navarre,  et 
(le  son  mari,  (pii  sont  (|iu!  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre  s'en   viendra  avec  moy,  i|uand  je 
m'en  relourneray  vons  Irouver.  Ledict  LafFin 
est  en  parlye  cause,  (à  ce  (jue  j'entendz)  de 
reste  di'libcjration;  car  avant-hier  (ju'il  feust 
prendre  con{j('  de  moud  ici   liiz  le  roy  de  Na- 
varre, audici  iiiMi  de  l'Isle-en-Jourdain,  par- 
lant à  luy   pour  tousjonrs  allirmer  i'amityi? 
d'entre  mon  fd/.  le  duc  d'Anjou  et  luy,  il  iuy 
dist  (à  ce  (]ue  ledict  LalHn  m'a  luy-mesme 
fait   entendre)    (jue    mondict    filz   avoil   Tort 
grande   envye  de   veoir  ledict    sieur  roy  de 
\avarre  :  et  sur  cela  enlrè-rent  en  propos  de  la 
de'lib(îration  (]ue  mondict  fdz  le  duc  d'Anjou 
avoit  de  venir  au  devant  de  moy.  Sur  (juoy 
depuis  deux  jours  (]ue  ledict  Laflîn  est  party 
d'avec  eulx,  ilz  ont  encores,  à  ce  (jue  je  veoy, 
bien  pensé  à  cela;  car  madicte  fille  la  royne 
de  Navarre  m'a  esciipt  et  mande'  ce  matin  par 
ledict  sieur  de  Piebrac  (jue  la  re'solulion  de 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  son  mary,  est 
de  s'en  venir  avec  moy,  quand  je  partiray  de 
ces  pais,  et  que  le  viconte  de  Turenne  estoit 
content  d'aller  avec  le  mareschal   de   Biron 
(ainsi  qu'avions  ces  jours  passez  advis(3)  en 
Rouergue,  Quercy,  Périgor  et  Lymozin  pour 
y  ex(?cuter  l'édit,  dont  je  suis  infiniment  aize. 
Car  crovcz.  Monsieur  mon  filz,  que  c'estle  plus 
■  grand  bien  qui  sauroit  advenir  à  voz  affayres 
et  service  par  deçà.  Et  sans  double  la  paix  s'y 
cstablira,  s'il  advient  que  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre  vienne  avec  moy  (comme  l'on  m'as- 
seure  (|u'il  l'eia),  et  qu'il  y  demeure  seulle- 
nient   pour  lieutenant  ge'néral  le    mareschal 
de  Biron,  lequel  (selon  que  j'ay  congneu  de- 
puis quebjues  jours)  avoit  sans  cela  uug  aultre 
desseing  en  la  leste,  ou  je  suis  bien  trompée. 
Le   sieur  d'Anjucs    vous   fera    entendre  (|ue 
c'est;    et  cependant  je   vous    diray    que   j'ai 
parlé  audict  mareschal  de  Biron  de  la  délibé- 


ration de  nuindict  filz  le  roy  de  Navarre,  et 
comme  je    me    résoudois  de    le   laisser   icy, 
n'aiant  pas  failly  de  luy  bien  dire  comme  il 
sera  nécessaire  (|u'il   s'employe  dilligemmenl 
et  d'an'ection  à  restablissemeut  de  la  paix.  Sur 
(juoy  il  m'a  l'aict  démonstration  d'en  estrebien 
aize,  comme  aussy  estimay-je  qu'il  soit,  de- 
mourant  seid  par  deçà;  et  m'a  dict  que  sans 
cesie  résolution  il  avoit  bien  délii)('ré  de  me 
remonstrer  beaucoup  de  choses  (devant  que 
je   partisse),  en  la  présence  de  mondict  filz 
le    roy   de    \avarre    et   de    madicte    fille   sa 
femme,  et  prendre  de  moy  une  bien  expresse 
et  ample  instruction  de  ce  qu'il  auroità  fayre; 
mais  qu'à  reste  heure,  puisque  ledict  sieur 
ro\  de  Navarre  s'en  alloit,  c'estoit  une  aultre 
chose;  et  m'a  requize  et  suplyée  de  laisser  au- 
piès  de  luy,  i)Our  (juelque  temps  et  jusques  à 
ce  que  la  paix  feust  establye,  ledict  sieur  de 
Piebrac,  me  disant  ([ue  c'est  un  personnaige 
grandement  obligé  à  vous  et  qu'il  congnoist 
bien  affectionné  à  vostre  service,  et  qu'il  espé- 
roil  par  ce  moien  fayre  en  sorte  par  deçà  que 
toutes  choses  yroient  bien;  et  quand  à  moy  je 
l'espère  ainsy,  n'ayant  pas  failly  de  le  fortif- 
fier  par  toutes  les  raisons  que  j'ay  peu  en  ceste 
bonne  opinion,  combien  qu'à  vous  dire  vray, 
je  ne  saicbe  bonnement  que  penser  de   ces 
soudaines  mutations,   .l'essayeray    d'en   fayre 
profllct  et  découvrir  s'il  y  auroit  rien  de  caché 
là  dessoubz.  Cependant  je  vous  prye.  Mon- 
sieur mon  filz,  escrire  une  bonne  et  expresse 
dépesehe  au  dict  mareschal  de  Biron,  pour 
parachever  dilligemment  de  bien  establir  la 
paix  et  embrasser  tellement  voz  affayres  par 
deçà,  selon  la  "rande  confiance  que  vous  et 
moy  en  avons   en  luy,  que  toutes  choses  y 
puissent  estre  bien  establyes  et  tousjonrs  con- 
tinuées en  bon  repos  et  au  bien  de  vostre  ser- 
vice; et  escri])viez  aussy  une  bonne  lectre  au- 
dict sieur  de  Piebrac,  pour  demeurer  quelque 


336 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


temps  avec  iedict  mareschal  de  Biron  pour 
restablissement  et  exécution  de  vostre  édit  de 
paciffication  et  articles  de  la  conf(?rance,  dont 
après  vous  iuy  envoierez  pouvoir,  comme  ver- 
rez qu'il  sera  besoin.  Mais  je  ne  suis  pas 
d  advis  que  lesdictes  lectres  parlent  de  la  dé- 
libe'ralion  do  inondict  filz  le  roy  de  Navarre. 
Je  désire  pareillement  qu'il  vous  plaise  es- 
cripre  à  la  noblesse  de  ce  pais  le  désir  qu'avez 
à  Tentretenement  de  la  paix,  suivant  voslre- 
dict  édit  et  articles  de  noslredicte  conféra nce, 
les  exortant  et  admonestant  très  expressément 
que,  suivant  ce  que  je  leur  ay  dernièrement 
faict  entendre  à  Agen  et  encores  depuis  trois 
jours  en  cestc  ville,  chacun  d'eulx  ayt  à  s'y 
disposer  entièrement  et  tenii'  la  main  qu'on 
puisse  estre  et  demeurer  en  repos.  Et  faictes, 
fayre  pour  cela  une  centaine  desdictes  lec- 
tres, où  les  noms  seront  en  blanc,  que  moy,  si 
je  suis  encores  par  deçà,  ou  Iedict  mareschal 
de  Biron ,  ferons  subscrire  et  leur  envoyerons. 
Et  m'envoyez  aussy,  je  vous  prye,  par  ce 
mesme  courier,  avec  toutes  lesdictes  lectres 
une  aultre  leclre  que  m'escriprez,  s'il  vous 
plaist,  du  désir  et  affection  que  vous  avez  à 
l'establissement  de  la  paix,  affin  que  je  la 
puysse  fayre  venir  tant  à  mesdictz  filz  et  fille, 
les  roy  et  royne  de  Navarre,  que  ausdictz 
sieurs  mareschal  de  Biron  et  de  Piebrac.  J'es- 
père aller  domain  disner  à  xMuret,  où  se  trou- 
veront ledicl  jour  de  demain  mesdictz  filz  et 
fille,  les  roy  et  reyno  de  Navarre.  Mardy  nous 
yrons  à  Haulterive\qui  est  tout  auprès  de  Sa- 
verdun,  où  je  fei'ay  en  ma  présence  exécuter 
vostredict  édict  et  tout  ce  qui  est  requis,  pour, 
dès  le  lendemain  qui  sera  mercredy,  aller 
couscher  à  Casteinaudarry,  qui  n'est  qu'à  cinq 
lieues  delà,  et  où  je  me  prometz,  avec  l'ayde 
de  Dieu,  qu'en  peu  de  jours  nous  aurons  pa- 

'  Auterive,  clief-lieu  de  canton,  arr.  de  Murol. 


rachevé  de  pourveoir  à  tout  ce  qui  reste  à 
fayre  pour  le  bien  de  vostre  service  en  Guyenne 
et  en  Languedocq;  car  j'ay  donné  ordre  de 
fayre  tenir  au  mesme  instant  à  Carcassonne, 
ou  à  une  petite  ville  qui  est  à  deux  lieues 
dudict  Casteinaudarry,  les  Estatz  dudict  païs 
de  Languedoq,  où  j'espère  aussy  que  ma  pré- 
sence vous  apportera  beaucoup  d'utiiiité;  et 
incontinant  après,  je  poursuivray.  Dieu  ai- 
dant, mon  chemin  au  travers  dudict  Lan- 
guedoc, où  mon  filz  le  roy  de  Navarre  s'ac- 
corde aussy  de  passer  avec  moy,  qui  ay  bonne 
espérance  de  nous  mener  pareillement  le  ma- 
reschal de  d'Ampville,  et  que  Dieu  nous  fera 
la  grâce  que  cesle  fois  nous  establirons  la  paix 
et  remettrons  vostre  auctorité  par  tout. 

Je  feyz  hier  une  bien  expresse  despesche  en 
Prouvence  au  cardinal  d'Armaignac  et  à  tous 
ceulx  que  j'ay  pensé  estre  à  propos,  affin  de 
les  provocquer  et  inciter  tousjours,  pour  aussy 
fayre  en  sorte  que  ce  païs  là  puisse  estre  en 
repos.  Je  passeray  en  Arles  et  en  Avignon ,  et 
y  feray  pareillement  ce  qu'il  mo  sera  possible, 
et  aussy  en  Daulphiné.  Cependant  je  vous 
dépescheray  dedans  deux  jours  Iedict  sieur 
d'Arqués,  à  la  suffisance  duquel  je  me  remet- 
tray  de  toutes  aultres  parlicullaritez,  priant 
Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Thoulouze,  le  xii""'  jour  d'apvril 
1579. 


1579.  —  12  avril. 

Copie.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  n**  33i9,  f°  3a  r°'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  j'ay  esté  infiniment  aize 
d'avoir  particulièrement  entendu,  par  le  s''  de 

'  En  téle  :  n Envoyée  pai-  Monsieur  de  Laflin.Ji 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS, 


337 


Lnfliti  coinnie  loiitcs  clioses  se  sont  passées 
entre  vous  et  mon  llls  le  dur  (r.Vnjoii,  quand 
il  vous  est  dernièrement  allé  trouver,  et  aussy 
sa  délibération  de  retourner  incontinent  au- 
près de  vous,  pour  se  résouldrc  avec  vostre 
bon  advis  du  parlement  de  son  voyaijje  d'An- 
gleterre, pour  lequel  je  lui  ay  desjà  donné  et 
donne  encores  mon  advis  Tort  clairement, 
comme  vous  entendrez  du  s"'  de  Lafiîn,  par  le- 
«[uel  je  luy  envoyé  uu;f  mémoire  du  nombre 
des  personnes  et  Irain  (juildolbl  mener  et  de 
la  façon  qu'il  s'y  doibt  gouverner,  luy  man- 
dant de  vous  monstrer  ledit  mémoire,  estant 
aveccjucs  vous  :  qui  sera  cause  que,  me  remet- 
tant pour  le  surplus  de  ceste  affaire  à  la  suffi- 
sance dudit  LalFin,  je  n'estendray  ceste  cy 
davantaige,  si  n'est  pour  vous  pryer  de  vouloir 
ayder  et  secourir  vostre  frère  de  la  meilleure 
somme  de  deniers  qu'il  vous  sera  possible 
pour  l'occasion  dessusdite,  qui  ne  sauroitestrc 
meilleure. 

dépendant  je  me  remets  aussy  au  s''  de 
LalTin  pour  vous  faire  entendre  la  délibération 
où  je  suis  d'aller  demain  disner  à  Muret,  où 
mes  lils  et  fille,  les  roy  et  royne  de  Navarre 
seront;  et  le  lendemain  nous  yrons  à  Saver- 
dun,  qui  n'est  qu'à  trois  lieues  de  là,  où  j'es- 
père faire  cesser  toutes  les  difficultés  qui  se 
l'ont  pour  l'exécution  de  vostre  édil  de  pacifi- 
cation, et  estre  le  lendemain,  qui  sera  mcr- 
credy,  à  Caslelnaudarrv,  où  j'espère  aussy 
a\oir  bientost  fait,  et  partir  incontinent  après 
pour  m'en  retourner  devers  vous,  espérant 
que  mon  fils  le  roy  de  Navarre  viendra  avec 
moy,  coniiae  aussy  vous  entendre/,  plus  am- 
plement dudit  s' de  Lafiin.  Priant  Dieu ,  Mou- 
sieur  mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digue  garde. 

Escript  à  Tiioulouse,  le  \i\'  jour  d'apvril 
1579. 


1579.  —  la  avril. 

Aul.  Bibl.  nat..  Fonds  français,  n°  loaio,  f^  16*. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR   LE   DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  je  ne  vous  dire  poynt  l'aise 
quej'é  receu  de  voyr  Lafin,  pour  les  bonnes 
novelles  qu'il  m'a  aportée  délia  bonne  vo- 
lunté  en  laquele  yl  a  lésé  mon  fils  de  conti- 
nuer ce  qu'il  a  si  bien  comensé;  et,  pour  y 
avoir  rervi  cet  porteur  cornent  yl  a,  je  vous 
asenre  que  je  lui  désire  beaucoup  de  bien, 
et  ne  tiendrè  à  moy  en  ce  que  je  auré  de 
moyen  et  de  puisance  de  l'en  reconeslre  : 
cornent  je  prie  au  Roy  de  fayre,  encore  qu'il 
aie  fest  en  bouneur,  yl  y  faull  de  quoy  entre- 
tenir bonorablement  l'honneur  qui  luy  lia 
fays,  à  quov  je  vous  prie  tenir  la  mayn,  sa- 
chant que  le  eymés  et  les  sycns.  Je  ne  vous 
en  dire  davenlege,  me  remetent  sur  lui  à 
vous  dire  de  nos  novelles,  et  fayré  fin,  prient 
Dieu  vous  donner  ce  que  désirés. 

De  Toluse,  cet  xii"""  d'avril  1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(lATIlKniNE   ui;   MÙDICIS. M. 


1371).  —  l'i  avril. 

AuU  Bil.l.  iKil. ,  FonJs  IVaiicais  n"  338;.  f"  i. 

A  MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE  D'USES. 

Ma  comère,  encore  que  nostre  lieage  soiet 
])1ms  pour  set  lepouser  ijui;  pourfeire  voyage, 
si  èse  que  yl  en  fault  encore  feire  un  enn 
Engietere;  et  lors  les  oyseauk  d'empirre  tâche- 
ron leur  proye  amarés  aus  clievanlx,  encore 
qu'il  m'envoye  plus  de  novelles;  mes  j'espère 
que  tout  s'aprocbera  du  coulé  où  vous  aystes, 
si  les  mauves  ayspris  n'ynlerompet  cet  que 

'i.'i 

iwi'niiiirjE    ^iiioiAi.i:. 


338 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


(Ii'joà  avsl  l)ii'ii  :irliominr;  si  cola  avst,  je  m'en 
letnuniere  aveques  racomplisenieiif  (le  mes 
désirs,  la  pays  ayslaljlie,  mon  fils  remis  en  son 
devoyr,  el  sens  vsi  bien  près  du  chemin  de  si 
mesirc.  Jeserès  (roplieureuise,  ([ni  me  jjuarde 
du  Idul  de  le  rrovie,  simm  que  Dieu  a  leni 
acotume  de  me  monstrersa  puisance  et  bém''- 
volense.  fomc  l'on  disl.  que  ce  me  loys  ac- 
ciovre  que  lout  me  doini  sucséder  corne  je  le 
di'sire  et  me  le  promets.  Je  sere  deme\n  h 
Casteinandaiiy,  où  je  l'en'  Pasques.  et  après, 
le  plus  Icist  que  |)our('',  dr(i\  t  à  Paris  vovr 
lout  ccl  que  ji' avnie  le  plus  en  cet  monde  et 
(pii  me  repii'saute  maiv,  eni'ans  el  ainv.  -le 
j)rie  Dieu  que  je  |iui-.si'  cnii  aus.^i  bonne 
sanlé  el  aussi  coulent  r[ue  je  prie  Dii'u  le 
meynienir  eucores  en  melleur  heumeur  que 
au  Porl-Saiucle-Maiie. 

De  tlaujac  '.  cet  \iu""  d'avril  iSyij. 

Vosire  bonne  cousine,  conière  et  eusieuc 


compaijjne. 


'liTKRINK. 


1  5~y.  —  1  'i  avril. 
Ilihl.  ini|i.  .1.-  S.iinl-IVIoi.-.l...iic|;.  vol.  \\,  f'5'i. 

Al     HOV 

\io\su;i  il  MOV  ]■■][,/_ 

M(Ulsieur  niiHi  lilz.  euciu'es  (lue  je  \()us 
eusse,  par  c\  devant,  par  piusirurs  luis  escript 
en  l'aveiu'  du  sieur  éves(pie  d'Ajjen,  que  j'ay 
d(qiuis  (pie  je  suis  de  deçà  C(in;;neu  si  aiï(>c- 
tionni'  à  vostre  service,  je  vous  av-jc  bien 
voulu  l'aire  reste  lettre,  pour  vous  prier,  comme 
je  lais  de  trJ'S  bon -cieur,  de  vouloir,  s'il  vous 
plaist,  ccwnmander  (pu'  justice  luv  soit  l'aicte 
au  trouble   (pii   luv   est    laid  puni'  raison  de 

'  (\iiijai- se  trouve  entre  Muret  el  Saverduri  (Haute- 
Garonne),  arr.  de  Muret,  canton  de  Cinleyalielle. 


son  abbaye  de  Font'rède'  et  par  mesme  movcii 
ordonner  qu'il  soit  maintenu  et  couservé  en 
la  possession  et  jouissance  dicelle,  comme  il 
me  semble  (pi'il  est  raisonnable,  attendu  le 
Ion;;  tenq)s  ([u'il  y  a  (pi'il  en  jouit,  et  qued(3Jà 
vous  avez  or(lonn(''  (pi'il  en  (buneureroit  pai- 
sible possesseur.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
fiiz,  vous  avoir  en  sa  sainclc  el  dijjne  garde, 
b'script  de  Saverdun,  le  xim'  jour  d'avril 
lô-r,. 

Dp  sa  main  :  Je  vous  supplie,  Monsieur  mou 
lilz,  avoir  pour  recomman(l('  cet  evesque,  et 
à  ce  (pi'il  vous  dira  de  ma  pari. 

\ostre  bonne  el  trc's  alVectionnée  et  obligée 
mi"'re, 

Caterine. 


1570.—  i.'i  avril. 

Copi.'.  ilibl.  nat ,  Foods  f"rani;ni9,  ii"  3iîir) ,  f*  3a  r''  -. 

[M     noV   MO.NSIEl  r.    M0\   FILS.I 

Mousieui'  uu)u  lilz,  je  ii'euz  oncques, 
comme  je  vous  ay  escript  ces  jours  icv,  plus  de 
jove  el  de  plaisii-  (jue  d'entenfire  par  le  sieur 
d'.Vnjues  les  bonnes  et  heureuses  nouvelles 
qu'il  m'apporta  de  l'arrivée  de  mon  filz  le  duc 
d'Anjou  auprès  de  vous,  non  seullement  pour 
le  [iraiid  contentement  i|U('  ce  me  fut  de  le 
voir  remettre  en  son  debvoir,  ruais  aussy  pour 
le  grand  bien  que  c'est  à  voz  all'aires  et  ser- 
vice et  au.\  siennes  particuUièrement;  etoullre 
ce  (jue  je  vous  en  av  escript  et  à  luv  aussy,  je 
donne  charge  audict  sieur  d'Ar([ues  vous  en 
entretenir  de  ma  part  et  desduire  et  fayre  en- 
tendre beaucoup   de  particullaritez  du  fruict 

'  Kondfroide  dans  l'ancien  diocèse  de  Narbonne. 
Janiis  Fiégose,  èvè(]ue  d'A(;en.  en  el.iil  abbé.  (Gallia 
Chnslwna,  t.  H,  p.  gSo.  E.) 

■  En  tète  :  (-Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  d'.\iqueSB. 


LETTRES  DE  C ATH 

(jue  nous  avons  desjà  commencé  par  deçà  à 
en  recueillir  et  de  la  bonne  espérance  (jue  j'ay 
du  grand  bien  qui  en  réussira,  ainsy  que  je 
m'asseure  que  ledict  sieur  d'Arqués  fera  très 
saigement,  et  aussy  àraondict  filz  le  duc  d'An- 
jou, qui,  j'espère,  sera  de  retournuprèsdevous, 
comme  il  vous  a  promis,  et  m'a  pareillement 
escript  par  le  sieur  de  LafiSn,  que  je  luy  ren- 
voiay  avant  hier,  et  vous  escripviz  aussy  par 
luy  ce  que  je  mandois  à  voslredict  frère  pour 
ses  affayres  et  tnariaigo  d'Angleterre.  Sur 
quoy  ledict  sieur  d'Arqués  vous  dira  encores 
de  ma  part  aucunes  aullres  particullaritez,  que 
je  prometz  que  vous  saura  aussy  très  bien  et 
saigement  représenter,  comme  il  a  faict  envers 
moy  tout  ce  que  luy  aviez  commandé,  dont 
je  suis  bien  satisfaite  et  fort  aize  de  veoir 
qu'il  se  rende  sy  discret  et  capable,  comme  je 
voye  qu'il  est,  en  vosdictes  affayres  et  service. 
Et  pour  ceste  occasion  je  me  remettray  à  sa 
suffisance  de  toutes  les  aultres  choses  et  par- 
ticullaritez que  vous  pourrois  escrire,  dont  il 
vous  plaira  le  croyre  et  adjouster  foy  comme 
à  moy  mesme,  qui  prie  Dieu,  Monsieur  mon 
fils,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Saverdun,  le  xiiii"  jour  d'avril 
1579. 


1579.  —  Avril. 

Aut.  Bibl.  nal. ,  Fonds  français,  u"  338i,  (°  19. 
A  MA  COUSINE 

MAD.^ME  D'USÉS  ^ 

Ma  comère,  je  suys  à  eun  car  de  iyeu  près 
de  Toulouse  et  ne  le  peu  aie  voyr;  car  vous 
aystes  au  plus  venteulx  peys  et  froyt;  n'enn 
fêle  plus  festedeu  cliault  de  Languedoc,  et  non 
moyns  des  jeans  de  Monpelier  cornent  sont 

'  Cette  lettre  ne  porte  ni  lieu  ni  date,  mais  elle  ne 
pent  être  que  du  milieu  d'aviil  de  i.")79. 


ERINE  DE  MEDICIS.  339 

maran'.  Cet  le  peys  le  plus  froyt,  les  jeans 
de  Monpelyer  les  plus  revèches  et  mauves  que 
je  vcis  jeamès,  et  tent  d'oyseaulx  de  rapine  :  yl 
ne  veulet  ni  la  pays,  ni  rien  de  bien.  J'é  veu 
d'Osone,  à  qui  je  me  suyscoreusaye;  caryl  ne 
volouet  que  leuse-  éloigner  et  éviter  la  pays; 
je  ni  ay  trové  homme  de  bien  que  Bacon  :  je 
vous  layse  à  panser  que  sont  les  aultres.  Je 
m'en  voy  demayn  paser  à  Balareu-au-Bayns  ^, 
et  de  là  par  la  peste  et  par  tous  les  brigans; 
et  set  je  ann  échappe,  je  pouré  dire  :  guère, 
peste,  famyne  et  toutes  méchanseté,  que  je 
les  auré  pasé;  cet  que  j'espèi-e  fayre  aveques 
l'ayde  deu  bon  Dyeu ,  qui  ne  m'a  jamès  haban- 
donnée.  Monsieur  le  cardinal  vous  sueyste, 
pour  lui  faire  compagnie  :  alla  peur  qu'yl  a, 
yl  ne  \è  plus  que  an  letyère  :  depuys  son  mal 
yl  set  porte  fort  bien,  mes  yl  a  encor  peur  qu'il 
y  revyenne.  Je  suys  bien  ayse  que  governés  le 
Boy,  la  Boyne,  son  frère  et  le  consel  :  tené  moy 
en  leur  bonne  grases,  et  me  mandés  sovent  de 
leur  novelles  et  de  vosfres. 


1579.  —  16  avril. 

Orig.  Bibl.  nal.,  Ancien  fonds  français,  n°  SaoS ,  f"  ^i8. 

A  MON  COUSIN 

LE   S'^  DE   DAMPVILLE, 

MARESCBIL  DE   FRANCE. 

Mon  cousin,  j'ay  rcceu  la  lectre  que  m'avez 
escripte  par  le  s'  de  Bombais,  ayant  esté  bien 
aize  d'avoir  veu  par  icelle  que  pendant 
qu'estes  allé  faire  ung  tour  à  Pézenas,  vous 

'  Marra»,  raarrane,  est  un  mot  injurieux  tiré  de 
l'espagnol,  signifiant  pourceau,  maudit,  hérétique,  etc. 
—  Dictionnaire  de  Fréd.  Godefroy,  et  Lexique  du  Bran- 
tôme lie  Lud.  Lalanne,  l.  X,  p.  loi. 

^  Leuse,  locution  populaire,  pour  $e. 

'  Balaruc-les-Bains  (Hérault),  arr.  de  Montpellier, 
canf.  de  Fronlignan. 

i3. 


340 


avez  envoyé  devant  tous  les  députez  pour  les 
Estais  de  Languedocq  à  Carcassonne;  et  vous 
diray  que  je  suis  d'advis  que  l'on  face  l'assem- 
ble'e  et  tenue  desdictz  Estatz  le  plus  près  du 
lieu  où  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  moy  nous 
assemblerons,  qui  sera  lundy  prochain,  Dyeu 
avdant,  icy  auprès;  car  il  faict  difficulté',  à 
cause  de  ceulx  de  sa  relligion,  de  venir  en  ceste 
ville.  Nous  pourrons  bien  aller  pour  ceste  oc- 
casion à  S' Michel ,  qui  est  au  général  Cheverry, 
ainsy  que  vous  fera  entendre  le  s'  d'Arqués, 
pre'seut  porteur,  à  la  suffisance  duquel  nie  re- 
ijiettant,  je  n'estendray  ceste-cy  davantaige 
que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincle  et  digue  garde. 

Escript  à  Casteluaudary,  le  xvi'jour  d'avril 
1579. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1579.  —  a  a  avril. 

Orig.  Bibl.  nat. ,  Fonds  franrois  ,  n"  33i5  ,  f^  71. 
A  MON  COUSIN 

LE   S'^  DE   DAMPVILLE. 

Mon  cousin,  je  suis  en  ce  lieu,  il  y  a  trois 
jours,  nous  y  avons,  mon  filz  le  roy  de  Na- 
varre et  moy,  commencé  ce  matin  à  adviser  ce 
qui  reste  à  faire  pour  l'establissement  de  la 
chambre  de  justice  en  ce  pais  de  Languedoc, 
et  espère  que  aurons  bientost  parachevé  à  ré- 
souldre  ce  qui  fauit  pour  le  bien  de  la  paix. 
Mais  j'eusse  bien  désiré  que  eussiez  esté  icy 
dès  hier  ou  ce  matin  pour  nous  y  aider;  je 
vous  atendz  bienlost  suivant  ce  que  m'avez  cy- 
devant  escript.  Cependant  je  vous  diray  que 
j'ay  advisé  de  faire  tenir  les  Estatz  de  Langue- 
doc à  Castehiaudari  :  à  ceste  cause ,  je  vous  prie 
y  faire  incontiTiant  venir  les  députez,  affin 
que  je  ne  sois  point  retardée,  car  j'espère  bien 
tost  m'en  retourner  trouver  le  Roy  monsieur 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 

mon  filz.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  S'  Michel  de  Lannès,  en  Laura- 
guais,  le  xxii'jour  d'avril  1079. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  23  avril. 
Copie.  Bibl.  oat. ,  Fonds  français  ,  n^  SSig  ,  f*  3a  v'  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  le  s"'  d'Arqués  vous  aura 
amplement  fait  entendre  toutes  les  particulla- 
rités  de  ce  qui  s'est  passé  de  deçà  pour  vostre 
service,  depuis  son  arrivée  auprès  de  moy 
jusques  à  l'heure  de  son  parlement,  oultre  ce 
que  je  vous  ay  escript  pendant  qu'il  a  esté 
par  deçà.  Il  vous  aura  aussy,  comme  je  m'as- 
seure,  avant  la  réception  de  ceste-cy,  discouru 
de  plusieurs  autres  particullarilés  grandement 
importantes  au  bien  de  vostre  service,  que 
j'ay  remises  à  sa  suffisance  et  à  la  fidélité 
(ju'il  a  à  vostredict  service.  Aussv,  ne  sera 
cette  dépeschc  que  pour  vous  dire  ce  qui  s'est 
passé  depuis  son  parlement,  qui  fut  le  ven- 
dredy,  au  ray  de  Castclnaudarry,  où  j'ay  faict 
ma  feslc  et  ma  fille  la  royne  de  Navarre 
aussy,  cstans  cependant  mon  fils  le  roy  de 
Navarre  et  la  princesse  sa  sœur  demeurés  à 
Mazères-,  dont  mondict  fils  le  roy  de  \avarre 
donuoit,  de  sa  pari,  ordre  envers  ceuk  de  sa 
relligion,  comme  je  faisois  de  la  mienne  en- 
vers les  catholiques,  pour  l'exécution  de  vostre 
dernier  édit  de  pacidication  et  articles  de 
nostre  conférance,  en  toute  la  comté  de  Foix, 
qui  n'esl  de  nul  gouvernement,  et  où  il  s'en 

'  «Envoyée  au  Roy  par  Longuet,  secrétaire  de  la  Royne 
mère  du  Roy.^ 

-  iMazères  esl  tout  près  de  Saverdun.  dans  l'ancien 
comté  de  Foix  (Ariègo). 


LETTRKS  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


3/il 


faict  beaucoup  plus  noiro  et  osl  bien  davau- 
taige  crainct  (pour  ce  que  ladicle  comte'  est 
entièrement  à  luy,  touttefois  soubs  votre  sou- 
veraineté) qu'en  ses  autres  terres,  qui  sont 
au  dedans  dudit  gouvernement.  Ce  que  je  vous 
ay  bien  voullu  dire,  combien  que  je  ne  doubte 
pas  que  ledit  Arcpies  ne  le  vous  ayt  repré- 
senté, et  comme  pour  ceste  occasion,  aflîn  de 
maintenir  toujours  davanlaige  voslre  aucto- 
rilé,  j'uzey  à  Saverdun  en  vostre  nom,  et  en 
Ions  les  autres  iieulx  où  j'ay  passé,  de  ladicte 
comté  de  Foix,  de  puissance  absolue,  tout 
ainsy  qu'en  tous  les  aultres  iieulx  et  endroit/, 
de  vostre  royaume,  conmie  aussy  est-il  raison- 
nable, car  vous  estes  autant  roy  de  la  comté 
de  Foix  que  du  reste  de  vostredit  royaume, 
et  a  esté  ung  très  grand  mal  que  les  gou- 
verneurs de  Guvenne  ou  de  Languedocq  y 
ayenl  pas  commencé,  comme  ils  ont  négligé 
les  autres  soubs  vos  prédécesseurs  et  vous. 
Touttefois,  le  cliemin  que  j  y  ay  tenu  et  les 
mémoires  que  je  laisseray,  avant  (|ue  je  parte 
de  ces  pais,  au  maréchal  de  Biron  et  au 
s'  de  Joyeuse,  serviront  à  répaier  ceste  t'aulte; 
car  je  donneray  cbarge  à  celluy  d'eulx  que  je 
verrav  estre  le  plus  à  propos  de  pourveoir  à 
ce  qui  est  de  voz  all'aireset  service  audit  comté, 
comme  au  reste  du  gouvernement,  et  faudra 
tousjours  continuer  cela,  aflîn  de  l'annexer 
par  ce  moyen  audit  gouvernement,  estimant 
qu'il  sera  bien  à  propos  de  le  comprendre  en 
celuv  de  Guyenne,  car  il  est  bien  raisonnable 
que  quelqu'un  d'eux  vous  réponde  de  ce  païs  là , 
qui  est  grand  et  où  il  v  a  beaucoup  de  villes. 
i\ous  avions,  comme  avez  veu  par  mes  pré- 
cédentes dépescbes,  résolu,  mon  lils  le  roy  de 
Navarre  et  mov,  par  l'advis  de  tous  ceux  qui 
estoient  avec  moy  à  Nérac  lors  de  la  conclu- 
zion  de  nostre  conférance,  et  suivant  aussy 
l'oppiniondes  députtés,que  no-lrc  assemblée 
se  feioit  à  Casteluaudary,  où  aussy  leurs  logis 


estoient  faits;  mais  pourtant  il  ne  m'a  esté 
possible  de  faire  encores  mondil  lils  le  rov 
de  Navarre  qu'il  y  soit  venu,  s'cslant  mis  en 
la  teste  que  quelques  ungs  de  ses  gens  avoient 
querelle  avec  les  habitans,  et  a  pris  son  excuse 
sur  cela,  de  sorte  que  je  feuz  contraincto  de 
venir  dez  lundy  dernier  en  ce  lieu,  où  (luy 
estant  logé  en  ung  chasteau  icy  auprès)  nous 
nous  sommes  assemblés  desjà  trois  fois.  Les 
deux  premières  se  sont  passées  sans  que  soions 
entrez  bien  avant  en  matière,  ayant  esté  seul- 
lement  la  première  fois  leu  les  lettres  que 
m'ont  apportées  les  députés  de  Languedocq, 
lesquelles  je  vous  envoyé,  et  verrez  par  icelles, 
comme  ils  ont  approuvé  tout  ce  (]ue  nous 
avons  faict,  et  (jnc  tous  vos  peuples  et  subjelz 
désirent  la  paix.  L'autre  jour  en  ensuivant, 
feut  aussy  ieu  le  mémoire  qu'ilz  m'ont  pré- 
senté, dont  je  vous  envoyé  le  double,  par 
lequel  vous  verrez  semblablenieni  ce  quib.  de- 
mandent, sur  quoy,  comme  je  leur  ay  desjà 
faict  entendre,  il  ne  faut  pas  qu'ils  s'attendent 
(comme  aussv  veoy-je  bien  qu'ils  ne  font)  que 
je  sorte  en  rien  qui  soit  de  l'édict  et  des  ar- 
ticles de  nostre  conférance,  ny  que  j'y  aug- 
mente ou  diminue  en  quelque  façon  que  ce 
soit.  Hier,  qui  l'ut  l.i  troisième  asscin])lée,  nous 
demeurasmes  fort  longtemps  à  disputer  sur  le 
faict  de  la  Chambre  de  la  justice  du  Langue- 
docq. Le  jeune  de  Laubcspine,  (]ue  je  vous 
renverray  bieniost,  vous  feraparliruilièrement 
entendre  de  bouche  une  infinité  de  contesta- 
tions qui  se  passèrent  sur  cela  ;  cependant  je 
vous  diray  que  je  feiz  tant  qu'il  m'ont  donné 
espérance  (dont  ils  nie  doibvenl  ce  jourdiiuy 
donner  response)  qu'il  se  prendra  un  des  pré- 
sidons et  cinq  ou  six  des  conseillers  du  par- 
lement de  Thoulouse  pour  la  Chambre  du 
Languedocq.  Je  vous  asseure.  Monsieur  mon 
lilz,  que  ce  sera  ung  grand  bien  pour  voslre 
service;  car,  par  ce  moyen,  oultre  que  ladicte 


342 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


court  (il'  paiieiiKMit  de  Thuulousc  sera  contente 
plus  qu'elle  n'a  jamais  esté  en  tous  les  autres 
traiti's  précédons,  vos  subjectz  catholicques  du 
ressort  d'icelle  court  en  recepvront  aussy  très 
grande  conimodilc  et  en  auront  pareillement 
fort  grand  contentement,  et  si  vos  finances  et 
le  pais  ne  seront  pas  tant  charges  qu'ils  eussent 
est(;  pour  i'enterlenement  d'ung  président  et 
de  tant  de  conseillers  du  Grand  Conseil,  car 
ilz  ont  double  sallaire.  J'espère  en  faire  et 
prandrc  aujourd'huy  une  re'solution,  ensemble 
dureiglement  (juc  m'a\ez  dernièrement  envoyé 
d'entre  les  courtz  de  Parlement  et  les  Chambres 
de  la  justice,  ayant  pour  cet  efl'ect  faict  venir 
icy  le  pri'sident  Saint-Jehan  et  deux  conseil- 
lers du  parlement  de  Tlioulouse.  J'avois  mandé 
audit  parlement  (ju'il  m'envoyast  aussy  ung 
de  vos  gens,  et  a\ois  suivant  cela  député 
l'advocat  Duranti,  mais  il  s'en  est  excuzé.  J'av 
bonne  espérance  d'avoir  ce  contentement  de 
le  vous  donner  pareillement,  de  vous  advertir 
du  tout  par  uug  post-script  en  ceste  dépescbe, 
que  j'ay  advisé  do  vous  faire  par  ce  courier 
exprès,  pour  vous  prier  combien  que  vous 
m'avez  escript  et  Ions  ceux  qui  sont  auprès 
de  vous,  (juo  grâces  à  Dieu  vous  estes  bien 
guéry  de  la  fiebvre  (pi'avez  eue,  néanmoings 
de  no  laisser  pourtant  de  me  renvovor  incon- 
tinent le  Courier  que  je  vous  ay  dernièrement 
despesrli(',  ailiii  ipie  je  sois  encnres  mioulx 
asseun'O  de  vosire  bon  portement. 

Cependant  je  vous  diray  que  le  s'  de  Véti- 
zou  arriva  icy  il  y  a  deux  jours,  avec  les  lettres 
qu'il  vous  a  |ilou  de  m'oscripre  et  colles  que 
m'a  aussy  cscri])les  mou  lilz,  losquolles  je  vous 
envoyé.  Ledit  Vélizon  a  ju.squcs  icv,  selon  ce 
(|ue  j'ay  peu  congnoislrc,  faict  tous  bons  of- 
fices envers  mondici  fils  le  roy  do  ^'avarre  et 
ceux  de  sa  rolligion,  do  laquelle,  comnie 
savez,  il  est,  et  me  donne,  oultie  ce  que  vous 
verrez  que  mondict  fils  m'escript,  très  grande 


et  bonne  espérance  de  la  droicte  et  sincère 
volunté  de  mondict  filz  à  l'obéissance  et  affec- 
tion qu'il  vous  doit  et  à  tout  ce  qu'il  pensera 
estre  et  déciderez  de  luy  pour  vostre  service, 
estant,  à  ce  qu'il  m'a  dit,  du  tout  résolu  à 
cela,  dont  je  suis  infiniment  aize,  pour  ce  que 
(oultro  que  c'est  son  devoir)  vos  affaires  et 
service  et  son  bien  particuUior  s'en  porteront 
tousjours  beaucoup  mieulx.  Mondit  fils  désire, 
selon  ce  qu'il  m'escript,  de  me  veoir  avant 
partir  pour  aller  on  Angleterre;  mais,  s'il  m'en 
croit  et  suivant  ce  que  je  luy  ay  mandé  par 
Laffîn,  il  no  différera  point  de  partir;  car, 
comme  Laffin  luy  dira  do  ma  pari,  il  faut 
prendre  les  occasions  (|uand  elles  se  pré- 
sentent, et  estant  la  royue  d'Angleterre  si 
bien  disposée,  comme  je  veoy  qu'elle  est,  du 
mariaige,  ot  tous  les  articles,  à  ce  que  m'a  dit 
ledit  Vi'tizon,  par  elle  accoi'dés,  et  que  mon 
fils  sera  en  faisant  ledit  mariaige,  coronné  roy 
comme  mary  de  la  royne,  s'il  m'en  croit,  il 
ne  laissera  passer  ceste  occasion,  car  le  tem- 
poriser en  telles  choses  bien  souvent  est  cause 
de  faire  naistre  des  ditficulti's,  ausquelles  l'on 
est  après  bien  empescbé.  Je  ne  sçay  encores 
((ue  vous  dire  de  ce  que  fera  mon  fils  le  roy 
de  Navarre,  car  il  semble  qu'il  ayt  quelque 
volunté  de  s'en  venir  avec  moy  et  m'en  a  faict 
ouvrir  les  propos,  il  y  a  quelques  jours, 
comme  vous  avez  peu  entendre  par  le  s' 
d'Arqués;  ol  depuis  la  royne  de  \avarre,  sa 
femme,  men  a  encores  parlé,  ot  veoy  bien 
qu'elle  désireroil  aussy  pouvoir  veoir  son 
frère  devant  qu'il  passast  en  Angleterre; 
mais  ils  voudroient  que  j'allasse  passer  par 
Lymoges:  touslefois  considérant  (|ue  ma  pré- 
sence pourra  apporter,  passant  par  le  Lan- 
guedocq,  Provence  otDnulphiné,  beaucoup  de 
commodité  à  vos  affaires  et  service, je  leur  ay 
franchement  déclaré  que  j'y  veulx  passer.  Je 
ne  say  encores  ce  qu'ilz  feront  sur  cela;  mais 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


343 


croyez,  Monsieur  mon  filz,  qu'en  quelque  sorte 
que  ce  soit,  j'espère  si  bien  pourveoir,  et 
laisser  de  si  bons  mémoires  et  instructions  de 
la  façon  que  chacun  aura  à  se  gouverner,  tant 
on  Guyenne  qu'en  Languedocq,  qu'avec  i'ayde 
de  Dieu,  la  paix,  repos  et  union  y  sera  parmy 
tous  vos  subjectz,  et  que  doresnavant,  quand 
je  seray  auprès  de  vous  (congnoissant  toutes 
les  particuUarite's ,  comme  j'ai  mis  peine  de 
faire  depuis  que  je  suis  en  ce  pais  de  deçà), 
je  vous  esclairciray  et  soulageray  beaucoup  aux 
affaires  desdiclz  pais,  où  il  sera  bien  néces- 
saire que  veniez  le  plus  tost  que  vous  pourrez, 
pour  y  veoir  et  entendre  vous-mesmes  vos- 
dictes  affaires,  car  c'est  ung  si  grand  et  bon 
pais  et  où  vous  avez  tant  de  noblesse  et  si 
grand  imnibre  d'aultres  peu])les  et  subjectz, 
que  vous  recepvrez,  comme  je  m'asseure,  ung 
très  grand  contentement  et  le  leur  donnerez 
aussy,  y  passant  trois  ou  quatre  mois  de  ceste 
année  ou  de  l'anne'e  prochaine,  comme  j'es- 
père vous  dire,  quand  j'auray  ce  bien  d'estre 
de  retour  auprès  de  vous  et  en  vous  rendant 
bon  compte,  ainsi  que  je  feray.  Dieu  aydant, 
de  tout  ce  qu'y  est  passé  pour  vostre  service 
depuis  que  j'y  suis.  J'ay  receu  les  lettres  que 
vous  escripvez  à  ceux  de  vostre  Conseil  qui 
sont  par  deçà,  pour  aller  servir  ce  quartier 
près  de  vous  en  vostre  Conseil,  ayant  incon- 
tinent i'aict  tenir  au  s'  d'Escars  celle  qui 
s'adressoit  à  luy,  et  luy  ay  aussy  mandé,  sui- 
vant vostre  intention,  qu'il  vous  aille  trouver  : 
je  ne  sçais  s'il  le  pourra  faire,  d'autant  qu'il 
a  esté  ces  jours  icy  bien  mallade  et  n'est  pas 
encores  du  tout  guéry.  J'ai  baillé  celle  qui 
s'adressoit  au  s'  de  Foix,  mais  désirant  venir 
avec  moy  par  le  Languedocq  et  Provence, pour 
ce  qu'il  a  affaire  avec  le  cardinal  d'Armaignac, 
je  ne  le  luy  ay  peu  refuser,  aussy  que  j'ay 
pensé  qu'il  ne  seroit  pas  mal  à  propos  que 
j'eusse  quelqu'un  de  robbe  longue  de  vostre 


Conseil  auprès  de  moy,  passant  par  lesdils 
pais  de  Languedoc,  Provence  et  Daulphiné.  Le 
s'  de  Piebrac  a  eu  pareillement  la  sienne,  et 
je  croy  qu'il  vous  yra  bientost  trouver.  Quant 
au  s'  de  Vallence\  vous  avez  bien  sceu  qu'il 
est  déceddé  dernièrement  à  Thoulouse.  Le  s' 
de  La  Mothc-Fénolon  est  emplo\é  à  vostre  ser- 
vice, pour  l'exécution  de  vostre  édit  et  articles 
de  nostre  conférence,  eu  Périgor  et  Lymosin, 
d'où  il  ne  faut  pas  qu'il  parte  maintenant, 
pour  ce  qu'ils  sont  sur  le  point  de  composer 
toutes  choses,  et  espère  que  (suivant  deux  fort 
et  expresses  despesches  que  nous  avons  ces 
jours-icy  faictes)  Uzerches  et  Mussidan  seront 
remis.  Je  feiz  tenir,  il  y  a  environ  huict  jours, 
vostre  lettre  au  capitaine  Lussan,  et  suivant 
vostre  dernière  dépesche,  je  lui  ay  encores 
escript  pour  vous  aller  trouver;  je  ])ense  bien 
que  c'est  pour  les  affaires  qui  vous  sont  sur- 
venues du  costé  du  Piedmont,  pour  lesquelz 

'  Jean  de  Monliic,  le  célèbre  évèque  de  Valence  et 
de  Die,  dont  le  nom  s'est  rencontré  plus  d'une  fois  dans 
cette  correspondance,  mourut  en  effet  à  Toulouse,  le 
3  avril  1579.  On  ne  peut  s'empêcher  de  trouver  que 
la  phrase  de  Catherine  de  Médicis  est  un  peu  sèche  pour 
un  vieux  serviteur,  qui  avait  rendu  tant  de  services  à 
Henri  III,  quand  surtout  les  longs  développements 
coûtent  si  peu  à  la  reine  mère. 

L'évèque  de  Valence  avait  été  un  des  négociateurs  de 
Nérac;  le  secrétaire  de  Damville  rapporte  dans  son 
journal  que  le  mercredi  1 1  février,  à  la  séance  de  l'après- 
midi,  ffle  s'  de  Valence  s'y  trouva  mal  cl  luy  foust  ap- 
porté du  vin»;  et  de  Thou  dit  qu'il  mourut  ttaccablé  de 
vieillesse  ou  de  travaux».  L'année  précédente ,  il  avait 
été  chargé  de  pacifier  la  Guyenne  et  le  Languedoc.  Ses 
actes  sont  résumés  dans  une  petite  plaquette  du  temps 
assez  rare  :  Remonstrances  faictes  par  le  sieur  de  i  al- 
iénée  aiuv  Estais  généraux  de  Languedoc ,  tenus  à 

Béliers  au  mois  d'apvril  mil  cinq  cens  soixante  dix-huit. 
(Paris,  1678,  pel.  in-8°  de  30  fol.)  Il  alla  à  Avignon,  à 
Nîmes,  à  Montpellier,  fit  un  grand  ttdiscours  aux  Estats 
le  i4  apvril'',  sous  la  présidence  de  trdu  Faur,  viraire 
général  de  Thoulouse»,  et  enlln  conclut  un  traccord» 
qui  sembla  avantagous  à  tous. 


344 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


affaires  je  suis  bien  en  peine,  et  me  délibère 
bien,  estant  du  costé  de  Provence  et  deDaul- 
phine',  d'y  faire  aussy  tout  ce  qu'il  me  sera 
possible  pour  le  bien  de  vostre  service,  estant 
merveilleuzement  esbaliie  de  veoir  tant  de 
perfidyes  et  de  meschancettez  en  ceulx  qui 
ont  tant  d'obligation  au  contraire.  Dieu  les 
pugnira ,  et  vous  fera ,  comme  j'espère ,  la  grâce 
d'en  venir  au  dessus.  Jay  envoyé,  il  y  a  desjà 
quelque  temps,  es  païs  de  Provence  et  Daul- 
phiné,  aiant  par  mesme  moien  escript  pour 
savoir  des  nouvelles  de  tout  ce  qui  se  faicl  eu 
Piedmont  et  des  délibérations  de  ceulx  qui  y 
ont  les  armes  :  j'atends  à  toutes  heures  le  re- 
tour de  celuy  que  je  ly  av  despescbé.  Cepen- 
dant je  feiz  cncores  hier  une  dépesche  au  ma- 
rescbal  de  Dampville,pour  se  haster  de  venir 
et  amener  avec  luy  les  députés  du  Bas-Lan- 
guedoc, afïin  de  conclure  les  Eslatz  dudit 
païs  à  Castelnaudary,  où  je  désire  fort  esire 
lors,  pour  beaucoup  de  considérations  au  bien 
de  vostre  service;  et  cela  fait,  qui  sera  en  deux 
ou  trois  jours,  je  m'achemineray  aux  meil- 
leures journées  que  je  pourray,  selon  les  nou- 
velles que  j'auray  par  celuy  que  j'ay  envoyé, 
èsdict  païs  de  Provence  et  Daulphiné.  Priant 
Dieu,  Mons''  mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Michel  ^  en  Lauraguay,  le 
xxiii'jour  d'apvril  iG^g. 

Monsieur  mon  filz-,  suivant  le  discours  cy- 
dessus  escript,  je  pensois  que  nous  deussions 
mectre  ce  jourd'huy  une  fin  à  noz  affaires; 
mais  mon  filz  le  roy  de  Navari-e  est  venu  ce 
maliu  fort  tard,  au  lieu  qu'il  devoit  estre  icy 
à  sept  ou  huict  heures,  et  n'a  amené  pas  ung 

'  Saint-Micbel-de-Lanès  (Aude),  arr'  de  Castelnau- 
dary, canton  de  Salies-sur-l'Hers. 

-  En  lèle  il  y  a  :  tt  Postcript  de  ladicte  dépesche  du 
xsni'  avril  15797),  fol.  34  v°. 


des  députés,  disant  pour  son  excuse  que  Vi- 
gnolles,  qui  est  le  principal  d'iceulx  députez 
et  qui  a  tousjours  porté,  ces  trois  jours  que 
nous  nous  sommes  assemblez,  la  parolle  pour 
les  autres,  est  mallade  d'une  grosse  fièvre, 
qui  le  print  hier  soir  parlant  d'icy,  mais  que 
les  autres  viendroient  ceste  après-disnée,  et 
son  chancelier  Gratins,  pour  regarder  au  règle- 
ment qu'ilz  dient  qu'il  fault  relformer  d'entre 
les  Parlemens  et  les  Chambres  de  l'édit,  à 
quoy  ils  ont  besongné  cette  après-disnée. 
D'autre  costé,  il  m'a  dit  que  le  viconle  de 
Turenne  luy  a  demandé  ce  matin  congé  pour 
aller  en  quelque  lieu,  sans  que  j'aye  peu  sça- 
voir  oiî,  (combien  (]ue  je  le  luy  aye  demandé). 
Cela  me  travaille  fort  et  me  faict  penser, 
voyant  qu'à  l'exécution  de  vostre  ëdit  de  pa- 
cifBcalion  et  des  articles  de  nostre  conférance 
l'on  ne  les  peult  bien  faire  joindre,  qu'ilz  ne 
veullent  que  gaigner  et  laisser  couller  le 
temps,  et  ne  puis  en  descouvrir  l'occasion, 
dont  je  suis  en  très  grande  peyne.  Voilà  pour- 
quoy,  et  sur  une  plainte  que  me  sont  venus 
faire  icy  aucuns  des  catholiques  de  Saverdun, 
qui  en  l'eurent  chassez  avant-hier,  depuis  que 
je  l'ay  fait  remettre,  et  que  le  s'  de  Miossens 
y  a  achevé  d'y  establir  l'édit,  j'ay  dit  aussy  à 
mon  fils  le  roy  de  Navarre  qu'il  falloit  faire 
faire  prompte  justice  de  ceulx  de  sa  relligion 
qui  avoieut  ces  jours  icy  surprins  le  chasteau 
de  Stafforti  près  Agen,  pour  ce  que,  combien 
qu'ils  l'eussent  rendu  incontinant  et  qu'il  n'y 
ayt  esté  tué  ny  blessé  personne,  que  néant- 
moings  cela  monstroit  leur  mauvaise  volunté, 
et  avoit  cuidé  estre  cause  de  retroubler  tous 
ces  costés  de  delà,  où, grâces  à  Dieu,  l'establis- 
sement  de  la  paix  se  faict  fort  bien.  Je  luy  ay 
pareillement  demandé  pourquoy  il  faisoit 
dilficulté  de  mander  à  ceulx  de  MoutQanquin 

'  Astaffort,  à  19  kil.  au  sud  d'Agen,  sur  le  Gers. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


3^5 


de  laisser  sorlir  deux  pièces  de  vosire  artil- 
lerye,  qui  y  ont  esté  laissées,  il  y  a  (luelque 
tempz,  et  lesquelles,  suivant  vostre  édit  de 
paciflîcation ,  j'avois  ordonné  au  sénéchal 
d'Agenois  et  au  s*^  de  Pujolz,  exécutant  l'édit 
de  paciffîcation  de  ce  costélà,  faire  mener  par 
terre  jusques  à  la  Garonne  et  par  eaue  jusques 
à  vostre  niagazin  de  Bordeaulx;  mais  nous 
sommes  sur  cela  entrez  luy  et  moy,  en  dis- 
putte,  et  ay  prins  l'occasion,  (|ui  me  semble 
fort  à  propos,  de  luy  remonslrer,  comme  j'ay 
faict,  tout  ce  qui  se  peult  pour  son  grand 
bien,  n'oubliant  rien  de  ce  que  j'ay  peu  pen- 
ser pour  l'esmouvoir  et  ranger  à  la  considé- 
ration qui!  devoit  avoir,  et  à  faire,  autrement 
qu'il  ne  fait,  son  devoir  en  toutes  ces  choses 
icy;  mais,  combien  qu'il  monstre  de  prendre 
fort  bien  ce  que  je  ditz,  car  aussy  est-ce  avec 
toute  raison ,  toutesfois  en  efl'ecl  se  laisse  me- 
ner par  ceulx  qui  sont  auprès  de  luy  de  sa 
reiligion  à  leur  vohinté,  et  y  a  beaucoup  de 
peine  à  faire  faire  les  choses  comme  elles 
doibvent.  Il  seroit  bon,  ce  me  semble,  que 
escripvissiez  à  mondict  filz  le  roy  de  Navarre 
qu'il  souffrist  que  l'on  remist  toute  vostre  ar- 
tillerie en  vosire  magazin  de  Hourdeaulx,  aflin 
qu'elle  ne  se  perdist  ou  esgarast  point;  et 
croy  aussy  qu'il  seroit  bon  que,  suivant  ceste 
lettre,  le  grand-maislre  de  vostre  artillerie  ou 
son  lieutenant  général  en  feist  faire  les  dilli- 
gences,  et  feist  présenter  ladite  lettre  à  mon- 
dit  fils  le  roy  de  Navarre. 

Je  vous  envoyé  le  double  d'une  procuration 
que  l'on  poursuit  d'obtenir  de  ceulx  du  clergé 
de  ces  pais  de  delà,  pour  l'assemblée  qu'avez 
accordé  estre  faicte  à  Paris  desditz  du  clergé; 
vous  verrez  par  ladicle  procuration  ce  qu'ils 
veullent  faire,  ce  qui  mérite  bien  de  prandre 
conseil  de  ceulx  que  saurez  bien  choisir  en 
vosire  Conseil. 


1579.  —  a3  avril 

Orig.  Bibl.  liai.,  Fonds  français,  n°  3345,  f"  ■jX. 
A  MO!V  COUSIN 

LE   S'  DE  DAMPVILLE. 

Mon  cousin,  je  viens  présentement  de  re- 
cevoir vostre  lettre  par  le  greffier  des  Estatz 
de  Languedoc  présent  porteur,  que  j'ay  advisé 
vous  renvoyer  aussitost  pour  vous  dire  que, 
suivant  ce  que  je  vous  escripviz  hier  par 
l'adresse  du  scindicq  général,  je  désire  que  les 
Estatz  dudit  pais  de  Languedoc  se  tiennent  le 
plus  près  que  sera  possible  de  ce  lieu  de 
S'-Michel,  estant  d'advis  et  vous  priant  que  ce 
soit  à  Castelnaudari,  où  j'ay  faict  faire  les  logis 
de  vous  et  de  tous  ceulx  qui  s'y  devront  trouver, 
estant  nécessaire  que,  lundi  prochain  pour  le 
plus  tard  ou  dès  dimanche,  s'il  est  possible, 
la  propozition  desdils  Estais  se  face.  Car  j'es- 
père que  j'auray  dedans  samedi  parachevé  icy 
ce  que  nous  y  aurons  à  faire ,  et  veulx  partir 
et  m'acheminer  le  plus  tost  que  je  pourray, 
après  que  aurons  fait  aprouver  la  paix  par 
lesdils  Estatz;  et  prandré  mon  chemyn  par 
le  Languedoc  et  Provence  en  Dauphiné,  et 
droict  retourner  trouver  le  Roy  monsieur  mon 
filz,  ainsi  que  j'espère  vous  dire,  qui  sera 
cause  que  je  n'estendray  ceste-cy  d'avantaige 
que  pour  prier  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincte  garde. 

Escriptà  S'-Michel-en-Lauraguais ,  le  xxiii' 
d'avril  1579,  au  soir. 

Vosire  bonne  cousine, 

Caterine. 


ClTIIEIlINK    DE    MÉDICIS. 


ht, 


3&6 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1570.  —  a6  a\Tii. 
Minule.  Bibl.  nat. ,  Fontls  français,  n"  i556i,  f*  «a. 

A  MONSIEUR  DE  STROSSI^ 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du 
xix""  de  ce  moys,  el  m'asseure, suivant  ce  que 
m'escripvez ,  que  vous  ne  fauldrez  poinct  de 
faire  bien  vostre  debvoir  el  que  bien  verres  à 
tout  ce  qui  se  pre'sente  pour  le  service  du  Roy 
monsieur  monfiiz,  et  selon  que  mon  cousin  ie 
maréchal  de  Cossé  advisera  et  ferra  debvoir 
d'estre  faict,  et  vous  prie  d'entretenir  lous- 
jours  les  capitaines  et  soldatz  qui  sont  soubz 
vostre  charge  en  leur  reconfortant,  etde'mons- 
trer  et  conter  ce  que  on  faict  icy;  et  vous  as- 
seure  que  nous  faisons  tout  ce  qu'il  nous  est 
possible  pour  recouvrei'  ce  qu'il  leur  est  deub 
pour  leur  payement  de  deulx  moys,  en  atten- 
dant que  l'on  puisse  mieulx  faire  pour  eulx, 
qui  est  tout  ce  que  je  vous  escripray  pour  le 
présent,  sinon  pour  prier  le  Créateur  qu'il 
vous  ait  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à le  xxvi'  jour  d'apvril 

1679. 


1579.  —  a6  avril. 
Copie.  Bibl.  nal,,  Foods  français,  n"  3819,  f°  35  r"  ^. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  nous  avons  tant  faict, 
après  avoir  encores  eu  beaucoup  de  contesta- 
tions en  ce  lieu,  qu'à  la  fin  nous  sommes  de- 
meurez rJsoluz,  mon  fiiz  le  roy  de  Navarre  et 
moy  et  les  députés  de  ceulx  de  la  Relligiou 
prétendue  réforméedu  Languedocq  pour  la 
Chambre  de  la  justice,  que  j'ay  gaigné  .sur  eulx 

'  Pliilippe  Strozzi,  colonel  général  de  l'inlanlerie. 
-  Eu  tèle  :  (rEnvoyëe  au  Roy  par  ^lullet,  cbevaulcheur 
ordinaire  de  son  escurie.n 


qui  sera  composée  d'ung  président  de  la  coarl 
de  parlement  de  Thoulouse;  et  nous  sommes 
d'accord  que  ce  sera  le  président  Saint-Jehan, 
qui  est  très  homme  de  bien  et  bon  catholicque, 
et  cinq  conseillers  de  ladicte  court  de  parlement 
de  Thoulouse,  que  j'ay  choisiz  au  tableau 
d'icelle  court,  les  plus  eatholicques  et  les  plus 
gens  de  bien  que  j'ay  peu,  lesquelz,  à  ce  que 
m'a  ce  matin  dict  mon  fils  le  roi  de  Navarre,  il 
estime  que  les  députtés  auront  agréable ,  comme 
aussy  les  trois  du  Grand  Conseil  qui  avoient 
desjà  esté  choisys  par  vous;  je  vous  envoyé  les 
noms  d'iceulx  conseillers,  avec  le  résultat  de 
ce  que  je  respondys  hier  aux  articles  desdits 
députez,  outre  le  contenu  desquelz  Berauld, 
ministre,  qui  est  l'ung  d'iceulx  députez,  m'a 
faict  une  requeste  verbale',  qu'il  raeyt  peine  de 
me  dire  avec  le  plus  d'artifice  qu'il  peull,  pour 
me  persuader  de  faire  envers  vous  que  ceux 
de  la  Relligion  ne  seroient  aucunement  recher- 
chés d'avoir  presché  et  faict  faire  exercice  de 
leur  relligion  eu  secret,  pourveu  que  ce  feust 
sans  scandalle,  es  lieux  où  il  ne  leur  estoit  per- 
mis; sur  quoy  je  le  rembarray  de  telle  sorte 
qu'il  perdyt  le  cours  de  sa  harangue,  et  luy  feis 
bien  congnoistre,  et  à  tous  les  aullres  députtés 
qui  l'assistoient,  que  s'il  leur  advenoit  d'ex- 
cédder  vostre  édit  de  pacifEcalion,  que  la  jus- 
tice en  seroit  si  exemplairement  faicte  que  les 
aultres  n'auroient  euvye  d'y  retourner,  pariant 
qu'ils  se  contentassent  de  ce  que  leur  a\iez 
accordé,  pour  le  désir  qu'avez  de  veoir  vostre 
royaume  en  repos.  Il  se  passa  sur  cela  plu- 
sieurs propos,  où  chacun  de  ceulx  de  vostre 
Conseil  qui  sont  icy  meyt  aussy  peine  de  m'as- 
sister  pour  les  rembarrer,  de  sorte  qu'ils  n'en 
emportent  autre  chose  qu'un  pur  refuz  et  très 

'  Michel  Béraud ,  pasteur  de  Béziers ,  député  du  Haut- 
Languedoc  à  ^"érac,  eut  à  Saint-Michel  une  entrevue 
particulière  avec  la  reine,  racontée  dans  les  Mémoires  de 
Gâches,  p.  a6i. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  347 


expresse  deffense  de  tomber  en  ceste  faulte, 
s'ilz  n'en  vnnlloiont,  et  roulx  qui  la  fcroienl, 
le  chastinicnt  :  louttefois  le  minislic  Berauld 
me  réplicqua  encores  par  forme  de  protesta- 
lions  que,  selon  sa  proffession  et  ce  qu'il  trou- 
voit  en  la  paroi  le  de  Dieu,  il  ne  pouvoit  re- 
fuser de  l'annonrer  en  quelque  lieu  qu'il  se 
trouvast;  sur  quoy  je  luy  respondys  encores 
qu'ils  n'avoient  que  trop  de  lieux  pour  faire 
l'exercice  de  leur  relligion ,  et  qu'il  se  gardast 
bien  de  tomber  en  faulte  et  en  si  grande  de's- 
obéissance,  et  qu'il  se  pourroit  asseurer,  s'il 
le  faisoit  ou  autres  de  sa  profession,  (ju'ilz  en 
seroient  bien  chastiez  comme  ilz  mériteroient. 
Ceste  après-disnée  nous  devons  vuider  le  dif- 
fe'rend  d'entre  les  s"  de  Mirepoix  et  de  Seri- 
gnac  de  Terride\  pour  raison  de  la  terre  dudit 
Terride,  car  qui  laisseroit  cela  sans  y  pourveoir 
et  le  juger,  il  est  sans  double  que  leurdit  dif- 
férend entretiendroit  tousjours  la  guerre  de 
deçà.  Nous  résouldrons  demain,  ainsy  que 
mon  fils  le  roy  de  Xavarre  m'a  promis  ce  ma- 
tin, ceulx  que  nous  de'puterons  pour  aller 
exécuter  du  tout  l'édit  et  les  articles  de  nostre 
conférance  en  Languedocq,  et  leur  feray  faire 
leurs  instructions,  affin  qu'ilz  partent  inconti- 
nent. 

Cependant  le  mareschal  deDampville,  que 
j'attends  cejourd'huy  icy,  fera  demain  la  pro- 
position aux  Estats  de  Languedocq,  que  je 
faiz  tenir  à  Castelnaudarry,  oij  je  retourneray 
raardy,  et  après  avoir  faict  une  finaile  re'solu- 
tion  et  faict  mettre  par  mémoire  et  bonnes  et 
amples  instructions  tout  ce  qui  reste,  il  faudra 
faire,  tant  pour  la  Guyenne  que  pour  le  Lan- 
guedocq, affin  d'v  contenir  toutes  choses  en 
paix  et  repos  et  que  vostre  service  y  soit  en- 
tièrement bien  fait,  espérant  avoir  satisfait  à 
tout  cela  en  deux  ou  trois  jours,  et  vous  faire 

'  Voir  plus  loin  la  lellre  du  3  mai  i  ôyg  à  M.  de 
Montbrun. 


une  bien  ample  despescbe,  en  laquelle  je  vous 
rendoray  compte  de  tout,  par  le  jeune  Laubes- 
pine  que  je  vous  renverray-  Partant  dudit 
Casteinaudary,  je  m'acbemineray  passant  à 
Narbonne  et  au  reste  du  Languedocq,  ('vitant 
les  lieux  oià  est  la  peste,  et  iray  en  Provence 
et  Daulphiné,  pour  y  faire  aussy  sans  y  tarder 
(que  le  moings  que  je  pourray)  tout  ce  qu'il 
me  sera  possible  pour  le  bien  de  vostre  ser- 
vice. Je  ne  sçay  encores  au  vray  si  mon  fils  le 
roy  de  Navarre  viendra  avec  moy,  car  il  semble 
qu'il  ayt  quelque  regret  de  me  laisser  et  ma 
fille  la  royne  de  Navarre  aussy,  touttel'ois  leur 
aiant  résolu  que  je  ne  voullois  en  quelque  façon 
que  ce  feust  repasser  par  la  Guyenne ,  pour  ce 
que  voz  affaires  et  service  m'appelloient  fort 
du  coslé  de  Provence  et  de  Daulpliini!,  ilz 
m'ont  dit  qu'ilz  pourroient  bien  aller  ca  Béarn 
pour  regarder  à  leurs  affaires,  et  aussy  que 
madicte  fille  désire  aller  aux  bains,  mais  que 
vers  la  fin  de  ceste  année,  mon  fils  le  roy  de 
Navarre,  à  ce  qu'il  m'a  dit,  pourroit  bien  nous 
venir  veoir  du  costé  de  France,  et  qu' aussy 
y  a-t-il  affaire  pour  ses  biens  et  terres.  Il  dé- 
sire, ce  me  semble,  bien  fort  l'establissement 
de  la  paix,  et  m'a  promis  de  se  bien  et  du 
tout  réconcillier  avec  le  mareschal  de  Biron, 
ce  (jue  j'espère  moyenner  et  bien  asseurer 
entre  eux,  avant  que  les  laisser,  afin  que  vostre 
service  en  soit  mieulx  faict,  comme  sansdoubte 
il  sera  quand  ilz  seront  bien  ensemble,  ce  que 
ledit  s'  roy  de  Navarre  m'a  luv-mesine  dit  ce 
matin,  et  qu'estant  cela,  et  le  Conseil  qu'avez 
ordonné  et  establi  près  de  luy  pourveoiant 
comme  il  fera  tousjours,  à  tout,  il  se  falloit 
asseurer  que  toutes  choses  demeureioient  en 
bonne  paix,  et  vos  afl'aires  en  seroient  mieux 
faictes  par  deçà,  ce  qu'aussy  certainement  je 
croy. 

J'espère  dépescher  demain  et  renvoyer  le 
s'  de  Vétizon  à  vostre  frère,   et  par  ledict 

44. 


us 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Laubespine  vous  envoiray  le  double  de  la  res- 
ponse  que  luy  feray.  Cependant,  Monsieur  mon 
fils,  je  vous  diiay  que  je  crains  bien  que  la 
duchesse  de  Bionchuicq  face  quelque  chose 
mal  à  propos  en  Espaigne,  et  qui  nuize  à 
vostre  frère,  pour  le  faict  du  mariaige  d'Angle- 
terre; car,  comme  j'ay  veu  par  la  dépesche 
que  le  s''  de  Saint-Gouard  vous  a  faicte  le  pre- 
mier de  ce  mois,  dont  ledit  Saiut-Gouard  ma 
envoyé  le  double  que  je  receuz  hier  soir  seul- 
lement,  il  y  a  des  mene'es  qui  se  lont  et  de 
rartilEcc ,  dont  Ton  use  envers  ladite  duchesse 
et  elle  envers  vostre  ambassadeur,  qui  sera 
peult-estre  cause  de  semer  ung  bruict,  qui 
pourroit  bien  traverser  ledit  mariaige  d'An- 
gleterre, estant  bien  aizé  à  veoir  que  le  tout 
se  faict,  non  seuilement  pour  le  rompre,  mais 
aussv  pour  exclure  vostre  frère  de  toute  autre 
espe'rance.  Voilà  pourquoy,  s'il  est  vray,  comme 
m'a  asseuré  ledit  Ve'tizon,  que  ladicte  dame 
royne  d'Angleterre  soit  d'accord  des  articles 
et  qu'elle  ayt  promis  de  faire  couronner  roy 
vostredit  frère,  il  fault  qu'il  se  liaste  d'y  aller 
et  d'effectuer  ledit  mariaige;  car  en  telles 
choses,  comme  je  vous  ay  escript  par  ma  der- 
nière de'pesche,  le  temporiser  n'y  vault  rien. 
Priant  Dieu,  monsieur  mon  fils,  vous  avoir 
0!i  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint  Michel  de  Lannès,  en  Lau- 
raguays,  le  xxvC  d'avril  iSyg- 

Monsieur  mon  fils  ^  depuis  ceste  lettre  es- 
oripte,  j'ay  regardé  le  chemin  que  j'espère 
tenir  et  considéré  le  temps  qu'il  me  fauldra 
pour  aller  jusques  en  Avignon;  selon  le  compte 
que  je  faiz ,  j'espère  y  estre  de  demain  en  quinze 
jours.  S'il  vous  plaist  que  le  grand  Prieur  de- 
meure en  ce  pays  là,  il  seroit  besoing  qu'il 
vous  pleust  m'envoyer  les  expéditions  et  pou- 

'  En  ItHe  il  y  a  :  trPostcript  de  iadlcte  despesclie  du 
xwi'  avril  1579J1,  (fol.  36  r°). 


voir  qui  luv  seroient  nécessaires,  affin  que  je 
le  feisse  installer,  comme  l'on  m'asseure  qu'il 
sera  aizé,  m'aiant  le  s' de  Garces  mandé,  sans 
savoir  rien  de  cecy  (car  aussy  n'en  ay-je  parlé 
à  personne),  que  chacun  m'obéira  et  qu'ils  fe- 
ront tout  ce  que  je  vouldray,  dont  pourtant 
ne  vous  assuré-je  pas,  et  ne  veux  croire  toutes 
les  paroles  que  quand  j'en  verray  les  effects, 
et  feray  en  cela  et  en  voz  aulres  affaires  de  ce 
pais  là  ce  que  je  pourray,  suivant  ce  que  m'es- 
criprez  :  ce  que  je  vous  prye  faire  le  plus  dil- 
ligemment  que  vous  pourrez,  et  s'il  est  pos- 
sible qu'à  mon  arrivée  audit  Avignon,  j'aye 
response  de  ce  que  dessus,  car  j'espèrerois,  en 
quinze  jours  après  ^,  estre  de  retour  auprès  de 
vous,  dont  j'ay  extresme  désir. 


1579.  —  af)  avril. 

Copie.  Bibi.  nat. ,  Fouds  fi-anrais,  n"  .33if),  f*  36  v**  ^. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  j'ay  eu  beaucoup  de 
traverses  et  d'enuyz  (comme  vous  avez  veu 
par  mes  dépesches),  avant  que  de  pouvoir 
parvenir  à  ce  que  je  désirois  pour  le  bien 
de  voz  affayres  et  service  et  du  repos  de  ce 
Royaulnie.  Mais  enfin.  Dieu  m'a  faict  la  grâce 
que  les  choses  sont  à  présent  réduictes  à  tel 
poinci,  que  j'espère  avec  l'ayde  de  Dieu  que 
nous  joyrons  de  la  paix,  ayant,  durant  huict 
jours  que  nous  avons  séjourné  à  Sainct-Mi- 
chel,  parachevé  tout  ce  qui  estoit  nécessaire 

'  La  Reine  mère  se  faisait  beaucoup  d'illusion  en  espé- 
rant être  de  retour  à  Paris  r.u  bout  de  quinze  jours  : 
la  Provence  et  le  Daupbiné  devaient  encore  la  retenir 
sept  longs  mois  absente  de  la  Cour. 

-  En  tête  il  y  a  :  «Envoyée  au  Roy  par  monsieur  de 
Laubespine  le  jeune.  ti 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


349 


pour  l'exécution  tant  de  vostre  édil  de  pacif- 
fication  que  des  articles  de  la  conférance,  et 
fait,  mon  filz  le  roy  de  Navarre  et  nioy,  la  dé- 
putacion  de  ceulx  qui  feront  ladicte  exécution 
en  ce  pais  de  Languedocq ,  selon  la  liste  que 
vous  verrez  des  personnes  qui  y  sont  com- 
misses de  part  et  d'aullre,  ausquelz  nous 
avons  baillé  de  très  amples  commissions  et 
instructions  pour  y  procedder,  comme  ilz  vont 
tous  fayre  du  costé  du  Hault-Languedocq, 
principallement  où  est  le  plus  grand  mal. 
(^ar  au  Bas-Languedocq,  grâces  à  Dieu, 
toutes  choses  y  sont  paisibles, ainsy  que  mon 
cousin  ie  maresclial  de  Dampville  m"a  as- 
seuré  et  qu'aussy  ceulx  qui  en  viennent  m'ont 
raporté;  et  du  costé  de  la  Guyenne,  Vérac,  que 
j'avois  despescbé,  comme  je  vous  ay  cy-devanl 
escript,  pour  reveoir  s'il  demouroit  rien  à 
exécuter  ou  s'il  seroit  survenu  quelque  chose 
(le  nouveau  depuis  que  les  commissaires  y 
ont  passé,  m'a  rapoité  que  toutes  choses  y 
sont  assez  bien,  n'y  aiant  (|ue  le  iaict  de 
Fronssac,  où  ce  mauvais  garson  de  Labatut 
demeure  opiniastre  et  n'en  veult  sortir,  disant 
que  la  dame  de  Caumont  l'y  a  mis;  mais  es- 
tant seulement,  à  ce  que  j'entendz,  une  cou- 
verture qu'il  veult  cliercher.  J'espère  que  les 
sieurs  de  Lanssac  et  de  La  Salle  Raphaël,  dé- 
putez pour  l'exécution  dudici  édit  en  Bour- 
dellois,  y  allans  y  pourront  pourveoir,  ainsy 
que  j'ay  escript  audict  sieur  de  Lanssac  bien 
expressément,  comme  quand  je  passey  près 
dudict  Fronssac,  il  m'asseura  que  ledict  La- 
batut estoit  tant  fideile  et  afieclionné  à  vostre 
service  qu'il  n'y  feroit  aucune  faulte;  et  es- 
time que  cela  qui  est  bien  véritable  luy  iéra 
chercher  les  moiens  de  tirer  ledict  Labatut 
hors  dudict  Fronssac,  et  leur  fayre  mectre,» 
suivant  les  instructions  qui  lui  ont  esté  en- 
voyées, et  audict  sieur  de  La  Salle  Raphaël, 
tout  entre  les  maius  du  sieur  de  La  Vauguion, 


tuteur  des  enffans  de  ladicte  dame  de  Cau- 
mont'. Quand  à  ce  qui  est  advenu  à  Langon, 
je  ne  say  pas  encorcs  au  vray  comme  il  est 
advenu,  sinon  que  le  courier  Ambrelin  y  pas- 
sant, et  qui  arriva  avant  hier  à  Sainct-Michel 
avec  la  despesche  que  m'avez  faicte  par  luy 
du  xvii""  de  ce  présent  mois,  nous  a  dit  qu'il 
n'y  a  voit  eu  personne  de  tué,  si  ce  n'estoit 
ung  ou  deux  pour  le  plus  :  à  ce  que  j'entendz, 
il  y  a  plus  de  querelle  particullière  que  du 
général.  Car  l'entreprinse  a  esté  faicte,  à  ce 
que  l'on  dit,  par  ung  nommé  Largemarye, 
lieutenant  du  feu  La  Salle  du  Cyron,  et  ne  s'y 
sont  les  catholiques,  comme  j'estime,  entre- 
mis que  pour  prendre  revanche  de  Staffbrt 
près  Agen,  dont  ceulx  de  la  relligion  préten- 
due réftbrmée  s'estoient  saisyz  depuis  que  le 
seneschal  d'Agénois  et  le  sieur  de  Pujolz  y 
avoient  passé  et  exécuté  vostredict  édict  de 
paciftication.  Ledict  Stalfort  a  esté  incontinent 
remis,  ainsy  (jue  m'a  raporté  ledict  Vérac,  sui- 
vant vostredict  édit,  et  dès  hier  matin  mondicl 

'  La  dame  de  Caumont  élait  Margiierilc  do  Luslrac, 
veuve ,  depuis  la  bataille  de  Dreux ,  du  maréchal  de  Saint- 
André.  N'ayant  pu  é]iousor  ie  prince  dcCondé,  elle  s'é- 
lait  remariéi'  lardivcniont  avec  Geoffroy  de  Caumont, 
qui  mourut  en  i^>'/h,  lui  laissant  une  tille  unique, 
Anne,  devenue  eu  iot)5  la  touuiie  du  comte  do  Saint- 
Paul,  de  la  maison  de  Longueville.  Elle  possédait  en 
Guyenne  de  nombreux  domaines,  et  entre  autres  le 
cliàteau  de  Fronsac.  Le  tuteur  de  sa  fille  était  Jean  des 
Cars,  sieur  de  la  Vauguion  cousin  germain  de  Geoffroy 
de  Caumont,  qui  convoita  longtemps  sa  pupille  pour  son 
fils  Claude,  prince  de  Carency;  et  riiérilii're  était  non 
moins  vivement  poursuivie  par  le  vicomte  de  Turenue 
et  le  fils  du  maréchal  de  Biron,  Charles  de  Gontaut.  On 
voit  combien  d'intrigues  se  nouaient  autour  de  la  ma- 
réchale de  Saint-André,  (pu  les  recherchait  d'ailleurs, 
oscillant  sans  cesse  entre  les  catholiques  et  les  protestants. 
Elle  habitait  alors  avec  sa  fille  au  château  de  Castelnau- 
sur-tiuépie,  près  Marmande.  Elle  écrivait  souvent  à 
Calherine  de  Médicis,  dont  elle  était  contemporaine,  et 
qui  lui  rendit  plus  d'un  service  dans  ses  nombreux 
procès  et  ses  étranges  aventures. 


350 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


filz  le  roy  de  Navarre  et  moy  envoyasmes 
en  diUigence  aiidict  Langon,  assavoir,  de 
vostre  part,  La  Mothe-Godin,  et  de  celle  de 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  Ranconnet, 
avec  commission  et  instruction  très  expresse 
et  lectres  adressantes  au  sieur  de  Sainct- 
Oreins  et  à  tous  ceulx  que  nous  avons  pensé  y 
pouvoir  servir,  pour  y  aller  incontinent  pour- 
veoir;  et  ay  pareillement  escript  à  ceulx  delà 
Chambre  d'Agen,  pour  fayre  fayre  la  justice 
de  ceulx  qui  ontdélinqué,  tant  audict  Staffort 
que  audict  Langon,  de  sorte  que  j'espère  que 
les  attentatz  qui  ont  esté  faictz  en  l'ung  et 
en  l'aultre  lieu  seront  incontinent  réparez, 
et  veoy,  ce  me  semble,  ung  chascun  tout 
dispozé  à  l'exécution  et  establissement  de  la 
paix.  Mais  ce  n'a  pas  esté  sans  très  grande 
peine,  premier  que  de  fayre  venir  et  ranger 
quelques  ungs  à  ce  bien  là,  lequel,  j'espère 
aussy,  avec  l'aydede  Dieu,  s'establira  du  tout. 
Car  hier,  après  disner,  voyant  que  nous  es- 
tions sur  nostre  partement  et  près  de  nous  sé- 
parer, pour  venir  de  deçà ,  et  mondict  filz  le 
roy  de  Navarre  et  ma  fille,  sa  femme,  pour 
retourner  du  costé  de  la  Guyenne,  je  les  pris 
tous  deux  à  part,  et  mon  cousin  le  mareschai 
de  Biron  aussy,  et  après  avoir  longuement 
parlé  et  remonstré  à  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre  tout  ce  qui  me  sembla  à  propos, 
comme  s'il  estoit  mon  propre  filz,  oiije  n'ou- 
bliayrien,  ce  me  semble,  tant  pour  les  choses 
passées  que  pour  luy  faire  congnoistre  le  tort 
qu'il  se  faisoit  à  luy  mesmes  de  croire  mau- 
vais conseil,  et  la  façon  dont  il  se  debvoit  gou- 
verner, et  ne  doubte  poinct  que  Dieu,  m'assis- 
tant  en  ce  bon  œuvre  et  remonstrance,  ne  luy 
ait  tousché  le  cœur,  pour  doresnavant  se  com- 
porter aultrement  qu'il  n'a  faict.  I!  m'a,  pré- 
sente ma  fille,  sa  femme,  et  mondict  cousin 
le  mareschai  de  Biron,  et  Pinart,  Ibrt  humble- 
ment remercyée  et  promis  de  se  comporter 


doresnavant  si  bien  que  nous  aurons  occasion 
de  contentement;  et  oultre  cela,  de  fort  bonne 
façon  promit  aussy  très  franchement  toute 
bonne  amityé  audict  mareschai  de  Biron  ;  car 
en  luy  faisant  madicte  remonstrance,  jen'ou- 
bliay  pas  de  parler  fort  expressément  de  leur 
réconciliation  et  de  ia  bonne  intelligence  qui 
debvoit  estre  entre  eulx  deux  pour  le  bien  de 
vostre  service.  A  quoy  néantmoings  avons 
desjà,  il  y  a  quelques  jours,  donné  très  bon 
commancement,  de  sorte  que  je  vous  puis 
dire.  Monsieur  mon  filz,  que  grâces  à  Dieu 
nous  nous  sommes  séparez  avec  si  bonne  ré- 
solution que  j'espère  que  voz  affayres  et  ser- 
vice, et  surtout  la  paix  et  repos  sera  doresna- 
vant maintenue,  et  toutes  aultres  choses  soubz 
vostre  obéissance,  en  tous  ces  païs  de  deçà, 
n'en  aianl  poinct,  depuis  que  j'y  suis,  eu  tant 
d'espérance  et  d'asseurance  que  j'ay  mainte- 
nant, dont  aussy  je  loue  Dieu  grandement  et 
ne  plains  plus  mes  peines;  ne  voulant  pareil- 
lement oublier  de  vous  dire  que,  sur  la  fin 
de  l'acte  dessusdict,  pour  ce  que  en  ma  dicte 
remonstrance  et  ces  jours  icy  j'avois  aussy 
parlé  de  l'establissement  du  Conseil  auprès 
de  mondict  fils  et  de  madicte  fille,  le  roy  et 
royne  de  Navan-e,  j'ay  faict  lire  la  lectre 
mesme  que  sur  ce  m'escripvez,  ensemble  la 
lectre  patente  et  Testât  des  personnes  que  y 
avez  ordonnez,  ce  qu'ils  ont  trouvé  si  bon, 
(comme  aussy  est-il  fort  à  propos  et  fort 
bien  considéré)  que  j'espère  que  cela  faci- 
litera et  affermira  encores  beaucoup  ledict 
bien  de  la  paix  et  de  tous  voz  aultres  affayres. 
Ainsy  mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et 
madicte  fille,  sa  femme,  s'en  allèrent  cous- 
cher  à  Mazères,  et  moy  en  ce  lieu,  oii  ma- 
•  dicte  fille  me  viendra  trouver  demain,  et  sera 
icy  avec  moy  vendredy  tout  le  long  du  jour, 
pour  me  dire  du  tout  adieu,  espérant  partir 
samedy,  pour  m'acheminer  et  estre  en  quatre 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


3.-)! 


joui"S  après  à  Narbonne.  Cependant  je  ne  per- 
deray  aulciine  occasion  pour  vostre  service 
en  la  tenue  des  Estatz  de  ce  pais  de  Lan- 
guedoc, que  je  faitz  tenir  icy  et  dont  la  pro- 
position fut  i'aicle  lundy  dernier  par  mondict 
cousin  lemareschalde  D'Ampviile,  quifaict,  et 
le  sieur  de  Joyeuse  pareillement,  tout  ce  qui 
se  peult  désirer  et  attendre  de  bons  et  affec- 
tionnez ministres  et  serviteurs ,  non  seuliement 
pour  l'establissement  de  ladicte  paix,  mais 
aussv  pour  tous  voz  aultres  affuyres  et  service , 
de  sorte  que  j'espère  vous  remporter  du  toul 
ung  très  grand  contentement.  Je  m'achemine- 
ray  dilligerament,  comme  je  vous  escripviz 
avant  hier,  en  Prouveuce,  où  je  feray,  comme 
je  vous  escripviz  de  ma  main ,  tout  ce  qu'il  me 
sera  possible  pour  y  pacifficr  les  choses,  et 
aussy  en  Daulphiné,  d'où  celluy  que  j'y  avois 
envoyé  retourna  hier,  qui  m'a  diet  que  ledict 
sieur  de  Saincte-Marye  vous  est  ailé  reporter 
comme  toutes  choses  y  sont  et  les  lieux  qui 
en  sont  voisins,  de  sorte  que,  pour  m'en  re- 
mettre à  ce  qu'il  vous  en  dira,  je  ne  m'esten- 
tenderay  sur  cela  davanlaige  et  me  remettray 
de  plusieurs  particullarilez  au  jeusne  L'Au- 
bespine,  présent  porteur,  qui  vous  dira  comme 
nous  avons  esté  contrainctz,  pour  contenter 
non  seuliement  la  court  de  Parlement,  mais 
aussy  ceulx  de  la  Relligion  prétendue  réfor- 
mée, de  refayre,  par  l'advis  de  ceulx  de  vostre 
Conseil  qui  sont  icy,  le  règlement  d'entre  la- 
dicte court  de  Parlement  et  ladicte  Chambre 
de  la  justice  en  Languedocq.  Il  vous  plaira  le 
fayre  \eoir  et,  si  l'avez  agréable  et  trouvez 
bon ,  l'aprouver  et  fayre  despescher  les  lectres 
patentes  d'atache  sur  icelluy  et  l'envoyer  à 
vostredicte  court  de  Parlement  et  à  ladicte 
Chambre.  Ce  pendant  je  vous  diray  aussi, 
Monsieur  mon  filz,  que  j'ay  pareillement  ad- 
visé,  selon  l'opinion  de  ceulx  qui  sont  icy, 
et  toutesfoys  soubz  vostre   volunté,  que  les 


président  ol  liuict  conseillers  de  ladicte  relli- 
gion dicelle  Chambre  de  Languedocq  seront 
examinez  par  la  Chambre  de  iadicle  justice 
à  Agen  et  receuz  après  au  service  et  installez 
par  les  aultres  présidens  et  conseillers  qui 
sont  ordonnez  jiour  ladicte  Chambre,  Icsquelz 
ne  sont  pas  en  nombre  suilisant  pour  favre .  .  . 

';  et  puis  considère  qu'il/,   n'eussent 

peu  aller  en  vostre  Conseil,  comme  il  est 
porté  par  vostre  édit,  sans  grande  longeur  de 
temps.  J'ay  esté  conseillée  d'eu  fayre  ainsy; 
et  pour  ce  il  vous  plaira  doncques  d'envoyer 
voz  lectres  patentes  sur  ce  requises,  avec  les 
quatre  lectres  en  blanc,  pour  pourveoir  quatre 
personnes  desdictz  offices  de  conseillers  de 
ladicte  Relligion  prétendue  réfformée;  car, 
comme  je  vous  escripviz  avant-hier,  il  leur  a 
esté  promis  que  je  les  ferois  bailler  toutes 
remplyes,  comme  je  feray  à  mon  filz  le  roy 
de  Navarre.  11  fault  aussy  envoyer  (mcores 
une  commission  en  blanc  pour  ung  des  con- 
seillers du  Parlement  de  Thoulouze,  qui  yra 
en  icelle  Chambre;  car  vous  ne  m'en  avez 
envoyé  que  quatre  :  et  j'ay  tant  fait  qu'il  y  en 
aura  cinq  et  un  président  catholique.  J'es- 
père, avant  que  je  parte  de  ceste  ville,  que 
tout  ce  qui  est  à  exécuter  pour  i'édict  et  ar- 
ticles de  la  conférance  sera  faict  icy  autour. 
Cola  donnera  beaucoup  de  couraige  à  ceulx 
qui  y  sont  assemblez  pour  les  Estatz  de  vous 
accorder  les  levées  de  deniers  que  leur  de- 
mandez. Hz  se  sont  desjà  laissé  entendre 
qu'ils  consentiront  lever  l'ordinaire ,  comme  ilz 
feircnt  l'année  passée;  mais  les  cinq  solz 
pour  livre  sont  encores  en  difficulté.  Croiez, 
Alonsieur  mon  filz,  que  je  feray  icy  et  en 
Prouveuce,  aussy  en  Daulphiné',  tout  ce 
qu'il  me  sera  possible  pour  l'advanccnient 
de  voz  aflayres.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 

'   Ce  blanc  est  dans  le  manuscrit. 


352 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

en    sa    saincte    et    digne 


filz,    vous    avoyr 
garde. 

Escripl  à  Castelnaudary,  Je  pénultième  jour 
d'avril  1679,  au  soir. 


1579.  —  3o  avril. 

Orig.  Collection  Baguenault  de  Ptichessc. 

A  MONSIEUR  DUSSAC, 

CHEVALIER   DB  L'ORDRE   DD  BOT   UONSIBl'B   UON   nLS 
ET   CODVERNBDR   DE    LA   REOLLE. 

Mons''  d'Ussac,  je  suis  bien  fort  niarrye  de 
ce  qui  est  advenu  à  Langon,  et  croyez,  comme 
aussy  vous  prié-je,  d'asseurer  à  tous  ceulx  de 
vostre  religion  que  la  justice  exemplaire  en 
sera  l'aicte  sur  ceulx  qui  y  ont  déliuqué,  ainsy 
qu'il  est  très  requis  et  nécessaire;  car  outre 
que  le  Roy  monsieur  mon  fds  y  est  offensé, 
y  ayant  esté  publiée  la  paix  et  les  articles  de 
nostre  conférance  et  le  tout  exécuté  par  le 
s"'  de  S'-Oreins  et  son  commissaire  à  ce  dé- 
putez, c'est  cliose  qu'il  ne  fault  pas  souffrir. 
Aussy  m'asseuré-je  que  les  officiers  du  Roy, 
mondit  S''  et  filz,  en  auront  facilement  faicl 
informer,  et  que  ceulx  de  la  Chambre  d'Agen, 
suivant  ce  que  je  leur  ai  escript  par  le  s'  de 
la  Mothe-Godin^  en  feront  faire  le  chastiment 
tel  qu'au  cas  appartiendra.  Et  affin  que  ce 
puisse  estre  bien  tost ,  j'en  ay  escript  au  s'  de 
S'-Oreins,  sénéchal,  et  à  vous  aussy,  et  aux  s" 
qui  en  sont  voisins,  pour  tenir  la  main  à  jus- 
tice, comme  je  vous  le  prie  de  rechef.  Et 
quant  à  ce  qu'escripvez  à  mon  cousin  le  m°' 
de  Biron  de  vostre  particulier,  vous  y  aurez 
esté  satisffaict  par  ce  que  je  vous  aycesjours- 
cy  escript,  et  mesme  encore  bien  par  ledict 
la  Mothe-Godin,  qui  sera  cause  que  je  n'es- 

'  C'est  saD9  doute  La  Mothe-Gondrin ,  fils  du  gouver- 
neur du  Daupliiné  tué  à  Valence  par  les  protestants  en 
1663. 


lendray  ceste-cy  davantaige,  si  n'est  pour  vous 
prier  tenir  tousjours  toutes  choses  au  plus 
grand  repos  qu'il  vous  sera  possible.  Je  prie 
Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à   Castelnaudary,  le  dernier  jour 


1679. 


d'avril 

PiNART. 


Caterine. 


1579.  —  3 


Hevuc  de  Gascogne,  t.  II,  p.  i8s. 

V  MONSIEUR  DE  MONTBRUN. 

Monsieur  de  Montbrun,  vous  verrez  par 
l'arrest  que  j'ai  donné,  par  l'advis  des  princes 
et  s"  du  conseil  privé  du  Roi  monsieur  mon 
fils,  qui  sont  icy  auprès  de  raoy,  et  parla  com- 
mission que  je  vous  envoyé,  comme  j'ay  mis 
le  chasteau  de  Terride  ez  mains  du  roi  mon  S' 
et  fils,  et  de  moi,  jusques  à  ce  que  le  procès 
entre  les  sieurs  de  Mirepoix  et  de  Serignac' 
soit  vuydé;  et  comme  aussy  ils  m'ont  promis 
de  leur  honneur,  et  l'ung  et  l'autre,  de  n'at- 
tenter ni  de  faire  attenter  sur  ledit  chasteau 
ni  au  préjudice  de  mondit  arrest;  par  quoy  je 
NOUS  prie  de  continuer  encore  la  garde  dudit 
chasteau  suivant  la  commission  que  je  vous 
envoyé;  et  pour  donner  moyen  de  le  garder, 
j'ai  advisé,  par  l'advis  desdits  princes  et  s" 
dessusdits,  de  vous  ordonner  cent  cinquante 
livres  par  mois,  qui  est  cent  livres  pour  les  dix 
soldais  à  raison  de  x  livres,  et  cinquante  livres 
pour  celui  qui  les  commandera,  que  le  rece- 
veur général  de  Bourdeaulx  fournira  des  de- 
niers du  Roi  nostre  S'  et  fils,  comme  vous  ver- 
rez par  l'ordonnance  que  je  vous  envoyé  :  par 
ainsy  vous  serez  constitué  en  aucuns  frays  et 
vous  ferez  un  vrai  service  bien  agréable  au  Roy 

'  Peyre  de  Terride  est  plus  souvent  désigné  dans  les 
mémoires  du  temps  sous  le  nom  de  Serignac. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


353 


mon  S'  et  fils  et  à  moy,  qui  vous  en  sauray 
;;rë,  comme  aussi  fais-je.  Quant  aux  arrérages 
qui  sont  dubs  pour  la  garde  dudil  chasteau, 
j'ai  donné  charge  à  mon  cousiu  le  maresclial 
de  Biron  de  voir  qui  est  tenu  de  les  paver  et 
ordonner  de  les  y  faire  contraindre. 

Escript  à  Casteinaudary,  ce  m"  de  ce  mois 
de  mai  1579. 

Signé  :  Caterine. 

Et  plus  bas  :  Pinart. 


1579.  —  3  mai. 
Copie.  Bibl.  Dat. .  Fonds  français ,  u^'dSig,  f'SSr"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mou  Clz,  vous  aurez  vou  par  la 
première  dépesche  que  \ous  ay  faicfe  par  le 
jeune  de  L'Aubespine  comme,  grâces  à  Dieu, 
tous  voz  alTaires  estoient  i'ort  bien  ordonnez 
et  ung  chascun  très  disposé  à  la  continuation 
et  entretenement  du  bien  de  la  paix  et  exé- 
cution de  vostre  dernier  édit  de  paciflication 
et  des  articles  de  nostre  conlérance,  et  aussy  à 
Tobéissance  qui  vous  est  deue;  et  sans  ce  qui 
est  advenu  à  Langou  ,  croyez,  Monsieur  mon 
filz,  que  tout  cstoit  au  miouix  que  l'on  cust 
peu  désirer  et  l'eussent  toutes  choses  réussies 
à  la  perfection  du  bien  que  nons  en  désirons. 
Mais  ce  qui  est  advenu  audict.Langon,  dont 
ledict  de  L'Aubespine,  qui  y  est  allé  passer, 
vous  aura  rej)orlé  les  particullarilez,  que  ne 
savons  encores  ici  au  vray,  attendant  le  retour 
de  troys  courriers  que  dépescbay  incoulinanl 
pour  savoir  que  c'est,  a  desjà  bien  commencé 
à  nous  troubler  et  traverser  l'œuvre  que 
j'avois  avec  tant  de  labeur  conduicl  au  poinct 

'  En  télé  il  y  a  :  <t  Envoyée  au  Roy  par  M'  Aiuadon, 
trésorier  de  la  coinpnignic  (Pliommes  d'armes  de  Mon- 
sieur le  marescbal  de  Retz,  n 

r.ATHEf.INC    DE    MtDlCIS.   VI. 


de  la  perfection  que  eussions  peu  désirer, 
comme  aurez  veu  par  niadicte  première  des- 
pescbe  que  vous  a  portée  ledict  de  TAubes- 
pine;  et  pour  remédier  à  ce  mal,  combien  que 
mon  filz  le  roy  de  Navarre  eust  prins  congé 
de  moi  dès  le  jour  que  je  partiz  de  Sainct- 
Michel,  comme  le  portoit  madicte  despesche, 
toutesfois  nous  nous  rassemblasmes  hier  en 
une  maison  qui  est  à  une  deniye  lieue  d'icy, 
où  nous  demourasmes  toute  l'après-disnée. 
Je  leur  feiz  premièrement  entendre,  et  ilz  en 
ont  assez  de  tesmoignage  d'asseurance  et  de 
congnoissance,  (jue  ledict  faict  de  Langon, 
combien  que  ne  seussions  pas  encores  la  vé- 
rité de  ce  qui  s'y  est  passé,  s'estoit  faict  contre 
vostre  intention  et  la  mienne,  et  qu'il  falloit 
en  fayre  l'ayre  justice  exemplaire,  et  cepen- 
dant ne  différer  continuer  à  l'entretenement 
et  exécution  du  bien  de  la  paix,  non  seuile- 
ment  en  Guyenne,  mais  aussy  en  ce  gouver- 
nement de  Languedocq  et  en  tous  les  aultres 
lieux  de  deçà.  Mais  mondict  filz  le  roy  de 
Navarre  et  ceulx  de  sa  relligion  (jui  sont  au- 
près de  luy  se  monstrent  tellement  altérez  de 
cecy,  qu'ilz  estoient  comme  résoluz  de  sur- 
ceoir  toutes  choses  jusques  ad  ce  que  la  jus- 
lice  feust  faicte  de  ce  qui  est  advenu  audicl 
Langon;  mais  après  plusieurs  grandes  con- 
testations et  renionstrances  que  je  leur  feiz 
diverses  foyz,  leur  représentant  bien  expres- 
sément le  regrect  que  j'avois  que  cecy  feust 
advenu,  et  comme  dez  l'heure  que  nous  en 
eusmes  nouvelles,  estant  audict  Sai net-Michel, 
nous  y  envoiasnies  enseniblemenl  La  Mothe- 
(iodin  et.Ranconnet,  avec  commission  très  ex- 
presse et  lectres  qu'escripvismes  pour  en 
favre  fayre  promplonient  la  justice,  ainsy  que 
j'ay  encores  depuis  escript  bien  cxpi'essément 
(comme  je  leur  manday  et  feiz  veoir  avant 
hier)  au  sieur  de  Saincl-Oreins  qui  y  a  exécuté 
l'édit,  qui  en  est  sénescbal,  et  qui  aussy  s'est 


niprttucRii:    siiiosAiE. 


354 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


chargé  du  chasteau  dudict  Langon  et  m'en 
doibt  respoudre,  et  qu'ilz  s'asseurassent  sur 
moy  que  la  justice  en  seroit  faicte  et  que  desjà 
ceulx  de  vostre  court  de  Parleineut  de  Bour- 
deauix,  comme  je  luy  avois  ce  matin  envoyé 
monstrer  par  le  s'  de  Piebrac,  avoient  fort 
bien  commancé  pour  la  fayre  fayre,  ce  qu'ilz 
se  pouvoient  attendre  et  s'asseuror  que  je  fe- 
roys  poursuivre  sans  connivence  auicune  et  y 
aplicquer  les  remèdes  nécessaires ,  confor- 
mément à  ce  qui  est  porté  par  les  xxiiu"  et 
xxv"*  articles  résoluz  en  nostredicte  confé- 
rance  à  Nérac ;  et  davantaige  que  jestois 
résolue  et  délibérée  d'y  envoyer  le  mareschal 
de  Biron,  avec  des  forces  et  de  Tartillerye  qui 
seroient  bien  tost  là,  s'il  en  estoit  besoing, 
y  ayant  icy  six  cens  bons  soldats  qui  avoient 
servy  à  Beaucaire,  et  que  l'arlilierye  et  les 
pouldres  se  prendroient  à  Tboulouze,  oii 
aussy  elle  seroit  incontinent  préparée,  de  sorte 
qu'en  deux  jours,  menant  le  fout  par  la  rivière 
de  Garonne,  ilz  seroient  devant  ledict  Lan- 
gon; mais  que  je  désirois  que  le  sieur  de 
Guitry  y  allast  avec  ledict  mareschal  de  Biron 
et  y  menast  de  leurs  gens  de  guerre,  si  l'on 
voioit  qu'il  en  feust  besoing,  et  que  nous  esti- 
mons, quand  ceulx  qui  se  sont  saisy  dudict 
Langon  sauroient  tous  ces  préparatifs  ne 
tiendroient  pas,  ny  ne  se  feroient  si  fortz ,  qu'il 
n'y  eust  moyen  de  les  avoir  bien  tost  et  en 
fayre  fayre  prompte,  sévère  et  exemplaire 
justice,  et  qu'il  n'y  avoit  personne  qui  y  feust 
plus  intéressé  que  vous  :  mais,  pour  tout  ce 
que  je  leur  pouvois  dire,  ilz  ne  se  pouvoient 
rasseurer  et  ne  se  pouvoient  aukuneinent 
condesendre  que  ceulx  qu'avions  députez  con- 
linuassent  de  procéder  à  l'exécution  des  com- 
missions et  instructions  qu'avons  baillées  eu 
Guyenne  et  en  ce  gouvernement  de  Langue- 
docq.  Je  n'ay  pas  aussy  failly  de  leur  reinon- 
strer  à  propos  comme  il  estoil  requis  pour  le 


bien  d'eux  mesmes  que,  passant  par  la  Prou- 
vence  etDaulphiné,  je  m'en  retournasse  vous 
trouver  et  que,  pour  les  contenter,  j'avois  assez 
longuement  demeuré  par  deçà.  Ils  se  retirèrent 
sur  cela  à  part,  pour  adviser  entre  eulx  ce 
qu'ilz  me  debvroient  respoudre,  qui  feut  que, 
pour  le  regard  de  Langon,  ilz  estoient  bien 
contens  que  les  commissaires  proceddassentà 
l'exécution  de  leurs  commissions  et  instruc- 
tions ,  mais  que ,  pour  la  Guyenne ,  oiî  estoit  ad- 
venu ce  désordre,  qu'ilz  ne  pouvoient  consentir 
que  l'on  passast  oultre.  Sur  quoy  je  leur  re- 
plicquay  tout  ce  qui  me  feust  possible,  et  par 
prières  et  admonestemens,  et  feiz  en  sorte  tou- 
tesfois  avec  beaucoup  de  difficulté  que  je  gai- 
gnay  sur  eulx  qu'ilz  ne  différeroient  de  fayre 
rendre  Martiac  et  pareillement  Uzerche;  et 
oultre  cela,  disputasmes  longuement  pour  le 
faict  de  Mussidan,  appartenant  à  Madame  de 
Gramont,  que  mondict  filz  le  roy  de  Navarre 
consentit  à  la  fin  qu'il  seroyt  aussy  rendu  et 
se  despartit  de  l'opiniastreté  où  je  l'avois  tous- 
jours  veu  auparavant,  qu'il  ne  se  rendroit 
poinct  que  l'on  ne  luy  rendist  aussy  sou 
chasteau  de  Montaignac;  et  sur  l'heure  feiz 
fayre  les  despesches  pour  ledict  Martiac,  oîi 
le  s"'  de  Cornay  s'en  est  retourné  trouver  le 
sieur  de  jFontenille  qui  est  dedans,  affin  de 
le  fayre  parachever  de  le  remettre  du  tout 
selon  vostredit  édit,  de  sorte.  Monsieur  mon 
filz,  que  j'espère  surmonter  encores  ceste  tra- 
verse, et  que  Dieu  nous  fera  la  grâce  que  le 
chastiment  en  sera  faict  et  que  cella  pourra 
estre  cause,  voyant  la  justice  très  exemplaire 
qu'il  en  fault  fayre,  que  de  part  et  d'aultre 
l'on  craindra  doresnavant  de  retomber  en  telle 
faulte. 

Ce  pendant.  Monsieur  mon  filz,  les  lectres 
que  m'a  rendues  l'abbé  d'Elbène ,  qu'escripvez 
à  la  noblesse,  sont  venues  fort  à  propos  pour 
manifester    vostre    intention;    aussy  suivant 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


355 


icelles  j'ay  escript  à  voz  com-tz  de  Parleraens 
de  Thoiilnuze  et  de  Roiudeaulx  et  gens  en 
icelles,  pour  les  fayre  imprimer  et  envoyer 
par  leurs  adresses  aux  séneschaulx  de  leurs 
ressortz,  ausquelz  néantmoings  jenelaisseray 
pas  d'escripre  parlieuUièrement,  aflîn  que  ung 
chascun  soit  capable  de  vostre  voiunté  et  que 
l'on  s'y  conforme,  comme  j'espère  que  se  fera, 
principallement  quand  l'on  verra  ledict  ma- 
resclial  de  Biron  en  bonne  intelligence,  pour 
le  bien  de  vostre  service,  auprès  de  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre,  et  le  Conseil  qu'y  avez 
ordonne  bien  estably.  J'ai  mandé  ceulx  qui 
en  sont  pour  ce  quartier,  espërant  qu'ilz  seront 
bien  lost  icy,  si  ce  n'est  le  sieur  de  La  Vau- 
guyon,  qui  est  ung  peu  plus  loing;  mais  je 
luy  ay  escript  une  si  bonne  lectre,  et  de  main 
au  pied  d'icelle  de  telle  affection,  que  j'estime 
qu'il  satisfera  à  vostre  commandement  et  au 
mien.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Caslelnaudary,  le  m"  jour  de  mai 
1579. 


1579.  —  1)  et  8  mai. 
Copie.  Bibl.nat.,  Fonds  frantais ,  n°33i9,  fSgv"'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  ce  n'est  pas  de  celte 
heure  que  les  ungs  et  les  aultres  ont  usé  d'ar- 
tifices les  plus  couvertz  qu'ils  ont  peu  pour  me 
faire  retarder  et  demeurer  en  Guyenne,  aiant 
faict  naistre  diverses  occasions  qui  ont  tous- 
jours  prolongé,  à  mon  très  grand  regret,  l'ac- 
célération de  voz  affaires  et  service;  et  il  y  a 
grande  apparence  que  ce  qui  est  advenu  de 
nouveau  à  Langon  soit  encores  une  partye 
dressée  pour  reculler  l'exécution  et  establisse- 

•  En  lête  :  tt Envoyée  au  Roy  par  Dalfort,  courrier.» 


ment  de  vostre  édit  de  paciffication  et  des  ar- 
ticles de  nostre  conféranre.  Toutefois,  comme 
je  vous  ay  escript  par  ma  dernière  dépesche, 
combien  que  mon  fils  le  roy  de  Navarre  feust 
résolu,  et  ceulx  de  sa  relligion  qui  sont  auprès 
de  luy,  de  faire  arrester  les  commissaires  dé- 
putés   pour  ladicle    exécution,   néantmoings 
samedy  dernier,  cjue  nous  nous  assemblasmes 
en  la  maison  de  la  Plancbe  qui  est  icy  près, 
nous  résolusmes  après  beaucoup  de  disputes 
que  le  maréchal  de  Biron  iroit  pour  faire  faire 
justiceet  réparer  l'attentat  qui  a  esté  fait  audit 
Langon,  et  que  cependant  vostredit  édit  et  ar- 
ticles   de    cette    conférance    s'exécuteroit   en 
Languedocq,  et  que  ce  qui  restoit  à  faire  en 
Guienne,  pour  cela,  ne  seroit  retardé;  car  ilz 
me  promirent  de  faire  remectre  Martiac,  et  que 
pour  cet  effect  ils  feroienl  partir  le  lendemain, 
qui  estoit  dimanche,  le  s'  de  Cornay,  qui  yroit 
trouver  le  s'  de  Fontenilles,  lequel  l'y  atten- 
doit;  mais  pourtant  ledict  de  Cornay  ne  partit 
(ju'hier  matin,  à  ce  que  mondict  fils  le  roy 
de  Navarre  me  dist  après  disner  audit  lieu  de 
la  Planche,  où,  voyant  que  j'estois  encore  ar- 
restée  en  ceste  ville  pour  deux  ou  trois  jours, 
attendant  que  la  résolution  des  Eslats  de  ce 
païs  de  Languedoc  soit  faicte,  j'allay  encores 
et  ceulx  de  vostre  Conseil  avec  moy  :  moudit 
fils  le  roy  de  Navarre  et  les  siens  s'y  trouvè- 
rent aussy,  et  feusmes  à  recommancer  et  lon- 
guement à  disputlcr  pour  les  formes  que  le 
maréchal  de  Biron  feroit  tenir,  aflfin  de  faire 
faire  justice   et   réparation   de   l'attentat   de 
Langon  :  touttes  fois  enfin  nous  en  prismes 
résolution  telle   que  verrez  par  le  double  du 
résultat  qui  en  fut  faict  avec  culx,  cl  pour  con- 
tenter mondit  fils  le  roy  de  Navarre  et  ceulx 
de  sa  relligion,  d'aultant  qu'ils  esloienl  re- 
tumbés  en  oppinion  de  faire  différer  par  leurs 
commissaires  ladicte  exécution  et  establisse- 
ment  de  la  paix  en  Guienne  jusques  à  ce  que 

i3. 


356 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


l'attentat  de  Langon  feust  répare',  je  leur  ac- 
corday  d'aller  demain  couscher  à  une  petite 

viliette  qui  est  à .  .  '. d'icy ,  oii  mon 

fils  le  roy  de  Navarre  se  doibt  trouver.  Cepen- 
dant j'ay  faict  faire  toutes  les  de'pesciies  au 
maréchal  de  Biron,  et  les  feray  partir  inconti- 
nent, suivant  ia  résolution  qui  en  a  esté  prise 
avec  mondit  fils  le  roy  de  Navarre,  affin  de 
pourveoir  par  accord  ou  par  force  audict 
Langon.  lequel  j'espère,  suivant  les  lettres  du 
sieur  de  Duras  enclozes  en  ce  pacquel,  que 
nous  raurons  bientost,  et  vous  prometz  que 
je  feray  desmanteller  et  raser  tout  ce  qui  y 
sera  de  forteresses,  comme  jay  dict  à  mon  fils 
le  roy  de  Navarre,  qui  ne  sait  rien  de  la  pra- 
ticque  desdictes  lettres,  lesquelles  je  receuz 
estant  avec  eulx.  Et  à  l'instant,  me  retirant 
pour  aller  à  mes  affaires,  je  feiz  ung  mot  de 
ma  main  audit  sieur  de  Duras  par  lequel  j'ac- 
cordois  de  vous  requérir  du  pardon;  mais  ma 
lettre  est  conceue  de  telle  sorte  que,  sortant 
ceukqui  sont  dans  Langon  comme  par  crainte, 
et  estant  par  ce  moïen  la  place  es  mains  du 
sénéchal  S'-Oreins  que  j'y  ay  envoyé,  comme 
vous  ay  cscript,  je  ne  pourray  estre  recherchée 
par  eulx  que  du  pardon  nécessaire  au  filz  de 
La  Salle  du  Cyron,  jeune  enfant  de  l'aage  de 
dix  ou  douze  ans,  qui  a  pris,  avec  la  juste  dou- 
leur qu'il  avoit  de  la  mort  de  son  père,  ia 
vengence  sur  ceulx  qui  l'avoient  tué.  Et  si  cela 
se  conduict  ainsy,  le  voyaige  du  maréchal  de 
Biron  sera  bien  racoursy,  car  aussy  ay-je  sceu 
que  Labatut,  qui  tenolt  par  force  le  chasteau 
de  Fronssac,  a  esté  tué,  ne  saichant  point  en- 
core au  vray  comment  ça  esté,  et  espère  que 
ceulx  qui  estoient  avec  luy  ne  tiendront  plus 
fort  dedans  ledicl  Fronssac,  lequel  je  suis 
aussy  d'avis  qu'il  soit  desmantellé,  ce  que  la 
dame  de  Caumont  accorde,  de  sorte  qu'il  n'y 
aura  plus  rien  qui  accroche  la  paix;  car  comme 
je  vous  ay  escript,  ce  que  m'asseurèrent  en- 


cores  hier  mon  fils  le  roy  de  Navarre  et  le 
viconte  de  Turenne,  ils  ont  escript  de  telle 
sorte  pour  Uzerche ,  qu'il  sera  remis  inconti- 
nent, si  desjà  il  ne  l'est,  et  Mussidan  aussy.  tel- 
lement que  tout  sera  bien  accommodé  en  la 
Guienne.  Et  pour  le  Languedoeq,  les  commis- 
saires vont  exécuter,  espérant  avec  l'ayde  de 
Dieu ,  que  nonobstant  toutes  ces  traverses ,  nous 
ne  laisserons  de  joyr  de  la  paix;  et  fais  bien 
mon  compte,  estant  demain  avec  mon  fils  le 
rov  de  Navarre,  de  luy  dire  et  à  ma  fille,  sa 
femme,  que  vos  affaires  et  service  m'appellent 
ailleurs  et  que  je  me  délibère  de  m'en  aller, 
laissant  toutes  choses,  grâces  à  Dieu,  en  bon 
estât  en  Guienne  et  en  Languedoeq,  et  les 
chargeray  bien  tous  et  admonesterav  de  les 
contineuer  au  bon  ordre  et  chemin  oiî  je  les 
leur  laisse.  Le  maréchal  de  Dampville  est 
fort  bien  dispozé,  comme  m'a  semblé,  à  bien 
faire,  qui  me  donne  très  grande  espérance 
que  toutes  choses  yront  en  son  gouvernement 
de  bien  en  mieulx. 

Je  faiz  mon  compte  de  me  rendre  en  Pro- 
vence le  plus  tost  que  je  pourray.  Cependant 
sur  les  despesches  que  j'ay  receues  du  cardinal 
d'Armaignac,  par  celluy  que  j'avois  envoyé  en 
Dauphiné,  et  sur  aultres  despesches  que  j'ay 
receues  depuis  trois  jours  de  la  court  de  Par- 
lement d'Aix  et  du  colonel  Alfonce,  je  y  des- 
pescbe  présentement  Verac  pour  préparer, 
comme  il  est  porté  vers  la  fin  de  la  lettre 
dudit  cardinal,  toutes  choses  à  la  paix,  affin 
que  j'y  séjourne  moins;  je  vous  envoie  aucuns 
mémoires  des  expéditions  qui  sont  encores 
nécessaires  pour  le  faict  de  la  Chambre  du 
Languedoeq,  lesquelz  il  vous  plaira  comman- 
der estre  faites,  et  me  faire  envoyer,  affin  que 
je  les  puisse  mectre  es  mains  du  maréchal  de 
Damville  ou  du  s' de  Joyeuse,  pour  parachever 
du  tout  l'estahlissement  d'icelle  Chambre,  de 
laquelle  j'espère  que  les  Estatz  de  Langue- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


357 


docq'  accorderont,  ouitro  Toctroy,  i'entreteue- 
ment,  qui  viendra  par  chacun  an  à  environ  six 
mil  escus,  selon  Testât  que  je  vous  en  envoyé, 
dont  j'ay  faict  autant  bailler  à  ceulx  desdits 
Estais,  leur  faisant  faire  la  proposition  de  la 
levée  dudil  enirelenement;  et  affîn  de  vous 
descliarger  de  dépense ,  j"ay  licencié  le  prési- 
dent Baillet  et  trois  des  conseillers  du  grand 
Conseil,  aiant  ordonné  au  recepveur  général 
de  Toulouse  leur  bailler  pour  leur  retour, 
assavoir  audit  président  Baillet,  deux  cens 
escus,  et  à  cbacun  desdits  conseillers,  cent, 
comme  je  vous  ay  escript  par  eulx;  mais  je  ne 
sav  s'il  V  satisfera.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Castelnaudary,  le  vi'jour  de  niay 
1679. 

Monsieur  mon  filz  2,  voyant  que  nous  estions, 
mon  filz  le  Roy  de  Navarre  et  moy,  résolus  et 
d'accord  de  toutes  choses,  les  expéditions 
faictes  et  envoyées,  et  les  commissaires  pour  le 
Languèdocq  partiz  pour  achever  ce  qui  reste  à 
faire  de  l'exécution  de  voslre  édit  de  pacification 
et  articles  de  noslre  conférancc ,  et  aussy  que  le 
maréchal  de  Biron  avoit  pareillement  toutes 
les  despesches  et  expéditions  qui  estoient  néces- 
saires pour  forcer,  s'il  en  estoit  besoing,  tant 
Langon  que  Fronssac,  et  pareillement  pour 
faire  faire  justice  des  attentats  et  rébellions  qui 
V  ont  esté  faictes,  voyant  aussy  que  vos  autres 

'  Les  États  s'étaient  réunis  le  37  avril  à  Castelnau- 
dary dans  l'auditoire  du  siège  présidiai  :  Alexandre  de 
Bardis ,  cvéque  de  Saint-Papoul,  les  présidait.  Ils  avaient 
tenu  dès  le  premier  jour  à  complimenter  la  reine  mère, 
qui  se  mil  aussitôt  en  rapport  avec  eux,  et  leur  envoya 
le  maréchal  de  Damville  et  M.  de  Foix.  Le  4  mai,  elle 
leur  adressa  une  lettre  du  roi,  datée  d'OUainville  du 
au  avril,  réclamant  le  vole  des  impôts  ordinaires.  —  V.  à 
VAppendice  un  extrait  des  procès-verbaux  des  États  du 
Languedoc  en  i57ç)  et  la  lettre  de  Henri  111. 

-  En  léte  :  s  Postscript  de  ladicte  dépescbe,  C  A 1  r°.j! 


aflaires  et  service,  tous  pressés  et  importans, 
m'a]qiellent  du  cosié  de  la  Provence,  comme  il 
est  contenu  par  la  lettre  du  cardinal  d'Armai- 
gnac,  je  me  résoluz  mercredy  au  soir,  à  l'heure 
de  mon  couscher,  d'envoyer  dire  à  ma  tille  la 
royne  de  Navarre,  et  d'escripre  à  son  mary, 
comme  je  fiz  à  l'instant,  que  pour  les  raisons 
dessus  dictes,  je  me  délibérois,  au  lieu  d'aller 
à  la  petite  ville  cy  dessus  déclarée,  comme 
avions  advisé,  de  prendre  mon  chemin  à  l'ab- 
baye de  la  Prouille,  où,  .s'il  vouUoit,  il  nous 
verroit  encores  pour  nous  dire  derechef  adieu, 
combien  qu'eussions  prins  congé  l'un  de  l'autre 
desjà  par  deux  fois.  Ma  fille  saiclianl  ces  nou- 
velles, que  je  luy  envoyay  dire  par  le  s''  de  Pie- 
brac,  estant  au  lict  qu'elle  gardoit  ce  jour  là, 
monsira  d'en  estre  fort  fasehée,  el  me  veiut 
hier  trouver  en  ma  chambre,  sur  l'heure  de 
mon   parlement,    aiant    extresme    regret   de 
nostre  séparation  :  sur  quoy  je  n'oubliay  pas 
de  luy  faire  la  remonstrance  que  luy  devois 
faire  sur  ceste  occasion,  et  nous  séparasmes 
ainsy  ;  elle  déliberoit  d'aller  trouver  mon  fils  le 
roy  de  Navarre,  son  mary,  à  Mazères',  et  moy 
d'aller  disner  à  ladicte  abbaye,  où  j'entendiz 
par  ceulx  de  mes  gens,  qui  estoient  demeurés 
derrière,  que  ma  fille  s'est  infiniment  attristée^, 
s'estans  enfermée  toute  seule  en  une  chambre 
oii  elle  a  Ibrt  pleuré  et  regretté  mon  parle- 
ment. Bientost  après  que  j'eus  le  jour  d'hier 
disné,  des  Chapelles  qui  est  à  moy,  que  j'avois 

'  Non  loin  de  Castelnaudary,  dans  la  commune  de 
Saint-Pons. 

-  Dans  une  lettre  intime  écrite  à  la  duchesse  d'Uzès, 
Catherine  s'étendra  plus  longuement  sur  le  chagrin  que 
la  séparation  causa  à  sa  fille.  Marguerite  de  Valois  dit 
simplement  dans  ses  Mémoires  :  trNous  denieurasmes  en 
cette  heureuse  condition  lunt  que  la  Hoyne  ma  mère 
fust  en  Gascongne,  laquelle,  après  avoir  eslahly  la  paix, 
passant  en  Languedoc,  nous  la  conduLslsmes  jusque  à 
Castelnaudary,  où  prenants  congé  d'elle,  nous  nous  en 
revinsmes  à  Pau  en  Béarn.n 


358 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


envoyé  vers  mon  fils  le  roy  de  Navarre  luy 
porter  les  nouvelles  de  ma  délibe'ration  dessus 
dicte,  arriva,  et  puis  Frontenac  qui  m'apporta 
des  lettres  de  mon  fils  le  roy  de  Navarre,  que 
je  vous  envoyé,  par  lesquelles  vous  verrez  qu'il 
avoit  aussy  extresme  regret  de  mon  partement  : 
sur  quoy  je  feiz  incontinent  dez  le  jour  d'hier 
une  bien  ample  dépesche,  non  seuUement  à 
mon  fils  le  roy  de  Navarre,  mais  aussy  à  ma 
fille,  et  pareillement  au  maréchal  de  Biron  et 
au  s' de  Piebrac ,  contenant  toutes  les  aparentes 
et  grandes  raisons  que  je  leur  eusse  sur  ce 
peu  dire  de  bouche ,  leur  ayant  aussy  envoyé 
les  lettres  nécessaires  pour  haster  ceulx  qui 
doivent  servir  au  Conseil  près  d'eux;  de  sorte 
que  je  m'asseure  que  tout  y  sera  aussi  bien 
que  sy  j'y  demeurois  encores  trois  mois.  Mon- 
sieur mon  fils,  pour  le  dernier  de  ceste  dé- 
pesche  je  vous  diray  les  meilleures  nouvelles 
qui  se  peuvent  désirer  et  dont  je  loue  Dieu  dé- 
votement et  do  tout  mon  cœur,  c'est  que  mon 
fils  le  roy  de  Navarre  est  venu  au  matin  me 

trouver  à  Faj ',  m'aiant  parlé  à  cœur 

ouvert  et  avec  toute  sincérité,  ou  je  suis  la  plus 
trompée  femme  du  monde,  car  je  ne  l'avois 
point  encores  veu  de  cette  façon  ne  en  apro- 
cher.  Il  m'a  commencé  à  dire  à  son  arrivée 
qu'il  n'eust  poinct  eu  de  bien  si  je  feusse  partie 
sans  qu'il  m'eust  encore  veue,  et  de  faict  il 
est  veneu  toute  ceste  nuict  de  six  grandes 
lieues  de  Gascongne,  qui  en  vallent  bien  dix 
ou  douze  de  France  :  il  print  ceste  résolution 
de  partir  de  Mazères,  après  que  ma  fille  la 
royne  de  Navarre  et  le  maréchal  de  Biron  y 
feurent  hier  soir  arrivés;  et  par  là  se  doibt 
juger  que  ma  dicte  fille,  qui  se  comporte  fort 
bien  pour  le  gouverner  (comme  elle  doibt),  a 
faict  tout  ce  bon  office,  comme  aussy  elle  me 

'  La  lin  du  mot  manque.  C'est  sans  doute  Faujeaux, 
entre  Castelnaudary  et  Montréal,  sur  la  route  même 
suivie  par  la  reine  mère. 


l'a  voit  promis  ;  car  mondit  fils  le  roy  de  Na- 
varre m'a  dit  qu'après  qu'il  eust  entendu  mon 
intention  par  elle,  il  dépescha  le  viconte  de 
Turenne,  qui  s'en  va  en  sa  maison,  et  donna 
charge  très  expresse  de  faire  faire  l'establisse- 
ment  de  la  paix  eu  tous  les  lieux  circonvoi- 
sins  de  sa  maison ,  qui  sont  Quercy,  Rouergue, 
Périgord  et  Lymozin;  espérant  que  Dieu  nous 
fera  la  grâce  que  ce  sera  ceste  fois  sans  aucun 
doubte  que  la  paix  s'y  establira  parfaictement, 
puisque  le  viconte  y  va,  m'ayant  aussy  mon 
fils  le  roy  de  Navarre  asseuré  que  ledit  viconte 
le  feroit  ainsy,  et  m'a  pareillement  dit  de  luy- 
mesmes  que  ceulx  qui  avoient  surprins  Langon 
en  sont  sortiz  :  et  comme  nous  sommes  entrés 
sur  cela  en  propos,  je  n'ay  voulu  perdre  l'oc- 
casion de  luy  parler  du  jeune  aage  du  fils  de 
feu  le  capitaine  La  Salle  du  Cyron  :  aiant  à  mon 
advis  comme  consenty  qu'il  falloit  pardonner 
à  ce  jeune  garçon,  bien  désiré-je  que  l'on  face 
pugnir  les  aultres  qui  ont  faict  ceste  contra- 
vention et  attentat  à  la  paix.  Il  a  sceu  aussy  la 
mort  de  Labatut,  qui  tenoit  par  force  Fronssac, 
oii  j'estime  que  les  armes,  et  pareillement  à 
Libourne,  cesseront  parla  mort  dudit  Labatut, 
qui  a  esté  tué,  à  ce  que  l'on  m'a  dit,  par  ceulx 
dudit  Libourne,  en  pensant  les  surprendre. 
Voilà  comme  j'ay,  grâces  à  Dieu ,  faict  à  propos 
la  délibération  de  mon  soudain  partement; 
et  m'estant  mon  fils  le  roy  de  Navarre  venu 
trouver  de  si  bonne  façon,  ainsy  que  j'en  avois 
pryé  ma  fille,  croiez  que  cela  apportera  ung 
grand  bien  et  une  très  grande  asseurance  aux 
ungs  et  aux  aultres,  aussy,  le  m'a-t-il  bien  sceu 
confesser,  il  estoit  fort  travaillé  d'avoir  faict 
ceste  longue  traicte  de  nuict  et  s'en  est  allé 
desjeuner,  pendant  que  je  m'achevois  d'habiller 
et  que  j'ay  oy  la  messe,  à  l'isseue  de  laquelle 
il  est  revenu  me  trouver,  me  conduire  et  ac- 
compaigner  à  pied,  depuis  la  porte  de  l'église 
jusques  hors  la  ville,  oià  il  a  prins  congé  de 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


359 


moy  de  la  plus  honaeste  et  humble  façoa  que 
j'eusse  sceu  désirer,  et  à  mon  advis  avec  sin- 
cérité de  cœur,  m'asseuraut  derechef  que  saus 
doubte  il  fera  estabiir  la  paix,  et  m'a  volunlai- 
rement  donné  ce  que  m'avoil  refuzé,  je  croy 
cent  fois  depuis  que  je  suis  par  deçà,  et  permis 
de  couper  nioy-mesmes  le  toupet  de  grans  clie- 
veuix  qu'il  avoit  autour  de  l'oreille  gauche, 
lequel  j'ay  prinstrès  voluntiers;  et  estime  que 
c'estoit  ung  signal  entre  ceulx  de  la  Relligion 
prétendue  réformée  qui  ne  sera  plus,  puisque 
Dieu  nous  a  donné  la  paix.  Mon  fils  le  roy  de 
Navarre  ne  m'a  pas  celle  qu'il  ne  le  guardast 
pour  quelque  occasion,  et  ce  qui  me  faicl 
penser  que  c'estoit  jusques  à  ce  qu'ils  l'eussent 
résoluz  du  tout  à  ladicte  paix ,  c'est  qu'il  s'est 
retourné  devers  les  siens  et  leur  a  dit  :  crll  les 
fault  tous  coupper  et  oster.  n  Quant  je  l'y  {sic) 
coupay  l'aultre,  qu'il  avoit  au  costé  droit,  qui 
feust  dez  que  j'arrivay  au  commencement  à  la 
Réelle,  il  ne  voulu  (jamais  «pie  je  coupasse  ces- 
tuy-cy.  Je  croy  qu'il  attendoit  jusques  à  ce  que 
tout  feust  résolu  entièrement  au  bien  de  la  paix. 
Je  ne  veulx  oublier  de  vous  dire  aussy  qu'il  m'a 
promis  de  luy-mesmes  que,  sans  aucune  dif- 
ficulté, les  villes  qu'ils  doivent  garder  six  mois 
seront  sans  doubte  rendues,  comme  il  est  porté 
par  les  articles  de  la  conférance.  Je  suis,  après, 
montée  à  cheval  hors  la  porle  de  la  ville  et 
luy  aussy,  et  sommes  venus  jusques  aux  portes 
de  l'abbaye  de  la  Prouille,  où  mon  cousin  le 
cardinal  de  Bourbon  a  couché,  et  là  suis  des- 
cendeue  de  cheval  et  montée  en  mon  charriot  : 
il  a  encores  prins  congé  de  moy  devant  toute 
la  tourbe  de  gens  qui  y  estoit,  persévérant 
toujours  ceste  grande  et  bonne  démonstration , 
et  est  remonté  à  cheval,  m'accompaignant 
tousjours  bien  près  de  trois  lieues  françoises. 
Estant  passez,  pendant  qu'il  estoit  avec  moy, 
par  une  petite  ville  appelée  Montréal,  oi'i  ils 
sont  tous  catholieques,  j'ay  commandé   aux 


consul/.,  qui  sont  venuz  au  devant  de  nous, 
luy  ollVir  les  rlefz,  ce  qu'ils  ont  faicl;  il  a  pris 
cela  en  très  bonne  part.  Je  vous  asscure.  Mon- 
sieur mon  fils,  que  cest  acte  d'aujourd'huy 
servira  plus  que  tout  ce  que  nous  avons  faict 
pour  le  bien  de  la  paix,  non  seuUement  avec 
ceux  delà  Relligion  pr('lendue  réformée,  avec 
lesquels  pour  la  considération  de  mon  fils  le 
roy  de  Navarre,  il  a  fallu  se  conduire  comme 
avec  prières;  mais  es  lieulx  oii  je  vois,  en  Pro- 
vence et  Dauphiné,  je  m'y  comporteray  autre- 
ment et  espère  pareillement  vous  y  faire  un;; 
bon  service;  car  puisque,  grâces  à  Dieu,  la 
paix  y  sera  bien  establye  avec  ceux  de  la  Rel- 
ligion prétendue  léformée  par  deçà,  j'estime 
que  les  autres  se  renderont  plus  traictables, 
vous  priant  néantnioings  de  ne  vous  reposer 
pas  tant  sur  moy,  que  vous  ne  faciez  de  vostre 
costé  tout  ce  que  verrez  et  sçauriez  trop  mieulx 
penser  qu'il  sera  à  propos  pour  le  bien  de 
vostre  service,  pour  la  Provence  etDaulphiné. 
et  m'avertissez,  s'il  vous  plaist,  de  vostre  vo- 
lunté,  pour  la  suivre  avec  toutte  l'alTection  qui 
se  peult  désirer,  tant  pour  vostre  contentement 
que  pour  le  bien  que  je  désire  et  doitz  à  ce 
Royaulme.  Parquoy  je  n'espargneray  jamais 
peyne  et  travail  que  je  puisse  suporter,  jusques 
au  dernier  jour  de  ma  vye. 

De  Carcassonne,  le  vendredy  au  soir  vin" 
may  1579. 

Monsieur  mon  fiiz^  il  courut  hier  ung 
bruict  qui,  je  vous  asseure,  me  teint  en  très 
grande  peine,  car  aussy,  s'il  eust  esté  vray,  il 
eust  aporté  très  grand  préjudice  à  vostre  ser- 
vice :  c'est  que  l'on  disoitquele  s'  de  S'"-Jaille 
s'estait  saisy  de  Nismes,  mais  j'ay  certaine- 
ment sceu,  par  une  lettre  que  le  s'  de  Thoré  a 
luy-mesme  escriptc,  qu'il  n'en  est  rien,   et 

'  Eli  télé  :  c-Aiilr.-  iioslcript  do  ladiclo  déposclien, 
fol.  li-2  \". 


360 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


combien  que  ce  soit  une  des  villes  que  dez  à 
ceste  heure,  suivant  l'édit  de  la  paix  et  articles 
de  nostre  conférance  tenue  à  Nérac,  ils  doi- 
vent rendre,  touttesfois  cela  les  eust  faict  ren- 
trer en  nouveaulx  soubçons  :  et  y  en  a  d'une 
part  et  d'aultre  assez  qui  ne  demanderoient 
pas  mieuix  que  de  voir  renaistre  de  nouveaulx 
accidens  pour  nous  remettre  et  faire  conti- 
neuer  la  guerre;  mais  j'espère  les  en  bien 
garder,  et  avois  pourveu ,  s'il  eust  esté  vray  que 
Nismes  eust  esté  surprins ,  de  faire  réparer  cela 
incontinent,  au  contentement  de  tous  les  gens 
de  bien  d'un  costé  et  d'autre. 


1579.  —  8  mai. 

Aul.  Bibl.  nat. ,  Fonds  frain;ais,  n°  3387.  f"  3a. 

A  MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE  D'USÉS. 

Ma  comère,  je  ne  vous  ay  fet  plus  tost  ré- 
ponse ha  vos  leires,  car  je  vole  atendre  de 
vous  pouvoyr  mender  que  je  m'en  retornes  en 
Frense,  corne  Dieu  mersis  je  foys,  ayent  lésé 
la  Gui«nne  en  repos;  et  anuit  le  roy  de  Na- 
varre, qui  m'est  veneu  aconpagner  jeusques 
ha  eune  lieulx  de  sete  ville,  me  rent  aseurée 
de  l'entretenement  de  la  pays,  que  je  m'en 
promest  tout  cet  que  en  puys  désirer  deu  repos 
de  ses  provinses.  Je  dis  yer  au  matin  adieu  à 
ma  fille,  sa  femme,  laquele  me  fistgrent  pitié; 
mes  quant  je  panses  qui  havoyst  neuf  moys 
et  demi  que  je  n'avoys  veu  le  Roy  mon  fils,  je 
vous  aseure  que  cela  me  aydest  à  me  recon- 
forter de  panser  que  dans  un  moys  je  aurés 
cet  bien;  je  l'ay  lésée  ayxtrémement  bien 
aveques  son  raary  et  en  si  bonne  volonté  de  ne 
avoyr  que  le  servise  du  Roy  son  frère  den  le 
cœur,  et  en  tout  ces  actions  et  affères,  que  je 
m'en  voy  vous  retrover  avesques  grent  conten- 


tement. Et  se  se  ^  n'étoyt  la  peste ,  je  vous 
aporterès  des  novelles  de  vos  teres,  mes  Usès- 
et  tout  à  l'entour  ayst  pestiféré  telement, 
que  les  oyseaulx  en  pasant  y  meurent;  qui  me 
fet  prendre  le  chemin  depuys  Hade^,  entres 
les  aystens''  et  la  mer,  oià  yl  fauldra  que  cou- 
chions deus  nuytz  dens  des  tantes,  et  cam- 
peron  pour  le  servise  de  mon  Roy,  que  jégrant 
envye  de  revoyr  en  bonne  santé.  Ouanl  à  moy, 
je  l'ay  bonne,  sinon  que  le  Port-Saincte-Marye 
m'a  fect  guagner  le  catère  que  me  yrrytes  ^, 
et  asteure  c'et  converti ''  en  nue  siatique,  qui 
ne  me  guarde  pas  d'aler,  mes  non  pas  si  bien 
qu'il  ne  me  falle  avoyr  un  petit  mulet  pour  me 
promener  aultent  que  je  volés;  je  croy  que 
le  Roy  ryra,  mes  qu'il  me  voye  promener 
aveques  lui  corne  le  maréchal  de  Cosé;  mes 
qui  vist  yl  fauit  vyellir,  encore  aystre  bien 
heureulx  de  n'an  n'avoyr  d'aventage  de  santi- 
ment  :  vous  avés  la  chère''  et  moy  le  mulet,  car 
je  ayme  myeulx  aler  louyng.  Mendé  moy  cet 
je  suys  la  bien  reveneue,  et  sovent  de  toute 
novelle,  du  Roy  surtout,  et  de  la  Royne,  et  set 
mon  fils  c'el  governé  sagement.  Cet  tout  cet 
que  je  décire  et  que  je  luy  voy  des  anfans, 
cet  que  je  prie  à  Dieu  et  que  les  voyons  toute 
deus  marier. 

Carcasonne,  cet  viu""  de  may  1579. 

Encore  que  je  n'enn  aye  que  faire  pour 
l'amour  de  vous. 


'  Et  se  se,  et  si  ce  n'était. .  . 

*  Uzès  esl,  comme  on  sait,  dans  le  Languedoc. 

■'  Hade ,  Agde. 

'  Aystens,  étangs. 

=■  Le  catère  que  me  yrrytes,  le  catarrhe  qui  m'irrite. 

^  Asteure  c'et  converti,  à  cette  heure  s'est  converti. 

'  Chère,  chaire,  dans  le  sens  de  chaise  à  porteur. 
Llltré  dit  que  du  lomps  de  Vaugelas  l'identité  des  mots 
clittirc  et  cheire  avec  chaise  était  encore  très  ttprésente». 


LETTRES  DE  GATH 

1579.  —  10  mai. 
Copie.  BiLI.  n;il. ,  Foods  français ,  ii"  SSjg  ,  f*  'i3  r'  '. 

[AL   ROY   MO>'SIELR  MON   FILS.] 

Mousiuur  mon  filz,  je  vous  ay  amplement 
rendu  compte,  par  luiff  courici-  (|iie  je  vous 
dépeschay  hier,  de  tout  ce  qui  s'est  passe'  à  la 
séparation  d'entre  mes  fil/,  et  fille,  le  roy  et 
la  royne  de  Navarre,  et  moy,  mais  aussy  pour 
tous  \oi  aullies  all'ayres  et  service  es  pro- 
vinces de  deçà  jusques  audict  jour  d'hier,  de 
sorte  que  par  ceste-cy  je  vous  diray  seulle- 
ment  qu'à  la  tenue  des  Eslats  de  ce  païs  de 
Languedoc,  l'octroy  acoustumé  et  ce  dont  avez 
requis  ledict  païs  par  voz  lectres  patentes  vous 
est  octroyé,  revenant  à  environ  la  somme  de 
cinq  cens  mil  livres,  comJDris  le  tailion  et  crues  ; 
et  oultre  cela  a  esté  aussy  accordé  la  levée  du 
paiement  et  entretenement  des  prësidens  et 
conseillers  de  la  Chambre  de  la  justice  dudicl 
païs  de  Languedocq,  montant  environ  six  mil 
escuz,  suivant  Testât  que  je  vous  en  ay  envoyé; 
mais  quant  aux  vingt  six  mil  livres ,  dont  j'avois 
faict  aussy  requérir  lesdiclz  Estatz  pour  l'en- 
Iretenement  de  ceulx  qui  demourent  en  unze 
places  délaissées  en  ce  gouvernement  à  ceulx 
(le  la  Relligion  prétendue  relTormée  pour  six 
mois,  il  n'y  a  eu  ordre  de  le  leur  l'ayre  accorder, 
et  l'auldra  le  prendre  sur  vostre  receple  géné- 
ralle.  J'eusse  bien  désiré  que  l'on  eust  prins 
lesdictes  xxvi  mil  livres  sur  les  restes  des 
finances  deues  de  l'année  passée;  mais  je  veoy 
ung  très  mauvais  ordre  en  ces  gouvernemeus 
de  deçà  pour  le  faict  de  vosdictcs  finances,  se 
faisant  de  si  grandes  levées  de  deniers  stir 
vostre  peuple,  à  ce  que  j'entendz,  qu'il  en  est 
fort  grevé,  et   reviennent  lesdictes   levées    à 

'  Eii  lêle  :  «Envoyée  au  roy  par  Oiraid,  qui  est  à 
Monsieur  le  Alareschal  de  Damville.^ 

(>iTUEni>iE   DE  MÉDICIS.   VI. 


ERINE  DE  MEDICIS.  361 

innumérables  sommes.  Je  croy  bien  (|ue  les 
guerres  en  sont  cause,  el  qu'il  y  eu  a  (]ui  ay- 
ment  fort  à  pesclier  en  eau  trouble.  Voyià  [)0ur- 
quoy  il  luull ,  comme  une  des  choses  les  plus 
nécessaires  et  la  meilleure  que  pouriez  fayre 
pour  vostre  service,  ([ue  vous  envoyez  quelque 
homme  de  bien  de  iinancier  jiour  exactement 
regarder  aux  levées  (|ui  se  sont  faictes  les  an- 
nées passées,  où  les  deniers  ont  esté  employez , 
en  descouvTir  les  abus  et  malversations ,  et  tenir 
la  main  que  la  justice  en  puisse  eslre  faicte  et 
(jue  tel/,  maulx  tant  préjudiciables  au  public([ 
et  à  vous  puissent  cesser.  Il  me  semble  que, 
par  le  reiglemeut  que  vous  avez  faict  en  vostre 
Conseil,  il  n'y  a  qu'ung  ou  deux  des  iutendans 
de  voz  finances  qui  servent  au  coup,  et  que 
vosire  intention  est  que  les  mois  qu'ilz  ne  ser- 
vent poiuct  auprès  de  vous,  ilz  doibvent  aller 
es  provinces  de  leurs  dépai'temens ,  pour  fayre 
leurs  visites  etveoir  comme  voz  finances  y  ont 
esté  maniées.  Ce  seroit  très  bien  faict  (|uc 
ceulx  (jui  ont  eu  h;  département  de  Guienne 
et  de  cedict  gouvernement  de  Languedocq  y 
vinssent  incontinent ,  et  qu'aussy  en  envolassiez 
ung  aultre  du  costé  de  Prouvence  et  du  Daul- 
phiné,  où,  à  ce  que  j'entendz,  il  en  est  pareil- 
lement grand  besoing.  Et  croyez.  Monsieur 
mon  filz,  que  s'ilz  en  font  leur  debvoir,  ils 
vous  y  font  ung  merveilleux  proffict  et  à  vostre 
peuple;  et  est  sans  double  que,  sy  voz  affayres 
et  service  esloient  maniez  comme  il  appartient 
])our  le  faict  de  vosdicles  finances  en  icelles 
provinces.,  vous  eu  tireriez  aisément  ung  mer- 
veilleux revenu,  sans  fouller  ny  charger  vostre 
peuple.  A  ce  que  j'entendz,  l'on  a  baillé  la 
ferme  du  sel  de  ce  païs,  ces  jours-icy,  en  vostre 
Conseil  ;  et  ceulx  qui  esloient  assend)lez  pour  la 
tenue  desdictz  Estatz  de  ce  gouvernement 
dient  ([u'ilz  feront  monter  ladicte  ferme  (jua- 
raute  mil  escuz  par  an  davantaige.  C'est  ung 
grand  denier  de  pure  perle  pour  vous.  VoyIà 


iMPitiutniE   s\: 


362 


pourquoy  il  iault  aviser  d'y  remédier.  Ce  pen- 
dant, pour  ce  que  le  sieur  de  Foix  avoit  ung 
pouvoir  que  vous  iuy  aviez  i'aict  bailler  pour 
rexe'culion  de  l'édict  en  ce  gouvernement,  et 
par  mesme  moyen  pour  prendie  garde  au  faict 
de  vos  finances,  je  iuy  ay  commandé  de  re- 
garder ausdites  finances,  et,  par  la  première 
dépesclie  que  vous  feray,  vous  entendrez  l'ordre 
que  nous  verrons  que  s'y  debvra  mettre.  Ce 
porteur  est  celuy  que  j'ai  envoyé  devers  mon 
fdz  le  roy  de  Navarre,  pour  l'advertir  que  le 
bruict  de  la  prise  que  l'on  disoit  de  Nismes 
est  faulx,  et  l'ordre  que  j'avois  donné  pour 
y  pourveoir  :  ce  qui  a  fort  contenté  mondict 
filz  le  roy  de  Navarre  et  ceulx  de  sa  relligiou 
esl;ms  près  de  Iuy,  qui  à  Tinslant  a  révocqué 
les  gentilzhommes  et  commissions  qu'il  avoit 
envoyées  pour  donner  ordre  à  tolz  alTayres, 
pensant  que  nous  feussions  à  recommancer  les 
troubles.  Cedict  porteur  vous  en  fera  le  dis- 
cours, et  aussy  du  contentement  qu'ilz  ont  tous 
receu  de  ce  que  je  leurs  en  avois  mandi;  et 
asseuré  de  vostre  droicte  intencion  au  bien  de 
la  paix.  Je  viens  présentement  d'avoir  advis 
comme  Langon  est  remis  es  mains  du  sieur 
François  de  Candalle  et  du  jeune  manjuis  de 
Trans,  n'y  aiant  que  sept  hommes  dedans  le 
chasteau.  Le  maresehai  de  Biron  fera  déman- 
teller  les  murailles  de  la  ville  et  dudict  chas- 
teau aussy,  el  pareillement  de  Fronssac,  qui  est 
aussy,  grâces  à  Dieu ,  à  présent  en  vostre  obéis- 
sance. Ceulx  qui  ont  faict  l'entreprinse  dudict 
Langon  et  les  soldatz  qui  estoient  avec  Labatut 
dedans  ledict  chasteau  de  Fronssac  deman- 
dent abolicion  :  sur  quoy  je  vous  escriplz  mon 
avis  de  ma  main;  et  n'estenderay  ceste-cy  da- 
vantaige  que  pour  vous  dire  que  j'espère  partir 
demain  d'icy,  pour  m'en  aller  à  Narbonne, 
d'où  aussy  je  partiray  jeudy,  vendredy  ou  sa- 
medy  prochain,  et  m'achemineray  en  Prou- 
vence   le    plus  tost   que  je   pourray.   Priant 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 

Dieu,  Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr  en  sa 


saiucte  el  digne  garde. 

Escript  à  Carcassonne,  le  x'  jour  de  may 
1579. 


1579.  —  12  mai. 

Aut.  Bibi.  nat. .  Fonds  français,  n"  8208,  f°  56. 

A  MA  COUSINE 

M'"=  LA  MARESGHALLE   DE   DAMVILLE. 

Ma  cousine,  je  vous  ay  bien  voleu  fayre  cet 
mot,  pour  vous  dire  que  j'espère  vous  vojt 
loundi  prochain  hà  Pezenas,  de  quoy  je  seré 
bien  ayse  ;  et  vostre  bon  mary  ayst  ysi  aveques 
moy  \  continuant  tous  jour  de  plus  en  plus  à  l'af- 
fection qu'il  adeu  servise  du  Roy  mon  fils,  de 
quoy  j'é  un  extrême  conteulemenl;  et,  sachant 
le  plésir  que  en  resevés,  n'épas  voleu  atendre 
à  le  vous  dire,  come  ausi  de  vous  prier,  veu 
le  Ion  temps  qu'il  i  a  que  Madame  de  Boullon^ 
ayst  morte,  que  favré  bien  de  léser  le  grent 
deul  et  ne  prendre  que  le  nouyr  aveques  de 
la  sove,  afin  que,  nous  ann  alant  aveques  l'ayse 
de  la  pays,  ne  voyons  rien  qui  nous  et  vous 
atriste;  et  l'espérense  que  je  ay  de  bien  tost 
vous  voyr  me  feyra  finyr  la  présante,  prient 
Dieu  vous  avoyr  en  sa  digne  guarde. 

De  Lesignac^,  cet  xii°  de  may  1679. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


'  Daniville  ne  quittait  plus  la  reiiie  mère;  il  l'avait 
accompagnée  à  Castelnaudary.  C'est  ce  qui  explique  l'in- 
torruption  dans  les  lettres  si  fréquentes  d'ordinaire  que 
lui  adresse  Catherine  de  Médicis. 

Nous  avons  eu  la  bonne  l'orluue  do  rencontrer  à  la 
bibliothèque  de  Toulouse  la  correspondance  du  maréchal 
avec  la  reine.  On  la  trouvera  à  VAppendice. 

''  La  mère  de  la  maréchale,  Françoise  de  Brézé,  du- 
chesse de  Bouillon,  était  morte  depuis  un  an  environ. 

'  Lésignan,  arrondissement  de  Narbonne  (Aude). 


I.ETTliES  DE  CATH 
1579.  —  i3  mai. 

Copie.  Bibl.  nal.  ,  Fonds  fiançais,  n"  33iij,  T  i'i  l"  '. 

[AU   UOY   MONSIEUR   M0\   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  pour  le  conteutoinenl 
(|uc  je  say  que  vous  recepvre/.  d'cutendre  la 
léducliou  eL  remise  des  villes  do  Martiac  et 
d'Uzerche-,  suivant  vostree'dictdepaciflScation 
et  articles  de  nosiro  confcrance,  je  n'ay  voullu 
faillir,  aussy  tost  que  j'en  ay  esté  advertye  par 
mon  filz  et  ma  fille,  les  roy  et  royne  de  Na- 
varre, de  vous  en  donner  advis  parla  voye  de 
la  poste  et  vous  dire  que  c'est  ung  très  grand 
bien  pour  voslre  service  et  uno-  vray  signe  el 
lesmoingnaige  de  la  paix,  non  seullenient  es 
environs  de  la  Garonne,  mais  aussy  par  tout 
le  reste  dudict  gouvernement  de  Guyenne,  où 
par  ce  moien  l'on  \oid  l'exécution  de  la  paix 
s'achever d'establir;  car,  aians  les  commissaires, 
que  mon  filz  le  roy  de  iNavarre  et  moy  avons 
députe's  par  leurs  séneschaulsees  et  provinces, 
l'aict  ce  que  leurs  avons  donné  charjje,  Langon 
et  Fronssac  estant  aussy  remis,  comme  je  vous 

ay  dernièrement  escript  par ,  je  ne  voy 

plus,  conside'rant  la  bonne  \olunlé  de  mon 
filz  le  roy  de  Navarre  au  bien  de  la  paix  et 
la  bonne  délibéracion  de  ma  fille,  sa  femme, 
de  l'y  entrelenir  fermement,  (|u'il  y  nyt  aucune 
diflBculté  que  nous  et  voz  peuples  et  subjectz 
ne  jouissions  de  ladicte  paix,  avec  ung  très 
grand  iieur  et  espérance  que  ce  qu'il  y  a  en 
Prouvcnce  et  en  Auvergne  à  composer  el  ac- 
commoder ne  se  face  beaucoup  plus  aizément. 
Je  m'y  acliemineray  en  toute  dilligence  dedans 
deux  ou  trois  jours,  après  avoir  pourveu  eu 
cestc  ville  aux  difféiendz  d'entre  les  gouver- 
neur, consulz  et  habilans  d'iceilc.  tle  pendant  je 
faiclz  encores  présentemeni  inu!  bien  expresse 

'  En  lêle  :  trEnvoyée  au  Roy  par  Taucrot,  courrier.?i 
-  Marciac  et  Uzerche,  voir  plu--  liant,  p.  '12  3  et  Sgi. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  363 

dépesclie  en  l'rouvonce,  oultre  celle  que  j'y  ay 
faicle  par  Vérac,  pour  y  préparer  les  choses, 
affin  qu'en  plus  brief  temps  j'y  puisse  avoir 
pomveu.et  aussy  en  Duulphiné,  oîij'ay  pareil- 
lement e;i\oyé.  .le  vous  ay  ces  jours- icy  fait 
entendre  comme  j'avois  aussy  escript  en  Picd- 
monl,  el,  aiant  rcceu  la  dépesche  que  m'avez 
fail  par  George,  mon  huissier  de  chambre,  et 
bien  considéré  le  contenu  en  icelle,  je  me  dé- 
iijtère  d'v  escripre  encores,  confoimémenl  à 
ma  première  dépesche,  qui  se  trouve  rapoiier 
à  vostre  désir  et  à  ce  que  me  mandez  par  ie- 
dict  (Jeorge.  Car  j'ay  mandé  expressément  au 
mareschal  do  Bellegarde  de  me  venir  trouver 
en  Prouvence  ou  en  Daulphiné,  et  faict  une 
honneste  leclre  à  Monsieur  de  Savoye.  Mais  je 
crains  bien,  si  les  nouvelles  que  le  mareschal 
Daniviile a  eues  sont  véritables,  comme  ung  de 
ses  gens  qui  est  ariivé  ce  soir  les  asseure,  ve- 
nant pour  ses  affayres  particullières  de  devers 
ledict  sieur  de  Savoye,  que  tout  soit  très  mal 
do  ce  costé-là.  Car  il  dit  que  ledict  mareschal 
(le  Bellegarde  s'est  saisy  de  ce  qui  vous  restoit 
en  Piedmont,  fors  de  Saluce,  qu'il  est  allé  as- 
siéger, estant  le  sieur  Caries  de  Birague  dedans. 
Je  croy  que  le  sieur  de  Saiucte-Marye  ',  qu'y 
avez  envoyé,  y  sera  arrivé  sur  ces  entrefaictes. 
Je  hiy  escriptz  aussy  ad  ce  qu'il  m'adverlisse 
du  loul  pendant  que  je  seray  en  Prouvcnce. 
(k'pendanl,  je  vous  asseure  que  je  ne  perdz 
une  seulle  occasion  ny  minute  d'heure  et  de 
temps  que  je  ne  face  tout  ce  que  je  puis 
penser  estre  à  propos  pour  le  bien  de  vostre 
service  et  surtout  pour  l'exécution  de  vos-tre 
édict  de  paciffication  on  ce  pais  de  Languedoc; 
et,  à  vous  dire  le  \ray,  je  voy  que  les  cimses 

'  C'est  sans  tloiilc  Fraiirois  de  Rivière,  do  Sainte- 
Marie,  qui  avait  eu  boaiiroiip  de  rapports  avec  les  chefs 
protestants  du  Dauphiné,  Mantlirun  et  Lesdi,';uii'TOS.  — 
V.  Dncumeiils  xiir  la  Réforme,  etc. ,  par  J.  Rouian .  p.  aag 
el  23 1. 


364 


i^ETTHES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


seioul  l)e;!iicou|)  jiliis  uizri'b  ol  l'acilles  à  niaiii- 
leiiiraii  iiicn  de  la  ]iai\,  |)iiis{[u'('ii  la  (iiiioiuio 
loiil  y  f'sl  si  liicn  dispozi'.  Priant  Diou,  Alon- 
sieur  mon  filz,  vous  a\oir   eu  sa  saincte  et 


dijjni'  ijardc. 


Estiipl   à   Narlioniic,    le   xiiT  jour  de  iiiay 


i-'79- 


l 'tl'J.  —   1  .'i  iiini. 
Coi>ii:'.  nilil.  tiiil-,  Fonds  franr.-Éi^ .  irSoif),  f'  'i.î  r^'. 

[\n   1!0Y   MONSIEl  n   MOy   FILS.  I 

Monsieiii'  mon  fils,  depuis  a\anl-liier  ([ue 
ji'  \ous  rcnvova\  le  courier  qu'il  vous  avoit 
pieu  lue  depesiher  sur  la  didibération  ([n'avez 
l'aide  de  l'aire  uouri'if  le  pelil  (lliailes- près  de 
vous,  i'ay  lanl  l'aiei,  cl  n'a  pas  esU'  sans  peine, 
([ue  j'ay  (■oui|)osë  el  n'soleu  le  dilli'i'eud  denlre 
le  s'  (le  liieux  ,  les  constds  el  liabitans  de  celle 
ville^,  selon  le  nu'nioire  ({ni  sera  enclos  en  celle 
(li'pcsclie,  par  laipiellc  je  \ous  dirav  auss\  (pie, 

'    F,ii  lèlo  :  rrEnvoji'O  iiii  liciy  par  Moii>'   M:iiT(in,  ()iii 
ost  i>  Monsioiir  df  .lovonze.-' 

-   (:i);irlos  (I..   Valnis,  lil^  (!.•  CIkiH.'s   I\  cl    de  Marir 
TcHiclii'l,   <|iii    ijcvail    pliri   lard    cpinisiT   Cliarldllc    do     i 
.Moiilniorenoy,  lllii'  du  uiaroclial  do  Danivillo.  j 

■  (lii  lil  dans  rilisliiiic  ijihirrnii'  ilr  [.(uijfueiloc ,  \ 
iiiiiM.  r'ihl.  iii-'i",  i,SS(),  I.  \I.  p.  Cililj  :  r-La  roiao 
jii;;oa  à  Naclioiiiio,  lo  i  .">  mai,  im  dilli'roiid  ,  dont  le  roi 
lui  avait  rouvoyo  la  di'i-isiuii,  oniro  io  lianiu  do  Rioux,  i 
ffouvoruourdo  i-olto  ville,  ol  les  consuls.  .  .  Elle  rontiuua  ' 
sa  roulo  pac  Boziors,  Pi'ZoïKis  ol  A(;do;  mais  ollo  uo 
passa  pas  à  Moalpollii'r-,  parco  (pio  la  poslo  \  faisail  du 
ravage;  et  s'olant  arrèlôo  au  diàlcau  do  la  \oruno.(dle 
y  lil  appeler  los  primipaux  dos  deux  rolijjimis  do  llont- 
pollier,  et  leur  lil  jurer,  lo  -iS  mai,  roiisorvatiou  do  la 
paix.  Elle  uo  pas^a  pas  non  plus  à  ^inlo^,  ville  oj;aloniont, 
a!llif;éo  de  la  pi'sie,  qui  \  enleva  sepi  mille  porsoimos-. 
11.  .1.  liomaii,  le  savani  annolaleur  do  la  partie  de  ci'lte 
liello  pulilioatiun  qui  conoerno  le  xvi'  siècle,  dil  ou  note 
(juo  la  reine  travei-sa  .Montpellier  le  39  mai,  où  elle  l'ut 
nionje  assez  mal  re(;uo  ])ar  los  protestants,  et  alla  rou- 
clier  le  soir  à  liais  (  A(dia)s),  et  le  3o  à  Boaucalre. 


du  cosh'  de  la  Gnienne,  il  v  a  lanl  de  gens  (pu 
onl  acousium(_'  de  vivre  el  (|ui  d(?siieul  demeurer 
en  la  guerre  plus  tost  (pi'en  paix,  [<iu']il  estlueu 
diiricile  silosl  de  les  raujfer  à  observer  vosire 
édit  de  pacillicalion.  .le  \ous  a\  ces  jours-ci 
escript  comme  aucuns  de  ceulx  de  la  llelligion 
prétendue  renu'iiK'e  avoient  vouUu  surprendre 
Castillonnois  eu  .Agenois';  maintenant  je  vous 
envove  le  discours  comme  cela  est  passe',  ainsv 
f|ue  le  s'  de  Bajauinont,  qui  alla  incontinent 
sur  le  lieu,  l'a  l'ail  meclre  et  le  m'a  envoyé 
par  escnjit.  J'ay  aussy  sceu  que  l'on  a  encores, 
depuis  hieii  jien  de  jours,  (piand  Ion  m'a 
veiie  esloinguée,  tenté  une  enlrepriuse  à  Sa- 
verdun,  el  quelques  ungs  de  ceux  qui  la  vou- 
loient  exécuter  sont  demeurez  mortz  sur  la 
place,  .s'y  eslans  trouvées  les  esclielles  encores 
toutes  dressées  :  je  ne  say  pas  encores  au  vray 
qui  c'est,  mais  pensant  bien  que  deux  gentilz- 
homnies  nomuK's  Urlambis  et  du  Maure,  ca- 
tlioli<|nes,  qui  eu  sont  voisins,  et  uug  nommé 
(iaslelz,  (|ui  a  esh'  aulrelois  capiloul  à  Thou- 
louse,  parlicipoienl  à  renlre|)rinse,  comme 
ilz  a\()ienl  laicl  à  la  première,  je  leur  eu  ay 
escripi  ce  qui  m'en  semble,  el  à  l'advocat  Du- 
ranly  pour  leur  l'aire  tenir  mes  lellres.  J'escriptz 
aussy  derecbel  lort  ex|iressémenl  au  marescbal 
de  lîiroii  faire  l'aire  prompte  el  exemplaire 
justice  (le  ceulx  (|ui  oui  C(unmis  ces  derniers 
attentais  audit  Langon  et  Castillonnois,  etqu'il 
tienne  pareilleuienl  la  main  ([ue  l'on  informe 
ladicle  dernii're  enlrepriuse  de  .Saverdim  pour 
aussy  en  faire  faire  justice,  comme  j'escriptz 
très  expressément  à  l'advocat  Duranty,  pour  ce 
(jue  Saverdun  est  du  ressort  du  Parlement  de 
Tlioiilouse  :  je  vous  su[ilve.  Monsieur  mon  lils, 
leur  en  escripre  à  chacun  une  lettre,  conli- 
nuant  tousjours  à  leur  faire  congnoistre  comme 
il  n'y  a   rien  que  désirez  et  veilliez  tant  que 

'   (iasiilloiios,  cliol-lu'u  de  canlon,  arroudissonienl  de 
Villouenio   (l,ot-el-(lar(inuo),  à   (la   l^ilonii'lrcs  d'A;;eu. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


365 


restablisseinenl  de  la  paix,  suivant  vostre 
dernier  édil  et  les  articles  de  nostre  conl'érance. 

Mou  lils  le  roy  de  Navarie  s'en  va,  comme 
je  vous  ay  escript,  en  Be'arn  pour  ses  affaires, 
et  ma  fille  pour  aller  au\  bains  :  cela  vient 
fort  à  propos,  car  s'esloiguant,  par  ce  moien. 
comme  il  fera  pour  quelque  temps  de  la 
Guienne,  la  paix  s'y  establira  mieulxet  heau- 
coup  plus  aize'raeul,  et  les  deffiances  s'este- 
ront plus  facilement:  comme  aussy  il  vous 
plaira  escripre  au  mareschal  de  Biron  \  et  crois , 
Monsieur  mon  fiiz,  que  cela  servira  bien  à  voz 
affaires,  combien  que  je  n'aye,  ce  me  semble, 
rien  oublyé  à  luy  dire  et  à  luy  soubvent 
escripre,  comme  je  feiz  encores  bier  soir,  sur 
cela  fort  expressément ,  et  au  Parlement. 

Jespère.  Dieu  aydant,  partir  demain  et  aller 
couscber  àBe'ziers,  oùjesëjourneiay  dimanche 
pour  y  regarder  à  vos  finances ,  qui  sont  très  mal 
manie'es  et  conduites  par  deçà ,  aussy  bien  qu'en 
Guienne.  J'iray  lundy  à  Pezenas,  où  je  de- 
meureray,  comme  je  croy,  mardv,  pour  ce  que 
le  mareschal  de  Montmorency  le  de'sire,  et 
mercredy  j'iray  à  Agde,  où  je  verray  s'il  sera 
plus  à  propos  que  j'aille  par  mer  ou  par  terre, 
pour  e'vister  la  peste,  qui  est  plus  forte  qu'elle 
n'a  point  encores  esté  devers  Aiguesmortes 
sur  le  grand  chemin  ;  mais  si  je  voys  par  terre , 
j'iray,  sans  mener  que  bien  peu  de  Irain  dudit 
Agde,  couscber  à  Beaucaire;  il  y  a  douze  lieues 
de  ce  païs,  que  je  passeray  dilligemment,  et 
éviteray  par  ce  moyen  le  danger  de  la  peste. 
Il  est  vrav  que  je  coustoiray  les  Sevennes,  où 
il  n'y  a  pas  faute  de  baudolliers'-;  mais  le  ma- 
reschal de  Damville  et  les  s"  de  Joyeuse  et 
de  Bieux  pourvoiront  de  quelque  cavallerye, 
sans  faire  bruict  ny  donner  unibre  à  ceux  de 
la  Relligion,  en  sorte  que  je  passeray  seure- 

'  Nous  donnons  à  l'Appendice   la   letlre    écrite   par 
Henri  III  au  maréchal  de  Biron. 
'  BnndouHer,  voleur  de  canipa(;no. 


ment  sans  que  personne  s  en  remue,  comme 
ils  m'ont  promis,  et  envoiray  tout  le  reste  de 
mon  Irain  ])ar  mer,  espérant  estre  bicntosten 
Provence,  où  je  feray  et  me  conduiray  pour 
vostre  service  par  ce  que  vous  aura  pieu  me 
mander  par  l'abbé  Gadaigne,  qui  n'est  point 
encores  arrivé,  dont  je  suis  bien  esbabye,  et 
ay  grand'peur  qu'il  luy  soit  advenu  quelque 
fortune.  Voilà  pourquoy  je  vous  suplye  me  faire 
envoyer  ung  double  des  despesches  que  m'avez 
faictes  par  luv,  et  que  m'escripviez,  s'il  vous 
plait,  ce  que  me  mandiez  par  luy,  et  que  mon 
fils  en  face  aussy  de  mesme;  car  je  crains 
bien  qui  luy  soit  advenu  quelque  inconvénient. 
Priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  ^arbonne,  le  vendredy  xv"'  may 
1579. 


1579.  —  17  mai. 

Co[>!e.  Bibi.  iiat. ,  Fontls  français,  n"  SSig,   f"  ^16  r'' ' 

[Al    ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  j'arrivav  hier  à  disner 
en  ceste  ville-,  où  j'ay  trouvé  tous  les  peuples 
fort  affectionnés  à  l'obéissance  qu'ils  vous 
doibvent  et  grandement  resjoys  de  la  paix,  dé- 
sirant bien  fort  la  continuation  d'ycelle,  affîn 
qu'ils  puissent  estre  redmiz  des  grandes  vexa- 
tions et  travaulx  ([ue  leur  apporte  la  guerre; 
et  pour  ce  que  ce  volleur  Bacom  -*  est  leur  fléau , 
lient  et  se  relire  ordinairement  en  deux  petites 
villes  où  il  s'est  grandement  forliffyé,  l'une  ap- 
peléeThézan'  et  qui  n'esl  qu'à  une  lieue  et  de- 

'  En  télé  :  r-Envoyée  au  ISoy  par  (îeorges  Berat, 
porte-manteau  Ju  Roy  et  huissier  de  chanihre  de  la  Royne 
sa  mère.ii 

-   Béziers  (Hérault). 

^  Le  nom  de  ce  clief  de  partisans  est  toujours  écrit 
dans  le  manuscril  Bacom.  11  on  est  beaucoup  parlé  dans 
la  dépêche  suivante. 

*  Thczan,  caiil.  di'  Durlinn,  arr.  de  Aarbonne. 


366 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


mie  d'icy,  et  l'autre  Saint-Signan  '  de  la  Corne, 
qui  est  ung  peu  plus  loing,  j'ai ,  par  l'advis  de 
mon  cousin  le  mareschal  de  Montmorency - 
et  du  s'  de  Joyeuze,  envoyé'  La  Roche,  qui  est 
àmoy,et  ung  conseiller  du  siège  pre'sidial  de 
ceste  ville,  qui  est  de  la  Relligion,  avec  ledit 
La  Roche,  porter  une  lettre  à  Racom  pour 
l'admonester  de  licentier  environ  quatre  vingtz 
chevaulx  qu'il  a  avec  luy,  et  quelques  gens  de 
pied,  qu'il  renforce  quand  il  veult  de  ces  han- 
dolliers  des  Sevennes  en  grand  nombre,  pour 
faire  des  courses  etpilleries,  comme  il  a  faict 
encores  depuis  peu  de  jours,  à  quoy  il  seroit 
très  dangereux  de  pourveoyr  par  la  force, 
craingnant  que  cela  nous  remist  aux  armes, 
pour  ce  que  Bacom  ne  se  pourroit  forcer  sans 
atiraii  de  l'artillerye  et  beaucoup  de  gens  de 
guerre,  aiant  desjà  ci -devant  ledit  Bacom 
durant  les  troubles  tenu  fort  et  re'sisté  dedans 

ledit ^,  où  l'on  lira  huit  centz  ou  mil 

coups  de  canon,  et  à  la  fin  encores  se  sauva- 
l-il.  Je  feray  tout  ce  qu'il  sera  possible  pour 
le  tirer  de  là  par  aultre  voye  que  parla  force; 
car  il  y  auroit  à  craindre  que  tant  de  brigans 
et  volleurs  qu'il  y  a  en  ces  pais  se  nieissent 
ensemble  et  empeschassent  le  fruict  de  la  paix, 
qu'il  fault,  le  plus  promptement  que  faire  se 
pourra,  establir,  affin  que  l'honneur  et  le  ser- 
vice de  Dieu  et  voslre  autorite'  et  justice  se 
puissent  remectie  par  deçà  et  qu'il  y  ait  plus  de 
moiens  de  séparer  telles  gens,  car  jusques  ad 
ce  que  cella  soit,  il  ne  fault  poinct  espe'rer  par 
deçà  pouvoir  chastier  ces  gens  là.  J'ay  député 

'  Saint-Signan,  c'est  Saint-Cliignau ,  dans  l'Hérauit , 
arr.  de  Sainl-Poiis. 

-  La  reine  a  commencé,  dans  la  dépèche  précédenle, 
à  donner  à  Damville  le  nom  de  Montmorency.  L'ainé  de 
ses  frères,  François,  étant  mort  à  Ecouen  le  6  mai  «579, 
il  hérita  de  sa  pairie  et  de  son  litre  ducal ,  et  s'appela  de  ce 
jour  le  maréchal  de  Montmorency,  tandis  que  son  frère, 
Charles  de  Monlmorency-Méru ,  devenait  duc  de  Damville. 

'  Le  mot  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 


le  S''  de  Lombais,  et  mon  fils  le  roi  de  Navarre 
les  s"  de  Thoré  ^  et  de  Chastillon ,  pour  exécuter 
l'édit  et  articles  de  nostre  conférence  en  ces 
diocèzes  de  deçà;  mais  pour  ce  que  ledit  Chas- 
tillon est  allé  trouver  mon  fils  le  roy  de  Na- 
varre, et  de  là ,  à  ce  que  j'entendz .  en  Rouergue , 
pour  se  marier  à  l'héritière  de  la  maison  de 
Peyre,  l'exécution  et  establissement  de  vostre 
édict  et  articles  de  nostre  conférence  ne  se 
sont  peu  encores  faire  du  costé  oîi  est  Bacom, 
n'y  aiant  personne  qui  ait  tant  de  moicn  avec 
luy  que  ledit  Chastillon,  que  je  serois  bien 
aise  de  n'y  point  employer;  et  essayeray  par 
tous  dextres  moiens  de  pouvoir  faire  envers 
icelluy  Bacom  qu'il  rende  lesdits  Thézan  et 
S'-Signan,  et  sépare  ses  forces.  Il  demandoit 
trois  mil  escuz ,  qu'il  dict  qui  sont  deubs  à  ses 
gens,  et  que  sans  cela  il  ne  les  peult  licentier. 
On  a  desjà  gaigné  sur  luy  qu'il  se  contentera 
de  deux  mil  ;  je  verray  comme  l'on  en  pourra 
sortir,  et  plustost  luy  feray-je  bailler  secrète- 
ment quelque  argent,  combien  que  ce  soit 
chose  de  très  pernicieuse  conséquance  de  paier 
ung  brigand  pour  avoir  mal  faict;  mais  aussy 
de  penser  l'avoir  aullrement,  il  ne  se  pourroit 
faire  sans  trop  grand  péril,  et  pour  les  rai- 
sons cy-dessus  dictes  :  quand  j'auray  ce  bien 
d'estre  de  retour  auprès  de  vous,  je  vous 
en  discoureray  plus  amplement. 

Cependant,  Monsieur  mon  filz,  je  vous  di- 
ray  aussv  que  mon  fils  et  ma  fille,  le  roy  et  la 
royne  de  Navarre,  m'escripvirent  encores  hier 
et  m'envoièrent  jusques  icy  le  s'' de  Frontenac, 
pour  savoir  de  mes  nouvelles  et  me  faire  en- 
tendre aussy  des  leurs.  Vous  verrez  par  la  lettre 
de  mon  fils  le" roy  de  Navarre  que  je  vous  en 
voye,  comme  il  est  toujours  très  disposé  et  faict 
tout  ce  qui  se  peut  désirer  pour  le  bien  et 

'  Thoré,  frère  de  Damville,  s'était  réconcilié  avec  la 
cour,  après  de  nombreuses  démarches  laites  près  de  lui 
par  la  reine  mère. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


367 


establiiisenn'iil  de  la  paix,  que  iiTest  ung  li'ès 
grand  conteiiteuienl,  car  parce  moien  j'espère 
([ue  nous  recueillerons  le  fruict  do  mes  labeurs, 
que  je  ne  plains  plus,  puisqu'il  est  en  cette 
bonne  re'solufion.  En  quoy  ma  fille,  sa  femme, 
fait  tous  les  bons  offices  qu'elle  peut.  Vous 
verrez  aussy  par  ladicte  lettre  comme  il  se 
piainct  de  ce  qui  est  advenu  à  ia  Ferté-sous- 
Jouarre,  vous  priant  de  donner  ordre,  si  cela 
est  vray,  que  la  justice  s'en  face,  car  si  cela  de- 
meuroit  inipugny  de  delà,  croiez  qu  ilz  en  pran- 
deroient  vengeance  de  deçà ,  et  y  auroit  danger 
que  telles  choses  nous  remissent  aux  troubles  ; 
n'ayant  pas  l'ailly  d'escripre  très  expressément 
au  mareschal  de  Biron,  pour  faire  faire  ia  jus- 
tice des  contraventions  advenues  à  Langon 
et  à  Castilionnois,  et  aussy  aux  autres  lieux 
du  gouvernement  de  Guyenne  oiî  sont  commis 
les  attentats.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  très  digne  garde. 

Escript  à  Béziers,  le  dimanche  xvii°  jour 
de  mav  iSyf). 


1570. 


i8  mai. 


Aut.  Bibl.  liai.,  Fonils  fianrais,  n»  338i,  f"  3i. 
A  MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE   D'USES. 

-Ma  commère,  c'et  à  cet  coup  que  me 
voyrés  dans  un  moys  et  sayne  et  sauve,  se 
Dieu  plest,  encore  que  je  aye  à  paser  an  la 
peste,  ou  la  mer,  ou  les  Sevenes,  que  je  creyns 
bien  auilant  ([ue  les  deus  prenijères;  car  sont 
oyseau.s  de  rapine,  corne  ceulx  qui  ont  eu 
vos  chevaulx';  mes  je  me  fie  en  Dieu  qu'il 
me  fayrè  tous  jour,  se  me  semble,  sortir  de 
tous  périls,  et  ay  cete  favrme  fiense  en  luv. 
Je  suys  bien  ayse  de  cet  que  niave's  mendé 
par    fabbé    d'Elbèue   et    Guadegni    de    mon 

'  Allusion  renouvelée  à  re  huguenot  de  Guitry,  qui 
lui  avail  volé  ses  chevaux. 


lils';  je  prii'  Dieu  (|ui  le  fase  si  sage  que  tout 
cel  royaume  et  le  Roy  en  soynt  contenis.  Ma 
fille  ayst  aveques  son  mary,  enn  eu  yer  des 
novelles  :  c'et  le  melleur  ménage  que  l'on  sa- 
trov  désirer;  je  prie  Dieu  ie  continuer  (m  cet 
heur,  et  vous  conserver  jeusques  en  l'eag-e  de 
sept-vins  bans-,  (|ue  puysion  super  ensemble 
au  Touylerie  •*  san  chapeau  ni  bonnestes. 
De  Bésiés,  cet  xviii"'  de  may  1579. 

00  OC)   (T?). 

.le  vous  envoy  de  cet  que  l'on  appelle  de  la 
santé  en  cet  peys,  en  lieu  do  0  0  *,  car  vous 
cervey^  plus  de  feune  que  de  l'autre. 


1579.  —  iS-!!0  mai. 
Copie.  Bibl.  liai.,  Fonds  français,  u"  SSig,  ^  li-j  r". 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  depuis  ceste  lettre  es- 
criple,  l'abbé  Gadaigne  est  airivé  icy  ce  malin, 
qui  a  cuidé  courir  une  grande  fortune  sur  la 
mer  à  cause  des  grands  vents  qu'il  a  faicts  ces 
jours-cy:  voilà  qui  l'a  tant  retardé.  Il  m'a  rendu 
vosire  despesche  du  xxvii"  du  mois  passé, 
aiant  esté  infiniment  consolée  et  resjoye  d'avoir 
veu  par  icelle  le  contentement  que  avez  des 
comportemens  démon  fils,  vostre  frère,  auprès 
de  vous,  et  d'avoir  aussy  entendu  par  ledit 
abbé  Gadaigne  la  bonne  chère  et  démonstra- 
tion de  parfaicte  amityé  que  de  si  bon  cœur 
vous  luy  faictes,  ipii  est  le  plus  grand  bien  et 
le  plus  grand  heur  qui  sauroit  advenir;  car, 

'  C'est  ie  duc  d'Anjou,  dont  la  soumission  au  Roi  lui 
donnait  grande  satisfaction. 

-  Srpl-viiis  liaiis,  cent  quaiante  ans.  c'est  hoaucoup: 
mais  le  souhait  est  en  forme  de  plaisanterie. 

'  Au  Tonylei-ie,  aux  Tuileries. 

"  Les  deux  00  réunis,  reproduisant  la  signature, 
semblent  devoir  se  traduire  par  moi. 

''   Voua  cerveij,  vous  vous  servez. 


368 

oultre  que  cest  ainsy  (ju'il  faut  que  vous  et 
luy  soyez  fousjours  ensemble  bien  unis,  croyez 
que  vos  affaires  et  services,  et  les  siennes  pa- 
reillement, s'en  trouveront  beaucoup  mieulx, 
comme  j'ay  bien  expressément  donné  cliarjje 
au  s'  de  Vétizon,  présent  porleur,  vous  faire 
entendre  et  à  vostre  frère  de  ma  part.  J'ay 
veu  aussy  par  vostre  lettre  ce  que  me  mandez 
touschant  les  affaires  de    Provence,   où   les 
choses  ne  sont  pas,  à  mon   ffrand  regret,  si 
aizées  et  facilles  que  j'ay  veu  que  les  estimez; 
car,  à  ce  que  je  viens  d'entendre  par  Vérac,  qui 
est  arrivé  pareillement  ce  matin,  retournant 
dudit  pais   oh  je  l'avois  envoyé,  e!  par  les 
lettres  que  l'on  m'en  a  escript  par  luy,  les 
ungs  et  les  auUres  sont  fort  irritez.  Toullefois 
ils  me  mandent  qu'ils  se   conformeront  à  ce 
que  je  leur  commandcray;  mais,  veu  qu'ils 
n'ont  point  pozé  les  armes  quand  je  le  leuray 
mandé,  comme  iiz  m'a  voient  donné  espérance 
quilz  feroient,  je  crains  bien  qu'il  s'y  trouve 
des  oppiniastres.   Néanmoings,  vous  pouvez 
croire,    Monsieur   mon  fils,    que  je  n'y  ob- 
mettrav  aulcune  chose  qui  se  puisse  penser  y 
estre  propre  pour  le  bien  de  vostre  service. 
Quant  au  Daulphiné,  j'ay  encores  dernière- 
ment escript  au  s"  de  Maugiron,  et  iuy  mande 
derechef  présentement,  par  le  s'  de  Vetizon 
qui  luv  baillera  mes  lettres  en  passant  (lequel, 
je  m'asseure,  fera  très  bon  office  envers  ceulx 
de  la  Uelligion,  comme  il  a  fort  bien   faict 
pendant  qu'il  a  esté  icy),  ce  qui  me  semble 
qu'il  doibt  faire  pour  Texéculion  de  vostre  édit 
de  paciffication  et  articles  accordés,  avec  le 
conseiller  Calignon,  aiant  charge  de  ceulx  de 
la  Relligiou  prétendue  réformée  dudit  pais  de 
Daulphiné;  et  sera  la  dépesche  que  m'escripvez 
avoir  faicte  aux  principaulx  chefz  desdits  de 
la  Relligiou  venue  fort  à  propos.  Pour  le  regard 
du  marquisat  de  Salluces,  je  me  délibère,  es- 
tant en  Provence,  et  croy  que  vous  le  trouverez 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


bon,  selon  la  response  que  j'auray  de  Monsieur 
de  Savoye  et  du  mareschal  de  Beliegarde,  aus- 
quelz  j'ay  escript,  comme  je  vous  ay  dernière- 
ment fait  entendre  de  leur  escripre  encore,  et 
mesmes  au  marquis  d'Apremont  par  l'abbé 
Gadaigne,  pour  estre  esclaircye  dulout,affia 
qu'il  y  ait  plus  de  lieu,  congnoissant  au  vray 
d'où  vient  le  mal,  d'y  remédier.  J'ay  pareil- 
lement veu  ce  que  m'escripvez  touchant  la 
lettre  extraordinaire  de  mon  cousin  le  prince 
de  Coudé  au  s'  de  Ruil'ec,  à  quoy  j'avois 
pourveu  par  l'advis  des  princes  et  s''  qui  sont 
icv,  comme  il  vous  plaira  voir  par  la  dépesche 
que  leur  en  ay  faicte  et  de  laquelle  je  vous 
envoyé  les  doubles,  et  estime  que  les  lettres 
que  j'ay,  sur  ce,  escriptes  à  mon  cousin  le 
prince  de  Condé,  et  aussy  au  s'  de  Ruffec, 
auront  servi  à  les  modérer,  et  que  cela  sera 
peult-estre  cause  que  les  choses  n'en  passeront 
pas  plus  avant,  et  que  pour  cela  l'exécution  et 
establissemeut  de  l'édict  de  paciffication  et 
articles  de  la  conférence  n'auront  esté  retardés. 
Car  j'y  ay  depulté  le  s"'  de  Dars,  au  lieu  dudit 
s'  de  lluffec,  et  par  son  advis  mesme  :  toutte- 
fois  c'a  est  élrès  bien  fait  par  vous  de  leur  avoir 
faict  une  bonne  dépescbe,  comme  me  man- 
dez, sur  cela. 

Monsieur  mon  fils',  La  Roche  est  retourné 
de  devers  Bacom  qui  s'est,  en  sa  présence  et 
du  conseiller  que  j'avois  envoyé  avec  luy,  as- 
semblé avec  tous  ses  satelites,  qui  ont  esté, 
ad  ce  que  m'ont  dit  lesdils  La  Roche  et  conseil- 
ler, en  très  grande  contestation  les  ungs  contre 
les  aultres,  disant  qu'iiz  vouUoient  estre  paies 
d'un  mois  de  leur  solde,  avant  que  sortir  et 
permettre  qu'on  exécutast  l'édit  à  Thézan  et 
S'-Signan  ;  louttefois ,  après  avoir  bien  considéré 
la  lettre  que  je  leurs  escripvois,  ils  se  sont 

'  A  la  marge  :  ttEscript  audit  Béziers  IcJit  jour.» 


enfin  accordez  d'envoyor  iin[j  {jcntHliomnic  de 
leurs  voisins,  ijui  est  de  la  Relliffion,  pour  me 
monslrer  qui  leur  avoit  eslé  promis'  qu'on  les 
paieroit  devant  qu'ils  sortissent,  et  nie  su- 
plient  de  ce  faire  faire.  Mais  Bacoin,  qui  s'est 
monstre  plus  honneste  homme  que  je  ne 
pensois,  a  dict  à  part  à  La  llociie  que,  à  luy 
escripvant  une  lettre  encores  plus  rude  que 
celle  que  je  luy  feiz  hier  pour  casser,  licentier 
et  faire  séparer  ses  gens  et  aussy  jjour  rendre 
les  deux  places,  il  obt^yra  promptcmeni,  et 
qu'au  lieu  de  trois  mil  escuz  que  se  feust  bien 
monté  le  payement  de  tous  ses  soldats,  l'on 
luy  envoyé  sept  ou  huit  cents  escus  à  part, 
qu'il  dira  estre  de  son  argent,  cl  qu'il  n'v  aura 
point  de  faute  qu'il  ne  face  conlenter  ces  gens 
de  cela,  et  me  viendra  trouver  après,  pour  re- 
cepvoir  plus  amplement  mes  comniandemens, 
ne  voullanl  plus  estre,  à  ce  qu'il  dit,  huguenot; 
et  a  aussy  dit  à  La  Roche  que,  combien  que 
je  saiche  beaucoup  de  choses,  qu'il  en  sayl 
quelques  unes  de  grande  importance  que  je 
ne  say  pas,  lesquelles  il  me  dira.  Le  s''  de 
Joyeuze,  qui  est  icy,  demoure  avec  moy,  pour 
ce  que  le  mareschal  de  Monlmorency  s'en  alla 
hier-devant  à  Pézenas,  estant  après  à  donner 
ordre  de  laire  trouver,  sans  dire  pourquoy 
c'est,  lesdits  viii°  écus  qui  seront  dez  aujour- 
dhuy  pretz,  de  sorte  que  j'espère  les  lui  en- 
voyer par  La  Roche  dez  demain,  (jue  je  pensois 
m'en  aller  à  Pe'zenas;  mais  tous  les  habitans 
de  cette  ville  m'ont  requise  de  demourer, 
comme  je  leur  ay  accorde'  faire,  jusques  ad  ce 
que  Bacom  ayt  obe'y,  comme  j'estime  qu'il 
fera,  et  que  par  ce  moien  tous  les  habitans 
de  la  ville  seront  délivrés  de  grande  peine 
et  subjeetion,  et  demeureront  tous  contens,  et 
moy  aussy  bien  fort  aise  de  les  voir  joyr  du 
bien  de  la  paix.  Je  vous  diray  aussy,  Monsieur 

'  Pour  :  ttqu'il  leur  avait  été prumis »  Cette  faute 

est  fréquente  dans  la  copie. 

ClTHEnUIE  DE  Médicis.  —  ÏI. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  :569 

mon  lil/,  ([ue  j'envoye  Verac  devers  Fonniior, 
autrement  appelé  Poltron,  pour  en  faire   de 


mesmes.  Et  par  ainsi  j'espère  que  tout  ce  gou- 
vernement sera  du  loul  en  paix  et  repos. 
Escript  à  Béziers,  encores  ledit  jour. 

Monsieur  mon  (ilz  ',  avant  que  signer  cesle 
de'pesche,  je  vous  diray  que  Bacom  a  cejour- 
d'Iiuy  licentyé  tous  les  soldatz  qui  estoient 
avec  luv  dedans  The'zan;  il  est  allé  faire  le 
semblable  à  Saint-Signan  de  la  Corne,  qui 
sont  deux  villes  bien  fortes  qu'il  occupoit;  il 
lenoit  encores  la  Bastide,  la  Cabarelle  et  Ca- 
brière-,  qu'il  a  aussy  readeues,  et  y  sont,  en 
toules  quatre,  rentrés,  comme  j'estime,  dez 
ceste  heure,  les  ecclésiastiques  et  catholicques, 
ausquels  j'ay  commandé  faire  incontinent 
abattre  toutes  les  forlilhcations,  à  quov  ils 
n'ont  garde  de  faillir,  de  sorte  que  j'espère 
que  doresnavant  personne  ne  s'y  nichera  plus, 
et  qu'en  tout  le  reste  de  ce  gouvernement 
vostre  édict  de  pacillîcation  et  articles  de  la 
conférance  y  seront  bientost  du  tout  exécutez 
et  establiz,  ainsv  que  j'ay  donné  charge  au 
s''  de  Vetizon  vous  discourir  et  faire  plus  am- 
plement entendre  de  ma  part. 

Escript  à  Béziers,  le  xvin°  jour  do  may 
1679. 

Monsieurmon  filz^,  comme  je  voullois  signer 
ceste  lettre,  Moineton  arriva  hier  avec  les  dé- 
pesches  qu'il  vous  a  pieu  me  laire  et  envoyer 
par  luy  du  xn°  de  ce  mois,  au  contenu  dcs- 
([uelles  vous  serez  à  peu  près  satisfnict  par 
ceste-cy,  s'estans  vostre  oppinion  et  la  mienne 
rencontrées  quazy  semblables  pour  les  affaires 
du  marquisat  de  Salluces;  et  pour  le  regard 

'  A  la  marge  :  ttPoslri'i[>t  de  la  dépesrlie  envoyée  par 
Georges.»  f  liS  r". 

-  La  BasliJe  et  Cabrières,  dans  le  Gard. 
■'  En  tète  :  (tAulre  poslcripln  f  ^8  r°. 

''7 


imphimehii:   «.irioXALC. 


370 


de  ceulx  de  Provence,  je  m'y  achemine  et  vous 
asseure  que  je  n'y  perderay  une  seule  heure 
de  temps ,  et  aussy  pour  celles  de  Daulphiiié. 
Audit  Béziers,  ledit  jour. 

Monsieur  mon  fils\  j'arrivay  hier  en  ce 
lieu-,  oîi  aucuns  de  Montpellier  me  vindrent 
trouver  et  présentèrent  quelques  articles  au 
nom,  ce  disoient-ils,  des  églises  de  ceuk  de  la 
Relligion  prétendue  réformée  du  costéde  deçà, 
contenant  principallement  tous  trois  choses, 
qu'il/  requerroient  estre  effectuées  au  préalable 
que  l'on  procédas!  es  diocèses  de  ce  Bas-Lan- 
guedocq  à  l'exécution  de  Tédict  de  pacification 
et  articles  de  nostre  conférance.  C'estoit  que 
les  forces  qui  sout  encores  en  estre ,  restans  de 
Beaucaire,  feussent  licentyées,  la  Chambre  de 
la  justice  du  Languedocq  establye,  et  l'argent 
des  garnisons  des  unze  villes  fourny.  A  quoy, 
présent  le  s''  de  Thoré  qui  amena  ceux  qui  me 
présentèrent  ceste  requeste,  je  les  salisfiz;  car 
pour  le  regard  des  forces,  j'avois  desjà  avisé 
avec  mon  cousin  le  mareschal  de  Montmo- 
rency que  nous  les  ferions  iicentyer  bientost; 
pour  l'establissement  de  ladicte  Chambre,  j'y 
ay  aussy  pourveu  à  leur  contentement,  en  at- 
tendant les  lettres  patentes  que  vous  escripviez 
dernièrement  qui  estoient  nécessaires,  et  que 
j'espère  que  m'enverrez  bientost;  et  quant  à 
l'argent  des  garnisons  des  unze  villes,  il  sera 
prest  dedans  la  fin  de  ce  mois;  de  sorte  que 
pour  les  trois  points  dessusdits ,  il  ne  se  devoit 
prendre  aucune  excuse  ny  faire  aucun  retar- 
dement en  l'exécution  de  l'édict,  et  dys  au  s' 
de  Thoré  que  dez  aujourd'lmy  il  y  procédast, 
avec  le  s' de  Lombais  que  j'avois  députlé  pour 
cest  effcct  avec  luy,et  le  s''  de  Chastillon  pour 
l'absence  duquel  il  ne  falloit  point  que  ce  bon 

'  En  tèle  :  tt  Autre  proscript,  n 

*  Pézenas,  qui  n'est  qu'à  une  très  petite  dislance  de 
Béziers,  sur  la  route  de  Montpellier. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

œuvre  retardas!  :  en  quoy  aussy  le  s'  de  Thoré 


a  promis  de  faire  ce  qu'il  pourra,  mais  je 
crains  bien  qu'il  n'ayt,  pour  ce  qu'il  n'est  pas 
de  la  Relligion ,  tant  de  crédit  parmy  ceux  de 
ceste  relligion  que  ledit  Chastillon;  touttofois 
j'espère  qu'estant  icy  sur  les  lieux,  ma  pré- 
sence servira;  et  puis  l'exemple  qu'ilz  ont 
devant  euh  de  l'obéissance  qu'a  rendeue 
Bacom  y  aidera  aussy  beaucoup.  Il  y  avoit 
èsditz  articles  encores  quelques  autres  pointz , 
mais  il  n'est  point  besoing  de  vous  en  en- 
nuyer, pour  ce  que  je  les  ay  pareillement 
résolus;  aussy  qu'à  l'instant  il  est  venu  ung 
autre  troupe  composée  de  catholiques  et  de 
ceux  de  la  Relligion  dudit  lieu  mesme  de 
Montpellier,  qui  m'ont  requise  et  suppliée  très 
instamment  de  l'exéculion  entière  de  l'édict 
et  articles  de  nostre  conférance,  de  sorte  que 
je  ne  doubte  pas  que  nous  ne  facions  effcc- 
teuer  le  tout  bientost,  car,  comme  vous  verrez 
par  les  lettres  que  m'escript  mon  fils  le  roy 
de  Navarre,  il  est  1res  résolu  et  ferme  au  bien 
de  la  paix,  dont  je  suis  infiniment  aize;  et 
vous  supplie,  aiant  veu  ses  lettres,  de  luy  en 
faire  une  bonne  dépesche.  Je  vous  envoyé  une 
requeste  que  l'on  luy  a  envoyée  de  Turenne 
pour  quelques  désordres  et  contraventions 
qui  y  sont  advenues ,  afin  que  vous  y  faciez , 
s'il  vous  plaist ,  pourveoir  ;  car  ces  petites  choses 
là  pourroient  apporter  préjudice  et  rallumer 
ung  feu  qui  seroit  après  mai  aizé  à  estaindre. 
Escript  à  Pézenas,  le  xx"  may  1679. 


1579.  —  ao  mai. 
Aul.  Bibl.  ual. ,  Fonds  français,  n°  3323,  f  g. 

A  MON  cocsra 
MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin ,  je  ne  vous  faire  pas  long  dis- 
cours, car  je  envoy  cet  porteur  en  diligense 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


371 


qui  vous  saura  rendre  conte  de  toutes  nos  no- 
velles;  bien  vous  asseurè-je  (|ue,  Dieu  mersis, 
Te'dysl  c'elleclue  par  tout  cet  carlier,  de  quoy 
je  loue  Dieu,  et  ne  playns  plus  ma  pouine, 
puysque  j'an  veoy  sorlii-  ausi  bon  fruytg.J'es- 
père  avoyr  cet  contentemeni  de  voyr  dans  un 
nioys  le  Roy  mon  fils,  et  ce  pandenl  cet  m'est 
ung  grand  ple'sir  de  savoir  de  ses  nouvelles 
et  des  voslres,  que  je  prie  Dyeu  aystre  comme 
le  sorre's  désirer. 

De  Pézenas,  ce  xx"  may  iS^g. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1579.  —  ao  mai. 
Copie.  Bibi.  nal.  .  Fonds  français,  n"  33if),  f"  -'19  v''. 

[AU  ROY  MONSIEUR  M0.\  FILS.] 

Monsieur  mon  fils,  je  pensois  vous  envoyer 
mon  autre  dépesclie  par  le  s'  de  Velizon, 
mais  j'ay  depuis  pensé  qu'il  seroit  plus  à 
propos  qu'il  me  suivit  encores  demain  en  Agde 
et  jusques  en  Arles,  ou  autre  lieu  du  gouver- 
nement de  Provence ,  au  dedans ,  où  j'espère 
estre  bienlost,  comme  verre/,  par  madicte 
autre  dépesclie,  ayant  advisé  de  renvoyer  ce 
pendant  eu  toute  diiligence  Georges,  présent 
porteur,  avec  ce  pacquct,  et  vous  prier  .par 
ung  des  courriers  que  je  vous  ay  dernière- 
ment despesché,  après  le  jeune  de  Laubespine, 
vous  me  faciez  tenir  en  toute  extresme  diili- 
gence les  expéditions  nécessaires  pour  instal- 
ler le  grand  l'iicur  au  gouvernement  de  Pro- 
vence-, et  pour  donner  la  charge  des  Gallères 

'  En  lète  :  "  Envoyée  an  I^oy  pai-  Georges  n. 

-  La  Provence  était  alors  singulièrement  di>isée  en 
deux  factions  rivales  :  les  Garcistes,  qui  avaient  pour 
chef  le  comte  de  Garces,  et  les  liazats,  qui  étaient  le 
parti  populaire.  Le  comte  de  Suze  avait  été  obligé  de 
donner  sa  démission  de   gouverneur.  On   lavait  rem- 


au  s'  de  Suze,  auquel,  s'il  vous  plaist,  vous 
escriprez  par  mesme  moien  vous  aller  inron- 
tincnl  trouver,  pour  entendre  Testai  en  quoy 
à  présent  est  la  charge  desdictes  gallères  et  y 
pourveoir,  affiii  (pi'il  \  ait  plus  de  moien  et 
vous  y  puisse  niieulx  faire  service.  Car  si  le 
s'  de  Suze  venoit  si  soudain  à  Marseille,  com- 
bien que  Marseille  soit  plus  paisible  que  les 
autres  villes  dudit  païs  de  Provence,  croyez 
touttefois  que  sa  présence  nous  empescheroit 
de  composer  les  troubles  d  iceluy  pais,  tant  il 
y  en  a  qui  sont,  à  ce  que  j'entendz,  animés 
contre  le  s''  de  Suze.  Je  vous  prie  derechef 
douques,  Monsieur  mon  fils,  en  user  de  ceste 
façon,  et,  affin  que  je  ne  sois  point  retardée 
par  faulte  de  ces  expéditions,  de  me  les  en- 
voyer incontinent  et  en  toute  diiligence  par 
ung  des  courriers  qui  aille  jour  et  nuict,aflîn 
que  je  les  aye  dedans  dix  jours,  s'il  est  pos- 
sible. Priant  Dieu,  Monsieur  mon  fils,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 
Escript  à  Pézenas,  le  xx''  may  i579- 


1579.  —  2 '4  mai. 
Copie.  Bibl.  nat. ,  Fonds  fr.inçais,  n**  SSig,  f*  ig '. 

[Al    ROY  MONSIEUR  M0>   FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  suivant  ce  que  je  vous 
ay  escript  par  Georges,  j'arrivay  en  ce  lieu-,  oii 

placi'  momentanément  par  le  vieux  cardinal  d'Arma- 
gnac, qui  avait  fait  son  entrée  à  Aix  le  ao  avril  1579; 
mais  la  reine  mère,  avec  raison,  voulait  nommer  à  ce 
poste  le  comte  d'Angouléme,  tandis  qu'on  passerait  sa 
charge  de  général  des  galères  au  comte  de  Suze. 

'  En  tête  :  tr  Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  de  Ban- 
ville, escuier  d'escurie  de  Monseigneur.» 

*  Agde,  où  il  y  avait  alors  un  évéclié,  aujourd'hui 
simple  chef-lieu  de  canton,  est  plus  au  sud,  tout  près 
de  la  Méditerranée.  La  reine  suivait  le  littoral  pour 
éviter  la  peste. 

i7. 


372 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


j'ay  séjourné  jusques  à  cejourd'huy,  affia  de 
voir  exécuter  en  ces  diocèses  de  deçà  par  ie 
s''  de  Thoré  (suivant  la  commission  qu'il  a  de 
mon  fils  le  roy  de  Navarre),  avec  les  s"  de 
Saint-Félix  et  de  Lombais  que  j'y  ay  députez, 
l'édict  dernier  de  pacifficalion  et  les  articles 
de  la  confirmation  d'icelluy,  arrestés  en  nostre 
conféi-ence  de  Nérac,  m'ayant  semblé  estre 
nécessaire  de  veoir  cela  fait,  premier  que 
m'esloingner.  Le  s"^  de  Thoré  disoit  ne  pouvoir 
consentir  à  vacquer  à  cette  exécution  au  dio- 
cèse de  Montpellier,  pour  ce  que  c'est  au  s"^  de 
Cliastillon,  lequel  véritablement  est  joinct 
avec  luy  en  celte  commission;  mais  estant 
Cliastillon  absent  et  allé  en  Rouergue  pour  se 
marier  eu  la  maison  de  Peyre  ' ,  je  respondis 
qu'il  n'estoit  pas  raisonnable  que  les  choses 
différassent  à  se  faire,  comme  je  me  suis  bien 
aperçue  que  quelques  ungs  de  part  et  d'autre 
en  ont  grande  envye.  Toutlefois  j'espère  que 
Dieu  me  fera  la  grâce  que  le  bon  commence- 
ment que  j'ay  laissé  jusques  icy  s'y  suivra  et 
establira  comme  en  Guyenne  et  aux  autres 
lieux  de  Languedocq,  y  estant  grâces  à  Dieu 
ung  chacun  en  bonne  paix  et  repos,  comme 
vous  avez  veu  par  mes  dernières  despesches, 

'  François  de  Coiigny,  seigneur  de  Cliastillon,  fils  de 
l'amiral  de  Coiigny  et  de  Cliarlotle  de  Laval,  était  né 
en  1 557  :  il  avait  donc  alors  vingt-deux  ans.  Il  est  pos- 
sible qu'il  ait  pensé  à  épouser,  en  Rouergue,  une  fille 
d"uu  Gramont  d'Aure,  seigneur  de  l'eyre,  d'autant  que 
la  famille  était  à  demi  huguenote.  (Le  château  de  Peyre 
est  situé  dans  la  commune  de  Compregnac,  arr.  de  Mil- 
lau, Aveyron).  Mais  il  est  certain  que  le  mariage  projeté 
n'eut  pas  lieu,  puisqu'on  voit  qu'en  lâSi,  le  18  mai, 
il  épousa ,  au  château  de  Warty  ou  Ouarty,  Marguerite 
d'Ailly,  fille  aînée  de  Charles  d'Ailly,  seigneur  de  Pé- 
quigny  en  Picardie,  vidame  d'Amiens.  Sou  historien, 
M.  le  comte  J.  Delahorde,  ne  parle  pas  de  cette  première 
union  mauquée.  Il  dit  seulement  (p.  187)  :  nChastillou 
s'attacha  à  assurer  l'exécution  du  traité  de  Nérac  en 
Languedoc. ji  {François  de  Chastillon ,  etc. ,  Paris,  1886, 
in-8°.) 


ausquelles  me  remettant,  je  ne  vous  ennuyeray 
de  redite,  ny  ne  vous  feray  particuUièrement 
le  discours  d'une  infinité  de  requestes,  diffé- 
rends et  protestations,  que  j'ay  vuidées,  pen- 
dant qu'ay  esté  à  Pézenas,  entre  les  ungs  et 
les  aultres  de  l'une  et  de  l'aultre  relligion, 
tant  de  Pézenas  que  des  autres  villes  et  lieux 
circonvoisins,  dont  entre  aultres  je  vous  diray 
le  sommaire  de  deux  très  importans  :  l'ung  que 
ceux  de  la  Relligion  prétendue  réformée  voul- 
loient  avoir  le  presche  à  Montaignac\  qui  est 
bien  près  de  Pézenas,  disant  qu'il  y  avoit  tou- 
jours faict  de  leur  relligion ,  mais  il  s'est  trouvé 
que  non,  et  en  ont  esté  déboutés;  il  y  a  eu 
aussy  ung  grand  débat,  et  qui  a  esté  fort  diffi- 
cile à  résouldre,  entre  les  vieulx  et  nouveaulx 
consuls  de  Montpellier,  sur  lequel  à  la  fin  j'ay 
ordonné  que  les  vieilz  demeureront,  en  atten- 
dant qu'il  eust  esté  veu  et  jugé  par  la  Chambre 
de  justice  de  Languedocq  si  l'eslection  nouvelle 
avoit  été  légitimement  faicte  ou  non  :  cepen- 
dant le  temps  de  leur  consulat  couHera,  et  évi- 
tera-ou  par  ce  moieii  la  division  et  mal  qui  en 
eust  peu  advenir.  Je  vous  diray  aussy  que  Vé- 
rac,  que  j'avois  envoyé  devers  cest  homme  de 
bien  de  Fournier,  qui  est  ung  aultre  Bacom, 
avec  commission  expresse  pour  faire  entière- 
ment exécuter  l'édit  es  lieux  qu'il  occupe,  a  à 
l'instant  faict  sortir  tous  les  estrangiers  de  Brii- 
guéroUes'-,  qui  est  un  lieu  bien  fort  qu'il  oc- 
cupe, et  du  bourg  et  chasteau  de  Fa^,  qui  est 
là  auprès;  mais  il  n'a  point  voullu  permettre 
que  Véracait  faict  desmanleller  Bruguérolles, 
comme  je  désirerois,  jusques  ad  ce  que  mon 
fils  le  roy  de  Navarre  luy  en  ay  escripl,  comme 

'  Montagnac,  sur  l'Hérault,  chef-lieu  de  canton  de 
r arr.  de  Béziers,  à  26  kiloni.  de  celte  ville. 

*  Brugairolles  (Aude),  arr.  de  Limoiix,  à  18  kilo- 
mètres de  Carcassonne. 

'  Fa,  sur  la  rivière  de  ce  nom,  canton  de  Quillan, 
arr.  de  Limoux. 


LETTRES  DE  CATHE 

j'espiTi^  (lii'il  fi't-a,  cai'  je  lo  luy  ay  pxpresso- 
meiit  inancli',  el  aussy  à  ma  (illu  |)oiir  lo  luy 
faire  fain!,  et  au  s'  de  l'ibrac  poui'  y  li-nir  la 
maiu;  cl  cependant,  pour  ci;  (|iie  ledit  Fouiniei- 
et  le  s''  d'Audoux,  qui  avoit  esté  deputté  par 
le  roy  de  Navarre  pour  aller  exécuter  l'edit  à 
Bruguérollcs,  ont  cpiel(|ue  inimityé  ensemble, 
j'ay  escript  au  s''  de  Couslanson  s'y  en  aller, 
espérant  que,  combien  qu'il  soit  catliolicque, 
ad  ce  que  m'a  dit  Ve'rac,  il  iuy  obc'yra,  comme 
je  croy  qu'il  eust  l'aict  au  reste  du  contenu 
de  la  commission  de  Vérac,  n'eust  esté  que 
quelques  ungs  de  ceuh  de  la  Uelligion  qui  ne 
veullent  pas  la  paix  luy  ont  esté  dire  depuis 
peu  de  jours,  comme  aussy  l'avoieut-il  vouilu 
persuader  audit  Bacom,  que  nous  retournerions 
à  la  guerre  avant  qu'il  l'eust  ung  mois,  pour 
ce  que  ceux  do  la  Relligion  s'asseuroient  bien 
que  l'on  ne  feroit  point  faire  de  justice  de  ce 
qui  est  advenu  à  Laugon ,  et  qu'eulx  pour  ceste 
occasion  voulloieut  fous  reprendre  les  armes, 
aussy  qu'ils  s'asseuroient  que  le  s''  de  Clervant 
leur  amcneroit  bientost  deux  mil  reistres, 
comme  il  leur  avoit  promis  passant  par  icy, 
quand  il  s'en  alla  de  nostre  conférence  de 
Nérac,  et  semble  par  leurs  discours  qu'il  y  ait 
encores  du  levain  de  ceste  belle  menée  et 
proposition  de  protection  du  Cazimir.  J'en  ay 
escript  à  mon  fils  le  roy  de  \avarre,  et  aussy 
de  la  difficulté  que  faisoit  Tboré  d'exécuter  la 
charge  qu'il  avoit  par  deçà,  s'en  voullant  re- 
mettre à  Chastillou,  (jui  semble  qui  se  soit 
tout  exprès  [en]  allé  pour  ne  procéder  à  l'exé- 
cution, aflin  que,  quand  je  serois  passée, 
ceila  demouré  à  faire,  ils  feissent  traisner  les 
choses  et  les  menassent  après  comme  ils  vou- 
droient;  mais  je  ne  passeray  pas  oultre  que 
je  ne  les  voye  comme  il  est  requis  pour  le  bien 
de  vostre  service.  Je  suis  ung  peu  retardée  pour 
ceste  occasion;  mais  si  j'en  faisois  autrement, 
il  y  auroit  danger  que  cela  imus  aportast  ung 


RINE  DE  MÉDICIS.  :'.7:î 

grand  préjudice,  à  ([uoy  je  veiilx  remédier, 
comme  il  est  très  nécessaire,  aviuil  que  je  soi  te 
du  Languedocq. 

Il  y  a  eu  aussy  un  ministre  qui  a  iaict 
ung  fort  griind  vacarme  de  ce  qui  est  ad- 
venu à  Tours  ',  dont  je  vous  escripvis  der- 
nièrement et  envoyay  la  requeste  que  l'on  en 
avoil  présentée  à  mon  filz  le  roy  de  Navarre. 
Ledit  ministre  faisoit  bien  les  choses  encores 
plus  grandes  (ju'elles  ne  sont  portées  par  la 
requeste;  mais  j'en  ay  faict  sur  i'iicure  une 
fort  expresse  despesche  au  s'  de  Thoré,  par 
laquelle  je  diz  les  choses  comme  elles  sont 
passées,  et  l'asseurance  (]uc  j'ay  que  vous  en 
ferez  faire  justice  promptement  si  desjà  elle 
ne  l'est,  et  le  ferme  désir  que  vous  avez  à 
l'exécution  et  entretenement  de  vostre  édicl 
de  paciffication.  J'en  ay  escript  encores  ex- 
pressément par'  Courier  exprès  à  mon  fils  le 
roy  de  Navarre,  et  à  ma  fille  sa  femme,  el 
aussy  au  s'  de  Pibrac,  affin  qu'il  face  sur  cela 
une  bonne  despesche  au  s''  de  Thoré  et  aux 
principaux  de  la  Relligion  de  ce  pais,  et 
quant  et  quant  qu'il  escripve  audit  ministre 
et  lui  en  face  une  bonne  réprimande,  ce  que 
j'espère  qu'il  fera,  et  m'asseure  qu'avec  la 
dépesche  que  j'ay  faicte  au  s'  de  Thoré,  que 
luy  ay  envoyée  par  ung  gentilhomme  des 
miens,  il  admortira  ce  pendant  ce  mauvais 
bruict  et  que.  Dieu  aidant,  cella  ne  nous 
troublera  rien  comme  il  a  cuydé.  Voilà  pour- 
quoy.  Monsieur  mon  fils,  je  vous  prie,  ainsy 
que  je  vous  en  ay  escript  dernièrement,  d'en 
faire  telle  desmontration  et  commander  en 
estre  faict  si  bonne  et  ample  justice,  que  ceulx 
de  la  Relligion  puissent  veoir  ce  dont  je  les 
a  y  asseurés. 

Cependant  je  vous  diray  aussy,  Monsieur 

'  Le  mol  est  mal  écrit:  ce  ne  peut  èlre  qu'une  j)lace 
de  Guyenne  ou  de  Gascogne,  sans  doute  Touars,  cant. 
de  Ijavardac,  arr.  de  Nérac. 


374 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


mon  flis,  que  dom  Fernando,  fils  naturel  du 
ducd'Aibe,  viee-roy  en  Catbelongne\  a  avant- 
hier  icy  envoyé  vers  moy  me  visiter,  comme 
il  est  acoustume',  dom  Martin  de  Gosseman, 
gouverneur  de  Perpignan ,  qui  n  a  esté  en  ce 
lieu  que  deux  ou  trois  heures  et  s'en  est  sou- 
dain retourné  avec  d'honnestes  parolles,  res- 
pondantes  à  celles  qu'il  m'a  dites.  Il  m'a  faict 
instance  de  deux  Espaignols  que  ceulx  de  la 
Relligion  prétendue  re'formée  ont  arresté  pri- 
sonniers depuis  peu  de  jours  à  Aletz-,  où  j'ay 
incontinent  escript  pour  les  faire  délivrer;  et, 
afiin  qu'il  n'y  ayt  point  de  difficulté,  j'en  ay 
aussy  faict  une  dépesche  à  mondit  fils  le  roy 
de  Navarre,  affin  qu'il  mande  qu'où  les  mette 
incontinent  en  liberté  sans  leur  faire  paier 
aucune  ranson.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
fils,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Agde,  le  dimanche  xxiiii"  may 
1679. 

Monsieur  mon  fils,  depuis  ceste  lettre 
escripte,  que  je  vous  pensois  envoyer  par  l'or- 
dinaire des  postes,  Banville,  que  mon  fils 
m'a  despesché  pour  le  faict  du  mariaige  d'An- 
gleterre, est  arrivé  ce  matin,  aiant  charge  de 
mondict  fils  du  contenu  au  mémoire  et  in- 
struction dont  je  vous  envoyé  le  double,  en- 
semble de  la  response  que  j'y  fais,  lesquels  il 
vous  plaira  veoir^. 


'  Catalogne. 

-  Aletz;  est-ce  Alet  (Aude)  ou  Alais  (Gard)?  —  Sans 
doute  la  première  ville. 

'  iNous  avons  retrouvé  dans  le  même  manuscrit  fr. 
33 19  les  trinstructionsn  au  s' de  Banville  et  la  réponse  de 
la  reine  mère.  Nous  les  publions  à  l'Appendice;  et  voici, 
sur  l'état  où  se  trouvaient  alors  les  négociations  du  ma- 
riage avec  Elisabeth ,  une  curieuse  lettre  de  l'envoyé  du 
duc  d'Anjou  en  Angleterre,  Jean  de  Simier.   Elle  est 


1579.  —  26  mai. 

Orig.  Bibl.nat.,  Fonds  irançais,  n^aoSSg,  f  ôi. 

A  MONSIEUR  DELBENNE. 

S'  d'Eibene,  j'ay  receu  voz  deuz  semblables 
lettres,  ayant  veu  et  bien  considéré  le  con- 
tenu en  icelles,  surquoy  je  vous  diray  que 
Dieu  m'aiant  faist  la  grâce  d'avoir  remis  en 

adressée  de  Londres,  le  12  avril  1579,  au  chambellan 
du  prince  : 

trMonsieur,  Excusez  moy  si  j'ai  tant  demeuré  à  fajTe 
rcsponce  à  la  vostre.  Je  vous  supplye  n'avovT  pas  opi- 
guon  que  ce  soit  oblyence  ny  faulte  de  bonne  volonté  à 
vostre  service;  mes  vous  savez  que  gens  qui  représen- 
tent les  affections  pour  autruy  ne  peuvent  quasi  avoyr 
souvenanse  d'eux  mesmes.  Vous  pouvez  entendre  le 
cheminement  de  ma  négotiation  et  où  j'en  suis  demeuré , 
ayant  commencé  à  traiter  sur  les  articles  du  mariage  de 
Monseigneur  nostre  mestre  avec  la  Royne  d'Angleterre , 
du  5  de  ce  mois.  J'en  ay  toute  bonne  espérance;  mes 
d'en  dire  d'avantage,  j'attandray  que  le  rydeau  soit  tyré, 
la  chandelle  esleinle  et  Monseigneur  couché,  et  lors 
j'en  parleray  avec  bonne  assurance.  J'espère  que  Dieu 
prendra  la  protection  de  cesle  affaire  pour  la  conduyre 
à  bon  port ,  et  disposer  la  volonté  des  partyes  à  tout  ce 
qui  sera  raisonnable  pour  mentenyr  ruie  bonne  paix, 
conserver  et  accroistre  par  le  moyen  de  ceste  alyence 
l'unyon  et  l'amityé  de  ces  deux  Couronnes  de  France  et 
d'Angleterre  pour  le  bien,  proBt  et  tranquillité  de  leurs 
subjects.  Je  ne  suis  point  en  double  que  n'ayez,  où  vous 
estes,  beaucoup  de  grandes  affaires;  mes  je  vous  puis 
assurer  que  je  n'en  suis  pas  exempt  non  plus,  et  qu'il 
y  a  ysy  de  quoy  s'excuser  du  péché  de  paresse.  Tou- 
tesfois  jusques  icy,  Dyeu  grasses,  j'ay  surmonté,  pour  le 
service  de  Monseigneur  nostre  mestre,  toutes  les  dif- 
ficultés qui  se  sont  présentées,  dont  Sa  Majesté  s'est 
tenue  pour  satisfaicte.  Je  vous  jure  que  c'est  la  plus 
vertueuse  et  la  plus  honneste  princesse  du  monde  : 
son  esperitest  amyrable,  et  tant  d'aultres  partyes  qui  se 
remarquent  en  Sa  Majesté,  qu'il  me  faudroyt  beaucoup 
d'encre  et  de  papyer  pour  les  exprimer  par  le  menu  ; 
pour  conclusion  je  tiens  nostre  mestre  très  bereux  si 
Dyeu  veut  avancer  ceste  affayre.  Mandez  moy  de  vos 
nouvelles,  sur  quoy  je  vous  donne  le  bon  soyr,  saluyaiit 
vos  bonnes  grasses  de  mes  bien  humbles  recomanda- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


375 


Guienno  et  en  Lauguedocq  loutes  choses  eu 
repos,  espérant  en  avoir  bien  tost  laid  de 
mesme  en  Provence  et  Daulpliiné  et  d'cstrc 
dans  peu  de  jours  de  retour  auprès  du  Roy 
Monsieur  mon  filz,  que  lors  nous  pourrons 
adviser  aux  choses  dont  m'cscripvez.  Cepen- 
dant je  prye  Dieu  s'  d'Elbene  '  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  dijjnc  garde. 

Escript   à    Agde,   le    xxni"  jour   de    may 
1579. 


Caterine. 


PiNART. 


(ions,   pryant  Dyeu  vous  donner.  Monsieur,  en  santé 
très-lieureiise  et  longue  vye. 

te  De  Londres,  ce  xii  d'avjyl. 

rVoslre  bien  afl'ectionné  amy  à  vous  faire  servisse.» 

SVMIÉ. 

(Orig.  Biiliah  Mus.  F'rance,  vol.  66.) 

D'aulre  part,  l'ambassadeur  de  Toscane,  Farciui, 
écrivait  de  Paris  au  grand-duc  François  le  30  mars  1379  : 

«La  regina  d'Ingbillerra  persiste  tuttavia  nelia  pratica 
del  marilaggio,  ma  non  intendo  che  si  concluda  senza 
rintero  consenso  del  Re,  desideraudo  che  questo  matri- 
monio  di'bba  essere  una  calena  soldissima  da  tenere 
sempre  uniti  qucsti  due  regni  in  buona  e  paciGca  ia- 
teliigenzia. n  (Négociations  diplomatiques  de  la  France  avec 
la  Toscane,  t.  IV,  p.  a53.) 

On  prenait  donc  au  sérieux  en  Europe  ce  projet  de 
mariage  avec  lequel  Elisabeth  devait  si  longtemps  amu- 
ser la  cour  de  France.  Et  pourtant,  dès  l'arrivée  de  Si- 
mier,  le  a6  novembre  1678,  elle  avait  envoyé  une  longue 
instruction  à  son  ambassadeur  à  Paris,  dans  laquelle  elle 
lui  ordonnait  de  provenir  le  lioi  et  le  duc  d'Anjou  cpi'elle 
n'accorderait  jamais  les  trois  articles  qu'on  voulait  lui 
imposer,  et  même  qu'elle  trouvait  trbien  étrange  n  qu'ils 
insistassent  si  opiniâtrement ,  ce  qui  ferait  croire  que  <rie 
but  auquel  ils  prétendent  est  plus  la  fortune  dont  nous 
jouissons  et  non  pas  notre  personner.  [State  papers, 
vol.  65.  Minute  originale.) 

'  Julian  d'Elbène,  gentilhomme  servant  do  la  du- 
chesse de  Savoie.  —  Le  ms.  aoSSt)  du  fonds  français  de 
la  Bibl.  Nat.  est  presque  uniquement  rempli  de  lettres 
adressées  à  ce  personnage  de  1068  à  i6o4. 


1579.  —  ;!8  mai. 
Copio.  Bilil.  nal. ,  Fonds  français,  u"  33i9,  C°  Ho  v'  '. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Monsieur  mon  filz,  veoyant  bien,  comme  je 
vous  escripvi/.  [)ar  ma  dernière  despesche 
d'Agde,  que  vous  aura  rendu  Banville,  qu'il  y 
en  avoit  et  d'un  coste'  et  d'aultre  qui  eussent 
bien  de'sirc  que  l'exécution  et  establissemcnt 
de  vostre  e'dict  de  pacilhcutiou  et  des  articles 
de  la  confirmation  d'icelle,  résoluz  et  arrestez 
en  la  conférance  de  Nérac,  ne  se  fcusso  du 
tout  faict,  mais  on  laisser  en  arrière  quelque 
chose,  pour  rallumer  le  feu  et  s'en  servir  sellon 
leurs  passions  quand  ilz  vouldroienl,  je  me 
suis  opiniastré,  aiant  demouré  eu  ce  lieu 
quatre  jours  au  lieu  que  je  pensois  n'y  cous- 
cher  qu'une  nuict,  et  continuellement  depuis 
le  matin  jusqu'au  soir  ny  vacque'  à  oyr  les 
ungs  et  les  aultres  de  Montpellier,  où  reulx  de 
la  Relligion  ont  tant  accoustumé  de  gourman- 
der  les  catholiques;  elles  catholiques  sont  en 
sy  grand  crainte  et  deffience  d'eulx,  qu'il  a 
csli't  Ibrt  difficile  de  les  ranger  les  ungs  et  les 
aultres  ad  ce  qu'il/,  doibvent  fayre  pour  l'esta- 
blissemenl  de  la  paix  et  entretenemeut  d'i- 
celle; car,  après  que  le  faict  du  consulat,  dont 
je  vous  ay  par  madicte  dernière  assez  ample- 
ment escript,  a  esté  rendu,  et  les  consulz  de 
l'année  passée  remis  et  réinstalez  en  vertu  de 
la  sentence  que  j'ay  pour  ce  donnée,  de  la- 
quelle le  sommaire  sera  encloz  en  cepacquet, 
combien  que  vostredict  édict  et  les  articles  de 
la  confirmation  d'iceliuy  ayent  esté  fort  so- 
Icmpnellemeut  publiez,  et  tous  les  ecclezias- 
tiques,  ofliciers  de  justice  et  aultres  catho- 
licques  soient  rentrez  en  leurs  maisons  et  biens 

'  En  tête  :  «Envoyée  au  Roy  par  M'  des  Chappelles, 
escuier  d'escurie  de  la  Royne,  mère  du  Roy.  71 


376  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


en  icelle  ville  (de  sorte  que,  après  ladicte  pu- 
blication, l'exécution  s'est  assez  doucement 
faicte),  loutesfoys  lesdictz  de  la  Reliigion 
disoient  que  en  ladicte  ville  de  Montpellier, 
pour  estre  une  des  huict  villes  de  seureté  qui 
leur  sont  baillées  par  ledict  édict  de  pacifli- 
cation,  il  ne  se  devoit  admectre  aucun  catbo- 
lique  au  Conseil  de  ville,  ny  à  aucune  aultre 
action  de  la  police,  garde  ou  seureté  d'iceile 
ville;  mais,  après  beaucoup  de  longues  dis- 
putes et  contestations  des  ungset  des  aultres, 
nous  avons  en  fin  reiglé  cela,  et  a  esté  dit 
que  l'on  suivroit  ung  règlement  particuUier 
l'ait  pour  Périgeux.  11  s'est  aussy  l'aict  parniy 
cela  une  très  grande  contestation  pour  l'église 
Nostre-Dame  dudict  Montpellier,  seulle  église 
(jui  y  est  demourée  debout,  en  la  nef  de  la- 
quelle ceulx  de  ladicte  reliigion  font  leur 
prescbe  et  se  servent  de  la  tour  d'iceile, 
comme  il  est  de  tout  temps  accoustumé,  pour 
le  guet,  que  l'on  y  faict  tousjours  fayre  pour 
veovr  qui  approche  et  arrive  en  ladicte  ville, 
iceulx  de  la  Reliigion  u'aians  pas  de  raisons 
de  leur  costé  pour  ne  rendre  ladicte  église 
non  plus  que  ladicte  tour,  à  cause  qu'icelles 
église  et  tour  s'entretiennent  et  est  fort  pro- 
chains del'Hostol-de-Ville,  oiî  ilz  font  tousjours 
corps  de  garde,  qu'ilz  ont  allégué  qui  leur 
seroit  inutille,  et  par  conséquant  qu'il  n'y 
auroit  plus  de  seureté  pour  eulx  en  icelle 
ville,  d'aultant  que  les  catholiques  y  sont  en 
trop  plus  grand  nombre  qu'eulx,  lesqueiz 
aians  ladicte  église,  qui  est  le  fort  et  com- 
mande à  tout  le  reste  de  la  ville,  tiendroieut 
du  tout  en  subjectiou  ledict  Hostei-de-Ville,  où 
sont  toutes  les  munitions  :  pour  ces  raisons 
lesdictz  de  la  Reliigion  ont  dit  qu'ilz  ne  pou- 
voient  consentir  à  rendre  icelle  église.  Les 
catholiques  de  l'aultre  costé,  avec  juste  occa- 
sion, demandoient  à  y  estre  réintégrez  du  tout 
et  entièrement.  Cecy  a  esté  fort  débafu  entre 


eulx  audict  Montpellier,  où  le  sieur  de  Foix, 
que  j'y  avois  envoyé  pour  disposer  de  toutes 
choses ,  a  toujours  esté  avec  les  sieurs  de  Thoré 
et  de  Sainct-Félix;  mais  ne  s'en  estons  peu 
accorder  plusieurs  fois  qu'ilz  se  sont  assemblez , 
ilz  reveindrent,  et  les  ungs  et  les  aultres,  en- 
cores  hier  après -disner  pour  cela  vers  moy, 
qui  juge  ladicte  église  devoir  estre  rendue, 
comme  aussy  est-il  raisonnable,  auxdictz  ca- 
tholicques,  mais  que  l'aultre  tour,  qui  est  à 
ung  bout  d'iceile,  et  en  laquelle  on  peult  en- 
trer par  le  dehors  sans  incommoder  ny  veoir 
en  quelque  sorte  que  ce  soict  ceulx  qui  seroient 
e»  ladicte  église,  demoureroit  auxdictz  de  la 
Reliigion,  pour  fayre  ledict  guet,  et  y  met- 
troient,  si  bon  leur  sembloit,  ung  corps  de 
garde.  Après  ce  jugement,  iceulx  de  la  Relii- 
gion, qui  sont  certainement  taquins,  hargneux, 
et  opiniastres,  mirent  encoros  une  aultre  diffi- 
culté en  avant,  qui  est  qu'ilz  ne  pourroient 
aller  à  l'orloge  ,  où  est  ladicte  cloche  du  guet, 
(n'y  aiant  plus  en  toute  ladicte  ville  aultre 
cloche  que  celle-là) ,  sans  passer  par  les  voultes 
et  galleryes  qui  sont  faictes  par  le  dedans  au 
hault  et  pourtour  de  ladicte  église,  et  requer- 
roient  avoyr  ce  chemin-là  libre  à  eulx.  Cela 
m'a  bien  empeschée;  car,  comme  lesdictz  ca- 
tholicques  ont  remonstré,  ilz  ne  pourroient 
estre  au  service  divin  sans  que  lesdictz  de  la 
Reliigion  les  veissent  allans  et  venans  par  ies- 
dictes  galleryes.  Considérant  aussy  par  moy 
que  c'estoit  leur  laisser  tousjours  une  occasion 
de  sédition  ou  de  tumulte,  j'ay  enfin  résolu  et 
ordonné  que  ladicte  église  sera  rendue  aus- 
dictz  catholiques  et  que,  dedans  dimanche, 
pour  tous  delays,  lesdictz  de  la  Reliigion  os- 
teront  leurs  chaires  et  ce  qu'ilz  ont  eu  icelle, 
afiin  que  le  service  divin  s'y  puisse  recom- 
mancer  à  célébrer  ce  jour-là,  que  les  huisse- 
ries d'iceile  tour,  allans  au  dedans  de  ladicte 
église,  seront  bouchées   et  que  par  ladicte 


LETTRES  M  CATHE 

tour  l'orlofjer  scnil  entrera,  (|iiaii(l  il  fauldroit 
aller  à  ladicte  orioge,  et  que  ie  Gouverneur 
seul  auroit  les  clefz  de  ladicte  p(Jrte,  pour 
la  fayre  ouvrir  audict  orloger  seul,  quand 
besoing  seroil.  Il  me  semble  que  c'est  le  meil- 
leur expédient  que  Ton  y  eust  peu  trouver. 
Aussy,  en  fin  s'en  sont -il/,  contentez  les 
ungs  et  les  aullres.  Crai{];nanl  qu'après  que  je 
serovs  esloignée  d'icy,  ilz  prissent  occasion 
de  quelque  nouveau  dillereiid  parniy  euk, 
j'av  fait  obliger  parlicuUièrement  ung  nombre 
de  ceulx  de  ladicte  Ktlligion  que  les  catho- 
licques  ont  clioisvz  et  ung  nombre  aussy  de 
catbolic(|ues  que  lesdictz  do  la  Itelligion  ont 
pareillement  ciioisiz,  qui  promettent  la  seureté 
les  upgs  aux  aullres  pour  le  reste  des  habitans 
de  ladicte  ville  et  qui  s'assembleront,  quand  il 
naisli'a  quelque  dilîe'rend,  pour  le  composer  a 
l'amiable  entre  eulx,  et  suivre  ce  qu'ilz  advi- 
seront  par  tout  le  reste  desdictz  habitans  de 
ladicte  ville;  ce  qui  a  este  trouve'  très  bien 
par  eulx  tous,  et  ainsv  le  leur  ay-je  faict  sol- 
lempnellement  jurer  et  promettre,  de  sorte. 
Monsieur  mon  filz,  que  je  laisse  ledict  Mont- 
pellier en  fort  bon  estât,  et  m'asseure  que 
cela  sera  cause  que  tout  le  reste  du  Bas-Lan- 
guedoe(j  demourera  en  paix  et  repos.  Et  aflîn 
que  vostredict  e'dict  et  articles  de  ladicte  ct)n- 
férance  y  soient  parfaictement  e\»>culez  et 
establis,  estant  Ghaslillon  absent,  qui  avoit 
este  pour  ce  député  commissaire  par  mon  filz 
le  roy  de  Navarre,  avec  le  sieur  de  Thoré,  j'ay 
faict  en  sorte  que  tous  ceulx  de  ladicte  relli- 
gion  ont  accordé  que  le  sieur  d'Audelot,  as- 
sisté d'un  conseiller  au  siège  Présidial,  yra 
avec  le  sieur  de  Lombais ,  qui  sera  aussy  assisté 
d'un  nommé  Le  Roy,  juge  de  Gignac',  person- 
naige   fort  entendu  et  très  catbolicque,  afin 

'  Gignac(Hérault) ,  une  des  places  de  siirelc  accordées 
aui  protestants  par  rarlicle  xvii  des  conférences  de  Nérac. 

(Jatuerise  de  MtDIClS.  VI. 


RLNE  IVE  MÉDIGIS.  377 

d'acbever  tout  ce  (fui  est  nécessaire:  eslini;iiil 
n'avoir  pas  peu  faict;  car,  par  ce  moien,  tout 
le  Languedocq  demeurera,  Dieu  aydani,  en 
très   bonne  paix  et   repos. 

Ji'  partiray.  Dieu  aydant,  demain,  et  seray 
samedi  de  bonne  heure  à  Beaucaire,  où  je 
n'obmettray  rien  non  plus  de  ce  (|ue  je  verray 
qui  sera  nécessaire  pour  le  bien  de  vostre  ser- 
vice, espérant  esfre  aussy  lundi  ou  mardi  à 
Tarascon,  oiî  j'ay  mandé  le  cardinal  d'Armai- 
gnac  se  trouver  seul  avec  son  train  et  le  pré- 
sident des  Arches'  seuUement;  ayant  envoyé 
Vérac  devers  les  uiigs  et  devers  les  aultres, 
pour  les  advertirde  ma  prochaine  arrivée  au- 
dict  païs  de  Provence  et  leur  commander  à 
tous,  de  vôstre  part  et  de  la  mienne,  qu'ilz 
aient  à  mectre  les  armes  bas  et  lever  le  siège 
de  devant  le  cbasteau  de  Tranc-,  où  les  ra- 
zats  tiennent  assiégi'  le  jeune  marquis,  gendre 
du  sieur  de  Garces;  aiant  considéré  que  s'il 
advenoit  que  lesdictz  razats  prissent  ledict 
cbasteau  et  tuassent  ledict  jeune  marquis  de 
Tianc,  comme  sans  doubte  ilz  feroicnt,  ce 
seroil  tousjours  aigrir  les  choses  davantaige, 
et  y  auroit  encores  moingz  de  moien  qu'il 
n'y  a  d'accomoder  et  composer  les  différendz 
d'entre  eulx  :  en  quoy  je  veoy  beaucoup 
plus  de  difficulté  que  l'on  ne  vous  a  faict 
entendre;  car  les  ungs  et  les  aultres  ont  en- 
cores toutes  leurs  forces,  estant,  ad  ce  (|ue 
j'ay  scèu.  Vins  venu  pour  servir  ledict  jeune 
marquis,  ayant  failly  à  se  noyer  passant  la  ri- 
vière de  .  .  .  .^,  qui  en  est  près  :  ilz  s'y  sont, 

'  Jean-Jacques  de  Mesmes,  seigneur  des  Arches, 
roailre  des  requêtes  ordinaires  de  riiôtel  du  roi  jusqu'à 
lôyô,  plus  lard  président  au  grand  conseil,  (ils  de 
Jean-Jacques  de  Mesmes  et  de  Nicole  Honnequin,  daine 
des  Arches. 

'  Trans,  dans  le  Var,  à  peu  de  distance  de  Dragni- 
gnan.  Le  château  fort  avait  été  construit  au  moyen  âge. 

'  Le  mot  est  laissé  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

i8 

lUPniVLniE     NATIONALE. 


378 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ad  ce  que  l'on  m'a  dit,  batuz;  mais  je  ne  say 
encores  qui  a  eu  du  meilleur.  Croiez,  Mon- 
sieur mon  filz ,  qu'ilz  sont  fort  animez  les 
ungs  contre  les  aultres,  et  qui  plus  est,  l'on 
dict  qu'il  vient  du  renfort  audict  Vins,  qui 
descent  de  Piedmont.  Je  vous  asseure,  Mon- 
sieur mon  filz,  que  je  n'obraectray  aulcune 
chose  que  je  puisse  penser  pouvoir  servir  à 
les  composer  et  accorder  tous,  leur  ayant  faict 
particuUièrement  une  fort  expresse  despesche 
par  ledict  Ve'rac  et  mandé  se  tenir  prestz  pour 
me  venir  trouver  avec  leurs  trains  seullement, 
lors  et  au  lieu  que  je  leur  manderay,  comme 
je  ne  suis  pas  encores  bien  re'solue.  Vray  est 
que  si  aultre  occasion  ne  survient,  je  me  de'- 
libère  que  ce  sera  à  Marseille.  J'ai  envoyé 
Montmorin,  comme  je  vous  escripviz  avant- 
hier  de  ma  main,  avec  lectres  devers  le  sieur 
de  Suze.  J'en  attendz  bien  tost  response,  dont 
vous  serez  incontinent  adverty.  Priant  Dieu, 
Monsieur  mon  filz,  vous  avoyr  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escript  à  La  Vérunne  ^  près  Montpellier,  le 
jeudi  xxvin"""  may  iS^g. 

Monsieur  mon  filz-,  depuis  ceste  lectre 
escriple  et  durant  toute  ceste  après-disnée, 
depuis  midy  jusques  à  six  heures  sonnées, 
j'ay  encores  prys  la  patience  d'oyr  ce  tour- 
ment ve'hément  de  ceulx  de  Montpelliei-  :  en 
quoy  je  n'ay  pas  perdu  mes  peines.  Car  j'ay 

'  La  Vérune,  arrondissement,  et  ranton  de  Mont- 
pellier. Il  y  avait  dans  cette  petite  ville  une  très  belle 
maison  de  campagne,  appartenant  aux  évèques  de  Mont- 
pellier, célèbre  par  ses  plantes  exotiques  et  sa  végétation 
luxuriante.  C'est  là,  assurément,  que  logea  la  reine 
mère." Le  27  mai,  elle  signe  à  la  \érune  une  réponse  au 
Parlement  de  Toulouse  qu'on  trouvera  à  V Appendice;  et 
le  28,  elle  y  donne  quittance  de  la  somme  de  trois  cent 
trente  écus  soleil,  nécessaire  pour  solder  sa  dépense 
personnelle  de  quinzaine.  —  V  oir  également  l'Appenilice. 

^  Entête  :  «Postscript  de  iadicle  dépesche.  F°  Sa  r'.v 


tant  faict  que  ceulx  de  la  Relligion  pre'tendue 
réformée  ont  quicté  les  galleryes  et  voultes 
qu'ilz  vouHoienlàtoute  force  retenir,  pour  aller 
de  la  tour  du  clocher  en  la  tour  de  l'or- 
loge ,  et  s'est  trouvé  ung  expédient,  comme 
vous  verrez  par  la  déclaration  que  j'en  ay 
faict  mectre  par  escript,  de  laquelle  je  vous 
envoyé  le  double;  aiant  parcemoieu  contenté 
les  ungs  et  les  aultres  et  surtout  les  ecclézias- 
ticques  et  catholiques.  Je  vous  envoyé  une 
lectre  que  mon  filz  le  roy  de  Navarre  ^ 
m'escript,  et  suivant  laquelle  je  vous  prye 
d'escripre  au  marescbal  de  Biron  qu'il  donne 
ordre  pour  fayre  fayre  la  justice  du  faict  de 
Langon  et  des  auUres  contraventions  à  i'édit, 
non  seullement  pour  ceulx  dudict  Langon 
qui  sont  catholiques,  mais  aussy  de  ceulx  de 
Castillonnois  qui  sont  de  la  Relligion,  comme 
je  luy  ay  encores  ce  jourd'hui  escript;  car  si 
on  ne  le  faict  et  sur  les  ungs  et  sur  les  aultres, 
je  crains  bien  qu'il  en  adviendi-a  du  désordre. 
Je  vous  envoyé  aussy  une  lectre  dudict  niares- 
chal  de  Biron,  affin  qu'il  vous  plaise  luy  fayre 
envoyer  une  commission  pour  fayre  venir  de 
Bordeaulx  celluy  des  deux  conseillers  qui  sont 
nommez  en  sadicte  lectre,  et  luy  fayre  aussy 
responce  sur  l'augmentation  de  deux  conseil- 
lers catholicques  et  d'un  président  de  la  Rel- 
ligion, qu'il  seroit  d'advis  que  l'on  meist  en  la 
Chambre  d'Agen.  Priant  Dieu,  Monsieur  mon 
filz,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Du  xxviif  "■"  may  au  soir,  fort  tard. 


'  Nous  n'avons  pas  la  lettre  du  roi  de  Navarre  à  la 
reine  mère.  Mais  quelques  jours  plus  tard,  le  12  juin 
1579,  il  écrit  de  Pau  au  Roi,  pour  se  plaindre  de  ce 
qu'on  n'a  pas  fait  justice  du  n  cruel  fait  de  Langonn , 
qu'on  ne  lui  a  pas  rendu  ses  châteaux  de  Montignac  et 
de  Neutron,  que  <tla  justice  n'est  point  remise  au  siège 
de  Périgueulxn.  —  Lettres  missives,  t.  I,  p.  201. 


1579.  —  3o  mai. 
Copie.  Bibl.  nat. ,   Fomis  fiançais,  n'SSig,  fô.'iV'. 

[AU  ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Mons"'  mon  filz,  après  que  j'eus  hier  malin 
dépesché  les  (Chapelles  à  Vérunne,  je  passay 
loul  au  lonjf  des  murailles,   el  joignant  la 
porte  de  Montpellier,  ([ui' je  (rouvay  fort  bordée 
d'harquebuziers,    comme    l'on    m'avoit    bien 
dict;  mais  pour  cela  je  ne  laissay  d'y  aller 
franchement,    sans    leur    monstrer    aucune 
craincte  ny  delTiance,  combien  ([ue  tous  leurs 
harquebu7.i(M-s  feussent  si  près  de  mon  chariot 
(d'aullaul  que  le  chemin  y  est  estroil),  que  le 
bout  de  leurs  harqucbuzcs  touchoit  presque 
à  mon  charriot.  Les  consulz,  avec  leurs  robes 
rouges    el    chapperons,  accompaignés    d'une 
grande  tourbe  de  peuple  de  l'une  et  l'aullre 
relligion  qui  les  suivoient,  veindrent  au  devant 
de  moy  avec  toute  humilité,  vous  olfrans  et  à 
moy  leurs  biens  et  vyes  avec  toute  la  fidellité 
que  doibvent  bons   subjects,   me  promettant 
et  asseurant  de  vivre  les  ungs  et  les  aultres, 
selon  ce  que  je  leur  ay  ordonné  et  qu'il  est 
porté  par  vostre  édict,  en  paix,  union  el  con- 
corde. Je  trouvay,  quand  je  l'euz  plus  avant  vis- 
à-vis  de  la  porte,  une  aullre  grande  tourbe  de 
peuple  qui  estoit  soitye  de  la  ville,  inoustrans 
les  ungs  et   les  aultres  quelque  peu  plus  de 
boaue  volunlé  que  l'on  ne  m'avoit  dict  qu'ilz 
avoient.  La  façon  dont  j'ay  u/,é   d'avoir  esté 
passer  si  librement   parmi  euix  a ,  à  ce  que 
j'entends,  encores  aydé  à  augmenter  en  eulx 
la  fiance  et  asseurance  qu'ilz  doibvent  aussy 
avoir  de  la   paix  et  que   nous  voulions  faire 
envers  eulx  tout  ainsy  et  comme  envers  vos 
aultres  subjects  :  j'espère  que   cela  prolittera 
beaucoup.  Le  s''  de  Thoré  veint  aussy  au  de- 

'  lin   léte  :  s  Envoyée  au  Roy  par  Monsieur  de  Ve- 
lizon.  n 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS.  37'.) 

vaut  de  moy,  un  peu  après  les  consulz,  et 
m'acrompaigna  tousjours  tout  le  long  des  mu- 
railles el  de  la  porte  do  la  ville,  estant  suivi 
de  Andelol  el  de  plusieurs  de  la  Relligion 
prétendue  réformée  à  cheval,  el  enire  aultres 
de  Poiquerays,  qui  estoit  uug  de  leurs  dé- 
putes à  la  conférance,  lesquels,  après  avoir 
passé  assez  loing  de  la  ville,  environ  une 
demye  lieue,  je  renvoyay  tous  forts  contents; 
et  vous  puis  asseurer  que  j'y  laisse  les  choses 
si  bien,  que  j'espère  en  Dieu  que  la  paix  et 
repos  y  demeurera. 

Je  pensois  venir  couscher  dès  hier  en  ce 
lieu^  pour  passer  tout  en  ung  jour  le  danger 
de  la  i)este,  el  m'approcher  d'aullant  plus  tost 
de  la  Provence;  mais  je  me  trouvay  ung  jteu 
lasse,  aianlfaictparmy  les  rochers  six  grandes 
lieues  de  ce  pais  avant  disner,  et  pour  ceste 
occasion  ay  cousché  au  Bais-,  oii  le  s"  de  So- 
leillas,  fds  du  s'  d'Oraison 3,  et  ung  nommé  le 
s"  de  Chasleaunenf,  député  de  la  part  de  la 
court  de  Parlement  de  Provence,  me  sont 
venuz  trouver  ce  malin ,  m'ayanl  apporté  de  la 
part  de  ladicle  court  de  Parlement  et  du 
s"  d'Oraison  les  lettres  que  je  vous  envoyé, 
suivant  lesquelles  ilz  m'ont  exposé  leur  créance 
de  la  mesme  substance  portée  èsdites  lettres; 
el  loullefois  j'espère,  selon  la  prévoyance  que 
j'en  ay  eue  et  l'ordre  auquel  j'ay  commencé 
à  acheminer  les  choses,  que  Dieu  me  fera  la 
grâce  que  les  ungz  el  les  aultres  obéyronl  à 


'  Beaucaire. 

-  Sans  doute  Aiibais,  vieux  château  et  baronnie,  à 
égale  distance  enlic  .Montpellier  et  Nîmes  (18  kilo- 
mètres), qui  appartenait  alors  à  Henri  du  Faur,  fils  de 
Micliel  du  Faur,  président  au  Parlement  de  Toulouse 
de  i5Gi  à  1569.  Henri  du  l'aur  avait  épousé  Jacque- 
line  de  Bouzainc,  dame  d'Aubais. 

■■'  Les  barons  et  marquis  d'Oraison  sont  originaires 
de  Provence;  ils  possédaient  le  château  de  Cadenet, 
qui  était  leur  principal  domaine.  Le  lils  aine  s'appelait 
le  s'  de  Soleillas. 

i8. 


380 


ce  que  je  leur  commanderay  pour  le  bien  de 
vôstre  service  ;  et  affin  qu'ils  n'ayent  aucunes 
occasions  de  faire  le  contraire,  j'ai  oscript  au 
cardinal  d'Armaignac  qu'il  ne  laissast  venir 
vers  moy  personne  qui  n'eust  charge  du  gé- 
néral de  l'ung  ou  de  l'aultre  party,  ne  voul- 
lant  que  l'un  ny  l'aultre  party  estimast  que 
l'on  me  peust  faire  entendre  à  cachette  aul- 
cnne  chose  pour  l'edyantaige  des  ungs  au 
désadvantaige  des  aultres.  Je  l'ay  expressément 
faict  pour  ce  que  l'on  m'nvoit  dict  que  la  dame 
de  Garces  s'advançoit  d'clle-mesme  pour  me 
venir  trouver  et  que  beaucoup  du  party  de 
son  mary  et  de  Vins  estoient  en  Arles.  Je  cuide 
que  cela  sera  cause  que  la  dame  de  Garces 
et  les  aultres,  qui  eussent  peu  venir  sans 
charge  et  donner  soubçon  à  ceuix  de  l'aultre 
party,  s'acheminant  vers  moy  (après  avoir  en- 
tendu que  mon  intention  est,  ainsy  que  je 
leur  ay  par  Vérac  encoros  depuis  deux  jours 
mandé,  que  chacun  poze  les  armes  et  puis 
que  je  regarderay  à  faire  faire  justice  aux 
ungs  et  aux  aultres),  viendront  avec  plus  de 
résolution  et  que  je  découvriray  plus  aisément 
leur  volunlé,  aiant  cependant  esté  bien  aize 
que  lesdicts  Soleiilas  et  Ghasteauneuf,  puis- 
qu'ils avoient  charge  de  la  court  de  Parlement 
et  des  Razatz,  qui  n'est  qu  un,  soient  veuus  les 
premiers  avec  charge;  car  quand  je  sauray 
ce  que  les  ungs  et  les  aultres  ont  au  cœur, 
il  me  sera  beaucoup  plus  aizé  d'y  remed- 
dier. 

Gependant  la  principale  occasion  pour  la- 
quelle je  vous  faiz  ceste  dépesche,  après  vous 
avoir  adverty  de  ce  que  dessus,  c'est  pour  vous 
prier  comme  je  fais ,  pour  beaucoup  de  consi- 
dérations importans  fort  à  vostre  service,  que 
quand  bien  vous  auriez  disposé  de  toutte  la 
compaignyedufeu  s'' de  Montmorency,  comme 
j'ay  entendu  qu'avez  faict,  et  si  n'avez  eu  sou- 
venance du  sieur  d'Oraison  qui  en  estoit  lieu- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

tenant,  de  voulloir  contenter  ledicl  s''  d'Orai 


son  et  luy  donner  la  moicivé  dicclle  compai- 
gnie;  car  aiant  toujours  bien  servy,  comme  ila , 
et  se  présentans  les  occazions  que  vous  veoyez 
par  deçà,  c'est  chose  que  devez  faire,  et  luy 
en  envoyer  les  expéditions  sans  attendre  qu'il 
en  parle,  ny  que  l'on  congnoisse  que  l'on  le 
vous  ayt  ramentu';  cela  oblige  toujours  les 
bons  serviteurs  à  bien  faire,  et  plustost  donne- 
roys-je  une  nouvelle  compaignie  à  l'un  deceulx 
qu'auriez  voullu  grattiffier  de  celle  du  feu  s' 
de  Montmorency. 

J'oubliois  vous  dire  que  le  conte  de  Gri- 
gnan  -  et  le  s'  de  Montdragon  '  sont  venus  au 
devant  de  moy  avec  beaucoup  de  noblesse  de 
Provence,  enclins  au  party  du  s''  de  Garces; 
j'av  aussy  trouvé  la  dame  de  Garces  en  ceste 
ville,  qui  me  laissent  tous  entendre  que  le 
s''  de  Garces,  Vins  et  tous  les  aultres  du 
party  obéyront  à  ce  que  je  leur  comman- 
deray, et  pour  ceste  occasion  je  me  délibère 
d'assembler  demain  au  malin  le  cardinal 
d'Armaignac,  que  j'ay  pareillement  trouvé 
en  ceste  ville,  les  s"  de  Montmorency,  Grand 
Prieur,  de  Lanssac  et  de  Foix,  pour  prendre 
résolution  de  ce  que  je  debvray  faire,  estant 
en  quelque  opinion  que  le  meilleur  sera  que 
je  renvoyé  les  s"  de  Soleiilas  et  de  Ghas- 
teauneuf devers  la  court-  de  Parlement  de 
Provence  et  les  Razatz,  et  le  conte  de  Gri- 
gnan  devers  ceulx  de  l'aultre  party,  et  leur 
mander  aux  ungs  et  aux  aultres  bien  expres- 
sément qu'estant  venuz  pour  mettre  en  paix 
et  repos  le   pais  de- Provence,  je  n'y  veulx 

'  Ramenlu ,  du  vieux  verbe  ramentevoir,  tr rappeler  à 
la  mémoire ,  faire  ressouvenir^. 

"  Louis- Adhémar  de  Monteil,  comte  de  Grignau, 
liaron  d'Entrecasteaux ,  qui  avait  épousé ,  en  iSôg,  Isa- 
belle de  Pontevès. 

'  De  la  famille  d'Albert,  d'où  sortaient  les  seigneurs 
de  Montdragon. 


entrer  que  premièrement  ils  n'jiieut  tous  de 
part  ol  d'aullrti  pozé  les  armes,  et  en  ce 
faisant  lève!  le  siège  par  les  Hazalz  de  devant 
le  cliasteau  de  Trauc',  et  par  le  s''  de  Garces 
et  ceulx  de  son  parly,  du  tout  cl  librement 
rendu  S'  Pol  et  le  Puy  es  mains  des  proprié- 
taires; car  je  pense  bien  qu'encorcs  que  je 
leur  ave  aux  ungs  et  aux  aultrcs  mandé  ce 
faire  par  Vérac,  qu'ils  ne  le  feront  pas  sitost, 
si  les  dessusdicis  ne  vont  chacun  vers  le  party 
où  ils  inclinent,  leur  faire  bien  expressément 
entendre  mon  intention.  Si  je  puis  gaigner 
cela  sureulx,  j'espère  que  Dieu  me  fera  la 
grâce  que  plus  facilement  et  bientost  je  pa- 
ciÛieray  les  choses  par  deçà.  La  Molle  est  ar- 
rivé, qui  dit  que  pour  pourveoir  promptement 
au  Dauphine'  et  en  Pie'monf,  il  seroit  besoing 
que  j'allasse,  après  avoir  faict  en  Provence, 
passer  à  Grenoble,  et  que  les  ungs  et  les 
aultres  y  viendroient  ou  enverroient,  et  que 
je  pourrois  aussy  veoir  Mons''  de  Savoye  :  je 
regarderay  d"y  faire  tout  le  mieulx  qui  me 
sera  possible,  pour  le  bien  de  vostrc  service, 
et  vous  advertirav  journellement  du  succeds 
de  tout.  Ce  pendant  je  vous  diray  que  j'avois 
envoyé  le  s'"  de  Monlmorin,  comme  avez  veu 
par  ma  précédente  dépesche ,  devers  le  conte 
de  Suze  avec  les  bonnes  lettres  que  avez  pris 
la  peine  de  luy  escripre,  comme  aussy  ai-je 
faict  de  ma  part  fort  favorablement,  ainsy  que 
verray  par  le  double  d'icelles  que  je  vous  en- 
voyé, ensemble  et  la  réponse  qu'il  m'y  a  faicte, 
sur  laquelle  j'ay  advisé  de  renvoyer  son  se- 
crétaire, qui  s'est  trouvé  icy,  vers  luy,  pour 
entendre  les  causes  qu'il  désire  estre  en  la 
déclaration  (ju'il  demande,  affîn  de  les  vous 
pouveoir  après  envoyer,  pour  luy  faire  expé- 
dier ladicle  déclaration  en  la  forme  et  ainsy 
qu'il  se    trouvera    raisonnable.  Priant  Dieu, 

'  Dans  le  manuscrit,  on  écrit  toujours  Tiane  pour 
Trans. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  381 

Mons'   mon  fils,  vous  avoir  en  sa  saincio  et 


digne  garde. 


Escript   à  Beaucaire,  le  sabuieily  xxx''  jour 
de  mai  1679. 


1579.  —  Mai'. 

A«l.  Bibl.  ii.ll. ,  Fonds  français,  n°  3.i8i.  t°  l5. 
A  MA  COUSINE 

LA  DUCHESSE  D'USÉS. 

Ma  cousine,  vous  avés  envoyé  ysi  un  bon 
solisiteur  que  Bere,  car  quelos  afayres  que 
je  aye ,  yl  me  vient  parler  des  vostres.  Je  ann 
escrips  au  Roy;  et  le  mareschal  de  Monmo- 
rensis,  yl  fest  cet  qu'il  peust  ;  et  enn  é  ays- 
cript  à  Tore  que  j'é  veu  et  tous  les  huguenos 
de  Languedoc  ;  je  suys  si  tormentée  des  que- 
reles  de  Provense,  que  je  n'é  plus  de  cer- 
velle que  à  me  corouser.  Et  Dieu,  qui  m'eyde 
tous  jour,  m'è  lent  favorysée,  que  je  suys  ve- 
neu  à  bust  ausi  bien  qu'en  Guyenne;  et  n'i  a 
pas  ysi  faùlte  de  oyseaulx  nuisans.  Set  avyés 
encore  de  bons  cheveaulx,  y  les  ayment  ausi 
byen  que  ceulx  qui  vous  peindre  les  vostres; 
o  reste  fort  jeans  de  bien  et  denset  bien  le 
volte^.  Je  m'en  vov  den  deus  jours.  Je  ne  se 
cet  en  Daulphiné  y  seron  myleur  :  si  le  pro- 
verbe ayst  véritable  qu  a  la  queue  jeyst  le 
veleyn^,  j'é  grent  peur  que  le  troveré  ynsin; 
mes  j'é  tousjour  mon  espérense  en  Dieu ,  que 
je  prie  vous  conserver. 


'  La  ilalo  de  fin  mai  1379  est  certaine.  La  reine 
quitte  le  Languedoc  et  passe  en  Dauphine,  où  elle  es- 
père rétablir  aussi  la  paix. 

'   Volte,  ancienne  danse  d'origine  italienne. 

'  itA  la  queue  gît  le  venin».  In  cnuda  veneuum.  — 
Catherine  ne  pouvait  citer  le  proverbe  plus  à  propos; 
c'est  dans  celte  seconde  partie  de  son  voyage  qu'elle  va 
trouver  les  plus  grandes  diflicultés. 


382  LETTRES  DE  CATH 

1579.  • —   1*"'  juin. 
Copie.  Bibl.  nal.,  Fouils  fiançais,  n-SSig,  f"  55  v" '. 

[AL    ROY  MONSIEUR  MON  FILS.] 

Mons''  mon  fiis,  depuis  mon  autre  lettre 
escripte  et  suivant  la  résolution  que  j'ay  prise 
avec  les  s"  de  vostre  Conseil  qui  sont  icy,  j'ay 
oy  et  les  ungs  et  les  autres  de  Provence  parti- 
cuHièrement,  et  entendu  d'eulx  leurs  raisons, 
auxquelles  touttefois  je  leur  ay  dëclaire'  que 
ne  donnerois  aucune  response  et  satislactioa , 
ny  n'entrerois  dans  ledit  pays,  jusques  ad  ce 
qu'ils  eussent  tous  d'une  part  et  d'autre  pozé 
les  armes  et  licenlie'  tous  leurs  gens  de  guerre 
et  faict  partir  tous  les  estrangers  des  provinces 
circonvoisioes  hors  du  pais,  et  pareillement 
qu'ilz  n'eussent  mis  et  restitue'  toutes  les  places , 
chasteaux  et  villes  es  maius  des  propiie'taircs  : 
ce  que  les  ungs  et  les  autres  m'ont  donne' 
bonne  espérance  de  faire  faire,  et  pour  cest 
effect  ils  se  sont  tous  accorde's  de  partir  ce 
matin  et  d'aller  la  plusparl  ensemble,  iissa- 
voir  la  dame  de  Garces,  le  conte  de  Grignan, 
le  s"'  de  Merargues  et  de  Gliasteauneuf  acces- 
seur,  pour  faire  entendre  ce  que  dessus  au  s'' 
de  Garces,  affin  de  faire  pozer  les  armes  par 
Vins  et  autres  estans  avec  luy,  et  le  s''  de  So- 
leillas,  Ghasleauneuf ,  le  Roux,  La  Molle,  delà 
Forest,  consul  de  S'  Paul,  Ralamier,  viguier  de 
Lorgnes,  et  Pena,  consul  de  Fi'ejulz,  tous  de'- 
puttés  des  Razatz,  ensemble  les  s"  de  Senas  el 
de  Ghasleauneuf  qui  ont  bonne  part  avec  eulx, 
affin  de  persuader  les  Razats  à  ce  que  dessus 
et  à  obéir  à  une  déclaration  et  ordonnance 
que  j'envoye  publier  partout,  dont  le  double 
sera  enclos  en  ce  pacquet,  du  contenu  de  la- 
quelle ils  sont  tous  comme  d'accord,  espérant 
que  dimanche  prochain,  vu''  de  ce  mois,  ils 

'  En  tête  :  nEnvoyée  au  Roy  par  le  S'  de  \  elizon.^ 


ERL^E  DE  MEDICIS. 

poseront  tous  les  armes  de  part  et  d'autre, 
rendront  les  places,  chasteaux,  villes  et  lieux 
qu'ils  occupent  es  mains  des  propriétaires  et 
au  demeurant  satisferont  et  suivront  le  con- 
tenu de  madicte  ordonnance  et  publication; 
mais  afin  que  cela  soit  bien  conduit  et  effectué, 
oullre  tous  les  dessusdits  auquelz  j'ay  bien 
laict  entendre  mon  intention,  j'envoye  avec 
eulx  le  s'  de  Monlmorin  avec  toutes  les  lettres 
que  vous  avez  escriples  par  luy,  et  d'autres 
bien  expresses  que  j'escrips  aussy  pour  les 
accompaigner,  y  envoyant  pareillement  l'abbé 
Gadaigue,  ausqucls  j'ay  baillé  de  fort  amples 
instructions,  afin  que  les  ungs  et  les  autres 
posent  les  armes,  et  obéyssent  au  contenu  de 
madicte  déclaration  et  publication,  espérant 
que  Dieu  me  fera  la  grâce  que  cela  sera  suivy 
de  tous,  et  me  délibérant  de  ne  partyr  d'icy 
que  je  ne  le  voye  effectué.  Il  m'a  semblé 
aussy  estre  l'opinion  des  s"  qui  sont  icy  au- 
près de  moy  que  j'en  devois  ainsy  user,  et  si 
les  ungs  et  les  autres  me  veullent  croire,  j'es- 
time qu'ils  seront  tous  bientost  à  repos.  Je 
croy  bien  qu'il  faudra  (aussy  en  ai-je  desjà 
senti  quelque  chose)  faire  servir  le  pardon 
général  qu'avez  envoyé,  ou  en  faire  encores 
ung  autre  pour  servir  jusques  au  jour  qu'ils 
poseront  les  armes  ;  mais  il  faut  excepter  par 
icelluy  (et  chacun  aussy  y  consent)  les  violences 
et  forcemens  de  femmes  et  de  filles,  et  autres 
cas  exécrables  qu'il  n'est  raisonnable  de  par- 
donner. Quand  les  armes  seront  posées  et  les 
gens  de  guerre  séparés  et  retirés,  j'entreray 
en  ladicte  province  et  advcrlii-ay  les  ungs  et 
les  autres  du  lieu  où  ils  auront  à  me  venir 
trouver  pour  adviser  à  tout  ce  qui  sera  néces- 
saire. Priant  Dieu,  Mons'  mon  fils,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

EscripI  à  Reaucaire ,  le  premier  jour  de  juin 
1679. 


LKTTRES  DE  CATHE 
1579.  —  a  juin. 

Aut.  Bibl.uat. ,  FonJs  français ,  n^ioa/io,  f*  57. 
A  MOM  COUSIN 

LE  DUC  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  le  sieur  de  Nenson  vous  con- 
leré  de  nos  nouvelles,  pour  y  avcp  lontemps 
qu'il  et  avcque  nioy,  qui  ceré  cause  que  ne 
vous  faré  la  présanle  longue,  et  ceulcment 
vous  dyré  que,  estent  arive'e  en  cete  vylle  de 
Beauqueyre,  tous  les  Provenceaulx  me  sont 
veneu  trover,  que  je  trove  de  si  bonne  volonté 
de  haube'yr  au  comendemenf  du  Roy.  que  j'es- 
père qu'il  ne  m'arèteron  guère,  cl  que  bien  lost 
je  aurë  cet  contentement  de  me  revoyr  auprès 
du  Roy  mon  fils,  que  je  désire  ynfiniment;  et 
me  sanble  pour  moy  que  c'est  la  meilleure  no- 
velle  que  puys  mender  à  niesamys,  dont,  mon 
cousin,  m'avez  tousjours  fayst  parestre  aystrc 
dé  mvleur  '  ;  et  enn  atendent  que  je  ave  cet 
bien,  je  prve  Dieu  qu'y  vous  veuille  conserver. 

De  Beauqueyre,  cet  11°"°  de  jouin  1079. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterin'e. 


1579.  —  a  juin. 

Aul.  Bihl.  nat.,  Fonds  français,  u'  SSaS  .  f  Si. 

A  MON  COnSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEVERS. 

Mon  cousin,  je  n'é  voleu  que  Vctison  s'an 
sovt  retourné  san  vous  fayre  cet  mot  et  vous 
dire  coment.  Dieu  mersis,  je  suys  hors  de  la 
Guienne  et  deu  Lenguedoc,  ayent  lésay  cet'^ 

'   Dé  niyleur,  des  meilleurs. 

'  Aymt  lésay  <-el,  ayant  laissé  ces. 


RINE  DE  MÉDICIS.  38S 

deux  provinsc  en  pays  et  repos  et  en  l'antière 
aubéysansc  deu  Roy  mon  fils,  de  quoy  je 
loue  Dieu  m'avoyr  fest  la  grase  de  lui  avoyr 
fest  cet  servise  et  set  bien  au  Royaume,  et 
ayspère  quele  l'y  demeureront,  car  ceuk  qui 
coniendes  en  (îuienne  me  l'ont  ynsin  promis 
et  aseuré,  come  ausy  yle  peuvcst  '  aysénient 
fayre;  et  de  Languedoc,  je  y  voys  si  disposé 
couK  qui  comendet,  que,  je  m'aseure,  le  Roy 
enn  aurè  contentement.  Je  suys  é  st  ourc-  en  la 
Provence,  encore  que  je  sois  à  Bo(juayre,  quy 
est  du  Lenguedoc,  car  tout  les  Provinseaulx 
sont  yci  veneus,  quy  m'onst  tous  proniys  de 
haubévr  à  tout  ce  que  pour  le  servysc  du  Roy 
leur  pomenderé,  qui  me  fest  ayspérer  que 
Dieu  me  fayré  la  grase  de  m'en  retourner 
aveques  cet  contentement  de  avoyr  m\s  la  pais 
partout  au  je  auré  pasé,  et  l'auctorité  et  bau- 
béisanse  due  au  Roy  mon  fils.  Ausi  cela  fest, 
je  ne  veulx  plus  que  jouyr  du  bien  et  conten- 
tement de  voyr  le  Roy  mon  fils  et  son  frère 
unis,  come  l'on  m'aseure  qu'il  sont,  et  prier 
Dieu  et  fayre  bonne  chère,  san  aultre  susi, 
aveques  heulx  et  la  Royne  ma  fylle,  que,  s'il 
piest  à  Dyeu  liiy  donner  un  enfant  bientost, 
c'èt  toust  cet  que  je  désire  pour  mouryr  la 
plus  contente  et  heureuse  prinsese  quy  feut 
jeamès,  et  ne  puys  après  plus  souysté^  sinon 
qu'il  plesey  à  Dieu  donner  au  Roy  bonne 
et  longue  vie  et  des  enfans,  et  aussy  cet  que 
je  luy  suplye  vous  conserver  en  sa  grase. 

Cet  II""  de  jouyn  1 579. 

De  Beauqueyre. 


'   Ylepeiivest,  ils  le  pouvaient. 
'  A  »(  eure,  à  cette  heure. 
'  Souyalé,  souhaiter. 


APPE>D1CE. 


PIECES  JUSTIFICATIVES. 


MOItr  DE   L\  KILLE   DE   CHARLES  I\  '.   —  EXVOI   D'UN  AMBASSADEUR   EXTRAORDINAIRE. 


MEMOIRE  ET  INSTRUCTION  DE  CE  QUE  LE  S"'  DE  MONTMORI.N,  PREMIER  ESCUTTER  DE  LA  ROYNE , 
\UR\  \  FAIRE  ALLANT  DE  hK  PART  DU  ROY  ET  DE  LV  ROYNE  SA  MERE  TROUVER  L'EMPEREUR, 
L'IMPÉRATRIX  SA  MERE  ET  LA  ROYNE  ELIZABETH,  DOUAIRIERE  DE  FRANCE,  POUR  SE  CONDOULOIR 
AVEC  EULZ,  DE  LA  PART  DE  LEURS  MAJESTEZ ,  SUR  LE  TRESPAS  DE  FEUE  MADAME  MARIK- 
ÉLIZABETH  DE   FRANCE,    LEUR   PETITE-FILLE   ET   NIEPCE '". 


Ledict  s''  de  Montmorin  présentera  parti- 
culièrement à  chacun  desdils  S""  empereur, 
daines  impéralrix  et  royne  douairière,  les 
lettres  que  leursdictes  Majestez  leur  escripvent 


ensemble  leurs  affectueuses  recommandations 
à  leurs  bonnes  grâces,  et  leur  dira  qu'ayant 
pieu  à  Dieu  appelei'  à  luy  et  l'aire  sa  volonté 
de  feue  madicte  dame,  leursdictes  Majestez 


'  Bibl.  nal..  Fonds  français  n"  33o'i ,  f  66  v",  copie. 

-  Maiie-Élisabelh  de  France  était  née  à  Paris  le  37  octobre  157a;  elle  monriil  également  à  Paris,  le  mercredi 
a  avril  1378,  et  fut  enterrée  à  Saint-Denis.  On  ne  dit  point  par  quelle  maladie  elle  fut  enlevée  si  jeune.  Son  caractère 
semblait,  comme  celui  de  son  père,  être  un  peu  irascible  et  opiniâtre;  mais  elle  montrait  de  la  gentillesse  et  de  la  bonté. 
Elle  avait  pour  gouvernante  M°"  de  Crissé,  parente  de  Brantôme  :  sa  résidence  était  i'hotel  d'Anjou.  Sa  mère,  Elisa- 
beth d'Autriche,  seconde  tille  de  l'empereur  Maximiiien  II,  l'avait  abandonnée  le  6  décembre  157.5.  pour  se  retirer 
à  Vienne;  on  ne  voit  pas  qu'elle  se  soit  depuis  beaucoup  inquiété  de  sa  santé.  Aussi  ,1a  mission  assez  tardive  de  M.  de  Mont- 
morin semble-t-elle  toute  de  convenance.  L'ambassadeur  emportait  des  lettres  de  Henri  111  pour  l'Empereur,  l'Impé- 
ratrice mère,  la  Reine  douairière  de  France  et  Messieurs  les  archiducs  d'Autriche.  Représentant  aussi  la  Reine  mère, 
il  devait  avoir  des  lettres  signées  d'elle;  mais  nous  ne  les  avons  pas  retrouvées,  et  la  Correspondance  de  Catherine  de 
Médicis  ne  fait  aucune  mention  de  ces  documents. 


Catherine  de  Mkdicis.  —  vi. 


ig 


IMPmUCniC     5ATI0?tlLE. 


386 


LETTRES  DE  CATHERIINE  DE  MEDICIS. 


pour  i'extresme  regret,  dueil  el  de'plaisir 
quelles  en  ont  porté  et  portent,  elles  ont 
expresse'ment  dépesclie'  ledict  s'  de  Moutmorin 
pour  s'en  condoloir  avec  eulx  pour  la  parli- 
cipation  qu'ilz  ont  en  ceste  perte,  laquelle 
elles  s'asseurent  leur  avoir  causé  beaucoup 
d'affliction. 

Que  ce  qu'a  creu  et  croist  Tennuy  qu'en 
sentent  leursdictes  Majestez,  oultre  la  consi- 
dération de  la  consanguinité,  ce  sont  les 
grandes  et  rares  vertuz  qu'elles  ont  congneues 
en  iadicte  feue  princesse,  laquelle  estant  en- 
cores  en  fort  bas  aage  lorqu'elle  est  décédée, 
a  néantmoins  monstre  qu'elle  avoit  l'entende- 
ment fortmeur  et  l'ame  bien  née,  tenant  plu- 
sieurs louables  propos  dignes  d'une  grande 
princesse,  promectant  beaucoup  d'elle,  s'il 
eust  pieu  à  Dieu  la  laisser  croistre  davan- 
tage. 

Mais  puisque  ce  n'a  pas  esté  son  plaisir 
qu'elle  ayt  laid  plus  long  séjour  icy  bas  et 
que  l'on  ne  peult  aller  à  l'enconlre  de  ses  di- 
vines ordonnances,  c'est  ausdicts  S''  empe- 
reur et  dame  impératrixe  et  royne  douairière 
et  pareillement  à  leursdictes  Majestez  de 
porter  vertueusement  cest  accident  commun 
à  tous. 

Et  après  que  ledit  s'  de  Moutmorin  se  sera 


estendu  sur  telz  ou  semblables  propos  les  plus 
honestes  qu'il  pourra,  comme  de  luv-mèsmes 
discourir  sur  l'honorable  pompe  et  cérémonie 
funèbre  que  l'on  a  faicte  à  Iadicte  feue  prin- 
cesse, comme  ik  le  peuvent  avoir  jà entendu, 
il  leur  dira  aussy  que  leursdictes  Majestez 
seront  très  aizes  d'entendre  par  luy  l'estat  de 
leur  bonne  sauté  et  disposition  el  que  ce  sont 
les  plus  agréables  nouvelles  qu'il  leur  sçau- 
roit  apporter,  les  asseurant  que  si  jamais  leurs- 
dictes Majestez  leur  ont  esté  bons  amys  et  alliez, 
ilz  le  veulent  demeurer  à  jamais  fermes  et  per- 
sévérer avec  eulx  en  toute  bonne  et  parfaicte 
amytié,  alliance  et  intelligence,  comme  aussy 
se  promecteut-elles  le  réciprocque  desdicts  S' 
empereur,  impéralrix  et  royne  douairière. 

Et  n'obmectra  icelluy  s''  de  Montmorin  de 
faire  pareilz  offices  envers  lesdicts  S'  empe- 
reur, dames  impéralrix  et  royne  Elizabeth, 
douairière  de  France,  de  la  part  de  la  Royne 
qui  a  receu  aultant  d'ennuy  de  la  mort  de 
feue  madicte  dame  et  en  porte  pareil  regret 
que  si  c'estoit  sa  propre  fille. 

Si  messeigneurs  les  archiducz  d'Autriche, 
frères  dudict  S'  empereur,  sont  en  sa  court, 
ledict  s'  de  Montmorin  fera  semblable  office 
envers  eulx. 

Faict  à  Paris,  le  premier  jour  de  juin  lôyS. 


II 

LETTRE    DE    HENRI    III    À   M.    DE   VILLEROY 
Saint-Germain-en-Layc ,  2  juillet  1678. 


Mons'^  de  Villeroy,  aiiu  que  mon  frère  le 
duc  d'Anjou  cognoisse  comme  il  n'y  a  rien 
que  je  désire  tant  que  sa  grandeur  et  avance- 


ment, et  que  le  conseil  que  je  luy  donne  de 
se  despartir  de  i'entreprinse  de  Flandres  est , 
comme  il  apercevra    bientost  s'il    me    veiil 


'  Voir  la  note  de  la  page  ag.  —  Cette  lettre,  sans  indication  de  provenance,  se  trouvait  dans  les  papiers  de  M.  de 
La  Ferrièro,  qui  l'aura  sans  doute  tirée  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg.  Henri  111  entretint 
longtemps  avec  Villeroy  un  commerce  de  grande  intimité  :  il  semble  n'avoir  pas  eu  de  secrets  pour  lui.  Fréquemment 


LKTTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


387 


croire,  pour  son  bien  ot  contentement,  nous 
avons,  la  Rovuc  ma  niî'ie  et  nioy,  advisé  de 
mettre  en  avant  une  ouverture  dont  il  fut  ad- 
visé' (pre'seni  l'évesque  de  Meude)  dernière- 
menl  qu'elle  estoit  à  Bourjjeuil.  A  cette  cause 
vous  communicquerez  à  l'évesque  de  Mende 
cette  lettre  pour  la<|uelle  je  vous  diray  que, 
pour  faire  paroistre  à  mon  frère  toute  la  bonne 
volonté  que  j'ay  envers  luy,  pour  ce  aussy 
qu'il  se  monstre  envers  moy  comme  il  doibt , 
j'aurav  très  agréable  de  luy  bailler  de  cette 
heure,  au  lieu  de  ÎMantes,  Meuian,  Pontoise, 
Meaux,  Cbasteau-Tbierry,  Montereau,  ^lont- 
fort,  et  les  aultres  terres  qu'il  a  autour  de 
Paris,  le  niar<]uisat  de  Saluées,  et  ferons,  luy 
et  moy,  envers  N.  S.  le  Pape  tout  ce  qui  sera 
possible  à  ce  qu'il  lui  de'Iaisse  Avignon  et  le 
Contât,  afin  qu'il  puisse  avoir  tout  ensemble 
de  ce  coste'  là  uug  bon  et  bel  Estai,  de  grande 
estendcue  et  qui  seroil  fort  honorable,  en  in- 
tention aussv  de  l'accroistre  par  le  moyen  du 
inariaige  d'une  de  mes  niepces,  fille  du  roy 
d'Espaigne,  pour  laquelle  il  feroit  aussy  tout 
ce  qui  seroit  possible  afin  de  tascher  à  a'  par- 
venir, et.  s'il  ne  se  pouvoit  rien  faire  de  ce 
costélà,  nous  regarderons  de  parvenir  à  celuy 
de  la  princesse  de  Mantoue,  et  que,  en  ce 
faisant,  on  fîst  que  le  duc  de  Mantoue  lui 
baillast  le  marquisat  de  Montfenat.  qui  est 
joignant  celuy  de  Salaces,  qui  seroit  par  ce 
moyen  à  mon  frère  une  grande  occasion  de 
s'establir  fort  bien  en  ces  pays  là  et  le  chemin 
de  l'Italie,  pour  y  avoir  une  bonne  et  grande 
espérance,  en  quoy  je  l'assisleray  tousjours 
de   tout  mon   pouvoir,  quand  j'en  auray   les 


moyens,  non  seulement  en  cela,  mais  aussy 
en  toutes  aultres  occasions,  quand  je  vorray 
que  ce  sera  pour  sa  grandeur  et  advance- 
ment,  le  priant  le  croire  aiusy,  et  considérer 
que  m'estant  ce  qu'il  est,  frère  unique  et 
comme  lilz,  je  feiay  tousjours  pour  luy  non 
seulement  pour  le  voir  allié  en  quel(|ue  gi'and 
lieu,  mais  aussy  en  ses  bonnes  entreprises, 
tout  ce  que  je  doibs,  sans  y  rien  espargner. 
Vous  luy  remettrez  aussy  debvant  les  yeux 
que,  advenant  le  décès  du  Roy  catoliciiue, 
qui  est  maladif  et  desjà  âgé,  soit  que  le  nin- 
riaige  avec  une  de  ses  filles  se  fistou  non,  que, 
estant  mon  frère  estably  de  ce  costé  là,  il  y 
aura  fort  grand  moyen  et  belle  occasion  d'y 
faire  ses  affaires,  tie  qui  fait  que  la  Royne  ma 
mère  et  moy  avons  pensé  à  cela,  est  pour  ce 
qu'il  semble,  par  la  dernière  despesche  que 
nous  avons  eue  d'Angleterre,  et  dont  vous  avez 
porté  la  lettre  qu'en  oscript  le  s''  de  Mauvis- 
sière  à  mon  frère,  que  la  royne  d'Angleterre 
veuille  tirer  le  mariaigc  délie  et  de  luy  à  la 
longue ,  et  s'en  servir  de  l'occasion  seulement 
et  sans  aultre  effect  :  touttefois  direz  à  mon 
frère  que,  pour  voir  plus  clair  à  son  intention , 
nous  faisons  une  despesche  au  s' de  Mauvis- 
sière  afin  qu'il  die  au  C(mte,  qui  est  celuy  qui 
a  recommencé  le  propos  du  mariaige  et  qui  a 
principalement  conduict  cette  négociation,  (jue 
nous  désirons  d'ensçavoii' la  résolution  i[uinze 
jours  après  qu'il  aura  receu  nostre  despesche, 
de  sorte  qu'il  ne  se  perde  aulcun  temps,  et 
que  nous  fassions  pour  mon  frère  en  cecy  et 
en  toute  aultre  chose  ("e  qui  sera  pour  sa  gran- 
deur, comme  derechef  je  vous  prie  l'asseurer 


il  lui  écrivait  de  sa  main,  sur  lus  moindres  incidents  de  cliaque  jour,  de  petits  billnts  malheureusement  sans  date. 
Il  mettait  dans  cette  correspondance  particulière  son  esprit  lin,  soupronnenx,  avec  une  pointe  de  méchancelé  très 
marquée.  La  Bibliothèque  nationale  en  possède  tout  un  volume  fort  curieut,  le  n°  3385  du  fonds  français,  qui  fai- 
sait partie  de  la  collection  Béthune.  Il  y  en  a  plus  encore  à  Saint-Pétersbonrj;;  la  copie  de  ces  précieux  autographes 
lait  partie  des  r.Nouvelles  acquLsilionsn  de  noire  grand  dépol  el  comprend  quatre  volumes,  sous  les  n"'  N.  Arq.  l'r. 
lilii-t  Ah-j,  provenant  des  missions  confiées  à  M.  Gustave  Bertrand. 


'<[). 


388  I.KTTRES   DE   CATHERINE  DE   MÉDIGIS 

(le  ma  pail  cl  de  relie  de  la  Hoyue  madame 
ma  mèip.  Je  prie  Dieu,  i\Ions''de  Villeroy,  vous 
avoir  en  sa  saincte  |;aide. 

Esnipf  à  SaincI  'ieiinain-ou-Lave.le  irjour 
de  juillet  i  578. 


Depuis  cette  iellic,  j'av  pensé  f(uo  faisant 
les  ou\eitures  cy-dessus  à  mon  fri're,  il  sera 
bon  ([ue  vous  et  Mons'  de  Mende  jny  parliez 
auss\  de  son  mariai{[e  avec  la  princesse  de 
\avaire,  et  l'asseuriez  (|ue,  aussytost  que  nous 
S(;auions  son  intention  pour  celuy-là  ou  pour 
aultres,  en  ferons-nous  faire  les  ouvertures. 


et,  quand  il  voudra,  en  escri|Mons  au  ro\  de 
Na\  arre ,  qui ,  je  pense ,  sera  bien  content ,  ou  lli-e 
les  droits  et  ce  qui  appartient  à  la  princesse, 
de  lui  quitter  en  mariaiire  les  pn-tentions  et 
droictz  cju'il  a  au  royaulnie  d'Arajjon.  Vous 
direz  aussy  à  mon  fière,  de  la  paitde  la  Royne 
nostrc  mère  et  di'  ino\.  que  je  suis  dadvis 
quil  dcspescbe  le  plus  tost  qu'il  pourra  le  gea- 
tilliomine  qu'il  a  délibeié  d'en\oyer  devers  la 
royne  d'Angleterre,  et  que,  le  faisant  passer 
par  où  nous  serons  la  Royne  ma  mère  et  moy, 
nous  cscriprons  aussv  par  hiv  selon  son  in- 
tention. 


III 

MtTic.i.Ks  \c.(:oKni:z  "\  i,\  hédlle  e\trk  ia  iio>\k  vièise  nu  uo>  et  le  imiy  de  wvvhre 

Ln  ili'dli',  .")  ocldlii-e  iri78. 


l'our  parvenirà  l'enlière  exiTulion  de  l'édict 
de  pacilllcalion  a  esti'  advisè  ce  qui  sensuict  : 

PREMIÈRKMK.M'   : 

(juc  Idutrs  innovations  faictes  de  part  et 
d'anlri'  depuis  Icdict  édici  de  pacifficalion  se- 
ront n'parées;  pour  cesl  effet,  en  premier 
lieu,  .-era  mis  hors  la  garnison  (|ui  est  de  pre'- 
sent  à  Agen  ;  pour  ce ,  ([u'après  ladicte  garnison 
mise  audit  A|[en,  le  roy  de  Navarre  auroitmis 
nouvelle  garnison  en  la  \ille  de  Lectouro, 
ladicte  nouvelle  garnison  de  Lecloure  sera 
aussi  à  l'instant  ostèe.  et  lesdictes  deuz  villes 
d'Agen  el  de  Lectourc  remises  eu  tel  estât 
(ju'elles  esloieul  lors  (pie  IWlict  y  a  est(' 
e\('>cut(''. 

l'.t.  ce  fait,  sera  procedd(î  incontinent  et  à 
mesme  temps   à    la   réparation   de   toutes  les 


autres  innovations,  comme  aussi  au  surplus 
de  ce  (|ui  reste  pour  l'exécution  entière  dudit 
édict. 

Pour  satisfaire  à  ce  que  dessus,  le  roy  de 
Navarre  envolera  ung  gentilhomme  des  siens 
audit  Agen.  (pii  assistera  èi  ladicte  exécution,  el 
la  Royne,  nii're  du  roy,  envoira  aussi  ung  gen- 
tilliomme  pour  mesme  elfect  en  la  ville  de 
Lecloure. 

l'jt  pour  le  surplus  des  autres  innovations, 
sera  incontinent  apri'S  dépesché  de  jiaTt  el 
d'autre  des  genlilhnmnies  par  tous  les  lieux 
ou  besoing  sera  poui'  cest  elfect,  auxquelz  se- 
ront bailh's  mémoire>  el  instructions  con- 
joincleinent;  mesmes  pour  faire  deflenses  de 
ne  ne  plus  contrevenir  audit  (^'dict  sur  les 
pevnes  contenues  en  icidinv  édicI .  el  auront 
lesdits  gentilshommes  ciiaige  de  iaire  di'livrer 


'   Co|iie  liibl.  nat.,  1'"oik1s  français,  n°  33oo,  ("  Uo  \".  —  Voir,  pdiir  crlic  pioci^  el  ii'S  qiinlre  siii\aiilrs.  Irs  Ictlres 
(le  la  reine  mère  des  2  et  5  orlobre  1078,  el  la  note  \>.  (Ui. 


LKTTRES  DE  CATI 

librement  et  franchement  tous  prisonniers 
sans  paier  aucune  rausun. 

Va  alïin  défaire  jjénrrnllt'nu'iit  cl  diliijjem- 
ment  proce'der  à  la  continuation  de  l'entière 
et  parfaicte  exe'cution  dudil  édici,  ledit  s'  ro\ 
de  Xavarre  se  trouvera  à  l'Isle-en-Jourdan 
avec  la  Royne  sa  mère  dedans  le  xV  de  ce 
présent  mois,  pour  nommer  et  députer  de 
part  et  d'autre  personnaiges  de  qualité  et  auc- 
lorité  pour  aller  ensemblemcnt  faire  exécuter 
es  provinces  de  deçà  ledit  édict  selon  les  mé- 
moires et  instructions  qui  leurs  en  seront 
baillés  par  icelle  dame  Royne  et  ledit  s''  roy 
de  .\avarre. 

Faicl  à  la  RéoUe,  le  diinauche  \'^  jour  d'oc- 
tobre. . 

La  Royne  mère  du  Roy,  promectant  et  asseu- 
rant  que  le  Roy  aura  très  agréable  ce  qu'elle 
fera  par  deçà  et  ailleurs  pour  ses  affaires,  et 
le  roy  de  Navarre,  tant  pour  luy  que  pour  ceulz 
de  la  RcUigion  prétendue  réformée,  ont  ac- 
cordé ce  que  dessus  et  ont  promis  de  le  faire 
exécuter,  chacun  en  son  regard,  de  poinct  en 
|)oinct  selon  qu'il  est  cy  dessus  déclairé;  et 
ad  ce  estoient  présentz  la  royne  de  Navarre, 
Messeigneurs  le  cardinal  de  Rourbon,  duc  de 
Moutpensier  et  prince  Daulphin,  Mess"  de 
Valence,  de  Foix,  de  Laussac,  d'Escars,  de 
Saihct-Suplice,  de  Piebrac  et  de  La  Mothe- 
Fénelon,  conseillers  au  privé  conseil  du  Roy, 
et  les  s"  viconte  de  Tourenne,  de  Guitery,  de 
Gratin,  rhancellier,  de  Lezignan  et  de  Ségur, 
estans  auprès  dudit  s"^  roy  de  Navarre,  ledit 
jour,  etc. 


HERIiNL  DE  MÉDICIS.  IW.) 

Ce  sont  les  noms  des  [)ersonnes  choisies 
tant  de  la  part  du  Roy  que  du  roy  de  Navarre 
pour  restablir  ce  qui  a  esté  innovi'  à  l'exécu- 
tion de  l'édict  de  pacillication  es  costez  de 
deçà. 


PRKMIKREMENT   : 

Mons'  It;  marcschal  de  Riron  fera  oster  la 
garnison  (|ui  est  à  Agen  par  celluy  qu'il  ad- 
visera; 

Mons"^  de  Lezignan  y  ira  de  la  part  du  roy 
de  Navarre  pour  y  assister. 

Au  mesme  temps  et  instant  le  roy  de  Na- 
varre fera  oster  la  garnison  de  Lectoure  par 
Mons''  de  Cornay  '; 

Et  Mons''  de  Fontenilles  ira  de  la  part  du 
Roy  pour  voir  ce  faire  et  y  assister; 

Et  seront  les  soldatz  desdites  garnisons 
d'Agen  et  de  Lectoure  soudain  licentiez  et 
iceulx  renvoyez  en  leurs  maisons,  ou  séparez, 
sans  qu'ilz  soient  à  aucune  charge,  l'ouUe,  ny 
oppression  au  peuple. 

Et  pour  satisfaire  à  l'exécution  du  second 
article  de  ce  qui  a  esté  accordé,  seront  députez 
assavoir  :  en  Quercv,  de  la  part  du  Ro\  le  s''  de 
Vezins,  seneschal  de  Quercy,  auquel  sera  es- 
cript,  et  pour  le  roy  de  Navarre  le  viconte  de 
Gourdon'-,  auquel  il  escripvera  aussi; 

En  Rouergue,  le  s'  do  Quélus-',  seneschal, 
pour  le  Roy,  et  le  s''  de  Rrocquiers\  pour  le  roy 
de  Navarre; 

Eu  Périgor,  pour  le  Roy  le  s''  de  Rourdeille, 
seneschal,  en  son  absence  Mons'  de  Caulx, 
cy-devant  lieutenant  du  s''  de  Rourdeille,  et 
pour  le  roy  de  Navarre  le  s'^  de  S'-Orens; 


Voir  1.1  lettre  qui  lui  esl 


'  C'est  sans  doute  le  sieur  de  Corné,  gcnlilliomme  de  la  maison  dn  roi  de  Navarre, 
adressée  le  la  octobre  lâyS  de  Nérac,  l.ellres  missives  de  Henry  II,  t.  VIII,  p.  lal. 

^  Antoine,  Ticomte  de  Gourdon  et  de  (iaiflier,  seigneur  de  Cenevières  en  Quercy,  chevalier  de  l'Ordre. 

'  Antoine  de  Lévis,  baron  de  Quélus,  conseiller  du  Roi,  capitaine  de  cinquanlc  Imnnni's  d'armes,  père  du  laineux 
favori  de  Henri  III. 

'  Les  Combrct  étaient  seigneurs  de  Broquiez ,  en  Rouergue. 


390 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


En  Bouidelais,  pour  le  Roy,  Mons'  de  Mer- 
ville,  grand  séneschal,  et  de  la  part  du  roy 
de  Navarre,  le  s''  de  la  Salle  de  Raphaël; 

En  Agenois,  pour  le  Roy,  le  s' de  Bajaumonl, 
séneschal,  et  pour  le  roy  de  Navarre,  le  s'  de 
Pujols  '  ; 

En  Armaignac  et  rivière  Verdun-,  le  mares- 
chal  de  Biron,  le  s'  de  Foutenilles  pour  le  Roy 
ou  tel  autre  s''  qui  sera  advise'  avec  luy,  et 
pour  le  roy  de  Navarre,  le  s"'  de  Cornay,  desjà 
ordonné  pour  aller  à  Lectoure; 

Aux.  landes  de  Bourdeaulx,  pour  le  Roy 
Mons'  de  Poyanne^,  et  de  la  part  du  roy  de  Na- 
varre Mous''  de  Vallier; 

En  Lymozin ,  pour  le  Roy  Mons"^  de  Busset*, 
celiuy  qui  sera  advisé  avec  Mons"^  le  niares- 
ehal  lie  Biron,  et  de  la  part  du  roy  de  Na- 
varre, Mons'  de  Rochefort; 

En  Xainctonge,  pour  le  Roy  Mons"'  d'Es- 
coyeux'',  et  de  la  part  du  roy  de  Navarre  Mons"' 
de  Moniguion''; 

En  Poictou ,  Mons''  le  mareschal  de  Cessé,  et 
de  la  part  du  roy  de  Navarre  Mons''  de  Verac; 

En  Augoulmois,  Mons'  de  Ruffec",  et  de  la 
part  du  roy  de  Navarre  Mons'  de  Nanteuil^; 


En  Foix,  pour  le  Roy  Mons'  de  Pailletz ,  et 
de  la  part  du  roy  de  Navarre  Mons''  de  So- 
leil; 

Eu  Albigeois,  Mons' de Cornusson, séneschal 
et  de  la  part  du  roy  de  Navarre  le  vicomte  de 
Paulin  ; 

Es  contez  de  Lauraguais  et  de  Carmain'-', 
diocèzes  de  Sainct-Papoul  et  de  Lavaur,  pour 
le  Roy,  Mons'  de  la  Croizette '" ,  et  de  la  part 
du  roy  de  Navarre  Mons'  de  Montbartier  le 
père; 

En  la  sénéchaussée  de  Carcassonne,  pour 
le  Roy  Mons'  de  Mirepoix",  séneschal,  et 
de  la  part  du  roy  de  Navarre  Mons'  de  la 
Gaze  1'-  ; 

Es  diocèzes  de"  Narbonne,  Nismes,  Mont- 
pellier et  Uzès,  pour  le  Roy,  Mons''  de  Rieux, 
gouverneur  de  Narbonne  et  pour  le  roy  de 
Navarre  Mons'  de  Gremain  '■*  ; 

Pour  le  Hault-Auvergne,  pour  le  Roy  Mon- 
sieur le  marquis  de  Ganillac^',  pour  le  roy  de 
Navarre  le  viconle  Lavedan'^: 

Pour  le  Bas-Auvergne,  pour  le  Roy  Mon- 
sieur de  Sainct-Heran ,  pour  le  roy  de  Navan-e 
Mons'  de  Chavaignac^''. 


'  Aiiiaiicl  du  l'aui-,  s'  de  Pujols  en  Agenois,  gentUhoiiime  de  la  chambre  du  roi  de  Navarre. 

-  Veidun,  dans  le  pays  de  Gaurc  en  Armagnac,  aujourd'hui  canton  des  Cabannes,  Ariège. 

'  Les  Bavleiis,  s"  de  Poyanne,  étaient  d'une  ancienne  maison  de  Béarn. 

''  Claude  de  Busset,  fils  de  Philippe  de  Bourbon,  gouverneur  du  Limousin. 

*  Léon  de  Polignac,  seigneur  d'Escoyeux,  chevalier  de  l'Ordre,  gouverneur  de  Saintes  et  de  Sainl-Jean-d'Angély. 

»  Sans  doute  un  La  Rochefoucauld,  s'  de  Moutguyon,  fils  de  Louis,  le  chef  des  protestants  de  i'Angoumois. 

■'  Philippe  de  Volvire,  marquis  de  Ruffec,  s'  de  Sainl-Brice,  chevalier  de  l'Ordre,  gouverneur  de  I'Angoumois. 

«  Probablement  Gaspard  de  Schomberg,  comte  de  Nanteuil,  ami  particulier  du  roi  de  Navarre. 

'  Carmain,  château  avec  litre  de  comté  dans  le  pays  de  Foix. 

'"  Jean  de  Nodal,  seigneur  de  la  Croizette,  lieutenant  du  maréchal  de  Damville. 

"   Jean  de  Lévis,  seigneur  de  Miiepoix,  baron  de  la  Garde  et  de  Montségur,  sénéchal  de  Carcassomie  et  de  Béziers. 

'-  Sans  doute  un  fils  d'Antoine  de  (jliàlou,  seigneur  de  La  Case,  doul  la  sœur  Marie  avait  épousé  le  vicomte  de  La- 
vedan ,  filleul  du  roi  de  Navarre. 

'■^  Probablement  Gaspard  de  Coursac,  seigneur  de  Gremian. 

"  Canillac  était  gouverneur  de  la  Haute-Auvergne. 

'^  Anne  de  Bourbon,  vicomte  do  Lavedan. 

">  Cluistophe  de  Chavagnac,  gouverneur  d'issoire,  qui  soutint  vaillamment,  eu  1677,  le  siège  do  cette  ville  oonlie 
le  ducd'Alençon. 


LETTRES  DE  CATHEHIiNE  DE  MEDIGIS. 


;$'.)! 


IV 

LETTKE  MISSIVE    ENVOYÉE    À   TOUS   LES  lUIl.L^Z   ET   SÉNESCHAULS 

7  octobre  1078. 


Mous''  le  sp'ncsrlial ,  saicliiuil  1res  bien  que 
le  Roy  monsieur  mon  liiz  n'a  rien  en  plus 
grand  de'sir  que  de  voir  tous  ses  peuples  et 
subjectz  en  repos  et  son  édict  de  paciffication 
bien  estably  en  toutes  les  provinces  de  son 
royaume,  entre  lesquelles  estimant  que  ia 
Guienue  et  ces  provinces  de  deçà  sont  les  plus 
importantes,  pour  ceste  occasion ,  avec  le  de'sir 
que  j'ay  tousjours  eu  de  veoir  le  roy  et  la 
rojue  .de  Navarre  mes  enfans  ensemble,  j'ay, 
sans  avoir  esgard  à  mou  vieil  aage  et  l'incom- 
modité  du  temps  et  longueur  du  chemin, 
mais  pour  Taniour  maternelle  que  j'ay  aus- 
dits  seigneurs  roy  et  royne  mes  enfans,  joincfe 
à  la  grande  affection  que  je  porte  au  bien  et 
grandeur  de  ce  royaume,  pour  l'obligation  et 
parl'aicle  amour  qu'aussy  je  resens  y  avoir, 
j'ay  bien  voullu,par  le  consentement d'icelluy 
seigneur  i\oy  monsieur  mon  filz,  vostre  sou- 
verain seigneur,  l'aire  ce  voiage  en  ce  pais  de 
Guiennc,  masscurant  que  tous  ses  ptsuples  et 
subjectz  de  deçà,  considcTanl  la  vraye  bonté 
et  affection  en  leur  endroict  et  l'extresme  de'sir 
qu'il  a  de  les  conserver  et  maintenir  en  paix, 
repos  et  union,  les  amènera  et  réduira  non 
seulement  en  l'entière  obéyssance  qui  luy  est 
deue,  mais  aussi  eu  toute  parfaicte  paix  et 
union  les  ungs  avec  les  autres,  selon  son 
édict  de  paciffication,  et  que  chacun  se  ran- 
gera à  l'exécution  et  establissement  d'icelluy, 
suivant  son  intention  et  de  mondict  filz  le  roy 
de  Navarre,  que  j'ay  aussy  trouvé,  à  l'eiiibou- 
chemeut  que  j'ay  ce  jourd'huy  eu  avec  luy  eu 


la  ville  de  la  Héolle,  bien  disposé,  très  affec- 
tionné et  du  tout  conl'ormé  à  l'intention  du 
Roy  monsieur  mon  lilz,  vostre  souverain  sei- 
gneur, et  de  moy  au  bien  de  la  paix,  comme 
estant  le  plus  grand  de  tous  les  désirs  de 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre,  ainsi  qu'il 
m'a  déclairé  et  asseuré  de  la  veoir  bien  esta- 
blye  et,  pour  l'exécution  desquelles  bonnes  et 
saincles  intentions  conformes  audict  édict  de 
paciffication,  nous  avons  résolu  et  arresté, 
mondict  filz  le  roy  de  Navarre  et  moy,  par 
l'advis  des  princes  du  sang  et  seigneurs  du 
conseil  privé  de  mondict  Seigneur  et  fil/.,  vos- 
Iredict  souverain  seigneur,  qui  sont  lez  nous, 
que  vous  ferez  publier  à  son  de  trom|)e  par 
tout  vostre  ressort  et  lieux  accoustumez  à  faire 
criz  publicqz,  l'observation  dudict  édict  de 
pacifficalion,  avec  deffencesà  toutes  personnes 
de  quelque  qualité  et  condition  qu'elles  soient 
de  ne  s'entrenuire  ny  offenser,  tenir  les 
champs,  prendre  prisonniers,  ny  faire  ausires 
actes  d'hostilité,  ains  vivre  en  paix,  repos  et 
union  les  ungs  avec  les  autres  sur  peyne  de 
crime  capital  et  d'esfre  pugnis  comme  iufrac- 
teurs  de  la  paix  qu'il  a  pieu  à  Dieu  nous 
donner  et  perturbateurs  du  repos  pul)lic(|  : 
vous  mandant  et  ordonnant,  suivant  le  |)()u- 
voir  à  moy  donné  par  le  roy  mondit  S'  et 
filz,  vostre  souverain  seigneur,  et  à  tous  autres 
ses  officiers  justiciers  et  subjectz  de  quelque 
qualité  et  condition  qu'ilz  soient,  de  garder  et 
observer  curieusemeul  le  contenu  cy  dessus; 
et,  oultre  que  c'est  vostre  devoir  et  le  denb  de 


Copie.  Bibl.  nat..  Fonds  français,  n°  33oo,  (*  53  v°. 


392 


LETTRES  DE  CATHERIiNE  DE  MEDICIS. 


vostre  office,  vous  ferez  service  très  agréable 
au  Roy  mondit  S''  et  fiiz,  vostre  souverain  sei- 
gneur, et  à  moy  qui  prie  Dieu  vous  avoir  eu  sa 
saincte  et  digne  garde. 


Escript  à  la  RéoUe,  le  vii°  jour  d'octobre 
1678. 

[Caterine.  ] 


INSTRUCTION   ENVOYEE   A   CHACUN   DES  SEIGNEURS   CY-DEVA^T   NOMMEZ 
POUR   ALLER   FAIRE   EXECUTER   L'EDICT  ^ 

8  octobre  1.578. 


La  Royne  mère  du  Roy,  sachant  et  congnois- 
sant  très  bien  que  le  plus  grand  désir  dudit 
S''  roy  son  fliz  a  tousjours  esté  et  est  de  veoir 
tous  ses  peuples  et  subjectz  en  repos  et  son 
édict  de  paciffication  bien  eslably  en  toutes 
les  provinces  de  son  royaume,  entre  lesquelles 
ladicte  dame  Royne  mère  du  Roy  a  estimé 
que  la  Guienne  et  les  autres  provinces  de  deçà 
estoient  les  plus  impoitantes,  pour  ceste  oc- 
casion, avec  le  bon  désir  quelle  a  aussy  tous- 
jours  eu  de  veoir  ie  roy  et  la  royne  de  Na- 
varre ses  enfants  ensemble;  icelle  dame,  sans 
avoir  esgard  à  son  aagc,  à  l'incommodité  du 
temps  et  la  longueur  du  chemin ,  mais  pour 
l'amour  maternelle  qu  elle  a  ausdits  s"  roy  et 
royne  ses  enfans,  jointe  à  la  grande  affection 
qu'elle  porte  au  bien  et  grandeur  de  ce 
royaume,  pour  l'obligation  et  parfaicte  amour 
qu'aussy  elle  y  a,  a  voulu,  par  le  consente- 
ment d'iceiluy  S'  Roy  son  filz,  faire  ce  voiage 
en  Guienne,  s'asseurant  que  tous  les  peuples 
et  subjectz  de  deçà,  considérant  la  vraye  bonté 
et  affection  de  leur  Roy  en  leur  endroict  et 
l'extresme  désir  (|u'il  a  de  les  conserver  et 
maintenir  en  paiv,  repos  et  union  avec  le 
orand  zelle  conjoinct  à  ceste  bonne  et  saincte 
intention  de  ladicte  dame  Royne  sa  mère,  les 


amènera  et  réduira  tous  de  l'une  et  de  l'autre 
religion,  non  seuUement  en  son  entière  obéys- 
sance,  comme  ilz  doivent,  mais  aussy  en 
toute  parfaicte  paix  et  union  les  ungs  avec  les 
autres,  selon  sondit  édict  de  paciffication,  et 
que  chascun  se  conformera  et  rangera  à  l'exé- 
cution et  establissement  d'icelle  en  suivant 
les  bonnes  et  sainctes  intentions  de  leuisdictes 
Majestés,  et  celle  dudit  s'  roy  de  Navarre,  que 
icelle  dame  Royne  mère  du  Roy  a  trouvé,  en 
l'embouchement  qu'elle  a  eu  avecq  luy  en  la 
ville  de  la  Réoile,  bien  disposé,  très  affec- 
tionné et  tout  conformé  à  l'intention  de  leurs- 
dictes  Majestés  et  au  bien  de  la  paix,  comme 
estant  aussy  le  plus  grand  de  tous  ses  désirs 
de  la  veoir  bien  establye. 

Et  pour  l'exécution  descjuellcs  bonnes  et 
sainctes  intentions  conformes  audit  édict  de 
paciffication ,  ladicte  dame  Royne  mère  du  Roy, 
ayant  tout  pouvoir  dudit  S''  Roy  notre  souverain 
seigneur,  son  fdz,  a  de  sa  part  commis,  01- 
donné  et  député  le  s"'  de  Bourdeille.  Et  ledit 
s''  roy  de  Navarre,  tant  pour  luy  que  pour  ceulz 
de  la  Religion  prétendue  reformée,  et  comme 
gouverneur  lieutenant  général  du  Roy  en  ce 
païs  de  Guienne,  a  aussy  commis  et  député 
le  S''  de  Sainct-Oreins'-  ])our  et  avec  ledit  S'  dé 


'  Copie.  Bibl.  iiat.,  Foiid<  français,  11°  33oo,  P  .j'i  v". 

'  Celte  tr instruction')  s'appliquait  au  Périgord  :  il  y  en  avait  d'identiques  pour  les  autres  provinces 


LETTRES  DE  CATH 

Boui'deilles  incontineul  ot  (•oiijoiiirU'inent  faire 
ce  qui  sera  cy  après  de'oiiiirt;  afin  do  vacquer 
et  pourvcoir  non  seiilioiiicnt  à  ce  (jui  a  eslé 
iuterroiujju,  innové  ou  fait  au  préjudice  du- 
dit  édict  de  pacilficalion,  mais  aussy  pour  toul 
ce  qui  esl  requis  et  nécessaire  à  l'exécution  et 
eslablissemenl  d'icelhiy  es  places  et  lieux  oc- 
cupez depuis  ledit  édict. 

PREMIÈREMENT. 

Feront  publier  à  son  de  trompe  et  cry  pu- 
blic l'observation  de  l'édict  de  paciiiication  avec 
doffenses  à  toutes  personnes,  de  quelle  qual- 
iité  et  condition  qu'elles  soient,  de  ne  s'eu- 
trenuire,  ny  offenser,  tenir  les  cliamps,  prendre 
prisonniers,  ny  faire  autres  actes  d'hostilité, 
ains  vivre  en  paix,  repos  et  union  les  ungs 
avec  les  autres. 

Hz  feront  aussy  eslargir  franchement  et 
quictement  tous  prisonniers  pris  par  ladicte 
forme  d'hostillité ,  et  feront  cesser  toutes  autres 
innovations  contre  et  au  préjudice  de  l'édict 
de  paciiiication. 

Et  par  mesme  moyen,  es  lieux  oii  lesdicles 
innovations  ont  esté  faicles,  feront  entièrement 
et  de  poinct  en  poinct  exécuter,  observer  et 
y;arder  ledit  édict  de  pacKFicatiou  selon  sa 
forme  et  teneur. 

Hz  feront  vuidrr  leuix  qui  occupent  aucunes 


ERINE  DE  MEDICIS.  3'j:! 

places  et  lieux  depuis  et  au  préjudice  dudil 
l'diçl  de  paciiiication,  les  faisant  conduin; 
en  foule  scureté  en  leurs  luaisons  ou  en  telz 
aullres  (jue  lesdits  occupateurs  vouidront  es- 
lire,  [)Ourveu  que  ce  ne  soit  es  villes  et  lieux 
ocuppez  depuis  la  [)ublication  de  l'édict  de 
paciiiication,  sans  ([ue  ceulx  d'iceiles  villes  et 
lieux  (|ui  les  reccpveronl  en  puissent  estre  au- 
cunement recherchez  ores  ny  à  l'advenir. 

Et  i-n  cas  qu'il  v  en  eust  de  ceulx  qui  oc- 
cupent lesdictes  places  et  lieux  qui  ne  voul- 
lussent  obéyr  et  incontinent  en  vuider,  lesdits 

s'" et leur  déclareront  et  notiflie- 

ront  d'une  part  et  d'autre  qu'ilz  ont  esté  et  sont 
désadvouez,  et  pour  cestc  cause  sera  proceddé 
contre  culx  conjoictement  par  ceulx  de  l'une 
et  de  l'autre  relijjion,  en  sorte  que  la  force  et 
auctorité  en  demeure  au  Roy,  eulx  puj[niz  selon 
leurs  mérites  et  intentions  de  ce  que  dessus 
suivre  et  exécuter. 

Entendant  toutesfois  ladicte  dame  Rnyne 
mère  du  Roy  et  ledit  s"'  roy  de  Navarre  que, 
suivant  ce  qui  a  esté  accordé  entre  eulx,  les- 
dits s" et exécutent  ce  que  dessus 

sur  les  villes  et  lieux  occuppés  par  ceulx  de 
l'une  et  de  l'autre  religion  et,  comme  l'on  dict, 
en  faisant  faisant. 

Faict  à  Saincte-Bazille,  le  vm°  jour  d'oc- 

78- 


VI 

LETTRE   MISSIVE   ACCOMPAGNANT   LADICTE   INSTRUCTION  ^ 
i3  octobre  1578. 


Mous'  de  [Bourdeille]'-,  saichant  la  grande 
affection  que  vous  avez  au  !)ien  du  service  du 


Roy  monsieur  mon  filz  et   au   repos   public 
de  ce  royaulme,  je  vous  ay  choisy  pour  et  de 


'  Copie.  Biljl.  nal.,  I-"onds  franwis,  n"  .'Î.Soo,  f  54  v°. 

'  La  lettre  est  adressée  à  André  de  liourdeilie,  frère  de  Branlomo,  sénécbal  et  goiivernour  du  P(!ri|';ord,  qui  nioanit 
en  janvier  1.582.  D'autres  circulaires  semblables  furent  envoyées  à  chacun  des  commissaires;  les  noms  seuls  étaient 
changés.  —  Voir  rénuraération  de  ces  personnages  dans  la  pièce  n°  lit,  p.  38g. 

Gatueri-ne  DE  MÉDrcis. M.  '  ••o 


lUPniMEBIE    SATIOSALE. 


394 


LETTRES  DE  CATHERIINE  DE  MEDICIS. 


la  part  du  Roy  mondit  S''  et  filz  exécuter  le 
contenu  es  instructions  qui  vous  sont  présen- 
tement addressées,  et  au  s"'  de  [Sainct-Oreins] 
pour  la  part  de  mon  filz  le  roy  de  Navarre, 
tant  en  son  nom  que  de  tous  ceuix  de  la  Reli- 
gion prétendue  réformée,  comme  il  escript 
par  les  lettres  que  je  vous  envoyé  qui  seront 
enclozes  en  ce  paquet  addressnntes  audit  s"" 

de ,  auquel  je  vous  prye  les  faire  tenir 

et  luy  communicquer  lesdictes  instructions, 
qui  seront  aussy  avec  ceste-cy  encloze  en  ce 
paquet,   suivant   lesquelles  je   vous  prie   de 

très  bon  coeur  de  faire,  et  ledit  s''  de 

avec  vous  conjoinctement,  et  l'un  avec  l'autre, 
en  sorte  que  le  contenu  èsdictes  instructions 
soit  promptement  par  vous  deux  ensemble- 

ment  exécuté  en  la  sénéchaussée  de et 

par  ung  chacun  des  subjectz  du  Roy  mondit 
S'  et  filz,  soit  de  l'une  ou  de  l'autre  religion, 
observé  et  gardé  de  poinct  en  poinct;  et  s'il  s'y 
trouvoit  quelque  empeschement  qui  ne  sauroit 
estre  que  par  gens  désadvouez  et  perturbateurs 
du  repos  publicq  qui  occupassent  quelques 
villes,  cbasteaux  ou  lieux,  après  leurs  avoir 
fait  faire  les  rommandemens  et  ce  qui  est 
porté  par  ladicte  instruction,  il  faut  suivant 


icelle  les  y  contraindre,  et  pour  cest  elfect 
joindre  ceulx  de  l'une  et  de  l'autre  religion 
et  faire  en  sorte  que  l'auctorité  en  demeure 
au  Roy,  mondit  S'  et  filz,  et  que  le  contenu 
èsdictes  instructions  soit  de  poinct  en  poinct 
fait  et  exécuté  promptement  sans  y  rien  ob- 
mectre,  mais  y  faire  tout  ce  qui  y  est  requis 
et  que  tous  les  gens  de  bien  doivent  désirer, 
comme  aussy  suis-je  très  asseurée  que  vous 

faictes  de  vostre  part  et  ledit  s'' aussy, 

qui  me  gardera  vous  faire  ceste-cy  plus  longue, 
me  remectant  ausdictes  instructions  signées 
de  mondit  filz  le  roy  de  Navarre  et  de  moy, 
qui  vous  prie  de  rechef  que  sans  tarder  vous 
y  satisfaictes  promptement  tous  deux  et  m'ad- 
vertissiez  incontinent  après  de  tout  ce  que  en 
aurez  ftiit,  faisant  faire  ung  procès-verbal  de 
tout  ce  qui  se  passera  en  cela,  et  vous  ferez 
très  grand  service  au  Roy  mondit  S'  et  filz  et 
à  moy  aussy,  qui  luy  ay  mandé  comme  estiez 
députez  pour  cest  effect  en  la  sénéchaussée 

de ,  où  je  say  que  vous  et  ledit  s''  de 

avez  auctorité.  Priant  Dieu,  Mous'.  .  .  .,  vous 
tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Agen,  le  xin"  octobre  iB^S. 

[Caterine.] 


\II 


COMMISSION   BAILLEE   AU   S"'  DE  FOXTEMLLES  POUH  ALLER    A   LECTOURE 
POUR  EN  VEOIR  SORTIR  LA  GARNISON  ET  FAIRE  CE   QUI  EST  CONTENU  EN  ICELLE   INSTRUCTION  '. 

i3  octobre  1578. 


La  Uoync,  mère  du  Roy,  en  vertu  du  pou- 
voir à  elle  donné  par  Sa  Majesté  pour  venir 
en  ceste  province  de  Guyenne  et  autres  des 
costez  de  delà,  afin  de  déclairer  à  tous  ses 
peuples  et  subjectz  le  ferme  désir  et  résolu- 


tion de  Sadicte  Majesté  et  faire  garder  et  ob- 
server son  édict  de  paciflScation  et  suivant  la 
conférance  qu'elle  a  pour  ce  eue  et  résolution 
par  elle  prise  avec  le  roy  de  Navarre  en  la  ville 
de  la  Réolle,  le  v'' jour  de  ce  mois,  elle  a  com- 


'  Copie.  Bilil.  nat,,  Fonds  français,  n"  33oo;  I*  55  r°. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


395 


mis,  députe''  et  ordonné,  coniinet,  ordonne  et 
députte  par  ces  préseules  le  s'  do  Fonteuilles, 
conseiller  diidit  S',  chevalier  de  son  ordre  et 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes  de 
ses  ordonnances,  pour,  et  en  ens^uivant  les  ar- 
ticles accordez  entre  ladicte  dame  pour  et  au 
nom  du  Koy,  suivant  i'advis  des  princes  du 
sang  et  autres  seigneurs  du  Conseil  privé  qui 
sont  près  d'elle  et  ledit  s"  roy  de  Navarre,  tant 
pour  luy  que  pour  ceulz  de  ladiclc  Religion 
prétendue  rélonuéc,  se  transporter  en  la  ville 
de  Lectoure  pour  veoir  sortir  la  garnison  qui 
V  a  esté  mise  depuis  la  puhlication  de  Tédict 
de  pariflication.  remectre  ladicte  ville  en  tel 
estât  qu'elle  estoil  lorsque  ledit  édict  de  pa- 
ciffication  y  a  esté  exécuté,  faisant  rentrer 
tous  les  gens  d'église  eu  leurs  biens  et  maisons , 
et  faisant  à  l'inslanl  remectre  le  service  divin 


en  sorte  ([u'il  y  puisse  estre  lousjours  conti- 
nué, ensemble  tous  les  habitans  catholiques 
aussy  eu  leurs  biens  et  maisons,  et  faisant  au 
demourant  exécut(U'  entièrement  ledict  édict  de 
paciffication,  suivant  la  charge  (ju'en  a  aussy, 
de  la  part  dudict  s'  roy  de  Navarre,  le  s"'  de 
Cornay  par  luy  député  pour  ccst  eiïecl;  de  ce 
faire,  ladicte  dame  Royne  a  donné  et  donne 
plain  pouvoir,  puissance  et  auctorité,  en  vertu 
de  celluy  quelle  a  dudit  S'' Roy  son  filz.  nostre 
souverain  seigneur,  audit  s"'  de  Fonteuilles, 
qu  elle  prye  accepter  ceste  charge  pour  le  bien 
et  service  de  Sadicte  Majesté  et  du  publicq,  et 
du  tout  faire  faire  procès-verbal  pour  le  re- 
mectre en  ses  mains  à  son  retour  dudit  Lec- 
toure. 

FaicI  à  Agen,  le  xiii"  jour  d'octobre  1578. 


Mil 


COMPTE   DES  FRAIS   DE  VOYAGE   DE  L\  DEPUTATION'   DU  PARLEMENT   DE   TOULOUSE 

À    LV  REINE    MÈRE  ^ 

16  octobre  157H. 


Déclaration  des  frais  et  fournitures  falotes 
par  monsieur  Jacques  de  Salvigardes,  rece- 
veur général  des  exploictz,  amandes  et  con- 
fiscations, de  la  court  de  parlement  de  Tho- 
lose,  au  voiage  et  délégation  ordonnée  par 
ladicte  court  estre  faicte  vers  la  Reyne  mère  du 
Roy,  roy  et  reyne  de  Navarre,  la  part  ou  leurs 
Majestez  seroient  au  pays  d'Agenois,  par  mes- 
sieurs maisires  Nicolas  Latomy,  chevalier,  con- 
seiller du  Roy  et  second  président  en  ladicte 
court,  Vidal  d'Ausono,  Pierre  de  Saluste  et 
Pierre  de  Sabatier,  aussi  conseillers  dudict  sci- 


'   Bibi.  nat. ,  Cabinet  des  litres,  Pièces  finjrinales ,  t.  1657 
jTuedoc,  t.  Xtl,  p.  1267,  1889,  io-'i",  et  la  note  de  ia  page 
-  11  faut  lire  sans  doute  :  là  pur  nù. 


gneur  en  ladicte  court,  pour,  de  la  part  d'iceile, 
leur  estre  présentée  la  deue  obéyssance  à  leur 
heureux  voiage  au  pays  de  Languedoc,  et 
autrement  faire  tout  ainsi  comme  par  les  mé- 
moires et  instructions  à  eulx  baillées  par  ladicte 
court  estoit  porté. 

Pour  laquelle  délégation  fère,  lesdicls  sei- 
gneurs seroient  partis  de  ladicte  ville  de  Tho- 
lose  le  vendredi  troysiesme  jour  d'octobre  mil 
v'  LXXVH  après  disner,  en  nombre  de  vingt 
ung  à  cheval  et  sept  serviteurs  à  pied,  pour 
obvier  au  danger  qui  est  aux  champs  à  cause 

,  dossier  38,5.31,  n'  27.  —  Voir  Hisl.  géim:  de  Lan- 
7a  du  présent  voKune. 


5o. 


39f.  LETTRES  DE  r,ATH 

des  voulli'iir,-;  :  savoir  Icdict  sieur  second  pré- 
sidrnl  lin  si^jitifsiup  à  clieval  el  trovs  liomnics 
de  {lied,  ledii't  d' Aiisono  ciiiqiiiesme  à  cheval 
et  iiiig  hK|iiay,  icdict  de  Saluste  troysiesme  à 
cheval  et  iiii<;  ]a([iiay.  ledict  de  Sahalier  iuv 
cin(|iiiesiiie  à  cheval  ri  mi  iaqiiay,  et  iedicl 
receveur,  [)Oiir  l'aire  les  susdids  Irais,  aussi  à 
cheval  et  un;;  hupiay. 

Lequel  jour  seroient  arrivez  de  souppi'e  en 
la  ville  de  (Jrenade,  dislani  diidicl  Th(dose 
frovs  lieues;  pour  laquelle  souj)pée  feusl  paye? 
par  ledict  receveur  jîour  chascuu  à  cheval,  y 
conipriiis  lesdicls  serviteurs,  à  laison  deniy 
escu,  Iroys  sols,  icvenanl  à  la  soniuii'  de  uii/.e 
escuz  el  deniy,  Iroys  sols:  jiour  ce  cy.  \i  esc.us 
el  demv  III  s.  t. 

Du  sabiiiedy  qualriesuie  dudict  iiiovs,  les- 
dicts  seigneurs  sont  airivez  de  disnée  en  la 
ville  de  Moulecli  ',  dislaiit  dudici  (îreuado 
quatre  lieiu's,  j)our  laquelle  disnée  leust  payi; 
par  Iedicl  receveur  à  raison  de  un|j  tiers  d  escu  , 
trovs  s(ds,  pour  cliascnu  à  (dieval,  inclus  les- 
dicls servileurs;  revenant  ladirte  disnée  à  la 
somme  di;  huici  escus  trovs  sols;  cv,  vni  escus 
iif  s.  1. 

Lrdict  jour  sahmedy,  lesdicls  seigneurs  se- 
roient airiv('s  de  souppi-e  en  la  ville  de  Moys- 
sac,  distant  dudict  Montecli  trovs  grandes 
lieiM's;  ]iour  laquelle  souppéc  leusl  payi'  à 
raison  de  deuiy  escu,  cinq  sols,  pour  chas- 
cun,  comprins  lesdicls  serviteurs,  revenant  à 
la  somme  de  douze  escus  quinze  sols  tournois; 
pour  ce  cy,  xii  escus  xv  s.  t. 

Du  dimanche  cinquiesnie,  lesdicls  seigneurs 
seioient  arrivez  de  disnée  au  lieu  appelle  de  la 
Magistère-,  ou  l'eus  payé  à  raison  de  ung  tiers 
descu  deux  sols,  siv  deniers  lournois  pour 
chascuu  à  cheval  et  comprins  lesdicls  servi- 


ER]^E  DE  MEDICIS. 

teurs;  revenant  ladicte  disnée  à  la  somme  de 
sept  escuz  deux  tiers,  (jualorze  sols  six  deniers; 
pour  ce  cy,  vu  escus  ii  t.  xiii  s.  I.  ii  d. 

Ledict  jour  dimenche  lesdicls  seigneurs  se- 
roient arrivez  de  souppée  en  la  ville  d"Ageri, 
où  auroieni  demeuré  atlendant  la  veueue  de 
leurs  Majeslez  ou  à  l'aire  leur  dicte  délégation, 
jusques  au  lundy  xiii'  dudict  moys  après 
disnor,  (pii  sont  huict  jours  entiers,  pour 
chascun  desqmds  jours  el  jkiui- homme  à  cheval 
a  esté  payé  à  raison  de  deux  tiers  descu,  el 
pour  chascun  (lesdicls  servileuis  à  raison  de 
sept  solz  aussi  pour  jour:  revenant  le  tout  à 
la  somme  do  |cenl  dix  liuicl  escus  et  driny, 
de'ux  sols  lournois;  el  pour  ce  cv,  cxvii  escuz 
et  demy  ii  s.  t. 

Dudici  jour  lundv  xiii'  dudict  inoys,  les- 
dicls seigneurs  soni  partis  de  ladicte  vilh; 
d "Ageii  après  disnei-  pour  .^'eu  retourner  audict 
Tholose,  el  venus  faire  collalion  au  lieu  de 
l'omevic  el  donné  picolin  davoyne  aux  clie- 
vaulx,  allîn  d'arrivei-  en  la  ville  de  Moyssac, 
distant  dudict  Agen  six  lieues;  pour  laquelle 
collalion  el  avoyne  léust  payé  ung  escu;  et 
])oui'  cecv  ladite  somme  de  i  escu  sol. 

Ledict  jour  de  souppf'e  audict  Moyssac,  pour 
laquelle  feust  |)ayé  par  ledict  receveur  à  rai- 
son de  demy  escu  cinij  sols  pour  chascun  à 
clieval  el  comprins  lesdils  servileurs,  revenant 
à  douze  escus  quinze  sols  lournois;  et  jjour  ce 
cv,  XII  escus  XV  s.  t. 

Du  mardv  quatorziesme,  lesdicls  seigneurs 
sont  venuz  de  disnée  en  la  ville  de  Montech, 
pour  la([uelle  feust  payi'  à  raison  de  ung  tiers 
descu,  trovs  sols,  pour  chascun  homme  et 
cheval,  inclus  lesdicls  servileurs,  cy  que  monte 
la  somme  de  huicl  escus  troys  sols  tournois; 
et  pour  ce  cv,  viii  escus  m  s.  1. 


'   !\loiil'M il,  arroiidi'iseiiieiil  do  Castelsarrazia  (Tam-el-Garonno). 
'  l.a  .Maijisli^ro,  arronilissoiiienl  (le  Moi^^sac  (Tarn-el-Gaionnc). 


LETTRES  DE  CATll 

Diidid  jour  de  souppée  cii  la  villo  de  Gre- 
nade, pour  laiiuelle  l'eust  payé,  pour  chascun 
à  cheval,  deiuy  escu  trois  sols,  revenant  à  la 
somme  de  unze  escus  et  demy  Iroys  sols,  y 
comprins  lesdicls  serviteurs;  et  pour  ce  cy, 
XI  escus  et  demy  m  s.  t. 

Si  auroit  convenu  en  la  ville  d' Agen acliapler 
deux  torches  pour  acconiiiaigner  lesdicts  sei- 
gneurs au  logis  de  la  l'cyne  de  Navarre,  allin 
d'iceile  saluer  incontinent  son  arrive'e,  qui 
feust  le  sabmedi  uuziesnie  dudict  moys  heure 
tarde,  pour  lesquelles  feust  paye'  la  somme  de 
deux  tiers  d'escu  six  sols  t.;  et  pour  ce  cy, 
Il  t.  d'escu  VI  sol. 

Si  auroit  convenu  ausdicts  seigneurs,  tant 
en  allant  que  retournant,  passer  l'eaue  par 
quatre  fois,  pourquoy  auroit  esté  payé  au  pas- 
saigers  un  escu  sol;  et  pour  ce  cy  ladicte 
somme  de  i  escu  sol. 


ERIiSE  DE  MEDICIS.  ;597 

Du  niorcreili  quinsiesnie  dudict  moys,  les- 
dicls seigneurs  sont  arrivez  de  disnée  à  Tho- 
lose,  etpour  ce  qui'  ung  chascun  se  seroit  retiré 
en  sa  maison  est  dict  icy,  néant. 

^'ous  susdicts  l^atomy,  conseiller  et  second 
président  eu  ladicte  court,  d'Ausono,  de  Sa- 
luste  et  Sahaticr,  aussi  conseillers  en  icelle, 
souhs  signés,  certifiions  à  ladicte  court  et  autres 
([u'il  appartiendra  que  les  fraiz  et  fournitures 
mentionnez  ez  douze  articles  cy-dessus  con- 
tenus ont  esté  l'aicts,  fournis  et  frayés  par 
inaistre  Jaques  de  Salvigardes,  receveur  des 
amandes  d'icelle,  et  pour  les  causes  y  déclai- 
récs,  monlans  et  revenans  à  la  somme  de  cent 
(juatre  vingts  douze  escus  deux  tiers,  (]ualorze 
sols ,  six  deniers  tournois ,  témoing  nostre  seing 
cy  mis  à  Tholose  le  xvi'  jour  d'octobre  mil 
cin<]  cens  soixante  dix  huictM 

Signé  :  Latomy,  P.  Saluste,  de  Ausono. 


IX 

ORDONNANCE   DU  MARECHAL  DE   BIHON  PRESCRIVANT  AL\  CONSULS   D'AGEN  D'ETABLIR   UN   MAGASIN 
DE  VIVRES  EN   PREVISION  DU  PASSAGE   DE  LA  REINE  MERE  ET  DE  LA  REINE  DE  NAVARRE  ". 

3o  septembre  i  578. 


Armand  de  Gontault  de  Biron,  mareschal 
de  France,  aux  consulz  de  la  ville  d'Agen, 
salut. 

D'auitant  que  pour  l'arrivée  des  reynes  mère 
du  Roy  et  de  Navarre  en  vostre  ville  et  à  cause 
de  la  grand'  suyte  qu'elles  ont,  il  soit  besoin 
qu'il  y  ait  grande  quantité  de  toutes  sortes  de 
vivres  en  icelle,  mesmement  de  foin,  pailles, 
avoynes  et  autres  fourrages; 


A  cesle  cause,  nous  vous  mandons  et  enjoi- 
nions  que  vous  aies  à  en  fayre  porter  en  icelle 
vostre  ville  de  deux  lieues  d'alentour  d'icelle 
tant  deçà  que  de  la  rivière  de  Guaronùe,  en 
faysant  faire  ung  bon  et  ample  magazin  à  ce 
([u'il  n'y  en  puisse  advenir  nécessité,  sur  payne 
de  s'en  prendre  à  vous;  et  parce  qu'il  y  pour- 
roit  avoir  aucunes  personnes  qui  pourroyent 
estre  refuzantes  d'obéir  à  ce  que  vous  leur 
ordonnerés,  pour  ce  regard  nous  vous  avons 


'  Ce  document  est  suivi  de  l'ordre  de  payement  délivré  par  le  parlement  de  Toulouse. 

'  Archives  d'Agen,  AA  25.  Original  avec  signature  autographe  et  cachet ,  publié  dans  les  Archives  l.ist.  du  déi>. 
de  la  Gironde,  1896,  t.  XXIX,  p.  1G8.  —  Voir  la  note  de  la  page  72. 


398 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


donne  et  donnons  plaiu  pouvoir,  puissance 
et  authorilé  d'uzer  de  toutes  voyes  de  con- 
traintes envers  eux,  en  les  paiant  toutesfois 
raysonnableinent  de  ce  qu'ilz  vous  délivre- 
ront, selon  le  taux  qui  en  sera  justement 
fait. 


Fait  à  Bordeaulx,  le  dernier  jour  du  mois 
de  septembre  1578. 

BlRON. 

Par  mond.  seigneurie  mareschal, 

Signé  :  DE  BÉCH0^'. 


X 


LETTRE  DU  MARECHAL  DE  RIRON  À  MESSIEURS   LES   CONSULS   D'AGEN  ^ 

26  septembre  1578. 


Messieurs,  je  suis  bien  marry  que  je  ne 
vous  puisse  faire  réponce  aux  articles  que  vous 
ave's  envoyez  si  tost  que  désirez  ;  mais  je  vous 
les  envoyray  au  premier  jour  par  quelqu'un 
des  miens. 

Cependant,  je  suis  d'advis  que  faciez  ung 
mémoire  de  ce  que  verrez  estre  nécessaire 
pour  la  réception  des  Roynes  et  que  vous 
commenciés  à  préparer  toutes  choses  pour  cet 
elfect;  car  j'espère  qu'elles  s'achemineront  en 
bref  vers  vous.  Nous  sommes  tousjours  après 
pour  remectre  les  afl'aires  en  bon  estât,  à  quoy 


la  Royne  mère  du  Roy  travaille  infiniment, 
pour  le  désir  que  Sa  Majesté  a  de  veoir  ce 
royaume  en  repos,  pour  à  quoy  parvenir  elle 
ne  crainct  le  travail  de  sa  personne. 

Et  sur  ce ,  je  ne  vous  feray  cesie  plus  longue 
que  pour  me  recommander  affectueusement  à 
voz  bonnes  grâces,  priant  Dieu  vous  donner, 
Messieurs,  en  sancté  bonne  et  longue  vye. 

De  Bourdeaulx,  ce  xxvi'^  septembre  1678. 

Signé  :  Voslre  affectionné  amy, 

BiROX. 


XI 

RECUEILZ  DES  PROPOS   TEAUS  PAR  LA  ROYNE   MERE  DU  ROY  À  LA  NOBLESSE   DE   GUYENNE, 
AU  MOIS   D'OCTOBRE   1578,   EN   LA   SALLE   DE   L'ÉVESCHE   D'AGEN -. 

Octobre  1578. 


Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  filz  a 
trouvé  bon  que  je  veinsse  en  ce  pais  pour  deux 
occasions  :  la  première  est  pour  faire  entendre 
à  ung  chacun  le  grand  désir  et  singulière  af- 


fection qu'il  a  d'establir  une  bonne  et  asseurée 
paix  en  ce  Royaume,  et  par  icelle  avoir  le 
moien  de  le  remectre  en  son  antienne  dignité 
et  splandeur,  et  pourveoyr  à  ce  que  dores- 


'  Orig.  Aroh.  comin.  d'Agen,  AA  26.  Cette  pièce  a  été  publiée  dans  le  Recueil  des  travaux  de  la  Société  d'agri- 
culture, sciences  et  arts  d'Agen,  t.  IX,  i885,  p.  i46. 

-  Bibl.  nat.,  ms.  franc.  n°  33oo,  P  G2  r°.  —  Voir  ia  note  de  la  page  76. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS 

uavaiit  il  110  retombe  aux  l'uvnes  et  de'solacions 


399 


qui  y  ont  eu  cours  par  trop  long  temps  à 
cause  des  divisions  et  partiallitez  qui  s'y  sont 
introduictes  et  qui  l'ont  réduict  en  si  mise'- 
rable  estât  et  dont  vous  estes  tous  ressentiz , 
qu'il  ne  peult  penser  que  vous  n'ayiez  la  mesme 
volunté  qu'il  a  de  vous  veoyr  eu  repos  soubz 
l'obéissance  que  devez  à  vostre  Roy,  que  Dieu 
vous  a  donné  pour  luy  obéir  et  rendre  tout 
debvoir  de  fidelle  subjection.  Et  d'aultant  qu'il 
vous  a  lousjours  congneus  bien  affectionnez  à 
son  service  ot  conservation  do  son  estât  et  que 
vous  luv  en  avez  faict  preuve  aux  occasions 
qui  se  sont  offertes,  il  m'a  donné  charge  de 
vous  en  remercier,  vous  asseurer  qu'il  ne  mec- 
tra  jamays  on  oubly  les  services  que  vous  luy 
avez  faictz  et  que  vous  le  trouverez  tousjours 
en  volunté  de  les  vous  recognoisire.  Aussy 
Dieu  luy  avant  faict  la  grâce  d'a\oir  mis  fin  à 
la  dernière  guerre  pour  la  paix  qu'il  a  donnée 
à  ses  subjectz  et  n'ayant  rien  en  si  grande 
recommandation  que  de  la  faire  garder  et  en- 
tretenir, il  vous  prie  par  moy  de  vous  confor- 
mer à  son  désir  et  d'embrasser  de  cœur  et 
d'affection  l'union  à  laquelle  je  vous  appelle. 
Si  vous  estes  encores  en  quelque  double  de  la 
seureté  de  voz  personnes  pour  les  haynes  et 
inimitiez  qui  pourroient  rester  des  choses  pas- 
sées, je  vous  prie  estre  certains  qu'il  sera  tous- 
jours  aussi  soigneulx  de  vostre  conservation 
que  de  la  sienne  propre  et  qu'il  ne  lairra 
moien  aucun  pour  vous  fayre  jouir  de  sa  pro- 
tection et  de  toutes  les  asseurances  que  vous 
pourriez  désirer.  Il  n'est  poinct  besoing  que  je 
vous  représente  quel  il  est  :  vous  ny  voz  pré- 
décesseurs n'avez  jamays  eu  et  ne  pourriez 
avoyr  ung  roy  plus  calholicque  zellateur  de  sa 
relliglon,  (jui  plus  ayme  ses  subjectz  et  qui 
ayt  plus  de  soing  de  les  garder  et  maintenir. 
Sa  valleur  vous  est  à  tous  congneue;  vous 
l'avez  veu  les  armes  à  la  mayn:  il  a  vaillam- 


ment combattu  avecques  vous  et  sera  tousjours 
prest  de  fayre  le  semblable,  quand  il  sera 
question  de  vous  soustenir  et  deffendre.  Il  est 
aussy  tesmoing  de  vos  valleurs  et  recongnoist 
ceste  noblesse  de  (iuienne  pour  esire  géné- 
reuse et  l'une  des  principales  forces  de  ce 
Royaulme  el  de  laquelle  il  fait  aullant  d'cstat 
pour  la  conservation  d'iceliuy  Royaume,  s'il 
advient  que  quelqu'un  y  vueille  entreprendre. 
Mais  comme  vous  avez  volontairement  et  cou- 
rageusement embrassé  son  sei'vice  privé  et 
porté  les  armes  quand  il  en  a  esti;  besoing,  il 
vous  prie  que  de  mesme  cœur  vous  embras- 
siez la  volunté  qu'il  a  de  maintenir  la  paix  et 
réserviez  ces  braves  cœurs  pour  le  souslien  de 
son  estât,  qui  est  le   vostre. 

L'autre  occasion  pour  laquelle  il  a  voullu 
que  je  veinsse  par  deçà  a  esté  pour  mener  sa 
sœur,  ma  fille,  au  roy  de  Navarre,  son  raary, 
lequel  il  ayme,  tient  et  estime  pour  son  proche 
parent  et  allyé;  il  le  vous  a  baillé  pour  son 
lieutenant  en  ceste  (Iuienne  et  vostro  gouver- 
neur, veult  et  entend  que  vous  luy  obéissiez 
comme  vous  estant  donné  de  luy,  espérant 
qu'il  sera  tousjours  bien  avecques  luy,  le  le- 
cognoistra  pour  son  Roy  et  vous  traictora 
comme  ses  subjectz.  H  vous  envoyé  aussy  sa 
sœur,  que  j'ay  chèrement  nourrye  et  instruicle  à 
honnorer  et  recognoistre  le  Roy  son  frère  et 
entendre  à  tout  ce  qu'appartient  à  son  ser- 
vice, et  singulièrement  à  avoyr  soing  du  bien 
et  eonservacion  de  ses  bons  subjectz,  comme 
je  m'asseure  qu'elle  aura  de  vous;  et  partant  si 
avez  quelque  doute  vous  [devrez]  avoir  recours  à 
elle,  luy  ferez  entendre  voz  alFayres,  et  elle  vous 
y  pourvoyra  selon  qu'elle  sçait  estre  do  la  vol- 
luntédu  Roy  son  frère  :  que  s'il  advenoit  (ce 
que  Dieu  ne  vonille  et  que  je  ne  pourroys  ja- 
mays penser)  qu'elle  oust  aultre  iutencion,  et 
moy  mesme,  quand  Dieu  noubliroyt,  tant  (|ue 
d'estre  envers  le  Rov,  qui  est  le  vostre  et  le 


'.00 


inven ,  .•uiltre  que  je  ne  doiblz  ',  |0  vous  prie  ne 
nous  lonvr,  no  clic  moy,  |iour  rc  (|ue  nous 
sommes  el  inc  (sir)  pivIVrer  le  service  de  vostre 
Roy  à  loules  autres  ronsicir'iacions.  Touleslois 
je  masseure  rpie  Dieu  iuy  l'eia  reste  jfrare  de 
se  conduire  si  sainement  que  pourrez  mectre 
vosire  ealière  ronliani'C  eu  elle.  Ta-  Rdv  nous 
a  aussv  liaille  monsieur  le  niaresclud  deiîirou, 
personnaiffe  duquel  la  \alleur  bonne  et  droicte 
nlTeetion  à  sou  service  es!  assez.  conj;neue, 
|)our  leiiii'  la  main  el  pourveou'  à  loul  ce  cpii 


LETTP.ES    DE   CATHERINE   DE   MEDICIS. 

1 


appartiendra  au  bien,  repoz  et  conservation 
de  ceste  province;  [il]  veult  et  (Mitend  que  vous 
Iuy  obéissiez  comme  à  luv  mesmes.  Il  ne  reste 
douques  que  d'establir  la  paix  et  cfTecluer 
tout  ce  qui  appartient  à  l'entière  conservacion 
d'iceile  :  à  quoy  je  suys  re'soiue  de  n'espar- 
];uer  moieu  aulcun  qui  sovt  eu  moy,  nv  ma 
|)ropre  vye,  mestimant  bien  beureus'  de 
rem|)loyer  pour  unjj  si  bon  œuvre,  si  néces- 
saire el  si  prollilable  à  ce  Royaulme. 


MI 

LETThK  i>i:  M\r,i:(:ii\L  iiK  r,KLLE(aiii)K  \L  noi'-. 

()  soplemliiv   I  ."178. 


.Sire,  jay  c\  devant  ad\erlv  Vosire  .Majesté 
de  ce  qui  esloil  advenu  à  lîeaucaire  et  ne 
double  pas  (|ue  le  rajiitaine  Gav,  qui  lut  poin- 
teur de  lua  lellie.  ne  vous  ayt  représeuh'  [lar- 
ticulièreiiienl  ce  qu'en  esloil ,  aiin  qnil  vous 
pleust  d\  pourxoii'.  Depuis,  le  s' de  l'arabère, 
obéissani  au  comniandemi'nt  qu'il  auroyl  pieu 
à  Vostre  Majesie'  Un  l'aii-e,  auro\l  l'i'duict  ses 
<{ens  au  noudjre  <|ue  vous.  Sire,  biy  aviés  or- 
donné, ou  à  peu  près;  au  luoveu  de  quoy 
ceulz  (]ui  a\o\eut  entrepris  conlii'  Iuy  oui  en 
iiarlie  eviViitè  leur  ib>seinj[.  lellcuient  i|ue 
diiuancbe  dernier,  enviidii  neuf  heures  du 
malin ,  sortant  de  la  messe,  il  l'ut  massacri' 
Iuy  trenliesme,  el  la  crnaullède  ceux  ijui  l'exé- 
culèrenl  s'cslemlil  jusijues  aux  l'eiumes,  enire 
aniires  sur  la  veivedu  leu  s''  de  Sainct-.Vndre', 
qui  lut  aussi  au  mesnie  inslant  massacrée 
dans  i'('glise.  Les  exécuteurs  sont  le  capitaine 


'   La  iilii'as;'  est  peu  ciair*^;  mais  oll'^  a  été  ain^i  écrito 
-   Orl;;.  fiilil.   di-  rin-lilul.  coll.  Goilefioy,  n"  a.jy,  1" 

aMiir  l'arriére-peii-^éo  de  trahir  le  roi;  il  lui  rend  comple 

de  la  pajje  ()  1 . 


Rogeon,  venu  soubz  la  conduicle  d'un  corde- 
lier  apostat  qui  preschoit  en  Ai|>uesmorles  au 
temps  de  i'unvon,  el  ceul  ou  six  vin[jlz  sol- 
datz  des  (piarlieis  d'Agde.  Ledijjnan,  premier 
consul  dudit  Beaucaire,  qui  aultrefois  a  faicl 
profession  de  la  Relijjion  prétendue,  et  (ion- 
verliz,  jadis  cbanovne  de  \isnies,y  amenèrent 
cliascun  nue  Irtuipe  de  soldalz  la  |dnspart  du- 
dit IVisuies  cl  des  environs;  aussi  y  anroient 
laict  venir  les  capitaines  Combes  et  Godable, 
avec  environ  deux  cens  soldalz,  tous  bugue- 
nauldz,  de  manière  (pie.  dans  iadicle  \ille  de 
Beancaiie,  y  a  pour  le  moins  de  troys  à  quatre 
cens  huguenauldz.  .l'euvoyay  liier  un  consul 
de  reste  ville  vers  lesdils  Ledignan  et  Con- 
verliz  leur  proposer  les  inconvénieus  (pie  je 
prévoyois  à  vostre  service  el  à  leur  vilb;  d'y 
recevoir  telles  gens,  ilz  respoudirent  ([uilz 
s'en  asseurovent  soubz   la   loy  el  jiarolie  du 

jiai'  lo  copiste. 

137.  —  I^e  marédial  de  Bellej;arde  ne  semMait  pas  alors 

Hd'deinent  de  ce  qui  ■iO  pas-e  sous  ses  yeux.  —  Voir  la  noie 


LETTRES  ])E  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


-'.01 


s''  de  Thoré,  i]ii  il  leur  avoyl  doiméi';  il  y  en 
vient  de  renfort  à  toutes  heures  el  me  \ieal 
l'on  de  dire  que  ledit  s''  de  Tliore'  mesnies  y 
doibt  arriver  aujourd'huy.  S'il  lefaict,  je  ne 
fauldray  d'en  advertir  Vostre  Majesté  :  loutes- 
fois  que  je  pense  que  Monsieur  le  mareschal 
Daaipville,  qui  v  doibt  aussi  \enir,  y  prou- 
voyrra  si  bien  qu'il  n'en  adviendra  plus  |;rand 
malheur. 

Cependant  le  capitaine  Baudonnet,  lieu- 
tenant dudit  Parabère,  s'est  retire  dans  le 
chasleau,  où  il  a  environ  cent  soldat/,  de 
reste,  qui  a  commence'  de  jouer  à  pis  faire; 
il  est  muny  de  tout  ce  que  luy  est  nécessaire 
pour  un  an.  Le  frère  dudit  Parabère,  de  cas 
fortuit,  m'estoit  venu  voir  à  l'heure  de  ce  dé- 
sordre, et  l'ay  retenu,  pour  au  besoing  l'em- 
|)lover  selon  que  l'occasion  s'offrira  pour  le 
bien  de  vostre  service,  avant  estimé  qu'il 
pourra  estre  nécessaire  pour  faire  contenir 
ceux  du  chasteau  au  debvoir  qu'ilz  vous  ont, 
si  tant  estoit  qu'ilz  fussent  pratiquez  par  les 
hugiienauldz,  comme  je  n'en  fais  doubte, 
bien  que  ledit  Baudonnet  el  tous  ceux  qui 
sontaveciuy  se  soyent  tousjours  monstres  très 
affectionnez  à  vostredict  service,  et  tout  ce 
que  je  craindroys  d'eulx  seroit  que,  pour  ne 
lumber  ez  mains  de  leurs  ennemis  piirticuliers , 
ilz  se  laissassent  aller  avec  le  temps  aux 
aultres,  si  Vostre  Majesté  n'y  pourvoyt.  Sur 
ce  tumulte  et  avec  l'occasion  d'icelluy,  ceulx 
d'Arles  vindrent  audit  Beaucaire  saisir  le  ca- 
pitaine Espiard  qui  s'y  estoit  retiré  avec  la 
licence  de  mondit  s'  le  mareschal  Dampville, 
et  l'ont  emmené  audit  Arles  pour  luy  faire 
son  procès. 


Vovlà,  Sire,  l'istoire  de  ce  faict  cpie  je 
n'ay  voullu  liiillir  de  vous  représenter,  en 
estant  ciairvovanl  et  si  près  que  je  suis,  mé- 
ritant (|u'il  plaise  à  Vostre  Majesté  d'y  inter- 
venir promptemcut  de  ses  commendemens, 
de  sorte  que  ceulx  dudit  chasteau  ne  soyent 
pressez  de  se  mectre  au  pouvoir  de  leursdits 
ennemis  particuliers,  et  qu'ilz  ayent  occasion 
de  se  maintenir  eu  leur  debvoir  à  vostredit 
service,  le  seul  respect  duquel  j'ose  asseurer 
à  Vostre  Majesté,  qu'il  cousta  la  vie  audit 
Parabère.  Il  est  bien  vray  qu'il  estoit  un  peu 
agard  et  homme  de  despence,  insuportable 
au  peuple;  néantuioings  celle  qu'il  a  faicte  est 
peu  de  chose  au  regard  de  l'importance  de  ce 
faict,  qui  tire  à  conséquence  pour  la  felonnye 
populaire,  de  laquelle  on  se  veult  couvrir  le 
plus  souvent  poui'  se  desfaire  de  voz  serviteurs 
et  secouer  le  joug  de  l'obéissance  qu'on  vous 
doibt.  Et  pour  la  lin  je  vous  diray  en  passant, 
sur  la  fidélité  que  je  vous  doibz,  que  d'aultant 
que  les  huguenauldz  n'ont  nullement  dé- 
sarmé, ains  qu'ilz  ont  de  nouveau  levé  quinze 
ou  vingt  enseignes  de  gens  de  pied,  soubz  le 
prétexte  du  secours  de  Menerbe;  la  ville  et 
chasteau  de  Beaucaire  vous  importent  de  la 
lotaile  conservacion  du  païs-bas  de  Languedoc, 
et  l'estime  une  des  bonnes  places  de  vostre 
royaulme.  Priant  en  cest  endroict  le  Créateur, 
Sire,  qu'il  maintienne  Vostre  Majesté  en  par- 
faicte  santé,  très  heureuze  et  longue  vie. 

De  Tarascon,  ce  ix°  de  septembre  1.578 '. 

De  sa  main  :    Vostre    très    humble,    très 
obéissant  et  plus  obligé  suget  et  serviteur, 
Roger  dk  Bellegarde. 


'  La  noie  suivaiilo  a  été  ajoutée  sur  le  uiaimscrit  :  trPar  le  mémoire  que  a  baillé  M'  Piuarl ,  il  a  été  pris  résolution 
surcesle  despesclie,  auquel  il  se  fault  régler. n  —  Le  maréchal  de  Bellegarde  était  d'autant  plus  empressé  à  prévenir 
le  roi  qu'on  le  soupçonnait  de  soutenir  Parabore  et  Baudonnet  contre  Damville. 


CATllEr.lNE    DE   MlCDrClS. 


iiirniutcic    5AtI0S.iLE. 


402 


LETTRES   Dl'    IIATHEIUM':   DE   MEDICIS. 


LI-TTHE   Dl    rnÉSIDKNT   DE    VILLENELVE    \   CVTHERINE    DE    Me'dICIS. 

20  juillet  IJ7S'. 


A  lu  Renie  mère  du  Roi. 


Madame,  Vostre  Majesté  pourra  voir  par  la 
lollre  ({lie  j'écritz  au  Roy  raccidenl  survenu 
par  derà  (lour  raison  du  relus  laid  à  monsieur 
le  niaresclial  de  Biron  sur  la  reddition  de 
la  ville  de  Fijjeac'-.  Toutefois,  il  me  semble 
(|u'il  n'y  a  encore  rien  qui  soit  advenu  (jui  ne 
se  puisse  rabiller.  (Juoyquil  en  soit,  je  loue 
Dieu  que  celte  ville  est  conservée  en  l'obéis- 
sance du  Roy,  en  (pio\  Je  supplii'  Irès-liiimbli'- 
nieut  Vostre  Majesté  croire  que  l'eslablisseuienl 
d(!  la  Cour  de  Parlement  en  celle  ville'  y  a 
ser\i  grandement,  comme  aussy  je  n'y  ay 
pas  esté  inutili'. 

Ledicl  sieui-  mareschal  alla  hier  trouver  le 
roy  de  Navarre',  pendant  ce  qu'il  luy  a  écrit 
par  le  seigneur  de  Lavardin.  Il  in'a\oit  pa- 
reillenu'nt  écrit  de  l'aller  Iromer  avecipie  le- 
dicl sieur  marescbal,  ainsi  qu'il  vous  plaira 
voir  par  la  lettre  dudicl  sieur  roy  de  Navarre 
(pie  je  envoyé  à  Vos  Majesté/..  Cependant  le 
sieur  de  Rajaumond,  siMK'cbal  d'Agenoys,  est 
demeuré  en  ceste  \illi',  pour  pourvoira  la  scu- 


i-el('  flicelle  et  contenir  toutes  choses  soubz 
l'obéissance  de  Vosdictes  Majestés,  ce  qu'il 
faict  a\ecques  doulceur  et  contentement  d(^ 
tous,  tant  d'une  religion  que  l'autre.  A  quoy 
dl'  ma  |)arl,  comme  laicl  aussv  M.  l'évesque 
d'Ageu,  nous  y  employons  de  tout  nostre  pou- 
voir à  ce  ipi'il  ne  soit  altéré  aucune  chose 
contre  vostre  intention,  laquelle  je  vous  sup- 
jilie  très-humblenienl  nous  faire  entendre  au 
plus  tost,  et  pour  l'exécution  d'icelle  je  ne 
faudray  employer  tout  ce  qui  est  en  ma  puis- 
sance, voyre  ma  propre  vie,  d'aussy  entière 
et  lidelle  allVctiou  que  ji'  [)rie  très-humble- 
ment Dieu.  Madame,  vous  donner,  en  très 
parfaite  santé,  très  longue  et  très  heureuse 
vie. 

D'.Agen,  ce  xxv'  jour  de  judle!  lô'^S. 

Vostre  très  humide,  très-obéis>ant  et  très- 
lidelle  serviteur  et  subject,  le  second  piésideut^ 
en  la  cour  de  parlement  de  Bourdeaulx. 

Siipil'  :    l>E    \'lLLEXELFVE. 


'  Voir  lu  iiolo  (Ir  la  |iaj;i?  ()7  sur  ifMlc  pièce,  publiée  par  M.  Pli.Taïuizcy  do  Larroque  dans  le  Recueil  des  travaux  de  In 
Société d'iii^riciilliin'.  xciencexcl  (Vis  (r.li;eii ,  t.  tV,  187Ô,  p.  -3 9 13,  el  lirùf  do  la  Bibl.  ual. ,  Fonds  franc. ,  i556o,  fol.  a3i . 

'  Celte  ■ville,  prise  par  les  protostauls  on   1576,  fut  recouvrée  par  les  callioliquos  en   1078. 

"■  Une  chambre  mi-partie,  à  la  suite  do  la  paix  de  Bergerac,  ([id  l'ordnunait  |>ar  sou  article  •!■?  ,  avait  été  établie 
à  Ajjon,  mais  non  sans  résistance  de  la  pari  du  ParlemonI  de  Bordeau\. 

''  1^0  roi  de  ^faval■re  était  aloix  à  Monlaidiau,  où  il  passa  tout  l'été  de  1578,  avant  l'arrivée  dos  reines.  Il  écriv.iit 
au  maréchal  de  Damville  le  18  juillet  :  «Mon  cousin,  vous  av.'Z  pou  oulendre  les  beaux  >  i>mmeucementz  qui  avoienl 
esté  donnez  on  l'exécution  de  reslablissemont  de  la  chandire.  reuii.se  de  la  ville  d'Agens,  en  Testât  (pi'elle  doibt  de- 
ujeurer  suivant  icebiy  odicl.-  —  Lettres  Miss..  I,  p.  i85. 

'  (l'est  le  II  jidu  ir)7S  (ju'en  présence  du  maréchal  de  lîiron  ot  du  président  de  Villeneuve,  la  chambre  ini-parlie 
d'A<;en,  composée  de  -rlmit  conseillers  on  robe  ronge-%  avait  tenu  sa  première  séance  à  la   maison  do  vilb-. 


LETTRES  DE  CATHERINE  UE  MEDICIS. 


i03 


\1\ 

MÉMOIIiE  ET  INSTRUCTION'  QUE  LE  OONTROLLEUR  GEFRON'NEAU  FERA  ENTENDRE  À  L\  ROYNE  MERE 
I)L  ROY  ET  À  MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  MONTPENCIER,  PAIR  DE  FRANCE,  «OUVEHNEUR  ET 
LIEUTENANT  GENERAL  POLH  SA  MAJESTE  EN  BRETAIGNE ,  DE   LA  PART  DU  S'   DE  LA  HUNODAYE  ^ 

'il  octobre  1678. 


PREMIEREMENT. 

Que  oulfiT  les  dépesches  (|ii"il  a  failes  à  la- 
dicle  dame  cl  audit  s'  de  Moiitpeiisier,  ledit 
s"  de  la  Hunodaye  est  d'advis  qu'estans  les 
su{jelz  du  roy  de  ceste  province  en  alarme 
pour  les  daces  de  l'imposition  foraine,  qu'il 
est  bien  nécessaire  d'y  pourveoir  par  toutes  les 
plus  douces  voyes  qu'il  sera  possible,  pour  ce 
que,  s'ilz  ont  tant  soit  peu  d'aparence  que 
l'on  les  veille  l'aire  obéir  par  le  moyen  de 
mettre  garnisons  dans  les  places  fortes  et 
villes  dudit  pays,  iiz  ne  fauldront  à  s'eslever. 

D'avantage  qu'il  sçait  que  les  villes  sont 
re'solues  de  ne  soufrir  aucunes  garnisons,  ne 
mesmes  tous  les  Estatz  du  pays  ne  permettront 
jamais  la  levée  des  francz-archers. 

Et  pour  ceste  cause  ledit  s' do  la  Hunodaye 
est  d'advis  qu'il  n'est  de  bcsoing  de  faire  lever 
lesdits  francz-archers  ne  mesmes  envoyer  au- 
cunes forces  audit  pays,  si  tant  est  (juesa  Ma- 
jesté et  Messieurs  de  son  Conseil  en  fussent 
en  ceste  intention. 

Aussi  si  niondit  seigneui-  le  duc  de  Monl- 
pencier  venoit  en  ceste  province  à  la  prochaine 
tenue  des  Estatz  de  ceditpays,  que  ce  soit  sans 
aucunes  forces  et  peu  accompagné,  pour  leur 
lever  les  mauvaises  impressions  èsquelles  ilz 
sont  tombez,  q\ii  sont  que  Sa  Majesté veult  par 


force  establir  l'imposition  foraine  el  autres 
daces. 

Dira  aussi  qu'ilz  ont  intelligence  en  aucunes 
provinces  de  ce  royaume,  el  mesmes  du  coslé 
d'Angleterre,  pour  y  avoir  secours  quant  l'oc- 
casion s'en  présentera,  et  mesmes  qu'ilz  y  ont 
envoyé  ung  genlilhommc. 

Qu'il  est  très  nécessairi'  de  laisser  atiédir 
ceste  fureur  de  peuple,  s'estans  les  Estatz  de 
ce  pays  tous  résoluz  d'une  vive  voix  de  s'op- 
poser que  par  voye  de  fait,  s'ilz  y  sont  con- 
traintz,et  d'y  exposer  vie  et  biens. 

El  diia  que  ledit  s'  de  la  Hunodaye  a  apris 
que  si  ceste  ocasion  principalle  n'est  ostée, 
qu'elle  en  fera  naistre  d'autres  de  beaucoup 
plus  pernicieuses  au  bien  du  service  du  lioy. 

Ceste  occasion  estans  diférée  ou  ostée,  il 
sera  fort  aysé  de  remettre  les  sugetz  de  la- 
dicte  Majesté  et  leur  faire  oster  les  mauvaises 
opinions  èsquelles  ilz  s'estoient  laissez  aler  par 
la  persuasion  et  induction  d'aulcuns  malafec- 
tionnez  au  service  du  Roy  qui  ne  désirent  qu'à 
troubler  ceste  province,  leur  faisant  par  efect 
cognoistre  la  bonté  et  saincte  intention  de  Sa 
Majesté,  qui  ne  tend  qu'à  les  maintenir  en 
paix  et  repoz  et  à  leur  solagement. 

Que  cognoissans  tous  les  sugetz  de  Sadicte 
Majesté  sa  bonne  volonté,  ilz  lui  surviendront 
très-volontiers  de  leurs  moyens  pour  satis- 


Bilil.  nat.,  ms.  fr.  .3320,  f°  63.  Orig.  —  Voir  la  lettre  de  Catlierine  nu  Roi  du  1"  movimuImp,  p.  101;  et 
aussi  une  lettre  du  dur  de  Montpeiisier  à  Henri  lit,  de  Limoges  le  3i  mars  1.579,  lui  luaiKliml  qu'il  ne  pout,  à 
cause  de  sa  santo,  aller  en  Bretagne,  mais  qu'il  oITre  d'y  envoyer  sou  lils,  le  i)riuce  Dauphin,  <pii,  aidé  de  M.  de  [.a 
Hunaudaye,  f  rai  lera  avec  les  États.  —  Rilil.  nal.,  ms.  fr.,  miuv.  .ncii.,  u*  i!a-,  p.  120. 


/lO'i  LETTRES   DE   CATI 

fiiiix"  à  la  uoressité  du  ses  al'ères ,  liiqiit'lle  il/,  co- 
{[iioisseiit. 

Qu'il  ne  l'anlt  donner  oca-inn  l't  moyen  ;ui\ 
nialîd'eetionez  au  service  de  Sadicle  Majesté' 
pour  jiouvoir  persuader  lieaurnup  de  sorles 
de  personnes,  lant  de  l'une  (|ue  de  i'aulre  re- 
lipion.  à  se  laisser  aler  à  de  très-nianvaises  et 
peruiciruses  n'solutions  au  [iiéjutlice  du  ser- 
vice du  Rov,  encores  qu'il/,  n'eurent  jamais  vo- 
lonté d'altérer  le  repos,  mais  v  sont  l'orcez  par 
raisons  et  persuasions  du  l)ii>ii  publidj  parles- 
dits  inslii'ateiirs,  qui  ne  demandent  < pi  une  cou- 
verture ])our  i^l'ectuer  leurs  mauvais  desseings. 

Il  sera  bien  à  propos  de  laisser  la  tenue  des 
K^lal/.  eu  la  \ille  de  ISènes.  pour  ce  ipi'ilz  ont 
sceu  diie  cpi  ilz  scavoieni  bien  que  le  Rov  df>- 
sirovt  (|ue  les  Kstaiz  se  tinseni  en  lieu  serré, 
esirovt  et  non  logeable,  afin  de  s  y  trouver  peu 
de  per.sonnes  pour  plus  l'acillement  l'aiit^  ce 
que  désire  Sadicte  Majesté,  et  n'a  peu  et  ne 
poura  le  lieu  empeselier  de  s'y  trouver  plus 
de  nolilesse  et  autres  personnes  (pi  il  ne  s'est 
vcu  de  lienle  ans. 

Il  s'est  trouvé  en  l'assemblée  de  Fougères 
bien   liuit  cens  gentilzhonimes,  oultre  que  la 


EULXE  DE  MÉDICIS. 

|)luspart  de  la  Rasse-Bretaigne  nestoient  en- 
cores arrivez,  pour  monstrer  la  résolution  des 
villes  de  ceste  province  et  par  conséquent  de 
tous  ceux  des  trovs  ordres  et  Estatz  de  cedit 
pays.  Ledit  s'^  de  la  Huuodave  a  esté  requis  par 
aucuns  babitans  de  l'une  des  \illes  que  Sa 
Majesté  estoil  résolue  de  mettre  garnisons, 
(jue  ledit  s' de  la  Ilunodaye  n  eust  à  mettre  la 
première  garnison  im  la  ville,  (]ue  ledit  Ge- 
IVoneau  vous  nommera,  pour  n'esire  point  la 
première  rebelle,  comme  elle  seroit  si  cela 
advenovt,  s'eslans  toutes  les  villes  jurées  et 
lait  promesse  lune  à  l'autie  de  n'eu  soufrir 
aucune. 

Pour  ceste  raison,  ledit  s'  de  la  Hunodaye 
a  envové  vers  les  villes  |)our  les  prier  de  ne 
s'obliger  à  ])ersonne  et  conserver  eux  rnesmes 
leurs  villes  sans  l'aidi'et  secours  d  aucun,  afin 
qu'+'stant  satisfaitz  de  la  saincte  et  droite  in- 
tention de  Sadicle  Majestc',  ilzluy  conservent 
leursdicles  villes  en  .son  obéissance,  ce  qu'ilz 
ont  promvs  faire. 

Fait  à  Rênes,  le  dernier  jour  d'octobre 
mil  \'  soixante  dix-buit. 

Siirnr  :  L.v  HuNonwE. 


LETTIiE     1)1     RUl     DE     WVVISRE     M     VICOMTE     DE    TLRENNE 

Ocliiluc  ou  iiDVonilirc  IJ7S-. 


Mon  capitaine,  je  m'aime  là  où  ou  me  dé-         (péil  n'y  a  point  de  danger,  ipie  je  m  acbe- 
sire,  (pii  est  cause,  avec  ce  que  vous  pensez        mine  où   me   mandez.   Dites  à  Lavardin^.  à 


'  Bibl.  nal.,  Fonds  l'r.  nom.  aci|.  .'i,r)3;i,  fol.  50. —  Cellp  lettre,  (|iii  ne  porte  ni  lien  ni  date,  est  accompagnée 
de  trente-deux  antres,  dont  (jnelques-unes  fort  importâmes ,  adressées  an  même  vicomte  de  Tureune,  et  (juiont  toutes 
ocliappé  aux  deux  cdilems  dos  Lcllres  missives  de  Henri  1\  . 

-  Tnrenne  raconte  dans  ses  Mémoires  (p.  aô'i  de  l'édit.  de  iti()(>)  qu'il  alla  trouver  la  reine  mère  à  Toulouse;  et, 
après  le  récit  de  son  entrevue,  il  ajoute  ;  ir.^loi-s  elle  me  dit  qu'elle  \ouloit  venir  à  Ausdi ,  que  si  le  roy  de  Xavai-re 
s"en  vùuloit  approcher,  qu'ils  preiidrolent  un  lieu  pour  se  voir.-  —  Ln  letlre  fait  donc  allusion  à  la  piemièie  ou  à  la 
seconde  rencontre  du  roi  de  .\avarre  avec  Catherine  de  Médici>. 

'  Le  futur  maréchal  <le  Lavardin.  —  Voir.  p.  162.  note  ■>. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


/i05 


Miossens'  et  à  tous  nos  gens  qui  so  trouvent 
là,  afin  que  je  sois  mieux  accompagne'.  Si 
vous  disiez  à  lu  Reine  que  peut-être  je  me 
trouverai  là  à  son  dîner,  et  que  si  toute  cette 
noblesse  y  e'toit,  il  y  auroit  danger  qu'il  ar- 
rivast  quelque  scandale,  parce  (ju'il  y  en  a 
qui  m'ont  fort  oITensé  et  aussi  des  miens 
comme  Gondrin-,  Barannau-',  Saint-Orens', 


Bastre^.  Faites  de  façon  qu'il  en  vienne  le 
moins  que  pourrez.  Mandez-moi  ce  qu'aurez 
l'ail  pour  Méréglii^e'^,  qui  me  trouvera  à  mon 
camp,  entre  autre  choses  quels  hommes  y 
\  iendront.  Baisez  la  main  de  ma  part  à  votre 
maistresse  et  à  la  mienne. 
Votre  petit  serviteur, 

Henry. 


XVI 

ACTE   PLBLIC    ACCOUDÉ   ENTRE   LA   ROVMC   MÈHE   DU  ROY   ET   LE   ROY  DE   NAVARRE". 

û  déceml)re  157!^. 


Il  s'est  assez  congneu  par  la  publication  qui 
fust  faict  au  mois  d'octobre  dernier  sur  la 
conférence  d'entre  la  Boyne  mère  du  Boy,  as- 
siste'e  de  messeigneurs  les  cardinal  de  Bour- 
bon, duc  de  Montpensier  et  prince  Daulphin 
et  aultres  seigneurs  du  conseil  privé  du  Boy, 
nostre  souverain  seigneur,  et  du  roy  de  Na- 
varre son  beaufilz,  assisté  aussy  d'aucuns  s" 
de  la  Beligion  prétendue  réformée,  le  grand 
et  singulier  désir  que  ladicte  dame  Royne, 
suivant  la  droicte  et  ferme  intention  dudit  s"^ 
Roy  nostre  souverain  seigneur,  et  dudit  s"'  roy 
de  Navarre  aussy,  ont  au  bien  d(^  la  paix  exé- 
cution et  establissement  de  l'édict  dernier  de 
paciflicalion ,  ayant  esté  publié  cesser  par  tout 
tous  actes  dhostillité  sur  les  peynes  portées 
par  ledit  édicl  de  paciffication.  Toutesfois  il 
seroit  ces  jours   icy  advenu  (jue   aucuns  au 


préjudice  de  ce  que  dessus  se  seroienl  saisy 
de  la  Réolle,  qui  est  une  des  villes  baillées  en 
garde  par  icelluy  édict  de  paciffication  à  ceulx 
de  ladicte  Religion  prétendue  réformée,  occa- 
zion  pourquoy  lesdits  dame  Boyne,  mère  du 
Boy,  et  roy  de  Navarre  se  seroient  assemblez , 
le  xxix°  jour  du  mois  passé,  à  Gigan,  non 
seullement  pour  pourveoir  à  laire  remectre 
ladicte  Béolle  en  l'estat  qu'elle  estoit  aupara- 
vant ladicte  surprinse,  mais  aussy  pour  em- 
pescber  que  cela  ne  troublast  l'assemblée  et 
conférence  qui  se  doibt  faire  lex"  de  ce  mois, 
en  sorte  que  chascun  pouvoit  espérer  que,  se 
réparant  ledit  faict  de  la  Béolle,  comme  icelle 
dame  Boyne  y  a  très  bien  pourveu  au  conten- 
tement dudit  s''  roy  de  Navarre,  il  ayt  si 
agréable  la  démonstration  et  pi'ière  qui  y  feust 
si  promptement  donné,  ayant  pour  cest  effect 


'  Jean  d'Albret,  liaron  de  Miossens.  —  Voir  la  note  de  la  paj;e  117. 

*  Hector  de  Pardaillan,  seigneur  de  Gondrin,  catholique. 

'  Le  sénéchal  d'Armagnac  que  le  roi  de  N'aiarre  employa  au  maintien  de  la  paix. 

*  Cassagnet,  seigneur  de  Saint-Orens.  —  Voir  la  note  de  la  page  188. 

^  Baslre,  sans  doute  Manaud  de  Balz,  [Gouverneur  d'Eauze  (Gers),  catholique,  mais  très  dévoué  au  roi  de  Navarre. 

*  Simon,  sieur  de  Mère-Église,  chambellan  du  duc  d'Alençon. 

'  Bibl.  nat.,  Fonds  français,  33oo,  f  io3,  v°.  Copie.  trEnvoyé  au  Roy  avec  la  dépesdie  de  La  Roclie.n  —  Nous 
publions  ceUe  pièce,  quoique,  selon  l'ordre  de  la  reine  mère ,  elle  ait  été  imprimée;  mais,  bien  que  M.  le  baron  de  Ruble 
donne  le  nom  d'un  des  imprimeurs,  .\rnollet  de  Lyon,  la  rplaquette»  est  tellement  rare  que  la  Bibliothèque  natio- 
nale ne  la  possède  pas  cl  que  nous  ne  l'avons  trouvée  dans  aucun  catalogue. 


406  LETTRES  DE  GATHE 

envoyé  le  s''  mareschal  de  Biron  avec  toute 
charge,  qu'il  esta  aizément  la  deffence  qu'il 
avoit  eue,  à  cause  de  ladicte  surprinse  de  la 
Réolle  et  veint  veoir  la  royne  de  Navarre  sa 
femme  en  ceste  ville  et  puis  retourna  le  len- 
demain matin  trouver  icelle  dame  Royne ,  mère 
du  Roy,  audit  Gigan,  où  ilz  auroient  ensem- 
blement  confirmé  et  re'solu  de  faire  leurdicte 
assemble'e  et  conférence  ledit  jour  x'  de  ce 
mois  à  Nérac,  espe'rant  ledit  s'  roy  de  Navarre 
que  les  députez  de  ceulx  de  ladicte  religion  y 
seroient  tous  arrivez  ce  jour  la,  de'clarant 
qu'il  ne  les  avoit  peu  plustost  faire  venir,  de 
sorte  que  lesdictes  dame  royne,  mère  du  Roy, 
et  roy  de  Navarre  se  séparèrent  en  ceste 
tonne  et  saincte  intention,  qu'ilz  ont  tous- 
jours  et  en  laquelle  ilz  persévèrent,  de  s'as- 
sembler audit  jour  et  faire  promptement  une 
bonne  et  ferme  résolution  de  tout  ce  qui  sera 
nécessaire  de  faire  pour  bientost  exécuter  et 
fermement  establir  ledit  édict,  comme  estant 
le  plus  grand  désir  que  ayent,  conformément 
à  la  volunté  du  Roy,  lesdils  dame  royne  et 
roy  de  Navarre.  Mais  pour  ce  qu'il  esfencores 
depuis  advenu  que  la  ville  de  Lauzerte,  qui 
estoit  es  mains  de  ceulx  de  ladicte  religion 
et  laquelle  toutosfois  doiht  estre  remise  par 
ledit  édict,  a  été  aussi  surprinse  contre  au 
préjudice  des  susdictes  conventions  :  ce  qui 
pourrait  estre  cause  de  troubler  le  repos  et 
csmouvoir  les  ungs  et  les  aultres  subjectz  du 
Roy,  nostredit  souverain  seigneur,  au  préju- 
dice de  la  paix,  ladicte  dame  royne,  après  y 
avoir  aussi  promptement  pourvcu  et  remédié 
(au  contentement  dudit  s'  roy  de  Navarre  et 
de  ceulx  de  sa  religion  estant  près  luy,  avant 
aussy  prié  mondit  seigneur  le  prince  Daulphin 
d'aller  audit  lieu  de  Lauzerte  pour  réparer  la 
faulte  qui  a  esté  faicte),  a  advisé  avec  ledit 
s'  roy  de  Navarre,  son  beaufilz,  de  faire  pu- 
blier tout  ce  que  dessus  à  son  de  trompe  et 


RINE  DE  MEDICIS. 

cry  publicq,  et  deffendre,  comme  il  est  par 
ces  présentes,  de  par  ledit  S'  Roy,  nostre  sou- 
verain seigneur,  à  toutes  personnes  de  quelque 
callité  ou  condition  qu'elles  soient,  de  se 
mesl'aire  ny  mesdire  en  quelque  sorte  que  ce 
soit,  faire  ou  commectre,  consentir  ny  per- 
mectre  estre  faict  ou  commis  aulcuns  actes 
d'Iiostillité  entreprinses  ou  aultre  chose  qui 
puisse  troubler  le  repos,  sur  peyne  de  la  vie, 
conformément  audit  dernier  édict  de  paciffi- 
cation;  mais  que,  suivant  le  grand  et  singulier 
désir  que  le  Roy  nostredit  souverain  seigneur 
a  de  veoir  tous  ses  peuples  et  subjectz  en  par- 
faicte  paix,  repos  et  union  les  ungz  avec  les 
aultres  soubz  son  obéyssance,  chascun  se  dis- 
pose à  suivre  de  poinct  en  poinct  ce  que  des- 
sus, selon  la  forme  et  teneur,  despouillaut 
toutes  inimitiez  etvivans  doresnavant,  comme 
dict  est,  les  ungs  avec  les  autres,  comme  bons 
subjectz,  obéyssans  à  leur  Roy,  doivent  et  sont 
tenuz  faire.  Et  en  attendant  que  la  bonne  ré- 
solution que  l'on  doibt  espérer  de  ladicte  pro- 
chaine assemblée  et  conférence,  en  cas  que 
survint  aucune  cliote  qui  requist  provision, 
s'addressant  à  ladicte  dame  royne,  mère  du 
Roy,  elle  y  pourveoira  si  promptement  que 
chacun  aura  occasion  de  contentement.  Man- 
dant cependant  de  par  Sa  Majesté  à  tous 
gouverneurs,  cappitaines,  maires,  capitoulz, 
juratz,  eschevins,  consulz  et  à  tous  aultres  of- 
ficiers royaulx  et  aultres,  tenir  inviolablement 
la  main  ad  ce  que  dessus,  faire  pugnir  et 
chaslier  promptement  tous  ceux  qui  y  contre- 
viendront comme  perturbateurs  du  repos  pu- 
blic et  ainsi  qu'il  est  porté  par  icelluy  édict, 
et  alïin  que  personne  n'en  puisse  prétendre 
cause  d'ignorance,  est  aussi  mandé  à  tous 
ballifs  et  séneschaulx  de  faire  incontinent  im- 
primer ces  présentes  et  icelles  comme  dict  est 
publier  et  enregistrer,  et  d'avantaige  faire  at- 
tacher à  toutes  les  portes  des  églises  et  aux 


LETTUES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


àU7 


plus  (îniinens  iieuz  des  places  publicque; 
exortant  ladicte  dame  royne  mère  du  lioy  tous 
lus  bailliz  et  séneschaulx  des  provinces  de 
deçà  de  résider  on  leurs  charges,  el,  s'il/.  n"y 
sont,  y  aller  incontinent,  affin  que  pendant 


ladicte  conférancc  ilz  lacent  en  sorte,  comme 
c'est  leur  devoir,  (|ue  ce  que  dessus  puisse 
cslre  gardé  el  observé. 

Faict  à  Aucli,  le  iiii'jour  de  décembre  1578. 


X\II 

COPriE  DE  LA  LETTHE  DL:  ROY  ESCRITE  \   LA  ROYME,  MERE  DE  SA  MAJESTE, 
ENVOYÉE  PAR  ELLE  À  MONSEIGNEUR  LE  MARESf.HAL  ^ 

5  décembre  1078. 


Madame,  la  première  nouvelle  de  la  sur- 
priuse  de  la  Réelle  m'avoitmis  en  une  cxtresme 
peine,  comme  vous  avez  veu  par  la  lettre  que 
je  vous  escripviz  dimanche  dernier  par  ung 
courrier,  auquel  je  l'eis  preudi'e  le  chemin 
d'Auvergne,  ayant  esté  adverty  que  l'on  avoit 
retenu  tous  ceulx  que  je  vous  avois  dépeschez 
par  le  droict  chemin.  Depuis  Sauger  est 
arrivé,  par  lequel  j'ay  sceu  particuUièrement 
et  à  la  vérité  comment  le  faicl  est  passé,  et 
combien  que  je  le  trouve  très  estrange  et  en 
sois  encores  plus  mal  content  et  irrité  que  je 
ne  vous  saurois  exprimer,  touteffois  ce  m'a 
esté  si  grand  plaisir  d'estre  asseuré  de  vostre 
bonne  santé  que  cela  a  aulcunement  allégé 
la  peine  en  laquelle  j'estois.  Madame,  je  suis 
très  mary  de  ladicte  entreprise ,  laquelle  ne 
pouvoit  estre  faicte  en  temps  plus  mal  à 
propos,  selon  ce  que  j'ay  peu  veoir  par  vostie 
lettre  du  xxn"  du  passé  et  apprendre  dudict 
Sauger;  mais  il  en  fault  faire  ung  si  rigoreulx 
et  exemplaire  chastiment,  que,  servant  de 
justifïication  de  ma  droicte  et  sincère  inten- 
tion, il  s'en  ensuive  tout  le  contraire  de  ce 
(jue  les  auctheurs  de  telle  désobéissance  à 
l'adventure  se  sont  promis.  Parlant,  Madame, 


je  vous  supplie  très  humblement  vous  y  voulloir 
empioier  à  bon  essieni  avec  les  princes,  sei- 
gneurs et  tous  mes  aultres  bons  serviteurs  qui 
sont  par  delà,  comme  pour  le  plus  agréable 
et  utille  service  que  vous  me  puissiez  faire  es 
occasions  qui  se  présentent.  Car  si  les  autheurs 
de  ce  trouble  ontcuidé  parce  moien  traverser 
vostre  négoliation  et  cmpescher  du  tout  l'elfect 
d'icelle,  je  me  promectz  qu'estant  réparé 
comme  il  appartient  aux  yeulx  de  tous  les 
depputez  qui  sont  à  présent  assemblez  par 
delà  pour  la  conférence,  ce  leur  sera  ung  si 
clair  et  notable  tesmoignagc  de  la  sincérité 
de  laquelle  il  procedde  envers  eulx,  quilz 
s'en  rendront  plus  traictables  que  jamais. 
Madame,  j'ay  estimé  debvoir  informer  les  gens 
lenans  ma  court  de  parlement  de  Bordeaulx, 
ceulz  de  la  chambre  d'Agen  et  les  habifans 
des  priucipalles  villes  de  par  delà,  de  mon 
intention  sur  ladicte  entreprinse,  afîin  que 
personne  n'en  prétende  cause  d'ignorance, 
ains  que  chascun  lionne  main  et  s'efforce  d'en 
poursuivre  la  pugnition  telle  que  je  désire; 
j'ay  advisé  aussi  d'en  escripre  des  leltros  à 
([uelques  gentilzhonimes  du  païs,  les(juellcs 
je  vous  envoie  en  blanc  pour  les  remplir  et 


Bibl.  nat. ,  111s.  fr. ,  aoSog,  (°  a.S.  —  Voir  la  note  de  ta  page  i  86. 


408 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


adresser  à  ceulx  que  vous  congnoistrez  estre 
plus  à  propos,  estimant  que  plus  il  y  aura  de 
gens  advertiz  de  mon  intention  sur  caste  oc- 
casion, nioings  s'en  Irouvera-t-il  cy-après  ([ui 
embrassent  et  favorisent  semblables  enlre- 
prinses,  dont,  encores  que  Ton  congnoist  que 
ceulz  qui  commandent  èsdictes  villes  feussent 
cause  par  le  mauvais  traictcment  quilz  au- 
roient  faict  au\  habitans  d'icelles,  touleffois 
ne  faut-il  pas  laisser  d'en  faire  punition,  alEn 
que  les  aultres  par  tel  exemple  soient  ad- 
monestez de  se  contenir  en  leur  debvoir. 
Madame,  si  pour  la  reprinse  de  ladicte  place 
vous  avez  besoing  d'emploier  le  canon 
et  user  de  force,  je  vous  prie  de  disposer 
entièrement  de  toutes  choses  selon  que  vous 
congnoistrez  estre  nécessaire,  mesmes  n'espar- 
gner  les  deniers  de  mes  receptes.  Me  promec- 
(ant,  s'il  en  fault  venir  là,  que  mon  cousin  le 
mareschal  de  Biron  m'y  fera  ung  très -bon 
service  et  toute  ceste  noblesse  de  par  delà, 
laquelle  se  monstra  si  affectionne'e  à  mon  ser- 
vice, ainsi  que  me  mandez  par  toutes  voz 
lettres,  que  j'ay  très-grande  occasion  d'en 
demeurer  content  et  le  recongnoistre,  ainsi 
que  j'ay  bien  délibéré  de  faire;  et  si  vous  es- 


timez, Madame,  que  je  doibve  envoier  quelque 
aultre  provision  pour  remédier  à  ce  faict,  je 
vous  supplie  de  m'en  advertir  incontinant, 
afiSn  que  je  y  satisface  au  plus  tost,  et  cepen- 
dant respondre  pour  moy  à  mon  frère  le  roy 
de  Navarre  et  à  tous  ceulz  de  la  religion  pré- 
tendue réformée  que  tant  s'en  fault  que  je  sois 
aulcunement  consentant  ny  parlicippant  de 
telle  entreprise,  que  je  ne  seray  content  ny  à 
mon  aize  que  les  auctheurs  d'icelle  n'eu  soient 
puniz,  comme  le  doibvent  estre  ])crturbateurs 
du  repos  publicq,  ainsy  qu'ilz  congnoistront 
par  ce  que  j'espère  qu'il  s'en  ensuivra. 

Madame,  d'aultant  que  je  me  délibère  faire 
partir  demain  le  s''  de  Maintenon,  j'ay  remis 
à  escripre  par  luy  à  ceulz  de  la  court  de  par- 
lement et  auz  habitans  des  villes,  touchant 
le  faict,  tant  par  ce  qu'il  l'en  pourra  trop 
mieulx  faire  entendre  mon  intention,  que 
d'aultant  que  je  vous  envoie  ce  porteur,  plus 
pour  l'occasion  que  vous  verrez  par  la  lettre 
que  je  vous  escriptz  de  ma  main,  que  pour 
mes  affaires.  Priant  Dieu,  Madame,  qu'il  vous 
conserve  en  parfaicte  santé,  me  reconmiaudant 
très-humblement  à  vostre  bonne  grâce. 

De  Paris,  le  v'  jour  de  décembre  1678. 


XVIII 


LETTRE   DE   HENRI   III   AU  MARECHAL   DE   DAMVILLE 

6  décembre  1678. 


Mon  cousin,  sur  l'extrême  desplaisir  que 
j'ay  de  voir  ma  sincère  intention  à  l'establis- 
sement  de  la  ])aix ,  et  la  peine  et  prudence  que 
la  royne,  madame  et  mère  et  tant  de  bons 
serviteurs  de  ceste  coronne  prennent  pour  la 
faire  exécuter  soit  tant  traversée  de  remises 


et  difiicultez,  aussi  le  désir  que  j'ay  de  m'es- 
claircir  de  ce  que  j'en  puis  espérer,  j'envoye 
par  delà  le  s'^  de  Maintenon-,  chevalier  de 
mon  ordre,  conseiller  en  mon  conseil  privé 
et  grand  mareschal  de  mes  logis,  pour  faire 
entendre  à  la  royne  madame  et  mère,  à  mon 


'  Bil)l.  nat.,  nis.  fr.,  3365,  1°  i5.  • —  Se  reporter  à  la  note  de  ia  page  186. 

'  Louis  d'Angeniies,  marquis  de  Maintenon,  était  baron  de  Meslay  du  chef  de  sa  l'euime,  Françoise    d'O;  il  lut 
plus  lard  ambassadeur  exlraordinairc  en  Espagne. 


LETTP.KS  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


'i09 


frèro  le  roy  de  Xnvnrre,  cl  iuilips  de  son 
pai'ty,  mon  inlnntioii  en  ccsl  endroicl;  et  luy 
ayant  anssi  donni'  cliaiffe  vous  vcoir  et  faire 
sur  ce  entendre  de  ma  part  l'occasion  de  son 
voiage,  je  vous  prie  l'assister  et  nie  servir  en 
icellc  de  toule  la  fideile  afleclion  que  je  sçay 
vous  ])ort('7,  au  bien  et  rcpoz  de  ce  royaume 
et  le  croire  de  ce  qu'il  vous  dira  comme  nioy 
inesmes,  (]ui  prie  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 


Escrit  à  Paris,  ce  vi'jour  de  deceml^re  i  ïi-jS. 

Signé  :  IIiînhy. 
lit  plus  bas  :  De  \iîi;fville. 

Mon  cousin,  j'envoie  à  la  loyne  madame 
el  mère  la  déclaration  nécessaire  touchant 
i'euireprise  de  Reauccpiairo,  faide  par  le  s''  de 
Casiillou  ',  allîn  de  s'en  aider  et  servir  par  delà  , 
selon  qu'elle  cognoistra  eslre  à  propos  el  ad- 
viserez  par  ensemble. 


XIX 

RKl.VTION    nu  CARDINAL  D'ARM.VGNAC  TOUCHANT   L'ACCOMODEMENT  QU'IL   A   FAICT 
AVKC   LE    MARESCMAL    DAMVILLK  ,    POUR    LE    REMETTRE    AUX   BONNES    GRACES    DE    SA    MAJESTE". 

Décomhre  i  578. 


Comme  Sa  Magieslé  aura  seu,  mons''  le 
mareschial  Banville  et  luy  se  virent  à  Valla- 
breghe  •',  et  pour  ce  faire  il  ne  laissa  passer 
nulle  hoccaxion  jusque  à  ce  que  il  fust  faill 
et  accomply,  et  luy  mesme  se  délibéra  de  sortir 
d'Avignon  et  se  rendre  auditt  lieu  aufin  de 
traiter  avecque  ledict  sieur  mareschial  parti- 
culièrement, et  pour  en  avoir  la  plus  seure 
serlilude  que  faire  se  pourroit,  an  ce  que 
concernoitt  le  service  de  Sa  Majesté,  et  moi- 
ner  ausy  de  adoucir  les  affaires  antre  les 
dcus  marescbauls,  le  tout  avec(pie  intension 
que  eu  pourroilt  succéder  quelque  chose  de 
bon,  comme  il  en  est  réuci,  estant  venu  ledicL 
s'  marescbal  depuis  en  Avignon,  là  où  Ton  a 
trailté  de  plusieurs  affaires  importans,  il  a 
reprins  en  amitié  le  s'  de  Sainte-Giaglie,  mis 
dans  la  ville  de  Beauquère  poui'  i  comander 
conme  seluy  quy  est  ung  des  bons  et  affessio- 
nés  serviteur  de  Sa  Magiesté,  sans  vouloir  ledilt 


sieur  mareschial  se  sovenir  d'aucune  ciiose 
que  louchiatt  à  son  particulier,  là  où  il  ira 
du  service  de  Saditte  Magiesté.  Délibérasion 
totale  conme  il  est  ansuivy  de  vouloir  aller 
Irover  la  royne  mère  du  I$oy,  nonobslant  que 
plusieurs  jours  auparavant  illuyavoitt  anvoyé 
sa  famme  pour  salisfère  et  rendre  conlantc 
laditte  dame,  conme  Sa  Magiesté  le  pourroit 
désirer;  et  ledilt  monsieur  le  cardinal  désire 
que  Sa  Magiesté  en  resoivet.tel  contantement, 
conme  de  sa  part  il  s'est  mis  en  tout  devoir  et 
l'ailt  tout  ce  (]ue  il  a  peu  |)anser  et  imaginer 
aufin  que  les  elfes  se  an  ansuivistent.  Et  sur  ce 
faitt  icy  sous  le  bon  plésir  de  saditte  Magiesté, 
il  saura  volontier  le  contantement  que  au 
pourroit  avoir  receu,  et  ce  que  depuis  pourroit 
estre  ansuivy,  estant  leditt  sieur  mareschial 
auprès  délia  royne. 

Délia  tranquilité  de  Languedocb,  et  |)our 
l'obéissance   toute  telle  que   le  Hoy  [)Ourroit 


Châlillon. 

Bilil.  nal.,  iiis.  Fonds  fr.  iSôCio,  1"  1  '11.  —  Voir  jiajje  ■î9i  et  la  note  de 

Valalirègue,  liannsiu  du  déparlenjcnl  de  Vaiicluso,  canton  do  Cavaillon. 

CATlIKItlNK   DU    MkDICIS.  VI. 


pajje 


iMi'MMrnii>    !(ATio\*ie. 


lilO 


LETTRES  DE  C  \THE 


di'sirt'r  <lc  son  peuple,  iing  de^  melieurs  spii- 
diaiit  soroiH  fjue  Sa  Magicstô  moycnast  avecqiie 
II'  ro\  ilr  Xavai  re  de  appeler  auprès  de  liiy  le  se- 
gnieur  di'  Ciastiglion'.  conune  il  en  a  (juelijue 
intensioii,  à  ce  que  Monsieur  le  cardinal  a  este' 
assure',  el  que  sans  le  peu  de  moien  que  il  a 
de  l'aire  ledit  voxagie,  il  se  seroitt  mis  an 
chemin  et  estant  de  |)ar  dellà  avec(jue  le  roy 
dr  Navarre  luv  ])aglier  quelque  moien  pour 
povoir  vivre  et  antrctenir.  (|U('  ce  seroitt  ung 
suoiett  de  le  assurer  el  le  sortir  de  cesie  pro- 
vins!';  laquelle,  par  sa  |)r(!sence,  il  la  tient 
en  tf'lle  su[)resion  et  crainte  cpie  il  ne  osent 
prandre  parti,  nv  se  déclarer  ser\iteur  du 
lidv;  l't  le  pe!q)le  en  resevroilt  tel  contan- 
leniant  que  il  conoisiroiti  |)ar  là  la  souvenanse 
(pie  leui'  liov  auroitl  d'culs.  et  par  niesme 
moven  Saditle  Magiesli'  en  resevroilt  toute  cl 
telle  obéissanse  (]ue  il  pourroit  désirer;  estant 
le  pi'uple  dévoet  à  Sa  .Magieste'  et  allessioné 
à  son  servise  ce  que  il  se  peult;  mais  estans 
alla  supresion  ijue  ils  sont,  il  ne  le  peuvent 
l'aire.  La  renilision  de  iMinerve  eu  est  ausuivie 
graseà  Dieu,  laquelle  demeure  à  nostre  Saint- 
l'ère  le  pape  sous  la  protesi(ni  particulière  de 
Sa  Magieste,  oultre  la  générale  ipie  alla  pri- 
niière  pais  demeuioitt  à  Mons'  le  niarescliial 
Danville  et  alla  segoude  pais  à  Mous'' le  grand- 
prieur,  et  aurores  que  les  affaires  avoient  esiés 
espelusciés  par  le  menu  alla  assemblT-e  de 
Nimes  pour  effecluei'  libremanl  la  rendision 
délia  ditte  ville;  au  depuis  il  est  sorvenu  tant 
des  hoccaxions  importantes  de  plusieurs  an- 
drois  pour  anq)escliier  telle  rendision  que  les 
affaires  se  sont  lendus  tort  dificiles,  et  a  beau- 
coiqj  servy  que  Monsieur  Patris  à  conlinuel- 


RINE   DE   MÉDICIS. 

lement  a  esté'  auprès  de  S'-Auban  -,  et  les  con- 
tinuelles remonstranses  l'aittes  aus  soldas  (|ui 
estoient  dans  ladilte  ville,  que  se  randoient 
disficiles,  et  rompre  les  mene'es  d'aucuns,  que 
avoient  estes  prati(juës  pour  em]>escliier  une 
si  bonne  beuvic  ;  et  avoient  ancores  les  mesmes 
comodités  des  vivres  pour  \vi  mois,  que  il 
avoient  eu  jusque  alors  ;  leijuel  s''  Patris  nioiena 
avecque  une  deslérité  grande  de  ne  laisser 
tomber  en  longuiur  de  Irovs  jours  la  rendision 
délia  ditte  ville  que  il  faglioilt  pour  altandre 
délia  court  de  parlemaut  d  Ais  la  ratiQcasion 
du  perdon  du  Pioy,  et  se  feust  pour  certains 
provansals  que  i  estoient,  et  Ireuva  ungspédiant 
pour  gaguier  le  tams  et  elTétuer  une  si  bonne 
lieuvre,  el  luy  mesine  les  conduis  avecque  le 
s''  de  Saint-Auban  au  lieu  nomé. 

En  lailt  de  I3eau(pière,  inconlinant  (jue  il 
l'ust  rc(piis  d'aide  et  secours  pour  l'assurance 
délia  ville  et  comme  il  emporloit  du  servise 
du  Roy,  avoir  salist'ett  à  tout  ce  que  luv  a  esté 
demaiulé,  dès  le  jiremier  joui'  il  baglia  une 
comjjagnie  de  Italiens  de  Sa  Senteté,  poiés 
et  sodoyés  des  deniers  du  S'-Père,  pour  Pes- 
passe  de  deus  nioys,  que  a  ser\i  pour  ayder  à 
rcunpre  les  desseins  des  annemis,  (pie  cuidanl 
trouver  la  ville  denu(''e  de  l'orses,  et  sous  telle 
spi'rance  ils  se  mirent  ansamble  le  plus  grand 
nombre  (pie  ils  peuvent  pour  essayer,  après 
avoir  avitlouaglié  le  chiasleau,  de  attaquer 
ladilte  ville,  que  pour  lors  esfoil  aizé,  sans  la 
provoiance  que  l'on  y  a  eu  :  à  quoy  mous''  le 
niarescliial  Danville  ne  se  espargnia  an  rien  ; 
et  ceuls  délia  ville,  sur  le  bruitt  que  texolenl 
courir  les  ughenos  des  grans  l'orses  que  ils 
avoient  et  auiassoient,  outre  les  gamizons  que 


'  l'.\>>\  t'niin'uis  ito  (lliùliltoii.  (Voir  la  nolu  de  la  pajje  (j8.)  —  L'i'criliire  et  !<>  st\t(>  de  celte  pièce  ont  une  telle 
couleur  italienne,  que  rintolligeure  ilu  texte  est  souvent  dillicile. 

■'  Jac(|nes  l'ape.  seigneur  de  Saint-Auliaii,  serviteur  dévoué  de  la  maison  de  Colif;ny,  dont  les  courts  Mémoires 
Sont  réimprimés  dans  le  tome  XI  de  la  collection  Micliaud  et  l^unjoulat,  p.  4g5  à  5i4. 


LETTRES  DE  CATHE 

ils  ont  continuelles  nus  villes  ans  anvirons, 
corne  Nimes,  .\f()n|)elier,  lùiueniorle  et  Ba- 
gnian,  lesquelles  sont  à  toutes  heures  prestes 
pour  marcier,  intimidés,  ung  grand  nombre 
desdis  Iiabilans  abandonareni  la  \illi',  à  (jiiov 
Tayde  et  secour  a  servv  à  rompre  tels  dessoins 
que  ils  avoieut  de  l'amportor,  ne  ayant  jamais 
peu  panser  que  ils  fusent  su&xans  pour  les 
ampeschier  de  ne  se  faire  maistre  délia  ditle 
ville,  la(|uelle  est  an  tel  estât,  grase  à  Dieu, 
que  malèzeinant  peutt  estre  forsée,  et  de  recieif 
il  a  baglié  au  segnieur  de  Sainte-Giaglie  deus 
canons  montés  avecque  balles  et  munisions, 
que  sont  à  Vostre  Magiesié,  et  proveu  à  se 
que  estoiet  de  nécessaire  pour  les  anmener;  et 
continuera  de  tout  son  povoir  de  satisfère  à 
ce  que  se  pri^zentera  du  service  de  Vostre  Ma- 
giestc  sans  espargnier  ses  propres  biens,  ny 
sa  propre  vie. 

Avoir  satisfett  à  Mons'  de  Suxe  de  tout  ce 
que  il  a  este'  requis  de  îuy,  et  à  tout  ce  que 
il  a  peu  panser  et  imaginer  estre  du  servise 
de  Sa  Magiesté;  primièreniant  il  anmena 
avecque  lui  à  Vallabrcgbe  et  moyena  (jne 
mons''  le  niareschial  le  tr'euva  bon  que  servi 
de  une  réconsiliation,  et  a  continue'  de  adoucir 
les  affaires  de  Provance  et  de  tratter  d'accord 
à  sa  propre  requeste  et  à  très  grande  instanse 
de  Mons''  de  Lisin,  que  les  affaires  estoieul 
tellemanl  anilambe's  que  il  ne  se  povoitt  randre 
si  soudain  à  Ays  sans  grand  incovéniant.  Il  Iuy 
baglia  ung  sien  villagie  par  della  Duranse, 
appelé  .\evia,  duquel  lieu  leditt  sieur  cardinal 
se  en  estoiti  f'aitt  maistre  pour  obvier  ans  des- 
seins contraires  pour  ce  faiti  icy,  que  Iuy  a 
servy  d'antrée  et  escorte  pour  faciliter  son  des- 
sain et  l'accomplir,  conme  ausv  il  a  bien  volu 
soufrir  cinq  sans  soldas  vivans  auls  dépans 


RINE  DE  MÉDIGIS. 


à\l 


du  peuple  xvi  giours  dnrnn,  dans  les  terres 
du  Saint-Père  le  pape,  et  oultre  à  ce  il  leur 
a  faitt  fournir  plusieurs  quantités  de  peins, 
que  jusque  à  présant  il  en  est  responsable  et 
payeur,  ne  voulant  an  rien,  lanl  sa  propre  vie 
conme  son  propre  bien,  eu  avoir  aullre  sugielt 
que  de  les  disposer  pour  le  service  de  Sa  Ma- 
giesté. 

Que  il  est  nécessaire  pour  la  conservation 
della  ville  de  Taraschon,  tant  importante  au 
servise  de  Sa  Magiesté,  que  le  plus  pronlemant 
que  faire  se  pourra,  que  il  vous  rauvoye  de 
j)ar  (Icssa  devers  moy,  avecque  lettres  adres- 
santes auls  consuls  della  diltc  ville,  de  teneur 
à  les  persuader  avecque  le  plus  d'affection  que 
faire  se  pourra  de  se  conserver  sous  l'autorité 
de  Saditte  Magiesté,  comme  il  ont  faitt  jusque 
à  présant,  se  prenant  bien  garde  auls  menées 
que  l'on  faitt  pour  se  servir  della  dilte  ville 
par  ceuls  que  se  sont  distrès  de  son  obéis- 
sance ;  avecques  lesquelles  il  satisfera  beaucoup 
pour  le  service  de  Sa  Magiesté  et  en  attandant, 
incontinant  parti  le  niareschial  Bollegarde, 
pour  satisfère  à  ce  que  sera  nécessaire,  il  Iuy 
anvoiera  ung  des  siens  pour  emppscbier  auls 
mesciansetés  que  sont  grandes,  et  Sa  Magiesté 
sest  de  quelle  importance  Iuy  est  laditte 
ville. 

Que  continuellement  comme  il  voiti  estre 
du  service  de  Sa  Magiesié,  il  persuade  ceuls 
du  Saint-Espritt  '  à  satisfère  alla  volonté  du 
Roy,  de  recevoir  ung  gouverneur  tant  avecque 
lettres  conme  ausy  verbalement  quand  il  vont 
en  Avignon,  leur  remonstrant  que  la  moindre 
levée  que  les  ughenos  fasent  ils  se  serviront 
della  ditte  ville  à  cause  des  parsialités  qui  sont 
dans  laditte  ville,  et  «usy  une  partie  d'eus 
animés  alla  piglierie  que  ils  ne  pouroient  re- 


•  Ponl-Saint-Esprit,  chef-lioii  de  canton  de  l'arrondissement  d'Uzès,  ou  plul6l  Saiiil-Espril,  hameau  du  dépar- 
tement de  Vaucluse,  canton  de  Sault. 


5a. 


!i\-2 


LETTRES   DE   CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


«fislcr  cl  satisl'èio  sans  un  ciefi'.  Une  part  dV'uls 
coudisscnt  cstie  vérilable  et  rontinucra  à  les 
l)ialij;uoi-,  et  les  povans  faire  rondessandre  à 
uni'  M  liiiime  beuvre.  ne  vimlani  le  sej'niciir 
de  (l!aii(la\ie,  rcjiune  il  ne  veulent  jusque  à 
présani  an  nulle  l'asou,  (pie  il  plaise  à  Sa  Ma- 
<[iesle    nonier   (pielqiie   aultlire,   aufiu  de  ne 


perdre  l'occnzion,  si  Ton  la  peult  efletuei', 
connie  [je  seray  sojjuieuls,  estant  une  chose 
si  iniporlanlc  à  Sadille  .Majjiesté,  estant  par 
dessa  ne  nie  serxiray  de  vous  ]iour  salislere 
aveçque  un[;  des  niii>ns,  rnnine  il  est  néces- 
saire pour  le  servise  du  Uoy,  aiils  menés  (]ue 
rourcnl. 


liKoi  KTK  i)i;s   \(;kn\is  à  i,\  iii;i>E  mèhi-   rcur,  oiitkmh  hkti'.i:  iiKcnMw.i's  d'im;  imi-ositiox 
i)i;  joiio  Livr.Ks.  —  r.iirrnsi;  dk  (atiujunk  m;  aikmk.is  i;>  idioiK  irui;n(i>>\>CK '. 

•_>i)  ilrc-i'ml>rc  i  .')->>. 


.1  la  Ho 


loi/nfi  iiirrr  i 


lu  Uni/  -. 


Madame  , 

Les  riiusul/,,  nianaus  et  lialiitaiis  de  la  villi' 
d'Aifen  \ous  remoiislrenl  liès-Ijiiiiihli'iueiil 
c<uniuent,  pendant  les  troubles  derniers  et  au- 
tres préci'deiis,  ilsonct  l'aicl  pbissieiirs  grandes 
el  à  eulz  insup<irlables  drsjiaiicrs  poui'  con- 
server lad.  ville  cil  lobéissaiirc  et  service  dn 
Rov,  coinuie  bien  Votre  Majesté  a  peu  coi- 
gnoistre  el  enlandre  despuis  ipfelle  e-t  arrivé'e 
en  ce  jiar-;.  ipTcsl  cause  (pi  il  c-t  ini|io<sibl(' 
ausd.  sup|)li.ins  lorinr  à  tant  de  (barges  e\tra- 
(U'dinaires  (jue  leur  sont  mises  sus,  niesiiies 
la  somme  de  deux  mil  livres  que  lad.  ville  a 
esté  colbi/.éc  pour  la  subvi'nli(ui  des  villes 
closes  (pie  a  cslt'  lanm'e  deruii'ie  impousée 
sur  le  présent  pais  d'Agcuuis,  laquelle  ilz 
doyvenl  encore  ]iour  ne  lavoir  peu  pavei'  à 
cause  de  la  grand  nécessité  du  peubli\ 

.\  c(>sle  cause.  Madame,  et  (jue  la  pouvrelé 


desd.  snpjiliaiis  vous  i  si  noiboirc.  voz  ]daira 
à  voz  j;raccs.  en  cimsidéi'alion  de  la  bonne 
voloiiU'  ipi'ilz  onct  an  service  du  l'iov  et  des- 
pances  |iar  eiilx  raict(>s  pour  icelles.  leur  re- 
nieclre  ou  laire  renicclre  au  llov  lad.  somme 
de  diHix  mille  livres  proveiiaiit  de  lad.  sub- 
veiilion;  el  les  snp|)lians  [iricr(uil  pour  voire 
|irosp(''ril('  et  sant('. 

La  Iiovue  mère  du  lio\.  avant  ov  la  leclun^ 
du  continu  en  ceste  re(piesle.  estant  assistée 
d'aucuns  sieurs  du  Conseil  privé  du  Itov  es- 
lans  par  deçà  prî's  elle.  Sa  Majesté  a  renvoyé 
el  renvoyé  les  supplians  jiar  devers  le  Roy  son 
lilz,  ampiel  elle  escripra  viduntiers  les  gra- 
lillier,  comme  ses  alïaires  et  la  raison  le  peult 
permectre. 

FaicI  au  Port-Saincle-Marie,  le  .\xix'"'  dé- 
cembre i.'i-S. 

Siir)ic  ;  Pin  ART. 


'   .\iclii»i'S  d'.A;;i'ii,  liB  n"  '^'^,  C  38.  —  .ircluves  liisloriqiies  île  lu  Ciroinlf.  I.  \\1\,  p.   170. 
-  L'iiiloivenliim  de  la  reine  inére  fdt  ollic.ncc.  l^ir  letlies  pateules  da  20  juillet  ir>78  (  Aicli.  (r.\;;eii,  ;\A  17),  les 
Ajreiiais  liiiedi  (li'('lKii-''es  de  celle  coiilriLiilior. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


413 


XXI 

riiOMESSE  FAICTK  PAR   H   ROYNE   MERE   AU    ROÏ   DE   NAVARRE,   DONT  IL   A  ESTE    VULTANT  ENVOYE 
AU   ROY    AVEC    LA   SUSDICTE  Dt'PESCIlE   DU   XVl*^  DECEMliRE    157,s '. 


Le  XVI'' jour  de  décembre  iS^S,  délibérant 
et  traictant  la  royno  mère  du  Roy  avec  le  roy 
(le  Navarre  en  la  jjrésence  de  monseigneur  le 
cardinal  de  Bourbon  et  de  messieurs  de  Va- 
lence, de  Lanssac,  d'Escars,  de  Foiz,  de  S'- 
Supplice,  de  Piebrac  et  de  La  Motbe-Fénelon, 
tous  conseillers  au  conseil  privé  du  Roy,  sur  la 
redition  du  cbasieau  de  la  Réolle  à  ladicte 
dame  royne  par  l'advis  et  conseil  des  s"  des- 
susdits et  suivant  rédict  de  paciffication,  pro- 
mis et  proniect  par  ces  présentes  audicl  s''  roy 
de  Navarre  ce  qui  s'eusuict  :  Assavoir,  que 
ledict  chasteau  de  la  Réolle  dedans  siz  jours 
sera  remis  es  mains  dung  gentiiliomme  que 
ladicte  dame  royne  nommera,  lequel  (s'estant 
asseuré  et  rendu  le  plus  fort  dedans  ledit 
chasteau  et  autres,  ce  déclaré  à  Mons'  le  nia- 


resrbal  de  Biron  [xmr  le  faire  entendre  à  uug 
aultro  genlillioiniiie  que  icelluy  s'  roy  de  Na- 
varre envolera  à  ces  fins  dès  demain  audit  lieu 
dif  t  la  Re'olle  deux  jours  après  que  la  garnison 
qui  est  es  villes  de  ladicte  Re'olle  sera  vuidée 
et  iceile  ville  en  plaine  liberté)  remeclera  icel- 
luy chasteau  et  villes  en  la  charge  et  garde 
d'un  autre  gentilhomme  qui  sera  nommé  par 
ledit  s'  roy  de  Navarre  et  ladicte  dame  royne. 

En  lesmoing  de  quoy  iceile  dame  royne  a 
signé  la  présente,  ensemble  ledit  s''  cardinal  de 
Bourbon  et  aullres  s"  dessus,  comme  aussi 
fera  ledit  mareschal  de  Biron,  auquel  ladicte 
dame  royne  a  commis  et  baillé  la  cbarge  de 
l'exécution  de  tout  ce  que  dessus. 

Faict  à  Nérac,  les  jour  et  an  dessusdils. 


XXII 

PROMESSE    DE    LA    ROÏNE ,    MERE    DU    ROY,    DONT    EN     A    ESTE    ENVOYÉ    AULTANT    AU    ROY 
AVEC  LA  DÉPESCHE  QU'ELLE  LUY  A  ENVOYe'e  PAR  TANCRET,  CY-APRÈS  ENREGISTRe'e  ". 

a3  décembre  i  578. 


La  royne  mère  du  Roy,  advisant  a  us  moiens 
de  pourveoir  au  fait  de  la  Réolle,  a,  oultre  ce 
qu'elle  a  respondu  et  accordé  sur  articles  et 
remonsirances  quy  luy  ont  esté  présentez  par 
le  s' de  Duras  dernièrement  qu'il  estoil  à  Auch , 
promis  audit  s'  de  Duras  pour  ceulx  qui  sont 


dedans  le  chasteau  de  ladicte  ville  et  aultres 
babitans  calhoUiques  des  villes  d'icelle  Réolle 
que  justice  leur  seroit  ouverte  par  devant  les 
juges  ausquelz  la  cognoissance  en  appartient, 
allencontre  de  ceulx  qui,  au  préjudice  de  l'é- 
dict  de  paciffication  et  depuis  la  publication 


'  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  33oo,  (*  1 16  1". 
'  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  33oo,  (^  116  r°. 
p.  1 83  et  suiv. 


La  dépêche  dont  il  est  fait  mcnlion  est  du  ai  décembre  1^78.  —  Voir 


àià 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


d'iceihiy,  leur  ont  en  leurs  personnes  et  biens 
faict  tort  et  domaige,  ayant  ladicte  dame 
royne  pour  ceste  occasion,  et  aussi  qu'il  est 
très-raisonnable  qu'il  en  soit  ainsi  faict,  bien 
vouHu  signer  cest  article  et  icelluy  mectre  es 


mains  dudit  s''  de  Duras  pour  i'asseurer  ausdits 
habitans  de  la  Réolle. 

Faict  au  Port-Saincte-Marye ,  le  xxiii'  dé- 
cembre 1578. 


XXIII 


MEMOIRE  ET  ARTICLES  DONT  EN  A  ESTE  AUSSI  ENVOIE  AULTANT  AU  ROT, 


AVEC  LADICTE  DEPESCHE  QUE  LUY  A  PORTEE  LEDIT  TANCRET 


Que  huict  ou  diz  jours  après  que  la  garnison 
de  ceulx  de  la  religion  pre'tendue  refformée 
sera  vuidée  des  villes  de  la  Réolle,  l'on  désire 
que  lesdictes  villes  demeurent  vidées  de  gar- 
nison desdits  de  la  Religion,  afin  que  les  ha- 
bitans catholicques  de  ladicte  Réolle  ayent 
moyen  de  rentrer  en  leurs  maisons  et  s'i  ra- 
cominoder  plus  aizément. 

Cependant  la  royne  mère  du  Roy,  assistée 
des  princes  et  s"  du  conseil  privé  de  Sa  Ma- 
jesté qui  sont  icy,  promecteront  soubz  la  si- 
gnature d'icelle  dame  royne  et  desdits  s''' 
princes,  de  monsieur  le  mareschal  de  Biron  ot 
autres  susdits  s"  dudit  conseil  privé  du  Roy,  de 
remectre  lesdieles  villes  et  chasteau  de  la 
Réolle ,  suivant  l'édict  de  pacifBcation ,  es  mains 
du  roy  de  Navarre  et  desdiis  de  la  religion 
prétendue  réformée,  y  mcctant  pour  gouver- 
neur le  s''  du  Sac  et  seulirmenl  le  nombre  de 
soldatz  de  garnison  portez  par  ledit  édict. 

Mais  aussi  iceile  dame  royne  désire ,  suivant 
la  prière  que  tous  les  catholicques  luy  font 
(pour  n'en  courir  poinct  au  danger  qu'il  y  au- 
roit  et  qu'ilz  craignent,  si  la  conférence  ne 
réussisoit,  que  Dieu  ne  veuille,  au  bien  de  la 


paix,  que  l'on  exerçast  quelque  vengeance  sur 
lesdits  catholicques  de  la  Réolle,  à  cause  de 
ce  qui  est  naguères  advenu),  que  ledit  s'  rov 
de  Navarre  promecte  à  ladicte  dame  royne, 
ne  réussissant  ladicte  conférence,  il  sera  tenu 
de  remectre  promptement  lesdictes  villes  et 
chasteau  de  la  Réolle  es  mains  du  Roy,  et  ce- 
pendant sans  dilation  ou  excuze  bailler  à  la- 
dicte dame  royne  lesdictes  villes  et  chasteau 
de  la  Réolle. 

Ladicte  dame  royne,  mère  du  Roy,  s'attend 
que  le  roy  de  Navarre  son  filz,  suivant  la  pro- 
messe qui  lui  a  tousjours  si  expressément 
faicte,  qu'en  faisant  par  ladicte  dame  royne 
rendre  ausdits  de  la  religion  prétendue  reffor- 
mée ladicte  Réolle,  ledit  s'  roy  de  Navarre 
rende  et  remecte  aussi  à  l'heure  et  en  mesme 
temps  la  ville  de  Florence  en  tel  estât  qu'elle 
estoit  quand  ledit  roy  de  Navarre  y  est  der- 
nièrement entré;  et  cependant  elle  désire  que 
ledit  s''  roy  de  Navarre,  luy  confirmant  sadicte 
promesse ,  la  luy  baille  par  escript ,  afBn  qu'elle 
puisse  satisfaire  aux  catholicques  qui  luy  en 
font  avec  raison  et  très  grande  instance. 


Bibl.  nat. ,  ins.  fr.  33oo,  f"  127  v°.  Copie.  —  Voir  la  note  de  la  page  2o3. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


415 


XXIV 

PROMESSE  DU  ROY  DE  NAVARRE  À  LA  ROYNE  DE  FAIRE  REMETTRE  FLORENCE 

5  janvier  1379. 


Madame,  je  vous  promeclz  et  asseure  par 
iii  préscnlo  qu'aussi  tost  quo  les  villes  et  clias- 
leau  de  la  Uéolle  seront  remises  selon  l'édict 
de  pacifEration,  que  je  ne  fauldray  de  vous 
rendre  et  remectre  la  ville  de  Florence  au 
mesmc  estai  et  tout  ainsi  qu'elle  estoit,  lors- 
que j'y  cntray  le  soir  que  nous  eusines  à  Anch 
la  nouvelle  de  la  surprinse  de  ladicte  Réolle 
j);u-  les  catholiques  qui  se  saizirent  dudit 
cliasteau;  ni'asseurant  aussi  que,  suivant  ce 


qu'il  vous  a  pieu  me  promectre,  vous  ferez 
mectre  la  ville  de  Lauzerte  selon  et  suivant 
le  contenu  audit  édict  de  pacifïîcation.  En  tes- 
moing  de  vérité  et  d'asseurance  de  tout  ce  que 
dessus,  j'ay  signé  la  présente,  au  Port-Saincte- 
Marye,  le  cinquiesme  jour  de  janvier  1579. 
Vostre  très-humble  et  très-obéissant  servi- 
Icur  et  fils, 

Henrt. 


XXV 

REIGLEMENT  TOUCHANT  LA  VILLE   DE   CONDOM, 
ENVOYÉ   AU   ROY  AVEC   LADICTE   DEPESCHE    DUDIT   SIEUR   DE   DINTHEVILLE  ' 

Du  2i-a4  janvier  1079. 


La  Royne,  mère  du  Roy,  estant  en  conseil, 
assistée  des  princes  et  seigneurs  du  conseil 
privé  du  Roy  estans  icy  près  d'elle,  après 
avoir  bien  oy  le  s"'  de  Rocquepine  dépesché 
vers  elle  de  la  part  du  s"'  de  Bajaulmont,  sé- 
neschal  d'Agenois  et  de  Condommoys ,  envoyé 
ces  jours  icy  à  Condom  par  Sa  Majesté  pour 
y  pourveoir  à  la  seureté  de  la  ville  et  donner 
ordre  à  ce  qui  estoit  nécessaire  suivant  la 
charge  et  instruction  qu'elle  le  luy  en  feit 
bailler  quand  elle  l'y  envoia,  après  avoir  oy 
aussi  par  ladicte  dame  estant  audit  conseil 
Jehan  de  Baix  et  Anthoine  Touzin,  depputlez 
des  habitans   d'icelle   ville,  a,  ladicte   dame 


royne,  mère  du  Roy,  ordonné  ce  qui  s'ensuict, 
assavoir  : 

Que  ceulx  des  habilans  de  ladicte  ville 
qui  en  sont  hors  rentreront  en  icelle,  et 
que  tous  les  aultres  habitans,  tant  catholi- 
ques (jue  de  la  religion  prétendue  relTormée, 
promecteront  par  acte  publiq,  qui  sera  enre- 
gistré en  i'hostel  de  ville,  qu'il  ne  leur  sera 
faict  aucun  tort  ny  déplaisir  en  leur  personnes 
et  biens,  aussi  lesdits  qui  rentreront  en  la- 
dicte ville  et  promecteront  de  niesmes  aux 
aultres  qui  y  sont  à  présent;  et  tous  ensem- 
blement  se  jureront  amilyé,  oubliant  les  choses 
passées,  dont  ilz  se  remecteront  à  la  justice 


Bibl.  nal.,  ins.  fr.  33oo,  P  i  iG  v".  —  Voir  p.  190. 

Copie,  ins.fr.  33oo,  P  i38  r".  —  Voir  p.  2i3,  sSo  et  2/11  noie. 


616 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  ladicte  dame  royne  promect  aux  ungz  et 
aux  aultrcs  d'en  faire  faire.  Et  pour  certaines 
occasions  etservans  le  bien  et  repos  de  ladicle 
ville,  ladicte  dame  royne  veult  et  ordonne 
audit  s'  de  Bajaulmont  se'neschal,  qu'il  ait  à 
faire  signifiier  et  dcffendre  au  jeune  Sarranon 
chaussetier,  Ballensin  cabareticr,  le  jeune 
Balgueries  tesserier  de  laine,  Capdeignet  ven- 
deur d'espingles,  Bazeneria,  le  jeune  Mariné 
chaussetier,  Bernardin  violon  et  Marcavieilie 
bonnetier  de  n'entrer  ny  aprocher  ladicle  ville 
de  Condom  de  troys  lieues  près,  sur  peine  de 
pugnilion  ,  et  ce  de  troys  mois,  ou  jusques  ad 
ce  que  aultrement  en  soit  ordonné,  ordonnant 
aussy  icelle  dame  royne  audit  s''sénescbal  de 
faire  mectre  en  liberté  les  cinq  prisonniers 
ou  ostaiges  qui  sont  es  mains  et  en  la  charge 
du  s'  chevalier  de  Monlluc,  à  leur  caution  ju- 
ratoire  de  eulx  représenter  quand  besoin  sera, 
comme  il  a  esté  advisé  audit  Condom.  Et 
quand  aux  trois  aultres  prisonniers  ou  ostai- 
ges, ilz  seront  amenez  seurement  en  ce  lieu  à 
ladicte  dame  royne,  pour  en  ordonner  après 
par  elle,  ainsi  quelle  verra  bon  esire;  ledit 
s''  chevalier  les  remectant  pour  cest  efiect  es 
mains  dudit  s''  séneschal. 

Et  affîn  que  ladicle  ville  puisse  demourer 
en  seureté,  et  tous  les  habilans  d'icelle  en  paix , 
repos  et  union,  les  uiigs  avec  les  aultres,  soubz 
rauctorité  du  Roy  nosire  Seigneur  souverain, 
ladicte  dame  royne,  sa  mère,  a  ordonné  le  s' 
de  Mousseron  '  pour  y  estre  gouverneur  et  y 
commander  jusques  ad  ce  que  par  Sa  Majesle 
en  soit  aultrement  ordonné,  et  qu'il   y  soit 


appelé  des  aultres  gentilzhommes  voisins  les 
ungs  après  les  aultres  pour  y  servir  le  Rov  et 
y  commander  ainsi  que  Sadicte  Majesté  advi- 
sera  ;  escripvant  à  ceste  fin  icelle  dame  royne 
audit  s'  de  Mousseron  qu'il  ail  à  aller  prendre 
la  charge  d'icelle  ville,  en  laquelle  ledit  s'' 
séneschal  l'installera  et  commandera,  de  la 
part  du  Boy  et  de  ladicte  dame  royne,  sa 
mère,  aux  magistratz  tant  de  la  justice  que 
de  la  pollice,  manans  et  habilans  d'icelle  ville 
luy  obéyr. 

VouUant  aussi  ladicte  dame  royne  que 
ledit  s''  séneschal  face  assembler  tous  les  ha- 
bilans de  ladicte  ville  en  l'hostel  d'icelle  et 
que  là  ilz  promectent  et  s'obligent,  comme 
ilz  ont  faict  dire  à  ladicte  dame  royne  qu'llz 
feroient,  de  bien  et  soigneusement  garder  et 
conserver  ladicte  ville  soubz  l'auctorité  et  en 
l'obéissance  du  Roy,  sans  qu'il  y  soit  au- 
cune chose  entreprins  au  préjudice  de  son 
service. 

Deflandant  derechef  ladicte  dame  royne  au 
nom  dudit  Seigneur  Roy,  son  filz,  aux  lieute- 
nans  général  et  particuUier  de  ne  rentrer  ny 
approcher  de  ladicte  ville,  comme  il  leur  a 
esté  inhibé,  mais  se  retirer  à  Agen  par  devers 
les  gens  tenans  la  chambre  de  la  justice  estu- 
blye  audit  Agen,  ausquelz  le  Roy  a  commis 
et  atribué  la  cognoissance  des  jugenians  des 
procès  de  tous  les  dilférens ,  querelles  et 
meurtres  advenuz  audit  Condom. 

Faicl  au  Porl-Sainte-Marye,  le  xx°  jour  de 
janvier  1579. 


'  M.   de  Mousseron  semlile  avoir  élé   iin  liomme  modéré,   ([ui  fit  lous  ses  efforts  pour  maintenir  la  paix  ù 
Condom. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  !i\l 


XWI 

MÉMOIRli    PRÉSENTÉ    PAR    LES    CIIEES    DE    LA    REFORME    À    IlKNRl   III   SUR    LES    MOYENS    D'ASSURER 
LE  RÉTABLISSEMENT  DE  LA  PAIN,  AVEC  DES  NOTES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS  EN  RÉPONSE '. 

6  février  iS-g. 


Au  Iloij. 

Sire,  coinbion  que  vostre  royaume,  de  longtemps  agité  par 
les  plus  gnuides  et  périlleuses  tempestes  qui  ayenl  jamais 
travaillé  aulcun  aultre  estât,  ne  soitencores  remis  en  la  pre- 
mière tranquillité,  à  cause  de  la  continuation  des  dissentions 
et  discordes  civilles  proceddant  des  défiances  que  la  malice 
du  temps  et  la  passion  et  animosifé  d'aucuns  turbulans  et 
et  faccieulx  espritz  ont  entreprins  et  qui  produisent  encores 
tous  les  jours  les  désordres,  confusions  et  actentatz  qui  se 
voyent  en  ])lusieurs  endroitz,  au  grand  regret  de  toutes  gens 
de  bien  et  bons  serviteurs  de  Vostre  Majesté  et  de  vostre 
estât,  prévoyans  les  grandz  dangers  ausquelz  on  est  d'estre 
replongez  aux  grandz  malheurs  dont  on  n'est  encores  bien 
sorty,  et  finablement  taire  naufrage  et  périr  inévitablement, 
s'il  n'y  est  promptement  pourveu;  ce  néanlmoiugs,  aussi  tost 
que  la  royue,  mère  de  Votre  Majesté,  estant  arrivée  en  ce 
pais,  a  faict  entendre  au  roy  de  Navarre  le  sainct  désir  et 
très-louable  alléction  que  vous  avez  de  remectre  entre  vos 
subjectz  une  bonne  paix,  réconciliation  et  réunion,  et  que 
pour  cest  effect  il  luy  a  pieu  trouver  bon  de  faire  une  confé- 
rance  généralle,  en  laquelle  les  églises  réformées  de  vostre 
royaulme  envoleront  leurs  députez  vers  ledit  seigneur  roy  de 
Navarre,  pour  tous  ensemble  adviser  avec  ladicle  dame  royne 
les  plus  propres  et  convenables  moyens  pour  establir  entre 
tous  vosdicts  subjotz  tant  de  l'une  que  de  l'aultre  relligion 
ung  bon,  asseuré  et  perdurable  repos  universel,  chacun 
fidelle  subject  de  Vostre  Majesté  a  espéré  que  par  ce  moyen 
ou  pourroit  parvenir  au  port  de  salut  tant  désiré,  et  que 
c'esloit  le  remède  nécessaire  pour  préserver  d'une  rechente 

'  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  33oo,  f  ih-.  —  Voir  pa;;n  2/19  el  note  i,  page  aSo. 

Catubrine  de  Méoicis.  —  VI.  53 


tuPRiMrtiie    ItATintAtc. 


il8  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

mortelie  ie  corps  général  de  vostre  estât,  abboly  et  attcuué 
de  plusieurs  grandes  et  dangereuses  maladies.  A  ceste 
cause,  ledit  s''  roy  de  Xavarre,  le  prince  de  Condé  et  ceulx 
de  la  noblesse  et  autres  du  commun  estât  de  vostre  royaume 
faisans  proffessioQ  de  la  religion  réfformée,  voz  très-humbles 
et  très-obéyssans  subjectzet  serviteurs,  pre'sentent  à  Vos  Ma- 
jestez  avec  toute  humilité  ceste  remoustrance  et  très-humble 
supplication  de  ce  qui  leur  a  semblé  estre  nécessaire  pour 
avoir  bon  succès  et  heureuze  yssue  de  ladicte  conférance, 
qui  soit  à  Tlionneur  de  Dieu  et  conservation  de  son  église, 
au  bien  de  vostre  service,  repos  et  tranquillité  généralle  et 
soulaigement  de  tous  voz  subjectz. 

Premièrement  ilz  protestent  devant  Dieu  que  jamais  n'est 
entré  en  leur  cœur,  tant  peu  que  ce  soit,  se  distraire  de 
Tobéyssance  très-humble  et  fidélité  qu'ilz  doibveut  à  Vostre 
Majesté,  et  moings  de  provocquer  vostre  indignation  pour 
quelque  occasion  que  ce  soit;  recongnoissans  que  leur  vocca- 
tion  ordonnée  de  Dieu  est  de  vous  rendre  toute  subjection, 
et  partant,  sy  Vosire  Majesté  trouve  que  par  ceste  leur  sup- 
plication ilz  requièrent  quelque  chose  par  dessus  le  dernier 
édict  de  paciffication,  ilz  la  supplient  très-humblement  ne  le 
prendre  en  mauvaise  part  et  l'imputer  à  la  nécessité  urgente 
qui  les  a  ad  ce  contrainctz,  après  que  parles  expériences  du 
passé  ilz  ont  congneu  la  mauvaise  volunté  de  plusieurs  insi- 
diateurs  de  leurs  vies,  honneurs  et  biens  qui  ont  tousjours 
uourrv  leurs  haynes  et  inimitiez  et  ne  cessent  encores  de 
vexer  et  molester  lesdifs  de  la  Religion  par  tous  moyens  et 
artiiïices  desquelz  se  peuvent  adviser.  Tellement  qu'à  ceste 
occasion  tous'  les  traictez  de  paix  que  par  cy-devant  ont  esté 
faictz  ont  demeuré  sans  effect,  et  on  a  veu  par  trop  souvent 
la  paix  rompue  plutost  qu'un  seul  article  des  édictz  bien  exé- 
cuté. 

Ce  que  ne  procèdde  d'ailleurs  que  de  l'inégalité  qui  a  esté 
par  cy-devant  entre  les  subjectz  de  ceste  couronne,  non  seul- 
lenient  en  faictz  politicques,  mais  encores  plus  au  faict  de  la 
religion.  Car  tout  ainsy  que  le  vray  moieu  d'une  concorde 
entre  plusieurs  de  mesme  obéyssance,  concitoiens  d'ung 
royaume  et  compatriotes,  est  l'égalité  mère  et  nourisse  de 
paix,  aussy  par  le  contraire  de  l'inégalité  provient  le  mespris 
de  ceulx  qui  sont  moings  favoriz;  et,  outre  ce  mescontente- 
ment  qui  leur  en  demeure,  l'audace  des  autres,  appuyée  de 


1°.  C'est  contre  ledit  et  con- 
tre la  fin  et  intention  d'iceluy, 
qui  est  la  paix  et  repos. 


LETTRES  DE  CATIIEIU.NE  DE  MÉDICIS.  fM 

leur  faveur,  faict  qu'ilz  se  licenlient  à  toutes  choses  pour  se 
prévalloir  au  de'sadvantaige  et  dommaige  de  l'autre  party, 
dont  ilz  sont  en  continuelle  déffiance;  laquelle  ne  peult  ostre 
longuement  cacliée  sans  produire  de  nouveaulx  elFectz,  (|ui 
le  plus  souvent  causent  de  grandes  dissentions.  El  d'aultanf 
que  sur  toutes  ciioses  la  relligion  est  le  plus  seur  lien  qui 
peut  conserver  la  société  humaine  et  faii'e  continuer  chacun 
en  son  devoir  souhz  la  craincte  de  Dieu  et  l'obéissance  de 
son  prince,  exerçans  mutuellement  les  oDQces  de  charité  et 
amilyé  l'uiig  envers  l'autre,  et  que  par  le  passé,  lorsque 
l'exercice  de  la  religion  refformée  a  esté  limité  et  restrainct 
à  certains  lieux,  il  est  advenu  que  l'exécution  des  édictz  a  esté 
non  seuUement  difficile  ou  impossible,  mais  aussy  très-dan- 
gereuse et  qu'on  a  veu  plusieurs  ofFences,  injures  et  autres 
excès  cruelz  et  inhumains  avoir  esté  commis  sur  ceulx  de 
ladicle religion,  lorsqu'iiz  ailoient  aux  presches  hors  des  villes 
et  lieux  de  leur  demeure  et  habitation,  ou  qu'ilz  s'en  retoiu- 
noient;  et  de  là  plusieurs  ont  prins  occasion  d'exécuter  leurs 
malices  et  vindictes  particuliières,  l'impunité  desquelz  for- 
faictz  a  faict  entrée  à  la  recheute  des  troubles  qui  par  si  lon- 
gues années  ont  eu  cours  en  ce  royaume.  A  quoy  n'est  pos- 
sible d'obviei' tant  que  ladite  inégualité  au  faict  de  la  religion 
sera  entre  les  subjectz  d'une  mesme  monarchie,  veu  niesme- 
ment  qu'en  ce  temps  et  depuis  le  dernier  édict,  semblables 
inconvénientz  sont  advenuz  en  plusieurs  endroictz  oii  lesdils 
de  la  Religion  ont  esté  non  seulement  empeschez  de  s'assem- 
bler pour  faire  l'exercice  de  leur  dicte  religion,  mais,  qui 
plus  est,  diversement  offencez,  injuriez  et  menacez  de  mort, 
tant  dans  les  villes  que  à  l'entrée  ou  sortie  d'icelles;  en  quoy 
n'a  esté  rien  espargné  pour  garder  qu'ilz  ne  peussent  jouir 
aucunement  du  fruict  et  bénéfice  dudict  édict,  et  partant 
qu'ilz  n'estiment  avoir  chose  plus  chère  et  plus  précieuze  (jue 
l'exercice  libre  de  leur  dicte  religion,  suppliant  très-humble- 
ment vostre  dicte  Majesté,  considérant  ce  que  dessus  et  qu'il 
n'est  raisonnable  que  dans  son  royaume  entre  ses  subjectz 
soit  trouvé  mauvais  et  prohibé  de  faire  en  une  province,  une 
ville  ou  lieu,  ce  qu'est  trouvé  bon  et  permis  en  ung  autre, 
qu'il  plaise  de  moustrer  en  tout  une  bonne  et  esgalle  volunté 
envers  tous  ses  subjectz,  tout  ainsy  que  le  requiert  d'eux  et 
luy  est  deue  pareille  et  esgalle  obéissance,  et  ostant  par  ce 
moyen  toutes  occasions  de  deffiances,  comme  sadicte  Majesté 

53. 


A20 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


n'.  La  royne  s'en  remet  à 
ce  qui  est  porté  par  i'édit. 


m".  La  royne  ne  veult  ny 
ne  peull  leur  accorder  aulcune 
chose  des  biens  ecclésiastiques, 
pour  ce  que  c'est  chose  formel- 
lement contraire  aux  articles  m 
et  xviii"  de  l'e'dit  :  aussy  n'en 
ont  ilz  jamais  demandé  qu'à 
cest'heure. 


UII^  La  royne  ne  veult  ny 
ne  peult  rien  ordonner  contre 


a  vouUu  que  les  catholiques  soient  maintenus  en  la  liberté 
et  exercice  de  leur  religion  par  tout  son  royaume  et  en  tous 
lieux,  luy  plaise  aussy,  ampliant  quant  ad  ce  ledit  dernier 
édict,  accorder  et  permectre  l'exercice  libre  puhlicq  et  géné- 
ral de  la  religion  rélTormée  par  toutes  les  villes  et  lieux  de 
son  royaume,  terres  et  païs  de  son  obéyssance  et  protection, 
sans  aucune  restriction  de  temps,  de  personnes  ny  de  lieux, 
oii  lesdicls  de  la  Religion  puissent,  avec  toute  liberté  etseu- 
reté,  faire  tout  ce  qui  appartient  à  l'exercice  de  ladicte  reli- 
gion, sans  qu'ilz  en  puissent  esire  recherchez,  molestez  ny 
empeschez  en  aucune  manière. 

Et  que  à  ces  lins  soil  permis  faire  édiffier  et  construire  des 
lieux  pour  faire  ledit  exercice,  et  ceulx  qui  ont  esté  desjà 
édifiiez  par  eulx  leur  soient  renduz  en  Testât  qu'ilz  sont.  Et 
où  ils  auroient,  pour  iceulx  construire,  prins  quelques  ma- 
tières qui  ayent  appartenu  aux  ecclésiastiques  ou  autres  ca- 
tholiques, des  ruines  et  desmolitions  faictes,  ilz  ne  puissent 
pour  raison  de  ce  estre  recherchez  ne  molestez. 

Et  pour  ce  que  suivant  les  édictz  lesdits  de  la  Religion  sans 
aucune  dilliculté  ont  payé  aux  bénéficiers  ecdéziastiqnes 
les  dismes  de  leurs  fruictz  en  la  manière  accoustumée,  les- 
quelle  dismes  par  la  disposition  du  droit  doibvent  estre  des- 
tinées à  l'entretenemenl  de  ceulx  qui  servent  en  l'église, 
attendu  que  les  ministres  de  la  parolle  de  Dieu  font  pour  les- 
dits de  la  Religion  le  service  divin  selon  icelle,  sans  que  lesdits 
de  la  Religion  reçoipvent  aucun  service  desdits  eccléziasticques , 
plaise  à  Voslre  Majesté,  eu  considération  des  grandes  ruines 
et  pertes  des  biens  advenuz  ausdits  de  la  Religion  parla  con- 
tinuation des  guerres,  les  soulaiger  de  l'entretenemenl  né- 
cessaire de  leurs  pasteurs  et  ministres,  et  ce  faisant ,  ordonner 
que  sur  lesdits  dismes  soit  baillée  certaine  portion  annuelle 
en  chacun  diocèze  pour  la  nourriture  et  entretenement  des- 
dits ministres  et  autres  servans  de  l'église,  selon  le  nombre 
qui  y  sera,  laquelle  portion  ou  pension  leur  sera  par  cha- 
cune année  fouruye  et  délivrée  par  les  fermiers  desdits  béné- 
fices ou  autres  qui  prenderont  et  lèveront  lesdites  dismes, 
lesquelz  puissent  estre  ad  ce  contrainctz  par  toutes  voyes  et 
remèdes  de  justice,  demeurans  les  fruictz  desdits  dismes  à 
cest  effect  hypothecqucz. 

.4ussy,  par  les  ordonnances  du  feu  roy  faictes  sur  les  plainctes 
des  tiers  estatz  assemblez  à  Orléans,  le  revenu  d'une  prébende 


LETT 

l'ordonnanfc  faicle  à  Orléans 
à  la  requcste  des  Estatz-géiié- 
nuih  (lu  royaunn'  et  reifjle- 
mens  depuis  l'aictz  tant  par  le 
Roy  que  par  ses  eourU  de  par- 
lement. 


RES  DE  CATHERIiNE  DE  MEDICIS. 


hil 


v^  Pour  obvier  à  tous  ces 
inconvéniens  sera  pourvou  par 
le  Roy  d'un  bon  règlement  en- 
tre lesdits  courtz  de  parlement 
et  lesdictes  chambres ,  et  tel  que 
ceulx  de  la  religion  prétendue 
réibrmée  jouyronl  entièrement 
pour  ce  regard  de  l'e'dit.  Quant 
au  nombre,  celluy  qui  est  porté 
par  ledit  édit  est  très-suffisant, 
et  l'augmenter  ne  serviroit  que 
de  longueur  à  la  justice  et  de 
charge  au  Roy  et  à  ses  sub- 
jeclz;  aussy  ne  veult  la  royne 
rentre  la  teneur  de  l'édit  de 
j)acifficalion  rien  cliangcr  du- 
dit  article  de  l'édit.  Pour  le 
regard  des  gens  du  Roy,  gref- 
Gers  et  huissiers,  seront  suivi/, 
les  articles  secretz.  Le  Roy 
commettra  au  plus  anlien  des 
conseillers  desdictes  chambres 
ungseau  pour  sceller  les  expé- 
ditions nécessaires  pour  Injus- 
tice, en  l'absense  d'un  maistre 


en  chacune  église  cathédrale  et  collégiale  doibt  estre  réservée 
et  destinée  pour  l'entretenement  des  précepteurs  qui  seront 
pour  instruire  les  jeunes  enfans,  laquelle  ordonnance  a  de- 
meuré sans  aucun  elTect  en  plusieurs  villes,  soubz  prétexte 
que  l'eslection  et  destitution  desdits  précepteurs  par  ladicte 
ordonnance  a  esté  réservée  aux  archevesques  ou  évesques  (jui 
refusent  comniectre  et  reccpvoir  en  ladicte  charge  ceux  de 
ladicte  religion.  A  ceste  cause ,  plaise  à  Vostre  Majesté  ordonner 
que  la  .susdite  ordonnance  sera  bien  et  diligemment  effectuée; 
et  suivant  icelle  une  prébende  en  chacune  desdictes  églises 
soit  affectée  pour  l'entretenement  des  précepteurs  qui  seront 
commis  par  les  consulz  ou  autres  administrateurs  des  villes, 
sans  aucune  différence  de  relligion  et  sans  que  soient  con- 
trainctz  à  autre  eslection  desdits  archevesques  ou  esvesques, 
desrogeans  quanlt  à  ce  à  ladicte  ordonnance,  icelle  néant- 
moings  demeurant  au  surplus  en  sa  vertu. 

Et  comme  la  justice  esgallement  et  bien  administrée  est 
l'ung  des  principaulx  moyens  pour  entretenir  la  paix,  aussi 
linégalle  administration  et  distribution  d'icelle  et  l'impunité 
proposée  aux  maleings,  qui  sont  par  ce  moyen  enhardiz  à 
toutes  sinistres  actions,  est  grandement  dangereuse  et  perni- 
cieuze,  de(|uoy  lesdits  de  la  Religion  ont  plusieurs  expériences, 
ayans  congneu  depuis  la  naissance  des  troubles  qu'ilz  n'ont 
plus  grand/,  adversaires  mal  affectionnez  à  leur  bien  que  la 
pluspart  des  otficiers  qui  sont  en  courtz  de  parlemens,  les- 
quelz,  pour  l'auctorilé  qu'ilz  ont  avec  l'intelligence  de  plu- 
sieurs villes  des  principalles  de  ce  royaume,  entreprennent 
ordinairement  sur  les  édictz  et  traictez  de  la  paix,  tant  par 
leurs  registres  secretz  qu'aultrement,  au  préjudice  desdits  de 
la  Religion,  et  prennent  cognoissance  de  leurs  affaires,  non- 
obstant l'incompétence  l'ondée  sur  lesdits  édictz,  usans  de 
plusieurs  dissimulations,  injustices  et  oppressions,  oulti'e  les 
brigues  (ju'un  chascun  saict  avoir  esté  faictes  pour  empescher 
l'establissement  des  chambres  ordonnées  par  les  deux  der- 
niers édictz,  mesmes  au  ressort  du  parlement  de  ïhoulouse, 
où,  par  faulte  d'avoir  la  justice  rendue  par  juges  non  pas- 
sionnez, est  advenu  que  plusieurs  ont  esté  jugez  et  exécutez 
à  mort,  et  d'autres  privez  de  leurs  droictz  par  les  jugemens 
tant  de  ladicte  court  de  parlement,  que  séneschal  dudil  Thou- 
louse  et  d'autres  officiers  suspectz;  tellement  que  lesdicts  de 
la  Religion  sont  hors  de  toute  autre  espérance  d'en  avoir  meil- 


422 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


des  requestes ,  et  y  fera  re'sider 
ung  des  notaires  et  secre'taires 
de  ladicte  court  ou  bien  ung 
des  secrétaires  de  la  chancel- 
lerie, pour  signer  les  arrestz 
de  la  chambre  et  autres  expédi- 
tions de  ladicte  chancellerie  ;  cl 
quant  aux  procureurs  postu- 
lans ,  est  permis  aux  procureurs 
desdits  parlements  d'aller  ser- 
vir èsdictes  chambres,  et,  en 
cas  que  le  nombre  ne  feust 
suffisant,  en  sera  érige'  par  le 
Roy  et  pourveu  gratuictement  à 
la  nomination  desdictes  cham- 
bres tel  nombre  qu'elles  advi- 
seront,  pourveu  qu'il  n'exedde 
diz,  et  dont  elles  envoyeront  le 
roolle  sur  lequel  seront  faictes 
et  scellées  les  provisions. 


leur  traictement  pour  l'advenir,  prévoyans  que  tels  ou  sem- 
blables inconvéniens  adviendront  s'il  n'y  avoit  justice  eslablye 
en  nombre  esgal  tant  de  l'une  que  de  l'autre  religion,  comme 
avoit  esté  arresté  au  traicté  de  paix  faict  en  l'an  v°  soixante 
seize.  Pour  ce  que  le  plus  grand  nombre  d'hommes  tousjours 
a  surpassé  le  moindre,  plus  souvent  par  nombre  d'hommes 
que  par  raison,  dont  ne  pourroit  advenir  qu'un  mal  inesti- 
mable à  ceulz  qui  auront  à  poursuivre  l'expédition  de  leurs 
affaires  et  un  blasme  continuel  aux  officiers  qui  seroient 
mis  et  ordonnez  èsdictes  chambres,  comme  desjà  il  est  par 
plusieurs  fois  advenu  en  la  chambre  eslablye  à  Agen ,  où  il 
n'y  a  eu  que  confusion  en  la  pluspart  des  jugemens  qui  y 
ont  esté  donnez,  et  l'administration  de  la  justice  a  esté  di- 
versement retardée  ou  empeschée,  mesme  par  la  court  de 
parlement  de  Bourdeaulx,  laquelle  n'a  vouliu  admectre  les 
déclinations  desdits  de  la  Religion  fondées  sur  voz  édlctz, 
ains  les  a  condampnez  en  diverses  amendes,  retenu  la  con- 
gnoissance  de  leurs  faictz,  cassé  les  procédures  et  arrestz  de 
ladicte  chambre  d'Agen  au  grand  préjudice  de  voz  subjectz 
et  intérest  du  publicq.  A  ceste  cause,  plaize  à  Vostre  Majesté 
faire  establyr  les  chambres  mipartyes  et  composées  de  pareil 
et  esgal  nombre  d'officiers  des  deux  religions  au  ressort  de 
voz  cours  de  parlemens  de  Thoulouze  et  Bourdeaulx;  et  en 
chascune  d'icelles,  du  moings  jusques  au  nombre  de  vingtz 
présidens  et  conseillers,  avec  ung  advocat  et  ung  procureur 
général,  deux  greffiers  l'un  civil  et  l'aultre  criminel,  huis- 
siers, procureurs  et  tous  aultres  officiers  nécessaires  tant 
pour  lesdictes  chambres  que  pour  la  chancellerye,  qui  y 
sera  par  mesme  moyen  establye,  à  la  nomination  qui  sera 
faicte  des  officiers  de  ladicte  religion  par  le  roy  de  Navarre 
avec  l'advis  des  églises.  Et  quant  aux  huissiers  et  procureurs 
à  la  nomination  desdictes  chambres,  et  que  lesdictes  cham- 
bres ayent  toute  jurisdiction  souveraine,  privativement  à  tous 
autres  juges,  des  procès  et  différendz  meuz  et  à  mouvoir, 
esquelz  lesdits  de  la  Religion  auront  intérestz,  comme  parties 
principallesouguarandz,  tant  en  demandant  que  defl'endant, 
et  en  toutes  matières  civilles  et  criminelles,  soit  en  instances 
principalles  attribuées  aux  courtz  de  parlemens  en  première 
instance,  ou  par  appel  verballement  ou  par  escript,  et  pour 
la  séance  d'icelles  soit  pourveu  des  lieux  propres  et  commodes 
ausquelz  avec  toute  seureté  puissent  estre  tant  les  officiers 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


i23 


vi'.  Pour  le  rejT.ird  des  prn- 
ceddurcs  et  jugomens  aupara- 
vant l'e'dit,  y  a  cslë  pourveu 
par  plusieurs  articles  d'icelluy 
édit.  Quant  aux  jugemens  de- 
puis donnez  èsquclz  les  partyes 
n'ont  proceddé  volontairement, 
ilz  seront  censez  et  réputcz  tout 
ainsy  et  comme  sont  coulx  qui 
ont  este'  donnez  auparavant  Té- 
dit.  Et  pour  le  regard  des  ar- 
restz  donnez  contre  ceulx  de 
ladicte  Religion  qui  ont  pro- 
ceddé volontairement,  iceulx 
arrestz  demeureront,  et  néant- 
moins  sans  préjudice  de  l'exé- 
cution d'iceulx  se  pourront,  si 
bon  leur  semble,  pourveoir  par 
requeste  civile  devant  lesdictes 
chambres.  Pour  le  regard  du 
pais  Messin  ne  peult  ostre  aultre 
chose  ordonnée  que  ce  qui  est 
porté  par  les  articles  sccretz  de 
l'an  Mv'lxx.  mentionnez  es  ar- 
ticles secrelz  de  laa  v'ixxvii. 


servans  èsdictes  chambres  comme   tous  aultres  ([ui  auront 
affaires  en  icelles. 

Que  tous  ju;;emens  et  arretz  donnez  par  lesdictes  cours 
contre  lesdits  de  la  Religion  avant  et  depuis  la  publicrjuation 
(le  l'édicl  l'aiet  audict  an  mil  \°  soixante  seize,  nonobstant 
les  déilinatoiros,  fins  de  non  procedder  et  renvoys  requis  ou 
aultrement,  soient  déclarez  nulz  et  pour  non  advenuz,  les 
parties  remises  en  leur  premier  estât  et  les  procès  renvoyez 
èsdictes  chambres  pour  y  estre  jugez,  et  déffendu  aux  par- 
ties de  s'ayder  desdits  jugemens  et  arrestz,  surpeyne  de  pri- 
vation de  leur  droitz,  cl  à  tous  juges  de  permectru  l'exécution 
d'iceulx ,  à  peyne  de  privation  de  leurs  eslatz.  El  pareillement 
tous  arrestz  et  jugemens  donnez  contre  ceulx  de  ladicte  Reli- 
gion, habitans  de  Metz  et  païs  Messin,  durant  et  depuis  les 
troubles,  soient  déclarez  nuiz,  ensemble  l'exécution  d'iceulx, 
et  tout  ce  qui  s'en  est  ensuivy. 


vu'.  Il    est    raisonable 
conforme  à  l'édit. 


et 


Tni".  Au   premier  chef  de 
cest  article  est  satisfaict  par  la 


Et  en  attendant  l'instalalion  desdictes  chambres,  soit  aussv 
inhibé  et  déffendu  à  toutes  courtz  souverains  et  autres  de  ce 
royaume  de  congnoistre  et  juger  les  procès  et  différendz  ci- 
vilz  iet  criminelz  desdits  de  la  Relligion  et  aultres  qui  ont 
suivy  leur  parly,  dont  la  congnoissance  est  attribuée  aus- 
dicles  chambres,  et  que  les  appellations  qui  sont  ou  seront 
interjectées  de  parolies  ou  par  escript  devant  les  juges  et 
greffiers,  ou  exécuteurs  des  jugemens,  sentances  et  arrestz, 
desquelz  est  ou  sera  appelle,  auront  pareille  vertu  comme  si 
elles  avoient  esté  relevées  es  chancelleries  pour  suspendre 
toutes  exécutions. 

Et  pour  ce  que .  à  faulte  de  l'establissement  desdicles  cham- 
bres, ceux  de  ladicte  relligion  ont  esté  contrainctz  se  pré:: 


hU 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


respoiise  du  vi°  article.  Pour  ic 
regard  des  procès  non  jugez 
seront  renvoyez  enl'eslatqu'ilz 
sont  à  la  chambre  du  ressorl. 
Et  quant  aux  procès  évocquez 
tant  es  courtz  de  parlement, 
grand  conseil  que  ailleurs,  en 
cottant  particulièrement  lesdits 
procès,  leur  sera  particulière- 
ment pourveu. 


i\'.  Cest  article  est  contraire 
à  Te'dit. 


x'.  En  exécutant  l'édit  de 
paeifBcalion,  seront  restablies 
les  justices,  comme  il  est  porté 
par  icelluy. 


senter  et  contester  èsdites  cours  de  parlemens  et  aultres  sou- 
veraines de  vostredit  royaulme,  oii  plusieurs  procès  ont  esté 
jugez  et  les  aultres  sont  encores  indéciz,  plaize  à  Voslre  Ma- 
jesté promectre  aux  parties  se  pourveoir  ausdictes  chambres 
par  requeste  civille  et  aultres  voyes  permises  de  droict.  Et 
pour  le  regard  des  procès  non  jugez,  les  renvoyer  ausdictes 
chambres,  et  mesniement  ceulz  que  vos  subjeclz  du  pais  de 
Languedoc  ont  pendans  eu  vostre  cour  de  parlement  do 
Paris,  au  privé  ou  grand  conseil,  ou  ailleurs,  contre  les  pri- 
vilèges anciens  dudit  pais  soient  renvoyez  en  la  chambre 
qui  sera  establye  audit  pais,  et  par  mesme  moyen  ilz  puis- 
sent se  pourveoir  en  icelle  par  requeste  civille  ou  aultrement 
pour  y  faire  Iraicter  et  juger  leursdicts  procès,  nonobstant 
tous  arrestz  qui  pourroient  avoir  esté  obtenuz  contre  eulx, 
iceuk  déclarant  pour  non  advenuz  et  de  nul  effect.  Et  que 
à  ces  fins  les  greffiers  desdites  courtz  de  parlement,  grand  et 
privé  conseil,  et  tous  les  aultres  deptempteurs  desdits  procès 
seront  tenuz  expédier  ou  envoyer  toutes  pièces  et  proced- 
dures,  permectant  ausdictes  chambres,  en  cas  de  reffuz,  user 
de  toutes  contrainctes,  mulctations  et  déclarations  de  peynes, 
contre  lesdits  détempteurs. 
I  Et  d'aultant  que  l'instruction  des  procès  de  ceulx  de  la 
Religion  qui  est  faicte  par  lesdits  séneschaulx  et  juges  prési- 
diaulx  de  Thoulouse,  Carcassonue,  Lauragois  et  Rouergue, 
cil  tous  les  officiers  sont  catholiques  et  mal  affectionnez,  porte 
ung  préjudice  irréparable  en  l'appel,  quand  mesmes  tous  les 
juges  souverains  seroient  de  la  Religion,  plaise  à  Vostre  Ma- 
jesté ériger  et  establir  ung  siège  de  séncschal  et  présidial  de 
juges  mi-partiz,  en  pareil  et  esgal  nombre  des  deux  religions, 
en  la  ville  de  Castres  pour  lesdites  séneschaucées  de  Thou- 
louse, Carcassonne,  Lauraguais  et  Rouergue,  pour  instruire 
et  juger  les  procès  èsquelz  Tune  des  parties  sera  de  la  Reli- 
gion demandeur,  déffendeur  ou  garrand,  tant  civillement 
que  criminellement. 

Que  tous  sièges  de  justice  et  jurisdictions  soient  remis  et 
continuez  es  villes  oiî  ilz  souUoient  estre  auparavant  les 
troubles,  nonobstant  les  translations  qui  pourroient  avoir 
esté  faictes  durant  ou  depuis  lesdits  troubles,  et  les  officiers 
desdictes  sièges  qui  s'en  sont  esloignez  soient  tenuz  exercer 
leurs  estatz  èsdictes  villes,  sur  peine  de  nullité  de  tout  ce  qui 
sera  f'aict  au  contraire,  mesmes  les  officiers  de  la  court  pré- 


xt'.  Le  Roy  peult  establir  1(! 
bureau  de  sa  requeste  ge'nérale 
où  bon  iuy  semble  pour  la  com- 
modité' de  ses  finances  et  soul- 
laigementdesessubjectz:aussy 
n'en  est-il  poinct  particulière- 
ment parle'  par  1  édit. 


\ii'.  En  exécutant  l'édit  de 
pacifiication  seront  restablies 
les  justices  audit  Montauban 
et  ailleurs,  ainsy  qu'il  est  porté 
par  ledit  e'dit. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  à-Ih 

sidiale  de  Pe'rigort  establye  en  la  ville  de  Périgeux  et  ceuk 
de  la  court  des  aydes  de  Montpellier,  qui  depuis  la  publira- 
lion  du  dernier  édict  de  pacilHcalion  se  sont  séparez  du  corps 
d'icelles  et  relirez  :  assavoir  ceuk  de  Périgeux  à  S-'Astier'  et 
ceulx  de  Montpellier  à  Frontignan,  où  ilz  tiennent  contre- 
séance,  comme  aussy  parlye  des  olliciers  du  siège  présidial 
de  Nvnies,  qui  se  sont  retirez  à  Villeneul've-d'Avignon-,  et  le 
juge  royal  de  Gignac^  retiré  à  Clermont*,  de'clarant  nulles 
toutes  les  proce'ddures  faictes  par  eulx  contre  ceulx  de  la  Reli- 
gion, avec  délTence  aux  parties  de  s'en  ayder  ny  se  retirer 
ailleurs  que  aux  lieux  et  sièges  anciens  et  ordinaires  desdils 
courlz  et  juridictions. 

Soit  aussy  restitué  en  ladicte  ville  de  Montpellier  la  re- 
cepte  générale  des  finances  qui  a  esté  remise  en  la  ville  de 
Béziers,  ensemble  le  bureau  de  nouvelle  érection  de  messieurs 
les  trésoriers  de  France  et  généraulx  des  finances  ordonné  en 
ladicte  ville  de  Montpellier,  pareillement  aussi  la  nionnoye 
establve  de  loute  ancienneté  audit  Montpellier  pour  y  fabri- 
quer toutes  espèces  d'or  et  d'argent  au  niesnie  coing,  pied, 
poiz,  alloy,  que  les  aultres  nionnoyes  de  France,  suivant  les 
ordonnances. 

Semblabiement  plaise  à  Vostre  Majesté  ordonner  que  le 
siège  de  la  sénécbaucéc  de  Quercy,  de  toute  ancienneté  estably 
en  la  ville  de  Montauban  par  arrest  de  la  court  de  parlement 
de  Thoulouse,  durant  ces  troubles  translaté  en  la  ville  de 
Moyssac^,  soit,  suivant  les  édictz  de  pacifiication,  remis  en 
ladite  ville  de  Montauban,  nonobstant  ladicte  translation  et 
toutes  autres  promesses  sur  ce  obtenues,  icelles  tant  que 
seroit  besoing  révocquées  et  déclarées  de  nul  eflecl ,  deffen- 
dant  par  exprès  aux  officiers,  advocatz,  greffiers  et  autres 
babitanls  de  Moyssac  de  faire  aucun  exercice  de  ladicte 
justice  pour  ledit  siège,  ny  usurper  aucunement  ce  (|ui 
appartient  audit  siège  de  Montauban,  et  que  tout  ce  qui  se 
trouvera  fait  au  contraire  soit  dès  à  présent  cassé  et  déclaré 
de  nul  effect,  avec  expresse  deffence  aux  parties  de  s'en  ayder 
en  aucune  manière. 


'   Saint-Astier,  Dordogne ,  arrondissement  de  Périgueiix. 

*  ViHeneuve-ès- Avignon,  arrondissement  d'Uzès. 

'  Gignac,  Hérault,  arrondissement  do  Lodève. 

'   Clermont-dc-rHéraull,  Hérault,  arrondissement  de  Lodève. 

'  Moissac,  Tarn-el-Garonne,  chef-lieu  d"arroiidi?sement. 

Catherine  de  Médicis.  —  vi. 


iviTLiuinic    9iTiOMi.r.. 


426 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGIS. 


siii°.  Après  la  résolution  de 
ceste  conférence ,  qui  re'ussira, 
Dieu  aydant,  au  bien  de  la 
paix ,  l'assemblée  des  Estatz  d  u- 
dil  païs  se  tenant,  l'on  pour- 
veoyrra  au  contenu  de  cest  ar- 
ticle, et  fera-t-on  pour  ladicte 
rccepte  ce  qui  sera  advisé  en 
ladicte  assemblée  des  Estatz 
pour  le  bien  du  païs. 

XI1II^  Le  Roy  ne  veult  aul- 
cunement  toucher  aux  privi- 
leiges  des  païs  qui  ont  liberté 
d'eslire  ceulx  que  bon  leur 
semble  pour  scindicqz,  et  sont 
par  l'édit  lesdlts  de  la  Religion 
renduz  capables  d'estre  esluz 
èsdictes  charges. 

XV';  11  a  esté  pourveu  pour  le 
général  par  l'édit,  articles  xxvi , 
XXVII  et  xxviii",  lesquelz  seront 
exactement  gardez,  et,  pour  le 
regard  des  particuliers  dénom- 
mez en  cest  article ,  y  sera  pour- 
veu, partyes  oyes. 


\\f.  Pour  le  général,  il  y 
est  pourveu  par  l'édit;  et  pour 
le  regard  diidit  Ligonier,  at- 
tendu que  le  Roy  ne  peult 
pourveoir  audit  office  qu'à  la 


Plaise  à  Vostre  Majesté  restablir  et  remcctre  en  ladicte 
ville  de  Montauban  la  recepte  particulière  de  voz  deniers  au 
païs  de  Quercy  et  ressort  dudit  Montauban,  dès  longtemps 
establye  et  continuée  en  ladicte  ville  de  Montauban,  qui  leur 
est  depuis  peu  de  temps  usurpée  par  les  officiers  et  habitaus 
de  Gahors  qui,  pour  la  haine  qu'ilz  ont  conceue  contre  la- 
dicte ville  de  Montauban,  se  veullent  approprier  la  totalle 
recepte  de  voz  deniers  en  ladicte  sénéchaussée  de  Quercy 
contre  la  coustume  de  toute  ancienneté  observée. 

Et  pour  mieulx  tenir  la  main  à  l'entretenement  de  la  pa- 
ciffication,  il  plaise  à  Vostre  Majesté  créer  à  cest  effect  pareil 
nombre  de  scindicqz  généraulx  en  chacune  province  de  ceulx 
de  la  Reiiigion,  pour  faire  ensemblement  et  de  commune 
main  la  poursuicte  contre  ceulx  qui  troublent  le  repos  pu- 
blicq. 


Que  tous  les  officiers  de  justice  de  la  Religion  qui  ont  esté 
privez  de  leurs  estalz  et  offices  à  l'occasion  de  ladicte  reli- 
gion et  troubles  advenuz,  et  en  espécial  le  s'  de  Sommartre, 
prévost  général  du  païs  de  Languedoc;  m"  Vallentin  d'Alzau, 
lieutenant  du  prévost  des  mareschaux  es  villes  de  Metz, 
Thoul  et  Verdun,  et  m"  Anthoine  La  Font,  juge  royal  d'Alby, 
soient  pareillement  remis  en  leursdits  estatz  et  offices,  et  les 
détempteurs  et  occupateurs  d'iceulx  ostez,  mesmes  INicoUas 
Pezon  qui,  en  récompense  des  exécutions  par  luy  faictes  à 
la  journée  S'-Barthélemy,  auroit  esté  pourveu  de  Testât  dudit 
S'  de  Sommartre,  nonobstant  l'arrest  contre  luy  donné  au 
conseil  privé  du  Roy  en  faveur  dudit  Pezon,  ores  que  ledit 
Sommartre  y  eusl  respondu  par  procureur,  iceliuy  demeu- 
rant cassé  et  de  nul  effect  et  valleur;  et  qu'il  plaise  à  Vostre- 
dicte  Majesté  faire  jouir  et  user  lesdits  officiers  de  la  Religion 
de  tous  les  droictz,  gaiges,  proffictz,  revenuz  et  esmolumens 
appartenans  à  leursdits  estats  et  offices,  tant  pour  le  passé 
que  pour  l'advenir. 

Et  néantmoings  que  ceulx  qui  ont  esté  pourveuz  des  estatz 
soit  de  la  justice,  finances  et  aultres,  et  ont  esté  reffusez  en 
la  réception  d'iceulx  pour  estre  de  la  Religion,  soient  incon- 
tinent mis  en  possession  desdits  estatz,  et  mesmes  M''  Jehan 
de  Ligonier,  récepteur  des  décymes  au  diocèze  de  Castres, 


iioulinalion  ilc  i"('ves([ue  et  du 
cierge  suivani  le  coiiliact  l'aicl 
avec  eulx,  est  Ijosoing  oiiyr  le- 
diet  e'vesque  et  clergé  de  Cas- 
tres, pour  ce  faict  en  estre  or- 
donné ainsy  qu'il  apartiendra. 
xvii".  Il  y  est  suffisamment 
pourveu  par  Tédit  el  aaticles 
secretz  d'icellu\,  faictz  en  la 
présence  desdits  s"  roy  de  Na- 
varre et  prince  de  Condé,  el  de 
leurs  grez  et  cousentemens. 


LETTRES  DR  CATHERINE  DE  MEDICIS.  A27 

enjoingnant  an  général  de  la  cliargc  de  le  rerepvoir  inconti- 
nent. noHolislaiU  ([ii'il  soil  de  la<ii(it'  icligioii. 


xviir.  Le  Roy  entend  (ju'il 
soit  conservé  en  ses  eslatz ,  (ou  t 
ainsy  que  les  aultres  pourveuz 
de  semblables  charges;  et  pour 
le  regard  du  surplus  dudit  ar- 
ticle, en  ce  (jui  fait  mention 
de  la  Molle  el  de  Coconas,  il  a 
esté  déjà  faict  ainsy  qu'il  est 
requis,  au  contentement  de 
ceuix  qui  y  avoient  intérest; 
loutesfois  s'il  reste  encores 
quelque  chose,  le  faisant  en- 
tendre au  Roy,  il  y  sera  salis- 
la  ici. 

xix°.  Les  coniporlemens  du- 
dit s'  de  Chastillon  sont  depuis 
l'édit  de  pacillication  lelz  qu'il 
ne  donne  aulcune  occazion  au 
Roy  de  luy  bien  faire;  toutes- 
fois,  quand  il  gardera  ledit  édit 
de  pacifiicalion  et  obéyra  à  sa 
Majesté  et  à  ses  loix  et  éditz. 
Elle  advisera  à  départir  à  luy 
et  à  ses  frères  ses  grâces  et 
biensfaiclz. 


Que  le  roy  de  Navarre  et  Monseigneur  le  prince  de  (^ondé, 
el  semblahlemenl  Ions  aultres  seigneurs,  chevalliers,  genlilz- 
liommes  de  la  Religion  et  aultres,  de  (piei(pie  estât  et  con- 
dition qu'ilz  soient,  qui  ont  suivy  le  |)arty,  rentrent  et  soient 
elTertuellenient  conservez  en  la  jouissance  de  leurs  gouverne- 
raens,  charges,  estalz  et  offices  royaulx,  spéciallement  ledit 
seigneur  rov  de  Navarre  en  la  plaiue  el  entière  jouissance 
du  gouvernement  de  Guyenne  cl  nioudit  seigneur  le  prince 
du  gouvernement  de  Picardye,  sans  estre  conlrainctz  de 
prendre  nouvelles  provisions. 

Oue  monseigneur  de  Thoré  soit  pareillement  remis  eu  tous 
ses  eslatz,  charges  el  offices,  spéciallement  des  eslatz  au  colon- 
nel  de  la  cavallerye  leigère  de  l'iedmont,  capitaine  de  cin- 
quante hommes  d'armes  des  ordonnances  et  conseiller  au  con- 
seil privé  du  roy,  sa  compaignie  de  gendarmes  paies,  assignés 
et  entrelenus  au  pais  du  Languedoc,  comme  des  plus  anciens, 
lui  estant  deuz  les  arréraiges  de  sept  années  pour  les  subs- 
dictz  eslatz,  nonobstant  tous  provisions,  déclarations,  arrestz 
et  jugcmens  faictz  et  donnez  au  contraire,  soit  d'avanl  i'édicl 
Molxxvi  ou  depuis  iceulx,  demeurans  cassez  et  de  nul  ell'ecl 
et  valleur,  el  en  espccial  toutes  les  proréddures  laites,  arrestz 
et  jugemens  donnez  au  faict  des  s"  de  la  Molle  et  Coconas, 
ses  circonstances  et  deppendances,  contre  ledit  s'  de  Thoré, 
lesquelz  Sa  Majesté  fera  osier  et  bifler  des  registres. 

Et  le  mesme  soit  déclairé  et  ordonné  pour  le  s"  de  Chas- 
lillon  et  ses  frères,  et  qu'il  plaise  à  Sa  Majesté,  usant  de  sa 
faveur,  leur  faire  et  conférer  quelque  libéralilé  correspon- 
dantes aux  notables  pertes  et  dommaiges  qu'ilz  ont  soullèrtz, 
mesme  de  la  perte  qu'ilz  ont  faicte  de  Testai  d'admiral  de 
France,  dont  ilz  ont  souvent  faict  plaincte  et  très-humble 
requeste,  avec  cassation  des  provisions,  déclarahous  et 
commissions  octroyées  et  exécutées  sur  leurs  biens  tant 
meubles  que  immeubles,  papiers  et  documens,  restitution 
de  leurs  biens  saisiz,  paiez  des  gaiges  et  pensions  deues  au 
feu  s'  admirai  jusques  au  joui'  de  son  décedz  et  aultieuienl, 

.-)A. 


/i28 


LEÏTR 


xx'.  Le  contenu  de  cest  ar- 
ticle n  est  conforme  à  Tédit. 


xxI^  Pour  le  regard  de  fous 
restes  deubz  jusques  au  jour 
du  dernier  édit  de  pacitfication , 
il  y  est  suffisamment  pourveu 
par  l'article  xlvi°  dudit  édit. 
Et  quant  aux  impositions  de- 
puis faictes  et  exe'cutionsaussy 
faictes  sur  icelles  impositions, 
se  pourveoyront  les  suplians 


ES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

comme  plus  à  plein  est  porte'  au  cayer  baillé  par  ledit  s''  de 
Chastillon. 

Que  messieurs  de  Thore'  et  de  Chastillon,  les  sieurs  gentilz- 
liommes  et  aultres  de  ladicte  relligion,  mesmes  les  corps  des 
villes  et  communaultez,  ne  puissent  esire  recherchez  ne  mo- 
lestez pour  raison  des  assemblées  de  gens  de  guerre,  esta- 
blissemens  des  garnisons  et  aultres  choses  en  deppendantes 
qui  ont  esté  faictes  et  exe'cutées  depuis  l'édict,  tant  pour  leur 
retraite,  deffense  et  conservation,  que  pour  résister  aux  inva- 
sions et  surprinses  d'aucuns  catholiques,  qui  ont  essayé  par 
tous  moyens  de  remectre  le  pais  de  Languedoc  en  troubles 
et  guerres  contre  tant  d'expresses  déclarations  et  prohibitions 
de  Vostredicte  Majesté;  néantmoings  que  lesdits  s"  de  Thoré 
et  de  Chastillon  et  corps  des  villes  et  communaultez  soient 
et  demeurent  quictes  et  deschargez  de  tous  deniers  qui  ont 
esté,  par  eulx  et  de  leur  ordonnance,  tant  dudit  s''  de  Thoré 
que  des  assemblées  générales  oii  leurs  députez  prins,  levez 
et  envoyez  suivant  les  délibérations  et  reiglemens  des  assem- 
blées, pour  l'entretenement  desdits  garnisons,  voyages,  né- 
gotiations  et  aultres  affaires  desdictes  églises,  comme  aussy 
des  péaiges  qui  se  trouveront  estre  levez  en  Vivarais  par  or- 
donnance dudit  s'  de  Thoré,  sur  la  rivière  de  Rhosne,  et 
aultrement  par  terre,  mesmes  pour  la  garde  et  avictuaille- 
ment  des  villes  et  chasfeaux  faictz  jusques  à  présent  audit 
pais  tans  des  finances,  receptes  du  Roy,  que  des  villes,  com- 
munaultez et  particulliers,  sans  qu'eux  ny  ceulx  qui  ont  esté 
par  eux  commis  et  emploiez  à  la  levée  desdits  deniers,  et  qui 
les  ont  fourniz  et  baillez  par  ladicte  ordonnance,  en  puissent 
estre  recherchez,  ores  ny  à  l'advenir,  et  que  le  mesme  soit 
dédairé  et  ordonné  des  deniers  prins  et  emploiez  en  la  ville 
et  diocèze  de  Montpellier  du  mandement  dudit  s'  de  Chas- 
tillon pour  les  causes  que  dessus. 

Depuis  l'édict  de  paciffication  dernier,  en  plusieurs  villes 
et  lieux  de  vostre  royaume,  desdits  de  la  Religion  sont  esté 
recherchez  et  exécutez  pour  les  restes  des  tailles  et  imposi- 
tions faictes  par  les  catholiques  durant  les  troubles,  et  en 
oulfre  on  les  coctize  en  plusieurs  villes  et  lieux  pour  l'en- 
tretenement  des  garnisons,  garde  ou  guet,  qui  se  faict  dans 
Icsdictcs  villes  en  l'esfendue  du  gouvernement  de  Cuyenne 
et  Languedoc;  et  pour  le  payement  desdits  impositions  ont 
esté  faictes  plusieurs  rigoureuses  exécutions  contre  lesdicts 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


A29 


par  devant  ics  juges  ausquelz 
la  congnoissance  en  appartient  ; 
entendant  le  Rov  (ju'ilz  soient 
traictez  tout  aiusy  que  ses  aul- 
tres  subjectz. 


\xn°.  Sur  la  cassation  des- 
dils  jugeiiiens  se  pourveoyront 
lesdits  supplians  par  les  voyes 
de  droict  es  chambres  de  Tédit. 


xxui'.  Cette  demande  n'ap- 
partient à  l'e'dit  de  paciffica- 
tion;  mais  se  pourveoyront 
ceuk  desdits  ysles  devers  le 
Roy,  et  la  royne  sa  mère  les 
accompaignera  de  favorables 
lettres,  comme  elle  leur  pro- 
mit, i  estant  dernièrement  sur 
les  lieux,  en  sorte  que  iadide 
(lame  royne  s'asseure  que  le 
Hoy  les  souUaigera. 


de  la  Religion  jusijuesà  leur  ruiner  leurs  maisons  et  édifices 
qu'il/,  ont  èsdictes  villes,  à  ([uoy  ils  ne  sont  teiiuz,  tant  par 
ce  que  l'entrée  desdictes  villes  et  habitation  en  leurs  maisons 
leur  est  deflendue,  que  d'autant  que  cela  contrevient  direc- 
tement à  l'édict  :  plaise  à  Vostre  Majesté  casser  lesdictes  im- 
positions et  les  exe'cutions  faictes  pour  ce  regard  es  biens 
desdits  de  la  Religion,  leur  en  ordonner  la  récréance  et  ré- 
paration des  ruines  et  dcsmolitions  à  ceste  occasion  t'aides 
depuis  ledit  édici ,  avec  toutes  contraintes  nécessaires  contre 
les  détempteurs. 

Les  reccpveurs  et  particulliers  qui  ont  compté  des  deniers 
levez  sur  les  deblcs  des  catholiques  es  derniers  et  précédentz 
troubles  sont  recherchez  pour  la  restitution  d'iceulx,  comme 
aussy  ceulx  qui  les  ont  payez.  Et  pour  ce  regard  sont  tirez  en 
instance  es  courtz  des  scneschauix,  juges,  présidiaulx  et  parle- 
mens,  où  ilz  sont  condempnez,  ores  qu'ilz  en  soient  des- 
chargez par  les  éditez  de  pacilEcation,  veu  qu'ilz  en  ont 
rendu  compte  en  la  forme  portée  par  lesdits  édictz.  A  ceste 
cause  plaira  à  Vostre  Majesté  déclarer  nulz  tous  jugemens  et 
arrestz  donnez  tant  contre  lesdits  comptables  que  contre  les 
particulliers  qui  ont  esté  contraintz  au  paiement  desdits 
debtes,  et  desquelz  le  compte  a  esté  rendu  suivant  lesdits 
édictz. 

Et  combien  que  par  vosdits  édictz  de  paciffication  toutes 
places,  villes  et  !)ourgz  de  vostre  royaulme  doibvenl  joyr  et 
user  de  mesmes  privilèges,  immunitiez  et  franchises,  et  que 
le  commerce  et  passaige  tant  par  mer  que  par  terre  doivent 
eslre  libres  par  toutes  lesdils  villes,  bourgz  et  bourgades, 
ponts  et  passaiges  de  vostre  royaume,  tout  ainsy  qu'il  estoit 
auparavant  les  troubles,  et  tous  nouveaulx  péaiges  et  sub- 
sides demeurent  par  ce  moyen  ostez  :  ce  nonobstant  aux  isics 
de  Marepnes^  Olleron^,  Alvert^,  Soubize'  et  aultres  du  païs 
de  Xainctonge,  aucuns  soubz  le  nom  et  auctorilé  de  Vostre 
Majesté,  depuis  la  paix, ont  prins  et  levé  et  encores  prennent 


'  Maronnes,  chef-lieu  d'arrondissement  de  la  Charenlo- Inférieure,  sur  la  Seudre,  près  duquel  on  Irouve  des 
luarnis  salants. 

-  L'ilu  d'Oléron  contient  également  des  marais  d"où  l'on  extrait  le  sel. 

■"  Arverl,  canton  de  la  Tremblade,  arrondissement  de  Marennes,  sur  la  Seudre. 

'  SoLibise,  canlon  de  Saint-.^gniinl-les-Marais,  arrondissement  de  Marennes.  Toute  cette  région  n'exploite  guère 
que  le  sel  de  foute  nature  que  prodiiisent  11,000  hectares  do  marais,  occupant  i.ooo  ouvriers;  et  cette  industrie 
est  fort  ancienne. 


i30 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


xxiiu".  Faisans  apparoir  de 
leurs  privilieiges  et  confirma- 
tion du  Roy,  vériftîez  es  par- 
lemens,  et  de  leur  légitime 
usuige,  le  Roy  les  en  fera  joyr. 


et  lèvent  sur  les  habitans  desdits  isles  vingt -cinq  solz  de 
nouveau  subcide  sur  chacun  niuid  de  sel  qui  se  vend  et  en- 
lève esdits  isles,  oultre  et  pardessus  Tancien  tribut  de  quatre 
deniers  pour  livre,  par  lequel  nouveau  et  insupportable 
subside  les  meilleures  sallines  du  royaulme  sont  en  voye 
d'une  totalle  ruine  et  les  habitans  et  propriétaires  d'icelles 
déchassez  de  leurs  anciens  héritaiges,  privez  de  leurs  pri- 
villèges,  franchises  et  libertez,  et  le  contract  tant  soliempnel 
laict  par  le  feu  roy  Henry  avec  les  Estatz  de  Guyenne  et  les- 
dits  habitans  des  isles,  enfrainct  et  cassé,  qui  ne  se  peut 
faire,  d'autant  que  par  ledit  contract  et  moyennant  quatorze 
cens  mil  livres  que  lesdits  Estatz  et  habitans  desdits  isles 
payeront  lors  pour  l'estinction  et  abboiition  du  nouveau  im- 
post  du  quart  et  demy  de  sel.  Sa  Majesté  promist  et  jura 
en  foy  et  parolle  de  roy,  pour  luy  et  pour  ses  successeurs,  de 
ne  jamais  prendre  ne  imposer,  pour  quelque  occasion  que  ce 
soit,  aucun  subside  sur  lesdits  marrais  saillans  sel,  com- 
merce ou  traficq  d'icelluy,  par  luy  ou  autre,  directement  ou 
indirectement;  sans  comprendre  l'oppression  et  exaction  que 
font  les  officiers  commis  à  levée  dudit  impost  et  garde  des- 
dits sallins  sur  lesdits  habitans  et  marchantz,  pour  avoir 
d'eux  permission  de  vendre  et  enlever  leursdits  sels,  dont 
vient  que  le  sel  a  esté  annéanty  à  si  vil  pris  pour  les  pro- 
priétaires que  ce  qui  auparavant  ledit  subcide  valloit  cin- 
quante livres  ne  leur  revient  à  présent  à  huict  ou  dix  solz. 
Et  de  ce  que  leurs  voisins,  qui  ne  payent  le  subcide,  re- 
çoivent ung  escu,  lesdits  habitans  n'en  retirent  une  sixiesme 
partye;  oultre  ce  que  la  vente  du  sel  estans  par  ce  moyen 
retardée,  les  aultres  provinces  l'acheptent  plus  cher  à  cause 
dudit  subside,  au  grand  détriment  de  tout  le  publicq.  A  ceste 
cause  plaira  à  Vostre  Majesté  abbolir  et  faire  cesser  ledit 
subcide  extraordinaire  de  nouveau  imposé,  avec  inhibition  h. 
toutes  personnes  de  n'exiger  sur  lesdictes  sallines,  proprié- 
taires d'icelles,  ne  aultres  vendans  ou  achaptans  ledit  sel, 
aultre  subcide  que  lesdits  quatre  deniers  pour  livre,  debvoir 
ancien  suivant  fancienne  coustume. 

Par  mesme  moyen  plaira  à  Vostre  Majesté  ordonner,  sui- 
vant vostredit  édict,  que  les  habitans  de  la  ville  de  Montauban 
joyronl  plainement  du  privilleige  à  eux  de  long  temps  oc- 
troyé par  les  feuz  roys  voz  prédécesseurs,  par  lequel  ilz  sont 
exentés  de  tout  droit  de  péaige  et  leonde  (sic)  par  tout  vostre 


xw'.  La  coiiffiioissaiice  des 
choses  mentionnées  au  présent 
article  est  renvoyée  aux  cham- 
bres (le  la  justice  establies  jiar 
l'édil  pour  pourveoir  aux  sup- 
plians,  suivant  icelluy. 


xxvi°.  Sera  observé  pour  ce 
regard  l'article  Ivi"  de  l'édit  de 
pacifEcalion;  et  sur  les  injures 
pre'tendues  par  les  particuliers 
se  pourveoyront  par  devant  les 
juges;  et  néantmoins  sera  faict 
deffenses  aux  advocafz  et  pro- 
cureurs en  escriptures  et  plai- 
doyeries  et  tous  aultres,  en 
quelque  sorte  que  ce  soit,  de 
faire  aulcune  distinclion  de 
personnes  pour  le  regard  de  la 
religion. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDiClS.  431 

royaulme,  comme  par  plusieurs  arreslz  de  vo7.  couriz  sou- 
veraines ilz  onl  esté  contenuz  en  la  joyssance  de  ladicte 
exemption,  et  (jue  tri!s-expresses  de'lTcnces  soient  l'aictes  à 
tous  que  besoing  sera  de  les  y  empescber,  sans  (|ue  pour  ce 
soit  besoiug  d"cn  avoir  aucune  plus  ample  provision,  veu 
que  les  privillèges  de  ladicte  ville  ont  esté  par  vous  con- 
firmez. 

Et  de  tant  que  contre  vostredit  édict  plusieurs  de  voz 
subjectz  qui  sont  de  ladicle  religion  ont  este  rechercliez  pour 
les  ruines  des  temples  et  d'aultres  maisons  apparlenans  aux 
ecléziasticqucs  ou  aultres  catbolicques  et  des  fabricques  qui 
ont  esté  faicles,  comme  aussy  des  fruictz  des  biens  desdits 
écléziasticques  par  eux  joyz  et  prins  durant  les  troubles,  pa- 
reillement des  prinses  des  meubles  et  marchandises  et  aul- 
tres biens  prins  durant  lesdits  troubles,  dont  y  a  plusieurs 
procès  contre  vosdits  subjectz  de  la  Religion,  tant  es  courtz 
de  parlemens  que  présidialles ,  soubz  prétexte  des  commis- 
sions ou  subrogations  ou  renvoyz  qui  leur  ont  esté  faiclz  par 
les  commissaires  cy-devant  ordonnez  par  Vostro  Majesté  sur 
l'exécution  des  précédentz  édictz,  dont  vosdits  subjectz  de- 
meurent grandement  oppressez  et  induement  vexez,  contre 
vostre  intention  et  traicté  cy-devant  l'aict  :  plaise  à  Vosire 
Majesté  révocquer  et  casser  dès  à  présent  toutes  commissions 
et  procéddures  sur  ce  faictes  avec  tous  les  jugemens  (jui 
peuvent  estre  ensuiviz  et  deflendre  à  tous  juges  et  commis- 
saires, et  pareillement  aux  parties,  de  s'en  ayder  en  aucune 
manière,  ny  soubz  ce  prétexte  vexer  vosdi(s  subjectz. 

Aussy  depuis  ledit  dernier  édict  et  oultre  les  expresses 
deffences  contenues  en  icelluy,  plusieurs  ligues,  conl'rairies 
et  associations  ont  esté  faictes  de  nouveau  et  les  aultres  faictes 
auparavant  ont  esté  continuées  entre  les  catholiques,  soubz 
prétexte  de  religion  ou  aultrement,  ce  qui  préjudicie  grande- 
ment à  la  paix,  comme  faict  pareillement  ce  qu'on  a  veu 
en  plusieurs  villes  et  lieulx,  lesdits  de  la  relligion  avoir  esté 
recherchez,  outraigez  et  maltraictez  et  en  aulcunes  villes  tuez 
et  massacrez,  et  mesmes  qu'en  hayne  de  ladicle  religion, 
ilz  sont  malvenuz  en  la  pluspart  des  villes  où  sont  voz  courtz 
de  parlement  et  présidialles,  les  officiers  desquelles  les  mal- 
Iraictent  et  ne  peuvent  se  contenir  de  monstrer  leurs  mau- 
vaises voluntez  contre  eulx,  tellement  que  aux  plaideries  pu- 
blicques  les  advocatz,  pour  préoccuper  les  coeurs  des  juges 


Zi32  LETTRES   DE   CATHERINE   DE   MEDICIS. 

c'I  li's  |)i-i''|i;ii'oi'  à  sp  i-cikIii'  mai  nfrocliiiiiiioz  envers  lesilils  de 
la  Heliijioii.  disent  snnvent  que  leurs  parties  ont  aiïaires 
avec  des  si'ditenrs  de  la  nouvelle  op|)inion  et  antres  jKiroHes 
semblables,  pour  les([nelles  il/,  sont  riMiduz  odieux,  et  par  ces 
seulles  l'aisons  a  csti'  con|jnen  qnc  la  justice  rendue  par  jn{i[es 
passionnrz  apporlo  la  ruine  plnstost  (pie  la  conservation  du 
droit  dcsdils  de  la  lîcdijpon  :  jionr  ces  causes  plaise  à  Vosire 
Majesté  l'aire  cesser  li'sdictes  ligues,  conl'rairies,  associations. 
li'S  ollences  cl  inpii'rs  (pii  se  coniinectlciit  ordinaireiuenl 
contre  lesdits  de  la  Heligion,  tant  de  purolle  que  de  faict.et 
enjoindre  aux  ofllelers  de  \oz  cours,  tant  souverainnes  que 
subalternes  et  inl'érienres,  et  à  tons  aultres  d"v  tenir  la  main 
ad  ce  qu'il  ne  soit  désormais  jdus  contrevenu  à  vostredit 
édicl.  et  ipn^  la  juinition  en  soit  faicte  conli'e  tous  indilïé- 
rrmmenl  cl  sans  aucune  exception  de  persiuine. 
WVM'.    I'a'     seroit     rompre  Et  avant    esjjard   aux   jfiandes  occasions  de  di-fliance   que 

iedil.  les  callioiii|iie>  oui  données,  et  lexjuelles  renlorcent  et  mul- 

tiplient de  jour  en  p)ur  ausdits  de  la  l'ielij;iuu,  tant  pour  les 
conjurations  et  entnqjrinses  (]ue  lesdits  catboliques  ont  desjà 
exécutées  (jne  |iar  cidles  qu'ilz  brassent  et  dressent  ordinai- 
rement, nallendans  aniire  occasion  que  de  veoii-  lesdils  de 
la  lîelijfioii  enlièremenl  désarmez  et  sans  aucune  garde  dans 
les  villes  et  lieux  par  eulx  tennz  |)Our  les  snr|iren(lre  :  jilaise 
à  \ostre  Majesti'  leur  bailler  et  accordei-,  oultre  le>  \illes  de 
seurelé'  porté'es  par  {'('■dici  de  |)acillication .  la  garde  entii'ie 
de  toutes  et  cbascune  des  villes  et  lieulx  lortz,  lescpielles  ilz 
mil  gardi''es  et  gardeni  encores  du  ]u'i''seiil,  poui-  leur  cou- 
ser\ation  .  avec  garnison^  coni|ii'>lentes  et  i-aisonnal)li'>  ]iour  les 
villes  et  heux  qui  ne  se  jionrrout  garder  deux  niesmes  et 
par  les  seniz  babitans  de  la  Religion,  paiez  et  enlietenuz  sur 
toute  nature  des  denieis  de  linances  du  lîov,  et  ce  pour  le 
mesnie  temps  et  feiine  accordé  poui'  les  aultres  villes  de 
seureté. 
xxviii'.   Il  a  de  belles  mai-  Que,  pour  les  mesnies  raisons  et  occasions  que  dessus,  soil 

sons,  où  il  se  pourra  retirer  et  bailli'i>  et  accordée  une  ville  de  seureté  à  Monsieur  de  Tbon; 
V  estre  en  toute  seureté,  et  où  pour  >a  relraicte,  dell'ence  et  conservation .  avec  garnison  de 
Madame  la  concstable,  sa  mère,  capitaines  et  soldatz  de  ladicte  religion,  entretenue  comme 
et  Messieurs  ses  frères  lasseu-  dessus,  jusipies  ad  ce  que  les  aijpeurs  et  ininiitiez  procéd- 
reront  toujours  de  la  bonne  dentés  des  choses  passées  soient  estaiutes  et  ass(qties. 
jjrace  du  Uov,  (juanil  il  se  com- 
poitera  comme  il  (biibl. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


â33 


.wix'.  CpsI  arlirlo  iiVsl  siii- 
vnnl  l'i'dil,  le  l'ioy  dcinoui'aiil, 
assez  cliarjfé  de  payer  les  <{ar- 
nisons  accordées  par  icclluy 
édil. 

\\\°.  C'est  aussy  contre  les 
expresses  parolles  de  Tédit, 
article  lix,  qui  porte  que  ies- 
dictes  six  années  commence- 
ront à  courir  depuis  le  jour  et 
datte  dudit  édil. 

xxxi'.  C'est  pareillement 
contre  l'édit,  par  lequel  le  Roy 
n'est  chargé  de  paier  pour 
toutes  choses  que  la  solde  de 
huictz  cens  hommes. 

xxxii'.  Il  y  est  satisfaict  par 
les  deux  rcsponses  aux  pro- 
chains articles  précédens,  es- 
tant la  jjarnison  mise  en  ladicfe 
ville  très-su(iisante  pour  icelle 
garder,  quand  le  gouverneur 
se  comportera  envers  les  habi- 
tants de  ladicte  ville  comme  il 
doibt. 

xxxiii".  Ledit  édil  sera  ob- 
servé et  gardé. 


xxxiiiT.  Estant  l'édit  de  pa- 
ciflication  exécuté  et  pouvans 
le  Roy  et  le  royaulme  joyr  de 
la  paix,  Sa  Majesté  aura  plus 
de  moien  de  satisfaire,  comme 
elle  désire,  à  ce  qui  est  deu 
aux  estrangers  ;  ce  que  la  royne 
sa  mère  ne  fauldra  de  remen- 


Que  lesdicles  villes  de  seurelé  accordées  par  ledicl  édirl 
de  paciffication  soieni  pouivciies  d'une  bonne  cl  aiii|)li'  iini- 
nilion  de  ])ouldres  el  salpestres  aux  despens  des  linances  du 
Itoy,  à  la  charge  qu(;  les  gouverneurs  et  consulz  desdicles 
villes  s'en  chargeront,  poui-  la  rendre  souhz  deub  inventaire 
à  la  fin  du  temps  el  terme  de  six  ans. 

Que  le  temps  el  terme  desdils  six  ans  ne  sera  compté  que 
du  jour  que  ledit  édict  seia  elFecKK'  et  la  paix  générallemeni 
establye  par  tout  ce  royaulme  de  France. 


Qu'il  soit  pourveu  et  ordonné  eslat  compétent  et  sufTisant 
sur  toutes  natures  de  deniers  des  finances  du  Roy  aux  gou- 
vernemens  desdictes  villes  de  seurelé,  pour  leur  cntretene- 
ment,  mesmes  au  s''  de  Chastillon,  gouverneur  pour  Sa  Ma- 
jesté de  la  ville  de  Montpellier,  ayant  esgard  à  leurs  (jualile/, 
et  mérites. 

Et  attendu  que  ladicte  ville  tle  Montpellier,  qui  est  fort 
ample  et  <h'  grant  circuit  de  murailles,  ne  se  penlt  garder 
avec  moings  de  trois  cens  hommes  de  guerre,  qu'il  plaise  à 
Vostre  Majesté  augmenter  et  accroistre  la  garnison  y  estant, 
jusques  audit  nombre. 


Que  toutes  les  forces  et  compaignies  de  gens  de  gueire, 
tant  de  cheval  que  de  pied,  tenans  les  champs  ou  qui  sont 
en  garnison  dans  les  villes,  soient  congédiez,  excepté  celles 
de  seureté  et  aultres  qui  seront  baillées  en  garde  ausdits  de 
la  Religion,  et  celles  où  il  y  avoit  garnison  do  tout  leinjis, 
mesmes  du  règne  du  feu  roy  Henry. 

Plaize  aussy  à  Vosîre  Majesté  pourvcoir  le  plus  tost  que 
faire  ce  pourra  au  paiement  de  ce  qui  est  deub  aux  estran- 
gers, suivant  voz  promesses  faictes  aux  précédentz  Iraictez  de 
paix. 


CATIIEr;l>E    I>K    MtDÎCIS.    VI. 


rt\rio:tM.T.. 


434 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


tevoir  et  lenir  la  main  de 
choisir  tous  les  moiens  les 
jiliis  promplz  qui  se  pourront, 
pour  satisfaire  ausdits  estran- 
gers. 

xxxv'.  Le  Roy  veult  et  en- 
tend que  ledit  article  xivii°  de 
ledit  soit  garde'  et  exécute  :  par 
lequel  xlvii'  article  est  entière- 
ment satisfaict  à  ce  qui  est  icy 
demandé. 


xxxvi'.  En  exécutant  Tédit, 
y  sera  si  bien  satisfaict  que 
ledit  s'  roy  de  Navarre  en  i-e- 
cepvera  tout  contentement. 

xxxvii".  Sera  suivy  ce  qui  en 
est  porté  par  l'édit. 


xxxviii".  Ce  qui  est  porté 
par  l'édit  de  pacillication  et 
articles  secretz  sur  icelluy,  et 
et  par  les  responses  faictes  à 
ceste  supplication  et  articles 
d'icelle,  sera  exécuté,  n'enten- 


Et  par  ce  que,  nonobstant  voz  édictz  de  paciffication  et 
contre  la  teneur  d'iceulx,  plusieurs  places,  maisons  et  chas- 
teaux  apparlenans  ausdits  de  la  Religion,  la  jouissance  des- 
quelles leur  a  esté  ostée  durant  les  troubles,  sont  cncores 
retenuz,  sans  qu'ilz  en  puissent  jouir,  comme  ils  soulloient 
faire  avant  qu'ilz  en  feussent  désaisiz,  et  la  rectention  d'iceulx 
couverte  et  opiniastrement  soubstenue  soubz  prétexte  des 
droictz  que  les  occupateurs  y  prétendent,  à  ceste  cause  et 
réitérant  le  contenu  au  quarentiesme  article  du  dernier 
édict,  plaize  à  Vostre  Majesté  ordonner  que  toutes  forces  et 
garnisons  estans  dans  iesdictes  places,  maisons  et  chasteaux, 
vuideront  incontinent,  et  la  possession  d'iceulx  laissée  libre 
et  en  Testât  qu'estoit  par  avant  pour  en  joyr  entièrement, 
nonobstant  toutes  prétentions  de  droit  sur  iesquelz  les  dé- 
tempteurs  se  pourvoiront  par  justice,  après  avoir  réellement 
dellaisé  ladicte  possession. 

Que  le  roy  de  Navarre  rentre  en  toutes  ses  maisons  et 
cbasteaux  qui  luy  soat  occupez  et  détenuz,  tant  en  son  gou- 
vernement que  aultres  provinces  de  ce  royaulme,  et  qui  ne 
luy  ont  esté  jusques  à  présent  remis,  quelque  instance  qu'il 
en  ait  faicte. 

Que  ce  qui  est  passé  soubz  le  commandement ,  adveu  et 
descharge  dudit  seigneur  roy  de  Navarre  soit  approuvé  et 
alloué,  et  raesmes  ce  qui  a  esté  prins  des  ecléziasticques  et 
aultres  partlcuiliers  par  le  commandement  dudit  seigneur 
roy  durant  les  troubles;  et  qu'à  ceste  fui  soit  déffendu  aux 
courtz  de  parlement  et  chambres  et  à  tous  juges  de  ce 
royaulme  de  ne  donner  aiTestz  ne  jugement  à  ce  contraire, 
et  que  ceulx  qui  ont  esté  donnez  depuis  lesdits  troubles 
soient  cassez  et  révocqucz. 

Suppliant  très  humblement  Vostre  Majesté,  Sire,  vouUoir 
prendre  en  bonne  part  ceste  leur  présente  supplication  et 
leur  octroyer  le  contenu  en  icelle,  comme  leur  estant  très- 
nécessaire  pour  le  bien  et  repos  commun  des  subjectz  de 
Vostre  Majesté,  et  néantmoings  ordonner  et  commander  que 
vostre  dernier  édict  de  pacifEcation,  avec  les  articles  secretz 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


Û35 


dant  Sa  Majesté  entrer  on  aul 
cun  nouveau  traicté. 


Fait   à    Nérar,  le  vendredy 
m'' jour  de  fcbyrier  157;). 

Sig-né  :  Caterink. 
Et  plus  bas  :  Pi  vaut. 


et  ce  qu'iMi  ce  Iraictd  leur  sera  accordé,  soit,  exécute  par  tout 
et  eu  tous  lieux  que  besoing  sera,  enjoignant  à  tous  voz  jus- 
ticiers, officiers  et  aullrcs  subjectz  d'y  obéir  et  tenir  la  main, 
ad  ce  que  désormais  ne  soit  faicl  ou  attenté  rien  qui  puisse 
altérer  la  tranquillité  publicque  de  vostre  royaulnie;  et  ilz 
feront  prières  continuelles  à  Dieu  pour  le  bien  et  conserva- 
tion de  vostre  estât. 

Ainsy  signet  : 

{Les  signatures  n'ont  pas  été  ajoutées  dans  cette'copie.) 


XXMI 

INSTRUCTION  POLR  LE  SEIGNEUR  DE  DINTEVILE  ,  \LLANT  DE  LA  PART  DU  ROÏ  VERS  LE  ROY  DE 
NAVARRE  ET  LA  ROÏNE,  MERE  DE  SA  MAJESTE  TRES  CHRESTIENNE,  ET  POUR  EXECUTER  LES 
COMMANDEMENTZ   DE    LADICTE   DAME  ^ 

2G  février  1  ^79^. 


Sur  ce  que  la  royne,  mère  du  Roy,  a  man- 
dé à  Sa  Majesté  par  ses  lettres  du  xn°  et  xiu' 
de  ce  mois-*  que  le  roy  de  Navarre  et  les  de'- 
putez  de  ses  subjets  faisant  profession  de  la 
religion  pre'tendue  j-éformoe  faisoient  diffi- 
culté d'accorder  la  restitution  des  villes  qu'ilz 
détiennent,  pour  les  remettre  en  Testât  qu'il 
est  ordonné  par  le  dernier  traicté  faict  à  Ber- 
gerac pour  la  pacification  des  (roubles  de  ce 
royaulme,  encore  que  Sadicte  Majesté  sache 
bien  ne  se  pouvoir  rien  adjouster  aux  raisons 
qui  leur  ont  esté  remonstrées  sur  ce  subject 
par  ladicte  royne  sa  mère,  les  princes  et  sei- 
gneurs du  conseil  de  Sadicte  Majesté  qui  l'as- 


sistent, toutesfois,  elle  a  jugé  ce  faict  estre  de 
tel  poix  et  importance  pour  l'establissement 
de  la  tranquillité  publicque  de  ce  royaulme, 
qu'elle  a  voulu  dépescher  exprès  par  delà 
le  s'  de  Dinleville,  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  pour 
faire  entendre  et  remonstrer  de  sa  part  audict 
s''  roy  de  Navarre  et  ausdicts  députez  ce  qui 
est  contenu  en  ce  présent  mémoire,  après 
néantmoings  l'avoir  communiqué  à  ladicte 
dame  et  ausdicts  s",  pour  s'y  conduire  par 
leurs  advis  et  selon  qu'ilz  jugeront  estre  plus 
à  propos  pour  servir  à  l'effect  que  Sadicte 
Majesté  désire. 


'  Bibl.  nat.,  ms.  fr.  2o465,  T  275.  —  Voir  la  noie  do  la  pa|;e  237. 

'  Le  21  février  1579,  dans  un  de  ses  billots  intimes  à  Vllleroy,  Henri  III  écrivait  d'Olainviile  :  rrVilleroy,  suivant 
ïostre  advis  et  la  dépesche  de  la  Rojne  ma  mère,  je  lui  ay  dépesché  Hambrelin,  qui  estoit  encores  icy,  et  luy  ay 
escript  mon  intention  touchant  ces  villes,  avec  une  lectre  bien  expresse  que  j'ay  aussi  escripte  de  ma  main  à  M.  le 
maréclial  de  Biron  suivant  cela,  qui  est  cause  que  je  suis  d'avis  de  sursoir  la  dépesche  de  Dinteville  jusques  à  ce 
que  je  sois  de  retour,  si  n'y  voies  quelque  chose  de  plus  pressé.»  (Bibl.  nat.,  ms.  fr.,  nouv.  acq.,  n°  1247, 
p.  ii5.) 

^  Voii'  plus  liant  les  lettres  des  12  et  1 3  février,  p.  2.58  et  suiv. 


/i36 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


PREMIEREMENT. 

Ledict  s'  de  Dinleville  remonstrera  audict 
s"'  roy  de  Navarre  et  ausdicts  de'putez  qu'en- 
cores  que  le  debvoir  d'un  vray  et  loyal  sub- 
ject  soit  de  rendre  entière  obéissance  à'celuy 
que  Dieu  lui  a  ordonné  pour  prince  et  souve- 
rain seigneur,  et  recbercher  seurcté  pour  ses 
biens  et  sa  personne  plustost  en  la  l'oy,  bonté' 
et  justice  d'iceluy  qu'en  la  force  de  ses  bras, 
et  que  Sa  Majesté  n  ayt  donné  aucune  occa- 
sion à  ses  subjecls  depuis  son  advénemenl  à 
cesie  couronne  de  révocquer  en  doute  la  sin- 
cérité de  laquelle  elle  a  tousjours  procédé  en- 
vers eulx;  néantmoings,  considérant  Sadicle 
Majesté  que  la  longue  suitte  et  continuation 
des  troubles  n'avoit  engendré  au  cœur  de  ses 
subjects  moins  de  liberté  et  licence  de  mal 
faire  que  de  haine  et  deffiance,  auroit  esté 
contente,  tant  pour  la  seureté  publicque  que 
pour  rendre  tesmoignage  à  ceulxqui  font  pro- 
fession de  ladicte  religion  du  désir  qu'elle 
avoit  de  les  maintenir  et  conserver  soubz  le 
b(;néfice  de  ses  édictz,  leur  délaisser  et  bailler 
en  garde  pour  certain  temps  en  aucunes  pro- 
vinces de  ce  royaulme  quelques  villes,  ès- 
quelles  leur  seroit  par  Sadicte  Majesté  entre- 
leiiu  certain  nombre  de  gens  de  guerre  pour 
la  deffence  et  conservation  d'icelles;  espérant 
Sadicte  Majesté  pouvoir  par  ce  moyen  dis- 
poser et  conduire  ses  subjects  à  une  entière 
réconciliation,  et  mesmeaient  obtenir  de  ceulx 
de  ladicte  religion  qu'ils  poseroient  les  armes 
rt  se  conliendroient  doresnavaot  dedans  les 
bornes  de  la  subjection  et  obéissance  ({u'ilz 
sont  lenuz  de  luy  rendre. 

Toutesfois,  tant  s'en  fault  qu'il  en  soit  ainsi 
advenu  que  les  catholiques  en  ont  couceu  telle 
jalousie  et  envie  contre  ceulx  de  ladicte  reli- 
gion, et  eulx  en  ont  usé  si  indiscrètement  que 
cela  a  plustost  accreu  et  augmenté  la  dellîance 


et  inimitié  qui  estoit  entre  eulx,  qu'apporté 
remède  à  ce  que  l'on  désiroit. 

De  quoy  encores  que  l'on  puisse  à  bon  droict 
imputer  la  principalle  faulle  aux  actions  et 
déporlciuents  de  ceulx  qui  ont  esté  commis  et 
employez  aux  gouvernemeus  desdictes  villes, 
dont  Sadicte  Majesté  s'est  plainct  maintes  fois 
audict  s'  roy  de  Navarre,  néantmoings  l'on  a 
peu  congnoistre,  par  les  entreprises  qui  ont 
esté  tentées  et  exécutées  sur  aucunes  desdicles 
\illes,  avec  quel  regret  et  impatience  les  ha- 
bitans  calholiques  d'icelles  souffrent  qu'elles 
demeurent  entre  les  mains  de  ceulx  de  ladicte 
religion. 

A  qnoy  il  ne  fault  pas  douter  que  n'ayt 
grandementservy  la  rétention  qu'ont  faictceulx 
de  ladicte  religion,  depuis  la  publication  dudict 
édict  de  pacification,  de  toutes  les  autres  villes 
qu'ilz  debvoient  délaisser  incontinent  et  re- 
mectre  en  leur  premier  estât,  les  actes  d'hosti- 
lité qui  se  sont  continuez  et  s'exercent  tous  les 
jours  en  plusieurs  provinces,  sans  avoir  esgard 
audict  édict,  ny  aux  déclarations  et  pour- 
suittes  qu'a  souventefois  faictes  et  réitérées 
Sadicte  Majesté  pour  l'entière  exécution  du 
couteau  en  iceluy. 

Pour  à  quoy  remédier,  comme  plusieurs 
eslimoient  esire  nécessaire,  tant  s'en  fault 
que  Sadicte  Majesté  ayt  voulu  que  l'on  ayt  usé 
de  force  et  rigueur,  qu'elle  y  a  faict  procéder 
tout  autrement,  comme  cbascun  a  peu  con- 
gnoistre; ayant  commis  les  officiers  de  sa  cou- 
ronne pour  se  transporter  par  les  provinces  de 
son  royaulme  pour,  avec  les  gouverneurs  et 
lieutenants  généraulx  d'icelles,  accompaignez 
d'aucuns  des  s"  de  son  conseil  et  autres  gens 
de  justice,  faire  exécuter  ledict  édict  et  rendre 
tous  ses  subjecls  paisibles,  jouissans  du  béné- 
fice d'iceluy,  ayant  mesmc  député  et  envoyé 
commissaires  exprès  sur  les  lieux  pour  infor- 
mer et  faire  justice  des  entreprises  faictes  par 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


h-i: 


lesdicts  catholiques  sur  aucunes  desdictes 
villes  baillées  pour  scureté  à  eeul\  de  ladicte 
religion,  dont,  s'il  n'en  est  ensuivy  aucune 
exécution,  Sadicte  Majesté  en  a  esté  la  plus 
uiarrve;  et  s'en  fault  prendre  à  ceulx  qui  n'ont 
voulu  faire  remectre  entre  les  mains  desdicts 
commissaires  ceulx  qui  esloient  déteuuz  pri- 
sonniers à  ceste  occasion,  aucuns  desquels 
ont  depuis  esté  cruellement  assasinez  en  la 
prison. 

Nonobstant  toutes  lesdicles  contraventions, 
les  menées  et  intelligences  qui  se  sont  conti- 
nuées par  ceulx  de  ladicte  religion,  tant  de- 
dans le  royaulme  que  dehors  avec  les  étran- 
gers, conire  la  foy  promise  et  au  préjudice 
dudict  édict,  Sadicte  Majesté,  persévérant  con- 
stamment en  sa  première  voliinté  pour  l'exé- 
cution d'iceluy,  sans  s'arrester  aux  choses  sus- 
dictes,  auroit,  pour  dernier  lesnioignagc  de  sa 
singulière  bonté  et  paternelle  allèclion  envers 
sesdicts  subjects,  supplié  la  royne  sa  mère, 
n'y  pouvant  aller  en  personne,  prendre  la 
peine  d'aller  conduire  la  royne  de  Navarre  en 
son  mesnage  et  par  mesme  moyen  s'assembler 
avec  ceulx  de  ladicte  religion,  oyr  leurs 
plainctes  et  doléances  et  y  pourveoir  par  les 
reglementz  portez  par  ledicl  édict. 

Ladicte  dame  ayant  accomply  le  premier 
œuvre,  qui  l'avait  faict  acheminer  par  delà  au 
contentement  dudict  s'  roy  de  Navarre  et  de 
ladicte  dame  royne,  sa  femme,  auroit  depuis 
domouré  quatre  mois  entiers  à  solliciter  et 
poursuivre  ceulx  de  ladicte  religion,  devant 
qu'ilz  se  soient  présentez  pour  entrer  en  con- 
férence, ce  qui  a  despieu  à  Sadicte  Majesté  au- 
tant que  chascun  peut  penser,  tant  pour  les 
entreprises  et  insolences  qui  se  sont  commises 
durant  telles  remises  et  longueurs,  à  la  foule 
et  oppression  incroiable  du  pauvre  peuple, 
que  pour  le  peu  de  respect  et  obéissance  que 
Ton  a  porté  à  ladicte  dame,  laquelle  néanl- 


iiioiiigs  il  eu  laiil  de  patience  pour  le  zèle 
qu'idio  porte  au  bien  et  repos  de  ce  royaulme, 
(ju'elle  a  postposé  sa  santé  et  toute  autre  chose 
à  l'advancement  de  ladicte  conférence,  pour 
le  fruict  qu'elle  en  espéroit  receuillir  et  dt'- 
paitir  à  tous  les  subjects  de  cedict  royaulme. 
Mais  ceulx  de  ladicte  religion,  au  lieu  de 
reconguoislrc  tant  de  notables  tesmoignages 
de  la  bonté  do  leuis  Majestez  et  en  ceste  con- 
férence se  résoudre  à  suivre  et  observer  le 
contenu  audict  édict  de  pacification,  duquel 
s'estans  cy-devant  contentez,  tant  s'en  fault 
qu'il  leur  ayt  depuis  esté  donné  occasion  d'en- 
trer en  plus  grande  desfiance  et  rechercher 
plus  grande  seureté  que  ce  qu'il  leur'  est  ac- 
cordé par  irelle,  qu'ilz  ont  esprouvé  en  maintes 
sortes  (juo  Sadicte  Majesté  n'a  rien  tarrt  à  cœur 
que  de  les  pr-otéger,  maintenir  et  consei-ver 
soubz  son  obéissance  comme  ses  aultr-es  sub- 
jects, ont  proposé  des  articles  et  deiuandes 
du  tout  coiitrair-es  et  esloignées  du  texte  du- 
dict édict,  au  grand  desplaisir  et  méconleirte- 
ment  de  Sadicte  Majesté. 

Mesmement,pour  la  difficulté  qu'ilz  font  de 
l'cmettre  les  villes  et  places  qu'ilz  détiennent 
eu  Testât  qu'il  est  ordonné  par  ledict  édicl  de 
pacification,  lesquelles  ilz  avoient  pi-omis  de 
rendre  et  restituer  incontinent  après  la  publi- 
cation d'iceluy,  qui  a  esté  exécuté  il  y  a  dix- 
sept  mois;  et  combien  qu'ilz  remonsti-cnt  rpr'ilz 
quièi'eut  et  désii'ent  que  lesdictes  villes  leur 
soient  délaissées  tant  seulement  poirr  la  seu- 
reté de  leurs  pei-sonnes,  veu  les  choses  passées, 
si  est-ce  que  Sadicte  Majesté  a  très  grande  oc- 
casion de  se  desfier  et  cr-oire  qu'ilz  le  forrt  à 
autre  fin,  mesmement  voyant  qu'ilz  demandent 
l'entreteuement  d'un  grand  nombre  de  gorrs  de 
guerre  et  garnisons  et  que  Sa  Majesté  n'en 
puisse  tenir  d'auti-es  es  villes  et  places  des- 
dicles  provinces  que  celles  qu'y  estoient  entre- 
tenues du  temps  du  feu  i-oy  Henry;  d'aultanl 


/i:58 


LETTRES  DE  CATHE 


qup  i-(^  leur  seidil  bailler  pI  laisser  un  moyeu 
(i"eii(ie[iren(lre,  (jiiaïui  bon  leur  sembieroil, 
sur  les  villes  et  sulijects  de  Sadicle  Majesté, 
au  grand  préjudice  de  sou  aulhorité  et  ser- 
vice, sans  que  Sadicle  Alajeslé  y  peusl  pré- 
veuii'  et  donner  remède,  n'ayant  auti'e  asscu- 
ranee  qu'ilz  observent  ce  i[u"ilz  promettront  et 
sera  accordé  que  leur  seule  l'oy  et  paroUe, 
de  laquelle  aucuns  de  ceulz  de  leur  parly 
ont  tenu  si  peu  de  compte  depuis  io  règne 
de  Sa  Majesté  qu elle  a  bien  peu  doccasion  de 
s'y  fier,  mesmement  ayant  congnu  et  expéri- 
menti'  que  les  autlicurs  de  telles  iulraclions. 
au  lieu  d'estre  désavouez  et  chastiez,  n'ont  eu 
faulle  d'a])puy  en  l'exécution  de  leurs  des- 
seings. ciMume  il  s'est  naguerres  veu  pour  le 
cliasleau  de  Beaucaire; 

Et  n'esloit  que  Sadicte  Majesté,  estant 
toute  résolue  de  leur  entretenir  et  garder  ce 
(ju'elle  leur  a  accordé  par  ledicl  édict,  en  cas 
qu'ilz  s'y  veulent  soubmectrent,  se  promect 
i[u'on  fin  recongnoissans  sa  bonté,  ilz  se  ran- 
geront à  ce  qu'ilz  doibvent,  certainement  ne 
leur  auroit  jamais  permis  de  letenir  avec 
garnison  les  buict  villes  qu'elle  leur  a  di'- 
laissées  })ar  ledict  édict,  desquelles  ils  ont  très 
grande  occasion  de  se  contenter,  et  mesme- 
ment es  provinces  de  Guyenne  et  de  Lan- 
guedoc; 

Premièrement  parce  cpic  ce  sont  les  ]irin- 
cipalles  de  celles  qu'ilz  déteuoieut  qui  leur  ont 
esté  d('laissées  avec  suffisant  nombre  de  gens 
de  guerre  pour  les  delîendre  et  conserver; 

Secondement  qu'outre  lesdictes  villes  il  y 
en  a  plusieurs  autres  èsdictes  provinces,  ès- 
qnelles  ilz  sont  quasi  tous  de  ladicte  religion 
et  entièrement  à  leur  dévotion,  èsqnelles  ils 
peuvent  demeurer  et  se  retirer  en  toute  seu- 
reté  tant  ({ue  bon  leur  semblera; 

Tiercement  que  Sadicte  Majesté  n'entre- 
tient èsdicts  pays  aucunes  garnisons  qui  leur 


RI.^E  DE  MEDICIS. 

doibvent  donner  jalousie,  ayant  longtemps 
jà  letrancbé  toutes  celles  qui  v  estoieni  au 
nombie  qu'il  est  ordonné  par  ledict  édict; 

Quartement  quaudicl  pays  de  Guyenne  le- 
dict s"'  rov  de  Navarre,  qui  v  est  et  demeure 
gouverneur  et  lieutenant-général  de  Sadicte 
Majesté,  aura  toujours  soing  et  esgard  qu'ilz  y 
soient  mai  ntenuz  et  conservez  en  toute  scureté, 
joinci  (jn'il  y  tient  et  possède  })lusieurs  villes 
et  chasleaux  de  très  grande  importance,  et  y 
sera  tousjoursacconipaignédesgenliishommes 
qui  ont  accoustuiné  de  le  suivre,  et  des  gardes 
(]ue  Sa  Majesté  entretient  à  la  suitle  de  sa 
personne; 

En  (]uov  est  à  noter  aussi  la  jouissance 
que  Sadicle  Majesté  a  accordée  à  la  royne  de 
Navarre  de  plusieurs  terres  et  seigneuiies  du- 
dict  gouvernement  de  Guyenne  avec  beaucoup 
de  droictz  et  prééminences  qui  sont  de  très- 
grande  considération  : 

Toutes  lesquelles  cboses,  tout  ainsi  qu'elles 
apportent  avec  raison  beaucoup  de  force,  ap- 
puy  et  seureté  à  ceulx  de  ladictereligion,  al- 
i'oiblissent  aussi  grandement  le  party  des  ca- 
tbolii|ues  et  b'ui'  debvroient  donner  beaucoup 
de  crainte  et  jalousie,  si,  comme  bons  et 
loyaux  subjects,  ilz  ne  s'appuyoient  et  fioienl 
au  soing  qu'ilz  se  promettent  que  Sadicle 
Majesté  aura  d'eulx; 

Laquelle  de  son  rosté.  considérant  combien 
il  est  dangereux  de  permettre  à  sesdicts  sub- 
jects de  demeurer  armez  et  se  fier  en  la  l'oy 
et  parolle  de  ceulx  qui  ne  se  peuvent  asseurer 
de  la  sienne,  auroil  juste  occasion  de  requé- 
rir plustost  le  retrancbenient  des  premières 
forces,  ijui  ont  esté'  accordées  à  ceulx  de  la- 
dicte religion  pour  la  garde  desdictes  buict 
villes,  et  les  faire  contenter  de  moindre  nombre 
de  villes,  ainsi  qu'ilz  ont  faicl  aultrefois, 
<[ue  de  leur  souffrir  d'en  demander  augmen- 
tation; 


LETTRES  DE  GATHE 

Ton  les  fois  Sadicle  Majesté,  leur  voulant 
gaifler  ce  qu'elle  leur  a  accordé  par  ledict 
édicl  de  pacificaliou,  pourveu  que  de  leur 
costé  ilz  y  satisi'aceut ,  est  contente  de  ne  s'ar- 
resler  à  ce  qui  s'est  faict  et  passé  depuis  la 
publication  dudict  édict,  tant  sur  la  rétention 
desdictes  villes  que  pour  toutes  autres  infrac- 
tions par  eulx  laides,  suivant  ce  (jue  la  royne 
mère  de  Sadicte  Majesté  leur  a  offert. 

Mais  aussi  ledict  s"'  de  Dinleville  leur  dira 
que  Sadicle  Majesté  est  toute  résolue  de  ne 
leur  accorder  plus  grand  nombre  de  villes 
avec  garnisons  qu'il  leur  en  est  délaissé  par 
ledict  édict,  congnoissant,  outre  le  dommage 
et  intérest  que  son  autborité  et  réputation  eu 
recevroit,  qu'au  lieu  d'apporter  paix  et  seu- 
reté  à  cculx  de  ladicte  religion,  mettroit  ses 
subjccts  catholiques  en  tel  desespoir  qu'ilz 
ne  cesseroient  d'entreprendre  sur  eulx,  et 
engeudreroit  par  toutes  les  provinces  de  ce 
royaulme  un  niescontentement  général  à  l'en- 
contre  d'eulz; 

D'avautaige  il  faut  considérer  que  Sadicte 
Majesté  a,  pour  satisfaire  à  la  requeste  des 
Estats-généraulx  de  son  royaulme,  de  nou- 
veau reduict  à  24  compaignies  de  gens  de 
pied  de  5o  hommes  chasciine  toutes  celles  qui 
estoient  entretenues  auz  frontières  de  son 
royaulme,  tant  pour  descharger  son  peuple, 
que  pour  n'avoir  moyen  d'en  soudoyer  plus 
grand  nombre; 

De  sorte  que  si  Sadicte  Majesté  accordoit  à 
ceulx  de  ladicte  religion  ce  qu'ilz  demandent, 
il  leur  resteroit  plus  de  forces  payées  par  Sa- 
dicte Majesté  ou  ses  subjeclz  qu'elle  n'en  en- 
tretient par  toutes  ses  provinces  pour  la  garde 
et  considération  de  son  estât  :  ce  que  ses 
finances  ne  sçauroient  porter,  et  encores 
moings  ses  subjects,  lesquels  se  retrouvent  si 
affligez  et  pauvres  des  oppressions  et  charges 
cpi'ilz  ont  eu  durant  la  guerre ,  qu'à  grand  peine 


RINE  DE  MEDIGIS.  /i39 

peuvent-ilz  payer  les  tailles  et  autres  debvoirs 
ordinaires  qui  a|)partiennent  à  Sadicte  Ma- 
jesté, comme  chascun  scayt,  et  sans  Icsquelz 
il  est  impossible  que  Sadicte  Majesté  puisse 
vivre  et  entretenir  son  estât; 

Que  c'est  fintention  de  Sadicle  Majesté  que 
ledict  s'"  roy  de  Navarre  soit  et  demeure  gou- 
verneur et  son  lieutenant-général  audici  pays 
de  Guyenne,  qu'il  y  soit  recongneu,  obéy, 
respecté  d'un  chascun,  tant  en  ceste  qualité 
que  pour  la  proximité  de  laquelle  il  attouche 
à  Sadicte  Majesté  et  le  lieu  qu'il  tient  en  ce 
royaulme;  mais  (ju'il  est  nécessaire  que  hiy 
mesme  donne  moyen  à  Sadicte  Majesté  de  le 
faire  recongnoislre  comme  il  désire,  ce  qui 
ad\iendra  alors  qu'il  aura  faict  exécuter  l'édicl 
de  pacification  ainsi  qu'il  appartient.  Et  es 
choses  qui  se  présenteront  il  traictera  et  favo- 
risera esgalement  les  subjects  dudict  pays  et 
leur  fera  raison  sur  leurs  plaincles  et  do- 
léances sans  acception  de  religion,  comme  il 
est  porté  par  ledict  édict. 

Sadicte  Majesté  ayant,  à  la  requeste  dudict 
s''  rov  de  Navarre,  retiré  dudict  pays  M"'  l'ad- 
mirai, et  commis  au  s'  do  Biron,  mareschal 
de  France,  l'exécution  dudict  édict  de  pacifi- 
cation, comme  à  piu'sonnage  qu'elle  congnoist 
estre  très-affectionné  et  zélateur  du  repos  de 
ses  subjects  et  de  la  conservation  de  son  autbo- 
rité, elle  désire  le  continuer  en  ladicle  charge, 
en  laquelle  Sadicte  Majesté  promect  et  respond 
audict  s'  roy  de  Navarre,  pour  ledict  s'  ma- 
reschal de  Biron,  qu'il  l'honorera  et  portera 
le  respect  qu'il  appartient;  car  c'est  l'inten- 
tion de  Sadicte  Majesté,  à  laquelle  ledict  s'' 
mareschal  ne  fera  jamais  faulte  de  se  confor- 
mer. Mais  aussi  Sadicle  Majesté  prie  ledict  s' 
roy  de  Navarre  de  vouloir  aynier  ledict  s' ma- 
reschal ,  comme  sa  qualité  et  les  vertus  qui 
sont  en  iuy  le  méritent,  et  avoir  toule  l)onne 
intelligence   ensemble    pour   l'exécution  des 


wo 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


choses  ((ui  seront  arresfées,  eu  s'asseuraiit 
qu'il  s'en  acquitera  Irès-fidèlement  el  digne- 
ment, comme  il  a  faict  de  toutes  les  autres 
charges  qui  iuy  ont  este'  commises. 

Et  d'autant  que  ledict  roy  de  Navarre, 
estant  occupé  de  diverses  choses  et  biens,  s'il 
venlt  aller  en  Béarn  et  s'esloignerdudict  gou- 
vernement, ne  pourra  vacquer  aux  alïaires 
qui  se  présenteront  si  assiduellement  qu'il  se- 
roit  bien  requis,  ny  aussi  ledict  s'  mareschal 
estre  tonsjours  auprès  de  luv,  parce  qu'il  Iuy 
conviendra  aller  de  lieu  en  autre  pour  l'estn- 
biissement  et  exécution  des  choses  qui  se  pré- 
senteront, Sadicte  Majesté  désire  qu'il  soit 
créé  et  estably  pour  quelque  temps,  auprès 
dudict  s'  roy  et  de  la  royne  sa  femme,  un 
conseil  composé  de  certain  nombre  de  gentils- 
hommes du  conseil  privé  de  Sadicte  Majesté 
et  autres  qui  seront  choisiz  des  plus  modérez 
et  zélateurs  du  repos  public,  avec  quelqu'un 
dudict  pays  du  clergé,  comme  l'évesque  d'Agen 
ou  autre,  par  l'advis  et  ordonnance  duquel 
conseil  se  l'eront  et  ordonneront  doresnavant 
toutes  choses  nécessaires,  tant  pour  l'entière 
et  parfaicte  exécution  dudict  édict  que  pour 
les  autres  affaires  ([ui  se  présenteront  audict 
gouvernement,  dont  il  ne  fault  pas  douter 
que  tous  les  subjects  d'iceluy  ne  reçoivent 
très  grande  consolation  et  soulagement. 

Au  moyen  de  quoy  Sadicte  Majesté  a  donné 
charge  audict  s'  de  Dinteville  d'en  faire  l'ou- 
verture audict  s''  roy  de  Navarre  sur  ce  que  la 
royne  mère  de  Sa  Majesté  Iuy  en  a  jà  pro- 
posé, et  prier  l'un  el  l'autre  de  choisir  et  ac- 
corder de  ceulx  qui  entreront  audict  conseil 
et  de  l'authorité  qui  leur  sera  attribuée,  aflin 
qu'il  s'en  puisse  receuillir  le  fruict  que  Sadicte 
Majest(''  s'en  promect,  s'en  remettant  entière- 
ment à  eulx. 

Ce  que  ledict  s'  de  Dinteville  fera  aussi  en- 
tendre de   sa    part  audict   s'    mareschal   de 


Biron  en  le  priant  vouloir,  pour  l'amour  de 
Iuy  et  pour  couronner  l'oeuvre  de  tous  ses 
services  passez,  embrasser  l'exécution  de  ce 
qui  sera  arresté  pour  l'établissement  de  la 
paix  audict  pays  de  Guyenne,  et  pour  ce  faire, 
s'accommoder  avec  ledict  s''  roy  de  Navarre 
et  Iuy  porter  l'honneur  que  Sadicte  Majesté 
désire.  Iuy  disant  ledict  s'  de  Dinteville  la 
fiance  que  Sadicte  Majesté  a  en  iuy  et  l'affec- 
tion qu'elle  Iuy  porte,  de  laquelle  il  sentira 
les  effects  toutes  et  quantesfois  que  le  subject 
s'en  présentera,  comme  elle  Iuy  a  cy-devant 
mandé,  estant  bien  marrie  de  n'avoir  peu  en 
rendre  meilleur  tesmoignage,  ce  qu'il  doiht 
imputer  à  la  nécessité  de  ses  affaires,  plustost 
qu'à  manquement  de  bonne  volonté. 

Ledict  s'  de  Dinteville  visitera  aussi  de  la 
part  de  Sadicte  Majesté  la  royne  de  Navarre 
et  Mess"  les  cardinaulx  de  Bourbon,  duc  de 
Montpensier  et  prince  Dauphin,  tant  pour  les 
asseurer  de  la  continuation  de  l'amitié  et  bonne 
grâce  de  Sadicte  Majesté,  que  pour  les  remer- 
cier de  tant  de  peines  qu'ilz  continuent  à 
prendre  en  ceste  négotiation,  dont  il  n'est 
jour  que  la  royne  sa  mère  ne  leur  rende  tes- 
moignage, les  priant  de  vouloir  persévérer, 
atfin  d'en  rendre  la  fin  plus  heureuse  que  n'a 
esté  le  commencement,  comme  il  advient  or- 
dinairement des  plus  grandz  affaires,  quand 
ilz  sont  conduictz  et  maniez  par  personnages 
douez  de  tant  de  zèle  et  prudence. 

Il  verra  aussi  particulièrement  tous  les  s" 
qui  assistent  et  sont  auprès  de  ladicte  dame 
royne  pour  leur  faire  semblable  remerciement 
et  les  asseurerque  Sadicte  Majesté  recougnois- 
tra  à  jamais  le  service  qu'ilz  iuy  font  en  ceste 
occasion,  les  admonestant  de  ne  se  lasser  et 
n'habandonner  ladicte  dame  jusques  à  ce 
qu'elle  ayt  parachevé  un  si  bou  oeuvre. 

Et  si  ladicte  dame  royne  est  de  cest  advis, 
ledict  s'  de  Dinteville  ira  veoir  aussi  le  vicomte 


LFTTRKS  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


fi'i\ 


(le  ïliiu-fiine,  aïKjuel  il  lieiidra  tel  liiii{fa|[fi 
quello  liiy  ordonnera  et  selon  qu'il  trouvera 
les  alïaii'es  dispose'es,  l'asscuiaiit  en  tout  cas 
que,  si  par  son  moyen  les  choses  preignent  le 
chemin  que  Sadicte  Majesté  désire,  qu'elle 
l'en  aymera  et  gratifiera  davantaige,  comme 
aussi,  s'il  en  advient  autrement,  sçachant  le 
pouvoir  et  crédit  qu'il  a  envers  ceulx  de  la- 
dicte  religion,  elle  luy  en  sçaura  très-mauvais 
gré. 

Pour  fin  de  ce  mémoire,  Sadicte  Majesté  a 
donné  charge  audict  s'  de  Dintevillede  baiser 
très-humblement  les  mains  de  sa  part  à  ladicle 
dame  royne  mère,  luy  représenter  le  regret 
infini  qu'elle  ressent  de  sa  trop  longue  ab- 
sence, comme  de  tant  de  peines  et  Iravauk 
que  Ton  luy  donne  par  delà,  ne  se  passant 
jour  ny  heure  que  Sadicte  Majesté  ne  se  sou- 
haitle  auprès  d'elle,  tant  pour  la  soulager  que 
pour  avoir  ce  bien  de  jouyr  de  sa  présence, 
lequel  elle  ne  recevra  jamais  si   tost  qu'elle 


désii'e,  comme  elle  luv  a  souventeslois  mandé, 
et  encores  freschement  ])ur  l'abbé  de  Gadai- 
gnc,  la  suppliant  Sadicte  Majesté  faire  eu 
sorte  ([ue  cesle  coiil'érence  ne  soit  inutile, 
comme  mesluiy  ne  peut-il  advenir  de  son  ache- 
minement par  delà,  recongnoissaul  que  sans 
sa  présence,  longtemps  a  que  la  guerre  y  l'ust 
recommancée  an  ;;i'and  préjudice  de  son  ser- 
vice, veu  lestât  au(juel  se  retrouvent  à  pré- 
sent ses  affaires;  la  priant  de  vouloir  dire  et 
ordonner  audict  s''  de  Dinteville  ce  quelle 
sera  d'advis  et  trouvera  bon  qu'il  face  du 
contenu  en  ce  présent  mémoire,  aflîn  de  s'y 
conformer  suivant  le  commandement  très  ex- 
près que  Sadicte  Majesté  luy  en  a  faict,  et  à 
son  retour  luy  rapporter  toutes  nouvelles  de 
la  santé  de  ladicle  dame  et  de  toute  sa  com- 
paignie.  •     ■ 

Faict  à  Paris,  le  xwi' jour  de  febvrier  1 579. 

Hkmiy. 
De  Neufville. 


XXVIII 


DISCOURS    DE    CE    QUI    S'EST    PASSE    A    LV    CONFERENCE    DE    NERAC, 


REDIGE  PUl  1.E  SECRETAIRE   DU  MARECHAL  DE   DAMVILLE 


Mardy  troysiesme  de  febvrier,  la  Royne  mère 
du  Rov  partit  du  Port-Saincle-Marie  après 
disner  et  arriva  à  Nérac  sur  le  soir,  oii  l'on 
avoit  préparé  le  chasteau  dans  lequel  Sa  Ma- 
jesté M"  les  princes,  le  card  ''  de  iJorbon,  deux 
frères  du  prince  de  Condé  et  le  prince  Daul- 
phin  sont  logés  avec  les  roy  et  reyne  de  Na- 
varre. Ledict  s"'  roy  de  Navarre  ala  recuillir 
la  Reyne  jus(|ues  au  port  et  s'embarqua  sur  le 


poinct  que  la  reyn(!  passoit,  sy  bien  qu'ils  se 
rencontrèrent  au  milieu  de  la  rivière  (h;  ('•»- 


rone. 


Mess"  de  Valence,  de  Foix,  de  Pibrac,  de 
S''-Suplice  de  La  Motle-Feunellon  et  de  (]ler- 
mont,  qui  sont  du  conseil,  estoient  arrivés 
audict  Nérac  le  judy  auparavant. 

Le  mercredv,  les  depputés  se  présentèrent 
à  Sa  Majesté  et  entrèrent  en  discours. 


'  Celle  relation  fort  curieuse  est  tirée  de  ia  Bibiiollièque  de  Toulouse,  ms.  Gia,  P  80,  P  »8û  ii  2()'i.  —  l.e 
litre  du  volume  porte  la  mention  suivante  :  rDans  ce  livre  sont  plusieurs  papiers  de  choses  notaldes  jjardez  ])ar  moy 
pendant  les  années  1577,  1578  et  1079,  que  j'eslois  secrétaire  de  mons'  le  maresclial  de  Dainpville,  despiiis  duc 
de  Monlmorency.n  —  Le  maréchal  était  alors  occupé  à  la  reprise  de  Beaucaire.  11  est  [irobahle  que  son  secrétaire, 
Mariou,  assista  comme  scribe  à  la  conférence,  car  il  donne  des  détails  qu'un  témoin  oculaire  seul  pnuvail  relever. 


Catiikhink  de  MtDlClS. 


oO 


niiT.iui.iti£    satio 


442 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Le  judy,  lesdicts  depputés  portent  leur 
cayer,  selon  qu'ils  disoient  avoir  charge,  au- 
quel sont  des  demandes  qui  excèdent  l'ecdict 
de  la  paix  presque  en  tous  les  articles  : 

A  ce  que  Texercisse  leur  soit  estably  en  la 
France  par  chascun  bailliaige; 

Que  nions''  le  prince  de  Condé  soit  rendu 
jouyssant  du  gouvernement  de  Picardie; 

Que  ia  justice  soit  my-partie; 

Que  l'ecdict  de  l'an  m.v'lxxvi  soit  entre- 
tenu; 

Que  les  excès  et  tous  piilaiges  soient  par- 
donnés  ; 

Qu'ils  ne  soient  constraincts  de  rendre  aul- 
cune  des  villes  qu'ils  tiennent; 

Que  les  garnisons  y  soient  entretenues  aux 
despens  du  Roy. 

Le  s''  J.  Escorbiac',  de  Montauban,  parla 
au  nom  de  tous  les  depputés. 

Lendemain,  M''  de  Foix  fit  ung  beau  dis- 
cours, qui  continua  envyron  une  heure  et 
demye;  et  de  son  propos  lesdicts  depputés  ne 
s'ofîencèrent  auleunement,  sy  ce  n'est  qu'il 
leur  dict  que  la  contravention  à  l'ecdict,  avec 
la  requeste  pour  l'ampliffier  et  faire  nouvelle 
cappituiation,  méritoit  la  corde. 

La  Reyne  rendit  auxdicts  depputés  leur 
cay  er  -,  respondu  en  chasque  article ,  selon  qu'il 
est  pourté  par  l'édict ,  afin  d"y  délibérer  promp- 
tement. 

Le  roy  de  Navarre  est  assis  avec  sa  femme 
près  la  Reyne,  et  tous  les  depputés  demeurent 
debouts  et  descouvers,  comme  faict  aussy  le 
s"'  de  Gratin,  chancellier  dudict  roy  de  Na- 
varre. 

Sabmedy,  la  Reyne  print  médecine,  et  n'y 
eust  poinct  d'assemblée;  mais  seulement  les  s" 


du  privé  conseil  en  particulier  parlèrent  aux- 
dicts depputés  pour  les  faire  condescendre  à  la 
délibération,  en  quoy  le  s''  de  Pibrac  print  fort 
grand  peyne. 

Le  dimenche  matin,  feust  tenu  conseil  en 
la  chambre  de  la  Reyne,  et  à  l'après-disnée  le 
roy  de  Navarre,  suy\7  du  visconte  de  Turene 
et  desdicts  depputés,  entra  en  l'assemblée,  là 
où  ledict  Escorbiac  supplia  la  majesté  de  la 
Reyne  de  s'eslargir  es  responces  par  elle  faictes 
en  leur  cayer,  ou  bien  luy  plaise  les  congé- 
dier pour  sen  retourner  par  devers  ceulx  qui 
les  ont  depputés  afin  d'entendre  leur  intention. 

Cella  dict,  ils  sortent  du  conseil  pour  at- 
tendre ia  responce.  Envyron  demy  heure 
après,  le  roy  de  Navarre  mande  rentrer  avec 
lesdicts  depputés  :  la  Reine  harangua  si  bien 
que  tous  lesdicts  depputés  et  aultres  ont  loué 
ses  discours,  qui  prindrent  fin  par  ces  propos  : 
r  Que  comme  mère  du  Roy  Sa  Majesté  estoit- 
elle,  se  vouloit  aussy  monstrer  mère  du  puble, 
qu'elle  avoit  dévotion  de  contenter  tous  ses 
subjects  et  s'eslargir  de  tout  ce  qui  luy  seroit 
possible  pour  empescher  le  renouvellement 
des  troubles,  ce  que  leur  feroit  entendre  len- 
demain à  sept  heures,  et  que  Sa  Majesté  trou- 
veroit  bon  que  deux  ou  trovs  d'entr'eux  fcus- 
sent  depputés  pour  le  traicté  du  lendemain, 
parce  qu'ils  sont  vingt-cinq  ou  trente.  11 

L'abbé  de  Gadaignes,  qui  avoit  esté  envoyé 
par  la  Reyne  devers  le  Roy  et  Monsieur,  ar- 
riva le  sabmedy  au  soir,  avec  maudeuieiit  du 
Roy  que  Sa  Majesté  ne  désire  que  la  paix.  Il 
a  laissé  mondict  s''  le  duc  à  la  Fère  en  Pi- 
cardie, qui  n'attend  que  le  retour  de  la  Reyne 
pour  aller  treuver  le  Roy.  Ledict  abbé  porte 
nouvelle  que  le  Roy,  par  veu  et  dévotion,  est 


'  Escorbiac  ou  Scorbiac,  syndic  de  Montauban  en  i56a,  l'un  des  signataires,  en  1577,  du  traité  de  Bergerac. 
'  Le  ffcayerj!,  c'est  la  longue  pièce  n°  XXVI,  que  nous  publions  plus  haut  avec  les  réponses  de  la  reine  mises  en 
marge. 


LETTRES  DE  CATH 

allé  à  Notre-Dame  de  Chartres  passer  la  leste 
de  la  Chandeleur,  et  qu'en  tous  le  pays  de 
France  ne  se  parle  aucounenient  de  troubles. 

La  Reyne,  après  le  despari  du  roy  de  Na- 
varre et  desdicls  depputes,  ledict  jour  di- 
menche  après  disuer,  demeura  encores  au 
conseil  deux  grosses  heures,  et  le  s'^deLansac 
alla  quérir  le  roi  de  Navarre,  qui  entra  seul 
sans  les  depputes;  et  feiist  résolu  que,  le  lundy 
matin  ensuyvani,  le  traicté  se  continueroil, 
non  poinct  par  escript  ny  par  articles  comme 
cy-devant,  mais  de  paroUc,  comme  de  gré  à 
gré,  pour  advancer  plustot  les  affaires. 

Le  lundy  neufviesme,  la  Reyne  mère,  vou- 
lant faire  commencer  la  messe,  manda  quérir 
le  viscoute  de  Turene  et  luy  (ist  reproche  qu'il 
empèchoit  la  résolution  de  la  conlérence, 
que  cuydant  avoir  Fijac  et  Brive  pour  soy,  ce 
ne  luy  seroit  onques  accordé  qu'il  recoigneusl 
qu'il  n'estoit  poinct  prince,  et  que  le  Roy  le 
fairoit  recognoistre  pour  le  rendre  plus  petit 
que  ung  ver  de  terre.  Ledict  visconle  fist  res- 
ponse  qu'il  estoil  tout  prest  de  s'en  retourner 
s'il  plaisoil  à  Sa  Majesté  le  congédier,  et  qu'on 
luy  avoit  rappourté  contre  la  vérité.  Inconti- 
nent apprès  la  messe ,  entre  sept  et  huict 
heures,  la  Reyne  entrée  au  conseil ,  les  depputes 
feurent  mandés  et  n'entrèrent  que  huict  à  la 
conférence  pour  évicter  confusion,  desquels  le 
premier  estoit  ledict  visconte  de  Turene. 

Il  feust  longuement  débatu  sur  l'article  de 
l'exercisse  de  leur  religion  prétendue  par  de  là 
la  Loyre,  et  remoustré  par  M"^  de  Poix  que  le 
bon  médecin  n'ordonne  poinct  selon  le  goust 
et  pour  plaire  au  malade,  mais  plustot  ce  qu'il 
cognoissoit  lui  estre  nécessaire  pour  sa  santé; 
que  le  Roy  et  la  Reyne  estoient  les  médecins 
desdicts  de  la  Religion  estans  malades,  aus- 
quels  permectant  l'exercisse  de  la  Loire  seroit 
leur  ordonner  à  leur  appétit,  non  pour  leur 
santé. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  443 

La  Reyne  incontinent  après  disner  manda 
lesdicts  depputes,  et  derechef  entrèrent  pour 
communiquer  sur  les  douze  heures. 

Ledit  visconte  de  Turene  fust  commandé 
estre  couvert  et  assis  et  se  mit  jogniaiit  le  s' 
de  Clermout,  qui  est  le  dernier.  Lesdicts  s" 
conseillers  tous  assis  d'ung  cousté  après  la 
Reyne. 

Es  dictes  deux  séances  feurent  débatus  les 
neuf  premiers  articles,  y  en  y  ayant  xxxvi  au 
cayer.  Et  parce  que  sont  les  principanlx  et 
qu'à  peu  près  feurent  résolus  et  accordés,  l'on 
tient  pour  certain  que  ladicte  assemblée  réus- 
sira et  que  l'on  aura  la  paix. 

Par  lesdicts  neuf  articles  l'on  a  traicté  de 
la  reddition  des  villes,  de  l'asseurance  que 
Sa  Majesté  donnera  à  ceuix  de  la  religion  pré- 
tendue de  l'establissement  de  la  justice,  du 
lieu  pour  la  chambre,  de  la  pugnition  des 
voleries  et  aultres  délicls,  comme  despuy  est 
l'ecdict. 

L'on  pense  que  Sa  Majesté  leur  laissera  deux 
villes  oultre  les  réservées,  et  fera  vuyder  toutes 
garuisons  d'ung  j)arty  et  d'aullre. 

Us  veulent  la  chambre  à  Réziers  ou  Lavaur, 
et  la  Reyne  la  leur  accorde  à  Nismes,  Mon- 
tauban  ou  Castres;  et,  sur  le  différent  d'eslre 
mi-parti ,  ont  esté  nommés  deux  conseillers  de 
ladicte  religion  prétendue,  le  s'  de  la  Marce- 
lière,  jadis  conseiller  au  grand  conseil,  et 
ung  conseiller  de  Paris  :  aiusin  y  auroit 
huict  catholicques  et  six  conseillers  de  la 
Religion, 

Sur  ce  qu'ils  ont  demandé  ung  siège  de  sé- 
néchal à  Castres,  pour  intimer  les  procès  cri- 
minels, a  esté  faicte  ouverture  que  èsdictes 
sénéchaucées  du  ressort,  ladicte  instruction 
se  fera  contre  lesdicts  de  la  Religion  préve- 
nus, prins  ung  adjoinct  de  leur  party. 

Ils  demandoient  que  la  chambre  leur  feust 
perpétuelle;  ce  que  ne  leur  a  esté  accordé. 
•  56. 


àlti 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


IjI's  fli'iTclz  m  IVncntilrc  dos  pré\('uus  el  iii- 
fr-nrlours  de  la  [iai\  sfi'oul  exécutés  par  les 
consuls  el  aultres  ayani  charge  de  la  police 
des  villes  dans  xxijii  heures,  aultrement  ies- 
dicts  seront  tenus  d'en  respondre  en  leur  nom 
propre. 

Tous  d'unf;-  jiarty  et  d'aultre  siutirent  fort 
ayses  envyron  les  quatre  heures,  et  s'arres- 
tèrent  sur  l'article  s'il  seioit  permis  à  cculx 
de  ladirte  lielijjion  d'édillier  un  lieu  pour  leur 
exercisse  es  villes  (|u"ils  tiennent. 

La  Ueyne  se  promena  au  jardin  envvidn 
demv  heure  avec  le  ro\  de  Navarre,  el  sur  le 
soir  ledict  s'  |)arla  à  tous  les  dejiputés,  leur 
taisant  entendre  (|u  il  désiroit  d'entretenir 
l'i'dici  de  la  paix  (ju'il  avoit  jure,  (|ue  s'ils  l'ai- 
soient  des  oppiniastres  par  des  reijnestes  inci- 
villes,  il  les  larroil  lialtre  leur  saoul  en  Lan- 
jfuedoc  et  ailleurs,  el  qu'ils  ne  s'attendissent 
poincl  d'en  avoir  aulcunj;  secours. 

Lendemain  dixiesuie,  la  Hevne  list  célébrer 
la  messe  à  se[)t  heures,  el  incontinent  entra  au 
Conseil  :  le  s''  de  Guitrv  leusl  adjousti'  [lour 
neul'viesme  el  entra  avec  lesdicls  deji|)ulés. 

Ils  pourlèrent  letlies  i)alentes  ([ue  le  lioy 
leur  avoit  permis  d'édillier  ung  lieu  pour  leur 
exercisse;  el  continua  lors  le  irsle  des  articles 
par  ordre. 

Le  premier  concernoit  l'inli'rest  particulier 
(les  enl'ans  de  fi'u  l'admirai,  comme  les  articles 
suyvants  ne  regardant  poinct  le  général,  mais 
quelques  particularités  qu'on  estime  fort  aysées 
àappoinrter  el  (jui  ue  donneront  tant  dcpevne 
(jue  lesdicls  neuf  premiers  articles,  sur  le 
débat  desquels  l'on  a  faicl  au  tiie-poil  dans  le 
conseil. 

A  douze  heures  précizement,  la  Revue 
rentra  avec  lesdicts  deppulés,  destjuels  ledict 
s''  de  Guitry  est  poui'  l'Isle-de-France.  Il  en 
y  a  ung  de  mons"'  le  prince  de  Coudé,  el  ung 
ministre  de  Languedoc  nommé  Bérauld,  qui 


avoit  parlé  le  lundy  matin  et  dicl  à  la  Rcyne 
qu'ils  ne  luy  ap[i()urloient  poinct  des  décretz 
par  leur  cnyer,  mais  des  humbles  supplica- 
tions pour  se  maintenir  en  paix  souhz  l'obévs- 
sancc  du  Roy. 

La  Reyne  a  l'aict  parlii mous'' de  Maniquet 
sur  les  quatre  heures,  pour  appourler  les  nou- 
velles au  Roy  de  lout  ce  qui  se  passe;  el  ce 
soir  là  Icust  traicté  jusques  au  xxi'""'  article. 

Lendemain,  mercredi,  la  Reyne  eust  faict 
cellébier  la  messe  entre  six  et  sept  heures;  et 
parce  (|ue  nions''  le  card"'  de  Bourbon  et 
nions'  le  prince  Daiilphin  n'estoienl  encores 
lovés  ,  8a  Majesté  envoya  troys  messagers  jiour 
les  l'aire  liaster,  ensemble  au  s'  do  Pibrac, 
qui  arriva  le  dernier  pour  les  occupations 
que  la  Reyne  luy  aM)il  coiniiiaiuléc's. 

Après  que  tous  l'eurent  entrés  au  conseil, 
les  deppulés  niandi's  venir  demeurèrent  à  l'an- 
licliambre  une  grosse  heure,  cependant  que 
la  Revue  |)ieiioit  advis  sur  les  articles  (|ui  ros- 
loient  à  débatre;  el  ce  feiist  cause  que  la  con- 
l'éience  tint  jusipies  à  unze  heures;  el  ceste 
matiiii'e  ne  l'eurent  débattis  (|uc  trois  arti- 
cles, qui  siMll  les  deux  tiers. 

A  une  heure  précisément,  l'entrèrent  pour 
conférer;  et  parce  que  les  cinq  premiers  ar- 
ticles des  douze  reslans  n'avoienl  aulcune  dif- 
liiult(',  il  l'ouï-t  mis  lin  au  eayer,  et  ne  sor- 
tirent ]us(|ues  à  cinq  heures. 

Le  s''  de  Valence  sy  trouva  mal,  el  luy  leusl 
appourlé  du  vin  pour  l'aire  collation;  mais  le 
s'  de  Foix  leusl  consirainct  de  sortir  sur  les 
quatre  heures,  pour  une  dessente  de  rhume, 
se  mit  dans  le  lict,  incontinent  qui  leusl  à 
son  logis. 

A  cesle  assemblée  feusl  résolu  l'impunité 
de  tous  les  crimes  el  excès  despuis  ledict,  qui 
ne  pourront  eslre  poursuyvis  civillemenl  ne  en 
aultre  manière  que  ce  soil,  pour  ensepvellir 
la  mémoire  de  tout  le  passé  :  sur  (pioy  le  s'' de 


LETTRES  DE  CATH 

Valence  dict  loul  haiill  à  la  Uuyiie  que  tous 
(|ui  consenliroiil  à  ladicto  impunité  estoient 
tlauipnés,  quoy  qu'il  l'eust  de  cest  advis. 

Pour  le  lieu  de  la  Chambre,  lesdicls  dep- 
piités  ont  demandé  Lisle-d'Albigeois,  là  oîi 
Texercisse  leur  est  ])einiis  par  lédict.  Et  ny 
a  que  la  Reyne  seulle  qui  y  résiste,  désirant 
la  mectre  à  une  des  villes  qu'ils  tiennent. 
Toutesfois  l'on  croict  que  Sa  Majesté  s'accor- 
dera. 

L'on  ne  peut  convenir  sur  l'article  de  la 
reddition  des  villes  :  en  quoy  lesdicls  dep- 
pute's  font  fort  les  oppiniaslres,  et  l'on  a 
remis  au  lendemain  pour  adviser  tous  les 
moiens  possibles  de  s'en  accorder  :  et  à  ceste 
cause  ne  doibvent  poinct  s'assembler  de  toute 
la  matinée. 

La  Reyne  avoit  dict  à  l'issue  de  son  disner 
que,  quoy  (|u"il  fcust,  elle  feuroit  la  paix,  et 
qu'il  faisoit  besoinjj  que  Sa  Majesté  eust  plus 
de  soini;  du  pouvre  publeque  non  pas  lesdicts 
depputés.  Et  ce  propos  feust  dict  tout  bauit, 
parlant  à  deux  gentilshommes,  comme  Sa  Ma- 
jesté entroit  à  la  chambre. 

Judy  xn",  la  Reyne,  après  la  messe,  des- 
sendit  au  parc,  parcequ'il  faisoit  beau  temps 
et  y  demeura  jusques  envyron  neuf  heures; 
et  après  vint  trouver  les  s"  du  Conseil ,  qui 
esloieut  assemblés  pour  traicter  d'aulcunes  af- 
faires particulières,  qui  l'eurent  interrompues 
et  remises  à  la  venue  de  la  Reyne,  pour  con- 
tinuer le  traicté  des  affaires  publicques. 

Dès  que  Sa  Majesté  entra  audict  Conseil,  y 
voiantles''de  l'ibrac,  luy  dict  :  «Et  quoy!  ne 
vous  estes  vous  poinct  assemblés  en  la  Chambre 
du  roy  de  Navarre  mon  fils?»  C'estoit  pour  la 
résolution  prinse  le  mecredy  au  soir  que  le 
s'  de  Pibrac  avec  tous  les  depputés  s'assemble- 
roient  ladicte  matinée  chez  le  roy  de  Navarre, 
pour  récapituler  tous  les  articles  du  cayer  et 
faire  entendre  tout  ce  en  quoy  Sa  Majesté  en- 


ERINE  DE  MEDICIS.  4-'i5 

lendoit  s'eslargir  pour  le  repos  public(]ue.  Le- 
dicl  «"■  de  Pibrac  luy  fist  responce  (|u  il  ii'at- 
tendoil  sinon  qu'on  le  mandast  (juérir;  et, 
parceque  le  roy  de  Navarre  estoit  coustumier 
de  veiller  jus(]ues  à  une  et  deux  heures  après 
minuict  et  de  se  lever  tard,  il  ne  feust  rien 
faict  de  ladicte  matinée. 

Après  disner  ledict  s''  de  Pibrac,  avec  tous 
lesdicts  depputés,  entrèrent  au  cabinet  dudict 
roy  de  Navarre  pour  faire  ladicte  récappitu- 
iation,  et  feust  traicté  de  tous  les  articles  fort 
paysiblement  et  au  contentement  desdicls 
depputés  jusques  à  l'article  de  la  reddition  des 
villes;  en  débatant  lequel,  l'on  fist  grande  con- 
testation et  crierie;  et  tous  lesdicts  depputés 
persévérèrent  résolus  en  leurs  oppinions,  si 
bien  que,  s'estans  desparlis  sans  rien  faire, 
aulcuns  d'entre  eux  admiroient  la  patience  et 
modération  dudict  s''  de  Pibrac,  et  au  con- 
traire blasmoienl  l'insolence  de  leurs  compa- 
gnons, disans  que,  sy  au  cabinet  de  la  Reyne 
Ion  les  eust  ainsin  traictés,  ils  se  feussent  in- 
continent despartis  pour  s'en  retourner  eu 
leurs  maisons. 

Ladicte  après-disnée,  la  Reyne  feust  au 
Conseil  jusques  à  quatre  heures,  et  advertie 
que  ledict  s''  de  Pibrac  n'avoit  peu  gaigner  la 
reddition  des  villes,  Sa  Majesté  dict  se  vou- 
loir despartir  de  ladicte  ville  de  Nérac,  le 
sabmedy  de  malin,  pour  retourner  au  Port- 
Saincle-Marie.  Toutesfois  il  feust  advisé  sur 
le  soir  que  le  lendemain  lesdicts  depputés 
rendroient  responce  à  Sa  Majesté  de  ce  qu'ils 
entendoient  de  faire  sur  ladicte  contention. 

La  principalle  occasion  qui  les  meust  à  ne 
rendre  les  villes,  c'est  qu'ils  disent  l'écdict 
n'estre  encores  exécuté,  singulièrement  que  le 
roy  de  Navarre  n'est  rendu  jouyssant  de  son 
gouvernement  de  Guyenne.  Et  sur  ce,  ledict 
s"'  de  Pibrac  auroit  proposé  que  ledict  s'  roy 
print  aulcuns  conseillers   catholicques,   pour 


446  LETTRES  DE  CATH 

traicter  avec  leur  advis  les  affaires  de  la 
Guyenne;  mais  lesdicts  n'en  voulurent  ouyr 
parler. 

Lendemain  veudredy,  la  Reyue,  estant  de 
retour  de  l'esbat  au  dedans  le  parc,  entra  au 
Conseil;  et  le  s'  de  Pibrac  fist  deux  voiaiges 
par  devers  le  roy  de  Navarre,  qui  ne  se  leva 
qu'envyron  les  dix  heures. 

Lorsque  la  Reyne  sortoit  de  disner,  ledict 
s'^  roy  de  Navarre  la  vint  treuver  et  entre- 
tenir à  Tanlichambre  avec  la  reyne  et  prin- 
cesse de  Navarre,  en  attendant  que  les  s"  du 
Conseil  eussent  disnë,  lesquels  revenus  au 
chasteau,  comme  la  Reyne  entroit  en  Conseil, 
le  roy  de  Navarre  s'en  ala  disner;  et,  envy- 
ron  une  heure  après,  le  visconte  de  Turene 
avec  sept  gentilhommes,  sans  qu'il  y  eust  aul- 
cung  de  robe  longue,  entra  audicl  Conseil  pour 
présenter  à  Sa  Majesté  par  escript  la  résolu- 
tion qu'ils  avoient  prinse  sur  l'article  de  la 
i-eddition  des  villes. 

Ils  disoient  que,  sy  le  Roy  leur  vouloit  as- 
seurer  leurs  personnes  par  une  bonne  paix, 
Sa  Majesté  ne  les  debvoit  presser  de  quicter 
aulcune  ville,  offrant  de  respondre  de  leurs 
vies  que  les  ecclésiasticques  et  les  catbolic- 
ques  y  seroient  receus  et  traictés  doulcement. 
Le  commerces  eroit  libre  pour  tous,  et  les  tailles 
et  aultres  debvoirs  entièrement  payés  au  Roy. 

Que  ce  n'estoit  pour  les  retenir  six  ans 
comme  les  villes  réformées,  mais  jusqu'à  ce 
que  l'édict  soit  entièrement  exécuté  et  la  paix 
establie  au  païs  de  Languedoc;  que  le  passé 
les  faisoit  sages  à  conserver  leurs  vies,mesme 
qu'aulx  Estats-généraulx  tenus  à  Bloys,  le 
Roy  avoit  faict  serment,  en  révocquant  tous 
les  édicts  de  la  paix,  de  ne  faire  plus  aul- 
cung  traicté  avec  ceulx  de  la  Religion.  Et  que 
s'il  advenoit  qu'il  en  fist,  il  déclaroit  n'en 
avoyr  voluaté  ne  intention  de  garder  aulcung 
serment  qu'il  fairoit  pour  cest  effect. 


ERINE  DE  MEDICIS. 

Aussy  lesdicts  depputés  ont  proposé  la 
frairie  du  Sainct-Esprit,  en  laquelle  l'on  jure 
solempnellement  de  prendre  les  armes  contre 
ceulx  de  ladicte  Religion  et  de  ne  recepvoir 
aulcung  confrère  dudict  party. 

Ladicte  après-disnée  a  esté  longuement  dé- 
batu  de  la  reddition  des  villes  et  faict  ouver- 
ture de  plusieurs  moyens  pour  l'asseurance 
desdicls  de  la  religion  prétendue,  lesquels  sor- 
tirent fort  aises  de  la  responce  de  la  Reyne. 
Et  ne  parle-t-on  plus  de  s'en  aller,  mais  de  ré- 
souldre  la  paix. 

La  reyne  de  Navarre  demeura  au  Conseil 
ladicte  après-disnée  et  au  sortir  dessendit  au 
parc,  pour  veoir  courre  la  bague  au  roy  son 
mary  et  aux  aultres  s"  de  la  suitte,  cependant 
que  la  Reyne  mère  estoit  à  vespres. 

Le  s''  de  Fontenilles,  ne  pouvant  donner 
dedans  la  bague,  dict  tout  hault  en  gascon 
que  quelque  ministre  l'avoit  enchanté,  qu'il 
ne  sçavoit  oi^i  se  vouer,  parce  que  dans  Nérac 
n'y  avoit  aulcung  sainct  ni  saincte,  les  églizes 
estant  toutes  abatues. 

Surlesoir,  aupoinctdusoupperdelaReyne, 
les  depputés  se  présentèrent  à  Sa  Majesté 
pour  demander  conger,  faisant  la  mine  d'eslrc 
mal  contens  des  moiens  proposés  pour  leurs 
asseurances,  entre  lesquels  faist  l'ung  que 
s'ils  craignoient  que  les  catholicques  rentrés 
dans  les  villes  qu'ils  tiennent  y  l'eussent  les 
plus  forts  pour  les  tirer  dehors.  Sa  Majesté 
commanderoit  que  lesdictes  villes  l'eussent 
desmantellées  pour  leur  ouster  toute  des- 
fiance. 

La  Reyne  mère  feust  indignée  qu'on  de- 
mandast  conged,  et  leur  parla  royallement  et 
bien  hault,  jusques  à  leur  dire  que  les  feroit 
tous  pendre  comme  rebelles;  sur  quoy  la 
reyne  de  Navarre  se  mist  en  debvoir  d'ap- 
paiser  le  tout,  raesme  plura,  suppliant  Sa  Ma- 
jesté de  leur  donner  la  paix. 


LETTRES  DE  CATHE 

Lendemain  xiiii"",  le  roy  de  Navarre  so 
trouva  au  ilisner  de  la  Reyne,  et  Icuroiil  bien 
en  propos  deux  grosses  heures,  là  où  tous  les 
s"  du  privé  Conseil  feurent  appelés  avec  le  seul 
viscoiitc  de  Turene  de  Taullre  party.  Et  n'y 
fpust  rien  résolu  pour  lesdictes  asseurances. 
La  Reyne  en  disnant  diot  à  un  gentilhomme 
que  Ton  ne  faisoil  rien  de  la  coalérence,  ains 
quelle  avoit  perdu  toute  sa  peyne  et  que  l'on 
s'estoit  mocqué  d'elle;  (|ue  lesdicts  de  la  Reli- 
gion sravoient  très  bien  que  le  Roy  ne  leur 
mectroit  aulcunes  garnisons  pour  le  peu  de 
moien  qu'il  en  avoit,  et  parloit  de  s'acheminer 
en  Languedoc. 

La  reyne  de  Navarre,  à  la  fin  de  la  messe 
qui  feust  dicte  eu  la  chappelle  du  parc,  pria 
mess"  le  card"'  de  Rourbon  et  prince  Daul- 
phin  de  tenir  la  uiain  que  le  roy  son  mary 
feust  content  :  à  quoy  respondirent  que  l'é- 
dict  avoit  esté  juré  d'une  part  et  d'aultre,  que 
c'estoit  au  Roy  seul  de  l'alteVer. 

Le  s'  de  Guytry  parla  avec  la  Reyne  à  son 
disner  que  ceulx  de  son  party  ne  demandoient 
les  villes  que  jusqu'à  ce  que  l'exécution  de 
l'édict  feust  faicte,  pour  la  detfiance  qu'ils 
ont  que  les  cours  de  Parlemens  et  gouver- 
neurs des  Provinces  soient  les  premiers  in- 
fracteurs  de  la  paix,  au  premier  advantaige  qui 
se  présentera  :  à  quoy  la  Reyne  feist  response 
esmeue  et  comme  par  collère  que  les  miuis- 
ti-es  leur  preschoient  ladicte  deffiance  et  em- 
peschoicnt  la  paix,  eulx  qui  ne  vont  poinct  à 
la  guerre,  sont  cause  de  la  mort  de  la  no- 
blesse de  France,  qu'on  les  y  devoit  faire  aller 
et  les  mcctre  au  premier  rang  comme  les 
Suisses. 

Que  les  gentilshommes  font  très  mal  de  les 
croyre  s'ils  pensent  de  s'agrandir  par  ce  bout 
là,  car  ils  demeureront  cul  en  terre  entre 
deux  selles,  comme  l'on  dici  ;  qu'il  ne  fault 
prendre  prétexte  de  ce  que  les  courts  de  Par- 


RINE   DE  MÉDICIS.  M7 

lemenls  et  gouverneurs  ont  faict  durant  la  mi- 
norité du  Hov,  (|ui  n'est  plus  enfant,  et  s'en 
fera  croire  à  bon  essianl. 

Ledict  s''  de  Guytry  qui,  quoy  (ju'il  feust  de 
la  religion  prétendue,  il  estoit  natural  fran- 
coys,  très  affectionné  au  service  du  Roy,  et 
encore  plus  pour  avoir  mesme  intention  que 
son  m"  le  roy  de  Navarre,  duquel  Sa  Majesté 
se  pouvoit  fier,  que  n'y  avoit  faulte  de  bonne 
espérance  de  paix  parceque  tous  les  dcpputés 
conféroient  à  ladicte  heure  avec  le  roy  de 
Navarre  dans  sa  chambre,  qu'il  s'attendoit 
que  Sa  Majesté  dcmeureroit  contente  de  leur 
response. 

La  Reyne  rcprint  le  mot  de  se  fier  au  roy 
de  Navarre.  rOuy,  dict-elle,  je  m'en  fie,  car 
sans  cella  je  ne  serois  venue  à  Nérac,  comme 
j'ay  faict,  avec  mon  conseil;  et  feurent  dictz 
beaucoup  d'aultres  propos  avec  grande  majesté 
royalle.  Le  vendrcdy  au  soir,  estant  arrivé 
un  corrier  que  la  ville  de  Reaucaire  estoit  à 
la  dévotion  du  Roy,  ensemble  le  chasteau  es 
mains  de  monseigneur  le  mar"'  de  Dauipville, 
et  que  mons"'  le  Grand  Prieur  de  France  s'en 
venoit  treuver  la  Reyne,  lesdicts  depputés 
feurent  longuement  avec  le  roy  de  Navarjc, 
qui  ne  se  mist  à  table  jusques  à  une  heure 
après  midy.  Sur  les  deux  heures,  vinrent 
treuver  la  Reyne  au  Conseil  en  nombre  de 
six,  oh  estoient  ceulx  de  robe  longue  et  pas 
ung  geutilliomme. 

Là  feust  longuement  débatu  sur  les  moiens 
de  la  reddition  des  villes,  et  ne  feust  possible 
esbranler  lesdictz  depputés  de  leur  advis  qu'ils 
n'eussent  toutes  les  villes  qu'ils  tiennent  en 
leur  dévotion  pour  six  moys,  en  attendant 
l'entière  exécution  de  l'édict,  quoy  que  la 
Reyne  leur  offrit  de  ne  mectre  poinct  garnison 
en  aulcune  des  villes  qu'ils  rendroient;  et  là 
où  le  nombre  des  catholicques  seroit  plus 
grand,  leur  feroil  bailler  pour  ostages  six  en- 


vw 


LETTRES   DE   CATH 


fans  (les  plus  riches  liabilaiis  iriccllc.  iiipsiiips 
(lui'  la  licyiio  so  coiilcnloil,  de  ieiir  laisser 
toutes  les  \iiles  jiis([iies  à  in  teste  S'-Jeaii ,  (jue 
Sa  Majesté  aiiroit  i'aici  eM'Culer  l'édicl.  IM . 
aiirès  loiijjiie  allerqiialinn,  se  séparèieiit  sans 
liiMi  r('s(niiilre,  parce  (|n"ils  (leinaiidnient  (|ii(> 
le  lii>v  leur  eiilrelinl  la  garnison  de  liiiicl  cens 
lioninies  pniii'  les  des]iarlir  es  villes  pins  loi- 
Ides.  Eendeinain  dimanche  ipiin/iesiiie,  ies- 
dicls  de  la  Uelijjion  tindrenl  conseil  en  la 
chambre  dn  rov  de  \avarre  cl  le  matin  el 
i'aprcs  disner.  l'J  pai'  i'('Solnli(iii  Icust  con- 
clud  de  ne  se  des|iarlir  des  \illes  (ju'a[)rès  Ic- 
dict  temps  de  six  niovs  que  riHlicI  seroit  exé- 
cute. Suripioy  dressèrent  ronionslrances  à  la 
Ik'Viie,  niesnies  qu'ils  ne  jxnivoient  accepter 
l'ollre  des  oslages,  à  cause  (pii>  les  catli(dic- 
(]ues  en  se  saisissant  de  ceulx  de  leni'  parly, 
là  où  se  tiouveroient  plus  forts,  leroienl 
rendre  les  oslages.  Et  environ  lescin(|  heiiivs 
du  soii-,  ju-i'senlèreni  en  escii])t  lesdictes  re- 
monslrances  à  la  lieyne,  déclarant  (|u'ils  se 
contenloient  de  cinq  cents  hommes  pour  les 
garnisons,  (|ue  le  lîoy  ni  le  pnhie  ne  paye- 
ront poinci,  mais  (ju'on  prendroit  les  deniers 
des  salins. 

La  iîevne  avoil  desjà  commandé  (rajires- 
ter  son  disner  lendemain  aux  religieuses  du 
Paradis  ]U'ès  le  l'ort-S"- Marie,  lonleslToys 
manda  qn('rir  après  soupper  tous  les  consed- 
lers  de  son  (ionseil.  pour  faire  la  ilernière  n-- 
solnlion,  cl  ce  à  fin^tanle  pi  lèri'  de  la  reyne 
de  Navarre,  (jui  se  |ièue  heauconp  pour  veoir 
les  derniers  accoids. 

Lesdicts  s"  conseillers  demeurèrenl  )usques 
enlic  dix  el  nn/.e  en  la  chambre  de  la  Heyne, 


ERINE   DE   MLDICIS. 

où  les  rov  et  revue  de  Navarre  l'eurent  ]M('- 
senls.  El  leusl  advizé  d'accorder  lesdits  six 
movs,  pourveu  (jue  la  condition  d'exécuter 
l'édict  ne  feusl  treuvée  impossible,  d'autant 
que  sur  lailicte  exécution  ils  faisoienl  des  de- 
mandes ipie  le  l{o\  ne  pouvoit  effectner. 
comme  de  rendre  le  gouvernement  de  Picardie 
au  ]irince  de  Condé  el  faire  presches  de  la 
Loyre.  El  pour  le  reg'ard  ilu  gouveruemeul  de 
(iuyenne  pour  le  roy  de  Navarre,  fenst  laide 
ouverture  de  plusieurs  moyens;  ce  qui  leusl 
cause  (pi'à  luiuuicl  la  Reyne  changea  d'advis 
pour  ne  se  desjiarlir  de  Niuac  le  lendemain 
malin,  mais  (|u"ou  dilïéri'roil  au  mecredy  siiy- 
vanl. 

Le  luudv  \vi"",  apiès  la  messe,  la  Reyne 
s'enferma  an  (louseil  entre  sept  et  huici 
bénies,  où  le  roy  de  Navarre  fenst  présent, 
avec  tous  les  dejiputi's  et  no  sorlireut  qu'en- 
vvron  les  douze  heures.  Et  lors  l'arlii-le  de  la 
reddiliim  des  villes  feusl  sy  longuement  dé- 
balu,  ([ue  la  Reyne  ayant  laid  déclaration  de 
.ses  dernières  intenlions,  lesdicls  depputés 
jirindreul  délav  jusques  ii  deux  lieures  jjour 
luy  faire  respouse.  El  parce  qu'ils  sortirent 
très  contens,  l'on  tient  pour  asseuré  (jue  l'on 
demeurera  d'accord  dudict  ailicle,  ne  restant 
des  aullres  arti(des  aulcune  chose  sans  avoyr 
esti'  accordé,  au  coutenlemeut  d'ung  parly  et 
d'à \d  Ire. 

La  Revue  dici  à  son  disner  (|ue  Sa  Ma- 
jesté avoit  grand  asseurance  de  n'avoyi-  |)ei-du 
sa  peyne  el  que  l'on  luy  i-endroil  fort  bonne 
response,  sy  bien  (jue,  ledict  lundy  au  soir 
ou  au  |)lus  loing  dans  le  lendemain.  Ton  sçust 
le  faici  ne  faillir. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


4ù9 


XXIX 


ALTUE   DISCOURS   DE   CE   QUI   S'EST   PASSE   A    LA   CONFElil-NCE    DE   NEUAC 


Depuis  environ  sept  mois  qu'il  y  a  que  la 
royne,  mère  du  Roy,  est  en  ce  pais,  oii  elle 
est  venue  pour  conduire  et  amener  la  royne 
de  Navarre  sa  fille  en  son  mesnaige,  elle  n'a 
obmis  aucune  chose  qu'elle  ayt   pou  penser 
pouvoir  servir  et  ayder  à  paciHier  les  troubles 
et  divisions  qu'elle  a  trouvez  en  cedit  païs 
aussy   grandz    et    beaucoup    plus   dangereux 
qu'ils  n'estoient  durant  le  fort  de  la  guerre, 
ayant  ladicto  dame  royne  parlé  en  divers  en- 
droitz  et  sénéchaucëes  à  la  noblesse  qui  l'est 
venu  Irouver   à  diverses   l'ois;  passant   aussy 
par  les  villes,   elle  n'a  rien  oublye'  de  fout  ro 
qui  se  peult  pour  induire  tous  les  subjeclz  du 
Roy,  tant  de  l'une  que  de  l'aultre  relligion,  à 
vivre  en  paix  et  union  les  ungs  avec  les  aul- 
tres  suivant  le  dernier  édit  de  pacilTication; 
et  avoit  aussy  ladicle  dame  royne,  par  la  très 
grande   patience    qu'elle    a    eue,    tellement 
remis   par  bonnes   remonstrances  et  exorta- 
tions  le  roy  de  Navarre  et  ceulxde  la  relligion 
])rétendue   rèforme'e  sur  les  desfiances  qu'ilz 
disoient  avoii-,  (ju'elle  les  feit  condescendre  à 
faire  une  conférance  pour  regarder  aux  moiens 
de  l'exe'cution  de  l'édit,  et  se  devoit-on  assem- 
bler en  i'Isle-en-Jourdain;  mais,  après   que 
lesdilsde  la  Relligion  eurent  faict  longuement 
attendre  ladicle  dame  royne,  ilz  s'excuzèrent 
(pie  leurs  députez  ne  voulloient  aller  audit 
lieu  de  Tlsle-en-Jourdain  et  dévoient  adviser 
de  quelque  aullre  lieu,  à  Auch,  où  ladicle 
dame  royne  séjourna  quelque  temps,  pendant 
lequel  ledit  s"^  roy  de  Navarre  la  venoit  veoir 


de  Gigun,  oi'i  il  esloit  logé,  quazy  tous  les 
jours;  et  sans  la  surprinse  de  la  Réolle,  ville 
de  seureté  à  eulx  baillée  par  ledit  édit,  ladicte 
dame  royne  avoit  espérance  qu'ilz  eussent  en- 
trez beaucoup  plus  tost  qu'ilz  n'ont  fait  en 
ladicle  conférance,  pour  regarder  aux  moiens 
de  l'exécution  de  l'édit  de  paciffication;  mais, 
comme  lesdits  de  la  Relligion  sont  desfians  et 
aizés  ;i  prendre  l'alarme,  sur  la  nouvelle  de 
ladicte  surprinse,  il/,  retardèrent  à  cesle  occa- 
sion les  députez  de  ceulx  de  ladicte  relligion 
de  venir  Irouver  ladicle  dame  royne  et  entrer 
en  conférance,  pour  adviser  et  résouidrc;  les 
moyens  propres  [)our  l'exécution  dudit  édit  : 
de  sorte  que  les  choses  ont  Irainé  jusques  au 
rommancenient  du  mois  de  febvrier  dernier, 
(pie  ladicte  conférance  a  esté  commancée,  et 
en  laquelle  icelle  dame  royne,  ne  vouUanl 
aucunement  innovera  ledit  de  pacilficalion, 
a  esté  longtemps  avant  se  résouldre  sur  les 
demandes  d'iceulx  députez,  qui  esloient  très 
déraisonnables  et  du  tout  scandalleuzes,  la- 
dicte dame  royne  aiant  veu  que  la  dispute  ne 
servoit  que  de  rendre  lesditz  dépuiez  ])lus 
obstinez  en  leur  opinion,  et  que  la  romplure 
nous  aportoil  dès  le  landemain  une  guerre  es 
provinces  de  Guyenne  et  de  Languedoc,  icelle 
dame  royne,  considérant  le  danger  du  temps 
et  la  malice  d'aucuns,  après  avoir  néant- 
moings  faict  tout  ce  qui  se  peult  pour  adoucir 
et  modérer  partye  desdictes  demandes,  comme 
ilz  ont  faict  en  fin,  ainsy  qu'il  s'entendra  cy- 
après. 


'  Bibi.  liai.,  nis.  fr.  3.3  ly,  T  9  r".  —  Voir  p.  a '19  et  a5o,  noio. 

(JATIIKHINE    IlE    MtDlCIS.   H. 


IVI-r.tULMI 


/i50 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Le  principal  différend  estoit  sur  quatre  ar- 
ticles : 

Le  premier  sur  l'exercice  de  la  Relligion, 
(ju'ilz  demandoient  estre  libre  par  tout  le 
royaume  de  France; 

Le  second  sur  la  chambre  de  la  justice, 
qu'ilz  vouloient  aussy  avoir  mi-partye  en  Lan- 
guedoc et  Guyenne; 

Le  troisiesnie  sur  la  rétention  des  villes  et 
places  fortes  en  nombre  de  cinquante -neuf 
pour  six  ans,  avec  garde  de  huict  cens 
hommes,  qu'ilz  voulloient  que  le  Roy  leur 
païast; 

Le  quatriesmo  sur  l'abolition  de  tous  crimes 
et  contraventions  faictes  depuis  la  publication 
de  l'édit  dernier  de  paciflication. 

Pour  le  premier,  la  royne  n'y  a  oncques 
voullu  entendre,  et  feurent  lesdits  députez 
prestz  à  demander  leur  congé;  mais  ilz  ne 
feurent  pas  en  cela  tout  d'ung  accord,  qui  fut 
cause  qu'ilz  se  départirent  dudit  article,  après 
toutesfois  de  très  grandes  contestations  et  re- 
monstrances  que  leur  feit  icelle  dame  royne, 
et  protestations  de  n'y  toucher  aucunement. 

Pour  le  second  poinct  qui  est  de  la  justice, 
ilz  ont  tousjours  protesté  de  ne  passer  plus 
oultre,  si  on  ne  les  asseuroit  que  la  chambre 
fut  mi-partye,  et  maintenoient  qu'elle  estoit 
nécessaire  pour  le  Languedoc  plus  que  pour 
les  aultres  provinces  pour  le  grant  nombre 
qu'il  y  a  de  ceulx  de  ladicte  relligion  et  pour 
l'inimityc  qu'ilz  dient  estre  plus  que  capitalle 
entre  eulx  et  les  catholicques. 

Cest  article  fut  aussy  encores  disputté  plu- 
sieurs fois  avec  tant  d'aigreur  et  de  véhé- 
mence par  eulx  et  par  nous,  que  l'on  se  dé- 
partist   pour   ceste  occasion   avec   rompture. 

Le  troisiesnie  article,  c'est  la  demande 
qu'ilz  fuirent  de  cinquante-neuf  villes  qu'ilz 
voulloient  retenir  pour  six  ans;  et  encores  que 
telle  demande  fust  si  injuste  et  déraisonnable 


qu'elle  ne  méritoit  aucune  responce,  toutesfois 
la  royne,  avec  une  grande  patience  et  douce 
remonstrance,  essaya  de  rendre  capables  ces- 
dits  députez  de  l'injustice  de  leur  cause;  mais 
elle  ne  sceust  tant  faire  que  la  dispulte  ne  fusl 
aussy  aigre  et  violente  qu'au  précédent  article; 
et  fut  la  conférance  encores  une  aultre  fois 
rompue. 

Le  quatriesme  article,  c'est  l'abolition  de 
tant  de  mauvais  et  infâmes  actes,  commis  de- 
puis l'édit  de  paciffication,  laquelle  ladicte 
dame  ne  voullust  en  aucune  façon  accorder, 
par  ce  qu'il  est  certain  qu'une  telle  et  si  scan- 
dalleuze  impunité  serviroit  d'exemple  à  tous 
les  meschans  et  volleurs,  qui  pour  leur  avarice 
vouldroient  par  cy-après  troubler  Testât  et  le 
repos  publicq,  ne  cellant  pas  ausdits  de  ia 
Relligion  que  c'estoit  aussy  ung  moyen  d'eux 
fortifîicr  et  attirer  à  eulx  tous  les  volleurs  de 
ce  royaume. 

La  royne  doncq  pour  résouldre  toutes  diffi- 
cultez,  après  avoir  souvent  oy  les  oppinions 
des  princes  et  s"  et  conseillers  du  Conseil 
privé  du  Roy  qui  estoient  près  elle,  considéra 
saigement  et  ballanca  le  bien  et  le  mal  qui 
pouvoit  advenir  des  deux  résolutions,  que  si 
c'estoit  à  la  guerre,  qu'il  estoit  certain  qu'elle 
aportoit  avec  soy  l'entière  ruyne  de  ces  deux 
])rovinces  et  que  peult  estre  le  mal  pénétreroit 
jusques  au  fons  de  tout  ce  royaume.  Ceulï 
qui  avoient  desjà  de  part  et  d'aultre  tant 
iaict  de  mal  s'accoustumeroient  à  désobéyr  au 
Roy,  à  prendre  l'argent  des  tailles  et  droitz 
et  aussy  les  décimes  avec  les  salins,  qui  re- 
viennent ensemble  à  plus  de  \u'  muidz  par 
chascun  an.  Les  écléziasticques  et  les  catlio- 
licjues  pour  leurs  personnes  et  pour  leurs  biens 
demeureroient  en  proie,  et  tant  de  maulx 
exécrables  continueroient;  et  si  bien  l'on  pou- 
voit espérer  quelque  revanche  sur  lesdits  de 
la  Relligion,  ce  n'estoit  pas  remédier  au  mal. 


LETTRES  DE  CATHE 

aucoulrairc  ccsloitl'augmeulci'  tous  les  jours, 
par  ce  que  le  peuple  serait  mal  traicté  et  ti- 
rannizé  des  ungs  et  des  aultres. 

De  Taultre  cosle,  ladicle  daine  royne  et  les- 
dils  princes  et  seigneurs  du  Conseil  metoient 
en  conside'ration  que  reslablissement  de  paix, 
encore  qu'il  se  feist  avec  quelque  longueur  de 
temps  et  rudes  conditions,  néanlmoings  fai- 
soit  cesser  les  meurtres,  les  voleryes  et  tous 
actes  d'hostillité,  remettroit  le  service  divin 
par  tout  selon  l'e'glise  catholique,  apostolique 
et  romaine,  le  Roy  en  son  auclorilé,  ol  sa  jus- 
tice requéroit  par  ce  moien  que  la  paix  et  repos 
seroit,  qui  sont  tous  biens  qu'on  ne  sauroit 
estimer,  rentreroit  le  Roy  en  la  joyssance  des- 
dits xii"  nuiidz  par  an,  qu'il  preudroit  en 
Languedoc  sans  la  Guyenne,  et  ramonoit  soubz 
son  obéissance  plus  de  deux  cens  quarante 
villes  occupées,  remettoil  aussy  en  ce  faisant 
les  écléziasticques  en  la  joyssance  de  leurs 
bénéfices,  et  par  ce  moyen  pourront  payer  les 
décymes,  et  davantaige  les  catholiques  ren- 
treront en  leurs  maisons  et  biens. 

Toutes  ces  considérations  du  bien  et  du  mai 
bien  examinées,  la  royne  print  résolution 
d'accorder  plustost  que  de  rompre,  et  gaigna 
sur  les  députez  de  se  départir  de  l'article  de 
la  religion. 

Et  quant  à  la  chambre  mi-partye  de  Lan- 
guedoc, il  n'a  esté  possible  de  les  faire  départir 
de  leur  requeste,  et  a  esté  ladicte  dame  con- 
traincle  leur  accorder  qu'elle  escriproit  au  Roy 
son  filz,  pour  entendre  de  Sa  Majesté  si  elle 
avoit  agréable  de  leur  accorder  encores  deux 
conseillers  de  la  Religion,  qui  seroient  nom- 
mez par  le  roy  de  Navarre  et  qui  seroient 
agréables  au  Roy,  premier  que  faire  pour- 
veoir. 

Et  pour  le  regard  des  cinquante-neuf  places 
fortes  qu'ilz  voulloient  retenir  pour  six  ans, 
elle  les  a  faict  contenter  que  en  quinze  seuUe- 


UINE  DE  MEDICIS.  'i51 

ment  l'exécution  de  l'édit  sera  dilferé  jus(pics 
à  six  mois;  et  par  ainsy  l'on  gaigne  toutes  les 
villes,  desquelles  ilz  en  rcmecteiil  présonte- 
ni(>nl  î's  mains  du  Roy  ([uan'nte-(]ualre  des- 
dictes cinquante-neuf,  outre  cela  plus  de  cent 
cinquante  d'aultres  par  eulx  détenues;  et  de 
six  ans,  qu'ilz  demandoient  à  les  garder,  elle 
les  a  l'ail  condesendre  à  six  mois;  (mcores  est- 
ce,  à  propreiueul  parler,  y  dillérer  seullemeut 
l'exécution  de  l'édit. 

Pour  les  huict  cens  hommes  qu'ilz  voulloient 
aussy  leurestre  entretenuz,  ladicle  dame  royne 
leur  a  accordé  trente-six  mil  livres  une  fois 
payées  pour  toutes  choses,  qui  reviendroit  à 
plus  de  soixante  mil  livres  par  mois,  si  les  le- 
voient  encores  par  leurs  mains;  ayant  esté 
expressément  accordé  qu'ilz  mectront  èsdictes 
villes  pour  lesdits  six  mois  seullemeut  des 
gentilzhommes  amateurs  de  la  paix,  et  qui 
seront  agréables  au  Roy  et  à  ladicte  dame 
royne,  et  s'obligeront  de  rendre  icelles  villes 
dans  ledit. temps  de  six  mois,  comme  aussy  s'i 
obligera  le  roy  de  Navarre  et  vingt  gentilz- 
hommes principaulx  de  son  party.  Cest  article 
ne  passa  pas  sans  grande  difficulté,  par  ce  que 
ladicte  dame  ne  veult  en  rien  qu'il  soit  louché 
aux  finances  du  Roy;  mais  il  se  trouva  ung 
serviteur  de  Leurs  Majestés  qui  s'obligea  de 
faire  trouver  ladicte  somme,  sans  aucunement 
toucher  ausdictes  finances. 

Et  quant  à  l'article  de  l'abolition,  pour  ce 
([u'il  y  a  aussy  des  catholiques  qui  se  sont  licen- 
tiez  à  mal  comme  les  aultres,  a  esté  accordé, 
avec  les  exeptions  et  restrinctions  contenues 
en  l'édit  et  aultres  fort  preignantes,  niizes 
à  la  fin  des  articles  de  ladicte  conférance. 

Par  ce  moyen  ladicte  dame  n'a  en  v'wn  qui 
soit  altéré  l'édit,  mais  pourveu,  pour  en  ac- 
cellérer  et  facilliter  l'exécution,  laquelle  ne  se 
pourroit  faire  en  ces  deux  provinces  si  em- 
brouillées en  moings  de  six  mois,  et  ce  ipii 

57. 


Û52 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


vient  à  notter,  c'est  qu'elle  n'a  rien  baillé  qui 
est  en  la  puissance  du  Roy,  mais  elle  permet 
pour  peu  de  jours  l'usaige  de  ce  que  l'on  ne 
pourroit  prendre  par  force  qu'avec  longueur  de 
temps,  efl'uzLon  de  sang  et  ruine  de  pais.  El 
quand  bien  l'on  auroit  fout  prest  ce  qui  l'ault 
pour  forcer  lesdictes  villes  et  ennemis,  et 
qu'elle  seroit  asseure'e  d'en  venir  à  bout  dans 
ledit  temps,  encore  vauldroit-il  mieulx  espar- 
gner  la  mort,  l'oppression  et  la  ruyne  de  tant 


de  pauvres  peuples  et  de  beaucoup  de  gens  de 
bien,  d'autant  plus  doncques  doibt-on  dire 
que  ladicte  dame  a  fait  beaucoup  pour  tout  le 
royaume  d'en  sortir  à  sy  bon  marcbe',  et  s'en 
relouiuur  s'il  plaist  à  Dieu  avec  la  béne'diction 
du  peuple,  qui  par  sa  prudence  aura  esté  de- 
livre'  de  la  lyrannye  des  mescbantz,  des  vol- 
leurs  et  de  ceulx  qui  ne  sauront  vivre  que  de 
sang  et  de  la  ruyne  de  ceulx  qui  n'ont  moyen 
de  se  défendre. 


XXX 

RECUEILZ  DES  PROPOS  TENUZ  PAU  LA  ROY^E  MERE  DU  P.OY  À  LA  NOBLESSE  DE  GUYENNE, 
EN  LA  SALLE  DE  L'ÉVESCliÉ  D'AGEN,  LE  V'^  DE  MARS  1579'. 


Messieurs,  il  y  a  cinq  mois-  qu'estant  en 
ce  mesme  lieu,  je  vous  diz  l'occasion  pour  la- 
quelle le  Roy  mon  fdz  m'a  envoyée  en  ce  pais, 
qui  estoit  pour  vous  faire  entendre  sa  bonne 
volonté  envers  vous,  le  désir  qu'il  a  de  raectre 
son  royaume  en  repos,  et  aussy  pour  mener 
ma  fille  au  roy  de  Navarre,  son  niary.  Ce  sera 
la  cause  pour  laquelle  je  ne  vous  rediray  ce 
que  je  vous  dis  lors,  m'asseurant  que  vous  ne 
l'avez  oublyé;  mais  je  vous  diray  qu'après 
avoir  attendu  seize  mois  l'exécution  du  dernier 
édit  de  paciflication ,  en  fin  Dieu  nous  a  faict 
la  grâce  que  par  ceste  conférance  les  dilli- 
cultez,  qui  s'ostoient  présentées  à  icelle  exé- 
cution ,  ont  esté  surmontées  et  toutes  les  choses 
pour  cest  effect  résolues;  en  quoy  vous  n'igno- 
rez poinct  la  peyne  que  j'ay  prinse,  mais  je 
l'estime  bien  peu,  au  regard  du  fruict  que 
j'en  espère  et  de  l'affection  que  j'ay  de  servir 
à  vostre  repos  en  général  et  particullièrement 
à  celluy  d'un  chascun  de  vous.  Il  s'est  passé 


beaucoup  de  choses  qui  m'ont  laid  grand 
mal  au  coeur,  et  désirerois  qu'il  eusl  pieu  à 
Dieu  que  ce  mal  feust  tumbé  sur  moy  seuUe, 
loulesl'ois,  puis  que  le  Roy  le  souffre  pour  la 
seulle  considération  de  vostre  bien,  je  vous 
prye  le  souffrir  avecq  luy,  et  vous  disposer 
tous  d'embrasser  ceste  paix,  laquelle  je  vous 
veux  bien  dire  encores  qu'il  désire  veoir  tant 
establye,  et  son  édit  de  pacillîcation  exécuté, 
qu'il  est  résolu  de  n'y  rien  espaigner  et  si 
bien  chastier  ceulx  qui  y  contreviendront, 
qu'aucun  ne  pourra  demeurer  en  doubte  de 
sa  volunté.  Ce  qu'il  en  fait  n'est  poinct  pour 
luy,  ny  pour  ses  plaisirs,  mais  c'est  pour 
vostre  bien  et  repos.  Ce  n'est  point  aussy  pour 
n'avoir  le  coeur  et  les  moiens  de  se  faire 
obéyr  :  c'est  le  mesme  que  vous  avez  veu  et 
congneu;  estimez  que  s'il  n'a  point  espargné 
sa  propre  personne  pour  le  service  du  feu  Roy 
son  frère,  en  tant  de  batailles  et  hazardz  de 
la  guerre,  dont  vous  estes  tesmoings,  que. 


'  Bit)!,  nat.,  nis.  fr.  SSig,  1^  a6  v°.  —  On  peut  se  reporter  à  la  lettre  de  Catherine  au  roi  du  28  février  1579, 
p.  287,  et  à  la  leUre  du  10  mars,  p.  396  et  note  3. 

^  Voir  à  VAppendice,  p.  898,  le  discours  prononcé  par  la  reine  dans  la  même  salle  en  octobre  1578. 


LKTTRES  DE  GATHK 

mainlciiaiit  qu'il  est  (juostion  ilu  ï-ieu  et  de 
son  cslat,  qu'il  u'ayt  le  luesmc  couraige  et 
([uil  lie  s'asseure  de  la  mcsnie  affection  que 
vous  avez  lousjours  inonirée  avoir  au  bien  de 
cesle  couroiuie;  il  est  prince  catholique  autant 
qu'il  est  possible  de  Testre,  il  veult  conserver 
Tauclorité  que  Dieu  lu  y  a  mise  en  main,  il 
vous  avnie  plus  (pie  soy-mcsnies.  Si  Thonncur 
de  Dieu,  le  bien  de  cesl  eslat  et  vostre  cou- 
servalion  reque'roient  (ju'il  j)rint  la  voye  des 
armes,  il  n'y  reculleroit  poinct;  mais  il  a 
congneu  par  expérience,  et  ung  chascun  l'a 
aussi  peu  veoir,  que  les  armes  n'ont  apporté 
(|U('  mal. 

Il  y  a  plusieurs  lieux  oii  il  n'est  faict  aucune 
mention  de  l'honneur  de  Dieu,  où  le  Roy  n'est 
obéy  ny  recongneu,  le  repos  de  ses  subjectz 
est  troublé  :  il  y  sera  tellement  pourveu  par  la 
paix  que  toutes  choses  pourront  estre  remises 
et  restablyes.  Puisqu'il  a  ceste  vollunté,  je 
ni'asseure  que  vous  vous  y  conformerez  tous, 
tout  ainsy  que  vous  l'avez  suivy  avecq  les  armes, 

Il  vous  a  ordonné  ung  gouverneur  et  lieu- 
tenant-général qui  pourvoierout  à  tout  ce  qui 
sera  nécessaire  :  vous  leur  obéyrez  comme  vous 
savez  qu'il  apartient. 

Ayant  mis  fin  à  ceste  conférance,  je  m'en 
retourne  devers  luy,  je  vous  laisse  le  précieulx 
gaige  que  j'aye,  qui  est  ma  fille,  laquelle  est 
catholique,  et  m'asseure  qu'elle  ne  sera  jamais 
aultre,  m'ayant  Dieu  faict  cesle  grâce  que  tous 
mes  enfans  l'ont  esté  et  le  sont.  Elle  sera  tous- 
jours  protectrice  des  catholiques,  prendra  vos 
affaires  en  main,  et  aura  seing  de  vostre  con- 
servation ;  adressez-vous  à  elle  et  asseurez-vous 
quelle  y  apportera  lout  ce  que  vous  pouriez 
désirer.  En  l'endroit  du  roy  de  Navarre,  son 
marry,  lequel  nous  avons  laissé  en  bonne  vo- 
lunté  à  la  paix  et  avecij  tant  de  démonstration 
de  la  garder  et  maintenir  que  m'asseurant  qu'il 
persévérera  en  cesle  mesme  volunté,  je  vous 


lU.NE  DE  MEDICIS.  453 

prve  le  recongnoistn;  pour  celluy  ()u'il  est, 
et  <|ue  le  lloy  vous  a  ordonné.  Je  vous  laisse 
aussy  monsieur  le  mareschal  de  Biron,  qui 
est  lieutenant-général  du  Roy  en  Guyenne, 
et  pourvoira  à  tout  ce  qu'il  sera  requis  pour 
l'exécution  de  ledit  de  pacilTication,  et  parli- 
culiièrement  à  vostre  conservation.  Il  est  de 
telle  valleur  et  congneu  ])0ur  si  bon  serviteur 
(lu  Hoy,  que  je  m'asseure  que  vous  lui  rendrez 
aussy  l'obéissance  ([ue  vous  devez. 

Pour  la  fin,  je  vous  diray  que  j'ay  congneu 
en  vous  tant  de  bonne  volunté  au  bien  de  ce 
royaulme  et  tant  d'amityé  envers  moy,  pen- 
dant le  bas  aage  de  mes  enfans  et  despuis, 
que  je  ne  vous  oubliray  jamais,  et  que  je  vous 
serviray,  en  général  et  en  parlicuUier,  en  (oui 
ce  que  je  pourray  envers  le  lloy  mon  litz,  m'as- 
seurant que  je  ne  luy  saurois  faire  requesle 
plus  agréable  que  pour  si  bons  serviteurs  que 
vous  luy  estes  tous. 

Monsieur  h  mareschal  de  Biron  parlant  jionr 
la  noblesse  a  responilu  : 

Madame,  ces  gentilzhommes,  très-humbles, 
très-obéissans  et  très-fidelles  serviteurs  et 
subjectz  du  Roy  et  voslres,  m'ont  pryé  et 
chargé  de  vous  dire  (ju'ilz  randent  louenges  à 
Dieu  de  ce  que  luy  a  pieu  avoir  pityé  de  ce 
royaume,  de  nous  donner  la  paix,  et  aussy 
(ju'ilz  vous  rendent  très  humbles  grâces  de  la 
grande  peine  qu'il  vous  a  pieu  prandre  pour 
parvenir  au  dessus  de  cesle  entrcpriiisc,  (pii 
sembloit  estre  impossible;  mais,  par  ce  (jue 
nous  avons  desjà  veu  deux  paix  sans  exécu- 
tion, ilz  vous  suplient  très-humblement  que 
ceste-cy  ne  soit  de  mesmes.  Vous  avez  tous- 
jours  bien  et  heureusement  couduict  cesle 
barque  francoize,  et  s'asseurant  que  Dieu 
vous  fera  ceste  grâce  de  continuer,  en  ([uoy 
nous  vous  offrons  tous  noz  vues  et  nos  moiens 
pour  le  très-humble  service  du  Uoy  et  voslrc. 


llbli 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


La  roMic  a  ri_'[)li('ijuû  ([110  li'  roy  de  Na- 
val ru  avoil  laiit  uiouslré  de  bonne  voliiDlé,  et 
eurures  ce  malin  monsieur  de  Turenne  avoit 
laid  de  si  bonnes  ouvertures  pour  l'entière 


execuliou  de  i'e'dit,  que  s'eslinioit  qu'il  n'en 
falloit  plus  demeurer  en  double  et  qu'un 
cbascun  s'y  devoil  employer  franehemenl  et  de 
bon  coeur. 


XXXI 

COPIE  DE   L'INSTULCTION  AUX  CENTILZHOMMES   DEPUTEZ    POUR    L'EXÉCUTIOX 
DE    L'ÉDICT  DE  LA  CONFERENCE  '. 

3  mars  lâycj. 


Ayant  pieu  à  Dieu  par  sa  saincle  jjrare  el 
bonté  que  la  résolution  de  la  conférence  laide 
à  i\i''rac  enire  la  loyne,  mère  du  Roy,  assistée 
d'aucuns  ])rinces  et  seigneurs  du  Conseil  privé 
(lu  Roy,  el  le  Roy  de  Navaire,  assisté  d'aucuns 
seijjneurs,  genlllzliommes  et  des  dépulez  de 
ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée,  avi 
esté'  fuide  au  bien  de  la  paix,  exe'culion  et 
établissement  du  dernier  édict  de  pacilication, 
faict  ]iar  le  io\  nostre  souverain  seigneur  au 
nioys  de  se|ileiiibie  m  \'  lxvvii,  et  les  articles 
de  ladidc  résolulion,  signez  parladide  dame 
loyue,  mère  du  Roy,  ledit  s"^  rov  de  Navarre 
el  les  de.ssusdils,  il  est  requis  el  nécessaire 
(le  di'puler  de  pari  et  d'autre  [lersonnages  de 
(jualilé,  alïeclionnez  au  bien  du  service  du 
Roy  el  de  la  paix,  lesquelz  feront  observer 
cbacun  selon  les  de'partemens  ijui  leur  seront 
destinez,  ce  qui  sera  cy-après  déclai-é,  tant 
pour  faire  promptement  cesser  tous  actes 
d'boslililé,  remeltre  en  liberté  Ions  prison- 
nier de  guerre  (jue  pour  exécuter  entière- 
ment ledid  édid  dernier  de  [lacilicalion,  et 
aussi  ce  (jui  a  eslé  accordé  en  ladide  confe'- 
rence,  ainsi  qu'il  s'ensuit  : 


Failli  aile 


PRKMIEREMENT. 

à  la  principalle  ville  où  est  le 


siège  de  la  séneschaulcée  el  là  assembler  le 
sénescbal,  s'il  y  est,  le  lieulenanl-général  de 
la  justice,  aucuns  des  principaulx  de  la  no- 
blesse, les  gens  du  Roy  et  les  autres  magistralz 
ou  consulz  et  juralz  des  villes,  el  en  leur  pr(3- 
sence  faire  faire  la  lecture  dudit  dernier  édict 
de  j)acificalion,  leur  faiie  entendre  que,  par 
ladicle  conférence,  l'exécution  el  eslablisse- 
ment  dudit  édict  a  esté  résolue  et  ordonne'e 
el  a  eslé  pourveu  à  toutes  les  diUicullez  qui 
ont  jiis(|ues  icv  retarib-  lailidc  exi'culion  el 
eslablissement  d'icelluy  édict,  et  feront  en- 
tendre la  bonne  et  louable  intention  que  ladide 
dame  royne  a  trouvée  audit  s''  roy  de  Navarre 
au  s('r\ice  du  Rov  el  enlreteneiuent  de  la  paix, 
el  parlant  Sa  Majesté  veult  qu'il  soit  recon- 
gneu  et  obév  comme  gouverneur  et  son  lieu- 
lenant-ge'néral  en  Guyenne. 

Leur  sera  aussi  laid  entendre  (jue  le  Roy 
leur  commande  bien  expressément  de  gar- 
der et  l'aire  garder  icelluy  édict  et  que  des 
contraventions  que  y  seront  faictes,  s'il  n'en 
est  faicle  prompte  pugnilion  el  chastiment, 
Sa  Majesté  s'en  prendra  à  eulx  comme  res- 
ponsables du  préjudice  advenu  et  que  pourra 
advenir  par  négligence  et  connivence. 

Feront  poser  les  armes  à  ung  cbacun,  et  en 
leur  présence  feront  aussi  vuider  tous  cappi- 


'   liilil.  ual.  Ci'iij  renis  de  Cnlhcrl,  11"  3ç)9,  i"  h!io.  —  Voir  plus  liaul,  p.  -290  el  la  note. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


/i55 


laines,  gouverneurs  et  garnisons  de  gens  de 
guerre,  si  aucuns  en  y  a  es  villes,  bourgs, 
chastenux  et  maisons  forlos,  où  iiz  ont  à 
passer,  et  feront  rosser  du  tout  et  en  efïert 
tous  actes  d'hostilité,  apparence  et  marque 
de  guerre. 

Informeront  de  Testât  des  ecclésiastiques 
en  chascune  desdictes  villes  et  lieux,  mande- 
ront lesdits  ecclésiastiques,  ou  leurs  vicaires 
et  recteurs,  venir  à  eulx,  entendront  d'eulx 
s'ilz  sont  empeschez  en  l'exercice  du  service 
divin,  et  particulièrement  par  qui;  s'ilz  jouys- 
sent  de  leurs  maisons,  biens  e(  revcnuz;  et 
s'il  s'en  Irouvoit  qui  fussent  troublez  en  la 
jouyssance  de  leursdils  biens,  lesdits  s"  com- 
missaires sçauront  par  qui  et  depuis  quand  ilz 
leur  sont  détenuz,  et  les  y  feront  réintégrer, 
comme  il  sera  déclaré  cy-après. 

Admonesteront  l'évesque  et  enjoindront  à 
tous  les  aultres  ecclésiastiques  qui  sont  chargez 
de  résidence,  de  venir  incontinent  demeurer 
et  faire  par  eulx  ou  leurs  vicaires  ledit  service 
divin  et  le  reste  du  debvoir  en  leurs  charges, 
à  faulte  de  ce  faire  enjoindront  aux  gens  du 
Roy  de  les  poursuyvre  et  faire  saisir  leur  tem- 
porel, et  fault  expressément  que  ledit  service 
divin  soit  remis  au  lieu  et  en  la  forme  qu'il 
souloit  estre,  si  les  lieux  sont  en  estât  de  le 
pouvoir  faire;  et,  oii  lesdits  lieux  seront  ruynez 
et  desmoliz,  sera  aussi  admonesté  l'évesque 
de  pourveoir  de  lieu  convenable  et  ornemens 
condécens  pour  faire  ledit  service  divin,  sans 
que  lesdits  de  la  religion  prétendue  réformée 
puissent  retenir  aucun  desdits  lieux,  où  ledit 
service  divin  souloit  estre  faict  :  à  quoy  lesdits 
magistratz,  ofliciers,  consulz,  jiiratz  et  habi- 
tans  s'employeront  aussi  et  tiendront  la  main 
fort  exactement. 

Admonesteront  aussy  lesdits  évesques  de 
pourvoir  aux  villaiges  et  parroisses  particu- 
lières de  curez  idoynes  et  suffisans,  et  procédder 


contre  les  non  résidents  par  la  rigueur  des 
concilies  et  voyes  de  droict. 

Va  afin  <\uo  lesdits  ecclésiasiicques  ne  se 
puissent  excuser  sur  le  peu  de  sûreté  qu'il  y 
a  eu  jusques  icy  en  aucunes  desdictes  villes  et 
sur  l'empeschemcnt  de  la  joyssance  de  leurs 
biens  et  revenus,  seront  par  lesdits  s"  com- 
missaires mis  en  la  protection  et  sauvegarde 
sp('ciaie  du  Roy  et  aussy  eu  la  garde  du  séné 
chai,  des  magislras,  consuls,  corps  de  villes 
et  conimunaultez  pour  estre  responsables  et 
en  général  et  en  particulier  des  empesche- 
mcns  au  reslahlissement  du  service  dyvin, 
ensemble  des  injures  et  offences  faictes,  soit 
de  parollesoude  faict  ausdits  ecclésiastiques, et 
pour  le  regard  de  leurs  bi(!ns,  les  détempteurs 
d'iceux  seront  conirainctz  promptemcnt  y  ré- 
intégrer lesdits  eclésiastiques,  et  sera  par  les- 
dits s"  commissaires  enjoinct  de  par  h;  Roy 
il  ses  advocatz  et  procureurs  d'en  faire  dili- 
gemment poursuitte  et  contraincte ,  par  la  voye 
de  l'ordonnance  faicte  à  Amboyse,  les  reffusans 
de  payer  les  dixmes  et  autres  devoirs  ecclé- 
siastiques. 

Et  affin  que  les  curez  des  paroisses  des  vil- 
laiges puissent  seurement  et  librement  aller 
résider  en  leurs  cures,  si  le  seigneur  du  vil- 
iaige  est  de  la  religion  prétendue  relformée,  il 
respondra  de  la  liberté  et  seurettédudit  curé; 
et  où  il  seroit  catholique,  et  la  plupart  des  ha- 
bitans  de  la  Religion,  ce  seront  iceux  habilans 
qui  en  respondront. 

Es  villes  et  lieux  où  l'exercice  de  ladicte 
religion  prétendue  refformée  est  permis  par 
ledirt  édict,  lesdits  s"  commissaires  le  feront 
eslablir,  si  estably  n'y  est,  et  enjoindront  aux 
magistrats,  officiers,  consuls  et  aultres  liabi- 
tans  desdictes  villes  et  lieux  de  ne  troubler  ny 
donner  empcschement  quelconque  audit  exer- 
cice d'icclle  religion  prétendue  reffdrinc'c,  et 
s'il  y  en  avoit  une  qui  leur  fust  détenue,  il 


456 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


luv  seroit  promptement  reslituée,  et  seront 
tous  ceux  de  la  religion  prétendue  refibrniée, 
de  quelque  estât,  qualité'  et  condition  qu'ilz 
soyent,  mis  en  la  spécialle  protection  et  sau- 
vegarde du  Roy  et  en  la  garde  des  magistrats, 
ofBciers,  consulz  et  communaulté  des  villes, 
tout  ainsy  et  en  la  mesme  forme  et  manière 
que  les  catholicqucs,  comme  dessus  est  dict; 
et  leur  sera  pourveu  de  lieux  propres  pour 
faire  leurs  entretenemens,  suyvant  icelluy. 

Tous  les  catholiques  et  aussy  tous  ceux  de 
ladicte  religion  refforme'e  seront  promptement 
remis  en  leurs  maisons  et  biens,  soubz  les 
mesmes  protections  et  deffences  cy- devant 
déclairées  et  portées  par  ledit  e'dict  et  re'so- 
lution  de  ladicte  conférence. 

Iceux  s"  commissaires  feront  partout  re- 
mectre  le  libre  commerce  par  eau  et  par  terre, 
délivrer  et  relaxer  promptement  et  sans  aucun 
retardement  tous  navires,  basleaux,  vaisseaux 
et  marchandises,  avec  inhibitions  et  deffences 
très-expresses  du  Roy  et  à  tous  ses  sugetz  de 
plus  lever,  ny  exiger,  en  quelque  sorte  ou 
manière  que  ce  soit,  aucuns  nouveaux  péages, 
contributions,  susbcides  ny  aultres  levées  de 
deniers  que  par  commission  expresse  du  Roy, 
faisant  punir  et  châtier  rigoureusement  sur 
les  peines  portées  par  ledit  édict  tous  les 
conlrevenans  à  ce  que  dessus  et  à  la  peine  des 
dommages  et  intérestz  des  intéressez. 

Feront  remettre  et  rentrer  les  ofliciers  de 
la  justice  èsdictes  villes  et  lieux,  et  remectront 
aussy  la  sénéchaussée  de  ladicte  justice  es 
lieux  otj  ilz  souloyent  estre  auparavant  l'édict 
suyvant  icelluy. 

Feront  aussy  jurer,  suivant  l'article  soixante 
m""  dudit  édict,  tous  ceux  qui  sont  nommez 


par  ledict  article  et  seront  retenus  actes  dudit 
serment  par  les  greffiers  des  lieux,  dont  les- 
dits  s"  commissaires  rapporteront  ou  envoy- 
ront  à  ladicle  dame  royne  copies  désignées  et 
speciallement  faisant  ledit  serment;  se  dep- 
partiront  les  [uns]  et  les  aultres  du  fout  de 
toutes  ligues  et  associations,  et  renonceront  à 
icelles,  suyvant  le  lvi""  article  de  lédict'. 

Le  semblable  de  ce  que  dessus  se  fera  par 
lesdits  s"  commissaires  es  principales  villes 
des  séneschaucées  et  provinces  où  ilz  sont 
ordonnez  aller;  et,  es  villes  et  lieuz  oii  ilz  ver- 
ront pouvoir  bien  et  aysément  donner  ordre 
sans  y  aller,  manderont  aux  principaux  offi- 
ciers et  consulz  desdictes  villes,  en  leur  en- 
voyant copie  de  ladicte  instruction,  qu'ilz  ayent 
à  entièrement  l'effectuer  en  tous  lesdits  lieux 
en  ce  qui  leur  concernera,  tout  ainsy  que  si 
lesdits  s"  commissaires  y  estoient  eux  mesmes, 
leur  enjoignant  de  leur  envoyer  procès-verbal 
de  ce  qu'ilz  en  ont  faict,  dont  lesdits  commis- 
saires feront  mention  dans  le  leur. 

Iceux  s"  commissaires  par  sur  tout  se  trans- 
porteront en  toutes  les  villes,  citadelles  et 
chasteaux  et  lieux  détenus  par  ceux  de  ladicte 
religion  prétendue  refformée,  qu'ilz  sont  par 
ledit  édict  et  articles  de  ladicte  conférence 
tenus  rendre  et  remettre,  pour  en  iceux  entiè- 
rement exécuter  tout  ce  que  dessus,  et  le  con- 
tenu audit  édict  de  paciÛication,  et  n'en  partir 
qu'ilz  ne  voyent  le  tout  entièrement  effectué 
et  notamment  leur  ferront  deffences  très 
expresses  de  ne  faire  plus  aucunes  formes  de 
gardes,  ains  laisser  les  portes  et  entrées  et 
yssues  desdictes  villes  et  lieux  en  toute  liberté, 
suyvant  le  xxvii""  article  de  ladicte  conl'érance, 
duquel  la  teneur  s'ensuit.  A  esté  aussy  accordé 


'  L'ttédilTj,  c'est  toujours  l'édit  de  Poitiers,  en  soixante-quatre  articles,  donné  par  Henri  III  au  mois  de  sep- 
tembre 1577  et  suivi  de  quarante-huit  articles  secrets,  signés  à  Bergerac,  le  17  septembre,  par  les  représentants  du 
roi  et  les  députés  do  la  religion  l'éformée.  —  Voir  Corps  diplomatique  de  Dumont,  t.  V,  p.  3o9  à  3i  i. 


LETTRES  DE  C  VTHEIUNE  DE  MÉDICIS. 


!\:^l 


par  ladicte  dame  roync  mère  du  Roy,  ledit 
s"  roy  de  Navarre  et  tous  les  dessudits,  que 
loutos  les  villes  et  places  gardées  par  iesdits 
de  la  Religion  seront  remises  au  gouvernement 
de  Guyenne  et  de  Languedoc  au  temps  dé- 
clairé  par  le  préceddent  aiticlc,  et  y  sera  l'édil 
de  paciffiration  entièrement  exécuté,  comme 
aussy,  et  par  mesme  moyen,  les  aultres  villes 
où  les  catolicques  sont  en  plus  grand  nombre, 
sans  qu'il  soit  permis  d'y  mectre  aucune  gar- 
nison de  pari  ne  d'aultre;  ains  demeureront 
les  habitaus  d'icello  de  Tune  et  de  l'aultre 
religion  eu  la  spécialle  sauvegarde  du  Roy 
nostre  souverain  seigneur,  sans  qu'il  soit  loy- 
sible,  sur  peine  de  mort,  de  leur  mesfaire  et 
entreprendre  aucune  chose  contre  leur  liberté 
et  sûreté  desdictes  villes. 

Si  ceux  qui  sont  dans  ces  villes  en  moindre 
nombre  requièrent  que  quelzques-uns  qui  sont 
en  plus  grand  nombre  leur  promettent  qu'il 
ne  leur  sera  mesfaict  en  leurs  personnes  ne 
biens,  seront  à  ceux  qui  en  seront  requis 
tenus  de  ce  faire  et  en  respondre  en  leurs 
propres  et  privez  noms. 

Es  villes  que  iesdits  de  la  relligion  préten- 
due refformée  ont  gardées  depuis  l'édict,  ne 
les  ayant  auparavant  icelluy  édit  tenus,  sera 
redeffendu  rexercice  de  ladicle  religion,  suy- 
vanl  icelluy  édict,  mais  seront  les  habitans 
d'icelle  religion  en  la  liberté,  portée  par  ledit 
édict,  conservez  et  maintenus  comme  dict 
est. 

Et  pour  le  regard  des  villes  de  Baxas, 
Puimirol,  Figeac  et  le  Mur-dc-Barrèsi,  qui 
sont  pour  six  mois  laissées  en  garde  au  roy 
de  Navarre  au  gouvernement  de  Guyenne,  s'y 
transporteront  aussy  Iesdits  s"  commissaires 
et  V  feront  entièrement  exécuter  le  contenu 


en  l'article  xviii"  de  ladlcLc  coiiférance ,  dont 
la  teneur  aussy  ensuict  : 

rtQue  èsdiclos  villes  tous  les  ecclésiasticques 
et  aultres  babitans  catolicques  y  rentreront 
sans  difficulté  et  jouyront  entièrement  de  tous 
leurs  biens  et  fruiclz  en  iceux,  feront  en  icelle 
le  service  divin  selon  l'église  catolicque;  la 
justice  y  sera  aussy  librement  administrée;  les 
deniers  du  Roy  tant  ordinaires  que  extraordi- 
naires seront  levez  et  cueillis;  et  y  sera  au 
demeurant  l'édict  entièrement  gardé  et  obser- 
vé, comme  ensemblement  suyvant  ledit  édict 
sera  faict  pour  le  regard  de  ceux  de  ladicte 
religion  prétendue  refTormée  es  autres  villes 
oi'i  les  catolicques  sont  eu  plus  grand  nombre. 
Et  est  aussy  résolu  que  les  magistralz  et  offi- 
ciers des  villes  tiendront  la  main,  sur  peine 
de  suspencion  de  leurs  offices  pour  la  première 
fois,  et  de  privation  pour  la  seconde,  à  ce  ijue 
dessus,  -n 

Prendront  iceux  s"  commissaires  les  scr- 
mens  particuliers  de  ceux  qui  auront  la  garde 
desdictes  villes  durant  Iesdits  six  mois  qui 
escherront  le  premier  jour  de  septembre  pro- 
chain, et  aussy  de  six  des  principaux  habitans 
desdictes  villes  estans  de  ladicte  religion  j)ré- 
tendue  relTormée,  suivant  les  formes  ({ui  en 
sont  baillées  ausdits  s"  commissaires,  lesquelz 
feront  expédyer  les  actes  autanticques  de  ce 
que  dessus,  qu'il/,  rapporteront  incontinent  à 
ladicte  dame  ro\ne,  mère  du  Roy. 

Et  pour  le  regard  de  Périgueux,  la  Réolle 
et  le  Mas-de-Verdun-,  qui  ont  esté  en  (Juyenne 
baille/,  par  ledit  édict  en  garde  à  ceulx  de  la 
Relligion  pour  six  ans,  Iesdits  s'"  commissaires, 
aussy  chacun  en  leur  regard,  passans  par 
icelles  villes,  feront  assembler  tous  les  habitans 
d'iceiles,   auront  et  entendront  les  plainctes 


vitt.' 


Iij;nn 


ilaiis  les  articli's  do 


'  Bazas,  Piiymiiol,  Figeac  et  Miir-de-Bairez  (.\veyrou);  celte  dernière 
iNérac.  —  Voir  p.  385,  noie  i. 

2  Aujouid'lmi  te  Mas-Grenier  (Tarn-el-Garonne),  arrondissemcnl  de  Casleisanasin,  jirès  Vcrdun-sur-Garoiine. 

58 


Cathebine  de  MtDlClS.  —  n. 


IVPniMEIIie    XATIOtJLE. 


A  58 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


des  oppressions  qu'ilz  reçoyvent  et  des  con- 
travenlions  à  i'e'dict,  y  pourvoiront  proinple- 
ment,  si  possilile  est,  sinon  en  dresseront 
procès-verbal  comme  de  toutes  aultres  choses 
qu'ilz  feront,  et  renvoyront  à  ladicte  dame 
royne,  mère  du  Roy,  et  n'oubliront  de  faire 
réitirer  aux  capitaines  et  gouverneurs  d'icelles 
villes  leur  serment  portez  par  l'article  lxxu""' 
dudit  e'dict  de  pacifEcation,  mesmes  et  par 
exprès  de  n'arrester  aucuns  vaisseaux,  batteaux 
ne  marchandises,  ne  chose  qui  puisse  empes- 
cher  la  navigation  et  commerce  tant  par  eau 
que  par  terre,  comme  il  est  cy-devant  de'ciairé. 

Et  oii,  à  l'exécution  de  ce  que  dessus  il 
seroit  donné  empeschement  ausdits  commis- 
saires de  faiet  ou  de  force,  ladicte  dame  royne, 
mère  du  Roy,  leur  donne  pouvoir,  commission 
et  mandement  spécial,  par  ces  présentes,  de 
déclairer  ceux  qui  feront  ou  donneront  lesdits 
empeschemens,  rebelles  au  Roy,  criminelz  de 
lèze-majesté  et  avoir  encouru  les  peines  por- 
tées et  déclairées  par  le  xxv""  article  de  ladicte 
conférance  dont  la  teneur  ensuict  : 

crEl  pour  ce  faire  seront  tenus  les  gentilz- 
hommes  et  les  habitans  des  villes,  tant  d'une 
religion  que  d'aultre,  d'accompagner  les  gou- 
verneurs et  lieutenans  généraulx  du  Roy  et  les 
ayder  de  leurs  personnaiges  et  moyens,  si  be- 
soing  est,  et  en  sont  requis  pour  faire  réparer 
incontinent  lesdits  attentas;  seront  tenus  les- 
dits gouverneurs  et  lieulenans  généraulx,  en- 
semble les  baillifs  et  sénéchaux,  s'y  employer 
vivement  sans  aucune  remise ,  delay,  ny  excuse , 
et  y  aporter  toute  diliigonce  et  moyens  à  eux 
possibles  pour  la  réparation  desdils  attentas  et 
punition  des  coulpables  par  les  peines  portées 
par  l'édict  ;  et  oultre  a  esté  aussy  résol  u  q  ue  ceux 
qui  feront  aussy  entreprises  sur  villes,  places  et 
chasteaux,  ou  qui  leur  donneront  aydc,  assis- 


tiince,  faveur  ou  conseil,  ou<jui  commettront 
aucun  attentat  contre  et  au  préjudice  de  l'é- 
dict  et  de  tout  ce  que  dessus,  sont  dès  à  pré- 
sent déclairez  criminelz  de  lèze-majesté,  eux 
et  leurs  postérité  infâmes  et  inhabiles  à  jamais 
de  tous  honneurs  et  dignitez  et  successions,  et 
encourus  en  toutes  les  peines  portées  par  les 
loiz  contre  les  criminelz  de  lèze-majesté  au 
premier  chief ,  déclarant  en  oultre  Sa  Majesté 
qu'elle  n'en  donnera  jamais  grâce,  deffendans 
à  ses  secrétaires  de  les  signer,  à  son  chan- 
cellier,  au  garde  des  sceaux  d'en  sceller,  et 
aux  courtz  de  Parlement  d'en  avoir  esgard  à 
l'advenir,  quelques  exprès  et  réitérez  mande- 
mens  que  leur  en  puisse  estre  faiclz.n 

S'il  y  a  aucunes  querelles  particulières  entre 
les  s"  genlilzhommes  ou  aultres,  qui  sont  bien 
souvent  ou  peuvent  estre  cause  de  troubler  le 
repos  que  chacun  doibt  désirer,  lesdits  com- 
missaires, en  passant  par  les  lieux  ovi  ilz  sont 
envoyez,  s'en  acquiteront  et  feront  en  sorte, 
s'il  est  possible,  qu'ilz  composeront  à  l'amyable 
lesdits  diflérens;  sinon,  advertiront  ladicte 
dame  'royne,  mère  du  Roy,  et  luy  escriront  au 
vray  ceux  qui  ont  lesdictes  querelles,  et  ceux 
aussy  qui  s'en  entremetent,  et  pareillement  leur 
advis  du  moyen  qu'il  fauldra  tenir  pouracorder 
telz  différens. 

D'aultant  que  les  villes  et  chasteaux  de 
Saverdun  et  de  Martiac^  ont  esté  naguères  sur- 
prises pendant  ladicte  conférance,  lesdits  s'' 
et  commissaires  sont  très  expressément  chargez 
par  ces  présentes  de  faire  incontinant  remettre 
lesdictes  villes  et  chasteaux  en  Testât  qu'il  est 
porté  parl'édict  de  paciflScation;  et,  si  aucuns 
les  voulovent  empescher  ou  tenir  les  choses 
en  longueur  ou  difficulté,  oultre  qu'ilz  les  dé- 
clareront, comme  dessus  est  dict,  rebelles  et 
désobéissans  au    Roy   et   criminelz  de    lèze- 


'   Saverdun  dans  l'Arioge,  cl  Marciac  dans  le  Gers. 


LETTRES  DE  CATIIEIU.NE  DE  MEDICIS. 


459 


majesté,  il/.  ('iii|il()\roiit  conjoinitiMiient  toutes 
les  forces  et  moyens  qu'il/,  pourront  assem- 
bler, et  feront  en  sorle  (|u  il/  les  couli'Jii'j'nenL 
promptement  (robéyr. 

Et  pour  faire  et  exécuter  ce  que  dessus  au 
Hauit- Armagnac,  Slarae',  Rivière-Verdun, 
conté  de  l'Isle-,  Comminges,  ronlé  de  Foi.\ 
et  ville  de  Pamyers,  le  s''  Fon(enilles,  che- 
valier de  Tordre  du  Roy  et  cappitaine  de  cin- 
quante hommes  d'armes  de  ses  ordonnances, 
est  commis,  ordonné  et  deppulé  par  ces  pré- 


senles.  Et  pouc  aussy  l'aire  et  exécuter  le. 
contenu  en  cesdictes  présentes,  avec  iuy  seront 
aussy  commis,  oidonne/  et  depputez  :  assavoir 
le  s'  de  Corney  pour  ledit  Hault-.\nnaj;nac, 
Starac  et  Rivière-Verdun ',  ie  s'  de  Foiitenilles 
pour  ledit  conté  de  l'Isle,  et  le  s'  du  Soleil 
poui'  lesdits  (lomminges,  conté  de  Foix  et 
ville  de  Pamyers. 

Faict  à  Néi-ar,  Ic^  iiii'  jour  de  mars  i  •>"/[)■ 
Signé  :  Cateiunk. 

Et  plus  bas  :  Pinaiit. 


\X\II 

COMMISSION  DE   CATHERINE   DE  MEDICIS   ET   DE   IlE.Mll,    KOI   DE  NAV.\RRE, 
\  BERTRAND    DE   PARDAILLA.N ,   BAHO.N   DE   lAMOTIlE-GONDRIN ,   ET   AL    SIEUR   DE   BOURROUILLAN  '. 

1  a  février  1579. 


De  par  la  roijne  mère  ihi 

Comme  il  ayt  plu  à  Dieu  donner  si  bonne 
et  heureuse  issue  et  succès  à  la  conférence 
qui  a  esté  faite  pour  parvenir  à  l'entière  exé- 
cution de  l'édit  dernier  de  pacification,  conclu 
au  mois  de  septembre  i577,  entre  la  Royne 
mère  du  Roy  notre  souverain  seigneur,  assistée 
des  princes  et  s"  de  son  conseil  privé  estants 
près  elle,  ie  roy  de  Navarre,  assisté  du  député 
de  monsieur  le  prince  de  Condé,  d'aucuns 
s"  et  gentilshommes  de  ia  religion  prétendue 
réformée,  des  députés  de  ceux  de  ladite  reli- 
gion prétendue  réformée  des  provinces  de 
Guyenne  et  Languedoc,  que  toutes  choses  sont 
à  présent  résolues  pour  le  bien  de  la  paix. 


I\mj  et  le  roy  de  iS'avarrc. 

ladite  dame  Royne  et  ledit  s'  roy  de  Navarre 
ont  ensemble  advisé  que,  cependant  et  atten- 
dant l'arrivée  des  s"  commissaires  ordonnés 
pour  lesdites  provinces,  pour  y  exécuter  entiè- 
rement ledit  édit  et  ce  qui  a  esté  arresté  dans 
ladicte  conférence,  à  quoi  ils  commencerout 
dès  les  premiers  jours  du  mois  de  mars  pro- 
chain ,  ii  estoit  nécessaire  de  couper  prompte- 
ment chemin  aux  désordres,  excès  et  attentats 
qui  se  rommelleut  jouinellement  au  grand 
intérest  et  mépris  de  l'autorité  du  Roy  notre 
souverain  seigneur,  foules  et  oppressions  de 
ses  subjects.  Pour  cet  effet,  ayant  esté  fait 
élection  de  d'aucunes  personnes  paisibles  et 


'  Aftarar,  petit  comli'  siliir'  piilre  rArma,'»iiac ,  le  Bijjorre  (M  la  G.-iscogne. 

'  C'est  le  comté  de  ftle-Jourdain,  en  Armagnac. 

^  Le  pays  de  Rivière-Verdun  était  aussi  un  district  de  l'Armagnac. 

''  Publié  par  la  Revue  de  Gascugne,  t.  VII,  p.  336.  —  C'est  évidemment  llorulh/m  qu'il  faut  écrire.  Le  sieur  <le 
Borolliaii  est  appelé  par  le  roi  de  Navarre  rrgouvernenr  en  mon  Ijas-conilé  d'ArmagiiacTj;  il  était  gentilhomme  de  sa 
Chambre.  —  Voir  Lettres  missives  de  Henri  IV,  t.  1,  p.  65a. 

58. 


460 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


affectionnées  au  bien  des  affaires  et  service 
d'icelluy  S'  Roy,  notre  souverain  seigneur, 
et  au  repos  commun,  ladite  dame  Royne  a 
nommé,  commis  et  député  de  sa  part  le  s'' de 
La  Mothe-Gondrin,  chevalier  de  Tordre  du 
Roy;  et  ledit  s'  roy  de  Navarre,  le  s'  de  Boro- 
Ihan,  auxquels  ils  ont  donné  et  donnent  plein 
pouvoir,  commission  et  mandement ,  spéciale- 
ment par  ces  présentes,  pour  sous  l'autorité 
du  Roy  notre  souverain  seigneur  eux  trans- 
porter et  aller  à  Eauze  '  et  au  jjas-pays  d'Ar- 
maignac,  et  passant  par  les  villes  faire  en- 
tendre aux  conseils  d'icelles  ladite  résolution 
do  l'exécution  dudit  édit  de  pacification,  prise 
à  ladite  conférence,  et  faire  publier,  aux  res- 
sorts de  juridictions  de  ladicte  sénéchaussée, 
es  lieux  accoutumés  à  faire  avis  et  proclama- 
tions publiques,  ce  que  dessus;  commander 
de  par  le  Roy,  notre  souverain  seigneur,  à 
tous  les  subjects  de  vivre  ensemble  désormais 
en  bonne  paix,  union  et  concorde  les  uns 
avec  les  autres  sous  l'observation  de  ses  édits, 
et  par  ce  moyen  faire  cesser  tous  actes  d'hos- 
tilité; assembler  devant  eux  les  capitaines 
gouverneurs  de  ville,  officiers  de  la  justice, 
maires,  consuls,  jurats,  écbevins  et  autres 
qu'il  appartiendra,  pour  entendre  Testât  des- 
diles  villes  et  faire  faire  promptement  ladite 
publication,  afin  d'aller  au  devant  du  mal; 
enjoindre  de  la  part  du  Roy  notre  souverain 
seigneur  et  de  ladite  dame  Royne  et  dudit  s' 
roy  de  Navarre  [à]  tous  gens  de  guerre  estant 
aux  champs,  tant  d'une  part  que  de  l'autre, 
de  se  retirer  incontinent  sans  aucune  foule  du 
peuple;  faire  remettre  le  commerce  libre,  et 
surtout  mettre  en  pleine  liberté  tous  les  pri- 


sonniers prins  à  Toccasion  des  troubles,  tant 
d'une  pari  que  d'autre,  sans  exiger  d'eux  au- 
cune rançon,  avec  inhibitions  et  deffenses  de 
commettre  désormais  tels  ranconnemeuts,  pil- 
leries,  meurtres,  attentats,  sur  peine  d'estre 
tenus  pour  infracteurs  de  la  paix  et  seureté 
publique,  sans  espérance  d'eu  pouvoir  à  Tad- 
venir  obtenir  aucune  grâce  ou  pardon,  ni  par- 
ticiper au  fruit  de  ladicte  conférence  ;  com- 
mander de  par  le  Roy,  notre  souverain  seigneur, 
il  tous  les  juges  des  lieux,  prévôts,  vi-séné- 
chaux  et  autres  officiers  de  justice,  où  ils 
passeront,  diligemment  et  soigneusement  in- 
former des  larcins  et  pilleries  et  autres  maux 
qui  se  commettront  ci-après  de  part  ou  d'autre 
pour  en  faire  promptement  rigoureuse  et 
exemplaire  justice,  sans  aucune  connivence 
ou  dissimulation,  sur  peine  de  privation  de 
leurs  offices;  et  de  tout  ce  qui  aura  esté  fait 
sur  ce  que  dessus  certifier  incontinent  ladite 
dame  Royne  et  ledit  s"^  roy  de  Navarre,  aux- 
quels lesdits  s"  de  La  _AIolhe-Gondrin  et  Boro- 
Ihan  enverront  pareillement  procès-verbal  de 
ce  qu'ils  auront  fait,  et  escriront  ensemble- 
ment  Testât  auquel  ils  trouveront  toutes  choses 
et  Tordre  qu'ils  y  auront  donné. 

Fait  à  Nérac,  le  xii' jour  de  février  1579. 

Catherine. 
Hkxry. 

Depuis  a  esté  advisé  et  résolu  que  les  sieurs 
de  La  Mothe-Gondrin  et  Borolhan  exécuteront 
du  tout  Tédit  de  pacification  es  lieux  où  ils  sont 
ordonnés,  ensemble  la  résolution  qui  a  esté 
prinse  en  la  conférence  tenue  à  Nérac,  suivant 
l'instruction  qui  leur  en  a  esté  expédiée-. 


'  Eauze  (Gers),  arrondissement  de  Comloni. 

^  L'orifîinal  de  celle  pière  apparlieiit  à  M.  0.  Mailin-Laniollic,  de  Pny-Lauiens. 
On  trouve  à  la  Bibliothèque  de  Toulouse  une  pièce  analogue  sous  ce  litre  : 

ttMënioire  de  ce  que  le  s'  de  Vérao,  gentilhomme  seivant  de  la  Royne  mère  du  Roy,  depputc  par  ladite  dame,  et 
le  s'  d'Yollet,  aussy  depputo  par  le  roy  de  Navarre,  auroieut  à  fère  pour  fère  cesser  promptement  en  Languedoc 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


àU 


XXXIII 

LETTRE   DE  IlENBI   III   AU   MAllÉCllAL   DE  DAMI'VILLK 

6  mars  i  r)7g. 


sel  te  et  de  Uouziiis  qui  eu  oui  eu  loule  la 
l'aligue,  d  que  jauiay  à  jamais  souvenance 
(lu  (lebvoir  qu'ilz  y  ont  faict,  et  (ju'il  ne  se 
présentera  occasion  de  leur  en  rendre  lesnioi- 
gnage  qu'ilz  ne  reçoyvent  les  efl'eclz  de  la  sa- 
tisfaction qu'il  m'en  demeure;  et  avez  très 
bien  l'aict  d'avoir  oncores,  depuis  ladicle  l'é- 
ductiou,  conlraincl  Cliaslillon  de  ([uillei-  les 
lieux  dont  il  s'estoil  emparé;  ceulz  de  leui- 
religion  ne  se  pouvant  justement  plaindre  de 
ceste  poursuicle,  ny  (jue  vous  me  laciez  obéyr 
pour  l'eiilière  exécusion  de  mon  écdit  de  pa- 
cillication,  suivant  ce  qu'il  en  sera  ariesié  à 
ladicle  conférance.  En  quoy  m'ani moins  je 
vous  prie  vous  conduire  selon  ce  que  la  Uoyne 
madicte  dame  et  mère  vous  mandera.  El  pour 
le  regard  de  la  requeste  que  vous  me  l'aides 
de  vous  accorder  ledit  chasteau  de  Beauquairc 
pour  vostre  demeure,  je  vous  prie,  mon  cou- 
sin, croire  que  je  veulx  non  seulement  en 
cela,  mais  en  toutes  autres  choses  (ju'il  me 
sera  possible,  vous  gratiffier  et  laire  cognoistre 
par  eirecl  la  bonne  volunte'que  je  vous  porte. 
Mais  d'autant  que  j'estime,  suivant  ce  que  je 
vous  ay  cy-devant  escrit,  que  le  s'  de  Vers, 
comme  sénéchal  de  Beauquaire  et  genlil- 
lionime  d'honneui'  el  valeur,  seroil  fort  propre 
[)our  demeurer  et  commander  en  ladicle  place 
en  vostre  absence,  je  vous  prie,  mon  cousin, 
trouver  bon  que  je  luy  en  donne  la  charge, 

tous  ados  (l'iiostililé,  suivant  la  coinniission  quy  leur  en  a  esté  baillée  par  ladite  dame  lioyne  et  ledil  s'  roy  de  Na- 
varre conjoincleraent,  en  allendant  que  les  commissaires,  depputez  pour  l'entière  exécution  de  l'édid  de  parlfliiatlmi 
laid  et  conclud  le  xvn  février  iSyg,  y  aillent.,,  (Reg.  61  a,  fol.  348-3/.9.)  -  Voir  les  lettres  que  la  reine  mère 
écrit  à  ce  sujet  à  Damville  le  aC  juin  1079,  p.  a8i,  el  le  a8  février,  p.  a85. 
'   Orig.,  Bibl.  nal.,  ms.  franc.  ;!3i5,  (°  ô.").  —  Voir,  p.  29^,  la  note  1. 


Mon  cousin,  j'ay  esté  merveilleusement 
avse  d'avoir  eu  assourance  de  la  réduction  de 
mon  chasteau  de  Beau([uaire,  par  les  ieltres 
que  vous  m'avez  escrites  du  xi'du  mois  passé, 
qui  ne  m'ont  esté  rendues  que  le  xxvii"'  d'icel- 
liiy;  ayant  à  la  vérité  très  grande  occasion  de 
me  louer  et  contenter  de  la  dilligence  et  deb- 
voir  que  vous  y  avez  l'aict,  semblablement 
tous  ces  .s"  et  capitaines  que  vous  y  avez  em- 
ployé, dont  je  vous  remertye  de  très  bon 
cœur,  en  vous  priant  croire  que  je  n'oubliray 
jamais  le  service  que  vous  m'avez  faict  el  le 
colloqucray  au  ranc  de  ceulx  que  cesie  coronne 
et  moy  avons  receu  de  vostre  fidellilé,  pru- 
dence el  valeur,  pour  eu  avoir  mémoire  et  le 
recognoistre  en  temps  et  lieu;  l'estimant  d'au- 
tant plus,  qu'il  a  esté  exécuté  en  saison  propre 
|)Our  faire  cognoistre  à  tout  le  monde  que  je 
ne  suis  encores,  grâces  à  Dieu,  si  despourveu 
de  bons  serviteurs  et  subjeclz  en  ceste  pro- 
vince là  qu'aucuns  oui  voulu  faire  croire, 
principalement  pour  s'en  prévaloir  et  advan- 
tager  en  ceste  conférence  où  est  la  Royne  ma 
dame  et  mère.  Je  vous  envoyé  des  lettres 
pour  tous  lesdils  s"  et  cappitaiues  desquelz 
vous  m'avez  rendu  tesmoignage  par  la  vostre, 
lesquelles  je  vous  prie  leur  faire  tenir,  en  les 
asseurant  du  bon  gré  que  je  leur  sçay  du  suc- 
cez  de  ladicle  réduction,  el  nomément  vous  le 
ferez  entendre  aux  s"  de  S'^'-Iaille,  de  la  Croi- 


àm 


LETTRES  DE  CATH 


m'asseurant  qu'il  s'en  acquittera  très  digne- 
ment et  à  voslre  contentement,  lequel  je  dé- 
sire toulesfois  préférer  à  toute  autre  conside'- 
ration.  Au  reste,  j'ay  veu  les  lettres  que  vous 
et  le  s'  de  Ryeux  m'avez  escrites  touchant  le 
faict  de  ma  ville  de  Narbonne,  lequel  j'ay 
renvoyé  à  la  Royne  madicte  dame  et  mère, 
pour  en  ordonner  ce  que  par  vostre  advis 
elle  cognoistra  estre  plus  utille  et  raisonnable 
pour  le  repoz  de  ladicte  ville  et  la  conserva- 
tion de  mon  auctorilé  ';  en  quoy  je  désiie 
grandement  que  ledit  s''  de  Ryeux,  que  je  co- 
gnoys  plain  de  zolle  et  d'alTection  à  mon  ser- 


ERINE  DE  MEDICIS. 

vice,  se  conduise  avec  la  douceur  et  modestie 
qu'il  convient  pour  entretenir  les  habitans  de 
ladicte  ville  en  leur  antienne  Cdellilé  et  dé- 
votion :  ce  que  je  juge  estre  d'autant  plus  né- 
cessaire d'eslre  faict  en  ce  temps  que  nous 
voyons  que  le  désespoir  ou  la  passion  des 
hommes  leur  font  entreprendre,  contre  mon 
auctorité,  beaucoup  de  choses  contre  la  rai- 
son et  leur  debvoir.  Je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escrit  à  Paris,  le  vi°  jour  de  mars   1579. 

Signé  :  Henri. 

Et  plus  bas  :  De  Neufville. 


XXXIV 

PROCÈS-VERBAL  DE  LA  PRESTATION  DE  SERMENT  FAITE  PAR  LES  NOTABLES  D'AGEN ,  SUR  L'ORDRE 
ET  EN  PRÉSENCE  DE  LA  REINE  MERE,  TOUCHANT  L'EXECUTION  DU  DERNIER  EDIT  DE  PACIFI- 
CATION ET  DES  ARTICLES  DE  LA   CONFERENCE  DE  NERAC^. 

i3-i6  mars  iSyg. 


La  Royne  mère  du  Roy  nostre  souverain 
seigneur,  estant  en  ceste  ville  d'Agen,  a  faict 
venir  devant  elle,  en  la  grande  salle  de  l'éves- 
ché,  les  sieurs  de  Bajaumonl,  séneschal, 
maistres  Anfhoine  de  Nort,  président  et  juge- 
mage,  et  Françoys  de  Gortete,  Florimond  de 
Redon,  lieuctenans,  Robbert  Raymond  et 
Anthoine  de  Boria,  conseliers  au  siège  prési- 
dial,  Félix  et  Capraisi  Delas,  advocat  et  pro- 
cureur du  Roy,  et  autres  officiers  dud.  siège 
présidial,  Pierre  de  Nort,  Begon,  Cornier. 
Pierre  Pelicier,  Pierre  du  Perier  et  Menauld 
Verdun,  tous  consulz,  Jehan  Bergon,  Jehan 
Corne  [suivent  85  noms),  juratz,  bourgeois  et 
habitans  de  lad.  ville,  tant  catholicques  que 


de  la  religion  prétendeue  reformée,  et,  adres- 
sant sa  parolle  ausd.  séneschal,  ofliciers,  con- 
sulz et  juratz,  en  la  présence  de  monsieur 
l'Évesque  d'Agen  et  plusieurs  du  clergé, 
maistre  Geraud^  Lalane  et  Jehan  Ghauvin, 
présidons,  Françoys  Alesme  et  Françoys  do 
Gasq,  conseliers  en  la  court  de  parlement  de 
Bourdeaux,  servant  à  présent  en  la  chambre 
dud.  parlement  establie  en  ceste  ville,  leur  a 
enjoinct  de  par  ied.  sieur  Roy  son  filz  et  suy- 
vant  la  publication  qui  a  esté  faicte  à  son  de 
tromppe  par  ceste  ville,  a  faict  jurer  de  gar- 
der et  observer  et  de  faire  garder  et  observer 
entièrement,  chascun  en  son  endroict,  l'édict 
dernier  de  paciffication  faict  au  moys  de  sep- 


'  Voir,  plus  loin,  le  ttRèglccuent  faict  par  la  Rejue  mère  du  Roj  pour  le  faict  de  Narbounei:. 

^  Arcliives  d'Agen,  BB  33,  f"  44-65.  —  Archives  historiques  de  la  Gironde,  1896,  t.  -il),  p.  171. 

•'  Le  prénom  du  président  Laianue  élait  Sarran  et  non  Geraud. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS 

loi!il)r('  mil  cinq  cens  soixante-dix-sept,  cn- 


/i63 


SL'ml)ic  ce  qui  a  esté  dernièrement  advisé  et 
résoicii  en  la  conl'érance  teneue  à  Nérac,  le 
tout  de  poinct  en  poinct  selon  leur  forme  et 
teneur;  et,  lesd.  sermens  prestes,  lad.  dame 
Royne,  adressant  de  rechef  la  paroHe  ausd. 
présidens,  conseliers  et  autres  officiers  de 
justice,  ensemble  ausd.  consulz  et  juratz  et 
puys  à  tout  le  reste  de  lad.  compagnie  desd. 
habitans,  tant  catholicques  que  de  lad.  religion 
prétendeue  réformée,  leur  a  déclaré  de  par  le 
Roy,  son  filz,  nostred.  souverain  seigneur, 
quelle  les  mectoict,  ensemble  tous  les  autres 
habitans  de  lad.  ville  d'Agen,  tant  eclésias- 
ticques,  nobles  et  gens  de  justice,  bourgeois, 
marchaus  et  autres  personnes,  de  quelque 
estât  et  condition  qu'elles  soient,  et  tous  ceulx 
qui  yroient  et  viendroient  en  icelles  villes  pour 
leurs  affaires  ou  pour  le  commerce,  en  la  pro- 
tection et  sauvegarde  d'icelluy  sieur  Roy,  et 
les  ungs  en  la  garde  des  autres,  et  qu'elle  les 
ehargeoit  respectivement  de  respondre  des 
contraventions  qui  seroienten  lad.  ville  faictes 
aud.  édict,  ensemble  ausd.  articles  d'icelle 
conférance,  ou  bien  de  représenter  et  mectre 
ez  mains  de  justice  lesd.  contravenans,  char- 
geant en  particulier  lesd.  consulz,  jurutz  et 


autres  dessus  nommés  de  respondre  l'u  leuis 
propres  et  |)rivez  ikiiiis,  en  cas  de  droict,  des 
domaiges  el  maul\  que  lesd.  habitans  s'oflTri- 
roient  en  leurs  personnes  et  biens,  leur  avant 
icelle  dame  Royne  très  expressément  com- 
mandé que  pour  la  tranquillité,  bien  et  repoz 
de  lad.  ville  ilz  ayent  aussi  à  suyvre  le  règle- 
ment que  leur  en  sera  baillé  par  monsieur  de 
Riron,  mareschal  de  France,  quy  l'a  |)our 
cest  efl'ect  mys  ez  mains  desd.  sieur  de  Rajau- 
mont,  séneschal,  ensemble  lesd.  consul/,  et 
principaulx  bourgeois  et  habitans  de  lad.  ville, 
pour  iceUuy  garder  et  observer  soigneusement , 
sans  l'outrepasser  en  quelque  sorte  que  ce 
soyt,  ayant  icelle  dame  commandé  à  icelluy 
sieur  séneschal  et  officier  de  la  justice  de  lad. 
séneschaussée,  ensemble  lesd.  consulz,  enre- 
gistrer en  leurs  registres  chascun  [)articulière- 
ment  ce  présent  acte,  ensemble  led.  règle- 
ment dud.  sieur  mareschal  de  Riron,  pour  le 
tout  ainsi  soigneusement  garder  et  observer. 

Faict  à  Agen,  le  trizesme  •  de  mars  mil 
cinq  cens  septante-neuf,  et  seziesme  dud. 
moys. 

Signé  :  Gaterine. 

Et  pins  bus  :  Pin  art. 


xxx\ 

LETTRE    DL    DLC    D'ANJOl     \    LV    REINE    MERE. 

21!  mars  i57f)  -. 


Madame,  j'é  entandu  par  l'abé  Gadagne-' 
tout  ce  (jiril  a  eu  charge  me  dire  de  vostre 


part,  dont  je  voys  que  le  plus  de  vostre  alfec- 
tion  tourne  sur  l'exécusion  du  maryage  d'An- 


'  L'éditeur  de  re  doriiinoiil  liésilo  entre  troisième  et  treizii-me.  La  dernière  date  est  plus  probaliie;  car  le  rRèfïIe- 
ment  rédigé  par  le  maréclial  de  Biriiii,  et  contresigné  par  Callicriiie  de  Médicis,  pour  assuror  l'exécution  de  cet  enga 
gementn,  publié  dans  le  même  volume,  p.  178,  est  du  iG  mars,  c'est-à-dire  trois  jours  plus  tard. 

-  Copie.  Bil)l.  nat.,  Nouv.  Acq.  fr.  )>5o,  P  ait.  nA  la  lînvne,  madame  et  mère» 
Sur  la  mission  de  i'abbé  de  Gadagne  près  le  duc  d'Anjou,  voir  la  lettre  de  la  reine  mère  ;>  Henri  III,  du 
i5  mars  1079.  p.  3o-'i. 


464 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


glelerre,  pour  la  crainte  que  vous  avés  qu'elle 
ne  demeure  mal  contante  et  que  cela  ne  puisse 
nuyre  au  repos  de  cest  estât.  Mes  je  vous  puis 
assurer  qu'il  ne  peut  arriver  aucun  inconvé- 
nient de  ce  costé,  encores  qu'il  y  cust  rupture 
de  l'afTère,  l'ayant  remise  à  tel  point  qu'elle 
trouvera  toujours  bon  ce  que  vous  désirés 
pour  la  conservation  de  l'amytié  de  ces  deux 
royaumes,  comme  par  eOFect  je  le  feré  co- 
gnoystre  au  Roy  et  à  vous,  en  ce  que  vous 
jugerés  que  je  me  doyve  enployer  envers  elle. 
Quant  à  ce  que  je  vous  ay  mandé  par  Lafin, 
je  demeure  toujours  en  ce  mesme  désir  aulx 
condisions  et  advantages  dont  vous  m'avés 
plusieurs  fois  convoyé,  lesquels  estant  en  la 


puissance  du  Roy,  je  ne  les  puis  espérer  que 
par  son  otorité,  n'y  ayent  aultre  moyen  ou 
pouvoyr  que  ceUiy  qu'il  m'y  vosdra  donner, 
suivant  ce  que  j'é  plus  enplement  déduit  pour 
ce  regard  et  pour  toutes  autres  chozes  à  l'abé 
de  Gadagne,  présent  porteur.  La  suffisense  et 
fidélité  me  gardera  vous  en  dire  d'avantage, 
si  ce  n'est  pour  vous  suplier  me  commander 
tout  ce  qui  sera  de  vostre  servise.  Prient  Dieu, 
Madame,  qui  vous  doint  l'antier  aconplise- 
ment  de  vos  désirs. 

D'Engiers,  ce  xxii'  de  mars. 

Vostre  très  humble  et  très  hobëisant  filz  et 
serviteur, 

François. 


XXXVI 

LETTRES    DU    MARECHAL    DE    DAMVILLE    À    CATHERINE    DE    MEDICIS  '. 


Pézenas-,  3i  octobre  1577. 

Madame,  je  supplie  très  humblement  Votre 
Majesté  de  me  continuer  sa  bonne  grâce  et 
celle  du  Roy-',  à  laquelle  seule  j'espère,  sans 
aultre  récompense  de  mes  services,  remerciant 


Votre  Majesté  du  bien  qu'EHe  a  voulu  me 
moienner  et  dont  je  me  sens  yndigne,  et  la 
suplye  croire  que  je  suis  plus  content  avec 
voz  bonnes  grâces  que  avec  toutes  les  choses 
du  monde,  comme  ma  seulle  dame  et  mais- 
tresse. 


'  Après  avoir  relevé  dans  les  flivers  recueils  tic  la  Bililiolliéquc  nalionale  les  leltres  de  la  reine  mère  adressées  à 
Dainville,  nous  avons  eu  l'heurouse  forluiie  de  trouver  à  la  Bibliothèque  de  Toulouse  la  correspondance  inédite  du 
maréchal  avec  Catherine  de  Médicis.  Un  crudit  languedocien,  M.  l'abbé  Lcsirade,  a  bien  voulu  en  faire  pour  nous 
la  collation  très  exacte.  Il  nous  est  ainsi  loisible  do  compléter  les  informations  que  nous  avons  données  déjà  sur 
l'attilude,  beaucoup  plus  loyale  qu'on  ne  l'a  dit,  de  Henri  de  Montmorency.  On  comprendra  seulement  qu'il  eût  été 
impossible  de  publier  en  entier  toute  cette  série  de  pièces  :  de  nombreux  extraits  suffiront,  et  nous  renverrons  pour 
le  reste  aux  registres  611  et  617  de  Toulouse,  qui  n'avalent  point  été  jusqu'ici  consultés. 

-  Pézenas  était,  à  celte  époque,  un  conilé  dépendant  de  la  maison  de  Montmorency;  le  connétable  avait  fait 
bâtir  sur  le  bord  de  l'Hérault,  tout  près  do  la  ville,  une  jolie  maison  de  plaisance,  appelée  la  Grange-des-Prés,  on 
Damville  résidait  presque  constamment  et  où  il  mourut  en  1616. 

'  Damville  n'était  ofTiciellement  réconcilié  avec  la  cour  que  depuis  le  mois  de  mai  1577.  ^'*'*  Henri  HI  conservait 
encore  quelques  doutes  sur  sa  fidélité;  il  écrivait  le  ni  mai  à  Charles  de  Birague  :  rrLe  maréchal  de  Dampvillc  m'a 
Taict  entendre  qu'il  s'est  du  tout  résolu  d'embrasser  mon  service,  comme  je  désirois,  dont  je  me  veulx  tellement 
asseurer,  que  aussy  tost  j'ay  résolu  de  luy  bailler  forces  et  autres  moiens  pour  essaier  de  ranger  à  mon  obéissance 
ceulx  de  la  nouvelle  opinion,  comme  l'occasion  s'en  présente  fort  à  propos  sur  cesie  révolte  qu'il  espère  leur  empes- 
cher.»  (Bibl.  nal.,  ms.  fr.  3.'Î33,  f"  53.)  Aussi  te  maréchal,  sentant  le  peu  de  confiance  que  le  roi  avait  en  lui,  fai- 
sait tous  ses  efforis  pour  bien  disposer  la  reine  mère  en  sa  faveur. 


Pézeiias,  i3  iiovcmlu'e  1577. 

Madame,  il  ma  semblé  nécessaire  fie  vous 
donner  advis  do  tout  ee  qui  s'est  passé  eu  ceslc 
province,  esUns  ceus  de  la  religion  prétendue 
rélormée  tousjours  eu  (ipiuiou  de  ne  vouloir 
désarmer,  ni  aulreiuent  exéeulter  l'édict,  qu'il/, 
ne  soient  les  [)kis  loris  au\  lieu\  qu'il/,  tien- 
nent, et  faisant  courir  un  hniit  (pie  l'on  les 
veult  réassaillir  ce  printemps.  C'est  pourquoy, 
Madame,  cojfnoissant  ceste  malladio  com- 
mune, j'ai  dépesché  au  roi  de  Navarre,  par  la 
voye  de  Tholo/.e,  pour  le  supplier  très  hum- 
blement d'envoyer  commissaires,  personnages 
de  qualité,  pour  l'establissement  de  la  paix 
en  ceste  province,  croyant  que  c'estoit  le  seul 
moyen  pour  y  parvenir  plus  tost,  selon  l'in- 
tention de  Vostre  Majesté.  .  . 

J'av  esté  aussy  adverly  que  l'on  a  mandé 
à  Vostre  Majesté  que,  tant  que  je  serois  en  mon 
gouvernement ,  la  paix  ne  sera  jamais  establie. 
Je  ne  dirav  aultre  cliose  à  Votre  Majesté  sur 
cela.  Madame,  sinon  que  cellui  qui  vous  peuU 
avoir  advancé  telz  propos  ne  nie  surpassera 
jamais  de  fidellité,  d'aiïectiou,  de  /.elle  et  de 
movens  au  très  humble  service  que  je  doibtz 
à  Vos  Majestez  :  n'estant  pas  une  chose  parti- 
culière pour  ce  pais;  mais  ces  difficultez  et 
subterfuges  se  font  par  lesdits  de  la  Religion 
en  toutes  les  provinces,  comme,  s'il  luy  plaist, 
elle  verra  par  la  lettre  de  messieurs  le  cardinal 
d'Armaignac,  grand  prieur  de  France,  pre- 
mier président  de  Tholose  et  sénéchal  de  Cor- 
missoii,  que  j'envoye  eu  original  à  Vostre 
.Majesté,  pour  juger,  Madame,  combien  telles 
inventions  sont  remplies  de  passions  particu- 


LETTRES  DE  CATHERIINE  DE  MÉDICIS.  'i65 

Hères  ;  mais  j'ay  confiance  que  par  vostre  l)onl(' 


je  serav  préserve'. 

Je  sçays,  Madame,  que  l'on  a  faict  courir 
bruict  ([ue  j'eslois  rcllégué  hors  du  royaume 
et  banny  de  vos  bonnes  grâces,  que  je  liens 
plus  chères  que  ma  propre  vie;  mais.  Madame, 
j'ay  ma  seule  fiance  en  Voz  Majestez,  (jui  sçavez 
la  sincérité  de  mon  cœur  en  toutes  choses. 
J'ay  tousjours  miiiclii-  ouvertement,  sans  vou- 
loir mcsdire  d'aultruy,  me  confiant  de  l'assu- 
rance ([u'il  a  pieu  à  Vostre  Majesté  me  don- 
ner, me  réservant  tousjours  une  oreille;  ce  que 
je  vous  supplie  m' accorder,  et  ue  croire  rien 
de  nioy  que  vv.  (|ue  ou  peull  dire  d'un  très 
fidelle  et  très  obéissant  serviteur  et  sujet,  tel 
que  par  le  sacrifice  de  ma  vie  je  désire  en 
faire  paroislre  les  effets  en  ce  que  Vosire  Ma- 
jesté daignera  me  commander. 

Beaucaire,  ao  novembre  1.^)77. 

Madame,  je  ne  veux  doulter  que  l'on  ne 
déguise  au  Roy  et  à  Vosire  .Majesté  Testât  de 
mon  voyage  de  deçà  pour  les  bruiclz  que  mes 
ennemis  en  font  courir  eu  ce  cartier  inesuK^; 
mais  je  sçay  que  Vos  Majestez  ne  croii-ont  rieu 
au  préjudice  de  ma  fidélité  à  leur  service  et 
.s'en  rapporteront  tousjours  à  la  vérité  de  mes 
actions,  qui  porteni  telle  preuve  combien  telles 
inventions  soni  mensongères  que  je  ne  désire 
aucun  bouclier  pour  ma  défense.  C'est  l'occa- 
sion que  j'ay  voullu  tout  au.s-silostdépescher  vers 
Voire  .Majesté  Valernod,  mon  serviteur,  bien 
instruict  de  toules  choses,  afiin  de  vous  rendre 
compte  tant  de  l'estat  des  affaires  que  de  mes 
déportemens  en  particulier,  auquel  il  plaira  à 
Vostre  Majesté  voulloir  donner  audience-.  .  .  r> 


'  Ou  n'auiail  jamais  cru  le  mai'échal  si  soucieux  de  j;arder  les  faveurs  Je  la  cour,  ni  si  liunible  à  solliciter  la  prolec- 
lion  de  la  reine  mère.  A  coup  sur,  sa  réconciliation  était  sincère  et  sans  doute  nécessaire  i  sa  fortune ,  car  il  était  l.roudhi 
avec  les  hufîuenots  comme  avec  les  callioliqucs,  et  toute  influence  dans  son  propre  gouvernement  allait  lui  échapper. 

2  Suit  .■«Inslruclion  à  Valernod,  serviteur  de  M^' le  maréchal  de  Dampville,  de  ce  qu'il  a  à  fère  enlandre  au  Koy...n 
—  Biblioth.  de  Toulouse,  Reg.  On.  fol.  Vi. 

CiTHERIXE    DE   MtDICIS.  VI.  ''" 


/i66 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Beziers,  2/1  décembre  1577. 


Madame ,  j'ay  tousjours  tant  d'occasions  de 
louer  les  bonle's  du  Roy  et  de  Vostre  Majesté 
en  mon  endroict  pour  la  continuation  de  leurs 
bonnes  grâces,  qu'il  n'y  a  subject  en  votre 
royaulme  qui  soict  davantage  obligé  à  Vos 
Majestez  que  moy,  et  à  vous,  Madame,  parti- 
culièrement qui  avez  tousjours  esté  ma  protec- 
tion et  soidtien,  ainsy  que  par  Marion,  mon 
serviteur,  ay  particulièrement  entendu,  lequel 
m'ayant  apporté  la  volonté  du  Roy  en  l'exécu- 
tion de  l'édit,  il  y  a  esté  tout  aussytost  par 
moy  satisfait ,  et  licencié  générallement  toutes 
les  garnisons  qui  estoient  en  ceste  province, 
affin  de  donner  occasion  à  ceulx  de  la  Reli- 
gion de  rendre  plus  prompte  obéissance  par  la 
démonstration  que  Sa  Majesté  leur  faict  de 
l'intérieur  de  sou  cœur  à  l'observation  de  l'édit. 
Ils  n'ont  pour  encore  obéy  de  leur  part  ;  mais  j'ay 
dépesché  un  gentilhomme  pour  les  en  sommer 
et  leur  faire  entendre  ce  qui  est  de  leur  devoir. 

Cependant,  Madame,  je  supplieray  très 
humblement  Vostre  Majesté  de  recevoir  le  té- 
moignage de  mon  obéissance  par  le  s''  Dave- 
ranne,  scindic  général  de  Languedoc,  présent 
porteur,  qui  a  veu  ledit  licenciement;  et,  par 
le  moyen  d'icelluy,  l'une  des  occasions  de  son 
voyage  se  trouve  vuydée. 

Pézenas,  17  janvier  1078. 

Madame,  je  joins  une  dépesché  au  Roy  de 
tout  ce  qui  s'est  passé  en  ce  gouvernement  de 
l'exécution  entière  de  sa  volonté,  y  amenant 
le  tesmoignage  de  monsieur  de  Valence  \  qu'il 
a  pieu  à  Sa  Majesté  m'envoyor,  dont  je  me 


sens  très  honoré,  pour  avoir  un  si  digne  per- 
sonnaige  qui  représentein  avec  moi  à  Vos 
Majestez  la  désobéissance  de  ceus  de  la  Reli- 
gion, lesquels  n'ont  encore  satisfaict  à  leur 
debvoir.  Les  moyens  que  nous  avons  tenus 
pour  les  y  induire.  Madame,  sont  contenus 
par  madite  dépesché,  sur  laquelle  je  supplie- 
ray très  humblement  Votre  Majesté  avoir 
agréable  que  je  me  remecte,  pour  ne  l'ennuyer 
de  répétitions'-.  .  . 

Pézenas,  18  janvier  1578. 

Je  supplieray  très  humblement  Vostre  Ma- 
jesté avoir  agréable  que  je  requière  vostre  fa- 
veur et  auctorité  pour  fiiire  obtenir  au  capp"' 
Parabère  la  cappitainerye  de  Beaucaire,  où  il 
est  de  présent,  et  qu'il  a  pieu  au  Roy  lui  faire 
offrir  en  recognoissance  des  services  qu'il  a 
faictz  à  Voz  Majestsz  et  que  moy  et  ceus  qui 
les  ont  veus  peuvent  tesmoigner,  affin.  Ma- 
dame, qu'il  soit  encouragé  de  les  continuer  et 
sacrifier  sa  vie  pour  le  très  humble  service  de 
Vos  J\Lij estez-'. 

Pézenas,  a4  janvier  1678. 

Madame,  je  cognois  bien  que  la  protection 
de  Vostre  Majesté  me  sert  grandement  pour 
me  tenir  aux  bonnes  grâces  du  Roy  et  me  ven- 
ger des  calomnies  qu'on  pourroit  jecler  sur 
moy,  d'aultant  qu'il  a  pieu  à  Sa  Majesté,  me 
réservant  une  oreille,  m'advertir  de  certaines 
lettres  acceptées  par  monsieur  de  Thoré,  mon 
frère,  qui  me  sont  fort  désadvantageuses;  et 
à  cela  je  respondis  à  Sa  Majesté  que  je  la  su- 
plie  très  humblement  s'asseurer  de  ma  fidel- 
lité  et  ne  croire  qu'il  y  ait  frère  ny  homme 


'  C'est  à  cette  lettre  qne  répond  la  reine  mère  de  Paris,  le  8  février  1578.  —  Voir  plus  haut,  p.  6  et  note  1. 

^  Les  deux  lettres  suivantes,  écrites  de  Pézenas  les  16  et  17  janvier,  n'ont  d'autre  but  que  de  recommander  à  la 
reine  mère  les  s"  de  la  Mousson  et  de  Saincte-Jaille  comme  de  bons  serviteurs  qui  méritent  d'être  récompensés. 

'  Damville  ne  croyait  pas  dire  si  juste.  Quelques  mois  plus  tard,  en  septembre  1678,  ce  malheureux  Parabère 
trouvait  la  mort  à  Beaucaire,  massacré  dans  une  émeute. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


/.f)7 


du  monde  quy  m'osast  parler  de  varier,  ayant 
trop  longtemps  de'siré  et  recerché  ce  bien 
d'estre  en  ses  bonnes  grâces  poui-  le  perdre  à 
présent,  n'ayant  parlé  ni  communiqué  avec 
ledit  s''  de  Tlioré  mon  frère  depuis  qu'il  est 
entre  les  mains  de  ceulx  de  la  religion  pré- 
tendue rélormée,  de  la  boutique  desquelz 
sorlent  les  lettres  dont  Sa  Majesté  m'escript. 
11  vous  a  pieu,  Madame,  estre  lousjours  mon 
seul  soutien  :  je  vous  suplie  me  continuer  ce 
bien  par  vostre  bonté  et  qu'il  vous  plaise  con- 
firmer le  Roy  en  Tasseurance  qu'il  peuit  prendre 
de  moi  comme  d'un  très  fidèle  serviteur.  .  . 

Pézenas,  !i  mars  1378. 

Madame,  je  faictz  une  dépesche  si  ample 
au  Roy  sur  tout  ce  qui  s'est  passé  par  deçà, 
par  Marron ,  secrétaire  de  monsieur  de  Joyeuse , 
que  je  penseroys  ennuyer  Vostre  Majesté  si  je 
luy  en  foisoys  répétition  par  la  présente,  la  su- 
pliant  me  faire  cest  honneur  de  me  continuer 
sa  bonne  grâce . . . 

Pézenas,  8  mars  1578. 

Je  fauldroy S,  grandement  à  mon  devoir  si, 
aïant  sceu  que  Vostre  Majesté  est  à  Angiers, 
où  le  s''  de  Hallot,  mon  cousin',  qui  m'a  esté 
dépesche  par  Monseigneur,  s'en  retourne,  je 
ne  disois  à  Vostre  Majesté  que  l'occasion  qu'il 
a  publyéc  de  son  voïage,  tant  vers  ceux  de  la 
religion  prétendue  réformée  que  vers  moy, 
n'étoit  que  pour  la  confirmation  de  la  volonté 
que  mondict  seigneur  a  de  veoir  la  continua- 
tion du  repos  ordonné  en  ce  royaume,  lequel 
il  ne  vouldroit  à  son  occasion  estre  aulcune- 
uient  troublé-.  .  . , estant  très  mairy.  Madame, 


(jue  j'aye  veu  ledict  s'  de  Hallot  arriver  vers 
moy  sans  voltre  sceu  et  celluy  du  Roy,  auquel 
j'ai  faict  une  dé|)esclie  pour  lui  faire  entendre 
l'occasion  qu'il  m'a  dicte  de  son  voïage .  .  . 

Pézenas,  9  avril  1578. 

Madame,  je  faictz  une  petite  dépesche  au 
Roy  sur  la  longueui'  dont  on  use  à  envoier  par 
deçà  le  s''  vicomte  de  Tureyne  pour  l'exécution 
de  l'édict,  et  le  jugement  que  j'en  faictz. .  . 

Béziers,  20  avril  1578. 

Madame,  l'occasion  du  retour  de  M.  de 
Masparault  vous  sera  par  luy  déclarée  à 
bouche,  s'il  plaist  à  Vostre  Majesté  luy  faire 
cest  honneur  de  l'entendre,  dont  je  la  supplie 
très  humblement,  et  me  tenir  tousiours  en 
vostre  protection,  .Madame,  comme  celluy  qui 
vit  soubz  ce  seul  appuy,  prenant  tant  d'asseu- 
rance  en  ce  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire,  mesme 
par  ledit  s"'  de  Masparault,  que  j'estime  ,  Ma- 
dame, ([ue  je  dcmeureroy  par  son  retour  de 
plus  eu  pliis  satisfaict  et  content .  .  . 

Pézenas,  6  mai  1578. 

Ce  seroyt  superfluilé  si  je  faisoys  reditte  à 
Vostre  Majesté  du  contenu  des  dépescbes  que 
Valernod,  mon  secrétaire,  porte  au  Roy  sur 
ce  qui  est  advenu  depuis  le  parlement  de 
monsieur  de  Masparault,  d'aultaut  que  je  sçay 
que  Vostre  Majesté  les  verra.  Donc  je  la  su])- 
plie  ensemble  oyr  ledit  Valernod  en  son  parti- 
culier sur  ce  qui  me  louche  et  que  j'ay  plus  à 
coHir  que  chose  qui  me  soict  jamais  advenue, 
et  dont  je  me  promccis.  Madame,  que  ledit 
Masparault  vous  aura  jà  parlé.  .  . 


■     '  Sans  doute  François  de  Monlmoreucy,  seigneur  de  Hallot,  cjui  lïit  plus  lanl  lir'ulenanl  jjénéral  en  Normandie  e 
mourut  en  i  Sgs. 

-  Il  est  peu  prolialile  que  la  mission  donnée  par  le  duc  d'Anjou  à  M.  de  Hallol  ail  clé  uniquemenf  pacifique  :  le 
prince  clierchait  alors  partout  des  renforts  pour  son  expédition  de  Flandres;  il  aura  voulu  entraîner  les  prolestants  du 
midi  à  le  suivre. 


39. 


468 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Béziers,  i3  juin  1078. 


Madiime,  je  faiz  une  dépesclie  au  Roy^  sur 
larrive'e  de  Valcrnod,  mon  secrétaire,  qui  m'a 
trouve'  nfacheminant  à  Narbonne  et  aultres 
lieux  de  la  frontière,  pour  veoir  comme  tout 
y  est  dispose',  d'auitant  que  les  Espaignolz 
parlent  de  quelque  allercation.  Voslre  Majesté 
verra,  s'il  luy  plaist,  ladisle  dépesche,  ne  iuy 
en  osant  faire  la  répétition;  mais  bien  la  re- 
mercye  de  la  continuation  de  sa  bonne  volonté 
à  mon  endroict,  laquelle  m'a  tesmoigné  mon- 
dit  secrétaire,  et  dont  j'espère  veoir  de  plus 
amples  effectz  par  le  retour  du  s""  de  Maspa- 
rault-,  que  j'attends  de  jour  en  jour,  affin, 
Madame,  que,  oultre  ce  qu'il  a  pieu  à  Vostre 
Majesté  me  mander,  je  puisse  faire  cognoistre 
à  tout  le  monde  la  fiance  que  Vos  Majestez 
prennent  de  moy .  .  . 

Pézenas,  ai  juillet  1678. 

Madame,  je  sçay  que  la  supplication  de 
monsieur  de  Valence  et  la  remonstrance  qu'il 
vous  fera  de  Testât  auquel  se  trouve  le  s'  de 
Ballagny'*  seront  bien  receues  et  prisées  de 
Vostre  Majesté,  le  cognoissant,  comme  vous 
faites,  vostre  très  humble  et  très  fidelle  ser- 
viteur, et  ledit  s'  de  Ballagny  le  gentilhomme 
de  France  qui  appuyé  le  plus  sa  fortune  soubz 
voslre  auctorité;  toutefois.  Madame,  représen- 


tant au  Roy  sa  perplexité  pour  se  veoir  d'un 
costé  interdict  de  faire  le  voiage  de  Flandres 
pour  la  défense  de  Sa  Majesté,  et  .de  l'autre 
engagé  de  sa  parolle  envers  Monseigneur''  et 
ses  amys,  pensant  avec  l'erreur  commune 
que  Vos  Majestez  l'auroient  agréable,  je  n'ay 
pensé  faillir  de  joindre  ma  très  humble  sup- 
plication avec  celle  dudict  s'  de  Vallence,  à  ce 
qu'il  vous  plaise,  prenant  ledit  s'  de  Ballagny 
en  vostre  protection.  Madame,  luy  maintenir 
son  honneur  et  réputation  par  le  moïen  de 
quelque  charge  qu'il  pleira  à  Sa  Majesté  luy 
donner,  affin  qu'il  ne  demeure  seul  oisif  en 
cesle  saison,  ains  employé  sa  vie  et  ses  moyens 
pour  le  très  humble  service  de  Sa  Majesté  et 
le  vostre,  comme  je  m'asseure  qu'il  fera  avec 
la  mesme  vertu  qu'il  a  produicte  partout  où 
il  s'est  trouvé  et  dont  la  renommée  vole  par 
tout  le  royaume.  Ce  sera.  Madame,  ung  cœur 
digne  de  vous.  .  . 

Pézenas,  i  août  1578^. 

Madame,  par  ce  porteur  qui  est  à  mou- 
sieur  de  Rieux  je  faictz  deux  dépesches  au 
Roy,  l'une  sur  Testât  des  affaires  de  ce  gou- 
vernement, tant  en  ce  qui  concerne  Texécu- 
tion  de  Tédict  de  pacification  que  pour  les 
places  de  frontière,  l'autre  sur  une  rumeur 
qui  estoit  advenue  ces  jours  passés  de  Nar- 
bonne'' contre  Tauclorité  du  s'  de  Rieux  el 


'  Le  uianuscril  porle  que  cette  lellrc  est  trde  la  main  de  Dainville».  —  Reg.  ()i  1,  loi.  ia8. 

^  Sur  le  voyage  de  M.  de  Masparault  à  la  cour  et  sur  sou  retour  en  Languedoc,  voir  la  lettre  de  Catlierine  de 
Médicis  au  maréclial  du  8  juin  1578  (plus  haut,  p.  399)  et  la  longue  note  contenant  une  lettre  de  Henri  III. 

''  C'est  le  lils  natin-el  de  Jean  de  Jlniduc,  évêque  de  Valence,  Jean,  seigneur  de  Balagny,  qui  fut  gouverneur  de 
Cambrai,  maréchal  de  France  el  mourut  en  i(io3. 

'  Le  dur  d'Anjou ,  f|ui  ne  cessait  d'enrôler  des  volontaires  pour  son  entreprise  aux  Pays-Bas. 

'  A  partir  de  cette  date,  il  y  a  dans  le  manuscrit  de  Toulouse  une  lacune  considérable,  la  lettre  suivante  étant  du 
3  janvier  i.')79.  Il  est  peu  probable  que  la  taule  vienne  de  Marion,  secrétaire  du  maréchal  de  Damville,  qui  avait 
fait  cette  copie  avec  le  plus  grand  soin;  comme  le  registre  611  n'était  pas  ])aginé,  les  feuilles' contenant  ces  cinq 
mois  de  correspondance  auront  disparu  avant  la  reliure. 

"  Voir  le  post-scripitim  de  la  lettre  de  la  reine  mère  du  i5  janvier  1379,  p.  319,  et  la  suite  de  cette  affaire  de 
Naibonne,  qui  ne  se  termina  que  le  i5  mai. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


469 


loidre  (|u"il  V  a  donné.  Je  siipplieray  Sa  Ma- 
jesté de  croire  (ju'il  a  esté  bon  besoin  que  le 
s''  de  Rieux  se  soyt  servy  de  sa  prudence  el 
sagesse  accoustumécs  pour  vaincre  la  témérité 
des  babitans  dndict  Narbonne,  qui  veulent 
prendre  une  desbordée  licence,  .le  y  ay  aussy 
apporté  toute  la  tempérance  et  modération  que 
y  a  laict  besoin;',  tellement,  Madame,  que 
tout  demeure  en  un  très  bon  estai;  mais  il  est 
ne'cessaire  que  Vos  Majestez  leur  facenl  sentir 
leur  faulto  par  une  bonne  n^primande,  ce  que 
le  s'  de  llicux  se  promet  de  voir,  Madame, 
comme  je  t'aictz .  .  . 

Bézirrs,   3  janvier  1679. 

Madame,  estant  arrivé  en  ceste  ville,  j'ay 
apris,  par  plusieurs  advis  qui  me  sont  venuz, 
que  le  s'  de  CbastillonS  cpii  a  passé  es  quar- 
tier de  deçà,  faict  amas  de  l'orces  es  Rouerjjue 
et  es  Sevennes,  sous  prétexte  de  ravitaille- 
ment du  chasteau  de  Beaucaire,  et  cependant 
par  artifice  et  menées  trame  une  surprise  en 
ceste  ville  de  Narbonne,  estant  luy  niesme 
passé  en  habit  dissimulé  près  d'icelle.  Cela 
m'a  occasionné  de  réveiller  par  exhortation  le 
{jouveineiir  et  habilans,  ensemble  les  lieux 
circonvoisins,  pour  les  rendre  plus  soigneux 
que  paravant,  me  restant  une  seulle  crainte, 
qui  est  que  si  ledit  s''  de  Chaslillon  faict  effort 
en  quel<iue  lieu  où  qu'il  passe  à  main  armée, 
que  les  catholiques  qui  se  sentent  assez  pillez 
et  ruynez  ne  s'y  opposent.  Ceila,  Madame,  se 
peult  ("viter  par  la  deffence  que  luy  pourra 
faire  le  roy  de  Navarre,  lequel,  y  marchant 
de  bon  pied,  surprendra  les  sinistres  effeclz 
quy  en  pourroient  advenir,  encore  que  un 
chascun  soyt  bien  adverly,  el  que  les  s"  de 


Sainclc-Jaille  et  de  Rouynes  soient  bien  réso- 
lu/, et  délibérez  de  recevoir  de  bonne  façon 
ceuix  ([ui  vouldroicut  l'aire  ravitaillement  du- 
dit  lieaucaire.  Mon  passaige  par  ce  ([uailier. 
Madame,  y  proflitera  grandement,  et  ne  lais- 
seray  de  me  tenir  prest  pour  estre  de  retour 
quand  Vostre  Majesté  me  le  commandera.  .  . 

Pézeiias,  iG  jomipi-  157g. 

Madame,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  a  pieu  à 
Vostre  Majesté  ni'escrire  du  un"  du  présent - 
sur  le  faux  bruit  (|u'on  a  faict  courir  de  plu- 
sieurs édiclz  contenuz  eu  la  lettre  (jue  vous 
avez  eu  agréable  de  m'envoyer,  avec  la  vérilc' 
de  ce  qui  en  est.  Cela  estoit  desja  venu  aux 
oreilles  de  plusieurs,  non  que  en  ce  gouver- 
nement aucun  ayt  faict  démonstration  d'y  vou- 
loir adjouster  foy,  ny,  à  l'occasion  de  ce,  attirer 
(juelque  remuement,  estant  ceste  pauvre  pro- 
vince si  fort  troublée  par  les  infractions  de 
l'édict  que  j'estime  n'y  avoir  personne  ijui 
feust  si  malheureux  de  vouloir  susciter  ung 
nouveau  mal;  toutelfoys,  Madame,  j'y  tien- 
drai tellement  la  main  que  Vostre  Majesté 
cognoistra  que,  au  lieu  oii  j'ai  auclorité,  il  ne 
sera  rien  altéré  de  la  fidélité,  sujétion  et  obéis- 
sance qui  est  deue  au  Roy  .  .  . 

Le  s'  de  Chastillon  se  gouverne  si  insolem- 
ment envers  les  catholiques  de  Montpellier 
(]ue,  se  trouvant  banniz  et  chassez  de  leurs 
maisons,  ils  demeurent  comme  désespérez, 
errants  et  vagabonds,  m'cstaiit  venuz  iei|uérii' 
de  leur  donner  riiabitation  de  ce  qui  apar- 
tient  à  ceux  de  la  Religion  par  les  villes  de 
l'obéissance  du  Roy.  A  quoy,  Madame,  je  n'ay 
voulu  toucher,  parce  ([ue  je  sçay  ceste  ouver- 
ture estre  fort  contraii-e  à  ce  qui  est  de  vostre 


'  Catherine  de  Médicis,  dans  une  lettre  du  10  janvier,  avertissait  Henri  tildes  précautions  prises  contre  les  entre- 
prises de  Cliàlillon.  —  Voir  p.  tii.'i. 

2  Le  '1  janvier  1679,  la  reine  mère  écrivait  de  l'ort-Sainle-'Marie  au  niaréclial  (p.  198)  qu'on  répandait  h-  In-uit 
en  Normandie  de  nouveaux  édils  au  nombre  de  Irente-trois ,  mais  (pi'il  n'y  en  avait  rque  quatre  de  vérilaliles». 


'i70  LETTRES  DE  CATH 

intention,  les  aïaut  seullement  exoitez  de 
prendre  encore  patience  jusques  à  la  fin  de  la 
confe'rence,  par  l'issue  de  laquelle  ils  doib- 
vent  espérer  l'heureux  fruict  de  vostre  labeur, 
ce  que  je  me  promect  qu'ilz  feront;  mais, 
Madame,  à  leur  supplication  j'ay  esté  con- 
trainct  de  vous  en  toucher  ce  mot,  et  vous 
dire  que  l'occasion  de  leur  sortye  dudit  Mont- 
pellier est  ravitaillement  que  ledit  s"'  de  Chas- 
tillon  veult  laire  au  chasteau  de  Beaucaire, 
auquel  il  a  mené  les  pièces  et  les  hommes  de 
ladite  ville  \  s'estant  servi  d'aucuns  desdits 
catholiques  pour  pionniers.  .  . 

Cependant  je  vous  diray.  Madame,  que  j'ay 
taiet  suivre  iedict  s'  de  Chastillon  par  ma 
compagnie  et  me  prépare  d'y  aller  moi  mesme 
avec  les  bons  serviteui's  du  Roy  pour  rompre 
son  ambitieux  dessaing,  aiant  d'ailleurs  pour- 
veu  à  tout  ce  que  j'ay  peu  pour  renforcer  ceux 
de  Beaucaire . . . 

Pézenas,  a3  janvier  1579-. 

Madame,  il  me  déplaist  infiniment  que 
Voti-e  Majesté  soyt  si  souvent  ennuyée  des  fas- 
cheux  discours  dont  toutes  mes  lettres  sont 
pleines  sur  les  déportemens  de  ceux  de  la 
religion  prétendue  refformée  et  spéciallement 
dudit  de  Chastillon;  mais,  Madame,  me  re- 
souvenant du  mal  que  j'ay  prédict,  il  y  a  plus 
d'un  an,  voïant  ceste  licence  s'agrandir  et  s'a- 
cioistre,  j'ay  estimé,  pour  le  debvoir  de  la 
charge  que  j'ay  en  ce  gouvernement,  pour  le 
service  du  Roy  et  le  vostre,  que  je  vous  en 
doibtz  parler  fort  ouvertement  et  dire  à  Vostre 
Majesté  que  ledit  s''  de  Chastillon,  asisté  de 
tous  les  infracteurs  de  l'édict  ennemys  de  la 
paix,  a  pris  et  continué  de  prendre  si  grande 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

hardiesse,  qu'il  fera  perdre  ou  afoiblira,  en 
tout  ce  qu'il  pourra,  l'obéissance  quy  est  deue 
au  Roy  et  à  ceux  qui  ont  mandement  en  son 
absence,  avant  desjà  levé  les  armes,  ainsi  que 
je  vous  ay  mandé,  sorly  le  canon  pour  aller 
à  ravitaillement  du  chasteau  de  Reaucaire, 
assemblé  forces  et  marché  de  telle  façon  que, 
après  sestre  présenté  à  ung  petit  lieu  nommé 
Besousse  près  Nismes  et  sommé  les  pauvres 
habitans  qui  estoient  dedans,  enfin  s'estans 
renduz  à  l'amiable,  il  a  faict  massacrer  cent 
et  ung  pauvres  païsans  catholiques  pour 
rendre  le  lieu  à  la  dévotion  desdits  rebelles. 
Je  vous  ay  de  long  temps  faict  ces  discours. 
Madame,  et  supplié  très  humblement  d'y  re- 
médier, sans  estimer  que  la  conférance  que 
Vostre  Majesté  veult  tenir,  et  qu'on  vous  dé- 
laye depuis  tant  de  moys,  puysse  remédier  à 
ces  inconvéniens.  Je  ne  le  diz  pas.  Madame, 
pour  vous  ouvrir  le  chemin  de  la  guerre,  et 
Dieu  me  soit  tesmoin  s'il  y  a  homme  en  ce 
royaume  qui  acheptast  par  le  pris  de  son 
sang  plus  chèrement  la  paix  perpétuelle  que 
moy;  mais.  Madame,  afin  qu'il  vous  plaise 
faire  l'un  et  l'autre  à  leur  imitation,  qui  est 
parler  de  la  paix  et  s'opposer  avec  forces  à 
leurs  desportemens,  ce  que  jusques  icy  je  n'ay 
peu  ny  osé  entreprendre,  tant  parce  que  cella 
m'est  interdict  que  parce  que  les  compaignies 
des  s"  de  Joyeuse  et  de  Cornusson,  qui  es- 
toient ordonnées  pour  faire  monstre  et  dont 
on  se  feust  peu  servir,  ont  esté  par  Vostre 
Majesté  commandées  de  ne  s'assembler  sur 
l'artifice  desdits  de  la  Religion.  Il  ne  m'a  esté 
possible,  quelque  prière  et  mandement  que 
j'aye  faict,  de  les  avoir,  ne  m'estant  demeuré 
que  la  mienne,  laquelle  est  depuis  à  Reau- 


'  Il  ne  faut  pas  oublier  que  Cliàtillon  étail  gouverneur  de  Montpellier  pour  le  roi,  ce  qui  rendait  son  altitude  plus 
(jrave  encore. 

'  La  réponse  de  la  reine  à  cette  lettre  est  du  1"  février,  et  se  trouve  p.  ai4. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


hli 


caiio,  où  il  y  a  aussi  dautios  l'orces  du  (îom- 
tal  et  dt'  Provence  (ju'espère,  Madame,  que 
led.  s''  de  Cliastiiton  sera  privé  de  son  des- 
seing pour  l'nvitaillement  du  chasleau.  Mais, 
Madame,  les  maulx  qu'il  faict  et  les  villaiges 
qu'il  surprent  me'rilent  bien  que  on  se  mette 
en  eainpaigne  sur  la  delYensive;  ce  que  les 
s"  de  Saincte-Jaille,  de  la  Croiselte  et  ceulx 
qui  sont  de  delà  sont  délibérez.  Je  me  pro- 
metz  que  Vostre  Majesté  ne  le  trouvera  mau- 
vais, car  la  loi  de  nature  aprend  aux  pauvres 
gens  de  requérir  qu'on  repoulse  la  vioUance 
par  la  force.  El  moy.  Madame,  je  monte  à 
cheval  avec  les  s"  de  Rieux,  de  Lombez,  de 
Saint-Félix  et  autres  bons  serviteurs  du  Roy, 
pour  m'aprocber  dudit  Beaucaire  et  y  ayder 
de  ma  propre  vye.  S'il  plaist  à  Vostre  Ma- 
jesté, elle  commandera  ausd.  s"  de  Joyeuse 
et  de  Cornussou  de  faire  marcher  leurs  com- 
paignies;  et  pour  en  sortir  de  meilleure 
façon,  si  vous  aviez  agréable  d'en  mander  aul- 
tant  aux  s'^de  Mirepoix  et  comte  deSarmen, 
il  se  pourroit  faire  ung  beau  service  au  Roy  ; 
car,  Madame,  ces  gens  icy  ne  se  gouvernent 
nv  par  conférance  ny  par  députations  :  et 
l'ont  bien  monstre  et  le  monstrent  tous  les 
jours,  nous  prédisant  plustot  ung  comman- 
dement de  guerre  que  ung  assemblenient  de 
paix.  J'allendray  surtout  la  volunté  de  Vostre 
Majesté,  luy  faisant  ce  discours  pour  veoir 
les  affaires  en  très  périlleux  estât,  afin  qu'il 
luy  plaise  y  aporter  sa  prudence  et  sagesse 
acoustumée. 

Villeneuve-Ies-Monlppllier,  25  janvior  1579. 

Madame,  il  naist  d'heure  en  heure  nou- 
veau suject  d'ennuier  Vostre  Majesté,  mais  je 
suis  contraiiict  de  luy  dire  que  depuis  hier 
que  le  luy  escrivis,  estant  prest  à  suivre  mon 
chemin  pour  aller  à  Beaucaire,  j'ay  esté  ad- 
verty  que  ceulx  de  la  religion  prétendue  ref- 


i'orinée  infracteurs  de  l'édict,  ont  à  main  iu- 
mée  et  par  un  artifice  de  poudres  surprins  la 
ville  de  Clermont-de-Lodcsve,  lieu  de  très 
grande  importance  et  (jui  borne  tellcuieni  le 
passaige  de  la  montaigne  et  de  la  plaine  que 
cette  perte  est  inestimable.  Il  est  vray,  Ma- 
dame, que  le  chasleau  et  l'église  sont  de- 
meurez pour  encore  es  mains  des  catholiques . 
au  secours  desquelz  j'ay  envoyé  M.  de  Lom- 
bez avec  le  plus  de  forces  qu'il  pourra  as- 
sembler, n'y  aïanl  peu  aller  moy  mesmes,  à 
l'occasion  du  faicl  dud.  Beaucaire,  où  je  pour- 
ray  eslre  constrainct  de  passer.  Vous  voïez. 
Madame,  quels  sont  leurs  déportemens,  et 
si  la  guerre  ouverte  est  pas  moins  dommai- 
geable  que  reste  malheureuse  saison  où  ilz 
exercent  toute  hostillité,  sortent  le  canon, 
surprennent  les  villes,  les  forcent  par  force 
du  pis  qu'ilz  ptîuvent,  ce  quy  leur  est  facile, 
n'aiant  à  faire  que  aux  simples  habitans, 
qui,  quelques  exemples  qu'ilz  voient,  ne  peu- 
vent encores  eslre  induictz  à  faire  leur  devoir, 
ne  m'estant  demeuré  ny  moïen  ny  puis- 
sance d'y  pourveoir  d'ailleurs.  Je  le  vous  dis 
librement.  Madame,  en  réitérant  mes  précé- 
dentes dépesches,  et  supplie  très-humble- 
menl  Vostre  Majesté  de  ne  point  présumer 
que  ce  soit  pour  ouvrir  le  chemin  de  la  guerre; 
car  il  n'y  a  homme  en  ce  royaume  ([ui 
souhaicte  plus  la  paix  que  moy,  et  qui  l'a- 
chcptast  plus  chèrement,  mais  c'est  pour 
veoir  ung  si  déplorable  estât  de  reste  pro- 
vince, que  je  crains  que  l'affection  des  catho- 
Hipies  se  perdra,  et  ne  sçay  s'il  y  aura,  puis 
a])rès,  moïen  d'y  remédier.  Les  longueurs 
dont  on  vous  use,  Madaïue,  font  assez  con- 
gnoistre  qu'il  y  a  quelipie  chose  de  caché, 
estans,  depuis  le  comniancemcnt  des  |)ourpai'- 
1ers  de  cestc  conférance,  tous  les  déhorde- 
mens  agrandiz  de  la  moictié.  Touteffois,  Ma- 
dame, par  les  deux  lettres  qu'il  vous  a  pieu 


Z.72 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


m'escrire  des  xiiii''  etxv'  du  présent  raoys\  il 
me  reste  une  très  grande  espe'rance,  laquelle 
on  attendroit  allègrement,  sy  on  doineuroyt 
en  estât  toHe'rable  et  que  toutes  hostiilitéz 
cessassent;  mais  personne  n'y  remédye,  et 
pensent  les  catholiques  qu'ilz  sont  destinez, 
pour  la  proye  de  ceux  de  ladite  Religion. 

Pour  le  regard  du  faict  de  Narbonne  et 
l'élection  consulaire,  j'estime  que  vostre  in- 
tention sera  suivye  et  en  ay  escrit  aux  offi- 
ciers, consulz  et  habilans,  estant  bon  besoin 
que  Votre  Majesté  y  mette  la  main,  en  son 
passaige,  pour  le  service  du  Roy  et  bien  de  la 
ville  et  pour  infimes  œconomieâ  que  monsieur 
de  Rieux,  qui  esl  près  de  moy,  me  repre'sente 
tous  les  jours  et  que  j'ay  moy  mesme  veues  : 
ce  que  je  me  proraetz  qui  adviendra  pour 
rendre  à  jamais  ccstc  ville  florissante  et  obli- 
gée à  Vostre  Majesté,  de  laquelle  elle  tiendra 
ce  bien. 

Villeneuve-les-Montpellier,  3  février  1579-. 

Madame,  je  m'en  voys  à  Beaucaire  avec  ce 
peu  que  j'ay  icy.  Je  espère  que  je  y  trouverai 
les  affaires  si  bien  disposées  qu'il  ne  restera 
que  de  recevoir  le  chasteau  des  mains  des  oc- 
cupateurs  d'icelluy,  iesquelz  se  voyent  telle- 
ment désespérez  de  secours  et  réduictz  en  si 
grande  nécessité  qu'ilz  sont  entrez  en  parle- 
ment et  quasi  accordé  la  restitution,  si  le 
s'  de  Ghastillon  ne  les  avitailloyt  dans  cer- 
tains jours  désjà  passez.  Il  luy  est  bien  ma- 
laisé de  faire  cest  expioict  et  se  veoit  en  plus 
grand  dangier  d'êlre  assiégé,  au  lieu  où  sont 
ses  forces,  que  de  désassicger  les  autres.  Les 
parlicullaritez  en  seront  discoureus  à  Vostre 
Majesté  par  le  s''  de  Convertis,  présent  por- 
teur, sv  Elle  luv  faict  ces!  honneur  de  rouyr, 


dont  je  la  supplie  très-humblement.  L'occa- 
sion principalle  de  son  voïage.  Madame,  est 
pour    remonstrer   à   Vostre    Majesté    que    le 
nombre  d'hommes  qui  est  en  ladite  ville  est 
tel  et  si  grand,  tant  de  cheval  que  de  pied, 
et  les  despences  pour  les  fortifications  et  mu- 
remens  si  excessives,  depuis  v   mois  passés, 
que  les  assignations  qu'il  a  pieu  à  Vostre  Ma- 
jesté leur  donner,   et  sans  lesquelles  la  ville 
estoit  perdeue,  n'y  peuvent  basier,  à  beau- 
coup près  :  tellement  que  si  la  bonté  de  Vostre 
Majesté  n'a  esgard  à  la  misère  de  ceste  pauvre 
ville,  il  n'est  possible  qu'elle  puisse  plus  lon- 
guement supporter  ceste  immense  despense, 
ny  les  forces  auxillières  et  ordinères  qui  sont 
en  lad.   ville  y    demeurer  davantage.   Vous 
estes  à  la  veille.   Madame,  de  recueillir   le 
fruict  inestimable  de  ceste  entreprise,  ron- 
duicte  à  une  si  heureuse  fin   et   de  laquelle 
dépend  la  plus  grande  bastonnade  que  ceux 
de  la  Religion  ayent  eu  de  tous  ces  derniers 
troubles,    tellement.    Madame,   que  je    vous 
supplie  très  humblement  ordonner  encore  au 
trésorier  de  [l'épargne]  jusques  à  vi'"  escus, 
outre  les  précédentes  assignations,  et  mander 
aux  trésoriers  généraulx  de  France  en  la  gé- 
nérallité  de  Montpellier,    establiz   à   Réziers, 
toutes  autres  assignations  postposées,  les  ac- 
quitter incontinent,  afin  qu'avec  ce  moïen  on 
puisse  donner  contantement    aux    gens    de 
guerre  et  essayer  de  faire  uug  beau  et  signalé 
service  à  Vos  Majestez,  comme  l'occasion  s'en 
prépare  d'heure  à  autre,  estant  led.  de  Cdias- 
tillon  foible  et  dans  des  lieux  qu'il  a  surprins, 
Iesquelz  il  ne  peult  garder  ny  deffendre,  s'il 
est  bien  assailly.  Les  parlicullaritez  vous  en 
seront  représentées  par  led.  s'  de  Convertis 
jusques  à  ce  que  je  mande  à  Voire  Majesté, 


'   Les  lellres  du  1 '1  el  i5  janvier,  écrites  par  la  reine  mère  de  Port-Saitile-Marie,  se  trouvent  p.  Q50  à  321. 
■'  Catherine  répond  à  Daniville  le  1 1  février  par  le  s'  de  Convertis,  qu'elle  lui  renvoyé.  —  Voir  p.  357. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


'i73 


lors  do  mon  iiniM'c,  riKMirciisc  nouvelle  de 
la  restiliiliiiii.  I>l  rependant  je  vous  coulimic- 
rav,  Madame,  l'estrillade  (jue  out  eu  ceux 
qui  avoient  surprins  la  ville  de  Cleinionl, 
estant  leur  pari  plus  «fraude  que  je  n'avoys 
escrit  à  Vosfie  Majesté;  car  il  y  en  est  demeuré 
vi",  et  huict  des  meilleurs  cappitaiues  quilz 
eussent,  et  si,  en  suitte  de  ce  bonheur,  ceux 
des  uostres  qui  estoient  allez  secourir  la  ville 
ont  en  leur  retour  saisy  ung  fort  nommé  Sa- 
lellez,  occupé  par  losd.  infracleurs,  où  il  en  est 
demeurd  xxvn  dedans,  de  manière.  Madame, 
que  es  cartiers  de  delà  ceux  qui  causoient  le 
mal  en  ont  porté  la  peyne.  Dieu  veuille  quil 
on  advienne  le  sembabie  aud.  Beaucaire,  pour 
faire  flprir  puis  après,  avec  plus  de  facillité, 
la  bien  heureuse  paix  que  les  gens  de  bien 
espèrent  du  labeur  de  Vostre  Majesté. 

Villeneuve,  G  lévrier  1579'. 

Madame,  j'ay  esté  retenu  plus  longuement 
que  je  ne  pensovs  en  ce  lieu  de  Villeneufve, 
tant  pour  in  osloigner  de  ces  cartiers  pour  les 
entreprises  que  Bacom  avoyt  sur  la  ville  d'Agde 
et  autres  lieux  maritimes  oii  il  s'est  essayé  de 
donner,  se  tenant  encores  es  environs  d'iceux, 
que  pour  le  desbordenient  des  rivières  qui 
m'ont  clos  le  passaige  de  Beaucaire;  mais. 
Madame,  le  bon  ordre  i]ue  je  y  ai  donné  et 
l'impossibilité  que  ceux  du  chasteau  ont  con- 
gneue  au  secours  que  on  leur  faisoil  espérer 
les  ont  à  la  fin  contrainctz  de  venir  à  raison 
par  une  composition  que  on  a  faicte  avec  eux, 
tellement,  Madame,  que  hier  v"'  du  présent, 
ung  nommée  Bernadie,  lieutenant  du  s"'  de 
Chastillon,  qui  estoit  audit  chasteau,  en  est 
sorty  avec  xxxv  soldatz,  que  le  s'  de  la  Croi- 
sette,  mon  lieutenant,  a  faict  conduire  jusques 

'  La  réponse  de  la  reine  esl  du  1  6  février  1 579.  Voir  p.  23.'i.  —  l.e  roi  l'éliriln  aussi  le  mar^rhal  par  une  lettre  i\<U'. 
nous  piil)lior.s  (u"  XWll  de  Y  Appendice). 

-  Seruliac,  Movnes,  Besoucc,  petites  villes  du  départemenl  du  Gud. 

fliTIIEni.XE  DE    MtDICiS.    VI.  "" 

nfPRIHCUE    SAT105ALE. 


à  Moiil|)ellier.  Et  a  ostr-  mis  es  mains  du  s"' 
de  Saiuiio-.hiille  la  redoulo  et  la  principalle 
lour  (lud.  chasloau;  tellement.  Madame,  que 
à  présent  la  place  esl  eu  lobéissance  du  Boy, 
dont  je  loue  Dieu,  el  qu'il  m'a  faict  la  grâce 
(le  cueillir  le  fruicl  de  tant  do  labeurs  qui  ne 
sont  rien  au  prix  de  fimportauco  du  lieu, 
lello  qu'on  ne  la  ])eult  quasi  exprimer.  Vous 
congnoistrez.  Madame,  si  Voz  Majestez  y  ont 
esté  bien  servies  et  mis  en  voyc  pour  parachever 
ce  qui  reste  et  |)ourvooir  à  tout  ce  qu'il  convien- 
dra pour  ta  garde  d'icoUuy,  dont  je  vous  dou- 
nerav  advis  particulièrement,  vous  suppliant 
très-liumblement,  Madame,  ne  laisser  pour 
cela  do  déposchor  favorablement  et  avec  bonne 
assignation  le  s''  de  Convertis,  d'au  liant  qu'il 
sera  nécessaire  de  contanter  les  compaignies 
qui  ont  si  bien  faict,  et  fournir  à  infinis  autres 
fraiz  pour  renvoyer  les  occupateurs,  comme  il 
leur  a  esté  promis.  Je  vous  diray  aussy.  Ma- 
dame, ([ue  le  lieu  de  Sergnac,  que  le  s' do 
(Ibastillon  avoyt  pris,  a  esté  semblablement 
remis  en  l'obévssance  de  Vos  Majestez,  en- 
semble celluy  de  Meynes-,  tellement  qu'il 
demeure  seuUement  à  Besousse,  dont  j'espère 
le  faire  bientost  desloger,  sy  de  luy  mesmes  il 
ne  veult  recongnoistre  son  debvoir,  aiant  ma 
présence  plus  servy  en  ce  lieu  pour  inthimider 
ceux  de  Montpellier  et  des  environs  que  si 
j'eusse  esté  audit  Beaucaire. 

Au  surplus.  Madame,  l'interdiction  (|u'il  a 
pieu  à  Votre  Majesté  de  faire  aux  consulz  de 
Narbonne  pour  l'élection  de  leurs  successeurs 
eu  ceste  charge,  lour  a  esté  signilliée  avec 
une  lettre  que  je  leur  ay  escrite,  les  exorlant 
d'y  obévr;  et  encores  que  veissent  vostre  vo- 
lunté  el  la  douceur  i\o  laquelle  Vostre  Ma- 
jesté y  use,  attendant  la  response  du  Boy,  si 


474 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


est-ce  que  la  discursetë  d'aucuns  ne.  la  pou- 
voit  gouster,  aiant  faict  plusieurs  démonstra- 
tions de  ne  s'y  vouloir  ranger  :  touteffoys  enfin 
ilz  ont  envoyé  vers  Vostre  Majesté,  la  pensant 
surprendre  soubz  le  nom  des  consulz.  J'estime 
que  Votre  Majesté  en  aura  désjà  eu  advis, 
afin  de  demeurer  ferme  en  vostre  première 
délibération;  néantmoins,  Madame,  mon  de- 
voir me  constrainct  de  vous  dire  que,  pour  le 
bien  du  service  de  Voz  Majeslez,  vous  les  devez 
renvoyer  jusques  à  vostre  passaige  par  leur 
ville  et  continuer  vostre  interdiction;  car  je 
feray  congnoistre  à  Vostre  Majesté  combien 
la  domination  de  ceux  qui  se  veulent  impa- 
troner  de  cette  administration  publicque  est 
périlleuse  au  service  du  Roy  et  à  ceux  qui  y 
commandent  soubz  son  nom.  J'ay  icy  mon- 
sieur de  Rieux  avec  moy,  à  qui  j'ay  veu  user 
d'une  si  grande  patience  que  si  ces  turbuians 
obtenoient  ce  qu'ilz  demandent,  vostre  bonté, 
Madame,  leur  hausseroit  tellement  le  cœur 
qu'ilz  demeurei'oient  insuportables.  J'estime, 
Madame,  que  vous  prendrez  mes  advis  en 
bonne  part,  comme  venant  de  celluy  qui  con- 
gnoist  les  personnes  et  qui  n'en  use  qu'au 
seul  service  de  Voz  Majestez,  comme  je  feray 
toute  ma  vye. 

Villeneuve,  ii  février  1379. 

Madame,  je  confirme  à  présent  à  Vostre 
Majesté  avec  assurance  la  restitution  du  chas- 
teau  de  Beaucaire,  qui  est  en  l'obéissance  du 
Roy  par  la  capitulation  faicte  avec  les  occu- 
pateurs,  le  principal  desquelz  nommé  le  cap- 
pitaiiic  Baudonnet,  lieutenant  du  cappitaine 
Parabère,  s'est  réuni  au  service  du  Roi  et  y 
veult  vivre  et  mourir,  s'estant  monstre  assez 
volontaire  et  traictable ,  et  La  Bernardie,  lieu- 
tenant du  s''  de  Cliastiilon ,  s'est  retiré  à  Mont- 


pellier. Led.  s''  de  Cliastiilon  a  esté  aussi  con- 
trainct  d'abandonner  le  lieu  de  Besousse, 
tellement  que  de  sa  conqueste,  il  ne  luy  reste 
que  la  vengeance,  que  le  sang  innocent  de 
de  ceux  qui  ont  esté  meurtris  aud.  Besousse 
demande  à  Dieu.  Il  est  à  Montpellier;  et  me 
sont  les  compagnies  de  cheval  et  de  pied  ve- 
nues trouver,  ainsi  que  j'estois  en  chemin  de 
passer  audit  Beaucaire,  de  manière  que,  pour 
ne  reculer  plus  longuement  la  tenue  des  Estais 
et  pour  veoir  ce  costé  de  delà  délivré  de  l'o- 
pression  où  il  estoit,  j'ay  esté  conseillé  de  n'y 
point  aller,  pour  le  présent  seullement.  Jay 
pourveu  à  la  seureté  de  la  place  et  y  ay  en- 
voyé des  miens,  pour  oster  toute  jalousie,  et 
laissé  le  s'  de  Saincte-Jaille  avec  la  compai- 
gnie  de  son  fils  en  la  ville  attendre  que,  aussi 
tost  que  les  Estats  seront  achevez,  si  Vostre 
Majesté  l'a  agréable,  je  y  puisse  aller  pour  y 
establir  ung  ordre  solide.  Je  faiz  cependant 
aprocber  les  compaignies  que  j'ay  en  lieux 
plus  nécessaires,  et  en  laisseray  en  ce  quar- 
tier pour  s'opposer  à  l'audace  des  infracteurs 
de  l'édicl  et  leur  faire,  pareffect  et  non  de 
paroUe,  désirer  la  paix,  le  moïen  de  laquelle 
consiste  à  leur  résister  et  ne  les  laisser  seuiz, 
comme  j'estime  que  Vostre  Majesté  aura 
agréable  comme  nécessaire  au  service  du  Roy 
et  à  l'avancement  de  vostre  labeur,  dont  jat- 
tendz  journellement  des  nouvelles  pour  faire 
ce  qu'il  plairra  à  Vostre  Majesté,  me  comman- 
der, ayant  adverty  le  Roy  de  ce  que  dessus 
par  un  courrier  exprès,  m'assuranl  que  ceste 
nouvelle  réjouira  Sa  Majesté,  laquelle  je  sup- 
plie très-humblement,  en  me  continuant  ses 
bonnes  grâces,  m'ordonner  led.  chasteau  pour 
ma  demeure  et  de  ma  femme  et  mes  enfans, 
comme  le  lieu  auquel  il  fault  que  je  passe 
une  paitie   de   l'année ^  J'estime,  Madame, 


La  demande  de  Damvilli'  lui  fui  acconlée  par  Henri  III.  La  reiue  mère  Tavail  appuyée.  —  \oir  p.  378,  note. 


LETTRES  DE  CATHERIAE  DE  MKDIGIS. 


/i75 


que,  me  (laiil  une  si  grande  province,  Elle  me 
commettra  bien  la  garde  de  ceste  place,  de 
laquelle  je  luy  respondz  de  ma  vye  et  de  mon 
honneur.  11  luy  a  de'sjà  pieu  me  Tacorder  dès 
le  vivant  de  feu  Parabère,  tellement  qu'il  ne 
me  restera  que  supplier  très-humblement 
Vostre  Majesté',  Madame,  me  y  esfre  aidant, 
comme  celle  seuUe  en  laquelle  je  fonde  tout 
mon  secours  et  espoir. 

Pczenas,  18  février  1679. 

Madame,  lorsque  j'ay  receu  les  lettres  qu'il 
a  pieu  à  Vostre  Majesté'  m'escrirc,  par  le  s'  de 
Convertis,  j'av  bien  cogneu  que  n'aviez  encore 
eu  les  advis  (jue  je  vous  ay  mandez  de  la  res- 
titution du  chasteau  de  Beaucaire  et  des  lieux 
que  le  s"'  de  Cliastillon  avoit  occupez  dans  le 
circuit  de  Nismes,  ensemble  Testât  auquel 
se  trouvent  réduiltes  les  afleres  de  deçà,  car. 
Madame,  elles  sont  en  tel  terme  que  Vostre 
Majesté  ne  se  doibt  laisser  aller  aux  imperti- 
nentes demandes  que  font  les  de'putez  des- 
dictz  de  la  Religion,  qui  ne  cherchent  que  les 
moïens  de  temporiser  et  faire  naistre  de  jour 
enjournouvelles  difficultez,  pourattendre,  s'il 
leur  est  possible,  la  prochaine  re'colle  ;  et,  après 
icelle  Vostre  Majesté  doibt  considérer  s'ilz  ne 
seront  pas  de  beaucoup  plus  insupportables 
que  à  présent.  Il  y  a  long  temps,  Madame, 
que  j'ay  prédict  à  Vostre  Majesté  que  la  dou- 
ceur ne  proffiteroit  en  leur  endroict  :  vous 
l'avez  congneu  et  le  voïez  encores  à  présent, 
tellement,  Madame,  que  je  supplieray  très 
humblement  Vostre  Majesté  prandre  résolu- 
tion sur  ce  qui  sera  de  la  volunté  du  Roy  et 
vostre  en  l'exécution  dud.  édict,  afln  que 
soudainement  on  puisse  r ongnoistre  par  effect 
s'ils    la   veulient   ou   non.   (À!ux  de   Aismes, 


quand  il/,  ont  esté  chatouillez,  me  sont  venu/, 
les  mains  ouvertes,  à  Villeneufve,  demander 
l'exécution  de  l'édicl,  se  repentant  de  l'assi- 
stance ([u'Ilz  a\ oient  donnée  au  s'  d(!  Cliastil- 
lon.  Hz  ont    trouvé  en  moy  le   mesme  désir 
que  je  sçay  eslie  de  Vostre  Majesté.  Je  les  y  ai 
renvoyez  contans,  faisant  cesser  toute  hostil- 
lili!  de  part  et  d'autre.  Quant  à  Montpellier,  je 
les  ay  uug  peu  picquez,  pendant  mon  séjour  à 
Villeneufve,  pour  leur  faire  rapeller  les  forces 
et  canons  qu  ilz  avoient  donnés  audit  s'  de 
ChastiiloQ,  lequel,  après  l'anéantissement  de 
son  dessein,  est  retourné  en  lad.  ville  avec  la 
bouche  pleine  de  paix.  Mais  je  n'ay  trouvé  en 
luy  ny  en  ceux  de  ladite  ville  une  si  grande 
rondeur  qu'il  eust  esté  besoin  pour  y  eslablir 
ung  bon  ordre,  parce  que  ceste  ville  est  régie 
par  quelques  factieux   et  ennemis  du  repos. 
Toulellois,  pour  leur  faire  de  tant  plus  con- 
gnoistre   l'intention  de   Votre    Majesté,    j'ay 
seulement  pourveu  à  la  seureté  des  lieux  ca- 
tholiques, qui  sont  dans  le  diocèse  dudit  Monl- 
[)eliier,  el  laissé  quelques  ungs  de  ma  compa- 
gnie pour   empescher    les   courses   dont  il/, 
ostoient  menasses,  faisant  cesser  au  reste  toute 
hostillité,  et  retii-er  les  compagnies  d(^  gens 
de  pied  quy  m'estoienl  venus  trouver  de  Beau- 
caire,  lesquelles  j'ay  proches    enlie  Montai- 
gnac  et  (iignac',  pour  tenir  en  crainte  ceux 
qui  ont  acoustumé  de  ruyner  le  peuple,  et 
empescher  les  intelligences  el  entreprises  (jui' 
les  infracteuis  de  l'édicl  ont  sur  plusieurs  des 
meilleures  villes  de  ces  quartiers.  J'ay  con;;ncn , 
Madame,  et  tout  le  pais  avec  moy,  combien  a 
esté  préjudiciable  au  service  du  Roy  le  désar- 
mement que  iéiz  l'année  passée  après  la  pu- 
blication de  fédict,  et  dès  lors  je  préveuz  le 
mal  qui  en  adviendroit;  mais.  Madame,  es- 
tant obéissant  comme  je  suis,  je  satisfcz  à  la 


Montagiiac  cl  (iignac,  deux  cliefs-lieiu  de  canloti  de  l'Héiaull. 


60. 


/,70  LETTUES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

\(iliiiilr   l'I    iiu\    (•(iiiiiii,iii(li'mens  t\c    \(is    i\lii- 
jolc/.  i'i)soiiil)le  iui  di'sir  lU's  calliolii|ut's  i|ui. 


siiMS  roiisidi'-riT  l'Iiiiiiieur  desdil^  de  In  licli- 
<;iuii,  s'i'sldicnl  laissez  fjaijfuur  souhs  ces  doux 
iiKils  di'  >oidMi<;rmi'nl  el  ne  veoieiil  jiiis  leurs 
(Miiieiii)s  iirmez,  ijui  depuis  re  leiiip^  iiont 
eessé  de  [trendre  el  l'aii'e,  sans  eoiu|>aiais()ii , 
plus  de  iiiaiilx  i|ue  la  plaine  gin'rre.  (Cepen- 
dant, Mi'.danie,  les  m'"  eseus  dont  il  \(>ns  a 
pieu  <l()nner  assijjnation  sei'\ironl  pour  les 
ConipasMiies  et  p<nii'  cq  qui  reste  <à  paier  de  la 
despence  l'airte  en  eeste  pauvre  ville  di'  lieau- 
cnlre.  de  laipiellr  j'espère  que  \(i>tie  Maicslè 
juiM'ra  les  rnvnes  el  IVass  insujxirlaldes, 
lor>(|iie  passerez  en  ee  gouvernement,  dont 
nio\.  Madame,  ri  t(Uit  !<■  paï^  vous  supplions 
tirs-liumlilemenl ,  alin  (pie  j'a)  eest  lionneur 
(jui'soiez  juge  des  aetioLis  de  ma  eliarjfo  et  (|ue 
donniez  les  remèdes  (•on\enable>  à  la  misère 
de  cesle  pi'ovince.  .Te  m'en  \o\s  à  .Naibonne 
piinr  V  tenir  les  Kstatz',  ainsy  (]u'il  a  pieu  à 
Voslre  Majesté  me  commander,  où  j'eusse  bien 
drsirè  (pie  vous  eussiez  assisti'';  mais,  Ma- 
ilame.  ji'  vous  dimneiav  advis  de  licnn'  a 
autre  de  ce  qui  s'\  passera  el  me  treiiveray 
mes!  pour  aller  à  (iarcasoniie,  ainsi  (|ue  me 
cdiiiniandez,  pour  l'aire  tout  ce  cpii'  \i)lie  Ma- 
jcsli-  aura  agréable,  comme  cellu\  qui  ne  v;i- 
rira  jamais  à  unj;  seul  poinct  de  \os  coniman- 
demens,  et  qui  ne  souhaite  rien  plus  que  de 
m'aprocher  de  \otre  Majesté  pdur  lui  l'aire 
très-hiiinblemeiil  service  de  I  aicom|iae|ier  en 
son  passaijje,  avec  ceux  de  ma  conq^aignie  et 
la  noblesse  de  ce  ijinivernemenl .  qui  recc\ra 
beaiiciMip  d'iioiuieur  désire  maïub'e  à  uiij;  si 
biili  ellect. 


l'f/c'iins.  'j'!  Iinrier  ij-()-. 
Madame,  m'aiant  le  s' de  .SaiiKi-\  idal'  di 


|ies(dié  ce  gentillionime  présent  porteur,  pour 
rinrormer  de  Testât  des  alïaires  du  pais  de  Gc- 
vaudau  el  Vellay ,  èscpndz  il  a  eu  cliarj;e  en  l'exé- 
cution de  l'édict  et  pendant  la  yuerre,  voyani 
ipie  ceux  de  la  relijjion  ])i-étendue  réformée 
(les(l.([uartiers  soûl  semblables  ou  pires  que  du 
coslé  de  de(j-à,  et  que  d'ailleurs  c'est  vous  seule. 
Madame,  tle  laquelle  ou  en  espère  le  remède 
et  i|ui  peult  prescrire  à  muy  et  and.  s'  de 
Saincl-Vidal  les  moïens  de  s'y  opposer,  j'ay 
esliuu'.  Madame,  (pie  ced.  porteur  deb\oit 
passer  \ers  Vostre  Majesli'  pour  à  Elle  inesme 
eu  l'aire  les  plainctes,  ipii  sont  telles  ipie 
si  les  catlioli(pies  n(;  sont  sousienus  a\ec  la 
lorce,  ilz  deinenreul  d('ses|)érez,  p(uir  les 
courses  et  \iolauces  (|ue  on  exerce  sur  eux,  a 
(pio\  led.  s'  de  Saiiict-\  idal  n'ose  remédier 
pour  a\oir  les  mains  hées.  Je  supplie  livs 
luniiblement  Voslre  Majesié  remonstier  cesl 
acte  au  ro\  de  \a\arre  et  aux  dep|)utez  de  la 
conréiaiice  .  alin  (pi'il/v  icmédieut  pour  éviter 
la  cons(''(piauce,  estant  les  priville'ges  de  ceux 
(pii  \ieuncnt  aux  Estalz  de  Languedoc  plus 
"laud/,  (pie  les  leurs.  Au  surplus,  Madame, 
p(uirce  (pii  toucb(>  tes  (piarliers  de  deçà,j'ad- 
joiisteiay  à  la  dépesclie  (pie  j'ay  faicte  à 
\oslre  Majesté  par  le  s'  de  Seiidal,  (pie  le  s' 
de  Chasiillon,  in'aiani  senty  esloigm'  de  Mont- 
pellier. s'elTorce  de  ravaigcr  la  campagne  et 
a  l'aict  desniolir  la  tour  du  lieu  de  l'endz  ',  a(i- 
parteuanl  aux  ('■cclésiasti(|ues  dud.  Montpel- 
lier, de  mani<'re  (pie.  |iour  le  tenir  eu  garde, 
j'ay  est('  contrainct  d'y  einoier  pailie  de  ma 


'    Los  Kt.ils  Je  t,.iijj;iie(lec,  irdlmrd  cniiviiiidijs  à  Nailmiino,  se  lliiri'iil  celte  aimée  à  Cusleliiaint.iry.  el  le  iiiarerhal 
(!.■  Daiiivilte  y  vint  ivil'oioer  tii  r  ■iii>'. 

■    l.,i  lepiiiise  à  rrllc  lellrc  est  des  -îli-jS  lr\rirc.  —  \  oie  p.  !^Si. 
Le  sieiic  «le  L.i  Tiiui',  de  Sa'i(it-\  idal ,  l'Iail  ;;i:iii\  ei  iieur  du  \  elav. 
"  l'cii.ls  (ll(?iaiill),  caïUeii  de  Monqi.'lliei'. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


hll 


compagnio  pour  seullemcnt  s'opposer  à  ses  dé- 
portemeus,  s'il  les  continue,  roniiue  il  sei'oict 
nécessaire  que  je  ieisse  à  ceulx  de  Baron,  qui 
ruvuc  le  peuple;  mais  il  fauldroit  que  j'eusse 
davanlaijje  de  cavallerye  et  des  moïens  pour 
reulrelenir.  Touleffoys,  Madame,  je  y  feray 
loul  ce  qui  me  sera  possible,  alendant  l'issue 
de  la  conférance  et  ce  qu'il  plaira  à  Vostre 
Majesté  rae  commander.  Je  mon  voyz  dans 
deux  jours  à  iXarbonne  pour  y  tenir  les  Eslatz, 
que  je  y  ay  prorogez  au  \xv  du  présent,  après 
lesquelz  je  me  avanceray  ou  l'eray  ce  que  \  ostre 
Majesté  aura  agréable. 

Madame,  j'ay  oblié  dadvorlir  par  mes  pré- 
cédentes Vostre  Majesté  que  le  dcsbordement 
du  Rosne  a  noyé  tous  les  selz  de  Peccais,  tel- 
lement que  le  principal  nerf  et  soustien  de 
ceux  de  la  Religion  est  perdu  '. 

Pézenas,  12  mars  1579-. 

Madame,  ceste  particullière  lettre  sera  seul- 
lement  pour  dire  à  Vostre  Majesté  que  j'ay 
receu  la  dépescbe  qu'il  luy  a  pieu  m'envoier 
pour  le  dilTérent  qui  est  en  la  ville  de  Nar- 
bonne,  entre  aucuns  des  principaulx  liabitans 
d'icelle  et  les  consulz  à  présent  en  charge,  sur 
la  prochaine  élection  consulaire.  Et  encores. 
Madame,  que  ceste  despesche  me  l'ace  pro- 
mcctre  vostre  prochaine  arrivée  en  ce  pais 
pour  vous  estre  réservé  d'acoumoder  leur  dil- 
l'erent  lorsque  serez  en  lad.  ville,  sy  est-ce  que 
aiant  sceu  par  le  s'  baron  de  Rieux  que  iceux 
consulz,  contrc'rement  au  lenvoy  (|ue  le  Roy  a 
faict  à  Vostre  Majesté  de  tout  leur  dill'érent, 
n'ont  laissé  de  députer  et  envoler  quelques 
uns  d'entre  eux  à  la  court  pour  en  faire 
quelque  poursuittc,  j'ay  estimé  devoir   faire 


ce  mot  à  Vostre  Majtisté,  pour  la  suppliei'  1res 
humblement,  auparaxanl  que  le  mal  s'apan- 
disse  davantaige.d'en  couper  laracuie,  et  con- 
sidérer combien  est  pernilieuse  la  licence  qu'à 
commencé  de  prendre  le  peuple  des  villes  de 
ce  royaume.  Led.  s''  de  Rieux  m'a  fort  pressé 
de  Irouver  bon  le  vo'iage  qu'il  vouiluit  fair(!  vers 
le  Roy  sur  ceste  occasion.  Mais,  eu  esgard  au 
temps  où  nous  sommes  et  au  besoing  que  on 
poiirruil  avoir'  de  sa  personne  en  l'exécution 
de  l'édicl,  je  l'en  ay  dissuadé,  avec  aseu- 
rance  que  Vostre  Majesté  ne  perinecte  plus 
louguement  la  division  qui  est  en  ladicte  ville, 
dont  je  la  supplye  Irès-humblement,  comme 
en  une  des  choses  de  ce  gouvernement  qu'esl 
di'  la  |)liis  grande  iinj)orlance.  J'escriptz  le 
semblable  au  Rov,  et  ne  feray  aucune  chose, 
sur  le  renvoy  qu'il  a  pieu  à  Vostre  Majesté 
me  faire,  que  je  n'aveplus  ouvertement  sa  vo- 
lonté; seullement  jiî  liendray  la  main  (jue  rien 
ne  s'en  aigrisse  davantaige,  ce  qui  sera  lort 
laoille  du  costé  dud.  s'  de  Rieux,  qui  a  tous- 
jours  esté  très  retenu  et  qui  ne  fera  «(ue  ce 
(|ui  luy  sera  ordonné  par  Vostre  Majesté,  ainsi 
qu'il  vous  escript  par  ce  porteur  qu'il  (envoyé 
exprès,  lequel  j'ay  bien  voulu  acompai|[iier  de 
cesluy  mon  lesmoi|;na{je,  que  \'ostre  Majesté, 
aura,  s'il  iuy  plaisi,  agréable. 

IVztMias,  1;!  mars  I T)-)). 

Madame,  N'ostre  Majesli;  a  mis  lin  à  son 
travail  par  l'issue  de  la  coiilérencc  (]ui  a  esié 
tenue  avec  ceux  de  la  religion  pr(''ten(lue  rel- 
foruu'e,  du(]uel  il  en  es!  réussy  le  bien  de  la 
paix  que  chacun  a  espéré,  tellemeut,  Madame, 
(jue  veux  estre  des  premiers  à  en  louer  Dieu 
et  me  conjouyr  avec  Vostre  Majesié  de  l'aise 
et  contentement  ipii  luy  reste.  Mais,  Madame, 


'   Sur  les  salines  de  Peccais,  so  rt^férer  la  iiulo  de  la  page  266. 

2  I.a  réponse  à  relie  lellre  est  du  ai  mai-s  1.Î79.  Voir  p.  .3i3.  —  On  pcul  se  reporter  aussi  à  la  Un  >V'  la  lettre 
de  f)ani\ille  du  (S  février  1079  et  an  comniencenient  de  celle  du  '1  aoiil  i-t-fH. 


478 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sans  vouiloir  eiilrer  aux  particulières  remons- 
trances  qui  pounoient  estre  faictes  à  Vostre 
Majesté  sur  i'avantaige  que  cesle  résolution  a 
porte'e  ausd.  de  la  Religion,  ny  vous  dire 
combien  de  pauvres  catholiques  demeurent 
de'sespérez  pour  se  veoirbanniz  de  leurs  mai- 
sons à  l'occasion  des  villes  qui  leur  ont  esté 
accordées,  et  la  crainte  qu'ilz  ont  que  la  fin 
de  dix  moys  ne  les  remecte  en  leur  liberté  ', 
je  me  contanteray  de  vous  supplier  très-hum- 
blement qu'il  vous  plaise  n'abandonner  ceste 
désolée  province  qu'elle  n'ait  senty  quelque 
fruict  du  bien  qu'elle  s'est  promis  de  la  [venue] 
de  Vostre  Majesté.  Aussy,  Madame,  j'ay  ferme 
créance  que  c'est  ung  oeuvre  digne  de  Vostre 
Majesté  que  de  planter  en  vostre  passaige  les 
fondemens  de  ceste  exécution,  afin  que  le 
peuple  vous  comble  de  bénédictions  et  co- 
gnoisse  que  vous  estes  la  vraye  mère  du  Roy 
et  du  royaume.  Quant  à  moy.  Madame,  je 
travailloray  en  tout  ce  qui  me  sera  possible  à 
l'avancement  d'un  si  grand  bien  et  n'attendz 
que  les  commissions  [quej  Vostre  Majesté  me 
doibt  envoler  pour  y  apporter  commancement; 
mais  il  fault  que  le  principal  vienne  de  ceulx 
de  la  Religion,  qui  seuls  ont  commis  et  com- 
mectent  les  infractions  et  désobéissances;  à 
laquelle  je  diray  aussy  que  je  ne  trouvcray 
jamais  rien  mauvais  de  ce  qui  sera  de  sa  vo- 
lunté,  d'aultant  qu'estant  obéissant  et  confes- 
sant que  Voz  Majestez  ont  puissance  sur  ma 
vye.  Elles  peuvent  bien  disposer  de  mes  mai- 
sons et  biens,  ainsy  qu'il  a  pieu  à  Vostre  Ma- 


jesté faire,  par  Tacord  des  villes  de  Baignoz-, 
et  Salles  •',  qui  sont  les  deux  lieux  seuls  que 
j'ay  en  ce  gouvernement:  et  pensoys.  Madame, 
que  ceulx  de  la  Religion  ne  me  voudroieut 
faire  de  pù-e  condition  que  le  moindre  gentil- 
homme de  France,  auquel  il  est  permis  la 
restitution  de  sa  maison;  mais  puisque  c'est 
vostre  volunté.  Madame,  je  seray  le  premier 
à  y  obéir,  et  s'il  y  convient  de  mon  sang  et 
de  fout  le  reste  de  ce  qui  m'apartient,  je  ne 
l'espargneray  pour  ung  si  grand  bien  que 
celluy  de  la  paix,  estimant  que  Vostre  Majesté 
aura  prins  de  si  bonnes  assurances  pour  la 
restitution  des  places  acordées,  que,  le  temps 
passé,  elles  seront  randues.  J'atlendray  donc 
la  volonté  de  Vostre  Majesté  et  lesd.  commis- 
sions pour  aporter  commancement  à  ce  bon 
œuvre  jusqu'à  à  la  venue  de  Vostre  Majesié. 

Pézenas,  i4  mars  1Ô79. 

Madame,  Vostre  Majesté  entendra  par  ce 
porteur  la  division  qui  est  en  la  ville  de 
Montpellier''  entre  ceulx  de  le  religion  pré- 
tendue réformée,  pour  l'occasion  des  nou- 
veaulx  consulz,  où  les  principaulx  et  le  peuple 
se  sont  tellement  boudez  qu'ilz  ont  esté  prelz 
de  venir  aux  armes,  voulant  les  factieux,  et 
qui  n'ont  rien  à  perdre,  admettre  [à]  cesle 
administration  des  gens  de  leur  honneur, 
qui  ne  demandent  que  la  continuation  du 
mauvais  gouvernement  qui  a  esté  en  lad. 
ville;  et,  à  ce,  ont  esté  et  sont  supportez  par 
le  s'  de  Chasiillon,  lequel,  pour  les  main- 


'  Damville,  qui  avait  été  longtemps  l'ami  el  l'allié  des  protestants,  se  fait  ici  l'organe  des  plaintes  des  catholiques 
du  Languedoc,  qui,  comme  ceux  de  la  Guyenne,  trouvaient  que  la  reine  avait  fait  trop  de  concessions. 

-  C'est  sans  doute  Bagnois  (Gard),  une  des  villes  laissées  par  les  articles  de  Nérac  aux  prolestanls,  à  condition  de 
la  rendre  dans  lés  six  mois.  —  Voir  p.  aSa,  note  1. 

'  H  y  a  l)eaucoup  de  Salles  dans  le  Languedoc;  et  nous  n'osons  indiquer  la  ville  qui  appartenait  au  maréchal  de 
Damville. 

'  Sur  les  affaires  de  Montpellier  et  la  manière  dont  la  roine  les  arrangea,  voir  les  lettres  des  a8  et  3o  mai  1579, 
p.  37.3  et  376. 


tenir  et  inlliiniidcr  les  bons,  a  iizé  de  voys 
de  faict  avec  armes  ouvertes  :  et  encores. 
Madame,  que,  comme  repriîsentant  la  per- 
sonne du  Roy  en  ce  gouvernemont,  les  syn- 
dicant/,  et  plaiuclil'z  deussent  recourir  à  moy, 
principalleraent  en  ceste  sayson  de  paix,  sy 
est-ce  que,  estans  tous  de  la  Relijjion,  ilz  ont 
voulu  l'aire  leurs  remonstrances  au  roy  de 
Navarre  par  cedit  porteur  qu'il/,  y  dépeschenl 
exprès,  lequel  est  chargé  de  vous  pre'senter 
requeste  pour  avoir  justice  sur  ces  indues 
nouveaultez.  Vostre  Majesté  y  mettra,  s'il  luy 
plaist,  la  main  à  bon  escient,  afin  d'empescher 
l'élection  de  ceulx  qu'on  veull  introduire  contre 
l'antienne  coustume,  et  essaier  si  le  gouver- 
nement des  paeiffiques  pourra  ouvrir  le  che- 
min d'une  meilleure  voye  et  plus  seure  pour 
les  catholiques.  C'est  à  vous.  Madame,  à  y 
toucher  et  non  au  roy  de  Navarre 

Pézenas,  17  mars   i&7g. 

Madame,  les  s"  de  Vérac  et  d'Yolet^  sont 
passez  vers  moy  et  m'ont  rendu  celles  qu'il 
a  pieu  à  Vostre  Majesté  de  m'escrire  sur  Texé- 
cution  de  leur  pouvoir  pour  la  cessation  de 
l'hostilité.  En  quoy,  Madame,  je  leur  ay  donné 
tout  [ce]  qu'il  a  convenu  pour  rendre  le  pau- 
vre peuple  soulaigé  des  maux  et  misères  qu'il 
a  paty;  mais  il  semble  qu'ilz  précipitent  trop 
leur  passaige  pour  vous  faire  cueillir  le  fruict 
qu'on  en  espéroil,  d'aultant  qu'il  eust  esté  de 
besoing  qu'ilz  se  feussent  eux  mesmes  trans- 
portez en  lieux  occupez  par  ceulx  de  la  reli- 
gion prétendue  réformée  pour,  de  la  part  de 
Vostre  Majesté  et  du  roy  de  Navarre,  leur  in- 
terdire la  continuation  de  leurs  desportemens; 
mais  ilz  dyeni  navoii-  charge  (|ue  de  parler 
aux  chefz  et  qu'estant  près  d'euix  ilz  feront 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS.  'i7".) 

dépeschcr  par  tout;  et  à  ceste  fin  j'ay  donné 


uug  mémoire  aud.  s'  de  Vérac  des  lieux  où 
il  convient  cscrire.  Baron,  depuis  leur  pas- 
saige, faict  contenance  de  changer  sa  façon  de 
vivre,  mais  il  ne  se  veult  poinct  déporter  de 
lever  ses  contributions,  qui  par  leur  cxcessi- 
veté  espuisent  entièrement  la  subsistance  du 
pauvre  peuple.  Pour  le  regard  des  catholiques , 
il  n'a  esté  besoing  de  faire  grande  publication , 
car  ilz  ont  esté  d'eux  mesmes  assez  relenuz 
je  m'asseure  que  de  leur  costé  il  n'adviendra 
aucune  contravention  à  vostre  volunté,  vivans 
chacun  avec  si  grande  espérance  de  veoir 
l'exécution  de  l'édict,  puisqu'ilz  se  promcc- 
ient  le  passaige  de  Vostre  Majesté  par  ce  gou- 
vernement, joinct  que  en  ces  Estalz  il  se 
pourra  traicter  des  moiens  de  la  facilliter.  Et 
afin  qu'ilz  ne  soient  plus  longuement  retardez, 
je  m'achemine  pour  y  eslre  au  jour  assigné, 
aïantconvocqué  tous  les  députez,  tous  lesqueiz, 
selon  que  Vostre  Majesté  aura  agréable,  je 
eu\eray  de  Narbonne  à  Carcassonne-,  pour 
estre  plus  près  de  vous  et  faire  tout  ce  que 
Vostre  Majesté  me  commandera,  laquelle  aura 
agréable,  s'il  luy  plaist ,  que  je  luy  dye  que  on 
m'a  adverty  que  ceulx  de  Montaignac  ■"  veulent 
envoïer  quelques  députez  pour  supplier  Vostre 
Majesté  de  leur  accorder  l'exercice  de  leur  re- 
ligion. Monsieur  de  Valence  sçait  bien  que  le 
Hoy  vous  avoit  remis  d'y  pourveoir,  selon 
l'obéissance  qu'ilz  rendroient;  mais,  au  lieu  de 
recongnoistre  ceste  extresme  faveur,  ilz  feirent 
l'année  passée  une  rébellion  si  insigne  ([u'elle 
les  rend  indignes  d'y  estre  jamais  oys. 

D'ailleurs,  .Madame,  que  ceste  concession 
tireroyl  une  grandissime  conséquance,  telle- 
ment que  je  supplie  très-humblement  Vostre 
Majesté  le  bien  considérer  cl  leur  faire  cong- 


I  Sur  la  mission  de  Vérac  et  d'Yolet,  voir  les  deux  lettres  de  Ciitlierine  du  «8  février  1&79,  p.  •.'.^'■i  et  385. 
'■'  Se  reporter  à  la  lettre  de  la  reine  mère  à  Damville  du  5  avril  1Ô71J,  p.  •'î:!?  et  a  la  noie  a. 
■''  Montagnac  (Hérault),  arrondissement  de  Béîiers. 


'iSO 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


noistre  combien  leur  est  préjudiciable  lad. 
rébellion,  sans  laquelle  ilz  feussent  jouyssans 
de  lad.  grâce.  Aussy,  Madame,  ilz  ont  assez 
de  lieux  fort  proches  èsquelz  ilz  peuvent  faire 
l'exercice  de  leui-  religion,  sans  désespérer  les 
catholiques.  Led.  s'  de  Valence  en  informera 
Vostre  Majesté,  ensemble  monsieur  de  Joioiise, 
si  vous  avez  agréable  de  leur  en  communiquer, 
vous  suppliant  très-humblement  prendre  en 
bonne  part  cest  advis,  comme  le  seul  moi  en 
pour  conserver  led.  lieu  de  Monlaignac  en 
l'obéissance  de  Voz  Majeslez. 

Pézeuas,  aZ  mars  1579. 

Madame,  le  porteur  de  la  présente  est  le  s" 
de  Rouzines.qui  a  eu  commandement  pendaot 
le  siège  du  chasteau  de  Beaucaire  sur  les  com- 
pagnies d'infanteryes  qui  y  ont  esté  employées, 
le([uel  a  uzé  d'ung  si  grand  devoir  et  diligence 
au  faict  de  sa  charge  qu'il  luy  demeure  une 
des  meilleures  parties  de  l'honneur  de  la  res- 
tilution  de  la  place.  Et  supplie  très-humlile- 
ment  Vostre  Majesté,  Madame,  luy  faire  cong- 
noistre  le  contantement  qui  vous  en  reste, 
afin  que  cella  l'encouraige,  et  tous  les  autres 
bons  serviteurs  du  Roy,  de  continuer  avec  plus 
d'alfectiou  en  leur  devoir.  L'occasion  princi- 
palle  de  son  voiage,  Madame,  est  pour  re- 
monstrer  à  Vostre  Majesté,  au  nom  des  ca- 
tholiques de  la  ville  de  Monlaignac,  le  déses- 
poir auquel  ilz  seroient  réduictz,  sy  on  accor- 
doit  à  ceulx  de  la  religion  prétendue  réformée 
l'evercice  d'icelle  dans  ladite  ville,  dont  ilz  se 
sont  rendus  si  indignes  par  la  rébellion  qu'ilz 
fcirent  l'année  passée;  et  s"ilz  obtenoient  cest 
advantaige,  ce  seroil  ung  chemin  ouvert  à  in- 


liiiips  aullres  villes,  qui  se  distraieroieni  de 
l'obéissance  de  Voz  Majestez. 

Lesdits  catiioliques,  Madame,  ont  encore 
une  autre  crainte,  (jui  est  que  on  veuille  im- 
portuner Vostre  Majesté  pour  faire  change  de 
la  ville  d'Avmargues^  à  celle  dud.  Monlai- 
gnac, soubz  raison  que  riufection  de  peste 
est  si  grave  aud.  Aymargues  que  personne  n'y 
ose  habiter.  Ceste  concession.  Madame,  seroit 
très-préjudiciable  au  service  de  Voz  Majestez; 
et  demeureroit  ausdits  de  la  Religion  l'une  et 
l'autre  ville,  d'aultant  que  led.  lieu  d'Aymar- 
gues  est  assiz  au  meilleu  de  ce  qu'ilz  tiennent 
et  où  les  catholiques  n'oseroient  habilei';  et 
leur  donnant  ledit  Monlaignac,  ce  seroit  leur 
eslendre  d'aultant  leurs  lymites  et  estendre 
le  lieu  entièrement  à  leur  dévotion,  ce  que  je 
supplie  très-humblement  Vostre  Majesté  de 
considérer,  et  prandre  en  bonne  part  la  très 
humble  supplication  que  vous  en  font  les  ca- 
tholiques par  la  bouche  dudit  sieur  de  Rou- 
zines,  cpii  est  à  reste  fin  depputé  par  eux. 

Je  m'ascliemine  aux  Estats  pour  y  estre  le 
x\v'  du  présent,  ausquelz  il  se  traiclera  de 
l'achèvement  de  l'exécution  de  l'édict,  espé- 
lant  que  Vostre  Majesté  en  sera  fort  proche, 
pour  estre  advertye  à  toutes  heures  de  ce  c[ui 
s'y  passera ,  attendant  que  je  me  puisse  rendre 
près  de  Vostre  Majesté,  qui  sera  tout  aussi lost 
qu'Elle  me  fera  ceste  honneur  de  me  le  com- 
mander. 

Pézenas,  ai  mars  1079  % 

Madame,  ainsy  que  le  s^de  Vérac  relour- 
noyt  de  l'exécution  de  la  commission,  j"ay 
receu  celle  qu'jl  a  pieu  à  Vostre  Majesté  m'es- 
le  combat  qui  est  advenu  entre  les 


crire-*  sur 


'   Aimargiios  (Gard),  une  des  villes  comprises  dans  t'arlidc  17  de  Nérac. 

^  Il  n'est  pas  étonnant  qu'il  y  ait  ici  ime  interruption  dans  la  correspondance  jusqu'au  aG  septembre  1679 
(Ikjj.  611,  fol.  1  71)  :  Damville  rejoignit  la  reine  mère  au  commencement  d'avril,  et  il  l'accompagna  dans  la  srnie  de 
son  voyage. 

'  La  lettre  de  la  reine  à  Damville  sur  le  duel  de  Tureune  et  Duras  est  du  17  mars  1  079.  —  Voir  p.  .3o6. 


s"  visconite  ilc  TIhii'cn  ne  cl  de  Duras,  iloiil  j'ay 
esté  extresmcMiicnl  iiiairy,  laiil  |iniir  If  Iravail 
d'esniici  (juc  reste  (jccurance  |ieiill  apoiier  à 
Voslie  Majesté  («JiK"!  j)Our  la  |)iii\iiiiili'  du 
sang  dont  ied.  s''  visconite  nrapailienl. 

Touteffojs,  Madame,  jVsliiiie  <]ue  re  l'aicl, 
comme  particulier,  ne  vous  aportera  aucune 
nouveaulté;  et  pour  en  rendre  capable  m\g 
chascun,  j'ay  tout  aussytost  dépesché  aud.  s" 
deTliore'etdeChastillon,  leurenvoiaul  coppie 
de  ce  ([u'il  a  pieu  à  Vosire  Majesté'  de  m'en 
escrire,  île  nianii'^re  (jue  je  demeure  à  une  très 
bonne  espérance,  sur  le  report  du  s''  de  Vérac, 
que  les  aiïaires  de  rexe'cution  de  fédict  s'ac- 
commoderont; mais,  Madame,  je  continue 
aussy  .en  ma  première  opinion,  que  le  pas- 
saige  de  Vostre  Majesté  |)ar  ce  gouvernement 
V  est  très-nécessaire,  en  aiant  particuUière- 


l>I'TTI!ES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  'iSl 

rneiil  discouru  avec  led.  s"^  de  Vérac,  le(|uel. 
comme  sei\  ileiirdomesliipie  de  Vostre  Majesté, 
ne  liiy  cèlern  rien  de  ce  <pi"il  eu  a  veu  .  ouy 
el  apris  par  uioy,  dont  je  vous  supjdie  1res 
liuiubleiuent  h'  voulloir  interroger.  Et  cepen- 
dant je  m'en  v:i\s  lenii-  les  Estât/,  au  jour  (pie 
je  les  ay  assi|fnez,  ausquelz  je  suis  très  aize 
(pie  Vostre  Majesté  ait  eu  agréable  d'envoier 
monsieur  de  Valence.  De  ce  qui  se  Iraicteru 
en  iceulx,  Vostre  Majesté  aura  advis  d'heure  à 
autre,  et  espère  que  lors  il  se  plantera  les 
vrais  fondements  d(!  l'e.xéculion  dud.  édict  et 
des  moïens  qu'il  y  aura  de  re'primer  l'audace 
de  ceux  ([ui  le  voudroient  enfreindre  :  en  'pioy 
tous  les  gens  de  bien  demeurent  trî's  disposez. 
et  y  servira  infiniment  le  commancement  ([u'on 
verra  avoir  esté  donné  eu  Guyenne. 


WXVII 

EXTRAIT    DES   PROCÈS-VERBAUX  DES  ETATS   DE  LANGUEDOC,  TENUS  À  CASTELNAUDAUÏ 

DU    27   AVRIL    AU    'i   MAI    1579'. 


27  avril.  —  Le  lundi  97  avril  1579, 
réunion  des  Étais  de  Languedoc  à  Gastelnau- 
darv,  président  Alexandre  de  Bardis,  évêque 
de  Saint-Papoul,  présent  le  maréchal  de 
Damville,  etc. 

Le  maréchal  de  Damville  expose  fie  man- 
dement et  intention  du  lUiy  et  le  bien  et 
honneur  que  la  Royue  sa  mère  faisoient  à  ce 
pais  de  se  treuver  si  prez  de  ceste  assemblée, 
(jue  Sa  Majesté  vouloit  lionnorer  de  sa  pré- 
sence, et  les  grandes  fatigues  el  grands  tra- 
vaux qu'elle  a  soufferts  pour  y  establir  la  paix 
et  ung  asseuré  repoz ...  « 

Les  gens  des  Etats,  ttsçaichaus  la  Reyne 
mère  du  Roy  estre  si  proche  de  ce  lieu  comme 


elle  est  à  présent,  (pii  est  à  Sainct-Michel  de 
Lanez,  avant  que  de  Iraicter  d'aulcunsall'aires, 
ont  a(l\isé  d'envoyer  devers  Sa  Majesté,  tant 
pour  luj  faire  la  révérence  et  recepvoii-  ses 
commandemens,  la  remerciant  de  tant  de 
peynes  (pie  luy  a  pieu  prendre  pour  l'estahli.s- 
semcnt  de  la  paix,  (]iie  pour  la  supplier  li(''s 
humblement  de  ne  bouger  de  ce  pais,  (piVlle 
ne  le  fasse  joinr  du  l'ruicl  de  ses  labeurs  et 
du  bien  désiré  de  la  paix,  et  que  lui  plaize  (h; 
voulloir  faire  interpréter  l'article  concernant 
le  paiement  des  arri'iaiges  des  garnisons  des 
villes  que  ceulx  de  la  relligion  prétendue  ré- 
formée tiennent,  et  autres  (jue  concerneront 
le  soulaigement  dud.  pais,  qu'aussi  pour  luy 


Bill!.  An  Toiiloiiso.  Ms.  Rej;islre  (ii  1,  1'  ikjo  à  3o8.  —  Voir  h  ji-ilre  «le  In  reine  mère  du  (i  mai,  p.  :f57,  noie  i. 

C.ITHEBINE   DE   MÉDICIS.   Tl.  " 


iwiTiKiiMi;   ^,riosAi,r 


.Û82 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


faire  entendre  que,  suivant  le  mandement  de 
Leurs  Maiestés,  qu'on  a  eonimance'  ce  joui- 
d'huy  la  tenue  des  Estalz,  oij  loulesfois  les 
consulz  des  villes  de  Montpellier,  Nisnies  et 
Uzès  et  autres  de  ladicle  reliigion  ne  s'y  sont 
trouve's,  bien  qu'ilz  aient  este  adverlis  de  la 
convocation  d'iceulx  Estatz,  et  pour  faire  ce 
dessus  Mons'  l'Evesque  de  Mirepoix  et  Mon- 
sieur le  baron  de  Rieux  ont  esté  priés  d'aller 
de  la  part  desd.  Estatz  devers  la  Maiesté  de 
lad.  Reyne,  accompaignés  de  Messieurs  les 
cappitols  de  Tholose,  consulz  de  Carcassonne 
et  M'  Mariet  Daveranne,  scindic  dud.  pais, 
qu'on  a  commis  et  depputés.  n 

ù8  avril.  —  Monsieur  l'Evesque  de  Mire- 
poix  1  a  dict  r  qu'il,  avec  Monsieur  le  baron  de 
Rieux  et  autres  que  les  Estatz  avoient  dep- 
putez,  furent  le  jour  d'hier  devers  la  Reyne 
mère  du  Roy,  la  Majesté  de  laquelle  ilz  saluè- 
rent humblement  de  la  part  des  Estatz  et  re- 
mercièrent des  paynes  et  fravaulx  qu'elle  a 
prins  pour  ledit  païs,  sans  luy  faire  entendre 
et  représenter  certains  articles  dont  ils  avoient 
esté  chargés  par  ceste  assemblée,  parce  qu'ilz 
feurenf  advertis  par  Monsieur  de  Joyeuse  que 
Sa  Majesté  y  avoit  eu  partie  porveu  et  qu'elle 
s'acheminoit  en  ceste  ville,  comme  elle  feist, 
où  plus  facilement  on  aura  moyen  de  luy  faire 
requeslos  et  explications,  n 

2^  avril.  —  Désirant  la  Reyne  mère  du 
Roy  que  ces  Estatz  vissent  avant  son  départ 
de  ce  païs  l'establisscinent  de  la  paix,  auroit 
commandé  à  Monsieur  Pinart,  secrétaire 
d'Estat,  de  communiquer  à  ceste  assemblée 
l'instruction  que  Sa  Majesté  a  faict  aux  com- 
missairns  depputés  pour  l'exécution  de  la  paix  , 


et  pour  cest  eflect  baillée  à  M'  Mariet  Dave- 
rane,  scindic  dudit  pais,  qui  l'auroit  repré- 
sentée aux  Estais,  de  laquelle  avant  estéfaicte 
lecture,  ontesté  commis  et  depputés  pour  veoir 
exactement  les  articles  de  lad.  instruction  et 
remarquer  les  difficultés  et  empeschemens 
que  y  pourroient  estre  faictz,  pour  après  les 
rapporter  à  l'Assemblée,  t  Monsieur  l'Evesque 
de  Mirepoix  et  Messieurs  les  vicaires  de  Tho- 
loze^  et  Rieux,  Monsieur  le  vicomte  de  Mire- 
poix, Messieurs  les  barons  de  Rieux  et  Cam- 
pendu,  les  cappitols  de  Tholoze,  consulz  de 
Carcassonne,  le  Puy,  le  diocézain  de  Mont- 
pellier et  le  consul  de  la  présente  ville  de 
Castelnaudary.n 

3o  avril.  —  Le  jeudy,  dernier  jour  dudict 
moys  d'apvril,  ayant  les  Estatz  entendu  le 
rapport  que  leur  a  esté  faict  par  Monsieur 
l'évesque  de  Mirepoix  et  les  autres  sieurs  que 
feurent  depputés  pour  veoir  l'instruction  des 
commissaires,  qui  exécuteront  l'édict  de  pacif- 
fication  et  résolution  de  la  conférence  de 
Nayrac,  ont  esté  d'advis  que  M'  Mariet  Dave- 
rane,  scindic  dud.  païs,  en  remerciant  l'hon- 
neur qu'il  auroict  pieu  à  Sad.  Majesté  faire 
aux  Estatz,  de  leur  faire  veoir  lad.  instruc- 
tion, icelle  rendre  à  Monsieur  Pinart,  secré- 
taire des  commandemens  du  Roy,  auquel  sieur 
Pinart  demandera  l'esclaircissement  des 
doubles  que  pourront  sourdre  et  procéder  de 
certains  articles  de  lad.  instruction,  mesmes 
du  troysiesme  article  sur  ces  motz  :  trque  les 
(festrangers  vuideront  des  villes...'»  et  du 
septiesme  article,  fpour  raison  de  la  réinlé- 
grande  des  fruictz  et  reveneus  ecclésiastiques, 
de  l'année  soixante-dix  sept,  ordonnée  par 
l'édict  de  paciffication .  .  .  " 


'  Claiirle  de  Villars. 

'  Pierre  du  Faur,  évêque  de  I^avaur,  ablié  do  la  Caze-Diea  el  vicaire  générai  du  caiilinal  d' Armagnac ,  arche- 
vêque de  Toulouse. 


LETTRES  DE  GATH 

ff  Aussi  sera  faictp  liumble  supplicalinn  à 
Sad.  Miijpsté,  que  les  magistratz  et  officiers 
<1(' justice  soient  en  niesnie  liberté  que  les  au- 
tres officiers  de  ses  finances,  de  n'entrer  et 
demeurer  dans  la  ville  de  Montpellier  et  au- 
tres villes,  sans  que,  pour  raison  de  ct\  ilz 
soient  privés  de  leurs  offices  et  gaiges,  ne 
constraiuctz  d'y  rentrer,  comme  est  porté  par 
rarticle  unziesme  de  lad.  instruction,  sans, 
pour  raison  de  ce,  enfraindre  l'édict  de  pacif- 
fication  el  ([ue  l'exercisse  de  la  justice  ne 
pourra  estre  laid  par  lesd.  officiers  ailleurs 
que  es  villes  où  les  cours  et  sièges  sont  d'an- 
cienneté, -n 

^Et  pour  niectre  un  aux  pilleries,  saccai- 
gemens  et  bruslemens  que  ceulx  de  ladite 
relligion  prétendue  réformée  continuent  tous- 
jours  tant  du  quartier  de  Lavaur  que  de  Nar- 
bonue,  dont  on  reçoit  journellement  plainctes, 
ladite  Majesté  sera  humblement  suppliée  de 
vouHoir  envoyer  promptement  les  commis- 
saires qu'Elle  a  commis  pour  l'exécution  el 
establissement  de  lad.  paix  et  conférance, 
et  leur  commande  d'y  procéder  le  plus  dil- 
ligemment  qu'ilz  pourront,  el  que  luy  plaise 
de  ne  partir  de  ce  pais  qu'elle  ne  voye  le  fruict 
à  quoy  Sa  Majesté  a  tant  travaillé,  qu'est  l'es- 
tablissement  de  la  paix,  pour  faire  laquelle 
requeste  et  supplication,  onl  esté  d'advis 
d'aller  tous  en  corps  devers  la  Majesté  de  lad. 
reyne:  ce  qu'ilz  ont  faict.'n 

2"-  mai.  —  Les  États  choisissent  des  députés 
-pour  dresser  les  articles  des  lenioustrances 
el  doléances  qu'il  conviendra  faire  au  Roy  et 
à  la  Royne  sa  mère .  .  .  i  Vers  ces  députés  : 
rt  ung  chascun  pourra  se  remectre  el  apporter 


ERINE  DE  MEDICIS.  'ib3 

les  plainctes  qu'on  aura  à  faire,  pour  apiès 
les  rapjiorler  à  l'assemblée,  t» 

û  mai.  —  f  Monseigneur  le  niareschal  de 
Dampville  et  Monsieui-  de  Foix,  conseiller  du 
conseil  privé  du, Roy,  sont  venus  à  l'assembléi' 
à  laquelle  led.  s'  de  Foix  a  faicl  entendre 
avoir  mandement  de  la  Reyne  mère  du  Roy. 
leur  dire  l'affection  et  bonne  vollonté  (|u'Elle 
a  au  bien  el  soulaigemeul  de  ce  pais,  ayant 
soubstenu  des  peynes  el  travaulz  qu'un  diascuu 
a  peu  veoir  durant  ce  voyaige  et  conHirance 
qu'Elle  espéroit  ([u'ilz  ne  seroieut infructueux, 
et  que  dans  peu  de  jours  on  y  verroil  i'esta- 
blissement  d'ung  repoz  asseuré,  ayant  des- 
pesché  commissaire  pour  l'exécution  de  l'édict 
de  paix,  qu'a  esté  lellement  acheminé  en 
Guienne  qu'il  n'y  a  sembla  nce  que  ne  s'en 
ressente,  désirant  la  mesure  estre  faict  en 
ceste  province,  en  quoy  Sa  Majesté  s'y  em- 
ploiera entièrement.  Ti 

Suit  une  demande  de  25,ooo  li\res  pour 
entretenir  garnisons  aux  villes  baillées  à  ceux 
delà  religion  piélendue  réformée,  plus,  19, 000 
livres  pour  l'établissement  de  la  chambre  mi- 
partie. 

/j  mai.  —  Le  baron  de  Rieux  a  présenté 
la  lettre  que  le  Roy  escripvoit  auxdits  Estatz, 
à  luy  baillée  ce  jourd'hui  par  la  Reyne  mère 
du  Roy,  contenant  exhortation  de  garder  et 
entretenir  l'édict  de  paix  et  ce  (juavoil  esté 
traicté  par  la  Majesté  de  la  Reyne  à  la  confé- 
rence de  Neyrac,  r  de  laquelle  ayant  esté  faicte 
la  lectun^  ont  nrdoiuié  au  greffier  d'en  expé- 
dier coppie  aux  diocèzes.» 


()i . 


/i84 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


XXXVIII 


LETTRE   DE   HEiVRl    III    AUX   ETATS   DE   LANGUEDOC 


Ollainville,  26  avril  1579. 


Messieurs,  nous  sçavons  que  vous  esles  si 
;ilfectiouiie's  à  nostre  service  et  désireus  de  i;i 
conservatiou  et  tranquillité  de  noslre  patiie 
(jue  nous  nous  assurons  que  vous  préférere's 
lousjours  noz  commandeineus  et  ce  qui  pourra 
servir  à  l'eslablissement  de  la  paix  publique 
de  nostre  royaume  à  toule  autre  considération , 
et  que  les  scrupules  et  difficultés  que  vous 
pourrés  faire  en  ces  deux  poinctz  procéderont 
piustot  d'abondance  de  zelle  et  dévotion  (jue 
de  nianquemenls  de  bonne  voiionté  :  aussi 
pouvés-vous  esire  certains  que  de  nostre  p:irt 
noiis  n  avons  rien  tant  à  cœur  ny  recommandé, 
après  l'honneur  de  Dieu,  que  le  seul  bien, 
repoz  et  seurelé  de  noz  bons  et  loyaulx  sub- 
jectz.  singulièrement  de  ceulx  qui  sont  du 
corps  de  la  noblesse,  desquelz  nous  avons  es- 
|irouvé  la  générosité,  valleur  et  bonté  en 
maintes  occasions,  vous  priant  croire  que 
pour  cola  nous  serons  tousjours  prestz  d'em- 
ployer jusques  à  nostre  propre  vye,  aussi  li- 
brement que  nous  avons  cy-devaut  faict,  toutes 
et  quantes  i'oys  que  nous  cognoistrons  qu'il  en 
sera  besoing.  Mais  l'expériance  des  choses 
passées  nous  ayant  apprins,  beaucoup  plus 
chèrement  que  nous  n'eussions  désiré,  que  la 
continuation  des  guerres  intestines  a  pluslost 
advancé  l'affoiblissement  et  ruyne  de  cest 
ordre,  qui  est  si  conjoinct  avecques  nostre 
aucthorité  qu'il  s'en  doibt  extimer  inséparable, 
despuis  nous  avons  l'aict  tout  ce  quil  nous  a 
esté  possible,  comme  avons  deslibéré  et  con- 
stamment  persévéré,   pour  pacifier  les  divi- 


sions et  troubles  de  uostre  royaulnie,  en  quoy 
nous  avons  esté  si  bien  et  vertueusement  as- 
sisté, ne  plus  ne  moings  qu'en  toutes  noz 
aultres  bonnes  fortunes,  de  la  prudence  et 
aucthorité  de  la  Reyne  nostre  très  honorée 
dame  et  mère,  que  vous  et  nous  luy  en  de- 
meurerons à  jamais  très  tenus ,  ayant  comme 
\ous  sçavés  peiné  et  travaillé  aultremenl  que 
l'on  sçauroit  exprimer  pour  surmontei'  les 
obstacles  et  vuyder  les  difficultés  qui  vous  em- 
peschoient  la  jouyssance  du  bénéfice  de  nostre 
édict,  fait  pour  la  pacifficatiou  desdits  trou- 
bles :  sur  quoy,  encores  qu'elle  vous  ait  1res 
bien  représanté  noslre  intention  et  le  motif  de 
la  poursuicte  qu'il  luy  a  pieu  en  entreprendre 
pour  vostre  bien  et  noslre  conlantement ,  tou- 
lesfoys  nous  avons  bien  voulu  derechef  vous 
en  faire  déclaration  par  la  présante,  tant  pour 
l'estime  que  nous  faisons  de  vostre  dévotion , 
fidellilé  et  prudence,  que  pour  vous  admo- 
nester de  vous  conformer  en  cela  à  nostre 
vollontc;  el  comme  il  est  très  certain  que  nous 
avons  plus  dintérest  en  la  conservation  et 
desfence  généralle  de  noz  bons  subjectz  que 
tout  autre,  noslre  dicte  aucthorité  royalle  ne 
pouvant  subsister  sans  eulx ,  aussi  debvés 
vous  penser  que  nous  avons  plus  de  seing, 
voire  que  cognoissons  mieulx  ce  qui  leur  est 
plus  u tille  et  salutaire,  ayans  les  veulx  per- 
pétuellement estendus  sur  toutes  les  parties 
de  ce  corps,  pour  le  garantir  d'injure  et  op- 
pression, comme  estant  le  joyau  de  nostre  co- 
ronne  que  nous  extimons  le  plus  précieulx; 


'  Arctiives  de  ia  Haute-Gaionne,  série  C,  registie  3383.  —  Le  lilre  exact  est  :  «Aux  j;i'iis  des  Kslalz  de  nostre  pais 
(io  Languedoc  et  aux,seigiieurs  et  {[enlitzliommes  du  ressort  du  Parlement  de  Tlioloze." 


LKTTRES  \)K  CATHERINK   DK   MEDICIS. 


'i85 


iiï  posant  ce  fondement,  ainsi  (|iie  nous  vous 
prions  et  admoueslons  de  taire,  comme  très 
certain  et  véritable,  vous  aurés  occazion  de 
vous  rendre  tant  plus  faciles  et  diiijens  en 
i'exe'culion  et  observation  de  uoz  intentions  et 
comniandemens,  (luoy  faisant,  oultre  que 
vous  advancerés  la  moisson  du  bien  que  nous 
vous  procurons ,  vous  nous  augmenterés  ie 
contantenient  que  nous  avons  de  vosire  obéis- 
sance et  loyaulte',  vous  priant  croire,  selon  que 
vous  l'avés  jà  entendu  par  la  bouche  de  la 
Reyne  nostre  dame  et  mère,  que  vous  debvés 
extimer  comme  la  vosire  propre,  <iue  nous  ne 
désirons  rien  tant  en  ce  monde  que  de  faire 
entièrement  exécuter  et  inviolablement  ob- 
server les  reigleniens  contenus  en  nostre  édict 
de  paciffication,  et  aultres  despuis  accordés 
par  nostre  commandement  en  la  conférance 
naguères  faicteà  Nérac,  entre  la  Reyne  nostre 
dame  et  mère  et  nostre  très  cher  et  très  amé 
frère  le  roy  de  Navarre,  et  les  depputés  de 
noz  subjectz,  faisans  profession  de  la  religion 
prétendeue  réformée,  pour  faire  vivre  tous 
nosdits  subjectz  par  ensemble  en  une  union, 
concorde  et  amitié,  et  que  ne  sçauriés  faire 
chose  qui  nous  soict  si  agréable,  nv  qui  plus 
nous  oblige  à  vous  aimer  et  chérir,  tant  en 


général  (ju'en  particulier,  (|ue  d  embrasser 
lidellement  l'e.xacte  observation  d'iceulx,  et 
dont  aussi  vous  recepvrés  à  la  fin  plus  de  bien 
et  repoz  et  contentement:  partant,  nous  vous 
prions  et  exortons,  aultant  qu'il  nous  est  pos- 
sible, voire  vous  conjurons  par  le  debvoir  et 
obéissance  de  bons  et  loyaulx  subjectz, 
l'amour  que  vous  portés  à  vostre  patrie  et  le 
soing  que  vous  debvés  avoir  de  vous  mesmes, 
de  voz  femmes  et  enfans,  de  suivre  et  vous 
conformer  entièrement  à  nostre  susdicte  in- 
tention et  vollonté  et  ne  vous  en  desmouvoir 
par  la  trop  longue  continuation  et  entresuicte 
des  despances,  traverses  et  difficultés  qu'ont 
duré  jusques  à  présent  et  pourroient  cy  après 
v  intervenir,  aultant  par  les  artiffices  et  inven- 
tions d'aucungs  envieulx  de  vostre  salut  et 
prolKcl  que  de  mille  autre  origine,  vouscon- 
lians  et  asseurans  que  la  fin  vous  en  sera  très 
heureuse,  moyennant  la  grâce  de  Dieu,  lequel 
nous  prions,  messieurs,  vous  tenirensasaincte 
garde. 

Escript  à   Olinville,  le  xxiv*  jour  d'apvril 


1579. 


Signé  :  Hf.>ri. 


1:1  plus  hns  :  bk  \eufvili,k. 


WXIX 

r.ÈGLEMENT   FAICT   PAU    L\    UOVNE   MERE    DL    KOV,    l'dLR   LE    KMÇT    OE    NABBONNE  ' 


10  may  1079. 


La  Royne  mère  du  Roy,  avant  ieu  les  lettres 
patentes  du  Roy  données  à  Paris  le  vii'd'apvril 
1579,  par  lesquelles  led.  Seigneur  Roy  luy  a 
renvoyé  le  procès  et  différend  pendant  en  son 
conseil  d'entre  le  s'  baron  de  Rieux,  clievalier 
de  son  ordre,  et  gouverneur  de   la   ville  de 


\arboi\ne  d'une  part,  et  les  consulz  ou  parli- 
eiiiliers  habitans  de  lad.  ville  de  Narbonne 
d'aultre,  concernant  le  reiglemeni  dont  est 
(|uestion  entre  eulx  pour,  estant  lad.  dame 
Rovne  sur  les  lieux,  et  après  avoir  sur  ce 
pris  l'advis  de  monsieur  le   mar''  de  Damp- 


'  Ribliullièque  de  Toulouse,  ins.,  reg.  tiia,  fol.  36fi  el  3(>7.  —  Voii-  la  Ipllrc  di!  Callicrino  do  MédirU  du  iTi  mars 
i.T^;),  p.  3()'i  el  la  noie  .3. 


/i8() 


LETTliKS  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


lui-  ili'  )[oiiliiioroiicv.  gouvi'i-    '     vssni'  dos  passans.  dépend  la  seuielé  dicello 


ville,  a  présnil  ilui-  ili 
neiir  et  son  lieiilenaiil  au  pais  de  Languedoc 
el  ovs  lesd.  hahilans,  ioelluy  ditl'éienl  juger, 
(léciiier  et  terminer,  ou  aultrement  y  pour- 
veoir  ainsi  (|ueile  \en(iit  eslie  aiïaire  par 
raison,  ayant  aussi  lad.  dame  l{oyne  taici 
veovr  et  ouvr  tout  ce  (|ue  lesd.  parties  ont 
voullu  produire  et  dire,  d'une  part  et  d'aultrr, 
sur  led.  diflërenl  el  enoores  sur  certains  ar- 
ticles contenant  les  causes  et  occasions  de 
plainctes  que  lesd.  consulz  et  hahitans  ont 
dici  avoir  contre  led.  s'  de  Rieux,  gouverninir 
de  lad.  ville,  entendu  plavnement  el  au  Knig 
le  rapport  (jui  luy  en  a  esté  faict  et  oy  en- 
cores  les  parties,  elle  mcsnie  en  personne,  et 
eu  sur  ce  ladvis  non  seullenient  dtid.  s'  ma- 
resclial  (conu'  il  est  porté  par  lesd.  lettres 
patentes  de  renvov  ),  mais  aussi  des  princes  el 
seigneurs  du  Conseil  du  Rov  eslans  près  d'elle , 
a  lad.  dame  Rovne  mère  du  iio\.  par  ladvis 
(]ue  dessus,  dédain''  (ju'il  ne  \  avoil  aucun 
lieu  d'appel  sur  ce  ipic  icelluy  s'  uiar'  avoit 
ordonné,  et  a  icelle  dame  Royue  ordonm''  et 
ordonne  que  : 

Les  ordonnances  dud.  s'  mar'  Danipville 
des  XXX""  niav  el  xxvi""'juing  1578,  portant 
rèjjlerueni  d'entre  led.  s'  de  Rieux,  gouver- 
neur de  lad.  \ille  de  Narbonne,  et  les  con- 
sulz el  Iialiitans  d'icelle,  sur  le  faict  de  la 
garde  de  lad.  ville,  soicl  pour  le  regard  des 
mortepaves  ou  aultres  habitans  et  déparle- 
mens  des  lieux  où  cliascun  se  doibt  rendre 
le  ras  échéant,  seront  entièrement  gardés  el 
observés. 

Sera  aussi  lemplv  le  nombre  de  trois  cens 
lioinmes  (pii  doibt  eslie  pavé  par  ceuK  de  lad. 
villi',  sans  (piaïuiin,  soubz  (juel([ue  prétexte 
que  ce  soit,  puisse  tenir  plus  dune  place,  nv 
jovr  (jue  de<  gaiges  d'un  seul. 

Et  bien  ipie  le  gouverneur  tient  les  clelz 
des  [lorles  de  la   \ille.  et  que  de   l'entrée  el 


que  led.  gouverneur  ordonnera  de  lad.  entive 
et  yssue;  luy  est  néanmoingz  enjoinct  d'en  uzer 
selon  le  deub  de  sa  charge  et  le  plus  au  soul- 
lagemenl  des  subjeclz  du  Roy  pour  faire  ce 
([ue  pourra. 

Les  deux  portiers  demenreroni  en  jouis- 
sance, tout  ainsi  qu'ilz  ont  aceuslumé,  pour  la 
carde  des  portes,  faisant  le  registre  de  ceuK 
ipii  entrent  et  soi-tent  en  lad.  ville,  porteront 
led.  registre  chascun  jour  aud.  gouverneur,  et 
("aideront  les  armes  qui  entrent  en  lad.  ville  : 
le  tout  comme  ilz  ont  acoustunu-;  mais  au- 
l'ont  lesd.  cou.sulz  communicalion  sur  le  li^'ii. 
si  bon  leui'  semble,  dud.  registre;  et  affin  de 
donner  plus  de  nioveii  ausd.  deux  portiers  de 
xivre  et  faire  leur  debvoir.  considéré  qu'ilz  ne 
peuvent  autre  chose  faire  que  la  garde  desd. 
portes,  et  oîi  ilz  sont  constrainctz  tenir  assi- 
duité, est  ordonné  que  doresnavent  ilz  aur(nit 
rentretènement  chascun  de  deux  places  fie 
mortepaves;  qui'  si  lesd.  portiers  commettoient 
quelipie  faulte  ou  abbus,  ilz  seront  destitués 
par  led.  gouvermnir  et  non  par  aultre. 

IceuK  consulz  et  habitans  de  lad.  ville 
pourront,  si  Irorr  leur  semble,  aussi  nietti'e 
d'ardti'es  portiers  à  leirr's  desperrs.  rjui  ne  fe- 
r(mt  airlcun  registre,  rrrais  auront  seullemeiil 
seing  des  frulctz  et  aultres  choses  concernarrt 
le  faici  i^arlicirllier  d'iceulx  eir  lad.  vilb'. 

Les  deux  parles  sei'orrt  ouvertes  doresnavani 
air  soleil  levant,  et  fernrées  au  stdeil  couchant, 
s  il  ne  survient  ipielque  nouvelle  nécessité  pour 
laquelle  feust  besoing  les  ouvrir  tai'dou  fer-mer 
plus  tost. 

Est  enjoinct  au  gouverneur  l'aire  |irompte- 
meiit  ouvrir  le-^  chevues  et  ralleariK.  pour  fî're 
passer  les  batteaulx  de  marchandises,  sans  que 
ceulx  (]ui  vront  taire  lad.  ouverture  puisserrt 
exiger-  n\  prendre  aiiciirie  chose,  (juelle  ([u'elle 
soict,  sur  pevrre  de  contra\ention:  et  est  en- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


^87 


joinit  au  ju{;e  d'en  iiiforaipr  el  procéder,  et 
au  gouverneur  de  luy  tenir  la  main  forte  pour 
en  estre  laide  pugnition  exemplaire,  et  faict 
aussi  inhibitions  et  deffences  à  toutes  per- 
sonnes, de  quelle  qualité  ou  condition  quils 
•  soyent,  de  ne  prendre  aucune  quantité,  pe- 
tite ou  grande,  de  sel  des  batteauk  ou  char- 
rettes portant  led.  sel  en  lad.  ville,  surpeyne 
de  contravenliou  et  de  péculat  :  néantmoings 
en  sera  donné  au  s'  gouverneur  pour  la  pro- 
vision de  sa  maison. 

i\e  se  fera  corps  de  garde  qu'au  lieu  que 
sera  ordonné  par  led.  s'  gouverneur. 

Est  cnjoinct  audict  s''  gouverneur  de  se 
comporter  modestement,  sans  injurier  de  pa- 
roUes  jiy  de  faict  les  consulz  et  habitans,  et 
ne  aussi  endurer  ([u'ilz  soyent  injuriés  par  les 
hallebardiers  ou  aultres,  entendant  le  Roy 
qu'il/,  soyent  traictés  comme  lions  et  loyaux 
subjeclz,  qu'en  ont  esté  tousiours  el  sont,  et 
où  lesd.  hallebardiers  commettroyent  quelque 
excès  ou  crime  non  millitaire  et  subject  à  la 
justice,  la  congnolssance  en  appartiendra  à 
lad.  justice  ordinaire,  à  laquelle  est  enjoinct 
aud.  gouverneur  prester  la  main  forte,  suivant 
t'ordonnance. 

Et  pour  le  regard  de  l'élection  des  consulz, 
iiz  se  feront  lousjours  sellon  l'ordre  et  en  la 


mesme  forme  et  liberté  que  les  a  acouslunié, 
estant  l'intention  du  Roy  de  maintenir  et  con- 
server entièrement  lesd.  habitans  dnd.  Nar- 
bonue  à  leurs  privilléges,  franchises  ei  iiu- 
munytez,  sans  que  leur  en  soict  rien  diminué, 
mais  plus  tost  les  leur  voudroil  Sad.  Majesté 
augmenler,  pour  la  bonne  exlimc  (|u'Elle  a  de 
leur  lideilité,  et  dont  lad.  Royne  sa  mère, 
voyant  icy  leur  bonne  affection,  l'asseurera 
encores,  lorsquelle  sera  de  retour  auprès  de 
luy,  et  tiendra  la  main  (ju'ilz  soyent  gratifïiés 
en  toutes  les  occasions  qui  se  présenteront  en 
général,  pour  lad.  ville  et  en  particuUier  pour 
lesd.  habitans,  s'asseurant  aussi  lad.  dame 
Rovne  qu'ilz  continueront  lousjouis  en  leur 
debvoir  et  se  conq)orteront  comme  ilz  doibvenl 
et  ainsi  qu'Elle  leur  a  dit  bien  amplement  de 
bouche,  pour  le  service  el  obéissance  du  Roy, 
s'aimantz  les  ungs  les  autres,  oublians  les  in- 
imitiés et  rancunes  passées  et  vivant  ensemble 
en  bons  et  paisibles  subjeclz  et  concytoiens, 
comme  ilzdoibvcnt,  respectant  et  honorant  leur 
gouverneur,  comme  ayant  du  Roy  la  |)rincip- 
[lalle  charge  el  garde  de  lad.  ville. 

Faict  à    Narbonne,    le   xv'  jour    de   may 

1579. 

Signé  :  Caterine. 

Et  pins  bas  :  Pin  a  ut. 


XL 


LETTRE    DE    HENRI   111     VL    MAUECIIVI.    DE    lill\()\. 
i5  mai  1^79  '- 


Mon  cousin,  par  Laubespine  el  la  Chevalle- 
r\e  j'ay  receu  voz  lettres  du  xxx'  el  dernier 
du  moys  d'avril  et,  depuis,  celle  du  mi'  du 
présent,  par  lesquelles,  et  ce  que  m'en  a  aussi 
escript  la  Reyne  ma  dame  et  mère,  j'ay  esté 


merveilleusenn;nt  ajse  d'entendre  que  vous 
vous  soyez  si  bien  remys  el  réconcilié  avecques 
mon  frère  le  roy  de  Navarre;  car  j'espère  que 
cela  sera  cause  de  l'eslablissement  de  la  paix 
en  ce  gouvernement  de  (niienne,  que  je  vous 


'  Bibl.  liai.   f.  fr.  S.Sig,  f"  i5o  r°.  —  En  litre  :  t-Du  xV  may   à  mous'  le  inaresdial  .le  Bironn.  V.I  en  marge  : 
«Ce  fust  Verdaillan  qni  fust  porteur  de  ceste  dépesclie.» 


488 


LETTRES  DE  CATHERINE  DÉ  MÉDICIS. 


prie  et  conjure,  mon  cousin,  sur  la  fide'lité 
(jue  vous  me  portez,  l'amour  de  vostre  patrye 
et  mou  contnutement,  vouloir  embrasser 
avecques  tel  soin  que  vous  avez  cy-devant  f'aict 
tout  co  qu'avez  congneu  estre  de  mon  inten- 
tion et  appartenir  au  bien  publicq  de  mon 
royaume,  en  quoy  vous  n'avez  acquiz  moins 
d'honneur  que  de  gré  et  mérite  envers  mov, 
qui  mectray  peine  de  vous  faire  paroistre  par 
elTeet  tost  ou  tard  combien  j'estime  vostre 
vertu  et  me  confie  en  vostre  prudence  et 
loyaulté.  Geste  dernière  exécution  doibt  estre 
le  couronnement  et  la  fin  de  l'œuvre  que  nous 
voions  si  bien  achemine  par  vostre  labeur  et 
industrie.  Je  vous  prie  qu'il  ne  demeure  im- 
parfaict,  comme  je  me  promectz  qu'il  n'ad- 
viendra, si  vous  y  voulez  emploier  les  moiens 
et  crédit  que  vostre  vertu  vous  ont  acquiz 
entre  messubjectz;  ne  me  pouvant  persuader 
que  j'en  aye  de  si  malheureux  et  ennemys  de 
leur  propre  bien  et  repoz,  (jue,  s'ilz  con- 
gnoissent  quelque  constance  en  la  poursuilto 
de  l'establissement  de  la  paix,  ilz  ne  se  dos- 
pouillent   des  passions  et  deffiances  qui   les 


ont  renduz  jusques  à  présent  si  réfractaircs 
et  malaisez  à  se  ranger  au  poinct  de  leur  deb- 
voir.  (Je  sont  malladies  qui  se  veullent  guérir 
plustost  par  patience  et  dextérité  que  autre- 
ment ,  ainsy  que  nous  n'avons  que  trop  expé- 
rimenté; et  n'y  a  personne  en  mon  royaume- 
qui  en  ayt  plus  de  congnoissance  que  vous 
avez'.  Mectez  y  doncques  la  main,  je  vous 
prie,  mon  cousin,  et,  après  avoir  entendu  par 
ce  porteur  l'occasion  de  sa  despescbe,  laquelle 
je  luy  ay  commandé  vous  communicquer, 
l'instruire  de  ce  qu'il  aura  à  faire  pour  facil- 
liter  l'exécution  de  mesdictes  intentions;  et  au 
demeurant  vous  assurer  que  pour  le  rembour- 
sement des  quatre  mil  escuz  que  vous  avez 
empruntez  pour  subvenir  à  mes  affaires,  j'ay 
commande'  iceulx  de  mes  finances  d'v  pour- 
voir, et  pareillement  à  ce  qui  concerne  vostre 
entretenenient,  dont  vous  n'auriez  occasion 
de  m'escrire  si  souvent,  si  la  nécessité  de  mes 
affaires  ne  m'eust  jusques  à  présent  empesché 
d'y  pourveoir  selon  mon  désir.  Priant  Dieu, 
nmn  cousin,  vous  maintenir  en  sa  saincte 
garde. 


INSTRUCTION   DU   S'  DE  BANVILLE,    ESCUYER    D'ESCURYE   DE  MONSEIGNEUR, 
De'pESCHÉ  VERS  LA  HOYNE   SA   MERE,   ET   RESPONSE  DE   LADICTE  DAME  ROTNE,   MERE  DU  ROY". 

23  mai  1579. 


Remonstrera  que  Monseigneur,  aiant  par 
^e  s'  du  Vray,  secrétaire  de  ses  finances,  receu 
advis   du    s"'  de   Simyer,   contenant    que    la 


royne  d'Angleterre  et  gens  de  son  Conseil  se 
seroieiit  arrestez,  et  n'ont  vouUu  accorder  en- 
tièrement   les    articles    du    mariage    (IVulre 


'  Henri  III,  par  cette  dépêche  oflirielle,  lait  au  niaréclial  de  Biron  beaiiroiiji  de  compliments  que  très  ceilaiue- 
Qieiit  il  ne  pensait  pas.  Dans  une  lettre  intime  à  Villeroy,  qui  doit  être  à  peu  près  de  la  même  époque,  il  écrit,  non 
sans  malice  :  !tVilleroy,  je  me  suis  échappé  du  maréchal  de  Biron  et  de  sa  cohorte  importune,  et,  sans  besoing  pour 
mon  servyce,  je  sçay  mieulx  évader  telles  importunitez  que  la  Roine  ma  mère,  Dyeu  mercy.  Mais  faites  qu'à  l'avenir 
il  n"a  plus  de  charge  en  tel  cas  et  que  je  n'y  veux  de  son  conseil.»  —  Ms.  fr. ,  3.'Î85 ,  P  ion. 

^  Bibl.  nat.,  Ms.  fr.,  .SSig,  f  03  v°.  —  Voir  le  post-scriptum  de  la  lettre  de  Catherine  de  Médicis  du  a?i  mai 
1679,  page  374,  et  la  note  I. 


I.KÏTIIHS  DR  C.VTII 

moiidict  Scijjiiour  ot  liidiclc  daiiic  Uoyiic, 
connue  poi'Inil,  hidiclc  (■iiiiiiiiis.sidii  baillcc 
audit  s'  de  Siinvcr,  avant  qu'il  fousl  pro- 
ceddé  à  rexérution  de  renliovoue  de  leurs 
personnes,  et  siffnamment  ceulx  du  rouron- 
ncmonl.  di'  la  roniniunaulli'  cl  du  douaire, 
lesquelz  trois  arlicles  il/.  rei|uièrenl  deinou- 
rer  indécis,  avec  celluy  do  la  relli{[iou, 
jusques  au  temps  de  ladicte  entrevouc. 

Et  d'auilant  que  ledit  s''  de  Siiuycr  avoit 
estroicteiuenl  persisté  à  raccordement  des- 
dicts  articles,  il/,  auroient  i'aict  démonstra- 
tion d'avoir  soubçon  qu'il  le  faisoil  pou.- 
rompre,  tant  que  les  choses  auroient  esté  eu 
danger  d'cstre  {{randemenl  esbinnlées  el  du 
tout  de'scspérées. 

Aumoiende  quoy,auroit  ledicts'de  Siiuyer 
esté  contrainct  s'excuzer  et  dire  ne  pouvoir 
faire  la  remize  et  surcéance  desdicts  articles, 
ne  traicter  de  i'entreveue  jusques  que  icouLx 
articles,  avec  tous  les  aultres  dudil  mariage, 
sauf  celluv  de  la  relligion,  feussent  re'soluz, 
concluz  et  arrestez  et  sans  aultre  nouveau  et 
plus  exprès  mandement,  lequel  il  reque'roit. 

Sur  ce  mondit  Seigneur,  ne  voullant  traic- 
ter d'affaire  si  important  .sans  l'advis,  conseil 
et  commandement  du  Roy  et  de  ladicle  dame 
Royne  sa  mère,  eust  grandement  désiré  pou- 
voir conférer  du  tout  ce  que  dessus  à  ladicte 
dame  et  ne  faire  aucune  chose  sans  son  pru- 
dent advis. 

Toutosibys,  estant  rccordz  de  ce  (lu'il  a 
pieu  à  icelle  dame  luy  en  escripre  cy-devant, 
raesmes  qu'elle  n'es^oit  d'advis  de  s'arrester 
au  corounement  et  qui  luy  sembloit  I'entre- 
veue se  pouvoir  librement  accorder,  puisque  la 
rovne  d'Angleterre  la  requerroit,  joiiict  ()ue 
par  les  lettres  dudict  sieur  de  Siuiycr  uion- 
dict  Seigneur  a  entendu  que,  si  l'on  dilfé- 
roit  à  faire  responce,  les  choses  estoient  en 
danger  d'estre  rompues,  niondict  Seigneur  a 

GAriicniM:  DE  MtDicis. —  vi. 


EIUNE  DE   MI'DKMS.  "   -  ft89 

dépe.sclni  ledit  Vra\  avec  puissance  de  traicter 
(|ue   li's   articles  cy-devant  propozez   jjour  le 
Roy  soient  et  demeurent  accordés,  comme  ilz 
sont   respondus  par   le    conseil   d'Angleterre, 
sans  soy   départir  des   trois   articles  coiitro- 
versez  :  assavoir  le  cour(umi'Mieut ,  l'association 
ou  comuninaullé,  et  le  douaire  de  i.x'"  livres 
sterlins,  bien  toutesl'ois  suspendre  la  décizicni 
el  coucluzioii  d'iceuU  avec  celluy  de  la(lict(! 
relligion  jus([ues  au   teiu|)s  de  ladicte  entre- 
veue,  pour  le  I'aict  de   laquelle  mondit  Sei- 
gneur, pour  faire  démonstration  de  sa  bonne 
voluuté,   mande  audit  s''  de  Siuiyer  de   lac- 
corderet  remetli'i!  le  lieu,  le  temps  el  la  lortiie 
;i  la  voluuté  de  ladicle  diime  royne  d'Anglelei'rc. 
Et  de  la  part  du  Roy  est  faict  dépesclu;  au 
s''  de  Mauvissière,   son  ambassadeur,   conte- 
nant d'accorder  la  suspension  desdils  arlicles 
el  l'entrevue,  et  aussy  délerer  le   lieu  el  le 
temps  à   ladicle   dame    royne    d'Angleterre, 
mais  (|u'il  désireroit  gramlemeut  entendre  la 
forme  el  quelles  seuretez  seront  oll'ertes  pour 
la  personne  de  Monseigneur,  qu'il  a  chère  et 
recommandée   sur   toutes  choses;  et  cela  se 
laid  affin   de  gaigner  le  temps  cl  osier  aux 
Anglois    tous   moiens  do   soubçon,   el   aussy 
pour,  pendant  ce  temps,  pouvoir  avoir  de  la- 
dicte dame  Royne  mère  du  Roy  son  advis  et 
conseil  sur  le  laid  de  ladicte  cutreveue  el  seu- 
relez  qui    sont  nécessaires   pour  icelle   laire; 
hujuellc  Monseigneur  suplye  très  huud)lenu;nl 
le  luy  vouUoir  iiu[)arlir  et  odioyer. 

Ainsy  signé  :  FiiANÇ.ois. 

Ht  j)uis  est  cscript  : 

Monseigneur  eusl  envoyé  à  ladicle  dame 
Royne  sa  mère  les  articles,  responces  et  ré- 
pliques qui  ont  esté  faictcs,  mais  les  a  baillées 
et  mizes  en  la  dépesclie  faite  par  le  Roy  et 
cnvovée  présenleuiiMil  à  ladicle  dame. 

Signé  :  \  n.vY. 


/,f)0  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

La  Royne  iiièie  du  Roy  ayant  veu  la  lettre 
que  nionseif;nei)r  son  filz  luy   escript  de  sa 


main  et  l'instruction  qu'il  a  faict  bailler  au 
s'  de  Banville,  de'pesche'  par  luy  vers  ladicte 
dame  Rovne  sa  mère  pour  le  faict  du  ma- 
riaiged'Anjjleterre,  Sa  Majesté,  désirant  satis- 
foire    mondict    Seigneur  son   filz.   Elle   a   à 
l'instant    confe'ré    de    cest    affaire    avec    les 
princes  et  seigneurs  du  Conseil  privé  du  Roy 
estans  icy  près  elle,  ausquelz  elle  a  faict  lire 
ladicte  instruction,  par   laquelle  il  se  veoid 
comme  mondict  Seigneur,  suivant  l'advis  que 
Sadicte  Majesté  luy  a  cy-devant  donné,  a  dé- 
pesché  le  secrétaire  Vray   au  s'  de  Simyer 
avec  charge-et  pouvoir  de  traicter  que  les  ar- 
ticles cy-devant  proposez  pour  le  Roy  soient 
et  demeurent  accordez  pour  mondict  Seigneur, 
comme  ilz  sont  responduz  par  le  conseil  d'An- 
gleterre, sans  soy  départir  des  trois  articles 
controversez ,  assavoir  le  coronnement  de  mon- 
dit   Seigneur   en   solempnizant  le   mariaige, 
l'association  ou  communaulté,   et  le  douaire 
de  soixante  mil  livres  sterlins,  bien  toutesfois 
suspendre  la  descision  et  conclusion  d'iceulx, 
avec  celuy  de  la  relligion,  jusques  au  temps 
de   l'entreveue;  ce  que  ladicte  dame  Royne 
trouve  très  bon  et  n'eust-on  sceu,  à  son  advis 
et  desdits  princes  et  seigneurs  qui   sont  par 
deçà,  mieulx  faire  que  d'en  user  ainsy  que  l'on 
a  faict ,  et  aussy  de  la  charge  que  l'on  a  faict 
audit  s''  de  Simyer  d'accorder  l'entreveue  et 
de  remettre  le  lieu,  le  temps  el  la  l'orme  à  la 
volunté  de  la  royne  d'Angleterre,  aiant  esté 
aussv  fort  bien  et  prudemment  advizé  que  le 
Roy  ayt  sur  reste  occasion  dépescbé  à  son  am- 
bassadeur pour  accorder  de  sa   part  ladicte 
entreveue  et  pareillement  la  suspension  des- 
dits articles,  et  même  de  déférer  le  lieu  et  le 
temps  d'icelle  entreveue  à  ladicte  dame  royne 
d'Angleterre,  el  a  esté  aussy  très  saigement 
faict  de  luy  avoir  néantmoings  fait  dire  que 


Sa  Majesté,  aiant  la  personne  de  mondict 
Seigneur  en  telle  recommandation  qu'elle 
doibt,  Elle  désireroit  pour  ceste  occasion  bien 
entendre  la  forme  de  ladicte  entreveue  et 
quelles  seuretez  l'on  baillera  pour  la  personne 
de  mondict  Seigneur;  car  par  ce  moien  l'on 
verra,  suivant  l'oppinion  qu'a  tousjours  eue 
ladicte  dame  Royne  mère  du  Roy,  bientost 
après  clair  en  l'intention  de  ladicte  dame  royne 
d'Angleterre. 

Et  affin  de  satisfaire  au  reste  du  contenu 
en  l'instruction  dudit  s'  de  Banville,  pour  le 
regard  desdictes  seuretez  de  la  personne  de 
mondict  Seigneur,  combien  que  ladicte  dame 
Royne  mère  du  Roy  en  ayt  jà  donné  et  en- 
voyé son  advis  par  escript  au  Roy  et  à  mon- 
dit  Seigneur,  toutesfois  aiant  encores  à  pré- 
sent sur  ce  pris  l'advis  d'iceulx  princes  et 
seigneurs  du  Conseil  privé  du  Roy  qui  sont 
par  deçà,  ilz  sont  tous  demeurez  d'une  mesme 
opinion,  comme  aussy  est-ce  celle  de  ladicte 
dame  Royne  mère  du  Rov,  qu'il  fault  monstrer 
en  cecy  toute  fiance  à  la  dicte  dame  royne 
d'Angleterre  et  se  contenter  que,  pour  l'asseu- 
rance  de  mondit  Seigneur  d'aller  en  Angle- 
terre, y  séjourner  et  retourner  quand  bon  luy 
semblera  et  ceulx  qui  l'accompaigueront ,  aussy 
icelle  dame  royne  d'Angleterre  assemble  les 
principaulx  seigneurs  de  son  royaume  et  de 
son  Conseil  et  qu'avec  leur  advis  elle  face 
expédier  lettres  patentes  en  la  bonne  forme 
pour  ce  requize,  qui  seront  vériffyées  et 
esmologuées  au  parlement  ou  Estatz  d'An- 
gleterre, s'ils  sont  lors  assemblez,  sinon,  par 
les  présidens  et  conseillers  qui  sont  ordi- 
nairement résidons  pour  le  faict  de  la  justice; 
et  oultre  cela  que  ladicte  dame  royne  d'Angle- 
terre en  escripve  une  lettre  bien  expresse  de 
sa  propre  main  au  Roy,  qui  contiendra  la 
mesme  promesse.  Et  pour  ce  que  ladicte  dame 
Royne  mère  du  Roy  pense  bien  aussy  que 


LETTRES  DE  CATHERINE   DT.   MKIMCIS. 


im 


ifclk-  dame  royne  d'Aiigletorre  voudra  ;ivoir 
du  Roy  et  de  moudict  Sei{jneur  asseurance 
qu'il  uc  sera  rien  entrepris  soûl)/,  conileur 
diidit  voiage  à  reneonlre  d'elle  et  de  snn  ro- 
yauline,  icelle  dame  Royne  mère  du  liny 
est  aussy  d'advis  que   l'on  ne   liiy  doibi   pas 


rei'uzer,  mais  lui  en  bailler  pareilleinenl 
lettres  eu  telle  et  si  bonne  lornic  qu'elle  les 
voudra,  ])0ur  luy  monstrer  la  sincérité  de  la- 
quelle \\m  procedde  eu  ce  fait. 

Fairt  à  A^fjde,  le  wiii'-' jour  de  niay  lo-ji). 


XLII 

QllTTANCE  1)E  I.\  SOMME  NECESSAIRE  PAR  QUINZAINE  POUR  SOLDER  LA  DEPENSE  PERSONNELLE 
DE  L\  REINE  MERE  PENDANT  SON  VOYAGE '. 


Nous  Caterine,  parla  grâce  de  Dieu  Royne 
de  France,  nu-re  du  Roy,  confessons  avoir  re- 
ceu  comptant  de  ]\rGuichard  Faure,  par  nous 
commis  à  la  receple  de  noz  partyes  casuelles, 
la  somme  de  Iroys  cens  trente  escuz  soleil  et 
ung  tiers,  laquelle  il  nous  a  advancee  pour 
pareille  somme  qu'il  nous  doibt  fournir  au 
commencement  du  prochain  moys  de  juing, 
suivant  le  contrat  que  nous  avons  faict  avec 
luv.  pour  le  faict  et  maniement  de  nosdites 


partyes  casuelles,  de  iaipieile  somme  de 
m'  xwiii  escuz  i  t.  pour  ledit  mois  de  juing 
prochain,  nous  nous  contenions  et  eu  quic- 
tons  led.  Faure  par  la  présente ,  (pie  nous  avons 
pour  ce  signée  de  uoslre  main. 

A   la  Ve'rune,  le  xxviii"  jour  de  may  l'an 
mil  cinq  cens  soi.\le  et  dix-ueul. 

Signé:  f]\Ti;RiNK. 

El  plus   hllS  :   PlNAIlT. 


XLIII 

REMONSTRANCES   DU  PARLEMENT   DE   TOULOUSE   AU    SUJET   DE   L'ETABLISSEMENT 
DE  LA  CHAMBRE   MI-PARTIE,   AVEC  LES  REPONSES   DE   LA   REINE'". 


La  dicte  dame  Royne  leur 
sait  très  bon  gré  de  l'afFection 
qu'ils  monstrentpar  ce  moyen 
avoir  au  service  du  Roy  son  fils, 
auquel  elle  n'oubliera  de  le 
tesmoigner. 


•1  ht  Boijnc  mère  (ht  Boy. 

Madame,  vos  très-humbles  et  très-obéissans,  les  présidens 
et  conseillers  de  la  cour  de  parlement  de  Tholosc  qu'il  vous 
a  pieu  nommer  à  la  dernière  conférence  tenue  à  Saincl- 
Michcl-de-Lanès  pour  rendre  la  justice  aux  subjels  du  Roy  en 
la  chambre  par  Sa  Majesté  établie  en  Laujfuedoc  et  \ille  de 
l'Isle-d'Albigeoys,  vous  rcmonstrent  très  humblement  que, 


'   Orijjinat  sur  parchemin.  —  Collodion  B<n(;uenault  de  Puchesse. 

=  Orif|.  IiiL.1.  de  Toulouse,  Ms.  C.  lo.  (Puijiit'  par  M.  Pnulcl  dans  los  Menwim  de  Jaapies  Gm-hes,  p.  ôga.) 

Ca. 


^9:2  I.F.TTlîES   DE   (nTUF.niNE   DE   MÉDICIS. 

a\;uit  rccou  le-;  Irllros  pateules  du  Uii\  ^  >uivan[  vos  intention 

et  commanciriiiont,  ils  ont  piesciiti'  icolies  en  ladicte  cour 

[loiir  estre  <"oni;rdii''e?  et  sont  prost  d'obéir  à  Voslre  Majesté. 

L.oiili'  d.iinc  liiivnf  fsrii|it  I{enion>ti'cnt  aussi  qu'il   auroil   pl'u   au  [io\  oidonufr  la 

aiiv  trésiiriiTS  «M'néraux  et  re-        somme  di'  i'iiii[  coûts  escus  pour  meuhler  le  lieu  où  la  jus- 

<i'p\i'ur  iji'uéral  de  Tholose  m'         lire  doilit  otro  rendue  et  à  ci's  fins  envoyer  la  rescription  de 

l.iillir   dr   louriiir  IcsdiU    âoo         sou  trésorier  de  l'espargne  au  rerejiveur  gfi'uéral  de  la  re- 

c-cus.  (le.-(|ncls  ledit  -iear  pré-        cepto  de  Tholose  iiour  icelle  lournir  par  les  ordonnances  de 

-.idenl    di'    Saiuel-Jelian    sera         monsieur   Baillel.    leur  c  iUiniis,    pour  présider   on   ladicte 

iiidonnaté.  cliambre  :  à   pré-ent    ledit   receveur  dilïère  d'exécuter  ledit 

commandement,  puisque  ledit  sieui-  liaillet  a  esté  conjfédié. 

Ils  demaiuleiil  cpéil  plni?e  à  \oslre  Majesti-  ordonner  (|ue  la 

despense  d'icelle  .'■onime  soit  l'aictc  par  ordonnance  de  M'"  de 

S'-.!elian,  conseiller   du   iioy  et  président   en    ladicte  cour, 

comme    cinnuiis    par    sa    Majesté    pour    pr<'sider    à    ladicte 

ch  imhre  et  accusant  les  pi-ovisions  néci'ssaires. 

Icell.MhnneriovneaordouMi'  l-^l  ipie  en  ladicte  ville  de  l'isie-  n'a  maison  (]ui  soil  com- 

'i   mil   li^res,   dont   a    c't  ■  en-         nnule  pour  v  di-esseï' le  consistoire  de  l'audience  sans  y  faire 

\ové  l'cudonnance  par  le  sieur        de  ;pandes  ri'paralions.  que  ])our  ce  il  tant  construire  dos 

I)and)aume  adressante  aux -u^-         [jri-ous  ]'our  la  jjarde   des  criuiineu/..  allendiMpiil    n'y  en  a 

dits  trésorier'-  j;('nérauix  et  re-         |ioint  en  ladicte  ville,  sera  le  bon  plai-ir  de  \ostre  Majesté 

ce\eur;;éui''ial,  lesipiels  il  l'ault         ordonm'r  aucune  somme  telle  (pi'il  nous  plaii-a,  pour  Mibvenii' 

suivant  icelle  s(dliciter  d'y  sa-        aux  irais  sur  ladicte  lecejite  jjéni'rale,  mander  an   receveur 

llj,f;iji-ii.  •réni'red  d'icelle  luurnir  >ans  aucun  dél.iv  par  les  ordonnances 

dudit  >'  président. 
11  a  este' a.lvis  ■  que,  en  a!-  Pour  exécuter   le   nianilement   de  ju-lice  et    laiie  rendre 

iendaut  iiue  le  dillérent  de  l'cdiéissance  au  l'iov,  Madame,  il  convient  que  en  ladicte  ville 
.'^onimarlre  et  de  Pezou  soit  il  \  ail  certains  officiers  avec  main  forte,  connue  il  est 
vuidé  par  le  Roy  où  ral1'air<'  a  observe'  en  toutes  villes  où  il  y  a  parlement  ou  ciiaudire. 
est('  reuvovi'e,  que  trois  des  A  reste  cause,  Madame,  vous  plaira  conimnmler  au  sénéchal 
lieutenants  de  l,i  pré\qsté  de  de  Tbulose,  dans  la  sénéchaussée  duquel  e^t  ladicte  ville,  de 
I.an;;u<tloc       exerceioicnt      la         créer  un  lieutenant  lay  avec  famille  suffisante  auxdiles  lins, 

'    On  ti-euvo  à  la  liibl.  uni.  claii>  !.■  iii>.  IVanr.  'ii./|-,  fnl.  K-  à  ij-j,  les  pières  siiivnnles  : 

-Iic;;l"iiieiil  fa'ni  par  le  Ilov  ]»'iir  l'ailiiiii)islralieii  J..-  la  jusle-e  eiilic  les  Coiirlz  ilr  l'aile ni  ri  les  Ctianiliios  es- 

laliUos  siii\anl  l'fcdict  de  [lacillicalioii  et  articles  accordés  à  la  coiiforaiice  loiine  à  Néiac,  leipul  Sa  Maj"   veiill  et 

entend  estrc  doresnavanl  oliservé.  i'aris,  ■-  mai  i57i|.'' 

-  Lettres  patéfiles  (hi  Ro\  [lonr  l"oli-er\atieii  el  rentreleneinent  du  regleineiit  laid  par  Sa  Majesté  entriî  la  (loiir  de 
l'arlenieiil  de  Tlioulouse  et  la  Cliandire  an  lessort  dielil  l'arlenviit,  suivant  ^e^  eedicl  de  pncillicatiou  estalilye  à  l'Ide 
eu  .\lliigeois.  Paris,  8  mai  1579.- 

-  l.'tsle-d'Allii ,  aujourd'lmi  cliel-lieii  de  caulun  du  Tain,  ne  d-nait  pas,  an  \\i'  siècle,  olîrir  lieanconp  de  res- 
sources. 


I.KTTRKS  UE  CATHERINK  DK  MÉDICIS. 


493 


charge  et  aiiroienl  par  lierce 
poiiiou  ies  aifliiers  de  ladicte 
prévosté,  ayant  la  i{oyno  des- 
tiné et  ordonné  l'un  d'iceulx 
avec  lesdits  airhiers  pour  ré- 
sider audit  lieu  de  l'Isle-en-Al- 
bigeois. 

Le  Roy  et  la  Royne  sa  mère 
entendent,  comme  il  est  bien 
raisonnaiile,  qu'ils  soient  paies 
de  leurs  jfagcs,  non  seulement 
de  ce  ([ui  leur  est  deu,  mais 
aussi  cjue  leursdits  paicmens 
soient  continuez,  tout  ainsi 
comme  ils  seroient  audit  par- 
lement, et  qu'ils  soient  pour 
cela  paie/,  de  lestât  [des  de- 
niers] qu'il  leur  est  accordé, 
suivant  Testât  qu'en  a  l'aict  Sa 
Majesté. 


La  Royne  a  ordonné  200  es- 
cus  audit  s' président  de  Saincl- 
Jehan,  et  auxdits  cinq  conseil- 
lers catholiques  dudit  parle- 
ment de  Bourdeaulx  qui  vont 
audit  lieu  de  llisie-en-Albi- 
gèoys,  à  chascun  cent  escus, 
dont  l'ordonnance  leur  est.  .  . 

pour  eslre  pris  des 

deniers  de  la  receple  générale. 

Le  Roy,  en  faveur  de  l'in- 
stance que  luy  a  faicte  le  roy  de 
Navarre,  a  accordé  au  conseiller 
VignoUes  l'office  de  garde  des 
sceaulx;  mais  il  n'en  aura  ([ue 
le  nom  et  les  gaiges,  et  veult 
et  entend  Sa  Majesté,  comme 
la  Royne  luy  a  dict  icy.  que  le 


l't  pour  soldover  et  |)aïer,  ordonner  tidle  sotnme  des  deniers 
sur  ladicle  receple  que  Voslrc  Majesti;  advisera. 


La(liel(!  ville  de  l'Isie  est  notoirement  ruynée  à  cause  des 
troubles,  et  pour  ce  lesdlls  présidens  et  conseillei-s  iw  \)ca- 
vent  .s'y  loger  sans  entrer  eu  grands  frais  ou  les  aulres  incom- 
modités et  dangers  qu'il  leur  conviendra  soulfrir  et  les  perles 
sur  leurs  biens  qu  ils  ont  soulïertes  et  n'ont  reeeu  aucuns 
gaiges  jiour  ung  an  :  vous  plaii-a,  Madame,  ordonner  ipiils 
seront  paies  d'iceulx  et  néautmoins  que  ceux  continuant  le 
service  en  ladicle  chambre  de  Languedoc  audit  lieu  seront 
paies  pour  l'advenir  des  gaiges  ordinaires  en  vertu  des  de- 
ventures  (|Uft  la  cour  a  acoustuinc!  faire  d('|>escher  au  gref- 
fier d'icelle,  comme  s'ils  esloient  aclnellemcnit  présens  en 
ladicte  cour,  sans  leur  estrc  desdits  gaiges  ordinaires  rien 
retranche',  au  moyeu  des  pensions  que  V'ostre  Majesté  a 
voulu  leur  cstre  accordées  par  le  pays;  et  à  rendre  la  jus- 
tice à  toute  intégrité,  moyennant  la  grâce  de  Dieu  et  pour  le 
service  de  Vos  Majestés,  ils  s'emploieront  de  tout  leur  pouvoir. 

Et  de  tant  qu'il  est  certain  qu'ils  ne  peuvent  faire  le  re- 
muement de  leur  mesnaige  sans  grands  frais,  sera  le  bon 
plaisir  de  Vostre  Majesté  leur  ordonner  telle  somme  que 
Vostre  Majesté  jugera  pouvoir  sullire  pour  faire  leur  nouveau 
niesnage  et  les  osier  des  pertes  sur  ladicte  receptc  générale 
de  Tholose,  ensemble  le  paiement  de  ce  (ju'il  leur  reste  de 
leursdits  gaiges. 


Par  le  cinquiesnie  arlich'  de  la  conférence  tenue  à  \érac 
est  dict  que  tries  expéditions  de  ciiaucelleries  de  la  (Ihambre 
se  feront  en  présence  de  deux  conseillers  d'icelle,  (iont  1  un 
sera  de  la  religion  prétendue  relforméen.  En  l'absence  des 
maistres  des  requesles  de  l'hostel,  sera  vostre  bon  plaisirque 
les  sceaulx  seront  mis  en  ung  cofl're,  la  garde  duquel  appar- 
tiendra au  plus  ancien  desdits  conseillers,  el  qu  il  y  se- 
ront faictes  deux  clefs,  dont  le  conseiller  catholi(iue  tiendra 


49/,  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

sceau  demeure  en  ung  coffre  qui 
fermera  à  deux  diverses  clefs, 
dout  le  plus  ancien  conseil- 
ler catholique  gardera  Tune, 
et  l'autre  ledit  VignoUes,  le- 
quel sera  tenu  aller  en  la  mai- 
son dudit  conseiller  catholique 
quand  il  faudra  sceller. 


lune,  et  l'autre  celui  delà  Religion,  pour  osier  tout  soupçon 
et  différent  qui  en  pourroit  soudre. 


Faicl  à  La  Verrune,  le  \xvii"'°  mai  1579. 

Signe  :  Gaterine. 

PiN'lRT. 


XLIV 

DEFFENCES    AUX    S'''   VICONTE   DE    TUREWE    ET    DE    DURAS 
DE   SE  FAIRE  ACCOMPAIGNER  POIR  LEUR  QUERELLE  ^ 

20  juin  1579. 


De 


par 


Estant  Sa  Majesté  advertye  qu'en  son  pays 
et  duché  de  Guyenne  et  es  environs,  souhz 
coulleur  et  prétexte  du  différent  et  querelle 
d'entre  les  s"vicoate  de  Turenne  et  de  Duras, 
plusieurs  gentilshommes  et  autres  sont  mon- 
tez à  cheval  avec  armes,  dont  ne  peult  pro- 
venir aucun  bien,  et  affin  que  de  cela  n'ad- 
vienne quoique  grand  désordre,  avec  trouble 
et  altération  au  repoz  de  ses  subjectz  et  esta- 
blissement  de  la  paix  que  Sa  Majesté  veult 
conserver  sur  toutes  choses  et  pour  laquelle 
la  Royne  sa  mère  a  freschenient  prise  tant  de 
peine,  Sadicte  Majesté  faict  par  ces  présentes 
très-exprès  commandement  ausdits  gentilz- 
hommes  et  autres  de  se  séparer  et  au  plu- 
tost  retourner  chacun  en  leurs  maisons,  sur 
peine  d'encourir  son  indignation  et  d'estre 
désobéissans  à  ses  intentions   et  commande- 


mens.  Leur  sont  aussi  faict  déffenses  très  ex- 
presses, sur  les  peines  susdictes,  que  soubz  le- 
dict  prétexte  de  querelle  d'entre  lesdits  s" 
viconle  de  Turenne  et  de  Duras,  ny  autre 
quelconque  coulleur  que  ce  puisse  estre,  ilz 
n'ayeut  à  eulx  assembler  ny  accompagner  les 
ungs  et  les  autres  des  parties,  ains  se  con- 
tiennent comme  doibvent  faire  bons  et  loiaux 
subjectz,  désireux  du  service  de  leur  prince 
et  repoz  de  leur  patrie,  sans  estre  cause  di- 
rectement ou  indirectement  qu'il  y  advienne 
quelque  altération  ou  changement;  voulant 
sadicte  Majesté  que  ceste  sienne  intention  et 
ordonnance  soit  leue  et  publiée  par  tous  les 
lieux  et  eudroictz  qu'il  appartiendra,  à  ce  que 
aucuns  n'en  prétende  cause  d'iguorance. 
Donné  à  Paris,  lexxiii'jourdejuing  1079. 


'  Fonds  français  SSig,  f.  1  63  r',  copie.  —  Voir,  p.  3o8,  la  lettre  de  la  reine  mère  du  19  mars  1679  et  ta  note 
sur  ie  duel  de  Turenne  et  de  Duias. 


I.ETTUES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


h95 


LETTRES   DE    15  7  8   ET    10  79 


RETROUVEES  PENDANT  L'IMPRESS1()>  i)E  CE  NOLUME. 


lÔTiS.  —  5  jaiiviei". 

Copie.  Bihl.  nat. ,  Fonds  français,  n"  i-Slia,  f^  oGG  v°, 

A  MONSIEUR  BALTAZART  DE  CRESSIER'. 

S'  Balthazart-,  je  vous  diray,  avec  la  h^llrc 
que  vous  faict  présenteinont  le  Roy  monsieur 
mon  filz ,  que  j'ay  beauroup  de  regret  de  ce  (jue 
le  party  d'argent  qui  doit  estre  rendu  en  Suisse 
dedans.  .  .  de  ce  moys  n'a  pu  estre  plustost 
couclud  et  foict  de  plus  grande  somme;  mais 
nous  sommes  contrainctz  de  céder  à  la  neVes- 
silé  du  temps,  de  laquelle  nous  espérons  sor- 
tir par  la  coulinuation  de  la  j)aix  et  avoir  par 
cy-après  moyen  de  mieux  conlanter  les  s"  des 
Ligues  que  n'avons  eu  par  le  passé,  qui  est 
bien  l'affaire  que  nous  avons  en  plus  grande 

'  Balltiasard  do  (iressier,  de  Soloure,  valel  de  chambre 
du  Roi,  serrétaira  ot  ttlriichemoiitn  du  I^oi  aux  Ligues  de 
Suisse.  De  nombreuses  lettres  de  ce  personnage  à  Bei- 
lièvre  et  à  Hautefort  se  trouvent  dans  ies  niss  fr.  de  la 
Bibl.nal.,  iSgoy,  iSgoget  i6oa6. —  Inventaire smnmaire 
des  documents  relalijs  à  l'hisluire  de  Suisse,  cniilenus  dans 
les  archives  et  bihUotlièques  de  Ptiris,  etc.,  par  M.  Kd.  liott, 
1883.  In-8°,  t.  I,  p.  335. 

-  Henri  III  écrivait  à  M.  de  Hautefort  (Jean  de  Bel- 
lièvre,  s'  do  Hautefort)  d'Olainville,  le  .3 1  janvier  1.^79  : 
«J'ai  esté  bien  aise  de  ce  que  m'avez  dépesrhé  le  tru- 
chement Balthazar,  pour  avoir  entendu  do  luy  fort  par- 
ticulièrement l'estat  de  mes  affaires  de  par  delà ,  (juo  je 
regrette  beaucoup  n' estre  en  si  bons  termes  que  je  dési- 
rerois  bien  et  que  ce  soit  par  laulle  d'avoir  esté  satisfaict 


recommandation,  auquel  vous  vous  pouvez  as- 
seurer  que  je  tiendray  la  bonne  main.  Priant 
Dieu,  etc. 


1378.  —  Janvier  ou  février. 

Copie.  Bibl.  nat..  Colleii.  Dupiiy,  11°  745,  f"  984  r°. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  MONTMORENCY'. 

Mon  cousin,  je  m'assure  que  la  nouvelle  (pie 
vous  entendrez  par  Marion  présent  porteur,  de 
la  j)arl  de  vostre  frère  le  marescbal  Dam- 
ville,  ne  vous  sera  moins  agréable  qu'elle  a 
esté  au  Roy  monsieur  mon  filz  et  à  mov,  es- 
pérant que  deceste  bonne  résolution  s'ensuivra 
le  fruit  que  nous  avons  toujours  espéré,  avec 

aux  sommes  que  j'ay  ci-do\,int  promises  aux  s"  dos  Li- 
gues. .  .,  faisant  conq)t('  ijue  pour  tout  le  mois  de  lévrier 
prochain,  vous  aurez  audirt  pays  do  Suysse  la  somme 
de  deux  mil  escuz.  .  .  Et  ayant  considéré  qu'il  esloit  bien 
requis  de  retenir  encore  qui'lqucs  gens  de  ceste  nation, 
j'ay  voullu  avoir  une  enseigne  de  laquelle  j'ay  donné 
charge  au  cappitaino  Itadezourde  et  audit  Balthazar,  qui 
la  tiendront  de  moictié,  ayant  voulu  favoriser  le  canton 
de  Lucerne  et  celluy  de  Soleure,  duquel  est  conbourgeois 
ledit  Balthazar.^  (Fr.  Nouv.  Acq.  12/17,  P-  ^°^-) 

'  Cette  lettre  sans  date  est  évidemment  dos  premiers 
mois  de  1578.  A  cette  époque,  le  maréchal  de  Damville, 
après  beaucoup  d'hésitations,  fit  sa  paix  avec  Henri  II! 
et  lui  promit  ses  loyaux  services.  —  Voir  ses  lettres, 
p.  /iCiti. 


496 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


les  ))ons  moiens  que  le  Roy  mondit  S'  et  filz 
s'est  résolu  de  luy  bailler,  prenant  entière 
confiance  de  luy,  qui  le  debvra  d'autant  plus 
mouvoir  à  s'esvcrtuer  de  luy  faire  un  bon  ser- 
vice, comme  à  présent  il  en  a  l'occasion  en 
main;  nous  désirons  bien  fort  de  veoir  aussy 
vostre  frère  le  sieur  de  Thoré  hors  de  là  oiî 
il  estencores,  dont  à  cette  occasion  je  vous  prie 
luy  escrire  de  si  bonne  façon  qu'il  connoisse 
le  tort  qu'il  se  fera  d'y  demeurer  d'avantage; 
et  me  remettant  à  ce  que  ledit  Marion  vous 
dira  plus  amplement  sur  le  tout,  je  ne  vous 
feray  la  présente  plus  longue  que  pour  prier 
Dieu,  etc. 


1578.  —  Janvier  ou  février. 

Copie.  Bilil.  nal.,  Cdlccl.  Dupuï,  n°  745,  f»  aS'i  r°. 

A  MA  CODSINE 

MADAME 

LA  CONNESTABLE  DE  MONTMORENCY'. 

Ma  cousine,  j'ay  esté  autant  plus  aise  de  la 
résolution  de  mon  cousin  le  mareschal  de 
Damville  vostrefilz  que  ,oultrelecontentemeiit 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  en  a  eu,  je  say 
le  plaisir  que  vous  en  recepvrez, sachant  mes- 
mement  la  part  qu'il  se  peut  promettre  en  la 
bonne  grâce  du  Roy  mon  S'  et  filz,  comme 
Marion  vous  sçaura  bien  représenter;  mais  je 
seray  encores  plus  joieuse  quant  je  verray 
aussy  le  s''  de  Thoré  vostie  filz  retiré  par  deçà , 
à  quov  j'espère  que  l'exemple  de  sondit  frère 
l'aura  tellement  dispozé  (jue  le  commandement 
et  l'exortalion  que  vous  luy  en  ferez  à  présent 
auront  plus  de  lieu  qu'il  n'ont  peu  avoir  cy- 
devant,  et  ne  doute  que  ce  n'est  l'un  de  voz 
plus  grans   souhaitz,  de    sorte    que  j'estime 

'  Madeleine  de  Savoye,  veuve  du  connétable,  qui 
mourut  en  i586,  à  l'âge  de  soixante-seize  ans. 


n'estre  besoin  vous  persuader  d'y  emploier  la 
puissance  qu'avez  sur  luy.  Je  me  remetteray  de 
tout  ce  que  je  vous  en  pourois  dire  d'avantage 
sur  ce  que  vous  entendrez  plus  amplement 
par  ledit  Marion,  etc. 


I57<S.  —  1  5  février. 
A  MON  COUSIN 

LE  VICOMTE   DE  TURENNE  ^ 

Lettre  de  Catherine  de  Médicis,  reine  de 
France,  datée  de  Paris  le  i5  février  i5-8  à 
son  cousin  le  vicomte  de  Turenue,  Henry  de 
la  Tour,  par  laquelle  elle  lui  marque  la  satis- 
faction qu'elle  a  de  voir  par  ses  dernières 
lettres  le  désir  de  AI.  le  vicomte  d'aider  à 
établir  la  paix  que  Dieu  a  donnée  à  son  fils, 
etc.;  et  avec  promesse  d'embrasser  toutes  les 
occasions  qui  se  présenteront  pour  lui  faire 
plaisir,  ainsi  qu'elle  a  prié  M.  de  Tournon  de 
lui  faire  plus  amplement  entendre. 

Signé  :  Vostre  bonne  cousine, 
Catherine. 

Lettre  de  Catherine  de  Médicis  dud.  jour, 
i5  février  iS'jS,  à  mond.  s',  par  laquelle 
elle  lui  marque  qu'elle  ne  fait  pas  de  doute 
qu'il  ne  soit  bien  averti  du  parlement  de  son 
fils  d'Anjou ,  et  qu'il  ne  soit  convenu  de  l'aller 
trouver;  mais  pour  ce  qu'elle  veuille  toujours 
être  soigneuse  de  son  bien,  comme  de  per- 
sonne qui  la  touche  et  qu'elle  aime  grande- 
ment, elle  lui  fait  ce  mot  de  lettre  pour  le 
prier  de  se  contenir  en  son  service  envers 

'  Ces  indications  sont  prises  dans  un  volum*;  de  la 
BiL)l. nat.  coté  :  Nouv.  Acq.  4533  et  intitulé  :  (rCollection 
de  lettres  des  rois,  reines,  princes,  etc.,  auï  princes  et 
princesses  de  la  maison  d'Auvergne  et  ducs  souverains  de 
Bouillon.!! 


LETTRES  DE  CATHEIUNE  DK   Ml'DICIS. 

le  Roy  et  ne  jneiKlir  ni  ilomipi' iuiciins  inaii- 
\ais  conseils,  elc. 

Si^rné  :  Vostre  hrmiie  cousine, 

(IvTIlKRlXK. 


/i97 


1578.  —  28  septembre. 
Bibi.  nal. ,  ms.  français,  n"  lâgoS  ,  f  ihh'. 

A  MONSIEUR  DE   RELLIÈVRE, 

CO\SEaLEn   AD   COSSEIÏ,   DC   BOT   MO.SSIBUR   MO^   FILS 
ET    PHÉSIDKNT    ES    Si    CODRT    DE    PAni.EME\T. 

Mons''  de  Belièvre,  vous  m'avez  faict  Irès 
jjraud  plaisir  de  m'avoir  escript  el  faicl  en- 
tendre par  Pinart,  selon  l'ordre  des  chapilies 
de  vostre  ménioyre,  toutes  les  parliculiarilcz 
qui  y  sont  notées,  tant  de  ce  qui  s'est  passe 
durant  vostre  voiage  en  Flandres  que  de  ce 
qui  vous  est  venu  du  s'  de  Haultefort  vostre 
frère,  et  aussi  du  bon  advis  et  expédiant  que 
me  donnez  selon  les  propos  qui  se  sont  passez 
entre  vous  et  le  Aiinero  Mendoça  ,àqui  j'en  sçay 
très  bon  gré.  Je  faiz  une  bien  ample  de'pesche 
au  Roy  monsieur  mon  fiiz  de  toutes  choses 
<jui  concernent  sou  service ,  tant  sur  les  poinrtz 
que  m'a  rapoitez  ledit  Pinart  de  sa  part  que 
sur  Pestât  des  choses  de  deçà.  Mais  ce  qui  est 
principallement  requis,  est  l'estabiissement  de 
l'édit  de  paciffiration  :  aussi  y  travaillay-jc  de 
deçà  et  y  foictz  tout  ce  qui  se  peult,  y  aiant 
une  très  bonne  et  asseure'e  espérance;  mais  il 
fault  faire  en  sorte  que  le  duc  Caziniir  ne 
vienne  pour  yverner  ny  à  aultre  intention  en 
ce  roiaulme.  Vous  avez  beaucoup  de  moyen 
d'y  servir,  comme  je  m'asseure  tjue  ferez  et 
que  n'y  obmcttrez  aulcune  chose  de  ce  que 
l'on  peult  entendre  d'ung  affectionné  et  bon 
serviteur  que  vous  estes;  aussi  ne  vous  feray- 
je  plus  longue  lettre,  me  remcctant  au  s'  de 
Maintenon   et   à   la    résolution    (|ue    le    Roy 

CiTURniNE    DE    MÉBICIS.    ïl. 


iiiiHidicl  seigneur  et  lilz  praudra,  après 
l'avoir  ouy  sur  Imites  ses  all'aires.  Priant 
Dieu,  mons'  de  Uelièvre,  vous  avoir  en  sa 
sainte  garde. 

Escript  à  Bordcaulv,  le  xxviu'  septembre 
1078'. 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1578. 


C>  (iiidtipo. 


Cnpii'.  llibl.  n<T[.  ,   liouv.  ncq.  ,  u"  G007,  f"  9. 

(D'nprcs  r.Tut<ijjr.nplie  de  la  collection  Dubrowsty, 
h  la  Hibliolht'qne  de  Sainl-P»'-lersbourjj.  ) 

A  MONSIEUR  DE  VILLEllOV. 

Monsieur  de  Viileroy,  j'é  veu  vos  leties  et 
les  deux  mémoyres,  et  loue  Dieu  de  l'inspira- 
tion qui  me  fist  de  vous  prier  d'aler  trover  le 
Roy,  et  que  le  Roy  trovét  lion  cet  ipie  je  avoys 
pansé  pour  son  service,  de  quoy  les  cliauses 
en  sont  réusies  si  heureusement.  Je  voldrès, 
comc  pouvés  panser,  aystre  set  eure  auprès  du 
Roy,  car  c'et  toul  mon  bien  et  heur  que  de  le 
voyr;  mes  quant  je  panse  cpie  je  spérance  de 
lui  fayre  un  tel  servise,  coine  yl  me  sembh; 
en  estre  plus  que  besouin,  je  m'estvnie  lieu- 
reuse  d'estre  encore  en  vie  et  que ,  avent  niouii  r, 
je  aye  cet  contentement  de  avoyr  cervi  de 
mestre  cet  royaume  au  repos  que  le  Hoy  luy 
ha  donné  par  zon  hédist,  lequel  aysteut  éfec- 

'  .\  celtp  IcUrc  est  annexé  nn  billel  île  Pinarl,  adressé 
é(;aleiiient  à  lielliévre,  cl  ainsi  conçu  (f"  i  'l'i)  : 

r Monsieur,  je  vous  assonre  i|ue  je  n"ay  rien  ol.niis 
(le  toutes  les  parlii  iillarilez  i|ue  m'avez  dicles  el  bail- 
lées par  voz  (leppesclies.  Kt  vous  asseure  ipie  la  Royne 
vous  en  a  sceu  très  bon  gré  et  à  monsieur  vostre  frère. 
Je  suis  tant  chargé  (l'alTaires  el  suis  si  las,  que  je  vous 
snpiie  hunibleEueut  ni'cxcnser  île  plus  longue  leUre. 

tVotre  hiiiuble  el  obéissant  siTvileur, 

l'iNAllT.n 

G."! 


i98 


LETTRES  DE  CATH 


tué,  je   ne  doucte  point  que  son  yntentiou 
n'ave  lyeu  de  voir  le  royaume  en  pays  :  je 
Yoy  bien  que  ne  le  puys   aysément  et  sans 
pouine  et  grende  et  longueur  de  tamps,  mes 
aussi  je  seré  trop  heureuse  que  pour  mon  der- 
nier cuvre  je   puisse   ayfectuor   un  tel   bien 
pour  cet  royaume,  de  quoy  le  Roy  que  j'émey 
lent  réservera  honneur,  haubéissaace  et  re- 
couvrera son  hauUoiite'.  Pour  ynsin  me  fault 
ayscuser  cet  je  me  haupyniatre,  et  que  de  son 
coulé  yl  fase  cornent  yl  lest  de  travaller  à  con- 
server la  bonne  volante  de  sou  frère,  que  lui 
avés  guagnée,  remédier  a  us  aultres  cliauses  en 
reguaulent  ceuk  de  qui  yl  set  peuU  lier  et  les 
envoyer  au  principale  plase,  et  les  aultres  les 
retirer  auprès  de  lui.  S'il  étoyt  aseuré  du  conté 
de  Flandre  que  rien  ne  lui  vint  sur  les  bras, 
je  yroys  l'eairre  sanblant  de  courre  (bien  acon- 
pagné,   cela   santend)    un  serf  ver   Vauluy- 
sant ,  et  là  je  menderès  deux  ou  troys  des  prin- 
sipaulz  faclieulz,  les  careserès  et  les  ramenerès 
aveques  nioy,  leur  fesant  bonne  chère,  san  leur 
fayre  samblant,  sinon  que  dornavant  je  veulz 
avoir  de  prinsipaulx  des  provinses  auprès  de 
nioy  pour  leur  fayre  conestre  le  contrère  de 
cet  que  Ion  a  dist,  remetre  quelque  chause  au 
peuple,  sursouyr  tous  ces  aydes,  et  faire  cou- 
ler le  tamps,  eu  cet  pendent  aystablisant  la 
pays,  si  la  apuyré  san  démostration  de  guerre, 
et  lui  meneré  sin  sans  jeantishommes  de  ces 
coûtés  qui  li  sont  tous  très  afectionés,  et  croy 
que  ma  veneue  ni  a  pas  nuys  à  les  désanbar- 
quer  d'aileur.  Quant  à  l'argent,  madame  de 
Monpansier  me  dist  qu'el  a  envoyé  un  homme 
à  Richelieu  aveques  tout  cet  qui  ayst  nése- 
sayre;  et  set  fault  ynformer  de  Richelieu  s'il  et 
vray,  et  le  reste  de  la  somme  à  Ruchelay,  qui 
devoyt  à  cet  novel,  au  Tousayns,  s'il  me  so- 
vient,  avoyr  de  l'argent,  pour  désengager  ou 
payer  de  debtes,  à  cete  nésésité  reculer  cet 
paymens  et  s'annuyder  de  cet  qu'yl  fault  de 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

plus  que  le  sant  mile  livres i.  Velà  mou  avis  : 
s'yl  et  mauves,  jeyté  le  au  feu;  s'il  et  bon, 
monstre  le  au  Roy,  à  qui  je  l'aurès  aycript; 
mes,  voyent  vostre  mémoyre,  je  vous  y  foys  ré- 
ponse celon  mon  petit  jeugement.  IMendé  moy 
tousjours  de  ses  novelles  et  de  celés  de  mou 
fils  et  de  tout  aultres  chauses,  et  je  prie  Dieu 
vous  avoyr  en  sa  guarde. 

De  la  Réaule,  ce  m""  d'octobre  iB-S-. 

Caterine. 


1578. 


f>-  oclolire. 


AUX  CONSULS,  MANANS  ET  HABITANS 

DE    LA    VILLE 

DE  BEAUCAIRE'. 

Messieurs,  encore  que  j'aye  bien  entendu 
le  bon  et  grand  debvoir  que  vous  avez  fait 
pour  la  conservation  de  votre  ville  soubz 
l'obéissance  du  Roi  monsieur  mon  fils, et  vous 
garder  de  la  surprinse  de  ceuk  qui  ne  las- 
chent,  par  leurs  pernicieulx  desseings,  qu'à 
troubler  le  repos  de  ce  royaume,  au  préjudice 
de  l'autorité  du  roi  moudit  sieur  fils,  tou- 
tefois, je  vous  ai  bien  voullu  faire  ce  mot  de 

'  La  copie  moderne  (i883)  de  celle  pièce  et  de  beau- 
coup d'autres  des  «Autographes  de  Saint-Pétersbourg» 
est  assez  mauvaise;  et,  en  l'absence  du  texte,  on  ne  peut 
y  suppléer.  Force  est  donc  de  se  contenter  du  sens  gé- 
néral. 

-  Une  autre  lettre  de  Catherine  de  Médlcis,  autogra- 
phe et  signée,  écrite  au  même  Villeroy  en  date  du 
3  1  octobre  1578,  a  passé  le  8  mars  1886  dans  une 
vente  publique  de  documents  historiques,  faite  à  la  salle 
Drouot  par  M.  Eugène  Charavay.  Nous  ignorons  ce 
qu'elle  est  devenue.  La  reine- mère  mandait  au  secrétaire 
d'État  qu'elle  avait  été  poursuivie  par  les  émeutes  jus- 
qu'aux portes  de  Toulouse,  et  elle  ajoutait  qu'elle  n'es- 
pérait plus  que  ttdans  la  conférence  qui  va  s'ouvrirr 
pour  maiiitenir  la  paix  du  royaume. 

'  Archives  de  la  ville,  registre  des  délibérations,  à  la 
lin  de  1078. 


LETTRES    DE   CATHl 

lellre,  j)oiir  vous  asspiiror  ([iie  Kï  Roy  inondit 
s'  el  fils  vous  snict  rt  saura  loiijourz  très  l)on 
gré  du  bon  debvoir  que  vous  avez  l'aict,  aiusi 
que  m'a  feict  (nitendre  icy  mou  cousiu  \o  ma- 
lôchal  Daui|)villo,  ot  (]ue  je  m'asseure  <jue 
vous  conlinuerés  toujours  comme  bons  el 
loyaulx  sujects  :  aussi  vous  pouvez  vous  bieu 
assurer  que  mondit  s'  et  fils  vous  soulagera 
aultant  qu'il  lui  sera  possible.  Et  cependant 
je  n'obmettrai  de  l'avertir  de  voti'c  bon  deb- 
voir, el  de  vous  aecister  et  intercéder  pour 
vous,  quand  l'occasion  s'en  présentera,  d'aussi 
bon  cœur,  et  que  je  prie  Dieu,  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

A  Toulouse,  le  xxvii  octobre  1578. 

Si/jné  :  Caterine. 

Et  plus  bas  :  I'ixart. 


1578. 


'inlno. 


Iinprinié  dans  les  Docuiiietils  liixtcnijucs  el  géiiénlnguiucs  ttu  rmtcrjruc, 
imlili^s  par  M.  de  Rarrau  ,  l.  H  ,  [t.  lo/i ,  i859-i86o  ,  in-fi". 

A  MONSIEliR  DE   YEZINS, 

CIIKVAI.IEn    DR   L-oni)llE    Dt.    tH)\    MONSIElll    MOS    ¥l\.^  , 

CA?ITAINt;    lie    C[\0IJA\T8    IIOMMKK    1>-ARMRS    I)B  SES   URD()N\A>CES 

BT   SK>ES(;ilAL    lit;    (.HiEIlf.V. 

Monsieur  de  Vezins'.  j'ay  veu  par  la  lettre 
que  vous  m'avés  escritc  le  bon  devoir  que 
vous  et  le  vicomte  de  Gourdon  avés  déjà  com- 
mencé de  faire  pour  l'exécution  de  la  cliarge 
que  je  vous  ay  commise,  dont  je  vous  sais  et 
à  luv  infiniment  bon  gré.  vous  priant  de  con- 

'  Jean  Le  Vezou  de  Vezins,  sénécbal  et  gouverneiir 
lie  Qiieicy,  surnommé  ttle  Brave  Vesins-i ,  un  des  plus 
intrépides  et  tiabiles  capitaines  du  xvi"  siècle.  Il  se  dis- 
tinguera plus  parlicnlièremcnt  en  défendant  Cahors  contre 
Henri  de  Navarre.  El  s'il  n'existait  plusieurs  lettres  de 
Henri  111  adressées  à  lui  après  ((e  siè(;e,  on  pourrait 
croire  les  mémoires  du  temps  qui  le  disent  tué  au  mo- 
ment de  l'attaque  de  cette  ville.  Le  château  de  Vezins 
est  dans  rA\eyron,  arrondi.ssenient  de  Millau. 


RINE  DE  MEDICIS.  499 

linuer  ce  ipie  vous  avés  si  bien  commencé, 
tant  pour  faire  rbastier  exemplairement  le 
capitaine  Laberte  et  ses  aultres  com|)lices  «jue 
vous  avés  fait  prendre  prisonniers,  que  pour 
ces  aultres  clioses  ijui  sont  de  votre  charge  et 
commission;  estant  très  bien  fait  de  faire  des- 
molir,  comme  j'ay  veu  que  vous  faites,  les 
cboses  qui  ont  esté  fortifiées  contre  l'intention 
de  l'i'dit;  car  je  sçais  bien  ([iie  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils  en  sera  bien  ayse,  m'ayant 
escrit  qu  il  tiouvoit  bon  (]ue  tous  les  lieux  où 
se  retiroientet  poiirroieiil  retirer  ceux  (|ui  fai- 
soient  ces  maux  fussent  desmolis  et  rayés  par 
fadvis  de  ses  lieutenans  généraux,  (pii  con- 
noissent  s'il  est  à  projios  de  le  faire. 

Mais  je  vous  dira\  encore,  pour  le  regard 
dudit  Laberte,  qu'il  fault  s'il  est  possible,  faire 
en  sorte  que  si  le  prévost  de  Quercy  ne  le 
peut  faire  exécuter,  que  ce  soit  le  lieutenant 
(lu  grand  prévost,  que  je  vous  ay  envoyé,  ou, 
s'il  trouvoit  encore  dilficultés  qu'il  ne  se  peut 
faire  non  plus  que  l'aultre,  je  seroys  de  mesme 
advis  que  vous  que  l'on  fist  amener  icy  ledit 
Laberte,  comme  je  vous  prie,  si  vous  reron- 
noissés  qu'il  se  puisse  suresmenl  faiVe,  afin 
que  Ion  le  fist  dépescher  par  deçà;  et  si  ce 
mauvais  ministre ,  qui  a  provo([ué  ceux  de  Caus- 
sade  à  sédition  et  empescln;  la  justice,  y  estoit 
aussi,  croyés  qu'on  luy  fairoit  faire  le  sault, 
car  il  le  mérite  bien,  estant  un  crime  capital 
que  celiiy  (jifil  a  commis,  d'empescber  l'exé- 
cution de  justice  et  exciter  le  peuple  à  tu- 
multe. 

Je  m'asseure  que  s'il  y  a  moien  d'y  pour- 
voir, vous  le  saurés  digniMuent  faire.  Aussy 
vous  en  prié-je  de  bon  cœur,  et  ledit  vicomte 
de  Gourdon  aussy,  auquel  j'escris  une  lettre, 
que  je  prie  lui  faire  tenir  pour  responsc  à  ce 
que  vous  m'avi's  envoie  de  luy,  rcnielanl  le 
surplus  de  tout  ce  que  je  vous  |)ourrois  man- 
der à  ce  que  vous  écrira,  faisant  response  à 

63. 


500  LETTRES    DE   CATHERINE  DE   MEDICIS. 

nos  Icltif*,  mon  ronsin  le  mnrc'clinl  do  Riixin. 
Priant  Dion,  Monsii-nr  de  \cziii.s,  vons  avoir 
L>n  sa  ;;ardo. 

Esrrit  à  Tlionlonso,  le  m' jour  de  novembre 
1  [>  7  8 . 

Siipi'''  :  Caterine. 

Et  jihis  Ii(i6  :  Pinai;t. 


!  '}1{K    1  ~  J.'IIIVK.T. 

Cn|i.'.    rilbl.    Il.ll.  ,    FollJs    Ir.lIlÇ.lLS,    II*    KK.Ôl,    T   3. 

AL    ROY   JIE   NVVVUUE. 

Mon  (il/.,  je  vous  piie,  suivant  la  [ironiesse 
i|ne  vous  avez  (onsjours  l'aide,  do  donnoi' 
proniptenient  ordre  i|ue,  sans  pins  aurnne 
lonfpieur,  Langon  '  soit  remis  snivani  l'r'diet 
(le  ])arifficalion,  et  vous  asseurer  sur  niov  que 
ii'onlx  qui  ont  dornii'reniout  surprins  le  rlias- 
teau  dudil  Lan||on  ne  seroni  jamais  roclionliez 
de  ladicle  surprinsc;  mais  feray  que  le  Uoy, 
monsieur  mou  fils,  en  anvoyra  inconlinenl  les 
lettres  patantos.  Cependant,  pour  soiirelo  de 
re  ipio  dessus,  j'av  sijjne  la  pri'senle,  jiri'senfs 
les  jirincos  et  seijinenrs  du  Conseil  |iriv('  du 
lioy  monsieur  mon  filz  eslans  icv. 

Xu  Poi'l-S' -Marve.  le  samedv  xvir  jour  de 
janviei'  1079. 

Esirii>l  (U(  ilcssoiih:  tic  In  main  dr  la  Ihupic  : 

Vosli'o  lionne  mère, 

C.\Tin;riiNE. 

/;(  ()  a'itc  :  trAii  mv  do  .Navarre  mon  filzri, 
(.■îis.s-//  di'  .sf/  uinpve  iiiaiii. 


-    Sii!'  r;ilTaîio  ilo  Laii;jnii,  vnir  lis  Ïa-Uvi!^  missins  de 
lliiin  l\,  I.!,  [i.  ■•;!!,  •.!70.  Ole,  l'I  I.  WiliSiippInmiit], 


l.'iT'.'.  —  I)  mars. 
Oriij.    An-li.  nnl.,  k  i:."..3  (1!  AS),  pi^re  4. 

kl   P,OY  C^TIIOLICQÎ  E  DES  ESP  VIGNES, 

\;ii>sii;iii  vioN  FU.Z'.- 


Mimsieui-  mon  lllz,  j'av  este  ro(]uizo  par 
aucuns  (les  bous  servilonrs  du  lîoy  monsieur 
mou  lilz,  ;;randomenl  alTortionm's  à  noire  re- 
li;;ion  (■alboiii"(jno,  apostolirque  et  romaine, 
du  mosmo  ordre  di'  Rertliolonie  (iortoz,  rom- 
mandeur  di'  ('.'>nj;oulbe,  de  vous  requérir  et 
prier,  commo  je  faiz  de  bien  bon  cncur,  de 
voniloii'  faire  jji'ace,  comme  desjà,  à  ce  que 
j  onlonds.  vous  on  este  eu  bimne  volunté,  de 
(pioiques  recheri'lies  et  poursuittes  que  Ion 
l'aicl  conire  luv;  en  quoy,  à  ce  que  l'on  m'a 
l'aict  entemlre,  il  n"a  |ien>e'  faire  offonce.  C'est 
pouripiiiv  jo  vou>  requiers  voulloircominander 
à  C(Md\  do  voz  minisires  eloÛici<'rs  (pii  le  pour- 
suivent do  modérer  les  poursuites  et  liaiilor 
main  levée  des  saisies  ipi'ilz  oui  faiclos  l'unlre 
Inv  et  le  pou  de  movon  (ju  il  a.  Pliant  Dieu, 
Monsieur  mou   filz,  vous  avoir  eu  sa  sainclo 


et  dijjne  <;arde. 

Esci'ipl    à    Aoon,    le    i\"'     j 
1079. 

De  sa  mai  II  : 

\ostrc  lionne  niire  l'I  seur. 


mars 


C.vti;hi>e. 


'  La  lollre  l'st  arcnmpaijin'C  liNno  tradiidion  en  es- 
pagnol el  (lim  billet  do  l'ambassadeur  do  Franco  à  Phi- 
lippe II,  du  10  avril  1679,  traduit  aussi  en  espagnol, 
deiiiandani,  au  nom  do  la  reiiio,  la  oràcodu  fCavallero 
Xavarro  Celles,  cumaiid'"  de  Cogulla.n 


LETTRKS   I)K  CATII 

1j7'J.  —  38  avril. 

Archives  du  cliâlcau  de  Xnintraiilrs, 
impritué  datis  les  Arehires  de  la  Gironde ,  t.  \"III ,  p.  3iâ. 

A  MONSIEUR  DE   LALGNAC', 

CilETAMEU   I)B    L'ORDRE    DO   nOT 
ET    CAPlTAmS    DE   (:l%QUA>TE  BOHUES    D'ARUES    US    5ES   OltDOVN A^CK!i, 

Monsieur  de  Longnac ,  pour  le  dépir  ot  nfTcc- 
tioii  que  le  Rov  monsieur  mon  lilz  a  (|ue  ses 
.illaires  et  sci-vices  soient,  par  meure  délibé- 
ralion,  conduiclz  et  dirigez  au  gouvernement 
de  Guyenne,  il  a  estably  ung  conseil  auprez 
de  mon  fdz  et  fille,  le  roy  et  rovne  de  Na- 
varre, qui  sera  compozé  daulrunz  prelatz. 
Seigneurs  et  aultres  personnniges  notables, 
qu'il  a  nommez,  ordonnez  et  departiz,  pour 
y  servir  jusques  à  ce  que  tontes  choses  soient 
en  bon  et  paisible  estât;  et  pour  ce  que  vous 
estes  du  nombre  de  ceulx  qui  y  doibvent  estre 
et  vacquer  les  trois  premiers  moiz,  je  vous 
prie,  suivant  ce  que  le  Roy  mondit  seigneur 
et  filz  vouscscript,  venir  trouver  mesdictz  filz 
et  fille,  les  roy  et  la  royne  de  Navarre,  et  y 
estre  ie  premier  jour  du  nioisdemay  procbain, 
ou  ie  plus  tost  que  pourrez  incontinent  après 
iedict  jour,  pour  y  demeurer  troiz  moiz  con- 
se'cutifz.  Mon  cousin  le  maresclial  de  Byron  y 
sera  ordinairement.  Les  sieurs  de  la  Vauguyon , 
évesque  d'.4gen,  et  la  Chappelle  deLauzière-, 

'  François  de  Monlpezat,  seigneur  Je  Laugnac,  selon 
les  Archives  de  la  Gironde. 

-  En  etlet,  dans  une  lettre  écrile  de  Monlauban  te 
a5  juillet  157g,  ie  roi  de  Navarre,  annonçant  qu'il  va 
revenir  à  Nérac,  demande  la  réunion  du  Conseil  qui  doit 
l'aider  à  rélablir  la  paix;  et  il  nomme  parmi  ceux  dont 
il  est  rompiisé  l'évèque  d'Agen,  La  Vauguyon,  La  Cha- 
pelle, le  président  Lathomy  et  itLauniacJi.  (V.  Lettres 
missives  de  Henri  IV,  v.  Vtll,  p.  187.)  Ce  dernier  nom 
est  dilTéremment  écrit;  mais  c'est  le  même  personnage. 
L'éditeur  des  Archives  de  la  Gironde  l'a-l-il  bien  idenlilié, 
et  ne  s'agirail-it  pas  plutôt  de  Charles  de  Montpezal, 
baron  de  Loignac,  qui  épousa  Perrine  de  Durfort,  fille 
d  Ileclor  Regnaud  de  Durforl.  baion  de  Bajaumont? 


KRINE  DE  MÉDICIS.  501 

le  président  Nesmonl,  du  parleiiicnt  de 
liourdeauix,  et  ie  second  président  de  icliiiv 
de  Tlioioze  v  seront  aussv  jioiir  ledicl  (juar- 
tier,  suivant  ie  département  (|u"en  a  l'aict  le 
l'ioy  niondiit  seigneur  et  filz,  à  (|ui  je  vous 
asseure  que  ferez  très  grand  et  aggréable  ser- 
vice d'y  estre  et  vous  tenir  ce  temps-là;  pour 
lequel  il  vous  a  ordonné,  comme  il  est  bien 
raisonnable  pour  les  l'raiz  que  ferez  diirant 
Iedict  temps,  argent  (jui  vous  sera  bailbi  par 
le  recepveur  général  des  finances  à  Buurdeauix, 
en  vertu  de  vostre  simple  quictance. 

Et  me  promettant  (jnevous  ne  voubiicz  |)as 
faillir  en  une  si  bonne  et  importante  occasion 
au  bien  du  service  du  Hoy  mondit  seigneur 
et  filz  et  de  ladicte  promesse,  je  ne  vous  en 
feray  plus  longue  lettre;  mais  pour  la  fin  vous 
diray  que  j'espère  partir  à  la  fin  de  reste  sep- 
uiaine  pour  m'en  retourner  retrouver  le  Roy 
mondit  seigneur  et  filz,  passant  par  le  Lan- 
guedoc, Provence  et  Daulpbiné,  oir  j'espère 
accommoder  en  peu  de  jours  les  afiêres  qui  y 
sont;  en  sorte  que  j'estime  estre  bientost  auprez 
du  Roy  mondict  seigneur  et  lilz,  au(]uel  je 
ne  fauldray  de  tesmoigner  le  bon  debvoir  que 
je  vous  ay  toujours  veu  fère  par  deçà  pour 
son  service  depuis  que  j'y  suis.  Cependant  je 
prie  Dieu,  Monsieur  de  Longnac,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  dijjne  garde. 

Escripl  à  Sainct-.Michel-de-Lanès,  le  xxvm'' 
jour  d'apvrii  1579. 

(ÎATEllINK. 

Monsieur  de  Longnac,  je  vous  prie  me 
venir  trouver  à  Castelnaudary  vers  la  fin  de 
ceste  sepmaine,  affin  que  je  vous  puisse  veoir 
avani  que  je  parle,  que  j'espère  fère  bientost 
pour  m'en  retournera  la  court,  et  que  je  vous 
veoyz  auprez  de  mon  filz  le  roy  de  Navarre, 
pour  le  conseil  dessus. 


)02 


I.ETTiiKS  DE  r.ATHE 


1570. 


(i  mai. 


Arrlin.'S  du  rli;il..nii  .le  \:iiiilriiillf- . 
ili.piiiiu' dans  i.-,  -Irr/.in,  ,1e  la  Gimml,'.  I.  Mil,  p.  S'io. 

A   -MONSIEl  r,  DE  L  VI  GNAC. 

Monsieur  de  Lonynac,  ji^  vous  ;iy  ce/,  joiir.s- 
c\  ciivoxe  une  lettre  du  Uoy  monsieur  mon 
lilz.  cl  [i^ir  il'  uio>nie  moyeu  \oiis  uy  escripi 
comme  il  vous  a,  [lour  le  Itieu  de  son  service, 
cliois\  et  esleu  auprez  de  mon  lilz  et  de  ma 
lille.  le  loy  et  royne  de  Navarre,  au  conseil 
ijiiii  a  eslabh  auprès  d'eulx,  comme  vous 
aurez  \eii  |iar  nos  susdih's  lettres;  el  pom- 
ce  que  je  désire  vcoir  ietlil  conseil  estabh 
a\ant  que  je  parle  de  ces  (]u:\rlieis,  je  vous 
prie  1ère  ce  service  au  lîov  mouseieneur  et 
fil/,  et  à  uioy  aussy,  el  \enir  iucontinant  et 
estre  icv  ou  à  (Jarcassonne  dans  la  lin  de  ceste 
sepmairie;  mais  je  vous  [irie  ipie  ce  soit  sans 

excuse  et  nonobstant  la à  .lullre  fin,  je 

prie  Dieu,  \l(uisieur  de  Lon;;nac,  vous  avoir 
en  sa  saiucle  et  digne  gaide. 

Escript    à    Castres',    le   vi'    jour    de    maj 

(  AÏEIUNE. 


l,')7'.l.  —  '6  mai. 

\i.lnvis  du  rliàtoau  île  Xîiiiitridlles . 
iiiHuilué  iliin-  les  Archives  de  tel  Gironde.   I.  \I1I,  p.  ^'âu. 

V   MONSIEUR  DE  LAKiNVC. 

Monsieur  de  Lonenac,  je  vous  ay  ces  jours 
cv  par  deux  l'ois  escript  ([ifeussiez  à  me  venir 
trouver  pour  assister  et  servir  au  ciuiseil  ipril 
a  pieu  au  Uov  monsieur  mon  fdz  establir 
pour  ses  all'aires,  et  servir  au  {;ou\erneuient  de 

'  Il  (liiil  j  iivoii'  erreur  <lu  oopiste.  Lu  6  mai  1571) 
Cilhciuii'  esl  h  C.astelnaïut.iry  (voir  plus  liant,  p.  3â.'>); 
pl  elle  éciil  ipi'elle  rpreiiil  «m  (lieiiiiii  i^ir  l'abbaye  de 
de  la   l'roiiille'i,  sans  (jii'il  soit  i|iieslioii  de  nCaslreMi. 


RHE  DE  MÉDICIS. 

Gnvenne  prez  mou  lilz  et  ma  fille,  le  roy  et 
la  royne  de  Navarre,  où  aussy  mon  cousin  le 
marescbal  de  Biron  sera  le  plus  souveni,  cl 
pour  ce  que  les  autres  alTaires  du  lîoy  mon 
seigneur,  et  principallenient  en   Provence  et 
iJanpbiué,   m'aïq^dleui   et  dt'sireni    bien  ma 
présence,  ayant  par  la  grâce  de  Dieu  résolu 
cl  ordonné  avec  mon  lilz  le  roy  de  Navarre  et 
ceulx  de  la  rellig'ion  prétendue  réformée  toutes 
choses  au  lieu  de  la  paix,  comme  vous  sçavez, 
suivant   noslre    edulerence   à    Nérac,   el   j  en 
iiarlis  piéseiilemenl  |Kiur  m"acliemiiier  auxdils 
jiais  de  Provence,  occasion  pourquoy  j'ay  ad- 
visé  vous  escrire  cesie  lettre  poui'  vous  prier 
(comme  je  fais)  que,  toutes  diiricultc's  et  al- 
faiics  cessantes,  vous  110  faille/  d'aller  Irouver 
mesdicls  fils   et   lille,  le    roy  et  la   royne   de 
Navarre,  à  Nérac,  au  lieu  de  vous  en  venir  à 
Caslelnaudary  ou  Carcassonne,  comme  diM  iiiè- 
rement  je  vous  a\ois  escripi,  pour  donner  voz 
bons  adviz  et  soins  aux  all'aires  qui  se  pri'sen- 
leront  au  conseil  prez  d'eulx,  et  \  demeurerez 
trois  mois,  suivant  la  letlre  que  luy  el   moy 
vous  en  avons  depuis  icy  escripte,  el  asseurez- 
\ons,  monsieur  de  Lougnac,que  vous  me  ferez 
service  très  agréable.  C'est  poui'  une  si  bonne 
et  .saincte  cause.  princi|iallemenl  pour  la  cou- 
linuatiou  et  eslabiissemcnl  de  la  paix,  à  quoy 
cliacun  doibl   travailler,  et  je  in'asseure  que 
vous  et  les  anties  gens  de  bien  (]ui  sont  ap- 
pelles audici  conseil,  >elon  la  bonne  el  ;;rande 
alïeclion  (ju"a\e/  tousjoiirs.  vous  et  eu Ix,  portez 
à  ung  si  bon  oeuvre  el  aux  alïaires  et  service 
du  Uoy   monseigneur  el  filz,vous  y  emiiloirez 
lidiemeni,  que  mon  labeur  de  neuf  mois  ipéil 
>  a  que  je  suis  en  ce  jiaïs  pour  exécution  et 
.■slablissement  de  la  paix  ne  demeurera  poinct 
inl'ruclueulx,  vous  asseurani  pourla  fin  d'aoust 
que  le  Uov  monseigneur  et  filz   vous  sçaura 
autant  de  bon  gré  du  service  i[ue  luy   lerez 
auprès    de    mondici    filz   et  fille,  le    roy   el 


LETTRES  DE  CATH 

loyiic  lie  Navarre,  comme  si  estiez  aiiprez  de 

luy-mesmes.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Lon- 

gnac,    vous    avoir    en   sa   saiucte   et    digne 

garde. 

EscripI    à    fa    l'rouille,    le    viir   jour    de 

niay  i-J7'j- 

Catebixe. 


npn 


1570.  —  iT)  mai. 

Art:lii*ps  tlu  cliâteau  il'^  Xaiiilraillrs , 
iiiié  dans  les  Archives  rie  la  Gtroiule.  l.  \  ill 


.  541. 


A  MONSIEIR  DE   r.VUGIVAC, 

C0N^Bli.LF.ii  ,  chevalieh  de  L'onniiF.  DU  noT. 

Monsieur  de  Longnac,  je  vous  sray  infini- 
ment bon  gré  de  la  délibération  où  vous  estes, 
suivant  re  'joeje  vous  ay  escripl,  d'aller  trou- 
ver mon  lilz  et  ma  fille,  le  roy  el  la  royne  de 
Navarre,  Ce  sera  très  bien  i'aict  que  ce  soit  le 
plus  tost  que  vous  pourrez,  car  je  le  leur  ay 
ainsy  promis  et  asseure';  mais  il  neserapoincl 
de  besoing  que  vous  vous  aobeminiez  jusqu'à 
ce  qu'il  le  vous  mande,  pour  ce  (ju  il/,  s'en  vont 
en  Be'arn,  comme  ils  en  estoient  en  quelque 
oppiniou;  je  croy  qu'il  suffira  que  vous  et  les 
autres  seigneurs  appeliez  audicl  Conseil  vous 
rendiez  auprès  d'euk  à  leur  retour.  Cependant 
je  ne  veux  oublier  de  vous  dire  que,  comme 
vous  pouvez  avoir  entendu,  mondict  fdz  le  roy 
de  Na\arre  et  moy,  nous  sommes  séparez  et 
très  contenlz  cl  satislaictz  l'un  dfe  l'autre,  et  luy 
si  bien  dispozé  de  fère,  comme  il  m'a  promis, 
eslablir  parlaictemenl  la  paix ,  que  je  ne  double 
poinct  qu'il  ne  le  face  de  sa  part;  je  loue  Dieu 
infiniment  de  l'honneste  façon,  grande  bunii- 
iité  et  bonne  volonté  que  je  congnuz  en  luy 
lorsque  nous  nous  soparasmes.  Cela  fut  les- 
moigné  parla  veue  de  tant  de  gens,  que  je  ne 
faiz  à  présent  nul  double  (]u'il  ne  soit  plain 
de  toute  bonne  volonté  el  grande  allection  au 


ERINE  DE  MÉDICIS.  503 

bien  el  repoz  de  ce  royauime.  Aussi  est-ce  le 
mieulx  qu'il  puisse  fère;  et,  pour  ce  (|ue  je 
sçay  (pie  vous  en  porterez  une  grande  joye  et 
conlantement,  comme  aussy  font  tous  les  gens 
de  bien,  je  vous  a\  bien  voullu  escripre  el 
asseurer  ([ue  jay  envoyé  vos  lettres  au  lloy 
monsieur  mon  filz  :  je  n'ay  pas  failly  de  luy 
mander  que  combien  que  vous  eussiez  déli- 
béré par  l'aviz  des  rni;decins  d'aller  aux  beingz, 
que  néanlmoiu/.  vous  avez  voulu  pr('f'rer  son 
service  à  vostre  santé,  vous  délibt'iaiil  de  bien 
faire  vostre  debvoir  audict  Conseil  où  il  vous 
a  appelle,  et  pouvez  croire  que,  quand  j'auray 
ce  bien  d'eslre  de  retour  auprez  de  luy,  je 
ne  fauldray  pas  d(^  luy  tesmoigner  encorres 
d'avnnlaige  la  bonne  volonté  el  affrclion  (]ue 
j'ay  cogneu  en  vous  pour  son  service.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Longnac,  vous  avoir  en  sa 
saincte  el  digne  garde. 

Escript    à    Carcassonne,    le    xV   joui'   de 

may  i579. 

Cateri>k. 


1579.  —  1  2  mars. 

Co|iic.    Ril>I.  nat.  ,    fijnils   I).  Housseau  .    1.  XI,    n°  /iC'ci. 
Ini|)rimi;  dans  les  Archives  du  Poitou,  t.  \l\\  |).  nh. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE', 

CODÏEnNEltl   KT    LIKITENANT    CÉ\KRAL    BV    POITOU. 

Monsieur  le  coule,  par  la  l'ésolulion  de 
nostre  conférence  nous  avons,  grâces  à  Dieu, 
confirmé  toutes  choses  au   bien  de  la   paix. 


'  Cette  lellre  l'ait  pai-lie  d'une  série  de  corre.s|)on- 
danccs  de  la  cour  avec  le  comte  du  Lude,  recueillies  au 
siècle  dernier  par  D.  Housseau,  et  qui  se  trouvent  au 
tome  XI  de  la  collection  de  Touraine,  à  la  Bibliothèque 
nationale.  Elles  ont  été  |Mil)lié('s  par  M.  15. 1.oilain  dans  les 
Arcliives  histoi-iqiiCH  (lu  l'oilou  (l.Xil  etXIV,  i88a-i883, 
10-8").  La  période  qui  correspond  au  présent  volume 
comprend  six  lettres  do  Callierinc  do  Modicis  à  Guy  de 


504 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


suivnnt  le  dernier  ôdit  de  pacification  et  la 
piibiicquation  qui  en  a  esté  faicte.  ÎVous  vous 
envoyons  présentement  commission  et  inslruc- 
tion,  pour  faire  non  seuliement  cesser  tous 
actes  d'hostilité',  mais  aussy  pour  exécuter 
entièrement  ledit  dernier  édit  de  pacification, 
vous  priant  de  vous  y  employer  diligement, 
selon  le  contenu  en  ladite  instruction;  et  outre 
le  service  que  vous  ferez  au  Roy  et  au  publicq , 
vous  ferez  aussy  chose  qui  nous  sera  très 
agréable,  nous  adverlissant  journellement  de 
tout  ce  que  ferez,  outre  le  procès- verbal  qu'il 
fault  que  en  faciez,  lequel,  après,  vous  nous 


Dailion,  comie  du  Lu(!e,  lioiileiiaiil  général  en  l'oilou, 
avec  les  dates  et  les  numéros  suivants  : 

Aui-h,  C.6  novembr?  1678,  n'iSay; 
Auch,  3o  iiovemlire  1678,  n'iCsâ; 
Nérac,  20  décembre  1578,  n°/i63/i; 
Port-Sainle-Marie,  ai  décembre  1678,  n°  iOa/i  ; 
Port-Sainte-Marie,  4  janvier  1079,  n'iô'ig; 
Agen,  13  mars  1579,  n°  iGii. 

Toutes,  sauf  la  dernière,  sont  de  simples  circulaires 
adressées  à  des  jjouverneurs  de  province  et  dont  les 
orijjinaux  semblent  être  les  lettres  de  Catherine  au 
maréchal  de  Damville,  portant  les  mêmes  dates  et  que 
nous  avons  publiées  plus  haut,  p.  187,  189,  179,  183, 
199.  11  eût  donc  été  inutile  de  les  reproduire  ici.  Deux 
cependant  ont  un  post-scriplum  que  nous  ne  devons  pas 
omettre.  A  la  suite  de  la  lettre  du  20  décembre  1678, 
on  lit  : 

trMonsieur  le  conte,  depuis  cette  lettre  escripte,  ung 
nommé  Bouchard,  qui  est  icy  pour  mon  cousin  le  prince 
de  Condé,  m'est  venu  faire  une  grande  plaincte  du 
soupson  où  il  est  entré  de  voir,  pour  ce  qu'il  dit,  que 
depuis  peu  de  jours  vous  avés  assemblé  grand  nombre 
de  gentilshommes  en  une  de  ses  maisons  où  vous  estes 
à  présent,  qui  n'est  pas  loing  de  Saint-Jean-d'Angély 
(dont  le  prince  de  Condé  avait  le  gouvernement).  11  dit 
aussi  que  le  sieur  de  \ieilleville  en  a  fait  de  mesme  près 
de  Pons  (arrondissement  de  Saintes),  soubs  couleur  de 


envoyere's.  Priant  Dieu,  Monsieur  le  twnte, 
vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Agen,  le  xii"  jour  de  mars  1579. 

Monsieur  le  conle,  depuis  ceste  lettre  es- 
cripte, mon  fils  le  roy  de  Navarre  a  advise'  de 
remettre  à  mon  cousiu  le  prince  de  Condé 
à  choisir  celuv  qui  ira  avec  vous  pour  exécuter 
le  contenu  es  dites  commission  et  instruction  '. 


Signe  :  Caterine. 


El  plus 'bas  :  Pinart. 


(juelque  mariage,  et  qu'ils  ont  voulu  surprendre  ledit 
Pons;  ce  qui  le  met  en  très  grande  delTiance.  Je  vous 
prie  de  m'advertir  au  vray  de  ce  que  c'est  et  en  écrire 
la  vérité  à  mon  dit  cousin,  alTm  qu'il  soit  ecclairci  de 
la  droicte  intention  du  Roy  monsieur  mon  fîlz,  et  de  la 
vostre,  que  je  sais  bien  qui  ne  tend  qu'à  tenir  toutes 
choses  en  pai\  et  repos,  comme  aussy  fault-yl  faire;  car 
j'espère  l'establir  par  deçà  avant  en  partir.» 

Signé  :  Caterine. 
El  plus  bas  :  PiN\nT. 

Aussitôt  après  la  signature  de  la  letire  du  ai  dé- 
cembre, il  y  a  : 

^Monsieur  le  conle,  j'ay  receu  la  lettre  que  vous 
m'avés  escrilte,  estant  bien  aise  que  toutes  choses  soient 
si  paisibles  en  l'estendue  de  vostre  charge,  comme 
m'esoripvés;  mais  je  demeure  en  quelque  peine  de  ce 
qui  est  à  la  fin  de  vostre  lettre,  faisant  mention  de 
l'oppression  que  reçoit  le  peuple  de  tant  de  deniers  qui 
se  lèvent,  dont  je  ne  double  pas  que  n'ayez  adverty  le 
Roy  monsieur  mon  fils,  comme  il  fault  faire  tousjours 
en  telles  choses,  de  la  plainte  que  en  avez  cue.n 

'  Parmi  cens  qui  furent  choisis  pour  faire  exécuter, 
de  concert  avec  du  Lude ,  l'édit  de  pacification  en  Poitou , 
on  trouve  Philippe  de  Saint-Georges,  sieur  du  Plessis- 
Sénéchal.  Ils  étaient  ensemble  à  Sainl-Maixenl,  le  18  mai 
1679,  pour  l'accomplissement  de  leur  mission. 


LETTRES  l)K  ('. ATIIEIMM';  DE  MEDICIS. 


505 


ITINERVIRK    l)K   CVTHKUI\E   DE    MEDICIS 


EN    1578    ET    lôTi). 


1578. 

7  et  (S  janvier.  —  Paris. 

1---11  janvier.  —  OliainviUe',  ])rès  Paris. 

2  3-28  janvier.  —  Paris. 

5-1 1  lévrier.  —  Paris. 

i3-2  7  mars.  —  Paris. 

i'"'-98  avril.  —  Paris. 

9  mai.  —  Charlres. 

5  mai.  —  Le  Mans. 

0  mai.  —  Le  Lude. 

■j  mai.  —  Bourgueil. 

12  mai.  —  Chenonceaux. 
21-28  mai.  —  Paris. 

ii  juin.  —  Paris. 
()-()  juin.  —  Chantilly. 
22  juin.  —  Aleuçon. 
18-2.3  juillet.  —  Paris. 
2  août.  —  Oilainville. 
8-19  août.  —  Chenonceaux. 

1 3  septembre.  —  Cognac. 
18-29  septembre.  —  Bordeaux. 

29  septembre.  —  Cadillac,  poui'  .oiiclici'. 

1"  octobre.  —  Saint-Macaire. 

2-(i  octobre.  —  La  Réole. 

7-8  octobre.  —  Sainte-Razeillc. 

9  octobre.  —  Tonncins. 

9  octobre.  —  Marmaiule,  poui'  dînci'. 


10  octobre.  —  Pcrt-Saiale-Mario. 
1  1  - 1  5  octobre.  —  Agen. 
il)- 17  octobre.  —  iMoissac. 

1  9-IJ  1  octobre.  —  Toulouse. 
i'"'-5  novembre.  —  Toulouse. 
6  novembre.  —  Pibrac. 

618  novembre.  —  L'Is!e-.)ounlaiu. 
22-3o  novembre.  -       \iirb. 
r'-9  de'cembre.  —   \iich. 
1 1-1 'i  de'cembre.  —  Coiidom. 
i5-2i   décembre.  —  Nérac. 

2  2-3i  décembre.  —  Port-Sainte-.Marie. 

1579. 

i'"-3i  janvier.  —  Porl-Sainte-Marie. 
i'''"-2  lévrier.  —  Port-Sainte-.Marie. 
3-28  lévrier.  —  Aérac. 
i"-8  mars.  —  Nérac. 
8-3 1  mars.  —  Agen. 

3  avril.  —  Valeuce-d'Agen. 

5  aviil.  —  Saint-Nicolas-de-la-Grave. 

5  avril.  —  Beaumont-de-Lomagnc. 

5  avril.  —  Grenade-sur-Garonne. 

6-12  avril.  —  Toulouse. 

i3  avril.  —  Caujac. 

i4  avril.  —  Saverdun. 

1  0  avril.  —  (lasteiiiaudary. 


Nous  lie  donnons   pas  ici   cfindicalions  géograpliiqiies   plus   précises;   on   les   Ironvera  dans  les   notes  du 


texte. 


C»THEniNE   DE   MkOICIS.   —    VI. 


1UIM1IU1.KIU     MATIOfALI 


506 


LETTRES  DE  CATHEiil.NE  DE  MEDICIS. 


•>3--!8  ;nril.  —  Saint-Miclii'i-('n-L:uiiii;;iiai~ 

2()-iio  a\ril.  —  Castelnau(lai-\ . 

i"-6  mai.  —  Casteinaïulary. 

iS  mai.  —  La  Prouille,  près  Caslelnaiidaix. 

<S-io  mai.  —  (iarrassoriiie. 

i  2  mai.  —  L(îsigiiaii. 

i){-ij  mai.  —  i\arl)0[ine. 


ifi-iS  mai.  —  Bézier.-i. 

ir)-20  mai.  —  Pézi'iia-. 

9  3-3  0  mai.  —  -^ÎJ'I''- 

28  mai.  —  La  Vérunni',  près  Montpellier. 

2c)  mai.  —  \ubais.  puiir  loiirliiT. 

3(1  mai.  —  BiMucaii  1'. 


TABLE  CHRONOLOGIQUE 

DES  LETTRES 

CONTENUES   DANS    LE   SIXIÈME   VOLUME. 


X  U  M  K  K  O  S 


II. 
III. 
IV. 
V. 
VI. 
VII. 
Mil. 
I\. 
X. 
XI. 
XII. 
Mil. 
XIV. 
W. 
XVI. 
XVII. 
XVIII. 

'xix. 

XX. 
XXI. 


DATES. 


.")  janvier  ih-jH. 

7  janvier  1078. 

8  janvier  1.578. 
17  janvier  1078. 
19  janvier  1678. 
1  9  janvier  1678. 
ai  janvier  1  578. 
33  janvier  1378. 
■',8  janvier  1578. 

Janvier  ou  lévrier  1 .178. 
Janvier  ou  févTier  1678. 

.")  février  1578. 

8  février  1578. 

i5  février  1.J78. 

i5  février  i.")78. 

ih  février  1  578. 

i3  mars  1078. 

I  3  mars  1678. 

i3  mars  1678. 

18  mars  1578. 

30  mars  1.578. 


DKSTIiS  ll'AlIins. 


A  M.  Ballazarl  (l('  (]rcssier 

\  M.  le  prince  de  PiéiiioMl 

A  M.  d'Aliain 

An  dnc  do  Savoie .  .  . 

A  .\I.  du  Firrier 

A  M.  d'Aliain .• 

A  M.  le  prince  de  Piémont 

Au  dnc  de  Savoie 

A  M""'  la  duchesse  d'Uzès 

A  M.  de  Montmorency 

V  M""  la  connétable  de  Montmorency. 

A  M.  de  MauvLssière 

A  M.  le  marérlial  de  Dnmville 

A  M.  d'Aliain 

A  M.  le  maréchal  de  Daniville 

A  M.  le  vicomte  de  Tnrenne 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  d'AhaIn 

A  M.  de  Mauvissière 

A  M.  du  Ferrier 

A  M°"  de  Nemotns 


PAGl':s. 


'19.5 


.'19.) 
'19(1 


6/1. 


508 


TABLK  CmiUNOLOGIQl  E. 


Mj  M  K  U  *  »  S 

n  VTKs. 

D-onruif. , 

Wll. 

^7  ii.iM.  i:.7s. 

Wlll. 

l"  :iviii  1  'i-X. 

\\i\. 

1  :i   iUiil   1  Ô^N. 

\\\. 

•îS  an  ii  1  .'17  s. 

\\\i. 

M.-ii  ,.-.7. S. 

\\\ii. 

■>  riiiii  I  ')-^. 

XWIII. 

(\  iii;ii  1  07.^. 

\\i\. 

7  iiKii  1  .")7S. 

\\\. 

K  nini  I  .")7S. 

\\\i. 

I  ■>  iii.'ii  1  '>'J^. 

\\\ii. 

■>  t     IJKli    1  'i-K. 

\\\iii. 

■>S  iii:ii  1  .')7,S. 

\\\i\. 

ii  juid  1 .17^. 

\\\\ 

'A  jiuii  1  .'17S. 

\\\M. 

Cl  juin  1  5715. 

WWII. 

•N  juin  i.")7,S. 

WWIII. 

N  jinn  1  .'17S.           ( 

\\\i\ 

1 
i|  )Min  1  .'>7.S. 

\ 

\i,. 

•i-i  {iini  I  't-j>>. 

\L1. 

Juin  1  .■>7.S. 

\l.ll 

1  S  jniliiM  1  ^i->>. 

\l.lll. 

•!  I    jnilifl  i-)7S. 

\I.IV. 

-:i  juilh'l  1:17s. 

\L\. 

■î     OHl'll     1  '>~>^. 

\l,\l. 

'1   a(ni(  1  '•)~^. 

XI.MI. 

S   umil    1:17s. 

\l,\lll. 

S  iimil   i:)7,S. 

.\l.l\. 

1    1      iHMll     1  "l-S. 

insi  IN  \TAIRES. 


p.\Gi:s. 


A  MM.  ]■■<  Main.  ,1  KrlicnliK  de  Cnvnnnc 

A  .M.  «I'AIkhii 

An  (ini    (|i;   Manldiir 

A   M.  A-   Maïui.M.T' 

A   M.  Ir  iiLinVIiiil  <l.'  Cn^si'. 

\  M.  .1-  ll.HiéMV 

\n  n.i   ll.'iii'i   III 

An   lini 

MiMiiDiri'  liailli'  .1   M.  il.'   M. mil. '111111 

A  M.  do  Bollii'ire 

\   M.  d'\lMill 

A   M.  di'   MauMs^iiTt' 

\ii  giand-dni'  de  Tiisi-.ini' 

\   M.  d'Al.ain 

A   M.  ,l'   MainlsMir.' 

A   M.  !■■  inaiv.lial  d.>  Daimill.' 

A   la  iviii  ■  d"\ii;;I.I.Tr.' 

A   Dnii   Juan  d..   \ar;;a. 

A   M.  d..  Ii.dliéviv 

A   \].  le  |irini'i'  d'KiosM» 

A   M.  ,\r  Mali;;n.Mi 

\   M.  !■■  cninl.'  irK.;iii,.ii| 

\  la  rein..  dAn;;|..|.  m' 

An   Uni  (^ailloli. |n.. 

An  ilnc  .II'  Manlnne 

Au   !!..i  (:alli..li.|n.. 

A  la   Ii. •!.!.■  Calli.ili.in.. 

\   M.  .1..  Mi,ll"n..n 


iS 

•J  1 

al) 

■'t\ 


■!.S 


;ii 


.■f'i 
.•i'i 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


509 


AUMÉKOS 

DATES. 

D'OBDnK. 

!.. 

Août  ou  septembre  1 578. 

Ll. 

3  septembre  1578. 

I.ll. 

i3  septembre  1678. 

LUI. 

i3  seplenibro  1.578. 

I.IV. 

tô  septembre  1078. 

I.V. 

]8  septembre  1,578. 

LVI. 

a 8  septembre  1.578. 

L\ll. 

ag  sepleralire  1 078. 

L\lll. 

39  septembre  1678. 

LIX. 

29  septembre  1078. 

LX. 

Septembre  1Û78. 

LXI. 

a  octobre  1  Ô78. 

LXII. 

li-â  octobre  1578. 

LXlll. 

6  octobre  1  078. 

LXIV. 

0  octobre  1Ô7S. 

LX\. 

ti  octoltre  1078. 

LX\K 

7  octobre  1.578. 

LXVII. 

8  octobre  1078. 

LXVIIL 

8  octobre  1078. 

LXIX. 

i)  octobre  1578. 

LXX. 

g  octobre  1578. 

LXXL 

1  1   octobre  1578. 

LXXIl. 

1  i-i  5  octobre  1  078. 

LXXIII. 

i.'l  oc(ol)re  1578. 

LXXIV. 

ao  octobre  1578. 

LXW. 

ai  octobre  1578. 

lAXVL 

a 4  octobre  1078. 

LXX  VU. 

a5  octobre  1078. 

IIKSTINATAIRKS. 


A  la  reine  d'Aiijjleterre 

A  M.  le  prince  de  Pi(''moiil 

A  M.  lie  Walsinjjbam 

Au  même 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  même 

Au  même 

Au  Roi 

A  M.  de  h.  Hillière 

A  MM.  les  conseillers  et  habitants  de  Bajonne 

Au  roi  de  Navarre 

Au  Roi 

Au  même 

A  M.  le  maréchal  de  Dairuille 

A  M.  de  Villeroy 

A  M.  le  sénccbal  de  Toulouse 

A  M.  do  \ille.o_v.  . 

A  M.  (le  l'ailliès 

Au  {;iand-duc  de  Tosciuie 

A  M.  de  li.llièvre 

Au  Roi 

A  M.  le  niarécbal  de  Damville 

Au  Roi 

A  M.  d.'  Pailliés 

.^u  Roi 

Au  même 

Au  même 

Au  même 


l'AGi;s. 

3.5 
3.5 
3li 
37 

;'? 
39 

Uo 
45 
45 
40 
4li 
5o 
51; 

'".»7 
;58 

5y 

(k) 
6  a 
(ia 
()3 

«7 

7>.> 
80 
82 
8  a 
»7 


5]0 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


.NUMEROS 

D'ORDBE. 


LXXVIII. 

LXXIX. 

LXXX. 

LXXXL 

LXXXIl. 

LXXXIII. 

LXXXIV. 

LXXXV. 

LXXXVI. 

LXXXVII. 

LXXXVIII. 

LXXXIX. 

XC. 

XCI. 

XCII. 

XCIII. 

XCIV. 

XGV. 

XCVl. 

XCVII. 

XCVIII. 

XCIX. 

G. 

CI. 

cil. 
cm. 

CIV. 

cv. 


DATES. 


37  octobre  1578. 

28  octobre  1578. 

39  octobre  1578. 

3i  octobre  1678. 
1"  novembre  1578. 
3  novembre  1578. 

5  novembre  1578, 

6  novembre  1578 

6  novembre  1578. 

7  novembre  1578. 

8  novembre  1678 

9  novembre  1578. 

1 1  novembre  1578. 

12  novembre  1578. 
1-1  novembre  i.')78. 
i3  novembre  1578. 

1  h-io  novembre  1 578. 

16  novembre  1578. 

17  novembre  1678. 
I  8  novembre  1578. 
1  S  novembre  1678. 
a  a  novembre  1578. 


a  a  novembre  1578. 


2  4  novembre  1678. 
a 5  novembre  1078. 
2(5  novembre  1578. 

27  novembre  1678. 

28  novembre  157S. 


DESTIN.\TAIRKS. 


-4ux  consuls  et  habitants  de  Beaucaire 

A  Notre  Saint-Père  le  Pape 

kn  Roi 

.\u  même 

Au.  même ~ 

A  M.  de  Vezins 

Au  Roi 

Au  même 

K  M""  la  duchesse  d'L  zès 

Au  Roi 

Au  même 

A  la  reine  d'Angleterre ■ 

.Au  Roi 

Au  même 

.Au  seigneur  Pierre  de  Médicis 

Au  Roi 

-Au  même 

A  M.  le  maréchal  de  Damviile 

Au  Roi 

\a  même 

A  M.  Brulart 

A  M.  le  maréchal  de  Damviile 

Au  Roi 

Au  roi  de  Navarre 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damviile 

Au  même 

.\u  Roi 


PAGES. 

498 
88 
89 
97 

103 

loi 
loO 
108 
108 

I  01) 

I I  a 
ii3 
ii5 
116 
ti6 
117 

133 

ia3 
ia5 
136 
127 
129 
i3i 
182 
i36 
■  37 
187 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


311 


NUAIEROS 


CM. 

CVII. 

CVIII. 

CIX. 

ex. 

CXI. 

CXII. 
CXllI. 
CXIV. 

cxv. 

CWI. 

cwu. 

CXVIII. 

CXIX. 

CXX. 

CXXI. 

CXXII. 
CXXIII. 
CXXIV. 

cxxv. 

CXXVI. 
CXXVII. 
CXX  VIII. 

CXXIX. 

cxxx. 

CXXXI. 
CXXXII. 
CXXXIII. 


DATKS. 


98  novembiv  i  578. 
;jo  jioveml>ro  1  57N, 
3o  novpinlii'i'  i  Tj'jS. 
i"  déceiiihre  1578. 
3  décembre  1678. 
3  décembre  1678. 
!i  décembre  1378. 
5  décembre  1678. 
5  décembre  1  578. 

5  décembre  1578. 

6  décembre  1578. 
8  décembre  ir)78. 

8  décembre  1678. 

9  décembre  1578. 
9-11  décembre  1578. 

1 1  décembre  1578. 
13  décembre  1578. 
1  3  décembre  1578. 
i3  décembre  1678. 
i3  décembre  1578. 
là  décembre  1678. 
16  décembre  1678. 
18  décembre  1678. 
20  décembre  1578. 
ai  décembre  1378. 
93  décembre  1678. 
9/1  décembre  1078. 
fl-'i  décembre  1678. 


l)KSTI\ATAliaiS. 


A  M.  le  maréchal  de  Damville.  .  . 

Au  même 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  «le  Damville .  .  . 

A  M.  le  duc  de  Moiilpensier 

A  MM.  de  Lauierte 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damvilli'.  .  . 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  seigneur  Pii^rro  fh'  Médicis.  .  . 
A  M.  le  maréchal  de  Daravillo.  .  . 

Au  Roi 

A  MM.  les  échevins  de  Bayonne.  . 
A  -M.  le  maréchal  de  Damville.  .  . 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damville.  .  , 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  Roi 

Au  roi  des  Ëspagues 

A  M.  de  Ranihouillul 

A  M.  le  maréchal  de  Damville .  . 

Au  Roi 

A  .M.  de  Bellièvre 

A  M.  le  maréchal  de  Damville . . 

Au  même 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  di'  Damvillp.  . 
Au  Roi 


PAGES. 


.39 
189 
1/10 


l3l 
i5a 

i58 
i.")9 
1 59 

ifio 

i6(. 
i(ii 
ifii 
16a 

1  (ili 

I  ^^(^ 
167 
171 

'7' 
17-.. 
173 
'77 
■79 
180 
181 
182 
iS3 


r.12 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NLIMEBOS 

D'OnDBE. 


CXXXIV. 

cxxxv. 

CXXWl. 
CXXXVIl. 

cxxxvm. 

CXXXIX. 

CXL. 

CXLI. 
CXLII. 
CXLllI. 
CXLIV. 
CXLV. 
CXLVI. 
CXLVII. 
CXLVIIL 
CXLIX. 
CL. 

CLI. 

CLII. 

CLIII. 

CLIV. 

CLV. 

CLVl. 

CLVII. 
CLVIK. 

CLIX. 

CLX. 

CLXI. 


DATKS. 


27  iloceinbie  1  578. 
3g  déceiiibro  1578. 

29  décembre  1  678. 

30  décembre  i.")78. 
3i  décembre  1  678. 

4  janvier  i  079. 

4  janvier  i.'>79. 

5  janvier  1579. 
5  janvier  1579. 

5  jamier  1679. 

6  janvier  1079. 
6  janvier  1079. 
6  janvier  1679. 
8  janvier  1579. 

8-10  janvier  1  57g. 

10  janvier  i579. 

1  3  janvier  1^79. 

i3  janvier  1679. 
)/i-i  5  janvier  1579. 

I  '1  janvier  1579. 

i5  janvier  1679. 

16  janvier  1579. 

17  janvier  1679. 
19  janvier  1379. 
31  janvier  157g. 
31  janvier  1679. 
ai  janvier  1679. 

21-2^  janvier  1679. 


DKSTINATAIRES. 


P  \GES. 


An  lloi 

Au  même 

A  M.  de  Matignoii 

A  M.  d'Abain 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Au  Rni 

Au  lapilaine  Kavas 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Au  même 

A  MM.  du  Conseil  d'État ,  etc 

A  M.  de  Bellièvi-e 

Au  même 

Au  Roi 

Au  même 

A  M.  d'Abain 

Au  Roi 

Au  même 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Au  même 

\u  Roi 

Au  roi  de  Navarre 

Au  Roi 

A  MM.  les  officiers  et  habitants  de  Rayonne 

Au  roi  de  Navarre 

A  M.  le  n)aréchal  de  Damville 

Au  Roi 


192 
19-2 

'1)5 

1  g6 

1117 

2  0  o 
•201 

2  03 

207 

207 
208 
20g 

210 
210 
2l4 

216 
210 

318 

230 
22  1 
222 

5oo 

228 
325 
33.5 
325 
33O 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


ÎAi 


NUMEROS 

D'OHDBK. 


DATES. 


DESTIVVTAinES. 


CLXII.  33  jamier  1579. 

CLXUl.  -.i.S  janvier  1679. 

CLXIV.  a4  jamier  1  579. 

CLXV.  :!()  janvier  1079. 

CLXVI.  :3G  janvier  1079. 

ClAVll.  28  jamier  1679. 

CLX\  III.  81  janvier  ir)79. 

CLXIX.  1"  lévrier  1679. 

CLXX.  a  février  1579. 

CLXXl.  -i  lévrier  1079- 

CLXXll.  '1  lévrier  1079. 

CLXXIII.  i;  lévrier  1.J79. 

CLXXIV.  (i  février  i.")79. 

CLXW.  7  fé'vrier  1579. 

CLXX\  L  8-9  février  1  579. 

CLXX\  II.  11  lévrier  i.")7 9. 

CLXXVIII.  I  a  février  1679. 

CLXXIX.  i:S-i'i  février  )  579. 

CLXXX.  1  (3  février  1579. 

CLXXXI.  lO  février  i.")79. 
CLXXXII.  i(j  février  ir)79. 

CLXXXIII.  i7-i«  lévrier  i.'.79. 
CLXXXIV.  1 S  lévrier  1 .579. 

CLXXXV.  30  février  I  i)79. 
CLXXXVI.  31  février  1379. 

CLXXXVII.  o3  février  ir.79. 

CLXXXV  III.  23  février  1  079. 

CLXWIX.  3  5  février  1579. 

CATUEKIMi  DK   MbDIOIS.   M. 


A  M.  de  liellièvrc 

.\  M.  le  niari|ilis  di;  llaiiiliac 

A  M.  le  maréchal  de  Uaniville 

Au  Roi 

A  M.  de  Bellièvre 

Au  Roi 

Au  nièuie 

A  M.  le  maréclial  de  Daniviile •.  . .  . 

Au  Roi 

A  M.  de  X'emours 

An  Roi 

A  AIM.  les  conseillers  cl  haliilanls  de  ISavonni' 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  I)aui\ille 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Danjville 

Au  Roi 

Au  même 

Au  même 

A  M.  le  maréchal  de  Uamville 

A  M.  le  marquis  de  Canillac 

Au  Roi 

Au  même 

Au  duc  d'Anjou 

Au  Roi 

A  M.  de  risie 

A  M.  de  Paiijas 

A  M.  le  maréchal  de  Dirunille 


PAGES. 
3.H:f 

2  3'! 

2  3.'l 

3  35 

2  3(1 

337 

2'l2 

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2  65 

2.'l<S 

2  '1 9 
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202 
253 
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257 
a  58 
2O1 

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3()'l 

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272 
272 
273 

•J7'.) 
280 
280 

05 

«ehie    îfATioxiir. 


51i 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


INU.MEROS 


cxc. 

CXCl. 
CXCII. 
CXCIII. 
CXCIV. 

cxcv. 

CXCVI. 
CXCVII. 
CXCVIII. 

CXCIX. 

ce. 

CCI. 
CCII. 
CClIl. 
CCIV. 

ccv. 

ce  VI. 
CCVIl. 

eevui. 

CCIX. 

ccx. 
ecxi. 

CCXII. 
CCXlll. 
CCXIV. 

ecxv. 
ccxvi. 

CCXVI!. 


DATES. 


26  février  1679. 

26-28  février  1579. 

38  février  1579. 

38  février  1079. 

28  février  1579. 

Février  1579. 

a8  févi'ier  1579. 

98  février-û  mars  i")79. 

3  mars  1579. 

3  mars  1579, 

4  mars  i57y 

7  mars  1579. 

8  mars  1679 
8  mars  1679. 
8  mars  1579, 

8  mars  1379 

9  mais  1679, 

10  mars  1579. 
13  mars  1579. 

16  mars  157g- 
lA  mars  1579, 
i4  mars  1679 
i5  mars  1579. 
i5  mars  1579 
i(i  mars  1.579. 

17  mars  i.')79. 
1  7  mars  i.'579 
19  mars  1  J79 


DESTINATAIRES. 


A  MM.  les  lieutenant,  échevins,  etc.,  de  Bayonne 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Aux  consuls  et  habitants  de  Beaucaire 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

A  M.  d'Abain 

A  M'°'  la  duchesse  d'Lzès 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Au  Roi 

A  M°'  la  duchesse  d'Uïès 

A  M"'"  la  maréchale  de  Damville 

A  M.  de  Montberault 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

A  M.  le  duc  de  Nemours 

Au  duc  de  Mantoue 

A  M.  le  duc  de  Ferrare 

A  M""  la  duchesse  de  Nemours 

Au  Roi  catholique  des  Espagnes 

Au  Roi 

A  M.  le  comte  du  Lude 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M"'  la  duchesse  de  Nemours 

A  la  même 

Au  Roi 

A  M.  d'Ussac 

Au  Roi  Catholique 

Au  Roi 

A  M.  le  maréchal  de  Damville 

Au  même 


PAGES. 

280 
281 
283 
283 
384 
384 
985 
385 
392 
392 
293 
294 
294 
agD 
395 
296 
5oo 
996 
5o3 
3oo 
3oo 
3oo 
3oi 
3o4 
3o5 
3o5 
3oC 
307 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


515 


.NUMEROS 

D-OBDnB. 


CGXVIU. 
CCXIX. 
(X\X. 
CCXXI. 

ccxxn. 

CCXXllI. 

CCXXIV. 

CCXXV. 

CCXXVI. 

CCXXVII. 
CCXXVIU. 

CCXXIX. 

CCXXX. 

CCXXXL 
CCXXXII. 
CCXXXIIL 
CCXXXIV. 

ccxxxv. 

CCXXXVL 

ccxxxvn. 

CCXXXVIIL 

CCXXXIX. 

CCXL. 

CCXLL 

CCXLU. 

CCXLIIL 

CCXLIV. 

CCXLV. 


DATES. 


■>o  mars  loyg. 
ai  mars  iSyg. 
aa  mars  i  .')7<j. 
23  mars  i  ^>']<j. 
a'i  mars  1579. 

Mars  1079. 
3/1  mars  i57g. 
25  mai's  1579. 
37  mars  1.179. 
27  mars  1  579. 
.3i  mars  1Ô79. 

Mars  1679. 
.'{1  mars  1579. 

■i  avril  1.579. 

5  avril  1079. 
()  a\ril  1  079. 
(1  avril  i.">79. 
(i  avril  1079. 

6  avril  1  579. 

7  avril  1579. 

1 1  avril  ir)79. 
I  2  avril  1579. 
I  3  avril  1  .")79. 
1  3  avril  1 .579. 

12  avril  1  r)79. 
i/i  avril  1  .">79. 
1  4  avril  1.579. 


DESTINATAIIiE.S. 


Au  Rci 

A  M.  de  Montberaiill 

.\  M.  le  inari'chal  dp  Dainvillc 

A  M.  il'Llssaf 

\ii  lioi 

A  M.  le  duc  d'Anjou 

Au  Roi 

A  M.  le  marcflial  île  Damville 

Au  lioi 

\  la  lîi'ine  Catholique 

\u  Roi  Calholii|ue 

Ail  Roi 

A  M""  la  duchesse  d'Lizès 

A  M.  de  Bellièvre 

A  M.  lo  inaréohal  de  Damvilli' 

Au  iiième 

A  MM.  de  Sainl-Orons  el  d'Ussac 

Au  Roi 

A  M.  de  Pailhès 

A  M""'  la  duchesse  de  Nemours 

A  MM.  les  députés  du  diocèse  de  Gévaudan  el  de  Meiide. 

Au  Roi 

A  M.  Il'  maréchal  di-  Damville 

ka  Roi 

Au  même 

A  M.  le  diic  de  Nevers 

A  M""  la  duchesse  d'Uzès 

Au  Roi 


I'  \C,KS. 

3o8 
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■h  h 
.■il  7 

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;ii8 

333 

33  3 
333 
33  5 
33C 

3:i(i 
327 
337 
338 

33 1 
33 1 
332 
333 
33i 
334 
336 
337 
337 
338 


()3. 


516 


'ABLE  GHRONOLOr.lQUE. 


ni;. M  KliOS 

D  OtlIlllK. 

DATE. s. 

llKSTINATAlRIiS. 

PAGKS. 

i,C\LVI. 
(:C\I.\II. 

CCM.IX. 
CCI. 

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CCMI. 

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cr.iA. 

CCI.VI. 
CCLMI. 
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OCLIV. 
CCL\. 
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CC\.\U. 
CCI, Mil. 
CCI.\I\. 
CCIAV. 

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CCLW. 

CCLWI. 

CCI.Wll. 

'       CCLWIll. 

1  /l    ,'IVI  il    1  -i^ii. 

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1  i'>  ;ivi  il  I  .'»7<). 

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■_!.'!  iiviil  1  r)-(). 
•ji)  avril  I  571). 

a(i    .T\  l'il    ]  .")  y<). 

y(i  avril  1  Ô711. 
'^fi  avril  1  ."J71). 
21}  avril  1  .'17;). 
.'id  avril  1  r)7i|. 

.')  ti)ai  1  ■'>7<j. 

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(i  mai  1  J7(|. 
(i-S  mai  !  ."17(1. 

S  ruai  I  57(1. 

S  liiai   1  ."17(1. 

I  II  mat  1  .")7i(. 

1  ■'.  mai  1  .'1711. 

I  .'i  mai  1  -1711. 

I .')  mai  î  r)7i). 

1  5  mai  1  ^1711. 

1  7  mal  1  -171). 

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lH--in  mai  i."i7i). 

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H7, 

•^7' 

A   M la  (llicllr>si.  .rUzi'S 

A   M.  Ii>  mari'rlial  ili>   Oamvillr , 

Au  Uni 

A   M.  la  mar.Mli,il  ila  Damvilli 

A   M.  Slniz/i 

Au  l!oi 

A   M.  lia  l.auauai- 

Au   lîiii 

\   M    il'l  ssar 

A   M.  lia   Miinlliniu 

Au   Riii 

A    AI     lia    1  aiiailai- 

Au  lloi 

\    M la  (l,irll,ssa  ll"l  /as 

\    M.  lia   I.auailaa 

\ii  Uni 

A   M'   la   marviliala  il-   Damvilla 

Au  Uni 

Au  liui 

\    \I""    la   illiillassa   (ITzàs 

\u    lllll 

Au   liai 

'\il   IllOllia 

TABLE  CHROiNOl.OGlQUE. 


517 


M  mi;  nos 


ccLxxn. 

CCLXXV. 
CCLWVI. 
CCLXXVII. 
CCLXXVllI. 
CCLXXIX. 
CCLXXX. 


i)ATi;s. 


2-'i  mal  la^i). 
■iS  mai  1  '>-](). 
;ii)  mai  I  ■")7(). 

Mai  lô-ji). 
r'  juin  ir>7(,. 
•j  juin  ir)7(|. 
•'  juin  1  r)ïi(. 


Di;.STI\  ATAIIIKS. 


A  .M.d'KIbenm. 

Au   lic.i 

An  inc'Mji' 

A  M""  la  ilurlii'^sc  iTlzos. .  .  . 

An  li.il 

A  M.  Ii>  clnc  rli'  Ni'mours  .  .  . 
A  M.  le  duc  lio  iXovcrs 


l'ACJES. 

;t74 
37r, 

:is3 


rt 


TABLE  DES   PEUSONÎSES 


A  QUI  SONT  ADRESSÉES  LES  LKTTHES  DE  CATHEIUNE  DE  MÉDIGIS. 


AiiUN  (M.  1)'),  I.  H,  0,  H,  ICI,  a6, 

38,  ]()(),  ai(),  a8'i. 
ANGLETERRE  (La  reiiie  d'),  .'fo,  -Sa, 

30,     113. 

Anjoi  (Le  duc  d'),  37a,  ^if). 
Anuf..  rpiiic  d'Espagm.',  36  ,  .'ia3. 


B 


BiLTAZillT    l)E    ChESSIER   (M.),    igS. 

Baïonne  (Les  maire  et  écheviiis  de), 
10,  'i5,  lOi,  aaS,  a5i,  aSo. 

Beaicaibe  (Les  consuls  de),  a83, 
Ih)H. 

Bellièïre  (M.  de),  lû,  a6,  3o,  37, 
39,  6a,  iSg,  166,  177,  309, 
910,  333,  236,  3oo,  3a6,  497. 

BooRBos  (Henri  de),  roi  de  Navarre, 
.'lO,  i3i,  aa5,  5oo. 

Brllart  (M.),  136. 


CiîsiLLAC    (Le    manniis    de).    a3/i, 

a64. 
CossEiL  d'Ktat  (,\BL  du),  30«. 
Cosst  (.Maréclial  de),  la. 
Cressier  (M.  Ballazart  de),  '195. 

D 

Damville  (Maréclial  de),   â,  6,  39, 
56.    66,    12a,    137,    i36.    137, 


139,  i5o,  i58,  161),  161,  165, 
172,  179,  180,  18a,  199,  307, 
330,  221,  asS,  23Ù,  344,  353, 
367,  264,  380,  281,  a83,  a85, 
294,  3o6,  307,  3ia,  3i8,  Safi, 
327,  334,  339.  34o.  :Ui.'). 
Damville  (M™  de),  39-^  ■  -i*)'- 

K 

Ecosse  (Lu  prim-o  11').  3i. 
Kgmomt  (Lo  couilo  I)').  3->. 

El.BENSE   (M.    d'),    374. 

Elisabeth,   reine  d'Angleterre.    3o. 

32,  35,  lia. 
Espagne  (Le  roi  d'),  33,  34,  171, 

3o5,  323,  5oo. 
Espagne  (La  reine  d'),  34  ,  332. 


Favas  (Capitaine),  aoa,  ao6. 
Ferrare  (Le  duc  de),  390. 
Ferrier  (M.  du),  3,  9. 


Gevaldan  et  Menue  (Les  députés  de), 

333. 
Grégoire  Xlll,  pape,  88. 

H 

Henri  H1,  i5,  18,  4o,  46,  5o,  63. 

67,  80,  82,  87,  89.  96,  97.  102. 


1 0  4 , 

106, 

108, 

109, 

Il  3 , 

11.^ 

lit). 

117. 

ia3. 

125, 

139, 

l33 

.37, 

1  4o . 

i5a. 

160, 

163. 

167 

.73, 

181, 

i83. 

192, 

'97- 

aoo 

303, 

3  10, 

3.4, 

ai6. 

218, 

aaa 

-.33, 

226, 

235, 

a37. 

a43. 

a45 

a  49, 

a5a. 

254, 

358, 

a6i , 

363 

:l65. 

27a, 

273, 

a85. 

396, 

3oj 

3o5, 

3o8, 

3i3, 

317. 

3i8 

323 

338, 

33a, 

334, 

336, 

338. 

339 

34o, 

346 

348, 

353, 

355 

36i 

363, 

364 

365 

367 

.371 

.375 

379 

38 1. 

I.I.IÈRE  (M. 

DE  r.A 

),  45 

ISLE  (M.    DE   I.'),    379. 

L 

Laugnac  (M.  ue),  5oi,  5o2.  5o3. 
Lmjzebte  (Les  habitants  de),  i5i. 
LuDE  (Le  comte  nu),  5o3. 


M 

Mantoie    (Le    duc    de),     11,    33, 

39',. 
Matignon  (M.  de),  33,  35,  igS. 
Mauvissière  (M.  de),  5,  8,  11,  27, 

a8. 
Médicis  (Pierre  de),  116,  i59. 

MONTIIERAILT  (M.  DE  )  ,    393,    3ll. 
MONTBRUN   (M.   de).    35'!. 


520 


TABLE  DES   PERSONNES. 


MoNTMonE>cï     (La    connétable    de), 

^.96. 
MoNTMOBENCï  (Le  uiaiéclial  be),  /i<)5. 
MoNTPEXsiEK  (Le  duc  de),  i5(). 


.N 


Mavaiike  (Le  roi  île),  .'lO,  i.*)!,  ;>.-j.5, 

.')00. 
NEMOims    (Le   dur   de),    a?i8,    •Jil'i, 

383. 
Nemouks  (La  duchesse  de),  9.  agO, 

3oo,  33 1. 
NEVRns  (Le  duc  de),  337,  3/0,  3iS3. 


I'ailuès  (M.  de),  (jo,  79,  33 1. 
Panjas  (M.  de),  a8o. 


Pbilu'pe    II,    33.    3i ,    171.    3o."), 

3a3.  .5oo. 
Piémont  (Le  prince  de),   1,   '1,.  31). 

R 

Rambolillet  (M.  de),  171. 

s 

Saim-Obens  (M.  de),  327. 
Savoie  (Le  duc  de),  3,  'j,  7. 
Siiiozzi  (M.  de),  346. 
SitiAiiT  (  .Iilrque^),  3i. 


ToscA^E    (Le    j;rand-diic    de).     27. 


Todlodse  (Le  sénéchal  de),  58. 
Tobenne  (Le  vicomte  de),  496. 


1) 


UssAC    (M.    d').    3o'i,    3i3,    337, 

353. 
UzÈs  ( La  duchesse  n" ) ,  '1 ,  1  oM ,  384  , 

39a,  325.  337,  339,  3lin,  3(17. 

3Si. 


Vabgas  (Juan  iie),  3o. 
Vksiks(M.  de),  iyg. 

VlLLKROI    (M.   de),    5,   9,   497. 

w 

Walsixcham  (M.  de),  3I),  37. 


TABLE   DE   L'APPENDICE 

ET    DES    PIÈCES   JUSTIFICATIVES. 


Pages. 

I.  Mon  (le  la  lille  de  Cliarles  IX.  —  Knvoi  d'un  ambassadeur  extraordinaire  (juin  1578) 385 

II.  Lettre  de  Henri  111  k  M.  de  \  illeroy  (2  juillet  i:>78) :i8t) 

m.      Articles  accordez  à  la  Héolle  entre  la  lîovne  nn're  du  Hoy  et  le  roy  de  Navarre  (5  octobre  iSyS) -'WS 

IV.  Lettre  missive  envoyée  à  tous  les  bailiyz  et  sénescliaidx  (7  octobre  1578) tO' 

V.  Instruction    envoyée    à    chacun    des   seigneurs    ry-de\anl    nommez    pour   aller    faire    exécuter   rédicl 

( 8  octobre  1 078) ■''.)•■! 

\  I.      Lettre  missive  accompagnant  ladite  instruction  (i3  octobre  1  i>78).  .• '<)•' 

Vil.     (]omiuission   baillée  au  s'   de   Fonlenilles  pour  aller  à   Lecloure,  pour  l'u  veoir  sortir   la  gannson  et 

laire  ce  qui  O'^t  contenu  en  icelle  instruction  (i3  octobre  1078) 3()^i 

VIII.  (Compte   de   frais  de   xoja;;e   d.'   la  dépulalion   du   l'arli'uienl   di'  Toulouse  à  la  reine  mère  (16  octobre 

.^7^) • -'«^ 

IX.  Ordoiniance  du  maréchal  de    Biron  prescrivant  aux  consuls  d'Ageu  d'cUablir  un  magasin  de  vivres  eu 

prévision  du  passage  de  la  reine  mère  et  de  la  reine  de  Navarre  (3o  septembre  1  378) 3f)7 

X.  Lettre  du  maréchal  de  Biron  à  Messieurs  les  consuls  d'Agen  (aO  septembre  i.'J78) 3f)8 

XI.  Recueilz  des  propos   tenus  par  la  Boyne  mère  du  Boy  à  la   in.blesse  de  (iuyonne.   au  mois  d'octobre 

1078,  eu  la  salle  de  l'evesché  d'Agen •*!)*< 

XII.  Lettre  du  maréchal  de  Bellegarde  an  Boi  (9  septembre  1  .J78) 'loo 

XIII.  Lettre  du  président  de  \  illeneuve  à  Catherine  de  Médicis  {3.")  juillet  1  578) 'io> 

XIV.  Mémoire  et  instruction  que  le  conirolleur  Gefroneau  fera  entendre  à  la  lioyiio  mère  du  Boy  et  à  Mon- 

seigneur le  duc  de  Montpensier,  pair  de  France,  gouverneur  et  lieutenant  général  pour  Sa  Majest.; 

en  Bretaigne,  de  la  part  du  s'  de  la  Hunodaye  (  3  i  octobre  1  ."178  ) 'lO'' 

XV.  Lettre  du  roi  de  Navarre  au  vicomte  de  Turenne  (octobre  ou  novembre  1578) ''O'i 

XVI.  Acte  public  accordé  entr.^  la  lloyne  mère  du  Boy  et  le  roy  de  Mavarre  (-'i  décembre  1578) '«>■■> 

(Catherine  de  Médicis.  —  vi. 


522  TABLE  DE  L'APPENDICE. 

XVII.  Coppic  de  la  letlro  du  Roy  escrite  à  la  Royne,  mère  de  Sa  Majesté,  envoyée  par  Elle  à  Monseigneur 

le  mareschal  (5  décembre  1S78.) '107 

XVIII.  Leilre  de  Henri  111  au  maréchal  do  Damville  (6  décembre  1 678) 'loH 

XIX.  Relalion  du  cardinal  d'Armagnac  touchant  l'accomodemeut  qu'il  a  faict  avec  le  mareschal  de  Damville, 

pour  le  remettre  auv  bonnes  grâces  de  Sa  Majesté  (décembre  1  578) '109 

XX.  Requête  des  Agenais  à  la  reine  mère  pour  obtenir  d'être  déchargés  d'une  imposition  de  2,000  livres. 

■ —  Réponse  de  Catherine  de  Médicis  en  forme  d'ordormance  (29  décembre  1578) 4i3 

XXI.  Promesse  faicte  par  la  Royne  mère  du  Roy  au  roy  de  Navarre,  dont  il  a  esté  aultant  envoyé  au 

Roy  avec  la  susdicle  dépesche  du  xvi  décembre  1678 i'-^ 

XXII.  Promesse  de  la  Royne  mère  du  Roy,  dont  en  a  esté  envoyé  aultant  au  Roy  avec  la  dépesche  qu'elle 

luy  a  envoyée  par  Tancret,  cy-après  enregistrée  (38  décembre  1678) 'ii.S 

XXIII.  Mémoire  et  articles  dont  en  a  esté  aussi  envoie  aultant  au  Roy,  avec  ladicte  dépesche  que  luy  a 

portée  ledit  Tancret "^'' 

XXIV.  Promesse  du  roy  de  Navarre  de  faire  remettre  Florence  (5  janvier  1579) '11 5 

XXV.  Règlement  touchant  la  ville  de  Condom,  envoyé  au  Roy  avec  ladicte  dépesche  dudit  s'  de  Dintho\ilU' 

(21-34  janvier  1579) "5 

XXVI.  Mémoire  présenté  par  les  chefs  de  la  Réforme  à  Henri  III  sur  les  moyen;  d'assurer  le  réiahlissement 

de  la  paix,  avec  les  notes  de  Catherine  de  Médicis  en  réponse  (6  février  1579) '117 

XXVII.  Instructions  pour  le  seigneur  de  Diniheville,  allant  de  la  part  du  Roy  vers  le  roy  de  Kavarre  et  la 

Royne,  mère  de  Sa  Majesté  très  chrestienne,  et  pour  exécuter  les  commandeminlz  de  ladicte  dame 

(26  février  1079) "^'' 

XX\  111.      Discours  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  conférence  de  Nérac,  rédigé  par  le  secrétaire  du  maréchal  de 

Damville ''''  ' 

XXIX.  Autre  discours  de  ce  qui  s'est  passé  à  la  conférence  de  Nérac '169 

XXX.  Recueilz  des  propos  tenuz  par  la  Royne  mère  du  Roy  à  la  noblesse  de  Guyenne,  en  la  salle  de 

l'évesché  d'Agen,  le  v°  de  mars  1679 ''^2 

XXXI.  Copie  de  l'instruction  aux  geulilzhommcs  députez  pour  l'exécution  de  l'édict   de  la  conférence. 

(3  mars  1579) ''•'''' 

XXXII.  Commission  de  Catherine  de  Médicis  et  de  Henri,  roi  de  Navarre,  à  Bertrauil  de  Pardaillan,  baron 

de  Lamolhe-Gondiin ,  et  au  sieur  de  Bourouillan  (12  février  1679) bb() 

XXXIII.  Lettre  de  Henri  111  au  maréchal  de  Danwille  (6  mars  1  679) 'l'î' 

XXXIV.  Procès-verbal  de  la  prestation  de  serment  faite  par  les  notables  d'Agen,  sur  l'ordre  et  en  présence 

de  la  reine  mère,  portant  l'exécution  du  dernier  élit  de  pacification  et  des  articles  de  la  confé- 
rence de  Nérac  (i3-i6  mars  1079) ''*'- 

XXXV.  Lettre  du  duc  d'Anjou  à  la  reine  mère  (23  mars  1079) ''S-* 

XXXVI.  Lettres  du  maréchal  de  Damville  à  Catherine  de  Médicis  (3i  octobre  1577-26  mars  1579) 'i(j4 

XXXVIl     Extrait  des  procès-verbaux  des  États  de  Languedoc,  tenus  à  Castclnaudary  du  27  avril  au  li  mai 

.579 "'' 


TABLE   DE  I/APPENDICK.  ^2^^ 

WWIII.   Li'llre  de  ll.'ini  111  :iiix  Klals  do  Languedoc  (OlUiiiiville.  ■^'l  a\nl  i.")7<j) '18/1 

XXXIX.      Ri'gleniont  l'aict  pai-  la  liouio  mire  du  \\w  pour  lo  laid  do  Narboiinc  (lô  mai  1  Tj^y) '180 

\L.              L.'llie  dii  Ueuri  III  au  niaréclial  de  Biron  (ut  mai  i^t'Ç)) '^7 

\LI.  Inslruoliou  du  s'  de  lîanvillo.  cscuyi'i-  d'oscuryc  de  Mouseigneur,  dépesclié  vers  la  Uoyne  sa  uiéro. 

et  response  de  ladictc  dame  lioyue.  mère  du  Roy  (-..'S  uiai  i-">79) ''*'** 

XLII.  Quillanre  de  la  somme  nécessaire  par  quinzaine  pour  solder  les  dépenses  personnelles  île  la  reuie 

pendant  son  voyage '  9  ' 

XLlll.         Remonstrances  du  Parlement  de  Toulouse  au  sujel  de  l"étal)lissomenl  .le  la  eliamlire  mi-parlie.  avec 

les  réponses  de  la  reine  (37  moi  i57g) "■•' 

XLIV.         Dénonces  aux  s"   viconle  de  Turenne  et   de  Duras  de  se  faire  acoompaigner  pour  leur  querelle 

,,■•-1                                                                                                                    'lo'i 

(  a.1  juin  !  0711  ) •' 


TABLE   DES   MATIERES. 


A 


Ab\i.\   (Louis  CuAsiEiGNER  d'),  sicur 
de   la  Roche -Posay,  atabassadcur 
de  France  à  Rome.  Catherine  lui 
recommande  Cliarles  de  Lorraine 
pour  le    cardinalat  et   l'abbé    de 
Vendôme    pour  le  prieuré   d'Au- 
vergne, a.  —  Sa  lettre  au  roi,  n, 
note.  —  La  reine  lui   écrit  pour 
son  procès,  3,6. —  Sa  lettre  à  la 
reine,  6,  note.  —  Lettres  sur  le 
même  sujet ,  8  et  note  ;  i  o ,  1 6.  — 
Lettre  de  la  reine  pour  son  procès, 
a  6  et  note.  —  Sur  le  fait  de  M.  de 
Foix.  —  Lettre  du  roi,  .34,  note. 
—  La  reine  lui  écrit  au  sujet  du 
duclié  d'Lrl)ain,  196;  —  lui  re- 
commande les  allaires  du  cardinal 
de  Bourbon ,  2 1  (i.  —  Sa  lettre  à  la 
reine  ,316,  note.  —  Elle  lui  re- 
commande encore  ses  affaires,  a84. 
■ —  Ce  qu'il  lui  avait  écrit  de  Rome, 
38 /i,  note. 
Abbetille  {Somme),  i6i.  —  967. 
Abelli  (Antoine),  prédicateur  et  con- 
fesseur du  roi.  Catlierine  écrit  au 
Conseil  d'Ktat  pour  lui  faire  payer 
ce  qui  lui  est  dû,  -JoS. 
Agde,  (Hérault),   36o,    3Ci,  note, 
865.  —  La  reine  y  est  arrivée  ,871 
et  note. 
Ages  (L'évèque    d").    Voir    Frégosb 
(Janus). 

(La  ville  d'),   39,   note;  ai, 

52,  55,  note;  65.  —  Les  reines 


y  sont  arrivées,  72,  note.  —  Leur 
réception ,  7  3 ,  note  ;  7  3 ,  7  5 ,  note  ; 
75,  77,  78,  87,  89,  120,  187, 
i4o,  i/ii,  168,  176,  179,  267, 
269,  268,  980,  387,  288,  991, 
293.  —  La  reine  est  à  Agen,  994 , 
note;  296.  —  La  reine  l'a  quitté, 
398,  388,  389,  396,  397,  398, 

IlO-i,  4l2,    'l52. 

(Les  consuls  d').  Lettre  que  le 

roi  de  Navarre  leur  écrit ,  78,  note; 
176,  note;  3 10. 

(La  chamlire  tripartie  d'),  29, 

note;  170,  188,  189,  196,  2i5, 
219,  381,  aài,  sli3,  nlf],  35o, 
35i,  859,  378. 

Agdilhommet,  député  de  Nimes,  i45. 
AiGUESMORTES    {Gard),    970.  —  La 

peste  y  est  très  violente,  365. 
Aiguillon    (Lof -et -Garonne),  67  et 

note. 
AiLLT   (Marguerite    d'),   femme    de 

François  de  Chatillon,  879,  note. 
AiMARGUES  {Gard),  982,  note;  i8o, 

note. 
A IX  {Bouches-dii-Iihviie) ,  19 4. 

(La   cour  du   l'aileoienl  d'), 

357. 

Alais  (Garrf),  289,  note. 

Alassis  (Le  sieur  d').  La  reine  le  re- 
commande au  prince  de  Piémont, 
36. 

Albi  {Tarn),  217,  95l. 

Albigeois  (L'),  66. 


Albret  (Jeanne  d')  ,  veuve  d'Antoine 
de  Bourbon,  roi  de  Navarre,  66, 
note,  i64. 

. (D')i  château,    i48  et   note. 

Alenço.x  (Duc  d').  Voir  Anjov. 

(Ville  d'),   99,  note;  82.  — 

964. 

\l!.t  (Aude),  989,  note.  —  876, 
note. 

Aljiero  Mendo^a.  La  reine  lui  sait 
gré  de  ce  dont  il  est  convenu  avec 
M.  de  Bellièvre,  497. 

Alphonse,  colonel  en  Provence, 
356. 

Alphonse  IIl  (Dom),  roi  de  l'orlugal, 
956. 

Amadon,  courrier,  trésorier  de  la  com- 
])agnie  du  maréchal  de  Retz,  353, 
note. 

Ambrelin,  courrier,  a6i,  988,  3i8, 
898.  —  A  passé  à  Langon  et  en 
rapporte  des  nouvelles,  84g. 

Amlrat  III  (Le  Grand  seigneur), 
sultan  de  Constanlinople.  Ce  qu'il 
faudrait  lui  proposer,  71. 

Andelot  (Le  sieur  d').  Est  entre  dans 
le  château  de  Beaucuire,  66,  68. 
—  Remplacera  le  sieur  de  Cha- 
tillon pour  l'exécution  de  l'édit  au 
Bas-Languedoc,  877,  879. 

Angbnnes  (Louis  d').  —  Voir  Mais- 
tenon. 
Angers  (La  ville  d'),   10,  noie;  16, 
17,  91. 


526 

AngoulÈhe  (Hoiiri  d'),  grand-prieur 
de  l'ordre  de  Malte ,  (ils  naturel  de 
Henri  II.  La  reine  l'a  prié  de  se 
rendre  à  risle-Jouidain.  107.  — 
Elle  le  recommande  au  roi,  iiO 
et  note.  —  Il  doit  venir  trouver 
la  reine,  ii8,  a 06.  —  Il  est  en 
route  et  a  passé  par  Arles,  2/16,  — 
par  Narbonne,  aSg.  —  Reste  à 
Narbonnc  faute  d'argent  pour  con- 
tinuer son  voyage,  379.  —  La 
reine  prie  le  roi  de  lui  en  donner. 
3o3.  • —  Elle  veut  l'installer  comme 
gouverneur  à  Avignon,  3'i8,  870, 
38o. 

Anjou  (François  de  Valois,  duc  d'), 
/K)(i.  —  La  reine  se  plaint  de  lui. 
9.  —  n  s'éloigne  de  la  Cour,  i  o , 
note.  —  Elisabeth  veut  l'empêcher 
de  faire  son  voyage  en  Flandres, 
12.  —  Sa  mère  charge  le  maréchal 
de  Cossé  d'user  de  son  influence, 
19.  —  11  lui  proposera  différentes 
princesses  de  la  pai-t  du  roi  et  de 
sa  mère,  pour  faire  un  mariage  à 
son  gré ,  12,  note.  —  Il  ira  à 
Bourges  pour  se  réconcilier  avec  le 
roi  de  Navarre,  16.  —  M.  de 
Bussy  encourage  beaucoup  l'entre- 
prise dès  Flandres,  16.  —  Il  est 
trop  impérieux  et  on  finira  par 
le  connaître  tel  qu'il  est,  17.  — 
Est  venu   trouver  Catherine,    17. 

—  II  a  assuré  n'avoir  l'ait  lever 
que  les  troupes  de  M.  de  Com- 
belles,  17,  —  et  fera  encore  lever 
celles  de  la  Bochepot,  18. —  Il 
prie  la  reine  de  voir  à  Bourgueil 
les  papiers  qui  concernent  son 
voyage  en  Flandres,  18.  —  Mais 
n'a  d'autre  but  que  de  quitter  le 
Lude ,  où  il  craint  d'être  investi , 
ig.  —  A  la  prière  de  la  reine,  il 
veut  faire  quérir  M.  de  Bussy,  19. 

—  Sa  mère  l'engage  à  épouser 
une  prmcesse  d'Espagne  ou  la  prin- 
cesse de  Navarre,  20.  —  A  re- 
poussé ceux  qui  \enaient  de  la  paît 
des  Ligues,  20.  —   La  reine  lui 


TABLE  DES  MATIERES. 

démontre  tous  les  désavantages  de 
l'entreprise  de  Flandres,  21.  — 
Il  s'engage  à  ne  rien  faire  contre 
la  volonté  du  roi  et  de  sa  mère, 
22.  —  Sa  promesse  à  ce  sujet,  25, 
note.  —  Ne  veut  pas  empêcher  la 
reine  de  Navarre  d'aller  voir  son 
mari,  26.  —  Il  consent  à  épouser 
la  reine  d'Angleterre,  28,  99, 
note.  —  Catherine  de  Médicis  et 
Elisabeth  sont  d'accord  pour  le 
dissuader  du  voyage  de  Flandres, 
3o.  —  Le  roi  ne  lui  permettra  pas 
de  sortir  de  France  avec  des 
troupes,  3i,  note.  —  Est  parti 
malgré  la  reine,  3a.  —  Le  roi  dé- 
savoue celte  entreprise  auprès  des 
cours  étrangères,  34  ,nole;  35,  36. 

—  La  reine  veut  cju'il  se  retire  de 
Flandres,  5o,  —  et  qu'il  ait  une 
entrevue  avec  Elisabeth,  5o.  —  Ce 
mariage  serait  pour  lui  une  bonne 
raison  de  se  retirer,  53,  54,  59. 

—  Le  maiécbal  de  Biron  conseille 
de  le  secourir,  71 -g a.  —  Il  a  en- 
voyé M.  de  Simier  vers  le  roi, 
111.  —  Elisabeth  désire  avoir  une 
entrevue  avec  lui  avant  le  mariage, 
lia.  —  Envoie  M.  de  Simier  en 
Angleterre  cl  en  rappelle  M.  de 
Bussy,  lia,  et  note.  —  La  reine 
mère  lui  répondra  au  sujet  des 
articles  du  mariage  qu'il  lui  a  en- 
voyés, 11 5.  —  Est  très  bien  avec 
le  roi,  147,  i56.  —  La  reine  veut 
qu'il  soit  satisfait  de  ce  qu'on  lui  a 
promis,  et  que  chacun  contribue  à 
augmenter  la  bonne  harmonie 
entre  le  roi  et  lui,  178.  —  Est 
venu  voir  le  roi,  1  gg.  —  Reviendra 
en  France,  2o3.  —  Sa  lettre  à 
Elisabeth,  2o3,  note;  208,  a  10, 
note;  ai8,  226,  227,  note.  — 
Son  mariage,  aag.  —  Sa  lettre  de 
justillcalion  que  la  reine  désire  voir 
brûlée  secrètement,   a36  et  note. 

—  Est  revenu  et  arrivé  à  la  Fère, 
aSa,  353.  —  Est  à  Alençonoù  le 
sieur  de  la  Chapelle  des  Ursins  va 


le  complimenter  de  la  part  du  roi, 
264 ,  a65.  —  Sa  mère  lui  donne 
des  conseils  au  sujet  de  son  voyage 
en  Angleterre,  272.  —  L'instruc- 
tion qu'il  remet  au  sieur  de  Pa- 
terne en  l'envoyant  à  la  reine  mère 
et  au  roi,  374,  note;  374,  275. 
—  La  reine  veut  le  rencontrer  à 
Moulins,  276.  —  Il  faut  que  le 
roi  et  la  reine  aient  quelqu'un  de 
dévoué  auprès  de  lui  pour  déjouer 
toutes  les  intrigues,  176,  288, 
298,  note;  3oo.  —  La  reine  craint 
toujours  la  folle  jeunesse  de  ceux 
qui  l'entourent,  3o3.  ' —  Elle  a 
chargé  l'abbé  de  Gadaigne  de  rester 
près  de  lui ,  3o4.  —  Lui  écrit  pour 
l'engager  à  aller  en  Angleterre 
avec  une  petite  suite,  3i5.  — 
Lettre  d'Elisabeth,  3i6,  note.  — 
Est  venu  à  Paris,  3i8,  Sig,  3a o, 
323,  334,  325,  33o.  —  M.  de 
Laflin  a  apporté  sa  lettre  à  la  reine, 
33o.  —  La  reine  mère  lui  donne 
son  aris  sur  le  train  qu'il  doit  avoir 
pour  aller  eu  Angleterre,  339.  — 
Prie  le  roi  de  l'aider,  333,  335, 
337,  338,  33g.  —  La  reine  trouve 
qu'il  doit  se  presser  d'aller  en  An- 
gleterre, 34a.  —  D'autant  que  le 
mariage  pourrait  devenir  impos- 
sible, 348.  —  La  reine  est  très 
heureuse  de  sa  conduite,  067.  — 
A  envoyé  le  sieur  de  Banville  vers 
sa  mère  avec  une  instruction  et 
un  mémoire  au  sujet  de  son  ma- 
riage, 374,  383,  498  —  Sa  lettre 
à  la  reine  mère  du  aa  mars  157g, 
463.  —  Ses  enrôlements  pour  les 
Pays-Bas,  468  et  note  4.  —  In- 
struction qu'il  donne  au  sieur  de 
Banville  en  l'envoyant  vers  la  reine 
mère,  488-48g. 

AsNE  d'Autiuche,  grande-duchesse  de 
Toscane.  La  reine  a  appris  sa  mort 
avec  regret,  27. 

AsTONio  (Dom),  prisonnier  eu  Afrique. 
Catherine  demande  au  roi  de  tâ- 
cher de  le  faire  délivrer,  ai 5. 


TABLE  DES  MATIERES. 


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ApBEMOM  (Lo  marquis  d').  La  reine 
veut  lui  écrire  an  sujiH  do  Saluées, 
368. 
Abcbbs  (Jean-Jacques  de  Mbsmes  cl 
des),  président  au  parlement  ilo 
Provence,  3o3.  —  Doit  se  trouver 
à  Bcaucaire  pour  rencontrer  la 
reine,  877  et  noie. 
Abi.es  (La  ville  d'),  336,  871, 
3So. 

(Les  consuls  d'),  91. 

ABMiGMAC  (Le  comte  d'),  tgi. 
A BMAGNAC  (Georges,  cardinal  u'),  yi. 
95,  note.  —  La  reine  envoie  sa 
lettre  au  roi,  160,  ai5,  217.  — 
Son  intervention  pour  réconcilier 
lo  maréchal  de  Uamvillc  avec  la 
reine,  221,  223,  note;  246, 
a88,  3o3.  —  Catlicrine  prie  le 
maréchal  do  Damville  de  lui  l'aire 
tenir  sa  dépêche,  3 18,  336.  — 
Ne  va  plus  qu'en  litière,  339,  "^'''^- 

—  La  reine  a  reçu  sa  dépikhe, 
356,357.  —  U  remplace  momen- 
tanément le  comte  de  Suze  comme 
gouverneur  de  Provence,  871, 
note.  —  La  reine  l'a  prié  de  se 
trouver   à   Beaucaire,   877,    38o. 

—  Sa  relation  louchant  l'accom- 


modenu'iil  ([u'il  a  l'ait  avec  le  ma- 
réchal de  Dannillo,  iog-'iia. 

AnsAULD  (Pierre),  lieutenant  de  Pc- 
rigord.  X  présenté  une  requête  à  la 
reine ,  qui  le  rcconunandc  au  roi  ,43. 

Abques  (Le  sieur  d'),  3i8.  — •  Était 
venu  de  la  part  du  roi  vers  la  reine 
mère,  3 18.  —  Est  allé  trouver 
le  roi  et  la  reine  de  Navarre,  820. 

—  Etait  porteur  d'une  lollro  de  la 
duchesse  d'IIzos   à  la  reine,    325. 

—  Va  repartir,  33 1,  334.  —  Est 
persoime  de  confiance,  335.  — 
Chargé  de  rapporter  beaucoup  de 
particularités  au  roi,  33c).  — 
Discret  et  capahlo,  389, 34o,  84i. 

Arvebt  (Charentc-Infé-iettre),  4 29  fi 

note. 
AsTAFFOBT    (Lot-ct -  Çaioiuie),   844, 

34g,  85o. 
AsTABAC  (Le  comte  d'),  459  et  note. 
Ami  (Anne   d'),  fillo  d'honneur  de 

Catherine,  127,  note 
AuBAis  (Le  château  d'),  364,  note. 

—  La  reine  y  couche,  879  et  note. 
Aobespisf.  (Sébastien  ot  l'),  secré- 
taire des  finances  du  roi.  Est  en- 
voyé à  M.  d'Ahain,  28.  —  Est 
charge  de  raconter  beaucoup  de  dé- 


tails au  roi,  34 1,  347,  348  el  noie; 
35 1,  858,  871. 
AuBBspiNE  (Le  sieur  de  l'),  le  jeune. 
Sera  chargé  de  raconter  beaucoup 
do  choses  au  roi,  3 '11,  347,  348 
et  note;  85i,  353  ,871. 

At'BiET  (Gers),  180  note. 

Aiiou (la ville),  83,  note;  108, noie; 
iig,note;  120,  122,  137,  noie; 
i3o,  note;  i44 ,  149. 

AucuY  (Le  marquis  n').  Il  faudra  le 
détourner  do  son  voyage  vers  le 
roi .  111. 

Audoux  (Lo  sieur  d').  Adversaire  do 
[•"ournier,  878. 

Ai'GER.  Voir  Uksiow  Aiger. 

Auguste,  électeur  de  Saxe.  Il  n'y  au- 
rait pas  grand  avantage  dans  lal- 
liance  du  duc  d'Anjou  avec  sa  fille, 
1  a ,  note.  —  Il  a  manqué  d'égards 
envers  le  président  Fiuné,  i3, 
note.  —  A  une  haine  niorlelle  contre 
les  Français,  18,  noie;  v.'.i. 

Ai.TEBivE  (Huute-Garomii:),  330. 

Auvergne  (Comté  »'),  196. 

Avignon  (la  ville  d'),  90,  i48,  note; 
223,  note;  296,  336,  348. 

(Los  consuls  d'),  91. 

AïMERï,  capitaine,  17. 


B 


Bagou  ou  Bacon  ,  capitaine  protestant. 
Ses  oppressions  et  pillages,  129  et 
note;  i3o.  —  Se  tient  tranquille 
et  demande  pardon,  149,  160.  — 
S'est  remis  en  campagne  avec  Chà- 
tillon  et  Eournier,  178  et  note; 
244,  a5i,  271,  277.  —  Il  est  le 
seul  homme  de  bien  qu'ait  vu  Ca- 
therine; jugez  comment  sont  les 
autres!  —  Est  le  fiéan  des  gens  de 
Béziers,  365.  —  La  reine  lui  en- 
voie une  leltre  et  tâche  de  le  pren- 
dre sans  employer  la  force,  366. 
—  Elle  songe  à  le  payer  pour  qu'il 
se  tienne  Iranqiiillo,  866.  —  M.  de 
la  Roche  et  un  conseiller  de  Béziers 


ont  eu  une  entrevue  avec  lui,  368. 
—  Il  se  montre  plus  raisonnable 
qu'on  ne  croyait  ,369.  —  .\  licencié 
ses  soldais  et  rendu  quatre  villes, 
36g.  —  A  donné  un  bon  exemple 
par  son  obéissance ,.870,  878,  478, 
477. 

Bagnols  {Hérault),  282,  note. 

Baillet,  président  de  la  Chambre  de 
Languedoc.  Est  arrivé  à  Porl-Sainte- 
Marie,  933,  242,802.  —  La  reine 
l'a  renvoyé,  357. 

Bajahmont  (Le  s'  de  Dubfobt,  baron 
de),  sénéchal  d'Agenois.  Vient  avec 
vingt -cinq  gentilshommes  pour 
l'aire   quelques  remontrances  à  la 


reine,  qui  les  accueille  très  bien 
sans  leur  laisser  le  temps  de  parler, 
6g.  —  Recommandations  du  maré- 
chal do  Biron,  78,  76.  —  Accom- 
pagnera le  roi  de  Navarre,  78 ,  a  1 5. 

—  Doit  remettre  l'ordre  en  Condoni, 
220,  280,  a4i.  —  Est  revenu  de 
Condoni ,  où  il  a  bien  arrangi-  les 
all'aires,  242.  —  La  reine  le  prie 
d'y  retourner  encore,  a59,  29g, 
,■)(,.,.  —  A  très  bien  étabh  l'édit  à 
Puymirol,  3o5,  829,  345,   34g. 

—  A  écrit  .4  la  reine  ce  qui  s'est 
passé  à  Castillonnès,  364. 

Balagnï  (Le  s'  de),  Jean  de  Monluc , 
fils  de  l'ovéque  de  Valence.  Recom- 


528 

mnmlé  ,'i  lii  ii'iiii'  mère  p;ir  1<'  inn- 
ri'chal  lie  Daiiiville,  468  et  noio. 

lîinr,LC-LES-B.uss  (Uétniill).  'i-ii.)  et 
Ilote. 

f!t\viLLE  (Lesieur  r>K  ),  éiiivi'i- d'écurie 
.lu  lîiic  irAiijdu,  ;i7i,  niile.  —  Est 
arrivé  i\c  h\  pnri  du  duc  d'Aujou, 
37^1  et  niile;  3-o.  —  Dépêché  à  la 
rciiie  niiMc  avrr  une  iuslruitiou,  ou 
mai  1  579,  /18K. 

liiPTisTE  (Jelian),  courrier,  G7. 

BinANNAi  (Jean  de  Monlezuu,  sieur 
de),  sénéchal  et  {jouveruonr  d'Ar- 
magnac, l'iS,  i5A,  uole  1.  — 
('atheriue  demande  pour  lui  ime 
ahbave,  i56,  lio')  et  note. 

Cvudis  (Alexandre  df,),  évéque  de 
Sainl-l'aponl.  Préside  les  Etats  de 
Lan<;uedoc,  867,  note;  857. 

Baiiri  (Le  sieur  de),  capilaine  de 
Leucate,  ^yj. 

Bjiinii:nEs  (  I.on.:a  des),  flo5.  281. 

Baiitas  (.Salliiste  du),  aig,  note. 

Baute  (La)  ,  courrier,  77. 

BiRTiER,  procureur  à  Toulouse,  9/12. 

Bassickac,  protestant.  Piisonnier,  i58. 

BATAll^AY  (Marie  de).  Voir  Joyeuse 
(  Vicomtesse  de  ). 

lÎACDONNET,  lieutenant  de  l'arahèrc. 
Est  enjri'  dans  le  rliàleau  de  Boau- 
caire,  'lA,  /j.").  —  Fait  Popiniàlre, 
.■)7  el  note;  G7,  note;  98,  note; 
m  8.  —  Le  Boi  l'a  prévenu  f|u'il 
ne  veut  point  que  la  place  soit  re- 
mise au  sieur  de  Chàlillou,  shh. 
uole;  tî79,  988,  note;  lioi,  'i7'4. 

Bat  (Le  sieur  de).  Est  envoyé  au  par- 
lement de  Bordeaux  avec  une  lettre 
de  la  reine,  8o(). 

linLEis  (Berirand  de).  Voir  Poïanne. 

Il  vio\_\E  (\illcde),42  ,  45, 1  i(i,  1  56, 
161.  193,  381,  288,   989,  399. 

(Les    maire    et    échevius    de). 

Lettre  (pie  la  reine  leur  écrit,  10. 
—  Becommandalions  do  la  reine, 
45.  —  Réponse  au  sujet  du  Bou- 
cault,  161,  9i5.  —  Leitre  de  Ca- 
therine leur  disant  d'èlre  sur  leurs 
gardes  contre  les  proleslanls,  995. 


TABLE  DES  MATIERES. 

—  Seconde  lettre  dans  le  même 
but,  301.  —  La  reine  leur  annonce 
qu'il  sera  pourvu  ;i  l'argent  néces- 
saire pour  le  Boiicaull ,  ti8i. 

Bazadois  (Le),  33o. 

Bazas (Gironde),  78  ,  1  86,  nole;909  , 
note;  283,  noie;  802,  3o5,3o8. 

BAzonnAx  (Le sieur  de),  beau-frère  de 
Paul  de  la  Barllie.  s'  de  Termes  et 
de  Giscaio.  (lalherine  prie  le  roi 
de  taire   vi'rilier  sa    pension,  973. 

Beaucaibe  (Le  sénéchal  de).  Porteur 
de  mauvaises  nouvelles,  lAg. 

(La    ville   de),    7,   noie;    99, 

noie.  —  Le  lieulenant  Baiidonnel 
s'est  retiré  dans  le  cliàteaii,  44.  — 
(jhàlillon  lui  vient  eu  aide,  44,  47. 
4S,  53.  57.  —  M.  d'AndeloI  v 
esl  eniré,  66,  67,  note:  68,  90, 
91  cl  noie;  98  et  uole;  101,  io4, 
190,  i84.  187,  i38.  189,  147, 
149,  i56,  160,  173,  178, 180, 
908,  918,  99  1,  999,  uole;  398, 
94  4,  345,  946,  a5o,  357,  958. 

—  Le  château  est  rendu  au  roi, 
362,  268,  36'i,  379,  378,  noie; 
9S9,  288  et  noie;  8-6,  854, 
364  ,  note;  365,  869,  877.  —  La 
reine  v  est  arrivée,  38 1 ,  4oo ,  4 1  o , 
488,  46i,  460.  '170,  473. 

(Les    consuls    de),     18".    — 

Lettre  de  la  reine  <pii  leur  promet 
de  les  di'domiiiager  des  dégàls  oc- 
casionnés par  la  surprise  du  châ- 
teau, 388.  —  Aulre  lellro,  498. 

Beuffiiemont  (Claude  de),  évikjue 
lie  Troyes,  98, 

Bea1-MOnt-de-Lomac,>e  (  Tarn-et-(îa- 
ruiine).  La  reine  s'y  est  arrêtée, 
838,  38o,  33i,  noie. 

l'iEAiNE  (Renaud  de),  évéque  de 
Mende,  13,  noie;  18.  —  Est  pré- 
senta l'enlrevue  de  Bourgueil,  91, 
39 ,  119,  note. 

Beaupet  (Le  sieur  de),  est  en\oyé  à 
Condom ,  ii|4.  —  Les  nouvelles 
(pi'il  en  rapporte,  91 5. 

BEAir.EGAiiD.  guidon  de  la  compagnie 
du  maiéchal  de  Bil'on.    Est  euvové 


à  la  Béole  pour  faire  rendre  la 
ville  aux  protestants,  137,  i38.  — 
Rapporte  des  nouvelles  de  la  Réole 
à  la  reine,  i43,  i48,  i85.  — 
Revient  de  la  Réole,  219. 

courrier. 

Beaubon  (Le  sieur  de),  187. 
Beauvais,  courrier,  i56. 

(La  ville  de),  248,  267. 

Beauïais  La  Nocle.  Voir  J.  de  La  FiiiiE. 
BE^rvAIs-^'A^GIS  (  Le  sieur  de)  .  colonel 

du  régiment  des  gardes.  Est  envoyé 
comme  amhassadeur  exiraordinaire 
en  Porlugal,  117  et  note.  —  A  été 
désigui'  par  le  roi  pour  aller  com- 
plimenter le  roi  de  Portugal,  eSô, 
998.  —  Est  long  à  venir,  3o4.  — 
Esl  arrivé  à  Agen,  promet  de  se- 
conder l'eiêque  de  (ioiuininges, 
qui  ilereiidrn  les  droits  de  la  reine 
;i  Lisbonne,  890. —  Porteur  d'une 
li'llre  et  de  nouvelles  jionr  la  reine 
d'Espagne,  89a. 

Bécoles  (Antoine  de),  ca|)ilaine  ra- 
Iholique,  17,  noie. —  Esl  eiivo\é 
vers  la  reine  par  le  roi  de  Navarre 
pour  demander  justice  de  l'assas- 
sinat du  capilaine  La  Salle  du 
Ciron,  >à  Laugon,  189,  note.  — 
La  reine  prie  le  roi  de  Mavaire  de 
l'envmer  à  Laugon  pour  réialilir  la 
[jaix,   189,  1  90  ,   1  93. 

Bei.i.euakde  (Le  maréchal  de).  Au 
sujet  de  Saluées ,  5  ,  noie  ;  67.  note. 
—  Il  a  c'cril  à  la  reine,  187,  188, 
808,  noie.  —  La  reine  lui  a  donné 
ordre  de  veuir  la  voir  en  Provence 
on  en  Dauphiné,  363.  —  A  assiégé 
.Saluces,  363.  —  Calheriiie  alleiid 
sa  réponse,  868.  —  Sa  lettre  au  roi 
du  9  septembre  1078,  4oo  et  note. 

Beeleville,  soldat  de  Favas,  i43. 

Bellièvue  (Pomponne  de),  conseiller 
au  conseil  privé  du  roi.  Catherine 
le  prie  d'iiilercéder  pour  les  pauvres 
habilanls  de  Chartres,  qui  ne  peu- 
vent supporter  la  laxe  trop  élevée, 
I  4  et  note.  —  La  reine  le  presse 
pour  les  alVaires  de  la  reine  de  Na- 


TABLE  DES  MATIERES. 


529 


varro,  -16.  —  Kllc  lui  l'crit  |ioui' 
i'arffciit  (]('Sliii(i  aux   troupes,  3o. 

—  Est  envoyé  par  le  roi  aux  Pays- 
Bas,  3a  et  note.  —  Lettre  de  la 
reine,  87.  —  Klle  le  reinereie  de 
ses  nouvelles,  3g,  'i3,  5'i.  — 
Lettre  que  Catherine  lui  écrit ,  63  , 
93,  note;  i53.  —  La  reine  lui 
rcconuuande  de  lournir  l'argent 
promis,  et  est  satisfaite  de  ce  qu'il 
ira  aux  Etats  de  iNonnaudie,  lâg, 
1 60.  —  Elle  s'informe  auprès  de  lui 
de  ce  qui  a  clé  fait  pour  le  lils  du 
sieur  d'Escars ,  1 66.  —  A  vérifié  un 
faux  édil  aux  États  de  Normandie, 
174.  —  Il  reçoit  une  lettre  de  la 
reine  au  sujet  des  Etals  de  Nor- 
mandie et  autres  alTfiires  d'argent, 
178,  lyy.  —  Elle  lui  demande 
des  lettres  patentes  pour  faciliter 
la  vente  des  blés  et  vins  en  Dau- 
pliiné  et  Languedoc,  aog.  —  El 
de  tenir  la  main  au  payement  de 
la  pension  du  marquis  de  Conli, 
310.  —  Lui  recommande  le  comte 
d'Escars  et  son  fils,  aïo,  213.  — 
Nouvelle  lettre  de  la  reine,  a33. 

—  Elle  apprécie  beaucoup  ses  ser- 
vices, 337,  a48,  note,  266.  —  Elle 
lui  demande  des  nouvelles  de  sa 
visite  au  duc  d'Anjou,  3oo,  3o3, 
3o4,  3ii.  —  Catherine  lui  re- 
commande M.  de  Vergeunes,  3a6. 

—  Lettre  de  la  reine  en  réponse  à 
des  nouvelles  qu'il  a  envoyées, 
497.  —  UneaulrequeM.  l'inart  y 
a  ajoutée,  /197,  note. 

(Jean    de).   —   Voir    Hacte- 

FORT. 

BÉBAT  (Georges),  huissier  de  la  reine 
mère,  a44,  248,  a4g,  note;  3oo, 
3i3,  363,  365,  note;  369,  note; 

BÉHAUD  (Michel),  ministre  protestant 
à  Béziers,  député.  Est  présent  à 
la  conférence,  i5o,  a56.  —  Ca- 
therine ie  trouve  bien  désagréable, 
aSg.  —  Est  fort  mal  reçu  par  la 
reine,  quand  il  se  permet  di!  faire 

CAlHEniSE   DE   MtBICIS.  1 


une  ri'(piète  verbale,    340,   note; 

4'i'i. 
Rkhe,  ou  liEnnK,  capitaine  des  galères 

du  Roi,  envoyé  comme  solliciteur 

par  la  duchesse  d'Uzès,  p.  38 1. 
Bebcerac  (Da)(/(n'ne),  lOg. 

(Les  consuls  de),  8."),  note. 

(MM.  do  l'église  reformée  de), 

8.5,  note. 
Bkrnï,  secrétaire,  a. 
Besouce  {G(ird),  34.J  et  note;  aCg. 
Bez  (Gard),  382,  note. 
Béziers   (L'évèqiie    de).    Voir    Bonzi 

(Thomas  de). 

(La  ville  de),  81,83,91,  ia8, 

17a,  173.  —  La  reine  y  (lasse, 
364,  note;  365,  369. 

Ru.NCA  Capello.  Sa  liaison  avec  Kraii- 
çois  de  Médicis,  37,  note. 

Bigot  (Le  .sieur),  a42. 

BiRAoïiK  (Charles  de).  Est  assiégé 
(hms  Salures  par  le  maréchal  de 
Bellegarde,  363. 

(René,  cardinal   de),  3i.   — 

La  reine  lui  a  donné  l'abbaye  de 
Tbouars,  171. 

Binoîv  (Armand DE  Gostait,  baron  de), 
maréchal  de  France.  Arrive  à  Bor- 
deaux pour  la  réception  de  Cathe- 
rine, 39, note.  —  Donne  son  avis 
sur  les  allaires,  4o.  —  Le  roi  de 
Navarre  est  mécontent  de  lui,  48. 

—  La  reine  désire  les  réconcilier, 
5o.  —  Elle  le  loue  beaucoup,  5i. 

—  Le  roi  de  Navarre  ne  veut  pas 
qu'il  vienne  à  la  Réole,  5i.  — 
Doit  se  trouver  à  Sainte-Bazeille, 
56.  — ■  Sa  rencontre  avec  le  roi  de 
Navarre,  64.  —  Catherine  lui 
montre  une  grande  confiaïuc,  70. 

—  Les  conseils  qu'il  donne,   71, 

72.  —  Sa  lettre  au  consul  d'.Agcn, 

73,  note;  74,  76,  77,  78,  So, 
81.  —  Catherine  prie  le  roi  de  lui 
écrire  pour  l'exécution  de  l'édit, 
86,  87,  note.  —  Il  va  voir  sa 
femme  qui  est  malade,  88.  —  Ce 
qu'il  a  écrit  au  roi  de  Lectoure, 
89.  —  11  faut  que  le  roi  lui  envoie 


de  l'argent,  gS,   100,  101,   loa. 

—  Devra,  aussitôt  après  la  confé- 
rence de  l'Isle-Jourdaiu,  partir  pour 
faire  exécuter  l'édil  en  Guyenne, 
ii4,  12  3.  —  Dit  (pi'il  sera  facile 
de  forcer  la  Héole  à  obéir,  138.  — 
A  écrit  aux  consuls  d'Audi  pour  la 
réception  des  reines,  i3o,  note.  — 
Partira  pour  la  Réole,   i3l,  i33. 

—  llsuflira  de  peu  de  choses  poury 
mettre  bon  ordre,  i34,  i35,  i3  6, 
187,  i4o.  —  Doit  se  dépécher 
d'aller  à  la  Réole,  i4i.  —  Il  aura 
beaucoup  de  peine  à  y  réussir, 
i43,  i45,  i46.  —  Catherine  a 
confiance  en  lui,  149.  —  Elle  lui 
a  donné  bon  espoir,  lôo,  i53, 
lO.'i.  —  Dillicullés,  i04,  174.  — 
A  reçu  à  Marmaiide  de  cinquante  à 
soixante  gentilshommes  des  envi- 
rons de  la  Garonne,  i84.  —  La 
reine  dit  avoir  reçu  deux  de  ses 
lettres,  i85.  —  Est  venu  près  de 
la  reine,  187.  —  A  envoyé  un 
mémoire  sur  les  désordres  dans  les 
environs  de  la  Réole,  ig3,  190.  — 
Après  bien  des  diflicultés,  il  a  été 
décidé  qu'on  en  finirait  avec  la 
Réole,  198,  aoi,  3o3,  3o5,  ao7, 
a 08,  217,  a  19,  a3o,  333.  —  Est 
revenu  de  la  Réole,  337.  —  A  eu 
une  vive  discussion  avec  le  roi  de 
Navarre  à  propos  des  munitions, 
388,  —  et  au  sujet  de  Sainte-Ba- 
zeiilc,  379.  —  La  reine  le  trouve 
étrange,  a'io.  —  Pour  le  contenter 
le  roi  devra  lui  écrire  une  bonne 
lettre ,  et  lui  recommander  de  veiller 
à  la  siirelé  de  la  reine,  a4o,  a4i. 

—  Catherine,  le  roi  de  Navarre  et 
sa  femme  le  prient  de  venir  à  Né- 
rac,  a5g,  a6o,  a68.  — Ira  à  Port- 
Sainte-Marie,  370 ,  37g.  —  Asigné 
les  articles  de  Nérac,  38a,  note; 
a  86.  —  A  dîné  avec  le  roi  de  Na- 
varre, 387.  —  Est  fort  dépensier 
et  se  plaint  du  peu  d'argent  qu'il 
reçoit,  a 88.  —  Ira  avec  le  vicomte 
de   Turenne   pour  faire    exécuter 

lUI'ItlUinrC     KATIO^ALE. 


530 


l'édit,  2S9.  —  Fait  des  difficullcs 
pour  partir,  297,  398.  —  Est  venu 
faire  ses  excuses  à  la  reine ,  et  par- 
tira enfin,  399,  3o2.  —  Il  restera 
en  Guyenne  après  le  départ  de  la 
reine  ;  elle  insiste  pour  que  le  roi  le 
gratifie  de  quelque  argent,  3o3, 
3o6,  3o8,  309,  3io,  3 12,  3 1/1. 

—  A  demandé  à  la  reine  si  le  roi 
de  Navarre  peut  librement  enircr 
dans  les  villes,  817,  819,  39 1. 
322,  327,  33o,  334.  —  Il  vaut 
mieux  qu'il  reste  seul,  dans  ces 
pays,  sans  le  roi  de  Navarre,  335. 

—  Mais  il  prie  la  reine  de  lui 
laisser  le  sieur  de  Pibrac,  33.^.  — 
Elle  s'étonne  de  son  changement 
d'humeur,  335,  3/ii,  367,  349, 
note.  —  Le  roi  de  Navarre  lui  a 
promis  une  bonne  amitié,  35o, 
35 1,  353.  —  Ira  à  Langon  avec  de 
l'artillerie,  356,  355,  356,  307, 
358.  —  Fera  démanteler  Langon 
et  Fronsac,  862.  —  Doit  lairc 
justice,  364,  365,  867,  878.  — 
La  reine  envoie  sa  lettre  au  roi, 
878,  389,  5oi,  5o2.  —  Son  or- 
domiance  concernant  les  vivres  pour 
le  passage  de  la  reine  mère,  897. 

—  Sa  lettre  aux  consuls  d'Agen, 
duao  septembre  1578,  898,  4o8, 
439.  —  Réponse  qu'il  fait  à  Agcn 
au  discours  de  la  reine  mère,  453. 

—  Lettre  que  lui  écrit  Henri  111, 
487. 

(Jeanne  d'Ornezas,  femme  du 

maréchal  de).  Est  malade,  88. 

(Fils  du  maréchal  de),  gentil- 
homme de  la  chambre  du  roi,  95. 

(La  seigneurie  de),  88,  note. 

Blaïe  (GiVonrfe),  89,  noie. 

Bois  (Le),  capitaine,  i42,  i43. 

Bois-JoDRDAiN  (L'abbé  de),  protono- 
taire à  Auch.  Son  entretien  avec  la 
reine  mère,  i53.  —  Voudrait 
qu'on  recommençât  la  guerre  contre 
les  prolestants,  i54. 

BoissEcciN  (Jean  Jaï,  sieur  de),  gou- 
verneur   de    Poitiers.    Les   circu- 


TABLE  DES  MATIERES. 

laires  que  la  reine  mère  envoyé  à 
M.  du  Lude  lui  sont  communes, 
5o4. 

Boszi  (Thomas  de),  évèquc  de  Bé- 
ziers.  Porte  les  condoléances  de  Ca- 
therine au  grand-duc  de  Toscane , 
27  et  note  ;  128. 

BonDEADX  (L'archevêque  de).  La  reine 
mère  le  prie  de  renvoyer  un  cor- 
(lelier  qui  avait  tenu  des  propos 
injurieux  en  chaire,  43.  —  Voir 
Sansac. 

(La   ville  de).   Réception    des 

reines,  89,  note.  —  Détails  sur  le 
séjour  de  la  reine,   4o,  46,  49, 

78,  81,  82,  108,    109,  116,  131, 

i48,  159,  178,  174,  i85,  189, 
J92,  201,  ai8,  225,  280,  387, 
a4o,  242,  267,  288,  3i3. 

(Lacourdu  Parlement  de),  42, 

178,  188,  194,  219,  281,  24l, 
242,  247,  288,  3o5.  —  La  reino 
lui  a  écrit  au  sujet  d'un  procùs 
concernant  une  exécution  arbi- 
traire, 3o6,  3o8,3i5,354,355. 

Bordelais  (Le),  821,  83o. 

BoBN  (Le  sieur  de),  82,  282. 

BoROLBAN-  (Le  sieur  de),  gouverneur 
d'Armagnac.  Lettre  que  lui  écrit  le 
roi  de  Navarre,  1 10,  note.  —  Com- 
mission donnée  par  la  reine  mère 
pour  l'exécution  de  la  paix,  469 
et  noie. 

BocCHART  (Le  sieur  de),  délégué  du 
prince  de  Condé.  Est  arrivé  avec 
mie  lettre  et  instruction  du  roi  de 
Navarre  ;  il  est  aigre  et  plein  de 
défiance,  169.  —  Prend  part  à  la 
conférence,  25o,  255,  356.  — 
N'est  pas  bien  renseigné  sur  ce 
que  veulent  les  autres  députés, 
269.  —  A  signé  les  articles  de 
Nérac,  282,  note.  —  se  plaint 
des  gentilshommes  que  rassemble 
le  comte  du  Lude  à  Saint-Jean 
d'Angély,  5o4,  note. 

(René),   porto-manteau  de   la 

reine  mère,  80,  note;  84,  note; 
Sa,  i46,  167,  287,  note. 


BouiHON  (Françoise  de  Brézé,  du- 
chesse de),  mère  de  la  maréchale 
de  Damville,  sa  mort;  deuil  rigou- 
reux de  sa  fille,  862  et  note. 

Boulogne  (Mathilde  de),  femme  ré- 
pudiée d'Alphonse  111,  roi  de  Por- 
tugal. Catherine,  comme  son  ar- 
rièro-pelite-fiUe,  prétend  au  trône 
de  Portugal,  366,  note. 

(La  iillede),  i65. 

Bourbon  (Le  cardinal  de).  Donne  son 
avis  à  la  reine,  4o.  —  Assiste  à 
l'entrevue  de  la  reine  avec  le  roi 
de  Navarre,  47,  48,  49,  5o,  53. 

—  Catherine  prie  le  roi  de  lui 
écrire,  55,  note;  56,  64,  73  et 
note;  7Û,  81,  86,  90,  96,  note. 

—  Le  roi  veut  savoir  son  avis  sur 
le  fait  du  clergé,  128,  i3a. —  La 
reine  le  loue,  i34,  189,  i43, 
i44,  188,  186,  316,  2a3,  334, 
a46,  a5o,  254.  —  A  pris  feu 
quand  M.  de  la  Place  a  attaqué  les 
catholiques  de  Rouen  et  a  très  bien 
répondu,  256,  957,  968,  2G9, 
977,  359. 

(François  de),  prince  dauphin, 

assiste  à  une  entrevue  entre  la 
reine  et  Monseigneur,  2  1,  5o,  52  , 
87,  note;  90.  —  Catherine  prie  le 
roi  de  le  complimenter  sur  le  bon 
service  qu'il  fait,  lai,  laS.  — 
Accompagnera  le  duc  de  Montpen- 
sier  en  Bretagne,  i25,  126,  j34. 
189,  i44.  • —  Se  rendra  à  Lau- 
zerte,  i5o,  i5i,  i53,  note; 
i53,  i55,  157.  —  Donnera  des 
nouvelles  de  Lauzerte,  168.  — 
La  reine  envoie  sa  lettre  au  roi, 
166,  195,  246,  25o,  254,  268, 
369. 

(Charles  de),  évèque  de  Com- 

niinges.  La  reine  voudrait  l'envoyer 
en  Portugal,  3i4  et  note.  —  Elle 
le  préfère  pour  défendre  ses  droits  à 
M.  de  Beauvais-Nangis,  255,  a56. 

—  Elle  songe  à  l'y  envoyer,  3o4. 

—  La  charge  qu'elle  lui  a  donnée , 
890. 


TABLE  DES  MATIERES. 


531 


•  (Catlioriiio   de),    |iiiiicesso   de 

Xaïarre.  Seiail  une  alliance  sor- 
lable  pour  le  duc  d'Anjou,  i4, 
note;  ao.  —  Sa  lettre  aux  consuls 
(le  Laplumc  ,119,  note  ;  1 30 ,  note  ; 
.'<;îi. —  Est  restée  avec  son  Irére 
le  roi  de  Navarre  à  Mazèrcs,  3/io. 

(Henri  de).  Voir  Condé. 

BoDnBON-VE>DOME    ( l.ouis    de).    Voir 

MOKTPESSIEK. 

Bourdeille  (André  de),  sénéchal  et 
gouverneur  du  Périgord,  85,  note. 

—  La  reine  envoie  au  roi  sa  lettre 
sur  les  affaires  de  Périgueux,  178. 

—  La  reine  veut  l'envoyer  pour  le 
roi  en  Périgord  et  Limousin ,  3 1  o , 
3iû,  39/1,  33o,  338,  389,  393 
et  note. 

Bourges  (La  ville  de),  16. 
BoiiRGOGKE  (Les  Etats  de),  167,  301. 


BoBHGUEiL  (Indre-et-Loire)  ,10,  note  ; 
1:'.,  note;  18,  note;  ai,  note;  ai, 

33. 

BnEONEU,  gentilhomme  du  roi  de  Na- 
varre, blessé  d'un  coup  d'arque- 
buse,  1Û3. 

Bretagne  (Les  Étals  de),  lao,  125, 
laG,  i55,  159,  177,  301. 

Bbézé  (Françoise  de).  Voir  Bodillon 
(Duchesse  de). 

Bbiatexte  (Tant),  a8a,  note. 

Brive  {Om-èze),  333. 

BnOQClEZ      (COMBRET,      s'      De),      110, 

3o5,  3i4,  389,  note. 
Bbugairolles    {Aude),    i3o,    note; 

372,  note. 
Bbulabt  (Pierre),   secrétaire  d'Élal. 

Lettre  que   la    reine    lui   écrit   au 

sujet  des  Etats  de  Bretagne,  laU, 

i5(5,  209,  2?i8. 


Bm  ssMiCk  (La  duchesse  de).  Ses  in- 
trigues en  Espagne,  318. 

BuRTB  (Le  s'  de  la).  Envoyé  par  le 
ici  de  Navarre  à  la  reine  mère, 

Bussv  d'Amboise.  Juge  l'entreprise  de 
h'iandrcs  très  à  propos,  16,  note. 
—  Est  très  bien  avec  M.  Laverdin, 
16.  —  II  se  montre  très  intéressé 
en  affaires,  sans  faire  grande  dé- 
pense, 17.  —  Est  allé  à  Angers, 
probablement  pour  éviter  Cathe- 
rine, 17.  —  11  n'y  a  que  lui  pom' 
s'o|)iniàtrer  dans  l'entreprise  de 
l'Iandres  :  la  reine  aimerait  le  voir, 
18,19.  —  Le  duc  d'Anjou  excuse 
son  absence,  le  dit  malade,  21, 
24.  —  Il  est  rappelé  d'Angleterre 
par  le  duc  d'Anjou ,  1 1  a  ,  note  ; 
a36 ,  note.      '' 


c 


Cadiilac  (Gironde),  43,  46,  note. 
Cahors   (L'évèque  de).  Voir  Ebrard 
(Antoine). 

(La  ville  de),  78,  3oa. 

Caildavel  (Aude),  Sa,  note. 
Calais  (La  ville  de),  9. 

Caligjon  (SaffreyDE),  conseiller,  dé- 
puté de  Dauphiné.  La  reine  le 
loue  beaucoup  :  il  a  ouvert  le  che- 
min de  la  conférence,  181.  — 
Après  avoir  reçu  des  instructions 
du  roi,  il  devra  retourner  en  Dau- 
phiné, 182, i83, 368. 

Callavï,  conseiller  de  la  Chambre 
tripartie  de  Toulouse,  a43. 

Camiran  ,  conseiller,  187,  191,  198. 

Candallk  (François  de  Fou  de),  20. 
—  Le  château  de  Langon  doit  être 
remis  entre  ses  mains,  igo,  note; 
201. —  Guitry  va  à  Langon  pour 
lui  faire  remettre  le  château  ,919, 
290,  943,  3i3.  —  Le  château 
lui  est  rendu,  862. 

(M°"  DE  Foix  de),  190,  noie. 


Caniluc  (Le  marquis  de),  gouver- 
neur de  Haute-Auvergne.  La  reine 
veut  lui  écrire,  78,  79.  —  Une 
petite  lettre  de  la  reine,  qui  lui 
avait  écrit  deux  jours  plus  tôt,  234. 

—  (jalherine  le  prie  d'être  sur  ses 
gardes  dans  son  gouvei-noment, 
904.  —  Recevra  une  lettre  du  roi, 
334,  390,  note. 

Cai'TAn  (Le  s'  de).  Lettre  qu'il  écrit 
aux  consuls  de  Laplume,  i30, 
note. 

Carcassonne  (La  ville  de),  160,  a58, 
994,  999,  337,  330,  34o.  —  La 
reine  y  est  arrivée,  359. 

(La  seigneurie  de),  00. 

Carces  (Jean de  Postevès,  comte  de), 
lieutenant  en  Provence ,  1 1 4 ,  1  a  4 , 
1  48.  —  La  reine  attend  sa.  ré- 
ponse, i56,  i65,  ao6,  21 5, 
217,  a32,  a79,  348,  877.  — 
Promet  d'obéir  à  la  reine,  38o. 

—  Doit  rendre  Saint -Pol  et  le 
Puv,  38i,  382. 


(La  comtesse   de).  A   l'inten- 

lion  d'aller  trouver  la  reine,  38o. 
—  L'a  rencontrée  à  Beaucaire, 
38o.  —  Retourne  en  Provence, 
38a. 

Carcistes(  Les),  partisans  du  comte  de 
Carces  en  Provence,  871,  note.  — 
Beaucoup  d'entre  eux  sont  à  Arles, 
880,  38i. 

Cardaillac  (Corboran  de).  Voir  Sar- 

LIBOS. 

Carmain,  château  dans  le  pays  de 
Foix,  890,  note. 

Cabmin  ou  Cabmain  (Le  s'  de).  Ira 
pour  le  roi  et  pour  le  roi  de  Na- 
varre en  Lauraguais  faire  exécuter 
l'édit ,  66. 

Carrouges  (Le  s'  de),  18,  91. 

Casimir  (Jean-)  de  Bavière.  La  reine 
veut  qu'on  l'empêche  d'entrer  en 
France,  38.  —  Elle  craint  qu'il 
ne  vienne  y  passer  l'hiver,  8g, 
43,  09.  —  Ses  mauvaises  iotcii- 
lions,  54,  71,  78,  83,  note;  83. 

67. 


532 

Le  roi  fie  Navarre  prétend  ne  pas 
être  en  relation  avec  lui,  85.  — 
Ne  doit  sous  aucun  prétexte  entrer 
en  France,  85.  —  Ses  pratiques 
avec  du  Plessis,  oa,  note.  —  La 
reine  prie  le  roi  de  donner  des 
ordres  pour  ie  tenir  éloif»né,  ()3. 
—  Elle  craint  que  ie  roi  de  Na- 
varre veuille  traiter  avec  lui,  107, 
118.  —  La  reine  insiste  pour  que 
lui  et  ses  forces  ne  profilent  pas 
aux  protestants,  lao,  147.  —  Ses 
projets,  2ia.  —  Comment  le  sa- 
tisfaire. 311,  213,  918,  267, 
977,  Ssi,  878,  497. 

CASTEUALorx  (Lol-et-Garonne),  i38, 
noie. 

Castellas  (Le  s''  de),  287. 

Castelnau  (Lbs'de).  VoirMicvissiÈBE. 

CASiELSACDARï(.4«(ic),  317,  aSijSgi, 
299,  99/4,  299,  3o3,  3io,  3i3, 
3i'i,  330,  323,  325,  827,  note; 
329,  33i,  333,  334,  33G.  — 
La  reine  y  est,  34o,  34i,  344, 
346,  347.  —  Les  états  du  Lan- 
guedoc s'y  tiennent,   48 1  et  suiv. 

CASTEL-SARnAzi\  (  Tarn-el-Gardiiiie) , 
78,  note;   99,    199,    128,   i35, 

187,    224  ,    327. 

Castelz  (Le  s'),  ancien  capitoul  de 
Toulouse.  A  pris  part  à  la  sur- 
prise de  Saverdun,  364. 

Castéras,  maison  entre  Saint-Macaire 
et  la  Réolc,  46. 

CiSTiLLE  (Béatrlx  de),  seconde  femme 
d'Alphonse  III  de  Portugal.  Ses 
enfants  régnent  sur  le  Portugal, 
356,  noie. 

(De),  commis,  78,  74. 

Castillonès  (Lot-et-Garonne),  365, 
note;   867,   878. 

Castbes  {Tarn),  97,  note. 

Caujac  {Haute-Garnime).  La  reine  y 
passe,  838. 

Caumont  (Marguerite  de  Lustuac, 
dame  de),  propriétaire  du  château 
de  Fronsac,  349.  —  Veuve  du 
maréchal  de  Saint-André,  et  con- 
tcmporame  de  la  reine  mère,  849, 


TABLE  DES  MATIERES. 

note.  —  Permet  que  Fronsac  soit 
démantelé,  856. 
(Anne  de),  sa  fille.  Riche  parti 


convoité  par  plusieurs  personnes, 
349. 

député  de  Nimes,  i45. 

Cacssade  (Tarn-et-Garonne) ,  48,  90, 

note;  157,  note;  j63,  499. 

Causse  (Jacques  be),  député  protes- 
tant de  Montpellier,  998,  227. — 
Est  présent  à  la  conférence,  25o. 

Caze  (M.  de  Chàlon,  sieuroELA).  Ira 
de  la  part  du  roi  de  Navarre  à 
Carcassonne,  pour  l'exécution  do 
la  paix,  66,  896,  note. 

Cazes,  secrétaire  du  roi  d'Espagne, 

7'- 
Cecil  (Lord),  lia,  note. 
CÉVE.\nEs(Les).  Sont peusùres,  868, 

867. 
Chamois,  ami  de  Bussy. 
CriAsiPAGNiEii,  ancien  diocèse  du  Dau- 

pliiné,  124. 
Champaigsac  (Le  sieur  de).  Ira  pour 

le  roi  de  Navarre  en  Périgord ,  8 1  4 , 

324. 
GnAsircHEvniEJi.   Chàleau  du  comte  du 

Lude,  16,  note. 
Champignt  (  Vien>ie),  35. 
Chahtehead,  secrétaire   de   la    rein' 

mère,  171,  287. 
Chantillt  (Oise),  29,  note. 
Chapelle  des  Uasns  (Le  s'  de  la), 

conseiller  d'État.  Va  complimenter 

le  duc  d'Anjou  de  la  part  du  roi, 

264,  a65,  974,  298,  noie. 
Chapelle  de  Thémises  (Le  s'  de  la). 

Voir  Pons. 
Chapelles   (Le    sieur  des),    gentil- 
homme de  la  reine  mère,  867, 

870,  note;  879. 
CnAr.LES-QoiNT,  44,  note. 
CuAninEs  (Le  Vidame  de),  9,  note. 

(Les  habitants  de).  Ont  pré- 
senté une  requête  à  la  reine  pour 
la  diminution  de  leur  taxe,  i4. 

Chassincociit  (Le  sieur  de).  Le  roi  de 
de  INavarre  l'a  envoyé  vers  le  duc 
Casimir,    107,    i64,   211.   —   A 


apporté  des  nouvelles  d'Allemagne 
el  de  Flandres  au  roi  de  Navarre , 
834. 

Chastre( Le  sieur  de  La),  17. —  Parti 
pour  sa  capitainerie  de  Loches,  17, 
286,  note. 

Chàteausel'f  (Le sieur  de),  député  du 
parlement  de  Provence,  du  parti 
des  Carcites,  882.  —  Vient  trou- 
ver la  reine  à  Aubais,  879,  880. 

—  La  reine  le  renvoie  au  Parle- 
ment, 38o.  —  Retourne  en  Pro- 
vence, 383. 

(Le  lieutenanl  de),  107,  i48, 

i56. 

(jBÀteac-Thiebrï  (Aisne),  325,  267. 

CiiÂTiLLON  (François  de  Colignï,  sieur 
de),  gouverneur  de  Montpellier. 
Veut  s'emparer  du  château  de  Beau- 
calre,  44,45.  —  La  reine  se  plaint 
de  ses  procédés,  47,  48.  — -  Le 
roi  de  Navarre  rejet  le  lout  sur 
sa   pauvreté,    48,    53,    57,    66. 

—  Le  roi  de  Navarre  lui  défend 
de  prêter  secours  au  lieutenant 
Baudonnel,  67,  note;  68.  • —  Agit 
contre  l'intérêt  du  roi,  90.  — 
Est  aidé  par  Grenier  et  ras- 
semble des  forces,  91.  —  En  dé- 
pit des  ordres  du  roi,  il  soutient 
Baudonnel,  98,  note;  101,  102, 
]o4.  —  On  dit  que  le  priuce 
d'Orange  voudrait  le  faire  amiral 
de  Flandres,  120.  —  Calherine 
désire  qu'il  aille  hors  de  France, 
120,  133,  i3i.  —  Veut  négocier 
une  suspension  d'armes,  188.  — 
A  l'intention  d'assister  à  la  con- 
férence, i4i,  i49,  i45,  147, 
i48.  — ■  S'est  retiré  à  Montpellier, 
149,  106,  160.  —  Tâche  de  ra- 
vitailler le  château  de  Beaucaire, 
178,174.  —  La  reine  demande  que 
le  roi  de  Navarre  intervienne,  180. 

—  La  reine  ne  veut  absolument 
pas  qu'il  se  rende  niailre  de  Beau- 
caire, 3 18.  —  Est  en  Rouergue 
pour  assembler  des  forces,  2  23, 
985.  —  Irrilo  beaucouji  la  reine 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


i33 


par  sa  conduite,  a4i,  noie.  — 
Autres  méfaits,  a 45.  —  Lo  parti 
du  roi  de  iSavarre  le  désavoue, 
ii46.  —  11  renonce  à  son  entre- 
prise de  Beaucaire,  2  01.  —  Les 
troupes  du  maréchal  Damville  ont 
ordre  de  combattre  les  siennes, 
358,  363.  —  .\  été  forcé  d'a- 
bandonner Bcsouce,  s'est  retiré  à 
Montpellier,  a6g.  271,  977.  — 
Est  chargé  par  le  roi  de  Navarre 
d'exécuter  l'édil,  mais  il  est  parli 
pour  le  Rouergue  dans  l'intention 
de  se  marier,  366,  870,  373, 
note;  873,  877,  4io,  ^27,  42«, 
433,  4oi.  — ■  Sa  conduite  à  Mont- 
pellier, 459,  47a,  48i. 
CuAKïEr.capitaineprotestant.  Ira  pour 
afl'aires  à  Paris,  i63.  —  Est  bien 
au  courant  de  la  situation,  i64.  — 
Ce  qu'il  a  dit,  i64. 
Chaïagsac  (Christophe  de),  gouver- 
neur d'Issoire,  78,  Sgo,  note. 
ChbfdebiBn,  conseiller,  317. 
Chesoncead    (Indre-et-Loire),    34, 

note. 
Chbverbï,  général  des  finances,  34o. 
CaivERNT  (Le  sieur  de),  43,  i64. 
Chodppe,  courrier,  ao. 
Glapissons,  conseiller  au  Chàtelet  de 

Paris,  a4a. 
Clermost-de-Lobève  (llérauh).  Sur- 
prise de  la  ville,  207,  a5i. 
Clebmosi-Lodève  (Le  sieur  de).  Est 
présent  à  la  conférence  de  Nérac, 
2'56.  —  11  signe  les  articles,  283, 
note. 
CtERMONT-TiLLART  ( Louise  de).   Voir 

UzÈs  (duchesse  d'). 
Clervast  (Jean  de  Vienne,  sieur  de). 
Son  voyage,  53. —  Ses  mémoires, 
54 ,  note.  —  Ce  que  Chauvet  ra- 
conte de  ses  dispositions,  i64, 
noie.  —  11  est  revenu  de  Flandres, 
310.  —  Ce  qu'il  dit  au  sujet 
de  Casimir,  31  a,  ai 3.  —  11  est 
présenté  à  la  reine,  218,  a3o.  — 
Assiste  à  la  conférence,  aSa,  261, 
363,   367,    376,    378.  —   Ceux 


([ui  veulent  la  guerre  assurent 
qu'il  viendra  avec  2,000  rcilros, 
373. 

Clèïes  (La  princesse  de).  Parti  assez 
convenable  pour  le  duc  d'Anjou, 
1 3 ,  noie. 

CoGSAC  [Charente),  37. 

CoMREi,LES,  capitaine,  17,  a5,  noie. 

Cou«EBCï  (Meuse),  3i3. 

CoMMiNGEs  (  L'évéque  de).  Voir  Bour- 
bon (Charles  de). 

CoMTAT   d' .AVIGNON  (Le),    31  6. 
CoMTAI   VeNAISSIX   (Lc),    29,   UOlo. 

CoxDÉ( Henri  de  Bourbon,  prince  de). 
Réclame  son  gouvernement,  54.  — 
Sa  lettre  à  la  reine  et  au  roi,  55, 
note.  —  Sa  lettre  au  roi ,  94 ,  note. 

—  Fait  instance  |)Our  rentrer  dans 
sou  gouvernement  de  Picardie, 
95,  107,  197,  note;  i3i,  note; 
247.  —  On  dit  qu'il  est  jaloux 
du  vicomte  de  Turenne,  a55, 
967.  —  Sa  lettre  à  M.  de  RuITec  : 
Catherine  tâche  de  les  calmer,  368 , 
437,  448. 

(Françoise -Marie    d'Orléans- 

Longueville,  prmcesse  de),  4-6, 
note;  87,  note;  996. 

Cosdom  (Gers),  73,  108,  note;  119, 
120,  139,  i3o,  note;  i3i,  j34, 
i35,  162,  i63,  i65,  noie;  168. 

—  La  querelle  entre  le  heutenani 
général  et  le  lieutenant  particulier 
a  brouillé  les  liabitants ,  170,  188. 

193,    194,   2l3,  2l5,  319,  330, 

23o,  24i,  943,  243,  259,  287, 
339,  4i5. 

GoKSEiL  d'Etat  et  privé  (MM.  du). 
Lettre  de  Catherine,  soS. 

CoNSTAXs  (Augustin  de),  seigneur  de 
Rebecque.  Sera  envoyé  à  MM.  de 
Thoré  et  de  Chàtillon ,  Sa ,  67.  — 
N'exécute  pas  bien  sa  charge,  66, 
67,  90,  gi,  101,  103.  —  Est  re- 
venu de  Beaucaire,  147. 

CoNTi    (Le    marquis  de),    87,   noie; 

310. 

Contour  (Le  général),  trésorier  des 
finances,  102. 


Convertis  (  Lo  sieur  Roquefeuille  de  ) , 
porteur  de  lettres  et  de  nouvelles 
de  Beaucaire,  307,  aSS  et  note; 
479  et  note;  h-j'i. 

Corné  (Le  sieur  de),  genlilliomnie 
du  roi  de  Navarre.  Est  envoyé  à 
Monlaignac  vers  le  sieur  de  Fon- 
lenillcs,  354.  —  Et  à  Marciac, 
355,  389. 

CoRNDssoN  (François  de  La  \ai.etie, 
sieur  de),  sénéchal  de  Toulouse. 
Catherine  lui  donne  des  ordres 
pour  l'observation  de  rédit,58.  — 
lia  pour  le  roi  exécuter  la  paix, 
66,  67,  77,  note;  i35,  203,  244, 
324.  —  Va  à  Saverdun,  33i,  333. 

Corses  (Les).  Offrent  ieurs  services, 
306,  908. 

Coûtez  (Le  chevalier  Berlholomc), 
commandeur  de  Congoulhe.  La 
reine  prie  le  roi  d'Espagne  de  faire 
cesser  les  poursuites  qu'on  dirijjcait 
contre  lui,  5oo  et  noie. 

CossÉ  (Le  maréchal  de).  La  reine  le 
prie  di^  détourner  le  duc  d'Anjou 
de  son  voyage  on  Flancb-e,  19.  — 
Le  roi  et  la  reine  mère  lui  envoient 
une  inslrucliou  sur  les  dilïérenls 
mariages  que  pourrait  faire  le  duc , 
1 3 ,  note.  —  Catherine  lui  <lil 
d'attendre  le  départ  de  Slafford 
avant  de  reparler  de  raillancc  avec 
Elisabeth,  i4.  —  La  reine  veut 
l'exhorter  à  procéder  avec  dihgence 
i  l'établissement  de  l'édit  dans  les 
villes  de  son  gouvernement,  44  et 
note;  346,  36o. 

CoTENTis  (Les  délégués  du).  La  re- 
quête qu'ils  présentent  aux  com- 
missaires du  roi  pour  une  diminu- 
tion de  taxe,  177,  note. 

CousTANSON  (Le  sieur  de).  Va  rejoindre 
le  sieur  de  Vérac  pour  l'exécution 
de  l'édit,  373. 

CoBZEi,  (Le  sieur),  serviteur  du  car- 
dinal de  Bourbon,  916,  note. 

CRESsiER(Baltbasard  de),  de  Soleure, 
valet  de  chambre  du  roi.  La  reine 
lui  écrit  au  sujet  du  payement  des 


534 


Suisses,  /igS.  —  Ses  lettres  aux 
sieurs  deBellièvre  et  de  Hautefort, 
âgS,  note.  —  Le  roi  veut  le  favo- 
riser, igS,  note. 


TABLE  DES  MATIERES. 

Croisetie  (Jean  de  Nodal,  sieur  de 
La),  lieutenant  du  maréchal  de 
Damville.  Ira  poiu'  le  roi  à  Saint- 
Papoul  et  à  Lavaur  presser  l'exécu- 


tion de  la  paix,  66,  67.  —  Rem- 
plit  sa  mission,   110,  187,  toc, 
162,  Sgo  et  note;  ^171. 
Cissi  (L'abbé  de),  la. 


D 


Dalfobt,  courrier,  355,  note. 

Damalse,  conseiller  au  parlement  de 
Bordeaux ,  1 4 1 . 

Damville  (Henri  de  Mostmorescï, 
maréchal  de).  Se  montre  bon  ser- 
viteur, 4.  —  Catherine  le  compli- 
iiienle  à  ce  sujet,  5  et  note.  —  Elle 
parle  de  lui  au  maréchal  de  Montmo- 
rency, ùg5.  —  La  reine  le  prie  de 
faire  exécuter  promptement  l'édit 
en  Languedoc,  6.  —  Lettre  du  roi 
sur  le  même  sujet,  7,  note;  49.  — 
Veut  empêcher  M.  de  Chàtillon  de 
s'emparer  de  Beaucaire,  44.  — 
La  reine  a  reçu  de  ses  nouvelles, 
47.  — •  Lui  recommande  l'aHaire 
de  Beaucaire,  67.  —  Compte  le 
voir  à  Toulouse,  58.  —  Le  charge 
de  faire  publier  ce  qui  a  été  dé- 
cidé pour  l'exécution  de  l'édit,  66, 

—  et  de  faire  châtier  les  personnes 
qui  sont  cause  des  troubles  en  Lan- 
guedoc, 67.  —  Lettre  du  roi  de 
.\avarre,  67,  note;  77,  7g,  note. 

—  Est  attendu  à  Toulouse,  81.  — 
Il  ne  pourra  y  être  que  le  a4  oc- 
tobre 1578,  86.  —  La  magniBque 
réception  qu'il  ofl're  aux  reines,  87, 
noie.  —  Il  est  très  satisfait  de  l'ac- 
cueil que  lui  a  fait  la  reine,  87.  — 
A  fait  de  bons  rapports  sur  ceux  de 
Beaucaire,  4gg.  —  Ne  craint  pas 
do  perdre  la  ville  de  Beaucaire, 
gi,  g8,  note.  —  Demande  à  la 
reine  de  mettre  des  arquebusiers 
à  Pont-Saint-Esprit,  io5.  —  Ses 
nouvelles  à  la  reine,  et  ce  qu'il 
faudrait  faire  pour  Beaucaire,  1  ao , 
132,  note.  —  Reçoit  un  mot  de 
Catherine,  122.  —  Lettre  que  la 
reine  lui  écrit  pour  déplorer  la  sur- 


prise de  la  Réole,  127.  —  Son 
arrivée  à  Toulouse,  i35.  —  Ca- 
therine lui  annonce  que  l'affaire  de 
la  Réole  sera  bientôt  réparée,  i36. 

—  Ce  sera  moins  facile  qu'elle  ne 
le  pensait,  187.  —  Sa  lettre  à  la 
reine,  187,  i38.  —  Catherine  lui 
accuse  réception  de  ses  dépêches, 
i3g.  —  Lui  envoie  des  nouvelles 
de  la  Réole  et  de  Fleurance  ,18g, 
147.  — ■  Lettre  de  la  reine,  i5o. 

—  Reçoit  vra  mot  de  la  reine  avec 
un  acte  public,  i58.  —  La  reine 
le  prie  d'aller  jusqu'à  Carcassonne , 
160.  —  Lui  recommande ,  en  étant  à 
Carcassonne,  de  s'informer  près  des 
sieurs  de  iMonbarlier  et  de  la  Croi- 
settc  où  en  sont  les  affaires  de  delà, 
16a.  —  11  reçoit  par  la  reine  une 
lettre  dans  laquelle  le  roi  de  Na- 
varre intercède  pour  la  déliirance 
de  quelques  prisonniers,  i65.  — 
Il  doit  prévenir  la  surprise  de  Bé- 
ziers,  qu'ont  projetée  les  hugue- 
nots, 166.  —  Catherine  répond  à 
deux  de  ses  dépêches  et  l'entretient 
d'affaires  d'argent,  172,  173.  — 
Elle  lui  lecomraande  de  veiller  à 
ce  qu'aucune  nouvelle  entreprise 
ne  se  fasse,  mais  sans  éveiller  de 
soupçons,  17g.  —  Elle  le  prie  de 
remettre  l'église  de  Maguelonne 
aux  chanoines  et  d'arranger  l'af- 
faire, 180.  —  Elle  lui  écrit  encore 
pour  lui  recommander  de  main- 
tenir la  paix  dans  son  gouverne- 
ment, 182.  —  L'informe  que  les 
habitants  de  Langon  ont  tué  leur 
capitaine,  i83.  —  Doit,  à  la  prière 
de  la  reine,  empêcher  que  de 
faux  édils  ne  soient  publiés  dans 


son  gou\ernement,  igg.  —  Ré- 
ponse de  la  reine  au  sujet  de  la 
surprise  de  Clermont-de-Lodève , 
207.  —  Autre  lettre  de  la  reine 
pour  faire  payer  les  Corses,  207. 

—  (Catherine  a  reçu  sa  lettre  et 
l'informe  des  progrès  de  l'affaire 
de  la  Réole,  220.  —  Lui  ordonne 
de  maintenir  la  tranquillité  dans 
les  villages  des  environs  de  Beau- 
caire, 22  2.  —  Intervention  du 
cardinal  d'Armagnac  pour  le  faire 
rentrer  dans  les  bonnes  grâces 
du  roi,  299,  note;  228.  —  Reçoit 
une  recommandation  de  la  reine 
relati\e  à  la  ville  de  Nimes,  335. 
^  Elle  lui  annonce  qu'enfin  la 
conférence   va    commencer,    a34. 

—  Elle  l'engage  à  prendre  des 
mesures  contre  Chàtillon  et  ses  par- 
tisans, mais  en  observant  l'édit, 
244.  —  Est  allé  lui-même  à 
Beaucaire,  346,  34g,  note;  20t. 

—  La  reine  lui  demande  pour- 
quoi les  députés  protestants  ont 
envoyé  un  courrier  en  Languedoc, 
933.  —  Donne  de  bonnes  nou- 
velles de  Beaucaire,  dont  la  reine 
se  déclare  très  contente,  257.  — 
Elle  le  prie  de  venir  à  sa  rencontre 
à  Carcassonne,  258.  —  Le  double 
de  sa  dépêche  est  envoyé  au  roi, 
962.  —  La  reine  lui  recommande 
de  veiller  à  la  paix  dans  son  gou- 
vernement, et  que  les  marchands 
soient  sur  leui's  gardes,  964.  — 
Le  remercie  des  nouvelles  de  Beau- 
caire, 264.  —  Lettre  du  roi  sur  le 
même  sujet,  264,  note.  —  Les 
protestants  veulent  que  ses  forces 
se  retirent,  26g,  272.  278,  note; 


TABLE  DES  MATIERES. 


•(■jy.  —  La  roini'  lo  prie  d'arraiigiM' 
une  difficullé  à  Narbonne  et  lui 
annouce  que  la  conférence  est  ache- 
vée, 280.  —  Elle  lui  annonce  que 
les  sieurs  de  Vérac  et  Yoiet  vien- 
dront eu  Languedoc  pour  faire 
cesser  lotis  actes  d'hostilité,  380, 
■>88,  ag'i.  —  Catherine  lui  raconte 
le  duel  du  vicomte  de  Turennc  cl 
du  sieur  de  Duras,  qui  ne  devra 
pas  Iroublei'  les  autres  aÛaircs, 
807.  —  Lettre  de  la  reine,  3i3. 

—  Autre  lettre,  SaG.  —  Cathe- 
rine lui  écrit  encore  au  sujet  des 
états  de  Languedoc  qui  doivent  se 
tenir  à  Carcassonne,  837.  —  Ré- 
ponse de  la  reine  à  luie  lellre 
qu'il  lui  a  envoyée,  S'ili.  —  Elle 
espère   l'emmener  à   Paris,   33(3. 

—  Autre  réponse  au  sujet  des 
états,  339.  —  Le  prie  de  venir 
bientôt  à  Saint-Michel-de-Lanès, 
SUo,  3'i'4.  —  Elle  insiste  pour  <jih' 
les  états  se  tiennent  à  Castelnau- 
dary,  345,  367,  349.  —  La  reine 
fait  son  éloge  au  roi ,  35 1.  —  En- 
core, 356  el  note.  —  Est  auprès 
de  la  reine,  3Ca.  —  Ses  lettres, 
363 ,  note.  —  A  eu  de  mauvaises 
nouvelles  de  Savoie  et  Piémont, 
363.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Henri III, le 6  décembre  i578,/io8. 

—  Ses  négociations  avec  le  car- 
dinal d'Armagnac,  4o9-4i3,  44i. 

—  Lettre  que  lui  écrit  le  roi, 
le  6  mars  1579,  46i.  —  Lellre 
qu'il  adresse  à  la  reine  mère,  464 , 
48 1.  —  Son  rôle  au.\  étals  de 
Languedoc  tenus  à  Casteinaudary, 
48 1  et  suiv.  —  Inlervicnl  dans  le 
règlement  des  affaires  de  Narbonne , 
486.  —  Par  la  mort  de  son  frère, 
il  a  hérité  du  fiire  ducal  et  s'appelle 
maréchal  de  Montmorency,  366, 
note.  —  Voir  .Montmohency. 

Damïille  (Antoinette  de  La  Marck, 
femme  du  maréchal  de),  56,  66, 
67.  —  La  reine  prl;  le  maréchal 
de  lui  amener  sa  femme,  I39.  — 


Uenconliera  Catherine   à   Carcas- 
sonne, 166,  ;>,o8,  99a,  noie.  — 
licfoit  une  petite  lettre  de  la  reine, 
993.  —  Catherine  lui  écrit  qu'elle 
espère  la  voir  à  Pézcnas,  el  la  prie 
lie  ([uitler  le  grand  deuil  avant  de 
venir,  863. 
Dapims,   président  au    parlement  de 
Toulouse.   —    Doit   se  trouver   à 
l'ort-Saintc-Marie,  370,  379,  334  , 
328. 
Dardoï  ou  Deudoï  (Le  sieur).  —  Son 
procès,    93.    —     Est    prisonnier, 
i48,  i56. 
Darnais  (Frère  Jeau),  gardien   des 
Cordeliers  de  Bordeaux.  Les  projjos 
qu'il  a   tenus   en   chaire;   il  doil 
sortir  de  la  ville,  49. 
Dars  (Le  s'  de).  Remplacera  le  s'  de 
RuITec  pour  l'exécution  do  l'édil . 
368. 
Dadphiné  (Les  protestanis  du).  Leur 

remonlrance,  181. 
DivEXNEs  (Le    s').   Sou   inslruclion, 

347. 
Dateranne  (Le  s'),  syndic  général  du 
Languedoc.  —  Présente  une  re- 
quête, io4.  —  Catherine  est  con- 
tente qu'il  soit  venu,  180,  344, 
345. 
Dax  (L'évèque  de).  Voir  Noailles 
(François  de). 

(La  ville  de),  989. 

Dehisges  (Le  s'  de).  Sa  lettre  à  M.  de 

Bellièvre,  3  48,  note. 
Delapraoe  (Le  capitaine).  S'est  mis 

dans  la  ville  de  Soyons,  345. 
DiNAKS  (Le  s'  de),  gouverneur  en 
Périgord.  La  reine  veut  le  faire 
partir  de  Périgueux,  987. 
DiNTETiLiE  (Joachini,  s'  de),  capi- 
taine, ao4,  908,  310  et  note; 
aao,  aa3,  226  et  noie.  —  La 
bonne  opinion  qu'on  a  de  lui, 
927,  noie.  —  Instructions  que  lui 
donne  la  reine  pour  aller  trouver 
le  roi,  327,  note.  —  Il  sera  bientôt 
renvoyé  à  la  reine,  9 28,  note; 
33o,  932,  note;   a33,   353.   — 


Revenu  à  Nérac,  la  reine  l'i'uvoi"- 
avec  une  lellre  vere  le  roi,  3oi. 
3o9 ,  3o4  ,  3o8.  —  Son  instruction 
pour  aller  voir  la  reine  mère,  435 . 
Vil. 
Doiio.v,  conseiller,  936,  296,  note. 

—  11  rendra  compte  aîi  roi  de  toul 
ce  qui  s'est  passé  à  Nérac,  997. 

—  Son  instruction,  997,  noie; 
999,  309. 

DcBoiRG  (Le  s').  Doit  être  chiilié, 
2  48.  . —  Catherine  en  écrira  au  duc 
d'Anjou,  988. 

DiJARDiN,  courrier,  69,  67,  noie; 
77,  note. 

l)tipi,ESsis-MoRNAT  (Le  s'),  ga  el 
note. 

DuRANTi,  avocat  à  Toulouse,  adver- 
saire du  président  l'aulo,  166, 
174.  —  La  reine  lui  a  écril  au 
sujet  de  menées  à  Toulouse  et  en- 
voie sa  réponse  au  roi,  267.  — 
Il  peut  èlre  très  utile,  967,  970, 
379.  —  A  signé  les  articles  de 
Nérac,  982,  note;  386,  3o2. 
328,  342,  364. 

Duras  (Jean  de  DoRroRT,  viconili- 
de),  capitaine  calliolique  et  cham- 
bellan du  roi  de  Navarre.  H  a  écril 
à  la  reine  sur  la  surprise  de  la 
Réole  cl  a  apporté  les  conditions 
<|ue  font  ceux  qui  y  sont  ,167,175, 
note;  189,  note;  i84.  —  Arrive 
de  la  Réole,  187,  191,  198,  igS. 

—  Comment  il  voudrait  procéder 
envers  les  huguenots  de  la  Réole, 
198,  3  01,  919.  —  Est  niaitre  de 
la  Réole,  aSa.  —  Est  revenu  avecle 
maréchal  de  Biron ,  a  eu  beaucoup 
de  peine  à  faire  quitter  le  cliiileau 
par  ceux  de  Favas,  387,  aSg,  sSg. 

—  Sa  querelle  avec  le  vicomlc  de 
Turennc ,  3o3.  —  Leur  duel ,  3o6 , 
307,  3o8  el  note.  —  A  averli  jja- 
renls  el  amis ,  mais  personne  n'ose 
entrer  dans  la   ville,    809,   3i3. 

—  La  reine  n'est  pas  satisfaite  de 
sa  manière  do  demander  pardon, 
3i4,  3i5,  3i8,  393,  828,  836, 


536 


'A'^o.   —  (^nllifTJiic  lui   a   i''cril   un 

MInl       ili-      ^a       llKtlIl       à       |1I'0JI0S      *li' 

Liiii;;"ii.    -i-H.,     'm.'!.    —    liijiiiM'- 
lirm    i|iif     lui     oiivi.il?    ]<•    nii     lui 


TABLE  DKS   MATIERES. 

Mi|i^l  dp  *n  i|iii';i'llf  <n\i:'c  Tnreniie, 
',,1',. 

DlRFORT     (.hlIljlllS      UF.).      .'(07,      008, 
nul.'. 


(.Ii\nn  m:).  Voir  DlRi^. 

Dis^nin  (  I.p  s').  ^"i"-l  rendu   niailro 
de  l'ons,  '''lô. 


E 


Ki;inr.ii  (  Aiiloino),  i^vèqui'  ili>  (jalmr-. 
Sf  liiMHi'  à  Moivsac  avec  la  ri'im'. 

Ei;miint  (Le  ronite  b").  Lollre  tle  la 
l'fini'.  '-^i.  —  Ello  est  liien  dis|iu 
sée  i.'n\ors  Ini,  .'iç). 

(La    cnnili'ssr'   d').    Sa    l.'llr.'  à 

CallnTine,  Am  .  noir. 

Ki.ia'.M,  (  L'alilii'  n'I,  -j:'.!.  -i'.i-:  .  008, 

.3.'..).  ;!(;7. 

Kl.llK^^K  (.Inlian  11'),  i;.nilillii>nuni'  il' 
la  dni-lirssse  de  Savoie.  Leilie  (\n'i\ 
ii'çoit  de  la  reine.  '■^']!{,  noie. 
Ki.isviaiiu  m.    FinMi;.   lille   de    (.hal- 
les l\,   sa   iiiiiit  :  envoi  d'un   ain- 
liassadenr'    e\lraoiilinaire    à     lelh' 
01  e.isioii,  .'ÎS.'i ,  noie. 
Klisuiktii,  leiiie  il' \nj;lelem'.  I.'-  roi 
SI'  plaiiil  d'elle,  ."),  noie.  —  Il  s'i'- 
loiiiie  i|n'iin   ait  coiiliance  en  elle, 
.S,  noie;   11.  —  Elle  envoie  lord 
•Slaliiad    polir     di'Oiiadi'r    le    dni' 
d"An|oii    de    laire    son    vo\a;;e    on 
Llandre,    it>.    —    Désire    la    pai\ 
dan>  les  Pa\s-lias,  !>3,  157. —  l.o 
duc  ir.Anjon  vent  IVponser,  38.  — 
( latlieiiiie  désire  ipi'elle  le  dé'lonrne 
de  rciili'e|iriso  de  Klandre,  29.  — 
l^ellre  ipie  la  reine  lui  éciil ,  iio. 

—  t^allieriiie  Un  reparle  de  son 
niaria);e,  Au.  —  Reçoit  nue  lellre 
très  ollerlneii.se  sur  le  inèim'  snjel  , 
y.'i,  ol'i,  .'10,  53,  111.  —  Avaiil 
de  SI'  décider,  elle  désire  avoir  nno 
enlrevne  avec  le  duc  irAiijoii,  1  1  ■>. 

—  Noiividli'  lellre  ipie  Catherine 
lui    écrit   ponr  exprimer  son  coii- 


li'nlenienl  du  projel  de  mariage, 
113.  —  Lelln-  ipie  lui  ailresse  le 
duc  il'\iijou,  -o.'i,  mile.  —  Il  -e 
propose  d'aller  en  Aiifjlelerie,  27e. 

—  L'enirevne  qu'elle  exif;e .  27'!  . 
"7''-  ■■"''•  iiolo:  -MjS,  noie;  3o'i. 

—  Ilallierino  eiii;a;;e  le  dur  d'Aii- 
|on  à  aller  la  trouver,  ^ifi.  —  Ses 
lellros  a  la  roine  el  au  dur  d'Aii- 
|ou,  .'iili,  noie:  ■Ui).  —  Est  bien 
ilisposi'epoiir  le  mariaj;e,3.3i'.  3.')3. 

—  (lallierine  se  propose  d'aller 
aussi  en  Anjjlelerre,  3.'i7,  33().  — 

Il  tant  ipie  lodui  d'Anjou  parle  vile,  j 
.i'i',  3'|S.  —  A  l'veillé  l'adnii-  [ 
raliou  du  s'  de  Siinior.  37 '1,  noie. 

—  (lu  parle  beaucoup  en  Europe 
di>  co  mariage,  pourlant  la  reine 
ne  |iarait  ]ias  y  'Ire  bien  décidée, 
37.'!. 

Entimi.i  et  (  François  de  lialzar,  s' ii") . 

1  7. 
Er.Aci.lo   (Don    l'aiilo),    ijenlillionime  I 
do   nie  de   (.hio-^.    La    reine  inlcr- 
vionl    pour   qu'il    puisse   retirer  sa 
inèro  et  ses  frères  el  sieiirs  de  l'es- 
cbuago  à  Conslaulinople,  1  1. 
ICsciiiii.u  i.v   (I)'),   ou   lits   (JABiurLX, 
conseiller.    Est    inort,    i.'i").    "17, 
•l'i-i. 
Escuis  ((.Iharles   d'),    on   hf.s    (ans, 
1       l'vèque  de  Langr-es,  q'i.  noie. 

(  François ,  comte  n'  ) ,  3i) ,  noie. 

Est  de  la  coiniiiissioii  pour  le  roi, 

1        Tie  ,  87,  noie.  —  .\  pordu  sa  lemnie, 

(i'i.  —   Esl  mé'conleiit   el  trop  in- 

\       lliioul   pour  ne   pas   être  ménagé. 


i)'i,  lo^-.  —  La  reine  s'intéresse 
.1  son  (ils  e!  au  payoïuenl  de  sa 
pension  :  elle  en  écril  au  maréchal 
de  Uollièvre,  i()().  —  l'arlira  ponr 
sa  lei-re,  i8.">,  181;,  i  (j  1 ,  2oâ, 
•jio.  —  l'assera  par  l'Agenais  et 
ira  Iroiuer  le  roi .  .>!îo  ,  e3(ï,  -192  . 
noie.  —  Apporlo  de  lionnes  nou- 
velles du  roi  ol  une  lellre  de  la 
ducliesse  d'I  zos,  o".").  —  Fail  le 
inécoiilonl,  32.'i.  —  Doit  rolourner 
auprès  du  roi;  a  élé  malade, 
3'|3. 

(La  comlosse  n").  Ses  funé- 
railles, ()'i. 

(Leiil-  du  comioii').    La  reine 

prie  le  niari'cliat  ib'  KollieMe  de 
s'om|ilo\ei-  pour  le  faiie  retirer 
d'esclavage,   iliO,  210. 

(Anne  n').  Voirduin. 

EscoiiEiAC.  Voir  Scoiinm  . 

Esi:iivF,r\  (Leiiii   i)K   l'oLii.\\i:,  s'  d'), 

2  '17,  3(|o  ,  iiolo. 

EsPAi.NE  i^Anm:  uAi  triche,  reine  d  ). 
La  reine  lui  envoie  des  nouvelles. 
3'i,  3oô,  note.  —  Lellre  de  Ca- 
llierine,  322. 

Este  (Le  cardinal  d'),  8.  —  l-a  reine 
ilemande  qu'il  se  désiste  de  .sa  pour- 
suile  contre  l'évéqiie  d'Agen  à  pro- 
pos de  l'abbaye  de  F'onfrède,  3oo. 

(Anne  d").  Voir  Xemoibs  (Uii- 

cliesse  de). 

EsTizoN  (Le  s'  d'),  3o6. 

EsTp,ÉEs(Le  s'  d'I  Esl  peu  soucieux 
de  son  devoir,   lO.'i. 

EiiDErii.  {(Jiiirciilc),  ()8,  noie. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


537 


Fa  (Le  château  de),  à  Bonleaux, 
872,  note. 

Farcixi  (Les'),  ambassadeur  de  Tos- 
cane à  Paiis.  Sa  lettre  à  François 
de  Médicis,  370,  note. 

Fabgces  (Le  s').  A  été  fait  prisonnier 
à  la  Réole  par  les  protestants,  iSS. 

Faty,  ancienne  femme  de  chambre  de 
Catherine.  Elle  la  recommande  au 
duc  de  Savoie,  '1. 

Facjeaux  {Aude),  358,  note. 

Facr  (Pierre  du),  abbé  de  Fayet, 
5o ,  note.  La  reine  le  recommande 
au  Pape  pour  l'évèché  de  Lavaur, 
88. —  Vicaire  général  de  Toulouse, 
313,  note. 

(Henri   du).  Propriétaire,  par 

sa  lemme,  du  château  d'Aubais,  où 
la  reine  vient  coucher,  879,  note. 

(Louis  dd).  Voir  Glatteins. 

(Guy  dd).  Voir  PiEHAC. 

(Arnaud  dit).  Voir  Pdjols. 

(Charles  du).  VoirLuciSTE. 

Favas  (Jean  de),  baron  d'.Vuros,  capi- 
taine protestant,  gouverneur  de  la 
Réole,  45,  197,  note;  i3i.  —  Il 
oppresse  les  habitants  de  la  Réole, 
182.  —  Y  est  revenu,  187.  —  Esl 
soupçonné  de  s'être  fait  acheter, 
i4i,  i43.  —  S'est  rendu  maître 
de  nouveau  de  la  Réole,  lia. —  11 
faudra  lui  ôter  le  commandement, 
ii3,  i4/i,  i45,  169.  —  Il  doit 
sortir  le  premier  avec  ses  gens  do 
la  ville,  170,  174,  175,  note.  — 
Continue  à  irriter  la  reine,  18A, 
noie;  iS5,  18g. —  Les  catholiques 
de  la  Réole  ne  le  verront  plus  sans 
le  tvier,  1 98.  —  La  manière  dont  il 
quittera  la  ville,  198.  —  La  reine 
lui  écrit  pour  le  décharger  du  gou- 
vernement de  la  Réole,  aoa  ,  noie; 
ao5,  917,919. —  Joie  que  cause 
son  départ,  980,  noie;  989.  — 
Il   avait    fait  beaucoup    de  dégâts 

CATIIEni.VE  DE    MkDICIS.   V 


aux  maisons  et  aux  cfiàteaux,  987, 
988,  243,  967,  3o5. 
Faïet  (Abbé  de).  Voir  Fabb  (Pierre  du). 
Féez  (Le  roi  africain  de),  91 5. 
Ferdinand  (Don),  infant  d'Espagne. 

Sa  mort,  117,  note. 
FÈiiK   (Michel),  prédira teiu-  et  con- 
fesseur du  roi.  La  reine  intervient 
pour  qu'il  soit  payé,  a 08. 

(La),  95  a. 

Fernando  (Dom),  vice  roi  de  Cata- 
logne. A  fait  complimenter  la  reine 
mère,  876. 
Ferrare  (Le  duc  de).  Son  mariage, 
994.   —   Les    félicitations    de    la 
reine,  296 ,  996. 
Ferré  (Camille).  Porte  des  étrennes 
à  la  reine  mère,  985,  986,  959, 
371,  9  85,  note.   —  Il  est  chargé 
de  dire  au  roi  tous  les  détails  de 
ce  qui  s'est  passé  à  la  conférence, 
986,  998,  note;  3oi,  802,  3o5. 
Ferrier   (Arnaud   du),    ambassadeur 
à   Venise.  Catherine  lui   parle  de 
l'incendie  des  archives  de  Venise, 
3.  —  Elle  lui  écrit  pour  l'exécu- 
tion du  testament  du  comte  Mai- 
linengo ,  9 ,  38.  —  Lettre  du  roi , 
179,  note. 
FEBTÉ-sois-JouAnnE  (La)  [Séne-et- 

Marne],  867. 
Fervaodes ( Le  s'  de),  1 8. 
FiOEAC  {Lot),  69,  note;  970,  989, 

note;  329,  834. 
Fin  (Jacques  ne.  L\)  dit  La  Nocle. 
Porteur  de  bonnes  nouvelles,  33o. 
Retourne  auprès  du  duc  d'Anjou, 
382.  —  Fils  de  Jean  de  Beauvoir, 
chambellan  du  duc  d'Anjou,  83a, 
note;  333.  —  Fait  de  bons  of- 
fices, 335,  336.  —  Porteur  d'une 
lettre  au  roi  et  d'un  mémoire  au 
duc  d'Anjou,  887.  —  La  reine  le 
recommande  au  duc  de  Nevers, 
887,  389,  349. 


Fundbes  (Les),  i5,  iC,  17,  18,  19, 
9  1  et  suiv. ;  99,  3o,  note;  82: 
89,  43,  5o,  53,  54,  59,  71, 
111,  112,  note;  lao,  iSa,  908. 
910,  note  ;  911,  9 1  a  ,  918,  219, 
a36,  987,  375,  976,  note;  277, 
81G,  note;  394,  497,  498. 

Fleurance  {Gers),  76,  77,  78,  87, 
go,  197,  note;  i3o,  note;   i3a, 

—  Surprise  nocturne  de  la  ville  par 
les  protestants,  i83,  note;  i34, 
186  ,  note;  1  4o,  i44  ,  noie;  i45, 
149,  iDO,  157,  i58,  16a,  i64, 
t84,  igi,  2o5,  206,  note;  218, 
919,  225,  980,  289,  984.  — 
A  été  rendue  aux  cathoHques,  943 , 
4i5. 

Florence  (Duc  de).  Sa  fille  ne  serait 
pas  un  parti  sulTisnnt  pour  le  dur 
d'Anjou,  i3.  note. 

Foix  (Paul  de),  archevêque  de  Tou- 
louse. La  reine  le  recommande  à 
M.  d'Abain,  38.  —  Est  parti 
d'Agen,  29,  note;  89,  note.  — 
A  harangué  la  cour  de  Bordeaux 
avec  beaucoup  d'éloquence,  44.  — 

—  Est  dans  la  commission  pour 
11"  roi,  59.  —  Catherine  désire 
qu'il  reste  pour  la  conférence, 
199,  188,  i42,  note.  — •  Sera  à 
Nérac  avant  la  reine  pour  préparer 
la  conférence,  aSg.  —  A  été  chargé 
par  la  reine  de  prendre  la  parole 
et  s'en  est  acquitté  à  son  entière 
satisfaction,  959,  953,  a5G,  961, 
3 10.  —  Est  rappelé  à  Paris,  mais 
désire  accompagner  la  reine  en 
Languedoc,  Provence  et  Dauphiné, 
843,  856,  note.  —  Doit  veiller 
aux  finances  du  roi,  869.  —  Est 
allé  à  Montpellier  pour  arranger 
un  différend  entre  les  catholiques 
et  protestants,  876,  38o.  —  Son 
rôle  aux  états  de  Languedoc , 
483. 

68 

UIPniUrAIX     lATIOKltC. 


538 

Foix  (Louis  de),  ingénieur  du  roi, 
281,  noie. 

(François  de).  Voir  Ciroalle. 

(Comlé   de),    66,    79,   34o, 

3ii. 

FoNDFROiDE (L'abbaye de),. 3oo,  338, 
noie. 

Fontaines  (Le  s'  de).  Sa  dépêche  au 
roi,  5o. 

FoNTENAT  (Le  s'),  17. 

FoMEMLLEs  (Philippe  de  La  Roche, 
baron  de).  Est  présent  à  la  sortie 
de  la  garnison  de  Lecloure ,  8y, 
122.  —  Quitte  ie  parti  du  roi  de 
Navarre,  263.  —  Porteur  de  dépê- 
ches, 3a8.  —  Fera  remettre  La- 
verdun,  328,  33 1.  —  Est  dans  le 
château  de  Monlaignac,  354 ,  355 , 
389,  394. 

FoREST(Le  s' DE  La),  consul  de  Saint- 
Pol.  Retourne  en  Provence,  383. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

FoncEi,  courrier,  liç). 

FoDf.ÈRES  (Ille-et-Vilaine),  ia5. 

FouGiÈRE  (La),  capitaine  au  château 
de  Bayonno.  Catherine  désire  que 
rien  n'altère  son  honneur,  45.  — 
La  reine  lui  avait  écrit  de  venir  la 
trouver  et  l'envoie  au  roi,  193, 
194.  —  Elle  le  défend  auprès  du 
roi,  194. 

(La),  son  frère.  La   reine  le 

soupçonne  plutôt  que  le  lieute- 
nant, 194. 

FotinsiEK,  surnommé  Poltron,  capi- 
taine protestant ,  129.  —  Les  Eta  Is 
de  Languedoc  se  plaignent  de  lui , 
i3o,  note:  173,  344,  201,  271, 
277.  —  La  reine  lui  envoie  le  s' 
de  Vérac,  369.  —  Est  un  autre 
Bacom,  372.  —  Attend  que  ie  roi 
de  Navarre  lui  écrive  avant  de  dé- 
manteler BrugairoHes,  872,  873. 


Fbasge  (Les'),  premier  écuyer  de  la 
reine  mère,  gS. 

FnÉGOSE  (Janus),  évéque  d'Agen,  87, 
note;  260.  —  La  reine  recom- 
mande chaudement  à  la  duchesse 
de  Nemours  une  affaire  qu'il  a  avec 
le  cardinal  d'Esté,  3oo.  —  Ses  let- 
tres à  la  reine,  3oo,  note. —  Elle 
recommande  encore  son  affaire  de 
l'abbaye  de  Fondfroide  au  roi, 
838.  —  Fera  partie  du  conseil  qui 
assistera  le  roi  de  Navarre,  aoi, 
note. 

Fronsac  (Gironde),  3ai,  note;  324, 
849,356,  867,  358,  862,  363. 

Froxtenac  (Le  s'  de),  i64.  —  Por- 
teur de  lettres  du  roi  de  Navarre, 
358.  —  Le  roi  de  Navarre  l'en- 
voie à  la  reine  mère  pour  avoir  de 
ses  nouvelles,  366. 

Fumé  (Le  président),  i3,  note. 


Gadagne  (L'Abbé  de).  Voir  Gbadagke. 

Gailhargdès,  château,  48,  note. 

Gamacues,  capitaine,  i64. 

(jAROFiNE  (Les  gentilshommes  de  la) 
sont  venus  voir  le  maréchal  de 
Biron  à  Jlarniande,  i84.  —  Se 
sont  plaint  des  soldais  huguenots 
dans  leurs  villages,  i85.  —  La 
reine  les  dit  être  dévoués  au  roi , 
186. 

Gast  (Le),  général  des  finances  à 
Bordeaux,  i43,  187,  191,  198, 
2o5. 

Gaiciierï,  courrier,  3i. 

Gadlchat  (Le  s'  de).  Est  allé  en  vain 
à  Langon  pour  assister  à  la  resti- 
tution, 248,  245,  a53. 

Gebeaun,  député  protestant.  Est  pré- 
sent à  la  conférence,  25o. 

Gefronsead  (Le  s'),  envoyé  à  la  reine 
mère  et  au  duc  de  Montpensier  en 
octobre  1578,  4o3. 

Georges,  huissier  de  la  reine  mère. 
Voir  BÉRAT. 


Germanie  (  Les  princes  protestants  de  ). 
Veulent  la  paix  dans  les  Pays-Bas, 
28. 

Gevauldan  et  Mende  (Commis  et  syn- 
dics de).  Réponse  de  la  reine  à 
leur  demande  de  faire  immédiate- 
ment exécuter  l'édit  en  leurs  dio- 
cèses, 882. 

GiEN  [Loiret),  i3o,  note. 

GiGNAc  (Lot),  28a,  note;  877, 
note. 

GiMONT  (Gers),  132,  note;  i3o. 

GiRiLDi  (M'"'),  marraine  de  la  fille 
de  Castelnau,  12. 

Girard,  secrétaire  du  maréchal  de 
Damville.  Porteur  de  nouvelles, 
884.  —  Ses  mémoires,  343 ,  note. 
—  Porte  une  lettre  au  roi,  36 1. 

GiRAULDET,  courrier,  116,  note;  169  , 
.78. 

GiscARO  (Mathieu  de  La  Bartbe,  s' 
de),  capitaine  catholique,  dévoué  à 
la  reine  qui  le  recommande  an 
roi,  154,  note. 


GiDSTELLï  (Ludovic),  avocat  de  la 
reine  à  Rome,  2.  —  Au  sujet  du 
procès  de  la  reine,  6,  note.  — 
M.  d'Albain  est  content  de  lui, 
8,  note;  37. 

GiïBï  (Anne  d'Escars,  cardinal  de), 
94,  note. 

Glandeïs  (De),  capitaine.  Ira  com- 
mander à  Pont-Saint-Esprit,  io5. 

Glatteiss  (Louis  do  Faur,  s'  de)  ou 
Gratins  ,  chancelier  du  roi  de 
Navarre,  5o,  note.  —  Est  présent 
à  l'entrevue  avec  la  reine,  5i.  — 
Est  dans  la  commission  pour  le  roi 
de  Navarre,  62,  160,  176,  176, 
note;  186,  911.  —  Prend  part  à 
la  conférence,  260,  261.  —  A  si- 
gné les  articles  de  Nérac,  282, 
note;  844. 

GosDBiN  (Le  s'  de).  La  reine  prie 
Philippe  11  de  permettre  qu'il 
fasse  venir  des  chevaux  de  l'Es- 
pagne, ayant  perdu  les  siens  par 
un  incendie,  171. 


TABLE  DES  MATIERES. 


539 


GoNDï  (Jéronime  de),  37,  3o. 

GossEMAN  (Uoin  MailiuDE),  jjoiiver- 
neur  de  Perpignan,  Sy'i. 

GocRDOs  (Anioine  de).  Exécute  sa 
connnissiun  dans  le  Quercy,  110, 
81 4.  —  La  reine  le  loue  et  dit  lui 
avoir  écrit,  499,  889,  note. 

Gramout,  capitaine  catholique,  176, 
note;  809. 

(M"'°nE).  Propriétaire  du  châ- 
teau de  Mussignan,  8.')4. 

Gbatins.  Voir  Glatteins. 

GnÉGoiiiB  XIII,  pape.  La  reine  lin' 
fait  reconunander  la  promotion  au 
cardinalat  de  Charles  de  Lorraine, 
1.  —  M.  d'Ahain  espère  obtenir 
de  lui  ce  que  la  reine  désire  pour 
son  procès,  6,  note;  39,  note; 
36,  note.  —  Catherine  le  ])rie  de 
nommer  Pierre  du  Faur  à  i'évê- 
ché  de  Lavaur,  88.  —  Elle  vou- 
drait qu'il  la  favorisât  dans  ses  af- 
faires du  duché  d'Urbain,  197, 
note.  —  Le  cardinal  de  Bourbon 
lui  envoie  un  gentilhomme  pour 
négocier  des  affaires,  a  16. —  Son 
contentement  du  voyage  delà  reine 
et  des  mesures  qu'elle  prend  pour 
Menerhes ,  216,  note. 

Gkémion  (Gaspard  de  Coursag,  s'  de). 
Ira  pour  le  roi  de  Navarre  à  Nîmes, 
Montpellier  et  Uzès  presser  l'exécu- 
tion de  la  paix,  66,  91,  1/1  g,  890, 
note. 

Grenade  -  sur  -  Garonn  e  (  Hautn  -Ga- 
ronne). La  reine  y  a  passé,  33o, 
33 1,  noie. 

Grenoble  (La  ville  de),  38i. 

Grignan  (  Louis -Adhémar  de  Mon- 
teil,  comte  de),  a 8 8.  —  Est  venu 
avec  la  noblesse  de  Provence  au- 
devant    de  la   reine  à  Beaucaire, 


38o,   note.  — ■   La  reine  l'envoie 
vers    les   Carcistes,   880.    —  Re- 
tourne en  Provence,  SSa. 
Grillé  (Le  s'  de).  S'entremet  dans  les 
affaires  de  Provence,  ■'17,  a79. 

Guadagne  ou  Gadatgne  (Jeau-Baptisie 
de),  fils  de  Philippe  de  (iadagne, 
d'une  famille  originaire  d'Italie, 
fixée  à  Lyon.  Kst  dépêché  vers  le 
roi  de  Navarre,  hh,  /i5.  —  Doit 
aller  trouver  le  grand-duc  de;  Tos- 
cane, 62.  —  A  vu  le  roi  de  Navarre 
pour  le  fait  de  Fleujance,  163, 
note  ;  1 63.  —  Passera  par  la  Réole, 
pour  aller  rendre  compte  de  la  si- 
tuation au  roi,  i65,  ao3.  —  A 
charge  de  s'entretenir  avec  le  duc 
d'Anjou,  aoi,  aie,  319,236.  — 
Est  attendu,  35a,  a53,  a55.  —  A 
charge  de  la  reine  de  rester  auprès 
du  duc  d'Anjou,  3o4,  Sai,  33o. 
—  La  reine  s'inquiète  qu'il  ne  soit 
pas  encore  arrivé,  3(iâ,  867. — 
Est  arrivé  après  uu  mauvais  voyage, 
367,  368.  —  Va  en  Provence  avec 
des  instructions  pour  faire  poser 
les  armes,  883,  ûia,  468. 

Gdido  (Le  comte).  A  porté  uue  lettre 
et  des  nouvelles  de  la  part  de  la 
duchesse  de  Nemours,  396. 

Guise  (Henri  de  Lorraine,  duc  de). 
Fait  lever  des  troupes,  18,  ao, 
310,  note.  —  La  duchesse  de 
^'enlours  l'a  prié  de  venir  à  Pa- 
ris, 376. 

(Messieurs   de).    La   duchesse 

de  Nemours  les  a  mandés  à  Paris, 
296,  3oo. 

Guitry  (Jean  de  CiruiuoNT,  seigneur 
de)  ou  QuiTRï,  capitaine  proteslaut, 
19,  5o.  —  Assiste  à  l'entrevue  de 
la  reine  avec   le  roi  de  Nav.irrc, 


.^>i.  —  Est  dans  la  comniisslun 
pour  le  roi  de  Navarre,  Sa,  68. 

—  Est  fort  mal  reçu  par  Cathe- 
rine pour  le  compte  du  roi  de  Na- 
varre ,118,  note  ;  1 1  g.  —  Tâchera 
de  conleriter  la  reine,  lai.  -—  Ira 
trouver  le  maréchal  de  Biron  à  la 
Héole,  i4o.  —  La  reine  est  con- 
tente qu'il  soit  absent  et  se  plaint 
(le  lui,  i44,  i46.  —  Il  est  en- 
voyé à  la  Réole  pour  seconder  le 
maréchal  de  Biron,  149,  168, 
178,  174,  175,  note;  186,  187, 
188,  190,  195.  - —  Est  arrivé, 
197.  — -  Ce  qui  a  été  décidé  poiu' 
la  restitution  de  la  Réole,  198, 
aoi,  3o5,  208.  —  Ira  à  Langon, 
219,  388.  —  Prend  part  à  la 
conférence,  aSo,  35g,  3O1,  362. 

—  S.  signé  les  articles  de  Nérac. 
383,  note;  386,  ago.  —  La  reine 
le  presse  d'achever  d'établir  l'édit 
à  Razas  et  Langon,  où  il  rencontri' 
des  dillicultés,  3o5,  806,  3o8, 
809.  —  A  fait  sortir  la  garnison 
de  Langon,  qui  est  remis  au  roi, 
818,  8a4,  33o. —  Accompagnera 
le  maréchal  de  Biron  à  Langon, 
354,  444,  446. 

Guïbnne  (Le  Parlement  de),  365. 

(La  noblesse  de).  Son  entre- 
vue avec  la  reine,  agfi,  note.  — 
Elle  veut  présenter  une  requête, 
3g7.  —  Tous  ne  sont  pas  bien  dis- 
poses, mais  la  reine  compte  en 
venir  à  bout,  398. 

Guzman  (Martin  de),  gouverm'iir  di,' 
Perpignan.  Est  venu  de  la  part  de 
doin  Fernando  pour  couipllnieiiler 
la  reine,  874. 

GïïERSAc  (Jean  de  Cognac,  s'  de), 
beau-frère  de  HauteforI,  98. 


H 


Ha   (Le   château   du),   à   Bonleanx, 

ai8 ,  note. 
HiLLOT  (Le  s'  de),  467,  noie. 


Hautefori  (Jean  de  BELLif;vnt,  sei- 
gneur de),  premier  pn'sideni  du 
Parlement   de  Dauphiné,  5,   89. 


—  Est   en   Limousin,  98,    note. 

—  Lettre    du    roi,    498,    note; 

''97- 

68. 


540 


TABLE  DES  MATIERES. 


ll.nr.K  {\.c  mnrciiiis  dk).  La  n-iiie  lui 
l'tril,  ;i-j ,  nnic. 

Iliïiu:-i)E-GnÀni:  (Le)  [Seine- Iiijë- 
rierire  1 .    (| ,   nulr, 

IIkmiix  Aii.Kii,  |in'ilic.ileiir.  La  roino 
Idiie  son  seinioTi,  An. 

Iltsni  m.  roi  de  Franco.  Kcril  à 
M.  ilo  MiuiïissiiTO,  f) ,  unie.  — 
.S'adrosp  au  uiatvclial  du  Dauivillr 
pour  l'oxéiutinn  de  l'edit,  7,  noie. 

—  S'élOMUC  de  la  cunlianre  qu'ont 
les  Klals  des  Pays-Bas  dans  Klisa- 
lielli ,  note.  —  Se  porle  bien  el 
danse,  10.  —  Il  sera  le  parrain 
de  la  fdle  di'  M.  de  Manvissière, 
1",.  —  Il  enioie  rtmjointemenl  à 
sa  njèro  une  insliuclinn  au  niare- 
ilial  de  flossé,  12,  noie.  —  Leitre 
(|ue  lui  éeiit  sa  mère,  principale- 
ment sur  ce  qui  concerne  le  duc 
d'Anjou  et  l'eulreprise  des  Flan- 
dres, 10.  —  Il  n'a  pas  cliarjjé  li' 
duc  de  Guise  de  le\er  des  troupes, 
iX.  —  (latlierine  lui  consi'ille  d'y 
donnei'  lion  ordre,  i!^.  —  Anire 
lellre  de  la  reine  sur  les  Flandi'es, 
1  S.  —  La  reine  lui  dépêche  le  s' 
lie  ilainlenon,  21,  30. —  Dol  qu'il 
a  consliluée  à  sa  sœur,   a(j,   note. 

—  fia  lellre  au  m.irériial  de  Dani- 
ville,  09  ,  note.  —  Ecrit  à  .M.  d'Hu- 
mières,  3o,  note.  —  Il  s'opjiose  à 
la  levée  des  troupes  que  veut  faire 
le  duc  d'Anjou,  .3i,  note.  —  Il 
M'iit  envoyer  M.  de  Mondreville  en 
Kcosse,  .'il,  note.  —  Envoie  M.  de 
Bellièvre  aux  Pays-Bas,  3i!,  note. 

—  Sa  mère  lui  donne  des  nou- 
velles de  llordeaux  ,  hit.  —  Lui  écrit 
de  l.i  lié-oie,  011  elle  a  mi  le  roi  de 
Navarre,  'lO.  —  Lui  raconte  ce  qui 
a  été  dit  dans  l'entrevue,  ,to.  — 
File  lui  rend  compte  de  son  voyajje, 
(>'■''.  —  Lui  conseille  d'envoyer 
des  SOI  viteurs  alleclionnés  dans  les 
provinces,  (i.^.  —  Lui  raconte 
jour  par  jour  ce  qui  se  passe,  (iy. 
L"enn[af[e  à  faire  beaucoup  pour 
(;a<;ner  les  personni'S  les   plus   in- 


llenles    dans    les    provinces,    C7. 

—  Lui  écrit  après  son  arrivée  à 
Toulouse,  80.  —  Lui  demande  de 
l"ar{;enl,  82.  —  Lui  donne  des 
nouvelles  de  son  entretien  avec  le 
\icomle  de  Tiu'enne.  82.  —  Les 
liuffuenols  du  Languedoc  désirent 
la  paix,  87.  —  Nouvelle  lellre  de 
la  reine  ou  elle  racoiile  divers 
é\énemenls,  8ij.  —  Elli'  lui  écrit 
pour  les  affaires  d'argent  du  clergé 
de  Toulouse,  96.  —  Reçoit  des 
nouvelles  de  la  reine,  97.  —  File 
lui  demande  la  permission  de  re- 
lourner  en  Languedoc  si  les  Imgu.'- 
nols,  dont  elle  esl  fort  mécontente, 
recommencent  les  IrouMes  après 
son  départ,  in;'.  —  Lui  écrit  pour 
les  aflaires  de  Bretagne,  1112.  — 
Lui  conseille  de  conlenler  celle 
province,  io.3.  —  File  lui  demande 
ce  qu'il  faudra  laire  |ionr  Poiit- 
Sainl-Esprit,  io5.  —  La  reine  in- 
siste pour  avoir  des  réponses  sur 
divers  sujets,  107.  —  Elle  recom- 
mande les  inlérèls  de  la  ville  de 
Bordeaux,  loS.  —  La  reine  Irome 
qu'il  a  très  liieii  répondu  pour  les 
alTaires  de  Flandre,  111.  —  Elle 
lui  demande  sa  volonlé  au  sujet  des 
villes  retenues  par  les  protestants, 
ii.'i.  —  Lui  recommande  l'ahbé 
de  Vendôme,  11").  —  Elle  l'invite 
à  écrire  une  lettre  bien  ferme  au 
roi  de  .Navarre,  117.  —  Elle  lui 
témoigne  son  indignation  des  len- 
teurs i\u  roi  de  Navarri',  117.  — 
La  reine  a  reçu  sa  lellre:  cniunie 
lui,  elle  est  ennuyée  d'é'Ire  si  long- 
temps absente,  i2.-i.  —  File  lui 
écrit  au  sujet  des  étals  de  Bre- 
tagne, où  il  devra  envoyer  (|uel- 
ques  personnes  très  capable?,  120. 

—  Prouiel  au  roi  rie  Navarre  de 
lui     rendre   la    Reole.    127,    note. 

—  Nouvelle  lellre  de  Catherine, 
129.  —  Elle  lui  donne  des  nou- 
velles de  la  Béole  et  de  Fleurance, 
i:i-!.  —  Autre  lellre  aNec  des  nou- 


velles de  Beaucaire,  137.  — Reçoit 
une  longue  lettre  sur  la  lîéole  et 
autres  affaires,  i4o.  —  La  reine 
lui  mande  la  surprise  de  plusieurs 
petites  places,  lôa.  —  Reçoit  des 
nouvelles  de   la  reine,  1(37,    173. 

—  La  reine  a  reçu  deux  de  ses 
lettres,  177.  —  Il  suit  avec  inté- 
rêt la  marche  des  alTaires  et  en 
écrit  à  M.  du  Ferrier,  17g,  note. 

—  La  reine  lui  rend  compte  de 
tout  ce  qui  se  passe,  i83.  —  Il  a 
envoyé  le  s'  de  Mainlenon  vers  la 
reine  avec  plusieurs  dépêches, 
iKO.  —  La  reine  lui  donne  des 
conseils  sur  sa  conduite  à  l'égard 
des  provinces,  201.  —  Le  prie 
d  écrire  au  duc  il'Arijou  el  de  bien 
le  recevoir,  ao'i.  —  H  a  envoyé 
des  réponses  à  toutes  les  dépirbes 
de  la  reine.  21 3.  —  Sa  mère  est 
heureuse  des  bonnes  nouvelles  qu'il 
lui  a  envoyées,  229.  —  Elle  con- 
tinue de  lui  adresser  de  longues 
letlres  sur  loiil  ce  qui  se  jiasse, 
2  20.  —  Il  lui  répond  régulière- 
ment, 2  30,  noie.  —  Elle  le  prie 
décrire  au  maréchal  de  lîiron, 
aio.  —  Il  faudra  nommer  plusieurs 
autres  conseillers  à  la  Chandu'e  de 
Toulouse,  2.'i2.  —  Sa  lettre  au 
lieutenant  Baudoimet,  26 '1,  note. 

—  La  reine  le  tient  au  courant  de 
ce  i|ui  se  passe  entre  elle  el  les 
proleslanls;  la  conférence  avance 
bien,  205.  —  Le  s'  de  Palerne 
lui  est  envoyé  par  le  duc  d'Anjou 
pour  savoir  son  avis  sur  le  voyage 
en  Augfeterre,  27J1,  noie.  —  Sa 
mère  lui  annonce  la  lin  de  la  con- 
férence, lui  adresse  le  texte  des 
articles,  le  prie  de  les  faire  enre- 
gistrer el  d'en\oyer  les  letlres  pa- 
tentes et  autres  papiers  nécessaires 
pour  l'exéculion  de  l'édit,  285, 
291.  —  .Mémoire  qu'il  adre.sse  à 
la  reine,  3o3,  note.  —  A  envoyé 
le  s'  de  Bellièvre  vi.siter  son  frère, 
3o3.  —  Le  duc  d'Anjou  esl  venu 


TABLE  DES  MATIERES. 


jâl 


à  Paris  et  il  l'a  liés  hien  reru, 
3i8.  ^ —  Le  s'  d'Escars  fait  de  fort 
bons  rapports  à  la  reine  snr  la  ma- 
nière dont  il  coniluil  les  on'ains, 
3a5  —  Le  roi  di'  Navarre  veut 
venir  le  trouver,  335.  —  La  reine  le 
prie  d'aider  son  frère  pour  le  voyage 
en  Angleterre,  333,  337. —  Il  a 
eu  la  fièvre,  34a.  —  Sa  mère  lui 
demanda  d'éi  rire  au  roi  de  Navarre 
pour  lui  dire  de  rendre  les  muni- 
tions et  de  les  faire  porter  à  Bor- 
deaux, 345.  —  Il  devrait  envoyer 
les  intendants  de  finances,  qui  ne 
sont  pas  de  service  au  Conseil,  daiLs 
les  provinces  du  Midi,  36 1.  —  Est 
réconcilié  avec  son  frère,  367.  — 
Plaintes  que  lui  adresse  le  roi  de 
Navarre,  878,  noie.  —  A  écrit 
des  lettres  aux  deux  partis  en  Pro- 


vence, 382.  —  Sa  lettre  à  M.  de 
\  illeroy,  au  sujet  d'un  tf  Estai»  à 
constituer  au  duc  d'Anjou  dans  le 
Midi  de  la  France,  386.  —  Lettre 
que  lui  adresse  le  niaréclial  de  Bel- 
le(;arde,  4oo.  —  Sa  lettre  à  la 
reine  mère  du  5  décembre  1078, 
/107.  —  Sa  lettre  au  marécbal  de 
Damville  du  C  décembre  1378, 
4o8.  —  Mémoire  <pie  lui  adres- 
sent les  cliefs  de  la  iiéforme,  4  17, 
435.  —  Sa  lettre  au  marédial  de 
Damville  du  fi  mars  1579,  40 1. 
—  Sa  lettre  aux  étals  du  Langue- 
doc, 484.  —  Sa  lettre  au  maréchal 
de  Biron,  487.  —  Son  injonction  à 
Turenne  et  à  Duras,  494. 
Hemii  (Le  cardinal),  roi  de  Portugal. 
Le  Roi  lui  envoie  M.  de  Beauvais- 
Nangis,ii7,  t>.")."),  note. 


HlLLiKne  (Le  s'  de  La),  gouverneur 
de  Bayonne.  Reçoit  une  leltjc  d(! 
la  reine,  45.  —  Elle  envoie  au 
roi  une  lettre  qu'il  avail  écrite  au 
sujet  du  Boucault,  qu'il  veut  amé- 
liorer, iGi,  192.  —  Catherine 
demande  au  roi  de  lui  écrire,  194. 
—  Et  de  l'aider,  2i5,aa5,  aSa, 
981. 

HoscrrAL  (Jacques  de  l'),  plus  lard 
marquis  de  t^hoisy,  44,  noie. 

HiABD  (Le  s'  de  la  Noë,  baron  »'). 
La  lettre  que  le  roi  de  Navarre  lui 
écrit,  55,  note. 

HtMitBES  (Le  s'  d').  Lettre  que  lui 
écrit  le  roi ,  3o ,  note. 

llltlAUDAlE      (René       DE       TOURMEMISE, 

baron  DE  n),  5o,  06,  io3.  — 
Son  rôle  aux  élats  de  Bretagne, 
4o3. 


1 


ISLE  (Giles  DE  NoAlLLES,  s'  DE  L' ).   La 

reine  a  reçu  sa  lettre  et  le  prie 
d'engager  les  personnes  de  son  voi- 
sinage à  se  garder  de  faire  des 
surprises,  379. 


Isle-d'Albi  (L')  (Tarn),  445,  491, 
49-3,  note,  493. 

IsLE-JouRDAiN  (  L' )  (Gers),  ho, 
note;  69,  73,  75,  77,  78, 
80,   83,   83,   88,  93,   98,  99, 


io4.  —  La  reine  y  est  arrivée, 
106,  108,  note;  119,  noie; 
i34,  i35,  i44,  333,  447,  459, 
noie. 


Jacqijes,  courrier,  387. 

JÉGOx(Gm),  )3i,  i34,  i38,  noie; 
139,  note;  i43,  i44,  149. 

JoisvaLE  (Le  cardinal  de),  10. 

JoïEUSK  (Guillaume,  vicomte  de). 
A  averti  la  reine  que  Chàtillon 
veut  s'emparer  de  Beaucaire ,  4  4  , 
note.  —  Doit  envoyer  les  instruc- 
tions aux  commissaires,  66,  77. 
—  La  ri'ine  se  loue  beaucoup  de 
son  concours,  80.  —  Il  répond 
pour  les  catholiques  de  Guyenne, 


80,  87.  —  Est  venu  vers  la  reine, 
de  la  part  de  la  noblesse  de  Gu- 
yenne et  de  Languedoc,  90,  96. 

—  Travaillera  à  l'exécution  de 
i'édit   en   Languedoc,   ii4,    138. 

—  Doit  faire  justice  de  Bacom  et 
doFournier,  i3o,  j34,  i35,  i48, 
344,  963.  —  A  envoyé  la  nou- 
velle de  la  prise  de  Saverdun,  368. 

—  La  reine  le  prie  de  se  trouver  à 
Port-Sainte-Marie,  970,  979.  — 
A    signé   les    articles    de    Nérac, 


98a,  note;  286,  294,  3i9.  — 
Catherine  l'a  prié  de  se  rendre  à 
Castelnaudary  et  d'y  préparer  l'exé- 
cution de  I'édit,  3aa,  394,  397, 
34 1.  —  Dans  une  lettre  au  roi, 
la  reine  s'applaudit  de  sa  conduite, 
35 1,  35G,  365,  366. 

(Marie  de  Batarnaï,  vicom- 
tesse de),  4o,  44,  note. 

Jui»  (Don)  D'ADTnicaE.  A  écrit  à  la 
reine,  «a,  a3.  —  Sa  mort,  117, 
note. 


5i2 


TABLE  DES  MATIERES. 


Labaethe  ou  Laberte,  capitaine  hu- 
guenot. S'est  retiré  à  Caussaile,  où 
il  a  été  arrêté,  90.  —  Son  exé- 
cution, i3o,  499. 

Labatlt  (Le  s').  Ne  veut  pas  sortir 
de  Fronsac,  3^9.  —  A  été  tué, 
356,  358. 

Labokde  (Le  s').  Se  rend  à  Langon, 
2i3. 

Labrit  (  Tarn-et-Garonne) ,  1 58 ,  note. 

Lacbois,  capiloui  de  Toulouse.  Fait 
une  belle  harangue  à  la  reine,  73. 

Lafot,  maison  de  M.  de  Rojaumont, 
près  Agen,  77,  note. 

Lagebastos  (Jacques-Benoît  de),  pre- 
mier président  à  Bordeaux,  Sy, 
note.  —  La  reine  lui  écrira,  81. 
—  Il  faut  qu'il  reste  à  Bordeaux, 
81.  —  La  reine  a  reçu  une  lettre 
de  lui,  )o8.  —  La  reine  prie  le 
roi  de  lui  envoyer  une  trhonne» 
dépèche  pour  lui  rappeler  son  de- 
voir, 174. 

Lalaih  (Le  Comte  de),  32. 

Lamer,  député  protestant.  Voir  Mer 
(Jean  DE  La). 

Lamevan  (Le  s'  de),  lieutenant  du 
s'  Alphonse  d'Est,  253,  note. —  La 
reine  le  recommande  au  roi,  a53. 

Lancelot,  auditeur  de  Rolte,  rappor- 
teur du  procès  de  la  reine  à  Rome ,  8. 

Lange  (Jean),  39,  note.  —  Désire 
quitter  Bordeaux  et  avoir  un  autre 
oOîce,  Un. 

Lakgon  (Giroïirfe),  43.  —  Les  habi- 
tants ont  tué  le  capitaine  qui  y  était, 
i83,  i89etnote;  190,192,201, 
219,  220, 2a5,  280,  233,  234, 
243,  aû5,  246,  a53,  267,  3o3, 
3o5,3o6,3o8 ,  3og.  —  La  ville  et 
le  château  sont  remis  au  roi,  3i3, 
321,  328,  349,  35o,  352,  353, 
354,  355,  356,  35?,  358,  862, 
363 ,  364 ,  367,  373 ,  378  et  note; 
5oo  et  note. 


La.ngres  (L'évêque  de).  Voir  Escars 
(Charles  d'). 

Languedoc  (Les  députés  de).  Doivent 
se  hâter  de  venir,  i36,  i48,  182, 
note;  i83,  186,  198,  322.  —  A 
Nérac,  349.  —  La  première  en- 
vue,  25o,  a52,  253,  a54,  257, 
358,  261,  363  et suiv. ,  280,  299, 
3o3,  3i2. 

(Les  états  de),  294,299,827 

et  note;  3o3,  3i2,  826,  34o, 
845,  347,  807,  note.  —  Convo- 
qués à  Narbonue  puis  à  Castelnau- 
dary,  476  et  note.  —  Procès-ver- 
baux des  séances  du  37  avril  au 
4  mai  1079,  48i,  483.  —  Lettre 
que  leur  écrit  Henri  111,  484. 

(La  chambre  de),  278,  3ai, 

34o,  34i,  346,  35i,  856,  36  , 
870,  37a. 

Lansac  (le  sieur  de),  maire  de  Bor- 
deaux. La  reine  est  contente  de  lui 
et  veut  que  le  roi  le  récompense, 
4 1 .  —  Est  gendre  d'un  vieux  bon 
serviteur,  4i,  49.  — -A  écrit  à  la 
reine,  108.  —  Le  roi  devra  lui 
écrire  pour  l'affaire  de  la  Réole, 
174.  —  Catherine  le  recommande 
au  roi,  i54,  288,  821. 

Lanssac  (  Louis  de  Saint-Gelais  ,  s'  de  ), 
dit  de  Litzignan,  8g;  note;  87, 
note;  173  et  note;  3o5,  356.  — 
A  signé  les  articles  de  Nérac,  383  , 
note  :  3i  0.  —  Est  allé  à  Libourne, 
3 1 5.  —  La  reine  dit  lui  avoir  écrit 
au  sujet  de  Fronsac,  34g.  —  Est 
en  Bordelais  pour  l'exécution  de 
la  paix,  34g,  38o. 

Laplu ME  (Lot-et-Garonne),  119,  note. 

(  Les  consuls  de  ).  Lettre  de  Ca- 
therine de  Navarre,  119,  note.  — 
Lettre  de  M.  de  Chaptan,  i36, 
note. 

Lardimalie  (De),  gouverneur  du  Pé- 
rigord.  Le  roi  de  Navarre  le  tient 


pour  un  de  ses  plus  affectionnés 
serviteurs,  46,  note. 

Largemarïe,  lieutenant  de  feu  la  Salle 
du  Siron.  A  surpris  Langon , 
349. 

Lartoissieb,  dépêché  par  le  s'  de  La 
Croizette,  i5o. 

Lassegan  de  la  Barihe,  s'  de  Carbon, 
maréchal  de  camp  des  troupes  du 
roi  en  Guyenne,  i48.  —  A  un  en- 
tretien avec  la  reine  mère,    i53. 

—  Son  dévouement  au  roi,  i54. 
Lathomï,  président  à  Toulouse,  5oi, 

note. 

Ladgsac  (François  ou  Charles  de 
MoNiPEZiT,  s'  de),  capitaine.  Doit 
faire  partie  du  conseil  qui  assistera 
le  roi  de  Navarre,  et  reçoit  quatre 
lettres  à  ce  sujet  delà  reine  mère, 
5oi,  5o2 ,  5o3. 

Laine  (De  La),  capitaine.  Aura  le 
commandement  de  la  Réole,  i45, 
149. 

Labbagcais  (Le  comte  de),  66,  186. 

Lauzebte  [Tam-et-Garoiine).  Surprise 
de  la  ville,  i5o. —  Lettrede  la  reine 
aux  habitants,  i5i,  157,  i63,  iC4. 

—  La  ville  est  rendue  à  la  reine, 
i65,  178,174,  191,  note;  "54. 

Lavardin  (Jean  de  Beaumanoir,  sei- 
gneur de),  capitaine  catholique. 
Est  venu  trouver  Catherine,  i5.  — ■ 
S'est  bien  conduit  pour  la  pacifica- 
tion des  troupes,  i5.  —  Est  en 
bons  termes  avec  M.  de  Bussy,  1 6. 

—  La  reine  désire  qu'il  aille  à  la 
Réole  pour  seconder  le  maréchal  de 
Biron,  i43  et  note.  —  Est  fort 
malade  à  Nérac,  i46,  149,  i5o, 
i5i,  157,  i58,  175,  note. 

Laïabr  (L'évèché  de),  8g. 

(La  ville  de),  66. 

Lavedan  (Anne  de  Bourbon,  vicomte 

de),  78  et  note;  Sgo  et  note. 
Laïrac  (Lor-ff-Garon/ip),  245. 


TABLE  DES  MATIERES. 


r>'i3 


Lecomte  (Fraiiçiiis),  baron  (li>  La- 
tresiie,  président  à  Bordeaux.  Prêle 
3,000  ('Ciis  d"or  à  la  reine,  .39, 
noie. 

I.ECTOCRF.  {Gers),  8.3,  note;  89  et 
note;  107,  igS,  .388,  Sg'i. 

l.EGtNDBE  (Le  s'),    300. 

Leiceister    (Robert    Dudi.ev,    comte 

de),  lis,  note.  —  Son  entrevue 

avec  Siniier,  375,  note. 
Lésignax  (Atule).  La  reine  y  passe, 

,S6a. 
LÉsiGN.iN-GRiND  (Lot-el-daroiiite),  6(j 

et  note. 
Lestibneau,  capitaine.  Le  vicomte  de 

Turenne  le  fait  sortir  de  Puymiroi , 

309. 

Lestenat  (Le  s'  de),  (j'i. 

Lbucaie,  château  de,  7."),  note. 

Lei,  capitaine  anglais,  8. 

Levva  (Don  Sanclio  de),  vice-roi  de 

Navarre.  Le  roi  de  Navarre  lui  a 

écrit,  53. 
LiBODBNE  (Gironde),  4g,  3i,t,  358. 

(Les  jurais  de),  3i5. 

Ligues  \vallo>es  (Les),  18.  Le  duc 

d'Anjou  a  repoussé  leurs  requêtes, 

30. 

Limoges  (La  ville  de),  id8,  343. 


Lisbonne  (La  ville  de),  a.")G. 

LoMBAis  (Le  s' de).  Est  chargé  de  l'exé- 
cution de  l'édil,  360,  370,  37a, 
377. 

Lo.vGLÉ  (Le  s'  de).  La  reine  voudrait 
l'envoyer  en  Portugal,  ai  4  et  noie; 
ai."),  3 16,  217. 

LoNGi  ET,  secrétaire  di'  la  reine  mère, 
34 0,  note. 

LoBCHEVILLE  (MM.   De),    313. 

Lorraine  (  Louise  de  ),  reine  de  France , 
i38,  33 1.  —  Catherine  espère 
qu'elle  donnera  bientôt  un  fils  au 
roi,  383. 

(Charles  de),  frère  de  la  reine 

Louise,  nommé  cardinal  en  1678, 
1  et  note;  a,  noie;  ai 3. 

(Calherine  de).  Voir  Montpes- 

siER  (duche.sse  de). 

LocvET,  courrier,  a63. 

LccASTE  (Charles  du  Faur,  s'  de), 
président  au  parlement  de  Toulouse, 
5o,  note. 

LiiDE  (Guy  DE  Daillos,  comte  du), 
gouverneur  et  lieutenant  général 
en  Poitou.  Le  duc  d'Anjou  couche 
chez  lui,  16,  347,  note.  —  Lettre 
que  lui  écrit  la  reine  mère  relative- 
ment à  la  mission  dont  il  est  chargé 


près  du  roi  de  Navaire,  fioS  et 
noie.  —  Elle  lui  recommande  de 
bien  faire  exécuter  l'édil,  .503.  — 
Se  rend  à  Saint-Maixeiit  pour  ac- 
couqdir  sa  mission,  r)o4,  note. 

(Le   château  du),    18,   note; 

17,  18. 

Luii.i.iBn,  courrier,  i4o,  noie. 

LuNEi.  [Hérault),  a8a,  note. 

LusicNAN  ou  LÉziGNAs  (HeuH  de),  ca- 
pitaine huguenot,  homme  de  con- 
fiance du  roi  de  Navarre.  Fait  partie 
de  la  commission  pouria  paix,  5a, 
63  et  noie;  i46,  175  et  note;  176. 
—  Est  présent  à  la  conférence  de 
Nérac,  986,  990,  3o3.  —  A  la 
charge  du  châleau  de  Puymiroi, 
305,  309,  321.  —  Vient  trouver 
la  reine  de  la  part  du  roi  de  Na- 
varre, 3a3, 3a4,  389. 

LussAN,  capitaine.  A  reçu  une  lellre 
du  roi,  et  la  reine  lui  a  écrit  qu'il 
aille  le  trouver,  343. 

Lv El  R (Jacques  Le), maîtredes comptes. 
Est  venu  avec  le  s'  de  Duras  de  la 
UiMde  pour  apporter  les  conditions 
ipie  demandent  ceux  qui  sont  dans 
la  ville,  1C7,  175. 


M 


MïGUELONNE  (MaisoD  et  église  de), 
180  et  noie. 

MÀiNTENON  (Louis  d'Angennes,  mar- 
quis de).  Est  dépéché  vers  le  roi, 
31.  —  A  bien  servi  dans  la  confé- 
rence entre  la  reine  et  le  duc  d'An- 
jou, 3  4.  —  Est  envoyé  par  le  roi 
à  Philippe  II,  33,  34,  note;  39. 
— •  Porteur  d'une  dépêche  au  roi, 
4o,  note;  44,  45,  46,  5o,  52. 

—  La  reine  désire  son  retour,  176. 

—  Est  arrivé  à  Nérac,  183,  noie. 

—  Porteur  de  bonnes  nouvelles  et 
chargé  par  le  roi  de  plusieurs  dé- 
pèches, 186.  —  Son  insiruclion, 
187-195,   198,  200,   301,  310, 


note.  —  La  reine  le  loue  beaucoup 
en  l'envoyant  au  roi,  311,  319, 
ai3,  9i4,  ai6,  319,  997,  noie, 
34o,  353 ,  497,  4o8  et  noie. 

Malain,  conseiller,  187,  191,  198. 

Mai.icorne  (Le  comte  de),  16,   119. 

Mamquet,  courrier,  954,  note. 

Mans  (Le)  [Sarihc],  i5,  16. 

Mautoue  (Le  duc  de).  La  reine  lui 
demande  d'aider  don  Paule  Eraclio 
pour  pouvoir  racheter  sa  famille  à 
Conslantinople,  11.  —  Sa  fille 
serait  très  acceptable  comme  femme 
du  duc  d'Anjou,  i3,  note.  —  La 
reine  lé  complimenle,  33.  —  Lettre 
de  Catlieriiie  à  l'orcasion  du  ma- 


riage de  sa  lillc  avec  le  duc  de  Fer- 
rare,  agS.  —  Une  autre  lettre  de 
la  reine  de  Navarre,  agS,  note; 
ag6. 

Marciiaumont  (Pierre  Clausse,  s'  de), 
chambellan  et  surintendant  de  la 
maison  du  duc  d'Anjou,  g3. 

Marciac  (Gers),  3a3  et  noie,  354, 
355,  363. 

Mahenses  (Charente-Inférieure),  499 
et  noie. 

Marie  Stuart,  reine  d'Krosse,  19. 

Marion.  Porte  des  lettres  au  maré- 
chal de  Montmorency,  et  est  chargé 
de  lui  dire  les  détails,  498,  496, 
4oo. 


5Zi& 

Mabkande  (Loi-e(-Gnronne) ,  55 ,  note  ; 
56,  63,  note;  6i,  i84. 

Mabbok  (Le  s'),  serviteur  du  duc  de 
Joyeuse,  36i ,  note. 

Marseille  (Ville  de),  871,  878. 

Martin,  courrier  de  M.deCormisson, 
187,  note. 

MiRTiNENGo(Le  comte).  Ses  dernières 
volontés,  9. 

Mas-de-Verdus  (Le)  [Tarn-et-Garonue] , 
1  27,  noie;  370  et  note. 

Mas-Gbemer  (Le)  [Tarn-ct-Garoniie], 
457  et  note. 

Masparault  (Pierre  de),  maître  des 
requêtes.  Envoyé  au  maréclial  de 
Daniviile  parle  roi  et  Catherine,  39 
et  note;  80,  note.  —  Son  voyage  à 
la  cour,  468  et  note. 

Massepabet  le  jeune,  3o4. 

Massis,  capitaine.  Est  envoyé  à  Fleu- 
rance  vers  le  roi  de  Navarre,  i33, 
258. 

Massos  (Le  s'),  serviteur  de  M.  de 
Joyeuse,  345,  3 3 5. 

Mathias,  archiduc  d'Autriche,  gou- 
verneur des  Pays-Bas,  28. 

Matignor  (Le  s'  de),  gouverneur  en 
Basse-Normandie.  La  reine  le  re- 
mercie d'un  beau  lévrier,  35.  — 
Lui  dit  d'aller  trouver  le  roi,  35, 
i55  et  note.  . —  11  a  reçu  l'ordre 
de  la  reine  de  réparer  les  fautes 
commises  aux  étals  de  Normandie, 
178.   —  La  reine  lui  écrit   à   ce 

-  sujet,  195.  —  Elle  s'étoime  que 
lui  et  les  autres  gouverneurs 
n'aient  pu  prévenir  ces  résolutions, 
196. 

Maugiron  (Le  s'  de),  lieutenant  gé- 
néral en  Dauphiué,  98,  107,  121, 
note.  —  Donne  de  bonnes  nouvelles 
du  Danphiné,  194  et  note;  181!, 
192,  note.  —  Retournera  en  Dau- 
phiué, accompagné  du  baron  de 
Sauisac,  286.  —  A  envoyé  des 
nouvelles  des  environs  de  Beau- 
caire,  245,  a46.  —  Est  contraint 
de  se  retirer  à  Grenoble,  3i  i.  — 
La  reine  lui  enverra  son  avis  sur  ce 


TABLE  DES  MATIERES. 

qu'il  faudra  faire  pour  l'établisse- 
ment de  la  paix,  868. 

Macre  (Le  s'  du),  gentilhomme  ca- 
tholique. Voisin  de  Saverdiin,  a 
participé  à  l'entreprise,  364. 

Mauvezib  (Gers),  110  et  note;  118, 
118,  i33. 

Mauvissière (  C*STELSAU ,  seigneur  DE ) , 
ambassadeur  en  Angleterre.  Doit 
activer  la  délivrance  des  hommes 
et  navires  retenus  en  Angleterre, 
5.  —  Le  roi  lui  écrit  à  ce  sujet,  5, 
note.  —  Lettres  de  la  reine  et  du 
roi,  8  et  note.  —  Est  chargé  par 
la  reine  de  complimenter  Élisabelli , 
II.  — ■  Catherine  veut  être,  avec  la 
reine  d'Ecosse,  la  marraine  de  sa 
tille,  12.  —  11  a  écrit  deux  lettres 
à  propos  du  mariage  du  dnc  d'An- 
jou, i3.  —  Lettre  de  Catherine. 
27.  —  La  reine  lui  annonce  que 
le  duc  d'Anjou  épousera  la  reine 
d'Angleterre,  98,  3i,  note;  36. — 
Sa  dépèche  au  roi,  5 0,  60.  —  Le 
roi  doit  lui  écrire  pour  le  mariage 
du  duc  d'Anjou,  111,  i56,  3i6, 
882. 

(Le  s'  de),  sou  fils,  gentil- 
homme servant  du  duc  d'Anjou, 
278  et  note;  a85,  298,  note. 

Matesne  (Charles  de  Lorraine,  duc 
de),  68,  note;  996. 

Mazères  (Ariège) ,  34o,  857,  note. 

Meaulde  (Le  s'  la),  i45. 

Meadssk  (De),  député  protestant-  Est 
présent  à  la  conférence,  aSo,  261. 

Médicis  (Catherine  de).  Exprime  à 
M.  de  Cressier  son  regret  de  n'avoir 
pu  payer  une  plus  forte  somme  aux 
Suisses,  495.  —  Recommande 
Tillon  au  prince  de  Piémont,  1. 
—  Prie  M.  d'Abain  de  favoriser 'le 
cardinalat  de  Charles  de  Lorraine, 
1 .  —  Lui  recommande  l'abbé  de 
Vendôme  pour  le  prieuré  d'Au- 
vergne, 2.  —  Elle  espère  beaucoup 
du  s'  Giustelly  et  de  l'abbé  de 
Plainpied  pour  son  procès,  2.  — 
Demande  au  duc  de  Savoie  de  s'in- 


téresser à  la  veuve  et  aux  enfants 
du  comte  de  MontalTié,  2,8.  — 
Témoigne  à  M.  du  Ferrier  son  dé- 
plaisir de  l'incendie  des  archives  de 
Venise,  3.  —  Parle  de  son  procès 
à  M.  d'Abain,  3.  —  Remercie  le 
prince  de  Piémont  de  ses  nou- 
velles, 4.  —  Demande  au  duc  de 
Savoie  de  faire  payer  l'arriéré  de 
Faty,  4.  —  Exprime  à  la  duchesse 
d'Uzès  son  plaisir  de  la  revoir,  5. 

—  Manifeste  sa  satisfaction  de  la 
conduite  du  maréchal  Damville,  4. 

—  Voudrait  que  Thoré  suivit  le 
même  exemple ,  et  prie  sa  mère  et 
son  frère  aine  d'agir  sur  lui  en  ce 
sens,  495,  496.  —  Ecrità  M.  d'A- 
bain pour  son  procès  contre  les 
créanciers  du  feu  cardinal  Hippo- 
lyte,  6.  —  Prie  encore  le  duc  de 
Savoie  de  rendre  leurs  terres  à  la 
veuve  et  aux  enfants  du  comte  de 
MontafTié,  7.  —  Elle  a  reçu  des 
nouvelles  de  son  procès  et  en  écrit 
encore  à  M.  d'Abain,  8.  —  De- 
mande à  M.  du  Ferrier  de  faire 
exécuter  le  testament  du  comte 
Martinengo,  9.  —  Se  plaint  à 
M""  de  Nemours  des  folies  du  duc 
d'Anjou;  elle  a  couru  après  lui  jus- 
qu'à Bourgueil  ,9,10,  note.  —  Elle 
écrit  au  maire  et  aux  échevins  de 
Bayonne,  10.  — Recommande  son 
procès  à  M.  d'Abain,  10.  —  Prie 
le  duc  de  Mantoue  de  secourir  don 
Paule  Eraclio ,  1 1 .  —  Charge  M.  de 
Mauvissière  de  complimenter  Elisa- 
beth, II.  —  Elle  sera  la  marraine 
de  l'enfant  de  l'ambassadeur,  12. 

—  Veut  faire  renoncer  le  duc  d'An- 
jou à  son  projet  de  voyage  en 
Flandre,  19.  —  En  écrit  au  ma- 
réchal de  Cossé,  12.  —  Lui  re- 
commande de  bien  suivre  l'instruc- 
tion qu'elle  et  le  roi  lui  envoient  au 
sujet  du  mariage  du  duc  d'Anjou, 
i3,  note.  —  Ne  croit  pas  que  le 
duc  désire  épouser  la  reine  d'Angle- 
terre, i4.  —  Félicite  le  vicomte  de 


Tuicane  de  son  désir  de  mainlcnir 
ia  paix  et  lui  demande  de  ne  point 
s'associer  à  l'enlreprise  du  duc  d'An- 
jou, igG.  —  Prie  M.  de  Bellicvre 
de  faire  accorder  aux  habitants  de 
Chartres  une  modération  de  taxe, 
1  !i.  —  Enirclient  le  roi  des  honnes 
dispositions  où  est  la  reine  de  Na- 
varre envers  son  mari,  aS.  —  Dit 
que  M.  de  Bussy  n'ose  répondnr 
du  succès  de  l'entreprise  de  Flan- 
dre; cependant,  il  est  le  seul  à  la 
croire  bonne,   16.  —  Le  roi  de 
Navarre  et  le  duc  d'Anjou  auront 
une  entrevue  à  Bourges  pour  se  ré- 
concilier, i6.  —  Le  duc  d'Anjou 
est  venu   ia   trouver   entre  Ponl- 
vallain  et  le  Lude  ;  elle  l'a  entre- 
tenu de  l'expédition  des  Flandres, 
i-j.  —  Le  duc  de  Guise  fait  lever 
des  troupes,  18.  —  Elle  écrit  au 
roi,  de  Bonrgueil,  où  le  duc  d'An- 
jou l'avait  accompagnée,  craignant 
d'être  investi  au  Lude,  18.  —  Elle 
reparle  des  Flandres  à  son  fils  et  fait 
tout  pour  l'en  détourner,   ig.  — 
Désire  qu'il  se  décide  pour  un  des 
mariages  proposés,  20.  — -  Envoie 
M.  de  Maintenon  vers  le  roi  avec  un 
mémoire  de  ce  qui  s'est  dit  au  sujet 
des  Flandres  entre  elle  et  le  duc 
d'Anjou  ,21.  —  Presse  M.  de  Bid- 
jièvre   au  sujet  des  affaires  de  la 
reine  de  Mavarre,   aô.  —    Elle  a 
reçu  de  mauvaises  nouvelles  de  son 
procès  et  le  recommande  encore  à 
M.  d'Abain,  96.  —  Assure  M.  de 
Mauvissière  de  ses  bons  sentiments 
pour  la  reine  d'Angleterre,  37.  — 
Evprime  au  grand-duc  de  Toscane 
son   regret  de  la  mort  de  la  du- 
chesse, 97.  —  Ecrit  à  M.  d'Abain 
pour  le  fait  de  M.  de  Foix,  28.  — 
Annonce  h  M.  de  ilauvissièrc  que 
le  ducd'Anjou  s'est  décidé  à  épouser 
ia  reine  d'Angleterre;  elle  désire 
que  le  mariage  se  fasse  dans  six 
semaines,  28.  —  Envoie   Maspa- 
rault  informer  le  maréchal  de  Dam- 

CATIlEnlNE    DE  MÉDICIS.  VI. 


TABLE  DES  MATIERES. 

ville  des  propos  de  Parabère,  2g. 
— •  Propose  au  duc  d'Anjou  de  lui 
constituer  un  royaume  en  Provence , 
39,  note.  —  Écrit  à  Elisabeth 
qu'elle  partage  son  opinion  sur  le 
voyage  du  duc  d'Anjou  eu  Flandre, 
3o.  —  S'adresse  à  M.  de  Bellièvre 
pour  le  payement  des  garnisons 
suisses,  3o.  —  Invite  M.  de  Mali- 
gnon  à  arrèler  les  lrnu[ii'S  ipii  vou- 
draient suivre  le  duc  d'Anjou,  .32. 

—  Écrit  au  roi  d'Espagne  pour  se 
justifier  de  l'anfaire  de  Flandre, 
33.  —  Elle  part  d'Ollainville  pour 
son  voyage,  33,  note;  34,  note. 

—  Exprime  encore  ses  regrets  au 
roi  d'Espagne,  34.  —  Donne  des 
nouvelles  de  la  cour  à  la  reine 
d'Espagne,  34.  • — •  Bemercie  M.  de 
Matignon  d'un  lévrier,  35.  —  Part 
pour  la  Guyenne,  35.  —  Insiste 
auprès  d'Elisabeth  pour  presser  son 
mariafjo,  avec  grand  témoignage 
d'affection,  35.  —  Prie  .M.  de 
Walsiugham  de  s'y  employer,  3(5. 

—  Est  heureuse  do  l'admiration 
que  la  reine  de  Navarre  excite  à 
Cognac,  36,  note.  —  Informe 
M.  de  Bellièvre  que  le  roi  doit,  à 
force  d'argent,  empêcher  Casimir 
d'entrer  en  France,  87.  —  Son 
séjour  ù  Bordeaux,  89,  note.  — 
Remercie  M.  de  Bellièvre  des  nou- 
velles de  son  voyage  en  Flandre, 
3i).  —  Ecrit  de  Bordeaux  au  roi, 
le  peuple  de  celte  ville  est  fort 
alTeclionué  à  son  service,  4o.  — 
Elle  a  mis  de  l'ordre  dans  les 
affaires  et  établi  un   conseil,    4i. 

—  Voudrait  éloigner  rertaines  per- 
sonnes de  la  ville,  4:1,  43.  —  A 
eu  des  nouvelles  de  Beaucaire ,  4  4 . 

—  Le  roi  de  Navarre  veut  venir  à 
sa  rencontre  à  la  Réole,  45.  — 
Écrit  au  roi  d'Espagne  pour  le  prier 
de  faire  cesser  les  poursuites  contre 
le  chevalier  Cortez,  5oo.  —  Insiste 
pour  voir  le  roi  de  Navarre  cl  l'in- 
vite à  diiier  avec  elle  à  Bordeaux, 


545 

.'iG.  —  Écrit  de  la  Itéole  au  roi, 
40.  — •  Le  roi  de  Navarre  est  venu 
la  trouver  à  Castéras  avec  une  suite 
brillante,  4G.  —  H  l'a  accompagnée 
à  la  Réole,  47.  —  Délibération 
sur  Beaucaire,  48.  —  On  reniel 
au  leudeinain  pour  conférer  sur 
l'édit  de  pacification,  4g.  —  Es- 
père que  le  duc  d'Anjou  se  retirera 
des  Flandres,  5o.  —  Insiste  pour 
(pie  le  maréchal  de  Binm  puisse 
venir  à  la  Béole,  5i.  —  Désire 
([ue  de  part  et  d'autre  les  villes 
occupées  soient  échangées.  Sa. — 
Remercie  Bellièvre  de  ses  nouvelles 
et  lui  recommande  de  s'opposer 
aux  entreprises  du  duc  Casimir, 
497.  —  Nomme,  |)Our  dresser  les 
articles  de  la  conférence,  de  la  part 
du  roi,  MM.  de  Valence,  de  Foix, 
de  Pibrac,  de  Saint-Sulpice,  d'Es- 
cars  et  de  la  Molhe-Fénelon ,  5-j. 

—  Craint  la  lenteur  des  députés 
du  roi  do  Navarre,  53.  —  Est  sa- 
tisfait du  progrès  des  affaires  et 
prie  le  roi  d'écrire  quelques  lettres 
d'encouragement  à  ceux  de  son 
parti,  i55.  —  S'efforce  de  re- 
met lie  les  gens  d'éjîlise  en  posses- 
sion de  leurs  biens,  5(j.  —  Re- 
mercie le  maréchal  do  Damvillc 
des  nouvelles  de   Beaucaire,    56. 

—  Est  heureux  du  hou  début  de 
son  voyage,  67.  —  Ecrit  au  séné- 
chal de  Toulouse,  58.  —  Donne 
son  avis  à  M.  de  Villeroi ,  sur  dif- 
férentes affaires,  ôg,  497,  498  et 
note.  —  Ses  instructions  au  sieur 
de  Pailhès  pour  l'exéculionde  l'édit, 
Go.  —  Prie  le  grand-duc  de  Tos- 
cane de  procurer  de  l'argent  au 
roi,  6a.  —  Rend  compte  de  son 
voyage  au  roi,  63.  —  Charge  le 
maréchal  de  Damvillc  de  publier 
ce  qui  a  été  conclu  pour  l'éxecution 
de  l'édit,  66.  —  Lui  rccoiuiiiande 
de  remettre  l'ordre  en  Languedoc, 
67.  —  Écrit  une  longue  lettre  au 
roi,  67.  —  Veut  écliangcr  les  chi- 

'>'.l 

tVrCIVtKIt     TÂTtOKAtt. 


5^6 


TABLE  DES  MATIERES. 


teaux  de  Moiilignac  et  Noiilron 
coutre  Cbàliiloii,  Figeac  ou  Puy- 
mirol,  que  le  roi  de  Navarre  dé- 
tient, 6(). — La  noblesse  de  l'Agenais 
est  venu  la  trouver,  69.  — •  Rap- 
porte au  roi  les  conseils  qu'a  donnes 
le  maréchal  de  Biron  ,71.  —  Diffi- 
cultés qu'elle  rencontre,  yi,  75. 

—  Conseille  au  roi  d'envoyer  des 
gratiBcalions  à  plusieurs  personnes , 
76.  ' —  Sa  lettre  à  M.  de  Faillies, 
7Ç).  —  Ecrit  au  roi,  de  Toulouse, 
qu'elle   espère  consolider  la  paix, 

80.  —  Avertit  le  roi  de  ne  pas  faire 
Irausporler  le  bureau  de  sa  recette 
générale  de  Bcziers  à  Montpellier, 

81,  8a.  —  Demande  au  roi  d'or- 
donner qu'on  lui  envoie  de  l'argent 
pour  son  voyage,  8a.  —  Rend 
compte  au  roi  de  son  entretien 
avec  le  vicomte  de  Turcnne,  Sa. 

—  Elle  se  méfie  du  roi  de  Navarre 
et  des  protestants,  83.  —  Craint 
qu'ils  ne  négocient  avec  Casimir, 
85.  —  Se  plaint  de  ce  que  le 
clergé  du  Languedoc  refuse  de 
payer  les  décimes  ordinaires,  80. 

—  Ecrit  au  roi  que  les  liuguenots 
voudraient  garder  quelques  places 
pendant  trois  ou  quatre  mois,  87. 

—  Montauban ,  quoique  huguenot , 
sera  facile  à  soumettre,  88.  — 
Écrit  au  Pape  pour  recommander 
Pierre  du  Faur  pour  l'évêché  de 
Lavaur,  88.  —  Rend  compte  au 
roi  de  diiers  événements,  8g.  — 
La  noblesse  du  Languedoc  main- 
tiendra l'édit,  90.  —  Chàtillon 
rassemble  encore  des  forces  pour 
rester  maître  de  Beaucaire  ,9t.  — 
Elle  redoute  toujours  l'intervention 
de  Casimir,  en  dépit  des  précau- 
tions prises  par  le  roi,  g3.  —  11 
faut  que  le  roi  réconcilie  d'Escars 
et  les  autres  mécontents,  gi.  — 
Ménerbes  a  été  rendu ,  go.  —  Ecrit 
au  roi  ce  que  le  clergé  de  Toulouse 
réclame  et  ce  qu'elle  est  d'avis  d'ac- 
corder, 96.  —  Se  plaint  au  roi  des 


difficultés  qu'elle  éprouve  du  côté 
dos  huguenots,  97.  —  A  fait  des 
reproches  au  vicomte  deTureime, 
98.  — Lui  dit  qu'elle  a  appris  qu'on 
voulait  la  retenir  à  Toulouse  pour 
que  pendant  ce  temps  là  Chàtillon  et 
autres  s'emparent  du  Languedoc, 
loi.  —  Menace  le  vicomte  de  Tu- 
renne  de  revenir  si ,  après  son  dé- 
part, la  paix  est  troublée  par  les 
huguenots,  loa.  — •  Ecrit  au  roi 
au  sujet  des  ail'aires  de  Bretagne, 
10a.  —  Le  duc  de  Montpensier 
doit  y  aller  pour  prévenir  les  dés- 
ordres, loli.  —  Annonce  au  roi 
qu'elle  partira  pour  l'Isle- Jourdain , 
lois.  —  Le  roi  de  Navarre  prétend 
désirer  l'exécution  de  l'édit,  io4. 
—  Elle  a  fait  mettre  une  garnison 
à  Pont-Saint-Espî-it,  loC.  —  Est 
arrivée  à  l'Isle-Jourdaiu,  106.  — - 
S'attend  à  être  gênée  par  ceux  qui 
ne  désirent  pas  la  paix,  106.  — 
H  faudra  se  hâter  pour  négocier 
avec  le  duc  Casimir,  de  crainte  que 
le  roi  de  Navarre  ne  traite  avec  lui , 
107.  —  Demande  à  la  duchesse 
d'Uzès  des  nouvelles  de  la  santé  de 
la  reine  de  Navarre,  1  08. —  Prie  le 
roi  de  s'occuper  eu  conseil  des  traites 
générales ,  particulièrement  pom-  ce 
qui  intéresse  Bordeaux,  log.  — 
Insiste  auprès  de  M.  de  Vezins 
pour  qu'il  fasse  cxécnlor  Laberte, 
igg.  —  Est  indignée  de  ne  plus 
entendre  parler  du  roi  de  Navarre, 
110.  —  Encore  l'entreprise  de 
Flandre,  111.  —  Le  mariage 
d'Angleterre,  et  les  précautions 
qu'il  faudra  prendre  avant  que  le 
duc  d'Anjou  n'aille  voir  Elisabeth, 
lia.  —  Exprime  à  Elisabeth  le 
grand  contentement  qu'elle  aura 
de  cette  union,  113.  —  Annonce 
an  roi  que  le  roi  de  Navarre  arri- 
vera à  risle-Jourdain,  1 13.  —  Ce 
([u'il  faudra  faire  pour  les  villes  re- 
tenues par  les  protestants,  ii3. 
Il 4.  —  Intervient  auprès  du  roi 


en  faveur  de  l'abbé  de  Vendôme, 
11 5.  —  Envoie  un  passeport  à 
Pierre  de  Médicis,  116.  —  Ex- 
prime au  roi  son  grand  méconten- 
tement des  lenteurs  du  roi  de  Na- 
varre, 1 16.  ■ —  Elle  ira  le  trouver 
s'il  ne  vient  pas,  117.  —  Nouvelle 
lettre  sur  ce  sujet,  117.  —  A  fort 
mal  reçu  les  sieurs  de  Jliossens  et 
de  Guitry,  qui  venaient  faire  des 
excuses  de  la  part  de  leur  maître, 
118,11g.  —  Se  plaint  de  la  mau- 
vaise volonté  de  ceux  qui  entourent 
le  roi  de  Navarre,  i!0.  —  La 
conférence  sera  enliu  réunie  à 
Nérac ,  1  a  1 .  —  Remercie  le  roi  de 
sa  lettre  et  est  heureuse  de  son 
approbation,  ia3.  —  Parle  de 
l'affaire  du  clergé,  laà.  —  Écrit 
au  roi  à  propos  des  états  de  Bre- 
tagne, 125,  —  et  de  l'imposition 
sur  le  vin  et  le  blé,  ia5.  —  Re- 
commande ces  mêmes  affaires  à 
M.  Brulart,  136.  —  Sa  lettre  au 
maréchal  de  Damville  sur  la  surprise 
de  la  Réole,  127.  —  Reparle  au 
roi  des  longueurs  et  remises  des 
protestants,  129.  —  S'est  joint  au 
roi  de  Navarre  pour  combattre  Ba- 
com,  Fournier  et  leurs  brigands, 
1 3o.  —  Promet  au  roi  de  Navarre 
que  la  Réole  lui  sera  rendue,  i3i. 

—  Donne  des  nouvelles  au  roi  sur 
la  surprise  de  la  Réole,  iSa  ,  —  et 
sur  l'entreprise  du  roi  de  Navarre 
sur  Fleurance,  i33.  — •  Prend  des 
mesures  pour  que  les  autres  villes 
restent  tranquilles,  i3i,  i35.  — 
Annonce  au  maréchal  de  Damville 
que  les  désordres  seront  bientôt  ré- 
parés, i3G.  —  Lui  dit,  dans  une 
autre  lettre,  qu'on  aura  quelque 
peine  à  y  arriver,  1 37.  —  Envoie  des 
nouvelles  de  Beaucaire  au  roi,  1 87. 

—  Adresse  deux  lettres  au  maréchal 
de  Daniv  ille ,  1 3g.  —  Ira  à  Nérac , 
1/10.  —  Rend  compte  des  affaires 
dans  une  longue  lettre  au  roi,  lie. 

—  La  situation  à  la  Réole  est  de- 


TABLE  DES  MATIERES. 


i'i7 


venue  plus  difficile,  i-'ia.  —  Reri- 
coutre  le  roi  de  Na\arre  à  Jégiin, 
iSg,   i4'i.  —  S'est  indignée  des 
raisons  iju'il  donne  de  sa  conduite, 
i4â.  —  Esl  euGn  tomliéc  d'accord 
avec  lui,  i4g.  —  Prie  le  dur  de 
-Montpensier  de  réparer  le  mal  causé 
par  la  surprise  de  Lauzerle,  dont 
elle  est  fort  alarmée,  i5o.  —  Ecrit 
aussi  à  Lauzerte,  1 5 1 .  —   Rend 
compte  au  roi  de  ce  qui  se  passe, 
lôa.  —  On  sera  prêt  à  lui  porter 
secours,  si  quelque  chose  survient 
lors  de  son  séjour  à  Mérac,  lô'i. 
— ■  S'inquiète  des  troubles  de  plu- 
sieurs villes,    167.  —   \oit  avec 
plaisir  que  M.  de  Bellièvre  ira  en 
Normandie,  iSg.  —  Prie  le  maré- 
chal de   Daraville   d'aller  jusqu'à 
Carcassonne,  160. —  Écrit  au  roi 
et  désire  qu'il  lui  laisse  le  sieur  de 
Pibrac,   iCo.   —   S'intéresse   aux 
travaux  du  Boucault  de  Bayomie, 
161.  —  Demande  au  maréchal  de 
Damville  de  s'occuper  des  sieurs  de 
la  Croisetle  et  de  Monbartier,  iG-î. 
—  Ecrit  au  roi,  iCa.  —  A  inter- 
rogé le  capitaine  Chauvet  sur  les 
intentions  des  huguenots,  i6i.  — 
11  v  a  quelques  ditlicultés  pour  re- 
mettre la  Réole  en  état,  i6â.  — 
Écrit   au   maréchal  de   Damville, 
i65.  —  Lui  annonce  une  entre- 
prise sur  Béziers  qu'il  devra  préve- 
nir, 1 66.  —  Recommande  chaleu- 
reusement au  maréchal  de  Bellièvre 
les  intérêts  du  comte  d'Escars  et  de 
son   fils,   166.  —  Informe  le  roi 
que  ceux  de  la  Réole  ont  envoyé 
leurs  conditions,  168.  —  Elle  dé- 
sirerait faire  la  conférence  ailleurs 
qu'à  Nérac,  168.  —  Les  défiances 
du  roi  de  Navarre  et  de  Ijourhart, 
169.  —  Brouilles  entre  les  catho- 
liques de  Condom,  170.  —  Ecrit 
au  maréchal  de  Damville  au  sujet 
de  certaines  places,   17a.  —  Dit 
au  roi  que  thàtillon  et  Bacom  re- 
commencent à  se  remuer,   178.  — 


A  signé  avec  le  roi  de  Navarre  des 
promesses  relatives  à  la  restitution 
de  la  Réole,  175.  —  Fait  part  au 
maréchal  des  craintes  ([u'elle  a  au 
sujet  des  états  de  Normandie,  177. 

—  Recommande  au  maréchal  de 
Damville  de  veiller  à  ce  qu'aucune 
nouvelle  entreprise  ne  se  lasse,  171). 

—  Prie  d'intervenir  en  faveur  des 
chanoinesde  Montpellier  pour  qu'on 
leur  rende  l'église  de  Maguelonm', 

180.  —  Parle  au  roi  des  protes- 
tants de  Daupln'ué,  181.  —  A  signé 
les  articles  qui   les  concernaient, 

181.  —  Dans  une  longue  lettre,  elle 
écrit  au  roi  tout  ce  qui  se  passe, 
i83.  —  Le  roi  de  Navarre  et  les 
siens  se  tiennent  en  dehors  des  af- 
faires du  Dauphiné,  i83.  —  Le 
roi  peut  compter  sur  le  dévoue- 
ment de  ceux  d'au  delà  de  la  Ga- 
ronne, i85.  —  Surprise  de  plu- 
sieurs places,  i85.  —  Assassinat  à 
Langon,  189.  —  N'a  pas  encore 
réussi  à  faire  fixer  la  date  de  la 
conférence,  1  g  1 .  —  Reparle  au  roi 
du  Boucault  de  Bayonne  et  le  prie 
d'aider  à  la  dépense,  192.  —  Se 
plaint  des  mauvaises  volontés  de 
plusieurs  et  des  surprises  qui  conti- 
nuent, iQ-3.  —  S'étonne  que  le  s' 
do  Matignon  n'ait  pu  prévenir  ce 
qui  est  arrivé  aux  étals  de  Nor- 
mandie, et  lui  écrit,  ig6.  —  Écrit 
à  M.  d'Ahain  au  sujet  du  duché 
d'Urbain,  ig6.  —  Raconte  au  roi 
qu'elle  a  menacé  les  s"  de  Biron 
et  de  Duras  d'aller  elle-même  à 
la  Réole,  ig7.  —  Charge  le  ma- 
réchal de  Damville  de  veiller  à  ce 
qu'on  ne  publie  pas  dans  son  gou-  I 
vernement  de  faux  édits,  comme 
en  Normandie,  igg.  —  Donne 
son  avis  au  roi  sur  la  manière  de 
se  conduire  avec  les  provinces,  301. 

—  Décharge  le  capitaine  Favas  du 
gouvernement   de   la   Réole,   aO!>. 

—  Est  heureuse  que  le  duc  d'Anjou 
soit  revenu   en  France,   3o3.    — 


l'ario  au  roi  des  mesures  qu'elle  a 
prises  pour  la  paix,  2o5.  —  En- 
voie deux  lettres  en  réponse  au 
maréchal  de  Damville,  307.  — 
Écrit  au  conseil  d'Etal  pour  faire 
payer  deux  serviteurs,  s 08.  — 
Demande  à  M.  de  Bellièvre  d'en- 
voyer des  lettres  patentes,  riog.  — 
El  lui  recommande  divers  paye- 
ments, 310.  —  En  députant  le  s"^ 
de  Maintenon  au  roi,  elle  fait  dif- 
férentes propositions  pour  satisfaire 
Casimir,  312.  —  Reparle  du  Bou- 
cault de  Bayonne,  21 5.  —  Divi- 
sions à  Condom ,  3 1 5.  —  Elle  s'at- 
tend à  des  difficultés  avec  le  parti 
do  Carces,  31 5.  —  Demande  à 
M.  d'Ahain  dos  nouvelles  du  duché 
d'Urbain,  216.  —  Reparle  an  roi 
de  Casimir;  ollo  a  vu  Clervaut  <pii 
a  apporté  des  nouvelles  de  Flandro, 

2  1 8.  —  La  Réole  va  être  rendue 
aux  prolostants  ,219.  —  Écrit  deux 
lettres  au  maréchal  de  Damville. 
332,  321.  —  S'inquiète  des 
troubles  des  environs  de  Beaiicaire, 
221.  —  Infornio  le  roi  que  le  vi- 
comte de  Turenne  viendra,  avec 
deux  députés  protestants,  pour  fixer 
le  lieu  de  la  conférence,  332.  — 
Prie  le  roi  de  Navarre  de  faire  re- 
mettre Langon,  5oo.  —  Ils  sont 
venus  quatre,  et  tout  le  Conseil  (pii 
l'assiste  s'est  rais  en  colère  contre 
eux,  23/1.  —  Recommande  Nimes 
au  maréchal  de  Damville,  336.  — 
A  verse  sur  le  vicomte  de  Turenne 
tout  son  mécontentement  des  pro- 
positions dos  députés,  qu'elle  vou- 
drait faire  pendre,  238. —  Condom 
devient  tranquille,  23o.  —  Désire 
faire  revenir  le  maréchal  de  Relz 
en  Provence,  382. — La  Réole  étant 
rendue  au  roi  de  Navarre,  elle  fait 
demander  la  restitution  de  Fleu- 
rance  et  de  Langon,  333.  —  Les 
dépulés  menacent  de  s'en  retourner, 

3  33.  —  I^  crue  des  eaux  l'em- 
pêche de  se  rendre  à  Nérac  pour 

6g. 


568 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


rencontrer  les  dépulés.  —  Accuse 
M.  Biissy  des  extravagances  du  duc 
d'Anjou,  336.  —  Reparle  à  M.  de 
Bellièvre  de  l'exportation  du  vin  et 
du  blé,  336.  —  Dans  une  longue 
lettre  au  roi  elle  lui  raconte  les 
difTicullés  qu'on  a  eues  pour  se  faire 
obéir  à  la  Réole,  387.  —  Ce  qu'elle 
a  décillé  pour  remettre  des  muni- 
lions  dans  le  cbàteau,  a38.  —  Ses 
résolutions  concernant  Sainte-Ba- 
zeiile,  289.  —  Elle  est  souffrante: 
les  s"  de  Pibrac,  de  la  -Mothe-Fé- 
nelon,  de  Candale  et  de  Saint- 
Sulpice  la  précéderont  à  iNérac  pour 
préparer  la  conférence,  fiSg.  — 
S'étonne  du  maréchal  de  Biron  qui 
paraît  être  fort  en  colère,  aSo.  — 
Fleurance  a  élé  remise  aux  catho- 
liques, mais  ceux  de  Langon  ne 
veulent  rendre  le  château  qu'avec 
un  pardon  général,  268.  —  Se 
plaint  au  maréchal  de  Damville  de 
la  conduite  de  Cbàtilloii  et  des 
siens,  contre  lesquels  il  faudra  agir 
en  observant  l'cdit,  a/i.'i.  —  Se 
plaint  au  roi  de  Chàtiilon  et  autres 
qui  ont  pris  des  places,  a-'iô.  ■ —  On 
l'a  averti  que  pendant  la  conférence 
les  protestants  prendraient  leur  re- 
vanche de  la  Saint-Barthélémy, 
2i.5.  —  Se  méfie  du  roi  de  Na- 
varre, a 47. — -A  quitté  Port-Sainto- 
Marie  pour  Nérac,  a4g.  —  Le  roi 
de  Navarre  lui  a  fait  une  gracieuse 
réception  et  a  fait  évanouir  tout 
ses  soupçons,  aig.  —  Sa  première 
entrevue  avec  les  dépulés,  aSo.  — 
Leurs  remontrances  sont  déraison- 
nables, aSa.  —  Prie  le  maréchal 
do  Damville  de  s'informer  du  sujet 
du  voyage  du  courrier  des  députés 
protestants,  3 5 3.  —  Raconte  au 
roi  ce  qui  se  passe  entre  les  députés 
prolestants,  elle,  et  son  conseil, 
2  54.  —  Huit  articles  sont  arrêtés, 
367.  —  Remercie  le  maréchal  de 
Damville  des  bonnes  nouvelles  de 
Beaucaire,    357.   —    Compte  re- 


passer par  le  Languedoc  eu  re- 
tournant à  Paris,  358.  —  Il  y  î" 
beaui'oup  de  diflicultés  avec  les 
députés,  258,  —  surtout  à  cause 
du  grand  nombre  de  villes  qu'ils 
veulent  avoir  pour  leur  sûreté, 
a6i,  36a.  —  Beaucaire  est  rendu, 
268.  —  Demande  l'avis  du  roi 
au  sujet  des  villes  que  les  protes- 
lanls  exigent,  268.  —  Il  est  ques- 
tion d'un  dépôt  de  800,000  écus 
par  le  roi  en  échange  des  villes, 
264.  —  Recommande  aux  gouver- 
neurs de  Languedoc  et  d'Auvergne 
d'èlre  sur  leurs  gardes,  a (3 4.  — 
Met  le  roi  au  courant  de  ce  qui  se 
passe  entre  elle,  le  roi  de  Navarre 
et  les  députés,  a65.  —  lis  deman- 
dent cinquante-neuf  villes,  26».  — 
A  la  place  des  villes  on  pourrait  leur 
donner  de  l'argent  à  prendre  sur  le 
sel  du  Peccais,  a66.  —  lis  mena- 
cent de  faire  venir  Casimir,  3(17. — 
Elle,  de  son  colé,  menace  de  partir 
pour  Agen,  268.  —  La  prise  de  Sa- 
Verdun  fait  un  bon  effet,  268.  — 
Enfin ,  peu  à  peu ,  ils  se  sont  réduils 
à  quinze  villes  pour  six  mois,  outre 
les  huit  villes  de  l'édit,  270.  • — 
Les  conseils  qu'elle  donne  au  duc 
d'Anjou  au  sujet  de  son  voyage  en 
Angleterre,  272.  — -En  parle  au 
roi,  374,  375.  —  L'argent  que 
demandent  les  protestants  pour  l'en- 
tretien de  leurs  troupes,  378.  — 
Elle  veut  qu'ils  rendent  Mur-de- 
Barrez,  278.  —  Prévient  le  s'  de 
Panjas  qu'elle  viendra  à  Agen  ,280. 
—  Annonce  au  maréchal  do  Dam- 
ville que  la  conféronco  est  achevée, 
a8o.  —  Lui  écrit  que  less"de  Vérac 
et  d'Yolet  viendronl  en  Languedoc, 
281.  —  Dit  aux  habitants  de  Beau- 
caire qu'ils  seront  dédommagés  des 
dégâts  qu'a  causés  la  prise  du  châ- 
teau, 383.  —  Parle  de  son  procès 
à  M.  d'Abain,  284.  —  Prie  la  du- 
chesse d'Uzès  de  lui  envoyer  des 
nouvelles   du  roi   et  de   la  reine. 


284.  —  Annonce  au  roi  que  les 
articles  ont  été  signés  après  mainte 
discussion,  a 86.  —  Elle  a  envoyé 
partout  pour  faire  cesser  les  actes 
d'hostilité,  287,  agi.  —  Rencon- 
trera à  Agen  la  noblesse  des  en- 
virons, 287.  —  A  dû  consentir  à 
faire  la  chambre  de  Languedoc  mi- 
partie,  a8g,  ago.  —  Demande 
des  nouvelles  de  la  cour  à  la  du- 
chesse d'Uzès,  2g2.  —  Prie  le  ma- 
réchal de  DamWlle  de  réunir  les 
Etals,  le  2  5  mars,  à  Carcassonne  et 
non  à  Narbonne,  394.  —  Envoie 
ses  compliments  de  mariage  au  duc 
de  Ferrare,  ag'i.  —  Écrit  à  la  du- 
chesse de  Nemours  qu'elle  désire 
vivement  revoir  le  roi,  396.  — 
Envoie  le  conseiller  Doron  au  roi 
avec  une  instruction  et  une  lettre, 
297.  —  Son  entrevue  avec  la  no- 
blesse d'Agcn,  397.  —  Est  heu- 
reuse que  le  ^icomte  de  Turenne  et 
le  maréchal  de  Biron  se  montrent 
plus  affectionnés  au  service  du  roi, 
399.  —  Recommande  une  affaire 
de  l'évéque  d'Agen  à  la  duchesse 
de  Nemours,  800.  —  Ecrit  au  roi 
pour  se  défendre  dos  articles  de 
Nérac  et  des  concessions  qu'elle  a 
été  obligée  de  faire  aux  prolestants, 
3oi.  —  Désirerait  que  le  duc  d'An- 
jou aille  à  la  cour  pour  quelques 
jours,  3o4.  —  Envoie  le  s'  de 
Montaigne  chercher  quatre  che- 
vaux en  Espagne,  en  demandant  la 
permission  à  Philippe  II,  3o5.  — 
Ecrit  au  roi.  Le  parlement  a  fait 
exécuter  un  capitaine  et  deux  sol- 
dats qui  avaient  conduit  Camille  : 
un  autre  capitaine  a  été  tué  en 
route,  3o5,  3o6.  —  Est  fort  mé- 
contente de  la  rencontre  qui  a  eu 
lieu  entre  les  s"  de  Turenne  et  de 
Duras,  807.  —  En  écrit  au  roi, 
3o8.  —  Les  troubles  en  Dauphiné, 
810,  3 1 1 .  —  Langon  est  reniis  au 
roi,  3 1 3.  —  Engage  le  duc  d'Anjou 
à  aller  en  Angleterre,  81 5.  —  Il 


TABLE  DES  MATIERES. 


549 


faudra  que  ie  s'  ilo  Miju\ir!-ii'ie  ilc- 
mande  ies  sûretés  nécessaires  pour 
lui,  817. —  Est  conlenle  qu'il  soit 
allé  à  Paris,  comme  elle  raconte 
au  maréclial  de  Damville,  .'J18.  — 
Le  roi  de  Navarre  et  les  siens  veu- 
lent relarder  leur  arrivée  à  Castel- 
naudary,  3a  i.  —  Klle  remet  son 
dépari,  323.  —  Elle  propose  au 
roi,  dès  que  le  vicomte  de  Turenne 
aura  été  avec  le  maréclial  de  Biron 
en  Périjjord ,  de  le  mander  près  de 
lui,  avec  le  s'  de  Duras  et  ies  té- 
moins, pour  les  mettre  d'accord, 
3aa.  ■ —  Le  roi  de  Navarre  ne  veut 
pas  partir  avant  que  Saverdun  ne 
lui  soit  rendu  contre  Marciac,  333. 

—  Les  bons  rapports  entre  le  roi 
et  le  dur  d'Anjou  ne  font  pas  im- 
pression sur  le  parti  du  roi  de  Na- 
varre, 3  3  3.  —  Ecrit  à  la  duchesse 
d'Lzès,  3a5.  —  Au  maréchal  do 
Damville ,  de  Valence ,  et  ensuite  de 
Saint-Nicolas,  pour  la  tenue  des 
Étals  de  Languedoc  à  Carcassonno, 
337.  —  Change  d'avis  et  les  fail 
venir  à  Caslelnaudary,  337,  note. 

—  Dit  au  roi  qu'elle  rencontre 
encore  des  difficultés  de  la  part  de 
ceux  qui  ne  veulent  pas  la  paix, 
3a  9.  —  Affaires  de  Condom, 
829.  —  Laffin  apporte  de  bonnes 
nouvelles,  33o.  —  Elle  a  passé  par 
Beaumont  et  Grenade  pour  arriver 
à  Toulouse,  d'oii  elle  écrit  à  la  du- 
chesse de  Nemours,  33 1.  —  Prie 
le  roi  d'aider  le  duc  d'Anjou  pour 
son  voyage  en  Angleterre,  333.  — 
Annonce  au  roi  que  le  roi  de  Na- 
varre l'accompagnera  à  la  cour, 
335.  —  Le  maréchal  de  Biron  res- 
tera seul  pour  veiller  à  l'établis- 
sement de  la  paix,  ce  qui  vaudra 
mieux,  335.  —  Le  prie  de  nouveau 
de  favoriser  le  voyagedu  duc  d'.\njou 
en  Angleterre,  337-  —  Écrit  à 
la  duchesse  d'Uzès  qu'elle  devra 
encore  faire  un  voyage  en  Angle- 
terre, 338.  —  Autre  lettre  pour 


se  moquer  du  pays  et  des  gens 
qu'elle  y  rencontre,  339.  —  Est 
à  Sainl-Michel-dc-Lanès,  où  elle 
prie  le  maréchal  de  Damville  de 
venir,  34o.  —  Dans  une  lettre  au 
roi,  elle  voudrait  joindre  le  comté 
di!  Fois  au  gouvernement  de 
Tiuyeune  et  de  Languedoc,   3'ii. 

—  S'est  retrouvée  avec  les  députés, 
'iUi,  3ia.  —   A  intimidé  le  mi- 

nislre  Béraud,  346.  —  Le  roi  de 
Navarre  ne  l'accompagnera  pas, 
3 '17.  —  Elle  craint  des  dillicullcs 
pour  le  mariage  d'Angleterre,  3i8. 

—  Écrit  à  Langnac,  5oi.  —  Elle 
a  fait  remédier  à  la  surprise  de 
Langon,  34y,3âo.  —  A  réconcilié 
le  roi  de  Navarre  et  le  maréchal 
de  Biron,  35o.  —  Exprime  son 
déplaisir  de  l'affaire  de  Langon  au 
s'  d'Lssac,  3âa.  —  Prie  le  s'  de 
Monibrun  de  continuer  la  garde  de 
Terride,  353.  —  Ennui  que  lui 
cause  celte  nouvelle  surprise  <le 
Langon,  qu'elle  fera  sévèrement 
punir,  353,  354. —  Ses  mesures 
pour  reprendre  Langon,  356.  — 
Son  départ  de  la  Guyenne  et  la 
tristesse  de  sa  fille,  357.  —  La 
manière  charmante  dont  le  roi  de 
Navarre  a  pris  congé  d'elle,  358, 
359.  —  Écrit  à  Laugnac,  5o5.  — 
Lettre  du  roi  sur  des  affaires  de 
finances,  862.  —  A  de  mauvaises 
nouvelles  de  Savoie,  Piémont  et 
Saluées;  a  mandé  le  maréchal  de 
Bellegarde  près  d'elle,  363.  — 
Nouvelles  agilalinns  en  Guyenne, 
où  la  paix  est  difficile  à  établir  en- 
tièrement, 364.  —  Écrit  à  Lau- 
gnac, 5o3.  —  La  peste  en  Langue- 
doc, 365.  —  Bacom  et  les  brigands 
des  Cévennes,  366.  —  Préfère  ne 
pas  se  servir  de  Cbàtillon  pour  faire 
entendre  raison  à  Bacom,  366.  — 
Espère  être  dans  un  mois  à  la  cour, 
3O7.  —  Bacom  s'est  très  bien  con- 
duit et  a  rendu  qualre  villes,  369. 

—  A  Pézenas,  quelques  prolestanls 


et  catholiques  de  Montpellier  sont 
venus  lui  piéseuter  une  requête  à 
biquelle  elle  a  satisfait,  870. —  Prie 
le  roi  de  lui  envoyer  les  expéditions 
pour  installer  le  grand-prieur 
comme  gouverneur  de  Provence, 
et  le  comte  de  Suze  comme  général 
des  galères,  871.  —  Le  s'  de  Tlioré 
veut  remelire  sa  mission  dans  le 
diocèse  de  Montpellier,  à  cause  de 
l'absence  de  M.  de  Chàtillon,  372. 
— ■  Le  s'  de  Banville  est  arrivé  de 
la  part  du  duc  d'Anjou,  874.  — 
Elle  a  rendu  un  jugement  dans  un 
différend  entre  les  protestants  et 
calholiques  de  Montpellier,  au  sujet 
de  l'église  de  Notre-Dame,  876, 
877.  —  il  y  aura  beaucoup  à  faire 
|iour  calmer  les  Carcisles  et  les 
Razats  en  Provence,  878.  —  Ces 
derniers  ont  assiégé  le  jimne  mar- 
quis de  Trans  dans  son  château, 
877.  —  .\  passé  à  côté  de  Mont- 
pellier, où  son  courage  a  fait  une 
bonne  impression,  879.  —  A 
Bcaucaire,  les  envoyés  des  Car- 
cistes  et  des  Razats  sont  venus  la 
trouver,  38o.  —  Donne  ordre 
aux  uns  de  lever  le  siège  de  Trans 
et  aux  autres  de  rendre  le  Puy  et 
Saint-Pol,  38 1.  —  Exprime  dans 
une  petite  lettre  à  la  duchesse 
d'Uzès  tout  l'ennui  que  lui  causent 
ces  querelles,  38i.  —  Dit  au  roi 
qu'elle  a  refusé  d'entrer  en  Pro- 
vence avant  que  les  armes  ne  fussent 
posées  de  part  et  d'autre,  882.  — 
Dans  une  lettre  au  duc  de  Nevers, 
elle  est  contente  du  succès  de  son 
voyage  en  Guyenne  et  Languedoc, 
et  sur  ie  point  d'entrer  en  Pro- 
vence, 383.  —  Articles  accordés 
entre  elle  et  le  roi  de  Navarre  à  la 
liéole,  888.  —  Sa  lettre  missive 
aux  baillis  et  sénéchaux,  du  7  oc- 
tobre 1678,  891.  —  Son  instruc- 
tion pour  faire  exécuter  l'cdit, 
892.  —  Sa  lettre  missive  du  i3  oc- 
tobre 1078,  398.  —  Commission 


550 


TABLE  DES  MATIERES. 


qu'elle  donne  au  s'  de  Fonlenilles, 
pour  aller  à  Lecloure,  Sgi.  — 
Propos  qu'elle  tient  à  la  nolilesse 
d'Agen  en  octobre  1578,  SgS.  — 
Lettre  que  lui  adresse  le  président 
de  Villeneuve,  ioa.  —  Mémoire 
qu'elle  reçoit  de  La  Hunaudaye  sur 
les  étals  de  Bretagne,  4o3.  — 
Son  acte  public  avec  le  roi  de  Na- 
varre à  Auch,  le  4  décembre  1 778 , 
io5  et  note.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Henri  III  le  5  décembre,  ^07.  — 
Requête  que  lui  adressent  les  Age- 
nais  et  sa  réponse,  4i2  et  note  2. 

—  Promesse  qu'elle  lait  au  roi  de 
Navarre  de  rendre  la  Réole,  4i3, 
4i4.  —  Promesse  que  lui  fait  le 
roi  de  Navarre  de  rendre  Flcu- 
rance,  4i5.  —  Son  règlement  tou- 
chant la  ville  de  Condom,  il 5.  — 
Ses  notes  sur  le  mémoire  envoyé 
au  roi  par  les  chefs  de  la  réforme , 
417,  435.  —  Instruction  que  lui 
envoie  le  roi  par  le  s'  de  Dinte- 
ville,  435,  44 1.  —  Discours  sur 
son  rôle  aux  conférences  de  Nérac, 
44 1,  448.  —  Autre  discours,  449, 
452.  —  Son  discours  à  la  noblesse 
de  Guyenne,  le  5  mars  157g,  4Ô2. 

—  Son  instruction  aux  gentils- 
hommes pour  l'exécution  des  ar- 
ticles de  la  conférence,  4.î4-45g. 

—  Commission  qu'elle  donne  aux 
s"  de  Pardaillan  et  de  Borolhan, 
45g.  —  Reçoit  à  Agen  le  serment 
des  notables,  p.  463.  —  Lettres 
que  lui  adresse  le  maréchal  de 
Damville,  464-48 1.  —  Sou  règle- 
ment relatif  à  Narbonne,  p.  485. 

—  Sa  réponse  à  l'instruction  de 
Banville,  écuyer  du  duc  d'Anjou, 
p.  48g.  —  Pépense  personnelle 
de  son  voyage,  quittance  qu'elle  en 
donne,  491.  —  Ses  réponses  aux 
remontrances  du  parlement  de 
Toulouse,  4gi-4g4.  —  Témoi- 
gnage que  lui  rend  le  roi,  4g4. 

MÉDicis  (Hippolyte,  cardinal  de),  6 
et  note. 


(Pierre  de).  Catherine  lui  an- 
nonce l'envoi  dun  passeport,  et 
fera  tout  pour  faciliter  son  voyage, 
1 1  G.  —  Lui  conseille  cependant 
de  ne  pas  venir  jusqu'en  Guyenne 
pour  la  voir,  à  cause  des  troubles, 
i5g. 

(François    de).   Voir  Toscane 

(Grand-duc  de). 

Mkilhan  {Landes),  i58  et  note; 
549. 

Meilledaie  (Le  sieur  de),   18,   ai. 

Mende  (L'évéque  de).  Voir  Beaune 
(Renaud  de). 

Menerbes  (VattcUise),  gô  et  note; 
i48,  i65,  906,  216  et  note. 

Mer  (Jean  de  La)  ou  Laher,  syndic 
de  Castres,  député  protestant.  Vient 
trouver  la  reine,  224,  327.  —  Est 
présent  à  la  conférence,  aSo,  356, 
362.  —  Se  joindra  à  M.  de  Mont- 
berault  pour  l'exécution  de  l'édit, 
agS. 

Mébabgces  (Le  sieur  de).  Retourne 
en  Provence,  882. 

Mère-Eglise  (Le  sieur  de),  4o5  et 
note. 

Merle  (Mathieu),  capitaine,  78  et 
note;  i3o,  note. 

Merville  (Le  sieur  de),  sénéchal  du 
Bordelais,  93o.  —  Doit  délivrer 
les  poudres,  3a8,  note,  3go. 

Metz  (La  ville  de),  44,  note. 

Meun  (Le  sieur  de),  gentilhomme  de 
Condom,  2  5g. 

Meynes  (Gard),  36a  et  note;   364. 

MiossEss  (Jean  d'Albret,  baron  de), 
capitaine  catholique.  Est  allé  trouver 
le  roi  de  Navarre  de  la  part  de  sa 
femme ,  1 5 ,  117,  note.  —  La  reine 
e.«t  fort  mécontente  de  ce  qu'il  vient 
dire  de  la  part  du  roi  de  Navarre, 
it8,  i3i,  i32,  i33,  i34,  i64, 
170,  note.  —  Il  épouse  la  fille 
du  sieur  du  Pont,  27g,  3io,  344, 
4o5  et  note. 

MiRABEL  (Le  château  de),  47,  48, 
Ô2 ,  88  et  note;  90. 

MiRAMBEAn  {Vienne),  Sg,  note. 


MiBEPOix  (Jean  de  Lehs,  sieur  de), 
sénéchal  de  Ciircassonne  et  de  lié- 
ziers.  Ira  pour  le  roi  à  Carcassonne 
pour  l'exécution  de  la  paix.  60, 
67.  —  Il  éprouve  quelque  difficulté 
à  se  faire  obéir,  172.  —  Différend 
entre  lui  et  le  sieur  de  Terrido, 
347,  353,  890  et  note. 

(L'évêcpie   de).   Voir  Villars 

(Pierre  de). 

MoiiVETO»,  courrier,  62,  16a,  166, 
167,  36g. 

MoissAC  (Tam-et-Garonne),  76,  78 
et  note;  i5o,  42  5. 

MoLÉ  (La),  député  des  Ragats.  Ar- 
rivé à  Beaucaire  auprès  de  la  reine, 
il  lui  donne  son  avis  sur  la  route  à ,. 
suivre  par  elle,  38i.  —  Retourne 
en  Provence,  882. 

MoLLÉ ,  trésorier  de  France  et  général 
des  finances  en  Champagne,  98. 
—  Est  envoyé  vers  le  roi,  io4, 
note;  i56.  —  Ira  à  Langon  pour 
y  rétablir  la  paix,  et  passera  par 
Bordeaux,  189,  iga,  219,  980. 
La  reine  voudrait  l'envoyer  pour 
le  roi  en  Quercy  et  en  Rouergue, 
3 10.  —  La  reine  le  recommande 
comme  bon  serviteur,  106,  108, 
log. 

MoxBARTiER  (Antoine  d'Astorg,  sieur 
de).  Ira  pour  le  roi  de  Navarre  à 
S'-Papoui  et  Lavaur  pour  l'exécu- 
tion de  la  paix,  66.  —  S'occupe 
de  sa  charge,  110,  189,  i5o,  162, 
8go. 

MoxDBEviLLE  (Lc  sicur  de),  conseiller 
de  la  reine  mère,  81,  note. 

MoNFLAXQDiN  {Lot-et-Garonne),  945, 
844. 

M0NGOMERÏ,  capitaine  protestant  ,175, 
note;  196  et  note. 

MoxLEZDx  (Jean  de).  Voir  Baranneau. 

MoNLDC  (Jean  de),  évéque  de  Valence. 
\  fait  de  bous  rapports  sur  le  ma- 
réchal de  Damville,  5.  —  Le  roi 
veut  le  renvoyer  en  Languedoc,  7, 
note;  48.  —  Sera  dans  la  com- 
mission pour  le  roi,   Sa,  56.  — 


TABLE   DES   MATlEllES. 


551 


Se  iiiontro  très  cajialile,  58,  173, 
180,308.  —  Etant  malade,  le  sieur 
de  Folx  porte  la  parole  à  sa  place, 
aSa,  a56,  .'iag.  —  Son  mal  aiij;- 
niente  à  NtH-ac,  Mil).  —  Eiivoyn 
aux  états  de  Lanjjuedoc,  /181.  — 
Meurt  à  Toulouse,  363  et  noie. 

(Jean  de),  chevalier  de  Malle, 

évoque  de  Condom.  —  La  reine 
envoie  sa  lettre  au  lioi,  19.3  el 
note;  igi,  a'ii. 

.MosiAFFiK  (Louis,  comte  de),  en  Pié- 
mont, clievalier  de  l'ordre  du  Roi. 
La  reine  ri'coniniande  sa  veuve  et 
ses  enfants  au  duc  do  Savoie,  a ,  'i. 
—  Et  encore  plus  expressément,  7. 

MoNTAroNAC,  capitaine  protestant.  A 
été  lue  à  la  surprise  de  Cleruioiil- 
de-Lndève,  aiii. 

(Le  château  de),  3a6,  35'i, 

37a. 

Montaigne  (Geoffroy  de),  aoi.  Est 
envoyé  complimenter  le  roi  et  la 
reine  d'Espagne,  d'où  il  doit  rap- 
porter quatre  chevaux,  3o5. 

Mostadban  {Tarn-et-Garonne),  46, 
note;  1)8,  ."la ,  88,  aaa,  aa3, 
234,  337,  a'iS,  a68,  4a5. 

MoNTBERAiJD  (  François  deTersac  ,  sieur 
de),  lieutenant  du  maréchal  de 
Bellegarde.  Catherine  et  le  roi  de 
Navarre  lui  annoncent  que  le  \i- 
comte  de  Polin  et  M.  Lamet  vien- 
dront se  joindre  à  lui  pour  l'exécu- 
liou  de  l'édit,  398.  —  La  reine 
ayant  su  qu'il  est  malade ,  l'en  dé- 
charge, 3i  1.  —  Les  lettres  du  roi, 
3 1 1 ,  note. 

MoNTonuN  (Le  s'  de),  capitaine.  La 
reine  lui  écrit  pour  le  faire  conti- 
nuer la  garde  du  château  de  Ter- 
ride,  352. 

Most-de-Marsan  (Landes),  389. 

MOSTDBAGON    (D'AlBERT  De),    2  1  7.   

Est  venu  rendre  hommage  à  la  reine 
avec  la  noblesse  de  Provence ,  38o 
et  note. 
MosTïnEAu-FADLT-Yo.-ixE  (  Yonne),  3 1 , 
note. 


MoMKERHAXT  ( Lo  sieur  de),  i54. 

MoMGUio»  (La  Rochefoucauld,  sieur 
de).  Est  dans  la  commission  pour 
le  roi  de  Navarre  ,5a,  390  et  noie. 

MoNTlGSAC-LE-CoMTE   { Dovdoffne)  ,    7, 

noti»;  08  et  note;  18O,  igi,  878, 
note. 
Montmorency  (François,  maréchal  de 
France,  de),  fils  aine  du  conné- 
table. Lettre  de  la  reine  (jui  lui 
exprime  son  contentement  de  la 
résolution  du  maréchal  de  Damville 
et  le  prie  d'exhorter  le  sieur  de 
Thoré  à  suivre  son  exemple,  igS, 
3 1 1 .  —  Est  mort  à  Ecouen ,  en 
mai  1579,  366,  noie. 

(Henri    de),    second    lils    du 

connétable,  maréchal  de  Dam- 
ville, duc  de  Montmorency  après 
la  mort  de  son  frère  aine,  365, 
360,  3O9,  870,  38o,  38i.  — 
Voir  Damville. 

(Charles  de),  sieur  de  Méru, 

troisième  fils  du  connétable,  de- 
vient duc  de  Damville  après  la  mort 
de  Henri,  maréchal  de  Damville, 
300,  note. 

(Guillaume  de),  seigneur   de 

Thoré.  Voir  Tuoré. 

(Madeleine   de   Savoie,  veuve 

du  connétable  de).  La  reine  lui 
écrit  au  sujet  de  la  réconciliation 
du  maréchal  de  Damville  avec  la 
Cour,  exemple  ([u'elle  voudrait 
voir  suivre  par  le  sieur  de  Thoré, 
-'196. 

MoNTMORiN  (Le  s'  de),  sieur  de  Saint- 
Hérem  ou  Sainl-Hérau,  premier 
écuyer  de  la  reine.  Envoyé  vers  le 
sieur  de  Suze,  378,  38 1.  —  Va 
en  Provence  avec  des  lettres  du  roi 
et  de  la  reine,  883.  —  Envoyé 
comme  ambassadeur  extraordinaire 
à  la  cour  de  Vienne,  à  l'occasion 
de  la  mort  d'Elisabeth  de  Franco, 
385  et  note. 

MoNTPAZiER  (Dordo^ne),  près  du  châ- 
teau de  Rirou.  A  été  surjiris  par  les 
huguenots,  i85  et  notes. 


MoNTi'ELLiEB  (La  ville  île),  48,  60, 
8i,  83,  91,  138,  179,  a45,  aOg, 
807,  889.  —  Est  alUigéc  de  la 
peste,  304,  note;  872,  875,  876. 
-  La  reine  passe  près  de  la  porte, 
879,  4a5,  438,  433,  469,  475. 

(  Les  consuls  de  ).  Leur  élection , 

807.  —  Différend  entre  les  anciens 
et  nouveaux  consuls,  873,  876.  — ■ 
\ iennent   au-devant  de   la  reine, 

^79- 

(Les  chanoines  de  l'église  ca- 
thédrale de).  Oui  présenté  une 
requête  à  la  reine  au  sujet  de  l'église 
de  Maguclonne,  180. 

(Les  proteslanis  de).  Ont  pré- 
senté une  requête,  807,  870,  875, 
876,  877,  878,  379. 

(Lescatholiquesde),  870,  876, 

876,377,878. 

MoNTPENSlIR  (Louis    DE    BoUBROS-VeN- 

iioME,  duc  de),  gouverneur  de  Bre- 
tagne, 20.  —  Est  présent  à  une 
entrevue  de  la  reine  avec  le  duc 
d'Anjou,  31,  34.  —  Assiste  à  la 
rencontre  de  la  reine  avec  le  roi  de 
Navarre,  67,  48,  49,  5o,  Sa.  — 
Catherine  prie  le  roi  de  lui  écrire, 
55,  56.  • —  .V  été  malade,  60.  — 
La  reine  désire  le  garder  avec  elle, 
65,  73  ,  note.  —  Sa  lettre  au  roi, 
7'i,  note;  76.  —  Accompagnera 
le  riii  de  Navarre,  78,  87.  —  S'est 
opposé  aux  prik'hes  qui  se  font  à 
l'église  de  Lectoure,  89,  90,  9a. 
Partira  pour  être  présent  aux  états 
de  Bretagne,  io3.  —  Une  indis- 
position l'en  empêche,  io4,  note. 
—  La  reine  le  consulte  toujours, 
ii4.  —  N'ira  pas  en  Brelagnc, 
120.  —  Catherine  désire  que  le 
roi  le  complimente  sur  ses  bons 
ollices  près  d'elle,  lai,  133.  — 
Souvint  malade;  espère  pouvoir 
aller  aux  étals  de  Bretagne,  ia5, 
136,  note.  —  Est  resté  malade  à 
risle-Jourdain,  i3'i.  —Catherine 
lui  apprend  la  surprise  de  Lauzerle, 
et  le  prie  de  réparer  le  mal,  i5o 


552 


TABLE   DES  MATIERES. 


—  Est  fort  malade,  i53,  i55, 
167.  —  La  reine  attend  des  nou- 
velles, i63,  177.  —  A  écrit  au 
roi  de  Navarre,  a  des  particula- 
rités importantes  à  lui  dire,  187. 
- —  Voudrait  que  la  conférence  se 
fit  en  deçà  de  la  Garonne  pour 
pouvoir  y  assister,  188,  igS,  a55. 
io3,  note;  lilio. 

(Catherine  de  Lobkaine,  du- 
chesse de),  46,  47,  note. —  A  été 
malade,  ig,  60,  63,  87,  note-, 
io3,  iSg. —  A  envoyé  de  l'argent 
à  M.  de  Richelieu,  4g8. 

MoNTPEZAT  (François  de).  Voir  Lau- 

GNAC. 

Montréal  {Aude),  3,5g. 

(Les  consuls  de),  35g. 

MoNV,      compagnon      de      Clervant, 

i6.'i. 

MoHoziM  (Le  s').  La  reine  envoie  au 
roi  le  déchiffrement  de  sa  dépêche, 
)6a. 

MoTHE  (Le  s'  DE  La),  cousin  du  ma- 
réchal de  Biron,  182,  note; 
i53. 


MoTHE-FÉNELON  (Le  s'  de.La).  En- 
voyé vers  le  roi  de  Navarre,  i3, 
45,  46.  —  Est  de  ia  commission 
pour  le  roi,  52.  —  Sera  envoyé 
au  roi  de  Navarre,  yo,  gi,  ga, 
io4.  —  La  reine  attend  de  ses 
nouvelles,  110.  —  Il  a  persuadé 
le  roi  de  Navarre  de  venir  à  l'Islc- 
Jourdain  et  d'avoir  confiance,  1 1  3 , 
ii4,  116.  —  Va  se  joindre  au 
maréchal  de  Biron  pour  avoir  rai- 
son de  ia  Réole,  i65,  168,  16g. 
—  Le  s'  d'Ussac  continuera  avec 
lui  pour  arranger  les  affaires  de  la 
néole,  i84,  i85,  ig3.  —  Est 
revenu  de  Nérac,  ig5.  • —  Précé- 
dera la  reine  à  Nérac  pour  prépa- 
rer la  conférence,  38g,  256,  262, 
263.  —  \  signé  les  articles  de 
Nérac,  282,  note.  —  La  reine  vou- 
droit  l'envoyer  pour  le  roi  en  Péri- 
gord et  Limousin ,  3io,3i4,  334, 
33o,  333,  343. 

MoTUE-Go^DRl^  (Bertrand  de  Par- 
daillan,  s'  de  La)  apporte  des 
lettres  du  roi,   a46.  —   Est  en- 


voyé à  Langon,  35o,  353,  353. 
—  Commission  que  la  reine  lui 
donne  pour  l'exécution  de  la  paix , 
45g  et  suiv. 

MOTHE-MONIGOZE  OU  MoTBE-MoSGAOZV 

(Le  s'  DE  La),  fils  du  capitaine  ca- 
tholique surpris  et  lue  en  i56g 
dans  le  chàleau  de  Lévignac.  S'est 
mis  dans  la  Réole,  )4o.  —  La 
reine  lui  a  écrit,  j4i,  i42. 

Moulins  (La  ville  de),  376. 

MoDssBBON  (Le  s'  de).  Est  inslallé 
comme  gouverneur  à  Condom, 
243.  —  Catherine  l'apprécie  beau- 
coup et  désirerait  qu'il  pût  y  res- 
ter, 343.  —  Lui  a  envoyé  une  lettre 
du  roi,  et  l'a  elle-même  engagé  à 
continuer  sa  charge,  287,  32g. 

MuLLET,  chevaucheur  du  roi,  346, 
note. 

Mun-DE-BAnBEZ  (/lue^/ron),  110,  noie; 
271,  278,  333,  334. 

Muret  (Hatile-Gnronne) ,  333,  336, 
337. 

Mussidax  {Dordojjne),  324,  325, 
343,  354,  356. 


N 


Nantes  (La  ville  de),  103. 

NisTEuiL  (Le  comte  de),  3go, 
note. 

Nareonne  (Aude),  66,  173,  3g4, 
337,  347,  35o,  363.  —  La  reine 
y  passe,  363,  364,  note;  4o3, 
468  et  suiv.  —  Règlement  par  la 
reine  mère  des  affaires  de  la  ville, 
485. 

(Les  consuls  de),  330,  221, 

380,  382,  388,  3i3,  363,  364, 
note. 

Navarre  (Henri  de  Bourbon,  roi  de), 
7,  note.  —  Recevra  très  bien  sa 
femme,  i5.  —  Ne  désire,  d'après 
M.  de  Laverdin,  une  ville  sur  la 
Loire  que  pour  venir  voir  souvent 
le  roi  et  sa  mère ,  i5.  —  N'est  pas 
de  l'entreprbe  de  Flandre ,  1 6 , 2  5 , 


28.  —  A  donné  le  bon  exemple, 
ag,  note;  3o,  87.  —  Catherine 
désire  qu'il  soit  sans  défiance, 
38.  —  Doit  rencontrer  les  reines 
<i  Langon,  43,  44.  —  La  reine 
l'a  fait  prier  de  retirer  M.  de 
Chàtillon   de  Beaucaire,  44,   45. 

—  Voudrait  avoir  une  entrevue 
avec  la  reine  à  la  Réole,  45.  — 
La  reine  le  prie  de  venir  diner  à 
Bordeaux,  46.  —  Sa  lettre  à  M.  de 
Lardimalie,  46,  note.  —  Son  en- 
trevue avec  la  reine  à  Castéras, 
46.  —  Il  fera  une  bonue  dépèche 
aux  s"  de  Vers  et  de  Chàtillon,  48. 

—  Se  met  en  colère  au  sujet  du 
maréchal  de  Biron,  5i.  —  Il  dé- 
sire que  les  villes  soient  remises 
dans  l'état  d'autrefois  et  qu'il  puisse 


voyager  en  sûreté ,  5i .  —  Il  nomme 
des  commissaires  pour  dresser  les 
articles  de  l'accord  de  la  Réole, 
52.  —  Catherine  prie  le  roi  de  lui 
écrire  pour  qu'il  continue  dans  le 
bon  chemin,  55.  —  Sa  lettre  au 
baron  d'Huard ,  55 ,  note.  —  A  pro- 
mis de  se  réconcilier  avec  le  maré- 
chal de  Biron,  56,  67,  58.  — 
Envoie,  de  concert  avec  la  reine, 
des  instructions  pour  l'exécution 
de  l'édit,  60.  —  S'est  trouvé  avec 
le  maréchal  de  Biron,  64.  . —  Se 
réunit  à  la  reine  pour  l'affaire  de 
Beaucaire,  66.  —  Envoie  des  in- 
structions à  ses  commissaires ,  66. 
—  Sa  lettre  au  maréchal  de  Dam- 
ville  au  sujet  de  Beaucaire,  67, 
note.  —  Veut  que  le  roi  lui  rende 


TABLE  DES  MATIEUES. 


553 


les  cliàteaiu  de  Monlignac  et  de 
Nontron,  68.  — 11  ne  faut  pas  qu'il 
y  ait  de  défiance,  77.  —  Montre 
son    désir    d'exécuter    l'édit,   77. 

—  11  a  écrit  à  M.  de  Soidé,  79, 
note,  80.  —  La  reiue  lui  fera  tenir 
ses  promesses,  81.  —  11  a  dépêché 
le  vicomte  deTurenne  vers  la  reine, 
83.  —  Ses  méfiances  et  prolesla- 
tions,  85.  —  Désire  cbàtier  les 
brigands  qui  troublent  le  pays, 
88.  —  Remet  toujours  la  confé- 
rence, go.  — Leduc  de  Monlpen- 
sier  lui  a  écrit  que  sa  femme  était 
malade,  ga.  —  Intervient  pour  que 
le  (jouvernement  de  Picardie  soil 
rendu    au  prince  de   Coudé,  gô. 

—  Catherine  est  fort  mécontente 
du  relard  de  la  conférence,  de  ce 
qu'on  n'envoie  pas  les  commis- 
saires pour  l'exécution  de  i'édit  et 
de  la  désobéissance  de  Chàtillon, 
qu'elle  pense  qu'il  a  encouragé, 
g8  et  suiv.  —  La  reine  lui  a 
écrit  pour  lui  reprocher  sa  con- 
duite, io4.  —  11  a  envoyé  vers  le 
duc  Casimir,  107.  —  Catherine 
n'entend  plus  parler  de  lui,  110. 

—  Sa  lettre  à  M.  de  Borolhan, 
110,  note.  —  Il  faut  qu'il  envoie 
quelqu'un  à  Mur-de-Barrès,  110. 

—  Une  fois  que  tout  sera  conclu ,  il 
se  joindra  à  la  reine  pour  punir 
les  rélVactaires,  ii'i.  —  Il  n'ar- 
rive pas  encore  à  l'isle- Jourdain; 
la  reine  en  est  fort  mécontente, 
lit),  117.  —  Remet  encore  la 
conférence,  rejetlant  la  faute  sur 
les  députés  du  Haut-Languedoc. 
118.  —  Propose  Caslel-Sarrazin 
comme  lieu  de  réunion,  192,  laG. 

—  Est  fort  courroucé  de  la  sur- 
prise de  la  Réole  ,127,  note.  —  La 
reine  lui  propose  de  réunir  leurs 
forces  pour  la  reprendre,  ia8.  — 
11  envoie  M.  de  Terrlde  en  Lan- 
guedoc, 1  ag.  —  Est  Irailé  en  sou- 
verain à  Auch,  i3o,  note.  — 
Lettre  que  la  reine  lui  écrit,  i3i. 

CATUEniXi;  DE   Médicis.  — 


—  Son  expédition  nocturne  sur 
Fleurance,  i33,  note;  i36.  — 
A  promis  de  remettre  Fleurance 
dans  l'état  où  elle  était,  contre  la 
restitution  de  la  Réole,  i.'io.  — 
Catherine  l'a  prié  de  faire  sortir 
^'aieda^  et  autres  du  prieuré  de  la 
Réole,  i4i.  —  Tombe  d'accord 
avec  la  reine  après  une  longue  dis- 
cussion, i4g,  i5o.  — ■  Envoie,  de 
concert  avec  la  reine ,  une  instruction 
aux  sénéchaussées  pour  empêcher 
la  surprise  des  villes,  il^-].  —  La 
reine  lui  demande  une  lettre  de 
désaveu  pour  le  fait  de  Beaucaire, 
160.  —  Prétend  amener  les  dé- 
putés à  la  conférence,  i()3.  —  Il 
est  plein  de  défiance,  16g.  — 
A  bien  reçu  les  reines  à  Nérac, 
173.  —  Est  recherché  par  ceux  qui 
veulent  brouiller  les  provinces,  176. 

—  Sa  lettre  aux  consuls  d'Agen , 
176,  note;  180.  —  Prétend 
que  la  conférence  ne  peut  com- 
mencer qu'après  la  restitution  de 
la  Réole,  i84,  187,  191.  —  Veut 
qu'on  lui  rende  les  châteaux  de 
Montignacet  de  Nontron,  186.  — 
Sa  lettre  àTurenne,  18g,  note.  — 
Se  venge  de  la  surprise  de  la  Roule , 
1  g3.  —  11  ne  viendra  pas  à  Port- 
Sainte-.Marie  pour  la  conférence, 
I  gô.  —  Est  venu  à  la  rencontre  do 
Marguerite  à  Nérac,  200.  —  Veut 
bien  faire  la  conférence  à  Villeneuve, 
2o5.  —  Tient  conseil  à  Nérac  pour 
prendre  une  décision,  a  12.  —  Est 
venu  à  Port-Sainte-Maria;  s'inté- 
resse au  payement  de  Casimir,  217, 
318.  —  Il  a  dit  aux  députés  de  bien 
se  préparer  à  lutter  contre  les  at- 
taques de  Catherine,  2 2 3.  —  Lettre 
de  la  reine,  2  2.5.  —  Il  a  envoyé 
ses  députés  et  n'est  pas  content  de 
la  manière  dont  la  reine  a  parlé  au 
vicomte  de  Turenne,  233.  —  \  ré- 
pondu d'un  Ion  aigre  au  maréchal 
de  Biron,  aSS.  —  S'est  disputé 
encore  avec  lui  au  sujet  de  Saintc- 


Bazeille,  a3g.  —  Est  soupçonné 
d'avoir  de  mauvais  desseins  relati- 
vement au  séjour  à  Nérac,  346. — 
.\  fort  bien  reçu  Catherine  à  Nérac 
et  dissipé  toutes  ses  craintes,  a4g. 

—  Il  se  plaint  du  peu  d'égards 
qu'on  a  pour  lui,  260.  — Résiste 
au  sujet  des  villes  que  les  protes- 
tants veulent  garder,  262.  —  Pa- 
raît contrarié  que  Beaucaire  se  soit 
rendu  au  roi,  a63.  —  Se  montre 
de  plus  en  plus  exigeant,  963.  — 
Ses  amis  se  contenteront  de  quinze 
villes  outre  celles  de  l'édit,   370. 

—  Il  ne  désavoue  ni  Chàtillon,  ni 
Bacom,  ni  Fournier,  271.  —  Dé- 
fend les  intérêts  protestants,  377. 

—  Veut  remettre  à  plus  tard  l'exé- 
cution des  articles  de  la  conférence, 
977.  —  Ira  ju.squ'à  Rayonne  avec 
la  reine  pour  faire  respecter  l'édit, 
a 8g.  —  On  veut  qu'il  écrive  à  la 
fille  du  duc  de  Manloue,  ng6.  — 
A  eu  une  entrevue  de  trois  heures 
avec  la  reine  au  sujet  de  la  querelle 
des  s"  de  Turenno  et  de  Duras, 
3 10.  —  Désigne  des  députés  pour 
aller  en  Quercy,  Rouergue,  Péri- 
gord  et  Limousin ,  3 1 4.  —  La  reine 
l'autorise  à  entrer  dans  les  villes  de 
son  gouvernement,  mais  avec  son 
train  ordinaire  seulement,  317. — 
Manque  d'argent  pour  faire  le 
voyage  de  Caslelnaudary,  Sai.  — 
Attend  que  Saverdun  soit  rendu 
par  les  catholiques  en  échange  de 
Marciac,  393.  —  Est  venu  à  Va- 
lence, 828.  —  Tient  absolument 
à  ce  qu'on  lui  remette  Saverdun, 
333.  —  Accompagnera  la  reine 
mère  h  la  cour,  33.Î.  —  Le  maré- 
chal de  Biron  est  toujours  mal  avec 
lui,  335.  —  Fait  des  dilhciiltés 
pour  venir  à  Castelnaudary,  3 '10. 

—  Rencontre  la  reine  4  Saint- 
Michel-de-Lanès,  34 1.  —  Ne  vien- 
dra   à    Paris  que  vers   la   lin  de 


l'année,    347 


Veut    bien  se 


réconcilier  entièrement  avec  Biron  , 


70 

lUPRIUCtlB     BiXIOSALE. 


55i 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


el    parait    désirer  la    paix,    3^7. 

—  A  promis  son  ami  lié  au  ma- 
réchal, 3r>o.  —  S'est  départi  de 
ton  opiniâtreté  et  tombe  d'accord 
avec  Catherine,  354.  —  La  reine 
est  charmée  de  la  façon  dont  il  est 
venu  prendre  congé  d'elle,  358, 
35().  —  Elle  est  contente  qu'il 
aille  en  Béarn,  365.  —  Doit  donner 
des  ordres  à  Fournier  pour  laisser 
démanteler  Brugairolles,  370.  — 
Se  plaint  au  roi  qu'on  n'ait  pas  fait 
justice  à  Langon,  878,  note.  — 
Articles  accordés  à  la  Réole  entre 
lui  et  la  reine  mire,  388.  — 
Sa  lettre  à  Damville,  io:!,  note  /i. 

—  Lettre  que  lui  écrit  le  vicomte 
de  Turenne,  lioti,  note  3.  —  Acte 
qu'il  passe  avec  la  reine  mère  le 
l>  décembre  1078  à  Auch ,  io5, 
noie  5.  —  Promesse  que  lui  fait 
la  reine  mère  de  rendre  la  Réole, 
/ii3,  ii/i.  • —  Promesse  qu'il  fait 
à  la  reine  de  remettre  Flcurance, 
il 5,  627,  li'ili.  —  Instruction  que 
lui  envoie  le  roi  par  le  s'  de  Din- 
Icville,  435,  4/11,  445.  —  Son 
attitude  à  Nérac,  444  et  siiiv. . 
449  et  suiv. ,  453.  —  Commission 
qu'il  donne  aux  s"  do  Pardaillan 
et  de  Borolhan,  45g,  46o.  — 
Lettre  de  la  reine,  5oo.  —  Con- 
seil qui  sera  établi  auprès  de  lui, 
5oi.  —  Le  baron  de  Laugnac  l'ail 
partie  de  ce  Conseil  avec  i'évêque 
d'Agen,  La  Vauguyon,  etc.,  Soi, 
note.  —  On  se  rassemblera  aiis- 
silôt  que  le  roi  et  la  reine  de  Na- 
varre seront  revenus  de  Béarn, 
5o3. 


(La    reine    de).    Voir    Valois 

(Marguerite  de). 

(La  princesse  de).  Voir  Bocn- 

Bos  (Catherine  de). 

Négbefedille,  lieutenant ,  67,  note. 

Nemochs  (Le  duc  de).  Petite  lettre 
dans  laquelle  la  reine  exprime  son 
contentement  qu'il  soit  de  retour 
à  Paris,  368.  —  Autres  lettres, 
9f)4,  sgG,  33i.  —  Lettre  de  la 
reine,  sur  les  dispositions  des  Pro- 
vençaux, 383. 

(Anne    d'Esté,  duchesse    de). 

Lettre  de  la  reine,  9.  —  Une  autre 
lettre  en  réponse  aux  nouvelles 
qu'elle  avait  envoyées  à  Catherine  , 
396.  —  Elle  est  intéressée  au  ma- 
riage du  duc  de  Ferrare,  39(1, 
note.  • — •  La  reine  lui  recommande 
dans  deux  lettres  une  affaire  que 
I'évêque  d'Agen  avait  avec  le  car- 
dinal d'Esté,  3oo.  —  Lettre  de 
Catherine,  33 1. 

Nenson  (Le  s'  de).  Est  chargé  de 
porter  des  nouvelles  au  duc  de  Ne- 
mours, 383. 

NÉB.ic  (La  ville  de),  64,  06,  77, 
114,119,  note;  120,  133,  i3o, 
note;  i36,  note;  189,  i4o,  i4i, 
i43,  i45,  i53,  i54,i63,iGS, 
1G9,  173.  —  Arrivée  des  reines, 
178.  —  La  reine  a  quitté  Nérac, 
182,  note;  i8fi,  196,  9o4,  2o5, 

3)3,    333,233,    335,  334,    235, 

389,  34o,  a4i,  345,  a46.  — 
Gracieuse  réception  que  le  roi  de 
Navarre  y  fait  à  la  relue  mère ,349, 
note;  384.  —  Elle  a  quitté  Nérac 
après  la  conférence  conclue,  391. 

(Conférence  de).  Mémoire  des 


chefs  de  la  Réforme  envoyé  au  roi , 
4i5,  435.  —  Discours  de  ce  qui 
s'est  passé  à  la  conférence,  rédigé 
par  le  secrétaire  du  maréchal  de 
Damville,  44i,  448.  —  Autre  dis- 
cours, 449,  452.  —  Serment  des 
notables  d'Agen  relatif  à  l'exécution 
des  articles  de  cette  conférence, 
4o2. 

Nesmo^d,  président  au  Parlement  de 
Bordeaux,  42  ,  5o. 

Neofchastel  (Comté  de),  313. 

Nevebs  (Louis  DE  GoszAGCE,  duc  de). 
Son  procès  avec  le  roi  de  Navarre, 
191,  329.  —  Lettre  de  Catherine 
pour  lui  recommander  le  s'  dp 
La  Fin,  387.  —  Petit  mot  de  la 
reine,  870.  —  La  reine  lui  écrit 
qu'elle  a  lais.sé  la  Guyenne  et  le 
Languedoc  en  repos  et  qu'elle  es- 
père bientôt  revenir  à  Paris,  383. 

NiMEs  (La  ville  de),  44,  48,  66, 
i48,  note;  3  3  5.  —  Catherine  est 
très  contente  de  la  conduite  des 
habitants,  336,  345,  359,860, 
363.  —  La  peste  y  règne,  364, 
note. 

NoAiLLEs  (Antoine  de),  maire  de  Bor- 
deaux, 379,  note. 

(François  de),  évêque  de  Dax, 

37g ,  noie. 

NocLE  (La).  Voir  Fin  (Jacques  de 
La). 

NoNTRON  [Dordognc),  68,  note;  186, 
878,  note. 

Normandie  (Les  états  de),  i55,  i5g, 

174,    177,    197,    199,    301. 

NoCe  (François  de  La),  376,  note. 
Noïos  (L'évèque  de).  Voir  Rambouil- 
let (Claude  de). 


0 


0  (Le  s'  d'),  seigneur  de  Mesiay,  94o. 
Obizzi  (Pie),  à  Padoue.  Débiteur  du 

feu  comte  Martinengo,  9. 
Olive  (Jacques  d'),  sommelier  de  la 

reine  mère,  838,  note. 


Ollu.nville,  près  Arpajon  {Seine-ei- 
Oise).  château  acheté  par  Henri  III , 
3,  noie;  33,  note;  484. 

OnAisos  (Le  s"'  d').  A  envoyé  son  fils 
vers  la  reine  à  Aubais,  879,  noie. 


—  La  reine  prie  le  roi  de  lui  don- 
ner la  moilié  de  la  compagnie  du 
feu  maréchal  de  Montmorency,  38o. 
Orange  (Guillaume  de  Nassau,  prince 
d'  ) ,  18,  note.  —  Ce  n'est  que  pour 


TABLE  DES  MATIERES. 


555 


son  propre  iiilérèl  qu'il  veut  en- 
gager ie  duc  d'Anjou  dans  l'enlre- 
prise  do  Flandre,  aS.  —  Ce  que 
le  maréchal  Daniville  sait  de  ses 


intentions,    lao,    312.  • — •   Il   est 
mal  avec  Casimir,  a  18,  •.Î77. 
Obnbgvn     (Jeanne    n').    Voir     BinoN 
(Femme  du  maréchal  de). 


OsONE  (J.  de  Buisson  s'  d'),  ou  d'Aïs- 
soxsE,  près  Toulouse.  La  reine  est 
méconlenlc  de  sa  conduite,  33g. 


Padoue,  ville  d'Italie,  9. 

Pailuès  (Biaise  de  Villemub,  baron 
de),  gouverneur  du  comté  de 
Foix.  Reçoit  des  instructions  pour 
l'exécution  de  l'édit,  60.  —  Ira 
pour  le  roi  à  Foix  assurer  la  paix, 
66,  67.  —  La  reine  lui  recom- 
mande de  suivre  exactement  les 
instructions  quelle  lui  envoie, 
79.  —  Le  s'  de  Foutenilles  doit 
taire,  remettre  Saverdun  entre  ses 
mains,  828.  —  La  reine  lui  écrit 
à  ce  sujet,  33 1. 

Palebse  (Le  s'  de),  conseiller  du  duc 
d'Anjou.  L'instruction  qu'il  reçoit 
pour  aller  vers  ie  roi  et  la  reine 
mère,  37.'!,  note;  3i5,  819. 

PiMiEns  {Ariège),  118. 

Paxat  (Le  s'  de),  2o5. 

Panjas  (Ogier  de  Pabdaihas,  s'  de), 
gouverneur  de  l'Agenais.  La  reine 
lui  annonce  son  intention  d'aller 
à  Agen,  280. 

Papcs  (Le  s'),  serviteur  de  JI.  de 
Pibrac,  2  23,  note. 

PABABiiBE  (Pierre  de  Baidéas,  s'  de), 
gouverneur  de  Beaucaire,  5,  29, 
note.  —  Chàlillon  est  furieux  de 
sa  mort,  98,  note;  222,  note; 
383,  note;  /loi,  i66. 

frère  du  gouverneur  de  Beau- 
caire, retenu  par  le  maréchal  de 
Bellegarde ,  '101. 

Pabaïis  (L'abhaje  du),  près  de  Port- 
Sainte-Marie,  22i,  noie;  2/16, 
itiS. 

Pardaillax  (Bertrand  de),  baron  de 
La  MoIHE-Go^DBI^.  Voir  La  Mothe- 

GONDRIS. 

(Hector  de),  s'  de  Gondbis  et 

de  Montespax.  Fils  d'Antoine,  s'  de 


La  Molhe-Gondrin,  ami  du  roi 
de  Navarre,  4o5,  note. 

(Ogier  de).  Voir  Pasjas. 

Pabme  (La  duchesse  de).  Son  procès 
avec  la  reine,  aSi. 

Pabtmisie  (Le  .s'  de),  1G2. 

pAiGE  (Le  s'  de),  287. 

I'aulet,  ambassadeur  d'Angleterre. 
Au  sujet  de  vaisseaux  retenus,  5. 

Paulis  ou  Poli!»  (Le  vicomte  de).  Ira 
pour  le  roi  de  Navarre  en  Albi- 
geois presser  l'exécution  de  la  paix, 
66,  2g3. 

Pailo  (De),  président  au  Parlement 
de  Toulouse.  Le  maréchal  de  Dam- 
ville  ie  recommande  à  la  reine, 
166,  noie;  17?!. 

PaïS-BaS     (ElATS-GÉNÉBAlX     DEs),     8, 

i3,  note;  )8,  23,  23,  3o,  note; 

32  ,  note;  3.'i,  note. 
Peccais  (Les  salines  de),  264,  266, 

note;  270,  3oi,  /177,  note. 
Pena,  consul  de  Fréjus.  Retourne  en 

Provence,  382. 
PÉRIGUEUX  (La  ville  de),  127,  note; 

i58,  173,  270,  note;  287,  a88, 

298,  323,  33/1,376,  378,  note. 
PÉnixET, capitaine  catholique,  ilta. 
PEïRE(Gramonl  d'Aube,  s'  de),  366, 

372,  note. 

(La  maison  de).  On   dit  que 

Chàtillon  va  épouser  l'héritière  de 
cette  maison,  366. 

(Château  de),  879,  note. 

Pézeras  (Le  comté  de),  369,  364, 

note;  266,  369.  —  La  reine  y  est 
arrivée,  870,  872,  4o4,nole. 
Philippe  II,  roi  d'Espagne.  Les  avan- 
tages que  présenterait  l'alliance  du 
duc  d'Anjou  avec  une  de  ses  lilles, 
1 3 ,  note.  —  Déclarera  la  guerre 


à  la  France,  si  le  duc  d'.Vnjou 
entre  en  F'iandre,  19.  —  Le 
mariage  de  sa  fille,  ao,  22.  — 
Est  d'accord  avec  la  reine  d'An- 
gleterre pour  la  paix  dans  les  Pays- 
Bas,  23,  24,  3o.  —  Lettre  de 
la  reine,  33.  —  Le  roi  lui  envoie 
M.  de  Maintenon  pour  justifier  sa 
conduite  à  l'égard  des  Pays-Bas, 
33.  —  La  reine  lui  exprime  encore 
ses  regrets,  34.  —  Ses  intentions 
hostiles,  71.  —  Calberine  conseille 
au  roi  do  ménager  son  amitié,  111.. 

—  11  a  perdu  son  fils  et  son  frère 
bâtard ,  117.  —  Lettre  de  la  reine , 
171,  275,  note.  —  Catherine  prie 
le  roi  d'Espagne  de  permettre  que 
le  s'  de  Montaigne  ramène  des 
clievaux  de  son  pays,  3o5.  —  Ca- 
therine lui  envoie  une  lettre  par  le 
s' de  Beauvai.s-N'angis  et  lui  apprend 
la  bonne  amitié  qui  existe  entre 
le  roi  et  le  duc  d'Anjou,  323.  — 
Catherine  intervient  auprès  de  lui 
en  faveur  du  chevalier  Bertholome 
Cortez,  5oo.  —  L'ambassadeur  de 
Franco  le  voit  à  ce  sujet,  .'ioo, 
note. 

PiBBAC  (Guy  DU  Facr,  s'  de),  prési- 
dent au  Parlement.  Envoyé  vers  le 
roi  de  Navarre,  43,  4.'),  46,  5o, 
note.  —  Est  dans  la  commission 
pour  le  roi,  52,  87,  note;  88.  — 
Reçoit  la  reine  à  son  château  de 
Pibrac,  108,  note.  —  Va  trouver 
le  roi  de  Navarre,  119.  —  Doit 
rapporter  sa  réponse,  120,   121. 

—  Est  arrivé,  129,  i34,  )3.'>, 
i4i,  i44.  ■ —  Il  croit  de  son  de- 
voir de  retourner  à  Paris  pour  le 
Parlement;  mais  la  reine  )irie  le 


556 


TABLE  DES  MATIERES. 


roi  de  ie  laisser  auprès  d'elle,  car 
elle  a  besoin  de  ses  conseils,  160. 
]63,  16/1.  —  Est  envoyé'  pour 
s'informer  auprès  du  roi  de  Na- 
varre quand  commencera  le  confé- 
rence, 166.  —  Est  cliarjjc  de  lui 
proposer  un  autre  endroit  que  A'c- 
rac,  168,  169,  if)3.  —  Est  re- 
venu de  Nérac  avec  la  réponse  du 
roi  de  Navarre ,  1  gS ,  217,  a  1 9.  — 
Est  arrivé  de  Nérac  avec  des  nou- 
velles des  députés  protestants,  aaa  , 
233.  —  Y  retourne,  aaS,  227, 
339,  233.  —  Précédera  la  reine 
à   Nérac  pour  préparer  la  confé- 


rence, aog. 


i-/,  35C. 


Cathe- 


rine le  trouve  fort  capable,  aSg, 
260,  263,  263,  370,  277.  — 
A  signé  les  articles  de  Nérac,  382, 
note;  agi,  396.  —  Est  arrivé  à 
Agen,  330,  831,  334,  335.  • — -Le 
maréchal  de  Biron  fait  son  éloge, 
335.  —  Retournera  à  Paris,  343, 
354,  357,  358,37-j,  445. 
—  (Le  chàleau  de),  108,  note; 
ii3. 

Piémont  (Charles-Emmanuel,  prince 
de).  La  ruine  lui  recommande  Til- 
lon,  1. —  Reçoit  des  nouvelles  par 
Beauregard,  4.  —  Catherine  le  prie 
de  s'intéresser  au  s'  Dalas^in. 

Pi\-  ou  Le  PiM  (Jacques  Lallieh, 
b'  Dc),  secrétaire  du  roi  de  Na- 
varre, G3,  170,  186,  222,  note. 

PijiAiiT,  secrétaire  d'Etat,  13,  39.  — 
A  rendu  compte  à  la  reine  de  ce 
dont  l'avait  chargé  le  roi,  43,  44, 
5o,  Sa,  57,  6'j,   65,  note;  85, 


io5,  107,  119.  —  Lui  et  les 
autres  conseillers  de  la  reine  se 
sont  assemblés  avec  ceux  du  roi  de 
Navarre,  178.  —  Sa  iellre  au  roi, 
18a,  note;  aSg,  a6i,  agi,  3ôo, 
497.  —  Sa  lettre  à  M.  de  Belliè- 
vre,  497,  note. 

Pioche,  courrier,  97,  note,  102, 
note. 

Place  (Le  s'  de  La),  député  protes- 
tant. Est  présent  à  la  conférence, 
35o, a56,  259. 

Plainpied  (L'abbé  de).  Défend  les  in- 
térêts do  la  reine  à  Rome,  a,  3. 

—  Elle  lui  a  écrit  pour  son  procès, 
6,  note.  —  Il  doute  du  bon  droit 
de  la  reine,  8,  a6.  —  Il  doit  re- 
tourner n  Rome;  est  bien  au  cou- 
rant des  afl'aires,  284,  noie. 

Planche  (Maison  de  la),  près  de  Cas- 

telnaudary,  355. 
Plessis-Sénéchal  (Le  sieur  du).  Voir 

SAINT-GKOnCES. 

P0CQUERAIS,  député  protestant,  324, 
237.  —  Est  présent  à  la  confé- 
rence, 25o,  a6i.  —  Accompagne 
la  reine  lorsqu'elle  passe  près  de 
Montpellier,  879. 

PoiiiEBs  (La  ville  de),  43. 

P0LTH0X.  Voir  FoDRîiiEn. 

PoNS  (Cliarente-Iiiférieuri;),  345. 

Pons  de  LAlZItnE-LA-CllAPELLE-DE-THÉ- 

jiiNES,  sénéchal  de   Quorcy,   117. 

—  Devra  se  mettre  dansLauzerte, 
i5i.  —  La  reine  envoie  sa  lettre 
au  roi,  i65.  —  Fera  partie  du 
conseil  qui  devra  assister  le  roi  de 
Navarre,  5oi,  note. 


Pont  (Le  s'  dd),  protestant.  Est  pré- 
sent à  la  conférence,  35o,  aSC. 

Pont-Saint-Espiiit  (  Gnro!),  ag,  noie; 
io5. 

Pont-Valin,  village  du  s' de  La  Rochc- 
Posay,  16. 

PoTANKE  (Bcriranddo  Baylens,  baron 
de),  sénéchal  des  Landes,  Sgo  et 
note. 

Pobt-Sainte-Mai\ir  {Lot-et-Garonne), 
03,  note;  05,  G8,  6g,  168,176, 
note.  —  La  reine  y  passe  presque 
tout  ie  mois  de  janvier  1079,  182, 
noie.  —  Voudrait  que  la  confé- 
rence se  fit  là,  aaa,  aaS.  —  La 
reine  l'a  quitté  pour  Nérac,  34g, 
35g,  2O3.  —  Y  est  revenue, 
3gi,  3io,  44i,  445,  448. 

PonrcGAL,  3i4,  ai5,  255  et  note; 
3o4. 

Proiille  (L'abbaye  de  la),  357, 
359. 

Provence  (Le  Parlement  de),  379.  — 
Ne  fait  qu'un  avec  le  parti  des  Ra- 
zals,  38o. 

(La  noblesse  de),  38o. 

Pruneaex  (Le  s' des).  Le  duc  d'Anjou 
attend  de  ses  nouvelles,  a  a. 

Pdjols(  Arnaud  du  Fadr,  seigneur  de), 
gentilhomme  du  roi  de  Navarre, 
5o,  note;  i58.  —  Est  envoyé  vers 
le  roi  de  Navarre,  iCo.  —  N'est 
pas  venu  pour  se  joindre  au  séné- 
chal d'Agenais,  Sst,  345,  349, 
390  et  note. 

PuVMiROL  (Lot-et-Garonne),  63,  noie; 
69  et  noie;  282  ,  note;  299,  3o2  , 
3o5,  3ai. 


Q 


QuÉLUs  (Anioine  de  Lévis,  s'  de), 
conseiller  du  roi,  sénéchal  en 
Piouergue,  17.  —  Se  plaint  à  la 


reine  de  la  désobéissance  des  ha- 
bilants  de  Mur -de -Barrez,  110, 
2o5,  3i4,  33o,  333,  389  et  note. 


QuiTnv.  Voir  Guitry  (Jean  de  Chau- 
mont  s'  de). 


TABLE   DES   MATIEliES. 


557 


R 


R.vDEZouRDE,  capitaine.  Aura  avec  le 
s'  (le  Cressier  la  charge  d'une  en- 
seigne suisse,  'igâ,  noie. 

Rahmikr,  vigiiicr  (le  Lorgnes.  Re- 
lourne  en  Provence,  3S2. 

Hamuoiiu.et  (Le  cardinal  de),  nli, 
note. 

(Nicolas    d'Angesnes,    marquis 

de),  1  A,  note;  21,  ai  et  note.  — • 
Est  envoyé  vers  la  reine  d'Angle- 
terre, 3i!,  'i3,  1Ô3.  —  (iatlierino 
loue  sa  dextérité,  qui  lui  sera  utile 
aux  état»  de  Normandie,  177. 

(Claude  de),  évèque  de  Noyon. 

(latjierine  lui  écrit  qu'elle  ne  peut 
le  gratifier  de  l'abbaye  de  Tbouars 
(|ui  a  déje'i  été  donnée,   171. 

Ranco.wet  (Le  s').  Est  envoyé  à  Lan- 
çon par  le  roi  de  Navarre,  35o, 
3.53. 

Razats  (Les),  parti  populaire  eu  Pro- 
vence, 371,  note.  —  Ont  assiégé 
le  château  de  Trans,  377,  38o. — 
Doivent  lever  le  siège,  38 1,  389. 

Reiieiion  (Le  s'  de),  mil. 

RÉFORME  (Ménioiic  que  les  cliefs  de 
la)  adressent  nu  roi  et  notes  de  la 
reine  mère  sur  leurs  demandes, 
617,435. 

René,  porte -manteau  de  la  reine 
mère,  voir  Roucuabt  (René). 

Réole  (La)  [Gironde],  65,  !i6,  55, 
note  ;  63.  —  Prise  par  les  catho- 
liques, 127  et  note;  i3i,  i33, 
i33,  i3.'i,  i35,  )36,  187,  i4o, 
1/11,  lia,  i43,  ilili,  i'i5,  i46, 
i63,  i64,  i65,  167,  168,  169, 
170,  173,  174  ,  J75,  179  et  note; 
i83,  iS4,  i85,  186,  lyi,  19a, 
198,  201,  903,  9o5,  306  et  note; 

208,    2l3,    al6,    217,    230,    921. 

— ■  Est  rendue  aux  protestants, 
326,  23o,  23i,  note.  —  Le 
s'  d'Ussac  y  est  Installé,  237,  a38, 
289,  a4o,  ail,  aiS,  254,  258, 


267,  aG8,  270,  noti';3o4,  388, 
394 ,  4i3,  3oi , 4ii  ,  il  5. 

Retz  (Albert  de  Goxdi, maréchal  de). 
Catherine  voudrait  qu'il  revint 
comme  gouverneur  en  Provence, 
23 1.  —  Charges  dont  il  est  pour- 
vu, 3o3  et  note.  —  Ce  qu'il  doit 
l'aire  eu  Rrelagne,  3i  1. 

Revei.  (llaule-Gnronnc),  aSa.uote. 

Richelieu  (François  du  Plessis,  sei- 
gneur de),  grand  jirévol.  Doit  lour- 
nir  de  l'argent,  60,  (i-i,  94,  note, 

—  La  duchesse  île  Alontpeiisier 
dit  lui  avoir  en\nyé  de  l'argent, 
498. 

RiEL'X  (François  de  i,a  Jiiiue,  biU'uu 
de),  gonverneur  de  Narbomie,  GG, 
G7.  —  La  reine  lui  a  écrit,  137,  149. 

—  Ira  de  la  part  du  roi  à  Narbonne , 
Nîmes,  Montpellier  pour  l'exécu- 
tion de  la  paix,  GG,  G7.  —  La 
reine  lui  a  écrit,  187,  169,  aao 
et  note;  aai,  380.  —  Compli- 
ments à  son  adresse,   282,   988. 

—  Dillérend  entre  lui  et  la  ville 
de  Narbonne,  363.  —  La  reine 
juge  celle   alTairo,    364   et  note; 

365.  —  Ses  démêlés  avec  ia  ville 
de  Narbonne,  468  et  'Suiv.  — 
Son  rôle  aux  états  de  Languedoc, 
428  et  suiv.  —  Règlement  de  la 
reine  mère  pour  les  alVaires  de 
Narbonne,  485  et  suiv. 

RiviÈiiE  (La),  maitre  de  l'Iiotid  di' 
la  ville  de  Rordeaux,  81. 

Rivièbe-Veudus,  en  Armagnac,  459 
et  note. 

RocuE  (De  L\),gentilhonnne  servant 
de  la  reine  mère,  i5o,  note;  i5i, 
iSa  ,  296,  229,  333.  —  La  reine 
l'envoie  avec  une  lettre  à  Bacom, 

366,  368.  —  Il  l'a  trouvé  plus 
traitablo  que  la  reine  ne  pensait, 
3G9. 

(De  La),  avocat  général  à  Bor- 


deaux. A  écrit  à  la  reine,  loS.  — 
A  envoyé  à  Catherine  une  lettre 
(pi'il  avait  reçue  des  jurais  de  Li- 
bûurne,  3i5. 

RociiEFonT  (Le  s'  de).  Ira  pour  le  roi 
de  Navarre  en  Limousin ,  3 1 4  ,  3  3  '1 . 

Ro  iiELLE  (La  ville  de  la),  260. 

liocuE-PosAY  (De  la).  Voir  d'Acain, 
733. 

RociiEPOT  (Antoine  de  La),  comte  de 
.Silly,  baron  de  Moiitniirail-en-Brie, 
18.  • —  Envoyé  par  le  duc  d'Anjou 
aux  Pays-Ras,  a:!.  —  On  attend  de 
ses  nouvelles,  25,  note. 

RooEK,  valel  de  chambre  du  roi,  5o, 
5i,  note;  63,  6i,  79. 

Roi  (Le),  juge  à  Gignac.  Sera  joint 
au  s'  de  Lombais  pour  l'exécution 
de  l'édit  au  Bas-Languedoc,  377. 

RoMDAis  (Le  s'  de),  33g. 

Roque  (Le  s'  La),  2i7. 

RoiiuEBiAUT  DE   BiAiiT  (Le  s'),   i'i5, 

>7G. 
RooLELACRE,     capitaine      catholique, 

i3o,  note;  175,  note. 

ROQUETAILLADE  (Le  s'  De),    1  09  ,    111, 

1 1 3 ,  1 1 5 ,  3 1 6 ,  note. 
RosNï  (Le   s'  de),   i33,  noie.  Voir 

SuLLT. 

Rouen  (La  ville  de),  ia,  906. 

Roux  (Le),  député  des  Razats.  Re- 
tourne en  Provence,  38a. 

RorzisEs  (Le  s'  de).  Le  maréchal  de 
Damville  fait  de  bons  rapports  sur 
sa  valeur,  326,  i8o.  —  Services 
(pi'il  a  rendus  à  Beaucaire,  i6i. 

RozA>  (Duras,  s'  de).  Sa  dispute  avec 
le  vicomte  de  Tnrenne ,  3o6 ,  3 1 5 , 

3  18,    33  9. 

RuFiEi;  (Philippe  de  Voi.virk,  baron, 
puis  marquis  de),  gouverneur  de 
l'Angoumois,  ai?.  — Lettre  extra- 
ordinaire que  lui  a  écrit  le  prince 
de  Condé,  368.  —  La  reine  lâche 
de  le  calmer,  308,  390  cl  note. 


558 


TABLE  DES  MATIERES. 


Saigis,  président  de  la  chambre 
d'Agen.  —  Est  venu  à  Port-Sainte- 
Marie,  194. 

S.iiLLAc  (Le  s'  be),  capitaine,  a3o. 

Saist-Acqdin  (De),  président  de  la 
chambre  d'Agen ,  267. 

SiiNT-AcKÈvE  (/lr(ièc/ie),   aSa,  note. 

Saint-An  (Le  s'  de),  enseigne.  A  été 
à  Bazas  et  à  Langon,  dont  il  rap- 
porte des  nonvelles,  3o8,  3oç), 
3i3.  —  Callierine  voudrait  qu'il 
eût  la  garde  du  château  de  Langon , 
3i3. 

Saint-Ange  (Le  château  de),  36,  197. 

Saint-Adban  (Le  s'  de),  4io. 

Saint-Bertband  {Haute-Garonne),  21/1, 
note. 

SAiNT-Bniis,  capitaine  catholique.  Oc- 
cupe l'église  de  Maguelonne,  180. 

Saint-Chigran  (Uéraidt),  366,  368, 
369. 

Saiïte-Bazeille  (Lot-et-Garonne).  La 
reine  y  dînera,  56,  60,  note;  63, 
339. 

Sainte -BÉNIGNE  (Le  s'  de),  grand 
écuyer,  98. 

SAiNTE-Cnoix  (Le  Cardinal  de),  8.  La 
reine  prie  le  roi  de  lui  écrire  et 
de  le  récompenser,  i65.  —  Il  est 
très  dévoué  à  la  cour,  a84. 

Sainte-Foï  (Gironde),  lOg. 

Sainte-Jaille  (Le  s' de),  capitaine.  Est 
resté  pour  la  défense  de  Beaucaire, 
gi.  —  La  reine  a  reçu  sa  lettre, 
187,  i38  et  note;  iSg,  160.  — 
On  lui  envoie  du  renfort,  17a, 
173,  aaa,  note;  a35,  2/16.  — A 
bien  fait  son  devoir,  ce  dont  le 
roi  lui  saura  gré,  257,  35g,  ^iog, 
iii,  '166  et  note;  471,  lf]S. 

Saime-Mahie  (François  de  Rivière, 
s'  de).  Est  allé  vers  le  roi  pour  lui 
donner  des  nouvelles  du  Dauphiné, 
85i.  —  Doit  s'y  rendre,  363, 
noie. 


Saint-Gelais  (Urbain  de).  Plus  tard, 
évêque  de  Comniinges ,  9 1 4  ,  note. 

Saint-Gelin  (Le  s'  de).  Est  chargé  de 
l'exécution  de  i'édit,  872.  —  A 
été  envoyé  à  Montpellier. 

Saini-Geniès  (Le  s'  de),  85,  note. 

Saint- Georges  (Philippe  de),  s'  du 
Plessis-Sénéchal,  adjoint  au  comte 
du  Lude  pour  faire  exécuter  I'édit 
en  Poitou,  5o4,  note. 

Saist-Goijard(  JeanDE  Vivonne,  s' de), 
marquis  de  Pisaxi  ,  ambassadeur  en 
Espagne,  19,  2a.  —  A  envoyé  une 
dépèche  importante,  4g.  —  Le  roi 
lui  écrit,  .ô3.  —  A  informé  la  reine 
des  entreprises  de  Pliilippe  11, 
107.  —  Catherine  lui  écrit,  163. 

—  Sa  dépêche  à  la  reine,  2i4  et 
note;  289.  —  Ses  nouvelles  d'Es- 
pagne, 348,  5oo,  note. 

Saint-Héran  (Le  s'  de).  La  reine  a 
l'intention  de  lui  écrire,  78,  7g, 
3go. 

Saint- Jean- d'Angélï  (  Charente -In- 
férieure). Rassemblement  de  gen- 
tilshommes qu'y  fait  le  comte  du 
Lude,  5o4,  note. 

Saint-Jeha.n  ,  président  au  parlement 
de  Toulouse,  342.  —  Fera  partie 
de  la  chambre  de  justice  de  Lan- 
guedoc, 846. 

Saint-Macaire  (Gironde),  43,  46, 
48. 

Saint-Maixent  (Vendée),  5o4,  note. 

Saim-Micuel-de-Lanès  (Aude).  La 
reine  y  est  arrivée,  34o  ,  345,  346. 

—  Elle  en  est  partie,  348. 
Saint-Nicolas-de-la-Grave   (  Tarn-et- 

Garonne).  La  reine  y  passe,  827. 
Saint-Orexs  (François  de  Cassagnet 
de  Tilladet,  &'  de),  capitaine  et  sé- 
néchal de  Bazadais.  Devra  rester 
dans  Condom,  188,  ig8,  note; 
1  g4 ,  2  1 4.  —  Apporte  de  mauvaises 
nouvelles  de  Condom,  ai5,  3o6, 


3o8,  809,  3i3.  —  A  fait  sorlir la 
garnison  du  château,  qui  est  remis 
au  roi,  3i3,  821.  —  La  reine  la 
prie  de  lui  envoyer,  avec  le  s'  d'Us- 
sac,  ie  procès-verbal  de  ce  qu'il 
aura  fait,  827.  —  Doit  rétablir 
l'ordre  à  Langon,  35o,  352  ,  858, 
356. 
Saint- Papoul  (L'évêque  de).  Voir 
Bardis  (Alexandre  de). 

(La  ville  de)  [.^urfe],  66. 

Saint-Sclpice  (Jean  d'Ebrard,  sei- 
gneur de).  Est  dans  la  commission 
pour  le  roi,  52.  —  La  reine  veut 
le  retenir  près  d'elle,  lai,  laa  et 
note.  —  Ira  à  Nérac  pour  préparer 
ia  conférence,  aog,  a56,  26a, 
a63.  —  La  reine  voudrait  l'en- 
voyer pour  le  roi  en  Quercy  et  eu 
Rouergue,  3io,  3i4,  33o,  383. 

Salcède  (Le  s'  de),  81,  note. 

Salignac  (Jean  de  Gontaud,  baron 
DE),  chambellan  du  roi  de  Navarre, 
1 83 ,  note.  —  A  ia  demande  do  la 
reine,  il  remplacera  le  s'  de  Vivans 
à  Périgueux,  298.  —  A  été  témoin 
dans  le  duel  de  Turenne  et  de 
Duras,  808,  note;  3i8,  823. 

Salle  dd  Sibon  (La),  capitaine  catho- 
lique, i36,  note. —  A  été  tué  par 
les  habitants  de  Langon,  i83, 
189,  367.  —  Sa  veuve  et  ses  en- 
fants, 3og. 

(La),  son  fils.  Sera  épargné, 

856.   —    Catherine  désire  qu'on 
lui  pardonne,  358. 

Salle-Raphaël  (Le  s'  La),  821.  — 

Est  en  Bordelais  pour  l'exécution 

de  la  paix,  84g. 
Saluces  (Le  marquisat  de),  ag,  note; 

3og,  note;  363,  36g. 
Sanche  II  (Don),  roi   de  Portugal, 

a  5  6. 
Sansac  (Anl.  Prévôt  de),  archevêque 

de  Bordeaux,  4a. 


TABLE  DES  MATIÈIIES. 


)59 


SvNZAï  (Le  s'  de),  gouverneur  de 
Nantes,  loa  cl  note;  io3. 

S.iBLABOs  ((àirboran  ttr.  Cabdaii.lac, 
vicomte  nr,).  —  Demande  une  ali- 
haye  au  roi,  gô  et  noie. 

Sabras  de  Lai.a>de,  89,  note. 

Saiger  (Le  s'  du),  secrétaire  de  la 
reine.  Est  envoyé  au  roi  de  Navarre , 
116. —  Puis  an  maréchal  de  Dam- 
ville,  133,  l 'jg,  I  3". 

Saulsic  (Le  baron  de).  Porteur  d'une 
lettre  au  roi,  181,  note.  —  A  di- 
gnement servi,  181.  —  Devra  re- 
tourner aussitôt  en  Dauphiné,  182, 
i83,  198,  213,  a36. 

Saelt  (Le  s' Di  ),  avocat.  Doit  rester 
éloigné  de  Bordeaux.  Il  commence 
à  troubler  aussi  les  alTaires  à 
liayonnc,  4a. 

.Saverdcx  (Ariège),  968,  323,  324, 
328,  339,  33o,  33i,  note;  333, 
336,  337.  —  La  reine  y  est  ar- 
rivée, 338,  3/11,  344,  364,  458 
et  note. 

Savignac  (Jean -François  de  Gaiî- 
TUiER,  s'  be),  i35.  —  Catherine 
fait  sou  éloge  et  voudrait  l'envoyer 
à  Fleurance,  ]45,  149.  —  Est  dé- 
puté par  la  reine  au  roi  de  Na- 
varre, a  a  5.  — ■  Devra  assister  à  la 
restitution  de  Fleurance,  282,  3  33. 
—  A  écrit  une  lettre  à  la  reine  à 
ce  sujet,  9  43. 

Savoie  (Emmanuel-Philibert,  duc  de). 
La  reine  lui  recommande  les  inté- 
rêts de  la  veuve  et  des  enfants  du 
comte  de  Montaflié,  9  ,  3.  —  Elle  lui 
parle  en  faveur  de  Faty,  4 ,  cité  ."> , 
note.  —  Catherine  le  prie  encore 
d'intervenir  en  faveur  de  la  veuve 
et  des  enfants  du  comte  de  Mon- 
tafBé,  7.  —  La  reine  dit  lui  avoir 
écrit,  363.  —  Et  attend  sa  réponse, 
368,  38i. 

Savoisiexs  (Les),  io5. 

Scuombebg  (Gaspard  de),  219. 

ScoREUC,  syndic  de  Montauban,  dé- 
puté protestant,  prend  part  à  la 
conférence  de  Nérar  et  porte  la  pa- 


role à  la  première  séance,  300. — 
Fait  une  mauvaise  harangue,  3.")'i , 
256,  369,  368.  —  Signe  les  ar- 
ticles de  Nérac,  98a  et  note;  3i  4  , 
442  et  note. 

SÉBASTiEM  (Don),  roi  de  Portugal.  Tué 
en  Afrique,  117,  note;  a55,  note. 

Seguier,  courrier,  5o,  53.  77. 

Séocr-Pardaillan  (François  de),  pro- 
lestant, gentilhomme  du  roi  de 
Navarre.  Est  présent  à  l'entrevue 
de  la  reine  avec  le  roi  de  Navarre, 
5i.  — ■  Est  dans  la  commission 
pour  ce  dernier,  53.  —  Vient  de 
la  part  de  celui-ci  vers  la  reine, 
i'43,  i44,  170  et  note.  —  Sera 
envoyé  par  le  roi  de  Navarre  pour 
empêcher  les  entreprises  dans  les 
environs  de  la  Réole,  186,  190, 
1  y  1 .  —  Prend  pari  à  la  conférence , 
95o. 

Senas  (Le  s'  de).  Retourne  en  Pro- 
vence. 

SÉRAPHIN,  auditeur,  984. 

Sershac  (Ciiu-d),  96a,  note:  264. 

Serï  (Le  s').  Envoyé  par  le  Hoi  à  la 
reine  mère,  i38,  139. 

Siège  (Le  s'  dr),  56. 

SiGMC  (Haule-Gnrnnne),  68. 

SiLLï.  Voir  RociiEPOT. 

SiMiER  (Jean  de).  Voir  Sïmier. 

SoissONS  (Le  comte  de),  87,  note. 

(La  ville  de),  948,  267. 

SoLEiLiAs  (Le  s'  de).  Vient  trouver 
la  reine  à  Aubais  de  la  part  du  s' 
d'Oraison,  son  père,  879,  note; 
38o.  —  Retourne  en  Provence, 
382. 

SoMMiÈRES  (Garrf),  389,  noIA 

SoBiiAisDK,  courrier,  10. 

SooBiSE  (Charente-Inférieure) y  499  et 
note  4. 

SouLÉ  (Pierre  de  Siboras,  seigneur 
de),  gouverneur  en  Guyenne.  In- 
struction pour  l'exécution  de  l'édil, 
60.  —  Ira  pour  le  roi  de  Navarie 
en  Foix  pour  hàler  la  paix ,  66,  79 
et  note. 

Sovoss  (Arièchc),  9  45. 


Srii-iscuEs  (Le  s').  Est  envoyé  par  le 
roi  de  Navarre  vera  In  reine,  3 10. 

STArrnRD  (Lord),  de  l'illustre  maison 
Howard.  Est  chaiijé  par  Elisabeth 
d'aller  trouver  le  duc  d'Anjou,  12  , 
note;  37.  —  A  porté  des  nouvelles, 
3o,  375,  note. 

Stors  (Le  s'  de).  Porteur  de  lelhe, 
a46,  note. 

Strozzi  (Philippe),  colonel  de  l'iufui- 
lerie.  Sa  lettre,  91  et  note.  --  La 
reine  lui  écrit  au  sujet  du  payement 
de  ses  soldais,  346. 

Stuart  (Jacques),  prince  d'Ecosse. 
Lettre  que  Catherine  lui  écrit,  3i. 

Suisses  (Les),  3o,  63,  109.  —  Leur 
alliance  est  nécessaire  à  la  Fiance, 
196,  i38,  i3g.  —  Il  faut  entre- 
tenir leur  amitié,  1  h-j,  21a,  936, 
964  ,  966.  —  Deniei"s  qui  serviront 
à  les  payer,  998.  —  La  reine  re- 
grette de  n'avoir  pu  leur  verser 
une  plus  grosse  somme,  AgS.  — 
Le  roi .  désirant  avoir  une  enseigne, 
veut  favoriser  Lucerne  et  Soleiire, 
495,  note. 

SiiLLï  (Maximilien  de  Bétiiune),  i3o. 
note. 

ScssEï  (Le  comte  de),  ii9,note.  — 
Son  entrevue  avec  Simier,  275, 
note. 

StzE  (François  de  la  Badme,  conilc 
de),  91,  ii4,  i48,  i5o.  —  La 
reine  attend  sa  réponse,  j56,  note; 
i65,  906,  9i5,  917,  923,  note; 
333.  —  Catherine  lui  a  écrit,  946, 
279.  —  Aura  la  charge  de  général 
des  galères,  371.  —  A  donné  sa 
démission  de  gouverneur  de  Pro- 
vence, 371,  note.  —  La  reine  lui 
a  demandé  une  réponse,  qu'elle 
attend,  878.  —  Henri  III  aussi 
lui  a  écrit;  et  sa  réponse  est  en- 
voyée au  roi  par  la  reine,  38 1. 

SïHiRR  (Jean  de),  baron  de  Sainl- 
.Maïc,  chevalier  de  l'ordre,  grand- 
inaitrc  de  la  garde-robe  <lu  duc 
d'Anjou,  17.  —  Veut  détourner  le 
duc  d'Anjou  de  son  entreprise  de 


560 


TABLE  DES  MATIERES. 


Flandre,  en  le  mariant,  19. —  Le 
roi  est  bien  disposé  pour  lui,  f)3. 
—  A  été  envoyé  au  roi  par  le  duc 
d'Anjou,  111.  —  11  va  en  Angle- 
terre pour  négocier  le  mariage  du 
duc    d'Anjou,    113,    noie;    i56, 


3  3  G ,  note.  —  Progrès  de  sa  né- 
gociation en  Angleterre,  37^  ,  noie. 
—  Son  entrevue  avec  les  comtes 
de  Sussex ,  de  Leicesler  et  Walsin- 
gliam,  375,  note;  3  16,  note.  — 
Dans  une  lettre  au  chanihellan  du 


duc  d'Anjou  il  fait  l'éloge  de  la 
reine  d'Angleterre  ;  mais  ne  sera  sûr 
du  mariage  qu'après  son  accom- 
plissement, 874,  note;  875,  note. 
—  Envoyé  par  le  duc  d'Anjou  en 
Angleterre,  iSg. 


Tjllechat,  capitaine  protestant.  A  é!é 
tué  à  la  surprise  de  Clcrmont-de- 
Lodève,  261. 

Tallonville,  serviteur  du  s'  de  Main- 
tenon,  2  58,  a(5i. 

Tanchet  (Jacques),  courrier,  i83, 
note;  191,  note;  3o5,  note;  33a, 
noie;  334,  note;  363,  noie;  4i4. 

TiRAscoN  (llouclies-ila-Rhône),  877, 
Uilt. 

(Les  consuls  de),  91. 

Tartas  [Lmides),   i58,  noie;   289, 

note. 
Tesde  (Le  comté  de),  296,  note. 
Terride  (Peyre  de),  dit  Sérignac  de 

Terride.   Ira  en  Languedoc,  128. 

—  Agira  contre  Bacom  et  Four- 
nier,  i3o,  i34,  i48,  33o.  — 
Son  différend  avec  l'évéque  de 
Mirepoix  au  sujet  du  château  de 
Terride,  Sli-j. 

(Château  de).  Les  s"  de  Mire- 
poix  et  de  Terride  se  le  disputent, 
347,  352. 

Tersac   (François   de).    Voir   Mo.vt- 

BERAID. 

TnÉzASD(/lWe),  365,  366,  368,  869. 

Tiioré  (Guillaume  de  Montmorency, 
seigneur  de),  cinquième  fils  du 
connétahle.  La  reine  voudrait  lui 
voir  suivre  l'exemple  de  son  frère 
le  maréchal  de  Damville,  igG, 
5a,  57,  120.  —  Reste  dans  le 
parti  protestant,  277,  note;  869. 

—  Fait  exécuter  l'édit  au  nom  du 
roi  de  Navarre,  366.  —  Retarde 
sou  départ  pour  le  Bas-Languedoc, 
072,  878.  —  Va  à  Montpellier 
avec  le  s'  de  Foix,  876,  877.  — 


Va  au  devant  de  la  reine  mère, 
879,  38i,  Ù27,  4a8,  43a,  48i. 

TrLiET  (Dd),  gretTier,  82,  87,  8g, 
g6. 

TiLLON,  ancien  serviteur  de  la  duchesse 
de  Savoie.  La  reine  le  recommande 
au  prince  de  Piémont,  1. 

TosNEiNS  {Lot-et-Garonne),  63,  note; 
65,  67,  72. 

ToscAJE  (François  de  Médicis,  grand- 
duc  de).  La  reine  lui  envoie  l'évéque 
de  Béziers  avec  une  lettre  de  con- 
doléance pour  la  mort  de  la  grande- 
duchesse,  27,  note.  —  Elle  lui  de- 
mande son  intervention  pour  qu'on 
prête  de  l'argent  au  roi ,  ou  bien 
d'en  prêter  lui-même,  6a.  — 
Lettre  de  son  ambassadeur  à  Paris, 
au  sujet  du  mariage  du  duc  d'An- 
jou, 875,  note. 

ToEkKS  (Lot-et-Garonne),  878,  note. 

Toulouse  (L'archevêque  de).  Voir 
Foix  (Paul  de). 

(La  ville  de),  5a,  57,  67,  70, 

note;  77,  78.  —  La  reine  y  est 
arrivée.  Se,  note;  82,  88,  note. 

—  Réception  des  deux  reines,  87, 
note;  io8,  note;  ii3,  iiS,  ia8, 
i3o*,  note;  i35,  172,  267,  28g, 
299,  820,  824,  SaS,  326,  828, 
33 1,  34 1,  498,  note. 

(Les  Capilouls  de).  Présentent 

leurs  hommages  à  la  reine,  73, 
242,  267. 

(Le    Parlement   de),    48.    — 

Complimente  la  reine,  72,  note; 
166,  178,  3oa,  343,   35],  355. 

—  Frais  de  la  députation  envoyée 
à  Agen  en  octobre  1078,  Sgo.  — 


Ses  remontrances  au  sujet  de  la 
chambre  mi-partie,  avec  les  ré- 
ponses de  la  reine  mère,   491  à 
494. 
(Le  clergé  de),  78,  74,  g6. 

—  La  reine  intervient  pour  lui 
auprès  du  roi,  167. 

ToDiisOi\  (Le  s'  de).  Envoyé  vers  le 
vicomte   de  Turenne,   496,  3oi. 

Todrs  (Indre-et-Loire),  aS. 

ÏBANs  (Le  marquis  de),  36a.  — Est 
assiégé  dans  son  château  de  Trans, 
877. 

(Le  château  de),  877,  noie.  — 

.assiégé  par  les  Razats  :  la  reine 
veut  qu'ils  lèvent  le  siège,  8S1. 

TnÉMOiLLE  (Le  s'  de  la),  20. 

Troves  (L'évéque  de).  Voir  Beacf- 
FREMONT  (Claude  de). 

Truchend  (Le  s'),  246,  279,  a88. 

TuRENSE  (Henri  de  la  Tour,  vitomie 
de),  gouverneur  du  Haut-Langue- 
doc, 29,  note.  —  Se  trouve  dans 
la  suite  du  roi  de  Navarre  à  Cas- 
téras,  47.  —  Est  accusé  d'avoir 
inspiré  la  prise  de  Mirabel,  48, 
5o.  —  Prend  part  à  l'entrevue  de 
la  reine  avec  le  roi  de  Navarre, 
5i.  —  Est  dans  la  commission 
pour  le  roi  de  Navarre,  .Sa.  —  La 
reine  est  contente  de  lui,  54.  — 
Elle  prie  le  roi  de  lui  écrire,  55, 
56,  66,  68,  69.  —  La  reine  et 
lui  s'accusent  de  part  et  d'autre  de 
mauvaise  foi,  83 ,  note.  —  11  pro- 
teste des  bonnes  intentions  qu'a  le 
roi  de  Navarre  pour  l'entretien  de 
la  paix,  85,  88,  89,  90,  92,  g8. 

—  La  reine  lui  fait  des  reproches 


TABLE  DES  MATIERES. 


561 


et  lui  on  Vdudra  personnellement 
si  elle  est  trompée  par  les  proles- 
tants, giS.  —  La  reine  l'atUKpie 
vivement  ainsi  que  les  luigiienols, 
100,  101,  103,  loi.  —  Ira  pour 
les  protestants  exécuter  l'édit  en 
Guyenne,  ni.  —  Vient  de  la  part 
du  roi  de  Navarre,  1 33  ,  137,  note; 
i3i,  1 33,  noie;  i34,  i4i,  lyS, 
174,  175,  note;  i85,  18G.  — 
Ce  que  le  roi  de  Navarre  lui  écrit , 
189,  note;  190,  soo,  307,  311, 
218,  919,  aaa.  —  Est  arrivé  avec 
deux  députés  protestants,  aa3.  — 
La  reine  est  mécontente  des  pro- 
positions qu'il  apporte  au  sujet  de 
la  conférence,  337,  238,  33o, 
333.  —  Catherine  a  demandé  qu'il 
re>icnne  avec  deux  députés  pour 
préparer  la  conférence,  235.  — 
Désavoue  Chàlillon  au  nom  des 
chefs  protestants,  sîiO,  2^7,  a'ig. 


95o,  301.  —  Excite,  dit-on,  la 
jalousie  par  sa  position  auprès  du 
roi  de  Navarre,  255,  a56.  — 
La  reine  l'a  un  peu  malmené, 
359,  261,  362.  —  A  grand  désir 
d'avoir  Figeac,  271,  378.  —  A 
signé  les  articles  de  Nérac,  38a, 
noie;  386,  2 S 7.  —  Ira  avec  le 
maréchal  de  Biron  pour  faire  exé- 
cuter l'édit,  98g,  390.  —  Est 
arrivé  à  Agen  ,397.  —  Il  a  changé 
de  conduite  et  travaille  à  l'exécu- 
tion de  l'édit,  agg.  —  Est  parti 
pour  Puyniirol,  3g9,  3o3.  —  Sa 
querelle  avec  le  s'  de  Duras,  3oa, 
3o5,  note.  —  A  très-hien  établi 
l'édit  à  Puymirol,  3o5,  3o6.  — 
Son  duel  avec  le  s' de  Duras,  3o6, 
307.  —  Ses  blessures  sont  peu 
graves,  807,  3o8,note.  —  Insiste 
pour  pouvoir  aller  à  Nérac,  Sog. 
— •  La  reine  ne  le  permet  pas  sur 


l'avis  du  médecin ,  3 1 0 ,  3 1 3 ,  3 1  4. 

—  La  reine  lui  prêtera  sa  litière 
pour  venir  à  Castelnaudary,  3i'i, 
3i8,  3ig,  391,  399,  323,  3aC. 

—  Est  venu  i\  Valence  et  est 
presque  guéri,  328.  33o,  333, 
33?!.- — Partira  avec  le  maréchal 
de  Biron,  335.  —  Catherine  est 
intriguée  de  savoir  où  il  est  allé 
après  avoir  demandé  un  congé  au 
roi  de  Navarre,  364,  34g,  note; 
356.  —  Va  à  sa  maison  de  Tu- 
renuo  et  doit  s'occuper  de  rétablir 
la  paix  dans  les  lieux  circonvoi- 
sins,  368.  —  Deux  lettres  que 
la  reine  lui  adresse,  igti. —  Ecrit 
au  roi  de  Navarre,  4o4  ,  note;  44  1, 
443.  —  Son  rôle  aux  conférences 
de  Nérac,  447  et  sulv.,  467.  — 
Injonction  que  lui  envoie  le  roi  à 
l'ocrasion  de  sa  querelle  avec  Duras, 
49'.. 


u 


Ubbiin  (Le  duché  d).  Les  droits  que 
la  reine  mère  y  a  et  ce  (jue  les 
habitants  veulent,  196,  197,  216. 

Ublambis  (Le  sieur  d'),  gentilhomme 
catholique,  voisin  de  Saverdun.  A 
pris  part  à  l'attaque,  364. 

Unsiï  (Le  cardinal),  8. 

UssAc  (Le  s'  d'),  gouverneur  de  la 
Réole.  Sa  prétendue  trahison,  137, 
note.  —  Est  désigné  pour  être  gou- 
verneur de  la  Réole,  176.  —  Y  est 
envoyé  par  le  roi  de  Navarre,  i84. 

—  Est  venu  parler  à  la  reine,  187. 

—  Le  capitaine  Favas  doit  lui  re- 
mettre le  gouvernement  de  la  Réole, 
303 ,  33o,  note;  383.  —  Est  in- 
stallé dans  le  château,  387.  —  La 
reine  lui  fait  bailler  600  livres, 
338.  —  Les  protestants  le  consi- 
dèrent comme  trop  dévoué  à  la 
reine,  33g.  —  Catherine  demande 


au  roi  un  pouvoir  pour  lui  comme 
gouverneur  de  la  Réole,  368.  — 
Un  mot  de  la  reine  au  sujet  de  la 
revue  dos  troupi^s  à  la  Réole,  3o5. 
Lettre  de  la  reine,  3i3.  —  Elle  le 
prie  de  lui  envoyer,  d'accord  avec  le 
s' de  Saint-Orens,  le  procès-verbal 
de  ce  qu'il  aura  fait,  827.  —  Lettre 
de  la  reine  au  sujet  de  Langon, 
353. 

VzKRcuEs  (Corrhe) ,  334,  335,333, 
334,  354,  356,  363. 

UzÈs  (Louise  de  (/lermont-Tallart, du- 
chesse d').  Catherine  est  satisfaite 
du  maréchal  de  Damville,  4;  — 
Elle  se  réjouit  de  la  revoir,  4,  note; 
5,  note.  —  Catherine  lui  écrit  de 
Toulouse  où  elle  est  restée  avec  la 
reine  de  Navarre,  108.  —  Re- 
tournée à  Paris:  la  reine  la  prie  de 
lui  envoyer  des  nouvelles  du  roi  et 


de  la  reine,  -jS'i.  —  Aulreletlre  de 
Catherine,  993;  —  Marguerite 
de  Valois  lui  écrit,  993,  noie.  — 
La  reine  a  reçu  trois  de  ses  lettres 
et  lui  répond,  3a5. —  ,\utre  lettre 
de  la  reine,  387.  —  Catherine  se 
moque  de  son  pays  cl  des  gens 
qu'on  y  trouve,  389.  —  Elle  se 
déclare  heureuse  de  retourner  i 
Paris,  36o.  —  Elle  pense  y  être 
dans  un  mois,  et  remercie  la  du- 
chesse des  bonnes  nouvelles  de  la 
cour  et  du  duc  d'Anjou,  867.  — 
Autre  lettre  dans  laquelle  la  reine 
déplore  les  querelles  de  Provence, 
38i. 

(Le    sieur    d"),    Jacques    de 

Crussol.  Est  allé  à  Paris,  lai,  laa. 

(Le  duché  d'),   66;  —  Dés- 
ordres qui  s'y  passent,  3ii,  36o. 


CiTUEniSE   IIE   MÉDICIS. 


71 

IMI'BlMtltlC     SATIOSALt. 


■>rr2 


TADLE  DES  MATIERES. 


V.il.ilîRÈcCE  (Vaiirt'isf),   'ui(). 

V\Lbi>\R,  ca[i!t.iîii('  [irntrslnnL  Doit 
sorlir  tlii  |)rieiiré  de  la  Itéole,  lii. 

VALtNCE-u'A<.K>  (  Tarii-el-Gnrjine), 
77,  noir:  .'!-2i.  —  La  roine  s'y  ost 
arrêtée,  327,  3a!S. 

Valence  (L'évoque  de).  Voir  Monhc 
(Jean  ut). 

Valernod,  secrétaire  du  ninréclial  de 
Daniville,  /167,  Ad.S. 

Valet lE  (François  de  la).  \oir  Con- 
Nrss(j>. 

\aliii»s,  rnpiUiine  luigueuot ,  17Î1. 

Valois  (.\lar;jucrite  de),  reine  de  Na- 
varre. La  reine  veut  la  reconduire 
auprès  (!<■  sou  mari,  10.  —  Elle  a 
aidé  le  duc  d"\iijou  à  s'ecliapper, 
10,  note.  —  l'aiait  l'trr  bien  dis- 
posée potu'  le  roi  tle  Na\aiTe,  1  5. 

—  Elle  travaille  à  la  réroncilialion 
de  son  mari  aver  le  du'.'  d'Anjou, 
i(i,  aT).  —  La  roin  ■  voudrai!  la 
mener  sans  retard  au  roi  de  .\a- 
varre,  aG,  note;  aS.  —  \a  voir 
son  frère  avant  qu'il  ne  parle  pour 
les  Elaudri'S,  .'il,  note:  3a. —  Est 
partie  d'iHIainville,  3'i,  note.  — 
On  admire  sa  beauté,  37,  '10.  — 
Sa  rencontre  a\ec  le  roi  de  Navarre 
à  Castéras,  46.  47,  note;  i8,  So. 

—  Elle  disposera  bien  son  ujari 
à  servir  le  roi,  ôi.  —  \  travaillé 
à  sa  réconciliation  avec  le  maréchal 
de  Biron,  oti,  ÔS,  G'i,  08,  7a, 
note;  73,  note;  77,    78,    81,  85. 

—  Est  prise  de  la  lièvre,  ija,  noie; 
i)(j.  —  Reste  malade  à  Toidouse, 
108,  note.  —  Viendra  à  l'isle- 
Juurdain  aussitôt  rétablie,  ii3, 
iii.  —  Catherine  l'accouipagne  à 
Nérac,  118,  i3o,  noie.  —  Elle 
seconde  bien  la  reine  mère,  i3'i, 
i4i,  i43.  —  Est  malade  à  Auch, 
1/1 4.  —  Le  roi  de  Navarre  va  l'y 


trouver,  lilj,   1''iq,   1C8. 


Son 


entrée  à  Nérac,  173,  note;  i8("), 
aoo,  ao4,  aa.j,  2a8,  !3o,  233, 
339,  a4i),  note.  —  Assiste  à  la 
ronlérence,  aôa,  a.")!,  25q.  — 
Elle  se  plaint  des  dilliculles  que 
rencontre  sa  mère,  aOa,  aGô,  270, 
288.  —  Sa  lettre  à  la  duchesse 
d'Uzès,  açia,  note. —  Ses  compli- 
ments pour  le  maria;;e  de  la  lilie 
du  duo  de  Mantouc,  a<|.^),  noie; 
ajjC»,  3o.'),  317,  3ao,  3ai,  3a3, 
Sai,  3a(i,  3a8,  33i,  334.  — 
Ecrit  à  sa  mère  que  le  roi  de  Na- 
varre l'accompagnera  à  l'aris,  33,S, 
330,  34o,  34a,  347,  35o,  35C). 

—  8e  désole  du  dé|iart  de  sa  mère , 
357.  358,  3Go,  3(;f>,  3G7,  373. 

—  Son  rôle  aiix  conférences  de 
Nérac,  4'iO  et  siiiv.;  44c)  et  suiv.; 
453. 

((Charles  de),  lils  de  Charles  IX 

et  de  Marie  Touchel.  Le  roi  le  fait 
élever  à  la  Cour,  304,  note. 

Vaiigas  (Juan  de),  ambassadeur  d'Es- 
pagne à  Paris.  Lettre  que  la  reine 
lui  écrit,  3o  ,  note. 

Vaudémunt  (M"'  de).  Son  mariage, 
c)4,  (jj,  noli'. 

Vabgiïos  (Jean  PÉnussE  o'EscAns  ou 
DES  Caiis,  s'  de  La).  On  doit  lui  re- 
mettre le  château  Je  Fronsac, 
connne  tuteur  îles  enfants  de  la 
dame    de    CaumonI,    3 '19,    note. 

—  La  reine  lui  a  écrit  une  letlre 
très  alïectueuse,  355.  —  Fera 
partie  du  Conseil  qui  assistera  le 
roi  de  Navarre,  5o!,  note. 

Vaillisant  {Yonne),  foret  apparte- 
nant à  une  abbaye  de  l'ordre  de 
Cileaus,  dans  laquelle  le  roi  chas- 
sait, 59,  498. 

Vacx  (Le  s'  de),  député  protestant  de 
lîouergue.  A  signé  les  articles  de 
Nérac,  28a,  note;  3i4. 

Vendôme  (L'abbé  de).   Recommandé 


pour  le  prieuré  d'Auvergne,  3, 
80.  —  La  reine  intervient  auprès 
du  roi  pour  qu'on  ne  lui  enlève 
pas  ses  bénétices,  1 15. 

\enise  (Les  seigneurs  de),  3. 

\tnAC  (Joncliim  de  Saint- Georges, 
s' de),  gentilhonnne  servant  de  Ca- 
therine,  >iO,  89,  9O,  124  ,  1  40.  — 
Ira  de  la  part  de  la  reine  en  Lan- 
guedoc et  en  Lauragnais,  281, 
note;  282,  284,  285,  ag4.  — 
Est  revenu  avec  d'assez  bonnes 
nou\elles  de  Guyenne,  349.  —  La 
reine  l'envoie  en  Uauphiné,  3ôli; 
—  et  en  Provence,  303;  —  Il 
en  revient  avec  de  mauvais  rap- 
ports, 30s.  —  Va  Noir  Fournier, 
30().  —  11  fait  sorlir  les  étrangers 
de  BrugairoUes  et  de  Fa,  372, 
373.  —  Prépare  l'arrivée  de  la 
reine  en  Provence,  377,  378, 
38o,  38i,  40o,  note;  479,  4So. 

Vergenses  (  Le  s'  de  ).  Est  recommandé 
au  roi  et  à  la  reine;  prie  M.  de 
Bellièvre  de  l'assister,  3a0. 

Veiis  (Jac([uesDE  Boche,  seigneur  de), 
sénéchal  de  Beaucalre,  48,  note; 
57,  note;  281,  278,  note. 

VÉnLSE  (Le  château  de  la).  La  reine  s'y 
est  arrêtée,  304,  note;  378,  note. 

Vei\ï,  courrier,  i46. 

Vetizon  (Le  s'  de).  Porlem-  de  nou- 
velles, 342.  —  Sera  renvoyé  au 
duc  d'Anjou,  347,  348.  —  Va  voir 
le  roi  et  le  duc  d'Anjou;  fait  de 
bons  oUices,  308.  —  La  reine 
veut  encore  le  garder  près  d'elle, 
371.  —  Porteur  d'une  lettre  au 
roi,  379,  noie;  882,  note;  383. 

Vezins  (Jean  de  Vezou  de),  sénéchal 
de  Quercy.  A  envoyé  des  nouvelles 
à  la  reine  sur  la  prise  de  Mirabel, 
47,  48.  —  Devra  prendre  de 
force  celui  qui  a  surpris  le  château, 
52.  —  Rencontre  la  reine  à  Mois- 


TABLE  DES  MATlEllES. 


363 


sac,  78.  —  Kait  fuir  le  s'  <lo  La- 
berte  du  cliàleau  de  Mirabel,  90. 

—  S'occupe  de  sa  commission  en 
Quercy,  m,  3i4,  33o,  333.  — 
La  reine  lui  écril  au  sujet  de  l'exé- 
cution de  Laberle,  ^99. 

ViBNSE  (Jean  de).  Voir  Clehvant. 

ViGNOLLEs  (Le  s'  de),  député  protes- 
tant de  Monlpellier.  Vient  trouver 
la  reine,  323,  aay.  —  Est  présent 
à  la  conférence,  a5o,  266.  —  Est 
intraitable  comme  toujours,  2f)a. 

—  Très  opiniâtre  au  sujet  de  la 
chambre  mi-])arlie  de  Languedoc, 
290,  391.  —  Est  malade  d'une 
grosse  fièvre,  346.  — ■  Aura  une  des 
clés  des  sceaux,  493. 

ViLLAMBITS    (Paul    DE    SoRÉAC,    S'    DE  ). 

Va  à  Saverdun,  33 1,  note,  333. 

ViLLAXDRY,  capitaine  huguenot  ,118. 

ViLLARs  (Honorât  de  .Savoie,  marquis 
de),  amiral  et  lieulenant  général 
en  Guyenne.  Avait  élé  chargé  d'une 
négociation  auprès  du  maréchal 
de  Damville,  5  ,  noie;  68,  noie. 

(Pierre  de),  évoque  de  Mire- 


poix.  A  exposé  la  requête  des  trois 
onlres  à  Caslelnaudary,  io5.  — 
Son  rôle  aux  étals  de  Languciloc, 
lt«S,  noie. 

VlLLEFnAXCIlE(/yO<-('(-GorOIIH(').  A    élé 

surprise  par  les  huguenots,  18."). 

Villeneuve  (De),  président  au  Parle- 
ment de  Bordeaux.  La  reine  est 
logée  dans  .son  liolel,  39,  noio; 
97,  noie.  —  Sa  lettre  à  Calheriue 
du  a5  juillet  iSyS.  4oa. 

Villeneuve,  près  Monlpellier,  473, 
^  475. 

Villesedve  d'Agex  (Lol-et-Garuime), 
76,  78,  note;  87,  90,  i  44 ,  200, 
20.5,    317,  3o2. 

V1LLER0Y  (Nicolas  DE  Neurville,  sei- 
gneur de),  secrétaire  d'Etat,  49, 
5o,  54.  —  Lettres  que  la  reine  lui 
écrit,  09,  3o4,  2i4,  229,  336, 
aSa,  399.  —  Catherine  lui  parle 
de  son  voyage  et  d'autres  affaires, 
4g,  4  98,  noie.  —  Sa  correspondance 
avec  Henri  111  ;  lettre  cpie  le  roi  hn 
écril  le  a  juillet  1578,  386,  note. 
—  A   rédigé   rinstrnclion   du   roi 


envoyée  par  le  s'  de  Dinleville  à  la 
reine  mère,  435,  noie  a;  44i.  — 
Lettre  intime  que  le  roi  lui  écril, 
488,  noie  t.  —  Catherine  lui  parle 
encore  de  son  voyage  et  d'autres 
clio<es,  497,  498,  note. 

Vins  (Hubert  de),  capitaine  ratho- 
lique,  i?i8,note;  i56,nole;  lOT), 
aofi,  21 5,  317,  3  3a.  —  Est  venu 
pour  secourir  le  marquis  de  Trans, 
377.  —  Reçoit  du  renfort,  378. 
—  Obéira  à  la  reine,  38o,  38a. 

VivANS  ((jeoffroy  de),  85,  note.  ■ — 
A  fait  tuer  cinq  ou  six  catholicpies, 
173,  note.  —  La  reine  voudrait  le 
l'aire  changer  contre  im  honnête 
honmie,  2  3o.  —  Il  sera  remplacé, 
398.  —  Est  dans  les  bonnes  gnices 
du  roi  de  Navarre  et  du  vioomte 
de  Turenne,  998,  note. 

VouzAT  (  Le  s' DE  ) ,  gentilhomme  servnn  t 
de  la  reine,  97,  260,  note;  ■171. 

Vray  (Le  s'  du),  secrétaire  des  linanres 
du  duc  d'Anjou,  488. 

Vulgaire,  jurât  de  Rayonne.  A  été 
envoyé  vers  la  reine,  280,  381. 


w 


Walsingiiam,  secrétaire  d'Etat  de  la 
reine  d',\ngleterre.  Lettre  que  Ca- 
therine lui  écrit  au  sujet  du  ma- 


riage d'Elisabeth  avec  le  duc  d'An- 
jou, 36.  —  Recevra  dos  nouvelles 
par  iM.   de   Mauvissière,    87.   — 


Son  entrevue  avec  le  s'  de  Symier, 
3  7(),  noie. 


YoLET  (Pierre  de  Malras,  baron  d'), 
capitaine  de  Murr-de-Barrez,  député 
proleslaiit,  324.  —  Prend  part  ;i 
la  conférence,  35o,  361,  378.  — 
Ira  pour  le  roi  de  Navarre  en  Lan- 


guedoc et  eu  Lauraguais,a8i,  282. 
• —  A  signé  les  articles  de  Nérac, 
282,  note;  384,  285,  294,  33i, 
note. 
YoLET,  le  jeune.  Ira  pour  le  roi  de 


Navarie  en  Périgord  et  on  Limou- 
sin, 3i4. —  Apporte  des  lettres 
du  vicomte  de  Turenne,  33  1.  — 
Va  faire  remettre  Uzerche  en  dés- 
ohéisr-ance  du  roi,  333. 


ERRATA. 


Page  108,  ail  lieu  de  :  Saiissac,  lisez  :  Lansac. 

Pajjo  i.'io,  iiu  lieu  de  :  Lalii'ies,  lisez  :  Liberté. 

Page  i5'i,  iiok'   1.  uu  lien  i!e  :  coQiilé  d'Armaignac,  lisez  :  coiiilé. 

Page  iC'i  cl  noie   i,  nu  lien  de  :  (MiT\imx,  lisez  :  Clervaiit. 

Page  181  ,  noie,  au  lien  île  ;  \aiilsac,  lisez  :  Saulsac. 

Page  i83,  un  lieu  de  :  La  Paliu  ilu  Ciruii,  lisez  :  La  Salle. 

Page  -lo.'),  fli(  lieu  de  :  Longs  des  Barrières,  lisez  :  Longa. 

Page  207,  an  lieu  de  :  v  jiinvier,  lisez  :  v  février. 

Page  311,  au  lieu  de  :  .Molle,  lisez  :  Mullé. 

Page  217,  un  lieu  de  :  Dtcarnecneli,  lisez  :  Descarnaulx. 

Page  2-25,  uole,  uu  lieu  de  ;  Sainte- Pav lie,  lisez  :  Sainte-Giaglie. 

Page  23i.  nu  lieu  de  :  Pecqiierais,  lisez  :  Pocquerel. 

Page  2-17,  nu  lien  de  :  Lanier,  lisez  :  Lanier. 

Page  2->8,  note,  «((  lieu  de  :  la  dame  Pioqne,  lisez  :  la  dame  Royne. 

Page  a.")0,  uu  lic'i  de  :  Munpro,  Usez  :  ^lans.se. 

Page  272,  II»  lieu  de  :  ISajordiin,  lisez  :  lîazordan. 

Page  288,  au  lieu  de  :  Sans5ac,  lisez  ;  Lansac. 

Paj;e  3<)o,  au  lieu  de  :  Pignollet,  lisez  :  Vignolles. 

Page  'SCi'j  cl  siiiv.,  au  lieu  de  :  Tliézard,  lisez  :  Thézari. 

Pa"e  i(Ji,  nu  lien  de  :  Piouzins,  lisez  :  Piou/iiics. 


A^ 


DC  Catherine  de  Médicis,   r; en  sort 

119  of  Henry  II,   Kin^  of  France 

•9  Lettres 

H 
1380 
t. 6 


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